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Full text of "Topographie historique du vieux Paris"

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HISTOIRE  GÉNÉRALE  DE  PARIS 


COLLECTION  DE  DOCUMENTS 


PUBLIER 


SOUS  LES  AUSPICES  DE  L'ÉDILITÉ  PARISIENNE 


TOPOGRAPHIE   HISTORIQUE 


DU 


VIEUX  PARIS 


L'Administration  municipale  laisse  à  chaque  auteur  la  responsabilité 
des  opinions  développées  dans  les  ouvrages  publiés  sous  les  auspices  de  la  Ville 

de  Paris. 


TOUS  DROITS  RESERVES. 


HISTOIRE   GÉNÉRALE   DE   PARIS 


TOPOGRAPHIE 

HISTORIQUE 

DU  VIEUX  PARIS 

PAR 

ADOLPHE  BERTY 


UISTOHIOGRIPHE   DE  LA    VILLE 


DEUXIÈME  ÉDITION 


RÉGION   DU    LOUVRE   ET   DES   TUILERIES 


Sceau  de  la  Prévôté  des  Marchands  en  i4ti 

PARIS 

IMPRIMERIE    NATIONALE 

M  DCCG  LXXXV 


DC 
101 

J985- 


PRÉFACE 


DE  LA  PREMIERE  EDITION 


(i) 


Au  moment  où  la  Ville  de  Paris  commence  la  publication  de  cet  ouvrage, 
fruit  de  longues  et  laborieuses  recherches,  la  première  pensée  de  l'auteur 
est  d'exprimer  toute  sa  gratitude  envers  le  Magistrat  éminent  qui,  en  lui  ac- 
cordant un  patronage  si  honorable ,  l'a  mis  en  situation  de  poursuivre  jusqu'à 
son  entier  achèvement  l'œuvre  à  laquelle  il  a  consacré  sa  vie.  Il  remplit 
également  un  devoir  en  adressant  ses  remercîments  à  MM.  les  Membres  du 
Conseil  municipal,  qui  ont  accueilli  avec  empressement  la  proposition  de 
M.  le  Préfet  de  la  Seine,  et  n'ont  rien  épargné  pour  que  l'exécution  maté- 
rielle du  livre  répondît  à  l'importance  du  sujet.  Héritière  de  l'antique  Pré- 
voté  des  Marchands  et  de  ses  généreuses  traditions,  l'Edilité  contemporaine 
s'en  inspire  heureusement  aujourd'hui.  Sous  ses  auspices,  de  nouvelles 
études,  ayant  pour  objet  ['Histoire  générale  de  Paris,  viennent  d'être  entre- 
prises; une  grande  Collection  de  documents  se  fonde,  et  la  Topographie  histo- 
rique du  Vieux  Paris  est  appelée  à  l'inaugurer  :  honneur  insigne  dont  l'au- 
teur sent  tout  le  prix,  et  qui  lui  impose  en  même  temps  l'obligation  de 
contribuer,  pour  sa  part  et  dans  la  mesure  de  ses  forces,  à  doter  la  Ville 
d'une  histoire  définitive. 


Ceux  qui  écrivent  les  premiers  sur  une  cité  d'antique  origine  n'ont  guère      Histoire 
en  vue  que  leur  propre  satisfaction.  Légende,  récit,  éloge,    description, 
">  1866. 


H 


TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS, 
tout  se  produit  alors  librement  et  sans  examen.  Avec  le  temps,  auteurs  et 
lecteurs  deviennent  difficiles;  la  curiosité  s'éveille;  on  veut  des  informations 
plus  précises.  Il  faut  alors  entrer  dans  les  détails,  et  regarder  les  choses 
de  plus  près  avant  d'en  parler.  Bientôt,  au  désir  d'apprendre  les  faits,  vient 
se  joindre  le  besoin  de  voir  figurées  aux  yeux  les  cités  qui  en  ont  été  le 
théâtre.  De  là  des  dessins,  des  plans,  et  autres  accessoires,  qui  sont  sou- 
mis eux-mêmes  à  la  loi  commune  du  perfectionnement. 


Premiers 

essais 

.le 

restitution 

topograpliique. 


L'histoire  de  la  Ville  de  Paris  a  passé  par  ces  diverses  phases.  Bien  avant 
qu'on  sentit  la  nécessité  de  discuter  les  questions  relatives  à  son  origine  et  à 
sa  configuration  ancienne,  plusieurs  érudits  du  moyen  âge  avaient  loué  ou 
décrit  cette  vieille  cité  à  leur  manière (1).  Corrozet  est  le  premier  qui  en  ait 
parlé  avec  un  certain  discernement'"2'.  L'idée  d'éclairer  le  sujet  par  une  re- 
présentation figurée  appartient  à  l'Allemand  Sébastien  Munster  :  au  chapitre 
Lutetia,  de  sa  Cosmographie  universelle,  il  ajouta  un  plan  de  Paris,  l'un  des 
plus  anciens  que  l'on  connaisse (3);  et  cet  exemple  fut  imité  par  Georges  Braun, 
dans  son  ouvrage  intitulé  Civitates  orbis  terrarum^K  Vers  i65o,  époque  où 
aucun  historien  français  n'était  encore  entré  clans  la  voie  ouverte  par  Munster 
et  Braun,  une  nouvelle  édition  du  recueil  publié  parce  dernier  écrivain  parut 
avec  un  plan  contemporain  mis  en  regard  de  celui  de  1572.  Il  y  avait, 
dans  ce  seul  rapprochement,  une  intention  archéologique  qui  pouvait  être 


(l)  Le  plus  ancien  ouvrage  de  ce  genre  est  Y  Éloge 
de  la  Ville  de  Paris,  par  l'anonyme  de  Sentis,  qui  a 
été  rédigé  vers  i3a9.  MM.  Taranne  et  Le  Roux  de 
Lincy  en  ont  publié  le  texte  en  1 856 ,  dans  le  Bulle- 
tin des  Comités  historiques. 

<s)  La  Fleur  des  antiquités ,  singularités  et  excel- 
lences de  la  plus  que  noble  et  triomphante  Ville  et  Cité 
de  Paris.  La  première  édition  date  de  153a,  et 
celle  où  il  est  sérieusement  question  de  l'histoire 
de  la  Ville,  de  i55o. 

(5)  Sébastien  Munster,  né  à  Ingelheim  en  1  &8p,, 
mort  en  1 55 a, théologien,  hébraïsant,  mathémati- 
cien et  géographe ,  publia,  entre  autres  ouvrages, 
une  Cosmographie  universelle  qui  parut  d'abord  en 
langue  allemande  (Bâle,  1 55o),  fut  traduite  en  latin 


par  l'auteur  lui-même  (Bâle,  i55o),  puis  en  italien 
(Baie,  i558),  et  enfin  en  français  (Bâle,  i55a). 
Une  nouvelle  édition  française  fut  donnée  à  Paris, 
en  1 575 ,  avec  diverses  additions  par  Belleforest, 
qui  enrichit  son  livre  des  rrplantz  et  portraietz  des 
isles  et  des  villes.  » 

(4)  Georges  Braun  ou  Bruin,  savant  Allemand, 
publia  à  Cologne,  de  1 57a  à  1618,  un  grand  ou- 
vrage de  géographie  écrit  en  latin  et  ayant  pour 
titre  :  Civitates  orbis  terrarum  inœs  incisœet  excusœ , 
et  descriptione  topographica ,  morali  et  politica  il- 
lustratœ.  Les  gravures  sont  de  Fr.  Hogenberg  et  de 
Simon  Van  den  Noevel;  plusieurs  plans  ont  été,  en 
outre ,  fournis  à  l'auteur  par  Georges  Hoefnagel  et 
Cornélius  Chaymon. 


PRÉFACE.  v 

féconde,  mais  qui  ne  paraît  pas  avoir  été  comprise  avant  la  fin  du  xvnc  siècle. 
Jusque-là ,  en  effet,  les  plans  de  Paris,  soit  gravés,  soit  manuscrits,  repré- 
sentent la  Ville  dans  l'état  où  le  dessinateur  l'a  vue;  mais  ils  ne  comportent 
absolument  rien  de  rétrospectif. 

En  1692 ,  Nicolas  de  Fer(1),  publiant  ou  plutôt  rééditant  le  Plan  de  Jouvin  Nicolas  De  Fer. 
de  Rochefort(2),  dressé  en  1676,  crut  devoir  y  faire  figurer  les  enceintes 
antérieures,  qu'il  traça  grossièrement  en  ponctué,  dans  le  dessein  bien  évi- 
dent d'établir  un  parallèle  entre  l'état  ancien  et  l'état  contemporain (3).  Ce 
premier  essai  de  restitution  topographique  est  sans  doute  bien  informe  ;  mais 
l'idée  de  Braun,  reprise  par  De  Fer,  ne  fut  pas  perdue  pour  la  science. 

Peu  de  temps  après,  De  Lamare  conçut  un  projet  beaucoup  plus  vaste.  De  Lamare. 
Donnant  dans  le  premier  volume  de  son  Traité  de  la  Police,  imprimé  en 
1  7o5,  une  description  topographique  de  la  Ville  et  un  exposé  de  ses  accrois- 
sements, il  voulut  y  joindre  des  figures  qui  parlassent  aux  yeux.  Il  composa,  en 
conséquence,  huit  plans  de  Paris  à  diverses  époques,  en  commençant  par 
la  période  gallo-romaine.  Dans  ce  qu'elle  avait  de  réalisable,  la  pensée  était 
excellente;  l'exécution  fut,  au  contraire,  singulièrement  défectueuse.  Les 
conditions  adoptées  par  De  Lamare  la  rendaient,  du  reste,  partiellement 
impraticable  :  comment,  par  exemple,  se  figurer  d'une  façon  plausible  la 
Cité  aux  temps  mérovingiens? 

Les  planches  du  Traite'  de  la  Police,  toutes  défectueuses  qu'elles  sont,  pro- 
duisirent pourtant  une  grande  impression  sur  le  public;  on  alla  jusqu'à  leur 
prêter  assez  d'autorité  pour  les  invoquer  dans  des  contestations  judiciaires. 


(l)  Nicolas  De  Fer,  géographe  français,   né  en  qui  eut  ensuite  plusieurs  tirages  et  servit  de  base 

1 646 ,  mort  en  1720,  a  publié  ou  édité  un  assez  aux  travaux  de  Nicolas  De  Fer.  Il  en  existe  une  édi- 

grand  nombre  de  plans  ;  il  se  lwrnait  souvent  à  ré-  lion  datée  de  1714. 

duire  ou  a  corriger  les  travaux  de  ses  devanciers.  (s)  Plan  de  la  Ville  de  Paris. . .  avec  ses  nouvelles 

'  La  plupart  de  ces  plans ,  dit  M.  Bonnardot ,  avaient  rues ,  places ,  enceintes  et  cazernes ,  levé  sur  les  lieux 

rpour  base  les  Mémoires  ou  dessins  originaux  de  par  M.  Jouvin  de  Rocliefort,  et  augmenté  des  tables 

■  Jouvin  de  Rochefort.  *  des  cazernes  et  des  vieilles  et  nouvelles  enceintes, 

m  Jouvin  deRochefort,  trésorier  de  France  et  par  Nicolas  De  Fer,  géographe  de  Monseigneur 

dessinateur-géographe,  publia,  en  1676,  un  plan  (1699). 


vi  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Mais  il  y  eut  nécessairement  un  retour  d'opinion,  et  dès  1775,  en  parlant 
de  ces  informes  essais,  Jaillot(l)  s'exprimait  ainsi:  tfll  est  étonnant  que  cet 
rr  objet  ait  été  si  mal  traité  ;  ce  n'est  point  assez  de  dire  qu'il  a  été  négligé  : 
«on  peut  se  convaincre,  en  voyant  ces  plans,  que  leur  auteur  n'a  consulté 
crque  son  imagination  pour  les  tracer;  que  les  rues  et  les  monuments  y 
rrsont  déplacés,  etc.(2)w  On  ne  le  conteste  plus  aujourd'hui:  les  plans  de 
De  Lamare  échappent  à  la  critique  par  l'excès  même  de  leur  imperfection. 


Jaillot. 


Séduit  à  son  tour  par  le  vif  intérêt  du  sujet,  Jaillot,  historien  et  géographe 
tout  à  la  fois,  avait  résolu  de  reprendre  l'œuvre  infructueusement  tentée  par 
De  Lamare.  crje  m'étois  proposé,  dit-il,  de  donner  une  notice  abrégée  des 
rr différents  accroissements  de  Paris,  avec  les  plans  successifs,  sur  lesquels 
crj'aurois  tracé  les  rues  avec  les  noms  qu'elles  ont  portés,  et  les  différents 
rr  monuments,  sacrés  ou  profanes,  qui  existoient  alors  et  qui  ne  subsistent 
crplus(3).  n  II  est  regrettable  que  le  dessein  de  Jaillot  n'ait  point  eu  de  suite, 
car  cet  écrivain,  aussi  sagace  qu'érudit,  eût  assurément  produit  un  travail 
fort  utile,  si  l'on  en  juge  par  son  livre,  le  meilleur  qui  existe  sur  la  topo- 
graphie de  Paris ((|).  En  effet,  il  disposait,  entre  autres  renseignements,  de 
plans <nanuscrits  qui  sont  actuellement  perdus  pour  nous,  et  qui  auraient 
éclairci  bien  des  questions  restées  obscures.  Néanmoins  il  y  a  lieu  de  douter 
que  ces  planches  eussent  été  entièrement  satisfaisantes,  parce  qu'il  paraît 
avoir  été  inhabile  à  tracer  des  plans  exacts  à  une  échelle  minime,  comme 
l'exige  une  œuvre  de  ce  genre(5). 


<!>  Fils  et  petit-fils  de  géographes  du  Roi  et  de 
la  Ville,  archéologue  et  topographe  du  plus  grand 
mérite.  (Voir  X Introduction  à  V Histoire  générale  de 
Paris,  p.  5o  et  90.) 

(2)  Recherches  critiques,  historiques  et  topogra- 
phiques sur  la  Ville  de  Paris,  t.  I.  Discours  préli- 
minaire, p.  XVIII. 

(S)  lbid.  p.  xix. 

(4)  C'est  justement  parce  que  nous  tenons  en 
haute  estime  les  travaux  de  Jaillot  que  l'on  nous 
verra  si  souvent  le  prendre  à  partie  et  discuter  ses 
affirmations. 

(5)  Le  plan  en  vingt-quatre  feuilles  qui  a  paru 


avec  son  ouvrage  justifie  amplement  cette  asser- 
tion. En  dépit  des  éloges  qu'on  lui  prodigue  en- 
core, il  décèle  beaucoup  de  faiblesse  sous  le  rap- 
port de  la  précision  géométrale  :  la  largeur  des  rues 
s'y  trouve  singulièrement  exagérée,  les  angles  y 
sont  faux,  les  proportions  des  édifices  inexactes, 
les  emplacements,  en  bien  des  cas,  simplement  ap- 
proximatifs, etc.  Ce  qui  en  constitue  la  valeur,  c'est 
la  fidélité  avec  laquelle  il  indique  tous  les  établis- 
sements qui  existaient  dans  la  Ville  au  moment  où 
il  a  été  exécuté.  Quant  à  la  rigueur  mathématique, 
il  est  non-seulement  à  une  énorme  distance  du 
plan  de  Verniquet  (1774-1796),  mais  encore  fort 


PRÉFACE.  vu 

Les  plans  de  De  Lamare  ont  été  servilement  copiés  et  recopiés  ;  mais  il  s'est  Duiaure. 
écoulé  cent  seize  ans  avant  que  l'on  se  mît  à  l'œuvre ,  avec  la  prétention  de 
mieux  faire.  En  1821,  Duiaure  arrangea,  pour  son  Histoire  de  Paris,  quatre 
petits  plans  qui,  selon  lui,  représentaient  la  Ville  pendant  la  domination  ro- 
maine et  sous  les  règnes  de  Philippe-Auguste,  de  François  Ier  et  de  Louis  XIII. 
En  matière  de  restitution  topographique,  Duiaure,  avec  sa  science  de  seconde 
main,  n'a  rien  fait  qui  puisse  soutenir  un  examen  sérieux(1).  Ses  plans,  un 
peu  moins  défectueux  que  ceux  du  Traité  de  la  Police,  n'ont  pourtant  pas 
reçu  le  même  accueil:  ils  ont,  au  contraire,  passé  presque  inaperçus. 

La  dernière  tentative  ayant  pour  but  de  dresser  un  plan  de  restitution  m.  ail.  Lenoir. 
du  Vieux  Paris  date  de  1 83 7.  Il  s'agissait  d'interpréter  les  détails  topogra- 
phiques que  renferme  le  Rôle  de  la  Taille  de  1292,  édité  par  Géraud(2). 
M.  Albert  Lenoir  se  chargea  de  cette  difficile  besogne;  mais  les  données 
qu'il  avait  à  traduire  étaient  souvent  fort  inexactes,  et  il  lui  aurait  fallu,  pour 
les  redresser,  consacrer  à  de  longues  et  difficiles  recherches  un  temps  que 
réclamaient  des  travaux  d'un  autre  ordre. 

Nous  devons  reconnaître  qu'à  cette  époque  régnaient  encore  les  idées  les      Opinions 
plus  fausses  sur  la  topographie  du  Vieux  Paris  ;  il  semblait  que  ce  fût  un  de      er™"rees 
ces  sujets  limités  que  chacun  peut  posséder  à  fond  après  avoir  consulté  ia  t0P0srilPhle 
quelques  volumes.  Depuis  longtemps  la  compilation  s'exerçait  sans  critique    vieux  Paris. 
sur  les  livres  d'une  demi-douzaine  d'auteurs  plus  ou  moins  accrédités,  et  l'on 
allait  jusqu'à  réimprimer  les  fautes  matérielles  qui  fourmillent  dans  l'ouvrage 
posthume  de  Sauvai (3).  Quant  à  élargir  le  cercle  des  connaissances  acquises  ou 
à  combattre  les  erreurs  invétérées ,  il  en  était  à  peine  question  :  on  ne  se  ren- 
dait pas  compte  des  longues  investigations  qu'il  y  avait  à  faire  pour  y  réussir. 

au-dessous  des  plans  de  quartiers  par  De  Lagrive  (,)  Dans  Paris  sous  Philippe  le  Bel,  in-4".  Paris 

(1734-1755),  excellents  travaux  qu'on  n'apprécie  1887. 

pas  assez.  (3)  Henri  Sauvai,  avocat  au  Parlement  de  Paris, 

(1)  Rien  de  moins  raisonnable  que  le  tracé  de  auteur  et  compilateur  des  plus  laborieux.  (Voir  17n- 

l'enceinte  carolingienne,  qu'il  suppose  à  tort  avoir  troduction  ù  ï 'Histoire  générale  de  Paris,  p.  4  a 

existé  sur  la  rive  gauche.  et  87.) 


nu  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Difficultés  Les  érudits  cependant  ne  pouvaient  ignorer  que  les  registres  du  Tre'sor 

du  sujet.  jeg  Qjmrtegj  (ju  parlement,  de  l'Hôtel  de  Ville  et  des  paroisses,  qui  avaient 
été  fréquemment  cités,  renfermaient  des  matériaux  précieux (1);  mais  per- 
sonne ne  se  souciait  d'entreprendre  le  dépouillement  d'une  telle  quantité  de 
pièces  manuscrites,  aussi  difficiles  à  lire  qu'à  comprendre,  et  qu'il  eût  en- 
suite fallu  traduire  graphiquement.  Les  diverses  aptitudes  nécessaires  pour 
une  pareille  œuvre  ne  sont,  en  effet,  que  très  exceptionnellement  réunies 
chez  le  même  travailleur.  L'étude  de  la  diplomatique  ne  prépare  guère  à  re- 
lever des  plans,  et  lorsqu'on  a  passé  de  longues  années  à  manier  le  compas 
et  le  crayon,  on  est  généralement  assez  peu  disposé  à  déchiffrer  les  par- 
chemins. Le  paléographe  le  plus  habile  peut,  en  outre,  être  absolument  dé- 
pourvu du  sentiment  topographique;  un  fragment  de  maçonnerie,  l'épais- 
seur anomale  d'une  muraille,  la  flexion  d'un  alignement,  un  agencement 
particulier  de  corps  de  bâtiment,  sont  pour  lui  de  muettes  indications.  De 
tels  indices,  au  contraire,  font  naître  de  fécondes  réflexions  chez  l'homme 
du  métier,  que  la  pratique  a  rendu  familier  avec  les  lois  latentes  suivant 
lesquelles  les  habitations  se  groupent  et  les  voies  se  dirigent,  qui  sait  déter- 
miner l'âge  réel  des  constructions  et  deviner  la  cause  de  l'enchevêtrement 
des  propriétés;  mais,  en  revanche,  les  anciens  documents  écrits  lui  sont 
presque  entièrement  inutiles,  parce  qu'il  les  lit  d'une  manière  beaucoup  trop 
incomplète.  Joindre,  dans  une  certaine  mesure,  l'expérience  du  paléographe 
à  celle  de  l'architecte -archéologue,  était  donc  une  condition  indispensable 
pour  jeter  un  nouveau  jour  sur  la  topographie  du  Vieux  Paris. 

L'exposé  de  ces  difficultés  était  nécessaire  pour  faire  connaître  les  phases 
par  lesquelles  a  passé  le  présent  ouvrage,  commencé  il  y  a  dix-sept  ans. 

Origine  Au  mois  de  janvier  1 84g ,  M.  Albert  Lenoir,  qui  dirigeait  alors  la  Statistique 

du  travail. 

monumentale  de  Paris,  nous  chargea  de  dresser  un  plan  archéologique  destiné 
à  en  devenir  le  complément.  Ce  plan  devait  comprendre  les  anciennes  voies 
des  diverses  périodes,    le  tracé  des  enceintes,  l'ichnographie  des  édifices 

'1  Parmi  les  savants  du  siècle  dernier  qui  ont  puisé  à  ces  sources,  il  faut  citer  Bonamy,  Bouquet  et 
Terrasson.  (Voir  l'Introduction  à  Y  Histoire  générale  de  Paris,  p.  54.) 


PREFACE.  ix 

détruits,  résumer,  en  un  mot,  tout  ce  que  l'on  croyait  savoir,  et  y  ajouter, 
autant  que  cela  se  pourrait.  Les  espérances  à  ce  sujet  étaient  alors  fort  res- 
treintes, et  il  était  permis  de  douter  que  les  précédents  essais  fussent  ja- 
mais notablement  dépassés. 


tentatives. 


Après  avoir  réuni  l'ensemble  des  renseignements  qu'on  possédait  alors  sur  première» 
le  quartier  Sainte-Geneviève  et  cherché  à  les  mettre  en  œuvre,  nous  fûmes 
obligé  de  reconnaître  qu'il  en  était  résulté  un  plan  tout  à  fait  inacceptable. 
En  effet,  les  détails  fournis  par  les  historiens  sont  généralement  trop  vagues 
pour  être  traduits  graphiquement;  ils  laissent  d'ailleurs  subsister  de  telles 
lacunes  que  les  restitutions  deviennent  impossibles  sans  de  nouvelles  indi- 
cations plus  précises  et  plus  suivies.  D'autre  part,  on  n'a  pas  le  moyen  de 
signaler  sur  un  plan  les  problèmes  topographiques  que  les  écrivains  sou- 
lèvent sans  y  apporter,  le  plus  souvent,  autre  chose  qu'un  commencement 
de  solution.  Ainsi  Jaillot  nous  apprend  qu'un  hôtel  des  évêques  de  Nevers 
s'élevait  jadis  dans  la  rue  des  Amandiers  ;  or,  comme  les  plans  ne  marquent 
point  la  situation  de  cette  maison,  il  n'est  pas  même  possible  d'en  rappeler 
l'existence  sur  une  carte,  parce  qu'on  ne  sait  où  disposer  avec  précision  la 
légende  indicatrice.  Fallait-il  donc  se  bornera  replacer,  d'après  Gomboust, 
ou  De  Lagrive,  quelques  établissements  disparus?  C'eût  été  un  travail  aisé, 
mais  sans  grand  mérite  ;  nous  pressentions  qu'il  y  avait  quelque  chose  de 
mieux  â  faire. 


L'insuffisance  des  notions  contenues  dans  les  livres  et  dans  les  plans  gra-      Nécessité 

de  nouvelles 

vés  étant  bien  constatée,  il  devenait  urgent  de  recourir  à  des  sources  plus  recherches. 
abondantes,  c'est-à-dire  d'aborder  les  dépôts  d'archives;  à  l'aide  des  innom- 
brables documents  inédits  qui  y  sont  contenus,  on  devait,  en  effet,  pouvoir 
reconstituer  d'une  manière  authentique  cette  topographie  du  Vieux  Paris, 
restée  si  vague  et  dénaturée  par  tant  d'erreurs.  En  peu  de  temps,  malgré 
les  difficultés  du  début,  nous  commençâmes  à  entrevoir  la  possibilité  d'ac- 
complir une  œuvre  entièrement  nouvelle,  la  restitution  de  chacune  des  pro- 
priétés composant  les  îlots  de  maisons;  notre  courage  s'en  accrut,  et,  à  la 


t  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS, 

suite  d'efforts  opiniâtres,  nous  eûmes  enfin  la  satisfaction  de  constater  qu'un 
groupe  de  maisons  était  re'tabli  avec  exactitude.  Une  feuille  de  plan  fut  alors 
entreprise,  puis  soumise,  dans  une  séance  de  l'un  des  Comités  historiques,  aux 
savants  les  plus  aptes  à  en  juger,  et  accueillie  par  eux  avec  autant  de  faveur 
que  de  surprise.  La  voie  était  ouverte  ;  il  n'y  avait  plus  qu'à  y  persévérer. 

Tranformatkm        Bientôt  se  révéla  la  nécessité  de  ne  point  se  borner  à  un  simple  travail  de 
de  restitution    dessin.  Des  planches  où  n'aurait  figuré  aucune  indication  de  dates  étaient 

en 

histoire       insuffisantes,  et  il  eût  été  déplorable  de  rejeter  dans  l'ombre  une  quantité 

topographique. 

de  renseignements  curieux,  recueillis  en  cherchant  les  éléments  de  l'exécution 
graphique.  De  plus,  nous  nous  trouvions  en  fréquente  opposition  avec  nos 
devanciers,  et  il  importait  beaucoup  de  prouver  que  la  contradiction  était 
motivée ,  ce  qui  entraînait  à  des  discussions.  Le  travail  s'est  donc  transformé 
en  un  livre  où  les  plans  ne  sont  plus  que  l'accessoire  inséparable  du  texte, 
et  qui  constitue  une  véritable  Histoire  topographique  du  Vieux  Paris. 

Sources  Le  sol  de  Paris  tout  entier  était  jadis  divisé  en  seigneuries,  appartenant 

Archives  presque  exclusivement  à  des  communautés,  fort  jalouses  de  leurs  biens  ter- 

lEmpire  ritoriaux,  et  produisant  à  leurs  possesseurs  des  trémolumens»,  redevances 

îAssisunce  et  avantages  de  diverses  natures.  Pendant  la  Révolution,  les  titres  de  ces 

publique ,  ° 

BuSTue108  ProPrie'tés  féodales  furent  mis  sous  le  séquestre,  puis  réunis  dans  le  grand 
dépôt  central  de  l'hôtel  de  Soubise,  où  ils  se  trouvent  aujourd'hui,  à  peu  près 
dans  le  même  état  qu'en  1789.  Or,  à  l'époque  où  s'écroula  l'ancien  régime, 
il  y  avait  déjà  d'innombrables  lacunes  dans  les  archives  de  ces  fiefs  pari- 
siens, bien  que  les  propriétaires  eussent  le  plus  grand  intérêt  à  conserver 
leurs  archives  pour  pouvoir  justifier  de  leurs  droits.  Les  années,  en  s'accu- 
mulant,  avaient  multiplié  les  causes  de  destruction;  et,  tandis  que  telle 
seigneurie  conservait  des  dossiers  complets  remontant  jusqu'au  xmc  siècle, 
beaucoup  d'autres,  souvent  supérieures  en  importance,  ne  possédaient  plus 
qu'une  petite  quantité  de  pièces  et  de  date  peu  ancienne.  Les  titres  de  la 
censive  du  Roi  avaient  même  été  complètement  anéantis  par  l'incendie  de 
la  Chambre  des  comptes,  survenu  dans  l'année  1737. 


PRÉFACE.  xi 

Par  suite  de  ces  diverses  circonstances,  on  comprend  que  les  documents 
sur  Paris,  re'unis  aux  Archives  de  l'Empire,  quoique  nombreux  et  dune 
grande  valeur,  laissent  beaucoup  à  désirer;  ils  sont,  en  réalité',  très  inéga- 
lement re'partis  et  ne  remontent  pas  assez  haut  dans  l'histoire.  On  peut  à 
peine  citer  quelques  chartes  du  xne  siècle  ayant  trait  à  des  maisons,  et  les 
actes  de  cette  espèce  sont  peu  explicites  avant  la  fin  du  siècle  suivant.  Jl  faut 
descendre  jusqu'au  milieu  du  xve  pour  rencontrer  des  titres  de  cette  nature 
nombreux  et  facilement  intelligibles.  On  de'couvre  les  mêmes  lacunes  dans 
les  archives  des  hôpitaux,  centralisées  à  la  Direction  de  l'Assistance  publique, 
et  qui  n'avaient  été  jusqu'ici  explorées  par  aucun  historien  de  Paris  ;  nous 
avons  mis  largement  à  profit  ces  archives,  ainsi  que  les  fonds  manuscrits  des 
bibliothèques  publiques,  où  l'on  ne  trouve  guère,  il  est  vrai,  que  des  registres 
sans  suite  et  des  pièces  isolées.  L'ensemble  de  ces  circonstances  explique  les 
trop  fréquents  desiderata  auxquels  il  nous  a  été  impossible  de  remédier. 

Quoique  les  matériaux  de  cet  ouvrage  proviennent,  en  très  grande  par-  Autres  sources: 
tie,  des  archives  domaniales  de  toute  origine,  nous  avons  dû  fréquemment  monographies. 
puiser  à  d'autres  sources,  parce  que  les  recherches  topographiques  propre- 
ment dites  nous  ont,  par  une  conséquence  naturelle,  amené  à  parler  de 
l'histoire  des  édifices  considérés  au  point  de  vue  de  leur  construction.  Sous  ce 
rapport,  les  travaux  de  nos  prédécesseurs  nous  ont  été  beaucoup  plus  utiles, 
et  parfois  même  nous  avons  dû  nous  borner  à  les  copier.  Ainsi,  en  dehors  des 
appréciations  archéologiques,  il  reste  bien  peu  à  dire  des  églises  parisiennes, 
après  Lebeuf (l)  et  Jaillot.  L'histoire  des  établissements  religieux  a  pareillement 
été  assez  étudiée (2)  pour  qu'on  ne  puisse  guère  compter  sur  des  découvertes 
bien  considérables;  et  si,  récemment,  une  science  profonde,  unie  à  un  re- 
marquable esprit  de  critique,  est  parvenue  à  composer,  de  toutes  pièces,  la 
monographie  d'un  ancien  collège (3),  c'est,  à  notre  avis,  un  résultat  tout  à 

(1)  Lebeuf,  chanoine  et  sous-chantre  delà  cathé-  dom  Bouillart,  dom  Manier,  les  auteurs  du  Gallia 

drale  d'Auxerre,   liturgiste   distingué,   chercheur  christiana,  et  beaucoup  d'autres  auteurs,  ont  tra- 

infatigable,  auteur  de  Y  Histoire  du  Diocèse  de  Paris.  vaille  sur  ce  sujet. 
(1754.)  (s)  Hist.  de  Sainte-Barbe,  collège,  communauté  et 

m  Du  Breul,  Félibien,  Sauvai,  l'abbé  Dubois,  institution, par J. Quicherat.(3  vol. in-8°,  i86o-64.) 


xn  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS, 

fait  exceptionnel.  L'histoire  des  grands  édifices  civils,  qui  dans  le  passé  n'ex- 
citait qu'un  assez  faible  intérêt,  a  été  jusqu'ici  traitée  d'une  manière  bien 
plus  imparfaite.  Quant  aux  hôtels  seigneuriaux,  leur  histoire  est  pleine  d'er- 
reurs, et  les  historiens  de  Paris  n'ont  point  mentionné  le  quart  de  ceux  qui 
méritaient  de  l'être.  Il  a  été  encore  moins  question  des  maisons  de  bour- 
geois ou  d'artisans,  que  distinguaient  de  si  pittoresques  dénominations; 
elles  étaient  demeurées  inconnues  pour  la  plupart,  de  telle  sorte  que  l'on  ne 
pouvait  juger  de  la  physionomie  intime  des  quartiers  du  Vieux  Paris,  et 
qu'on  ne  savait  presque  jamais  retrouver  la  demeure  d'un  personnage  cé- 
lèbre. Cette  étude  des  maisons,  qui  n'avait  pas  encore  été  abordée,  nous  a 
semblé  indispensable  :  plus  d'une  fois  elle  nous  a  valu  des  données  biogra- 
phiques extrêmement  curieuses. 

pians  Quant  aux  plans  manuscrits  dont  nous  avons  fait  usage,  c'est  également 

innnuscnts 

relatifs       aux  Archives  de  l'Empire  et  de  l'Assistance  publique  qu'ils  sont  conservés 

au 

vieux  Paris,  pour  la  plupart  ;  les  autres  appartiennent  aux  collections  de  la  Bibliothèque 
impériale.  Un  petit  nombre  seulement  remonte  jusqu'à  la  seconde  moitié 
du  xvne  siècle;  au  delà  ils  deviennent  très  rares,  et  nous  n'en  avons  vu 
que  deux  ou  trois  du  xve  siècle.  Cette  pénurie  n'est  pas  seulement  l'effet 
des  ravages  du  temps:  jadis  on  dressait,  comme  aujourd'hui,  les  plans  des 
constructions  particulières  à  élever,  mais  on  ne  sentait  pas  plus  qu'on  ne 
l'éprouve  de  nos  jours  en  Orient  le  besoin  de  plans  généraux,  soit  pour 
satisfaire  la  curiosité  des  étrangers,  soit  pour  diriger  les  travaux  de  voirie 
dans  les  villes.  On  ne  faisait  guère  que  des  images,  telles  que  le  Plan  de  la 
Tapisserie,  l'un  des  plus  anciens  «pourtraicts  de  Paris»  qui  nous  soient  par- 
venus, et  qui  n'est  en  réalité  qu'une  sorte  de  vue  à  vol  d'oiseau.  A  l'époque 
où  ce  travail  fut  fait,  l'art  géodésique  était  dans  l'enfance,  et  ne  visait  nul- 
lement à  la  précision.  Quoiqu'il  ait  rapidement  progressé  depuis,  par  suite 
de  la  révolution  opérée  dans  le  système  de  défense  des  places  fortes,  il  ne 
semble  pas  qu'on  ait  relevé  des  plans  de  Paris  géométralement  rigoureux 
avant  ceux  de  l'abbé  De  Lagrive.  Pour  les  architectes  contemporains  de  ce 
géographe,  l'exactitude  mathématique  était  une  perfection  superflue,  et,  lors- 


PRÉFACE.  xiii 

qu'on  examine  attentivement  leurs  plans,  surtout  ceux  qui  comprennent  des 
îlots  détaillés,  on  est  souvent  étonné  des  énormes  et  inconcevables  erreurs 
qu'on  y  découvre.  Les  plans  manuscrits  que  nous  avons  utilisés  sont  tous 
partiels  ;  ils  renferment  une  rue,  un  îlot,  un  quartier  au  plus.  En  fait  d'an- 
ciens plans  généraux,  nous  ne  connaissons  que  ceux  qui  ont  été  gravés,  et 
sont  ainsi  du  domaine  public.  Il  faut  s'abstenir  d'y  porter  le  compas,  et  ne 
leur  demander  que  des  renseignements  approximatifs.  Toutefois  on  arrive  à 
des  conclusions  très  voisines  de  la  vérité  en  combinant  les  indications  qu'ils 
fournissent  avec  les  données  plus  précises  qui  se  déduisent  de  la  lecture  des 
textes,  et  notamment  des  pièces  constituant  les  archives  domaniales. 

Ces  archives  se  composent  de  baux,  d'ensaisinements,  d'amortissements,      Archives 

!        ,  ,   ,  .  .  rv  . .  ,  .  domaniales. 

de  déclarations  aux  terriers,  etc.  Dans  ces  divers  actes,  les  maisons  sont 
habituellement  décrites  avec  leurs  tenants  et  aboutissants  ;  il  semble  donc 
possible  d'en  déduire  la  situation  relative,  et,  si  les  titres  sont  en  quantité 
suffisante ,  de  reconstituer  la  disposition  des  propriétés  de  tout  un  îlot.  Pour 
atteindre  ce  but,  on  a  d'ailleurs  assez  souvent  à  sa  disposition  les  registres 
de  cens,  où  les  maisons  sont  mentionnées  dans  leur  ordre  de  contiguïté, 
de  façon  qu'en  les  parcourant  on  apprend  immédiatement  combien  il  y 
avait  de  maisons  entre  deux  points  donnés,  et  quelles  en  étaient  les  ensei- 
gnes à  la  date  du  cueilleret(1).  Déterminé  à  faire  plus,  nous  nous  sommes 
imposé  l'obligation  de  retrouver  l'emplacement  même  des  propriétés  dont 
les  documents  ne  donnaient  que  l'énumération. 

Mais  sur  quelle  base   établirons-nous  sûrement  nos  restitutions?  Quel      Données 

.  ,  •  i         •     i  •îiii**  i   •  i\    positives  fournies 

point  de  repère  nous  guiderait  dans  ce  travail  de  localisation  pousse  jusqu  a       par  les 

. ,  TT  .  .        .  />      •  murs  mitoyens 

ses  dernières  limites?  Heureusement  il  en  existait  un,  facile  à  reconnaître      latéraux. 
même  aujourd'hui,  là  où  l'ancien  état  de  choses  n'a  pas  été  sensiblement 
modifié;  et  c'est  ce  point  de  repère  assuré  qui  nous  a  aidé  à  dresser  notre 
plan  parcellaire:  il  consiste  en  ce  que  les  murs  mitoyens  latéraux  n'étaient  au- 
trefois presque  jamais  déplacés.  Ce  fait  provoque,  tout  d'abord,  une  certaine 

(,)  Livre  de  recettes  des  cens  et  rentes  payés  à  un  seigneur  par  ses  tenanciers. 


ht  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS, 

surprise  ;  mais,  après  quelques  instants  de  réflexion,  on  ne  tarde  pas  à  s'en 
rendre  compte.  Quand  on  reconstruisait  une  maison,  on  ne  pouvait  l'élargir 
qu'en  entamant  les  bâtiments  contigus;  or  une  pareille  opération  n'était 
réalisable  que  par  voie  d'héritage  ou  d'acquisition,  circonstances  fort  rares 
au  moyen  âge,  où  les  acensements  de  terrains  étaient  réputés  perpétuels. 
Sauf  le  cas  de  morcellement,  il  est  donc  infiniment  probable  que  la  plu- 
part des  maisons  ont  eu  leurs  murs  latéraux  établis  sur  des  fondations 
antérieures.  Le  déplacement  des  murs  mitoyens  a  dû,  par  conséquent,  ne 
se  produire  que  très  exceptionnellement.  Les  modifications  apportées  aux 
propriétés,  dans  le  sens  de  la  profondeur,  ont  été  beaucoup  moins  rares, 
parce  qu'il  y  avait  là  des  cours  et  des  jardins,  où  les  retranchements  s'effec- 
tuaient avec  facilité  ;  mais  les  changements  que  les  maisons  ont  subis  sous 
ce  rapport  n'empêchent  nullement  d'en  constater  l'identité. 

conséquences  De  ce  que  les  murs  mitoyens  latéraux  se  sont  généralement  maintenus  à 
de  ces  données,  leur  place  primitive,  il  ne  s'ensuit  point  cependant  que  les  rues  aient  con- 
tenu, dans  les  temps  modernes,  la  même  quantité  de  maisons  qu'aux  époques 
antérieures.  La  différence  de  nombre  est,  au  contraire,  très  grande,  et  en 
voici  le  motif:  au  xme  siècle,  Paris  ayant  encore  peu  d'habitants,  le  terrain 
y  était  d'une  médiocre  valeur,  et  rien  n'empêchait  d'y  donner  aux  maisons 
des  dimensions  assez  vastes;  mais  dans  les  siècles  suivants,  la  population 
augmentant  sans  cesse,  le  terrain  devint  précieux,  et  l'on  voulut  naturel- 
lement en  tirer  tout  le  parti  possible  ;  les  propriétés  furent  donc  subdivisées, 
ce  qui  amena  la  construction  de  maisons  étroites  et  très  élevées.  Dès  le  règne 
de  Louis  XII,  on  avait  poussé  le  morcellement  si  loin,  qu'on  voyait  dans  la 
Cité  des  façades  larges  de  sept  pieds  seulement  ;  une  centaine  d'années  plus 
tard,  on  commença  à  réagir  contre  cet  abus,  et  de  plusieurs  maisons  on  en 
fit  parfois  une  seule  :  circonstances  qui  ajoutèrent  ou  supprimèrent  quelques 
murs  mitoyens,  mais  ne  déplacèrent  point  les  autres.  Le  progrès,  au  reste, 
ne  fut  pas  général,  et  pendant  que,  çà  et  là,  on  reliait  entre  elles  diverses 
propriétés  dans  le  centre  de  la  Ville,  le  système  de  fractionnement  se  con- 
tinuait dans  les  faubourgs ,  où  les  constructions  étaient  moins  resserrées. 


PREFACE.  xv 

Le  nombre  des  maisons  figurées  sur  les  rares  plans  que  l'on  possède,      Procédés 

,  , .  _  .  1  ,  pour  discerner 

comparé  a  ce  qu  il  était  aux  époques  ou  nous  avons  a  nous  reporter,  diffère     les  anciens 

lotissements. 

plus  ou  moins,  en  raison  du  temps  et  des  quartiers.  L'écart  est  presque 
toujours  considérable,  et  il  suffit  qu'il  y  en  ait  un,  même  minime,  pour  que 
l'identité  de  toutes  les  propriétés  d'un  groupe  devienne  douteuse.  Les  pro- 
cédés à  l'aide  desquels  nous  parvenons  à  nous  reconnaître  dans  ce  dédale 
sont  complexes  et  peu  aisés  à  spécifier.  En  général,  notre  méthode,  pour 
aller  du  connu  à  l'inconnu,  consiste  à  remonter  l'échelle  des  temps;  et  nos 
moyens  d'appréciation  détaillée  sont  la  coïncidence  des  maisons  par  leurs 
aboutissants,  la  manière  dont  elles  s'agencent  latéralement  entre  elles,  une 
particularité  de  leur  plan,  révélée  par  les  titres,  comme  la  disposition  en 
hache,  une  enclave,  certaines  dimensions,  etc.;  malheureusement  ce  der- 
nier genre  de  renseignement  ne  se  rencontre  guère.  Des  données  extrême- 
ment utiles  se  dégagent  aussi  de  l'indication  des  superficies,  lorsqu'on  peut 
en  faire  le  relevé.  Nous  mettons  également  à  profit  les  listes  de  propriétaires, 
le  fait  de  la  conservation  des  vieilles  enseignes  ou  la  mention  de  celles  qui 
y  ont  été  substituées,  les  repères  offerts  par  les  édifices  qui  ont  traversé  les 
âges,  les  plans  que  renferment  quelquefois  les  dossiers,  et  une  multitude 
d'autres  détails  dont  l'étude  nous  a  enseigné  à  saisir  la  portée.  Cependant 
le  plus  souvent  tout  cela  serait  insuffisant  sans  l'espèce  d'intuition  qu'une 
longue  expérience  finit  par  développer,  et  qui  permet  de  discerner  les  rema- 
niements opérés  dans  le  lotissement  des  ilôts (1).  Rien,  au  surplus,  n'a  été  omis 
afin  d'obtenir  des  résultats  aussi  certains  que  possible,  et  il  n'est  aucun 
genre  de  vérification  auquel  nous  ayons  négligé  d'avoir  recours.  Nous  ne 
prétendons  certes  pas  à  l'infaillibilité;  mais  ce  que  nous  pouvons  dire,  c'est 
que  nos  restitutions,  dont  l'exactitude  a  été  si  souvent  confirmée,  sont  éta- 
blies avec  une  probabilité  tout  à  fait  scientifique.  Lorsqu'il  nous  est  resté  des 
doutes,  nous  avons  considéré  comme  un  devoir  de  conscience  d'en  avertir  le 
lecteur,  soit  sur  les  plans,  soit  dans  le  texte. 

(l)  Il  a  existé  jusqu'à  nos  jours  dans  le  lotisse-  muraille  gallo-romaine  de  la  Cité  a  pu  être  signalé 
ment  des  îlots  diverses  traces  d'états  extrêmement  par  nous  à  M.  Th.  Vacquer,  longtemps  avant  que 
anciens.  C'est  ainsi  qu'un  point  du  passage  de  la        cet  archéologue  en  retrouvât  les  assises  inférieures . 


xvi  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Difficulté  Exposer  les  procédés  d'exécution  de  ce  travail,  c'est  en  faire  comprendre 

d'appliquer  .  i«ji»      »'#      «■•  n>  *l  •   • 

les  documents  les  prodigieuses  difficultés.  Pixer  en  effet,  avec  une  entière  précision,  le  point 

•m  sol. 

du  sol  parisien  auquel  se  rapporte  un  ancien  titre,  est  aujourd'hui,  dans 
l'immense  majorité  des  cas,  un  problème  extrêmement  pénible  à  résoudre. 
Ceux-là  seuls  qui  en  ont  tenté  l'épreuve  savent  ce  que  coûte  un  tel  crrom- 
trpement  de  teste,»  pour  employer  une  expression  de  l'illustre  architecte 
Philibert  De  l'Orme.  S'il  est  un  résultat  qui  puisse  faire  attribuer  à  nos  tra- 
vaux une  valeur  particulière ,  c'est  assurément  d'avoir  réussi  dans  l'applica- 
tion des  documents  au  terrain  ;  le  reste  de  la  tâche ,  c'est-à-dire  l'élaboration 
du  plan  et  la  rédaction  du  texte,  quelque  considérable  que  soit  un  pareil 
travail,  doit  être  tenu  pour  peu  de  chose  en  comparaison. 

Divisions  L'ouvrage  étant  avant  tout  topographique,  les  divisions  en  étaient  indi- 

naturelles 

de  l'ouvrage  ;   quées  par  la  configuration  même  de  Paris  : 

marche  suivie 

,     P°ur .  La  Cité  et  ses  dépendances  ; 

la  publication.  l 

L'Université,  comprenant  les  quartiers  de  la  rive  gauche  de  la  Seine 
renfermés  dans  l'enceinte  de  Philippe-Auguste  ; 

La  Ville,  c'est-à-dire  les  régions  de  la  rive  droite  qu'entourait  l'enceinte 
bastionnée  ; 

Les  Faubourgs,  ou  les  parties  du  territoire  parisien  situées  au  delà  des 
enceintes. 

Si  l'on  était  complètement  maître  d'un  tel  sujet,  il  serait  logique  de 
commencer  la  publication  de  l'ouvrage  par  la  Cité,  cet  antique  berceau  de 
l'histoire  parisienne;  mais  un  travail  de  restitution  aussi  étendu,  aussi  com- 
pliqué, est  soumis  à  des  nécessités  de  toute  nature  qui  amènent  forcément 
des  interversions  dans  l'ordre  de  succession  des  parties  qui  le  composent. 
Les  titres  écrits  ont  leurs  lacunes  et  présentent  de  nombreuses  difficultés 
d'interprétation;  les  documents  lapidaires  ne  peuvent  être  utilement  consultés 

dans  une  fouille  récente.  Guidé  par  des  indices  ana-  très  preuves  du  fait  que  nous  signalons,  lorsque 

logues ,  nous  sommes  parvenu  également  à  retracer  nous  expliquerons  un  très  curieux  document ,  réputé 

plus  des   trois  cinquièmes   du  parcours ,  si  mal  d'une  obscurité  impénétrable  :  le  relevé  des  places 

connu,  de  l'enceinte  dont  dépendaient  la  porte  Bau-  que  l'abbaye  Saint-Pierre-des-Fossés  possédait  à 

doyer  et  l'archet  Saint-Merry.  On  aura  encore  d'au-  Paris,  vers  la  fin  du  ix°  siècle. 


PRÉFACE.  xvii 

qu'au  moment  où  la  pioche  ouvre  les  profondeurs  du  sol  qui  les  renferme. 
Il  faut  donc,  pour  mettre  sûrement  la  dernière  main  à  un  volume  de  texte 
et  à  une  feuille  de  plan ,  attendre  tantôt  la  de'couverte  de  pièces  manuscrites 
nouvelles  ou  le  dépouillement  d'anciens  fonds  qui  n'avaient  pas  encore  été 
livrés  au  public,  tantôt  l'exécution  de  grands  travaux  de  construction  ou 
d'édilité,  d'où  résultent  soit  un  utile  complément  d'indications,  soit  une  con- 
firmation matérielle  des  renseignements  fournis  par  les  archives.  Ces  dévia- 
tions, que  ne  connaissent  ni  les  littérateurs,  ni  les  hommes  de  science  pure, 
un  historien-topographe  est  obligé  de  les  subir;  il  va  où  l'appellent  les  maté- 
riaux qui  doivent  entrer  dans  la  composition  de  son  œuvre,  il  suspend  mo- 
mentanément certaines  parties  de  son  travail,  quand  il  a  l'espoir  de  faire 
quelques  bonnes  trouvailles,  et  il  ne  se  décide  à  les  livrer  au  public  que 
lorsqu'il  croit  avoir  épuisé  les  sources:  l'estime  du  monde  savant  est  à  ce  prix. 
La  vérité  nous  oblige  donc  à  reconnaître  que  la  Cité,  dont  les  vieilles  maisons 
tombent  en  ce  moment,  n'a  pas  encore  été  assez  fouillée;  que  l'Université, 
où  de  nombreuses  voies  nouvelles  vont  s'ouvrir,  a  encore  bien  des  secrets 
à  nous  révéler;  mais  en  revanche,  dans  la  Ville  proprement  dite,  la  Région 
du  Louvre  et  des  Tuileries  est  complètement  explorée,  et  c'est  par  elle  que 
commence  la  publication  du  présent  ouvrage. 

Il  n'est  pas  moins  difficile  de  fixer  l'ordre  dans  lequel  les  rues  doivent    Énumération 

A  ,  ,    ,  .  ,   .  .  des  rues. 

être  enumérees;  on  ne  saurait  songer  a  les  grouper  par  paroisses  et  paryte/s, 
à  cause  de  l'irrégularité  et  de  l'enchevêtrement  de  ces  sortes  de  circonscrip- 
tions. La  division  par  quartiers  eût  beaucoup  mieux  valu;  mais,  quand  même 
elle  serait  exempte  de  ces  inconvénients,  elle  n'aurait  pu  être  adoptée,  puis- 
qu'on ne  connaît  point  les  limites  précises  des  anciens  quartiers.  Force  nous 
a  donc  été  de  recourir,  comme  Jaillot,  à  l'ordre  alphabétique,  qui  offre  des 
avantages  certains,  et  est  exempt  de  défauts  graves.  En  tête  de  l'article  con- 
sacré à  chaque  rue  est  une  notice  mentionnant  l'époque  où  elle  apparaît  dans 
les  documents,  les  noms  qu'elle  a  portés,  avec  leur  signification,  et  généra- 
lement tout  ce  qui  tend  à  en  éclaircir  l'histoire  au  point  de  vue  topographique. 
Viennent  ensuite  l'indication  de  la  paroisse  et  de  la  seigneurie,  détails  qu'on 


xviii  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS, 

chercherait  inutilement  dans  les  livres,  et  enfin  la  nomenclature  complète 
des  édifices  élevés  ou  débouchant  sur  la  voie.  Une  telle  forme,  manifestement 
incompatible  avec  l'intérêt  littéraire,  permet,  en  revanche,  de  ne  rien  omettre; 
il  y  avait  d'ailleurs  impossibilité  de  fondre  en  un  récit  continu  les  ren- 
seignements à  donner  sur  de  longues  séries  de  maisons.  Nous  devons,  en 
outre,  prévenir  le  lecteur  que  l'anecdote  a  été  bannie  de  cet  ouvrage;  ce 
serait,  du  reste,  un  souhait  stérile  que  celui  d'une  histoire  anecdotique 
et  récréative  des  habitations  du  Vieux  Paris  :  il  n'y  a  presque  rien  à  re- 
cueillir sur  cette  matière.  Des  maisons  de  Paris  pendant  le  moyen  âge,  on 
ne  peut  guère  arriver  à  connaître  que  l'emplacement,  la  désignation  habi- 
tuelle, et  le  nom  de  quelques  propriétaires. 

Dates  et  limites      Les  investigations  archéologiques  s  arrêtant  d'ordinaire  au  commence- 
extrêmes  ; 
développements  ment  du  xvne  siècle,  la  date  de  1610  est  celle  que  nous  nous  proposons  de 

accessoires  ; 

^graphies  ne  pas  dépasser  dans  cet  ouvrage.  Cependant  ce  n'est  point  une  limite  que 
nous  nous  croyions  rigoureusement  interdit  de  franchir  :  nous  donnerons 
fréquemment,  pour  les  sauver  de  l'oubli,  des  renseignements  recueillis  dans 
le  cours  de  notre  travail  et  se  rapportant  à  des  époques  plus  rapprochées; 
mais  il  n'y  faudra  voir  que  des  accessoires.  C'est  surtout  dans  le  cadre 
d'une  histoire  topographique  de  la  Ville  avant  Louis  XIII  que  l'auteur  de 
ce  livre  a  voulu  réaliser  un  travail  complet.  Pour  y  parvenir,  il  n'a  reculé 
devant  aucune  étude  d'où  pouvait  sortir  l'éclaircissement  de  quelque  ques- 
tion, et  c'est  ainsi  qu'il  a  entrepris  d'élucider  la  biographie  de  tous  les  ar- 
chitectes qui  ont  travaillé  au  Louvre.  Ce  qu'on  relatait  de  leur  personne  et 
de  leur  vie  était  tellement  entaché  d'erreurs,  que  les  traditions  les  plus  con- 
tradictoires s'étaient  peu  à  peu  accréditées  sur  la  construction  de  ce  palais. 
Si  les  développements  donnés  au  récit  de  toutes  ces  vies  d'artistes  paraissent 
un  peu  longs,  il  faudra  se  rappeler  que  telle  date,  tel  fait,  peu  importants 
en  apparence,  permettent  de  nier  ou  d'affirmer  la  participation  d'un  archi- 
tecte, d'un  sculpteur  ou  d'un  peintre,  à  des  travaux  qu'on  leur  avait  attribués 
jusqu'ici. 


PREFACE.  xix 

On  connaît  l'exactitude  du  plan  de  Verniquet(l);  c'est  celui  qui  a  été  adopté  Base  géométrie 

1_  /  r  Tl  •     •  e*  divisions 

pour  base  geometrale  du  nôtre.  Il  est  encore  très  intelligible  pour  la  généra-      du  pian 

de  restitution. 

tion  actuelle,  et  l'aspect  général  du  Vieux  Paris  s'y  reconnaît  assez  pour 
qu'on  y  reporte  sans  trop  de  difficulté  l'ancien  état  de  choses.  Nous  l'avons, 
pour  notre  usage,  réparti  en  seize  feuilles;  mais  l'échelle  (une  demi-ligne 
pour  toise,  ou  omm,58  pour  mètre)  s'est  trouvée  un  peu  restreinte,  et  il 
nous  a  fallu  employer  d'assez  petits  caractères,  afin  de  consigner  sur  chaque 
planche  le  plus  grand  nombre  possible  de  renseignements.  Il  s'en  est  suivi , 
sur  quelques  points,  une  confusion  apparente,  à  laquelle  semblent  ajouter 
les  signes  marquant  les  limites  des  censives  et  des  paroisses.  Toutefois, 
dans  une  carte  faite  exclusivement  en  vue  d'études  sérieuses,  des  entre-croi- 
sements répétés  de  légendes  ne  sont-ils  pas  encore  préférables  à  l'omission 
de  particularités  importantes? 

L'exposé  du  système  graphique  adopté  pour  donner  tous  les  éclaircisse- 
ments nécessaires  a  été  reproduit  sur  toutes  les  feuilles;  on  y  trouvera  éga- 
lement un  numéro  d'ordre,  propre  à  en  faciliter  la  juxtaposition,  c'est-à-dire 
la  réunion  en  un  grand  tableau  composé  de  seize  planches  principales,  ré- 
parties sur  quatre  rangs.  Quelques  feuilles  supplémentaires  seront,  en  outre, 
consacrées  aux  faubourgs,  et  disposées  de  manière  qu'on  puisse  les  rap- 
procher des  feuilles  principales  dont  elles  présenteront  le  numéro,  avec  ad- 
jonction du  mot  bis. 

Le  plan  de  restitution,  étant  le  résultat  d'un  travail  analytique  destiné  à  pians  d'époques. 
faciliter  l'intelligence  du  texte  par  la  détermination  des  emplacements  et 
des  contours,  ne  comporte  pas  de  renseignements  chronologiques,  sauf  la 
distinction  entre  la  période  ancienne  et  la  période  moderne.  Quant  à  la  repré- 
sentation en  plan  de  la  Ville,  prise  à  diverses  époques,  elle  sera  l'objet  de 
planches  spéciales,  où  figureront,  en  même  temps  que  le  réseau  des  rues, 
les  monuments  et  les  enceintes  qui  existaient  à  un  moment  donné.  Ces  plans 

l,)  Verniquet,  architecte  et  commissaire-voyer        grand  atlas,  travail  excellent,  qui  a  servi  de  base 
à  Paris,  dressa,  de  177&  à  1791,  un  plan  géo-        aux  plans  publiés  depuis  cette  époque, 
métrai  de  la  capitale,  en  soixante  et  douze  feuilles 


xx  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

d'époques,  réalisation  sérieuse  des  projets  de  nos  devanciers,  atteindront  un 
haut  degré  d'exactitude,  parce  qu'ils  procéderont  du  travail  d'analyse  dont 
nous  venons  de  parler  et  d'une  recomposition  synthétique.  Ainsi ,  par  exemple, 
ce  n'est  qu'après  avoir  compulsé  soigneusement,  un  à  un,  les  dossiers  de 
toutes  les  maisons  de  la  Cité,  que  nous  avons  pu  deviner  la  situation  des 
ruelles  Portebûche  et  de  la  Licorne;  et,  si  nous  n'avions  pas  dépouillé  minu- 
tieusement tous  les  titres  relatifs  à  la  rue  de  Beauvais,  ce  qui  nous  a  pro- 
curé une  cote  importante (,),  il  nous  eût  été  impossible  de  retracer  avec 
précision  la  clôture  septentrionale  du  Louvre. 

Les  plans  d'époques  seront  au  nombre  de  quatre;  le  premier  montrera  ce 
qu'était  Paris  à  la  fin  du  xme  siècle,  le  dernier  en  figurera  l'aspect  vers  1610. 
Ces  deux  limites  se  justifient  d'elles-mêmes  :  avant  le  règne  de  Philippe  le 
Bel,  la  topographie  de  la  capitale  se  dessine  d'une  manière  imparfaite  et 
présente  de  très  nombreuses  lacunes;  l'année  de  la  mort  de  Henri  IV  est, 
d'autre  part,  le  terme  naturel  auquel  il  convient  de  s'arrêter,  car  moins  d'un 
demi-siècle  après  commence,  par  le  plan  de  Gomboust,  la  série  des  travaux 
graphiques  vraiment  dignes  de  confiance. 

illustrations  On  regrettera  peut-être  que  nous  n'ayons  pas  représenté  Paris  à  vol  d'oi- 
l'ouvrage,  seau,  comme  l'a  fait  Bretez(2)  sur  le  plan  dit  de  Turgot;  mais  rien  n'est 
moins  facile  quand  on  veut  opérer  avec  précision,  car  les  titres  ne  contiennent 
aucune  donnée  sur  la  disposition  architectonique  des  maisons.  Nous  avons 
restitué  un  panorama  des  quais  du  Louvre  et  des  Tuileries  sous  Louis  XIII  (voir 
page  317),  parce  qu'un  concours  exceptionnel  de  circonstances  en  a  fourni 
les  éléments;  mais  il  est  bien  peu  probable  que  l'on  ait  plus  tard  les  moyens 
de  faire  quelque  autre  tentative  de  ce  genre.  Comme  compensation,  l'ou- 
vrage sera  illustré  de  toutes  les  vues  du  Vieux  Paris  qui  ont  quelque  valeur. 
La  plupart  seront  reproduites  en  fac-similé ,  procédé  qui  est  généralement 
le  meilleur,  puisqu'il  préserve  des  interprétations  douteuses;   néanmoins, 

">  Voir  page  157.  Paris,  qui  fut  gravé  par  Claude  Lucas  et  écrit 

m  Bretez,  dessinateur-géographe,  lit,  en  1734,  par  Aubin.  Ce  plan  parut  en  1787;  il  comprend 

marché  avec  le  Bureau  de  la  Ville  pour  «lever  et  vingt  planches.  (Voir  Y  Introduction  à  Y  Histoire  gé- 

~ dessiner  en  proportion  et  élévations  un  plan  de  nérale  de  Paris,  p.  j 53.) 


PRÉFACE.  xxi 

quand  nous  avons  été  certain  de  corriger  avantageusement  les  défauts  des 
modèles,  nous  n'avons  pas  hésité  à  le  faire,  en  ayant  soin  d'indiquer  les 
parties  restées  à  l'état  d'hypothèse.  La  monographie  du  Louvre,  par  exemple, 
contiendra  tous  les  documents  graphiques  sur  lesquels  reposent  les  thèses 
soutenues  dans  le  texte,  ou  qui  donnent  une  idée  de  Y  état  ancien  de  l'édi- 
fice ;  mais  les  constructions  qui  sont  demeurées  intactes  n'y  figureront  point. 
Ce  système  sera  suivi  dans  tout  l'ouvrage,  car  il  s'agit  d'exhumer  le  passé 
et  non  de  reproduire  ce  qu'on  peut  facilement  constater.  Parmi  les  sujets 
auxquels  se  rapportent  les  vingt-deux  gravures  de  ce  premier  volume,  seize 
étaient  ou  ignores  ou  entièrement  inédits,  et  quelques-uns,  comme  le  dessin 
de  i5y4(1),  constituent  des  curiosités  rarissimes.  La  proportion  sera  à  peu 
près  la  même  pour  les  volumes  suivants.  On  nous  permettra,  pour  rendre 
un  juste  hommage  aux  artistes  qui  exécutent  nos  planches,  de  faire  observer 
qu'elles  n'ont  rien  de  commun  avec  les  images  dont  on  illustre  ordinaire- 
ment les  livres  publiés  sur  Paris;  plusieurs  d'entre  elles  sont  de  véritables 
chefs-d'œuvre  de  précision  et  de  gravure. 

En  histoire,  plus  qu'en  toute  autre  science,  il  est  impérieusement  néces-  Méthode  suivie 

1  •  ai  i  •  •  par  l'auteur 

saire  de  ne  rien  accepter  sans  contrôle,  et  cest  pour  avoir  méconnu  ce  pnn-         et 

esprit  de  cri  tique 

cipe  que  les  auteurs  des  livres  sur  Paris  ont  perpétué  tant  de  méprises.  appliqué 
Vérifier  les  assertions  de  nos  devanciers,  en  recourant  aux  documents  ori- 
ginaux, a  donc  été  constamment  notre  règle  de  conduite.  Sachant  aussi 
combien  il  est  imprudent  de  conclure  d'après  des  apparences,  quelque  spé- 
cieuses qu'elles  soient,  nous  poussons,  jusqu'à  l'exagération  peut-être, 
l'emploi  des  formules  dubitatives.  Nous  faisons  plus  encore  :  nous  trans- 
crivons, chaque  fois  qu'il  n'y  a  pas  d'inconvénient,  les  textes  mêmes  sur 
lesquels  reposent  nos  assertions,  et  nous  citons  avec  soin  nos  autorités, 
particulièrement  s'il  s'agit  de  combattre  des  opinions  contraires  aux  nôtres. 
Quant  à  indiquer  par  le  menu  la  totalité  des  sources  où  nous  avons  puisé 
pour  dresser  la  nomenclature  des  maisons,  c'eût  été  un  travail  stérile  et  re- 

(l)  Voir  page  168. 


à  l'ouvrage. 


\xu  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS, 

butant.  Il  est  en  effet  de  nombreuses  propriétés  sur  lesquelles  assez  de  titres 
existent  pour  que  chacune  motive  plusieurs  lignes  de  notes.  Or,  pour  être 
conséquent,  il  eût  fallu  tout  rapporter,  et  alors  la  moitié  de  chaque  page 
aurait  été  composée  de  renvois,  où  les  numéros  de  certains  registres  se  se- 
raient répétés  avec  une  fatigante  monotonie. 

Un  livre  de  science  n'a  de  raison  d'être  que  s'il  réalise  un  progrès  incon- 
testable sur  ceux  qui  l'ont  précédé.  Pénétré  de  cette  pensée,  nous  nous 
sommes  voué  exclusivement  à  l'œuvre  de  restitution  qu'il  fallait  accomplir 
pour  faire  un  livre  qui  pût  être  regardé  comme  définitif.  Nous  nous  sommes 
donc  imposé  la  loi  d'épuiser  toutes  les  sources  et  de  ne  nous  arrêter  que 
lorsque  les  indications  faisaient  absolument  défaut.  Favorisés  par  le  hasard, 
des  chercheurs  découvriront  sans  doute  après  nous  quelques  pièces  nou- 
velles; toutefois  le  nombre  en  sera  peu  considérable  comparativement  à  la 
multitude  des  documents  que  nous  avons  consultés  et  dont  le  chiffre  est 
déjà  incalculable. 

Maintenant  nous  a-t-il  été  donné  d'accomplir  réellement  ce  que  nous 
avons  voulu  faire?  Avons-nous  réussi  dans  la  tâche  que  nous  nous  étions 
imposée?  C'est  au  lecteur  d'en  juger.  Nous  lui  demandons  simplement  de 
ne  se  prononcer  qu'en  connaissance  de  cause,  c'est-à-dire  après  avoir  atten- 
tivement examiné  notre  travail  et  l'avoir  comparé  aux  travaux  du  même 
genre. 

Conclusion.  Nous  ne  terminerons  pas  cette  longue  préface  sans  témoigner  notre  recon- 
naissance pour  les  précieux  encouragements  qui  nous  ont  soutenu  dans  la 
carrière  laborieuse  où  nous  sommes  entré.  Nous  dirons  donc,  et  en  premier 
lieu,  que  nous  avons  les  plus  vives  obligations  à  M.  le  comte  de  Laborde,  di- 
recteur général  des  Archives  de  l'Empire:  il  a  bien  voulu,  en  effet,  prendre 
l'initiative  des  recommandations  qui  ont  attiré  sur  nos  efforts  l'attention  de 
M.  le  Préfet  de  la  Seine.  Parmi  les  autres  savants  dont  nous  nous  faisons  hon- 
neur d'avoir  obtenu  les  suffrages  et  reçu  les  conseils,  nous  citerons:  feu  Ben- 
jamin Guérard ,  MM.  le  marquis  de  La  Grange ,  Natalis  de  Wailly ,  Paulin  Paris , 
Prosper  Mérimée,  Léopold  Delisle,  Jules  Quicherat,  E.  Viollet-Leduc,  qui 


PRÉFACE.  xxm 

nous  ont  libéralement  accordé  leur  appui  et  leurs  conseils.  Ne  pouvant  men- 
tionner ici  chacune  des  personnes  dont  les  bons  offices  ont  favorisé  nos  tra- 
vaux, nous  leur  adresserons  du  moins  à  toutes  les  remercîments  les  plus  sin- 
cères. Nous  en  devons  de  tout  particuliers  à  MM.  Douët-d'Arcq ,  Boutaric  et 
Boisserand,  archivistes  aux  Archives  de  l'Empire,  ainsi  qu'à  M.  Richard,  con- 
servateur adjoint  à  la  Bibliothèque  impériale,  pour  laide  assidue  qu'ils  nous 
ont  donnée.  Nous  nous  empressons  de  reconnaître  aussi  que  M.  L.  M.  Tisse- 
rand,  Secrétaire  archiviste  du  Service  historique  de  la  Ville  de  Paris,  appelé 
à  nous  prêter  son  concours  pour  la  revision  littéraire  du  texte  de  cet  ouvrage, 
nous  a,  dans  cette  tâche  aussi  longue  que  minutieuse,  fait  amicalement  pro- 
fiter du  secours  d'une  plume  habile  et  exercée.  Enfin  nous  ne  saurions  oublier 
que  M.  Albert  Lenoir  accueillit  autrefois  l'idée  première  de  ce  travail,  et 
nous  mit  à  même  d'en  commencer  l'exécution,  sous  les  auspices  du  Minis- 
tère de  l'instruction  publique.  Les  sympathies  que  nous  avons  rencontrées 
dès  ce  moment,  les  encouragements  des  Comités  historiques,  la  haute  appro- 
bation de  l'Institut,  nous  ont  plus  tard  ouvert  les  portes  de  l'Hôtel  de  Ville 
et  assuré  le  patronage  de  l'Administration  municipale  :  c'est  dire  que  l'ou- 
vrage avait  enfin  trouvé  son  plus  solide  appui,  et  l'auteur,  la  meilleure  ré- 
compense de  ses  longs  et  persévérants  efforts. 


RÉGION 


DU  LOUVRE  ET  DES  TUILERIES. 


I. 


SOMMAIRES. 


CHAPITRE  PREMIER. 

Paroisses,  fiefs,  quartiers,  aspect  général.  —  Circonscription  des  paroisses  de  la  région.  —  Ses 
divers  fiefs.  —  Quartiers  qui  en  ont  fait  partie.  —  Ses  transformations 1 


Pages. 


CHAPITRE  IL 

Espace  compris  entre  la  rie  des  Poulies  et  la  place  du  Carrousel.  —  Rue  d'Autriche  ou  de  l'Ora- 
toire. Maison  de  la  maréchale  d'Ancre.  Jeux  de  paume  et  guichet  du  Louvre.  Grands  hôtels  de  la 
Rocheguyon  et  de  Racqueville;  d'Etampes  ou  d'Aumale;  de  Saint-Pol,  d'Etampes.  de  Clermont  et 
Créquy  ;  d'Oslrevant;  de  Retz  et  de  Conty.  —  Rue  de  Beauvais.  Hôtel  de  Rostaing.  —  Rue  du  Petit- 
Bourbon.  —  Rue  Champ-Fleuri  ou  de  la  Bibliothèque.  —  Rue  du  Chantre.  —  Rue  du  Coq.  Hôtel 
du  Bouchage.  —  Rue  du  Doyenné.  —  Quai  de  l'Ecole.  Hôtel  de  Bourbon.  —  Rue  Fromenteau. 
Hôtels  de  la  Roze  et  de  Pontchartrain  ;  de  Vendôme,  de  Chevreuse  et  de  la  Marche;  de  la  Petite- 
Marche;  de  Schomberg.  —  Rue  Saint-Honoré,  de  la  Croix-du-Tiroir  ou  du  Château-Fétu.  Mai- 
son de  l'Oratoire.  Hôtel  de  Laval,  de  Vignolles  et  de  Sillery.  Hospice  des  Quinze- Vingts.  —  Rue 
Jean-Saint-Denis  ou  Pierre-Lescot.  —  Quai  du  Louvre.  —  Rue  Saint-Nicaise.  Hôtel  de  Beringhen. 
Chapelle  Saint-Nicaise.  Hôtel  de  Créquy  et  d'Elbeuf.  Hôtel  d'Uzès.  —  Rue  des  Orties.  Hôtel  de 
la  Petite-Bretagne,  de  Coupeau  et  de  Matignon.  —  Rues  de  Matignon  et  Neuve-Saint-Thomas; 
cul-de-sac  du  Doyenné.  —  Rue  des  Poulies.  Hôtels  de  Combault;  du  Petit-Alençon ,  de  Castellan 
et  de  Retz  ;  du  Grand-Alençon ,  de  Villeroy ,  d'Anjou  et  de  Longueville  ;  de  Villequier  et  de  Provence  ; 
de  Garancières,  de  Nevers,  de  Villequier  et  d'Aumont;  d'Alluye,  de  Cipières,  de  Conty  et  d'An- 
givilliers.  —  Rue  Saint-Thomas-du-Louvre.  Eglise  collégiale  de  Saint-Thomas.  Hôtels  de  Torcy  ; 
d'O,  de  la  Vieuville,  de  Chevreuse,  d'Epernon  et  de  Longueville;  de  Pisany  et  de  Rambouillet. 
Hospice,  collège  ou  chapitre  Saint-Nicolas-du-Louvre 7 

CHAPITRE  HI. 

Origine  du  château  du  Louvre.  —  Opinions  erronées  des  historiens  à  ce  sujet.  —  Preuves  que  le 
château  du  Louvre  a  été  fondé  par  Philippe-Auguste,  et  s'appelait  d'abord  la  Tour-Neuve.  —  Le 
nom  actuel  de  l'édifice  provient  du  territoire  sur  lequel  il  a  été  construit.  —  Signification  dou- 
teuse du  mot  Louvre n3 


xxviu  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


CHAPITRE  IV. 

Pages. 

Histoire  du  vieux  Louvre  (1202-1527).  — Impossibilité  de  faire  une  histoire  monumentale  du  châ- 
teau. —  H  renfermait  un  arsenal ,  et  la  Grosse-Tour  servait  parfois  de  prison.  —  On  y  établit  la 
bibliothèque  du  Roi.  —  Châtelains  ou  capitaines 1  a3 

CHAPITRE  V. 

Description  ou  vieux  Louvre  et  des  fortifications  voisines.  —  Grosse-Tour.  —  Quadrangle.  Il  était 
d'un  tiers  moins  grand  qu'on  ne  le  croit.  Démonstration  de  ses  dimensions.  —  Fossés,  tours  et 
portes;  identité  des  tours  de  la  Taillerie,  de  la  Fauconnerie,  de  la  Librairie,  etc.  —  Le  grand 
escalier.  Renseignements  biographiques  sur  Raymond  du  Temple.  —  Intérieur  des  bâtiments.  — 
Grand  jardin  et  ménagerie.  Petit  jardin.  —  Basses-cours  et  Artillerie.  —  Maison  de  l'Engin.  — 
Enceinte  de  Philippe-Auguste;  son  emplacement  exact.  —  Première  porte  Saint-Honoré.  — 
Porte  du  Louvre.  —  Tour  du  Coin  ou  Jehan-de-Lestang.  —  Courtine  du  bord  de  l'eau.  Guichet 
et  port  du  Louvre.  —  La  Porte-Neuve  et  la  tour  de  Bois.  —  Quai  du  Louvre.  —  Rue  des  Orties. 
—  Enceinte  de  Charles  V.  Contrescarpe  élevée  en  i58i.  —  Deuxième  porte  Saint-Honoré.  — 
Comptes  des  dépenses  faites  au  Louvre  par  Charles  V,  de  1 36a  à  1 37 1 199 

CHAPITRE  VI. 

Le  Louvre  sous  François  I"  (1627-1547).  —  François  I"  ne  songe  d'abord  qu'à  restaurer  le  vieux 
Louvre.  —  En  1597,  il  demande  qu'on  construise  un  nouveau  quai  pour  remplacer  celui  qu'il 
réunit  à  la  basse-cour  du  château.  —  Il  démolit  la  Grosse-Tour,  fait  bâtir  des  jeux  de  paume  et 
disposer  la  cour  des  cuisines.  —  Travaux  pour  la  réception  de  Charles-Quint  en  i53o,.  —  Réso- 
lution de  réédifier  complètement  le  château.  —  Sébastien  Serlio  et  Pierre  Lescot.  —  Notice  bio- 
graphique sur  ce  dernier.  —  Il  est  nommé  officiellement  architecte  des  constructions  nouvelles 
en  i546,  et  c'est  vers  cette  année  seulement  qu'on  commence  les  travaux 901 

CHAPITRE  VII. 

Le  Louvre  sous  Henri  II  (  1 5/17-1 55g ).  —  Plans  adoptés  par  Henri  IL  —  Pierre  Lescot  est  confirmé 
dans  ses  fonctions.  —  Aile  occidentale;  ses  inscriptions:  salle  des  Caryatides.  —  Lescot  auto- 
risé à  modifier  ses  projets  et  à  procéder  aux  démolitions  nécessaires  pour  les  effectuer.  —  On  lui 
alloue  1,200  livres  de  gages.  —  Chiffres  de  Henri  II  et  de  Catherine  de  Médicis  ffl.  —  Distribution 
intérieure  du  nouveau  bâtiment.  —  Le  pavillon  du  Roi.  —  Entrepreneurs  des  travaux  du  palais  ; 
artistes  qui  les  exécutent.  Notice  biographique  sur  Jean  Goujon.  —  Paul-Ponce  Trebatti  a-t-il  pris 
part  aux  sculptures  de  la  cour  ?  —  Comptables  des  travaux.  —  Comptes  des  dépenses  faites  sous 
le  règne  de  Henri  II,  de  i555  à  i556 219 

CHAPITRE  VIII. 

Le  Louvre  sous  François  II,  Charles  IX  et  Henri  III  (1559-1589).  —  Détermination  des  parties 
construites  sous  Charles  IX.  —  Les  sculpteurs  Pierre  L'Heureux,  François  L'Heureux,  Martin  Le 
Fort,  Pierre  Nanyn,  Jean  Tacet  ou  Tacquet  et  Etienne  Cramoy.  —  Distribution  intérieure  de  la 
nouvelle  aile  méridionale.  —  Lacune  dans  les  comptes.  —  Résumé  de  ceux  qui  s'étendent  de 
1 56o  a  i568.  —  Origine  delà  Petite  et  de  la  Grande-Galerie  du  Louvre.  —  Elles  ont  été  bâties  à 


SOMMAIRES.  xxix 

Pages. 


deux  reprises. , —  Ce  qui  motive  l'aspect  actuel  de  la  Petite-Galerie.  Balcon  dit  de  Charles  IX.  — 
Renseignements  biographiques  sur  Pierre  Chambiges,  premier  architecte  de  la  Petite-Galerie.  — 
Salle  des  Antiques.  —  Renseignements  biographiques  sur  Thibaut  Métezeau.  —  Travaux  qu'on  doit 
attribuer  à  Henri  III.  —  Il  prend  pour  architecte  Baptiste  Androuet  Du  Cerceau.  Notice  sur  cet 
artiste.  —  Le  grand  jardin  bouleversé 269 


CHAPITRE  IX. 

Espace  compris  entre  l'enceinte  de  Charles  V,  la  rde  Saint-Honoré  ,  l'enceinte  bastionnée  et  la 
Seine.  —  Rue  de  l'Échelle.  —  Terrain  de  la  place  du  Carrousel.  Hôtels  de  La  Vallière;  d'Ar- 
magnac ou  de  Brionne.  —  Rue  Saint-Honoré  (partie  s'étendant  de  la  rue  Saint-Nicaise  à  la  rue 
Royale).  —  Rue  Saint-Louis.  —  Marché  des  Quinze-Vingts.  —  Clos  des  Quinze- Vingts  ;  ses  limites 
restituées.  —  Rue  du  Dauphin  ou  Saint- Vincent.  —  Rue  Saint-Honoré  (continuation).  Hôtels  de 
Foix,  Pussort,  d'Armenon ville  et  de  Noailles.  —  Couvent  des  Feuillants;  passage  de  ce  nom.  — 
Couvent  des  Capucins.  Hôtel  de  la  Trémouille,  de  Joyeuse  ou  du  Bouchage.  Couvent  de  l'As- 
somption. —  Rues  de  l'Orangerie  et  Saint-Florentin 377 


CHAPITRE  X. 

Qcai  des  Tuileries.  Enceinte  bastionnée.  Emplacement  du  château  et  du  jardin  des  Tuileries.  — 
Quai  des  Tuileries.  Pêcheries.  —  Fondation  de  l'enceinte  bastionnée  ;  sa  situation  ;  son  tracé.  — 
Porte  de  la  Conférence.  —  Troisième  porte  Saint-Honoré.  —  La  Garenne  ;  le  jardin  de  Regnard. 
—  Les  vieilles  Tuileries.  Le  clos  de  Moucy  ;  le  clos  Maudole.  Les  terres  de  Jean  Le  Gendre  et  de 
Simon  de  Neufville.  —  François  I"  acquiert  la  maison  des  Tuileries.  —  Elle  est  donnée  viagère- 
ment  à  Jean  Tiercelin.  —  Acquisition  de  toutes  les  [propriétés  de  la  famille  de  Neufville  par  Ca- 
therine de  Médicis 3 17 


APPENDICES. 

I.  Tableau  de  Saint-Germain-des-Prés  et  retable  du  Palais  de  Justice i» 

H.  Hôtel  de  Bourbon ««' 

III.  Hôtel  d'Alluye m 

IV.  Hôtel  de  Chevreuse vit 

V.  Fragment  de  l'enceinte  entre  la  Tour  de  Bois  et  la  porte  Saint-Honoré vii 

VI.  Emplacement  de  la  seconde  porte  Saint-Honoré ix 

VIL  Statue  de  Vulcain  au  Louvre xi 

VIII.  Travaux  de  Pierre  Lescot  et  de  Jean  Goujon  au  Louvre xi 

IX.  Epoque  de  la  mort  de  Jean  Goujon xi 

X.  Appartements  du  Louvre ,  sous  Louis  XIII xi 

XI.  Petite  Galerie  du  Louvre ■ xii 


XXX 


TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


PLANCHES. 

Pages. 

I.  La  région  dd  Louvre  et  des  Tuileries  en  1609,  d'après  le  Plan  de  François  Quesnel 7 

II.  Vue  de  l'  arche  d'Autriche.  —  Plan  des  restes  de  l'hôtel  de  Bourbon 3  a 

III.  Plan  de  l'hospice  des   Quinze-Vingts,   avant   la   reconstruction   de    17  48,  à  la  fin  du 

xvii'  siècle 67 

IV.  Vue  intérieure  de  l'hospice  des  Quinze- Vingts  (Fac-similé  d'une  gravure  d'Israël  Sylvestre). 

—  Plan  de  l'église  et  de  la  chapelle  Saint-Nicaise.  —  Sceau  de  la  communauté 68 

V.  Vues  de  l'église  Saint-Nicolas-du-Louvre  pendant  sa  démolition.  —  Sceaux  et  contre-sceaux 

du  collège  Saint-Nicolas  et  du  chapitre  Saint-Thomas 111 

VI.  Plan  restitué  du  vieux  Louvre 129 

VII.  Vue  du  Louvre  dans  la  seconde  moitié  du  xvi°  siècle  (Fac-similé  réduit  d'un  dessin  de  Jacques 

Cellier).  —  Plan  d'un  des  jeux  de  paume  du  Louvre  en  i555 i34 

VIII.  Les  environs  du  Louvre  vers  l'orient,  d'après  un  plan  manuscrit  de  la  seconde  moitié  du 

xvi*  siècle,  provenant  des  Archives  de  Saint-Germain-l'Auxerrois 1 34 

IX.  Vues  du  Louvre,  d'après  les  plans  de  la  Tapisserie,  de  Du  Cerceau,  de  Mérian  et  de  Gom- 

boust i38 

X.  Vue  du  Louvre  et  de  l'abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés,  au  commencement  du  xvi*  siècle, 

d'après  un  tableau  provenant  du  monastère  et  conservé  aujourd'hui  au  Musée 166 

XI.  Vue  du  Louvre  et  de  la  porte  de  Nesle,  au  milieu  du  xv*  siècle,  d'après  le  retable  du  Palais 

de  Justice 1 4g 

XII.  Vue  des  quais  de  la  rive  droite,  depuis  la  Porte-Neuve  jusqu'au  pont  aux  Meuniers  (Fac- 
similé  d'un  dessin  portant  la  date  de  i57&) 169 

XIII.  Vue  de  la  Porte-Neuve,  d'après  Israël  Sylvestre 171 

XIV.  Plan  des  substructions  aux  environs  de  la  Porte-Neuve 173 

XV.  Signatures  de  divers  architectes  du  Louvre  et  des  Tuileries  (Pierre  Lescot,  Philibert  Dé- 
forme, Pierre  Chambiges,  Thibaut  et  Louis  Métezeau) 208 

XVI.  Plan  restitué  du  Louvre  de  la  Renaissance,  étage  inférieur 228 

XVII.  Plan  restitué  du  Louvre  de  la  Renaissance,  étage  supérieur 229 

XVIII.  Plans  comparatifs  de  la  Petite-Galerie  du  Louvre,  dans  son  état  primitif  et  à  la  fin  du 

XVII*  SIÈCLE 261 

XIX.  Vue  de  la  Petite-Galerie  du  Louvre  vers  i65o  (Fac-similé  d'une  gravure  d'Israël  Sylvestre)  262 
XX.  Elévation  panoramique  (restituée)  des  quais  du  Louvre  et  des  Tuileries,  sous  le  règne  de 

Louis  XIII 317 

XXI.  Vue  de  la  porte  de  la  Conférence,  d'après  Israël  Sylvestre  et  Pérelle 32i 

XXII.  Vue  de  la  porte  Saint-Honoré ,  au  milieu  du  xvii'  siècle  (Fac-similé  d'une  gravure  d'Israël 

Sylvestre) 3a4 


SOMMAIRES. 


BOIS  GRAVÉS. 


Pages. 

I.  Sceau  de  la  Prévôté  des  Marchands,  en  i 4 1 a Frontispice. 

II.  Profil  d'une  moulure  de  l'ancienne  muraille  du  Louvre i3i 

III.  Scbau  de  Raymond  du  Temple i5i 

IV.  Disposition  des  Pavillons  des  Jardins  du  Louvre i58 

V.  Chiffres  de  Henri  II  et  de  Catherine  de  Médicis 227  et  228 

VI.  Chiffre  de  Charles  IX a5o 

VII.  Armes  de  la  famille  Chambiges 265 

VIII.  Chiffre  de  Henri  IV 269 

IX.  Marque  de  tâcheron  sut  un  moellon  trouvé  dans  les  fondations  du  mur  méridional  de  la 

Galerie  du  Louvre.  (  Appendices.  ) viii 

X.  Substructions  de  la  seconde  porte  Saint-Honoré.  (Appendices.) ix 


PLAN  DE  RESTITUTION. 


Au  présent  volume  se  rattachent  deux  feuilles  du  Plan  de  restitution  ,  portant  les  numéros  V  et  V  bis. 
(Voir  la  Préface,  page  xix.) 


TOPOGRAPHIE 

* 

HISTORIQUE 

DU    VIEUX    PARIS. 


RÉGION 
DU   LOUVRE   ET   DES   TUILERIES 

COMPRISE 

ENTRE  LA  RUE  DES  POULIES  (DU  LOUVRE),  LA  RUE  SAINT-HONORÉ, 
L'EMPLACEMENT  DES  CHAMPS-ELYSÉES  ET  LA  SEINE. 


CHAPITRE  PREMIER. 

PAROISSES,  FIEFS,  QUARTIERS,  ASPECT  GÉNÉRAL. 


A  l'époque  où  la  topographie  du  vieux  Paris  commence  à  se  dessiner,  c'est-à- 
dire  vers  le  milieu  du  xne  siècle,  la  région  suburbaine  presque  tout  entière  se 
dérobe  encore  à  nos  regards;  toutefois  la  partie  de  cette  région  où  fut  construit  le 
château  du  Louvre  ne  tarde  pas  à  sortir  de  l'obscurité.  Elle  apparaît  en  effet  vers 
l'avènement  de  Philippe-Auguste,  et  il  est  possible  d'entrevoir  l'aspect  qu'elle 
offrait  alors.  Soumise,  comme  tout  le  reste  de  la  Ville,  à  une  juridiction  d'abord 
religieuse  et  féodale,  puis  municipale,  elle  eut  ainsi  ses  paroisses,  ses  fiefs,  et  plus 
tard  ses  quartiers.  11  convient  de  dire  ce  que  nous  savons  de  ces  diverses  cir- 
conscriptions, et  d'esquisser  la  physionomie  générale  du  territoire,  avant  d'en 
aborder  la  description  détaillée. 

En  ce  qui  concerne  la  division  paroissiale,  tout  l'espace  situé  entre  la  Seine 
et  la  rue  Saint-Honoré  dépendait  originairement  de  l'église  Saint-Germain- 
l'Auxerrois.  Cet  état  de  choses  a  subsisté  jusqu'au  3o  juin  1 633 ,  où  une  sentence 
archiépiscopale  assigna  définitivement  à  la  paroisse  Saint-Roch  le  terrain  situé 


2  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

au  nord  du  jardin  des  Tuileries,  depuis  le  mur  de  Charles  V  jusqu'à  la  fortifi- 
cation de  Charles  IX  :  il  y  avait  déjà  une  cinquantaine  d'années  que  l'église  Saint- 
Roch  servait  de  succursale  à  l'église  Saint-Germain-l'Auxerrois ,  pour  les  habitants 
du  faubourg  Saint-Honoré.  Naguère  la  répartition  paroissiale  était  la  même 
qu'en  1 633;  mais  elle  a  subi  récemment  quelques  modifications. 

Au  point  de  vue  des  circonscriptions  féodales,  sur  le  terrain  que  nous  nous 
proposons  de  décrire  on  comptait  d'abord  quatre  fiefs  principaux,  et  bien  carac- 
térisés. Le  premier,  en  procédant  de  l'est  à  l'ouest,  était  celui  de  l'église  Saint- 
Germain-l'Auxerrois.  Le  second  appartenait  au  prieuré  Saint-Denis  de  la  Chartre; 
il  était  contigu  au  premier,  et  avait  en  quelque  sorte  pour  axe  la  rue  d'Autriche. 
Le  troisième,  dit  le  fief  de  Fromentel,  traversé  par  la  rue  de  ce  nom  et  mouvant 
du  Roi,  constituait  une  enclave  dans  le  quatrième.  Ce  dernier  était  beaucoup  plus 
vaste  et  s'étendait  jusque  sur  l'emplacement  des  Champs-Elysées;  il  avait  été,  de 
temps  immémorial,  possédé  par  l'évêque  de  Paris,  lorsque,  le  28  août  1687, 
Louis  XIV  en  fit  acquisition  à  titre  d'échange.  H  comportait  la  voirie  et  la  haute 
justice,  à  l'exception  du  rapt  et  du  meurtre,  dont  la  connaissance  était  réservée 
aux  officiers  du  Roi. 

Le  fief  de  Saint-Germain-l'Auxerrois,  aussi  ancien  peut-être  que  la  fondation 
de  cette  église,  en  entourait  le  cloître  et  comportait  aussi  le  droit  de  haute  jus- 
tice. Limité  au  nord  par  la  rue  Saint-Honoré,  il  s'étendait,  vers  l'ouest,  jusqu'au 
milieu  de  l'îlot  compris  entre  la  rue  d'Autriche  et  la  rue  des  Poulies.  La  portion 
située  au  delà  de  cette  dernière  rue  est  sans  doute  restée  en  culture  fort  tard  ; 
mais,  au  commencement  du  règne  de  Saint-Louis  (et  il  n'en  est  pas  question  au- 
paravant), elle  se  montre  déjà  presque  complètement  bâtie. 

Le  fief  de  Saint-Denis  de  la  Chartre,  dont  l'origine  n'est  pas  relatée  dans  les 
archives  de  ce  prieuré  (l),  a  subi  des  modifications  importantes  par  la  création  du 
château  du  Louvre,  qui  en  a  absorbé  un  fragment,  ainsi  que  par  la  construction 
de  l'enceinte  de  Philippe-Auguste.  Ce  fief  était  vraisemblablement  borné  d'abord 
par  la  rue  du  Coq.  Il  est  à  supposer  que  la  rue,  à  l'état  de  chemin,  se  pro- 
longeait jusqu'à  la  rivière ,  et  que  la  construction  du  Louvre  et  des  murailles  de 
la  Ville  en  supprima  l'extrémité  méridionale.  La  même  circonstance  donna  lieu 
au  percement  d'une  voie  nouvelle,  la  rue  d'Autriche,  qui  coupa  en  deux  la 
pièce  de  terre  de  Saint-Denis  de  la  Chartre,  et  fut  rigoureusement  alignée  sur 
la  fortification. 

Le  fief  de  Fromentel  était,  au  commencement  du  xme  siècle,  une  propriété 
particulière.  Au  mois  de  novembre  1  2  2  3 ,  Perrette  la  Jardinière ,  voulant  fonder 

(1>  Lebeuf  dit  que  ce  fief  était  min  délachement  cèse  de  Paris,  tome  I,  page  lu);  cela  est  bien 
rrdu  fonds  de  l'Evêché,  cédé  autrefois  au  chapitre  probable  ;  néanmoins  Lebeuf  n'émet  là  qu'une 
ftde  Saint-Denis  de  la  Chartre»  (Histoire  du  dio-        hypothèse. 


PAROISSES,  FIEFS,  ETC.  3 

une  prébende  dans  l'église  Saint-Honoré ,  en  gratifia  cette  collégiale ,  à  la  manse 
commune  de  laquelle  il  fut  uni,  le  1 1  janvier  1670,  par  suite  d'une  transaction 
entre  les  chanoines  du  lieu  et  le  titulaire  de  la  prébende,  Guillaume  Jacquet  W. 
Le  fief  de  Fromentel  relevait  du  Roi,  et  ne  comportait  que  la  censive,  la  saisine, 
les  lods  et  amendes  ;  il  avait  pour  axe ,  nous  le  répétons ,  la  rue  à  laquelle  il  em- 
prunta ou  donna  son  nom.  Ainsi  qu'on  le  reconnaît  par  des  procès-verbaux 
d'experts,  dressés  en  1 578  et  1626,  il  occupait  la  moitié  de  la  largeur  de  chacun 
des  îlots  que  la  rue  séparait  ;  les  murs  mitoyens  entre  les  maisons  des  rues  Pierre- 
Lescot  et  Fromenteau  ont  fourni  jusqu'à  nos  jours  la  preuve  de  ce  fait.  L'îlot 
compris  entre  les  rues  Fromenteau  et  Saint- Thomas-du-Louvre  présentait  aussi 
beaucoup  de  traces  de  l'ancien  lotissement,  commandé  par  les  limites  du  fief; 
mais,  de  ce  dernier  côté,  l'agencement  originaire  s'était  déjà  modifié  à  une  époque 
assez  reculée. 

Le  fief  de  l'Evêque,  dans  lequel  les  trois  autres  étaient  en  quelque  sorte  en- 
clavés, avait  une  étendue  considérable  et  remontait  pour  le  moins  au  temps  de 
Louis  le  Débonnaire'2'.  Au  delà  du  Louvre,  il  consistait  en  une  réunion  de  terres 
cultivées  qui  furent  peut-être  appelées  la  Culture-? Évéque,  mais  dont  on  ne  ren- 
contre pas,  comme  pour  la  culture  qui  était  voisine  du  territoire  de  Ghampeaux, 
d'indications  antérieures  au  xme  siècle.  En  revanche,  on  peut  citer  une  habitation 
seigneuriale  qui  s'y  trouvait  sous  le  règne  de  Louis  le  Jeune  :  le  manoir  de  la 
Petite-Bretagne,  sur  les  dépendances  duquel  fut  fondée  l'église  Saint-Thomas- 
du-Louvre,  vers  1 180.  Si  ce  manoir  n'était  point  isolé  alors,  suivant  toute  appa- 
rence il  n'était  accompagné  d'aucune  autre  maison  de  quelque  importance ,  et  le 
terrain  n'avait  pas  encore  perdu  son  aspect  champêtre. 

Aux  quatre  fiefs  dont  nous  venons  de  parler  sont  venus  se  joindre,  avec  le 
temps,  trois  autres  fiefs  moins  importants  et  assez  mal  définis.  Le  premier  se 
composait  de  la  zone  de  terrain  occupée  par  l'enceinte  de  Charles  V.  Implanté  au 
xivc  siècle  sur  le  fonds  de  terre  de  l'Evêque,  il  s'effaça  lorsque  disparut  la  fortifi- 
cation <3),  dont  l'emplacement  fit  ensuite  partie  de  la  censive  du  Roi  ou  plutôt  du 


(11  Arch.  de  Saint-Honoré.  Le  fief  de  Fromentel 
est  le  même  que  la  censive  Damiani  Canetarii,  qui 
renfermait  certaine  maison  contiguë  au  mur  du 
Louvre  et  située  entre  les  rues  de  Richebourg  (du 
Coq)  et  de  Fromenteau;  il  en  est  parlé  dans  une 
charte  du  a3  septembre  1 2 96.  (  Cartulaire  de  Notre- 
Dame,  t.  III,  p.  a 2 5.)  Damiens  Canetarius  doit 
être  le  chanoine  à  la  prél«nde  duquel  le  fief  était 
attaché. 

(ï)  Conf.  la  charte  du  19  oct.  820.  (Cart.  de  N. 
D.,  t.  I,  p.  260.) 


m  La  Ville  avait  la  propriété  de  ses  fortifications , 
par  suite  d'un  don  royal.  Au  commencement  du 
■m*  siècle,  elle  rétrocéda  au  Roi  la  portion  de  l'en- 
ceinte de  Charles  V  qui  s'étendait  de  la  Porte-Neuve 
à  la  Porte  Saiut-Honoré,  et  qu'on  se  proposait  d'a- 
battre pour  les  travaux  du  Louvre.  Nous  lisons, 
dans  un  jugement  rendu  par  le  Bureau  de  la  Ville. 
à  la  date  du  6  avril  1  (>i6,  la  phrase  suivante,  re- 
lative à  cette  même  partie  de  l'enceinte  :  *  Attendu 
frla  remise  que  nous  en  avons  faicte  au  Boy  pour 
«fl'effect  du  grand  dessaing  du  Louvre.» 


à  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

domaine  royal  des  Tuileries.  Les  deux  autres  consistaient  dans  le  crpourprisu  de 
chacune  des  collégiales  Saint-Nicolas  et  Saint-Thomas-du-Louvre  ;  les  terrains,  qui 
provenaient  d'un  morcellement  du  fief  épiscopal,  formèrent  à  la  longue,  et  par 
suite  de  leur  amortissement,  deux  petits  fiefs,  de  telle  sorte  que  les  chapitres  de 
Saint-Nicolas  et  de  Saint-Thomas  comptèrent  parmi  les  seigneurs  censiers  de 
Paris  W. 

H  nous  reste  à  parler  des  quartiers,  circonscription  beaucoup  moins  ancienne 
que  les  paroisses  et  les  fiefs'2'. 

Des  chartes  de  122a  et  12  5g  mentionnent  un  vieux  bourg  Saint-Germain'3';  on 
en  distinguait  donc  un  nouveau,  sans  doute  le  faubourg  Saint-Germain-l'Auxerrois , 
qui  fut  créé  sous  Philippe-Auguste,  et  a  fait  partie  du  quartier  Saint-Germain- 
l'Auxerrois,  dont  la  limite  devait  être  l'enceinte  de  Charles  V.  Immédiatement  en 
dehors  de  l'enceinte,  commençait  le  territoire  de  la  Ville-l'Évêque ,  dont  la  partie 
la  moins  distante  de  Paris  fut  plus  tard  une  annexe  du  quartier  Saint-Honoré  ou 
du  quartier  Saint-Germain.  Ce  dernier  étant  devenu  trop  considérable,  l'édit 
du  12  décembre  1702,  relatif  à  une  nouvelle  circonscription  des  quartiers,  le 
divisa  en  deux  parties ,  dont  la  première  conserva  le  nom  de  quartier  Saint-Germain- 
l'Auxerrois,  autrement  du  Louvre,  et  la  seconde,  séparée  de  l'autre  par  la  rue 
Fromenteau,  fut  appelée  quartier  du  Palais-Royal.  Par  les  lois  des  27  juin  1790, 
1 1  novembre  1795,  et  en  vertu  d'un  arrêté  préfectoral  du  10  mai  1811,  Paris 
ayant  été  divisé  en  municipalités  ou  arrondissements  composés  chacun  de  quatre 
sections  ou  quartiers,  le  fragment  du  quartier  du  Palais-Royal  situé  au  midi  de 
la  rue  Saint-Honoré  a  été  nommé  quartier  des  Tuileries,  et  attribué  au  premier 
arrondissement.  La  partie  du  quartier  du  Louvre,  pareillement  située  au  midi 
de  la  rue  Saint-Honoré,  et  classée  dans  le  quatrième  arrondissement,  a  été  frac- 
tionnée en  deux  quartiers,  dont  le  premier  a  gardé  l'ancienne  désignation,  à  la- 
quelle on  substitua  celle  de  quartier  du  Muséum,  de  1793  à  1812;  le  second, 
compris  entre  l'ancienne  place  de  l'Oratoire  et  la  rue  Saint-Honoré,  a  été  appelé 


(l'  Conf.  Du  Breul  [Théâtre  des  Antiquitez  de 
Paris,  p.  1081),  et  Sauvai  (Hist.  et  recherches  des 
antiquités  de  la  ville  de  Paris,  t.  II,  p.  4a 2  et  699). 

(2)  La  question  de  l'origine  des  quartiers  de 
Paris  est  fort  mal  connue ,  et  les  historiens  qui  en 
admettent  l'existence  au  x"  siècle  se  sont  assuré- 
ment trompés.  Nous  croyons  que  les  paroisses  ont 
très  longtemps  tenu  lieu  de  quartiers  ;  ainsi ,  au 
commencement  du  xiv'  siècle,  la  perception  de  la 
taille,  opération  qui  n'avait  rien  de  commun  avec 
l'autorité  ecclésiastique,  se  faisait  non  par  quartiers, 
mais  par  paroisses  et  subdivisions  de  paroisses.  De 


fait,  on  ne  constate  l'existence  avérée  des  quartiers 
qu'an  milieu  du  xiv*  siècle,  et  les  quarteniers  ne 
figurent  point  auparavant.  La  division  en  quartiers 
était  une  organisation  militaire ,  à  laquelle  les  Pari- 
siens songeaient  peu,  puisque,  même  au  temps  de 
Henri  IV,  lorsqu'on  voulait  aider  à  retrouver  une 
rue,  c'était  toujours  la  paroisse  qu'on  indiquait. 
Enfin  les  titres  de  propriété  mentionnent  fréquem- 
ment la  paroisse,  et  jamais  le  quartier.  Nous  traite- 
rons ailleurs  avec  plus  de  détails  cette  question  des 
quartiers,  qui  est  tout  entière  à  éclaircir. 

(3>  Cartulaire  de  N.  D.,  1. 1 ,  p.  1 2 h ,  et  t.  III ,  p.  h. 


PAROISSES,  FIEFS,  ETC.  5 

quartier  Saint-Honoré ,  après  avoir  été  nommé,  de  1790  à  1792,  quartier  de 
l'Oratoire,  et  de  1792  à  1816,  quartier  des  Gardes-Françaises.  Depuis  le  décret 
impérial  du  ier  novembre  185g  et  l'arrêté  préfectoral  du  3  de  ce  mois,  le  même 
territoire  dépend  du  premier  arrondissement  et  forme  le  quartier  Saint-Ger- 
main-1'Auxerrois ,  plus  une  partie  des  trois  quartiers  des  Halles,  du  Palais-Royal 
et  de  la  place  Vendôme. 

Nous  avons  énuméré  les  différentes  circonscriptions  entre  lesquelles  étaient 
répartis  les  environs  du  Louvre;  l'aspect  général  que  cette  région  a  successivement 
présenté  est  plus  difficile  à  préciser.  Et  d'abord  les  éléments  nécessaires  pour  res- 
tituer la  disposition  du  terrain  manquent  absolument  avant  le  règne  de  Philippe- 
Auguste.  On  est  à  peu  près  certain  qu'il  n'y  avait  alors  aucun  chemin  entre  la 
rue  Saint-Thomas  et  le  lieu  où  est  aujourd'hui  la  place  de  la  Concorde,  car  il  en 
était  encore  ainsi  au  xive  siècle  ;  mais  on  ne  saurait  dire  si  les  rues  Saint-Thomas 
et  Fromenteau  existaient  antérieurement  à  1 180.  La  première  pourrait  n'avoir  été 
ouverte  que  vers  l'an  1210,  afin  de  séparer  Saint-Nicolas  de  Saint-Thomas-du- 
Louvre;  la  seconde  semble  beaucoup  plus  ancienne,  sans  qu'il  soit  possible  de 
rien  affirmer  à  cet  égard.  Au  contraire,  il  nous  paraît  hors  de  doute  que  l'ouver- 
ture des  rues  Jean-Saint-Denis,  du  Chantre,  Champ-Fleuri  et  de  Beauvais,  fut 
la  conséquence  de  l'établissement  du  Louvre.  Ces  rues  étaient  trop  rapprochées 
les  unes  des  autres  pour  qu'on  les  fasse( dater  du  temps  où  la  charrue  sillonnait  le 
terrain  ;  la  rectitude  de  leur  alignement  démontre  d'ailleurs  qu'elles  furent  percées 
à  une  époque  relativement  récente  W,  Aussi  bien  est-il  évident  que  ce  percement 
avait  eu  lieu  dès  les  premières  années  du  xmc  siècle,  car  on  rencontre  en  1221 
une  mention  de  la  rue  du  Chantre,  l'une  des  moins  importantes,  et  l'on  observe 
même  que  des  maisons  y  étaient  déjà  bâties.  Philippe-Auguste ,  n'étant  mort  qu'en 
i2a3,  a  donc  pu,  du  haut  des  tours  de  son  Louvre,  contempler,  au  pied  du 
château,  tout  un  quartier  nouveau  dont  les  constructions,  moins  denses  et  moins 
élevées  qu'on  ne  les  a  vues  depuis,  étaient  cependant  assez  nombreuses  pour  ne 
laisser  apparaître  l'ancien  sol  en  labour  que  par  de  rares  solutions  de  continuité. 

Sous  Philippe  le  Bel,  les  environs  du  Louvre,  ou  faubourg  Saint-Germain- 
l'Auxerrois  <2>,  étaient  peuplés  et  florissants  jusqu'à  la  hauteur  de  l'hospice  des 
Quinze- Vingts,  près  duquel  se  trouvaient  plusieurs  clos  et  tuileries.  Bientôt  toute 
la  région  fut  assez  habitée  pour  qu'on  dût  la  renfermer  dans  la  nouvelle  enceinte 
de  Charles  V,  événement  qui  eut  pour  résultat  de  changer  la  physionomie  du 
quartier  et  d'en  augmenter  la  prospérité.  Une  fois  enclos  dans  la  Ville,  les  jardins 

(l)  Nous  avons  développé  plus  longuement  cette  m  II  s'appelait  toujours  ainsi  vers  l'an  1 4oo,  et 

dernière  idée  dans  un  article  sur  les  rues  de  l'an-  l'on  disait  encore  le  château  du  Louvre-lez-Paris 

cien  Paris,  publié  par  la  Revue  archéologique  (août  en  1871,  quoique  l'enceinte  de  la  Ville,  qui  devait 

1857).  renfermer  le  Louvre,  fût  déjà  commencée. 


6  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

et  les  nombreuses  granges  des  îlots  compris  entre  les  rues  d'Autriche  et  Saint- 
Thomas  cédèrent  peu  à  peu  la  place  à  des  bâtiments  d'habitation.  En  i53o,  par 
exemple,  une  suite  de  maisons  occupait  l'emplacement  du  jardin  de  Saint-Ni- 
colas, qui  n'était  point  encore  détruit  en  1/189.  Au  ^e^  ^e  'a  rue  Saint-Thomas 
et  en  deçà  de  la  rue  d'Autriche,  la  multiplicité  des  demeures  seigneuriales  empê- 
cha la  végétation  de  disparaître  aussi  vite;  mais  elle  devint  chaque  jour  plus  clair- 
semée, et,  au  xviie  siècle,  on  n'apercevait  plus  que  les  jardins  de  quelques  grands 
hôtels,  dont  les  uns  ont  été  démolis  pour  l'agrandissement  du  Louvre  sous 
Louis  XIV  ou  Louis  XV,  tandis  que  les  autres,  comme  les  hôtels  de  Ghevreuse  et 
de  Rambouillet,  ont  subsisté  jusqu'à  ces  derniers  temps.  Le  long  de  la  rue  Saint- 
Honoré,  particulièrement,  les  maisons  augmentaient  rapidement  en  nombre,  se 
serrant  les  unes  les  autres  de  façon  à  n'occuper  que  le  plus  petit  espace  pos- 
sible :  ainsi,  entre  les  rues  du  Coq  et  Champ-Fleuri,  l'îlot  n'ayant  guère  que 
quarante-cinq  mètres  de  largeur,  n'offrait  pas  moins  de  neuf  ou  dix  maisons  en 
bordure  sur  la  rue  Saint-Honoré,  dès  le  milieu  du  xvc  siècle.  Quant  aux  environs 
des  Tuileries,  sous  le  règne  de  saint  Louis,  il  y  avait  déjà  des  fabriques  de  po- 
teries sur  l'emplacement  du  palais  actuel  ;  mais  tout  le  reste  du  terrain  demeura 
en  culture  jusqu'en  i3q2,  époque  à  laquelle  le  clos  des  Quinze-Vingts,  longeant 
la  grande  rue  du  faubourg,  fut  acensé  à  divers  particuliers.  On  y  bâtit  alors  des 
maisons  qui  donnèrent  la  vie  à  ce  quartier  rustique.  Il  ne  fut  néanmoins  bien 
peuplé  que  dans  la  seconde  moitié  du  xvie  siècle,  où  il  était  réputé  faubourg  de 
Paris.  Le  lieu  où  l'on  a  planté  le  jardin  des  Tuileries  n'a  jamais  été  qu'en  nature 
de  terre  labourable  et  de  verger. 


TOPOGRAPHIE    HISTORIOJ/E    DV    VIEVX    PARIS. 


A.  Berty  dir, 


E.  Lebel    se 


LA   REGION    DV   LOVVRE    ET    DES    TVILERIES 

EN    160g  . 
D'après   le  Plan    de   Fr.  Quesnel  . 


RUE  D'AUTRICHE. 


CHAPITRE  IL 

ESPACE  COMPRIS  ENTRE  LA  RUE  DES  POULIES 
ET  LA   PLACE  DU  CARROUSEL. 

(Voir  le  Plan  de  restitution,  feuille  V.) 

RUE  D'AUTRICHE. 

La  rue  d'Autriche  commençait  au  quai  de  l'École  et  finissait  à  la  rue  Saint- 
Honoré. 

Le  premier  nom  qu'elle  ait  porté  paraît  provenir  d'un  individu ,  qui ,  possédant 
une  maison  en  cet  endroit,  aurait  été  originaire  du  duché  d'Autriche (1).  Elle  est  énon- 
cée, dans  diverses  chartes,  vicus  qui  vocatur  Oteriche  en  12  5a,  Oterriche  en  12  56, 
Hoteriche  en  1255,  Hoste-^riche  en  1260,  et  encore  en  i3Ù2  et  1873.  Mais,  comme 
pour  nombre  d'autres  rues,  le  sens  de  l'appellation  primitive  a  fini  par  s'obscurcir, 
et,  à  la  place  d'un  mot  qu'on  ne  comprenait  plus,  on  en  a  employé  deux  autres 
dont  la  signification,  très  différente,  était  du  moins  claire  pour  tout  le  monde.  On 
a  ainsi  écrit  successivement  rue  d'Osteriche  (  1 364),  d Autheriche  (1378),  d'Auteriche 
(1390),  d'Autruche  (1/121),  d'Autriche  (1619),  d'Aultruche  (  1 5g6),  de  l'Autruche 
(1 58o ,  1 627),  et  enfin  rue  d'Autruche,  dicte  du  Louvre,  en  1 568 ,  puis  rue  du  Louvre 
en  1600.  On  a  continué  à  dire  rue  du  Louvre  jusque  vers  1 664,  époque  où  une 
moitié  de  la  rue  fut  supprimée  pour  l'agrandissement  du  palais,  et  l'autre  moitié, 
celle  du  nord,  prit  le  nom  de  rue  de  l'Oratoire,  à  cause  de  la  congrégation  qui  s'y 
établit  en  1616.  Au  xvni6  siècle,  la  rue  d'Autriche,  que  nous  trouvons  encore 
appelée  rue  de  l'Autruche  en  1732 ,  devint  une  impasse,  car  elle  fut  fermée,  à  l'ex- 
t milité  voisine  du  Louvre,  par  une  clôture  qui  disparut  lorsqu'on  commença  à 
aligner  les  abords  du  château  de  ce  côté ,  en  vertu  de  lettres  patentes  du  2  6  dé- 
cembre 1758.  La  rue  de  l'Oratoire,  de  nouveau  raccourcie  par  le  percement  de  la 
rue  de  Rivoli,  a  été  élargie  jusqu'à  douze  mètres  par  un  décret  du  3  mai  1 854  : 
elle  n'avait  anciennement  qu'environ  deux  toises  et  demie  de  largeur. 

Au  commencement  du  x\f  siècle,  la  rue  d'Autriche,  dans  la  partie  la  plus  rap- 

(1)  Nous  avions  d'abord  pensé  que  cette  appellation  pouvait  venir  d'un  individu  qui  aurait  été  connu 
sous  le  nom  de  l'Hâte  riche  (Hospes  dives)  ;  mais  nous  avons  écarté  cette  première  hypothèse. 


8  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

prochée  de  la  rue  Saint-Honoré ,  renfermait  plusieurs  mauvais  lieux,  auxquels  il 
est  fait  allusion  dans  des  rr  lettres  royaux  t>  dont  il  sera  question  plus  loin.  Ra- 
belais cite,  entre  autres,  les  «lupanares  de  Bourbon  (1).fl 


CÔTÉ    OCCIDENTAL (2). 


PAROISSE   SAINTGERMAIN-L'AUXERROIS. 

HAUTE  JUSTICE  DE  L'ÉVÊCHÉ1". 

CENSIVE  DE  SAINT-DENIS  DE  LA  CHARTRE. 


Chantier  faisant  le  coin  du  quai  (i&23-i54o)  et  aboutissant,  comme  toutes 
les  maisons  du  même  côté  de  la  rue,  au  mur  d'enceinte  de  Philippe-Auguste  W. 

Au  mois  de  janvier  1612,  le  roi  Louis  XIII  donna  à  la  maréchale  d'Ancre 
une  place  de  cent  quatre-vingt-dix  toises  de  superficie,  pour  y  bâtir  une  maison, 
à  la  charge  de  l'abattre  lorsqu'on  entreprendrait  de  continuer  le  Louvre  de  ce 
côté.  Dans  l'acte  de  donation,  la  place  concédée  est  dite,  «tenant  \l'un  costé  au 
(r  jardin  neuf  de  nostre  dict  chasteau,  qui  est  près  de  la  gallerie  (le  jardin  qu'on 
cra  depuis  appelé  de  l'Infante),  d'autre  costé  à  la  descente  de  l'abreuvoir  (situé 
«en  face  de  la  rue  d'Autriche),  depuis  la  petite  porte  de  la  Cour  des  Marbres, 
ftjusques  et  y  compris  la  muraille  regardant  le  quay;  aboutissant  d'un  bout  sur 

rrledict  quay,  et  d'autre  à  ladicte  cour  des  Marbres avec  une  cour  y  attenant, 

«  de  l'antienne  muraille  desdicts  jardins  (5).  r>  Cet  emplacement  faisait  partie  de  celui 
qu'avaient  occupé  l'ancienne  porte  du  Louvre  et  le  chantier  formant  le  coin  du 
quai;  dès  la  fin  de  l'année  1612,  une  maison  y  était  construite,  puisque  le  Roi 
en  délivra  un  brevet  de  jouissance,  à  la  date  du  29  décembre.  La  maison  de  la 
maréchale  d'Ancre  se  distingue  sur  une  vue  de  la  Petite- Galerie  par  Israël  Sylvestre , 
et  Tallemant  des  Réaux  en  fait  mention  dans  son  historiette  de  Concini  :  a  H  n'a 
ff jamais  logé  dans  le  Louvre,  dit-il;  mais  il  couchoit  souvent  dans  un  petit  logis 
cr  qu'on  vient  d'abattre,  qui  estoit  au  bout  du  jardin,  vers  l'abbreuvoir.  A  la  vérité, 
ce  il  y  avoit  un  petit  pont  pour  entrer  dans  le  jardin ,  qu'on  appeloit  vulgairement  le 
«pont  d' Amour  ^.-n  On  sait  que  Concini  passait  pour  l'amant  de  Marie  de  Médicis. 


(1)  Pantagruel,  liv.  II,  ch.  vi. 

(,)  Le  système  que  nous  avons  adopté  pour  la 
description  des  rues  consiste,  1°  à  en  considérer 
comme  ie  commencement  l'extrémité  ia  plus  rap- 
prochée, à  vol  d'oiseau,  du  portail  de  Notre-Dame; 
3°  à  prendre  pour  point  de  départ  la  première 
maison,  à  gauche,  de  façon  à  revenir  à  la  première 
maison  de  droite. 


(3)  Personne  n'ignore  que  ce  qui  restait  encore 
des  justices  seigneuriales  fut  supprimé  en  1676,  et 
que  le  Roi  y  substitua  celle  du  Châtelet. 

<4)  Voir,  pour  l'emplacement  de  ce  mur,  la  Des- 
cription du  vieux  Louvre,  ch.  v,  p.  1 34. 

(5)  Arch.  de  l'Emp.  Cart.  Q  1 171-1 172. 

(6)  Historiettes,  1. 1,  p.  199  de  l'excellente  édition 
de  MM.  P.  Paris  et  de  Montmerqué. 


RUE  D'AUTRICHE.  9 

Suivant  Sauvai,  le  pont  d'Aumour  aurait  relié  les  appartements  de  la  Reine  au 
jardin,  sur  lequel  l'hôtel  avait  une  porte  de  derrière. 

Maison  du  Croissant  (  1  Zia3),  à  deux  pignons. 

Masure  (162 5)  appartenant  au  Roi,  et  apparemment  contiguë  à  la  porte  ou 
guichet  du  Louvre,  car  elle  est  dite,  en  un  titre  de  1626,  située  «près  du  pont 
ff  du  Louvre.  r> 

Ainsi  que  l'indique  un  censier  de  i5io,  c'est  sur  l'emplacement  des  deux  mai- 
sons précédentes  que  fut  établi,  en  1 53o ,  un  des  deux  jeux  de  paume  du  Louvre, 
celui  dont  l'emplacement,  au  commencement  du  xvnc  siècle,  se  nommait  h  Cour 
des  Marbres,  parce  qu'il  servait  de  lieu  de  dépôt  pour  les  marbres  destinés  à  la 
décoration  du  château.  Cette  transformation  du  jeu  de  paume  daterait  du  temps 
de  Charles  IX ,  au  dire  de  Sauvai  ;  cependant  on  trouve  encore  quelques  mentions 
des  deux  jeux  de  paume  sous  Henri  III,  et,  en  1617,  on  désignait  par  le  nom  de 
petit  jeu  de  paume,  celui  qui  était  le  plus  près  de  la  Seine,  ou  du  moins  l'empla- 
cement qu'il  avait  occupé  W. 

Quant  à  la  garde  des  marbres  du  Louvre,  après  avoir  été  confiée  au  nommé 
.Nicolas  Roulanger,  elle  fut  donnée  par  le  Roi,  le  17  avril  1597,  à  son  sculpteur, 
Louis  Lerambert,  qui,  le  3i  juillet  1602,  obtint  aussi  la  garde  des  marbres  des 
Tuileries  et  de  Saint-Germain-en-Laye ,  «  ensemble  la  jouissance  du  petit  jardin  sur 
ir l'eau,  tenant  à  l'abreuvoir  du  Louvre,  où  estoit  l'ancienne  marbrière  dont 
ffjouissoit  ledit  Boulanger  <2).  n 

Les  jeux  de  paume,  dont  les  dimensions  seront  indiquées  dans  la  description 
du  vieux  Louvre ,  étaient  construits  «  en  forme  de  baraque  d  et  assez  étroits  par 
rapport  à  leur  longueur,  comme  on  peut  en  juger  par  le  plan  que  nous  don- 
nons de  l'un  de  ces  bâtiments.  Ils  semblent  avoir  été  d'un  aspect  peu  brillant  à 
l'extérieur;  mais,  à  l'intérieur,  ils  étaient  certainement  décorés  de  sculptures; 
parmi  les  acquits  au  comptant,  se  trouve  un  article  du  17  janvier  1 533 ,  ainsi 
conçu  :  «A  Barthélémy  Quétry  (alias  Getty),  trois  cens  escus  sol.  (au  soleil)  pour 
«deux  patrons  par  luy  faiz,  où  sont  signées  et  painctz  plusieurs  histoires  de  presne 
«  (sic),  satires  et  nimphes,  que  le  Roy  a  fait  demourer  en  la  salle  du  jeu  de  paulme 
«du  Louvre'3'. n 

Porte  ou  Guichet  du  Louvre.  Ce  guichet  était  à  l'alignement  des  maisons  voi- 
sines; Lestoile  l'appelle ,  en  1 57  h ,  a  la  grande  porte  qui  est  entre  les  jeux  de  paulme , 
«regardant  vers  l'hostel  de  Bourbon. n  II  en  sera  de  nouveau  question  ailleurs. 

(1)  On  lit  dans  les  Mémoires  de  Fontenay-Ma-  (i)  Conf.  un  article  de  M.  Lacordaire,  ap.  Arch. 

reuil  :  "Le  mareschal  d'Ancre  étant  sorli  de  son  lo-  de  l'art  français ,  t.  IV,  p.  229.  Dans  des  brevets  de 

"gis,  il  vint  à  pied  le  long  des  murailles  du  petitjeu  1612  et  1687,  la  demeure  de  Lerambert  est  dite, 

rde  paulme  du  Louvre.  .  .  .La  grande  porte  lui  fut  au  contraire,  rrau  bout  du  grand  jeu  de  paume.» 
^ouverte,  etc.»  <3)  Arch.  de  l'Emp.  reg.  J  960,  fol.  \k  v*. 


10  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Deux  maisons  sans  désignation  W  (1/196),  appartenant  à  l'Hôtel-Dieu,  et  sur 
l'emplacement  desquelles  fut  construit  le  second  jeu  de  paume,  qui  ne  disparut 
entièrement  qu'en  i6g3. 

Maison  ou  Masure  (1^96)  qui  n'avait  que  a  treize  pieds  de  plafond  -n  dans 
œuvre,  sur  sept  toises  cinq  pieds  «de  long  ou  environ. n  Cette  seconde  dimension, 
quoique  indiquée  comme  une  longueur,  doit  s'entendre  d'une  profondeur,  et  con- 
firme rigoureusement  ce  que  nous  dirons  de  celle  des  jeux  de  paume.  La  masure, 
qui  était  «sans  édiffice,"  fut  donnée  à  bail  à  Antoine  Hesselin  le  5  mai  1 A96. 

Maison  sans  désignation  (i54o),  appartenant  à  un  nommé  Geoffroy  Bordier. 

Maison  sans  désignation  (i54o),  appartenant  à  Florent  Bataille,  qui  possédait 
aussi,  dans  la  rue  du  Coq,  une  maison  dont  pouvait  dépendre  celle  de  la  rue 
d'Autriche.  L'absence  de  renseignements  laisse  un  peu  dans  le  vague  ce  point  de 
la  rue  d'Autriche,  où  était  d'ailleurs  certainement  situé 

L'HÔTEL  DE  LA  BOCHEGUYON,  depuis  DE  BACQEEVILLE,  que  Guy,  seigneur 
de  la  Bocheguyon,  chambellan  de  Charles  VI,  vendit,  vers  la  fin  du  xive  siècle,  à 
Guillaume  Martel,  seigneur  de  Bacqueville,  aussi  chambellan  de  ce  Boi.  A  cet 
hôtel  était  annexé  un  jardin  dont  Charles  VI  se  défit  au  profit  de  ce  seigneur, 
le  8  mars  1608,  moyennant  une  rente  de  huit  sous  parisis.  Dans  l'acte  de  ces- 
sion, l'hôtel  est  énoncé  :  «Un  hostel  assis  en  la  rue  d'Autriche lequel  hostel 

a  avec  un  jardin  contenant  xxv  toises  de  long  et  dix  toises  de  lé  ou  environ,  te- 
«nant  d'une  part  au  long  des  vielz  murs  de  nostre  ville  de  Paris,  et  d'autre  part 
ce  à  la  chaussée;  aboutissant  d'un  bout  devers  l'ostel  de  nostre  lingière,  et  de  l'autre 
rtbout  à  un  petit  jardin  appartenant  audit  hostel,  etc.  <2'.  Attenant  au  jardin  s'éle- 
vait «une  tour ou  millieu  desdiz  murs de  Paris. -n  L'hôtel  de  Bacqueville 

figure  dans  les  comptes  de  confiscation  pour  l'année  1&21,  et  est  mentionné 
comme  tenant  d'une  part  et  aboutissant  aux  jardins  du  Louvre. 

HÔTEL  D'ÉTAMPES  ou  D'AUMALE.  Le  censier  de  l'Évêché,  de  187,3,  énonce  cet 
hôtel  sous  le  nom  de  «la  maison  Charles  d'Evreux,  qui  fu  mons.  d'Etampes. r> 
Dans  le  legs  fait  en  1 399  à  l'Hôtel-Dieu,  par  Louis,  comte  d'Etampes,  de  sa  maison 
de  la  rue  d'Autriche,  maison  dont  nous  reparlerons  plus  bas,  fut  comprise  une 
«granche  devant  yceluy  hostel,  d'autre  part  la  rue  (du  côté  occidental),  avecques 
«les  estables  et  autres  édifices t>  qui  y  étaient;  «tenant  d'une  part  à  l'ostel  de 
«  mons.  le  comte  de  Saint-Pol ,  et  d'autre  part  à  l'ostel  de  monsieur  de  la  Boche- 
«guyon.n  Cette  grange  est  la  maison  que  désigne  le  censier  de  1873,  et,  comme 
l'hôtel  situé  du  côté  oriental  de  la  rue,  elle  fut  vendue,  le  1"  juin  i6o5,  à  Jean  Ier 
de  Bourbon,  comte  de  Clermont.  En  1/121,  l'hôtel  d'Etampes  semble  avoir  été 

!'  Gela  ne  veut  pas  dire  que  ces  maisons  n'ont        d'enseignes,  circonstance  qui  fort  souvent  était  le 
jamais  eu  d'enseignes,  cela  signifie  seulement  que        résultat  d'une  omission, 
les  titres  relatifs  aux  maisons  ne  mentionnent  point  (,)  Arch.  de  l'Emp.  reg.  J  1 63 ,  n"  829. 


RUE  D'AUTRICHE.  11 

réuni  à  l'hôtel  de  Bacqueville,  puisque,  dans  les  comptes  de  la  Prévôté  pour  cette 
année,  l'hôtel  de  Bacqueville  est  dit  tenir  à  l'hôtel  Saint-Pol.  Cependant  l'on 
voit  toujours,  depuis,  l'hôtel  d'Etampes  distinct  de  celui  de  Bacqueville,  et  il  est 
désigné  ordinairement  par  son  ancien  nom. 

Réuni  à  l'hôtel  de  la  Bataille,  situé  rue  du  Coq,  l'hôtel  d'Etampes  appartenait 
an  duc  d'Aumale  en  i5y5;  on  lit  dans  le  censier  de  l'Evêché  pour  cette  année  : 
«Monsieur  le  duc  d'Aumalle  pour  sa  maison  qui  fut  Charles  d'Evreux  et  fut  mous. 
«  d'Estampes,  n  En  1 60 3 ,  l'hôtel  est  dit  appartenir  à  Charles  de  Balzac,  seigneur  de 
Clermont  d'Entragues.  En  1616  et  même  en  i65o,  on  l'appelait  l'hôtel  de  Clèves, 
parce  qu'il  avait  été  possédé  aussi  par  Catherine  de  Clèves,  duchesse  douairière  de 
Guise,  qui  le  fit  rebâtir  vers  161 3  et  orner  d'une  galerie  où  figuraient  les  por- 
traits de  tous  les  princes,  tant  de  la  maison  de  Guise  que  de  celle  de  Clèves  et  de 
Nevers.  «C'est  cet  hôtel,  dit  Sauvai,  si  renommé  dans  l'histoire  du  grand  Al- 
«candre,  où  cette  princesse,  nommée  Dorinde,  s'étoit  retirée  après  le  meurtre  de 
«son  mari,  et  où  la  beauté  ravissante  de  sa  fille,  appelée  Milagarde,  attiroit  tous 
«les  grands  de  cette  faction,  et,  de  plus,  tant  d'autres  personnes  considérables, 
«qu'on  pouvoit  dire  avec  raison  que  c'étoit  là  que  la  Ligue  tenoit  sa  courW.n 
Sauvai  pourrait  se  tromper  ici,  car,  nous  le  répétons,  l'hôtel  est  dit  au  seigneur  de 
Clermont  d'Entragues  en  i6o3,  et  nous  n'avons  pas  vu  qu'à  la  fin  du  xvie  siècle 
il  appartint  à  la  duchesse  de  Clèves.  H  est  au  contraire  certain  qu'elle  le  possédait 
en  161 1  ;  puisque,  le  17  novembre  de  cette  année,  elle  acheta,  pour  l'y  réunir,  la 
moitié  d'une  maison  sise  rue  d'Autriche  et  tenant  à  l'hôtel  du  Bouchage,  ainsi 
qu'il  est  rapporté  dans  un  registre  d'ensaisinement  de  l'Evêché.  On  lit  dans  le 
Siij>i)lémenl  aux  antiquités  de  Paris  <2'  :  «  En  la  rue  qui  va  du  Louvre  en  la  rue  Saint- 
«  Honoré,  madame  la  duchesse  douayrière  de  Guise  (Catherine  de  Clèves)  fit  bas- 
rr tir  ces  2  hostels  de  Clèves  et  d'Eu,  tenans  l'un  à  l'autre,  environ  l'an  161 3.» 
On  distinguait  donc  entre  l'hôtel  de  Clèves  et  celui  d'Eu  ou  d'Aumale;  mais  nous 
ne  savons  pas  ce  qui  motivait  la  distinction.  Peut-être  l'hôtel  de  Clèves  propre- 
ment dit  occupait-il  l'emplacement  de  l'hôtel  de  Bacqueville  dont  nous  n'avons 
pu  suivre  l'histoire,  et  qui  aurait  été  réuni  à  celui  d'Etampes.  Ce  dernier,  dans 
tous  les  cas,  était  au  nord  de  l'autre. 

Lu  1637,  l'hôtel  de  Clèves  appartenait  à  Claude  de  Lorraine,  duc  de  Chevreuse, 
auquel  la  duchesse  l'avait  donné,  et  il  était  habité  par  le  surintendant  des  finances, 
Bouthillier,  qui  y  fit  faire  «  un  horloge  sonnant;  r>  il  fut  ensuite  acheté  90,000  livres 
par  le  maréchal  Antoine  III  de  Gramont,  qui  le  céda  au  Boi,  le  1 7  mai  1 667,  pour 
la  somme  de  1 20,000  livres.  L'hôtel  d'Etampes  ou  de  Gramont  a  subsisté,  pour  la 
plus  grande  partie,  jusqu'à  l'époque  où  a  été  alignée  la  place  de  l'Oratoire. 

(,)   Sauvai,  Antiquités  de  Paris,  t.  III,  p.  ag4.  —   (,)Mss.delaBibl.imp.fondsdeLancelot,n°7(jo5. 


12  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Maison  sans  désignation,  qui,  en  i54o,  appartenait  à  Madeleine  de  Fizes,  et, 
en  i568,  à  Simon  de  Fizes,  seigneur  du  Saulne.  Elle  existait  encore  dans  la 
seconde  moitié  du  xvne  siècle.  Le  7  juillet  1610,  elle  avait  été  adjugée  pour  moi- 
tié à  la  duchesse  de  Guise,  qui  en  fut  ensaisinée  le  6  novembre  1612. 

Des  lettres  royaux,  du  mois  de  février  1 5 1 9 ,  portent  que  Nicolas  de  Neuf- 
ville,  seigneur  de  Villeroy,  a  remontré  au  Roi  qu'il  a,  depuis  peu  de  temps, 
fait  bâtir,  rue  des  Poulies,  un  a  beau  et  somptueux  logis  et  maison,  court,  jardin, 
trestables,  et  autres  aisances  et  appartenances;  le  derrière  de  laquelle  maison  et 
«jardin  répond  en  une  petite  rue  nommée  la  rue  d'Autriche,  assise  derrière  la 
a  maison  de  Bourbon,  où  y  a  plusieurs  petits  porches  et  méchantes  maisons  où  par 
crcy-devant  se  tenoient  femmes  de  méchante  et  dissolue  vie,  tenant  bourdeau.  Et 
a  pour  autant  que  ladicte  rue  est  à  l'écart  et  le  lieu  peu  fréquenté  et  habitué  de 
trgens,  s'y  retiroient  rufïïens,  paillards,  larrons  et  aultres  méchantes  gens;  entre 
a  lesquelles  maisons  il  y  a  une  maison  et  jardin  de  petite  valeur,  où  pend  pour  en- 

frseigne  le  Coq,  que  l'on  dict  appartenir  au  Roy ladicte  maison  tenant  d'une 

trpart  audict  de  Villeroy,  à  cause  de  l'acquisition  qu'il  a  faicte  de  Me  Le  Grand,  pro- 
cureur au  Ghastelet,  et  d'aultre  part  à  la  basse-court  et  aultres  maisons  voisines 
«  acquises  par  ledict  de  Villeroy,  lesquelles  maisons  il  a  l'intention  de  faire  bastir 
«et  édifier,  une  partie  pour  la  commodité  de  sa  dicte  maison  et  l'autre  partie 
«pour  y  faire  loger  gens  de  bienW.ii  La  maison  du  seigneur  de  Saulne  était  une 
de  celles  qui  avaient  été  acquises  par  Villeroy.  Il  l'avait  donnée  à  son  barbier 
et  à  un  autre  de  ses  serviteurs;  elle  avait  ensuite  passé  en  la  possession  du  père 
du  contrôleur  Odeau,  qui  l'avait,  à  son  tour,  cédée  à  la  dame  de  Fizes.  Quant 
aux  autres  maisons  de  Villeroy,  ce  doit  être  celles  que  nous  avons  indiquées  avant 
la  grange  de  Charles  d'Évreux.  En  1627,  un  membre  de  la  famille  de  Villeroy  fut 
condamné  à  payer  vingt-neuf  années  d'arrérages  du  cens  qu'il  devait  sur  la  mai- 
son du  Coq,  énoncée  dans  la  sentence  comme  tenant  à  la  basse-cour  du  Louvre. 
Nous  n'avons  rien  découvert  qui  permette  de  déterminer  l'emplacement  exact  de 
cette  maison;  elle  avait  été  donnée  parle  Roi  à  Nicole  de  Neuville,  vers  1626. 

HÔTEL  SAINT-POL.  Il  eut  pour  origine  une  maison  que  le  censier  de  1873 
nomme  tria  maison  à  la  comtesse  de  Sancerre'2',  qui  fu  au  prévost  de  Bruges,  et 
<rà  présent  messire  de  Clermont  ;n  mais  nous  n'avons  point  recueilli,  pour  cette 
période,  d'autre  document  relatif  à  cette  maison,  si  ce  n'est  qu'elle  appartenait, 
en  1 388 ,  à  Marguerite  de  Clermont,  dame  de  Montgobert,  qui  changea  en  une 
rente  de  vingt-quatre  francs  parisis  celle  de  six  muids  de  blé,  due  au  couvent 

'''  Sauvai,  t.  III,  p.  61a,  et  Arch.  de  l'Emp.  son  erreur  au  censier  de  1899,  où  on  lit:   rrLa 

cart.  Q  1172.  frmaison  au  conle  de  Saint-Pol,  qui  fu  Robert  de 

(,)  Et  non  de  Saintonge,  comme  il  a  été  dit  par-  rSeniiz,  et  fu  messire  Clermont,  et  fuà  la  contesse 

tout  d'après  Sauvai,  qui  avait  lui-même  emprunté  1»  de  Saintonge,  et,  avant,  au  prévost  de  Bruges.  » 


RUE  D'AUTRICHE.  13 

de  Saint-Martin-des-Champs.  La  maison  de  la  dame  de  Clermont  en  avait  été  grevée 
l'an  i32o,  le  jour  de  la  fête  de  Saint-Denis,  par  Pierre  de  Chambly  et  Isabelle 
de  Rosny ,  sa  femme  M.  Le  1 1  octobre  1878,  Jean ,  seigneur  de  Menou  et  de  Mont- 
gobert,  propriétaire  de  l'hôtel  de  Marguerite  de  Clermont,  le  vendit  à  Robert  de 
Senlis,  bourgeois  de  Paris,  et  à  Agnès  sa  femme,  avec  des  masures  et  places  vides; 
le  tout,  faisant  front  sur  la  rue  d'Autriche,  tenait  d'une  part  à  la  porte  Saint- 
Honoré,  de  l'autre  au  comte  d'Etampes,  et  aboutissait  vers  l'ouest  aux  anciens 
murs  de  la  ville.  Derrière  ces  murs  s'étendaient  des  jardins  dépendants  de  la 
maison;  ils  étaient  bornés  au  midi  par  la  maison  du  Coq,  à  l'ouest  par  la  rue  de 
ce  nom  jusqu'au  coin  de  la  rue  Saint-Honoré  inclusivement,  et  au  nord  par  des 
maisons  en  bordure  sur  cette  dernière  voie.  Après  avoir  distrait  de  son  terrain 
une  «r  place  t>  de  cinq  toises  et  un  pied  de  profondeur,  sur  laquelle  fut  construite 
une  maison  donnant  sur  la  rue  du  Coq,  et  tenant  à  une  allée  qui  communiquait 
de  cette  rue  à  la  maison  de  la  rue  d'Autriche,  Robert  de  Senlis  vendit  le  reste, 
le  19  février  189 5,  au  prix  de  i,5oo  livres  tournois,  à  Waleran  de  Luxembourg, 
comte  de  Ligny  et  de  Saint-Pol ,  et  connétable  de  France  <2>.  La  maison  prit  alors 
le  nom  d'hôtel  Saint-Pol,  qu'elle  a  toujours  conservé,  même  lorsque  d'autres 
appellations  lui  ont  été  également  appliquées. 

L'hôtel  Saint-Pol  appartenait,  en  1629,  à  Guillemette  de  Besançon,  veuve  de 
Pierre  Pellieu,  conseiller  au  Parlement.  Le  8  juin,  elle  le  céda  à  Louis  Martine, 
avocat  du  roi  au  bailliage  du  Palais,  lequel  en  fut  ensaisiné  le  12  juillet.  Après 
la  mort  de  celui-ci,  ses  héritiers  divisèrent  l'hôtel  en  deux  parcelles.  La  partie 
située  sur  la  rue  d'Autriche  fut  vendue,  le  dernier  jour  de  février  1 537,  à  Charles 
Le  Comte,  maître  charpentier  du  Roi.  Par  une  déclaration  foncière  qu'en  fit  son 
(ils  Jean,  quartenier  de  la  Ville,  on  voit  qu'en  i5g6  ce  n'était  plus  qu'une  simple 
maison  avec  a  place  à  faire  chantier,  1?  qui  aboutissait  au  vieux  mur  d'enceinte , 
avait  sept  toises  de  profondeur,  trente-sept  de  façade  depuis  le  coin  de  la  rue 
Saint-Honoré,  et  était  limitée,  vers  le  Louvre,  par  une  cr  allée  commune  servant  à 
a  aller  de  la  maison  de  M.  du  Bouchage  en  ladicte  rue  d'Aultruche.  »  La  maison 
de  M.  du  Bouchage  était  située  au  delà  du  mur  d'enceinte,  sur  la  rue  du  Coq,  et 
comprenait,  sur  la  rue  d'Autriche,  un  corps  de  logis  dont  la  position  demeure 
douteuse.  La  seconde  partie  de  l'ancien  hôtel  Saint-Pol,  celle  qui  aboutissait  à 
la  rue  du  Coq,  fut  vendue  par  Pierre,  fils  de  Louis  Martine,  à  Hélye  Odeau,  con- 
trôleur de  la  maison  du  roi;  suivant  transaction  passée  avec  la  Ville  le  h  mars 
1 546,  et  renouvelée  en  1  554  et  1 555 ,  Odeau  obtint  la  propriété  du  mur  d'en- 
ceinte sur  une  longueur  de  treize  à  quatorze  toises,  avec  une  tour  en  dépendant. 
Aux  termes  du  contrat,  l'acquéreur  devait  laisser  au  mur  une  épaisseur  d'au  moins 

m  Arch.  de  Saint-Marlin-des-Champs.  —  (,)  Arch.  de  PEmp.  cart.  S  io56. 


l/i  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

un  pied  et  demi,  de  manière  à  conserver  une  clôture  entre  sa  propriété  et  celle 
de  Charles  Le  Comte.  Cette  dernière  fut  acquise,  le  27  février  1619,  par  la  com- 
munauté de  l'Oratoire.  (\ oir  Rue Saint-Honoré.)  A  l'encoignure  de  la  maison,  s'éle- 
vait une  tourelle  en  saillie. 

CÔTÉ  ORIENTAL. 


PAROISSE  SAINT-GERMAIN-L'ATIXERROIS. 
HAUTE  JUSTICE  DE  I/ÉVÊCHÉ. 

CENSIVE  DE  SAINT-GERMAIN-L'AUXERROIS, 

Deux  Maisons,  sans  désignation,  élevées  sur  une  partie  de  la  maison  de  la 
Licorne  faisant  le  coin  de  la  rue  Saint-Honoré  ;  confondues  avec  cette  maison  en 
1 53 1 ,  elles  en  étaient  déjà  distinctes  en  1639. 

HÔTEL  D'ÉTAMPES,  puis  DE  CLERMONT  et  DE  CREQUY.  Cet  hôtel  est  sans  doute 
celui  que  Sauvai  dit  avoir  été  bâti ,  rue  d'Autriche ,  par  Louis ,  troisième  fds  de  Phi- 
lippe le  Hardi,  chef  de  la  maison  d'Evreux,  et  qui  aurait  été  habité  par  son  fds 
Charles,  comte  d'Étampes.  La  maison  du  côté  oriental  de  la  rue  d'Autriche  était  en 
effet  plus  importante  que  celle  du  côté  occidental ,  qu'on  qualifiait  simplement  de 
«granchen  à  la  fin  du  xivc  siècle.  Le  28  juin  1899,  Louis,  comte  de  Gien  et 
d'Étampes ,  les  légua  toutes  deux  à  l'Hôtel-Dieu  de  Paris.  Dans  le  vidimus  de  son 
testament,  daté  du  12  mars  1&00,  la  maison  dont  il  s'agit  ici  est  énoncée  «son 
tthostel  de  Paris...  assis  en  la  rue  d'Auteriche,  et  aiant  yssue  et  entrée  en  la  rue 
«des  Poulies;  tenant  d'une  part  àl'osteldu  duc  Aubert  (hôtel  d'Ostrevant) ,  et  par 
rr  derrière  (aussi  vers  le  sud),  à  l'ostel  de  Mons.  le  maréchal  de  Bouciquaut,  qui  fu 
«  maistre  Pierre  Varoquel,  avecques  la  grancbe  joignant  audit  hostel^.  n  La  déli- 
vrance du  legs  eut  lieu  le  2  1  avril  1U0I1  ;  mais  les  maîtres  de  l'Hôtel-Dieu,  n'es- 
pérant pas  que  leur  nouvelle  propriété  pût  être  amortie  <2>,  comme  ils  le  désiraient, 
et  n'ayant  point  les  moyens  d'y  faire  les  réparations  nécessaires  pour  la  mettre  en 
bon  état,  la  vendirent  au  comte  de  Clermont,  au  prix  de  i,5oo  livres  tournois, 
le  icr  juin  i4o5,  en  comprenant  dans  le  marché  la  grange  située  vis-à-vis (3),  et 
dont  il  a  déjà  été  parlé.  L'hôtel  d'Etampes  prit  ainsi  le  nom  d'hôtel  de  Clermont. 
En  1 5  3 1 ,  c'était  une  simple  maison  qui  contenait  un  pressoir  du  côté  de  la  rue 
d'Autriche,  et  appartenait  à  la  famille  Le  Clerc.  En  i5yi,  Jacques  Le  Clerc,  con- 
seiller, et  Jean  Le  Prévost,  président  au  Parlement,  en  étaient  propriétaires,  ce 


(l)  Arch.  de  l'Emp.  P  1 163',  cote  1161.  —  (î)  C'est-à-dire  tenue  en  mainmorte,  et  conséquemment  dé- 
chargée des  droits  de  mutation.  —  (3)  Arch.  de  l'Emp.  P.  1369. 


RUE  D'AUTRICHE.  15 

dernier  du  chef  de  sa  femme  Anne,  fille  de  l'auditeur  des  comptes  Jean  Le  Clerc, 
seigneur  d'Armenonville,  laquelle  en  passa  «titre  nouvel n  au  terrier  de  Saint- 
Germain-l'Auxerrois,  le  21  mars  1 588.  On  entreprit  la  reconstruction  de  la 
maison  en  1611,  et  comme  elle  fut  achetée  en  1622  par  le  maréchal  Charles 
de  Créquy,  comte  de  Saulx,  qui  la  fit  achever,  elle  fut  appelée  successivement 
hôtel  de  Saulx  et  hôtel  de  Créquy.  Après  avoir  appartenu  à  Marie-Anne  de  Bourbon , 
fille  naturelle  de  Louis  XIV,  elle  fut  vendue,  au  commencement  du  xvuie  siècle,  et 
sur  son  emplacement  l'on  bâtît  plusieurs  maisons  particulières,  en  réservant  un 
passage  de  la  rue  des  Poulies  à  la  rue  (alors  cul-de-sac)  de  l'Oratoire.  Ce  passage 
lut  'ensuite  remplacé  par  une  rue  en  biais,  qui  fut  percée  en  vertu  de  lettres 
patentes  du  12  mai  1780,  et  qu'on  nomma  la  rue  d'Anpvilliers,  parce  qu'elle 
était  voisine  de  l'hôtel  ainsi  appelé.  (Voir  Rue  des  Poulies.)  La  rue  d'Angivilliers  a 
disparu  en  1 856 ,  pour  faire  place  à  la  rue  de  Rivoli. 

Du  côté  du  nord,  les  limites  de  l'hôtel  d'Etampes  ne  nous  laissent  aucune  hési- 
tation ;  ce  sont  certainement  les  mêmes  que  celles  de  l'hôtel  de  Créquy.  Des  titres 
de  1606,  1609  et  1 53 1  mentionnent  l'hôtel  d'Etampes  ou  de  Clermont  comme 
celui  auquel  aboutissaient  les  maisons  du  Chariot,  du  Papegaut  et  de  la  Li- 
corne, situées  sur  la  rue  Saint-Honoré*').  Mais,  du  côté  du  midi,  les  limites  de 
l'hôtel  sont  bien  plus  difficiles  à  fixer.  De  certains  renseignements,  épars  dans  di- 
mms  fonds,  nous  croyons  pouvoir  conclure  que,  sur  la  rue  des  Poulies,  le  mur 
séparant  l'hôtel  de  Créquy  de  l'hôtel  de  Conty  était  le  même  que  le  mur  mitoyen 
situé  entre  la  maison  de  l'Image  Saint-Eustache  et  cette  «allée  du  comte  d'Es- 
fftampes,n  indiquée  par  un  acte  de  îûfti,  comme  y  étant  contiguë.  Sur  la  rue 
d'Autriche  il  y  a  apparence  que,  primitivement,  le  mur  mitoyen  de  l'hôtel 
d'Etampes  occupait  l'emplacement  de  celui  qui  a  séparé  plus  tard  l'hôtel  de  Lar- 
chant  de  l'hôtel  de  Cipières;  car  on  ne  voit  point  que  l'hôtel  deCipières  ait  jamais 
fait  partie  de  l'hôtel  d'Alençon,  et  nous  savons,  d'autre  part,  que  l'hôtel  de  Lar- 
cliant  occupait  l'emplacement  de  la  portion  la  plus  septentrionale  de  l'hôtel 
d'Alençon,  celle  qui  provenait  de  la  réunion  à  ce  dernier  de  l'hôtel  d'Ostrevant. 
lequel,  suivant  plusieurs  chartes,  était  contigu  à  l'hôtel  d'Etampes.  Le  cor])-  de 
logis  de  l'hôtel  de  Cipières,  en  bordure  sur  la  rue  d'Autriche,  a  vraisemblable- 
ment remplacé  la  «  grandie  -n  joignant  l'hôtel  d'Etampes,  dont  il  est  question 
dans  le  vidimus  de  1600,  et  qu'il  faut  se  garder  de  confondre  avec  celle  qui  était 
située  de  l'autre  côté  de  la  rue. 

HÔTEL  D'OSTREVANT  (1609).  Le  censier  de  1373  l'énonce  «la  maison  au  duc 
sAubert  (Albert  de  Bavière),  qui  fu  au  conte  de  Hénaut,  et,  paravant,  mes- 

!l)  Ces  détails  monlrenl  combien  Sauvai  s'est  mépris  en  affirmant  (|iie  la  maison  vendue  par  l'Hôtel- 
Dieu,  en  i')o5,  avait  été  englobée  dans  l'hôtel  de  Bourbon. 


16  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

rrsire  Audart  Champenois,  et  au  conte  d'Arminac  (d'Armagnac). v  Le  26  no- 
vembre 1&09,  Guillaume  de  Bavière,  comte  palatin  du  Rhin,  de  Hainaut  et 
d'Ostrevant,  s'en  dessaisit  en  faveur  des  seigneurs  de  Ligny,  d'Anderquiez ,  de 
Moutheaulx,  du  sire  Beaudoin  de  Frémont  et  de  l'écuyer  Helmich  de  Dornich, 
ses  familiers.  Ceux-ci  paraissent  l'avoir  immédiatement  aliéné,  car  nous  trouvons 
que ,  à  la  date  du  h  décembre  1  h  1 0 ,  le  duc  d'Alençon  est  dit  en  avoir  fait  acqui- 
sition depuis  un  an  environ.  H  en  fut  ensaisiné  le  2  3  avril  1611,  et  le  réunit  à 
son  grand  hôtel  qui  y  était  contigu,  et  qu'on  en  distingua  jusque  vers  le  milieu 
du  xve  siècle.  Le  compte  des  confiscations  de  1/121  M  le  signale  comme  étant  en 
ruines,  et  inhabitable  pour  la  plus  grande  partie. 

Dans  la  dépendance  de  l'hôtel  d'Anjou,  et  sur  une  partie  de  l'emplacement 
jadis  occupé  par  l'hôtel  d'Ostrevant,  il  existait,  sous  Henri  III,  une  maison  appar- 
tenant au  valet  de  chambre  ordinaire  de  ce  prince,  Etienne  des  Hayes,  qui  la 
tenait  du  roi  de  Navarre.  Cette  maison,  large  de  seize  toises  un  pied,  et  profonde 
de  seize  toises  deux  pieds  et  demi,  fut  vendue,  le  i4  décembre  1 577,  par  Des 
Hayes  à  messire  de  Grimon ville,  seigneur  de  Larchant,  ce  qui  lui  valut  le  nom 
d'hôtel  de  Larchant.  Acquise  dans  la  suite  par  Jacques-Nompar  de  Caumont,  duc  de 
La  Force ,  maréchal  de  France ,  et  augmentée  d'une  portion  des  jardins  de  l'ancien 
hôtel  d'Anjou,  elle  fut  connue  sous  la  dénomination  d'hôtel  de  La  Force,  qu'elle 
portait  encore  lorsque  le  2  5  novembre  1667,  le  Roi  l'acheta  en  vue  de  l'agrandis- 
sement du  Louvre.  On  ne  la  démolit  du  reste  que  partiellement;  les  bâtiments  qui 
subsistèrent,  ayant  été  habités  par  Séguin,  capitaine  du  Louvre,  furent  nommés 
la  Capitainerie,  et,  dans  le  xvmc  siècle,  le  Gouvernement;  ils  ont  été  renversés,  vers 
1806,  pour  le  prolongement  de  la  place  de  l'Oratoire.  (Voir  Rue  de  Béarnais.) 

D'après  un  accord  de  i58o,  l'hôtel  d'Ostrevant  aurait  été  dans  la  censive  de 
Saint-Denis  de  la  Chartre  ;  mais  il  n'est  pas  prouvé  que  telle  fut  vraiment  sa  mou- 
vance, attendu  que  l'hôtel  est  mentionné  dans  les  censiers  de  l'Évêché. 


CENSIVE     DE     SAINT-DENIS     DE     LA    CHARTRE. 


Partie  postérieure  de  I'hôtel  d'Alençon  ou  d'Anjou.  (Voir  Rue  des  Poulies.) 
HÔTEL  DE  RETZ  et  DE  Cû.NTY.  En  1573,  quand  le  duc  d'Anjou  fit  don  à  sa 
sœur  Marguerite  de  l'hôtel  d'Alençon,  il  en  retrancha  un  pavillon  où  avait  de- 
meuré son  chambellan  Villequier,  et  qui  était  voisin  de  l'hôtel  de  Bourbon ,  puis 
il  en  gratifia  Jeanne  de  Vinon  de  Dampierre,  dame  d'honneur  de  la  Reine.  Albert 
de  Gondi,  duc  de  Retz,  ayant  acheté  la  maison  de  Castellan,  située  derrière  ce 
pavillon  et  donnant  sur  la  rue  des  Poulies,  fut,  après  la  dame  de  Dampierre,  sapa- 
rente  par  alliance,  propriétaire  du  pavillon,  et  le  réunit  à  son  hôtel;  mais  le  2  oc- 

Ap.  Sauvai. —  Les  confiscations  dont  il  s'agit  pvaient  été  effectuées  contre  les  partisans  du  Dauphin. 


RUE  DE  BEAUVAIS.  17 

tobre  1617,  Henri  de  Gondi  l'en  détacha  de  nouveau  et  le  vendit  75,000  li- 
vres'1) à  Louise  de  Lorraine,  princesse  de  Conty,  deuxième  femme  de  François  de 
Bourbon.  Le  pavillon,  qui  fut  peut-être  reconstruit,  devint  aussi  I'hôtel  du  Petit- 
Conty,  dit  également  le  petit  hôtel  de  Retz.  En  1 63g  il  faisait  le  coin  de  la  rue  du 
Petit-Bourbon  et  était  habité  par  le  duc  de  Mortemart.  Il  paraît  ensuite  avoir  été 
confondu  de  nouveau  avec  le  grand  hôtel  de  Retz ,  autrement  de  Choisy,  dont  on  le 
distinguait  pourtant  encore  en  1662.  Quelques  années  après,  le  Roi,  qui  l'avait 
acquis  du  duc  de  Guise ,  le  fit  démolir. 

L'hôtel  de  Retz  était  séparé  par  la  rue  du  Petit-Bourbon,  de  l'hôtel  de  Bourbon, 
qui  s'étendait  jusqu'au  quai.  (Voir  Quai  de  l'Ecole.) 


RUE  DE  BEAUVAIS. 

La  rue  de  Beauvais  commençait  à  la  rue  du  Coq,  qui  la  continuait  en  retour 
d'équerre;  elle  finissait  à  la  rue  Fromenteau. 

On  peut  admettre  que  le  voisinage  des  jardins  du  Louvre  a  motivé  le  nom  pri- 
mitif de  la  rue  de  Beauvais,  d'abord  dite  de  Beauvoir®.  Bordée  vers  le  midi  par  des 
maisons  qui  s'appuyaient  aux  murailles  du  Louvre,  elle  est  appelée  vicus  contiguus 
castello  de  Lupara,  dans  un  titre  de  1269.  Un  autre  titre,  de  la  même  année, 
l'énonce  vicus  qui dicitur  Biauvoir.  En  1292  et  i3i6  on  a  dit  «rue  de  Biauvoir-n  ou 
Beauvoir,  ce  qui  a  conduit  à  dire  aussi  crue  de  Biauvésn  (1 3 1 6)  et  enfin  a  de  Beau- 
vaiz-n  (i455),  dénomination  sans  raison  d'être,  laquelle  s'est  substituée  entière- 
ment à  la  première,  bien  qu'elle  comportât  une  idée  fort  différente. 

La  rue  de  Beauvais  était  encore  intacte  au  commencement  du  xvne  siècle.  Le 
prolongement  de  l'aile  occidentale  du  Louvre,  sous  Louis  XIII,  nécessita  la  démo- 
lition de  la  plupart  des  maisons  qui  bordaient  la  rue,  du  côté  du  midi;  les  der- 
nières furent  jetées  bas  vers  166&,  à  l'exception  d'un  petit  groupe  formant  le 
coin  de  la  rue  Fromenteau.  Ce  groupe  n'a  disparu  que  sous  le  premier  Empire, 
avec  les  maisons  du  côté  septentrional,  dont  plusieurs,  situées  entre  les  rues  du 
Coq  et  de  l'Oratoire,  avaient  déjà  été  rasées  en  vertu  des  lettres  patentes  du 
26  décembre  1768,  qui  prescrivirent  l'établissement  d'une  place  de  dix  toises  de 
profondeur  au  devant  du  Louvre.  Cette  place,  continuée  par  ordonnance  du 
26  février  180 8,  jusqu'à  la  rue  des  Poulies,  et,  dans  la  direction  opposée,  jusqu'à  la 
rue  de  la  Bibliothèque  (Champ-Fleuri),  a  été  appelée  place  de  Marengo,  puis,  pen- 

(1)  Sauvai  dit  70,000.  Nous  parlons  d'après  les  question  d'un  lieu  dit  Bellum  Videre,  à  l'année  13  44; 

titres.  mais  ce  lieu,  dont  les  historiens  ne  parlent  point, 

(,)  Dans  le  Cart.  de  N.  D.  (t.  II,  p.  471)  il  est  était  situé  sur  la  rive  gauche  de  la  Seine. 
1.  3 


18  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

dant  la  Restauration,  place  de  l'Oratoire.  Elle  a  été  absorbée  dans  les  dépendances 
du  Louvre  et  dans  la  partie  de  la  rue  de  Rivoli  entreprise  en  vertu  du  décret 
du  2  3  décembre  i85a. 

CÔTÉ  MÉRIDIONAL. 


PAROISSE  SAINTGERMAINLAUXERROIS. 

HAUTE  JUSTICE 

ET  CENSIVE   DE   L'ÉVÊCHÉ  W. 

Maison  de  ctl'Imaige  Nostre-Damea  (1689-1670),  depuis  HÔTEL  DE  ROSTAING, 
faisant  l'angle  rentrant  de  la  rue  du  Coq.  Vers  1 587,  elle  fut  rebâtie  par  son  pro- 
priétaire, Tristan  de  Rostaing,  qui  la  légua  à  son  fds,  et  elle  commença  à  être 
appelée  Hôtel  de  Rostaing.  Elle  aboutissait  aux  murs  du  Louvre  et  à  ceux  de 
la  Ville.  Le  Roi  en  fit  l'acquisition  le  dernier  jour  de  février  1 666 ,  au  prix  de 
80,000  livres. 

Maison  sans  désignation  en  i53o,  puis  des  Rons-Hommes  (i6o3-i6a6). 

Deux  maisons  sans  désignation  (i53o);  ainsi  que  la  précédente  elles  semblent 
n'avoir  point  encore  été  distinctes  de  la  suivante  en  1689,  et  n'en  formaient  plus 
qu'une  vers  1600. 

Maison  sans  désignation  en  1  689,  puis  de  ccTImaige  Saincte-Katherine  t>  (1573). 

Maison  de  «l'Ymaige  Saint- Jeu  an  n  (1636-1626). 

Maison  de  «l'Ymaige  Saincte-Marguerite -n  (1/136-1619),  Puis  DE  l'Image  Saint- 
André  (1603-1626),  située  devant  la  rue  Champ-Fleuri. 

Maison  de  «lYmaige  Saint-Kristofle , t>  puis  du  Saint-Esprit  (1529-1626),  ap- 
partenant à  l'abbaye  Saint- Victor. 

Maison  des  kImaiges  Saint-Cosme  et  Saint-Damian n  (i53o),  qui  paraît  avoir  été 
une  dépendance  de  la  maison  précédente ,  dont  elle  n'aurait  pas  encore  été  sépa- 
rée en  1689. 

Maison  sans  désignation  en  1689,  puis  de  kl'Imaige  Sainct-Michielu  (i53o),  et 
de  l'Image  Saint-Roch  (i563-iÔ26). 

Maison  sans  désignation  en  1689,  puis  de  la  «  Teste-Noire  d  (1582-1626);  elle 
appartenait  à  l'abbaye  Saint-Antoine. 

Maison  sans  désignation  (1689),  appartenant  à  la  fabrique  de  l'église  Saint- 
Eustache,  et  comprenant  trois  corps  d'hôtel. 

Maison  sans  désignation  en  1689,  puis  du Gobelet-d'Argent  (1 5 1 6)  et  duCheval- 
Rlanc  (1613-1626). 
(1)  Nous  rappellerons  que ,  dans  cette  région ,  la  censive  de  l'Evêché  est  devenue  celle  du  Roi  en  1 687. 


RUE  DE  BEAUVAIS.  19 

Maison  sans  désignation  en  i/i55,  et  paraissant  avoir  fait  partie  de  la  précé- 
dente; elle  a  été  dite  également  du  Gobelet-d'Argent  (167  5- 1625)  et  peut-être  de 
l'Image  Saint-Louis  en  i654.  A  l'époque  de  sa  destruction  elle  avait,  comme  au 
milieu  du  xvc  siècle,  quatre  toises  trois  pieds  de  profondeur  dans  œuvre,  deux 
toises  de  largeur  sur  rue  et  six  pouces  de  moins  par  derrière  ;  elle  était  située  devant 
la  rue  Jean-Saint-Denis  (rue  Pierre-Lescot). 

Masure  (1/189),  puis  Maison  des  Boules  (161 3- 162/1),  contiguë  à  la  maison  fai- 
sant le  coin  de  la  rue  Fromenteau;  elle  aboutissait  aux  murs  du  Louvre,  ainsi 
que  toutes  les  maisons  précédentes. 

CÔTÉ  SEPTENTRIONAL. 

PAROISSE  SAINTGE RMA W-L'AUXERROIS. 

HAUTE  JUSTICE  DE  L'ÉVÈCHÉ. 

CENSIVE    DU    FIEF   DE   FROMENTEAU. 

Maison  sans  désignation  en  167/1,  puis  du  Cheval-Blanc  (1 633),  faisant  le  coin   BamiM 
septentrional  de  la  rue  Fromenteau;  elle  appartenait  au  Boi  en  1681. 

Maison  dépendant  de  la  maison  du  Pied-de-Biche ,  sise  rue  Fromenteau;  il  y 
pendait  pour  enseigne  l'Hôtel  d'Allemagne  en  172/1. 

Maison  du  Petit-Je an-Saint-Denis  (1610),  ayant  fait  partie  de  la  suivante;  elle 
paraît  aussi  avoir  eu  pour  enseigne  l'Image  Saint-Pierre,  au  xve  siècle. 

CENSIVE   DE   L'ÉVÈCHÉ. 

Maison  des  <r Images  Sainct-Jehan  et  Sainct-Denis v  (1 57 5-i63o), faisant  le  coin 
occidental  de  la  rue  Jean-Saint-Denis;  en  1/189,  e^e  ne  formait  avec  la  précédente 
qu'une  seule  maison,  et,  en  i6o3,  elle  avait  pour  enseigne  le  Petit-Saint-Denis. 


rues 
Fromenteau 

et  Jean- 
Saint-Denis. 


Maison  sans  désignation  (1/189)  ^  contenant  deux  corps  d'hôtel ,  dont  l'un  faisait   bm  b  m 
le  coin  oriental  de  la  rue  Jean-Saint-Denis,  et  l'autre  le  coin  occidental  de  la  rue  <hflri. 
du  Chantre  ;  à  ce  dernier  corps  de  logis  pendait  pour  enseigne  la  Bouteille  en 
l'an  1700. 


Maison  du  Pied-de-Griffon  (1397),  puis  de  la  Croix-Blanche  (i53o),  en  deux  btniwnm 
corps  d'hôtel,  dont  l'un  formait  le  coin  oriental  de  la  rue  du  Chantre,  et  l'autre  -ch„Bp.niqiJ 
faisait  front  sur  la  rue  de  Beauvais. 

Maison  de  la  Fleur-de-Lis  (i525),  appartenant  à  la  grande  Confrérie  aux 
Bourgeois. 

3. 


•20  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Maison  sans  désignation  en  1&89,  et  du  Pigeon  en  1687,  faisant  le  coin  occi- 
dental de  la  rue  Champ-Fleuri. 

Entre  les  mes        Maison  de  a  l'Imaige  Saint-Jullian  n  (1&89),  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue 
rtfaCaîr   Champ-Fleuri  ;  elle  se  composait  de  deux  corps  d'hôtel ,  dont  le  second  avait  nom  la 
Maison  du  Coq  (i  5io,-i62&).Eni53o,  celle-ci  est  énoncée  effectivement  comme 
constituant  la  moitié  de  la  maison  précédente. 

Masure  (i  689),  puis  Maison  sans  désignation  (1 6o3),  faisant  le  coin  occidental 
de  la  rue  du  Coq. 

En  1 5 1 9 ,  il  y  avait  dans  la  rue  de  Beauvais  une  maison  de  l'Image  Saint-Michel  , 
dont  nous  ne  pouvons  préciser  l'emplacement. 


RUE  DU  PETIT-BOURBON. 

La  rue  du  Petit-Bourbon  commençait  à  la  rue  des  Poulies  et  finissait  à  la  rue 
d'Autriche.  Elle  fut  ouverte,  en  1 583 ,  sur  le  terrain  de  l'hôtel  de  Bourbon  ou 
Petit-Bourbon,  le  long  du  mur  de  l'ancien  hôtel  d'Alençon,  et,  suivant  une  clause 
stipulée  dans  l'adjudication,  faite  le  2  3  juin  de  cette  année,  d'une  masure  qui  a 
été  remplacée  par  l'hôtel  de  Combaut.  Cette  voie  nouvelle,  qui  devait  être  large 
de  seize  pieds,  était  destinée  à  faciliter  les  communications  entre  le  Louvre  et  les 
environs  de  l'église  Saint-Germain-l'Auxerrois  ;  elle  prit  naturellement  le  nom  de 
me  du  Petit-Bourbon,  qu'elle  portait  au  milieu  du  xvne  siècle.  Nous  l'avons  trouvée 
énoncée  rue  du  Louvre,  en  1621  ;  rue  du  Louvre,  qui  conduit  de  la  grande  porte  du 
château  du  Louvre  à  la  rue  des  Poulies,  en  1 667  ;  plus  tard,  elle  fut  qualifiée  seule- 
ment de  passage.  On  voit,  par  les  plans  de  Quesnel,  de  Mérian  et  de  Gomboust, 
que  la  rue  du  Petit-Bourbon,  s'élargissant  tout  d'un  coup,  formait  une  sorte  de 
petite  place  du  côté  de  la  rue  d'Autriche. 

Aucune  maison  n'avait  son  entrée  principale  dans  la  rue  du  Petit-Bourbon;  elle 
était  bordée ,  au  midi ,  par  l'hôtel  de  Bourbon ,  et  au  nord ,  par  les  deux  hôtels  de  Betz. 


RUE  CHAMP-FLEURI. 

La  rue  Champ-Fleuri  commençait  à  la  rue  de  Beauvais  et  finissait  à  la  rue 
Saint-Honoré. 

C'est  seulement  au  xvuc  siècle  qu'une  enseigne  du  Champ-Fleuri  a  existé  dans 


RUE  CHAMP-FLEURI.  21 

cette  rue;  il  ne  faut  donc  pas  chercher  dans  ce  fait  la  raison  d'être  d'une  telle  déno- 
mination. H  semble  qu'on  doive  l'attribuer  à  quelque  jardin  ou  pièce  de  terre 
en  culture,  dont  la  végétation  était  remarquable ,  circonstance  qui  pourrait  aussi 
avoir  été  l'origine  du  nom  de  Beauvoir,  donnée  à  la  rue  voisine.  Nous  avons  vu  la  rue 
Champ-Fleuri  énoncée  viens  qui  dicitur  Campus Jloridus,  en  12  55  et  1282;  viens 
de  Campo  Jlorido,  en  1262;  «rue  de  Champjloury,  »  en  1292,  puis  «rue  de  Champ- 
Jlori,  et  enfin ,  du  Champ-Fleuri.  Comme  cette  rue  conduisait  au  Louvre ,  où ,  par- 
décret  du  21  mars  1801,  devait  être  placée  la  grande  bibliothèque  nationale,  on 
lui  a  donné,  en  1806,  le  nom  de  rue  de  la  Bibliothèque.  Ce  changement  de  dé- 
nomination fut  provoqué  par  les  propriétaires,  qui  se  plaignaient  de  ce  que  la 
déplorable  notoriété  attachée  à  l'ancien  nom  de  la  rue  nuisait  à  leurs  intérêts.  La 
rue  Champ-Fleuri  était,  en  effet,  une  de  celles  que  Saint-Louis  avait,  en  i2  5/i, 
affectées  aux  filles  de  joie,  et,  au  commencement  de  ce  siècle,  elle  justifiait  autant 
que  jamais  son  antique  et  fâcheuse  réputation.  Du  reste,  les  titres  ne  nous  ont 
fourni  aucune  mention  des  mauvais  lieux  qui  pouvaient  s'y  trouver,  quoique 
nous  ayons  recueilli  plusieurs  indications  de  ce  genre  pour  d'autres  rues,  telles 
que  celles  de  Mâcon  et  de  Glatigny. 

La  rue  Champ-Fleuri,  raccourcie  par  l'alignement  donné  à  la  place  du  Louvre, 
vers  1812,  l'a  été  de  nouveau,  en  1 8 5 3 ,  par  le  percement  de  la  rue  de  Rivoli; 
elle  a  été  finalement  supprimée  par  le  décret  du  3  mai  1 854. 

CÔTÉ  OCCIDENTAL, 


PAROISSE  SAWT-GERMAINL'AUXERROIS. 

HAUTE  JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ÉVÊCHÉ. 

Maison  de  la  Croix-Blanche  (1Û80),  réunie,  au  xvie  siècle,  à  la  maison  faisant 
le  coin  de  la  rue  de  Beauvais,  et  néanmoins  mentionnée  encore  en  162/1. 

Maison  du  «r Saint-Esperit d  (1/189-1675),  puis  de  la  Pantoufle  (1682-162/1), 
et  de  l'Image  Saint-Jacques  (1700). 

Maison  sans  désignation  en  1 565 ;  en  1Û89,  elle  faisait  partie  de  la  précédente, 
et,  en  1700,  elle  avait  pour  enseigne  le  Buste  du  Roi. 

Maison  de  «l'Image  Saint-Niciiolast»  (1/189-1680);  elle  appartenait  à  l'évêché 
d'Embrun  avant  i53o,  avait  pour  enseigne  la  Corne-de-Cerf,  en  1676  et  162/1, 
et  a  été  de  nouveau  appelée  la  maison  de  Saint-Nicolas,  vers  1687. 

Maison  de  cl'Imaige  Nostre-Dame n  (1676-162/1),  qui,  au  xve  siècle,  devait  en- 
core être  comprise  dans  la  précédente. 


22  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Maison  sans  désignation  en  1689,  qui  avait  l'enseigne  du  Champ-Fleuri  en  1680, 
et  semble  avoir  eu  celle  de  la  Corne-de-Cerf  en  1/122  et  1 566. 

Maison  sans  désignation  en  1/189,  puis  du  Pied-de-Biche  (1567-1624). 

Maison  de  la  « Fleur-de-Lys •»  (1437-1624),  puis  du  «Plat  d'Estaingt»  (i6o3). 
H  s'y  trouvait,  dès  i588  et  encore  en  1700,  un  jeu  de  paume  qui  paraît  avoir 
eu,  pendant  quelque  temps,  l'Image  Saint-Nicolas  pour  enseigne.  La  maison  de 
la  Fleur-de-Lis  fut  achetée  par  le  Roi,  le  2  décembre  1667. 

Maison  sans  désignation  en  1 A89,  puis  de  ctl'Ymage  Sainct-Eustace n  (i53o- 
162/1),  aboutissant  à  la  précédente.  Elle  appartenait  à  la  fabrique  de  l'église  Saint- 
Eustache. 

Maison  du  «Gros-Tournoyst»  (1373-1/172),  puis  du  Cornet-d'Or  (1672-1698), 
qui  était  possédée,  en  1/122 ,  par  Guillaume  Nonin,  maître  des  œuvres  de  la  Ville. 
Au  xve  siècle  elle  s'étendait,  derrière  la  maison  précédente,  jusque  sur  l'emplace- 
ment de  la  maison  de  la  Fleur-de-Lis,  laquelle  n'en  était  qu'un  démembrement. 

Maison  de  la  Corne-de-Daim  (1 575-1 63o),  puis  de  la  Croix-d'Or  (1680),  et  de 
la  Montagne  (1700).  Elle  faisait  partie  de  la  suivante  au  xve  siècle. 

Maison  sans  désignation  en  1/189,  Pu's  DU  Cheval-Blanc  (1575-1717). 

Maison  sans  désignation  en  1/189,  Pu^s  DU  PATIN  (1573-162/1),  du  Cheval-Rouge 
(1680),  et  de  la  Croix-Blanche  (1705).  Elle  aboutissait  à  la  maison  suivante; 
mais,  au  xve  siècle,  elle  s'étendait  jusqu'au  jardin  de  la  maison  de  l'Ecu-de-France , 
sise  rue  du  Chantre. 

Maison  sans  désignation  en  1/189,  puis  de  la  Corne-de-Daim  (1675-1657)  ou 
de  Cerf  (1689),  faisant  hache  derrière  la  précédente. 

Maison  sans  désignation  (1 575),  qui  dépendait  de  celle  de  la  Coupe  faisant  le  coin 
de  la  rue  Saint-Honoré ;  elle  avait  pour  enseigne  le  Cygne-de-la-Croix,  en  1687. 

CÔTÉ  ORIENTAL. 

PAROISSE  SAINT-GERMAW-L'AUXERROIS. 

HAUTE  JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'EVÊCHE. 

Maison  de  la  Boule-d'Or  (1700),  ayantfait  partie,  jusqu'au  milieu  du  xvue  siècle, 
de  la  maison  formant  le  coin  de  la  rue  Saint-Honoré.  Nous  ne  l'avons  point  fait 
figurer  sur  le  plan,  pour  éviter  la  confusion. 

Petite  maison  sans  désignation  en  1/189,  et  ayant  eu  ensuite  pour  enseigne 
l'Entonnoir  (i59i-i63o),  puis  la  Ville-de-Mantes  (1680)  ou  de  Munster  (1687), 
et  la  Ville-de-Bruxelles  (1700). 


RUE  DU  CHANTRE.  23 

Petite  maison  de  la  Gloche-d' Argent  (1680),  puis  du  Grand-Alexandre  (1705), 
qui  fit  partie  de  ia  suivante  jusqu'au  milieu  du  xvne  siècle. 

Maison  sans  désignation  en  1689,  puis  du  Cheval-Rouge  (i6o3-i62i),  du 
Cheval-Blanc  (1680),  de  l'Écu-de-Bretagne  et  du  Croissant  (1700). 

Maison  avec  grange,  qui,  en  1395,  appartenait  à  un  plâtrier  nommé  Jean 
Guéroult.  En  1A89  c'était  encore  une  plâtrière,  et  elle  était  possédée  par  les 
Quinze-Vingts.  En  i6o3  elle  formait  deux  maisons,  et  s'appelait  en  1680  l'Hôtel 
d'Anguin  (d'Enghien?). 

Maison  sans  désignation  en  1689,  puis  de  la  Hure-de-Sanglier  (1582).  Elle  a 
été  divisée  ensuite  en  deux  maisons,  dont  la  première  a  eu  pour  enseigne  la 
Vertu-de-l'Assurance  W  en  i6i3  et  162a,  et  la  Petite-Vertu  en  1680.  La  seconde, 
qui  faisait  hache  derrière  l'autre,  a  eu  pour  enseigne  le  Roi  Henri  IV  en  1687. 

Maison  de  la  Corne-de-Cerf  (1^89).  En  1675  elle  avait  une  issue  rue  du  Coq, 
par  le  moyen  d'une  autre  maison  ayant  la  même  enseigne,  et  qui  alors  en  faisait 
apparemment  partie.  En  1616  et  1733  elle  avait  pour  enseigne  le  Lion-d' Argent. 

Maison  avec  jardin,  sans  désignation  en  1^89,  laquelle  eut  pour  enseigne  les 
Deux-Coignées  (1 A5  î-i  53o),  puis  <r  la  Mouffle i)  W,  à  cause  de  Guillaume  Moufflet, 
qui  la  possédait  en  1  58g,  et  enfin  la  Pomme-de-Pin  (1 6 1  3-i 6A0). 

Maison  sans  désignation  en  1&89,  puis  du  Pot-d'Étain  (i6o3-i62Û)  et  de  la 
Vierge  (1705). 

Maison  de  l'Image  Saint-Louis  (1687),  jusque  dans  le  xvne  siècle,  partie  de  la 
suivante. 

Maison  de  cl'Estrilleti  (1 353),  puis  de  l'Image  Saint-Julien  (1G2&),  de  l'Étoile- 
d'Or  (1637),  et  de  l'Image  Saint-Pierre  (1700).  Elle  appartenait  à  l'Hôtel-Dieu, 
avait  une  issue  sur  la  rue  du  Coq  en  1 575 ,  et  était  contiguë  à  la  maison  qui  faisait 
le  coin  de  la  rue  de  Beauvais. 


RUE  DU  CHANTRE. 

La  rue  du  Chantre  commençait  à  la  rue  de  Beauvais  et  finissait  à  la  rue  Saint- 
Honoré. 

A  l'office  du  chantre  de  l'église  collégiale  Saint-Honoré  était  attachée  la  posses- 
sion d'une  maison  située  dans  cette  rue,  dont  le  nom,  qui  n'a  jamais  varié,  s'ex- 
plique ainsi  sans  peine.  Les  cartulaires  de  l'Hôtel-Dieu  nous  ont  fourni  une  men- 
tion de  la  rue  du  Chantre  de  Saint-Honoré,  vicus  Canloris Sancti-Honorali,  remontant 

(l)  Cette  enseigne  devait  être  un  rébus.  —  (,)  Moufle,  sorte  de  gros  gant  ou  de  mitaine. 


24  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

à  l'année  12 35,  et  une  charte  de  1221  où  la  rue  est  énoncée  sans  appellation  par- 
ticulière, mais  comme  conduisant  aux  maisons  du  chanoine  Drocon.  Un  passage  de 

cette  charte  est  en  effet  ainsi  conçu  :  crDomum ante  ecclesiam  Sancti-Honorati , 

«in  cuneo  vici  per  quem  itur  ad  domus  Droconis,  canonici  dicti  Sancti-Honorati, 
«  contiguam  domui  Scolarum.  n 

La  rue  du  Chantre,  comme  la  rue  Champ-Fleuri,  après  avoir  été  tronquée  vers 
1812,  a  été  supprimée  en  1 854. 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 

PAROISSE  SAINT-GERMAINL'AUXERROIS. 

HAUTE  JUSTICE 

ET  CENSIVE   DE   L'EVÊCHE. 

Maison  sans  désignation  en  1 48g,  puis  de  la  ctRoze-Rougeh  (1575-1620),  con- 
tiguë  à  la  maison  faisant  le  coin  de  la  rue  de  Beauvais. 

Maison  sans  désignation  en  1689,  puis  du  Croissant  (1575-1720);  elle  était 
divisée  en  deux  portions  au  xvue  siècle. 

Maison  des  Trois-Croissants  (1582-1626),  où,  en  1680,  pendait  pour  en- 
seigne l'Hôtel-d'Armagnac.  Cette  maison  avait  une  issue  sur  la  rue  Jean-Saint- 
Denis,  et  provenait  d'un  morcellement  de  la  maison  précédente,  opéré  postérieu- 
rement à  1575. 

Vers  l'emplacement  de  la  maison  du  Croissant  il  y  avait,  en  1 582 ,  une  maison 
de  la  Corne-de-Cerf,  contiguë  à  une  autre  maison  qui  tenait  à  celle  de  l'Ecu-de- 
France.  Ce  pourrait  donc  être  la  seconde  partie  de  l'hôtel  du  Croissant. 

Maison  du  Beautreillis  (i54o-i6o3),  puis  du  Cheval-Blanc  (i6i3-i62o).  11  est 
présumable  qu'en  1687  elle  était  divisée  en  deux  :  la  première  ayant  pour  en- 
seigne l'Image  Sainte-Anne,  et  la  seconde  celle  de  la  Fleur-de-Lis. 

Partie  postérieure  de  la  Maison  de  l'Écu-de-France  (1689),  située  rue  Jean- 
Saint-Denis.  On  y  bâtit  au  xvie  siècle  une  maison  qui  eut  pour  enseigne  l'Image 
Saint-Claude,  puis  le  Grand-Godet  (i54o-i64o).  En  1687,  la  maison  du  Grand- 
Godet  était,  suivant  les  apparences,  subdivisée  en  quatre;  la  seconde  avait  pour 
enseigne  le  Fer-À-Cheval,  et  la  quatrième  l'Image  Saint-Claude,  puis  la  Croix- 
d'OrW. 

Maison  du  Petit-Godet  (i6o3-i64o).  Sur  l'emplacement  qu'elle  occupait  pa- 
raissent avoir  été  construites  la  Maison  du  Pèlerin-Saint-Jacques  (1687),  la  Maison 

(l>  Nous  n'avons  trouvé  nulle  part  de  maisons  plus  en  trop  petit  nombre  pour  être  bien  compris,  les 
difficiles  à  restituer  que  celles  de  la  rue  du  Chantre;        titres  qui  en  restent  sont  presque  ininterprétables. 


RUE  DU  CHANTRE.  25 

de  l'Image-Saint-Claude  (1687),  qui,  en  1700,  était  réunie  à  la  maison  des  Bar- 
reaux-Rouges de  la  rue  Jean-Saint-Denis,  et  la  Maison  de  la  Croix-Blanche  (1680), 
qui  fut  divisée  en  deux.  Cette  dernière  était  contiguë  à  la  maison  du  coin  de  la 
rue  Saint-Honoré. 

CÔTÉ  ORIENTAL. 

PAROISSE  SAINT-GERMAIN-L'AUXERROIS. 

HAUTE  JUSTICE 

ET     CENSIVE    DE    L'ÉVÊCHÉ. 

Maison  sans  désignation  en  i458,  puis  do  Fer-À-Cheval  (1 587-16/10),  et  du 
Louis-d'Or?(i70o),  contiguë  à  la  maison  qui  formait  le  coin  de  la  rue  Saint-Honoré 
et  en  ayant  fait  partie.  Le  a  6  septembre  1 463,  la  maison  du  Fer-à-Cheval  fut  déli- 
vrée au  chapitre  Saint-Honoré,  pour  fondations  d'obits,  par  les  exécuteurs  testa- 
mentaires de  Guillaume  Levasseur,  chanoine  de  ce  chapitre. 

Maison  sans  désignation  en  1/189,  puis  de  la  Corne-de-Cerf  (  1 5/10-1620)  et  du 
Bon-Bepos  (1680),  qui  paraît  avoir  été  une  grange  en  i35o.  Il  se  pourrait  que 
l'enseigne  du  Louis-d'Or  eût  été  celle  d'un  corps  d'hôtel  de  cette  maison ,  laquelle 
se  distingue  mal  de  la  précédente  à  la  fin  du  xvue  siècle. 

Maison  trayant  un  Crucifix  sur  l'uisn  (1/189-1 5/io),  et  qui  a  eu  ensuite  pour 
enseigne  tr la  Fonteyneu  (1581-162/1),  puis  la  Cage  (1669),  et  la  Magdeleine 
(1680).  Sur  son  emplacement  s'élevait,  au  xve  siècle ,  une  autre  maison  ayant  pour 
dépendances  un  jardin  et  deux  masures,  le  tout  appartenant  à  la  grande  Con- 
frérie aux  Bourgeois. 

Maison  sans  désignation  en  1/189,  Vuls  ffDE  L'IMAIGE  Nostre-Dame  d  (i5y5- 
1  6/10).  En  1 686  elle  était  divisée  en  deux  maisons,  dont  la  première  faisait  hache 
derrière  la  seconde. 

Maison  sans  désignation  en  1689,  puis  de  l'Image  Sainte-Marguerite  (i53o), 
de  la  Fidélité  (i6o3-i6/io),  du  Nom-de-Jésus  (1687),  et  du  Soleil-d'Or  (1700). 

Maison  sans  désignation  en  1/189,  Pms  DE  LA  Croix-Blanche  (1587),  du  Cha- 
pelet (i6o3-i  660),  et  du  Pied-de-Biche  (1687).  Cette  dernière  enseigne  était 
celle  de  la  maison  située  sur  la  rue  Champ-Fleuri ,  et  dont  la  maison  du  Chapelet 
dépendait. 

Maison  sans  désignation  en  1689,  puis  du  Petit-Cerf  (1575-1620),  et  du 
Cheval-Noir  (  1 687).  Cette  maison  et  les  trois  précédentes  furent  bâties,  sur  l'em- 
placement d'une  maison  unique,  par  Germain  de  Marie,  qui  fut  prévôt  des  mar- 
chands en  1/17/1. 

1.  4 


26  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Maison  de  la  Pomme-Rouge  (i56&-i66o),  qui  était  divisée  en  deux  en  i5y5 
et  i64o. 

Maison  de  la  Rose  (i56&),  ou  Rose-Rlanche  (1624-1687). 

Maison  sans  désignation  en  i46&,  puis  de  l'Image  Sainte-Rarbe  (i5i5-i56o). 
Vers  la  fin  du  xvie  siècle,  elle  fut  divisée  en  deux.  La  première  portion  prit  pour 
enseigne  la  Rose-Rouge  (i6o3),  puis  la  Croix-Rlanche  (i62&-i65o),  la  seconde 
fut  la 

Maison  de  l'Image  Sainte-Geneviève  (i6o3-i62o).  Celle-ci  paraît  avoir  été  sub- 
divisée à  son  tour  en  deux  maisons,  dont  la  première  eut  pour  enseigne  la 
Croix-d'Argent  (1680),  et  la  seconde,  l'Image  Sainte-Rarbe  (1687),  puis  le 
Cheval-d'Or  (1700). 

Sur  l'emplacement  de  toutes  les  maisons  qui  viennent  d'être  indiquées,  à  par- 
tir de  celle  de  la  Pomme-Rouge  inclusivement,  il  n'y  avait  qu'une  maison  avec 
grange  en  1^89. 

Maison  de  l'Image  Saint-Jacques  (i63o-i64o),  puis  de  la  Montagne  Saint-Jacques 
(1680),  contiguë  à  la  maison  qui  faisait  le  coin  de  la  rue  de  Reauvais. 


RUE  DU  COQ. 

La  rue  du  Coq  commençait  à  la  rue  de  Reauvais  et  finissait  à  la  rue  Saint-Honoré. 

Le  nom  de  cette  rue  provient  de  ce  qu'il  s'y  trouvait,  vers  1  375,  une  maison 
ayant  pour  enseigne  un  coq,  armes  parlantes  de  la  famille  des  Le  Coq,  à  laquelle 
elle  appartenait.  Dès  1376  on  trouve  une  mention  de  «la  rue  du  Coq,  autrement  dite 
«de  Richebourg,  n  et  les  deux  appellations  étaient  encore  en  usage  simultanément  au 
xvie  siècle,  puisqu'on  lit  dans  un  titre  de  i564,  «rue  de  Richebourg,  dicte  du  Coq.-n 
Mais  la  dénomination  de  Richebourg,  qui  apparaît  en  12^5  et  a  fini  par  être  en- 
tièrement abandonnée,  avait  été  employée  la  première;  elle  rappelait  plutôt  le 
nom  d'un  individu  que  celui  d'un  territoire  sur  lequel  la  rue  aurait  été  ouverte. 
On  trouve  cette  voie  énoncée  vicus  qui  vocatur  Richebourc,  en  1261,  et  vicus  qui 
vulgariter  appellatur  Richebourt,  en  12  58. 

Vers  la  fin  du  règne  de  Louis  XV,  la  rue  du  Coq  était  encore  tellement  étroite 
que,  devant  la  maison  de  la  Corne-de-Cerf,  elle  ne  mesurait  que  quinze  pieds  de 
largeur.  La  direction  n'en  était  pas,  comme  aujourd'hui ,  perpendiculaire  aux  murs 
du  Louvre;  mais  elle  biaisait,  et  la  rue  présentait  une  brisure  sensible  dans  son 
parcours.  Enfin,  à  la  suite  de  la  suppression  d'une  partie  de  la  rue  de  Reauvais, 
elle  avait  été  fermée  à  son  extrémité  méridionale,  et  ne  constituait  plus  qu'une 
impasse  lorsque,  par  arrêt  du  Conseil,  du  26  décembre  1758,  il  fut  ordonné 


RUE  DU  COQ.  27 

quelle  serait  .élargie  jusqu'à  trente-trois  pieds,  et  qu'on  en  changerait  l'aligne- 
ment de  façon  que  son  axe  se  confondit  avec  celui  du  pavillon  central  du  Louvre. 
L'arrêt  de  1768,  confirmé  par  lettres  patentes  du  12  mai  1767,  n'a  toutefois 
reçu  d'exécution  qu'en  1780.  Entièrement  renouvelée  par  suite  du  décret  du 
3  mai  i85£,  la  rue  du  Coq  présente  actuellement  une  largeur  de  vingt-quatre 
mètres,  et  s'appelle  me  de  Marengo. 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 

PAROISSE  SAINT-GERMAIN-L'AUXERROIS. 

HAUTE  JUSTICE 

ET    CENSIVE    DE    L'ÉVÊCHÉ. 

Maison  sans  désignation  en  1 48g ,  puis  de  la  Pomme-de-Pin  (i6o3-i634), 
contiguë  à  la  maison  faisant  le  coin  de  la  rue  de  Beauvais.  Cette  maison  ou  celle 
de  l'Image  Saint-Martin  mentionnée  plus  bas,  avait  pour  enseigne  la  Chausse  en 
1601. 

Maison  du  Chapeau-Rouge  (1/101-1/189).  Vers  la  fin  du  xvie  siècle,  elle  a  été 
divisée  en  deux;  la  première  a  eu  pour  enseigne  le  Croissant  (160 3- 162/1),  et 
peut-être  l'Ecu  en  1687  ;  la  seconde,  qui  faisait  hache  derrière  la  première,  a  eu 
pour  enseigne  l'Etoile-d'Or  en  l'an  1700.  Ce  devait  être  l'ancienne  issue  de  la 
maison  de  ce  nom,  située  rue  Champ-Fleuri. 

Maison  sans  désignation  en  12^5,  puis  de  l'Image  Saint-Martin  (16/10-162/1), 
et  de  l'Ecu  (1687),  laquelle  contenait,  en  i/i/|o,  un  jardin  sur  la  rue  Champ- 
Fleuri.  Au  mois  de  janvier  12 55,  elle  fut  achetée  2  3  livres  parisis,  de  Guillaume 
de  Saint-Symphorien,  par  Drocon,  chanoine  de  Saint-Honoré,qui,  en  mai  1258, 
la  vendit  à  ses  collègues  pour  une  somme  de  10  livres,  destinée  à  la  fondation 
de  son  anniversaire. 

Maison  du  Plat-d'Etain  (1/189),  VUIS  DE  L'IMAGE  Saint-François  (1687),  qui 
semble  avoir  été  pendant  quelque  temps  réunie  à  la  précédente,  vers  le  milieu  du 
xvie  siècle. 

Maison  de  la  Corne-de-Cerf  et  du  Sarot  en  i45o,  et  depuis  dite  simplement 
de  la  Corne-de-Cerf.  Elle  appartenait  aux  Célestins  et  se  composait  de  trois  pi- 
gnons, c'est-à-dire  de  trois  corps  d'hôtel  sur  rue,  dont  l'un  avait  trois  toises  deux 
pieds  six  pouces  de  largeur,  et  les  deux  autres  ensemble  trente-six  pieds.  Au  mi- 
lieu du  XVe  siècle,  chacun  des  corps  d'hôtel  consistait  en  un  rez-de-chaussée  et  trois 
étages  au-dessus,  en  tout  douze  ctlouaiges»  occupés  par  autant  de  locataires.  A  la 
fin  du  xvic  siècle,  le  premier  corps  d'hôtel  a  commencé  à  former  une  maison  à  part, 

i. 


28  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

et  les  deux  autres  sont  devenus  une  seconde  maison  à  laquelle  est  restée  l'enseigne 
de  la  Corne-de-Cerf. 

Maison  de  la  Magdeleine  (1A88),  puis  du  Coq  (i6i5-i634).  En  1623,  une 
maison  du  Nom-de-Jésus,  que  nous  supposons  être  une  partie  de  la  maison  de  la 
Magdeleine,  la  séparait  de  celle  de  la  Corne-de-Cerf. 

Maison  sans  désignation  en  i53o,  et  qui,  plus  anciennement,  a  dû  faire  partie 
de  la  précédente  ou  de  la  suivante. 

Maison  sans  désignation  en  1689,  et  appartenant  aux  Quinze-Vingts.  Elle  paraît 
en  avoir  formé  dans  la  suite  deux  ou  peut-être  même  trois,  dont  la  première  a 
eu  pour  enseigne  l'Image  Notre-Dame  (1687),  et  la  dernière  la  Croix-Verte 
(1603-1626),  et  la  Croix-Blanche  en  1687. 

Maison  aux  Balances  (1373),  puis  de  l'Ecu-de-France  (1399).  Elle  se  com- 
posait de  deux  cr  pignons  n  et  semble  avoir  été  divisée  en  deux.  Au  commencement 
du  xvf  siècle,  la  partie  septentrionale  conservait  l'enseigne  de  l'Ecu-de-France  ou 
duPETiT-Ecu  (160  3- 1625);  la  partie  méridionale  paraît  avoir  été ,  à  son  tour,  sub- 
divisée en  deux  parcelles;  mais,  vers  1700,  la  maison  a  repris  son  unité. 

Maison  du  aCyNEu  ou  Cygne  (1 463) ,  contiguë  à  la  maison  faisant  le  coin  de  la 
rue  Saint-Honoré.  En  1 53o ,  elle  était  déjà  divisée  en  deux  moitiés  dont  la  première 
a  eu  pour  enseigne  la  Longue-Allée(i577),  puis  l'Image  Saint-Jacques  (1687), 
et  l'autre,  l'Etrille-Fauveau  W  (1677-1626).  C'étaient  deux  maisons  distinctes  à 
la  fin  du  xvne  siècle. 

H  est  impossible,  faute  de  renseignements  suffisants,  de  se  rendre  un  compte 
exact  de  la  manière  dont  la  partie  méridionale  de  la  maison  du  Cygne  était  pri- 
mitivement agencée.  Les  maisons  de  la  rue  Saint-Honoré,  jusques  et  y  compris 
celle  du  Grand-Godet,  étant  dites  y  aboutir  en  1689,  de  même  que  la  maison  de 
l'Ecu-de-France,  il  est  à  croire  que  la  maison  du  Cygne  faisait  d'abord  hache 
derrière  celle-ci,  et  qu'on  agrandit  plus  tard,  à  ses  dépens,  la  maison  du  Petit- 
Ecu,  de  sorte  qu'elle  servit  à  son  tour  d'aboutissant  aux  maisons  de  la  rue 
Saint-Honoré.  Cette  conjecture  est  d'autant  plus  rationnelle  que  la  maison  si- 
tuée entre  celles  de  l'Etrille-Fauveau  et  de  l'Ecu-de-France  a  eu  pour  enseigne  la 
Longue- Allée,  expression  qui  implique  l'existence  d'un  corridor  ou  galerie  de  com- 
munication d'une  certaine  longueur. 

(1)  Cette  enseigne,  qui  n'était  pas  rare  au  xvi*  Marot  dit,  dans  son  épîlre  du  Coq-à-l'âne: 

siècle,  devait  traduire  graphiquement  la  locution  Une  estrille,  une  faux,  un  veau, 

proverbiale  Etriller  Fauveau,  qu'on  trouve  dans  le  C'est-à-dire  Estrille-Fauveau, 

roman  populaire  de  Fauve! ,  et  par  laquelle  on  ex-  En  bon  rébus  de  Picardie, 

primait  l'action  de  se  livrer  à  des  manœuvres  ins-  L'enseigne  de  l'Etrille-Fauveau  était  peut-être 

pirées  par  la  convoitise.  représentée  au  moyen  d'un  rébus. 


RUE  DU  COQ.  29 

CÔTÉ  ORIENTAL. 

PAROISSE  SAINT-GERMAIN-L'AUXERROIS. 
HAUTE  JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ÉVÊCHE. 

Masure  (1686),  puis  Maison  de  la  Croix-Blanche  (1623)  ou  du  Nom-de-Jésus 
(1613-1700),  contiguë  à  la  maison  formant  le  coin  de  la  rue  Saint-Honoré.  En 
1378,  l'emplacement  de  cette  maison  et  de  celle  qui  suit  dépendait  du  jardin  de 
l'hôtel  Saint-Pol,  situé  rue  d'Autriche. 

Maison  du  Petit-Coq  (i53o),  puis  du  Gros-Chapelet  (161 3),  qui  paraît  avoir 
existé  dès  iû5g ,  et  fit  sans  doute,  pendant  un  temps,  partie  de  la  maison  du 
Rabot,  située  rue  Saint-Honoré.  Vendue  en  1 584  au  comte  du  Bouchage,  elle  fut 
réunie  par  lui  à  l'hôtel  de  ce  nom.  Elle  avait  appartenu  au  baron  de  Seine ,  qui 
en  fut  judiciairement  dépossédé,  le  12  mars  1 583 ,  au  profit  de  Michel  de  L'Isle. 

Maison  du  kCocqt)  (1378-1/189)  ou  du  Grand-Coq  (1  53o-i6i4),  qui  donna 
son  nom  à  la  rue  et  devint  L'HÔTEL  DU  BOUCHAGE. 

Ainsi  que  la  précédente,  la  maison  du  Grand-Coq  appartenait  au  baron  de 
Seine;  en  i58i,  il  en  céda  une  première  partie  au  nommé  Dupuy,  et,  en  i582, 
une  seconde  partie,  formant  le  reste,  à  Sylvestre  Picard W.  En  i584,  le  tout 
fut  acquis  par  Henri  de  Joyeuse,  comte  du  Bouchage,  qui,  en  la  même  année, 
acheta  la  maison  du  Petit-Coq  et  une  autre,  sise  rue  d'Autriche.  Sur  l'emplace- 
ment de  ces  propriétés,  Henri  de  Joyeuse  éleva  un  grand  hôtel,  où  il  reproduisit 
partout  ses  armoiries.  En  1608,  son  frère  le  Cardinal  y  annexa  la  maison  du 
Pot-d'Etain  de  la  rue  du  Coq.  Loué  par  Gabrielle  d'Estrées,  maîtresse  de  Henri  IV, 
l'hôtel  du  Bouchage <2)  fut  temporairement  désigné  sous  le  nom  d'HÔTEL  d'Estrées,  et 
on  lui  donna  depuis  celui  d'HÔTEL  de  Montpensier,  parce  que  Henriette-Catherine, 
comtesse  du  Bouchage,  fille  de  Henri  de  Joyeuse,  y  demeurait  après  son  mariage 
avec  Henri  de  Bourbon,  duc  de  Montpensier,  qu'elle  perdit  en  1608.  Remariée  en 
1 61 1  à  Charles  de  Lorraine,  duc  de  Guise,  fils  de  celui  qui  avait  été  tué  à  Blois, 
elle  abandonna  l'hôtel,  le  20  janvier  1616,  moyennant  90,000  écus,  à  Pierre  de 
Bérulle,  lequel  y  établit  la  communauté  de  l'Oratoire.  (Voir  Rue  Saint-Honoré.) 

Maison  du  Pot-d'Étain  (i53o-i62&).  Elle  semble  avoir  été  comprise  dans  la 
maison  suivante  vers  1  Ago ,  et  toutes  deux  ont  dépendu  de  l'hôtel  de  Montpensier. 

Maison  «r  du  Lïon-d'Or  *  (1 48 9-1603).  Cette  maison  et  les  trois  précédentes  abou- 
tissaient aux  dépendances  de  l'hôtel  Saint-Pol. 

(,)  Arch.  de  l'Emp.  reg.  MM  6a3.  —  m  C'est  à  l'hôtel  du  Bouchage  que  Jean  Châtel  tenta  de  tuer 
Henri  IV,  le  27  décembre  i5o,4. 


30  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Maison  sans  désignation  (1689),  qui  faisait  anciennement  hache  derrière  les 
deux  suivantes,  et  se  composait  de  deux  parties  vers  1620. 

Maison  sans  désignation  en  1/189,  e*  ^  lacluelle  on  nen  trouve  pas  depuis.  Elle 
appartenait  aux  Mathurins  en  1626. 

Maison  sans  désignation  en  1/189,  puis  des  Deux-Boules  (1619).  Elle  appar- 
tenait au  vicomte  d'Orbec  en  i56/i,  et  fut  achetée  par  les  pères  de  l'Oratoire 
le  19  juillet  1619. 

Maison  des  Trois-Poissons  (1/189-15/10),  aboutissant  aux  vieux  murs  de  la 
ville,  et  ayant  dépendu  de  l'hôtel  du  Bouchage. 

Maison  sans  désignation  en  1Û89,  qui  appartint  à  une  famille  du  nom  de  Ba- 
taille, et  fut  dite  en  conséquence  «hostel  de  la  Bastaillea  vers  i53o.  En  i56/i, 
elle  était  possédée  par  la  duchesse  de  Valentinois;  au  lieu  d'aboutir,  comme  en 
i53o,  aux  murs  de  la  ville,  elle  s'étendait  alors  jusqu'à  la  rue  d'Autriche,  par 
suite  de  sa  réunion  à  l'hôtel  d'Etampes.  (Voir  Bue  d'Autriche.) 

Maison  sans  désignation  en  1/189,  Pu^s  ffDU  Vanu  (vent)  en  i53o,  et  ayant  eu 
pour  enseigne  les  Masures,  en  i6o3  et  162/1.  Elle  était  contiguë  à  la  maison  fai- 
sant le  coin  de  la  rue  de  Beau  vais,  aboutissait  aux  murs  de  la  ville,  et  paraît  avoir 
dépendu  de  l'hôtel  de  la  Bataille  vers  157  5. 

La  rue  du  Coq  a  renfermé,  en  i38i,  une  maison  du  Dauphin,  puis,  en  1670, 
deux  maisons  contiguës,  celle  de  la  Couronne-d'Epines  et  du  Cheval-Blanc,  et,  en 
1 632 ,  une  maison  de  l'Hermitage  ,  dont  nous  n'avons  pu  déterminer  l'emplacement. 


RUE  DU  DOYENNE. 

(Voir  Rue  des  Orties,  p.  83.) 


QUAI  DE  L'ÉCOLE. 

Le  quai  de  l'Ecole  commençait  à  la  hauteur  du  Pont-Neuf  et  finissait  en  face 
de  la  rue  d'Autriche. 

On  sait  qu'il  existait  à  Paris,  depuis  la  plus  haute  antiquité,  un  commerce  par 
eau  fort  actif.  Il  y  a  donc  lieu  de  supposer  que  les  mariniers  parisiens,  incapables 
de  remonter  le  courant  à  la  voile  en  toute  saison,  ont  dû,  à  une  époque  recu- 
lée, établir  le  long  du  fleuve  des  chemins  servant  au  halage.  Dans  un  accord  passé 
au  mois  de  décembre  1222,  entre  le  Boi  et  l'Évêque ,  il  est  parlé  de  la  route  royale 
du  bord  de  l'eau,  depuis  les  environs  du  Louvre  jusqu'à  la  hauteur  de  Chaillot, 


QUAI  DE  L'ÉCOLE.  31 

et  il  est  indiqua  que  cette  route  était  large  de  dix-huits  pieds  àpità  main W.  «Via- 
aria  que  est  in  terra  Episcopi,  a  domo  quam  Henricus,  Remensis  archiepiscopus , 
<r  aedificavit  apud  Luparam  usque  ad  poncellum  de  Chailloelo,  scilicet  in  strata 
a  regali  que  est  decem  et  octo  pedum  ad  pedem  manum  W.  n 

Dans  la  région  que  nous  décrivons,  le  chemin  du  bord  septentrional  de  la  ri- 
vière, lequel  était  le  chemin  de  Saint-Cloud,  a  été  divisé  en  trois  tronçons,  l'un 
formant  le  quai  de  l'Ecole,  l'autre  qui  s'étendait  du  Louvre  aux  Tuileries,  et  le 
troisième  conduisant  des  Tuileries  vers  Chaillot.  Nous  nous  occuperons  d'abord 
du  premier;  l'occasion  de  parler  des  deux  autres  s'offrira  plus  loin. 

C'est  à  l'école  dépendant  de  l'église  Saint-Germain-l'Auxerrois  que  le  quai  a 
emprunté  sa  dénomination;  nous  l'avons  trouvé  désigné  par  les  formules  :  Vicus 
per  quem  itur  a  scola  Sancti-Gennani  ad  portam  de  Lupera,  en  1271.  —  Magnus  vicus 
Scole  Sancti-Germani,  en  1290.  —  Vicus  qui  dicitur  Scola  Sancti-Germani,  en  1298 
et  1 3o2 .  —  Sus  la  rivière,  si  comme  l'en  va  au  Louvre,  en  i  3 08.  —  Cay  du  cloistre 
Saint-Germain,  en  1 356.  —  Les  caiz  de  la  rivière,  lez  la  porte  du  Louvre,  en  1389. 

—  Chemin  de  dessuz  la  rivière,  par  lequel  l'en  va  droit  au  chastel  du  Louvre,  en  1395. 

—  A  l'Escolle  Saint-Germain,  en  1^09.  —  Quai/  de  l'Escolle  Saint-Germain,  devant 
les  Buttes,  et  quay  des  Buttes®  de  l'Escolle  Saint-Germain,  en  i  558.  La  partie  com- 
prise entre  la  rue  des  Poulies  et  l'emplacement  du  vieux  Louvre  était  appelée  le 
quai  Bourbon  au  xvnic  siècle,  parce  qu'elle  était  située  devant  les  restes  de  l'hôtel 
de  Bourbon. 

Le  quai  de  l'Ecole,  probablement  revêtu  en  maçonnerie  dès  la  fin  du  xive  siècle, 
était  certainement  muni,  dès  le  milieu  du  xve,  d'un  mur  de  soutènement  qui  se 
terminait  alors  à  la  grosse  Tour  du  Coin,  laquelle  constituait  une  extrémité  de 
l'enceinte  de  Philippe-Auguste.  Sous  François  Ier,  il  subit,  aux  environs  de  cette 
tour,  une  modification  que  nous  expliquerons  ailleurs  <4).  H  a  été  entièrement 
refait  et  élargi  par  lettres  patentes  du  2  5  mars  1719.  On  l'a  reconstruit  de  nos 
jours. 

A  l'extrémité  de  chacune  des  rues  d'Autriche  et  des  Poulies,  il  y  avait  une  des- 


|1)  Le  sens  de  cette  expression  est  fort  obscur; 
elle  pourrait  signifier  un  pied  non  rigoureusement 
mesuré ,  mais  simplement  approximatif,  tel  qu'on 
l'obtient  en  étendant  les  mains  après  avoir  joint  les 
pouces,  ou  par  quelque  autre  procédé  analogue. 
(Voir  le  texte  cité  par  M.  Léopold  Delisle  dans  ses 
Études  sur  la  condition  des  classes  agricoles  en  Nor- 
mandie, une  des  œuvres  les  plus  intéressantes  de 
l'érudition  moderne.  ) 

m  Trésor  des  Chartes,  reg.  JJ  978,  et  Cart.  de 
N.D.t.1,  p.  ia4. 


<3)  Ces  buttes,  servaient  apparemment  au  tir  des 
arquebusiers,  comme  celles  du  fossé  voisin  de  la 
Tour  de  Nesle.  On  lit  dans  les  registres  de  la  Ville 
que,  le  i5  avril  1567,  le  Prévôt  des  marchands  et 
les  Echevins  demandèrent  au  maréchal  de  Montmo- 
rency la  permission ,  pour  les  archers  et  les  arque- 
busiers, "de  tirer  de  leurs  pistolles  et  harquebuzes 
<rau  quay,  1  comme  ils  avaient  ffacoustumé  faire,  le 
tr  premier  jour  du  moys  de  may  prochain.»  (Arch. 
de  l'Emp.  reg.  H  1784,  fol.  370  r°.) 

m  Voir  p.  176. 


32  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

cente  ou  abreuvoir  que  la  voie  du  quai  franchissait  au  moyen  d'une  arcade. 
La  première  descente,  située  dans  l'axe  même  de  la  rue  des  Poulies,  s'appelait 
l'abreuvoir  des  Fossés-Saint-Germain,  en  1 385 ,  et,  à  cause  de  sa  proximité  de 
l'hôtel  de  Bourbon,  l' Arche-de-Bourbon,  en  i5o6,  i6o3,  etc.  La  seconde,  située 
un  peu  avant  la  rue  d'Autriche,  était  sans  doute  d'une  origine  moins  ancienne, 
mais  elle  existait  déjà  au  milieu  du  xve  siècle,  car  elle  est  représentée  sur  le  retable 
du  Palais  de  justice;  on  la  nommait  l'Arche-d'Aultruche  (1 586 ,  i6o4,  etc.),  la 
descente  de  l'Abrevoir  (160Ù)  ou  simplement  l'Abreuvoir  du  Louvre  (i6o5),  et  la  des- 
cente du  port  au  Foing  (î 6i 5).  Lors  du  redressement  du  quai,  en  1719,  les  deux 
abreuvoirs  ont  disparu  ainsi  que  le  petit  escalier  en  pierre  placé  entre  l'un  et 
l'autre,  lequel  figure  sur  le  retable  du  Palais  de  justice,  sur  le  tableau  de  Saint- 
Germain-des-Prés  et  sur  divers  plans.  Cet  escalier  semble  avoir  été  ce  qu'on 
appelait  la  descente  du  Passeur,  en  1602  W. 

Par  lettres  patentes  du  2  3  septembre  i5oi(2),  le  Roi  fit  établir  un  bac  devant 
l'hôtel  de  Bourbon ,  pour  faciliter  aux  charrettes  le  passage  de  la  rivière ,  après  la 
chute  du  pont  Notre-Dame.  On  peut  croire  que  ce  bac  n'eut  qu'une  existence  pro- 
visoire, puisque,  s'il  n'avait  pas  été  supprimé,  Henri  II  n'aurait  point  eu  à  ordon- 
ner, le  9  septembre  i55o,  qu'on  en  disposât  un  au  même  endroit,  pour  tenir 
lieu  du  pont  que  les  habitants  l'avaient  prié  de  faire  bâtir.  Au  reste,  l'ordon- 
nance de  Henri  II  ne  fut  point  exécutée  sur-le-champ,  et,  le  5  décembre  i55i,  le 
Corps  de  Ville  s'étant  réuni  pour  délibérer  sur  le  projet  présenté  au  Roi  par 
Gilles  des  Froissiz,  à  l'effet  d'établir  le  bac  en  attachant  le  câble  à  la  Tour  de  Nesle 
et  à  une  des  tours  du  Louvre,  l'assemblée  objecta  que  la  concession  du  bac  avait 
déjà  été  faite  à  la  Ville  par  le  Roi  lui-même,  et  qu'elle  se  chargerait  d'y  pourvoir 
lorsqu'elle  en  aurait  la  commodité.  H  est  question  des  ctmaistres  passeurs  d'eaue 
«devant  l'hostel  de  Bourbon  a  dans  une  ordonnance  de  1 576 ,  et  de  la  acommu- 
ff  naulté  des  passeurs  d'eaue  du  port  du  Louvre  n  dans  un  autre  document  de  1571. 
Jusqu'à  la  construction  du  pont  des  Arts,  en  1802,  un  service  de  bateaux  s'est 
maintenu  entre  le  faubourg  Saint-Germain  et  le  quai  du  Louvre. 

Au  devant  de  l'hôtel  de  Bourbon  et  du  Louvre ,  il  y  avait  un  port  qui  a  été 
appelé  le  port  de  Bourbon,  en  1 56A ,  «le  port  de  l'Arche-de-l'Ault bruche,  v  en  1  586 , 


!1>  On  exécuta  à  l'arche  d'Autriche,  en  1606, 
des  travaux  de  pavage,  et,  le  k  mai  1602 ,  on  pré- 
senta à  la  Ville  un  devis  prescrivant  de  »  démolir 
de  mur  d'appui,  marches  et  descente  dicte  du 
«•Passeur,  pour  être  refaicte  de  neuf  et  pareille 
*  structure,  »  Le  devis  comprenait  la  reconstruction 
du  mur  d'appui  de  l'arche  de  Bourbon.  La  descente 
du  Passeur  devait  être  l'escalier  placé  entre  les  deux 


abreuvoirs,  puisque  ces  deux   abreuvoirs  étaienl 
dépourvus  de  marches. 

m  Le  bac  semble  être  plus  ancien,  car  un  bail  en 
fut  fait,  h  charge  d'entretien,  le  1"  juillet  de  la  même 
année.  Le  tarif  agréé  était  de  8  deniers  parisis  par 
chariot  et  3  deniers  par  charrette ,  avec  retour  gra- 
tuit pour  les  voitures  qui  avaient  passé  chargées.  Les 
hommes  et  les  chevaux  payaient  2  deniers  chacun. 


TOPOGRAPHIE     HISTORIQVE    DV    VIEVX    PARIS. 


r 


Hè'.tl  de  Bourbon 


Qui 


de 


I  ■  Ecol  e 


h-— H 1 1 1 1- 


VVE    DE    L'ARCHE     D'AVTFUCHE. 


s  et   D  u  ro  n  d 


PIAN     DES     RESTES     DE     L'HOTEL     DE    BOVRBON  , 
fin  du   XVII*  Siicle. 


QUAI  DE  L'ECOLE.  33 

et  le  port  aux  Passeurs,  devant  l'hôtel  de  Bourbon,  en  1616.  Un  port  du  Louvre  est 
mentionné  dans  le  censier  du  Parloir  aux  Bourgeois  pour  Tan  1292. 

Le  quai  de  l'Ecole  n'était  bordé  de  maisons  que  du  côté  septentrional;  on 
n'y  voyait,  entre  les  rues  des  Poulies  et  d'Autriche,  qu'un  seul  édifice,  l'hôtel  de 
Bourbon,  qui  était  en  la  paroisse  de  Saint-Germain-l'Auxerrois,  en  la  haute  jus- 
tice de  l'Évêché,  et  partie  en  censive  de  Saint-Denis  de  la  Chartre,  partie  en  cen- 
sive  de  Saint-Germain-l'Auxerrois. 

HÔTEL  DE  BOURBON.  Jaiilot  a  prétendu  que  l'origine  de  l'hôtel  de  Bourbon 
remontait  presque  à  Philippe-Auguste;  c'est  faire  erreur  d'un  siècle  :  les  rensei- 
gnements suivants,  puisés  dans  les  archives  du  Bourbonnais W,  ne  laissent  aucun 
doute  à  cet  égard. 

Les  sires  de  Bourbon  ne  possédaient  rien  dans  le  voisinage  du  Louvre,  lorsque, 
le  jeudi  avant  la  Saint-Laurent,  l'an  i3o3,  Louis,  fds  aîné  du  comte  de  Cler- 
mont,  acheta,  pour  1600  livres  parisis,  une  maison  qui  avait  été  à  Oudart  de  Neuf- 
ville,  et  que  l'acte  de  vente  énonce  :  tr Séant  à  Paris,  ou  fossé  Saint-Germain- 

<r  l'Aucerrois en  la  censive  du  chapitre  de  l'église  de  Saint-Germain  dessus 

et  dit;  tenant  d'une  part  à  la  meson  du  Noier,  qui  est  au  prieur  de  la  Charité-sur- 
<*Laire  (sic),  et,  de  l'autre  part,  à  la  meson  qui  fu  Bobert  Evrout''2);  abboutissant 
<rpar  derrières  au  manoir  dudit  Bobert.  i>  Cette  première  acquisition  fut  suivie 
de  celle  de  la  maison  d'Evrout,  qui  fut  vendue  en  trois  fois;  savoir  :  i°  un  quart 
à  une  époque  inconnue;  20  un  second  quart  le  samedi  avant  la  mi-carême  i3o8, 
par  Gérard  dit  Larde,  et  Jehanne  Gudinne,  qui  l'avait  eu  par  héritage  de  Marie, 
femme  de  Bobert  Evrout,  lequel  était  bourgeois  de  Paris,  mais  habitait  Com- 

piègne.  Ce  second  quart  est  dit  :  *  Séant sus  la  rivière,  si  comme  l'en  va 

<t  au  Louvre tenant  d'une  part  à  la  meson  Vivien  le  Portier,  et  d'autre  part 

ta  Pierre  le  Boursier  (qui  possédait  le  reste),  et,  par  les  derrières,  au  manoir 
fr  monseigneur  Enguerran  de  Marigny  (hôtel  d'Alençon).n  H  était  de  la  censi\e 
de  Saint-Denis  de  la  Chartre,  et  par  conséquent  compris  dans  une  zone  de  vingt- 
cinq  toises  de  large  à  partir  de  la  rue  d'Autriche;  il  renfermait  en  outre  rr  la  quarte 
t  partie  de  onze  hostises  séanz  en  la  rue  d'OstericheT»  et  la  moitié  d'une  maison 
que  l'on  disait  «A  la  Cage,  séant  en  Hosteriche,  tenant  à  la  meson  Jehan  du  Droiz, 
tr  d'une  part,  et,  d'autre  part,  à  la  meson  Homart  de  la  Marche.  i>  Le  tout  fut 
vendu  au  prix  de  3so  livres  de  «bons  parisis.-»  La  troisième  et  dernière  partie  de 
la  propriété  d'Evrout,  dont  elle  formait  la  moitié,  et  qui  était  aussi  en  censive  de 
Saint-Denis  de  la  Chartre,  fut  vendue  900  livres  le  vendredi  avant  les  Brandons 
i3i2,  par  ce  Pierre  le  Boursier  dont  il  est  question  plus  haut  et  Perrenelle  la 

(l)  Arch.  de  l'Emp.  P.  11 63  et  P  1369,  cotes  Taille  de  1299,  comme  payant  i4  livres.  Dans  ce- 

1  i4g  à  1 17a  et  1793  à  i855.  lui  de  1996,  il  est  question  d'un  tr  Raoul  Evroust. 

m  Robert  Evrout  est  indique1,  sur  le  Rôle  de  la  -rvendéeurde  merrien,*  demeurant  r^en  Osteriche.i 

1.  5 


34  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Ramonnière.  Le  lot  est  énoncé  dans  l'acte  de  vente  et  moitié  d'une  grande  meson  .  .  . 

«qui  fu  feu  Robert  Evrout sus  la  rivière  de  Sainne,  près  de  la  porte  du 

a  Louvre tenant  à  la  meson  Jehan  Gudin  d'une  part,  et  d'autre  part  à  l'autre 

«moitié  de  ladite  meson,  que  noble  homme  et  puissant  monseigneur  Loys  de  Cler- 
<rmont,  chamberier  de  France,  sire  de  Rourbonnois,  ainzné  filz  du  conte  de  Cler- 

ctrnont,  tient  à  présent de  rechef  plusieurs  mesons  ou  estages  assis  en  la 

crue  de  Hosteriche,  ou  renc  pardevers  ladite  grant  meson,  tenant  à  icelle  grant 
«f  meson,  et  à  la  court  d'icelle,  en  la  censive  dessus  dite.  De  rechef  la  moitié  d'une 
rr petite  meson  assise  en  ladite  rue,  à  l'opposite  des  antiens  mesons  (de  l'autre  côté 
«  de  la  rue)  et  estages  dessus  diz ,  tenant  à  la  meson  Jehan  du  Pont,  -n 

On  peut,  au  moyen  des  textes  qui  précèdent,  se  faire  une  idée  assez  nette  de 
ce  que  devait  être  l'hôtel  de  Louis  de  Bourbon.  La  forme,  en  plan,  se  rappro- 
chait de  celle  d'une  croix  irrégulière,  dont  trois  branches  aboutissaient  sur  les 
voies  publiques  (quai,  rues  des  Poulies  et  d'Autriche)  qui  circonscrivaient  l'îlot; 
la  quatrième  aboutissait  à  l'hôtel  de  Marigny.  On  ne  voit  point  que  cette  bizarre 
disposition  ait  été  sensiblement  modifiée  avant  la  fin  du  xive  siècle.  A  cette  époque, 
l'hôtel  fut  rebâti  après  avoir  été  considérablement  augmenté  au  moyen  de  nom- 
breuses acquisitions,  qui,  malgré  ce  qu'on  en  a  écrit,  n'entamèrent  en  rien  l'hôtel 
d'Alençon.  Elles  consistèrent  seulement  dans  une  série  de  maisons  que  nous 
allons  indiquer  en  suivant,  autant  que  possible,  l'ordre  topographique,  assez  con- 
fus, qui  résulte  des  titres. 

Sur  la  rue  des  Poulies  :  la  Maison  du  Noyer,  qui  appartenait  au  Prieur  de  la 
Charité-sur-Loire,  et  était  contiguë  à  cette  première  maison  achetée  en  i3o3; 
elle  fut  obtenue,  le  i 3  février  i 385 ,  en  échange  de  deux  autres  situées  à  la 
porte  Bordelle,  et  faisait  hache  derrière  les  deux  suivantes;  la  Maison  du  Noyer, 
autrement  aaus  Nois,n  avait  été  amortie  au  prieur  de  la  Charité,  en  1290.  Elle 
tenait  alors  aux  hoirs  Jean  Evroult;  —  la  Maison  de  l'Image  Notre-Dame,  contiguë 
à  la  précédente,  acquise,  pour  200  francs,  le  26  mars  i384,  de  Pierre  de  Beau- 
vais,  dit  du  Noyer;  —  autre  Maison  contiguë,  qui  paraît  se  confondre  avec  un 
logis  dont  la  moitié  fut  achetée  le  29  mai  1389;  —  la  Maison  des  «Cauches, 
«  Coches,  Coichesd  ou  «Coqueletz,ti  contiguë,  achetée  900  francs  de  Robert  Ridel, 
le  16  septembre  i388. 

Sur  le  quai  :  Maison  contiguë  à  une  maison  vide  faisant  le  coin  du  quai ,  achetée 
le  8  mai  1 353  ;  —  la  Maison  de  l'Image  Sainte-Catherine,  achetée  le  29  juin  1 3 9 5, 
pour  koo  écus  à  la  couronne;  —  la  Maison  de  la  Rarbe-d'Or,  contiguë,  achetée 
avec  la  suivante  pour  la  somme  de  1000  francs,  le  16  février  1389.  —  Le  26  mai 
1 385 ,  il  avait  déjà  été  fait  acquisition  d'une  place  de  quatre  toises  deux  pieds  de 
long,  sur  deux  toises  deux  pieds  de  large,  située  derrière  la  maison  de  la  Rarbe- 
d'Or;  sur  cette  place,  en  1399,  se  trouvait  la  cuisine  de  l'hôtel  de  Rourbon; 


QUAI  DE  L'ÉCOLE.  35 

—  la  Maison  du  Plat-d'Etain,  contiguë,  et  appartenant  à  Robert  Roussel;  —  la 
Maison  de  l'Écu-de-France,  contiguë,  achetée  le  10  avril  i388.  —  Le  26  mai  1 3 6 5 
il  avait  aussi  été  fait  acquisition  d'une  place  située  derrière  cette  maison,  et  qui 
tenait  à  la  partie  postérieure  de  l'hôtel  du  Noyer;  il  s'y  trouvait  alors  des  étables, 
et  elle  mesurait  quatre  toises  deux  pieds  de  long,  sur  quatre  toises  quatre  pieds 
de  large.  La  maison  de  l'Ecu-de-France  et  toutes  celles  qui  précèdent  étaient 
de  la  censive  du  chapitre  Saint-Germain-l'Auxerrois;  toutes  celles  qui  suivent 
étaient  de  la  censive  du  prieuré  Saint-Denis  de  la  Chartre;  —  la  Maison  de 
l'Ecu-de-Rretagne,  achetée  200  francs  le  19  décembre  i385;  —  la  Maison  du 
Fer-À-Moulin,  contiguë,  achetée  le  2  3  mai  i386  ("?);  —  autre  Maison  contiguë, 
acquise  le  3i  décembre  i385;  —  deux  autres  Maisons  contiguës,  propriétés,  l'une 
de  Jean  Monet,  l'autre  de  Jean  Chaut;  —  autre  Maison  contiguë,  achetée  le  10  dé- 
cembre i395;  elle  avait,  hors  œuvre,  neuf  toises  de  profondeur,  seize  pieds  de 
largeur  au  bout  vers  l'hôtel  de  Rourbon,  et  quinze  et  demi  seulement  sur  le  quai; 

—  deux  Places  vides,  contiguës,  ayant  appartenu  à  Simon  Vergal;  la  seconde, 
où  avait  existé  une  maison  appartenant  à  Jean  de  La  Haute-Maison,  faisait  le  coin 
oriental  du  quai  et  de  la  rue  d'Autriche;  —  Maison  dite  de  la  Nasse,  sise  rue  d'Au- 
triche, et  à  laquelle  aboutissaient  les  places  précédentes;  —  une  Maison  appar- 
tenant à  Thomas  du  Moret;  —  Maison  contiguë,  achetée  le  22  novembre  1 38g. 

Nous  avons  encore  rencontré  la  mention  de  quelques  autres  propriétés,  mais  en 
termes  trop  vagues  pour  que  nous  puissions  mettre  le  renseignement  à  profit.  Il  est 
sur  toutefois  que  le  nombre  total  des  maisons  acquises  depuis  le  commencement 
du  siècle  n'excéda  point  une  trentaine;  par  conséquent,  il  est  entièrement  invrai- 
semblable que  le  duc  de  Rourbon  ait  eu  affaire  à  trois  cents  vendeurs,  comme  on 
le  lit  dans  l'ouvrage  de  Sauvai,  lequel  cite,  parmi  les  maisons  achetées,  celle  du 
maréchal  Mathieu  de  Trie(1),  dont  il  ne  nous  est  parvenu  aucune  indication,  et 
celle  du  comte  d'Etampes,  qui  ne  possédait  réellement,  dans  cette  région,  que  les 
propriétés  rapprochées  de  la  rue  Saint-Honoré  et  dont  il  sera  parlé  plus  loin.  En 
fait  de  demeures  seigneuriales,  nous  avons  simplement  vu  qu'en  1 355  le  seigneur 
d'Attichi  avait,  sur  le  quai,  une  maison  qui  tenait  à  une  autre  contiguë  à  celle  de 
Michel  Le  Normand;  cette  dernière  était  attenante  à  une  quatrième  touchant  à  la 
«  maison  vuide  i>  faisant  le  coin  de  la  rue  du  Noyer  ou  des  Poulies.  Les  unes  et  les 
autres  ont  été  certainement  absorbées  dans  l'hôtel  de  Rourbon. 

La  reconstruction  de  l'hôtel  de  Rourbon  ne  semble  pas  avoir  eu  lieu  avant  1 390, 
car  c'est  le  2  3  avril  de  cette  année  qu'en  fut  donné  l'alignement  sur  le  quai(2l  Cet 
alignement  ne  suivit  pas  les  anciens  vestiges;  mais,  l'encoignure  de  la  rue  des 

(1)  Sauvai  dit  que  Mathieu  de  Trie  et  sa  femme        bon,  qui  la  réunit  à  son  hôtel.  Elle  était  située  entre 
Jeanne  Daresne  la  vendirent  le  7  mai  i3oo  (ou  plu-        cet  hôtel  et  celui  d'Alençon.  (Voirp.  87.) 
tôt  i3ao),  moyennant  5oo  livres,  à  Louis  de  Bour-  (,)  Arch.  de  l'Emp.  cart.  S.  63. 


36  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Poulies  étant  conservée,  il  déplaça  de  quinze  pieds,  vers  le  midi,  l'angle  de  la  rue 
d'Autriche,  en  empiétant  sur  la  chaussée  du  quai,  ce  qui  valut  à  l'Evêque  de  Paris 
une  indemnité  de  1  oo  livres.  L'alignement  sur  la  rue  des  Poulies  fut  donné  assez 
longtemps  après,  le  1er  mai  1897,  et  la  prise  de  terrain  qui  en  résulta  fut  évaluée 
à  60  livres.  A  cette  époque,  l'hôtel  de  Bourhon  devait  être  en  grande  partie  re- 
hâti,  puisqu'il  est  appelé  «le grand  hostel  neuf-n  dans  une  charte  de  1896.  Au  mois 
de  février  1897,  le  Roi  permit  d'y  conduire  et  le  gros  d'un  poys  de  l'eaue  des  fon- 
crtainesn  qui  venaient  au  château  du  Louvre. 

En  i  k  1 8 ,  au  moment  où  les  Bourguignons  chassèrent  de  Paris  les  Armagnacs, 
l'hôtel  de  Bourbon  fut  pillé,  et  le  Duc  ayant  cessé  pendant  plusieurs  années  de 
payer  les  cens  dus  au  chapitre  de  Saint-Germain-l'Auxerrois,  celui-ci,  en  vertu 
du  Privilège  aux  Bourgeois,  obtint,  le  h  novembre  162 5,  que  l'hôtel  lui  fût 
adjugé.  Cette  circonstance  décida  le  Duc  à  en  faire  don,  le  20  décembre  1626, 
au  duc  de  Bedford,  régent  du  royaume,  à  la  charge  d'acquitter  les  redevances 
arriérées.  Dans  la  suite,  les  Anglais  ayant  été  expulsés  de  la  capitale,  le  duc  de 
Bourbon  rentra  en  possession  de  son  manoir,  et  deux  transactions  eurent  lieu  en 
\l\ 68  et  i4&9,  entre  lui  et  le  Chapitre,  pour  l'amortissement  définitif  des  sommes 
qui  restaient  à  payer. 

L'arrêt  de  confiscation  rendu,  le  27  juillet  1627,  contre  le  connétable  de  Bour- 
bon ,  fut  le  commencement  de  la  ruine  de  l'hôtel.  On  le  démolit  en  partie  ;  on  dérasa , 
par  exemple,  la  petite  tourelle  en  encorbellement  du  coin  de  la  rue  des  Poulies; 
on  brisa  les  écussons,  on  macula  les  portes  de  cette  couleur  jaune  que  le  bourreau 
appliquait  aux  maisons  des  coupables  de  haute  trahison  W.  De  nouvelles  mutila- 
tions s'effectuèrent  à  la  fin  du  xvie  siècle,  lorsqu'on  perça,  à  travers  les  dépen- 
dances, une  rue  allant  au  Louvre;  mais  on  respecta  la  chapelle  et  la  grande  salle, 
où  se  tinrent  les  États  généraux  en  1 6 1  k ,  et  qui  servit  de  théâtre  pour  la  cour,  sous 
Louis  XIII  et  Louis  XIV.  L'hôtel  avait  été  acheté,  dit-on,  5oo,ooo  livres,  par 
Marie  de  Médicis;  nous  ignorons  le  nom  du  vendeur  et  la  date  de  la  vente.  Vers 
166/i,  on  fut  obligé,  pour  élever  l'aile  orientale  du  Louvre  moderne,  de  dé- 
truire la  plus  grande  partie  du  Petit-Bourbon  <2),  ainsi  qu'on  disait  alors;  la 
chapelle  particulièrement  disparut.  Ce  qui  restait  fut  divisé  en  deux  parties;  on 
établit,  vers  le  nord,  les  écuries  de  la  Reine,  et,  vers  le  midi,  le  garde-meuble 
de  la  couronne,  à  l'usage  duquel  on  fit  servir  plusieurs  des  anciens  bâtiments. 
Enfin  le  tout  fut  rasé  en  vertu  des  lettres  patentes  du  mois  de  décembre  1768, 
relatives  au  dégagement  des  abords  du  Louvre.  Le  commencement  de  la  démolition 
précéda  même  la  publication  des  lettres,  car  elle  fut  entamée  le  20  septembre. 

(l)  François  I"  y  logea,  assure-t-on,  son  premier  m  Dès  1667  on  se  proposait  d'abattre  l'édifice 

écuyer;  mais  il  doit  y  avoir  là  une  confusion  avec        pour  y  faire  un  manège,  et  disposer  une  avant- 
l'hôtel  Bourbon  du  quartier  Saint-Antoine.  cour  au-devant  du  Louvre. 


QUAI  DE  L'ÉCOLE.  37 

suivant  un  passage  du  Journal  de  Barbier.  Le  terrain  est  resté  vague  ensuite  et  a 
été  clos,  jusqu'à  ces  dernières  années,  d'une  grossière  palissade.  Aujourd'hui  c'est 
un  jardin  dépendant  du  Louvre,  et  fermé  par  une  grille  en  fer  doré. 

L'hôtel  de  Bourbon  devait  être  un  des  plus  magnifiques  du  vieux  Paris.  On 
n'en  connaît  point  de  plan  complet;  mais  nous  avons  découvert  deux  plans  partiels, 
fort  bien  faits,  et  reproduisant  ce  qui  fut  conservé  des  anciens  bâtiments  après  la 
démolition  de  1 664.  H  en  existe,  d'ailleurs,  plusieurs  vues  qui  concordent  entre 
elles  et  avec  les  plans.  La  meilleure  de  ces  vues  est  celle  qu'offre  le  tableau 
de  Saint-Germain-des-Prés,  exécuté  avant  le  saccagement  de  1527,  et  que  nous 
reproduisons.  La  façade  sur  la  rivière  était  formée  d'abord  par  un  corps  d'hôtel 
de  neuf  toises  de  largeur,  qui  faisait  le  coin  de  la  rue  des  Poulies,  était  muni 
d'une  petite  tourelle  en  saillie  sur  l'encoignure,  et  couvert  d'un  toit  en  pavillon, 
surmonté  de  lucarnes.  Venait  ensuite  un  édifice  rectangulaire  de  dix-sept  toises  de 
longueur  sur  cinq  toises  de  largeur,  dirigé  perpendiculairement  au  quai,  sur  le- 
quel il  faisait  front.  C'était  le  principal  corps  d'hôtel  ;  il  s'ouvrait  sur  la  cour,  vers 
le  Louvre,  par  une  suite  d'arcades,  et  il  était,  en  dernier  lieu,  divisé  intérieu- 
rement par  deux  rangs  de  piliers  en  bois.  On  remarquait  au-dessus  du  pignon  une 
sorte  de  balcon  fermé,  dans  le  genre  de  ceux  que  les  Anglais  nomment  orieh; 
le  petit  toit  en  était  revêtu  de  plomb  et  couronné  des  armes  de  Bourbon  W.  La 
balustrade  du  balcon,  découpée  à  jour,  avait  pour  motif  un  agencement  de  fleurs 
de  lis  et  de  lettres  capitales  dont  la  réunion  formait  le  mot  Espérance  (devise  de 
l'ordre  du  Chardon,  fondé  par  le  duc  d'Orléans).  Ces  fleurs  ainsi  que  ces  lettres 
étaient  a  enchâssées  dans  des  bâtons  recroisés  ou  lozangés  à  double  orle,  ouvertes, 
cet  alternativement  entières  et  à  demi  ®.  n  Attenant  au  corps  de  logis  dont  nous 
parlons,  s'étendait  ensuite,  jusqu'à  la  rue  d'Autriche,  un  bâtiment  large  de  quatre 
toises  environ,  dont  le  toit,  en  appentis,  était  décoré  de  lucarnes  à  jour.  Il  ren- 
fermait une  longue  galerie,  promenoir  ordinaire  des  ducs,  qui  était  embellie  de 
peintures  s  exquises  -n  et  resplendissante  de  dorures.  On  l'appelait,  pour  cette  rai- 
son ,  la  Galerie  dorée,  a  et  de  fait ,  dit  Sauvai ,  alors  il  n'y  en  avait  point  en  France  qui 
u  l'égalât  ni  en  grandeur,  ni  en  assiette.  t>  C'est  dans  le  bâtiment  de  la  galerie  et  vers 
son  dernier  tiers  qu'était  percée  la  grande  porte  de  l'hôtel  ;  elle  était  très  riche- 
ment décorée  et  couverte  de  dorures,  ce  qui  lui  avait  valu  le  nom  de  Porte  dorée.  Les 


(1)  «Ce  corridor  (l'oriel,)  est  couvert  de  plomb,  ftcoslé  droict  et  tymbrées  au  mézail  tarré  de  front, 

"sur  le  sommet  duquel  sont  eslevées  les  armes  de  rrainsi  qu'il  appartient  à  haut  et  puissant  seigneur,  « 

» Bourbon:  de  France,  sans  nombre,  au  baston  de  (André  Favyn,  Théâtre  d'honneur,  p.  781.) —  Au 

-gueules,  brochant  sur  le  tout,  comme  on  le  voit  xvm*  siècle  on  a  cru  à  tort  que  ce  balcon  était  celui 

"plus  clairement  aux  vitres  de  la  chapelle  deBour-  où  se  serait  placé  Charles  IX,  le  jour  de  la  Saint- 

*bon,   portées  et  soutenues  par  des  anges.  Ces  Barthélémy ,  pour  tirer  sur  les  protestants, 
'•armes,  sur  ledit  corridor,  sont  couchées  sur  le  m  Sauvai,  t.  II,  p.  210,  et  Favyn,  loco  cit. 


38  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

vantaux  en  étaient  ferrés  de  gros  clous  de  cuivre  doré.  En  haut  de  la  porte  et  dans 
toute  sa  largeur,  était  sculptée  «une  ceinture —  enlacée  en  rouleau,  bordée  de 
«chaque  côté  et  tout  du  long,  de  clous  dorés,  au  lieu  des  perles  qu'on  voyoit  à 
a  celle  des  chevaliers  ;  et  enfin  attachée  avec  un  ardillon  par  un  bout  et  par  l'autre 
«avec  une  boucle,  l'un  et  l'autre  émaillés  de  verd,  ébarbillonnés  et  déchiquetés 
«  comme  la  tête  d'un  chardon,  n  Au  milieu  de  chaque  vantail  apparaissait  de  même 
la  ceinture  de  l'ordre  du  Chardon,  avec  le  mot  Espérance,  et,  avant  que  le  bois 
des  panneaux  fût  rompu  comme  il  l'était  au  xvue  siècle,  il  devait  se  trouver  en 
bas  une  ceinture  sculptée,  faisant  pendant  à  celle  du  haut. 

Quant  à  la  disposition  des  bâtiments,  un  plan  manuscrit  du  xvie  siècle  (voir 
p.  1 35)  nous  en  donne,  seul,  un  aperçu,  malheureusement  peu  précis,  et  médiocre- 
ment éclairci  par  les  indications  que  nous  a  fournies  un  inventaire  fait  en  î  k^  W. 
Sauvai  mentionne  la  grande  salle,  dont  le  comble  était  assez  élevé  pour  paraître  de 
niveau  avec  celui  de  Saint-Germain-l'Auxerrois,  et  qui,  assure-t-il,  était  plus 
vaste  qu'aucune  autre  du  royaume ,  n'ayant  pas  moins  de  trente-cinq  toises  de  lon- 
gueur sur  dix-huit  pas  de  largeur.  L'une  de  ces  dimensions  pourrait  convenir  à  la 
galerie  du  quai ,  mais  l'autre  ne  saurait  s'y  appliquer,  et  les  plans  ne  laissent  pas 
voir  la  place  d'un  édifice  aussi  considérable,  en  dehors  de  ce  que  nous  con- 
naissons*'2). Pour  la  chapelle,  on  sait  qu'elle  était  orientée  et  voisine  de  l'hôtel 


(1)  Ces  indications  sont  les  suivantes  :  rr  Chambre 
rrde  l'Ermeurerie.  —  Chambre  haulte  du  paveilion 
ffd'emprès  l'orloge.  —  Chambre  dudict  paveilion. 
t —  Grand  chambre  apparez.  —  Petite  allée  juxle 
"la  galerie.  —  La  garde-robe  de  Madame.  —  La 
<t chambre  Madame,  joignant  la  chambre  Monsei- 
irgneur.  —  En  la  haulte  chapelle.  —  Chambre  joi- 
ffgnant  la  chambre  Monseigneur.  —  En  l'oratoire. 
" —  La  gallerie  sur  la  rivière. —  Chambre  du  bout 
rrde  ladite  gallerie.  —  Ou  (au)  relraict  de  ladite 
r chambre,  sept  panneaux  de  verre,  telz  quelz.  — 
frLa  grant  salle  dudit  hoslel  de  parement.  — 
rrL'eschansonnerie.  —  Grant  cuisine.  —  Au  garde- 
<rnianger.  —  Petite  chambre  sur  ladite  cuisine.  — 
rrEn  la  librairie.  —  En  la  chambre  basse,  plancher 
rrde  boys,  près  le  puys  des  estuves.  —  Dessus  le 
«  four  des  estuves ,  près  le  puys  fut  trouvé  une  chau- 
rdière ,  et  une  fontaine  à  biberon  de  cuivre.  —  Item , 
ren  la  chambre  d'auprès  les  estuves ,  furent  trouvés 
t  deux  pourtraicl  ures  de  morts  avecques  leurs  lances. 
rr —  Es  baignouères  dudit  hostel,  furent  trouvez 
r-grans  cuves  à  baigner,  de  bois  d'Irlande.  —  Es- 
rtuvesd'emprès  les  baignouères. —  Chambres  près 


rrla  gallerie,  près  le  préau.  —  Une  chambre  appel- 
rlée  la  chambre  Monseigneur  de  Lyon,  joignant  la 
«  grant  gallerie,  devers  le  Louvre.  —  Chambre  de 
tria  lapicerie.  —  Chambre  au  bout  d'icelle.  — 
rr  Chambre  du  portier.  —  Estable  du  four.  —  Chaîn- 
er bre  de  dessus  ledit  four.  —  Deux  estables  joingnant 
rrl'escuierie  (les  écuries  étaient  le  long  de  la  rue 
«d'Autriche).  —  Estable  joignant  icelle.  — Cham- 
rebre  de  la  penneterie,  près  la  grant  salle.  —  La 
«chambre  au-dessus  de  la  fruiterie.  —  La  haulte 
tf  chambre  joignant  la  chambre  Baudequin  (tendue 
rrde  la  riche  étoffe  appelée  baudequin).  —  Grant  cha- 
rr  pelle.  —  Oratoire.  —  Chambre  basse  du  concierge. 
rr —  Chambre  haulte  dudit  concierge.  —  Ou  haull 
tr paveilion.  —  Chambre  de  la  trésorerie.  »  —  On  lit 
dans  un  passage  de  l'inventaire  :  "hem,  en  la  plti- 
rrparl  dudit  hostel  n'y  a  nulles  fenestraiges  assis  en 
rrfenestres,  et  aussi  en  la  plus  part  où  il  y  a  fe- 
rrnestres  assis  en  chassiz,  tant  en  galleries  que  ail- 
rr leurs,  n'y  a  nulles  verrières."  Ainsi,  en  1/157,  les 
(races  du  pillage  de  1  h  1 8  n'étaient  point  effacées. 
m  Le  2  mai  1 5 1 5 ,  la  duchesse  de  Bourbon  donna 
à  louage  à  M"  Jehan  Legranl  :  r-La  grant  salle  basse 


RUE  FROMENTEAU.  39 

d'Alençon  ;  elle  avait  trente-deux  toises  de  longueur  et  huit  de  hauteur,  non  com- 
pris le  comble',  habilement  exécuté  et  dépourvu  d'entraits,  lequel  était  long  de 
neuf  toises  et  élevé  de  sept  et  demie  <1J.  H  formait  vraisemblablement  une  voûte 
ogivale  en  bardeaux,  figurant  une  sorte  de  carène  renversée.  Comme  dans  le  reste 
du  palais,  on  y  avait  prodigué  les  sculptures,  la  peinture  et  l'or,  ainsi  que  les 
écussons  aux  armes  de  Bourbon  et  les  emblèmes  de  l'ordre  du  Chardon.  Les  fe- 
nêtres, aux  splendides  vitraux  coloriés,  étaient  terminées  par  des  fleurs  de  lis*2), 
et,  auprès  de  l'autel,  se  trouvait  «un  oratoire  de  menuiserie  à  claire-voyen  avec 
quatre  panonceaux  :  le  premier  aux  armes  de  Charles  VI ,  le  second  aux  armes  du 
Dauphin,  le  troisième  aux  armes  de  Louis  II,  duc  de  Bourbon,  qui  fit  bâtir  l'édi- 
fice (3!,  et  le  quatrième  aux  armes  d'Anne,  dauphine  d'Auvergne,  sa  femme.  Le 
clocher  de  la  chapelle,  qui  s'élevait  beaucoup  au-dessus  du  toit,  était,  au  dire 
de  Favyn ,  «  enceint  et  entouré  d'un  cercle  de  plomb  doré ,  chargé ,  en  façon  de 
crchappeau  ducal,  de  fleurs  de  lyz  deschiquettées  en  teste  de  chardons.  •» 

La  superficie  totale  de  l'hôtel  de  Bourbon  était  d'environ  deux  mille  huit  cents 
toises. 


RUE  FROMENTEAU. 


La  rue  Fromenteau  commençait  à  la  rue  des  Orties  et  finissait  à  la  rue  Saint- 
Honoré. 

Pour  désigner  cette  rue,  en  1226,  on  disait  in  Fremantel^\  et,  en  1282,  in 
Frifjfido  Mantello  ;  nous  avons  lu  viens  qui  dicitur  de  Frigido  Mantello,  versus  Sanctum 
Honoraturn,  dans  une  charte  de  1 289  ;  puis,  dans  les  documents  postérieurs,  «rue 
«Froit-Mantel,  Froit-Mantyau,  Froid-Manteau,  Frémenteau,  v  et  enfin  Fromenteau  dès 
1  563.  Cette  dernière  orthographe  est  celle  qu'on  rencontre  le  plus  ordinairement 


-de  l'oslel  de  Bourbon,  à  Paris,  avec  la  galerie 
-basse  estant  au  bout  de  ladicte  salle,  auprès  de  la 
^chapelle  d'iceluy  hoslel,  qui,  est-il  ajouté  dans 
-l'acte,  a  servy  de  fourrière,  durant  que  madicte 
frDanie  a  este  dernièrement  par  deçà.»  Puisque  la 
galerie  basse ,  située  au  bout  de  la  grande  salle ,  se 
trouvait  près  de  la  chapelle  de  l'hôtel ,  il  est  certain 
que  la  grande  galerie  du  bord  de  l'eau  n'est  pas 
celle  qui  renfermait  la  grande  salle.  Cette  dernière 
devait  faire  partie  du  corps  d'hôtel  à  pignon  sur  le 
quai. 

W  Mss.de  Sauvai,  appartenant  à  M.  Le  Roux 
de  Lincy. 


(,)  Nous  interprétons  ce  passage  en  supposant 
que  les  frontons  couronnant  les  baies  avaient  un 
amortissement  en  forme  de  fleur  de  lis,  ou  que  le 
réseau  des  fenêtres  était  disposé  en  forme  de  fleur 
de  lis ,  ainsi  qu'on  en  voit ,  dans  l'église  Saint-Séverin , 
un  spécimen ,  d'ailleurs  plus  moderne  d'un  siècle  en- 
viron que  ne  devait  l'être  la  chapelle  de  Bourbon. 

(5>  Les  lettres  C  et  V  rr  pratiquées  par  l'architecte 
"dans  les  pierres  de  la  croisée. . .  ouverte  au-des- 
rrsus  du  portail  de  la  chapelle, -n  ont  fait  croire 
qu'elle  avait  été  commencée  sous  Charles  V.  On 
voyait  les  mêmes  lettres  dans  un  vitrail. 

(4)  Arch.  de  l'Emp.  reg.  LL  1 5 1 . 


40  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

dans  les  titres  peu  anciens.  Quant  à  l'appellation  de  Fromantel  ou  Froid-Mantel , 
dont  la  signification  est  obscure,  elle  doit  provenir,  directement  ou  indirectement, 
d'un  territoire;  nous  essayerons  d'approfondir  la  question  à  propos  de  la  rue 
Froid-Mantel ,  du  quartier  d'Outre-Petit-Pont. 

La  rue  Fromenteau  a  été  appelée  rue  du  Musée  par  une  ordonnance  du  1 6  fé- 
vrier i83g,  rendue  sur  la  demande  des  propriétaires.  Elle  était  encore  à  peu  près 
entière  au  commencement  du  dernier  siècle.  Les  maisons  qui,  plus  ancienne- 
ment, étaient  situées  derrière  le  Louvre  avaient  alors  été  remplacées  par  une  clô- 
ture de  bâtiments  peu  importants,  laquelle  fut  ouverte  sous  Louis  XVI,  de  façon 
à  permettre  l'établissement  de  la  place  du  Vieux-Louvre ,  et  qu'on  a  entièrement 
abattue  sous  le  premier  Empire,  en  laissant  l'espace  libre  pour  former  la  place 
dite  du  Musée.  La  partie  méridionale  de  la  rue  a  disparu  par  suite  du  percement 
de  la  rue  du  Carrousel  et  de  la  démolition  de  l'église  Saint-Thomas  ;  le  reste  a 
été  définitivement  supprimé  en  i85o,  conformément  à  la  loi  du  h  août  1869, 
relative  à  l'achèvement  du  Louvre. 

En  i35o,  il  existait  un  puits  public  dans  la  rue  Fromenteau, 

CÔTÉ  OCCIDENTAL, 

PAROISSE  SAWT-GERMAIN-L'AUXERROIS. 

HAUTE  JUSTICE 

ET    CENSIVE    DE     L'e'vÊCHE. 

Maison  du  Dauphin  (1/122),  puis  de  la  Croix-d'Or  (i5oo,-i6o3),  faisant  le  coin 
de  la  rue  des  Orties.  Dans  un  bail  du  12  août  1Ù22,  cette  maison  est  dite  abou^ 
tir  aux  écoles  du  collège  Saint-Nicolas. 

Petite  Maison,  de  forme  triangulaire,  qui  était  en  ruine  lorsquelle  fut  vendue,  le 
5  janvier  1 62  3 ,  au  propriétaire  de  la  maison  de  la  Croix-d'Or  ;  elle  demeura  annexée 
au  second  corps  d'hôtel  de  cette  maison ,  dont  l'entrée  était  située  rue  des  Orties. 

Maison  sans  désignation  (1680),  dépendant  du  cloître  Saint-Nicolas. 

Maison  du  Petit-Monde  (1601),  séparée,  au  rez-de-chaussée,  de  la  maison  sui- 
vante, par 

«L'Huisn  (1 565) ,  ou  «le  Petit-Huis  du  Cloistreti  (1  57 6) ,  aussi  dit  Arche 
Saint-Nicolas  (1582),  et  servant  d'issue  au  cloître,  sur  la  rue  Fromenteau. 

Maison  sans  désignation  (1 565),  au-dessous  de  laquelle  était  pratiqué  le  pas- 
sage que  nous  venons  de  mentionner. 

Maison  sans  désignation  en  i58i,  puis  «de  la  Serainet  (1676)  et  de  la  Croix 
de  Lorraine  (17  .  .). 


RUE  FROMENTEAU.  41 


CENSIVE  DU  FIEF  DE   FROMENTEAU. 


Maison  sans  désignation  (1 584),  qui,  de  même  que  les  trois  suivantes,  appar- 
tenait au  chapitre  Saint-Nicolas. 

Maison  sans  désignation  en  i58/j,  puis  de  la  Pomme-de-Pin  (17 .  .),  qui  semble 
avoir  eu  aussi  pour  enseigne  l'Image  Saint-François  en  1 663.  Cette  maison  et 
celle  qui  précède  formaient  apparemment  les  deux  moitiés  d'une  maison  dite  de 
la  Follerie,  en  i5i6,  et  plus  tard  de  l'Image  Sainte-Geneviève. 

Maison  «de  l'Escuh  (i53a),  ou  Petit-Ecu-de-France  (1 559).  Ainsi  que  les 
deux  maisons  qui  viennent  d'être  énoncées,  elle  avait  perdu  une  partie  de  sa 
profondeur  par  l'agrandissement  du  petit  cloître  Saint-Nicolas. 

Maison  sans  désignation  en  1 584 ,  puis  de  l'Epée-de-Bois  (1696),  qui  d'abord 
a  dû  faire  partie  de  la  maison  de  l'Ecu. 

Place  vide  en  1 578,  et  sur  laquelle  il  y  avait,  en  1 586 ,  une  Maison  qui  a  eu 
pour  enseigne  <r  le  B  astoy  d  (i6i3)  ou  «  Bastoir  n  (1622). 

Maison  de  la  Corne-de-Cerf  (1623),  dont  une  partie  dépendait  déjà,  en  1765, 
de  la  maison  située  derrière  et  donnant  sur  la  rue  Saint-Thomas.  En  1677,  elle 
appartenait  aux  héritiers  du  président  de  la  Cour  des  monnaies,  Chauvry. 

Maison  «du  Malassis  d  (  1 5 6 8 ? ) ,  puis  de  l'Image  Saint-Pierre  (1721).  En  1 53 1 , 
cette  maison  et  la  précédente  n'en  constituaient  qu'une,  formée  de  deux  corps 
de  logis;  en  1571,  la  séparation  était  effectuée. 

Maison  sans  désignation  en  iû8p,,puisDEsTROis-FLEURs-DE-Lis-CouRONNÉEs(i638) 
et  de  la  Perdrix  (1700),  laquelle  fut  vendue,  le  19  octobre  1 638 ,  par  Charlotte 
de  Meslay  (alias  de  Molet)  de  La  Rochefoucauld,  à  Nicolas  des  Noyers,  sieur  de  la 
Brosse.  En  1697,  elle  appartenait  à  Henri-Augustin  le  Pileur,  depuis  évêque  de 
Saintes,  et  avait  probablement  conservé  sa  largeur  primitive;  mais  elle  avait  alors 
perdu  la  moitié  de  son  ancienne  profondeur. 

Maison  sans  désignation  en  1^89,  qui  eut  pour  enseigne  le  Chat-Lie'  en  1671, 
et  appartenait  alors  au  sieur  de  Champdoré.  Elle  faisait  hache  derrière  la  précé- 
dente et  aboutissait  à  une  maison  de  la  rue  Saint-Thomas  dont  l'emplacement, 
uni  à  celui  des  maisons  du  Chat-Lié,  des  Trois-Fleurs-de-Lis  et  de  l'hôtel  de 
Pontchartrain ,  n'était  occupé  que  par  une  seule  maison  au  xvie  siècle.  L'enseigne 
du  Chat-Lié  était  une  allusion  au  nom  de  Robert  Challier,  dont  il  est  question 
dans  l'article  suivant. 

Hôtel  de  la  Roze,  puis  DE  PONTCHARTRAIN.  La  partie  postérieure  de  l'hôtel 
de  Pontchartrain,  celle  qui  dépendait  du  fief  de  Fromenteau,  avait  été  élevée 
sur  le  terrain  de  deux  ou  plutôt  de  trois  maisons  qui ,  avec  les  deux  précédentes , 
appartenaient  à  Charles  d'Illiers  en  1689,  et,  en  1627,  avaient  nom  l'hôtel  de  la 
Rose.  Au  milieu  du  siècle  suivant,  toutes  ces  maisons  n'en  formaient  plus  qu'une 

6 


42  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

seule,  laquelle  fut  divisée  en  quatre  portions,  le  10  avril  1 63 1  :  Thomasse  Thi- 
boust,  veuve  de  Robert  Challier,  qui  avait  possédé  la  maison  en  totalité,  eut  le  lot 
situé  sur  la  rue  Saint-Thomas,  vers  le  sud;  à  Charlotte  de  La  Rochefoucauld, 
échut  le  lot  le  plus  rapproché  de  la  rue  des  Orties,  sur  la  rue  Fromenteau,  celui 
où  s'éleva  la  maison  des  Trois-Fleurs-de-Lis;  à  Pierre  Maugis,  sieur  des  Granges, 
abbé   de  Saint-Ambroise ,  fut  attribué  le  lot  contigu,  où  s'éleva  plus  tard  la 
maison  du  Chat-Lié;  Anne  de  Beauharnais,  veuve  de  Paul  Phélypeaux  de  Pont- 
chartrain,  devint  propriétaire  du  quatrième  lot  sur  la  rue  Fromenteau,  et  y 
bâtit  l'hôtel  dit  de  Pontchartrain  ou  de  Phélypeaux,  qu'elle  vendit  au  Roi,  nous 
ne  savons  au  juste  en  quelle  année.  En  1707,  l'hôtel  de  Pontchartrain,  dont 
la  principale  entrée  était  rue  Saint-Thomas,  s'appelait  l'hôtel  de  Gramont,  et,  en 
1760,  l'hélel  de  Lesdiguières ,  parce  que  le  «sieur  de  Lesdiguières  n  y  habitait W- 
mais  il  paraît  qu'il  n'en  jouissait  qu'en  vertu  d'une  concession  temporaire,  car  on 
sait  que  Louis  XV  donna  l'hôtel  à  sa  première  favorite  en  titre,  la  comtesse  de 
Mailly,  et  qu'elle  en  disposa  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en  1 75 1 .  Le  21  mars  1762, 
Louis  XV  en  fit  une  nouvelle  libéralité  au  profit  d'Abel-François  Poisson  de  Van- 
dières,  directeur  de  ses  bâtiments,  frère  de  la  duchesse  de  Pompadour,  et  connu 
sous  le  nom  de  marquis  de  Marigny.  L'hôtel  de  Lesdiguières,  dit,  en  conséquence, 
de  Marigny,  existait  encore  en  18/18,  et  il  avait  servi  de  caserne  dans  les  der- 
niers temps. 

Maison  sans  désignation  en  162/1,  puis  de  l'Etoile  en  1700.  C'était  un  mor- 
cellement de  la  maison  suivante,  dans  laquelle  elle  paraît  avoir  été  confondue  en 

t&84. 

Hôtel  de  Vendôme,  de  Chevreuse  et  de  la  Marche.  Il  appartenait,  en 

1 309,  à  Jean  V,  comte  de  Vendôme;  dans  la  seconde  moitié  du  xiv6  siècle,  à  Pierre, 
seigneur  de  Chevreuse,  et,  dès  1 399,  à  Jacques  II  de  Bourbon,  comte  de  la  Marche, 
d'où  lui  est  venu  le  nom  d'hôtel  de  la  Marche,  sous  lequel  il  était  encore  connu  au 
temps  de  Louis  XIV.  En  1/189,  ^  était  la  propriété  d'un  nommé  Jean  Guérard,  après 
avoir  été  celle  du  chapitre  Saint-Thomas-du-Louvre.  Sous  le  règne  de  Henri  III, 
la  famille  des  Akakia  en  avait  la  possession,  et  elle  la  garda  jusqu'en  1661.  Le 
ik  mars  de  cette  année,  Charles  Akakia  en  aliéna  les  trois  quarts,  et,  le  3i  oc- 
tobre suivant,  Robert  Akakia  vendit  le  reste  à  Etienne  Jehannot  de  Bartillat. 

L'hôtel  de  la  Marche  doit  être  cette  maison  que,  au  dire  de  Sauvai,  Béatrix. 
comtesse  de  Montfort,  veuve  de  Robert  IV,  comte  de  Dreux,  acheta  cinq  cents 
livres  en  1 287  <2'  :  la  famille  de  Béatrix  fut  alliée  à  celle  du  comte  de  Vendôme.  En 
façade  sur  la  rue  Fromenteau ,  la  maison  dont  il  s'agit  aboutissait  sur  celle  de  Saint- 
Thomas,  et  il  en  dépendait  un  jardin  placé  de  l'autre  côté  de  cette  dernière  voie. 


(i) 


Piganiol  dit  aussi  qu'il  fut  habité  par  une  duchesse  douairière  de  ce  nom.  —   s)  T.  H,  p.  1 28. 


RUE  FROMENTEAU.  /i3 

HÔTEL  DR  LA  PETITE-MARCHE  (tkh6),  dépendance  de  la  maison  précédente 
qu'on  appelait  autrefois  la  Grande-Marche,  pour  établir  une  distinction.  Il  abou- 
tissait aussi  sur  la  rue  Saint-Tbomas,  et  le  corps  de  logis  qu'il  contenait  en  bor- 
dure sur  cette  dernière  rue  avait  pour  enseigne  l'Image  Saint-Martin,  en  i53o.  Au 
commencement  du  xvme  siècle,  cette  maison  et  celle  qui  précède  étaient  connues 
sous  le  nom  de  les  Petites-Marches  et  les  Grandes-Marches  W, 

Maison  du  Cheval-Rouge  (1627-1 68g),  laquelle,  au  commencement  du  xvc siècle, 
appartenait  à  Jehan  de  Troyes,  marchand  de  chevaux,  et  tombait  en  ruines.  Abou- 
tissant rue  Saint-Tbomas,  elle  renfermait  d'abord  la  maison  suivante,  dont  elle 
n'était  point  encore  séparée  en  1 584.  En  161 3  et  1 635 ,  elle  avait  pour  enseigne 
le  Petit-Soleil,  tout  en  conservant  celle  du  Cheval-Rouge.  C'était,  nous  le  suppo- 
sons, parce  qu'elle  communiquait  avec  la  maison  du  Soleil-d'Or,  sise  rue  Saint- 
Tbomas,  et  pour  l'agrandissement  de  laquelle  elle  avait  déjà  été  amoindrie  en 
1576.  Au  commencement  du  xvne  siècle,  elle  formait  deux  maisons,  dont  la  se- 
conde avait  pour  enseigne  les  Images  Saint-Simeon  et  Saint-Judes  ;  nous  n'avons  pu 
comprendre  l'agencement  de  cette  dernière. 

Maison  de  l'Image  Saint-Higues  (1582-1619),  puis  de  l'Image  Saint-François, 
et  enfin  de  l'Image  Saint-Etienne  (1700).  Elle  était  anciennement  comprise  dans 
une  de  celles  qui  lui  furent  contiguës. 

Maison  de  klYmage  Nostre-Dame  n  (1  /427-i584),puisDELAFLEUR-DE-Lis  (1696), 
qui  aboutissait  rue  Saint-Tbomas.  Elle  était  à  l'état  de  masure  en  l'an  1 453. 

Maison  sans  désignation  en  i5i4,  puis  de  la  Pomme-Rouge  (i55o).  En  1575, 
elle  avait  pour  enseigne  la  Rose-Rouge;  en  1 588 ,  elle  appartenait  à  Jacques  de 
Montmorin,  et  a  été  dite,  en  conséquence,  l'hôtel  de  Montmorin;  en  1673,  elle 
portait  l'enseigne  de  la  Serpette,  et,  vers  1700,  on  la  nommait  l'hôtel  de  Hol- 
lande. A  l'époque  de  sa  démolition  elle  avait  exactement  les  mêmes  dimensions 
qu'en  i5i6. 

Maison  sans  désignation  en  1^92,  puis  de  «l'Ymage  Saint-Béal  n  (i55o-i597), 
du  Pot-de-Fer  (1570-1 584)  et  de  l'Image  Saint-Leu  (1668).  En  i584,  elle  appar- 
tenait à  (f  Jean  Dessoubz-le-Four,  -n  seigneur  de  Goujangre,  et,  en  1696,  à  Charles 
Jaloux,  seigneur  d'Allainville.  Elle  n'a  cessé  d'aboutir  rue  Saint-Thomas  que  dans 
la  seconde  moitié  du  dernier  siècle. 

Maison  où  était  pour  enseigne  a  la  Figure-du-feu-Roy-Henry  d  (1576-1681),  et 
qui,  vers  1700,  avait  l'enseigne  de  l'Ami-du-Coeur.  Elle  semble  n'avoir  formé 
primitivement,  avec  la  précédente,  qu'une  seule  maison,  dont  l'enseigne  était 
l'Image  Saint-Pierre,  en  i46i. 

Maison  «des  Gracieulx  <2' t>  (1 Z17 1),  qui  s'appelait,  vers  1700,  l'hôtel  d'Armagnac. 

(1)  Arch.  de  l'Emp.  cart.  S  ia/i5  et  1873.  mots  (gras  scievrs),  que  le  changement  de  la  pro- 

m  L'enseigne  des  Gracieux  traduisait  un  jeu  de        nonciation  rendrait  impossible  aujourd'hui. 

6. 


44  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Maison  du  Chef-Saint-Denis  (1671-1586).  En  1597,  e^e  était  déjà  réunie, 
ainsi  que  les  maisons  suivantes,  à  l'hôtel  de  Vignolles,  situé  rue  Saint-Honoré. 

Trois  Maisons  sans  désignation  (1 584) ,  dont  la  dernière  était  contiguë  à  la 
maison  faisant  le  coin  de  la  rue  Saint-Honoré.  Vers  l'emplacement  de  ces  mai- 
sons, il  y  en  avait  une  qui,  en  1  4i  6  et  1 672  ,  avait  pour  enseigne  cr  l'Ymage  Saint- 
tfYvES.Ti  La  troisième  paraît  avoir  été  appelée,  en  i520,  la  Maison  du  Sabot,  et, 
au  xive  siècle,  elle  dépendait  sans  doute  de  l'hôtel  de  Laval,  sis  rue  Saint- 
Honoré.  Il  est  également  question,  dans  les  titres,  d'une  maison  contiguë,  en 
i434,  à  un  hôtel  de  la  Clef,  et  qui  a  dû  être  située  dans  cette  région,  car  elle 
aboutissait  aux  jardins  de  aMons.  de  Laval,  n 

CÔTÉ  ORIENT\L. 

PAROISSE  SAINT-GERMAIN-L'ALXERROIS. 

HAUTE  JUSTICE  DE  L'ÉVÊCHÉ. 

CENSIVE  DU  FIEF  DE  FROMENTEAU, 

Enu-eienrue.  Maison  sans  désignation  en  i54o,  puis  du  Petit-Treillis  (i584),  et  des  Trois- 
et  de Beauvais.  Balcons  ( i  697-1 7 2  i ) ,  contiguë  aux  dépendances  de  la  maison  qui  formait  le 
coin  de  la  rue  Saint-Honoré,  et  dont  elle  avait  sans  doute  fait  d'abord  partie. 

Maison  du  Cheval-Blanc  (i 584)  dite  l'hôtel  Bourgeois  en  i6g3  et  1719,  puis 
ayant  eu  pour  enseigne  la  Boule  et  l'Image  Saint-Louis  (1700). 

Maison  sans  désignation  en  1 54o,  puis  de  la  Galère-Boyale  (1 678-1  7 1 3)  ou  du 
Gaillon  (1681).  Cette  maison  et  celle  qui  précède  paraissent  avoir  été  bâties  sur 
un  terrain  dépendant  de  la  suivante.  La  maison  du  Gaillon  aboutissait  à  la  maison 
du  Cheval-Blanc  en  1681. 

Maison  de  la  Croix-Blanche  (i54o-i584),  et  de  la  Croix-Bouge  en  1 633.  Elle 
était  divisée  en  deux,  et  cela  probablement  dès  1 584. 

Maison  sans  désignation  en  1671,  formant  la  seconde  partie  de  la  précédente, 
et  rebâtie  également  en  1661,  à  la  suite  d'un  arrêt  du  4  mai  1 656.  Nous  avons 
trouvé  une  mention,  au  xve  siècle,  de  certaines  maisons  ayant  pour  enseigne  la 
Cuiller  et  qui  semblent  se  confondre  avec  celles  de  la  Croix-Blanche. 

Maison  de  la  Couronne  (i420-i55o)  ou  Couronne-d'Or  (1693),  et  peut-être  de 
l'Image  Notre-Dame  en  1567.  Les  renseignements  relatifs  aux  maisons  de  ce  point 
de  la  rue  sont  des  plus  confus. 

Maison  de  ctla  Cuillièreu  (i524),  puis  de  la  Cuiller-de-Bois  (1 57 i-i 584)  et 
du  Dauphin  (1697).  ^e  Paraît  avoir  anciennement  fait  partie  de  la  précédente, 
et  portait  aussi  pour  enseigne  l'Image  Notre-Dame  en  1567. 


RUE  FROMENTEAU.  45 

Maison  sans  désignation  en  1 576 ,  et  de  d'Écu-d'Orléans  en  1697.  En  1681,  elle 
formait  deux  maisons ,  dont  la  seconde  n'a  point  eu  d'enseigne ,  à  notre  connaissance. 
La  maison  de  l'Ecu-d'Orléans  dépendait  encore  de  celle  de  la  Cuiller,  en  1 584. 

Maison  sans  désignation  en  1892  ,  puis  de  ccl'Imaige  Saint-Loysh  (1691-1559), 
et  de  « l'Espée-Rompue v  (1550-1619).  On  doit  croire  que  cette  maison  fut  un 
moment  réunie  avec  une  de  celles  auxquelles  elle  touchait,  puisque  la  maison  de 
la  Cuiller  était,  suivant  un  titre  de  i5a4,  contiguë  à  la  maison  suivante. 

Maison  de  l'Image  Saint-Se'bastien  (1689),  puis  des  Images  Saint-Siméon  et 
Saint-Judes  (i55o-i 584),  qu'on  appelait,  en  i68i4L'hôtel  de  Nantes  et,  en  1700, 
la  maison  de  la  Rose-Blanche.  Ce  n'était  sans  doute  qu'un  morcellement  de  la 
maison  ci-après. 

Maison  du  ^Panu  (1625-1617),  qui,  en  1657,  se  composait  de  trois  corps 
d'hôtel ,  dont  l'un ,  celui  du  milieu ,  était  à  pignon  sur  rue ,  et  les  autres  en  appen- 
tis. De  ces  trois  corps  d'hôtel,  l'un  a  été  retranché  à  une  époque  assez  ancienne; 
les  deux  qui  restaient,  et  qui  conservèrent  l'enseigne  du  Paon,  formèrent,  à  la 
fin  du  xvue  siècle,  deux  maisons  distinctes,  dont  la  seconde  avait  pour  enseigne 
la  Grande-Grenade,  en  1687.  L'exiguïté  de  l'emplacement  rend  cette  circonstance 
difficile  à  comprendre. 

Maison  sans  désignation  en  i586,  puis  de  la  Ville-de-Tours  (16.  .),  et  qui 
parait  avoir  eu  pour  enseigne  l'Image  Saint-Jacques  vers  1 700.  A  la  fin  du  xvie  siècle , 
elle  était  réunie  encore  à  la  suivante. 

Maison  de  la  Souche  (i 5 1 5) ,  puis  de  la  Cuiller  (1617),  qui,  dès  la  fin  du 
xvie  siècle,  dépendait  de  la  maison  de  la  Bergerie,  sise  rue  Jean-Saint-Denis; 
elle  appartenait  au  Roi  en  1681. 

Maison  de  la  Corne-de-Cerf  (i532-i584),  puis  du  Cheval-Noir  (1671),  ayant 
fait  d'abord  partie  de  la  maison  du  même  nom ,  rue  Jean-Saint-Denis. 

Maison  sans  désignation  vers  1570,  puis  de  l'Ecu-de-France  (1572-1 655) 
et  du  Château-Royal  (1697).  Dite  l'hôtel  de  Nevers  en  1767,  elle  était  alors,  et 
depuis  1750,  réunie  à  la  maison  suivante,  dont  elle  avait  peut-être  toujours  été 
une  annexe. 

Maison  du  Pied-de-Biche  (1 578-1 635) ,  qui,  en  1601,  avait  un  petit  corps 
d'hôtel  sur  la  rue  de  Beauvais,  et  était  contiguë  à  la  maison  faisant  le  coin  sep- 
tentrional de  cette  rue. 


rues 
de  Beauvais 


Maison  sans  désignation  en  i584,  puis  du  Mouton  en  1620,  faisant  le  coin   bhia 

„         _  .de  Beau. «.a 

méridional  de  la  rue  de  Beauvais.  En  i53o,  elle  était  encore  contondue  avec  les    etd«orti<s 
suivantes;  le  Roi  en  fit  l'acquisition  les  7,  1 1  et  19  juin  i6o5. 

Maison  où  il  y  avait  un  échaudoir  en  i53o,  et  qui  faisait  partie  de  la  sui- 
vante; elle  fut  acquise  par  le  Roi  le  10  juin  i6o5. 


46  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Maison  sans  désignation  en  i386,  puis  de  kla  Teste-de-Be'lierti  (1576)  ou 
de  Mouton  (i58&).  En  1676,  elle  s'étendait  encore  jusqu'au  coin  de  la  rue  de 
Beauvais  et  avait  une  issue  dans  cette  rue;  elle  fut  acquise  par  le  Roi  le  19  juillet 
i6o5. 

Une  des  trois  maisons  qui  précèdent  avait  pour  enseigne  l'Image  Saint-Martin 
au  commencement  du  xve  siècle. 

Jardin  dépendant  du  Louvre  (voir  la  Description  du  vieux  Louvre,  p.  i58),  puis 
maison  ayant  pour  enseigne  la  Corne-de-Cerf  en  1 57 1 ,  et  aussi  les  Lions  en  1 58 1 
et  1 585.  Le  h  juin  1607,  le  sieur  de  La  Varenne  obtint  du  Roi  cette  maison,  et, 
sur  l'emplacement  qu'elle  occupait  avec  les  trois  maisons  qui  précèdent,  il  bâtit 
un  grand  hôtel,  qu'il  vendit,  le  6  mai  161 3,  à  Gilles  de  Souvré,  gouverneur  de 
Tours  et  depuis  maréchal  de  France.  L'hôtel  de  Souvré,  dit  l'auteur  du  Supplément 
aux  antiquités  de  Paris,  c?  est  petit,  a  sa  veuë  sur  le  petit  jardin  du  Louvre,  et  va,  par 
«une  allée,  sur  le  pont  qui  entre  au  Louvre,  du  costé  de  la  rivière. i>  Le  8  avril 
1 658 ,  il  fut  cédé  au  Roi,  moyennant  la  somme  de  90,000  livres,  par  Jacques 
Blanchet,  agissant  au  nom  de  sa  pupille  Anne,  fille  mineure  de  Charles  de  Souvré, 
marquis  de  Gourtanvaux.  Dans  le  siècle  passé ,  sur  le  terrain  de  l'hôtel  de  Souvré 
s'élevaient  des  constructions  habitées  par  quelques  particuliers  favorisés,  et  sur- 
tout par  des  artistes  et  entrepreneurs  chargés  des  travaux  du  Louvre.  Au  nombre 
de  ces  artistes  figurèrent  un  des  Coustou  et  l'architecte  de  Cotte. 

Maison  du  Cheval-Blanc  (1578-1673),  puis  du  Sarot  (16..)  et  de  l'Image 
Saint-Louis  (1657),  dite,  en  1573,  aboutir  aux  offices  du  Louvre. 

Maison  de  (tl'Ymage  Saint-Jacques -n  (1 606-1 65o),  derrière  laquelle  était  située 
la  fourrière  du  Louvre. 

Maison  de  «l'Ymaige  Saint-Niciiolash  (1677),  puis  du  Fer-X-Ciieval  (i55o- 
1669),  qui  appartenait  au  collège  Saint-Nicolas  et  fut  achetée  1 1,000  livres  par 
le  Roi,  le  dernier  jour  d'octobre  1669. 

Maison  sans  désignation  en  1571,  qui  provenait  sans  doute  d'un  morcellement 
de  la  précédente,  et  avait  pour  enseigne  le  Portrait  de  Louis  XIII  en  1657.  Elle 
appartenait  alors  à  Gilles  Baudouyn,  contrôleur  de  la  maison  du  Roi,  lequel  la 
vendit  à  son  maître,  le  i3  décembre  1669.  En  1657,  elle  était  séparée  de  la  sui- 
vante par  une  autre,  qui  n'était  vraisemblablement  qu'une  portion  de  la  maison 
du  Portrait  de  Louis  XIII,  et  qui,  le  7  novembre  1669,  fut  aussi  vendue  au  Roi 
par  Anne  Métezeau,  veuve  d'Etienne  Baudouyn,  frère  de  Gilles. 

Maison  des  Trois-Pas-de-Degre' ?  (1571),  appartenant  au  comte  de  Schomberg 
en  i584,  appelée  pour  cette  raison  Hôtel  de  Schomberg,  et  plus  tard  Hôtel  ou  Petit 
hôtel  de  Vendôme,  parce  qu'à  la  date  du  10  janvier  1609,  elle  fut  achetée  par  le 
comte  de  Vendôme,  de  François  de  Daillon,  comte  du  Lude.  L'hôtel  de  Vendôme, 
dit  encore  de  Schomberg  en  1626,  et  acquis,  le  9  mai  1 635 ,  par  Thomas  Scarron 


RUE  FROMENTEAU.  h 


de  Vaure,  oncle  du  célèbre  cul-de-jatte,  fut  par  lui  cédé  au  Roi,  le  1 9  avril  1 667, 
pour  la  somme  de  126,000  livres. 

Piganiol  dit  que  Catherine  d'Estrées  avait,  dans  la  rue  Fromenteau,  un  hôtel 
où  elle  fit  élection  de  domicile  lors  du  contrat  de  mariage  de  son  fils  César  de 
Vendôme,  le  5  avril  1698,  et  il  ajoute  que  cet  hôtel  était  vraisemblablement 
le  même  que  celui  de  PhélypeauxO.  Piganiol  se  trompe  :  l'hôtel  de  Gabrielle 
n'est  autre  que  celui  dont  nous  parlons,  et  qui,  dans  l'acte  de  vente  de  1667, 
est  indiqué  comme  communiquant  par  un  passage  avec  la  cour  du  Louvre.  D'ail- 
leurs Cheverny,  dans  ses  Mémoires,  affirme  que  Gabrielle  était  «logée  à  l'hostel 
«de  Schomberg,  derrière  le  Louvre  ®;v  mais  Gabrielle  n'y  demeura  que  lorsque 
Henri  IV  l'eut  acheté  pour  elle  de  Gaspard  de  Schomberg,  comte  de  Nanteuil, 
c'est-à-dire  vers  la  fin  de  l'année  1696.  On  en  a  la  preuve  par  une  lettre  datée 
du  2  8  octobre  de  cette  année ,  et  ainsi  conçue  :  «  Monsieur  de  Schomberg ,  j'ai 
«  sceu  que  vous  vouliés  vendre  vostre  maison  de  Paris;  et  pour  ce  qu'estant  proche 
«du  Louvre,  comme  elle  est,  elle  seroit  fort  propre  à  ma  maistressse,  qui  en 
«  cherche  une  à  achepter,  j'ay  pensé  que  vous  seriez  aussy  ayse  de  la  lui  vendre 
«qu'à  un  aultre.  C'est  pourquoy  je  vous  prie  de  me  mander  si  vous  estes  en  ceste 
«volonté,  et  combien  vous  la  voulés  vendre  au  dernier  mot.  C'est  là  le  subjet  de 
«la  mienne,  laquelle  je  finiray  par  prier  Dieu  vous  avoir,  Monsieur  de  Schomberg, 
«en  sa  garde.  —  Henri.  —  Ce  xxviu  octobre,  à  Rouen. ■» 

Maison  de  l'Écu-de-France  (1571),  puis  du  Port-de-Salut  (1610-1626),  située 
devant  «le  petit  huis  a  de  Saint-Nicolas. 

Maison  avec  quatre  «eschauldouersn  (i53o),  puis  dite  des  Trois-Echaudoirs 
(i563-i6io),  des  Trois-Masures  (i586),  et  du  Sauvage  (1618-1626).  Elle  est 
énoncée  en  i53o  «faisant  le  coing  sur  le  cay, n  et,  en  i582,  tenant,  vers  le 
midi,  «aux  murs  du  Louvre,  a  Comme  toutes  les  maisons  précédentes,  elle  abou- 
tissait aux  murailles  des  basses-cours  du  château.  Dans  les  comptes  des  bâtiments 
royaux  pour  l'année  1670,  on  trouve  la  mention  d'une  somme  de  65o  livres 
payées  à  Jean  de  Saint-Germain,  vendeur  de  bétail,  pour  «une  maison,  court  et 
«appartenances,  seize  rue  Frémantel,  près  et  joignant  la  court  de  derrière  du 
«chasteau  du  Louvre ;n  et  il  est  question,  en  outre v d'une  somme  de  65o  livres 
donnée  à  Guillaume  Donnet,  marchand  boucher,  pour  la  cession  par  lui  faite 
au  Roi  d'un  «  eschaudouer  couvert  de  tuille,  court,  puis,  le  lieu  ainsy  qu'il  se  com- 
«  porte,  v  situé  aussi  «rue  de  Frémentel.fl  On  ne  voit  point  quelle  est  précisément 

(1)  Descript.  de  Paris ,  t.  II ,  p.  3 1 1 .  Lebeuf  (  1. 1 ,  blances ,  et  les  titres  de  l'abbaye  Sainte-Geneviève  en 

p.  Qo8)a  soutenu,  bien  à  tort,  que  la  rue  Fromen-  démontrent  d'ailleurs  la  fausseté, 
teau  ou  Fromentel,  dans  laquelle  babitait  Gabrielle,  (,)  Il  le  dit  à  propos  de  l'attentat  de  Cbâtel, 

était  celle  de  la  Montagne-Sainte-Geneviève.   Une  qu'il  croit  avoir  eu  lieu  à  l'hôtel  Schomberg,  et  qui 

pareille  assertion  est  contraire  à  toutes  les  vraisem-  fut  commis  à  l'hôtel  du  Bouchage. 


48  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

la  première  de  ces  maisons  ;  mais  la  seconde  paraît  être  celle  des  Trois-Masures. 
La  maison  des  Trois-Echaudoirs  est  énoncée  devant  trie  Gros-Caillou v  dans  un 
titre  de  i582;  nous  n'avons  trouvé  aucun  document  qui  nous  renseignât  sur  ce 
Gros-Caillou. 

Les  maisons  de  la  rue  Fromenteau,  situées  derrière  le  Louvre,  et  dont  l'une 
avait  pour  enseigne  l'Image  Saint-Jean  en  t  hhh ,  ayant  été  successivement  démolies, 
il  s'ensuivit  une  diminution  importante  dans  les  revenus  du  chapitre  Saint-Honoré, 
qui  fut  indemnisé  par  un  arrêt  du  Conseil  d'Etat,  rendu  le  2 5  janvier  i6g5. 


RUE  SAINT-HONORE. 

La  rue  Saint-Honoré  commençait  à  l'extrémité  occidentale  de  la  rue  de  la  Fer- 
ronnerie, et,  sous  le  règne  de  Henri  IV,  elle  finissait  encore  à  la  seconde  porte 
Saint-Honoré,  laquelle  faisait  partie  de  l'enceinte  du  xive  siècle. 

Telle  qu'on  la  voit  aujourd'hui,  elle  est  formée  de  trois  tronçons  jadis  fort  dis- 
tincts :  le  premier  s'étendait  de  la  rue  de  la  Ferronnerie  à  la  première  porte 
Saint-Honoré  (située  à  quelques  mètres  de  la  rue  de  l'Oratoire);  le  second  était 
compris  entre  cette  première  porte  Saint-Honoré,  bâtie  par  Philippe-Auguste,  et 
la  deuxième  porte  Saint-Honoré,  située  près  de  la  rue  Saint-Nicaise;  le  troisième 
tronçon  se  prolongeait  à  travers  l'ancien  faubourg  Saint-Honoré,  lequel  finissait  un 
peu  avant  la  rue  Royale.  Primitivement,  les  trois  parties  n'avaient  composé  qu'une 
seule  et  même  voie.  Tronc  commun  des  chemins  du  Roule ,  de  Neuilly,  de  Clichy,  etc. 
cette  voie  remontait  certainement  à  une  antiquité  reculée;  mais  elle  n'était  vrai- 
semblablement pas  d'origine  gallo-romaine ,  et  nous  n'avons  pu  en  trouver  aucune 
mention  antérieure  au  xiue  siècle.  Une  charte  de  1222  l'énonce  simplement  : 
strata  publica,  ab  ecclesia  Sancti  Honorati.  .  .  usque  ad  poncellum  de  Rollo  (le  Roule). 

La  rue  Saint-Honoré  a  emprunté  son  nom  à  la  collégiale  qui  y  fut  fondée,  en 
1 2o4,  entre  les  deux  voies  représentées  aujourd'hui  par  les  rues  Croix-des-Petits- 
Champs  et  des  Rons-Enfants.  Aussi  le  tronçon  situé  au  delà  de  l'enceinte  de  Phi- 
lippe-Auguste est-il  celui  qui,  le  premier,  a  été  appelé  rue  Saint-Honoré,  vicus 
Sancti  Honorait  (12/11,  1260),  ou,  à  cause  de  son  importance  «grant  rue  Saint- 
Honoré,  n  magnus  vicus  Sancti  Honorati  (ia55),  magnus  vicus  per  quem  itur  ad 
dotnum  Cœcorum  (i3o6),  et  quelquefois  chaussée  Saint-Honoré  :  l'expression  de 
chaussée  s'appliquait  autrefois  à  toutes  les  grandes  routes  partant  de  Paris,  et 
cessait  d'être  en  usage  lorsque  ces  routes  s'étaient  transformées  en  rues.  Quant  au 
tronçon  compris  dans  l'enceinte  de  Philippe-Auguste,  il  s'est  confondu,  sous  le  nom 
de  grand'rue  Saint-Honoré,  avec  celui  qui  reçut  d'abord  cette  dénomination,  mais 


«î 


RUE  SAINT-HONORÉ.  49 

vers  la  fin  dh  xive  siècle  seulement,  après  que  la  construction  de  la  clôture  de 
Charles  V  eut  annexé  à  la  Ville  son  premier  faubourg  occidental.  Plus  ancienne- 
ment il  n'existait  pas  dans  l'intérieur  de  Paris  de  rue  Saint-Honoré ,  et  la  voie  qui 
continuait  la  rue  de  la  Ferronnerie  était  considérée  comme  constituant  deux  rues: 
l'une,  la  plus  rapprochée  du  Grand-Pont,  qui  avait  nom  la  rue  du  Château-Fétu; 
l'au  tre  qu'on  appelai  t  la  rue  de  la  Croix-du-  Tiroir  W,  «  vicus  crucis  du  Tiroir  r>  (  1 2  9  h  ) , 
et  qu'on  désigna  antérieurement  par  la  simple  formule  aà  la  Croix  du  Tiroir,» 
juxta  crucem  Tyrouer  (12/18),  ante  crucem  dou  Tirouer  (1267),  à  cause  d'une  cer- 
taine croix  connue  sous  ce  vocable  et  située  devant  la  rue  de  l'Arbre-Sec.  Du 
reste ,  il  n'y  a  pas  un  grand  nombre  de  titres  où  il  soit  fait  mention  de  la  rue  de 
la  Croix-du-Tiroir,  et  déjà,  au  commencement  du  xivc  siècle,  on  ne  la  distinguait 
pas  de  la  rue  du  Château-Fêtu.  On  lit  dans  un  titre  de  i3zli  :  in  vico  de  Chesteau- 
Feslu,  juxta  crucem  de  Tyrouel.  Au  contraire,  il  existe  une  foule  d'indications  de 
la  rue  du  Château-Fêtu,  que  nous  avons  vue  énoncée  apud  Castellum  Festuci 
(1227),  vicus  qui  vocatur  Chastel-Festu  (  1 2 3 h ) ,  vicus  Castri  Festuci (i238,  1255), 
vicus  Castri-Festu  (12/16),  locus  qui  dicitur  Castellum  Festuci  (12/17),  v*au  ?m'  dicitur 
Chastel-Festu,  per  quem  itur  ad  ecclesiam  Sancti  Eustachii  (1267),  vicus  de  Castello 
Festucœ  (1275),  «rue  de  Chastiau-Festu »  (i3o5,  1387,  etc.),  et  enfin  «rue  Sainct- 
Honoré,  dicte  le  Chasteau-Festu »  (1662).  Le  château  Fétu,  qui  donna  son  nom  à 
la  rue,  était  voisin  de  la  rue  Tirechape. 

Le  mot  Tiroir  a  été  écrit  de  bien  des  façons:  Tyroor  (12 36),  Trioer  (i238), 
Tyrouer  (1 238,  12/18,  1253),  Tirout  (i253),  Tirouer  (12 56,  1267,  i368, 
1691,  1567,  etc.), Tyruel(i259), Tyrouel  (1282,  1286),  Tiroer (1268,  1367), 
Tyroir  (i293),Tiréeur  (12..),  Turuol  (i3o8),  Trieur  (i3/»/i),  Tréour  (i387), 
Tiratorium  (1/187),  Traiouer  (i52i),  Trahouer  (1 558),  Tréhouer  (1 56g),  Trai- 
houer,  Traihoir,  Trahoir,  Tiroir,  Tiroi,  etc.  mais  toutes  ces  variantes  tendent  à 
démontrer  que  le  radical  est  le  verbe  tirer  ou  trier,  trahere.  H  n'est  donc  pas 
permis  de  supposer,  comme  Sauvai  et  Bonami,  que  la  Croix-du-Tiroir  devait  son 
nom  au  fief  de  Thérouenne,  d'ailleurs  fort  éloigné  de  là;  il  serait  encore  moins 
raisonnable  de  croire,  comme  du  Breul,  que  la  Croix-du-Tiroir  perpétuait  le  sou- 
venir du  supplice  infligé,  en  61 3,  à  Brunehaut,  qui  ne  fut  pas  même  mise  à  mort 
à  Paris.  Quant  à  la  conjecture  de  Lebeuf  sur  certaines  machines  à  tendre  des  étoffes 
(tiratoria)  qui  auraient  pu  se  trouver  là,  elle  n'est  fondée  sur  aucun  document. 
Ce  qu'on  tirait,  ou  plutôt  ce  qu'on  triait  à  l'extrémité  de  la  rue  de  l'Arbre-Sec, 
c'étaient,  suivant  toute  apparence,  les  animaux  de  boucherie  qui  y  étaient 
amenés.  Baoul  de  Presles  le  dit  formellement  :  rr  A  proprement  parler  est-elle 
«appelée  la  Croix-du-Tirouer,  pour  les  bestes  que  l'on  y  trioit^. -n  Or,  non-seule- 

(1'  La  rue  de  l'Arbre-Sec  a  été  aussi  nommée  rue  (,)  Cité  de  Dieu,  liv.  V,  chap  ixv,  P  i34  v°  du 

de  la  Croix-du-Tiroir,  au  xm"  siècle.  manuscrit  de  la  bibliothèque  Sainte-Geneviève. 

'•  7 


50  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

ment  aucun  texte  n'a  jamais  été  invoqué  pour  prouver  que  Raoul  de  Presles  s'est 
trompé,  mais  encore  une  charte  de  1 357  démontre  qu'il  a  dit  vrai,  et  que,  de 
son  temps,  il  existait  de  ces  tiroirs  ou  traits  près  des  marchés.  Dans  cette  charte 
est  indiqué  un  terrain  placé  entre  un  certain  hôtel  et  <r  le  trait  de  la  Place  aux 
(t  Pourceaux  W.  n 

La  signification  du  mot  Château-Fétu  n'a  pas  été  mieux  élucidée  par  les  his- 
toriens que  celle  du  mot  Tiroir.  Lebeuf,  que  sa  science  incontestable  n'empêchait 
pas  toujours  de  se  livrer  à  des  suppositions  gratuites,  a  cru  pouvoir  mettre  à  profit 
ses  conjectures  sur  la  Croix-du-Tiroir,  en  imaginant  une  hypothèse  assez  singu- 
lière à  propos  du  Château-Fêtu  de  la  rue  Saint-Honoré ;  à  son  avis,  c'était  une 
espèce  de  halle  couverte  de  branchages*2',  laquelle  aurait  servi  à  déposer  les 
étoffes  préparées  dans  le  tiratorium  du  voisinage.  Ainsi  que  pour  la  Croix-du- 
Tiroir,  Lebeuf  ne  cite  aucun  fait  à  l'appui  de  son  opinion.  Avant  nous,  Jaillot  a 
fait  observer  qu'on  ne  comprenait  guère  le  mot  de  château  appliqué  à  un  han- 
gar; il  a  de  plus  objecté  qu'il  existait,  en  i368,  un  autre  Château-Fètu  près  du 
port  Saint-Landry,  et  qu'on  n'y  vendait  aucune  marchandise.  11  faut  ajouter  que 
nous  connaissons  un  troisième  Château-Fêtu  (de  1/107)  rue  des  Chiens,  puis  un 
quatrième  rue  de  Bièvre,  et  que  les  titres  relatifs  à  ce  dernier  nous  permettent 
d'en  interpréter  le  nom.  Effectivement,  après  avoir  été  énoncé ,  en  1 358 ,  ce  l'hostel 
rr  appelé  Chasteau-Festu ,  v  il  a  été,  en  i368,  nommé  et  le  chastel  Malgarny;v  en 
1 388 ,  «  l'hostel  Maugamy,»  et,  en  1/128,  ce  n'était  plus  qu'une  «  grandie  <3>.t>  La 
conséquence  ne  semble  pas  difficile  à  tirer  :  fétu  est  synonyme  d'objet  sans  valeur; 
«je  n'en  donnerais  pas  un  fêtu,n  dit-on  pour  exprimer  le  peu  de  cas  qu'on  fait 
d'une  chose.  Château-Fêtu,  Caslelhm  Festucœ,  et  Château-Malgarni  veulent  donc 
dire  ironiquement  une  maison  misérable,  en  mauvais  état,  n'ayant  ni  solidité,  ni 
prix,  comme  un  fétu  de  paille  '4'. 

Suivant  l'acte  de  donation  daté  de  120/1,  la  première  pièce  de  terre  destinée 
à  la  fondation  de  l'église  Saint-Honoré  était  située  sur  le  chemin  de  Clichy,  viam 
que  tendit  ad  Clichi.  Correspondant  à  l'emplacement  du  cloître ,  elle  se  trouvait  en 
bordure  à  la  fois  sur  les  rues  Croix-des-Petits-Champs,  Saint-Honoré  et  des  Bons- 
Enfants,  si  toutefois  cette  dernière  existait  déjà,  ce  qui  n'est  nullement  prouvé. 
Malgré  cette  incertitude  et  l'absence  de  tout  document  confirmatif ,  Jaillot  a  avancé 
que  la  rue  des  Bons-Enfants  se  confondait  avec  le  chemin  de  Clichy  énoncé  dans 
la  donation  de  120/1;  l'erreur  est  manifeste.  La  rue  des  Bons-Enfants,  dont  la 

(1)  Arch.  de  l'Emp.  reg.  S  io5a,  fol.  i45.  constituer  la  cause  d'une  appellation  particulière. 

(,)  Histoire  du  diocèse  de  Paris,  t.  I,  p.  5g.  —  (3)  Arch.  de  l'abbaye  Sainte-Geneviève,  passim. 

Des  branchages  ne  motiveraient  point  le  mot  fétu,  (4)  C'est  évidemment  une  idée  analogue  quia  fait 

qui  s'entend  de  la  paille.  Quant  au  chaume,  il  était  donner  à  plusieurs  maisons  de  la  même  époque  le 

beaucoup  trop  commun  à  Paris,  au  xm"  siècle,  pour  nom  caractéristique  de,  Château-Frileux. 


RUE  SAINT-HONORE.  .       51 

direction  n'a  jamais  subi  de  changement  depuis  le  xme  siècle,  tend  vers  Mont- 
martre, et  ne  se  dirige  pas  vers  Clichy.  Jusqu'à  une  époque  assez  rapprochée, 
elle  n'a  constitué  'qu'une  ruelle,  et  non  une  rue,  circonstance  très  propre  à  dé- 
montrer qu'elle  n'est  point  une  ancienne  route.  On  n'aperçoit  d'ailleurs,  au  delà 
de  son  extrémité,  aucune  trace  de  nature  à  faire  croire  qu'elle  se  prolongeait  jadis 
dans  la  campagne.  En  outre,  lorsqu'on  désigne  un  terrain  bordé  par  trois  voies, 
il  est  naturel  de  nommer  la  voie  principale  de  préférence  aux  autres  ;  or  il  est 
absolument  inadmissible  que  la  rue  Saint-Honoré  ne  fût  pas,  à  l'époque  dont  nous 
parlons,  beaucoup  plus  importante  que  la  rue  des  Bons-Enfants,  alors  même  que 
cette  dernière  eût  effectivement  été  le  chemin  menant  à  Clichy.  Par  conséquent , 
dans  l'indication  de  la  charte  de  120&,  on  doit  voir  la  rue  Saint-Honoré  plutôt 
que  la  rue  des  Bons-Enfants,  d'autant  plus  encore  que  l'arpent  qui  fut  donné, 
et  dont  le  cloître  reproduit  exactement  la  forme,  offrait  sur  la  rue  des  Bons- 
Enfants  un  développement  deux  fois  moins  grand  que  sur  la  rue  Saint-Honoré. 
Au  surplus,  il  est  évident  que  la  rue  Saint-Honoré  eût  toujours  formé  le  tronc  d'où 
serait  parti  le  chemin  de  Clichy,  si  celui-ci  s'était  véritablement  identifié  avec  la  rue 
des  Bons-Enfants,  et  il  n'y  aurait  pas  eu  moins  de  motifs  pour  donner  le  nom  de 
chemin  de  Clichy  à  la  rue  Saint-Honoré  qu'à  la  rue  des  Bons-Enfants.  Nous  croyons 
qu'en  réalité  la  rue  Saint-Honoré  était  considérée  comme  conduisant  à  Clichy,  parce 
qu'elle  avait  pour  embranchement  le  chemin  d'Argenteuil ,  aujourd'hui  rue  d'Ar- 
genteuil,  lequel,  avant  d'atteindre  ce  village,  passait  par  Clichy.  H  faut  donc  en 
conclure  que  la  rue  Saint-Honoré  est  bien  celle  que  désigne  le  nom  de  chemin 
de  Clichy  dans  la  donation  de  120&,  premier  document  où  il  en  soit  fait  mention. 

CÔTÉ  MÉRIDIONAL. 

(  Partie  s'étendant  de  la  rue  des  Poulies  à  la  seconde  porte  Saint-Honoré.  ) 


PAROISSE  SALNT-GERMAIN-L'AUXERROIS. 

HAUTE  JUSTICE  DE  L'ÉVÉCHÉ. 

CENS1VE    DU    CHAPITRE    DE    SAINT-GERMAIN-L'AUXERROIS. 

Maison  du  Cheval-Rouge  (i35o-i63a),  puis  de  L'Eci-DE-FRANCE(i6io),  faisant   Entre  u»r 
le  coin  occidental  de  la  rue  des  Poulies.  En  1  53 1,  elle  avait  pour  enseigne  l'Ecu-    ei.  a-Autriche 
de-Navarre,  et  se  composait  de  sept  corps  d'hôtel,  lesquels  devinrent  sept  mai 
sons  différentes,  dont  quatre  faisaient  front  sur  la  rue  des  Poulies,  et  trois  sur  la 
rue  Saint-Honoré.  La  maison  du  coin  avait  encore  pour  enseigne  l'Ecu-de-France 
en  1700. 

7- 


ou  de  l'Oratoire. 


52  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Maison  de  l'Ecu-de-Navarre  (i 54o-i63(j),  ayant  d'abord  fait  partie  de  la 
grande  maison  de  ce  nom. 

Maison  du  Flacon-d'Étain  (i6o5),  comprise  anciennement,  de  même  que  la 
précédente ,  dans  la  maison  qui  formait  le  coin  de  la  rue. 

Maison  de  la  Longue-Allée  (i 575-1 644),  ainsi  appelée  parce  qu'elle  ne  com- 
muniquait avec  la  rue  Saint-Honoré  que  par  le  moyen  d'une  allée.  Elle  avait  pour 
enseigne  le  Duc-de-Valois  en  1750.  C'était  antérieurement  à  1 538  une  dépen- 
dance de  la  suivante.  Réunies  en  une  seule,  elles  avaient  pour  enseigne  la  Rose 
en  ik'îh. 

Maison  de  l'Image  Saint-Jean-Baptiste  (1  /189-1 58a ).  Au  xvne  siècle,  elle  était 
divisée  en  deux  :  la  première  a  eu  pour  enseigne  la  Ville-de-Bruxelles  en  1700; 
la  seconde,  les  enseignes  de  l'Image  Notre-Dame  en  1 63o,  et  du  Mont-Saint-Michel 
plus  tard. 

Maison  de  l'Ecu-de-France  (i53i-i628),  qui  provenait  d'un  morcellement  de 
la  maison  suivante,  et  y  aboutissait  d'abord. 

Maison  de  l'Ecu-de-Flandres ,  puis  du  Lion-Noir  (1689-1640).  La  première 
partie  de  cette  maison  avait  formé  la  maison  de  l'Ecu-de-France  ;  au  xvuie  siècle , 
la  seconde  partie  s'appelait  l'hôtel  des  Américains,  nom  qu'elle  a  conservé  jusqu'à 
nos  jours. 

Maison  du  Chariot  (1 364)  ou  Chariot-Rouge  (1 5  3  9- 1 655)  et  du  Chariot-Royal 
(16.  .).  Elle  aboutissait  à  l'hôtel  d'Étampes  en  i4o6  et  i43g.  Un  corps  d'hôtel 
qui  en  dépendait  avait  pour  enseigne  l'Autruche  en  1637. 

Maison  du  aPAPEGAULTn  (1 426-1 633).  En  1 364,  elle  était  encore  comprise  dans 
la  maison  du  Chariot  ou  dans  celle  qui  faisait  le  coin  de  la  rue  d'Autriche. 

Maison  de l'Ecu-de-Bourron  (i439~i573),puisDE  l'Image  Saint-Claude (1637), 
qui  était  probablement  un  morcellement  de  la  précédente. 

Maison  sans  désignation  en  i364,  puis  de  la  Licorne  (i49i-i64o),  faisant  le 
coin  oriental  de  la  rue  d'Autriche  ou  de  l'Oratoire.  Au  xvuc  siècle,  elle  fut  divisée 
en  deux  parties:  la  première  conserva  l'ancienne  enseigne,  et  la  seconde,  for- 
mant le  coin,  eut  en  i63g  et  en  1700  celle  de  l'Hôtel-des-Parfums. 

CENSIVE    DE    SAINT-DENIS    DE    LA    CHARTRE. 

Km.* ie» me»  Partie  de  I'Hôtel  Saint-Pol,  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  d'Autriche, 
et  d"  coq.  et  séparée  des  maisons  suivantes  par  le  mur  d'enceinte  de  Philippe-Auguste.  Nous 
avons  vu  un  plan  antérieur  à  1745,  où,  sur  cet  emplacement,  sont  figurées  deux 
maisons  séparées  entre  elles  par  une  allée  conduisant  à  l'église  de  l'Oratoire.  Ces 
deux  maisons  n'en  constituaient  d'abord  qu'une,  laquelle,  ainsi  que  nous  l'avons 
dit,  fut  vendue  par  Pierre  Legrand  à  la  Congrégation  le  2  7  février  1 6 1 9.  Au  même 
lieu  s'élève  actuellement  le  portail  de  l'église  de  l'Oratoire. 


RUE  SAINT-HONORÉ.  53 

MAISON  DE  L'ORATOIRE.  La  congrégation  des  prêtres  de  l'Oratoire  se  forma, 
en  France,  sur  le  modèle  de  celle  que  Saint-Philippe  de  Néri  avait  établie  à 
Rome;  mais  elle  en  demeura  toujours  indépendante.  Elle  eut  pour  instituteur 
Pierre  de  Bérulle,  qui,  dans  le  dessein  de  créer  une  pépinière  de  jeunes  prêtres 
recommandables  par  leurs  lumières  et  leurs  mœurs,  s'associa  cinq  ecclésiastiques 
de  distinction ,  et  s'installa  avec  eux ,  le  1 1  novembre  1611,  dans  la  maison  du 
Petit-Bourbon,  aujourd'hui  le  Val-de-Grâce.  Tels  ont  été  les  modestes  débuts  de 
la  société  célèbre  qui  a  produit  les  Malebranche,  les  Massillon  et  nombre  d'hommes 
éminents. 

La  bulle  d'institution  canonique,  sollicitée  du  pape  par  Marie  de  Médicis,  dès 
le  19  août  1611,  ne  fut  délivrée  que  le  10  mai  161 3;  toutefois,  à  cette  seconde 
date,  la  congrégation  avait  déjà  une  existence  légale.  En  effet,  sur  la  demande 
de  sa  mère ,  Louis  XIII  fit  expédier  au  mois  de  décembre  1611,  des  lettres  pa- 
tentes autorisant  l'érection  de  la  Communauté,  qu'il  reconnut  de  fondation  royale, 
et  ces  lettres  furent  enregistrées  au  parlement  le  h  septembre  1 6 1 2 ,  à  la  charge 
de  représenter,  dans  le  délai  de  trois  mois,  le  consentement  de  l'Evêque,  qui  fut 
accordé  le  1 5  octobre.  La  Régente  s'était  en  outre  déclarée,  le  2  janvier  1612, 
fondatrice  de  la  nouvelle  congrégation,  que  la  marquise  de  Maignelay  avait  gra- 
tifiée, le  21  décembre  précédent,  d'une  somme  de  5o,ooo  livres  tournois,  des- 
tinée à  l'achat  de  maisons  et  terrains. 

Le  succès  ayant  couronné  les  efforts  du  fondateur,  et  le  nombre  de  ses  dis- 
ciples s'augmentant  sans  cesse,  il  résolut  de  leur  procurer,  dans  la  Ville  même, 
une  habitation  plus  convenable  que  celle  du  faubourg  Saint-Jacques.  Il  obtint 
l'hôtel  de  la  Monnaie,  qui  était  situé  rue  de  ce  nom,  et  devait  cesser  de  servir  à  la 
fabrication  des  espèces;  mais  le  projet  ne  se  réalisa  pas  et  Bérulle  jeta  ses  vues 
ailleurs.  Ayant  déjà  acquis,  le  1 5  janvier  161 3,  l'hôtel  de  Matignon,  qu'il  ne 
garda  point,  il  conclut,  le  20  janvier  1616,  avec  la  duchesse  de  Guise  le  marché 
qui  le  mit  en  possession  de  l'hôtel  du  Bouchage.  (Voir  Rue  du  Coq.)  Huit  jours  plus 
tard,  la  Congrégation  s'y  transporta,  et  trois  mois  après  elle  y  avait  une  chapelle 
provisoire. 

Agrandie  par  l'annexion,  effectuée  en  1619  et  1621,  de  propriétés  sises  dans 
les  rues  d'Autriche,  du  Coq  et  Saint-Honoré  (voir  à  l'article  de  ces  rues),  la  mai- 
son de  l'Oratoire  ne  renfermait  point  encore  de  chapelle  proportionnée  à  son 
importance,  et  il  devint  nécessaire  d'en  élever  une.  On  commença,  le  19  juillet 
1621,  à  jeter  les  fondements  de  celle  qui  existe,  et  la  première  pierre,  incrustée 
de  deux  lames  d'argent  portant  des  inscriptions,  fut  posée,  au  nom  du  Roi,  le 
2  2  septembre  1621,  par  le  duc  de  Montbazon ,  gouverneur  de  Paris.  On  y  travaillait 
depuis  près  de  deux  années,  lorsque,  le  16  août  1623,  le  marquis  de  LaVieuville, 
surintendant  des  bâtiments,  poussé  par  les  ennemis  de  la  Congrégation,  se  plaignit 


54  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

au  Roi,  dans  un  conseil,  de  ce  qu'elle  bâtissait  une  vaste  église,  et  représenta 
que,  si  l'édifice  s'achevait,  il  serait  nécessaire  de  l'exproprier  à  grands  frais  quand  il 
s'agirait  d'exécuter  les  grands  projets  conçus  pour  le  Louvre;  il  ajouta  qu'il  avait 
fait  intimer  par  les  trésoriers  de  France  l'ordre  de  suspendre  les  travaux.  La  Com- 
munauté se  défendit;  elle  démontra  que  les  projets  adoptés  n'atteignaient  point 
sa  maison,  et,  le  17  septembre,  elle  obtint  mainlevée  des  prohibitions  qui  lui 
avaient  été  signifiées*1'.  Bientôt  une  circonstance  des  plus  heureuses  vint  com- 
penser largement  les  ennuis  qu'on  lui  avait  suscités  :  le  23  décembre  i6a3,  dans 
un  conseil  où  l'on  décida  que  la  chapelle  de  l'ancien  hôtel  de  Bourbon  serait 
rasée,  Louis  XIII  manifesta  sa  volonté  de  la  remplacer  par  l'église  de  l'Oratoire, 
et  chargea  sur-le-champ  son  architecte ,  Clément  Métezeau ,  de  modifier  les  plans 
de  ce  dernier  édifice  de  façon  qu'il  pût  entrer  dans  les  bâtiments  du  Louvre.  Le 
même  jour,  le  général  de  la  Congrégation  alla  remercier  le  Roi,  qui  lui  octroya 
un  brevet  où  l'église  fut  qualifiée  à' Oratoire  royal;  puis,  par  un  arrêt  du  Conseil 
d'Etat,  du  1 7  juillet  162/1,  où  il  est  exprimé  que  le  Roi  se  proposait  de  comprendre 
dans  le  Louvre  une  partie  de  la  maison  de  l'Oratoire,  il  fut  ordonné  que  l'église 
serait  orientée  de  telle  sorte  que  son  axe  prolongé  passât  par  le  centre  du  palais, 
ce  qui  eut  lieu. 

Vers  la  fin  de  septembre  i6a5,  les  travaux  de  l'église  furent  interrompus, 
parce  qu'il  n'avait  point  été  possible  d'acquérir  deux  maisons  qu'il  fallait  démolir, 
et  que  la  Congrégation  ne  put  les  acheter  qu'en  1627  et  i65i.  On  dit  cependant 
que  l'église  fut  terminée  en  i63o®;  mais  cela  ne  saurait  s'entendre  que  du  chœur 
et  de  la  croisée;  quant  à  la  nef,  elle  fut  simplement  commencée®,  et  resta  fort 
incomplète  jusqu'en  l'année  1 7 ^5.  L'architecte  Caqué  entreprit  alors  la  con- 
struction du  portail  ainsi  que  des  parties  adjacentes,  en  conservant  le  style  dans 
lequel  avait  été  construit  le  monument.  Suivant  Piganiol ,  celui  qui  en  dressa  les 
premiers  plans  fut  Clément  Métezeau,  auquel  aurait  succédé  Lemercier,  chargé 
de  réparer  les  fautes  commises  par  son  prédécesseur.  On  lit  dans  le  journal  de  la 
Société,  probablement  plus  digne  de  confiance  :  crElle  (l'église)  est  bâtie  sur  le 
a  dessein  de  M.  Jacques  Lemercier,  fameux  architecte,  et  l'ouvrage  a  été  conduit 
rrpar  M.  Métezeau,  premier  architecte  du  Roy.  11  L'église  de  l'Oratoire,  affectée 


(1>  Journal  historique,  manuscrit,  de  la  Maison  de 
l'Oratoire,  p.  0,0.  Arch.  de  l'Emp.  reg.  MM  623. 

(î)  A  l'extérieur  de  ]a  chapelle  absidale  est  gravée 
l'inscription  suivante  : 

I  DV  bOIS  bELLANGER IDVS 

1638 

(3)  Les  Annales  manuscrites  de  l'Oratoire  con- 
tiennent ce  passage  dont  la  rédaction  paraît  appar- 
tenir a  deux  époques  :  *  A  la  fin  du  mois  de  sep- 


tembre de  l'année  i6a5,  nous  avons  cessé  de  faire 
rr travailler  à  la  construction  de  notre  église,  que 
rtnous  ne  pouvons  finir,  aiant  besoin  pour  cela  de 
rr  l'emplacement  de  la  maison  du  sieur  Morel  et  des 
«  sieurs  de  Montreuil,  qui  entrent  dans  le  dessein, 
rret  qu'il  ne  nous  a  pas  encore  été  possible  d'ac- 
rr  quérir.  Il  reste  encore  à  faire  trois  travées  de  lon- 
gueur depuis  la  voûte  de  la  croisée ,  jusqu'au  por- 
rrtail  inclusivement,  de  laquelle  partie  les  fondations 


RUE  SAINT-HONORE. 


55 


aujourd'hui  au  culte  protestant,  renfermait  le  tombeau  du  cardinal  de  Bérulle, 
œuvre  remarquable  de  François  Anguier.  Les  sculptures  du  portail  ont  été  exécu- 
tées par  Adam  Lecadet  et  Francin ,  statuaires  du  roi. 


CENSIVE  DE  L'EVECHE. 


Maison  sans  désignation  en  1878,  puis  des  Trois-Serpettes  (1 568) ,  du  Renard 
(i  58 1)  et  de  l'Éperon-d'Or  (i6o3-i656),  contiguë  au  mur  de  la  Ville.  Vers  1620, 
elle  appartenait  à  Pierre  Morel  l'aîné,  éperonnier  du  roi,  et,  dès  1575,  elle  ren- 
fermait deux  corps  d'hôtel  qui,  en  161 3,  étaient  devenus  deux  maisons  distinctes. 
La  seconde  fut  acquise  par  la  congrégation  de  l'Oratoire,  le  20  février  1627,  et 
la  première,  le  i5  août  i656.  Sur  l'emplacement  de  celle-ci  fut  élevée  une  partie 
du  portail  de  l'église,  et  sur  l'emplacement  de  l'autre  il  existait,  en  1700,  deux 
maisons  ayant  pour  enseigne  le  Lion-d'Or  et  l'Enfant-Jésus. 

Maison  du  «Beuft>  (1878),  puis  du  Boeuf-Couronné  (1689-1660),  et  du  Louis - 
d'Or  (1700).  Elle  fut  acquise  par  les  pères  de  l'Oratoire  le  28  juin  1627. 

Maison  des  (tRatzti  (1878),  puis  «de  l'Escu-de-Polongne d  (1 586- 1660),  et  de 

LA  PeRLE-DES-PlUMES   (1700). 

Maison  du  ctHeaulmeti  (1878-1660),  où,  vers  le  milieu  du  xive  siècle,  on  ven- 
dait de  la  cervoise.  Cette  maison  et  les  trois  précédentes  aboutissaient  aux  dépen- 
dances de  l'hôtel  Saint-Pol  W. 

Maison  sans  désignation  en  1575,  puis  du  Volet-Blanc  (160  3- 1660),  et  du 
Boeuf-Couronné  (1700),  laquelle,  en  i53o,  faisait  encore  partie  de  celle  du 
Heaume.  Entre  l'une  et  l'autre,  vers  1660,  on  comptait  deux  maisons. 

Maison  de  l'Image  Saint-Martin  (1878),  puis  du  Babot  (1572-1660),  et  du  Roi- 
de-Frvnce  (1700). 

Maison  sans  désignation  en  1575,  puis  de  la  Pomme -Bouge  (i6o5),  et  de  la 
B\\\ikhe-i>k-Fiunce  (i 636-1 700).  Elle  était  encore  comprise,  en  i53o,  dans  une 
des  maisons  qui,  en  15^5,  lui  étaient  contiguës,  vraisemblablement  dans  celle  du 


-sont  faites.  Elle  est  bâtie  sur  le  dessin  de  M.  Jac- 
-ques  Lemercier,  fameux  architecte,  et  l'ouvrage 
Ta  été  conduit  par  M.  Mélezeau ,  premier  architecte 
"du  Roy.  Elle  consiste  à  présent  en  une  nef  de 
-treize  toises  et  demie  de  longueur,  sur  trente  un 
'•pieds  de  largeur  dans  œuvre,  et  soixante-trois 
-pieds  de  haut  sous  la  voûte,  qui  est  faite  depuis  le 
"  rond-point,  vers  le  chœur,  jusques  et  y  compris  les 
fdeux  côtés  de  la  croisée;  au  droit  de  ladite  croisée, 
ril  y  a  deux  chapelles  de  chaque  côté,  avec  un  pas- 
" sage  de  dégagement  entre  deux;  c'est  à  cette  der- 
-uière  chapelle  que  se  termine  la  longueur  de  la 


rr  voûte  de  l'église.  Il  y  a  encore  une  chapelle  de 
*  bâtie  de  chaque  côté  de  la  croisée,  vers  le  por- 
rrlail  ;  mais  leur  voûte  est  restée  à  faire  :  les  quatre 
it  premières  chapelles  sont  voûtées  en  plein-cintre 
fret  ont  chacune  douze  à  treize  pieds  de  long,  sur 
ffdix  de  large  et  vingt  pieds  de  haut,  avec  une 
s  croisée  en  vitraux.  » 

(1)  Nous  suivons  l'ordre  des  censiers  de  ib'jb. 
i6o3,  etc.  Dans  ceux  de  i53o  et  1 689 ,  au  con- 
traire, la  maison  des  Hais  est  à  la  place  de  celle  du 
Heaume,  et  vice  versa.  H  en  est  de  même  dans  un 
titre  de  1878. 


56  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Rabot.  En  1689,  cette  dernière  et  la  maison  de  la  Pomme-Rouge  n'étaient  point 
bâties,  ou  du  moins  ne  constituaient  qu'une  dépendance  de  l'hôtel  Saint-Pol. 

Maison  du  Soleil  (i56o-i66o)  ou  du  Petit-Soleil  (1582),  faisant  le  coin  orien- 
tal de  la  rue  du  Coq.  Le  terrain  qu'elle  occupait  provenait  d'un  morcellement  de 
l'hôtel  Saint-Pol,  et  elle  n'est  point  encore  mentionnée  dans  le  censier  de  i53o. 

Euire iM me»        Maison  sans  désignation  (i6o3),  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  du  Coq. 
et ohamp-Fieun  Jusqu'à  la  fin  du  xvie  siècle,  elle  fit  partie  de  la  suivante. 

Bihiioiheque.        Maison  de  l'Image  Saint-Jacques  (1609-1620),  puis  du  Cerf  et  de  la  Chasse- 
Royale  (1687). 

Maison  de  tt  l'Imaige  Saint-Jehan  n  (1/108-1626)  puis  de  la  Vache  (162 6)  ou  Vache- 
Couronnée  (i636),  et  de  l'Arbalète  (1687).  La  maison  de  l'image  Saint-Jean  étant 
dite,  en  1608,  faire  le  coin  de  la  rue  de  Richebourg,  il  est  clair  qu'elle  com- 
prenait les  deux  précédentes.  Elle  communiquait  avec  la  rue  du  Coq  en  i63o. 

Maison  des  te Troys-Roys v  (1 5 60- 1660),  puis  de  la  Croix-Verte  (1687),  et  de 
la  Croix-d'Or  (1700). 

C'est  en  face  de  cette  maison  que  se  trouvait  l'espèce  de  corps  de  garde  qu'on 
appelait  la  Bamè-e-des-Sergents.  Il  avait  été  établi  en  vertu  d'un  arrêt  du  Parle- 
ment, rendu  le  12  décembre  1 55 1 ,  et,  suivant  le  Journal  de  Barbier,  il  fut  dé- 
truit lors  de  l'entrée  du  Roi,  le  7  septembre  1765;  mais  on  le  rebâtit  ensuite. 

Maison  du  Cerf  (1689),  puis  de  la  Corne-de-Cerf  (i53o-i66o),  et  de  la  Reine- 
d'Angleterre  (1687). 

Maison  de  l'Image  Notre-Dame  (1689-16/10),  puis  de  l'Image  Saint-Jacques 
(1687). 

Maison  sans  désignation  en  1689,  puis  du  Grand-Godet  (i53o-i66o),  et  de 
l'Image  Sainte-Barbe  (1687). 

Maison  de  la  Nef-d'Argent  (1/189),  Pu^s  DE  LIMAGE  Sainte-Barbe  (i53o-i6/io), 
de  la  Hotte  (1626)  ou  Hotte-Fleurie  (1687),  et  de  la  Chasse-Royale  (1700). 

Maison  de  l'Annonciation-Notre-Dame  (i/i32),  puis  de  la  Hotte  (i6o3-i6Zio), 
et  des  Deux-Docteurs  (1679).  Elle  paraît  avoir  dépendu  de  la  suivante. 

Maison  de  la  Huchette  (i/i32),  puis  des  Trois-Docteurs  (1 636 ) ,  et  du  Duc- 
de-Bourgogne  (1700). 

Maison  sans  désignation  (1689),  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  Champ- 
Fleuri.  Elle  avait  été  divisée  en  deux  parties  au  xve  siècle,  et  eut  pour  enseigne 
tt  l'Arbalestre  n  en  1 563  et  1660,  puis  les  Trois-Flelrs-de-Lis  en  1687. 

Entre  les  mes        Maison  sans  désignation  en  1689,  puis  de  la  Coupe-d'Or  (i56o-i66o),  faisant 
et         le  coin  occidental  de  la  rue  Champ-Fleuri. 

Maison  de  r  l'Ymage  Saint-Michiel  i>  (1 639-1 66  0),  qui  appartenait  au  Roi  en  1 687. 


RUE  SAINT-HONORÉ.  57 

Maison  sans  désignation  en  1689,  puis  du  a  Daulphin  t>(i>>']  3)  et  du  Dauphin-Vert 
(1626-1660). 

Maison  du  Cerf  (1626),  puis  de  la  Corne-de-Cerf  (1689),  du  Petit-Cerf  (i53o- 
1660),  et  de  la  Couronne  (1687).  Elle  paraît  avoir  eu  aussi  pour  enseigne  l'Ecu- 
Vert  (1626). 

Maison  de  rl'Imaige  Sainct-Loïs d  (1673-1660),  qui,  en  1689,  était  une  dé- 
pendance de  la  suivante. 

Maison  de  la  et  Teste-Noire  n  (1 665),  depuis  de  a  l'Estrille  n  (1 6o3),  et  du  Cheval- 
Blanc  (1626-1660).  En  1687,  cette  maison  était  réunie  à  la  suivante,  et  avait 
pour  enseigne  le  Cheval-Blanc  et  la  Ville-de-Cornouailles. 

Maison  de  la  Croix-d'Or  (1615-1620).  Ce  doit  être  celle  où,  en  1221,  étaient 
placées  les  écoles  de  Saint-Honoré,  et  qui  était  contiguë  à  la  maison  du  coin  de 
la  rue  du  Chantre,  suivant  un  titre  cité  page  26. 

Maison  de  la  Pelle  (1610),  puis  du  «Saulmont»  (1689-1650).  Dans  la  pre- 
mière moitié  du  XVe  siècle,  elle  semble  n'avoir  point  été  distincte  des  deux  sui- 
vantes. 

Maison  de  la  Bose  (1689),  puis  de  la  Bose-Bouge  (1675-1620),  ayant  d'abord 
fait  partie  de  la  suivante. 

Maison  sans  désignation  en  1221,  puis  de  tt l'Escu-de-Bretaigne t>  (1610),  et  de 
l'Écu-de-France  (161  5-i 620),  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  du  Chantre.  Le 
jardin  de  cette  maison  s'étendait  derrière  les  trois  précédentes;  sur  une  partie 
du  terrain  qu'il  occupait  il  y  avait,  en  1687,  deux  maisons  qui  faisaient  front 
sur  la  rue  du  Chantre,  et  dont  l'une  eut  pour  enseigne  le  Louvre,  vers  1700.  Le 
lundi  avant  la  fête  des  Brandons,  l'an  i3ii,  Simon  de  Franc-Caste!  donna  à 
l'église  Saint-Honoré  une  rente  de  3  livres  à  prendre  sur  la  maison  de  l'Ecu-de- 
Bretagne,  et,  le  3o  juillet  161 5.  Pierre  Foulon  et  sa  femme  lui  donnèrent  la 
maison  même  pour  fondation  pieuse. 

Maison  sans  désignation  en  i36i,  puis  de  la  Clef  (1611),  du  Pot-d'Etain  Em™ ie. rue, 
(1627-1672),  du  Petit-Panier  (i56o),  du  Panier-Vert  (1666)  et  de  la  Ville-  jean-s'-Deni*. 
de-Lude  (1687),  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  du  Chantre.  En  1689  elle 
est  indiquée,  mais  sans  désignation  particulière,  sans  doute  parce  que  son  en- 
seigne appartenait  exclusivement  à  la  maison  suivante.  Au  mois  de  mars  1 36 1 , 
la  maison  de  l'Ecu-de-France  fut  délivrée  au  chapitre  Saint-Honoré,  pour  fonda- 
tion de  service,  par  les  exécuteurs  testamentaires  de  Jeanne,  femme  du  nommé 
Delestre,  dit  Saint-Omer. 

Maison  du  Plat  ou  du  Pot-d'Etain  (1689-1761),  puis  de  l'Image  Saint-Martin 
et  des  Trois-Pilons  (1687).  Elle  appartenait,  dès  le  xme  siècle  (1 236),  au  chantre 
et  aux  chanoines  de  Saint-Honoré  ;  elle  aboutissait  à  la  précédente  et  pouvait  être 


58  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

la  même  que  celle  de  la  Tête-Noire  (1/107),  (IU'  semMe  avoir  été  contiguë  à  la 
maison  de  la  Clef. 

Maison  sans  désignation  en  1689  et  ayant  alors  remplacé  une  masure,  puis  du 
Cheval-Blanc  (i53o),  de  l'Image  Sainte-Geneviève  (i56o-i66o),  et  de  la  Botte- 
Rouge  (1687).  Au  xve  siècle,  elle  faisait  encore  partie  de  la  suivante. 

Maison  où,  est-il  dit  en  1 68g ,  « souloient  estre  deux  masures,  n  et  qui  a  eu  en- 
suite pour  enseigne  le  Dieu-d' Amour  (i53o-i66o).  Elle  formait  le  coin  oriental 
de  la  rue  Jean-Saint-Denis  et  appartenait  aux  Quinze-Vingts.  Elle  fut  vendue  en 
1283  par  le  chapitre  Saint-Honoré  à  Regnaut  de  Quinquempois  et  à  Alix,  sa 
femme. 

Entre  les  rues  MAISON   DE  l'EtOILE   (l  689-I  62  6)  ,    puis  DE    LA    FlEUR-DE-LiS    et   DE    LA    VlLLE-DE- 

et  Fromenteau.  Lunel  (1687),  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  Jean-Saint-Denis. 

Maison  sans  désignation  en  1 689,  puis  de  l'Etoile  (1626-1687),  morcellement 
de  la  précédente. 

Maison  des  Quatre-Fils-Aymon  (1689-16/10),  ayant  un  corps  d'hôtel  sur  la  rue 
Fromenteau. 

Maison  du  Croissant  (i585-i65o),  puis  dite  de  la  Longue-Alle'e  (i6o3),  et 
l'Hôtel  de  Picardie  (1700).  On  y  parvenait  par  un  passage  étroit,  et  une  longue 
allée  n  prise  sur  le  terrain  de  la  maison  précédente ,  derrière  laquelle  elle  était 
située  et  dont  elle  a  fait  partie  jusqu'à  la  fin  du  xvic  siècle. 

CENSIVE    DU    FIEF    DE    FROMENTEAU. 

Maison  du  Chariot-d'Or  (i353-i626),  ayant  issue  rue  Fromenteau.  En  1628 
elle  était  déjà  divisée  en  deux  maisons,  la  seconde  faisant  hache  derrière  la  pre- 
mière. 

Maison  du  Lion-d'Or  (1676-1626),  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  Fromen- 
teau. En  i6o3,  elle  formait  déjà,  sur  la  rue  Saint-Honoré,  deux  maisons  distinctes, 
lesquelles,  vers  1780,  furent  réunies  et  rebâties.  Celle  du  coin  avait  eu  pour 
enseigne  la  Croix-Blanche  en  1700,  et  l'autre,  qui  avait  gardé  l'ancienne  enseigne 
du  Lion-d'Or,  eut  aussi  l'enseigne  de  l'Image  Saint-François  en  1681.  En  1657,  on 
voyait  en  outre,  sur  la  rue  Fromenteau,  un  corps  d'hôtel  qui  a  toujours  existé  de- 
puis, et  qui  a  eu  pour  enseigne  l'Ami-du-Cœur  en  1 696.  La  maison  du  Lion  ou  bien 
la  précédente  est  mentionnée,  en  1286,  comme  appartenant  à  Simon  Malegaigne. 

Entre  les  rues        Maison  sans  désignation  en  1 5  3  o ,  puis  de  la  Gerbe-d'Or  (1612),  faisant  le  coin 

Fromenteau  111  t-i 

h  samt-Thomas  occidental  de  la  rue  fromenteau. 

Maison  sans  désignation  en  i53o,  et  réunie  depuis  à  la  précédente;  plus  an- 
ciennement, elles  ne  formaient  qu'une  seule  maison,  à  laquelle  pendait  pour 


RUE  SAINT-HONORE.  59 

enseigne  l'E<?u-de-France  dès  i388.  Les  deux  logis  ont  dépendu  du  suivant  au 
xvic  siècle. 

HÔTEL  DE  LAVAL,  DE  VlGNOLLES  et  DE  SlLLERY.  Avant  qu'on  en  retranchât 
le  terrain  sur  lequel  fut  élevée  la  maison  du  Sabot,  cet  hôtel  avait  de  façade,  sur 
rue,  quatorze  toises  cinq  pieds  deux  pouces;  il  était  partie  en  censive  du  fief  de 
Fromenteau  et  partie  en 

CENSIVE    DE    L'ÉVÊCHÉ*. 

Il  appartint  d'abord  à  un  évêque  de  Nantes,  puis,  dès  la  fin  du  règne  de 
Charles  VI,  à  Guy,  chevalier,  seigneur  de  Laval,  ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom 
(Y hôtel  de  Laval,  encore  en  usage  au  xvie  siècle,  quoique  l'hôtel,  possédé  en  1&72 
par  Guillaume  Champion,  ne  fût  plus  depuis  longtemps  à  la  famille  de  Laval.  En 
i53o,  c'était  la  propriété  de  Jean  de  Vignolles,  notaire  et  secrétaire  de  la  cour; 
en  1570,  celle  d'Anne  Guiard,  sa  veuve,  et,  en  i5p,7,  celle  de  leur  fils  Gabriel 
Fournier,  conseiller  au  Parlement.  L'hôtel,  agrandi  alors  de  l'emplacement  de 
quatre  petites  maisons  situées  derrière  celle  de  l'Ecu-de-France ,  le  long  de  la 
rue  Fromenteau,  s'étendait  aussi  le  long  de  la  rue  Saint-Thomas.  H  passa  ensuite 
à  Pierre  de  Galande  [alias  Lalande),  secrétaire  du  roi,  lequel,  aux  dates  du 
i3  septembre  1612  et  du  29  février  1616,  le  vendit  à  Noël  Bruslart  de  Sillery, 
commandeur  de  Saint-Jean-du-Temple,  et  frère  du  chancelier'1'. Noël  Bruslart  fit 
entièrement  rebâtir  l'hôtel  «de  belles  pierres  de  taille  et  de  briques,  t>  est-il  dit 
dans  le  Supplément  aux  antiquités  de  Paris,  avec  a  un  fort  beau  portail,  et  au- 
dessus  une  galerie  ornée  de  balustres  et  de  petites  colonnes  de  pierre,  artistement 
travaillées,  v  Le  cardinal  de  Richelieu  ayant  résolu  d'établir  une  place  devant  son 
palais,  projet  entraînant  la  destruction  de  l'hôtel  de  Sillery,  le  fit  achètera  Brus- 
lart, moyennant  la  somme  de  5o,ooo  écus,  le  22  mars  i64o,  par  Charles  d'Es- 
coubleau,  marquis  de  Sourdis,  qui,  le  même  jour,  en  fit  sa  déclaration  au  profit 
du  cardinal  ;  mais  celui-ci  mourut  avant  d'avoir  entièrement  exécuté  son  dessein, 
et  c'est  seulement  lorsque  la  cour  eut  été  installée  au  Palais-Royal,  que  fut  ter- 
minée la  démolition  de  l'hôtel  et  des  autres  constructions  qu'il  fallut  abattre  pour 
donner  à  la  place  les  dimensions  voulues.  Entre  les  rues  Fromenteau  et  Saint- 
Thomas,  on  éleva  alors  huit  petites  maisons,  au  devant  desquelles  on  plaça  un 
mur  de  clôture,  fidèlement  reproduit  dans  le  plan  de  Gomboust.  Ces  maisons 
occupaient  la  partie  la  plus  méridionale  de  l'emplacement  de  l'hôtel  de  Sillery  ; 
celles  des  angles  servaient  de  corps  de  garde ,  et  les  autres  furent  données  à  des 
ouvriers  du  roi,  pour  en  jouir  leur  vie  durant'2'.  Elles  étaient  du  plus  fâcheux 


(1)  Arch.  de  l'Emp.  cari.  S  i8a4,  et  censiersde  (,)  Voir  ie  texte  d'une  de  ces  concessions,  datée 

IKwVlié,  patsim.  de  1 653 ,  ap.  Archives  de  l'art  français,  t.  V,  p.  277. 

8. 


60  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

aspect,  et  la  perspective  qu'elles  offraient  aux  habitants  du  Palais-Royal  parut 
si  désagréable,  que  le  Régent  eut,  en  1719,  l'idée  de  les  faire  jeter  bas  et  d'y 
substituer  un  réservoir  monumental.  Robert  de  Cotte,  architecte  du  roi,  fut 
chargé  de  bâtir  l'édifice,  qui  est  resté  connu  sous  le  nom  de  Chdteau-d'Eau,  et 
que  Coustou  jeune  orna  des  statues  d'une  naïade  et  d'un  fleuve,  personnifi- 
cations de  la  Seine  et  de  l'eau  d'Arcueil;  le  bâtiment  contenait,  en  effet,  des 
réservoirs  d'eau  de  ces  deux  provenances,  destinés  à  alimenter  les  bassins  des 
Tuileries  et  celui  du  Palais-Royal.  Il  a  disparu  dans  l'année  1 856 ,  en  consé- 
quence des  décrets  des  i5  novembre  1 853  et  3  mai  i856,  qui,  portant  la  lar- 
geur de  la  place  à  80  mètres,  ordonnèrent  l'expropriation  des  maisons  riveraines, 
et  leur  reconstruction  sur  un  plan  analogue  à  celui  des  maisons  de  la  rue  de 
Rivoli.  La  place  du  Palais-Royal  avait  déjà  été  assez  élargie  par  lettres  patentes  du 
22  avril  1769.  D'autres  lettres,  du  8  mai  1770,  avaient  prescrit  l'uniformité  de 
toutes  les  façades  des  maisons  qui  la  bordaient,  et  qu'on  n'acheva  de  rebâtir 
qu'en  1776. 

Maison  du  Sabot  (1527-1660),  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  Saint-Thomas. 
En  1689,  elle  était  comprise  dans  l'hôtel  de  Laval  et  existait  encore  avec  son  en- 
seigne en  1612.  Démolie  à  l'époque  où  l'on  construisit  l'hôtel  de  Sillery,  elle 
servit  à  l'agrandissement  de  cet  hôtel.  Elle  avait  appartenu  à  la  dame  Anne  de 
Vignolles. 

Entre  les  mes       Maison  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  Saint-Thomas.  C'était  une  partie  ou 

Saint-Thomas  _  f  _  1       1  •  1  n  11  •  r        i  • 

■t Mat-Mate,  mie  dépendance  de  la  suivante,  avec  laquelle  elle  était  conlondue  au  xve  siècle, 
et  dont  elle  portait  l'enseigne  (la  Crosse)  en  i6o3  et  1660. 

Maison  de  la  Crosse  (1689-16/10),  puis  du  Singe-Vert  (1687). 

Maison  de  la  Croix-de-Fer  (1689-1660),  puis  de  l'Épée-de-Rois  (1705).  Sa 
première  enseigne  comportait  une  allusion  au  nom  de  Jacques  Croix,  un  de  ses 
propriétaires. 

Maison  de  l'Homme-Sauvage  (i5oo),  ayant  un  corps  d'hôtel  en  retour  d'équerre 
sur  la  rue  Saint-Thomas. 

Maison  des  Trois-Morts  et  des  Trois- Vifs  W  (i336).  En  1678,  elle  se  compo- 
sait de  deux  corps  d'hôtel  à  pignon  sur  rue,  dont  l'un  avait  gardé  l'ancienne 
enseigne,  tandis  qu'à  l'autre  pendait  celle  de  la  Corne-de-Cerf  (1  678-1660).  Cette 
dernière  enseigne  était  la  seule  conservée  en  i53o.  L'un  des  deux  corps  de  logis 
doit  avoir  eu  pour  enseigne  la  Devise-Royale  en  1678,  et  l'Ile-d' Amour  en  1696. 

Maison  du  Roeuf  et  du  Mouton  (161 3),  puis  du  Boeuf-Couronné  (1616),  de 
l'Image  Saint-Martin  (1689-1660),  et  du  Grand-Louis  ou  Grand-Monarque  (1719). 


m 


Le  sujet  de  cette  enseigne  était  emprunté  à  un  fabliau  populaire. 


RUE  SAINT-HONORÉ.  Cl 

C'est  dans  l'arrière-corps  de  logis  de  cette  maison  qu'habitait,  en  1 653 ,  le  clergé 
de  l'Hospice  des  Quinze-Vingts.  Comme  les  deux  précédentes,  elle  aboutissait 
anciennement  à  la  cour  de  cet  établissement. 

Maison  de  l'Ecu-de-France  (i6i3),  puis  de  ctl'Ymaige  Saint-Kristofle n  (1 653- 
1620),  et  aussi  de  «la  Caigea  (1 563) ,  aboutissant  jadis  au  jardin  de  l'Hospice. 

Maison  de  l'Image  Saint-Vincent  (1 563),  démembrement  de  la  précédente. 

Maison  du  Godet  (161 3),  attenant  à  une  porte  qui  conduisait  dans  l'inté- 
rieur de  l'Hospice.  Elle  paraît  être  la  même  que  certaine  maison  qui  avait  pour 
enseigne  le  Puits-sans-Vin  en  1713,  la  Croix-d'Or  en  1739,  et  était  contiguë 
à  l'église. 

Eglise  des  Quinze -Vingts,  faisant  le  coin  oriental  de  l'ancienne  entrée  de  la 
cour  de  l'hospice,  dite  la  Cour-Pavée. 

HOSPICE  DES  QUINZE-VINGTS.  Dans  des  lettres  patentes  données  par  Fran- 
çois Ier,  au  mois  de  mai  1 566,  il  est  dit  que  Saint-Louis  avait  fondé,  entre  autres 
établissements  hospitaliers,  «la  maison  et  hospital  des  Quinze -Vingts,  en  mémoire 
cret  récordation  de  trois  cens  chevaliers  qui,  en  son  temps  et  règne,  eurent  les 
ftyeulx  crevez  pour  soutenir  la  foy  catholique  W.  r>  Cette  tradition  était  donc  ré- 
pandue alors;  elle  ne  l'est  guère  moins  aujourd'hui,  car,  propagée  par  Corrozet, 
Du  Breul,  Sauvai  et  Brice,  elle  se  retrouve  dans  les  ouvrages  les  plus  modernes. 
Depuis  plus  de  deux  siècles  pourtant  on  n'ignore  pas  qu'elle  est  erronée,  puisque 
Guillaume  Du  Peyrat  la  rejetait  déjà  en  i665  ®.  Après  lui  Félibien  et  Jaillot  ont 
fait  observer  que,  dans  les  anciens  titres  relatifs  à  la  fondation  des  Quinze -Vingts, 
dans  les  bulles  qui  la  concernent  et  dans  les  historiens  contemporains,  on  n'aper- 
çoit aucune  trace  d'une  origine  semblable,  bien  faite,  assurément,  pour  ne  point 
être  passée  sous  silence  si  elle  eût  été  vraie.  Ils  ont,  en  outre,  objecté  qu'il  était 
contraire  à  toute  vraisemblance  que  le  pieux  saint  Louis  n'eût  pas  su  mieux  ré- 
compenser de  nobles  chevaliers  ayant  perdu  la  vue  au  service  d'une  cause  sainte 
qu'en  les  assimilant  à  des  pauvres  vulgaires,  réduits  à  aller  mendier  publique- 
ment, comme  le  faisaient  les  Quinze-Vingts  dès  le  temps  de  ce  roi.  Mais  ces  rai- 

(,)  Arch.  de  l'Emp.  reg.  X  86o4 ,  p.  267.  Parmi  Paris  en  vat  trois  paire, 

«  Histoire  ecclésiastique  de  la  Cour,  in-fol.  Paris,  Toute  ior"  ne  finentd  de  braire; 

1 645 ,  p.  Ix  1  a.  Du  Peyrat  cite  l'opinion  du  prési-  Au  troi9  cens  1ui  ne  v0>ent  &°ute' 

,     .  p       ,    .  -,  -i  Li  uns  sache",  li  autre  boute  . 

dent  rauchet,  et  aussi  un  poète  contemporain  de  '  . 

.     r      .„      ,      ,        .îiipi-       j  Si*  se  donnent  mainte  sacoute  , 
saint  Louis,  Hutebeuf,  qui  parle  de  la  fondation  des  „    ,  .        .    |,,. 

n     r  Qu  il  n  y  a  nul  que  lor'  éclaire. 

Quinze-Vingts  en  ces  termes  railleurs  :  gi  fex,  y  prent)  ce  n,est  pas  doule 

Li  rois  a  mis  en  1  repaire,  L'ordre  sera  bruslée  toute  : 

Mes*  ne  sai  pas  por  quoi  faire,  S'aura1  li  Rois  plus  à  réfère. 

Trois  cens  aveugles  route  à  route1. 

'  Mais.—  b  En  compagnie.  —  ■  Tout  le  jour.  —  '  Finissent.  —  '  Tiraillent.  —  '  Butent ,  trébuchent.  —  '  Ainsi.  —  *  Secousse 
—  '  Leur.  —  '  Le  feu.  —  l  Ainsi  aura. 


62  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

sonnements,  quelque  concluants  qu'ils  soient,  n'en  resteront  pas  moins,  bien  des 
années  encore,  nuls  et  non  avenus  pour  une  foule  de  gens,  et  l'on  continuera  à 
imprimer  que  les  premiers  aveugles  reçus  dans  l'Hospice  furent  des  chevaliers 
victimes  de  la  cruauté  des  Sarrasins.  On  répétera  de  même  cette  autre  fable, 
que  l'Hospice  fut  bâti  au  milieu  d'un  bois,  quoiqu'on  puisse  constater  sans  grande 
peine  que,  vers  le  milieu  du  xiue  siècle,  l'emplacement  du  Carrousel  et  de  ses 
environs  était  occupé  par  des  habitations,  des  jardins,  des  tuileries;  qu'il  y  avait 
déjà  là,  en  12&7,  un  marché  aux  chevaux,  et,  en  1235,  un  marché  aux  porcs. 
Selon  une  opinion  plus  justifiée,  le  lieu  où  furent  établis  les  Quinze-Vingts  se 
serait  appelé  le  Champ-Pourri.  Dans  le  <r Dit  des  crieries  de  Paris,  n  les  Aveugles 
sont  effectivement  représentés  comme  criant  dans  les  rues  de  la  ville  crdu  pain  à 
«  cels  de  Champ-Pourri,  -n  Mais  les  documents  originaux  ne  nous  ont  fourni  aucune 
autre  preuve  à  l'appui,  et  nous  avons  seulement  vu  que  dans  le  voisinage,  au 
commencement  du  xive  siècle ,  il  y  avait  et  une  fosse  à  fiens.  n 

Saint  Louis,  dont  la  charité  était  aussi  zélée  que  la  foi,  touché  du  sort  misé- 
rable des  aveugles  à  Paris,  leur  acheta  un  terrain  dépendant  de  la  censive  de 
l'Evêché,  et  y  fit  bâtir  une  maison.  Cet  événement  est  ordinairement  reporté  à 
l'année  12  56;  mais  on  n'a  plus  les  moyens  de  vérifier  l'exactitude  de  cette  date, 
la  charte  d'acquisition  étant  disparue  depuis  très"  longtemps  :  un  inventaire  des 
titres  de  l'Hospice,  rédigé  en  i63o,  n'en  fait  aucune  mention.  Toutefois,  il  est  sûr 
qu'en  1260  l'Hospice  était  fondé,  puisque,  au  mois  de  mars  de  cette  année,  saint 
Louis  assigna  i5  livres  de  rentes  à  Jean  Le  Breton,  qu'il  avait  nommé  chapelain 
de  la  Communauté,  et,  au  mois  de  juin  suivant,  il  céda  à  l'Evêque  100  sous  de 
rente  annuelle  à  titre  d'indemnité  pour  la  redevance  de  quatre  setiers  de  blé  et  de 
deux  setiers  d'avoine,  dont  était  chargée  la  terre  où  s'élevait  la  maison  des  Aveu- 
gles, ubi  ipsa  (domus  Cœcorum)  conslructa  erat^.  Le  2  3  juillet  1260,  le  pape 
Alexandre  IV  accorda  une  bulle  portant  indulgences  pour  ceux  qui  visiteraient,  le 
jour  de  la  translation  de  saint  Rémi,  sous  l'invocation  duquel  elle  avait  été  con- 
sacrée, la  chapelle  que  le  Roi  avait  fait  récemment  construire  dans  la  maison 
bâtie  par  lui,  à  l'usage  des  aveugles,  rctu  quandam  domum  ad  opus  cœcorum 
tr parisiensium,  et  in  ea  ecclesia  in  honore  sancti  Remigii,  de  novo  duxeris  cons- 
ff  truendas.  n  La  bulle  d'Alexandre  IV  fut  confirmée  par  Urbain  IV;  le  21  novem- 
bre 1261,  et  par  divers  autres  papes,  depuis  12  65  jusque  dans  le  dernier  siècle. 
Le  20  septembre  de  la  même  année  1265,  le  pape  Clément  IV  manda  à  tous 
les  prélats  de  France  de  permettre,  dans  leurs  diocèses,  des  quêtes  au  profit  des 
Quinze-Vingts,  faveur  approuvée  en  1 354  par  le  Parlement,  et  renouvelée,  à 
diverses  reprises  par  l'autorité  pontificale.  Une  bulle  du  7  mai  1 599 ,  entre  au- 
tres, porte  confirmation  de  tous  les  privilèges  précédemment  concédés  à  l'Hospice, 

">  C*rt.deN.D.t.m,v.5. 


RUE  SAINT-HONORE.  63 

et  spécialement  du  droit  d'avoir,  deux  fois  l'an,  deux  troncs  placés  dans  toutes  les 
églises  du  royaume  W. 

Saint  Louis  ne  borna  pas  ses  bienfaits  envers  les  aveugles  de  Paris  à  ceux  que 
nous  venons  d'indiquer;  reconnaissant  que  les  revenus  de  ces  malheureux  étaient 
encore  trop  restreints,  il  leur  fit  don,  par  lettres  du  mois  de  mars  1269,  c^e 
3o  livres  parisis  de  rente  annuelle,  à  prendre  sur  le  trésor  du  Temple,  afin  qu'ils 
pussent  plus  aisément  se  procurer  du  potage  à  leurs  repas,  ad  opus  potagii  eorum- 
dem.  Dans  les  mêmes  lettres,  il  fixa  le  nombre  des  hôtes  de  la  maison  à  trois 
cents t2',  comme  il  l'avait  déjà  fait  précédemment,  prout  alias  ordinavimus,  et  il 
décida  que  les  places  venant  à  vaquer  seraient  à  la  nomination  du  Grand  Au- 
mônier, auquel  il  avait  confié  la  direction  spirituelle  de  l'établissement.  Cette 
dernière  circonstance  exempta  l'Hospice  de  la  juridiction  de  l'Ordinaire,  c'est-à- 
dire  de  l'Evêque,  en  lui  créant  un  privilège  qui,  maintes  fois  attaqué,  fut  toujours 
maintenu,  notamment  par  une  bulle  de  Clément  VII,  datée  du  2 5  octobre  1887, 
confirmée  par  Jean  XXIII  le  10  janvier  1612,  et  toujours  respectée  depuis.  Elle 
attribuait  la  juridiction  au  Grand  Aumônier,  s'il  était  ecclésiastique,  et,  dans  le 
cas  contraire,  au  chapelain  perpétuel  de  la  Communauté  M. 

La  maison  des  Aveugles  étant  sur  le  territoire  de  la  paroisse  Saint-Germain- 
l'Auxerrois,  ils  eurent  à  solliciter  du  Chapitre  la  permission  d'avoir  chez  eux  un 
cimetière.  Au  mois  d'octobre  1269,  saint  Louis  ayant  amorti  une  rente  de  10  li- 
vres i5  sous  léguée  à  la  Communauté  par  Guillaume  Barbier,  dit  Pied-de-Fer, 
laquelle  rente  se  percevait  sur  deux  maisons  situées  en  face  des  étaux  à  bouchers 
du  Grand-Pont,  les  Aveugles  abandonnèrent  cette  rente  au  Chapitre  en  échange 
des  avantages  qu'ils  réclamaient.  La  transaction  définitive  n'eut  lieu  cependant 
que  par  un  accord  daté  du  samedi  avant  la  Nativité  de  saint  Jean-Baptiste  1282. 
Il  est  stipulé  dans  cet  accord  que,  moyennant  l'abandon  de  la  rente  ci-dessus 
mentionnée  (4),  les  Aveugles  auraient  le  droit  de  posséder,  à  l'intérieur  de  leur 
maison,  un  cimetière  où  ils  pourraient  enterrer,  non-seulement  les  individus  qui 
mourraient  dans  l'Hospice,  mais  encore  tous  ceux  qui  y  choisiraient  leur  sépul- 
ture; qu'ils  auraient  deux  cloches,  du  poids  de  cent  livres  chacune;  qu'il  les 
suspendraient,  s'ils  le  voulaient,  à  deux  toises  au-dessus  du  toit  de  leur  chapelle; 
puis  qu'ils  seraient  quittes  du  droit  de  décime  que  le  Chapitre  avait  sur  leur 

(,)  Un  règlement  du  Parlement,  fait  en  i535,au  par  un  arrêt  du  Parlement,  du  27  juillet  suivant, 
sujet  des  mendiants  valides  et  invalides,  défendit  (,)  D'où  leur   est    venu   le    nom    de    Quinze- 

aux  quêteurs  des  Quinze- Vingts  de  quêter  dans  les  Vingts.  On  disait  anciennement  sept-vingts,   huit- 

égliscs,  et  leur  enjoignit  de  se  borner  à  quêler  aux  vingts,  etc.  pour  i/io,  160,  etc.  et  l'on  écrivait 

portes.  La  même  obligation  leur  fut  imposée  au  mois  même  VII",  VIII",  et  par  conséquent  XV". 
d'avril  i546;  mais  des  lettres  patentes  du  2  mai  (3)  Arcb.  des  Quinze-Vingts. 

1657  les  en  dégagèrent,  et  l'opposition  que  le  grand  '*>  Félibien,  Ilist.  de  Paris,  Preuves,  part.  I". 

Bureau  des  pauvres  fit  à  ces  lettres  fut  mise  à  néant  p.  270  et  27 1  . 


64  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

terre,  ainsi  que  des  3o  livres  parisis  que,  de  l'aveu  du  roi  saint  Louis,  la  Com- 
munauté devait  payer  au  Chapitre  après  la  bénédiction  du  cimetière  de  l'Hospice. 
Le  Chapitre  se  réservait  d'ailleurs  les  droits  parochiaux  de  luminaire,  oblations  et 
autres  qui  lui  appartenaient  sur  la  maison  et  ses  dépendances.  Ces  dernières  con- 
ditions furent  modifiées  par  une  bulle  du  5  août  i3ao,  portant  mandement  à 
l'Évêque  de  Paris  d'accorder  au  chapelain  perpétuel  des  Quinze-Vingts  la  faculté 
d'administrer  les  sacrements  et  de  laisser  consacrer  aux  besoins  des  Aveugles 
les  offrandes  faites  à  leur  chapelle,  à  charge  de  payer  au  curé  de  Saint-Germain^ 
l'Auxerrois  des  honoraires  convenables.  Nous  avons  eu  entre  les  mains  une  pièce 
du  19  juillet  1397,  dans  laquelle  ce  curé  fait  renonciation  aux  offrandes,  avec 
quelques  réserves. 

L'église  des  Quinze -Vingts  fut  rebâtie  à  la  fin  du  xive  siècle,  et  une  bulle  du 
18  mars  1387  autorisa  la  consécration  de  la  nouvelle  chapelle,  dont  le  clocher 
devait  contenir  deux  cloches  de  grosseur  moyenne.  H  appert  d'un  acte  du  notaire 
apostolique  que  la  dédicace  en  eut  lieu  le  16  août  i3g3,  par  les  soins  de 
l'évêque  de  Bethléem,  et,  cette  fois,  sous  le  vocable  de  saint  Louis'1'.  Des  lettres 
épiscopales  du  2  avril  1397  permirent  de  transporter  en  un  lieu  plus  commode 
les  fonts  baptismaux,  primitivement  placés  au  milieu  de  la  nef '2).  Il  était  d'usage 
que  les  vieux  ornements  de  la  Sainte-Chapelle  fussent  donnés  à  celle  des  Aveugles , 
pour  continuer  à  y  servir  au  culte ,  ce  qui  fut  confirmé  par  des  lettres  patentes 
du  i5  novembre  1 55 1 . 

L'hospice  des  Quinze-Vingts  n'était  point,  à  Paris,  le  seul  où  l'on  reçût  des 
aveugles;  divers  autres  établissements  hospitaliers  en  admettaient  également. 
Pour  distinguer  les  Quinze-Vingts,  au  mois  de  juillet  i3i2,  Philippe  le  Bel 
les  autorisa  à  porter  sur  la  poitrine  une  fleur  de  lis,  marque  de  la  fondation 
royale  de  leur  maison.  Elle  semble ,  à  cause  de  cette  origine ,  avoir  joui  du 
droit  d'asile  :  le  2  3  mars  1 5 1 7,  un  particulier  ayant  été  arrêté  dans  l'en- 
ceinte de  l'Hospice,  y  fut  réintégré  par  sentence  du  prévôt  de  Paris.  Précédem- 
ment, en  mars  i36o,  des  lettres  patentes  avaient  attribué  le  droit  de  juridiction 
intérieure  aux  Quinze -Vingts,  et  les  avaient  exemptés  de  toutes  tailles  et  imposi- 
tions, privilège  qui,  le  h  février  1 553 ,  fut  étendu  jusqu'à  l'impôt  perçu  pour  les 
fortifications. 


(1)  Des  confréries  de  saint  Rémi  et  de  saint  Louis 
existaient  dans  l'église  des  Quinze- Vingts,  dès 
1/119.  Piganiol  dit  aussi  (t.  II,  p.  iii):  trDans 
« l'église  de  l'hôpital  royal  des  Quinze- Vingts,  est 
irune  confrérie  royale  de  la  sainte  Vierge,  de  saint 
p Sébastien  et  de  saint  Roch,  qui  fut  érigée,  dit-on, 
"•il  y  a  plus  de  deux  cents  ans.  Ce  qu'il  y  a  de 
" constant,  c'est  qu'en  1717  les  confrères  se  sépar 


trrèrent,  qu'une  partie  resta  aux  Quinze- Vingts,  et 
trque  l'autre  se  retira  à  Saint-Thomas-du-Louvre.  » 
Piganiol  ajoute  que,  les  statuts  ayant  été  revisés,  la 
réunion  des  deux  branches  de  la  confrérie  eut  lieu 
le  jour  de  l'Annonciation  1728,  que  le  Roi  s'en  dé- 
clara protecteur,  et  que,  à  son  exemple,  la  Reine  et 
beaucoup  de  seigneurs  s'en  firent  recevoir  membres. 
m  Arch.  des  Quinze- Vingts. 


RUE  SAINT-HONORE.  65 

La  communauté  des  Quinze- Vingts,  nommée  dans  les  plus  anciens  documents 
la  Congrégation  ou  l'Hôpital  des  pauvres  aveugles  de  Paris,  n'a  pas  toujours  été  com- 
posée du  nombre  d'individus  que  son  nom  implique.  Peu  de  temps  après  la  mort 
de  saint  Louis,  les  aveugles  que  contenait  l'Hospice  atteignaient  le  chiffre  de 
plus  de  trois  cent  cinquante,  suivant  Guillaume  de  Nangis,  qui,  parlant  de  ce 
prince,  dit:  ttdomum  vero  magnam  caecorum  pauperum  Parisius  construi  técit, 
«  ubi  plusquam  trecenti  quinquagenta  caeci  commorantur,  in  capella  ibi  constructa 
(t  divinum  servitium  audientes.  n  Beaulieu  répète  mot  pour  mot  les  mêmes  expres- 
sions. D'après  Piganiol,  qui,  ne  précisant  pas  de  date,  se  sert  de  la  locution  vague  et 
probablement  inexacte  et  peu  de  temps  après ,  n  on  dressa  ensuite  des  statuts ,  aux 
termes  desquels  il  ne  devait  y  avoir  que  cent  quarante  frères  aveugles,  avec 
soixante  frères  voyants  pour  les  conduire  ainsi  que  pour  faire  les  affaires  de  la 
maison,  et  de  plus  quatre-vingt-dix-huit  femmes  tant  aveugles  que  voyantes,  ce 
qui,  en  y  comprenant  le  maître  et  le  portier,  constituait  un  total  de  trois  cents 
personnes,  lesquelles  devaient  être  regnicoles  ou  naturalisées.  Mais  ce  nombre  de 
pensionnaires  ne  se  maintint  pas,  et  les  lettres  patentes  de  i5&6,  que  nous  cite- 
rons plus  bas,  montrent  jusqu'à  quel  point  il  diminua  sous  le  règne  de  François  1er. 
Dans  l'origine ,  la  Communauté  se  gouvernait  à  la  façon  des  collèges  et  des  cha- 
pitres, sous  la  direction  du  Grand  Aumônier.  Au  commencement  du  xvc  siècle,  il 
y  avait  un  maître,  des  chapelains,  des  frères  et  des  sœurs;  une  entière  concorde 
ne  régnait  pas  ordinairement  entre  eux,  et  le  \h  juin  i&o,3,  sur  leur  requête, 
le  Grand.  Aumônier  fit,  relativement  à  la  gestion  des  revenus  de  l'Hospice,  un  rè- 
glement dont  les  Aveugles  n'acceptèrent  qu'une  partie.  Ces  tiraillements  donnèrent 
l'idée  d'une  réforme.  En  i5o8,  le  Parlement,  afin  d'y  pourvoir,  nomma  le  con- 
seiller Jean  Berthelot,  auquel  il  fallut  bientôt  adjoindre  trois  de  ses  collègues  pour 
maîtriser  l'opposition  violente  qui  se  manifesta  au  sein  de  la  Communauté. 
L'ordre  ne  fut  rétabli  que  par  l'observation  des  statuts  donnés  par  le  Grand  Au- 
mônier, le  29  juillet  i52i,  et  enregistrés  au  Parlement  le  7  septembre  i522; 
nous  ne  croyons  pas  devoir  les  transcrire,  parce  qu'ils  figurent  dans  les  Preuves 
de  FélibienW.  Ces  statuts,  du  reste,  subirent  des  changements  imposés  par  lettres 
patentes  données  à  Fontainebleau,  au  mois  de  mai  i546.  Il  y  est  exprimé  que 
les  règlements  de  1 5  2 1 ,  en  ce  qui  touchait  la  tenue  du  chapitre ,  avaient  été  observés 
pendant  un  temps  «pour  ce  que  lors  n'y  avoit  en  ladicte  maison  que  vingt-cinq, 
*  trente  ou  quarante  frères,  tant  aveugles  que  voyants. . .  et,  comme  ministres  et 
■ jurez,  que  huict,  dix  ou  douze  au  plus;*  mais  que  le  nombre  des  pensionnaires 
s'étant  accru  à  ce  point  qu'il  y  en  avait  alors  quatre-vingts  et  plus,  ttsans  en  ce 
tt comprendre  autant  de  femmes,  seurs,  tant  aveugles  que  voyans,»  et  que,  d'un 

<"  T.  V,  p.  748. 


66  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

autre  côté,  tous  voulaient  prendre  part  au  chapitre,  ce  qui  produisait  plusieurs 
abus,  à  l'avenir  ceux-là  seuls  qui  auraient  le  droit  d'assister  au  chapitre,  avec  voix 
délibérative  seraient  les  six  gouverneurs,  le  maître,  le  ministre,  deux  jurés  aveu- 
gles, deux  jurés  voyants,  le  portier,  le  greffier  et  huit  frères,  dont  quatre  aveu- 
gles et  quatre  voyants.  L'édit  fut  enregistré  le  1 4  février  suivant'1';  mais  on  cessa 
de  compter  le  portier  parmi  les  membres  du  chapitre,  où  l'on  fit  entrer  quatre 
frères  aveugles  de  plus.  Les  archives  de  l'Hospice  contiennent  une  quantité  d'autres 
règlements  touchant  la  police  intérieure  de  la  maison.  Ainsi  une  ordonnance  du 
5  octobre  1578  défend  les  blasphèmes  ou  injures,  et  prohibe  la  vente,  faite  aux 
frères,  du  vin  «  en  assiette ^,v  en  même  temps  que  la  vente  aux  étrangers  du  vin 
en  pot  II  ressort  de  cette  défense,  souvent  renouvelée,  que  le  vice  de  l'ivrognerie 
n'était  pas  rare  dans  l'Hospice.  Une  particularité  plus  surprenante ,  c'est  qu'on  fut 
obligé  d'y  restreindre  le  luxe  :  un  arrêté  du  chapitre,  rendu  le  5  avril  i63i, 
interdit  l'usage  des  étoffes  autres  que  le  drap  ou  la  serge  brune,  et  celui  des  orne- 
ments de  velours.  On  peut  encore  voir  une  preuve  de  la  vanité  chatouilleuse  des 
Quinze-Vingts  dans  ce  fait  que,  sur  leur  requête,  en  1 53g ,  un  cabaretier  nommé 
Guillaume  Driart,  demeurant  près  la  Porte-Paris,  qui  avait  pris  pour  enseigne 
les  Quinze-Vingts,  fut  condamné  à  faire  disparaître  cette  enseigne,  suivant  une 
sentence  du  prévôt  de  Paris,  rendue  le  22  mars. 

L'hospice  des  Quinze-Vingts  occupait  le  terrain  acquis  par  saint  Louis  avant 
1260,  plus  un  arpent  de  terre  où  ils  avaient  placé  leur  cimetière,  et  qui,  avec 
plusieurs  autres  propriétés  éparses  dans  la  Ville,  fut  amorti  par  l'Evêque  de  Paris, 
le  tk  novembre  1283  <3>.  Les  limites  de  l'établissement  étaient  :  au  midi,  l'hôtel 
de  la  Petite-Bretagne;  à  l'ouest,  le  chemin  de  ronde  du  rempart;  à  l'est,  des 
maisons  de  la  rue  Saint-Thomas,  et  au  nord,  la  rue  Saint-Honoré,  le  long  de 
laquelle  avaient  été  bâties  plusieurs  maisons  appartenant  à  la  Communauté  et  abou- 
tissant à  une  grande  cour  intérieure  qu'on  nommait  la  Coui -Pavée,  dès  i&63.  Ces 
maisons  étaient  louées  à  des  particuliers,  la  plupart  des  pensionnaires  demeu- 
rant dans  l'intérieur  de  l'Hospice.  Toutefois  quelques-unes  des  maisons  qui  se 
«trouvaient  hors  le  grant  hostel  dudict  hospitaln  servaient  d'habitation  à  des 
frères,  auxquels,  suivant  un  arrêt  du  Parlement  du  12  octobre  i523,  la  jouis- 
sance en  fut  confirmée  leur  vie  durant,  à  charge  de  faire  toutes  les  réparations 
nécessaires,  Il  leur  fut  défendu  d'ailleurs,  par  un  autre  arrêt  du  1  2  janvier  1 555 , 
d'y  loger  ou  d'y  nourrir  des  personnes  étrangères  à  la  Communauté,  à  peine  de 
100  sous  d'amende.  Un  article  des  comptes  de  la  recette  pour  l'année  1 383  ap- 
prend que,  parmi  les  bâtiments  de  l'Hospice  employés  au  logement  des  aveugles, 

(1)  D'après  l'inventaire  de  l'Hospice;  mais  nous        recherches  donnent  trop  souvent  un  résultat  négatif, 
n'avons  rien  vu  sur  ce  sujet,  à  la  date  précitée,  m  Au  détail, 

dans  les  registres  du  Parlement,  où  de  semblables  (1)  Cart.  de  N.  D.  t.  III,  p.  l>o. 


TOPOGRAPHIE     HISTORIQVE    DV    VIEVX    PARIS. 


A.  Berty   dir. 


J.  Sulpis 


HOSPICE    DES     QVINZE- VINGTS 

PLAN 
avant   la  reconstruction    commencée    en    174.8. 


1  r>ip   Cn    Chardon,   aîné ,  Parij  . 


RUE  SAINT-HONORÉ.  67 

on  distinguait  ceux  de  et  la  grant  cour,  -n  ceux  de  n  la  petite  court ,  t  ceux  de  «  la 
ff  Bretaigne*1',  les  chambres  en  hautu  et  «les  chambres  en  bas. n  De  grands  chan- 
gements s'étaient  sans  doute  introduits  dans  l'ancien  état  des  lieux,  en  17&7, 
époque  à  laquelle  fut  exécuté  l'excellent  plan  dont  la  réduction  est  ci-jointe,  et 
que  nous  avons  découvert  dans  les  archives  de  l'établissement  ('2).  On  y  distingue , 
outre  l'église  et  la  chapelle  Saint-Nicaise ,  la  maison  de  l'aumônier,  qui  avait  tou- 
jours été  située  au  même  endroit;  le  cimetière,  qui  n'avait  point  été  déplacé  non 
plus,  mais  qu'on  avait  un  peu  amoindri  au  xvue  siècle,  et  les  boutiques  des  mar- 
chands et  artisans  qui  s'étaient  établis  dans  l'enceinte  des  Quinze-Vingts,  parce  que 
c'était  un  lieu  de  franchise,  comme  le  Temple. 

L'église  des  Quinze-Vingts,  à  l'époque  de  sa  destruction,  avait  son  sol  en  con- 
tre-bas de  plusieurs  marches  par  rapport  au  pavé  de  la  rue  Saint-Honoré ,  qu'elle 
a  bordée  de  tout  temps.  En  ia83,  elle  n'avait  environ  que  huit  toises  et  cinq 
pieds  de  long  sur  quatre  toises  et  un  pied  de  large  (3>.  En  dernier  lieu ,  elle  me- 
surait dix-sept  toises  et  demie  de  longueur  par  le  milieu  sur  onze  toises  dans  sa 
moindre  largeur,  c'est-à-dire  à  son  extrémité  orientale ,  et  treize  toises  et  demie  à 
son  extrémité  occidentale.  Elle  était  de  forme  trapézoïde ,  ce  qui  indique  une  suite 
de  remaniements,  et  se  composait  d'une  nef  de  quatre  toises  de  large  terminée 
par  un  chœur  carré,  d'un  bas-côté  septentrional  se  rétrécissant  à  l'une  de  ses 
extrémités,  et  d'un  bas-côté  méridional,  plus  étroit  que  l'autre,  qui  se  terminait 
par  une  sacristie  et  était  garni  de  cinq  chapelles.  Nous  trouvons  que  l'édifice  en 
contenait  six  ou  sept  :  celle  de  la  Vierge  ou  de  Notre-Dame-des-Aides,  puis  celles 
de  Saint-Thomas,  de  Saint-Boch,  de  Saint-Joseph,  de  Saint-Claude  et  de  Saint- 
Crespin.  La  cbapelle  de  Saint-Crespin  était  située  «au  bas  de  l'église; n  c'était 
donc  la  première  de  l'aile  méridionale,  et  les  autres  vocables  se  rapportent  évi- 
demment aux  quatre  chapelles  suivantes  du  même  côté.  Il  est  clair  encore  que 
les  cinq  chapelles  du  midi  ne  différaient  point  de  celles  qui,  consacrées  par 
Jean  Ancel,  évêque  de  Sébaste,  en  i53o,  étaient  alors  récemment  bâties.  Les 
parties  les  plus  anciennes  de  l'église  ne  pouvaient  remonter  au  delà  de  la  fin  du 
xive  siècle,  puisque,  comme  nous  l'avons  rapporté,  une  reconstruction  de  l'ora- 
toire primitif  eut  lieu  vers  i38o;  Lebeuf  assure  même  qu'au  temps  où  il  écri- 
vait (175&)  on  n'y  voyait  rien  de  plus  ancien  que  le  collatéral  du  sud.  Le  même 


(l)  Apparemment  le  corps  de  logis  le  plus  voisin  f3)  <rQuoddamoratoriumsilum  in  porprisio(  Ten- 
de l'hôtel  de  la  Petite-Bretagne,  auquel  le  cime-  «  ceinte)  dicte  domus  Cœcorum  seu  hospitalis  con- 
tière  était  contigu,  suivant  les  titres  et  les  plans.  n  gregalionis  predicte,  juxta   magnum  cheminum 

(,)  Ce  plan  est  unique,  car  il  ne  faut  point  tenir  aSancti  Honorati continens  de  longo  octo 

compte  de  celui  qu'on  a  gravé  pour  l'Architecture  rrtesias  et  quinque  pedes,  vel  circiter,  et  in  laloqua- 

françoise  de  Blondel,  et  qui  est  aussi  inexact  que  rrtuor  tesias  et  umun  pedem,  vel  circiter.»  (Charte 

peu  habilement  exécuté.  d'amortissement  de  ia83.) 

9- 


68  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

savant  nous.fait  connaître  aussi  que  les  vitraux  ne  dataient  guère  que  du  xvic  siècle, 
et  que,  de  la  chapelle  due  aux  libéralités  de  saint  Louis,  il  ne  subsistait  plus 
que  trois  statues  replacées,  au  portail  du  nord,  dans  des  niches  relativement 
modernes.  Une  de  ces  statues,  dont  l'exécution  était  grossière,  passait  pour  être 
un  portrait  fort  ressemblant  du  saint  fondateur  de  l'Hospice,  tradition  aussi 
plausible  que  celle  qui  attribuait  la  première  chapelle  à  l'illustre  Eudes  de  Mon- 
treuil,  l'un  des  plus  grands  architectes  du  xmc  siècle  W. 

Le  sceau  des  Quinze- Vingts,  que  nous  reproduisons,  est  attaché  à  une  charte  de 
i3o6.  11  représente  saint  Louis  accompagné  d'un  groupe  d'aveugles,  et  montrant 
de  la  main  l'hospice  qu'il  avait  fondé  pour  eux.  Autour  est  la  légende  :  (+  S.  de) 

LA  MESON  DES  TRAS  CENS  AVEUGLES  DE  (Paris). 

L'église  renfermait  un  certain  nombre  d'épitaphes;  nous  ne  transcrivons  ici, 
comme  ailleurs,  que  celles  qui  sont  antérieures  au  règne  de  Louis  XIII. 

A  côté  de  la  nef,  vers  la  chaire  : 

Cy-gist  honorable  homme  Méry  Marchant,  en  son  vivant  maislre  couvreur  et  bourgeois  de 
Paris  ;  lequel  décéda  le jour  de  février  mil  cinq  cens. 

Auprès  de  la  porte  : 

Cy-gist  honorable  femme  Germaine  Rouvot,  en  son  vivant  femme  de  honorable  homme 
Martin  Racquet  (alias  Rucquet),  quand  il  vivoit,  marchand  de  bestial  au  marché  de  Paris;  la- 
quelle décéda  le  17e  mars  1 565. 

Priez  Dieu  pour  elle. 

Dans  le  chœur,  devant  l'autel  : 

Cy-gist  révérend  père  en  Dieu,  Me  Nicolas  Violle,  ssr  de  Noirzeau  en  Rrie,  abbé  de  Noslre- 
Dame-la-Grande  de  Poictiers,  conseiller,  aumosnier  ordinaire  du  roy;  lequel  décéda  le  i5'  fé- 
vrier 1573. 

Priez  Dieu  pour  son  âme. 

Dans  la  nef  : 

Cy-gist  honorable  homme  M*  Jehan  d'Yvoreau,  en  son  vivant  commissaire  au  Chàtelet  de 
Paris,  qui  décéda  le  dernier  jour  de  mars  1576. 

(l)  Eudes  de  Montreuil  semble  avoir  été  le  proche  de  JafTa.  On  le  considérait  comme  le  constructeur 

parent  de  Pierre  de  Montreuil,  qui  bâtit  la  Sainte-  des  églises  de  Sainte^Calherine  du  Val  des  Ecoliers, 

Chapelle.  Au  dire  de  Thévet,  Eudes  de  Montreuil  de  Sainte-Croix  de  la  Brelonnerie,  de  l'Hôtel-Dieu, 

accompagna  saint  Louis  en  Orient  et  fortifia  le  port  des  Mathurins,  des  Blancs-Manteaux  et  des  Cor- 


TOPOGRAPHIE      HISTORIQVE     DV     VIEVX    PARIS. 


E    Lebel  et  J.  Sulpis  se, 


HOSPICE     DES     QVINZE- VINGTS 


;.ie'l  Sylvestre) — Plan  de  I  Eglise. 
Plan  de  !a  Chapell-  •  Sceau  de  la  Communauté, 


< 


RUE  SAINT-HONORE.  69 


El  honorable  femme  Jeanne  Boulart,  sa  femme,  laquelle  décéda  le. 
Priez  Dieu  pour  eux. 

Dans  la  chapelle  de  saint 


Cy-gist  honorable  homme  Raolin ,  marguillier,  en  son  vivant  marchand  et  bourgeois  de  Paris , 
lequel  décéda  le  5e  jour  de  juillet  1678. 

Aussi  gist  honneste  femme,  Jeanne  Fournier,  sa  femme,  laquelle  décéda  le  5e  jour  de 

i5 

Priez  Dieu  pour  eux. 

Dans  le  chœur  : 

Cy-gist  honorable  homme  maistre  Gilles  Bluet,  Me  ès-aris,  en  son  vivant  notaire  du  roy, 
nostre  sire,  au  Châtelet  de  Paris,  et  frère  aveugle  de  l'hostel  de  céans;  lequel  trépassa  le 
17e  jour  de  juillet  i58i. 

Dans  la  chapelle  Saint-Joseph  : 

Cy-gist  honorable  homme  Vincent  Robin,  en  son  vivant  marchand,  bourgeois  de  Paris, 
lequel  décéda  le jour  de t5 

Dans  la  chapelle  Notre-Dame-des-Aides  : 

Cy-gist  pieuse  et  dévole  personne  Guillaume  Guillot,  en  son  vivant  sœur  voyante  de  la  maison 
des  Quinze-Vingls,  femme  de  Pierre  Richard,  frère  aveugle  de  ladite  maison,  laquelle  pour  le 
salut  de  son  àme  et  de  son  mary,  et  de  feu  Pierre  Guillot  et  Jeanne  du  Tellier,  ses  père  et 
mère,  qui  décédèrent,  à  sçavoir,  ledit  Guillot,  l'an  1696  et  lad.  Du  Tellier,  l'an  1697.  Comme 
aussi  de  Nicolas  Guillot,  son  frère,  d'Estienne  et  Marguerite  Richard,  ses  enfans,  tousdeffunts, 
elle  a  fondé  tous  les  samedis  de  l'année,  à  perpétuité,  une  basse  messe  en  lad.  église. 

Priez  Dieu  pour  leurs  âmes. 

Au  milieu  du  dernier  siècle ,  l'état  de  vétusté  des  bâtiments  de  l'Hospice  détermina 
les  administrateurs  à  le  réédifier  complètement.  En  17/18,  la  reconstruction  en 
fut  commencée  d'après  les  plans  de  Labbe,  inspecteur  des  bâtiments  du  roi.  L'archi- 
tecte Martin  succéda  à  Labbe  dans  la  conduite  des  travaux,  que  l'ouvrage  de  Blon- 
del  nous  montre  inachevés  en  1756.  Les  nouveaux  bâtiments,  dont  on  possède  des 
plans  et  même  un  modèle  en  relief'1),  n'étaient  point  destinés  à  durer  longtemps; 
car,  dans  le  dessein  d'augmenter  les  revenus  de  l'Hospice,  des  lettres  patentes  du 
7  juillet  1779  ordonnèrent  que  l'établissement  serait  transféré  dans  l'hôtel  des 

deliers.  D'après  une  épitaphe  qui  se  lisait  dans  la  avait  suivi  la  reine  Marguerite  à  la  funeste  croisade 

nef  de  l'église  des  Cordelière  avant  l'incendie  de  de  12  48. 

i58o,  il  mourut  en  1289,  et  avait  eu  successive-  (1)  Il  appartient  à  l'administration  actuelle  de 

ment  deux  femmes,  dont  l'une,  appelée  Mâchant,  l'Hospice , qui  a  conservé  ses  anciennes  archives. 


70  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Mousquetaires-Noirs,  rue  de  Gharenton,  où  il  est  encore  aujourd'hui,  et  que  l'an- 
cien emplacement  serait  aliéné,  opération  dont  on  attendait  de  grands  bénéfices. 
Le  mois  suivant,  un  projet  ayant  été  adopté  pour  déblayer  le  terrain  et  y  tracer  de 
nouvelles  rues,  l'édifice  fut  mis  en  vente  et  acquis,  le  21  décembre,  au  prix  de 
six  millions  de  livres,  par  les  sieurs  Hector-Hyacinthe  Séguin,  Fr.  Bouillerot  et 
consorts.  En  1781  eut  lieu,  à  cette  place,  l'ouverture  de  cinq  rues  :  la  rue  des 
Quinze-Vingts,  dont  le  nom  s'explique  de  lui-même;  la  rue  de  Rohan,  ainsi  appelée 
en  l'honneur  du  cardinal,  grand  aumônier,  et  qui  prit,  pendant  la  Révolution,  le 
nom  de  Marceau,  l'illustre  général  blessé  mortellement  au  combat  de  Hochsteinbach, 
le  21  septembre  1796;  la  rue  de  Chartres,  ainsi  appelée  en  l'honneur  du  fils  aîné 
du  duc  d'Orléans,  et  qu'on  nomma  ensuite  rue  de  Malte,  en  souvenir  de  la  conquête 
de  cette  île  par  le  général  Bonaparte,  au  mois  de  juin  1798;  h  rue  on  passage  de 
Montpensier,  ainsi  appelée  en  l'honneur  du  second  fils  du  duc  d'Orléans,  et  plus 
tard  dite  de  Quiberon,  en  souvenir  de  la  victoire  remportée  par  Hoche  sur  les 
Anglais  et  les  émigrés,  en  juillet  1795  ;  enfin  la  rue  de  Beaujolais,  à  laquelle  on 
donna  le  nom  du  troisième  fils  du  duc  d'Orléans,  et  qui  reçut  celui  de  rue  d' Aréole, 
après  les  combats  d'Arcole,  en  novembre  1796.  L'emplacement  de  l'hospice  des 
Quinze-Vingts  a  été  de  nouveau  déblayé  en  1 854,  pour  le  prolongement  de  la  rue 
de  Rivoli  et  les  travaux  du  Louvre;  mais  on  a  conservé  une  partie  de  la  rue  de 
Rohan,  qui  a  été  élargie,  et  dont  on  n'a  point  modifié  l'appellation  primitive. 

Maison  de  la  Fleur-de-Lis  (  1 5 1 3),  puis  de  la  Reine-de-France  (1705),  faisant 
le  coin  occidental  de  l'entrée  de  la  Cour-Pavée  et  le  coin  oriental  du  chemin  sur 
les  remparts  ou  rue  Saint-Nicaise.  On  voit,  par  un  procès- verbal  de  visite  du 
16  juillet  1666,  relatif  à  l'élargissement  de  la  rue  Saint-Nicaise,  que  la  maison 
de  la  Fleur-de-Lis  avait  quatre  toises  de  façade  sur  la  rue  Saint-Honoré,  et  sept 
toises  un  pied  sur  la  rue  Saint-Nicaise. 


RUE  JEAN-SAINT-DENIS. 

La  rue  Jean-Saint-Denis  commençait  à  la  rue  de  Beauvais  et  finissait  à  la  rue 
Saint-Honoré. 

Jaillot  a  conjecturé,  avec  grande  apparence  de  raison,  qu'un  membre  de  la 
famille  de  Jacques  Saint-Denis,  chanoine  de  Saint-Honoré  en  12  58,  a  pu  faire 
donner  à  cette  rue  le  nom  qu'elle  portait  déjà  en  1267,  et  qui  n'a  point  éprouvé 
de  modification  jusqu'au  23  mai  1807,  date  à  laquelle  un  décret  y  a  substitué 
celui  de  Pierre-Lescot,  l'architecte  du  Louvre.  La  rue  Pierre-Lescot,  raccourcie  en 
1812  et  i853,  a  été  supprimée  par  le  décret  du  3  mai  i854. 


RUE  JEAN-SAINT-DENIS.  71 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 

PAROISSE  SAINT-GERMAIN-L'AUXERROIS. 

HAUTE  JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ÉVÈCHE. 

Maison  sans  désignation  (1675),  qui  dépendait  de  la  suivante,  fut  dite  égale- 
ment du  Boeuf,  vers  1620,  et  était  contiguë  à  celle  du  coin  de  la  rue  de  Beauvais. 

Maison  sans  désignation  en  1  ^89 ,  puis  du  Boeuf-Couronné  (i53o-i626),  et  de 
la  Ville-de-Lyon  (1668). 

Maison  sans  désignation  en  1689,  puis  des  Deux-Visages  (1618-1626),  qui, 
un  peu  plus  tard,  se  confondit  avec  la  précédente. 

Maison  sans  désignation  en  1689,  puis  de  la  Corne-de-Cerf  (i5a5)  et  de  la 
Bergerie  (1 585-1 620).  En  1597  elle  était  annexée  à  la  maison  de  la  Souche, 
rue  Fromenteau. 

Maison  sans  désignation  en  1689,  puis  de  kla  Harcea  (1575-1626)  et  du  Nom- 
de-Jésus  (  1 680).  Vers  la  fin  du  xvne  siècle,  elle  était  séparée  de  la  précédente  par 
une  maison  qui  avait  pour  enseigne  le  Petit-Ecu  (1680)  et  dépendait  sans  doute 
de  celle  de  la  Herse. 

Muson  sans  désignation  en  1689,  puis  du  Paradis  (  1 575) ,  ou  Petit-Paradis'1' 
(1588-1687)  et  de  l'Image  Saint-Jean  (1700). 

Maison  sans  désignation  en  1689,  puis  de  l'Image  Notre-Dame  (1568-1626). 

Maison  de  l'Image  Sainte-Geneviève  (1628),  bâtie  sur  une  place  qui,  vide  encore 
en  1575,  faisait  partie  de  la  maison  précédente. 

Grange  dépendant  de  la  maison  des  Quatre-Fils-Aymon  de  la  rue  Saint-Honoré 
(1689),  puis  Maison  du  Croissant  (i58o-i66o);  elle  paraît  avoir  eu,  en  1700, 
l'enseigne  du  Bois-de-Boulogne  ,  par  suite  d'un  emprunt  à  l'une  des  maisons  suivantes. 

Maison  sans  désignation  en  1575,  puis  du  Bois-de-Boulogne  (1680),  morcel- 
lement de  la  précédente,  dont  on  la  trouve  séparée,  en  1626  et  1680,  par  une 
petite  maison  que  nous  ne  pouvons  reconnaître  et  qui  fut  peut-être  englobée  dans 
lliùtel  de  Picardie. 

Maison  du  Cheval-Blanc  (1582),  puis  du  Coq  (1628)  et  du  Chapeau-Bouge 
(1689),  qui,  au  xvc  siècle,  faisait  partie  de  la  suivante. 

Maison  sans  désignation  en  1689,  puis  du  Saint-Esprit  (1575-1626),  contiguë 
à  la  maison  faisant  le  coin  de  la  rue  Saint-Honoré.  Au  xvue  siècle,  elle  a  été  di- 

(l)  On  nommait  anciennement  petit  paradis  ce  que  nous  appelons  un  reposoir. 


72  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

visée  en  deux  :  le  premier  corps  d'hôtel  a  eu  pour  enseigne  la  Raquette  en  1687, 
et  le  second,  le  Cheval-Noir  vers  1700.  Une  maison  qui  semble  se  confondre  avec 
celle  du  Saint-Esprit  est  dite,  en  1  586,  avoir  pour  enseigne  la  Gage. 

CÔTÉ  ORIENTAL. 

PAROISSE  SAIM-GERMAIN-L'AUXERROIS. 

HAUTE  JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ÉvÈCIlÉ. 

Maison  de  la  Souche  (i6o3-i656),  contiguë  à  celle  qui  faisait  le  coin  de  la 
rue  Saint-Honoré.  Elle  semble  avoir  été  divisée  en  trois  maisons,  dont  la  seconde 
avait  pour  enseigne  le  Bon-Pasteur  en  1680,  la  troisième,  l'Image  Saint-Claude 
en  1680,  et  les  Barreaux-Rouges  en  1700. 

Maison  de  l'Image  Saint-Louis  (i6o3-i66o);  elle  a  été  également  divisée  en 
deux  moitiés,  dont  la  première  a  eu  pour  enseigne  le  Pré-Fleury  (  1 680)  à  un  de 
ses  corps  d'hôtel,  et  la  Croix-Verte  (1625-1687)  à  l'autre.  La  seconde  moitié  de 
la  maison  de  l'Image  Saint-Louis  est  devenue  la  maison  de  la  Gerre-d'Or  (1687), 
puis  du  Petit-Saint-Jean  (1700). 

Toutes  les  maisons  dont  il  vient  d'être  question  paraissent  avoir  été  élevées, 
postérieurement  à  i53o,  sur  les  dépendances  de  la  maison  de  l'Ecu-de-France , 
située  un  peu  plus  loin  dans  la  même  rue. 

Maison  de  l'Image  Saint-Claude  (i6o3),  puis  de  la  Croix-d'Or  (1680),  faisant 
partie  de  la  maison  suivante  et  aboutissant  de  même  sur  la  rue  du  Chantre. 

Maison  de  l'Ecu-de-France  (1/189-16/10)  et  aussi  de  l'Image  Saint-Claude  (1  6o3), 
aboutissant  rue  du  Chantre.  Cette  maison  remontait  sans  doute  au  xme  siècle; 
mais  on  ne  comprend  pas  les  documents  qui  peuvent  s'y  rattacher.  La  rue  Jean- 
Saint-Denis  tout  entière  offre  d'ailleurs  un  chaos  d'inextricables  difficultés,  que 
la  rareté  des  titres  ne  permet  pas  de  débrouiller  complètement. 

Maison  de  l'Ecu-de-Berry  (1 368) ,  puis  de  ctla  Montjoyeti  (i53o-i62o),  qui 
comprenait  les  deux  suivantes  avec  leurs  subdivisions,  et  aboutissait  sur  la  rue 
du  Chantre.  En  i53o,  elle  se  composait  de  trois  grands  corps  d'hôtel;  le  pre- 
mier conserva  l'enseigne  de  I'Ecu-de-Berry,  eut  aussi  celle  de  la  Montjoye  en  1 6 1 3, 
et  fut  apparemment  divisée  en  deux  portions ,  dont  la  seconde  avait  pour  enseigne 
la  Grimace  en  l'an  i6o3.  La  maison  de  la  Grimace,  qui  communiquait  avec  la 
rue  du  Chantre,  fut  à  son  tour  subdivisée  en  deux  maisons;  à  la  première  pendait 
encore  pour  enseigne  la  Grimace  en  i6a3;  la  seconde  s'est  appelée  la  Croix- 
Verte  de  1625  à  1660,  et  le  Grand-Monarque  en  1687. 


RUE  SAINT-NICAISE.  73 

Le  second  grand  corps  d'hôtel  de  la  maison  de  l'Écu-de-Berry  forma  la 
Maison  du  Fer-À-Cheval  (i582),  depuis  du  Cheval-Royal  (1687);  le  troisième 

corps,  la 

Maison  de  la  Montjoie-Saint-Denis  (i58a),  dite  aussi,  à  la  même  époque,  de 

la  Corne-de-Cerf,  et,  en  1687,  du  Cheval-Blanc. 

Maison  de  l'Image  Saint-François  (1700),  portion  de  celle  qui  faisait  le  coin  de 

la  rue  de  Beauvais. 


QUAI  DU  LOUVRE. 

(Voir  la  Description  do  Vieux  Louvre,  p.  175.) 


RUE  SAINT-NICAISE. 

La  rue  Saint-Nicaise  commençait  à  la  rue  des  Orties  et  finissait  à  la  rue  Saint- 
Honoré. 

H  n'existe  plus  maintenant  aucune  trace  propre  à  faire  retrouver  la  situation  pré- 
cise du  mur  qui,  avant  la  construction  de  l'enceinte  de  Charles  V,  séparait  la 
culture  des  Quinze- Vingts  d'avec  leur  maison;  mais  nous  avons  réussi  à  déterminer 
avec  exactitude  l'emplacement  du  mur  servant,  au  xve  siècle,  de  limite  à  l'Hos- 
pice vers  l'occident.  On  en  obtient  le  tracé  en  faisant  passer,  à  six  toises  vers  l'est 
de  la  rue  Saint-Nicaise,  une  ligne  parallèle  à  sa  direction,  puis  en  la  prolongeant 
jusqu'auprès  de  la  chapelle  consacrée  sous  ce  vocable,  au  delà  de  laquelle  il  y  a  eu 
une  légère  brisure.  Ce  que  nous  dirons  plus  loin  des  limites  de  la  Petite-Bretagne 
et  de  l'hôtel  d'O  établira  surabondamment  notre  opinion  sur  ce  point.  Le  mur 
occidental  des  Quinze-Vingts  bordait  la  voie  qui  longeait  le  rempart  à  l'intérieur, 
et  formait  une  sorte  de  chemin  de  ronde  que  nous  avons  trouvé  énoncé  cr  Che- 
min sur  lesfossez  de  Paris n  en  1687,  quoique  l'enceinte  fût  assurément  bâtie  alors; 
puis,  «Chemin  sur  les  meurs  des  petitz  champs,  allant  à  la  Tour-de-Bois  (i5aa); 
Chemin  allant  sur  les  murs  de  la  Ville -n  (i53o),  et  enfin  <r  Voyrie  par  laquelle  on  va 
du  Louvre  au  marché  aux  Moutons -n  (i53o),  locution  en  apparence  mieux  appro- 
priée à  la  rue  des  Orties  qu'au  chemin  dont  nous  parlons,  mais  qui  se  rapporte 
bien  pourtant  à  ce  dernier.  Il  est  à  remarquer  que  le  mur  d'enceinte  de  la  Ville 
n'était  pas  parallèle  au  mur  de  clôture  de  la  Petite-Bretagne  et  des  Quinze- 
Vingts,  mais  qu'il  allait  en  s'éloignant,  du  côté  de  la  Tour-de-Bois,  de  façon  à 
laisser  dans  le  voisinage  de  cette  tour  un  espace  vide  que  l'on  utilisa  dès  1^90, 
ainsi  que  l'extrémité  de  la  rue  des  Orties,  pour  en  faire  un  marché  aux  mou- 


7/i  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

tons  W.  Il  se  pourrait  même  que  cette  portion  de  la  rue  des  Orties  eût  été  plus 
spécialement  considérée  comme  le  lieu  du  marché  aux  moutons,  puisque  dans 
une  note  ajoutée,  en  1 586,  au  censier  de  l'Evêché  pour  1676,  on  lit  une  men- 
tion de  tr maisons  qui  estoient  assises  à  Paris,  sur  le  marché  des  Moutons,  près 
rr  ladicte  église  (Saint-Thomas-du-Louvre),  l'une  joignant  le  cymetière  et  lieu  où 
rrlesdicts  chanoines  et  Chapitre  sont  demeurans,  et  l'autre  ayant  son  entrée  sur 
tr  ladicte  rue  et  sur  ledict  marché  aux  Moutons,  n  Ce  marché  appartenait  a  à  la 
«  confrairie  des  marchands  vendeurs  de  bestail  à  pied  fourchu ,  de  Paris.  t>  En 
i53o,  on  le  désignait  comme  une  «place  contenant  demy-arpent  ou  environ.  t> 

La  rue  Saint-Nicaise,  dont  le  nom  provenait  de  la  chapelle  Saint-Nicaise  dé- 
pendant de  l'Hospice,  était,  ainsi  qu'on  le  voit  par  les  observations  qui  précèdent, 
très-sensiblement  distincte  du  chemin  qu'elle  avait  remplacé.  En  réalité,  c'était 
une  rue  moderne,  dont  l'origine,  restée  fort  obscure  pour  les  auteurs,  ne  remon- 
tait pas  au  delà  du  règne  de  Louis  XIII;  l'ouverture  en  avait  été  faite  dans  les 
circonstances  suivantes. 

Par  brevets  du  26  janvier  161 3,  du  7  mars  1  G 1/1,  des  g,  10  et  26  mai  161 5, 
le  Roi  accorda  à  Hérouard,  son  médecin;  à  de  Heurles,  son  maître  d'hôtel;  à  Phi- 
lippe, son  chirurgien;  à  Berruyer,  son  secrétaire;  à  Pierre  du  Boys,  et  à  Georges 
Baudoyn,  écuyer  de  la  bouche,  diverses  places  à  prendre  dans  le  rampart,  rrl'in- 
«  tention  de  Sa  Majesté  n  étant  que  l'on  réservât  rr  une  rue  servant  à  aller  de  ladicte 
rrgallerie  (du  Louvre)  à  la  porte  Saint-Honoré;  ensemble  une  allée  de  longueur 
rr  compettante  au  derrière  desdictes  places  et  le  long  du  mur  estant  au  bas  du 
rt  rempart  dans  le  fossé  <'2).  n  Hérouard  et  les  autres  concessionnaires  ayant  demandé 
au  bureau  de  la  Ville  qu'on  leur  fît  bail  de  leurs  places,  le  Prévôt  des  marchands, 
à  la  date  du  21  juillet  1616,  envoya  Augustin  Guillain,  son  maître  des  œuvres, 
pour  visiter  le  terrain  et  dresser  le  plan  de  la  rue  à  ouvrir,  plan  qui  fut  accepté 
le  1er  août.  Quelques  jours  après,  le  12  et  le  i3  du  même  mois,  les  baux  furent 
passés,  et  dans  l'un  de  ces  actes  il  est  dit  :  rrVeu  le  plan  dressé  pour  la  disposi- 
tion de  la  rue  ordonnée  estre  faicte  sur  ledict  rempart.  .  .  .  sera  laissée,  oultre 
«la  susdite  profondeur  (de  la  place  baillée),  une  allée  de  seize  pieds  de  large,  corn- 
er pris  le  mur  d'appuy,  commençant  au  devant  du  mur  du  fossé,  en  tirant  dans  le- 
rr  dict  rempart,  selon  les  allignemens  et  dispositions  de  simétrie  pour  les  bastimens, 
«qui  seront  baillés  par  ledict  Guillain.  Ensemble  de  la  diminution  et  abbaissement 
«du  rempart,  nyveau  et  pentes  de  la  rue  de  devant. «  II  résulte  d'un  autre  bail, 
passé  en  1 6ao  (s),  que  la  grande  rue  ou  rr  rue  de  devant,  n  non  encore  bâtie  à  celle 

,1)  H  faut  prendre  garde  de  le  confondre  avec  le  fut  faite  à  la  requête  du  procureur  général .  pour 

marché  aux  pourceaux  de  la  batte  Saint-Roeh.  examiner  s'il  y  avait  des  inconvénients  h  bâtir  entre 

lî)  Arch.  de  l'Emp.  cart.  Q  1 1  '16-1 1  48.  la  galerie  du  Louvre  et  la  porte  Sainl-Honoré.  Les 

,3>  Le  dernier  jour  de  juillet  1620,  une  enquête  experts  conclurent  qu'on  pouvait  effectivement  y 


RUE  SAINT-NICAISE.  75 

dernière  date,  devait  avoir  quatre  toises  cinq  pieds  de  large  du  côté  de  l'hôtel  de 
La  \ieuville,et  quatre  toises  seulement  du  côté  de  la  rue  Saint-Honoré,  disposi- 
tion qui  n'a  point  été  observée.  Cette  grande  rue,  c'est  celle  de  Saint-Nicaise. 
Quant  à  l'allée  de  seize  pieds  de  largeur,  il  n'y  a  aucune  apparence  qu'elle  ait 
jamais  existé.  Elle  devait  passer  entre  tries  murs  de  closture  des  courts  et  jardins 

«  deppendanz  des  logis  »  qui  seraient  «  bastiz  et  le  parapet  des  fossez le  long 

trdu  mur  estant  au  bas  du  rempart,  dans  le  fossé,  n  Ce  second  membre  de  phrase 
et  la  profondeur  des  terrains  baillés  donnent  à  penser  que  le  mur  d'enceinte  de 
la  Ville  aurait  formé  le  côté  oriental  de  l'allée,  et  déterminé  son  alignement. 

Dans  un  cr  titre  nouvel  t  du  17  mai  i652,  la  rue  Saint-Nicaise  est  appelée  la 
nu  du  Fossé-Mad&noiseHe ,  à  cause  de  la  proximité  du  fossé  des  fortifications, 
lequel  servait  de  clôture  au  jardin  de  Mademoiselle,  situé  devant  les  Tuileries; 
au  xvne  siècle,  on  l'appelait  aussi  fréquemment  rue  du  Rempart,  et  c'est  même  le 
premier  nom  qu'elle  ait  porté  avant  celui  de  Saint-Nicaise,  dont  on  n'a  fait  exclu- 
sivement usage  que  dans  le  siècle  suivant.  Les  travaux  entrepris,  sous  le  Consulat 
et  le  premier  Empire,  pour  la  réunion  du  Louvre  aux  Tuileries,  ont  fait  dé- 
truire tout  le  côté  occidental  de  la  rue  Saint-Nicaise,  dont  les  maisons  avaient  été 
fortement  ébranlées  par  l'explosion  de  la  machine  infernale  du  26  décembre  1800. 
Le  dernier  tronçon  a  disparu  en  i85û. 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 


PAROISSE  SAL\T-GERMAI!N-L'ALXERROIS. 

HALTE  JUSTICE  DE  LÉVÊCHÉ. 

CEIN'SIVE  DE  L'ÉvÊCHÉ,  PUIS  DE   LA  VILLE. 

Le  côté  occidental  du  chemin  qu'a  remplacé  la  rue  Saint-Nicaise  était  formé 
par  le  rempart  de  terre  soutenant  le  mur  d'enceinte  de  la  Ville;  mais,  primitive- 
ment, la  muraille  n'était  point  butée  par  un  terrassement,  ce  qui  laissait  au  chemin 
de  ronde  une  largeur  considérable.  Suivant  un  document  des  archives  des  Quinze- 
Vingts,  la  Communauté  le  fit  barrer,  en  1  383,  au  moyen  d'un  mur  remplaçant 
une  portion  de  celui  qui  avait  été  détruit  lorsqu'on  construisit  les  fortifications.  En 
1 385,  le  Roi  permit  qu'on  perçât  deux  portes  dans  ce  nouveau  mur,  à  la  condition 

construire  r  en  faisant  oster  les  (erres  massives  du  prétentions  de  Froger,  l'entrepreneur  des  nouvelles 

-rempart  jusques  au  rez-de-chaussée  de  la  grande  fortifications,   que   la   dame    Hérouard,    l'écuyer 

•  rgaflerie  du  Louvre ;»  les  terres  butant  le  rempart  Georges  et  le  nommé  Du  Boys  conserveraient  la 

étaient  donc  encore  en  place.  Un  arrêt  du  Parle-  jouissance  de  leurs  places,  dont  il  paraît   qu'on 

ment,  du  5  juillet  1 634,  décida,  contrairement  aux  rectifia  les  alignements  en  16/19. 


76  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

qu'il  y  aurait  pour  chacune  deux  clefs,  dont  l'une  serait  remise  au  capitaine  du 
Louvre.  La  charte  écrite  à  cette  occasion  indique  que  l'enceinte  de  la  Ville  était 
à  environ  vingt-cinq  toises  des  murs  de  la  Petite-Bretagne,  ce  qui  confirme  la 
position  que  nous  lui  avons  donnée  sur  notre  plan  de  restitution,  et  que  nous  jus- 
tifierons au  surplus  par  d'autres  preuves  plus  précises. 

HÔTEL  DE  BERINGHEN,  faisant  le  coin  de  la  rue  des  Orties.  Le  9  mai  i6i5, 
Pierre  Du  Boys  et  Georges  Beaudouyn  reçurent  en  don,  de  Louis  XIII,  une  partie 
du  rempart,  de  vingt  toises  de  largeur  sur  dix-huit  de  profondeur.  Le  i3  août 
1616,  la  Ville  bailla  à  Francisque  Mitaelly  PallagallyW  une  autre  place  de  dix 
toises  de  largeur  sur  dix-sept  de  profondeur,  et,  le  même  jour,  elle  céda  à  Nicolas 
Huot  une  troisième  place,  aussi  de  dix  toises  de  largeur,  mais  de  seize  toises  et 
demie  seulement  de  profondeur.  C'est  apparemment  sur  ces  terrains  que  fut 
construit  l'hôtel  de  Beringhen,  dont  les  bâtiments  avaient  en  effet  dix-huit  toises 
de  profondeur  sur  la  rue  des  Orties ,  et  seize  et  demie ,  une  quarantaine  de  toises 
plus  haut.  Sur  le  plan  de  Gomboust,  l'hôtel  de  Beringhen  figure  déjà  avec  son 
jardin  pris  sur  le  fossé,  et  avec  cette  indication,  M.  Varin,  parce  qu'il  apparte- 
nait en  effet  à  Jean  Warin ,  intendant  des  bâtiments ,  et  graveur  général  des  mon- 
naies, qui  y  mourut  le  26  août  1672  <2).  Désigné  plus  tard,  à  ce  qu'on  assure, 
sous  le  nom  iï  hôtel  de  Roquelaure,  il  reçut  bientôt  après  la  dénomination  sous  la- 
quelle il  a  été  connu  jusqu'à  la  Bévolution,  et  qu'il  devait  à  Henri  de  Beringhen, 
premier  écuyer  de  la  petite  écurie,  depuis  i645.  Beringhen,  dont  la  famille  pos- 
sédait encore  l'hôtel  à  la  fin  du  règne  de  Louis  XV,  l'avait  déjà  acquis  en  1676, 
car  sur  le  plan  de  Bullet,  publié  en  cette  année,  l'hôtel  est  désigné  comme  celui 
de  «  Mr  le  Premier,  n  titre  qui  s'appliquait  au  premier  écuyer,  comme  au  premier 
président.  L'hôtel  de  Beringhen  a  été  démoli  sous  le  règne  de  Napoléon  Ier. 

A  la  suite  de  ce  logis  venait  un  espace  vide  formant  l'entrée  de  la  place  du 
Carrousel.  Il  avait  été  occupé  par  un  jardin  dépendant  de  l'hôtel  de  Chevreuse, 
situé  de  l'autre  côté  de  la  rue.  Ce  jardin  ne  se  voyait  plus  en  1662,  et  avait  pro- 
bablement été  supprimé  à  l'occasion  du  grand  carrousel  qui  eut  lieu  cette  année , 
et  dont  la  place  située  devant  les  Tuileries  perpétue  le  souvenir.  Au  delà  de 
l'entrée  de  la  place  on  rencontrait  deux  maisons  qui  en  formaient  l'angle  sep- 
tentrional. La  première,  bordée  d'échoppes,  appartenait  en  1739  à  M.  de  Bo- 
linde,  et  passa  dans  le  même  siècle  à  M.  de  Chanteule  et  au  comte  de  Feillens. 
La  seconde  est  marquée  sur  un  plan  dressé  vers  1720  comme  contenant  les 
écuries  de  madame  de  la  Vallière.  L'emplacement  de  ces  deux  maisons  doit  se  con- 
fondre avec  celui  de  vingt  toises  de  large  sur  quinze  de  profondeur,  qui  fut  donné 
à  bail  à  Hérouard,  au  mois  de  juillet  1616.  Contiguës  aux  écuries  de  madame  de 

(l)  Nous  donnons  le  nom  tel  que  nous  l'avons  m  Conf.  son  testament,  ap.  Archives  de  l'Art 

trouvé  écrit.  français,  t.  I,  p.  298. 


RUE  SAINT-NICAISE. 


77 


La  Vallière,  étaient  celles  du  sieur  Paumier,  établies  sur  un  chantier  apparte- 
nant au  Roi (1)  en  1 687.  En  1 7 1 2  ,  on  bâtit  là  un  magasin  qui  fut  donné  à  l'Opéra 
en  1713,  et  servit,  jusqu'en  1790,  à  loger  les  machines,  les  décors  et  les  cos- 
tumes de  ce  théâtre,  lequel  y  tint  aussi  son  école  de  danse.  Le  magasin  de 
l'Opéra,  que  certains  plans  indiquent  par  ces  mots,  Académie  de  musique,  et  qui 
fut  abattu  en  1802 ,  devait  s'élever  sur  la  place,  large  de  vingt  toises  et  profonde 
de  quatorze,  baillée  le  12  août  1616  à  de  Heurles;  il  était  suivi  d'une  place  en 
forme  de  T,  qui  s'étendait  vers  la  rue  du  Carrousel,  et  qui,  sur  le  plan  de  1720  W, 
est  appelée  Place  du  magasin  des  marbres.  Cette  parcelle ,  réunie  à  celle  du  magasin 
de  l'Opéra,  avait  été  occupée  par  le  Bureau  des  voitures  ou  coches  de  la  cour, 
dès  1676.  Elle  ne  s'identifie  avec  aucun  des  anciens  lots,  non  plus  que  les 
constructions  suivantes,  sur  une  partie  desquelles  nous  reviendrons  ailleurs.  Une 
de  ces  constructions  est  indiquée,  sur  le  plan  de  Gomboust,  comme  appartenant 
à  M.  Petit,  et,  sur  un  plan  de  1789,  comme  propriété  de  M.  de  Préval.  Il  en 
dépendait  un  jardin  formant  l'angle  rentrant  de  la  rue  du  Carrousel. 

CÔTÉ  ORIENTAL. 


PAROISSE  SAINT-GERMAUN-L'AÏXERROIS. 

HAUTE  JUSTICE 

ET   CENSIVE   DE    L'É"vÊCHÉ. 


Les  murs  de  l'hôtel  de  la  Petite-Bretagne  et  de  l'hospice  des  Quinze-Vingts 
bordaient,  du  côté  oriental,  le  chemin  auquel  fut  substituée  la  rue  Saint-Nicaise. 
Après  l'ouverture  de  cette  rue  et  antérieurement  à  l'année  i65o,  entre  la  rue 
Saint-Honoré  et  l'hôtel  de  Longueville,  on  bâtit  de  petites  maisons  qui  ca- 
chaient le  mur  occidental  de  clôture  de  l'Hospice,  et  s'y  appuyaient.  Vers  1700. 
ces  maisons  qui  dépendaient  des  Quinze-Vingts,  étaient  au  nombre  de  douze  (3;  : 
la  première,  contiguë  à  la  maison  du  coin,  avait  alors  pour  enseigne  la  Croix- 
Rouge,  la  quatrième,  le  Pavillon-Royal,  et  la  neuvième,. l'Epée  Royale.  La  onzième, 
qu'on  a  vue  si  longtemps  se  dresser  isolée  sur  la  place  du  Carrousel,  et  qu'on 


(1>  Ou  plutôt  aux  nommés  Charpentier  et  Clic- 
quain ,  qui  travaillaient  pour  le  Roi ,  et  firent  là  un 
chantier  de  construction.  Ils  le  cédèrent  à  Paumier, 
et  le  tenaient  de  Gilles  Baudouyn,  parent  de 
récuyer  Georges  Baudouyn,  donataire  de  1 61 5 , 
lequel  semble  avoir  possédé  deux  places  diffé- 
rentes. 

(,)  Ce  plan  paraît  avoir  été  fait  à  l'occasion  d'un 


incendie  qui  consuma  les  écuries  de  Paumier  et  une 
partie  de  celles  de  La  Vallière. 

<3)  Le  terrain  de  celles  qui  se  trouvaient  au  nord 
de  la  chapelle  Saint-Nicaise  avait  fait  partie  de  l'Hos- 
pice; l'emplacement  de  celles  qui  étaient  au  sud  de 
la  chapelle  avait  été  pris  sur  le  chemin  de  ronde, 
quand  on  en  modifia  l'alignement  pour  le  transfor- 
mer en  rue. 


78  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

appelait  l'hôtel  de  Nantes,  n'a  été  abattue  qu'en  1869;  elle  avait  formé  l'encoi- 
gnure septentrionale  de  la  rue  des  Chartres.  Entre  la  sixième  et  la  septième,  on 
avait  réservé  une  entrée  pour  la  chapelle  Saint-Nicaise,  que  ces  maisons  mas- 
quaient. 

CHAPELLE  SAINT-NICAISE.  Il  est  singulier  que  l'histoire  de  cette  petite  chapelle 
soit  si  peu  connue.  Les  renseignements  qui  s'y  rapportent  sont  tellement  rares 
que,  dans  l'inventaire  des  titres  des  Quinze-Vingts,  il  ne  se  trouve  pas  un  seul 
article  s'y  rattachant,  et  l'on  doit  le  peu  qu'on  en  sait  à  l'abbé  Lebeuf.  H  en  parle 
dans  des  termes  auxquels  nous  ne  pouvons  rien  ajouter  :  cr C'est,  dit-il,  la  cha- 
rt pelle  de  l'infirmerie  de  cette  maison  (l'Hospice);  elle  passait  en  1691  pour  un 
ff  bénéfice,  et  elle  fut  permutée  alors.  L'édifice,  qui  est  orienté  au  midi,  est  de  ce 
tr temps-là.  Elle  sert  à  présent  (170^)  d'école;  l'on  y  expose  les  corps  des  frères 
ff  aveugles  morts.  Le  culte  de  saint  Nicaise,  évêque  de  Reims  et  martyr,  a  été  trans- 
ffféré  dans  la  grande  chapelle  de  l'Hôpital,  où  l'on  célèbre  sa  confrérie,  non  le 
«  1  h  décembre  comme  autrefois,  mais  le  2  1  juillet W.  n  La  chapelle  saint  Nicaise'2', 
contiguë  à  l'infirmerie  de  l'Hospice,  avait,  hors  œuvre,  huit  toises  de  longueur 
sur  quatre  toises  quatre  pieds  et  demi  de  largeur.  Elle  était  de  forme  à  peu  près 
rectangulaire,  et  dans  son  angle  nord-est  se  trouvait  la  cage  de  l'escalier  condui- 
sant au  petit  clocher  dont  elle  apparaît  surmontée  dans  le  plan  de  Mérian.  Elle 
a  été  abattue  vers  1779W. 

Partie  postérieure  de  l'hôtel  de  Longueville.  (Voir  Rue  Saint-Thomas.) 

HÔTEL  DE  CrÉQUY  et  D'ELBELF.  Il  fut  construit  sur  une  parcelle  vendue,  le 
6  mars  1626,  par  le  sieur  de  Sauveterre  à  Louis  Bretel ,  père  de  Me  Claude  Bretel, 
seigneur  de  Lanquetot,  et  fut  cédé  le  3o  mai  1 656,  à  Mc  Charles  Bernard  et  à 
Suzanne  de  Brue.  Ceux-ci  le  transmirent,  le  20  mars  1657,  à  François  de  Cré- 
quy,  qui  fut  maréchal  de  France  et  mourut  en  1687.  L'hôtel  passa  ensuite  aux 
héritiers  de  sa  femme,  Catherine  de  Rougé,  et,  en  1789,  il  s'appelait  hôtel  de 
Coëtanfao,  parce  qu'il  appartenait  à  François-Toussaint  de  Kerhoent,  marquis  de 
Coëtanfao.  On  l'a  nommé  ensuite  hôtel  de  Vieux-Pont  (1723),  et  enfin  hôtel  d'El- 
heuf,  parce  qu'il  fut  à  Emmanuel -Maurice  de  Lorraine,  duc  d'Elbeuf,  dont  la 
femme  le  fit  rebâtir  vers  1755.  L'édifice  n'a  été  démoli  que  vers  1 838. 

HÔTEL  D'UzÈS.  Sur  un  lot  de  terrain  qui  lui  fut  dévolu  lors  de  la  vente  faite 
en  1626,  par  le  sieur  de  Sauveterre,  d'une  partie  de  l'hôtel  de  Matignon,  Marie 

(1)  Hist.  du  Diocèse  de  Paris,  t.  I,  p.  63.  confrérie  dans  une  salle  du  Palais,  nommée  ta  salle 
m  Le  corps  des  Merciers  reconnaissait  jadis  pour  Saint-Louis,  Cette  chapelle  transformée  semble  avoir 
patron  le  roi  saint  Louis.  Sauvai  dit  qu'ils  en  so-  quelque  rapport  avec  la  chapelle  Saint-Nicaise. 
lennisaient  la  fête  aux  Quinze- Vingts,  le  premier  (3)  Jaillot,  en  1772,  en  parle  comme  d'un  monu- 
dimanche  après  la  Saint-Louis;  mais  que,  leur  cha-  ment  existant  encore.  Le  plan  de  reconstruction  de 
pelle  ayant  été  convertie  en  infirmerie,  Charles  VI  l'Hospice,  dressé  en  17^7,  en  impliquait  la  des- 
leur permit,  en  1  Ao3 ,  de  tenir  leurs  assemblées  de  truction. 


RUE  DES  ORTIES.  79 

de  Caumont,  dame  de  Grécy,  construisit  une  maison  dont  la  principale  entrée  se 
trouvait  être  rue  de  Matignon  en  1 663 ,  époque  où,  depuis  plus  de  dix  ans,  on  y 
avait  placé  les  écuries  de  la  Reine  mèreW.  Cette  maison,  possédée  en  1757  par 
Charles-Emmanuel,  sire  de  Crussol,  duc  d'Uzès,  a  été  dite  en  conséquence  hôlel 
ctUzès  et  de  Crussol.  Les  petites  écuries  du  Roi  y  étaient  déjà  établies  en  1770,  et 
y  sont  restées  jusqu'à  la  Révolution. 

Trois  Maisons,  dont  la  seconde  avait  pour  enseigne  la  Maison-Rouge  en  1688; 
à  la  dernière,  qui  faisait  le  coin  de  la  rue  des  Orties,  pendait  pour  enseigne 
l'Epée-de-Bois  vers  1700.  Celle-ci,  réunie  à  la  maison  du  coin  de  la  rue  Mati- 
gnon, avait  pour  enseigne  le  Compas  en  1  688.  Les  maisons  du  Compas  et  la  Maison- 
Rouge  appartenaient  alors  aux  héritiers  de  Jean  Baudouyn;  il  les  avait  construites 
sur  des  terrains  acquis  par  lui,  le  26  septembre  1 6 1 3  et  le  20  juillet  1616,  des 
nommés  Nicolas  Monnant  et  Samuel  Cauche,  auxquels  le  Roi  les  avait  donnés. 


RUE  DES  ORTIES. 

La  rue  des  Orties  commençait  à  la  rue  Fromenteau,  finissait  d'abord  au  rem- 
part de  la  Ville  et  s'est  terminée  plus  tard  à  la  place  du  Carrousel.  (Pour  la  no- 
tice, voir  p.  177.) 

CÔTÉ  SEPTENTRIONAL. 


PAROISSE  SAINTGERMAINLAUXERROIS. 

HAUTE  JUSTICE 

ET    CENSIVE    DE    L'ÉvÊCHÉ. 

HÔTEL  DE  LA  PETITE-BRETAGNE,  DE  COLPEAU  et  DE  MATIGNON,  faisant  le    i;„„ebr„t! 
coin  oriental  du  chemin  du  Rempart.  Cette  maison  était  d'origine  très  ancienne,  car    Saml^1Ci' 
ce  fut  dans  son  enceinte  que  le  chapitre  de  Saint-Thomas-du-Louvre  s'établit  à  la  *"'"' -Thoma-;- 
lin  du  xuc  siècle.  Jean  VI,  duc  de  Bretagne,  dans  des  lettres  du  2  février  1^128, 
rappelle  aux  chanoines  que  leur  église  est  située  dans  l'enclos  de  sa  rt  maison  ou 
tthostel,  cy-devant  appellée  la  Petite-Bretaigne. n  Dans  les  mêmes  lettres,  dont 
l'original  est  en  latine,  il  dit,  en  outre,  que  la  Petite-Bretagne  était  alors  inha- 
bitée et  en  ruines;  puis  que,  le  chapitre  Saint-Thomas  désirant  y  établir  des  jar- 
dins et  y  bâtir  des  maisons,  il  la  lui  abandonna  en  toute  propriété  ainsi   que 

'     \1rl1.  de  l'Einj).  cart.  S 1857. —  ;,)  I-e  texte  en  est  donné  par  Du  Breul.  p.  798. 


80  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

libre  de  toute  redevance.  Il  n'y  avait  pas  longtemps  que  le  duc  Jean  avait  recouvré 
la  possession  de  l'antique  manoir  de  sa  famille,  car,  sous  Charles  VI,  ce  manoir 
appartenait  au  Roi;  un  article  du  censier  de  1'Evêché  pour  1 399  énonce  effecti- 
vement «la  maison  de  la  Petite-Bretaigne  et  ses  appartenances  qui  sont  au  Roy, 
rmostre  sire,  a  et  la  phrase  se  répète  dans  les  censiers  postérieurs. 

Le  chapitre  Saint-Thomas  ne  garda  que  quelques  années  l'hôtel  de  la  Petite- 
Bretagne,  après  le  don  qui  lui  en  avait  été  fait  :  le  ier  juillet  1&37,  moyennant  une 
rente  annuelle  de  9  livres,  il  l'aliéna  au  profit  d'un  tailleur,  Pierre  Marchand,  dit 
de  Nantes.  Celui-ci  s'en  défit  antérieurement  à  1  A&9,  en  faveur  de  Jean  de  Valen- 
ciennes,  qui  en  jouit  jusque  vers  i483.  A  Jean  de  Valenciennes  succédèrent,  dans 
la  possession  de  l'hôtel,  Germain  de  Valenciennes,  et,  de  i53o  à  1 565 ,  son  fils, 
Jean  de  Valenciennes,  essayeur  des  monnaies.  Après  la  mort  de  ce  dernier,  le  ma- 
noir fut  divisé  en  deux  parties,  l'une  qui  appartenait  à  Anne  et  à  Claude  de  Valen- 
ciennes, et  l'autre,  à  leur  frère  Germain;  toutefois,  comme  celui-ci  était  seigneur 
d'Ormoy  et  de  CoupeauW,  le  nom  à'hétel  de  la  Petite-Bretagne  fut  souvent  rem- 
placé, de  son  temps,  par  celui  iï hôtel  de  Cou-peau.  Ce  logis  cessa  entièrement,  à 
partir  de  1678,  d'être  une  propriété  de  la  famille  de  Valenciennes.  Jaillot  dit  que 
le  sieur  Pinard,  secrétaire  des  commandements  du  roi,  le  vendit,  en  i5oo,  à 
Jacques  de  Matignon,  comte  de  Thorigny;  mais  Jacques  de  Matignon  ne  naquit 
qu'en  1 53 1 ,  et  la  transaction  n'eut  lieu  qu'en  1 5y5.  L'an  1691,  en  raison  de 
l'absence  et  incapacité  de  Matignon,  qui  suivait  le  parti  du  Boi,  un  arrêt  du  Conseil 
d'État  confirma  la  propriété  de  l'hôtel  aux  chanoines  de  Saint-Thomas,  et  leur 
permit  de  passer  bail  du  grand  jardin.  Ils  le  louèrent,  le  17  septembre,  à  un 
nommé  Guillaume  Ferry  W,  lequel  y  demeurait  déjà  à  cette  date ,  et  l'habitait  encore 
en  1596.  Mais  cette  année  même,  par  un  mandement  du  trésorier  de  l'Épargne, 
à  lui  adressé  le  2  août,  Matignon,  qui  était  de  retour,  fut  invité  à  céder  sa  maison 
au  Boi,  ce  qu'il  fit  moyennant  la  somme  de  10,000  écus  sol,  le  h  février  1597. 
Henri  IV  l'avait  achetée  W  parce  qu'il  était  nécessaire  d'en  abattre  une  partie  afin 
de  continuer  la  grande  galerie  du  Louvre.  Il  en  donna  le  reste  au  président  Pierre 
Jeannin,  le  9  juillet  161 1.  Ce  reste  consistait,  d'après  les  lettres  de  donation,  en 


(1)  Autrement  Coupeaukc,  Coippeau,  Coypeaulx 
et  Coispeaulx. 

m  Ce  jardin  est  énoncé  dans  le  bail  «  Grand  jar- 
din de  la  Petite-Bretagne,  clos  de  mur,  avec  son 
ft  habitation  et  la  maison  qui  a  été  commencée  à 
rr démolir  par  les  lansquenets,  estant  des  apparte- 
nances d'un  plus  grand  lieu,  assis  rue  des  Orties, 
"joignant  le  rempart,  cy-devant  appelé  l'hostel  de 
-Matignon. »  (Arch.  de  Saint-Thomas.) 

"'  En  1606,  l'hôtel  de  Matignon,  devenu  pro- 


priété du  Roi,  renfermait  une  pépinière  de  mûriers 
blancs  qu'y  avait  plantés  Claude  Mollet,  jardinierdes 
Tuileries.  »  En  l'an  mil  six  cent  six ,  dit-il ,  j'estois  logé 
<rà  l'hostel  de  Matignon ,  derrière  Saint-Thomas-du- 
tr Louvre,  où  il  y  avoit  une  belle  grande  place,  la- 
quelle est  pour  lejourd'huy  toute  pleine  de  basti- 
ffmens.  De  cette  place,  j'en  avois  fait  un  très-beau 
"jardin,  auquel  j'avois  élevé  une  grande  quantité 
"de  mûriers  blancs.  .  .  i>  (Théâtre  des  plans  et  jardi- 
nages ,  Paris,  in-&°,  i65a,  p.  34o.) 


RUE  DES  ORTIES.  81 

«une  place  et^quelques  restes  de  maisons  y  restans,  appelle  communément  l'hostel 

«  de  Matignon ladicte  place  et  restes  de  maisons  contenant  environ  cinquante 

tr toises  de  long  et  quarante-quatre  de  large;  joignant,  du  costé  d'orient,  à  l'église 
«  Saint-Thomas  et  autres  maisons  et  jardins  près  de  ladicte  église ,  qui  ont  leur 
rr entrée  par  la  rue  Saint-Thomas;  du  costé  d'occident,  aux  remparts  de  la  Ville; 
ff  au  midi,  à  une  place  devant  la  Grande  Galerie;  au  nord,  au  jardin  et  hostel  d'O, 
c  à  présent  au  sieur  de  la  Vieuxville.  n  Le  chiffre  de  cinquante  toises  de  pro- 
fondeur montre  que  le  terrain  octroyé  à  Jeannin  n'arrivait  point  à  la  hauteur  de 
l'alignement  moderne,  obtenu  par  la  concession  faite,  vers  cette  époque,  à  plu- 
sieurs particuliers,  d'une  partie  de  la  place  comprise  entre  la  Grande  Galerie  et  le 
lot  de  Jeannin.  Jeannin  vendit  son  terrain  18,000  livres,  le  1 5  juillet  161 3,  à 
Pierre  de  Bérulle,  depuis  cardinal,  qui  stipulait  au  nom  des  pères  de  l'Oratoire; 
mais,  la  Congrégation  ayant  renoncé  à  s'établir  sur  l'emplacement  de  l'hôtel  de 
Matignon,  Pierre  de  Bérulle,  par  contrat  du  i5  mai  1616,  reconnu  le  1 1  août 
suivant,  l'abandonna  pour  pareille  somme  de  18,000  livres  au  sieur  de  Sauve- 
terre.  Le  6  mars  1626,  ce  dernier  revendit  diverses  parcelles  de  son  terrain  à 
Charles  de  Beauclerc,  à  Claude  Bretel,  sieur  de  Lanquetot,  à  la  dame  de  Crécy  et 
à  Me  Abraham  Bouleau,  conseiller  secrétaire  du  roi.  Au  reste,  dès  1617,  il  y  avait 
plusieurs  maisons  nouvellement  bâties  sur  l'emplacement  de  l'hôtel  de  Matignon; 
on  y  comptait  treize  propriétaires,  parmi  lesquels  le  duc  de  Chevreuse  pour  une 
portion  de  son  hôtel ,  et  tous  étaient  solidaires  des  cens  et  autres  redevances  gre- 
vant la  Petite-Bretagne.  Depuis,  le  nombre  des  propriétaires  s'est  augmenté  par 
suite  du  morcellement  des  anciens  lots. 

La  limite  méridionale  de  la  Petite-Bretagne  ne  peut  plus  être  déterminée  exac- 
tement à  cause  de  la  construction  de  la  grande  galerie  du  Louvre,  mais  nous 
avons  reconnu  les  trois  autres;  celle  de  l'orient,  depuis  la  fondation  de  la  collé- 
giale Saint-Thomas,  est  le  mur,  figuré  sur  tous  les  plans,  auquel  s'appuyaient  les 
bâtiments  du  cloître  et  qu'il  faut  prolonger  jusqu'à  la  rencontre  de  l'hôtel  de  Ram- 
bouillet. Vers  le  nord,  la  Petite-Bretagne  aboutissait  à  l'ancien  mur  de  clôture  des 
Quinze-Vingts,  dont  nous  reparlerons  dans  l'article  sur  l'hôtel  de  Chevreuse,  et,  à 
l'ouest,  depuis  la  fin  du  xivc  siècle  au  moins,  elle  était  bornée  par  un  mur  dont 
la  trace  se  dessine  en  faisant  passer  une  ligne  parallèle  à  la  rue  Saint-Nicaise ,  à 
douze  mètres  en  deçà  de  cette  rue.  Nous  ne  l'avons  pas  constaté  sans  peine,  mais 
en  voici  les  preuves. 

D'un  arpentage  du  18  mars  1622  (1>,  il  appert  que  ce  qui  subsistait  alors  de  la 

m  Le  texte  de  la  partie  intéressante  de  cet  arpen-  *  Vingts  de  l'hostel  de  Chevreuse ,  antiennement  ap- 

lage  est  ainsi  conçu  :  «• ...  et  ait  trouvé  le  long  du  «pelle  l'hostel  de  la  Villeville  (ne),  se  continuant 

-costé  dudit  rampart.  à  prendre  après  ung  antien  «  ladite  longueur  du  costé  dudit  rampart,  tant  au 

-mur  de  closture  séparant  le  cimetière  des  Quinze-  «derrière  dudit  hostel  que  au  derrière  des  jardinï 


82  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Petite-Bretagne  était  un  quadrilatère  de  trois  cent  cinquante-cinq  perches  de  su- 
perficie; les  deux  côtés  de  l'est  et  de  l'ouest  avaient  une  même  longueur  de  vingt- 
trois  perches  et  demie  ou  soixante  et  dix  toises  et  demie,  à  partir  de  la  muraille 
des  Quinze-Vingts  (qui  n'était  point  encore  déplacée  comme  elle  le  fut  deux  ans 
plus  tard);  le  côté  septentrional,  au  long  de  cette  même  muraille,  mesurait  quinze 
perches  et  un  tiers  ou  quarante-six  toises,  et  le  côté  méridional,  à  partir  du  cloître 
de  Saint-Thomas,  quatorze  perches  et  deux  tiers  ou  quarante-quatre  toises;  or,  si 
d'après  ces  données  on  restitue  le  mur  occidental,  il  se  trouve  occuper  préci- 
sément la  situation  que  nous  avons  indiquée.  Notre  conclusion  est  confirmée,  du 
reste,  par  les  lettres  du  9  juillet  1611,  où  il  est  exprimé  que  le  terrain  avait 
quarante-quatre  toises  de  largeur  environ. 

L'hôtel  de  la  Petite-Bretagne  est  décrit  en  ces  termes  dans  le  hail  fait,  l'an  îkS'j, 
à  Pierre  Marchand  :  «C'est  assavoir  la  grand  maison  couverte  de  tuille,  estant  en 

«la  grant  cour  dudit  hostel avecques  la  cour  de  devant,  tenant  (la  cour) 

«  d'une  part  à  un  grand  mur  faisant  closture ,  au  hout  du  chemin  devers  la  rivière 
a  de  Seine,  faisant  le  coing  du  chemin  devers  les  murs  de  ladicte  rivière,  qui  va 
«  devant  la  cour  du  chasteau  de  Bois  (faisant  le  coin  de  la  rue  des  Orties  et  des 
cr  remparts),  et  ladite  pièce  de  terre  estant  derrière  ledit  corps  d'hostel  couvert 
«de  thuille,  contenant  trois  arpens  et  trois  cartiez  ou  environ,  tenant  d'une  part 
(tau  chemin  et  sur  les  fossez  de  Paris  (le  chemin  sur  les  remparts);  d'autre  part, 
«à  plusieurs  jardins  estant  sur  la  rue  Saint-Thomas-du-Louvre  (depuis  le  cloître 
«jusqu'au  jardin  de  l'hôtel  de  la  Marche);  aboutissant  par  derrière  au  cimetière 
«des  Quinze-Vingts  de  Paris  et  au  jardin  de  la  Marche  (hôtel  de  Bambouillet)  et 
«d'une  part  (au  midi)  audict  corps  de  maison  et  aux  murs  des  estables  abbatues, 
«  tenant  à  ladite  maison  couverte  de  tuille.  -n  Ainsi  le  grand  corps  de  logis  de  la 
Petite-Bretagne  était  placé  entre  une  cour  sur  la  rue  des  Orties  et  un  jardin  qui 
s'étendait  jusqu'aux  Quinze-Vingts.  Ce  jardin  ou  clos,  auquel  le  bail  de  îkS'] 
donne  une  superficie  d'environ  trois  arpents  trois  quartiers,  fut  considérablement 


ràe  monsieur  Lanquelot,  Louis  Noblet  et  celuy  de 
*ia  maison  voisine  (côté  de  l'ouest),  contenir  ladite 
it  longueur  vingt-trois  perches  deux  thiers  ;  et ,  de  pro- 
••  fondeur  par  ledit  bout,  vers  ladite  dernière  héri- 
f-taige,  joingnant  ledit  Noblet,  à  prendre  sur  le 
"rampart  jusques  au  dehors  du  mur  du  Doyenné. 
it où  estoit  la  salle  de  la  Petite-Bretaigne  (côlé  du 
•'midi),  proche  du  cimetière  de  ladite  église,  et  ce 
-à  l'allignement  du  gros  mur  où  estoit  le  dehors  de 
-ladite  grande  salle  dudit  hostel  de  la  Petile-Bre- 
"  taigne,  quatorze  perches  deux  thiers  de  large.  Et 
"par  l'autre  profondeur,  du  costé  et  le  long  dudit 
»mur  des  Quinze- Vingts,  dessus  déclaré,  tirant  vers 


rrla  grande  cour  dudit  hostel  de  Chevreuse,  à  i'ali- 
trgnement  du  mur  de  madame  Saint-Thouyn  (côté 
rrdu  nord),  a  de  profondeur  quinze  perches  ung 
rr  thiers.  Et  partant  d'icelles  trois  mesures,  tant  celle 
«de  long,  du  costé,  que  lesdittes  deux  largeurs 
rrprinse  et  mesurée  comme  il  appartient,  se  fer- 
ff  niant  icelles  héritaiges  de  l'autre  long  costé  du 
rr  Doyenné  et  de  madame  Saint-Thouyn,  de  pareille 
ir longueur  que  celle  du  rampart,  c'est  trouvé  en 
"•superficie  la  quantité  de  trois  cent  cinquante-cinq 
rr  perches  de  superficie ,  sans  comprendre  les  espoissi  a 
r-des  murs.*  (Arch.  de  l'Emp.  fonds  de  Saint-Tho- 
mas, cart.  S  1857.) 


RUE  DES  ORTIES.  83 

amoindri,  dans  le  xvie  siècle,  par  l'extension  de  l'hôtel  d'O,  et  ne  se  couvrit  de 
constructions  que  dans  le  siècle  suivant. 

En  disposant  le  lotissement  des  maisons  à  bâtir  sur  l'emplacement  de  l'hôtel 
de  Matignon,  on  réserva  une  rue  ou  plutôt  un  cul-de-sac  perpendiculaire  à  la 
rue  des  Orties,  et  qui  atteignait  presque  l'hôtel  de  Chevreuse.  Cette  impasse  pa- 
raît s'être  nommée  d'abord  rue  de  Matignon  W  (1627),  a  été  ensuite  appelée  cul-de- 
mc  Saint-Thomas,  puis  cul-de-sac  du  Doyenné.  En  1689,  les  propriétaires  des 
maisons  eu  bordure  proposèrent  au  chapitre  Saint-Thomas  de  percer  une  rue  qui, 
partant  de  l'impasse  et  passant  le  long  de  l'église  à  travers  la  cour  du  Doyenné, 
irait  déboucher  rue  Saint-Thomas.  Cette  offre  ayant  été  acceptée  avec  l'approba- 
tion de  l'Archevêque  de  Paris,  accordée  le  2  septembre  de  cette  année,  des  lettres 
patentes  du  mois  de  janvier  1 64 1 ,  enregistrées  le  7  février  suivant,  homologuèrent 
le  contrat  passé  entre  les  parties.  Le  Doyen  y  avait  stipulé  la  conservation  de 
deux  cabinets  attenant  à  l'église,  d'où  résulta  la  nécessité  de  jeter  deux  arcades 
au-dessus  de  la  nouvelle  rue,  à  laquelle  on  donna  le  nom  de  rue  Neuve-Sainl- 
Tkotnas  et  de  rue  du  Doyenné,  en  la  confondant  souvent  avec  la  partie  du  grand 
cul-de-sac  qui  s'ouvrait  sur  la  rue  des  Orties.  On  remarque  sur  le  plan  de  Gom- 
boust  que,  dès  le  milieu  du  xvnc  siècle,  il  y  avait  aussi  une  petite  rue  coudée  en 
équerre,  aboutissant,  d'une  extrémité,  à  la  rue  des  Orties,  et,  de  l'autre,  au  cul-de- 
sac  Saint-Thomas,  en  face  d'une  petite  impasse  séparant,  d'avec  les  maisons  de  la 
rue  des  Orties,  certaines  maisons  sises  rue  du  Doyenné.  La  petite  impasse  n'ap- 
paraît plus  sur  les  plans  du  temps  de  Louis  XVI;  quant  à  la  rue  en  équerre, 
qu'on  appelait  rue  de  Matignon,  elle  fut  transformée  en  cul-de-sac  par  la  sup- 
pression de  la  partie  donnant  dans  l'impasse  Saint-Thomas.  Cette  partie,  dite  la 
rue  du  Compas  sur  un  plan  des  premières  années  du  xviu6  siècle,  à  cause  d'une 
maison  voisine  (voir  p.  79),  fut  donnée,  par  arrêt  du  Conseil  du  18  juillet 
1772,  à  Jacques  Anisson  du  Péron,  qui,  possédant  déjà  la  maison  circonscrite 
par  les  rues  des  Orties,  de  Matignon  et  le  cul-de-sac  Saint-Thomas,  voulait  la 
joindre  à  une  autre  située  plus  au  nord  sur  ce  dernier  cul-de-sac.  Le  tronçon 
conservé  de  la  rue  de  Matignon  a  été  détruit  lorsqu'on  a  commencé  à  déblayer  la 
place  du  Carrousel,  sous  le  premier  Empire;  puis,  en  i85i,  ont  définitivement 
disparu  l'impasse  Saint-Thomas  et  la  rue  du  Doyenné,  dont  les  maisons  étaient 
déjà  en  partie  démolies. 

Les  titres  relatifs  aux  maisons  bâties  sur  l'emplacement  de  l'hôtel  de  Matignon 
ne  nous  ont  pas  révélé  d'autres  constructions  à  signaler,  si  ce  n'est  celles  dont  il 
est  question  ailleurs,   et,  de  plus,  la  maison  de  l'Image  Saint-Martin  (1710), 

(l»  Le  dernier  juin  1627,  Charles  de  Beauclerc,  de  largeur  sur  dix-sept  de  profondeur,  contenant 
conseiller  du  roi,  et  autres,  acquirent  de  Michel  Par-  une  masure,  et  qui  est  dite  située  <mie  de  Mati- 
ticelly,  sieur  de  Moin,  une  place  de  quinze  toises        rrgnon;»  mais  l'identité  de  la  rue  est  douteuse. 


8'i  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  de  Matignon  et  de  la  rue  des  Orties;  la  maison 
dite  du  Contrôle,  vers  1760,  et  qui  était  contiguë  au  cloître  Saint-Thomas;  enfin 
l'hôtel  situé  au  fond  de  l'impasse  Saint-Thomas,  et  nommé  l'hôtel  de  Quitry  en 
1676,  parce  qu'il  avait  appartenu  à  Guy  de  Chaumont,  seigneur  de  Quitry, 
maître  de  la  garde-robe  du  Roi;  on  l'appelait  en  1719  «le  petit  hôtel  (TAnguin.n 
Maison  sans  désignation  en  1899,  puis  de  l'Image  Saint-Louis  (1677),  du 
Grand-Monarque  (1701),  de  l'Image  Notre-Dame  (1705),  du  Fils-du-Koi-de-France 
(1 7 1 1)  et  de  l'Hehmitage  (1728),  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  Saint-Thomas. 
Cette  maison  avait  été  élevée  sur  une  partie  du  cloître  Saint-Thomas;  elle  fut 
entièrement  rebâtie  en  1759,  ainsi  que  le  mur  du  cloître  sur  la  rue  des  Orties. 

Entre  les  rues  MAISON  DE  LA  GrOIX-DE-FeR  (?)  [lSrjï))  ,  puis  DE  LA  CrOIX-BlANCHE  (l  7<>5),  faisant 

^FromenTau.  le  coin  oriental  de  la  rue  Saint-Thomas. 

Chapelle  Saint-Nicolas-du-Lolvre.  (Voir  p.  109.) 

Maison  de  la  Treille  (1 373-1 660)  ou  du  Cep-de- Vigne  (1619),  puis  de  l'Image 
Saint-Claude  (1737). 

Maison  sans  désignation  en  1A80,  puis  de  la  Croix-de-Fer  (1568-1737),  la- 
quelle a  dû  faire  partie  anciennement  d'une  des  maisons  qui  lui  ont  été  contiguës. 

Maison  du  Lion-d'Or  (1 655),  formée,  postérieurement  à  1619,  d'un  corps  d'hôtel 
de  la  maison  de  la  Croix-d'Or  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  Fromenteau. 

CÔTÉ  MÉRIDIONAL. 


PAROISSE  SAINTGERMAIN-L'AUXERROIS. 

HAUTE  JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ÉVECIlÉ. 


Il  n'y  avait  point  d'abord  de  côté  méridional  à  la  rue  des  Orties,  puisque  cette 
rue  était  primitivement  un  quai.  Plus  tard  elle  a  été  bordée,  du  côté  de  la  rivière, 
par  la  muraille  de  Charles  V,  et  enfin  par  la  grande  galerie  du  Louvre. 


RUE  DES  POULIES. 

La  rue  des  Poulies  commençait  au  quai  de  l'Ecole  et  finissait  à  la  rue  Saint- 
Honoré. 

H  est  parlé  dans  une  charte  de  12  65  des  cens  à  percevoir  sur  une  certaine 


RUE  DES  POULIES.  85 

maison  de  la  rue  des  Poulies  et  sur  les  poulies  qui  s'y  trouvaient,  tr  super  quadam 
ttdomo  in  vico  de  Pouliis,  et  super  poliis  et  pertinentiis.  n  Qu'étaient-ce  donc 
que  ces  poulies  dont  la  rue  a  pris  le  nom?  Suivant  M.  Génin,  le  mot  poulie  serait 
dérivé  de  pullus  et  voudrait  dire  une  écurie*1);  suivant  Sauvai,  dont  tous  les  au- 
teurs ont  adopté  l'opinion,  les  poulies  étaient  une  sorte  de  jeu  ou  exercice  de  corps. 
Ces  explications  sont  complètement  en  dehors  de  la  vérité  :  les  poulies  en  question 
constituaient  un  appareil  à  travailler  les  draps,  et  servaient  à  une  opération  du 
genre  de  celle  qu'on  nomme  actuellement  le  ramage.  Dans  divers  titres  relatifs  au  fief 
d'Autonne'2',  situé  rue  des  Rosiers  et  des  Ecouffes'3',  nous  avons,  en  effet,- trouvé 
les  passages  suivants  :  rcOstel  du  Pot-d'Estain ,  aultrement  dit  les  Poulies  (i453); 
ff  —  jardin  ouquel  avoit  anciennement  des  poulies  (1 55a )  ;  —  ung  jardin  appelé  le 
tr  jardin  des  Poulies,  à  cause  des  poulies  à  draps  que  l'on  tenoit  illec  (1 583)  ;  —  grand 
cr  jardin  nommé  anciennement  le  jardin  des  Poulies,  à  cause  des  poulies  à  draps  que 
rr  l'on  y  tenoit  (  1 583)  ;  —  deux  maisons  et  deux  poulies  à  draps  (î  583).  n  Rien  n'est 
plus  concluant;  mais  ces  textes  ne  sont  pas  les  seuls  que  l'on  puisse  citer,  et  nous 
indiquerons  en  outre  un  document  du  xve  siècle  dans  lequel  l'auteur,  faisant  allu- 
sion à  diverses  enseignes  de  Paris,  dit  que  :  a  Tous  ceulx  qui  serviront  les  roys  et 
ff  les  roynes,  seront  vestus  de  draps  q%d  seront  faits  aux  Polies,  en  la  rue  des  Blancs- 
r  Manteaux  W;ti  puis  un  arrêt  rendu  par  le  Parlement  en  1299,  où  il  est  exprimé 
que  les  foulons  ne  voulaient  point  porter  leurs  étoffes  aux  nouvelles  poulies, 
novas  polias,  situées  hors  des  murs  de  la  Ville,  mais  seulement  aux  anciennes, 
comprises  dans  l'enceinte  <5).  Le  rapport  entre  les  poulies  et  la  fabrication  du  drap 
ne  saurait  être  plus  manifeste,  et,  conséquemment ,  non-seulement  Sauvai  et 
M.  Génin  se  sont  trompés  dans  leurs  conjectures,  mais  Jaillot  s'est  également 
abusé  en  imaginant  que  la  rue  devait  son  nom  à  un  membre  de  la  famille  Des 
Poulies,  laquelle  ne  s'est  ainsi  appelée  que  parce  qu'elle  exerçait  la  profession 
à\ampoliéeur,n  indiquée  dans  les  rôles  de  la  Taille.  Comme  dernière  preuve  à 
l'appui  de  notre  assertion  sur  l'origine  du  nom  de  la  rue,  nous  dirons  que  la 
maison  où  étaient  placées  les  poulies,  cause  de  cette  appellation,  était  habitée 
par  un  tisserand,  textor. 

La  rue  des  Poulies  est  énoncée  vicus  de  Poliis  dans  une  charte  de  12  56,  la 
première  où  l'on  en  voit  une  mention'6';  —  vicus  qui  dicitur  des  Polies  en  1262; 


(1)  Récréations  philologiques ,  l.  \.  (6>  Jaillot  cite  une  charte  du  Carlulaire  de  Saint- 

"'   Arch.  de  l'Hôtel-Dieu.  Germain-l'Auxerrois  (fol.  5s  v°),  dans  laquelle  la 

(J)  On  voit  dans  ces  mêmes  titres  que  la  rue  des  rue  des  Poulies  serait  mentionnée  à  l'année  i2o5. 

Ecouffes  a  été  appelée  aussi  rue  des  Poulies.  Cette  charte,  écrite  en  français,  porte  réellement  la 

(4)  Biblioth.  impér.  Mss.  Fonds  latin,  n"  li&lii.  date  de  tao5,  mais  par  erreur  évidente,  puisqu'il 

loi.  1 18.  La  pièce  a  été  récemment  publiée.  y  est  parlé  d'Oudart  de  La  Neuville  comme  prévôt 

S)  (Htm,  t.  II,  p.  436.  de  Paris,  et  Oudart  ne  l'a  été  que  de  1980  à  1283. 


86  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

—  viens  Poliarum  et  «rue  des  Pollies-n  en  1286.  Cette  désignation  s'est  toujours 
conservée  avec  d'insignifiantes  variations  d'orthographe;  mais  elle  n'a  point  été  la 
seule  employée,  et  la  rue  a  été  très-souvent  confondue,  dans  sa  partie  méridio- 
nale ,  avec  la  rue  des  Fossés-Saint-Germain  ;  par  exemple ,  une  maison  qui  y  était 
située  est  dite  dans  un  censier  de  1 53 1 ,  a  faisant  le  coing  du  Fossé  sur  la  ri- 
avière,fl  et  l'hôtel  de  Bourbon  y  est  présenté  comme  aboutissant  «audict  Fossé 
rr  Sainct-Germain.  »  Cette  partie  de  la  rue  est  appelée  «rue  Jehan]  Evroutn  dans 
le  livre  de  la  Taille  de  1292  M,  où  l'on  trouve  également  la  rubrique  de  «  le  Fossé 
«  Saint-Germain ,  le  renc  Robert-de-Villeneuve,  jusques  sus  la  rivière,  n  Elle  est 
de  plus  qualifiée  de  rue  du  Noyer  ou  xNouier-n  en  des  actes  de  1 353  et  i36i,  à 
raison  de  certaine  maison  du  Noyer  qui  fut  réunie  à  l'hôtel  de  Bourbon  en  1 385  ; 
enfin,  depuis  le  xve  siècle,  elle  a  été  fréquemment  appelée  rue  de  Bourbon  ou  du 
Petit-Bourbon  à  cause  de  cet  hôtel.  Un  titre  de  1 583  mentionne  une  maison  faisant 
le  coin  du  quai  et  de  la  «rue  de  Bourbon,  n  et  des  baux  de  17&6  et  1755  portent 
que  certaines  maisons  étaient  situées  «rue  anciennement  appelée  des  Poulies  et 
cr  actuellement  du  Petit-Bourbon. -n  Toutes  les  appellations  autres  que  celle  de  rue 
des  Poulies  n'ont  guère  été  d'ailleurs  qu'exceptionnelles,  et  le  plus  habituelle- 
ment on  a  considéré  la  rue  comme  se  prolongeant  jusqu'au  quai.  On  lit  dans  le 
censier  de  l'Evêché  de  1 3gg  :  «La  rue  des  Poulies,  qui  commence  en  la  grant  rue 
«  de  Saint-Honnoré  et  fenist  sur  le  quay  de  la  rivière ,  envers  l'ostel  de  Bourbon,  n 
Sous  Louis  XIV,  une  variante  sans  précédent  s'est  introduite,  et  l'on  a  dit  pendant 
un  temps  rue  de  Villequier  pour  désigner  le  tronçon  de  la  rue  le  plus  éloigné  de  la 
rivière,  celui  où  était  l'hôtel  de  Villequier. 

Les  lettres  patentes  du  26  décembre  1758,  relatives  au  dégagement  des 
abords  du  Louvre,  ayant  prescrit  d'abattre  tous  les  bâtiments  situés  devant  la 
colonnade,  ont  fait  disparaître  les  deux  tiers  du  côté  occidental  de  la  rue  des 
Poulies;  le  côté  oriental,  entamé  par  l'établissement  de  la  place  Saint-Germain- 
l'Auxerrois,  ordonné  par  arrêt  du  Conseil,  du  i3  novembre  178/1,  a  été  détruit 
en  très  grande  partie  par  suite  du  décret  du  3  mai  i856.  La  rue  des  Poulies, 
dont  la  largeur  a  été  portée  à  vingt  mètres,  se  nomme  actuellement  rue  du  Louvre. 

'"  Nous  l'avons  constaté  en  comparant  le  rôle  de  n-des  Poulies,  «  des  individus  qui,  dans  le  rôle  de  la 

la  Taille  de  129a  avec  les  rôles  de  1996  à  1299.  Taille  de  1292,  sont  dils  habiter  la  «rue  Jehan 

Dans  ces  derniers  figurent,  sous  les  rubriques  «la  rrEvrout.  »  Deux  membres  de  la  famille  Évrout  ont 

rrue  des  Poulies»  et  rrle  commencement  de  la  rue  été  nommés  à  l'article  de  l'hôtel  de  Bourbon,  p.  33. 


RUE  DES  POULIES.  si 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 

PAROISSE  SAINT-GEBMAW-L'AUXERROIS. 
HAUTE  JUSTICK  DE  L'ÉVÉCHÉ. 

CENSIVE   DU    CHAPITRE    SAINT-GERMAIN-L'AUXERROIS. 

HÔTEL  DE  COMBAULT,  contigu  à  l'hôtel  de  Bourbon  faisant  le  coin  du  quai.  Sur 
le  même  emplacement,  il  y  avait,  dans  la  seconde  moitié  du  xve  siècle,  une 
maison  sans  désignation ,  faisant  partie  de  l'hôtel  de  Bourbon  et  aboutissant  à  la 
cour  de  cet  hôtel ,  sur  laquelle  elle  avait  issue  M.  Après  avoir  été  acquise  par  la 
duchesse  de  Bourbon,  elle  passa  en  héritage  à  la  duchesse  d'Angoulême,  mère  de 
François  Ier.  Cette  princesse,  par  lettres  du  ier  juillet  i528,  en  fit  don  à  Jean  Le 
Verrier,  dit  de  Nismes,  premier  valet  de  chambre  du  roi,  et  à  sa  fille  Jeanne;  libé- 
ralité confirmée  par  François  Ier,  le  21  mars  i532,  et  par  Henri  II,  le  1"  juin 
1 5^7.  En  1571,  la  maison  appartenait  au  seigneur  de  Houlles,  mari  de  Jeanne 
Le  Verrier,  et,  le  2  3  juin  1 583 ,  elle  fut  adjugée  au  maçon  Jacques  Le  Boy  comme 
dernier  enchérisseur.  C'était  alors  une  «  mazure  »  où  il  y  avait  quelques  démoli- 
tions; elle  offrait  une  superficie  de  cinquante  toises,  et  une  largeur  de  dix,  jusqu'à 
«  l'avant  portail  faict  en  cul  de  four  et  entrée  de  la  grande  porte  de  Bourbon.  r> 
L'adjudication  eut  lieu  au  prix  de  600  écus  sol,  de  10  sous  tournois  de  rente, 
de  2  sous  parisis  de  cens,  et  à  charge  de  bâtir.  A  la  masure  devait  être  jointe  une 
cour  de  la  grandeur  qu'il  plairait  au  Boi  de  désigner,  et  le  preneur  s'engageait  à 
laisser  une  ruelle  de  seize  pieds  de  large  entre  son  terrain  et  l'hôtel  de  Betz(2l 
A  Jacques  Le  Boy  succéda  bientôt  Bobert  de  Combault,  seigneur  d'Arcis-sur-Aube, 
premier  maître  d'hôtel  du  roi.  H  fit  construire  un  hôtel  qui  prit  son  nom,  forma  le 
coin  méridional  de  la  nouvelle  rue,  et  fut,  le  22  juillet  1602,  cédé  par  sa  veuve, 
Louise  de  La  Béraudière,  à  François  de  La  Béraudière,  abbé  commendataire  de 
Noaillé,  puis  évêque  de  Périgueux.  L'hôtel  de  Combault  passa  ensuite  au  duc 
d'Orléans,  frère  de  Louis  XIII ,  après  avoir  été  à  Marie  de  Médicis,  qui,  en  1629, 
se  laissa  vainement  réclamer  les  droits  de  lods  et  ventes  par  le  chapitre  Saint- 
Germaiii-rAuxerrois.  Jean  Du  Buisson  l'acquit  du  duc  d'Orléans,  le  1 1  avril  16/17, 
et  le  revendit,  le  3o  juin  1666,  moyennant  la  somme  de  600,000  livres,  au  roi 
Louis  XIV,  qui  en  avait  besoin  pour  agrandir  le  Louvre. 

W  Ainsi  que  nous  l'avons  dit  p.  35 ,  Sauvai  rap-  pait  le  même  emplacement  que  l'hôtel  de  Combault . 

porte  (pie,  sous  le  règne  de  Philippe  le  Long,  le  et  se  confond  probablement  avec  le  logis  qui,  au 

maréchal  de  Trie  avait  une  maison  située  entre  les  xv'  siècle ,  aboutissait  à  la  cour  de  l'hôtel  de  Bourbon. 
Imlds  de  Bourbon  et  d'Alençon;  cette  maison  occu-  (,)  Arch.  de  l'Emp.  reg.  Q  1099". 


88  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

HÔTEL  DU  PetIT-ÂLENGON  ,  DE  CASTELIAN  et  DE  RETZ ,  faisant  le  coin  sep- 
tentrional de  la  rue  du  Petit-Bourbon.  11  est  rapporté  dans  un  titre  de  1578  que 
cet  hôtel  s'était  appelé  a  de  tout  temps  et  ancienneté  le  Petit-  Alençon;  n  mais 
on  n'en  voit  pas  clairement  l'origine.  Le  Petit  -Alençon  était  sans  doute  un 
morcellement  du  grand,  et  la  séparation  eut  lieu  assez  probablement  vers  1670, 
au  temps  où  le  duc  René  vendit  le  Grand- Alençon,  car  on  lit  dans  les  archives 
de  Saint-Germain-l'Auxerrois,  qu'il  vendit  aussi  le  Petit- Alençon,  acquis  par 
Me  René  de  Cerceaux.  Le  3i  août  i5o2,  la  veuve  de  ce  dernier  céda  le  Petit- 
Alençon  à  Gervais  de  Fresnoy.  Un  parent  de  celui-ci,  Gilles  de  Fresnoy,  sieur  Du 
Plessis-Grandier,  fut  ensuite  possesseur  de  l'hôtel ,  et  s'en  défit ,  le  2  o  octobre  1 5  6 1 , 
au  profit  d'Honorat  de  Castellan,  conseiller  et  médecin  du  roi.  Le  18  février  1678, 
les  héritiers  de  Castellan  vendirent  le  Petit- Alençon,  devenu  hôtel  de  Castellan, 
2,333  écus  d'or  et  un  tiers,  à  Albert  de  Gondi,  maréchal  de  France  et  duc  de 
Retz,  qui  y  réunit  la  partie  du  Grand-Alençon  à  laquelle  le  Petit  aboutissait, 
c'est-à-dire  cette  partie  que  la  dame  de  Dampierre  avait  habitée  et  dont  la  façade 
donnait  sur  la  rue  d'Autriche.  (Voir  p.  16.)  Le  5  septembre  i6o4,  Henri  de 
Gondi,  évoque  de  Paris  et  fils  du  précédent,  vendit  l'hôtel  de  Retz  8,000  livres 
à  Claude  de  Bossut  et  à  Gabrielle  de  Gondi,  sa  femme.  Cependant  on  observe 
que,  en  1617,  le  lot  de  la  dame  de  Dampierre  fut  séparé  de  nouveau  de  l'hôtel 
de  Retz  par  le  petit-fils  du  maréchal,  Henri  de  Gondi.  Ce  dernier  aliéna  égale- 
ment la  partie  de  l'hôtel  de  Retz  faisant  front  sur  la  rue  des  Poulies;  elle  lui  fut 
achetée,  le  12  mai  1621,  au  prix  de  75,000  livres,  par  Jean  de  Vaugain,  sieur 
de  Blainville,  conseiller  d'État,  et  passa  plus  tard  au  duc  de  Choisy,  qui,  après 
l'avoir  fait  entièrement  reconstruire,  l'abandonna  au  Roi  le  2  3  février  1657, 
moyennant  200,000  livres.  A  cette  époque,  les  corps  d'hôtel  en  bordure  sur  la 
rue  d'Autriche  étaient  confondus,  avec  ceux  de  la  rue  des  Poulies,  sous  la  déno- 
mination d'hôtel  de  Choisy.  Les  uns  et  les  autres  ont  été  abattus  vers  1666. 

Nous  n'avons  trouvé  aucun  plan  de  l'hôtel  de  Choisy.  Suivant  un  arpentage  de 
1 627,  il  contenait  quatre  cent  deux  toises  de  superficie,  dont  cinquante-trois  toises 
et  demie  seulement  en  censive  de  Saint-Denis  de  la  Chartre,  et  le  reste  en  censive 
de  Saint-Germain-l'Auxerrois.  11  paraît  avoir  eu  dix  toises  de  largeur  sur  la  rue 
d'Autriche,  et  onze  toises  quatre  pieds  sur  la  rue  des  Poulies;  mais  la  teneur  de 
la  pièce  où  sont  consignés  ces  détails  est  telle  que  nous  n'en  avons  pu  tirer  aucun 
parti  sous  le  rapport  graphique. 

Grand  hôtel  d'Alençon,  de  Villeroy,  d'Anjou  et  de  Longueville.  Au 

milieu  du  xme  siècle,  Alphonse,  frère  de  saint  Louis,  comte  de  Poitiers  et  de 
Toulouse,  avait  dans  la  rue  d'Autriche  un  hôtel  peu  considérable,  qu'il  résolut 
d'agrandir.  En  conséquence  il  acheta,  i°  au  mois  de  juin  12  5&,  du  chevalier 
Jean  de  Maisons,  deux  logis  qui  avaient  pour  dépendances  des  places  et  des 


RUE  DES  POULIES.  89 

jardins,  et  qui  traversaient  tout  l'îlot  compris  entre  les  rues  des  Poulies  et 
d'Autriche;  2°  au  mois  de  février  de  la  même  année,  une  maison  située  rue 
d'Autriche,  devant  son  hôtel;  3°  au  mois  de  septembre  1255,  une  grange  située 
dans  cette  dernière  rue  et  contiguë  à  son  ancienne  demeure;  k°  enfin  aux  mois 
de  mars,  juillet,  août  1260  et  janvier  1261,  une  suite  de  maisons  donnant 
toutes  sur  la  rue  des  Poulies'1),  à  l'exception  d'une  seule.  La  dépense  monta  à 
535  livres  parisis;  mais  l'hôtel  prit  alors  de  vastes  proportions  et  put  s'étendre 
sur  la  rue  des  Poulies,  à  laquelle  il  n'atteignait  point  auparavant.  Au  mois  de  juin 
1262,  Alphonse,  moyennant  60  livres  parisis  et  un  denier  de  cens,  acquit  encore, 
pour  en  faire  un  jardin,  une  place  ou  pièce  de  terre  qui  était  sise  derrière  sa 
maison'2*,  et  qui  lui  fut  cédée  par  le  chapitre  de  Saint-Germain-l'Auxerrois.  Dans 
l'acte  de  vente  il  est  dit  que  cette  place  était  contiguë  à  une  maison  ayant  appar- 
tenu à  Hamon  Le  Breton,  garde  du  sceau  de  l'archidiaconé  de  Paris,  et  qu'elle 
tenait  aussi  à  une  autre  maison  dont  avait  été  propriétaire  un  tisserand  nommé 
également  Hamon  Le  Breton.  Or,  d'une  autre  charte,  du  5  septembre  1265,  il 
appert  que  la  maison  contenant  les  poulies,  d'où  provient  le  nom  de  la  rue,  était 
possédée  par  un  individu  appelé  Drocon  Le  Breton  W.  Faut-il  supposer  que  Drocon 
a  succédé  à  un  des  Hamon,  et  que  sa  maison  a  été  annexée  dans  la  suite  à  celle 
du  comte  de  Poitiers,  ce  qui  aurait  fait  dire  à  Sauvai  que  la  maison  d'Alphonse 
était  la  même  que  celle  des  Poulies?  11  est  plus  probable  que  Sauvai  ne  s'est  pas 
bien  rendu  compte  de  ce  qu'il  avançait.  On  verra  plus  loin  que  la  maison  des 
Poulies  n'a  été  réunie  au  manoir  du  comte  de  Poitiers  que  par  Enguerrand  de 
Marigny,  et  qu'elle  est  seulement  une  des  nombreuses  propriétés  sur  l'emplace- 
ment desquelles  ce  manoir  s'est  développé. 

Après  la  mort  du  comte  de  Poitiers,  son  hôtel  fut  acheté  par  Archambaud  II, 
comte  de  Périgord,  qui,  au  mois  de  septembre  1281,  en  vendit  la  moitié,  moyen- 
nant 750  livres,  au  neveu  d'Alphonse,  Pierre  de  France,  cinquième  fds  de  saint 
Louis,  comte  de  Blois  et  d'Alençon.  L'hôtel,  d'abord  dit  cthostel  d'Hosteriche,^ 
appellation  encore  en  usage  en  1621,  commença  alors  à  se  nommer  hôtel  d'Alen- 
çon, désignation  sous  laquelle  il  a  été  connu  jusque  dans  la  seconde  moitié  du 
xvic  siècle.  Le  comte  d'Alençon  étant  mort  à  son  tour,  sa  veuve,  Jeanne  de 
Châtillon,  fit  avec  Philippe  le  Bel,  en  1 286,  un  accord  suivant  lequel,  en  échange 
de  l'abandon  d'une  rente  de  100  livres  qu'elle  percevait  sur  le  trésor  royal,  Phi- 
lippe lui  cédait  cette  moitié  de  l'hôtel  qu'avait  possédée  son  mari,  en  la  lui  garan- 

"'  Trésor  des  chartes,  cart.  J  i52.  «Pictavensis,  quem  tenet  nunc  Comitissa  de  Alen- 

(,)  Cart.  de  Saint-Germain-l'Auxerrois,  fol.  16  V.  jrcone.  * 

Ce  cartulaire  a  été  écrit  à  la  fin  du  xin*  siècle;  le  "'  Il  était  apparemment  tisserand,  comme  son 

sommaire  de  la  charte  est  ainsi  conçu:  «Littera  de  parent  Hamon,  qui,  pour  son  travail,  employait  des 

-uno  denario  census  super  jardino  domus  Comitis  rr poulies  à  draps." 


90  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

tissant  contre  tous  les  embarras  que  pourraient  lui  susciter  les  exécuteurs  testa- 
mentaires du  comte  d'Alençon,  ainsi  que  les  ayants  cause  du  comte  de  Poitou. 
A  Jeanne  de  Châtillon  paraît  avoir  succédé  rr  madame  Blanche  d'Espaigne  W  t>  dans 
la  jouissance  de  la  partie  méridionale  de  l'hôtel  d'Alphonse. 

Au  mois  de  juin  i3o6,  Enguerrand  de  Marigny,  ministre  de  Philippe  le  Bel, 
acheta  5,5 oo  livres  tournois,  du  chanoine  Guillaume  de  Chanac,  exécuteur  testa- 
mentaire de  Hélie  de  Maumont,  clerc  du  roi,  et  un  manoir  ou  unes  mesons,  assises 
rr  à  Paris,  en  la  rue  que  on  dit  le  Fossé-Saint-Germain  (des  Poulies),  en  la  terre 
cr  et  en  la  censive  des  doyen  et  chapitre  Saint-Germain-l'Auxerrois ,  joingnans  de  la 
rr  partie  deseure  (au  nord)  aus  petites  mesons  et  jardins  feu  Jehan  Augier,  ou  chief 
cr  de  la  rue  des  Poulies,  et,  en  la  partie  dessous,  à  la  meson  feu  Jehan  Evrout  (une 
ce  de  celles  qui  devinrent  l'hôtel  de  Bourbon);  si  comme  ils  se  pourtendent  en  lonc 
ce  et  en  lé  jusques  à  la  granche  dudit  Jehan  Augier;  n  puis,  le  jour  de  Pâques 
fleuries  de  la  même  année  i3o6,  la  maison  ou  masure  de  Jean  Bardel  ce  où  il 
cesoloit  avoir  plusieurs  estages,  assis  en  rue  d'Osteriche,  à  l'opposite  du  Louvre, 
retenant  d'une  part  à  l'ostel  ou  manoir  de  madame  Blanche,  et  d'autre  part  à  une 
replace  qui  fu  jadis  Bobert  Evrout.  n  Cette  maison,  prise  à  croît  de  cens  en  1-298, 
par  Jean  Bardel,  de  Jean  de  Saint-Benoît,  bourgeois  de  Paris,  s'étendait  jusqu'à  la 
rue  des  Poulies,  où  elle  avait  issue.  En  i3o8,  le  vendredi  après  la  fête  de  sainte 
Madeleine,  Enguerrand  acheta,  au  prix  de  100  livres  de  bons  parisis  petits,  une 
nouvelle  maison,  rue  des  Poulies;  elle  appartenait  à  Michel  de  Bourdenay,  qui 
l'avait  acquise  moyennant  10,000  livres,  le  lundi  après  la  Saint-Martin  d'été,  de 
Boger  des  Bous,  auquel  le  chapitre  Saint-Germain-l'Auxerrois  l'avait  cédée  le  lundi 
avant  la  fête  de  saint  Pierre  et  saint  Paul  de  l'an  i3oo.  La  maison  de  Michel  de 
Bourdenay  était  attenante,  vers  le  midi,  «à  la  maison  feu  Jehan  Augier,  et  d'autre 
repart  à  la  maison  de  Viez  Poulies,  et  par  derrière  haboutant  à  la  maison  de  noble 
ce  dame  madame  Blanche  d'Espaigne.  n  Là  ne  se  bornèrent  pas  les  acquisitions 
d'Enguerrand ,  et  il  acheta  encore,  le  mercredi  après  la  Chandeleur  i3io,  de 
cr  Gieffroi  Coquatrix,  n  une  maison  énoncée  «  rue  des  Poulies,  qui  s'estent  jusques  à 
cria  rue  d'Osteriche,  laquelle  maison  est  appelée  et  a  esté  toujours  la  maison  de 
ce  La  Brichète;n  ensemble  rrune  grange  et  maisonètes  qui  sont  des  appartenances 
rcd'icelle  maison;  laquelle  maison,  grange  et  maisonète.  .  .  tient  à  présent  comme 
cesiènes  noble  homme  nions.  Enguerran  de  Maregny.  .  .  et  lesquelles.  .  .  a  ad- 
erjoinctes  à  sa  maison  de  Paris ;■»  puis,  et  à  une  époque  que  nous  n'avons  pu 
fixer*2',  une  autre  maison  que  Boger  l'Émailleur  avait  cédée  à  Jean  de  Vaires,  le 

(1)  Sans  doule  Blanche,  fille  de  saint  Louis  et  2)  Le  cartulaire  de  Marigny,  auquel  nous  em- 

femme  de  Fernand,  fils  du  roi  de  Gastille.  Elle  pruntons  ces  détails,  ne  contient  pas  les  actes  d'ac- 

mourut  le  7  juin  i3ao,  et  fut  enterrée  aux  Corde-  quisition  des  trois  dernières  maisons,  mais  on  ne 

liers  de  Paris.  peut  douter  qu'Enguerrand  n'en  ait  été  le  proprié- 


RUE  DES  POULIES.  91 

dimanche  après  la  Saint-Nicolas  d'hiver  i3op,;  enfin  la  maison  des  Poulies  elle- 
même,  qui  était  située  entre  les  maisons  de  Jean  de  Vaires  et  de  Roger  des  Bous, 
et  qui,  moyennant  3 2  livres  parisis,  avait  été  vendue  à  Jean  de  Paris,  marchand 
de  chevaux,  par  Alix  des  Poulies,  le  lundi  après  l'Epiphanie  de  l'an  i3os  M.  Il 
n'y  a,  au  surplus,  aucune  apparence  qu'Enguerrand  se  soit  emparé  par  abus 
d'autorité,  comme  l'a  dit  Jaillot,  des  maisons  de  la  rue  des  Poulies;  les  transac- 
tions semblent  au  contraire  avoir  été  régulières. 

En  possession  des  diverses  maisons  qui  viennent  d'être  indiquées,  Enguerrand 
les  réunit  à  la  partie  septentrionale  de  l'hôtel  d'Alphonse,  dont  il  était  probable- 
ment alors  propriétaire,  nous  ne  savons  à  quel  titre,  et  où  il  demeurait  lors- 
qu'il fut  arrêté  par  ordre  de  Louis  X.  Aux  termes  du  jugement  qui,  au  mois 
d'avril  1 3 1 5 ,  condamna  Enguerrand  à  être  pendu,  son  hôtel  devait  être  démoli; 
mais  il  était  plus  profitable  de  se  borner  à  le  confisquer,  et  Louis  X  le  donna  à 
son  frère  Philippe,  roi  après  lui  sous  le  nom  de  Philippe  le  Long,  de  sorte  que 
l'hôtel  retourna  à  la  couronne.  Il  resta  uni  au  domaine  royal  jusqu'en  i3îï8, 
année  où  Philippe  de  Valois  en  gratifia  son  frère  Charles,  chef  de  la  maison 
d'Alençon.  A  cette  époque ,  les  deux  moitiés  de  l'hôtel  du  comte  de  Poitou  et 
les  maisons  achetées  par  Marigny  ne  formaient  sans  doute  plus  qu'une  seule  et 
même  habitation.  Dans  le  compte  des  confiscations  de  Paris,  pour  1621,  l'hôtel, 
alors  rr  vuide  et  ruineux,  n  où  résidait  un  nommé  Jean  de  Boumonville ,  en 
qualité  de  concierge,  est  encore  dit  appartenir  au  duc  d'Alençon.  Les  historiens 
rapportent  qu'en  1&70,  le  duc  René  le  vendit;  mais  ils  ne  désignent  point  l'ac- 
quéreur. Au  commencement  du  xvic  siècle,  le  propriétaire  de  l'hôtel  était  Nicolas 
de  Neufville,  seigneur  de  Villeroy,  qui  le  fit  construire  entièrement  avant  1 5 1 9 , 
de  sorte  que  le  nom  d'hôtel  de  Villeroy  commença  à  se  substituer  à  celui  d'hôtel 
d'Alençon  ou  de  Grand- Alençon,  comme  on  disait  souvent  afin  de  le  distinguer 
d'avec  le  petit.  Le  3o  mai  1 568 ,  Nicolas  Le  Gendre'2',  seigneur  de  Villeroy,  et  Jean 
de  Neufville,  seigneur  de  Chantelou,  son  frère,  cédèrent  l'hôtel,  pour  la  somme  de 
5o,ooo  livres,  au  duc  d'Anjou,  depuis  roi  de  France  sous  le  nom  de  Henri  III, 
qui  chargea  son  favori  Du  Gast  d'y  établir  un  arsenal  d'armes  magnifiques,  des- 
tinées aux  six  mille  Gascons  dont  Du  Gast  était  colonel  général.  C'est  à  l'hôtel  de 


laire ,  car  le  cartulaire  renferme  plusieurs  copies  de 
transactions  antérieures  qui  y  sont  relatives. 

(l)  L'ordre  des  maisons  semble  avoir  été  celui- 
ci,  en  descendant  vers  la  rivière:  la  maison  Jean 
de  Vaires,  la  maison  des  Poulies,  la  maison  Michel 
de  Bourdenay,  la  maison  de  Jean  Augier  et  la 
maison  Hélie  de  Maumonl,  sous  laquelle  celle  de 
Daniel  pouvait  avoir  son  issue.  La  maison  de  La 
Brichèle  était  sans  doute  située  au-dessus  de  celle 


de  Jean  de  Vaires.  En  1 26 1 ,  celle  maison  de  Pétro- 
nille  La  Brichèle  était  séparée  de  celle  du  comte  de 
Poitou  par  une  maison  qui  avait  appartenu  à  irHer- 
ttchambaud,*  sommelier  du  roi.  C'est  ce  qui  nous 
fait  penser  qu'Enguerrand  disposait  de  la  partie 
septentrionale  de  l'hôtel  du  comte  de  Poitou.  On 
comprend  que  l'absence  de  litres  suffisants  laisse 
ces  questions  fort  obscures. 

5)  Il  portait  le  nom  de  son  grand-oncle  maternel. 


92  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Villeroy,  devenu  hôtel  d'Anjou,  que  le  Duc  reçut,  au  mois  d'août  1673,  les 
ambassadeurs  députés  pour  lui  annoncer  son  élection  au  trône  de  Pologne. 
Quelques  semaines  après,  le  18  octobre,  il  fit  don  de  l'hôtel  à  sa  sœur  Marguerite 
de  Navarre,  en  retranchant  toutefois  un  pavillon  dont  il  gratifia  la  dame  de 
Dampierre.  (Voir  Rue  d'Autriche,  p.  16.)  Marguerite,  après  avoir  laissé  démem- 
brer par  son  mari  une  autre  partie  de  l'hôtel  d'Anjou,  qui  est  devenu  celui  de 
Larchant,  le  vendit  au  prix  de  10,000  livres,  le  17  avril  i58o  w,  à  Guy  Du  Faur 
de  Pibrac,  président  au  Parlement,  auquel  Marie  de  Bourbon,  duchesse  de  Lon- 
gueville,  l'acheta  1,600  écus  d'or,  le  27  janvier  1 58 1 .  En  août  1 583 ,  la  Ville 
permit  que  la  moitié  des  eaux  alimentant  la  fontaine  qui  s'y  trouvait  fussent 
détournées  au  profit  d'une  autre  fontaine  placée  dans  une  maison  de  la  rue  des 
Bourdonnais  et  appartenant  au  sieur  de  Villeroy. 

L'hôtel  d'Anjou,  rebâti  en  partie  par  la  duchesse  de  Longueville,  dont  il  prit 
le  nom,  fut  abandonné  au  Boi,  le  i3  août  i662<2>,  par  Henri  de  Longueville, 
petit-fils  de  Marie  de  Bourbon,  en  échange  de  l'hôtel  de  Chevreuse,  sis  rue 
Saint-Thomas-du-Louvre.  Il  avait  été  estimé  48g, 000  livres,  et  on  le  destinait  à 
être  démoli  pour  l'agrandissement  du  Louvre  ;  mais  la  partie  la  plus  proche  de  ce 
palais  fut  seule  abattue.  En  1670,  elle  était  occupée  par  les  magasins  du  roi,  et 
quelques  personnes,  entre  autres  d'Orbay,  architecte  du  Louvre,  y  avaient  leurs 
logements.  En  1709,  l'hôtel  de  Longueville  fut  réparé  pour  servir  de  demeure  au 
marquis  d'Antin,  surintendant  des  bâtiments,  ce  qui  le  fit  appeler  l'hôtel  d'Antin 
ou  de  la  Surintendance.  On  y  voyait  encore  des  F  et  des  salamandres,  preuve  que 
les  constructions  contemporaines  de  François  Ier  n'étaient  point  toutes  détruites. 
Après  une  nouvelle  restauration  on  y  plaça,  en  1738,  l'administration  des  Postes. 
Un  peu  auparavant,  l'hôtel  avait  été  mis  à  la  disposition  des  fermiers  des  voitures 
de  la  cour,  connues  sous  le  nom  de  coches  de  Versailles,  et  il  n'a  été  définitive- 
ment rasé,  de  même  que  les  trois  maisons  suivantes,  qu'à  la  suite  des  lettres 
patentes  de  1768  relatives  au  dégagement  des  abords  du  Louvre. 

Maison  de  la  Colombe,  PETIT  HÔTEL  DE  VlLLEQUIER  et  DE  PROVENGE.  Ce  fut, 
entre  1371  et  i53i,  la  maison  «au  Coulons  ou  «Coulombe, v  aboutissant  à  l'hôtel 
d'Alençon.  En  1 68 1 ,  la  maison  du  Coulon  était  double ,  et  il  est  présumable  qu'elle 
comprenait  les  deux  petits  corps  d'hôtel  abattus  par  Villeroy  pour  agrandir  son 
hôtel,  suivant  une  déclaration  du  12  octobre  i52o;  en  1681,  la  maison  du 

(l)  En  1577,  Etienne  Douiller  fit  pour  i,5oo  ii-  gère,  on  lit,  à  la  date  du  1"  août  1657  :  »fl  nous 

vres  de  maçonnerie  tren  la  maison  de  la  reyne  de  crdit  que  le  Roy  avoit  acheté  cinq  cent  mille  livres 

"Navarre,  près  l'hostel  de  Bourbon. n  n-Thostel  de  Longueville,  pour  en  faire  sa  petite 

<s>  La  transaction  paraît  avoir  été  conclue  plu-  décurie.  »(P.  20g.)  Ce  n'est  point  d'ailleurs  chose 

sieurs  années  auparavant,  car  dans  le  Journal  d'un  très-rare  qu'une  vente  d'immeuble  effectuée  h  deux 

voyage  à  Paris,  en  i65y-58,  publié  par  M.  Fau-  époques  très-distinctes. 


RUE  DES  POULIES.  93 

Coulon,  contiguë  à  l'hôtel  d'Alençon,  contenait  en  effet  deux  corps  de  logis,  et 
en  i520,  bien  quelle  fût  toujours  attenante  à  cet  hôtel,  elle  ne  se  composait  plus 
que  d'un  seul  corps  d'hôtel.  En  1578,  on  la  trouve  confondue  avec  la  suivante  ; 
mais,  dans  la  première  moitié  du  xvne  siècle,  elle  en  fut  de  nouveau  distinguée 
sous  le  nom  de  petit  hôtel  de  Villequier.  En  1 655 ,  elle  est  dite  constituer  un  tiers  du 
grand  hôtel  de  Villequier  et  appartenir  au  prince  de  Harcourt.  Un  peu  plus  tard, 
elle  s'appelait  hôtel  de  Provence,  et,  vers  1781,  elle  était  au  duc  d'Elbeuf,  qui  la 
vendit  à  un  nommé  Villemot. 

HÔTEL  DE  GARANCIÈRES,  DE  NEVERS,  DE  VILLEQUIER  et  D'AUMONT.  Propriété 
des  seigneurs  de  Garancières  dès  1871,  l'hôtel  était,  en  1621,  confisqué  sur  l'un 
d'eux,  Guillaume  de  Montenay.  En  1 5 3 1 ,  il  appartenait  à  Sébastien  de  La  Grange, 
sieur  de  Trianon  et  avait  pour  enseigne,  au-dessus  de  la  porte,  le  Lion-Cou- 
ronné. En  1567,  possédé  par  le  duc  de  Nevers,  qui  en  paya  les  droits  de  lods 
et  ventes  le  16  avril,  il  commença  à  se  nommer  hôtel  de  Nevers  et  compre- 
nait, comme  nous  venons  de  le  dire,  la  maison  précédente.  En  1577,  il  était 
au  baron  René  de  Villequier,  gouverneur  de  Paris.  Dans  le  siècle  suivant,  il  fut 
transmis  à  César  d'Aumont,  marquis  de  La  Guierche,  qui  en  passa  titre  nouvel 
le  12  juillet  1 655  ;  c'est  vers  cette  époque  que  Marot  en  grava  les  plans.  Le 
3  mars  1672,  Charlotte  d'Aumont,  fille  de  César,  le  vendit  au  Roi  2  10, 5 ko  livres; 
mais,  sur  l'opposition  d'Anne  d'Aumont,  sa  sœur,  femme  de  Gilles  Fouquet,  la 
vente  fut  résiliée.  Des  trois  cent  trente-sept  toises  et  vingt-cinq  pieds  de  super- 
ficie que  l'hôtel  présentait  alors,  le  Roi  acquit  seulement  cinquante-quatre  toises, 
payées  37,000  livres,  avec  une  place  de  trente-trois  toises  carrées,  dépendant 
de  l'hôtel  de  Longueville  et  située  derrière  l'hôtel  de  Provence.  En  1782,  l'hôtel 
d'Aumont  appartenait  à  M.  de  Rouillé,  ministre  de  la  marine,  qui  le  fit  restaurer 
par  l'architecte  Rlondel(1);  on  y  avait  annexé  la  cour  de  l'hôtel  de  Conty,  trans- 
formée en  jardin  où  l'on  remarquait  une  statue  d'Apollon,  par  Lemoine.  En 
1  7G0  et  1761,  le  Roi  devint  définitivement  possesseur  des  hôtels  d'Aumont  et  de 
Provence,  dont  il  ordonna  la  destruction  partielle.  Ce  qu'on  en  laissa  subsister, 
réuni  à  une  portion  de  l'hôtel  de  Conty,  forma  l'hôtel  d'Angivilliers,  dont  il  sera 
parlé  plus  loin. 

Maison  sans  désignation  en  1399,  qui  appartenait  alors  àMe  Gilles  de  Clamecy  (2), 
et  aboutissait  à  l'hôtel  d'Ostrevant.  En  i53i,  elle  était  divisée  en  deux  parties  et 
aboutissait  à  la  maison  suivante,  qui  s'augmenta  probablement  à  ses  dépens  ;  elle 
fut  ensuite  réunie  à  l'hôtel  de  Villequier,  et,  dans  la  seconde  moitié  du  xvne siècle, 
c'était  l'hôtel  de  M.  de  Rordeaux.  Si  nous  ne  nous  trompons,  elle  se  confond  avec 
la   maison   dont,  le  19   mars   1571,  fut  passé  titre  nouvel  par  Charlotte  de 

(l)  Architecture  françoise ,  t.  III.  —  La  maison  avait  appartenu  précédemment  à  mes- 

(,)  Gilles  de  Clamecy  fut  prévôt  de  Paris  en  1  h  1 9.        sire  Jean  Dainville  et  à  Pierre  des  Jardins. 


9i  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Bouteville ,  veuve  de  Benoît  Le  Grand,  seigneur  du  Plessis.  Celle-ci  tenait  la  maison 
de  son  père,  Jean  de  Bouteville,  et  la  vendit,  avant  1 583 ,  à  Antoine  de Chaulnes, 
trésorier  général  de  l'extraordinaire  des  guerres. 

HÔTEL  d'AllUVE,  DE  ClPIÈRES,  DE  CONTY  et  D'ANGIVILLIERS.  Indiquée  sans 
désignation  particulière  en  1/121,  et  ayant  eu  pour  enseigne  l'Image  Notre-Dame 
(1 645-1 5  62  )  ou  la  Belle-Image  (1 570)  W,  cette  maison  appartenait,  sous  Charles  IX, 
au  président  Pierre  de  Banconnet,  héritier  de  sa  femme,  Jeanne  Aymery.  Un  parent 
de  cette  dernière,  Adam  Aymery,  avait  possédé  la  maison  en  1 53 1  ;  elle  fut  depuis, 
et  avant  i58o,à  la  dame  d'Alluye,  veuve  de  FlorimondBobertet,  conseiller  du  Boi. 
Vers  ce  dernier  temps,  il  dépendait  de  l'hôtel  de  l'Image  Notre-Dame,  autrement 
dit  d'Alhiye,  une  terrasse  qui,  vraisemblablement  prise  sur  le  terrain  de  l'hôtel 
de  Garancières,  s'étendait  derrière  cet  hôtel  jusqu'à  celui  d'Anjou.  Dès  i53i,  la 
maison  de  l'Image  Notre-Dame,  laquelle  aboutissait  primitivement  à  l'hôtel  d'Os- 
trevant  ou  d'Alençon,  avait  sur  la  rue  d'Autriche  un  corps  d'hôtel  provenant, 
nous  le  supposons,  d'un  morcellement  de  l'hôtel  d'Etampes;  elle  était,  en  outre, 
réunie  à  la  maison  suivante,  et  les  deux  maisons  ont  formé  l'hôtel  de  Cipières, 
appartenant  à  la  famille  de  ce  nom,  en  i5o,6  (2).  En  1639,  cet  hôtel,  propriété 
de  M.  de  La  Fonds,  était  habité  par  M.  d'Orval,  premier  écuyer  de  la  Beine,  et 
l'on  y  entretenait  des  écuries,  du  côté  de  la  rue  d'Autriche.  L'hôtel  de  Cipières, 
a  été  dit  ensuite  hôtel  d'Argenson,  puis  de  Conty,  à  cause  de  la  princesse  de  Conty, 
à  laquelle  il  était  échu.  Augmenté  plus  tard  de  l'hôtel  de  Créquy  et  d'une  partie 
de  l'hôtel  d'Aumont,  après  avoir  été  appelé  hôtel  de  Tresmes,  il  a  pris  le  nom  du 
marquis  d'Angivilliers,  ordonnateur  des  bâtiments  royaux,  qui  l'avait  acheté  et  y 
demeurait.  Enfin,  entamé  parle  percement  de  la  rue  d'Angivilliers  en  1780,  ainsi 
que  par  le  prolongement  de  la  place  de  l'Oratoire  en  1808,  l'hôtel  ne  se  compo- 
sait plus,  dans  ces  derniers  temps,  que  de  quelques  bâtiments  situés  sur  la  rue  de 
l'Oratoire  et  qui,  sous  Louis-Philippe,  servirent  de  siège  à  l'administration  de  la 
Maison  du  Boi  ;  ils  ont  été  rasés  en  i854,  pour  le  passage  de  la  rue  de  Bivoli, 

Maison  de  «l'Image  Saint-Eustaceh  (i&65).  Nous  venons  de  dire  qu'au  xvie  siècle 
elle  avait  été  réunie  à  la  maison  précédente;  il  se  pourrait  qu'au  xve  elle  n'eût 


(1)  On  donnait  indifféremment  ces  deux  noms 
aux  enseignes  de  ia  Vierge. 

(î>  M.  Vallet  de  Viri ville  a  signalé  (Moniteur  uni- 
versel du  1  " avril  1 855  )  certain  exemplaire  des  An- 
nales d'Aquitaine ,  de  J.  Bouchot,  portant  des  notes 
manuscrites,  dont  une  concerne  les  armoiries  de 
Jeanne  Darc,  et  une  autre  apprend  que,  ^en  l'an 
f  1 6 1 6 ,  telles  armes  furent  trouvées  sur  une  vitre 
«•d'une  vieille  salle  basse  ou  cuisine  d'une  maison  de 
f  la  rue  des  Poulies  appartenant  à  M.  de  Laujon  (?), 


rr  secrétaire  du  roy,  appelée  communément  l'hostelde 
rr  Qjpierre,  etjadis  l'hostelde  Vaueouleurs ,  à  cause  que 
nc'estoit  la  maison  et  hostel  de  ladite  Pucelle ,  qui  es- 
fr  toit  de  Vaueouleurs.  »  M.  de  Viriville  a  fait  observer 
que,  si  Jeanne  Darc  n'est  jamais  entrée  dans  Paris, 
il  se  peut  du  moins  qu'un  des  Du  Lis,  membre  de  la 
famille  de  la  Pucelle ,  ait  habité  l'hôtel  de  Cipières  et 
lui  ait  valu  le  nom  d'hôtel  de  Vaueouleurs  ;  toutefois 
nous  n'avons  rencontré  aucune  trace  de  ce  fait 
dans  les  titres  domaniaux  que  nous  avons  consultés. 


RUE  SAINT-THOMAS-DU-LOUVRE.  95 

point  été  distincte  de  l'hôtel  d'Etampes,  à  laquelle  il  est  certain  qu'elle  fut  sim- 
plement contiguë  pendant  un  temps.  Dans  ce  cas,  ce  serait  la  maison  de  l'Image 
Notre-Dame  et  non  celle  de  l'image  Saint-Eustache  qui,  ayant  appartenu  à «Jehan 
«Le  Meingre,?  dit  Bouciquault,  maréchal  de  France,  est  indiquée  sur  un  titre  de 
1600,  comme  tenant  à  l'hôtel  d'Etampes.  L'hôtel  dont  jouissait  ce  maréchal  et 
qu'il  vendit,  le  18  février  1899,  à  Guillaume  Fouquart,  garde  des  coffres  du  Roi, 
lui  avait  été  donné  par  le  Dauphin ,  régent  de  France ,  pendant  la  captivité  du  roi 
Jean.  Il  avait  été  confisqué  sur  Catherine  d'Artois,  comtesse  d'Aumale,  et  sa  fdle 
Blanche,  comtesse  d'Harcourt,  pour  les  punir  d'avoir  embrassé  le  parti  du  roi  de 
Navarre. 

Maison  sans  désignation  en  1 53 1 ,  qui  eut  pour  enseigne  le  Boisseau  en  1 636 , 
et  aboutissait  à  la  maison  du  Lion-d'Or  de  la  rue  Saint-Honoré.  En  1 568 ,  elle 
appartenait  à  Simon  de  Fizes,  seigneur  de  Chaulnes,  secrétaire  des  finances  de 
la  Reine  mère,  et  en  1 57 1 ,  à  Jean  Charron,  valet  de  chambre  du  Roi,  qui  la  louait 
à  Henri  de  Savoie,  sieur  de  Châteauvieux.  A  la  fin  du  xvnc  siècle,  elle  était  divisée 
en  deux  parties,  la  seconde  faisant  hache  derrière  la  première. 

Maison  faisant  partie  de  celle  du  Cheval-Rouge  en  la  rue  Saint-Honoré.  Elle 
comprenait  encore  la  maison  suivante  en  i522,  et,  après  en  avoir  été  séparée, 
elle  a  eu  pour  enseigne  le  Marteau-d'Or  (1670)  et  le  Grand-Dauphin  (1700). 
En  i  568 ,  elle  appartenait  à  Charles  Le  Comte,  charpentier  du  Roi. 

La  maison  du  Cheval-Rouge  s'étendait  d'abord  jusqu'à  la  rue  Saint-Honoré, 
dont  elle  faisait  le  coin,  et,  par  conséquent,  toutes  les  maisons  suivantes  avaient 
été  bâties  sur  son  emplacement. 

Maison  de  l'Ecu-de-Navarre  (1 53  i-i  628),  dite  en  1 53 1  faire  le  coin  de  la  rue 
Saint-Honoré,  et,  en  i55o,  contiguë  à  la  maison  qui  formait  ce  même  coin,  appa- 
remment parce  qu'elle  était  déjà  divisée  en  deux  maisons;  celle  du  nord  a  eu 
pour  enseigne  la  Corne-de-Cerf  (1570-1 65o). 

Maison  dite  la  Maison-Rouge  (1639);  ce  n'était  sans  doute  qu'un  corps  d'hôtel 
de  la  maison  qui  faisait  l'encoignure  de  la  rue  Saint-Honoré,  et  à  laquelle  elle 
était  contiguë.  En  17^1,  on  l'y  avait  de  nouveau  réunie. 


RUE  SAINT-THOMAS-DU-LOUVRE. 

La  rue  Saint-Thomas-du-Louvre  commençait  à  la  rue  des  Orties  et  finissait  à 
la  rue  Saint-Honoré. 

Il  est  question,  pour  la  première  fois,  de  cette  rue  dans  une  charte  de  1212,  où 
elle  est  énoncée  strata  Canonicorum,  la  rue  des  Chanoines;  quant  au  nom  de  rue 


96  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Saint-Thomas-du-Louvre,  vicus  Sancti  Thome  de  Lupera,  il  ne  se  rencontre  pas 
avant  12 4a;  mais  il  a  été  exclusivement  en  usage  depuis. 

A  l'exception  de  la  partie  qui  avait  été  retranchée  pour  la  formation  de  la  place 
du  Palais-Royal ,  la  rue  Saint-Thomas  était  encore  entière  au  commencement  de 
ce  siècle.  Les  travaux  faits,  sous  le  premier  Empire,  afin  de  réunir  le  Louvre  aux 
Tuileries  l'entamèrent  fortement,  et  ce  qui  en  subsistait  a  disparu  dans  le  cours 
de  l'année  i85o,  en  même  temps  que  la  rue  du  Carrousel.  Cette  dernière,  ainsi 
appelée  depuis  181 5,  devait  être  nommée  rue  Impériale;  on  l'avait  percée,  par 
arrêté  du  26  février  1806,  pour  servir  de  communication  entre  le  Louvre  et  les 
Tuileries  ;  mais  elle  n'avait  jamais  été  bordée  que  d'échoppes. 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 

PAROISSE  SAINT-GERMAIN-L'AUXERROIS. 

HAUTE  JUSTICE 

ET    CENSIVE    DE    L'ÉVECHE. 

EGLISE  COLLÉGIALE  DE  SAINT-THOMAS-DU-LOUVRE,  faisant  le  coin  de  la  rue 
des  Orties.  S'il  était  possible  d'admettre  l'authenticité  d'une  charte  de  l'an  io3o, 
portant  donation  d'un  setier  de  blé  aux  maîtres  et  écoliers  de  Saint-Thomas  et 
de  Saint-Nicolas-du-Louvre ,  l'origine  de  ces  deux  communautés  remonterait  pour 
le  moins  au  commencement  du  xie  siècle;  mais  cette  charte,  dont  on  n'a  du  reste 
jamais  montré  qu'un  vidimus  de  i34o,  est  si  évidemment  supposée  qu'il  n'y  a 
point  lieu  d'en  tenir  compte. 

L'acte  de  fondation  de  l'église  Saint-Thomas-du-Louvre  est  perdu  depuis  long- 
temps. Le  premier  document  qui  s'y  rapporte  et  qu'on  puisse  citer  est  une  bulle 
d'Urbain  III,  datée  du  2  juillet  1 187,  et  adressée  au  proviseur  de  la  maison  de 
Saint-Thomas ,  martyr,  «  Wuilelmo ,  presbytero ,  provisori  domus  Thomae  martyris.  n 
Cette  bulle  fait  savoir  que  le  comte  de  Dreux,  Robert  Ier,  quatrième  fils  de 
Louis  VI,  avait  donné,  pour  l'usage  de  pauvres  clercs,  certaines  maisons  qu'il  possé- 
dait à  Paris,  et  constitué  des  rentes  pour  l'entretien  de  quelques  religieux  qu'il  y 
avait  établis,  « quasdam  domos  quas  habebat  Parisius  provisioni  pauperum  clerico- 
ttrum  cum  quibusdam  redditibus.  .  .deputavit,  religiosis  personis  in  eodem  loco, 
tcauctore  Domino,  constitutis,  quse  secum  pariter  in  eodem  laudabili  opère  de- 
ce  béant  exerceri (1).  d  Elle  prescrit  la  bénédiction  par  l'Évêque  d'un  cimetière  des- 
tiné à  la  Communauté  ;  mais  elle  n'indique  pas  en  quelle  année  eut  lieu  la  fonda- 

(1)  Gérard  Dubois ,  Hist.  ecclesiœ  Par.  t.  II,  p.  1 82 . 


RUESAINT-THOMAS-DU-LOUVRE.  97 

tion  qu'elle  approuve  et  que  quelques  auteurs  ont  assignée  à  l'an  1 173,  époque 
de  la  canonisation  de  Thomas  Becket.  Jaillot  a  conjecturé  avec  plus  de  raison, 
ce  nous  semble,  que  la  fondation  n'est  point  antérieure  au  voyage  que  Louis  le 
Jeune  fit,  en  1 179,  au  tombeau  de  cet  archevêque,  pour  lui  demander  la  santé 
de  son  fds,  qui  fut  roi  sous  le  nom  de  Philippe  II,  dit  Auguste. 

Robert  Ier  étant  mort  le  1 1  octobre  1 1 88 ,  sa  femme  Agnès,  comtesse  de  Braine, 
obtint  du  pape  Clément  III  une  bulle  du  26  juillet  1 189,  confirmant  les  donations 
faites  par  son  époux ,  tant  en  maisons  qu'en  rentes ,  dont  une  partie ,  à  prendre  sur 
les  dîmes  de  Torcy,  Chilly  et  Brie  (Comte-Robert),  était  destinée  à  l'entretien  des 
quatre  chanoines  qui  déjà  demeuraient  dans  le  cloître,  et  possédaient  une  église 
en  face  avec  une  portion  d'un  verger  voisin.  Les  libéralités  de  Robert  Ier,  ratifiées 
par  l'autorité  apostolique,  le  furent  aussi  par  lettres  de  Philippe-Auguste,  délivrées 
en  1 192  à  Fontainebleau,  sur  la  demande  de  Robert  II  et  de  sa  femme,  Yolande. 
En  1 1 99,  les  époux  confirmèrent  eux-mêmes  toutes  les  concessions  précédentes,  en 
-changeant  seulement  le  don  fait  sur  les  dîmes  de  Torcy  en  rentes  sur  le  domaine 
de  Brie ,  rentes  dont  les  ehanoines  n'ont  jamais  cessé  de  jouir.  En  1 1 9 1 ,  dix  arpents 
de  terre  situés  près  de  Chaillot,  et  offerts  en  aumône  par  Henri  de  Chaumont, 
étaient  venus  augmenter  les  ressources  de  l'hôpital  des  pauvres  clercs  du  Louvre, 
rhospital  pauperum  clericorum  de  Lupara,n  lequel  avait  été  construit  dans  une 
cour  où  il  y  avait  eu  des  étables  W.  Cette  cour,  le  verger  et  les  maisons  indiquées 
dans  la  bulle  de  1 187  dépendaient  du  manoir  de  la  Petite-Bretagne. 

L'an  1209,  le  nombre  des  chanoines  n'était  plus  borné  à  quatre;  mais  il  s'était 
apparemment  beaucoup  accru,  puisque,  au  mois  de  novembre,  à  la  suite  d'une  con- 
testation entre  le  comte  Robert  II,  son  frère  Philippe,  évêque  de  Beauvais,  d'une 
part,  et  l'Évèque  de  Paris,  de  l'autre,  il  fut  fait  entre  eux  un  accord  par  lequel  ils 
convinrent  que,  durant  sa  vie,  l'Evèque  de  Beauvais  aurait  le  droit  de  nomination 
à  toutes  les  prébendes  ou  semi-prébendes,  anciennes  ou  nouvelles,  faites  ou  à  faire; 
que  le  comte  de  Brie  et  ses  successeurs  disposeraient,  après  la  mort  du  prélat,  des 
quatre  anciennes  prébendes,  et  que  toutes  les  autres  seraient  alternativement  à  la 
collation  de  l'évêque  de  Paris  et  du  comte  de  Dreux  W. 

Cette  convention  a  été  observée  jusqu'en  17U0.  Par  son  testament  fait  en  no- 
vembre 1217,  l'Evèque  de  Beauvais  légua  au  chapitre  Saint-Thomas  une  somme 
de  i5  livres  pour  aider  à  bâtir  l'église,  ad  fabricant  ecclesiœ;  plus,  une  somme  de 
5o  livres  pour  contribuer  à  élever  leur  maison,  ad  domum  œdificandam.  Les  deux 
communautés,  d'abord  confondues,  étaient  alors  entièrement  distinctes.  N'ayant 
pu  s'entendre  au  sujet  d'un  verger,  d'une  cour  et  d'un  pré  voisin  de  l'église,  elles 

M  irScilicet  curiam  in  qua  erant  stabula,  ut  ibi  rgentis,  a  claustro,  quod  est  ante  januam  ecclesia;, 
rconstrueretur  hospital  :  partem  virgulti,  vulgo  du  rrusque  ad  extremilatem  mûri.  *  (Bulle  de  1 189.) 
«verger,  inter  (infra?)  hospitale,  canonicos  attin-  (,)  Cart.  de  N.  D.  t.  I,  p.  i3g. 

>3 


98  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

avaient  été  séparées  en  vertu  d'une  sentence  rendue  en  novembre  1212  par 
l'Evêque  de  Paris,  laquelle  spécifiait  que  la  rue  Saint-Thomas  devait  leur  rester 
commune  et  former  la  ligne  de  démarcation  entre  leurs  propriétés  W.  Dès  le 
commencement  du  xiue  siècle,  le  chœur  de  l'église  Saint-Thomas,  devenu  insuf- 
fisant pour  contenir  tous  les  chanoines  ayant  le  droit  d'y  siéger,  avait  été  agrandi 
au  moyen  des  sommes  recueillies  dans  une  quête,  et  par  la  concession  de  soixante 
jours  d'indulgences  offertes,  avec  la  sanction  du  Légat,  par  lettres  du  Doyen, 
du  i5  octobre  1200. 

Le  2  février  1628,  Jean  VI,  duc  de  Bretagne,  céda,  à  titre  d'aumône,  son  ma- 
noir de  la  Petite-Bretagne  au  chapitre  Saint-Thomas.  Suivant  l'abbé  Lebeuf, 
il  augmenta  le  nombre  des  prébendes;  cependant  le  pouillé  de  i65o  ne  men- 
tionne qu'un  doyen,  quatre  anciens  chanoines,  cinq  autres  et  le  clergé  de  l'église, 
communitas  ecclesiœ  W.  fl  y  eut  ensuite  onze  prébendes,  dont  une  était  attachée  au  titre 
de  doyen.  Cette  dignité  ayant  été  supprimée  en  1728,  la  prébende  qui  en  dépen- 
dait fut  affectée  à  un  simple  canonicat,  de  sorte  que  le  chapitre  se  composa  alors 
de  onze  chanoines  sans  chef  et  présidés  seulement  par  le  doyen  d'âge.  Ce  nombre 
fut  encore  modifié  par  un  décret  de  l'Archevêque,  en  date  du  10  mars  1760. 
confirmé  par  lettres  patentes  du  20  mai  suivant.  Aux  termes  de  ce  décret,  le  collège 
de  Saint-Nicolas,  séparé  de  la  Collégiale  depuis  1212  et  devenu  aussi  un  chapitre, 
y  fut  de  nouveau  réuni,  les  sept  prébendes  à  nomination  alternée  étant  suppri- 
mées, et  le  nombre  total  des  canonicats  fixé  à  quatorze,  tous  à  la  collation  du 
métropolitain.  Quelques  années  plus  tard,  le  23  avril  17^9,  une  nouvelle  fusion  eut 
lieu,  cette  fois  avec  le  chapitre  Saint-Maur-des-Fossés,  et,  malgré  l'opposition  des 
habitants  de  Saint-Maur,  elle  fut  légalisée  par  lettres  patentes  du  5  novembre 
1750.  Le  personnel  du  Chapitre  se  trouva  ainsi  composé  d'un  doyen,  qui  était 
l'archevêque  de  Paris,  d'un  prévôt,  fonctionnaire  dont  le  titre  avait  été  emprunté 
au  collège  Saint-Nicolas,  d'un  grand  chantre  et  de  vingt-deux  chanoines. 

L'église  Saint-Thomas-du-Louvre ,  dont  nous  n'avons  découvert  qu'un  petit 
plan  périmétrique,  formait  un  parallélogramme  d'environ  quatorze  toises  de  lon- 
gueur sur  huit  de  largeur.  Le  chœur,  qui  se  terminait  carrément,  aboutissait  sur 
la  rue  Saint-Thomas.  L'édifice,  dont  l'orientation  n'était  pas  fort  exacte,  mais 
avait  été  adaptée  à  la  direction  de  la  rue,  datait  du  xiue  siècle,  selon  Lebeuf,  et 
paraît  s'être  composé  d'une  nef,  accompagnée  d'un  collatéral  vers  le  nord.  H  ren- 
fermait une  chapelle  de  Saint-Sébastien,  qui  est  mentionnée  dès  1^28,  et  existait 
encore  trois  siècles  après,  plus  une  chapelle  de  Sainte-Marguerite  et  une  de 

(1)  rrOmnia  supradicta  quœ  sunt  ultra  stralam  reportant,  slrala  quidem  rémanente  in  cominuni.  •> 
rCanonicorum  cèdent  in  partem  canonicorum  ipso-  (2)  Les  registres  capitulaires  de  Notre-Dame  font 

rrum  :  omnia  autem  quœ  sunt  citra  viam,  ex  parte  mention  d'une  chapellenie  de  Sainte-Marguerite  en 

f-hospitalis,  erunt  ipsius  hospitalis,  sicut  in  se  corn-  l'église  Saint-Thomas-du-Louvre,  l'an  i5oo. 


RUE  SAINT-THOMAS-DU-LOUVRE.  99 

Sainte-Catherine,  dotée  de  12  livres  de  rente'1);  enfin  l'église  était  le  siège  de 
deux  confréries,  l'une  de  la  Vierge  et  l'autre  de  Saint-Nicolas.  On  y  remarquait 
les  tombeaux  de  Côme  Guymier,  jurisconsulte  distingué,  et  du  poète  Mellin  de 
Saint-Gelais,  surnommé  Y  Ovide  français.  En  1789,  la  voûte  en  plâtre  menaçant 
ruine  et  les  murs  surplombant  d'une  façon  dangereuse,  le  Chapitre  reconnut  la 
nécessité  d'une  entière  reconstruction,  et  ohtint  du  Roi,  sur  la  ferme  des  pou- 
dres, une  somme  de  i5o,ooo  livres,  qui  permit  de  commencer  les  travaux.  Déjà 
on  avait  démoli  la  vieille  nef  ^  et  jeté  les  fondements  d'une  autre,  lorsque,  le  1 5  oc- 
tobre 1739,  vers  dix  heures  du  matin,  le  vieux  clocher  s'écroula  en  écrasant  la 
voûte  d'un  des  bas-côtés  du  chœur  ainsi  que  la  salle  capitulaire,  située  au-dessus, 
et  en  tuant  six  chanoines*3'.  Cet  événement  fit  accélérer  la  reconstruction,  et  la 
nouvelle  église,  dont  le  chevet  avait  été  tourné  vers  l'occident,  fut  consacrée  sous 
l'invocation  de  Saint-Louis,  le  26  août  i^hh,  jour  auquel  les  chanoines  de  Saint- 
Thomas  et  de  Saint-Nicolas,  réunis  sous  le  nom  de  chapitre  Saint-Louis-du-Lonvre, 
commencèrent  à  y  officier.  L'église  Saint-Louis,  supprimée  à  la  Révolution,  et 
affectée  au  culte  protestant  après  le  concordat  de  1801,  a  été  démolie  en  1811, 
à  l'exception  d'un  fragment  de  l'abside  qu'on  a  vu  debout  jusqu'en  i85o.  Elle 
avait  été  élevée  sur  les  dessins  de  Thomas  Germain,  orfèvre  du  roi;  Baptiste  Pigale 


(1)  Il  parait  que  les  ducs  de  Bretagne,  issus  des 
comtes  de  Dreux,  avaient  fondé  en  l'église  Saint- 
Tbomas  quelques  prébendes  ou  chapelles  dans  le 
xiii'  ou  le  xive  siècle,  car,  sur  un  cartulaire  écrit  vers 
la  fête  de  Saint-André  de  l'an  i34o  et  commençant 
par  ces  mots:  rfSequuntur  omnes  possessiones  et 
ères  immobiles  ecclesie  Sancti  Thome  de  Lupera,» 
on  lisait  au  fol.  à  :  rrHabet  communitas  a  duobus 
rrcapellanis  fundatis  per  dominum  ducem  Britan- 
f-nie,  et  dotatis  apud  Sauciellum,  quolibet  anno  in 
-Nativitate  Domini  :  xim'  parisis;»  puis,  au  fol.  5  : 
rDe  11  chapelleries  fondées  en  laditte  église,  par 
rie. .  .duc  de  Bretagne,  dont  la  collation  lui  ap- 
partient de  plein  droit,  et  doltéesde  xxxntt  parais 
rde  rente  sur  son  hostel  et  toutte  sa  terre  de  Sau- 
rciel,  de  l'aveu  et  consentement  mons.  l'Evesque 
rde  Paris;»  et  au  fol.  1  a  :  rfJaçoit  ce  quelles  soient 
r fondées  de  grant  ancienneté,  louttefois  n'en  estoit 
jrrien  fait  en  nostre  église.  Or,  sont  tenues  lettres  de 
r  madame  de  Cassel,  appelée  madame  Jehanne  de 
r  Bretagne,  qui  est  dame  dudit  Sauciel,  qui  est  en 
*  possession  de  donner  lesdites  chapelles,  et  tient 
rrles  fondations,  donations  et  octrois  dépendans, 
r  par  lesquelles  lettres  elle  donne  l'une  a  M.  Le  Four- 
c nier, qui  y  vint  et  fut  reçu  en  sa  personne,  2  juin, 


n-et  l'autre  à  Jehan  Le  Goupil,  qui  y  fut  reçu  par 
ff procureur;  et  avons  les  lettres  et  la  procuration 
ff  originalle  retenues  et  mises  au  triangle  (coffre  pour 
rrles  papiers)  pour  mémoire,  et  fut  tout  à  fait  au 
ff  conseil  mestre  Grill.  Chellay  environ...  Signé  es 
rf  lettres  est  escript. ..  l'an  xlix;  et  par  composition 
fret  bonnes  lettres  doivent  les  deux  chapelains  à  la 
rf  communauté,  chacun  à  Noël,  xxhii'  parisis.  Or 
rfest  contenu  en  icelles  que,  fondées  pour  faire  divin 
rf  service  en  l'église  et  au  leu  conseil,  si  eus  nous 
rfdeussent  servir  à  faire  nostre  service  en  l'église." 
(Invent.  de  Saint-Thomas.  Arch.  de  l'Emp.  LL 1 65.) 

<!)  Lors  de  la  démolition ,  derrière  le  maîlre-au- 
tel ,  sur  un  pan  du  gros  mur  de  l'église ,  dans  la  par- 
tie faisant  front  sur  la  rue  Saint-Thomas,  où  s'éleva 
depuis  le  portail  de  la  nouvelle  construction,  on 
aperçut  un  cintre  de  neuf  à  dix  pieds  de  hauteur 
sur  cinq  à  six  de  largeur,  avec  des  peintures  représen- 
tant ,  sur  un  fond  semé  de  fleurs  de  lis  avec  manteaux 
hermines,  quatre  chanoines  en  habit  de  chœur  d'été, 
les  mains  jointes,  et  agenouillés  à  la  suite  les  uns 
des  autres.  Ces  peintures  avaient  été  longtemps  ca- 
chées par  le  retable  du  maître-autel. 

(3)  On  continuait  à  faire  le  service  dans  l'ancien 
chœur,  qui  avait  été  fermé  par  une  cloison. 

i3. 


100  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

y  avait  exécuté  les  têtes  de  chérubins  de  l'intérieur,  et  le  Las-relief  de  la  porte 
d'entrée,  entrepris  suivant  délibération  capitulaire  du  20  août  17/12.  La  sculpture 
d'ornementation  de  la  porte  et  de  l'intérieur  était  l'œuvre  de  Robillon  ;  le  maître- 
autel,  qui  provenait  de  Saint-Maur,  était  de  Frémin,  premier  sculpteur  du  roi 
d'Espagne.  Lemoine  avait  été  chargé  de  la  décoration  de  la  chapelle  de  la  Vierge  et 
de  l'exécution  du  mausolée  du  cardinal  Fleury  W,  situé  en  face. 

Le  cloître  Saint-Thomas,  rebâti  en  1769,  faisait  le  coin  de  la  rue  des  Orties. 
H  était  attenant  à  l'église,  laquelle,  au  moyen  de  deux  arcades  jetées  sur  la  rue 
du  Doyenné,  communiquait  avec  l'hôtel  du  Doyenné,  ou  maison  destinée  au 
doyen.  Le  chef  de  la  Communauté  n'y  résidait  pas  toujours,  à  ce  qu'il  paraît, 
puisqu'il  existe  plusieurs  baux  de  sa  maison,  un  entre  autres  qui  fut  fait  le 
29  septembre  1627,  moyennant  i,aoo  livres  de  loyer,  et  où  il  est  indiqué  qu'elle 
renfermait  trois  corps  d'hôtel ,  un  jardin  et  des  écuries.  L'hôtel  du  Doyenné 
Saint-Thomas  fut  reconstruit  en  1788,  époque  où  on  l'appelait  ordinairement  h 
Petit-Doyenné.  Au  xvc  siècle,  le  jardin  qui  en  dépendait  s'étendait  le  long  de  la  rue 
jusqu'à  l'emplacement  occupé  depuis  par  l'hôtel  de  Chevreuse.  Les  six  maisons 
élevées  à  la  suite  du  Doyenné  ont  donc  été  bâties  sur  l'emplacement  de  ce  jardin, 
qui,  étant  depuis  longtemps  amorti,  devint  une  sorte  d'arrière-fief,  comportant 
censive  ou  rente  au  profit  de  la  communauté,  laquelle  y  exerçait  aussi  les  droits 
curiaux. 

Deux  anciens  sceaux  du  Chapitre,  dont  l'un  remonte  à  1879,  présentent  sur 
leur  face  un  évèque  (saint  Thomas  de  Cantorbéry)  debout,  mitre,  nimbé,  crosse 
et  bénissant.  Il  est  accosté  de  deux  fleurs  de  lis,  et  l'on  observe  à  ses  pieds  un 
écu  chargé  des  trois  léopards  d'Angleterre.  La  légende  est  ainsi  conçue  :  s.  decani 
[et  capitulï\  eccë  bî  thome  de  lupera  par.  Sur  le  contre-sceau  est  figuré  le  martyre 
de  saint  Thomas  Becket,  et  de  la  légende  mutilée  on  ne  voit  que  les  mots  :  fcm 
anno  do 

kp1taphes. 
Dans  le  chœur  à  droite  : 

Cy-gist  feu  Guillaume  Rostiel,  chevalier,  jadis  chambellan  de  monseigneur  le  duc  de  Rre- 
taigne,  qui  décéda  le  mardy,  jour  de  la  feste  Saint-Denis,  Tan  de  grâce  mcccxv. 
Priez  Dieu  pour  l'âme  de  ly. 

(1)  Blondel l'attribue  à Bouchardon.  —  En  1762,  l'architecte,  posséda  de  même  la  chapelle  Saint- 

le  Chapitre   avait  offert  au  cardinal  Fleury  les  Thomas  de  Cantorbéry,  dont  il  donna  les  dessins, 

deux  premières  travées  construites,  l'une  pour  y  La  chapelle  située  à  l'opposite  de  cette  dernière,  et 

placer  la  chapelle  de  la  Vierge,  et  l'autre  pour  ser-  dédiée  à   saint  Nicolas,  appartenait  à  la  famille 

vir  de  sépulture  à  lui  et  à  sa  famille.  Th.  Germain,  Surbeck. 


RUE  SAINT-THOMAS-DU-LOUVRE. 
Près  de  la  porte  du  chœur  : 


101 


Icy  gyst  Pierre  Bréant,  barbier  à  hault  homme  et  puissant  prince  le  duc  de  Bretaigne;  qui 
décéda  Fan  mcccxl,  ou  mois  de  septembre. 
Priez  Dieu  pour  l'âme  de  ly. 

Au  bas  de  l'église  : 

Cy-gist  vénérable  et  discrète  personne  M"  Jacques  de  Rouvez,  maistre  ès-arts,  curé  de  Clestot 
et  chanoine  de  cette  église  de  Sainl-Thonias-du-Louvre,  natif  de  Rouen;  lequel  trépassa  l'an 
de  grâce  mccccxxxix,  le  lundy  xxe  jour  de  septembre. 

Dieu  lui  fasse  mercy  à  l'âme. 
Pater  noster.  Ave  Maria. 

Proche  de  la  porte  de  l'église,  du  côté  de  la  rue  Saint-Thomas  : 

Cy-gist  noble  homme  Germain  de  Valenciennes,  en  son  vivant  escuyer,  (Sr)  d'Ormoy,  Cou- 
peaulx  et  Villabé,  et  général  essayeur  du  Roi,  nostre  sire,  en  sa  chambre  des  monnoyes  à  Paris: 
qui  trespassa  l'an  i5ao,  le  mardi  i5e  mars. 

Et  aussy  gist  noble  damoiselle  Anthoinetle  Budé,  jadis  sa  première  femme,  laquelle  décéda 
le  mardy  21e  jour  d'avril  i5 ,  après  Pasques. 


Contre  la  porte  du  chœur,  du  côté  gauche  : 


Par  dure  mort  dont  tout  est  succombé, 
Cy-dessous  gist  par  un  mortel  décret, 
En  son  vivant  Me  Baoul  Labbé, 
Homme  savant,  M"  es  arts  et  décret. 
Lequel  fonda ,  par  chacune  semaine , 
Une  messe,  que  cy  après  les  chanoines 
Feront;  diront  pour  certaines  raisons 
De  profundis  avec  trois  oraisons  : 
C'est  Inclina  Deus ,  Qui  non  patrem , 
Et  fidelium.  Pour  ce  il  a  au  Doyen 
Rente  assignée  sur  bon  et  loyal  titre, 
Semblablement  à  M"  du  chapitre, 


Qu'ils  prient  pour  lui,  de  ses  biens  amassez, 
Ses  père,  mère,  et  amis  trespassez. 
Laquelle  chose  a  esté  arrêtée 
Par  Raoul  et  Pierre,  ses  neveux,  augmentée 
De  vingt  livres  tournois  expressément 
Par  un  tel  pac,  que  à  chacun  bout  d'année, 
La  messe  basse  sera  haute  sur  année. 
Auquel  deflunct  mort  fit  son  jour  extrême. 
Mil  cinq  cens  quarante,  de  décembre  le  sep- 
tième. 
Prions  Jésus  et  sa  divine  face 
Qu'à  leur  âme  miséricorde  fasse. 


Dans  la  porte  du  chœur 


DIANA  SANGELAS1 

Mellino  parenti 

Bene  merito,  mœrens. 

Obiit  mu  octobris 

Anno  Domini 

MDLVIH. 


102  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Dans  la  nef,  devant  la  chapelle  Notre-Dame  : 

Cy-gist  noble  homme  Jean  Noplet,  natif  de en  son  vivant  secrétaire  de  illustrissime 

prince  Charles,  cardinal  de  Lorraine;  qui  décéda  la  33e  année  de  son  âge,  le  16e  jour  de  juin 
i562.  Et  noble  femme  Cath.  Charlet  (alias  Harlet),  sa  femme,  laquelle  décéda  le 

Près  de  la  sacristie  : 

Cy-gist  vénérable  et  docte  personne  Me  Robert  Rousseau,  prestre,  natif  des  isles  Philippines, 
en  son  vivant  chanoine  de  céans,  qui  trespassa  le  iBr  jour  de  septembre  1 562. 
Priez  Dieu  pour  lui. 

Près  de  la  porte  du  chœur  : 

Francisco  Moyen,  puero  optimi  :  Animum  imperio  pater  parit  viro.  xn  annum  agens,  obiit 
xii  kal.  septembris  1567.  Parent,  mœstiss.,  in  spem  vitœ  resurrectionis,  pos. 

Devant  l'autel  : 

Cy-gist  noble  homme  M0  Nicolas  Lavergnot  (alias  Lauvergnat),  en  son  vivant  chirurgien  du 
deflunt  roy  François  premier,  et  premier  chirurgien  des  feuz  roys  Henry  et  François  second , 
et  du  roy  Charles  neufiesme  de  ce  nom;  lequel  décéda  le 

Dans  la  nef,  près  de  la  chapelle  Notre-Dame  : 

Cy-gist  honorable  personne  Claude  de  La  Croix,  vivant  marchand  et  bourgeois  de  Paris,  et 
vendeur  de  bestial  aux  marchez  de  Paris,  lequel  décéda  le  4e  oct.  1 579,  de  son  âge  le  75e.  Et 
Marie  du  Rois,  sa  femme,  qui  décéda  le  94e  janvier  1673,  de  son  âge  le  58e. 

Priez  Dieu  pour  eux. 

Dans  le  chœur,  près  de  la  porte  : 

Cy-dessoubs  gist  noble  homme  Jacques  de  Romey,  escuyer,  seigneur  de  Roinainville,  valet 
de  chambre  et  portemanteau  ordinaire  du  Roy;  lequel  décéda  le jour  de  febvrier  1590. 

Maison  sans  désignation,  contiguë  au  cloître  Saint-Thomas,  et  mentionnée  dès 
i53o.  Les  écuries  du  duc  d'Orléans  s'y  trouvaient  vers  1705. 

Maison  sans  désignation ,  contenant  plusieurs  corps  d'hôtel  et  aussi  mentionnée 
dès  i53o. 

Maison  sans  désignation  en  i53o,  faisant  hache  derrière  les  deux  suivantes; 
réunie  à  l'hôtel  de  Longueville,  elle  s'appelait  le  petit  hôtel  de  Longueville  à  la 
fin  du  xvne  siècle. 

Maison  sans  désignation,  mentionnée  dès  i53o. 

Maison  sans  désignation  en  1 53 0 ,  qui,  en  1 57 5 ,  appartenait  à  un  avocat  appelé 


RUE  SAINT-THOMAS-DU-LOUVRE.  103 

Favier,  et,  en  i6o3,  à  Molan,  trésorier  de  l'épargne,  aussi  possesseur  de  la  mai- 
son suivante. 

HÔTEL  DE  TORGY  (1 4a3),  puis  Maison  du  Mouton  (i  584).  L'hôtel  de  Torcy  est 
indiqué  dans  les  comptes  de  confiscation  de  i/t23  à  1627;  en  1699,  il  était  pos- 
sédé par  Robert  d'Estoute ville ,  seigneur  de  Torcy,  etc.;  vers  1 634  il  appartenait 
à  François  de  Montigny,  marquis  de  Congis. 

HÔTEL  D'O,  DE  LA  VlEUVILLE,  DE  GlIEVREUSE,  D'ÉPERNON  et  DE  LONGUEVILLE. 
Il  existait  déjà  en  1873,  et  en  1399,  après  avoir  été  la  propriété  de  la  dame  de 
Meudon,  de  messire  Garnier  de  Brou  et  de  Richard  des  Ormes,  c'était  «l'ostel, 
f  grandie  et  jardin  de  messire  Guillaume  de  Gaillonnel,  chevalier  et  maistre  d'os- 
rr  tel  du  Roy.  n  Vers  1620,  il  appartenait  à  Pierre  de  Thumery  [alias  Thomeret), 
valet  de  chambre  du  duc  de  Bourbon,  qui  le  vendit  à  Jean  de  Saint-Romain, 
conseiller  du  Roi.  Jean  de  Saint-Romain,  probablement  parent  du  sculpteur  de 
Charles  V,  ayant  suivi  le  parti  de  Charles  VII,  sa  maison  fut  confisquée  sous  la 
domination  anglaise.  Elle  passa  ensuite  à  messire  François  d'Aubistout,  puis  à 
Nicolas  Hardoyn  (1689),  et,  avant  i53o,  à  la  famille  d'O,  dont  un  membre, 
la  dame  Hélène  d'Illiers,  veuve  de  Jean  d'O,  capitaine  de  la  garde  écossaise,  la 
possédait  à  la  fin  du  xvic  siècle.  Dans  les  premières  années  du  siècle  suivant,  rr  le  viel 
trhostel  d'0,n  comme  on  disait,  devint  la  propriété  de  M.  de  Maintenon,  marié  à 
Françoise  d'O;  puis,  le  marquis  Robert  de  La  Vieuville,  baron  de  Rugles,  l'obtint 
par  décret  du  i5  septembre  1607.  En  1620,  il  fut  vendu  175,000  livres  au  con- 
nétable Charles  d'Albert  de  Luynes,  qui  y  réunit,  l'année  suivante,  une  maison 
du  prix  de  8,000  écus^.  La  veuve  du  connétable,  Marie  de  Rohan,  le  revendit 
1 80,000  livres,  avant  le  mois  de  mars  1 622  ,  à  Claude  de  Lorraine,  duc  de  Che- 
vreuse,  qu'elle  épousa  en  secondes  noces,  et  qui  demeurait  auparavant  à  l'hôtel 
d'Aumale,  rue  d'Autriche.  Le  duc  de  Chevreuse  fit  rebâtir  l'hôtel  par  Clé- 
ment Métezeau  (2\  l'augmenta  et  l'embellit  de  telle  sorte  que  sa  veuve  en  obtint 
600,000  livres,  lorsque,  l'an  1657,  elle  le  céda  au  duc  de  Candale,  qui  stipulait 
au  nom  de  son  père,  Bernard  de  Nogaret,  duc  d'Épernon.  Le  3o  juillet  1662, 
Marie-Claire  de  Bauffremont,  veuve  de  Gaston  de  Foix ,  comte  de  Fleix ,  l'abandonna 
au  Roi,  moyennant  688,722  livres  8  sous  9  deniers,  et,  le  i3  août  suivant, 
Louis  XIV  le  donna  au  duc  Henri  II  de  Longueville,  en  échange  de  l'hôtel  que 
celui-ci  avait  rue  des  Poulies.  Le  duc  de  Longueville  décéda  l'année  d'après,  et 
Marie  d'Orléans  de  Longueville ,  sa  fille ,  ayant  hérité  de  tous  ses  biens  par  suite 
de  la  mort  de  ses  frères,  donna,  dit-on,  l'hôtel  à  son  cousin  Louis-Henri,  légi- 

W  L'hôtel  s'étendit  alors  jusqu'aux  remparts,  de  l'hôtel,  et  situé  au  delà  de  cette  rue,  sur  un  ter- 

dont  le  Roi  avait  donné  une  partie  au  duc,  en  réser-  rain  occupé  par  l'ancienne  place  du  Carrousel. 
vant  quatre  toises  pour  le  passage  de  la  rue  Saint-  ,s)  Voir  les  renseignements  que  nous  donnons 

\ir;iise.  Il  a  été  parlé  (p.  76)  du  jardin  dépendant  sur  la  famille  des  Métezeau,  chap.  xir. 


104  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

timé  de  Bourbon-Soissons,  connu  sous  le  nom  de  prince  de  Neufchâtel,  qui  mou- 
rut en  1703  (1).  La  fille  de  ce  dernier,  Louise  de  Bourbon,  l'apporta  en  dot,  le 
3o  juillet  1710,  à  Charles  Philippe  d'Albert,  duc  de  Luynes,  dans  la  famille  du- 
quel il  retourna  ainsi.  Leur  fils,  Marie-Charles-Louis,  après  l'avoir  loué  aux  car- 
dinaux de  Janson  et  de  Polignac,  le  vendit  au  Boi  en  même  temps  que  le  petit 
hôtel  de  Longueville,  le  2  3  avril  17/16. 

L'hôtel  de  Longueville,  d'un  aspect  imposant,  était  enrichi  de  plafonds  peints 
par  Mignard;  mais  il  y  manquait  encore  une  aile  vers  1750.  La  fin  de  cet  édifice 
a  été  peu  digne  de  son  ancienne  splendeur;  il  fut  acheté  en  17^9  par  les  fermiers 
généraux,  qui  y  établirent  le  magasin  général  des  tabacs,  et  firent  élever  dans  le 
jardin  un  vaste  bâtiment  de  mauvais  goût,  dû  à  Contant,  architecte  du  Boi.  En 
1802,  on  y  avait  placé  les  écuries  du  premier  Consul,  et,  vers  1806,  il  a  été 
abattu  pour  le  percement  de  la  rue  du  Carrousel. 

L'hôtel  de  Jean  de  Saint-Bomain  était  loin  d'occuper  une  superficie  aussi  vaste 
que  l'hôtel  de  Longueville.  Il  n'avait  environ  que  quarante  et  un  mètres  de  largeur 
sur  trente-cinq  de  profondeur,  car  le  mur  qui  le  limitait  vers  l'ouest  était  celui  du 
clos  de  la  Petite-Bretagne,  bornant  également  le  jardin  du  cloître  Saint-Thomas. 
En  1 53 0 ,  l'hôtel  s'était  étendu  sur  une  portion  du  clos  de  la  Petite-Bretagne,  puis- 
qu'il est  dit,  dans  le  censier  de  cette  année,  que  les  jardins  du  manoir  aboutissaient 
par  derrière  «  aux  Quinze- Vingts  de  Paris  et  à  messire  Jehan  d'O ,  à  cause  de  por- 
cttion  desdicts  jardins.  n  En  1 585 ,  il  traversait  tout  l'îlot,  car  il  est  énoncé  alors 
aboutissant  et  sur  les  remparts.  t>  En  1 6 1 5 ,  on  y  annexa  une  place  de  cent  huit  toises 
a  dans  le  rempart  v  même,  c'est-à-dire  au  delà  de  l'ancien  alignement  de  l'îlot,  et 
à  ces  cent  huit  toises  la  Ville,  par  bail  fait  à  M.  de  La  Vieuville,  le  1 3  juillet  1616, 
en  ajouta  quatre-vingt-dix-huit,  circonstance  qui  nous  a  permis  de  comprendre  ce 
que  nous  n'aurions  pu  saisir  autrement.  En  effet  nous  voyons,  par  le  procès-verbal 
de  visite  du  i3  juillet  1616,  que  la  place  de  deux  cent  six  toises,  formée  par  la 
réunion  des  deux  parcelles  de  cent  huit  et  de  quatre-vingt-dix-huit  toises,  était 
destinée  à  avoir  une  profondeur  de  sept  toises  sur  la  même  largeur  que  l'hôtel  ;  or, 
pour  qu'un  terrain  de  sept  toises  de  profondeur  présente  une  superficie  de  deux 
cent  six  toises,  il  faut  qu'il  ait  vingt-neuf  toises  et  demie  de  largeur.  Telle  devait 
donc  être  la  largeur  de  l'hôtel  vers  l'occident,  et  c'est  ce  qu'elle  était  en  réalité.  Les 
raisons  que  nous  allons  en  donner  expliqueront  comment,  sur  les  plans  modernes, 
au  lieu  de  vingt-neuf  toises  et  demie,  on  en  compte  trente-trois  et  demie. 

Le  1 1  juillet  1626,  les  Quinze-Vingts  vendirent  pour  6,000  livres  au  duc  de 
Chevreuse ,  qui  voulait  élargir  son  jardin ,  deux  portions  de  leur  cimetière ,  longeant 


(1)  Sur  un  plan  de  169/1,  l'hôtel  de  Longueville        «Rins.*  En  i6o4,  l'archevêque  de  Reims   était 
est  intitulé  rr  maison  de  monsieur  l'archevesque  de        Charles-Maurice  Le  Tellier,  fils  du  chancelier. 


RUE  SAINT-THOMAS-DU-LOUVRE.  105 

le  mur  septentrional  de  l'hôtel,  mitoyen  avec  l'Hospice.  La  première  de  ces  portions 
avait  trois  toises  de  longueur  de  l'est  à  l'ouest,  et  quatre  de  largeur  du  nord  au 
sud,  soit  douze  toises  de  superficie;  la  seconde,  contiguë  à  la  première,  avait 
quatre  toises  de  largeur  à  son  extrémité  occidentale,  qui  touchait  à  la  précédente; 
douze  pieds  et  demi  à  l'extrémité  orientale ,  qui  aboutissait  à  l'hôtel  de  Rambouil- 
let, et  cent  treize  toises  cinq  pieds  et  demi  de  superficie,  soit  environ  trente-sept 
toises  de  longueur  W,  Le  mur  mitoyen  entre  l'hôtel  de  Chevreuse  et  l'Hospice  avait 
donc  trente-sept  toises  de  longueur  plus  trois,  soit  quarante  toises.  Mais  si  l'on 
restitue  ce  mur  mitoyen,  opération  sans  difficulté  quand  on  possède  les  données 
précédentes  et  quand  on  connaît  la  situation  du  mur  moderne,  reproduit  sur  une 
foule  de  plans,  on  constate  que  le  mur  restitué  ne  laisse  plus  à  l'hôtel  de  Che- 
vreuse que  cette  largeur  occidentale  de  vingt-neuf  toises  et  demie  que  nous  venons 
de  signaler.  On  constate ,  en  outre ,  qu'il  s'en  faut  de  sept  toises  qu'il  atteigne  l'af- 
fleurement du  portail  moderne  de  l'hôtel  sur  la  rue  Saint-Nicaise;  conséquemment 
l'alignement  de  ce  portail  se  trouvait  à  sept  toises  au  delà  de  l'ancien  aligne- 
ment, que  les  deux  cent  six  toises  acquises  en  1616  permirent  de  reporter  là  où 
il  était  avant  la  destruction  de  la  rue.  Ainsi  rétablies,  les  dimensions  primitives 
de  l'hôtel  de  Chevreuse  concordent  rigoureusement  avec  les  limites  de  là  Petite- 
Bretagne,  telles  que  nous  les  avons  fixées.  Nos  renseignements  donc  se  justifient 
les  uns  les  autres  et  portent  avec  eux  un  caractère  de  vérité  mathématique. 

HÔTEL  DE  PlSANY  et  DE  RAMBOUILLET.  Il  fut  formé  de  deux  propriétés  dis- 
tinctes, dont  la  première  était  un 

Jardin,  énoncé  en  1878  comme  appartenant  au  comte  de  Vendôme,  qui  fut  en- 
suite à  un  seigneur  de  Chevreuse,  et  qui,  en  i3o,9,  était  au  comte  de  La  Marche, 
comme  la  maison  située  en  face,  de  laquelle  il  dépendait.  Dans  le  siècle  suivant  il 
fut  possédé  par  a  Jehan  d'Oc,  a  d'où  est  venue  l'erreur,  partout  répétée,  que  l'hôtel 
de  Rambouillet  avait  porté  le  nom  iïhôtel  d'O.  En  1^89,  il  était  devenu  la  pro- 
priété du  général  des  monnaies,  Me  Germain  de  Marie,  de  même  que  la  maison 
suivante,  à  laquelle  le  jardin  se  trouvait  réuni  dans  la  seconde  moitié  du  xvic siècle. 
L'autre  partie  de  l'hôtel  de  Rambouillet  provenait  d'une 

ctGrancheu  qui,  en  1 399 ,  appartenait  également  au  comte  de  La  Marche;  elle 
avait  été  auparavant  à  Robert  Trichard,  à  Drouet  d'Arcy  et  à  Jean  de  La  Fontaine, 
mais  elle  n'eut  jamais  pour  possesseurs  les  comtes  de  Vendôme  ni  les  seigneurs  de 

(l)  «Cent  treize  toises  demy  pied  de  terre,  à  rrpart,  en  tirant  une  ligne  droite  de  l'un  à  l'autre 

rr  prendre  dans  le  cimetière  et   petit  jardin  des  *  bout,  d'une  part;  et  une  espace  de  terre  de  trois 

ir  Quinze-Vingts,  et  joignant  le  jardin  dudit  sei-  «  toises  de  long,  avançant  sur  ledit  rempart,  sur  la 

trgneur(de  Chevreuse),  surdouze  piedsetdemy  de  «  largeur  de  quatre  toises  de  superficie,   d'autre 

rlarge,  et  aboutissant  à  la  maison  du  marquis  de  rrpart.  En  tout,  cent  vingt-cinq  toises  et  demy. 

"Rambouillet;  et  quatre  toises  de  large  vers  le  rem-  rrdemy  pied.  »  (  Arch.  des  Quinze- Vingts.) 


106  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Chevreuse.  En  1 689 ,  c'était  une  maison  avec  jardin ,  propriété  de  Germain  de  Marie, 
qui  fut  ensuite  celle  de  Claude  de  Marie,  et,  en  1 5y5 ,  celle  de  Pierre  Du  Halde. 
Elle  était,  à  cette  dernière  époque,  augmentée  du  jardin  dont  il  est  question  dans 
l'article  précédent,  et  bientôt  après  elle  fut  acquise  par  Jean  de  Vivonne,  marquis 
de  Pisany,  qui  mourut  le  7  octobre  1699.  Julie  Savelli,  sa  femme,  ayant  marié, 
en  1600,  leur  fdle  Catherine  à  Charles  d'Angennes,  marquis  de  Rambouillet,  ce 
dernier  se  trouva,  du  chef  de  son  épouse,  propriétaire  de  l'hôtel,  qui  perdit  le  nom 
de  Pisany  et  prit  celui  de  Rambouillet'1).  En  i6i8(2),  Charles  d'Angennes  le  fit 
rebâtir  pour  plaire  à  sa  femme,  si  célèbre,  sous  le  nom  à'Arthénice,  dans  l'histoire 
littéraire  de  ce  temps.  rrEHe  fut  elle-même,  raconte  Tallemant  des  Réaux,  l'archi- 
rrtecte  de  l'hostel  de  Rambouillet,  qui  estoit  la  maison  de  son  père.  Mal  satisfaitte 
rrde  tous  les  dessins  qu'on  luy  faisoit  (c'estoit  du  temps  du  mareschal  d'Ancre,  car 
ff  alors  on  ne  sçavoit  que  faire  une  salle  à  un  costé,  une  chambre  à  l'autre,  et  un 
rr  escalier  au  milieu  ;  d'ailleurs  la  place  estoit  fort  irrégulière  et  d'une  assez  petite 
rr  estendue),  un  soir  après  y  avoir  bien  resvé,  elle  se  mit  à  crier:  et  Viste!  du  papier! 
tt  J'ai  trouvé  le  moyen  de  faire  ce  que  je  voulois.  -n  Sur  l'heure,  elle  en  fit  le  dessin , 
rfcar  naturellement  elle  sçayt  desseigner,  et  dez  qu'elle  a  veu  une  maison,  elle  en 
rr  tire  le  plan  aisément.  .  .  On  suivit  le  dessin  de  madame  de  Rambouillet  de  point 
ren  point.  C'est  d'elle  qu'on  a  appris  à  mettre  les  escalliers  à  costé  pour  avoir 
ffune  grande  suitte  de  chambres,  à  exhausser  les  planchers  et  à  faire  des  fenêtres 
f  hautes  et  larges,  et  vis-à-vis  les  unes  des  autres.  Et  cela  est  si  vray  que  la  Reine- 
nnère,  quand  elle  fit  bastir  le  Luxembourg,  ordonna  aux  architectes  d'aller  voir 
rr  l'hostel  de  Rambouillet,  et  ce  soing  ne  leur  fut  pas  inutile.  C'est  la  première  qui 
rr  s'est  avisée  de  faire  peindre  une  chambre  d'autre  couleur  que  de  rouge  ou  de 
rrtané,  et  c'est  ce  qui  a  donné  à  sa  grande  chambre  le  nom  de  la  chambre  bleue®. -n 
Parlant  de  cette  chambre,  Sauvai  s'exprime  ainsi  :  rtLa  chambre  bleue,  si  célèbre 
rr  dans  les  Œuvres  de  Voiture ,  estoit  parée  d'un  ameublement  de  velours  bleu ,  re- 
r  haussé  d'or  et  d'argent.  C'estoit  le  lieu  où  Catherine  recevoit  ses  visites.  Les  fe- 
"nestres  sans  appui,  qui  régnent  du  haut  en  bas,  depuis  son  plafond  jusqu'à  son 
^  parterre,  la  rendent  très  gaye,  et  laissent  jouir  sans  obstacle  de  l'air,  de  la  vue  et 
rr  du  plaisir  du  jardin,  -n  Sauvai  ajoute  ces  détails,  qui  offrent  quelque  intérêt  pour 
l'histoire  de  l'art:  a  Si  nous  admirons  ces  sortes  de  croisées  au  palais  Cardinal, 

(l,SauvalditquerhôleldeRambouillels'estnommé  et  de  pisanï,  vidame  dv  mars, 

aussi  hôtel  de  Noirmoutiers  ;  si  le  fait  est  vrai,  nous  w»0"  Dv  chavdvlor  et  de  tallemont, 

nous  étonnons  de  n'en  avoir  point  eu  la  preuve.  conseille!!  dv  boy  en  son  conseil  dwat,  et  »'  de  la 

<2>  La  pierre  de  fondation  de  l'hôtel  de  Rambouil-  "n—  DE  SA  MA,ESTE-  CE  a3  JVI>  l(il8- 

let,  qui  est  au  musée  de  Cluny,  porte  cette  inscrip-  Les  plans  de  l'hôtel  de  Rambouillet  furent,  sui- 

lion  :  vant  Des  Réaux,  dressés  du  temps  du  maréchal 

d'Ancre,  et  par  conséquent  au  plus  lard  en  1617. 


FAICT  PAR  HA'VLT  zt    pvissant   SE1CNEVR 


M*  CHARLES  D'ANGENNES,    MARQVIS  DE  RAMBOHLLET,  (3)    Historiettes ,  t.  II,  p.   486. 


RUE  SAINT-THOMAS-DU-LOUVRE.  107 

a  au  petit  Luxembourg  et  dans  les  maisons  de  la  place  Royale  et  de  l'isle  Notre- 
rDame,  elles  ne  sont  que  des  images  et  des  imitations  de  celles  de  la  chambre 
rr  bleue.  C'est  à  Cléomire^  que  les  architectes  sont  redevables  de  ce  nouvel  ém- 
et bellissement;  mais  ce  n'est  pas  le  seul  ornement  qu'elle  a  ajouté  à  l'architecture  : 
r?la  rampe  de  son  escalier,  arrondie  en  portion  de  cercle,  et  les  portes  en  enfi- 
rlade  de  son  appartement,  ont  servi  de  modèle  à  ces  escaliers  circulaires  qui  ne 
c conduisent  que  jusqu'au  premier  étage,  et  à  ces  longues  suites  de  portes  qui 
r  l'ont  le  principal  ornement  de  nos  châteaux  et  de  nos  palais.  i>  Il  existe  divers 
dessins  de  l'hôtel  de  Rambouillet  que  Sauvai  dit,  non  sans  exagération,  avoir  été 
<rle  plus  renommé  du  royaume,  n  Suivant  la  mode  du  temps,  il  était  construit  en 
briques  et  en  pierre.  En  i64i,  les  bâtiments  de  l'hôtel  furent  augmentés  d'un 
beau  pavillon  auquel  on  travailla  en  secret,  et  qui,  un  soir,  fut  ouvert  brusque- 
ment devant  une  nombreuse  compagnie;  la  surprise  fut  grande,  parce  qu'on 
savait  que  derrière  la  tapisserie  il  n'y  avait  que  le  jardin  des  Quinze-Vingts.  Toute- 
fois aucun  plan  connu  de  nous  ne  laisse  voir  ce  cabinet,  dont  l'emplacement  aurait 
été  pris  sur  le  terrain  de  l'Hospice. 

Le  marquis  de  Rambouillet  mourut  en  i65a,  après  avoir  perdu  ses  deux  fils; 
il  laissa  pour  principale  héritière  sa  fille  aînée,  Julie-Lucine  d'Angennes,  qui 
avait  épousé,  en  i6&3,  Charles  de  Sainte-Maure,  duc  de  Montausier.  Celui-ci 
mourut  en  1690,  n'ayant  eu  de  son  mariage  avec  Julie  d'Angennes  qu'une  fille 
unique,  Julie-Maure  de  Sainte-Maure,  mariée  en  166&  à  Emmanuel  II,  comte 
de  Crussol,  qui  était  fils  du  duc  d'Uzès,  et  qui  en  prit  le  nom  ainsi  que  le  titre  en 
1680.  De  là  les  appellations  successives  d'HÔTEL  de  Montausier,  de  Crussol  et 
d'Uzès,  données  à  l'hôtel  de  Rambouillet.  Vers  1778,  le  duc  d'Orléans  en  fit  ac- 
quisition pour  y  placer  ses  écuries,  que  construisit  l'architecte  Poyet;  en  1 786 . 
on  le  transforma  en  un  Vauxhall  d'hiver,  destiné  à  remplacer  celui  de  la  Foire 
Saint-Germain,  et,  en  1792,  on  y  établit  le  théâtre  du  Vaudeville,  incendié  le 
18  juillet  1 836.  L'hôtel  a  ensuite  servi  d'écuries  pour  les  équipages  du  roi  Louis- 
Philippe.  On  l'a  démoli  en  i85o. 

Maison  sans  désignation,  acquise  en  i3a/i  par  le  chapitre  Saint-Thomas.  En 
1369,  elle  appartenait  à  la  veuve  d'un  nommé  Drocon,  alïineur,  ce  qui  explique 
comment  des  titres  de  1&7&,  1 5 1 6  et  d'autres  plus  récents  l'appellent  «hostel  de 
l'Affinouère.»  Acquise,  en  i5i6,  et  au  prix  de  ioo  livres,  de  Me  Pierre  Henne- 
quin,  par  Me  Ant.  Bachot,  auditeur  du  Roi,  elle  fut  possédée,  en  1575  et  i6o3, 
par  le  grand  historien  Augustin  de  Thou;  en  1623,  par  le  secrétaire  d'Etat  Ant, 
de  Loménie,  et,  en  1705,  par  M.  de  La  Barre;  on  la  nommait  en  conséquence, 
à  cette  dernière  époque,  hôtel  de  la  Barre  ou  des  Barres. 

(,)  Dans  le  roman  du  Grand  Cyrus ,  l'hôtel  de  Rambouillet  est  décrit  sous  le  nom  de  palais  de  Cléomire. 

i4. 


108  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Maison  sans  désignation  en  i38o,  qui,  dès  le  commencement  du  xivc  siècle, 
appartenait  aux  Quinze-Vingts,  et  paraît  avoir  eu,  en  i&5o,  l'enseigne  de  l'Image 
Saint-Jacques;  elle  était  alors  divisée  en  deux.  En  i38o,  elle  était  séparée,  au  rez- 
de-chaussée,  d'avec  la  maison  suivante,  par  une  allée  conduisant  dans  l'intérieur 
de  l'Hospice. 

Maison  de  l'Aumônier-du-Roi  (i38o),  aussi  dite  de  la  Rose  (1691)  ou  de  la 
Rose-Rouge  (1 563).  Diane  de  Clermont,  dame  de  Montlouis,  en  fut  ensaisinée 
en  1579.  Cette  maison  était  anciennement  au  moins  aussi  profonde  que  celle  de 
l'Affmoir,  car  la  maison  des  Trois-Morts,  sise  rue  Saint-Honoré ,  y  aboutissait. 

Maison  sans  désignation  (1 563) ,  qui,  en  1689,  était  encore  confondue  avec  la 
précédente.  En  1755,  cette  maison,  réunie  en  une  seule  avec  les  deux  précé- 
dentes, était  alors  connue  sous  le  nom  d'HÔTEL  de  Lanc astre,  et  fut  vendue  aux 
Quinze-Vingts,  dont  les  bâtiments  s'étendirent  sur  son  emplacement.  En  1626 
elle  appartenait  à  M.  de  Marillac. 

Deux  maisons,  dont  l'une  avait  pour  enseigne  et  l'Image  Saint-Jehan,  d  et  l'autre 
ccHérodiasti  (1689-1610). 

Partie  postérieure  de  la  maison  du  Sauvage,  de  la  rue  Saint-Honoré. 

Maison  de  la  Croix-Rlanche  (i6o5),  dite,  en  1608,  le  Petit-Moisset.  Elle  n'a 
été  séparée  que  vers  i582  de  la  maison  formant  le  coin  de  la  rue  Saint-Honoré, 
et  dont  elle  faisait  d'abord  partie. 

CÔTÉ  ORIENTAL. 

PAROISSE  SAINT-GERMAWL'AUXERROIS. 

HAUTE  JUSTICE 
ET    CENSIVE    DE    L'ÉVÊCIlÉ. 

Maison  de  l'Image  Sainte-Anne  (1575),  contiguë  à  l'hôtel  de  Vignolles,  qui  faisait 
le  coin  de  la  rue  Saint-Honoré;  elle  appartenait  aussi,  en  1O75  et  i6o3,  à  la 
dame  de  Vignolles,  et  provenait  d'un  morcellement  de  l'ancien  hôtel  de  Laval. 
Sur  son  emplacement,  en  1680,  il  existait  une  petite  maison  ayant  pour  enseigne 
la  Galère,  qui  fut  détruite  lors  de  la  construction  du  Château-d'Eau.  C'était  une 
taverne  très-connue. 

Maison  sans  désignation  (1575),  qui  paraît  avoir  dépendu  de  la  suivante  au 
xvc  siècle. 

Jardin  (i653),  où  s'élevaient  deux  corps  d'hôtel  en  15^5,  et  qui  constituait 
alors  la  partie  postérieure  de  la  maison  du  Pot-de-Fer  de  la  rue  Fromenteau. 

Partie  postérieure  de  la  maison  de  I'Image  Notre-Dame,  sise  rue  Fromenteau. 


RUE  SAINT-THOMAS-DU-LOUVRE.  109 

C'était,  en  1689,  une  gran8e  (Iui  devait  comprendre  l'emplacement  de  la  maison 
suivante,  puisqu'il  n'y  avait  alors  que  deux  propriétés  entre  les  hôtels  de  Laval 
et  de  la  Marche. 

Jardin  (i453),  puis  Maison  du  Soleil-d'Or  (1 575-1 64 0). 

Partie  postérieure  de  la  Maison  du  Cheval-Rouge  faisant  front  sur  la  rue  Fro- 
menteau. 

Partie  postérieure  de  I'Hôtel  de  la  Petite-Marche,  devenue,  en  i53o,  la  Maison 
de  l'Image  Saint-Martin. 

Partie  postérieure  de  I'Hôtel  de  la  Grande-Marche.  (Voir  p.  62.) 

Maison  sans  désignation  (i53o),  qui  forma  la  partie  antérieure  de  l'hôlel  de 
Pontchartrain.  Elle  fut  élevée,  vers  le  commencement  du  xvic  siècle,  sur  l'extré- 
mité septentrionale  du  jardin  du  chapitre  Saint-Nicolas  du  Louvre,  et,  pour  cette 
raison ,  elle  a  pu  être  considérée  comme  en  censive  de  la  Communauté.  Il  en  a  été 
de  même  des  maisons  suivantes,  auxquelles  il  est  extrêmement  difficile  d'appliquer 
les  titres,  et  dont  le  nombre  a  doublé  de  i53o  à  i63o. 

Grange  (i53o),  puis  Maison  sans  désignation  (1575),  qui  était  divisée  en  deux 
au  xviiic  siècle.  C'est  la  première  qui  fut  démembrée  lors  du  partage,  fait  en  1 63 1 , 
de  l'hôtel  ayant  appartenu  à  Robert  Chaillier. 

Maison  sans  désignation  en  i53o,  indiquée  ensuite  comme  une  dépendance  de 
la  maison  à  laquelle  elle  aboutissait. 

Deux  Maisons  sans  désignation  (1575),  qui  n'en  formaient  plus  qu'une  en  1 696, 
et  n'étaient  point  distinctes  de  la  suivante  en  i53o. 

Maison  sans  désignation  (i53o). 

Grange  (1695),  puis  Place  et  Jardin  (1578),  et  enfin  Maison  sans  désignation, 
qui,  en  170a,  était  possédée  par  Robin  Rouillé,  maître  des  requêtes. 

Petite  Maison  sans  désignation  (1680),  ayant  probablement  fait  partie  d'abord 
de  la  précédente. 

Maison  sans  désignation  en  i56g,  puis  du  Pèlerin  Saint-Jacques  (1713),  aussi 
appelée  la  Grande-Maison  en  1713,  et  la  Maison-Neuve  en  1755. 

Deux  Maisons  sans  désignation  (1680),  qui  paraissent  avoir  été  élevées  sur 
une  place  baillée  le  1 3  septembre  i53o  à  Thomas  Le  Jeune.  Cette  place  avait 
sept  toises  un  pied  de  largeur  sur  rue.  Le  Chapitre  en  retint  une  toise  un  pied, 
et  c'est  là  sans  doute  l'origine  de  l'entrée  du  petit-cloître,  entrée  qui  séparait  les 
deux  maisons  d'avec  la  suivante.  L'une  d'elles  a  eu  pour  enseigne  le  Lion-d'Argent 
en  1766. 

Deux  Maisons  sans  désignation  (i58o?).  La  seconde  était  contiguë  à  la  maison 
faisant  le  coin  de  la  rue  des  Orties,  et,  au-dessous  de  la  première,  se  trouvait 
l'entrée  de  l'bôtel  de  la  Prévôté  et  du  grand  cloître  Saint-Nicolas. 

Hospice,  collège  ou  chapitre  Saint-Nicolas-du-Louvre.  On  a  vu  plus 


110  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

haut  que  cries  pauvres  clercs i>  de  l'hospice  fondé  par  Rohert  de  Dreux,  conjointe- 
ment avec  le  chapitre  de  Saint-Thomas,  se  séparèrent  de  ce  dernier  en  1212, 
et  commencèrent  alors  à  former  une  communauté  à  part.  Pour  mieux  constater 
leur  indépendance,  ils  sollicitèrent  bientôt  après  du  pape  Innocent  III  la  permis- 
sion d'avoir  un  cimetière  et  une  chapelle  qui  leur  fussent  propres,  et  cette  faveur 
leur  fut  accordée  en  1217  par  un  bref  adressé  à  l'évêque  de  Paris.  Dans  leur  re- 
quête, le  recteur  et  les  frères  de  l'Hospice  avaient  expressément  reconnu  les  droits 
parochiaux  du  curé  de  Saint-Germain-l'Auxerrois;  néanmoins  les  chanoines  de 
cette  église  firent  opposition  au  bref,  et  il  n'eut  son  plein  effet  qu'après  avoir  été 
appuyé  d'une  sentence  qui  fut  rendue  l'année  suivante  par  l'Évêque  de  Paris,  et 
confirmée  par  le  pape  Honorius. 

La  chapelle  concédée  en  1217  contenait  des  fonts  baptismaux ,  et  paraît  avoir 
été  dédiée  sous  le  vocable  de  Saint-Nicolas,  entre  les  années  1228  et  i23i,  car, 
à  la  première  de  ces  dates,  on  trouve  l'Hospice  énoncé  crdomus  pauperum  scola- 
rtrium  Sancti  Thome  de  Lupera,»  et  à  la  seconde,  crhospital  pauperum  scolarium 
rrSancti  Nicolai  de  Lupera,n  appellation  qui  est  restée  longtemps  en  usage.  Le 
nom  de  pauvres  écoliers,  remplaçant  celui  de  pauvres  clercs,  donne  à  penser  que 
l'institution  se  transformait  alors  en  un  vrai  collège,  ce  qu'elle  fut  depuis,  en  pro- 
duisant plusieurs  hommes  distingués  W.  Cependant  les  titres  de  maître  et  de  frères 
de  l'hôpital  continuèrent  à  être  employés  durant  tout  le  xme  siècle;  mais,  à  partir 
de  1371,  année  où  ils  reçurent  une  bulle  confirmant  tous  leurs  privilèges,  les  éco- 
liers de  Saint-Nicolas  furent  appelés  boursiers,  comme  ceux  de  tous  les  autres 
collèges. 

Au  mois  de  juillet  1228,  l'évêque  de  Paris,  Guillaume,  s'étant  rendu  dans 
l'Hospice  pour  réformer  certains  abus  qui  s'y  étaient  introduits,  ordonna  qu'à 
l'avenir  aucun  écolier  devant  y  demeurer  plus  d'un  an ,  et  qui  s'en  éloignerait  au 
bout  de  l'année,  ne  pourrait  y  être  réintégré,  sinon  par  permission  spéciale (2).  En 
12^5,  les  clercs  de  Saint-Nicolas  acquirent  plusieurs  maisons  rue  Fromenteau,  et 
en  1292,  Philippe  le  Bel  amortit  tous  les  biens  de  l'établissement.  Le  22  janvier 
1 3 G 5 ,  Charles  V  lui  accorda  un  don  de  1,100  francs  d'or,  comme  indemnité  de 
la  violation  de  ses  immunités  par  des  sergents  d'armes;  pour  ce  délit,  les  sergents 
furent  obligés  de  venir  demander  pardon  à  genoux,  en  présence  de  plusieurs  dé- 
putés de  l'Université. 

Un  accord  de  128/1  apprend  que  la  communauté  de  Saint-Nicolas  se  composait 
alors  d'un  maître  ou  proviseur,  d'un  chapelain  (3),  d'un  clerc  et  de  quinze  écoliers 
nommés  par  l'Évêque  de  Paris.  En  i35o,  Barthélémy  de  Bruges  fit  les  fonds  né- 

(,)  On  a  compté  parmi  eux  saint  Yves  ;  mais  Le-  (3>  Ce  chapelain  est  sans  doute  celui  qu'on  dit 

beuf  a  réfuté  cette  opinion.  (T.  I,  p.  91.)  avoir  été  institué  en  vertu  de  la  fondation  de  Jean 

m  Cart.  de  N.  D.  1. 1,  p.  35o.  d'Annevilie,  taillandier  de  Paris. 


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RUE  SAINT-THOMAS-DU-LOUVRE.  111 

cessaires  à  l'entretien  de  trois  nouveaux  boursiers;  néanmoins  il  n'y  en  avait  en- 
core que  quinze  lorsque,  le  i5  janvier  i56i,  le  cardinal  Du  Bellay,  voyant  que 
le  collège,  naguère  florissant,  était  chaque  jour  de  plus  en  plus  négligé  pour 
ceux  de  la  rive  gauche,  le  transforma  en  un  chapitre  comprenant  une  prévôté, 
dignité  unique,  neuf  prébendes,  dont  une  était  unie  à  la  prévôté,  et  une  semi-pré- 
bende. Cette  semi-prébende,  qui  remplaçait  une  chapellenie  fondée  en  i53o 
par  Martial  Gallicher,  archidiacre  de  Brie,  fut  érigée  en  prébende  entière  l'an 
1559.  Par  arrêt  du  Parlement  en  date  du  3o  avril  1622,  le  prévôt  et  les  cha- 
noines de  Saint-Nicolas  furent  obligés  à  la  résidence  dans  le  cloître,  et  au  service 
de  l'église.  La  réunion  de  leur  chapitre  à  celui  de  Saint-Thomas  eut  lieu  en  17/10. 
La  chapelle  Saint-Nicolas  avait,  suivant  Lebeuf,  les  caractères  d'une  cons- 
truction du  xiuc  siècle.  Elle  était  située  sur  la  rue  des  Orties,  et  se  composait  d'une 
nef  de  trois  travées,  avec  bas-côtés,  et  d'un  chœur,  le  tout  offrant  environ  douze 
toises  et  demie  de  longueur  sur  cinq  et  demie  et  six  et  demie  de  largeur.  Au 
xive  siècle,  il  y  existait  une  confrérie  de  Saint-Nicolas,  qui  comptait  parmi  ses 
membres  le  roi  Charles  VI.  En  i684,  on  voyait  encore  les  armes  de  ce  monarque 
ainsi  que  celles  d'Isabeau  de  Bavière  peintes  sur  un  vitrail  de  la  nef,  à  la  gauche 
d'un  crucifix  représenté  sur  la  même  verrière.  Louis  XIV  y  transféra,  vers  1 670,  la 
chapelle  Notre-Dame-des-Vertus,  qu'il  avait  fondée  en  1669  à  Saint-Eustache ;  et 
Martial  Gallicher,  nous  l'avons  dit,  y  créa  une  chapellenie  en  i53o.  La  chapelle 
Saint-Nicolas,  abandonnée  après  la  construction  de  l'église  Saint-Louis  du  Louvre, 
et  louée  avec  sa  sacristie  à  des  particuliers,  a  été  abattue  vers  la  fin  du  dernier 
siècle'1',  quelques  années  avant  la  destruction  des  bâtiments  claustraux  qui  en 
dépendaient,  et  qui  subsistaient  à  l'époque  de  la  Révolution  sous  le  nom  de 
dottn  Soi  ni- Louis.  Ces  bâtiments,  dont  le  périmètre  était  devenu  très-irrégulier, 
communiquaient  par  trois  allées  avec  les  deux  rues  voisines.  L'entrée  donnant  sur  la 
rue  Fromenteau  conduisait  à  une  cour  qui  semble  avoir  été  d'abord  le  a  petit  jardin ,  n 
et  qui  s'appelait  le  petit  cloître  dès  161 3.  Celui-ci,  agrandi  aux  dépens  d'une  maison 
de  la  rue  Fromenteau,  était  séparé  du  grand  cloître  par  une  maison  existant  déjà 
en  1 6 1 3.  Elle  était  contiguë  aux  écuries  du  Chapitre,  et  au-dessous  était  pratiqué 
un  passage  communiquant  d'un  cloître  à  l'autre.  Le  grand  cloître,  dit  aussi  la 
Cour  du  Cadran  (1757),  avait  son  côté  occidental  formé  par  la  maison  de  la  Pré- 
vôté, qui  fut  rebâtie  du  temps  de  Louis  XV  <2',  et  sous  laquelle  on  passait  pour  se 

(l)  Baitard  a  publié  deux  vues  de  cette  démoli-  Jeanne  Campan,  épouse  d'un  changeur,  morte  en 

tion.  Nous  ne  possédons  pas  de  plan  exact  de  l'édifice.  odeur  de  sainteté  deux  siècles  auparavant.  Ce  corps 

'''  Au  moment  où  l'on  rebâtissait  la  Prévôté,  on  était  si  bien  conservé  que  le  scalpel  du  chirurgien  le 

découvrit,  dans  une  cave,   une  suite  de  vases  en  trouva  dans  le  même  état  que  si  le  sujet  eût  été  vivant, 

grès,  qui  avaient  servi  démesures  pour  les  pitances  Le  bruit  de  cet  événement  s'étant  répandu,  fit  crier 

des  écoliers,  et  qui  étaient  marqués  S.  N.  Les  fouilles  au  miracle,  et  attira  une  foule  considérable.  (Mém. 

fuites  alors  mirent  au  jour  le  corps  d'une  femme,  mss.  des  arch.  de  Saint-Louis  du  Louvre.) 


112  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

rendre  du  cloître  en  la  rue  Saint-Thomas.  On  enterrait  anciennement  dans  la  cour 
de  Saint-Nicolas;  mais  le  pavé  qu'on  y  posa  en  1 655  fit  disparaître  les  sépultures. 
L'emplacement  de  la  collégiale  de  Saint-Nicolas  répondait  à  celui  de  la  cour  où  il  y 
avait  eu  des  étables,  et  qui  est  mentionnée  dans  la  bulle  de  1 189;  il  correspondait 
également  au  lieu  sur  lequel  s'élevait  le  cloître  primitif  de  l'établissement  fondé 
par  Robert  de  Dreux'1'.  Comme  à  Saint-Thomas,  le  terrain  forma  une  espèce  de 
fief,  et  le  service  paroissial,  pour  les  individus  habitant  le  cloître,  se  faisait  dans 
la  chapelle  de  l'établissement. 

Un  sceau  du  collège  Saint-Nicolas,  datant  de  1873,  représente  le  saint  patron 
debout,  de  profil,  mitre,  crosse,  et  bénissant  de  la  main  droite  un  personnage  à 
genoux.  Autour  est  la  légende  :  (y  s.  d]cm[vs  scho]hAR\[vm  sti  M']chol\[i  de  Lupara). 
Le  contre-sceau  porte  une  mitre  de  face,  accompagnée  d'une  crosse  à  sénestre; 
la  légende  est  détruite. 

Sous  le  règne  de  Henri  III,  il  y  avait,  rue  Saint-Thomas,  une  maison  avec 
pressoir,  que  les  titres  ne  mentionnent  point,  mais  dont  il  est  question  dans  ce 
passage  des  comptes  de  la  maison  de  la  reine  de  Navarre  :  a  A  François  Legendre, 
r  maistre  du  pressouer,  en  la  rue  Sainct-Thomas-du-Louvre,n  pour  aie  louaige  et 
rr  occupations  d'une  granche  et  pressouer  où  a  esté  mi  à  couvert  les  coches  et  cha- 
rt  riotz  de  ladicte  Dame  (la  Reine)  depuis  le  premier  jour  d'octobre  mil  cinq  cent 
ff  soixante-seize  jusques  au  dernier  jour  du  mois  de  juin  dernier. 

Nous  avons  passé  en  revue  chacune  des  rues  environnant  le  Louvre  et  com- 
prises dans  notre  cadre;  nous  nous  occuperons,  dans  le  chapitre  suivant,  de  l'his- 
toire du  monument  lui-même. 

(1)  Ce  cloître  était  en  effet  devant  la  porte  de  l'église  Saint-Thomas,  ante  januam  ecclesiœ. 


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ORIGINE  DU  CHÂTEAU  DU  LOUVRE.  113 


CHAPITRE  III. 


ORIGINE  DU  CHATEAU  DU  LOUVRE. 


L'origine  du  château  du  Louvre  est  enveloppée  d'obscurité ,  ce  qui  a  naturel- 
lement donné  libre  carrière  aux  hypothèses.  Ainsi  André  Favyn,  dans  son  Histoire 
de  Navarre ^  et  dans  son  Théâtre  d'honneur^,  en  attribue  la  fondation  à  Chil- 
debert,  sans  même  prendre  la  peine  de  chercher  un  prétexte  à  une  supposition 
si  déraisonnable.  «Ecouter  Favyn,  c'est  une  raillerie, i>  dit  Sauvai,  puisque 
Grégoire  de  Tours,  Frédégaire  et  Aymoin,  qui  ont  parlé  des  édifices  élevés  par 
Childebert,  ne  font  aucune  mention  du  Louvre.  Mais  l'argument  n'a  pas  semblé 
péremptoire  à  D.  Toussaint  Duplessis,  qui,  dans  ses  Nouvelles  Annales  de  Paris (3), 
nie  que  le  silence  des  historiens  de  Childebert  puisse  infirmer  la  haute  antiquité 
du  Louvre,  et  cite  à  l'appui  de  son  opinion  certain  diplôme  de  Dagobert  daté 
du  26  mai  633.  Produite,  il  est  vrai,  avec  quelque  timidité,  cette  pièce  est  abso- 
lument sans  valeur,  car  non-seulement  elle  est  fausse,  et  on  l'avait  reconnu  depuis 
longtemps  à  l'époque  où  écrivait  Duplessis,  mais,  fût-elle  authentique,  on  ne  sau- 
rait l'invoquer,  puisqu'il  y  est  question  non  du  Louvre ,  mais  de  la  petite  ville  de 
Louvres  en  Parisis  (*'. 

Suivant  Sauvai,  André  Du  Chesne,  dans  une  géographie  manuscrite,  aurait  aussi 
avancé  que  le  Louvre  était  d'origine  extrêmement  ancienne,  et  que  Louis  le  Gros 
l'avait  fortifié  de  murailles  afin  d'y  recevoir  les  hommages  de  ses  grands  vassaux.  Si 
Du  Chesne  a  jamais  été  de  cet  avis,  il  paraît  en  avoir  changé  avec  le  temps,  car 
dans  ses  Antiquités  et  recherches  des  villes  de  France  W,  après  avoir  dit  que  le  Louvre 
fut  fondé  en  1 2 1  k,  il  se  borne  à  ajouter  qu'au  lieu  où  Philippe-Auguste  le  fit  bâtir 

(1>  P.  i5i.  L'ouvrage  a  été  publié  en  1612.  tient  la  cession  d'un  droit  d'asile  à  l'abbaye  de 

(,)  P.  565.  L'ouvrage  a  été  publié  en   i6ao.  Saint-Denis,  et  le  passage  mis  en  avant  est  ainsi 

Comme  dans  le  premier,  il  n'y  a  qu'une  ligne  rela-  conçu  :  (tQuisque  fugitivorum. . .  ex  parte  Parisius 

live  à  l'origine  du  Louvre,  lequel  est  dit:  rrbasty  à  trveniens,  Sanctum  Marterum  prœterierit ,  sive,  de 

run  des  bouts  de  la  ville,  par  ledit  Childebert  et  apalatio  nostro  egrediens,  publicam  viamqueeper- 

rlltrogothe,  sa  femme."  «git  ad  Luveram,  transierit,  etc.» 

M  In  4°;  Paris,  iy53,  p.  90.  (5)  P.  10a  de  l'édition  in-12  de  1668,  qui  a  été 

(,)  Celle  charte,  si  notoirement  fabriquée,  con-  revue  par  François  Du  Chesne,  fds  d'André. 

'5 


114  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

il  pourrait  y  avoir  eu  quelque  place  ou  quelque  vieil  édifice  appelé  Lupara,  parce 
qu'il  avait  vu  une  charte  bien  antérieure  où  figurait  ce  mot  Lupara.  Le  document 
auquel  Du  Chesne  fait  allusion,  et  dont  il  rapporte  les  expressions,  n'étant  autre 
que  la  prétendue  charte  de  Dagobert,  il  n'y  a  pas  lieu  de  le  faire  intervenir  dans 
la  discussion. 

De  nos  jours  nul  ne  soutiendrait  sérieusement  que  le  Louvre  est  de  fondation 
mérovingienne;  en  revanche,  il  est  encore  permis  de  se  demander  s'il  n'y  avait  point 
un  château  de  ce  nom  avant  le  temps  de  Philippe-Auguste.  Jusqu'au  commence- 
ment du  xvme  siècle,  l'opinion  que  ce  roi  fut  le  premier  fondateur  du  Louvre  semble 
avoir  été  la  plus  répandue;  mais  depuis,  et  surtout  à  partir  de  la  publication  du 
livre  de  Sauvai,  l'idée  contraire  a  généralement  prévalu,  et  c'est  celle  des  auteurs 
modernes.  Examinons  sur  quoi  elle  est  basée. 

Sauvai  dit,  en  combattant  l'assertion  de  Du  Haillan,  qui  attribue  à  Philippe- 
Auguste  la  construction  du  Louvre  :  «  Il  semble  que  Rigord  et  Jean  de  Saint-Victor 
a  nous  ayent  laissé  des  passages  exprès  pour  la  détruire  W.  n  On  imaginerait  diffi- 
cilement une  proposition  moins  justifiée.  Rigord,  en  réalité,  ne  parle  pas  du  I^ouvre 
dans  sa  Chronique,  qui  finit  à  l'année  1208;  la  continuation  de  sa  Chronique, 
qu'on  croyait  être  aussi  son  œuvre,  et  qui  est  celle  de  Guillaume  Le  Breton, 
énonce  simplement  que  le  comte  Ferrand,  fait  prisonnier  à  la  bataille  de  Bouvines, 
en  1 2 1  h ,  fut  renfermé  dans  la  Tour-Neuve ,  située  hors  des  murs  de  la  ville  :  et  Fer- 
«randum  vero,  Parisius  devectum,  in  Turri  Nova,  extra  muros,  inclusum  arctœ 
(tcustodiae  mancipavit. n  Guillaume  Le  Breton,  dans  sa  Philippide,  n'est  pas  plus 
explicite  sur  ce  sujet,  car  il  s'exprime  en  ces  termes  : 


At  Ferrandus. 


pansiams 

Civibus  offertur,  Luparae  claudendus  in  arce (2>. 

Quant  à  Jean  de  Saint-Victor,  il  ne  nous  apprend  rien  de  plus,  si  ce  n'est  l'exis- 
tence d'une  tradition  suivant  laquelle  la  Tour-Neuve  aurait  été  bâtie  pour  servir 
de  prison  à  Ferrand  :  rtltaque  Ferrandus,  in  Nova  Turre,  que  dicitur  Lupare,  pro 
«se,  ut  fertur,  constructa,  vinctus  est  et  incarceratus^. r>  Quelles  conséquences 
a-t-on  le  droit  de  tirer  de  ces  textes  touchant  l'antiquité  du  château  du  Louvre? 
Sauvai  sentait  si  bien  qu'ils  n'étaient  d'aucune  portée ,  qu'il  a  eu  recours  à  d'autres 
arguments,  et,  de  ce  fait  que  le  donjon  du  Louvre  a  d'abord  reçu  le  nom  de  Tour- 
Neuve,  il  s'est  cru  en  droit  d'inférer  la  préexistence,  au  même  lieu,  d'autres  tours 
plus  anciennes.  C'est  une  hypothèse  ajoutée  à  l'erreur  que  nous  venons  de  cons- 


(1>  Antiquités  de  Paris,  t.  II,  p.  7.  (3>  Biblioth.  impér.  mss.  de  Saint- Victor,  n"3o6, 

(3)  Guill.  Armor.  Philippid.  lib.  XII,  vers  i64.  fol.  33a  r\ 


ORIGINE  DU  CHÂTEAU  DU  LOUVRE.  115 

tater  :  en  effet,  par  cela  même  que  le  nom  de  Tour-Neuve  a  d'abord  désigné  la 
plus  haute  tour  du  Louvre ,  on  serait  tout  aussi  fondé  à  soutenir  qu'elle  n'avait  été 
précédée  d'aucune  autre,  absolument  comme  aucun  pont,  aucune  porte,  aucune 
rue  ne  précéda  le  Pont-Neuf  de  Henri  III,  la  Porte-Neuve  de  François  Ier,  la  rue 
Neuve-Notre-Dame ,  etc.  Pour  ce  qui  est  d'un  passage  de  la  Philippide  où  il  serait 
relaté  que  Philippe-Auguste  aurait,  en  1222,  obtenu  de  l'Évêque  de  Paris  l'amor- 
tissement des  terrains  renfermés  dans  le  Louvre  par  lui  ou  ses  devanciers,  il 
n'a  existé  que  dans  l'imagination  de  Sauvai.  Guillaume  Le  Breton  vante  l'équité 
du  Roi,  s'abstenant  de  toute  exaction  dans  les  grands  travaux  qu'il  fit  exécuter; 
mais  c'est  tout,  et  l'amortissement  dont  il  s'agit  eut  lieu  en  1210,  et  non  pas 
en  1222.  Nous  montrerons  plus  loin  que  cet  amortissement  est  justement  la 
meilleure  arme  avec  laquelle  on  puisse  attaquer  la  thèse  de  Sauvai. 

Si  Philippe-Auguste,  fait  encore  observer  Sauvai,  était  le  créateur  du  Louvre, 
et  ne  s'était  pas  borné  à  y  ajouter  la  Tour-Neuve ,  comment  ses  historiens  et  spé- 
cialement Rigord,  son  panégyriste,  qui  mentionnent  la  construction  des  Halles  et 
de  l'enceinte  de  Paris,  eussent-ils  passé  sous  silence  une  œuvre  aussi  importante? 
L'objection  est  spécieuse  cette  fois;  mais  elle  n'ébranle  pas  notre  conviction,  parce 
qu'il  nous  semble  hors  de  doute  que  les  contemporains  de  Philippe-Auguste 
considérèrent  le  château  du  Louvre  comme  une  simple  annexe,  comme  un  com- 
plément des  nouvelles  murailles  de  la  ville;  de  sorte  que  Rigord  et  Guillaume  Le 
Breton,  ayant  relaté  la  construction  de  ces  murailles,  n'eurent  point  l'idée  de 
mentionner  d'une  façon  particulière  le  donjon  qui  en  faisait  partie  intégrante  W. 

Les  auteurs  postérieurs  à  Sauvai  n'ont  allégué,  que  nous  sachions,  aucune 
raison  plausible  afin  d'établir  qu'il  y  avait  un  château  du  Louvre  avant  Philippe- 
Auguste.  Jaillot,  il  est  vrai,  donne  comme  certain  que  la  Tour-Neuve  ne  fit  que 
remplacer  une  autre  tour  du  même  nom  (2)  ;  mais  cet  historien ,  ordinairement  si 
exact,  commet  ici  une  erreur  telle  qu'on  en  trouverait  bien  peu  d'aussi  graves 
dans  tout  son  excellent  ouvrage.  Les  lettres  d'août  1 2o4,  seul  document  qu'il  cite, 
ne  contiennent  pas  un  seul  mot  dont  on  puisse  induire  qu'à  une  première  tour  en 
ait  succédé  une  seconde,  il  y  est  déclaré  simplement  que  le  Roi  accorde  3o  sols 
parisis  de  rente  annuelle  aux  moines  de  Saint-Denis  de  la  Chartre ,  à  titre  d'indem- 
nité pour  la  cession,  par  eux  consentie,  du  terrain  sur  lequel  la  tour  du  Louvre 
était  située  :  «Pro  excambio  terre  quam  monachi  Sancti  Dionysii  in  Carcere 
ahabebant,  ubi  turris  nostra  de  Luvre  sita  est.  n  Dans  le  reste  de  l'acte  il  est  spé- 
cifié que  la  rente  se  percevra  le  jour  de  la  Saint-Remi,  sur  la  prévôté  de  Paris, 
et  que  le  Prévôt  devra  au  Roi  5  sous  d'amende  par  chaque  jour  de  retard,  s'il 


(l)  Cette  idée  est  exprimée  dans  le  texte  du  plan  de  Gomboust  :  rr  Et  le  Louvre  basty  de  même  temps ,  /ai- 
-tant partie  de  ladite  enceinte  »  (de  Philippe-Auguste).  —  (,)  Quartier  du  Louvre,  p.  i4. 

i5. 


116     ,  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

apporte  quelque  délai  dans  l'acquittement  de  cette  obligation  M.  Quant  aux  deux 
prétendues  tours  neuves,  il  n'y  est  fait  allusion  nulle  part. 

Nous  constatons  qu'à  la  fin  du  xue  siècle  le  terrain  du  Louvre ,  c'est-à-dire  l'espace 
compris  entre  la  rue  d'Autriche  (de  l'Oratoire  prolongée)  et  la  rue  Fromenteau 
(récemment  détruite),  ne  relevait  que  de  deux  fiefs,  celui  de  Saint-Denis  de  la 
Chartre,  à  l'orient,  et  celui  de  l'Évêque,  à  l'occident.  La  limite  entre  les  deux 
censives  était  sans  doute  primitivement  la  rue  du  Coq,  alors  simple  chemin  au 
milieu  de  terres  en  culture ,  et  qui  devait  se  prolonger  jusqu'à  la  rivière ,  en  pas- 
sant vers  l'emplacement  de  la  Grosse-Tour  du  Louvre ,  ainsi  que  l'implique  son 
ancien  alignement,  fort  différent  de  l'alignement  moderne,  et  à  peu  près  parallèle 
à  la  rue  de  l'Oratoire.  Après  la  construction  de  l'enceinte,  la  limite  entre  les  deux 
censives  était  le  mur  même  qui  passait  au  centre  de  l'îlot  compris  entre  les  rues 
de  l'Oratoire  et  du  Coq,  et  il  est  bien  sûr  d'ailleurs  que  le  fief  de  Saint-Denis  de 
la  Chartre  s'étendait  jusqu'au  bord  du  fleuve,  puisqu'en  i4a5  un  chantier  qui 
faisait  le  coin  occidental  de  la  rue  d'Autriche  et  du  quai  est  dit  en  censive  du 
Prieuré,  de  même  qu'en  1^89  une  maison  placée  au  coin  de  la  rue  Fromenteau 
et  de  la  rue  des  Orties  est  dite  en  censive  de  l'Evêché.  Ceci  posé,  il  devient  clair 
que  le  Louvre,  à  son  origine,  s'est  nécessairement  trouvé,  soit  dans  l'un  des  deux 
fonds  de  terre  que  nous  venons  de  désigner,  soit  dans  tous  les  deux  à  la  fois.  H 
relevait  des  deux  censives. 

En  effet,  nous  voyons  que  les  possesseurs  des  deux  fiefs  furent  successivement 
indemnisés  par  le  Roi  :  Saint-Denis  de  la  Chartre  reçut,  en  août  i2o4,  une  rente 
de  3o  sous  parisis,  et  l'Évêque  de  Paris  obtint,  en  janvier  1210  (n.  s.),  la  conces- 
sion de  1 1  deniers  de  cens,  à  prendre  sur  une  maison  en  Champeaux  (aux 
environs  des  Halles) ,  laquelle  somme  formait  la  compensation  de  1 1  autres 
deniers  de  cens  que  l'Évêque  avait  perdus  sur  certaines  masures  depuis  peu  ren- 


(1)  Cette  charte,  confirmée  par  le  roi  Jean,  a 
toujours  eu  son  effet;  elle  a  été  publiée  plusieurs 
fois.  En  voici  le  texte,  copié  sur  le  Cartulaire 
du  Prieuré,  coté  S  io56,  où  il  s'en  trouve  trois 
transcriptions  identiques:  «Philippus,  Dei  gratia 
*  Francorum  rex ,  omnibus  ad  quos  liltere  présentes 
trpervenerint,  salutem.  Noveritis  quod  nos,  pro  ex- 
ttcambio  terre  quam  monachi  Sancli  Dionysii  de 
"  Carcere  habebant  ubi  Turris  nostra  de  Luvre  sita 
«est,  eisdem  monachis  assignamus  trigenta  solidos 
rr  Parisienses  annui  redditus  capiendos  ab  ipsis,  sin- 
fgulis  annis,  in  festo  sancti  Remigii,  in  preposi- 
rrtura  nostra  Parisius,  per  manum  preposili  nostri 
«Parisius;  sub  conditione  quod  post  eumdem  ter- 
«minum,  singulis  diebus  quibus  Prepositus  noster 


«Parisius  predictos  denarios  relinuerit,  postquam  a 
rr  monachis  super  hoc  fuerit  requisitus,  idem  Pre- 
«positus  nobis  dabit  quinque  solidos  pro  emenda. 
crActum  Parisius,  anno  ab  Incarnatione  Domini 
«  m"  cc°  quarto,  mense  Auguslo.  »  Cette  charte  vi- 
dimée  en  1 3o8 ,  le  vendredi  après  le  dimanche  où 
l'on  chante  Reminiscere ,  l'a  été  de  nouveau  le 
90  février  1 453,  et  il  en  existe  une  copie  collation- 
née  du  dernier  jour  de  janvier  1357.  Dans  le  Car- 
tulaire de  Saint-Denis  de  la  Chartre,  coté  LL  îiii, 
est  aussi  l'indication  d'une  charte  de  Philippe-Au- 
guste sur  le  même  sujet,  datée  du  h  août  1200, 
laquelle  aurait  été  vidimée  par  l'Oflicial  l'an  i3oo; 
mais  cette  charte  n'est  pas  transcrite,  et  nous  ne 
savons  s'il  n'y  a  point  confusion. 


ORIGINE  DU  CHATEAU  DU  LOUVRE.  117 

fermées  dans  l'enceinte  de  la  Tour-Neuve  :  «In  masuris  que  modo  sunt  infra 
«ambitum  novorum  murorum  Nove  Turris'1'.  •»  Ainsi,  non-seulement  pour  cons- 
truire sa  grosse  tour  du  Louvre,  mais  encore  pour  en  bâtir  l'enceinte,  Phi- 
lippe-Auguste fut  obligé  d'acquérir  le  terrain  :  où  était  donc  alors  ce  château  du 
Louvre  que  l'on  dit  avoir  existé  avant  ce  prince,  et  dont  on  ne  trouve  aucune 
mention,  si  le  centre  même  du  sol  sur  lequel  s'éleva  la  nouvelle  forteresse  dut 
être  acquis  par  le  Roi? 

On  ne  saurait  d'ailleurs  objecter  que,  par  les  transactions  de  1206  et  1210, 
Philippe-Auguste  n'ait  fait  que  renouveler  des  engagements  contractés  par  quel- 
qu'un de  ses  prédécesseurs.  Quiconque  est  familier  avec  les  formules  ordinaires  des 
chartes  sait  combien  on  s'y  montrait  soigneux  de  rappeler  les  stipulations  anté- 
rieures, précaution  indispensable,  et  qui  ajoutait  à  l'authenticité  des  actes.  Ici  rien 
de  pareil,  et  la  teneur  des  textes  ne  laisse  pressentir  aucun  précédent.  Tout  est 
récent,  l'expropriation  comme  l'indemnité,  et  conséquemment  il  reste  démontré 
que  Philippe-Auguste  n'avait  d'abord  aucun  droit  sur  les  terrains  du  Louvre.  Com- 
ment concilier  ce  fait  avec  l'existence  d'un  vieux  château  qu'il  aurait  simplement 
restauré  et  augmenté? 

Antérieurement  à  Philippe-Auguste,  nous  en  avons  la  conviction,  il  n'y  a  jamais 
eu  sur  l'emplacement  du  Louvre  ni  manoir  royal  ni  forteresse  quelconque.  Le  fait 
est  difficile  à  prouver  directement  comme  la  plupart  des  faits  négatifs,  c'est-à-dire 
qu'on  n'a  point  la  ressource  de  renvoyer  à  quelque  diplôme  énonçant  en  termes 
formels  que  le  terrain  ne  renfermait  point  de  vastes  constructions;  mais  il  est 
possible  de  suppléer  à  cette  absence  de  documents.  Au  moyen  de  déductions 
tellement  rigoureuses  qu'elles  excluent  toute  incertitude,  nous  démontrerons  que 
Philippe-Auguste  a  jeté  les  premiers  fondements  de  l'unique  édifice  qui  ait  porté 
le  nom  de  Louvre,  et  que  sur  son  emplacement  il  n'y  a  eu,  avant  la  fin  du 
xuc  siècle,  que  des  masures  éparses  et  rustiques  dont  l'histoire  n'a  point  à  tenir 
compte. 


(1)  Voici  le  texte  de  la  charte:  aPhilippus,  Dei 
t  gracia  Francorum  rex,  noverint  universi  présentes 
trpariter  et  futuri,  quod  nos,  de  xv  denariis  quos 
ffhabebamus  de  censu  de  fundo  terre,  in  domo  Ro- 
trgeri  Anglici,  in  Campellis  sita,  que  contigua  est 
trdomui  que  fuit  Odonis  de  Sancto  Mederico,  com- 
irmutavimus  undecim  denarios  cum  dilecto  et  fideli 
rrnostro  P.  (Pierre  II  de  Nemours),  Parisiensi  epi- 
irscopo,  pro  undecim  denariis  de  censu  de  fundo 
«•terre,  quos  domnus  Episcopus  habebat  apud  San- 
tctum  Thomam  de  Luvre ,  in  masuris  que  modo  sunt 
-infra  ambitum  novorum  murorum  Nove  Turris. 


«Ut  igitur  bec  permotatio  perseveret  et  robur  in 
eposterum  obtineat  firmitatis,  presens  scriptum 
rrfieri  fecimus  et  sigilli  nostri  impressione  muniri. 
rrActum  Parisius,  anno  Domini  m.cc.ix,  mense 
rrjanuario. »  (Cartulaire  de  Notre-Dame,  tome  I, 
p.  68.)  C'est  parce  que  le  château  du  Louvre  avait 
été  construit  sur  ie  fief  de  l'Evéque  de  Paris  que 
ce  dernier  eut  d'abord  sur  ceux  qui  y  habitaient 
un  droit  de  haute  justice  (  Cartulaire  de  Notre- 
Dame ,  t.  III,  p.  34 1),  lequel,  suivant  Sauvai  (t.  I. 
p.  76),  aurait  été  confirmé  par  arrêt  du  Parlement 
en  1277. 


118  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Du  Breul  et  Du  Haillau  disent  nettement  que  Philippe-Auguste  a  créé  le  Louvre; 
des  auteurs  plus  anciens,  tels  que  Corrozet  et  Nicolles  Gilles,  disent  simplement 
qu'il  fit  bâtir  la  Tour-Neuve  ou  Grosse-Tour.  Est-ce  parce  qu'ils  pensaient  que  la 
fondation  de  la  Tour-Neuve  comprenait  celle  du  château  tout  entier,  ou  parce  que 
la  Tour-Neuve  constituait  seulement,  à  leurs  yeux,  une  addition  à  des  constructions 
antérieures?  Dans  ce  dernier  cas,  il  serait  absolument  singulier  qu'ils  ne  se  fussent 
pas  expliqués  plus  clairement.  Ils  ne  l'ont  pas  fait  parce  que  pour  eux,  comme  pour 
les  chroniqueurs  leurs  aînés,  la  Tour-Neuve  et  le  château  du  Louvre,  c'était  tout 
un.  Il  est  du  reste  bien  avéré  que,  dans  la  langue  du  moyen  âge,  on  disait  sou- 
vent une  tour  pour  désigner  un  château  ;  et  le  Glossaire  de  Du  Cange  traduit  une 
des  acceptions  du  mot  turris  par  arx  et  castrum.  A  propos  du  Louvre,  rien  n'était 
plus  naturel  que  l'emploi  d'une  pareille  synecdoche.  Avant  le  règne  de  Charles  V, 
l'enceinte  du  château ,  moins  haute  de  plusieurs  toises  que  celle  qui  nous  est  connue , 
avait  sensiblement  moins  d'importance.  Ce  qui  attirait  surtout  l'attention  dans  l'en- 
semble de  l'édifice,  c'était  l'énorme  tour  dominant  les  courtines;  par  ses  dimensions 
et  bientôt  par  sa  destination  lugubre,  elle  frappa  les  imaginations;  on  dut  néces- 
sairement la  considérer  comme  la  tour  par  excellence,  la  tour  principale  parmi 
celles  qui  défendaient  Paris,  et  cette  circonstance,  jointe  à  l'époque,  relativement 
fort  récente,  de  sa  construction,  lui  fit  donner  par  les  contemporains  les  noms  de 
Tour-Neuve,  de  Tour  de  Paris^  et  même,  par  emphase,  celui  de  la  Tour  seulement, 
qu'on  lui  appliquait  dans  le  premier  siècle  de  son  existence. 

Au  surplus,  nous  n'émettons  pas  ici  une  simple  conjecture,  et  le  fait  ressort 
des  textes  mêmes,  qui  ne  peuvent  s'interpréter  autrement.  Si,  par  la  dénomi- 
nation de  Tour-Neuve,  on  n'avait  pas  entendu  le  château  tout  entier,  il  répugne 
de  croire  que  Guillaume  Le  Breton  eût  pu  écrire  «  in  Turri  Nova,  extra  muros,Ti 
au  lieu  de  crin  turri  nova  castelli  Luparae,  quod  est  extra  muros,ï)  ou  toute  autre 
formule  analogue.  Il  ne  serait  pas  moins  étonnant  qu'on  lût  dans  les  Grandes  Chro- 
niques de  Saint-Denis  :  a en  une  nove  tor  fort  et  haute,  au  defors  des  murs 

rr de  la  Cité,  si  est  appelée  la  tor  du  Lovre,ii  au  lieu  d'une  indication  comportant 
que  cette  tour  était  le  donjon  du  château  du  Louvre.  On  ne  concevrait  pas 
surtout  que  Louis  VIII,  dans  son  testament,  eût  dit  :  crin  turri  nostra  Parisiensi, 
trjuxta  Sanctum  Thomam,n  et  non  ce  in  turri  castelli  Parisiensis,  juxta  San- 
rectum  Thomam,n  seule  rédaction  rationnelle.  D'un  autre  côté,  l'identité  de  la 
Tour-Neuve  et  du  château  du  Louvre  se  déduit  rigoureusement  de  la  charte 
de  1210,  car  personne,  certes,  n'admettra  que  cette  expression  d'enceinte  des 
nouveaux  murs  de  la  Tour-Neuve,  ctambitum  novorum  murorumNove  Turris,1»  si- 

(1)  Nous  pourrions  citer  nombre  de  faits  analogues  quabie ,  la  fameuse  Tour  de  Londres ,  forteresse  qui 
dont  le  souvenir  n'est  point  effacé;  nous  nous  bor-  a  été  pour  cette  ville  exactement  ce  que  le  Louvre 
nons  à  rappeler,  comme  l'exemple  le  plus  remar-        fut  pour  Paris. 


ORIGINE  DU  CHÂTEAU  DU  LOUVRE.  119 

gnifie  le  périmètre  du  donjon ,  lequel  n'avait  que  quinze  mètres  environ  de  diamètre , 
et  semble  avoir  plutôt  dépendu  de  Saint-Denis  de  la  Chartre  que  de  l'Évêché.  Or, 
si  elle  ne  désigne  pas  les  murs  du  donjon,  il  faut  bien  qu'elle  désigne  ceux  du 
château;  c'est  pour  cela  que,  dans  un  compte  de  1202,  il  a  pu  être  écrit  que  le 
donjon  et  la  basse-cour  du  château  de  Dun-le-Roi  (Cher)  seraient  faits  d'après 
les  mêmes  dimensions  que  la  Tour  de  Paris  :  et  pro  facienda  tarai  et  de  ballio 
«  faciendo  ad  mensuram  Turris  Parisius  W,  n  locution  complètement  inintelligible 
pour  qui  prendrait  à  la  lettre  le  mot  turris.  Enfin  il  est  si  vrai  que  l'enceinte 
des  murs  de  la  Tour-Neuve ,  dont  il  est  parlé  dans  la  charte  de  1 2 1 0 ,  se  confond 
avec  celle  du  château ,  que ,  dans  une  autre  charte ,  d'avril  1 2  2  2  ,  où  il  est  question 
du  tort  causé  à  l'Évêché  par  l'établissement  de  cette  clôture,  elle  est  cette  fois 
énoncée  l'enceinte  du  château  du  Louvre,  ctaccincta  castelli  Lupere'2).  n  Mais  s'il  est 
démontré  que  la  Tour-Neuve  et  le  Louvre  ne  sont  point  distincts,  comme  tous 
les  historiens  s'accordent  à  attribuer  la  construction  de  la  Tour-Neuve  à  Philippe- 
Auguste,'  il  s'ensuit  que  ce  prince  est  le  vrai  et  le  seul  fondateur  du  Louvre. 

Les  erreurs  des  historiens  touchant  l'origine  du  château  du  Louvre  n'ont  pas 
uniquement  pour  cause  l'obscurité  des  documents  relatifs  à  la  question;  elles  pro- 
viennent aussi  de  ce  que  le  terrain  sur  lequel  a  été  élevé  le  château  s'appelait  le 
Louvre,  avant  que  Philippe-Auguste  y  fit  bâtir  sa  tour.  Cette  circonstance  explique 
seule,  et  d'une  manière  suffisante,  les  locutions  a  in  Nova  Turre  que  dicitur  Lu- 
trpare,fl  de  la  Chronique  de  Saint-Victor,  trecclesia  Sancti  Thome  de  Louvre, n 
d'une  charte  de  1 198;  «hospitale  pauperum  clericorum  de  Lupera,1»  d'une  autre 
de  1 191  ;  et  spécialement  cette  phrase  :  «  Apud  Sanctum  Thomam  de  Luvre,  in 
<r  masuris. . .  infra  ambitum  novorum  murorum  Nove  Turris.  •»  Avant  de  dire  ellipti- 
quement le  Louvre  pour  indiquer  le  château  ®,  expression  dont  l'usage  général 
n'est  pas  fort  ancien,  on  a  dit  le  Château  ou  la  Tour  du  Louvre,  comme  on  a 
dit  les  Halles  de  Champeaux,  les  Planches  de  Mibrai,  le  Pressoir  de  Gibart,  etc. 
désignations  fournies  par  les  noms  des  territoires.  Au  surplus,  Sauvai  cite  une 
charte  du  mois  d'octobre  i2i5,  portant  que  Henri,  archevêque  de  Reims,  avait 
fait  construire  une  chapelle  à  Paris,  dans  un  lieu  appelé  Loure  ou  Louvre  W.  Rien 
n'est  plus  explicite  qu'un  pareil  document. 

Jaillot  assure  qu'il  a  vu  des  actes  du  temps  de  Louis  le  Jeune  où  il  est  fait  men- 

(l)  Compte  royal  de  îaoa,  p.  clhi  du  second  ;t)  Celle  charle  faisait  partie  des  archives  de 
volume  de  l'Usage  des  fiefs,  par  Brussel.  Saint-Thomas-du-'Louvre;  mais  elle  n'y  figure  plus, 
(,)  Cart.  de  N.  D.  t.  I,  p.  ia5.  et  elle  n'est  pas  même  indiquée  dans  les  anciens 
(,)  Au  xvi*  siècle  on  disait  encore  habituellement  inventaires  du  Chapitre.  Toutefois  Sauvai  n'a  évi- 
te chnteau  du  Louvre;  cependant  on  rencontre  ex-  demment  point  inventé  le  fait,  qui  a  une  grande 
ceptionneHement  le  mot  Lupara  employé  dès  1299  importance,  et  dont  nous  regrettons  beaucoup  de 
pour  désigner  le  château.  ne  pouvoir  donner  une  preuve  matérielle. 


120  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

tion  d'un  Louvre,  sans  qu'on  puisse  discerner  s'il  s'agit  du  château  ou  du  terri- 
toire. Si  ces  actes  ont  existé  réellement,  il  est  bien  certain  pour  nous  qu'ils  se 
rapportaient  à  la  localité;  nous  devons  dire  que  nous  les  avons  beaucoup  cherchés 
sans  les  découvrir,  et  l'article  que  Jaillot  a  consacré  au  Louvre  contient  de  telles 
erreurs,  qu'il  est  nécessaire  de  se  montrer  circonspect  à  l'endroit  de  ses  affirmations. 
Nous  avons  bien  rencontré,  dans  les  cartulaires,  de  nombreuses  indications  d'un 
Louvre  au  xue  siècle;  mais  c'était  toujours  à  la  petite  ville  du  Parisis,  et  non  au 
terrain  voisin  de  l'église  Saint-Germain-l'Auxerrois,  qu'elles  se  rapportaient.  De 
l'ait,  nous  ne  connaissons  rien  de  plus  ancien  relativement  à  ce  terrain  qu'une 
bulle  de  1 189,  où  l'église  Saint-Thomas  est  surnommée  de  Louvrea. 

Il  serait  à  souhaiter  qu'on  réussît  à  éclaircir  la  véritable  signification  du  mot 
Louvre,  sur  l'étymologie  duquel  on  n'a  guère  émis  que  des  conjectures  gratuites. 
Il  faut  lire  ce  que  Sauvai  rapporte  du  rapprochement  qui  a  été  fait  entre  le 
Louvre  et  l'île  de  Lipara,  pour  avoir  une  idée  des  conceptions  ridicules  auxquelles 
une  fausse  science  peut  conduire.  Du  Haillan  n'a  pas  montré  beaucoup  plus  de 
sagacité  lorsqu'il  s'est  imaginé  que,  le  château  du  Louvre  étant  un  des  plus 
beaux  édifices  de  la  France,  Philippe-Auguste  rt l'appela  en  langage  du  temps, 
«  le  Louvre,  qui  est  comme  qui  diroit  l'œuvre  quasi  chef-d'œuvre,  -n  L'hypothèse  de 
Sauvai  a  eu  plus  de  succès,  car,  adoptée  par  Lebeuf  et  par  Jaillot,  elle  est  assez 
généralement  accréditée.  D'après  cette  hypothèse,  le  mot  Louvre  viendrait  du 
saxon  Leouar,  expression  qui,  dans  un  vieux  glossaire,  serait  traduite  par  caslellum,  et 
aurait  fini  par  se  transformer  en  celle  de  Louvre.  Pour  que  cette  étymologie  offrît 
la  moindre  vraisemblance,  il  faudrait  d'abord  que  le  château  eût  donné  son  nom 
au  territoire,  et  c'est  le  contraire  qui  est  vrai;  il  faudrait  ensuite  que  la  langue 
saxonne  eût  été  familière  aux  habitants  de  l'Ile-de-France  pendant  le  xie  ou  le 
xn0  siècle ,  et  personne  ne  saurait  l'admettre.  Une  hypothèse  bien  plus  sérieuse  est 
celle  qui  place ,  sur  le  lieu  où  a  été  depuis  bâti  le  château  du  Louvre ,  une  maison 
appartenant  au  seigneur  de  Louvres  en  Parisis;  mais  malheureusement  il  n'y  a  là 
qu'une  simple  supposition ,  basée  exclusivement  sur  la  similitude  des  noms.  Si  l'on 
pouvait  invoquer  quelque  texte  à  l'appui,  nous  nous  rallierions  immédiatement 
à  cette  dernière  étymologie,  parce  que  le  territoire  des  bords  de  la  Seine  et  le 
bourg  de  la  route  de  Senlis  nous  paraissent  devoir  leur  nom  à  une  circonstance 
identique.  A  partir  du  commencement  du  xmc  siècle,  on  les  trouve  toujours 
énoncés  Lupara,  Lupera  et  quelquefois  Luperiœ,  ce  qui  a  fait  croire  que  le 
radical  était  lupus,  et  que  Louvre  désignait  un  rendez-vous  pour  la  chasse  aux 
loups  ou  bien  un  repaire  de  ces  animaux;  mais  il  suffit  de  remonter  à  une 
époque  plus  éloignée  pour  que  cette  explication  cesse  d'être  plausible.  On  a 
vu  que  le  territoire  est  appelé  Louvre  en  1 198  et  Louvrea  en  1 189;  la  ville  est 
énoncée  Loveriœ  en  1 172  et  1097,  Luvrœ  en  1 167,  Luvra  en  1 1 19  et  632  (?),Lu- 


ORIGINE  DU  CHATEAU  DU  LOUVRE. 


121 


vriacus  en  1 1 07,  Luver  en  1 098 ,  et  Latvero  au  ixc  siècle.  Ces  diverses  dénominations 
n'éclaircissent  pas  le  sens  du  mot  Louvre;  mais  elles  établissent  péremptoirement 
que  sa  forme  moderne  est  identiquement  la  même  que  la  forme  ancienne,  et,  par 
suite,  qu'il  n'est  ni  une  corruption  du  saxon  kouar,  ni  une  dérivation  du  latin 
lupus.  Si  l'on  veut  trouver  la  véritable  étymologie  du  mot  Louvre,  c'est  dans  la 
langue  celtique  qu'il  faut  la  chercher  W. 

Résumons  la  question  de  l'origine  du  château  du  Louvre. 

On  n'a  jamais  cité  le  moindre  document  digne  de  foi  qui  établisse  l'existence 
du  château  avant  la  fin  du  xnc  siècle;  au  contraire,  nous  trouvons  un  certain 
nombre  de  textes  authentiques  tendant  à  démontrer  que  l'édifice  fut  fondé  par 
Philippe-Auguste,  et  la  réunion  de  ces  textes,  se  corroborant  les  uns  les  autres, 
équivaut  à  une  démonstration  matérielle,  d'autant  plus  encore  qu'on  n'a  absolu- 
ment rien  de  sérieux  à  y  opposer.  Le  château,  d'abord  nommé  par  synecdoche 
la  Tour  ou  la  Tour-Neuve,  doit  son  appellation  définitive  au  territoire  sur  lequel 
il  fut  bâti.  Ce  territoire,  dont  le  nom  a  un  sens  obscur,  n'est  mentionné  pour  la 
première  fois  d'une  manière  précise  qu'en  1189. 


;l)  En  parcourant  les  glossaires  avec  l'espoir  d'y 
découvrir  quelque  donnée  confirmative  de  notre 
opinion,  nous  avons  lu  dans  le  Dictionnaire  celto- 
breton  de  Legonidec  que  le  mot  louvre  vient  de  fo- 
ire; ,  léproserie.  Cette  étymologie  séduisante  n'est 
qu'imparfaitement  justifiée  lorsqu'on  l'étudié.  Il  y  a 
eu  une  léproserie  à  Louvres;  mais  Lebeuf  pense  que 
l'origine  n'en  remontait  pas  au  delà  du  xm'  siècle. 
il  peut  s'être  trompé;  mais  comment  admettre  que 
cette  léproserie  ait  été  fondée  à  une  époque  assez 
ancienne  pour  avoir  donné  au  bourg  le  nom  qu'il 


aurait  porté  dès  63a ,  à  ce  qu'on  assure  d'après  une 
cbarte,  malheureusement  suspecte?  Il  existait  des 
léproseries  en  Orient  dès  le  vi"  siècle;  en  était-il  de 
même  en  Occident?  Une  charte  de  Dagobert,  datée 
du  3o  décembre  634,  parle  bien  d'une  basilique 
de  Verdun  où  habitaient  les  lépreux,  rrbasiliea  sancti 
irdomni  Pétri  et  domni  Victoris  oppidi  Vii'dunensis, 
rrubi  leprosi  résident;»  nous  ignorons  s'il  faut  voir 
là  une  véritable  léproserie.  Quoi  qu'il  en  soit ,  l'exis- 
tence d'un  hôpital  de  lépreux  à  Louvres  et  le  nom  de 
ce  bourg  offrent  une  coïncidence  très-remarquable. 


16 


HISTOIRE  DU  VIEUX  LOUVRE.  \%:) 


CHAPITRE  IV. 

HISTOIRE  DU  VIEUX  LOUVRE. 

(DE  1202  A  1527.) 


La  pénurie  habituelle  de  documents  spéciaux  ne  permet  que  très-rarement 
d'écrire  l'histoire  architecturale  des  anciens  monuments,  et  l'on  y  supplée  le  plus 
souvent  par  la  narration  des  événements  dont  ils  ont  été  le  théâtre.  Déterminé 
à  ne  pas  nous  engager  dans  une  voie  semblable ,  nous  ne  pouvons  que  reconnaître 
l'impossibilité  absolue  de  faire  une  histoire  détaillée  du  vieux  Louvre,  telle  que 
nous  l'eussions  souhaité.  Un  sinistre  des  plus  désastreux  au  point  de  vue  de  la 
science  en  est  la  cause  principale.  En  effet,  sans  l'incendie  du  27  octobre  1787, 
qui,  en  détruisant  la  Chambre  des  Comptes,  a  surtout  ravagé  les  archives  du 
Domaine,  il  est  probable  qu'on  posséderait  encore  ces  registres  si  précieux  des 
QEuifres  royaux,  consultés  par  Sauvai  et  constituant  à  peu  près  l'unique  source  de 
renseignements  où  il  fût  possible  de  puiser.  Aujourd'hui  que  ces  registres  sont 
détruits,  on  en  est  réduit  à  parler  du  Louvre  d'après  ce  que  Sauvai  en  dit  lui-même 
dans  son  récit,  plein  d'inexactitudes;  il  existe  encore  quelques  fragments  de  comptes 
fort  intéressants  mais  peu  étendus,  que  M.  Le  Roux  de  Lincy  a  empruntés  à  un  ma- 
nuscrit de  la  bibliothèque  de  l'Arsenal,  et  qu'il  a  publiés  en  i852  dans  la  Revue 
archéologique C.  Ce  sont  là  des  éléments  extrêmement  incomplets,  auxquels  nos  re- 
cherches n'ont  presque  rien  ajouté,  et  qu'il  n'y  a  aucune  espérance  de  voir  aug- 
menter sensiblement  un  jour. 

Nous  avons  dit  que  Philippe-Auguste  fonda  le  Louvre  avec  l'intention  d'en  faire 
l'ouvrage  principal  de  la  nouvelle  fortification  de  Paris,  comme  le  donjon  était  alors 
la  suprême  défense  des  châteaux  forts.  H  est  donc  à  supposer  que  la  construction 
du  château  fut  entreprise  en  même  temps  que  l'enceinte,  vers  1 190.  Le  premier 
document  où  il  soit  question  du  château  du  Louvre  est  le  compte  de  1202,  pré- 
cédemment cité,  où  il  est  simplement  énoncé  Ttirris;  on  y  parle  des  ferrures  posées 

(l>  Voir  à  la  fin  du  chapitre  v,  p.  181. 

16. 


124  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

aux  fenêtres,  du  salaire  des  gardes  et  d'une  somme  de  8  livres  i3  sous  et  h  de- 
niers pour  le  vin  des  bourgeois  qui  y  avaient  fait  le  service  militaire  W.  Tout  cela 
implique  bien  que,  en  1 202 ,  la  Grosse-Tour  était  déjà  élevée  avec  ses  principales 
dépendances. 

Philippe-Auguste  laissa  vraisemblablement  le  Louvre  achevé  et  compris  dans 
les  limites  qui  nous  sont  connues  pour  le  xvic  siècle;  l'agencement  des  rues  voi- 
sines paraît  en  être  une  preuve.  Saint  Louis  passe  pour  avoir  fait  faire  des  travaux 
au  Louvre;  mais  l'importance  et  la  nature  de  ceux  qu'il  ordonna  ne  sont  point 
déterminées  par  les  auteurs  contemporains.  Nous  avons  trouvé,  dans  un  compte 
des  baillis  et  prévôts  pour  l'année  12  A  8,  un  article  de  20  livres  t3  sous  pour  les 
œuvres  du  Ghâtelet,  du  Louvre  et  autres,  crpro  operibus  Gastelleti,  Luparae  et 
rr  aliis  (2).  s  D'ailleurs  il  existait  au  Louvre,  sous  Charles  V,  une  salle  qui  ne  fut  dé- 
truite que  sous  François  Ier  et  que  l'on  nommait  salle  de  Saint-Louis,  parce  que, 
apparemment,  elle  avait  été  faite  ou  décorée  par  ordre  de  ce  prince  W. 

Durant  les  deux  règnes  qui  suivirent  celui  de  saint  Louis,  le  Louvre  dut  s'aug- 
menter de  quelques  constructions.  Philippe  le  Bel  qui  fit  tant  pour  le  palais  de 
la  Cité,  fit  aussi  travailler  au  Louvre.  Dans  un  compte  du  Trésor W,  il  est  question, 
à  l'année  1296,  de  bois  de  charpente,  acheté  de  Jean  de  Corbeil,  pour  les  lices 
du  Louvre,  et  ad  opus  liciarum  de  Lupara,n  et,  à  l'année  1299,  de  1,000  livres 
dépensées  aux  œuvres  de  Vincennes  et  du  Louvre,  crpro  operibus  Vicenarum  et 
crLupare. a  En  i333,  Philippe  de  Valois  acquit  une  grange  vers  la  rue  Fro- 
menteau,  pour  y  placer  une  ménagerie  d'animaux  féroces;  mais  c'est  par  Charles  V 
seulement  que  furent  de  nouveau  exécutés  au  Louvre  des  travaux  considérables. 
Charles  V  avait  un  goût  très-vif  pour  l'architecture  et  il  en  donna  des  preuves  en 
consacrant  à  la  restauration  de  l'édifice  la  somme  de  55,ooo  livres,  laquelle  au- 
rait équivalu,  suivant  Sauvai,  au  vingtième  de  son  revenu  annuel'5'.  Cette  restau- 


(,)  (tPro  feneslris  Turris  ferrandis,  et  de  residuo 
icameree,  xxv". —  Simon  et  custodes  Turris,  xvu1 
iret  iiii\  de  tertio  anni.  —  .  .  Et  pro  vino  burgen- 
ffsium  qiù  custodierunt  Turrim,  vin'  et  xm' et  nud.  » 

m  Bibl.  imp.  fonds  latin,  suppl.  n°  108. 

<3)  Elle  était  située  dans  l'aile  occidentale.  (Voir 
au  chapitre  suivant.) 

(4>  Page  268  du  tome  XXI  de  la  collection  des 
Historiens  de  Frame ,  par  MM.  Guigniaut  et  Na- 
talis  de  Wailly. 

<5)  Christine  de  Pisan ,  parlant  du  Louvre  dans 
son  Livre  des  fais  et  bonnes  meurs  du  sage  roy 
Charles  le  Quint,  dit  qu'il  le  rrfist  édifier  de  neuf, 
r moult  notable  et  bel  édifice,  comme  il  appert. * 


Elle  nous  apprend  aussi  que  Charles  V  était  fami- 
lier avec  l'art  de  bâtir,  et  déclare  qu'il  rtfust  sage 
"•  artiste  1  et  irse  démonstra  vray  architecteur,  devi- 
<r  seur  certain  et  prudent  ordeneur.  n  (3e  part.  ch.  xi.) 
Ailleurs  elle  affirme  qu'en  *  géométrie,  qui  est  l'art 
tret  science  des  mesures  et  ecquerres,  compas  et 
ff  lignes,  sans  qui  nulle  œuvre  est  faicte,*  Charles  V 
f  s'entendoit  souffisamment,  et  bien  le  monstroit  en 
rrdevisant  (imagiuant)  ses  édifices.  *  Il  paraît  donc 
que  le  Moi  ne  se  bornait  pas  à  faire  beaucoup  cons- 
truire, mais  qu'il  prenait  une  part  quelconque  à  la 
confection  des  plans.  Cela  explique  la  faveur  qu'il 
accorda  à  Raymond  du  Temple,  son  architecte  ,  et 
aussi  l'empressement  avec  lequel,    lorsque  l'em- 


HISTOIRE  DU  VIEUX  LOUVRE.  125 

ration  avait  été  commencée  dès  le  règne  du  roi  Jean ,  puisque  les  fragments  de 
comptes  que  nous  possédons  remontent  à  l'année  1 362  ;  mais  ce  n'en  fut  pas  moins 
par  la  volonté  de  son  fds,  alors  régent,  qu'elle  fut  entreprise;  elle  eut  pour  résultat 
de  transformer  l'édifice,  de  forteresse,  en  manoir  d'habitation.  C'est  sans  doute 
dans  ce  dessein  que  Charles  V,  au  dire  de  Sauvai,  exhaussa  les  ailes  de  cinq  ou 
six  toises  sur  plusieurs  points,  et  les  couronna  de  terrasses,  remaniement  qui  en- 
traîna la  disparition  des  créneaux  des  courtines.  La  distribution  intérieure  fut  aussi 
considérablement  modifiée  :  on  fit  les  logements  plus  commodes,  on  en  multiplia 
le  nombre,  et  l'on  en  rendit  l'accès  plus  aisé  par  l'établissement,  dans  la  cour, 
d'un  grand  escalier  hors  d'œuvre;  en  un  mot,  la  physionomie  du  château  fut 
totalement  changée  et  perdit  son  aspect,  exclusivement  militaire,  pour  en  prendre 
un  autre  plus  en  harmonie  avec  sa  nouvelle  destination.  Le  Louvre  alors  tint  le 
milieu  entre  l'hôtel  Saint-Paul,  cet  hôtel  solennel  des  grands  ébattements,  et  la 
Bastille ,  qui  allait  surgir  du  sol.  Il  est  digne  de  remarque  que  la  Bastille  fut  fon- 
dée en  1369,  juste  à  l'époque  où  la  transformation  du  Louvre  dut  être  complète. 
Au  commencement  du  règne  de  Charles  VI,  en  i38a,  les  Maillotins  eurent 
l'idée  de  démolir  le  Louvre,  et  ils  l'eussent  fait  sans  les  observations  d'un  bour- 
geois de  Paris,  appelé  Le  Flamand,  qui  conseilla  d'attendre  le  dénoûment  de  la 
guerre  que  le  Boi  faisait  alors  en  Flandre.  Cette  guerre  s'étant  terminée  favora- 
blement pour  Charles  VI,  ce  prince  revint  à  Paris,  et  ordonna  immédiatement  aux 
Parisiens  de  porter  toutes  leurs  armes  au  Louvre  (janvier  1 383).  Il  y  en  fut  déposé 
d'immenses  quantités ,  et  jamais  l'édifice  n'en  contint  autant  ;  quoique ,  de  tout  temps 
et  jusque  sous  Charles  IX,  il  ait  été  employé  comme  arsenal.  Dans  les  comptes 
des  baillis  de  France,  il  est  fait  mention,  dès  1268,  des  arbalètes  qui  se  fabri- 
quaient au  Louvre'1',  et  dans  d'autres  comptes,  de  1 2  3^,  de  l'artilleur  du  château 
et  des  soufflets  d'une  forge  sans  doute  destinée  à  la  confection  des  machines  de 
guerre  <2).  En  1 358 ,  quand  les  habitants  de  Paris  se  saisirent  du  Louvre,  ils  y  trou- 
vèrent un  grand  nombre  de  canons  et  autres  engins  de  guerre.  En  1  ^60,  la  néces- 
sité de  restaurer  le  grand  Châtelet,  qui  était  le  siège  de  la  Prévôté  de  Paris,  fit 
transporter  cette  juridiction  et  sa  geôle  au  château  du  Louvre.  En  i5o6,  des 
munitions  étaient  accumulées  dans  les  caves,  les  salles  basses  et  même  dans  une 
des  ailes,  de  telle  sorte  qu'il  fut  expressément  interdit  d'y  allumer  du  feu  dans 
aucune  ehemiuée,  malgré  la  présence  des  officiers  de  la  Prévôté.  Us  continuaient 

pereur  Charles  IV  vint  à  Paris,  en  1877,  iï  lui  (l)  <rMagister  Aubertus,  qui  facit  balistas  ferri 
*mon9tra  les  beauix  murs  et  maçonnages  qu'il  avoit  trapud  Luparam,  pro  expensis:  vu'  11'  imd.  »  (He- 
rrfait  au  Louvre  édifier.  »  Ce  pouvait  être,  de  sa  cueil  des  historiens  de  France,  t.  XXI,  p.  269.) 
part,  autant  amour-propre  d'artiste  que  vanité  de  (,)  rQuinque  balislae  ernptœ  de  attilatore  Lu- 
propriétaire.  Nous  verrons  que  Catherine  de  Mé-  rparœ:  vui1.» — »  Pro  follibus  in  fabrica  Luparœ.  » 
dicis  s'occupait  également  d'architecture.  (Ibid.  p.  a35  et  a3<j.) 


126  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

toutefois  à  y  tenir  leurs  séances  en  attendant  la  lin  des  réparations  du  Cliâtelet, 
où  ils  furent  renvoyés  par  lettres  patentes  du  2  3  décembre.  D'après  le  Journal 
d'un  bourgeois  de  Paris,  on  logea  au  Louvre,  en  i523,  n  vingt-cinq  pièces  d'artil- 
trlerie  grosses,  sur  roues  et  charroys,^  et  «grands  nombres  de  charroys  garnis  de 
«pouldre  et  bouletz  de  fer,  le  tout  pour  mener  en  Picardie,  contre  les  Anglois  et 
tt  Bourguignons,  -n  Peu  de  temps  après  commença  la  décadence  de  l'arsenal  du 
Louvre,  dont  François  Ier  fit  renverser  les  bâtiments.  En  1 533 ,  ce  prince  avait 
emprunté  à  la  Ville,  pour  y  fondre  des  canons,  une  des  granges  qu'elle  avait  près 
des  Célestins,  au  lieu  que  l'on  appelle  encore  maintenant  l'Arsenal,  et  qui  finit  par 
devenir  décidément  l'arsenal  royal,  à  la  place  de  celui  du  Louvre;  par  ordonnance 
du  18  décembre  1672,  Cbarles  IX  y  transféra  le  siège  du  bailli  de  l'artillerie. 

En  1 2 1 U  ,  la  Grosse-Tour  du  Louvre  servit  de  prison  au  comte  Ferrand ,  et,  pour 
cela,  on  l'appela  pendant  un  temps  la  Tour  Ferrand.  Le  vaincu  de  Bouvines  est  le 
premier  d'une  assez  longue  série  de  captifs  grands  seigneurs,  dont  le  dernier  fut 
Jean  II,  duc  d'Alençon,  incarcéré  par  ordre  de  Louis  XL  Mais  la  Grosse-Tour  n'eut 
jamais,  d'une  façon  permanente,  cette  sinistre  destination;  en  temps  ordinaire, 
elle  constituait  surtout  un  lieu  de  sûreté  pour  le  roi,  ses  chartes  et  ses  richesses 
de  toutes  sortes.  Nous  savons  que,  sous  Charles  V,  il  y  existait  une  chambre  où  ce 
monarque  resserrait  ses  joyaux,  sans  doute  à  l'exemple  de  ses  prédécesseurs,  et 
le  testament  de  Louis  VIII  nous  apprend  que  ce  dernier  prince  y  avait  déposé  ses 
épargnes.  On  trouve  des  mentions  d'un  trésor  du  Louvre  dès  1 2  97  ;  ce  trésor,  qu'on 
doit  considérer  comme  celui  de  l'Etat,  ne  se  confondait  point  alors  avec  le  trésor 
de  la  Maison  du  Boi'1',  déposé  au  Temple,  et  qui  fut  définitivement  réuni  à  l'autre 
par  une  ordonnance  de  1 3 1 7.  H  est  difficile  de  dire  combien  de  temps  le  trésor 
royal  resta  au  Louvre;  il  pourrait  en  avoir  été  retiré  pendant  la  domination  des 
Anglais.  François  Ier,  en  i53i,  le  rétablit  dans  une  des  tours  du  château,  où  il 
avait  fait  mettre  des  coffres  fermant  à  plusieurs  clefs.  Le  Trésor  ou  bureau  de 
l'épargne  y  fut  maintenu  par  Henri  II  et  ses  successeurs. 

On  sait  que  Charles  V  fonda  la  Bibliothèque  royale  au  château  du  Louvre,  en 
y  transportant,  vers  1367,  les  manuscrits  et  l'ameublement  spécial  de  celle  qui 
existait  alors  au  palais  de  la  Cité.  Avant  lui  plusieurs  de  nos  rois  avaient  réuni  des 
livres;  mais  c'était  généralement  pour  leur  usage  personnel  et  non  en  vue  de  créer 
une  bibliothèque  de  la  couronne.  Ainsi  saint  Louis ,  au  lieu  de  léguer  à  son  fils  les 
livres  assez  nombreux  qu'il  avait  amassés,  en  fit  don,  par  son  testament,  à  quatre 
communautés  religieuses.  Telle  ne  fut  point  la  conduite  de  Charles  V.  Aimant  pas- 
sionnément les  livres,  se  plaisant  à  en  faire  copier  et  traduire,  il  centupla  la  quan- 
tité de  ceux  dont  s'était  contenté  son  père  et  ne  recueillit  pas  moins  de  neuf  cents 

(1)  E.  Boutaric,  La  France  sous  Philippe  le  Bel,  p.  229. 


HISTOIRE  DU  VIEUX  LOUVRE.  127 

manuscrits, -quantité  fort  considérable  pour  cette  époque,  où  l'achèvement  d'un 
seul  volume  exigeait  un  si  long  temps.  La  garde  de  ce  trésor  fut  confiée  à  Giles 
Malet,  d'abord  valet  de  chambre,  puis  maître  d'hôtel  du  roi;  il  en  dressa,  l'an 
1373,  un  inventaire  qui  est  parvenu  jusqu'à  nous'1'.  Il  résulte  de  ce  précieux  do- 
cument que  les  livres  étaient  renfermés  en  trois  chambres  situées  l'une  au-des- 
sus de  l'autre,  la  première  contenant  deux  cent  soixante-neuf  volumes,  la  seconde 
deux  cent  soixante ,  et  la  troisième  trois  cent  quatre-vingt-un.  Ces  trois  chambres 
formaient  trois  étages  de  la  tour  dite  de  la  Librairie,  dont  nous  déterminerons  plus 
loin  l'emplacement.  A  Giles  Malet,  mort  en  i/ji  0,  succéda,  dans  la  place  de  garde 
de  «la  librairie,  a  Antoine  des  Essarts,  garde  des  deniers  de  l'épargne,  lequel  en 
fut  mis  en  possession  le  7  juillet;  après  lui  vint  Jean  Maulin,  clerc  de  la  Chambre 
des  comptes;  puis  Garnier  de  Saint-Yon,  échevin  de  Paris,  qui  y  fut  appointé  le 
1 1  mai  1612.  H  exerçait  encore  ses  fonctions  en  1629,  lorsqu'il  en  fut  déchargé 
et  reçut  quittance  de  sa  gestion  par  l'ordre  du  duc  de  Bedford,  régent  pour  le  roi 
Henri  VI.  Bedford  acheta,  moyennant  la  somme  de  1,200  livres,  cette  première 
bibliothèque  du  Louvre,  qui  fut  ainsi,  en  grande  partie,  perdue  pour  la  France. 
En  1/123,  loin  de  s'être  augmentée,  elle  ne  se  composait  plus  que  de  huit  cent 
cinquante  volumes,  et  on  l'estima  2,2  2  3  livres  h  sous. 

A  Louis  XI  appartient  l'honneur  d'avoir  reconstitué  la  Bibliothèque  royale. 
Ayant  fait  rechercher  les  livres  épars  depuis  Charles  V  en  diverses  maisons  royales, 
il  y  joignit  les  siens  ainsi  que  ceux  de  Charles  VII,  et  forma,  vers  1  ^7 5 ,  une  col- 
lection d'ouvrages  qui,  grâce  à  l'invention  de  l'imprimerie,  s'accrut  rapidement. 
Cette  collection  eut  pour  garde  un  nommé  Laurent  Palmier,  et,  selon  Du  Breul, 
Robert  Gaguin.  Charles  VIII  suivit  les  traces  de  son  prédécesseur,  et  ses  guerres 
en  Italie  lui  fournirent  l'occasion  de  faire  une  foule  d'acquisitions  précieuses.  La 
Bibliothèque  royale  était  encore  au  Louvre  sous  son  règne.  Du  temps  de  Louis  XII, 
elle  en  fut  enlevée  pour  n'y  plus  revenir;  on  la  transporta  à  Blois,  où  elle  fut 
réunie  à  celle  que  Charles  d'Orléans  avait  fondée  en  cette  ville,  à  son  retour  d'An- 
gleterre <2).  Néanmoins,  sous  Henri  IV,  il  y  avait  au  Louvre  un  «  Cabinet  des  livres,  n 
dont  parle  Sully,  et  Catherine  de  Médicis  y  avait  amassé  beaucoup  d'anciens  ou- 
vrages a  hébreux,  grecs  et  latins,  traduits  et  à  traduire,  n  dit  le  poëte  Bonsard. 

L'officier  qui  commandait  le  château  du  Louvre  portait  d'abord  le  titre  de  châ- 
telain, castellams;  au  xivc  siècle  et  depuis  il  a  été  constamment  qualifié  de  capi- 

(1)  Il  est  conservé  à  la  Bibliothèque  impériale  en  «  trois  chambres  l'une  sus  l'autre.  L'an  de  grâce 

registre  et  en  rouleau.  On  lit  sur  la  seconde  page:  rmil  ccclxxiii.  Enregistré  de  son  commandement 

<rCy-après  eu  ce  papier  sunt  escrips  les  livres  de  *par  moy,  Giles  Malet,  son  varlet  de  chambre.  »  On 

ittres  souverain  et  très  excellent  prince  Charles,  le  possède  un  autre  inventaire  de  1&11. 

r quint  de  son  nom,  par  la  grâce  de  Dieu,  roy  de  m  Leprince,  Essai  historique  sur  la  Bibliothèque 

r France,  estans  en  son  chastel  du  Louvre,    en  rot/aie. 


128  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

taine;  il  exerçait  certaines  fonctions  judiciaires,  et  le  tribunal  de  la  Capitainerie 
siégeait  encore  dans  le  dernier  siècle.  Le  premier  châtelain  du  Louvre  que  nous 
connaissions  s'appelait  Renaud;  il  fut  un  des  porteurs  de  son  homonyme ,  l'évêque 
Régnaut  de  Corbeil ,  lors  de  l'installation  solennelle  de  celui-ci  sur  le  siège  épis- 
copal  de  Paris,  le  10  juillet  i2  5o.  Le  poste  de  châtelain  ou  capitaine  du  Louvre 
était,  on  le  comprend,  un  emploi  d'importance;  parmi  ceux  auxquels  il  fut  confié, 
nous  trouvons  Enguerrand  de  Marigny,  ministre  de  Philippe  le  Bel ,  le  connétable 
de  Saint-Pol,  du  temps  de  Louis  XI,  et  le  duc  de  Luynes,  favori  de  Louis  XIII. 

De  Charles  VII  à  François  Ier,  le  Louvre  paraît  avoir  été  négligé,  les  rois  n'y 
logeant  que  par  intervalle  et  préférant  le  séjour  de  l'hôtel  Saint-Paul  ou  des 
Tournelles.  On  y  fit  cependant,  à  plusieurs  reprises,  quelques  réparations;  ainsi, 
en  1 5 1 3 ,  on  remit  aux  verrières  de  la  chapelle  quatre  écussons  aux  armes  du  roi, 
de  la  reine,  de  la  dame  de  Genlis  et  de  son  mari  qui  était  capitaine  du  château; 
on  y  repeignit  aussi  à  l'huile  une  image  de  saint  Jean-Baptiste ,  et  l'on  y  fit  un  bé- 
nitier. On  condamna,  en  outre,  une  porte  qui  communiquait  d'un  oratoire  situé 
en  la  chapelle  avec  la  basse-cour  voisine  de  l'hôtel  de  Bourbon  M. 

Pendant  les  dix  premières  années  de  son  règne,  François  1er  ne  résida  pas  plus 
au  Louvre  que  ses  prédécesseurs;  mais,  vers  i5^7,  il  résolut  d'en  faire  sa  de- 
meure ordinaire,  à  Paris.  Cette  circonstance  rendit  au  château  l'importance  qu'il 
avait  au  temps  de  Charles  V,  et  bientôt  une  reconstruction  entreprise  dans  des 
conditions  splendides  vint  lui  donner  une  célébrité  fort  supérieure  à  celle  qu'il 
avait  eue  jadis.  A  l'année  ihar]  finit  l'histoire  du  Louvre  du  moyen  âge  et  com- 
mence celle  du  Louvre  de  la  Renaissance. 

(i;   Comptes  de  l'ordinaire  de  Paris.  (Sauvai,  t.  III,  p.  56a.) 


TOPOGRAPHIE    HISTORIQVE    DV    V1EVX    PARIS. 


A.  Berty  rest  «i  de 


PLAN    RESTITVE     DV    VIEVX     LOVVRE . 


N' /-"  font  Vemfiù 

''   ' 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC. 


129 


CHAPITRE  V. 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE  ET  DES  FORTIFICATIONS  VOISINES. 


Le  vieux  Louvre  se  composait  d'une  grosse  tour  ou  donjon,  placée  vers  le  milieu 
d'une  cour  circonscrite  par  quatre  ailes  qui  formaient  un  parallélogramme  rectangle. 
Ce  quadrangle,  un  peu  plus  profond  que  large,  dont  la  plus  grande  dimension 
s'étendait  du  sud  au  nord,  avait  sa  principale  entrée  au  midi,  du  côté  de  la  rivière, 
et  était  entouré  de  fossés  qui  le  séparaient  des  basses-cours,  jardins  et  bâtiments 
secondaires  constituant  les  dépendances  du  château  W.  Sous  le  règne  de  Henri  II, 
le  tout  occupait  une  superficie  d'environ  trente  mille  mètres  carrés,  et  avait 
pour  limites,  au  nord  et  à  l'ouest,  des  maisons  en  bordure  sur  les  rues  de  Beau- 
vais  et  Fromenteau  ;  au  sud,  le  quai  du  bord  de  la  Reine;  à  l'est,  la  rue  d'Au- 
triche. (Voir  le  plan  restitué  du  vieux  Louvre,  qui  est  ci-joint.) 

LA  GROSSE-TOUR. 

La  Grosse-Tour,  que  Sauvai  dit  avoir  été  située  exactement  au  centre  de  la  cour 
du  Louvre,  et  qu'il  faut  placer  plutôt  un  peu  vers  l'orienta,  était  cylindrique  et 
analogue  à  la  tour  de  Montgommery,  qu'on  voyait  encore,  il  y  a  un  siècle,  au 
Palais  de  Justice.  Elle  avait  des  murs  de  treize  pieds  d'épaisseur  à  sa  partie  infé- 
rieure, et  de  douze  seulement  au-dessus  du  talus,  à  partir  duquel  elle  mesurait 
vingt-quatre  toises  de  circonférence  ;  les  approches  en  étaient  défendues  par  un 
fossé  particulier  large  et  profond  (3>,  et  elle  s'élevait  de  seize  toises  depuis  le  <r  rez- 


(1)  Guillaume  de  Lorris,  poëte  du  temps  de  saint 
Louis,  a  dépeint,  dans  son  Roman  de  la  Rose, 
un  château  fantastique  de  la  Jalousie,  dont  la  des- 
cription n'est  autre,  assure  Sauvai,  que  celle  du 
vieux  Louvre  ;  mais  Sauvai  n'aurait  pas  fait  une 
telle  supposition  s'il  eût  mieux  connu  ce  dernier 
édifice.  Les  vers  de  Guillaume  de  Lorris  ne  tra- 
duisent qu'une  création  de  son  imagination, 
et  les  quelques  traits  du  château  de  la  Jalousie 
qui  peuvent  s'appliquer  au  Louvre  devaient    se 


retrouver  dans  plus  d'une  autre  forteresse  du 
xiii*  siècle. 

(S)  Elle  était  probablement  dans  l'axe  du  portail. 
(  Consulter  la  vue  du  vieux  Louvre  qu'offre  le  tableau 
de  Saint-Germain-des-Prés,  et  que  nous  reprodui- 
sons. Le  retable  du  Palais  confirme  également  cette 
particularité.  ) 

(3)  Il  devait  être  moins  large  que  Sauvai  ne  le 
donne  à  entendre.  Nous  doutons  que  ses  parois  aient 
été  éloignées  l'une  de  l'autre  de  plus  de  trois  toises. 

]7 


130  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

ff  de-chaussée  n  (le  sol  de  la  cour?)  jusqu'à  la  naissance  du  toît  conique  qui  la  sur- 
montait. On  ignore  le  nombre  d'étages  qu'elle  avait,  on  sait  seulement  que  chacun 
de  ces  étages  était  éclairé  par  huit  fenêtres  de  quatre  pieds  de  haut  sur  trois  de 
large,  grillées  et  garnies  d'un  réseau  de  fil  d'archal  contenant  cent  quatre-vingt- 
deux  mailles.  La  communication  entre  la  cour  et  la  Grosse-Tour  avait  lieu  par  un 
pont  de  pierre,  d'une  arche,  et  un  pont-levis,  dont  le  ce  pignon  W«  était  orné  d'une 
statue  de  Charles  V  tenant  son  sceptre,  haute  de  quatre  pieds,  et  qui  fut  payée 
six  livres  huit  sols  parisis  à  Jean  de  Saint-Romain,  un  des  sculpteurs  habituels  de 
ce  roi.  Sauvai  ne  dit  point  de  quel  côté  était  le  pont  ;  mais  on  peut  admettre  qu'il 
se  trouvait  au  midi,  du  côté  de  la  grande  entrée,  à  l'opposé  d'une  galerie,  aussi  de 
pierre ,  qui  servait  à  aller  directement  des  ailes  du  château  en  la  Grosse-Tour,  et 
était  certainement  située  du  côté  du  nord,  puisqu'elle  ir  aboutissait  au  grand  escalier 
et  du  corps  de  logis  de  derrière,  i>  c'est-à-dire  à  l'escalier  de  l'aile  septentrionale  <2). 

La  Grosse-Tour  renfermait  une  chapelle,  trois  ccbouléesn  (voultes,  voûtes?),  un 
retrait,  un  puits,  plusieurs  chambres,  et  une  pièce  voûtée  où  le  Roi  resserrait  ses 
joyaux  (3'.  On  y  montait  par  un  escalier  héhcoïde,  en  pierre,  fermé  par  le  bas  d'une 
épaisse  porte  et  de  fer,  n  ou  plutôt  renforcée  de  nombreuses  ferrures ,  indépendam- 
ment d'une  profusion  de  serrures  et  de  verrous.  Sur  l'un  des  côtés  du  fossé  on 
avait  construit  un  petit  bâtiment  couvert  de  tuiles,  abritant  une  fontaine;  il  fut 
abattu  en  même  temps  que  la  tour.  De  l'autre  côté  s'élevait  un  pavillon  Carré  qui 
fut  rasé  en  1 377,  parce  qu'il  encombrait  la  cour;  on  en  porta  les  débris  dans  la 
grange  de  l'hôtel  de  la  Petite-Bretagne.  La  Grosse-Tour  est  la  première  partie  du 
vieux  Louvre  qui  ait  disparu;  démolie  en  1627,  elle  laissa  au  lieu  qu'elle  avait 
occupé  une  dépression  du  sol  dans  laquelle  les  eaux  pluviales  séjournaient;  ce 
qui  provoqua,  de  la  part  du  vulgaire,  d'interminables  dissertations  sur  les  ou- 
bliettes et  les  cachots  mystérieux  des  vieux  châteaux. 

Nous  avons  dit  que  la  Grosse-Tour  du  Louvre,  forteresse  dans  une  forteresse, 
avait  été  en  quelque  sorte  le  germe  du  château  ;  elle  en  exprimait  la  destination 
première,  à  tel  point  que,  prenant  la  partie  pour  le  tout,  on  désigna  d'abord  l'en- 
semble par  le  nom  de  la  Tour-Neuve,  la  Tour  du  Louvre,  la  Tour  de  Paris.  La  capti- 
vité que  le  comte  de  Flandres  subit  dans  le  donjon  a  fait  également  appeler  cette 
partie  du  château  la  Tour-Ferrand,  dénomination  que  lui  donne  le  continuateur 
de  Nangis.  Depuis,  le  donjon  a  toujours  porté  le  nom  populaire  et  expressif  de 
Grosse-Tour  du  Louvre. 

(1)  Par  ce  mot  pignon  Sauvai  comprend   sans  (S)  La  galerie  devait  être  une  addition  au  plan 

doute  le  fronton  couronnant  la  voussure  de  la  porte  primitif,  car  elle  ne  pouvait  que  nuire  à  la  défense 

d'entrée  de  la  tour,  voussure  de  chaque  côté  de  la-  de  la  Grosse-Tour. 

quelle  il  y  avait  vraisemblablement  des  ouvertures  (3)  «  La  voile  de  la  Grosse-Tour,  où  le  Roy  met  ses 

étroites  destinées  au  jeu  des  flèches  du  pont-levis.  r-joyaux.»  (Compte  de  1367.) 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC. 


131 


»  LE  QUADRANGLE. 

Deux  des  ailes  du  Louvre  de  Charles  V  ont  subsisté  jusque  dans  le  xvne  siècle  : 
l'aile  septentrionale,  abattue  par  Lemercier  postérieurement  à  162 k  ,  et  l'aile 
orientale  abattue,  par  Levau  vers  1660.  Cependant  il  n'existe  aucun  plan  de 
l'une  ni  de  l'autre  ;  du  moins  les  recherches  prolongées  auxquelles  nous  nous 
sommes  livré  ne  nous  en  ont  pas  fait  découvrir'1).  Il  n'en  existe  pas  davantage 
pour  les  deux  autres  ailes  dans  leur  état  ancien;  mais,  en  revanche,  on  possède 
des  renseignements  ne  laissant  aucun  doute  sur  l'emplacement  de  ces  construc- 
tions, emplacement  qui  est  la  base  de  toute  restitution  du  vieux  Louvre  et  qu'il 
convient  donc  d'étudier  préalablement. 

Sauvai  dit  que  la  grande  salle  de  Saint-Louis,  rebâtie  par  Charles  V,  avait  douze 
toises  de  long  sur  sept  de  large,  d'où  l'on  peut  conclure  que  cette  largeur  de  sept 
toises  était  celle  de  l'intérieur  d'une  des  ailes.  Sauvai  nous  apprend,  en  outre,  que 
François  Ier  démolit  le  corps  de  logis  où  se  trouvait  la  salle  Saint-Louis,  circons- 
tance impliquant  qu'elle  était  dans  l'aile  occidentale,  la  seule  qu'on  ait  entièrement 
jetée  bas  avant  le  règne  de  Henri  IL  Or,  en  supprimant  les  colonnes  qui  la  dé- 
corent ,  la  salle  actuelle  des  Cariatides  présente  environ  six  toises  quatre  pieds  dans 
œuvre.  Il  y  a  donc  les  plus  fortes  raisons  de  croire  qu'elle  reproduit  la  largeur  de 
l'aile  qu'a  remplacée  le  bâtiment  dont  elle  fait  partie,  et  qu'elle  en  marque  aujour- 
d'hui l'emplacement  exact.  Ces  présomptions  se  changent  en  certitude  lorsqu'on  se 
rappelle  que,  suivant  l'affirmation  de  Sauvai,  la  vieille  muraille  de  ce  côté,  jugée 
excellente,  a  été  conservée  lors  de  la  reconstruction  de  Henri  II;  ce  qui  explique 
comment  le  mur  du  côté  des  Tuileries  est  d'une  épaisseur  considérable  qu'on  ne 
saurait  comprendre  autrement.  Les  architectes  Percier  et  Fontaine  '2)  ont  reconnu , 


(l)  L'atlas  de  la  censive  du  prieuré  de  Sainl-Denis 
de  la  Charlre,  exécuté  en  1754  et  1755,  contient 
un  plan  de  masse  de  l'ancien  Louvre  reporté  sur 
celui  du  Louvre  moderne,  d'ailleurs  sans  nulle  in- 
dication des  documents  d'après  lesquels  il  a  été  fait. 
Cette  circonstance,  qu'il  figure  dans  les  archives  de 
Saint-Denis  de  la  Chartre,  donnerait  à  penser  qu'il 
a  une  grande  valeur:  mais  il  n'en  est  rien,  et  nous 
avons  surabondamment  constaté  qu'il  était  faux. 
On  lit  au  bas  que  le  Louvre  contenait  dix  arpens 
trente-huit  perches  huit  toises,  ce  qui  excède  la 
réalité,  sans  toutefois  s'éloigner  considérablement 
du  chiffre  que  nous  trouvons.  On  remarque  sur  ce 
plan  un  certain  nombre  d'indications  qui  pourraient 
n'être  point  uniquement  dues  à  l'imagination  du 
dessinateur.  —  Sauvai  avait  fait  lever,  des  restes  du 


vieux  Louvre,  un  plan  qui  n'est  point  parvenu  jus- 
qu'à nous. 

l!)  M.  deClarac(p.  a5i)  dit  qu'il  en  a  reçu  d'eux 
l'assurance,  et  donne  le  profil  que  voici  : 


comme  celui  d'une  moulure  ayant  fait  partie  de 
l'ancienne  muraille  du  Louvre,  vers  l'occident. 


'7- 


132  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

au  surplus,  que  ce  mur,  bâti  en  pierres  d'une  espèce  dont  on  ne  se  servait  plus 
au  xvic  siècle,  est  sûrement  ancien,  et  l'on  peut  s'assurer,  par  une  gravure  de 
Baltard,  qu'il  était  encore,  sous  le  Consulat,  garni  de  deux  larmiers  gothiques. 
Enfin,  sur  le  plan  de  Du  Cerceau'1)  sont  figurées,  à  côté  de  l'escalier  de  Henri  II, 
les  amorces  des  murs  mêmes  de  l'aile  primitive,  dont  les  parois,  prolongées,  se 
confondent  avec  celles  de  l'aile  moderne (2).  (Voir,  au  chapitre  vu,  le  plan  du 
Louvre  de  la  Renaissance,  étage  inférieur.) 

Du  côté  du  midi,  les  données  ne  sont  pas  tout  à  fait  aussi  explicites  que  du  côté  de 
l'ouest  ;  néanmoins  il  est  impossible  de  se  refuser  à  croire  que  l'aile  méridionale  ''2), 
dont  P.  Lescot  donna  le  dessin,  fut  élevée  sur  les  anciens  fondements.  En  mesurant 
l'intérieur  de  cette  aile,  à  laquelle  Perrault  a  adossé  une  nouvelle  façade,  et  qui  est 
devenue  la  galerie  regardant  sur  la  cour,  où  sont  les  salles  de  l'Aruspice  et  de  la 
Médée,  on  trouve  qu'elle  a,  dans  œuvre,  quatre  toises  trois  pieds  et  demi,  lar- 
geur attribuée  par  Sauvai  à  la  salle  neuve  de  la  Reine,  dont  les  appartements, 
dit-il,  étaient  situés  du  côté  de  la  principale  entrée  du  château,  en  d'autres  termes, 
sur  la  rivière.  Il  serait,  à  coup  sûr,  bizarre  que  les  architectes  chargés  de  recons- 
truire l'aile  méridionale  fussent  tombés  sur  des  dimensions  pareilles,  si  l'idée  ne 
leur  en  avait  pas  été  suggérée  par  des  fondations  préexistantes,  dont  ils  voulaient 
profiter.  Ce  système  avait  déjà  été  suivi  vers  l'ouest,  parce  qu'il  utilisait  des  subs- 
tructions  d'une  extrême  solidité,  comme  toutes  celles  de  l'époque  ogivale,  et  pré- 
venait un  déplacement  incommode  des  fossés,  mesure  inévitable  dans  le  cas  con- 
traire. On  verra  de  plus  que  des  renseignements  très-positifs  sur  la  longueur  de 
l'aile  occidentale,  et  sur  la  largeur  du  fossé  vers  la  rivière,  confirment  de  tout 
point  l'hypothèse  de  l'identité  d'emplacement  entre  l'aile  méridionale  primitive 
du  château  et  celle  du  xvie  siècle.  Un  pareil  ensemble  de  présomptions  ne  saurait 
être  l'effet  du  hasard  ;  en  semblable  matière ,  de  telles  coïncidences  sont  aussi 
probantes  qu'on  peut  raisonnablement  l'espérer. 

Après  avoir  ainsi  obtenu  la  base  que  nous  cherchions,  il  devient  possible  de 
poursuivre  notre  étude  de  restitution. 

La  cour  du  Louvre,  affirme  Sauvai,  avait  trente-deux  toises  cinq  pieds  de  lon- 
gueur, c'est-à-dire  du  nord  au  sud,  et  trente-quatre  toises  et  demie  de  largeur, 
c'est-à-dire  de  l'est  à  l'ouest.  Il  y  a  là  une  double  et  énorme  erreur  que  personne 


(1)  Dans  le  premier  volume  des  Plus  excellais 
bastimens  de  France,  Du  Cerceau  donne  les  plans 
des  deux  ailes  reconstruites  au  xvi"  siècle. 

m  Le  mur  extérieur  de  l'aile  ancienne  offrait  la 
même  épaisseur  que  celui  de  l'aile  nouvelle;  quant 
au  mur  intérieur,  il  avait  une  épaisseur  de  trois 
pieds  absolument  comme  le  mur  moderne ,  à  l'étage 


supérieur.  A  l'étage  du  rez-de-chaussée,  le  mur  mo- 
derne est  garni  de  contre-forts  reliés  par  des  arcs ,  en 
façon  de  portiques,  ce  qui  lui  donne  une  épaisseur 
totale  de  six  pieds.  Il  est  extrêmement  vraisemblable 
que  le  mur  ancien  était  pareillement  muni  de  con- 
tre-forts saillants  de  trois  pieds  environ,  et,  en 
faisant  nos  calculs ,  nous  supposerons  le  fait  admis. 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  133 

n'a  jamais, soupçonnée,  mais  que  nous  allons  rendre  palpable  en  rétablissant,  au 
moyen  de  documents  authentiques,  tout  ce  qui  se  trouvait  entre  la  rue  des  Poulies 
et  l'aile  occidentale  du  Louvre. 

C'est  en  t3o,o,  le  2  3  avril,  que  fut  donné  l'alignement  de  l'hôtel  de  Bourbon, 
sur  le  quai,  et,  par  un  rapport  d'experts  relatif  à  cette  opération,  on  voit  qu'il  y 
avait  et  ou  costé  par  devers  la  rivière,  entre  les  deux  coings  des  deux  nies  (des  Poulies 
ftet  d'Autriche),  au  lonc  dudit  hostel,  cinquante  et  quatre  toises  et  deux  piez  de 
(donc,  ou  environ,  de  coing  à  autre*1',  v  Si  donc  l'on  peut  retrouver  le  coin  oriental 
de  l'hôtel  de  Bourbon  et  une  portion  de  son  alignement  sur  le  quai,  que  les  an- 
ciennes vues  montrent  avoir  été  rectiligne,  on  replacera  avec  certitude  l'autre 
coin  de  la  façade  de  l'hôtel ,  celui  qu'elle  formait  avec  la  rue  d'Autriche  et  la  par- 
tie méridionale  de  l'îlot  sera  reconstituée.  Deux  plans  identiques  de  la  Bibliothèque 
impériale,  levés  à  la  fin  du  xvne  siècle,  et  reproduisant  ce  qui  restait  alors  des 
bâtiments  du  Petit-Bourbon,  satisfont  à  la  condition;  le  résultat  qu'ils  nous  ont 
permis  d'obtenir  est  tellement  juste  qu'en  mesurant  la  distance  entre  le  coin  res- 
titué de  la  rue  d'Autriche  et  le  mur  de  l'hôtel  d'Alluye  (voir  le  plan  restitué),  nous 
avons  trouvé  la  longueur  de  treent  dix-neuf  thoises  et  demye  unze  poulces,  n  indi- 
quée par  un  toisé  fait  à  propos  des  censives  du  Chapitre  Saint-Gcrniain-I'Auxerrois 
et  du  prieuré  Saint-Denis  de  la  Chartre,  le  1 1  janvier  1  58o.  Cette  dimension  ces- 
serait d'être  exacte  si  l'on  admettait  que  la  façade  de  l'hôtel  de  Bourbon ,  sur  le 
quai,  était  moins  large  que  nous  ne  le  disons;  mais  une  telle  supposition  est  abso- 
lument inadmissible  en  présence  du  texte  que  nous  venons  de  citer.  Nos  assertions 
touchant  la  largeur  de  l'espace  entre  les  deux  rues  sont  confirmées,  en  outre, 
par  un  plan  manuscrit  de  Desgodets  (1696),  où  est  figurée,  dans  la  cour  du 
Louvre  moderne,  une  fontaine,  jalon  du  parcours  ancien  de  la  rue  d'Autriche; 
elles  le  sont  également  par  ce  que  nous  apprennent  divers  plans  anciens,  tou- 
chant la  direction  de  cette  voie,  depuis  la  rue  Saint-Honoré  jusqu'à  la  hauteur  de 
la  rue  de  Beauvais.  Enfin  une  preuve  mathématique  ajoute  à  la  rigueur  de  la 
démonstration  :  les  limites  de  l'hôtel  de  Bourbon,  vers  le  nord,  nous  étant  con- 
nues par  plusieurs  documents  graphiques,  et  sa  superficie  comprenant  environ 
deux  mille  huit  cents  toises,  il  est  de  nécessité  absolue  qu'il  ait  présenté,  de  l'est 
à  l'ouest,  la  profondeur  spécifiée  par  la  charte  de  1  3g 0  ®. 


"'  Archives  de  l'Empire,  cart.  S  63.  Une  autre 
copie  du  procès- verbal  existe  dans  les  liasses  P, 
précédemment  citées  et  relatives  à  l'hôtel  de  Bour- 
bon. 

m  Cette  superficie  d'environ  deux  mille  huit  cents 
toises  est  indiquée  par  Jaillot  (Quartier  du  Louvre, 
p.  la),  qui  ne  parle  point  des  dimensions  de  l'ancien 
Louvre.  La  profondeur  de  l'hôtel  do  Bourbon,  dé- 


terminée par  le  mur  de  l'hôtel  de  Longueville,  était 
d'environ  cinquante  et  une  toises  en  moyenne,  chiffre 
qui,  multiplié  par  la  largeur  de  cinquante-quatre 
toises,  donne  la  superficie  de  deux  mille  sept  cent 
cinquante-quatre  toises.  En  y  ajoutant  l'aire  du  petit 
triangle  engendré  par  la  brisure  de  la  rue  des  Pou- 
lies, on  atteint  une  surface  de  deux  mille  sept  cent 
quatre-vingts  toises. 


IS4  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Il  a  suffi  d'établir  la  largeur  de  l'ilot  compris  entre  les  rues  des  Poulies  et  d'Au- 
triche, et  déjà  la  place  manque  pour  un  château  dont  les  dimensions  seraient 
celles  que  rapporte  Sauvai.  Ce  qui  suit  rendra  plus  manifeste  encore  l'erreur  de 
cet  écrivain. 

Rien  ne  nous  renseigne  directement  sur  la  largeur  de  la  rue  d'Autriche  dans  la 
partie  qui  nous  occupe  ;  mais  nous  voyons,  par  les  plans,  qu'à  la  fin  du  xvnc  siècle, 
la  rue,  dans  sa  moitié  septentrionale,  ne  mesurait  encore  que  quinze  à  seize  pieds 
de  largeur.  H  avait  dît  en  être  de  même  vers  le  quai,  de  sorte  que  les  bâtiments  de 
l'hôtel  de  Bourbon  n'étaient  pas  séparés  par  plus  de  deux  toises  et  demie  environ 
de  ceux  du  côté  occidental  de  la  rue.  Ces  dernières  constructions  qui,  au  xve  siècle, 
appartenaient  à  des  particuliers,  étaient,  ainsi  que  le  prouvent  un  grand  nombre 
de  pièces,  adossées  au  mur  d'enceinte  de  la  Ville,  construit  par  Philippe-Auguste. 
Nous  citerons,  entre  autres,  un  document  de  1 62 5 ,  provenant  des  archives  de 
Saint-Thomas- du -Louvre,  où  la  maison  ayant  pour  enseigne  le  Croissant  est 
énoncée  «  près  du  Louvre ,  tenant  d'une  part  au  Roy .  .  .  d'autre  part  à  un  chan- 
ce tier  appartenant  à  Pierre  Moriset,  faisant  le  coing  de  dessus  la  rivière  de  Seine 
ft  (du  quai) ,  aboutissant  par  deirière  aux  vielz  murs  de  la  ville  de  Paris.  i>  Au  xvic  siècle , 
le  terrain  de  la  maison  du  Croissant  et  des  maisons  voisines,  du  même  côté,  ap- 
partenait au  Roi;  on  y  avait  établi  deux  jeux  de  paume  dont  Sauvai  nous  fait 
connaître  les  dimensions  M,  et  qui  avaient  une  profondeur  de  sept  toises  deux 
pieds  un  quart  (quarante-quatre  pieds  trois  pouces).  Un  document  très  précieux 
et  entièrement  inconnu  vient  justifier  le  dire  de  Sauvai ,  et  montrer  de  plus  que 
les  jeux  de  paume,  comme  les  maisons  qui  les  avaient  précédés,  s'appuyaient  sur 
l'ancienne  enceinte  de  la  Ville  :  c'est  le  plan  d'un  de  ces  jeux  de  paume,  gravé 
sur  bois  pour  un  petit  livre  italien  publié  en  1 555  (2).  (Voir  la  planche  ci-contre.) 
Le  mur  sur  la  rue  y  est  représenté  avec  une  épaisseur  de  deux  pieds,  et  les  cotes 
donnent  quarante-quatre  pieds  huit  pouces  pour  la  largeur  dans  œuvre,  cinq 
pieds  dans  une  place  et  sept  pieds  dans  l'autre,  entre  les  deux  parements  du  mur 
du  fond,  dont  cette  épaisseur  considérable  indique  assez  clairement  l'origine. 

Au  delà  du  mur  de  la  Ville  était  le  fossé  du  Louvre.  Était-il  muni  d'un  chemin 
de  ronde,  ou  le  rnur  de  la  Ville  en  formait-il  la  contrescarpe?  Nous  l'ignorons; 


(l)  Antiquilez  de  Paris,  t.  II,  p.  i3. 

m  Ce  plan  nous  a  été  obligeamment  signalé  par 
M.  J.  Gailhabaud.  Le  livre  dont  il  l'ait  partie  est 
intitulé  :  Trattato  del  giuco  délia  palla  di  Messer  An- 
tonio Scaino  de  Salo ,  diviso  in  tre  parti.  Venise ,  Ga- 
briel Giolito,  petit  in-8°,  1 555.  L'auteur  déclare 
qu'il  a  reçu  de  France  le  dessin  du  plan,  mesuré 
au  pied  de  roi ,  et  qu'il  n'a  point  voulu  convertir 
celte  mesure  en  d'autres.  La  description  de  l'édifice 


est  d'ailleurs  courte,  confuse,  et  n'apprend  guère 
que  ce  que  la  vue  de  la  planche  fait  deviner.  Scaïno 
dit  que  la  galerie  intérieure,  qui  était  destinée  aux 
spectateurs  et  qui  entourait  l'aire  du  jeu ,  formait  un 
très-beau  portique,  uno  bellissimo  portico.  Il  en  at- 
tribue la  construction  à  Henri  II ,  et  comme  il  appelle 
muraille  de  gauche  le  mur  de  Philippe-Auguste,  on 
peut  croire  que  le  plan  est  celui  du  jeu  de  paume 
du  nord. 


TOPOGRAPHIE    H1STOFUQVE  DV   VIEVX    PARIS. 


VVE     DV    LOVVRE, 

DANS    LA    SECONDE    MOITIE    DV  XVIe    SIECLE. 
Fac-si  Ju  dessin  de  Jacques  Cellier. 


Rue                            d  '  Autri 

che 

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Le  Tambour 

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Mur  d  '    enceinte  de  Philippe     -Auguste 

i  ^345678  g         io  Toise». 


Lebel  et  Tavernier    se. 


PLAN    D'VN    DES    JEVX    DE    PAVME    DV    LOVVRE, 


TOPOGRAPHIE     HISTOFUQVE    DV    V1EVX    PARIS. 


/„   ùy^J.       1«      S~#    Lf" 


A.  Berty  dtr 


E.  Lebel    se 


LES     ENVIRONS     DV     LOWRE ,  VERS     L'ORIENT. 

d  après  un  plan  manuscrit  de  la  seconde  moitié  du  XVI'siècle. 
provenant  des  archives  de  SL  Germain   l'Auxerrois. 


A  Guichet  du  Louvre  ,  —  B    Fossé  du  Cliâteau  . C   Tour  du  Coin  —  D  Arche  d'Autriche  — E    Arche  de  Bourbon  . 

F  F  F     Hôtel  de  Nevers  ■ GG     Maison    de    l'Image   Notre  -Dame._  H     Maison   de     l'Image  Saint    Eustache 

I  !     Hôtel    d'Etampes K     Hôtel    de  Larchant L     Dépendance   de  l'Hôtel    de  Villeroy.~M     Tou  relie  de 

l'Hôtel    Saint   Pol N     Mur  d'enceinte  de  Philippe  Auguste  . 0  0     Emplacement    des    Jeux   de    paume  . 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  135 

niais  on  ne  saurait  douter  que,  si  un  chemin  de  ronde  a  existé  réellement,  il  ne 
dût  être  fort  étroit.  En  admettant,  comme  le  donnent  à  penser  la  vue  de  Cellier*1) 
et  le  plan  manuscrit  de  Saint-Germain-l'Auxerrois  (voir  les  planches  ci-jointes), 
qu'il  n'y  avait  point  de  chemin  de  ronde,  et  en  franchissant  le  fossé,  qui,  d'après 
Sauvai,  était  en  cet  endroit  large  de  cinq  toises  huit  pieds  (six  toises  deux  pieds), 
nous  arrivons  aux  murailles  mêmes  du  château. 

Etonné  de  la  différence  considérable  que  nous  constations  entre  les  données 
de  Sauvai  et  celles  qui  résultent  de  nos  recherches,  nous  nous  sommes  demandé 
un  instant  si,  vers  l'orient,  le  Louvre  n'aurait  pas  été  fermé  par  une  simple  mu- 
raille au  lieu  de  l'être  par  une  aile,  comme  sur  les  trois  autres  côtés.  En  y  réflé- 
chissant, nous  sommes  arrivés  à  la  certitude  du  contraire,  et  nous  avons  même 
réussi  à  obtenir  une  indication  sur  la  largeur  de  cette  aile,  dont  l'existence  nous 
avait  un  moment  semblé  problématique. 

En  effet,  on  lit  dans  l'ouvrage  de  Corrozet  que  la  chapelle  du  Roi,  au  Louvre, 
se  trouvait  du  côté  de  la  rue  d'Autriche  :  «En  ladicte  rue,  dit-il,  est  la  chapelle 
«de  M.  de  Bourbon,  contre  le  logis  de  Villeroy,  près  le  chasteau  du  Louvre  et 
rla  chapelle  du  Roy  dedans  ledict  chasteau^.v  D'un  autre  côté,  nous  voyons,  dans 
l'ouvrage  de  Sauvai,  que  cette  chapelle  avait  quatre  toises  et  demie  de  large*3'. 
H  y  a  donc  toute  raison  de  croire  que  l'aile  orientale  avait  la  même  largeur  que 
l'aile  méridionale'*1,  environ  quatre  toises  et  demie  dans  œuvre,  et  hors  œuvre, 
sept  toises  ou  un  peu  moins. 

Réunissons  maintenant,  pour  les  additionner,  les  chiffres  qui  précèdent,  et  où 
nous  n'avons  pu  commettre  que  de  bien  légères  erreurs. 

Toises.        Pieds.       Pouces. 

Largeur  ancienne  de  la  rue  des  Poulies  (à  l'entrée) h  2  h 

Largeur  de  l'ilot  entre  la  rue  des  Poulies  et  la  rue  d'Au- 
triche    bU  o  o'5' 

Largeur  de  la  rue  d'Autriche 2  3  o 

Épaisseur  du  mur  extérieur  du  jeu  de  paume 0  2  o 

Largeur  du  jeu  de  paume,  dans  œuvre 7  2  3(0> 

A  reporter 67  9  7 


(1)  Elle  est  intitulée:  Portraict  en  perspeclirc  du 
Loutre,  à  prendre  du  costé  du  Pré-aux-Clercs ,  et 
se  trouve  dans  le  manuscrit  de  laBibl.  imp.  (suppl. 
franc.  n°  1 53)  intitulé:  Recherches  de  plusieurs  sin- 
gularités par  Françoys  Merlin ,  porlraictes  et  escrites 
par  Jacques  Cellier,  demeurant  à  Reims;  commencées 
le  3'  jour  de  mars  1 583 ,  et  achevé  le  10  septembre 
mil  cinq  cent  quatre-vingt-sept. 

<•>  Fol.  an  r"  de  l'édition  de  i586. 

(3>  T.  II,  p.  11. 


(,)  On  verra  qu'il  en  était  de  même  de  l'aile  sep- 
tentrionale, et  que  l'aile  occidentale,  seule,  avait 
plus  de  profondeur.  Cette  parité  de  dimensions, 
que,  par  des  voies  différentes,  nous  sommes  con- 
duits à  donner  à  trois  des  ailes  du  Louvre,  confirme 
pleinement  ce  que  nous  en  disons. 

(i)  Une  différence  de  deux  pieds  en  moins  sur  la 
longueur  de  l'alignement  du  côté  du  quai  résulte 
du  biais  de  cet  alignement. 

(°'  La  profondeur  de  sept  toises  quatre  pieds  trois 


136                    TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Toises.  Pieds.  Pouces. 

Report 67  9  7 

Épaisseur  du  mur  de  la  Ville  (dans  sa  partie  amincie,  au 
moyen  de  laquelle  le  jeu  de  paume  avait  la  largeur  ci- 

indiquée) o  5  o 

Largeur  du  fossé 5  8  o 

Largeur  de  l'aile  méridionale  du  château,  environ 7  o  o 

Total 82  k  7 


Mais  l'espace  entre  le  mur  intérieur  de  l'aile  occidentale  du  Louvre  et  une 
parallèle  passant  par  le  coin  oriental  de  la  rue  des  Poulies  était,  en  chiffres 
ronds,  de  deux  cent  quatre  mètres  cinquante  centimètres,  ou  cent  quatre  toises 
cinq  pieds  cinq  pouces.  Si  l'on  en  retranche  les  quatre-vingt-deux  toises  quatre 
pieds  sept  pouces  que  nous  venons  d'obtenir,  il  ne  reste  plus  que  vingt-deux 
toises  dix  pouces.  Donc  la  cour  du  Louvre  n'a  jamais  pu  avoir  trente-deux  toises 
et  cinq  pieds  de  l'est  à  l'ouest;  mais  elle  a  dû  infailliblement  être  d'une  dizaine 
de  toises  moins  large  en  ce  sens. 

Il  nous  semble  qu'une  pareille  démonstration  suffit  pour  rendre  manifeste  l'er- 
reur dans  laquelle  est  tombé  Sauvai  ;  mais  comme  cette  erreur,  révélée  pour  la 
première  fois,  a  rendu  complètement  fausses  toutes  les  idées  qu'on  s'est  faites 
jusqu'à  ce  jour  sur  les  dimensions  du  vieux  Louvre,  il  n'est  point  inutile  de  la  cons- 
tater de  nouveau,  en  recourant  à  des  preuves  d'un  genre  entièrement  différent. 

L'aile  orientale  de  l'ancien  Louvre  n'a  point  été  démolie  avant  1660,  et  la  tour 
de  l'angle  du  sud-est  se  trouve  figurée  sur  plusieurs  tableaux ,  gravures  ou  dessins. 
Or,  sur  le  plus  grand  nombre  et  sur  les  mieux  faits,  particulièrement  sur  la  vue 
de  Cellier  et  sur  le  tableau  de  Rémi  Zeeman  (au  musée  du  Louvre) ,  on  compte  dix 
fenêtres  entre  le  pavillon ,  relativement  moderne ,  de  l'angle  sud-ouest  de  la  tour, 
celle-ci  étant  séparée  de  la  dernière  fenêtre  par  un  espace  qu'on  peut  estimer  de 
dix  à  quinze  pieds  W.  On  a  le  droit  d'en  conclure  que  l'on  connaîtra  la  longueur 
approximative  de  l'aile  méridionale,  du  côté  de  la  rivière  et,  par  suite,  du  côté 
de  la  cour,  du  moment  où  l'on  aura  réussi  à  replacer  la  dixième  des  baies  indi- 
quées sur  les  gravures;  mais  nous  savons,  par  certains  plans  cotés,  que  cette 
dixième  baie  était  au  droit  de  la  fenêtre  moderne  correspondante  ;  si  l'on  restitue 
à  la  suite  la  tour  d'angle  et  l'aile  orientale  en  retour,  le  résultat  corrobore  par- 
faitement celui  auquel  nous  sommes  arrivé  par  une  autre  voie. 

pouces,  donnée  ici  au  jeu  de  paume  (y  compris  le  très-finement  exécutée,  il  y  a  dix  fenêtres;  une  se- 

mur  extérieur),  est  encore  justifiée  par  un  docu-  conde  planche  de  Sylvestre  n'offre  que  huit  fenê- 

ment  que  nous  avons  cité  page  10.  très, et  une  troisième,  au  contraire, en  montre  onze: 

(l)  Sur  une  vue  de  Perrelle,  sur  une  autre  vue  ces  deux  dernières  s'excluent  l'une  l'autre.  Le  nom- 

de  Sylvestre  et  sur  la  Joute  de  Callot,  laquelle  est  bre  de  dix  fenêtres  n'est  aucunement  douteux. 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  137 

Nous  avons  assez  vite  reconnu  l'erreur  de  Sauvai  ;  il  nous  a  été  beaucoup  plus 
difficile  de  rétablir  la  vérité,  car  le  problème  se  présentait  à  nous  avec  deux  solu- 
tions différentes;  l'une  était  certainement  la  vraie,  mais,  entre  les  deux,  le  choix 
nous  a  paru  fort  embarrassant.  La  première  solution  consistait  à  considérer  l'avant- 
corps  situé  après  celui  qui  est  maintenant  contigu  au  pavillon  du  pont  des  Arts 
(A  du  plan  restitué),  comme  ayant  formé  le  centre  de  la  cour  dans  le  projet  de 
Lescot,  de  telle  sorte  que,  pour  restituer  l'ancienne  aile  orientale  sur  laquelle 
avait  dû  venir  s'élever  la  nouvelle,  il  n'y  eût  qu'à  compter,  à  l'est  de  cet  avant- 
corps  (A),  une  distance  égale  à  celle  qui  se  trouve  à  l'ouest  pour  atteindre  l'aile 
occidentale;  ce  qui  donnait  une  cour  de  près  de  vingt-sept  toises.  Une  vue  gravée 
par  Boisseau,  et  intitulée  Face  du  derrière  du  Louvre  comme  il  se  voit  à  présent, 
semblait  justifier  la  supposition,  en  laissant  croire  que  l'aile  orientale  ancienne 
venait  s'attacher  à  l'aile  méridionale  immédiatement  après  le  troisième  avant- 
corps  (B),  aujourd'hui  attenant  au  pavillon  du  pont  des  Arts.  Mais  il  y  avait  à 
cette  hypothèse  de  très-puissantes  objections.  Le  plan  de  Du  Cerceau  ne  donne 
nullement  à  penser  que,  dans  le  projet  de  Lescot,  la  partie  orientale  de  l'aile  du 
bord  de  l'eau  dût  être  identique  avec  la  partie  occidentale  ;puis  une  cour  de  vingt- 
sept  toises  reporte  à  environ  cinq  toises  l'espace  entre  la  dixième  fenêtre  et  la  tour  de 
l'angle  sud-est,  ce  qui  impliquerait  l'inexactitude  de  toutes  les  représentations  qu'on 
en  possède,  car  cette  distance  y  est  deux  ou  trois  fois  moindre.  Les  faits  énoncés 
plus  haut  et  si  manifestement  inattaquables  ne  peuvent  se  concilier  avec  la  pre- 
mière hypothèse,  qui  n'avait  guère  pour  base  que  la  vue  de  Boisseau.  En  exami- 
nant la  gravure  avec  attention  et  surtout  en  considérant  les  deux  copies  W  que 
l'on  en  connaît,  nous  avons  compris  que  nous  l'avions  mal  interprétée  d'abord,  et 
nous  avons  reconnu  que,  pour  bâtir  l'avant-corps  (B)  voisin  de  l'aile  orientale, 
il  avait  fallu  entamer  cette  aile  dans  sa  profondeur,  de  façon  qu'elle  formât  une 
forte  retraite  à  l'encoignure,  détail  aussi  clairement  indiqué  que  possible  sur  les 
copies  de  l'eau-forte  de  Boisseau.  La  cour  de  l'ancien  Louvre,  séparée  par  un 
mur  d'avec  la  cour  moderne,  se  terminait  à  peu  près  au  droit  de  l'angle  saillant 
occidental  du  troisième  avant-corps (2).  C'est  ainsi  que  nous  avons  été  amené  à 
donner  à  l'intérieur  du  quadrangle  une  longueur  d'environ  vingt-deux  toises  de 
l'est  à  l'ouest,  dimension  qui  concorde  avec  les  documents  graphiques  et  avec  les 
documents  écrits,  et  qui  6era  de  nouveau  confirmée  par  ce  que  nous  dirons  plus 
loin  de  la  longueur  du  fossé  méridional. 

La  largeur  de  trente-quatre  toises  et  demie  attribuée  par  Sauvai  à  la  cour  du 


(l>  Elles  sont  toutes  trois  collées  sur  le  même  (,)  Sauvai  donne  à  la  cour  la  largeur  de  trente- 
feuillet  du  recueil  intitulé  :  Topographie  de  Pans ,  à  deux  toises  cinq  pieds  ;  ne  faut-il  pas  voir  là  une 
la  Bibliothèque  impériale.  faute  de  lecture:  trente-deux  pour  vingt-deux? 
i.  18 


138  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

vieux  Louvre,  du  nord  au  sud,  n'est  pas  moins  inexacte  que  celle  qu'il  lui  prête  de 
l'est  à  l'ouest. 

On  a  vu  plus  haut  qu'en  reconstruisant  les  ailes  de  l'ouest  et  du  sud,  Lescot 
conserva  les  anciennes  fondations  et  partie  des  anciens  murs;  ce  n'est  pas  certes 
se  montrer  trop  téméraire  que  d'imaginer  qu'il  se  proposait  d'en  faire  tout  autant 
au  nord,  puisque  l'on  n'aperçoit  aucune  cause  ayant  pu  motiver  un  déplacement 
dans  cette  direction  plutôt  que  dans  les  autres.  Rien  ne  s'oppose  donc  à  ce  qu'on 
admette  que,  si  l'aile  septentrionale  avait  été  rebâtie  en  même  temps  que  l'aile 
méridionale,  elle  l'eût  été  dans  des  conditions  semblables.  Mais  cette  aile,  qui  n'a 
existé  qu'à  l'état  de  projet,  se  restitue  sans  hésitation,  car,  le  monument  étant 
symétrique,  il  ne  s'agit,  pour  la  retracer,  que  de  répéter  au  nord  la  disposition 
connue  du  midi.  Le  résultat  est  une  cour  de  vingt-sept  toises  et  non  de  trente- 
quatre  toises  et  demie  de  profondeur. 

Jusqu'ici,  malgré  le  degré  de  vraisemblance  auquel  nous  sommes  arrivé,  nous 
ne  sortons  pas  de  l'hypothèse;  mais  voici  des  faits  qui  fortifient  nos  conjectures  et 
nous  donnent  une  certitude  en  quelque  sorte  mathématique. 

i°  Dans  la  vue  de  Boisseau  et  sur  le  plan  de  Gomboust,  l'axe  de  l'aile  septen- 
trionale, dont  un  reste  est  figuré  en  coupe,  correspond  à  peu  près  à  l'axe  du  pavil- 
lon de  l'Horloge,  comme  dans  notre  restitution;  2°  la  vue  de  Cellier  et  les  plans 
de  Quesnel  et  de  Mérian  indiquent  très-nettement  que  la  tour  de  l'encoignure  du 
nord-ouest  (E  du  plan  restitué),  détruite  par  Lemercier,  était  fort  proche  du  res- 
saut formé  par  la  cage  de  l'escalier  de  Henri  II  (L) ,  tandis  que,  si  l'on  s'en  rappor- 
tait à  la  cote  donnée  par  Sauvai,  elle  en  aurait  été  séparée  par  plus  de  vingt  et 
un  mètres;  3°  des  documents  que  nous  citerons  ailleurs  établissent  que,  entre  les 
tours  des  angles,  vers  l'occident,  la  courtine  n'était  flanquée  que  d'une  tour  unique . 
dite  enfer  à  cheval  (N) ,  laquelle  était  située  à  quinze  toises  et  cinq  pieds  de  celle  du 
nord-ouest,  et  avait  environ  quatre  toises  deux  pieds  de  diamètre.  Or,  si  l'on  replace 
cette  tour  unique  au  centre  du  corps  de  logis  de  Lescot,  et  si  l'on  restitue  une  aile 
septentrionale  telle  que  nous  la  comprenons,  avec  les  tours  du  nord-ouest  et  du 
sud-ouest,  dont  l'agencement  et  les  dimensions  ne  laissent  guère  de  champ  à 
l'erreur,  on  constate  que  la  tour  en  fer  à  cheval  se  trouve  effectivement,  et  avec 
la  précision  la  plus  surprenante,  à  quinze  toises  cinq  pieds  des  deux  tours  d'encoi- 
gnure W.  Est-il  possible  de  ne  voir  là  qu'une  coïncidence  fortuite?  C'est  ce  que 
personne  ne  se  décidera  à  admettre.  Il  paraît  donc  démontré  que  la  cour  du  vieux 
Louvre  avait  seulement  vingt-sept  toises  du  nord  au  sud,  et  que  l'aile  septen- 

(I)  Les  comptes  contiennent   l'article  suivant:  porte  à  l'aile  occidentale,  dont  l'entablement,  ne 

frPour  trente-deux  toises  d'entablement  pour  les  faisant  point  ressaut  sur  les  tours,  devait  offrir  un 

irmurs  des  salies  et  chambres  neuves  du  Roy  et  de  développement  de  trente  et  une  toises  quatre  pieds 

(rla  Reyne.  ■»  Il  est  probable  que  ce  passage  se  rap-  à  trente-deux  toises. 


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DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  139 

trionale  offrait  une  largeur  égale  à  celle  de  l'aile  méridionale,  c'est-à-dire  envi- 
ron sept  toises  hors  œuvre. 

Résumons  ce  qui  semble  désormais  acquis  sur  les  dimensions  de  l'ensemble  du 
Louvre. 

Suivant  Sauvai ,  ce  château  formait  un  carré  long  de  soixante  et  une  toises  trois 
quarts  sur  cinquante-huit  toises  et  demie.  Le  second  de  ces  chiffres,  Rappliquant 
à  la  dimension  du  nord  au  sud'1),  diffère  beaucoup  de  celui  que  nous  obtenons,  et 
qui  est  d'environ  quarante  et  une  toises  sans  les  fossés  ou  de  cinquante-cinq  toises 
et  demie  avec  les  fossés  W,  De  l'est  à  l'ouest  nous  obtenons  trente-huit  toises  et 
demie  ou  cinquante-deux  toises  quatre  pieds  avec  les  fossés  (3).  Compter  les  fossés, 
c'est  sans  doute  le  parti  que  Sauvai  avait  pris  dans  ses  calculs.  En  adoptant  les 
dimensions  qu'il  énonce  et  en  ne  comprenant  point  les  fossés,  au  lieu  d'un  total  de 
soixante  et  une  toises  trois  quarts,  on  obtient  une  dizaine  de  toises  en  moins.  Les 
fossés  compris,  on  arriverait  à  un  excédent  de  quelques  pieds  seulement;  mais  la 
circonstance  est  sans  aucune  importance,  puisque  nous  sommes  parfaitement  sûr 
que  la  cour  n'avait  point  la  dimension  que  Sauvai  lui  prête.  Peut-être  Sauvai* 
dans  le  chiffre  de  soixante  et  une  toises  trois  quarts,  comptait-il  celui  qui  repré- 
sentait la  largeur  des  jeux  de  paume  de  la  rue  d'Autriche  :  en  comprenant  cette 
largeur,  nous  atteignons  un  résultat  semblable ,  à  peu  de  chose  près  W.  H  est  une 
autre  hypothèse  que  l'on  peut  aussi  mettre  en  avant,  afin  d'expliquer  les  contra- 
dictions de  Sauvai,  c'est  qu'il  a  pris  des  chiffres  de  développement,  «de  pour- 
«  tour,  D  comme  on  disait  jadis,  pour  des  chiffres  de  longueur  rectiligne,  et  qu'il  est 
arrivé  de  cette  façon  à  des  résultats  aussi  exagérés  qu'inconciliables  W, 


(1)  D'après  ce  qu'on  lit  à  la  page  1 9  du  tome  II  ; 
mais,  a  la  page  10,  Sauvai  appelle  longueur  ou  pro- 
fondeur la  dimension  du  sud  au  nord. 
''  Ainsi: 

Largeur  du  fossé  méridional 61  op 

Largeur  de  l'aile  méridionale 7  o 

Largeur  de  la  cour,  du  sud  au  nord ....  a  7  o 

Largeur  de  l'aile  septentrionale 7  o 

Largeur  du  fossé  septentrional 7  8 

Total 55  a 

"'   Largeur  du  fossé  oriental 5'  8P 

Largeur  de  l'aile  orientale 7  0 

Largeur  de  la  cour,  de  l'est  à  l'ouest.. .  .  as  o 

Largeur  de  l'aile  occidentale 9  a 

Largeur  du  fossé  occidental 8  o 

Total 5a  U 


t4)  Largeur  du  château  avec  ses  fossés 5  a'    lxr 

Largeur,  hors  œuvre ,  des  jeux  de  paume .     8     3 

Total 61     1 


(5)  Nous  regrettons  naturellement  de  nous  trouver 
en  continuelle  opposition  avec  Sauvai;  mais  la  con- 
fiance que  nous  inspirent  nos  calculs  n'en  est  point 
ébranlée.  Sauvai,  on  le  sait,  manque  très-souvent 
de  précision.  Son  livre,  qu'il  n'a  malheureusement 
point  eu  le  temps  de  publier  lui-même,  renferme, 
outre  d'innombrables  fautes  d'impression,  des 
contradictions  et  des  erreurs  maintes  fois  signa- 
lées. On  ne  saurait  donc  accorder  aux  Antiquités 
de  Paris  cette  foi  aveugle  que  commandent  les 
travaux  d'une  exactitude  irréprochable.  Nous  avons 
démontré  mathématiquement  que  Sauvai  faisait 
la  cour  du  Louvre  considérablement  plus  large 
qu'elle  ne  l'était  réellement;  pourquoi  ne  se  serait-il 


140 


TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


LES  FOSSES. 

Les  fossés  du  Louvre  étaient  à  fond  de  cuve ,  c'est-à-dire  à  parois  presque  ver- 
ticales. Us  étaient  revêtus  en  maçonnerie  de  petit  appareil  du  côté  de  la  contres- 
carpe, munis  d'un  garde-fou  à  hauteur  d'appui,  et  remplis  par  l'eau  de  la  rivière'1'. 
a  Ceux  des  ailes,  en  dedans  œuvre,  dit  Sauvai,  avoient  cinquante-sept  toises;  les 
s  autres  des  corps  de  logis,  soixante,  et  tous  néanmoins  quant  à  la  largeur  si 
■  différente  que  celui  qui  bordoit  la  première  entrée  (celui  du  sud)  n'avoit  que 
«cinq  toises  et  demie;  l'autre,  qui  tenoit  au  grand  jardin  (celui  du  nord),  sept 
ce  toises  huit  pieds;  celui  de  l'aile  droite  (de  l'ouest),  sept  toises;  et  le  fossé  de  la 
s  gauche  (de  l'est) ,  cinq  toises  huit  pieds.  •»  Il  ajoute  plus  bas ,  dans  un  passage  ap- 
paremment écrit  avant  la  démolition  de  l'aile  orientale,  que  les  anciens  fossés  cons- 
tituaient ce  qu'il  y  avait  de  mieux  conservé  dans  le  palais  et  qu'ils  étaient  presque 
aussi  entiers  que  jamais ,  à  l'exception  de  celui  rc  du  principal  corps  de  logis  du  nou- 
ée veau  Louvre,  v  qu'on  avait  un  peu  gâté.  Sauvai  avait  eu  toute  occasion  de  vérifier 
la  largeur  des  fossés ,  et  il  semble  qu'on  puisse  se  fier  à  ce  qu'il  en  rapporte.  Ce- 
pendant, sur  le  plan  de  Du  Cerceau,  le  fossé  méridional  n'a  pas  cinq  toises  et  de- 
mie ,  mais  six  et  demie ,  ce  qui  fut  la  vraie  dimension  après  la  reconstruction  du 
XVIe  siècle.  On  en  a  la  preuve  dans  l'élévation  de  la  Petite-Galerie  par  Marot,  inti- 
tulée :  Eslévation  de  l'un  des  corps  de  logis  du  Louvre,  etc.  Cette  planche ,  qu'on  n'a 
point  comprise  parce  que,  gravée  à  l'endroit,  elle  donne  des  épreuves  renversées, 
montre  que  la  contrescarpe  du  fossé ,  qui  avait  trois  pieds  de  fruit  ou  d'inclinaison, 
venait  s'attacher  à  la  galerie,  à  dix-neuf  mètres  cinq  centimètres  de  l'axe  de  sa 
travée  centrale.  En  prolongeant  la  contrescarpe  d'après  cette  donnée,  on  obtient 
effectivement  un  fossé  d'environ  <"2)  six  toises  et  quatre  pieds;  aussi  adoptons-nous 


pas  trompé  également  sur  d'autres  questions?  Si 
toutes  les  dimensions  qu'il  donne  sont  justes,  com- 
ment se  fait-il  qu'on  ne  puisse  les  concilier  les  unes 
avec  les  autres  ?  Il  ne  cite  pas  non  plus  le  texte  de 
ses  autorités,  condition  nécessaire  pour  forcer  la 
conviction,  et  la  plupart  de  ses  assertions  ne  sont 
que  des  interprétations  de  passages  empruntés  à  des 
comptes,  genre  de  document  dont  le  sens  est  sou- 
vent fort  obscur.  L'ouvrage  de  Sauvai  est  très-pré- 
cieux; mais  il  faut  bien  se  garder  d'accepter  sans 
examen  tout  ce  qu'il  dit,  ou  tout  ce  que  l'inintelli- 
gente précipitation  de  ses  éditeurs  lui  a  fait  dire. 
Après  tout,  ce  que  nous  osons  affirmer,  c'est  simple- 
ment que,  des  données  nouvelles  par  nous  recueillies 
et  de  celles  qu'on  doit  a  Sauvai,  nous  avons  réussi  à 
dégager  des  approximations  beaucoup  plus  voisines 


de  la  vérité  que  n'ont  pu  le  faire  nos  devanciers. 
Nous  mettons,  au  surplus,  toutes  les  pièces  du 
procès  sous  les  yeux  du  lecteur,  qui  jugera  en  der- 
nier ressort. 

(1)  S'ils  étaient  constamment  remplis  d'eau,  c'est 
qu'une  vanne  empêchait  qu'ils  se  vidassent  lorsque 
la  rivière  baissait  :  les  fossés,  en  effet ,  ne  pouvaient 
avoir  assez  de  profondeur  pour  se  maintenir  tou- 
jours pleins,  sans  l'aide  d'une  écluse. 

m  Nous  répétons  constamment  le  mot  environ , 
parce  que,  en  comparant  des  plans  entre  eux,  on  y 
trouve  presque  infailliblement  des  variantes,  quel- 
quefois même  des  différences  énormes  quand  les 
plans  sont  anciens.  D'autre  part,  deux  cotes  en  ap- 
parence contradictoires  peuvent  être  vraies  toutes 
deux,  si  elles  ont  été  prises  à  des  hauteurs  diverses; 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  141 

cette  dimension  comme  très-certaine'1'.  Un  grand  plan  du  commencement  du 
xvme  siècle  donne  au  fossé  occidental  huit  toises  au  fond  et  neuf  toises  au-dessus 
des  talus,  au  niveau  du  sol.  Divers  autres  plans  accusent  huit  toises  seulement  à 
cette  hauteur.  Peut-être  y  a-t-il  eu  un  élargissement  qui  aura  motivé  l'expression 
de  Sauvai.  Dans  tous  les  cas,  la  largeur  de  huit  toises  est  confirmée  par  le  fait  que 
la  contrescarpe,  suivant  le  plan  de  Du  Cerceau,  affleurait  le  mur  de  la  Petite- 
Galerie. 

Les  fossés  du  Louvre  communiquaient  avec  la  rivière  par  un  canal  que  le  compte 
de  i364  appelle  aie  conduit  qui  va  à  Saine,  v  Aucun  renseignement  précis  n'en 
fixe  la  situation;  mais  on  observe  sur  la  vue  de  Cellier  une  sorte  de  ressaut  ou 
tour  carrée  à  créneaux  et  à  archères,  au  devant  de  laquelle  est  un  petit  mur  d'ap- 
pui polygonal  en  plan ,  qui  en  cache  le  pied.  Cette  tour  carrée ,  dont  l'emplacement 
est  évidemment  le  même  que  celui  de  l'extrémité  de  la  galerie  de  Charles  IX  W, 
donne  immédiatement  l'idée  d'une  construction  commandant  l'entrée  d'un  canal. 
Or  il  est  fort  probable  qu'il  y  en  avait  un  à  cet  endroit;  sur  le  plan  de  Verniquet,  par 
exemple,  on  observe  que  la  berge  de  la  rivière  présente  là  même  une  échancrure, 
comme  sur  les  autres  points  où  des  égouts  viennent  se  décharger  dans  la  Seine; 
en  outre,  M.  Duban,  lorsqu'il  a  repris  en  sous-œuvre  les  fondations  de  la  Petite- 
Galerie,  a  reconnu  là  des  substructions  anciennement  lavées  par  les  eaux.  C'est 
pourquoi,  sans  décider  par  quel  motif  le  fossé  occidental,  au  lieu  de  se  prolonger 
en  ligne  droite  jusqu'à  la  rivière,  se  brisait  deux  fois  avant  de  l'atteindre,  nous 
n'hésitons  pas  à  voir  dans  la  galerie  de  Charles  IX  un  édifice  exactement  bâti  sur 
l'emplacement  du  canal  par  lequel  étaient  alimentés  les  fossés  du  château  W,  Nous  en 
trouvons  une  nouvelle  preuve  dans  le  fait  suivant,  pleinement  confirmatif  de  ce  que 
nous  avons  dit  précédemment  sur  les  dimensions  du  quadrangle  :  restitué  de  cette 
façon,  le  fossé  méridional  présente,  d'une  extrémité  à  l'autre,  à  quelques  pieds 
près,  ces  soixante  toises  de  longueur  que  lui  prête  Sauvai ,  et  qu'il  est  absolument  im- 


enfin.  dans  le  domaine  des  restitutions  monumen- 
tales, on  ne  saurait  obtenir  la  même  précision  que 
celle  à  laquelle  on  arrive  en  opérant  sur  des  cons- 
tructions existantes. 

(l)  Lors  de  la  reconstruction  qui  eut  lieu  au 
xvi*  siècle,  le  mur  extérieur  de  l'aile  méridionale 
fut  réduit  ù  cinq  pieds  d'épaisseur  (au  rez-de-chaus- 
sée), tandis  qu'il  en  avait  huit  ou  neuf  auparavant. 
Or,  comme  ce  fut  le  parement  extérieur  et  non  le 
parement  intérieur  de  la  muraille  qu'on  recula,  le 
fossé  se  trouva  sans  doute  élargi  de  trois  ou  quatre 
pieds.  Le  chiffre  donné  par  Sauvai  peut  d'ailleurs 
être  exact  si  l'on  a  mesuré  au  fond  du  fossé. 

m  Elle  avançait  peut-être  un  peu  davantage  vers 


la  rivière,  car  elle  paraît  former  une  saillie  très- 
sensible  sur  le  mur  de  la  courtine,  dont  la  position 
nous  est  bien  connue.  Au  surplus,  l'identité  de  si- 
tuation entre  l'avant-corps  crénelé  et  la  galerie  de 
Charles  IX  est  bien  facile  à  reconnaître;  car  sur 
le  dessin  de  Cellier  on  voit,  immédiatement  après 
l'avant-corps,  vers  l'ouest,  une  construction  qui 
correspond  à  celle  au-dessus  de  laquelle  se  trouve 
actuellement  le  Grand-Salon,  et,  tout  auprès,  le  gui- 
chet de  la  rue  Fromenteau,  dont  l'origine  est  assez 
ancienne. 

(3>  M.  de  Clarac  l'avait  compris,  mais  il  n'a  tiré 
aucun  parti  de  son  observation ,  dans  sa  Description 
du  Louvre. 


1/i2  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

possible  de  retrouver  en  acceptant  comme  exactes  ses  affirmations  sur  la  longueur 
des  ailes  du  Louvre.  S'il  était  vrai  que  le  château  formât  un  parallélogramme  de 
soixante  et  une  toises  trois  quarts  de  l'est  à  l'ouest,  comment  les  fossés  du  nord 
et  du  midi  pourraient-ils  avoir  été  moins  longs  que  les  bâtiments  le  long  desquels 
ils  s'étendaient,  au  lieu  de  les  excéder  de  plusieurs  toises  sur  chaque  côté?  On 
n'écarte  pas  la  difficulté  en  imaginant  que,  dans  le  chiffre  de  soixante  toises  attribué 
aux  fossés  du  nord  et  du  sud,  ne  se  trouve  pas  comprise  la  largeur  des  fossés  de 
l'est  et  de  l'ouest;  car,  si  l'on  compte  ainsi,  il  faudra  ajouter  aux  fossés  de  l'est  et 
de  l'ouest  la  largeur  de  ceux  du  nord  et  du  sud,  et  alors  la  longueur  des  premiers 
devra  être  d'environ  soixante  et  douze  toises  et  non  de  cinquante-sept,  ce  qui  ne 
fait  qu'augmenter  la  confusion. 

Notre  restitution  concorde  d'une  manière  complètement  satisfaisante  avec  la 
longueur  du  fossé  méridional  indiquée  par  Sauvai  W  ;  les  cinquante-sept  toises  qu'il 
indique  pour  la  longueur  des  fossés  perpendiculaires  à  la  Seine  n'excèdent  celle 
que  nous  trouvons  que  d'une  toise  quatre  pieds,  différence  assez  insignifiante.  La 
non-conformité  des  chiffres  s'explique  encore  d'une  manière,  sinon  incontestable,  du 
moins  extrêmement  plausible  :  les  contrescarpes  des  fossés  du  Louvre  ne  s'assem- 
blaient point  partout  à  angle  droit.  Sur  une  gravure  de  Sylvestre  intitulée  :  Veue  du 
Louvre  par  dedans  le  bâtiment  neuf,  les  fossés  paraissent  arrondis  à  leur  encoignure; 
or,  si  la  courbe  qu'ils  décrivaient  était  disposée  comme  elle  l'est  sur  le  plan  de 
Saint-Denis  de  la  Chartre,  de  façon  à  présenter  une  saillie  sur  l'alignement  des 
contrescarpes,  ainsi  que  cela  avait  lieu  souvent,  il  devait  en  résulter  un  excédent  de 
longueur,  lequel  nous  fournit  les  quelques  pieds  qui  nous  manquent.  (Voir  le  plan 
restitué.) 

La  première  mention  que  nous  ayons  rencontrée  des  fossés  du  Louvre  ne  re- 
monte pas  au  delà  du  règne  de  Charles  V,  et  il  est  assez  douteux  qu'ils  existassent 
déjà  du  temps  de  Philippe-Auguste.  Dans  les  comptes  de  la  Ville  pour  l'année  162/1- 
1625,  il  est  question  de  a  deux  chantiers...  devant  le  chaste!  du  Louvre,  i>  jadis 
loués  à  un  particulier  et  dont  on  ne  tirait  plus  aucun  produit  «pour  ce  que,  est-il 
redit,  les  fossez  dudit  Louvre  y  furent  faits  ou  temps  de  piéçà(2). -n  II  n'est  pas  pro- 
bable que  cette  expropriation  eût  été  rappelée  en  162  5,  si  elle  avait  été  faite  deux 
siècles  auparavant. 

LES  TOURS.' 

S'il  y  avait  au  Louvre  cette  quantité  de  tours  probablement  exagérée  dont  parle 
Sauvai,  c'est  surtout  dans  les  basses-cours  qu'elles  devaient  s'élever;  les  tours  qui 

(l)  Sauvai  ne  fait  aucune  distinction,  quant  à  la        ne  peut  être  juste,  comme  on  l'a  vu,  que  pour  les 
longueur,  entre  le  fossé  du  nord  et  le  fossé  du  midi  ;        fossés  de  l'est  et  de  l'ouest, 
il  a  probablement  conclu  de  l'un  h  l'autre,  ce  qui  (!)  Arch.  de  l'Emp.  reg.  KK  àoa. 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  H3 

faisaient  partie  du  corps  même  du  château  n'étaient  point  nombreuses,  puisqu'elles 
se  bornaient  à  celles  qui  défendaient  les  portes  et  flanquaient  les  quatre  encoignures. 
Parmi  les  tours  d'angle,  celle  du  sud-est  nous  est  connue  par  plusieurs  vues  qui  sont 
loin  de  la  présenter  sous  le  môme  aspect,  mais  qui  en  donnent  du  moins  une  idée 
assez  juste,  si  l'observateur,  familier  avec  les  anciennes  images,  sait  les  interpréter 
l'une  par  l'autre.  On  reconnaît  ainsi  que  la  tour  dont  nous  parlons  était  cylin- 
drique, qu'elle  portait  sur  un  empâtement  en  talus,  dont  la  hauteur  équivalait  à 
la  profondeur  du  fossé,  et  qu'elle  se  divisait,  à  partir  du  niveau  du  sol,  en  trois 
étages  séparés  par  des  larmiers,  et  éclairés  par  des  fenêtres  étroites,  sans  régu- 
larité. Au-dessus  de  ces  trois  étages  régnait  une  corniche  très-saillante,  garnie 
de  créneaux  et  de  mâchicoulis;  plus  haut,  et  fortement  en  retraite,  s'élevaient 
deux  autres  étages,  aussi  séparés  par  un  cordon.  Le  toit  était  conique,  couvert 
d'ardoises,  percé  de  lucarnes,  de  souches  de  cheminée,  et  couronné  par  une 
girouette  très-élancée (1). 

La  hauteur  de  la  tour  du  sud-est  n'est  point  indiquée;  mais  on  remarque  sur 
le  dessin  de  Cellier,  confirmé  parle  tableau  de  Zeeinan  et  les  gravures  de  Sylvestre; 
que  la  corniche  à  créneaux,  très-mutilée  au  xvne  siècle,  se  raccordait  à  peu  près 
avec  l'appui  des  fenêtres  de  l'attique  des  bâtiments  neufs,  tels  qu'ils  étaient  avant 
les  travaux  de  Perrault,  ce  qui  donne  pour  cette  corniche  une  élévation  d'en- 
viron vingt  mètres  à  partir  du  sol  actuel. 

Suivant  toute  apparence ,  les  quatre  tours  d'angle  étaient  semblables ,  de  sorte  que 
l'on  peut  conclure  des  dispositions  de  l'une  à  celles  de  l'autre.  Les  vues  de  la  tour 
du  sud-est  nous  ayant  appris  ce  que  pouvaient  être  les  tours  d'encoignure  quant  à 
leur  hauteur,  deux  documents  écrits  nous  renseigneront  sur  leur  largeur  probable  ('->. 

En  1 365,  la  tour  du  nord-ouest  dite  «  devers  la  Fauconnerie  a  avait  «de  pour- 
trtour. ..  par  le  milieu»  onze  toises.  Si  l'on  entend  par  le  mot  pourtour  la  circonfé- 
rence entière  du  cxlindre  que  formait  la  tour,  on  n'obtient  qu'un  diamètre  de  vingl 
et  un  pieds,  évidemment  trop  petit,  puisqu'il  serait  à  peine  égal  à  celui  des  tours 
de  l'enceinte  de  Paris;  mais  si  l'on  considère  que  la  tour  de  la  Fauconnerie  était 
au  moins  d'un  quart  engagée  dans  les  ailes  adjacçntes,  et  que,  par  conséquent, 
il  n'y  avait  que  les  trois  quarts  de  sa  surface  extérieure  qui  fussent  en  parement  et, 
par  suite,  mesurables,  on  admettra  que,  par  pourtour,  il  ne  faut  pas  comprendre  la 
circonférence  entière,  mais  seulement  la  partie  faisant  saillie  au  delà  des  courtines 
(ce  dont  nous  fournirons  une  preuve  péremptoire  en  parlant  de  la  tour  dite  «du 
«Milieu,  devers  les  jardins  ri).  Raisonnant  d'après  cette  donnée,  nous  concluons  que 
la  tour  de  la  Fauconnerie,  ayant  onze  toises  ou  soixante-six  pieds  de  développement 

(l>  Les  girouettes  du  Louvre  étaient  peintes  et        <rRoy,  pour  avoir  peint  de  fleurs  de  lys  les  (rois 
dorées.  On  lit  dans  les  comptes  de  i3G5  h  1367  :        rrbannières  qui  sont  sur  les  trois  tours.  71 
t Maistre  Jehan  Coste,  peintre  et  sergent  d'armes  du  (,)  Nous  citons  les  textes  plus  loin. 


U4  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

extérieur  et  quatre-vingt-huit  de  développement  complet,  présentait  un  diamètre 
de  vingt-huit  pieds,  positivement  le  même  que  celui  de  deux  des  tours  du  Palais 
de  Justice,  sur  le  quai  de  l'Horloge  M,  avec  lesquelles  il  est  tout  naturel  de  croire 
que  les  tours  du  Louvre  offraient  la  plus  grande  analogie. 

Le  second  document  corrobore  le  premier.  En  i36A,  on  fit  pour  la  même  tour 
de  la  Fauconnerie  quarante  et  une  marches  de  pierre  de  liais,  de  deux  pieds  et 
demi  de  large  et  de  six  pieds  et  demi  de  long.  Dans  les  escaliers  hélicoïdes  du  moyen 
âge,  le  noyau  fait  toujours  partie  de  la  marche,  et,  pour  une  marche  de  six  pieds 
et  demi,  le  noyau  devait  être  d'environ  un  pied.  Cela  suppose  que  la  cage  de  l'es- 
calier contenu  dans  la  tour  avait  quatorze  pieds  de  diamètre  intérieur.  Quelle  pou- 
vait être  l'épaisseur  des  murs?  Les  tours  de  la  Bastille,  qui  offraient  cinq  toises  de 
diamètre  extérieur,  avaient  des  murs  épais  de  sept  pieds;  en  adoptant  ce  chiffre 
pour  l'épaisseur  des  murs  de  la  tour  de  la  Fauconnerie,  nous  revenons  au  dia- 
mètre de  vingt-huit  pieds  précédemment  obtenu. 

Vers  le  centre  de  l'aile  septentrionale ,  il  existait  une  tour  appelée  «  la  tour  du 
«Milieu,  devers  les  jardins,  n  parce  qu'elle  était  placée  entre  les  deux  tours  d'en- 
coignure et  regardait  le  grand  jardin.  Les  plans  de  Quesnel  et  de  Mérian,  les  seuls 
où  elle  soit  représentée ,  la  montrent  moins  grosse  et  moins  élevée  que  ses  voisines. 
Elle  avait  de  pourtour  six  toises  cinq  pieds  et  demi  W.  On  a  ici  la  preuve  que  nous 
interprétons  le  mot  pourtour  dans  le  sens  où  il  doit  être  compris.  Effectivement, 
six  toises  cinq  pieds  et  demi  impliquent,  soit  treize  pieds,  soit  vingt-six  pieds  de 
diamètre,  selon  qu'on  mesure  la  tour  entière  ou  seulement  la  moitié  en  saillie. 
Cette  seconde  dimension  rend  la  tour  du  Milieu  un  peu  moins  différente  des  tours 
des  angles  que  les  plans  ne  l'indiquent;  mais  le  premier  chiffre  est  évidemment 
inadmissible ,  car  les  murailles  des  tours  ne  devaient  pas  avoir  moins  de  six  pieds 
d'épaisseur;  d'où  il  résulte  que,  si  la  tour  et  devers  les  jardins  v  n'avait  eu  que  treize 
pieds  de  diamètre  extérieur,  elle  n'en  eût  eu  qu'un  de  diamètre  intérieur,  hypo- 
thèse déraisonnable.  Il  eût  été,  en  outre,  impossible  d'y  pratiquer  un  escalier  ou 
une  poterne;  or  elle  contenait  apparemment  l'un  ou  l'autre.  Sauvai  dit  qu'il  y 
avait  une  porte  à  chacune  des  ailes  du  Louvre ,  et  celle  du  nord  était  sans  doute 
percée  dans  la  tour  du  Milieu. 

La  tour  «  devers  les  jardins  »  était  à  dix-huit  toises  cinq  pieds  de  la  tour  du  coin 
nord-ouest,  dite  de  la  Fauconnerie®.  H  s'ensuit  qu'elle  était  beaucoup  plus  rap- 
prochée de  la  tour  du  coin  nord-est,  détail  qui,  fortuitement  ou  à  dessein,  est  très- 

(I)  C'est  aussi  <r  par  le  milieu  n  que  nous  pouvons  rr  a  de  pourtour  six  toises  v  pieds  et  demy .  »  (  Compte 

mesurer  ces  tours,  dont  la  partie  inférieure  a  dis-  de  i 365.) 

paru  dans  le  terre-plein  du  quai.  Les  tours  du  Pa-  <3>    «Item,  le  pan  de  mur  devers  le  jardin,  entre 

lais  donnent  une  ide'e  de  ce  que  devaient  être  les  rcicellelour(delaFauconnerie)et  la  tour  du  milieu, 

tours  du  Louvre.  ira  de  long  dix^huit  toises  trois  pieds. * 

(!>  «  Item,  ladite  tour  du  milieu  devers  les  jardins 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  145 

fidèlement  reproduit  sur  le  plan  de  Quesnel.  H  s'ensuit  encore  qu'elle  ne  corres- 
pondait pas  au  centre  de  la  cour,  ce  qui  étonne  un  peu  d'abord,  mais  ce  qui  cesse 
de  surprendre  quand  on  examine  le  tableau  de  Saint-Germain-des-Prés ,  où  la 
porte  méridionale  du  château  est  figurée  environ  un  tiers  plus  loin  de  la  tour  sud- 
ouest  que  de  la  tour  sud-est  :  on  sait  que  le  manque  de  symétrie  n'a  rien  d'a- 
normal dans  les  châteaux  du  moyen  âge. 

La  tour  de  l'angle  nord-est  est  manifestement  celle  qu'on  appelait  «  de  la  Tail- 
«  lerie;  i>  celle  de  l'angle  nord-ouest  est  non  moins  évidemment  celle  qu'on  nommait 
«tour  de  la  Fauconnerie,  -n  ou  plutôt  «devers  la  Fauconnerie , n  à  cause  de  l'office 
dont  elle  était  proche  :  le  texte  que  nous  citons  en  renvoi  '1J  donne  toute  certitude 
à  cet  égard.  La  tour  de  la  Taillerie  et  une  partie  de  l'aile  septentrionale  du  vieux 
château  sont  représentées  sur  la  gravure  de  Sylvestre,  déjà  citée,  et  intitulée:  Veue 
du  Louvre  par  dedans  le  bâtiment  neuf. 

Par  cela  même  que  nous  connaissons  l'identité  de  la  tour  dite  devers  la  Faucon- 
nerie avec  celle  du  nord-ouest,  nous  pouvons  déterminer  enfin  quelle  était  réelle- 
ment la  fameuse  tour  de  la  Librairie:  les  deux  n'en  faisaient  qu'une,  car,  dans  les 
comptes  de  1367-1 368,  il  est  expressément  dit  que  «la  librairie  du  Roin  était  «  or- 
«  donné  t>  dans  cette  même  «  tour  devers  la  Fauconnerie^,  n  On  ne  saurait  croire  qu'il 
y  avait  simultanément  deux  tours  dites  «devers  la  Fauconnerie; n  mais  il  faut  ad- 
mettre que  cette  désignation  a  été  la  plus  anciennement  employée  pour  distinguer 
la  tour  de  l'angle  nord-ouest,  et  qu'elle  a  été  remplacée  par  celle  de  «tour  de  la 
«  Librairie,  a  lorsque  Charles  V  y  eut  fait  établir  sa  bibliothèque,  d'abord  installée 
dans  le  palais  delà  Cité.  Du  logis  qu'elle  occupait  dans  ce  dernier  édifice,  et  par  mar- 
ché passé,  le  id  mars  1367,  avec  Jacques  Du  Parvis  et  Jean  Grosbois,  huchiers, 
le  Roi  fit  transporter  au  Louvre ,  après  qu'ils  eurent  été  démontés ,  des  bancs ,  des  pu- 
pitres et  deux  roues  que  l'on  rétrécit  d'un  pied  chacune.  Le  premier  des  deux  étages (3) 
supérieurs  de  la  tour  du  nord-ouest,  où  furent  déposés  les  livres,  reçut,  «tout  au- 
«  tour  par  dedans ,  •»  un  lambris  de  bois  d'Irlande ,  du  prix  de  cinquante  francs  d'or  W. 
Puis,  les  anciens  sièges  ayant  été  trouvés  mauvais,  on  en  refit  «de  mérien  neuf,  n 
ainsi  que  deux  portes  de  sept  pieds  de  hauteur  sur  trois  de  largeur  et  trois  doigts 
d'épaisseur,  destinées  à  chacun  des  étages.  Cette  seconde  dépense  monta  à  1 6  francs. 


(1!  irPour  avoir  abatu  les  créneaux  depuis  la 
fftour  de  la  Taillerie,  tout  au  long  du  côté  des jar- 
ffdins  jusqu'à  la  tour  devers  la  Fauconnerie,  et  en 
t  retournant  de  l'autre  costé  de  la  salle  Saint- 
<r Louis,  etc.« 

(,)  «Et  tout  rassemblé  et  pendu  les  lellrins  (pu- 
n pitres  provenant  de  la  bibliothèque  du  Palais)  es 
rdeux  derrains  estages  de  la  tour  devers  la  Faucon- 
«nerie.r,  —  «Es  deux  derrains  estages  devers  la 


"Fauconnerie où  est  ordonné  la  Librairie  du 

tr  Roi.  * 

(3)  En  1373,  trois  des  étages  étaient  occupés. 

(i)  Le  bois  d'Irlande  employé  en  cette  circons- 
tance, et  qu'on  croit  être  du  chêne  de  Hollande, 
avait  été  donné  au  Roi  par  le  sénéchal  de  Hainaut, 
à  l'occasion  des  travaux  du  Louvre;  il  y  en  avait 
quatre  cent  quatre-vingls  pièces.  (Voiries  comptes 
n"  106,  108,  117.) 

•9 


146  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

On  garnit  aussi  les  fenêtres  de  châssis  de  fer  treillages,  pour  empêcher  le  passage 
des  oiseaux.  Sauvai  ajoute  que  la  voûte  était  revêtue  de  bois  de  cyprès,  chargé 
de  sculptures  ;  mais  il  s'est  trompé  en  assurant  qu'il  s'y  trouvait  trente  chandeliers 
et  une  lampe  d'argent,  car  l'article  des  comptes  où  figure  ce  détail  se  rapporte  à 
la  <r  volte  de  la  Grosse-Tour,  n  et  non  point  à  la  tour  de  la  Librairie. 

La  tour  de  la  Fauconnerie  ou  de  la  Librairie  était  à  quinze  toises  cinq  pieds  de 
la  tour  la  plus  rapprochée,  sur  la  face  occidentale  du  château*1'.  Celle-ci  était  dé- 
signée par  l'appellation  de  la  ■  tour  qui  fait  fer  à  cheval  devers  l'Artillerie,  a  parce 
qu'elle  offrait  en  plan  la  moitié  d'un  cercle  ou  un  peu  plus.  Pour  la  même  raison ,  on 
donnait  aussi  le  nom  de  «  tour  en  fer  à  cheval  r>  à  celle  du  milieu ,  sur  les  jardins. 

La  tour  en  fer  à  cheval,  du  côté  occidental,  renfermait  peut-être  une  poterne (2), 
comme  celle  du  côté  septentrional,  et  était  également  seule  pour  garnir  la  courtine. 
Nous  serions  certain  du  fait  par  les  plans  de  la  Tapisserie  et  de  Du  Cerceau,  alors 
même  que  nous  n'aurions  pas  constaté,  par  la  précision  avec  laquelle  elle  vient  se 
placer  dans  l'axe  de  la  cour  de  Lescot,  à  égale  distance  des  tours  d'angle,  qu'elle 
ne  peut  avoir  été  accouplée  à  une  autre ®.  Ainsi  au  nord  et  à  l'ouest,  c'est-à-dire 
vers  la  campagne,  où  les  attaques  étaient  le  plus  à  redouter,  le  château  n'avait 
que  des  issues  sans  importance,  faciles  à  fermer  et  à  défendre.  H  en  était  autre- 
ment sur  les  deux  autres  faces,  bien  moins  accessibles  à  l'ennemi ,  protégées  qu'elles 
étaient,  l'une  par  la  rivière,  l'autre  par  le  voisinage  de  la  Ville. 

La  tour  du  sud-ouest,  dont  le  nom  nous  est  inconnu,  est  représentée  sur  le 
tableau  de  Saint-Germain-des-Prés  comme  ayant  son  parapet  crénelé  un  peu  plus 
élevé  que  celui  de  la  tour  du  sud-est.  Le  corps  de  logis  qui  la  réunissait  à  la  grande 
porte  avait  aussi  un  étage  de  plus  que  la  portion  de  l'aile  située  après.  Il  n'y  avait 
point  de  différence  dans  le  niveau  des  faîtages;  mais,  dans  le  second  corps  de  logis, 
le  toit  plus  aigu,  par  suite  de  la  moindre  hauteur  de  l'égout,  était  percé  de  lu- 
carnes et  de  souches  de  cheminées  comme  on  n'en  voyait  point  de  l'autre  côté. 
L'exhaussement  du  mur  de  la  partie  occidentale  de  l'aile  faisant  face  à  la  Seine, 
ainsi  que  celui  des  courtines  de  l'ouest  et  du  nord,  datait  apparemment  du  règne  de 
Charles  V  :  la  mention  de  cette  et  neufve  maçonnerie ,  i>  haute  de  deux  toises  et  demie 


(I)  «  Pour  avoir  abatu  les  créneaux  depuis  la  tour 
«devers  la  Taillerie  (à  l'angle  nord-esl),  toutaulong 
«du  costé  des  jardins  jusqu'à  la  tour  devers  la  Fau- 
«connerie,  et  en  retournant  de  l'autre  costé  de  la  salle 
« Saint-Louis  (située  dans  l'aile  occidentale),  dont 
«on  a  osté  une  assise  pour  l'encorbellement  qui 
«  court  tout  au  long  des  murs  et  tours  :  première- 
rrment,  le  pan  de  mur  entre  la  tour  qui  fait  fer  de 
«cheval  devers  l'Artillerie  et  la  tour  devers  la  Fau- 
«  connerie  a  de  long  quinze  toises  et  demy  et  deux 


« pieds. . .  Item,  ladite  tour  devers  la  Fauconnerie  a 
rrde  pourtour  xi  toises  par  le  milieu,  etc.  d 

;!)  D'après  un  plan  gravé  sur  bois  au  xvi"  siècle , 
la  poterne  aurait  été  placée  entre  cette  tour  et  celle 
de  la  Fauconnerie.  L'incertitude  de  la  situation 
exacte  des  poternes  et  le  désir  d'éviter  la  confusion 
nous  a  empêché  de  les  indiquer  sur  le  plan  restitué. 

(3)  Sauvai  a  dit  lui-même,  d'après  un  compte  du 
domaine  :  "Il  y  avoit  au  Louvre  trois  tours  du  côté 
trde  la  rueFroid-Mantel.»  (T.  III,  p.  4 4 9.) 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  147 

«jusqu'à  l'enchappement,fl  s'applique  très-bien  au  remaniement.  Toutefois  il  faut 
remarquer  que,  sur  le  retable  du  palais,  c'est  la  partie  orientale  de  l'aile  du  sud 
qui  semble  la  plus  élevée,  et  non  la  partie  occidentale  ;  mais  peut-être  n'y  a-t-il  là 
qu'une  faute  de  perspective. 

L'entrée  principale  du  château  n'était  pas  placée,  nous  le  répétons,  au  centre 
même  de  l'aile  méridionale ,  mais  elle  se  rapprochait  très-sensiblement  de  la  tour 
du  sud-est.  Elle  était  formée  de  deux  tourelles  crénelées ,  entre  lesquelles  était  percée 
la  baie  ogivale  par  laquelle  on  pénétrait  dans  la  cour'1).  Suivant  Sauvai,  «le  por- 
rr  tail  t>  était  surmonté  d'une  terrasse  de  neuf  toises  sur  huit.  La  première  de  ces 
dimensions  se  rapporte  parfaitement  à  la  largeur  probable  de  l'ensemble  ;  mais 
pour  admettre  la  seconde ,  l'aile  méridionale  ayant  tout  au  plus  sept  toises  de  pro- 
fondeur, il  faut  supposer  que  la  partie  de  la  terrasse  comprise  entre  les  deux  tours 
était  en  saillie  par  rapport  au  nu  des  murs  de  la  courtine.  Elle  s'avançait  effective- 
ment sur  un  encorbellement  formé  par  la  continuation  de  celui  du  parapet  des 
tourelles'2';  on  le  voit  bien  sur  le  tableau  de  Saint-Germain-des-Prés.  Dès  le  milieu 
du  xve  siècle,  sur  la  terrasse  s'élevait  un  étage  coiffé  d'un  toit  en  pavillon,  dont 
les  deux  épis  étaient  reliés  par  une  crête  à  jour'3'.  La  grande  porte  du  Louvre 
était  ornée  de  statues  placées  dans  des  niches  et  représentant  les  rois  Charles  VI  et 
Charles  VII;  elles  avaient  été  exécutées,  sur  les  ordres  de  ce  dernier  souverain, 
par  les  sculpteurs  Philippe  de  Foncières  et  Guillaume  Jasse. 

Nous  ignorons  aussi  le  nom  de  la  tour  du  sud-est.  H  y  a  beaucoup  de  présomp- 
tions pour  qu'elle  ne  soit  autre  que  la  tour  dite  de  la  Gi'ande-Chapelle,  car  cette 
chapelle  était  dans  l'aile  qui  faisait  face  au  manoir  de  Bourbon. 

Le  portail  oriental,  détruit  le  dernier,  existait  encore  vers  1660,  et  avait,  dit 
Sauvai,  une  entrée  fort  étroite W.  Il  était  flanqué  de  deux  tours  rondes,  décoré  des 
statues  de  Charles  V  et  de  Jeanne  de  Bourbon,  et  offrait  aux  regards  un  «chef1» 
ou  clef  de  voûte  semée  de  fleurs  de  lis.  On  y  accédait  par  le  moyen  d'un  pont-levis 
servant  à  franchir  le  fossé.  Ce  pont,  représenté  sur  le  plan  manuscrit  de  Saint- 


(1)  Au-dessus  d'une  fenêtre  a  croisillon ,  surmon- 
tant la  baie,  on  voit  sur  le  tableau  de  Saint-Ger- 
main-des-Prés une  forme  circulaire,  qui  peut  être 
le  cadran  d'une  horloge;  la  peinture,  détériorée  en 
cet  endroit,  ne  permet  pas  de  le  décider.  Dès  le 
temps  de  Charles  V,  il  y  avait  réellement  une  hor- 
loge dans  le  château  (voir  p.  198,  l'article  des 
comptes  n°  ia4).  Une  entrée  du  Louvre,  qui  paraît 
être  celle  du  sud,  est  représentée  sur  un  jeton  con- 
temporain de  François  I",  avec  ces  mots  placés  au- 
dessous:  LE  LOVVRE,  et  cette  légende  autour  :  In 
hoc  œrarium  Fraticiœ. 

(,)  En  supposant  cet  encorbellement  répété  sur  la 


cour,  on  obtient,  à  très-peu  de  chose  près,  le  chiffre 
donné  par  Sauvai. 

m  Sauvai  dit  que  les  bâtiments  du  Louvre  étaient 
surmontés  de  terrasses  sous  Charles  V,  et  que 
François  I"  remplaçâtes  terrasses  par  des  combles; 
le  retable  du  Palais  de  Justice  prouve  que  cette 
substitution  était  déjà  effectuée  vers  i45o. 

(,)  C'était  la  principale  porte  auxvu"  siècle,  et  le 
passage  en  était  réellement  peu  large.  En  parlant 
du  meurtre  du  maréchal  d'Ancre,  Fontenay-Mareuil 
dit  dans  ses  Mémoires:  rrOn  avisa  que  i'arrest  ne 
<rse  pourrait  mieux  faire  qu'entre  la  grande  porte 
trde  devant  le  Louvre  et  la  cour,  où  le  passage  est 

>9- 


148  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Germain-l'Auxerrois  comme  dormant  et  à  deux  arches,  devait  être  de  système 
mixte.  Il  était  précédé  d'un  bâtiment  carré,  sorte  de  barbacane  ou  tête  de  pont,  en 
bordure  sur  la  rue  d'Autriche ,  et  dont  la  profondeur  égalait  celle  de  l'espace  compris 
entre  la  rue  et  le  fossé.  Devant  les  trois  autres  portes  du  château  il  y  avait  pareille- 
ment des  ponts;  mais  ceux  du  nord  et  de  l'ouest,  peu  importants,  n'étaient  guère 
que  des  passerelles  à  bascule. 

Indépendamment  des  tours  que  nous  venons  de  décrire  et  des  tours  de  Bois  et 
Jean  de  l'Estang,  dont  il  sera  parlé  ultérieurement,  Sauvai  cite  les  suivantes,  dont 
il  avait  recueilli  les  noms  dans  les  registres  des  œuvres  royaux  :  la  tour  où  se  met- 
tait le  Roi  quand  on  joutait;  la  tour  de  la  grande  chambre  delà  Tournelle,  où  était 
la  Chambre  du  Conseil;  les  tours  de  la  Petite-Chapelle,  de  l'Horloge,  de  l'Armoirie 
et  d'Orgueil.  Nous  n'avons  point  de  renseignements  sur  ces  diverses  tours,  dont 
plusieurs  se  confondent  certainement  avec  celles  dont  il  vient  d'être  question.  Sau- 
vai nomme  aussi  la  tour  du  Windal  (Vindas)  et  celle  de  l'Écluse (1)  :  la  première  était 
située  sur  le  bord  de  la  rivière  et  accolée  à  la  porte  de  l'une  des  basses-cours  ;  la 
seconde  servait  à  retenir  l'eau  des  fossés.  Les  noms  de  ces  deux  tours  éveillent  une 
même  idée,  et  peut-être  ne  formaient-elles  qu'une  seule  construction  sous  deux 
désignations  diverses.  Dans  tous  les  cas,  nous  y  verrions  très-volontiers  cette  cons- 
truction crénelée  que  nous  avons  signalée ,  d'après  la  vue  de  Cellier,  comme  occupant 
l'emplacement  de  l'extrémité  de  la  Petite-Galerie.  Quant  aux  tours  énoncées  a  la 
(f  tour  du  coin  devers  Saint-Thomas,  n  et  a  la  tour  du  coin  de  la  Basse-Cour  par 
et  devers  Saint-Thomas,  n  elles  s'identifient  sans  doute  avec  la  tour  de  l'angle  sud- 
ouest.  Dans  les  comptes  de  l'argenterie  pour  l'année  1 3  5a,  il  est  fait  mention  d'une 
tour  de  rc  Bische-Mouche ,  v  où  l'on  mettait  les  joyaux  du  Roi'2),  et  dont  rien  ne  fixe 
la  place.  Le  nom  de  cette  tour,  si  étrange  au  premier  abord,  provenait  de  ce 
qu'elle  avait  été  mise  à  la  disposition  de  deux  financiers  italiens ,  Biccio  et  Muschiato , 
appelés  en  français  Biche  et  Mouche,  qui  furent  employés  par  Philippe  le  Bel'3). 
Sauvai  assure  que  les  tours  dépendant  du  château  sans  en  faire  partie  avaient 
toutes  été  construites  à  la  hâte  et  après  coup.  La  plupart  étaient  confiées  à  la  garde 
d'un  capitaine  ou  concierge  plus  ou  moins  qualifié.  Le  20  septembre  1A11,  le 


ff  long  et  assez  étroit  quand  on  a  nasse  le  pont-levis.  1 
Le  contraste  entre  cette  porte  et  les  nouveaux  bâ- 
timents du  Louvre  était  fort  choquant.  Dans  la 
Journal  d'un  voyage  à  Paris  en  i65j-i658 ,  on 
lit,  a  la  date  du  a3  décembre  1657  :  «En  peu  de 
ir temps  on  n'entrera  plus  par  cette  vilaine  porte, 
<tqui  (il  dire  un  gros  mot  à  un  ambassadeur,  lors- 
irquestant  entré  dans  la  cour,  et  ayant  admiré  la 
rf  belle  façade  du  grand  corps  de  logis,  il  se  tourna, 
set  voyant  la  déformité  qui  luy  estoit  opposée,  il 


rrs'en  mocqua  et  dit:  cr  Zeste  d'une  telle  entrée! elle 
rrseroit  meilleure  pour  une  prison  que  pour  la  mai- 
ffson  d'un  si  grand  prince.» 

(I)  Et  non  de  rigfe,  comme  on  l'a  imprimé  à  tort. 

(,)  Gonf.  les  Comptes  de  l'argenterie,  publiés  par 
M.  Douët  d'Arcq,  p.  188.  —  La  tour  de  Biche- 
Moucbe  ne  serait-elle  pas  la  même  que  la  Grosse- 
Tour,  où  Gbarles  V  Taisait  garder  aussi  ses  joyaux? 

(,)  E.  Boutaric,  La  France  sous  Phillippe  le  Bel, 
p.  297  et  3og. 


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DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  149 

comte  de  Nevers  fut  nommé  concierge  de  celle  du  Windal ,  et  pendant  le  mal- 
heureux règne  de  Charles  VI,  les  capitaines  des  tours  de  Bois  et  de  l'Ecluse  furent 
plusieurs  fois  destitués.  Les  tours  secondaires  du  Louvre  eurent  aussi  leurs  prison- 
niers :  en  i3gi,  celle  de  l'Ecluse  servit  de  lieu  de  détention  à  Hugues  de  Saluées, 
qu'on  ne  jugea  sans  doute  point  digne  d'une  incarcération  dans  la  Grosse-Tour. 

Il  n'y  a  presque  aucun  document  graphique  sur  la  face  orientale  du  Louvre ,  la 
moins  facilement  visible  des  quatre W.  Tout  ce  qu'on  en  aperçoit  sur  les  gravures, 
c'est  la  partie  supérieure,  qui  se  dessine  au-dessus  de  l'hôtel  du  Petit-Bourbon; 
elle  répond  peu  à  l'idée  qu'on  est  disposé  à  s'en  faire,  car  elle  présente  l'appa- 
rence, non  d'une  aile  de  château  fort,  mais  hien  d'un  groupe  de  maisons  sans  ca- 
ractère, dont  la  plus  élevée  était  au  centre.  Quelque  bizarre  que  cela  semble,  il 
est  manifeste  que  tel  était  l'aspect  de  l'aile  orientale  du  Louvre  lorsqu'elle  fut 
abattue  :  la  planche  de  Boisseau  le  prouve.  H  est  à  croire  que  les  bâtiments  en 
furent  bouleversés  à  la  fin  du  xvic  siècle,  quand  il  fallut  les  entamer  pour  le  pro- 
longement des  constructions  nouvelles.  Le  retable  du  Palais  de  Justice  offre  une 
vue  fuyante,  mais  exacte,  de  la  face  orientale  du  Louvre  à  l'état  ancien  (voir  la 
planche  ci-contre).  On  y  observe  que  la  tour  de  la  Taillerie  était  semblable  à 
celle  du  sud-est,  et  qu'un  grand  comble  se  dressait  au-dessus  et  en  retraite  du 
portail,  comme  du  côté  de  la  Seine.  La  précieuse  peinture  montre  en  outre  qu'il 
y  avait,  attenant  à  la  tour  du  sud-est,  une  sorte  d'avant-corps  dont  on  ne  saurait 
préciser  les  dimensions  et  dont  l'agencement  avec  les  parties  voisines  est  même 
assez  problématique ,  puisqu'on  peut  le  comprendre  de  deux  façons  différentes. 
Cet  avant-corps,  adjonction  évidente  au  plan  primitif  du  château,  était  couronné 
de  créneaux;  il  ne  s'aperçoit  plus  ou  se  distingue  mal  sur  les  vues  du  xvuc  siècle, 
et  personne  n'en  a  encore  signalé  l'existence. 

LE  GRAND  ESCALIER. 

Le  grand  escalier  du  Louvre,  élevé  en  1 365 ,  était  une  des  parties  les  plus  re- 
marquables du  château.  Fondé  sur  huit  quartiers  de  pierre  qui  provenaient  des 
carrières  de  Notre-Dame-des-Champs,  et  qui  avaient  chacun  quatre  pieds  de  long 
sur  deux  pieds  et  demi  de  large,  il  était  de  système  hélicoïde,  comme  presque  tous 
les  escaliers  de  cette  époque,  qu'on  appelait  pour  cela  des  vis  ;  il  avait  pour  cage 
une  tour  ronde'2)  appliquée  à  la  face  méridionale  de  l'aile  du  nord,  et  enrichie  de 

(1)  M.  de  Clarac  parle  (p.  353)  d'un  tableau  qui  temenls  du  Roi  trpar  une  grande  vis  ronde,  que 

aurait  représenté  le  portail  de  ce  côté,  et  apparie-  «  Charles  V  avoit  fait  faire  en  i365,  à  trois  toises 

nait  h  un  M.  Bourdillon;  mais  personne  n'a  pu  rrde  la  salle  de  la  Reine,  dans  le  corps  opposé  à  celui 

nous  apprendre  ce  qu'était  devenu  ce  tableau.  «qu'ils  occupoient*  (et  qui  était  au  midi).  Un  esca- 

(,)  Sauvai  désigne  évidemment  le  grand  escalier  lier  polygonal  en  plan,  surtout  a  l'extérieur,  eût  été 

dans  ce  passage  où  il  dit  qu'on  montait  aux  appar-  bien  plus  dans  les  habitudes  de  l'époque. 


150  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

diverses  sculptures  ainsi  que  de  dix  statues  placées  dans  des  niches  et  abritées  sous 
des  dais.  De  ces  statues,  deux  exécutées  par  Jean  de  Saint-Romain,  et  n'ayant  que 
trois  pieds  de  hauteur,  représentaient  des  sergents  d'armes;  elles  étaient  placées  de 
chaque  côté  de  la  porte  des  appartements  royaux  ;  les  autres,  disposées  à  l'intérieur 
de  la  construction ,  sans  ordre  ni  symétrie ,  étaient  celles  du  Roi  et  de  la  Reine ,  ou- 
vrage de  Jean  de  Liège;  puis  celles  du  duc  d'Orléans  et  du  duc  d'Anjou,  par  Jean 
de  Launay  et  Jean  de  Saint-Romain;  enfin  celles  des  ducs  de  Rerry  et  de  Rour- 
gogne,  par  Jacques  de  Chartres  et  Guy  deDampmartin.  Chacune  de  ces  figures  avait 
été  payée  20  francs  d'or  ou  16  livres  parisis.  Au  haut  de  l'escalier  se  voyaient  les 
images  de  la  Vierge  et  de  Saint-Jean,  dues  aussi  au  ciseau  de  Jean  de  Saint-Romain, 
lequel  était  encore  l'auteur  de  deux  tr  reprinses  n  ou  culs-de-lampes  qui  portaient  le 
pignon  du  dernier  étage  de  la  tour'1).  A  l'une  des  fenêtres  il  y  avait  un  fronton 
lambrequiné  des  armes  de  France,  aux  fleurs  de  lis  sans  nombre,  ayant  pour  sup- 
ports deux  anges ,  et  pour  cimier  un  heaume  couronné ,  pareillement  soutenu  par 
deux  anges.  Aidé  de  Guy  de  Dampmartin,  Jean  de  Saint-Romain  avait  de  plus, 
au  prix  de  4o  francs  d'or,  décoré  le  sommet  de  la  voûte  de  l'escalier  de  douze 
branches  cr  d'orgues  »  (d'ogives)  ou  nervures,  des  armes  royales  sculptées  en  bas- 
relief  sur  la  clef,  et  de  celles  des  princes  du  sang  sur  les  ce  panneaux,  a  c'est-à-dire, 
nous  le  supposons,  sur  les  reins  ou  lunettes  comprises  entre  les  nervures. 

La  grande  vis  du  Louvre  était  munie  à  chaque  étage  d'un  banc  ou  «  reposoir  t> 
de  six  pieds  et  demi  de  long  sur  deux  de  large,  de  façon  que  le  Roi  pût  se  reposer 
en  montant.  Elle  se  composait  d'une  première  suite  de  quatre-vingt-trois  marches, 
mesurant  chacune  sept  pieds  de  longueur,  six  pouces  d'épaisseur  et  deux  pieds  et 
demi  de  giron  près  des  parois  de  la  cage ,  qui  devait  donc  avoir  environ  quinze  pieds 
de  diamètre  intérieur.  Au-dessus  de  ces  quatre-vingt-trois  marches,  commençait  une 
seconde  cage  de  même  forme  que  la  première ,  mais  plus  étroite'2),  car  ses  quarante 


(1)  tr  Jean  de  Saint-Romain  pour  avoir  taillé  deux 
et  reprinses,  l'une  un  beuf,  et  l'autre  un  esgle,  cha- 
ffeun  tenant  un  rouleau,  en  manière  des  évangé- 
<t  listes;  lesquels  servent,  sur  le  chanteauoù  sont  les 
rr  armes  du  Roy,  pour  porter  le  pignon  du  dernier 
rr étage  de  ladite  viz. »  (Comptes  de  i36/i.)  —  Un 
autre  compte  contient  aussi ,  ayant  quelque  rapport 
avec  le  grand  escalier,  l'article  suivant,  qui  nous 
révèle  une  singulière  coutume:  tr  Thomas  du  Buis- 
trson,  peintre,  pour  avoir  faict  plusieurs  croix  de 
rr  peinture  vermeille  outre  la  grande  viz  neuve  du 
tr  Louvre,  l'uisserie  des  jardins  et  autres  lieux  en  la 
rrcour  d'iceluy,  pour  la  défense  de  ceux  qui  y  fai- 
rr  soient  leur  retraict  pour  pisser;  par  marché  faict, 
rt  xxvi  s.  p.  »  —  Il  paraît  que  Jean  de  Saint-Romain 


réunissait  les  talents  du  sculpteur  et  du  peintre.  Une 
pièce  des  archives  de  Joursanvault  (n°  817)  établit 
qu'en  i364  cet  artiste,  qualifié  dVymagier,  «reçut 
deux  escus  d'or  pour  tr  la  peincture  des  chandeliers 
rtde  fust  qui  furent  mis  à  Saint-ilnthoine ,  entour  le 
tr  corps  du  Roy.  n 

m  Un  agencement  semblable  s'observe  dans  la 
tour  de  l'hôtel  de  Bourgogne,  dont  la  hauteur  est  la 
même ,  et  qui  est  presque  contemporaine ,  car  elle  ne 
fut  bâtie  que  quarante-deux  ans  plus  tard,  au  mois 
de  mars  1607  (v.  s.),  d'après  Monstrelet.  Ce  monu- 
ment, qu'on  voit  encore  dans  une  maison  de  la  rue 
du  Petit-Lion-Saint-Sauveur,  a  été  relevé  géométra- 
lement  et  gravé  pour  la  Statistique  monumentale  de 
Paris,  publiée  par  M.  Albert  Lenoir. 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  151 

et  une  marches  n'avaient  que  trois  pieds  de  long  et  un  pied  et  demi  de  giron  dans 
leur  partie  la  plus  large.  Ce  second  escalier  conduisait  à  la  plate-forme  qui  termi- 
nait la  tour,  et  s'élevait  à  dix  toises  six  pouces  du  sol ,  hauteur  en  concordance  avec 
le  nombre  de  marches  indiqué.  Le  tout  était  en  solide  maçonnerie  de  pierre  de 
taille,  et  pour  faire  les  paliers  on  avait  employé  dix  dalles  tumulaires'1'  provenant 
du  cimetière  des  Innocents.  Vendues  le  2  5  septembre  1 365 ,  à  raison  de  ik  sous 
parisis  la  pièce,  par  Thibaut  de  la  Nasse,  marguillier  de  l'église,  ces  dalles  furent 
mises  en  œuvre  par  les  nommés  Pierre  Anguerrand  et  Jean  Goulombel.  La  largeur 
des  marches  du  grand  escalier  prouve  que  la  tour  où  il  était  contenu  différait  peu 
des  autres  quant  à  son  diamètre  intérieur;  mais  vraisemblablement  les  murs  en 
étaient  moins  épais  ;  elle  ne  figure,  du  reste,  sur  aucun  des  anciens  plans;  toute- 
fois il  est  évident  qu'elle  se  trouvait  dans  l'axe  de  la  Grosse-Tour. 

Le  grand  escalier,  détruit  sous  Louis  XIII ,  lorsque  Lermercier  commença  les  tra- 
vaux d'agrandissement  du  château ,  avait  été  élevé  par  Raymond  du  Temple,  archi- 
tecte ordinaire  de  Charles  V.  Une  notice  très-intéressante  de  M.  Jules  Quicherat 
nous  apprend  que  Raymond  du  Temple  fut  aussi  maître  des  œuvres  de  maçonnerie 
de  Charles  VI,  et  qu'il  faisait  partie  de  la  troupe  des  sergents  d'armes,  sorte  de  garde 
instituée  par  Philippe-Auguste  pour  la  défense  de  la  personne  du  Roi.  Ce  rensei- 
gnement explique  la  présence  des  statues  dont  nous  venons  de  parler  et  qui  or- 
naient la  porte  des  appartements  royaux.  Raymond  avait  un  fils  nommé  Chariot; 
Charles  V  en  fut  le  parrain,  et,  en  cette  qualité,  lui  fit  don,  l'an  1876,  de 
200  francs  d'or,  afin  qu'il  put  s'acheter  des  livres,  pendant  qu'il  étudiait  à  Orléans  (2>. 

L'achitecte  du  principal  escalier  du  Louvre  était  aussi  employé  par  les  princes; 
il  travailla  à  la  grande  chapelle  de  l'église  des  Célestins  et  à  l'hôtel  de  Rohême , 
pour  le  compte  du  duc  d'Orléans.  On  possède  les  deux  quittances  d'une  somme 
de  200  francs  qu'il  reçut  de  ce  prince,  à  titre  de  gratification.  A  l'une  de  ces  quit- 
tances pend  encore  un  sceau  où  est  figurée  une  tête  barbue  tournée  à  gauche, 
avec  ces  mots  pour  légende  :  Seel  Ramont  du  Temple. 


H  existe  aux  archives  de  l'Empire  deux  procès-verbaux  de  visite  de  terrains 
vagues,  dressés  par  Raymond  du  Temple,  l'un  le  26  avril,  et  l'autre  le  i3  dé- 


(1)  Et  non  vingt,  comme  le  dit  Sauvai.  (Voir  les  !,)  Bibliothèque  de  l'Ecole  des  Charles,  2'  série, 

comptes  ci-après,  n°  a5.)  t.  III,  p.  55. 


152  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

cembre  1372W.  Nous  avons  vu  aussi,  dans  un  acte  de  1Û01,  qu'il  portait  le  titre 
de  maître  maçon  juré  de  l'église  de  Paris ,  et  qu'il  avait  un  parent  nommé  a  Jehan 
ff  du  Temple  le  Jeune ,  v  avec  lequel  il  assista  alors  à  certains  travaux  du  voyer 
de  l'Évêché'2'.  H  servit  le  Chapitre  de  Notre-Dame  plus  de  trente  ans,  car  il  fut 
chargé,  par  suite  d'une  résolution  capitulaire  du  2  septembre  1870,  de  visiter 
la  maison  de  Coquatrix  qui  menaçait  ruine.  En  1887,  il  avait  fait  exécuter  cer- 
tains travaux  aux  «  aisances  i>  de  la  cour  du  Parlement  (Boutaric,  Recherches  ar- 
chéologiques sur  le  Palais  de  justice,  p.  h  5 .  )  H  vivaitencore  au  mois  de  décembre  1  h  0  3  (3l 

INTÉRIEUR  DES  BÂTIMENTS. 

Parmi  toutes  les  questions  topographiques  relatives  à  l'ancien  Louvre ,  il  n'en  est 
point,  on  le  conçoit,  de  si  obscure  que  celle  de  la  distribution  intérieure.  Là  il  y  a 
impossibilité  de  rien  restituer  avec  quelque  certitude;  tout  est  plus  ou  moins  dou- 
teux et  confus^.  Ce  qu'on  peut  dire  seulement,  c'est  que  les  appartements  royaux 
étaient  dans  l'aile  méridionale,  la  grande  chapelle  dans  l'aile  orientale,  et  la  salle 
Saint-Louis  dans  l'aile  occidentale ,  avec  une  autre  grande  salle  et  deux  petites  cha- 
pelles. On  peut  encore  penser  qu'une  des  salles  dites  de  la  Reine  était  dans  l'aile 
septentrionale ,  puisqu'elle  n'était  séparée  du  grand  escalier  que  par  une  distance 
de  trois  toises.  Quant  au  reste,  nous  ne  saurions  mieux  faire  que  de  trans- 
crire la  description  de  Sauvai,  malgré  les  inexactides  qu'elle  doit  renfermer. 
Sauvai  s'exprime  ainsi  :  «Les  principaux  appartements  de  nos  rois  et  de  nos 


(1)  Arch.  de  l'Emp.  reg.  J  i5i,  n°  78. 

m  Arch.  del'Hôtel-Dieu,  layette  9. 

<3>  Félibien,  t.  III,  p.  a45. 

(1>  M.  de  Clarac,  pour  sa  Description  du  Louvre, 
a  néanmoins  composé ,  de  concert  avec  le  dessinateur 
Civeton,unplan  qui  passe  pour  représenter  l'édifice 
dans  son  état  ancien,  et  particulièrement  pour  en 
reproduire  la  configuration  intérieure.  Ce  plan, 
accepté  par  le  public,  auquel  il  eût  été  assez  dif- 
ficile d'en  constater  les  nombreuses  erreurs,  a  con- 
servé une  certaine  réputation ,  cpii  empêche  de  le 
passer  sous  silence.  Étranger,  comme  presque  tous 
les  antiquaires  de  son  époque,  à  l'archéologie  du 
moyen  âge,  M.  de  Clarac  n'avait  pas  les  connais- 
sances indispensables  pour  reconstituer  sur  le  pa- 
pier, avec  quelques  chances  de  succès,  un  château 
fort  du  xiv'  siècle  ;  mais ,  lors  même  qu'il  eût  possédé 
cette  science  spéciale ,  si  rare  de  son  temps ,  il  n'aurait 
jamais  restitué  sérieusement  l'intérieur  du  Louvre 
de  Charles  V,  par  la  raison  péremptoire  que  l'on  ne 
dispose  pas  de  la  dixième  partie  des  données  néces- 
saires pour  cela.  M.  de  Clarac  a  sans  doute  pris 


beaucoup  de  peine  afin  d'obtenir  le  résultat  auquel 
il  est  arrivé  ;  toutefois  on  ne  saurait  méconnaître  qu'il 
n'a  pas  profité  de  tous  les  renseignements  qu'il  avait 
sous  la  main.  Un  fait  plus  regrettable  encore,  c'est 
qu'il  se  soit  mis  en  fréquente  opposition  avec  des 
documents  graphiques  qui  font  autorité.  Ainsi, 
contrairement  au  tableau  si  précis  de  Saint-Ger- 
main-des-Prés ,  il  a  placé  une  tour  supplémentaire 
entre  la  porte  du  midi  et  la  tour  de  l'angle  sud- 
ouest;  sans  tenir  compte  des  plans  de  Du  Cerceau, 
de  Quesnel  et  de  Mérian,  il  a  cru  pouvoir  accoler  à 
l'aile  septentrionale  du  château  deux  tours  au  lieu 
d'une,  et  à  l'aile  méridionale,  trois  autres  tours  au 
lieu  de  la  seule  qu'on  y  vit  jamais ,  etc.  Quant  au 
texte  de  l'ouvrage,  il  est  naturellement  le  reflet  des 
erreurs  contenues  dans  le  plan  et  ne  révèle  presque 
aucun  fait  nouveau ,  à  part  ce  qu'on  y  apprend  sur 
les  travaux  modernes ,  dont  nous  n'avons  pas  à  nous 
occuper.  En  affirmant  donc  que  l'histoire  monu- 
mentale de  l'ancien  Louvre  restait  à  faire  après  le 
livre  de  M.  de  Clarac,  nous  croyons  ne  pas  excéder 
les  bornes  de  la  vérité. 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  153 

«  reines,  au  Louvre,  ont  toujours  été  placés  au  lieu  même  où  nous  les  voyons  ;  et, 
«bien  que  la  principale  entrée  fût  à  cet  endroit  (au  midi),  et  que  ce  ne  soit  jamais 
«  dans  la  façade  d'un  palais  que  se  retire  le  prince ,  à  cause  du  grand  bruit  qui  s'y 
«fait  d'ordinaire,  la  vue  en  est  si  belle,  qu'en  1 365  on  l'appeloit  le  Grand-Pavillon 
ce  du  Louvre,  et  que  nos  rois,  aussi  bien  que  nos  reines,  y  logeoient  presque  tou- 
rr  jours  et  le  préféroient  aux  autres  appartemens  qu'ils  avoient  dans  l'autre  corps 
«  de  logis  parallèle,  qui  jouissoit  de  l'aspect  du  grand  jardin. 

«  Tous  les  registres  de  la  Chambre  des  comptes  touchant  les  réparations  des 
ff  œuvres  royaux,  depuis  le  roi  Jean  jusqu'à  Charles IX,  font  voir  que  les  portes  des 
cf  principaux  appartemens  étoient  ornées  de  pratiques  de  menuiserie  ;  que  les  appar- 
ie temens  tant  du  Roi  et  de  la  Reine  que  des  Enfans  de  France  étoient  carrelés, 
«  planchées,  nattés  et  lambrissés  de  bois  de  chêne,  qui  coûtoit  à  mettre  en  œuvre 
ce  huit  sols  parisis  le  millier;  de  plus,  qu'ils  avoient  chacun  leur  chapelle  et  leur 
ce  galerie,  et  ne  reçevoient  le  jour  que  par  de  petites  fenêtres,  étroites  et  obscurcies 
ce  d'un  gros  treillis  en  fer,  d'un  châssis  de  fil  d'archal ,  et  de  vitres  peintes  de  cou- 
cr leurs  hautes,  et  rehaussées  des  armoiries  de  la  personne  qui  y  demeuroit. 

cf  Les  reines  occupoient  le  premier  étage  (le  rez-de-chaussée)  ;  les  rois,  le  second; 
ft  et  la  conformité  de  leur  logement  étoit  si  grande ,  que  l'un  n'avoit  pas  plus  d'é- 
ff tendue  que  l'autre,  ou  même  plus  de  membres,  ni  de  commodités;  celui  de  la 
cf  Reine  étoit  relevé  de  trois  ou  quatre  marches  au-dessus  du  rès-de-chaussée  (du 
et  sol  de  la  cour).  Sous  Charles  V  et  ses  successeurs,  il  fut  toujours  accompagné 
ft  d'une  grande  salle  et  de  deux  chapelles  qui  remplissoient  entièrement  le  prê- 
te mier  étage  du  corps  de  logis  parallèle  à  la  rue  Froimantel,  et  assorti,  dans  celui 
«qui  regardoit  sur  la  rivière,  d'une  grande  chambre  de  parade,  d'une  autre 
er  grande  chambre  et  de  quelques  garderobes  et  cabinets.  On  montoit  à  celui  du 
ttRoi  par  une  grande  vis  ronde  que  Charles  V  avoit  fait  faire  en  1 365 ,  à  trois 
ft  toises  de  la  salle  de  la  Reine,  dans  le  corps  de  logis  (du  nord)  opposé  à  celui 
«qu'ils  occupoient. 

«On  fit  tant  de  logemens  dans  ce  palais,  que  les  Enfans  de  France,  les  princes 
«du  sang  et  les  officiers  de  la  couronne  y  avoient  de  si  grands  appartemens,  qu'il 
ce  n'y  en  avoit  pas  un  où  il  ne  se  trouvât  une  chambre,  un  cabinet,  une  garde-robe 
et  et  une  chapelle,  et  tous  se  dégagement  dans  des  salles  et  des  galeries;  car  on 
et  y  comptoit  jusqu'à  six  salles  et  quatre  ou  cinq  galeries. 

«Pour  ce  qui  est  des  salles,  la  première  se  nommoit  la  Salle  neuve  du  Roi ,  et  la 
«  seconde,  la  Salle  neuve  de  la  Reine;  toutes  deux  longues,  chacune,  de  sept  toises 
«un  pied  et  un  quart,  et  larges  de  quatre  toises  trois  pieds  et  demi.  La  troisième 
«regardoit  sur  les  jardins,  et,  à  cause  de  cette  situation,  étoit  appelée  la  Salle  sur 
«les  jardins.  La  quatrième  fut  faite  par  saint  Louis,  et  pour  cela  portoit  le  nom  de 
«  son  fondateur  ;  il  lui  avoit  donné  douze  toises  de  long  sur  sept  de  large  ;  mais,  comme 


154  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

«  elle  toraboit  en  ruine  sous  Charles  V,  il  la  fit  abattre  et  en  fit  faire  une  autre  en 
«cet  endroit-là,  de  pareille  grandeur,  et  lui  conserva  son  ancien  nom,  qu'elle  a 
«  toujours  eu  jusqu'à  ce  que  François  Ier  ruina  le  corps  de  logis  où  elle  étoit.  La  cin- 
«  quième  se  nommoit  la  Salle  du  Conseil ,  et  consistoit  en  une  chambre  et  une  garde- 
«  robe  qu'on  appeloit  la  Garde-robe  du  Conseil  de  la  Trappe.  Mais  la  plus  fréquen- 
ce tée  et  la  mieux  ornée  se  nommoit  tantôt  la  Salle  basse,  tantôt  la  Grande  Salle, 
«  tantôt  la  Salle  du  Guet,  et  tantôt  la  Salle  par  terre.  Sous  Charles  V,  elle  portoit  huit 
«  toises  cinq  pieds  et  demi  de  long,  sur  cinq  toises  neuf  pouces  de  large;  et  sous 
«  François  Ier,  sept  toises  un  pied  et  un  quart  de  long,  sur  quatre  toises  trois  pieds 
rr  et  demi  de  large.  Charles  V  la  fit  peindre  en  1 366  ;  mais  les  peintures  étant  toutes 
ff  effacées  du  temps  de  François  Ier,  elles  furent  renouvelées  en  1 5 1 4,  rehaussées 
<r d'oiseaux  et  d'animaux  qui  se  jouoient  dans  de  grandes  campagnes,  et  accompa- 
ft  gnées  de  figures  de  cerfs.  Dans  cette  salle,  Charles  V  et  ses  successeurs  reçevoient 
«et  régaloient  les  princes  étrangers;  c'étoit  là  qu'ils  mangeoient  en  public  et  fai- 
re soient  leurs  grandes  fêtes.  A  un  des  bouts  tenoit  la  chapelle  basse  du  Louvre  ;  à 
ff  l'autre,  Louis  de  France,  duc  de  Guyenne,  fils  aîné  de  Charles  VI,  fit  élever,  en 
«  î  h 1 3 ,  un  avant-portail  de  pierre  de  taille,  chargé  de  moulures,  voûté  et  terminé 
tf  d'une  chambre  couverte  d'une  terrasse  entourée  d'un  balustre  de  pierre  à  claire- 
ff  voie.  Dans  la  chambre  furent  mises  les  orgues  de  ce  prince,  et  la  terrasse  destinée 
ff  pour  les  joueurs  d'instruments  ou  ménétriers  du  roi  et  du  duc  de  Guyenne  :  car 
tf  c'est  ainsi  qu'ils  sont  appelles  dans  les  registres  de  la  Chambre  des  comptes.  Dans 
trie  milieu  de  la  face  de  cette  salle,  parallèle  à  cet  avant-portail,  étoit  pratiquée  la 
tr  principale  porte  de  la  chapelle  du  Louvre.  Raymond  du  Temple  la  couronna  d'un 
tt grand  fronton  gothique  de  pierre  de  taille,  et  Jean  de  Saint-Romain,  sculpteur, 
«eut  six  francs  d'or,  ou  quatre  livres  seize  sols  parisis,  pour  le  remplir  ou  le  lam- 
rtbrequiner  d'une  image  de  Notre  Dame,  de  deux  anges  tenant  deux  encensoirs, 
rr  et  de  cinq  autres  jouant  des  instrumens  et  portant  les  armes  de  Charles  V  et  de 
tt  Jeanne  de  Bourbon;  elle  avoit  quatre  toises  et  demie  de  large  sur  huit  et  demie 
ttde  long.  Sous  Charles  V,  son  autel  étoit  de  marbre,  et  sous  François  Ier,  il  étoit 
te  paré  de  deux  images  de  bois,  peintes  et  dorées,  l'une  de  Notre  Dame,  l'autre  de 
rt  sainte  Anne;  mais  ses  murailles  furent  ornées,  en  1 365,  de  treize  figures  de  pierre 
cr  qui  représentoient  chacune  un  prophète  ayant  un  rouleau  en  main,  qui  furent 
ft  exécutées  à  l'envi  par  les  meilleurs  sculpteurs  du  siècle.  Et  dans  ce  temps-là  fut 
tf  dressé  un  oratoire  ou  prie-Dieu  pour  le  roi,  quand  il  se  trouvoit  au  service;  quoi- 
tr qu'elle  fut  voûtée,  au  reste,  et  qu'elle  ne  portât  que  deux  toises  cinq  pieds  de 
«haut,  sur  vingt  toises  quatre  pieds  de  circonférence,  on  ne  laissa  pas  d'y  bâtir  une 
«cheminée.  Enfin  Jean  Bernard,  charpentier,  y  fit,  en  1 366 ,  un  petit  clocher  de 
«menuiserie,  terminé  d'une  tourelle  et  garni  d'une  petite  cloche.  Avec  tout  cela, 
«  Charles  V  n'en  fut  pas  le  fondateur,  mais  le  restaurateur,  ainsi  que  de  tout  le 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  155 

ce  reste  du  Louvre;  car,  sans  doute,  c'étoit  Philippe-Auguste  qui  l'avoit  bâtie,  et, 
«de  plus,  elle  avoit  été  érigée  en  chapellenie  par  Philippe  le  Bel.  Et  de  fait,  après 
«la  mort  de  Jeanne  de  Navarre,  ce  prince  ne  se  vit  pas  plutôt  veuf,  qu'il  l'institua 
«  et  même  donna  dans  son  Louvre  un  appartement  au  chapelain  qui  en  avoit  la 
ce  direction;  de  plus,  chargea  la  prévôté  de  Paris  de  deux  cent  (?)  vingt- cinq 
cr  livres  W  pour  sa  nourriture ,  et  de  quarante  sols  pour  ses  habits  ;  voulant  encore 
ce  que,  tant  que  lui  et  ses  successeurs  rois  logeroient  dans  ce  château,  il  eût  la 
ce  moitié,  tant  de  pain,  du  vin,  de  la  viande  que  de  la  chandelle,  et  des  autres 
«nécessités  qu'on  fournissoit  alors  aux  officiers  commensaux  de  sa  maison,  et 
ce  simplement  la  moitié  de  cette  portion  quand  il  n'y  auroit  que  ses  enfants  qui  y 
ce  demeureroient. 

«t  Ce  n'étoit  pas  la  seule  chapelle  qui  fût  alors  au  Louvre  ;  il  y  en  avoit  dans 
ce  tous  les  appartemens  principaux  :  le  Roi ,  la  Reine  et  les  Enfans  de  France  en 
ceavoient  chacun  une  attachée  à  leurs  chambres,  la  plupart  terminée  d'un  petit 
ce  clocher  et  placée  dans  les  tours  qui  flanquoient  et  environnoient  le  château.  Dans 
ce  celle  du  Roi ,  il  y  avoit  une  armoire  garnie  de  tables  et  de  reliques  ;  dans  celle 
cède  la  Reine,  un  autel,  un  oratoire  et  un  jubé  de  menuiserie,  travaillé  et  taillé 
ce  avec  beaucoup  d'art  et  de  patience. 

ce  La  chambre  aux  Oiseaux  (joyaux?)  avoit  neuf  toises  de  long  sur  quatre  et 
ce  demie  de  large.  En  i63o,  elle  étoit  mieux  garnie  et  plus  riche  que  celle  du 
ce  Palais,  de  l'hôtel  Saint-Pol,  du  château  de  Vincennes  et  de  la  Bastille.  Des  cabi- 
cc  nets  ou  armoires  à  trois  étages  paroient  ses  murs  de  haut  en  bas  ;  là  étoit  ren- 
ée fermée  et  rangée  l'argenterie  du  Roi,  sa  vaisselle  d'or  et  d'argent,  des  draps 
ce  d'or,  des  échiquiers  de  jaspe  et  de  cristal,  des  anneaux  pontificaux,  des  croix, 
cèdes  crosses  d'or,  et  toutes  sortes  d'ornemens  de  chapelle  et  paremens  d'autel, 
ce  chargés  de  pierreries;  ce  qui  fait  dans  les  registres  de  la  Chambre  des  comptes 
ce  plusieurs  listes  et  chapitres  non  moins  longs  qu'ennuyeux. 

ce  On  ne  se  servoit  alors  ni  de  chaises,  ni  de  placets,  ni  de  sièges  plians;  ces 
ce  sortes  de  meubles  si  commodes  n'avoient  point  encore  été  inventés.  Dans  la 
ce  chambre  du  Roi  et  de  la  Reine,  il  n'y  avoit  que  des  tréteaux,  des  bancs,  des 
ce  formes  et  des  faudesteuils  ou  fauteuils;  et,  pour  les  rendre  plus  superbes,  les 
ce  sculpteurs  en  bois  les  chargeoient  d'une  confusion  de  bas-reliefs  et  de  rondes- 
ce  bosses;  les  menuisiers  les  entouroient  de  lambris,  et  les  peintres  les  peignoient 
ce  de  rouge  et  de  rosettes  d'étain  blanc.  La  chambre  de  parade ,  où  Charles  V  tenoit 
ce  ses  requêtes,  fut  peinte  de  cette  sorte,  en  i366,  par  Jean  d'Orliens,  et  parée 

(l)  L'abbé  Lebeuf  dit  qu'il  y  avait  dès  i3i5,au  dansunacte  de  permutation  du  i3décembre  i5aa. 

Louvre,  une  chapelle  dotée  de  a5  livres  a  prendre  (Histoire  du  diocèse  de  Paris,  t.  I,  p.  61.)  Cette 

sur  la  prévôté  de  Paris  et  jouissant  d'autres  droits,  chapelle  Saint-Jean  parait  être  celle  dont   parle 

laquelle  chapelle  est  appelée  la  chapelle  Saint-Jean  Sauvai. 


156  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

«  de  ces  meubles  et  de  ces  ornemens  par  ses  charpentiers  et  menuisiers.  Au  lieu 
«de  ces  cabinets  magnifiques  d'Allemagne,  qui  parent  les  appartements  des  dames 
«d'aujourd'hui,  on  ne  voyoit  alors  que  des  buffets  grands,  gros,  épais,  et  chargés 
«  de  basses-tailles  mal  travaillées  W.  v 

Dans  une  autre  partie  de  son  livre ,  Sauvai  a  encore  consigné  les  détails  suivants  : 
«Les  salles,  autres  que  celles  de  Saint-Louis,  avoient  huit  toises  de  longueur  sur 
«cinq  de  large,  ou  un  peu  plus  de  sept  toises  de  longueur  sur  quatre  et  demie 
«de  large  environ.  La  grande  chambre  de  parade,  où  le  roi  tenoit  quelquefois  ses 
«requêtes,  étoit  longue  de  dix  toises  et  large  de  six.  Sa  chambre  avoit  cinq  toises 
«et  demie  de  longueur  sur  cinq  de  largeur.  La  chambre  de  la  Trappe  ou  du 
«  Conseil  en  avoit  six  sur  cinq.  Son  retrait,  trois  sur  deux  et  demie ...  Sa  chapelle 
«basse,  quatre  et  demie  sur  deux  et  demie. 

«  Les  pièces  de  l'appartement  de  la  Reine  étoient  presque  de  même  grandeur  ; 
«  mais  la  chambre  du  dauphin  portoit  quatre  toises  de  large  sur  quatre  toises  cinq 
«pieds  et  demi  de  long.  Sa  grande  chambre  de  parade  avoit  six  toises  quatre 
«pieds  ou  environ  de  longueur,  sur  quatre  toises  de  large.  Son  cabinet,  trois  de  long 
«et  de  large.  Sa  chapelle  basse,  trois  toises  deux  pieds  sur  deux  toises  un  pied. 

«La  chambre  de  madame  Michelle,  depuis  duchesse  de  Bourgogne,  et  qui  lui 
«laissa  son  nom,  étoit  de  six  toises  et  demie  de  longueur,  et  de  six  pieds  et  demi 
«en  largeur.  Son  cabinet  portoit  trois  toises  en  carré;  le  reste  en  proportion. 

«  Les  chambres  des  princes  du  sang  portoient  cinq  toises  de  long  sur  quatre  et 
«demi  de  large;  leurs  garde-robes  avoient  quatre  toises  de  longueur  et  treize 
«  pieds  de  largeur,  et  ainsi  du  reste  (2).  r> 

LE  GRAND-JARDIN  ET  LA  MÉNAGERIE. 

Le  terrain  dépendant  du  Louvre ,  vers  la  rue  Saint-Honoré ,  était  occupé  par  un 
assez  vaste  jardin  qu'on  appela,  sous  Charles  V  et  depuis,  le  Parc  ou  le  Grand- 
Jardin,  pour  le  distinguer  d'autres  jardins  plus  petits,  comme  ceux  qui  étaient 
spécialement  destinés  au  Roi  et  à  la  Reine ,  et  qui  furent  convertis  en  basses-cours 
par  Charles  VI.  Le  Grand-Jardin  avait  pour  limites  :  à  l'orient,  le  gros  mur  de  la 
Ville ,  auquel  s'appuyaient  les  maisons  de  la  rue  d'Autriche  ;  à  l'occident ,  la  muraille 
à  laquelle  s'adossaient  les  maisons  de  la  rue  Fromenteau,  et  dont  nous  connaissons 
l'alignement;  au  midi,  le  fossé  du  château;  au  nord,  un  mur,  auquel,  suivant  de 
nombreux  documents,  aboutissaient  les  maisons  du  côté  méridional  de  la  rue  de 
Beauvais.  Ce  dernier  mur  fut  abattu  en  partie  sous  Louis  XIII;  mais  nous  en  avons 
retrouvé  un  point  au  moyen  d'une  indication  comme  il  est  rare  d'en  rencontrer 

(1)  T.  II,  p.  20  et  suiv.—  (5>  Ibid.  p.  275. 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  157 

dans  les  anciens  actes.  Un  extrait  des  registres  de  criées,  portant  la  date  du  5  no- 
vembre i&55m,  contient  le  passage  suivant, confirmé  par  d'autres:  «Une  masure 
«ou  place,  où  jadiz  ot  maison,  assise  à  Paris,  en  la  rue  de  Beauvaiz. . .  aboutissant 
«par  derrière  aux  jardins  du  Louvre  et  appartenances;  et  contient  ladite  masure, 
«dedans  euvre,  quatre  toises  et  demye  de  long,  et  deux  toises  sur  rue;  et  par 
«derrière  deux  toises  demy  pié  moins. n  Ayant  recherché  quelle  était  cette  maison, 
nous  avons  vu  qu'elle  s'élevait  en  face  de  la  rue  Jean-Saint-Denis  (Pierre-Lescot) , 
et  nous  avons  même  découvert  un  plan  dressé  il  y  a  environ  un  siècle  et  demi, 
où  elle  est  figurée  avec  ses  anciennes  dimensions.  Nous  avons  ainsi  constaté  que 
le  mur  de  clôture  du  jardin  passait  à  quinze  mètres  du  coin  oriental  des  rues  Jean- 
Saint-Denis  et  de  Beauvais.  Toutefois  ce  point  n'aurait  point  suffi  pour  déterminer 
la  direction  du  mur,  si  nous  n'avions  pu  y  joindre  cette  indication,  fournie  par 
les  plans  de  Mérian  et  de  Gomboust,  que  le  mur  se  prolongeait  parallèlement  à 
l'aile  du  château.  Suivant  ces  données,  nous  avons  reconnu  que  le  mur  du  jardin 
venait  se  souder  à  l'enceinte  de  Philippe-Auguste,  près  du  lieu  ou  celle-ci  se 
brisait  pour  courir  aussi  parallèlement  à  la  face  orientale  du  Louvre.  Vers  le 
même  endroit,  sur  le  plan  manuscrit  de  Saint-Germain-l'Auxerrois,  apparaît  un 
pavdlon  carré,  flanqué  d'une  tourelle  à  son  angle  sud-ouest. 

D'après  Sauvai,  le  jardin  du  Louvre  était  semé  de  poirées,  de  pourpiers,  de 
laitues  et  autres  légumes;  il  était  décoré  de  plants  de  rosiers,  de  haies,  de  pavil- 
lons, de  préaux  et  de  tonnelles  «comme  étant  tonte  la  science  des  jardiniers  de  ce 
«  temps-là,  qui  ne  connoissoient  point  de  plus  magnifiques  compartimens.  «  Sauvai 
dit  encore  :  «Quatre  pavillons  alternativement  ronds  et  quarrés  remplissoient  les 
«  quatre  coins;  quant  à  leur  grandeur,  il  falloit  qu'elle  fût  bien  considérable ,  chacun 
«étant  environné  de  sièges,  de  chaises  et  de  marchepieds  faits  de  gazon,  avec  un 
«préau  dans  le  milieu,  n  Sauvai  s'est  au  moins  trompé  sur  le  nombre  des  pavillons, 
qui  montait  à  cinq;  on  lit  dans  les  comptes  de  1 368  :  a  Item,  pour  avoir  planté 
«d'un  costé  et  d'autre  ded.  treilles  et  pavillons  xvu  c  et  demy  de  chez  ^ceps)  de 
«vigne,  vin  francs  d'or,  et  les  treilles  et  pavillons  et  bayes  mesurées  comme  il 
«ensuit  :  premièrement,  le  pavillon  rond  contient  vin  toises;  le  pavillon  devers  la 
«rue  du  Coq  contient  vu  toises;  item,  le  pavillon  devers  la  rue  de  Beauvez  contient 
«v  toises;  celui  de  la  rue  Fromentel  contient  vin  toises;  le  pavillon  carré  de  la 
«Fauconnerie  xu  toises;  et  pour  le  lozengié'2'  d'icelui  xvi  toises.  Item,  les  hayes 
«dud.  pavillon  xv  toises  de  longW;  item,  les  haies  du  petit  jardin  vi  toises.  •» 

111  Arch.  des  Quinze-Vingts.  epréau  èsdits  jardins ,  et  faict  demerrien  (bois)  un 

m  On  voit  par  un  autre  extrait  des  Comptes  que  rrlozengié  tout  autour,  à  fleur  de  Hz  et  à  créneaux,  » 

ces  bzengiés  ou  treillages  étaient  disposés  de  façon  (3>  Quinze  toises  de  développement  sans  doute, 

à  former  des  créneaux  et  des  fleurs  de  lis:  «Jean  ce  qui  impliquerait  que  ce  pavillon  avait  un  peu 

"Baril,  faiseur  de  treilles,  pour  avoir  faict  un  grand  moins  de  quatre  toises  de  côté. 


158  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

De  ce  texte  il  semble  résulter  que  les  pavillons  étaient  placés  selon  la  disposition 
suivante  : 


Quant  à  l'apparence  du  Grand-Jardin ,  entièrement  gâté  par  Henri  III ,  dit  Sauvai , 
on  ne  peut  que  renvoyer  au  plan  de  Mérian,  où  ce  jardin  est  représenté  comme 
un  large  préau  entouré  d'une  suite  de  tonnelles. 

Vers  1 368 ,  on  refit  les  murs  du  jardin  du  Louvre  et  l'on  y  ouvrit  une  porte 
conduisant  à  la  rue  Fromenteau  ;  un  article  des  comptes  est  ainsi  conçu  :  et  Pour 
a  avoir  faict  es  jardins,  depuis  le  coin  devers  la  rue  Froidmantel,  seize  toises  de 
ttlong,  abatu  les  cloisons  et  murs  vielz,  en  droit  de  la  rue  de  Champ-flori  jusqu'à 
tt  la  gauche  de  la  fourière  du  Roi .  .  .  Pour  un  portail  à  istre  (sortir)  desdits  jardins 

tten  la  rue  Froidmantel Pour  avoir  taillé  et  faict  l'appareil,  aux  maçons, 

«d'un  portail  de  pierre,  qui  est  assis  au  mur  neuf  entre  la  rue  Froidmantel  et  les 
<rmurs  dudict  jardin,  de  dix  pieds  de  haut  et  huict  de  lé,  à  voulsure,  chanfrané 
a  par  dehors;  entre  lesquels  murs  est  le  montoir  du  Roy  et  de  la  Royne.  n  Le  portail 
dont  il  est  ici  question  devait  communiquer  avec  ce  petit  jardin  en  bordure  sur 
la  rue  Fromenteau,  mentionné  plusieurs  fois  comme  le  tenant  méridional  de  la 
maison  de  la  Tête-de-Rélier,  et  énoncé  «jardin  que  l'on  dit  estre  du  Louvre  n 
en  i53o,  puis  simplement  «jardin  du  Louvre t>  en  îbylt  et  1577.  Ce  petit  jardin 
semble  aussi  être  le  même  que  celui  qui,  d'après  Sauvai,  «portoit  six  toises  de 
«longueur  sur  six  autres  et  cinq  pieds  de  longueur,  du  côté  de  la  rue  Saint- 
«  Honoré,  n  On  retrouve  ces  dimensions,  si  l'on  admet  que  le  portail  avait  une 
quinzaine  de  pieds  de  profondeur 


(1) 


m  M.  Le  Roux  de  Lincy  possède  un  manuscrit 
de  Sauvai ,  qu'il  se  propose  de  publier,  et  dans  le- 
quel ,  indépendamment  de  plusieurs  chapitres  iné- 
dits, on  rencontre  de  nombreuses  différences  avec 


le  texte  imprimé.  Or,  dans  ce  manuscrit,  dont  le 
propriétaire  a  bien  voulu  nous  donner  communica- 
tion, nous  lisons  (p.  20)  que  le  grand  jardin  du 
Louvre  rrétoit  renfermé  entre  les  fossez  du  Louvre, 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  159 

Conformément  à  un  usage  de  l'époque,  il  y  avait  au  Louvre,  comme  à  l'hôtel 
Saint-Paul,  une  ménagerie  d'animaux  féroces.  La  maison  où  on  l'entretenait  était, 
en  1 333 ,  une  n  grandies  que  Philippe  de  Valois  acheta,  dans  ce  dessein,  aux 
nommés  Geoffroy  et  Jacques  Vauriel.  Elle  se  trouvait  à  l'angle  nord-ouest  du 
jardin;  un  acte  de  1572  M  énonce  la  maison  ayant  pour  enseigne  la  Tête-de-Bélier 
comme  faisant  le  coin  des  rues  Fromenteau  et  de  Beauvais,  tt  tenant  d'une  part  à 
crladicte  rue  de  Beauvays,  d'aultre  au  jardin  du  Louvre  (celui  dont  il  vient  d'être 
reparlé),  aboutissant  d'un  bout  par  derrière  à  la  maison  où  sont  les  lions  du  Roy, 
«estant  des  appartenances  dudict  Louvre,  et  d'aultre  part,  par  devant,  à  la  rue 
et  Fromenteau.  ■»  L'hôtel  des  Lions,  ainsi  qu'on  disait,  était  lui-même  contigu  à  tria 
tt  cuisine  des  communs  du  Louvre ,  v  fait  qui  ressort  de  cet  article  du  compte  des 
confiscations  de  1627  à  1&36,  tr  Jardin  scis  en  Froit-Mantel ,  tenant  tout  au  long 
trde  la  rue  Froidmantel,  et,  d'autre  part,  tout  au  long,  à  une  maison  appelée  la 
r  Cuisine  du  Louvre;  ayant  entrée  à  un  bout  répondant  devers  les  murs  de  Paris, 
et  lequel  lieu  on  souloit  appeler  l'hostel  des  Lions  W.  n  Le  passage  qui  précède 
montre  également  que  la  maison  des  Lions  se  confondait  avec  le  petit  jardin  de  la 
rue  Fromentel.  Le  U  mai  1375,  Charles  V  avait  donné  cette  maison  à  Jeannin 
Hoguelet,  garde  des  chambres  et  tapisseries  du  château  de  Vincennes,  et  à  Guy 
Natin  ;  ce  dernier  avait  succédé  à  son  père  comme  gardien  des  bêtes  sauvages  de 
la  ménagerie  du  Louvre (5),  aux  gages  de  1 2  deniers  par  jour. 

BASSES-COURS.  —  ARTILLERIE. 

Avant  le  règne  de  François  Ier,  le  Louvre  n'avait  de  basses-cours  qu'au  midi  et 
au  couchant.  Le  terrain  dépendant  du  château,  vers  le  nord,  était  occupé  par  le 
Grand-Jardin;  vers  l'orient,  le  mur  d'enceinte  de  la  Ville,  servant  de  contrescarpe 
au  fossé,  formait  une  limite  au  delà  de  laquelle,  à  l'exception  de  la  barbacane, 
il  n'y  avait  que  des  propriétés  particulières  dont  l'annexion  au  château  ne  fut 
point  antérieure  à  i53o. 

Quant  aux  basses-cours  occidentales,  Sauvai  n'en  mentionne  qu'une,  appelée 
a  la  basse-cour  du  côté  de  Saint-Thomas-du-Louvre  et  de  la  rue  Froitmantel.  » 


"•les  rues  de  Froilmanteau,  de  Beauvais  et  d'Os- 
■  triche.  Le  long  de  la  rue  Froidmantel ,  il  portait 
^soixante  et  une  toises  de  longueur  sur  soixante  et 
rrune  toises  cinq  pieds  de  largeur,  du  coslé  de  l'é- 
irglise  Saint-Honoré  :  et  le  long  de  ces  deux  costez, 
fil  était  revêtu  de  treilles  de  pareille  longueur,  que 
"l'on  entretenoit  avec  beaucoup  de  soin  et  de  cu- 
frriosita.i  Ce  passage  n'est  évidemment  qu'une  va- 
riante de  celui  que  renferme  le  texte  imprimé,  mais 


nous  ignorons  lequel  des  deux  exprime  la  vérité. 
Quoi  qu'il  en  soit,  si  le  Grand-Jardin  pouvait  avoir 
soixante  et  une  toises  de  l'est  à  l'ouest,  il  n'a  certai- 
nement offert  cette  dimension  du  nord  au  sud  qu'en 
formant  hache  du  côté  de  la  rue  Fromenteau;  cette 
dernière  disposition  est  peu  vraisemblable. 

(1)  Arch.  du  Chap.  Saint-Honoré. 

«  Sauvai,  t.  III,  p.  365. 

(,)  Arch.  de  l'Emp.  reg.  J  108,  n"  3ao. 


160  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Elle  était  comprise  entre  le  fossé  et  un  mur  auquel  s'adossaient  les  maisons  du 
côté  oriental  de  la  rue  Fromenteau.  Nous  avons  vu  une  foule  de  titres  où  ces 
maisons ,  détruites  en  partie  avant  le  xvue  siècle ,  sont  effectivement  indiquées 
comme  aboutissant  au  mur  ou  tr encloistrure i>  du  Louvre;  mais  nous  n'en  avons 
pas  trouvé  un  seul  qui,  par  une  indication  de  profondeur,  nous  fournît  un  jalon 
certain  pour  rétablir  le  mur  de  clôture  de  la  basse-cour.  On  peut  heureusement 
combler  cette  lacune;  ainsi,  sur  une  gravure  de  Sylvestre  représentant  la  face 
occidentale  du  Louvre ,  telle  qu'elle  était  lorsque  Lemercier  abandonna  ses  travaux, 
et  intitulée  :  Veue  du  Louvre  et  de  la  grande  galerie  du  costé  des  offices,  on  remarque 
des  fragments  d'une  muraille  qui  présente  un  retour  d'équerre  sur  le  premier  plan, 
et  dont  l'extrémité  méridionale  va  s'attacher  à  la  Grande-Galerie  au  lieu  où  elle 
se  réunit  au  corps  de  bâtiment  qui  contient  aujourd'hui  le  Grand-Salon'1'.  Ce  mur, 
dont  une  portion  figure  sur  le  plan  de  Quesnel,  est  évidemment  celui  qui  limitait 
la  basse-cour.  Ayant  servi  un  peu  plus  tard  à  appuyer  de  nouvelles  maisons,  il  ap- 
paraît sur  plusieurs  plans  manuscrits  de  la  Bibliothèque  impériale  et  des  Archives, 
et  nous  y  avons  constaté  qu'il  courait  parallèlement  à  la  rue  Fromenteau,  à  environ 
dix-huit  mètres  de  cette  rue ,  jusqu'à  cinquante-trois  mètres  de  la  Grande-Galerie , 
point  où  il  fléchissait  légèrement,  suivant  la  direction  de  la  Petite-Galerie  jusqu'à 
ce  qu'il  atteignît  la  Grande  <2).  H  y  a  une  telle  conformité  entre  toutes  les  données 
graphiques,  que  l'authenticité  de  cette  limite  de  la  basse-cour  ne  saurait  soulever 
une  objection. 

La  plus  grande  partie  de  la  basse-cour  occidentale  était  occupée  par  al'Artil- 
crlerie,n  c'est-à-dire  par  un  arsenal  que  Philippe-Auguste  y  établit,  s'il  faut  en 
croire  Sauvai;  mais  le  fait  aurait  besoin  d'être  démontré,  car  s'il  paraît  certain 
que,  dès  le  principe,  le  Louvre  dut  servir  de  dépôt  pour  les  munitions  et  les 
engins  de  guerre,  il  ne  s'ensuit  pas  que  l'Artillerie  ait  été,  lors  de  sa  fondation, 
placée  dans  la  basse-cour  où  on  l'a  vue  depuis,  et  d'où  on  ne  l'a  retirée  entière- 
ment qu'en  1672. 

Les  titres  des  maisons  de  la  rue  Fromenteau,  que  nous  avons  dépouillés  avec 
grand  soin  dans  l'espoir  d'y  rencontrer  quelque  renseignement  sur  l'artillerie  du 
Louvre,  ne  la  mentionnent  même  pas.  Sauvai  dit  qu'elle  était  sous  la  direction  d'un 
maître  ou  garde ,  d'un  artilleur  ou  canonnier  et  d'un  maître  de  petits  engins ,  qui 
tous  avaient  des  logements  dans  la  basse-cour;  celui  du  maître  était  si  commode 

(1)  Par  une  licence  qui  lui  était  habituelle,  et  (,)  Il  est  à  remarquer  que  ce  mur,  prolongé  suf- 

qui  a  induit  bien  des  gens  en  erreur,  Sylvestre  a  fisamment,  vient  se  confondre  avec  l'alignement  du 

supprimé  le  côté  occidental  de  la  rue  Fromenteau,  côté  occidental  de  la  rue  Jean-Saint-Denis,  ce  qui 

afin  de  faire  voir  un  tronçon  plus  considérable  de  la  pourrait  faire  croire  que  cette  rue  se  continuait  pri- 

Grande-Galerie  ;  mais  l'indication  des  fragments  du  mitivement  j  usqu'à  la  rivière ,  et  qu'elle  fut  prise  pour 

mur  n'est  nullement  imaginaire.  limite  lors  de  l'acquisition  du  terrain  du  Louvre. 


< 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  161 

qu'il  renfermait  un  jardin  et  des  étuves  qu'on  appelait  le  Jardin  et  les  Etuves  du 
maître  de  l'artillerie.  En  i3gi,  la  maison  où  se  fabriquait  l'artillerie  était  proche 
de  la  rue  Fromenteau  et  avait  quatorze  toises  de  long  sur  quatre  de  large,  dans 
œuvre.  En  i4i2,  on  voyait  au  même  lieu  une  grande  halle  pour  la  poudre  et 
l'artillerie,  qui  se  travaillait  à  l'étage  inférieur;  il  y  avait  aussi  un  pavillon  dit  de 
la  Fonderie,  à  cause  de  sa  destination,  couvert  d'un  comble  en  croupe,  et  grand 
de  sept  toises  «en  quarré. u  En  iû3o,  on  démolit  un  corps  d'hôtel  d'un  étage,  qui 
servait  à  l'artillerie  et  présentait  sept  travées  de  longueur.  Un  autre,  qui  s'appe- 
lait « l'Ouvrouer  de  l'artillerie,  i>  subsistait  encore  en  1 687.  Sauvai  parle  également 
sans  en  préciser  l'emplacement,  d'une  «chambre  des  empenneresses,n  où  l'on 
garnissait  les  flèches  de  plumes,  et  d'un  atelier  où  on  les  ébauchait W.  Dans  ce 
dernier  on  avait  construit  «une  armoire  à  trois  pans  ou  équières,  longue  de  cinq 
«toises,  haute  de  sept  pieds,  large  de  deux  et  demi,  n  que  remplissait  une  quantité 
d'armes  offensives  et  défensives,  pour  l'usage  de  la  garnison.  D'après  un  compte 
de  1367,  qui  énonce  «la  tour  dessus  l'armurie  du  Roy,  ti  il  paraît  qu'un  magasin 
d'armes  existait  dans  l'intérieur  même  du  château. 

En  1 368,  dans  une  cour  voisine  de  la  rue  Fromenteau,  était  établi  un  jeu  de 
paume,  où  venaient  s'exercer  le  Roi  et  les  princes  '2>.  C'est  de  même,  dans  la  basse- 
cour  occidentale,  qu'était  situé  «l'Ostel  de  la  Fourrière  du  Louvre, n  dont  il  est 
question  dès  1 368 ;  il  y  aboutissait,  en  iio6,  une  maison  de  la  rue  Fromen- 
teau, qui  avait  pour  enseigne  l'Image  Saint-Jacques,  et  était  située  à  peu  près 
derrière  l'emplacement  aujourd'hui  occupé  par  le  pavillon  de  l'Horloge'3'.  La 
Fourrière,  espèce  de  magasin  ou  dépense,  faisait  partie  de  ces  nombreux  offices 
du  château  qui  comprenaient  une  lingerie,  une  pelleterie,  une  lavanderie,  une 
taillerie  W,  un  bûcher,  un  charbonnier,  une  fauconnerie,  des  poulaillers  ou  galli- 
niers,  des  celliers,  la  conciergerie,  la  maréchaussée  et,  sans  aucun  doute,  des 
écuries.  Pour  le  service  de  la  bouche,  il  y  avait,  indépendamment  des  cuisines, 
édifices  toujours  importants  dans  les  manoirs  du  moyen  âge,  une  paneterie,  une 
saucerie,  une  épicerie,  un  garde-manger,  une  fruiterie,  une  échansonnerie,  une 
bouteillerie  et  un  lieu  servant  à  la  fabrication  de  l'hypocras.  Mais  Sauvai,  qui  nous 
a  transmis  tous  ces  détails,  n'y  a  pas  joint  le  moindre  renseignement  topographique, 
et  l'on  chercherait  inutilement  à  imaginer  quelle  était  la  disposition  des  communs 
du  Louvre. 


(1)  Nous  avons  trouvé  une  mention,  en  1269,  de  restuy  à  mettre  les  esteufs  (balles). *  —  ,3>  En 

la  rmeson  à  l'aubalestière  du  Louvre, 1  comprise  1571  et  1573,  la  maison  de  l'Image  Saint-Jacques 

parmi  rrpluseurs  mesons  assises  en  Biauvoier.  *  n'est  plus  dite  aboutissant  à  la  Fourrière,  mais 

(,)  irEt  en  la  cour  devers  la  rue  Froidmantel,  aux  «  offices  du  Louvre.»  Les  anciens  communs 

"scellé  et  assis  en  un  auvent  où  le  Roy  et  nos  sei-  du  château  avaient  alors  été  bouleversés, 

cgneurs  jouent  à  la  paulme,  et  au  mur  faict  un  (5)  Ateliers  pour  les  vêlements. 


162  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Il  est  douteux  que  la  basse-cour  méridionale  du  Louvre  existât  avant  la  cons- 
truction du  mur  d'enceinte  que  Charles  V  fit  élever  le  long  de  la  Seine  W;  peut-être 
l'établissement  de  cette  basse-cour  a-t-il  fait  disparaître  ces  chantiers  appartenant 
à  la  Ville,  et  dont  il  a  été  parlé  plus  haut.  H  est  clair  aussi  que  la  basse-cour, 
avant  la  construction  du  quai  en  dehors  de  la  courtine,  ne  s'étendait  point  jus- 
qu'à ce  dernier  ouvrage,  puisque,  auparavant,  le  chemin  public  était  au  nord  ou 
en  deçà  de  la  courtine.  On  voit,  par  les  lettres  ordonnant  la  construction  du  quai 
(1527),  qu'il  avait  pour  but  d'empêcher  que  les  chevaux  de  halage,  entrant  par 
la  fausse  porte  du  mur  de  Philippe-Auguste,  ne  passassent  dans  la  place  qui  se 
trouvait  au  devant  de  la  principale  façade  du  château  :  «  La  faulse  porte  par  où 
«l'on  a  accoustumé  passer  les  chevaulx  tyrans  les  bateaulx  qu'ilz  (qui)  portent  la 
a  marchandise ,  affin  que  iceulx  chevaulx  puissent  doresnavant  par  ledict  chemyn 
«(le  quai  à  faire)  avoir  leur  passage  sans  passer  par  ladicte  place  (devant  le 
tr  Louvre)  et  faulse  porte  (2).  -n  Ce  terrain  situé  devant  le  Louvre,  et  n'y  étant  pas  in- 
corporé, payait  à  l'Évêque  certain  cens  à  propos  duquel  il  y  eut  contestation  avec 
la  Ville.  On  lit  dans  le  censier  de  1873  :  ^Item,  la  place  entre  la  porte  du  Louvre 
cr et  la  maison  de  l'Engin,  dont  descort  fu  entre  le  Prévost  des  marchans  et  Monsieur 
«de  Paris;  qui  est  Vincent  Lamiraut  et  à  Robert  Roussel  <3). «  La  place  dont  il  est 
ici  question  touchait  au  chemin  du  bord  de  l'eau ,  lequel  prolongeait  celui  du  quai 
de  l'Ecole  et  se  continuait  avec  la  voie  dont  les  restes  ont  formé  la  rue  des  Orties. 
La  jouissance  de  ce  chemin,  laissée  au  public,  n'empêchait  pas  que  la  porte  de 
l'enceinte,  dite  porte  du  Louvre,  ne  fît  partie,  au  xvc  siècle,  des  dépendances  du 
château,  comme  l'apprend  ce  passage  des  comptes  de  la  Ville,  en  l'année  ikih- 
ikih  :  «De  la  vielz  porte  de  la  basse-court  du  Louvre,  devant  l'arche  de  Rour- 
«bon,  pour  (par)  où  l'on  passe  pardevant  le  chastel  du  Louvre,  pour  aller  tout 
«  autour  de  la  Ville.  —  Néant,  pour  ce  que  jà  piéça  le  Roy,  nostre  sire,  l'a  appliqué 
«pour  servir  à  la  basse-court  dudit  Louvre,  n 

Nous  venons  de  nommer  une  «  maison  de  l'Engin  n  dont  l'indication  ne  se  ren- 
contre dans  aucun  auteur;  ce  sont  les  censiers  de  l'Evêché  qui  nous  en  ont  révélé 
l'existence.  Dans  celui  de  1873  on  énonce  «l'Engin  de  la  Tournelle  du  Louvre,  n 
et  dans  celui  de  i53o  «la  maison  où  estoit  l'Engin  du  Louvre,  n  Le  passage  que 
nous  venons  de  citer  établit  que  la  maison  de  l'Engin  était  située  sur  le  chemin 
du  bord  de  l'eau,  au  delà  de  la  porte  de  Paris  dite  du  Louvre,  ce  que  tous  les 
censiers  confirment.  Ainsi  celui  de  1 399  la  mentionne  sous  la  rubrique  «Oultre 
«le  Louvre,  à  comancier  devers  le  chasteau  de  Roys,  en  venant  à  la  vielle  porte 

(1>  Le  manuscrit  de  M.  Le  Roux  de  Lincy  men-  (,)  Nous  reviendrons  plus  loin  sur  la  construction 

tionne  une  basse-cour  située  du  côté  de  l'hôtel  de  de  ce  quai. 

Bourbon,  et  dont  les  dimensions  étaient  de  quarante-  <3)  Fol.  34  v°. L'article  se  retrouve  dans  les  cen- 

trois  toises  et  demie  sur  huit.  siers  postérieurs. 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  163 

tremprès  le  Louvre, «  après  le  manoir  de  la  Petite-Bretagne  et  l'église  Saint- 
Thomas;  ceux  de  1^89  et  i53o  la  mentionnent  dans  le  même  ordre  et  après 
la  maison  qui  faisait  le  coin  occidental  des  rues  Fromentel  et  des  Orties;  elle  se 
trouvait  donc  entre  ce  coin  et  la  place  située  devant  le  Louvre.  Cette  circonstance 
et  le  mot  d'engin,  parfaitement  applicable  à  une  écluse  ou  vanne,  portent  naturel- 
lement à  croire  que  la  tour  de  l'Engin  était  celle  dont  nous  avons  parlé  à  propos 
des  fossés,  et  qui  commandait  le  canal;  puis,  que  la  maison  de  l'Engin  était  cette 
construction  contiguë  à  la  tour,  et  qu'a  remplacée  la  salle  des  Antiques. 

ENCEINTE  DE  PHILIPPE-AUGUSTE.  —  ENCEINTE  DE  CHARLES  V. 
QUAI  DU  LOUVRE.  —  RUE  DES  ORTIES. 

Le  trajet  du  mur  d'enceinte  de  Philippe-Auguste,  de  la  rue  Saint-Honoré  jus- 
qu'au quai,  est  fort  difficile  à  retrouver,  et,  pour  cette  raison,  il  n'a  jamais  été 
restitué  exactement.  Longtemps  nous  n'avons  connu,  comme  tous  ceux  qui  se 
sont  occupés  de  la  question,  que  des  documents  graphiques  insuffisants  pour  la 
résoudre,  ou  plutôt  faits  pour  en  donner  une  fausse  solution;  tels  sont  le  plan  de 
l'atlas  de  Saint-Denis  de  la  Chartre,  trés-erroné,  et  le  plan  de  Caqué,  gravé  vers 
1770,  lequel  est  meilleur,  quoiqu'il  reste  encore  loin  de  la  vérité.  Sur  ces  deux  plans , 
le  mur  traverse  l'îlot  compris  entre  les  rues  du  Coq  et  de  l'Oratoire  ou  d'Autriche, 
en  biaisant  par  rapport  à  cette  dernière  rue.  Nous  n'avons  jamais  admis  que  telle 
pût  être  la  direction  du  mur,  parce  que  nous  avions  vu  un  titre  de  1 5g6 ,  relatif 
à  une  place  ayant  fait  partie  de  l'hôtel  Saint-Pol,  où  il  est  dit  que  cette 
place,  qui  aboutissait  par  devant  à  la  rue  d'Autriche,  par  derrière  aux  anciens 
murs  de  la  Ville  et  faisait  le  coin  de  la  rue  Saint-Honoré,  avait  sept  toises  de 
profondeur  (1',  ce  qui  nous  paraissait  indiquer  que  l'enceinte  courait  parallèlement 
à  la  rue  d'Autriche ,  à  sept  toises  de  son  alignement  occidental.  La  découverte  suc- 
cessive de  trois  plans  anciens  est  venue  justifier  nos  prévisions.  Le  premier  de  ces 
plans'2',  copié  d'un  autre  que  Bruant  avait  fait  pour  Colbert,  fournit  des  traces 
de  mur  faciles  à  discerner  pour  quiconque  a  l'habitude  de  pareilles  recherches; 
le  second,  conservé  parmi  les  archives  de  l'Oratoire,  est  beaucoup  plus  explicite; 
il  reproduit  une  des  tours  de  l'enceinte,  en  confirmant  les  indications  du  premier; 
enfin  le  troisième ,  qui  est  fort  habilement  dessiné (3)  et  qui  corrobore  les  précé- 
dents, montre  que  la  muraille,  amincie  par  places  de  façon  à  n'avoir  que  six  pieds 
d'épaisseur,  se  trouvait  à  sept  toises  de  la  rue  d'Autriche  et  lui  était  rigoureu- 
sement parallèle.  Ce  parallélisme,  qui  produisait  une  brisure  à  environ  quatre- 


(1)  Voir  p.  i3.  "  Archives  de  l'Empire,  Atlas  du  département 

"*  Arch.  de  l'Emp.  3*  classe,  n°  61.  de  la  Seine,  n"  62. 


164  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

vingt-trois  toises  de  la  rue  Saint-Honoré,  près  du  point  où  l'on  rencontrait  le  mur 
du  grand  jardin  du  Louvre,  se  continuait  jusque  dans  le  voisinage  du  quai, 
où  le  mur  s'infléchissait  de  nouveau  pour  atteindre  la  porte  et  la  grosse  tour  dite 
du  Coin. 

La  première  porte  Saint-Honoré  a  dû  être  construite  en  même  temps  que 
l'enceinte  dont  elle  faisait  partie,  c'est-à-dire  dans  les  dernières  années  du  xne  siècle  ; 
elle  a  donc  précédé  l'existence  de  l'église  qui  lui  a  donné  le  seul  nom  qu'on  lui 
connaisse.  C'est  en  1 533  qu'elle  a  disparu  :  «En  ce  temps  (vers  le  mois  de  mars 
«  1 533  ou  i532  v.  s.)  fut  abbattue  la  faulse  porte  Sainct-Honoré,^  rapporte  la 
chronique  manuscrite  de  François  Ier'1);  dans  un  acte  du  i3  août  i536,  elle  est 
indiquée  comme  ayant  été  ccdesmolye  et  abatue  par  l'ordonnance  du  Roy.  •»  Con- 
séquemment,  la  mention  qu'on  en  rencontre  dans  un  titre  de  1 565  doit  être 
attribuée  à  un  souvenir,  de  même  que,  par  suite  d'une  habitude  analogue,  on  a 
nommé  un  point  de  la  rue  Saint- Antoine  porte  Baudoyer,  plusieurs  siècles  après 
la  démolition  de  la  porte  elle-même.  L'époque  ancienne  à  laquelle  la  première 
porte  Saint-Honoré  a  été  rasée  ne  laisse  aucun  espoir  d'en  retrouver  des  plans 
géométraux;  il  n'y  a  aucune  raison  de  supposer  qu'elle  différât  des  autres  portes 
contemporaines  dont  la  rive  gauche  nous  offre  des  spécimens.  Il  est  donc  pré- 
sumable  que  le  plan  de  Braun,  qui  la  représente  avec  la  physionomie  d'une  des 
portes  de  l'enceinte  de  Charles  V,  n'est  point  fidèle  quant  à  ce  détail.  On  en  a 
trouvé  quelques  substructions  en  bâtissant  le  portail  de  l'Oratoire,  l'an  1 7^5 ;  mais 
on  n'a  pas  songé  alors  à  tirer  parti  de  cette  découverte.  Suivant  Sauvai,  la  statue 
de  la  Vierge  qui  décorait  de  son  temps  l'entrée  de  la  maison  de  l'Oratoire  pro- 
venait de  la  porte  Saint-Honoré,  et  cette  tradition  était  confirmée  par  la  ressem- 
blance de  la  statue  avec  celle  du  cul-de-sac  des  Peintres,  débris  qu'on  savait  avoir 
appartenu  à  l'ancienne  porte  Saint-Denis. 

Sur  le  plan  de  la  Tapisserie,  il  n'y  a  qu'une  tour  indiquée  entre  la  rue  Saint- 
Honoré  et  le  Louvre.  Cette  tour  se  confond  évidemment  avec  celle  qui  est  placée 
par  Quesnel  à  peu  près  à  la  hauteur  de  la  rue  de  Beauvais,  et  par  Caqué  à  environ 
huit  toises  du  mur  extérieur  de  l'aile  septentrionale  du  Louvre.  Le  troisième  plan 
cité  plus  haut  fait  voir  que,  en  réalité,  elle  avait  son  centre  situé  sur  une  parallèle 
passant  à  douze  toises  cinq  pieds  du  nu  de  ce  mur.  Les  plans  de  Braun  et  de  Du 
Cerceau  la  montrent  précédée  d'une  autre  tour,  dont  l'emplacement  correspond  à 
celui  qu'occupe  le  chevet  de  l'église  de  l'Oratoire  Wé  II  est  probable  qu'une  troisième 

(1)  Fol.  84  v".  Cette  chronique  a  été  récemment  m  H  résulte  d'un  litre  cité  dans  le  Mémoire  his- 
publiée  par  M.  G.  Guiffrey. —  Au  xvi'  siècle,  les  torique  et  critique  sur  la  topographie  de  Paris,  ré- 
portes de  l'enceinte  de  Philippe-Auguste  étaient  ap-  digé  par  Bouquet  (in-4°,  1771),  qu'en  i546  (et 
pelées  fausses  portes,  pour  éviter  qu'on  les  confondît  non  1608)  la  ville  accorda  à  Hélye  Odeau  (et  non 
avec  celles  de  l'enceinte  du  xiv"  siècle.  Derdeau ,  comme  dit  le  Mémoire)  la  permission  de 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  165 

tour  était  située  à  la  brisure  de  l'enceinte,  près  de  la  clôture  septentrionale  du 
Grand-Jardin'1'.  A  en  juger  par  le  plan  de  Mérian,  il  y  en  aurait  eu  une  quatrième 
très-rapprochée  de  la  troisième  ;  mais  il  n'est  pas  vraisemblable  qu'il  en  ait  existé 
une  devant  le  Louvre  même,  attendu  que  l'enceinte  de  Paris  servait  de  contres- 
carpe au  fossé  du  château ,  dont  les  tours  protégeaient  suffisamment  le  mur  de  la 
Ville  dans  cette  région. 

L'entrée  principale  du  Louvre  étant  d'abord  tournée  du  côté  de  la  rivière,  il 
faut  admettre  qu'en  construisant  l'enceinte  de  Philippe-Auguste  on  y  réserva  une 
porte  ou  poterne  qui  permettait  de  se  rendre  au  château  sans  passer  par  la  porte 
Saint-Honoré.  Toutefois,  la  première  mention  que  nous  connaissions  de  la  porte 
du  Louvre,  porta  de  Lupera,  ne  remonte  qu'à  l'an  1271.  Elle  était  située  devant 
l'emplacement  actuellement  occupé  par  le  pavillon  qui  fait  face  au  pont  des  Arts. 
On  en  connaît  mal  l'aspect  à  cause  de  l'époque  ancienne  de  sa  démolition,  et,  dans 
le  retable  du  Palais  de  justice,  elle  ne  se  dessine  que  confusément.  Sur  le  plan  de 
Braun,  elle  est  représentée  flanquée  de  deux  tourelles  en  encorbellement;  les  tou- 
relles auraient,  au  contraire,  porté  de  fond,  suivant  le  plan  de  la  Tapisserie.  Celui 
de  Du  Cerceau  lui  donne  une  tout  autre  apparence,  et  elle  y  semble  composée 
d'un  pavillon  à  toit  élevé,  percé  d'une  grande  arcade  en  plein  cintre.  Elle  aura  pu 
être  remaniée  et,  plus  probablement  encore,  elle  a  été  détruite  par  suite  de  la 
construction  du  quai  sous  François  Ier,  car  on  ne  la  voit  plus  sur  le  plan  de  Belle- 
forest  (1 575).  Dans  l'origine,  elle  devait  ressembler  beaucoup  à  la  porte  de  Nesle. 

Au  midi  de  la  porte  du  Louvre ,  dont  elle  était  séparée  par  une  petite  place  de 
trois  toises  deux  pieds  de  long,  et  par  une  maison  dont  les  dimensions  ne  sont  pas 
connues,  s'élevait  une  haute  tour  qui  faisait  le  pendant  de  la  tour  de  Nesle,  et 
dont  les  historiens  ont  parlé  en  l'appelant  la  Tour  qui  fait  le  Coin,  parce  qu'elle  est 
ainsi  qualifiée  dans  un  titre  de  1/120 (2).  C'est  là  sa  première  désignation;  elle  en 
a  depuis  reçu  une  autre,  car  elle  est  la  même  que  la  tour  «  Jehan  de  l'Es(ang,ri 
dont  l'identité  n'a  point  encore  été  constatée.  Nous  en  trouvons  la  première  preuve 
dans  un  bail  qui  fut  fait  par  la  Ville,  le  29  juillet  i486,  à  Jean  Ferrant,  et  qui 
contient  ce  passage  :  «La  tour  que  l'en  souloit  appeller  la  tour  Jehan  de  l'Estang, 
<ret  la  moitié  de  l'alée  des  murs  par  hault,  au  long  de  la  rivière  de  Seine,  en 


«desmolir  pour  la  commodité  de  sa  maison,  scisc 
«rue  Richebourg,  dite  du  Coq,  certaine  portion  de 
tf  l'ancien  mur  de  la  Ville ,  contenant  1 3  ou  1  h  thoises 
«de  long  ou  environ,  passant  le  long  de  l'héritage 
ird'icelie  et  de  ses  voisins,  avec  une  vieille  et  an- 
cienne tour,  tous  joignant  ledit  mur  ou  bien  édif- 
(tfiés  sur  iceluy.i  Or  la  tour  distante  d'une  dou- 
zaine de  toises  du  Louvre  moderne  qui  est  figurée 
sur  le  plan  de  Turgot  n'a  jamais  fait  partie  de  la 


maison  d'Odeau,  anciennement  hôtel  Saint-Pol,  et 
conséquemment  il  devait  y  avoir  une  autre  tour 
plus  rapprochée  de  la  rue  Saint-Honoré  que  ne 
l'était  la  tour  reproduite  sur  le  plan  de  Turgot. 

(1)  Ce  doit  être  celle  qui  louchait  au  jardin  de 
l'hôtel  de  Bacqueville.  (Voir  p.  10.) 

(,)  Nous  l'avons  trouvée  ainsi  désignée  dès  1 364  ; 
mais  il  nous  semble  douteux  que  ce  nom  ait  été 
populaire. 


166  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

«tyrant  vers  la  tour  ouprès  de  laquelle  souloit  avoir  ung  chastel  de  bois;  avecques 
«la  maison  édifiée  joingnant  de  lad.  tour  dud.  de  Lestang,  entre  icelle  et  l'ancien 
«  portail  ou  porte  à  harsse  de  l'antienne  muraille  (porte  du  Louvre)  et  closture  de 
«lad.  ville,  qui  estoultre  l'ostel  de  Bourbon;  tenant  à  la  basse-court  du  chastel  du 
«  Louvre  et  à  lad.  vieille  muraille,  a  La  seconde  preuve  résulte  d'un  autre  bail, 
daté  du  7  avril  i5o6,  où  on  lit  :  «Petite  place  vuide  et  non  valleur,  assise  au  long 
«des  anciens  murs  de  lad.  ville,  entre  la  maison  et  édifice  contre  la  tour  dite  Jehan 
«de  l'Estang  et  la  faulse  porte  d'iceux  murs,  par  laquelle  on  va  au  Louvre;  conte- 
«  nant  icelle  place  trois  toises  deux  pieds  de  large ,  le  long  desd.  murs  et  de  deux 

«toises  deux  pieds  de  profond,  pour  illec  édifier  maison  manable ensemble 

«le  dessus  de  lad.  porte,  aisance  et  allée  des  murs  par  hault,  sur  la  longueur  de 
«lad.  place  w.n  La  tour  Jean  de  l'Estang  portait  encore  ce  nom  en  1673.  L'indi- 
vidu à  qui  elle  l'avait  emprunté  jouissait,  vers  iklio,  de  la  tour  ainsi  que  de  la 
porte,  en  vertu  d'un  don  royal;  à  un  article  des  comptes  de  la  Ville,  commen- 
çant par  ces  mots  :  «De  la  vieille  porte  de  la  basse-court  du  Louvre,  que  tient  et 
«occupe  Jehan  de  l'Estang, «  est  ajouté  en  note  :  «Soit  poursuivy  led.  de  l'Estang, 
«par  le  procureur  de  la  Ville,  nonobstant  le  don  à  lui  fait  par  le  Roy,  attendu  que 
«  c'est  du  domaine  de  la  Ville.  « 

La  tour  du  Coin  formait  l'extrémité  occidentale  de  la  fortification  de  Philippe- 
Auguste,  sur  la  rive  droite,  et,  quoi  qu'on  en  ait  dit,  elle  n'a  jamais  été  confondue 
avec  la  tour  de  Bois.  Elle  offrait  la  plus  grande  ressemblance  avec  la  tour  de 
Nesle,  qui  est  bien  connue,  et  elle  était  munie,  comme  celle-ci,  d'une  tourelle 
cylindrique  servant  de  cage  d'escalier.  Suivant  Sauvai ,  elle  aurait  été  démolie  en 
i53i.  Nous  admettons  volontiers  cette  date,  qui  correspond  à  peu  près  à  celle  des 
travaux  du  quai,  quoique  la  tour  du  Coin  soit  reproduite  sur  le  plan  de  Belle- 
forest  (1575).  Ce  dernier  plan  n'inspire  en  effet  qu'une  très-médiocre  confiance; 
il  est  d'ailleurs  en  contradiction  avec  un  dessin  daté  de  1 5^6  et  avec  la  vue  de 
Cellier,  qui  représente  la  tour  dérasée  comme  elle  l'est  sur  le  plan  de  Gomboust, 
dont  le  texte  lui  prête  encore  vingt  pieds  de  hauteur. 

La  tour  du  Coin,  que  le  tableau  de  Saint-Germain-des-Prés  nous  montre 
dans  son  intégrité,  n'a  eu  son  étage  inférieur  entièrement  détruit  qu'en  1719, 
lorsqu'on  a  refait  le  quai  du  Louvre.  A  cette  époque,  elle  était  depuis  longtemps 
dépourvue  de  sa  cage  d'escalier,  qui  ne  s'aperçoit  sur  aucune  des  gravures  du 
xvuc  siècle  où  la  tour  est  reproduite,  non  plus  que  sur  les  quatre  ou  cinq  plans 
manuscrits  au  moyen  desquels  nous  en  avons  rigoureusement  déterminé  l'emplace- 


(1)  Arch.  del'Emp.  cart. Q  11 46. — Sinouscon-  sible  de  replacer  exactement  la  porte,  mais  nous 
naissions  la  longueur  de  la  maison,  comme  nous  n'avons  point  voulu  tenterd'en  restituer  le  plan,  qui 
possédons  celle  de  la  place  contiguë ,  il  serait  pos-        est  par  trop  hypothétique. 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  167 

ment.  Ces  plans,  circonstance  rare,  concordent  entre  eux;  ils  placent  le  côté  occi- 
dental de  la  tour  à  quarante-huit  toises  de  la  galerie  de  Charles  IX,  et  le  centre 
à  environ  vingt-quatre  toises  (quarante-six  mètres  soixante  et  dix-sept  centimètres) 
de  l'avant-corps  du  pavillon  faisant  face  au  pont  des  Arts;  grandeurs  justifiées  par 
un  plan  coté,  très-intéressant,  de  la  Bibliothèque  impériale (1).  On  voit  sur  ce  der- 
nier plan  qu'à  environ  quarante-huit  toises  de  la  galerie  ('2),  c'est-à-dire  au  point 
où  la  tour  s'attachait  au  mur  qui  la  reliait  à  la  galerie (3),  ce  mur  était  distant  de 
cinq  toises (4)  du  parapet  du  quai  nouveau,  que  donne  le  plan  de  Verniquet,  et  à 
sept  toises  de  la  clôture  du  jardin  de  l'Infante,  repères  bien  positifs.  En  opérant, 
soit  d'après  ce  dernier  document,  soit  d'après  les  autres,  on  obtient  un  résultat 
identique.  Le  seul  embarras  qu'on  pourrait  éprouver  serait  relatif  au  diamètre  de 
la  tour,  trop  étroit  sur  la  plupart  des  plans,  où  il  atteint  à  peine  quatre  toises,  quoi- 
qu'il ne  fût  certainement  point  inférieur  à  celui  de  la  tour  de  Nesle,  qui  mesurait 
cinq  toises.  Cependant  il  n'y  a  qu'un  seul  plan  (5)  où  la  tour  du  Coin  soit  tracée 
avec  cette  largeur. 

Dans  un  travail  du  genre  de  celui-ci,  la  détermination  d'un  point  précis  est  sou- 
vent féconde  en  conséquences  importantes;  c'est  ainsi  que  la  certitude  acquise  de 
l'emplacement  de  la  tour  Jean  de  l'Estang  va  nous  conduire  à  reconnaître  l'erreur 
de  tous  ceux  qui  ont  voulu  restituer  le  mur  d'enceinte  ou  courtine  du  bord  de  l'eau 
dans  le  voisinage  du  Louvre.  Cette  courtine  n'était  point  située  sur  un  emplacement 
intermédiaire  entre  ceux  de  la  Grande-Galerie  et  du  mur  du  quai  actuel;  mais  elle 
a  servi  de  base  à  la  Grande-Galerie  même,  dont  la  face  méridionale  en  donne 
l'alignement.  Voici  les  observations  qui  nous  l'ont  fait  comprendre. 

La  courtine  est  représentée  sur  les  plans  comme  parfaitement  droite,  et  s'atta- 
chant  à  la  tour  du  Coin  dans  la  direction  du  centre  de  cette  tour.  Pour  retracer 
toute  la  courtine,  il  suffit  donc  d'en  retrouver  un  fragment;  or  ce  fragment,  nous 
l'avons  dans  le  mur  de  quarante-huit  toises  de  longueur  dont  il  a  été  parlé  tout 
à  l'heure.  Ce  mur  a  certainement  le  même  point  de  départ  que  la  courtine,  et, 
ainsi  que  la  courtine  figurée  sur  le  dessin  de  Cellier,  il  va  gagner  la  tour  représentée 
aujourd'hui  par  l'extrémité  de  la  galerie  de  Charles  IX,  à  l'alignement  du  bâtiment 
qui  vient  à  la  suite  et  qui  touche  au  guichet  Saint-Nicolas.  Comme  dans  le  tableau 


(1)  Ce  plan  est  gravé  et  rare;  il  est  intitulé:  Plan  (>)  La  manière  dont  le  mur  s'attache  à  la  galerie 
des  quays  du  Louvre  et  de  l'Escole,  à  rebâtir  de  l'ordre  n'est  pas  la  même  sur  tous  les  plans,  mais  la  diffè- 
re M"  le  Prévôt  des  marchands  et  Eschevins ,  suivant  rence  est  sans  importance,  du  moins  par  rapport  à 
le  devis  du  M' général  des  bâtiments  de  la  Ville ,  présenté  la  question  qui  nous  occupe. 
au  Bureau  le  3  février  171Q.  (4)  La  cote  est  indiquée. 

m  D'après  un  titre  de  1 6 1 4 ,  que  nous  citerons  m  C'est  un  grand  plan  manuscrit  de  la  paroisse 

au  chapitre  xn,  le  véritable  chiffre  parait  avoir  été  Saint-Germain-l'Auxerrois,  conservé  aux  Archives 

quarante-huit  toises  et  deux  pieds.  de  l'Empire. 


168  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

de  Saint-Germain  et  la  vue  de  Cellier,  il  apparaît  flanqué  d'une  tour  intermé- 
diaire sur  le  plan  gravé,  signé  H.  R.  M.  D.  et  sur  une  estampe  de  iGi3,  œuvre 
très-rare  de  Mathieu  Mérian'11.  Enfin  il  faut  que  l'alignement  de  la  courtine  et 
celui  du  mur  se  confondent.  Puisqu'ils  avaient,  nous  le  répétons,  un  point  de 
départ  unique ,  le  premier  ne  peut  avoir  différé  du  second  qu'en  formant  un  angle 
avec  ce  dernier;  or,  si  l'on  suppose  seulement  cet  angle  de  deux  degrés,  la  cour- 
tine, prolongée  en  ligne  droite, passe  au  midi  de  la  tour  de  Bois.  Puis,  concevrait- 
on  que,  sans  nécessité  appréciable,  avec  un  terrain  complètement  libre,  on  eût 
changé  la  direction  d'un  mur  de  quatre-vingt-quatorze  mètres  de  longueur,  afin 
de  lui  faire  faire  avec  son  ancien  alignement  un  angle  presque  nul?  Gela  n'est  pas 
un  instant  admissible.  Au  surplus,  dans  un  bail  de  161 5,  époque  où  l'état  des 
lieux  nous  est  connu,  le  mur  est  appelé  «gros  mur  de  la  Ville  séparant  le  jardin 
«du  Louvre  et  le  quai  du  port  au  Foing;n  il  ne  saurait  donc  y  avoir  confusion. 

L'identité  d'alignement  étant  établie  entre  le  mur  de  quarante-huit  toises  et  une 
portion  de  la  courtine,  le  reste  de  cette  courtine  et  la  Grande-Galerie  doivent  être 
considérés  comme  ayant  un  alignement  commun,  car  le  mur  prolongé  vient  se  con- 
fondre avec  celui  de  la  galerie,  sinon  d'une  manière  rigoureuse,  du  moins  en  ne 
présentant  qu'une  flexion  à  peine  perceptible  (2).  Or,  cette  brisure  ne  doit  pas  être 
attribuée  à  un  changement  de  direction  adoptée  lors  de  la  construction  de  la 
Grande-Galerie ,  et  cela  par  une  raison  analogue  à  celle  que  nous  venons  de  donner. 
On  n'a  pu  songer  en  effet  à  se  priver,  sur  une  longueur  de  plus  de  cent  vingt 
toises,  des  fondations  toutes  faites  qu'offraient  les  substructions  de  la  grande  cour- 
tine de  Charles  V,  dans  le  seul  but  d'obtenir  une  modification  d'alignement  abso- 
lument insignifiante,  puisqu'elle  se  serait  traduite  par  une  déviation  de  trois  degrés 
au  plus  avec  l'ancienne  direction  (3).  Rien  d'ailleurs  ne  laisse  soupçonner  la  né- 
cessité d'un  changement  d'alignement,  et  l'on  comprend,  au  contraire,  qu'un 
redressement  vers  le  nord,  si  l'on  en  eût  effectué  un,  aurait  pu  avoir  pour  résultat 
l'étranglement  de  la  rue  des  Orties  ou  l'obligation  de  pratiquer  des  retranche- 
ments, procédé  onéreux  et  encore  peu  en  usage  au  xvie  siècle.  Enfin  l'on  observe 
que,  au-dessous  du  sol,  le  mur  méridional  de  la  Grande-Galerie  n'a  pas  moins 
de  sept  à  huit  pieds  d'épaisseur,  ce  qui  achève  de  nous  faire  croire  qu'elle  est 
venue  se  planter  sur  les  fondements  de  la  courtine  W.  Cette  circonstance  explique 


(,)  Cette  planche,  dont  M.  Bonnardot,  l'infati- 
gable collectionneur,  possède  deux  épreuves ,  repré- 
sente un  feu  d'artifice;  la  pièce  principale  est  placée 
sur  la  tour  intermédiaire,  laquelle  apparaît  dérasée 
à  la  hauteur  de  celle  du  Coin. 

(!)  Sur  les  grandes  minutes  deVerniquet,  la  bri- 
sure ne  forme  pas  même  un  angle  d'un  degré. 

(S)  La  position  de  la  tour  de  Bois,  près  de  la- 


quelle se  terminait  la  courtine,  nous  est  connue,  et 
la  courtine  ne  pouvait  se  trouver  plus  au  midi  que 
ne  l'était  la  tour,  qui,  tout  en  commandant  la  ri- 
vière, devait  aussi  servir  à  flanquer  la  courtine. 

(4)  Si  la  courtine  eût  eu  la  direction  qu'on  lui 
prête,  nous  en  aurions  infailliblement  aperçu  quel- 
ques fragments  dans  la  grande  tranchée  pratiquée 
pour  l'égout  des  quais  en  1861 . 


["OPOCRAPHin     KISTOMQVE    1)V    VIHVX    !•'' 


/    S  2*4- 


l't.r  le      Nfuvc 


VVE    DES     QVÀIS       . 

DEPVIS  LA  PORTE  NEWE   JVSOV'AV  PONT  AVX  MEVNIERS,  EN  1574. 
imîle  à  un  d  emporain,  appartenant  à  M.  Destailleur. 


[mp    Ch    Chardon-  aîné..  Paru, 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  169 

comment  on  ne  voit  nulle  part  la  présence  simultanée  de  la  courtine  et  de  la 
galerie  :  l'apparition  de  l'une  a  coïncidé  avec  la  disparition  de  l'autre. 

La  grande  courtine  de  Charles  V  est  désignée  par  le  nom  de  et  les  murs  de  la 
«rivière,!)  dans  un  titre  de  1687;  dans  un  autre  titre,  de  i58o,  le  fragment  sub- 
sistant devant  le  Louvre  est  appelé  le  rt  gros  mur  qui  faict  closture  du  quay  estant 
«le  long  de  la  rivière  de  Seyne  et  du  Louvre. ■»  Un  extrait  de  comptes,  rapporté 
par  Sauvai,  apprend  qu'elle  fut  commencée  en  mars  1870  ('>.  Sur  les  plans  de 
Belleforest  et  de  Du  Cerceau,  elle  est  représentée  munie  de  cinq  demi-tourelles 
en  encorbellement,  non  du  côté  de  la  rivière,  mais  du  côté  de  la  Ville,  disposition 
extraordinaire,  irrationnelle  et,  partant,  très-douteuse.  Sur  la  grande  gouache  de 
l'Hôtel  de  ville,  elle  paraît  relier  une  suite  de  sept  tours  rondes  et  complètes.  Ce 
second  arrangement  est  bien  plus  vraisemblable,  car  la  portion  que  nous  connais- 
sons, c'est-à-dire  celle  qui  était  située  devant  le  Louvre,  était  flanquée  effectivement 
de  tours  rondes  portant  de  fond,  comme  la  courtine  des  Célestins,  construite  dans 
le  même  temps  et  pour  le  même  but'2'.  Il  est  à  remarquer  que  si,  entre  l'emplace- 
ment de  la  galerie  de  Charles  IX  et  la  tour  du  Coin,  on  restitue  la  tour  intermé- 
diaire dont  il  a  déjà  été  question,  et  si  l'on  reporte  successivement  la  distance  qui 
le  séparait  de  la  tour  du  Coin,  de  façon  que  l'emplacement  de  l'extrémité  de 
la  galerie  de  Charles  IX  devienne  celui  de  la  troisième  tour,  on  trouve,  entre  les 
tours  du  Coin  et  de  Bois,  la  place  des  sept  tours  de  la  grande  gouache.  Des  tours 
flanquant  la  courtine,  les  quatre  plus  rapprochées  de  la  Tour-Neuve  subsistaient 
encore  en  îb^U,  fait  attesté  par  le  précieux  dessin  inédit  qui  porte  cette  date, 
et  dont  le  fac-similé  est  ci-joint.  Comme  sur  le  plan  de  la  Tapisserie,  les  tours  y 
offrent  la  forme  de  cylindres  saillants  des  deux  côtés  de  la  muraille;  mais,  à 
l'exception  d'une,  elles  y  semblent  reposer  sur  des  espèces  de  culs-de-lampe ,  ou 
plutôt  être  entamées  par  le  bas,  de  telle  manière  que  la  section  ressemble  à  une 
trompe.  La  muraille  est  figurée  crénelée,  garnie  de  mâchicoulis  et  munie,  au 
centre  de  chacune  de  ses  grandes  divisions,  de  balcons  de  défense,  qui  sont 
probablement  les  <rgarites  doubles  u  auxquelles  Guillebert  de  Metz  fait  allusion 
en  parlant  de  la  courtine  '3). 


W  "Les  nouveaux  murs  du  devant  du  Louvre, 
(t  1370,  commencés  en  mars.  *  ( Extrait  des  comptes 
de  Simon  Gaucher,  payeur  de  la  Ville.  Sauvai ,  t.  III , 
p.  iq4.)  La  chronique  laline  du  Religieux  de  Saint- 
Denis,  publiée  par  M.  Bellaguet,  dit  (t.  I,  p.  100) 
que  les  fondements  des  courtines  du  bord  de  l'eau 
furent  jetés  par  le  prévôt  Hugues  Aubriot:  rrPrope 
cportam  Sancti  Antonii  ac  Luparam  prima  jacieus 
rfundamenta,  u traque  eciam  latera  Secane  fluvii 
t  mûris  lapideis  in  parte  maxima  claudit.  1 


(,)  Voir  un  dessin  de  Cellier  dans  le  recueil  déjà 
cité. 

11  (t  Aux  deux  boutz  de  la  basse  partie  de  la  Ville , 
irsur  la  rivière,  son  très-haulx  et  fors  murs  à  grans 
rr tours;  c'est  assavoir  au  Louvre  où  ils  sont  à  garites 
" doubles,  les  ungs  dedens,  devers  la  Ville,  et  les 
r?  autres  du  costé  dehors  de  la  Ville.  Et  aussi  aux 
ff Célestins,  lesquelz  eslora  Hugues  Ambriot,  pré- 
rrvost  de  Paris. n  {Description  de  la  ville  de  Paris, 
publiée  par  M.  Le  Roux  de  Lincy,  p.  75.) 


170  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Le  guichet  (actuellement  fermé)  situé  à  une  trentaine  de  mètres  de  la  Petite- 
Galerie  existait  bien  avant  la  construction  de  la  Grande;  il  avait  nom  le  guichet  du 
Louvre  dès  i5oi,  et  le  «guychet  de  la  rivière  de  Seynenen  1 5 1 9.  Un  acte  de  îôW1' 
mentionne  une  maison  «assise  au  bout  et  faisant  le  coing  de  la  rue  Froitmantel, 
«devant  et  à  l' opposite  du  guichet  du  Louvre,  sur  la  rivière  de  Seine,  aboutissant 
«  par  devant  sur  le  pavé  estant  le  long  des  murailles  de  la  ville  de  Paris  n  (sur  la  rue 
des  Orties,  qui  longeait  intérieurement  la  courtine).  Entre  la  dernière  et  l'avant- 
dernière  tour  de  la  courtine  était  aussi  percée  une  porte  en  lïyjlx.  Au-devant 
du  guichet  du  Louvre  il  y  a  eu ,  au  xvie  siècle ,  un  port  appelé  «  port  du  Guichet- 
«  du-Louvreu  dans  une  ordonnance  de  la  Ville  qui  fut  rendue  le  20  octobre  1 586 
et  qui  prescrivait  de  prendre  des  pierres  aux  chantiers  des  fortifications  des 
Tuileries,  pour  exécuter  des  travaux  de  pavage  sur  ce  port  ainsi  que  sur  celui 
de  l' Arche-d'Autriche.  On  lit  également  «port  du  Guichet-du-Louvren  dans  un 
titre  de  i556,  et  ailleurs  «port  Sainct-Nicolas n  (1 566),  à  cause  du  voisinage  de 
l'église  Saint-Nicolas,  et  «port  de  l'Arche-Saint-Nicolas,  dict  le  Guichet-du- 
«  Louvre  n  (1622).  Le  port  situé  devant  le  Louvre  s'appelait  le  port  au  Foin  dès 
le  commencement  du  xvne  siècle  (161 5);  au  xvme  siècle,  il  se  nommait,  dans 
sa  partie  orientale,  le  port  au  Blé,  et  aussi  le  port  aux  Huîtres. 

Au  bout  de  la  courtine  du  bord  de  l'eau  s'élevaient  la  tour  de  Bois  et  la  Porte- 
Neuve  ,  que  l'on  n'a  jamais  tenté  de  restituer  qu'au  moyen  des  vues  et  des  plans 
à  vol  d'oiseau.  Plus  heureux  que  nos  devanciers,  nous  avons  découvert  un  plan 
géométral  manuscrit'2',  qui,  malgré  ses  inexactitudes,  nous  a  beaucoup  aidé  à 
comprendre  et  à  restituer  l'ensemble  et  surtout  la  situation  de  ces  constructions. 
D'après  ce  plan ,  l'axe  de  la  tour  aurait  été  à  environ  soixante-sept  mètres  de  l'axe 
du  pavillon  de  Lesdiguières,  et  la  porte  qui  la  précédait,  à  quarante-trois  ou  qua- 
rante-quatre mètres  plus  loin.  Reportant  ces  distances  sur  le  plan  de  Verniquet, 
nous  avons  reconnu  que  la  face  extérieure  de  la  porte  se  plaçait  à  environ  sept  mètres 
du  bas  d'un  escalier  accolé  au  quai,  en  parfaite  conformité  avec  les  vues  de  Syl- 
vestre et  avec  la  situation  du  mur  d'enceinte,  du  côté  des  Tuileries.  Aussi  bien  avions- 
nous  un  excellent  moyen  de  contrôler  notre  restitution.  La  belle  et  grande  vue  de 
Sylvestre,  gravée  en  i65o,  et  donnant  la  meilleure  représentation  de  la  Porte- 
Neuve,  fait  voir  qu'en  avant  de  cette  porte  il  y  avait  deux  baies  en  plein  cintre 
pratiquées  dans  le  mur  du  quai,  et  que  la  plus  rapprochée  de  la  porte  en  était 
éloignée  d'une  distance  qu'un  tracé  perspectif  montre  avoir  été  le  double  de  la 
largeur  de  la  baie.  Or  les  deux  baies  existent  encore;  celle  d'amont  a  deux  mètres 

"'  Arch.  de  Saint-Thomas-du-Louvre.  une  note  apprend  qu'il  a  été  copié  d'après  les  an- 

(S>  Ce  plan,  dessiné  sur  parchemin  et  dressé  à  ciens    plans  des  voyers.   Il  provient  de   l'abbaye 

une  échelle  inférieure  de  près  d'un  quart  à  celle  de  Saint-Germain,  et  se  trouve  aujourd'hui  dans  le 

Verniquet,  porte  la  date  du  1 5  octobre  1 665  ;  mais  carton  des  Archives  de  l'Empire  coté  S  2857. 


TOPOGRAPHIE    HISTOR1QJ/E    DV   V1EVX    PARIS. 


V 


mot'  del  . 


A,  Berty  dir. 


Ate  Guillaumot  et  ELebel  se. 


VVES    DE     LA    PORTE     NEVVE 


d'après   Israël   Sylvestre. 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  171 

soixante-cinq  centimètres  de  largeur,  et  conséquemment  le  parement  de  la  Porte- 
Neuve  devait  en  être  éloigné  de  près  de  six  mètres.  Là ,  en  effet,  apparaissent  dans  le 
mur  du  quai  les  traces  de  la  porte,  dont  la  partie  en  saillie  sur  ce  mur  a  fini  par 
se  transformer  en  une  sorte  d'éperon.  Les  fouilles  faites  en  1 8  6 1  pour  le  grand  égoul 
nous  ont  fourni  une  preuve  matérielle  de  l'exactitude  du  résultat  que  nous  avions 
obtenu  au  moyen  des  observations  précédemment  indiquées  ;  une  ligne  partant  du 
jambage  occidental  du  premier  guichet  du  Carrousel  (le  plus  rapproché  du  Louvre) , 
et  rejoignant  un  point  du  mur  du  quai  placé  à  sept  mètres  de  celui  où  commence 
la  courbure  de  la  rampe,  coïncide  avec  le  parement  extérieur  de  la  Porte-Neuve. 

Entre  la  Porte-Neuve  et  la  Grande-Galerie  il  existait  une  maison  de  trois  travées, 
attenant  à  la  porte,  ayant  pour  dépendance  une  sorte  de  pavillon  carré,  voisin  de 
la  tour  de  Bois,  et  plus  ancien  que  la  maison.  (Voir  le  grand  plan  de  restitution, 
feuille  V.)  Celle-ci  fut  construite,  vers  l'année  1 635 ,  pour  servir  de  logement  au 
Grand  Prévôt,  d'après  le  passage  suivant  du  Supplément  manuscrit  aux  antiquités  de 
Paris,  qui  fut  rédigé  en  i638  ou  i63c)W:  '«Près  la  Porte-Neufve  (ainsy  appellée 
et  cy-devant)  est  l'hostel  du  Grand  Prévost  de  France  et  de  l'hostel  du  Roy,  basti 
«depuis  quatre  ans,  avec  tout  le  logement  nécessaire  à  son  train,  qui  a  son  com- 
te mencement  par  la  haute  tour  INeufve  joignant  à  cet  hostel.  A  présent  le  sieur  de 
tt Hoquincourt  y  fait  sa  demeure,  fort  commode  pour  estre  proche  du  Louvre. » 

La  Porte-Neuve  ne  consistait  qu'en  une  simple  muraille  épaisse  de  un  mètre 
soixante  centimètres  et  ornée  de  deux  ordres  superposés,  offrant  chacun  trois  pi- 
lastres. Au  centre  de  l'étage  inférieur  était  une  grande  baie  en  plein  cintre  formant 
la  principale  entrée,  et  accompagnée  d'une  petite  baie  rectangulaire  pour  les  pié- 
tons. A  la  travée  centrale  de  l'étage  supérieur  on  remarquait  un  écusson  aux  armes 
de  France,  encadré  dans  un  chambranle  à  fronton.  Un  entablement  couronnait  le 
bâtiment  et  se  continuait  sur  un  mur'2'  ou  plutôt  sur  une  aile  en  retour,  à  l'extré- 
mité de  laquelle  s'élevait  le  pavillon  rectangulaire,  proche  de  la  tour  de  Bois.  Les 
lignes  des  deux  constructions  se  raccordaient  de  façon  à  éloigner  l'idée  d'une  sou- 
dure, ce  qui  permet  de  croire  qu'elles  étaient  contemporaines'3).  H  paraît  certain 
que  le  pavillon  est  le  logis  auquel  il  est  fait  allusion  dans  le  passage  suivant  d'un 
bail  de  i58G  :  «Corps  de  garde,  naguères  faict  de  neuf,  et  dressé  contre  le  logis 


(l)  M.  Le  Roux  de  Lincy  a  récemment  conslalé 
que  ce  manuscrit  ne  diffère  point  du  livre  de  môme 
nom  publié  en  1 6 3 9 . 

(,)  Le  plan  n'indique  qu'un  mur;  mais  il  est  évi- 
dent qu'il  y  avait  une  aile,  laquelle  est  figurée  sur 
les  vues  de  Sylvestre  comme  présentant  un  ressaut 
au  premier  tiers  de  sa  longueur.  La  tranchée  faite 
en  1861  a  laissé  voir  un  mur  que  nous  croyons 
être  le  mur  extérieur  de  celte  aile,  dont  rien  ne 


nous  a  révélé  la  profondeur.  Des  murs  et  des  mas- 
sifs de  maçonnerie  mis  au  jour  par  les  fouilles 
étaient  sans  doute  les  restes  des  divisions  intérieures 
de  l'aile,  qui  ne  s'attachait  point  d'équerre  h  la 
Porte-Neuve. 

(3>  Le  pavillon  figure  sur  la  vue  de  i57^et  sur 
le  plan  manuscrit  de  la  Porte-Neuve,  où  n'est  pas 
reproduite  la  maison  du  Grand  Prévôt,  laquelle 
n'était  sans  doute  point  bâtie  lorsqu'on  fit  le  plan. 


172  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

«de  la  Porte-Neufve  d'icelle  Ville.  Ensemble  une  place  vague  estant  entre  ledict 
«  corps  de  garde  et  la  tour  estant  près  ladicte  Porte-Neufve  appelée  le  Chasteau 
«  de  Boys. . .  estant  icelle  place  sur  la  largeur  de  douze  pieds  pour  y  bastir  maison,  v 
On  lit  aussi  dans  un  procès-verbal  de  visite,  dressé  par  Guillaume  Guillain,  le 
39  août  1577  :  et  A  costé  de  ladicte  porte,  y  a  ung  logis  couvert  en  pavillon  applic- 
«qué  à  une  porte  et  entrée,  avec  une  grande  allée  voultée,  de  cinq  toises  de  long 
«sur  buict  pieds  de  large,  et  à  costé,  une  forme  d'allée  de  quatre  toises  de  long 
«sur  six  pieds  de  large,  avec  autres  aysances  près  lad.  salle;  et  au-dessus  du  rez- 
«  de-chaussée ,  une  chambre  et  une  garde-robbe;  et,  au-dessus,  les  greniers  selon 
«le  contenu  dud.  lieu.  Une  viz  dans  œuvre,  qui  sert  à  monter  audict  lieu  et  aux 
rt  terrasses  et  allée  qui  sont  sur  le  pont-levis  de  lad.  Porte-Neufve.  Et  entre  ledict 
«bastiment  et  la  grande  tour  du  Bois,  y  a  ung  petit  bastiment  qui  est  en  partye 
«  ruyné ,  et  n'y  a  aulcune  couverture  ;  qui  pouvoit  servir  à  loger  le  portier  ancien- 
«nement.  v  Sur  une  vue  de  Sylvestre,  de  petites  maisons  sont  effectivement  repré- 
sentées entre  le  pavillon  et  la  tour  de  Bois.  Le  pavillon  doit  également  être  ce 
ff  logis  du  Boy,  près  la  Porte-Neufve ,  r>  dont  il  est  fait  mention  dans  les  comptes  des 
bâtiments  royaux  de  la  fin  du  règne  de  Henri  II.  En  1 557,  Eustache  Ive  y  fit  pour 
3  livres  9  sous  9  deniers  de  travaux  de  maçonnerie;  en  1 558,  Léonard  Fontaine 
y  fit  pour  65  livres  de  travaux  de  charpente,  et  Jean  Le  Gay,  pour  54  livres  1 2  sous 
6  deniers  d'ouvrages  de  couverture.  Il  en  est  aussi  question  dans  un  titre  de  1577. 
Suivant  le  plan  des  archives  de  l'Abbaye,  le  pavillon  aurait  été  presque  carré,  et 
d'après  la  vue  de  Sylvestre,  il  aurait,  au  contraire,  été  assez  étroit  par  rapport  à 
sa  profondeur.  Les  fouilles  de  1861  nous  ont  montré  qu'il  n'avait  que  cinq  mètres 
vingt  centimètres  de  largeur,  et  qu'il  était  précédé  d'un  mur  biais,  couronné  d'une 
corniche  à  chanfrein,  destinée  apparemment  à  recevoir  une  retombée  quelconque. 
Du  parement  intérieur  de  la  Porte-Neuve  au  pavillon,  la  distance  comprenait  un 
peu  plus  de  trente-deux  mètres. 

La  Porte-Neuve  était  munie  d'un  pont-levis  placé  devant  la  grande  entrée,  et 
d'une  planchette  correspondant  à  la  petite  entrée.  Sur  les  vues  de  Sylvestre,  on 
aperçoit  les  ouvertures  destinées  au  jeu  des  flèches  ;  mais  il  n'y  a  plus  de  pont-levis, 
et  à  la  place  apparaît  une  chaussée  continue.  Nous  voyons,  en  effet,  dans  les  re- 
gistres du  Corps  municipal,  que,  le  6  juillet  1687,  le  Bureau  de  la  Ville  ordonna 
au  Maître  des  œuvres  de  charpenterie  «d'abattre  et  desmolir  le  pont-levis  de  la 
«  Porte-Neufve ,  et,  au  lieu  d'iceluy,  y  faire  un  pont  dormant  garny  de  plates- 
rc  formes,  et  disposer  la  charpenterie  en  telle  sorte  qu'il  -n  pût  «  estre  pavé  par-dessus 
«au  plustôt. r>  Dans  le  devis  fait  à  cette  occasion,  il  est  spécifié  qu'il  y  avait  à  la 
porte  «  ung  pont-levis  et  une  planchette  garnis  de  barrières  aux  deux  costez  desd. 
«pont  et  planchette  ;  n  puis  que  «les  flèches  et  tappecul  tant  dud.  pont-levis  que 
«de  la  planchette  n  étaient  de  nulle  valeur.  Un  pont-levis  implique  un  fossé;  il  y 


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DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  173 

en  avait  donc  un  devant  la  Porte-Neuve  ;  les  deux  arcades  qui  existent  encore ,  et 
qui  servaient  au  passage  des  eaux,  en  sont  une  preuve  matérielle.  Mais  ces  arcades 
et  la  porte  même  étaient  en  saillie  par  rapport  à  la  contrescarpe  du  fossé,  dont 
nous  connaissons  la  position  exacte,  au  nord  de  la  Grande-Galerie.  Il  s'ensuit  que 
la  contrescarpe  présentait  un  décrochement  ou  ressaut  au-devant  de  la  Porte- 
Neuve,  du  moins  à  la  fin  du  xvie  siècle  et  au  commencement  du  xvne.  Antérieu- 
rement ce  ressaut  n'existait  peut-être  point,  et  l'on  pourrait  croire  que  la  Porte- 
Neuve  a  été  élevée  sur  un  dos  d'âne  séparant  le  fossé  de  l'arrière-fossé ,  c'est-à-dire 
dans  une  position  analogue  à  celle  des  barbacanes  ou  boulevards  qui  protégeaient  les 
portes  Saint-Denis  et  Saint-Martin.  L'arrière-fossé ,  qu'on  aurait  supprimé  lors  de  la 
construction  en  pierre  de  la  contrescarpe,  en  exceptant  toutefois  la  partie  située  au- 
devant  de  la  porte,  aurait  laissé  celle-ci  dans  la  situation  singulière  où  nous  la 
trouvons.  H  est  vrai  que  le  plan  de  la  Tapisserie  n'indique  point  d'arrière-fossé  dans 
cet  endroit,  mais  une  charte  du  mois  de  juillet  1 385 ,  que  nous  citerons  dans  le 
chapitre  ix,  donne  à  croire  qu'il  y  en  a  réellement  eu  un,  et  il  se  pourrait  qu'il  eût 
été  conservé  longtemps  au-devant  de  la  Porte-Neuve.  A  i'appui  de  cette  hypothèse, 
nous  observions,  sur  le  plan  de  Quesnel,  que  le  fossé  est  représenté  comme  se  con- 
tinuant en  ligne  droite  sous  la  Grande-Galerie,  de  façon  à  passer  entre  le  mur  de 
Bois  et  le  revers  de  la  Porte-Neuve ,  et  l'existence  de  cette  disposition  nous  semblait 
d'autant  plus  probable  que,  sur  les  vues  de  Sylvestre,  on  aperçoit,  en  amont  de  la 
porte,  deux  arcades  qui,  pareilles  aux  arcades  d'aval,  servaient  de  même  à  la  dé- 
charge des  eaux  des  fossés*1'.  Nous  avons  constaté,  en  1 865 ,  que  le  canal  en  ques- 
tion était  postérieur  à  la  construction  de  la  Grande-Galerie,  et  nous  l'avons  fait 
effacer  sur  la  planche.  Les  fouilles  de  1 86 1  ont  levé  nos  incertitudes  sur  l'agen- 
cement du  fossé  devant  la  Porte-Neuve,  car  elles  ont  mis  au  jour  un  mur  de  con- 
trescarpe courant  en  biais,  et  se  coudant  ensuite  de  façon  à  se  relier  avec  le  pied- 
droit  occidental  de  la  seconde  arcade  d'aval.  Ce  pied-droit  n'était  autre  chose  que 
la  culée  du  pont  dormant,  lequel  se  composait  de  deux  arches  voûtées  et  était  pré- 
cédé d'un  espace  vide  que  le  pont-levis  servait  à  franchir.  Cet  état  de  choses  est 
rétabli  sur  notre  plan,  où  nous  n'avons  eu  qu'à  compléter  des  fragments  de  forme 
et  de  dimensions  certaines  <2'.  En  deçà  de  la  porte ,  il  est  douteux  que  les  arcades  aient 


(l)  Les  deux  arcades  en  amont,  figurées  sur  le 
dessin  de  1676,  sont  aujourd'hui  cachées  sous  une 
large  rampe  qui  a  remplacé  ce  petit  escalier  des 
vues  de  Sylvestre  qu'on  retrouve  sur  le  plan  deVer- 
niquel,  en  même  temps  que  l'embouchure  de  l'é- 
gout  correspondant  aux  arcades  d'amont.  Les  fouilles 
de  1861  ont  causé  la  destruction  du  canal  biais  et 
coudé  qui  se  déchargeait  par  les  arcades  d'amont, 
et  que  nous  avons  tracé  en  ponctué. 


(,)  Les  deux  arches  du  pont  existent,  et  nous 
savons  qu'elles  devaient  avoir  cinq  toises  et  demie 
d'une  tête  à  l'autre  (on  n'en  voit  plus  aujourd'hui 
que  quatre  toises  environ).  Les  traces  du  remplis- 
sage de  la  travée  du  pont-levis  sont  extrêmement 
sensibles,  et  prouvent  que  la  seconde  pile  était 
épaisse  de  deux  mètres  soixante  centimètres ,  comme 
la  première.  Il  n'y  a  donc  rien  de  conjectural  dans 
notre  restitution. 


174  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

formé  un  véritable  pont  comme  celles  qui  étaient  au  delà.  Le  6  mai  1609,  la  Ville 
les  loua  toutes  au  nommé  Charles  Doussier;  le  bail  les  énonce,  tr  quatre  arcades  en 
tr  forme  d'allées  voultées,  dont  deux  en  dedans  de  la  Ville,  chacunne  de  cinq  thoises 
cret  demies  de  long,  toutes  pavées  de  pierre  de  liais,  traversant  la  chaussée  au 
«derrière  du  pont-levis,  et  les  deux  autres  au  dehors,  entre  icellui  pont-levis  et 
ce  le  tappe-cul  de  ladite  Porte-Neufve.  n 

La  tour  de  Bois  terminait,  sur  la  rivière,  l'enceinte  de  Charles  V,  comme  la  tour 
du  Coin  terminait  celle  de  Philippe-Auguste.  Ainsi  que  la  tour  du  Coin,  elle  était 
surmontée  d'une  plate-forme  crénelée,  à  mâchicoulis,  et  avait  son  escalier  hors 
d'œuvre  dans  une  cage  en  forme  de  tourelle ,  dont  la  hauteur  excédait  le  niveau 
de  la  plate-forme.  Les  gravures  de  Sylvestre  lui  donnent  quatre  étages.  Suivant  la 
chronique  latine  du  religieux  de  Saint-Denis,  elle  fut  entreprise  en  i38a,  immé- 
diatement après  le  retour  de  Charles  VI  à  Paris,  d'après  les  ordres  du  Roi,  et  afin 
de  lui  assurer  le  pouvoir  de  sortir  de  la  Ville  quand  il  lui  plairait  W.  La  tour  ne 
devait  point  son  nom,  comme  on  l'a  imaginé,  au  voisinage  d'un  bois,  mais  bien  à 
la  proximité  d'une  de  ces  fortifications,  bastides  ou  bretêches  en  charpente,  qu'on 
nommait  ieschâtemix  de  bois.  Nous  avons  cité  un  titre  de  1686  où  elle  est  énoncée 
«  tour  auprès  de  laquelle  souloit  avoir  ung  chaste!  de  bois.»  Elle  est  appelée  «tour 
crdu  chasteau  de  Boisn  dans  les  comptes  du  Parloir  aux  Bourgeois  pour  l'année 
1  hi  h-i  U25,  et  dans  d'autres  pièces  aussi  postérieures  à  la  démolition  de  la  bastide. 
Cette  démolition  eut  lieu  en  vertu  d'une  ordonnance  de  1^20,  dans  laquelle 
il  est  dit  ce  que  le  chastel  de  Bois  lèz  le  Louvre  estoit  moult  préjudiciable  à  la  for- 
et teresse  de  la  Ville,  parce  que  les  habitants  d'icelle  n'eussent  pu  aller  jusques  à 
tria  tour  de  la  dicte  Ville,  qui  faict  le  coing,  qui  est  sur  la  rivière,  devant  et  à 
tr  l'opposite  de  Nesle'2l  n  Le  château  de  Bois  est  mentionné  dans  le  censier  de  l'Evêché 
pour  l'année  1 399. 

La  tour  du  château  de  Bois,  appelée  indifféremment  tour  de  Bois  ou  du  Bois, 
était,  au  xve  siècle,  protégée  par  une  enceinte  palissadée.  Il  est  parlé,  dans  un  titre 
de  1/181,  «du  druit  (circuit)  de  la  tour  du  chasteau  de  Boys,  en  tant  que  l'ancien 
trpaleys  et  affiche  autour  de  ladite  tour,  pour  la  deffense  de  laditte  Ville,  se  com- 
te porte,  a  Un  autre,  de  i65g,  contient  le  bail  de  la  pêcherie  et  du  pourpris  (l'en- 
rt  ceinte)  du  boulevart  de  Boys ,  n  lequel ,  ajoute-t-on ,  tt  est  près  du  bastardeau  W  qui 
et  retient  l'eaue  des  grands  fossés  de  lad.  Ville,  joignant  de  la  tour  du  chasteau  de 
et  Boys,  n  Le  batardeau  en  question  était  en  pierre  et  muni  d'une  terrasse;  pour  y 
parvenir,  il  fallait  passer  par  la  chambre  du  premier  étage  au-dessus  du  rez-de- 

(1)  crPropter  eamdem  causam  tnrrim  validam,  (3)  Entre  1 5i6  et  i5i8,  on  paya  a  François  de 

rquam  an  mis  Sequane  subtus  ambiret,  prope  Lu-  Caumont  la  somme  de  65  livres  parisis  pour  avoir 

rparam  conslruxit.»  (T.  I,  p.  a38.)  fait  un  rr  bastardeau  au  travers  du  bout  du  fossé... 

(î)  Mémoire  de  Bouquet,  p.  170.  rrprès  la  lourde  Bois,  de  septàhuit  toises  de  long,  * 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  175 

chaussée  de  la  tour,  ce  qu'on  voit  par  le  bail  qui  en  fut  fait,  en  i6i3,  au  nommé 
Perrin,  et  par  les  comptes  de  la  Ville,  où  il  est  indiqué  que  le  troisième  étage 
de  la  tour  servait  a  à  mettre  l'artillerie  et  les  habillemens  de  guerre  W,  fl  Un 
extrait  de  comptes,  cité  par  Sauvai,  établit  qu'en  îb^S  la  tour  de  Bois  avait  été 
reprise  par  la  Ville  pour  y  déposer  des  poudres.  Nous  n'avons  point  vu  que, 
suivant  l'assertion  de  M.  Bonnardot,  elle  ait  été  nommée  tour  de  l'Écluse,  ce  qui 
est  néanmoins  fort  possible,  ou  Tour-Neuve  (excepté  au  xvne  siècle),  et  encore 
moins  tour  du  Coin,  confusion  qui  n'a  été  faite  que  par  les  historiens  modernes. 
La  tour  de  Bois  a  été  démolie  vers  1670®,  en  même  temps  que  la  Porte-Neuve, 
dont  la  partie  en  saillie  sur  le  mur  du  quai  a  subsisté  pendant  quelque  temps, 
figurant  une  sorte  d'éperon  ou  contre-fort.  La  construction  de  la  Porte-Neuve 
avait  été  la  conséquence  de  la  création  du  quai  du  Louvre,  dont  nous  sommes 
ainsi  amené  à  parler. 

Le  i5  mars  1627,  François  Ier  envoya  au  Prévôt  des  marchands  et  aux  Éche- 
vins  une  lettre  dans  laquelle  il  leur  demandait  de  faire  faire  a  ung  chemin  le  long 
ff  de  la  tour  respondant  sur  la  rivière t>  (la  tour  du  Coin);  la  porte  du  Louvre  allait 
en  effet  être  fermée  aux  voitures,  ce  qui  rendait  nécessaire  un  chemin  pouvant 
remplacer  la  voie  supprimée.  On  ne  mit  pas  un  grand  empressement  à  obéir  au 
Roi;  car,  trois  ans  après,  les  choses  étaient  encore  à  peu  près  dans  le  même  état,  et, 
le  26  juin  i53o,  le  Corps  de  la  Ville  délibéra  à  propos  d'une  lettre  dans  laquelle  le 
Gouverneur  de  Paris  recommandait  de  commencer  promptement  a  le  quay  et  pontï) 
rendus  indispensables  par  <r  la  closture  du  guichet  du  Louvre  n  (la  porte  de  Philippe- 
Auguste)  ,  ajoutant  que,  conformément  à  l'avis  du  Bureau  de  la  Ville,  le  Roi  souhai- 
tait que  le  pont  fut  bâti  en  pierre  et  non  en  bois  (3l  Cette  fois  on  se  mit  sérieusement 
à  l'œuvre,  et  le  1 5  juillet,  le  Bureau  adopta  le  rapport  qui  lui  fut  présenté  par  les 
maîtres  des  œuvres  touchant  le  genre  de  pierre  à  employer;  il  fut  convenu  qu'on 
ferait  usage  de  (tbonban  de  Vergellé  ferme,  de  vingt  poulces  de  hault,n  déclaré 
préférable  au  cliquart  et  au  haut  liais  de  Vaugirard;  les  garde-fous  devaient  être  en 
liais  de  Notre-Dame-des-Champs.  Le  10  mars  i53o  (v.  s.)  le  Roi  accorda  à  la  Ville 
une  aide  sur  le  poisson  et  le  sel,  dans  le  but  de  subvenir  aux  frais  d'exécution. 

(l)  <rDe  la  tour  du  chasteau  de  Bois  et  du  logis  occupait  alors  la  lour  de  Bois,  Pierre  Gorre,  était 

<r d'habitation  d'icelle,  et  tout  le  lieu  ainsy  qu'il  se  obligé  par  son  bail  rrde  faire  ouverture»  quand  on 

tr  comporte ,  excepté  la  chambre  du  troisième  estaige  aurait  rr  à  faire  pour  aller  lever  ou  abaisser  la  bonde  r 

rrde  ladite  tour,  qui  sert  h  mettre  l'artillerie  et  ha-  qui  était  au  balardeau. 

ffbillemens  de  guerre  pour  la  deffense  d'icelle  Ville,  m  Elle  avait  été  baillée  pour  soixante  et  dix  ans 

iretaussy  réservé  l'allée  pour  où  l'on  va  sur  la  terresse  en  1612,  et  fui  donc  abattue  avant  l'expiration  du 

irdu  bastardeau  de  pierre  joignant  de  ladite  tour,  qui  bail. 

«relient  l'eaue  des  fossez  de  ladite  Ville;  pour  ce  (5)  Les  lettres  royaux  commencent  par  ces  mots: 

ff  que,  pour  y  aller,  fault  passer  parmy  la  chambre  du  «Pour  ce  que  désirons  que  le  quay  que  avez,  par 

<r  premier  estaige  du  rez-de-chaussée.  »  (Comptes  du  rr  notre  ordonnance,  encommencé  le  long  des  murs 

Parloir  aux  Bourgeois,  année  1  444-1  445.)  Celui  qui  rrdu  chastel  du  Louvre,  etc.  » 


176  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Les  travaux  néanmoins  n'avancèrent  qu'avec  beaucoup  de  lenteur,  puisque,  le 
1  5  décembre  1 536,  le  Roi,  étant  à  Fontainebleau,  envoya  de  nouvelles  lettres  où 
il  pressait  cr la  continuation  du  quay  qui  estoit  encommancé  devant  le  Louvre, 
ffle  long  de  la  rivière,  par  le  dehors  de  la  muraille n  (la  courtine),  et  par  lequel, 
disait-il,  et  il  nous  sera  beaucoup  plus  aisé  de  prandre  le  chemyn  pour  aller  à 
ttBouIIongne,  où  faisons  compte  d'aller  souvent  à  l'esbat. t>  H  y  avait  urgence, 
poursuivait-il,  de  «faire  ung  pont  en  porte  au  bout  dudit  quay,  pour  sortir  par 
«hors  nostre  dicte  Ville,  et  aussi  faire  paver  icelluy  quai  pour  rendre  le  chemyn 
«plus  nect  et  plus  biau,  de  sorte  que  nous  trouvions  le  tout  fait  à  nostre  arrivée  en 
«ladicte  Ville,  n  On  ne  satisfit  point  complètement  à  ce  désir,  car,  le  8  septembre 
i538,  le  Corps  de  Ville  étant  allé  rendre  visite  au  Roi,  à  Saint-Germain-en-Laye, 
fut  invité  à  a  parachever  le  bastiment  du  quay  pour  passer  du  Louvre  aux  Tuile- 
ct  ries,  n  Le  fait  est  consigné,  comme  tous  ceux  qui  précèdent,  dans  les  registres 
de  délibérations,  où  nous  les  avons  recueillis.  Un  passage  du  mémoire  de  Bouquet 
nous  apprend  que,  en  la  même  année  1 5 3 8 ,  on  acheta  des  pierres  destinées  à 
«la  construction  d'un  pont  entre  la  tour  du  Bois  et  les  Thuilleries,  pour  la  corn- 
et modité  et  aisance  du  passage  des  marchandises. n  En  1 537,  ^  Sauvai,  les  tra- 
vaux avaient  déjà  coûté  10,000  écus,  et  une  somme  égale  était  nécessaire  pour 
leur  achèvement. 

Ainsi  la  Porte-Neuve  a  été  élevée  vers  1 5  3  7 ,  le  pont  vers  1 5  3  8 ,  et  le  quai ,  com- 
mencé vers  i53o,  n'a  pu  être  terminé  avant  i53o,.  Ce  quai,  dit  au  xvue  siècle 
quai  des  galeries  du  Louvre,  présentait,  entre  le  port  Saint-Nicolas  et  la  Porte-Neuve, 
quatre  descentes,  l'une  très-proche  de  la  porte  et  parallèle  au  fleuve,  et  les  trois 
autres  perpendiculaires  à  son  cours.  La  plus  voisine  du  port  Saint-Nicolas  a  dis- 
paru dans  la  seconde  moitié  du  xvuc  siècle,  à  cause  de  l'agrandissement  du  port;  la 
seconde  a  été  supprimée  plus  tard,  et  la  troisième  semble  avoir  été  élargie  au 
xviue  siècle.  Quant  au  quai  même ,  il  a  subsisté  jusqu'à  nos  jours  dans  la  partie  située 
en  aval  du  pont  des  Arts;  en  deçà,  il  a  été  reconstruit  dans  une  nouvelle  direction 
en  vertu  de  lettres  patentes  du  27  mars  1719.  A  cette  époque,  le  mur  du  quai, 
depuis  la  rue  des  Poulies  jusqu'à  une  trentaine  de  mètres  avant  la  tour  du  Coin, 
point  où  il  faisait  une  flexion ,  était  le  même  qu'en  l'année  où  fut  exécuté  le  retable 
du  Palais  de  Justice;  on  retrouve  en  effet,  sur  ce  retable,  jusqu'à  la  descente  située 
vers  le  milieu  de  l'hôtel  de  Bourbon;  mais  la  portion  de  mur  qui  commençait 
à  environ  trente  mètres  de  la  tour  du  Coin  avait  pu  être  rebâtie  pour  faciliter 
l'entrée  du  nouveau  quai.  Ce  dernier  empiétait  probablement  plus  sur  le  lit  de 
la  rivière  que  le  quai  primitif,  lequel,  au  reste,  s'étendait  également  devant  la 
tour  du  Coin  et  la  courtine,  si  les  tableaux  du  Palais  de  justice  et  de  Saint-Ger- 
main-des-Prés  sont  exacts. 

Avant  d'examiner  l'emplacement  du  mur  de  l'enceinte  de  Charles  V,  vers  les 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  177 

Tuiieries,  et  pour  en  finir  avec  les  environs  du  Louvre  du  côté  de  la  Seine,  nous 
dirons  quelques  mots  de  la  rue  des  Orties,  qui  longeait  la  face  septentrionale  de  la 
Grande-Galerie  depuis  la  rue  Fromenteau  jusqu'à  l'enceinte,  et  dont  les  derniers 
restes  ont  disparu  en  i85o. 

Dans  la  rue  des  Orties  il  n'y  a  jamais  eu  de  maisons  que  du  côté  du  nord,  car, 
avant  la  construction  de  la  grande  courtine  du  bord  de  l'eau,  la  rue  n'était  autre 
que  le  chemin  de  halage.  Les  maisons  qui  la  bordaient,  ayant  vue  sur  la  rivière, 
étaient  dites  super  rippam  Secane  (1369).  On  se  servait  au  reste  de  locutions  analo- 
gues longtemps  après  que  la  courtine  eut  été  bâtie  :  ainsi,  a  maison  sur  Seine  n  en 
1&80,  crue  seur  Sène-n  en  i522,  et  «rue  de  Seyneu  en  1 568 ,  1 58A ,  etc.  La 
rue  a  été  appelée  également  a  chemin  devers  les  murs  de  la  rivièren  (1^37), 
trgrant  rue  du  Louvre n  (i455),  a  rue  du  Louvre •»  (i53o),  «chemin  tendant  du 
s  Louvre  à  la  tour  de  Bois  a  (i53o),  et  ce  le  pavé  estant  au  long  des  murailles  n 
(1 5 1 g) ,  parce  qu'elle  longeait  la  courtine.  Le  nom  de  rue  des  Orties,  emprunté 
aux  plantes  sauvages  qui  y  croissaient,  ne  semble  pas  fort  ancien,  et  nous  ne 
l'avons  point  trouvé  avant  1 5g  1 .  On  a  quelquefois  dit  simplement  renie  de  l'Or- 
"tyeî!  (1608).  Dans  le  censier  de  l'Evêché  de  i6o3,  on  lit  :  «rue  des  Orties,  alias 
rrSainct-Nicolas-du-Louvre;Ti  dans  un  titre  de  i6a3,  a  rue  des  Galleries,Ti  et  dans 
un  autre  de  1667,  «  rue  des  Galleryes  du  Louvre,  autrement  des  Ortils.  n  A  l'extré- 
mité occidentale  de  cette  rue  il  y  avait,  dès  la  fin  du  xve  siècle,  un  marché  aux 
moutons  (voir  p.  73),  et  dans  cette  partie  elle  a  été  appelée,  au  commencement 
du  dernier  siècle,  rue  de  la  Petile-Monnoye,  parce  qu'elle  était  voisine  de  la  Mon- 
naie, installée  en  la  grande  galerie  du  Louvre. 

Toutes  nos  recherches  pour  découvrir  un  plan  géométrique  donnant  une  por- 
tion quelconque  de  l'enceinte  entre  la  tour  de  Bois  et  la  porte  Saint-Honoré  ont 
été  sans  succès;  mais  il  est  heureusement  d'autres  documents  dont  nous  avons  pu 
nous  aider. 

On  voit  de  la  manière  la  plus  nette  sur  les  plans  de  Quesnel  et  de  Mérian  que, 
au  commencement  du  xvne  siècle,  le  jardin  devant  les  Tuileries  avait  pour  limites, 
vers  l'orient,  le  fossé  même  de  l'enceinte  de  Charles  V,  dont  la  contrescarpe  for- 
mait, pour  ce  jardin ,  un  mur  de  soutènement  buté  par  des  éperons  rectangulaires. 
Sur  le  plan  de  Gomboust  on  retrouve  la  contrescarpe  et  ses  éperons  intacts;  mais 
la  partie  méridionale  du  fossé  est  comblée  et  sert  de  jardin  à  l'hôtel  de  la  rue 
Saiut-Nicaise  dit  plus  tard  hôtel  de  Beringhen.  Sur  plusieurs  plans  postérieurs, 
particulièrement  sur  le  grand  plan  manuscrit  de  Bullet,  conservé  aux  Archives  de 
l'Empire,  le  jardin  des  Tuileries  n'existe  plus,  mais  celui  de  l'hôtel  de  Beringhen 
i'este  toujours  borné  par  une  portion  du  mur  de  la  contrescarpe,  encore  muni  de 
ses  éperons,  lesquels,  après  avoir  formé  des  saillies  sur  le  fossé,  figurent  mainte- 
nant des  redans  en  creux  par  rapport  à  la  place  du  Carrousel.  En  rapprochant  le 
1.  •  28 


178  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

plan  de  Bullet  de  celui  de  Verniquet,  on  reconnaît  sur-le-champ  et  sans  la  moindre 
hésitation  que  le  même  mur  n'a  point  été  déplacé,  qu'il  clôt  toujours  l'hôtel  de 
Beringhen ,  qu'il  passait  à  environ  soixante-sept  mètres  du  coin  occidental  des  rues 
Saint-Nicaise  et  des  Orties,  et  que,  si  on  l'eût  prolongé,  il  serait  allé  se  confondre 
avec  l'alignement  occidental  de  l'ancienne  rue  du  Carrousel.  On  a  d'ailleurs  trouvé, 
au  commencement  de  ce  siècle,  un  fragment  de  la  contrescarpe  entre  la  seizième 
et  la  dix-septième  arcade  à  partir  du  pavillon  Marsan  W,  et  la  situation  de  ce  frag- 
ment justifie  notre  tracé,  à  l'appui  duquel  nous  citerons  encore  deux  preuves 
concluantes.  Les  plans  de  Quesnel  et  de  Gomboust  montrent,  accolé  à  la  face 
septentrionale  de  la  Grande-Galerie,  un  pavillon  qui  contenait  un  escalier  et  s'ap- 
puyait sur  le  mur  de  la  contrescarpe;  or  ce  pavillon,  fort  peu  connu,  dont  nous 
avons  de  très-bons  plans,  occupait  un  emplacement  correspondant  à  celui  des  deux 
premières  colonnes  après  la  grande  travée  de  la  galerie  :  c'est  exactement  à  ce 
point  que  passe  le  mur  à  éperons,  restitué  d'après  les  données  ci-dessus  indi- 
quées. Une  seconde  preuve,  incomprise  jusqu'à  ce  jour,  c'est  l'existence  même  de 
la  grande  travée  à  niches  de  la  galerie ,  travée  qui  ne  diffère  des  autres  que  parce 
qu'elle  constituait  un  pont  au-dessus  du  fossé,  dont  elle  indique  conséquemment 
la  situation  d'une  manière  permanente  et  incontestable. 

On  lit  dans  Bonfons  :  a  Ce  qui  ensuit  est  gravé  à  une  pierre  estant  autour  des 
fr  fossés  bastis  depuis  la  porte  Sainct-Honnoré  jusques  à  la  porte  Neufve,  qui  sont 
•  faicts  pour  la  closture  de  la  maison  et  palais  de  la  Boyne,  mère  du  Boy  :  Du  règne 
rrdu  très-chrestien  Henry  troisiesme,  roy  de  France  et  de  Polongne,  et  du  gou- 
vernement pour  Sa  Majesté  en  la  ville  de  Paris  et  Isle  de  France,  Béné,  seigneur 
rde  Villequier,  et  de  la  prevosté  et  échevins  de  M.  Augustin  de  Thou,  Jean  Ge- 
crdouyn,  M.  Pierre  Laisné,  Anthoine  Mémin  et  Nicolas  Bourgeois,  mdlxxxi  W. i» 
Du  Breul  dit  également  qu'en  1 58 1  on  édifia  les  murs  du  fossé  de  la  Porte- 
ff  Neufve ®.n  A  quoi  se  rapportent  ces  deux  passages?  Les  auteurs  ne  se  sont  point 
expliqués  à  ce  sujet,  et  M.  Bonnardot  seul'4'  a  tenté  de  résoudre  la  question,  en 
affirmant  que  Du  Breul  a  fait  allusion  à  la  porte  dite  depuis  (le  la  Conférence;  mais 
il  est  au  contraire  certain  que,  là  comme  ailleurs,  par  le  nom  de  Porte-Neuve 
Du  Breul  désigne  seulement  la  porte  voisine  de  la  tour  de  Bois.  En  effet  cette 
expression  «les  murs  du  fossé ti  ne  peut  indiquer  ni  l'enceinte  du  xive  siècle,  ni  le 
bastion  des  Tuileries  commencé  en  i566,  et  n'a  trait  qu'à  une  contrescarpe.  Or, 

(1)  Ramond  du  Pouget,    qui  rapporte   le  fait  Honoré  ne  peut  avoir   été   située  aussi  loin  vers 

(Notice  sur  les  anciennes  enceintes,  p.  27),  a  pris  ce  l'ouest. 

fragment  pour  une  portion  du  mur  même  de  l'en-  ;,)  Édition  de  1 586 ,  fol.  198  v\ 

ceinte,  d'où  il  résulterait  que  la  porte  Saint-Honoré  (,)  P.   io64. 

était  à  la  hauteur  de  la  rue  Traversière;  il  n'est  (t)  Dissertations  archéologiques  sur  les  anciennes 

point  difficile  de  reconnaître  que  la  porte  Saint-  enceintes  de  Paris ,  p.  a48. 


DESCRIPTION  DU  VIEUX  LOUVRE,  ETC.  179 

il  n'y  a  jamais  eu  de  contrescarpe  en  maçonnerie  au  bastion  des  Tuileries,  tandis 
qu'il  en  a  existé  une,  d'origine  évidemment  peu  ancienne,  au  fossé  voisin  de  la 
tour  de  Bois.  Bonfons  d'ailleurs,  s'il  avait  eu  en  vue  les  fossés  du  bastion,  n'aurait 
point  dit  qu'ils  avaient  été  ce  bastis  depuis  la  porte  Sainct-Honoré  jusqu'à  la  Porte- 
(rNeuvfe,  et  faicts  pour  la  closture  de  la  maison  et  palais  de  la  Royne  mère,n 
parce  que  non-seulement  le  jardin  des  Tuileries  n'occupait  que  les  deux  tiers  de 
l'espace  renfermé  entre  la  rue  du  Faubourg-Saint-Honoré  et  la  Seine,  mais  encore 
et  surtout  parce  que,  au  xvie  siècle,  le  bastion  ne  servait  point  de  clôture  au  jar- 
din, car  il  en  était  séparé  par  un  espace  vide  assez  considérable.  En  revanche,  les 
expressions  de  Bonfons  conviennent  parfaitement  à  la  contrescarpe  à  éperons,  qui 
constituait  réellement  la  clôture  du  palais  des  Tuileries  vers  l'orient,  et  nous  sa- 
vons ainsi  que  cette  contrescarpe,  si  manifestement  élevée  à  une  époque  récente 
et  pour  faciliter  l'établissement  du  Petit-Jardin,  a  été  bâtie  en  1 58 1 . 

Connaissant  la  situation  précise  du  mur  de  la  contrescarpe  et  celle  de  la  tour 
de  Bois,  on  découvre  sans  peine  l'emplacement  du  mur  de  l'enceinte,  qui  devait 
être  parallèle.  Le  plan  de  Gomboust  démontre  qu'il  faut  le  chercher  dans  l'aligne- 
ment de  la  façade  occidentale  de  l'hôtel  de  Beringhen,  à  trente-deux  ou  trente- 
trois  mètres  de  la  contrescarpe;  plus  loin  le  trajet  du  mur  d'enceinte  est  identique 
avec  celui  d'une  muraille  reproduite  en  perspective  dans  les  vues  du  grand  Car- 
rousel de  Sylvestre,  et  avec  celui  de  murs  mitoyens  dont  le  dernier  séparait  l'entrée 
du  marché  des  Quinze-Vingts  de  la  maison  voisine  vers  l'ouest,  à  dix-huit  mètres 
de  la  petite  rue  Saint-Louis.  L'enceinte  ainsi  retracée  court  en  se  rapprochant, 
vers  le  nord,  de  la  rue  Saint-Nicaise  :  telle  était  sa  position  suivant  les  baux  faits, 
en  1616,  des  terrains  du  rempart,  qui  ont  formé  le  côté  occidental  de  la  rue. 
Ces  baux  énoncent  diverses  profondeurs  de  lots  depuis  neuf  toises  et  demie,  dix, 
onze ,  douze  toises,  etc.  jusqu'à  dix-huit  ;  or  les  bâtiments  de  l'hôtel  de  Beringhen, 
dans  leur  plus  grande  profondeur,  c'est-à-dire  sur  la  rue  des  Orties,  présentaient 
effectivement  ces  dix-huit  toises  entre  la  rue  Saint-Nicaise  et  les  jardins  établis 
sur  l'emplacement  même  du  fossé. 

De  la  porte  Saint-Honoré  à  la  tour  de  Bois,  le  mur  de  la  ville,  bâti  avant  i3o,o , 
avait  cent  quatre-vingt-dix  toises  de  longueur'1',  dimension  que  nous  retrouvons 
fort  exactement  ;  sur  le  plan  de  Braun,  il  est  représenté  flanqué  d'une  seule  tour; 
sur  celui  de  Du  Cerceau  il  y  en  a  deux*'2';  sur  ceux  de  Quesnel  et  de  Mérian,  on 
n'en  voit  aucune.  Nous  pensons  qu'il  n'en  existait  réellement  plus  à  l'époque  où  ces 
deux  derniers  plans  ont  été  dressés,  et  cela  peut-être  par  suite  d'un  remaniement 

(1)  Sauva],  t.  I,p.  60.  pavillon  avait  quatre  toises  quatre  pieds  six  pouces 

(,)  C'est  le  nombre  probable.  Nous  croyons  avoir  de  profondeur,  et  quatre  toises  deux  pieds  de  lar- 
reconnu  dans  un  pavillon  attenant  au  mur  de  l'hô-  geur;  il  était  à  quarante-six  toises  de  la  Grande- 
tel  de  Beringben  l'emplacement  d'une  des  tours.  Ce        Galerie,  et  il  figure  sur  le  plan  de  Verniquet. 

a3. 


180  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

contemporain  de  la  contrescarpe.  Quant  au  fossé,  que  les  prisonniers  du  Châtelet 
creusèrent  plus  profondément  de  i523  à  1 533 ,  rien  n'indique  qu'il  ait  été  sensi- 
blement rétréci,  puisque  nous  lui  trouvons  une  largeur  de  près  de  dix-sept  toises; 
c'était  celle  des  fossés  creusés  sous  le  règne  du  roi  Jean,  suivant  Bouquet,  et  elle 
s'éloigne  peu  des  proportions  des  fossés  voisins  des  tours  de  Nesle  et  Saint-Ber- 
nard. Nous  avons  fait  remarquer  qu'il  pouvait  y  avoir  eu  un  arrière-fossé  supprimé 
à  la  fin  du  xvie  siècle.  Les  fortifications  de  Charles  V  entre  la  tour  de  Bois  et  la 
porte  Saint-Denis  ont  été  détruites  sous  Louis  XIII.  (Voir  Place  du  Carrousel.)  Alors 
disparut  aussi  une  butte  de  terre  proche  du  marché  aux  moutons,  laquelle  fut, 
le  8  juin  i5qo,  abandonnée  par  la  Ville  à  un  nommé  François  Imbert,  pour 
qu'il  y  construisît  un  moulin  à  vent,  en  remplacement  de  celui  que  les  troupes 
royales  lui  avaient  brûlé  le  ih  mai  précédent,  et  qui  existait  déjà  en  îb^U. 

En  déterminant  l'emplacement  de  l'enceinte,  nous  avons  aussi  fixé  celui  de  la 
seconde  porte  Saint-Honoré,  qui  en  dépendait,  mais  dont  nous  ne  saurions  indi- 
quer les  dimensions,  faute  d'un  plan  de  quelque  valeur.  Elle  consistait  en  un 
bâtiment  rectangulaire  flanqué  à  ses  angles  de  tourelles  en  encorbellement  ou 
portant  de  fond,  car  les  vues  ne  concordent  pas  sur  ce  point.  Au  devant  étaient  un 
pont  dormant  sur  lequel  s'abattait  le  pont-Ievis ,  et  un  boulevard  à  herse ,  addition 
relativement  moderne,  qui  paraît  dater  de  1 5o,3.  On  lit,  en  effet,  dans  les  registres 
de  la  Ville,  que,  le  1 8  décembre  de  cette  année,  le  duc  de  Mayenne  accorda  aux 
maîtres  des  œuvres  du  Corps  municipal  la  permission  de  prendre  des  pierres  et 
des  moellons  rten  quelques  fondemens  cy-devant  commencez  et  délaissez  près  le 
rcbastiment  neuf  des  Thuilleries,  pour  réparer  et  couvrir  d'un  ravelin-n  la  porte 
Saint-Honoré,  que  les  boulets  avaient  ruinée  pendant  le  siège.  Cette  avant-porte 
gênant  la  circulation,  le  Boi,  par  lettres  adressées  au  Prévôt  des  marchands,  le 
17  juin  i6o3,  en  ordonna  la  démolition  en  même  temps  que  le  comblement  du 
fossé  à  cette  place  w.  Le  pont-levis  de  la  porte,  étant  pourri,  fut  remplacé  par  un 
pont  dormant  en  1609  M. 

La  seconde  porte  Saint-Honoré,  qui,  assure-t-on,  a  été  quelquefois  nommée 


(1)  <r  Très-chers  et  amez  (  le  Prévôt  des  marchands 
fel  les  Echevins),  ayant  advisé  pour  la  commodité 
"du  publicq  de  nostre  bonne  ville  de  Paris  de  faire 
"•abbattre  le  boulievert  et  remplire  le  fossé  qui  est 
"devant  la  porte  Sainct-Honnoré  de  nostre  bonne 
"  ville  de  Paris ,  et  rendre ,  par  ce  moyen ,  l'entrée  et 
rryssue  par  ladite  porte  en  droicte  ligne,  tirant  de 
fia  grande  rue  Sainct-Honnoré  en  celle  des  faul- 
»  bourgs,  comme  elle  estoit  anciennement  et  aupa- 
ravant les  derniers  troubles,  nous  vous  mandons, 
^ordonnons  et  très-expressément  enjoingnons que, 
r  incontinent  après  la  présente  receue,  vous  ayez  à 


rr faire  abattre  ledit  boulievert,  remplire  le  fossé 
rrd'icelluy,  applanir  le  chemin  droict,  et  icelluy  faire 
rr  paver  selon  noz  voulloir  et  intention,  etc.n  (Arcli. 
de  l'Emp.  reg.  H  1793,  fol.  i63  v°.)  On  trouve 
néanmoins  la  mention  du  boulevard  après  cetle 
date ,  mais  il  ne  s'agit  sans  doute  que  de  l'empla- 
cement. 

m  rrEn  la  porte  Sainct-Honnoré,  faut  faire  ung 
rrpont  dormant  au  lieu  du  plancher  du  pont-levis, 
rrqui  est  du  tout  pourry  et  en  partie  ruyné.  »  (Procès- 
verbal  de  visite  du  99  juin  1609,  reg.  H  1795, 
fol.  7 li.) 


COMPTES  DU  VIEUX  LOUVRE.  181 

porte  des  Aveugles,  à  cause  du  voisinage  des  Quinze -Vingts,  fut  abattue  en  i63k^\ 
et  l'on  bâtit  une  boucherie  sur  son  emplacement.  (Voir  Rue Saint-Honwé,  2e  partie.) 
Par  un  traité  conclu,  le  a3  novembre  1 633 ,  avec  Charles  Froger,  pour  la  con- 
struction de  l'enceinte  bastionnée  du  faubourg  Saint-Honoré,  traité  enregistré  au 
Parlement  le  5  juillet  i63i,  Froger  avait  été  «tenu  de  faire  abattre  et  desmolir 
rr les  anciennes  portes,  murailles  et  remparts;  faire  combler  les  anciens  fossez, 

<r  depuis  la  grande  galerie  du  Louvre  jusques  à  la  porte  Saint-Denys 

«  renverser  dans  ledit  fossé  les  terres  du  rempart,  qui  n  étaient  <x  derrière  l'ancienne 
r  muraille  de  la  Ville,  t» 


COMPTES  DES  DEPENSES  FAITES  AU  LOUVRE  PAR  CHARLES  V. 

DE  1362  À  1371  (») 

I.  Compotut  Pétri  Culdoe  clerici,  etc.  de  réceptif  et  misiù  per  eumfacli»  pro  operibut  cattri  Luparœ,  ab  anno  i36a 

usque  ad  à  marlii  i363. 

Compte  Pierre  Culdoë,  lieutenant  de  noble  homme  messire  Jean  de  Danville,  chevalier,  chastelain  du  chastel  du 
Louvre,  des  receptes  et  mises  par  luy  faictes  à  cause  de  certaines  besognes  qui  ont  esté  faictes  es  jardins  dud.  Louvre, 
à  la  plaisance  du  Roy,  nostre  Seigneur,  commençant  ou  mois  de  mars  36a  et  finissant  ou  mois  de  mars  ccclxiii 
après  ensuivant. 

DESPENSE.       . 

1.  Périn  Durant,  jardinier,  pour  avoir  quis  plusieurs  bonnes  herbes  et  icelles  plantées  ausd. 
jardins  du  Louvre,  ou  mois  de  mars  i36a,  en  xvi  francs  xvm  s.  p.  la  pièce.  .   xim.  1.  vm  s.  p. 

'2.  Jean  Baril,  faiseur  de  treilles,  pour  avoir  faict  un  grand  pre'au  èsd.  jardins,  et  faict  de 
merrien!3'  un  losengié  tout  autour  à  fleur  de  Hz  et  à  créneaux;  et  faict  deux  chaières  et  couvert 
par  dessus  de  losenges,  et  arnioié  des  armes  du  Roy  et  de  nosseigneurs  de  France;  pour  motte, 
merrien,  osier  et  peines  de  ce,  par  lettres  de  recognoissance  données  le  1 5  jour  de  juillet  ccclxiiii  ; 
en  francs  xvm  s.  p.  la  pièce xxx  1.  p. 

3.  Pierre  Hubert,  faiseur  de  treilles,  pour  avoir  relie'  les  haies  losengé"s  d'entour  lesd.  jardins, 
ou  mois  de  février  1 363 ,  et  drecié  environ  la  moitié  desd.  hayes  que  le  vent  avoit  abatues  : 
pour  merrien,  osier  et  peine  de  ce,  par  lettres  de  recognoissance  données  le  i5  jour  de  juillet 
1 366,  en  francs  xvm  s.  p.  la  pièce ix  1.  p. 

/«.  Jean  Baril,  pour  avoir  faict  une  motte  de  tère  et  de  poulce,  et  dessus  un  paveillon  de  mer- 
rien à  treilles,  losengié  et  armorié  des  armes  du  Roy.de  la  Boyne  et  de  nos  seigneurs  de  France; 

(1>  C'est  effectivement  en  cette  année  que,  sui-  qu'il  attribue  à  Menant,  doyen  de  la  Chambre  des 

vanl  un  censier  contemporain  de  l'Évêché  (Arch.  de  comptes.  Cette  copie,  d'ailleurs  fort  précieuse,  ren- 

l'Enip.  S  isC3),  elle  fut  rrabbastue  et  desmolie.  »  ferme  évidemment  plusieurs  fautes  de  lecture;  mais 

''  Nous  réimprimons  le  texte  publié  par  M.  Le  on  ne  peut  y  remédier. 
Houx  de  Lincy  d'après  une  copie  du  xvn'  siècle  m  Merrien,  bois  de  charpente. 


182  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

et  y  avoir  faict  un  pont-levis,  ou  mois  de  mars  ccclmii;  pour  merrien,  osier  el  peines  de  tout 
ce,  par  lettres  de  recognoissanee  données  le  1 5  jour  de  juillet  364 ,  en  francs  xyiii  s.  p.  la 
pièce xxxyi  1.  p. 

Charles,  par  la  grâce  de  Dieu  Roy  de  Franco,  à  Ions  ceux  qui  ces  présentes  lettres  verront, 
salut.  Sçavoir  faisons  que  nous,  pour  le  bon  rapport  qui  faict  nous  a  este  de  la  personne  de 
Pierre  Guldoc.  iceluy  avons  faict  et  establi.  et  par  ces  lettres  faisons  et  établissons  don  et 
payeur  de  noi  œuvres,  aux  gages,  prolirt  et  émolumeus  atvoustuiuos.  tant  comme  il  nous  plaira. 
Si  donnons  en  mandement  par  ces  présentes,  à  nos  auiez  et  féaux  les  gens  de  nos  comptes. 
que.  sur  ce  pris  le  serment  dud.  Pierre,  iceluy  laissent  et  fassent  joir  et  user  dud.  ollice;  et,  à 
tous  nos  autres  justiciers  et  sujets,  que  à  luy  en  faisant  led.  ollice  en  tout  ce  qui  en  dépend  et 
pourra  dépendre,  obéissent  et  entendent  diligemment.  Kn  tesmoin  de  ce  que  nous  avons  laid 
mettre  à  ces  présentes  le  scel  duquel  nous  usions  paravanl  que  nous  venissions  au  gouvernement 
de  nostro  Royaume.  Donné  à  Paris,  le  19*  jour  d'avril,  fan  de  grâce  t'M\h. 

ItWy  **g»t  :  Par  le  Roy,  B .  Fraxç.ois. 

II.  Compte  Pierre  Culdoë .  don-  et  payeur  îles  oeuvres  itu  Roy,  nostre  sire,  des  receptos  et  mises  par  li  l'aides,  i  cause 
du  dict  (met  .pour  les  années  et  réparations  du  chasteaii  du  Louvre),  depuis  te  ti*  jour  de  juillet  1 364. 

DESPESCE,    NAÇ.ONXRRIE. 

5.  Guillaume  de  Moutier,  carrier,  pour  une  auge  de  pierre  de  cinq  pieds  de  long  et  trois 
pieds  et  detnye  de  lé,  tenant  une  queue  et  demye  d'eau,  pour  met  Ire  cm  près  le  puis  du  I.oinro. 
pour  servir  à  la  cuisine > vi  1.  p. 

6.  Jean  Dure,  maçon,  pour  faire  le  pan  de  mur  depuis  la  tour  de  la  ehapelle  avec  la  tour 
vers  la  Fauconnerie;  dessassoir  et  assoir  vi  ou  vu  onunois  de  pierre  en  lad.  tour  par  dessous 
en  plusieurs  lieux,  oit  mestier  estoit:  et  au  dessus,  ebanger  loules  les  pierres  qui  faisoienl  à 
changer  jusqu'à  l'entablement;  par  marché  faict  xuui  IV.  valent 3q  1.  i  a  s.  p. 

7.  Jean  de  Ghaumont  et  Jean  de  Neufmur.  maçons,  pour  faire  l'une  des  tours  d'eniprès  le 
pont-levis,  et  devers  le  pan  de  mur  ensuivant;  el  la  tour  qui  fait  le  coin  sur  Saine,  devers 
Paris;  dessassoir  et  rassoir  v  ou  ti  ornes'11  de  pierre,  partout  où  mestier  estoit.  changer  toutes 
les  mauvaises  pierres  jusqu'à  l'entablement  etc.;  et  pour  faire,  en  la  dou\e  des  fosse*,  environ 
deux  toises  de  mur  etc.  xxxïi  fr.  val xxxu  1.  vin  s.  p. 

CHARPEMERIE. 

S.  Maistre  Jean  Bernard,  charpentier,  pour  faire  un  petit  clocher  en  la  grand  chapelle,  à 
pendre  la  clochette  à  sonner  la  messe;  pour  mettre  un  pallel  de  fust  en  l'huis  de  la  chambre 
du  Boy,  et  faire  quatre  marches  de  fust  oudessus  la  terrasse  plommée  - '.  par  où  le  Boy  monte 
ou  galetas,  etc. 

9.  Jean  Aubort.  charpentier,  pour  faire  deux  forts  huis  >3),  l'un  enchassillé  et  lié,  de  vi  pieds 
«  Atttmf—  m  Plombée.  —  «  Vantail  de  porte. 


COMPTES  DU  VIEUX  LOUVRE.  183 

et  demy  de  loqc  et  5  pieds  de  le,  pour  la  sale  Saint-Louis,  et  l'autre  claire,  de  vi  pieds  et 
demy  de  long  et  de  quatre  pieds  de  lé,  et  de  plaine  pauliue  d'espoisse,  glué  a  double  parement . 
pour  mettre  iceluy  huis  en  l'une  des  tours  du  viol/,  pont  devers  Paris.  Item,  pour  l'aire  x  huis 
simples,  joins  à  double  roulure'",  tous  de  chesne,  pour  mettre  ez  lieux  plus  nécessaires  du 
Louvre,  etc xvi  I.  xvm  s.  p. 


non, 

10.  Pour  quatre  solives  et  xv  chevrons  pour  faire  tréteaux  pour  asseoir  les  esteoux  des  cui- 
sines ou  garde-manger  du  Louvre,  etc.  Pour  le  merrien  des  x  estaux  a  boucher,  pour  mettre 
ez  cuisine  et  ez  garde-manger  du  Louvre,  etc. 


KKRRl  RKS. 

1 1.  Andrieu  du  Vergier,  pour  faire  en  la  salle  du  Louvre  un  grand  serrure  et  une  clef,  en 
l'huis  de  la  grand  chapelle  une  serrure  à  boce,  un  verrouil  et  une  clef  à  l'huis  de  la  chambre 
M.  d'Estampes,  on  montant  à  la  tOOT  une  serrure  plate  à  l'entrée  de  la  salle  au  C.haslelain.  Kl 
pOW  faire  en  la  tour,  dessous  la  chambre  du  Hoy,  doux  grandes  serrures  à  boce  et  deux  clef/.; 
et,  en  la  tour  dessous  la  chapelle,  aux  huis  de  la  tour  deux  serrures  à  boce  et  deux  vorrouils. 
Item,  en  l'huis  de  la  chambre  de  la  Fourrière,  une  serrure  à  boce,  etc.  Item,  à  l'huis  des  grands 
degré/,  d'empivs  la  terrasse,  une  serrure  à  boce.  Item,  pour  faire  en  la  salle  où  le  lloy  DMO 
;;iesi,  une  serrure  et  un  verrouil,  etc.  vi  francs,  val cvin  s.  p. 


VOITIRKS   M    LABOURS. 

\'2.  Jean  Alant.  pionnier,  pour  curer  les  fossez  d'enlour  le  cbaslel  du  Louvre  jusqu'à  vif  fond 
de  terre,  et  le  conduit  qui  \a  à  Saine,  etc.  vi"iin  francs  pièce  xvm  s.  p.  val.  .    c.xi  I.  xu  s.  p.  W 

13.  Nichai'  \uvel,  voieturier,  pour  amener  de  Saint-Germain  des  Pie/,  aux  Tuilleries,  sur  la 
rivière  de  Seine,  m'  quarieaux  de  pierre,  et,  de  l'autre  pari  la  rivière,  rechargé  lesdils  carreaux 
et  mener  au  Louvre;  par  marché  faict nu  1.  p. 

\h.  Thomas  du  Maret,  batelier,  pour  passer  par  l'eau  de  Saine  les  Tuilleries,  de  Saint-Ger- 
main dos  Prez,  lesd.  vi'  carreaux  de  pierre,  et  iceux  descendre  aux  degrez  du  Louvre,  par  marché 
faiot  .etc lx.  8.  p. 

Suinma  vi"vi  I.  xmii  d.  p. 

VOIRIERKS  KT   AUTRKS  CHOSES. 

15.  Guillaume  Brisetout,  voilier,  pour  xx  pièces  de  verre  neuf,  en  la  chambre  du  Chastelein 
(  m  m'  nuire  endroit  il  y  a  :  et  de  ses  escuyers),  en  sa  garde-robe,  etc. 

1    Feuillure,  rainure?  parisis.  —  Il  y  avait  alors  missi  des  francs  d'or  qui 

1  Cet  h  dira  t>4  francs,  à  18  sous  parisis  ne  valaient  que  16  sous,  et  cela  introduit  de  la  con- 
le  firme;  valant  H  autre  monnaie  m  livres   la  sous         fusion  dans  les  comptes. 


184  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

16.  Item,  led.  Guillaume  pour  rapareiller  les  voirières  de  la  grand  chapelle  du  Louvre,  celles 
du  galetas  et  celles  des  trois  chambres  du  Roy,  au  Louvre;  par  marché  faict xl  s.  p. 

17.  Jean  le  Grand,  chasublier,  pour  faire  deux  custodes,  froncier,  docier  et  parement  à  une 
nape,  un  autel  de  marbre,  un  estuy  pour  corporaux  couvert  de  soye  et  semé  de  fleur  de  lis; 
pour  aneaux  et  tissu  de  soye  à  pendre  lesd.  custodes;  par  marché  faict  à  li  par  led.  maistre 
Jacques,  8e  jour  juillet  i36& vin  1.  p. 

Summa  operum  istius  compoti  vcli  1.  xm  s.  vi  d.  p. 


III.  Louvre.  —  Le  commencement  de  ce  compte  manque;  il  y  a  environ  cinq  ou  six  cahiers  adirés.  Ii  est  daté  en  un 
endroit  :  Magnum  compotum  de  operibus  et  reparationibus  Luparœ  a  t8  octobris  i36ù  nsque  ad  primant  maii  136j. 

{Nota.  H  n'y  a  que  la  recepte  et  partie  du  premier  chapitre  de  despense  qui  manquent.) 

Pour  achapt  de  pierre  montant  à  5,ooo  1.  en  fr.  à  18  s. ,  et  en  francs  à  xvi  s.  2,180;  que 
toute  la  despence  n'y  soit. 


DESPENCE. 

ier  article  du  1"  chapitre  de  despense  qui  reste  de  ce  compte  : 

18.  Jean  Le  Mane,  quartier,  pour  avoir  livré  aud.  Louvre  pour  les  œuvres  dessus  dattes,  cent 
batelées  de  quartier  de  pierre,  de  3  et  2  piedz  et  demy  de  long,  et  de  deux  pieds  de  lé,  à  l'un 
des  bouts,  de  la  pierre  de  Vitry  ;  chacun  batel  portant  par  eau  le  poids  de  1 600  tonneaux  de  vin; 
achetées  de  li  par  led.  maistre  Rémond,  2  3e  jour  de  mars  i364;  chacun  poids  de  tonne!  xvi  s.  p. 
vaut  la  batelée  xn  1.  p.  par  quittance  etc.  qui  font  en  francs  d'or  xvm  s.  p xii'l  1.  p. 

(Les  autres  pierres  venoient  de  Wiceslre (l),  pierre  de  lyais  de  N.  D.  des  Champs,  pierre  de  Gentilly. 
pierre  de  Saint-Leup  de  Serans  m,  du  pont  de  Charenton,  de  Vitry,  carrières  de  Valgirard (3).) 

19.  Pour  les  fondemens  de  la  grand  viz  vin  quartiers  de  pierre  du  feriont  (sic)  de  N.  D.  des 
Champs;  chacun  quartier  de  quatre  pieds  de  long  et  de  deux  pieds  et  demy  de  lé;  chacun 
quartier  acheté  un  franc  d'or vi  1.  vin  s.  p. 

20.  Pour  58  marches  de  lyais,  de  vi  pieds  et  demy  de  long  et  de  2  pieds  et  demy  de  lé, 
dont  17  ont  esté  mis  à  la  grand  viz  neuve,  et  h\  employés  en  la  tour  vers  la  Fauconnerie; 
chacune  marche  xm  s.  m  d.  p. 

21.  Pour  8  couvertures  de  lyais  qui  font  reposoir  pour  le  Roy  ez  quatre  estages  de  lad.  viz, 
chacune  couverture  de  vi  pieds  et  demy  de  long  et  de  2  pieds  de  lé;  achetée  chacune  pièce 
xl  s.  p. 

22.  Pour  3  a  toises  d'entablement  pour  les  murs  des  sales  et  chambres  neuves  du  Roy  et  de 
la  Royne;  chacune  toise  xx  s.  p. 

Summa  nmLvin  1.  xvm  s.  p.  de  xvm  s.  pour  franc,  et  viimnn"xvi  1.  xvi  s.  p.  de  xvi  s.  pour  franr. 


o 


Wicestre,  aujourd'hui  Bicêtre. —  !)  Sainl-Leu-d'Esserant.  —  '3>  Valgirard,  aujourd'hui  Vaugirard. 


COMPTES  DU  VIEUX  LOUVRE.  185 

23.  Pour  quatre  grans  cartiers  de  iyais,  pour  quatre  corbeaux  qui  sont  au  pignon  de  la 
chambre  du  Roy  où  fut  la  sale  Saint-Louis,  à  xx  s.  p.  le  quartier. 

24.  Pour  deux  grans  couvertures  de  pierre  de  lyais,  chacune  de  sept  pieds  de  long,  de  2  pieds 
de  lé  et  d'un  pied  et  demy  d'espoix;  l'une  pour  l'huisserie  de  la  sale  neuve  du  Roy  et  l'autre 
pour  l'huisserie  de  la  sale  neuve  de  la  Royne  aud.  Louvre  ;  chacune  pièce  achetée  cinq  francs 
d'or,  cy vm  1.  p. 

25.  Thibaut  de  la  Nasse,  marguillier  de  Saint-Innocent,  pour  dix  tumbes  dont  l'on  a  faict 
marche  en  la  grand  viz  neuve  dud.  Louvre;  achetée  de  li  chacune  tumbe  pris  ou  cimetière  dud. 
Saint-Innocent  à  xnn  s.  p.  par  quictance vu  1.  p. 

26.  Pour  deux  couvertures  de  lyais,  chacune  de  sept  pieds  de  long,  et  de  2  pieds  de  lé; 
pour  2  apuis  ez  fenestrages  de  la  sale  du  Roy,  chacune  trois  francs  d'or im  1.  xvi  s.  p. 

27.  Pour  ali  marches  de  lyais  pour  la  grand  viz  neuve,  chacune  de  7  pieds  de  long  et  de 
2  pieds  et  demy  de  lé. 

28.  Pour  autres  2  ti  marches  semblables. 

29.  Pour  i4  petites  marches  pour  la  petite  tournelle  de  la  grand  viz,  à  monter  sur  la  ter- 
rasse. 

30.  Pour  la  maçonnerie  des  murs  où  fut  la  sale  Saint-Louis. 

Somme  vncxx  I.  p.  franco  pro  xvi  s.  et  xviu'xun  1.  xiui  s.  un  d.  p./r.  pro  xvi  s. 

31 .  Pour  vu"  toises  de  grand  parpin  d'un  pied  et  demy  de  lé,  pour  tuyaux  de  cheminées  etc. 

32.  Pour  28  corbeaux  de  pierre  de  lyais  de  N.  D.  des  Champs,  pour  les  quatorze  poutres 
des  sales  et  chambres  de  la  Royne,  à  x  s.  par  chacun xnn  1.  p. 

33.  Pour  la  cheminée  de  la  chambre  à  parer  du  Roy  etc. 

34.  Pour  voûte  de  la  cave  de  l'eschançonnerie  du  Roy. 

35.  Pour  marches  pour  l'entrée  de  la  garde-robe  emprès  l'eschançonnerie,  et  pour  la  tour 
qui  fait  fer  à  cheval  devers  l'Artillerie,  etc. 

S.  xvn.xx  I.  pro  prima  expensa. 

Summa  vnmncLXi  F.  x  s.  p.  franco  pro  xvm  s.  p.  et  iiiimiincXLVi  I.  xix  s.  vin  d.  p.  franco  pro  xvi  s.  p. 

AUTRE   DESPENCE    POUR    CHAUX. 

36.  Pierre  Engeran,  marchand  de  chaux,  pour  avoir  livré  xvi  muids  de  chauds,  le  23  octo- 
bre i364;  chacun  muid  mi  F.  1  s.  x  d.  p.  cy lxv  1.  mi  s.  p.  fr.  18  s.  p. 

37.  Pour  trois  sextiers  de  chaux  en  pierre,  pour  blanchir  la  tuile  des  salles  et  chambres 
neuves  du  Roy,  etc. 

Summa  v'xlv  F.  xix  s.  p.  franco  pro  xvin  s.  p.  et  nicnu"xiiu  1.  vu  s.  p.  franco  pro  xvi  s.  p. 

1.  24 


186  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


AUTRE  DESPENCE  POUR  SABLON. 


38.  Michaut  Roussel,  ayde  à  maçon,  pour  avoir  mis  du  mortier  pour  les  œuvres  de  maçon- 
nerie dud.  Louvre,  xvi  muids  de  chaux,  et  livré  le  sablon  au  prix  d'un  franc  d'or  chacun  muids, 
cy  xvi  fr.  d'or xim  1.  vm  s.  p. 

Summa  im"xvi  1.  xvui  s.  p. franco  pro  xvni  s.  p.  et  vnXI  1.  xvm  s.  ]i.  franco  pro  xvi  s.  p. 


AUTRE  DESPENCE  POUR  PLASTRE. 


39.  Le  x"  juin  1 365 ,  fut  marché  faict  par  led.  maistre  Rémond  à  Pierre  Tournant  et  autres 
plastriers,  de  livrer  aud.  Louvre,  pour  les  œuvres  d'iceluy  lieu,  certaine  quantité  de  piastre  cuit, 
au  prix  de  xxnn  s.  p.  chacun  muid. 

Du  a3  juin  i365  jusqu'en  juillet xxxv  I.  vm  s.  p. 

juillet  1 365,  somme imxxxvi  I.  xix  s.  p. 

aoust  1 365 ,  somme . vi"vi  1.  vu  s.  p. 

septembre  1 365 ,  somme vn"v  1.  v  s.  p. 

octobre  1 365 ,  somme vm"x  I.  ix  s.  p. 

novembre  i365 ,  somme im"vm  1.  xvm  s.  p. 

40.  Autre  recepte  de  piastre,  au  prix  de  xxxn  s.  p.  chacun  muid,  à  cause  que  busche  estoil 
enchérie;  du  22  novembre  i365. 

Du  22  novembre  et  mois  de  décembre  i365,  somme miIxvm  1.  vm  s.  p. 

janvier  i365 lxix  1.  mi  s.  p. 

février  1 365 vn"im  1.  xvi  s.  p. 

mars  1 365 viixxn.  I.  xvi  s.  p. 

avril  i366 nn"vii  I.  mi  s.  p. 

mai  1 366 im^xix  1.  xu  s.  p. 

juin  1 366  jusqu'au  h  juillet miXIxm  1.  xu  s.  p. 

41.  Autre  recepte  de  piastre,  au  prix  de  xxvm  s.  p.  pour  chacun  muid. 

Depuis  le  4  juillet  jusqu'au  20 xlviii  I.  vi  s.  p. 

Autre  recepte  de  piastre,  au  prix  de  xxx  s.  pour  chacun  muid. 

Du  2  5  juillet  jusqu'à  la  fln  d'aoust cxv  1.  xv  s.  p. 

septembre  i366 vi"x  1.  xvn  s.  vi  d.  p. 

octobre  1 366 cv  1.  vu  s.  vi  d.  p. 

novembre  i366 mi"x  1.  p. 

décembre  1 366 lxx  1.  x  s.  p. 

janvier  i366 xlvi  I.  xvn  s.  vi  d. 

février  i366 vi  1.  xv  s.  p. 

mars  jusqu'au  17 xv  I.  11  s.  vi  d.  p. 

h"  Expetisa.  Samma  ab  alia  nmxix  1.  un  s.  p.  franco  pro  xvi  s.  p. 

42.  Autre  despence  pour  maçonnerie. 

Jean  de  Ghaumont  et  Jean  de  Neufmur,  tailleurs  de  pierre,  pour  avoir  abatu  sainement  de 
lhostel  qui  fu  madame  de  Valence,  à  Saint-Germain  des  Prez'1',  vi  milliers  et  mc  de  quarreaux 

(1)  Cet  hôtel  fut  abattu  en  i36o,  comme  il  sera  dit  en  son  lieu. 


COMPTES  DU  VIEUX  LOUVRE.  187 

de  pierre,  pour*  les  œuvres  dud.  Louvre,  au  prix  de  ix  s.  p.  chacun  cent,  montent  xxvn  I.  vu  s.  p. 
par  marché  faict  par  led.  maistre  Rémond  du  Temple xxvn  1.  p. 

43.  Pour  avoir  abbatu  les  créneaux  depuis  ia  tour  devers  la  Taillerie,  tout  au  long  du  costé 
des  jardins,  jusqu'à  la  tour  devers  la  Fauconnerie,  et  en  retournant  de  l'autre  costé  de  la  salle 
Saint-Louis,  dont  on  a  osté  une  assize  pour  l'encorbeillement  qui  court  tout  au  long  des  murs 
et  des  tours,  etc.  Le  1 5  janvier  1 365  fut  mesuré  la  besogne  en  la  manière  qui  ensuit:  —  Pre- 
mièrement le  pan  de  mur  entre  la  tour  qui  faict  le  fer  à  cheval  devers  l'Artillerie,  et  la  tour 
devers  la  Fauconnerie,  a  de  long  quinze  toises  et  demy  et  deux  pieds,  et  de  haut,  depuis  le 
commancement  de  la  neufve  maçonnerie  jusqu'à  l'enchapement  en  droit  les  planchers  '*',  trois 
toises  deux  pieds  valant  cinquante-deux  toizes  et  demy,  deux  pieds.  Item,  pour  les  deux  arcs 
de  pierre  d'icelles  aisances.  Item,  lad.  tour  devers  la  Fauconnerie  a  de  pourtour  xi  toizes  parmy 
le  milieu;  et  de  haut,  depuis  la  neufve  maçonnerie  jusqu'à  l'enchapement,  deux  toises  et  demyes. 
Item,  pour  le  chauffedos  (2'  en  droit  la  chambre  de  la  Reine. 

Item,  le  pan  de  mur  devers  les  jardins,  entre  icelle  tour  et  la  tour  du  milieu,  a  de  long  dix 
huit  toizes  trois  pieds. 

Item,  lad.  tour  du  milieu  devers  lesd.  jardins  a  de  pourtour  six  toizes  cinq  pieds  et  demy. 

Item,  pour  la  saillie  des  encorbeillemens  d'icelle  tour,  pour  le  chauffedos  de  l'oratoire  du 
Roy,  onze  toizes  douze  pieds  et  demy. 

Item,  pour  la  voûte  dud.  oratoire,  une  toize  et  demy,  etc. 

Somme  ixc  xn  toizes  demyes  demy  quart  c.  s.  chacun  toise  carrée ,  parmi  quelz  ont  esté  quis 
eschaffaux,  chables,  engins,  taillié  et  assis  la  pierre;  fait  le  mortier;  et  l'en  leur  a  livré  la 
matière  sur  le  lieu. 

Le  mur  de  la  salle  Sainct-Louis ,  les  fondements  ont  dix  pieds  de  parfont,  sur  cinq  toises  et 
un  pied  de  long,  etc. 

44.  Pour  avoir  abattu  trois  viez  pignons,  l'un  où  fut  la  terrasse  plomée,  et  les  deux  autres 
en  la  chambre  où  le  Roy  souloit  gésir'3'  aud.  Louvre;  par  marchié  faict xlviii  s.  p. 

45.  Colin  le  Charron,  tailleur  de  pierre,  pour  avoir  taillé  une  huisserie  et  la  voussure  em- 
pointée'4',  et  un  chanteau  l5)  ouquel  a  un  archet;  et  dedans  iceluy  un  escu  de  France  adestré 
de  deux  angelos  ;  icelle  huisserie  entre  la  salle  neuve  du  Roy  et  sa  chambre  devers  la  rue 
d'Otherice,  aud.  Louvre;  par  marché  faict xim  1.  p. 

46.  Jean  de  Sainct- Romain,  ymager,  pour  avoir  taillé  deux  reprinses  (6',  l'une  un  beuf  et 
l'autre  un  esgle,  chacun  tenant  un  rouleau  en  manière  des  Évangélistes,  lesquelz  servent,  sur 
le  chanteau  où  sont  les  armes  du  Roy,  pour  porter  le  pignon  <7'  du  dernier  étage  de  lad.  viz  ; 
par  marché vil.  vm  s.  p. 

47.  Drouet  de  Dampmartin,  tailleur  de  pierre,  pour  avoir  taillé  une  huisserie'8'  à  voulsure 

(1>  Au  droit  des  planchers,  à  leur  hauteur.  (6)  Chanteau,  tympan  d'arc? 

'''  Chauffe-doux ,  poêle  ou  étuve.  (6)  Réprimes ,  culs-de-lampe  recevant  une  re- 

(3)  Coucher.  tombée  et  enrichis  de  figurines. 

(,)  Voussure  empointée,  voussure  en   arc  aigu,  m  Ce  doit  être  le  fronton  surmontant  un  arc. 

vulgairement  une  ogive.  Les  Anglais  disent  encore  (Voir  la  note  p.  i3o.) 
pointed  arch.  m  Baie  de  porte. 

94. 


188  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

empointée  et  un  chanteau  auquel  a  un  archet;  et  dedans  iceluy  archet  un  escu  des  armes  de 
la  Royne,  devers  la  rue  d'Osteruche  ;  par  marché xim  I.  p. 

48.  Jean  Bairot,  maçon,  pour  avoir  faicte  l'assiette  de  maçonnerie  du  gros  mur  de  ix  pieds 
d'espois ,  lequel  faict  closture  tout  contremont  entre  les  sales  et  chambres  neuves  du  Roy  et  de 
la  Royne,  aud.  Louvre,  devers  la  Taillerie;  et  y  sont  faictes  trois  grandes  cheminées,  chacune 
de  quinze  piedz  de  lé  pardevant,  et  de  douze  piedz  ou  font,  endroit  les  contrecceurs,  l'une 
pour  la  sale  du  Roy,  l'autre  pour  la  sale  de  la  Royne,  et  l'autre  pour  la  sale  de  commun,  l'un 
en  droit  l'autre  ;  et  sont  faictes  les  languettes (1)  et  manteaux  de  pierre  de  taille  et  les  jambes 
et  les  huisseries  où  il  appartient;  et  est  fondé  led.  mur  huit  pieds  et  demy  en  terre,  etc. 

49.  Jean  de  Sainct-Romain,  pour  avoir  faict  quatre  images  de  pierre ,  assavoir  une  de  N.  D. 
et  une  de  sainct  Jean,  pour  les  deux  pignons  de  la  grand  viz  neuve;  une  de  sainct  Michel  et 
l'autre  de  sainct  Georges,  pour  les  deux  costez  du  pignon  de  la  grand  chambre  du  Roy,  où  fut 
la  sale  Sainct-Louis,  etc xix  1.  mi  s.  p. 

50.  Jean  Bairot,  maçon,  pour  avoir  dessellé  tous  les  bouts  de  viez  poutres  qui  estoient  èsd. 
sales  et  chambres  de  la  Royne,  et  assis  les  vingt-huit  corbeaux  de  liaiz  qui  portent  les  quatorze 
poutres  de  dessus  ;  pour  piastre  et  peine xvi  1.  xvi  s.  p. 

51.  Logemens  neufs  :  la  salle  contient  xxxix  toises  et  demye  xm  pieds  et  demy;  la  chambre 
à  parer,  devers  la  Fauconnerie,  contient  trente-deux  toises,  la  chambre  ensuivant,  vingt-huit 
toises  et  d.  et  six  pieds;  la  grand  chambre  derrière,  où  fut  la  salle  Sainct-Louis,  33  toises  trois 
quarts  et  deux  pieds,  et  les  autres  deux  chambres  de  la  Reyne,  devers  la  Taillerie,  li  toizes 
demye  et  xii  pieds,  qui  font  ix"vi  toizes  six  pieds  et  demy  à  v  s.  le  pavement  de  piastre  et 
plâtras,  la  toize ix"xmi  1.  ix  d.  p. 

52.  Pour  avoir  mis  en  piastre  lxxii  croisées  et  châssis,  sçavoir  : 
En  la  salle  neuve  du  Roy,  2  4  châssis. 

En  sa  chapelle,  4  châssis  et  2  fenestres. 

En  ses  trois  chambres  devers  la  Fauconnerie,  en  l'allée  des  aisances  et  icelles  aisances, 
xvi  châssis  et  2  fenestres. 

En  la  tour  qui  fait  fer  à  cheval,  i  o  châssis. 
En  la  tour  devers  la  Fauconnerie,  2  4  châssis. 
En  l'allée  de  la  terrasse ,  2  châssis. 
Devant  l'huis  de  la  salle  du  Roy,  î  châssis. 

En  ses  deux  chambres  devers  la  Taillerie,  et  en  l'allée  des  aisances,  34  châssis. 
En  la  tour  emprès,  26  châssis. 

Item,  en  la  salle  la  Reyne  et  en  sa  chapelle,  19  châssis  et  2  fenestres. 
En  ses  trois  chambres,  devers  la  Fauconnerie,  en  l'allée  des  aisances  et  en  icelles,  2 G  châssis. 
En  ses  deux  chambres  devers  l'artillerie,  et  ez  aisances,  3o  châssis. 
En  la  salle  du  commun  et  en  la  salle  emprès,  10  châssis. 
En  l'Eschançonnerie  et  en  la  grand  chambre  emprès,  vi  châssis. 
Qui  font  247  châssis  et  vi  fenestres,  etc.  pour  iiiixii  huis  neufve. 

Summa  ab  alla  iiiimvfLvin  1.  xv  s.  p.  franco pro  xvm  s.  p.  et  x^ii^xv  1.  m  s.  1  d.  et  pit.  par. 
franco  pro  xvi  s.  p. 

''  Languettes,  séparations  placées  entre  des  tuyaux  de  cheminées  faisant  partie  d'une  même  souche. 


COMPTES  DU  VIEUX  LOUVRE.  189 

%  AUTRE   DESPENSE  POUR   FAVERIE. 

53.  Le  i4  mars  1 364 ,  fut  marchié  faict  par  led.  maistre  Rémond  à  Andrieu  Vergier, 
fèvres^,  de  faire  et  livrer  aud.  Louvre,  griffes,  tirans,  barreaux,  gougeons  et  treillis  de  fer, 
au  prix  de xim  d.  p.  la  livre. 

54.  Pour  un  huis  de  fer  et  deux  manteaux  avec  un  boulon  de  fer  à  le  fermer,  pour  le 
manteau  de  la  cheminée  en  l'estude  du  Roy  ;  par  marché  faict x  1.  p. 

Summa  ab  alia  xlvii  1.  vi  s.  h  d.  p.  franco  pro  18  s.  et  vhcxlviii  1.  vu  s.  x  d.  p.  franco  pro  xvi.  s. 

AUTRE  DESPENSE  POUR  VOICTURES  ET  LAROUREURS. 

55.  A  Jean  de  Vaux,  voicturier,  pour  avoir  pris  en  l'hostel  qui  fut  Madame  de  Valence,  à 
Sainct-Germain  des  Prez,  et  amené  aud.  Louvre  vi.m.ccc  carreaux  de  pierre,  à  xx  s. p.  chacun 
cent lxiii  1.  p. 

56.  Pour  avoir  amené  xi.  tumbes  prinses  à  Sainct-Innocent,  par  marché,  pour  la  grand 
viz  neuve xxmi  s.  p. 

57.  Pour  avoir  pris  aux  Rlancs  Manteaux  et  en  la  grand  rue  Sainct-Denis,  cinq  images 
de  pierre  qui  y  ont  esté  taillées,  et  iceux  amenez  sainement,  pour  la  grand  viz  neuve, 
cy un.  1.  xvi.  s.  p. 

Summa  ihi"?iii  1.  p.  franco  pro  xvni.  s.  et  iiii"ix  1.  v  s.  x  d.  franco  pro  xvi.  s.  p. 

AUTRE  DESPENSE. 

58.  Yvert  Doublet,  charpentier,  pour  avoir  livré  xii.  aiz  de  chesne  ordonnez  pour  molles  à 
tailler  pierres  <"2> xxim.  s.  p. 

Summa  ab  alia  im"ix  1.  un  s.  p.  franco  pro  18  s.  p.  et  vi"  1.  mi  s.  nu  d.  franco  xvi  s.  p. 

Autre  despence  de  journées  faictes  aud.  Louvre  de  pionniers  et  tumbereaux  de  taillerie  de 
pierre,  de  maçons  et  aides,  à  cause  de  plusieurs  besognes  faictes  appartenant  aux  oeuvres 
d'iceluy  lieu,  tant  pour  les  fondemens  de  la  grande  viz  neuve  comme  ailleurs  aud.  Louvre, 
osté  gravois  des  viez  édifices  qui  ont  esté  abbatus  et  nouvelles  besognes  qui  y  ont  esté  faictes 
depuis  le  mois  d'avril  1 365 ,  en  la  manière  que  led.  maistre  Rémond  du  Temple  les  a  ordonnées. 

Les  semaines  et  jours  et  les  noms  des  ouvriers  cy  après  ensuivent. 

59.  Pionniers  chaque  semaine,  nom,  surnom,  et  les  tournées  chaque  semaine  environ  xxx. 
Pionniers  à  n  s.  vi  d.  par  jour. 

Tailleurs  de  pierre  v  s.  vi  d.  par  jour. 

Un  homme  et  son  tumbereau  vm  s.  p.  par  jour,  quelquefois  vi  s.  vi  d.  p. 

Somme  des  premières  journées  xxi  1.  xvi  s.  p.  francs  xvm  s.  p. 

Et  des  autres  journées  ix'iiii^xvi  1.  xvii  s.  vi  d.  p.  francs  p.  xvi  s. 

Autres  journées  depuis  le  a5  avril  i365  jusqu'au  10  avril  1 366,  etc. 

Sommes  des  journées  dernières  vn'xvn  1.  xvi  s.  x.  d.  franco  pro  xvi  s.  p. 

(I)  Fèvres,  forgerons,  serruriers.  —  (,)  Il  doit  s'agir  ici  de  planchettes  de  chêne  destinées  à  être  dé- 
coupées sur  les  épures,  pour  servir  de  patrons  aux  tailleurs  de  pierre. 


]90  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


AUTRE  DESPENSE  POUR  MERRIEN. 

60.  Raudinet  le  Courtier,  marchant  de  merrien,  pour  xvic  i.  pièces  de  merrien,  première- 
ment vingt-cinq  poutres,  les  vingt  chacune  de  vi.  toizes  de  long,  et  d'un  pied  et  demy  de 
fourneture,  les  quatre  autres  chacune  sept  toizes  de  long.  Itetn,  366  solives  chacune  de  deux 
toizes  et  demye  de  long,  etc. 

Summa  ab  alia  xviiicxh  1.  xn  s.  p.  franco  pr.  18  s.  p. 

Et  iiimiiiicXLiin  1.  xvi  s.  vi  d.  ob  p.  franco  pro  xvi  s.  p. 

AUTRE  DESPENCE  POUR  VOIRIERES. 

Bertaut  Le  Voirier  pour  avoir  mis  un  percan  (panneau?)  de  voirre,  contenant  vi  pieds,  en 
l'estude  du  Roy,  audit  Louvre ,  au  prix  de  mi  s.  p.  chacun  pied xxmi  s.  p. 

AUTRE   DESPENCE   POUR  PLOMMERIE. 

Maistre  Regnault  de  Bailleul,  plommier  du  Roy,  pour  avoir  reffaict  et  ressoudé  la  couverture 
du  plomb  de  dessus  les  degrés  d'emprès  la  terrasse  du  Louvre  ;  pour  soudure ,  suif  et  charbon 
et  peine xxxii  s. 

AUTRE  DESPENCE  POUR  PEINTURES. 

Maistre  Jean  Coste,  peintre,  et  sergent  d'armes  du  Roy,  pour  avoir  peint  de  fleurs  de  lys 
les  trois  bannières  qui  sont  sur  les  trois  tours,  etc. 

Thomas  du  Buisson,  peintre,  pour  avoir  faict  plusieurs  croix  de  peinture  vermeille  outre  la 
grand  viz  neuve  du  Louvre,  l'uisserie  des  Jardins  et  autres  lieux  en  la  cour  d'iceluy,  pour  la 
défense  de  ceux  qui  y  faisoient  leur  retrait  pour  pisser;  par  marché  faict xxvi  s.  p. 

AUTRE  DESPENCE  POUR   XVI   POUTRES  ET   IIe  SOLIVES. 

Le  i3  juin  i365  fut  ordonné  Raudinet  le  Cambier,  marchand  de  merrien,  par  honorable 
homme  et  sage  Philippe  Ogier,  général  maistre  des  dictes  oeuvres,  et  par  maistre  Jacques  de 
Chartres,  de  faire  venir  par  eau,  de  la  forest  de  Cuise,  xvi  granz  poutres  et  200  solives  pour 
les  édifices  de  la  Reyne,  audit  Louvre;  lequel  Raudinet  s'en  chargea;  et  pour  ce  a  receu,  par 
les  mains  dud.  Pierre  Culdoë,  iicl  francs  d'or,  si  comme  il  appert  par  quittance  et  par  le 
compte  faict  par  ledict  Baudinet  de  la  despence  de  ce.  Et  lequel  compte  a  esté  veu  par  Mes- 
seigneurs  des  comptes,  dont  la  teneur  s'ensuit  :  rtLe  compte  de  feu  Baudinet  le  Cambier, 
<r marchand  de  bois,  comme,  ou  temps  qu'il  vivoit,  a  faict  venir  et  amener  des  bois  de  la  forest 
trde  Cuyse  11e  granz  poutres,  et  11e  solives  esquarrées  et  ou  tout  prestes,  au  port  de  Saine, 
(f  devers  le  chastel  de  Louvre ,  »  etc. 

RECEPTE. 

Des  deniers  dudit  seigneur,  par  les  mains  dudict  maistre  Pierre. 

Somme  :  iicl  francs  xvi  s.  pièce,  valent iicl  f.  p. 

Mise  :  Pour  faire  abattre  xvi  chesnes,  etc.  pour  chacun  abattre  et  coper  vm  s.  p.;  vi  1.  vm  s.  p. 

Pour  esquarrir  lesd.  poutres vi  1.  vm  s.  p. 

Pour  abattre,  coper  et  esquarrir  lesd.  11e  solives,  chacun  cent  x  f .  p xx  f.  p.  etc. 


COMPTES  DU  VIEUX  LOUVRE.  191 

Pour  les  despens  dud.  Baudinet  et  de  son  cheval  :  par  2/1  jours  allant,  venant  et  séjournant 
illec  pour  l'avancement  de  la  besogne;  pour  chaque  jour  xvi  s.  p xix  f.  mi  s.  p. 

Somme  de  toute  la  despence  iicxxix  f.  mi  s.  p.  valent  ncim"vi  francs  et  demy.  Ainsi  est  deu 
aud.  Baudinet  xxxvi  francs  et  demy xxx  f.  mi  s.  p. 

AUTRE  DESPENCE  POUR  GAGES  DES  GENS  DUDICT  OFFICE. 

A  Jean  Le  Baut,  sergent  des  dictes  oeuvres  :  de  par  les  gens  de  comptes  du  Roy,  nostre  dict 
seigneur,  à  Paris.  Pierre  Culdoë,  payeur  des  oeuvres  royaux,  accomplissez  (le  contenu  en  blanc) 
en  la  manière  que  nostre  dict  seigneur  le  mande. 

Jean  Le  Bault,  pour  ses  gages  de  xn  d.  p.  par  jour,  depuis  le  \"  may  i36ù  jusqu'au  27  oct. 
qui  sont  ix"  jours ix  f.  p. 

Pierre  Culdoë,  clerc  et  payeur  des  dictes  oeuvres,  pour  ses  gages  de  m  s.  p.  par  jour,  du 
22  décembre  i36A  jusqu'au  27  oct.  (sic),  qui  sont  ix"  jours. 

AUTRE  DESPENSE  EXTRAORDINAIRE. 

6 1 .  Martin  Ville  et  autres ,  ses  compagnons  aydes  aux  maçons ,  pour  leur  vin  que  le  Boy,  nostre 
seigneur,  leur  donna  aud.  Louvre;  pour  ce,  par  quictance,  etc.  en  deux  francs  d'or  xxxvi  s.  p. 

62.  Bichard  Pitois  et  autres,  maçons  et  tailleurs  de  pierre,  pour  leur  vin  que  le  Boy,nostred. 
seigneur,  leur  donna  par  mandement  sous  le  sel  secret,  donné  18e  jour  d'octobre  i365,  lors- 
qu'il alla  visiter  les  oeuvres  de  l'hostel  M.  d'Anjou,  à  Paris,  en  xx  Irancs  d'or xxvi  1.  p. 

Summa  ab  alia  xxxvi  s.  p.  franco  pro  xvm  s.  p.  et  xlv  1.  xn  s.  p.  franco  pro  xvi  s.  p. 

IV.  Autre  despence  extraordinaire  pour  chenetz  de  fer,  coustes,  coussins,  tables,  traiteaux,  dreçoirs,  bancs,  fourmes 
et  autres  ustensiles  et  choses  notables  achetées  du  commandement  du  Roy,  pour  la  garnison  de  sond.  chastel  du 
Louvre;  lesd.  parties  contenues  en  un  rôle,  etc. 
(Ce  chapitre  est  escrit  entièrement.) 

63.  Pour  trois  paires  de  chenetz,  pesant  ix"xm  1.  de  fer,  xvi  d.  p.  pour  la  livre,  pour 
ce xn  1.  xvii  s.  m  d.  p. 

64.  Pour  x  paires  de  chenetz,  pesant  vc  lxi  1.  de  fer xxxvn  1.  vm  s.  p. 

65.  Pour  quatre  paires  d'autres,  etc.  pesant  vn"x  1 x  1.  p. 

66.  Pour  quatre  paires  de  chenetz  de  fer,  pour  les  chambres  de  la  Boyne,  une  paire  pesant 
ix"xviii  livres  etc.  qui  font  quatre  cent  cinquante-cinq  livres  de  fer  à  16  d.  p.,xxvi  1.  xm  s.  mid.  p. 

67.  Pour  une  tenaille,  unes  pincettes  et  un  tirtifeu;  pour  ce xvi  s.  p. 

68.  Pour  trois  tenailles,  trois  tirtifeux  et  deux  pelles  de  fer xlvhi  s.  p. 

69.  Pour  cinq  soufflets  neufs,  les  aucuns  ouvrez  de  taille  (1),  11  francs  d'or. .  .  .    xxxn  s.  p. 

70.  Bichard  des  Ourmes,  courtepointier,  pour  quinze  lits  neufs  ;  sçavoir  :  deux  lits  pour  le 
corps  du  Boy,  xl  francs,  un  lict  pour  M.  d'Estampes,  xvi  francs,  et  douze  licts  communs,  trois 
francs  trois  quarts  la  pièce;  montent  xlv  francs,  en  cent  francs  d'or un"  1.  xvi  s.  p. 

(l)  Ornés  de  sculptures. 


192  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

71.  Pour  dix-huit  coustes'1'  viez,  fournis  de  coussins,  xix  1.  xu  s.  p.;  pour  les  rapareil- 
ler nu  1.  p.  ;  xxm  1.  xu  s. 

72.  Pour  cent  aulnes  de  toile  à  faire  paillasse  et  autres  choses,  à  h  s.  p.  l'aune;  pour 
ce x  1.  p. 

73.  Agnès  La  Cauche,  cousturière  pour  le  Roy,  pour  avoir  taillé  ix  paillasses,  icelles  emplies 
de  foin  et  de  feurre,  et  cousues xxxn  s.  p. 

74.  Giles  Durant,  espicier,  pour  xn  aulnes  de  toile,  pour  les  fenestres  de  la  chamhre  de 
M.  d'Estampes  et  de  la  chambre  au  grand  maistre  d'ostel,  chacun  aulne  v  s.  p lx  s.  p. 

75.  Perrenelle  de  Crespon,  pour  deux  sarges  de  Caen  et  quatre  tapis  vert  pour  l'estude 
du  Roy,  trois  francs  et  demy  la  pièce.  Pour  ce xvi  I.  xvi  s.  p. 

76.  Marie  Lallemande,  pour  sept  aulnes  et  un  quartier  de  drap  noir  de  Caen  et  vm  pièces 
de  feutre  blanc  et  pers,  pour  feustrer  l'estude  du  Roy  et  les  fenestres  de  sa  chambre  et  de  la 
chambre  de  la  Royne,  devers  la  Fauconnerie,  à  xim  s.  p.  l'aune,  ci  s.  vi  d.  p.  et  pour  chacune 
pièce  de  feutre  xn  d.  p.  vallent  vm  s.  p.  Pour  ce cix  s.  vi  d.  p. 

77.  Nicolas  Yfore,  blasonnier,  pour  avoir  feustré  ix  châssis  en  la  chambre  du  Roy,  deux  en 
sa  petite  chapelle,  quatre  en  son  estude  et  une  fenestre,  huit  en  la  chambre  dessus  iceluy 
estude,  et,  en  l'oratoire  de  sa  chapelle  neuve,  deux,  qui  font  vingt-cinq  châssis  vi  s.  p.  la 
pièce,  valent  vu  1.  x  s.  p.  Item,  pour  avoir  feutré  deux  comptoirs,  un  banc,  une  chaière,  une 
fourme  <2'  et  deux  quartiers  de  planches  oudit  estude,  et  pour  deux  coussins nu  1.  p. 

78.  Item,  en  la  chambre  de  la  Royne  devers  la  Fauconnerie,  feutré  cinq  châssis  en  la  tour- 
nelle,  emprès,  trois,  et  en  sa  chapelle  m,  qui  font  xi  châssis;  aud.  prix  valent..  .  .    lxvi  s.  p. 

79.  Item,  et  pour  sa  peine  d'avoir  mis  de  la  toile  cirée  en  neuf  châssis,  tant  en  la  chambre 
M.  d'Estampes  comme  en  la  chambre  au  grand  maistre  d'hostel,  lxiiii  s.  p.  Et  pour  tout  ce 
faire  led.  Nicolas  a  quis  ruban  et  cloud  ;  par  quittance ,  etc xvm  1.  p. 

80.  Thibaut  Le  Roulier,  pour  un  banc  de  taille  trois  francs,  et  pour  quatre  fourmes,  quatre 
escrans  à  feus ,  quatre  francs  ;  en  sept  francs  d'or,  valent cxn  s.  p. 

81.  Pour  quatre  bancs  de  taille xn  1.  vi  s.  p. 

82.  Hannequin  de  la  Chapelle,  pour  un  banc  de  taille  à  osteaux  et  à  bestes,  deux  pieds  de 
long,  six  francs  ;  pour  un  autre  banc  de  taille,  à  deux  paremens  et  à  marchepied,  de  xn  pieds 
de  long,  vin  francs;  et  pour  un  autre  banc  de  taille  à  un  parement,  de  xn  pieds  de  long, 
vi  francs  ;  lesquels  bancs  sont  ez  chambres  du  Roy xv  1.  mi  s.  p. 

83.  Et  pour  portage  du  banc  à  marchepied,  lequel  fut  aporté  à  heure  de  minuict  par  huict 
compagnons,  pour  la  venue  du  Roy xvi  s.  p. 

84.  Pour  un  dréçoir  en  la  salle  du  Roy,  deux  francs  et  demy,  et  pour  six  fournies,  trois  de 
douze  pieds  et  trois  de  sept  pieds  de  long,  trois  francs;  cy un  1.  vm  s.  p. 

(1)  Lits  de  plume.  njouer  des  orgues.»  (Douët  d'Arcq,  Comptes  de 

(S)  Forme,  banc.  C'est  aussi  un  escabeau  ou  ta-  l'Argenterie  de  France  au  xiv'  siècle,  table  des  mots 
bouret  de  bois  :  rtPour  une  formète  h  seoir  pour        techniques,  p.  377.) 


COMPTES  DU  VIEUX  LOUVRE.  193 

85.  Pour  qitatre  estaux  à  bouchier,  mise  en  la  cuisine  de  la  basse-cour  du  Louvre,  nu  francs 
d'or  valant lxiih  s.  p. 

86.  Pour  demy  cent  d'aiz  de  chesne,  de  six  et  sept  pieds  de  long,  pour  faire  des  dréçoirs 
et  marchepieds  en  la  grand  Sale  par  terre.  Pour  ce mi  1.  p. 

87.  Jean  de  Verdelay  et  Colin  de  La  Baste,  huchiers,  pour  un  ban  de  chesne  à  coulombes'1', 
de  xx  pieds  de  long,  mis  en  la  Sale  par  terre,  pour  la  grand  table  du  Roy,  avec  le  dois'2' 
d'icelle  longueur,  de  trois  pieds  de  lé,  garny  de  traiteaux;  lequel  banc  a  esté  allongié  le  siège 
de  deux  personnes  et  haucié  à  doubles  marches,  et  le  dois  pareillement.  Pour  ce...  xmi  francs. 

88.  Item,  pour  un  dréçoir  enfoncé  et  une  marche  tout  autour  en  icelle  sale,  et  enfonsé  le 
viez  banc  Sainct-Louis  et  une  marche  autour.  Pour  ce van  francs. 

89.  Pour  portage  du  premier  banc ,  demy  franc  ;  et  pour  deux  eschelles  à  tendre  les  chambres 
du  Roy,  un  franc  ;  cy  pour  tout xvim  1.  xvi  s.  p. 

90.  Pour  deux  dréçoirs  mis  ez  chambres  du  Roy vi  1.  viiii  s.  p. 

91.  Pour  quarante-six  tables  fournies  de  tréteaux  et  quarante-deux  fournies,  nu"  francs 
d'or  valant lxiiii  1.  p. 

92.  Pour  un  banc  où  le  Roy  tient  ses  requestes lxiih  s.  p. 

93.  Marie  Sirasse,  huchière,  pour  un  dois  de  xx  pieds  de  long,  en  forme  de  peneaux  gluez, 
le  dossier  et  le  marchepied  de  devant  de  taille,  et  quatre  bestes  sur  les  piedz;  et  pour  une 
table  de  sapin  d'icelle  longueur  et  de  quatre  piedz  de  lé,  fournie  de  trois  tréteaux  en  la  salle 
de  la  Royne,  aud.  Louvre.  Pour  ce xxvm  francs. 

94.  Item,  pour  six  tables  de  noyer,  une  paire  de  tréteaux  et  vi  fournies (3),  les  quatre  de  dix- 
huit  pieds  de  long,  et  les  deux  de  xh  pieds,  pour  les  sales  et  chambres  de  la  Royne,  xvi  francs. 

95.  Item,  pour  un  dréçoir  à  deux  fondz,  de  six  pieds  de  long  en  lad.  sale h  francs. 

96.  Item,  pour  deux  buffès  et  deux  petites  fournières  pour  l'aumosnier  et  pour  l'huissier  et 
sergent  d'armes,  trois  francs. 

97.  Item,  pour  avoir  faict  de  peine  establir  au  rond  de  la  tour  qui  faict  fer  de  cheval  devers 
l'Artillerie,  à  mettre  les  ornemens  de  la  chapelle,  avec  deux  dréçoirs  qui  sont  ou  galletas  d'icelle 
tour,  et  pour  la  façon  de  six  fourmes m  francs. 

98.  Item,  pour  deux  chaières  à  dos  carrées  de  bois  d'IHande,qui  sont  ez  galletas,  mi  francs. 

99.  Item,  pour  une  marche  à  deux  degrés  esd.  galletas  et  pour  deux  traiteaux,  n  francs  d'or. 
Pour  tout xlvi  1.  viii  s.  p. 

Summa  ab  alia  un*  xxxv  1.  v  s.  il  d.  p.  franco  pro  16  s.  p. 

Aulre  despence. 

100.  Pour  papier,  parchemin,  etc. 

'    A  coulombes,  à  colonnes.  —  (,)  Le  dais.  —  ;l;  Il  faut  peut-être  lire  formes. 


194  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Pour  le  présent  compte  ordonner  et  minutter  en  papier,  iceluy  escrire  en  deux  livres  de 
parchemin ,  etc u  L  p. 

Summa  istius  experts®  communia  clxxi  1.  vin  s.  p.  franco  pro  xvi  s.  p. 

Summa  totalis  expensœ  hujus  compoti  xivn,ixcvn  I.  xvm  d.  p.  par.  videlicet  x\™uii"xi  i.  xvn  s. 
viiii  d.  p.  franco  pro  xvm  s.  p.  valent  xvimviicLxviii/ra;ic.  auri  cum  tribus  quartis  unius  et  n  d.  p. 

Et  xxxrovnfxv  I.  m  s.  x  d.  pretii  p.  franco  pro  xvi  s.  p.  valent  xxxvmravrxix  franc,  auri. 

Sic  summa  totius  expensœ  ad  franc.  Lvmncnir"vii  franc,  auri  cum  tribus  quartis  unius,  débet  dictus 
solutor  vifxxxvn  franc,  auri  cum  tribus  quartis  unius. 

Item,  débet  pro  quadam parte per  eum  tradita  in  debitis,  videlicet  pro  Bandineto  le  Cambier,  xxxix  1. 
ni  s.  p.  valentes  xxxi  franc,  cum  dimidio. 

Item  débet  pro  fine  compoti  sui  de  operibus  hospilii  Sancti  Audoeni,  incepti  octava  die  maii  i36i  et 
finiti  ultima  die  martii  i366 xlix  1.  et  lu.  s.  p. 

Summa  quam  débet  \ncxxm  franc,  auri  cum  quarto  unius  et  n  s.  p. 

Et  debentur  ei  pro  fine  compoti  sui  de  operibus  hospitii  Bosci  Vicennensis ,  incepti  duodecima  diejuniii365 
et  finiti  quindecima  die  maii  i36j  un' lxiiii  franc,  auri  et  à  d.  p. 

Auditus  et  clausus  ij  diejulii  anno  m.ccc.lxviii  ad  Burell.  présente  magistro  Philippo  Ogier. 

Sic  débet  dictus  solutor  iiclix  franc,  auri  cum  quarto  unius  et  xx  d.  p.  Bedduntur  domino  Begi  in  fine 
alterius  compoti  ipsius  Pétri  Culdoë  de  dictis  operibus,  suti  infra,  infiniti prima  diefebruarii  i368  et  ibi 
corrigitur. 

V.  Compte  Pierre  Culdoë,  clerc  et  payeur  des  œuvres  de  nostred.  Seigneur,  et  des  receptes  et  mises  par  luy  faictes  à 
cause  dud.  faict,  tant  pour  les  œuvres  des  dréçoirs  nuefs  d'iceluy  Seigneur  et  de  la  Royne,  comme  pour  réparations 
faictes  en  plusieurs  lieux  ou  chastel  du  Louvre,  du  i"rjour  de  may  1367  jusqu'au  12  juillet  1 368. 

RECEPTE  DES   GENERAUX,   etc. 

Summa  vnm  franc,  auri. 

Autre  recepte  des  deniers  des  coffres  du  Roy,  o  francs. 

Summa  totalis  receptœ  presentis  compoti  \umcfr.  auri  valent  vn>vicini11  i.  p. 

DESPENCE. 

101.  Colart  du  Pont,  pour  avoir  livré,  pour  les  œuvres  des  dréçoirs,  xn  toises  et  deniye  de 
parpins  de  pierre,  etc. 

102.  Led.  Colart,  pour  avoir  livré,  pour  la  maçonnerie  des  dréçoirs  dessusd.  et  du  pont- 
levis  de  la  Grosse-Tour,  l  toises  et  demy  d'autres  parpins. 

103.  Pour  deux  grands  tables  de  lyais  de  vin  pieds  de  long;  plus,  pour  sept  autres  tables 
de  sept  pieds  de  long,  pour  la  couverture  de  la  petite  viz  desd.  dréçoirs,  deux  pour  l'évier  de 
l'Eschançonnerie,  une  pour  la  couverture  du  retrait  aux  escuelles  d'iceulx  dréçoirs,  une  pour 
l'allée  du  pont-levis  de  la  Grosse-Tour. 

104.  Item,  dix  charretées  de  noyaux  de  pierre  pour  la  cheminée  des  dréçoirs,  etc. 

105.  Item,  en  la  tour  dessus  l'armurie  du  Roy,  etc. 

lt)6.  Jacques  du  Parvis  et  Jean  Grosbois,  huchiers,  pour  leur  peine  d'avoir  dessemblé  tous 


COMPTES  DU  VIEUX  LOUVRE.  195 

les  bancs  et  deux  roës  qui  estoient  en  la  librairie  du  Roy,  au  Palais,  et  iceux  faict  venir  aud. 
Louvre,  avec  les  lettrins'1'  et  icelles  roës  estrécies  chacune  d'un  pied  tout  autour;  et  tout  ras- 
semblé et  pendu  les  lettrins  es  deux  derraines  estâmes  de  la  (our  devers  la  Fauconnerie,  pour 
mettre  les  livres  du  Roy;  et  lambroissié  de  bois  d'Hlande  le  premier  d'iceux  deux  estages  fout 
autour  par  dedans,  au  pris  de  l  francs  d'or,  par  marché  faict  à  eux  par  led.  niaistre  Jacques, 
ih'  jour  de  mars  1867.  Et  depuis,  pour  ce  que  les  sièges  estoient  trop  viez,  ont  esté  faiclz  de 
mérien  nuef  que  lesd.  huchiers  ont  quis,  dont  led.  marché  leur  a  esté  creu  de  vin  francs,  tant 
pour  ce  que  pour  courbe  et  siages  de  lx  pièces  de  grans  bois.  Item,  pour  deux  fors  huis  pour 
iceux  deux  estages,  de  sept  pieds  de  haut,  de  trois  pieds  de  lé,  et  trois  dois  d'espoisse,  vin  francs 

d'or.  Pour  ce,  parmy  quatre  quictances,  etc qui  font  pour  le  tout  lxvi.  francs  d'or 

valent lu  1.  xvi  s.  p. 

107.  Jean  Caillou  et  Geffroy  le  Febvre,  jardiniers,  pour  leur  peine  d'avoir  replanté  sauge, 
exope,  lavende,  fraisiers  et  plusieurs  autres  herbes  ez  jardins  dud.  Louvre;  et  iceux  jardins 
fouys  '2)  tout  autour,  et  livré  aucunnes  herbes  et  semences,  et  renouvelle  tous  les  sentiers  des 
préaux,  et  porté  hors  les  mauvaises  herbes  et  ordures  desd.  jardins;  par  marchié  faict  à  eux 
par  led.  niaistre  Rémon,  le  18e  jour  de  mars  1 36y  ;  pour  ce x  1.  p. 

108.  Pierre  Lescot,  cagetier,  pour  avoir  faict  et  treillissé  de  fil  d'archas  au  devant  de  deux 
croisiées  de  châssis  et  de  deux  fenestres  llamengés,  ez  deux  derrains  estages  de  la  tour  devers 
la  Fauconnerie,  aud.  Louvre,  où  est  ordonné  la  librairie  du  Roy,  pour  deffense  des  oyseaux  et 
autres  hestes,  à  cause  et  pour  la  garde  des  livres  qui  y  seront  mis;  pour  fil  d'archas,  croche! 
de  fer  et  peine  de  ce,  par  marchié  faict  à  luy  par  led.  maistre  Jacques,  4"  jour  de  mai  1 368 . 
et  quictance  3  juin  ensuivant,  en  xvni  francs  d'or xmi  1.  vin  s.  p. 

109.  Pour  la  ferrure  de  quatre  grans  huis  enchassillez  et  enfoncez  de  ciprès,  pour  la  volte 
de  la  Grosse-Tour,  où  le  Roy  met  ses  joyaux;  chacun  de  quatre  liens,  trois  paumelles  à  gon,  à 
queue  d'aronde,  trois  gons  et  deux  potences  pardedans,  de  trois  pieds  de  Ion  et  de  deux  tirons 
à  rosète. 

110.  Item,  pour  trente  petits  chandeliers  pour  lad.  volte. 

111.  Item ,  pour  une  poulie  de  cuivre  qui  sert  pour  une  lampe  d'argent  en  lad.  volte. 

112.  Pour  cinq  serrures  de  fust,  etc. 

AUTRE  DESPENCE  POUR  DONS. 

Au  Roy,  nostre  sire,  par  cédule  sous  son  séel  de  secret  rendue  à  Court,  dont  la  teneur  s'en- 
suict  : 

trDe  par  le  Roy,  les  genz  de  nos  comptes  à  Paris,  nous  vous  mandons  et  enjoignons  que  la 
somme  de  cinquante  francs  d'or  que  nous  avons  euz  et  receux  comptant  de  Pierre  Culdoë, 
payeur  de  nos  œuvres ,  et  lesquels  nous  avons  donné  aux  ouvriers  qui  font  les  fossez  pour  la 
fortiffication  de  lad.  ville  de  Paris,  le  jour  de  la  datte  de  ces  présentes,  que  nous  visitasmes 
lesd.  fossez,  présent  le  Prévost  des  marchans  et  les  Eschevins,  icelle  somme  cinquante  francs 
vous  alloez  es  comptes  dud.  payeur  et  déduisiez  de  sa  recepte  sans  difficulté  ou  contredit  aucun , 

(,)  Lettrins,  pupitres.  —  (,)  Creusés,  bêchés. 


196  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

et  sans  demander  sur  ce  autre  déclaration  ou  quitance  que  ces  pre'sentes,  car  ainsi  ie  voulons 
estre  faict.  Donné  en  nostre  chastel  du  Louvre-lez-Paris,  le  i5ejourd'aoust,  l'an  de  grâce  1367. 
Par  le  Roy,  Ogier.  » 

Pour  ce  icy  en  l  francs  d'or xl  1.  p. 

113.  A  Jacqueline,  femme  de  feu  Jean  Colombel,  maçon,  pour  don  faict  à  elle  par  led. 
Pierre  pour  aumosne,  du  commandement  du  Roy,  présent  led.  maistre  Philippe,  au  mois  de 
janvier  1367,  pour  ce  qu'elle  est  pouvre  et  impotent  de  ses  membres;  et  aussy  que  son  dirt  feu 
mary  fut  mort  en  faisant  les  œuvres  du  Roy  oud.  Louvre,  en  six  francs  d'or.  .  .    nu  1.  xvi  s.  p. 

114.  Regnaut  Laucon,  natier,  pour  avoir  livre'  et  assiz  aud.  Louvre  en  la  Chambre  à  parer 
du  Roy,  devers  la  Fauconnerie ,  et  en  la  chambre  à  parer  de  la  Royne ,  dix  toises  et  demys  de 
nattes  en  réparation xlviii  s.  p. 

115.  Mathieu  Congnée,  Heur  de  livres,  pour  avoir  relié  et  couvert  de  nuef  le  messe!  de  la 
grand  chapelle  dud.  Louvre xx  s.  p. 

1 16.  Led.  pour  avoir  relié  et  couvert  plusieurs  comptes,  tant  ordinaires  comme  des  aydes  pour 
la  délivrance  du  Roy  Jean  dont  Dieu  ait  l'âme,  comme  plusieurs  autres  besognes  de  son  mestier 
pour  les  nécessitez  de  lad.  Chambre  des  comptes  ;  les  parties  en  un  roolle ,  etc.    mi  1.  xmi  s.  p. 

Sutnma  totius  expensœ  presentis  compoti  vmviicmi"xin  I.  v  s.  ix  d.  p. 

Debentur  ei  cxim  1.  v  s.  ix  d.  p. 

Et  débita  per  eum  Curiœ  tradita  quœ  adkuc  debentur  de  dicto  facto  scripta.  Item ,  in  Mo  fol.  seq.  et 
quœ  sunt  solvenda  per  Regem  ascendant  ad  nii"vm  1.  v  s.  11  d.  p. 

Item  debentur  ei  xxv  1.  vu  d.  p. 

Audilus  ad  Burellum  18  die  aprilis,  anno  i36g  post  Pascha,  présente  magistro  Philippo  Ogerii. 

Redduntur  eidem  in  alio  compoto  suo  sequenti  de  dictis  operibm  jinitis ,  prima  diefebruarii  i368 ,  hic 
infra  sutum  et  ibi  correctum  ;  et  quitus  hic  dominus  Rex. 

Debtes  que  le  Roy,  nostre  sire,  dit,  etc. 

117.  A  Andrieu  du  Verger,  febvre,  pour  x  treillis  de  fer,  deux  cents  petits  gons  et  deux 
cents  crochets  de  fer,  pour  la  librairie  du  Roy,  et  illec  ferré  deux  forts  huis  et  plusieurs  autre 
besognes  de  son  mestier  par  lui  faictes  et  livrées  aud.  chastel  du  Louvre,  laquelle  le  Roy  nostred. 
seigneur  luy  doit xxmi  1.  mi  s.  vi  d. 

Summa  debitonim  im"viii  1.  v  s.  vin  d.  p. 


VI.  Compte  Pierre  Culdoë,  payeur  des  œuvres  du  Roy,  nostre  Sire,  des  receptes  et  mises  par  luy  faictes  ou  chastel 
du  Louvre,  depuis  le  12°  jour  de  juillet  i368  jusqu'au  11*  jour  de  febvrier  ensuivant;  et  sont  comprises  en  ce 
présent  compte  certaines  mises  et  besognes  faictes  aud.  Louvre  depuis  que  led.  Pierre  fut  institué  clerc  et  payeur, 
dont  il  n'a  rendu  aucun  compte  cy-devant. 


RECEPTE. 

De  Jean  Amiot,  commis  à  payer  les  œuvres  de  l'hostel  de  Saint-Pol,  pour  convertir  en  vin 
poutres  neuves,  par  lettres  données  le  20  jour  de  septembre  1 368 .  .  .  .    vi"ii  franc,  et  xv  s.  p. 

Summa  totius  receptœ  presentis  compoti  im'xxx  franc,  auri  et  xv  s.  p.  qui  valent...   iifXLim  1.  xv  s.  p. 


COMPTES  DU  VIEUX  LOUVRE.  197 


118.  Estienne  Michiel,  marchand  de  nierrien,  pour  avoir  faict  abbattre  vm  chesnes  en  la 
forest  de  Cuise,  et  iceux  coper  et  esquarir  pour  vm  grans  poutres,  et  faict  amener  par  eau  et 
faict  descharger  devers  le  Louvre,  pour  les  planchers  d'entre  les  chambres  et  sales  neuves  du 
Roy  et  de  la  Royne,  en  lieu  de  vin  autres  poutres  qui  sont  trop  foibles;  la  despence  de  ce  veue 
et  communiquée  par  maistre  Philipe  Ogier,  etc.  par  quictance iiii"vin  1.  vu  s.  p. 

Summa  totalis  expensœ  presentis  compoti  v'xxxim  1.  un  s.  p. 

Auditus  ad  Burellum  20  die  aprilis  anno  i36g  post  Pacha. 

Debentur  ei  cim"vm  1.  vhii  s.  p. 

Item  debentur  ei  pro  fine  alterius  compoti  sui  pro  denariis  de  dictis  operibus ,  Jiniti  i'  martii  i368 , 
hic  superfiniti  immed.  xxv  1.  vu  s.  p. 

Summa  quœ  sibi  debetur  iicxm  1.  vm  s.  vu  d.  p. 

Et  débet  dictus  solutor  pro  fine  magni  compoti  sui  hic  superius  suti ,  de  dictis  operibus  Luparœ ,  finiti 
î"  die  maii  i36y,  ii'li.t  franc,  cum  quarto  unius,  qui  valent  irvn  1.  ix  s.  vm  d.  p. 

Ita  debentur  ei  cxvm  s.  xi  d.  p. 

Redduntur  eidem  in  fine  ultimi  compoti  sui  de  dictis  operibus  Luparœ,  finiti  3"  martii  i3jt;  et  sic- 
quitus  est  dominus  liex. 

VII.  Compte  feu  Pierre  Culdoë ,  etc.  a  cause  de  certaines  besognes  et  réparations  qui  ont  esté  faictes  en  ia  grandie 
dud.  seigneur,  séant  à  l'Escole  Saint-Germain-l'Auxerrois,  à  Paris,  sur  la  rivière  de  Seine,  pour  la  réparation 
d'icelie  granche,  commencée  au  mois  de  juillet  1.368,  et  finissant  icellcs  oeuvres  le 1369. 

RECEPTE  :  IICXXXVII  1.  II  S.  un  d.  p. 
DESPENCE. 

119.  Pour  avoir,  du  costé'  de  la  Place  aux  Marchands,  coppé  un  demy  pan  de  mur  et  taillé 
meYien,  latte,  etc. 

Summa  totius  expensœ  presentis  compoti  ii'xxxvi  1.  11  s.  mi  d.  p.  et  sic  quitus. 

VIII.  Compte  de  feu  Pierre  Culdoë ,  etc.  pour  certaines  besognes  et  réparations  faictes  ou  chastel  du  Louvre,  du  i"jour 
de  febvrier  1 368  jusqu'au  3'  jour  de  mars  1371,  qu'il  alla  de  vie  à  trespassement.  Ce  présent  compte  rendu  à  Cour 
par  Jean  Ployart,  procureur  de  la  femme  et  exécuteur  dud.  Culdoë. 

RECEPTE. 

De  Jean  Amiot,  commis  à  payer  les  œuvres  du  Palais  royal  et  de  l'hostel  Saint-Pol,  par 
lettre,  c  francs. 

De  luy  à  six  diverses  fois  OU  francs. 

Summa  receptœ  mv'  francs. 

DESPENCE. 

1 20.  Pour  avoir  faict  ez  jardins,  depuis  le  coin  devers  la  rue  Froimantel  seize  toizes  de  long, 
abatu  les  cloisons  et  murs  viez,  endroit  la  rue  de  Champflori,  jusqu'à  la  granche  de  la  Fourière 
du  Roi,  etc. 


198  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

121.  Pour  un  portail  à  istre  desd.  jardins  en  la  rue  Froidmanlel. 

1 22.  Maistre  Dreufavier,  tailleur  de  pierre,  pour  avoir  taillé  et  faict  l'appareil  M  aux  maçons 
d'un  portail  de  pierre  qui  est  assis  au  mur  neuf  entre  la  rue  Froidmantel  et  les  murs  desd. 
jardins,  de  dix  pieds  de  haut  et  huit  de  lé,  à  voulsure,  chanfranc  par  dehors,  entre  lesquel/. 
murs  est  le  montoir  du  Roi  et  de  la  Reine. 

123.  Jean  Gassot,  maçon,  pour  avoir  scellé  de  piastre  un  porche  couvert  et  les  membrures 
d'un  dossier  à  lict,  en  la  chambre  madame  Marie  de  France,  aud.  Louvre,  et  aussy  scellé  un 
autre  porche  à  deux  manteaux  devers  l'huis  des  jardins;  et,  en  la  cour  devers  la  rue  Froid- 
mantel, scellé  et  assis  en  un  auvent  où  le  Roy  et  nos  seigneurs  jouent  à  la  paulme;  et,  au  mur, 
faict  une  fenestre  à  mettre  les  esteufs. 

124.  Philippe  Sirasse,  huchier,  pour  avoir  faict  de  bois  d'Hlande  un  estuy  pour  hébergier 
l'orloge  M.  le  Dalphin,  qui  sonne  les  oeures  aud  Louvre. 

AUTRE   DESPE.NCE   POUR   LABOURS,  JARDINS   ET  TREILLIS  ENSEMBLE. 

1 25.  Jean  Dudoy,  jardinier,  pour  avoir  faict  et  livré  ez  jardins  dud.  Louvre,  ce  que  s'ensuit  : 
c'est  à  sçavoir  vin  hottées  de  fiens,  et  fouy  une  grande  place  de  terre  devers  l'Artillerie,  et  pa- 
reillement devers  la  Taillerie  du  Roy  ;  osté  et  porté  hors  les  mauvaises  herbes  avec  les  pierres  et 
gravois;  et,  esd.  jardins,  faict  plusieurs  carreaux  de  sauge,  exope  ('2',  lavende,  cocq(3),  fraisiers, 
violiers  ;  et  planté  oignons  de  liz  et  rosiers  vermeux  (*)  doubles ,  et  plusieurs  autres  bonnes  herbes 
que  il  a  quis.  Par  marché  faict xxxmi  1.  p. 

126.  Estienne  de  la  Groye,  jardinier,  pour  avoir  faict  esd.  jardins  certaines  treilles,  pavillons 
et  hayes,  tout  au  long  et  au  travers  des  murs  par  dedans. 

127.  Item,  pour  avoir  planté  d'un  costé  et  d'autre  desd.  treilles  et  pavillons  xvnc  et  demy  de 
chez  (ceps)  de  vigne,  vm  fr.  d'or;  et  les  treilles,  pavillons  et  hayes  mesurées  comme  il  ensuit  : 
premièrement  le  pavillon  rond  contient  vm  toises.  Item,  le  pavillon  devers  la  rue  du  Coq  contient 
vin  toizes;  Item,  le  pavillon  devers  la  rue  de  Reauvez  contient  5  toizes;  celuy  de  rue  Froidmantel 
contient  8  toizes;  le  pavillon  carré  de  la  Fauconnerie  xn  toizes;  et,  pour  le  losengié  d'iceluy, 
xn  toizes.  Item,  les  bayes  dud.  pavillon,  xv  toizes  de  long.  Item,  les  hayes  du  petit  jardin, 
6  toizes.  Item,  une  demye  yraigne  qui  soustienl  les  rosiers  blancs. 

Une  place  ou  court  au  dehors  des  jardins,  devers  la  rue  de  Froidmantel,  auquel  lieu  est 
ordonné  à  mettre  les  chevaux  du  Roy  et  de  la  Reyne,  quand  il  leur  plaira  monter  par  illec. 

128.  Robin  le  Reuf,  la  peine  de  bras  pour  sa  peine  d'avoir  apporté  toutes  les  coustes  et  les 
coissins  de  tous  les  édifices  dud.  Louvre,  qui  sont  en  la  garnison  du  fort,  et  les  a  mis  en  la 
Salle  par  terre  et  les  avoir  escoussés  et  estendues  pour  essorer;  et  aussy  nettoyé  et  housse  les 
chambres  haut  et  bas,  et  porté  hors  les  ordures  que  les  gens  de  M.  le  Delphin  y  avoient  lais- 
sées de  l'espace  d'un  an  ou  environ.  Par  quictance  du,  etc mi  1.  p. 

129.  Jean  Dudoz,  jardinier,  pour  avoir  livré  aud.  Louvre  quatre  cens  de  fiens,  et  les  enfouys 
en  terre;  et  planté  trois  gerbes  de  roziers  vermeulx,  et  douze  milliers  de  fraiziers  avec  plusieurs 

fl)  Tracé  l'épure.  (3)  Balsamite  ou  Tanaisie. 

(5)  Hysope.  (4)  Vermeils ,  rouges. 


COMPTES  DU  VIEUX  LOUVRE.  199 

autres  bonnes  herbes;  et  aussy  aprovigné  les  saulges,  iavendes  et  violiers,  et  i'ouy  tous  les 
quarreaux  desd.  jardins  et  redrécié  les  sentiers.  Pour  ce xn  1.  p. 

130.  Sevestre  Vallerin,  la  peine  de  bras  pour  sa  peine  d'avoir  sarcle  les  sentiers  qui  vont 
panny  les  pre'aux,  avec  les  carreaux  où  sont  les  roziers,  fraiziers,  violiers,  sauge,  exopes, 
laveDde,  coq,  percin (1),  sariette  et  autres  bonnes  herbes  :  et  aussy  avoir  arrosé  quatre  pavillons 
et  une  grande  sale  carrée  pour  faire  venir  les  herbes.  Pour  ce,  etc c  s.  p. 

Summa  totalis  expensœ  hujus  compoti,  xvcxxvm  1.  xix  s.  m  d.  p. 

Debentur  ei  iii'xxviii  1.  xix  s.  m  d.  p. 

Et  débita  per  eum  Curiœ  tradita  quœ  surit  in  fine  hujus  compoti  ascendunt  ad  xx  1.  vi  s.  vin  d.  p. 

Auditus  ad  Burellum  xia  die  februarii  anni  i3ji,  présente  magistro  Philippo  Ogerii,  consil.  Régis 
et  generali  visitatore  operum  Régis. 

Sic  debentur  ei  iiicviii  1.  xii  s.  vu  d.  p. 

Item  debentur  ei  pro  fine  alterius  compoti  sui  de  dictis  operibus  Lupare  hic  supra  suti ,  finiti  ultima 
die  februarii  i36S,  cxvui  s.'xi  d.  p. 

Summa  quœ  sibi  debelur  incvni  1.  xi  s.  vi  d.  p. 

Uxor  et  hœredes  dicti  Pétri  habuerunt  cedulam  Curiœ  lestimotiiulem  de  dictis  iiicxini  1.  et  diem  au- 
ditionis  hujus  compoti  qua  tradita  fuit  dicto  Johanni  Ployant ,  procuratore  ut  supra  de  prœcepto  et  ordine 
Dominorum  Camerœ.  Habuerunt  dictant  summum  per  compotum  Hugonis  le  Frepier,  de  subsidio  deca- 
nutus  Pontis-Sanctœ-Maxentiœ.  Facta  3  aug.  i368.  Et  quittus  Rex®. 

m  Persil.  "  les  comptes  de  dépenses  précédents  ;  ces  différences 

!)  tOn  a  pu  remarquer,  dit  M.  Le  Roux  de  rr  proviennent  de  la  copie  faite  par  M.  Menant,  copie 

-Lincy,  certaines  différences  dans  la  manière  d'ex-  trque  nous  nous  sommes  astreint  à  reproduire  avec 

-  primer  les  chiffres  nombreux  qui  se  trouvent  dans  -  la  plus  grande  exactitude.  * 


LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  K  201 


CHAPITRE  VI. 

LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  f 


DE  1527  A  1547. 


François  Ier  est  considéré  avec  raison  comme  le  fondateur  du  Louvre  mo- 
derne Wj  le  premier,  en  effet,  il  conçut  le  projet  de  substituer  un  édifice  entiè- 
rement nouveau  à  la  forteresse  de  Philippe- Auguste ,  remaniée  par  Charles  V,  et 
il  commença  même  à  réaliser  ses  desseins."  On  lui  doit  aussi  d'avoir  choisi  Pierre 
Lescot  pour  architecte;  mais  à  cela  se  borne  son  action,  car  les  travaux  qui  furent 
exécutés  par  ses  ordres,  et  dont  il  n'est  rien  resté  d'appréciable  pour  nous,  n'ont 
eu  aucune  importance  et  ne  sauraient  être  comparés  à  ceux  de  plusieurs  de  ses 
successeurs,  particulièrement  à  ceux  de  Henri  IV.  Il  faut  donc  se  garder  de  prêter 
à  François  Ier,  dans  la  création  du  Louvre  moderne,  une  part  hors  de  proportion 
avec  celle  qui  lui  revient  légitimement,  et  qu'on  a  l'habitude  d'exagérer. 

La  première  pensée  de  François  Ier,  aussitôt  après  son  retour  d'Espagne ,  paraît 
avoir  été,  non  de  rebâtir  complètement  le  Louvre,  mais  simplement  de  le  res- 
taurer et  d'en  rendre  le  séjour  plus  agréable.  Dans  ce  dessein,  il  résolut  d'abord 
de  s'emparer  de  la  place  ou  chemin  de  halage  qui  se  trouvait  entre  la  courtine 
de  Charles  V  et  la  basse-cour  méridionale  du  château,  de  manière  à  augmenter 
la  superficie  de  cette  cour.  La  suppression  du  chemin  de  halage  nécessitant  l'éta- 
blissement d'un  autre  chemin  au  delà  de  la  courtine,  le  Roi,  par  lettres  du  1 5  mars 
1627,  demanda  à  la  Ville  de  construire  un  quai  empiétant  sur  le  lit  de  la  rivière, 
et  propre  à  suppléer  celui  dont  le  public  allait  être  privé.  Les  lettres  dont  la  te- 
neur suit  montrent  qu'il  ne  s'agissait  encore  que  de  «  réparer  et  mettre  en  ordre  n 
le  Louvre;  elles  font  savoir  en  même  temps  que,  par  suite  de  l'annexion  du 
chemin  du  bord  de  l'eau  à  la  basse-cour,  la  ce  principalle  entrée  audict  Louvre  n 
ne  devait  plus  être,  comme  précédemment,  la  porte  méridionale,  mais  celle  qui 

(1)  Le  souvenir  de  ce  fait  s'est  toujours  conservé  *le  premier  desseing  du  nouveau  bastiment  de 
très-vivace;  ainsi,  dans  une  déclaration  royale  du  rrnostre  chasleau  du  Louvre,  orna  la  ville  de  grands 
mois  d'avril  1627,  on  lit  :  «Le  roy  François  I"  fit        rrquaiz,  etc.» 

a6 


202  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

s'ouvrait  sur  la  rue  d'Autriche,  disposition  conservée  dans  tous  les  projets  dressés 
depuis  : 

«  A  nos  très  chers  et  hien  amez  les  Prévost  des  marchans  et  Eschevins  de  nostre 
«bonne  ville  de  Paris.  —  De  par  le  Roy.  —  Très  chers  et  hien  amez,  pour  ce  que 
«  nostre  intention  est  de  doresnavant  faire  la  plus  part  de  nostre  demeure  et  sé- 
«  jour  en  nostre  bonne  ville  et  cité  de  Paris  et  alentour  plus  qu'en  aultre  lieu 
«du  royaulme;  cognoissant  nostre  chastel  du  Louvre  estre  ce  lieu  plus  commode 
«et  à  propos  pour  nous  loger;  à  ceste  cause,  avons  délibéré  faire  réparer  et  mettre  en 
a  ordre  ledict  chastel,  et  faire  clorre  la  place  estant  devant  icelluy  pour  nous  en 
«aider;  dont  nous  avons  bien  voulu  advertir  ad  ce  que  advisez  de  faire  faire  ung 
trchemyn  le  long  de  la  tour  respondant  sur  la  rivyère  (la  tour  du  Coin),  près  la 
«faulse  porte  par  où  l'on  a  accoustumé  passer  les  chevaulx  tyrans  les  bateaulx 
«qu'ilz  portent  la  marchandise,  afïin  que  iceulx  chevaulx  puissent  doresnavant  par 
et  ledict  chemyn  avoir  leur  passaige  sans  passer  par  ladicte  place  et  faulse  porte. 
tr  Et  semblablement  avons  advisé  faire  nostre  principalle  entrée  audict  Louvre  par  la 
«porte  qui  est  en  la  rue  d'Autruche,  devant  la  maison  de  Bourbon.  Et,  pour  ce  qu'il  y 
cra  une  maison  au  coing  de  ladicte  rue,  près  ladicte  faulse  porte,  devant  la  ri- 
te vyère,  qui  entre  avant  (fait  saillie)  en  icelle  rue,  et  la  difforme  grandement;  de 
«laquelle  maison  voulloir  que  ce  qu'il  [déjpasse  et  entre  en  ladicte  rue  soit  ab- 
«  battu  et  retranché  au  nyveau  et  à  la  raison  des  murailles  mesmes  dudict  Louvre , 
«nous  vous  pryons  que  recouvrez  ladicte  maison  et  en  diligence  faictes  abbattre 
«ladicte  difformité,  et  icelle  mettre  à  l'alignement  de  ladicte  muraille,  ad  ce 
«que  la  rue  demeure  belle,  large  et  droicte,  comme  dict  est  ci-dessus.  Et,  en  ce 
«faisant,  nous  ferez  plaisir  et  chose  très  agréable.   Très  chers  et  bien  amez, 
«Nostre  Seigneur  vous  ait  en  sa  garde.  — Donné  à  Sainct-Germain-en-Laye ,  le 
«quinziesme  jour  de  mars  mil  cinq  cens  vingt-sept.  —  Signé  FRANÇOIS,  et  au- 
-dessous, ROBERTET  M.  T) 

Nous  avons  dit  que  le  quai  demandé  en  1 527  n'était  point  encore  fait  en  1 53o  ; 
mais  alors  avait  eu  lieu  l'expropriation  de  la  maison  en  saillie  et  même  de 
toutes  les  constructions  qui  formaient  le  côté  occidental  de  la  rue  d'Autriche,  en 
face  du  Louvre.  Très-peu  de  temps  après,  on  les  voit  effectivement  remplacées  par 
les  deux  jeux  de  paume  situés  de  chaque  côté  du  guichet,  lesquels,  on  se  le  rap- 
pelle, occupèrent  l'emplacement  de  plusieurs  logis  ainsi  que  d'un  chantier®  for- 

(l)  Arch.  de  l'Emp.  reg.  H  1779,  f°  12  v".  <tet  ung  chantier,  applicquez  h  l'usaige  et  closture 

(S)  Dans  les  acquits  au  comptant  pour  l'année  tfdu  Louvre;  pour  laquelle  acquisition  a  esté  paie, 

i533  il  y  aune  pièce  (11°  hh)  où  on  lit:  ttLe  Roy  rrpar  son  ordonnance,  six  cens  cinquante-cinq  livres 

rrdescharge  le  seigneur  de  Villeroy,  trésorier  de  «  tournois.  »  Cette  pièce  semble  bien  se  rapporter 

(r France,  de  faire  apparoir  du  povoir  qu'il  a  eu  aux  constructions  sur  l'emplacement  desquelles  fu- 

fverballement  pour  l'acquisition  de  deux  maisons  rent  élevés  les  jeux  de  paume. 


LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  K  203 

mant  l'encoignure  de  la  rue  et  du  quai.  (Voir  Bue  d'Autriche,  p.  8.)  C'est  apparem- 
ment aussi  vers  i53o  que  François  Ier  substitua  aux  terrasses  de  Charles  V  des 
combles  élevés,  où  furent  disposés  un  grand  nombre  d'appartements,  circonstance 
que  Sauvai  mentionne  sans  désigner  d'époque,  et  qui  nous  confirme  dans  l'idée 
qu'on  ne  songea  primitivement  qu'à  rendre  les  bâtiments  du  château  plus  com- 
modes. En  i53o,  et  dans  cette  seule  intention,  on  en  avait  fait  disparaître,  depuis 
trois  ans,  le  trait  le  plus  saillant  :  on  avait  renversé  le  sinistre  donjon,  qui  rap- 
pelait trop,  peut-être,  au  vaincu  de  Pavie  la  tour  grillée  de  Madrid,  où  s'était 
passée  une  partie  de  sa  captivité.  En  vain  la  Grosse-Tour,  dont  relevaient  tous 
les  grands  fiefs  de  France,  et  qui  était  ainsi  le  symbole  de  la  royauté,  se  recom- 
mandait-elle par  son  ancienneté  et  surtout  par  les  souvenirs  qui  lui  donnaient 
un  si  puissant  prestige,  elle  n'en  fut  pas  moins  rasée  du  sol,  comme  une  cons- 
truction  vieillie,   encombrant  la  cour  et  interceptant  la  lumière.   Suivant  un 
marché  du  28  février  1627,  conclu  avec  le  couvreur  ordinaire  du  Roi,  Jean-aux- 
Bœufs,  auquel  on  alloua  une  somme  de  2,5oo  livres,  la  démolition  fut  immédia- 
tement commencée;  elle  dura  jusqu'au  mois  de  juin  :  on  transportait  les  matériaux 
dans  la  basse-cour  méridionale.  La  démolition  de  la  Grosse-Tour,  ce  premier  acte 
de  la  transformation  du  Louvre,  fit  sensation  dans  Paris,  de  sorte  qu'il  en  est 
question  dans  plusieurs  écrits  des  auteurs  contemporains,  généralement  si  avares 
de  pareils  détails.  Ainsi,  et  sans  compter  Corrozet  ni  la  Chronique  de  Gaignières, 
le  Journal  d'uti  Bourgeois  de  Paris  W  relate  l'événement  en  ces  termes,  qui  confirment 
ce  que  nous  venons  d'en  dire  :  «Audict  an  1627,  en  février,  fut  commencé  à 
«abattre  la  Grosse-Tour  du  Louvre,  par  commandement  du  Roy,  pour  applicquer 
«le  chasteau  du  Louvre  à  logis  de  plaisance,  et  pour  soy  y  loger.  Et  maintenoit 
«le  Roy  que  ladicte  tour  empeschoit  ledict  chasteau  et  la  cour  d'iceluy.  Toutesfois 
«fut  grand  dommaige  de  la  desmolir,  car  elle  estoit  très  belle,  haulte  et  forte,  et 
«estoit  appropriée  à  mettre  prisonniers  de  grand  renom.  On  disoit  qu'elle  avoit 
«onze  pieds  d'espaisseur,  et  fut  du  tout  desmolie  et  abbattue  un  peu  devant  la 
«  Sainct-Jean-Baptiste  ensuivant,  n 

Le  règne  de  François  1er  est  pauvre  en  chroniques,  et  le  petit  nombre  de  celles 
qui  s'y  rapportent,  consacrées  principalement  au  récit  des  guerres,  n'apprennent 
rien  sur  les  travaux  du  Louvre.  On  trouve  seulement  dans  le  Journal  d'un  Bourgeois 
de  Paris,  après  la  mention  de  la  destruction  de  la  Grosse-Tour  et  de  la  fondation 
du  château  de  Madrid,  cette  simple  phrase  :  «En  ce  temps  (le  Roi)  fist  fort  répa- 
« rer  le  chasteau  du  Louvre,  pour  soy  y  loger,  et  y  feist  faire  de  grands  bastiments, 
«tant  cuisines,  estables  que  autres  choses. n  Le  paragraphe  a  trait  aux  environs  de 
l'an  1527,  et  l'on  observe  qu'il  n'est  toujours  question,  pour  cette  période,  que 

(1'  Consulter  l'édition  publiée  par  M.  Lalanne  en  1 854. 

aG. 


204  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

de  réparations  et  de  l'adjonction  de  quelques  constructions  secondaires.  Au  com- 
mencement de  1529,  on  travaillait  activement  au  Louvre,  et  le  nombre  des  ou- 
vriers qui  y  étaient  occupés  fut  le  prétexte  dont  se  servit  le  Parlement  pour  em- 
pêcher qu'on  y  transférât  le  malheureux  Berquin,  détenu  à  la  Conciergerie.  En 
i53o,  les  basses-cours  occidentales  tombant  en  ruines,  le  Roi  les  fit  raser  et  établit 
à  la  place  une  cour  avec  des  cuisines  ;  sous  Louis  XV,  cette  cour  portait  encore  le  nom 
de  Cour  des  cuisines;  elle  avait  causé  la  disparition  de  tout  ou  partie  de  l'ancienne 
Artillerie.  Sauvai,  qui  nous  l'apprend,  et  qui  reporte  à  la  même  année  la  cons- 
truction des  deux  jeux  de  paume,  parle  également  de  travaux  divers  faits  à  l'oc- 
casion de  fêtes  solennelles,  et  dont  il  résulta  quelques  modifications  dans  l'état  des 
dépendances  du  château.  Ainsi  l'on  fut  obligé  d'aplanir  la  basse-cour  voisine  de  la 
rivière,  pour  que  des  joutes  pussent  y  avoir  lieu,  lorsqu'au  mois  de  mars  1 53 1  (n.  s.) 
la  reine  Éléonore  d'Autriche  fit  son  entrée  à  Paris.  En  1 533,  à  propos  des  tr prépa- 
rt ratifs  du  festin  et  sollempnité  des  noces entre  Mons.  le  duc  de  Longueville  et 

cria  fille  de  Mons.  le  duc  de  Guise n  on  procéda  à  cria  construction  d'un  tribunal 

«  et  autres  choses  que  le  Roy  n  avait  cr  ordonné  estre  faictes  tant  en  la  grant  court  du 
trchasteau  du  Louvre,  à  Paris,  que  autres  endroits  d'icelluy  chasteau,»  travaux  qui 
coûtèrent  i,5oo  livres'1).  En  1 535,  on  fit  des  lices  du  côté  de  Saint-Thomas,  et, 
en  i537,  on  en  fit  d'autres  «  en  une  grant  court,  -n  dit  la  Chronique  de  Gaignières, 
avec  «plusieurs  eschaffaulx  pour  mectre  et  asseoir  les  princes,  princesses,  dames 
«et  damoiselles n  qui  devaient  assister  au  tournoi  donné  en  l'honneur  du  roi 
d'Ecosse  ;  mais  on  ne  voit  pas  qu'aucun  de  ces  travaux  ait  intéressé  le  corps  même 
du  château.  Il  est  donc  bien  clair  que  François  Ier,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  au 
commencement  de  ce  chapitre,  n'eut  d'abord  d'autre  intention  que  de  restaurer 
le  Louvre.  Ce  qui  reste  à  préciser,  c'est  l'époque  à  laquelle  fut  prise  la  résolution 
de  rebâtir  totalement  l'édifice.  Commençons  par  établir  le  peu  de  fondement  des 
opinions  émises  sur  ce  sujet  par  les  historiens  de  Paris. 

La  plupart  des  auteurs  du  dernier  siècle  fixent  à  l'année  i5a8  le  commence- 
ment de  la  reconstruction  du  Louvre;  selon  eux,  par  conséquent,  les  projets  re- 
monteraient au  moins  à  1527.  C'est  une  simple  supposition,  en  contradiction  avec 
les  documents  contemporains  que  nous  venons  de  citer,  et  elle  est  d'autant  plus 
inacceptable,  qu'on  ne  saurait,  en  l'admettant,  s'expliquer  cette  singularité  :  Fran- 
çois Ier,  qui  fit  tant  à  Fontainebleau,  à  Madrid,  à  Chambord  et  ailleurs,  aurait, 
durant  un  long  espace  de  vingt  ans,  si  peu  avancé  les  bâtiments  du  nouveau 
Louvre,  qu'à  sa  mort  il  n'y  aurait  eu  presque  rien  de  bâti.  Le  même  argument 
peut  être  opposé,  bien  qu'avec  moins  de  force,  à  la  date  de  1 53g,  qui  a  été  pro- 
posée par  quelques  écrivains,  et  qui  n'est  pas,  d'ailleurs,  appuyée  de  preuves  plus 


0 


Acquits  au  comptant. 


LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  K  205 

authentiques  que  la  date  de  i5a8.  H  est  facile  de  se  convaincre,  en  réfléchissant 
aux  faits  suivants  que  cette  date  est  inexacte. 

Au  mois  de  janvier  i53o,,  quand  Charles-Quint,  après  sa  prétendue  réconci- 
liation avec  François  Ier,  passa  à  Paris  pour  se  rendre  à  Gand,  c'est  au  Louvre 
qu'il  logea.  Le  château  était  alors,  et  malgré  tout  ce  qu'on  y  avait  fait  depuis 
i  527,  dans  un  si  triste  état,  qu'il  fut  nécessaire  d'y  exécuter  quantités  de  répara- 
tions et  d'embellissements.  «  On  dora  toutes  les  girouettes.  Les  armes  de  France  en 
rr  plusieurs  endroits  furent  peintes  et  arborées.  On  attacha  contre  les  murs,  tant  des 
r  escaliers  que  des  salles  et  des  antichambres,  des  chandeliers  de  laiton.  La  plupart 
rdes  croisées  furent  agrandies  et  les  vitres  peintes.  On  augmenta  le  nombre  des 
«  appartenons.  On  fit  des  lices,  et  il  y  eut  des  joutes  et  des  tournois.  En  un  mot, 
cron  n'oublia  ni  n'épargna  rien,  afin  de  mieux  recevoir  l'Empereur  et  de  le  ré- 
r  galer  magnifiquement.  Et  de  fait  on  rendit  ce  château  si  logeable  que  Charles- 
n Quint,  le  Roi,  la  Reine,  le  Dauphin,  la  Dauphine,  le  Roi  et  la  Reine  de  Navarre, 
s  les  Enfants  de  France ,  le  cardinal  de  Tournon ,  le  Connétable  et  même  la  duchesse 
ttd'Etampes,  maîtresse  de  François  Ier,  y  eurent  des  appartenons  proportionnés  à 
«leur  qualité.  Aussi  alors  y  fit-on  tant  de  dépenses  qu'un  registre  entier  des 
«  Œuvres  royaux  en  est  tout  plein  et  ne  contient  autre  chose'1',  -n  Certes,  rien 
n'est  plus  déplaisant  ni  plus  incommode  que  la  proximité  d'un  bâtiment  en  cons- 
truction; si  donc  en  i53o,  on  avait  été  occupé  à  rebâtir  une  aile  du  Louvre,  il  est 
peu  supposable  qu'on  eût  choisi  ce  château  pour  y  loger  un  souverain  auquel  le  roi 
de  France  désirait  assurément  donner  une  haute  idée  de  sa  cour.  Aussi  bien  les 
réparations  indiquées  par  Sauvai  ne  semblent-elles  pouvoir  convenir  qu'au  vieil 
édifice,  à  peine  suffisant  pour  une  si  nombreuse  compagnie,  et  qui  aurait  cessé 
d'être  assez  vaste  dans  le  cas  où  l'un  des  corps  de  logis  aurait  été,  soit  démoli,  soit 
à  l'état  de  maçonnerie  imparfaite.  En  i53g,  le  quadrangle  du  Louvre  était  donc 
encore  celui  du  XIVe  siècle,  et,  par  suite,  en  dépit  des  efforts  faits  pour  le  déco- 
rer et  lui  communiquer  quelque  élégance,  il  était  peu  propre  à  éblouir  un  mo- 
narque habitué  aux  splendeurs  des  palais  de  marbre  de  l'Italie. 

Cette  dernière  circonstance  fut  vraisemblablement  la  cause  qui  détermina  enfin 
le  Roi  à  réédifier  le  Louvre.  Nous  n'en  avons  aucune  preuve  formelle ,  et  néanmoins 
nous  en  doutons  peu  parce  que  cela  concorde  parfaitement  avec  les  événements 
postérieurs,  et  avec  ce  que  l'on  sait  du  caractère  de  François  Ier.  Vaniteux  et  jaloux 
de  son  rival,  il  put  lire  sur  le  visage  de  celui-ci  quelque  expression  de  dédain  à 
l'aspect  des  sombres  tourelles  de  Philippe- Auguste,  et  des  beautés  surannées  de  l'é- 
poque de  Charles  V.  C'en  fut  assez  probablement  pour  froisser  son  amour-propre  et 
le  décider  à  jeter  bas  ces  gothiques  murailles  qui  n'éveillaient,  dans  son  esprit  léger, 
que  l'idée  d'une  vieillerie  de  mauvais  goût.  Mais  il  ne  suffisait  point  de  renverser 

<'>  Sauva),  t.  II,  p.  4g. 


206  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

l'antique  manoir;  avant  d'y  porter  ie  pic,  il  fallait  s'assurer  que  les  ressources  ne 
manqueraient  point  pour  le  remplacer  immédiatement  par  un  palais  somptueux, 
propre  à  faire  oublier  la  royale  forteresse  dont  le  nom  avait  si  longtemps  inspiré 
le  respect.  Là  surgissaient  des  difficultés  de  toutes  sortes,  dont  la  plus  sérieuse 
était  cette  pénurie  d'argent  qui  constitua  l'état  normal  des  finances  sous  tous  les 
Valois  d'Angoulême.  Avec  un  peu  plus  d'économie  et  d'ordre  dans  l'emploi  des 
revenus  de  la  couronne,  François  Ier  eût  sans  doute  joui  de  la  satisfaction,  réservée 
à  son  fils,  de  voir  entièrement  élevée  une  des  ailes  du  monument  dont  il  ne  fit 
guère  que  concevoir  le  projet. 

La  résolution  de  bâtir  le  Louvre  étant  définitivement  adoptée  par  le  Roi ,  quelque 
grands  qu'aient  été  les  embarras  financiers  qui  traversèrent  ses  desseins,  ils  le 
préoccupèrent  peut-être  moins  que  le  choix  d'un  architecte  capable  de  réaliser  di- 
gnement sa  pensée.  Son  engouement  pour  les  artistes  italiens  était  tel,  qu'on  doit 
s'étonner  de  la  préférence  qu'il  donna  à  un  Français.  11  est  vrai  que  ce  Français  dressa 
ses  plans  d'après  les  idées  les  plus  avancées,  et  qu'il  pourrait  bien  n'avoir  fait  que 
succéder  à  un  Bolonais,  dont  la  médiocre  capacité  s'était  trop  clairement  révélée.  En 
effet,  «pour  conduire  ce  bâtiment,  dit  Germain  Brice,  et  pour  le  rendre  plus  ré- 
tr  gulier,  il  (François  Ier)  fit  venir  exprès  d'Italie  un  des  plus  renommez  architectes , 
net  celui  des  quatre  qui  a  le  mieux  écrit  sur  l'art  de  bâtir,  nommé  Sébastien 
«Serlio,  dont  cependant  les  dessins,  quoique  très-beaux,  ne  furent  pas  suivis, 

«ceux  de  Pierre  Lescot,  seigneur  de  Glagny ayant  été  trouvez  infiniment 

«plus  réguliers  et  plus  magnifiques. «  Il  n'entrait  point  dans  les  usages  de  Brice 
de  citer  des  autorités,  de  sorte  qu'on  en  est  réduit  à  se  demander  où  il  avait  puisé 
cette  anecdote,  qui  ne  paraît  point  avoir  été  connue  de  Sauvai,  et  dont  nous  ne 
sachions  pas  qu'il  soit  fait  mention  antérieurement.  Mais  on  a  fort  enchéri  depuis 
sur  le  récit  de  Germain  Brice,  en  ajoutant  que  Serlio  reconnut  lui-même  la  su- 
périorité des  projets  de  son  concurrent.  L'historiette  ressemble  beaucoup  à  un  de 
ces  enjolivements  qu'il  a  été  trop  longtemps  de  mode  de  broder  sur  le  fond  des 
choses  vraies.  Les  artistes  italiens  appelés  en  France  ne  péchaient  point  par  excès  de 
modestie;  bien  au  contraire,  ils  étaient  pleins  de  morgue,  et  le  plus  souvent  ails 
tftailloient  des  princes, n  comme  parle  Antoine  de  Laval;  aussi,  pas  plus  du  temps 
de  Serlio  que  du  temps  du  Bernin,  n'étaient-ils  disposés  à  admettre  la  suprématie 
d'un  talent  quelconque  en  dehors  de  leur  pays.  Quant  à  cette  circonstance  que 
des  dessins  furent  demandés  à  Serlio  en  même  temps  qu'à  Lescot,  elle  peut  avoir 
été  apprise  à  Brice  par  quelqu'un  de  ces  «  curieux  n  qu'il  fréquentait,  et  n'est  point 
invraisemblable  ;  mais  il  reste  à  prouver  qu'elle  a  pour  fondement  autre  chose  qu'une 
tradition  sans  valeur.  Ce  dont  nous  avons  la  certitude  morale,  c'est  que  Serlio  ne 
fut  pas  appelé  d'Italie  en  vue  d'une  reconstruction  du  Louvre.  Au  dire  de  Sarrazin, 
son  éditeur,  son  biographe  et  son  contemporain,  il  vint  en  France  amené  par  le 


LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  K  207 

cardinal  de  Lorraine,  qui,  désireux  de  plaire  à  François  Ier,  crut  être  agréable 
à  ce  monarque  en  lui  présentant  Serlio.  La  démarche  eut  du  succès;  Serlio, 
parfaitement  accueilli  par  François  Ier,  fut  sur-le-champ  nommé  architecte  du  Roi 
et  envoyé  à  Fontainebleau,  où  s'offrait  la  plus  belle  occasion  de  déployer  tout  son 
talent'1).  Ces  détails  sont  confirmés  par  les  lettres  patentes  données  à  Fontaine- 
bleau, le  27  décembre  i56i,  qui  lui  accordent  4 00  livres  de  gages  par  an,  plus 
une  indemnité  de  20  sous  par  chaque  journée  passée  à  visiter  les  bâtiments  royaux. 
Dans  ces  lettres,  le  Roi  le  nomme  crnostre  paintre  et  architecte  ordinaire  au  faict  de 
trnosdicts  ediffices  et  bastimens  dudict  Fontainebleau,  auquel  nous  l'avons  pour 
«ce  retenu <'2>, i>  et  il  n'y  est  fait  aucune  mention  de  gages  antérieurs;  d'où  il  faut 
conclure  que  Serlio  était  arrivé  récemment  et  qu'il  fut  immédiatement  commis  à 
la  conduite  des  travaux  de  Fontainebleau ,  les  seuls  importants  qu'il  ait  incontes- 
tablement dirigés  en  France.  Il  n'y  a,  en  somme,  que  d'assez  faibles  présomptions 
en  faveur  de  l'opinion  suivant  laquelle  les  plans  du  nouveau  Louvre  auraient  d'a- 
bord été  demandés  à  l'architecte  bolonais;  tandis  que  Pierre  Lescot  est  sûrement 
l'auteur  de  ceux  qui  furent  suivis. 

Les  nombreux  biographes  de  Lescot  ne  nous  apprennent  rien  de  son  père,  et 
tous  se  contentent  de  dire  que  le  célèbre  artiste  appartenait  à  la  famille  d'Alissy, 
laquelle  occupait  un  rang  élevé  dans  la  noblesse  de  robe.  Le  renseignement  n'est 
point  fort  exact,  car  la  famille  de  Lescot  s'appelait  de  Lissy  et  non  d'Alissy;  il  n'est 
point  non  plus  fort  instructif,  et  nous  nous  sommes  efforcé  d'en  découvrir  d'autres 
un  peu  plus  satisfaisants.  Nous  avons  recueilli  ce  qui  suit  : 

Guillaume  Dauvet,  seigneur  de  Clagny,  conseiller  maître  des  requêtes  de  l'hôtel 
du  roi  et  second  président  de  la  Cour  des  Aides,  qui  vivait  encore  en  septembre 
i5i5,  épousa  Jeanne  Lhuillier,  dame  de  Francart,  et  de  ce  mariage  naquit  Anne 
Dauvet,  qui  fut  la  femme  de  Pierre  Lescot*3),  seigneur  de  Lissy-en-Brie  (4).  Celui-ci, 

<'»  irEt  Carolus  insuper  Lotharingiae  cardinalis,  (,)  Comptes  des  bâtiments  royaux,  t.  I,  p.  172. 

ffin  eum  summa  usus  Kberalitate  memoratur:  qui  M.  le  comte  de  Laborde,  qui  va  éditer  ces  curieux 

<rex  Ilalia  in  Galliam  virum  secum  abducens,  Re-  documents,   a   bien  voulu    nous   permettre  d'en 

rrgemque  praeclaro  aliquo  munere  sibi  gratificari  prendre  connaissance  avant  la  publication  de  son 

rpercupiens,  ante  illum  mox  Serlium  accersivit  sta-  ouvrage.  Ce  n'est  pas  le  seul  acte  qui  lui  donne 

rrtuitque.  Cujus  virtutem  Rex  admiratus  et  honori-  des  droits  à  notre  reconnaissance, 

«ficenlisîimis   verbis  prosecutus,  regii  architecti  <3>  Ce  nom ,  en  vieux  langage ,  signifiait  l'Écos- 

■  nomine  ac  dignitate  eum  quamprimum  condeco-  sais.  Lescot  descendait  probablement  d'une  ancienne 
«ravit;  liberalique  slipendio  ascripto ,  ad  Fontem-  famille  parisienne  ainsi  appelée,  dont  plusieurs 
»rBlecium,quemRexpulclierrimissumptuosijsimis-  membres  figurent  dans  les  rôles  de  la  Taille  du 

■  que  sibi  exornandum  proposuerat,  stalini  illum  ut  temps  de  Philippe  le  Bel;  l'un  d'eux,  aussi  appelé 
rvirtntis  suœ  ostendendae  latissimum  campum  et  Pierre, figureégalementdanslescomptesduLouvre, 
"tnaleriam  insignemhaberet,dimisit.  *  (Notice  bio-  en  1367.  (Voir  p.  io,5,  n°  108.) 

graphique  dans  l'édition  in-4°  des  Œuvres  de  Serlio ,  (4)  Le  P.  Anselme  (  Histoire  généalogique ,  t.  VIII , 

traduites  de  l'italien  en  latin  par  Jean-Charles  Sar-  p.  775,  c),  dit  de  Liiy-sur-Ourcq  ;  mais  il  se  trompe, 
razin.  Venise,  i568  et  1569.)  car,  dans  tous  les  titres,  le  mot  est  écrit  Lissy  et 


208  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

pourvu  de  l'office  de  procureur  du  roi  en  la  Cour  des  Aides,  par  lettres  du  29  oc- 
tobre i5o&,  reçu  en  sa  charge  le  h  novembre  suivant,  fut  élu  prévôt  des  mar- 
chands en  i5i8,  et  mourut  en  1 533  M;  Il  posséda,  du  chef  de  sa  femme,  en  la 
rue  du  Port-Saint-Landry,  un  hôtel  qu'il  vendit  à  Pierre  Filhol,  archevêque 
d'Aix^,  et  le  fief  de  Clagny,  paroisse  de  Montreuil,  près  de  Versailles,  à  l'occasion 
duquel,  le  5  février  i53i,  il  eut  à  donner  aux  Gélestins  de  Paris  un  reçu  de 
8  écus  au  soleil,  reçu  qui  existe  encore  et  qui  porte  sa  signature'3*.  C'est  ce 
Pierre  Lescot,  procureur  général  en  la  Cour  des  Aides,  qui  fut  le  père  de  Pierre 
Lescot  l'architecte. 

Si  ce  dernier  avait  réellement,  à  l'époque  de  sa  mort,  l'âge  qu'on  lui  prête,  il 
dut  naître  en  1 5 1 0. 11  était  Parisien,  au  dire  de  Jean  Goujon,  qui,  ayant  longtemps 
travaillé  avec  lui,  le  connaissait  bien  et  qui  vante  son  mérite  W.  Il  ne  fut  point 
seigneur  de  Lissy,  comme  son  père;  mais  il  fut,  ainsi  que  lui,  seigneur  du  fief  de  la 
Grange-du-Martroy,  en  la  justice  de  Montreuil,  et,  comme  son  grand-père  ma- 
ternel, seigneur  de  Clagny*5'.  En  cette  qualité,  au  bas  du  reçu  donné  aux  Cé- 
lestins,  l'an  i53i,  il  ajouta,  le  k  mai  1 536,  un  autre  reçu  qui  nous  a  fourni  la 
signature  autographe  dont  on  trouvera  un  fac-similé  sur  la  planche  où  sont  réunies 
les  signatures  de  divers  architectes  du  Louvre  et  des  Tuileries. 

On  ne  connaît  guère  de  la  vie  de  Lescot  que  les  détails  contenus  dans  une 
épître  qui  lui  fut  adressée  par  Ronsard,  et  dont  nous  copierons  textuellement  les 
parties  intéressantes  : 


Toy,  i'Escot,  dont  le  nom  jusques  aux  astres  vole, 
As  pareil  naturel  :  car  estant  à  l'escole, 
On  ne  peut  le  destin  de  ton  esprit  forcer, 
Que  toujours  avec  l'encre  on  ne  te  vist  tracer 
Quelque  belle  peinture,  et  jà,  fait  géomettre, 
Angles,  lignes  et  poincts  sur  une  carte  mettre. 
Puis,  arrivant  ton  âge  au  terme  de  vingts  ans, 


nous  avons  eu  la  preuve  que  le  fief  de  Lescot  était 
celui  de  Lissy,  canton  de  Brie-Comte-Robert,  à 
dix  kilomètres  de  Melun. 

(1)  Suivant  une  note  des  registres  secrets  de  la 
Cour  des  Aides,  qui  nous  a  été  communiquée  par 
M.  E.Boularic. — Arch.  de  l'Emp.  reg.  Zy57,p.  3. 

m  Comptes  de  la  Prévôté,  ap.  Sauvai,  t.  III, 
p.  617.  —  Nous  avons  retrouvé  les  titres  de  pro- 
priété de  cette  maison  ;  il  y  est  seulement  parlé  des 
Dauvet  et  non  de  Lescot.  La  maison  n"  1 9  du  quai 
Napoléon  en  occupe  l'emplacement. 

<5)  Arch.  de  l'Emp.  cart.  S  3796. 


'*'  Dans  l'épître  que  nous  citerons  plus  loin, 
parlant  de  ceux  qui  ont  écrit  sur  l'architecture, 
J.  Goujon  assure  en  connaître  *  plusieurs  autres 
trqui  sont  capables  de  ce  faire;  neantmoins  ilz  ne 
(ts'en  sont  encores  mis  en  peine,  et  pourtant  ne 
«•sont  dignes  de  petite  louenge.  Entre  ceulx-là  se 
crpeut  compter  le  seigneur  de  Clagny,  Parisien;  si 
rrfaict aussi maistre  Philibert  Delorme,  architecte.» 

(5)  Ayant  le  titre  d'abbé,  il  était  fréquemment 
appelé  l'abbé  de  Clagny,  ce  qui  a  fait  dire  et  répéter 
qu'il  possédait  en  commende  l'abbaye  de  Clagny  :  il 
n'y  a  jamais  eu  d'abbaye  de  ce  nom. 


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LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  K  209 

Tes  esprits  courageux  ne  furent  pas  contans 
Sans  doctement  conjoindre  avecques  la  peinture, 
L'art  de  mathématique  et  de  l'architecture, 
Où  tu  es  tellement  avec  honneur  monte' 
Que  le  siècle  ancien  est  par  toy  surmonté. 
Car  bien  que  tu  sois  noble  et  de  mœurs  et  de  race'1', 
Rien  que  dès  le  berceau  l'abondance  te  face, 
Sans  en  chercher  ailleurs,  riche  en  bien  temporel, 
Si  as-tu  franchement  suivi  ton  naturel , 
Et  tes  premiers  régens  n'ont  jamais  peu  distraire 
Ton  cœur  de  ton  instinct,  pour  suivre  le  contraire. 
On  a  beau  d'une  perche  appuyer  les  grans  bras 
D'un  arbre  qui  se  plie,  il  tend  tousjours  en  bas; 
La  nature  ne  veut  en  rien  estre  forcée, 
Mais  suivre  le  destin  duquel  elle  est  poussée. 
Jadis  le  roy  François,  des  lettres  amateur, 
De  ton  divin  esprit  premier  admirateur, 
T'aima  pardessus  tout  :  ce  ne  fut,  en  son  âge, 
Peu  d'honneur  d'estre  aymé  d'un  si  grand  personnage, 
Qui  soudain  cognoissoit  le  vice  et  la  vertu, 
Quelque  déguisement  dont  l'homme  fust  vestu. 
Henry,  qui,  après  lui,  tint  le  sceptre  de  France, 
Ayant  de  ta  valeur  parfaite  cognoissance, 
Honora  ton  sçavoir;  si  bien  que  ce  grand  roy 
Ne  vouloit  escouter  un  autre  homme  que  toy, 
Soit  disnant  et  soupant;  et  te  donna  la  charge 
De  son  Louvre  enrichy  d'édifice  plus  large, 
Ouvrage  somptueux ,  à  fin  d'estre  monstre. 
Il  me  souvint  un  jour  que  ce  prince,  à  la  table, 
Parlant  de  ta  vertu,  comme  chose  admirable, 
Disoit  que  tu  avois  de  toy-même  appris 
Et  que  sur  tous  aussi  tu  remportois  le  pris  : 
«■  Gomme  a  faict  mon  Ronsard,  qui,  à  la  poésie, 
wMaugré  tous  ses  parens,  a  mis  sa  fantaisie.» 
Et  pour  cela  tu  fis  engraver  sur  le  haut 
Du  Louvre  une  déesse,  à  qui  jamais  ne  faut 
Le  vent  à  joue  enflée,  au  creux  d'une  trompette; 
Et  la  monstras  au  Roy,  disant  qu'elle  estoit  faite 
Exprès  pour  figurer  la  force  de  mes  vers, 
Qui,  comme  vent,  portoient  son  nom  vers  l'univers  (2). 

On  sait  que,  pendant  le  xvic  siècle,  la  collation  des  bénéfices  fut  une  des  libéra- 
lités au  moyen  desquelles  le  Roi  encourageait  et  récompensait  les  grands  artistes. 

1  On  verra  ailleurs  que  Ronsard  ne  faisait  point  M  Œuvres  de  Ronsard,  p.  g85  de  l'édition  de 

uu  pareil  éloge  de  Philibert  de  l'Orme.  1609.  —  Claude  Binet,  le  biographe  de  Ronsard, 

1.  g7 


210  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Pierre  Lescot  était  trop  bien  en  cour  pour  ne  pas  avoir  sa  part  dans  la  distribution 
des  faveurs  et  des  charges;  il  fut  ainsi  conseiller  et  aumônier  ordinaire  du  Roi,  et, 
en  outre,  abbé  commenda taire  de  Clennont,  près  Laval'1';  enfin  il  fut  pourvu 
d'un  canonicat  dans  l'église  de  Paris,  le  18  décembre  i55&,  et  solennellement 
installé  dans  le  chœur  de  la  cathédrale,  du  côté  gauche,  le  lundi  3i  du  même 
mois'2'.  Son  nom  apparaît  en  effet  sur  la  liste  des  chanoines  du  jour  de  Pâques 
1 555  ;  mais  on  ne  le  voit  point,  en  cette  année,  au  bas  des  résolutions  du  Chapitre. 
La  raison  en  est  sans  doute  que  la  réception  de  Lescot  n'avait  point  été  définitive, 
par  suite  d'une  opposition  qui  nous  est  révélée  dans  une  délibération  du  vendredi 
7  août  1 556;  on  y  lit  que  ce  jour-là  Pierre  Lescot,  par  l'intermédiaire  de  Me  Ma- 
riau,  demanda  à  être  admis,  in  propria,  à  la  jouissance  de  son  canonicat  et  de  sa 
prébende,  tout  en  conservant  sa  barbe.  Il  la  gardait,  assurait-il  à  cause  de  ses 
fonctions  journalières  auprès  du  Roi,  et  faisait  valoir  subsidiairement  que,  pour  un 
service  public,  il  devait  être  prochainement  envoyé  à  Rome.  Il  protestait  d'ailleurs 
de  son  respect  pour  les  statuts  obligeant  les  chanoines  à  se  raser  au  moins  toutes 
les  trois  semaines,  et  prenait  l'engagement  de  ne  point  se  présenter  dans  l'église, 
pendant  les  offices,  avant  de  s'être  fait  couper  la  barbe,  et  sans  être  vêtu  d'habits 
convenables,  à  la  façon  de  ses  collègues.  Cette  requête  provoqua  une  discussion 
assez  vive;  mais  le  résultat  en  fut  favorable  au  postulant,  car  le  Chapitre  décida 
que,  pour  cette  fois  seulement,  sans  tirer  à  conséquence,  on  dérogerait  à  la  règle, 
et  que,  le  mercredi  suivant,  Lescot,  après  avoir  prêté  le  serment  accoutumé,  serait 
définitivement  installé,  ce  qui  eut  lieu(3). 

Lescot  était  peintre  et  même  peintre  habile,  qualité  qu'on  ne  lui  connaît  guère, 
mais  qui  ressort  des  vers  de  Ronsard  et  surtout  d'un  passage  où  Jean  Bodin,  à 
propos  de  tableaux,  dit:  «Nous  en  avons  de  Michel  Ange,  Raphaël  Durbin,  de 
tt Durel  (Durer),  et,  sans  aller  plus  loin,  un  de  M.  de  Clagny,  en  la  galerie  de  Fon- 
te taine-Beleau,  qui  est  un  chef-d'œuvre  admirable,  que  plusieurs  ont  parangonné 


raconte  ainsi  l'anecdote  h  laquelle  le  poëte  fait  allu- 
sion: n-Il  n'y  a  voit  grand  seigneur  en  France  qui  ne 
ftinst  à  grande  gloire  d'estre  en  son  amitié,  et  ses 
rr  œuvres  en  font  assez  de  foy.  Ce  fut  ainsi  ce  qui 
n-esmeut  le  sieur  de  Clany,  h  qui  le  roy  Henry  avoit 
n-commis  la  conduite  de  l'architecture  de  ses  chas- 
fteaux,  de  faire  engraver  en  demy-bosse,  sur  le 
ffhaut  de  la  face  du  Louvre,  une  déesse  qui  em- 
«  bouche  une  trompette,  et  regarde  de  front  une 
rr  autre  déesse  portant  une  couronne  de  laurier  et 
rrune  palme  en  ses  mains,  avec  cette  inscription  en 
"  table  d'attente  et  en  marbre  noir  : 

rtVIRTUTI  REGIS  INVICTISSIMI.il 

f  Et  comme  un  jour  le  Roy,  estant  à  table ,  luy  de- 


rrmandoitee  qu'il  vouloit  signifier  par  cela,  il  luy 
tr  répondit  qu'il  entendoit  Ronsard  par  la  première 
<r figure,  et,  par  la  trompette,  la  force  de  ses  vers, 
fret  principalement  de  La  Franciadc,  qui  pousserait 
irson  nom  et  celuy  de  toute  la  France  par  tous  les 
rr  quartiers  de  l'univers.»  Les  bas-reliefs  dont  il  est 
ici  question  sont  au-dessus  de  la  porte  de  l'aile 
occidentale,  qui  est  contiguë  h  l'encoignure  sud- 
ouest  de  la  cour. 

(1)  Au  moins  dès  1 556.  Il  énonce  tous  ces  titres 
dans  un  hommage  du  i3  septembre  i55q. 

(S)  Registres  capilulaires  de  Notre-Dame.  Arch. 
de  l'Emp.  LL  q5o,  p.  91 3. 

O  Ibid.  LL  a52,  p.  222  et  23o. 


LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  I".  211 

«aux  tableaux  d'AppellesW.  -n  On  ne  cite  néanmoins  aucun  tableau  de  Lescot,  et, 
s'il  est  illustre,  c'est  uniquement  comme  architecte.  H  fut  l'un  des  premiers  qui, 
en  France,  aient  employé  le  style  classique  pur  de  tout  mélange.  Il  paraît,  du 
reste,  avoir  très-peu  construit  et  n'avoir  pas  beaucoup  cherché  les  occasions  de  le 
faire,  soit  parce  que  sa  fortune  l'en  dispensait,  soit  parce  que  les  fonctions  qu'il 
avait  à  remplir  près  du  Roi  lui  eussent  rendu  impossible  la  conduite  d'un  grand 
nombre  d'édifices.  Sa  première  œuvre  connue  est  le  jubé  de  Saint-Germain- 
i'Auxerrois,  exécuté  de  i54i  à  îhlili,  dont  la  sculpture  fut  faite  par  Jean  Gou- 
jon*2'. En  i55o  il  bâtit,  avec  le  même  artiste,  la  fontaine  dite  des  Nymphes  et 
aujourd'hui  des  Innocents.  On  lui  attribue  également  les  plans  de  l'hôtel  Car- 
navalet'5'. Ce  sont  là  les  seuls  édifices  qu'on  signale  comme  étant  de  lui*4',  indé- 
pendamment du  Louvre,  spécimen  magnifique  de  son  talent,  et  dont  il  ne  cessa 
de  diriger  la  construction  jusqu'à  sa  mort.  Après  en  avoir  dressé  les  projets  et 
les  avoir  fait  agréer,  il  en  fut  nommé  officiellement  architecte,  par  lettres  patentes 
données  à  Fontainebleau,  le  2  août  i546,  et  dont  voici  la  teneur,  précédée  de  la 
formule  de  vidimus  qui  est  en  tête  dans  les  comptes  où  se  trouve  cet  intéressant 
document  <5'. 

«  Transcript  du  pouvoir  du  sieur  de  Claigny,  pour  ordonner  du  fait  des  bas- 
«  timens  et  édiffices  du  chasteau  du  Louvre. 

«A  tous  ceux  qui  ces  présentes  lettres  verront,  Anthoine  Duprat,  chevalier, 
«  baron  de  Thiers  et  de  Viteaux,  seigneur  de  Nantoulet  et  de  Précy,  conseiller  du 
«Roy,  nostre  sire,  gentilhomme  ordinaire  de  sa  chambre  et  garde  de  la  prévosté 
«de  Paris,  salut.  Sçavoir  faisons  que,  l'an  de  grâce  1 556 ,  le  9e  jour  d'apvril  après 
«  Pasques,  par  Philippe  Boisselet  et  Germain  Le  Charron,  notaires  du  Roy,  nostre 
«  sire,  au  Chastellet  de  Paris,  furent  vues,  leues,  unes  lettres  dudit  Sieur,  escriptes 
«en  parchemin,  données  à  Fontainebleau,  saines  et  entières  en  seing,  scel  et  es- 
creriptures,  desquelles  la  teneur  ensuit  : 

«François,  par  la  grâce  de  Dieu,  roy  de  France,  à  nostre  cher  et  bien  amé 
«Pierre  Lescot,  seigneur  de  Claigny,  salut  et  dilection.  Parce  que  nous  avons 
«  délibéré  de  faire  bastir  et  construire  en  nostre  chastel  du  Louvre  un  grand  corps 
« d'hostel,  au  lieu  où  est  de  présent  la  Grande  Salle,  dont  nous  avons  fait  faire  les 
«dessins  et  ordonnances  par  vous,  duquel  nous  avons  advisé  d'en  bailler  la  totale 

(1)  Discours  de  Jean  Bodin  sur  le  rehaussement  et  et  à  Bullant.  Nous  sommes  loin  d'affirmer  que  Lescot 

la  diminution  des  monnoyes,  in-8",  Paris,  1578.  Cité  en  ait  été  l'architecte. 

par  M.  Éd.  Fournier,  Variétés  historiques,  t.  VII,  (t)  Félibien  (Hist.  de  Paris,  p.  1021)  dit  que 

p.  i48.  Lescot  éleva  des  bâtiments  à  Fontainebleau;  mais 

m  Voir,  au  chapitre  suivant,  la  notice  sur  Jean  le  fait  est  peu  vraisemblable. 

Goujon.  (6)  L.  de  Laborde ,  Comptes  des  bâtiments  royaux , 

(,)  On  attribue  aussi  cet  hôtel  à  un  Du  Cerceau  t.  I,  p.  aig- 

27. 


212  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

« charge,  conduicte  et  superintendance,  à  cette  cause  soit  besoin  de  vous  faire 
«expédier  vos  lettres  de  pouvoir,  en  tel  cas  requises;  pour  ces  causes,  confians  à 
«plainde  votre  personne  et  de  vos  sens,  suffisance,  loyauté,  prud'hommie  et  bonne 
« expérience  au  fait  d'architecture,  et  grande  diligence,  et  aussy  que  vous  avons 
a  amplement  déclaré  nostre  vouloir  et  intention  sur  le  fait  desdits  bastimens,  au 
ce  moyen  de  quoy  sçaurez,  autant  bien  que  nul  autre,  conduire  et  vous  acquiter 
«de  ladite  charge  à  nostre  grez  et  contentement;  vous  avons  commis  et  députté, 
«commettons  et  députtons,  et  vous  avons  donné  et  donnons  plain  puissance,  au- 
rtthorité,  charge  et  mandement  spécial  par  ces  patentes,  de  ordonner  du  fait  des- 
«  dits  bastimens  et  édiffices  que  avons  ordonné  être  fait  en  nostre  chastel  du  Louvre , 
«  et  autres  que  pourrons  faire  construire  cy-après  en  nostre  ville  de  Paris  ;  en  faire 
«conclure  et  arrester  les  pris  et  marchez  avec  les  maistres  maçons,  charpentiers, 
«tailleurs,  menuisiers,  victriers  et  tous  autres  artisans  et  gens  de  mestiers,  que 
«  requis  en  sera ,  pour  les  ouvrages  qu'il  y  conviendra  faire  ;  iceux  contraindre  de 
«faire  leur  devoir  et  à  nous  servir  de  leur  mestier,  selon  ce  que  aurez  convenu 
«avec  eux,  èsquels  y  seront  obligez;  aussy  de  ordonner  tant  des  frais  desdits  bas- 
«timens,  voictures  nécessaires  à  iceulx,  que  de  tous  autres  frais  licites  et  conve- 
«nables  pour  le  fait  et  nécessité  d'iceulx  meublemens,  ornemens  et  décorations 
«qui  y  seront  décentes  et  requises;  iceux  frais  faire  payer  aux  personnes,  à  me- 
«  sure  qu'ils  ont  gaigné  et  desservy,  par  celuy  ou  ceux  qui  sont  ou  seront  par  nous 
«commis  à  faire  les  payemens  desdits  édiffices;  et  généralement  de  faire  et  faire 
«conduire,  ordonner  et  pourveoir  aux  frais  desdits  bastimens  et  édiffices,  leurs 
«circonstances  et  dépendances,  ensemble  desdits  frais  nécessaires  à  iceux,  tout 
«ainsy  que  verrez  estre  à  faire,  et  que  nous  mesme  ferions  et  pourrions  faire  si 
«estions  en  personne  :  jaçoit  ce  que  le  cas  requit  mandemant  plus  espécial.  Les- 
«  quels  pris  et  marchez  qui  seront  par  vous  faits  et  arrestez ,  pour  l'effet  que  dessus, 
«ensemble  les  payemens  qui,  en  vertu  de  vosdites  ordonnances,  seront  faits,  nous 
«avons,  dès  à  présent  comme  pour  lors,  vallidez  et  authorisez,  vallidons  et  autho- 
«risons,  et  déclarons  avoir  pour  agréable;  et  voulons  lesdits  payemens  et  frais  estre 
«passez  et  allouez  es  comptes  et  rabatus  de  la  recepte  et  assignation  d'icelluy  ou 
«ceux  qui  les  auront  payez,  par  nos  amez  et  féaulx  les  gens  de  nos  comptes,  et 
«partout  ailleurs  où  il  appartiendra;  leur  mandant  aussy  le  faire  sans  aucune  dif- 
«ficulté,  en  rapportant  sur  lesdits  comptes  le  vidimus  fait  sous  scel  royal  de  ces 
«dites  présentes,  que  nous  avons  pour  ce  signées  de  nostre  main,  iceux  pris  et 
«  marchez ,  vosdites  ordonnances ,  les  roolles  et  cahiers  de  vos  frais ,  signez  et  ar- 
«  restez  de  vous  respectivement  où  besoin  sera ,  avec  les  quittances  des  parties  où 
«elles  escheront,  sur  ce  suffisantes  seulement;  car  tel  est  nostre  plaisir.  Mandons 
«•et  commandons  à  tous  nos  justiciers,  officiers  et  subjets,  que  à  vous,  en  ce  fai- 
re sant ,  obéissent  et  entendent  diligemment,  prestent  et  donnent  conseil,  confort, 


LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  K  213 

trayde  et  prispns,  si  mestier  est  et  requis  en  sont.  Donné  à  Fontainebleau,  le 
«  2e  jour  d'aoust,  l'an  de  grâce  i546,  et  de  nostre  règne  le  32e.  —  Ainsy  signé  : 
«FRANÇOIS.  De  par  le  Roy  :  Bayard,  et  scellé  à  simple  queue  de  cire  jaulne.  —  En 
ff  témoin  de  ce,  nous,  à  la  rellation  desdits  notaires,  avons  fait  mettre  le  scel  de 
(t  ladite  Prévosté  de  Paris  à  ces  présentes  lettres  de  vidimns,  collationnées  à  l'ori- 
ftginal  de  cesdites  lettres,  ledit  an  et  jour  dessus  premiers  dits.  Signé  Boisselet 
ff  et  Le  Charron,  d 

Pierre  Lescot  fut  architecte  du  Louvre  pendant  la  longue  période  de  trente-deux 
années,  car  il  vécut  jusqu'en  1 578.  Les  biographes  n'ont  pas  fixé  le  jour  même 
de  sa  mort;  elle  arriva  le  mercredi  10  septembre,  vers  quatre  heures  de  l'après- 
midi.  Lescot  habitait  alors  une  maison  du  cloître  Notre-Dame,  qu'il  possédait  en 
vertu  de  son  canonicat.  Il  fut  enterré  le  12  dans  la  cathédrale,  et,  comme  récom- 
pense d'une  fondation  pieuse  qu'il  avait  faite,  on  permit  à  ses  exécuteurs  testa- 
mentaires de  l'inhumer  dans  la  chapelle  Saint-Ferréol ,  à  la  charge,  toutefois,  de 
décorer  cette  chapelle  d'une  manière  convenable  M. 

Pierre  Lescot  était  propriétaire  d'une  grande  maison  située  au  faubourg  Saint- 
Jacques  <2),  et  qu'on  appelait  l'hôtel  de  Clagny;  il  la  donna  à  son  neveu,  Léon 
Lescot'3',  qui  le  remplaça  au  Chapitre  Notre-Dame W,  fut  également  conseiller  et 
aumônier  du  roi,  ainsi  qu'abbé  de  Clermont.  Léon  Lescot,  reçu  conseiller  au 
Parlement,  le  12  avril  1 58 1 ,  possédait,  avec  un  sien  frère,  Pierre  Lescot,  sei- 
gneur de  Lissy,  aussi  conseiller  aux  requêtes  du  Parlement  (5),  le  fief,  précédemment 
mentionné,  du  Martroy,  dont  ils  firent  tous  deux  hommage  le  icr  mars  1 58 1 .  Ce 
fief  leur  appartenait  en  qualité  d'héritiers  de  leur  frère  Claude,  à  qui  Pierre 
Lescot,  le  conseiller,  l'avait  cédé,  après  l'avoir  reçu  lui-même  de  son  oncle  Pierre 
Lescot,  l'architecte*6'.  Or  il  est  dit,  dans  une  transaction  du  6  juin  1 576 *7',  que 
ce  même  Pierre  Lescot  était  «le  filz  aisné  et  principal  héritier  de  feu  noble  homme 
«et  saige  Mc  Léon  Lescot,  en  son  vivant  aussi  seigneur  dudict  Lissy, i>  qui  fut 
pareillement  conseiller  au  Parlement,  eut  pour  femme  «noble  damoiselle  Marie 
«  Chevrier,  n  et  était  déjà  mort  en  t557,  car,  dans  une  reconnaissance  du  17  sep- 
tembre de  la  même  année,  Marie  Chevrier  est  énoncée  veuve  et  curatrice  de  ses 
enfants  <8).  Ce  premier  Léon  Lescot,  père  des  neveux  de  l'abbé  de  Clagny,  était 


(1)  Arch. de l'Emp.  reg.LLa65,p.  171. — La  cha- 
pelle Saint-Ferréol  et  Saint-Férucion  est  la  seconde 
après  la  porte  Rouge.  —  L'épitaphe  de  Pierre  Lescot 
ne  se  rencontre  point  dans  les  recueils. 

(,)  C'est  celle  où  fu  t  établi  le  couvent  de  Port-Royal , 
transformé  aujourd'hui  en  Hôpital  de  la  Maternité. 

(3)  Arch.  de  l'Emp.  cart.  S  45 1 5. 

(4)  Son  nom  se  voit  au  bas  d'une  délibération 
de  deux  jours  postérieure  à  la  mort  de  son  oncle. 


M  François  Rlancbard,  Catalogue  des  conseillers 
au  Parlement,  p.  85  et  97.  Sa  réception  eut  lieu  le 
a5  octobre  i568.  Ce  Pierre  Lescot,  qui  fut  mar- 
guillier  de  Saint- Pierre-aux-Bœufs,  en  i583  et 
i584,  confondu  avec  son  oncle,  a  fait  croire  que 
celui-ci  avait  été  conseiller  au  Parlement. 

<•>  Arch.  de  l'Emp.  reg.S38io,  P  a3a  et  a33. 

(7)  Arch.  de  l'Emp.  cart.  S  34 1  a. 

(,)  Arch.  de  l'Emp.  cart.  S  34 1  a. 


214  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

donc  son  frère.  Il  n'était  point  le  seul,  car  un  certain  Jean  Lescot,  qualifié  sei- 
gneur de  Lissy,  reçu  conseiller  au  Parlement  en  1 5a 2,  et  mort  l'an  i5&5  W,  paraît 
ne  pouvoir  être  qu'un  autre  frère  de  Pierre  Lescot  l'artiste  W.  Le  grand  hôtel 
de  la  rue  Saint-Honoré ,  qui  a  porté  depuis  le  nom  $  hôtel  d'Aligre,  fut  possédé 
successivement  par  l'un  et  par  l'autre (3).  Jean  Lescot  eut  une  sœur,  Madeleine 
Lescot,  religieuse  professe  aux  Filles-Dieu,  et  pour  la  nourriture  et  entretènement •» 
de  laquelle  il  donna  au  monastère  onze  arpens  et  demi  quartier  de  terre  «  au  ter- 
tr  rouer  de  la  Villette  Saint-Ladre  (4).t> 

Réserves  faites  en  ce  qui  touche  le  degré  de  parenté  de  Jean  Lescot,  la  généa- 
logie de  la  famille  se  traduit  ainsi  : 


Madeleine  Lescol, 
religieuse  aux  Fiiles-Dieu. 


Pierre  Lescot, 

seigneur  de  Lissy , 

procureur  du  roi  en  la  cour  des  Aides , 

mort  en  1 533. 

Femme  :  Anne  Dautet , 

fille  de  Guill.  Dauvet,  seigneur  de  Lissy. 


Jean  Lescot, 

seigneur  de  Lissy, 

conseiller  au  parlement, 

mort  en  i545. 


Claude  Lescot, 
mort  avant  i55i. 


Léon  Lescot, 

seigneur  de  Lissy, 

conseiller  au  parlement  ; 

il  était  déjà  mort  en  1557. 

Femme  : 


PIERRE  LESCOT, 
seigneur  de  Clagny,abbé 

de  Clermont, 

chanoine  de  Notre-Dame, 

architecte  du  Louvre, 


Marie  Chevrier  de  Pauldy.     mort  le  10  septembre  1578. 


Pierre  Lescot, 

seigneur  de  Lissy , 

conseiller  au  parlement , 

mort  entre  1606  et  i6i3. 

Femme  :  Marie  de  Foissy. 


Léon  Lescot, 

abbé  de  Clermont, 

chanoine  de  Notre-Dame, 

conseiller  au  parlement. 


m  Catalogue  des  conseillers  au  Parlement,  p.  53. 
Ses  armes  étaient  écartelées,  aux  premier  et  qua- 
trième, de  sable  à  une  tête  de  chevreuil  d'argent, 
ramée  d'or;  aux  deuxième  et  troisième,  d'azur  à 
trois  rocs  d'or,  à  la  bordure  de  gueules.  Nous  ne 
savons  au  juste  quelles  étaient  les  armes  de  Pierre 
Lescot. 

m  Sa  qualité  authentique  de  seigneur  de  Lissy 
nous  dispose  beaucoup  à  le  croire  ;  il  aurait  hérité 
du  fief  paternel,  et  Pierre,  du  fief  maternel. —  D'a- 
près le  passage  de  Sauvai  déjà  cité,  Pierre  Lescot, 


Charles  Lescot, 
seigneur  de  Lissy. 

le  procureur  général  de  la  cour  des  Aides,  avait  eu 
effectivement  un  fils  nommé  Léon.  Le  fils  de  ce 
dernier,  le  second  Léon  Lescot ,  était  bien  le  neveu 
de  l'abbé  de  Clagny  :  nous  en  avons  eu  deux  preuves 
incontestables. 

m  Censier  de  Saint-Germain-l'Auxerrois  pour 
i53i,  f°  18  r\  Inventaire  des  titres  du  Chapitre, 
t.  III,  fol.  ao3  r°.  (Arch.  de  l'Emp.  reg.  LL55o  et 
S  585.) 

1  '  (4)  Déclaration  des  biens  des  Filles-Dieu,  en  1 5 69. 
Arch.  de  l'Emp.  car  t.  L  6626. 


< 


LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  K  215 

La  dernière  et  la  plus  importante  des  questions  que  comporte  l'histoire  du 
Louvre  au  temps  de  François  Ier  est  celle  de  l'époque  exacte  à  laquelle  fut  com- 
mencée la  reconstruction  de  l'édifice.  D'après  Brice  et  quelques  auteurs,  elle  aurait 
été  entreprise  en  i528;  d'après  d'autres,  en  1 53g ,  et,  suivant  l'opinion  aujour- 
d'hui la  plus  répandue,  en  îbUi.  On  a  vu  que  la  première  de  ces  dates  n'est  point 
un  moment  acceptable,  et  que  la  seconde  a  été  adoptée  par  confusion  avec  celle 
des  travaux  faits  pour  la  réception  de  Charles-Quint.  Quant  à  la  troisième,  qui 
s'éloigne  moins  de  la  vérité,  et  que  personne  ne  semble  révoquer  en  doute  main- 
tenant, il  s'en  faut  de  beaucoup  qu'elle  soit  justifiée;  car,  ainsi  que  nous  l'avons 
constaté,  non  sans  surprise,  elle  a  pour  unique  base  cette  double  remarque, 
faite  par  d'Argenville,  qu'en  i5a8  Lescot  était  trop  jeune  pour  qu'on  lui  confiât 
une  tâche  aussi  lourde  que  la  réédification  du  Louvre'1',  et  que  d'ailleurs  Serlio, 
le  premier  auquel  on  se  serait  adressé,  ne  fut  appelé  d'Italie  qu'en  i5ùi.  L'ob- 
servation de  d'Argenville,  quoique  fondée,  ne  détermine  pas  la  date  qu'il  s'agit  de 
fixer;  elle  établit  bien  que  cette  date  ne  peut  remonter  plus  haut  que  »j>4i, 
mais  elle  n'empêche  nullement  de  croire  qu'il  faut  descendre  plus  bas.  Cette 
dernière  conclusion  nous  paraît  clairement  ressortir  de  l'examen  des  faits  sui- 
vants. 

Dans  les  lettres  du  mois  d'août  i566,  par  lesquelles  Lescot  fut  nommé  ar- 
chitecte des  nouvelles  constructions,  on  lit  :  «Parce  que  nous  avons  délibéré  de 
«  faire  bastir  et  construire  en  nostre  chastel  du  Louvre  un  grand  corps  d'hostel 
«au  lieu  où  est  de  présent  la  Grande  Salle,  dont  nous  avons  fait  faire  les  dessins 
fret  ordonnances  par  vous,  duquel  nous  avons  advisé  d'en  (de  vous  en)  bailler  la 
« totale  charge,  conduite  et  superintendance,  etc. n  Si  cette  phrase  ne  signifiait 
point  que,  au  moment  de  l'expédition  des  lettres  patentes,  la  vieille  Grande  Salle, 
et  conséquemment  l'aile  dont  elle  faisait  partie,  existaient  encore  ou  du  moins 
n'avaient  point  été  remplacées  par  de  récentes  constructions ,  il  semble ,  on  l'avouera , 
fort  singulier  qu'on  se  soit  servi  de  cette  locution ,  «  nous  avons  délibéré  de  faire 
■  bastir. . .  un  grand  corps  d'hoslel  au  lieu  où  est  de  présent  la  Grande  Salle,  n  surtout 
en  spécifiant  que  les  dessins  du  corps  d'hôtel  futur  avaient  déjà  été  donnés  par 
Lescot.  On  chercherait  d'ailleurs  inutilement  à  arguer  du  peu  de  lucidité  de  ce 
texte,  et  si,  en  soutenant  qu'il  est  amphibologique,  on  affirmait  qu'il  faut  appliquer 
non  au  tr  corps  d'hostel,  n  mais  à  la  a  Grande  Salle,  a  ces  mots,  «dont  nous  avons 
«fait  faire,  etc. a  on  ne  produirait  qu'un  argument  sans  portée.  En  effet,  outre 
que  le  membre  de  phrase  «duquel  nous  avons  advisé,  etc.  s  qui  ne  peut  avoir  trait 
qu'au  «corps  d'hostel, n  rend  le  doute  impossible,  il  est  manifeste  que,  dans  le 
cas  où  la  nouvelle  Grande  Salle,  c'est-à-dire  l'étage  inférieur,  aurait  déjà  été  rebâtie, 


(") 


Vies  des  fameux  architectes,  p.  3oo. 


216  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

il  y  aurait  eu  simplement  un  étage  à  superposer  et  non  point  un  corps  d'hôtel  à 
édifier  au  lieu  où  elle  se  trouvait,  ainsi  que  l'expriment  les  lettres  patentes.  D'un 
autre  côté,  lorsqu'on  prend  pour  vraie  la  date  de  i54i,  on  se  demande  qui  di- 
rigea les  travaux  de  ces  bâtiments  élevés  dei54iài5£6,et  dont  on  n'a  aucune 
idée.  Si  c'eût  été  Lescot,  il  n'y  aurait  point  eu  lieu  de  lui  délivrer  des  lettres  d'of- 
fice en  1 566,  et,  dans  celles  qui  lui  furent  accordées  à  cette  époque,  il  eût  été 
fait  allusion  à  ses  précédents  services,  comme  dans  celles  qui  lui  furent  octroyées 
plus  tard.  On  ne  voit  pas,  dans  ces  documents,  que  Lescot  ait  eu  un  prédéces- 
seur au  Louvre,  et  c'était  l'usage,  en  son  temps,  de  rappeler  une  pareille  cir- 
constance. 

Au  surplus,  il  est  un  fait  qui  démontre  encore  mieux  la  fausseté  de  l'opinion 
générale.  Dans  son  édition  des  Antiquitez  de  Paris,  publiée  en  i5&3  W,  date  remar- 
quable, Corrozet,  témoin  oculaire  et  en  quelque  sorte  spécial,  dit  seulement, 
en  parlant  du  Louvre,  que  la  Grosse-Tour  a  été  renversée  en  1627,  «par  le  corn- 
et mandement  du  roy  Françoys,  lequel  a  eslu,  en  Paris,  celuy  chasteau  du  Louvre 
trpour  commune  résidence ;n  mais,  de  ces  prétendus  travaux  qui  devaient  être 
alors  en  pleine  activité,  il  n'est  pas  dit  un  seul  mot.  Au  contraire,  l'édition  de 
i55o  porte  que  François  Ier  fit  faire  au  Louvre  «de  grandes  réparations  et  nou- 
<r  veaux  édifices  <2>  ;  .entre  lesquelz,  un  peu  devant  son  trespas,  feit  commencer  une 
trgrand'salle  à  la  mode  des  antiques,  la  plus  excellente,  selon  l'art  d'architecture, 
«  qu'on  veit  jamais  :  laquelle  le  Roy  nostre  sire,  Henry  second  du  nom,  à  présent 
tr  régnant,  a  fait  parachever^,  -n  N'est-il  pas  évident  que  si  Corrozet,  qui  entre  dans 
de  tels  détails  en  i55o,  n'en  donne  pas  de  semblables  en  i563,  c'est  qu'à  cette 
dernière  date  il  n'avait  rien  de  pareil  à  mentionner  ? 

Mais  ce  n'est  pas  tout,  et  le  langage  de  Corrozet  fournit  un  autre  argument  non 
moins  péremptoire  contre  la  date  de  i54i.  Suivant  cet  auteur,  la  Grande  Salle 
et  à  la  mode  des  Antiques,-»  première  partie  du  Louvre  qui  ait  été  reconstruite,  fut 
commencée  «un  peu  devant»  le  s  trespas  n  de  François  Ier.  Or  François  Ier  mourut 
le  3i  mars  1 5Ù7,  à  l'âge  de  cinquante-trois  ans.  Comment  croire  qu'un  con- 
temporain ait  pu  considérer  comme  s'étant  passé  un  peu  devant  le  trépas  de  son 
roi,  un  événement  accompli  six  ans  auparavant? 

De  ce  qui  précède,  nous  pensons  être  en  droit  de  conclure  rigoureusement  que 

les  «projets  informes  d'un  très  grand  dessein plantés n  sur  les  fondations  de 

l'aile  occidentale  du  vieux  Louvre ,  lesquels  constituent  la  part  attribuée  par  Sauvai  <4) 
à  François  1er,  dans  la  reconstruction  de  l'édifice,  et  ne  peuvent  avoir  réclamé  cinq 

(1)  Cette  édition  est  si  rare  qu'on  n'en  connaît  m  Les  édifices  auxquels  Corrozet  fait  allusion 

qu'un  exemplaire;  il  appartient  à  M.   le  baron  sont  les  cuisines,  jeux  de  paume,  etc. 
J.  Pichon,  président  de  la  Société  des  bibliophiles,  (3)  Fol.  162  v". 

qui  a  bien  voulu  nous  en  donner  communication.  (4)  T.  II,  p.  a4. 


< 


LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  K  217 

années  de  travail,  n'ont  point  été  exécutés  avant  le  jour  où  Lescot  devint  officiel- 
lement architecte  du  palais.  Ainsi  il  faut  reporter  la  véritable  fondation  du  nou- 
veau Louvre  à  l'année  1 546.  En  admettant  cette  époque  comme  celle  où  les  maçons 
se  mirent  à  l'œuvre,  on  trouve  rationnelle  la  teneur  des  lettres  patentes  et  l'on 
s'explique  le  silence  de  Corrozet  en  i5/i3,  ainsi  que  les  expressions  dont  il  s'est 
servi  en  i55o.  Enfin  l'on  comprend  que  les  travaux  dus  à  François  Ier  aient  paru 
si  peu  de  chose  que,  sans  en  tenir  aucun  compte,  certains  écrivains  duxvne  siècle, 
et  même  du  xvic,  ont  pu  regarder  Henri  II,  et  non  son  père,  comme  le  fondateur 
du  Louvre  moderne'1'.  La  date  de  i54i  doit  donc  être  définitivement  écartée. 


{1>  Félibien  des  Avaux  qui,  en  sa  qualité  d'in- 
tendant des  bâtiments,  avait  été  à  même  d'étudier 
les  registres  des'Œuvres  royaux  et  qui  en  a  extrait 
beaucoup  de  renseignements ,  dit,  dans  ses  Entre- 
tiens sur  les  vies  des  peintres   (p.  11):  «  Quand  ie 

Toy  Henry  second  fit  commencer  ie  Louvre » 

Sous  Henri  III ,  Jérôme  Lippomano ,  se  faisant  l'écbo 


d'une  opinion  répandue,  dit  aussi  que  ie  nouveau 
Louvre  avait  été  commencé  par  Henri  II  :  «Il  re 
rEnrico  lo  principib.n  (Relation  des  ambassadeurs 
vénitiens ,  t.  II,  p.  5 9 3.)  Ronsard  s'exprime  égale- 
ment comme  si  les  travaux  du  Louvre  n'avaient 
été  confiés  à  Pierre  Lescot  que  par  Henri  II.  (Voir 
p.  209.) 


28 


LE  LOUVRE  SOUS  HENRI  II.  219 


CHAPITRE  VIL 

LE  LOUVRE  SOUS  HENRI  IL 


DE  1547  A  15">9. 


Les  bâtiments  du  quadrangle  du  Louvre  qui  ont  été  élevés  au  xvie  siècle  sont, 
pour  la  plus  grande  partie,  l'œuvre  de  Henri  II.  A  son  avènement  au  trône, 
ce  prince  n'avait  trouvé  que  quelques  constructions  à  l'état  rudimen taire ,  et  en 
juillet  i55g,  lorsqu'une  mort  accidentelle  vint  le  surprendre,  il  avait  totalement 
achevé  la  réédification  de  l'aile  occidentale,  et  terminé  le  premier  avant-corps 
de  l'aile  méridionale,  ainsi  que  le  gros  pavillon  d'angle  situé  à  la  jonction  des 
deux  corps  de  logis.  C'est  donc  sous  son  règne  que  le  monument  projeté  par 
François  Ier  se  révéla  dans  sa  magniflcence,  et  se  dessina  avec  ces  lignes  majes- 
tueuses qui  lui  restent  encore,  malgré  les  modifications  imaginées  depuis. 

Les  plans  dressés  par  Lescot  sont  perdus,  et,  dès  le  temps  de  Sauvai,  personne 
n'en  avait  plus  connaissance (1).  Plusieurs  fois,  avant  leur  complète  transformation 
par  Lemercier,  on  leur  fit  subir  certains  changements;  mais  la  pensée  première 
fut  respectée,  et  elle  se  manifeste  assez  clairement  quand  on  consulte  les  planches 
de  Du  Cerceau.  Dans  les  projets  originaires,  la  masse  du  nouveau  Louvre  devait 
coïncider  avec  la  masse  de  l'ancien,  et  être  entourée  des  mêmes  fossés;  les  tours 
d'angle,  vers  la  campagne,  étaient  remplacées  par  des  pavillons  rectangulaires , 
dont  la  plus  grande  dimension  s'étendait  de  lest  à  l'ouest;  l'aile  occidentale  offrait, 
sur  la  cour,  trois  avant-corps,  dont  le  premier  et  le  troisième,  contigus  aux  pa- 
villons d'angle,  faisaient  également  saillie  à  l'extérieur (2).  Aux  ailes  méridionale  et 


(1>  Ils  existaient  encore  en  i6a4,  car,  dans  des  (,)  Primitivement  l'avant-corps    renfermant    le 

lettres  patentes  du  5  janvier  de  cette  année,  le  grand  escalier  présentait  une  largeur  extérieure  de 

Roi   dit  qu'il  s'est  fait  ^représenter  les  plans  et  cinq  toises,  comme  l'avant-corps  attenant  au  gros 

^desseins*  du  Louvre,  tqui  furent  faictz  et  arres-  pavillon  du  sud-ouest,  et  il  était  manifestement 

<r  tez  après  Iwnne  et  mure  délibération ,  du  raigne  destiné  à  s'agencer  de   même  avec  un  pavillon 

*de  Henry  deuxième en  la  forme  et  figure  d'angle. 


fcy-attachée.  » 


38. 


220  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

septentrionale,  il  devait  y  avoir  aussi  des  avant-corps  correspondant  symétrique- 
ment à  ceux  de  l'aile  occidentale,  mais  sans  aucune  saillie  extérieure,  et  la  cour 
était  sans  doute  destinée  à  former  ainsi  un  carré  parfait.  Pour  l'aile  orientale,  où 
l'on  était  convenu  de  placer  la  grande  entrée ,  nous  ignorons  comment  elle  eût  été 
disposée;  mais  il  y  a  lieu  de  croire  qu'elle  aurait  consisté  en  une  galerie  étroite, 
plutôt  qu'en  une  aile  profonde ,  comme  aux  autres  côtés.  La  décoration  avait  été 
réservée,  avec  un  parti  pris  très-évident,  pour  les  faces  intérieures  de  l'édifice, 
et  l'extérieur  conservait  un  aspect  sévère,  rappelant  quelque  peu  le  château-fort, 
non  sans  comporter  de  sérieuses  garanties  de  sécurité.  Les  plans  de  Lescot  réali- 
saient l'idéal  de  l'époque  en  matière  de  résidence  souveraine  à  élever  dans  une 
capitale. 

ce  Tout  le  monde,  dit  Sauvai  W,  tient  pour  assuré  que  François  Ier  et  Henri  II 
cr  avoiet  (auraient)  renfermé  les  limites  de  cet  édifice  dans  une  cour  de  soixante- 
rt  quatre  toises  en  quarré  et  dans  un  jardin  derrière,  d'une  fort  grande  étendue,  i> 
lequel,  ajoute-t-il  plus  loin,  se  serait  prolongé  jusqu'aux  murailles  de  la  Ville.  H 
nous  paraît  extrêmement  douteux  que  le  projet  d'un  pareil  jardin ,  entraînant  des 
expropriations  considérables,  et  n'ayant  laissé  aucune  trace,  ait  été  adopté  par 
l'un  des  Valois;  Sauvai  a  probablement  fait  confusion  avec  les  plans  de  Henri  IV, 
dont  il  sera  parlé  dans  la  suite.  Il  est  en  outre  très-sûr  que,  au  xvie  siècle,  nul 
ne  songeait  à  renfermer  le  Louvre  dans  une  cour  de  soixante-quatre  toises  en 
carré  :  on  en  a  la  preuve  en  portant  le  compas  sur  nos  planches,  où  l'on  peut  voir 
que  la  forme  de  l'édifice  en  exclut  l'inscription  dans  un  carré  de  soixante-quatre 
toises  de  côté,  sauf  le  cas  d'une  disposition  anomale  tout  à  fait  contraire  aux 
vraisemblances.  Mais  l'affirmation  de  Sauvai ,  un  passage  amphibologique  du  récit 
de  J.  Lippomano  (2),  et  la  certitude  où  nous  sommes  que  l'extension  donnée  au  qua- 
drangle  du  Louvre  par  Lemercier  a  été  conçue  plus  anciennement  qu'on  ne  le 
pense,  nous  ont  fait  rechercher  si  les  dimensions  de  la  cour  actuelle  ne  seraient 
point  celles  du  plan  primitif  qu'on  n'aurait  eu  le  temps  de  développer  dans  aucun 
sens.  Deux  faits  démontrent  le  contraire  :  la  coïncidence  exacte  de  trois  des  ailes 
du  nouveau  Louvre  avec  trois  des  ailes  de  l'ancien,  et  le  passage  où  Du  Cerceau, 
en  si  bonne  situation  pour  être  informé ,  rapporte  que  Henri  II ,  après  avoir  re-' 
bâti  l'aile  occidentale  et  et  se  trouvant  si  grandement  satisfait  de  la  veue  d'une 
«œuvre  si  parfaite,  délibéra  la  faire  continuer  es  trois  autres  costez,  pour  rendre  celte 
«cour  non  pareille.  r>  Cette  façon  de  s'exprimer  implique  que  Du  Cerceau  considé- 
rait l'aile  occidentale  comme  complète. 

A  la  mort  de  François  Ier,  et  plusieurs  années  après ,  les  fonctions  d'architecte 
du  Louvre  n'étaient  point  rétribuées;  mais  une  grande  considération  s'attachait 

(,)  T.  II,  p.  a5  et  27.  —  ;î)  Nous  le  citerons  quand  nous  serons  arrivé  au  règne  de  Henri  III. 


LE  LOUVRE  SOUS  HENRI  II.  221 

sans  doute  à  eelui  qui  les  remplissait.  Toujours  est-il  que  Lescot  demanda,  à  l'avé- 
nement  de  Henri  II,  qu'elles  lui  fussent  confirmées.  Le  1/1  avril  15^7,  il  reçut 
effectivement  de  nouvelles  lettres  d'offices,  qu'un  vidimus  du  9  avril  i556  donne 
comme  ainsi  conçues  :  rr  Henry,  par  la  grâce  de  Dieu ,  roy  de  France ,  à  nostre  cher 
«et  bien  amé Pierre  Lescot,  seigneur  de  Claigny,  salut  et  dilection.  Comme  le  feu 
«Roy,  nostre  très  honoré  seigneur  et  père,  que  Dieu  absolve,  vous  eust,  par  ces 
rr  lettres  patentes  y  attachées  contre  le  contre-scel  de  nostre  chancellerie ,  commis 
r  et  députté  pour  ordonner  du  fait  des  bastimens  et  édiffices  qu'il  avoit  commancé 
crde  faire  faire  en  nostre  chaste!  du  Louvre,  à  Paris;  en  faire  et  arrester  les  pris  et 
«r marchez;  semblablement  ordonner  des  frais  et  voictures  nécessaires  à iceux  frais; 
rr  faire  payer  aux  personnes  et  ainsy  qu'ils  l'auront  gaigné  et  desservy,  et  général- 
(rlement  de  faire  et  ordonner  en  cet  endroit  tout  ce  que  verrez  estre  requis 
rret  nécessaire,  et  comme  il  l'eust  fait  ou  peu  faire  par  luy-mesme,  à  la  charge 
rr  et  commission  ;  pour  le  désir  et  voulloir  que  nous  avons  à  faire  parachever  le 
rr logis  qui  est  encommancé  audit  chastel  du  Louvre,  nous,  ayant  advisé  de  vous 
rr  continuer,  sçachans  que  nous  n'y  pourrions  commettre  personnage  de  meilleure 
a  expérience  ni  qui  sceust  mieux  conduire  cet  œuvre  selon  le  dessin  et  devis  qui  en 
rr  a  esté  fait  du  vivant  de  nostre  dit  feu  seigneur  et  père  ;  pour  ces  causes  et  pour 
cria  bonne  confiance  que  nous  avons  de  vostre  personne  et  de  vos  sens,  suffisance, 
rr  loyauté,  preud'hommie  et  bonne  diligence,  vous  avons,  en  vous  continuant  la- 
it dite  charge  et  commission ,  commis  et  députté ,  commettons  et  députtons  par  ces 
rr  présentes  pour  parachever  les  bastimens,  édiffices  commancez  audit  chastel  du 
rr  Louvre,  seullement;  voulions  et  nous  plaist  qu'en  ce  faisant  vous  puissiez  faire 
rret  arrester  avec  les  maçons,  charpentiers,  menuisiers  et  tous  autres  artisans,  les 
rr  pris  et  marchez  pour  ce  requis  et  nécessaires,  et  que  les  payemens  qui,  par  vos 
rr  ordonnances ,  en  seront  faits,  lesquels  nous  avons  de  nouvel,  en  tant  que  besoin 
rrseroit,  vallidez  et  authorisez,  vallidons  et  authorisons,  soyent  passez  et  allouez  es 
rr  comptes,  et  rabatus  de  la  recepte  et  assignation  d'icelluy  qui  est  ou  qui  pourra 
rr  estre  cy-après  commis  à  ce  faire,  par  nos  amez  et  féaulx  les  gens  de  nos  comptes; 
rr  auxquels  mandons  ainsi  de  faire  sans  difficulté,  en  rapportant  sur  cesdits  comptes. 
th  vidimus  de  cesdites  présentes  que  nous  avons,  pour  ce,  signées  de  nostre 
rrmain,  lesdits  pris  et  marchez,  vos  dites  ordonnances  et  les  roolles  et  cahiers 
rr  desdits  frais  signez  et  arrestez  où  besoin  sera,  avec  les  quittances  des  parties 
rroù  elles  escherront,  sur  ce  suffisantes  seulement,  car  tel  est  nostre  bon  plaisir  de 
«ce  laire;  vous  avons  donné  et  donnons  plain  pouvoir  et  authorité,  commission 
rret  mandement  espécial,  mandons  et  commandons  à  tous  nos  justiciers,  officiers 
rret  subjets  que  à  vous  en  ce  faisant,  soit  obéi.  Donné  à  Saint-Germain-en-Laye , 
rrle  i4e  avril,  l'an  de  grâce  1567,  après  Pasques,  et  de  nostre  règne  le  premier. 
«Signé  HENRY,  et  au-dessous:  Par  le  Roy,  le  seigneur  de  Montmorency,  connes- 


222  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

tr table  de  France,  et  autres  présens.  —  Clause  et  scellé  sur  simple  queue  de  cire 
rjaitlncW.n 

Assuré  dans  sa  position,  Lescot  put  désormais  consacrer  son  activité  à  la 
reconstruction  de  l'aile  occidentale.  Le  nouveau  bâtiment  occupait  si  exactement 
l'assiette  de  l'ancien,  que  l'on  conserva  la  vieille  muraille  extérieure,  en  y  appli- 
quant un  revêtement.  Comme  le  corps  de  logis  primitif,  il  était  principalement 
destiné  à  contenir  une  vaste  salle  d'apparat.  Celle  qui  fut  imaginée  par  Lescot, 
et  que  l'on  connaît  sous  le  nom  de  salle  des  Caryatides,  occupait  presque  toute 
l'aile  et  communiquait  directement  avec  la  cour  par  une  porte  percée  dans  l'avant- 
corps  central.  Au-dessus  de  cette  porte,  et  gravée  sur  une  plaque  de  marbre  noir, 
était  une  inscription  dont  tous  les  auteurs,  depuis  Du  Breul,  ont  donné  ainsi  les 
termes:  trHenricus  II,  rex  christianissimus,  vetustate  collapsum,  refici  cœptum  a 
cr  pâtre  Francico  I",  rege  christianissimo,  mortui  sanctissimi  parentis  memor,  pien- 
cttissimus  filius,  absolvit.  Anno  a  salute  Christi  M.  D.  XXXXVIII  t'2',  n  ce  qui  veut 
dire  que, l'édifice  tombant  en  ruine  et  François  Ier  en  ayant  entrepris  la  recons- 
truction, son  fils,  Henri  II,  l'avait  achevé  en  1 5^8.  Mais  cette  leçon  est  erronée 
et  l'on  peut  la  citer  comme  une  des  preuves  les  plus  frappantes  de  l'incroyable 
abandon  avec  lequel  la  plupart  des  historiens  de  Paris  se  sont  copiés  les  uns  les 
autres.  Non-seulement  en  effet  les  mots  écrits  sur  la  plaque  de  marbre  n'étaient 
pas  tels  qu'ils  les  rapportent;  mais  encore,  au  lieu  d'une  inscription,  il  s'en 
trouvait  deux,  distinctes  et  présentant  chacune  un  sens  complet.  La  première 
inscription,  actuellement  disparue,  et  qu'il  serait  bon  de  rétablir,  était  gravée 
sur  le  marbre  noir;  Du  Cerceau  nous  en  a  laissé  un  fac-similé  très-fidèle.  Elle 
énonçait  simplement  que  Henri  II  avait  terminé  l'œuvre  commencée  par  Fran- 
çois Ier,  et  elle  était  disposée  de  cette  manière  : 


HENRICVS  II  REX  CHRISTIANISS. 
VETVSTATE  COLLAPSVM  REFICI 
COEPT.  A  PAT.  FRANCICO  I 
R.  CHRISTIANISS.  MORTVI 
SANCTISS.  PARENT.  MEMOR 
PIENTISS.    FILIVS    ABSOLVIT 


La  seconde  inscription,  qui  donne  la  date,  existe  encore;  elle  est  divisée  en 
deux  parties,  chacune  étant  inscrite  dans  un  demi-cercle  flanquant,  en  guise 
d'ornement,  la  table  rectangulaire  en  marbre,  de  la  façon  suivante  : 


(1>  Comptes  des  bâtiments  royaux,  t.  I,  p.  a 5 6. 
f,)  M.  de  Clarac  est  peut-être  le  seul  qui  l'ait 


transcrite  exactement;  mais  il  l'a  traduite  avec  un 
contre-sens.  (Description  hist.  p.  338,  33g  et  649.) 


LE  LOUVRE  SOUS  HENRI  II. 


223 


On  n'a  donc  jamais  vu  sur  les  murs  du  Louvre  la  formule  étrange  A  sainte 
Christi,  mais  celle-ci,  qui  est  fort  correcte  :  Anno  a  sainte  restituta  M  DXXXX  VIII. 

Il  reste  maintenant  à  déterminer  le  sens  des  deux  inscriptions,  ce  qui  est  moins 
simple  que  de  les  traduire.  Dans  toutes  les  éditions  de  Corrozet  postérieures  à 
1 556 ,  on  lit  :  «  Au  chef  de  la  dite  salle  par  dehors,  tout  au  haut  d'icelle,  dans  une 
trauvale,  en  lettres  d'or  est  escrit  : 


Sauvai  rapporte  de  plus  que  les  admirables  caryatides  M,  qui  font  le  plus  bel 
ornement  de  la  salle,  furent  exécutées  en  vertu  d'un  marché  passé  avec  Jean 
Goujon,  le  5  septembre  i55o,  et  au  prix  de  787  livres  tournois,  crà  raison  de 
et  quarante-six  livres  pour  un  modelle  de  plâtre,  et  quatre-vingts  escus  sol  pour 
<r  chaque  figure,  n  Ces  deux  circonstances  pourraient  faire  penser  que  la  grande 
salle  fut  commencée  en  1 568  et  achevée  en  1 556;  mais  la  conjecture  ne  saurait 
être  fondée,  car  la  double  inscription  placée  au-dessus  de  la  porte  est  déjà  donnée 
par  Corrozet  dans  son  édition  de  i55o,  où  il  énonce  très-nettement  que  le  Roi 
sa  fait  parachever d  la  salle.  La  construction  en  était  donc  réellement  finie  en 
i5A8,  ou  du  moins  considérée  comme  telle,  parce  que  la  maçonnerie  et  sans 
doute  la  décoration  extérieure  étaient  achevées.  Quant  à  la  décoration  intérieure, 
le  marché  conclu  avec  Jean  Goujon  prouve  qu'elle  ne  l'était  pas  encore  en  1  55o, 
et  elle  n'a  jamais  été  indiquée  que  partiellement  jusqu'en  1806^.  Mais  comme 


<l)  Elles  sont  en  pierre  de  Trossy,  hameau  de  la 
commune  de  Saint-Maximin ,  rive  gauche  de  l'Oise. 

(1)  tII  n'y  avait  alors  (en  1806)  de  terminé,  en 
■  l'ait  de  sculpture ,  que  les  caryatides ,  une  très-petite 
■•  partie  de  la  trihune  qu'elles  soutiennent,  quelques 


■  pieds  de  l'entablement  dans  cette  partie  de  la  salle, 
ctet  deux  chapiteaux;  les  autres,  ainsi  que  les  arcs- 
adoubleaux,  n'étaient  encore  qu'en  pierre  d'attente, 
fret  les  cannelures  des  colonnes  n'existaient  point.» 
(De  Glarac,  p.  455.) 


224  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

les  comptes  que  nous  possédons  ne  remontent  point  au  delà  de  1 555 ,  nous 
ignorons  si,  en  i5u8,  l'aile  occidentale  s'élevait  jusqu'à  son  comble,  ou  si  elle 
n'atteignit  cette  hauteur  que  plus  tard,  lorsqu'on  était  occupé  à  bâtir  le  gros 
pavillon  d'angle.  Dans  les  frontons  de  ce  pavillon  il  y  avait  des  cartouches  ellipti- 
ques, et  l'un  de  ces  cartouches  était  vraisemblablement  «l'auvalen  avec  la  date  de 
i556,  dont  parle  Corrozet,  mais  dont  on  ne  voit  point  la  place  sur  la  face  inté- 
rieure de  l'aile  occidentale'1'.  La  date  de  1 556  se  rapporte  donc  à  l'achèvement 
du  pavillon,  et  nous  en  doutons  d'autant  moins  que,  deux  ans  après,  on  travail- 
lait à  la  partie  contiguë  de  l'aile  méridionale,  comme  nous  l'établirons  plus  loin. 
En  1 55g ,  il  parut  nécessaire  d'introduire  des  modifications  dans  les  projets 
précédemment  arrêtés ,  et  ces  modifications  nécessitèrent  des  démolitions  auxquelles 
Lescot  fut  autorisé  à  procéder  par  des  lettres  patentes  du  10  juillet,  vidimées  le 
9  avril  1 5  5  6  :  en  voici  la  copie  :  «  Henry,  par  la  grâce  de  Dieu ,  roy  de  de  France ,  à 
«nostre  cher  et  bien  aîné  Pierre  Lescot,  seigneur  de  Claigny,  salut  et  dilection. 
et  Gomme,  dès  le  2e  du  mois  d'aoust,  l'an  i5&6,  feu  nostre  très  honoré  seigneur  et 
«père,  le  Roy  dernier  décédé,  que  Dieu  absolve ,  par  ses  lettres  patentes  y  attachées, 
«nous  eust  donné  pouvoir,  puissance  et  authorité,  et  chargé  d'ordonner  sur  le  fait 
et  des  bastimens  et  édiffices  qu'il  avoit  voulu  estre  faits  en  nostre  chaste!  du  Louvre, 
«en  faire  arrester  et  conclure  les  pris  et  marchez  et  ordonner  des  frais,  et  iceux 
«frais  faire  payer  par  celluy  ou  ceux  qui  seroient  par  luy  commis  à  faire  lesdits 
«payemens  dudit  office,  ameublement,  ornemens  et  décorations,  ainsi  qu'il  est 
«plus  à  plain  contenu  en  sesdites  lettres;  suivant  lequel  pouvoir,  voulloir  et  or- 
«  donnance  de  nostredit  feu  seigneur  et  père ,  vous  eussiez  fait  commancer  dès  son 
«vivant  lesdits  bastimens  qu'il  entendoit  estre  faits  en  nostre  chastel  du  Louvre, 
«et  depuis  son  trespas,  suivant  nostre  voulloir,  ordonnance,  commandement  et 
«lettres  patentes  que  vous  aurions  pour  ce  adressées  dès  le  i^c  avril  îbU'],  après 
«Pasques,  y  attachées,  en  auriez  fait  continuer  l'ouvrage  selon  les  desseins  et  devis 
«faits  par  vous,  entendus  et  commandez  par  feu  nostredit  seigneur  et  père  et 
«depuis  par  nous.  En  quoy  vous  avez  fait  tel  et  si  bon  devoir,  que  nous  en  avons 
«bonne  et  juste  occasion  d'estre  contens  de  vous,  et  néantmoins,  ayant  depuis  trouvé 
«  que,  pour  grande  commodité  et  aisance  dudit  bastiment,  il  estoit besoin  de  le  pa- 
re rachever  autrement,  et,  pour  cet  effet,  faire  quelque  démolition  de  ce  qui  estoit jà 
«  fait  et  enconnnancé ,  et  ce ,  suivant  un  nouvel  devis  et  dessin ,  que  vous  en  avez 
«fait  dresser  par  nos  commandemens,  que  voulons  estre  suivi,  soit  besoin  pour 
«mieux  exécuter  ce  que  vous  avons  commandé  et  ordonné,  vous  faire  expédier  sur 
«  ce  nos  lettres  de  pouvoir,  en  continuant  les  autres  y  attachées  :  sçavoir  vous  fai- 

(1)  D'après  la  planche  de  Du  Cerceau,  dans  le  cartouche  du  fronton  de  l'avant-corps  centrai,  il  n'y  avait 
que  des  fleurs  de  lis. 


LE  LOUVRE  SOUS  HENRI  II.  225 

«sons  que,  nous  confians  à  plain  de  vostre  personne  et  de  vos  sens,  suffisance, 
«  loyauté  et  preud'hommie ,  grande  expérience  et  diligence ,  en  continuant  lesdits 
«  pouvoirs  à  vous  donnés  par  nostredit  feu  sieur  et  père,  nous  vous  avons  de  re- 
«chef  et  de  nouvel  commis  et  députté,  commettons  et  députtons,  et  vous  avons 
«  donné  et  donnons  plain  pouvoir  et  puissance ,  authorité  et  mandement  espécial 
«de  faire  faire  lesdites  démolitions  es  endroits  que  adviserez  estre  plus  à  propos; 
a  d'ordonner  entièrement  du  fait  desdits  bastimens,  circonstances  et  dépendances, 
« jusque  à  l'entière  perfection  d'iceulx,  ainsy  que  vous  verrez  estre  bon  à  faire; 
«conclure  et  arrester  les  pris  et  marchez  avec  les  maistres  maçons,  charpentiers, 
«tailleurs,  menuisiers,  victriers  et  autres  artisans  et  gens  de  mestier,  que  verrez 
«estre  bons  et  utiles  d'employer  au  fait  desdits  bastimens;  aussy  d'ordonner  de 
«tous  frais  licites  et  convenables,  tant  desdits  bastimens  que  ameublement,  orne- 
«mens  et  décoration  d'iceulx  ;  iceulx  frais  faire  payer  aux  ouvriers  et  autres  per- 
«  sonnes,  à  mesure  qu'ils  besongneront,  et  aussy  par  advances,  selon  que  verrez 
«estre  à  faire,  et  plus  nécessaire  pour  le  bien  de  nostre  service,  en  vostre  loyauté 
«et  conscience,  par  celluy  ou  ceux  qui  sont  ou  seront  par  nous  commis  et  députtez 
«à  faire  le  payement  desdits  frais;  et  générallement  de  faire  faire  et  conduire,  et 
«pourveoir  au  fait  desdits  bastimens  et  édiffices,  leurs  circonstances  et  dépen- 
«dances,  ensemble  desdits  frais  nécessaires  à  iceux,  tout  ainsi  que  verrez  estre  à 
«faire  et  que  nous-mesme  ferions  et  pourrions  faire  si  estions  en  personne,  jaçoit 
«ce  que  le  cas  requiert  mandement  plus  espécial;  lesquels  pris  et  marchez  qui 
«seront  par  vous  faits  et  arrestez  pour  l'effet  que  dessus,  ensemble  les  payemens 
«qui,  en  vertu  de  vos  ordonnances,  seront  faits,  nous  avons  dès  à  présent  comme 
«pour  lors,  vallidez  et  authorisez,  vallidons  et  authorisons,  et  déclarons  avoir  pour 
«  agréables  ;  et  voulons  lesdits  payemens  et  frais  estre  passez  et  allouez  es  comptes 
«et  rabatus,  de  la  recepte  et  assignation  d'icelluy  qui  les  auront  payez,  par  nos 
«amez  et  féaulx,  les  gens  de  nos  comptes,  et  partout  ailleurs  où  il  appartiendra, 
«leur  mandant  aussi  le  faire  sans  aucune  difficulté,  en  rapportant  sur  leursdits 
«comptes,  le  vidimus  fait  soubs  le  scel  royal  de  cesdites  présentes  que  nous  avons 
«pour  ce  signées  de  nostre  main,  iceux  pris  et  marchez,  lesdites  ordonnances  et 
«les  roolles  et  cahiers  desdits  frais,  signez  et  arrestez  de  vous  respectivement  où 
«besoin  sera,  avec  les  quittances  des  parties  où  elles  écherront,  sur  ce  suffisantes 
«seulement,  car  tel  est  nostre  plaisir.  Mandons  et  commandons  à  tous  nos  justi- 
«ciers,  officiers  et  subjets,  que  à  vous,  en  ce  faisant,  obéissent  et  entendent  dili- 
«  gemment,  prestement,  et  donnent  conseil,  confort,  ayde  et  prisons,  si  mestier  est 
«et  requis  en  sont.  Donné  à  Paris,  le  i oe  juillet  i54g ,  et  de  nostre  règne  le  3U. 
«Ainsi  signé:  HENRY,  et  plus  bas  est  escript  :  par  le  Roy,  MM.  le  cardinal  de  Guise, 
«i.e  duc  d'Aumalle,  le  seigneur  de  Montmorency,  connestable  de  France,  et  autres 
«  personnes.  —  Signé,  clause  et  scellé  de  cire  jaulne  du  grand  scel  sur  simple  queue.  i> 
i.  29 


226  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Les  changements  dont  il  est  question  dans  les  lettres  précédentes  durent  coûter 
de  nouveaux  efforts  à  Lescot,  et  lui  créèrent  de  nouveaux  titres  à  la  bienveillance 
du  Roi.  Ce  dernier  le  sentit  apparemment,  car  quelques  mois  plus  tard  il  se  décida 
enfin  à  lui  allouer  un  traitement  régulier.  On  peut  s'étonner  que ,  nommé  archi- 
tecte du  Louvre  dès  i546,  Lescot,  quatre  ans  après,  n'eût  point  encore  reçu 
d'honoraires  à  raison  de  cette  charge;  mais  cela  n'implique  pas  qu'il  n'en  eût  tiré 
aucun  avantage,  et  diverses  faveurs  l'avaient  peut-être  indemnisé  de  ses  peines. 
Quoi  qu'il  en  soit,  les  lettres  patentes  lui  attribuant  a  pour  son  entretènementfl 
la  somme  de  100  livres  par  mois,  qu'il  a  toujours  reçue  depuis,  ne  lui  furent 
délivrées  que  le  7  février  i55o  (v.  s.).  En  voici  la  transcription  :  ctHE\RY,  par  la 
rr  grâce  de  Dieu,  roy  de  France,  à  nostre  amé  et  féal  conseiller  et  trésorier  de  nostre 
rt épargne,  maistre  André  Blondelet,  salut  et  dilection.  Savoir  faisons  que  nous, 
« considérans  les  grands  peines,  travaux  et  despences  qu'il  a  convenu  et  convient 
«à  nostre  amé  et  féal  maistre  Pierre  Lescot,  seigneur  de  Claigny,  supporter  en  la 
tt  charge  et  commission  que  le  feu  Roy,  nostre  très  honoré  seigneur  et  père ,  que 
rcDieu  absolve,  luy  donna  certain  temps  avant  son  trespas,  de  la  superintendance, 
ttadvis  et  ordonnance  du  bastiment  commancé  en  nostre  chastel  du  Louvre, 
trà  Paris,  de  nostredit  seigneur  et  père  ;  laquelle  charge  nous  luy  avons,  depuis 
et  nostre  advènement  à  la  couronne,  continuée  et  confirmée,  désirant  icelluy  bas- 
tttiment  estre  du  tout  parachevé;  pour  laquelle  charge  et  commission  il  n'a  en 
te  jusqu'à  présent,  tant  de  feu  nostre  seigneur  et  père  que  de  nous,  aucun  estât, 
tt gages  ou  bienfaits;  à  icelluy  maistre  Pierre  Lescot,  pour  ces  causes  et  autres  à 
«ce  nous  mouvans,  avons  ordonné  et  ordonnons  par  ces  patentes  signées  de  nostre 
tt  main ,  la  somme  de  1 00  livres  par  chacun  moys  pour  son  estât  et  entretènement, 
«et  pour  luy  aider  à  supporter  lesdites  despences  qu'il  fait  et  peut  faire  à  cause 
«de  saditte  charge  et  commission,  et  superintendance  de  nosdits  bastimens;  à 
ttles  avoir  et  prendre,  par  ses  simples  quittances,  sur  les  assignations  par  nous 
tt  ordonnées  et  que  nous  ordonnerons  cy  après  pour  les  despences  dudit  bastiment 
ttpar  les  mains  du  payeur  et  commis  à  tenir  le  compte  desdites  despences  pre- 
ssentes et  advenir;  et  ce,  à  commancer  du  premier  jour  de  janvier  dernier  passé, 
tt  et  continuer  doresnavant  à  l'advenir,  sans  que  luy  besoin  soit  obtenir  chacun  an 
tt  de  nous  autres  lettres  de  mandement  ou  acquict  que  cesdites  présentes,  par 
tt  lesquelles  vous  mandons  .que,  par  ledit  payeur  ou  commis  au  payement  desdits 
tt  frais  et  despences,  vous  faittes,  souffrez  et  consentez  bailler  et  délivrer  comptant 
tt  audit  Lescot,  ladite  somme  de  100  livres  par  mois,  à  commancer  et  continuer 
tt  comme  dessus  est  dit,  laquelle  en  rapportant  cesdites  ou  vidimus  d'icelles,  fait 
ttsous  le  scel  royal,  pour  une  lois  avec  lesdites  quittances  d'icelluy  Lescot,  sur 
ttee  suffisante  seulement.  Nous  voulons  ce  que  baillez  et  payez  en  aura  esté  par 
ttlesdits  commis,  estre  passé  et  alloué  en  leurs  comptes  et  rabatu  de  leurs  re- 


LE  LOUVRE  SOUS  HENRI  II.  227 

rtceptes  pas  nos  amez  et  féaulx  les  gens  de  nos  comptes,  ausquels,  par  ces  mesmes 
«présentes,  mandons  ainsy  de  faire  sans  aucune  difficulté,  car  tel  est  nostre  plaisir, 
«  nonobstant  quelquonques  ordonnances,  mandemens  ou  deffences  à  ce  contraires. 
«Donné  à  Bloys,  le  7e  W  febvrier,  l'an  de  grâce  i55o,  et  de  nostre  règne  le  he. 
«  Ainsi  signe  :  HENRY,  et  scellé  sur  simple  queue  de  cire  jaulne  '2'.  n 

L'aile  occidentale  étant  achevée  ainsi  que  le  gros  pavillon  d'angle ,  Henri  II  fit 
entamer  la  reconstruction  de  l'aile  méridionale,  dont  il  ne  devait  bâtir  que  le  pre- 
mier avant-corps,  et  dans  la  réédification  de  laquelle  on  ne  conserva  point  l'ancien 
mur  extérieur,  comme  on  l'avait  fait  du  côté  de  la  rue  Fromenteau.  «A  l'autre 
«bout,  du  costé  de  la  rivière,  dit  Du  Cerceau,  y  a  un  fort  grand  pavillon  mer- 
«veilleusement  beau  et  commode,  pour  le  logement  de  Sa  Majesté.  Le  tout  com- 
«mencé,  ainsi  que  j'ay  dit,  du  vivant  du  feu  roy  François,  et  parachevé  par  le 
«roy  Henry,  son  fils,  sous  l'ordonnance  et  conduite  du  seigneur  de  Clagny.  Ce 
«que  le  roy  Henry,  se  trouvant  grandement  satisfait  de  la  veiie  d'une  œuvre  aussi 
«parfaite,  délibéra  la  faire  continuer  es  trois  autres  costez,  pour  rendre  cette  cour 
«non  pareille.  Et  ainsi,  par  son  commandement,  fut  commencé  l 'autre  corps  de  bas- 
ntiment,  depuis  le  susdit  pavillon ,  tirant  le  long  de  la  rivière,  lequel  a  esté  poursuivy 
«par  les  roys  Henry  second  et  Charles  neufiesme,  etc.  n  II  est  donc  avéré  que  la 
«  reconstruction  de  l'aile  méridionale  fut  entreprise  par  Henry  IL  Le  fait  est  confirmé 
«par  un  passage  du  compte  de  1 558-59,  mentionnant  des  travaux  de  couverture 
«au  cabinet  fait  pour  la  Reyne,  joignant  le  grand  pavillon,  »  lequel  cabinet,  ré- 
cemment fait  pour  la  Reine  et  attenant  au  gros  pavillon ,  ne  pouvait  évidemment 
se  trouver  que  dans  l'aile  du  bord  de  l'eau,  et  doit  se  confondre  avec  la  pièce  ap- 
pelée plus  tard  le  petit  cabinet  du  Roi.  (Voir  le  plan  du  Louvre  de  la  Renaissance, 
étage  supérieur,  F.)  Le  premier  avant-corps  de  l'aile  méridionale  est  en  outre  le 
seul,  de  ce  côté,  où  l'on  voit  les  H  H,  initiales  du  nom  de  Henri  II,  avec  les  crois- 
sants, corps  de  sa  devise,  et  le  chiffre 


qui  est  répété  maintes  fois  sur  l'aile  occidentale,  et  nécessite  un  mot  d'explication. 
Rien  n'est  plus  connu  que  la  passion  de  Henri  II  pour  sa  vieille  maîtresse,  Diane 
de  Poitiers,  duchesse  de  Valentinois.  C'est  elle,  à  ce  que  l'on  assure,  qui  lui  aurait 
donné  l'idée  de  prendre  pour  emblème  le  croissant  mythologique  de  Diane-Phœbé , 
avec  ces  mots  ambigus  pour  âme  :  Donec  tolum  impleal  orbem.  Cette  devise  est  gravée 
sur  des  tables  de  marbre  noir  encastrées  dans  la  frise  du  second  ordre  de  chaque 
avant-corps.  Dans  cette  même  frise,  ainsi  qu'entre  les  colonnes  du  premier  ordre, 

(l)  Sur  un  viditnus  du  9  avril  1 556 ,  la  date  indiquée  est  le  1 7.  —  m  Comptes  des  bâtiments  royaux. 

29- 


2-28  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

sont  aussi  sculptés  des  croissants ,  et  l'on  en  retrouve  un  sous  le  menton  de  cha- 
cune des  trois  têtes  de  femme  qui  surmontent  les  chambranles  de  fenêtres.  S'il 
est  permis  de  voir  dans  ces  particularités  une  allusion  assez  transparente  à  l'amour 
du  Roi  pour  celle  qui,  sur  une  médaille,  se  fit  représenter  en  Diane  chasseresse, 
et,  sur  une  autre,  avec  la  légende  Omnium  victorem  vici,  faut-il,  comme  on  l'a  dit 
si  souvent,  interpréter  pareillement  le  chiffre  reproduit  plus  haut  et  le  considérer 
comme  formé  d'un  H  et  de  deux  D  ?  M.  Lenormant  a  démontré  W,  et  il  serait 
facile  d'en  multiplier  les  preuves,  que  ce  chiffre  comportant  un  H  et  deux  C 


adossés  et  entrelacés,  était  officiellement  celui  de  Henri  II  et  de  sa  femme,  Cathe- 
rine de  Médicis ,  qui  le  conserva  pendant  son  veuvage ,  en  prenant  soin ,  il  est 
vrai ,  que  les  C ,  nettement  accusés ,  ne  pussent  se  lire  comme  des  D  W,  Dans 
les  monuments  élevés  du  vivant  du  Roi,  au  contraire,  les  C,  ayant  leurs  hastes 
confondues  avec  celles  de  l'H,  présentent  des  contours  qui  les  transforment  en 
véritables  D.  M.  Lenormant  a  supposé  que  c'était  le  résultat  d'un  calcul  à  l'aide 
duquel  Henri  II  pouvait  étaler  partout  les  initiales  de  la  Duchesse  sans  violer 
trop  ouvertement  les  convenances;  nous  adoptons  pleinement  cette  opinion,  en 
observant  que  le  chiffre  est  sculpté  sur  la  fontaine  d'Anet,  dont  la  célèbre  statue 
passe  pour  l'effigie  même  de  Diane  de  Poitiers,  et  qu'il  figure  aussi  sur  des  livres 
provenant  de  sa  propre  bibliothèque,  où  elle  ne  se  proposait  assurément  pas  de 
mettre  en  évidence  le  nom  de  sa  rivale. 

En  rapprochant  le  plan  de  Du  Cerceau  des  plans  postérieurs,  on  constate  que, 
vers  1660,  les  distributions  intérieures  des  constructions  de  Lescot  s'étaient  main- 
tenues sans  changement  important,  et  nous  avons  même  reconnu  que  presque 
toutes  les  pièces  avaient  conservé  leur  destination  primitive,  ce  qui  a  permis  de 
déterminer  l'usage  de  plusieurs  d'entre  elles.  A  la  fin  du  règne  de  Henri  II,  l'aile 
occidentale  du  Louvre  était  divisée  en  trois  parties  :  la  première  (voir  les  plans  ci- 
joints,  C),  correspondant  au  premier  avant-corps,  actuellement  contigu  au  pavillon 
de  l'Horloge,  servait  alors,  comme  aujourd'hui,  de  cage  à  un  grand  escalier  à 
rampes  droites,  qui  subsiste  encore  intact.  On  l'appelait  rr les  Grands  degrés -n  en 
1  593  ;  Du  Cerceau  l'énonce  «le  grand  escallier,  servant  de  passage  pour  aller  aux 
cr  offices  de  cuisine,  hors  le  chasteau,  n  parce  qu'au  fond  était  percée  une  porte  (p) 
donnant  accès  à  un  pont-levis  qui  servait  à  traverser  le  fossé,  et  qu'on  remarque 
sur  la  vue  de  Cellier.  Toutefois  ce  pont-levis  et  le  pont  dormant  à  piles  de  pierre, 

(1)  Revue  numismatique,  année  i84i,  p.  k$h.  lonne  astronomique  (aujourd'hui    attenante   à  la 

{,)  Le  spécimen  que  nous  donnons,  et  où  les  G        Halleau  blé)  qui  fut  élevée  par  Catherine  vers  1575. 

se  dessinent  si  franchement,  est  emprunté  h  la  co-        Le  chiffre  El  se  rencontre  souvent,  au  xvi"  siècle. 


TOPOGRAPHIE     HISTORIQVE    DV    VI  EVX     PARIS, 


Mur  d'enceinte  de  Philippe  Auau.ste  — - 


a 


_ 


V 


.-  ■ 


A .  '  ' 

PLAN    RESTITVÉ    DV    LOVVRE    DE    LA    RENAISSANCE 


TOPOGRAPHIE    HISTOFUQVE    DV    V1EVX    PARIS. 


A.Berty  rest.  Ch.  Laffqrgue  del  .   "* 


I .  Suif:) 


PLAN    RESTITVE    DV   LOVVRE    DE    LA    RENAISSANCE 


ETAGE    SVPER1EVR. 


LE  LOUVRE  SOUS  HENRI  II.  229 

sur  lequel  iL  s'abattait,  ne  furent  construits  que  vers  1 568.  Quant  à  la  porte, 
elle  fut  transformée  en  fenêtre  sous  Louis  XIII,  parce  qu'elle  était  devenue  inutile 
après  la  construction  du  pavillon  de  l'Horloge  W  ;  mais  on  ne  toucha  jamais  ni  à 
celle  qui  menait  à  la  salle  des  Caryatides,  ni  à  celle  qui  donne  sur  la  cour,  et  au- 
dessus  de  laquelle  se  lit  l'inscription  :  Virtuti  régis  invictissimi.  Cette  inscription , 
répétée  à  l'avant-corps  correspondant,  est  rapportée  par  Corrozet  dans  son  édition 
de  i55o.  La  seconde  partie  de  l'aile  se  composait  de  deux  grandes  salles  situées 
l'une  au-dessus  de  l'autre;  on  les  distinguait  par  les  épithètes  de  et  haute  n  et  de 
tt basse.  s  Dans  le  compte  de  1 558  ,  il  est  fait  mention  de  la  tt  grande  salle  de  bal  a 
et  des  tt  corbeaux  soustenant  les  poultresn  qui  s'y  trouvaient,  d'où  l'on  aurait  tort 
d'inférer  que  cette  salle  de  bal  était  la  salle  supérieure  et  non  celle  du  rez-de- 
chaussée,  car  il  est  en  même  temps  parlé,  dans  le  compte,  du  tt  tribunal  dudit 
tt  lieu,  r>  et  cette  indication  ne  peut  se  rapporter  qu'à  la  salle  basset.  Cette  der- 
nière, que  nous  appelons  la  salle  des  Caryatides  (A),  servait  aux  fêtes;  la  tribune 
qui  fut  élevée  à  l'extrémité,  et  que  les  splendides  figures  de  Jean  Goujon  ont 
rendue  si  célèbre ,  semble  avoir  été  imaginée  dans  le  dessein  d'y  placer  des  musi- 
ciens (3>;  elle  communiquait  avec  le  grand  escalier  par  une  petite  baie  qui  a  été 
rétrécie  et  a  subi  quelques  remaniements.  La  troisième  division  de  l'aile ,  répon- 
dant au  troisième  avant-corps  (B),  ne  comprenait,  au  rez-de-chaussée,  qu'une 
pièce  allongée  terminée  en  hémicycle,  qu'on  appelait  le  Tribunal;  elle  était  munie 
d'une  cheminée  et  exhaussée  de  cinq  ou  six  marches  sur  la  grande  salle  basse, 
dont  rien  ne  la  séparait'4.  Au-dessus  du  Tribunal,  il  y  avait  deux  pièces  formant 
les  antichambres  du  Roi,  lesquelles,  en  1G60,  ne  composaient  plus  qu'une  seule 
pièce,  le  mur  de  refend  ayant  été  supprimé.  Le  compte  de  1 557  énonce  ^es  tra- 
vaux de  sculpture,  et  celui  de  1 558,  les  travaux  de  peinture  qui  y  furent  faits, 
ainsi  qu'à  ttla  chambre  du  Roy,  a  renfermée  dans  le  gros  pavillon  d'angle  <5). 

(l)  Cette  fenêtre  a  ensuite  été  supprimée  et  rem-  on  ne  voit  point  quelle  poutre  de  celte  dernière  au- 

placée  par  deux  autres.  —  A  propos  des  fenêtres  rait  pu  servir  à  une  pareille  exécution ,  si ,  à  la  place 

du  Louvre,  il  convient  de  faire  observer  qu'elles  d'un  plafond  de  bois,  il  y  avait  une  voûte  de  pierre, 

étaient  toutes  divisées  en  six  jours  ou  comparti-  Au  reste  la  planche  de  Du  Cerceau  représentant 

ments  par  trois  meneaux  en  pierre,  un  vertical  et  le  Tribunal  implique  un  plafond  plat,  et  exclut  la 

deux  horizontaux.  Les  meneaux  de  plusieurs  fe-  possibilité  d'une  voûte  comme  celle  que  nous  voyons, 
nôtres  du  gros  pavillon  de  Henri  II  subsistaient  en-  (,1)  Des  tribunes  analogues  existaient  dans  d'au- 

core  au  commencement  de  ce  siècle.  très  châteaux  de  la  même  époque. 

(,)  Le  texte  du  compte  de  1 558  et  la  manière  (4)  rrLa  salle  du  Conseil ,  joignant  ladite  grande 
peu  heureuse  dont  la  voûte  de  la  salle  des  Carya-  «  salle  du  bal ,  «  et  dont  il  est  question  dans  le  compte 
tides  est  disposée,  nous  font  croire  que  la  salle  n'était  de  1 558,  doit  se  confondre  soit  avec  celle  du  Tri- 
point  destinée  d'abord  à  être  voûtée  en  pierre.  On  hunal,  soit  plutôt  avec  la  plus  grande  pièce  de  l'étage 
lit  dans  le  Journal  de  Lestoile,  que  Louschart  et  inférieur  du  gros  pavillon. 
ses  complices  furent  pendus  (le  h  décembre  i5qi)  (5)  Nous  n'avons  rien  trouvé  sur  la  destination  de 
ta  une  poutre  de  la  salle  basse,  i  laquelle  salle  basse  l'étage  en  attique;  il  devait  servir  de  logement  à  di- 
a  toujours  été  prise  pour  celle  des  Caryatides.  Or  vers  officiers  de  la  maison  du  Roi. 


230  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Le  gros  ou  «  grand  pavillon  t>  était  spécialement  consacré  au  logement  de  Henri  II  ; 
aussi  le  nommait-on  le  pavillon  du  Roi.  Au  rez-de-chaussée,  il  contenait  deux  pièces 
d'inégale  grandeur  ;  la  plus  petite ,  dans  l'encoignure  de  laquelle  se  trouvait  un 
escalier,  était  séparée  de  l'autre  par  un  mur  de  refend  se  dirigeant  du  nord  au 
sud.  A  l'étage  supérieur,  l'agencement  se  répétait,  et  des  deux  pièces,  la  moins 
vaste  (E),  plus  rapprochée  des  appartements  de  la  Reine,  servait  de  chambre  à 
coucher.  Sous  Henri  IV,  l'alcôve,  fermée  par  une  balustrade,  se  trouvait  au  fond, 
en  face  de  la  fenêtre ,  à  l'endroit  où ,  sur  le  plan  de  Du  Cerceau ,  est  indiqué  un 
escalier.  L'autre  pièce  (D),  qui  avait  vue  à  la  fois  sur  la  Seine  et  sur  la  basse-cour 
occidentale,  était  dite  «  la  chambre  du  Roy.  n  Elle  était  décorée  de  riches  sculptures 
sur  bois,  et  Sauvai,  qui  l'appelle  la  Chambre  de  parade,  rapporte  que  quelques- 
uns  de  ses  contemporaiens  en  attribuaient  les  dessins  au  Primatice ,  opinion  pro- 
bablement fausse;  car  il  ne  semble  point  que,  du  vivant  de  Lescot,  rien  ait  été  fait 
au  Louvre  en  dehors  de  sa  direction,  «  Rolland  Maillart,  ajoute-t-il,  Riart  grand- 
«père,  les  Hardouyns,  Francisque  (Serbecq)  et  maître  Ponce,  ont  contribué  à  la 
«perfection  de  cette  chambre.  Ils  se  sont  efforcés  à  l'envi  de  bien  dessiner  et  finir 
«tous  les  ornemens  qu'ils  ont  sculptés  sur  les  plafonds,  les  lambris,  les  portes  et 
(des  embrasemens  des  croisées;  et  de  plus  rien  n'est  oublié  pour  garantir  ces  belles 
a  choses  de  la  corruption,  afin  de  se  rendre  immortels  par  la  durée  d'un  si  mer- 
«veilleux  ouvrage.  Le  bois  en  est  si  bien  préparé  que,  depuis  un  siècle,  il  est  en- 
«core  aussi  sain  que  s'il  venoit  d'être  mis  en  œuvre.  Il  est  joint  et  enclavé  avec 
«  tant  d'industrie  qu'on  le  démonte  et  nettoyé  quand  il  est  terni  par  la  poussière  W. 
«Le  plafond  n'est  point  offusqué  d'une  confusion  de  ces  peintures,  de  ces  stucs,  ni 
«  de  ces  renfoncemens  mal  placés ,  dont  nos  modernes  gâtent  les  plus  belles  cham- 
«bres,  et  dont  ils  fascinent  les  yeux  du  peuple  et  des  simples.  On  n'y  a  point  fait 
«entrer  d'autre  matière  que  du  tillau  et  du  noyer  peints  avec  du  vernis  et  de  la 
«colle,  et  rehaussés  avec  de  l'or  moulu;  et  cette  colle  et  cet  or  ont  été  couchés 
«  et  disposés  d'une  façon  si  ingénieuse  et  si  extraordinaire ,  qu'il  semble  de  prime 
«abord  que  ce  plafond  soit  une  grande  pièce  de  bronze,  où  l'on  ait  épargné  tous 
«les  enrichissemens  que  chacun  admire.  H  consiste  en  plusieurs  compartimens 
«ronds,  quarrés-longs,  ordonnés  avec  beaucoup  d'esprit  et  de  symmétrie;  mais 
«surtout  si  bien  proportionnés  au  lieu  et  à  la  vue,  qu'il  ne  se  peut  rien  voir  en 
«ce  genre,  ni  de  plus  savant  ni  de  mieux  conçu  et  exécuté.  Du  centre  sortent  les 
«armoiries  de  France,  foulant  un  grand  monceau  de  casques,  d'épées,  de  lances, 
«de  masses,  de  coutelas,  de  piques  embarrassées  les  unes  dans  les  autres,  avec 
«autant  d'ordre  que  de  confusion.  De  toutes  parts  ce  ne  sont  que  boucliers,  cui- 
«rasses,  épieux,  corselets,  hallebardes,  trophées,  qui  semblent  rendre  hommage 

(1)  Ce  renseignement  est  controuvé. 


LE  LOUVRE  SOUS  HENRI  IL  231 

te  à  ces  fleurs  de  lys  victorieuses.  Ces  armes  sont  de  tous  les  siècles,  de  toute  taille, 
«de  tout  âge,  de  toutes  formes  :  délicates,  grossières,  belles,  extravagantes  et 
«  chargées  de  basses-tailles  pincées  et  bien  finies.  Les  portes,  les  lambris  et  les 
tt  embrasemens  des  croisées  sont  de  la  même  force ,  de  la  même  manière ,  et  enrichis 
«des  mêmes  ornemens.  A  la  vérité,  les  gens  du  métier  disent  que  les  basses-tailles 
r  qu'on  voit  aux  embrasemens  des  croisées  qui  regardent  la  rivière  ne  sont  pas  si 
miettes  que  les  autres;  mais,  en  revanche,  ils  admirent  aux  portes  le  dessin  et  la 
« tendresse  des  demi-reliefs  :  les  uns  y  considèrent  avec  étonnement  deux  vipères; 
«rieurs  écailles  sont  si  délicates  et  si  serrées,  leur  corps  si  grêle  et  si  naturel,  que 
et  les  savans  prétendent  que,  pour  rendre  un  ouvrage  aussi  achevé,  il  ne  faut  pas 
« avoir  vu  seulement  quantité  de  vipères,  mais  les  avoir  tournées  et  maniées  bien 
«des  fois.  D'autres  ne  sauroient  se  lasser  de  contempler  deux  centaures  qui  ga- 
«loppent,  aussi  bien  que  deux  Neptunes  qui  domptent  des  chevaux  marins.  Ils  y 
r  admirent  le  caprice  et  l'invention  du  sculpteur,  qui  leur  fait  voir  d'un  seul  en- 
ft  droit  toutes  les  mêmes  choses  qu'on  ne  peut  découvrir  sur  les  rondes-bosses 
r; qu'après  avoir  changé  plusieurs  fois  de  jour,  de  place  et  de  vue.  En  effet,  il  a 
replanté  et  taillé  si  industrieusement  ces  deux  centaures  vis-à-vis  l'un  de  l'autre, 
«et  tout  de  même  ces  deux  Neptunes  qui  domptent  des  chevaux  marins,  que  d'une 
ttseule  vue  on  en  aperçoit  le  devant,  les  côtés  et  les  épaules;  joint  que  les  parties 
ce  de  leurs  corps  qui  semblent  cachées  dans  l'épaisseur  d'un  des  battans  de  la  porte 
«se  voient  clairement  dans  l'autre.  Enfin  tous  les  ornemens  en  sont  recherchés 
«avec  tant  d'amour  et  de  peine  que  les  yeux  et  l'esprit  s'égarent  et  se  croyent 
«  enchantés  d'y  rencontrer  tant  de  merveilles.  Si  bien  qu'une  chambre  si  accomplie 
«ne  sauroit  être  comparée  qu'à  elle-même.  Elle  possède  tout  ce  que  les  sculpteurs 
«et  les  menuisiers  ont  jamais  fait  de  plus  admirable  :  et  c'est  sans  flatterie  qu'on 
«  la  peut  appeler  le  chef-d'œuvre  de  l'art  et  de  l'adresse  des  hommes,  n  Sauvai 
termine  cette  élogieuse  description  en  vantant  les  qualités  acoustiques  de  la  pièce, 
et  affirmant  qu'au  dire  des  musiciens  il  n'y  avait  point  dans  tout  Paris  «de  lieu 
«  plus  propre  à  la  musique  douce  W.  n  Avec  les  débris  des  boiseries  de  la  chambre 


(1)  T.  II,  p.  35.  Dans  une  autre  partie  de  son 
ouvrage  (t.  III,  p.  19),  Sauvai  revient  sur  la  valeur 
des  boiseries  de  la  chambre  du  Roi ,  et  dit  :  ir  J'ai  vu 
rret  parcouru  tous  les  beaux  lieux  d'Angleterre,  des 
it dix-sept  provinces  et  de  toute  la  France;  mais  je 
it  puis  assurer  qu'il  n'y  a  point  de  plafonds  dans  tous 
trees  pays-là  qui  approchent  de  la  beauté  de  celui- 
-ci. Barcelonne,  où  sont  les  plus  magnifiques  que 
t  j'ai  vus ,  n'a  rien  qui  ne  soit  bien  au-dessous.  Les 
tintelligens,  qui  ont  été  curieux  de  voir  en  Italie 
"tout  ce  qu'il  y  a  de  heau,  qu'un  illustre  de  notre 
-temps  appelle  le  pays  des  belles  choses,  avouent 


^qu'ils  n'en  ont  vu  aucun  qui  ne  soit  fort  inférieur 
rrà  celui-ci,  et  pour  la  beauté  et  pour  l'ordonnance.  » 
Il  dit  encore:  ffLa  corniche  et  la  frise  sont  très- 
"  riches  et  très-bien  entendues.  La  corniche  estsou- 
f  tenue  de  consoles  liées  les  unes  avec  les  autres  par 
rrdes  festons  admirables...  et  toutes  ces  merveilles 
nsont  renfermées  dans  un  espace  de  quatre  toises 
iren  carré.  Ji  Ce  dernier  détail  n'est  point  fort  exact: 
des  plans  cotés  établissent  que  la  Chambre  du  Roi 
avait  cinq  toises  un  pied  sept  pouees  de  largeur  dans 
le  sens  du  nord  au  sud,  et  environ  un  pied  de  plus 
dans  l'autre  direction. 


232  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

de  parade,  on  a  décoré,  de  nos  jours,  une  pièce  du  Musée  des  souverains.  On  y 
reconnaît  le  trophée  du  plafond,  les  fameuses  vipères  et  plusieurs  détails  exaltés 
par  Sauvai. 

Les  travaux  de  maçonnerie  du  nouveau  Louvre  furent  exécutés  avec  un  soin 
extrême.  On  les  confia,  sans  doute  dès  l'origine,  et  sûrement  depuis  1 555  jus- 
qu'en 1 568  au  moins,  à  deux  entrepreneurs  ou  maîtres  maçons,  Guillaume  Guillain 
et  Pierre  de  Saint-Quentin.  D'après  certains  comptes  de  Saint-Germain-l'Auxerrois, 
Pierre  de  Saint-Quentin  fut  aussi  l'entrepreneur  du  jubé  de  cette  église,  vers  1 562, 
sous  la  direction  de  Lescot.  Il  possédait,  rue  Saint-Pierre-Montmartre ,  un  chantier 
dont  hérita  Marguerite  de  Saint-Quentin,  sa  fille,  laquelle,  on  le  verra  plus  loin, 
épousa  l'architecte  de  la  Petite-Galerie.  Guillaume  Guillain,  qui  vivait  encore 
en  i582,  était  maître  des  œuvres  de  maçonnerie  et  de  pavement  de  la  Ville  de 
Paris,  et,  de  plus,  juré  du  Roi  en  l'office  de  maçonnerie,  ce  qui  fait  que  son  nom 
est  fréquemment  mêlé  aux  travaux  de  construction  des  bâtiments  royaux  M.  Quant 
aux  autres  artistes  qui,  du  temps  de  Henri  II,  aidèrent  Lescot  dans  sa  grande 
œuvre,  et  ne  nous  sont  point  restés  inconnus,  ce  sont  les  peintres  Louis  LeBrueil, 
Jean  Du  Brueil,  Jean  Testart,  Thomas,  Le  Plastrier  et  Jean  Le  Jeune;  le  mouleur 
Roger  de  Simonieulx;  les  menuisiers  ou  sculpteurs  sur  bois  Raoullant  Maillard, 
Riolle  Richard  ou  Richault,  ainsi  que  le  Florentin  Francisque  Scibecqou  Serbecq, 
dit  de  Carpy  ou  Scarphy;  puis,  si  Sauvai  dit  vrai,  les  Hardouin,  Biart  grand-père'2' 
et  un  Me  Ponce,  que  nous  croirions  être  Ponce  Jacquiau^  plutôt  que  Paul-Ponce 
Trebatti;  enfin  le  sculpteur  Etienne  Cramoy,  et,  au-dessus  de  tous  ces  artistes, 
Jean  Goujon. 

Jean  Goujon,  regardé  à  juste  titre  comme  le  plus  célèbre  sculpteur  français, 
n'est  guère  connu,  malgré  la  popularité  de  son  nom,  que  par  un  petit  nombre 
de  ses  œuvres.  Sa  vie  demeure  enveloppée  d'un  nuage  impénétrable,  et  tous  les 
efforts  faits  de  nos  jours  pour  dégager  de  l'obscurité  les  principaux  événements  de 
sa  laborieuse  existence  ont  à  peine  abouti  à  en  révéler  quelques  détails.  Comme 
c'est  en  Normandie  qu'il  nous  apparaît  d'abord,  on  a  cru  longtemps  qu'il  était 
originaire  de  ce  pays;  on  l'a  fait  naître  à  Rouen,  à  Alençon  et,  en  dernier  lieu,  à 


(1)  Guillaume  Guillain  fut  enlerré  h  Saint-Ger- 
vais.  Il  avail  un  parent,  Simon  Guillain,  qui  était 
trésorier  des  bâtiments  du  roi  en  1 55g ,  et  dont  le 
nom  réapparaît  encore  en  i58i. 

{,)  C'est-à-dire  le  père  de  Pierre  Biart,  dont  le 
fils  était  contemporain  de  Sauvai,  et  dont  nous  au- 
rons occasion  de  reparler.  Biart  grand-père  doit  être 
le  même  que  Noël  Biart,  qui  figure  dans  un  compte 
de  i5G8.  Il  pourrait  descendre  de  Colin  Byart, 
maître  maçon  à  Blois ,  qui  fut  employé  au  château 


de  Gaillon  dans  les  premières  années  du  xvi'  siècle, 
et  travailla,  dit-on,  au  pont  Notre-Dame  de  Paris. 
Nous  avons  vu  qu'en  i55o  le  connétable  de  Mont- 
morency avait  pour  rr  maçon  s  un  certain  rt  Charles 
rrBillart,»  aussi  probablement  membre  de  cette  fa- 
mille. 

(3)  Alias  Jacquineo,  Jacquinot  et  Jacquio.  Jac- 
quiau  fut  employé  comme  sculpteur  au  tombeau 
de  Henri  II,  et  au  monument  destiné  à  contenir  le 
cœur  de  ce  prince. 


LE  LOUVRE  SOUS  HENRI  II.  233 

Saint-Laurent-de-Condéel ,  près  de  Falaise.  Mais  ces  hypothèses  ne  reposent  abso- 
lument que  sur  des  rapprochements  de  noms  ou  sur  certains  travaux  qu'on  s'est 
plu  gratuitement  à  lui  attribuer,  sans  produire  à  l'appui  aucun  document  sérieux. 
En  outre,  une  découverte  récente  semble  trancher  définitivement  la  question.  Dans 
un  recueil  de  portraits  sans  date,  mais  qui  doit  être  à  peu  près  contemporain  de 
Jean  Goujon  W,  celui-ci  serait  qualifié  de  a  Parisien;  a  on  peut  donc  le  regarder 
comme  tel,  jusqu'à  démonstration  du  contraire. 

Qui  fut  le  maître  de  Jean  Goujon?  Rien  ne  le  laisse  soupçonner.  On  a  supposé 
qu'il  avait  dû  aller  en  Italie  pour  étudier  l'art  antique;  mais  cela  est  médiocre- 
ment présumable,  car,  s'il  eût  entrepris  un  pareil  voyage,  il  n'aurait  sans  doute 
pas  manqué  de  nous  en  informer  dans  cette  sorte  d'épître  qu'il  nous  a  laissée  ®, 
et  où  il  eût  été  naturel  de  faire  allusion  à  ses  pérégrinations  ultramontaines.  Cette 
épître  réfute  d'ailleurs  une  erreur  qu'on  a  tenté  d'accréditer  sur  son  compte,  à 
savoir  qu'il  n'était  pas  lettré,  parce  qu'il  existe  une  quittance  faite  en  son  nom, 
mais  qui  n'est  point  signée  de  lui'3'.  Bien  loin  de  là,  tout  porte  à  croire  que 
l'éducation  de  Jean  Goujon  ne  fut  point  négligée  et  qu'elle  le  mit  en  état  d'uti- 
liser les  recherches  faites  de  son  temps  sur  l'antiquité  et  ses  monuments,  dont  la 
connaissance  lui  était  évidemment  familière. 

On  n'a  encore  signalé  aucune  mention  authentique  de  Jean  Goujon  antérieure 
à  celle  que  fournissent  les  archives  de  la  fabrique  de  Saint-Maclou  de  Rouen  ;  nous 
y  apprenons  qu'il  exécuta  pour  cette  église,  l'an  ihko-lii,  le  dessin  des  colonnes 
qui  soutiennent  les  orgues,  et  d'autres  travaux.  Dans  les  archives  de  la  cathédrale 
de  Rouen,  on  trouve  un  compte  de  i5ii-42,  où  il  est  appelé  tr  tailleur  de  pierres 
a  et  masson,  n  et  indiqué  comme  ayant  fait  la  statue  de  l'archevêque  Georges  d'Am- 
boise-Bussy,  au  tombeau  du  cardinal,  oncle  de  ce  dernier W.  On  le  retrouve  en- 
suite (5),  et  dès  l'année  suivante,  travaillant  au  jubé  de  Saint-Germain-l'Auxerrois , 
à  Paris,  comme  <r tailleur  d'ymages,n  sous  la  direction  de  Pierre  Lescot,  qui  était 
sans  doute  son  ami  et  auquel  il  devait  rester  longtemps  associé.  Vers  i544,  il 
ornait  de  ses  sculptures  le  château  que  Bullant  élevait  à  Écouen,  pour  le  con- 


(1)  Il  est  intitulé  :  Briefs  éloges  des  hommes  illus- 
tres desquels  les  pourtraits  sont  icy  représentés ,  par 
Gabr.  Michel  Angevin ,  advocat  au  parlement  ;  sans 
lieu  ni  date.  Ce  recueil  a  été  indiqué  par  M.  Fer- 
dinand Denis  à  MM.  Haag  (voir  art.  /.  Goujon,  de 
la  France  protestante)  ;  mais  on  ne  peut  le  retrouver, 
et  conséquemment  nous  ne  l'avons  point  vu,  de 
sorte  que  nous  devons  laisser  à  qui  de  droit  toute 
la  responsabilité  de    assertion. 

m  Elle  commence  ainsi,  juan  govion,  stvdievx 

tfD'ARCHITECTVRE,  AVX  LECTEVRS,  SALVT,  »  et  Se  trouve 


à  la  suite  de  la  traduction  de  Vitruve,  par  Jean 
Martin,  petit  in-folio,  imprimé  h  Paris  en  thij,  et 
orné  de  dessins  sur  bois,  dont  la  plupart  sont  de 
la  main  de  J.  Goujon  lui-même.  L'épltre  en  question 
est  le  seul  écrit  de  lui  qui  nous  soit  parvenu. 

m  Nous  en  donnons  le  texte  p.  ai  a. 

(4>  A.  Deville,  Tombeaux  de  la  cathédrale  de 
Rouen,  p.  ia6. 

(S)  Grâce  à  une  heureuse  découverte  de  M.  le 
comte  de  Laborde.  (Conf.  Mémoires  et  dissertations 
du  même  auteur,  p.  3oa  et  suiv.) 

3o 


234  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

nétable  Aune  de  Montmorency,  et,  en  1 5 ù 7 ,  il  comptait  déjà  parmi  les  architectes 
de  Henri  II,  puisque  Jean  Martin,  dans  la  dédicace  de  la  traduction  de  Vitruve 
qu'il  publia  alors,  s'adressant  au  Roi,  lui  dit  que  cette  traduction  est  ttenrichye 
«de  figures  nouvelles  concernantes  l'art  de  la  massonnerie,  par  maistre  Jehan  Gou- 
ctjon,  n'aguères  architecte  de  monseigneur  le  Connestable  et  maintenant  l'un  des 
rr  vostres.  t>  Ce  titre  d'architecte  du  roi ,  qui  ne  figure  pas  dans  les  comptes  du  Louvre , 
et  que  Jean  Goujon  mérita  probablement  plus  encore  par  des  travaux  d'ornemen- 
tation et  de  statuaire  monumentale  que  par  des  travaux  de  construction  propre 
ment  dite,  il  put  le  devoir  au  Connétable,  rentré  en  grâce;  il  le  dut  peut-être 
davantage  à  Lescot,  qui,  ayant  eu  précédemment  l'occasion  de  reconnaître  le 
talent  de  Jean  Goujon,  devait  être  désireux  de  s'assurer  de  nouveau  son  concours 
et  l'obtint  effectivement. 

Cependant  les  magnifiques  bas-reliefs,  les  statues,  et  les  autres  sujets  de  déco- 
ration dont  Jean  Goujon  enrichit  le  nouveau  Louvre,  ne  l'absorbèrent  pas  telle- 
ment qu'il  ne  fît  simultanément,  et  pour  divers  édifices,  quantité  d'ouvrages  ana- 
logues, y  compris  plusieurs  figures  en  ronde-bosse.  Il  illustra  ainsi  de  son  ciseau 
la  fontaine  des  Nymphes  (des  Innocents),  l'an  i55o,  le  château  d'Anet,  vers 
1 553,  et  un  grand  nombre  d'autres  édifices  dont  aucun,  malheureusement,  n'est 
indiqué  par  des  documents  de  l'époque,  Quelques-uns  de  ses  travaux,  il  est  vrai, 
ont  été  signalés,  un  siècle  plus  tard,  par  des  écrivains  dont  la  véracité  est  sou- 
vent justifiée;  mais  aussi  combien  d'œuvres  douteuses,  et  même  indignes  du  grand 
artiste,  lui  ont  été  inconsidérément  attribuées!  Quoi  qu'il  en  soit,  si  l'on  songe 
à  la  foule  de  celles  qui  doivent  être  disparues,  il  faut  admettre  que  Jean  Goujon 
possédait  la  plus  heureuse  fécondité  d'imagination,  et  que  sa  vie  a  été  admirable- 
ment remplie.  Du  reste  il  est  certain  que  son  talent  a  été  apprécié  par  ses  con- 
temporains et  récompensé  par  une  réputation  brillante  :  dans  YEpitome  de  Vitruve , 
publié  à  Toulouse  en  1 556,  Jean  Goujon  est  qualifié  de  a  sculpteur  et  architecte 
«de  grand  bruit  W.» 

Jean  Goujon  passe  pour  avoir  professé  la  religion  réformée,  comme  les  Du  Cer- 
ceau, Jean  Cousin,  Bernard  Palissy  et  d'autres  artistes  célèbres  de  la  même 
période.  Le  fait  est  vraisemblable;  mais  il  n'est  point  formellement  établi.  Il  est 
encore  bien  moins  sûr  que  Jean  Goujon  ait  été  tué,  comme  huguenot,  le  jour 
de  la  Saint-Barthélémy,  ainsi  qu'on  l'admet  généralement,  d'après  une  tradi- 
tion dont  personne  n'a  réussi  à  trouver  l'origine.  De  cette  mort  violente  de  Jean 
Goujon,  il  n'existe  aucune  preuve  et  il  n'y  a  même  point  de  présomptions  en 

(1)  Epitome  ou  extrait  abrégé  des  dix  livres  d'ar-  aux  lecteurs  de  la  traduction  de  Vitruve,  nomme 

chitecture  de  Marc  Vitruve  Pollion,  par  Jan  Gardel,  Jean  Goujon  en  même  temps  que  plusieurs  autres 

Bourbonnois,  et  Dominique  Berlin,  Parisien;  in-8°,  maîtres,  qu'il  qualifie  de  rrexcellens  personnages 

Toulouse,  i556.  Jean  Martin,  dans  l'avertissement  rrdijjnes  de  l'immortalité. » 


LE  LOUVRE  SOUS  HENRI  IL  235 

dehors  de  l'opinion  commune,  si  souvent  en  défaut.  On  a  fait  observer  avec  raison 
que,  si  Jean  Goujon  avait  réellement  été  une  des  victimes  du  massacre  de  1672, 
il  serait  presque  inconcevable  que  son  nom  ne  fût  pas  inscrit  dans  les  martyrologes 
protestants,  où  abondent  les  noms  obscurs.  Répondre  à  cela  que  Jean  Goujon 
n'ayant  point  encore,  de  son  temps,  l'immense  célébrité  que  la  postérité  lui  a  faite, 
il  a  pu  disparaître  sans  que  sa  mort  causât  une  bien  vive  impression  parmi  ses 
coreligionnaires  frappés  de  stupeur,  c'est  s'appuyer  sur  un  argument  dont  la  base 
manque  de  solidité;  car,  ainsi  que  nous  l'avons  dit,  Jean  Goujon  jouissait,  de  son 
vivant,  d'une  réputation  considérable.  Ceux  qui  soutiennent  que  Jean  Goujon 
périt  à  la  Saint-Barthélémy  devraient,  avant  tout,  démontrer  qu'il  a  vécu  jusqu'au 
jour  de  ce  triste  événement,  circonstance  fort  hypothétique.  Ce  qui  est  hors  de 
contestation ,  c'est  que ,  remplacé  par  d'autres  artistes ,  il  cesse  d'apparaître  dans  les 
comptes  du  Louvre  immédiatement  après  l'année  i56i-i562,  où  il  est  fait  mention 
de  lui  pour  la  dernière  fois.  Pourquoi  ce  silence?  Jean  Goujon,  qui  ne  pouvait 
alors  être  âgé  de  moins  de  cinquante  ans ,  mourut-il  naturellement  à  cette  époque? 
aurait-il  été  disgracié?  Pour  le  moment  il  n'y  a,  sur  cette  matière,  que  des  con- 
jectures à  présenter;  nous  nous  bornerons  à  attirer  l'attention  sur  un  fait  très- 
singulier  et  fort  peu  connu  :  on  perd  toute  trace  irrécusable  de  Jean  Goujon,  le 
sculpteur,  l'année  même  où  son  homonyme  Jean  Goujon,  de  Troyes,  ouvrier  en 
laine,  subit  le  dernier  supplice  pour  cause  d'hérésie  W, 

G.  Brice,  après  avoir  dit  que  les  sculptures  de  la  cour  du  Louvre  sont  dues  à 
Jean  Goujon,  ajoute  :  «Cependant  on  voit  qu'il  y  a  dans  l'attique  quelque  chose 
«  de  Paul-Ponce,  a  Telle  est  l'origine  de  l'assertion,  tant  répétée  depuis,  que  Paul- 
Ponce  Trebatti  avait  été  le  collaborateur  de  Jean  Goujon  au  Louvre;  mais  cette 
assertion  est  d'une  exactitude  contestable,  et  jusqu'à  production  d'un  document 
affirmatif,  que  nous  avons  cherché  sans  succès,  il  y  aura  impossibilité  de  trancher 
la  question.  Rien  ne  s'oppose  toutefois  à  ce  qu'on  examine  de  quel  côté  sont  les 
probabilités. 

Ni  avant  ni  après  la  disparition  de  Jean  Goujon,  il  n'est  parlé  de  Paul-Ponce 
dans  les  comptes  que  nous  possédons,  et  il  en  était  apparemment  de  même  dans 
ceux  que  nous  n'avons  plus,  puisque  Sauvai ,  qui  avait  vu  ces  derniers  et  qui  nomme 
si  souvent  Paul-Ponce  à  propos  d'autres  édifices,  n'en  dit,  au  contraire ,  pas  un  mot 
à  l'occasion  des  sculptures  de  la  cour  du  Louvre  W,  sur  lesquelles  il  s'étend  assez 
longuement  et  qu'il  attribue  uniquement  à  Jean  Goujon.  Convient-il  d'admettre 

(l)  Le  5  décembre  1 56a,  d'après  le  Martyrologe  maître  Ponce  dont  il  parle  soit  autre  que  Ponce 
de  Grespin,  cité  par  MM.  Haag.  Jacquiau.  Nous  ne  serions  nullement  surpris  qu'il 

(,)  Il  ne  lui  prête  qu'une  part  dans  l'exécution  y  eût  confusion  de  noms  à  propos  des  sculpteurs 
des  boiseries  de  la  Chambre  de  parade,  et  encore,  de  l'attique;  le  rôle  des  artistes  italiens  en  France, 
nous  l'avons  dit,   n'est-on  point  certain  que  le        au  xvi'  siècle,  a  été  singulièrement  surfait. 

3o. 


236  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

que  si  Paul-Ponce  ne  figure  point  dans  les  comptes,  c'est  parce  qu'il  était  sous 
les  ordres  de  Jean  Goujon,  entrepreneur  de  la  sculpture  du  château,  et  le  seul, 
par  conséquent,  que  le  payeur  eût  à  mentionner  sur  ses  états?  Gela  n'est  pas  vrai- 
semblable, car,  dans  le  compte  de  1 557,  outre  l'article  consacré  à  Jean  Goujon,  on 
en  rencontre  un  autre  consacré  à  Cramoy  et  également  relatif  à  des  œuvres  de 
sculpture.  Il  n'y  a  point  non  plus  de  raison  pour  croire  que  Trebatti  avait  moins 
de  vanité  que  les  autres  Italiens  ses  collègues,  et  qu'il  consentait  à  subir  une  di- 
rection. 

Ordinairement,  dans  les  problèmes  du  genre  de  celui  que  nous  soulevons  ici,  on 
dispose  d'une  grande  ressource,  la  comparaison  entre  les  manières  des  différents 
maîtres;  mais  avec  les  sculptures  du  Louvre,  monument  dont  l'histoire  est  cons- 
tamment d'une  difficulté  tout  exceptionnelle,  la  comparaison  est  impossible  :  les 
œuvres  de  Paul-Ponce  ne  sont  pas  connues,  et  celles  de  Jean  Goujon  le  sont,  en 
réalité,  fort  mal. 

On  peut  toutefois  y  discerner  deux  styles  assez  distincts  pour  rendre  très-cir- 
conspect à  l'endroit  des  déductions  à  en  tirer  :  par  exemple,  les  figures  en  bas- 
relief  de  la  porte  du  grand  escalier  ne  donnent  guère  à  prévoir  les  Caryatides.  Il 
est  manifeste  que,  entre  les  premières,  si  élégantes,  si  finement  dessinées,  si  mé- 
plates, et  les  figures  maniérées,  lourdes  et  très-saillantes  de  l'attique,  il  existe  une 
dissemblance  de  caractère  extrêmement  sensible  au  premier  abord;  mais  cette 
dissemblance,  lorsqu'on  l'étudié,  perd  en  partie  son  importance,  car  on  observe 
que  la  rondeur  des  bas-reliefs  de  l'attique  décèle  plutôt  un  système  adopté  en  vue 
de  la  perspective,  que  le  faire  d'une  main  étrangère.  Quant  aux  poses  affectées 
des  figures  et  à  leurs  disproportions  avec  les  parties  voisines,  ce  sont  des  défauts 
qu'on  retrouve  dans  d'autres  compositions  de  Jean  Goujon,  telles  que  les  dessins 
du  Vitruve  de  Jean  Martin,  les  statues  d'apôtres  d'Écouen,  etc.  Enfin  l'ampleur 
de  formes,  qui  étonne  dans  les  figures  de  l'attique,  ne  semble  être  qu'une  exagé- 
ration de  celle  qu'on  constate  dans  les  Caryatides. 

11  est  donc  excessivement  douteux  que  Paul-Ponce  ait  travaillé  au  Louvre  avec 
Jean  Goujon;  mais  il  est  moins  contraire  aux  vraisemblances  que,  après  l'année 
1 56a  ,  époque  où  la  décoration  était  déjà  confiée  à  plusieurs  sculpteurs,  Paul-Ponce 
ait  pris  part  aux  travaux,  puisqu'on  assure  que,  vers  1 566,  il  était  occupé  aux 
Tuileries,  sous  les  yeux  de  la  Reine  mère,  à  qui  sa  qualité  d'Italien  devait  le  recom- 
mander. Dans  ce  cas,  l'attique  à  la  décoration  duquel  aurait  contribué  Paul-Ponce 
ne  serait  pas  celui  de  l'aile  occidentale  achevée  en  i556,  mais  celui  de  l'aile  mé- 
ridionale, détruit  aujourd'hui.  Les  fragments  de  sculptures  qui  en  proviennent (1) 


(1)  Les  uns  ont  été  encastrés  au-dessus  des  portes  d'entrée  des  musées  d'antiquités  égyptiennes  et  as- 
syriennes, sous  le  vestibule  de  la  colonnade;  les  autres  sont  à  l'École  des  Beaux-Arts. 


LE  LOUVRE  SOUS  HENRI  II.  237 

n'aident  aucunement  à  éclairer  la  question  que  nous  voudrions  résoudre,  car  ils 
présentent  la  plus  grande  analogie  avec  les  bas-reliefs  de  l'attique  occidental.  Nous 
ne  pensons  point,  au  surplus,  que  cette  circonstance  ait  une  grande  portée  :  la 
décoration  du  Louvre  a  dû,  en  effet,  être  poursuivie,  après  la  mort  de  Jean  Goujon, 
sur  des  dessins  qu'il  avait  composés  W,  et  si  Paul-Ponce  a  été  mêlé  aux  artistes  qui 
les  traduisirent  avec  le  ciseau,  on  n'a  laissé  ni  à  lui,  ni  à  un  autre,  la  faculté  de 
s'en  éloigner  pour  suivre  ses  propres  inspirations. 

Avant  de  donner  les  quelques  comptes  qui  nous  restent  touchant  les  travaux  du 
Louvre  sous  le  règne  de  Henri  II,  il  est  bon  de  prévenir  que,  pendant  le  xvie  siècle, 
«le  bastiment  neuffi  et  le  «  vieil  bastimentn  furent  toujours  considérés  comme  des 
édifices  absolument  distincts,  ayant  chacun  ses  ouvriers,  son  architecte  et  même 
son  comptable.  Les  travaux  du  nouveau  Louvre,  depuis  la  nomination  de  Lescot, 
furent  constamment  ordonnés  et  conduits  par  lui;  mais  ils  furent  soldés  par  divers 
individus,  dont  les  uns  furent  payeurs  spéciaux,  et  les  autres  payeurs  des  deux 
constructions  à  la  fois.  Parmi  les  comptables  spéciaux  du  nouveau  Louvre,  nous 
trouvons  Alain  Veau,  receveur  général  des  finances  à  Paris,  nommé  le  icr  février 
1567,  et  avant  lui  Etienne  Grand-Remy <2),  nommé  le  19  septembre  1662,  eu 
remplacement  de  Jean  Durant,  condamné  par  arrêt  du  parlement  du  6  août  pré- 
cédent. Jean  Durant  avait  été  appointé  le  7  avril  1 556  et  administrait  encore  les 
dépenses  des  deux  Louvres  en  i56i  ;  mais,  après  cette  année,  il  n'eut  plus  à  s'oc- 
cuper que  du  nouveau,  dont  il  était  toujours  payeur  en  1 568,  et  dans  les  comptes 
duquel  il  paraît  être  remplacé  en  1 56g  par  Pierre  Regnaut.  Avant  Jean  Durant, 
le  payeur  général  était  Mc  Jacques  Michel,  nommé,  le  1 3  février  1 555,  au  lieu  et 
place  de  feu  Jean  Gelée.  Plus  anciennement,  c'était  Pierre  Des  Hôtels  qui,  le  22  no- 
vembre i539,  reçut  1,200  livres  de  gages  à  cause  de  sa  charge  de  contrôleur  et 
conducteur  des  bâtiments  du  Louvre,  de  Fontainebleau,  etc.  et  fut  conservé  dans 
ses  fonctions  à  l'avènement  de  Henri  IL  En  1 53 1 ,  le  11  juin,  la  mission  de  passer 
les  marchés  pour  les  différents  bâtiments  royaux,  y  compris  le  Louvre,  avait  été 
confiée  au  prévôt  de  Paris,  Jean  de  La  Barre,  et  au  trésorier  de  France,  Nicolas 
de  Neufville.  Les  trésoriers  de  France  continuèrent  à  ordonner  les  travaux  du 
vieux  Louvre,  qui  étaient  conduits  par  les  surintendants  des  bâtiments,  au  nombre 
desquels  nous  trouvons  Philibert  de  L'Orme. 

m  A  l'occasion  des  bas-reliefs  sculptés  au-dessus  m  Etienne  Grand-Remy  était  architecte  ou  ma- 

des  portes  du  grand  escalier  et  de  la  salle  des  Carya-  çon  de  son  état.  En  i55o,  on  lui  donnait,  dans 

tides,  Sauvai  dit  qu'ils  sont  rr  du  dessin  de  Goujon,  les  comptes,  le  titre  de  «  clerc  de  l'escriptoire  des 

rret  aussi  même  de  sa  main»  (t.  H,  p.  3i  );  cela  im-  trmaistres  des  œuvres  et  jurez  es  offices  de  maçon- 

plique  qu'il  ne  croyait  point  que  tous  les  bas-reliefs  «  nerie  ;  1  dans  un  document  de  1 5  7  2 ,  qui  est  revêtu 

du  Louvre  des  Valois  offrissent  à  la  fois  ces  deux  de  sa  signature,  il  est  qualifié  de  rrmaistre  général 

conditions.  trdes  œuvres  de  maçonnerye»  du  Roi. 


238  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

COMPTES  DES  TRAVAUX  DU  LOUVRE  SOUS  HENRI  II. 

ANNÉE  1555-1556. 


DENIERS  PAÏEZ  PAR  LEDIT  (JACQUES)  MICHEL. 


MAÇONNERIE. 


A  Guillaume  Guillain  et  Pierre  de  Saint-Quentin,  maistres  maçons,  ayant  la  charge  du 
chasteau  du  Louvre,  par  l'ordonnance  du  seigneur  de  Claigny  (P.  Lescot),  sur  les  ouvrages  de 
maçonnerie  par  eux  faits,  la  somme  de  19,100  livres'1'. 


CHARPENTER1E. 


A  Claude  Girard  et  Jean  Le  Peuple,  maistres  charpentiers,  pour  ouvrages  de  charpenterie 
par  eux  faits,  à  eux  ordonne'e  par  ledit  seigneur  de  Claigny,  la  somme  de  3,5oo  livres. 


MENUISERIE. 


A  Francisque  Seibeq  (alias  Serbecq),  dit  de  Carpy,  maistre  menuisier,  à  lui  ordonnée  par 
ledit  seigneur  de  Claigny,  pour  ouvrages  de  menuiserie  par  luy  faits,  la  somme  de  3, 100  livres. 


SERRURERIE. 


A  Guillaume  Cyard,  maistre  serrurier,  à  lui  ordonnée,  pour  ouvrages  de  serrurerie,  la  somme 
de  5 00  livres. 


PLOMBERIE. 


A  Guillaume  Laurent,  marchand  plombier  et  autres,  à  eux  ordonnée  par  ledit  seigneur  de 
Claigny,  pour  les  ouvrages  de  plomberie,  la  somme  de  2,800  livres. 


SCULPTURE. 


A  maistre  Jean  Goujon,  sculpteur  en  pierres  pour  le  Roy,  à  luy  ordonnée  par  ledit  seigneur 
de  Claigny,  pour  ouvrages  de  sculpture  par  luy  faits,  la  somme  de  56o  livres. 


PEINTURE. 


A  Louis  Le  Rrueil,  maistre  peintre,  à  luy  ordonnée  pour  ouvrages  de  peinture  et  dorures,  la 
somme  de  33o  livres. 


AC1IAPTS    DE    MARBRE. 


A  Dominique  Rerthin,  contrerolleur  et  superintendant  des  deniers,  édiffices  et  réparations  du 
palais,  à  Thôle  (sic),  à  luy  ordonnée  par  ledit  seigneur  de  Claigny,  sur  la  fourniture  de  quantité 
de  marbre  mixte  de  toutes  sortes  de  coulleurs,  qu'il  pourra  recouvrer  et  amener  en  cette  ville  de 
Paris,  au  port  du  Guichet  du  Louvre,  la  somme  de  2,233  livres. 

(1)  Ce  sont  des  livres  tournois. 


COMPTES  DU  LOUVRE  SOUS  HENRI  II.  239 


ACHAPTS    ET    OUVRAGES    DE    NATTES. 


A  Estienne  Guignebeuf,  maistre  nattier,  à  luy  ordonnée  par  ledit  seigneur  de  Claigny,  la 
somme  de  97  livres  7  sous  2  deniers. 

Journées  d'ouvriers,  la  somme  de  5o  livres. 

Achapts  d'outils  et  autres  menus  frais. 

Estât  et  entretènenient  du  sieur  de  Claigny,  pour  sa  charge  et  commission,  la  somme  de 
i,4oo  livres,  pour  quatorze  mois,  qui  est  à  raison  de  1,200  livres  par  an. 

Gages  et  sallaires  à  M"  Jacques  Michel,  trésorier,  pour  ses  peines  et  vaccations,  la  somme  de 
220  livres  16  sous  8  deniers,  pour  treize  mois. 

Somme  toute  de  la  despence  de  ce  compte,  33,86g  livres  10  sols  10  deniers. 


VIEUX  LOUVRE. 

Autres  parties  payées  par  les  ordonnances  dudit  (Philibert)  de  L'Orme,  pour  quelques  menues 
réparations  du  chasteau  du  Louvre. 

MAÇONNERIE. 

A  Anthoine  Perrault,  maistre  maçon,  la  somme  de  36  livres,  pour  ouvrages  de  maçonnerie 
faits  audit  chasteau  du  Louvre. 

ouvrages  de  nattes. 

A  Nicolas  des  Loges,  nattier,  la  somme  de  106  livres  10  sols  8  deniers,  pour  ouvrages  de 
nattes  par  luy  faits  audit  chasteau  du  Louvre. 

Tous  les  autres  comptes  étant  calqués  sur  le  modèle  qui  précède,  nous  en  don- 
nerons simplement  le  résumé,  sauf  à  transcrire  intégralement  les  passages  offrant 
un  intérêt  particulier. 

ANNÉE  1556-57.  —  NOUVEAU  LOUVRE. 

Le  compte  du  7  avril  1 556  avant  Pâques  (i557  n.  s.),  au  dernier  décembre  1 557,  indique 
une  dépense  totale  de  20,732  livres  2  sols  6  deniers,  dont  10,800  livres  payées  à  Guill.  Guil- 
lain  et  Pierre  de  Saint-Quentin,  pour  travaux  de  maçonnerie;  —  63 1  livres  à  Jean  Goujon, 
pour  travaux  de  sculpture;  —  3,i5o  livres,  à  Jean  Le  Peuple  et  à  Rarbe  Le  Peuple,  veuve  de 
Claude  Gérard,  pour  travaux  de  charpente;  —  620  livres  à  Guillaume  Evrard  (ou  plutôt  Érard), 
pour  travaux  de  serrurerie;  —  i5o  livres  à  Louis  Le  Rrueil,  pour  travaux  de  peinture;  — 
2,1 36  livres  à  Raoullant  Maillard,  Riolle  Richault  et  Francisque  Serbeq,  pour  ouvrages  de  me- 
nuiserie; —  5oo  livres  à  Nicolas  Reaurain,  pour  travaux  de  vitrerie;  —  1,000  livres  à  Pierre 
Lescot,  pour  dix  mois  d'appointements;  —  et  5oo  livres  à  Jean  Durant,  le  comptable,  pour 
dix  mois  de  gages. 

A  la  suite  du  compte  de  1 5 56-57,  on  u*  • 

-  \ utre  despence  l'aille  par  ledit  Durant,  tant  pour  le  payement  des  gages  et  entretènemens, 


2'jO  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

«nourriture  et  despence  de  bouche  d'un  maistre  menuisier,  six  compagnons  dudit  mestier,  un 
tt  compagnon  serrurier  et  un  truchement,  tous  Suisses,  qui  ont  besoigné  pour  le  Roy,  en  l'hostel 
rt  de  Reims,  à  Paris,  et  pour  achapt  de  bois  pour  lesdits  ouvrages  à  eux  ordonnes  par  ledit  Roy, 
tria  somme  de  3,1/19  livres  2  sols  10  deniers.?) 

Ces  ouvriers  furent  sans  doute  occupés  à  fabriquer  des  boiseries  destinées  au 
nouveau  Louvre. 

VIEUX  LOUVRE. 

«  A  Jean  de  La  Hamée  M,  vitrier,  pour  ouvrages  de  vitrerie  par  luy  faits  en  la  chambre  du  Roy, 
ftoù  est  logé  M.  le  cardinal  de  Lorraine,  quatre  armoiries  et  une  armoirie  de  monseigneur  le 
tr  Dauphin,  et  plusieurs  pièces  de  voires,  peintes  en  façon  d'antique ,  au  cabinet;  à  luy  ordonnée 
ff  par  MM.  les  trésoriers  de  France,  la  somme  de  3i  1  livres  2  deniers.  —  A  Eustache  Ive,  maistre 
tt  maçon,  la  somme  de  1 33  livres  10  sols  2  deniers,  pour  ouvrages  de  maçonnerie  par  luy  faits 
ttau  vieil  bastiment  du  chasteau  du  Louvre.  — Somme  de  la  despence  dudit  chasteau  du  Louvre, 
tt  khh  livres  3  sols.» 

ANNÉE  1557-58.  —  VIEUX  LOUVRE. 

Le  compte  du 1 557  (v.  s.)  au 1 558,  indique  un  total  de  22,891  li- 
vres i4  sols  6  deniers,  dont  n,5oo  livres  payées  à  G.  Guillain  et  P.  de  Saint-Quentin,  pour 
travaux  de  maçonnerie;  —  663  livres  à  Jean  Goujon,  pour  travaux  de  sculpture  et  17  livres 
1 0  sols  à  Etienne  Cramoy,  tt  pour  avoir  fait  plusieurs  enrichissemens  de  figures  et  autres  orne- 
rrmens  de  sculptures  par  plusieurs  et  diverses  fois,  es  modèles  des  planchers  et  plafonds  des 
tt  antichambres  et  chambre  du  Roy,  audit  chasteau  du  Louvre;» —  1,800  livres  à  Jean  Le  Peuple, 
pour  travaux  de  charpenterie  faits  au  Louvre ,  tt  pour  servir  au  mariage  et  festin  de  monseigneur 
trie  Dauphin;»  —  800  livres  à  Guillaume  Evrard,  pour  travaux  de  serrurerie;  —  ùoo  livres  à 
Guillaume  Laurens,  pour  ouvrages  de  plomberie;  —  200  livres  à  Louis  LeRrueil,  pour  travaux 
de  peinture,  plus  tt  audit  Louis  Du  Rrueil,  Jean  Du  Rrueil,  Jean  Testart,  Thomas  le  Plastrier  et 
ttJean  Le  Jeune,  maistres  paintres,  la  somme  de  260  livres  à  eux  ordonnée  pour  leur  payement 
«des  ouvrages  et  enrichissemens  cy-après  déclarez,  dedans  la  grande  salle  de  bal  audit  Louvre: 
tt  premièrement,  pour  avoir  peinct  de  couleur  de  bois  tout  le  tour  de  ladite  salle,  joignant  les 
trpoultres  et  de  même  largeur  que  icelles,  et  au-dessous  environ  six  pieds  de  large  tout  autour 
er  de  ladite  salle ,  avoir  peint  de  blanc  avec  les  corbeaux  soustenant  lesdites  poultres  et  embrase- 
ttmens  des  huis  et  fenestres,  et  applicqué  sur  chacun  desdits  corbeaux  une  grande  feuille  dorée 
tr  et  au-dessous  un  masque  d'un  faune  mouslé  de  papier'2),  doré  d'or  bel  en  certains  endroits;  et 
tf  avoir,  sur  lesdits  lieux  peints  de  blanc,  faits  et  assis  des  compartimens  de  festons  de  lierre  avec 
tt  liens  d'or  clinquant,  et  avoir,  en  certains  endroits,  escript  les  devises  et  nom  du  Roy,  avec  deux 
tt  ordres  de  guillochis  tant  au  pourtour  de  ladite  salle,  et  en  quelques  ovalles  faittes  desdits  fes- 
t  tons,  avoir  mis  des  H  H  et  croissans  couronnez.  Item ,  pour  avoir  peint  de  blanc  l'eschalfault  des 
tt  joueurs  d'instrumens,  et  enrichy  de  festons  de  liarre  aussi  avec  liens  dudit  or  cliquant,  et  au 
tt  milieu,  sur  le  front,  applicqué  un  masque  doré  d'or  bel.  Item,  pour  avoir  tout  peint  aussy  de 

(1)  Jean  de  La  Hamée,  travaillait  encore  pour  ia        position  analogue,  était  connu  au  xvi*  siècle:  Phi- 
Reine  mère  vers  1577.  Il  mourut  peu  après.  libert  de  L'Orme  en  fait  mention  dans  son  Traité 
f!)  L'usage  du  carton-pierre,  ou  pâte  d'une  corn-        d'architecture. 


COMPTES  DU  LOUVRE  SOUS  HENRI  II.  241 

»  blanc ,  le  fond  de  dessous  le  Tribunal  et  le  tour  dudit  lieu ,  et  dessus  avoir  appliqué  festons  de 
■  liarre  liez  d'or,  et  en  certains  endroits  des  H  H  et  croi'ssans  couronnez.  Item,  pour  avoir  enrichi 
if  de  festons  de  liarre  tout  le  tour  de  la  salle  du  Conseil ,  joignant  ladite  grande  salle  du  bal , 
if  environ  de  hauteur  de  trois  pieds ,  et  avoir,  en  certains  endroits ,  applicqué  des  H  H  et  crois- 
rsans  couronnez,  et  au-dessus  avoir  peint,  de  la  largeur  des  poultres,  ledit  tour,  de  cou- 
nleur  de  bois,  et  en  quelques  endroits  aussy  de  la  chambre  et  antichambre  du  Roy. »  — 
£,774  livres  19  sols  à  Raoullant  Maillart  et  Francisque  Serbecq,  pour  travaux  de  menuiserie; 

—  4oo  livres  à  Nicolas Reaurain ,  pour  ouvrage  de  vitrerie;  —  425  livres3  sols  à  Jean  Mignaut, 
pour  ouvrages  de  nattes;  —  1,200  livres  à  P.  Lescot,  pour  ses  honoraires  d'un  an,  et  600  à 
Me  Jean  Durant,  le  comptable. 

VIEUX  LOUVRE. 

La  somme  totale  est  de  1,106  livres  19  sols  11  deniers,  ainsi  répartie:  i5 1  livres  6  sols 
8  deniers  à  Eustache  Ive,  pour  travaux  de  maçonnerie;  —  6i3  livres  2  sols  à  Léonard  Fontaine, 
pour  travaux  de  charpenterie  ;  —  3oi  livres  8  sols  9  deniers  à  Jean  Le  Gay,  pour  travaux  de 
couverture;  —  et  45  livres  2  sols  6  deniers  à  Michel  Rourdin,  pour  travaux  de  menuiserie. 

ANNÉE  1558-59.—  NOUVEAU  LOUVRE. 

Le  compte  du  1"  janvier  1 558  (v.  s.)  au  dernier  décembre  1 55g  indique  une  dépense  to- 
tale de  27,717  livres  1  sol  3  deniers,  dont  i3,ooo  livres  tournois  payées  à  Guill.  Guillain  et 
P.  de  Saint-Quentin,  rmaistres  maçons,  demeurant  à  Paris,  ayant  la  charge  du  bastiment  du 
if  Louvre,  pour  travaux  de  maçonnerie; —  53  livres  à  Armand  Collectet,  tr  tourneur  de  pierres 

if  et  de  bois,  demeurant  à  Paris pour  avoir  vendu  et  livré  et  fait  conduire  dans  le  magasin 

ndes  marbres  du  Roy,  huict  blots  de  marbre,  tant  blancs  que  noirs ;»  —  484  livres  à  Jean 
Goujon,  pour  travaux  de  sculpture;  —  2,000  livres  à  Jean  Le  Peuple,  pour  travaux  de  char- 
pente;—  964  livres  5  sols  4  deniers  à  Claude  Penelle  et  autres  maîtres  couvreurs,  pour  n plu- 
sieurs ouvrages  de  couverture  d'ardoises  et  de  thuilles,  tant  au  comble  de  dessus  la  vieille 
rchapelle  que  au  cabinet  naguères  fait  pour  la  Reyne,  joignant  le  Grand-Pavillon;»  —  4,g24  li- 
vres 9  sols  à  Francisque  Scibecq  et  autres,  pour  travaux  de  menuiserie;  2,84g  livres  2  sols 
4  deniers  à  Guill.  Evrard,  pour  ouvrages  de  serrurerie;  —  358  livres  6  sols  6  deniers  à  Nicolas 
Reaurain,  pour  travaux  de  vitrerie; —  2 Go  livres  à  Jean  et  Louis  Du  Rrueil,  pour  travaux  de 
peinture;  —  482  livres  3  sols  4  deniers  à  Etienne  Guignebeuf,  pour  ouvrages  de  nattes;  —  417 
livres  3  sols  tant  à  Roger  de  Simonieulx,  *  ayant  la  charge  et  conduite  des  autres  mosleursqui 
iront  travaillé  avec  luy, »  qu'à  ces  autres  ouvriers  mouleurs  et  pour  n  payement  de  grand  nombre 
n  de  matériaux  et  drogues  qui  ont  esté  employées  à  faire  plusieurs  ouvrages  de  mouslerie  ;  »  — 
42  livres  12  sols  à  Gilbert  Drouin,  maistre  ferronnier,  à  Paris,  pourquatre  paires  de  chenets, 
if  mis  en  la  salle  du  chasteau  du  Louvre,  pour  servir  aux  nopces  du  duc  de  Lorraine  ;s  plus, 
200  livres  à  Nicolas  Clerget,  ir marchand,  demeurant  à  Saint-Dizier,  et  maistre  des  forges, »à- 
compte  sur  le  prix  t  de  certain  nombre  de  contre-cœurs»  qu'il  devait  livrer  npour  servir  èsche- 
ir minées  dudit  bastiment;  —  4a  livres  1  sol  6  deniers  à  Marguerite  Le  Duc,  marchande  de 
toiles,  pour  n  187  aunes  de  toille  neufve  pour  employer  au  haut  du  dez  de  la  salle  du  bal,  pour 
«  les  nopces  de  Madame,  sœur  du  Roy;  qui  est  à  raison  de  4  sols  G  deniers  pour  chaculne  aulne 
i  de  toille;»  —  3o  livres  à  Lucas  le  Vacher,  n  pour  ses  peines,  journées,  sallaires  etvaccations;» 

—  et  1,200  livres  à  Lescot,  pour  une  année  de  ses  appointements. 

1.  3i 


2'i2 


TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


ANNEE  1559-60"».— NOUVEAU  LOUVRE 

Le  compte  du  1"  janvier  i55o,(v.  s.)  au  dernier  décembre  i56o  indique  une  dépense  totale 
de  24,  48q  livres  1 U  sols  ît  deniers,  dont  20,000  livres  à  Guill.  GuillainetP.de  Saint-Quentin, 
pour  travaux  de  maçonnerie;  —  too  livres  à  Guillaume  Vuespin,  dit  Tabaguet,  «pour  trois 

«  grandes  pièces  de  marbre conduittes  jusques  au  magasin  des  marbres  du  Louvre  ;»  — 

4,o85  livres  à  Jean  Goujon,  pour  travaux  de  sculpture;  —  i,543  livres  i3  sols  11  deniers  à 
Jean  Le  Peuple  et  Claude  Girard,  pour  travaux  de  charpenterie  ;  —  200  livres  à  RieulleRichault, 
pour  ouvrages  de  menuiserie; —  200  livres  à  Claude  Penelle,  pour  ouvrages  de  couverture 
d'ardoises;  —  60  livres  à  Louis  Du  Rrueil,  pour  travaux  de  peinture;  —  82  livres  à  Laurens 
Testu,  «pour  neuf  tuyaux  de  bronze.  .  .  .  pour  servir  à  esgouter  les  eauesdes  dales,  au-dessus 
«  du  premier  étage  du  bastiment  neuf,  du  costé  de  la  rivière ,  n  et  11  livres  à  Louis  du  Rrueil , 
«pour  avoir  doré  d'or  fin  à  huille  lesdits  neuf  tuyaux.» 

Les  comptes  dont  nous  venons  de  donner  des  extraits  n'existent  plus  qu'à  l'état 
de  copie;  mais  nous  avons  découvert,  il  y  a  quelques  mois,  un  état  original  de 
dépenses  faites  pour  le  Louvre  en  i557,i558eti55g  W.  Cet  état,  qui  concorde, 
à  quelque  différence  près,  avec  les  comptes  ci-dessus  mentionnés,  est  rédigé  dans 
cette  forme: 


BASTIMENT  DU  LOUVRE. 


MASSONNERIE. 


Inventorié. 


Un. 


Une  ordonnance  du  xxvi'  mars  m.vc.lvii,  signée  Lescot,  soubz  les  noms  de  Guillaume 
Guilain  et  Pierre  de  Sainct-Quentin,  massons,  avec  leurquictance,  montant  xvc  li- 
vres tournois. 

Deux.  Une  autre  du  xm"  may  ensuivant  dernier  passé,  et  quictance  soubz  le  nom  des  dicts 
massons,  montant  xvc  livres  tournois. 

m.  Une  autre  du  vi"  juillet  ensuivant,  et  quictance,  montant  xvc  livres  tournois. 

iv.  Une  autre  du  xxve  aoust  dernier,  et  quictance,  montant  xvc  livres  tournois. 


(1)  Celle  année,  commencée  le  1"  janvier  i55t), 
vieux  style,  ou  i56o,  nouveau  style,  comprend 
cinq  mois  et  demi  du  règne  de  François  II.  Le  reçu 
de  Jean  Goujon,  dont  nous  avons  parlé  p.  a33,  s'y 
rattache  ;  en  voici  la  teneur  :  «  Honorable  homme 
f  Jehan  Goujon,  sculpteur  du  Roy,  demeurant  à 
«  Paris ,  confesse  avoir  eu  et  reçu  contant  de  Me  Jehan 
« Durant,  trésorier  et  payeur  des  œuvres,  édifiices 
«et  bastimens  du  Roy,  la  somme  de  quinze  livres 
"tournois,  à  lui  ordonnée  par  révérend  père  en 
«Dieu  messire  Pierre  Lescot,  seigneur  de  Clagny, 
-abhé  de  Clermont,  conseiller  et  aulmosnier  ordi- 
«rnaire  dudict  seigneur,  ayant  la  charge  etsuperin- 


«  tendance  des  bastimens  que  ledict  sieur  Roy  fait 
«de  présent  faire  et  construire  en  son  chasteau  du 
« Louvre,  à  Paris  ;  sur  et  tant  moins  des  ouvrages 
«  de  sculpture  par  lui  faicts  et  qu'il  fera  cy-après  pour 
« ledict  sieur  Roy,  audict  chasteau  du  Louvre;  de 
«laquelle  somme  de  quinze  livres  ledict  Jehan 
"Goujon  s'est  tenu  et  tient  content,  en  requitte  et 
«quitte  ledict  trésorier  et  tous  autres,  promettant, 
«obligeant  et  renonçant.  Fait  et  passé  l'an  1 55g 
«(i56o),  le  lundi,  premier  jour  d'avril  avant  Pas- 
«ques.  Signé,  Pajonat-Patu. » 

{J)  M.  le  Préfet  l'a  fait  immédiatement  acheter 
pour  la  bibliothèque  de  la  Ville. 


COMPTES  DU  LOUVRE  SOUS  HENRI  II.  2/i3 

Inventorié. 

v.  Une  autre  du  vi"  octobre  dernier,  et  quictance,  montant  xvc  livres  tournois, 

vi.  Une  autre  du  xxvi"  de  novembre  ensuivant,  et  quictance,  montant  xvc  livres  tournois. 

vu.  Une  autre  du  1111e  janvier  ensuivant,  et  quictance,  montant  xvc  livres  tournois, 

vin.  Une  autre  du  xvn'  février  ensuivant,  et  quictance,  montant  m.  livres  tournois. 

SCULPTURE. 

ix.  Une  autre  ordonnance  du  xxvii"  de  mars  vclvii,  signée  du  dict  Lescot,  soubz  le  nom 
de  Jehan  Goujon,  sculpteur,  avec  quictance,  montant  xn  livres  tournois. 

x.  Une  autre  ordonnance  du  11e  avril  ensuivant,  ou  dict  an,  et  quictance,  montant  xn  li- 
vres tournois. 

xi.  Une  autre  ordonnance  du  vu"  avril  ensuivant,  ou  dict  an,  et  quictance,  xn  liv.  tourn. 

xn.  Une  autre  ordonnance  du  xvi"  avril  vclvih,  après  Pasques,  et  quictance,  xn  liv.  tourn. 

xiii.  Une  autre  ordonnance  du  xxni*  du  dict  moys,  et  quictance,  montant  xn  livres  tournois. 

xiv.  Une  autre  ordonnance  du  dernier  du  dict  moys,  et  quictance,  montant  xn  liv.  tourn. 

xv.  Une  autre  ordonnance  du  vue  may  ensuivant,  et  quictance,  montant  xn  liv.  tourn. 

xvi.  Une  autre  ordonnance  du  xim"  du  dict  moys,  et  quictance,  montant  xn  liv.  tourn. 

xvn.  Une  autre  ordonnance  du  xxi"  dudict  moys,  et  quictance,  montant  xn  liv.  tourn. 

xviii.  Une  autre  ordonnance  du  xxviii*  du  dict  moys,  montant  xn  livres  tournois. 

xix.  Une  autre  ordonnance  du  ime  de  juing  ensuivant,  et  quictance,  montant  xn  liv.  tourn. 

xx.  Une  autre  ordonnance  du  xie  du  dict  moys  de  juing,  et  quictance,  montant  xn  liv.  tourn. 

xxi.  Une  autre  du  xxviii"  du  dict  moys,  et  quictance,  montant  xn  livres  tournois. 

xxn.  Une  autre  du  xxve  du  dict  moys,  et  quictance,  montant  xn  livres  tournois. 

xxiii.  Une  autre  du  n"  juillet  ensuivant  dernier,  et  quictance,  montant  xv  livres  tournois. 

xxiiii.  Une  autre  du  ixe  du  dict  moys,  et  quictance,  montant  xv  livres  tournois. 

xxv.  Une  autre  du  xvie  ensuivant,  et  quictance,  montant  xv  livres  tournois. 

xxvi.  Une  autre  du  xxn"  ensuivant,  et  quictance,  montant  xv  livres  tournois. 

xxvh.  Une  autre  du  pénultième  du  dict  moys,  et  quictance,  montant  xv  livres  tournois. 

xxviii.  Une  autre  du  m'  d'aoust  ensuivant  dernier  passé,  et  quictance,  montant  xx  liv.  tourn. 

xxix.  Une  autre  du  vie  du  dict  moy,  et  quictance,  montant  xv  livres  tournois. 

xxx.  Une  autre  du  xm"  du  dict  moys,  et  quictance,  montant  xv  livres  tournois. 

xxxi.  Une  autre  du  xx"  jour  du  dict  mois,  et  quictance,  montant  xv  livres  tournois. 

xxxn.  Une  autre  du  xxvii",  et  quictance,  montant  xv  livres  tournois. 

xxviii.  Une  autre  du  m"  septembre  ensuivant  dernier  passé,  et  quictance,  montant  xv  liv.  tourn. 

xxxiiii.  Une  autre  du  xe  ensuivant,  et  quictance,  montant  xv  livres  tournois. 

xxxv.  Une  autre  du  xvn"  jour  dudict  moys,  et  quictance,  montant  xu  livres  tournois. 

xxxvi.  Une  autre  du  xxmi"  jour  du  dict  moys,  et  quictance,  montant  xn  livres  tournois. 

xxxvn.  Une  autre  du  premier  octobre  dernier,  et  quictance,  montant  xn  livres  tournois. 

xxxvm.  Une  autre  du  vin"  jour  du  dict  moys,  et  quictance,  montant  xv  livres  tournois. 

xxxix.  Une  autre  du  xv"  jour  du  dict  moys,  et  quictance,  montant  xv  livres  tournois. 

xl.  Une  autre  du  xxn"  du  dict  moys,  et  quictance,  montant  xvm  livres  tournois. 

xli.  Une  autre  du  xxv"  jour  du  dict  moys,  signée  du  dict  Lescot,  soubz  le  nom  de  Estienne 
Cramoy,  autre  sculpteur,  et  quictance,  montant  xvn  livres  x  sols  tournois. 

xlii.  Une  autre  du  xxix6  jour  du  dict  moys,  soubz  le  nom  du  dict  Jehan  Goujon,  quictance, 
montant  xvm  livres  tournois. 

xliii.  Une  autre  duv"  novembre  ensuivant  aussy  dernier,  et  quictance,  montant  xvm  liv.  tourn. 

3i . 


244 

Inventorie. 
M.I1II. 

XLV. 

\LVI. 

uni. 

XI.VIII. 
XLIX. 
L. 
LI. 

lu. 
un. 

i,im. 

LV. 
LYI. 

LVII. 

LVIII. 

LIX. 

LX. 

LXI. 


TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Une  autre  du  xn"  du  dict  uioys,  et  quictance,  montant  xv  livres  tournois. 

Une  autre  du  xix"  du  dict  moys,  et  quictance,  montant  xu  livres  tournois. 

Une  autre  du  xxvie  du  dict  moys,  et  quictance,  montant  xx  livres  tournois. 

Une  autre  du  111e  décembre  aussy  dernier,  et  quictance,  montant  x  livres  tournois. 

Une  autre  du  x"  du  dict  moys,  montant  x  livres  tournois. 

Une  autre  du  xvne  du  dict  moys,  et  quictance,  montant  x  livres  tournois. 

Une  autre  du  xxmi°  du  dict  moys,  montant  x  livres  tournois. 

Une  autre  du  dernier  du  dict  moys,  et  quictance,  montant  x  livres  tournois. 

Une  autre  du  vu"  janvier  ensuivant  aussy  dernier,  montant  x  livres  tournois. 

Une  autre  du  xime  du  dict  moys,  et  quictance,  montant  x  livres  tournois. 

Une  autre  du  xxie  du  dict  moys,  et  quictance,  montant  x  livres  tournois. 

Une  autre  du  xxvni'  du  dict,  et  quictance,  montant  x  livres  tournois. 

Une  autre  du  mi"  février  ensuivant  dernier  passé,  et  quictance,  montant  x  livr.  tourn. 

Une  autre  du  xi"  du  dict  moys,  et  quictance,  montant  x  livres  tournois. 

Une  autre  du  xvni"  du  dict  moys,  et  quictance,  montant  x  livres  tournois. 

Une  autre  du  xxve  ensuivant,  et  quictance,  montant  x  livres  tournois. 

Une  autre  du  quatre  mars  ensuivant  aussy  dernier  passé,  montant  x  livres  tournois. 

Une  autre  du  premier  jour  d'avril  vclix,  par  Pierre  Jognaux,  x  livres  tournois. 


CIIARPENTERIE. 


un. 

LXIII. 

LXIIII. 

LXV. 


Une  autre  ordonnance  du  ve  de  mars  v'lvii,  signée  du  dict  Lescot,  soubz  le  nom  de 
Jehan  Lepeuple,  maistre  charpentier,  avec  sa  quictance,  montant  mi'  livres  tournois. 
Une  du  xixe  du  dict  moys,  et  quictance  du  dict  moys,  montant  1111e  livres  tournois. 
Une  autre  du  xxe  avril  vclviii  dernier,  et  quictance,  montant  vc  livres  tournois. 
Une  autre  du  xvie  décembre  ensuivant  aussi  dernier,  et  quictance,  vc  livres  tournois. 


i,xvi. 


SERRURERYE. 


Une  autre  ordonnance  du  xe  septembre  dernier,  signée  du  dict  Lescot,  soubz  le  nom  de 

Guillaume  Érard,  serruryer,  avec  sa  quictance,  montant  mc  livres  tournois. 
Une  autre  du  xnie  décembre  ensuivant  aussi  dernier,  montant  vc  livres  tournois. 


I.XVIII. 


PLOMBERIE. 


Une  autre  ordonnance  duxvme  aoust  vclviii ,  soubz  le  nom  de  Guillaume  Laurens,  mar- 
chand plombier'1',  avec  sa  quictance,  montant  un*  livres  tournois. 


PEINCTURE. 


LX1X. 


I.XX. 
LXXI. 


Une  autre  ordonnance  du  xie  aoust  v'lviii  dernier  passé,  signé  du  dict  Lescot,  soubz  le 

nom  de  Loys  Le  Brueil,  peintre,  et  sa  quictance,  montant  c  livres  tournois. 
Une  autre  du  xime  octobre  ensuivant  dernier,  montant  c  livres  tournois. 
Une  autre  du  me  février  ensuivant  dernier,  soubz  le  nom  du  dict  Loys Dubrueil,  Jehan 


(1)  Guill.  Laurans,  bourgeois  de  Paris,  maistre 
plombier  et  fontainier  de  la  Ville ,  mourut  le  1  a  mars 
1572.  Il  fut  enterré  à  Saint-Gervais,  près  de  sa 


femme,  Barbe  Boutemotte,   morte  elle-même  le 
q  septembre  1569. 


COMPTES  DU  LOUVRE  SOUS  HENRI  II.  245 

Inventorié. 

Dubrueil,  Jehan  Testart,  Thomas  Lepiastrier  et  Jehan  Lejeune,  maistres  peintres, 
avec  leur  quictance,  montant  ncxx  livres  tournois. 


MENUISERIE. 


i.wii.  Une  autre  ordonnance  du  ve  avril  vclvii  avant  Pasques,  signée  du  dict  Lescot,  soubz  le 
nom  de  Raouland  Maillard,  menuisier,  avec  sa  quictance,  montant  nc  livres  tournois. 

lxxiii.  Une  autre  du  vme  avril  ensuivant  ou  dict  an  vclvii,  soubz  le  nom  de  messire  Francisque 
Serbecq,  autre  menuisier,  avec  sa  quictance,  montant  nc  livres  tournois. 

lxxiiii.  Une  autre  du  xxiii"  du  dict  moys  vclviii  après  Pasques,  soubz  le  nom  du  dict  Serbec, 
et  quictance,  montant  nc  livres  tournois. 

lxxv.  Une  autre  du  xx"  ensuivant  dernier,  soubz  le  nom  du  dict  Maillart,avec  sa  quictance, 
montant  nc  livres  tournois. 

lxxvi.  Une  autre  du  x"  juing  dernier,  soubz  le  nom  du  dict  Serbec,  avec  sa  quictance,  mon- 
tant iiiic  livres  tournois. 

lxxvii.  Une  autre  du  xvi°  juillet  aussi  dernier,  soubz  le  nom  du  dict  Serbec,  avec  quictance, 
montant  mic  livres  tournois. 

i.x\viii.  Une  autre  du  xxvu"  juillet  ensuivant  dernier,  soubz  le  nom  de  Riolle  Richault,  aussi 
menuisier,  avec  sa  quictance,  montant  nc  livres  tournois. 

l\\i\.  Une  autre  du  xiiii"  aoust  aussi  dernier,  soubz  le  nom  du  dict  Maillart,  et  quictance, 
montant  nc  livres  tournois. 

mi".  Une  autre  du  xxvie  du  dict  mois  d'aoust,  soubz  le  nom  du  dict  Serbec, et  quictance, 
montant  un*  livres  tournois. 

iih"i.  Une  autre  du  xix*  septembre  ensuivant,  soubz  le  nom  du  dict  Serbec,  et  quictance, 
montant  nc  livres  tournois. 

mi"ii.  Une  autre  ordonnance  du  xxime  septembre  dernier,  soubz  le  nom  du  dict  Richault,  et 
quictance,  montant  iin"xii  livres  xim  sols  tournois. 

iiii"iii.  Une  autre  du  xne  octobre  ensuivant,  soubz  le  nom  dudit  Serbecq,  et  quictance,  mon- 
tant nc  livres  tournois. 

iiii"iiii.  Une  autre  du  xxix'du  dict  moys  d'octobre ,  soubz  le  nom  du  dict  Maillart,  et  quictance, 
montant  l  livres  tournois. 

imXIv.  Une  autre  du  xxx"  du  dict  mois  d'octobre,  soubz  le  nom  du  dict  Serbecq,  et  quictance, 
montant  c  livres  tournois. 

iiii"vi.  Une  autre  du  xvu*  novembre  ensuivant  aussi  dernier,  soubz  le  nom  du  dit  Serbecq, et 
quictance,  montant  mc  livres  tournois. 

iiii"vii.  Une  autre  du  xxvu"  du  dict  moys,  soubz  le  nom  du  dict  Maillart,  et  quictance,  mon- 
tant iicii  livres  v  sols. 

iiii"viii.  Une  autre  du  xvi'  décembre  ensuivant,  soubz  le  nom  du  dict  Serbec,  avec  sa  quictance, 
montant  imc  livres  tournois. 

mi"ix.  Une  autre  du  xx"  du  dict  moys  de  de'cembre  dernier,  soubz  le  nom  du  dict  Richault, 
et  quictance,  montant  mic  livres  tournois. 

nn"x.  Une  autre  du  xiu"  janvier  ensuivant  ou  dict  an,  soubz  le  nom  du  dict  Serbecq,  et  quic- 
tance, montant  11e  livres  tournois. 

iiii"xi.  Une  autre  du  premier  fe'vrier  ou  dict  an  vclviii  dernier,  soubz  le  nom  du  dict  Serbec, 
et  quictance,  montant  11e  livres  tournois. 


(Biffé.) 


246  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

(Article  biffé)  Une  autre  du.  .  jour  du  dict  moys  de  février,  soubz  le  nom  du  dict  Seerbec,  et  sa 

dans        >  . 

roriginai.)  I       quictance,  montant  nE  livres  tournois. 

.     VICTRERIE. 

Inventorié. 

inixxxn.    Une  autre  ordonnance  du  xi  juing  dernier  passé,  signée  du  dict  Lescot,  soubz  le  nom 

de  Nicolas  Raurain,  victrier,  avec  sa  quictance,  montant  nc  livres  tournois. 
hiixxxiii.  Une  autre  du  xxvm"  décembre  ensuivant,  et  sa  quictance,  montant  nc  livres  tournois. 

ANMEUBLEMENS. 

Une  autre  ordonnance  du  xxiiii6  may  v'lvui  dernier  passé,  signée  Lescot,  soubz  le  nom 
de  Gilbert  Denis,  maistre  ferronnier  en  grosserie,  avec  sa  quictance,  montant  lv  li- 
vres tournois. 

Une  autre  du  1111e  juing  ensuivant  aussi  dernier,  soubz  le  nom  de  Marie  de  Lacroix, 
veuve  de  feu  Philippe  Lejay,  marchant  de  draps  de  soye,  avec  sa  quictance,  montant 
xl  livres  xn  sols  vi  deniers  tournois. 

OUVRA1GES    DE    NATTE. 

iiiixxxim.  Une  autre  ordonnance  du  xxme  moy  dernier  passé,  soubz  le  nom  de  Jehan  Mignaut, 

nattier,  avec  sa  quictance,  montant  ncin  livres  vu  sols  m  deniers. 
mixxxv.     Une  autre  du  xxvn'juillet  ensuivant  aussi  dernier  passé,  soubz  le  nom  de  Estienne  Qui- 

quebeuf ,  aussy  nattier,  avec  sa  quictance ,  montant  xxi  livres  xv  sol  ix  deniers  obole 

tournois. 
iiiixxxvi.    Une  autre  du  11e  janvier  aussi  dernier,  soubz  le  nom  dudict  Quiquebeuf,  et  quictance, 

montant  11e  livres  tournois. 

ORFAVERIE. 

iihxxxvii.  Une  autre  ordonnance  du  xvih"  juillet  aussi  dernier  passé,  soubz  le  nom  de  Richard 
Toutain,  orfèvre,  signée  du  dict  Lescot,  avec  sa  quictance,  montant  xim  livres  x  sols. 

MEN'UZ   FRAIZ. 

S  Une  ordonnance  du  1111e  janvier  dernier  passé,  signée  Lescot,  soubz  le  nom  de  Pierre 
Daguet,  menuisier,  et  sa  quictance,  montant  xi  livres  tournois. 

AMEUBLEMENS. 

iihxxxviii.  Une  autre  ordonnance  du  xxmie  jour  de  mai  mil  v'lviii  dernier  passé,  signée  Lescot, 
soubz  le  nom  de  Gilbert  Denis,  maistre  ferronnyer  engrosserye,  avec  sa  quictance, 
montant  lv  livres  tournois. 

mrxxix.  Une  autre  du  1111e  de  juing  ensuivant  aussy  dernier  passé,  soubz  le  nom  de  Marie  de  La- 
croix, veuve  de  Philippes  Le  Jay,  marchand  de  draps  de  soye,  avec  sa  quictance, 
montant  xl  livres  xn  sols  vi  deniers. 

MEXUZ    FRAIZ. 

<:.  Une  ordonnance  du  1111e  janvyer  dernier  passé,  signée  du  dict  Lescot,  soubz  le  nom  de 

Pierre  Duguet,  menuisier,  et  sa  quictance,  montant  xi  livres  tournois. 


COMPTES  DU  LOUVRE  SOUS  HENRI  II.  247 

Inveutui-it'. 

ci.  Une  autre  ordonnance  du  11e  avril  vclvii  avant  Pasques,  signée  du  dict  Lescot,  soubz  le 

nom  de  Lucas  Le  Vacher,  et  récépissé,  montant  vi"x  livres  tournois. 
eu.  Une  autre  du  iiii"  octobre  ensuivant  vclviii,  montant  c  livres  tournois, 

cm.  Une  autre  du  xe  décembre  ensuivant,  et  récépissé  montant  xxx  livres  tournois. 

SALLAIRES    ET    VACCATIONS. 

chu.         Une  autre  ordonnance  du  xvne  février  aussi  dernier  passé,  signée  du  dict  Lescot,  soubz 
le  nom  du  dict  Le  Vacher,  et  sa  quictance,  montant  mi"  livres  tournois. 

GAIGES    ET    ESTATZ    POUR    L'ANNEE    FYNIE    LE    DERNIER    JOUR    DE    DECEMBRE   VCLVIII    DERNIER. 

cv.  Unze  quictances  du  seigneur  de  Claigny,  signées  Lescot,  des  derniers  passez  (sic),  mon- 

tans  xn  livres  tournois. 
cvi.  Trois  autres  quictances  de  Lescot,  des  xv"  janvier,  iue  febvrier,  et  nne  mars  vclviii  ,  pour  la 

somme  de  troys  cens  livres  pour  ses  gages  de  janvier,  février  et  mars  vclviii. 

i 

menuyserie. 

cvn.         Une  ordonnance  du  second  jour  d'avril  vclix  après  Pasques,  à  Raoulland  Maillard, 
menuysier,  avec  sa  quictance  de  la  somme  de  iiii"ix  livres  vu  sols. 

ACHAPT    DE    MARBRE. 

cviii.        Une  autre  ordonnance  du  dernier  jour  de  mars  vclix  après  Pasques,  à  Amand  Colletet 
tourneur  de  pierres  et  de  bois,  avec  sa  quictance  de  la  somme  de  lui  livres  tournois. 


LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  II,  CHARLES  IX  ET  HENRI  III.    249 


CHAPITRE  VIII. 

LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  II,  CHARLES  IX  ET  HENRI  III. 


DE  1559  A  1589. 


Le  règne  de  François  II  a  été  trop  court  pour  qu'on  le  considère  comme  une 
phase  dans  l'histoire  du  Louvre.  Nous  n'avons  à  y  signaler  que  des  lettres  patentes 
confirmant  Pierre  Lescot  dans  sa  charge,  «en  laquelle,  dit  le  jeune  Roi,  vous 
«r  vous  êtes  acquité  si  soigneusement,  diligemment,  et  bien  et  tant  à  leur  contente- 
crment  (il  s'agit  de  François  Ier  et  de  Henri  II),  qu'à  présent  nous  sommes  déli- 
rrbéré  de  faire  continuer  une  si  belle  et  louable  entreprise,  nous  avons  grande 
«occasion  de  vous  continuer  aussy  en  ladite  charge,  pour  l'assurance  que  nous 
«  avons  du  bon  et  louable  service  que  nous  recevons  de  vous  en  cet  endroit  W.  d 
Ces  lettres  furent  délivrées  à  Paris,  le  26  juillet  i55o,,  c'est-à-dire  quatorze  jours 
seulement  après  la  mort  de  Henri  II.  Lescot,  on  le  voit,  n'avait  pas  perdu  plus 
de  temps,  cette  fois,  qu'à  la  mort  de  François  Ier,  afin  d'assurer  sa  position  qui  fut 
toujours  fort  respectée. 

Aujourd'hui  on  ne  peut  plus  distinguer  au  Louvre  les  parties  élevées  sous  Fran- 
çois II  :  elles  se  confondent  avec  celles  qui  sont  voisines.  Il  en  est  autrement  des 
constructions  de  Charles  IX. 

L'aile  ou  corps  de  logis  méridional  «  a  esté  poursuivy ,  dit  Du  Cerceau ,  par  les 
«roys  Françoys  second  et  Charles  neufiesme,  dernier  décédé,  ou  plustost  par  la 
«  Royne,  leur  mère,  jusques  à  l'endroit  où  sera  assis  un  autre  escalier,  pour  servir 
«audit  corps  de  logis. n  Le  lieu  où  devait  être  placé  l'escalier  auquel  Du  Cerceau 
fait  allusion  n'est  indiqué  nulle  part;  mais  il  est  probable  qu'on  l'aurait  disposé 
dans  le  troisième  avant-corps,  à  l'orient  du  gros  pavillon  d'angle,  dans  une  situa- 
tion correspondante  à  celle  de  l'escalier  de  Henri  II.  Sur  le  plan  qui  a  été  pu- 
blié par  Du  Cerceau,  en  1676,  et  qui  donne  assurément  l'état  de  l'édifice  à  cette 

(1)  Comptes  des  bâtiments,  1. 1,  p.  38i.  Nous  n'avons  pas  transcrit  entièrement  ces  lettres,  parce  que  la 
teneur  en  est  copiée  sur  celles  que  nous  donnons  in  extenso. 

1.  3a 


250  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

date,  la  nouvelle  aile  méridionale  ne  semble  achevée  que  jusqu'au  second  avant- 
corps  inclusivement,  car  au  delà,  à  l'étage  inférieur,  est  seulement  figurée  une 
portion  de  salle  incomplète  (r,  du  plan).  Ainsi  il  est  à  croire  qu'en  1 57G ,  c'est-à- 
dire  peu  de  temps  après  la  mort  de  Charles  IX,  l'aile  s'arrêtait  entre  le  second  et  le 
troisième  avant-corps.  Au  surplus,  le  monument  même  offre  une  excellente  preuve 
de  la  vérité  des  affirmations  et  des  dessins  de  Du  Cerceau  :  au  premier  avant-corps, 
qui  fut  édifié  par  Henri  II,  sont  sculptés  les  H  H  initiales  de  son  nom;  sur  le  se- 
cond avant-corps  et  sur  les  trois  travées  qui  le  séparent  du  premier,  on  remarque, 
au  contraire,  des  K  affrontés,  initiales  du  nom  latin  (Karolus)  de  Charles  IX.  Les 


parties  construites  sous  le  règne  de  ce  prince  sont  donc  en  quelque  sorte  signées 
par  lui,  et  l'espace  qu'elles  occupent  confirment  ce  que  nous  apprendDu  Cerceau; 
les  comptes  achèvent  d'en  démontrer  l'exactitude.  En  effet,  l'article  sculpture  du 
compte  de  1 562-63  est  ainsi  conçu:  ce  A  Pierre  L'Heureux,  François  L'Heureux, 
a  Martin  Le  Fort  et  Pierre  Nanyn,  sculpteurs,  la  somme  de  1A0  livres  à  euxordon- 
cc  née  par  ledit  seigneur  de  Claigny,  pour  avoir  taillé  et  enrichy  une  frise  de  festons 
ce  composée  de  plusieurs  fruictages  aux  petits  enfans  et  oiseaux  y  entremeslez,  et 
ce  pour  avoir  posé  et  assis  ladite  frise  sur  l'architecture ,  collonnes  et  pilastres  du 
a  second  estage  que  l'on  édifioit  pour  les  antichambres  et  cabinets  de  la  Royne, 
crdu  costé  de  la  cour  du  Louvre,  et  pour  avoir  taillé  quarante-trois  petits  masques 
«pour  ornement  d'une  corniche  servant  d'entablement  èsdits  logis  de  la  Royne.  v 
On  n'aperçoit  plus  aucun  de  ces  quarante-trois  petits  masques,  l'ancien  attique 
ayant  été  détruit  pour  faire  place  à  un  troisième  ordre;  mais  la  frise  couronnant 
le  second  ordre ,  et  décrite  dans  le  compte ,  existe  intacte ,  et  l'on  y  retrouve ,  depuis 
le  premier  avant-corps  jusqu'au  second  inclusivement,  des  K  enguirlandés,  preuve 
matérielle  que  cette  partie  de  l'aile  a  été  bâtie  à  l'époque  que  nous  indiquons. 

L'article  sculpture,  du  compte  de  1 564-65 ,  également  fort  précieux,  ajoute 
encore  à  l'authenticité  et  au  nombre  des  renseignements  que  le  précédent  comporte  : 
«A  Estienne  Cramoy  et  Martin  Le  Fort,  sculpteurs,  la  somme  de3a6  livres  à  eux 
cr  ordonnée  par  ledit  seigneur  de  Clagny,  pour  avoir  par  eux  taillé  en  pierre  de 
rtSaint-Leu,  autour  de  quatre  ovalles  de  marbre  mixte,  à  chacune  un  meufle  de 
cr  lion ,  et  deux  festons  de  chesne  pendans  dudit  meufle ,  lesdites  ovalles  estans  entre 
et  les  colonnes  du  second  estage;  plus,  pour  avoir  esté  taillé  au-dessus  de  trois 
eefenestres  du  dernier  estage,  à  chacun  un  trophée  de  morions,  areqs,  carquoys. 
ce flamberies  et  autres  armes  antiques.  Plus,  pour  avoir  par  eux  esté  taillez  sur  le 
ce  tas  en  ladite  pierre,  aux  costez  de  chascune  desdites  feiiestres,  deux  trophées 
ce  d'armes  antiques,  comme  corcelets,  toraces,  tarques,  pavois,  espées,  dagues, 


LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  II,  CHARLES  IX  ET  HENRI  III.        251 

rtarcqs,  carquoys  et  autres  sortes  d'armes  antiques.  Plus,  pour  avoir  taillé  sur  le 
<rtas,  en  ladite  pierre  de  Saint-Leu,  sur  quatre  tablettes  de  marbre  mixte,  lesquels 
trsont  posées  entre  lescollonnes  del'estage  du  rez-de-chaussée,  sur  chascune  un  K 
rr couronné  à  l'impériale,  enrichy  de  branches  de  lauriers.  Plus,  pour  avoir  taillé 
crsur  le  tas,  en  ladite  pierre  de  Saint-Leu,  en  trois  clefs  qui  sontcy  trois  arcades 
r  du  premier  estage,  à  chascune  un  K  environné  d'une  couronne  de  lauriers.  Plus, 
crpour  avoir  par  eux  achevé  et  mis  en  perfection  deux  petits  enfans  nuds  de  la 
c  corniche  du  second  estage  ;  tous  lesdits  ouvrages  susdits  ont  esté  faits  pour  orner 
a  et  enrichir  la  fassade  de  cette  partie  du  corps  d'hostel  que  l'on  bastit  à  présent 
«pour  le  logis  de  la  Reyne,  audit  chasteau  du  Louvre,  du  costé  de  la  rivière. •» 
Les  trophées  dont  il  est  ici  question  ont  disparu  lors  de  la  démolition  de  l'attique 
qu'ils  ornaient;  mais  les  mufles  à  festons  et  les  K  couronnés  se  reconnaissent  au 
premier  coup  d'œil.  Quant  aux  K  des  clefs  d'arcs  de  l'étage  inférieur,  on  ne  les  voit 
plus,  de  même  que  les  H  qui,  suivant  les  planches  de  Du  Cerceau,  décoraient  les 
clefs  analogues  de  l'autre  aile;  les  couronnes  de  laurier  seules  subsistent. 

Nous  n'avons  pas  besoin  de  faire  observer  quelle  importance  ont  les  deux  pas- 
sages que  nous  venons  de  citer,  et  combien  on  doit  s'estimer  heureux  de  ce  qu'ils 
nous  sont  parvenus  :  non-seulement  ils  nous  révèlent  les  auteurs  de  sculptures  qu'on 
attribuait  à  Jean  Goujon,  mais  ils  datent,  de  la  manière  la  plus  incontestable,  toute 
une  partie  de  l'édifice,  et,  par  suite  même,  les  parties  contiguës;  enfin  ils  éta- 
blissent que  les  chiffres  sculptés  sur  les  murs  du  Louvre  ne  sont  point  des  données 
a  conséquences  douteuses,  mais  des  indications  dans  lesquelles  il  convient  d'avoir 
la  plus  grande  confiance'1'. 

Charles  IX  ne  se  borna  vraisemblablement  pas  à  pousser  l'aile  méridionale  un 
peu  au-delà  de  son  second  avant-corps;  nous  supposons  qu'il  en  éleva  d'une  manière 
plus  ou  moins  complète  le  mur  extérieur,  jusqu'à  la  tour  sud-est  de  l'ancien  Louvre; 
car,  sur  la  vue  de  Cellier,  qui  représente  l'état  antérieur  à  la  construction  des  gale- 
ries, c'est-à-dire  à  l'année  1 566 ,  la  muraille  de  l'aile  méridionale  apparaît  achevée 
du  côté  de  la  rivière,  absolument  comme  sur  les  gravures  de  Sylvestre.  Il  n'y  au- 
rait, nous  le  savons  bien,  rien  d'extraordinaire  à  ce  que  ce  fût  là  une  fantaisie 
d'artiste  anticipant  sur  l'avenir;  mais  il  serait  encore  moins  surprenant  que  ce  fût 
l'expression  de  la  vérité.  Le  recueil  de  Cellier  porte,  il  est  vrai,  la  date  de  1 583  ; 
toutefois  cette  date  n'empêche  pas  de  croire  que  certains  dessins  du  recueil  ne 
donnent  point  des  aspects  plus  anciens''2',  et  il  y  a  une  preuve  que  la  vue  du  Louvre 
dont  nous  parlons  a  été  faite  avant  15^6,  puisqu'elle  ne  reproduit  point  la 
Petite-Galerie,  dont  on  trouve  le  plan  dans  l'ouvrage  de  Du  Cerceau.  H  estassuré- 


(l>  De  tout  (emps,  au  Louvre,  les  constructions  (,)  Jacques  Cellier  demeurait  h  Reims,  et  ses  vues 

ont  été  décorées  des  initiales  du  souverain  régnant.        de  Paris  peuvent  n'être  que  des  reproductions. 

3s. 


252  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

ment  fort  difficile  d'admettre  que,  pendant  un  grand  nombre  d'années,  et  à  une 
époque  de  troubles,  le  château  ait  pu  constamment  présenter  une  brèche  dans  ses 
murs;  or  c'est  précisément  ce  qui  aurait  eu  lieu  si  l'aile  ancienne  avait  été  démolie 
toise  par  toise ,  à  mesure  que  le  nouveau  bâtiment  progressait. 

Les  comptes  du  nouveau  Louvre  ne  descendent  pas  plus  bas  que  l'année  i568; 
il  devient  impossible  de  suivre  exactement  la  marche  des  travaux  qui  furent  faits 
depuis.  Divers  articles  des  comptes  les  plus  récents  donnent  à  penser  que,  vers 
1570,  on  s'occupait  surtout  d'aménagement  et  de  décoration  intérieure.  Ainsi  il 
est  question,  en  1567,  d'achats  de  contre-cœurs  de  cheminées,  et,  dès  1 565,  des 
sculptures  du  plafond  de  a  la  chambre  du  rez-de-chaussée,  au-dessous  de  celle  de 
cria  Reyne,Ti  passage  qui  démontre  que  la  chambre  de  la  Reine  était  au  premier 
étage  (G).  Nous  savons  qu'elle  était  séparée  de  la  chambre  du  Roi  par  le  cabinet M 
dont  nous  avons  parlé  précédemment  (p.  227).  Elle  était  éclairée  par  deux  fe- 
nêtres donnant  sur  la  rivière,  et  formant  la  deuxième  et  la  troisième  baie  après 
le  gros  pavillon.  Elle  correspondait  en  partie  au  premier  avant-corps  de  l'aile 
méridionale  '2>.  Dans  le  compte  de  1 5  68,  il  y  a  une  indication  de  l'antichambre  de 
la  Reine;  la  pièce  qu'on  désignait  ainsi  en  1661  était  celle  (J)  qu'éclairaient  les  sep- 
tième et  huitième  fenêtres ^  après  le  gros  pavillon.  Elle  était  séparée  de  la  grande 
chambre  par  deux  pièces  :  le  grand  cabinet  de  la  Reine  (I)  et  sa  chambre  à  cou- 
cher (H),  contiguë  à  sa  grande  chambre.  En  1661,  la  dernière  pièce  de  l'aile  était 
la  salle  des  gardes  de  la  Reine. 

La  conduite  des  travaux  du  nouveau  Louvre,  ainsi  que  nous  l'avons  dit,  resta 
entre  les  mains  de  Lescot  jusqu'à  sa  mort,  et,  par  conséquent,  durant  tout  le  règne 
de  Charles  IX  et  le  commencement  de  celui  de  Henri  III.  On  en  a  la  preuve  dans 
les  lettres  d'office  de  son  successeur  aux  fonctions  d'architecte  du  château,  et  dans 
un  mémoire  de  marbrerie  de  1 5y3 ,  où  Lescot  est  qualifié  de  surintendant  des 
travaux'*'.  Les  artistes  nommés  dans  les  comptes  sont  Jean  Goujon,  le  tailleur  de 
marbre  François  Du  Han,  les  sculpteurs  Etienne  Cramoy,  Martin  Le  Fort,  Pierre 
Nanyn,  Jean  Tacet  ou  Tacquet  et  les  deux  frères  Pierre  et  François  L'Heureux. 
Ces  derniers,  auxquels  on  doit  la  délicieuse  frise  d'une  partie  de  la  grande  galerie 
du  bord  de  l'eau,  le  plus  gracieux  morceau  de  sculpture  qu'il  y  ait  au  Louvre, 


(1)  On  parvenait  directement  à  ce  cabinet  par 
un  escalier  tournant  en  une  cage  carrée  que  l'on 
voit  encore,  mais  qui  ne  figure  pas  sur  le  plan 
de  Du  Cerceau,  où  il  paraît  y  avoir  l'indication 
d'un  petit  escalier  dérobé  pris  dans  l'épaisseur  du 
mur. 

(,)  Au  xvne  sièle,  un  oratoire  était  disposé  dans 
l'embrasure  de  la  fendtre  donnant  sur  la  cour. 

(3)  Sur  la  face  méridionale  du  Louvre  de  Lescot, 


l'espacement  des  fenêtres,  ce  qu'on  ne  sait  guère, 
était  fort  inégal.  U  y  a  d'ailleurs  des  indications  de 
cette  irrégularité  dans  les  planches  de  Du  Cerceau 
et  dans  une  vue  de  Sylvestre.  Au  moyen  de  vieux 
plans  cotés,  qui  existent  aux  Archives,  nous  avons 
pu  restituer  l'ancienne  disposition  avec  une  exacli- 
tude  complète. 

<*'  Ce  mémoire  est  indiqué  sous  le  numéro  1112 
dans  le  catalogue  de  la  bibliothèque  Leber. 


COMPTES  DU  LOUVRE  SOUS  CHARLES  IX.  253 

étaient  probablement  élèves  de  Jean  Goujon.  Vers  1678,  ils  ornèrent  de  deux 
figures  de  ffeuves  la  fontaine  de  Marie,  située  en  la  rue  Salle-au-Comte.  François 
L'Heureux ,  auquel  Sauvai  attribue  un  lion ,  d'exécution  remarquable ,  qui  ornait  le 
portail  de  l'hôtel  d'O,  rue  Vieille-du-Temple ,  sculptait  aussi  le  bois,  et  fit  des 
travaux  de  cette  espèce  dans  les  appartements  de  la  Reine,  avec  Jean  Tacquet. 
En  fait  de  peintres,  les  comptes  nomment  encore  Louis  Du  Breuil  et  un  certain 
Jacques  Patin.  Les  menuisiers  sont  toujours  Raoullant  Maillart,  Rieulle  Richart  et 
aussi  Michel  Bourdin  et  Noël  Biart,  apparemment  le  père  de  Pierre  Biart.  Enfin 
il  est  fait  mention,  en  1 568 ,  de  n l'orlogeur  n  Nicolas  Le  Constançois. 

L'aile  méridionale,  à  partir  de  l'année  1 568 ,  où  nous  cessons  d'en  suivre  régu- 
lièrement les  progrès,  et  jusqu'à  la  mort  de  Charles  IX,  ne  semble  pas  avoir  été 
poussée  avec  activité  ;  la  construction  en  fut  peut-être  ralentie  par  d'autres  travaux 
beaucoup  plus  importants,  qu'on  entreprit  au  dehors  du  château.  Avant  de  les 
décrire,  et  pour  n'avoir  point  à  scinder  notre  récit,  nous  donnons  ici  le  résumé  des 
comptes  qui  nous  restent  à  partir  de  i56o. 

ANNÉE  1560-61.  — NOUVEAU  LOUVRE. 

Le  compte  du  1"  janvier  i56o(v.  s.)  au  dernier  décembre  1 56 1,  rendu  par  M'Jean  Durant, 
indique  un  total  de  26,682  livres  16  sols  1 1  deniers,  dont  20,000  livres  payées  à  G.  Guiliain 
et  P.  de  Saint-Quentin,  pour  travaux  de  maçonnerie  ;  —  100  livres  à  Guillaume  Vuespin,  pour 
trois  grandes  pièces  de  marbre,  par  lui  amenées  dans  le  magasin  des  marbres  du  Louvre;  — 
4,8o5  livres  à  Jean  Goujon,  pour  travaux  de  sculpture; — i,543  livres  1 3  sols  1 1  deniers  à  Jean 
Le  Peuple  et  à  Claude  Girard,  pour  travaux  de  charpenterie;  —  200  livres  à  Rieulle  Richault, 
pour  travaux  de  menuiserie;  200  livres  à  Claude  Penelle,  pour  travaux  de  couverture  en  ar- 
doise;—  60  livres  à  Louis  du  Rrueil,  pour  travaux  de  peinture;  —  82  livres  à  Laurent  Testu, 
pour  neuf  tuyaux  de  bronze  servant  à  l'écoulement  des  eaux  du  bâtiment  neuf  ;  —  11  livres  à  Louis 
du  Rrueil,  pour  avoir  doré  ces  tuyaux;  et  1,200  livres  à  Lescot,  pour  ses  honoraires  d'une 
année. 

ANNÉE  1561-62.—  NOUVEAU  LOUVRE. 

Le  compte  du  î"  janvier  i56i  (v.  s.)  au  dernier  décembre  1 56a  indique  un  total  de 
10,699  livres  6  deniers,  dont  8,5oo  livres  payées  à  G.  Guiliain  et  P. de  Saint-Quentin,  pour 
travaux  de  maçonnerie;  —  716  livres  à  Jean  Goujon,  pour  travaux  de  sculpture; —  4oo  livres  à 
Guillaume  Laurens,  pour  travaux  de  plomberie;  —  53  livres  1 5  sols  6  deniers  à  Etienne  Guigne- 
beuf ,  pour  ouvrages  de  nattes  ;  —  29  livres  5  sols  à  Rernard  Symon ,  pour  ouvrages  de  pavés  faits 
»  de  neuf  en  la  cour  dudit  chasteau;* —  et  1,000  livres  à  Lescot,  pour  dix  mois  de  ses  honoraires. 

ANNÉE  1562-63.—  NOUVEAU  LOUVRE. 

Un  compte  du  6  octobre  i5G2  au  dernier  novembre  1 563 ,  rendu  par  Etienne  Grand-Remy, 
indique  un  total  de  1,918  livres  6  sols  3  deniers,  dont  i,/ioo  payées  à  G.  Guiliain  et  P.  de 
Saint-Quentin,  pour  travaux  de  ma çonnerie;-i  4 0  livres  à  Pierre  L'Heureux,  François  L'Heureux, 
Martin  Le  Fort  et  Pierre  Nanyn,  pour  les  travaux  de  sculpture  dont  on  a  vu  le  détail  plus  haut; 


254  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

—  45  livres  à  Louis  Du  Brueil, pour  travaux  de  peinture; —  1 33  livres  fi  sols  3  deniers  à  Nicolas 
Beaurain,  pour  travaux  de  vitrerie; —  et  1,200  livres  à  Lescot,  pour  ses  honoraires  d'une  année. 

VIEUX  LOUVRE. 

Le  compte  correspondant  indique  un  total  de  a63  livres  3  sols  8  deniers,  dont  1 2  livres  9  sols 
payés  à  Jean  Aubert,  pour  travaux  de  maçonnerie;  —  64  livres  12  sols  à  Michel  Bourdin,pour 
des  travaux  de  menuiserie,  dont  une  partie  avaient  été  faits  dans  le  palais  de  la  Cité; — 1 4 1  liwes 
i3  sols  6  deniers  à  Mathurin  Bon(l),  pour  travaux  de  serrurerie;  —  et  44  livres  10  sols  10  de- 
niers à  Jean  de  La  Hamée ,  pour  travaux  de  vitrerie.  Quelques  autres  travaux  de  maçonnerie ,  mon- 
tant à  la  somme  de  600  livres,  furent  en  outre  exécutés,  tant  au  Palais  qu'au  Louvre,  par 
Eustache  Ive. 

ANNÉE  1563-64.  —  NOUVEAU  LOUVRE. 

Le  compte  du  1"  janvier  1 563  (v.  s.)  au  dernier  décembre  i564  indique  un  total  de 
8,774  livres  12  sols  6  deniers,  dont  6,5oo  livres  payées  à  G.  Guillain  et  P.  de  Saint-Quentin, 
pour  travaux  de  maçonnerie;  —  642  livres  2  sols  2  deniers  à  Guillaume  Laurens,  pour  travaux 
de  plomberie;  —  200  livres  à  Claude  Penelle,  pour  travaux  de  couverture;  —  200  livres  à 
Raoullant  Maillart,  pour  travaux  de  menuiserie  ;  —  12  livres  à  Etienne  Guignebeuf,  pour  ouvrages 
de  nattes;  —  et  1,200  livres  à  Lescot,  pour  un  an  de  ses  honoraires. 

ANNÉE  1564-65.—  NOUVEAU  LOUVRE. 

Le  compte  du  1"  janvier  1 564  (v.  s.)  au  dernier  décembre  1 565  indique  un  total  de 
19,568  livres  8  sols  3  deniers,  dont  7,000  livres  payées  à  G.  Guillain  etP.de  Saint-Quentin, 
pour  travaux  de  maçonnerie  ;  —  326  livres  à  Etienne  Cramoy  et  Martin  Le  Fort ,  pour  les  travaux 
de  sculpture  sur  pierre,  énoncés  précédemment; — 100  livres  à  François  L'Heureux,  rr  pour  avoir 
tr  taillé  en  bois  une  grande  armoirie  de  la  Reyne,  enrichie  de  masques,  festons  et  autres  orne- 
trmens,  pour  estre  appliqué  au  cul  et  plat-fons  de  la  chambre  de  la  Reyne,  et  aussy  avoir  taillé 
tten  bois,  dans  un  grand  panneau,  un  grand  chappeau  de  triumphe  de  feuilles  de  chesne,  et 
ff  dans  icelluy  un  bassin  antique  enrichy  de  plusieurs  ouvrages  ;  pour  estre  ledit  panneau  applicqué 
ttau  milieu  d'un  ciel  et  plat-fonds  de  la  chambre  du  rez-de-chaussée  au-dessous  de  celle  de  la 
rt  Reyne, du  costé  de  la  rivière;» — 3, 100  livres  àJean  Le  Peuple,  pour  travaux  de  charpenterie  ; 

—  i,3oo  livres  à  Michel  Suron,  pour  travaux  de  serrurerie; —  63 1  livres  18  sols  fideniersà 
Claude  Penelle,  pour  travaux  de  couverture;  —  600  livres  à  Guillaume  Laurens,  pour  travaux 
de  plomberie; — 4,g5o  livres  à  Raoullant  Maillart,  Noël  Biart  et  Bieulle  Richault,  pour  tra- 
vaux de  menuiserie;  —  35o  livres  à  Nicolas  Beaurain,  pour  travaux  de  vitrerie;  —  et  1,200  livres 
à  Lescot,  pour  un  an  de  ses  honoraires. 

ANNÉE  1566.  —  NOUVEAU  LOUVRE. 

Le  compte  des  mois  de  janvier,  février  et  mars  de  cette  année  1 566  indique  un  total  de 
2,858  livres,  dont  800  livres  payées  à  G.  Guillain  et  P.  de  Saint-Quentin,  pour  travaux  de  ma- 
çonnerie;—  100  livres  à  Etienne  Cramoy  et  Martin  LeFort,  plus  60  livres  à  Pierre  et  François 
L'Heureux,  pour  travaux  de  sculpture  ;  —  200  livres  à  Michel  Suron,  pour  travaux  de  serrurerie  ; 

(1)  Malhurin  Bon  ,  qui  travailla  pour  les  bâtiments  du  nouvel  hôtel  de  Catherine  de  Médicis  vers  1677, 
vivait  encore  en  i585. 


COMPTES  DU  LOUVRE  SOUS  CHARLES  IX.  255 

—  95o  livres  à  Noël  Biart  et  Raouiland  Maillart ,  pour  travaux  de  menuiserie  ;  —  60  livres  à  Jean 
Tacquet,  pour  avoir  taille'  tr  en  bois ,  des  feuillages  et  autres  ornemens,  huict  pommeaux  pourestre 

rrappliequcz  au  cul  et  plat-fond  de  l'antichambre  de  la  Reyne,  au  corps  d'hostel du  costé  de 

tria  rivière,  pour  loger  Sa  Majesté;» — et  200  livres  à  Lescot,  pourdeux  moisde  ses  honoraires. 

ANNÉES  1567  ET  1568.  —  NOUVEAU  LOUVRE. 

Le  compte  rendu  par  Alain  Veau,  et  s'étendant  du  1"  février  1567  au  dernier  décembre 
i568,  indique  pour  cette  période  un  total  de  21, 253  livres  7  sols  7  deniers,  dont  12,700  li- 
vres payées  à  G.  Guillain  et  P.  de  Saint-Quentin,  pour  travaux  de  maçonnerie;  —  2,1^2  livres 
12  sols  à  Jean  Le  Peuple, pour  travaux  de  charpente;  —  1,219  'ivres  à  NoélBiard,  RieulIeRi- 
chault  et  Rolland  Maillart,  pour  travaux  de  menuiserie;  —  377  livres  8  sols  10  deniers  à  Claude 
Penelle,  pour  travaux  de  couverture; — 1,072  livres  1  sol  6  deniers  à  Michel  Suron,  pour  tra- 
vaux de  serrurerie; —  26  livres  i5  solsà  Claude  Vasse,  marchand  ferronnier,  «■  pour  deux  grands 
-contre-cœurs  de  fonte,»  destinés  aux  cheminées  du  château; —  236  livres  2  sols  6  deniers  à 
Antoine  Le  Clerc  et  Jean  de  La  Hamée,  pour  travaux  de  vitrerie;  —  1 97  livres  2  sols  à  Etienne 
Guignebeuf,  pour  ouvrages  de  nattes; —  226  livres  7  sols  5  deniers  à  Armand  Bouquet,  voitu- 
rier,  s  pour  avoir  charrié  plusieurs  marbres  jusques  dans  l'un  des  magazins  du  Louvre;»  — 
5o  livres  à  Jean  Tacet,  tailleur  en  bois;  «  pour  avoir  vendu  quatre  chandelliers  de  bois  de  noyer, 
rayant  chacun  cinq  branches,  tout  enrichis  de  vazes  avec  gaudcrons ,  feuillages,  masques,  guil- 
rrlochis  et  autres  ornemens  antiques,  pour  estre  pendus  à  l'antichambre  et  celle  de  la  Reyne, 
tr  audit  bastiment  neuf  du  Louvre; —  371  livres  2  sols  à  Jacques  Patin,  pour  travaux  de  pein- 
ture;—  5oo  livres  à  Eslienne  Cramoy,  pour  travaux  de  sculpture;  —  3,563  livres  8  sols  6  de- 
niers à  François  du  Han,  pour  taille  de  marbres;  —  2,808  livres  9  sols  2  deniers  à  Guillaume 
de  Vrespin,  ditTabaquet,  pour  fournitures  depiècesde  marbre  *  livrez  près  le  port  du  Louvre;» 

-  2, '100  livres  à  Leseot,  pour  ses  honoraires  de  deux  années;  —  &00  livres  à  Alain  Veau,  le 
comptable;  et  87  livres  de  dépense  commune. 

Ici  s'arrêtent  les  comptes  relatifs  au  nouveau  Louvre.  Pour  le 

VIEUX  LOUVRE. 

Le  compte  de  1 568  mentionne,  comme  ayant  été  payée  :  rtà  Etienne  Grand-Remy,  maislre 
"maçon,  la  somme  de  160  livres  pour  la  construction  et  esreclion  de  deux  corps  de  garde  que 

-  le  Rov  voullut  et  commanda  lors  estre  bastis  de  nouveau  et  en  diligence,  près  son  chasteau  du 

"Louvre,  pour  la  seurelé  de  sa  personne.» —  »A  Jean  Le  Peuple la  somme  de  570  livres 

- pour  ouvrages  de  charpenterie  par  luy  faits  ausdits  corps  de  garde.  »  —  r  A  Claude  Penelle 

tr .  . .    .la  somme  de  i3o  livres,  pour  ouvrage  de  couverture  de  tuille faits  ausdits  corps 

«  de  garde.  »  —  «A  Pierre  de  Saint-Jorre la  somme  de  60  livres  pour  ouvrages  de  pavés  faits 

tren  la  court  du  chasteau  du  Louvre;»  le  tout  donnant  un  total  de  860  livres  pour  les  deux 
corps  de  garde.  En  outre,  on  paya  100  livres  à  André  Soye,  pour  travaux  de  maçonnerie  faits 
tant  à  l'hôtel  de  Bourbon  qu'au  Louvre;  —  34  livres  isolsàJeariBoileau,  s  maislre  chaudronnier, 
rpour  ou\rages  de  cuivre  laits  de  neuf,  [jour  servir  au  pont-levis  du  Louvre;» — 200  livres  à  Eus- 
tache  Ive,  pour  travaux  de  maçonnerie  faits  au  palais  de  la  Cité,  aux  rr  deux  Chastelets  et  au  bas- 

-  liment  des  grosses  pilles  et  pilliers  de  pierre  de  taille,  soustenant  le  pont-levis  fait  de  neuf  entre 
-le  grand  corps  d'hostel  du  chasteau  du  Louvre  (l'aile  occidentale)  et  la  court  des  officiers  et 
-autres  lieux;  »  —  6  livres  10  sols  à  Nicolas  Le  Constançois,tmiaistreorlogeur pour  ouvrages 


256  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

ffde  son  meslier faits  en  l'orloge  du  chasteau  du  Louvre  ;  i> —  îio  livres  à  André  Soye,  pour 

Iravaux  de  maçonnerie,  exécutés  tant  à  l'hôtel  de  Rourbon  qu'au  Louvre; —  i5o  livres  à  Michel 
Suron,  pour  travaux  de  serrurerie  dans  ces  deux  édifices;  —  5o  livres  à  Pierre  de  Saint- 
Georges,  (rpour  ouvrages  de  pavé  par  iuy  faits  en  la  court  du  logis  de  Bourbon,  et  en  la  court 
»  et  offices  du  chasteau  du  Louvre.  •» 

Le  compte  du  16  mai  au  dernier  décembre  1669  comprend  1,705  livres,  payées  à  Eustache 
Ive,  pour  travaux  de  maçonnerie  <rau  bastiment  et  maison  des  Lions,  pallais  royal  (de  la  Cité), 
«grand  et  petit  Chastellet,  bastiment  des  pilles  et  pilliers  soustenant  les  nouveaux  ponts-levis 
ttdu  Louvre.» 

Le  compte  de  1 5  7  0  énonce  l'acquisition ,  faite  par  1  e  Roi ,  de  deux  maisons ,  situées  en  la  rue 
Fromenteau  et  attenant  à  «  la  cour  de  derrière  du  chasteau.  15 

Le  compte  de  1571  indique  2,1 84  livres  16  sols  k  deniers,  payés  à  Eustache  Ive,  pour  ou- 
vrages de  maçonnerie  faits  en  divers  lieux ,  entre  autres  «  auxbastimens  de  l'appuy  des  nouveaux 
«ponts-levis  du  Louvre;  100  livres  payées  au  même,  à  cause  de  travaux  faits  au  Louvre,  pour 
la  construction  «d'un  corps  de  logis  servant  à  loger  les  lions  et  autres  bestes  sauvages, n  et 
encore  687  livres  k  sols  6  deniers,  pour  travaux  analogues  dans  le  vieux  Louvre.  On  trouve  éga- 
lement dans  le  compte  de  1571  une  somme  de  i3i  livres,  délivrée  à  Etienne  Grand-Remy, 
pour  des  travaux  de  maçonnerie  faits  aux  deux  nouveaux  corps  de  garde,  ainsi  que  quelques  dé- 
penses concernant  la  serrurerie,  la  couverture  et  la  charpente  de  ces  bâtiments. 

L'histoire  du  Louvre  proprement  dit,  sous  le  règne  de  Charles  IX,  ne  nous 
offre  aucun  autre  détail ,  si  ce  n'est  que ,  par  lettres  patentes  du  1 8  décembre  15^2, 
enregistrées  le  h  mars  1673,  l'auditoire  du  bailli  de  l'artillerie  de  France,  qui  y 
avait  son  siège ,  fut  transféré  à  l'autre  extrémité  de  Paris ,  au  lieu  connu  depuis 
sous  le  nom  d'Arsenal^.  Mais  il  nous  reste  à  éclaircir  l'origine  des  constructions 
dépendant  du  château  et  s'étendant  le  long  de  la  rivière ,  qui  furent  commencées 
vers  la  même  époque,  et  ont  acquis  depuis  une  importance  si  grande.  Ces  cons- 
tructions se  composaient  de  la  Petite-Galerie,  de  la  Salle  des  Antiques  et  de  la 
Grande-Galerie.  Quoiqu'elles  aient  été  entreprises  un  peu  avant  l'année  où  finissent 
les  comptes  du  nouveau  Louvre,  elles  n'y  sont  pas  mentionnées,  peut-être  parce 
qu'elles  étaient  comprises  dans  les  bâtiments  de  la  Reine  mère,  dont  l'influence 
et  le  goût  présidèrent  aux  travaux. 

L'âge  de  ces  édifices,  bien  que  fort  discuté,  n'a  point  encore  été  fixé  d'une 
manière  positive.  Comme  le  Louvre  même,  la  Grande  et  la  Petite-Galerie  ont  été 
l'objet  d'innombrables  assertions  hypothétiques  et  contradictoires.  La  raison  de  ce 
fait  est  que  la  plupart  des  auteurs  se  sont  bornés  à  se  copier  les  uns  les  autres, 
tandis  que  ceux  qui  auraient  voulu  procéder  plus  sérieusement  ont  été  arrêtés,  dès 
leurs  premiers  pas,  par  les  difficultés  du  sujet.  Ces  difficultés  sont  effectivement 
très-grandes,  et,  comme  elles  tiennent  surtout  à  l'extrême  pénurie  des  documents, 
elles  ont  défié  jusqu'ici  les  efforts  les  plus  persistants.  Cependant  si,  par  suite  de 

(1>  Félibien,  Hist.  de  Paris,  t.  IV,  p.  835. 


LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  II,  CHARLES  IX  ET  HENRI  III.        257 

la  destruction  des  comptes  relatifs  à  la  Grande  et  à  la  Petite-Galerie,  les  rensei- 
gnements qui  s'y  rattachent  sont  aussi  rares  que  disséminés,  il  en  existe  du  moins 
assez  pour  donner  une  idée  satisfaisante  de  l'origine  ainsi  que  du  développement 
des  deux  constructions.  La  réunion,  laborieusement  obtenue,  de  ces  renseigne- 
ments nous  permettra  d'être,  sur  ce  point,  plus  explicite  et  plus  vrai  que  nos 
devanciers. 

La  fondation  de  la  Grande-Galerie  implique  celle  de  la  Petite,  qui  la  relie  au 
Louvre.  On  s'explique  mal,  en  effet,  comment  la  première  aurait  pu  être  cons- 
truite pour  demeurer  isolée,  et  on  le  comprend  d'autant  moins  qu'on  sait  mieux 
qu'elle  fut  surtout  conçue  dans  le  dessein  de  réunir  les  deux  palais  du  Louvre 
et  des  Tuileries.  Recherchons  donc  préalablement  à  quelle  époque  fut  commencée 
la  Grande-Galerie. 

Plusieurs  opinions  ont  été  émises.  Selon  la  première,  la  Grande-Galerie  aurait 
été  entièrement  élevée  par  Henri  IV.  Cette  opinion,  complètement  insoutenable 
en  présence  des  textes  que  nous  citerons,  ne  l'est  pas  moins  au  point  de  vue  ar- 
chéologique. Entre  la  portion  de  l'édifice  située  au  delà  du  pavillon  dit  de  Les- 
dtgvièret  et  la  portion  située  en  deçà,  il  y  a  une  si  énorme  différence  de  style 
et  de  disposition,  qu'il  est  impossible  de  les  regarder  comme  contemporaines, 
même  en  supposant  un  changement  d'architecte.  La  disparité  est  telle  que 
M.  Vitet,  sans  disposer  de  preuves  écrites,  a  pu  très-bien  démontrer  que  les  deux 
parties  de  la  Galerie  ne  sauraient  avoir  été  édifiées  simultanément,  et,  en  outre, 
que  l'étage  inférieur  de  la  première  partie  n'avait  point  été  ordonné  en  vue  de 
supporter  un  étage  supérieur.  Cette  double  vérité  découle,  i°  de  l'impossibilité 
d'interpréter  autrement  la  dissemblance  radicale  qu'on  observe  entre  les  deux 
moitiés  de  la  Grande-Galerie;  2°  de  ce  que  la  première  moitié  est  fondée  à  deux 
mètres  en  contre-bas  de  l'autre,  et,  par  conséquent,  sur  un  sol  plus  ancien;  3°  de 
la  présence  du  mezzanino  ou  étage  intermédiaire,  qui  détermine  la  hauteur  du 
plancher  de  l'étage  supérieur  (Musée  de  peinture),  dont  on  aurait  atteint  bien 
plus  simplement  le  niveau  en  exhaussant  l'ordre  inférieur,  sans  établir  de 
mezzanino;  h"  de  la  saillie  de  la  sculpture,  plus  grasse  en  bas  qu'en  haut;  5°  de 
ce  fait  que  l'ordre  toscan  de  l'étage  inférieur  est,  contrairement  à  toutes  les 
règles,  d'un  module  plus  élevé  que  l'ordre  corinthien  de  l'étage  supérieur,  sin- 
gularité dont  l'existence  semble  impossible  dans  le  cas  où  les  deux  étages  auraient 
été  conçus  d'un  seul  et  même  jet'1'. 

L'étage  inférieur  de  la  première  moitié  de  la  Grande-Galerie  étant  reconnu 
pour  la  portion  la  plus  ancienne  de  l'édifice ,  à  quelle  époque  du  xvie  siècle  faut-il 
en  reporter  la  construction?  Au  règne  de  Henri  II,  comme  le  croyait  M.  de  Cla- 

''  Revue  contemporaine ,  numéro  du  i5  septembre  1 852. 

i.  33 


358  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

rac,  ou  bien  à  celui  de  son  troisième  fils,  comme  d'autres  écrivains  l'ont  soutenu? 
Elle  commença  très-certainement  à  s'effectuer  du  temps  de  Charles  IX. 

Que  la  Grande-Galerie  ait  été  entreprise  sous  ce  dernier  roi,  c'est  ce  qui 
résulte  d'abord  du  passage  où  Germain  Brice,  ordinairement  bien  informé,  dit: 
rr  II  paroît  que  cet  ouvrage  (dans  sa  partie  orientale)  a  été  commencé  sous 
tr Charles  L\W;d  vient  ensuite  l'affirmation  de  Palma  Cayet,  témoin  oculaire, 
irai  déclare  que  «les  superbes  galleries,  pour  aller  du  Louvre  aux  Tuilleries, 
«furent  commencées  seulement  par  Charles  IX,  qui  n'y  fit  que  mettre  la  première 
«  pierre ,  de  l'advis  de  la  Reyne ,  sa  mère  f'2^;  n  enfin  l'inscription  qui  y  fut  placée  par 
Henri  IV  contenait  ces  mots  :  «Porticum  banc  a  Carolo  IX,  alta  olim  pace  cœp- 
trtam*3).  .  .  Ti  Subsidiairement,  nous  ajouterons  que  l'historien  de  Thou,  person- 
nage contemporain,  en  relatant  la  fondation  du  palais  des  Tuileries,  dit  que 
Catherine  de  Médecis  fit  élever  des  bâtiments  magnifiques,  qui  devaient  être 
réunis  au  Louvre  par  une  galerie,  «sedes  sumptuosissimas,  quse  média  porticu 
«  cum  Lupara  conjungerentur,  cœpit  exstruere  W.  fl  De  son  côté  Jacques  Androuet 
Du  Cerceau,  dont  le  témoignage  a  la  plus  haute  valeur,  puisqu'il  était  à  la  fois 
architecte  et  protégé  de  Catherine ,  s'exprime  ainsi  dans  sa  notice  sur  le  Louvre  : 
«Davantage  ont  esté  par  ladicte  Dame  encommencez  quelques  accroissemens 
«cf  galleries  et  tcrraces,  du  costé  du  pavillon  (du  sud-ouest),  pour  aller  de  là  au 
«  palais  quelle  a  fait  construire  et  édifier  au  lieu  appelle  les  Tuilleries  W.  n  II  est  certes 
absolument  impossible  de  se  refuser  à  voir  dans  ces  galeries  allant  du  Louvre  vers 
les  Tuileries,  la  Grande-Galerie  et  ses  dépendances.  Or  on  sait  que  Catherine, 
effrayée  de  certaine  prédiction,  renonça  aux  travaux  des  Tuileries  vers  1672,  et. 
à  coup  sûr,  personne  ne  supposera  qu'elle  ait  pu  ordonner  de  bâtir  une  galerie  pour 
conduire  au  château  des  Tuileries,  postérieurement  à  l'époque  où  elle  en  abandonna 
la  construction.  Donc  la  Grande-Galerie  a  dû  être  entreprise  entre  les  années 
i564  et  1572.  En  i566,  il  n'y  avait  point  encore  de  château  des  Tuileries;  en 
1.572,  on  ne  s'occupait  déjà  plus  des  travaux  commencés,  et,  depuis  la  Saint- 
Barthélémy  jusqu'à  la  mort  de  Charles  IX,  il  régna  une  terrible  agitation,  fort  éloi- 
gnée de  cette  paix  profonde,  altapax,  à  laquelle  il  est  fait  allusion  dans  l'inscription 
conservée  par  Morisot.  Cette  inscription  disait  vrai  :  c'est  pendant  la  paix  qui 
dura  du  mois  de  mars  1  563  au  mois  de  septembre  1567  que  la  Grande-Gale- 

''  Descript.  de  Paris,  t.  I,  p.  161,  de  l'édition  lionne  cette  inscription  et  attiré  l'attention  sur  le 

de  1752.  passage  de  Palma  Cayet  que  nous  venons  de  citer. 

i;   Chronologie  sept.  liv.  VII,  p.  283.  Coll.  Mi-  (,)   Thuanillist.  t.  II,  p.  290  de  l'édition  publiée 

chaud.  —  Palma  Cayet  vécut  de  i525  à  1610.  en  1620. 

(3>  Morisot,  Heuricus  magnus ,  cap.  XLvi,p.  1&8.  l5)  Dans  le  premier  volume  de  son  grand  ouvrage 

M.  Poirson  (Histoire  du  règne  d'Henri  IV)  est  le  sur  Les  plus  excellais  bastimens  de  France.  Ce  pre- 

premier,  parmi  les  auteurs  modernes,  qui  aitmen-  mier  volume  porte  la  date  de  1576.      -*•.■ 


LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  II,  CHARLES  IX  ET  HENRI  III.    '259 

rie  fut  fondée.  En  voici  une  preuve  tellement  formelle  qu'elle  pourrait  au  besoin 
suppléer  à  toutes  les  autres. 

Dans  l'ancien  registre  du  Bureau  de  la  Ville,  où  se  trouve  le  récit  de  la  pose  de 
la  première  pierre  du  bastion  des  Tuileries  en  juillet  1 566 ,  nous  avons  décou- 
vert la  note  suivante,  placée  immédiatement  après  ce  récit:  «Du  xxie  dudict  mois. 
rr —  Ce  jour,  le  Roy  a  mandé  messieurs  les  Prévost  des  marchans  et  Eschevins, 
(r  et  leur  a  ordonné  de  faire  clorre  de  grosse  maçonnerye  la  seconde  descente  ap- 
prochante du  port  Sainct-Nicolas,  devant  les  clostures  du  Louvre,  à  l'endroict 
rr  d'une  gallerie  que  sa  Majesté  a  ordonné  estre  faicte  en  ce  Ueu^.i)  Le  texte  est  décisif. 
Ainsi  il  est  avéré  que  la  Grande-Galerie  a  été  commencée  dans  le  même  temps  que 
le  bastion  des  Tuileries,  et  élevée,  comme  ce  bastion,  pour  satisfaire  la  Reine  mère, 
alors  toute-puissante  à  cause  de  la  jeunesse  de  Charles  IX. 

Si  l'origine  de  la  Grande-Galerie  remonte  à  i566,  il  en  doit  être  à  peu  près 
de  même  de  la  Petite-Galerie,  sans  laquelle  la  première  n'eût  point  communiqué 
avec  le  Louvre.  Au  reste,  Sauvai  déclare  bien  positivement  que  la  Petite-Galerie 
date  du  règne  de  Charles  IX,  pour  l'étage  inférieur,  et  l'on  en  a  une  preuve,  pour 
ainsi  dire  matérielle,  dans  une  planche  de  l'ouvrage  de  Du  Cerceau,  où  elle  est 
représentée  en  plan,  avec  la  même  longueur  et  la  même  largeur  que  de  nos 
jours. 

Suivant  le  projet  primitif,  le  château  des  Tuileries  devait  consister  en  un  vaste 
quadrangle,  dont  l'aile  orientale  aurait  été  fort  rapprochée  du  fossé  de  la  Ville,  de 
sorte  que  la  Grande-Galerie  n'était  point  destinée  d'abord  à  se  prolonger  aussi  loin 
qu'aujourd'hui.  Il  est  clair  que  l'idée  en  fut  suggérée  par  la  courtine  de  Charles  V, 
qui  longeait  le  bord  de  l'eau,  et  dont  le  sommet  constituait  une  terrasse  très- 
agréable  par  la  vue  dont  on  jouissait,  mais  peu  commode  à  cause  de  son  étroi- 
tesse.  Pour  lui  donner  plus  de  largeur,  on  fut  amené  à  transformer  la  courtine 
en  une  galerie  surmontée  aussi  d'une  plate-forme  à  ciel  ouvert.  Sauvai  assure  que 
telle  était  pareillement  la  Petite-Galerie  avant  Henri  IV,  et  il  connaissait  bien  des 
gens  qui  avaient  vu  l'une  et  l'autre  avant  qu'on  les  surélevât. 

On  ignore  le  degré  d'avancement  auquel  Catherine  fit  conduire  la  Grande-Ga- 
lerie; mais  il  est  fort  douteux  qu'elle  l'ait  poussée  loin,  car  il  n'en  apparaît  rien 
sur  la  vue  de  i57&(2>,  et  il  ne  semble  point  qu'on  ait  dû  y  travailler  beau- 
coup postérieurement  à  cette  date.  Toutefois  nous  ne  pensons  point  qu'il  faille 
prendre  à  la  lettre  cette  assertion  de  Palma  Cayet,  que  Charles  IX  se  borna  à 
poser  la  première  pierre  du  monument;  Catherine,  en  tout  cas,  en  fit  sûrement 
davantage  et  même  assez  pour  que,  dans  la  continuation  de  l'édifice,  sous  Henri  IV, 

"'  Arch.  de  l'Emp.  reg.  H  178/i,  P  370  r°.  —  (!)  On  n'y  aperçoit  pas  non  plus  la  Pelite-Galerie; 
mais,  sur  ce  point,  le  dessin  est  trop  confus  pour  qu'on  en  tire  des  conséquences. 

33. 


260  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

on  se  soit  décidé  à  répéter  l'agencement  de  la  partie  bâtie  auparavant.  Aussi 
bien,  dans  cette  partie,  la  décoration  fut  nécessairement  épannelée,  et  peut-être 
même  terminée  par  places,  à  titre  d'essai.  En  effet,  quoiqu'elle  n'ait  très-certai- 
nement pas  été  acbevée,  même  à  l'étage  inférieur,  avant  les  dernières  années  du 
xvie  siècle,  comme  l'attestent  les  chiffres  HG,  on  ne  peut  croire  qu'elle  différe- 
rait autant  d'un  ordre  à  l'autre,  si  elle  eût  été  entièrement  composée  et  adoptée 
à  l'époque  où  l'on  construisit  l'étage  supérieur,  et  si  l'on  n'avait  point  eu  alors 
à  tenir  compte  de  dispositions  antérieures.  Pour  la  Petite-Galerie,  il  est  manifeste 
qu'elle  fut  élevée  jusqu'à  la  plate-forme  qui  la  couvrait,  et  l'on  distingue  parfai- 
tement encore  que  le  joint  entre  la  frise  et  la  corniche  de  l'ordre  inférieur  est 
le  point  de  suture  du  bâtiment  primitif  avec  l'étage  dont  Henri  IV  le  couronna. 
Quant  à  la  longueur  de  l'édifice  vers  le  temps  dont  nous  parlons,  c'est  une 
question  d'un  intérêt  tout  particulier,  puisqu'elle  est  étroitement  liée  à  une  autre 
question,  aussi  populaire  que  controversée  :  il  s'agit  de  la  part  que  Charles  IX 
aurait  prise  personnellement  au  massacre  de  la  Saint-Barthélémy,  en  tirant  du  bal- 
con de  la  galerie  sur  les  Huguenots.  On  n'a  point  à  entrer  ici  dans  l'examen  de  ce 
problème  historique,  naguère  encore  très-obscur  et  aujourd'hui  à  peu  près  défini- 
tivement résolu  dans  le  sens  de  l'affirmative  W;  en  revanche,  on  s'efforcera  d'élu- 
cider les  difficultés  archéologiques  qui  en  ont  compliqué  la  solution. 

Après  avoir  établi  par  des  documents  positifs  que  les  galeries  avaient  été  com- 
mencées vers  1 5 6 6 ,  nous  avons  dit  que  la  construction  en  fut  probablement  aban- 
donnée vers  le  commencement  de  1672  ;  mais,  en  cette  année,  la  Petite-Galerie  se 
prolongeait-elle  jusqu'à  l'affleurement  de  la  Grande,  ou,  ainsi  qu'on  s'est  plu  à  le 
supposer,  ne  consistait-elle  que  dans  les  travées  centrales,  les  parties  où  sont  per- 
cées des  fenêtres  à  arc  bombé  n'ayant  été,  dans  ce  cas,  élevées  que  du  temps  de 
Henri  IV?  Il  y  a,  nous  le  répétons,  une  preuve  que  la  Petite-Galerie,  lors  de  la 
Saint-Barthélémy,  avait  la  même  longueur  que  maintenant;  c'est  le  plan  de  Du 
Cerceau,  qui,  publié  en  1576  et  dressé  en  1575  au  moins,  représente  les  bâti- 
ments du  nouveau  Louvre  positivement  dans  l'état  incomplet  où  ils  se  trouvaient 
à  cette  époque.  Sur  ce  plan  la  Petite-Galerie  est  figurée  comme  atteignant  et  dé- 
passant même  la  salle  des  Antiques,  absolument  comme  de  nos  jours,  et  la  baie 
du  balcon,  avec  ses  doubles  pilastres,  est  indiquée  de  la  manière  la  plus  nette. 
Ainsi  il  est  certain  que  la  baie  existait  déjà  en  1 5y5 ;  mais,  puisque  les  travaux 
des  galeries  furent  très-vraisemblablement  interrompus  vers  1672,  on  doit  donc 
supposer  qu'elle  existait  déjà  en  1571. 

Nous  n'ignorons  point  que  plusieurs  personnes,  dont  on  ne  peut  nier  l'expérience 

;1)  Gonf.  le  Bulletin  de  lasociétéde  l'histoire  du  protestantisme  français ,  t.  V,  p.  33a;  VI,  p.  118;  VII, 
p.  182;  X,  p.  5,  io5  et  199;  XII,  p.  a4i 


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LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  II,  CHARLES  IX  ET  HENRI  III.        261 

en  semblable  matière,  ont  cru  que  la  façade  méridionale  de  la  Petite-Galerie 
n'était  point  d'origine  antérieure  au  règne  de  Henri  IV.  La  raison  de  leur  erreur 
est  un  remaniement  qui  a  été  très-soigneusement  fait  dans  la  maçonnerie  de  cette 
partie,  et  en  a  changé  le  caractère.  Cependant  un  examen  attentif  amènera  toujours 
à  reconnaître  que  la  baie  du  balcon  et  ses  pilastres  jusqu'à  la  corniche  ont  été 
construits  dans  le  même  temps  que  les  sept  arcades  à  bossages  faisant  front  sur 
le  jardin  de  l'Infante.  Voici  ce  qui  a  eu  lieu  et  ce  qui  a  produit  l'aspect  actuel  : 
comme  on  l'observe  sur  le  plan  de  Du  Cerceau,  la  galerie  présentait  d'abord 
un  avant-corps  central  avec  porte,  A  (voir  la  planche  ci-jointe,  fig.  1);  puis,  d'un 
côté  de  cet  avant-corps,  il  y  avait  cinq,  et,  de  l'autre  côté,  six  arcades  sembla- 
bles, aaaa'da'W;  l'avant-corps  central  A  est  resté  intact,  ainsi  que  les  trois  arcades 
de  chaque  côté,  aaa,  qui  en  sont  le  plus  rapprochées;  mais  les  autres,  ddd, 
ont  été  supprimées  et  remplacées  par  des  fenêtres  bombées,  bbb  (fig.  2),  imitées 
de  celles  du  Louvre,  et  dépourvues  de  pilastres.  Simultanément  on  a  repris  les 
encoignures  de  la  face  sur  le  quai,  et  on  les  a  garnies  de  bossages  vermiculés,  c, 
sans  pour  cela  toucher  à  la  baie  B  de  l'avant-corps  donnant  sur  la  rivière;  de  là  vient 
que  cette  baie  a  conservé  son  ancienne  ordonnance,  si  peu  en  harmonie  avec  les 
parties,  relativement  modernes,  dans  lesquelles  elle  est  encadrée.  Il  est  manifeste 
que  si  l'extrémité  méridionale  de  la  Petite-Galerie  avait  été  commencée,  et  non 
point  simplement  remaniée,  quand  on  fit  les  fenêtres  bombées,  bbb,  on  ne  se  fût 
pas  efforcé,  en  élevant  l'arcade  B  sur  le  quai,  de  pasticher  très-minutieusement 
les  anciennes  arcades  du  côté  oriental,  aaa,  lorsqu'on  cherchait  si  peu  à  raccor- 
der avec  celles-ci,  sous  le  rapport  des  lignes  et  de  l'ornementation,  les  nouvelles 
fenêtres,  bbb,  qui  sont  situées  tout  auprès  et  qu'on  embrasse  d'un  même  coup 
d'œil.  Nous  ne  craignons  pas  d'affirmer  que  quiconque  voudra  suivre  avec  atten- 
tion notre  raisonnement  finira  infailliblement  par  en  accepter  les  conclusions. 

Primitivement  la  Petite-Galerie  était,  ainsi  que  l'implique  son  nom,  un  pas- 
sage, un  endroit  où  l'on  pouvait  se  réunir  ou  se  promener;  mais  ce  n'était 
point  un  lieu  destiné  à  être  habité;  aussi,  et  le  plan  de  Du  Cerceau  en  fait  foi, 
il  n'y  avait  été  pratiqué  aucune  division  intérieure.  Pour  s'y  loger,  il  fallut 
y  bâtir  des  murs  de  refend,  la  couper  en  plusieurs  pièces,  et  substituer  aux 
grandes  arcades  de  véritables  fenêtres.  Telles  sont  les  causes  qui  ont  produit  le 
manque  d'uniformité  de  l'édifice.  Quant  à  l'époque  du  remaniement,  elle  coïncide 
avec  celle  ou  Anne  d'Autriche  fit  disposer  dans  la  Petite-Galerie (i)  un  appartement 

(l)  La  dernière  diflërail  un  peu  des  autres,  car  (t.  IV,  p.  Q07)  un  brevet  du  2  juillet  i654,  accor- 

elle  encadrait  une  porte.  dant  au  nommé  Valdor  un  logement  en  échange 

(,)  La  transformation  de  la  Petite-Galerie,  dont  de  celui  qu'il  avait  «en  dessous  du  bout  de  la  petite 

les  auteurs  ne  se  sont  point  rendu  compte,  eut  lieu  irgallerie  des  peintres,  1  là  où  le  Roi  avait  «  résolu  de 

vers  i655.  Les  Archives  de  l'art  fiançais  ont  publié  irfaire  un  appartement  d'esté...  pour  la  commodité 


262  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

d'été,  dont  l'établissement,  dit  Sauvai,  obligea  de  détruire  certaines  statues  de  cap- 
tifs, ouvrage  de  Biart,  qui  décoraient  l'édifice.  Au  reste,  nous  pouvons  signaler  un 
document  graphique  qui  prouve  de  la  façon  la  plus  explicite  que  la  Petite-Galerie , 
vers  le  milieu  du  xvnc  siècle,  n'avait  point  encore  été  modifiée  dans  son  ordon- 
nance :  une  vue  d'Israël  Sylvestre  M,  ayant  précisément  pour  but  d'illustrer  la 
Petite- Galerie  (voir  le  fac-similé  ci-contre),  la  représente  avec  toutes  ses  arcades 
semblables,  à  l'exception  de  la  dernière  du  côté  de  la  rivière,  où  l'on  aperçoit  la 
partie  supérieure  d'une  porte,  laquelle  se  distingue  sur  le  plan  de  Du  Cerceau  et 
était  précédée  d'un  perron <2).  Le  détail  de  la  porte,  fidèlement  copié,  et  le  soin 
apporté  à  l'exécution  de  la  planche  ne  permettent  point  d'en  contester  l'exactitude, 
corroborée  d'ailleurs  par  tant  d'autres  renseignements.  H  est  donc  rigoureusement 
démontré  que  les  fenêtres  bombées  de  la  galerie  ont  été  faites  par  ordre  d'Anne 
d'Autriche,  et  non  par  ordre  de  Henri  IV;  que  ce  prince  n'a  point  eu  à  continuer 
l'étage  inférieur  de  la  galerie,  mais  qu'il  l'a  trouvé  entièrement  bâti,  comme  il 
l'était  déjà  vers  1 675,  quand  Du  Cerceau  en  grava  le  plan;  que  le  manque  d'unité 
dans  l'ordonnance  de  l'édifice  ne  signifie  rien  par  rapport  à  l'âge  de  la  baie  du 
balcon  (3>,  et  que  ceux  qui  voudront  s'obstiner  à  nier  l'existence  de  cette  baie  en 


rrde  la  Royne,  sa  mère,»  projet  qui  exigeait  que 
ledit  Valdor  délogeât  et  laissât  la  place  vide.  Les 
Archives  ont  pareillement  publié  (t.  VI,  p.  201  et 
208)  le  texte  des  marchés  passés  avec  le  stuca- 
teur  Pietro  Sasso  et  le  sculpteur  Michel  Auguier, 
aux  dates  des  h  et  i5  décembre  i655,  pour  la  dé- 
coration, sous  la  conduite  de  Roinanelli,  du  «  nouvel 
« appartement  de  la  Reyne. . .  au  dessoubs  de  la  gal- 
rrlerie  des  peintures  du  Louvre  ;  rror  plusieurs  des 
figures  mentionnées  dans  le  devis  existent  encore  et 
excluent  toute  incertitude.  Les  travaux  durèrent,  au 
reste,  plusieurs  années,  car  on  lit  dans  le  Journal 
d'un  voyage  à  Paris  en  i65j-i658  :  rrLe  i3°  (de 
'-juillet  1667)...  nous  l'usmes  voir  l'appartement 
rrd'hyver  de  la  Reyne  (dans  l'aile  méridionale  du 
ir Louvre)...  La  Reyne  en  faict  faire  un  d'esté,  auquel 
«•nous  vismes  travailler.*  (P.  sot.) —  «  1  " octobre. 
rrNous  nousallasmes  pourmener  pour  voir  le  nouvel 
r- appartement  d'esté  qu'on  faict  pour  la  Reyne, 
t  consistant  en  cinq  ou  six  chambres  de  plain-pied. 
i-Les  lambris  y  sont  en  voûte,  parsemés  d'or  et  en- 
richis de  quantité  de  beaux  tableaux.  Il  respond 
«sur  le  parterre,  qui  a  un  beauject  d'eau  au  milieu, 
«•et  quantité  d'orangers  tout  autour.»  (P.  285.) 
Des  lettres  patentes  de  i65q  mentionnent  aussi 
rie  grand  appartement  d'esté  1  que  Louis  XIV  avait 


«  faict  faire  pour  la  Royne,  sa  mère,  soubs  la  pe- 
<rtite  gallerie  des  pintures  de  son  chasteau  du 
r  Louvre.  »  A  partir  de  1 655  ou  i65G,  les  diverses 
vues  montrent  toujours  la  Petite-Galerie  modifiée 
dans  son  ordonnance. 

(1)  Elle  est  intitulée  :  Veùe  et  perspective  de  la  ga- 
lerie du  Louvre  dans  laquelle  sont  les  pourtraus  (sic) 
des  lloijs ,  des  Reynes ,  et  des  plus  illustres  du  royaume  ; 
elle  a  donc  été  faite  avant  l'incendie  de  1661 .  L'uni- 
formité des  arcades  s'entrevoit  aussi,  mais  d'une 
manière  vague,  sur  la  Joute  de  Callot  et  la  grande 
vue  de  Délia  Relia. 

m  D'anciens  plans  indiquent  ce  perron,  qu'on 
aperçoit  aussi  sur  une  gravure  de  Sylvestre,  dont  le 
premier  plan  a  été ,  il  est  vrai ,  un  peu  arrangé  par 
l'artiste.  La  planche  dont  nous  donnons  un  fac-si- 
milé ôXanl  le  seul  document  graphique  où  soit  repré- 
sentée la  porte  percée  dans  la  dernière  travée  de  la 
galerie,  la  restitution  de  celte  porte  est  impossible, 
et  nous  l'avons,  en  conséquence,  dissimulée  dans 
notre  dessin. 

(3)  En  admettant  même  que  la  baie  du  balcon  ne 
fût  pas  encore  construite  lors  de  la  Saint-Rarthé- 
lemy,  la  participation  de  Charles  IX  à  ce  massacre 
n'en  serait  pas  moins  possible  parce  que,  et  nos 
lecteurs  se  le  rappellent,  sur  l'emplacement  du  bout 


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.  LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  II,  CHARLES  IX  ET  HENRI  III.    263 

1572  seront  désormais  réduits  à  soutenir  gratuitement  cette  invraisemblance, 
qu'elle  a  été  "construite  de  1573  à  1576. 

On  a  supposé  que  la  Grande  et  la  Petite-Galerie  avaient  été  commencées  par 
Jean  Bullant  ou  par  Philibert  de  L'Orme;  mais  ce  sont  là  des  hypothèses  tout 
arbitraires,  contraires  même  aux  probabilités,  car  la  partie  de  la  Grande-Gale- 
rie antérieure  à  la  mort  de  ces  deux  maîtres  ne  rappelle  nullement  leur  manière, 
et  révèle  plutôt  un  grand  architecte  ignoré,  aux  conceptions  originales  et  bril- 
lantes. Pour  la  Petite-Galerie,  elle  est  attribuée  par  Sauvai  à  un  certain  Cham- 
biche,  et  l'obscurité,  naguère  si  profonde,  de  ce  nom  est  la  seule  cause  pour 
laquelle  on  a  voulu  faire  honneur  de  l'édifice  à  un  autre  artiste.  Jusqu'à  présent 
on  s'est  contenté  de  reproduire,  avec  une  certaine  défiance,  l'assertion  de  Sauvai; 
mais  jamais  on  n'a  donné  l'ombre  d'un  renseignement  ni  sur  l'individualité  ni  sur 
la  vie  du  personnage  qu'il  indique.  L'une  et  l'autre  sont  restées  si  inconnues  que 
récemment  encore  un  écrivain  distingué  a  conjecturé,  d'ailleurs  fort  ingénieuse- 
ment, que  Chambiche  devait  être  quelque  compatriote  de  Catherine  de  Médi- 
cis.  Lorsqu'on  songe  à  l'aspect  tout  italien  de  la  Petite-Galerie,  et  lorsqu'on  se  rap- 
pelle que  le  nom  du  Primaticcio  s'est  traduit  Primaliche  en  français,  rien  ne  semble 
plus  spécieux;  rien  n'est  moins  vrai  cependant  :  les  documents  que  nous  avons 
fini  par  découvrir  établiront  que  Chambiche  était  bien  Français,  et  qu'on  n'a 
pas  à  s'étonner  de  ce  qu'il  ait  été  chargé  de  conduire  un  édifice  important. 

L'architecte  qui  a  élevé  l'étage  inférieur  de  la  Petite-Galerie  appartenait  à  une 
famille  de  constructeurs  dont  le  nom  a  été  définitivement  orthographié  Chambiges, 
mais  qu'on  a  appelés  aussi  Su  m  biche,  Cliambicke  et  Cambiche.  Cinq  membres  de 
cette  famille  nous  sont  plus  ou  moins  connus.  Le  premier,  «  Martin  Cambiche,  v  alias 
tr Cainbriche , »  le  seul  dont  il  ait  encore  été  parlé  avec  détail,  habitait  Paris 
en  1^89,  et  en  fut  mandé  vers  cette  époque  par  les  chanoines  de  Sens,  qui  lui 
confièrent  l'achèvement  de  leur  cathédrale  W.  Il  était  de  retour  à  Paris  en 
juillet  1  6q5,  et,  en  1 697  et  1  699 ,  il  reparaît  à  Sens  avec  le  titre  de  rrmaistre  de 
- 1  entreprise  et  conducteur  de  la  croisée  (transsept).ï>  Il  revint  ensuite  à  Paris, 
sans  toutefois  renoncer  à  diriger  l'oeuvre  entreprise  à  Sens.  Les  8  et  2  5  avril  1 5oo. 
on  le  retrouve  au  nombre  des  maçons  appelés  à  donner  leur  avis  sur  le  système 


de  la  galerie  il  y  avait,  avant  qu'elle  fût  Italie,  une 
tourelle  à  meurtrières,  tout  aussi  commode  que  la 
fenêtre  du  balcon  pour  tirer  sur  des  gens  traver- 
sant la  Seine.  D'un  autre  côté,  Brantôme  et  Simon 
Goolart  disent  que  le  Roi  tira  par  la  fenêtre  de  sa 
chambre,  et  la  chambre  du  Roi  se  trouvait  dans 
le  gros  pavillon  d'angle,  achevé  en  i556.  Quant 
au  balcon  lui-môme,  il  ne  parait  pas  d'une  origine 


antérieure  au  remaniement  commandé  par  Anne 
d'Autriche. 

(1)  Nous  empruntons  presque  tous  nos  renseigne- 
ments sur  Martin  Chambiges  à  une  intéressante 
notice  qui  a  été  publiée  dans  le  Magasin  pittoresque 
(année  1 856 ,  p.  339),  et  que  nous  savons  due  à  la 

plume  érudite  de  M.  Vallet  de  Viriville,  proless 

à  l'École  des  chartes. 


264  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

à  adopter  pour  la  fondation  des  piles  du  nouveau  pont  Notre-Dame (1).  En  la  même 
année,  avec  Jean  Waast,  il  entreprit  la  construction  du  transsept  de  la  cathédrale  de 
Beauvais  ®,  qu'il  conduisait  toujours  en  i5o6.  Moyennant  ko  sous  par  semaine,  un 
pain  de  prébende  par  jour  et  le  payement  du  loyer  de  sa  chambre,  il  consentit 
également,  en  1 5o6,  à  mener  les  travaux  de  la  façade  de  la  cathédrale  de  Troyes  <3), 
et  il  en  demeura  l'architecte  jusqu'au  8  juin  1 5 1 9.  H  avait  été  appelé  à  Troyes  pour 
venir  en  aide  à  Jean  de  Soissons,  et  à  cause  de  la  grande  réputation  qu'il  s'était 
acquise  à  Sens  et  à  Beauvais.  Cette  réputation  était  fort  légitime  :  Martin  Gam- 
biche  doit  être  considéré  comme  un  des  architectes  les  plus  éminents  que  la 
France  ait  produits. 

Le  second  des  Chambiges,  dont  le  prénom  était  Pierre,  avait  le  titre  de  maître 
des  œuvres  et  du  pavé  de  la  ville  de  Paris.  Nous  lisons  dans  les  registres  du  Corps 
municipal  que,  le  27  juin  1 536,  avec  un  autre  maçon,  Pierre  Moreau,  il  visita 
les  fortifications  en  compagnie  du  Prévôt  des  marchands  et  des  Echevins  W.  Sauvai 
rapporte  qu'il  gagnait  2  5  sous  par  jour  à  conduire  les  ouvriers  sous  la  direction 
de  Dominique  de  Cortone,  lors  de  la  reconstruction  de  l'Hôtel  de  Ville,  et  cite 
ce  fragment  de  compte  du  domaine  pour  l'année  1 538-39  •  K^e  Pierre  Chaîn- 
er biges,  maistre  des  œuvres  du  Boy,  au  bailliage  de  Senlis,  pour  les  formes  et  por- 
crtraicts  (plans)  que  le  Boy  a  commandés  lui  faire  de  certains  bastimens  que  ledit 
tr seigneur  entend  et  délibère  édifier  en  son  hostel  et  environs  de  Nesles,  à  Paris, 
«pour  la  fondation  du  collège  des  Trois  langues'5),  t  En  i53g,  il  passa  un  marché 
pour  des  travaux  de  maçonnerie  à  faire  au  château  de  Saint-Germain-en-Laye;  le 
22  septembre  1 56 1 ,  il  en  passa  un  autre  pour  de  semblables  travaux  à  exécuter 
dans  le  château  de  la  Muette (6),  et,  l'année  précédente,  il  était  un  des  entrepreneurs 
du  château  de  Fontainebleau  (7).  Sa  femme  avait  nom  Jacqueline  Laurens,  et  une  de 
ses  parentes,  Perrette  Chambiges,  qui  mourut  en  îSftg,  avait  épousé  Guillaume 
Guillain,  collègue  de  Chambiges  à  la  Ville,  et  entrepreneur  des  travaux  du  Louvre. 
Pierre  Chambiges  mourut  le  19  juin  i5&&,  ainsi  qu'on  l'apprend  par  les  épita- 
phes  suivantes,  qui  étaient  placées  dans  la  nef  de  l'église  Saint-Gervais,  près  d'une 
tombe  située  devant  le  crucifix (8)  : 


(1)  Bibliothèque  de  l'Ecole  des  Chartes,  2' série, 
t.  II ,  p.  3  2 ,  article  de  M.  Le  Roux  de  Lincy. 

(2)  Simon,  Supplément  à  l'histoire  du  Beauvoisis, 
9'  part.  Nobiliaire  de  Beauvais,  p.  191. 

t3)  Arnaud,  Voyage  archéologique  dans  l'Aube, 
p.  126  et  127. 

<"'  Arch.  de  l'Enip.  reg.  H  1779,  fol.  166  v". 

(5'  T.  II,  p.  483,  et  t.  III,  p.  621. 

(6>  Bibl.  imper.  Man.  Fonds  Sainte-Marthe, 
n' o,436,  fol  5  r°  et  fol.  36  r\ 


m 


222. 


Comptes   des  bâtiments   royaux,   p.    1 54  et 


(8)  Épitaphier  de  la  Bibliothèque  impériale  (Ca- 
binet des  titres ,  t.  III).  Nous  devons  la  connaissance 
de  ce  curieux  document  à  M.  Jules  Quicherat,  le 
savant  et  judicieux  éditeur  du  procès  de  Jeanne  Darc. 
Nous  avons  depuis  trouvé  d'autres  copies  des  mêmes 
inscriptions  dans  l'épitaphier  des  Archives  de  l'Em- 
pire (LL  961,  f°  906)  et  dans  celui  de  l'Arsenal; 
elles  ont ,  en  outre ,  été  publiées  par  M.  Paul  Lacroix. 


«S 


LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  II,  CHARLES  IX  ET  HENRI  III.   265 

A  LA  MÉMOIRE  DES  AMES  DE  PIERRE  CHAMBIGES,  MAISTRE  DES  OEUVRES  DE  MAÇONNERIE  ET  PAVEMENT 
DE*CESTE  VILLE   DE   PARIS,    QUI   DECEDA   LE  XIXe  (OU  XVe)  JOUR   DE  JUIN    l5&4. 

JACQUELINE  LAURENS,  femme  dudit  Pierre  Chamriges,  qui  décéda  le  3e  de  juin  i5.  . 

GUILLAUME  GUILLAIN, 

Me  DES   OEUVRES 

de  maçonnerie  et 

pavement  de  ceste 

ville  de  Paris,  qui  décéda  le.  . .  . 

PERRETTE  CHAMBIGES,  femme  dudit  Guillain,  qui  décéda  au  mois  de  septembre  i 54g. 

Les  armes  des  Chambiges  W,  jointes  aux  épitaphes,  auraient  été,  suivant  l'épi— 
taphier  de  la  Bibliothèque  impériale,  d'azur,  à  un  compas  et  deux  croissants  d'ar- 
gent; une  chèvre  accroupie,  d'or,  mise  en  pointe;  mais ,  d'après  l'épitaphier  de  l'Arsenal , 
manifestement  plus  exact,  elles  étaient  d'azur,  au  compas  d'argent,  accompagné  en 
chef,  à  dextre,  dune  étoile  d'or;  à  sénestre,  d'un  croissant  d argent,  et  en  pointe,  d'un  cerf 
dor,  couché  sur  une  terrasse  de  sinople.  Nous  croyons  qu'au  lieu  d'une  chèvre  ou 
d'un  cerf  il  y  avait  en  réalité  une  biche  placée  sur  une  sorte  de  champ,  ce  qui 
formait  des  armes  parlantes. 


Le  troisième  Chambiges,  en  comptant  d'après  les  dates,  est  «Robert  Sambi- 
«  che.  v  II  fut  choisi  comme  expert  dans  une  contestation  qui  donna  lieu  à  un  accord 
du  6  décembre  1 564,  où  il  est  simplement  qualifié  de  bourgeois  de  Paris'2). 

Le  quatrième  Chambiges  avait  le  prénom  de  Pierre,  comme  le  second,  dont  il 
était  apparemment  le  fils.  Sa  femme,  Marguerite  de  Saint-Quentin,  fille  de  l'en- 
trepreneur du  Louvre ,  lui  avait  apporté  en  dot  deux  propriétés  sises  rue  Penescher 
(Saint-Pierre-Montmartre),  propriétés  dont  le  censier  de  l'Evêché,  pour  l'année 
1575,  fait  mention  en  ces  termes  :  «Pierre  Sambiche,  charpentier,  pour  une  place 
«et  grandie  après  ensuivant,  tenant  d'une  part,  etc.  —  Sur  ledict  chemyn  Herbu, 
«allant  vers  les  ramparts  neufs.  .  .  Pierre  Sambiche,  à  cause  de  Margueritte  de 
«  Sainct-Quentin ,  sa  femme ,  pour  leur  jardin  ensuivant ,  qui  fut  Me  Pierre  de  Sainct- 
«  Quentin;  tenant  d'une  part,  etc.  <3'»  Le  Pierre  Chambiges,  mari  de  Marguerite, 

(,)  Au  xvi*  siècle,  les  bourgeois  de  Paris  avaient  (,)  Arch.  de  l'Emp.  cart.  S  6a. 

pour  la  plupart  un  blason.  (3)  Ibid.  reg.  S  1957,  fol.  3o3  v°et  3o5  v°. 

1.  3  !i 


•266  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

bien  qu'il  soit  ici  qualifié  de  charpentier,  n'en  était  pas  moins  un  maçon.  Le 
16  mars  i58a,  il  soumissionna  des  travaux  de  cette  profession  à  faire  en  la  cha- 
pelle des  Valois,  à  Saint-Denis.  La  pièce  originale  est  revêtue  de  sa  signature  W , 
ainsi  que  de  celle  de  ses  compétiteurs  Thibaut  Métezeau,  Fleurent  Fournier,  Jean 
Lebreton,  François  Petit  et  Charles  Bullant,  tous  architectes  dont  les  noms  nous 
sont  familiers,  et  dont  plusieurs  ont  été  employés  au  Louvre,  comme  on  le  verra 
dans  la  suite.  Pierre  Chambiges  nous  apparaît  aussi  dans  une  visite  de  travaux 
faite  à  Saint-Denis,  le  17  août  1 583  <2'.  Nous  le  retrouvons  après,  dans  un  des 
registres  de  la  Ville,  énoncé  ttjuré  du  Roy  en  l'office  de  maçonnerie'3^  le  2  5  fé- 
vrier 1602  et  en  mai  1 5gg.  A  cette  dernière  date,  il  fut  chargé  avec  François 
Petit,  également  juré  du  roi,  d'examiner  des  travaux  de  maçonnerie  récemment 
achevés  à  la  porte  Saint-Germain.  Sur  d'autres  registres  de  la  même  provenance, 
il  figure  avec  son  titre  de  juré  du  roi,  ayant  mission  de  visiter  des  maisons  du 
Petit-Pont  en  décembre  1602,  puis  comme  arbitre  choisi  par  les  maîtres  de  l'hô- 
pital du  Saint-Esprit  en  juillet  1 607,  et  nous  y  rencontrons  son  nom  une  dernière 
fois  en  mars  1608,  époque  à  laquelle  il  devait  être  fort  âgé,  ce  qui  ne  l'empê- 
cha pas  de  donner,  le  18  décembre  de  la  même  année,  l'alignement  du  portail 
de  Saint-Etienne-du-Mont,  opération  dans  laquelle  il  fut  assisté  par  Claude  Gué- 
rin  (Arch.  de  l'Emp.  cart.  S  3327).  Nous  voyons,  en  outre,  dans  un  dossier  de 
titres  particuliers,  que,  le  12  juillet  1602,  il  rendit  une  sentence  arbitrale  à  pro- 
pos d'une  maison  de  la  rue  des  Blancs-Manteaux  W,  Enfin  ses  propriétés  sont  en- 
core indiquées  comme  lui  appartenant  dans  un  censier  de  1 6 1 3 ,  où  une  note 
ajoutée  antérieurement  à  1621  indique  qu'elles  étaient  alors  passées  à  un  autre, 
d'où  l'on  doit  conclure  qu'il  mourut  vers  161 5.  Le  27  mai  1 568 ,  il  avait  été 
parrain,  à  Ecouen,  d'un  enfant  de  Jean  Bullant,  de  sorte  que  l'ensemble  des  no- 
tions biographiques  sur  son  compte  embrasse  un  demi-siècle. 

Le  cinquième  Chambiges  est  aussi  le  dernier  dont  nous  avons  reconnu  l'existence. 
En  feuilletant  les  vieux  registres  de  l'église  paroissiale  Saint-Pierre-des-Arcis,  nous 
avons  trouvé  que,  le  2  3  février  161 5,  les  marguilliers  résolurent  de  prier  tfmes- 
ct  sieurs  Sambiche  et  Desnots,  ou  deux  autres  jurés  maçons,  n  de  visiter  certaines 
parties  de  l'église  (5).  Le  Sambiche  dont  il  est  ici  question  faisait  partie  du  conseil 
de  fabrique  en  qualité  d'ancien  paroissien ,  et  sa  signature  est  apposée  au  bas  de 
divers  procès-verbaux  des  séances  du  conseil  depuis  ce  jour  même,  du  2 3  février 
161 5  jusqu'au  3i  mars  1618.  Il  mourut  l'année  suivante,  car  sur  une  liste  des 
marguilliers  et  paroissiens  notables  qui  est  placée  en  tête  du  registre,  on  lit  :  trLois 

(1>  Arch.  de  l'Emp. cart.  K 102, n°  2  ".La  signa-  <4)  Arch.  de  l'Emp.  reg.  H  1792,  foi.  1 48  v°  et 

ture  est  celle  que  nous  avons  reproduite.  79/i  r°;  H  1793,  fol.  75  r°;  H  179&,  fol.  23g  r° 

<*>  Ibid.  n°  218.  et  3i7  v°;  H  i795,  fol.  12  r\ 
(3)  11  a  le  même  litre  dans  un  censier  de  i6o3.  (5)  Arch.  de  l'Emp.  reg.  LL  912,  p.  3. 


LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  II,  CHARLES  IX  ET  HENRI  III.   267 

ff  Chambiges,  défunct  1 619.  n  L7  initiale  de  son  prénom,  liée  à  la  première  lettre 
de  son  nom»  se  distingue  sur  ses  signatures,  et  rend  impossible  la  confusion  entre 
lui  et  son  parent  Pierre,  dont  l'écriture  est  au  surplus  fort  dissemblable. 

Par  tout  ce  qui  précède,  on  voit  que  si  les  Chambiges  sont  maintenant  bien 
oubliés,  au  xvi°  siècle  ils  avaient  assez  de  réputation  pour  que,  vers  i566,  l'un 
d'eux  ait  été  tout  naturellement  chargé  d'élever  la  petite  galerie  du  Louvre.  On 
voit  de  plus  que  cet  édifice  ne  saurait  être  l'œuvre  ni  de  Martin,  ni  du  premier 
Pierre  Chambiges,  et  qu'on  ne  peut  raisonnablement  l'attribuer  à  Robert;  il  y  a 
donc  certitude  morale  que  la  construction  en  est  due  au  second  Pierre  M  Cham- 
biges. Celui-ci  fut  d'ailleurs,  et  très-authentiquement,  l'un  des  entrepreneurs  qui 
bâtissaient  la  Grande-Galerie  en  1600. 

La  salle  des  Antiques,  qui,  unissant  la  Petite-Galerie  à  la  Grande,  s'éleva  sur 
l'emplacement  d'un  bâtiment  que  nous  pensons  être  l'ancienne  maison  de  l'Engin , 
fut,  suivant  Sauvai,  et  commencée  du  temps  de  Catherine  de  Médicis,  achevée  sous 
«Henri  IV,  conduite  par  Thibault  Méthezeau  et  peinte  par  Bunel''2';  mais  cette 
phrase  ambiguë  contient  une  erreur  résultant  d'une  transposition  de  mots,  car 
elle  donne  à  croire  que  Thibaut  Métezeau  aurait  conduit  les  travaux  de  la  salle 
des  Antiques  au  temps  de  Henri  IV.  Thibaut  Métezeau ,  malgré  le  rôle  important 
qu'il  a  joué,  est  un  de  ces  nombreux  artistes  dont  la  renommée  s'est  effacée,  et 
sur  lesquels  les  biographes  n'ont  absolument  rien  trouvé  à  dire.  Sa  réputation  a  été 
injustement  éclipsée  par  celle  de  son  fils  Clément,  qui  imagina  la  digue  de  la  Ro- 
chelle. Voici  ce  que  nous  sommes  parvenus  à  savoir  sur  Thibaut  et  sa  famille  <3'. 

Au  commencement  du  xvie  siècle,  vivait  à  Dreux  un  maître  maçon  appelé 
CJrinmt  Métezeau.  En  i5i6,  avec  un  de  ses  collègues,  Jean  des  Moulins,  il  en- 
treprit de  continuer  la  construction  de  l'hôtel  de  ville  que  ses  concitoyens  fai- 
saient élever,  et  dont  les  fondements  avaient  été  jetés  par  Pierre  Caron,  en  1 5 1 2. 
Un  compte  de  1 533  mentionne  Clément  Métezeau  comme  ayant  reçu  7  sous 
G  deniers  pour  une  journée  et  demie  de  travail,  employée  à  percer  un  trou  des- 
tiné au  passage  du  contre-poids  de  l'horloge.  On  présume  que  ce  Clément,  le  pre- 
mier de  la  famille  dont  le  nom  soit  venu  jusqu'à  nousW,  est  l'auteur  ou  l'un  des 
auteurs  du  riche  portail  de  l'église  paroissiale,  bâti  vers  i52&.  H  mourut  entre 
i537  et  1 556.  De  ses  deux  femmes,  Catherine,  qui  vivait  encore  le  19  janvier 


m  M.  de  Clarac  (p.  65o)  donne  à  Chambiges  le 
prénom  de  Jean  ;  il  pouvait  lui  prêter  n'importe 
lequel ,  car  il  déclare  lui-même  ne  connaître  Cham- 
biges que  par  le  témoignage  de  Sauvai ,  et  Sauvai  ne 
rapporte  aucun  prénom. 

PI  T.  II,  p.  ha. 

(s>  La  plus  grande  partie  des  renseignements  que 
nous  donnons  sur  les  Métezeau  sont  tirés  d'un  ma- 


nuscrit possédé  par  un  habitant  de  Dreux,  et  écrit 
vers  la  fin  du  dernier  siècle,  on  ne  sait  au  juste  par 
qui.  Il  se  compose  de  notes  généalogiques  extraites 
des  archives  de  la  paroisse ,  et  offre  toutes  les  garan- 
ties souhaitables  d'authenticité. 

'*>  Nous  ne  savons  quel  lien  de  parenté  unissait 
Clément  à  un  certain  Guillaume  Métezeau  qui ,  en 
mai  i536,  épousa  Toinette  Guillou. 

34. 


268  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

1 536 ,  et  Etienne,  qui  l'avait  déjà  remplacée  en  mai  1 537,  ^  eu*;  plusieurs 
filles (1)  et  au  moins  deux  garçons  :  Thibaut  ou  Théobald  et  Jean.  Ce  dernier, 
qui  est  maintes  fois  qualifié  de  «  architecteur,  t>  et  qui  fut  k  maistre  de  la  conduite 
a  de  son  estât  pour  l'église  Saint-Pierre  i>  de  Dreux,  ne  paraît  pas  avoir,  comme 
son  frère,  quitté  sa  ville  natale;  il  y  fut  inhumé  le  27  avril  1600,  précédant  au 
tombeau,  de  cinq  jours  seulement,  sa  femme  Marie  Geffroy  ou  Godefroy^. 

Thibaut  Métezeau  naquit  le  2  1  octobre  1 533 ,  et  sa  descendance  comme  fils 
de  Clément  et  de  Catherine  est  surabondamment  établie.  Le  i3  novembre  1 557, 
on  publia  son  mariage  avec  Jeauffrang  Mussard,  fille  de  Régnaut  Mussard;  tou- 
tefois, en  i56o,  l'épouse  de  Thibaut  était  Jeanne  Bardia,  qui  vivait  encore  en 
avril  i6o4.  H  y  a  apparence  que  Thibaut  ne  cessa  de  demeurer  à  Dreux  que 
postérieurement  à  i56o,,  car  à  partir  de  cette  année  seulement  il  n'est  plus  fré- 
quemment nommé  dans  les  registres  de  la  paroisse.  Du  reste  il  n'oublia  point  le 
lieu  de  sa  naissance,  et,  en  1 58 1,  sa  femme  y  vint  faire  ses  couches. 

Thibaut  passa  à  Paris  la  seconde  et  la  plus  brillante  moitié  de  sa  vie,  et  c'est  là 
uniquement  que  nous  pouvons  signaler  quelques-unes  de  ses  œuvres.  Il  fut  archi- 
tecte du  duc  d'Alençon,  et  dans  un  état  de  la  maison  de  ce  prince,  pour  l'an  1576, 
il  figure  avec  le  titre  d'architecte  parmi  les  et  gens  de  mestier  (3>.  n  II  fut  aussi  archi- 
tecte du  Roi  :  la  Bibliothèque  impériale  possède  un  mandat  adressé  au  trésorier 
des  parties  casuelles,  portant  ordre  de  payer  sur  les  «deniers  provenans  de  la  taxe 
rr et  composition  de  l'office  de  me  juré  masson,  à  Paris,  vaccant  par  le  trespas  de 
«feu  M°  Berthrand  de  Dreux...  à  Me  Thibault  Méteseau,  architecte  dudict  Sei- 
rtgneur  (le  Boi),  le  somme  de  deux  cens  escus  soleil,  de  laquelle  Sa  Majesté  luy 
a  a  faict  don.  A  Ce  mandat  est  daté  du  2  5  mars  1578,  et,  au  revers,  est  le  reçu 
signé  de  la  main  de  Métezeau.  Suivant  Brice,  il  fut  un  des  entrepreneurs  du  Pont- 
Neuf,  commencé  en  1 578 ,  et  Sauvai  lui  attribue  l'avant-portail  de  la  porte  Saint- 
Antoine  W,  sur  lequel  était  le  millésime  de  1 585.  Nous  avons  dit  que,  le  ih  mars 
i582,  Thibaut  soumissionna  avec  Pierre  Chambiges  des  travaux  à  faire  à  Saint- 
Denis  et  que,  sur  la  pièce  originale,  on  voit  aussi  sa  signature.  Dès  1572,  il  tra- 
vaillait au  tombeau  des  Valois,  en  compagnie  de  Claude  Guérin,  et,  cette  année, 
ils  reçurent  6,989  livres  17  sols  pour  des  œuvres  de  maçonnerie  W.  Ainsi  Thibaut 
florissait  sous  Charles  IX  et  Henri  III;  mais  il  semble  impossible  qu'il  ait  encore 

(1)  Toinette,  néele3  mars  i53o;  Catherine,  qui  therine,  qui  naquit  le  10  novembre  1570,  et  fut 

fut  marraine  le  12  avril  1 534  ;  Nathalie,  qui  na-  marraine  le  20  mars  i58a;  Claude,  né  le  7  oc- 

quit  le  19  janvier  1 536 ,  et  enfin  Jeanne;  celle-ci  tobrei57&;  Clément,  né  le 7  septembre  1 583,  et 

fut  marraine  nombre  de  fois  depuis  1 538  jusqu'en  enterré  le  28  mars  1592;  enfin  Elisabeth,  née  le 

i5g3.  (Consulter  le  tableau  généalogique,  p.  4 19.)  22  janvier  1587. 

(,)  Les  enfants  de  Jean  Métezeau  à  nous  connus  (3)  Mémoires  du  duc  de  Nevers,  p.  587. 

sont:  Denis,  qui  naquit  le  i5  novembre  i564,  et  (1)  T.  III,  p.  1. 

eut  pour  marraine  sa  tante,  Jeanne  Bardia;  Ca-  '*'  Arch.  del'Emp.  cart.  K  102,11°  2". 


LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  II,  CHARLES  IX  ET  HENRI  III.   269 

exercé  ses  talents  au  Louvre  après  la  reddition  de  Paris,  car,  si  nous  n'avons  point 
découvert  l'époque  de  sa  mort,  nous  sommes  sûr  au  moins  qu'elle  est  antérieure 
au  mois  de  septembre  1576,  puisqu'à  cette  date  sa  femme  est  dite  veuve.  Pour 
accepter  la  version  de  Sauvai,  il  faudrait  admettre  qu'en  septembre  i5o,6  la  mort 
de  Thibaut  était  trés-récente  ;  or  ce  serait  un  grand  hasard ,  et  l'on  doit  d'autant 
moins  accueillir  l'hypothèse  qu'en  1 5g6  Thibaut  eût  été  âgé  de  soixante-trois  ans; 
en  outre,  le  Métezeau  alors  architecte  du  roi  avait  pour  prénom  Louis,  ainsi  que 
nous  le  prouverons  en  son  lieu.  C'est  donc,  suivant  toutes  les  présomptions,  du 
temps  de  Catherine  que  Thibaut  Métezeau  commença  la  salle  des  Antiques,  dont 
nous  ne  connaissons  point  la  physionomie  pendant  cette  période.  Il  y  a  bien  des 
raisons  pour  supposer  qu'il  a  pareillement  donné  les  premiers  dessins  de  la  Grande- 
Galerie,  et  ce  qui  peut  encore  faire  incliner  vers  cette  opinion,  c'est  que  son  fils 
paraît  avoir  été  chargé,  sous  Henri  IV,  d'exhausser  la  galerie  d'un  étage  intermé- 
diaire surmonté  d'un  second  ordre.  Nous  reviendrons  ailleurs  sur  la  question. 

Henri  III,  dit  Sauvai,  conduisit  l'aile  méridionale  du  nouveau  Louvre  «jusqu'où 
tr finit  le  reste  du  vieux  Louvre'1',  v  c'est-à-dire  jusqu'à  la  tour  de  l'angle  sud-est, 
qui  ne  fut  abattue  que  sous  Louis  XIV.  Telle  est  l'unique  donnée  historique  que 
les  auteurs  nous  fournissent  sur  les  travaux  faits  au  Louvre  par  Henri  III.  Elle 
serait  bien  vague  si  nous  n'avions  aucune  idée  du  point  où  en  étaient  arrivées  les 
constructions  lorsque  mourut  Charles  IX;  mais  nous  avons  reconnu  que,  vers 
1576,  le  gros  mur  extérieur  de  l'aile  était  vraisemblablement  élevé,  et  que  le 
mur  intérieur  avait  dépassé  le  second  avant-corps.  L'œuvre  de  Henri  III  est  donc 
comprise  entre  le  second  et  le  troisième  avant-corps  inclusivement.  Aussi  bien 
sur  ce  dernier  on  retrouve,  à  la  hauteur  des  chapiteaux  de  l'ordre  inférieur,  les 
chiffres  ffl,  qui  indiquent  le  règne  d'un  Valois,  et  à  l'ordre  supérieur  la  lettre  H 
couronnée;  mais  est-ce  réellement  à  Henri  III  que  se  rapporte  ici  cette  initiale? 
On  n'aurait  point  lieu  d'en  douter  sans  une  circonstance  dont  on  ne  parle  jamais  , 
malgré  son  importance  :  dans  la  frise  du  second  ordre,  entre  le  second  et  le  troi- 
sième avant-corps,  au-dessus  du  trumeau  séparant  la  seconde  fenêtre  de  la  troi- 
sième, se  fait  remarquer,  en  compagnie  de  quatre  autres  H  ce  chiffre, 


qui  est  très-évidemment  formé  des  lettres  H  D  B ,  et  dont  on  n'imagine  pas  que 
la  traduction  puisse  être  autre  chose  que  Henri  de  Bourbon.  Il  est  donc  fort  pro- 
bable, sinon  certain,  que  l'ordre  supérieur,  à  partir  du  second  avant-corps,  n'a  été 

">  T.  II,  p.  2  5. 


270  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

bâti  ou  plutôt  terminé  que  sous  Henri  IV,  l'étage  inférieur  remontant  seul  au  règne 
de  Henri  III.  Rien  n'autorise  à  se  prononcer  là-dessus  d'une  façon  catégorique; 
nous  nous  bornerons  à  rappeler  que  l'aile  ne  dépassait  guère  le  second  avant-corps 
en  1576,  suivant  le  plan  de  Du  Cerceau,  et  qu'elle  était  encore  assez  peu  avan- 
cée en  1577  pour  avoir  donné  sujet  à  Jérôme  Lippomano  de  dire,  dans  la  relation 
de  son  voyage  :  tt  Le  palais  ou  château  royal  qui  est  la  demeure  de  la  cour  a  un 
et  commencement  de  construction  dont  la  majestueuse  architecture,  si  jamais  elle 
et  était  achevée,  en  ferait  un  des  plus  beaux  édifices  du  monde.  Henri  II  l'a  com- 
ttmencé,  mais  il  n'y  en  a  qu'un  quart  de  construit  M.  n  Lippomano  ajoute  :  a  J'ai  vu 
et  commodément  logés  au  Louvre  le  Roi  et  ses  frères  (stc) ,  trois  reines ,  deux  car- 
ttdinaux,  deux  ducs  avec  leurs  femmes,  trois  princesses  du  sang,  maints  favoris 
a  et  dames,  enfin  une  partie  du  Conseil,  n  Pour  loger  tant  de  monde,  il  fallait  de 
nombreux  appartements,  et  Henri  III  s'occupa  peut-être  surtout  d'emménagements 
intérieurs.  Nous  ne  pensons  point,  en  tout  cas,  qu'il  ait  rien  construit  en  dehors 
du  château ,  malgré  certaine  phrase  de  Sauvai  que  nous  allons  éclaircir. 

Cette  phrase  est  ainsi  rédigée  :  ttLe  long  de  la  rivière,  Henri  III  y  fit  bâtir  un 
tt portique,  qu'on  a  ruiné  depuis  peu,  et  où  on  a  fait  un  jardin  nommé  le  petit 
«jardin  du  Louvre®.-»  Nous  ne  voyons  pas  quel  portique  a  pu  être  bâti  par 
Henri  III  au  lieu  indiqué  par  Sauvai,  et  être  détruit  à  l'époque  où  il  écrivait.  En 
effet  ces  mots,  aie  long  de  la  rivière,  •»  et  ceux-ci,  ttoù  on  a  fait  un  jardin  nommé 
«le  petit  jardin  du  Louvre,  1?  déterminent  bien  l'emplacement  dont  il  s'agit  :  c'est 
la  basse-cour  méridionale,  que  la  Petite-Galerie  limitait  vers  l'ouest,  et  qui  s'éten- 
dait, au  devant  du  château,  entre  cette  galerie  et  l'ancien  mur  de  la  Ville;  aussi 
M.  Vitet  a-t-il  cru  que  le  portique  de  Henri  III  était  cette  construction  percée  de 
nombreuses  baies  et  formant  terrasse,  qui  reliait  l'extrémité  de  la  Petite-Galerie 
à  la  tour  du  Coin;  mais,  de  même  que  le  petit  jardin  du  Louvre,  situé  derrière, 
cette  construction,  qui  servait  d'orangerie ,  ne  remontait  qu'au  temps  de  Louis  XIII. 
Nous  donnerons  plus  loin  les  preuves  écrites  de  la  vérité  du  fait;  il  nous  suffit 
maintenant  de  faire  remarquer  qu'une  gravure  de  Mathieu  Mérian  démontre  qu'en 
1 6 1 5  la  courtine  de  Charles  V,  au-devant  du  Louvre ,  n'avait  point  encore  fait 
place  à  l'orangerie,  et  offrait  toujours  l'aspect  qu'elle  présente  sur  la  vue  de  Cel- 
lier. Enfin  si  le  mur  de  l'orangerie  était  le  prétendu  portique  de  Henri  III,  Sauvai 
n'aurait  point  dit  qu'on  l'avait  ruiné  récemment,  car  il  écrivait  vers  1660,  et 
l'orangerie  figure  sur  les  plans  de  N.  de  Fer,  et  même  sur  celui  de  l'ouvrage  de 
Piganiol,  publié  en  1718.  Nous  supposons  qu'il  y  a  dans  le  singulier  passage  de 
Sauvai  une  faute  de  lecture,  doublée  d'une  intercalation  des  éditeurs*3).  Si  l'on 


(1)  Relation  des  ambassadeurs  vénitiens,  ap.  Do-  T.  II,  p.  i3. 

cuments  inédits,  t.  II,  p.  5g3.  (3)  Les  interpolations  évidentes  ne  sont  pas  rares 


LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  II,  CHARLES  IX  ET  HENRI  III.        271 

consent  à  admettre  cette  intercalation ,  et  à  lire  Louis  XIII  au  lieu  de  Henri  III , 
la  phrase  s'explique  :  Louis  XIII  bâtit  la  galerie  de  l'orangerie,  fit  planter  le  petit 
jardin,  et  en  1726,  année  de  la  publication  des  Antiquités  de  Paris,  le  mur  de 
l'orangerie  venait  d'être  abattu,  puisqu'il  le  fut  en  1719. 

Dans  la  description  du  vieux  Louvre,  nous  avons  fait  remarquer  qu'il  fallut 
entamer  l'aile  orientale  de  l'ancien  château  pour  élever  le  troisième  avant-corps 
de  l'aile  méridionale  du  nouveau  palais.  La  faculté  d'effectuer  les  démolitions  dans 
le  vieil  édifice,  et  même,  en  cas  de  nécessité,  dans  le  nouveau,  est  spécifiée  dans 
les  lettres  d'office  qui,  après  la  mort  de  Pierre  Lescot,  nommèrent  pour  son  suc- 
cesseur Baptiste  Àndrouet  Du  Cerceau.  La  teneur  de  ces  lettres  est  celle-ci  : 
«Henry,  etc.  A  nostre  cher  et  bien  amé  architecte  ordinaire  maistre  Baptiste 
a  Androuet  Du  Cerceau,  salut.  Comme  estant  puis  naguères  décédé  le  sieur  de 
rrClaigny,  qui  avoit  la  charge  et  superintendance  de  nostre  bastiment  neuf,  soit 
ff  besoin  commettre  en  son  lieu  quelque  personnage  duquel  l'expérience  en  l'art 
ff  d'architecture  nous  soit  cogneuë,  et  qui  puisse  bien  et  fidellement  poursuivre  et 
et  continuer  l'entreprinse  d'un  tel  et  si  magnifique  bastiment,  pour  le  désir  que 
et  nous  avons  d'en  voir  l'entière  perfection ,  d'autant  qu'il  est  le  premier  et  le  plus 
a  célèbre  de  tous  nos  bastimens,  mesmes  l'un  des  principaux  ornemens  de  nostre 
avilie  de  Paris,  capitale  de  nostre  royaume.  Sçavoir  faisons  que,  nous  confians  en- 
(rtièrement  de  vostre  personne  et  de  vos  sens,  suffisance,  loyauté,  preud'hommie, 
cr  diligence  et  grande  expérience  audit  art  d'architecture ,  pour  ces  causes  et  autres 
rrà  ce  nous  mouvans,  vous  avons  commis,  ordonné  et  député,  commettons,  ordon- 
nions et  députons  par  ces  présentes,  avec  plein  pouvoir,  puissance,  authorité  et 
«r  mandement  spécial,  d'ordonner  entièrement  de  la  charge,  conduitte  et  superin- 
<t  tendance  d'iceluy  nostredit  bastiment  neuf  de  nostre  chasteau  du  Louvre,  à  Paris; 
«pour,  suivant  cette  charge,  vacquer  et  entendre  à  dessigner,  conduire  et  or- 
rr  donner  tous  et  uns  chacuns  les  ouvrages  qui  seront  nécessaires  pour  le  faict 
net  continuation  dudit  bastiment,  circonstances  et  dépendances  d'iceluy,  et  jus- 
ff  ques  à  l'entière  perfection  d'iceux,  ainsi  que  vous  verrez  estre  bon  de  faire;  con- 
crclurre  et  arrester  tous  les  pris  et  marchez  qu'il  conviendra  pour  ce  faire  avec 
«les  maistres  entrepreneurs,  maçons,  charpentiers,  marchands  fournissans  les 
1  marbres,  pierres  mixtes,  et  autres  matériaux  et  denrées  pour  nosdits  bastimens, 
cr  sculpteurs,  fondeurs,  tailleurs,  plombiers,  couvreurs  et  toutes  autres  personnes 
rr généralement  de  quelque  vaccation  qu'ils  soient,  que  verrez  estre  bons  et  utiles 
«pour  estre  employez  au  faict  et  parachèvement  dudit  bastiment;  faire  desmolir 
rr  aussi,  soit  tant  du  nouveau  que  du  vieil  bastiment  du  Louvre,  tout  ce  que  verrez 


dans  le  livre  de  Sauvai:  ainsi  il  y  est  parlé  (t.  1",        la  place  Vendôme  en   1O99,  or  Sauvai  était  mort 
p.  628)  de  l'érection  de  la  statue  de  Louis  XIV  sur        depuis  long-temps  lors  de  cet  événement. 


272  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

«et  cognoistrez  estre  nécessaire  pour  poursuivre  la  continuation  d'iceluy  basti- 
rrment;  voir  et  vérifier,  visiter,  toiser  et  faire  toiser  par  telles  personnes  capables 
tr qu'ad viserez  tous  et  chacuns  lesdits  ouvrages,  pour  sçavoir  s'ils  avoient  esté  bien 
«et  deuëment  faicts  selon  les  devis,  prix  et  marchez  qui  en  ont  esté  cy-devant 
«faicts  par  ledit  feu  sieur  de  Claigny,  et  ceux  que  vous  pourrez  faire  cy-après; 
«  ordonner  de  tous  et  chacuns  les  frais  et  despences  licites  et  convenables  pour 
«  ledit  bastiment;  iceux  frais  faire  payer  aux  ouvriers  et  autres  personnes  à  me- 
crsure  qu'ils  besongneront  et  fourniront  de  matériaux  et  autres  choses,  soit  par 
«advance,  parfaict  payement  ou  autrement,  ainsi  que  verrez  estre  requis  et  né- 
cessaire en  vostre  loyauté  et  conscience,  au  meilleur  mesnage  que  faire  ce  pourra; 
«et  ce,  par  le  thrésorier  de  nos  œuvres,  édifices  et  bastimens,  présent  et  adve- 
«nir,  des  deniers  que  pour  ce  luy  ferons  assigner  et  délivrer,  et  de  ce  en  signer 
«et  expédier  vos  ordonnances,  rescriptions ,  mandemens,  roolles,  certifications  et 
«tous  autres  acquits  qui  pour  ce  seront  nécessaires  audit  thrésorier.  Lesquels,  en- 
rr semble  lesdits  prix  et  marchez,  nous  avons  dès  à  présent  comme  pour  lors,  et 
«  dès  lors  comme  à  présent,  validez  et  authorisez,  validons  et  authorisons,  et 
rc  voulons  estre  de  tel  effect  et  valeur  que  si  par  nous  avoient  esté  faicts  et  arrestez. 
«  Voulons  et  nous  plaist  qu'en  rapportant  par  ledit  thrésorier  de  nos  bastimens 
« présent  et  advenir  le  vidimus  de  cesdites  présentes,  que  nous  avons  pour  ce 
«  signées  de  nostre  main,  avec  lesdits  prix  et  marchez,  devis,  toisez  où  besoin 
rtsera,  ensemble  lesdites  ordonnances,  rescriptions,  roolles,  cahiers  de  frais,  et 
tr  autres  acquits  par  vous  signez ,  certifiez  et  expédiez ,  avec  les  quittances  des  parties 
reprenantes,  où  elles  escherront;  nous  voulons  tout  ce  à  quoy  monteront  lesdits 
«frais  et  despences  estre  passé  et  alloué  en  la  despence  des  comptes,  et  rabattu 
rtde  la  recepte  dudit  thrésorier  de  nosdits  bastimens  présent  et  advenir,  par  nos 
tramés  et  féaux  les  gens  de  nos  Comptes,  à  Paris,  ausquels  nous  mandons  ainsi  le 
tr  faire  sans  difficulté  et  tout  ainsi  comme  si  lesdits  frais  et  despences  avoient  esté 
«  ordonnez  et  arrestez,  et  les  acquits  d'iceux  signez  et  expédiez  par  nous  et  de 
tr  nostre  propre  main  ;  et  générallement  vous  donnons  pouvoir,  puissance  et  au- 
rr  thorité  de  faire  et  ordonner  en  ceste  présente  charge  et  commission  de  nostredit 
tr  bastiment  neuf  du  Louvre ,  circonstances  et  dépendances  d'iceluy,  tout  ainsi  et  en 
tria  propre  forme  et  manière  que  faisoit  et  pouvoit  faire  en  icelle  ledit  feu  sieur 
rtde  Claigny,  jaçoit  qu'il  y  eust  chose  qui  requist  mandement  plus  spécial  qu'il 
rt  n'est  contenu  en  cesdites  présentes.  Par  lesquelles  nous  vous  ordonnons  pour 
rr  vostre  estât  et  entretènement  en  ladite  charge ,  ladite  somme  de  quatre  cents  escus 
rrsol  par  chacun  an,  qui  sont  trente-trois  escus  sols  tournois  par  mois,  à  les  avoir 
«et  prendre  tout  ainsi  que  souloit  faire  ledit  sieur  de  Claigny,  en  vertu  de  vos 
«simples  quittances,  à  commencer  du  jour  et  datte  de  cesdites  présentes,  par  les 
«  mains  dudit  thrésorier  de  nosdits  bastimens  présent  et  advenir,  auquel  nous  en- 


LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  II,  CHARLES  IX  ET  HENRI  III.    273 

«joingnons  de  les  vous  payer  des  deniers  qui  luy  seront  ordonnez,  baillez  et  assi- 
«gnez,  pour  convertir  et  employer  au  faict  de  sondit  office.  Lequel,  rapportant 
«vosdites  quittances,  demeurera  quitte  et  deschargé  de  tout  ce  qu'il  vous  aura 
ft  payé,  à  ceste  occasion,  par  lesdits  gens  de  nos  comptes,  ausquels  aussi  nous  man- 
«  dons  ainsi  le  faire  sans  aucune  difficulté.  Et  afin  aussi  que  puissiez  estre  en  cest 
«  endroict  mieux  informé  de  ce  qui  est  requis  pour  l'entière  construction  et  accom- 
«  plissement  de  nostredit  bastiment  du  Louvre,  selon  les  desseins,  plans,  ordon- 
nances et  modelles  qui  ont  esté  arrestez  du  vivant  dudit  feu  sieur  de  Glaigny, 
crpar  le  feu  roy  Henry,  nostre  très-honnoré  seigneur  et  père,  nous  voulons  et 
«entendons  que  tous  et  chascuns  lesdits  desseins,  plans,  ordonnances,  modelles, 
fret  autres  choses  qui  en  ont  esté  faictes,  soient  expressément  et  promptement 
«mises  en  vos  mains  et  en  vostre  possession,  par  les  héritiers  dudit  feu  sieur  de 
«  Claigny,  et  tous  autres  qui  les  peuvent  de  présent  ou  pourront  cy-après  avoir  et 
«posséder.  Tous  lesquels  nous  voulons  à  ceste  fin  estre  contraints  sans  aucune 
«remise,  excuse  ne  dilation.  Car  tel,  etc.  Donné...  (sic).r> 

L'auteur  du  livre,  fort  rare'1),  où  nous  avons  copié  les  lettres  précédentes  n'a 
pas  jugé  utile  d'y  joindre  leur  date;  c'est  une  lacune  regrettable,  et  nos  tentatives 
pour  la  combler  ont  seulement  abouti  à  nous  apprendre  que,  commis  en  1 579 
à  la  surintendance  des  bâtiments  royaux,  Baptiste  Androuet,  en  i58a,  obtint 
celle  du  «bâtiment  neuf  du  Louvre, n  et  qu'au  mois  de  juillet  1 585  il  fut  de 
nouveau  investi  de  cette  charge,  avec  quatre  cents  écus  de  gages  par  an'2).  Le 
document  que  nous  venons  de  transcrire  portait  sans  doute  la  date  de  i58a.  Il 
est  curieux  à  plus  d'un  titre,  car,  en  montrant  quelle  était  la  célébrité  du  nouveau 
Louvre,  et  combien  on  désirait  le  voir  achevé,  il  prouve  aussi  le  respect  qu'on 
avait  conservé  pour  le  projet  de  Lescot,  et  établit  en  même  temps  qu'il  n'y  a  point 
eu  d'autre  architecte  de  l'édifice  entre  l'abbé  de  Clagny  et  Baptiste  Androuet. 
Henri  III  témoignait  beaucoup  de  sympathie  à  ce  dernier  artiste,  que  nous  de- 
vons maintenant  faire  connaître  à  nos  lecteurs. 

Baptiste  Androuet  Du  Cerceau  a  été  longtemps  confondu  avec  son  père,  l'il- 
lustre Jacques  Androuet,  et  aujourd'hui  môme  on  est  loin  de  l'en  distinguer  tou- 
jours; on  l'identifiait  aussi  constamment  avec  son  fils  Jean  ou  son  frère  Jacques, 
avant  que  nous  eussions  constaté  l'existence  de  ces  deux  membres  de  la  famille. 


(1)  H  est  intitulé  :  Le  Thrésor  ou  stile  et  protocole  *  Adroiet  (sic),  dit  De  Cerceau,  commis  à  ia  surin- 

de  la  chancellerie  de  France  (1  vol.  in-ia.  Paris,  <r tendance  des  baslimens. —  Baptiste  Androuet  du 

i6i4).  Les  lettres  se  trouvent  liv.  II,  fol.  q3  v°.  trCerveau  (sic),  architecte  ordinaire  du  Roy,  coni- 

(,>  Inventaire  des  mémoriaux  de  la  Chambre  des  rrmis  à  la  surintendance   du  basliment  neuf  du 

Comptes.  Arch.  de  l'Emp.  reg.  PP  iai,  p.  a3  ^Louvre.  —  Baptiste  Androuet  du  Cerceau,  commis 

et  93,  et  PP  129,  p.  93.  —  Les  articles  de  l'in-  *à  la  surintendance  des  bastimens  du  Louvre,  à 

ventaire  ne  contiennent  que  ces  mots:  rr  Baptiste  1  4oo  escus  de  gages  par  an». 

1.  35 


274  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

C'était  encore  «un  jeune  garçons  en  1675,  époque  où  il  nous  apparaît  pour  la 
première  fois,  où  il  gagna  la  faveur  de  Henri  III,  ainsi  que  le  prouve  le  récit 
contemporain  suivant:  «Finalement,  il  (Henri  III)  institua  une  garde  nouvelle, 
«que  l'on  appelloit  les  quarante-cinq  gentilshommes  ordinaires,  parce  qu'ils  le  sui- 
«  voient  toute  l'année,  en  tous  lieux  où  Sa  Majesté  alloit,  desquels  il  n'en  prit  un 
«seul  qui  fut  huguenot,  tesmoignage  très  suffisant  de  l'intérieur  de  ce  prince;  le- 
«quel  on  ne  sçauroit  contredire,  sinon  que  pour  un  certain  petit  architecte  nommé 
«Du  Cerceau,  que,  par  faute  d'autre,  il  prit  à  son  service  en  l'année  1675 , 
«  lorsque  Sa  Majesté  estoit  en  si  grande  affection  de  faire  bastir  une  maison  de  plai- 
«sance  autour  de  Paris,  pour  ce  que  ce  petit  homme  pourtrait  fort  bien  et  mieux 
«qu'homme  qui  soit  en  France,  et  estoit  diligent,  actif  et  soigneux  auxcommande- 
«mens  qui  luy  estoient  faits;  et  aussi  que  Sa  Majesté  estoit  contrainte  de  se  servir 
«d'un  peintre  qui  souloit  faire  des  inventions  pour  les  masquarades  et  tournois, 
«nommé  de  Magny,  résidant  à  Paris,  lequel,  tant  pour  son  âge  qu'aussi  pour  ne  se 
«  connoistre  guères  au  fait  de  l'architecture ,  et  avoir  la  main  rude  pour  en  dresser  les 
«pourtraits,  ne  pouvoit  satisfaire  au  gré  de  Sa  Majesté,  et  estoit  contraint  de  faire 
«travailler  sous  luy  ledit  Du  Cerceau,  qui  estoit  un  jeune  garçon,  fds  de  Du  Cer- 
«ceau,  bourgeois  de  Montargis,  lequel  a  esté  des  plus  grands  architectes  de  nostre 
«France.  Et  par  ce  moyen  il  fut  introduit  au  service  de  Sa  Majesté,  sans  qu'elle 

«le  reconneust  pour  huguenot Ledict  Du  Cerceau  a  bien  fait  pénitence  en  sa 

«  charge ,  ayant  fait  plus  de  pourtraits  de  monastères,  églises,  chapelles,  oratoires 
«et  autels  pour  dire  la  messe,  que  jamais  architecte  en  France  en  ait  fait  en  cin- 
«quante  ans'1),  n 

Dès  1578,  Baptiste  Androuet  fut  chargé  d'un  travail  considérable,  la  cons 
truction  du  Pont-Neuf.  «En  ce  mesme  mois  de  may  (1578),  dit  Lestoile,  futcom- 

«mencé  le  Pont-Neuf sous  l'ordonnance  du  jeune  Du  Cerceau,  architecte 

«du  Roy.  t>  On  vient  de  voir  qu'en  1679  il  fut  nommé  surintendant  des  bâtiments 
royaux,  et  que,  dès  i582,  il  dirigea  l'œuvre  du  nouveau  Louvre.  H  est  à  ob- 
server que  si,  dans  ses  lettres  d'office,  il  est  simplement  qualifié  d'architecte 
ordinaire  du  Roi,  dans  les  documents  plus  récents  il  figure  avec  d'autres  titres, 
ceux  de  «valet  de  chambre  dudict  Sire,  et  ordonnateur  général  des  bastimens 
«de  Sa  Majesté, n  qui  lui  sont  donnés  simultanément  dans  l'acte  d'acquisition 
de  la  maison  où  furent  établis  les  Feuillants (2).  Sur  une  pièce  de  1 586,  inté- 
ressante à  un  double  point  de  vue,  il  est  nommé  avec  deux  nouvelles  qualités: 
«Noble  homme  Baptiste  Androuet,  sieur  du  Serseau,  conseiller  du  Roy,  son 
«architecte  ordinaire,  et  commis  par  Sa  Majesté  pour  ordonner  de  tous  les  ou- 

(1)  Traité  des  causes  et  des  raisons  de  la  prise  des  armes  faite  en  janvier  i58g ,  dans  les  Mémoires  du  duc 
de  Nevers, éàil.  in-fol.de  i665,  l.  II, p.  98-29.  —  (2)  Arch.  de  l'Emp.  cart.  S4i65-66. 


LE  LOUVRE  SOUS  FRANÇOIS  II,  CHARLES  IX  ET  HENRI  III.        275 

«vrages  des  bastimens  et  édifices  de  Sa  Majesté,  et  despence  que  y  convient 
«faire'1'. a  Sa  charge  de  surintendant  des  bâtiments,  au  dire  de  Brice,  lui  valait 
6,000  livres  par  an'2).  Elle  impliquait  la  direction  de  presque  toutes  les  cons- 
tructions faites  pour  la  couronne ,  et  comprenait  celle  des  travaux  de  la  chapelle 
des  Valois,  à  Saint-Denis.  D'après  les  comptes  de  cette  chapelle,  il  en  devint  l'ar- 
chitecte après  J.  Bullant,et,  comme  te  ordonnateur  de  ladicte  sépulture ,  n  dès  i58a 
au  moins  et  jusqu'en  1 586 ,  il  eut,  «  pour  ses  gaiges  et  appointemens,nla  somme 
de  200  livres  par  an'*). 

Le  1 1  novembre  i58/i,  Baptiste  acheta  d'un  de  ses  collègues  de  Saint-Denis, 
le  maçon  Christophe  Lemercier,  un  terrain  qui  était  situé  au  Petit-Pré-aux-Clercs, 
et  dont  l'emplacement  est  représenté  maintenant  par  celui  qu'occupent  la  maison 
faisant  l'angle  des  rues  Bonaparte  et  des  Marais,  et  la  maison  contiguë  formant  le 
coin  de  la  rue  Jacob.  Sur  ce  terrain  Baptiste  éleva  une  habitation  fort  élégante, 
dont  il  ne  jouit  point  longtemps.  En  effet,  au  mois  de  décembre  1 585 ,  suivant 
ce  que  raconte  Lestoile,  qui  l'appelle  un  «homme  excellent  et  singulier  en  son 
«art'*', -n  Baptiste,  que  les  catholiques  exaltés  reprochaient  au  Boi  d'employer,  fut 

contraint  de  prendre  congé  de  son  maître,  aimant  mieux  «quitter ses  biens 

«que  de  retourner  à  la  messe, i>  et  abandonnant  «sa  maison  qu'il  avoit  nouvelle- 
«ment  bastie  avec  grand  artifice  et  plaisir,  au  commencement  du  Pré-aux-Clercs, 
«  et  qui  fust  toute  ruinée  sur  lui.  t>  Cette  disgrâce,  que  l'on  croyait  faussement  avoir 
frappé  Jacques  Androuet,  le  graveur,  ne  semble  pas  avoir  eu  pour  son  fils  les  con- 
séquences fâcheuses  qu'on  pourrait  supposer,  puisque,  dans  les  comptes  de  la  cha- 
pelle des  Valois,  nous  trouvons  un  toisé  du  2 1  avril  1 586  fait  par  l'ordre  de  celui-ci; 
les  états  de  dépense  mentionnent  en  outre  ses  appointements  pour  cette  année'5). 
C'est  là  d'ailleurs  le  dernier  document  que  nous  ayons  rencontré  où  il  soit  directe- 
ment question  de  lui.  Nous  sommes  sûr  toutefois  qu'il  fut  architecte  de  Henri  IV; 
car,  dans  les  lettres  d'office  délivrées  en  1617  à  son  fils  Jean,  il  est  parlé  des  ser- 
vices rendus  par  le  père  au  «  feuz  roys.  n  Au  mois  de  mars  1602,  Baptiste  n'existait 
plus,  et  sa  veuve,  Marie  Baguidier,  vendit  alors  à  son  beau-frère,  Jacques  An- 
drouet, la  maison  du  Petit-Pré-aux-Clers,  qui,  ravagée  lors  du  siège  de  Paris, 
avait  dû  subir  une  restauration  complète  après  la  reddition  de  cette  ville  W. 

Le  grand  jardin  du  Louvre,  où,  suivant  Sauvai,  Henri  III  se  plaisait  à  faire 

(1>  Arch.  de  l'Emp.  cart.  K  10a,  n°  2".  mencement  de  i588,  s'il  est  vrai,  comme  on  le  lit 

(,)  T.  IV,  p.  i5o  de  l'édition  de  1753.  dans  \es  Mémoires  du  duc  de  Nevers ,  qu'il  lit  des  cons- 

<S)  Cart.  K  102,  déjà  cité.  tractions  pour  les  Feuillants,  puisque  ces  religieux 

'*'  Coll.  Michaud,  t.  XIV,  p.  193.  n'arrivèrent  h  Paris  qu'au  mois  de  septembre  1 587. 
(5)  Baptiste  Androuet  remplissait  encore  ses  fonc-  (,)  Nous  parlerons,  au  chapitre  su,  des  autres 

lions  d'architecte  du  Roi  à  la  fin  de  1 587  ou  au  com-  membres  de  la  famille  de  Baptiste. 

35. 


276  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

battre  ses  lions ,  fut  entièrement  gâté  à  l'occasion  des  fêtes  du  mariage  de  Mar- 
guerite de  Lorraine  avec  le  duc  de  Joyeuse,  aux  mois  de  septembre  et  d'oc- 
tobre 1 58 1  M;  mais  peut-être  le  jardin  fut-il  remis  en  bon  état  par  Henri  IV,  car 
il  ne  semble  point  bouleversé  sur  le  plan  de  Quesnel.  Quant  à  la  ménagerie,  elle 
fut  détruite  en  1 583.  te  Le  vingt-uniesme  janvier,  dit  Lestoile,  le  Roy,  après  avoir 
rrfait  ses  pasques,  et  ses  prières  et  dévotions  au  couvent  des  Bons-Hommes  de 
ffNigeon,  ausquels  il  donna  cent  escus,  s'en  revint  au  Louvre,  où,  arrivé,  il  fit 
<r  tirer,  à  coups  d'arquebusades,  les  lions,  ours,  taureaux  et  autres  semblables  qu'il 
ffsouloit  nourrir  pour  combattre  avec  les  dogues,  et  ce,  à  l'occasion  d'un  songe 
crqui  luy  estoit  advenu,  par  lequel  luy  sembla  que  les  lions,  dogues  et  ours  le 
cr  mangeoient  et  dévoroient.  ■» 

Sous  le  règne  de  Henri  IV,  le  Louvre  ayant  été  joint  aux  Tuileries,  leur  his- 
toire commence  à  se  confondre;  nous  ne  la  reprendrons  donc  qu'après  avoir  ra- 
conté l'origine  du  second  de  ces  édifices,  et  décrit  l'état  ancien  de  la  région  où  il 
fut  élevé. 

(1)  uLe  lundy  seiziesme  (octobre  i58i),  en  la  *  du  Louvre,  exécuta  le  Roy  un  combat  de  quatorze 
«belle  et  grande  lice,  à  grands  frais  et  peines  et  en  «blancs  contre  quatorze  jaunes,  à  huit  heures  du 
«pompeuse  magnificence  dressée  etbastie  au  jardin        «soir,  aux  flambeaux.  »(Lesloi\e,  Joum.de  Henri  III.) 


RUE  DE  L'ECHELLE.  277 


CHAPITRE  IX. 

ESPACE  COMPRIS  ENTRE  L'ENCEINTE  DE  CHARLES  V, 
LA  RUE  SAINT-HONORÉ,  L'ENCEINTE  BASTIONNÉE  ET  LA  SEINE. 

(Voir  le  Plan  de  restitution,  feuille  V  bis.) 


L'espace  compris  aujourd'hui  entre  la  rue  Saint-Honoré,  les  Champs-Elysées, 
la  Seine  et  l'emplacement  de  l'enceinte  de  Charles  V  était  autrefois  occupé  par  des 
terrains  que  ne  coupait  aucune  grande  voie  publique,  et  qui  dépendaient,  pour  la 
plus  grande  partie,  du  territoire  de  la  ViHe-1'Evêque,  dont  les  limites  vers  Paris, 
sans  avoir  jamais  été  bien  précises,  ont  rétrogradé  à  mesure  que  le  faubourg  Saint- 
Honoré  a  pris  de  l'importance.  Sur  ces  terrains,  relevant  en  entier  du  fief  de 
l'Evêché  de  Paris,  on  distinguait  trois  cantons:  celui  des  Gourdes,  qui  est  très-sou- 
vent mentionné  à  partir  de  la  fin  du  xive  siècle,  et  s'étendait  au  loin  sur  l'empla- 
cement des  Champs-Elysées*1';  celui  des  Tuileries,  dont  le  palais  marque  encore  la 
situation,  et  celui  du  clos  des  Quinze-Vingts,  que  longeait  la  grande  rue  du  fau- 
bourg. Nous  commencerons  par  l'étude  de  ce  clos  et  des  deux  chemins  ou  rues 
par  lesquelles  il  a  été  borné  au  nord  et  à  l'est;  nous  parlerons  ensuite  du  ter- 
rain qui  a  servi  à  l'établissement  de  la  place  du  Carrousel. 


RUE  DE  L'ECHELLE. 

La  rue  de  l'Echelle,  qui  commençait  à  la  rue  du  Carrousel  et  part  actuelle- 
ment de  la  rue  de  Rivoli,  a  toujours  fini  à  la  rue  Saint-Honoré. 

Nous  n'avons  point  éclairci  l'origine  du  nom  de  cette  rue  et  nous  doutons 
qu'il  soit  dû,  comme  on  le  dit,  à  une  échelle  de  justice;  car  non-seulement  on 
ne  cite  aucune  preuve  à  l'appui  de  cette  opinion,  mais  en  outre  il  est  peu  vraisem- 

''  En  16  9  5,  un  clos  dit  Les  Gourdes  existait  encore  près  du  Cours-la-Reine. 


278  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

blable  qu'un  instrument  de  supplice  ait  été  placé  si  près  d'une  demeure  royale, 
à  une  époque  aussi  avancée  que  le  xvne  siècle.  Or,  avant  ce  temps,  l'appellation 
de  rue  de  l'Echelle  n'était  point  en  usage;  nous  n'en  avons  même  rencontré  d'in- 
dication que  sous  le  règne  de  Louis  XIV,  et,  en  1687,  on  disait  encore  «rue  qui 
«  conduit  aux  grandes  écuries  du  Roy.  n 

Les  historiens  de  Paris  considèrent  généralement  la  rue  de  l'Echelle  comme 
une  rue  moderne;  ils  ont  tous  ignoré  que  c'était  simplement  un  reste  de  l'an- 
cien chemin  bordant  les  fossés  de  la  Ville.  On  acquiert  la  certitude  du  fait  par 
l'examen  des  titres  relatifs  à  la  maison  dite  de  la  Poterie,  qui  faisait  le  coin  de  là 
rue,  et  qui  n'a  jamais  subi  de  reculement.  Dans  ces  titres  la  rue  est  énoncée: 
«Chemin  par  lequel  on  va  de  lad.  porte  Saint-Honoré  à  la  rivière  de  Seine,  le- 
«  quel  chemin  est  entre  les  fossez  de  la  Ville  et  lad.  couture  des  Quinze-Vins  n  (  1  h  0  2  )  ; 
—  <r  chemin  près  les  fossez  de  Paris  n  (1/121);  —  «rue  des  Fossez  «  (i&3q);  — 
<r chemin  des  fossez,  qui  va  de  la  bastide  Saint-Honoré  aux  Tuilleries  et  à  Saine  n 
(16Ù0);  —  «  chemin  au  lonc  des  fossez  n  (i443);  —  «chaussée  et  chemyn  ten- 
«dant —  à  la  rivière  de  Seyne  et  aux  Thuilleriesn(i558);  —  rrvoyrie  sur  les 
«  fossez t>  (1 556)  ;  —  rrrue. ..  allant  à  la  rivière  de  Seyne  n  (t  597);  —  «chemin 
«tendant  de  la  porte  Saint-Honoré  au  pallais  des  Thuilleries  a  (1609).  Dans  un 
acte  de  i544,  elle  est  improprement  nommée  «rue  du  Marché-aux- Pourceaux, » 
à  cause  du  voisinage  de  ce  marché,  situé  de  l'autre  côté  de  la  rue  Saint-Honoré. 

11  est  à  remarquer  que  l'alignement  de  la  rue  de  l'Échelle ,  dans  sa  partie  sep- 
tentrionale, était  parfaitement  parallèle  aux  anciens  murs  de  clôture  des  Quinze- 
Vingts  et  de  la  Petite-Bretagne,  et  non  point  à  l'enceinte  de  la  Ville;  d'où  nous 
supposons  que  cet  alignement  avait  été  donné  par  le  mur  mitoyen  d'une  propriété 
qui  disparut  lorsqu'on  creusa  les  fossés.  La  largeur  de  la  rue  de  l'Echelle  a  été 
récemment  portée  à  vingt-deux  mètres. 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 


PAROISSE  SAINT-GERMAINL'AUXERROIS. 

HAUTE  JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ÉVÈCHE,  PUIS  DU  ROI. 

Depuis  le  quai  jusqu'à  la  moitié  de  sa  longueur  environ ,  le  «  chemin  au  lonc 
«des  fossez  n  longeait  la  maison  dite  des  Tuileries  et  ses  dépendances,  dont  il  sera 
parlé  dans  le  chapitre  x.  Venaient  ensuite  les  maisons  suivantes,  qui  toutes  avaient 
été  construites  sur  le  terrain  du  clos  des  Quinze-Vingts. 

Maison  sans  désignation  (1  kkz  ) ,  qui  avait  été  élevée  Sur  un  emplacement  faisant 


RUE  DE  L'ECHELLE.  279 

le  coin  sud-est  du  clos  des  Quinze-Vingts.  En  1 556 ,  elle  contenait  deux  corps 
d'hôtel  et  un  jardin. 

Deux  maisons  sans  désignation  (t  556),  à  la  place  desquelles  il  n'y  avait  encore 
qu'un  jardin  en  îliUi. 

Jardin  (i63s),  puis  maison  sans  désignation  (1662). 

Jardin,  puis  maison  sans  désignation  (1662).  Suivant  un  censier  de  l'Evêché, 
elle  aurait  eu  pour  enseigne  l'Image  Notre-Dame,  en  i53o. 

Maison  et  jardin  sans  désignation  (1661). 

Maison  et  jardin  sans  désignation  en  i46i,  et  de  l'Image  Notre-Dame  en  î 553.  A  la 
place  de  cette  maison  et  des  deux  précédentes ,  certains  comptes  de  î  h  h  2  mentionnent 
«r  la  maison,  jardin  et  lieu  de  noble  homme  nions,  messire  Anthoine  Des  Essarts;  le- 
rtquel  (lieu)  fut  Thomas  Le  Sueur  et  sa  femme.  1111  semble  ainsi  que  les  trois  maisons 
dépendaient  l'une  de  l'autre ,  ce  qui  expliquerait  la  transposition  apparente  de  l'en- 
seigne. La  maison  d'Antoine  Des  Essarts,  dite  peut-être  cr  Hostel  des  Tuileries n  en 
1 3  h  2  ,  paraît  avoir  été  aussi  à  Pierre  Des  Essarts  et  avoir  contenu  un  arpent  et  demi. 

Maison  et  Jardin  sans  désignation  en  1662,  et  ayant  eu  pour  enseigne  kl'Arba- 
tr  leste  n  dès  i556. 

Jardin  sans  désignation  (1662),  à  la  place  duquel  se  trouvaient,  en  1507,  trois 
maisons  avec  un  colombier. 

Jardin  sans  désignation  en  1/162,  puis  maison  des  ccTroys-Roysti  (1507).  En 
1 5 1 7,  elle  avait  été  récemment  édifiée  de  neuf. 

Toutes  les  maisons  dont  rénumération  précède  avaient  été  construites  sur  une 
pièce  de  trois  arpents  qui  futaccensée,  en  i3o,8,  à  Richard  Du  Buisson,  et  qui 
s'étendait  jusqu'à  la  rue  Saint-Honoré  (voir  page  5g3).  Elles  furent  vraisembla- 
blement bâties  entre  les  années  i632  et  1662,  car  on  les  trouve  mentionnées  à 
cette  dernière  date,  et  elles  ne  le  sont  point  encore  à  la  première.  En  1 565,  elles 
subsistaient  encore;  mais  en  1 567,  elles  étaient  toutes  abattues  et  cr  applicquées  au 
rrpallais  de  laRoyne  mère,  t>  qui  dut  les  acheter  en  1 566.  Il  n'en  existe  pas  de  plans. 

Jardin  (i5i3),  à  la  place  duquel  furent  ensuite  deux  maisons  sans  désignation, 
qui  dépendaient,  comme  les  suivantes,  de  la  grande  maison  de  la  Poterie,  et  qui 
furent  achetées  par  Catherine  de  Médicis,  le  16  décembre  1567.  L'estimation  de 
leur  valeur  donne  à  penser  qu'elles  constituaient  à  peu  près  le  quart  du  grand  hô- 
tel de  la  Poterie ,  réduit  comme  il  l'était  alors. 

Maison  sans  désignation  (1609),  quia  fait  un  coin  de  la  rue  du  Carrousel. 

Maison  sans  désignation  en  1609,  et  de  l'Image  Sainte- Anne  en  1700. 

Maison  qui  paraît  avoir  eu  l'enseigne  du  Nom-de-Jésus  en  1 5y5 ,  et  qui, 
au  xvmc  siècle,  était  comprise  dans  la  précédente. 

Maison  sans  désignation  en  1609,  puis  du  Pied-de-Biciie  (1680),  du  Coeur- 
Navré,  et  enfin  des  Plongeons  (1700). 


280  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Maison  ou  masure  (1609)  qui,  unie  à  la  suivante,  avait  pour  enseigne  le  Fau- 
con en  1680,  et  semble  être  la  même  que  celle  de  la  Salamandre,  mentionnée 
en  i555  et  i588. 

Maison  sans  désignation  en  1609,  mais  que  nous  croyons  se  confondre  avec 
celle  te  de  l'Estoille  t)  (1587),  laquelle  était  contiguë  à  la  maison  de  la  Sala- 
mandre et  aboutissait  à  celle  du  Dauphin. 

Maison  du  Lion-d'Or  (1609),  contiguë  à  la  maison  du  coin  de  la  rue  Saint- 
Honoré  ;  elle  en  avait  fait  partie  au  xvie  siècle. 


TERRAIN  DE  LA  PLACE  DU  CARROUSEL. 

Depuis  Sauvai,  on  a  bien  souvent  répété  que  Pierre  Des  Essarts  possédait,  au 
commencement  du  xive  siècle,  un  certain  hôtel  des  Tuileries  dans  lequel  il  fallait 
voir  en  quelque  sorte  l'embryon  du  palais  de  ce  nom.  L'hôtel  des  Tuileries  appar- 
tenant à  Des  Essarts  n'a  jamais  rien  eu  de  commun  avec  la  maison  qui,  en  se 
développant,  est  devenue  la  résidence  des  rois.  Celle-ci  était  située  derrière  le  clos 
des  Quinze-Vingts,  tandis  que  l'hôtel  des  Tuileries  était  placé,  soit  dans  le  clos 
même'1),  soit  derrière  un  jardin  de  cinq  arpents  qui  séparait  ce  clos  d'avec  l'Hospice, 
et  dont  l'emplacement  correspond  à  celui  qu'occupaient  les  îlots  en  bordure  sur 
la  rue  Saint-Honoré,  entre  les  rues  Saint-Nicaise  et  de  l'Echelle.  En  effet,  l'hôtel  de 
Des  Essarts,  s'il  n'était  pas  renfermé  dans  le  clos,  doit  nécessairement  se  confondre 
avec  le  jardin  qui ,  après  avoir  été  à  Ernoul  de  La  Haute-Maison ,  était,  en  1 3 1 5  ,  à 
Pierre  Des  Essarts  et  touchait  au  <r  chantier  à  merrin ,  t>  avec  jardin  derrière ,  que ,  le 
mardi  devant  «les  grands  Pasquesn  de  la  même  année  (v.  s.),  Des  Essarts  prit  à  bail 
des  Aveugles,  au  prix  de  16  livres parisis  de  rente  annuelle,  et  à  la  condition  que 
ces  derniers  pourraient  y  poser  des  conduits  pour  faire  venir  l'eau  de  la  rivière 
dans  leurs  «aisemens  et  chambres'2).  »  Or  le  jardin  d'Ernoul  de  La  Haute-Maison 
doit  se  confondre  à  son  tour  avec  la  propriété  qu'Ernoul  habitait  un  peu  aupara- 
vant, et  qui  est  dite,  dans  une  charte  du  2 h  mai  1809,  «meson  ou  menoir. ..  as- 
«sis  oultre  le  Louvre,  près  des  Tuileries.  .  .  tenant  d'un  cousté  à  la  meson  et  au 
cr  jardin  de  Bretaigne,  et  d'autre  à  la  meson  de  Pierre  de  Bonoil  et  au  jardin  de  Jehan 

(1)  Les  textes  qui  mentionnent  cet  hôtel  sont  très-  rtgles ,  qui  sont  entre  ladite  meson  ou  manoir  des- 
obscurs ;  il  est  énoncé ,  en  1 3 1 6  :  r Meson  ou  manoir  n-diz  mariés  et  leurdite  couture.  * 
rrque  lesd.  mariés  (le  changeur  Pierre  Des  Essarts  et  m  Arch.  des  Quinze- Vingts,  liasse  3o6.  —  Les 
«■sa  femme  Thomasse)  ont,  assis...  vers  les  Tuile-  Aveugles  l'avaient  eux-mêmes  acquis  de  Jean,  fils 
"■ries...  en  la  couture  d'iceux  mariés,  qui  siet  au  d'Ernoul,  au  prix  de  160  livres  parisis,  le  mardi 
ff  costé  et  derrières  le  manoir  desdiz  Aveugles ,  parmi  avant  la  Pentecôte  1 3 1 5 ,  c'est-à-dire  quelques  mois 
rtle  coign  du  mur  des  jardins  ou  courtiz  desdiz  Aveu-  seulement  avant  le  bail  fait  à  Des  Essarts. 


TERRAIN  DE  LA  PLACE  DU  CARROUSEL.  281 

a  de  Courbeul,  aboutissant  à  lameson  et  au  jardin  des  Aveugles,  n  La  situation  du 
manoir  d'Ernoui,  identique  avec  celle  qu'une  charte  de  i385,  dont  nous  rap- 
porterons un  extrait  (p.  288),  donne  à  une  maison  appartenant  à  Des  Essarts, 
est  d'ailleurs  très-claire  :  il  tenait,  vers  l'orient,  à  l'hôtel  de  la  Petite-Bretagne; 
vers  le  nord,  au  jardin  de  cinq  arpents  que  les  Aveugles  avaient  sur  la  rue  Saint- 
Honoré,  et,  vers  l'occident,  à  la  maison  du  et merrenier n  Pierre  de  Bonneuil  et 
au  jardin  de  Jean  de  Courbeul.  Mais  cette  dernière  maison  et  ce  dernier  jardin 
étaient  très-certainement  au-dessous  du  clos  des  Quinze-Vingts,  près  de  la  rivière; 
la  place  du  Carrousel,  telle  qu'elle  se  dessinait  à  l'époque  de  la  Révolution,  oc- 
cupait donc  en  partie  le  terrain  du  manoir  d'Ernoui. 

La  construction  de  l'enceinte  de  Charles  V  fit  bouleverser  tout  le  terrain  dont 
nous  parlons,  et  il  n'y  eut  plus  là  qu'un  rempart  avec  fossé  et  chemin  le  long 
du  fossé  jusqu'au  commencement  du  règne  de  Louis  XIII ,  époque  où  l'on  adopta 
le  projet  d'ouvrir  deux  rues  nouvelles  à  travers  les  fortifications  (voir  p.  76),  ce 
qui  en  impliquait  l'entière  destruction.  Du  reste,  on  ne  respectait  guère  alors 
la  muraille  d'enceinte  de  Paris;  car,  le  27  septembre  1626,  le  Corps  municipal 
alla  s'en  plaindre  au  Roi,  faisant  observer  qu'on  démolissait  aies  murailles  et  pa- 
■  rapets  de  lad.  Ville ,  qui  soustenoient  les  terres  du  rempart  depuis  la  porte  Sainct- 
tt Honoré  jusques  à  la  gallerie  du  Louvre,  ■«  et  <rque  les  pierres  provenans  de 
<r  lad.  desmolition  avoient  servy  à  la  construction  d'un  canal  voultén  que  l'on 
bâtissait  dans  le  fossé (1).  Le  lendemain  parut  une  ordonnance  du  Prévôt  des 
marchands  défendant  de  continuer  à  démolir  la  muraille  et  à  en  emporter  les 
matériaux.  Nous  ne  savons  si  cette  prohibition  fut  respectée;  mais,  dix  ans  plus 
tard,  en  i634,  Cbarles  Froger  ayant  conclu  un  marché  pour  l'exécution  de  la 
nouvelle  enceinte  bastionnée,  malgré  l'opposition  du  Bureau  de  la  Ville  la  vieille 
muraille  fut  démolie  à  partir  de  la  Porte-Neuve,  et  de  telle  sorte  qu'il  est  devenu 
difficile  depuis  d'en  retrouver  des  fragments. 

Le  plan  de  Gomboust  montre  qu'en  i652  la  place  du  Carrousel  n'existait  point 
encore,  et  que,  au  lieu  où  elle  a  été  établie,  le  fossé  était  seulement  en  partie 
comblé  pour  l'agrandissement  du  jardin  d'un  hôtel  de  la  rue  Saint-Nicaise  ;  mais 
la  place  était  dessinée  et  nivelée  lors  du  grand  carrousel  qui  lui  a  valu  son  nom  W, 
et  qui  eut  lieu  au  mois  de  juin  1662.  Peu  après  on  bâtit  dans  les  environs,  si 
bien  qu'en  1 665 ,  ainsi  qu'on  le  voit  par  un  plan  portant  cette  date,  la  place  et 
les  îlots  voisins  avaient  acquis  la  configuration  qu'ils  ont  gardée  jusqu'aux  dé- 
molitions effectuées  sous  le  premier  Empire.  Pour  servir  de  second  débouché  à  la 
place  on  avait  eu  soin  de  réserver,  sur  l'emplacement  du  fossé  et  dans  l'alignement 

(1)  Arch.  del'Emp.  rcg.  H  1801,  fol.  34o  v°.  — (,)  La  place  du  Carrousel  a  été  quelquefois  nommée 
place  (les  Tuileries  vers  le  commencement  du  dernier  siècle. 

1.  36 


282  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

de  la  contrescarpe,  une  rue  qui  s'appela  rue  du  Carrousel,  et  quelquefois  nie  de 
l'Echelle,  parce  que,  communiquant  par  un  retour  d'équerre W  avec  la  rue  ainsi 
nommée,  elle  pouvait  en  être  considérée  comme  la  continuation.  Nous  avons  donné 
quelques  renseignements  sur  les  constructions  de  la  rue  du  Carrousel  du  côté  de 
la  rue  Saint-Nicaise  (voir  p.  76).  Du  côté  opposé,  la  première  maison,  celle  qui 
faisait  le  coin  devant  l'entrée  de  la  cour  des  Suisses,  fut,  au  xvme  siècle,  un  magasin 
de  fers  pour  les  bâtiments  royaux.  La  maison  suivante,  qui  formait  l'encoignure 
saillante  de  la  rue  au  point  où  elle  se  coudait,  appartenait,  en  17 34,  à  Mollet, 
contrôleur  des  bâtiments;  celle  qui  venait  ensuite  était 

L'HÔTEL  DE  LA  ValliÈRE.  Henri  IV,  voulant  récompenser  son  premier  jardi- 
nier, Claude  Mollet,  lui  fit  don  d'une  place  et  d'un  jardin,  sur  lesquels  celui-ci 
bâtit  une  maison;  elle  passa,  après  lui,  à  son  fils,  qui  en  augmenta  les  bâtiments. 
La  maison  fut  louée  plus  tard  à  Amat,  fermier  général  des  gabelles,  et  dès  le 
mois  d'avril  1666  elle  était  occupée  par  le  père  de  la  maîtresse  de  Louis  XIV, 
Jean-François  de  La  Baume  Le  Blanc,  marquis  de  La  Vallière;  dite  ainsi  l'hôtel 
de  La  Vallière,  elle  fut  rebâtie  en  partie  par  le  fils  du  précédent,  Charles-François, 
fait  duc  en  1723.  Il  n'en  jouissait  pourtant  qu'à  titre  de  concession  viagère, 
puisque,  par  une  déclaration  du  8  mai  1734,  le  duc  d'Antin,  directeur  des  bâ- 
timents de  la  couronne,  fit  savoir  que  le  Boi  donnait  l'hôtel  au  duc  et  à  la  du- 
chesse de  Vaujour,  en  survivance  du  duc  et  de  la  duchesse  de  La  Vallière  M. 

Contigu  à  l'hôtel  de  La  Vallière,  se  trouvait 

L'HÔTEL  D'ARMAGNAC  ou  DE  BRIONNE.  Il  fut  bâti,  peu  de  temps  avant  l'an- 
née 1676,  pour  servir  de  demeure  au  grand  écuyer  de  France,  qui  était  alors 
Louis  de  Lorraine,  comte  d' Armagnac,  de  Charny  et  de  Brioime,  dont  le  septième 
fils,  Charles,  comte  d'Armagnac,  obtint  la  même  charge  en  survivance  de  son 
père,  l'an  1712.  Ainsi  s'expliquent  les  deux  noms  donnés  simultanément  à  l'hôtel, 
qui  finit  néanmoins  par  ne  plus  être  appelé  que  l'hôtel  de  Brionne.  Il  paraît  avoir 
encore  été  distinct  de  l'hôtel  de  La  Vallière  en  1772;  mais  il  y  était  réuni  sous 
Louis  XVI.  H  a  été  abattu  vers  1806,  de  même  que  les  autres  maisons  de  la  rue 
du  Carrousel,  qui  a  ainsi  disparu.  La  place  s'est  alors  étendue  depuis  la  grille 
des  Tuileries  jusqu'à  la  hauteur  de  la  rue  de  Bohan,  et  depuis  la  grande  galerie 
du  bord  de  l'eau  jusqu'à  celle  qui  longe  la  rue  de  Bivoli;  toutefois,  le  déblayement 
complet  n'a  eu  lieu  qu'en  18^9. 

(1)  Ce  retour  d'équerre,  conduisant  a  la  grande  (,)  L'hôtel  est  énoncé  dans  la  déclaration  :  n-une 

écurie  des  Tuileries,  est  appelé  rue  de  l'Ecurie  sur        «•  place  avec  grand  bâtiment  dont  partie  a  été  faite 
un  plan  de  1698.  faux  dépens  dudit  Duc»  (de  La  Vallière). 


RUE  SAINT-HONORE.  283 

RUE  SAINT-HONORÉ. 

(Partie  s'étendant  de  la  rue  Saint-Nicaise  à  la  rue  Royale.) 

La  section  de  la  rue  Saint-Honoré  qui  commençait  à  la  hauteur  de  la  rue 
Saint-Louis  et  finissait  à  la  rue  Royale  était  une  partie  de  l'ancien  chemin  con- 
duisant au  village  du  Roule  et  la  grande  voie  du  premier  faubourg  Saint-Honoré. 
Elle  n'a  pu  commencer  à  prendre  l'aspect  d'une  rue  que  postérieurement  à  l'ac- 
censement  du  clos  des  Quinze-Vingts,  en  1892,  et  elle  n'est  devenue  très-fré- 
quentée  que  vers  la  fin  du  xvic  siècle,  après  la  construction  de  la  fausse  porte 
Saint-Honoré.  Nous  l'avons  vue  énoncée  :  cr  Magnum  cheminum  Sancti  Honoratin 
(1288);  —  rrchaucée  de  la  rue  Saint-Honoré  -n  (1870);  —  «chaucée  et  voyerie 
«par  laquelle  l'en  va  de  ladite  rue  Saint-Honoré  au  Roole-lèz-Paris -n  (1870);  — 
rr  chemin  roialn  (1892);  —  rcgrant  chemin  de  la  porte  Saint-Honoré  -n  (1892); 
—  «chaucée  du  Roy,  devant  les  Quinze-Vins»  (1609);  puis,  en  souvenir  du 
fondateur  de  l'hospice  des  Aveugles,  «vicus  novus  Sancti  Ludovicin  (1Û07);  — 
«grant  rue  Saint-Loysn  (1621);  —  «rue  neufve  Saint-Loys -o  (i63o);  et  enfin, 
*  chaussée  des  faulxhourgs  (Saint-Honoré),  tendant  de  cette  ville  de  Paris  au 
«port  de  Nullyn  (Neuilly)  (1  563);  —  «grande  rue  du  faulxbourg  Sainct-Honoré n 
(1600);  —  «chaussée  Saint-Honoré,  cy-devant  faulbourgsn  (1 636);  —  «rue 
«neufve  Saint-Honoré,  naguère  appelle  le  faulxbourg  Saint-Honoré  n  (t  638);  — 
et  «rue  neufve  Saint-Honoré,  cy-devant  faulxhourgs,  ej  à  présent  clos  et  annexé 
«à  la  Villes  (1660).  L'incorporation  du  faubourg  Saint-Honoré  à  la  Ville  avait 
été  consommée  définitivement  par  la  destruction  de  l'enceinte  de  Charles  V  et 
par  la  substitution,  effectuée  vers  i632,  de  la  porte  monumentale  de  Pidoux  à 
la  fausse  porte  du  xvic  siècle.  La  partie  de  la  grande  rue  située  en  deçà  s'est  alors 
confondue,  sous  le  même  nom  de  rue  Saint-Honoré,  avec  la  partie  la  plus  rap- 
prochée du  centre  de  la  Ville. 

Le  i3  mai  1 585 ,  une  ordonnance  du  Bureau  de  la  Ville  prescrivit  aux  habi- 
tants du  faubourg  Saint-Honoré  «de  faire  paver devant  leurs  maisons,  cha- 

«cun  endroict  soy,  depuis  le  commencement  de  la  chaussée pavée  et  rehaulsée 

«de  neuf  ès-dicts  faulxhourgs,  jusques  à  la  fin  d'icelle. -n  Dans  une  lettre  du 
3o  juillet  1571,  le  Roi  s'était  déjà  plaint  de  la  mauvaise  odeur  provenant,  disait- 
il,  de  la  «retenue  des  eaues  croupies  et  boues  qui  sont  ordinairement  le  long  du 
«faulxbourg  Sainct-Honnoré,  par  faulte  que  ledict  faulxbourg  n'est  pas  entière- 
«ment  pavé  le  long  des  maisons,  et  que  la  pante  d'esgout  n'est  pas  comme  il 
«appartient,  d 


36. 


284  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

CÔTÉ  MÉRIDIONAL. 

PAROISSE  SAINT-GERMAIN-L'AUXERROIS, 

PUIS  DE  SAINT-ROCH1". 

Emre  ieS  rues  Les  maisons  de  la  rue  Saint-Honoré  comprises  entre  les  rues  Saint-Nicaise 
et<i.r£«MJo.  et  de  l'Échelle  occupaient,  nous  l'avons  dit,  l'emplacement  d'un  jardin  de  cinq 
arpents,  qui  appartenait  aux  Quinze-Vingts  et  dépendait,  comme  tous  les  envi- 
rons, du  fief  de  l'Evêché.  La  construction  de  l'enceinte  de  Charles  V  mit  le  ter- 
rain sous  la  juridiction  du  Roi  et  de  la  Ville,  et  il  resta  en  censive  royale  après 
que  les  fortifications  furent  abattues. 

Près  de  la  porte  Saint-Honoré  il  y  avait  quelques  petites  maisons  qui  furent 
rasées,  pour  les  besoins  de  la  défense,  au  temps  de  la  Ligue.  On  en  rebâtit  d'au- 
tres, au  commencement  du  règne  de  Louis  XIII,  en  traçant  une  petite  rue  qui  a 
été  nommée  rue  Saint-Louis. 

Rue  Saint-Louis.  Elle  existait  déjà  en  1629,  car  nous  l'avons  trouvée  énoncée 
en  cette  année  :  et  Une  autre  rue  allant  ausdites  escuriesn  (du  Roi),  la  première 
des  rues  auxquelles  il  est  fait  allusion  dans  l'acte  étant  celle  de  l'Echelle.  Sur  les 
plans  de  Gomboust  et  de  Rullet,  la  rue  Saint-Louis  est  nommée  rue  de  l'Echaudé, 
appellation  provenant  de  la  disposition  triangulaire  du  pâté  de  maisons  qui  formait 
un  de  ses  côtés'2'.  Vers  le  même  temps,  elle  était  dite  aussi  rue  Saint-Louis,  nom 
évidemment  inspiré  par  celui  qu'avait  porté  la  rue  du  faubourg;  un  censier  de 
1 663  la  désigne  sous  la  dénomination  derue  des  Tuileries.  Elle  a  disparu  en  i85i. 

Après  la  maison  qui  formait  le  coin  occidental  de  la  rue  Saint-Nicaise ,  il  s'en 
trouvait,  sur  la  rue  Saint-Honoré,  une  seconde  aboutissant  à  une  cour  en  équerre. 
Cette  cour  était  celle  du  marché  des  Quinze-Vingts,  dont  la  boucherie  occupait  la 
troisième  maison  en  bordure  sur  la  rue  Saint-Honoré.  Nous  n'avons  rien  à  signaler 
dans  la  quatrième,  qui  était  très-étroite ,  ni  dans  la  cinquième,  qui  faisait  le  coin 
oriental  de  la  rue  Saint-Louis.  Le  côté  méridional  de  cette  dernière  rue  offrait 
trois  maisons  :  l'une,  au  coin  de  la  rue  de  l'Echelle,  ayant  eu  pour  enseigne  le 
Gaillard-Bois  en  1G87,  et  deux  autres  qui,  attenantes  d'un  côté  à  la  maison  du 
coin  de  la  rue  Saint-Honoré,  étaient  séparées,  au  rez-de-chaussée,  de  la  maison 
du  Gaillard-Rois  par  une  ruelle  servant  d'entrée  au  marché  des  Quinze-Vingts. 

(1)  Le  territoire  de  la  paroisse  Saint-Rocli  ne  paroisse,  est  un  jalon  méconnu,  mais  bien  précis, 

commençait  qu'à  la  troisième  maison  après  la  rue  de  l'enceinte  de  Charles  V. 

Saint-Nicaise.  Le  mur  qui  séparait  cette  troisième  <!)  On  donnait  autrefois   la  forme  triangulaire 

maison  de  la  seconde,  et  qui  formait  la  limite  de  la  aux  échaudés. 


RUE  SAINT-HONORE.  285 

Le  marché  des  Quinze- Vingts  W  fut  établi  en  vertu  d'une  permission  que  le  Roi 
accorda  à  Ursule  Motta,  naine  de  mademoiselle  de  Montpensier,  et  qui  fut  modifiée 
par  un  arrêt  du  Conseil  du  22  février  1 645.  D'après  la  teneur  de  l'arrêt,  le  marché 
devait  être  placé  derrière  la  boucherie  Saint-Honoré.  Cette  boucherie  avait  été 
bâtie  sur  l'emplacement  d'une  partie  de  la  porte  Saint-Honoré,  immédiatement 
après  la  démolition  qui  en  fut  faite  en  1 634.  On  lit,  à  cet  égard,  dans  le  supplé- 
ment manuscrit  aux  Antiquités  de  Paris  :  «L'an  1 633 et  2  ans  après,  on  rompit 

tria  vieille  porte  dite  de  Saint-Honoré,  au  delà  des  Quinze-Vingts,  de  sorte  qu'à 
«  présent  il  n'y  a  plus  marque  aucune  de  porte ,  et  au  lieu  de  laquelle  du  costé  des 
crTuilleries,  a  esté  faite  une  belle  boucherie.  11  La  boucherie  Saint-Honoré  renfer- 
mait dix  étaux ,  dont  cinq  appartenaient  au  domaine  royal  et  cinq  à  des  particu- 
liers. Auprès  de  cette  boucherie,  dit  Piganiol,  il  y  a  deux  autres  étaux,  qui  appar- 
tiennent aussi  à  des  particuliers. 

En  1629,  l'îlot  circonscrit  par  les  rues  Saint-Honoré,  Saint-Louis  et  de  l'Échelle 
consistait  en  une  seule  maison  ayant  pour  enseigne  l'Image  Saint-Martin,  et  com- 
posée de  trois  corps  d'hôtel.  L'un  de  ces  corps  d'hôtel,  qui  s'étendait  le  long  de  la 
rue  de  l'Échelle,  et  formait  l'angle  oriental  de  la  rue  Saint-Honoré,  ainsi  que  le 
coin  septentrional  de  la  rue  Saint-Louis,  est  demeuré  intact;  l'autre,  qui  faisait 
le  coin  occidental  de  la  rue  Saint-Honoré  et  de  la  rue  Saint-Louis,  a  été  subdivisé 
en  deux,  et  la  seconde  partie,  située  sur  la  rue  Saint-Louis,  a  eu  pour  enseigne 
la  Vache-Noire  vers  1700.  Le  troisième  corps  d'hôtel  a  été  morcelé  en  trois  logis  : 
l'un  en  bordure  sur  la  rue  Saint-Honoré,  et  les  deux  autres  sur  la  rue  Saint- 
Louis.  De  ces  deux  derniers  le  plus  rapproché  de  la  rue  Saint-Honoré  avait  pour 
enseigne  via  Belle-Ovale,  n  en  1687.  A  la  pointe  sud-ouest  de  l'îlot  était  placée 
une  fontaine  qui  est  appelée  fontaine  du  Diable  sur  le  plan  de  Delisle  (1716);  elle 
existait  déjà  en  1  652  ,  et  n'a  été  détruite  que  dans  ce  siècle. 

Au  delà  de  la  rue  de  l'Échelle,  le  côté  méridional  de  la  rue  Saint-Honoré  était 
formé  par  les  maisons  du  clos  des  Quinze-Vingts.  Jusqu'en  1687,  il  demeura  en 


HAUTE  JUSTICE 
ET  CENSIVE  DE  L'ÉvÊCHE. 


Clos  des  Quinze-Vingts.  Le  long  et  au  midi  du  chemin  du  Roule,  il  y  avait,    bmk» 
au  xiue  siècle,  un  vaste  terrain  qu'on  appelait  la  Culture-ïEvêque,  Cultura  Episcopi,  ^'il^Voylie 
parce  qu'elle  appartenait  à  l'évêché  de  Paris.  Antérieurement  à  1283,  cinq  ar- 
pents de  cette  culture,  qui  servirent  à  faire  un  jardin,  furent  cédés  aux  Quinze- 
Vingts,  à  la  maison  desquels  la  parcelle  était  contiguë.  Le  reste,  composé  de 
quarante-deux  arpents  et  de  trois  quartiers,  fut  accensé,  le  ik  mai  i3oq,  à 

(1)  Sur  le  plan  de  Gomboust,  ce  marché  est  appelé  «cour  de  Miracle.* 


286  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Ernoul  de  La  Haute-Maison  et  à  Isabelle,  sa  femme,  à  la  charge,  pour  les  pre- 
neurs, de  dépenser  une  somme  de  3oo  livres  en  trois  ans,  soit  pour  améliorer  la 
terre,  soit  pour  y  élever  des  constructions W,  et,  en  outre,  moyennant  un  cens 
annuel  de  38H  9*  6d,  qu'ils  hypothéquèrent  sur  le  manoir  voisin  dont  nous  avons 
déjà  parlé  (p.  280). 

Quelques  années  plus  tard,  Ernoul  vendit  la  Culture-l'Evêque  au  changeur 
Pierre  Des  Essarts  et  à  Thomasse,  sa  femme,  lesquels,  le  7  juillet  1 3 1 6,  cédèrent 
à  l'évêque  Guillaume  IV  une  rente  de  35tt  189  parisis,  qu'ils  percevaient  sur 
diverses  maisons  à  Paris,  en  diminution  du  cens  de  38tt  o,s  6d,  dont  la  Culture  était 
grevée (2).  La  veille  de  la  Trinité  îdki,  le  même  Pierre  Des  Essarts,  cette  fois 
qualifié  de  bourgeois  de  Paris  et  de  conseiller  du  roi,  fit  don  aux  Aveugles,  avec 
le  consentement  de  sa  femme  Jeanne,  de  la  Culture-l'Evêque,  alors  entourée  de 
murs,  et  d'une  seconde  pièce  de  terre  qui,  contenant  aune  fosse  à  fiens,n  était 
située  de  l'autre  côté  du  chemin,  devant  la  porte  de  l'enclos;  toutefois,  est-il  ex- 
primé dans  l'acte,  « n'est  point  l'entention  desdiz  donneeurs  que,  pour  cause  de  ce 
«présent  don,  ils  soient  tenuz  de  faire  estouper  l'uisserie  de  l'alée  de  leur  hostel 
«des  Tuileries,  qui  ist  (a  issue),  en  ladite  coulture,  mais  demourra  ou  point  que 
a  elle  est  à  présent  (3>.  n  Les  propriétés  dues  à  la  libéralité  de  Des  Essarts  furent 
amorties  le  h  septembre  i343,  à  la  condition  que  le  cens  annuel  qu'elles  devaient 
à  l'Evêché  serait  porté  au  double,  c'est-à-dire  à  io3  sous  parisis  W. 

En  possession  de  la  Culture-l'Evêque,  dont  le  nom  se  changea  bientôt  en  celui 
de  clos  des  Aveugles  ou  des  Quinze-Vingts,  l'Hospice  n'en  jouit  point  sans  encombre, 
car,  à  raison  d'une  rente  de  8tt  parisis,  vendue  par  Des  Essarts  à  la  dame  Giles 
de  Greil,  dont  les  droits  passèrent  à  un  nommé  Andry  Giffart,  les  Quinze-Vingts 
furent  un  moment  obligés  d'en  «  déguerpir;  n  mais,  par  un  décret  d'adjudication 
du  h  février  1371,  et  en  payant  une  somme  de  1  iott,  ils  rentrèrent  en  possession 
de  leur  clos,  qu'ils  aliénèrent  par  parcelles  en  i3g2  W,  On  commença  pour  lors  à 
y  bâtir,  et,  en  i3o,o,,  il  s'y  trouvait  déjà  nombre  de  «maisons  neufves,ï>  comme 
l'indique  un  censier  de  l'Evêché.  Avant  de  parler  de  ces  maisons,  il  est  nécessaire 
de  déterminer  les  limites  du  clos,  question  qu'on  n'a  point  encore  abordée  et 
qui  présente  d'excessives  difficultés,  attendu  qu'une  seule  de  ces  limites,  formée 


(1)  Cartulaire  de  Notre-Dame ,  t.  III,  p.  84. 

m  Ibid.  p.  a 3s. 

(S)  Arch.  des- Quinze- Vingts,  liasse  3o6. 

<•»  Ibid.  et  Cari,  de  N.  D.  t.  III,  p.  338. 

m  En  i4a5,  le  clos  était  divisé  en  vingt-six  par- 
celles; c'est  à  peu  près  le  nombre  des  lots  de  l'ac- 
censement  fait  en  i3ga;  mais  déjà  ces  lots  avaient 
subi  des  additions  et  des  retranchements,  car,  dans 
les  premiers  baux,  les  superficies  sont  énoncées  en 


nombres  ronds  d'un ,  de  deux  ou  de  trois  arpents , 
tandis  que  le  compte  de  i/ia5-a6  mentionne  des 
propriétés  d'un  demi-arpent  et  d'un  arpent  et  demi. 
Après  avoir  passé  un  temps  fort  long  en  cherchant 
à  reconstituer  les  parcelles  de  1392 ,  nous  avons  été 
contraint,  par  l'obscurité  et  les  contradictions  des 
titres,  de  renoncer  à  ce  fastidieux  travail,  qui,  sans 
être  absolument  inexécutable ,  réclamerait  des  efforts 
hors  de  toute  proportion  avec  le  résultat  à  obtenir. 


RUE  SAINT-HONORE.  287 

par  la  rue  Saint-Honoré,  est  connue,  et  que  les  autres  ne  peuvent  s'obtenir  que 
par  déduction.* 

Depuis  la  construction  de  l'enceinte  du  xive  siècle,  le  clos  des  Quinze-Vingts 
a  constamment  été  borné,  vers  l'orient,  par  le  chemin  qui  régnait  le  long  des  fos- 
sés s'étendant  de  la  tour  de  Bois  à  la  porte  Saint-Honoré.  Cela  est  surabondam- 
ment démontré  par  le  décret  d'adjudication  du  h  février  1871,  où  il  est  dit  que 
le  clos  aboutissait  aaus  grans  fossez  et  forteresse  de  la  ville  de  Paris,  t>  et  par  ces 
titres  de  la  maison  de  la  Poterie  au  moyen  desquels  nous  avons  reconnu  l'identité 
du  chemin  sur  les  fossés  avec  la  rue  de  l'Échelle.  Les  difficultés  réelles  surgissent 
lorsqu'il  s'agit  de  fixer  le  point  où  le  mur  oriental  du  clos  se  soudait  à  son  mur 
méridional. 

La  maison  de  la  Poterie  renfermait  d'abord  trois  arpents;  or  sa  largeur  sur  la 
rue  Saint-Honoré  et  la  direction  de  ses  murs  latéraux  nous  étant  connues,  il  suf- 
fit de  prolonger  ces  murs  jusqu'à  ce  qu'ils  contiennent  une  superficie  de  trois  mille 
toises,  pour  restituer  le  périmètre  de  la  maison.  Nous  obtenons  ainsi,  comme  li- 
mite vers  la  Seine,  le  mur  méridional  du  bâtiment  qui,  sur  les  plans  du  xvme  siècle , 
sépare  la  cour  des  Suisses  d'avec  la  cour  Royale,  et  commence  à  cent  une  toises 
du  coin  de  la  rue  Saint-Honoré.  Cette  coïncidence  est  déjà  une  présomption;  mais 
elle  donne  presque  une  certitude  lorsqu'on  observe  que  l'ancienne  muraille  de 
séparation  entre  les  Quinze-Vingts  et  la  Petite-Bretagne,  suffisamment  prolongée, 
vient  tomber  avec  précision  sur  le  point  que  nous  croyons  marquer  l'encoignure 
du  clos. 

Primitivement  la  Culture-l'Evêque  s'étendait  jusqu'à  l'hospice  des  Aveugles; 
elle  en  fut  séparée  ensuite  par  le  lot  de  cinq  arpents  qu'on  en  détacha,  et  dont  nous 
avons  déjà  parlé. w.  De  ce  lot  les  Quinze-Vingts  firent  un  jardin,  qui  disparut 
pour  faire  place  à  l'enceinte  et  aux  fossés  de  la  Ville;  le  fait  est  rapporté  dans  le 
passage  suivant  de  Lettres  royaux  du  mois  de  juillet  i385<'2)  :  trAffermans  (les 
«Aveugles)  que,  dès  le  commencement  de  leur  fondation,  et  depuis  continuel- 
frment  jusques  après  la  bataille  de  Poitiers,  qui  fu  l'an  de  grâce  m  ccc  lvi,  ou 
s  temps  que  l'en  fist  les  fossés  de  la  forteresse  de  Paris ,  ilz  avoient  esté  tousjours 
<r propriétaires,  joy  et  usé  paisiblement  de  un  jardin  peuplé  d'arbres  fruis  por- 
trtans,  et  pour  leur  gouvernement  de  fruis  et  potages;  séant  en  quarteure  (carré), 
«  entre  les  quatre  quarres  (côtés)  et  désignations,  dont  la  première,  faisant  le  der- 

(l)  Voir  p.  a8t  et  a84.  —  On  lit  dans  l'amor-  <rpra  viam  publicani(Sancti-Honorati),delongoin 

tissement  de  ia83:  *Ac  eis  (Gœcis)  Iradiderat  rrlongum,  secus  murum  dormis  eorum  et  murum 

ff(Episcopus)  et  concesserat  in  perpetuum,  de  cul-  rrdomus  Gomitis  Britannie,  usque  ad  metam  posi- 

rtura  ipsius  Domini  Episcopi,  sita  juxla  domum  irtam  jiixla  muros  terre  Tegulariorum. n  (Cart.  de 

irGecorum,  quiwrae  arpenta  terre  in  uno  tenente,  Notre-Dame ,  t.  III,  p.  43.) 
rex  parte  domus  eorumdem,  a  fossato  scilicet  su-  (,)  Arch.  des  Quinze-Vingts,  liasse  3oG. 


288  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

(trière,  qui  est  joignant  leurdit  hostel,  depuis  le  coing  d'icelui,  qui  est  joignant 
«  à  la  voierie  et  chaucée  de  la  rue  Saint-Honoré,  tant  comme  icelui  hostel  et  appar- 
tenances se  comportent  par  darrière  jusques  au  mur  et  cloisons  de  l'ostel  de  la 
rePetite-Bretaigne,  et  oultre,  en  continuant  tout  droit  de  ce  mesmes  costé,  depuis 
«yceulz  niur  et  cloisons,  par  derrière  les  autres  murs  et  cloisons  d'iceuls  jardins 
«de  Petite-Bretaigne.  La  seconde  quareure  cloant  ledit  jardin  des  Quinze-Vins 
«estoit  un  mur  qui  pour  lors  duroit  depuis  ledit  coing  ou  recoude,  tout  droit 
«jusques  au  coing  du  mur  faisant  le  clos  des  terres  appelle  le  Clos  des  XVXX,  qui 
«jadis  fu  feu  Pierre  Des  Essarts;  laquelle  seconde  quarreure  de  mur  de  ce  costé,  faisoit 
«  clôture  entre  icelui  jardin  des  XV  xx  et  un  jardin  et  hostel  que  ledit  Des  Essars  avoit 
«  entre  et  oultre  ledit  coing  ou  recoude  du  mur  des  jardins  de  la  Petite-Bretaigne  W.  La 
«tierce  quarreure  faisant  clôture  et  le  coing  dudit  coing,  du  costé  devers  les jar- 
«dins  des  Quinze-Vins,  estoit  un  mur  depuis  ledit  coing  dudit  clos  d'emprès  lé 
«Tieuleries  (sic),  et  duroit  entre  yceulz  clos  et  jardin,  jusques  à  la  chaucée  et 
«  voyerie  par  laquelle  l'en  va  de  ladite  rue  Saint-Honoré  au  Boule-lès-Paris.  La 
«quarte  quarreure  d'iceulz  jardins  des  Quinze-Vins  estoit  un  grant  haut  mur  de 
«piastre  et  de  moilon,  lors  joignant  tant  comme  icelui  jardin  duroit  de  ce  costé, 
«au  long  de  icelle  chaucée  et  voyerie,  durant  depuis  ledit  coing  desdis  clos  de 
«XV"  (sic),  tout  droit  jusques  au  coing  de  leurdit  hostel.  Et  disoient  lesdis  sup- 
«plians  que,  pour  le  temps  dessus  déclairé,  en  leurdit  jardin  estoit  l'habitation 
«d'un  jardinier  gouvernant  et  labourant  icelui  jardin,  ouquel  l'en  povoit  dudit 
«hostel  des  XV"  aler  et  venir  partout  le  jardin  jusques  dedens  ledit  clos  des 
«Quinze-Vins,  sans  empeschement  et  sans  ce  que  pour  lors  feussent  aucuns  fos- 
«sés,  arrière-fossés,  murs,  chemins  ne  aucun  signe  de  forteresse  dedens  ledit 
«jardin;  qui,  depuis,  y  ont  esté  fais  en  leur  propre  héritage  dessus  déclairé,  avec 
«le  degré  de  la  bastide  de  ladite  rue  Saint-Honoré  et  d'icelle  bastide,  tant  comme 
«  la  largeur  d'icelui  degré  se  comporte ,  pour  la  forteresse  et  fermeté  de  nostredite 
«Ville,  comme  elle  y  est  de  présent,  sans  ce  que  lesdits  supplians  se  soient  aucu- 
«nement  aidés  de  aucune  partie  de  leurdit  jardin  et  héritage  depuis  ledit  an 
«  mil  ccc  cinquante-six  ou  environ.  •» 

Le  texte  qui  précède,  en  déterminant  la  situation  du  jardin,  n'en  donne  point 
la  superficie;  mais  nous  savons,  par  un  arpentage  de  1^28,  dont  nous  transcri- 
rons le  résumé,  que  cette  superficie  était  de  quatre  arpents  et  demi,  soit  quatre 
mille  cinq  cents  toises,  car  il  s'agit  d'arpents  à  vingt  pieds  la  perche.  Nous  trou- 
vons, dans  les  limites  que  nous  restituons  en  unissant  le  mur  ancien  des  Quinze- 
Vingts  à  l'angle  sud-est  du  clos,  une  surface  d'un  peu  moins  de  quatre  mille  cinq 

(1)  Ce  passage  confirme  la  silutalion  que  nous  ^seconde  quarreure»  de'signe  le  mur  méridional 
avons  attribuée  au  manoir  possédé  par  Ernoul  de  du  jardin ,  lequel  mur,  comme  on  voit,  séparait  le 
La  Haute-Maison ,  puis  par  Des  Essarts  :  l'expression       jardin  de  l'Hospice  d'avec  la  maison  de  Des  Essarts. 


RUE  SAINT-HONORE.  289 

cents  toises,  soit  quatre  arpents  et  demi,  comme  dans  l'arpentage  de  1 628,  à  vingt 
pieds  la  perche,  ou  cinq  arpents  à  dix-huit  pieds  la  perche,  comme  dans  l'amor- 
tissement de  12  83.  Nous  en  concluons  que,  dès  la  fin  du  xme  siècle,  la  Gulture- 
l'Evêque  avait,  du  côté  de  l'orient,  les  mêmes  limites  que  nous  connaissons  avec 
certitude  pour  les  temps  postérieurs  à  la  construction  de  l'enceinte. 

Avec  les  données  que  nous  ont  fournies  les  archives  des  Quinze-Vingts,  il  nous 
serait  aisé  de  rétablir  immédiatement  l'emplacement  de  la  muraille  méridionale 
de  leur  clos,  si  l'on  pouvait  se  fier  à  l'exactitude  des  énonciations  de  surface  con- 
tenues dans  les  titres;  mais  ces  énonciations  sont  trop  rarement  précises  pour 
qu'on  les  prenne  rigoureusement  à  la  lettre,  et  diverses  autres  circonstances 
ajoutent  aux  difficultés  du  problème  à  résoudre. 

Tous  les  lots  des  différentes  parcelles  du  clos  expriment  que  ces  parcelles 
aboutissaient  d'un  bout  à  la  rue  Saint-Honoré,  et,  de  l'autre,  au  mur  méridional 
du  clos,  mur  qui  devint  leur  clôture.  Restituer  quelques-unes  de  ces  maisons 
dans  leurs  dimensions  premières  est  donc  le  moyen  indiqué  de  retrouver  ce  mur 
méridional  que  nous  cherchons,  et  dont  il  n'existe  plus  la  moindre  trace.  Pour 
y  parvenir,  nous  disposons  de  deux  ressources  :  l'une,  excellente,  c'est  la  largeur 
de  plusieurs  des  anciens  lots,  qui  s'est  conservée  intacte;  l'autre,  vague  et  féconde 
en  erreurs,  c'est  la  superficie  attribuée  à  ces  lots,  dont  la  portion  septentrionale 
subsiste  seule,  et  se  trouve  représentée  par  de6  maisons  en  façade  sur  la  rue 
Saiut-Honoré.  Utilisant  ces  éléments,  nous  calculons  ainsi  : 

La  maison  de  l'Image  Notre-Dame  fut  élevée  sur  un  terrain  contenant  un  ar- 
pent à  vingt  pieds  la  perche,  autrement  dit  mille  toises'1';  or  cette  maison,  que 
nous  avons  pu  reconnaître,  avait,  d'après  les  plans,  neuf  toises  et  un  quart  de 
largeur;  mais,  pour  qu'elle  ait  offert  une  superficie  de  mille  toises,  il  faut  qu'elle 
ait  eu  environ  ^  cent  dix-sept  toises  de  profondeur  par  son  milieu.  Lui  suppo- 
sant cette  profondeur,  nous  tombons  sur  un  point  éloigné  de  cinquante-huit  toises 
du  mur  méridional  du  Manège,  lequel  est  aujourd'hui  remplacé  par  la  clôture  du 
jardin  des  Tuileries  sur  la  rue  de  Rivoli. 

La  maison  de  la  Corne-de-Cerf,  voisine  de  la  rue  du  Dauphin,  est  dite,  dans 
un  acte  de  1A12,  renfermer  un  arpent;  or  elle  avait  de  largeur,  vers  son  milieu, 
environ  huit  toises  trois  quarts.  Pour  que  le  chiffre  de  sa  superficie  ait  été  de 
mille  toises,  il  fallait  une  profondeur  moyenne  de  cent  quinze  toises;  en  ad- 
mettant cette  profondeur,  nous  tombons  de  nouveau  à  cinquante-huit  toises  du 
mur  du  Manège. 

(1)  Les  litres  indiquent  que  les  arpents  dont  il  une  foule  de  raisons,  il  est  impossible  de  présenter 
est  question  à  propos  du  clos  des  Quinze- Vingts  des  chiffres  rigoureux  ;  nous  ne  faisons  d'ailleurs 
étaient  bien  des  arpents  à  vingt  pieds  la  perche.  que  répéter  la  formule  des  anciens  actes  dont  nous 

m  Nous  disons  toujours  environ  parce  que,  pour        nous  servons. 

37 


'290  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

La  maison  de  la  Corne-de-Cerf,  située  en  face  des  Jacobins,  fut  également  bâtie 
sur  un  arpent  de  terre,  et  elle  présentait  une  largeur  d'environ  sept  toises  trois 
quarts;  elle  devait  donc  avoir  une  profondeur  moyenne  de  cent  trente  toises;  cette 
profondeur  nous  conduit  encore  à  cinquante-huit  toises  du  Manège. 

La  maison  de  l'Image  Saint-Louis,  qui  venait  immédiatement  après  la  précé- 
dente, occupait  aussi  un  arpent.  Pour  qu'elle  atteignît  la  même  limite  vers  le 
midi,  tout  en  commençant  un  peu  plus  loin  vers  le  nord,  par  suite  de  l'aligne- 
ment biais  de  la  rue  Saint-Honoré,  il  fallait  que  sa  largeur  fût  un  peu  moindre  en 
moyenne  que  celle  de  la  maison  de  la  Corne-de-Cerf.  Nous  constatons  en  effet 
sur  le  plan  de  Verniquet  que,  les  deux  largeurs  étant  égales  vers  le  milieu,  celle 
de  la  maison  de  l'Image  Saint-Louis  allait  en  diminuant  du  côté  de  la  rue  Saint- 
Honoré. 

Réunissons  maintenant  les  quatre  points  que  nous  venons  d'obtenir;  le  résultat 
est  une  ligne  droite  parallèle  à  l'axe  du  Manège,  et  distante  de  soixante  et  onze 
toises  de  son  mur  septentrional,  mitoyen  avec  les  maisons  de  la  rue  Saint-Honoré. 
Nous  disons,  en  conséquence,  que  la  zone  du  clos  des  Quinze-Vingts  qui  a  été 
comprise  dans  le  jardin  des  Tuileries  avait  soixante  et  onze  toises  de  largeur. 

Telle  est  la  conclusion  à  laquelle  nous  sommes  arrivé,  mais  non,  certes,  sans 
avoir  longtemps  cherché,  et  fait  fausse  route  d'abord.  Ce  qui  surtout  nous  indui- 
sait en  erreur,  c'est  l'absence,  fort  étonnante,  de  renseignements  sur  les  transac- 
tions au  moyen  desquelles  une  portion  aussi  considérable  du  clos  a  pu  être  dis- 
traite du  reste.  Au  surplus,  il  n'est  pas  possible  de  douter  qu'une  vaste  partie 
du  clos  ait  été  englobée  dans  le  jardin  des  Tuileries,  car  cela  résulte  forcément 
des  détails  que  nous  trouvons  dans  l'arpentage  de  1628.  Les  registres  d'ensaisi- 
nement  de  l'Ëvèché  nous  ont  fourni  deux  autres  preuves  du  fait  :  la  pre- 
mière est  un  acte  du  k  février  1 5G8 ,  où  il  est  dit  que  la  maison  de  l'Image 
Sainte-Geneviève  aboutit  et  d'un  bout,  par  derrière,  aux  tenues  de  la  Roy  ne-mère, 
qu'elle  a  eues  des  appartenances  de  ladicle  maison,  -n  et,  à  cette  époque,  les  limites  des 
Tuileries  étaient,  vers  le  nord,  les  mêmes  que  deux  siècles  plus  tard;  la  seconde 
preuve  ressort  d'une  pièce  du  22  février  1 564 ,  où  une  propriété  est  énoncée 
te  aboutissant  par  derrière  à  demy  arpent  dix-sept  perches  et  deux  tiers  de  terre 
«  ausdicts  vendeurs  appartenant,  et  qu'ilz  dient  la  Royne-mère  avoir faict  mesurer  pour 
«comprendre  avec  les  bastimenz  quelle  faict  à  présent  faire,  et  faisant  partie  ledict  lieu 
tt  du  clos  des  Quinze-Vingts  W.  -n  Ce  dernier  texte  comporte  la  démonstration  mathéma- 
tique de  l'exactitude  de  nos  affirmations  touchant  la  limite  méridionale  du  clos. 
Effectivement,  le  jardin  dont  il  est  question  dans  la  pièce  de  i566  occupait  le  ter- 
rain sur  lequel  furent  bâties  les  maisons  du  côté  occidental  de  la  rue  du  Dauphin, 


o 


Arch.  de  l'Emp.  registre  S  I2i4,  fol.  j 86  r°et  fol.  56  v" 


RUE  SAINT-HONORE.  291 

et  qui  était  d'une  largeur  de  neuf  toises  et  demie.  Si  l'on  multiplie  par  ces  neuf 
toises  et  demie  les  soixante  et  onze  toises  que  nous  soutenons  avoir  constitué  la 
profondeur  de  la  zone  retranchée,  on  obtient  un  total  de  six  cent  soixante  et  qua- 
torze toises,  équivalant,  sauf  une  insignifiante  fraction,  à  celui  que  présentent 
un  demi-arpent  et  dix-sept  perches  deux  tiers. 

La  limite  occidentale  du  clos  des  Quinze-Vingts  était  le  mur  qui  séparait  la 
maison  du  seigneur  de  Coupeuray,  dernière  habitation  comprise  dans  le  clos,  de 
la  maison  voisine,  située  en  dehors.  La  maison  du  seigneur  de  Coupeuray,  absor- 
bée dans  le  couvent  des  Capucins,  a  été  détruite  depuis  plus  de  deux  siècles  et 
demi  sans  laisser  de  traces,  et  nous  avons  seulement  pu  retrouver  l'emplace- 
ment du  mur  mitoyen,  vers  l'orient,  de  la  maison  qui  la  précédait  et  appartenait 
à  la  dame  Du  Perron.  Or  nous  savons  que  la  maison  de  la  dame  Du  Perron  avait 
été  bâtie  sur  un  arpent  de  terre,  ce  qui,  dans  notre  système,  implique  une  lar- 
geur d'environ  six  toises  cinq  pieds,  exactement  celle  que,  pour  d'autres  raisons, 
cette  maison  semble  avoir  réellement  eue.  Quant  à  la  maison  du  seigneur  de 
Coupeuray,  elle  est  pareillement  indiquée  comme  ayant  été  élevée  sur  un  arpent 
baillé  en  1892;  néanmoins  dans  les  actes  les  plus  modernes,  et  spécialement 
dans  un  compte  de  1 568 ,  elle  est  dite  avoir  contenu  cinq  quartiers,  ce  qui  nous 
donne  une  largeur  de  huit  toises  et  demie.  Juxtaposant  les  plans  des  deux  maisons 
restituées,  nous  constatons  que  le  mur  occidental  du  clos  devait  se  trouver  à 
environ  huit  toises  et  demie  au  delà  de  la  ruelle  située  entre  les  couvents  des 
Capucins  et  des  Feuillants,  au  point  même  où  se  terminait  le  manège  des  Tuile- 
ries, suivant  le  plan  de  Du  Cerceau. 

Nous  venons  de  citer  à  plusieurs  reprises  certain  arpentage  du  clos,  fait  en 
1628;  le  résumé  qu'en  donne  un  inventaire  des  Quinze-Vingts,  datant  de  i&3o, 
permet  de  contrôler  fort  rigoureusement  notre  restitution.  Ce  résumé  est  ainsi 
conçu  :  «L'an  mil  cccc  xxvm,  le  xxvic  jour  de  juillet,  le  clox  des  Quinze-Vins 
«fu  arpenté  par  Nicolas  Olivier,  arpenteur  juré.  Et  fu  mesuré  à  xvm  piez  la 
«perche,  en  commençant  à  la  bourne  qui  joint  audit  Hostel,  jusques  à  l'autre 
«bourne,  en  alant  au  Roole,  qui  fait  le  bout,  et  d'ilec,  en  traversant  jusques  an 
«bout  dudit  clox,  devers  la  rivière,  et  venant  tout  du  long  desdiz  murs  jusques 
«aux  murs  de  la  petite  Bretaigne,  traversant  les  murs  et  fossez  de  Paris;  et  y  fu 
«trouvé  la  somme  de  xlv  arpens  1  quartier  vi  perches;  de  quoy  il  fault  rabatre, 
«pour  la  maison  feu  messire  Pierre  Des  Essarts,  arpent  et  demy.  Ainsi  demeure 
«  xliii  arpens  et  demi  1  quartier  vi  perches. 

«  Vault,  à  xx  piez  la  perche,  xxxvui  arpens  et  demi. 

«Le  clox  contient,  à  xvm  piez  la  perche,  xxxviu  arpens  xvi  perches,  et  à  xx  piez, 
«  xxxiiii  arpens. 

«Et  les  murs  et  fossez  et  place  dedens  la  Ville,  entre  lesd.  murs  et  lesd.  XV", 

37. 


292  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

s  avecques  le  chemin  qui  va  entre  ledit  clox  et  lesd.  fossez ,  à  la  rivière  de  Seine , 
«par  dehors  la  Ville,  mi  arpens  et  demi  W.  11 

Ainsi  le  clos,  borné  par  le  chemin  sur  les  fossés  et  mesuré  à  dix-huit  pieds  la 
perche,  contenait  trente-huit  arpents  et  seize  perches,  ou  trente  quatre  mille 
trois  cent  quarante-quatre  toises;  notre  restitutiou  en  produit  trente  quatre  mille 
trois  cent  trente-huit;  la  différence  est  donc  de  six  toises,  c'est-à-dire  nulle,  et 
nous  avons  le  droit  de  nous  dire  dans  le  vrai,  car  il  serait  bien  plus  extraordinaire 
d'être  arrivé  à  un  tel  résultat  en  prenant  une  mauvaise  voie ,  que  de  l'avoir  obtenu 
avec  les  seules  données  dont  nous  disposions  W . 

Le  clos  des  Quinze-Vingts  a  été  quelquefois  appelé  clos  Saunt-Louis  :  il  est  ainsi 
désigné  dans  un  titre  de  1 569.  La  première  maison  qui  en  dépendait  sur  la  rue 
Saint-Honoré  était  un 

Petit  corps  d'hôtel  sans  désignation  en  1 5 1 3 ,  puis  dit  la  maison  du  Cornet- 
d'Or  (1575),  du  Grand-Cornet  (i6o3)  et  de  Notre-Dame-de-Paix  (1680),  le- 
quel faisait  le  coin  occidental  de  la  rue  de  l'Echelle.  Cette  maison ,  énoncée  ctma- 
asuren  en  i&53  et  i^5c>,  n'était  point  encore  distincte  de  la  suivante  en  1/178, 
et  y  était  de  nouveau  réunie  au  xvme  siècle.  D'après  un  document  de  1609,  elle 
aurait  été,  malgré  sa  petitesse,  divisée  précédemment  en  deux  parties  ayant  pour 
enseigne  le  Grand  et  le  Petit-Cornet;  mais  peut-être  est-ce  seulement  la  maison 
suivante  qui  a  eu  cette  dernière  enseigne;  il  est  difficile  de  le  décider  à  cause  des 
contradictions  offertes  par  les  titres. 

Petite  Maison  sans  désignation  en  1 5 1 3,  ayant  eu  pour  enseigne  les  Quatre  - 
Vents  en  1 555  et  1 6o3 ,  puis  le  Mortier-d' Argent  en  1700. 

Maison  sans  désignation  en  1^07,  puis  dite  du  Cheval-Blanc  (iia&-i68o);  les 
deux  précédentes  en  avaient  dépendu. 

Maison  sans  désignation  en  1 586,  puis  de  l'Écu-de-France  (1609)  et  du  Coq 
(1680).  C'était  un  morcellement  de  la  maison  du  Cheval-Blanc,  avec  laquelle  elle 
se  confondit  encore  au  xvme  siècle.  Au  xvc  et  jusqu'à  la  fin  du  xvic,  cette  maison, 
les  trois  que  nous  venons  d'énoncer  et  celles  qui  en  dépendaient  sur  la  rue  de 
l'Echelle  étaient  nommées  la  maison  ou  le  clos  de  la  Poterie,  plus  spécialement 
que  les  maisons  suivantes,  où  il  y  eut  pourtant  une  fabrique  de  tuiles,  vraisem- 
blablement le  seul  établissement  de  ce  genre  auquel  l'ensemble  de  la  propriété 
ait  dû  l'appellation  de  maison  de  la  Poterie. 

(1)  Inventaire  coté  1 8 1 6 ,  folio  7  9  r".  de  Verniquet  autre  que  celle  dont  nous  nous  sommes 

(S)  Nous  ne  chercherons  point,  en  dissimulant  la  servi,  ou  de  faire  jouer  quelque  peu  les  lignes  de 

part  du  hasard  dans  le  résultat  sur  lequel  nous  triangulation,  pour  produire  un  total  de  cent  à 

sommes  tombé,  à  exagérer  le  succès  de  nos  efforts.  deux  cents  toises,  soit  supérieur,  soit  inférieur  au 

Nous  disons  aussi  le  chiffre  que  nous  avons  obtenu  nôtre;  mais  une  telle  différence,  quoique  sensible 

sans  prétendre  que  chacun  obtiendrait  exactement  le  en  apparence ,  n'aurait  aucune  importance  en  sem- 

même.  Il  suffirait  d'opérer  sur  une  épreuve  du  plan  blable  matière. 


RUE  SAINT-HONORE.  293 

Maison  du  «Daulphint»  (i 555),  puis  des  Serpettes  (i 588),  et  encore  du  Dauphin 
en  1680.  Une  portion  de  cette  maison,  du  côté  de  l'ouest,  s'appelait  la  maison 
des  Deux-Suisses  dès  i63o.  La  maison  du  Dauphin  était  un  morcellement  de  la 
suivante,  avec  laquelle  elle  se  confondait  dans  la  première  moitié  du  xvie  siècle. 

Maison  sans  désignation  en  1&07,  où  il  existait  alors  une  tuilerie;  en  îlilxS, 
elle  était  dite  la  maison  du  Pavillon  et  renfermait  encore  une  poterie.  Considérée 
comme  unie  à  la  précédente,  elle  avait  pour  enseigne  l'Image  Saint-Fiacre  en 
1 565.  Envisagée  comme  maison  distincte  en  1 588 ,  elle  avait  repris  l'enseigne 
de  kl'Ymage  Sainct-Anthoine ,  »  que  nous  lui  avons  trouvée  en  1 A8 1 .  En  1680, 
c'était  le  logis  du  Pont-Saint-Pierre.  Elle  avait  appartenu,  en  1 55y,  à  Pierre 
Legrant,  rccappitaine  des  mullets  du  Roy, n  puis,  un  peu  plus  tard,  à  Antoine 
Hénault,  qui  remplissait  des  fonctions  analogues  pour  le  duc  de  Bourbon.  En 
1639,  elle  était  possédée  par  l'écuyer  de  la  Grande-Écurie,  laquelle  avait  été 
construite  tout  auprès,  du  temps  de  Catherine  de  Médicis. 

En  1898,  les  Quinze-Vingts  baillèrent  à  Richard  Du  Buisson  une  pièce  de 
terre  de  trois  arpents,  qui  formait  l'extrémité  orientale  de  leur  clos.  C'est  sur  cette 
terre  qu'ont  été  successivement  bâties  toutes  les  maisons  que  nous  venons  d'énu- 
mérer  et  toutes  celles  dont  nous  avons  parlé  à  l'article  de  la  rue  de  l'Échelle. 
Pour  en  résumer  l'histoire  fort  complexe,  nous  dirons  qu'en  1/102  la  propriété 
où  était  déjà  établie  une  tuilerie  n'était  point  encore  morcelée,  mais  que,  en 
1607,  elle  formait  déjà  deux  maisons,  dont  la  principale  était  celle  du  Cheval- 
Blanc;  vers  i/i35,  sur  les  jardins  de  ces  deux  maisons  furent  construites  les 
habitations  bordant  le  chemin  des  fossés.  Ce  qui  restait  de  la  maison  du  coin, 
dite  encore  de  la  Poterie,  était  subdivisé  en  une  douzaine  de  parcelles  dès  le 
milieu  du  xvic  siècle.  Catherine  de  Médicis  ayant  acquis  les  deux  dernières  vers 
le  midi,  de  nouvelles  subdivisions  eurent  lieu,  de  telle  sorte  qu'en  1609,  les 
parcelles  de  la  maison  de  la  Poterie  étaient  au  nombre  de  douze.  Quant  à  la 
maison  du  Pavillon,  elle  finit  également  par  être  divisée  en  deux,  mais  nous 
n'en  avons  vu  aucune  preuve  bien  certaine  avant  1 588.  Au  xve  siècle,  elle  avait 
abouti  au  jardin  de  la  maison  de  la  Poterie. 

Maison  de  «l'Ymaige  Nostre-Dame r>  (1653-1700),  bâtie  sur  un  arpent  de  terre 
baillé  à  Raoullet  Joye,  le  22  septembre  i3g2.  Il  y  existait  une  hôtellerie  en  1 636, 
et  c'est  sur  son  emplacement  que  le  passage  Delorme  a  été  percé  en  1808. 

Maison  sans  désignation  en  i63A,  puis  du  Mortier-d' Argent  (1680),  prove- 
nant d'un  morcellement  de  la  précédente  ou  de  la  suivante. 

Maison  sans  désignation  en  i53o,  puis  dite  l'hôtel  de  Gallïe  (  1 5 8 3 )  ou  du 
Val-de-Gallye'1'  (1587-1610),  et  de  la  Croix-Verte  (1 634);  elle  fut  bâtie  sur  un 
arpent  de  terre  baillé  à  Robin  Sorin,  le  22  septembre  1392. 
(,)  Le  Val-de-Gally  est  une  localité  de  la  commune  de  Versailles. 


294  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Maison  sans  désignation  en  i448,  puis  de  cr  l'Imaige  Sainct-Michel  i>  (i  5 19-1 610). 
En  i5io,,  elle  contenait  un  pressoir  avec  une  foulerie,  et  sa  superficie  était  de 
deux  arpents  et  demi,  parce  qu'elle  était  alors  réunie  à  la  suivante.  Les  écuries 
de  a  Monseigneur,  a  c'est-à-dire  du  Dauphin,  s'y  trouvaient  en  1680. 

Maison  sans  désignation  en  1661,  et  contenant  alors  un  arpent.  Elle  a  eu  pour 
enseigne  le  Cygne  de  1 554  à  1700,  et  a  été  comprise  ensuite  dans  les  écuries  du 
Dauphin,  qui  sont  devenues  les  grandes  écuries  du  Roi.  La  rue  des  Pyramides, 
dont  le  nom  rappelle  la  campagne  d'Egypte,  a  été  ouverte  sur  l'emplacement  de 
la  maison  du  Cygne,  par  arrêté  consulaire  du  17  vendémiaire  an  x. 

Maison  sans  désignation  en  1 555,  énoncée  jardin  en  1 565,  puis  dite  maison  des 
Trois-Croissants  ou  du  Croissant  en  1 62 5.  On  l'appelait  l'Académie  royale  à  la  fin 
du  xvue  siècle,  parce  qu'elle  dépendait  alors  de  la  maison  suivante.  Elle  a  été 
annexée  aux  grandes  écuries  du  Roi  sous  le  règne  de  Louis  XV. 

Maison  sans  désignation  en  i53o,  qui,  après  avoir  été  au  prévôt  des  mar- 
chands Pierre  Le  Gendre,  appartenait,  en  1 55y,  à  Nicolas  de  Neufville,  seigneur 
de  Villeroy,  et,  en  1 565,  peut-être  même  en  1 5 1 9,  avait  pour  enseigne  la  Corne- 
de-Cerf.  Dans  le  siècle  suivant,  elle  s'appelait  l'hôtel  de  Pluvinel,  parce  que  le 
célèbre  écuyer  de  Louis  XIII  y  avait  établi  son  manège  ou  académie. 

Maison  sans  désignation  en  i6o3,  et  renfermant  alors  la  suivante, 

Maison  dite  de  la  Réale  W  (1680). 

Maison  des  Pigeons  (1575),  ou  des  Trois-Pigeons  (1610),  et  aussi  du  Lion-d'Or 
(1587),  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  Saint-Vincent  ou  du  Dauphin.  En  1610, 
cette  maison  servait  d'hôtellerie,  et  il  en  est  question  dans  le  procès  de  Ravaillac. 


RUE  DU  DAUPHIN. 

Cette  rue  ou  plutôt  cette  impasse  commençait  au  Manège  des  Tuileries,  que 
la  rue  de  Rivoli  représente,  et  elle  finissait  à  la  rue  Saint-Honoré. 

Sur  l'emplacement  des  trois  dernières  maisons  précédemment  mentionnées  il 
ne  s'en  trouvait,  en  i4o6,  qu'une  seule,  dont  le  terrain  présentait  une  superficie 
d'environ  un  arpent  et  demi.  La  rue  du  Daupbin  occupe  une  partie  de  ce  ter- 
rain, et  y  fut  ouverte  à  une  époque  qui  n'est  indiquée  dans  aucun  ouvrage,  mais 
qui  doit  correspondre  à  l'année  i56o  ou  environ.  En  effet,  dans  les  comptes  des 
Quinze-Vingts  pour  l'année  1559-60  et  dans  les  comptes  antérieurs,  il  n'en  est 
aucunement  question,  tandis  que,  au  contraire,  dans  le  compte  de  1 5 60-61  il 

(1)  La  Réale  étail  le  nom  qu'on  donnait  à  ia  grande  galère  du  Roi. 


RUE  DU  DAUPHIN.  295 

est  dit,  à  propos  de  la  maison  des  Pigeons,  «à  présent  y  a  une  rue  appelée  la 
«rue  Sainct-Vincent,ii  formule  répétée  dans  plusieurs  comptes  postérieurs.  En 
15^6,  on  y  faisait  déjà  des  ventes  de  terrains  correspondant  au  lotissement  des 
plans  modernes,  et  la  rue  était  totalement  bâtie  en  ihyb. 

Nous  n'avons  point  vu  qu'il  y  ait  jamais  eu  une  enseigne  de  Saint-Vincent  dans 
la  rue,  et  d'ailleurs  elle  a  été  dite  rue  Saint-Vincent  dès  son  origine,  avant  qu'il 
y  existât  des  maisons;  aussi  supposons-nous  que  ce  nom  lui  fut  donné  par  Vin- 
cent Macyot,  propriétaire  d'un  logis  voisin.  Au  xvme  siècle,  une  porte,  qui  se 
fermait  chaque  soir,  était  placée  à  l'extrémité  méridionale  de  la  rue,  qu'on  n'en 
considérait  pas  moins  comme  une  impasse;  de  là  l'inscription  de  Cul-de-Sac- 
Saint- Vincent  qu'on  y  remarquait,  et  à  laquelle  on  substitua  celle  de  rue  du 
Dauphin  au  mois  de  novembre  f]kk,  un  jour  que  le  Dauphin  avait  passé  dans 
la  rue  pour  se  rendre  à  Saint-Roch.  Théâtre  d'un  de  ces  combats  du  i3  ven- 
démiaire an  iv  où  le  général  Bonaparte  défendit  énergiquement  la  Convention 
contre  les  sections  insurgées,  elle  a  été  appelée  pendant  un  temps  rue  de  la 
Convention;  elle  a  été  aussi  dénommée  rue  du  Trocadéro,  suivant  une  ordonnance 
du  22  juin  1820,  qui  en  prescrivait  l'élargissement,  opération  effectuée  un  peu 
plus  tard.  En  i83o,  elle  a  repris  le  nom  de  rue  du  Dauphin,  qu'elle  a  perdu  de 
nouveau  en  1868,  mais  qui  lui  a  été  rendu  depuis. 

La  rue  du  Dauphin,  jadis  large  de  trois  toises,  l'est  aujourd'hui  de  près  de 
douze  mètres. 

CÔTÉ  ORIENTAL. 


PAROISSE  DE  SAIlNT-GERMAIi\-L'AUXERROIS,  PUIS  DE  SAINT-ROCH. 

HAUTE  JUSTICE 
ET   CENSIVE  DE  L'ÉvÊCHE. 

Maison  sans  désignation  en  1 575,  et  du  Lion-d'Or  en  i6o3,  contiguë  à  la  mai- 
son faisant  le  coin  de  la  rue  Saint-Honoré.  Elle  en  dépendait  encore  en  1687. 

Trois  maisons  sans  désignation  (1675). 

Maison  sans  désignation  en  1675,  et  ayant  eu  pour  enseigne  le  Nom-de-Jésus 
en  1687. 

Deux  maisons  sans  désignation  (1 575). 

Petite  maison  sans  désignation  en  1 575,  et  dite  couverte  de  chaume  en  1 6 1 3. 
Elle  tenait  à  la  porte  du  Manège  des  Tuileries,  n'avait  que  deux  toises  et  deux 
pieds  de  largeur,  et  fut  réunie  à  la  précédente  en  1687.  Elle  appartenait  alors  à 
la  dame  de  Poitrincourt. 


296  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 

PAROISSE  DE  SAINT-GERMAINLAUXERROIS,  PUIS  DE  SAINTROCH. 

HAUTE  JUSTICE 
ET    CENSIVE    DE    L'ÉvÊCIlÉ. 

Maison  sans  désignation  (1675),  contiguë  à  la  porte  du  Manège. 

Deux  maisons  sans  désignation  (1 5^5 ). 

Maison  sans  désignation  en  1675,  et  de  la  Corne-de-Cerf  en  i6o3. 

Maison  sans  désignation  en  1675,  et  de  l'Ecu-de-France  en  i6o3.  H  semble 
y  avoir  eu  alors,  entre  cette  maison  et  la  suivante,  une  autre  maison  sans  désigna- 
tion ,  dont  il  n'est  fait  mention  ni  antérieurement  ni  plus  tard. 

Maison  sans  désignation  en  1675,  puis  de  l'Image  Notre-Dame  (1608-1687). 

Maison  sans  désignation  en  1675,  et  du  Compas  en  1687. 

Maison  sans  désignation  (1675). 

Maison  sans  désignation  en  1675,  et  dite  de  la  Trinité  en  1687. 

Deux  maisons  sans  désignation  en  1675;  la  seconde,  contiguë  à  la  maison 
faisant  le  coin  de  la  rue  Saint-Honoré ,  avait  pour  enseigne  le  Cerf-Volant 
en  1700. 


RUE  SAINT-HONORE. 

(Continuation.) 

Maison  «des  Trois-Saulcyères •»  (160 3-i  63 0),  puis  de  la  Grâce-de-Dieu  (1687), 
faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  Saint- Vincent. 

Maison  sans  désignation  en  i6o3,  puis  de  la  Truie-qui-File  (1607-1687). 

Maison  de  l'Ecu-de-France  (1608),  puiscrDE  l'Espée-Royaleti  (1635-1687).  Elle 
appartint  à  André  Le  Nôtre,  contrôleur  des  bâtiments  de  Louis  XIV,  et  parait 
avoir  été  réunie  à  la  maison  du  Cerf-Volant  de  la  rue  Saint-Vincent,  vers  1700. 

Jardin  clos  de  murs  avec  «ung  petit  édifficert  (i564),  qui  fut  possédé  par  ce 
Vincent  Macyot  dont  nous  avons  parlé.  En  1675,  la  propriété  était  énoncée 
«maison, n  et,  en  i6o3,  il  y  pendait  pour  enseigne  «l'Escryptoire.t!  C'est  du 
jardin  de  Macyot  que  faisaient  partie  ces  soixante-sept  perches  deux  tiers  de  ter- 
rain dont  il  a  été  question  page  290. 


RUE  SAINT-HONORE.  297 

Maison  sans  désignation  (i6o3),  laquelle  semble  n'avoir  été  qu'une  portion  de 
la  précédente! 

Maison  sans  désignation  en  i&55,  puis  «des  Carnaulxti  (i5o2-i5i5)  et  «de 
«l'Eschiquieru  (1520-1672).  Elle  fut  construite  sur  deux  arpents  baillés  à  Raoul 
Forges  le  22  septembre  i3g2.En  ikho,  elle  était  déjà  divisée  en  deux  parties, 
dont  l'une  n'avait  que  le  tiers  de  la  superficie  de  l'autre.  En  1687,  elle  appar- 
tenait en  totalité  à  Louis  de  Valentiné,  marquis  d'Ussé,  et  était  morcelée  en  cinq 
louages.  En  i632,  distincte  de  la  maison  de  l'Echiquier,  qui  était  la  seconde, 
elle  appartenait  au  président  de  Lozon. 

Maison  sans  désignation  en  i6o3;  plus  anciennement  elle  se  confondait  avec 
une  des  maisons  qui  lui  ont  été  contiguës. 

Maison  de  la  Trinité  (i588-i6i3),  qui  paraît  être  la  partie  de  la  maison  des 
Carneaux  où  pendit  d'abord  pour  enseigne  l'Échiquier.  On  confondait  souvent  le 
logis  de  la  Trinité  avec  la  maison  des  Carneaux,  à  laquelle  il  aboutissait. 

Maison  sans  désignation  en  1&26,  qui  était  à  l'état  de  ruine  en  1&80,  et  que 
remplacèrent  deux  maisons  toujours  mentionnées  ensemble,  dont  l'une  avait  pour 
enseigne  l'Image  Saint-Jacques  (1 563-1  612). 

Maison  de  l'Autruche?  (1569),  puis  du  Lion-d'Or  (1620),  des  Trois-Maures  et 
des  Trois-Saints-Jean  (i665),  faisant  anciennement  partie  des  deux  suivantes. 

Maison  de  l'Autruche  (1620-1672).  La  mention  de  la  maison  de  l'Autruche  se 
rencontre  dès  1&69;  mais  il  semble  que  cette  enseigne  appartenait  alors  à  la 
maison  précédente ,  et  que  la  maison  objet  de  cet  article  n'était  qu'un  des  deux 
corps  d'hôtel  de  la  suivante. 

Maison  de  la  Corne-de-Cerf  (1669-1672),  et  aussi  du  Lion-d'Or  (1 638).  Elle 
était  énoncée  «petite  maison  n  en  1  h  1 0,  et  fut  bâtie  sur  un  arpent  de  terre  baillé 
à  Bernard  Roux  le  22  septembre  i3g2.  Les  trois  corps  d'hôtel  dont  elle  se  com- 
posait aboutissaient  tous  au  parc  des  Tuileries  en  1589. 

Sur  l'emplacement  de  la  maison  de  la  Corne-de-Cerf,  et  par  ordonnance  du 
16  mai  1826,  a  été  percée  une  rue  destinée  à  porter  le  nom  du  duc  de  Bor- 
deaux; mais,  par  décision  du  19  août  i83o,  elle  a  été  appelée  rue  du  29  Juillet, 
en  souvenir  du  dernier  jour  de  combat  de  la  révolution  de  i83o. 

Maison  de  «la  Serpente, n  donnée,  le  dernier  février  i368,  par  Jean  Lebret  et 
sa  femme  aux  Aveugles,  qui  la  possédaient  encore  à  la  fin  du  xvne  siècle.  En 
1596,  elle  avait  pour  enseigne  «l'Image  Saint-Loys,t>  et, en  1676,  le  Petit-Saint- 
Louis.  Vers  cette  dernière  époque,  une  partie  de  son  jardin  ayant  été  annexée 
à  la  maison  précédente,  elle  cessa  d'aboutir,  comme  auparavant,  au  jardin  des 
Tuileries.  Elle  paraît  se  confondre  avec  celle  qui  fut  construite  sur  un  arpent  baillé, 
le  22  septembre  i3g2,  à  Pierre  Pébier  ou  Vébier,  et  nous  comprenons  mal  com- 
ment cela  se  concilie  avec  la  donation  de  1 368. 

1.  38 


298  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Maison  sans  désignation  (i&53),  élevée  sur  un  arpent  de  terre  baillé  à  J.  Dau- 
noy  Périer  le  22  septembre  1892.  En  1 533 ,  elle  avait  pour  enseigne  la  Liberté, 
et  contenait  un  jeu  de  paume,  qui  n'existait  plus  en  1 63 1 W.  En  1 672,  elle  appar- 
tenait à  la  comtesse  de  Foix  et  s'appelait  en  conséquence  l'hôtel  de  Foix.  Pos- 
sédée, en  1687,  par  Henri  Pussort,  oncle  du  ministre  Colbert,  qui  la  fit  rebâtir 
par  de  Lassurance(2),  elle  fut  appelée  l'hôtel  Pussort,  puis  l'hôtel  d'Armenonville, 
à  cause  de  Vincent  Bertin,  seigneur  d'Armenonville,  directeur  général  des  finances , 
qui  l'acheta  de  Pussort  en  1691;  elle  prit  enfin  le  nom  d'uÔTEL  de  No  ailles  ,  lorsque 
la  mère  du  duc  de  Noailles  en  eut  fait  acquisition,  le  1 1  mars  171 1  ;  elle  était 
alors  réunie,  depuis  un  certain  temps,  à  la  maison  suivante.  En  1 7 1 5 ,  on  y  fit  des 
embellissements  considérables  :  le  jardin  en  fut  dessiné  de  nouveau  par  Charpen- 
tier et  orné  de  statues  par  Falconnet.  Charpentier  dirigea  aussi  les  grisailles  que 
Parocel  le  neveu  exécuta  dans  la  chapelle;  le  plafond  et  le  retable  de  cet  édifice 
étaient  l'œuvre,  l'un  de  Brunetti,  et  l'autre  de  Philippe  de  Champagne.  A  la 
suite  de  ces  travaux,  le  duc  de  Noailles  fit  poser  une  barrière  devant  sa  porte, 
hardiesse  dont  on  parla  beaucoup  :  le  droit  d'avoir  une  barrière  ainsi  placée  était 
un  privilège  réservé  aux  princes  du  sang  et  à  un  nombre  très-restreint  de  hauts 
dignitaires. 

Sous  le  premier  Empire,  l'architrésorier  Lebrun  habitait  l'hôtel  de  Noailles, 
dont  les  plans  ont  été  publiés  par  lord  Francis-Henry  Egerton ,  qui  l'acheta  en 
1816.  Sur  l'emplacement  de  l'hôtel,  et  suivant  une  autorisation  du  20  septembre 
i83o,  on  a  percé  une  rue  qui,  d'abord  nommée  rue  Lolis-Philippe  Ier,  a  été  appe- 
lée rue  d'Alger  depuis  i832. 

Maison  sans  désignation  en  i556,  puis  de  la  Queue-de-Benard  en  1627.  Elle 
semble  avoir  été  bâtie  sur  un  arpent  de  terre  baillé  à  Jehan  de  Pissy  le  2  3  jan- 
vier i3g3,  et  le  jardin  en  fut  incorporé  à  la  maison  précédente  par  acquisition 
du  29  avril  1  628. 

Maison  sans  désignation  en  i5o8,  puis  de  l'Image  Sainte-Geneviève  en  i564 
et  1 6 1 3 ,  qui  paraît  avoir  été  élevée  sur  deux  arpents  de  terre  baillés  à  Jean 
Béroust,  plâtrier,  le  22  septembre  1392.  Il  n'est  point  aisé  d'en  fixer  les  limites. 
En  1672,  elle  appartenait  en  partie  aux  Feuillants,  mais  nous  ne  savons  dans 
quelles  proportions  ils  l'annexèrent  à  leur  enclos;  nous  supposons  qu'ils  n'en 
acquirent  qu'une  faible  parcelle,  qui  aura  produit  le  décrochement  du  mur  mi- 
toyen de  leur  couvent,  près  la  rue  Saint-Honoré.  A  la  fin  du  xvne siècle,  la  maison 
de  l'Image  Sainte-Geneviève  était  réunie  à  l'hôtel  de  Pussort. 

Maison  sans  désignation  (i5o8),  et  très-probablement  construite  sur  l'arpent 

(1)  Ce  jeu  de  paume  est  appelé  «  Jeu  de  paulme  (S)  La  façade  sur  les  jardins  est  attribuée  a  Marot 

fde  Cléol,r  dans  le  sommaire  d'un  titre  de  i58g,        père,  par  Florent-Le-Comte ,  dans  ses  Singularités 
et  partout  ailleurs ,  Jeu  de  paume  de  la  Liberté.  d'architecture. 


RUE  SAINT-HOIVORE.  299 

baillé  à  Denis  Auveau  le  22  septembre  i3g2.  Elle  appartenait  aux  Feuillants  dès 
1 658 ,  et  était  déjà  réunie  à  leur  clos  en  1672.  Si  nous  ne  nous  trompons,  la 
partie  voisine  de  la  rue  Saint-Honoré  fut  conservée,  et  c'est  la  même  que  la  mai- 
son de  la  Croix-de-Lorraine  (i  635) ,  la  première  de  ces  neuf  maisons  en  bordure 
sur  la  rue  qui  constituaient  la  limite  septentrionale  du  couvent.  Rien  ne  recom- 
mande à  l'attention  ces  neuf  maisons,  dont  la  huitième  faisait  le  côté  oriental  de 
la  grande  porte  du  monastère,  et  la  neuvième,  le  côté  occidental. 

Maison  sans  désignation  en  i  48 o,  et  de  l'Image  Saint-Jean  avant  1602.  Ce  n'était 
encore  en  1/102  qu'un  jardin  avec  vignes,  planté  sur  l'arpent  de  terrain  baillé  à 
Michelet  Milon  le  22  septembre  1892.  La  maison  de  l'Image  Saint-Jean  fut  acquise 
par  les  Feuillants  entre  les  années  i63i  et  1 658  ;  elle  était  jointe  à  leur  enclos 
en  1672. 

Jardin  (i53o)  où,  en  1 588 ,  il  existait  depuis  peu  une  petite  maison;  le  tout 
occupait  un  arpent  baillé,  le  22  septembre  i3g2,  à  Sainctin  Lainsot.  D'après 
un  titre  de  1587,  le  terrain  n'aurait  été  que  de  trois  quartiers;  il  appartenait  aux 
Feuillants  en  1 63 1 ,  et  était  incorporé  à  leur  couvent  en  1 658. 

Maison  et  grange  (1 435)  élevées  sur  un  arpent  baillé  à  Jean  Benoist  le  22  sep- 
tembre 1 392.  Cette  maison  doit  être  la  même  que  celle  qu'un  nommé  Bélot  ven- 
dit aux  Feuillants  le  12  mars  1601,  et  qui,  alors  contiguëà  leur  monastère,  avait 
sept  toises  de  largeur  n  entre  les  deux  meurs,  -n  Nous  avons  lu  dans  les  archives 
du  couvent  que  sur  l'emplacement  de  cette  maison  on  construisit  le  crrond,n 
c'est-à-dire  le  chevet  de  l'église,  renseignement  qui  confirme  notre  restitution. 

Deux  petites  maisons  sans  désignation,  avec  terres  annexées  (i44o).  En  1507, 
c'était  «l'Ostel  des  Carnallx,h  derrière  lequel  s'étendaient  quatre  arpents.  Le 
7  novembre  1 585,  Jeanne  Maufex,  veuve  de  La  Leu,  à  qui  appartenait  l'hôtel 
des  Carneaux,  alors  en  ruine,  le  vendit  au  roi  Henri  III  pour  la  somme  de  trois 
mille  trois  cent  trente-trois  écus  sol  et  un  tiers.  Ce  manoir  était  large  de  vingt-huit 
toises  quatre  pieds  et  demi,  et  profond  de  soixante  et  quatorze  toises;  il  contenait 
donc  plus  de  deux  arpents.  H  avait  été  bâti  sur  un  premier  arpent  baillé  à  Re- 
gnault  Hasard  le  h  janvier  1892,  sur  un  second  baillé  à  Colin  de  La  Ruelle 
le  12  novembre  1892,  et  sur  un  troisième  baillé  le  même  jour  à  Thierry  Wil- 
lèmes. 

COUVENT  DES  FEUILLANTS.  Un  des  effets  de  cet  extrême  relâchement  de  la 
discipline  ecclésiastique  qui  signala  le  commencement  du  xvie  siècle  et  contribua 
tant  aux  progrès  de  la  Réforme  fut  de  pousser  quelques  catholiques  ardents  à 
faire  profession  d'une  austérité  exagérée.  C'est  ainsi  que  Jean  de  La  Barrière,  né 
le  29  avril  i546,  à  Saint-Céré  en  Quercy,  nommé  en  i563  abbé  commencla- 
taire,  et  en  1577  abbé  régulier  de  Notre-Dame  de  Feuillans,  au  diocèse  de 
Rieux,  près  de  Toulouse,  se  proposa  non-seulement  de  faire  revivre  dans  son  inté- 

38. 


300  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

grité  la  règle  de  saint  Benoît,  telle  que  l'avaient  d'abord  observée  les  Cisterciens, 
mais  encore  d'en  augmenter  la  sévérité  par  les  pratiques  d'un  ascétisme  rigoureux. 
Donnant  lui-même  l'exemple  des  mortifications,  il  réunit  un  grand  nombre  de 
disciples  et  s'acquit  rapidement  une  réputation  considérable,  qui  émut  Henri  III. 
Ce  prince,  désireux  de  voir  le  pieux  abbé,  lui  écrivit,  le  20  mai  i58o,  pour  l'en- 
gager à  se  rendre  à  Paris;  Jean  de  La  Barrière  accéda  à  cette  demande  au  mois 
d'août  suivant,  et  il  obtint  par  son  éloquence  et  par  sa  vie  édifiante  un  tel  succès 
près  du  Boi,  que  celui-ci,  après  avoir  voulu  le  retenir,  ne  le  laissa  partir  que  sur 
l'assurance  qu'il  reviendrait  à  Paris,  où  on  lui  bâtirait  un  couvent.  Néanmoins 
sept  années  se  passèrent  avant  que  le  projet  se  réalisât,  et  il  paraît  même  que,  au 
moment  où  Jean  de  La  Barrière  arriva  à  Charenton  avec  soixante-deux  religieux , 
le  1 1  juillet  1587,  le  lieu  où  ils  devaient  être  établis  n'était  pas  encore  fixé. 
Nous  lisons,  en  effet,  dans  une  chronique  manuscrite  de  l'abbaye  de  Long- 
champ  W,  que  le  jour  de  sainte  Marguerite,  c'est-à-dire  le  20  juillet,  Henri  III 
alla  brusquement  trouver  la  supérieure  de  cette  communauté,  pour  lui  signifier 
qu'elle  eût  à  se  transporter  avec  ses  sœurs  à  l'abbaye  du  Val ,  celle  de  Longchamp 
étant  destinée  par  lui  à  loger  les  Feuillants.  En  vain  l'abbesse  lui  fit-elle  des 
représentations  et  le  pria-t-elle  de  ne  point  persister  dans  sa  résolution;  en  la 
quittant,  il  lui  répéta  que  sa  décision  était  irrévocable.  Elle  ne  le  fut  point  toute- 
fois, car,  quelques  jours  après,  sur  les  remontrances  de  plusieurs  personnages  et 
particulièrement  de  l'abbé  de  Feuillans  lui-même,  le  Boi  renonça  à  son  projet, 
et  donna  à  Jean  de  La  Barrière  ainsi  qu'à  ses  moines  la  maison  des  Carneaux,  où 
il  avait  d'abord  voulu  placer  les  Hiéronimites  I2'.  Les  Feuillants  en  prirent  pos- 
session le  8  septembre <3),  venant  de  Vincennes,  où  ils  avaient  demeuré  depuis  leur 
arrivée,  et  deux  mois  après,  le  1 3  novembre,  une  bulle  de  Sixte-Quint  érigea 
en  titre  leur  communauté,  sous  le  nom  de  Congrégation  de  Notre-Dame  de  Feuillans. 
Jean  de  La  Barrière  repartit  le  ier  août  de  l'année  suivante. 

D'après  ce  qui  précède,  et  quoi  qu'on  en  ait  dit,  il  e&t  vraisemblable  que,  lors 
de  l'installation  des  Feuillants  dans  la  maison  des  Carneaux,  rien  n'avait  été  pré- 
paré à  l'avance  pour  les  y  recevoir,  et  le  Boi  dut  y  pourvoir  en  faisant  construire 
ou  réparer  des  bâtiments^.  La  journée  des  Barricades  et  les  événements  qui  la 


(l)  Arch.  de  l'Emp.  reg.  LL  160&,  fol.  97  r°.  preuve.  Peut-être  les  Feuillants,  arrivés  à  Charenton 

(,)  Arch.  de  l'Emp.  cart.  S  3705.  le  9,  ne  s'installèrent-iis  à  Vincennes  que  le  11  ;  il 

m  Suivant  Du  Breul  (p.  93a),  qui  spécifie  que  n'y  a  rien  à  ce  sujet  dans  leurs  archives, 
c'était  le  jour  de  la  Nalivité  de  Notre-Dame.  Une  (4)  Ces  constructions  durent  être  faites  sous  la 

inscription  des  vitraux  du  cloître  donnait  la  date  conduite  de  Baptiste  Androuet  Du  Cerceau,  à  propos 

du  7,  adoptée  par  Jaillot.  Ce  dernier  auteur  dit  duquel  le  duc  de  Neversdil:  rrEtde  fait,  il  ne  bou- 

aussi  que  les  Feuillants  arrivèrent  à  Vincennes  le  «geoit  ordinairement  d'avec  les  Capucins,  Minimes, 

9  juillet,  et  non  le  1 1  ;  mais  il  n'en  fournit  point  de  c Feuillans,  Jésuites  et  autres  religieux  et  prestres. 


RUE  SAINT-HONORE.  301 

suivirent  interrompirent  les  travaux.  Pendant  les  troubles,  les  Feuillants  s'empa- 
rèrent de  pavillons  que  Henri  III  avait  fait  bâtir  sur  le  terrain  d'une  maison  voi- 
sine, dépendant  du  couvent  des  Capucins;  mais  cette  usurpation  n'empêcha  point 
leur  position  de  devenir  si  précaire,  au  milieu  des  orages  de  la  Ligue, qu'ils  aban- 
donnèrent presque  tous  leur  maison.  Le  i  1  mars  1 5 9 5 ,  une  ordonnance  royale, 
où  il  est  dit  qu'ils  n'étaient  plus  que  quatre  et  qu'ils  se  trouvaient  ainsi  dans 
l'impossibilité  de  desservir  l'Eglise,  les  autorisa  à  se  retirer  en  Languedoc,  et 
leur  alloua  à  chacun  vingt  écus  pour  les  frais  du  voyage;  cette  ordonnance  leur 
fut  signifiée  le  1 7  mars.  Loin  de  montrer  de  l'empressement  à  en  profiter,  ils  répon- 
dirent que  le  Roi  avait  été  trompé  sur  l'état  réel  de  leurs  affaires,  qu'ils  n'étaient 
pas  moins  de  neuf,  fort  pauvres,  à  la  vérité ,  et  que,  si  le  Roi  voulait  bien  leur  accor- 
der son  appui,  ils  décideraient  à  revenir  ceux  de  leurs  frères  qui  avaient  quitté  la 
ville,  et  qui  étaient  au  nombre  de  soixante  profès^.  Henri  IV  leur  permit  alors  de 
rester  à  Paris,  et  il  approuva  leur  institution  par  lettres  du  28  mars  i5g5,  qui 
furent  confirmées  par  d'autres  lettres,  de  mars  1 597  et  du  2  5  août  1 598 ,  où  leur 
furent  concédés  tous  les  privilèges  dont  jouissaient  les  maisons  religieuses  de  fon- 
dation royale.  Dans  le  dessein  d'assurer  l'existence  de  la  communauté  des  Feuil- 
lants, Henri  III,  par  brevet  du  8  février  1 588 ,  leur  avait  donné  en  commende 
l'abbaye  du  Val  ;  les  circonstances  s'opposèrent  à  ce  qu'ils  en  profitassent  avant 
le  règne  de  Louis  XIII,  et  l'arrêt  qui  mit  à  leur  disposition  les  revenus  de  cette 
abbaye  porte  la  date  du  h  mars  1616.  L'union  de  la  mense  abbatfale  aux  reve- 
nus des  Feuillants  avait  été  ordonnée  dès  le  mois  de  juillet  1 6 1 1  ;  celle  de  la 
mense  conventuelle  le  fut  le  ik  décembre  162 &W.  Le  monastère  des  Feuillants 
de  Paris  était  le  plus  considérable  de  toute  la  Congrégation;  l'abbé,  élu  tous  les 
trois  ans  par  un  chapitre  général,  ne  pouvait  être  maintenu  plus  de  six  ans  en  sa 
charge;  il  devait  résider  alternativement  six  mois  à  Paris  et  six  mois  à  Feuil- 
lans.  La  règle  sévère  de  Jean  de  La  Barrière,  adoucie,  en  1 5g5 ,  par  le  pape 
Clément  VIII,  le  fut  encore,  dans  la  suite,  par  le  pape  Clément  XI,  qui  supprima 
l'obligation  de  marcher  pieds  nus,  imposée  par  le  fondateur. 

On  reconstruisit  l'église  des  Feuillants  au  commencement  du  xvuc  siècle.  Les 
frais  furent  en  grande  partie  couverts  par  les  aumônes  que  les  Religieux  recueilli- 
rent lorsque  l'Évêque  de  Paris  établit  une  station  chez  eux,  à  l'occasion  du  grand 
jubilé  ouvert  en  1600  par  Clément  VIII.  La  station  avait  lieu  dans  une  chapelle 
provisoire,  décorée  des  armoiries  du  Pape,  du  Roi,  de  la  Reine  et  du  cardinal  de 
Gondi;  elle  était  située  dans  l'enceinte  même  de  celle  qu'on  était  occupé  à  COUS- 


fr  avec  lesquels  Sa  Majesté"  (Henri  III)  luy  avoit  (1)  Arch.  de  l'Emp.  fonds  des  Feuillants,  cart.  S 

-  commandé  de  conférer,  pour  dresser  les  baslimens        h  1 65-4 1 66. 

iret  églises  à  leur  commodité.»  (,)  Félibien,  p.  1 160. 


302  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

truire  W.  Les  fondements  du  nouvel  édifice  comptaient  huit  pieds  en  terre  le  1 3  juin 
1600,  et  furent  bénits  par  l'archevêque  d'Auch  le  19  août  suivant,  jour  auquel 
le  Prévôt  des  marchands  posa  la  première  pierre  de  l'édifice ("2>.  Cette  première 
pierre  était  destinée  à  supporter  le  maître-autel;  elle  fut  déplacée  par  suite 
d'un  changement  dans  les  projets  adoptés,  et  posée  derechef  le  26  mars  1601, 
«le  Roy  et  la  Royne  ayant  esté  suppliés  de  le  faire.  t>  Pour  donner  plus  d'ampleur 
au  monument,  on  abattit  alors  la  muraille  d'une  maison  voisine,  qu'on  avait  ache- 
tée, le  12  mars,  au  nommé  Rélot.  Les  travaux  durèrent  longtemps.  Le  h  dé- 
cembre 1606,  on  fit  marché  avec  les  nommés  Pierre  et  Gabriel  pour  l'érection 
d'un  clocher,  et  la  consécration  de  l'église  eut  lieu  par  les  soins  du  cardinal  de 
Sourdis,  le  5  août  1608,  sous  le  vocable  de  Saint-Bernard.  L'église  n'était  d'ail- 
leurs pas  achevée,  car  le  portail,  commencé  au  mois  de  février  1623,  à  l'aide  des 
libéralités  de  Louis  XIII,  ne  fut  terminé  qu'en  1 626.  Il  se  composait  de  deux  ordres, 
ionique  et  corinthien ,  superposés  ;  dans  les  entre-colonnements  de  l'ordre  infé- 
rieur étaient  placées  deux  figures  du  sculpteur  Guillain.  Le  portail  était  une  des 
premières  œuvres  de  François  Mansard.  Quant  aux  autres  travaux,  ils  paraissent 
avoir  été  dirigés  d'abord  par  un  architecte  du  nom  de  Jean  Crespin ,  auquel  suc- 
céda, de  1602  à  i6o5,  Mc  Achille  Le  Télier^,  que  les  comptes  qualifient  de 
tr  conducteur  de  la  fabricque  n  ou  a  de  la  besoigne ,  n  et  qui  recevait  six  livres  par 
chaque  semaine  réputée  de  cinq  jours.  Le  registre  où  nous  trouvons  ces  détails 
contient  un  ctroole  de  ceux  à  quin  étaient  crdeues  les  cappelles  de  l'esglise  neufve , 
a  pour  en  avoir  paie  la  massonnerie  ;  11  il  y  est  indiqué  que  M.  Poncher  eut  per- 
mission du  chapitre  général  de  1601  de  poser  ses  armoiries  en  l'une  des  cha- 
pelles; que  Louis  de  Bellegarde  donna,  le  27  juin  1601,  trois  cents  écus  pour 
l'œuvre;  que  le  duc  d'Épernon  en  donna  cent  cinquante  le  9  juillet,  etc.  En  1 62  1 , 
Gaston  de  France,  frère  du  Roi,  posa  la  première  pierre  d'une  chapelle  dont  il  fit 
partiellement  les  frais,  et  qu'on  appelait  la  Grotte. 

L'église  était  remarquable  par  la  quantité  d'œuvres  d'art  qu'elle  contenait.  Le 
grand  autel,  à  colonnes  torses,  avait  pour  retable  un  tableau  donné  par  Marie  de 
Médicis,  et  représentant  l'Assomption  de  la  Vierge.  Ce  tableau  avait  été  peint 
par  Jacob  Bunel,  à  l'exception  de  la  tête  delà  Vierge,  que  Lafosse  avait  exécutée, 
Bunel  s'étant  refusé  par  scrupule  religieux  à  la  faire  lui-même.  Bunel  avait 
également  peint  pour  la  chapelle  du  chœur  un  Christ  au  jardin  des  Oliviers.  De 

(1)  Le  peintre  qui  peignit  ces  armoiries  et  fit  passe  ie  1"  septembre,  avec  M'  Remy  Coliin,  en- 

rrung  pourtrait  de  la  nouvelle  églises  reçut  vingt-  trepreneur  des  bâtiments  du  château  de  Fontaine- 

trois  écus.  (Voir  aux  Arch.  de  l'Emp.  le  registre  bleau. 

coté  LL  i5/io,  lequel  contient  les  comptes  de  la  (3)  rrM*  Archilles  Le  Télier,  conducteur  de  la  fa- 
construction  de  l'édifice.  )  cr  bricque ,  pour  trois  journées  qu'il  s'est  emploie  des- 

(,)  Le  contrat  pour  l'exécution  des  travaux  fut  rrpuis  le  despart  de  M'  Jean  Crespin,  3  1.  ta  s.» 


RUE  SAINT-HONORE.  303 

chaque  côté  de  l'édifice  il  y  avait  sept  chapelles  latérales.  Dans  la  première  du  rang 
septentrional,' laquelle  répondait  à  la  travée  du  chœur,  on  voyait  la  figure  sculptée 
en  marbre  blanc  de  Raimond  Phélypeaux,  seigneur  d'Herbaut,  conseiller  et 
secrétaire  d'Etat  sous  Louis  XIII,  mort  le  2  mai  1629.  La  seconde  chapelle  du 
même  côté,  qui  était  la  première  de  la  nef,  appartenait  à  la  famille  Pelletier;  la 
troisième,  qui  avait  été  celle  de  M.  de  Vendôme,  renfermait  une  statue  de  la 
Vierge,  de  Jacques  Sarrazin;  dans  la  quatrième  était  un  tombeau  de  marbre  noir, 
avec  des  figures  en  marbre  blanc  représentant  des  Vertus,  et  le  buste,  aussi  en 
marbre,  de  Guillaume  de  Montholon,  conseiller  d'État,  mort  le  1 1  mai  1722. 
Le  mausolée  du  maréchal  de  Marillac,  décapité  en  Grève  le  10  mai  i632,  et  de 
sa  femme,  qui  mourut  de  douleur  un  peu  avant  le  supplice  de  son  époux, 
garnissait  la  cinquième  chapelle.  Au  pied-droit  qui  la  séparait  de  la  quatrième 
était  adossé  le  cénotaphe  de  Henri  de  Lorraine,  comte  d'Harcourt,  et  d'Alphonse 
de  Lorraine,  son  fils,  chevalier  de  l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem.  Ce  céno- 
taphe ,  en  marbre  noir,  exhaussé  sur  un  soubassement  de  marbres  variés  et  dominé 
par  un  groupe  de  figures  allégoriques,  avait  été  érigé  en  1695,  et  était  dû  au 
ciseau  de  Nicolas  Renard,  de  Nancy.  On  admirait  dans  la  sixième  chapelle  plu- 
sieurs peintures  de  Simon  Vouet,  entre  autres  le  saint  Michel,  qui  passait  pour 
son  chef-d'œuvre.  Du  côté  méridional,  trois  chapelles  attiraient  principalement  les 
regards  :  la  première,  dépendant  de  la  travée  du  chœur,  contenait  le  tombeau 
en  marbre  blanc  et  en  forme  d'urne  de  Jeanne-Armande  de  Schomberg,  prin- 
cesse de  Guéméné,  morte  le  10  juillet  1706;  dans  la  seconde,  qui  appartenait  à 
la  famille  de  Beringhen,  fut  inhumé  le  maréchal  d'Uxelles,  mort  le  10  avril  1780. 
La  cinquième  était  la  célèbre  chapelle  des  Rostaing,  et  se  distinguait  par  un 
grand  luxe  de  marbres;  on  y  remarquait  une  colonne  de  marbre  porlor,  sur- 
montée d'une  urne  où  avait  été  déposé  le  cœur  d'Anne  Hurault,  femme  de  Charles 
de  Rostaing,  morte  le  16  avril  1 635  ;  un  sarcophage  en  marbre  noir,  supportant 
les  deux  figures  agenouillées  de  Tristan  de  Rostaing,  mort  le  7  mars  1C91,  et 
de  Charles  de  Rostaing,  mort  le  k  janvier  1 660;  les  quatre  bustes,  portés  sur  des 
colonnes  de  brèche  à  chapiteaux  dorés,  de  Louis,  Jean,  Antoine  et  Gaston  de  Ros- 
taing, tous  enterrés  dans  la  chapelle.  La  sixième  chapelle  contenait  la  statue 
agenouillée  de  Claude  de  L'Aubépine,  femme  de  Médéric  de  Barbezières,  morte 
le  21  juin  161 3.  Dans  la  septième  chapelle  on  lisait  l'épitaphe  suivante,  la  seule 
que  nous  ayons  à  transcrire'1'  : 

Cy-gist  damoiselle  Marie  Foucault,  en  son  vivant  femme  de  Marc  de  Ri  ion,  sieur  de  Guy- 
trancourt,  conseiller  du  Roy  et  trésorier  général  de  France,  en  Rerry;  qui  fut  fille  de  noble 

(1>  On  trouvera  une  liste  complète  des  épitaphes  du  couvent  dans  la  nouvelle  et  excellente  édition  de  l'ou- 
vrage de  Lebeufque  publie  M.  H.  Cocheris  (t.  I,  p.  3o2). 


304  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

homme  Jehan  Foucault,  sieur  de  Rosay,  et  de  damoiselle  Marie  Le  Lièvre,  sa  femme;  ayant 
este'  ledict  Foucault  aussi  trésorier  ge'ne'ral  de  France  audict  pays  de  Rerry,  et  auparavant  con- 
seiller et  secrétaire  du  Roy  Henry  III,  et  recevant  ses  coniniandemens  en  l'absence  de  Messieurs 
les  Ministres  d'Estat.  Laquelle  damoiselle  Foucault  ayant  durant  le  cours  de  sa  vie  rendu  tesmoi- 
gnage,  en  toutes  ses  actions,  de  grande  vertu  et  principalement  en  la  piété  et  dévotion, a  voulu 
en  laisser  ici  une  particulière  marque  en  ceste  chapelle,  quelle  a  fait  continuer  en  Ihonneur 
de  Dieu  et  de  sainte  Geneviève,  et  en  laquelle  elle  a  esleu  sa  sépulture,  qui  se  trouve  la  pre- 
mière faite  en  ceste  église.  Elle  trespassa  le  xv"  jour  de  novembre  M  VIe  IX ,  qui  estoit  le  xxme 
de  son  aage. 

Ses  héritiers  ont  fait  apposer  cette  épitaphe  à  sa  mémoire.  Priez  Dieu  pour  son  âme. 

Dans  le  chœur  de  l'église  était  en  outre  la  tombe  en  marbre  noir  de  D.  Goulu, 
général  de  l'ordre,  mort  en  1627,  et  dans  le  chapitre  on  voyait  plusieurs  pierres 
tuinulaires  de  généraux  ou  de  prédicateurs  célèbres. 

La  grande  entrée  du  couvent,  décorée  de  quatre  colonnes  corinthiennes  avec 
entablement  et  fronton ,  donnait  sur  la  rue  Saint-Honoré  ;  elle  avait  été  élevée  par 
Mansard  en  1677W.  Au-dessus  de  la  baie  était  sculpté  un  bas-relief  représentant 
la  réception  de  Jean  de  La  Barrière  par  Henri  III.  Après  avoir  franchi  la  porte, 
on  pénétrait  dans  une  cour  où  s'ouvrait  la  porte  particulière  des  bâtiments  claus- 
traux ainsi  que  celle  de  l'église;  cette  cour  servait  de  passage  public  pour  parvenir 
à  la  ruelle  dite  des  Feuillants,  conduisant  aux  Tuileries.  Le  cloître  offrait  des  baies 
fermées  de  vitraux  sur  lesquels  avaient  été  peints  en  apprêt  par  Sempi,  d'après 
les  cartons  d'Élie,  divers  épisodes  de  la  vie  du  fondateur,  et  l'on  y  apercevait 
quelques  tableaux  médiocres  d'Aubin  Vouet,  frère  de  Simon  Vouet.  Dans  la  salle 
dite  du  Roi  on  conservait  une  suite  de  portraits  des  rois  et  reines  de  France.  La 
bibliothèque,  peu  vaste,  mais  curieuse,  était  ornée  d'une  ordonnance  de  pilastres 
corinthiens  en  menuiserie,  et  au-dessus  des  armoires  on  avait  placé  les  portraits 
de  tous  les  généraux  de  la  Congrégration.  L'apothicairerie,  située  dans  le  cloître  et 
donnant  sur  le  jardin ,  était  renommée  pour  son  élégance.  Elle  avait  été  commencée , 
en  1637,  par  le  frère  Christophe  de  Saint-François,  religieux  de  l'ordre.  «  Elle 
(t porte,  dit  Sauvai^,  trois  toises  de  long  sur  quatorze  pieds  de  large,  et  est  en- 
te vironnée  de  tablettes,  d'armoires  et  de  tiroirs.  Les  armoires  se  ferment  avec  des 
ff  volets,  et  les  tablettes  avec  des  châssis  de  verre,  afin  d'en  varier  l'ordonnance  et 
rrde  l'égayer.  Des  caryatides  séparent  ces  tablettes  et  ces  armoires,  le  tout  cou- 
rt ronné  d'un  entablement  qui  règne  au  pourtour  de  la  chambre,  et  qu'avec  le 
fîtems  onrehaus.se  de  vases  et  de  livres  de  médecine.  Tous  ces  divers  enrichisse- 
«  mens,  au  reste,  sont  distribués  dans  ce  petit  espace  avec  tant  d'ordre  et  d'agré- 
ttment  que  rien  ne  paroît  confus  ni  embarassé;  tout  y  rit,  tout  y  contente  la  vue 
«  et  l'esprit;  il  n'y  a  point  d'endroit  où  l'on  ne  voye  quelque  chose  qui  divertisse. 

m  La  permission  de  bâtir  ce  porlail  est  du  1 A  juin  1677.  —  (!)  T.  I,  p.  385. 


RUE  SAINT-HONORE.  305 

«  Après  avoir  considéré  ces  termes  caryatides ,  les  yeux  se  délassent  agréablement  à 
cr  regarder  les  bas-reliefs  taillés  sur  les  volets  de  chaque  armoire,  qui  représentent 
«plusieurs  guérisons  miraculeuses  opérées  par  Jésus-Christ  et  par  saint  Pierre. v 
La  menuiserie  de  l'infirmerie  avait  été  exécutée  par  Pierre  Dionyse;  la  sculpture 
en  avait  été  faite  par  lui  et  par  Sarrazin  le  jeune. 

Les  bâtiments  du  couvent  des  Feuillants  ont  été  détruits  en  1S0U;  pendant  la 
Révolution,  ils  avaient  servi  aux  séances  d'un  club  qui  fut  fondé  en  juin  1790, 
et  qui,  sous  le  nom  de  club  des  Feuillants,  joua  un  rôle  important. 

Maison  sans  désignation  (1&37).  Le  22  septembre  1892,  les  Quinze-Vingts 
baillèrent  un  terrain  de  deux  arpents,  faisant  l'extrémité  de  leur  clos,  à  Bernard 
Cavetet  et  à  Mathé  Rondot;  le  même  jour,  ce  dernier  céda  l'arpent  qui  constituait 
sa  part  à  Colin  Bigaudet.  Telle  est  l'origine  de  l'avant-dernière  maison  du  clos. 
Elle  appartenait,  en  1 56 1,  à  la  dame  Du  Perron,  mère  du  cardinal  de  Retz,  qui, 
le  h  septembre  1 568 ,  la  vendit  3,5 00  livres  à  Catherine  de  Médicis;  donnée  en- 
suite par  celle-ci  aux  Capucins,  elle  fut  démolie  par  eux.  Les  plans  n'offrent  aucune 
trace  de  ses  limites;  nous  croyons  pouvoir  néanmoins  restituer  l'emplacement 
de  son  mur  oriental,  dont  la  situation  se  déduit  des  faits  suivants  : 

D'après  le  témoignage  de  plusieurs  habitants  du  faubourg  Saint-Honoré ,  témoi- 
gnage recueilli  dans  une  enquête  qui  eut  lieu  le  19  mai  1 589  (1),  peu  de  temps 
après  être  entrés  en  possession  de  l'hôtel  Du  Perron  les  Capucins  l'abattirent,  et 
en  vendirent  les  bois  à  un  nommé  Tenlaisne  ;  en  sorte  que ,  de  cette  maison ,  «  en 
tf laquelle,  dit  l'acte,  estoit  une  allée  par  laquelle  le  duc  de  Retz  alloit  de  sa 
ff maison,  sise  èsdictz  faulxbourgs,  au  pallais  des  Thuileries,i)  il  ne  resta  plus  que 
le  sol,  dont  le  Roi  reprit  bientôt  une  parcelle  longue  de  soixante  et  quatorze 
toises  et  large  de  six  toises  cinq  pieds.  Mais  le  Roi  ne  revint  pas  pour  cela  sur 
la  donation  faite  par  sa  mère;  car,  par  acte  passé  devant  notaire  le  ig  mai  1589, 
il  prit  l'engagement  de  rendre  un  jour  aux  Capucins  le  terrain  dont  il  s'était 
emparé,  et  de  leur  abandonner  les  constructions  qu'il  y  avait  fait  élever,  et  qui 
consistaient  en  <r  quelques  pavillons  t>  avec  crune  grande  muraille  depuis  le  faulx- 
«r  bourg  Sainct-Honoré  jusqu'à  la  susdite  carrière  (manège)  des  Tuilleries.  11  Dans 
cette  muraille  avaient  été  percées  deux  portes;  elles  servaient  au  Roi,  l'une  pour  se 
rendre  à  l'église  du  couvent,  et  l'autre  pour  accéder  à  une  seconde  chapelle  bâtie 
par  ses  ordres  plus  avant  encore  sur  le  fonds  des  Religieux,  auxquels  il  laissait, 
en  son  absence,  les  clefs  tant  de  la  chapelle  que  des  portes  et  des  pavillons.  Mais, 
les  Feuillants  ayant  été  établis  par  lui  dans  la  maison  contiguë,  il  permit  ou 
toléra  qu'ils  s'emparassent  des  pavillons,  en  étendant  ainsi  leur  pourpris  sur  la 
terre  des  Capucins. 

(1)  Arch.  de  l'Emp.  fonds  des  Capucins,  cart.  S  3705. 

1.  39 


306  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Les  choses  étaient  dans  cet  état  quand,  le  1 5  septembre  1601,  intervint  un 
arrêt  du  Conseil  ordonnant  que,  sans  avoir  égard  à  certains  prétendus  jugements 
des  7  et  i3  juin  1 58g,  le  mur  alors  mitoyen  entre  les  deux  monastères  demeu- 
rerait la  propriété  des  Capucins;  qu'en  deçà,  c'est-à-dire  sur  le  fonds  des  Feuil- 
lants, on  réserverait  une  rue  de  douze  pieds  de  large,  destinée  au  passage  du  Roi 
se  rendant  du  jardin  des  Tuileries  au  faubourg;  que  cette  rue  constituerait  doré- 
navant la  séparation  entre  les  enclos  des  deux  communautés,  et  qu'elle  serait  fer- 
mée, à  ses  extrémités,  de  portes  dont  chaque  supérieur  posséderait  les  clefs;  que 
les  bâtiments  des  Feuillants  empiétant  sur  la  rue  projetée  seraient  préalablement 
démolis,  et  que  le  mur  de  leur  côté  serait  élevé  à  leurs  frais.  Cet  arrêt  toutefois 
ne  reçut  pas  son  exécution,  et  les  parties  conclurent  à  l'amiable  un  arrangement 
que  le  Roi  ratifia  le  16  juin  i6o3.  Il  y  est  dit  que,  au  lieu  d'ouvrir  la  rue  de  douze 
pieds  dont  il  avait  été  question ,  on  laisserait  tt  la  largeur  et  espace  de  quatorze 
«piedz  et  demy  dans  œuvres,  depuis  la  rue  Sainct-Honoré  jusques  au  troisiesme 
«et  dernier  corps  de  logis,  proche  du  jardin  desdictz  religieux  Feuillans  sur  ladicte 
« longueur,  et,  au  devant  du  pignon  dudict  dernier  corps  de  logis,  dix  piedz  et 
«demy  de  large;  laquelle  longueur  et  espace,  contenant  en  tout  trente-huict 
«tfioises  et  un  pied  de  long,  demeurera  au  couvent  desdictz  religieux  Capucins; 
«  et  que  par  delà  ladicte  espace ,  lesdietz  religieux  Feuillans  bastiront  une  mu- 
et raille...  au  plus  tard  dans  deux  ans...  laquelle  muraille  passera  par  dessoubz 
«le  grand  corps  de  logis  proche  de  la  rue  du  faubourg. . .  à. . .  pareil  alignement  que 
et  ladicte  muraille  de  ladicte  place  de  quatorze  piedz  et  demy  de  large...  Et  quant 
«au  surplus  de  ladicte  rue  en  long,  depuis  ledict  dernier  corps  proche  dudict  jar- 
rtdin  jusques  au  bout  dudict  jardin,  abboutissant  sur  la  lisse  à  picquem  les  «che- 
crvaulx,  contenant  trente-neuf  thoises  et  quatre  piedz  de  long,  et  sur  la  largeur 
«jusques  contre  la  muraille  et  séparation  qui  est  desdictz  religieux  Capucins  avec 
«  lesdietz  religieux  Feuillans,  demeurera  aussy  en  propre  au  couvent  desdictz 
tt  religieux  Feuillans  W,  •» 

Les  limites  posées  en  1 6o3  produisirent  le  décrochement  que  présentait  le  mur 
de  clôture  des  Capucins,  vers  l'orient,  et  elles  n'ont  point  varié  depuis;  mais,  sous 
la  minorité  de  Louis  XIV'2',  les  Feuillants  établirent,  îe  long  de  ce  même  mur  et 
sur  leur  propre  fonds,  un  passage  qui,  aboutissant  à  la  grande  cour  devant  leur 
église,  a  servi  de  communication  entre  les  Tuileries  et  la  rue  Saint-Honoré  jus- 
qu'à l'ouverture  de  la  rue  Castiglione.  Or  il  résulte  de  ce  que  nous  venons  de 
rapporter  que  le  mur  de  trente-neuf  toises  au  pied  duquel  était  le  passage  se 
confond  avec  le  mur  dont  il  est  parlé  dans  l'arrêt  de  i6o3,  lequel  avait  été  cons- 
truit par  Henri  III  avant  1589,  en  empiétant  de  six  toises  cinq  pieds  sur  la  terre 

'''  Arch.  de  l'Emp.  cart.  S  Ai  65-66.  —  {2)  Et  non  de  Louis  XV,  comme  on  le  dit  partout:  le  passage 
est  indiqué  sur  divers  plans  de  la  fin  du  xvn°  siècle  et  môme  sur  celui  de  Gomboust. 


RUE  SAINT-HONORÉ.  307 

des  Capucins.  Conséquemment  c'est  à  six  toises  cinq  pieds  de  la  clôture  moderne 
de  ces  religieux  que  se  trouvait  l'emplacement  de  leur  clôture  ancienne,  c'est-à-dire 
celui  du  mur  mitoyen  oriental  de  l'hôtel  Dû  Perron.  Le  fait  confirme  ce  que  nous 
avons  avancé  relativement  à  la  maison  vendue  aux  Feuillants  par  Bélot,  et  justifie 
la  largeur  attribuée  par  les  titres  à  la  maison  des  Carneaux. 

Maison  sans  désignation  (1 A58),  provenant  de  la  cession  faite,  le  20  février 
1392,  à  Gieffroy  Bruyant,  par  Bernard  Cavetet,  de  sa  part  des  deux  arpents 
baillés  à  lui  et  à  Mathé  Bondot  le  22  septembre  précédent.  Cette  maison,  la 
dernière  du  clos  des  Quinze-Vingts,  est  dite  contenir  cinq  quartiers  en  1 568 ;  en 
1696,  elle  appartenait  à  Pierre  Bureau,  et  en  i53o,  à  Jean  Teste,  seigneur  de 
Coupeuray.  En  1 5Ai ,  elle  avait  été  acquise  par  Nicolas  de  Neufville,  seigneur  de 
Villeroy,  auquel  succéda  son  troisième  fils,  Jean,  seigneur  de  Chanteloup,  qui  la 
vendit  à  Catherine  de  Médicis.  Celle-ci,  en  1 566 ,  racheta  la  rente  dont  la  mai- 
son était  grevée  au  profit  des  Quinze-Vingts. 

Jardin  sans  désignation  (1689),  qui  contenait  environ  un  arpent,  et  qui,  dans 
le  siècle  suivant,  a  été  réuni  à  la  maison  de  la  Coquille. 

Maison  de  la  Coquille  (1609-1 676),  avec  jardinet  cerisaie.  A  la  fin  du  XVe  siècle, 
elle  renfermait  deux  arpents  et  demi,  et  en  i53o,  quoiqu'elle  fût  alors  augmentée 
de  la  propriété  précédente,  elle  ne  contenait  que  trois  arpents,  par  le  motif  que, 
en  i52Ô,  une  partie  du  jardin  avait  été  achetée  par  un  nommé  Augrain,  posses- 
seur de  la  maison  contiguë  à  l'occident.  Cependant  un  titre  de  1607  indique 
qu'il  en  dépendait  alors  quatre  arpents.  L'hôtel  de  la  Coquille  fut  adjugé,  en 
1529,  à  Nicolas  de  Neufville,  seigneur  de  Villeroy;  il  passa  ensuite  à  son  fils  Jean, 
et  enfin  à  la  reine  Catherine,  qui,  y  joignant  les  maisons  de  J.  Teste  et  de  la  dame 
Du  Perron,  y  établit  les  Capucins. 

COUVENT  DES  CAPUCINS.  L'an  i5a5,  Mathieu  de  Baschi,  moine  du  couvent 
de  Montefalcone ,  voulant  rendre  à  la  règle  de  Saint-François  son  austérité  primi- 
tive, se  retira  dans  la  solitude  avec  quelques  compagnons,  auxquels  il  fit  adopter 
un  costume  uniforme,  imité,  disait-on,  de  celui  qu'avait  porté  le  fondateur  de 
l'ordre.  Le  nombre  des  adeptes  s'étant  rapidement  accru,  ils  sollicitèrent  du  pape 
Clément  VII,  et  en  obtinrent,  le  i3  juillet  i528,  une  bulle  qui  les  autorisa  à 
porter  la  barbe  longue,  à  mener  la  vie  érémitique  et  à  continuer  de  chercher  des 
prosélytes  sous  le  nom  de  Frères  mineurs  Capucins,  cette  dernière  expression  pro- 
venant du  capuchon  dont  ils  s'abritaient  la  tête.  Formés  ainsi  en  communauté  ré- 
gulière, ils  assemblèrent,  en  i52g,  un  chapitre  général,  où  furent  rédigées  leurs 
constitutions,  que  Paul  III  approuva  par  une  bulle  du  25  août  1 536.  Le  même 
pontife  mit  à  leur  tête  un  vicaire  général,  dont,  l'an  1619,  Paul  V  changea  le 
titre  en  celui  de  Général,  et  qui  fut  par  lui  soustrait  à  l'autorité  du  général  des 
Frères  mineurs. 

39. 


308  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Le  Cardinal  de  Lorraine,  qui  avait  connu  les  Capucins  au  concile  de  Trente, 
en  fit  venir  quatre  en  France,  et  les  logea  dans  son  parc  de  Meudon.  Ces  quatre 
religieux  étaient  Italiens,  mais  ils  ne  tardèrent  pas  à  trouver  des  prosélytes  fran- 
çais, qui,  aidés  surtout  par  les  aumônes  de  l'évêque  de  Sisteron,  s'installèrent  au 
village  de  Picpus  (faubourg  Saint-Antoine),  où  Charles  IX,  au  mois  d'avril  1572  (1), 
les  autorisa  à  s'établir,  en  leur  permettant  de  quêter,  et  en  les  prenant  sous  sa 
protection  particulière,  comme  de  ce  véritables  Frères  mineurs  et  légitimes  enfans 
«  de  Sainct-François.  •» 

Le  pape  Grégoire  XIII,  voyant  que  les  Capucins  prospéraient  en  France,  ap- 
prouva leur  établissement  par  une  bulle  du  6  mai  1676.  Au  mois  de  juillet 
de  la  même  année,  Catherine  de  Médicis,  sympathique  à  tout  ce  qui  venait  d'Ita- 
lie, leur  fit  don  de  l'hôtel  des  Coquilles,  au  faubourg  Saint-Honoré ,  et  de  deux 
maisons  contiguës,  concession  ratifiée  par  lettres  patentes  du  25  septembre  îb^k 
et  par  d'autres  lettres  de  juillet  1 576,  qui  furent  confirmées  le  19  octobre  1600 
avec  tous  les  privilèges  y  relatés. 

La  permission  de  bâtir  avait  été  accordée  aux  Capucins  par  les  lettres  du 
i5  septembre  1 57^;  ils  en  profitèrent  pour  faire  construire  leur  chapelle,  s'il 
est  exact,  comme  l'assure  Jaillot  d'après  un  mémoire  manuscrit,  qu'elle  ait  été 
consacrée  le  28  novembre  1575.  Lebeuf  indique  une  autre  dédicace,  qui  eut 
lieu  avec  le  concours  de  l'évêque  de  Sisteron,  en  1 583.  Peut-être  cette  dernière  se 
rapporte-t-elle  à  la  «petite  église -n  qui  fut  élevée  par  Henri  IIR2),  et  où  ce  prince 
se  rendait  par  une  porte  percée  dans  le  mur  objet  de  la  contestation  dont  il  a  été 
question  plus  haut.  Quoi  qu'il  en  soit,  en  160 3,  temps  où  le  couvent  avait  atteint 
à  peu  près  les  mêmes  dimensions  que  celles  qu'il  offrit  à  l'époque  de  sa  des- 
truction, on  commença  l'érection,  sur  une  plus  vaste  échelle,  d'une  nouvelle 
église,  qui  fut  achevée  en  1610  et  dédiée  le  18  novembre  de  cette  année  par 
le  cardinal  de  Joyeuse.  Cette  église,  dont  le  chœur  fut  rebâti  en  1735,  était  simple, 
et  fort  différente  en  cela  de  celle  des  Feuillants.  On  n'y  admirait  guère  que  le  retable 
du  maître-autel,  tableau  de  Lebrun,  représentant  l'Assomption  de  la  Vierge.  Parmi 
les  personnages  qui  y  furent  enterrés ,  on  cite  le  frère  du  chancelier  Brulart;  Atha- 
uase  Mole,  frère  du  président  Matthieu  Mole;  le  père  Séraphin,  un  des  prédicateurs 
ordinaires  de  Louis  XIV;  le  père  Joseph  Le  Clerc  Du  Tremblay,  connu  par  la  part 
qu'il  prit  au  gouvernement,  sous  le  ministère  du  cardinal  de  Richelieu,  et  le  fa- 
meux frère  Ange  de  Joyeuse,  inhumé  près  du  père  Joseph,  devant  le  grand  autel, 
sous  une  simple  plaque  de  marbre  noir  où  était  gravée  l'inscription  suivante  : 

ce  Hoc  tumulo  condita  sunt  ossa  Reverendi  Patris  Angeli  de  Joyosa,  olini  ducis, 
«paris,  marescalli  Francise,  et  in  provincia  Occitana  proregis.  Qui,  in  ipso  aetatis 

(l)  Jaillot  a  eu  tort  de  révoquer  en  doute  cette  date.  (Voir  aux  Arch.  de  l'Emp.  le  carton  S  37 o5.) 
<S)  Cette  petite  église  fut  sans  doute  aussi  l'œuvre  de  Baptiste  Audrouet. 


RUE  SAINT-HONORÉ.  309 

et  flore,  ut  totum  se  Christo  addiceret,  tôt  honores  et  opes  abjecit,  et  ordinem  Ca- 
ctpucinorum  ingressus,  in  eo  reliquum  vitae  transegit,  singulari  pietatis  et  humi- 
trlitatis  exemplo;  qui  tandem  obiit  cum  pro  secunda  vice  esset  provincialis  pro- 
«vinciae  Franciae  et  definitor  capituli  generalis,  anno  Christi  1609.  Henrica 
rr  Gatharina ,  Henrici  Montispenserii  ducis  vidua ,  patri  charissimo  mœrens  posuit.  n 

C'est  également  en  i6o3  que  furent  reconstruits  le  mur  séparant  le  jardin 
potager  d'avec  le  jardin  W  destiné  à  la  promenade,  celui  qui  longeait  le  parc  des 
Tuileries  et  les  bâtiments  de  la  Communauté,  pour  l'usage  de  laquelle  le  Roi 
accorda  un  quart  de  pouce  d'eau  le  10  février  1 633.  En  1731,  on  refit  le  mur 
en  bordure  sur  la  rue  Saint-Honoré,  et  le  portail  de  ce  côté,  qui  fut  décoré  avec 
un  peu  plus  de  luxe  qu'on  n'avait  l'habitude  d'en  étaler  aux  portes  des  couvents. 

La  maison  des  Capucins  du  faubourg  Saint-Honoré  était  une  des  plus  impor- 
tantes de  cet  ordre  en  France;  elle  compta  jusqu'à  cent  trente  religieux.  Comme 
les  autres  établissements  monastiques,  elle  fut  supprimée  en  1790  par  l'Assem- 
blée nationale,  qui,  après  avoir,  le  6  juillet,  chargé  la  Municipalité  de  disposer 
les  bâtiments,  y  installa  ses  bureaux  le  3o.  Un  arrêté  consulaire  du  ier  floréal  anx, 
ordonnant  la  vente  de  toutes  les  propriétés  nationales  comprises  entre  les  Tuileries 
et  la  rue  Saint-Honoré,  a  causé  la  destruction  complète  des  deux  couvents  des 
Capucins  et  des  Feuillants,  sur  l'emplacement  desquels,  par  un  autre  arrêté  du 
17  vendémiaire  an  x,  on  perça,  en  continuation  de  la  rue  qui  conduisait  à  la 
place  Vendôme,  une  voie  nouvelle,  qu'un  décret  du  1 1  juin  181  i  nomma  rue  de 
Castiglione.  Les  rues  du  Mont-Thabor,  de  Mondovi  et  celle  qui  forme  le  prolonge- 
ment de  la  rue  de  Luxembourg  furent  ouvertes  bientôt  après  suivant  les  plans 
de  l'architecte  Percier,  acceptés  le  2  frimaire  an  xi.  Entre  le  couvent  des  Capucins 
et  celui  des  dames  de  l'Assomption,  mais  sur  le  fonds  de  celles-ci,  il  y  avait,  dès  la 
lin  du  xvne  siècle,  un  passage  conduisant  de  la  rue  Saint-Honoré  aux  Tuileries; 
ce  passage  existait  encore  en  1772,  et  paraît  avoir  été  supprimé  peu  de  temps 
après. 

Maison  sans  désignation  en  1&89,  et  comprenant  deux  arpents  et  demi  ou  trois; 
dite  ensuite  l'hôtel  de  la  Trémouille  (1576),  puis  de  Joyeuse  ou  Du  Bouchage, 
parce  qu'elle  appartint  au  comte  Du  Bouchage,  Henri  de  Joyeuse,  maréchal  de 
France,  qui  se  fit  Capucin  en  1587,  et  la  légua  aux  Minimes  de  la  province  de 
France  (2>.  Ceux-ci  la  vendirent  au  duc  de  La  Rochefoucauld,  évêque  de  Clermont, 
lequel,  forcé  de  s'en  défaire  par  un  arrêt  du  Parlement  rendu  le  1"  mars  i6o5, 
la  céda,  le  2  août  i6o5,  à  Lucas  Gédouyn,  agissant  au  nom  des  Jésuites.  Le  3  fé- 
vrier 1623,  elle  fut  acquise  de  ces  religieux  par  Marguerite  de  Gondi,  marquise  de 
Maignelay,  qui,  le  1 2  mai  suivant,  en  fit  don  aux  Capucins,  mais  en  s'en  réservant 

(l)  Sauvai  vante  l'excellente  culture  et  les  belles  allées  de  ces  jardins.  —  m  Au  mois  de  mars  1598,  on 
y  logea  le  chef  de  l'ambassade  anglaise. 


310  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

l'usufruit  sa  vie  durant.  Cette  restriction  ne  nous  explique  pas  d'ailleurs  comment 
la  marquise  put,  le  12  juillet  i63g,  en  aliéner  un  corps  d'hôtel  au  profit  des  dames 
de  l'Assomption.  L'aliénation,  il  est  vrai,  eut  lieu  dans  le  dessein  de  mettre  fin 
à  un  différend  survenu  entre  les  dames  de  l'Assomption  et  les  Capucins,  au  sujet 
d'un  mur  mitoyen  entre  les  deux  établissements,  et  d'une  ruelle  qui  longeait  ce 
mur  du  côté  du  couchant.  La  ruelle,  dépendant  du  corps  d'hôtel  abandonné  par 
la  dame  de  Maignelay,  avait  deux  toises  de  largeur  et  conduisait  aux  Tuileries; 
elle  occupait  sans  doute  le  même  emplacement  que  le  passage  dont  nous  venons 
de  parler,  et  avec  lequel  elle  se  confondit  peut-être;  le  terrain  en  fut  incorporé 
au  jardin  des  dames  de  l'Assomption.  Celles-ci  avaient  acquis  le  droit  d'y  faire 
des  plantations,  en  laissant  aux  Capucins  la  propriété  du  mur,  qui  doit  être  celui 
qu'on  voit  sur  les  plans  modernes. 

Le  corps  d'hôtel,  vendu  en  i63g  aux  dames  de  l'Assomption,  a  formé  une 
maison  étroite  qui,  dans  leurs  archives,  est  nommée  la  Petite-Maison,  et  qui  fut 
possédée  par  François  Fouquet  et  son  frère  Nicolas,  le  surintendant  des  finances, 
connu  par  son  faste  et  ses  malheurs.  Pour  le  reste  de  l'hôtel  Du  Bouchage,  il 
fut  joint  à  l'enclos  des  Capucins;  dès  i6o3,  ces  moines  en  occupaient  le  jardin, 
de  sorte  que  l'hôtel  n'aboutissait  plus  alors  aux  Tuileries  comme  anciennement.  Il 
y  a  de  fortes  présomptions  pour  croire  que  le  terrain  qu'il  couvrait  est  le  même 
que  celui  d'un  certain  Clos-Pigeon,  dont  nous  avons  rencontré  l'indication  dans 
un  document  de  1689. 

Maison  sans  désignation  (1^89),  qui  contenait  deux  arpents,  et  dont,  en  1 5 1 6, 
fut  ensaisiné  Me  Gérard  Le  Coq,  général  des  Monnaies.  En  1600,  elle  appartenait 
à  l'évêque  de  Clermont,  de  même  que  la  précédente,  avec  laquelle  elle  était  en 
quelque  sorte  confondue,  et  elle  fut  pareillement  vendue  aux  Jésuites  en  i6o5. 
Ils  l'abandonnèrent  au  couvent  de  l'Assomption ,  le  jour  même  où  ils  cédèrent  l'hôtel 
de  la  Trémouille  à  la  marquise  de  Maignelay,  c'est-à-dire  le  3  février  1623. 
Cette  circonstance,  et  la  confusion  qu'on  paraît  avoir  faite  alors  entre  la  maison 
de  Gérard  Le  Coq  et  celle  de  La  Trémouille,  ont  rnotivé  cette  affirmation,  souvent 
répétée,  que  le  couvent  de  l'Assomption  avait  d'abord  été  établi  dans  l'hôtel  de 
La  Trémouille;  mais,  en  réalité,  les  Religieuses  n'ont  jamais  possédé  que  la  faible 
portion  de  cet  hôtel  cédée  par  la  transaction  du  12  juillet  1 63g. 

Couvent  des  Dames  de  l'Assomption.  L'institution  charitable  fondée,  au 

commencement  du  xive  siècle,  par  Etienne  Haudry,  panetier  de  Philippe  le  Bel, 
dans  une  maison  de  la  rue  de  la  Mortellerie,  pour  venir  en  aide  à  quelques 
cr  bonnes  femmes  veuves,  n  avait  fini,  sous  l'influence  des  aumôniers  du  Roi,  par  se 
transformer  en  une  sorte  de  couvent,  dont  la  maîtresse  avait  le  titre  de  supérieure, 
et  les  hospitalières,  celui  de  sœurs.  Le  cardinal  François  de  La  Rochefoucauld, 
désireux  d'achever  cette  transformation,  entreprit  de  substituer  définitivement  à 


RUE  SAINT-HONORE.  311 

l'ancienne  maison  de  refuge  une  communauté  régulière  suivant  la  règle  de  Saint- 
Augustin.  S'étant  donc  entouré  de  quelques  ecclésiastiques  et  laïques  notables, 
il  rédigea  de  nouvelles  institutions,  auxquelles  les  Haudriettes  se  soumirent,  et 
qu'elles  jurèrent  solennellement  d'observer,  le  27  novembre  1620  W.  Ces  cons- 
titutions furent  approuvées  par  le  pape  Grégoire  XV  le  5  décembre  1622;  mais 
elles  ne  furent  enregistrées  au  Parlement  que  le  9  juin  1657,  en  raison  des 
causes  que  voici. 

Le  cardinal  de  La  Rochefoucauld,  en  effectuant  des  projets  flatteurs  pour  son 
amour-propre,  avait  entièrement  dénaturé  l'institution  d'Etienne  Haudry.  11  avait 
métamorphosé  en  un  établissement  complètement  religieux  une  maison  dont  la 
destination  primitive  était  exclusivement  charitable,  et  il  avait  ajouté  à  ce  tort 
celui  de  supprimer  le  nom  du  bienfaisant  fondateur;  enfin  il  avait  outre-passé 
fort  évidemment  ses  droits.  Aussi,  sur  l'appel  de  quelques  veuves  se  refusant  à 
accepter  la  nouvelle  position  qui  leur  était  faite,  et  sur  l'intervention  du  Corps 
de  ville,  le  Grand  Conseil  rendit,  le  1 3  décembre  162 k,  un  arrêt  par  lequel  il 
fut  ordonné  que  les  veuves  seraient  réintégrées  dans  leur  hospice,  qu'elles  rentre- 
raient en  possession  de  leurs  biens,  et  que  les  anciens  statuts  seraient  remis  en 
vigueur.  Une  pareille  décision  ne  pouvait  convenir  au  Cardinal,  qui  fit  évoquer 
l'affaire  devant  le  Conseil  privé,  et  y  obtint  gain  de  cause  par  arrêt  du  11  juil- 
let 1625.  Comprenant  toutefois  qu'on  lui  reprocherait  avec  raison  d'avoir  abusé 
de  son  influence,  et  voulant  atténuer  le  mauvais  effet  de  son  procédé,  le  10  mars 
i632  il  prescrivit  aux  dames  de  l'Assomption  de  recueillir  dans  leur  maison  six 
femmes  veuves,  dont  deux  seulement  devaient  être  reçues  immédiatement,  l'ad- 
mission d'un  plus  grand  nombre  étant  réputée  impossible,  par  suite  des  dettes  que 
la  Communauté  avait  contractées  en  faisant  bâtir.  Cette  réparation  tardive  et  si 
insuffisante  ne  satisfit  pas  les  Haudriettes  évincées,  et  les  procédures  durèrent 
longtemps,  comme  le  raconte  Sauvai  <'2'.  Les  dames  de  l'Assomption  réussirent  à  sur- 
monter tous  les  obstacles,  et  elles  triomphèrent  même  à  l'occasion  de  la  requête 
présentée,  le  i5  juin  1659,  parles  administrateurs  de  l'Hôpital-Général ,  comme 
ayant  droit  à  tous  les  biens  destinés  aux  pauvres,  et  usurpés  ou  employés  à  des 
usages  autres  que  ceux  prescrits  par  les  fondateurs;  mais  le  succès  des  Religieuses 
fut  incontestablement  dû  à  leurs  hautes  protections  et  à  la  faiblesse  de  leurs 
adversaires. 

Le  20  juillet  1622,  les  Haudriettes  adressèrent  au  cardinal  de  La  Rochefou- 
cauld une  requête  dans  laquelle,  représentant  les  inconvénients  très-réels  du 
logis  qu'elles  habitaient  en  la  rue  de  la  Mortellerie,  au  milieu  d'un  quartier  qui, 


(1)  Sauvai,  t.  I,  p.  6o5.  —  [,)  Sauvai  s'était  peu  à  peu  mêlé  de  cette  affaire  en  qualité  d'avocat,  car  il 
en  parle  avec  des  détails  prouvant  qu'il  l'avait  particulièrement  étudiée. 


312  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

souvent  inondé,  retentissait  sans  cesse  du  bruit  produit  par  les  querelles  des 
bateliers  et  des  crocheteurs,  elles  sollicitèrent  leur  translatiou  dans  un  lieu  plus 
commode  et  plus  convenable.  Le  jour  suivant  le  Cardinal  se  rendit  dans  leur 
hospice,  reconnut  la  justesse  de  leurs  plaintes,  en  dressa  un  procès-verbal  et 
ordonna  la  translation  réclamée.  Quelques  jours  après,  Berger,  conseiller  au  Par- 
lement, et  Hinselin,  correcteur  des  Comptes,  qui  s'étaient  chargés  de  trouver  un 
lieu  favorable  pour  y  placer  les  Haudriettes,  déclarèrent  qu'ils  n'en  avaient  point 
rencontré  de  préférable  à  la  maison  du  Cardinal ,  située  dans  le  faubourg  Saint- 
Honoré,  et,  le  k  septembre,  il  leur  fut  enjoint  de  veiller  à  ce  que  les  Hospitalières 
s'y  installassent  le  plus  tôt  possible.  Elles  y  furent  conduites  le  surlendemain,  au 
nombre  de  quinze,  accompagnées  par  les  dames  de  Lamoignon,  de  Lozeau,  de 
Montmor  et  de  Lauzun.  Le  20  novembre  de  la  même  année,  une  sentence  du 
Cardinal  ratifia  la  translation,  en  consommant  la  suppression  de  l'hospice  d'Etienne 
Haudry  au  profit  du  monastère  des  dames  de  l'Assomption. 

Les  registres  capitulaires  du  Couvent  nous  ont  fourni  quelques  renseignements 
sur  la  construction  des  bâtiments  claustraux.  Au  mois  de  juillet  i632,  la  Supérieure 
proposa  au  chapitre  de  faire  élever  une  des  ailes  du  cloître,  en  y  consacrant  la 
somme  de  5o,ooo  livres,  et  l'on  commença  à  y  travailler  le  16  août,  d'après  les 
plans  du  «•  sieur  Méthezeau  W,  «  lesquels  avaient  été  préférés  à  ceux  que  l'on  avait 
demandés  à  deux  autres  architectes.  La  deuxième  aile  du  cloître  fut  entreprise 
le  27  septembre  1 638 ,  et  dut  être  continuée  au  printemps  suivant.  La  résolution 
de  bâtir  la  troisième  aile ,  comprenant  le  chœur  et  l'avant-choeur  de  l'église ,  fut 
adoptée  le  \h  juin  1660;  les  travaux  en  furent  commencés  le  17  septembre, 
et  la  première  pierre  en  fut  posée,  le  29  novembre,  par  Louis  de  Bourbon,  pre- 
mier prince  du  sang.  Le  2  1  avril  1670,  on  proposa  de  bâtir  l'église  même,  desti- 
née à  remplacer  la  chapelle;  les  fouilles  furent  commencées  le  28,  et  le  19  août, 
après  avoir  passé  trois  semaines  à  abattre  d'anciens  bâtiments,  on  posa  la  pre- 
mière pierre  sous  le  maître-autel,  en  l'absence  de  la  Reine,  qui  avait  promis  de 
le  faire,  mais  qui  ne  put  assister  à  la  cérémonie.  Le  27,  une  autre  pierre  bénite 
fut  posée  sous  le  mur  séparant  le  chœur  des  Religieuses  d'avec  l'église,  laquelle 
fut  achevée  en  1676  et  consacrée  le  ih  août  de  cette  année  par  l'archevêque  de 
Bourges.  Elle  avait  été  élevée  sur  les  dessins  et  sous  la  conduite  de  Charles  Errard , 
qui  fut  directeur  de  l'Académie  française  à  Rome. 

Le  couvent  de  l'Assomption  dont  la  principale  porte  fut  refaite  en  1726,  est 
en  grande  partie  démoli;  toutefois  le  plus  important  de  ses  édifices,  l'église  cir- 
culaire, est  intact.  On  y  voit  encore  l'Assomption  peinte  par  Charles  de  Lafosse 
dans  la  coupole;  mais  l'autel  en  menuiserie,  ouvrage  de  Bailly,  qui  était  décoré 

(l)  Ce  doit  être  le  second  Clément  Métezeau,  celui  qui  proposa  de  bâtir  la  digue  de  la  Rochelle. 


RUE  SAINT-HONORE.  313 

d'un  retable  représentant  la  Nativité,  peint  par  R.  Ant.  Houasse,  est  disparu  W. 
Quant  aux  bâtiments  claustraux,  d'un  style  très-simple,  il  en  subsiste  deux  ailes 
employées  comme  dépôt  d'archives.  Ils  avaient  dû  être  vendus  d'après  l'arrêté  con- 
sulaire du  icr  floréal  an  x,  et  ils  furent  partiellement  renversés  pour  le  percement 
de  rues  nouvelles.  L'église,  retranchée  avec  ses  dépendances,  le  2  5  germinal  an  xi, 
des  propriétés  nationales  à  aliéner,  fut  alors  transformée  en  un  atelier  de  décora- 
tion pour  les  théâtres  des  Arts  et  de  la  République.  Rendue  au  culte  sous  l'Empire, 
elle  devint  la  paroisse  du  premier  arrondissement,  sous  le  nom  de  la  Madeleine, 
et  c'est  actuellement  une  succursale  de  la  grande  église  ainsi  appelée. 

Maison  sans  désignation  (1&89),  avec  jardin  et  terre,  dite  de  cinq  arpents  à  la 
fin  du  xve  siècle,  de  quatre  et  demi  en  i53o,  et  de  quatre  seulement  en  161 3, 
probablement  parce  qu'elle  avait  subi  un  retranchement  lorsqu'on  construisit  le 
rempart.  En  i53o,  c'était  la  dernière  du  faubourg,  et  il  n'y  avait  plus  après  que 
des  champs.  En  1 602 ,  elle  avait  pour  enseigne  l'Image  Notre-Dame ,  et,  le  ier  avril, 
elle  fut  cédée  à  titre  d'échange  par  Philippe  de  Vérigny,  conseiller  du  roi,  au 
sieur  Louis  de  Rordeaux,  contrôleur  des  Tuileries.  Le  19  août  1609,  Gabriel  de 
Montigny,  seigneur  de  Congis,  gouverneur  des  Tuileries,  en  acquit  une  portion 
de  Daniel  Deslandes,  et,  le  21  août  1610,  la  totalité  de  la  maison  fut  divisée 
entre  de  Congis,  qui  prit  pour  lui  la  moitié  orientale,  et  le  sieur  de  La  Luzerne, 
qui  se  contenta  de  l'autre.  Ce  dernier  étant  mort,  sa  veuve,  Gillette  d'Épinay,  ven- 
dit, le  8  juin  1617,  à  François  de  Chabannes,  comte  de  Saignes,  la  moitié  qui 
lui  était  échue,  et  à  laquelle  était  restée  l'enseigne  de  Notre-Dame;  cette  moitié 
dont,  en  1 63o,  le  marquis  de  Rarnée  était  possesseur,  avait  quatre-vingt-huit  toises 
et  demie  de  profondeur  sur  seize  toises  et  demie  de  largeur.  Elle  passa  ensuite  à 
François  Sublet  de  Noyers,  surintendant  des  bâtiments  royaux.  Il  la  subdivisa  en 
deux  parties,  dont  une  fut  habitée  par  le  comte  de  Villiers,  et,  le  8  novembre 
1667,  il  vendit  la  totalité,  moyennant  11 3,5 00  livres,  aux  dames  de  l'Assomp- 
tion, dans  le  couvent  desquelles  nous  la  trouvons  englobée  dès  1687.  La  partie 
de  la  propriété  de  Sublet  donnant  sur  la  rue  avait  formé  une  grande  maison  qui, 
en  1666,  était  à  la  comtesse  de  Fleix.  Sublet  de  Noyers  avait  préalablement 
agrandi  son  lot  d'un  terrain  de  dix  toises  de  longueur  sur  huit  ou  neuf  de  largeur, 
qui  tenait  à  la  porte  de  l'Orangerie  des  Tuileries,  et  qui  lui  avait  été  abandonné 
le  1 5  avril  1666,  moyennant  3oo  livres  tournois,  par  François  Le  Juge,  jardinier 
des  Tuileries,  auquel  le  Roi  l'avait  donné  le  3  décembre  1 638.  Quant  à  la  moitié 
possédée  par  de  Congis  à  la  suite  du  partage  de  1610,  elle  fut  achetée  par 
les  dames  de  l'Assomption,  le  1 3  septembre  i63o,  de  Nicolas  de  Moy,  veuf 


(1)  Au  nombre  des  curiosités  de  l'église  on  comptait  un  Christ  de  Noël  Coypel ,  une  Conception  d'Antoine 
Coypel,  un  Saint  Pierre  de  Lafosse,  et  une  Présentation  au  temple  de  Bon  Boulogne. 

1.  4o 


314  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

de  Marie  de  Montigny  et  tuteur  des  enfants  de  Gillette  d'Epinay,  sa  seconde 
femme.  C'est  le  lieu  où  s'élevèrent  le  dôme  du  couvent  et  une  portion  de  son 
cloître. 

Maison  dont  l'origine  n'était  point  antérieure  au  règne  de  Louis  XIII  ;  elle  avait 
une  issue  sur  la  rue  de  l'Orangerie  et  en  eut  une,  plus  tard,  sur  la  rue  Saint-Flo- 
rentin. Il  s'y  trouvait  une  citerne,  et  pour  cette  raison,  dans  les  titres  du  couvent 
de  l'Assomption,  à  qui  elle  appartenait,  elle  est  appelée  la  maison  de  la  Citerne.  On 
l'a  aussi  appelée  la  maison  de  la  Chartreuse.  Elle  fut  donnée  à  bail,  en  i658,  à 
François  Dupoix,  a  maréchal  de  bataille,  -n  et,  en  1 685 ,  à  l'évêque  de  Dax. 

Maison  sans  désignation  qui  faisait  le  coin  oriental  de  la  rue  de  l'Orangerie, 
et  était  divisée  en  trois  parties.  Elle  paraît  avoir  été  élevée  peu  de  temps  après  le 
percement  de  la  rue  de  l'Orangerie,  et,  ayant  été  construite,  comme  la  précé- 
dente, sur  un  terrain  dépendant  des  fortifications,  elle  était  réputée  en  censive  du 
Roi,  avant  l'échange  de  1687. 

RUE  DE  L'ORANGERIE.  Lorsqu'on  commença  à  bâtir  l'enceinte  bastionnée,  on 
s'empara  probablement,  ainsi  que  nous  venons  de  le  dire,  d'une  partie  de  la  mai- 
son de  l'Image  Notre-Dame,  de  façon  à  laisser  derrière  le  rempart  un  espace  libre, 
lequel  est  figuré  sur  les  plans  de  Quesnel  et  de  Mérian.  Sur  cet  espace  on  ouvrit 
ensuite  une  rue  large  de  trois  toises  et  parallèle  au  mur  de  la  Courtine,  qui 
formait  un  de  ses  côtés.  Cette  rue,  appelée  dès  1661  rue  de  l'Orangerie,  parce 
qu'elle  conduisait  à  l'orangerie  des  Tuileries,  et  dite  aussi  la  petite  rue  des  Tuile- 
ries, a  fréquemment  été  dénommée  cul-de-sac,  comme  n'ayant  point  d'issue.  Elle 
fut  percée  vers  1 638 ,  car,  dans  un  acte  du  26  juin  de  cette  année,  relatif  à  un  ter- 
rain sur  lequel  elle  fut  ouverte,  on  lit  que,  sur  cette  rt  grande  place,  a  esté  pris  et 
«  faict  alligner  pour  le  Roy  et  le  derrière  des  jardins  des  Tuilleries  une  rue  de  trois 
«toises  ou  dix-huict  pieds  de  large,  dudict  allignement,  le  long  de  la  nouvelle  cour- 
trtine  et  muraille  de  closture  de  la  Ville,  entre  les  bastions  des  portes  Saint-Honnoré 
«et  de  la  Conférence,  nouvellement  faictes  W, n  La  pièce  dont  nous  extrayons  ce 
passage  est  l'acte  par  lequel  Paul  Du  Parent,  sieur  de  Villemenon,  propriétaire 
de  tout  le  terrain  depuis  la  maison  de  Notre-Dame  jusqu'à  la  porte  du  faubourg, 
vendit  à  Jacques  Coullart  un  lot  de  cinq  cents  toises,  qui  formait  le  côté  oriental 
de  la  nouvelle  rue  jusqu'à  celle  de  Saint-Honoré.  Ce  lot,  de  disposition  triangu- 
laire ,  avait  treize  toises ^  de  largeur  en  bordure  sur  la  rue  Saint-Honoré,  et  cinq 
seulement  du  côté  des  Tuileries.  Les  5  et  i3  octobre  1660,  le  Roi  en  acquit  une 
parcelle  de  cent  cinquante-quatre  toises,  dont  il  fit  don  aux  religieuses  de  l'Assomp- 
tion. Le  lot  cédé  par  de  Villemenon,  bordant  la  rue  de  l'Orangerie,  tenait  de  tous 

(1)  Arch.    de    l'Emp.    fonds   de   l'Assomption,        (tde  la  rue. »  Elle  n'était  donc  point  encore  faite, 
reg.  S  6626.  L'acte  porte  :  «  cession  des  démo-  (!)  Nous  avons  lu  aussi  vingt  toises  au  lieu  de 

alitions  d'un  mur  à  jeter  bas   pour  l'ouverture        treize,  mais  ce  dernier  chiffre  semble  le  meilleur. 


RUE  SAINT-HONORE.  315 

les  autres  côtés  à  de  Noyers,  qui,  en  i63£,  avait  acheté  lui-même  de  Villemenon 
une  parcelle  de  cent  cinquante-quatre  toises,  et  paraît  en  avoir  obtenu  une  autre 
de  Coullard,  quelques  années  après.  Toutes  ces  transactions  sont  très-fatigantes  à 
suivre,  et  le  peu  d'intérêt  qu'elles  présentent  nous  a  dispensé  de  les  approfondir. 
En  1739,  une  grande  arcade  de  pierre  coupait  la  rue  de  l'Orangerie  en  deux 
tronçons  d'inégale  longueur. 

Afin  de  régulariser  les  abords  de  la  place  Louis  XV  (de  la  Concorde),  créée  par 
lettres  patentes  du  2 1  juin  1757,  on  abattit  la  courtine  et  partie  du  bastion,  ce  qui 
entraîna  la  disparition  de  la  rue  de  l'Orangerie.  Elle  fut  remplacée  par  une  nou- 
velle rue,  plus  large,  qui,  partant  du  même  point  de  la  rue  Saint-Honoré ,  suivit 
un  autre  alignement,  résultant  de  la  situation  donnée  au  Garde-Meuble.  Cette 
rue,  qu'on  devait  appeler  rue  de  Bourgogne,  fut  nommée  rue  Saint-Florentin  par 
arrêt  du  Conseil  du  1 1  mars  1768,  à  cause  que  le  duc  de  La  Vrillière,  comte  de 
Saint-Florentin,  y  avait  son  hôtel,  construit  par  Chalgrin  en  1767.  Dans  la  rue 
on  remarquait  aussi  l'hôtel  de  Fitz-James,  faisant  le  coin  devant  le  Garde-Meuble 
et  renfermant  des  écuries  circulaires  d'un  singulier  goût,  que  l'architecte  Cellerier 
avait  bâties  en  1786.  A  la  suite  de  l'hôtel  de  Fitz-James  s'étendait  un  terrain  de 
deux  cent  quatre-vingt-quatre  toises,  que  les  dames  de  l'Assomption  vendirent, 
en  1785,  à  la  duchesse  de  l'Infantado. 

En  1575  et  i6o3,  l'espace  compris  depuis  entre  la  rue  de  l'Orangerie  et  la 
porte  Saint-Honoré  était  occupé  par  une  seule  maison,  contiguë  à  la  porte.  Elle 
fut  démolie  plus  tard,  et  on  en  morcela  le  terrain.  Le  1 7  décembre  1 64i,  J.  Coul- 
lard en  acquit,  de  Nicolas  de  L'Aistre,  un  lot  qui  faisait  le  coin  occidental  de  la 
rue  de  l'Orangerie,  et  avait  quatre  toises  un  pied  de  face  sur  vingt-cinq  toises  de 
profondeur'1'.  Après  la  maison  élevée  sur  ce  lot,  il  s'en  trouvait  cinq  autres  en 
1687,  et  la  dernière,  touchant  à  la  porte,  appartenait  au  baron  de  Neuville.  En 
1739,  les  deux  premières  réunies  formaient  l'hôtel  du  marquis  de  Resnel.  Il 
en  dépendait  un  long  jardin,  qui  était  limité  vers  l'orient  par  la  courtine  des 
fortifications,  et  qui  se  prolongeait  jusqu'au  droit  de  l'Orangerie.  Le  terrain  de  ce 
jardin  avait  déjà  été  planté  d'arbres  du  temps  de  Gomboust,  et  nous  supposons 
que  c'est  le  même  que  cette  partie  du  «fossé  d'entre  la  porte  Saint-Honoré  et  le 
ft  jardin  des  Tuileries  n  qui  fut  close  de  murs  par  le  comte  de  Cheverny,  suivant 
une  permission  à  lui  accordée  par  la  Ville  le  9  mars  1702. 

(1>  La  profondeur  de  ce  lot,  qui  aboutissait  au  bien  réellement  à  vingt-cinq  toises  de  l'alignement 
mur  d'enceinte ,  prouve  que  le  point  où  la  courtine  de  la  rue  Saint-Honoré,  ainsi  que  nous  l'avons 
s'infléchissait  pour  devenir  le  plan  du  bastion  était       restitué  sur  notre  plan. 


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QUAI  DES  TUILERIES,  ENCEINTE  BASTIONNÉE,  ETC.  317 


CHAPITRE  X. 

QUAI  DES  TUILERIES.  —  ENCEINTE  BASTIONNÉE. 
EMPLACEMENT  DU  CHATEAU  ET  DU  JARDIN  DES  TUILERIES. 


QUAI  DES  TUILERIES. 

Le  quai  des  Tuileries  existe  certainement  depuis  une  époque  fort  reculée  comme 
chemin  de  halage  et  comme  route  de  Saint-Cloud.  En  1 3o8 ,  on  lui  donnait  le  nom 
vague  de  «  chemin  de  Seine,  a  Dans  le  même  siècle ,  et  parce  qu'il  conduisait  à  l'abreu- 
voir l'Evêque,  situé  près  de  l'emplacement  du  Cours-la-Reine,  on  l'appelait  aussi 
rrVoie  de  l'abrevoer  l'Evesque,  au  lonc  de  la  rivière  de  Saine n  (1873).  On  a  dit 
ensuite  :  «Chemin  qui  va  selon  la  rivières  (1620);  —  «chemin  par  où  l'en  va 
«  des  Tuileries  àl'abruvoer  l'Evesque*  (1689);  —  «chemin  par  lequel  on  va  de 
«Paris  au  ponceau  de  Challeaun  (i5i5);  —  «chemin  allant  de  la  porte  (Saint- 
«  Honoré)  au  bois  de  Boulongne  et  Sainct-Cloud n  (i5i8);  —  «chemin  de  la 
«rivière  t)  (i53o);  —  «chemin  tendant  de  Paris  à  Sainct-Cloud  n  (i6o3);  et  enfin 
quai  des  Tuileries  sous  Louis  XIII.  La  voie  ne  fut,  du  reste,  pourvue  d'un  mur  de 
soutènement  en  pierre  que  vers  i665  :  les  entrepreneurs  André  Mazière  et  Antoine 
Bergeron  exécutèrent  ce  travail.  La  chaussée  avait  été  relevée  par  un  apport  de 
gravois,  suivant  une  ordonnance  du  Bureau  de  la  Ville,  du  ik  septembre  i5o,5, 
prescrivant  «à  tous  voicturiers  par  eaue,  menans  et  voicturans  terres,  gravois  et 
«immundices  par  la  rivière,  de  les  mener  et  descharger  avec  hottes  contre  les 
«murs  du  jardin  des  Thuilleries,  tirant  au  logis  de  Monsieur  de  Congis,  pour 
«  rendre  le  chemin  de  la  rivière  commode  pour  la  navigation  <1'.  -n 

Le  quai  des  Tuileries  était  en  partie  dans  le  fief  et  la  justice  de  l'abbaye  Saint- 
Germain-des-Prés  comme  la  rivière  môme,  dont  il  était  réputé  dépendre;  Du 
Breul  cite  un  arrêt  du  12  août  160 h  qui  confirme  le  fait.  En  1/189,  ffau  dessoubz 
«et  près  des  Tuilleries hors  Paris,  oultre  la  porte  Saint-Honoré en  la 


0 


Arch.  de  l'Emp.  reg.  H  1791,  fol.  16a  v" 


318  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

«rivière  de  Saine,  i>  il  y  avait  une  place  à  pêcher  contenant  six  perches  de  long 
sur  une  en  largeur,  qu'on  appelait  «les  Moites  de  la  Saulmonière.  n  Cette  même  place, 
mentionnée  dès  1680,  est  énoncée  en  i52o  :  «La  Saulmonière,  commençant 
<r  depuis  la  porte  des  Vignes  jusques  au  coing  du  vieil  mur  Jehan  Legendre;ï>  elle 
est  dite,  dans  un  bail  de  1^89,  «commancer  audesus  seulement  de  la  mote  de  la 
«Chimynée  (?)  jusques  à  l'esseau  de  la  Saulmonière,  qui  finit  au  front  des  motes 
«de  la  Molenge.n  La  replace  nommée  la  Molangen  était,  d'après  un  titre  de  i522, 
«assise  sur  la  rivière  de  Seine,  à  l'endroict  des  murailles  du  jardin  qui  fut  à  feu 
«Jehan  Legendre,  assis  audessoubz  des  Tuilleryes,  à  commancer  à  prendre  depuis 
et  l'esseau  de  la  Saulmonière  jusques  à  l'entrée  du  bras  de  l'isle  des  Treilles,  v  Elle 
s'étendait  donc  jusqu'à  la  hauteur  de  l'esplanade  des  Invalides.  En  amont  de  la 
Saumonière  était  une  troisième  place,  celle  «de  Fellifeux,  près  la  tour  de  Boys, 
«  commençant  à  l'éseau  de  la  Tuillecte ,  et  finant  devant  la  porte  des  Tuileries  -n 
(1 5 00).  Cette  place  de  Fellifeux,  Fulcifeu,  Fillefeu  ou  Felifeu  (1601)  occupait  l'em- 
placement de  la  berge  comprise  maintenant  entre  le  pont  Royal  et  la  rampe  voi- 
sine du  guichet  du  Carrousel. 

ENCEINTE  BASTIONNÉE. 

On  lit  dans  le  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris  sous  François  Ier  :  «  Le  mercredy 
«quatriesme  de  novembre,  audict  an  i523,  furent  commencez  à  faire  les  rampars 
«et  grandz  fossez  es  faulbourgs  Sainct-Honoré,  pour  fortifier  lesdietz  faulxbourgs, 
«et  ceulx  de  Sainct  Denis,  par  l'autorité  de  Monsieur  de  Vendosme;  mais  il  n'y 
«fut  besongné  que  huict  jours  entiers,  et  demoura  l'œuvre  imparfaict,  car  aussi 
«lesdietz  rampars  et  fossez  estoient  inutilles  et  sans  prouffit. -n  Plus  loin,  la  même 
chronique  offre  ce  passage  :  «L'an  1 536 ,  le  lundy  trente  uniesme  et  dernier  jour 
«  de  juillet,  furent  par  la  Ville  commencez  les  fossez  hors  Paris,  et  furent  commen- 
«cez  au  bout  des  faulxbourgs  Sainct-Honoré;  et  fut  ce  faict  par  l'advis  et  opinions 
«  d'aucuns  habitans  et  par  Monsieur  de  Paris ,  cardinal ,  qui  estoit  pour  lors  gou- 
«  verneur  de  Paris.  Et  y  furent  une  grande  multitude  d'archers  et  ledict  Cardinal 
«  aussi,  n  L'importance  des  travaux  qu'on  fit  alors  pour  défendre  le  faubourg  Saint- 
Honoré  nous  est  inconnue,  mais  il  est  certain  qu'en  i563  il  subsistait  des  fossés, 
énoncés  dans  un  titre  dont  nous  donnerons  ailleurs  la  copie  :  «  Fossez  cy-devant 
«faietz  pour  la  fortiffication  de  la  Ville,  -n  C'est  en  i566  qu'on  commença  à  y  ajou- 
ter une  enceinte  régulière  en  maçonnerie,  sous  l'influence  de  Catherine  de  Médi- 
cis  qui,  mue  évidemment  par  le  désir  d'assurer  la  sécurité  du  château  dont  elle 
venait  d'entreprendre  la  construction,  fit  poser  par  son  fils  Charles  IX  la  première 
pierre  des  fortifications  nouvelles,  à  l'extrémité  de  son  parc.  La  cérémonie  est  ainsi 
relatée  dans  un  des  registres  de  la  Ville  :  «Le  vendredy  xic  jour  de  juillet,  le  Roy 


ENCEINTE  BASTIONNEE.  319 

rr accompaigné  de  Messeigneurs  ses  frères,  de  Monseigneur  de  Lorraine,  cardinal 
■  de  Bourbon,  duc  de  Nyvernois,  et  de  plusieurs  chevaliers  de  son  ordre  et  autres 
«seigneurs  et  gentilzhommes,  se  trouva  sur  les  quatre  heures  après  mydi,  au- 
«dessoubz  des  jardins  du  palais  de  la  Royne  (les  Tuileries),  où  avoit  esté  faicte 
«la  vuidange  des  terres,  et  les  platte-formes  assises  pour  commencer  la  maçonne- 
«  rye  du  grand  boullevert  assis  audict  lieu  pour  la  deffense  de  la  rivière.  Et  estoient 
rraudict  lieu  Messieurs  les  Prévost  des  marchans  et  Eschevins,  ayant  auparavant 
«faict  forger  plusieurs  belles  médalles  dorées,  èsquelles  estoient  imprimées  et 
«représentées  au  naturel  les  visaiges  du  Roy  et  de  la  Royne,  et  avoient  faict  incas- 
«trer  une  pierre  angulaire  pour  mectre  lesdictes  médalles;  et  sur  ladicte  pierre 
«estoient  engravez  ces  motz  :  D.  Catharina  regina,  R.  K.  mater.  Anno  Ckristi  i566. 
«  Et  fut  lors  ladicte  pierre  assise  par  le  Roy,  lequel ,  avec  une  truelle  d'argent,  gecta 
ce  du  mortier  soubz  ladicte  pierre.  Et  ce  pendant  fut  tirré  plusieurs  coups  d'artille- 
ff  rye,  les  trompettes  et  tabourins  sonnans.  Lesdictes  médalles  qui  furent  mises  sur 
«ladicte  grande  pierre,  dedans  une  boiste  de  plomb  dorée,  portoient  ces  motz, 
«du  costé  du  visaige  du  Roi  :  Carolus  nonus,  Galliarum  rex  christianissimus  ;  et,  de 
«l'aultre  costé,  où  estoit  eslevé  le  visaige  de  la  Royne  :  Cathariiia,  Henrici  régis 
«tixor,  Francisa  et  Caroli  regum  mater W,  n  Bonfons  confirme  de  tout  point  ce  récit, 
avec  la  seule  différence  qu'il  donne  la  date  du  12  et  non  du  1 1;  le  vendredi,  jour 
de  la  solennité,  répond  effectivement  au  12  juillet. 

Dans  une  lettre  datée  du  mois  de  septembre  1667,  la  Reine  mère  dit  :  «Ayant 
«estée  advertie. . .  comme  les  maçons  travaillent  fort  aux  murailles  et  forteresses 
«des  fossez  de  la  ville  de  Paris,  à  l'endroit  de  mon  jardin  ;n  on  poursuivait  donc 
alors  activement  la  construction  du  bastion  et  de  ses  dépendances.  Une  ordonnance 
de  la  Ville ,  dont  nous  transcrirons  le  texte ,  prouve  qu'on  y  travaillait  encore  en 
1 583,  et  nous  savons  qu'en  1 586  les  chantiers  n'étaient  point  dépourvus  de 
matériaux,  puisque,  le  20  octobre  de  cette  année,  le  Prévôt  des  marchands  envoya 
prendre  sur  ces  «astelliers  de  la  nouvelle  fortiffication,  es  environs  du  boulvert 
«des  Tuilleries,fl  des  pierres  pour  paver  les  ports  près  du  Louvre'2'.  Des  travaux 
ayant  duré  aussi  longtemps  n'ont  pu  que  donner  un  résultat  important;  s'ils 
n'eussent  point  été  fort  avancés,  il  y  aurait  eu  inutilité  de  fermer  la  grande  rue  du 
faubourg  avec  la  porte  qui  s'y  trouvait  déjà  en  1 5 7 5  ^3' ;  néanmoins  ils  n'étaient 
pas  encore  terminés  en  1612,  au  dire  de  Du  Breul,  et  ne  le  furent  complètement, 
suivant  les  apparences,  que  vers  1 63 1 ,  lorsque  Pidoux  rebâtit  la  porte  Saint- 
Honoré,  ou  vers  1 634,  lorsque  Froger  continua  l'enceinte  bastionnée,  du  côté  du 

(1)  Arch.  de  l'Emp.  reg.  H  1786,  fol.  370  r".  La  (3)  Il  est  dit,  dans  le  texte  du  pian  de  GombousL 

pièce  a  déjà  été  imprimée  dans  les  Preuves  de  que  ces  travaux  «furent  continuez  par  Henry  III 

Félibien.  irjusqiies  auprès  de  la  nouvelle  porte  Saint-Honoré , 

2    lbid.  roff.  H  1789,  fol.  i4  r°.  ret  finalement  recommencez  sous  Louis  XIII.  1 


320  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

faubourg  Montmartre.  Mais,  pour  les  raisons  que  nous  venons  d'énoncer,  nous  ne 
doutons  point  que  les  terrassements  et  la  plus  grande  partie  de  la  maçonnerie  du 
front  protégeant  le  jardin  des  Tuileries  n'aient  été  assez  près  de  leur  perfection 
avant  le  règne  de  Henri  IV;  les  plans  de  Quesnel  et  de  Mérian  (1609  et  1620) 
représentent  le  bastion  et  ses  dépendances  comme  achevés. 

L'enceinte  de  Charles  IX,  à  partir  de  la  porte  dite  de  la  Conférence  et  située  sur 
le  quai,  se  composait  d'un  bastion  à  orillon  W,  d'une  courtine  et  d'un  demi-bastion 
sansorillon,  qui  s'attachait  à  la  porte  Saint-Honoré.  Cette  enceinte,  qui  s'est  con- 
servée presque  intacte  jusqu'à  l'établissement  de  la  place  Louis  XV,  vers  1756, 
est  figurée  sur  un  grand  nombre  de  plans;  mais  nous  n'en  avons  trouvé  qu'un  au 
moyen  duquel  nous  ayons  pu  la  retracer  avec  une  certitude  complète  '2).  En  le 
comparant  à  celui  de  Verniquet,  on  constate  sans  peine  que  le  mur  de  la  terrasse 
des  Tuileries  en  face  des  Champs-Elysées,  et  le  mur  oblique  qui  allait  rejoindre 
celui  du  quai,  dessinent  les  deux  faces  du  bastion.  Quant  au  demi-bastion,  il  n'en 
est  resté  aucune  trace  après  sa  démolition;  nous  avons  seulement  trouvé  deux 
jalons  précis  pour  la  courtine.  En  effet,  on  voit,  sur  le  plan  auquel  nous  venons 
de  faire  allusion,  que  la  rue  des  Tuileries  ou  de  l'Orangerie  avait  son  côté  occi- 
dental formé  par  le  mur  même  de  la  courtine,  de  sorte  que  le  problème  se  ré- 
duit à  déterminer  l'ancien  alignement  de  la  rue  des  Tuileries.  Or  on  remarque 
sur  le  plan  de  Jaillot  que  le  coin  oriental  de  la  rue  des  Tuileries,  vers  la  rue 
Saint-Honoré,  avait  gardé  sa  direction  primitive  en  1772 ,  et  l'on  observe  sur  le 
plan  de  Verniquet  une  disposition  analogue,  au  coin  occidental,  ce  qui  donne 
l'extrémité  septentrionale  de  la  rue  ;  l'extrémité  méridionale  se  restitue  facilement 
à  l'aide  d'un  bâtiment  allongé  qui  se  trouvait  à  droite  du  passage  de  l'Orangerie. 
Nous  l'avions  ainsi  compris  lorsque  nous  avons  rencontré,  dans  les  archives  des 
dames  de  l'Assomption,  deux  autres  plans  fournissant  la  preuve  matérielle  de 
cette  disposition.  La  rue  étant  retracée,  la  courtine  l'est  de  même,  et  la  manière 
dont  le  mur  d'enceinte  s'agençait  avec  la  porte  Saint-Honoré  confirme  tout  ce  que 
nous  en  disons. 

Le  fossé  au-devant  du  bastion  des  Tuileries  était  de  forme  irrégulière  et  n'a 


(1)  Sur  les  plans  de  Quesnel  et  de  Mérian,  le  bas- 
tion est  représenté  avec  deux  orillons.  Il  n'est  point 
impossible  qu'un  remaniement  ait  eu  lieu  en  1 63a. 

'*'  C'est  un  beau  plan  manuscrit  des  Archives  de 
l'Empire,  qui,  comme  bien  d'autres  documents  de 
cette  espèce,  n'a  jamais  été  étudié  par  personne. — 
La  première  face  du  bastion  avait  soixante-huit  toises 
trois  pieds  de  longueur,  et  formait  un  angle  de  cent 
quarante  et  un  degrés  avec  le  mur  de  la  terrasse  du 
bord  de  l'eau;  la  seconde  face  avait  quatre-vingt- 


huit  toises  trois  pieds  de  longueur,  y  compris  l'oril- 
lon,  et  formait  un  angle  de  cent  trente  degrés  avec 
la  première  face.  La  largeur  de  l'orillon  était  de 
douze  toises,  et  le  flanc  qui  le  reliait  à  la  courtine 
offrait  une  pareille  dimension.  La  courtine  était 
longue  de  cent  douze  toises;  suffisamment  prolon- 
gée, elle  eût  atteint  le  point  où  le  bastion  s'attachait 
à  la  porte  de  la  Conférence;  elle  faisait  un  angle  de 
quatre-vingt-dix  degrés  avec  le  flanc  du  demi-bas- 
tion. Ce  flanc  avait  vingt  et  une  toises  de  largeur 


TOPOGRAPHIE     HISTORIQVE    DV    VIEVX    PARIS 


Ale  Guillaumot  se . 


VVE    DE    LA    PORTE    DE    LA   CONFERENCE 
d'après   Isr.  Sylvestre  et  Pérelle. 


Imp   Ch    OiartJr  >?    a!n 


ENCEINTE  BASTIONNEE. 


321 


jamais  eu  de  contrescarpe  revêtue  en  maçonnerie.  Dans  un  titre  de  i634,  il  est 
confondu  avec  les  trfossez  jaulnes,n  situés  au  delà  de  la  porte  Saint-Honoré ,  vers 
la  porte  Montmartre. 

Porte  de  la  Confe'rexce.  Les  auteurs  ne  sont  point  du  même  avis  sur  l'origine 
du  nom  donné  à  cette  porte.  Ce  qu'en  dit  DuchesneW  est  bien  peu  sensé,  et  ce  qu'en 
rapporte  Lemaire  est  d'une  inexactitude  que  les  dates  rendent  manifeste.  L'opi- 
uion  que  la  porte  de  la  Conférence  a  été  ainsi  appelée  en  souvenir  des  pourpar- 
lers qui,  en  i5o,3,  eurent  lieu  à  Suresne  entre  les  députés  du  Roi  et  ceux  de  la 
Ligue,  est  au  contraire  évidemment  fondée,  car  c'est  effectivement  par  cette 
porte  que  les  députés  sortaient  pour  aller  à  la  conférence,  et  c'est  dans  ses 
environs  que,  au  dire  de  LestohV2',  la  foule  s'amassait  en  manifestant  par  des 
cris  son  désir  d'avoir  enfin  la  paix.  Un  acte  d'ensaisinement  du  19  avril  1626  est 
le  premier  document  que  nous  ayons  trouvé  où  la  porte  soit  désignée  par  le  nom 
qu'on  lui  donnait  encore  lors  de  sa  démolition. 

Une  grande  incertitude  a  régné  jusqu'ici  sur  l'époque  où  fut  construite  la  pre- 
mière porte  dite  de  la  Conférence.  On  constate ,  par  le  plan  de  Quesnel ,  qu'elle  existait 
déjà  en  1 609  ;  mais  datait-elle  du  même  temps  que  le  bastion  voisin?  Cette  ques- 
tion nous  a  longuement  embarrassé,  attendu  que  tous  les  documents  que  nous 
rencontrions  où  il  était  fait  mention  d'une  porte  neuve  au  bord  de  l'eau  étaient 
conçus  en  termes  amphibologiques,  de  sorte  qu'il  était  impossible  de  décider  s'il 
s'agissait,  ou  non,  de  cette  entrée  de  la  Ville  attenant  à  la  tour  de  bois,  qui  a 
.toujours  gardé  le  nom  de  Porte-Neuve  jusqu'à  sa  destruction.  Nous  savons  main- 
tenant que  la  porte  de  la  Conférence  a  dû  être  commencée  peu  après  le  bastion 
dont  elle  dépendait,  parce  que,  dans  une  pièce  du  18  août  1 583,  elle  est  énoncée 
fort  clairement:  rr la  porte  nouvellement  faicte  près  la  rivière,  du  costé  du  boul- 
(t  levert  de  ladicte  fortification'3',  v 

La  porte  de  la  Conférence,  appelée  d'abord  la  Pœie-Neufve ,  et  comme  toutes 


et  formait  un  angle  de  cent  onze  degrés  avec  la  face 
du  demi-bastion ,  laquelle  mesurait  trente-cinq  toises. 
Nom  garantissons  ces  chiffres  à  une  toise  ou  un  degré 
près ,  le  plan  de  Verniquet  étant  réputé  exact. 

(1)  Antiquités  des  villes  de  France ,  p.  o5. 

<"  Coll.  Petitot,  t.  XLVI,p.  37a. 

(s>  Arch.  de  l'Emp.  reg.  H  1788,  fol.  Uh  r°.  Nous 
donnons  le  texte  entier  de  la  pièce,  afin  qu'on  se 
convainque  qu'il  exclut  toute  hésitation:  <rSur  la 
"requeste  faicte  par  George  Régnier,  entrepreneur 
fftant  du  fournissement  des  matériaux  que  des  vui- 
f  danges  de  terre  et  ouvraiges  de  massonnerie  pour 
r  la  fortification  de  lad.  Ville ,  derrière  les  jardins 
■  du  //allais  de  la  lloyne ,  mère  du  Roy.  Il  est  permis 


f  audict  Régnier  de  faire  faire  et  construire  aus  des- 
ffpens  de  lad.  Ville,  contre  le  pan  de  la  porte  nou- 
«vellement faicte  près  la  rivière ,  du  costé  du  boulleverl 
«de  lad.  fortification ,  au  deçà  de  lad.  porte,  une 
irloge  telle  qu'il  advisera,  pour  serrer  et  retirer  les 
(roustilz  et  aultres  ustancilles  servans  à  la  besongne 
trde  lad.  fortiflication.  Et  aussi  pour  mectre  les  tail- 
tr  leurs  de  pierre  et  aultres  ouvriers  emploiez  à  lad. 
<t fortiflication  à  couvert;  attendu  que,  depuis  lad. 
ft  porte  neufve  jusques  aud.  boulevert,  n'y  a  aucun 
relieu  couvert  où  l'on  puisse  retirer  lesd.  ouvriers, 
ffoustilz  et  ustancilles.  Faict  au  bureau  de  lad.  Ville, 
trie  dix-huicliesmejour  d'aoust,  l'an  mii-cinq-cens- 
rr  quatre-vingts-trois,  » 

Ai 


322  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

les  portes  des  faubourgs,  la  faulse  porte^,  fut  rebâtie  en  i632  par  P.  Pidoux<2),  sur 
une  largeur  de  dix  toises  et  une  profondeur  de  cinq.  Elle  a  été  démolie  en  vertu 
d'un  arrêt  du  Conseil  du  i5  avril  i73o(3),  peu  de  temps  avant  celle  du  faubourg 
Saint-Honoré ,  avec  laquelle  elle  offrait  beaucoup  de  ressemblance  :  c'était  l'œuvre 
du  même  architecte.  Elle  était  munie  d'un  pont-levis  s'abaissant  sur  un  pont 
dormant  qui  conduisait  à  une  levée  de  terre  terminée  par  un  autre  pont  dormant 
jeté  sur  l'égout  du  fossé W.  On  en  possède  plusieurs  vues,  une  entre  autres  très- 
satisfaisante,  gravée  par  Pérelle.  On  remarque  que  la  porte  de  la  Conférence, 
représentée  à  sa  vraie  place  sur  le  plan  de  Mérian,  est  dessinée,  sur  le  plan  de 
Quesnel,  comme  si  elle  avait  été  percée  dans  la  face  sud-ouest  du  bastion;  mais 
il  est  peu  probable  que  cette  dernière  disposition  ait  jamais  existé. 

Troisième  porte  Saint-Honoré.  Quoi  qu'on  en  ait  dit,  cette  porte  n'est  point 
d'origine  postérieure  à  celle  du  bastion  des  Tuileries,  puisque  nous  en  trouvons 
l'indication  dans  cette  rubrique  du  censier  de  ibyb:  rcL'aultre  rencdesdicts  faulx- 
(t bourgs  (Saint-Honoré),  à  commancer  vers  la  porte  nouvellement  faicte  au  bout 
xd'iceulx.n  Elle  est  ûgurée  sur  le  plan  de  Quesnel,  et  énoncée  dans  le  texte,  daté 
de  1 6 1 5 ,  delà  première  édition  du  plan  de  Mérian:  a  Porte  Saint-Honoré,  rebaslie 
«de  nouveau. n  Comme  il  paraît  tout  à  fait  invraisemblable  que  l'on  eût  employé 
une  semblable  locution  pour  donner  à  entendre  que  la  porte  du  faubourg  avait 
été  construite  près  de  cinquante  ans  auparavant,  nous  croyons  qu'à  cette  porte 
se  rapportent  les  détails  suivants,  extraits  des  registres  de  la  Ville. 

Le  2  septembre  161 1,  le  Prévôt  des  marchands  fit  mettre  en  adjudication  les 
travaux  de  reconstruction  d'une  porte  Saint-Honoré,  que  la  teneur  des  documents 
ne  permet  pas  de  distinguer  entre  les  deux  qui  ont  porté  ce  nom  sous  Louis  XIII. 
Plusieurs  fois  ajournée  faute  de  soumissionnaires ,  l'adjudication ,  après  avoir  été 
faite ,  le  2  o  du  même  mois ,  au  profit  de  Marin  de  La  Vallée  qui  avait  proposé  le  prix 
de  vingt-trois  livres  par  toise,  le  fut  de  nouveau  et  définitivement  le  28,  en  faveur 
de  Charles  Du  Ry,  qui  avait  offert  un  rabais  de  trois  livres  sur  celui  de  La  Vallée. 
Les  travaux  étaient  commencés ,  et  les  pieds-droits  des  arcades  sortaient  de  terre 
lorsqu'on  modifia  le  plan  adopté  afin  de  donner  plus  de  largeur  aux  baies,  et 


(1)  On  lit  «la  faulce  porte  neufve  qui  est  au  bout 
tr  du  jardin  des  Thuilleries  »  dans  un  document  de 
1623,  où  il  est  parlé  d'une  casemate  qu'on  devait 
établir  là. 

(2)  Elle  ne  fut  probablement  terminée  qu'en  1 633. 

(3)  L'avocat  Barbier  rapporte ,  dans  son  Journal , 
que,  le  2  septembre  1730, le  Roi,  revenant  à  Paris, 
fut  obligé  de  passer  par  la  porte  Saint-Honoré, 
parce  qu'on  était  occupé  à  abattre  celle  de  la  Confé- 
rence. 


(i)  Le  10  novembre  i5op,,  il  fut  ordonné  au 
charpentier  Gh.  Marchant  de  réparer  promptement 
le  rrsueul  proche  de  la  levée  du  pont  de  la  porte 
ff neufve,»  qui  était  fort  endommagé.  11  semble  qu'il 
s'agit  bien  ici  de  la  porte  dépendant  du  bastion, 
puisqu'il  n'y  avait  point  de  levée  devant  la  porte 
neuve  ajoutée  aux  fortifications  du  xiv'  siècle.  Des 
réparafions  faites  à  la  première,  par  ordonnance 
du  20  novembre  1 64 1 ,  contraignirent  à  la  fermer 
pour  un  temps. 


ENCEINTE  BASTIONNÉE.  323 

l'on  décida  que  «les  deulx  portaulx,  qui  n'estoient  que  de  dix  piedz  et  demy  d'ou- 
«verture  entre  deulx  tableaulx,  seroient  remis  à  quatorze.  11  Pour  cela,  il  fallut  dé- 
molir le  mur  de  refend  du  côté  du  nord,  ce  qui  entraîna  un  surcroît  de  dépense 
de  trois  cents  livres,  somme  allouée,  le  21  mars  1612,  à  Du  Ry,  auquel  on 
imposa  certaines  obligations,  parmi  lesquelles  fut  comprise  celle  de  construire  en 
«  bonne  bricque  rejoincte  et  mise  en  coulleur,  t>  les  reins  de  la  voûte.  Elle  devait  être 
«en  arreste,  en  forme  de  lunette, n  et  avoir  ses  «quatre  arcs...  avec  les  arrestes 
«et  bernes v  en  pierre  de  Saint-Leu,  de  même  que  «ung  0  ou  auvalle,  garny 
«  d'une  petitte  mouslure,  pour  mettre  une  pierre  aux  armes  du  Roy  ou  de  la 
« Ville,  a  et  «une  clef  pendante  de  trois  pouices'1).  n 

La  porte  Saint-Honoré ,  au  faubourg,  fut  entièrement  reconstruite  vers  i632, 
et  alors  on  cessa  de  l'appeler  habituellement  fausse  porte,  comme  c'était  aupara- 
vant l'usage,  parce  qu'elle  ne  faisait  point  encore  partie  de  la  Ville  même.  Dans  un 
arrêt  du  5  juillet  i63&,  cité  par  Félibien<2),  il  est  question  de  «la  nouvelle  porte 
*  que  M.  Pierre  Pidoux  a  faict  construire  au  bout  du  faulxbourg  Saint-Honoré.  -n 
Le  traité  passé  avec  Pidoux,  qui  stipulait  au  nom  de  Barbier,  l'entrepreneur  du 
reste  des  fortifications,  ayant  été  conclu  le  9  octobre  1 63 1  et  révoqué  le  3i  dé- 
cembre i632,  la  réédification  des  portes  Saint-Honoré  et  de  la  Conférence  se 
place  entre  ces  deux  dates,  ou,  au  plus  tard,  en  i633.  En  effet,  le  bail  de  l'une 
d'elles,  fait  le  6  avril  1 633 ,  à  Philippe  Gangneulx,  l'énonce  cria  porte  neufve  qui 
te  se  bastit  et  construict  aux  faulxbourgs  Sainct-Honoré  et  qui  sera  l'une  des  portes 
«de  ceste  Ville  ;  n  en  outre,  dans  un  ensaisinement  du  3  0  septembre  1 634,  il  est 
fait  mention  de  «  la  porte  desdicts  faulxbourgs  (Saint-Honoré) ,  qui  se  construict  de 
«neuf  au  bout  de  la  Grant  rue'3). n  L'auteur  du  Supplément  aux  Antiquités  de  Paris 
dit:  «L'an  1 633 ,  on  commença  à  clorre  le  fauxbourg  Saint-Honoré,  et  à  y  faire 
«un  fossé  selon  le  jardin  des  Tuilleries,  pour  escouller  les  eaux  dans  la  rivière;  à 
«quoy  furent  employez  quantité  d'ouvriers,  hommes,  femmes,  garçons,  filles,  à 
«porter  la  terre,  et  estoient  journellement  payez  de  leur  travail;  ce  fossé  fait,  on 
«  commença  à  y  construire  une  très-belle  porte ,  en  forme  de  grand  pavillon  de 


;l>  Reg.  H 1795,  fol.  4/i8  v0.—  Lei3  août  1626 
on  annonça  l'adjudication  de  travaux  de  charpen- 
terie  à  faire  à  la  porte  Saint-Honoré,  d'après  un 
devis  où  on  lit  :  *  Il  y  a  ung  pont-levis  et  une  plan- 
chette garnis  de  barrières  aus  deux  costez  dud. 
rrpont  et  planchette,  qui  n'a  point  de  flesches  et 
ttappecul.  Les  flesches  et  tappecul  du  pont-levis 
"sont  de  nulle  valeur.  Et  faut  mettre  présentement 
"  quatre  poultres  audessoubz  dud.  pont  et  quatre 
r  pièces  de  bois  audessus  desd.  poultres  pour  sous- 
«  tenir  led.  pont.  »  Ce  devis  doit  se  rapporter  à  la 


troisième  porte  Saint-Honoré,  attendu  que,  à  celte 
époque,  le  fossé  devant  la  seconde  étant  comblé,  il 
ne  pouvait  plus  y  avoir  là  de  pont-levis.  Celui  de  la 
troisième  porte  Saint-Honoré  fut  refait  sur  un  ordre 
de  la  Ville  du  22  février  16&1. 

«  T.  V,  p.  91. 

(3)  Arch.  de  l'Emp.  reg.  S  1221.  On  lit,  au  bas 
d'une  gravure  de  Perrelle ,  que  la  porte  Saint-Honoré 
fut  faite  en  1 635  ;  mais  cette  date ,  si  elle  n'est  point 
entièrement  fausse,  ne  doit  se  rapporter  qu'à  l'achè- 
vement définitif. 

il. 


324  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

«  pierre  de  taille  et  couvert  d'ardoises,  au  lieu  du  méchant  pont  qui  y  estoit.  .  .  . 
<rEt  depuis  la  closture  de  ce  fauxbourg,  on  l'appelle  la  Rue  neufve  de  Sainct-Honoré.  i> 
A  en  juger  par  le  plan  de  Quesnel,  les  premières  portes  du  faubourg  auraient  été 
des  pavillons  rectangulaires  fort  simples,  et  percés  d'une  seule  grande  baie.  Pidoux 
donna  à  celles  qu'il  bâtit  une  physionomie  toute  différente ,  qui  comportait  l'idée 
de  monuments  destinés  plutôt  à  la  décoration  qu'à  la  défense  de  la  Ville.  Suivant 
une  jolie  vue  de  Sylvestre'1',  les  armes  de  la  Ville  étaient  sculptées  au-dessus  de 
la  baie  servant  de  passage,  et  un  poteau,  qui  semble  être  le  poteau  de  justice  de 
l'Archevêché,  était  planté  à  l'entrée  du  pont  dormant  de  la  porte  Saint-Honoré. 
Cette  porte,  abattue  en  1733  conformément  à  un  arrêt  du  Conseil  du  i5  avril 
1 73a  <2),  avait  environ  quatre  toises  trois  pieds  de  profondeur  sur  neuf  toises  trois 
pieds  de  largeur.  Ainsi  qu'à  la  porte  de  la  Conférence,  la  partie  centrale  en  était 
flanquée  de  deux  pavillons  un  peu  en  saillie  du  côté  de  la  campagne,  et  en  retraite 
du  côté  -opposé.  Nous  avons  constaté  que  la  porte  Saint-Honoré  était  située  à 
soixante-deux  mètres  au  delà  du  coin  de  la  rue  Saint-Florentin.  Sur  le  plan  de 
Verniquet,  la  place  en  est  marquée  avec  précision  par  une  retraite  dans  l'aligne- 
ment méridional  de  la  rue  Saint-Honoré.  Cette  retraite,  qui  existe  encore,  pro- 
vient de  ce  que  la  largeur  de  la  porte  excédait  celle  de  la  rue ,  disposition  repro- 
duite sur  tous  les  vieux  plans  que  nous  avons  vus.  Le  plan  de  Verniquet  fournit 
une  autre  donnée  à  l'appui  de  la  première,  relativement  à  l'emplacement  de  la 
porte  :  c'est  l'agencement  biais  du  coin  septentrional  des  rues  Saint-Honoré  et 
Royale,  motivé  par  une  construction  qui  s'appuyait  sur  la  face  du  bastion. 

LA  GARENNE. 

L'espace  compris  entre  le  mur  de  clôture  du  parc  des  Tuileries  et  le  rempart 
avait  été  laissé  vide  pour  les  besoins  de  la  défense;  le  plan  de  Quesnel  le  re- 
présente dans  cet  état.  On  y  établit  ensuite  une  garenne  à  lapins  et  un  chenil 
pour  les  meutes  du  roi.  Le  26  avril  i63o,  Louis  XIII  en  fit  don  à  un  nommé 
Regnard,  à  charge  de  transformer  le  terrain  en  un  jardin  de  plantes  rares,  de  re- 
bâtir le  chenil  en  un  autre  endroit,  et  d'indemniser  un  nommé  Pascal,  qui  avait 
là  sa  demeure.  Dans  l'acte  de  donation,  lequel  fut  confirmé  par  un  autre  du 
26  mai  1661,  le  lieu  est  énoncé:  «Place  contenant  quatre  arpens,  où  y  avoit  une 
«  garenne,  sise  au  delà  des  Thuileries,  estendue  la  largeur  depuis  la  muraille  du 
«bout  du  jardin  des  Thuileries  jusqu'au  bastion  qui  est  sur  le  fossé  de  la  Porte- 
ft Neuve,  et  en  longueur  depuis  la  muraille  qui  est  sur  le  grand  chemin,  le  long 

(1>  La  planche  donne  des  épreuves  à  l'envers,  défaut  que  nous  avons  rectifié  dans  notre  fac-similé. 
!)  Brice,  préface  de  l'édition  de  1762,  p.  10. 


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EMPLACEMENT  DES  TUILERIES. 


325 


«  de  la  rivière ,  jusqu'à  la  muraille  des  bastimens  servans  lors  à  la  retraite  des  bestes 
s  sauvages  entretenues  pour  le  plaisir  de  Sa  Majesté.  Ensemble  la  maison  du  sieur 
> Pascal,  bastie  dans  l'un  des  coins'1'.  1  La  maison  de  Pascal,  qu'on  ne  retrouve 
point  sur  le  plan  de  Mérian ,  paraît  avoir  été  située  au  lieu  où  la  terrasse  du  bord 
de  l'eau  s'élargit  en  formant  un  retour  d'équerre  devant  le  grand  bassin.  Gomboust 
représente  le  terrain  donné  par  Louis  XIII  sous  l'aspect  d'un  jardin^  divisé  en 
parterres  d'un  dessin  compliqué,  et  il  continue  à  l'appeler  la  Garenne (3>.  On 
remarque  qu'à  l'époque  où  le  plan  de  Gomboust  fut  dressé ,  le  rempart  était  devenu 
une  terrasse  ombragée  d'arbres.  Sauvai  vante  la  vue  agréable  dont  on  y  jouissait 
et  qui  contribuait  à  y  attirer  la  foule.  Le  jardin  de  Regnard  a  été  détruit  et  l'em- 
placement renfermé  dans  l'enceinte  des  Tuileries,  lorsque  Le  Nôtre  bouleversa 
le  jardin  du  palais,  c'est-à-dire  vers  1 664. 

EMPLACEMENT  DU  CHÂTEAU  ET  DU  JARDIN  DES  TUILERIES. 

trll  paraît  par  plusieurs  documents,  dit  Jaillot,  que  la  tuile  employée  à  Paris 

ff  ne  se  faisait  qu'au  bourg  Saint-Germain-des-Prés dans  l'endroit  qui  conserve 

ff  encore  le  nom  de  rue  des  Vieilles-Tuileries;  on  en  établit  ensuite  de  l'autre  côté 
ffde  la  Seine,  à  un  endroit  appelé,  dans  les  anciens  titres,  la  Sablonnière^  (c'est 
crie  jardin  des  Tuileries).  Il  y  en  avait  trois  en  1872,  et  elles  s'y  multiplièrent 
ff  considérablement,  a  Ces  quelques  mots  renferment  plusieurs  erreurs.  Les  Tuile- 
ries, terra  Tegularionan ,  voisines  du  faubourg  Saint-Honoré,  sont  mentionnées  dans 
deux  chartes,  l'une  de  12  83,  l'autre  de  xi^k®,  et,  par  conséquent,  de  quel- 


(,)  Arch.  de  l'Emp.  Papiers  de  la  couronne,  cart. 
n'  9. 

(,)  itComme  il  est  fort  parlé  de  ce  jardin  (celui 
«de  Regnard)  dans  les  Mémoires  de  la  minorité  de 
«Louis  XIV,  il  ne  sera  peut-être  pas  inutile  de  faire 
«  un  peu  connaître  Renard ,  et  l'on  devinera  aisément 
«l'usage  qu'on  faisait  de  son  jardin,  et  les  raisons 
«qui  lui  donnoient  tant  de  réputation.  Cet  homme, 
«qui  avoit  été  valet  de  chambre  du  commandeur 
«de  Souvré,  avoit  de  l'esprit,  étoit  souple,  obli- 
<•  géant,  et  se  connoissoit  fort  bien  en  meubles,  et 
«surtout  en  tapisseries.  Il  en  faisoit  apporter  chez 
«lui  des  plus  belles,  et  en  vendoit  aux  personnes  de 
«qualité,  même  au  cardinal  de  Mazarin,  qui  se 
■  plaisoit  quelquefois  à  converser  avec  lui  sur  ce 
«sujet.  Dès  que  Louis  XIII  lui  eut  donné  ce  terrein, 
«il  y  fit  un  jardin  extrêmement  propre,  qui,  par 
«sa  situation  et  par  les  manières  commodes  du 
«maître,  devint  le  rendez-vous  ordinaire  des  sei- 


«gneurs  de  la  cour,  et  de  tout  ce  qu'il  y  avoit  de 
«galant  en  ce  tems  là.»  (Piganiol,  Description  de 
Paris,  quartier  du  Palais-Royal,  p.  377.) 

(3>  Il  désigne  du  nom  de  M.  Regnard  un  espace 
voisin  de  la  porte  de  la  Conférence ,  où  Regnard  avait 
probablement  sa  maison. 

(t)  Aucun  des  nombreux  titres  que  nous  avons 
vus  ne  mentionne  ce  lieu  de  la  Sablonnière. 

<s)  Au  mois  d'août  1 276 ,  le  dimanche  avant  l'As- 
somption ,  le  tuilier  Aniaury  s'engagea  a  payer  an- 
nuellement h  l'Hôtel-Dieu,  pour  obéir  aux  volon- 
tés dernières  de  Robert,  dit  Beau-Frère ,  un  croît  de 
cens  de  dix  sous  parisis,  sur  une  tuilerie  que  lui, 
Aniaury,  tenait  des  exécuteurs  testamentaires  de  ce 
dernier,  et  qui  est  énoncée  dans  la  lettre  de  l'Oflicial  : 
«  Tegulariam  sitam  Parisius ,  extra  muros ,  versus  ec- 
«clesiam  Sancti  Thome  de  Lupera,  super  Secanam , 
« contiguam  ex  una  parle  legularie  que  fuit  quondam 
«defuucliJohannisHeudardi,civis  parisiensis,  et  te- 


326  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

ques  années  seulement  postérieures  aux  premiers  documents  où  il  soit  parlé  des 
tuileries  du  faubourg  Saint-Germain;  en  réalité,  rien  n'apprend  qu'elles  étaient 
les  plus  anciennes.  A  cette  occasion,  Jaillot  a  tort  de  rappeler  le  nom  de  la  rue 
des  Vieilles-Tuileries,  attendu  que  cette  appellation  remonte  à  peine  à  la  fin  du 
xvc  siècle  W.  Quant  à  la  multiplicité  des  tuileries  de  la  rive  droite,  elle  n'est  nulle- 
ment confirmée  par  nos  recherches  :  les  actes  et  les  inventaires  de  l'Évêché  énoncent 
à  peine  cinq  tuileries,  dont  quatre  seulement  sont  indiquées  d'une  manière  posi- 
tive. Nous  avons  parlé  (p.  20,3)  de  l'une  d'entre  elles,  qui  faisait  le  coin  de  la 
rue  Saint-Honoré;  voici  ce  que  nous  savons  des  autres,  sur  lesquelles  on  n'a  point 
encore  donné  de  renseignements. 

Dans  le  censier  de  l'Evêché,  pour  l'année  1873,  on  lit(2>:  «Item,  aus  Tuille- 

«ries,  la  tuillerie  que  tient  Guillaume  de  Moucy,  qui  fu (sic).  —  Item,  la 

«tuillerie  que  tient  Clément  de  Moucy,  qui  fu  à  la  Marcelle,  que  l'en  dit  la  Tour 

«quatrée.  —  Item,  la  tuillerie (sic).  —  Item,  Jehan  Maudole  pour  vi  arpens 

«  et  demi  de  terre,  qui  fu  Jehan  de  Bon-Œil,  le  Viel'3),  et  depuis,  Gilles  de  Macy, 
«tenant  à  Perrenelle  de  Crépon. —  Item,  Perrenelle  de  Crépon'4),  pourvi  arpens 
«de  terre,  qui  furent  Jehan  de  Bon-Œil  le  jeune,  tenant  audit  Jehan  Maudole  ;t> 
auquel  dernier  article  est  ajoutée  cette  note  en  écriture  du  temps  :  «A  présent 
«Jehan  Maudole.  n  Tel  est  le  premier  document  jetant  quelque  jour  sur  la  topo- 
graphie du  territoire  appelé  les  Tuileries;  on  n'en  saurait  tirer  grand  parti,  et 
nous  n'avons  obtenu  d'éclaircissements  que  sur  deux  des  propriétés  auxquelles  il 
v  est  fait  allusion. 

Les  archives  des  Quinze-Vingts  contiennent  une  sentence  du  6  juillet  iS'jo^, 
condamnant  ce  Guillaume  de  Moucy  dont  il  est  question  dans  le  censier  de  1873  à 
relever  le  mur  mitoyen  qui  séparait  son  clos  de  celui  des  Aveugles,  et  qu'on  avait 
démoli  lors  de  la  construction  de  l'enceinte  de  Charles  V.  Le«  Clos...  ou  cousturede 
«terres  arables  n  appartenant  aux  Quinze-Vingts,  lequel,  est-il  dit  dans  la  sentence, 
«  avoit  esté  pieça  lessié  et  donné ,  estant  et  assis  assez  près  de  la  bastide  Saint-Hon- 
«noré,  et  devant  les  murs  et  fossez  faiz.et  édifiez  pour  la  fortification  de  la  ville 
«de  Paris;  et  lequel  clos, pièce  de  terre  ou  cousture  soloitestre  et  estoit,  ou  temps 
«que  donné  et  lessié  leur  avoir  esté,  tout  clos,  fermé  et  environné  de  tous  costez 


rrgularie  que  fuit  quondam  defuncti  Thome  dicti  le  xri'  siècle.  {Revue  archéologique,  t.  XIII,  p.  43i.) 
rrTacheut  ex  altéra,  in  censiva  domini  parisiensis  m  Arch.  de  l'Emp.  reg.  S  1253,  fol.  hi  v°. 

"Episcopi.»  (Cart.  de  l'Hôtel-Dieu,  coté   1260,  (3)  On  se  rappelle  qu'un  r  Pierre  de  Bonoil  t,  pos- 

fol.  9/1  r°.)  Nous  ne  connaissons  rien  de  plus  ancien  sédait   des  terrains  aux  Tuileries  au  commence- 

sur  les  Tuileries  de  la  rive  droite.  Celles  du  bourg  ment  du  xiv'  siècle. 
Saint-Germain  sont  indiquées  dès  1259.  (i)  Son  nom  s'est  déjà  rencontré  dans  les  comptes 

(1)  Conf.  nos  Recherches  sur  les  terrains  de  lapa-  du  Louvre  de  Charles  V.  (Voir  p.  192,  n°  75.) 
roisse  Saint-Sulpice  qui  étaient  encore  en  culture  au  -5)  Arch.  des  Quinze- Vingts ,  liasse  3o6. 


EMPLACEMENT  DES  TUILERIES.  327 

tr de  bons,  beaux  et  fors  murs  de  pierre,  de  piastre  et  d'autre  matière;  dont  lune 
crdes  parties  dësdiz  murs,  qui  estoit  demourée  en  estât,  estoit  joignant  delà  chau- 
(tcée,  et  au  lonc  d'icelle  chaucée;  en  alant  de  ladite  bastide  au  Roule  (le  long  de 
tria  rue  Saint-Honoré);  et,  de  l'autre  costé  tenans  et  joignans  aus  murs  dudit 
«  Guillaume  de  Moucy  faisans  closture,  fermeure  etdeffense,  division  et  séparation 
r  entre  ledit  clos  et  terre  de  ladite  Congrégation ,  et  entre  un  clos  ou  pièce  de  terre , 
ttqui  avoit  esté  et  estoit  audit  Guillaume,  estant  et  assis  derrières  une  huilerie  ou 
tr  maison  que  il  avoit  devers  la  rivière  de  Saine ,  oultre  ladite  bastide  Saint  Honnoré , 
rtet  joignant  ou  assez  près  dudit  clos;  et  lequel  clos  dudit  Guillaume  avoit  esté 
rret  estoit  des  appartenances  desdites  maisons  et  tuilleries.  Et  desquelz  clos  certaine 
tr  quantité  et  grant  partie  avoient  esté  détrais  (retranché)  et  pris,  et  les  murs  qui 
«  faisoient  closture  à  yceulx ,  et  faisoient  front  par  devers  ladite  Ville  et  la  forte- 
ttresse  d'icelle,  démolis,  arrasez  et  abatuz  de  par  le  Roy  nostre  sire,  et  aussi  la 
rrplus  grande  partie  de  tous  les  jardins  et  courtilz  de  ladite  Congrégation,  avecques 

rr  plusieurs  habitations  de  leurdit  hostel et  avoit  esté  lessié  le  demourant  des 

rr  autres  murs  qui  faisoient  closture  et  fermeure  tant  entour  ledit  clos  de  ladite 
tr  Congrégation,  comme  entre  ycellui  clos  et  le  clos  dudit  Guillaume  et  autres  voi- 
rrsins,  qui  avoient  murs  tenans  et  joignans  desdiz  clos  pour  faire  deffense  et  clos- 
rr  ture  à  leursdiz  héritages,  et  eulx  garder  de  dommages  tant  de  personnes  comme 
trde  bestes.  n  Ce  qui  ressort  de  ce  texte,  c'est  d'abord  que  ce  clos  de  Guillaume  de 
Moucy  aboutissait,  vers  le  nord,  à  la  couture  des  Quinze-Vingts,  et,  vers  le  sud,  à 
la  maison  ou  tuilerie  qui,  dépendant  du  clos,  s'étendait  jusqu'au  bord  delà  rivière. 
Les  limites  du  côté  de  l'orient  et  de  l'occident  sont  moins  clairement  indiquées; 
mais  il  est  sûr  pour  nous  que  le  clos  bordait  le  chemin  des  fossés,  car  il 
est  l'objet  du  premier  article  du  censier  de  1873,  et  formait,  en  1&02,  l'abou- 
tissant de  la  maison  du  coin  de  la  rue  Saint-Honoré,  connue  sous  le  nom  de 
maison  de  la  Poterie.  Le  clos  de  Guillaume  de  Moucy  est  pareillement  énoncé 
comme  étant  la  première  des  propriétés  auxquelles  le  clos  des  Quinze-Vingts  atte- 
nait  vers  le  sud,  et  qui,  suivant  une  sentence  du  U  février  1871,  étaient  celles  de 
rtGuiot  de  Moucy,  Estienne  Muète,  Jehan  Maudole,  Perrenelle  de  Crépon,  et.... 
tr  Jehan  Périer.  n  Nous  avons  reconnu  que  ces  noms  sont  placés  dans  le  même 
ordre  que  l'étaient  les  terrains,  mais  nous  ne  pouvons  affirmer  que  la  liste  en  soit 
complète;  elle  ne  correspond  pas  entièrement  aux  données  des  censiersW.  Néan- 

(1)  Voici  le  texte  du  censier  de  1899,  un  des  rrpour  une  maison  et  vi  arpens  de  terre  ou  vigne,  qui 

éléments  du  problème:  rrltem,  aux  Tuilleries,  la  r furent  Gile  de  Macy  et  Curent  Jehan  de  Bon-œil, 

rrtuillerieque  tient  Guiot  de  Moucy,  qui  fu <r  tenant  à  Perrenelle  de  Creppon,  n'viii'ob. —  Item, 

a —  Item,  la  tuillerie  que  tient  Clément  de  Moucy,  et  ledit  Jehan  Maudolle  pour  vi  arpens  de  terre,  qui 

»rqui  fu  à  la  Marcelle ,  que  l'en  dit  la  Tour  quarrée.  rr  furent  Jehan  de  Bon-œil  le  jeune ,  et  furent  à  ladite 

ff —  Item,  la  tuillerie... —  Item,  Jehan  Maudolle,  *  Perrenelle  de  Creppon,  x'  ind  ob.  —  Item,  ledit 


328  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

moins,  en  comparant  attentivement  les  divers  renseignements,  nous  arrivons  à  la 
quasi-certitude  que  l'ordre  des  terrains,  en  allant  de  l'orient  à  l'occident,  était 
celui-ci:  i°  la  tuilerie  de  Guillaume  de  Moucy,  bordant  le  chemin  sur  les  fossés; 
2°  la  tuilerie  de  la  Tour-Carrée,  à  Clément  de  Moucy  (i3y3),  qui  avait  appartenu 
à  la  Marcelle,  et  se  confond  avec  celle  d'Etienne  Muète;  3°  les  six  arpents  de  Jean 
Maudole  (1873),  qui  avaient  été  à  Gilles  de  Macy,  auparavant  à  Jean  de  Bonneuil, 
et  qui ,  en  1399,  contenaient  une  maison;  h°  les  six  arpents  de  Perrenelle  de  Cré- 
pon, qu'avait  possédés  Jean  de  Bonneuil  le  jeune  et  qui  étaient  certainement  con- 
tigus  aux  précédents;  5°un  arpent  et  demi  (1399)  dépendant  de  ceux  dePerrenelle; 
6°  deux  arpents  appartenant  en  1 399  à  Robert  Le  Comte,  chevalier;  70  deux 
arpents  à  Jean  Maudole,  qui  avaient  été  à  Jean  Le  Seynier;  8°  la  terre  de  Jean 
Périer.  Il  est  inutile  d'ajouter  que  ce  lotissement,  modifié  dans  le  siècle  suivant, 
et  finalement  effacé  du  sol,  n'a  pas  laissé  la  moindre  trace  appréciable  de  nos 
jours. 

Indépendamment  de  diverses  autres  pièces  de  terre,  dont  nous  n'avons  pas  à 
nous  occuper,  Jean  Maudole  acquit  les  six  arpents  de  Perrenelle  de  Crépon  et 
trois  arpents  et  demi  situés  à  la  suite.  Ces  neuf  arpents  et  demi,  réunis  aux  six 
qu'il  avait  dès  1 373 ,  formèrent  un  clos  d'environ  quinze  arpents,  déjà  appelé  le 
clos  Maudole  en  1 387,  qui  portait  encore  ce  nom  en  iû63,  et  qui  est  indiqué, 
dans  une  foule  de  titres,  comme  l'aboutissant  des  maisons  de  la  culture  des  Quinze- 
Vingts,  depuis  le  logis  de  l'Image  Notre-Dame  jusqu'à  celui  de  la  Liberté.  Cepen- 
dant, après  la  mort  de  Jean  Maudole,  lequel  ne  vivait  plus  en  i3g2(1),  son  clos  fut 
divisé  en  parcelles.  D'après  un  censier  de  1&19,  «le  principal  hostel  et  le  clos  de 
ff vignes,  contenant  deux  arpens  et  demi,»  étaient  alors  occupés  par  la  veuve  de 
Me  Régnard  de  Crémery,  et  le  reste,  renfermant  deux  maisons,  par  neuf  individus. 
Ici  le  fil  de  la  succession  Maudole  se  brise.  Quant  à  celle  de  Guillaume  de  Moucy, 
il  n'est  point  possible  d'en  suivre  la  trace  ;  nous  ne  retrouvons  de  documents  qu'à 
la  fin  du  xve  siècle. 

Pour  une  raison  qui  nous  échappe  et  qui  laisse  un  desideratum  très-fâcheux,  le 
censier  de  l'Évêché  pour  1689,  l'un  des  plus  beaux  monuments  topographiques 
que  l'on  connaisse,  ne  contient  aucun  détail  relatif  au  terrain  sur  lequel  s'éten- 


«  Jehan  Maudolle  pour  la  terre  qui  fu  Philipot  de 
rfL'Isle,  contenant  un  arpent  et  demi,  tenant  aux 

rrvi  arpens  dessusdiz,  doit  xvmd vacque  pour 

rr  ce  qu'elle  dit  que  tout  est  compris  en  ladite  somme 
rde  x'  iidob.  —  Item,  pour  deux  arpens  qui  furent 
r  Jehan  Le  Seynier,  tenant  à  Jehan  Périer  d'une  part , 
ret  à  messire  Robert  Le  Conte,  d'autre  part,u\ .. 
r —  Item,  Mons.  Robert  Le   Conte,  cheva- 


llier, pour  deux  arpens  de  terre,  tenant  aux  terres 
«•du  clos  Jehan  de  Ron-œil  d'une  part,  et  h  Perre- 
rtnelle  de  Creppon,  d'autre  part...  if.i  (Arch.  de 
l'Emp.  reg.  S.  ia54  ,  fol.  87  r°.) 

(1)  Quoiqu'il  soit  mentionné  comme  s'il  était  vi- 
vant, dans  le  censier  de  i3gg.  Les  erreurs  de  cette 
sorte  abondent  dans  les  titres  domaniaux,  lorsqu'ils 
sont  rédigés  à  l'aide  de  pièces  antérieures. 


EMPLACEMENT  DES  TUILERIES.  329 

dent  actuellement  le  château  et  la  cour  des  Tuileries;  en  revanche,  il  énonce 
toutes  les  pièces  de  terre  de  l'emplacement  du  jardin.  Malheureusement  il  les  dé- 
signe par  ordre  de  propriétaires  et  non  pas  suivant  leur  ordre  naturel;  cependant, 
comme  il  les  donne,  sinon  avec  des  cotes  de  longueur,  du  moins  avec  une  indica- 
tion de  leur  superficie  ainsi  que  de  leurs  tenants  et  aboutissants,  nous  avons  pu, 
à  force  de  temps,  en  comprendre  la  disposition  relative,  et  même  traduire  nos 
idées  par  un  croquis.  Mais,  ce  résultat  obtenu,  la  contenance  totale  des  pièces 
de  terre  s'est  trouvée  considérablement  moins  grande  qu'elle  n'eût  dû  l'être  pour 
se  rapporter  avec  les  dimensions  du  terrain.  Dans  l'impossibilité  de  comprendre 
cette  circonstance  singulière,  nous  avons  pris  le  parti  de  renoncer  à  poursuivre 
notre  étude,  et  nous  signalerons  seulement  une  des  particularités  qu'elle  nous  a 
permis  d'observer. 

Derrière  la  maison  de  la  Corne-de-Cerf  (hôtel  de  Pluvinel) ,  comprise  dans 
le  clos  des  Quinze-Vingts  (voir  p.  296),  s'étendait  une  pièce  de  terre  arable  dé- 
pendant de  cette  maison  et  appartenant  aux  Aveugles;  en  1^89,  elle  tenait,  vers 
l'occident,  à  trois  autres  ;  vers  l'orient,  au  champ  de  Jean  Berthe  M;  vers  le  nord,  au 
clos  des  Quinze-Vingts,  et,  vers  le  sud,  au  chemin  de  la  rivière  et  à  J.  Berthe.  Or 
cette  pièce,  qui  présentait  trois  arpents  et  demi  plus  treize  perches  de  superficie,  et 
faisait  hache  du  côté  de  Paris,  est  dite,  dans  un  acte  de  1620,  tenir  (du  côté  de  l'est) 
au  clos  Maudole  ;  ainsi  ce  clos  était  bien  situé  derrière  les  maisons  de  l'Image  Notre- 
Dame  et  autres  voisines,  conformément  à  la  teneur  des  titres.  Mais,  comme  plu- 
sieurs maisons  placées  au  delà  de  celle  de  la  Corne-de-Cerf,  par  exemple  les 
maisons  de  la  Liberté,  de  l'Echiquier  et  de  l'Image  Saint-Louis,  sont  également 
dites,  en  i653,  1660,  iholi,  etc.  aboutir  au  clos  Maudole,  et  comme  la  pièce  des 
Quinze-Vingts  a  certainement  appartenu  à  l'Hospice  dès  les  premières  années  du 
xvc  siècle,  il  s'ensuit  que  le  clos  Maudole  était  formé  de  deux  portions  séparées  par 
la  pièce  des  Quinze-Vingts.  Du  reste,  il  en  a  pu  être  autrement  d'abord,  et  il 
n'est  point  impossible  que,  aux  dates  précitées,  les  maisons  de  la  Liberté,  etc. 
n'aient  été  énoncées  que  par  suite  d'une  habitude  comme  aboutissant  au  clos 
Maudole,  car  on  ne  trouve  pas  l'indication  confirmée  dans  le  censier  de  1689,  et 
le  clos  était  déjà  morcelé  en  1 U 1 9.  Il  convient  de  remarquer  que,  dans  tous  les  cas, 
la  portion  du  clos  Maudole  située  au  delà  du  champ  des  Quinze-Vingts,  laquelle 
est  appelée  «clos  des  jardins  des  maisons  des  Tuileries, n  dans  un  acte  de  1628, 
redevint  plus  tard  une  dépendance  de  la  portion  du  clos  Maudole  située  en  deçà 
de  ce  champ,  c'est-à-dire  du  côté  de  la  Ville. 

01  La  pièce  de  J.  Berthe,  aboutissant  de  même  vigne  qui  appartenaient  aussi  à  Berthe,  et  sur  les- 

au  clos  des  Quinze-Ving!s  et  au  chemin  de  la  ri-  quelles  nous  n'avons  point  de  renseignements.  La 

vière,  contenait  un  arpent  neuf  perches  et  demie;  pièce  des  Quinze-Vingts  contiguë  h  celle  de  Berthe 

elle  tenait,  vers  l'orient,  h  une  maison  et  à  une  pouvait  provenir  du  démembrement  du  clos  Mau- 

1  A  a 


330  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

En  effet,  vers  le  commencement  du  xvie  siècle,  Jean  Le  Gendre,  seigneur  de 
Villeroy  et  trésorier  des  guerres,  qui,  dès  i5oi,  était  propriétaire  de  la  partie 
orientale  de  l'ancien  clos  Maudole  W,  ou  plutôt  son  fds  Pierre ,  seigneur  d'Alincourt, 
fit  une  suite  d'acquisitions  telles  que  leurs  héritiers  se  trouvèrent  en  possession  de 
tout  le  terrain  compris  entre  le  chemin  du  hord  de  l'eau,  celui  qui  longeait  les 
fossés  de  la  Ville,  le  clos  des  Quinze-Vingts  et  le  chemin  de  l'Abreuvoir-l'Evêque, 
à  l'exception  d'un  champ  de  dix  arpents,  en  bordure  sur  cette  dernière  voie,  et 
de  la  pièce  des  Quinze-Vingts  perpendiculaire  à  la  Seine  (2).  Les  preuves  de  ce  fait 
ressortent  du  censier  de  l'Ëvêché  pour  i53o,  lequel  contient  l'article  suivant'3', 
relatif  aux  terrains  dont  le  palais  occupe  aujourd'hui  l'emplacement  :  «Lesdicts 

«héritiers  Messire  Pierre  Le  Gendre,  de  présent  noble  homme  Messire Le 

«  Viste,  président  en  la  court  de  Parlement,  à  cause  de  sa  femme,  paravant  femme 
«dudict  Le  Gendre;  Messire  Nicole  de  Neufville,  loco  de  Messire  Loys  de  Poncher; 
«etMc  Jehan  de  Tiercelin,  conseiller  en  Parlement,  pour  leurs  maisons,  jardins, 
«vignes  et  thuilleries,  non  comprins,  quant  à  la  part  dudict  Le  Gendre,  certaines 
«terres  cy-devant  déclarées  (celles  qui  étaient  situées  au  delà  de  la  pièce  des 

ce  Quinze-Vingts),  qu'il  a  encloz  dedans  sa  part  desdictes  maisons  et  jardins 

«  qui  furent  (les  maisons  et  jardins)  sire  Jehan  Le  Gendre  et,  avant,  Pierre  Drouart; 
ccèsquelz  lieux  ledict  deffunt  Jehan  Le  Gendre  a  encloz  ung  arpent  de  terre  qui 

ce  fut  Jehan  Berthe  (contigu  à  la  pièce  des  Quinze-Vingts)  et Le  Maçon,  qui 

eedoit  chacun  an  xu  deniers  parisis  de  cens.  —  Tenant  d'une  part,  tous  lesdicts 
ce  lieux,  au  long  et  faisant  le  coing  du  chemin  par  lequel  on  va  à  Sainct-Cloud,  et 
ee passe  l'on  entre  la  thuillerie  de  Me  Arnault  L'Huillier,  et  d'autre  part...  aboutis- 
cesant  par  derrière  au  clos  des  XV".  Doivent  les  dessusdicts,  par  an,  xxns  parisis, 
cei  denier  obole  parisis.  —  Desquelz  lieux  Jehan  Aux  Beufz'4',  couvreur  de  mai- 
ce  sons,  a  acheté  partie  de  Mous,  de  Villeroy.  C'est  assavoir  :  une  thuillerie  et 
«maison  estant  sur  le  chemin  traversant  entre  les  thuilleries  de  Aubin  Poullart  et 
«  ledict  Jehan  Aux  Beufz.  v 

La  portion  de  terrain  que  posséda  le  président  Le  Viste  <5',  et,  après  lui,  Charles 


dole;  elle  était  éloignée  d'une  quarantaine  de  mètres 
au  plus  de  remplacement  du  palais  actuel. 

(1)  En  i5oi,  la  maison  du  Cygne  est  dite  aboutir 
à  Jean  Le  Gendre ,  et,  en  i5a6,  au  clos  Le  Gendre. 
En  1 5 1 5 ,  la  pièce  des  Quinze-Vingts  est  dite  te- 
nir à  Pierre  Le  Gendre,  etc.  —  Jean  Le  Gendre, 
père  de  Pierre ,  mourut  le  jour  de  Noël  1 5 1 1 ,  sui- 
vant une  inscription  du  cimetière  des  Innocents. 
Il  était  apparemment  le  fds  de  ce  Jean  Le  Gendre 
qui,  le  k  avril  i44o,  prit  à  bail  une  partie  du 
clos  de  la  Poterie  faisant  le  coin  de  la  rue  Samt- 
Honoré. 


(S)  (tLes  Quinze-Vingts  de  Paris,  pour  trois  ar- 
«pens  et  deniy  seize  perches ,  assis  audict  terrouer 
«■de  la  Ville-l'Évesque,  tenant  d'une  part  aux  héri- 
«  tiers  Messire  Pierre  Le  Gendre,  d'aultre  part  à 
rreulxmêmes  (les  héritiers)  ;  aboutissant  par  haull 
c'a  leur  cloz,  et  par  bas,  en  hache  ausd.  héritiers 
rrLe  Gendre,  et  sur  le  chemin  de  la  rivière."  (Cen- 
sier de  i53o.) 

(3)  Arch.  de  l'Emp.  reg.  S  1256,  fol.  4io  v°. 

(4)  Le  même  qui  démolit  la  Grosse-Tour  du 
Louvre. 

(i)  D'après  le  père  Anselme,  son  prénom  était 


EMPLACEMENT  DES  TUILERIES.  331 

de  Pierrevivej1',  seigneur  de  Lézigny,  leur  échut,  parce  qu'ils  furent,  celui-ci,  le 
quatrième,  celui-là,  le  troisième  mari  de  Charlotte  Briçonnet,  fille  de  Pierre  Bri- 
çonnet,  seigneur  de  Praville,  laquelle  avait  épousé,  en  secondes  noces,  Pierre  Le 
Gendre,  seigneur  de  Villeroy,  le  même  qui  avait  si  fort  arrondi  son  héritage. 
Le  terrain  du  président  Le  Viste,  qui  renfermait  une  habitation  dès  1 5Û7,  est 
indiqué  dans  les  titres  comme  un  clos  de  jardin  auquel,  en  1 556,  aboutis- 
sait la  maison  de  l'Image  Sainte-Geneviève,  en  i55o  la  maison  contiguë,  et  en 
i55i  la  maison  qui  précédait  celle  des  Carneaux.  Or  la  maison  qui  précédait 
celle  des  Carneaux  et  les  deux  qui  la  suivaient  sont  énoncées,  en  1 56 1 ,  aboutissant 
au  rr jardin  des  Cloches, d  de  même  que  la  maison  des  Carneaux,  suivant  un  acte 
de  i  556.  Ce  jardin  des  Cloches'2),  qui,  en  1 564,  appartenait  aux  héritiers  de 
Marie  Briçonnet,  est  donc  le  même  que  le  clos  du  président  Le  Viste;  il  paraît 
avoir  commencé  à  peu  près  au  droit  de  la  maison  de  l'Image  Sainte-Geneviève 
et  s'être  étendu  assez  loin  dans  la  campagne.  On  verra,  par  l'acte  de  la  vente 
faite  à  Catherine  de  Médicis,  qu'il  tenait,  vers  l'est,  au  clos  de  Villeroy  ou  Le 
Gendre,  vers  l'ouest,  à  des  terres  labourables,  et  qu'il  aboutissait,  du  côté  du 
midi,  sur  le  quai'3).  L'emplacement  de  sa  partie  orientale  correspond  aujourd'hui 
à  celui  des  quinconces,  à  la  hauteur  de  l'îlot  compris  entre  les  rues  d'Alger  et  de 
Castiglione. 

Quant  aux  tuileries  de  Jean  Aux  Bœufs  et  de  Poullart,  l'absence  de  titres  ne  per- 
met pas  de  s'en  faire  une  idée  nette.  Séparées  par  une  ruelle  qui  était  perpendi- 
culaire à  la  Seine,  et  dont  rien  ne  permet  de  déterminer  la  situation  précise,  elles 
étaient  voisines  du  coin  du  quai,  comme  il  appert  de  ce  passage  du  censier  de  1 6o3 , 
copié  sur  de  plus  anciens,  et  reproduit  pour  mémoire  :  cr  Sur  lesquels  lieux  Jehan 
a  Aux  Beufs  avoit  faict  faire  une  thuillerie,  et  y  soulloit  avoir  une  ruelle  entre 
cla  thuillerie  dudict  Aux  Beufs,  et  celle  de  Aulbin  Goullard  (Poullart);  et  soul- 
«loient  tenir  tous  lesd.  lieux  d'une  part  à  lad.  ruelle,  d'aultre  au  coing  du  che- 
rtinin  tendant  de  Paris  à  Sainct-Cloud;  abboutissant  au  cloz  des  Quinze-Vingts.  n 

Sous  le  règne  de  Charles  VIII,  Simon  de  Neufville  était  possesseur  de  nom- 
breuses terres  au  territoire  de  la  Ville-l'Evèque.  Un  peu  plus  tard,  un  de  ses  des- 


Aiitoine;  cependant  plusieurs  titres  le  nomment 
Pierre.  Il  était  seigneur  de  Fresnes. 

(1)  Le  censier  de  l'abbaye  Saint-Germain  pour 
1567  mentionne:  "La  maison  des  Tuilleryes,  que 
t tient  de  présent  maistre  Charles  de  Pierre- Vive, 
t Trésorier  de  France.» 

(,)  Le  nom  resta  au  terrain  et  à  ses  environs  pen- 
dant assez  longtemps:  dans  un  bail  du  39  mai  1637, 
un  lieu  dit  les  Cloches  est  indiqué  comme  voisin  de 
l'entrée  du  Cours-la-Reine.  Dans  un  autre  acte,  de 


i634,  deux  arpents  tenant  aux  fossés  d'entre  les 
portes  Saint-Honoré  et  de  la  Conférence  sont  pareil- 
lement énoncés  comme  se  trouvant  au  territoire  des 
Cloches. 

(3)  Dans  un  titre  de  1 5ao ,  il  est  parlé  d'une  place 
à  pêcher  s'étendant  cr  depuis  la  porte  des  Tuilleryes 
rrjusques  h  la  porte  neufve  des  Carneaulœ  de  l'hostel 
«de  Mons.  de  Villeroy.»  Le  jardin  des  Cloches  au- 
rait-il dépendu  de  l'hôtel  des  Carneaux ,  situé  sur  la 
grande  rue  du  faubourg? 

4a. 


333  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

cendanls,  le  trésorier  de  France  Nicolas  de  Neufville  acquit  de  Louis  de  PoncherW 
et  d'autres  individus  plusieurs  maisons  situées  aux  Tuileries^.  Il  avait  peut-être 
réuni  ces  maisons  à  celle  qu'il  devait  à  un  don  de  son  oncle ,  Pierre  Le  Gendre , 
lorsque  la  duchesse  d'Angoulême  eut  l'idée  de  venir  habiter,  pour  rétablir  sa 
santé,  dans  l'une  des  propriétés  à  lui  appartenant.  S'étant  bien  trouvée  de  l'air  pur 
qu'on  y  respirait,  elle  engagea  le  Roi,  son  fils,  à  faire  acquisition  de  la  maison  dite 
des  Tuileries,  en  échange  de  laquelle  François  Ier  abandonna  à  de  Neufville  la  terre 
de  Chanteloup,  près  de  Montlhéry.  La  commission  donnée  à  la  Chambre  des 
Comptes  pour  effectuer  cette  transaction  est  datée  du  1  2  février  1 5 1 8 ,  et  ainsi 
conçue  :  «François,  par  la  grâce  de  Dieu,  roy  de  France.  A  nos  amez  et  féaux  les 
irgens  de  nos  comptes  et  trésoriers  à  Paris,  salut  et  dilection.  Comme,  depuis  deux 
rrmois  en  çà,  estant  de  séjour  en  nostre  bonne  ville  et  cité  de  Paris,  ayans,  avec 
ff  nostre  très  chère  et  très  amée  compagne  la  Royne  et  nostre  très  chère  Dame  et 
«mère,  faict  continuelle  résidence  en  nostre  maison  des  Tournelles,  assise  près  de 
cria  bastide  Sainct-Anthoine;  en  laquelle  nostredite  Dame  et  mère  s'est  par  aucuns 
et  jours  trouvée  indisposée  de  sa  santé  corporelle,  tant  à  l'occasion  de  la  situation  du 
trlieu,  qui  est  humide,  paludeux,  et  en  basse  assiète,  voisin  et  près  des  immondices 
cret  esgoût  de  l'un  des  quartiers  de  nostredite  Ville,  que  autrement;  à  ces  causes, 
«nous  ayans  par  aucuns  de  nos  principaux  officiers  et  serviteurs  fait  voir  et  visiter 
fr plusieurs  lieux  et  places,  maisons  et  édifices,  à  l'entour  de  cettedite  Ville ,  et  nous- 
"ffiiiême  en  personne  ayant  veu  et  visité  certaines  maisons  et  édifices,  cours  et 
fr  jardins  clos  à  murs,  appartenais  à  nostre  amé  et  féal  conseiller,  secrétaire  de 
mios  finances  et  audiancier  de  France,  Nicolas  de  Neufville,  chevalier,  scituez  et 
trassis  es  faubourgs  de  la  porte  Sainct-Honoré,  près  et  joignant  les  fossez  de  cette- 
rr dite  nostre  bonne  ville  et  cité  de  Paris,  et  de  la  rivière  de  Seine,  sur  le  chemin 
«  allant  de  ladite  porte  à  nos  bois  de  Boulongne  et  Saint-Cloud  W,  lesquels  nous 


(1)  L'acquisition  pourrait  avoir  été  faite  par  le 
père  du  Nicolas  de  Neufville  dont  nous  parlons.  Il 
portait  le  même  prénom  que  son  fils,  et  ne  mourut, 
suivant  le  père  Anselme,  qu'en  1 54 9.  Un  Louis  Pon- 
cher,  seigneur  de  Lézigny,  épousa  P»obine ,  sœur  de 
Pierre  Le  Gendre.  Il  y  eut  de  nombreuses  alliances 
entre  les  membres  des  familles  auxquelles  apparte- 
naient les  terrains  de  la  région  des  Tuileries;  mais 
la  transmission  de  ces  terrains  et  leur  topographie 
restent  très-obscures  par  la  rareté  des  titres. 

m  L'inventaire  du  Mémorial  PP  de  la  Chambre 
des  Comptes  contient  l'indication  des  pièces  sui- 
vantes, qui  n'existent  plus  :  rr  Contrat  de  vente  par 
rrJean  Bude  et  Marguerite  Mesnard,  sa  femme,  d'une 
" maison,  cour  et  jardin,  etc.  à  Paris,  au  lieu  dit 


rdes  Tuiileries,  au  proffit  de  Nicolas  de  La  Neuville 
*  moyennant  780  1.  —  Autre  contrat  de  vente  par 
t  Geneviève  Le  Gendre  des  Mousseletz,  au  proflit 
ffdud.  Nicolas  de  Neuville  de  Villeroy,  de  la  portion 
fràelle  appartenant  en  lad.  maison  des  Thuilleries, 
^moyennant  5oo  1.  —  Autre  contrat  de  donation 
rfpar  Pierre  Le  Gendre,  de  Maigny  et  Hallaincourt , 
"trésorier  de  France,  au  proflit  dud.  de  Neuville, 
rrson  nepveu,  d'une  maison  et  jardin  joignant  les 
<t  Tuiileries.  1  (Arch.  de  l'Emp.  reg.  PP  119.) 

(S)  La  maison  de  Neufville  occupait  donc  l'em- 
placement de  cette  partie  de  la  cour  des  Tuileries 
comprise  entre  la  grille  et  la  Grande-Galerie,  et  elle 
s'étendait  le  long  du  quai;  mais  rien  ne  nous  ren- 
seigne sur  ses  dimensions  dans  les  deux  sens. 


EMPLACEMENT  DES  TUILERIES.  333 

tr avons  trouvé  de  nostre  part,  et  aussi  par  le  rapport  que  fait  nous  a  esté  par  gens 
« experts  et  eri  ce  connaissans,  estre  en  bel  air  et  en  belle  situation;  principale- 
«ment  pour  ce  que  nostredite  Dame  et  mère,  puis  aucuns  jours  s'est  continuelle- 
«ment  tenue  ezdites  maisons  et  tient  encore  à  présent,  et  très-bien  trouvée  en 
«  disposition  et  santé  de  sa  personne ,  au  moyen  de  quoi  elle  a  désir  et  affection  de 
«soi  y  tenir  souvent,  parce  que  l'air  et  situation  du  lieu  sont  propres  et  conve- 
«nables  pour  la  santé  de  sa  personne,  et  nous,  semblablement,  pour  y  prendre 
« nostre  plaisir  et  récréation,  et  pour  autres  nos  commoditez  et  aisances;  et  pour 
ace  avons  fait  entendre  à  nostredit  conseiller  Nicolas  de  Neufville,  que  nostre  plai- 
«sir  et  vouloir  estoit  qu'ils  nous  baillast  et  délaissast  pour  nous  et  nos  successenrs 
«à  tousjours  perpétuellement  lesdites  maisons,  édifices,  cours  et  jardins  à  luy 
«appartenans,  dont  dessus  est  faite  mention,  en  lui  baillant  et  faisant  bailler  de 
«par  nous,  par  permutation  et  eschange,  bonne  récompense  à  luy  commode  et 
« utile,  en  assiette  de  terre  ou  revenus  sur  nostre  domaine,  de  la  valeur  desdites 
-maisons,  édifices  et  lieux  déclarez,  ce  que  ledit  de  Neufville  nous  a  franchement 
«et  volontairement  accordé.  Nous,  à  ces  causes,  voulans  ladite  récompense  estre 
tr  faite  et  baillée  audit  de  Neufville  par  eschange  et  permutation,  comme  dit  est, 
«vous  commandons  et  très  expressément  enjoignons  que  vous  vous  informiez  ou 
«  faites  informer  bien  et  deûement  de  quel  profit,  revenu  et  esmolument  est  à  nous 
«et  à  nostre  domaine,  nostre  hostel  ou  masure,  parc,  lieu  et  appartenances  de 
«Chanteloup,  situez  et  assis  près  Chastres  sous  Montlehéry,  que  l'en  dit  estre  de 
«présent  lieu  vague  en  ruyne,  décadence  et  de  petite  valeur  et  revenu;  quels  frais, 
«mise  et  despens  conviendra  faire  par  nécessité  audit  lieu  de  Chanteloup,  pour  la 
«réparation,  édifice  et  construction  d'icelui;  aussi  vous  informez  et  faites  voir  et 
«apprécier  par  gens  et  ouvriers  experts  à  ce  connoissans,  lesdites  maisons  édi- 
«fices,  cours,  jardins,  dont  dessus  est  faite  mention,  appartenans  audit  sieur  de 
«  Neufville  de  son  conquest,  ayant  par  vous  regart  tant  à  l'achapt  qu'il  en  a  fait 
«qu'aux  bastimens,  édifices  et  méliorations  qu'il  y  a  fait  faire  de  neuf,  et  pareille- 
«ment  à  la  valeur  dudit  lieu  de  Chanteloup  et  appartenances,  ayans  toutefois 
«égard  et  considération  auxdits  frais,  mises  et  despences  qu'il  conviendra  faire 
«par  nécessité  audit  lieu  pour  la  réparation,  édifice  et  construction  d'iceluy;  et  si, 
«par  ladicte  information  ou  autrement,  deûement  faite,  il  vous  appert  que  lesdites 
«maisons  et  lieux  dessusdits  appartenans  audit  de  Neufville,  que  désirons  singu- 
«  fièrement  avoir  de  lui  par  eschange  et  permutation,  pour  les  causes  dessus  décla- 
re rées,  soient  d'aussi  bonne  ou  meilleure  valeur  que  ledit  lieu  de  Chanteloup  et 
«appartenances,  eu  esgard,  et  comme  dit  est,  à  l'achapt,  édifices  et  méliorations 
«faites  par  ledit  de  Neufville,  et  à  la  ruyne  et  petit  revenu  dudit  lieu  de  Chante- 
«loup,  appartenances,  et  frais  qu'il  conviendra  faire  pour  la  réparation  et  cons- 
«truction  d'iceluy;  vous,  audit  cas,  faites  avec  ledit  de  Neufville  ledit  eschange 


33'i  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

«et  permutation,  à  luy  baillez  et  délivrez  pour  luy,  sesdits  hoirs  et  ayans  cause, 
«à  tousjours  perpétuellement  nostredit  hostel  ou  mazures,  parc,  lieu  et  apparte- 
nances de  Chanteloup,  avec  le  droit  de  justice  haute,  moyenne  et  basse  audit  lieu, 
«sur  les  hommes  subjets  et  censiers  qu'il  pourrait  avoir  et  accroistre  à  demie  lieuë 
«à  l'entour  d'iceluy,  pour  en  faire  et  disposer  comme  de  son  propre  héritage,  sans 
«en  rien  réserver,  retenir  ne  excepter  pour  nous  ne  les  nostres,  fors  seulement 
«lesfoy  et  hommage,  souveraineté  et  ressort  immédiatement  du  bailly  dudit  Chan- 
«teloup,  par  devant  nostre  prévost,  à  nostre  Ghastellet  de  Paris;  en  nous  baillant, 
«cédant  et  transportant  par  ledit  de  Neufville  pour  nous  et  nosdits  successeurs  à 
«tousjours  perpétuellement  sesdites  maisons,  jardins  et  appartenances  dont  cy- 
«  dessus  est  faite  mention,  et  lettres  sur  ce  requises  et  nécessaires,  pour  estre  et 
«  demeurer  unies  à  nostre  domaine  ;  et  lequel  bail ,  qui  ainsi  sera  par  vous  fait  audit 
«de  Neufville,  nous  avons,  dès  à  présent  comme  pour  lors,  validé  et  auctorizé,  vah- 
«dons  et  auctorizons,  et  voulons  estre  de  tel  effect  et  valeur  comme  s'il  avoit  par 
«nous  esté  faict.  Et  au  cas  que,  où  par  ladite  information,  eu  esgart  à  tout  ce  que 
«dit  est,  trouverez  que  ledit  de  Neufville  nous  deust  faire  aucune  rescompense, 
«le  pourrez  charger  de  nous  payer  et  bailler  en  rente  annuelle  et  perpétuelle,  ou 
«descharger  nostredit  domaine  de  telle  autre  somme  que  verrez,  en  vos  loyautez 
«et  consciences,  estre  à  faire.  Et  pareillement  où  trouverez  que  lesdites  maisons, 
«édifices  et  lieux  dessus  déclarez  appartenais  audit  de  Neufville,  fussent  de  plus 
«grande  ou  meilleure  valeur  que  ledit  lieu  de  Chanteloup  et  appartenances,  vous 
«  en  renvoyerez  vos  rapports  et  advis  sur  ce  en  vosdites  consciences  et  loyautez , 
«pris  après  toutesfois  ledit  eschange  fait  par  vous,  comme  dit  est,  pour  estre  par 
«nous  pourveû  à  la  récompense  dudit  de  Neufville  selon  que  verrons  estre  à  faire. 
«De  ce  faire  vous  avons  donné  et  donnons  plain  pouvoir  et  auctorité,  nonobstant 
«quelconques  ordonnances,  restrictions,  mandemens  oudeffenses  faictesou  à  faire, 
«à  ce  contraires.  Donné  à  Paris,  le  xu  febvrier,  l'an  de  grâce  M.  D.  XVIII,  et  de 
«nostre  règne  le  ve.  Signé  :  par  le  Roy,  Robertet  ^\  n 

Telles  sont  les  circonstances  dans  lesquelles  la  maison  des  Tuileries  devint  pro- 
priété royale.  Depuis,  elle  ne  cessa  jamais  de  l'être,  bien  que,  par  lettres  déli- 
vrées à  Lyon,  le  icr  novembre  i525,  la  Duchesse  en  eût  gratifié  Jean  Tiercelin, 
maître  d'hôtel  du  Dauphin,  et  Julie  Du  Trot,  sa  femme,  car  ce  ne  fut  que  par 
simple  don  viager,  comportant  le  retour  à  la  Couronne,  lors  de  la  mort  du  der- 
nier survivant  des  deux  époux.  La  clause  est  rappelée  dans  l'arrêt  d'enregistre- 
ment des  lettres,  qui  est  rédigé  en  ces  termes  :  «Les  gens  des  Comptes  du  Roy 
«nostre  sire,  à  Paris,  au  receveur  ordinaire  dudit  lieu,  salut.  Veuës  les  lettres 
«patentes  de  Madame,  mère  du  Roy,  régente  en  France,  signées  de  sa  main  et 

(1>  Extrait  des  registres  de  la  Chambre  des  Comptes,  ap.  Félibien ,  t.  III,  p.  5-] h,  et  Arch.  de  i'Emp. 
reg  P.  a3o4. 


EMPLACEMENT  DES  TUILERIES.  335 

rd'un  secrétaire  signant  en  finance,  données  à  Lyon,  le  ier  jour  de  novembre 
kM.  D.  XXV,  ausquelles  ces  présentes  sont  attachées  soubz  l'un  de  nos  signets, 
n  impétrées  et  à  nous  présentées  de  la  part  de  Jean  Tiercelin ,  maistre  d'hostel 
rcde  monseigneur  le  Dauphin,  par  lesquelles  et  pour  les  causes  y  contenues  ladite 
ftDame,  en  vertu  de  son  pouvoir  de  régence  et  auctorité  à  elle  baillée  par  ledit 
«seigneur,  a  donné,  cédé,  quitté,  transporté  et  délaissé  audit  Tiercelin  et  demoi- 
tc selle  Julie  Du  Trot,  sa  femme  et  espouse,  en  faveur  et  contemplation  de  leur 
(t mariage,  le  lieu  et  place  des  Thuilleries  de  Paris,  avec  les  maisons,  cours  et  jar- 
rtdins,  et  tout  le  pourpris  d'icelles,  ainsi  qu'elles  se  comportent  et  estendent;  pour 
ff  desdits  lieux,  places  et  maisons,  cours,  jardin  et  autres  choses  des  appartenances 
et  et  dépendances  desdites  Thuilleries,  fruits,  proffits,  revenus  et  esmolumens 
rr  d'icelles,  jouir  et  user  par  lesdits  Jean  Tiercelin  et  Julie  Du  Trot  futurs  conjoints, 
a  à  quelque  valeur  et  estimation  qu'ils  soient  et  puissent  estre  et  monter,  leur  vie 
r  durant  tant  seulement,  et  le  survivant  l'un  de  l'autre,  en  payant  toutesfois  les 
k droits,  debvoirs  et  charges  ordinaires  estant  sur  lesdites  Thuilleries,  s'aucunes 
tten  y  a,  où  et  ainsi  qu'il  appartiendra,  comme  plus  à  plain  le  contiennent  lesdites 
rr  lettres.  Veuë  aussi  la  requeste  sur  ce  à  nous  présentée  par  lesdits  impétrans,  cy 
rr  attachée  comme  dessus,  ensemble  les  lettres  missives  à  nous  pour  ce  escriptes 
rrpar  le  Roy,  nostredit  seigneur,  ce  jourd'hui  apportées  :  consentons,  de  l'exprès 
rr  mandement  d'icelui  seigneur,  l'expédition  desdites  lettres  selon  leur  forme  et 
rr  teneur,  à  la  charge  toutesfois  des  réparations  nécessaires,  et  autres  charges  con- 
r- tenues  ez-dites  lettres.  Donné  soubz  nosdits  signets,  le  xxme  jour  de  septembre, 
rrl'an  M.  D.  XXVII.  Signé  :  Chevallier  (1>.  n 

Nous  ne  savons  à  quelle  époque  disparurent  les  tuileries  de  Poullart  et  de  Jean 
Aux  Bœufs;  nous  avons  seulement  constaté  que  la  maison  cédée  à  la  duchesse 
d'Angoulême  ne  s'étendait  point  jusqu'au  clos  des  Quinze- Vingts,  car,  dans  aucun 
document  antérieur  à  la  construction  du  palais,  les  maisons  du  clos  ne  sont  dites 
aboutir  à  Tiercelin  ou  au  Roi;  mais,  au  contraire,  toutes,  jusqu'à  la  hauteur  de 
celle  de  Sainte-Geneviève,  sont  énoncées  aboutir  au  clos  Le  Gendre,  puis  aux  hoirs 
Le  Gendre,  et  enfin  (en  i55o,  i55&,  etc.)  au  seigneur  de  Villeroy.  En  effet , 
Nicolas  de  Neufville,  neveu  de  Pierre  Le  Gendre,  institué  par  lui  son  légataire  uni- 
versel en  1 5  2  h ,  hérita  en  même  temps  de  la  seigneurie  de  Villeroy  et  des  terres 
situées  près  des  Tuileries,  dont  nous  avons  parlé,  et  qu'il  partagea  avec  ses  cohé- 
ritiers en  mars  1 537.  Nicolas  de  Neufville  acquit  aussi  plusieurs  maisons  du  clos 
des  Quinze-Vingts  ('2);  en  1 553 ,  il  divisa  ses  biens  entre  ses  enfants  et  mourut  peu 
après.  Des  trois  enfants  que  lui  donna  sa  femme  Denise  du  Museau,  le  second, 

">  Félibien,  t.  III,  p.  5o,5.  Nous  n'avons  pas  retrouvé  les  lettres  de  donation,  qui  doivent  être  depuis 
longtemps  détruites.  —  (,)  Voir  p.  307. 


336  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Antoine  de  Neuiville,  qui  fut  secrétaire  du  roi,  ne  se  maria  jamais,  et  ne  parait 
point  avoir  rien  possédé  aux  environs  des  Tuileries;  quant  au  troisième,  Jean  de 
Neuiville,  seigneur  de  Chanteloup,  il  obtint  pour  sa  part  la  maison  de  la  Coquille, 
dans  le  clos  des  Quinze-Vingts,  et  une  maison  voisine.  La  jouissance  du  clos  Le 
Gendre,  dont  une  partie  semble  s'être  étendue  entre  celui  des  Quinze-Vingts  et 
lbôtel  cédé  à  la  duchesse  d'Angoulême,  échut  au  premier  fils  de  Nicolas  de  Neuf- 
ville;  il  portait  le  même  prénom  que  son  père,  et  prit  les  armes  et  le  titre  de 
son  grand-père,  Pierre  Le  Gendre,  seigneur  de  Villeroy.  Toutes  les  propriétés  de 
la  famille  de  Neuiville  furent,  dans  la  suite,  acquises  par  la  reine  Catherine  de 
Médicis. 


APPENDICES. 


APPENDICES. 


I.  — TABLEAU  DE  SAINT-GERMAIN-DES-PRÈS 
ET  RETABLE  DU  PALAIS  DE  JUSTICE. 

(Voir  pages  i46  et  îig.) 


En  général,  rien  n'est  moins  commun  que  la  représentation  fidèle  d'un  édifice  détruit 
depuis  assez  longtemps;  mais,  lorsque  l'image  remonte  au  delà  du  milieu  du  xvi°  siècle, 
elle  constitue  un  monument  d'une  extrême  rareté  ;  aussi  faut-il  considérer  comme  le  résultat 
d'un  hasard,  plus  extraordinaire  encore  qu'il  n'est  heureux,  cette  circonstance  que  l'on  a 
conservé  du  Vieux  Louvre  deux  excellentes  vues, dont  l'une  compte  indubitablement  quatre 
siècles  d'existence. 

Le  tableau  de  Saint-Germain-des-Prés,  jadis  propriété  de  l'abbaye,  fut  recueilli  pen- 
dant la  Révolution  par  Alexandre  Lenoir,  et  figura  dans  le  musée,  aujourd'hui  si  regrettable, 
des  Petits-Augustins ;  il  a  été  conservé  ensuite  dans  l'église  de  Saint-Denis,  et,  en  1 8^5,  il 
est  entré  dans  la  collection  du  Louvre,  où  on  le  voit  maintenant  exposé.  Il  est  ainsi  très- 
connu,  et  d'autant  plus  que  la  vue,  qui  en  fait  le  principal  intérêt,  a  été  fort  souvent 
reproduite.  Peint  sur  panneau,  il  mesure  un  mètre  de  hauteur  sur  deux  mètres  quatre 
centimètres  de  largeur,  et  représente  le  sujet,  fréquemment  traité,  du  Christ  descendu  de 
la  croix.  Autour  du  cadavre  se  groupent  la  Magdeleine ,  Joseph  d'Arimathie,  saint  Jean 
l'Evangéliste ,  la  Vierge,  une  sainte  femme,  certain  personnage  en  manteau  rouge,  que  l'on 
tient  pour  un  abbé  de  Saint-Germain,  et  enfin  une  femme  agenouillée,  que  nous  croirions 
volontiers  être  une  parente  du  donateur.  Dans  le  fond,  à  la  droite  du  spectateur,  apparaît 
un  calvaire,  et  à  gauche  se  dessine  un  paysage  comprenant  l'hôtel  de  Bourbon,  le  Louvre, 
Montmartre  dans  le  lointain,  et,  sur  un  plan  plus  rapproché,  le  monastère  de  Saint-Ger- 
main. Personne  ne  sait  d'ailleurs  de  qui  est  au  juste  le  tableau,  que  l'on  suppose  dû  à  un 
artiste  français  ayant  subi  l'influence  de  l'école  flamande (1).  Si  l'hypothèse  ne  manque  point 

(1)  Sur  la  boite  à  parfums  que  tient  la  Magdeleine  terpréler.  Les  uns  lisent,  h  tort,  les  lettres  lv  cipio 
est  tracée  une  inscription  très-embarrassante  à  in-        af,  et  prétendent  qu'elle  fait  allusion  a  Scipion  l'Afri- 


w  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

de  vraisemblance,  il  en  est  fort  différemment  des  dates  qu'on  a  assignées  jusqu'ici  à  l'exé- 
cution de  la  peinture ,  et  dont  nous  allons  démontrer  l'étonnante  inexactitude. 

Au  dire  d'Alexandre  Lenoir,  le  tableau  serait  contemporain  de  Charles  VII;  selon  M.  de 
Clarac,  il  daterait  de  la  fin  du  xive  siècle,  et,  d'après  le  catalogue  du  Musée,  des  premières 
années  du  xv%  au  plus  tard.  Ces  diverses  conjectures,  qu'on  a  maintes  fois  répétées,  et  qui 
n'ont  pas  encore  trouvé  de  contradicteur,  sont  absolument  dépourvues  de  base;  le  seul 
document  d'apparence  historique  que  l'on  ait  à  citer  sur  l'origine  du  tableau  est  le  passage 
où  D.  Bouillart  le  mentionne  en  ces  termes  :  «  Enfin  on  voit  dans  la  sacristie  un  ancien 
«tableau  qui  a  servi  autrefois  dans  quelque  chapelle,  où  l'abbé  Guillaume  (IIIe  du  nom, 
«mort  en  i4i8)  est  représenté  à  genoux,  soutenant  avec  respect,  par-dessous  les  bras,  un 
«Christ  détaché  de  la  croix (1). »  Il  convient  de  remarquer  que  D.  Bouillart  n'invoque  ici, 
contrairement  à  ses  habitudes,  aucune  autorité,  et  cela  manifestement  parce  qu'il  ne  se 
fondait  que  sur  une  tradition. 

En  matière  d'antiquités,  nul  ne  l'ignore,  les  caractères  archéologiques  d'un  tableau  doi- 
vent passer  avant  les  données  de  la  tradition.  C'est  pourquoi,  avant  même  d'être  arrivé  à 
reconnaître  la  cause  de  l'erreur  commise  par  D.  Bouillart,  nous  avions  la  certitude  qu'il  se 
trompait  d'un  siècle  dans  son  appréciation  :  le  style  du  tableau  ne  permet  pas  d'admettre 
un  moment  qu'il  remonte  au  temps  de  Charles  VI.  Le  caractère  des  têtes,  l'agencement  des 
draperies ,  la  forme  des  lettres  de  l'inscription  tracée  sur  le  vase  que  tient  la  Magdeleine , 
et  les  vêtements  du  Joseph  d'Arimathie,  qui  rappellent  immédiatement  ceux  des  calvaires 
sculptés  en  ronde  bosse  de  la  Renaissance,  nous  ont  toujours  persuadé  que  l'œuvre  ne  pou- 
vait être  de  beaucoup  antérieure  à  cette  dernière  période.  Mais  ce  qui  est  surtout  décisif, 
ce  sont  les  costumes,  bien  qu'assez  vagues,  de  petites  figures  dispersées  dans  le  paysage, 
et  en  particulier  leur  tournure  éminemment  caractéristique.  Le  commencement  du  xvi"  siècle 
se  révèle  là  avec  tant  d'évidence  qu'on  ne  saurait  presque  souhaiter  une  indication  plus 
explicite  ;  nous  en  prenons  à  témoin  tous  ceux  qui  ont  étudié  l'histoire  du  costume. 

Si  l'ancienneté  du  tableau  de  Saint-Germain-des-Prés  n'excède  pas  le  xvi°  siècle ,  quelle 
cause  assigner  à  l'affirmation  de  D.  Bouillart,  écrivain  consciencieux,  qui  était  dans  les 
meilleures  conditions  pour  se  bien  renseigner?  La  méprise  de  D.  Bouillart  s'explique  de  la 
façon  la  plus  naturelle  :  en  effet,  le  détail  qu'il  rapporte,  il  ne  le  tenait,  nous  venons  de  le 
dire,  que  d'une  tradition,  suivant  laquelle  le  tableau  offrait  le  portrait  d'un  abbé  appelé 
Guillaume.  Incapable  de  discerner  l'âge  réel  de  la  peinture,  D.  Bouillart  a  cru  qu'il  s'agis- 
sait de  Guillaume  III,  dont  la  libéralité  était  renommée  parmi  les  moines  à  cause  des 
magnifiques  objets  par  lui  donnés  à  leur  église;  suffisamment  familier  avec  la  critique 

cain,  opinion  tout  à  fait  inacceptable;  d'autres,  rr On  sait,  dit-il,  la  façon  dont,  au  xvi'  siècle,  sur 

plus  ingénieux ,  y  voient  le  nom  d'un  peintre  inconnu,  «  les  vases  qu'on  a  l'habitude  d'appeler  aiguières  de 

qui  seserait  appelé  Nicolas  Pion;  mais  M.  de  Mon-  «pharmacie,  le  nom  de  ce  qu'ils  devaient  renfer- 

taiglon  a  établi  la  fausseté  incontestable  de  cette  et  mer  figure  comme  ornement  ;  notre  peintre  aura 

traduction,  et  il  a  soutenu,  avec  toute  apparence  de  «copié  un  vase  de  cette  espèce  et  aura  reproduit  ce 

raison,  que,  si  les  lettres  de  l'inscription  formaient  «  qu'il  voyait.»  (Arch.  de  l'art  français ,  i"  série, 

un  sens,  elles  donnaient  simplement  le  nom  de  t.  II,  p.  1 37.) 

quelque  drogue  employée  dans  les  embaumements:  (l)  Hist.  de  l'abb. Saint-Germain-des-Prés,  p.  169. 


APPENDICES.  v 

archéologique,  il  eût  compris  que  la  tradition  se  rattachait  nécessairement  à  l'un  des  deux 
prélats  commendataires  du  nom  de  Briçonnet,  soit  à  Guillaume  IV,  abbé  det5o3ài5o7, 
soit  à  Guillaume  V,  abbé  de  1607  *  *  533  ;  la  véritable  difficulté  consiste  à  déterminer 
lequel  fut  réellement  le  donateur. 

Nous  ne  voyons  qu'un  indice  qui  aide  à  résoudre  le  problème,  et,  s'il  n'en  assure  pas 
la  solution  définitive,  du  moins  il  le  simplifie  beaucoup.  La  physionomie  du  personnage 
en  manteau  rouge  est  celle  d'un  homme  touchant  à  son  douzième  lustre  ;  or  Guillaume  V 
n'atteignit  sa  soixantième  année  qu'en  1 5  3  o  (1),  et  le  tableau  a  été  peint  avant  1697,  puisque 
l'on  y  distingue  la  Grosse-Tour  du  Louvre.  Pour  que  le  tableau  eût  été  fait  par  ordre  de 
Guillaume  V,  A  faudrait  conséquemment  qu'il  eût  été  entrepris  presque  au  moment  où  la 
tour  disparut,  et  que  l'artiste,  rompant  avec  les  habitudes  de  ses  confrères,  eût  vieilli 
quelque  peu  les  traits  de  son  modèle.  Il  ne  serait  point  sage  d'imaginer  un  pareil  concours 
de  circonstances ,  et  l'on  a  de  meilleures  raisons  pour  croire  que  le  tableau  provient  d'un 
don  de  Guillaume  IV,  qui  mourut  le  1  k  décembre  1 5 1  k (2',  c'est-à-dire  sept  ans  après  avoir 
résigné  la  commende  de  l'abbaye  en  faveur  de  son  fils.  Dans  tous  les  cas,  et  en  dépit  des 
assertions  contraires,  il  est  entièrement  hors  de  doute  que  le  tableau  de  Saint-Germain- 
des-Prés  appartient  au  premier  quart  du  xvie  siècle. 

Le  retable  du  Palais  de  Justice  ornait  jadis  la  grand'chambre  du  Parlement,  et  se  trouve 
aujourd'hui  dans  la  salle  consacrée  aux  audiences  de  la  première  chambre  de  la  cour  im- 
périale. Il  est  aussi  peint  sur  bois,  et  mesure  trois  mètres  trente  centimètres  de  largeur  sur 
deux  mètres  vingt-huit  centimètres  de  hauteur.  H  représente  un  Christ  en  croix,  ayant  à  sa 
gauche  saint  Jean  l'Evangéliste ,  saint  Denis  et  Charlemagne,  et,  à  sa  droite,  la  Vierge, 
deux  saintes  femmes,  saint  Jean-Baptiste  et  saint  Louis.  Derrière  le  Christ  on  aperçoit  la 
ville  de  Jérusalem,  puis,  d'un  côté,  certain  monument  dont  nous  nous  occuperons  un  jour, 
et  de  l'autre  côté,  le  Louvre  avec  l'hôtel  de  Bourbon  et  une  partie  de  l'hôtel  de  Nesle.  La 
peinture  est  généralement  attribuée  à  Jean  Van  Eyck  ;  mais  M.  le  comte  de  Laborde  pense 
que  c'est  un  ouvrage  de  Ugo  Van  der  Goes'3';  le  docteur  Waagen  en  fait  honneur  à  Mem- 
ling (4),  et  M.  Wautens,  à  Boger  Van  der  Weyden  (5).  Il  est  présumable  que  le  problème  ne 
sera  jamais  résolu;  en  revanche,  la  question  d'époque  ne  peut  donner  lieu  à  de  sérieuses 
contestations.  M.  de  Guilhermy  a  fait  observer  avant  nous (0)  que  le  visage  de  saint  Louis  y 
présente  une  ressemblance  frappante  avec  celui  de  Charles  VII,  et  en  est  très-clairement 


(,)  H  mourut  le  a 5  février  i433  (v.  s.),  âgé  de 
soixante-trois  ans.  (Gallia  christ,  t.  VI,  col.  563.) 

(,)  Nous  n'avons  pas  trouvé  l'année  de  sa  nais- 
sance; mais,  puisqu'il  eut  un  second  fils  vers  1670, 
il  ne  pouvait  être  âgé  de  moins  de  soixante  ans  vers 
i5o3.  Il  était  revêtu  de  la  dignité  de  cardinal  et, 
un  instant,  nous  avons  cru  le  reconnaître  dans  le 
cavalier  qui  longe  les  murs  de  l'abbaye,  sur  un 
cheval  couvert  d'une  housse  rouge.  Dans  l'une  de 
ses  gravures,  M.  de  Clarac  a  transformé  ce  cava- 


lier en  une  femme ,  suivie  d'un  homme  et  d'un  en- 
fant en  pantalons.  Ce  vêtement  moderne  a  été  prêté  à 
plusieurs  figures  de  la  même  planche,  où  la  vue  du 
monastère  est  arrangée  et  complétée  avec  une  faute 
choquante  de  perspective. 

(5)  Histoire  des  ducs  de  Bourgogne ,  introduction, 

p.  CXL. 

(4)  Manuel  de  l'hist.  de  la  peinture,  t.  I,  p.  i45. 

(5)  Revue  universelle  des  Beaux-Arts ,  t.  II,  p.  a5. 
m  Itinéraire  archéologique  de  Paris ,  p.  3o4, 


VI 


TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


un  portrait.  Ce  portrait  a  du  être  exécuté  lorsque  le  roi  était  âgé  d'une  quarantaine  d'an- 
nées, circonstance  qui  nous  reporte  à  1  h  A3,  et  le  costume  des  ravissantes  petites  figures 
appuyées  sur  le  parapet  du  quai  corrobore  l'indication.  Il  est  ainsi  parfaitement  sûr  que  le 
retable  date  du  milieu  du  xve  siècle  ;  c'est  là  le  point  essentiel  pour  nous. 

La  vue  du  tableau  de  Saint-Germain-des-Prés  a  été  traitée  un  peu  conventionnellement, 
puisqu'on  y  a  prolongé  l'étendue  des  premiers  plans  et  supprimé  la  tour  de  Nesles  avec  ses 
dépendances  pour  montrer  l'hôtel  de  Bourbon.  L'image  du  Louvre  y  comprend  la  tour  du 
sud-ouest  et  un  grand  fragment  de  la  courtine  de  Charles  V,  détails  qu'on  chercherait  vai- 
nement ailleurs;  mais  la  porte  dite  du  Louvre,  sur  le  quai  de  l'Ecole,  n'y  apparaît  point 
auprès  de  la  tour  du  Coin.  Le  dessin,  confus  par  place,  est  exact  dans  son  ensemble;  tou- 
tefois, sous  ce  rapport,  le  retable  du  Palais  offre  une  très  grande  supériorité'".  On  peut 
avancer  avec  certitude  que  cette  dernière  peinture,  jusqu'à  présent  inédite (2),  est  d'une 
fidélité  scrupuleuse  et  tout  exceptionnelle.  L'architecture  spécialement  y  est  d'une  vérité 
saisissante,  non-seulement  comme  aspect,  mais  encore  comme  agencement  de  lignes;  nous 
en  avons  fait  une  curieuse  et  concluante  expérience  en  mettant  en  perspective ,  dans  des 
conditions  analogues,  le  plan  restitué  du  Vieux  Louvre  dressé  par  nous  avant  que  nous 
eussions  obtenu  une  copie  du  retable.  Nous  avons  constaté,  non  sans  une  bien  vive  satis- 
faction, que  le  résultat  concordait  d'une  manière  incroyable  avec  la  vue  peinte,  ce  qui 
établit  définitivement  la  précision  du  plan  et  de  l'image.  C'est  avec  l'aide  du  premier  qu'il 
nous  a  été  possible  de  déterminer  les  diverses  tours  dont  les  noms  sont  signalés  sur  la 
planche. 

Œuvre  d'art  fort  remarquable,  le  retable  du  Palais  fournit  la  vue  de  Paris  la  plus  an- 
cienne qui  existe,  et  l'une  des  plus  intéressantes  que  l'on  puisse  imaginer;  c'est  donc  un 
monument  d'une  haute  valeur,  dont  on  ne  prendra  jamais  trop  de  soin,  et  que,  pour  cette 
raison,  il  faut  souhaiter  de  voir  transporter  dans  un  bref  délai  au  Musée  du  Louvre,  seule 
place  qui  lui  convienne l3). 

IL —  HÔTEL  DE  BOURBON. 

(Voir  page  39,  ligne  16.) 

Dès  le  milieu  du  xve  siècle,  le  manoir  était  séparé  de  la  voie  du  quai  par  une  muraille 
crénelée ,  qui  est  très-nettement  représentée  sur  le  retable  du  Palais  ;  elle  ne  figure  point , 


(1>  Sur  le  retable,  par  exemple,  la  courtine  du 
bord  de  l'eau,  placée  en  son  plan,  vient  bien  s'atta- 
cher  à  la  tour  du  Coin,  tandis  que,  d'après  le 
tableau,  elle  aurait  été  assez  en  arrière  de  la  tour 
pour  qu'on  pût  passer  entre  les  deux  ;  ce  qui  n'a 
jamais  eu  lieu. 

(,)  Nous  ne  parlons  que  de  la  vue  du  Louvre.  Le 
VII"  volume,  2'  série,  des  Mémoires  de  la  Société 
des  antiquaires  de  France  contient,  du  retable, 
une  gravure  au  trait,  accompagnant  un  mémoire 


de  M.  Taillandier;  mais  les  dimensions  de  cette 
gravure  y  réduisent  à  rien  la  vue  du  Louvre,  et  c'est 
ce  qui  nous  autorise  à  la  dire  inédite.  —  Nos  deux 
plancbes  ont  été  exécutées  d'après  les  dessins  cal- 
qués sur  les  originaux. 

(3)  En  181 5,  le  retable  a  été  fortement  endom- 
magé par  un  incendie  qui  a  failli  l'anéantir;  il  est 
du  reste  placé  dans  de  fâcheuses  conditions  de 
lumière ,  et  le  public  à  l'admiration  duquel  on  le 
propose  ne  s'en  soucie  guère. 


APPENDICES.  t* 

au  contraire,  sur  le  tableau  de  Saint- Germain- des -Prés,  ni  sur  le  plan  du  xvie  siècle 
provenant  des  archives  de  Saint-Germain-l'Auxerrois;  mais  elle  reparaît  dans  le  plan  de 
Gomboust  et  le  tableau  de  Zeeman. 

III.  —  HÔTEL  D'ALLUYE. 

(Voir  page  96.) 

Cette  maison,  possédée  par  Jean  Congnet,  fut  confisquée  sous  la  domination  anglaise, 
et,  au  mois  de  janvier  i4aa  (v.  s.),  Henri  VI  la  donna  à  son  conseiller  Jean,  seigneur 
de  Gourcelles  de  Saint-Liébaut.  (Arch.  de  l'Emp.  reg.  JJ  172,  fol.  100  v°.)  Elle  tenait 
alors  d'un  côté  à  l'hôtel  de  Gilles  de  Clamecy,  de  l'autre  à  l'hôtel  de  Clermont,  et  par 
derrière  à  l'hôtel  d'Ostrevant. 

IV.  —  HÔTEL  DE  CHEVREUSE. 

(Voir  page  io3,  ligne  6.) 

L'inventaire  des  titres  du  Bourbonnais  contient  deux  articles  relatifs  à  la  maison  dite 
plus  tard  Yliôtel  de  Ckevreuse.  Le  premier,  sans  distinction  de  date,  signale  le  don  qui  en 
fut  fait  à  Bertrand  Vachette  par  le  duc  Jean,  auquel  la  maison  appartenait  par  suite  du 
décès  de  son  cousin  «François  d'Ambricourt ;  »  le  second  article  mentionne  la  vente  de 
la  propriété,  cédée  à  François  d'Ambricourt,  le  k  avril  1^99,  moyennant  5oo  livres  tour- 
nois, par  Regnault  et  Bruant  «Guillonel.  »  (Arch.  de  l'Emp.  reg.  PP  37,  fol.  4qo  r°et  v°.) 
Nous  manquons  des  renseignements  nécessaires  pour  concilier  ces  détails  avec  ceux  que 
nous  avons  recueillis  dans  les  archives  de  l'Evêché. 

V.  — FRAGMENT  DE  L'ENCEINTE 
ENTRE  LA  TOUR  DE  ROIS  ET  LA  PORTE  SAINT-HONORÉ. 

(Voir  page  179,  ligne  39.) 

Au  mois  de  mars  186  5,  lors  des  fouilles  entreprises  pour  la  démolition  de  la  Grande- 
Galerie  du  Louvre,  nous  avons  retrouvé  un  grand  fragment  du  mur  qui  reliait  la  tour  de 
Bois  à  la  porte  Saint-Honoré,  et  nous  avons  pu  constater  matériellement  la  rigoureuse 
exactitude  du  tracé  gravé  sept  ans  auparavant  sur  la  feuille  V  de  notre  Plan  de  restitution. 
Ce  que  nous  n'avions  pas  prévu,  c'est  l'énorme  épaisseur  de  la  maçonnerie,  qui,  à  sa  base, 
atteignait  4m,io.  Le  noyau  du  massif  consistait  en  un  blocage  d'assez  gros  matériaux, 
revêtu,  sur  la  face  externe,  de  pierres  soigneusement  appareillées.  La  muraille,  fondée 
sur  le  sable  à  1  im,98  du  niveau  dit  de  Rivoli^,  présentait  un  soubassement  haut  de  3m,58, 
dont  la  saUlie  (om,36)  était  rachetée  par  deux  chanfreins.  (Voirie  plan  des  substructions , 
p.  173.)  Depuis  le  soubassement  jusqu'à  l'axe  du  pavillon  de  Lesdiguières,  il  y  avait,  à 

fl>  Le  niveau  de  Rivoli,  adopté  sur  les  chantiers        méridionale,  et  se  trouve  à  37™,38  au-dessus  du 
du  Louvre,  est  un  plan  qui  passe  à  o™,33  au-dessus        niveau  de  la  mer. 
des  piédestaux  du  pavillon  de  Lesdiguières,  face 


cm  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

distance  égale  des  murs  de  la  Galerie,  un  espace  de  65°\io.  Un  peu  plus  loin  était  le  pont 
de  deux  arches,  au  moyen  duquel  la  Galerie  franchissait  le  fossé.  L'axe  de  la  pile  se  con- 
fondait avec  celui  de  la  grande  travée,  et  les  centres  des  niches  de  cette  travée  étaient  à 
plomb  de  ceux  des  arches.  La  face  septentrionale  du  pont,  affleurant  la  Galerie,  était 
parementée  et  conséquemment  faite  pour  être  vue.  Vers  le  midi,  au  contraire,  toute  la 
construction  était  en  arrachements,  et  les  dernières  assises  d'une  culée  ainsi  que  de  la  pile 
subsistaient  encore,  s'avançant  sous  le  sol  du  quai.  De  ce  dernier  côté  le  pont  devait  donc 
dépasser  la  Galerie,  et  l'état  de  la  maçonnerie  provenait  apparemment  d'une  démolition; 
mais  il  ne  sera  point  aisé ,  tant  que  le  terrain  n'aura  point  été  fouillé  suffisamment ,  d'ima- 
giner comment  se  comportaient  les  parties  détruites. 

Le  mur  de  la  contrescarpe,  épais  de  3m,o6  au-dessus  de  l'empâtement,  rencontrait  bien, 
comme  nous  l'avons  dit,  la  Galerie  au  droit  de  la  cage  d'escalier  hors  d'ceuvre;  toutefois 
c'était  le  résultat  d'un  remaniement.  La  contrescarpe  primitive  passait  derrière  l'escalier, 
car,  une  quinzaine  de  mètres  avant  d'en  atteindre  l'emplacement,  elle  se  brisait  pour  aller, 
après  une  seconde  flexion,  rejoindre  la  culée  du  pont  dormant  de  la  porte  Neuve.  Au 
temps  de  Henri  IV,  on  rectifia  le  tracé  de  manière  que  la  contrescarpe  demeurât  pa- 
rallèle, jusqu'à  la  Galerie,  au  mur  d'enceinte,  dont  elle  était  éloignée  de  34m,&o  dans 
le  fond  du  fossé.  Il  est  probable  que ,  en  se  proposant  de  transformer  le  fossé  en  vivier, 
on  avait  aussi  l'intention  de  le  rétrécir.  Nous  avons  remarqué,  en  effet,  que,  à  3ra,6o  de 
l'enceinte ,  il  y  avait ,  appuyé  au  pont ,  un  commencement  de  muraille  avec  pierres 
d'attente.  (Voir  la  coupe  des  substructions,  p.  U02.)  Cette  muraille  devait  apparemment 
former  une  nouvelle  escarpe,  puisque,  au  delà,  la  paroi  de  la  Galerie  était  parementée, 
c'est-à-dire  destinée  à  être  vue,  tandis  qu'en  deçà  la  paroi  était  rugueuse,  irrégulière, 
et  par  conséquent  destinée  à  être  cachée  sous  les  terres.  L'ancienne  contrescarpe  était 
d'une  solidité  excessive  dans  la  partie  qui  avoisinait  la  porte  Neuve,  et  là  elle  était  sans 
doute  à  peu  près  contemporaine  de  cette  porte ,  au  pont  de  laquelle  elle  se  reliait.  Sur  ce 
point  elle  demeurait  encore  intacte  au  milieu  du  xvne  siècle  et ,  à  cette  époque ,  près  de  la 
Galerie,  elle  passait  sous  le  mur  de  face  de  l'hôtel  du  Grand  Prévôt,  bâti  dans  l'alignement 
de  la  porte  Neuve. 

Il  n'est  sorti  des  fouilles  rien  de  concluant  quant  à  l'opinion  que  nous  avons  émise  sur 
l'emplacement  de  la  courtine  du  bord  de  l'eau.  Dans  le  mur  méridional  de  la  Galerie,  au- 
dessous  du  niveau  du  sol,  se  trouvaient  mêlées  quelques  pierres  provenant  d'une  construc- 
tion antérieure ,  entre  autres  un  moellon  portant  cette  marque  de  tâcheron  : 


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mais  la  maçonnerie,  qui  avait  jusqu'à  3m,go  d'épaisseur,  paraissait  tout  entière  du  temps 
de  Henri  IV,  et  elle  ne  portait  point  sur  des  fondations  du  moyen  âge.  On  l'a  déracinée 
complètement  pour  la  remplacer  par  une  autre  plus  profondément  engagée  dans  le  sol, 
et  il  se  pourrait  que  pareille  chose  eût  eu  lieu  quand  on  a  bâti  la  Galerie.  Quoi  qu'il  en 
soit,  voici  ce  que  nous  savons  maintenant  relativement  à  la  situation  de  la  courtine.  Elle 


APPENDICES. 


tx 


n'était  assurément  pas  en  retraite  sur  l'alignement  de  la  Galerie;  elle  a  peut-être  coïncidé 
avec  cet  alignement,  comme  nous  l'avons  dit;  mais  nous  n'en  avons  obtenu  aucune  preuve, 
circonstance  qui  nous  inspire  des  doutes  sur  la  vérité  de  l'hypothèse;  enfin  il  n'est  nulle- 
ment impossible  qu'elle  ait  été  plus  rapprochée  de  la  rivière  que  la  Galerie,  ce  qui  reste 
à  vérifier.  S'il  en  était  ainsi,  il  faudrait  croire  qu'elle  tendait,  comme  sur  le  plan  de  la 
Tapisserie,  droit  au  centre  de  la  tour  de  Bois.  Celle-ci  s'élevait  nécessairement  sur  un 
terrain  intermédiaire  entre  les  tranchées  de  1861  et  de  1 865,  puisqu'on  ne  l'a  aperçue 
ni  dans  l'une  ni  dans  l'autre  fouille,  et  elle  devait  avoir  son  axe  distant  de  la  Galerie  de 
huit  à  dix  mètres.  Nous  avons  renoncé  à  la  chercher  parce  que  la  manière  dont  était  coupé 
le  mur  d'enceinte  nous  a  ôté  l'espoir  de  retrouver  les  restes  de  la  tour,  et  fait  croire  qu'on 
en  avait  enlevé  jusqu'aux  derniers  libages. 

VI.  —  EMPLACEMENT  DE  LA  SECONDE  PORTE  SAINT-HONORÉ. 

(Voir  page  180,  ligne  i3.) 

L'exactitude  de  notre  opinion  sur  l'emplacement  de  la  seconde  porte  Saint-Honoré  vient 
de  se  trouver  confirmée,  aussi  bien  que  la  justesse  de  notre  tracé  de  l'enceinte  auprès  de 
la  rivière.  En  mars  1866 ,  des  travaux  d'égout  ont  mis  au  jour,  là  même  où  nous  l'avions 


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Coope  sur  m  n. 


A  Contrescarpe.  m  n  Ligne  de  section.  b  Remblai  ancien.  d  Pavé  actuel  de  la  rue  Saint-Honoré 

B  Mur  du  ravelin.  a      Niveau  du  sol  naturel.       c  Niveau  de  l'ancienne  chaussée.  à  l'altitude  moyenne  de  34",  ko. 


10 


3o 


40 


5oM. 


indiqué  d'avance,  une  partie  des  substructions  de  la  porte.  On  s'est  ainsi  assuré  qu'elle 
mesurait  8m,3/i  de  profondeur  sur  environ  i8m,5o  de  largeur;  cette  dernière  dimension 


x  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS, 

n'a  pas  été  précisée,  parce  que  la  moitié  méridionale  de  l'édifice  était  détruite,  et  que  le 
parement  du  mur  septentrional,  engagé  dans  des  caves,  avait  été  précédemment  entamé. 
La  muraille  du  côté  de  la  ville  était  épaisse  de  im,i8,  et  celle  du  côté  du  fossé,  de  3m,6o. 
Celle-ci,  située  à  5"',5o  du  coin  de  la  rue  Jeannisson,  portait  des  marques  nombreuses 
de  projectiles,  qui  remontaient  au  siège  de  1590.  Deux  boulets  en  pierre,  provenant  de 
l'attaque  de  Jeanne  d'Arc ,  ont  aussi  été  recueillis  dans  les  remblais ,  et  transportés  à  l'Hôtel 
de  Ville.  L'un  a  Om,t75  de  diamètre,  l'autre  n'en  a  que  om,o83  ;  tous  deux  ont  été  for- 
tement ébréchés  par  leur  choc  contre  les  fortifications. 

Au  xv'  et  au  xvie  siècle,  la  porte  Saint-Honoré  était  munie  d'une  barbacane  ou  avant- 
porte,  qu'on  nommait  habituellement  la  herse,  et  qui  s'élevait  sur  la  contrescarpe  des 
fossés.  Elle  fut  probablement  détruite  en  1 5go  pendant  le  siège ,  et  on  la  remplaça  par  un 
«ravelin,»  construit  en  i5o,3.  (Voir  p.  180.)  Ce  ravelin  ou  sboullevert,»  qui,  par  ordre 
du  Roi,  avait  dû  être  abattu  en  i6o3,  était  encore  partiellement  debout  vers  1609,  car 
il  est  mentionné  en  1608  et  figure  sur  le  plan  de  Quesnel.  Il  a  laissé  dans  le  lotissement 
de  l'îlot  compris  entre  les  rues  Jeannisson  et  Fontaine-Molière  des  traces  telles  que  nous 
comptions  bien  en  trouver  des  débris.  Un  fragment  en  a  effectivement  été  découvert  sous 
le  pavé  de  la  rue  Saint-Honoré ,  en  parfaite  conformité  avec  nos  prévisions.  Nous  ne 
saurions  dire  si  le  ravelin  était  fermé  à  la  gorge  ;  mais  là  où  cette  clôture  aurait  pu  exister, 
on  a  rencontré  une  muraille  de  soutènement,  épaisse  de  2m,6o,  qui  servait  de  culée  à 
une  arche  en  plein  cintre,  dont  il  ne  subsistait  plus  que  quelques  voussoirs,  suffisants 
d'ailleurs  pour  montrer  que  l'arche  entière  devait  avoir  5m,2  7  d'ouverture.  H  ne  restait 
rien  de  la  pile  centrale  qui  en  avait  porté  la  retombée,  et  sur  laquelle  s'appuyait  le  tablier 
du  pont-levis,  avant  qu'on  y  substituât  une  seconde  travée  de  pont  dormant.  Cette  autre 
travée  paraît  n'avoir  consisté  qu'en  deux  arcs  isolés,  soutenant  un  plancher  de  madriers. 

Entre  la  culée  du  pont  dormant  et  la  porte,  la  distance  n'excédait  pas  i3m,77;  le  fossé 
était  donc  fort  resserré  sur  ce  point.  Au  delà  il  s'élargissait  considérablement  ;  M.  Th.  Vac- 
quer,  qui  conduisait  les  fouilles,  lui  a  reconnu  une  largeur  d'à  peu  près  33  mètres,  à 
compter  du  pied  du  talus  de  l'arrière-fossé.  Les  eaux  ayant  envahi  les  tranchées  à  six  mètres 
en  contre-bas  du  sol  actuel,  M.  Vacquer  n'est  point  parvenu  à  déterminer  la  profondeur 
du  grand  fossé;  en  revanche,  grâce  à  la  rare  expérience  qu'il  possède  en  ce  genre  d'études, 
il  a  réussi  à  distinguer  la  situation  du  dos  d'âne  séparant  le  grand  fossé  de  l'arrière-fossé. 
La  profondeur  de  celui-ci  n'atteignait  guère  que  cinq  mètres  et  demi,  ce  qui  explique  com- 
ment, lors  de  l'assaut  de  1^29,  il  était  à  sec,  tandis  que  le  grand  fossé  était  plein  d'eau. 

Le  marché  passé  avec  Ch.  Froger,  en  i633,  semble  avoir  été  exécuté  rigoureusement, 
et  de  là  sans  doute  la  destruction  presque  complète  de  l'enceinte  du  xive  siècle;  on  n'en  a 
aperçu  aucun  reste  dans  les  diverses  tranchées  pratiquées  entre  les  rues  Saint-Honoré  et 
Montpensier.  L'emplacement  de  la  muraille  n'en  est  pas  moins  connu,  car,  au  lieu  où  nous 
avions  annoncé  qu'il  y  avait  espoir  de  la  retrouver,  le  sol  naturel,  consistant  en  sable,  ces- 
sait brusquement  pour  faire  place  aux  gravois  de  remblai.  Nous  avons  récemment  observé 
le  même  fait  dans  les  terrains  sur  lesquels  s'élèvent  en  ce  moment  les  nouvelles  construc- 
tions de  la  Banque  de  France.  Le  centre  du  dos  d'âne  était  à  2i'",5o  de  l'enceinte. 


APPENDICES.  Xi 

•  VII.  —  STATUE  DE  VULCAIN  AU  LOUVRE. 

(Voir  page  ao5.) 

Dans  l'Entrée  de  Charles-Quint  à  Paris,  opuscule  rarissime  publié  en  italien,  à  Paris 
même,  l'an  i54o,  on  trouve  le  curieux  détail  que  voici  :  «Au  milieu  de  ce  château  (le 
«Louvre)  est  placée  une  statue  de  Vulcain,  laquelle  tient  dans  une  main  je  ne  sais  quoi 
«qui  donne  une  très-grande  lumière  pendant  la  nuit,  et  dans  l'autre  main  un  marteau 
«frappant  sur  une  enclume.»  (In  mezzo  di  quel  castello  è  posta  una  statua  di  Vulcano,  quale 
tiene  in  una  mano  non  so  che  chefa  grandissimo  lume  tutta  la  notte,  et  nell'  altra  un  martello  col 
quale  dà  sopra  una  incudine.  ) 

VIII.  —  TRAVAUX  DE  PIERRE  LESCOT  ET  DE  JEAN  GOUJON  AU  LOUVRE. 

(Voir page  a34,  S  i".) 

Au  sujet  de  ces  travaux,  M.  Paul  Lacroix  a  rappelé  (Revue  universelle  des  Beaux-Arts,  t.  II, 
p.  UZk)  les  vers  suivants  du  poème  de  La  Galliade,  publié  en  1678  par  Guy  le  Fèvre  de 
la  Boderie  : 

Et  toy,  Goujou  encores, 

Qui  de  rares  pourlraicts  ce  bel  autheur  (Vitruve)  décores, 

Et  décores  aussi,  par  ton  nom  décoré, 

Nostre  terroir  du  north  en  cest  art  honoré; 

Tousjours  tesmoignera  du  Louvre  la  fabrique 

Et  combien  ton  ciseau  fut  heureux  en  pratique, 

Ensemble  tesmoignant  de  quel  esprit  garny 

Fut  l'honneur  de  Paris ,  le  docte  De  Clagny, 

Celuy  qui  a  conceu,  au  rond  de  sa  cervelle, 

L'idée  et  le  dessin  d'une  fabrique  telle. 

IX.  —  ÉPOQUE  DE  LA  MORT  DE  JEAN  GOUJON. 

(Voir  page  a35,  ligne  16.) 

En  parcourant,  un  jour,  certain  registre  du  Parlement,  notre  attention  a  été  frappée 
par  la  mention  de  «Françoise  de  Salmon,  veufve  de  feu  Jehan  Goujon,»  dans  un  arrêt  du 
9  décembre  1670.  (Arch.  de  l'Emp.  reg.  X  1 63 1,  fol.  70  v°.)  S'agissait-il  ici  du  fameux 
sculpteur?  On  ne  saurait  l'affirmer,  car  le  nom  de  Goujon  a  été  commun.  Toutefois,  comme 
l'arrêt  de  1670  faisait  allusion  à  deux  autres,  nous  avons  quelque  temps  entretenu  l'es- 
poir d'éclaircir  la  question;  mais  nos  recherches  n'ont  donné  aucun  résultat,  et  si  nous 
signalons  le  fait ,  c'est  qu'il  pourrait  mettre  sur  la  voie  d'une  découverte  curieuse. 

X.  —  APPARTEMENTS  DU  LOUVRE  SOUS  LOUIS  XIII. 

(  Voir  page  2  5  a ,  ligne  11.) 
Vers  le  commencement  du  règne  de  Louis  XIII,  l'appartement  de  la  reine  régnante 

B. 


xii  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

était  toujours  à  l'étage  supérieur,  dans  la  même  aile;  quant  à  l'appartement  de  la  reine 
mère,  Marie  de  Médicis,  il  était  au-dessous  de  l'autre,  «aux  salles  basses  et  aux  chambres 
«  d'entre-sol.  »  Le  Grand  Conseil  tenait  alors  ses  séances  dans  le  vieux  corps  de  logis  orien- 
tal, à  droite  en  entrant  dans  la  cour. 

XI. —  PETITE-GALERIE  DU  LOUVRE. 

(Voir  page  a6i,  ligne  i4.) 

La  Galerie  des  Antiques  était  certainement  ornée  de  bossages  vermiculés  dès  le  temps 
de  Henri  IV;  il  n'est  donc  point  impossible  que  l'on  en  ait  également  sculpté  alors  aux 
encoignures  de  la  Petite-Galerie,  du  côté  du  quai.  La  grande  vue  de  Sylvestre  tend  à  le 
faire  croire,  car  elle  a  été  gravée  en  i65o,  c'est-à-dire  avant  les  remaniements  ordonnés 
par  Anne  d'Autriche;  toutefois  cette  vue  est  trop  vague  pour  trancher  la  question,  que 
l'on  serait  porté  à  résoudre  d'une  façon  négative,  quand  on  essaye  de  restituer  l'agence- 
ment des  bossages  avec  l'ordonnance  des  travées  primitives  de  l'édifice,  problème  d'une 
singulière  difficulté.  Quant  à  la  façade  septentrionale  de  la  Galerie,  qui  semble  n'avoir  été 
décorée  que  sous  Henri  IV,  elle  comportait  des  bossages  vermiculés ,  destinés  à  mettre 
lesdites  travées  en  harmonie  avec  les  bâtiments  du  Louvre;  mais  nous  demeurons  convaincu 
que,  à  l'origine,  la  face  du  midi  était  garnie  de  pilastres  dans  le  goût  de  ceux  de  l'arcade 
centrale.  Tout  cela  est  d'ailleurs  sans  importance  pour  la  thèse  que  nous  soutenons. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈBES. 


Abreuvoir  des  fossés  Saint-Germain,  page  3q  ;  — 

du  Louvre,  3q;  —  l'Évêque,  317. 
Akakia  (Hôtel  de  la  famille),  42. 
Alençon  (Hôtel  de  Charles  de  Valois,  duc  d'),  91. 
Alençon  (Hôtel  de  Pierre  de  France,  comte  deBlois 

et  d'),  89. 
Alger  (Rued'),  298. 
Allainville  (Hôtel  de  Charles  Jaloux,  seigneur  d'), 

43. 
Alluye  (Hôtel  d'),  96. 
Ancre  (Maréchal  d'),  voir  Concwi. 
Anderquiez  (Seigneur  d'),  16. 
Androcet  do  Cerceau,  voir  Du  Cerceau. 
Angennes  (Charles  d'),  voir  Rambouillet. 
Angivilliers  (Rue  d'),  i5. 
Angivilliers  (Hôtel  du  marquis  d'),  g4. 
Anguier( François),  sculpteur,  55. 
Anguier  (Michel),  sculpteur,  362. 
Angcin( Petit  hôtel  d'),  84. 
Anjou  (Hôtel  de  Henri  de  France,  duc  d'),  9t. 


Antin  (Hôtel  du  marquis  d'),  surintendant  des  bâ- 
timents, 92. 

Antiques  (Salle  des),  au  Louvre,  2G7. 

Arche  d'Autriche,  32  ;  —  de  Bourbon,  32. 

Arcole  (Rue  d'),  70. 

Armagnac  (Hôtel  d'un  comte  d'),  16. 

Armagnac  (Hôtel  de  Louis  de  Lorraine,  comte  de 
Brionne  et  0'),  282. 

Armenonville  (  Hôtel  de  Vincent  Bertin ,  seigneur 
d'),  298. 

Artillerie  du  Louvre,  125,  160. 

Artois  (Hôtel  de  Catherine  d' ) ,  c"°d'Aumale,  95. 

Assomption  (Couvent  des  dames  de  1'),  3 10. 

Atticiii  (Hôtel  du  seigneur  d'),  35. 

Aubépine  (Tombeau  de  Claude  de  l'),  3o3. 

Aumale  (Comtesse  d'),  voir  Artois. 

Aumale  (Hôtel  du  duc  d'),  1 1. 

Aumont  (  Hôtel  de  César  d'  ) ,  marquis  de  la  Guier- 
che,  93. 

Autriche  (Rue  d'),  7. 


B 


Bac  devant  le  Louvre,  32. 

Bacquet  (Épitaphe  de  Martin),  marchand,  68. 

Bacqueville  (Hôtel  de  Guillaume  Martel,  seigneur 

de),  10. 
Bailly ,  menuisier-sculpteur,  3 12. 
Balzac  (Charles  de),  voir  E.ntragues. 
Barnke  (Hôtel  du  marquis  de),  3i3. 
Barre  (Hôtel  de  M.  de  la),  107. 
Barrière  des  Sergents,  corps  de  garde,  56. 
Barrière  (Jean  de  la),  abbé  des  Feuillants,  3oo. 


Basses-cours  du  Louvre,  i5g. 

Bastaille  (Hôtel  de  la  famille  de),  3o. 

Baudovn  (Georges),  écuyerde  la  bouche,  74,  7G. 

Bauffremont  (Marie-Claire  de),  io3. 

Bavière  (Hôtel  de  Guillaume  de),  comte  palatin  du 

Bhin,  de  Hainaut  et  d'Ostrevant,  i5,  16. 
Beauharnais  (Hôtel  d'Anne  de),  42. 
Beaujolais  (Rue  de),  70. 
Beauvais  ou  Beauvoir  (Rue  de),  17. 
Bedford  (Hôte!  de  Bourbon ,  donné  au  duc  de),  36 


XXV 


TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


Bkringhen  (Hôtel  de  Henri  de),  premier  écuyer,  76. 

Berruyer,  secrétaire  du  Roi,  74. 

Bertin  (Vincent),  voir  Armenonville. 

Bérulle  (Pierre  de),  cardinal,  99,  53,  55. 

Biart  (Noël),  dit  le  grand-père,  sculpteur,  a3o, 
a3a,  s53. 

Bibliothèque  (Rue  de  la),  ai. 

Bibliothèque  (La),  au  Louvre,  ia6. 

Blondel,  architecte,  93. 

Bordeau  (Hôtel  de  M™  de),  93. 

Bouchage  (Hôtel  de  Henri  de  Joyeuse,  comte  du), 
a9. 

Boucicaut  (Hôtel  de  Jean  le  Meingre,  dit),  maré- 
chal, g5. 

Boulanger  (Nicolas),  garde  des  marbres,  9. 

Bourbon  (Rue  de  ou  du  Petit-),  ao,  86. 

Bourbon  (Hôtel  de  ou  du  Petit-),  33. 

Bourbon  (Hôtel  du  connétable  de),  36. 

Bourbon  (Henri  de),  voir  Montpensier. 

Bourbon  (Jacques  II  de),  voir  Marche. 

Bourbon  (Hôtel  de  Louis  de),  fils  aîné  du  comte  de 
Glermont. 


Bodrron  (Marie  de),  voir  Longueville. 

Bourbon  (Hôtel  de  Marie-Anne  de),  fille  de  Louis  XIV, 

i5. 
Bourbon-Soissons,  voir  Neufchâtel. 
Bourdillon,  amateur  cité  par  M.  de  Glarac  comme 

possédant  un  tableau  qui  représentait  une  vue 

du  Vieux  Louvre,  169. 
Bourgogne  (Rue  de),  3i5. 
Bouteville  (Hôtel  de  Jean  de),  96. 
Bouthillier  (Hôtel  de),  surintendant  des  finances, 

11. 
Bréant  (Pierre),  barbier  du  duc  de  Bretagne;  son 

épitaphe,  101. 
Bretagne  (Hôtel  de  la  Petite-),  79. 
Briçonnet  (Hôtel  de  Pierre),  seigneur  de  Praville, 

33i. 
Brionne  (Hôtel  de),  voir  Armagnac. 
Bruges  (Hôtel  du  prévôt  de),  12. 
Brunetti,  peintre,  398. 
Buet  (Epitaphe  de  Gilles),  notaire,  69. 
Bunel  (Jacob),  peintre,  367,  3os. 
Buttes  (Quai  des),  3i. 


Cadran  (Cour  du),  dans  le  cloître  Saint-Nicolas  du 

Louvre  ,111. 
Capucins  (Couvent  des),  307. 
Caqué,  architecte,  54. 
Carneaux  (Hôtel  des),  399. 
Carrousel  (Bue  du),  96. 
Carrousel  (Terrain  de  la  place  du),  a8o. 
Caryatides  (Salle  des),  au  Louvre,  239. 
Castellan  (Hôtel  d'Honorat  de),  88. 
Caumont  (Jacques  Nompar  de),  voir  Force. 
Cellerier,  architecte,  3i5. 
Chabannes  (François  de),  comte  de  Saigne,  3i3. 
Chalgrin,  architecte,  3i5. 
Chambiges  (Pierre),  architecte  du  Louvre,  a 6 3. 
Chambre  de  parade,  au  Louvre,  2  3o. 
Champagne  (Philippe  de),  peintre,  398. 
Champ-Fleuri  (Rue  du),  ao. 
Champ-Pourri  (Le),  6s. 
Chanoines  (Rue  des),  95. 
Chanteule  (Hôtel  de  M.  de),  76. 
Chantre  (Rue  du),  s 3. 
Charles-Quixt  (Travaux  pour  la  réception  de)  au 

Louvre,  so5. 
Charpentier  dessine  un  jardin ,  a  98. 


Charron  (Jean),  valet  de  chambre  du  roi,  g5. 

Chartres  (Rue  de),  70. 

Chartres  (Jacques  de),  sculpteur,  i5o. 

Chàteau-d'Eau  (Le),  place  du  Palais-Royal,  60. 

Château-Fétu  (Rue  du),  49.  —  Signification  de 
ce  mot,  5o. 

Ch aulnes  (Hôtel  d'Antoine  de),  trésorier  des  guer- 
res, 94. 

Chaumont  (Hôtel  de  Guy  de),  seigneur  de  Quitry, 
maître  de  la  garde-robe,  84. 

Cheverny  (Hôtel  du  comte  de),  3 1 5. 

Chevreuse  (Hôtel  de  Pierre,  seigneur  de),  4a. 

Chevreuse  (Hôtels  de  Claude  de  Lorraine ,  duc  de), 
11,  io3. 

Chiffres  de  Diane  de  Poitiers,  au  Louvre,  337; 
—  de  Charles  IX,  ibid.  a5o;  —  de  Catherine 
de  Médicis  à  la  colonne  de  la  Halle  au  blé,  a  s  8. 

Choisy  (Hôtel  du  duc  de),  88. 

Christine  de  Pisan  parle  du  Louvre,  126. 

Cipières  (Hôtel  du  comte  de),  i4. 

Clamecy  (Hôtel  de  Gilles  de),  prévôt  de  Paris, 
93. 

Clarac  (De)  ;  appréciation  de  son  ouvrage  sur  le 
Louvre,  i5a. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES. 

Clermont  (Hôtel  du  comte  de),  i4. 

Glèves  (Hôtel  de  Catherine  de),  duchesse  de  Guise , 


xv 


Clichy  (Le  chemin  de),  5i. 

Clos  des  Gourdes,  277.  —  Pigeon,  3io;  —  des 

Quinze- Vingts,  a 85. 
Coëtanfao  (Hôtel  de  François-Toussaint  de  Ker- 

hoent,  marquis  de),  78. 
Coin  (Tour  du),  i65. 
Combault  (Hôtel  de  Robert  de),  maître  d'hôtel  du 

roi,  87. 
Communs  du  Louvre,  161. 
Compas  (Rue  du),  83. 
Comptes   des    dépenses    faites    au    Louvre    par 

Charles  V,  181  à  199  ;  —  sous  Henri  II,  a  38 

à  aia;  —  pendant  les  années  iSSj,  1 558  et 

i55g,  p.  a4a  à  367;  —  sous  Charles  IX,  a53 

à  a56. 
Concini  (Hôtel  de),  maréchal  d'Ancre,  8. 
Conférence  (Porte  de  la),  3ai. 
Contant  ,  architecte  du  roi ,  1  o4. 
Conty  (Hôtel  de),  rue  des  Poulies,  94. 


Conty  (Hôtel  de  Louise  de  Lorraine,  princesse  de), 
rue  d'Autriche,  17. 

Convention  (Rue  de  la) ,  ag5. 

Coq  (Rue  du),  a6. 

Cotte  (Robert  de),  architecte,  46,  60. 

Coupeau  (Hôtel  de  Germain  de  Valenciennes ,  sei- 
gneur de),  80. 

Couperay  (Maison  du  seigneur  de),  agi,  307. 

Courtanvaux  (Marquis  de),  voir  Souvhé. 

Courtine  du  bord  de  l'eau,  auprès  du  Louvre, 
167,  16g. 

Coustou  (Les),  sculpteurs,  46,  60. 

Coypel  (Noël  et  Antoine),  peintres,  3i3. 

Cramoy  (Etienne),  sculpteur,  a36,  a5o. 

Crécy  (  Hôtel  de  Marie  de  Caumont,  dame  de),  7g. 

Créquy  (Hôtel  de  Charles  de),  comte  de  Saulx,  ma- 
réchal, i5. 

Créquy  (Hôtel  du  maréchal  François  de),  78. 

Croix-du-Tiroir  (Rue  de  la),  4g. 

Crussol  (Charles-Emmanuel  de),  voir  Uzès. 

Cuisines  (Cour  des),  au  Louvre,  20  fi. 

Culture-l'Évêque  (La),  a85. 


D 


D'Albert  (Charles),  voir  Luynes. 

Dampierre  (Hôtel  de  Jeanne  de  Vinon  de),  dame 

d'honneur,  16. 
Dampmartin  (Guy  de),  sculpteur,  i5o. 
Dauphin  (Rue  du),  294. 

De  la  Croix  (Épilaphe  de  Claude),  bourgeois,  10a. 
Descente-du-Passeur  (La),  3a. 
D'Escoubleau  (Charles),  voir  Sourdis. 
Des  Hayes  (Maison  d'Etienne),  valet  de  chambre 

de  Henri  III ,  1 6. 
Des  Noyers  (Maison  de  Nicolas),  seigneur  de  la 

Rrosse,  4i. 
Devise  de  Henri  H,  au  Louvre,  337. 
Dionyse  (Pierre),  sculpteur  sur  bois,  3o5. 
D'Orbay  (Demeure  de),  architecte  du  Louvre,  9a. 
Doyenné  (Rue  du),  3o. 


Doyenné  (Cul-de-sac  du),  83. 

Dreux  (Robert  IV,  comte  de),  voir  Montfort. 

Du  Rrueil  (Jean),  alias  Lb  Rreuil,  peintre,  a3s, 
a53. 

Du  Ruisson  (Thomas),  peintre,  i5o. 

Du  Cerceau  (Rapliste  Androuet),  architecte  du 
Louvre,  371. 

Du  Cerceau  (Jacques  Androuet),  architecte  et  gra- 
veur, 273. 

Du  Faur  (Guy),  voir  Pibrac 

Du  Gast,  colonel  général  des  Gascons,  gi. 

Du  Han  (François),  tailleur  de  marbre,  2 5a. 

Du  Lis  (Famille),  voir  Vaucouleurs. 

Du  Parent,  voir  Villemenon. 

Du  Perron  (Hôtel  de  la  dame),  mère  du  cardinal 
de  Retz,  3o5. 


EciivLDÉ  (Rnede  1'),  286. 

Échelle  (Rue  de  1'),  377. 

Ecole  (Quai  de  1'),  3o. 

Ecole  de  Saint-Gerjuin-l'Alxerrois,  3l 


E 


Ecuries  de  la  reine,  36.  —  Écurie  de  la  reine 
mère,  79.  —  Écuries  (Petites)  du  roi,  7g.  — 
Écuries  du  Dauphin,  294. 

Egerton  (Hôtel  de  lord  Francis-Henry),  298. 


XVI 


TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


Ki.beif  (Hôtel  d'Emmanuel-Maurice  de  Lorraine, 
duc  d),  78. 

Élie  ,  peintre ,  fait  des  cartons  pour  des  vitraux ,  3o4. 

Enceinte  de  Philippe-Auguste,  emplacement  et 
description,  i83;  —  de  Charles  V,  177;  — 
bastionnée,  319. 

Entragues  (Hôtel  de  Charles  de  Balzac,  seigneur 
de  Clermont  d'  ) ,  11 . 

Épernon  (  Hôtel  de  Bernard  de  Nogaret ,  duc  d'),  1 0  3 . 

Errard  (Charles),  directeur  de  l'Académie  fran- 
çaise à  Rome,  3 1 2. 


Escalier  (Grand)  du  Louvre,  1 4g ;  —  de  l'hôtel 

de  Bourgogne,  i5o. 
Espagne  (Hôtel  de  Blanche  d'),  fille  de  saint  Louis, 

90. 
Estrées  (Hôtel  de  Gabrielle  d'),  29,  47. 
Étampes  (Hôtel  d'),  10,  i4. 
En  (Hôtel  d'),  voir  Aumale. 
Evreux  (Hôtel  de  Louis,  fils  de  Philippe  le  Hardi, 

chef  de  la  maison  d'),  comte  de  Gien  et  d'É- 

tampes,  i4. 
Evrocx  (Rue  Jehan-),  86. 


Falconnet,  sculpteur,  298. 

Feillens  (Hôtel  du  comte  de),  76. 

Fellifeux  (Place  de),  3 18. 

Fenêtres  du  Louvre,  229. 

Fedillants  (Passage  des),  3o6.  —  Couvent  des 
Feuillants,  299;  —  son  église,  3o2;  —  sa  bi- 
bliothèque, 3o4. 

Fiefs,  de  Fromentel,  2;  —  de  Saint-Denis  de  la 
Chartre,  2;  —  de  Saint-Germain-l'Auxerrois, 
2  ;  —  de  l'Évêque,  3;  —  formé  par  l'enceinte 
de  Charles  V,  3  ;  —  du  chapitre  de  Saint-Nico- 
las, 4;  —  du  chapitre  de  Saint- Thomas ,  4. 

Fitz-James  (Hôtel  de),  3i5. 

Fizes  (  Maison  de  Simon  de  ),  seigneur  du  Saulne  ,12. 

Fleix  (Hôtel  de  Gaston  de  Foix,  comte  de),  io3. 

Fleury  (Tombeau  du  cardinal  de),  100. 

Foix  (Gaston  de)  ,  voir  Fleix. 

Foix  (Hôtel  de  la  comtesse  de),  298. 

Foncières  (Philippe  de),  sculpteur,  1 67. 

FoNTAINE-DU-DlABLE  (La),  285. 


Force  (Hôtel  de  Jacques Nompar  de  Caumont,  duc 

de  la),  16. 
Fossé-Mademoiselle(Ruc  du),  -j5. 
Fossés  (Les)  du  Louvre,  i4o. 
Foucault  (Epitaphe  de  Marie),  femme  de  Marc  de 

Brion,  3o3. 
Fouqcart  (Hôtel  de  Guillaume),  garde  des  coffres 

du  roi,  95. 
Fouquet  (Hôtel  de  François),   surintendant  des 

finances,  3io. 
Fourrière  (Hôtel  de  la)  du  Louvre,  161. 
France  (Henri  de),  voir  Anjou. 
France  (Pierre  de),  voir  Alençon. 
Francin  ,  statuaire  du  roi,  55. 
Frémont  (Sire  Beaudoin  de),  16. 
Fremïn,  sculpteur,  100. 
Fresnoy  (Hôtel  de  Gervais  de),  88. 
Froger,  entrepreneur  des  fortifications,  75. 
Froissiz  (Gilles  des),  32. 
Fromenteau  ou  Froid-Manteaux  (Rue),  39. 


Gaillonel  (Hôtel  de  Guillaume  de),  maître  d'hôtel 
du  roi,  io3. 

Galande  (Pierre  de),  secrétaire  du  roi,  5g. 

Galerie  Dorée  (La),  dans  l'hôtel  de  Bourbon,  37. 

Galeries  (Rue  des),  177. 

Galeries  du  Louvre.  —  Fondation  de  la  Grande  et 
de  la  Petite-Galerie,  257. 

Garancières  (Hôtel  de  Guillaume  de  Montenay, 
sieur  de),  g3. 

Garde-Meuble  (Le)  de  la  couronne,  rue  des  Pou- 
lies, 36. 


Gardes-Françaises  (Quartier  des),  5. 

Garenne  (La),  près  des  Tuileries,  334. 

Germain  (Thomas),  orfèvre  du  roi  et  architecte,  99. 

Girouettes  du  Louvre,  i43. 

Gondi  (Hôtel  d'Albert  de),  duc  de  Retz,  maréchal 

de  France,  88. 
Gondi  (Marguerite  de),  voir  Maignelay. 
Goujangre  (Jehan  Dessoubz-le-Four,  seigneur  de), 

43. 
Goujon  (Jean),  sculpteur,  232;  —  ses  ouvrages. 

233;  —  ses  travaux  au  Louvre,  a36. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈBES. 


xvtt 


Gourdes  (Territoire  des),  277. 

Gouvernement  (Maison  dite  le),  16. 

Gramont  (Hôtel  d'Antoine  III,  maréchal  de),  rue 

d'Autriche  ,11. 
Gramont  (Hôtel  de),  rue  Saint-Thomas-du-Louvre, 

à*. 
Grimon ville  (Seigneur  de),  voir  Larchant. 
Gdéméné  (Princesse  de),  voir  Scbomberg. 
Guillain  (Augustin),  maître  des  œuvres  de  la  Ville, 

7*. 


Gdillain  (Guillaume),  maître  des  œuvres  de  la 

Ville  et  entrepreneur  des  travaux  du  Louvre, 

a3a.  —  Son  épitaphe,  2Ô5. 
Guillot  (Guillaume),  sœur  des  Quinze-Vingts;  son 

épitaphe,  6g. 
Guise  (Hôtel  de  Charles  de  Lorraine,  duc  db), 

29. 
Guise  (Maison  du  duc  de),  17. 
Guise  (Duchesse  de),  voir  Clèves. 
Guymier  (Côme),  jurisconsulte;  son  tombeau,  99. 


H 


Hainaut  (Hôtel  du  comte  de),  i5. 
Harcocrt  (Le  comte  d'),  voir  Lorraine. 
Hardouin  (Les),  sculpteurs,  23o,  23a. 
Hérouard,  médecin  du  roi,  7 4. 
Heurles  (De),  maître  d'hôtel  du  roi,  76. 
Honoré,  voir  Saint-Honoré. 


Horloge  du  Louvre ,  îlfj. 

Hosteriche  (Hôtel  d'),8g. 

Hoteriche  (Rue),  7. 

Houasse,  peintre,  3i3. 

Hoclles  (Hôtel  du  seigneur  de),  87. 


Illiers  (Hélène  d'),  voir  Hôtel  d'O. 

Illiers  (Maison  de  Charles  d'),  lu. 

Inscriptions  en  l'honneur  de  Henri  II  au  Louvre,  222. 


—  De  la  contrescarpe,  devant  les  Tuileries,  178. 
Isabeau  de  Bavière;  ses  armes  peintes  sur  un  vitrail 
de  la  chapelle  Saint-Nicolas,  111. 


Jardins  du  Louvre,  voir  Louvre. 
Jasse  (Guillaume),  sculpteur,  1/17. 
Jeanne  Darc  (Armoiries  de),  trouvées  peintes  sur 
verre,  dans  une  maison  de  la  rue  des  Poulies, 

9*- 
Jeannin  (Le  président  Pierre),  80. 

Jean-Salnt-Denis  (Rue),  70. 


Jehan-Évrout  (Rue),  86. 

Jeux  de  Paume  du  Louvre,  9,  i34,  161 ,  202;  — 
de  la  Liberté,  298. 

Joyeuse  (Hôtel  de  Henri,  alias  frère  Ange  de),  ma- 
réchal de  France  et  capucin,  3 09;  —  son  tom- 
beau, 3o8. 

Joyeuse  (Hôtel  du  cardinal  de),  29. 


Labre  ,  inspecteur  des  bâtiments  du  roi ,  69. 

La  Rrosse  (Seigneur  de),  voir  Des  Noyers. 

Lafosse,  peintre,  3o2,  3i3,  4i2. 

Lagrange  (Hôtel  de  Sébastien  de),  sieur  de  Tria- 
non,  g3. 

Lanquetot  (Maison  de  Claude  Bretel,  seigneur  de), 
78. 


Lanterne  des  Galeries  du  Louvre,  voir  Pavillon 
Lesdiguières. 

Larchant  (Hôtel  de  messire  de  Grimonville,  sei- 
gneur de),  16,  92. 

Launay  (Jean  de),  sculpteur,  i5o. 

Laval  (Hôlel  de  Guy,  seigneur  de),  kk,  5g. 

Lavergnot  (Nicolas),  chirurgien  du  roi,  102. 


xvm 


TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


Lebrun,  archi trésorier;  son  hôtel,  298. 

Lebrun,  peintre,  3o8. 

Lecadet  (Adam),  statuaire  du  roi,  55. 

Le  Clerc  (Maison  de  Jacques),  conseiller  au  par- 
lement, i4. 

Lb  Comte  (Charles),  maître  charpentier  du  roi, 
i3. 

Le  Constançois  (Nicolas),  trorlogeur,»  a53. 

Le  Fort  (Martin),  sculpteur,  a5o,  25a. 

Le  Jeune  (Jean),  peintre,  a3a. 

Le  Juge  (François),  jardinier  des  Tuileries;  sa 
maison,  3i3. 

Lemercier  (Jacques),  architecte  du  Louvre,  54, 
i5i. 

Lemoine,  sculpteur,  93,  100. 

Le  Nôtre  (  André  ) ,  contrôleur  des  bâtiments , 
996. 

Le  PiLEUR(Henrk'Vugustin),  évoque  de  Saintes,  lu. 

Le  Plastrier  (Thomas),  peintre,  23  a. 

Le  Prévost  (Jean),  président  au  parlement,  i4. 

Lerambert  (Louis),  sculpteur,  9. 

Lescot  (Pierre),  seigneur  de  Clagny,  architecte  du 
Louvre,  906,  a46.  —  Sa  famille,  ai4. 

Lescot  (Rue  Pierre-),  70. 

Lesdiguières  (Hôtel  du  sieur  de),  4a. 

Le  Verrier  ( Hôtel  de  Jean),  dit  de  Nismes,  valet 
de  chambre  du  roi,  87. 

Le  Viste  (Enclos  du  président),  33 1 . 

L'Heureux  (Les  frères  Pierre  et  François),  sculp- 
teurs, a5o,  a5a. 

Ligny  (Le  seigneur  de),  16. 

LTsle  (Maison  de  Michel  de),  29. 

Lomknie  (Hôtel  d'Antoine  de),  secrétaire  d'État, 
107. 

Longueville  (Hôtel  de  Henri  II,  duc  de),  io3. 

Longueville  (Hôtel  de  Marie  de  Bourbon,  duchesse 
de),  92. 

Lorraine  (Charles  de),  voir  Guise. 

Lorraine  (Charles-Marie  de),  voir  Elbeuf. 

Lorraine  (Claude  de),  voir  Chevreuse. 

Lorraine  (Henri  de),  comte  d'Harcourt;  son  tom- 
beau, 3o3. 

Lorraine  (Louis  de),  comte  de  Brionne,  voir  Ar- 
magnac 

Lorraine  (Louis  de),  voir  Conty. 

Louis,  voir  Saint-Louis. 

Louis-Philippe  I"  (Rue),  298. 


Louvre  (Rue  du),  7,  ao,  86.  —  Quartier  du  Lou- 
vre, 4.  —  Guichet  du  Louvre,  9. 

Louvre.  —  Origine  du  château,  11 3.  —  Histoire 
du  Vieux  Louvre,  12  3.  —  Arsenal,  12 5.  — 
Bibliothèque  du  roi,  126.  —  Capitainerie,  16, 
127.  —  La  Grosse-Tour  ou  tour  Ferrand, 
126,  129,  2o3.  —  Étendue  du  Quadrangle, 
i3i.  —  Grande  salle  de  Saint-Louis,  i3i,  i5a. 

—  Salle  neuve  de  la  Reine,  i3a.  —  Étendue  de 
la  cour,  i3a. —  Fossés,  i34,  i4o.  — Jeux  de 
paume,  9,  i34.  —  Chapelle  du  roi,  i35.  — 
Tours,  i4a;  du  Sud-Est;  de  la  Fauconnerie', 
i43;  du  Milieu,  i44.  —  Girouettes,  i43.  — 
Tours  de  la  Taillerie;  de  la  Librairie,  1 65 ; 
devers  l'Artillerie  ;  du  Sud-Ouest ,  1 46.  —  Portes , 
167.  —  Tours  de  la  Grande-Chapelle,  147; 
de  Bische-Mouche ;  des  Joutes;  de  la  grande 
chambre  de  la  Tournelle;  de  la  Petite-Chapelle; 
de  l'Horloge;  de  l'Armoirie;  d'Orgueil;  du  Win- 
dal;  de  l'Écluse;  devers  Saint-Thomas,  i48.  — 
Concierge,  149.  —  Façade  orientale,  i4g.  — 
Intérieur  des  bâtiments,  1 52.  —  Salle  dite  de  la 
Reine,  i52.  —  Salles  Neuve;  du  Roi;  de  la 
Reine;  sur  les  jardins,  i53;  du  Conseil,  i54. 

—  Grande  salle,  i54,  21 5. —  Chapelles,  i54, 
i55. —  Chambre  aux  Joyaux,  i55.  —  Mobilier 
des  salles  du  Louvre,  i55.  —  Appartement  de 
la  Reine,  i56.  — Grand  Jardin,  i56.  — Ména- 
gerie, i5g.  —  Rasses-cours ,  159.  —  Artillerie, 
160.  —  Entrée,  i65.  —  Tourdu  CoinouJehan- 
de-Lestang,  1 65.  —  Le  Louvre  sous  François  I", 
201;  sous  Henri  II,  219;  sous  François  II, 
Charles  IX  et  Henri  III,  a4g.  —  Projet  primitif 
du  nouveau  Louvre,  220.  —  Escalier  dit  les 
Grands  Degrés ,  228.  —  Salie  dite  le  Tribunal, 
229.  —  Salle  des  Caryatides,  223,229.  —  Pa- 
villon du  roi,  a3o.  —  Chambre  de  parade,  23o. 

—  Appartement  de  la  Reine  sous  Charles  IX . 
a5a.  —  Salle  des  Antiques,  256,  267.  —  Ap- 
partements d'été  et  d'hiver  de  la  reine  Anne 
d'Autriche,  26a.  —  Galeries  du  Louvre,  voir 
Galerie. 

Lozon  (Hôtel  du  président  de),  397. 

Lude  (Hôtel  de  François  de  Daillon,  comte  du), 

46. 
Luxembourg  (Waleran  de),  voir  Saint-Pol. 
Luynes  (Hôtel  des  ducs  de),  io3,  10A. 


TABLE  ALPHABETIQUE  DES  MATIEBES. 


xix 


M 


Magny  (De),  peintre,  374. 

Maignelay  (Hôtel  de  Marguerite  de  Gondi,  mar- 
quise de),  309. 

Maillard ( Rolland ),  sculpteur,  a3o,  a3a. 

Mailly  (Hôtel  de  la  contesse  de),  4a. 

Maintenon  (Hôtel  de  M.  de),  io3. 

Malte  (Rue  de),  p.  70. 

Manège  des  Tuileries  (Le),  289,  290,  295. 

Mansabd,  architecte,  3o4. 

Marbres  (Cour  des),  9. 

Marbres  (Place  du  magasin  des),  77. 

Marceah  (Rue),  70. 

Marchant  (  Méry  ) ,  bourgeois  de  Paris  ;  son  épitaphe , 
68. 

Marché-aux-Pourceaux  (Rue  du),  278. 

Marche  (Hôtel  de  Jacques  II  de  Bourbon,  comte 
delà),  26. 

Marche  (Hôtel  de  la  Petite-),  43. 

Marengo  (Place  de),  p.  17.  —  Rue  de  Marengo, 
27. 

Marguerite  de  Navarre  (Hôtel  d'Anjou  donné  à), 

99- 
Marigny  (Hôtel  d'Abel-François  Poisson  de  Van- 

dières,  marquis  de),  42. 

Marigny  (Hôtel  d'Enguerrand  de),  surintendant, 
33,  90. 

Marillac  (Hôtel  de  M.  de),  108. 

Marillac  (Mausolée  du  maréchal  de),  3o3. 

Marle  (Maisons appartenant  à  Germain  de),  pré- 
vôt des  marchands,  25,  io5. 

Martin,  architecte,  69. 

Martine  (Hôtel  de  Louis),  avocat  du  roi,  i3. 

Matignon  (Rue  de),  83. 

Matignon  (Hôtel  de  Jacques  de),  comte  de  Thori- 
gny,  80. 

Mellin  de  Saint-Gelais ,  poêle;  son  tombeau, 99. 

Ménagerie  du  Louvre,  i5g. 

Meslay  (Charlotte  de),  voir  La  Rochefoucauld. 


Métezeau  (Clément),  architecte,  54,  io3,  3ia. 

Métezeau  (Thibaut),  architecte  du  Louvre,  267. 

Mignard,  peintre,  io4. 

Molange  (Place  de  la),  3 18. 

Molet  ou  Mollet  (Claude),  jardinier  des  Tuileries, 

80,  282. 
Monnaie  (Hôtel  de  la),  53. 
Montausier  (Hôtel  de  Charles  de  Sainte-Maure,  duc 

de),  107. 
Montbazon  (Le  duc  de),   gouverneur  de  Paris, 

pose  la  première  pierre  de  l'église  de  l'Oratoire, 

53. 
Montfort  (Hôtel  de  Béatrix  de),  veuve  de  Ro- 
bert IV,  comte  de  Dreux,  42. 
Montgobert  (Hôtel  de  Marguerite   de   Clermont, 

dame  de),  12,  i3. 
Montholon  (Tombeau  de  Guillaume  de),  conseiller 

d'État,  3o3. 
Montigny  (Maison  de  François  de),  marquis  de 

Congis,  io3. 
Montigny  (Maison  de  Gabriel  de),   seigneur  de 

Congis,  gouverneur  des  Tuileries,  3i3. 
Montlouis  (Maison  de  Diane  de  Clermont,  dame 

de),  108. 
Montmorin  (Hôtel  de  Jacques  de),  43. 
Montpensier  (Hôtel  d'Henri  de  Bourbon,  duc  de), 

29. 
Montpensier  (Rue  ou  passage),  70. 
Montreuil  (Eudes  de),  architecte,  68,  69. 
Mortemart  (Hôtel  du  duc  de),  17. 
Moucy  (Clos  de  Guillaume  de),  326. 
Moutons  (Le  Marché  aux),  74. 
Moy( Hôtel  de  Nicolas  de),  3i3. 
Moyen  (François);  son  épitaphe,  102. 
Musée  (Rue  du),  4o. 
Musée  des  Souverains  (Le),  au  Louvre;  boiseries 

qu'on  y  conserve,  2  32. 
Muséum  (Quartier du),  4. 


N 


Nantes  (Maison  dite  l'hôtel  de),  place  du  Carrousel, 

78. 
Nanyn  (Pierre),  sculpteur,  a5o,  a5a. 
Neufchâtel  (Hôtel  de  Louis -Henri  de  Bourbon- 

Soissons,  prince  de),  io3. 


Neufville  (Simon  de),  33i.  —  (Nicolas  de),  33o, 

33a.  Voir  Villeroy. 
Neuve  (Porte),  170. 
Neuville  (Hôtel  du  baron  de),  3i5. 
Nevers  (Hôtel  du  duc  de),  93. 

c. 


TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


Nicaise,  voir  Saint-Nicaise. 

Nicolas,  voir  Saint-Nicolas. 

Noailles  (Hôtel  du  duc  de),  998. 

Nogaret  (Bernard  de),  voir  Épernon. 

Nonin  (Guillaume),  maître  des  œuvres  de  la  Ville,  as. 


Noplet  (Jean);  son  épitaphe,  102. 
Noyer  (Bue  du),  86. 

Noyers  (Hôtel  de  François  Sublet  de),  surintendant 
des  bâtiments  rovaux,  3i3. 


0 


0  ( Hôtel  d'),  io3. 

Odead  (Maison  d'Hélye),  contrôleur  de  la  maison 

du  roi ,  1 3. 
Opéra  (Magasin  des  décors  de  i'),  77. 
Orangerie  (Bue  de  I'),  3i4. 
Oratoire  (Bue  de  1'),  ou  d'Autriche,  7.  —  Place 

de  l'Oratoire,  18.  —  Maison  de  l'Oratoire ,  53, 

81. 


Oratoire  de  l'hôtel  de  Bourbon,  3g. 

Orbec  (Maison  du  vicomte  d'),  3o. 

Orléans  (Hôtel  appartenant  à  Gaston  d'),  frère  de 

Louis  XIII,  87. 
Orléans  (Marie  d'),  voir  Longueville. 
Orties  (Bue  des),  79,  i63,  177. 
Osteriche  ,  voir  Autriche. 
Ostrevant  (Hôtel  d'),  i5,  94. 


Palais-Boyal  (Place  du),  60. 

Paroisses  de  Saint-Germain-l'Auxerrois  et  de  Saint- 

Boch,  1. 
Parrocel,  le  neveu,  peintre,  298. 
Patin  (Jacques),  peintre,  a53. 
Pavillon  du  Boi,  au  Louvre,  23o. 
Petite-Monnaie  (Bue  de  la),  177. 
Phélypeaux    (Mausole'e  de  Baimond),   seigneur 

d'Herbaut,  3o3,  voir  Pontchartrain. 
Pibrac  (Hôtel  de  Guy  du  Faur  de),  conseiller  au 

Parlement,  92. 
Pierrevive  (Enclos  de  Pierre  de),  seigneur  de  Lé- 

zigny,  33 1. 
Pigeon  (Clos),  3 10. 

Pinard  (Hôtel  du  sieur),  secrétaire  des  comman- 
dements, 80. 
Pisany  (Hôtel  de  Jean  de  Vivonne,  marquis  de), 

106. 
Pluvinel  (Hôtel  de),  29a. 
Poitiers  (Hôtel  d'Alphonse,  comte  de  Toulouse  et 

de),  88. 


Ponce-Jacquiau  (Maître),  sculpteur,  23o,  232. 

Ponce-Trebatti  (Paul),  sculpteur  italien,  a3g, 
235 ,  236,  246,  248. 

Pontchartrain  (Hôtel  de  Phélypeaux  de),  4i. 

Pont-levis  du  Louvre,  i48. 

Port  du  Louvre,  33;  —  de  Bourbon,  32. 

Porte-Dorée  (La),  à  l'hôtel  de  Bourbon,  37. 

Porte  Saint-Honoré  (  Première  ) ,  1 6  4  ; —  deuxième , 
180;  —  troisième,  3 22;  —  porte  du  Louvre, 
1 6  5  ;  —  portes  du  château  du  Louvre ,  1 4  7  ;  — 
porte  Neuve,  170;  —  porte  de  la  Conférence, 

321. 

Poulies  (Bue  des),  84  ;  —  origine  de  ce  nom,  85. 

Poyet,  architecte,  107. 

Prévôt  (Hôtel  du  grand),  près  de  la  porte  Neuve, 

171. 
Primaticcio  ou  Le  Primatice,  peintre  et  inspecteur 

des  bâtiments  royaux,  23o. 
Provence  (Hôtel  de),  93. 
Pussort  (Hôtel  de  Henri),  298. 
Pyramides  (Bue  des),  294. 


Q 


Quai  de  l'École,  3o;  —  des  Buttes,  3i  ;  —  du 
Louvre,  73,  170,  175;  —  des  Tuileries, 
3,7. 

Quartier  de  Saint-Germain-l'Auxerrois,  4  ;  —  du 


Louvre ,  4  ;  —  du  Palais-Boyal ,  4  ;  —  des  Tui- 
leries ,  4  ;  —  de  l'Oratoire ,  5  ; — de  Saint-Honoré , 
5  ; —  des  Gardes-Françaises ,  4  ;  —  du  Muséum,  4 . 
—  Origine  des  quartiers,  4. 


TABLE  ALPHABETIQUE  DES  MATIERES. 


XXI 


Quétry  ou  Getty  (Barthélémy),  peintre,  9. 
Quiberon  (Rue  de),  70. 
Quinze-Vingts  (Rue  des),  70. 


Quinze-Vingts  (Hospice  des),  61  ;  —  son  église ,  67  ; 
—  son  sceau,  68.  —  Marché  et  clos  des  Quinze- 
Vingts,  a85. 


R 


Rambouillet  (Hôtel  de  Charles  d'Angennes,  mar- 
quis de),  106. 

Ranconnet  (Hôtel  du  président  Pierre  de),  gà. 

Raolin,  bourgeois  de  Paris;  son  épitaphe,  69. 

Ravaillac;  maison  où  il  a  logé,  29/i. 

Raymond  du  Temple,  architecte,  1 5 1 . 

Regnard  (Le  jardin  de),  aux  Tuileries,  3a5. 

Rempart  (Rue  du),  75. 

Renard  (Nicolas),  de  Nancy,  sculpteur,  3o3. 

Resnel  (Hôtel  du  marquis  de),  3i5. 

Retable  du  Palus  de  Justice,  donnant  une  vue  du 
vieux  Louvre,  167,  îig,  176. 

Retz  (Hôtel  d'Albert  de  Gondi,  duc  de),  iG. 

Retz  (Hôtel  de  Henri  de  Gondi,  duc  de),  17. 

Richebourg  (Rue  de),  dite  ensuite  du  Coq,  16. 

Riolle  Richard  ou  Riciiault,  sculpteur,  a3a, 
a53. 

Robert  de  Senlis,  bourgeois  de  Paris,  i3. 

Robillon,  sculpteur,  100. 

Robin  (Vincent),  bourgeois  de  Paris;  son  épitaphe, 
69. 


Rochefoucauld  (Maison  de  Charlotte  de  Meslay  de 

la),  4i,  42. 
Rocheguyon  (Hôtel  de  Guy,  seigneur  de  la),  10. 
Rohan  (Marie  de),  voir  Chevreuse. 
Rolinde  (Hôtel  de  M.  de),  76. 
Romanelli,  peintre,  262. 
Romey  (Epitaphe  de  Jacques  de),  seigneur  de  Ro- 

mainville,  102. 
Ronsard;  son  épître  à  Pierre  Lescot,  208. 
Roquelaure  (Hôtel  de),  76. 
Rostaing  (Hôtel  de  Tristan  de),  18.  —  Chapelle 

funéraire  de  la  famille  de  Rostaing  dans  l'église 

des  Feuillants,  3o3. 
Rostiel  (Épitaphe  de  Guillaume),  chevalier,  100. 
Rouillé  (  Hôtel  de  M.  de  ),  ministre  de  la  marine  ,93. 
Rouillé  (Maison  de  Robin),  maitre  des  requêtes, 

106. 
Rousseau  (Epitaphe  de  Pierre),  prêtre,  102. 
Rouvez  (Epitaphe  de  Jacques  de),  maître  es  arts, 

101. 
Rugles  (Raron  de),  voir  Vieuville. 


Saigne  (Comte  de),  voir  Chabannes. 

Saint-Florentin  (Rue),  3i5. 

Saint-Florentin  (  Hôtel  du  duc  de  la  Vrillière ,  comte 

de),  3 1 5. 
Saint-Honoré  (Rue),  48,  a83,  296.  —  RueNeuve- 

Saint-Honoré,    283.  —  Portes   Saint-Honoré, 

voir  Porte. 
Saint-Louis  (Rue),  286.  —  Grande  rue  et  rue 

Neuve-Saint-Louis,  283. 
Saint-Nicaisb  (Rue),  73. 
Saint-Nicaise  (Chapelle),  78. 
Saint-Nicolas-du-Louvre  (Rue),  177.  —  Hospice, 

collège  ou  chapitre  Saint-Nicolas,  109.  j 
Saint-Pol   (Hôtel  de  VValeran  de   Luxembourg, 

comte  de),  12,  5a. 
Saint-Quentin  (Pierre  de),  entrepreneur  des  travaux 

du  Louvre,  2  3a. 


Saint-Roch  (  Paroisse  de  ) ,  1 .  —  Limite  dans  la  rue 
Saint-Honoré,  a84. 

Saint-Romain  (Hôtel  de  Jean  de),  conseil"du  Roi,  io3. 

Saint-Romain  (Jean  de),  sculpteur,  i3o,  i5o. 

Saint-Thomas  (Rue),  95  ;  —  rue  Neuve  et  cul-de- 
sac  de  Saint-Thomas,  83.  —  Eglise  collégiale  de 
Saint-Thomas,  96.  — Sceau  du  Chapitre,  100. 

Saint-Vincent  (Rue),  295. 

Sainte-Maure  (Charles  de),  voir  Montausier. 

Sancerre  (Hôtel  de  la  comtesse  de),  12. 

Sarrazin  (Jacques),  sculpteur,  3o3,  3o5. 

Sasso  (Pietro),  stucateur,  262. 

Saulmonière  (Place  à  pêcher,  dite  la),  3 18. 

Saulx  (Hôtel  de),  i5. 

Sauval.  Appréciation  de  son  ouvrage  sur  les  anti- 
quités de  Paris,  i3g.  —  Manuscrit  inédit  sur  le 
même  sujet  ,171. 


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TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


Scarron  de  Vaurre  (Maison  de  Thomas),  oncle  du 
poëte,  46. 

Schomberg  (Hôtel  du  comte  de),  46. 

Schomberg  (Tombeau  de  Jeanne-Armande de) ,  prin- 
cesse de  Guéméné,  3o3. 

Seguin,  capitaine  du  Louvre,  16. 

Selne  (Hôtel  du  baron  de),  29.  —  Rue  dite  Sur- 
Seine,  177. 

Sempi,  peintre  verrier,  3o4. 


Serbecq  ou  Seibecq  (Francisque),  dit  de  Carpy  ou 
Scarphy,  sculpteur  florentin ,  a3o,  232. 

Serlio  (Sébastien),  architecte  bolonais,  206,  2i5. 

Sillery  (Hôtel  de  Noël  Bruslart  de),  59. 

Simonieux  (Roger  de),  mouleur,  232. 

Sourdis  (Hôtel  de  Charles  d'Escoubleau ,  marquis 
de),  5g. 

Sodvré  (Hôtel  de  Gilles  de),  maréchal,  66. 

Sublet  (François),  voir  Noyers. 


Tiblead  provenant  de  Saint-Germain-des-Prés ,  et 

offrant  une  vue  du  Vieux  Louvre,  32  ,  37,  129, 

i45. 
Tacet  ou  Tacquet  (Jean),  sculpteur,  2Ô2. 
Testart,  peintre,  2 3a. 
Thomas  ,  voir  Saint-Thomas. 
Thorigny  (Comte  de),  voir  Matignon. 
Thou  (Hôtel  d'Augustin  de),  107. 
Thdmery  (Hôtel  de  Pierre  de),  valet  de  chambre  du 

duc  de  Bourbon,  10 3. 
Thcrin  (Thomas),  sculpteur  et  garde  des  marbres 

du  roi,  435. 
Tiroir  (Rue  Croix-du-),  69. 


Torcy  (Hôtel  de),  io3. 

Tour  du  Coin  ou  Jean-de-l'Estang  ,  1 65  ;  —  de  Bois , 

170,  fjlt.  —  Tours  du  Louvre,  162  et  suiv. 
Trebatti,  voir  Ponce. 
Tremblay  (Le  Clerc  du),  dit  le  père  Joseph;  son 

tombeau,  3o8. 
Tresmes  (Hôtel  de),  94. 
Tribunal  (Salle  dite  le),  au  Louvre,  229. 
Trie  (Hôtel  du  maréchal  de),  37,  87. 
Trocadéro  (Rue  du),  2 9 5. 
Tuileries  (Rue des),  284. —  Placedes Tuileries,  28 1 . 
Tuileries  (Château  des),  3 18.  — Emplacement  du 

château  et  du  jardin,  325. 


u 


UssÉ  (Maison  de  Louis  de  Valenliné,  marquis  d'),  297. 
Uxelles  (Tombeau  du  maréchal  d'),  3o3. 


Uzès  (  Hôtel  de  Charles-Emmanuel ,  sire  de  Crussol , 
duc  d'),  79,  107. 


Valenciennes  (Germain  de),  voir  Coupeau. 

Valenciennes  (Épitaphe  de  Germain  de),  écuyer, 
101. 

Valenciennes  (Hôtel  de  Jean  de),  essayeur  des  mon- 
naies, 80. 

Valentiné  (Louise  de),  voir  UssÉ. 

Valentinois  (Hôtel  de  la  duchesse  de),  3o. 

Vallière  (Ecuries  de  M""  de  la),  76. 

Vallière  (Hôtel  de  Jean-François  de  la  Baume  le 
Blanc,  marquis  delà),  282. 

Valois  (Charles  de),  voir  Alençon. 

Varenne  (Hôtel  du  sieur  de  la),  46. 

Vaucouleurs  (Hôtel  de),  94. 

Vaudeville  (Théâtre  du),  107. 


Vaugain  (Hôtel  de  Jean  de),  sieur  de  Blain ville. 

conseiller  d'État,  88. 
Vaujour  (Hôtel  du  duc  de),  282. 
Vendôme  (Hôtel  des  comtes  de),  42,  46. 
Vieuville  (Hôtel  de  Robert  de  la),  baron  de  Ru- 

gles,  10S. 
Vieuville  (Le  marquis  de  la),  surintendant  des 

bâtiments,  53. 
Vieux-Pont  (Hôtel  de),  78. 
Vignolles  (Hôtel  de  Jean  de),  secrétaire  de  la  cour. 

59. 
Villemenon  (Hôtel  de  Paul  du  Parent,  sieur  de), 

3i4. 
Villequier  (Ruede),  85. 


TABLE  ALPHABETIQUE  DES  MATIERES.  xxiii 

Violle  (Epilaphe  de  Nicolas),  aumônier  du  roi. 

68. 
VivoNNE(Jean  de),  voir  Pisany. 
Voitures  ou  Coches  de  la  Cocr  (Bureau   des), 

77- 
Vouet  (Aubin),  peintre,  3o4. 

Vouet  (Simon),  peintre,  3o3. 

Vbillièbe  (Duc  de  m),  voir  Saint-Florentin. 


Villbqdier,  chambellan  du  duc  d'Anjou,  16.  — 
Hôtel  du  baron  René  de  Villequier,  gouverneur 
de  Paris,  a3. 

Villeroy  (Hôtels  et  terres  de  la  famille  de),  19, 
91,  307,  33o,  335. 

Villiers  (Hôtel  du  comte  de),  3i3. 

Vincent  (Rue  Saint-),  295. 

Vingt-Neuf-Juillet  (Rue  du),  297. 


w 


Warin  (Hôtel  de  Jean),  intendant  des  bâtiments,  graveur  des  monnaies,  76. 


Yvoreau  (Épitaphe  de  Jean),  commissaire  au  Châtelet,  68. 


Zeeman  (Rémi),  peintre;  un  de  ses  tableaux  représente  le  Louvre  et  l'hôtel  de  Bourbon,  1 36. 


o 


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DG 
707 

1885 
t.l 


Berty,  Adolph 

Topographie  historique  du 
vieux  Paris  2.  éd. 


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