Skip to main content

Full text of "Topographie historique du vieux Paris"

See other formats


muhm 


^^^^^H 

1 

i 

■  ■  ■  '' ■' ■ .' .  ' ^ ' • 

^^^^^^^^^^^^^^■^  ' 

?  JS:^  '!    :  '  ',    ■  '  ■'. 

'l\''P-'J'-:' 

^^^^^^^^^^H 

f 

f-M^'^-^i 

1 

:'■'■'■(  ;■  t .  ■  -■  i ,-  -,  ',  - 

i^}' 

î 

■':;^;;:;^*^■■ 


•-■^'i':; 


I  ;.'■ 


,;:i.'  ,'■' 


,:-; 


^y;!'    ■  L 


'•^'^i' 


:^t.î: 


:i'>  ;  :  ;.' 


i 
i 

!i 
:i 

'i 


.s 


> 


(T) 


> 


IIISTOIUE  GÉNÉRALE  DE  PARIS 

COLLECTION  DE  DOCUMENTS 

PUBLIAI 

SOCS   LES   AUSPICES  DE   L'ÉDILITÉ   PARISIENNE 


TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE 


DO 


VIEUX  PARIS 


UAdiiiiiiistratioii  inunicipaio  laisse  à  chaque  auteur  la  responsabilité  des 
opinions  développées  dans  les  ouvrages  publiés  sous  les  auspices  de  la  Ville 
de  Paris. 


TOUS  DROITS  RÉSERVÉS 


HISTOIRE  GÉNÉRALE   DE  PARIS 


TOPOGRAPHIE 

HISTORIQUE 

DU  VIEUX  PARIS 


PAR   FEU    A.    BERTY 

RBVISÉE,      ASNOTÉE      ET     COMPLETEE 

PAR  L.-M.  TISSERAND 

nSPECTEUri  PRINCIPAL  DO  SEITICE  HISTORIQUE  DE  LA  VILLE 

ATEC  LA  COLLABORATION  DE  M.  TH.  VACQUBR 

lICOITICn.  ClilSé  >l  It  St-ITIILLISCI  lICBiOLOCIQl'l  DU  FOriLLCS  KT  DIS  D<IIOLiril)\S   k  fkKlt 


RÉGION  DL   BOURG   SAIM-GERMAIN 


ScMa  d«  l'Abtey*  r*i)it-0«rmua-4M-?r^  (  !  138) 


PARIS 

IMPRIMERIE   NATIONALE 


M  DCCC  LXXVI 


*•  <^ 


DC 
707 

\Î95 
t>.3 


AVANT-PROPOS. 


Parmi  les  ouvrages  d'érudition  récemment  publiés,  il  en  est  peu  qui 
aient  éveillé  l'attention  et  excité  l'intérêt  du  monde  savant  au  même  degré 
que  la  Topographie  historique  du  vieux  Paris.  Cette  restitution  patiente,  minu- 
tieuse, de  toutes  les  rues,  de  toutes  les  maisons  dune  ville  ancienne,  si 
souvent  et  si  radicalement  transformée,  parut,  il  y  a  quinze  ans,  la  plus 
étonnante  des  nouveautés.  Lorsque  l'auteur  publia,  dans  la  Revue  archéolo- 
gique d'abord,  puis  dans  un  fascicule  qui  fut  présenté  à  l'Institut,  un  pre- 
mier essai  de  sa  méthode  appliquée  à  la  Cité'"',  on  fut  surpris  et  charmé  de 
voir  revivre  chacune  des  parcelles  bâties  du  vieux  sol  parisien  ;  on  admira 
la  précision  avec  laquelle  étaient  délimitées  les  justices,  les  censives,  les  pa- 
roisses, les  pro|)riétés  privées;  on  put  constater,  en  rapprochant  les  plans 
restitués  du  texte  qui  en  est  la  légende,  que  chaque  contenance  résultait 
d'un  document  authentique,  et  l'on  acquit  la  certitude  qu'on  se  trouvait  en 
présence  d  un  véritable  cadastre  rétrospectif. 

Un  travail  de  cette  importance  ne  pouvait  pas  être  une  improvisation; 
non-seulement  il  était  le  fruit  d'une  préparation  longue  et  persévérante,  mais 
encore  il  avait  ses  antécédents;  il  se  rattachait,  par  les  liens  les  plus  étroits, 
à  une  entreprise  considérable,  la  Statistique  monumentale  de  Paris.  En  sou- 
mettant, dès  i83â,  à  M.  Guizot,  alors  ministre  de  l'instruction  publique, 
ffle  plan  d'un  ouvrage  étendu  destiné  à  faire  connaître  les  monuments  de  la 
rr capitale ''^',7)  M.  Albert  Lenoir  se  proposait  de  retracer  aussi  fidèlement  que 

'"'  Les  trois  {lot*  de  la  Cité  comprit  entre  le* me*  Adolphe  Berty  ;  Paris,  Didier,  1860.  —  '"'  Stati*- 

de  la  Licorne,  aux  Fhseï,  de  la  Lanterne,  du  Haut-  tique  monumentale  de  Pari*,  explication  des  planciies 

Moulin  et  de  Glatigny,  frogments  d'une  histoire  to-  par  M.  Albert  Lenoir.  introduction,  p.  1. 
po^rraphique  et  ardi<k)logique  du  vieux  Paris,  par 


Il  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS, 

possible  l'aspect  ancien  de  la  ville  dont  il  allait  e'tudier  les  principaux  e'di- 
fices;  un  «plan  archéologique»  rigoureux  lui  paraissait  être  le  couronnement 
naturel  de  son  œuvre.  Il  fallait,  en  effet,  localiser  exactement  ces  palais,  ces 
monastères,  ces  églises,  dont  la  plupart  avaient  été,  à  l'origine,  le  centre 
et  le  motif  déterminant  des  diverses  agglomérations  suburbaines;  il  fallait 
suivre  sur  le  sol  leurs  agrandissements  successifs  et  mesurer,  d'année  en 
année,  le  rayon  de  cette  circonférence  que  le  mouvement  de  la  population 
décrivait  autour  de  chaque  grand  établissement  civil  ou  religieux.  Dans  les 
idées  et  avec  les  institutions  du  moyen  âge,  la  mise  en  valeur  des  terrains 
en  censive  était  le  mode  de  peuplement  le  plus  naturel;  le  bail  à  cens,  en 
appelant  les  familles  sur  les  terres  accensées,  contribuait  puissamment  à  l'ac- 
croissement de  la  ville  et  des  faubourgs,  en  même  temps  qu'il  assurait  la 
prospérité  de  l'établissement  possesseur  du  sol.  Les  abbayes  de  Saint-Ger- 
main, de  Sainte-Geneviève,  de  Saint-Antoine,  de  Montmartre,  le  prieuré 
de  Saint-Martin-des-Champs,  etc.,  etc.,  ont  rayonné  ainsi  dans  la  cam- 
pagne, jusqu'aux  portes  de  Paris,  et  les  bourgs  qui  se  formaient  autour  de 
ces  édifices,  à  l'ombre  de  leurs  cloîtres  et  de  leurs  clochers,  ont  constitué, 
en  se  soudant  les  uns  aux  autres,  une  seconde  ville,  que  la  destruction  des 
vieilles  enceintes  a  naturellement  incorporée  à  la  première. 

La  Topographie  historique  du  vieux  Paris  avait  donc  dans  la  Statistique 
monumentale  son  point  d'attache  et  sa  raison  d'être.  M.  Albert  Lenoir  le 
comprit  dès  le  début  de  sa  publication,  et  chargea  l'un  de  ses  collaborateurs 
de  lui  fournir  les  éléments  du  crplan  archéologique  77  dont  il  voyait  nette- 
ment la  nécessité  *^'. 

Mais  un  document  digne  de  ce  nom  ne  peut  être  qu'une  résultante  :  pour 
dresser  un  plan  sérieux  qui  donne  l'état  contemporain,  ou  tout  au  moins 
l'état  le  plus  rapproché  possible  de  la  fondation  des  grands  édifices  pari- 

'''  Feu  Berfy  indique  ainsi  la  mission  qui  lui  rt voies  des  diverses  périodes,  le  tracé  des  enceintes, 

lut  conGée  :  itAu  mois  de  janvier  i84(),  M.  Albert  rrrichnograpLie  des  édifices  détruits,  résumer,  en 

tLenoir,  qui  dirigeait  alors  la  Statistique  monumen-  rrun  mot,  tout  ce  que  l'on  croyait  savoir,  et  y  ajou- 

<ttale  de  Paris,  nous  chargea  de  dresser  un  plan  trter  autant  que  cela   se  pourrait. i   (Topographie 

»  archéologique  destiné  à  en  devenir  le  compté-  historique  du  vieux  Paris,  Région  du  Louvre  et  des 

irment;  ce  plan  devait  comprendre  les  anciennes  Tuileries,  I,  introduction,  p.  viu. ) 


AVANT-PROPOS.  m 

siens,  il  faut  que  chaque  ligne,  chaque  trait,  soit  une  induction  ou  une 
déduction  rigoureuse.  Il  est  nécessaire  que  les  pièces  écrites  suppléent  aux 
représentations  figurées,  et  qu'à  défaut  de  documents  graphiques,  des  textes 
clairs  et  précis  guident  le  crayon  du  dessinateur.  En  effet,  tous  ceux  qui 
ont  étudié  le  parcellaire  du  vieux  Paris  savent  qu'on  n'en  saurait  donner 
une  idée  quelque  peu  exacte,  si  l'on  se  borne  à  reproduire,  en  les  coordon- 
nant, les  petits  plans  de  détail  annexés  à  des  pièces  d'archives,  et  les  plans 
d'ensemble  ou  tr  pourctraicts  "  qui  commencent  à  paraître  au  xvi*  siècle. 

M.  Bonnardot  a  publié,  dans  ses  excellentes  études  sur  les  plans  et  les  en- 
ceintes de  Paris'",  quelques  croquis  à  la  plume,  où  sont  grossièrement  figu- 
rées Cjîrtaines  parties  de  la  ville '^'.  Il  ne  les  considère  que  comme  des  images, 
et  ne  leur  accorde  qu'une  confiance  limitée  :  rrOn  suppose  dans  ce  système, 
rrdit-il,  que  le  spectateur  plane  successivement,  comme  ferait  un  oiseau, 
ffsur  chaque  point  de  la  ville,  et  qu'il  en  aperçoit  les  édifices  sous  deux  as- 
trpects,  dont  l'un  se  présente  de  face,  l'autre  de  profil.  On  conçoit,  ajoute- 
ff  t-il,  que  ce  genre  de  dessin-relief  ne  peut  avoir  pour  base  qu'une  perspec- 
fftive  factice,  qui  s'éloigne  souvent  de  la  nature '^'.n  M.  Albert  Lenoir  était 
du  même  sentiment;  cependant  il  fit  rechercher  ces  croquis  si  naïfs  dans  leur 
mode  de  figuration  et  si  dépourvus  de  précision  géométrale.  Quand  son  col- 
laborateur les  rencontrait  dans  les  dépôts  d'archives,  il  les  acceptait  sous 
toutes  réserves,  les  rapprochait  des  documents  écrits,  les  comparait  aux 
plans  factices  qu'il  avait  faits  lui-même,  d'après  les  textes,  et  les  soumettait 
ainsi  à  tous  les  genres  de  contrôle.  Sa  probité  archéologique  lui  faisait  en 
outre  un  devoir  de  les  mettre  sous  les  yeux  du  lecteur  :  dans  le  volume 
même  dont  il  nous  a  laissé  les  éléments  et  que  nous  publions  aujourd'hui, 
on  trouvera  deux  de  ces  images  fidèlement  reproduites.  Ce  sont  :  une  vue  à 
vol  d'oiseau  de  l'abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés,  datant  de  la  première 
moitié  du  xvi^  siècle,  et  un  plan  du  Clos  aux  Bourgeois  dressé,  au  commen- 
cement du  xvii",  par  François  Quesnel  et  Claude  Vellefaux '*'. 

'■'  Etude»  archéologiques  sur  let  anciens  plans  de  talions  sur  les  enceintes,    pi.  XII,   fig.    4,  6,  u. 
Pari»;  Paris,  Deflorenne,   i85i.  —  Dissertations  '''  Études  sur  les  plans ,  p.  aa. 

archéofùgiques  sur  le»  ancienne»  enceinte»  de  Paris;  •''  Ce  plan,  rtkluit  par  feu  Berty  lui-même,  est 

l'an»,  Dumoulin,  i85.3.  reproduit  en  noir  à  la  page  aga  du  présent  vo- 

'**  Etude»  sur  Us  plans,    p.   a 3.  —    Diuer-  lame. 


IV  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Si  les  plans  partiels,  croquis  ou  images,  devaient  compter  comme  élé- 
ments essentiels  dans  la  préparation  d'un  rplan  archéologique  75  véritable- 
ment digne  de  ce  nom ,  il  ne  fallait  pas  non  plus  négliger  les  plans  d'ensemble, 
ces  vieux  apourctraicts  de  Paris  75  qui  permettent,  mieux  que  toute  autre 
figuration,  de  plonger  dans  l'intérieur  de  la  ville,  d'en  suivre  les  rues  et  de 
s'égarer  à  plaisir  dans  les  méandres  de  cette  viabilité  si  différente  de  la 
nôtre.  Feu  Berty  leur  accordait  quelque  créance  :  représentation  plus  ou 
moins  exacte  d'un  état  contemporain  de  leur  publication,  ils  constituaient  à 
ses  yeux  un  jalon,  un  point  de  repère;  mais  il  ne  leur  demandait  aucune 
indication  rétrospective.  Beaucoup  moins  rigoureux  que  les  croquis  à  la 
plume  et  les  plans  partiels  dressés  à  l'occasion  de  quelque  différend  judi- 
ciaire, ils  lui  paraissaient  se  rattacher  plutôt  aux  fantaisies  des  anciens  mi- 
niaturistes. C'est  l'opinion  que  nous  avons  émise  nous-même,  à  propos  du 
célèbre  plan  de  Tapisserie,  devant  une  assemblée  savante  qui  a  paru  la  par- 
tager : 

rrll  nous  semble,  disions-nous,  que  les  plans  en  tapisserie,  les  plus  an- 
crciens  parmi  les  cr pourctraicls  de  Paris,»  ont  une  date  dans  l'histoire  de  la 
tr topographie  figurée,  qu'ils  représentent  une  époque  intermédiaire  assez 
rr définie,  qu'ils  sont  une  sorte  de  transition  entre  la  miniature  et  la  gravure 
rrsur  bois,  à  laquelle  nous  devons  les  premiers  plans  de  Paris.  Ils  devancent 
tria  xylographie,  comme  le  manuscrit  précède  le  livre.  C'est  une  succession 
ff  iconographique  véritablement  curieuse.  En  même  temps  que  les  enlumi- 
fcneurs  parisiens  saisissent  toutes  les  occasions  qui  leur  sont  offertes  de  re- 
rf présenter  leur  ville,  alors  même  qu'il  s'agit  de  Troie,  de  Jérusalem,  de 
rrBabylone,  ou  de  toute  autre  cité  lointaine,  dont  l'aspect  leur  était  in- 
ff  connu,  les  tapissiers  «nostrez  et  sarrasinois,  n  comme  ils  sont  qualifiés  dans 
ffle  Livre  des  Métiers,  imitateurs  nés  des  miniaturistes,  s'étudient  à  tisser 
rrce  que  leurs  confrères  enluminent,  et  cherchent  à  obtenir,  par  des  pro- 
ffdiges  de  trame  et  de  teinture,  ce  que  l'on  peut  appeler  de  grandes  minia- 
fftures  en  laine.  Dans  cette  lutte,  ils  ont  plus  d'un  désavantage  :  l'éclat  des 
ff  couleurs,  le  brillant  des  ors,  le  fini  des  détails  et  tout  le  chatoiement  de  la 
ffminiature  leur  sont  inaccessibles;  mais  leurs  rivaux  font  petit,  et  eux,  ils 
rrfont  grand,  très-grand  même.  Ceux-là  ont  leurs  chefs-d'œuvre  enchaînés 


AVANT-PROPOS.  v 

ffdaos  les  librairies;  ceux-ci  exhibent  les  leurs  aux  fêtes  du  Corpus  Chrisli, 
rtaux  processions  de  sainte  Geneviève,  au  feu  de  la  Saint-Jean  et  autres 
ff  galas,  sacre's  ou  profanes. 

tr  Celte  proche  parente'  de  la  miniature  et  de  la  tapisserie  paraît  ressortir 
travée  évidence  de  l'examen  compare'  de  la  célèbre  tapisserie  de  Beauvais 
ftavec  diverses  pages  de  manuscrits  enlumine's.  Qu'on  rapproche  la  miniature 
tr  placée  dans  la  continuation  des  Chroniques  de  Monstrelet,  et  représentant 
ff  l'entrée  du  roi  Louis  XI  à  Paris,  en  i46i,  avec  le  panneau  de  droite  de  la 
ff  tapisserie  de  Beauvais,  l'analogie  paraîtra  évidente;  c'est  le  même  procédé, 
tr  Seulement,  la  scène  historique,  qui  est  réelle  dans  le  texte,  occupe  dans 
tria  miniature  une  place  relativement  considérable,  et  la  ville  de  Paris  n'y 
crest  que  l'accessoire;  dans  la  tapisserie  de  Beauvais,  au  contraire,  la  ville 
tr  remplit  tout  le  fond  du  panneau.  Les  personnages  légendaires  du  premier 
-plan,  Paris,  Turcus,  etc.,  habillés  à  la  moderne,  selon  l'anachronisme 
tr  constant  des  miniaturistes  et  des  tapissiers,  semblent  s'écarter  pour  laisser 
trvoir  la  cité  dont  on  leur  attribue  la  fondation. 

tr  D'année  en  année,  l'importance  relative  se  déplace  :  le  trpourtraictw  de 
tria  ville,  d'abord  vague,  confus,  ramassé,  se  précise  et  se  développe,  tandis 
irque  les  personnages,  refoulés  de  partout,  cèdent  la  place,  se  rapetissent 
ttet  se  réfugient  dans  les  coins,  dans  la  bordure,  où  nous  les  retrouvons,  à 
tf  l'état  de  petites  illustrations,  jusqu'au  milieu  du  xvii"  siècle.  Le  plan  de 
r  Beauvais  était,  relativement  aux  miniatures,  un  progrès  considérable  ;  celui 
trde  Paris,  également  en  tapisserie,  en  a  réalisé  un  plus  décisif  encore, 
ff  puisque  au  lointain,  à  la  perspective,  au  second  plan,  il  a  substitué  une  vue 
"intérieure  et  détaillée  de  cette  cité,  dont  les  miniaturistes  et  les  tapissiers 
tr  précédents  ne  nous  montraient  que  les  saillies  monumentales.  Les  plans 
tr  tissés  sont  donc  en  avance  sur  les  plans  xylographiques.  Ceux-ci,  en  effet, 
tr  taillés  plus  ou  moins  grossièrement  et  à  peu  de  frais,  se  plaçaient  dans  un 
«livre  imprimé  quelquefois  loin  de  la  ville  qu'ils  avaient  la  prétention  de 
tr  représenter,  comme  la  Chronique  de  Nuremberg  et  la  Cosmographie  de 
r Munster;  on  les  consultait  peu  et  ils  pouvaient  être  impunément  inexacts. 
T Ceux-là,  au  contraire,  destinés  à  décorer  les  palais,  les  églises,  les  hôtels 
tr  seigneuriaux,  exécutés  avec  soin  et  dans  de  grandes  proportions,  exhibés 


VI  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS, 

«aux  yeux  de  la  foule  dans  les  fêtes  solennelles,  exigeaient  d'énormes  dé- 
rr  penses  et  devaient  pre'senter  un  degré  d'exactitude  suffisant  pour  ne  pas 
«prêter  trop  ouvertement  le  flanc  à  la  critique '''.  w 

Plans  partiels  et  plans  d'ensemble,  plans  manuscrits,  tissés  ou  gravés,  le 
collaborateur  de  M.  Albert  Lenoir  dut  tout  voir  et  tout  apprécier.  Dans  la 
préface  du  premier  volume  de  la  Région  du  Louvre  et  des  Tuileries,  il  a  con- 
signé le  jugement  impartial  qu'un  long  et  consciencieux  examen  lui  a  permis 
de  porter  sur  chaque  catégorie  de  documents  :  «L'insuffisance  des  notions 
«contenues  dans  les  livres  et  dans  les  plans  gravés  étant  bien  constatée,  il 
«devenait  urgent,  dit-il,  de  recourir  à  des  sources  plus  abondantes,  c'est-à- 
«dire  aborder  les  dépôts  d'archives.  A  l'aide  des  innombrables  pièces  inédites 
«qui  y  sont  contenues,  on  devait,  en  effet,  pouvoir  reconstituer  d'une  ma- 
«  nière  authentique  cette  topographie  du  vieux  Paris  restée  si  vague  et  dé- 
«naturée  par  tant  d'erreurs '^'.^ 

Feu  Berty  ne  s'exprime  pas  moins  nettement  sur  la  valeur  des  documents 
manuscrits  qu'il  a  consultés  :  rrLes  plans  manuscrits  que  nous  avons  utilisés, 
«dit-il,  sont  tous  partiels;  ils  renferment  une  rue,  un  îlot,  un  quartier  au 
rrplus.  En  fait  d'anciens  plans  généraux,  on  ne  faisait  guère  autrefois  que 
«  des  images,  telles  que  le  plan  de  la  Tapisserie,  l'un  des  plus  anciens  «  pourc- 
«traicts  de  Paris n  qui  nous  soient  parvenus  et  qui  n'est,  en  réalité,  qu'une 
T sorte  de  vue  à  vol  d'oiseau.  A  l'époque  où  ce  travail  fut  fait,  l'art  géodé- 

«sique  était  dans  l'enfance,  et  ne  visait  nullement  à  la  précision 

«Quant  aux  plans  tombés  dans  le  domaine  public,  il  faut  s'abstenir  d'ypor- 
«ter  le  compas  et  ne  leur  demander  que  des  renseignements  approximatifs. 
«Toutefois,  on  arrive  à  des  conclusions  très-voisines  de  la  vérité,  en  combi- 
«nant  les  indications  qu'ils  fournissent  avec  les  données  plus  précises  qui  se 
«déduisent  de  la  lecture  des  textes  et  notamment  des  pièces  constituant  les 
«archives  domaniales'^'. w 


'''  Bulletin  de  la  Société  de  l'Histoire  de  Paris  et  '*'  Topographie  historique  du  vieux  Paris,  Région 

de  l'Ile  de  France,  année  1876,  p.  82.  Note  de  du  Louvre  et  des  Tuileries,  I,  préface,  p.  ix. 

L.-M.  Tisserand  sur  un  projet  de  reproduction  du  ''*  Topog-raphie  historique  du  vieux-  Paris ,  Région 

pian  de  Tapisserie.  du  Louvre  et  des  Tuileries,  I,  p.  xii  et  xni. 


< 


•*  AVANT-PROPOS.  vu 

On  le  voit,  la  lumière  se  faisait  peu  à  peu  dans  Tesprit  des  auteurs  de  la 
Statistique  monumentale.  L'idée  d'une  restitution  complète  du  vieux  Paris,  à 
l'aide  des  indications  fournies  par  les  pièces  d'archives,  commençait  à  se  dé- 
gager des  obscurités  qui  enveloppent  toujours  un  premier  essai  ;  et  cette  per- 
spective parut  si  séduisante  qu'on  n'hésita  point  devant  l'immensité  du  travail 
à  entreprendre.  «En  peu  de  temps,  dit  feu  Berty,  à  qui  était  échue  la  part 
•rla  plus  considérable  de  la  besogne,  malgré  les  difficultés  du  début,  nous 
ff  commençâmes  à  entrevoir  la  possibilité  d'accomplir  une  œuvre  entière- 
«ment  nouvelle  :  la  restitution  de  chacune  des  propriétés  composant  les  îlots 
ffde  maisons.  Notre  courage  s'en  accrut,  et,  à  la  suite  d'efforts  opiniâtres,  nous 
ff  eûmes  enfin  la  satisfaction  de  constater  qu'un  groupe  de  maisons  était  rétabli 
«avec  exactitude.  Une  feuille  de  plan  fut  alors  entreprise,  puis  soumise, 
«dans  une  séance  de  l'un  des  Comités  historiques,  aux  savants  les  plus 
r  aptes  à  en  juger,  et  accueillie  par  eux  avec  autant  de  faveur  que  de  sur- 
ir prise.  La  voie  était  ouverte;  il  n'y  avait  plus  qu'à  y  persévérer '"'.  t» 

On  comprend  encore  aujourd'hui  la  r  faveur»  et  la  «surprise t;  qui  accueil- 
lirent, il  y  a  quinze  ou  vingt  ans,  cette  résurrection  inespérée  d'un  parcel- 
laire que  les  savants  les  plus  au  courant  des  choses  parisiennes  désespéraient 
de  pouvoir  jamais  reconstituer.  Les  palais,  les  églises,  les  monastères,  les 
résidences  princières,  les  hôtels  seigneuriaux,  les  demeures  de  la  hante 
bourgeoisie  peuvent,  jusquà  un  certain  point,  revivre  dans  un  texte  et  sur 
un  plan  :  Du  Breul,  Sauvai,  Félibien,  Lebeuf  et  les  autres  historiens 
de  Paris  en  ont  fait  l'histoire;  Marot,  Pérelle,  Israël  Sylvestre,  Blondel, 
Millin,  Alexandre  Lenoir  nous  en  ont  conservé  quelques  aspects.  Il  nest 
donc  pas  impossible  à  un  érudit  d'arriver,  en  coordonnant  ces  divers  élé- 
ments, à  composer  de  curieuses  planches  et  d'intéressantes  monographies. 
Mais,  entre  les  grands  édifices  dont  nous  venons  de  parler,  s'étendaient  de 
vastes  espaces  couverts  par  des  maisons  bourgeoises  et  marchandes,  maisons 
de  toute  forme,  de  toute  grandeur,  pleines  de  souvenirs  historiques,  peu- 
plées d'objets  d'art  ou  de  métier,  désignées  par  de  curieuses  enseignes,  et 


!•) 


Topographie  hulorique  du  vieux  Paria,  Région  du  Louvre  et  des  Tuileries,  I,  préface,  p.  ix. 


VIII  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS, 

offrant,  dans  leur  infinie  variété,  des  spécimens  multiples  de  la  construction, 
de  la  décoration  intérieure  et  extérieure,  de  la  distribution  ainsi  que  de 
l'aménagement  des  demeures  parisiennes  au  moyen  âge.  Ces  maisons  ont 
passé  de  main  en  main,  et  l'histoire  de  leur  transmission  se  confond  avec 
celle  de  la  population  parisienne;  tantôt  divisées  entre  les  membres  d'une 
nombreuse  famille,  tantôt  réunies  pour  former  un  logis  plus  important,  elles 
sont  sorties  du  domaine  royal,  aristocratique  ou  religieux,  et  leurs  transfor- 
mations diverses  ont  suivi  le  mouvement  politique  et  social  d'où  est  résulté 
le  Paris  moderne. 

Les  auteurs  des  vieux  «  pourctraicts  de  Paris  t5  et  les  topographes  auxquels 
on  doit  les  plans  des  trois  derniers  siècles  ne  se  sont  point  embarrassés  de 
cette  masse  de  constructions  privées.  Ils  les  ont  figurées  soit  par  des  mai- 
sonnettes absolument  uniformes,  telles  qu'on  les  voit  sur  les  plans  en  éléva- 
tion, ou  à  vol  d'oiseau,  de  la  Tapisserie,  de  Saint-Victor,  de  Truschet,  de 
Quesnel,  de  Mérian,  de  Vassalieu,  etc.,  soit  par  un  pointillé  ou  des  ha- 
chures, comme  on  peut  le  constater  en  consultant  la  série  des  plans  édités 
depuis  Gomboust  et  Lacaille  jusqu'à  Delagrive  et  Jaillot. 

Déterminé  à  ne  point  suivre  ses  devanciers,  mais  à  faire  sortir  la  topo- 
graphie parisienne  de  l'ornière  où  elle  se  traînait  depuis  longtemps,  feu 
Berty  a  procédé  comme  tous  les  chercheurs  logiques  :  il  est  allé  du  connu  à 
l'inconnu.  Ainsi  que  Jaillot,  dont  il  a  adopté  l'épigraphe,  empruntée  à  Ho- 
race''',  il  s'est  demandé  quel  est  l'élément  topographique  le  plus  simple,  et 

il  l'a  trouvé dans  la  rue.  Qu'elle  soit  une  voie  romaine,  un  chemin 

royal,  un  chemin  rural,  une  voie  limitative  des  justices,  des  censives,  des 
fiefs  ou  des  paroisses,  la  rue  lui  paraît  être  le  fait  topographique  initial,  le 
plus  facile  à  saisir  et  à  constater.  Quand  il  a  pu  arrêter  le  tracé  d'une  rue, 
il  en  fait  l'historique,  d'après  les  titres  qu'il  a  dépouillés,  indique  les  juri- 
dictions différentes  dont  elle  dépendait,  énumère  les  dénominations  succes- 
sives qui  lui  ont  été  appliquées,  fait  connaître  les  modifications  de  longueur 
et  de  largeur  qu'elle  a  pu  subir,  et  recueille,  chemin  faisant,  toutes  les  in- 


(') 


Quid  verum .  .  .  .  euro  et  rogo,  et  omnis  in  hoc  siim  (Epist.  I,  ii). 


'"*  AVANT-PROPOS.  ix 

dications  qui  peuvent  lui  servir  à  constituer  son  parcellaire.  Les  principales 
sont  évidemment  celles  qui  lui  révèlent  l'existence  d'une  voie  parallèle, 
oblique,  ou  transversale  :  en  effet,  à  l'aide  de  ce  nouvel  élément,  il  parvient 
à  constituer  un  îlot,  c'est-à-dire  un  polygone  plus  ou  moins  irrégulier,  cir- 
conscrit par  trois  ou  quatre  voies  publiques. 

Parvenu  à  ce  point,  Berly  commence  à  serrer  de  plus  près  l'inconnue  to- 
pographique qu'il  veut  dégager.  11  entrej)rend  alors  ce  travail  de  lotissement 
auquel  il  donnait  plaisamment  le  nom  de  «casse-tête  chinois. r?  Les  censiers 
fournissant  assez  exactement  le  nombre  des  maisons  et  l'indication  des  con- 
tenances, il  s'agit  de  placer  ces  maisons  dans  l'ordre  oii  elles  sont  énumérées, 
et  de  combiner  ces  contenances  avec  celles  que  d'autres  titres  attribuent  aux 
propriétés  ayant  leur  entrée  sur  une  rue  parallèle  ou  transversale,  mais 
touchant  aux  premières  par  le  fond  ou  par  le  flanc.  Lorsque  les  pièces  de 
ce  jeu  de  patience  s'emboîtent  bien  les  unes  dans  les  autres,  l'accord  topo- 
graphique  est  parfait  et  l'îlot  est  reconstitué.  Mais  il  se  produit  souvent  des 
discordances  :  les  contenances  indiquées  par  les  titres  sont  plus  d'une  fois 
supérieures  ou  inférieures  à  la  superficie  de  l'îlot;  les  maisons,  les  clos  énu- 
mérés  dans  les  censiers  résistent  parfois  au  travail  d'identification,  c'est-à- 
dire  qu'on  n'en  retrouve  pas  la  place  sur  le  terrain ,  et  qu'on  ne  saurait  dire 
si  telle  dénomination,  telle  enseigne,  existant  à  un  moment  donné,  répond 
exactement  à  la  même  enseigne  et  à  la  même  dénomination  constatées  à 
une  autre  époque. 

Dans  ces  cas  désespérés,  Berty  se  souvenait  qu'il  était  architecte  et  géo- 
mètre :  il  quittait  les  Archives,  se  rendait  sur  le  terrain,  mesurait  les  super- 
ficies, retrouvait  les  murs  mitoyens,  postérieurs  ou  latéraux,  et  reconnaissait 
que  ces  limites  étaient  à  peu  près  immuables.  En  effet,  dit-il,  rr quand  on 
<r reconstruisait  une  maison,  on  ne  pouvait  l'élargir  —  ou  l'agrandir  dans  le 
f  sens  de  la  profondeur  —  qu'en  entamant  les  bâtiments  contigus;  or  une 
-pareille  opération  n'était  réalisable  que  par  voie  d'héritage  ou  dacquisi- 
-tion,  circonstances  fort  rares  au  moyen  âge,  où  les  accensements  de  ter- 
«rrains  étaient  réputés  perpétuels '"'.b  Les  murs  mitoyens  l'aidaient  donc  à 


(') 


Topographie  hulorique  du  vieux  Parié,  R^on  du  Louvrp  et  des  Tuileries,  I,  prdface.  p.  xiv. 


X  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS, 

interpréter  les  textes,  et  c'est  ainsi  que,  pale'ographe  et  architecte  alternati- 
vement, il  arrivait  à  cette  identification  parcellaire  qui  était  le  couronne- 
ment de  ses  longs  travaux.  Il  y  parvenait  également  au  moyen  d'une  faculté 
toute  spéciale  dont  il  était  doué  :  c'était  c:  cette  espèce  d'intuition  qu'une 
ff  longue  expérience  finit  par  développer,  et  qui  permet  de  discerner  les  re- 
«  maniements  opérés  dans  les  ilots''^'' 

A  l'aide  de  toutes  ces  ressources,  l'ilot,  le  quartier  se  reconstituaient  :  les 
maisons,  rigoureusement  identifiées,  prenaient  place  de  chaque  côté  de  la 
rue  qu'on  décrivait;  palais,  églises,  monastères,  hôtels,  collèges,  simples 
maisons  de  bourgeois  et  d'artisans  se  succédaient,  sans  autre  ordre  que  celui 
de  la  contiguïté;  on  faisait,  à  la  suite  de  l'auteur,  comme  l'a  dit  ingénieuse- 
ment M.  Vitet,  une  sorte  de  promenade  rétrospective  à  travers  le  vieux  Paris  : 
on  allait  ainsi  de  porte  en  porte;  on  s'arrêtait  devant  un  couvent,  devant 
un  hôpital,  devant  une  résidence  princière  ou  seigneuriale;  on  y  entrait  et 
l'on  s'y  attardait  jusqu'à  ce  qu'on  en  eût  fait  l'inventaire  exact  et  l'histo- 
rique complet. 

Tel  est  le  travail  qui  s'est  accompli  sous  nos  yeux,  auquel  nous  avons  pris 
une  part  modeste,  mais  utile,  et  dont  nous  avons  recueilli  les  éléments  dis- 
persés, pour  les  réunir  et  les  publier  un  jour.  Après  l'interruption  de  la 
Statistique  monumentale,  et  la  cession  à  la  ville  de  Paris  des  planches  desti- 
nées à  former  le  «plan  archéologique :?  projeté  par  M.  Albert  Lenoir,  feu 
lierty  fit  apport  de  son  manuscrit,  qu'on  nous  pria  de  reviser;  il  accepta, 
non  sans  quelque  hésitation,  notre  concours  littéraire,  et  nous  initia,  trop 
discrètement  peut-être,  à  ses  procédés  de  restitution.  Grâce  à  cette  collabo- 
ration, que  ses  meilleurs  amis  lui  avaient  toujours  conseillée,  et  qui  eut  pour 
but  unique  de  fairie  ressortir  les  mérites  de  son  œuvre,  il  put  enfin  voir 
paraître  le  premier  volume  de  cette  histoire  topographique  dont  il  avait 
conçu  l'idée  et  affirmé  la  possibilité. 

Contrairement  à  l'attente  générale,  ce  premier  volume  n'était  consacré 

■''  Topographie  historique  du  vieux  Paris,  Région  du  Louvre  el  des  Tuileries,  I,  préface,  p.  xv. 


AVANT-PROPOS.  m 

ni  à  la  Cité,  ni  au  quartier  de  l'Université',  double  berceau  de  la  ville  gallo- 
romaine:  il  avait  pour  objet  la  région  du  Louvre  et  des  Tuileries,  c'est- 
à-dire  une  partie  relativement  moderne  dans  l'histoire  du  vieux  Paris.  L'au- 
teur s'émut  des  observations  qui  lui  furent  faites  sur  cette  apparente  singu- 
larité, et  il  nous  chargea  d'y  répondre  dans  la  préface  de  l'ouvrage.  Voici 
en  quels  termes  nous  fîmes  valoir  les  raisons  auxquelles  il  croyait  devoir 
obéir  : 

ffUn  travail  de  restitution  aussi  étendu,  aussi  compliqué,  est  soumis  à  des 
«nécessités  de  toute  nature,  qui  amènent  forcément  des  interversions  dans 
ff  l'ordre  de  succession  des  parties  qui  le  composent.  Les  titres  écrits  ont  leurs 
ff lacunes  et  présentent  de  nombreuses  diflicultés  d'interprétation;  les  docu- 
frments  lapidaires  ne  peuvent  être  utilement  consultés  qu'au  moment  où  la 
ff pioche  ouvre  les  profondeurs  du  sol  qui  les  renferme.  Il  faut  donc,  pour 
omettre  sûrement  la  dernière  main  à  un  volume  de  texte  et  à  une  feuille  de 
"plan,  attendre  tantôt  la  découverte  do  pièces  manuscrites  nouvelles  ou  ledé- 
rpouillemenl  d'anciens  fonds  qui  n'avaient  pas  encore  été  livrés  au  public,  tan- 
«  tôt  l'exécution  de  grands  travaux  de  construction  ou  dédililé,  d'où  résultent 
«soit  un  utile  complément  d'indications,  soit  une  confirmation  matérielle  des 
r  renseignements  fournis  par  les  archives.  Ces  déviations,  que  ne  connaissent 
«ni  les  littérateurs,  ni  les  hommes  de  science  pjire,  un  hislorién-lo|)ograplie 
«•est  obligé  de  les  subir  :  il  va  où  l'appellent  les  matériaux  qui  doivent  en- 
irtrerdans  la  composition  de  son  œuvre;  il  suspend  momentanément  certaines 
-parties  de  son  travail  «juand  il  a  l'espoir  de  faire  qufhjiies  bonnes  trou- 
-  vailles,  et  il  ne  se  décide  à  les  livrer  au  public  que  lorsqu'il  croit  avoir 
-épuisé  les  sources*'*. i» 

Fidèle  à  ces  principes,  que  nul  savant  ne  désavouera,  feu  Berty  reconnais- 
sait que  la  Cité,  dont  les  vieilles  maisons  tombaient,  au  nioment  même  où 
s'imprimait  le  premier  volume  de  la  Topographie ,  n'avait  pas  encore  été  assez 
fouillée  dans  ses  profondeurs  historiques;  il  confessait  également  que  les 
quartiers  de  V Université,  au  milieu  desquels  on  commençait  à  ouvrir  de  nou- 

'"'   Topographie  hUtorique  du  vieux  Paris.  Rë^poii  du  Louvre  et  des  Tuileries.  I .  préface,  p.  xti. 


XII  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS, 

velles  voies,  avaient  encore  bien  des  secrets  archéologiques  à  révéler,  et  de- 
puis, les  faits  lui  ont  donné  complètement  raison,  ha  Topographie  historique 
du  vieux  Paris  débuta  donc  par  la  région  du  Louvre  et  des  Tuileries,  à  tra- 
vers laquelle  de  grandes  voies  venaient  d'être  ouvertes,  et  qui  lui  paraissait 
suffisamment  explorée. 

Un  seul  doute  restait  dans  son  esprit,  et  il  eut,  avant  sa  mort,  la  satis- 
faction de  le  voir  levé  d'une  façon  péreraptoire.  Quel  était  l'emplacement 
exact  du  vieux  Louvre?  Les  substructions  que  la  forteresse  de  Philippe- 
Auguste  a  laissées  dans  le  sol  existent-elles  au  point  précis  où  les  titres  les 
signalent?  Et,  pour  élever  le  problème  à  la  hauteur  d'une  question  de 
principe,  doit-on,  lorsqu'il  n'est  pas  possible  d'interroger  le  sol,  accorder 
une  créance  entière  aux  restitutions  qui  ont  pour  base  unique  l'interpré- 
tation des  documents  écrits?  Les  fouilles  exécutées  dans  la  cour  du  Louvre, 
par  le  Service  historique  de  la  ville  de  Paris,  répondirent  victorieusement 
et  fixèrent  toutes  les  incertitudes  :  l'étude  des  pièces  d'archives  et  «  l'intuition  n 
archéologique  avaient  suffi;  le  vieux  Louvre,  avec  ses  tours,  son  donjon, 
son  enceinte,  ses  fossés,  était  bien  enfoui  dans  le  sol  à  l'endroit  où  le  plaçait 
le  travail  de  restitution  accompli  par  feu  Berty.  Un  second  volume  fut  le  fruit 
de  ces  heureuses  investigations*''. 

Depuis,  aucune  partie  nouvelle  de  l'œuvre  n'a  pu  être  publiée.  Berty  a 
laissé  des  notes  très-confuses  qui  exigent  un  travail  de  coordination  et  de 
révision  minutieuse.  Les  'f interversions n  nécessaires,  les  rr déviations w  obli- 
gées se  montrent  dans  tous  ses  papiers.  Comme  il  le  dit  lui-même,  il  allait 
là  où  le  conduisait  le  dépouillement  d'un  fonds  d'archives,  où  l'ouverture 
d'une  tranchée  dans  le  sol  lui  permettait  de  plonger,  où  l'inspection  des 
murs  mitoyens  pouvait  aider  à  la  formation  de  son  parcellaire.  Une  exigence 
d'une  autre  nature  s'imposait  en  outre  à  son  travail  :  la  division  de  son 
ffplan  archéologique 55  en  seize  feuilles,  destinées  à  être  réunies,  l'obligeait 
de  comprendre  dans  un  même  carré  des  portions  du  sol  parisien  assez  étran- 

''  Un  double  compte  rendiide  ces  fouilles,  écrit  breuses  planches  permettent  de  suivre  toutes  les 
par  l'eu  Berty  et  par  M.  Legrand  son  continuateur,  phases  du  travail,  et  constituent  une  histoire  ico- 
occupe  la  plus  grande  partie  du  volume.  De  nom-        uographique  de  la  forteresse. 


< 


AVANT-PROPOS.  xiii 

gères  les  unes  aux  autres.  C'est  ainsi  que  la  feuille  V,  plus  particulièrement 
consacrée  à  la  région  du  Louvre  et  des  Tuileries  et  publiée  avec  le  volume 
de  texte,  franchit  le  fleuve  et  embrasse,  dans  son  périmètre,  une  certaine 
étendue  du  territoire  connu  sous  le  nom  de  bourg  et  faubourg  Saint-Ger- 
main. Cette  extension  a  dû  imposer  à  l'auteur  l'obligation  de  se  transporter 
sur  la  rive  gauche  de  la  Seine,  à  ce  moment  surtout  où  l'entreprise  avait 
pour  but  la  formation  d'un  plan  archéologique  destiné  à  servir  d'annexé  à 
la  Statislique  monumentale,  et  nullement  la  publication  d'une  série  de  vo- 
lumes contenant  l'histoire  topographique  du  vieux  Paris.  Lorsque  l'œuvre 
s'est  transformée,  le  travail,  poussé  dans  une  certaine  direction,  était  trop 
avancé  pour  qu'on  songeât  à  lui  faire  subir  une  rr déviations  nouvelle;  il  a 
fallu  se  résoudre  à  en  publier  les  diverses  parties,  au  fur  et  à  mesure  de 
leur  achèvement,  avec  les  feuilles  de  plan  qui  sy  rapportent,  et  en  se  bor- 
nant à  les  distinguer  par  le  terme,  un  peu  vague,  de  région. 

Ainsi  se  justitie  le  volume  que  nous  présentons  aujourd  hui  au  public  et 
que  feu  Berty  avait  conduit  à  un  degré  d'avancement  beaucoup  plus  consi- 
dérable que  les  autres  parties  de  son  travail.  Voici,  du  reste,  de  quelle 
façon  il  délimite  lui-même  son  champ  d'exploration  topographique  :  et  La 
tr seigneurie  de  l'Abbaye  —  c'est-à-dire  le  sol  sur  lequel  se  sont  formés 
(fie  bourg  et  le  faubourg  Saint-Germain  —  avait  pour  confins  la  rue  de 
(rl'Abreuvoir-Macon,  et,  plus  tard,  la  place  du  Pont-Saint-Michel,  la  rue 
trSaint-André-des-Arts,  la  partie  postérieure  de  propriétés  en  bordure  sur 
cries  rues  de  la  Vieille-Bouclerie  et  de  la  Harpe,  les  rues  Hautefeuille,  des 
crCordeliers  (de  l'Ecole-de-Médecine),  de  la  Harpe,  d'Enfer  et  l'ancien  che- 
ff  min  de  Vanves.  Mesurant  environ  quatre  mille  mètres,  dans  sa  plus  grande 
rr longueur,  vers  le  couchant,  et  deux  mille  huit  cents  mètres  à  peu  près 
ffdans  sa  plus  grande  largeur,  la  seigneurie  de  l'Abbaye  formait  un  magni- 
frli(jue  territoire  entièrement  compacte,  à  l'exception  de  l'enclave  du  Pré- 
vaux-Clercs''', w 

Une  région  aussi  étendue  ne  pouvait  être  ni  figurée  sur  une  seule  feuille 


(') 


Topographie  hulorùiue  du  vieux  Paris,  R^oii  du  bourg  Saint-Germain,  I.  p.  i  et  a. 


XIV  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  Dl  VIEUX  PARIS, 

de  plan,  ni  décrite  en  un  volume  unique.  Feu  Berty  en  a  réparti  le  parcel- 
laire entre  trois  grandes  planches,  ce  qui,  de  sa  part,  impliquait  la  division 
du  texte  en  trois  volumes  distincts.  La  Commission  des  Beaux-Arts  et  des 
Travaux  historiques,  à  laquelle  nous  avons  proposé  de  respecter  cette  distri- 
bution, en  a  reconnu  la  convenance,  et  les  développements  du  manuscrit 
que  nous  avons  placé  sous  ses  yeux  lui  ont  paru  la  justifier  de  tout  point. 
Rien  n'est,  d'ailleurs,  plus  conforme  à  la  vérité  historique  et  topographique. 
L abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés ,  élément  formateur  de  toute  la  région, 
devient  peu  à  peu  le  noyau  d'une  agglomération  suburbaine,  qui  se  presse  au- 
tour de  ses  murailles  et  rayonne  ensuite  vers  l'orient  et  l'occident,  c'est-à-dire 
vers  la  ville  et  vers  la  campagne.  C'est  le  bourg  Saint-Germain  proprement 
dit.  Au  commencement  du  xiif  siècle,  la  partie  orientale  de  ce  bourg  est 
enfermée  dans  la  ville,  par  la  construction  de  l'enceinte  de  Philippe-Auguste; 
elle  constitue  la  circonscription  de  deux  nouvelles  paroisses  urbaines,  Saint- 
Côme  et  Saint-André-des-Arts,  et  se  trouve  ainsi  séparée  du  monastère.  En- 
fin, dans  les  deux  derniers  siècles,  les  prés,  les  jardins,  les  allées  d'arbres, 
les  terres  cultivées  se  couvrent  de  constructions  :  couvents,  hôtels  et  maisons 
de  plaisance  s'y  élèvent  en  grand  nombre,  à  raison  de  la  salubrité  de  l'air  et 
du  calme  dont  on  y  jouit,  tout  en  demeurant  à  proximité  de  la  ville.  Il  en 
résulte  une  extension  considérable  du  bourg  Saint-Germain,  qui  n'est  plus 
limité  aux  environs  immédiats  de  l'Abbaye  et  devient  ainsi  un  long  faubourg. 

De  ces  trois  parties,  bien  nettement  délimitées,  c'est  la  première  qui  fait 
le  sujet  du  présent  volume.  Dans  un  chapitre  préliminaire,  l'auteur  fait  con- 
naître l'origine  et  les  développements  successifs  du  bourg  Saint-Germain; 
il  en  énumère  les  voies,  compte  celles  dont  l'existence  est  constatée  dès  le 
XIII*  siècle,  celles  qui  n'apparaissent  qu'au  xiv*,  celles  dont  il  est  fait  men- 
tion seulement  au  xv",  et  celles  dont  on  ne  trouve  pas  trace  avant  le  xvi*. 
Après  ce  coup  d'oeil  général  sur  le  bourg,  il  s'engage  dans  la  description  de 
chaque  rue,  à  commencer  par  celle  des  Petits-Augustins  qui  doit  le  premier 
rang  à  l'ordre  alphabétique. 

Ce  système ,  adopté  pour  les  deux  premiers  volumes  de  l'ouvrage ,  ne  pouvait 
être  abandonné  :  il  a  ses  avantages  au  point  de  vue  de  la  facilité  des  recherches  ; 


AVANT-PROPOS.  xt 

mais  il  présente  de  réels  inconvénients  sous  le  rapport  historique  et  topo- 
graphique. Il  a  surtout,  dans  la  région  qui  nous  occupe,  le  tort  de  ne 
pas  montrer  assez  le  rayonnement  progressif  du  bourg  Saint-Germain 
autour  de  l'Abbaye  considérée  comme  point  central,  et  de  ne  pas  distin- 
guer suffisamment  les  parties  du  sol  primitivement  et  successivement  ac- 
censées.  Feu  Berty  reconnaissait  ces  désavantages  ;  mais  il  faisait  remar- 
quer, d'une  part,  que  l'ordre  alphabétique  était  emprunté  à  Jaillot,  qui  n'en 
avait  |)as  trouvé  de  meilleur,  et  d'autre  part,  qu'il  existe  trop  d'incertitudes 
sur  l'antériorité  relative  des  voies  publiques  du  bourg,  pour  qu'il  soit  pos- 
sible de  les  classer  par  rang  d'ancienneté. 

L'ordre  alphabétique  étant  ainsi  maintenu,  les  voies  du  bourg  Sainl-(îer- 
main  se  succèdent  sans  interruption  depuis  la  rue  des  Petits-Auguslins  jus- 
qu'à la  rue  des  Quatre-Vents.  L'auteur  en  fait  l'historique  détaillé;  puis  il 
énumère  chaque  parcelle  bâtie  du  côté  gauche  et  du  côté  droit,  en  indi(|uant 
la  paroisse,  la  justice  et  la  censive  dont  elle  dépend.  Les  hôtels,  les  cou- 
vents, les  hospices,  quelques  établissements  d'une  importance  secondaire  et 
certaines  particularités  topographiques  donnent  lieu  à  de  courtes  monogra- 
phies qui  n'interrompent  point  la  succession  du  parcellaire.  De  ce  nombre 
sont  :  le  couvent  des  Pelits-Augustins,  la  Noue  ou  Petite-Seine,  l'hôtel  de 
Malicorne,  la  maison  de  l'Annonciation,  la  petite  rue  Bourbon-le-Château, 
la  chapelle  Saint-Martin-«les-Orges,  le  Petit  Pn^aux-Clercs,  le  Clos  Chéra- 
dame,  le  Jeu  de  Paume  de  l'Ecu  de  Savoie,  l'hôtel  de  Gondi  et  de  Condé, 
la  maison  du  Gheval-d'Airain,  les  Granges  aux  Malades  de  Naples,  l'hôtel 
du  Sépulcre,  la  Ferme  ou  Pressoir  de  l'Hôtel-Dieu,  le  Clos  aux  Bourgeois, 
le  ClosFérou,  le  cimetière  Saint-Sulpice,  l'hôtel  de  Plancy,  l'hôtel  de  Na- 
varre, la  foire  Saint-Germain,  le  carrefour  de  la  Croix-Bouge,  l'hôtel  de 
Gamaches,  l'hôtel  de  Casin,  Ihôtel  de  Garancière,  l'Ilot  de  la  Bulle,  le 
Séjour  de  Nesle,  la  Charité  ou  le  Sanitat,  la  Saumonière,  l'Ecorcherie 
Sablonnière,  la  Tuilerie  aux  Flamands,  l'hôtel  des  Yveteaux.  le  Pilori  de 
l'Abbaye,  l'hôtel  de  Sansac,  la  chapelle  et  le  cimetière  Saint-Père,  la  Voirie 
ou  la  Butte,  la  petite  rue  Saint-Guillaume,  l'Oseraie,  l'hôtel  de  Mézières. 
l'hôtel  Dauphin,  de  Bouillon,  de  Liancourt  et  de  La  Rochefoucauld,  l'hôtel 


XVI  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS, 

et  les  jardins  de  ia  Reine -Marguerite,  le  presbytère  de  Saint -Sulpice, 
l'hôtel  de  Taranne,  le  Clos  ou  Gourtille  de  l'Abbaye,  l'hôtel  Ventadour, 
l'hôtel  de  Savoie,  le  Pré-Crotté,  l'hôtel  de  Champrenard,  l'impasse  des 
Qualre-Vents,  etc.,  etc. 

Tout  en  suivant  l'ordre  de  succession  du  parcellaire,  nous  avons  distingué 
typographiquement  ces  divers  articles,  de  manière  qu'ils  ne  se  confondissent 
point  avec  la  masse  des  notices  consacrées  aux  maisons,  clos,  terrains, 
granges  et  autres  parcelles  de  moindre  importance.  Mais,  quand  nous  nous 
sommes  trouvé  en  présence  des  trois  principaux  établissements  de  la  région, 
l'Abbaye,  l'église  Saint-Sulpice  et  la  Maladrerie  Saint-Germain,  nous  avons 
cru  devoir  scinder  l'historique  des  rues  sur  lesquelles  ces  édifices  avaient  leur 
principale  entrée,  sauf  à  le  continuer  après  une  interruption  justifiée  par 
l'importance  des  monographies  à  intercaler.  La  Commission  et  les  savants 
que  nous  avons  consultés  ont  pensé,  comme  nous,  qu'il  y  avait  là  matière  à 
trois  chapitres  distincts.  Restait  une  quatrième  monographie  que  l'auteur 
avait  volontairement  omise,  parce  que  l'édifice  à  décrire  n'appartient  point, 
par  la  date  de  sa  construction,  à  la  période  historique  dans  laquelle  se  ren- 
ferme la  Topographie  historique  du  vieux  Paris.  Placé  chronologiquement  sur 
l'extrême  limite  de  deux  âges  —  1610,  date  finale  que  feu  Berty  avait  as- 
signée à  son  travail  de  restitution,  i6i3  et  161 5,  date  des  achats  de  ter- 
rains et  de  l'ouverture  des  travaux  de  construction  du  Palais  Médicis,  — 
cet  édifice  eût  échappé  ainsi  à  toute  description  et  fût  demeuré  à  l'état  de 
lacune  dans  l'étude  rétrospective  d'une  région  où  il  tient  pourtant  une  si 
grande  place,  si  nous  n'avions  cru  sage  de  franchir  une  limite  quelque  peu 
arbitraire  et  évidemment  trop  rigoureuse. 

La  même  daté  terminale  avait  condamné  feu  Berty  à  écourter  les  mono- 
graphies de  l'église  Saint-Sulpice  et  de  la  Maladrerie  Saint-Germain.  Deux 
circonstances  qu'il  eût  certainement  mises  à  profit,  si  elles  se  fussent  pro- 
duites de  son  vivant,  nous  ont  permis  de  conduire  l'historique  de  ces  établis- 
sements au  delà  du  point  où  il  l'avait  laissé,  et  de  compléter,  en  les  rectifiant, 
les  indications  qu'il  devait  à  une  connaissance  imparfaite  des  lieux.  Son  ami 
et  collaborateur,  M.  Th.  Vacquer,  a  pu  étudier  à  loisir  les  deux  anciennes 


AVANT-PROPOS.  xvn 

églises  Saint-Sulpice ,  en  relever  le  plan  et  remettre  au  jour  quelques  dëbris 
d'architecture  et  de  sculpture  ayant  appartenu  à  ces  édifices.  Ce  nouvel 
apport  contribuait  naturellement  à  développer  la  notice  extraite  des  papiers 
de  feu  Berly;  nous  en  avons  fait  Tobjet  d'un  appendice  qui  présente  un  vé- 
ritable intérêt,  au  double  point  de  vue  du  texte  additionnel  et  des  planches 
dont  il  est  enrichi.  Quant  à  la  Maladrerie  Saint-Germain,  la  destruction  ra- 
dicale de  cette  antique  Léproserie,  consommée  après  le  décès  de  l'auteur, 
la  faisait  entrer  dans  le  domaine  de  l'histoire,  depuis  son  premier  étal  jus- 
qu'à sa  dernière  transformation.  Le  point  d'arrêt  fixé  par  feu  Berty  n'avait 
plus.ici  sa  raison  d'être  :  les  Petits-Ménages,  aussi  bien  que  les  Petites-Mai- 
sons, appartiennent  désormais  au  vieux  Paris;  aussi  avons-nous  franchi  sans 
scrupule  la  date  de  161  o,  limite  des  investigations  de  notre  auteur. 

Dans  tout  ce  travail  de  révision  et  de  développement,  un  devoir  nous 
était  particulièrement  imposé  :  celui  de  respecter  l'intégrité  du  texte  ori- 
ginal. Nous  y  avons  touché  cependant  à  chaque  page  et  presque  à  chaque 
ligne,  mais  seulement  pour  essayer  un  rapprochement  entre  la  science  et 
la  grammaire,  pour  opérer,  entre  l'archéologie  et  la  langue  française,  une 
conciliation  que  feu  Berty  jugeait  inutile,  tellement  il  avait  l'amour  du  fond 
et  le  dédain  de  la  forme.  Partout  où  nous  avons  cru  pouvoir  hasarder  une 
contradiction  ou  fornuiler  un  dissentiment,  nous  avons  consigné  nos  obser- 
vations en  notes  ou  en  appendices  signés  de  nos  initiales.  Notre  colla- 
borateur, M.  Th.  Vacquer.  a  également  pris  la  responsabilité  de  toutes  ses 
additions  et  de  toutes  ses  critiques.  Dans  le  cours  du  volume,  à  l'exception 
de  la  notice  consacrée  au  palais  du  Luxembourg,  que  nous  avons  rédigée 
en  entier,  les  notes  qui  ne  portent  pas  de  signature  appartiennent  seules 
au  texte  de  feu  Berty. 

L'éditeur  d'un  troisième  volume  doit  au  public  et  à  la  mémoire  de  l'au- 
teur une  autre  preuve  de  respect  :  c'est  de  prendre  pour  modèle  les  parties 
de  l'ouvrage  déjà  publiées  et  de  se  conformer  à  toutes  les  prescriptions  con- 
signées dans  les  papiers  dont  il  a  la  garde.  Ce  devoir  d'exécuteur  testamen- 
taire, nous  croyons  l'avoir  consciencieusement  rempli  :  à  chaque  page,  à 


xviii  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS, 

chaque  ligne  du  manuscrit  de  feu  Berty,  nous  avons  recueilli  les  indications 
relatives  aux  pièces  justificatives  dont  il  entrevoyait  la  nécessité,  et  aux  plan- 
ches qu'il  jugeait  utiles  à  l'intelligence  de  son  texte.  Des  travaux  importants  se 
poursuivaient  en  même  temps  que  les  siens  :  sans  parler  de  la  Statistique 
monumentale,  pour  laquelle  il  a  dessiné,  pris  des  mesures  et  des  milliers  de 
notes,  une  grande  réédition  de  l'abbé  Lebeuf  se  préparait  par  les  soins  de 
M.  H.  Cocheris,  et  nous  savons  qu'il  voulait  mettre  à  profit  les  trésors  d'éru- 
dition bibliographique  et  paléographique  semés  à  profusion  dans  cet  ouvrage. 
Enfin,  son  texte  faisant  de  fréquentes  allusions  à  des  documents  d'une  grande 
importance  pour  les  discussions  qu'il  soutient,  il  avait  l'intention  de  les  re- 
produire, bien  qu'ils  fussent  imprimés  dans  les  grands  recueils  ou  dans  cer- 
tains ouvrages  de  bibliothèque.  Confident  de  sa  pensée,  nous  avons  cru 
devoir  déroger,  sur  ce  point,  aux  habitudes  du  monde  savant  :  on  trouvera, 
aux  appendices,  certaines  pièces  que  le  lecteur  eût  pu  chercher  dans  D. 
Bouillart  et  dans  Félibien,  dans  le  Polyptyque  d'Irminon  et  dans  le  Cartulaire 
de  Notre-Dame.  Feu  Berty,  qui  a  placé  onze  appendices  à  la  suite  de  son 
premier  volume,  n'eût  certainement  pas  désavoué  les  seize  additions  de  ce 
genre  que  renferme  celui-ci. 

Collaborateur  de  la  Statistique  monumentale,  dessinateur  habile,  il  atta- 
chait une  grande  importance  au  nombre,  à  la  valeur  archéologique  et  au 
mérite  artistique  des  planches.  Les  deux  premiers  volumes  de  la  Topographie 
en  renferment  une  quantité  considérable  ;  celles  qu'il  projetait  pour  le  troi- 
sième et  dont  il  avait  arrêté  la  liste  ne  le  cèdent  en  rien  à  leurs  devancières. 
Elles  concourent  toutes  au  but  qu'il  s'est  constamment  proposé  :  aider  à  sa 
discussion,  rendre  sensibles  ses  démonstrations  topographiques  et  faire  pé- 
nétrer plus  profondément  le  lecteur  dans  l'intelligence  de  son  texte.  Les 
planches  étaient  pour  lui  des  documents,  des  auxiliaires,  et  jamais  des 
images. 

Le  lecteur  ne  s'étonnera  pas  de  les  trouver  inégalement  réparties  dans  le 
cours  du  volume  :  l'Abbaye  seule  en  absorbe  la  plus  grande  partie,  d'abord 
parce  qu'elle  joue,  dans  la  région  du  bourg  Saint-Germain,  le  même  rôle  que 
le  Louvre  et  les  Tuileries  dans  les  quartiers  précédemment  décrits,  ensuite 


AVANT-PROPOS.  xix 

parce  que  la  Statistique  monumentale,  doii  est  sortie  la  Topographie  historique 
du  vieux  Paris,  a  fait  de  l'antique  monastère  l'objet  d'une  étude  iconogra- 
phique fort  étendue,  à  laquelle  feu  Berty  a  largement  participé  et  qu'il  était 
bon  de  mettre  à  profit.  Les  anciennes  églises  Saint-Sulpice,  la  foire  Saint- 
Germain,  la  Maladrerie  de  la  rue  de  Sèvres,  le  palais  Médicis  et  quelques 
autres  points  ou  édifices  intéressants,  tels  que  le  carrefour  de  la  Croix- 
Rouge,  le  couvent  des  Petits-Augustins,  l'hôtel  et  les  jardins  de  la  Reine- 
Marguerite,  se  partagent  le  reste  des  planches  dans  des  proportions  va- 
riables. 

Mais  le  document  graphique  auquel  feu  Berty  reconnaissait  le  plus  de 
valeur,  parce  qu'il  savait  bien  au  prix  de  quels  efforts  il  était  parvenu  à  l'éta- 
blir, c'est  la  feuille  de  plan  correspondant  au  volume  de  texte,  en  d'autres 
termes,  le  parcellaire  même  de  la  région  décrite.  L'étendue  du  fief  de  Saint- 
Germain-des-Prés  ne  lui  avait  pas  permis  de  faire  entrer  dans  une  seule 
planche  ce  vaste  territoire;  il  1  avait  divisé  en  deux  parties  :  la  région  basse,  à 
l'ouest,  se  prolongeant  jusqu'à  la  Garennelle  ou  petite  Garenne  de  l'abbaye 
(par  corruption  Grenelle),  et  la  région  haute,  dont  le  couvent  des  Char- 
treux occupait  le  point  culminant.  Obligé  de  scinder  ainsi  cria  seigneurie 
<r  Monsieur  Sainct-Germain ,  t?  il  avait  cru  devoir  en  rétablir  l'unité  dans  une 
troisième  planche,  à  échelle  réduite,  qui  embrasse  la  circonscription  de  la 
paroisse  Saint-Sulpice.  Aucune  de  ces  feuilles  de  plan  n'est  encore  en  état 
d'être  présentée  au  public.  Chose  singulière  :  ici  le  texte  est  en  avance  sur 
le  parcellaire,  et  les  planches  ne  montrent  que  de  grandes  divisions  là  où 
la  légende  écrite  indique  des  subdivisions  et  des  morcellements  plus  ou 
moins  certains. 

Cette  anomalie  résulte  des  lacunes  considérables  que  présentent  les  ar- 
chives de  l'Abbaye  et  des  difficultés  d'identification  que  nous  avons  signa- 
lées plus  haut.  Elle  a  également  pour  cause  l'état  maladif  dans  lequel  feu 
Berty  a  passé  les  dernières  années  de  sa  vie,  et  qui  ne  lui  a  pas  toujours 
permis  de  faire  sur  place  les  constatations  nécessaires.  Son  collabora- 
teur et  le  nôtre,  M.  Th.  Vacquer,  archéologue  infatigable,  l'a  heureuse- 
ment suppléé  dans  ce  rude  métier  de  fouilleur.  Il  a  profité  en  outre  des 


XX  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS, 

grands  travaux  de  voirie  exécutés,  dans  ces  dernières  années,  sur  plusieurs 
points  du  bourg  et  du  faubourg  Saint-Germain,  et  il  a  pu  étudier,  dans  de 
meilleures  conditions,  le  morcellement  de  cette  vaste  région,  notamment  aux 
abords  de  la  rue  du  Vieux-Colombier,  de  la  rue  de  Rennes  et  du  carrefour 
de  la  Croix-Rouge.  L'exécution  de  nouveaux  percements  lui  réserve  sans 
doute  d'autres  découvertes,  qui  le  mettront  en  mesure  de  pousser  un  peu 
plus  loin  le  parcellaire  resté  incomplet.  Dans  cette  situation  et  avec  cette 
perspective,  le  monde  savant  voudra  bien  attendre  que  les  fouilles  aient  dit 
leur  dernier  mot  :  les  deux  feuilles  du  plan  d'ensemble,  et  le  plan  particulier 
de  la  paroisse  Saint-Su Ipice,  à  petite  échelle,  paraîtront  alors  soit  avec  le 
quatrième  volume  de  la  Topographie, — Région  du  faubourg  Saint-Germain, 
—  soit  avec  le  cinquième,  —  Fief  de  l'abbaye  Saint-Germain  intra-muros. 

Des  raisons  identiques  commandent  l'ajournement  du  plan  périraétral 
de  l'Abbaye,  que  feu  Berty  avait  entrepris  dès  i865,  et  dont  il  a  légué  la 
continuation  à  l'un  de  ses  auxiliaires,  M.  Bienvenu.  Le  prolongement  du 
boulevard  Saint-Germain  à  travers  l'enclos  monastique  est  une  de  ces  rares 
occasions  qui  s'offrent  aux  archéologues  de  contrôler  sur  place  le  résultat  de 
leurs  recherches  dans  les  dépôts  d'archives,  et  de  vérifier  la  légitimité  de 
leurs  inductions.  Nous  n'avons  eu  garde  de  la  laisser  échapper.  MM.  Th. 
Vacquer  et  Bienvenu  ont  donc  mis  à  profit  les  fouilles  déjà  faites,  et  ils  se 
promettent  de  tirer  tout  le  parti  possible  de  celles  que  l'exécution  des  tra- 
vaux de  voirie  ou  de  construction  doit  entraîner.  Le  plan  projeté  par  feu 
Berty  ne  peut  qu'y  gagner  :  tout  ce  qui  sera  constaté  matériellement  ajou- 
tera à  ce  que  l'on  sait,  et  diminuera  d'autant  le  nombre  des  restitutions 
hypothétiques. 

Pour  suppléer  à  l'absence  momentanée  de  ces  documents,  ainsi  que  pour 
satisfaire  au  vœu  de  feu  Berty,  nous  avons  fait  divers  emprunts  à  ces  plans 
contemporains,  ou  rr pourctraicts  de  Paris,  w  qu'il  était  loin  de  dédaigner  et 
auxquels  il  a  donné  place  dans  le  premier  volume  de  la  région  du  Louvre 
et  des  Tuileries.  La  Tapisserie,  Saint-Victor,  Quesnel  et  Mérian  nous  ont 
fourni  quatre  planclies,  que  d'habiles  artistes  ont  soigneusement  exécutées, 
après  les  avoir  réduites  au  format  de  l'ouvrage. 


>  AVANT-PROPOS.  xu 

On  nous  permettra  de  rappeler,  en  terminant,  que  ies  épreuves  du  pre'sent 
volume,  communiquées  aux  érudils  les  plus  autorisés,  ont  été  lues  par  eux 
avec  un  vif  intérêt.  Dans  le  sein  delà  commission  municipale  des  Beaux-arts 
et  des  Travaux  historiques,  MM.  Léopold  Delisle,  Hauréau,  A.  de  Longpérier, 
VioHet-le-Duc,  H.  Cocheris;  au  dehors,  MM.  Jules  Quicherat,  Henri  Bordier, 
Boutaric,  Jules  Cousin,  de  Boisllle,  etc.,  ont  bien  voulu  les  annoter  et  faire 
ainsi  profiter  l'auteur,  ainsi  que  l'éditeur,  de  leurs  précieuses  observations. 
Cette  seconde  partie  d'un  ouvrage  honoré,  à  son  début,  de  tant  et  de  si  hautes 
approbations,  se  présente  donc  au  public  dans  les  mêmes  conditions  que  la 
première.  Le  patronage  de  l'administration  municipale  lui  est  acquis,  et  les 
sympathies  du  monde  savant  ne  lui  feront  pas  défaut. 

L.-M.  TISSEKAND. 


.  t^îik—af 


SOMMAIRES   DU   TEXTE. 


PRÉLIMIINAIRES. 

Origine  et  developpeiie.it  du  bodbg.  —  Territoire  possédé  par  les  religieux  de  Saint-Genuain  au  ix'  siècle. 

—  Droits  féodaux  de  l'abbaye.  —  Immunités  du  bourg.  —  Aspect  général.  —  Accroissements  définitifs. 

—  Tableau  des  voies  de  communication i 

CHAPITRE  PREMIER. 

RijBs  DU  BOURG  Sâint-Gebmaih.  —  Kue  des  Petits-Augustins.  Ck)uvent  de  la  Sainte -Trinité  ou  des  Petits- 
Augustins.  Noue  ou  Petite-Seine.  —  Rue  Saint-Benoit.  —  Rue  Beurrière.  —  Rue  des  Boucheries.  Hôtel 
de  Malicome.  —  Rue  de  Russy.  Maison  de  l'Annonciation.  Rue  Bourbon -le -Château.  —  Rue  des 
Canettes.  —  Rue  du  Canivet.  —  Rue  Cassette.  —  Rue  de  la  Chaise.  —  Rue  Carpentier.  —  Rue  du 
Cherche-Midi.  —  Rue  des  Ciseaux.  —  Rue  du  Cœur- Volant.  —  Rne  du  Colombier.  Chapelle  Saint- 
Martin-le-Vieux  ou  Saint-Martin-des-Orges.  Le  Petit  Pré-aux-Clercs.  —  Rue  du  Vieux-Colombier.  Clos 
Chéradame.  —  Rue  de  rAnciennc-Comédie.  Jeu  de  Paume  de  l'Écu  tie  Savoie.  —  Rue  de  Condé.  Hôtel 
de  Gondi.  Maison  du  Cheval-d'Airain.  —  Rue  Saint-Dominique.  —  Rue  du  Dragon.  Granges  aux  Ma- 
lades de  Naples.  Hôtel  du  Sépidcre.  —  Rue  de  l'Ecbaudé 18 

CHAPITRE  II. 

Arbaye  de  SAiKT-GERMAivDES-PBis.  —  Fondation  de  la  basihque. —  Sépultures. —  Dévastations  des  Nor- 
mands. —  Réédifications.  —  Enceinte.  —  Église.  —  Inscription»  funéraires.  —  Armoiries  et  sceaux  de 
l'abbaye 97 

CHAPITRE  III. 

Sdite  DR  LA  DEscRiPTiox  DIS  BOBS  DD  BODBG  SAi!<rT-GERMAiii.  —  Ruc  de  TÉgout.  —  Rue  d'Enfer.  Ferme  ou 
pressoir  de  l'Hôtel-Dieu.  Clos  aax  Bourgeois.  —  Rue  Férou i3i 

CHAPITRE  IV. 

Eglise  Saint-Solpice.  —  Origine.  —  Df'scriplion  fie  l'ancienne  église.  —  Sceau  des  marguilliers . .      i4.5 

CHAPITRE  V. 

SoiTB  BB  LA  DESCRIPTI0.1  DES  RUES  Dc  BotRG  SAi!<T-GERMAm.  —  Rue  Férou.  Cimetière  Saint-Sulpice.  —  Im- 
paase  Férou. —  Rne  du  Four.  Hôtel  de  Navarre.  Foire  Saint-Germain.  Carrefour  de  la  Cruix-Rouge. 


XXIV  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Hôtel  de  Garaaches.  Hôtel  de  Casin.  —  Rue  Garancière.  Hôtel  de  Garancière.  —  Rue  des  Mauvais- 
Garçons  ou  Grégoire-de-Tours.  —  Rue  du  Gindre.  —  Rue  de  Grenelle.  —  Rue  Saint-Guillaume.  —  Rue 
Honoré-Chevalier.  —  Rue  du  Petit-Lion.  —  Quai  Malaquais  et  emplacement  du  quai  Voltaire.  Ilot  de 
la  fiutte.  Séjour  de  Nesle.  La  Charité  ou  le  Sanitat.  La  Saumonière.  Écorcherie  Sablonnière.  La  Tuilerie 
aux  Flamands.  —  Rue  des  Marais.  Maison  de  Nicolas  le  VauqueUn ,  seigneur  des  Yveteaux.  —  Rue 
Sainte-Marguerite.  Pilori  de  l'abbaye.  —  Rue  Mazarine  et  Petite  rue  de  Nesle.  —  Rue  de  Mézières.  — 
Rue  des  Saints-Pères.  Hôtel  de  Sansac.  Chapelle  et  cimetière  Saint-Pierre.  La  Voirie  ou  la  Butte.  —  Rue 
Saint-Guillaume.  —  Rue  du  Pot-de-Fer.  Hôtel  de  Mézières.  —  Rue  Monsieur-le-Prince  et  rue  des  Francs- 
Bourgeois.  —  Rue  du  Sabot.  —  Rue  de  Seine.  Hôtel  Dauphin.  Hôtel  de  la  Reine-Marguerite.  —  Rue 
Servandoni.  —  Rue  de  Sèvres 1 5 1 

CHAPITRE  VI. 

Malâdrerie  Saint-Germaw.  —  Histoire  de  l'établissement.  —  Fondation  des  Petites-Maisons.  —  Petite- 
Ménages 267 

CHAPITRE  VII. 

Suite  de  la  description  des  rues  du  bourg  Saint-Germain.  —  Rue  Saint-Sulpice.  Presbytère  de  Saint-Sul- 
pice.  —  Rue  Taranne.  Hôtel  de  Taranne.  Clos  ou  Courtille  de  l'abbaye.  —  Petite  rue  Taranne.  —  Rue 
de  Tournon.  Hôtel  de  Savoie.  —  Rue  de  Vaugirard a6ô 

CHAPITRE  VIII. 

Le  palais  de  Médicis  ,  d'Orléans  ou  de  Luxembourg.  —  Les  propriétés  comprises  dans  l'enceinte  du  palais 
et  des  jardins.  Hôtel  de  Champrenard.  Hôtel  de  Luxembourg.  —  Le  palais,  les  jardins,  la  grotte,  Ta- 
queduc  d'Arcueil.  —  Le  Petit-Luxembourg  et  le  couvent  des  Bénédictines  du  Calvaire a  85 

CHAPITRE  IX. 

Fin  de  la  description  des  rues  du  bourg  Saint-Gérmain.  —  Suite  de  la  rue  de  Vaugirard.  —  Rue  des 
Quatre- Vents.  —  Ruelle  ou  cul-de-sac  des  Quatre- Vents Saô 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 

I.  Charte  apocryphe  de  Childkbert  I" 337 

H.  Note  sur  la  prétendue  charte  de  Childebert  I" 338 

III.  Fondation  de  l'abbaye  Saint-Germain-des-Prés.  —  Discussion  relative  à  l'époque  de  la  dédicace.  — 

Date  vraisemblable  de  la  fondation 338 

IV.  Masumission  des  habitants  du  bourg  de  Saint-Germain-des-Prés.  —  Énumération  des  droits  qui  font 

l'objet  de  l'affranchissement 343 

V.  Droits  de  justice,  censive,  foires  et  marchés  appartenant  à  l'abbaye  Saint-Germain-des-Prés  en  1790. 
—  Limites  de  la  justice  et  de  la  censive  dans  le  bourg.  —  Liste  des  maisons  situées  en  dehors  du 


SOMMAIRES  DU  TEXTE.  xxv 

l'autwui-g  et  doiil  la  censive  appartient  à  l'Abbaye.  —  Droits  de  cens  et  de  rente  sur  les  loges  de 
la  Foire.  —  Droit  de  foire  franche 344 

VI.  Rkl«ti<)k  i)K  ce  qui  s'est  passé  à  I.»  DÉDICACE  DE  L  EGLISE  Saixt-Germain-des-Prés.  —  Visite  du  pape 
Alexandre  III.  —  Cérémonie  de  la  consécration.  —  Liste  des  cardinaux  présents 3hlt 

VII.  Inscriitioms  funéraires  de  Saint-Gbrmain-dks-Phés.  —  Saint  Germain.  —  Hilpericus.  —  Liste  des 

personnages  inhumés  dans  l'église.  —  Procès-verbal  des  fouilles  entreprises  |)our  la  découverte  du 
tombeau  de  Gharibert.  —  Epitaphes  de  Jacques  Douglas,  de  .Mabillon,  de  Monll'aucon ,  de  Des- 
cartes, de  Guillanme  Douglas,  d'Olivier  et  de  Louis  de  Gastellan,  de  lioileau,  du  roi  Gasimir.  .355 

VIII.  Lrs  démêlés  de  l'arrate  de  Sa^t-Germaii^-des-Prés  avec  les  ëvéques  de  Paris  et  l'Université.  — 

Sentence  arbitrale  entre  l'évêque  de  Paris,  fabljé  et  les  religieux  de  Saint-Germain- des-Prés.  — 
Premier  accord  avec  l'Université  do  Paris.  —  Second  accord  avec  l'Université  de  Paris 364 

iX.  Ë\PucATioiii  des  planches  EMPRUNTÉES  À  LA  STATISTIQUE  MONUMENTALE. —  .Ancienne  dis|)osition  du  sanc- 
tuaire. —  Tombeaux  des  rois  et  des  abbés.  —  Tombeau  de  Childebert.  —  Tombeau  de  Chil[)éric. 
— Tombes  de  Ghildéric  II,  de  Clotaire  II  et  de  Bertnide.  —  Tombeau  de  saint  Germain. — Tombe 
de  Fréd^nde.  —  Statue  de  Ghildeberl.  —  Cha|)elle  de  la  Vierge.  Plan  et  détails.  —  Restes  de  la 
chapelle  de  la  Vierge.  Porte.  —  Détails  intérieurs  de  la  chapelle  de  la  Vierge.  —  Vue  de  l'abbaye 
en  i4io.  —  Tableau  de  Saint-Germain-des-Prés.  —  Plan  de  l'abbaye  au  milieu  du  xvi'  siècle.  — 
Plan  du  rei-de-chaussée  de  l'église  Saint-Germain-des-Prés.  —  Plan  du  pren)ier  étage.  —  Façade 
occidentale  restituée.  —  Façade  latérale  restituée.  —  Porte  de  l'église  Saint-Germaiii-des-Prés.  — 
Abside  de  l'élise  restituée.  —  Coupe  longitudinale  de  l'église  Saint-Germain-des-Prés.  —  Coupes 
transversales  de  l'Oise  Saint-Germain-des-Prés.  —  Clocher  de  la  façade  de  l'église.  —  Tombeaux  et 
epitaphes.  —  Tombeaux  et  costumes  d'abbés 371 

X.  UocDHENTS  MANUSCRITS  RBLATirs  À  l' ABBAYE  Saint-Germain-des-Prés.  —  Cartons  de  la  section  histo- 
rique des  Archives  nationales.  —  Registres  de  la  même  section.  —  Cartons  de  la  section  adminis- 
trative. —  Registres  de  la  même  section.  —  Documents  de  la  section  judiciaii-e ;585 

XL  Les  deux  premières  églises  SiiiiT-SoLncE. — Monuments  ayant  appartenu  h  la  décoration  intérieure 
de  l'édifice  :  cuve  baptismale  du  xvi'  siècle;  tombeaux;  inscriptions  funéraires 899 

XII.  La  poibb  Saint-Germai!!.  —  Note  sur  les  loges  et  les  règlements  de  la  foire.  —  Ordre  et  dénomination 
des  galeries.  —  Industries  et  commerces  représentés  à  la  foire 4o5 

XIII.  La  Croix-Rocce.  —  Discussion  sur  l'origine  du  nom  de  ce  carrefour.  —  Aspect  du  carrefour  d'après 

les  anciens  plans 4o8 

XIV.  Pri\ilége  aux  Bourgeois.  —  Bibliographie  du  sujet 409 

XV.  Les  Etats-généraux  de  la  Grenouillère. —  Renseignements  contenus  dans  ce  pamphlet  sur  les  Jar- 
dins de  la  Reine-Marguerite 4 1 1 

XVI.  L'Aqdeduc  d'Arcoeil.  —  Le  Roi  met  la  première  pierre  à  la  source  des  fontaines  de  Rungis.  —  Bail 
fait  à  Jean  Coing  pour  l'entreprise  de  la  conduite  des  eaux  à  Paris.  —  Mémoire  présenté  au  con- 
seil du  Roi ,  au  sujet  de  l'exécution  du  bail  précédent 4 1 3 


> 


SOMMAIRES   DES   PLANCHES. 


I.  — PLANCHES  HORS  TEXTE, 

I.  Ls  BODBG  Sti.iT-tiERiitiN ,  d'après  le  pian  de  Tapisserie '.<■ 

II.  Le  ioorg  rt  le  riDBODRG  StinT-GEBMAiN ,  d'après  le  plan  de  Saint- Victor ,  attribue'  à  Du 

Cerceau <"' 

III.  Le  bodhg  et  le  faubourg  Sii!rr-GERH4i:i ,  d'après  le  plan  de  Quesnel i  o 

IV.  Lb  COUVENT  DES  Petits-Augustins  et  l'Ilot  au  milieu  duquel  il  était  enclavé i(> 

V.  Le  pavillon  d'angle  de  la  bue  Sai!it-BbnoIt  .  dans  l'enclos  de  l'abbaye  Sainl-Germain-des-Prés.  6  4 

VI.  Vue  d'ensehble  de  l'abbate  SAiNr-GEBmAiN-DES-Psés,  d'après  le  Monatlicon ()(> 

VIL    P1EBBE8  TOMBALES  DE  ChILDEBERT  I'  ET  DE  ClIlLP^RIC  I" (|^ 

VIll.  Tombes  de  CaiLDéRic  II ,  de  Clotaire  II  et  de  Bertbude 1  uo 

IX.  Tombe  de  Fr^d^gondi  (pAo(o«Aronwe) t  ou 

X.  Statue  tumulaire  de  Cbildebebt  I"  (photoekromie) 10& 

XI-XII-XIII.  Grande  chapelle  de  la  Viebge,  dans  l'enceinte  de  l'abbaye  Saint-Germain-des- 

Prés  (Plan  et  détails) 1  oti 

XIV.  Vue  de  l'abbate  SAiNT-GERHAiN-DE'i-PRKS  AL'  XV*  SIECLE,  d'apfès  un  ancien  tableau  provenant 

du  monastère 1  «8 

XV.  Plan  manuscrit  db  l'abbate  Saint-Geimain  ad  xvi'  siIkle,  conservé  aux  Archives  nationales.  1  lu 

XVI.  Interprétation  do  m^.he  plan,  par  D.  Bouillant m 

\VII-\XII.  La  basilique  de  Sunt-Germain-des-Prés,  plans,  coupes,  détails,  d'après  les  grandes 

planches  de  la  StalMque  monumentale n-t 

\XIII.  Plan  et  coupes  d'une  trav^  du  parloir  cloItre  de  l'abbate  Saint-Germaix-des-Prék 1 1  /i 

XXIV.  Tombeaux  et  costumes  d'abbés  de  Saint-Germain-desPrés  (chromograrure) 1 1  (i 

XXV-XXVIl.  Le  palais  abbatial  ou  cardinal,  plans,  coupes  et  élévations 1 18  el  suiv. 

XXVIII.  Caves  du  xiii*  sikLB,  voisines  du  palais  abbatial t-ili 

XXiX.   Sceaux  du  HONASTiRE  et  des  abbés  de  SAINT-(iERNAIN-DE8-PRRS i<i6 

XXX.  Sceaux  des  omciERS  claustraux  de  l'abbaye  Saint-Gebmain-des-Prés laG 

XXXI.  Plan  db  l'abbate  Samt-Gebmain  au  xviii' si Iecle ,  d'après  D.  Bouillart iq8 

XXXII.  L'anoenne  église  Saint-Sulpice ,  reproduction  d'une  vue  de  Marot 1/18 


xxHii  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

PagM. 

XXXIH.  La  foire  Saint-Germain  ,  d'après  les  pians  de  la  Tapisserie ,  de  Saint-Victor  et  de  Quesnel. .  160 

XXXIV.  Le  carrefour  de  la  Croix-Rouge,  d'après  les  plans  de  la  Tapisserie,  Truschet,  Quesnel  et 

Gombonst 16G 

XXXV.  L'hApitai,  de  i,a  Charité,  reproduction  d'une  vue  de  Marot aiH 

XXXVi.  L'hôtei.  et  les  jardins  de  la  Reine-Margderite,  d'après  le  plan  de  Mérian -ilxti 

XXXVII.  Plan  général  de  l'ancienne  maladrerie  Saint-Germain  (Petites-Maisons. — Pelils-Ménages).  ^.56 

XXXVIII.  Petites-Maisons,  Petits-Ménages,  plans,  coupes  et  élévations 258 

XXXIX.  Chapelle  de  l'ancienne  maladrerie  Saint-Germain,  plan,  coupes  et  élévations 960 

XL.  Ancien  hospice  des  Petits-Ménages;  porle  sur  la  rue  de  la  Chaise -262 

XLI.  Ancien  hospice  des  Petits-Ménages;  bâtiments  du  xvi'  et  du  xviii"  siècle a64 

XLII.  Le  Clos  adx  Bourgeois  et  les  terrains  sur  lesquels  ont  été  créés  le  palais  et  les  jardins 

DU  Luxemhourg,  d'après  Quesnel  et  Claude  Vellefaux aga 

XLIII-XLIV.  Ancienne  église  Saint-Sdlpice;  plans  restitués  par  M.  Th.  Vacquer SgS-^oo 

XLV.  Monument  funéraire  de  François  Audrant.  dans  l'ancienne  église  Saint-Sulpice liod 

XLVI.  La  foire  Saint-Germain  au  xvii'  siècle  ,  d'après  une  estampe  de  la  Bibliothèque  nationale.  4o6 

XLVII.  Plan  manuscrit  de  la  foire  Saint-Germain,  conservé  aux  Archives  nationales 4o8 

IL  — BOIS  GRAVÉS  DANS  LE  TEXTE. 

I.  La  pierre  tombale  de  saint  Germain 109 

H.  Armoiries  de  l'abbate  Saint-Germain-des-Prés laS' 

III.  Sceau  de  Hugues  V,  abbé  de  Saint-Germain-des-Prés  (1 176) 1 2/4 

IV.  Sceau  et  contre-sceau  de  Eudes,  abbé  de  Saint-Germain-des-Prés  (1  a 34) 120 

V.  Sceau  et  contre-sceau  de  Jean  IV  de  Précy,  abbé  de  Saint-Germain-des-Prés  (i  33 4) 126 

VI.  La  fontaine  de  Jouvence,  enseigne  d'une  maison  de  la  rue  du  Four-Sainl-Germain i6'i 

VIL  Le  passage  souterrain  de  l'hôtel  des  Yveteadx,  plan  et  coupes 206 

VIII.  Les  premiers  bâtiments  des  Petites-Maisons,  élevés  en  lôSy 269 

IX.  Plan  du  palais  du  Luxembourg,  au  temps  de  Marie  de  Médicis , 3o3 

X.  Plan  du  Petit  Luxembourg,  de  son  annexe  et  du  couvent  des  Bénédictines-du-Gâlvaiie . . .  820 

XI.  Cuve  baptismale  de  l'ancienne  église  Saint-Sulpice Itoa 

XII.  Monuments  funéraires  de  l'ancienne  église  Saint-Sulpice. 4o3 


> 


TOPOGRAPHIE 


HISTORIQUE 


DU   VIEUX   PARIS. 


REGION 


DU  BOURG  SAINT-GERMAIN 


PRÉLIMINAIRES. 


ORIGINE  ET  DEVELOPPEMENT  DL  BOLRG. 


En  fondant  Tabbaye  de  Saint-Vincent  et  de  Sainle-Croix,  nommée  depuis 
Saint-Germain  des  Prés'"',  Childebert  lui  fit  don  d'un  vaste  domaine,  qui,  après 
certaines  diminutions  et  de  nombreux  accroissements,  comprenait,  au  n*"  siècle, 
indépendamment  de  quelques  places,  ou  terrains  à  bâtir,  en  la  Cité,  le  lit  de  la 
Seine,  les  ponts  de  la  ville  jusqu'au  ru,  ou  dépression,  de  la  route  de  Sèvres, 
y  compris  le  chemin  de  halage,  les  deux  rives  du  fleuve  sur  une  largeur  d'une 
perche,  l'oratoire  Saint-Andéol,  appelé  depuis  Saint-André-des-Arts,  ainsi  que  les 
vignes  attenantes  (clos  de  Laas),  et  une  terre,  avec  ses  dépendances,  appelée  le 
fisc  d'Issy ,  jiscus  qui  vocatur  lsciacus^^\ 

Rien  n'indique  quelles  étaient,  vers  le  sud-ouest,  les  limites  primitives  de  ce 
fisc  d'Issy;  mais  il   n'y  a  aucune  raison  de  croire  qu'elles  différassent  sensible- 


''  l/abbaye  prit  le  vocable  de  Saint-Germain 
lorsqu'on  y  eut  déposé,  en  ySA,  le  coqis  du  saint 
pvAqup  de  Paris,  et  l'on  ajouta  à  ce  nom  une  d^i- 
(rnation  locale,  a  jtrnlis,  des  Prés,  pour  distinguer 
r^ilice  de  la  basilique  de  Saint-Germain,  voisine 
du  Louvre,  laquelle  avait  emprunta  sa  dénomina- 
tion au  pieux  ëvéque  d"Au\erre. —  l.  m.  t. 

''  M.  J.  Onicheratet  H.  Cocheris  ont  démontré. 


l'un  dans  la  Bibliothèque  de  l'Ecole  de»  cluirtet ,  l'autre 
dans  son  excellente  édition  de  l'abbé  Lebeuf.  lu 
fausseté  de  la  charte  sur  laquelle  on  a  voulu  u|)- 
puyer  cette  donation,  et  que  nous  reproduisons, 
en  appendice,  après  D.  Bouillart.  à  titre  de  curio- 
sité historique.  Toutefois  il  est  certain  que  les  reli- 
gieux (leSaint-GermainfKtssédnient.  dès  le  ix'  siècle, 
le  vaste  territoire  indiqué  ci-dessus.  —  u.  m.  t. 


2  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

ment  de  celles  de  la  seigneurie  de  l'abbaye,  telles  qu'elles  nous  apparaissent  au 
xni*  siècle,  car  il  est  à  peu  près  évident  que,  vers  l'orient,  elles  ne  se  sont  mo- 
difiées que  d'une  façon  insignifiante.  De  ce  dernier  côté,  la  seigneurie  de  l'Abbaye, 
dont  nous  fixerons  plus  loin  et  très-rigoureusement  toutes  les  bornes,  avait 
pour  confins  la  rue  de  l'Abreuvoir-Mâcon  et,  plus  tard,  la  place  du  Pont-Saint- 
Michel,  la  rue  Saint-André-des-Arts,  la  partie  postérieure  de  propriétés  en  bor- 
dure sur  les  rues  de  la  Vieille-Bouclerie  et  de  la  Harpe,  les  rues  Hautefeuille,  des 
Cordeliers  (de  l'Ecole-de-Médecine),  de  la  Harpe,  d'Enfer,  et  l'ancien  chemin  de 
Vanves.  Mesurant  environ  quatre  mille  mètres  dans  sa  plus  grande  longueur,  vers 
le  couchant,  et  deux  mille  huit  cents  mètres  à  peu  près  dans  sa  plus  grande 
largeur,  la  seigneurie  de  l'Abbaye  formait  un  magnifique  territoire  entièrement 
compacte,  à  l'exception  de  l'enclave  du  Pré-aux-Clercs*'',  et  réparti,  par  lots  très- 
inégaux,  entre  l'abbé,  le  pitancier,  l'aumônier,  le  chantre,  le  cénier,  le  trésorier 
et  l'infirmier  du  couvent'^'.  Les  moines  y  exerçaient  les  droits  féodaux  inhérents 
à  la  qualité  de  hauts  justiciers;  un  de  leurs  cartulaires,  rédigé  en  iSaS,  les 
énumère  ainsi  : 

tfEt  est  à  noter  que,  es  dictz  lieux  de  Paris,  Sainct  Germain  et  la  rivière  de 
rtSeyne,  les  dictz  religieux,  abbé  et  couvent,  seigneurs,  ont  toute  justice,  haulte, 
frmoienne  et  basse;  et,  pour  l'exercice  d'icelle,  droict  de  commectre  bailly,  pré- 
(Tvost,  greffier,  sergent,  doien,  geollier,  garde  de  prisons  et  autres  sergens  et 
tr  officiers,  pour  garder  leur  dicte  justice  et  autres  droictz  seigneuriaulx,  et  leur 
ff faire  porter  verges,  masses  et  armes  nécessaires,  si  mestier  est,  pour  deffendre 
trieurs  corps,  leur  dicte  justice  et  autres  droictz,  comme  font  ceulx  du  Chastellet 
rrde  Paris,  comme  appert  par  le  privillége  et  chartre  du  roy  Phlippes;  et,  aussi^ 
a  droict  de  faire  tenir  assises,  congnoistre  de  cause  d'appel,  ressort  et  réformation 
et  des  subjectz  d'iceulx  lieux,  et  les  amendes  des  dictes  appellations,  réglées  de 
ff  soixante  solz  parisis. 

ft Convient  pareillement  entendre  que  la  justice  des  ditz  seigneurs,  à  eulx 
tt  appartenante,  à  cause  que  dessus,  en  la  dicte  ville  de  Paris,  s'extend  ainsi  et 
tfpar  la  manière  qui  s'ensuit,  c'est  assavoir  :  depuis  la  porte  Sainct  Michel,  au- 
tf  trement  appellée  la  porte  d'Enfer,  du  coslé  de  Sainct  Cosnie,  jusques  au  coing 
ftde  l'église  du  dict  Sainct  Gosme  et  jusques  au  ruyssel  de  la  dicte  rue,  et  depuis 
trie  dict  coing  jusques  à  la  porte  du  dict  Sainct  Germain,  du  costé  des  Cordeliers, 
tr  ainsi  que  la  rue  s'extend,  jusques  au  ruyssel  d'icelle  rue. 

^ Item.  En  retournant  devant  la  grant  porte  des  Cordeliers,  en  la  rue  faisant 

'"'  Les  fossés  de  l'enceinte  de  Philippe -Auguste,  sont  bien  connues.  Le  pitancier  et  le  cénier  étaient 

qui  furent  creusés  dans  la  terre  de  l'abbaye,  et  dont  deux  officiers  claustraux  chargés,  l'un  de  distribuer 

la  Ville  obtint  la  seigneurie,  furent  une  autre  en-  la  pitance,    ou  portion  congrue,   aux  religieux, 

clave  dans  le  fief  des  moines.  l'autre  de  faire  préparer,  pendant  l'été,  le  repas  du 


m 


Les  fonctions  désignées  par  ces  noms  divers        soir,c«na. 


L.  M.T. 


UJ 

o 

a. 

_i 

> 

LO 

H 

Z 

< 

en 

o 

pq 

■r. 

(n 

~ 

tn 

•— ■ 

UJ 

O 

{X 

a: 

LL' 

< 

CT 

CL 

tn 

h; 

< 

< 

_J 

1- 

< 

!- 

_l 

UJ 

ai 

z 

Q 

< 

z 
< 

s 

_J 

CH 

û. 

Ui 

UJ 

O 

J 

m 

(- 

LU 

2 

Qf. 

CL 

< 

< 

tn 

Q 

O 

û^ 

> 

O 

û3 

W 

J 

ORIGINE  ET  DEVELOPPEMENT  DU  BOURG  SAINT-GERMAIN.  3 

ffle  coing  du  collège  de  Prëmonstré,  jusques  à  la  porte  Sainct  Germain,  tant  de 
d'un  des  coslez  comme  de  l'autre. 

rllem.  Et  depuis  iceiluy  coing  du  collège  de  Préniontré,  allant  droit  au  coing 
ffde  l'église  Sainct  Andry  des  Ars,  du  costé  du  dit  Sainct  Andry  et  du  dict  Pré- 
r  monstre. 

a  Item.  Du  dict  coing  Sainct  Andry  des  Ars  jusques  à  la  vielle  porte  Sainct 
(T Germain,  appellée  la  porte  de  Bussy  (la  quelle  de  présent  est  fermée),  tant  de 
(rl'un  des  costez  comme  de  l'autre,  et  d'icelie  porte  venant  directement  jusques 
rrà  l'abruvouer  de  Mascon. 

r  lient.  Du  dict  coing  de  l'abruvouer  de  Mascon,  tirant  droit  au  viel  pont  Sainct 
cf  Michel. 

r  hem.  Et  depuis  le  dict  viel  pont,  tirant  à  la  tour  de  Nesie,  tant  de  l'un  des 
(f  costez  de  la  dicte  rue  comme  de  l'autre;  ensemble  la  rivière  de  Seyne  depuis  le 
rdict  viel  pont  jusques  à  une  bourne  qui  faict  séparation  entre  monseigneur 
frlEvesque  de  Paris  et  le  dict  Sainct  Germain,  assise  au  viel  rue  de  Sèvre,  ainsi 
(rque  la  dicte  rivière  se  contient,  et  une  perche  royalle  oultre  chascun  bort  et 
«rryve  d'icelie  rivyère  de  Seyne;  ensemble  toutes  aubeynes  et  confiscations  qui 
frpevent  escheoir  es  lieux  dessus  dicts. 

fi  Item.  Les  dicLs  seigneurs  ont  tout  droict  de  voirie,  tant  dedans  la  ville  de 
(T Paris,  forsbourg  Sainct  Germain,  que  ailleurs,  es  lieux,  fins  et  mettes'"  de  leur 
(T  dicte  justice  et  seigneurie. 

^  Item,  il  n'est  loisible  à  aucun  ou  aucuns  de  ériger  enseignes,  auventz,  sièges 
ffsur  rue,  barres  devant  leui-s  portes,  planter  pieux  dedans  la  rivière  de  Seyne, 
-appartenante  aus  dictz  religieux,  sans  leur  congé  et  mandement  espécial,  sur 
(?  peine  de  confiscation  et  amende  arbitraire. 

rltem.  Les  dicts  religieux  seigneurs  pevent  faire  maislres  jurez  de  chascun  mes- 
rtier,  dedans  les  forsbourgs  du  dict  Sainct  Germain,  tant  seullement  comme  bou- 
"lengers,  crieurs  de  vins,  bouchers,  vendeurs  de  poisson,  drappiers,  cousturiers, 
rchaussctiers,  cordonniers,  serruriers,  chandeliers,  grossiers,  apothicaires,  bar- 
(rbiers,  cirurgiens,  et  generallement  de  tous  autres  mestiers  qu'il  plaist  aus  dicts 
ff  seigneurs,  sans  que  le  Roy,  nostre  sire,  ou  autres  quelconques,  y  puissent  mectre 
cr  aucun  empcschement. 

(tllem.  Les  dicis  religieux  ont  toute  visitation,  amendes  et  confiscations,  à  cause 
(rde  leur  dicte  seigneurie  et  justice,  sur  toutes  et  chascunes  les  faulses  mesures  de 
(rblez,vins,  huilles,  sel,  aulnes,  toises,  poix,  et  generallement  de  toutes  choses 
ff  qui  concernent  les que  dessus  et  autres. 

(T  Item.  Les  dicts  religieux  ont  puissance,  dedans  les  dicts  forsbourgs,  de  instituer 
(rmaistres  jurez,  comme  mesureurs  de  blez,  sel,  foin,  chaulx,  et  generallement 

<''  Bornes,  du  latin  mêla. 


à  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

trde  toutes  sortes  de  marchandises,  sans  ce  que  le  Roy  nostre  sire,  ses  officiers  ou 

«autres,  y  puissent  mectre  aucun  empeschement. 

ftEsquelles  terres  et  seigneuries,  sur  plusieurs  maisons,  masures,  jardins,  terres, 
tf  vignes,  prez,  saulsoyes  et  autres  héritaiges,  sont  deuez  (dues)  chacun  an  plu- 
a sieurs  rentes  et  cens  fonciers  portans  lotz,  ventes  saisines  et  amendes,  quant  le  cas 
tr  eschet,  paiahles  chascun  an  aux  jours  que  deubz  sont,  en  la  dicte  abbaye  de  Sainct 
cf  Germain  Desprez,  sur  peine  de  l'amende  accoustumée'^l  n 

Au  commencement  du  xuf  siècle ,  la  construction  de  l'enceinte  de  Philippe- 
Auguste  ayant  coupé  en  deux  le  fief  de  l'abbaye  Saint-Germain,  l'une  des  deux 
parties  de  ce  fief  se  trouva  renfermée  dans  la  ville,  et  continua  à  relever  de  la 
seigneurie  du  monastère;  elle  constitua  ainsi  la  circonscription  de  deux  paroisses 
nouvelles,  celles  de  Saint-Côme  et  de  Saint-André-des-Arts,  érigées  aux  dépens 
de  la  paroisse  primitive  de  Saint-Sulpice,  qui  en  était  trop  éloignée.  La  seconde 
partie  du  fief  de  Saint-Germain,  séparée  de  la  première  par  la  muraille  des  forti- 
fications, demeura  le  territoire  particulier  de  la  paroisse  Saint-Sulpice,  territoire 
qui  s'est  identifié  avec  ie  faubourg  Saint-Germain,  parce  que,  généralement,  on  a 
considéré  comme  faisant  partie  de  ce  faubourg  non-seulement  le  bourg  lui-même, 
mais  encore  les  terres  cultivées  qui  l'entouraient  et  en  dépendaient. 

Le  bourg  Saint-Germain,  qui  a  été  quelquefois  qualifié  de  ville,  ou  de  village, 
villa  Sancli  Germani,  et  dont  les  habitants  furent  an"ranchis  en  i -i 5 5,  jouissait 
d'immunités  spéciales,  en  raison  de  ce  qu'il  était  considéré  comme  une  agglomé- 
ration entièrement  distincte  de  Paris  et  régie  par  ses  propres  lois.  En  1*^97, 
les  bourgeois  de  Paris  ayant  voulu  faire  supporter  aux  manants  des  bourgs  de- 
Saint-Germain  et  de  Saint-Marcel  leur  part  d'une  somme  de  cent  mille  livres  que 
le  roi  leur  avait  imposée,  Philippe  le  Bel,  par  des  lettres  patentes  du  mois  de 
mars,  reconnut  que  ces  manants  ne  devaient  point  être  réputés  habitants  des 
faubourgs  de  Paris  :  non  esse,  nec  censeri  debere  de  suburbiis  et  perlmenliis  ville  Pari- 
siensis^^\  Le  faubourg  Saint-Germain  n'a  été  définitivement  réuni  à  Paris  que 
sous  Louis  XIV,  de  sorte  qu'en  1611  le  grand  voyer  de  France  fut  débouté  de 


'■'  Arch.  nat. ,  reg.  LL ,  1 1 1 9 ,  P  1  r°. 

'^'  Dom  Bouillart,  HtDt.  de  l'ahb.  royale  deSaint- 
Gefinain-desPrés ,  In-f ,  l'a  ris ,  1 7  9  i .  Preuves ,  p.  7  3 . 

Toutefois,  ainsi  que  le  fait  remarquer  M.  Bordîer, 
l'argument  tiré  de  l'autonomie  des  deux  faubourgs 
n'est  pas  aussi  probant  qu'il  est  dit  ici.  Les  habi- 
tants do  Saint- Marcel  et  de  Saint-Germain- des- 
Prés  étaient  parfaitement  compris,  comme  les  Pari- 
siens ,  dans  les  rôles  de  la  taille  ordinaire.  C'est  ce 
qui  est  mis  hors  de  contestation  par  leur  inscrip- 
tion au  rôle  de  1292,  rôle  que  Gëraud  a  publié 


{Documenlx  inédits ,  1887,  p.  1 73-178).  Seulement 
lescent  mille  livres  tournois,  levées  en  1 997,  étaient 
une  imposition  extraordinaire,  qui  concernait  plus 
spécialement  la  Ville  de  Paris;  et  c'est  sans  doute 
en  se  fondant  sur  ce  que  la  dépense  à  faire  ne  les 
regardait  pas,  qu'ils  n'en  profiteraient  point  on 
qu'ils  n'en  avaient  pas  encore  profité,  que  les  gens 
de  Saint-Germain  obtinrent  d'en  être  exemptés.  Il 
ne  leur  eût  point  suffi  de  dire  qu'ils  n'étaient  pas  Pa- 
risiens, puisqu'on  les  voit  imposés  en  celle  qualilé 
cinq  ans  auparavant.  —  l.  m.  t. 


ORIGINE  FJ  DÉVELOPPEMENT  DU  BOURG  SAINT-GERMAIN.  5 

ses  prétentions  à  y  jouir  du  droit  de  voirie.  Cependant  le  roi  avait  dû  posséder 
certains  droits  de  cette  espèce,  au  moins  sur  la  principale  voie  du  bourg,  puisque 
la  rue  du  Four  est  énoncée  la  (rehaussée  du  Roy  a  dans  une  charte  de  iSgS'''. 

L'abbaye  Saint-Germain-des-Prés,  qui  a  été  l'une  des  plus  considérables  de  la 
France,  a  produit  un  très-grand  nombre  de  savants;  on  serait  donc  disposé 
à  croire  que  ses  archives,  riches  et  soigneusement  conservées,  contiennent  de 
nombreux  renseignements  topographiques,  tant  sur  le  bourg  lui-même  que  sur 
i'abbaye  et  ses  diverses  propriétés  foncières.  Il  n'en  est  cependant  point  ainsi.  Les 
archives  de  l'abbaye,  bien  qu'elles  nous  aient  été  léguées  presque  intactes,  ne 
contiennent,  sur  le  bourg  Saint-Germain,  qu'une  très-petite  quantité  de  titres 
du  xni*  et  du  xiv*  siècle,  pour  la  plupart  sans  application  possible.  Les  documents 
du  3t.v*  siècle  sont  moins  rares;  ceux  qui  datent  de  la  première  moitié  du  xvi*-'  siècle 
sont  fort  nombreux;  mais  malheureusement  cette  abondance  relative  ne  com- 
pense guère  l'obscurité  et  l'incohérence  de  ces  pièces,  qui  se  reproduisent  les  unes 
les  autres  sans  aucune  critique.  De  plus,  leurs  énonciations  inexactes,  ainsi  que 
leur  classement  défectueux,  les  rendent  exceptionnellement  difficiles  à  interpréter  ^*'. 

Les  archives  de  l'abbaye  présentent,  en  outre,  une  fâcheuse  et  irrémédiable 
lacune,  qui  commence  au  milieu  du  xvi*  siècle  et  qui  s'étend  jusqu'au  milieu 
du  XTn*^".  Pour  certaines  régions,  une  pareille  interruption  n'aurait  pas  de  con- 
séquences très-graves;  mais  elle  est  désastreuse  pour  le  bourg  Saint-Germain,  qui 
s'est  si  profondément  modifié  depuis  l'avènement  de  Henri  II  jusqu'à  celui  de 
Louis  XIV.  On  ne  saurait  en  effet  y  suppléer,  puisque  la  quasi-totalité  des  ren- 
seignements sur  le  faubourg  ne  peut  provenir  que  du  chartrier  de  l'abbaye  <* . 


<*'  U  convient,  dit  encore  M.  Bordier,  de  Taire 
remarquer  que  le  roi  s'était  attribué,  dans  toute 
l'étendue  du  royonmc.  la  justice  des  grands  che- 
mins, ce  qui  n'impliquiiit  pas  absolument  un  droit 
sur  les  len-es  bordant  la  via  regia.  —  l.  m.  t. 

"  l^es  ccnsiers .  cette  base  ewentielle  de  notre 
travail  de  restitution,  éaoDcenl  communément  les 
maisons  dans  leur  ordre  lopographique  naturel; 
dans  les  censiers  de  l'abbaye,  le  classement  est  cons- 
tamment interrompu  par  l'ënumération  des  diverses 
propriétés,  rurales  ou  antres,  appartenant  à  l'in- 
dividu dont  l'ordre  topograplii(|ue  amène  le  nom 
80US  la  plume  du  rédacteur.  De  plus,  les  rues  sont 
morcelées  en  fragments ,  ré|>ondant  aux  liefs  secon- 
daim  dont  se  com|>08ail  le  grand  fief  de  l'abbaye. 
Toat  eela  cause  une  insup|)oi-table  confusion ,  qui 
ne  te  retrouve  pas  dans  les  registres  des  autres  sei- 
gneuries. 

'''  Cette  lacune,  que  noas  ne  savons  i  quoi  at- 


tribuer, mais  qui  semble  correspondre  à  l'époque 
des  guerres  de  religion,  est  constatée  vers  1660. 
On  peut  juger  de  son  étendue  par  ce  fait,  que.  de 
1 547  à  t  O87,  il  ne  subsiste  que  deux  ccnsiers  :  l'un 
de  1698,  presque  sans  valeur,  et  l'autre  de  i5()5, 
relativement  fort  précieux.  Ce  dernier  constitue 
runi(|ue  et  fort  insuflisante  ressource  au  moyen  de 
laquelle  nous  avons  essayé  de  relier  l'état  ancien  à 
l'élat  moderne.  \je  censier  qui  porte  In  dote  de  1  SgS 
est ,  en  réalité ,  postérieur,  cl  contient  des  indications 
des  premières  années  du  xvii*  siècle,  parce  que  le 
compte  qui  y  est  transcrit,  réellement  commencé 
en  tôgo,  n'a  été  irdélivréi  qu'en  1607.  On  s'aper- 
çoit facilement,  du  reste,  qu'il  a  été  copié  en  grande 
partie  sur  d'autres  cueillerels  remontant  au  règne 
de  Henri  III. 

'''  Nous  avons  dépouillé  tous  les  titres  doma- 
niaux des  différentes  communautés  du  faubourg 
Saint-Germain ,  dans  l'espoir  de  remédier  à  la  pau- 


6  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Il  résulte  de  raccumidation  de  ces  circonstances  malencontreuses  l'impossibi- 
lité radicale  de  satisfaire  à  plusieurs  desiderata.  Comment  fixer,  par  exemple,  les 
années  où  furent  ouvertes  les  rues  Charpentier  et  du  Canivet,  qui,  mentionnées 
pour  la  première  fois  dans  le  censier  de  lôgB,  ne  le  sont  ni  dans  celui  de  i  btx'j, 
ni  dans  les  cueillerets  antérieurs  ?  Par  quel  moyen  déterminer  le  point  d'embran- 
chement du  Chemin-Neuf,  quand  l'examen  minutieux  et  deux  fois  répété  intégra- 
lement des  cinquante  cartons  et  des  cinquante  registres  du  monastère''^  ne  fournit 
pas  la  moindre  lumière  sur  la  question  ?  Comment  retrouver  le  tracé  de  la  tran- 
chée qui  protégeait  le  faubourg  Saint-Germain,  pendant  une  période  de  temps  et 
à  une  époque  qui  sont  précisément  celles  sur  lesquelles  il  n'existe  pas  de  docu- 
ments ?  Ces  lacunes  et  l'impossibilité  presque  absolue  de  les  combler  ont  rendu 
notre  tache  extrêmement  laborieuse.  Notre  restitution  du  bourg  et  du  faubourg 
Saint-Germain  compte  parmi  les  travaux  les  plus  ardus  que  nous  ayons  jamais 
entrepris. 

Après  les  explications  qui  précèdent,  on  comprendra  que  nous  ne  sachions  rien 
du  bourg  Saint-Germain  dans  la  première  moitié  du  moyen  âge,  et  que  nous  en 
connaissions  môme  peu  de  chose  au  xni'^  siècle.  En  1270,  le  comte  de  Sancerre 
avait  une  résidence  rue  des  Canettes;  mais,  à  cette  époque,  le  bourg  Saint-Ger- 
main, peu  étendu  et  habité  surtout  par  les  vassaux  de  l'abbaye,  qui  s'adonnaient 
principalement  aux  travaux  agricoles'^',  ne  se  composait  guère  que  de  chaumières, 
de  granges  et  autres  bâtiments  rustiques.  Dans  le  xiv*  siècle,  au  contraire,  le  goût 
de  la  villégiature  s'étant  répandu  chez  les  nobles  et  les  riches  bourgeois  de  Paris, 
le  bourg  Saint-Germain  renferma  plusieurs  habitations  de  plaisance,  telles  que  les 
hôtels  de  Navarre,  du  cardinal  d'Ostie,  des  évêques  de  Rodez  et  de  Limoges,  du 
duc  de  Bourbon,  de M""^  de  Valence,  de  M""^de  Cassel,  du  seigneur  de  Garancière, 
de  la  Folie-Regnier  et  du  séjour  de  Nesle.  Mais  le  lléau  de  la  guerre,  qui  amena 
la  destruction  de  quelques-uns  de  ces  manoirs,  enraya  le  mouvement,  que  la 
domination  anglaise  fut  d'ailleurs  bien  loin  de  favoriser. 

Au  xv*^  siècle,  apparaissent  les  noms  nouveaux  des  hôtels  de  Taranne,  dun 
évêque  de  Chartres  et  de  Casin  d'Estouville,  ou  Estouteville  (').  Toutefois,  c'est 
seulement  au  siècle  suivant  que  commença  la  longue  prospérité  du  bourg  Saint- 
Germain,  dont  la  physionomie  se  transforma  et  perdit  celle  d'un  village  cham- 

vreté  des  archives  de  i'abbaye;  mais,  comme  ces  deiSag.quenousavonsét^oblige'derelirevingU'ois 

communautds  sont  toutes  modernes,  leurs  titres  pour  les  comprendre. 

nous  ont  été  d'une  faible  utilité.  '''  lis  ne  fournirent  que  1 5 1  contribuables  à  la 

'"'  Nous  parlons  seulement  de  ceux  qui  se  rap-  taille  de  199s,  et  i4o  à  la  taille  de  1-296  :  c"est 

portent  à  la  topographie  de  Paris.  Par  suite  de  un  centième  seulement  du  chiffre  total, 

l'étendue  de  son  territoire,  les  censiers  de  l'abbaye  •  '''  Nous   faisons  remarquer  ailleurs  qu'on   ne 

renferment  jusqu'à  douze  et  quatorze  cents  articles ,  trouve,  dans  la  généalogie  de  la  famille  d'Estou- 

et  il  est  des  registres,  comme  celui  de  l'arpentage  teville,  aucun  individu  du  nom  de  Casin.  —  l.  m.  t. 


> 


^w^g* 


Iray  Ch  Cha.rdan  a.)n*  pAri» 


ORIGINE  EX  DÉVELOPPEMENT  DU  BOLRG  SAINT-GERMAIN.  7 

pêtie,  pour  revêtir  l'apparence  d'une  ville  élégante,  au  moins  dans  certains  quar- 
tiers nouveaux;  car  l'antique  Grand'Rue  conserva  longtemps  ses  ctables,  ses  ber- 
geries et  son  aspect  rural.  Débarrassés  aIoi*s  des  voieries  et  des  écorcheries  qu'on 
rejeta  dans  la  campagne,  où  les  tuileries  furent  bientôt  aussi  reléguées,  les  terrains, 
livrés  à  des  propriétaires  opulents  et  à  des  spéculateurs,  se  couvrirent  de  maisons, 
remarquables  par  le  luxe  de  leur  architecture  et  la  beauté  de  leurs  jardins.  Des 
rues  furent  percées,  d'anciens  chemins  mis  en  bon  état  de  viabilité''',  et  les  cons- 
tructions nouvelles  s'y  multiplièrent.  Une  princesse  du  sang,  la  duchesse  de  Savoie, 
des  grands  seigneui-s  comme  les  ducs  de  Montpensier  et  de  Luxembourg,  quantité 
de  personnages  importants,  des  étrangers  notables  comme  les  Salviati  et  les 
Gondi,  et,  plus  tard,  des  hommes  illustres  à  divers  titres,  comme  les  Clément 
Marot,  les  Ambroise  Paré,  les  Jean  Cousin  et  les  Du  Cerceau,  s'y  firent  bàtii-  de 
somptueuses  demeures. 

Au  xvi"  siècle,  la  mode  avait  adopté  le  quartier  Saint-Germain  :  il  était  de  bon 
ton  d'y  posséder  un  hôtel ,  et  la  vie  devait  effectivement  y  être  fort  agréable ,  attendu 
qu'on  y  jouissait  à  la  fois  des  avantages  de  la  ville  et  de  ceux  de  la  campagne. 
Les  lieux  d'amusement  public,  notamment  les  jeux  de  paume  et  les  tavernes,  n'y 
faisaient  point  défaut.  La  foule  qui,  aux  jours  de  fête,  inondait  le  Pré-aux-Clercs, 
y  rencontrait  donc,  ainsi  que  dans  ses  environs,  tous  les  genres  de  plaisir  qu'elle 
pouvait  souhaiter.  Le  rétablissement  de  la  foire,  (jui  n'avait  cependant  qu'une 
durée  très-restreinte ,  favorisa  également  le  développement  du  faubourg,  en  don- 
nant quelque  impulsion  à  son  industrie,  longtemps  limitée  aux  produits  de  l'agri- 
culture, des  carrières  et  de  la  céramique. 

Il  n'est  pas  jusqu'aux  dissensions  religieuses  qui  n'aient  contribué  à  l'extension 
(lu  faubourg  Saint-Germaiu,  en  engageant  les  réformés  à  s'y  grouper.  On  sait 
que  la  rue  des  Marais  fut  qualifiée  de  Pelile-Genève.  Mais,  là,  l'inconvénient  était 
à  côté  de  l'avantage,  car  la  présence  des  maisons  huguenotes  servit  de  prétexte 
au  pillage  et  à  la  destruction.  Les  désordres  dont  les  maisons  du  Pavanier  et 
de  Baptiste  Androuel  devinrent  le  théâtre  n'étaient  point  propres  à  inspirer  la 
sécurité.  D'ailleurs,  une  épreuve  bien  pins  sérieuse  menaçait  le  faubourg  Saint- 
Germain.  En  1689  et  iSgo,  la  Ville,  sur  le  point  d'être  assiégée,  fit  démolir 
toutes  les  maisons  qui,  par  leur  proximité  des  murailles,  auraient  gêné  le  feu 
de  la  place.  Puis  le  faubourg,  ayant  été  pris  deux  fois  par  les  troupes  royales'*', 
eut  à  subir  les  désastres  que  de  semblables  catastroj)hes  entraînent  ordinairement 

'■'  Le»  arrêts  relatifs  nu  |>avcnient  de  la  rue  <1p  toutes  les  rues  du  quartier;  cependant,  en  i6."56,  il 

Seine  sont  de  lô'iô.  I^  3i  octobre  de  cette  année,  y  avait  encore  dans  le  faubourg  un  certain  nombre 

intervint  UD  arrêt,  rendu  sur  la  requête  de  l'abbé  de  de  rues  qui  n'étaient  pavées  que  d'une  façon  Irès- 

Saint-<»emiain  et  ayant  pour  but  de  forcer  les  ha-  iinparfnile. Surquelques poinlsexcentriques,  celétat 

bitants  du  Iwurg  k  paver  devant  leurs  maisons.  Cet  s'est  perpétué  presque  jus<ju'à  nos  jours.  —  l.  «.  t. 

arrêt  s'appliquait  probablement  aux  habitants  de  *'  \j;  t"  novembre  1389  et  le  a C  juillet  1090. 


8  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

à  leur  suite''*.  Les  ravages  furent  si  grands,  que,  quinze  ans  après,  Ton  comptait 
encore  bien  des  ruines  dans  la  paroisse  Saint-Sulpice.  Toutefois  la  tranquillité 
des  dernières  années  du  règne  de  Henri  IV  rétablit  la  confiance  et  ramena  les 
populations  au  faubourg  Saint-Germain,  non  moins  dévasté  par  les  soldats  qui 
l'avaient  défendu  que  par  ceux  qui  l'avaient  attaqué.  Les  maisons  abattues  se 
reconstruisirent,  et  le  développement  du  quartier,  arrêté  pendant  un  quart  de 
siècle,  ne  fut  plus  interrompu. 

Dès  l'origine,  les  premières  maisons  du  bourg  Saint-Germain  s'étaient  grou- 
pées au  pied  des  murs  du  monastère,  le  long  de  la  voie  royale  qui  a  pris  le  nom 
de  rue  du  Four.  Au  milieu  du  \nf  siècle,  les  constructions  se  prolongeaient  sur 
les  bords  du  cbemin  qu'on  appelle  maintenant  la  rue  de  l'Ecole-de-Médecine; 
mais  elles  ne  semblent  pas  avoir  dépassé  l'emplacement  de  la  rue  des  Mauvais- 
Garçons  (actuellement  rue  Grégoire-de-Tours),  qui  fut  ouverte  en  i25i.La  créa- 
tion, en  1276,  de  seize  étaux  de  boucherie,  entre  cette  rue  et  la  porte  des  Cor- 
deliers,  augmenta  le  nombre  des  maisons  bordant  la  voie  qui  conduisait  à  cette 
porte,  et  qu'un  concours  particulier  de  circonstances  favorables  rendit  prompte- 
ment  la  plus  vivante  du  quartier.  Nous  savons  aussi  qu'au  xni''  siècle  les  maisons 
du  bourg  s'étendaient  jusqu'aux  rues  du  Vieux-Colombier  et  des  Saints-Pères  ; 
mais,  au  mois  d'avril  i36o,  lorsque  le  roi  Edouard  III  menaça  Paris,  le  Régent 
lit  brûler  les  faubourgs  de  la  rive  gauche,  pour  empêcher  les  Anglais  de  s'en 
saisir,  et  plusieurs  hôtels  furent  complètement  rasés.  Des  démolitions  analogues 
furent  pareillement  excécutées  aux  alentours  de  l'abbaye  en  i368,  de  sorte  que 
le  terrain  du  côté  septentrional  de  la  rue  Taranne  fut  remis  en  culture,  et  que 
l'extension  du  bourg,  dans  cette  direction,  se  trouva  arrêtée  pour  de  longues 
années. 

A  la  fin  du  xiv'  siècle,  le  bourg  Saint-Germain  avait  pour  limites  :  le  chemin 
sur  les  fossés  (rue  de  l'Ancienne-Comédie),  les  rues  de  Bussy,  de  Seine,  le  quai 
(à  cause  du  séjour  de  Nesle),  diverses  voies  que  remplacent  aujourd'hui  la  rue 
des  Petits-Augustins  (partie  septentrionale  de  la  rue  Bonaparte),  les  rues  Saint- 
Benoît,  Taranne  et  du  Dragon,  le  carrefour  delà  Croix-Rouge,  la  rue  du  Vieux- 
Colombier,  au  midi  de  laquelle  étaient  probablement  quelques  habitations,  indé- 
pendamment du  grand  hôtel  de  Garancière,  enlin  l'emplacement  des  rues  Saint- 
Sulpice  et  des  Quatre-Vents.  Cent  ans  plus  tard,  le  bourg  paraît  avoir  renfermé 
une  population  plus  nombreuse;  mais  la  superficie  occupée  ne  s'était  point  aug- 
mentée d'une  manière  appréciable.  En  effet,  si,  d'un  côté,  l'on  avait  bâti  dans  les 

'''  Dans  la  conférence  qu'il  eut  avec  le  cardinal  r livres  par  les  soldats  qui  les  démolissent."  Ces 

«leGondi,  lors  du  siège  de  Paris,  Henri  IV  disait:  douloureux  événements  se  sont  renouvelés  de  nos 

"Il  ne  se  passe  jour  que  les  fauxbourgs  de  Paris  jours,  dans  la  banlieue  suburbaine,  avecles  mêmes 

"ne  souffrent  ruine  de  la  valeur  de  cinquante  mille  désastres.  —  l.  m.  t. 


ORIGINE  Et  DÉVELOPPEMENT  DU  BOURG  SAINT-GERMAIN.  9 

environs  de  Saint-Sulpice  et  au  fond  des  fossés,  près  des  portes  de  Paris,  d'autre 
part  le  sol  du  séjour  de  Nesle  était  redevenu  une  terre  labourable  t'I 

C'est  à  la  fin  du  xv"=  siècle  que  commence  la  série  des  accroissements  définitifs 
du  bourg  Saint-Germain;  ils  ont  eu  lieu  dans  l'ordre  que  nous  allons  indiquer. 

Vers  l'an  i5oo,  ouverture  de  la  rue  des  Quatre-Vents,  et,  en  i5oi,  bail  à 
bâtir  des  terrains  compris  entre  cette  rue  et  celle  du  Petit-Lion. 

Vers  i5io,  bail  des  terrains  compris  entre  les  rues  de  Tournon  et  de  Condé, 
et,  vers  i5i5,  bail  des  terrains  compris  entre  les  rues  de  Condé  et  Monsieur- 
le-Prince.  H  ne  se  révèle  plus  rien  d'important,  en  fait  d'accensement,  jusqu'en 
1529. 

En  cette  année,  Jean  Lescuyer,  arpenteur-juré  du  roi,  fut  chargé  de  mesurer 
toutes  les  terres  labourables  de  la  paroisse  Saint-Sulpice,  et  son  travail  nous 
permet  de  déterminer  avec  une  extrême  précision  les  limites  du  bourg,  dont  les 
maisons  étaient  agglomérées  presque  sans  aucune  solution  de  continuité.  Ce  péri- 
mètre est  aujourd'hui  représenté  par  les  mes  suivantes  : 

Rues  de  l'Ancienne-Comédie,  de  Bussy,  de  Seine,  du  Colombier  (Jacob); 

Rue  Saint-Benoît,  du  côté  occidental  de  laquelle  était  la  courtille  de  l'abbaye; 

Rue  Taranne  et  rue  du  Dragon,  du  côté  occidental  de  laquelle  était  l'hôtel  du 
Sépulcre; 

Carrefour  de  la  Croix-Rouge,  complètement  entouré  de  maisons,  parce  que 
l'on  avait  bAti  à  la  pointe  des  îlots  compris  entre  les  rues  de  Grenelle  et  du 
Cherche-Midi; 

Rue  du  Vieux-Colombier,  dont  le  côté  méridional  était  garni  de  maisons  depuis 
la  rue  du  Cherche-Midi  jusqu'à  la  rue  Cassette,  et  depuis  l'emplacement  de  la 
rue  du  Gindre,  qui  n'existait  pas  encore,  jusqu'à  Saint-Sulpice; 

Rue  du  Pot-de-Fer  (Bonaparte),  bAtie  des  deux  côtés; 

Rue  de  Vaugirard,  du  côté  méridional  de  laquelle  il  n'y  avait  que  les  édifices 
du  Clos-aux-Bourgeois; 

Rue  Monsieur-le-Prince. 

Le  bourg  Saint-Germain,  qui  avait  pour  dépendances  une  maladrerie  et  son 
cimetière,  renfermait  alors  le  grand  monastère  de  l'abbaye,  l'église  paroissiale  de 
Saint-Sulpice  avec  son  cimetière,  la  chapelle  Saint-Père  et  son  cimetière,  les 
halles  de  la  Foire,  enfin  deux  cent  soixante  maisons,  ou  hôtels  plus  ou  moins 
importants,  un  quai,  celui  du  port  de  Nesle,  et  trente-quatre  rues,  ou  chemins 
pouvant  être  regardés  comme  des  rues,  savoir  : 

•''  Dans  les  lettres  ptentes  données  par  le  roi  r  temps  des  guerres  par  lesquelles  ledict  faulxbourg 

le  3  mai  i55o  et  ordonnant  l'ouverture  des  portes  -^(il  s'agit  du  bourg  Saint-Germain)  fut  ruynë  et 

de  Bussy  et  de  Nesle,  il  est  dit  que  rlesdictes  portes  "rc'duil  en  lorre  labourable,  mesme  à  l'endroit  des- 

rsont  demeurées  closes  et  fermées,  dès  et  depuis  le  rrdictes  deux  portes. n 


10  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

La  rue,  ou  chemin,  sur  les  fossés,  entre  les  portes  Saint-Germain  et  de  Bussy 
(de  l'Ancienne-Comédie); 

Le  chemin  sur  les  fossés,  entre  les  portes  de  Bussy  et  de  Nesle  (rue  Mazarine), 
où  il  n'y  avait  aucune  construction; 

Les  rues  de  Bussy  et  de  Seine; 

Les  quatre  rues  des  fossés  de  l'abbaye  (de  l'Échaudé,  Jacob,  Saint-Benoît  et 
Sainte-Marguerite)  ; 

Les  deux  chemins  allant  à  Saint-Père  (rues  Taranne  et  des  Saints-Pères); 

Les  rues  du  Sépulcre  (du  Dragon),  du  Four,  Coppieuse  (du  Sabot)  et  de 
Taranne  (de  l'Egout); 

La  ruelle  dite  des  Ciseaux  et  celle  de  Cassel  (Beurrière); 

Les  rues  Saint-Sulpice  (des  Canettes),  des  Boucheries  (de  l'Ecole-de-Médecine) 
et  delà  Folie-Regnier  (Grégoire-de-Tours); 

Le  chemin  sur  les  fossés,  entre  les  portes  Saint-Germain  et  Saint-Michel  (rue 
Monsieur-le-Prince)  ; 

La  rue,  ou  chemin,  allant  de  la  porte  Saint-Michel  aux  Chartreux  (rue  d'Enfer); 

Les  rues  de  Vaugirard,  du  Clos-Bruneau  (de  Condé)  et  de  la  Foire  (des  Quatre- 
Vents),  avec  la  ruelle  qui  y  débouchait  (impasse  des  Qualre-Vents); 

Les  rues  Combauit  (du  Petit-Lion),  du  Marché-aux-Chevaux  (de  Tournon)  et 
Garancière; 

La  ruelle  Saint-Sulpice  (Servandoni)  et  une  autre  ruelle  par  laquelle  on  allait 
à  Saint-Sulpice  (rue  Saint-Sulpice); 

Les  rues  Férou  et  Henry-du-Verger  (du  Pot-de-Fer); 

Le  chemin  de  Cassel  (rue  Cassette)  et  la  rue  du  (Vieux-)  Colombier. 

L'année  1699  est  à  noter  dans  les  annales  du  bourg  Saint-Germain  :  elle 
marque  le  point  de  départ  d'une  série  d'accensements  qui  en  reculèrent  les 
limites.  C'est  ainsi  qu'en  1629  furent  ce  baillés  à  bâtir,  n  sur  une  longueur  de  cent 
cinquante  toises,  les  terrains  de  l'îlot  compris  entre  les  rues  du  Cherche-Midi  et  de 
Sèvres,  la  plupart  des  terrains  situés  du  côté  méridional  de  la  rue  de  Vaugirard, 
ceux  du  côté  occidental  de  la  rue  des  Saints-Pères,  au-dessus  du  Pré-aux-Clercs, 
et  ceux  des  deux  côtés  de  la  rue  de  Grenelle,  en  deçà  de  la  rue  de  la  Chaise.  En 
i53o  et  dans  les  années  suivantes,  furent  semblablement  baillés  à  bâtir  les  ter- 
rains de  l'îlot  compris  entre  les  rues  de  Seine  et  Mazarine;  en  i535,  ceux  de 
l'îlot  compris  entre  les  rues  du  Dragon  et  des  Saints-Pères.  Vers  le  même  temps, 
l'espace  compris  entre  la  rue  Cassette  et  la  rue  Férou  acheva  de  disparaître  sous 
les  maisons  et  les  jardins,  en  vertu  de  transactions  dont  les  titres  sont  perdus.  En 
1  538,  l'emplacement  de  l'ancien  marché  aux  chevaux  (entre  les  rues  de  Tournon 
et  Garancière)  et  celui  de  l'ancien  séjour  de  Nesle  (sur  le  quai,  entre  les  rues  de 
Seine  et  Bonaparte)  furent  acquis  par  des  spéculateurs.  Les  constructions  du  côté 


TOPOGRAPHIE    H 


y     f^        --       ■■■.      !  .'    ■■   '  •  AU 


LA   REGION    DV  FA 


D'APRES 


E   DV  VIEVX   PARIS 


> 


G   SAINT   GERMAIN. 


ORIGINE  ET  DÉVELOPPEMENT  DU  BOURG  SAINT-GERMAIN.         11 

occidental  de  la  rue  de  Seine,  entre  la  rue  Jacob  et  la  rivière,  remontent  à  cette 
époque.  Enfin  la  vente  du  reste  des  terrains  entre  la  Seine  et  la  rue  Jacob,  jusqu'au 
droit  delà  rue  Saint-Benoît,  eut  lieu  de  156 1  à  i565,  sauf  quelques  parcelles. 

Ainsi  que  nous  l'avons  dit,  les  documents  comniencent  à  nous  faire  défaut  en 
ibtf];  cependant,  entre  1567  et  1629,  nous  constatons  la  transformation  de 
cinq  chemins  en  rues.  Ces  chemins  sont  :  ceux  des  fossés  entre  les  portes  de 
Bussy  et  de  Nesle  (rue  Mazarine),  de  la  Noue  (rue  Bonaparte),  de  Grenelle,  de 
Sèvres  et  de  la  Vieille-Tuilerie  (du  Cherche-Midi). 

Nous  constatons  aussi  l'ouverture  de  quatre  rues  nouvelles:  celles  de  Nesle, 
des  Marais,  du  Gindre  et  de  Saint-Pierre  (impasse  Pérou),  auxquelles  il  con- 
viendrait peut-être  d'ajouter  les  rues  Honoré-Chevalier,  Mézières  et  Charpentier, 
ce  que  la  rareté  des  titres  ne  nous  permet  pas  de  vérifier. 

Le  seul  accensement  dont  nous  ayons  connaissance,  dans  la  seconde  moitié 
du  XVI*  siècle,  est  celui  auquel  on  procéda,  en  i58i ,  pour  les  terrains  du  côté 
septentrional  de  ta  rue  Saint-Sulpice  actuelle;  il  est  à  supposer  que  les  ter- 
rains riverains  des  rues  Saint-Guillaume  et  de  la  Chaise  furent  aussi  baillés 
après  i55o.  Quant  au  réseau  des  rues,  il  s'augmenta,  dans  la  période  corres- 
pondante, de  la  rue  du  Cœur-Volant,  ouverte  en  1669,  de  la  rue  de  la  Foire 
(.Mabillon),  qui  date  de  i586  et  qui  était  plutôt  un  passage  qu'une  rue,  de  la 
rue  du  Canivet  et  de  la  petite  rue  Taranne,  percées  toutes  quatre  h  travers  des 
propriétés. 

A  la  fin  du  ivi'  siècle,  le  bourg  Saint-Germain  avait  pour  limite  la  tranchée 
qu'on  creusa  dans  tout  son  périniètre  pour  sa  défense ,  et  dont  nous  essayerons 
ailleurs  de  restituer  le  tracé.  Touchant  aux  maisons,  dans  la  partie  centrale  de 
son  parcours,  cette  fortification  embrassait  à  ses  deux  extrémités  des  espaces  assez 
vastes,  qui  restèrent  dépourvus  d'habitationsjusqu'aux  dernières  années  du  règne 
de  Henri  IV,  excepté  dans  la  région  située  derrière  les  Chartreux,  où  l'on  n'éleva 
aucune  construction.  Le  premier  quart  du  xvii*  siècle  n'était  point  écoulé,  et  déjà 
les  maisons  du  faubourg,  ayant  franchi  la  tranchée,  se  pressaient  le  long  de  la 
rue  du  Bac  et  des  autres  grandes  artères  de  la  plaine. 

Avant  l'année  iGii,  le  bourg  Saint-Germain,  dans  le  périmètre  de  la  tran- 
chée, a  été  sillonné  par  cinquante-six  voies  distinctes,  qu'on  peut  répartir  ainsi  : 

VOIES  DOM  L'EXISTEKCE  EST  CONSTATEE  DES  LE  XUI*  SIECLE. 

Rue  de  Bussy.  Rue  Beurrière. 

Rue  de  Seine.  Rue  du  Perron  (remplacée  par  la  rue  Sainte- 
Rue  des  Mauvais-GarçoDs(Grégoirede-Tours).  Marguerite,  dénommée  depuis  rue  Goziiu). 
Rue  des  Roucheries.  Rue  Taranne  (confondue  souvent  avec  la  pré- 
Ruedu  Four  (habituellement  morcelée  en  deux  cédente). 

parties).  Rue  NeuveSainl-Père  (des  Saints-Pères). 


12 


TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


Rue  des  Canettes. 

Rue  du  Vieux-Colombier. 


Rue  de  Vaugirard. 

Rue  d'Enfer  et  chemin  de  Vanves. 


VOIES  DONT  L'EXISTENCE  N'EST  CONSTATEE  QU'AU   XIV"  SIECLE. 


Chemin  sur  les  fossés,  entre  les  portes  Saint- 
Michel  et  Saint-Germain  (rue  Monsieur-le- 
Prince). 

Chemin  sur  les  fossés,  entre  les  portes  Saint- 
Germain  et  de  Bussy  (rue  de  l'Ancienne- 
Comédie). 

Chemin  sur  les  fossés, entrelesportesde  Bussy 
et  de  Nesle  (rue  Mazarine). 

Chemin  sur  le  fossé  de  l'abbaye  (rue  de  l'É- 
chaudé). 


Chemin  de  la  Noue  (rue  Bonaparte,   partie 

septentrionale). 
Chemin  des  Vaches  (rue  Saint-Dominique). 
Chemin  (rue)  de  Grenelle. 
Chemin  (rue)  de  Sèvres. 
Chemin  de  Saint-Germain  à  Vaugirard  (rue 

du  Cherche-Midi). 
Rue  du  Dragon. 
Rue  de  l'Égout. 


VOIES  DONT  L'EXISTENCE   N'EST  CONSTATEE  QU'AU  XV""   SIECLE. 


Rue  du  Sabot. 
Rue  des  Ciseaux. 

Rue  de  la  Voirie  des  bouchers  (remplacée  par 
la  rue  des  Quatre-Vents). 


Ruelle  des  Quatre-Venls. 

Rue  du  Clos-Bruneau,  puis  de  Condé. 

Rue  du  Pot-de-Fer. 

Sentierdu  Pressoir  de  IHôtel-Dieu  (supprime). 


VOIES  DONT  L'EXISTENCE  N'EST  MENTIONNEE  QU'AU  XVI*  SIECLE,   OU  AVANT   l6l  1. 


Petite  rue  de  Nesle. 

Rue  des  Marais. 

Rue  du  Colombier  (Jacob). 

Rue  Saint-Benoît  (cette  voie  et  la  précédente 

ont  remplacé  des  chemins  du  xiii°  siècle). 
Rue  Saint-Guillaume  (partie  débouchant  en 

la  rue  des  Saints-Pères). 
Rue  des  Rosiers  (Saint-Guillaume). 
Rue  de  la  Chaise. 
Petite  rue  Taranne. 
Rue  de  la  Foire  (Mabillon). 
Rue  du  Cœur-Volant. 
Rue  du  Petit-Lion. 
Rue  de  Tournon. 


Rue  du  Petit-Bourbon  (Saint-Sulpice). 

Rue  Garancière. 

Rue  du  Fossoyeur  (Servandoni). 

Rue  du  Canivet. 

Rue  Férou. 

Rue  Saint-Pierre  (impasse  Férou). 

Ruelle  longeant    le    cimetière  Saint-Suipice 

(supprimée). 
Rue  du  Gindre. 
Rue  Charpentier. 
Rue  Mézières. 
Rue  Honoré-Chevalier. 
Rue  Cassette. 
Rue  Bourbon-le-Château. 


RUE  DES  PETITS-AUGUSTINS.  13 


CHAPITRE  PREMIER. 

RUES   DU   BOURG   SAINT-GERMAIN. 

RUE   DES   PETITS-AUGUSTINS. 

(aCTUELLE](E>'T    partie    SEPTE^ITRIUNALE    de    la    rue    BONAPARTE.) 

La  rue  des  Petits-Augustins  commençait  au  quai  Malaquais  et  finissait  à  la  rue 
du  Colombier  (Jacob). 

Le  long  du  canal  connu  sous  le  nom  de  la  Petite-Seine  (voir  p.  18),  il  y  avait 
deux  chemins,  dont  le  plus  important,  situé  sur  la  rive  orientale,  datait  à  peu 
près  de  la  même  époque  que  le  canal,  puisqu'il  en  était  évidemment  la  voie  de 
halage.  Nous  le  trouvons  clairement  désigné  dans  un  document  de  i368,  par 
la  formule  :  «fcbemin  duquel  on  va  dudit  Pré  aux  Clercs  à  la  rivière  de  Seine; 
(T lequel  chemin  tient,  du  cousté  devers  la  ville  de  Paris,  à  la  place  où  jadiz 
<T  furent  les  jardins  de  Nesles,  et  d'autre  costé,  au  fossé  neuf  qui  vient  de  l'église 
ff  droit  à  la  rivière  de  Seinne.  ■»  On  l'appelait  également  :  «le  chemyn  de  la  Noue ^ 
(1 5^9),  <r  le  grand  chemin  de  la  Nouei)  (i5a3),  ir  chemin  allant  de  Sainct  Germain 
ttk  la  rivière,  anciennement  dict  la  Nouen  (iBag),  et  trie  hault  chemyn. 'n  Ce 
dernier  vocable  avait  pour  but  de  le  distinguer  du  chemin  creux,  produit  par  le 
comblement  de  la  Petite-Seine.  Or,  vers  t563,  le  chemin  de  la  Noue  fut  sup- 
primé, au  moins  partiellement,  par  les  moines  de  l'abbaye,  qui  en  baillèrent  à 
bâtir  l'emplacement,  sans  tenir  compte  des  droits  d'usage  de  l'Université,  et  à  son 
grand  détriment.  Aussi,  lors  du  procès  qui  amena  l'émeute  de  i568,  l'Université 
réclama-t-elle  vivement  qu'on  rétablît  dans  son  ancien  état  le  chemin  usurpé;  ce 
que  prescrivit,  en  effet,  un  arrêt  du  Parlement  rendu  le  i4  mai  i55i. 

Le  chemin  de  la  Noue  rétabli  donna  naissance  à  la  rue  des  Petits-Augustins,  qui 
n'a  par  conséquent  point  été  tracée  sur  le  Petit-Pré-aux-Clercs,  comme  le  soutenait 
l'Université  et  comme  l'assure  Jaillot,  mais  qui  occupe  l'emplacement  d'un  vieux 
chemin  ayant  toujours  limité  ce  Petit^Pré  et  le  séparant  de  la  Noue  et  du  Grand- 
Pré.  A  la  fin  du  xvf  siècle,  la  ruedes  Petits-Augustins  était  ainsi  énoncée  :fr  rue  que 
irl'on  dict  estre appelée  la  Petite  Seyneu  (i585),  (rrue  de  la  Petite  Seines  (i588), 
ff  petite  rue  de  SeineT»  (1.^90),  et  simplement  aussi  (rrue  qui  vient  du  Petit  Pré 
«raux  Clercs  à  la  rivières  (1695).  Nous  avons  trouvé  un  titre  de  i58i ,  où  elle  est 


14  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

appelée  «rue  de  Bouyn,^  à  cause  du  propriétaire  de  la  grande  maison  qui  la  bor- 
dait à  l'occident.  Le  nom  de  rue  des  Petits-Angustins  n'a  prévalu  qu'une  vingtaine 
d'années  après  la  fondation  du  couvent  des  Augustins  réformés;  on  en  faisait  usage 
dès  1698. 

L'an  1606,  la  reine  Marguerite  renferma  dans  son  hôtel  l'extrémité  septen- 
trionale de  la  rue  de  la  Petite-Seine,  qui  cessa  ainsi  d'aboutir  sur  le  quai  ;  mais, 
sur  la  requête  présentée  le  16  décembre  1617  par  les  habitants  du  faubourg,  le 
Parlement  ordonna,  \e  id  août  1619,  que  la  route  serait  rouverte  d'après  sou 
ancien  alignement  et  avec  sa  largeur  primitive  de  dix-huit  pieds.  Néanmoins,  de- 
puis ce  temps,  cette  voie  présente  une  légère  brisure  dans  sa  direction.  Quant  à 
la  largeur  de  dix-huit  pieds,  indiquée  aussi  dans  un  arrêt  de  1 55 1 ,  nous  ne  voyons 
point  à  quelle  époque  elle  a  pu  être  augmentée.  Convaincu  que  les  propriétés  du 
côté  oriental  n'ont  point  subi  de  reculement,  nous  croirions  volontiers  que  la  rue 
n'a  jamais  été  plus  étroite  qu'aujourd'hui.  Au  surplus,  en  1  SSy,  l'Université  se 
proposait  de  lui  donner  six  toises  de  largeur;  en  effet,  c'est  manifestement  la  rue 
des  Petits-Augiistins  qui  est  désignée  par  cette  phrase  du  toisé  du  18  février  : 
ffla  rue  que  l'on  entend  faire  et  continuer,  de  six  toises  de  largeur,  au  derrière  des 
ff  maisons  et  jardins  appartenans  à  monseigneur  de  Montpensier,  monsieur  du 
ff  Serseau  et  aullres.  n 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 

PAROISSE  SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAVE. 

L'emplacement  occupé  de  nos  jours  par  les  maisons  bordant  le  côté  occidental 
de  la  rue  des  Petits-Augustins  était  celui-là  même  où  passait  le  canal  de  la 
Petite-Seine.  Lorsque  ce  canal  eut  été  comblé,  le  terrain,  divisé  en  trois  pièces 
de  quatre-vingt-trois  toises  et  demie  chacune,  fut  baillé  par  l'abbaye  à  Jean  Bouyn , 
barbier  et  chirugien,  qui  y  établit  un  clos  et  une  maison  couverte  d'ardoise. 
L'ensemble  des  trois  pièces,  vendues  les  10  mars  15/11,9  mars  et  17  avril  i5/i3, 
était  limité,  au  nord,  par  le  chemin  ou  quai  de  la  rivière;  à  l'est,  parle  chemin 
dit  depuis  rue  des  Petits-Augustins  ;  à  l'ouest,  par  les  fossés  du  Sanitat,  et,  au 
midi,  par  le  chemin  des  fossés  de  l'abbaye  (rue  .Facob).  La  maison  de  Bouyn 
était  large  de  sept  toises  quatre  pieds,  du  côté  du  quai,  et  le  jardin  qui  en  dépen- 
dait touchait  à  la  borne  d'encoignure  du  Grand-Pré-aux-Clercs  ;  ce  qui  prouve 
que,  du  côté  de  la  rue  Jacob,  ce  jardin  avait  environ  dix-sept  toises  de  largeur. 

En  1  585,  le  7  septembre,  la  maison  de  J.  Bouyn  fut  vendue  par  son  fils  Prosper 


•       RUE  DES  PETITS-AUGUSTINS.  15 

Bouyn,  conseiller  au  Parlement,  à  Hugues  de  Castellan,  seigneur  de  Castelniore, 
chevalier  servant  de  la  reine  de  Navarre;  elle  était  alors  bornée,  vers  l'ouest, 
par  la  tranchée  de  l'égout.  Deux  ans  plus  tard,  la  partie  méridionale  de  la  pro- 
priété, qui  en  avait  été  retranchée,  formait  une  place  que  l'Université  voulut 
bailler  à  bâtir,  comme  on  le  voit  par  un  toisé  du  t8  février  iSSy,  où  elle  est  dite 
située  entre  ffla  rue  que  l'on  entend  faire  et  continuer,  de  six  toises  de  largeur,  au 
(T  derrière  des  maisons  et  jardins  appartenans  à  monseigneur  de  Montpensier, 
(T  monsieur  du  Serseau  et  aultres  (la  rue  des  Petits-Augustins),  et  ladicte  rue  faicte 
(rpour  l'esgout  du  faulbourg  S' Germaine  (voir  rue  Saint-Benoît).  Cette  place 
avait  douze  toises  et  demie  de  largeur  irpar  le  bout  vers  la  rue  du  Colombier,  à 
«f  distance  de  quatre  toises  du  mur  de  closture  qui  sépare  la  rue  du  Colombier 
(ret  le  fossé  de  l'abbaye;  a  quinze  toises  un  pied  à  l'autre  bout,  trvers  le  mur  de 
tt  clôtnre  du  jardin  de  M.  Bouyn.  n  et  quarante-huit  toises  cinq  pieds  de  profondeur, 
dimension  qui  se  retrouve  encore  dans  le  mur  mitoyen  du  couvent  des  Petits- 
Augustins,  actuellement  l'Ecole  des  Beaux-Arts. 

Sur  les  plans  de  Quesnel  et  de  Mérian  figure  une  ruelle  qui,  longeant  le  mur 
méridional  de  l'hôtel  de  la  Reine,  forme  une  communication  entre  les  rues  des 
Petits-Augustins  et  des  Sainls-Péres;  mais  il  n'est  point  d'autre  indication  de  cette 
ruelle,  et  nous  ignorons  si  elle  a  réellement  existé. 

La  place  dont  il  s'agit  ])arait  avoir  été  comprise  plus  tard  dans  les  six  arpents 
cédés  à  la  reine  Marguerite,  le  3i  juillet  j6oG,  et  elle  lit  ensuite  partie  des  dix- 
sept  cent  trente-deux  toises  du  fameux  jardin  de  Nicolas  Vauquelin,  seigneur  des 
Yveteaux.  Celui-ci  en  fit  acheter  le  terrain  des  Auguslins,  en  trois  lots,  par  le 
nommé  Nicolas  le  Prestre,  sieur  de  la  Chevalerie,  les  la  février  1611,  12  juillet 
161  3  et  8  janvier  1618.  Le  jardin  des  Yveteaux  n'ayant  été  aliéné  qu'en  i65g, 
c'est  postérieurement  à  cette  date  que  furent  bâties  les  maisons  qui  en  couvrent 
aujourd'hui  l'emplacement.  Quant  à  la  maison,  amoindrie,  ainsi  que  nous  venons 
de  le  dire,  par  le  retranchement  de  sa  partie  méridionale,  elle  fut  vendue,  le 
7  juin  iSgg,  ])ar  Renée  Forget,  veuve  de  Castellan,  à  la  dame  Renée  Lebeau. 
veuve  d'Etienne  Hue,  puis  revendue  par  celle-ci,  mais  en  partie  seulement,  si  nous 
ne  nous  trompons,  au  sieur  Gillel,  amjuci  elle  fut  définitivement  adjugée  par 
décret  du  18  février  i6oii.  Du  reste,  il  en  disposait  auparavant,  puisque,  dès  le 
dernier  jour  de  février  i6o3,  il  l'avait  baillée  aux  religieux  de  la  congrégation 
de  Jean  de  Dieu,  plus  connus  sous  le  nom  de  Frères  de  la  Charité,  congrégation 
dont  Henri  IV,  par  lettres  patentes  du  mois  de  mars  1602,  autorisa  l'établisse- 
ment en  France,  suivant  le  désir  de  sa  femme  Marie  de  Médicis. 

La  reine  avait  fait  venir  de  Florence  ces  bienfaisants  hospitaliers,  dont  l'ordre 
avait  été  fondé  à  Grenade,  vers  i^tio,  et  qui  s'étaient  voués  au  soulagement  des 
malades.  Les  Frères  de  la  Charité  se  répandirent  promptement  dans  une  partie  de 


16  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

l'Europe  et  arrivèrent  à  Paris,  où  ils  furent  quelque  temps  sans  trouver  un  lieu 
convenable  pour  s'établir;  ils  s'installèrent  enfin  dans  la  maison  de  Gillet,  La 
reine  paya  d'abord  le  loyer  de  cette  maison;  puis  elle  l'acheta,  le  6  janvier  i6o5, 
et  en  fit  don  à  ses  protégés,  le  5  février  suivant W.  D'importantes  réparations 
durent  y  être  exécutées  après  le  rétablissement  de  la  paix,  car  elle  avait  été  dé- 
vastée au  moment  du  siège  de  Paris,  parce  que  Castellan  tenait  le  parti  du  roi. 
En  lôgi,  elle  n'était  plus  qu'une  masure  renfermant  deux  corps  d'hôtel,  l'un 
sur  le  quai,  mesurant  sept  toises  de  large  et  trois  toises  et  demie  de  profondeur, 
et  l'autre  cren  potences  sur  la  rue. 

Bientôt  la  reine  Marguerite  eut  besoin  de  l'habitation  des  «pauvres  Frères  igno- 
ffransii  pour  la  construction  de  son  nouveau  palais'^'.  Elle  s'en  empara  donc,  en 
les  indemnisant,  le  4  septembre  i6o6,  par  l'abandon  d'une  autre  maison,  située 
rue  des  Saints-Pères,  là  oii  est  maintenant  l'hôpital  de  la  Charité  (voir  rue  des 
Saints-Pères).  La  propriété  de  Gillet  paraît  avoir  formé  le  coin  du  quai,  sur  le- 
quel elle  avait  une  façade;  dans  tous  les  cas,  elle  était  distincte  encore,  en  i6o5, 
d'une  autre  maison  de  la  dame  Renée  Lebeau,  à  laquelle  elle  aboutissait,  suivant 
les  titres (''.  Toutes  deux  furent  absorbées  dans  le  palais  de  la  reine  Marguerite, 
et,  après  la  destruction  de  ce  palais,  le  terrain  qu'elles  avaient  occupé  servit  à 
bâtir  plusieurs  hôtels,  dont  nous  parlons  ailleurs  (voir  art.  du  Sanital). 


Toutefois,  un  terrain  d'un  demi-arpent,  qui  bordait  la  rue  de  la  Petite-Seine  et 
qui  avait  dépendu  de  la  maison  de  Gillet,  est  le  premier  de  ceux  où  fut  établi  le 
Couvent  de  la  Sainte-Trinité,  appelé,  dans  la  suite,  des  Petits-Auglstins. 

Ce  terrain  d'un  demi-arpent,  dont  il  vient  d'être  question,  fut  acquis  de  Jean 
Carrel,  le  ik  mai  i6o8,  par  la  reine  Marguerite,  qui,  le  samedi  26  septembre 
1609,  en  fit  don  aux  Augustins  déchaussés**',  en  y  joignant  : 

1°  Un  grand  jardin  clos,  d'une  superficie  de  deux  arpents  et  demi  et  demi-quartier, 
situé  derrière  la  pièce  de  Carrel '''';  lequel  jardin,  planté  d'arbres  fruitiers,  renfer- 
mant une  maison  et  renfermé  lui-même  dans  une  pièce  de  trois  arpents  un  quar- 


'"'  On  lit  dans  la  Chronologie  septénaire  de  Palma 
Cayet,  année  1606:  «Dans  le  fauxbourg  Sainct- 
(tGermain  des  Prés,  se  sont  établis  les  Frati  igno- 
«ranti,  autrement  dicts  de  Sainct-Jean,  lesquels 
csont  très  sçavants  es  remèdes  de  toutes  maladies, 
fils  s'appellent  ainsi  par  une  façon  de  modestie 
ffet  ne  recherchent  pas  les  disputes  de  paroles,  n 
—  fcCes  religieux  ont  eu  pour  favorable  la  Royne 
irtrès-chreslienne,  qui,  par  sa  piété,  les  a  faict  es- 
-fftablir.  Ils  sont  hospitaliers,  non -seulement  poui- 
ir héberger  les  passants,  mais  aussi  les  malades, 
frmesmes  de  maladies  dangereuses,  les  panser  eux- 
trmesmes  de  leurs  mains,  leur  fournir  des  médica- 


(tments  et  les  nourrir,  n  (Édition  Michaud,  p.  988.) 

'*'  On  les  avait  appelés  Frali  ignoranti  en  Ita- 
lie, parce  qu'ils  n'étudiaient  ni  la  théologie  ni  les 
belles-lettres. 

'''  Les  renseignements  qu'on  y  trouve  sont  fort 
confus  sur  toute  cette  région;  ils  ne  suffisent  point, 
d'ailleurs,  pour  en  faire  bien  comprendre  les  détails 
topographiques. 

'**  C'est  celui  oii  s'élèvent  l'église  et  les  bâtiments 
en  bordure  sur  la  rue  Bonaparte. 

<*'  Ce  jardin  est  demeuré  celui  du  couvent,  et 
c'est  sur  son  emplacement  qu'a  été  construit  le  grand 
bâtiment  de  l'École  des  Beaux-.Arls. 


> 


s  1  V  xl  Ô  V  T  V  K 


I  V  n  Ô 


y. 


■f. 


',<'..   X-y 


•*"H 


L_^ 


^^? 


RUE  DES  PETITS-AUGUSTINS.  17 

tier,  qui  aboutissait  sur  la  rivière,  avait  été  acquis,  le  17  mars  1608,  des  jardiniers 
Louis  Charly  et  Antoine  Dalleray,  après  avoir  été  acheté  par  Mathieu  Aubourg,  les 
16  octobre  1  600  et  i3  février  1601,  des  frères  Lefèvre  et  de  Julienne Bouchardeau; 

9°  Six  arpents  du  Grand-Pré-aux-Clercs,  cédés  par  l'Université,  le  3i  juillet 
1606  (voir,  dans  le  second  volume  de  cet  ouvrage,  la  notice  sur  le  Grand-Pré- 
aux-Clercs). 

Sur  le  terrain  de  Carrel,  contigu,  vers  le  nord,  au  palais  de  la  Reine,  et  borné, 
du  côté  de  l'occident,  par  l'égout  du  faubourg,  avait  été  élevé  tt  un  logis  de  trois 
r travées  1?  avec  une  chapelle  «bastie  d'une  nouvelle  façon,  en  forme  d'exagone,Ti 
et  couverte  d'un  dôme.  La  première  pierre  en  avait  été  posée  le  21  mars  1608, 
d'après  l'inscription  suivante,  gravée  en  lettres  d'or  sur  une  plaque  de  marbre, 
qu'on  y  voyait  près  de  la  porte:  «Le  21  mars  mil  six  cens  huict,  la  royne  Mar- 
r  guérite,  duchesse  de  Valois,  petite  fille  du  grand  roy  François,  fille  du  bon  roy 
ff  Henry,  sœur  de  trois  rois,  et  seule  restée  de  la  race  des  Valois,  ayant  esté  visitée 
(ret  secourue  de  Dieu  comme  Job  et  Jacob,  et  lors  luy  ayant  voué  le  vœu  de 
«Jacob,  et  Dieu  l'ayant  exaucée,  elle  a  basti  et  fondé  ce  monastère  pour  tenir  lieu 
frdo  l'autel  de  Jacob,  où  elle  veut  que  perpétuellement  soient  rendues  actions  de 
ff  grâces,  en  recognoissance  de  celles  qu'elle  a  receues  de  sa  divine  bonté.  Et  a 
r  nommé  ce  monastère  de  la  Saincte  Trinité,  et  cette  chapelle  des  Louanges,  où 
«telle  a  logé  les  Pères  Augustins  réformez  deschaux. ■" 

Les  religieux  choisis  par  la  reine  Marguerite  pour  accomplir  le  vœu  qu'elle 
avait  fait,  lorsqu'elle  se  trouvait  en  danger  de  mort  au  chcUeau  d'ilsson,  étaient 
au  nombre  de  vingt,  soit  six  prêtres  et  quatorze  frères.  Ils  avaient  à  leur  tète  le 
P.  Mathieu  de  Sainte-Françoise  et  le  P.  François  Amel,  qui  avait  obtenu,  dès  le 
26  juin  I  607,  une  aulorisalion  royale  d'établissement  pour  le  nouvel  ordre,  dont 
il  fut  le  principal  |)romoteur.  Ce  môme  religieux  remplissait  les  fonctions  de  pré- 
dicateur ordinaire  de  la  Reine;  mais  il  ne  conserva  pas  longtemps  sa  faveur.  Ne 
rencontrant  [)oint  chez  lui  autant  d'indulgence  ([u'elle  l'eût  désiré  pour  couvrir 
les  désordres  de  sa  vie,  elle  s'avisa  tout  d'un  coup  que  les  moines,  par  elle  dotés 
de  six  mille  livres  de  rente,  ne  pouvaient,  suivant  fleurs  constitutions,  posséder 
-aucunes  rentes,  ne  possessions,  ny  mesmes  chanter  à  note,  qui  étoient  choses  du 
irtout  contraires  à  son  intention.-!'  Elle  les  renvoya  donc  en  1612,  et,  par  contrat 
du  1  3  avril  1 6 1 3 ,  elle  leur  substitua  les  Augustins  réformés  de  la  province  de 
Bourges,  dits  Petits- Auguslins.  Elle  avait  promis  à  ceux-ci  de  leur  construire  une 
grande  église;  mais  elle  mourut  avant  d'avoir  tenu  sa  parole. 

La  première  pierre  de  l'église  des  Petits- Augustins  fut  posée,  le  i5  mai  1617, 

par  la  reine  Anne  d'Autriche,  et  l'édifice,  achevé  au  bout  de  deux  années,  fut 

dédié  sous  l'invocation  de  saint  .\icolas  de  Tolenlin.  Les  bâtiments  du  cloître, 

commencés  le  27  juin  1619,  et  utilisés  comme  musée,  après  la  suppression  du 

III.  3 


18  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

monastère  en  1790,  font  actuellement  partie  de  l'Ecole  des  Beaux-Arts.  iNous  en 
donnons  un  plan  dressé  par  M.  Albert  Lenoir. 

Noue  ou  PEIIIE-SEmE.  On  a  bien  souvent  parlé  de  ce  canal,  mais  toujours 
avec  inexactitude  et  sans  parvenir  à  éclaircir  les  nombreuses  questions  qui  s'y  rat- 
tachent. L'origine  de  la  Noue,  par  exemple,  est  demeurée  fort  obscure,  et  Dulaure 
ne  l'a  certes  point  élucidée,  en  supposant  que  la  Petite-Seine  fut  d'abord  un  fossé 
destiné  à  limiter  le  palais  des  Thermes.  Une  pareille  opinion  ne  se  discute  pas; 
c'est  de  l'érudition  de  fantaisie. 

Pendant  le  procès  de  ibkS,  l'avocat  de  l'Université  répondit  aux  assertions 
des  religieux  de  Saint-Gerraain-des-Prés,  en  leur  rappelant  que  la  Noue  n'avait 
été  creusée  qu'à  l'époque  où  l'on  entoura  de  fossés  le  monastère.  On  pourrait 
citer,  à  l'appui  de  cette  assertion,  l'expression  de  Fosse  neuf,  appliquée  à  la  Noue 
dans  une  charte  de  i368,  c'est-à-dire  contemporaine  de  ce  travail.  Nous  pensons 
toutefois  que  la  Petite-Seine  existait  bien  antérieurement,  et  que  si,  en  i368, 
on  l'énonçait  «  un  fossé  neuf,  n  c'est  uniquement  parce  qu'elle  avait  été  depuis  peu 
élargie  et  approfondie,  à  l'occasion  de  la  création  des  fossés  de  l'abbaye.  Nous  ne 
croyons  pas,  en  effet,  qu'il  soit  possible  d'expliquer  autrement  le  passage  d'une 
transaction  de  1  299 ,  où  il  est  fait  mention  d'un  fossé  attenant  au  Pré-aux-Clercs, 
ainsi  qu'aux  muiailles  de  l'abbaye,  et  débouchant  dans  la  Seine  :  rr Extra  muros 
trabbatie  predicte  conjunctos  cum  ipso  fossato,  juxta  pralum  nostrum  (Universi- 
fftatis),  versus  locum  in  quo  cum  Sequana  conjungitur  predictum  fossatum.fl 
Qu'est-ce  que  ce  fossé?  Evidemment  la  Petite-Seine ''l 

11  y  a  tout  lieu  de  croire  que  la  Petite-Seine  avait  été  creusée  originairement 
afin  qu'on  pût  conduire  des  barques  chargées  jusque  sous  les  murs  du  monastère, 
et  cr  amener  des  bateaux  de  boys  et  autres  dedans  ladicte  abbaye,  pour  la  provi- 
trsion  d'icelle.  n  Ces  conjectures  sont  confirmées  par  un  procès-verbal  de  bornage 
dressé  en  i5i5.  Subsidiairement,  la  Petite-Seine  alimentait  d'eau  les  fossés  du 
couvent;  aussi  l'appelle-t-on,  dans  un  acte  de  ikk^,  rrung  grant  fossé  par  le- 
fcquel  se  vuyde  l'eaue  des  fossez  de  ladite  église  et  abbaye  dudit  Saint-Germain 
trà  Seine.  T  Elle  était  poissonneuse,  et  le  droit  d'y  pêcher  appartenait  aux  moines. 
Utihsée  comme  voirie,  elle  fut  comblée  imparfaitement  entre  i53o  et  iBio,  et, 
comme  elle  demeurait  à  sec,  excepté  dans  les  temps  de  hautes  eaux,  elle  devint 
une  sorte  de  voie  basse  qu'on  appelait  crie  chemin  creux, ti  par  opposition  au 
(t  hault  chemin ,  v  pratiqué  sur  sa  berge. 

'''  Dans  les  plaidoiries  du  procès  de  i548,  on  «environ,  qu'il  y  avoit  un  foss<5  entre  le  Grand  el 

trouve  cette  explication  donnée  par  le  substitut  du  rrle  Petit  Pré   des   Escholiers,  faisant  séparation 

procureur  général  :  rrd'iceux,  qui  commençoit  à  la  poterne  de  l'abbaye 

ffll  fault  entendre  qu'il  y  a  it  trois  cents  ans,  ou  rret  alloit  à  !a  Seine.  t> 


RUE  DES  PETITS-AUGUSTINS. 


19 


A  l'époque  où  la  Petite-Seine  était  encore  navigable,  c'est-à-dire  au  commence- 
ment du  xvi^  siècle,  on  la  nommait  la  Noue,  k  fossé  de  la  Noue,  et,  vraisemblable- 
ment aussi,  la  Petite  Seine,  puisque  la  rue  des  Petits-Augustins  a  été  d'abord 
nommée  rue  de  la  Petite-Seine.  Toutefois,  il  n'est  point  nn  seul  titre,  à  notre  con- 
naissance, où  la  Noue  soit  ainsi  désignée.  Si  l'appellation  de  Petite-Seine  se  re- 
trouve très-fréquemment  dans  les  archives  de  labbaje,  c'est  constamment  pour 
désigner  un  territoire  qui  était  situé  près  de  l'île  Maquerelle,  et  dont  nous  avons 
eu  une  peine  extrême  à  déterminer  l'identité,  par  suite  du  défaut  de  clarté  des 
textes  et  des  idées  fausses  que  nous  avaient  suggérées  les  historiens.  (Voir,  dans 
le  second  volume  de  cet  ouvrage,  le  deuxième  triage  des  terres  en  culture.) 

La  largeur  réelle  de  la  Petite-Seine,  à  partir  du  (juai  Malaquais,  est  mal  indi- 
<|uée  partout,  car  on  a  constamment  répété,  d'après  Du  Boulay  et  Pourchot,  qu'elle 
mesurait  quatorze  toises.  Or  les  fouilles  qu'on  exécuta  au  mois  d'août  i568, 
afin  de  reconnaître  où  passait  jadis  la  Petite-Seine,  pernn'rent  de  constater  que, 
à  l'endroit  de  la  première  tranchée,  près  de  la  rivière,  elle  était  large  de  onze 
toises  seulenjent,  et  qu'elle  allait  ensuite  en  se  rétrécissant,  de  façon  à  ne  plus 
offrir  que  huit  toises  et  demie  de  largeur,  à  la  dernière  tranchée,  près  des  fossés  de 
l'abbaye.  On  constata  également  que  la  largeur  du  fond  ne  dépassait  point  cinq 
toises,  les  parois  étant  disposées  en  talus  et  «  venant  en  quelque  manière  de  roton- 
rdité  par  les  angles  basses,  à  cause  du  roulement  des  terres,  n 

Le  procès-verbal  des  fouilles  de  i5^8  nous  fournit,  en  outre,  quelques  données 
précises  sur  l'emplacement  du  canal,  dont  il  ne  subsiste  aucune  trace  et  dont  les 
restitutions  graphiques  son!  purement  arbitraires.  A  la  hauteur  de  la  troisième 
tranchée,  où  le  canal  était  large  de  dix  toises,  l'espace  entre  la  berge  orientale 
et  le  mur  des  jardins  de  Bastonneau  (l'hôtel  de  la  Hochefoucault)  mesurait  seize 
pieds.  Vis-à-vis  de  la  deuxième  tranchée,  où  le  canal  était  pareillement  large  de 
dix  toises,  il  était  distant,  de  douze  pieds,  de  la  maison  de  Jacques  de  Mesmes. 
Knlin,  au  droit  de  la  première  tranchée,  là  où  la  Noue  était  large  de  onze  toises, 
la  rue,  sur  un  espace  de  douze  pieds,  n'avait  point  été  prise  sur  l'emplacement 
du  canal;  le  reste  occuj)ait  une  zone  de  trois  toises  deux  pieds,  »!l  la  maison 
de  Houyn  sept  toises  quatre  pieds"'.  Or,  l'alignement  des  maisons  de  Baston- 


''  Un  lit,  en  eflet,  au  fol.  80  <lii  dossier  relatif 
au  procès  do  i5^i8  : 

" Dcdnns  laquelle  largeur  de  unze  toises 

"de  fosse,  par  hault.  à  l'endroit  de  la  dicte  maison 
Tcludirt  Bouyn.  icellc  maison  d'icellny  Houyn,  qui 
-contient  ««"pl  toises  quatre  piedz  de  largeur,  de 
ffleliorscn  dehors,  est  assize  et  situde.  Et  le  reste 
rdu  dict  fosse,  qui  est  de  trois  toises  deux  piedz 
rplus  large  que  la  dicte  maison  du  dict  Bouyn.  se 


ir |M>urcliasje  et  cxtend  sur  la  rue  et  chemin  qui  n 
-est^  faicte  entre  la  dicle  maison  et  jardin  d'icellny 
'Bouyn  et  les  maisons  et  jardins  de  monsieur  Jehan 
"Jacques  de  Mesmes,  maistre  Françoys  Baston- 
rrneau  et  autres,  de  costé  du  Petit  Pri*  et  de  l'hos- 
«rtel  de  Nelles;  de  sorte  que  la  dicte  rue  elchemyn 
«qui  y  est  aujourd"huy  est  faict  dedans  le  dici 
(f fosse,  excepté  douze  piedz  de  largeur  en  droit  la 
"•première  tranchée,  près  la  dicte  maison  d'icelluy 

3. 


20  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

iieau  et  de  .1.  de  Mesmes  s'étant  maintenu  jusqu'à  nos  jours,  nous  pouvons  sans 
hésitation  fixer  le  passage  du  canal  devant  ces  maisons.  Pour  déterminer  ensuite 
la  largeur  et  la  direction  de  la  Noue,  dans  le  voisinage  de  la  rivière,  i\  faut  tenir 
compte  de  l'inflexion  de  l'alignement  moderne,  un  peu  difl"érent  de  l'alignement 
ancien.  Cette  condition  observée,  on  reconnaît  que  la  berge  du  canal,  vers  Paris, 
devait  passer  très-près  du  point  où  se  trouve  l'encoignure  actuelle  de  la  rue  Bona- 
parte, du  côté  de  l'Institut. 

On  franchissait  le  canal  de  la  Petite-Seine,  en  amont,  au  moyen  d'un  petit 
pont  qui  était  situé  au  droit  de  la  rue  du  Colombier,  et  dont  la  destruction  fut 
causée  parle  comblement  du  canal.  En  aval,  il  ne  semble  point  qu'il  y  ait  eu  un 
second  pont.  Dans  le  rapport  rédigé  après  les  fouilles  de  1 5/i8 ,  on  lit  que  les  jurés 
admettaient  la  présence  du  haut  chemin  sur  la  rive  orientale  de  la  Noue,  attendu 
que,  disaient-ils,  ce  on  n'eust  sçeu  passer  le  travers  dudict  fossé  et  chemyn  creux, 
«quant  les  eaues  y  estoient,  du  costé  de  la  rivière  de  Seine,  sans  y  avoir  ung  pont 
«dont  ne  nous  est  apparu  aucune  chose;  mais,  le  long  du  chemyn,  du  costé  des  fossés 
(fd'icelle  abbaye,  on  passoit  par  le  petit  pont  dessus  mentionné,  et  venoit-on  par 
ttle  bault  chemyn,  que  nous  estimons  avoir  esté  du  costé  du  Petit  Pré,  au  port 
(fde  Nesles,  sans  plus  ouitre  traverser  ledicl  fossé,  appelle  le  Chemyn  creux. n 

CÔTÉ  ORIENTAL 

DE  LA  RUE  DES  PETITS-AUGUSTINS. 


Ce  côté  était  formé,  d'abord,  par  le  derrière  des  maisons  en  censive  de  Saint- 
Germain-des-Prés,  lesquelles  avaient  leur  entrée  dans  la  rue  de  Seine  (voir  à  l'ar- 
ticle de  cette  rue),  telles  que  l'hôtel  de  Ventadour  et  de  Montpensier;  puis,  par  la 
partie  latérale  de  deux  autres  hôtels  en  censive  de  l'Université,  celui  de  Burgensis, 
faisant  le  coin  septentrional  delà  rue  des  Marais,  plus  tard  à  Nicolas  Des  Yveteaux, 
et  la  maison  de  Du  Cerceau,  formant  l'angle  méridional  de  la  rue  des  Marais 
ainsi  que  le  coin  septentrional  de  la  rue  du  Colombier  (voir  Rue  du  Colombier). 


«tBouyn;  aussi  douze  piedz  de  largeur  en  droit  la 
rrseconde  tranchée,  à  l'endroit  du  jardin  d'icelluv 
ffde  Mesme;  seize  piedz  de  largeur,  à  l'endroit  du 
rtjardin  de  Bastonneau.  à  la  tierce  tranchée;  le  tout 
irdu  dict  costé  du  dict  Petit  Pré  et  hostel  de  Mesmes. 
'Et  à  la  quatriesme  et  cinquiesrae  tranchées,  ne 
(tsçaurions  donner  mesure  ne  distance,  pour  ce  que 
irce  sont  terres  vacques  et  où  il  n'y  a  nul  basli- 
(rment.  Aussi  avons  trouvé  que  le  jardin  du  dict 
ff  Bouyn  est  de  plus  grant  latitude  et  spaciosité  que 
rrsa  maison  et  corps  de  logis,  et  s'enclave  et  entre- 
(rprent  le  dict  jardin,  du  costé  du  Grant  Pré  aux 


ff Clercs,  ouitre  la  douve  et  haull  du  dict  fossé  ap- 
trpellé  chemyn  creux,  de  huic'.  toises  et  ung  pied 
iret  deniy  de  largeur,  eomprins  l'espoissenj-  du 
ffmur  de  la  closture  du  dict  jardin,  du  dict  costé 
rrdu  dict  Grant  Pré  aux  Clercs,  à  prandre  à  l'en- 
(rdroictde  la  dicte  maison  et  corps  de  logis  d'icelluv 
ffBouyn.  Et  à  l'endroict  de  la  quatriesme  tranchée, 
frenviron  le  meilleur  du  dict  jardin ,  icelluy  jardin 
trse  pourchasse  et  extend  du  costé  du  dict  Grant 
rrPré  au\  Clercs,  de  six  toises  cinq  piedz  et  deniy 
tfde  largeur,  aussi  compris  l'espoisseur  du  dict  mur 
ffde  closture »  (Arch.  nat.  carton  S  6188.) 


s  RUE  SAliNT-BENOlT.  21 

RUE   SAINT-BENOIT. 

1^  rue  Saint-Benoît  commence  à  la  rue  Jacob  et  finit  au  carrefour  Saint- 
Benoît  (place  Saint-Germain-des-Prés). 

Avant  que  l'abbaye  Saint-Germain  fût  munie  de  fossés,  le  long  de  son  enceinte, 
vers  l'ouest,  il  existait  sans  aucun  doute  un  chemin  semblable  à  ceux  qui  longeaient 
celte  enceinte  du  côté  du  midi  et  du  côté  du  nord.  11  est  même  parlé  assez  clai- 
rement de  cette  voie  dans  une  charte  de  laSg,  que  nous  citerons  à  l'article  de 
la  chapelle  de  Saint-Martin  des  Orges  (voir  Bue  du  Colombier).  Du  Boulay  dit  que 
ce  chemin  occidental  s'appelait  la  me  des  Varhes,  ce  qui  n'est  point  absolument  in- 
vraisemblable, puisque  la  rue  de  l'Égout,  prolongeant  la  rue  Saint-Benoît,  a  reçu 
le  nom  de  rue  des  Vaches;  néanmoins  plusieurs  raisons  nous  engagent  à  croire 
(|ue  Du  Boulay  a  fait  confusion  <''.  Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  opinion  ,  il  est  certain 
que  la  rue  Saint-Benoît  tire  son  origine  du  chemin  qu'on  établit  le  long  des  fossés 
creusés  en  i3()8,  et  dont,  vers  le  couchant,  l'enqdacemont  fut  pris,  pour  la 
majeure  partie,  aux  dépens  des  terrains  du  Grand-Pré-aux-Clercs.  Or,  le  7  fé- 
vrier i5/itj,  l'abbé  du  monastère  permit  à  ses  religieux  w  de  parachever  la  clôture 
«f  de  sept  arpens  de  terre,  pour  iceux  joindre  aux  murailles  de  l'abbaye,  et  faire 
(f  fossés  et  réservoirs  à  poisson '*';  a  ce  qui  signifie  que,  quand  on  transforma  en 
vivier  le  fossé  du  couvent,  on  voulait  prolonger  jusqu'à  son  enceinte  les  murailles 
de  la  courtille. 

A  la  suite  d'incidents  sur  lesquels  nous  reviendrons,  et  dès  le  7  mars  i5/i3, 
les  moines  réalisèrent  leur  projet,  ce  qui  causa  la  suppression  complète  du  chemin 
latéral  au  fossé.  Toutefois,  ce  nouvel  état  de  choses,  fort  contraire  aux  droits  de 
l'Université,  ne  subsista  pas  longtemps,  car,  le  10  juillet  i5^8,  c'est-à-dire 
immédiatement  après  la  grande  émeute  d'écoliers  que  nous  racontons  ailleurs,  le 
Parlement  ordonna  la  réouverture  de  »  l'ancien  chemin  qui  estoit  derrière  les 

(r murailles  de  ladicle  abbaye, n lequel  avait  (testé  eslouppé  (bouché)  par  les 

ff  murailles  du  cloz  do  ladicte  abbaye,  u  et  laissait  des  traces  faciles  à  retrouver.  La 
même  prescription  fut  répétée  dans  l'arrêt  définitif  de  i55i,  où  il  est  dit  que, 
«relativement  à  ....  la  délivrance  et  restablissoment  de  l'ancien  chcmyn  qui 
ffsouloit  eslre  derrière  et  le  long  des  fossez  de  ladicle  abbaye,  commençant  par 
ffhault  au  carrefour  de  la  rue  aux  Vaches  (carrefour  Saint-Benoît)  comme  ancien, 
ffsera  et  demourera  ouvert,  et  de  la  largeur  de  dix-huit  pieds,  à  icelluy  com- 
(rmencer  par  hault  audict  carrefour  aux  Vaches,  et  continuera  le  long  des  fossez 

'■'  Mftn.  hinl.  êur  In  propriété  du  Pré  aux  Clerc* ,  conlribiie  à  nous  faire  rejeter  la  première  asser- 

p.  60a.  —  Du  lloulay  dit  en  même  temps  que  la  lion. 

me  Sainl-Benoll  s'est  appelée  le  Grand  et  le  Haut  '*'  Inventaire  de  l'Abbaye.  (Arcb.  nat.  reg.  LL 

Chemin,  ce  qui  est   assurdnienl  une  mëpri«c  et  ti^45.  p.  tiy.) 


22  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

trd'iceUe  abbaye;  et  à  l'endroit  où  souloit  estre  le  ponceau,  à  présent  descouvert, 
«dndict  lieu,  en  touinant  un  peu  à  main  dextre,  se  continuera  de  pareille  lar- 
ff  geur  le  long  du  Petit  Pré  aux  Clercs  et  jusqu'à  la  rivière  de  Seine,  v  Ce  parcours 
est  représenté  aujourd'hui  par  la  rue  Saint-Benoît,  une  partie  de  la  rue  Jacob  et 
de  la  rue  Bonaparte,  ou  des  Petits-Augustins. 

Le  9  mars  1677,  le  Parlement  rendit,  relativement  à  l'écoulement  des  eaux 
croupies  de  la  rue  Taranne  (de  l'Égout),  un  arrêt  contradictoire  entre  les  manants 
du  faubourg  Saint-Germain,  d'une  part,  et,  d'autre  part,  les  moines  de  l'ab- 
baye, le  Prévôt  des  Marcliands  et  le  sieur  de  Taranne'".  Cet  arrêt,  dont  les  habi- 
tants du  faubourg  réclamaient  l'exécution  le  3o  octobre  suivant,  ayant  été  sans 
effet,  parce  que  personne  ne  voulut  contribuer  aux  dépenses  qu'il  s'agissait  de 
faire,  le  Parlement  en  rendit  un  autre,  à  la  date  du  16  juin  1678.  Prenant  en 
considération  «  l'inconvénient  de  l'air,  qui  pouvoit  estre  infecté  au  moyen  des 
tteauesTi  stagnantes  de  la  rue  de  l'Egout,  il  ordonna  que  les  frais  des  avuidanges 
et  des  terres,  pantes  et  pavez  nécessaires  a  incomberaient  par  tiers  aux  habitants  du 
faubourg,  à  la  Prévôté  des  Marchands  et  à  l'abbaye. 

Le  28  août  suivant,  il  fut  défendu  au  Corps  de  Ville  et  à  l'Université  de  trou- 
bler les  habitants  du  faubourg,  en  les  empêchant  de  pratiquer  l'égout  projeté, 
pendant  qu'on  procéderait  à  la  levée  de  la  taxe,  dont  les  conseillers  Jacques Biisart 
et  Pierre  VioUe  furent  nommés  commissaires  répartiteurs,  le  i5  juin  i579-  Un 
autre  arrêt,  du  16  décembre  delà  même  année,  ayant  décidé  que  l'inspection  et 
la  conduite  des  travaux  appartiendraient  au  Prévôt  de  Paris  et  au  Prévôt  des  Mar- 
chands, on  se  mit  à  l'œuvre,  et  l'on  creusa  un  égout  à  ciel  ouvert.  Cet  égouf. 
voûté  en  16/10,  subsiste  encore  sous  le  sol  de  la  rue  Saint-Benoît.  H  ne  fut. point,' 
au  reste,  immédiatement  conduit  jusqu'à  la  rivière,  car  on  en  abandonna  les 
travaux  lorsque  la  tranchée  eut  atteint  les  environs  de  la  rue  du  Colombier. 
Demeurant  ainsi  sans  issue,  l'égout  déversa  sur  le  Pré-aux-Clercs  un  nouveau 

cloaque ,  où  a  les  immundices  s'arrestoient au  danger  du  publicq.  v  L'Université 

s'en  émut  et  réclama  l'achèvement  de  la  tranchée  jusqu'à  la  Seine,  ce  que  pres- 
crivit un  arrêt  du  Parlement,  du  5  août  i586(-),  rendu  à  la  suite  d'un  arrêt  ana- 
logue, en  date  du  6  septembre  i585. 

Le  7  août  de  cette  dernière  année,  la  Cour  avait  aussi  décidé  qu'on  prierait  la 
Reine  de  faire  autoriser  par  le  Roi  un  emprunt  de  deux  mille  écus,  montant  de  la 
part  de  la  Ville  dans  la  dépense  motivée  par  l'exécution  de  l'arrêt  de  1  678.  Celui 

<''  Il  avait  ('lé  prt^cédé  d'un  premier  arrêl,  en  l'ouvrage  de  Fëlibien  et  les  archives  de  l'Abbaye, 
date  du  9  juillet  1676,  qui  se  rapportait  au  même  '^'  Il  semble  pourtant   que   la    tranchée   était 

sujet,  mais  que  nous  n'avons  pas  plus  retrouvé  achevée  avant  cette  date,  puisque,  dans  l'acte  de 

dans  les  registres  du  Parlement  que  les  divers  vente  du  7  septembre  i585,  cité  plus  haut,  la 

autres  arrêts  dont  nous  parlons  ici.  L'indication  maison  de  Bouyn,  aboutissant  sur  le  quai ,  est  dite 

nous  en  est  fournie  par  les  archives  de  l'Université,  tenir  trà  une  tranchée  nouvellement  faicte.  ^ 


*  RUE  SAINT-BENOIT.  23 

de  i586  autorisa,  de  plus,  l'Université  à  prolonger  la  rue  Saint-Benoît  dans  la 
direction  du  quai,  et  à  bailler  les  terrains  riverains  de  la  tranchée,  à  charge  par 
les  preneurs  de  Mtir  et  de  balayer  chaque  jour  devant  leur  lot.  11  existe  un  procès- 
verbal  de  toisé  de  ces  terrains,  énoncés  les  tr places  que  lesd.  sieurs  (de  l'Univer- 
(Tsité)  entendent  bailler  à  rente  pour  y  bastir  et  faire  closture,  le  long  des  deux 
ffcostez  de  la  rue  naguères  faicte  de  neuf  le  long  dudict  pré,  pour  l'esgout  de  la 
r  rue  de  Tournon  (Taranne)  en  la  rivière,  et  enipescher  que  les  chevaulx,  harnoys 
(tet  gens  de  pied,  qui  passent  ordinairement  par  ledict  pré  et  qui  le  détériorent 
(ret  gastent,  n'y  puissent  plus  passer,  ne  y  porter  d'ordures  et  immundices  comme 
srl'en  faict  à  présent.-? 

L'une  des  places,  profonde  de  huit  toises  et  longue  de  (juatre-vingt-dix-huit 
toises  cinq  pieds,  longeait  la  rue  Saint-Benoît  et  s'étendait,  en  réalité,  de  la  pre- 
mière à  la  trente -troisième  borne  du  Grand-Pré;  l'autre  place  était  comprise 
entre  la  rue  de  la  Petite-Seine  (des  Petits-Augustins)  et  la  rue  Saint-Benoît  pro- 
longée, laquelle  est  nommée,  dans  le  toisé,  tria  rue  faicte  pour  l'esgout  du  faul- 
ff  bourg  Saint-Germain,-)  et,  dans  un  titre  de  i588,  crrue  neufvc  prenant  depuis 
(fia  rue  Tarenne,  du  costé  de  la  rivière. t)  Il  ne  semble  pas  cependant  qu'on  ait 
jamais  commencé  à  y  bâtir,  et  le  projet  en  était  abandonné  cpiand  le  (juartier  se 
couvrit  d'habitations.  Entre  la  rue  Jacob  et  le  quai,  l'égout,  au  contraire,  a  tou- 
jours été  conservé,  et  il  est  encore  aujourd'hui  en  usage,  après  avoir  été  restauré 
dans  le  dernier  siècle.  Il  avait  été  partiellement  recouvert,  en  1608,  par  la  reine 
Marguerite,  irainsy  qu'il  est  justifié  par  le  journal  que  cette  princesse  tenoit  elle- 
rrmême  des  ouvrages  de  cette  construction,  a  est-il  dit  dans  un  mémoire  de  1  789  : 
le  reste  fut  voûté  en  vertu  d'une  transaction  de  t6ti.  (Voir,  dans  le  second  vo- 
lume de  la  Région,  la  fin  de  la  notice  sur  le  Pré-aux-Glercs.) 

La  rue  Saint-Benoît  s'appelait,  en  iSSy,  irla  rue  de  l'Esgout,)»  ou  cla  rue  faicte 
(rpour  l'esgout  du  faulbourg  Saint  Germain, n  et,  en  1609,  tria  rue  de  l'Esgout  de 
(t derrière  les  fossés  de  l'Abbaye. n  Dans  une  permission,  accordée  le  i5  février 
1687  à  Denis  Allan  et  Pierre  Gaudeau,  d'y  passer  avec  c  leurs  harnoys  et  che- 
(T  vaulx,î)  elle  est  considérée  comme  la  continuation  de  la  rue  de  lEgout-du-Four, 
et,  pour  cela,  nommées  rue  de  Tarenne  au  long  du  jardin  du  s'  de  Sansac.  d 
Vei-s  1 6/10 ,  elle  a  été  dite  rue  des  Fossés-Saint-Germain,  et,  dans  un  acte  de  16/42. 
(true  des  Esgoulz.  à  présent  appellée  de  Sainct  Benoist. n  Le  nom  de  Saint-Be- 
noît, fondateur  de  la  règle  suivie  par  les  moines  de  l'abbaye,  avait  été  donné  à  la 
voie  dès  i6/ii,  lorsqu'on  vendit,  pour  y  bâtir,  la  partie  des  fossés  s'étendant  du 
carrefour  Saint-Benoît  à  la  porte  Papale. 

CÔTÉ  ORIENTAL. 

Le  côté  oriental  de  la  rue  Saint-Benoît  était  formé  par  le  fossé  de  l'abbaye. 
Entre  la  rue  du  Golombier  et  la  porte  Papale,  au  lieu  qu'on  nommait  le  Vivier,  il 


U  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

était  large  de  dix  toises  et  avait  sa  contrescarpe  parallèle  aux  muis  de  l'abbaye. 
Au-dessus  de  la  porte  Papale,  et  au  moins  depuis  la  création  de  l'égout,  le  fossé 
allait  en  se  rétrécissant,  de  façon  à  ce  que  la  contrescarpe  passât  fort  près  de  la 
tour  d'encoignure  du  redan  de  l'enceinte  du  couvent.  Au  delà  du  redan,  la  con- 
trescarpe redevenait  parallèle  aux  murs  de  l'abbaye,  comme  le  montre  le  plan  de 
1  568  ;  mais  cet  état  de  choses  paraît  avoir  été  modifié  avant  l'année  1661,  durant 
laquelle  les  terrains  du  fossé,  entre  le  carrefour  Saint-Benoît  et  la  porte  Papale, 
furent  baillés  à  bâtir  en  cinq  lots. 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 

Du  côté  occidental  de  la  rue  Saint-Benoît,  se  trouvait  la  courtille  de  l'abbaye, 
comprenant  le  derrière  de  la  maison  de  Sansac,  puis  le  Pré-aux-Clercs,  dont  les 
terrains  restèrent  dépourvus  de  constructions  jusqu'en  161 3,  époque  où  les  Au- 
gustins,  à  qui  la  reine  Marguerite  les  avait  donnés,  les  vendirent  à  des  particuliei-s. 
Les  moines  de  Saint-Germain  vendirent  également,  en  161 5,  des  places  dépen- 
dant de  la  courtille  et  situées  en  bordure  sur  la  rue  Saint-Benoît. 


RUE   BEURRIERE. 

La  rue  Beurrière  comuiençait  à  la  rue  du  Four  et  finissait  à  la  rue  du  Vieux- 
Colombier.  Elle  a  été  absorbée  par  le  percement  de  la  rue  de  Rennes,  l'élargisse- 
ment de  la  rue  du  Vieux-Colombier  et  le  prolongement  de  la  rue  Madame. 

Jaillot  a  commis,  à  propos  de  cette  rue,  une  erreur  analogue  à  celle  dans 
laquelle  il  est  tombé  à  l'occasion  de  la  rue  du  Cœur-Volant.  Il  a  avancé,  en  efl'et, 
que  la  rue  Guillemin  était  la  voie  ancienne  qui  conduisait  de  la  rue  du  Four  au 
territoire  de  Cassel,  tandis  qu'il  considérait  la  rue  Beurrière  comme  moderne; 
c'est  le  contraire  qui  est  vrai. 

Puisqu'une  seule  des  deux  rues  existait  au  commencement  du  xvn*  siècle,  ainsi 
qu'il  ressort  de  tous  les  documents,  la  question  consiste  à  déterminer  laquelle  a 
été  ouverte  postérieurement  à  l'autre.  Pour  résoudre  le  problème,  il  n'est  point 
nécessaire  d'invoquer  les  présomptions  si  concluantes  qui  naissent  de  la  comparai- 
son des  abgnements  des  deux  voies,  et  du  lotissement  si  caractéristique  de  leurs 
propriétés  riveraines;  nous  nous  abstiendrons  même  de  parler  des  résultats  très- 
précis  que  nous  ont  donnés  nos  restitutions;  nous  nous  bornerons  à  citer  un  fait 
rendant  toute  incertitude  impossible.  Dans  les  archives  des  Dames  de  la  Miséri- 
corde, dont  le  couvent  était  situé  rue  du  Vieux-Colombier,  à  l'orient  de  la  rue 
Guillemin,  il  existe  une  transaction  du  8  octobre  i63o,  relative  à  une  place  pro- 
fonde de  douze  toises  et  large  de  dix  rsur  la  rue  Neufve,  qui,  est-il  dit  dans 


>  RUE  BEURRIÈRE.  25 

l'acte,  sera  faiete  sans  aucune  traverse, d  et  en  laquelle  «ruelle  nouvelle n  les 
preneurs  du  terrain  seraient  tenus  de  faire  paver  devant  leur  lot,  lorsqu'il  y  aurait 
lieu.  Or  on  voit,  par  des  titres  postérieurs,  que  la  place  baillée  en  i  63o  est  celle 
où  s'élevèrent  deux  maisons  faisant  front  sur  la  rue  Guillemin  et  aboutissant  au 
couvent  de  la  Miséricorde,  dont  elles  constituèrent  des  dépendances.  11  est  donc 
matériellement  établi  que  la  rue  Beurrière  est,  des  deux  voies,  la  plus  ancienne,  et 
que  Sauvai  ne  se  trompait  pas  en  donnant  l'épithète  de  nouvelle  à  la  rue  Guillemin. 

Le  four  bannier  de  l'abbaye  était  placé  dans  la  maison  faisant  le  coin  oriental 
de  la  rue  du  Four  et  de  la  rue  Beurrière;  aussi  avons-nous  trouvé  cette  dernière 
appelée  iniella  Fuiiii,  dans  une  charte  de  i  ^66  ('';  ruella  que  dicitur  ruclla  de  Furno, 
dans  une  autre  de  i  271,  et  ir ruelle  du  Four  Banniern  en  1612  et  i5to.  Comme 
elle  débouchait  devant  l'hôtel  ou  territoire  de  Cassel,  elle  a  été  énoncée  «ruelle 
rde  Quassayn  (sic)  (lilog);  (truelle  par  ofi  on  va  pardevant  le  grant  hostel  de 
«Cassel 7)  (1698);  «ruelle  qui  va  de  la  Grant  rue  à  l'hostel  de  Cassel-  (i656, 
1657);  «rue  de  Cassel  a  (i/i56),  et  «ruelle  de  Cassel  n  (i653.  .t522,  etc.).  La 
dénomination  moderne  n'apparaît  qu'au  xvn''  siècle,  et  doit  rappeler  le  nom,  ou  la 
profession,  de  quelque  habitant  du  bourg  Saint-Germain.  Dans  le  censier  de  1  Bgb , 
où  la  rue  est  indiquée  «petite  ruelle  appellée  la  rue  Cassel,  laquelle  dessend  de 
«la  rue  du  Colombier  en  ladicte  rue  du  Four, d  il  est  parlé  des  héritiers  de  «Ri- 
«chard  Beuryer,  d  maître  maçon,  de  «Jehan  Rappart,  dit  le  Beuryer,  d  et  la  maison 
sise  au  coin  oriental  des  rues  du  Vieux-Colombier  et  Beurrière  est  dite  aboutir  à 
«la  maison  du  Beurier;'!î  ce  qui  explique  le  nom  de  «rue  du  Beurieri)  employé 
d'abord  jusqu'en  1687. 

Au  reste,  d'autres  habitants  du  faubourg  donnèrent  pareillement  leur  nom 
à  la  rue  Beurrière,  puisque,  dans  une  transaction  de  iiJ77,  qui  ligure  aux 
archives  des  Incurables,  elle  est  énoncée  «ruelle  que  l'on  nommoyt  par  ci- 
«  devant  la  ruelle  Jehan  Mcolle,  et  de  présent  la  ruelle  du  Masurier.-n  Dans  trois 
autres  pièces  de  i58i,  iBgS  et  iGo5,  faisant  partie  du  même  dossier,  cette 
dernière  formule  est  répétée,  mais  avec  la  variante  de  ruelle  Jehan  Pinmollet,  ou 
Pyinollet,  laquelle  est  une  corruption  de  l'ancienne  dénomination  de  rue  Jehan 
Molet,  que  nous  avons  rencontrée  dans  un  ensaisinement  de  i535.  Quant  à  l'ap- 
pellation de  «ruelle  du  Masurier, n  elle  avait  sa  raison  d'être:  le  conseiller  au 
Parlement  Philibert  Masurier,  ou  plutôt  Masuyer,  qui  mourut  en  ibtio,  possédait 
en  effet  et  fit  rebâtir  la  maison  formant  le  coin  orientai  de  la  rue  du  Four. 

Parmi  les  voies  du  faubourg  Saint-Germain  que  nous  avons  eu  à  retrouver  sous 
des  vocables  jusqu'ici  inconnus,  nous  comptons  une  certaine  rue  de  Vrolande,  dont  le 
coin  était  formé,  en  1 5 1 1 ,  par  un  terrain  attenant  à  la  propriété  du  nommé  Chardon, 

'■'  Ce  doit  être  la  rue  Beurrière  qui  est  désignée  dan»  ce  passage  :  anle  Furtium,  in  cuneo  Huelle,  du  Livre 
du  Pilancier,  rédigé  en  laSg. 

lu.  h 


26  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

mesurant  trente  toises  sur  la  rue  du  Four,  vingt-six  toises  deux  pieds  par  derrière, 
et  quarante  toises  un  pied  et  demi  de  profondeur  par  le  milieu.  Nous  avons  fini  par 
constater  que  la  propriété  de  Chardon  était  la  tuilerie  formant,  vers  le  carrefour 
de  la  Croix-Rouge,  la  pointe  de  l'îlot  compris  entre  les  rues  du  Vieux-Colombier 
et  du  Four.  Nous  nous  sommes  assuré,  en  outre,  que  les  maisons  remplissant  le 
reste  de  l'îlot  occupent  l'emplacement  du  terrain  que  nous  venons  de  mentionner, 
terrain  dont  les  dimensions  se  retrouvent  aujourd'hui  avec  une  exactitude  parfaite, 
si  l'on  tient  compte  d'un  léger  retranchement.  Par  conséquent,  la  rue  Vrolande 
est  la  même  que  la  rue  Beurrière. 

Les  maisons  qui  avaient,  en  dernier  lieu,  leur  façade  dans  la  rue  Beurrière. 
étaient  toutes  d'origine  moderne,  et  provenaient  du  morcellement  de  propriétés 
dont  la  principale  entrée  était  située  dans  l'une  des  rues  du  Four  ou  du  Vieux- 
Colombier. 


RUE   DES   BOUCHERIES. 

(ACTl]ELLEME^T  PARTIE   OCCIDENTALE  DE  LA   RUE  DE  L'ECOLE   DE  MEDECINE.) 

La  rue  des  Boucheries  commençait,  en  dernier  lieu,  au  droit  de  la  rue  de 
Condé,  c'est-à-dire  à  l'extrémité  occidentale  de  la  rue  des  Cordeliers,  avec  laquelle 
elle  est  aujourd'hui  confondue  sous  le  nom  de  rue  de  l'Ecole-de-Médecine,  et  elle 
finissait  à  la  rue  du  Four;  mais,  au  xvi*'  siècle  et  jusqu'au  temps  de  la  démolition 
de  la  porte  Saint-Germain,  on  la  faisait  souvent  partir  de  ce  point;  c'est  pour  ce 
motif  qu'elle  est  appelée  la  rue  de  la  Porte  dans  un  titre  de  1G06. 

La  rue  des  Boucheries  était  l'une  des  deux  grandes  voies  qui  conduisaient  de 
Paris  au  bourg  Saint-Germain.  Probablement  d'une  origine  moins  ancienne  que  la 
rue  de  Bussy,  elle  pourrait  néanmoins  avoir  remplacé  quelque  voie  mérovingienne 
reliant  le  monastère  au  palais  des  Thermes,  et,  avant  la  construction  de  l'enceinte 
de  Philippe-Auguste,  elle  faisait  partie  du  chemin  qui  est  devenu  la  rue  des  Cor- 
deliers. Elle  n'était  encore  que  très-imparfaitement  bâtie  au  milieu  du  xui*"  siècle; 
mais  l'extension,  en  197^,  des  boucheries  qu'elle  renfermait,  dut  la  rendre  plus 
fréquentée;  et,  dans  les  siècles  suivants,  la  fermeture  répétée  de  la  porte  de 
Bussy,  détournant  toute  la  circulation  à  son  profit,  en  fit  le  principal  chemin  du 
faubourg,  l'artère  où  les  maisons  étaient  le  plus  serrées  et  le  mieux  peuplées. 
Aussi  voit-on  que,  depuis  le  règne  de  Charles  V  jusqu'à  celui  de  Louis  XIII,  elle 
a  été  toujours  appelée  Grant  rue,  Grande  rue  Saint-Germain,  ou  simplement  nte 
Saint-Germain  et  Grant  rue  de  la  Boucherie.  On  disait  également  rue  de  la  Boucherie, 
et,  dès  1  ^06,  rue  des  Boucheries. 

Nous  lisons  dans  un  document  de  1876  :  t:  rue  par  où  l'on  va  de  ladite  église 


*  RUE  DES  BOUCHERIES.  27 

ff  de  Saint  Germain  à  la  porte  de  Paris  près  des  Frères  meneurs;  v  et  nous  remar- 
quons qu'on  a  parlois  divisé  la  totalité  de  la  rue  en  deux  sections  :  l'une  en  deçà 
et  l'autre  au  delà  de  la  rue  des  Mauvais-Garçons.  La  seconde  section  est  énoncée 
crrue  qui  va  de  la  Boucherie  à  l'Abbaye,  a  dans  un  titre  de  1607,  et,  dans  un 
autre  de  la  même  année,  la  première  est  dénommée  «Grant  rue  par  laquelle 
«on  va  de  la  porte  de  la  Bastide  dudit  Saint  Germain  à  la  Boucherie. ii  C'est,  en 
effet,  dans  cette  rue  qu'était  située  la  boucherie  qui  lui  a  valu,  dès  1  290,  la  dé- 
nomination de  (rrue  de  la  Boucherie,  a  ou  crvia  Carnificerie  Sancti  Germani,  per 
ff  quam  directe  itur  de  Sancto  Gcrmano  ad  porlam  civilatis  Parisiensis,  que  dicitur 
(T  porta  Fratrum  minoriim.fl  Une  charte  de  1  'j54  contient  une  indication  de  la  rue 
des  Boucheries  sans  désignation  particulière,  et,  dans  l'obituaire  rédigé  en  1  269  *", 
des  maisons  sont  mentionnées  in  cwnificiuria .  .  .  in  villa  isla  (^Sancti  Gennani). 

«rLes  bouchers  de  Saint-Germain,  dit  Jaiilot,  étaient  établis  en  ce  lieu  depuis 
ffun  temps  immémorial.  Plusieurs  actes  du  xii"  siècle  en  font  mention,  ainsi  que 
(f  de  la  maison  des  Trois-Étaux,  située  près  du  Pilori,  d  Mais  la  maison  des  Trois- 
Etaux  était  loin  du  Pilori,  et  nous  sommes  persuadé  que  Jaiilot  n'a  jamais  vu  ces 
prétendus  actes  du  xn*"  siècle  où  il  en  serait  parlé  '*'.  Dans  les  archives  de  l'abbaye, 
il  en  est  question,  pour  la  première  fois,  à  l'occasion  de  la  création,  par  l'abbé 
Gérard,  en  1  276,  de  seize  étaux  qui  étaient  destinés  à  être  tenus  par  des  individus 
natifs  du  bourg  et  furent  chargés  de  redevances  autres  que  celles  dont  était  grevée 
la  maison  des  Trois-Etaux.  11  est  présumable,  au  surplus,  que  ces  trois  étaux 
n'existaient  point  seuls  avant  1276;  les  expressioiis  iVi  camifciaria  et  m  macello 
itlius  ville,  employées  en  laBg,  le  donnent  du  moins  à  penser.  Le  29  mars  iSyS. 
eut  lieu  un  nouveau  bail  de  seize  étaux,  qui  furent  expressément  maintenus  dans 
leur  emplacen)ent  antérieur,  à  l'orient  de  la  rue  des  Mauvais-Garçons  et  de  la 
maison  de  la  Croix-de-Fer.  Î3e  ces  seize  étaux,  les  titres  n'en  font  connaître  que 
douze,  |)arce  que  le  nombre  primitif  ne  se  maintint  pas  longtemps.  Il  était  tombé 
à  dix  quand,  le  3i  janvier  i553,  les  bouchers  Pierre  Moufle  et  Pierre  Mathieu 
rachetèrent,  au  prix  de  5oo  livres,  la  rente  foncière  due  à  l'abbaye  sur  les  seize 
étaux,  (rau  lieu  desquels  seize  estaux,  est-il  dit  dans  l'acte  de  rachat,  sont  de 
f  présent  balis  sept  estaux,  dont  trois  du  costé  de  la  rivière  de  Seine...,  en  ce 
-non  compris  la  maison  des  Trois  Estaux,  qui  est  du  costé  de  l'Escu  de  France. d 

En  1292,  il  y  avait  un  puits  dans  la  rue  des  Boucheries,  au  droit  de  la  rue 
des  Mauvais-Garçons.  Devant  la  maison  de  la  Fleur-de-Lis,  il  y  a  eu  un  autre 
puits,  qu'on  retrouve  d'ailleurs  assez  mal  placé  sur  le  pian  de  Gomboust,  et 
qui,  en  i5i3et  i538,  s'appelait  trie  Puys  de  Malleparole.  d  L'extrémité  orientale 
de  la  rue  est  nommée  nie  Grant  carrefour, ^^  dans  un  document  de  i553. 

'"'  Areti.  nat.  reg.  IJj.  110a,  fol.  ai,  v'.  en  eiïet,  le  terrain  qu'elle  occupait  faisait  iwrtie 

*'  tl  nous  semble  que  la  maison  dite  ndes  Trois-  d'uue  place  baillée,  en  celle  même  année,  à  Itaoul 
Etaux n  ne  peut  guère  avoir  élé  bitie  avant  laSi;        d'Aubusson. 


28  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

CÔTÉ  MÉRIDIONAL. 


PAROISSE    SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 
ET  CENSIVE  DU  PARLOIR   ADX  BOURGEOIS. 

Entre  Maison  saiis  désignation,  élevée  sur  une  place  baillée  par  la  Ville,  le  3i  mai 

porte  Saint- Germain  1^86,  à  Guilkume  Moreau ,  et  énoncéc  comme  attenante  aux  murs  de  la  herse, 
etia rue <ie Condé.  ^^  d'autres  termes,  à  la  barbacane  de  la  porte  Saint-Germain.  En  iSaa,  elle  ren- 
fermait un  jeu  de  paume,  qu'on  appelait,  en  i56i,  le  Jeu  de  paume  du  château  de 
Milan.  Elle  fut  démolie  en  i  BSg,  et  sur  le  même  emplacement  s'élevèrent  ensuite 
les  maisons  suivantes  : 

1"  Une  maison  bâtie  sur  une  place  large  de  quatre  toises  et  demie,  baillée  à 
Ferry-Legrand  le  19  décembre  i63i,  et  contiguë  aux  murs  de  la  barbacane; 

a°  Une  maison  bâtie  sur  une  place  large  de  quatre  toises,  baillée  à  Gilles  Pinel 
le  11  mars  1608,  et  par  lui  accrue,  le  U  novembre  1619,  d'une  autre  place 
située  derrière,  ce  qui  donna  une  profondeur  totale  de  neuf  toises  à  sa  propriété, 
laquelle  est  dite  devant  la  troisième  arche  du  pont  dormaut; 

3"  Une  maison  bâtie  sur  une  place  baillée ,  le  2  2  avril  1 6 1 3 ,  h  Pierre 
Forget  ; 

U°  La  maison  avec  jeu  de  paume,  qui  conservait  encore,  au  xviii*  siècle,  le  nom 
de  Jeu  de  paume  du  château  de  Milan.  Le  terrain  de  celle-ci,  mesurant  huit' 
toises  de  large  W  sur  huit  toises  de  profondeur,  fut  baillé,  le  4  août  i6o4,  à 
François  Thomas,  maître  esteufier,  qui  en  agrandit  la  profondeur  par  l'acquisi- 
tion d'une  place  que  lui  céda  le  nommé  Vincent  Notaire. 

Gomme  il  y  avait,  en  outre,  le  long  du  jeu  de  paume,  du  côté  de  la  ville,  un 
espace  large  de  douze  pieds  et  profond  de  dix-huit  toises,  ainsi  que  le  jeu  de 
paume,  lequel  espace  pouvait  servir  de  fftiloirT)  à  un  cordier,  François  Thomas 
sollicita  et  obtint,  le  18  avril  1606,  de  l'annexera  sa  propriété.  Il  y  ajouta  encore, 
le  22  avril  161 3,  la  petite  place,  large  de  quatorze  pieds  et  demi,  qui,  en  bor- 
dure sur  la  rue,  aboutissait  au  filoir;  toutefois,  dès  1G60,  cette  petite  place  a  fait 
partie  de  la  maison  de  Pierre  Forget. 

Maison  sans  désignation,  appartenant,  en  i522,  à  Richard  Le  Tort,  et  s'éten- 
dant  alors  entre  le  jeu  de  paume  de  Milan  et  la  maison  suivante.  C'est  sans  doute 
la  même  que  celle  qui  touchait  à  la  maison  de  Guillaume  Moreau,  derrière 
laquelle  elle  faisait  hache,  et  qui  fut  prise  à  bail,  le  22  décembre  1/188,  par 

'''  Les  plans  ne  donnent  qu'une  longueur  de  7  toises. 


»  RUE  DES  BOUCHERIES.  29 

Jean  Morin.  Elle  paraît  avoir  été  comprise  dans  un  des  lots  adjugés,  en  i6o/i, 
à  François  Thomas  et  à  Vincent  Notaire. 

JUSTICE 
ET  CE.\S1VK  DE  L'ABBAYE  SAINT-GERMAIN  DES  PRÉS. 

Maison  sans  désignation  en  iSog,  puis  de  «la  Seraineu  (iSSi-iôSg),  faisant 
le  coin  oriental  de  la  rne  de  Condé.  Elle  appartenait,  en  1622,  à  Guillaume  Le- 
vasseur,  chirurgien  juré  du  roi,  et,  vers  i56o,  à  Charles  de  Dormans,  maître 
des  requêtes,  qui  la  fit  appeler  la  maison  des  Dormans.  Elle  fut  abattue  en  1689, 
et  les  héritiers  de  Charles  de  Dormans  en  vendirent  l'emplacement,  le  3o  janvier 
i6o4,  au  vitrier  Vincent  Notaire,  qui  le  morcela. 

En  i5q2,  la  maison  de  la  Syrène  s'étendait  derrière  les  maisons  précédentes; 
mais  les  limites  n'en  sauraient  être  restituées.  Nous  présumons  qu'elle  se  confond 
avec  celle  que,  le  7  avril  i5io,  Jean  Mosquin  agrandit  d'une  place  de  dix  toises 
de  long  sur  les  deux  côtés,  et  de  cinq  toises  et  demie  <le  large  par  derrière,  te- 
nant, d'une  part,  trau  chemin  allant  à  la  porte  Saint-Michel,  d'autre  part,  aux 
rfrisches  estant  près  les  fessez  de  la  ville,  aboutissant  par  devant  au  preneur,  et 
B  par  derrière,  en  pointe,  à  autres  frisches  vers  la  porte  Saint-Michel,  d 

La  censive  de  la  maison  de  la  Syrène  était  revendiquée  par  la  Ville. 

Maiso  sans  désignation  en  iBsS,  puis  du  Croissant  (i53^-i553),  faisant  le  Ki.in- 

coin  occidental  de  la  rue  de  Condé.  Elle  renfermait  deux  corps  d'hôtel;  celui  du 
coin  a  eu  pour  enseigne,  en  1687,  le  Mortier-d'or.  Elle  fut  aussi  ruinée  pendant 
le  siège  de  Paris  par  Henri  IV,  et  était  encore  à  l'état  de  masure  vers  1  59;"). 

Jardin,    puis    maison   db   la  Coi;ronne    (i523-i565)   et  de    I'Epée-Kovale 

(•687)- 

Maison  et  Jeu  de  palme  du  Dalpiiin,  qui,  ainsi  que  toutes  les  maisons  suivantes, 

aboutissait,  dès  i523,  h  la  rue  des  Quatre-Vents.   Au  xvii*  siècle,  elle  formait 

trois  maisons  distinctes,  dont  l'une  a  eu  pour  enseigne  la  Hure  (1687). 

Maison  sans  désignation  en  i523,  puis  de  la  Licorne  (1 53 1-1 628). 

Maison  sans  désignation  (i523),  contenant  un  étal  à  boucher,  des  écuries  et 
un  échaudoir. 

Maison  sans  désignation  (»  5q3),  avec  étal  à  boucher. 

Maison  de  l'Imaue-Saint-Jacques  { 1  667-1 628),  avec  étal  à  boucher. 

Maison  des  Moitons  (1/129-1595),  avec  étal  à  boucher. 

Grande  maison  de  l'Imaige-Saint-Miciiiel  (1620-1595).  Elle  renfermait  deux 
étaux  à  boucher,  et  avait  été  élevée  sur  l'emplacement  de  deux  maisons,  dont 
l'une  pourrait  bien  être  celle  de  f  Image-Saint-Germain ,  qu'une  note  ajoutée  à  un 
litre  de  i/i53  identifie  avec  la  maison  de  it  limage  Saint-Michel,  n  De  même  que 


el 
du  Cœiir-Volant. 


80  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

la  plupart  des  maisons  précédentes,  elle  fut  saccagée  pendant  les  guerres  de  la 

Ligue.  Ce  n'était  plus  qu'une  masure  en  iSgB. 

Maison  DE  l'Image-Sainte-Catherine  (lùag-iSgB),  puis  de  I'Image-Notre-Dame 
(1687).  C'était  aussi  une  masure  en  iBgS,  et  il  en  dépendait  alors  un  corps 
d'hôtel  qui,  donnant  sur  la  rue  du  Cœur-Volant,  était  anciennement  compris 
dans  la  maison  suivante. 

Masure  sans  désignation  en  1377,  puis  Maison  de  l'Ecu-de-Bretag>e  (iAo3- 
1687),  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  du  Cœur-Volant.  Elle  contenait  un  jeu 
de  paume,  qui  avait  sa  façade  dans  la  rue  des  Quatre-Vents  (iBaS).  La  rue  du 
Cœur-Volant  a  été  ouverte  sur  une  partie  de  ce  jeu  de  paume,  et,  du  côté  de  la 
rue  des  Boucheries,  sur  la  partie  antérieure  de  la  maison  suivante. 

En  1877,  la  maison  de  l'Ecu-de-Bretagne  contenait  une  place  avec  tr  grant  fosse 
ttà  eaue,n  et  aboutissait  aux  cr terres  du  roy  de  Navarre. n  En  1619,  elle  est  dite 
aboutir  à  la  Voirie. 

Enlrelcsnies  MaISON  DE  LA  CrOIX-DE-FeR   (  1  87  6-1  609  ) ,  puis  DE  LA  CrOIX-d'Ob  [iUi^l   \hk'j, 

''"pl'r'Fin!"'  i^gS),  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  du  Cœur-Volant.  Elle  renfermait  un 
jeu  de  paume  en  i53o  et  1069,  et  aboutissait  d'abord  rue  des  Quatre-Vents.  Il 
est  question,  dans  les  titres,  des  étables  qui  s'y  trouvaient,  ainsi  que  dans  les  deux 
maisons  précédentes.  Peut-être  faut-il  conclure  qu'il  y  existait  aussi  des  étaux  de 
boucher. 

Maison  du  Chef-Saint-Denis  (1/115-1687),  aboutissant  à  la  rue  et  à  la  ruelle, 
ou  plutôt  à  l'impasse  des  Quatre-Vents.  En  1 53 1,  il  y  avait  une  brasserie  dans 
cette  maison,  et,  vers  1698,  les  deux  corps  d'hôtel  qui  la  composaient  avaient- 
pour  enseigne,  l'un  la  Rose-Rouge,  et  l'autre  l'Escouvetle.  Elle  renfermait,  en  outre, 
un  jeu  de  paume  en  1  /i65. 

Maison  sans  désignation  (i5!i3).  Elle  aboutissait  à  la  suivante,  dont  on  ne  la 
distinguait  point  encore  en  i5io. 

Maison  de  la  Rose  (1600),  ou  Rose-Rolge  (1 563-1 595),  aboutissant  à  l'impasse 
des  Quatre-Vents,  où  il  est  dit  tantôt  qu'elle  n'avait  point  d'issue,  tantôt  qu'elle 
en  avait  une.  Elle  était  en  ruines  vers  1695,  et  renfermait,  en  i523,  quatre 
échaudoirs  avec  des  étables. 

Maison  de  l'Image-Saint-Jacques  (1319-1628).  Cette  maison  aboutissait  au 
retour  d'équerre  de  la  ruelle  des  Quatre-Vents,  et  elle  y  avait  une  issue.  En  lôaS, 
elle  était  déjà  divisée  en  trois  propriétés,  et,  vers  le  même  temps,  elle  a  souvent 
été  appelée  la  maison  aux  Rretcsche,  parce  qu'elle  appartint  aux  héritiers  du  notaire 
Simon  de  la  Bretesche,  entre  autres  à  Regnault  de  la  Bietesche,  général  des  mon- 
naies. Elle  est  indiquée,  dans  plusieurs  documents,  comme  ayant  jadis  dépendu 
de  l'hôtel  de  Navarre;  mais  il  n'est  point  parlé  de  cette  particularité  dans  le  bail 
qui  fut  fait,  le  18  août  1600,  au  boucher  Jean  Cousin.  On  l'énonçait  alors  «rung 


>  RUE  DES  BOUCHERIES.  31 

r  liostel,  avec  ses  appartenances,  assis  à  Sainct  Germain,  au  bout  de  la  Boucherie, 
ff  par  devers  la  porte  de  l'Abbaye,  tenant  d'une  part  à  l'hostel  de  laRoze,  et  d'autre 
(r  au  jardin  de  Navarre  de  tous  coustez;  lequel  hostel  a  et  contient  de  long  quinze 
ff  toises  et  demye,  et  de  large  six  toises  et  demye;  auquel  hostel  a  ung  enclave  con- 
'•  tenant  deux  loises  et  demye  ou  environ,  n  La  maison  de  J.  Cousin  fut  agrandie, 
dès  l'année  suivante,  d'une  propriété  attenante  et  décrite  en  ces  termes:  trUne 
!-  masure,  court ,  puis  et  cave. . .  avec  le  jardin  derrière,  tenant  tout  au  long  audict 
«preneur,  et  d'autre  part  aux  jardins  de  l'hostel  de  la  Roze,  aboutissant  par  der- 
ff  rière  à  ung  huys  par  où  l'on  yst  (sort)  aux  champs,  et,  d'autre  part,  au  long,  aux 
«jardins  de  Navarre;  contenant  tout  ce  que  dessus,  treize  toises  de  large  par  der- 
T  rière  et  par  devant,  sur  le  chemin,  neuf  toises  et  demye,  et  quarante  toises  de 
ff  long  ^''.  fl 

Maison  sans  désignation  (iSaS),  morcellement  de  la  précédente. 

C'est  au  travers  de  cette  maison  que  la  rue  de  Seine  a  été  prolongée,  en  i8ia, 
jusqu'à  la  rue  de  Tournon.  Le  projet  exécuté  à  celle  époque  était  bien  ancien; 
car,  dans  le  traité  que  Pierre  Boyer  passa,  le  18  novembre  i6:j7,  pour  la  cons- 
truction d'une  enceinte  des  faubourgs  de  Paris,  nous  trouvons  parmi  les  clauses 
à  lui  imposées  celle  «d'ouvrir  à  ses  despens,  une  année  après  la  vérillication  du 
s  traité,  la  rue  de  Tournon,  jusqucs  à  la  rue  de  Seine,  de  cinq  ihoises  de  largeur,  n 

Maison  et  tiiuilerie  (i4oi),  partie  de  l'ancien  hôtel  de  Navarre'"^*.  Les  grands 
jardins  de  l'hôtel  de  Navarre  en  ayant  été  retranchés,  celle  maison  fut  baillée,  le 
12  janvier  16/11,  à  Etienne  Sandrin,  tuilier,  demeurant  aux  Tuileries  de  la  porte 
Saint  Honoré.  On  lit  dans  l'acte  original:  «Toutes  voyes  a  esté  appoinclé  que 
«ledit  inons.  l'abbé,  ses  gens,  chevaiilx  et  harnoys,  auront  leur  danger  dépasser 
«et  rappasser  parmy  la  court  dudit  hostel... pour  aller  labourer  et  cultiver  lesdits 
-grans  jardins  qui  sont  réservez  de  ce  présent  marché,  et  aussi  pour  admener  les 
«grains  et  austres  choses  estant  esditsjardins,  jusquesà  deuxans  prochains  venans 
'^seulement;  et,  après  lesdits  deux  ans  passez,  icelluy  inons.  l'abbé  sera  tenu  faire 
«estoupper  à  ses  despens  l'uisserie  d'iceulx  jardins,  à  l'endroit  d'icelle  court,  et 
«trouver  autre  chemin  pour  entrer  esdits  jardins.?)  On  doit  croire  que  la  clause 
fut  rigoureusement  exécutée,  puisque,  les  jardins  de  Navarre  ayant  été  choisis 
comme  lieu  d'emplacement  de  la  foire  Saint-Germain,  le  8  janvier  1/189,  l'abbé 
racheta  de  Sandrin,  au  prix  de  tîo  livres  5  sols,  la  permission  de  laisser  passer 
le  public  par  la  maison,  pendant  la  durée  de  la  foire. 

Cette  transaction  est  l'origine  première  du  passage  de  la  Treille,  qu'on  appe- 
lait, au  xvn'"  siècle,  la  porte  (îrejfière,  non  pas,  comme  l'a  dit  Jaillol,  parce  qu'il 
conduisait  à  une  pelile  maison  servant  d'audience,  mais  parce  que  la  maison 
«juil  traversait  appartint,  vers  i58o,  à  Simon  Caillot,  greffier  en  chef  de  la  jus- 

'■'  Arcb.  nat.  reg.  LL  1091,  fol.  i  r".  —  '*'  Voir  Rue  du  Four,  maison  <k  la  Foire. 


32  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

tice  temporelle  et  du  bailliage  de  Saint-Germain-des-Prés.  A  en  juger  d'après  la 
teneur  des  titres,  à  la  fin  du  xnf  siècle,  le  passage  qu'on  nommait  déjà*  l'allée  de 
(tla  Treille  t  en  1669  n'aurait  encore  été  public  qu'aux  jours  de  foire.  U  est  re- 
présenté sur  le  plan  de  Quesnel  (1609)  comme  une  allée  fermée,  du  côté  de  la 
rue,  par  une  grande  porte  en  retraite  sur  l'alignement  des  maisons. 

La  maison  de  Sandrin,  qui  était  chargée  d'une  rente  de  2,000  tuiles  envers 
l'abbaye ,  formait  quatre  propriétés  distinctes  vers  1 5 1 5 ,  savoir  : 

1°  La  maison  de  l'Annonciation-Notre-Dame  (1  522-1  543),  puis  DES  Trois-Rois 
(i585-i628),  oij  était  la  tuilerie,  qu'un  arrêt  au  Parlement,  rendu  le  19  no- 
vembre i56o,  ordonna  d'abattre.  Bien  que  le  censier  de  1628  indique  cette 
maison  comme  si  elle  conservait  encore  l'enseigne  des  Trois-Rois,  il  est  certain 
que,  dès  1625,  elle  avait  celle  du  Cardinal.  Le  corps  d'hôtel,  bâti  au-dessus  de 
l'entrée  du  passage,  en  dépendait  jadis  comme  aujourd'hui. 

2°  La  maison  du  Dauphin  (1519-1628). 

3°  Une  maison  sans  désignation  en  i523,  puis  du  Cheval-Blanc  (1  595). 

U"  La  maison  de  la  Magdeleine  (i5o5-i628).  Elle  est  dite,  en  i5i8,  aboutir 
cl  l'hôtel  de  Navarre,  ce  qui  suppose  qu'elle  était  plus  profonde  que  maintenant. 
On  lit  dans  le  censier  de  iSgS  :  «Toutes  ces  maisons,  depuis  celle  des  Trois 
ffRoys  jusques  à  celle  de  la  Souche,  n'estoient  anciennement  qu'une  prise,  et  a 
(cà  présent  dix  ou  douze  maisons  qui  en  dépendent,  n  Sur  le  même  emplacement,  il 
y  en  a  maintenant  sept,  dont  quatre  formées  par  l'ancienne  maison  des  Trois-Rois. 

Maison  de  la  Souche  (159 5- 1687),  morcellement  de  la  suivante.  En  1628, 
elle  en  était  séparée  par  une  petite  maison  ayant  pour  enseigne  rÉloile. 

Maison  sans  désignation  en  i46i,  puis  de  Notre-Dame-de-Boulogne  (i522-' 
1687),  en  laquelle  se  trouvait  un  jeu  de  paume  vers  i525. 

Maison  sans  désignation  en  1^95,  puis  du  Saint-Esprit  (1628-1687). 

Maison  de  la  Trinité  (15/17-1628),  contiguë  à  la  première  maison  de  la  rue 
du  Four.  Cette  maison  et  la  précédente  paraissent  avoir  d'abord  fait  partie  de 
celle  de  Notre-Danie-de-Boulogne;  le  tout  formait  la  rr  prise  n  du  boucher  Louis 
Gauldry,  dans  la  première  moitié  du  xv*"  siècle. 

CÔTÉ   SEPTENTRIONAL. 


Enli'e 

les  rues  de  Bussy 

et 

des  Mauvais-Garçons 


PAROISSE    SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 


Maison  de  l'Image-Saint-Jean  (i5o9-i5/i3),  faisant  le  coin  de  la  rue  de  Bussy. 
(Grégoire-de-Tours).      Maison  sans  désignation  (i523),  partie  ou  morcellement  de  la  précédente. 


RUE  DES  BOUCHERIES.  33 

Maison  sans  désignation  en  iSgô,  et  énoncée  en  1628  :  irqui  souUoit  estre 
ff  appelée  la  Maison  des  Forges,  -n 

Maison  sans  désignation  en  iBgB,  puis  dite  de  l'Image-Saint-Claude  en  1687, 
parce  qu'elle  dépendait  alors,  et  depuis  longtemps,  d'une  maison  de  la  rue  de 
Bussy  qui  avait  celte  enseigne. 

Maison  dk  la  Flelb-de-Lis  (i452-i53/i),  située,  suivant  les  titres  de  1  Si 3  et 
i538,  devant  le  «puys  de  Malleparolle.  t»  Ce  puits,  dont  nous  ne  connaissons 
l'emplacement  que  d'une  manière  approximative,  Ggure  sur  le  plan  de  Gomboust. 

Maison  sans  désignation  en  1/176,  puis  du  Lion-d'Or  (1  500-1628). 

Maison  des  Trois-Poissoss  (1695-1628),  morcellement  de  la  précédente. 

Maison  de  l'Image-Saint- Pierre  (1611-1628),  où  il  y  avait,  en  i53i,  des 
étables  à  chevaux. 

Maison  DU  Havre-de-Gràce  (1696-1628).  Dans  la  première  moitié  du  xvi'  siècle, 
elle  était  annexée  à  la  suivante;  mais  plus  anciennement  elle  paraît  en  avoir  été 
distincte,  et  s'est  confondue  ensuite  avec  la  maison  dd  Fer-à-Moulin  <"'  (1396- 
i486),  qu'une  seule  maison  séparait  de  l'hôtel  de  Malicorne,  en  1/119.  Il  est  dit 
de  la  maison  du  Havre,  dans  le  censier  de  1667,  que  M*  Audry  de  Commeaulx, 
procureur  à  la  Chambre  des  comptes,  l'avait  trrepparé  de  neuf,  n  et  qu'il  y  avait 
alors  rsur  l'iiuys  et  entrée  d'icelle.  . .  une  petite  enchapperonneuse,  ou  portail  cou- 
ff  vert  d'ardoise.  -^ 

Maison  de  la  Caige-Verde  (1623-1628).  En  1623,  lorsqu'elle  était  unie  à  la 
maison  du  Havre-de-Grâce ,  elle  aboutissait  rue  de  Bussy,  et  renfermait  des  étables 
ainsi  que  deux  jardins.  Elle  aurait  ainsi  présenté  une  superficie  de  trois  quar- 
tiers; toutefois  cette  superficie  semble  fort  exagérée,  de  même  que  celle  qui  est 
donnée  à  plusieurs  maisons  des  environs.  Il  y  avait  là  anciennement  une  tuilerie. 

Maison  de  l'Image-Sainte-Marglerite  (1696-1687),  partie  de  celle  de  la  Cage. 
Cette  maison  et  la  précédente  furent  construites  sur  l'emplacement  de  masures  qui, 
après  avoir  été  plus  de  quarante  ans  sans  propriétaire,  furent  baillées  à  Laurent 
Leblanc  le  3  octobre  1678.  Elles  avaient  contenu  une  tuilerie,  et  pourraient 
n'être  point  distinctes  de  rimage-Saint-Jacques ,  qui,  en  i3i9,  tenait  à  celle  de 
l'abbé  de  Corbie,  et,  en  1 453,  était  séparée,  par  une  autre  masure,  de  l'hôtel  de 
Malicorne,  auquel  elle  aboutissait. 

Maison  et  Jardin  sans  désignation  (  1  6/!i3).  Elle  était  large  d'environ  trois  toises, 
et  fut  bâtie  sur  le  premier  tiers  d'un  terrain  large  de  huit  toises  cinq  pieds  et 
demi  dans  œuvre,  portion  occidentale  de  l'hôtel  de  Malicorne,  vendue  par  Antoine 
Prime,  le  8  juin  1620,  à  Pierre  Vaucombert  et  consorts,  et  divisée  par  ceux-ci 
en  trois  lots,  le  8  juin  1621.  Cette  maison  a  été  détruite  par  le  prolongement  de 
la  rue  de  Seine,  qui  a  également  entamé  les  deux  suivantes. 

'''  Le  fer  à  moulin,  ou  anitle,  est  une  pièce  h^ral-  relié»  par  une  courte  traverse,  percée  d'un  trou 
dique  ayant  la  forme  de  deux  croissants  adossés  et        carré. 


34  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Maison  de  l'Annonciation-Notre-Dame  (i55a),  et  aussi  de  Notre-Dame-des- 
Vertus  (1645-1628),  dite,  en  i536,  aboutir  rue  de  Bussy. 

Maison  de  l'Image-Saint-François  (iSaa-iGaS).  Elle  appartenait,  vers  iSgS,  à 
un  nommé  Barthélémy  Prieur,  qui  pourrait  bien  être  le  sculpteur  de  Henri  IV. 

Maison  sans  désignation  (iBôa),  puis  des  Trois-Pigeons  (iBgB-iôaS),  bâtie 
sur  l'emplacement  d'une  masure  faisant  partie  de  l'hôtel  de  Malicorne.  Cette 
masure,  large  de  trois  toises,  fut  vendue  par  Ant.  Prime  à  Guillaume  Lunel,  le 
7  mai  iSai. 

Maison  du  Seigne-de-la-Groix  (iSaa-iSgB),  aboutissant  rue  de  Bussy.  C'était 
la  plus  grande  de  toutes  celles  qui  furent  construites  sur  le  terrain  de  l'hôtel 
de  Malicorne,  dont  le  dernier  possesseur,  Antoine  Prime,  la  réserva  pour  sa  part. 

HÔTEL  DE  Malicorne.  Ce  manoir  appartint,  en  i3ig,à  un  abbé  de  Corbie; 
puis,  vers  1872,  à  «madame  de  Tournabu,'n  et,  en  iSgBjau  chevalier  Pierre 
de  Villaines,  qui  y  annexa  une  petite  maison  attenante,  du  côté  de  l'orient.  Pierre 
de  Villaines  tenait  son  hôtel  du  chef  de  sa  femme,  dite  «  madame  de  Malicorne,!) 
et  leur  fille,  adamoiselle  Jehanne  de  Fescamp,  t)  la  posséda  après  eux.  Le  92  sep- 
tembre 1671,  il  en  fut  passé  xme  reconnaissance,  au  terrier  de  l'abbaye,  par  Jean 
Aubin,  sieur  de  Malicorne-en-Puisaye,  premier  chambellan  du  duc  de  Berry,  et 
héritier  de  Jeanne  de  Fécamp.  Philippe  de  Suzes,  baron  de  Malicorne,  l'un  des 
gentilshommes  du  roi,  le  céda  ensuite  à  M*  Vaast  de  Marie,  seigneur  de  la  Fa- 
laize,  qui  le  revendit,  le  i  U  mai  iSig,  au  voiturier  Antoine  Prime,  par  lequel  la 
propriété  fut  morcelée.  Au  commencement  du  xvi"  siècle,  l'hôtel  de  Malicorne,  dont 
les  dépendances  s'étendaient  sur  la  rue  de  Bussy,  contenait  un  four  à  tuiles  et 
des  bâtiments  appliqués  à  l'industrie  céramique.  En  i4oo,  il  avait  pour  enseigne 
LE  Dauphin,  et  avait  eu  précédemment  celle  du  Chef-Saint-Denis. 

Maison  sans  désignation  en  lioo,  puis  du  Soleil-d'Or  (1569-1687).  Cette 
maison,  morcellement  de  la  suivante,  fut  annexée,  avant  l'an  1600,  par  Pierre  de 
Villaines  à  son  hôtel  de  Malicorne.  Jeanne  de  Fécamp  l'en  sépara  et  la  céda  à  Jean 
Augrand. 

Maison  de  l'Image-Saint-Martin  (1613-1687).  Des  maisons  de  la  rue  des  Mau- 
vais-Garçons en  dépendaient  au  xvi'  siècle,  et  elle  faisait  hache  derrière  la  précé- 
dente. Elle  est  indiquée,  dans  le  censier  de  1628,  comme  appartenant  à  la  veuve 
de  Claude  Velfaux,  l'architecte  voyer  de  Saint-Germain-des-Prés. 

Maison  du  Porc-Espic  (1595-1628).  Sur  l'emplacement  de  celte  maison  et  de 
la  suivante  se  trouvaient  plusieurs  masures  en  i453. 

Maison  sans  désignation  (1695),  qui,  avec  la  précédente,  provient  du  morcel- 
lement d'une  des  maisons  contiguës,  très-probablement  de  la  suivante. 

Maison  de  l'Ermite  (1678-1522),  ou  de  l'Hermitage  (1568-1687),  faisant  le 
coin  occidental  de  la  rue  des  Mauvais-Garçons.  Au  xvn"  siècle,  elle  fut  divisée  en 


de  l'Ancienne- 
Comédie. 


>  RUE  DES  BOUCHERIES.  35 

deui,  et  la  premièi-e  moitié  conserva  l'ancienne  enseigne.  Elle  est  indiquée,  en 
1671,  comme  composée  de  plusieurs  masures  et  attenante  à  l'hôtel  de  Saint- 
Martin. 

Maison  sans  désignation  en  iBsS,  puis  de  l'Homme-Sauvage  (iBBg-iôSs),  fai-     Entre  les  rue» 

,  .  .  111  1        »i  •     r'  ^^  Mauvais-Garçons 

sant  le  coin  oriental  de  la  rue  des  Mauvais-Garçons.  et 

Maison  de  l'Image-Saim-Antoixe  (iBaS-i  BgB),  oii  se  trouvait  un  jeu  de  paume 

en  iSaS  et  ibltS.  Elle  avait,  en  1 53 1,  une  issue  sur  la  rue  des  Mauvais-Garçons, 

et,  en  1667,  il  en  dépendait  une  autre  maison  sur  la  rue  de  Bussy. 

Maison  de  l'Echiqlieb  (1 /iaS-iGaS).  Elle  contenait  un  étal  à  boucher,  et,  en 

tBaS,  des  étables,  une  foulerie,  ainsi  qu'un  jeu  de  paume,  et  avait  eu,  selon 

toute  vraisemblance,  une  assez  grande  profondeur,  puisque  la  maison  des  Trois- 

Maures,  de  la  rue  des  Mauvais-Garçons,  y  a  abouti  pendant  un  certain  temps. 

Dans  ce  sens,  les  limites  en  sont  douteuses,  car  elles  ont  subi  des  modifications 

dont  on  ne  saurait  se  rendre  compte  avec  précision. 

GbaSGE,  puis  MAISON  DE  LA  TrUIE   (i6o6),   DU   PoURCELET  (l5l'i),   DE  LA  TbU1E-ET- 

des-Cochons  (1517-1595)  et  du  Mouton-Blanc  (1597-1687). 

Maison  de  l'Image-Nothe-Dame  (1/106-1 53 1),  puis  de  l'Image-Saint-Sébastien 
(1 531-1595),  avec  étal  à  boucher.  Elle  appartint  au  collège  de  Boissy,  et  fut  re- 
construite, avant  1  53i,  par  M'  Michel  Bénard,  qui  la  légua  au  couvent  de  Sainte^ 
Croix-de-la-Bretonnerie,  où  il  était  moine.  C'est  lui  qui,  avec  cla  permission  et 
ff  congé r»  des  religieux  de  l'abbaye,  remplaça  l'ancienne  enseigne  de  Notre-Dame 
par  celle  de  l'Image-Saint-Sébastien,  La  première  se  voyait  encore,  avec  l'autre, 
en  15/17. 

Maison  de  l'Image-Sainte-Geneviève  (1635-1687),  avec  étal  à  boucher. 

Masure  à  demi-pignon,  avec  étal  à  boucher  (i/i53).  En  i53i,  elle  était  con- 
fondue avec  une  des  maisons  qui  y  sont  contiguës;  mais,  en  1628,  elle  formait 
une  maison  distincte,  et  moins  étroite  que  jadis,  puisque,  en  i/i53,  elle  n'avait 
que  neuf  pieds  de  large  par  devant  sur  sept  pieds  de  large  par  derrière,  et  sept 
toises  de  profondeur. 

Maison  des  Trois-Etaux  (1276-1595),  ou  des  Trois- Eciiauldouebs  (i53i), 
et  aussi  du  Beuf-Violé  (i653)  ou  Trompé'''  (i455-i693).  Celte  maison  est 
énoncée,  en  1 667,  comme  attenante  à  celle  de  Notre-Dame.  Elle  comprenait  donc 
les  deux  précédentes,  et  par  conséquent  renfermait  réellement  trois  étaux. 

Gbande  maison  de  l"Ecu-de-Fr\nce  (1605-1695),  dont  les  dépendances  s'éten- 
daient sur  la  rue  des  Fossés.  En  1  689,  elle  est  dite  renfermer  un  étal,  une  cour, 
un  colombier,  un  jardin ,  un  jeu  de  paume  et  trois  louages;  elle  tenait  alors,  vers 
l'est,  à  la  voirie,  c'est-à-dire  au  chemin  des  fossés,  et,  de  l'autre  côté,  à  la  maison 

'''  Celle  enseigne  coniportail  tin  jeu  de  mois;  elle  représenlail .  en  effet,  un  bœuf  devant  lequel  on  jouait 
de  la  viole  ou  l'on  sonnait  de  la  trompe. 


36  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

des  (T  Trois-Escurieux.  Ti  Mais  cette  maison  des  Trois-Ecureuils,  qui  semblerait  se 
confondre  avec  celle  des  Trois-Étaux,  n'est  point  indiquée  ailleurs.  Le  jeu  de 
paume  de  l'Écu-de-France  subsistait  encore  au  xvu"  siècle. 

Petite  maison  dépendant  de  la  précédente  et  y  aboutissant  (i  53 1-1687). 

Maison  de  l'Image-Saint-Nicolas  (i475-i595),puis  de  la  Tête-de-More  (1628). 

Maison  de  l'Écu-de-Savoïe  (i5o5),  ou  Jeu  de  paume  de  Savoye  (1521-1687), 
aboutissant  sur  la  rue  des  Fossés.  Le  jeu  de  paume  de  Savoie  paraît  avoir  été 
construit  un  peu  avant  1^89.  Au  même  lieu  se  trouvait  une  petite  place  où  l'on 
jouait  aux  ff billes, n  en  1/175. 

Maison  sans  désignation  (lôgS),  aboutissant  sur  la  rue  des  Fossés.  Elle  était 
divisée  en  deux,  au  xvii*  siècle,  et  avait  dépendu,  d'abord,  soit  de  la  suivante,  soit 
plus  probablement  encore  de  la  précédente. 

JUSTICE 

et  censive  du  parloir  aux  bourgeois. 

Entre  la  rue  Maison  saus  désignation  (i5o5),  puis  DE  l'Image-Sainte-Barbe  (lôog-iSaS), 

l'Ancienne^- Comédie  f^isaut  le  coiu  occidcntal  de  la  rue  des  Fossés.  Elle  formait  deux  maisons  en 
et  ia porte  1628,  et  a  eu  pour  enseigne  l'Image-Saint-Ntcolas  en  1687.  En  1/189,  ^  '^  place 
de  cette  maison,  il  y  avait  une  place  à  bâtir,  profonde  de  vingt-trois  toises,  large 
de  trois  toises  et  demie  sur  la  rue  et  de  buit  pieds  seulement  par  derrière,  qui  fut 
baillée,  le  11  janvier,  à  Jean  de  Mauray.  En  1/176,  la  maison  du  coin  des  fossés 
était  immédiatement  attenante  à  celle  de  l'Ecu-de-France,  ce  qui  implique  la  non- 
existence,  à  cette  époque,  des  deux  propriétés  précédemment  énoncées. 

Maison  sans  désignation  (1 53 1),  faisant  le  coin  oriental  du  cbemin  sur  les  fossés. 
Elle  mesurait  trois  toises  et  demie  de  largeur  par  devant,  trois  toises  de  large  par 
derrière  et  sept  toises  de  profondeur.  On  l'avait  élevée  sur  un  terrain  baillé  à 
Philippe  Lasnier,  le  20  avril  1 507,  et,  ainsi  que  toutes  les  suivantes,  elle  fut  abattue 
lors  du  siège  de  Paris  par  Henri  IV.  Vers  1595,  un  marché  se  tenait  sur  son  em- 
placement, qui  était  alors  isolé  vers  l'est,  comme  de  l'autre  côté.  Ce  marché  fut 
supprimé  à  la  suite  d'une  requête  présentée  en  i63/i  par  le  prince  de  Gondé. 

Maison  sans  désignation,  qui  a  formé,  après  la  précédente,  le  coin  de  la  rue 
des  Fossés.  Le  terrain  en  fut  baillé  par  la  Ville  à  l'épicier  Hugues  Le  Comte,  le 
2/1  juin  i5/i3,  et  un  renouvellement  du  bail  eut  lieu,  le  16  août  160/t,  au  profit 
de  Jean  Le  Comte,  son  petit-fils.  Ce  dernier  augmenta  la  maison  d'une  place  de 
sept  toises,  le  28  septembre  1606,  et  il  l'agrandit  encore  en  1 6 1 5  et  1 63 1 .  C'était 
une  dépendance  ou  un  morcellement  de  la  suivante. 

Maison  sans  désignation  en  i/igS,  puis  de  la  Boule- Verte  (1 53 1-1 578).  Avant 
i5o7,  elle  formait  le  coin  du  chemin  sur  les  fossés,  la  maison  de  Lasnier  n'étant 
point  encore  bâtie,  et  elle  est  désignée  comme  une  petite  maison  neuve  en  1  /»93. 


*  RUE  DE  BUSSY.  37 

Elle  renfermait  trois  alouaiges.  :?  Démolie  en  1689,  elle  a  été  remplacée  par  deux 
maisons.  Le  terrain  de  la  première,  large  de  vingt  pieds  et  profond  d'environ 
quatre  toises  et  demie,  fut  baillé  à  Antoine  Charpin,  le  29  septembre  i6o/i;  le 
terrain  de  la  seconde  fut  accensé,  le  même  jour,  à  Jean  Marchand;  l'égout  des 
eaux  du  carrefour  y  passait. 

Maison  sans  désignation,  tenant  à  l'avant-portail  de  la  porte  Saint-Germain.  Elle 
fut  prise  à  bail,  le  6  juin  1  5A6,  par  Philibert  Pourfillot,  et  avait  été  bâtie  sur  un 
terrain  acquis  par  Philippe  Le  Roy  en  i5oy  ;  néanmoins  il  paraît  en  être  question 
dans  un  document  de  ligB.  Elle  fut  abattue  en  1689.  La  vente  de  son  empla- 
cement, dont  les  limites  précises  restent  douteuses,  eut  lieu  le  7  mars  t6i3  et  le 
12  avril  161/4,  à  charge  de  bâtir,  et  au  profit  des  nommés  Aubry  Lecoq  et  Ber- 
trand L'Hoste.  Le  lot  du  premier  avait  quatorze  pieds  et  demi  de  large,  sur  cinq 
toises  et  demie  de  profondeur;  le  lot  du  second  était  large  de  trois  toises  par  de- 
vant et  d'une  seulement  par  derrière.  Bertrand  L'Hoste  augmenta  sa  part,  le 
la  août  1628,  d'une  autre  place  contiguë,  large  de  quinze  pieds  et  profonde 
de  sept  toises,  de  sorte  qu'il  s'éleva  là  une  maison  large  de  sept  toises  cinq  pieds 
et  demi. 


RUE   DE   BUSSY. 

La  rue  de  Bussy  commence  au  carrefour  de  ce  nom,  c'est-à-dire  près  du  lieu 
où  débouchait  le  pont  de  l'ancienne  porte  de  Bussy,  et  elle  finit  à  la  rue  des  Bou- 
cheries (de  l'École-de-Médecine),  ainsi  qu'à  la  place  Sainte-Marguerite. 

Cette  voie  formait  la  continuation  de  celle  qui,  traversant  la  terre  de  Laas,  con- 
duisait du  Petit-Pont  à  l'abbaye;  elle  doit  donc  être  ainsi  fort  ancienne.  La  fer- 
meture réitérée  de  la  porte  de  Bussy,  au  xiv*  et  au  xv*  siècle,  paraît  avoir  alors 
transmis  à  la  rue  des  Boucheries  l'importance  que  la  rue  de  Bussy  était  naturel- 
lement destinée  à  prendre,  et  qu'elle  n'a  acquise  qu'après  la  réouverture  de  la 
porte  et  surtout  après  le  percement  de  la  rue  Dauphine. 

Dès  le  règne  de  Charles  VI,  la  rue  de  Bussy  fut  bordée  de  constructions  ('), 
excepté  entre  les  rues  de  Seine  et  du  Fossé  (Mazarine),  endroit  ofi  l'on  a  commencé 
de  bâtir  en  1  53o;  à  cette  dernit're  date,  c'était  moins  une  rue  qu'un  chemin  me- 
nant soit  à  l'abbaye,  soit  à  la  rivière,  au  moyen  de  la  rue  de  Seine,  avec  laquelle 
elle  était  fréquemment  confondue.  Dans  ce  cas,  la  partie  comprise  entre  la  place 
Sainte-Marguerite  et  la  rue  de  Seine  était  considérée  parfois  comme  une  rue  par- 
ticulière qu'on  a  appelée  me  du  Pilori  (1292-1531),  trrue  par  oti  l'en  va  de  de- 
(rvant  le  Pilory  vers  le  Pré  aux  Clercs d  (i388),  «rue  par  où  l'en  va  au  Pré  aux 

"'  Il  a  été  dit  qu'on  avait  commence  à  y  bâtir  car  il  s'y  trouvait  d^jà  une  maison  appartenant  à 
en  1357;  mais  cette  assertion  est  sans  fondement,        l'évêque  d'Orléans  en  fjg-i. 


38  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

ff Clercs,  du  Piloiyn  (liia),  ou  ttrue  qui  tend  du  PiHory  au  Pré  aux  Clercs n 
(i523),  mais  à  laquelle  on  donnait  aussi  le  nom  de  rue  de  Bussy,  puisqu'on  a 
écrit  dans  un  acte  de  i53o  :  trrue  de  Bussy,  tendant  du  Pillory  au  Pré  aux 
ff  Clercs,  n 

La  rue  de  Bussy  est  énoncée  dans  des  chartes  :  rr  vicus  per  quem  exitur  de  porta 
(fParisiensi,  que  vocatur  porta  Sancti  Germani  (laS/i);  vicus  per  quem  itur  ad 
ffSecanam  (laSg),  et  via  publica  per  quam  directe  itur  de  Sancto  Germano  ad 
ffportam  civitatis  Parisiensis,  que  vocatur  porta  Sancti  Germanin  (1292);  puis, 
dans  d'autres  documents  :  «  rue  allant  de  l'abbaye  à  la  vieille  porte  de  Bussy,  au 
ffPré  aux  Clercs n  (1670);  cr  chemin  devant  la  porte  de  Bussy  a  (liigS  et  i53)); 
ff  chemin  qui  vient  de  la  porte  Sainct  Germain  à  la  rivières  (1629);  te  chemin  par 
ff  lequel  on  va  de  Paris  au  Pré  aux  Clercs  n  (i53i);  cf  chemin  qui  tend  de  Paris 
ffà  la  rivière  de  Seyneii  (i53i);  ftrue  de  la  porte  de  Bussy n  (1622);  enfin  rue 
de  Bussy,  en  1628,  et  ftde  Buxy, n  dans  un  titre  de  i535  ''l  On  lit  dans  le  censier 
de  i5ii7  :  et  rue  de  Bussy,  naguères  et  auparavant  l'ouverture,  de  nouvel  faicte, 
tfde  la  porte  de  Bussy,  appelle  le  chemyn  allant  au  Pré  aux  Clercs. -n 

Celte  voie,  qu'on  pava  en  i55i,  doit  son  nom  à  la  porte  de  Bussy,  ainsi  ap- 
pelée parce  qu'elle  appartint,  au  milieu  du  xiv^  siècle,  à  Simon  de  Bussy,  premier 
président  du  Parlement.  Or,  quel  que  soit  le  lieu  d'où  la  famille  de  Bussy  était 
originaire,  le  vocable  servant  à  désigner  ce  lieu  semble  venir  du  latin  buxus,  buis. 
Dans  cette  hypothèse,  l'orthographe  moderne  Bussy  serait  préférable  à  celle  de 
Biici  ou  Bucy  [de  Buciaco),  qu'on  rencontre  ordinairement  dans  les  anciens  textes. 

CÔTÉ   MÉRIDIONAL   ET  ORIENTAL. 


PAROISSE   SAIINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DU  PARLOIR  AUX  BOURGEOIS. 

Eniie  Maison  sans  désignation,  tenant  au  pont  de  la  porte  de  Bussy,  et  bâtie  sur  un 

'  eUa'rue '^'^    terrain  large  de  trois  toises  et  demie  et  profond  de  cinq  toises  deux  pieds,  baillé 

de  lAncicnne-     ^  Pierre  Janson,  le  1 5  avril  1606.  Dans  ce  terrain  existaient  encore  les  fondements 

d'une  maison  détruite  en  1  589  ''^^  :  c'était  sans  doute  la  même  que  celle  dont  l'ein- 

*■''  Buxy  n'est  pas  une  corruption  à  proprement  frque  plusieurs  caymans  et  aultres  gens  malvivans 

parler;  c'est  une  orthographe  savante,  comme  on  en  irfaisoient  leur  retrait  ordinaire   soubz  certaines 

'  adoptait  au  \vr  siècle.  Pendant  les  xv' et  xvi' siècles,  trvoultes  de  caves,  quiii  étaient  (rresléesdes  ruynes 

on  ëcrivait  Artî'ntes,  Xnmctm/fe.  Gela  ne  changeait  rdes  maisons  cy-devant  assises  hors  la  porte  de 

rien  à  la  prononciation.  —  a.  de  l.  «Bussy,»  le  Bureau  de  la  Ville  ordonna  le  comble- 

'''  Le  \l\  juillet  1609,  après  avoir  été  informé  ment  de  ces  excavations. 


"^  RUE  DE  BUSSY.  39 

placement  lïit  cédé  à  Jean  de  Bernay,  le  19  mai  i5^3.  La  maison  de  Jean  de 
Bernay  était  large  de  dix-neuf  pieds  par  devant,  de  vingt-quatre  par  derrière,  et 
profonde  de  douze  toises.  Elle  touchait  à  la  amasser  du  pont. 

Maison  sans  désignation,  qui  parait  avoir  été  construite  sur  l'emplacement 
d'une  masure  baillée  au  nommé  Cordier,  avant  le  mois  d'août  i6o5. 

Maison  sans  désignation,  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  des  Fossés  (de  l'An- 
cienne-Comédie).  Elevée  sur  un  terrain  baillé  à  Simon  Bridon ,  le  10  août  1862, 
elle  fut  abattue  en  1889,  et  rebAtie  par  Léon  Ficquet,  à  qui  l'emplacement  en 
fut  accensé  le  20  mai  1  6o5;  il  s'en  défit  quatre  jours  après,  au  profit  du  nommé 
Pierre  Nolant. 

JUSTICE 
ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE  SAINT-GEBMAIN  DES  PItÉS. 

Jabdiî!  (ibaS),  puis  maison  sans  désignation  (iSgo),  faisant  le  coin  occidental      Enireiesrue» 
de  la  rue  des  Fossés.  Le  terrain  de  cette  maison,  qui  était  déjà  divisée  en  deux  rAiicienne-ComMie 
vers  1628,  contenait  huit  perches,  et  fut  baillé  le  6  mai  i5io,  lorsqu'il  était  ,   .,     *' 

1  I  <u'S  Mauvais-Oiirçons 

encore  en  jardin,  à  Jean  Ganeron:  il  dépendait  de  la  maison  contiguë,  faisant  front  (t;r.ijoire-do-Tours). 
sur  les  fossés. 

Maisos  sans  désignation  en  lôaS,  puis  ou  Gband-Tckc  (1628).  En  i53i,  elle 
renfermait  un  jeu  de  paume,  et,  pendant  tout  le  xvi*  siècle,  elle  s'étendait  fort 
loin  vers  le  sud,  puisque  les  maisons  de  la  rue  des  Fossés,  jusqu'à  celle  de 
l'Étoile  inclusivement,  sont  toujours  dites  y  aboutir.  Plus  tard ,  la  partie  postérieure 
de  la  maison  a  servi  à  l'agrandissement  de  diverses  propriétés  en  bordure  sur  la 
rue  des  Mauvais-Garçons,  et  c'est  apparemment  cette  même  partie  qui  dépendait, 
en  iS/lcj,  de  la  maison  de  l'Image-Saint-Antoine,  en  la  rue  des  Boucheries. 

Maison  sans  désignation  (1  53 1),  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  des  Mauvais- 
Garçons.  Elle  fut  élevée  sur  une  partie  de  jardin,  large  de  trois  toises  deux  pieds 
et  profonde  de  dix''',  cédée  par  Jacques  Ledreux  à  Nicolas  Maretz,  le  18  jan- 
vier 1827.  Détruite  pendant  le  siège  de  Paris,  elle  n'était  point  encore  rebâtie 
vers  iSgS;  mais,  en  »6ii,  sur  son  emplacement  et  sur  celui  de  trois  masures 
situées  le  long  de  la  rue  des  Mauvais-Garçons,  Jean  Clergy  avait  fait  construire 
quatre  nouvelles  maisons,  dont  l'une  avait  pour  enseigne  la  Fortune.  En  1616, 
les  quatre  maisons  avaient  pour  enseignes  la  Justice,  la  Prudence,  la  Force  et  la 
Tempérance.  Nous  ne  saurions,  d'ailleurs,  fixer  avec  certitude  les  limites  de  ces 
quatre  constructions. 

Jabdin  d'un  demi-quartier  (1  620),  puis  maison  sans  désignation  (tS^y),  faisant      Eniif  les  me» 
'■'  Dans  œuvre,  saii»  doiiU". 


40  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

des  le  coin  occidental  de  la  rue  des  Mauvais-Garçons.  Elle  appartint,  dès  10/17,  ^"'^ 

Mauvaise-Garçons    j.gjjgjgy^^  j]g  Sainte-Croix-dc-la-Bretonnerie ,  auxquels  elle  avait  été  donnée  par 

des  Boucheries     ^e  Michel  Béuard,  oui  l'avait  fait  bâtir  quelques  années  auparavant. 

lÉcoie-dc-Médecine).       Maison  sans  désignation  en  1  SgS,  puis  de  l'Image-Saint-Louis  (1638).  De  même 

que  les  quatre  ou  cinq  suivantes,  elle  fut  construite  sur  des  terrains  ayant  fait 

anciennement  partie  de  l'hôtel  de  Malicorne.  (Voir  Rue  des  Boucheries.) 

■  Maison  de  la  Croix-Blanche  (1  BgS-i  780) ,  faisant  hache  derrière  la  précédente. 
Vers  i6/io,  elle  appartenait  à  la  duchesse  de  Schomberg  et  renfermait  un  jeu  de 
paume.  On  y  établit  ensuite  une  salle  de  spectacle,  qui  fut  connue  sous  le  nom  de 
Théâtre-Illustre  (i6iii-i6/i5),  et  où  Molière  fit  ses  débuts  à  Paris. 

Partie  postérieure  de  la  maison  du  Cïgne-de-la-Croix,  située  rue  des  Bouche- 
ries. Les  deux  maisons  précédentes  paraissent  avoir  été  bâties  sur  une  partie  de 
son  emplacement. 

Maison  sans  désignation  en  iBgB,  puis  de  l'Image-Saint-Nicolas  (1687-1733). 
Elle  semble  avoir  eu  aussi  pour  enseigne  l'Église,  et  elle  appartenait  au  collège 
Saint-Nicolas-du-Louvre. 

Maison  du  Grand-Cerf  (1595-1780),  où  il  y  avait  une  hôtellerie  au  xvii*"  siècle. 
C'était  d'abord  la  partie  postérieure  de  la  maison  de  Notre-Dame-des-Vertus,  ayant 
sa  façade  sur  la  rue  des  Boucheries. 

Grande  maison,  qui  paraît  avoir  eu  pour  enseigne  l'Albanoys  en  i595,  et  est 
dite,  dans  le  censier  de  cette  année,  appartenir  à  «  J.  de  Messe,  •«  conseiller  d'Etat W, 
après  avoir  été  possédée  par  M.  de  la  Marcdlière.  Si  nous  ne  nous  trompons,  elle 
fut,  comme  les  précédentes,  bâtie  sur  les  jardins  de  l'hôtel  de  Malicorne.  La  rue 
de  Seine  passe  aujourd'hui  sur  une  partie  de  son  terrain  et  de  celui  de  la  maison- 
suivante. 

Hôtel  de  Venise  (iSgô),  où  pendait  pour  enseigne,  en  1687,  la  Ville-de-Venise. 
Suivant  le  censier  de  lôgS,  il  appartenait  à  M.  de  Vailly,  et  avait  été  construit 
sur  l'emplacement  d'une  masure  qui  avait  jadis  été  une  grange.  Cette  grange  doit 
être  celle  que  Regnaut  Beauvallet  vendit,  le  8  janvier  1 5 1 5 ,  au  voyer  de  l'abbaye, 
Jean  Bart,  dit  Brodequin;  elle  comprenait  quatre  travées,  était  contiguë  à  l'hôtel 
de  Malicorne,  et  aboutissait  aux  propriétés  de  L.  Leblanc,  c'est-à-dire  aux  mai- 
sons de  la  Cage  et  du  Havre-de-Grâce,  qui  étaient  situées  dans  la  rue  des  Bou- 
cheries. Vers  le  même  lieu  s'élevait,  en  lioi,  une  maison  ayant  pour  enseigne 
la  Hache. 

Maison  sans  désignation,  dont  nous  n'avons  pu  préciser  l'identité  que  grâce  au 
censier  de  1595,  mais  qui  existait  un  siècle  auparavant.  En  1628,  elle  était  sé- 
parée de  la  maison  suivante  par  une  allée ,  ou  corps  d'hôtel ,  servant  d'issue  à  une 
maison  ayant  son  entrée  principale  en  la  rue  des  Boucheries.  Ce  corps  d'hôtel 

'''  Ce  doit  être  le  même  que  Jean  Huiault ,  sei-  Hurault ,  seigneur  de  Maisse ,  ambassadeur  à  Venise , 
gneur  de  Bois-Taillé  et  de  Bourré ,  et  frère  d'André        mort  en  1607. 


N  RUE  DE  BUSSY.         '  41 

forma  ensuite  une  maison  particulière,  que  Christophe  Gamard,  qui  y  demeu- 
rait, légua  à  IHôtel-Dieu  par  son  testament  du  3  décembre  1669;  il  l'avait  achetée 
le  21  avril  t63i. 

Maison  sans  désignation  (iBgB). 

Maison  sans  désignation  en  lôaS,  puis  de  l'Image-Saint-Claude  (lôgô-iGSy). 
Elle  avait  des  dépendances  sur  la  rue  des  Boucheries. 

Maison  sans  désignation  (iBgô),  morcellement  probable  de  la  précédente. 

Petite  maison  mentionnée  en  iBaS,  et  alors  appartenant  à  Rémond  Piquet. 
Elle  avait  pour  enseigne  îe Petit-Broc  en  1628,  et,  comme  la  suivante,  avait  d'abord 
fait  partie  de  la  maison  du  coin  de  la  rue  des  Boucheries. 

Maison  du  Pavillon  (iBqô),  puis  des  Quatre-Fils-Aïmon ,  contiguë  à  la  maison 
du  coin  de  la  rue  des  Boucheries. 

CÔTÉ   OCCIDENTAL  ET   SEPTENTRIONAL. 


PAROISSE   SAIM-SILPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE  SAINT-T.EBMAIN. 

Maison  du  Croissant  (1/174-1628),  faisant  le  coin  de  la  place  Sainte-Margue-     Emrc  i»  place 
rite,  La  partie  postérieure  de  celte  maison,  donnant  sur  la  rue  de  l'Échaudé,   '        «i  ' 
avait  pour  enseigne  le  Paon,  au  xvii*"  siècle.  i«  rue  de  scmc. 

Maison  du  Grand-Cornet  (iSgS),  puis  du  Mouton  (1628). 

Maison  de  la  Biche  (1595-1628),  puis  du  Gros-Raisin  (1687). 

Maison  de  l'Arbalète  (1  595-1 628). 

Maison  de  l'Annonciation  (1  5/17- 1 687  ).  Cette  maison  et  les  maisons  précédentes, 
qui  toutes  aboutissaient  à  la  rue  de  l'Échaudé,  furent  construites  sur  l'emplacement 
d'une  grande  propriété,  laquelle  renfermait  une  grange  avec  des  étables,  et  est 
déclarée,  en  i523,  s'être  appelée  anciennement  (tl'hostel  de  la  Forge,  ii  Cet  hôtel 
de  la  Forge  est  mentionné  en  1637  et  1  466  ;  il  n'était  j)oint  distinct  de  la  maison 
du  Croissant  mentionnée  en  1/17/1,  puisqu'il  est  énoncé  adevant  le  Pillory.r  Nous 
trouvons  en  outre,  dans  les  archives  des  Chartreux,  l'indication  d'une  maison 
énoncée,  en  i3i9,  devant  le  Pilori,  ren  laquelle  maison  la  Forge  est,  ad  présent, 
p  faisant  le  coing  donc  l'en  va  de  la  Boucherie  à  Sainct  Germain,  et,  de  l'autre  part, 
(T  devers  les  prez,  en  alant  à  Sainct  Souplice,  et  tenant  aus  maisons  dudit  Clément 
«f  Le  Fèvre.  d  Cette  maison  de  la  Forge  parait  être  celle  dont  il  est  question  dans  le 
présent  article;  toutefois  le  fait  n'est  point  entièrement  certain,  parce  qu'il  a  existé 
aussi  une  autre  maison  de  la  F'orge  vers  le  coin  de  la  rue  des  Boucheries.  La  pre- 
mière se  confondait,  vers  i5/i8,  avec  la  maison  suivante,  dont  il  est  dit,  dans  le 


42  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

censier  de  cette  année,  que  le  ttprincippal  manoim  avait  effectivement  pour  en- 
seigne l'image  de  «  l'A  nnonciation-Nostre-Damcn  Au  même  lieu  il  y  avait,  en  i388, 
une  grange  appartenant  à  Jehan  Laigneau. 

Deux  maisons,  dont  l'une,  faisant  le  coin  méridional  de  la  rue  Bourbon-le- 
Château,  a  eu  pour  enseigne  la  Herse  en  1628,  et  la  Herse-en-Croissant  en  1671. 
L'autre  appartenait,  vers  i63o,  à  Joachim  et  Pierre  ftSauvalle,^  père  et  oncle  de 
l'historien,  qui  lui-même  en  fit  don  à  l'Hôpital  général,  le  i4  mars  1671.  Ces 
deux  maisons  avaient  été  construites  sur  l'emplacement  d'une  grange,  avec  ber- 
peries  et  étables  (iSaB),  dont  les  limites,  vers  la  rue  de  Seine,  paraissent  répondre 
au  côté  méridional  de  la  rue  Bourbon-le-Château.  C'est,  en  effet,  sur  le  terrain 
de  la  maison  suivante  que  cette  rue  fut  ouverte. 

Rue  BoURBON-LE-ChÂTEAU.  François  de  Bourbon,  prince  de  Conti,  abbé 
commendataire  de  Saint-Germain,  ayant  fait  rebâtir  la  porte  du  palais  abbatial 
et  voulant  éviter  le  long  détour  au  moyen  duquel  on  y  accédait''',  résolut  de  percer 
une  rue  ff  depuis  le  pont  neuf  de  la  Maison  abbatialle  jusqu'à  la  rue  de  Bussy.  "^ 
Dans  ce  dessein,  le  5  juillet  1610,  il  acquit  de  Jean  de  Moussy,  auditeur  à  la 
Chambre  des  comptes,  une  zone  de  terrain  dépendant  de  la  maison  de  celui-ci, 
et  mesurant  quatre  toises  de  large  sur  dix-neuf  et  demie  de  profondeur.  Jean  de 
Moussy  reçut,  comme  indemnité,  une  propriété  à  Cachan,  et  la  construction  du 
mur  destiné  à  séparer  sa  maison  de  la  rue  nouvelle  fut  payée  par  l'abbé'^'.  Il  est 
dit,  dans  le  texte  du  contrat  d'échange,  que  la  voie  à  ouvrir  s'appellera  «la  rue  de 
ft  Bourbon-Guise,  n  et  telle  est,  en  effet,  la  dénomination  qu'elle  a  portée  d'abord, 
et  à  laquelle  a  ensuite  été  substituée  celle  de  rue  Bourhon-le-Château.  On  lit  rr  rue  ' 
ftde  Bourbon-le-Château,  cy-devant  rue  de  Bourbon-Guise, n  sur  un  titre  de 
1768  (^'.  La  première  dénomination  avait  été  choisie,  non  point,  comme  on  le  dit, 
à  cause  du  cardinal  de  Bourbon,  mais  bien  en  l'honneur  de  François  de  Bourbon 
et  de  sa  seconde  femme,  M"°  de  Guise,  qui  continua  à  jouir  des  revenus  de  l'ab- 
baye, longtemps  après  la  mort  de  son  mari. 

Maison  et  tuilerie  (i388-i5/i7),  s'étendant  jusqu'au  coin  de  la  rue  de  Seine, 
et,  le  long  de  cette  dernière,  jusqu'à  la  rue  du  Colombier.  Du  temps  de  Fran- 
çois I",  elle  appartenait  au  nommé  de  Moussy  et  s'appelait  la  Tuilerie  de  Moussy. 
Elle  est  énoncée  «une  loge,  masure,  place  et  tuillerieii  dans  le  bail  qui  en  fut  fait, 
le  28  avril  i388,  au  tuilier  Jehan  Fleurye,  moyennant  diverses  conditions,  parmi 
lesquelles  figure  l'obligation  de  fournir  chaque  année  deux  mdliers  de  tuiles  à 
l'abbaye.  Elle  présentait  alors,  sur  la  rue  de  Seine,  une  longueur  de  trente-neuf 

'■'  On  ne  pouvait  y  arriver  de  Paris  que  par  la  '^'  Sur  le  plan  de  Gomboust,  la  rue  Bourbon- 
rue  du  Colombier,  ou  par  la  place  appelée  aujour-  le-Cbâteau  est  de'nomruée  rue  du  Petit-Bourbon,  ce 
d'hui  de  Sainte-Marguerite.  qui  constitue  une  erreur  manifeste  et  fait  confusion 

'-'  Arch.  nat.  cart.  S  2875.  avec  la  rue  voisine  de  Saint-Sulpice. 


■*  RUE  DE  BUSSY.  43 

toises,  laquelle  se  retrouvait  naguère  entre  la  rue  de  Bussy  et  la  rue  du  Colom- 
bier. Nous  croyons  que  le  terrain  qu'elle  occupait  se  confond  avec  certaine  place 
vide,  d'environ  un  demi-arpent,  tenant  d'une  part  «au  terrouer  des  fossezn  du 
monastère,  et  d'autre  part  «au  chemin  par  oià  on  va  de  Saint-Germain  à  la  rivière 
ffde  Senne,  T)  qui  fut  cédé,  en  1872,  au  tuilier  Guillaume  Frère,  à  charge  par  lui 
d'y  bâtir.  La  tuilerie  de  Moussy  doit  avoir  cessé  d'exister,  en  vertu  d'une  ordon- 
nance de  l'abbé  de  Saint-Germain,  ordonnance  dont  nous  ignorons  la  date,  mais 
à  propos  de  laquelle,  le  6  juin  i556,  le  Parlement  ordonna  une  enquête,  sur  les 
réclamations  des  autres  possesseurs  de  tuileries  du  faubourg  et  sur  celles  de  l'Uni- 
versité. Il  est  parlé,  dans  le  censier  de  1590,  des  maisons  qui  avaient  remplacé 
la  tuilerie.  En  1628,  elles  étaient  au  nombre  de  sept  sur  la  rue  de  Bussy.  A  cette 
époque,  les  quatre  premières,  après  la  rue  Bourbon-le-Chàteau,  étaient  encore 
possédées  par  la  famille  de  Moussy. 

Maison  de  Notre-Dame-de-Liesse  (1543-1687),  faisant  le  coin  oriental  de  la  Entre 

rue  de  Seine.  En  1628,  elle  était  divisée  en  six  maisons  :  la  première,  faisant  le      etMaiarine. 
coin,  conservait  l'ancienne  enseigne;  la  deuxième  avait  celle  des  Balances;  la  qua- 
trième, celle  de  rAtige;  la  cinquième,  celle  des  Deux-Auges;  la  sixième,  celle  du 
Rosier-Croissant. 

La  maison  de  Notre-Dame-de-Liesse  et  la  suivante  furent  construites  sur  un 
terrain  cédé  par  Simon  Charlier  à  Jean  Laurent,  le  1 1  septembre  iB3i. 

Maison  sans  désignation  en  1 667,  et  alors  inachevée.  En  1 5ç)5,  elle  renfermait 
un  jeu  de  paume.  En  1G28,  elle  était  divisée  en  deux  parties  :  la  maison  de  l'Ecti- 
de-Botilogne  et  le  jeu  de  paume  de  la  Diligence. 

Maison  sans  désignation  (15/17),  <^''<^vée  sur  un  terrain  baillé  à  Jean  Cham- 
pion, le  iG  mai  i53o.  En  1595,  elle  formait  plusieurs  corps  d'hôlel,  et,  en 
1628,  cinq  maisons  distinctes  :  la  première,  actuellement  réunie  à  la  deuxième, 
a  eu  pour  enseignes  le  Petit-Monde  [i  G  aS)  et  le  ChefSainl-Jean  (1687);  la  deuxième, 
celle  de  la  Belle-Image  (1620);  la  troisième,  maintenant  confondue  avec  la  qua- 
trième, a  eu  pour  enseigne  le  Cheval-d'or  (1629-1696),  et  il  s'y  trouvait  un  jeu 
de  paume  en  1687;  la  quatrième  a  eu  pour  enseigne  le  Jitgement-de-Salomon^^^ 
(1628-1687),  ^^  '**  cinquième,  le  Pavillon-Royal  (1687). 

Maison  sans  désignation  en  15^7,  puis  de  la  Salamandre  en  i595,  contiguë  à 
la  maison  faisant  le  coin  de  la  rue  Mazarine.  Elle  fut  élevée  sur  un  quartier  de 
terre  baillé  à  Nicolas  Maretz,  le  i  1  mai  i53o,  et  était  déjà  divisée  en  deux,  vers 
1625.  C'était  une  place  vide  en  i595,  par  suite  des  ravages  de  la  guerre. 

C  Probablemenl  par  allusion  au  nom  de  Salomon  Champion,  propriiUairc  du  tout  en  iSgS. 


6. 


iU  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


JUSTICE 
ET  CENSIVE  DU  PARLOIR  AUX  BOURGEOIS. 


Entre  Deux  MAISONS  sans  désignation  (1607),  dont  la  première  faisait  ie  coin  oriental 

ctbpTrtcdrBÛrsy.  du  chemin  sur  les  fossés  ou  rue  Mazarine,  et  a  formé  ensuite  l'angle  de  la  rue 
Dauphine.  Le  terrain  de  ces  maisons  paraît  avoir  été  baillé  en  i6o5  aux  nommés 
Simon  Turpin  et  Jean  Raimbaut. 

Deux  maisons  sans  désignation  (1607),  élevées  sur  une  place  large  d'environ 
cinq  toises  et  profonde  de  quatre,  baillée  à  Jean  Bayet,  le  26  mai  160 5.  Au  même 
lieu  avaient  existé,  avant  iBSg,  deux  maisons  bâties  sur  un  terrain  large  de  huit 
toises  et  profond  de  six,  vendu  par  la  Ville  à  Jean  Gabory,  le  8  août  i5/i2.  Ce  ter- 
rain était  attenant  à  une  place  large  de  cinq  toises,  la  même  peut-être  que  celle 
de  Bayet. 


RUE   DES   CANETTES. 

La  rue  des  Canettes  commence  à  la  rue  du  Four  et  finit  à  la  rue  du  Vieux- 
Colombier. 

Des  documents  de  laSg  et  1270,  ainsi  que  le  rôle  de  la  taille  pour  1292, 
la  mentionnent  sous  le  nom  de  vicus  Sancti  Sulpicii,  ou  tr  rue  Saint  Souplice.  1)  Ce 
vocable,  provenant  de  ce  que  la  rue  conduisait  à  l'église  consacrée  sous  l'invo- 
cation de  saint  Sulpice,  se  rencontre  diversement  orthographié  :  Saint  Suplice," 
Soulpice,  etc.,  dans  presque  tous  les  titres  jusqu'au  milieu  du  xvii^  siècle,  époque 
où  le  nom  de  rue  des  Canettes  commence  à  devenir  fréquent.  Empruntée  à  une 
enseigne,  celte  dernière  dénomination  était  déjà  usitée  en  1628,  puisque  le  cen- 
sier  de  cette  année  énonce  a  la  rue  Sainct  Sulpice,  dicte  des  Canettes,  a  Aupara- 
vant on  faisait  quelquefois  usage  de  la  locution  :  Grande  rue  Saint  Sulpice  (iBog, 
1617,  etc.),  apparemment  pour  éviter  la  confusion  avec  les  ruelles  Saint-Sulpice 
aboutissant  au  chemin  de  Vaugirard.  Nous  avons  lu  dans  une  charte  de  iûi3  : 
ff  rue  par  oili  l'on  va  à  l'hostel  de  Sainct  Sulpice ,  ii  et  «  rue  Sainct  Sulpice ,  autre- 
rrment  dicte  le  Trou  Punetz,  v  sur  des  actes  dei5iieti578. 

Le  Trou-Punais  dont  il  est  ici  question  était  une  propriété  privée,  car  une 
maison  située  au  coin  de  la  rue  du  Four  et  de  la  rue  des  Canettes  est  énoncée, 
en  i5o5,  aboutir  «au  jardin  du  Trou  Punais'^'.n  D'autre  part,  la  maison  du  Trou- 
Punais  est  l'objet  d'un  article  dans  des  comptes  de  i656,  i663,  etc.  Au  reste, 
il  y  avait  encore  des  bourbiers  dans  la  rue  des  Canettes  et  dans  les  environs, 

'"'  Cette  dénomination,  qui  comporte  l'existence        quente  dans  le  vieux  Paris;  on  la  trouve  également 
d'un  puisard,  ou  bouche  d'égout,  est  assez  fré-        appliquée  aux  voiries  et  décharges  publiques,  l.m.t. 


< 


N  RUE  DES  CANETTES.  45 

sous  le  règne  de  Charles  IX  :  un  arrêt  du  Conseil  privé,  rendu  le  22  juillet  i566, 
ordonna  que  le  Prévôt  des  Marchands  et  les  Échevins  fourniraient  cent  raanou- 
vriers  pendant  deux  mois,  pour  être  employés,  sous  la  direction  des  officiers  de 
l'abbaye,  à  faire  les  ir  vidanges  des  terres  massives,  haussement  et  baissement  des 
(f  terres,  rues  et  cloaques  des  rues  du  Four,  de  Saint  Sulpice  et  autres  circum- 
ff  voisins^'',  fl 

Au  nombre  des  rues  mentionnées  dans  la  liste  que  donne  Corrozet,  et  dont 
l'identité  est  restée  jusqu'ici  à  l'état  d'hypothèse,  figure  celle  de  Vtracottblé;  mais, 
alors  même  que  l'édition  du  livre  des  tr  Antiquitez,  chroniques  et  singularitez  de 
ff  Paris,  fl  donnée  en  i563,  ne  nous  eût  point  appris  les  aboutissants  de  cette 
rue*'>,  il  nous  aurait  été  facile  de  comprendre  que  cette  voie  ne  différait  point 
de  la  rue  des  Canettes,  puisque  nous  savons  que  le  seigneur  de  Villacoublay  avait 
là  son  habitation,  au  temps  de  François  I".  Un  censier  de  i4oo  indique  six  ou 
sept  maisons  pour  le  côté  oriental  de  la  rue  des  Canettes,  et  dix  pour  le  côté  occi- 
dental. Toutes  les  maisons  dont  nous  allons  parler  existaient  donc  dès  le  xiv*  siècle; 
toutefois  ce  n'est  qu'au  xvi*  siècle  qu'il  est  possible  de  les  distinguer  entre  elles. 

CÔTÉ   ORIENTAL. 


PAROISSE    SAIM-SL'LPICE. 

JUSTICE 

BT  CBlfSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Maiso!»  sans  désignation  enioi'j,  puis  de  l'Image-Saint-Claide  (161 5),  contiguë 
à  la  propriété  du  coin  de  la  rue  du  Four.  Elle  en  avait  fait  partie  anciennement, 
et,  après  avoir  été  détruite  pendant  le  siège  de  Paris,  elle  fut  rebâtie  en  i6o5. 

Maison  sans  désignation  (i523).  Achetée  vers  i535,  du  nommé  Bigant,  par  le 
président  René  Gentil,  et  comprise  dans  la  confiscation  de  ses  biens,  en  i5/i3, 
ainsi  que  la  suivante,  elle  passa  aux  mains  du  cardinal  de  Tournon,  et  devint,  en 
i566,  la  propriété  de  son  neveu,  le  comte  de  Roussillon. 

Maison  de  l'Image-Notbe-Dame  (16/16-1 53 1),  dont  les  jardins,  énoncés  comme 
ayant  un  arpent  et  demi,  s'étendaient  jusqu'aux  halles  de  la  Foire,  en  longeant 
la  partie  postérieure  des  dépendances  du  presbytère  Saint-Sulpice.  Elle  appartint 
aux  xMathurins,  puis  à  Edmond  Hesselin,  seigneur  de  Villepèle.  Le  3i  décembre 
i535,  elle  fut  vendue  par  la  fille  de  Hesselin,  épouse  de  l'avocat  Guy  Cotte- 
Blanche,  à  Jérôme  Gentil.  René  Gentil,  le  père  de  celui-ci,  la  posséda  d'ailleurs, 

'*'  Inv.  de  l'Abbaye.  Arcli.  nat.  rcg.  LL  11 65,        est  dite  aboutir  d'un  bout  fh  la  rue  Sainct  Ger- 
fol.  11  V*.  irmain»  (du  Four)  et  cde  i'aultre  bout  au  coing 

'*'  Dana  le  livre  de  Corrozet,  la  rue  des  Canettes        ir  Sainct  Supplice." 


46  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

comme  l'indique  le  censier  de  iS/iy,  où  il  est  rapporté  qu'elle  fut  confisquée 
au  profit  du  cardinal  de  Tournon.  On  y  dit,  en  outre,  que  cren  partie  desquelz 
(T  lieux  ledict  delfunct  Gentilz  feist  bastir  et  édiffier  une  grant  maison  de  la 
ftniodde  italienne,  couverte  de  IhuiHe,  où  il  y  a  trois  tournelles  couvertes  d'ar- 
cr  doises.  fl 

C'est  sur  l'emplacement  de  cette  maison,  absorbée  avec  la  précédente  dans 
l'hôtel  de  Roussillon  (voir  Rue  du  Four),  qu'a  été  ouverte  la  rue  Guisarde,  d'abord 
dite  Guyarde,  suivant  un  titre  du  mois  d'octobre  1G21.  De  plus,  il  semble  que 
l'hôtel  du  comte  de  Sancerre,  qu'on  trouve  mentionné  dans  le  censier  de  i355, 
et  devant  lequel  se  trouvait  une  masure  contiguë  à  l'hôtel  des  Carneaux  et  à  ce 
dernier  manoir ''',  s'élevait  vers  le  lieu  où  a  été  percée  la  rue  Guisarde.  Il  est 
parlé  de  cet  hôtel  du  comte  de  Sancerre  dans  un  document  de  1270. 

Maison  sans  désignation  (i53i),  contiguë  à  la  maison  du  coin  de  la  rue  du 
Vieux-Colombier.  Elle  appartint  aux  marguilliers  de  Saint-Yves. 

CÔTÉ   OCCIDENTAL. 


PAROISSE   SAINT-SULPÏCE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Grande  maison  sans  désignation,  formant  le  coin  de  la  rue  du  Vieux-Colom- 
bier. C'était  d'abord  une  propriété  composée  d'une  grande  et  d'une  petite  mai- 
son, avec  un  grand  et  un  petit  jardin.  Le  tout  fut  vendu,  en  1609,  par  Gasset 
le  Viel  [alias  le  Véel)  à  Jean  Tabour,  orfèvre,  qui  s'en  défit,  le  19  avril  ibao, 
au  profit  de  Léon  le  Gentiliiomme,  prêtre  et  licencié  en  droit.  Celui-ci  y  fit 
bâtir  un  hôtel  important,  que  possédèrent  après  lui  messire  François  de  Mon- 
seaulx,  seigneur  de  Villacoublay  (i53/i),  M^  Oudart  Hennequin,  Christophe  de 
Thou,  avocat  au  Parlement  (iSiy),  puis  Philippe  Goureau,  sieur  de  la  Prous- 
tière,  maître  des  requêtes  (iByG).  Dès  1628,  on  y  avait  établi  un  manège,  qui 
fut  possédé,  vers  i656,  par  Hugues  de  Villelongue,  sieur  de  Mesmonl,  écuyer 
ordinaire  de  la  grande  écurie,  et  qui  s'est  appelé  Académie  de  Mesmont,  et  plus 
tard  de  Vaiidreuil. 

Maison  sans  désignation  (1595). 

Maison  sans  désignation  (1576),  qui,  dans  la  première  moitié  du  xvi"  siècle, 
était  confondue  avec  la  suivante. 

Maison  du  Pe'lican  (1575-1687).  L'emplacement  de  cette  maison  et  de  la  pré- 

'''  irMons.  Bernart  le  Brun,  pour  sa  masure  des  Querneaux,  devant  i'ostel  nions,  de  Sancerre,  vi  s. « 
Arch.  nat.  reg.  LL  io33,  fol.  3o  v°. 


N  RUE  DES  CANETTES.  M 

cédente  doit  être  le  même  que  celui  de  l'ancien  Hôtel  «aux  Carneaulx,?'  qu'on 
trouve  encore  mentionné  en  i53i.  Il  appartenait,  en  i3o6,  à  l'abbé  de  Saiat- 
Remy  de  Reims,  lequel,  contraint  par  les  moines  de  Saint-Germain-des-Prés 
ffd'en  vider  ses  mains, ^  le  vendit  à  l'évêque  de  Limoges,  Rernard  Brun.  L'bôtel 
des  Carneaux  était  peut-être,  à  cette  époque,  plus  vaste  qu'il  ne  l'a  été  depuis; 
car  Bernard  Brun,  dans  une  reconnaissance  du  a  juin  i3io,  parle  de  plusieurs 
maisons  qui  y  étaient  attenantes.  Le  ai  mars  i6o3,  les  Quinze-Vingts  le  cédèrent 
à  Henry  Joigneau.  Ce  dernier  l'aliéna,  le  2  janvier  1^09,  au  profit  du  pitancier 
de  l'abbaye,  qui  le  revendit,  le  29  novembre  liiG,  à  Laurent  Poutrel. 

Maison  sans  désignation  (i5ii),  propriété  de  l'abbaye  au  xvn"  siècle.  Cette 
maison,  ou  l'avant-dernière,  avait  pour  enseigne,  en  lôyS,  ïe  Purgatoire,  et  l'une 
des  maisons  contiguës  à  l'hôtel  des  Carneaux  s'appelait  l'Iiâlel  de  la  Hotte,  en  1 4o3. 

Maison  sans  désignation  en  i595,  puis  des  Canettes  (1628-170..).  Elle  fut 
élevée  sur  une  portion  de  jardin  que  J.  Daneau,  propriétaire  de  la  maison  pré- 
cédente, vendit,  en  i5ii,  à  Jean  de  Montjay,  à  la  condition  de  réserver,  auprès 
de  la  maison  attenante,  l'emplacement  d'une  ruelle  longue  de  douze  toises  et 
large  de  quatre  pieds  et  demi.  Cette  ruelle,  dont  il  est  encore  question  en  ir)99, 
était  une  propriété  privée  et  a  promptement  disparu.  Jaillot  dit  qu'on  l'appelait 
la  ruelle  du  Chef-Saint-Jean. 

Entre  la  maison  des  Canettes ''^  et  la  maison  suivante,  il  eu  existe  aujourd'hui 
une  troisième,  qui  semble  être  un  morcellement  de  cette  dernière;  elle  a  eu  pour 
en.seigne  r Autruche,  vers  i58o,  et  les  Canettes-Blanches,  en  1628;  mais  il  n'en  est 
point  fait  mention  au  xvi*  siècle.  Le  décrochement  que  présente  le  mur  mitoyen 
méridional  de  la  maison  de  l'Autruche  nous  paraît  être  une  trace  du  passage  de 
la  ruelle. 

Maslre  (iSgf)),  puis  MAISON  DU  Chef-Saint-Jean  (1.^00-1628),  contiguë  à  la 
maison  faisant  le  coin  de  la  rue  du  Four.  Jaillot  dit  que  l'enseigne  de  celte  mai- 
son existait  dès  le  xiv*  siècle,  de  même  que  la  ruelle  attenante;  mais  c'est  une 
erreur  de  sa  part,  ou  le  résultat  d'une  faute  d'impression. 


RUE   DU   CANIVET. 

La  rue  du  Canivet  commence  à  la  rue  Servandoni  et  finit  à  la  rue  Férou. 

Cette  rue,  percée  à  une  époque  que  nous  ne  pouvons  préciser,  mais  très-pro- 
bablement peu  après  i55o,  n'apparaît,  en  tout  cas,  qu'un  peu  plus  tard,  car  la 
plus  ancienne  indication  que  nous  en  ayons  rencontrée  se  trouve  dans  le  censier 

'*'  L'enseigne  de  celle  maison,  sculplée  en  bas-relief  dans  le  siècle  passe,  existe  encore  au  moment  où 
noas  écrivons. 


48  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

de  iBgB.  Elle  y  est  énoncée  crrue  des  Fossoyeurs,  d  tandis  que  la  vraie  rue  de  ce 
nom  y  est  appelée  rue  des  Cordiers.  On  lit  rue  du  Canivet  dans  le  censier  de  1628 
et  dans  tous  les  documents  postérieurs,  qui  ne  fournissent  d'ailleurs  aucune  don- 
née sur  l'origine  de  cette  désignation.  Un  canivet  étant  une  sorte  de  canif,  on 
suppose  volontiers  qu'elle  provient  d'une  enseigne  du  Canivet;  mais  il  n'y  a  jamais 
eu,  que  nous  sachions,  de  pareille  enseigne  dans  cette  rue,  ni  même  dans  aucune 
autre.  Nous  croyons  devoir  indiquer  une  étymologie  fort  différente.  D'après  le 
censier  de  lôgB,  les  deux  seules  maisons  ayant  leur  façade  dans  la  rue  apparte- 
naient au  tailleur  «Jehan  Caminet;T)  or  il  est  extrêmement  vraisemblable  que  le 
copiste  du  cueilleret  a  écrit  par  erreur  Jean  Camtnet  au  lieu  de  J.  Cainivet  ou 
Canivet.  Rien,  en  effet,  n'est  plus  commun  que  de  semblables  méprises;  nous 
constatons,  en  outre,  que,  au  xvi*  siècle,  l'abbaye  comptait  parmi  ses  vassaux  un 
«Nicolas  Canyvet,T)  charpentier  de  bateaux,  à  la  famille  duquel  pourrait  avoir 
appartenu  le  tailleur  au  nom  douteux. 

CÔTÉ  MÉRIDIONAL. 


PAROISSE   SAINT-SULPIGE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Le  côté  méridional  de  la  rue  du  Canivet  était  bordé,  au  xvi^  siècle,  par  le 
flanc  d'une  maison  aboutissant  sur  les  rues  Servandoni  et  Férou.  Cette  maison* 
avait  son  issue  sur  la  rue  du  Canivet  en  1628,  et  elle  a  été  morcelée  depuis,  de 
façon  à  former,  le  long  de  la  rue  du  Canivet,  deux  propriétés  distinctes. 

CÔTÉ  SEPTENTRIONAL. 


PAROISSE   SAINT-SULPIGE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Deux  maisons  sans  désignation  (lôgS),  dont  la  première  faisait  le  coin  de  la 
rue  Férou,  et  la  seconde  celui  de  la  rue  Servandoni (?).  Ce  sont  ces  deux  maisons 
qui  appartenaient  au  tailleur  Jehan  Caminet;  en  1628,  comme  de  nos  jours, 
elles  constituaient  déjà  trois  maisons  différentes. 


RUE  CASSETTE.  49 


RUE   CASSETTE. 

La  rue  Cassette  commençait,  il  y  a  peu  d'années,  à  la  rue  du  Vieux-Colombier; 
son  extrémité  septentrionale  a  été  raccourcie  par  l'ouverture  de  la  rue  de  Rennes. 
Elle  finissait  et  finit  encore  à  la  rue  de  Vaugirard. 

Nous  trouvons  cette  voie  désignée  comme  il  suit  :  tr  chemin  tendant  de  la  rue 
«du  Colombier  aux  murs  des  Chartreux, n  dans  un  document  de  i52i,  et  «che- 
«  min  tendant  de  Sainct  Germain  aux  Poulignis,  i>  ou  simplement  «  chemin  des  Pou- 
fflignisjT)  dans  d'autres  pièces  datées  de  iBaS.  Toutefois  elle  avait  pour  nom 
caractéristique  et  habituel  celui  de  «chemin  de  Cassel,^  autrement  «ruelle  de 
«Cassel;T  elle  est  ainsi  indiquée  sur  un  acte  de  1612,  le  premier  où  il  en  soit 
parlé  à  notre  connaissance.  Vers  i56o,  le  nombre  des  maisons  bordant  le  chemin 
de  Cassel  lui  avait  donné  la  physionomie  d'une  rue;  aussi  lit-on  dans  le  censier 
de  16/17  •  "rue  de  Cassel,  que  naguères  on  nommoit  le  chemyn  de  Cassel. n  Pour 
la  distinguer  des  deux  petites  rues  également  dénommées  Cassel,  on  a  dit  quel- 
quefois :  «Grant  rue  Casseli»  (i56i)  et  «rue  du  Grant  Cassel-n  (tb'ji);  mais 
cette  appellation  n'a  point  eu  longtemps  sa  raison  d'être  et  a  peu  duré.  Quant  à  la 
transformation  du  vocable  primitif  en  celui  de  Cassette,  elle  a  eu  pour  cause  ce 
besoin  d'assimilation ,  qui  pousse  le  peuple  à  donner  un  sens  intelligible  à  des  mots 
incompris  et  plus  ou  moins  semblables  à  certains  autres  existant  dans  la  langue 
courante.  On  a  écrit  «en  Cassetu  dès  i563,  et  «rue  Cassettei»  dès  1  Byo. 

L'hôtel  de  Cassel,  auquel  la  rue  Cassette  doit  son  nom  et  peut-être  son  ori- 
gine, n'est  décrit  dans  aucun  des  titres  de  l'abbaye;  nous  sommes  moralement 
sur,  néanmoins,  «ju'il  était  situé  le  long  de  la  rue  du  Colombier,  entre  les  rues 
Cassette  et  du  Cherche-Midi  ''^.  Le  censier  de  1  355  nous  apprend  que,  après  avoir 
appartenu  à  un  archevêque  de  Bourges,  il  était  devenu  la  propriété  de  madame 
de  Cassel  :  «Mad.  de  Cassel,  pour  le  manoir  qui  fu  l'arcevesque  de  Bourges,  au 
«Colombier,  vi  s. '*'d  Un  registre  des  archives  de  Saint-Thomas-du-Louvre  nous 
fait  savoir  que  madame  de  Cassel  n'était  autre  que  «  Mad.  Jehanne  de  Bretègne.  •/> 
Jeanne  de  Bretagne,  née  en  129/i  et  morte  le  aU  mars  i363,  fut  effectivement 
mariée,  par  contrat  j)assé  à  Saint-Germain-des-Prés,  le  jour  de  la  Saint-Matthieu 
i323,  à  Robert  de  Flandres,  seigneur  de  Cassel,  et  de  là  vient  qu'elle  a  été 
connue  sous  le  nom  de  madame  de  Cassel.  Sa  fille,  Yolande  de  Flandres,  com- 
tesse de  Bar,  hérita  de  l'hôtel  de  Cassel,  comme  il  appert  du  censier  de  i365, 
et  elle  put  voir  cet  héritage  détruit,  car  elle  ne  mourut  qu'en  1396.  Or  il  est 
question,  dès  1393,  de  «la  place  où  jadis  fut  l'hostel  de  Cassel. d  Au  reste,  sur 

"'  Entre  autres  preuves,  on  trouve  fpi'une  place        à  la  rue  du  Four.  —  '*'  Arch.  nat.  r^.  LL  io33, 
(levant  celle  où  avait  été  l'hAtel  tenait  d'une  pari        fol.  lû  r*. 


50  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

l'emplacement  qu'il  avait  occupé  subsistèrent  toujours  quelques  constructions, 
maisons  rurales  ou  tuileries,  et  cet  emplacement  forma  un  territoire  qu'on  désigna 
par  l'appellation  de  frCassel.n  La  mention  du  «lieu  dict  Gasselu  et  la  locution 
«en  Casselu  se  rencontrent  très-fréquemment  pendant  la  première  moitié  du 
XVI*  siècle.  Dans  le  procès-verbal  de  l'arpentage  de  iSag,  le  canton  de  Cassel  est 
l'objet  spécial  d'un  triage,  sous  la  rubrique  :  et  Le  buictiesme  triaige  commençant 
ffà  la  Thuiilerye,  tirant  à  la  Fosse  à  l'Aumosnier,  jusques  au  grant  chemyn  de 
ffVaugirart;T5  ce  qui,  traduit  dans  le  langage  actuel,  veut  dire  :  commençant  du 
coin  de  la  rue  du  Vieux-Colombier  et  du  Cberche-Midi,  continuant  le  long  de 
celle-ci  et  de  la  rue  du  Regard,  puis  revenant  par  les  rues  de  Vaugirard  et  Cas- 
sette. En  1629,  le  terrain  du  buitième  triage  était  encore  presque  complètement 
en  culture,  et,  en  iôqS,  du  côté  de  la  rue  du  Chercbe-Midi,  s'étendait  un  arpent, 
lequel  s'était  a  anciennement  appelle  les  Petites  Masures,  n 

CÔTÉ  ORIENTAL. 


PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Entre  les  mes  Trois  MAISONS  sans  désiguatiou  (iBqB),  dont  la  première  était  contiguë  à  la 

Vieux-Colombier    uiaisou  faisant  le  coin  de  la  rue  du  Vieux-Colombier;  la  dernière  formait  le  coin 
.tcarpentier.      septentrional  de  la  Tue  Carpentier. 

Entre  Maison  sans  désignation  (1 596),  faisant  le  coin  méridional  de  la  rue  Carpentier. 

les  rues  Carpentier  ti.  ■.  ,    .  .,__,,,  ,,  ,  ^ 

•  tiieMézières.         MAISON  saus  (lesiguation  (1590),  s  étendant  en  hache  sur  la  rue  Carpentier. 
Maison  sans  désignation  (1595),  dont  dépendait  une  autre  maison  sur  la  rue 
de  Mézières. 

Maison  sans  désignation  (1596),  faisant  le  coin  septentrional  de  la  rue  de 
Mézières. 

Enire  Grande  maison  sans  désignation  (iSgB),  faisant  le  coin  méridional  de  la  rue 

les  rues  de  Mézières    j^jt>->  i-  ■>  i  -i  r      r  •  n  -iiti 

et  de  Mézières,  et  dite,  dans  le  censier  de  1095,  appartenir  à  François  de  la  Forte, 

Honoré-Chevalier.   ^  président  de  Brethaigne  W.  V 


Maison  sans  désignation  (iSgS). 


''  Eustache  de  la  Porte,  président  des  enquêtes  Bretagne  publie  par  M.  Potier  de  Conrcy.  Il  y  eut. 

nu  Parlement  de  Bretagne  en  i563,  est  le  seul  par-  au  surplus,  un  François  de  la  Porte,  seigneur  du 

sonnage  qui  puisse  s'identifier  avec  celui-ci ,  et  dont  Boisliet  et  autres  lieux ,  qui  épousa  Claude  Bochart  en 

nous  trouvions  une  indication  dans  le  Nobiliaire  de  1 5 48  et  ("ut  l'aïeul  du  premier  duc  de  la  Meilleraye. 


>  RUE  CASSETTE.  51 

Maison  avec  jel'  de  palme  (i565-i6/io),  acquise  par  les  Jésuites  en  février  et 
mars  1689.  Elle  appartenait,  vers  i565,  à  Pierre  de  Vallès,  qui,  dès  iBiy, 
était  possesseur,  au  même  lieu,  de  sept  quartiers  de  terre,  où  s'élevait  une 
maison. 

Maison  sans  désignation  (1  Byi),  faisant  le  coin  septentrional  de  la  rue  Honoré- 
Chevalier.  Elle  fut  vendue,  le  19  avril  1071,  au  sieur  de  TAubépine,  par  le  char- 
pentier Jean  de  la  Rue,  qui  l'avait  fait  bâtir  sur  un  terrain  large  de  huit  toises  et 
profond  de  seize,  à  lui  cédé  par  Pierre  de  Vallès,  le  i3  décembre  i565. 

Au  delà  de  la  rue  Honoré-Chevalier,  la  rue  Cassette  était  bordée  par  une  maison      Enue  i.»  rues 
dont  la  façade  principale  donnait  sur  la  rue  de  Vaugirard,  (Voir  à  l'article  de  cette    eiTJuu^ZrT 
dernière.) 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 


PAROISSE  SAINT-SLLPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSITE  DE  L'ABBAYE. 

Maison  avec  grand  jardin,  contiguë  au 'clos  faisant  le  coin  de  la  rue  de  Vaugi- 
rard. Le  1 5  juillet  1 565,  M*  Robert  de  Rémisson,  procureur  au  Parlement,  acheta 
de  Pierre  de  Vallès  une  pièce  d'un  arj)ent  et  demi  et  trois  perches,  que  ce  dernier 
avait  acquise,  le  9  février  i55o,  de  Laurent  de  llsle.  Le  aS  juillet  de  la  même 
année  i565,  Robert  de  Rémisson  acheta  pareillement  de  Cuillaunie  Rourdin  une 
autre  pièce  de  terre,  et,  l'unissant  à  celle  qu'il  tenait  de  Pierre  de  Vallès,  il  forma 
la  propriété  dont  nous  parlons.  Elle  consistait  en  un  clos  d'environ  trois  arpents, 
planté  en  jardin,  lorsque,  le  1  1  juin  i583,  elle  fut  cédée  à  Robert  Rarat  par 
Léon  de  Rémisson,  ayant  cause  de  son  parent  Robert.  Le  18  octobre  1608,  elle 
fut  partagée  entre  les  héritiers  Leroy  et  le  nommé  Claude  Duinont  :  la  partie 
méridionale,  achetée,  le  7  juillet  1621,  par  Nicolas  Vivien,  fut  donnée  par  lui, 
le  11  .septembre  suivant,  aux  Cannes  déchaussés,  dont  elle  compléta  l'enclos, 
vers  l'est;  la  partie  septentrionale,  d'une  superGcie  de  cinq  quartiers,  fut  annexée, 
le  i^juillet  1659,  au  couvent  des  Bénédictines  du  Saint-Sacrement. 

Grande  maison  avec  jardins,  qui,  en  i565,  appartenait  à  Jean-Jacques  de  Ma- 
gaures,  et,  en  1628,  au  contrôleur  Louis  Le  Barbier''*,  lequel  l'avait  acquise  d'An- 
toine et  de  Henri  de  Loménie,  comte  de  Montbron;  ceux-ci  la  possédaient  vers 
1622.  Elle  contenait  environ  deux  arpents  et  demi;  mais  Le  Barbier  y  annexa 

'"'  Le  même  qui  figure  parmi  les  acquéreur»  de  l'hôtel  de  la  reine  Marguerite  :  c'était  apparemment  un 
de«  grands  spéculateurs  de  l'époque. 


52  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS, 

un  grand  clos  de  quatre  arpents,  qui  était  situé  derrière,  en  bordure  sur  la  rue 
du  Cherche-Midi,  et  avait  été  composé  de  plusieurs  parcelles.  Dans  cet  état,  Le 
Barbier  le  vendit,  le  i3  mai  i634,  aux  religieuses  de  Notre-Dame-de-Consolation, 
dites  du  Chasse-Midi.  Elles  ne  s'y  établirent  que  dans  la  partie  donnant  sur  la 
rue  du  Cherche-Midi,  et  elles  cédèrent  l'autre,  les  2  mars  et  8  avril  1608,  aux 
Bénédictines  du  Saint-Sacrement. 

Maison  sans  désignation  (iBgô),  contenant  un  jardin.  Elle  est  énoncée  simple- 
ment «un  jardin  clos  d'environ  un  demi-arpent , n  dans  la  vente  qui  en  fut  faite 
par  Guillaume  Lamy  et  Jehan  Marbais,  grand  arpenteur  de  France,  à  Pierre 
Boursier,  le  k  janvier  1619.  Trois  ans  plus  tard,  le  18  avril  1622,  P.  Boursier 
en  céda  la  partie  méridionale  à  Gabriel  Legentil,  par  lequel  elle  fut  donnée  à 
l'hospice  des  Incurables. 

Maison  sans  désignation,  qui  fut  achetée,  vers  i58o,  par  Robert  Barat.  En 
1619,  elle  formait  hache  derrière  la  précédente.  Des  remaniements  en  ont  rendu 
les  limites,  vers  le  nord,  très-problématiques. 

Maison  en  plusieurs  corps  d'hôtel,  contiguë  à  celle  qui  faisait  le  coin  delà  rue 
du  Vieux-Colombier.  Elle  appartint  à  r.M"  Liger  Duchesne,  lecteur  du  Roy''>,n 
puis  à  Robert  Barat,  qui  l'acquit  avant  les  guerres  de  la  Ligue.  Elle  aboutissait 
à  l'Académie  Chéradame. 


RUE   DE   LA   CHAISE. 

La  rue  de  la  Chaise  commence  à  la  rue  de  Grenelle  et  finit  à  la  rue  de  Sèvres. 

Cette  voie  est  une  de  celles  qu'on  ne  trouve  mentionnées  qu'au  xvi*  siècle,  bien 
qu'elles  soient  évidemment  beaucoup  plus  anciennes.  Ouverte  probablement  pour 
le  service  de  la  Maladrerie,  qu'elle  reliait  au  cimetière  dépendant  de  cet  établisse- 
ment, elle  est  énoncée  dans  l'arpentage  de  i529  :  frchemyn  qui  va  de  la  Malla- 
cr  derye  à  Sainct  Père,  ■"  et  « chemyn  qui  va  du  moulin  à  vent  à  la  Malladerye.  n  Ces 
deux  formules,  répétées  dans  d'autres  documents,  montrent  qu'on  ne  distinguait 
point  originairement  la  rue  de  la  Chaise  de  la  rue  des  Rosiers  (Saint-Guillaume), 
qui  en  forme  la  continuation.  Il  est  probable  que  cette  dernière  voie  se  raccordait 
jadis  avec  la  rue  de  la  Chaise  beaucoup  mieux  qu'aujourd'hui.  Le  nom  actuel  de 
la  rue  de  la  Chaise  provient  de  l'enseigne  d'une  tuilerie,  et  ne  paraît  pas  avoir 

'''  Liger  Duchesne,  Lcodegarius  a  Qucrcu,  pro-  violent  contre  les  Réformes  (De  intcrnecione  Gasp. 

■fesseur  et  lecteur  royal  au  Collège  de  France ,  s'est  Colignœi  et  Pelr.  lîami,  ad  regein  Carolum  IX,  Paris , 

fait  connaître  par  ses  travaux  d'érudition  et  de  1670,  in-4°).  Il  y  approuve  le  massacre  de  l'ami- 

poésie  latine.  La  liste  de  ses  œuvres  littéraires  est  rai  et  celui  de  Ramus,  dont  il  avait  été  cependant 

assez  longue.  On  cite  également  de  lui  un  pamphlet  le  collègue.  —  l.  m.  t. 


•*  RUE  DE  LA  CHAISE.  53 

été  en  usage  avant  la  seconde  moitié  du  xvi''  siècle.  Nous  lisons  encore,  dans  un 
titre  de  1678  :  s  rue  tendant  du  moulin  dudict  Sainct  Germain  à  l'hospital  du- 
ffdict  lieu,  11  et,  dès  i588  :  a  rue  de  la  Chaise,  qui  tend  de  la  Maladerye  au 
(f  moulin  à  vent  du  Pré  aux  Clercs.  •» 

CÔTÉ  ORIENTAL. 


PAROISSE  SAINT-SLLPIGE. 

JUSTICE 

BT  CENSIVE  DE  L"ABBAYE. 

D'après  le  censier  de  iBgS,  il  y  avait,  entre  la  propriété  faisant  le  coin  de  la 
rue  de  Grenelle  et  celle  qui  formait  le  coin  de  la  rue  de  Sèvres  :  1°  une  petite 
maison  avec  un  demi- arpent  de  terre  derrière;  9°  une  maison  à  M*  André; 
3"  une  petite  maison  qui  avait  appartenu  à  Jean  Marteau;  ti"  une  masure.  Or, 
en  1G87,  entre  les  propriétés  des  coins  de  la  rue,  il  n'existait  plus  que  les  dé- 
pendances du  grand  hôtel  de  Beau  vais  de  la  rue  de  Grenelle,  les  maisons  men- 
tionnées dans  le  censier  de  iBgB  ayant  été  détruites.  Cette  circonstance  et  l'ab- 
sence de  tout  titre  relatif  au  côté  oriental  de  la  rue  de  la  Chaise  ne  permettent 
pas  d'y  tenter  une  restitution  parcellaire. 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 


PAROISSE  SAIM-SLLPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Jabdin  d'environ  deux  arpents,  qui  contenait  une  maison  ou  masure,  et  dont 
dépendait  une  pièce  de  trois  arpents  située  derrière.  Ce  jardin  est  dit,  en  i6olx, 
tenir  à  l'hôpital  Saint-Germain  (voir  Rue  de  Sèvres);  mais  il  avait  sans  doute  fait 
précédemment  le  coin  du  chemin  de  Grenelle,  qu'on  nonune  aujourd'hui  la  rue 
de  Babylone,  et  qui  se  prolongeait  jusqu'à  la  rue  de  Sèvres'''.  Le  7  octobre  1611, 
il  fut  cédé  à  l'hôpital,  dans  lequel  il  a  été  depuis  absorbé,  par  Martin  Haguenyer, 
qui  en  serait  devenu  adjudicataire  le  3o  juin  1606,  suivant  certaine  pièce  des 
archives  de  l'Assistance  publique.  Il  ressort  pourtant  d'un  autre  document  que, 

'"'  La  démolition  de  l'hospice  des  Petits-Mdnages  Babylone,  ancien  chemin  de  Grenelle,  a  élé  pro- 
( ancienne  Maladrerie)  a  permis,  il  y  a  quelques  longée  à  travers  les  terrains  de  l'hospice,  et  elle 
années,  de  rétablir  cet  état  de  choses.  La  rue  de        aboutit  de  nouveau  h  la  rue  de  Sèvres.  —  l.  m.  t. 


54  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

dès  i588,  Martin  Haguenyer  était  possesseur  du  terrain  de  ce  jardin,  qu'il  avait 
acquis  des  marguilliers  de  Sainl-Jean-en-Grève,  et  sur  lequel  il  leur  assigna  une 
rente,  à  la  date  du  i" janvier  1587. 

Deux  pktites  maisons  sans  désignation  (i588),  tenant  d'une  part  et  aboutissant 
à  la  suivante.  Vers  iSgô,  elles  étaient  en  ruines;  mais  elles  durent  être  rebâties, 
car  elles  sont  de  nouveau  mentionnées  en  i635. 

Grande  maison  et  tuilerie,  ayant  pour  enseigne  la  Chaise  (1 588-1  BqB).  L'em- 
placement de  cette  propriété,  qui  a  été  renfermée  dans  l'hospice  des  Ménages,  est 
celui  où  se  trouvait  l'hôpital  des  Teigneux,  qui  figure  sur  le  plan  de  Gomboust. 

Grande  maison  avec  jardin,  qui  est  dite,  en  iSgB,  appartenir  à  M*  Boyer  Re- 
gnault,  ff général  de  France''', •a  et  avoir  appartenu  précédemment  à  un  évêque 
d'Auxerre.  Elle  s'étendait  derrière  les  maisons  précédentes,  et  c'est  à  travers  son 
jardin  que  Raphaël  de  la  Planche  fit  ouvrir  la  rue  qui,  récemment,  portait  encore 
son  nom.  En  effet,  dans  une  déclaration  passée,  le  16  décembre  1611,  par  Eli- 
sabeth Claire  de  la  Planche,  d'une  maison  située  rue  de  la  Planche,  il  est  dit  que 
cette  maison  avait  été  bâtie  sur  une  place  cf  faisant  partye  d'un  grand  jardin...  au 
«travers  duquel  a  esté  pris  ladite  rue  de  la  Planche,  donnée  au  public  par  le  sieur 
«de  la  Planche,  père  de  ladite  dame'^'.  ■»> 

Raphaël  de  la  Planche,  trésorier  général  des  bâtiments,  qui  succéda  en  1629 
à  son  père,  François  de  la  Planche,  dans  la  direction  de  la  manulacture  de  tapis- 
series des  Gobelins,  établit,  rue  de  la  Chaise,  la  fabrique  qu'il  dirigea  seul  à 
partir  de  i633,  époque  où  fut  rompue  son  association  avec  Charles  de  Comans. 
Le  censier  de  1628  mentionne  Raphaël  de  la  Planche  comme  possesseur  d'une 
grande  maison,  qui  doit  être  celle  de  l'évêque  d'Auxerre.  Raphaël  de  la  Planche' 
acquit  aussi  celle  qui  était  contiguë ,  du  côté  de  la  rue  de  Grenelle.  L'absence  de 
documents  ne  nous  permet  ni  de  restituer  avec  certitude  les  limites  de  ces  deux 
propriétés,  ni  de  fixer  l'époque  où  fut  ouverte  la  rue  de  la  Planche.  11  n'en  est 
point  encore  question  dans  le  censier  de  1628;  mais  elle  figure  sur  le  plan  de 
Gomboust  (1652),  où  elle  est  appelée  rue  de  Varennes,  comme  aujourd'hui. 

Petite  maison  sans  désignation  (1 695 ).  Elle  occupait  l'emplacement  où  débouche 
la  rue  de  la  Planche ,  prolongement  actuel  de  la  rue  de  Varennes. 

Trois  maisons  sans  désignation  (iBgô),  dont  la  dernière  était  contiguë  à  la  tui- 
lerie faisant  le  coin  de  la  rue  de  Grenelle.  Les  deux  plus  rapprochées  de  cette 
rue  étaient  en  masure,  vers  iBgB. 

•''  On  donnait  ce  nom  à  certains  officiers  de  la  (Traité  de  la  Cour  des  Monnaies);  il  ne  figure  ni 

Cour  des  Monnaies.  Boyer  Regnauit,  maigre  le  dans  les  listes  des  officiers  de  cette  cour,  ni  dans 

titre  que  lui  attribue  le  censier  de  1 5^5 ,  n'est  pas  les  biographies.  —  l.  m.  t. 
mentionné  dans  l'ouvrage  de  Germain  Constant  '*'  Arch.  nat.  cart.  Sa846. 


< 


>  RUE  CARPENTIER.  55 

RUE   CARPENTIER. 

La  rue  Carpeiitier  commence  à  la  rue  du  Gindre  et  flnit  à  la  rue  Cassette. 

Il  n'y  a  rien  dans  les  archives  de  l'abbaye  qui  soit  relatif  à  l'origine  de  cette 
rue;  il  ne  semble  pas,  d'ailleurs,  qu'elle  puisse  remonter  au  delà  du  règne  de 
Henri  II.  Dans  le  censier  de  iBgB,  le  plus  ancien  document  où  nous  en  ayons  vu 
une  mention,  et  dans  celui  de  1628,  elle  est  énoncée  crrue  du  Charpentier, a  et 
non  me  Chat-penlier  commo  plus  tard,  ce  qui  donne  à  penser  qu'elle  doit  son  nom 
au  métier  qu'exerçait  soit  l'un  de  ses  habitants,  .soit  l'individu  sur  les  terrains 
duquel  elle  a  été  ouverte.  L'appellation  de  la  rue  du  Oindre''',  où  elle  aboutit, 
donne  l'exemple  d'une  semblable  origine ,  et  parmi  les  propriétaires  de  cette  ré- 
gion, au  XVI*  siècle,  nous  en  connaissons  un  ou  deux  qui  étaient  charpentiers. 

On  remarquera  que  les  enseignes  ont  été  fort  rares  dans  tout  le  quartier  com- 
pris entre  les  rues  de  Tournon  et  du  Cherche-Midi,  par  cette  raison  bien  simple. 
que  le  quartier  était  peu  industriel  et  peu  commerçant.  Il  en  résulte  beaucouj)  de 
monotonie  dans  l'énoncé  des  maisons  de  celte  région. 

CÔTÉ  MÉRIDIONAL, 


PAROISSE  SAINT-SLLPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

pETirE  MAISON  sans  désignation  (1096),  contiguë  à  celle  du  coin  de  la  rue  du 
Gindre. 

Partie  postérieure  d'ine  maison  ayant  sa  façade  principale  rue  Cassette,  et  fai- 
sant hache  derrière  la  maison  du  coin  de  la  rue  Cassette. 

CÔTÉ  SEPTENTRIONAL. 

PAROISSE  SAINT-SLLPICE. 

JUSTICE 

ET  CE.NSIVE  DE  L'ABBAVE. 

Maison  sans  désignation  (iSgS),  contiguë  aux  maisons  faisant  les  deux  coins 
''  Giniln»  in(li(|iif  iinliirellenw'nl  un  boulanger,  maigre  la  «Jlëbrilé  du  han!  de  saint  Joseph. —  k.uz  l. 


56  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

de  la  rue.  Elle  appartenait,  en  iSgô,  à  Mesnager,  clerc  au  greffe  du  Châtelet, 
et,  en  1628,  à  Pierre  Baudouin,  sieur  de  Montarsy.  Elle  a  été,  dans  la  suite, 
annexée  à  la  maison  des  Orphelines  de  Saint-Sulpice,  à  laquelle  elle  aboutissait. 


RUE   DU   CHERCHE-MIDI. 

La  rue  du  Cherche-Midi  commence  au  carrefour  de  la  Croix -Rouge,  et  finit 
actuellement  à  la  partie  de  la  rue  de  Vaugirard  située  au  delà  du  boulevard  du 
Montparnasse;  du  temps  de  Henri  IV,  elle  se  terminait,  en  tant  que  rue,  à  cette 
partie  de  la  Tranchée  qui  était  voisine  de  la  rue  du  Regard. 

C'était  jadis  le  chemin  qui  conduisait  spécialement  du  bourg  Saint-Germain  à 
Vaugirard,  et,  en  conséquence,  il  était  énoncé  tr chemin  allant  à  Vaugirard n 
(1372),  cr  chemin  de  Vaugirard  :i(i  388,  i^gS,  i53i,etc.),  et  cf  chemin  de  la  Croix 
ft de  Vaugirard n  (ii47).Au  xvf  siècle,  l'anciernie  tuHerie  qui  formait  le  coin  de  la 
rue  du  Vieux-Colombier  a  produit  les  appellations  suivantes  :  tt  chemin  qui  tend 
cfde  la  Tuillerie  à  Vaugirard n  (i5io,  i523),  et  aussi  rr chemin  qui  tend  du  lieu 
Cf  appelle  la  Tuilerie  aux  Chartreux ,  n  ou  «  à  la  Fosse  de  l'Aumosnier.  v  Ces  dernières 
dénominations  ne  s'appliquaient  toutefois  qu'à  la  partie  septentrionale  de  la  voie, 
sur  laquelle  s'embranchait  le  Chemin-Herbu  (rue  du  Regard),  qui  menait  à  la 
Fosse  à  l'Aumosnier  et  au  Clos  des  Chartreux.  Après  avoir  été  appelée  le  chemin 
de  la  Tuilerie,  la  rue  du  Cherche-Midi  a  porté  le  nom  de  chemin  de  la  VieiUe-Ttii- 
lerie  (iSag),  puis,  par  corruption,  on  l'a  nommée  chemin  des  Vieilles-Tuileries,  et 
enfin  rue  des  Vieilles-Tuileries,  vocable  qu'on  a  fini  par  appliquer  exclusivement  au 
tronçon  moyen  de  la  voie.  Le  censier  de  iBgS  mentionne  cria  rue  des  Vieilles 
tr  Thuilleryes,  aultrement  dict  Cherche-Midy, n  et  dans  le  censier  de  1628,  où  se 
trouve  la  même  locution,  on  rencontre,  en  outre,  celle  de  (true  Chasse-Midyt' , 
et  dict  Petit  Vaugirard ,  -n  employée  pour  désigner  l'extrémité  méridionale  du  chemin, 
c'est-à-dire  la  rue,  dite  encore  naguère  du  Petit- Vaugirard,  que  l'arpentage  de 
iB'iQ  nomme  cr  chemin  delà  Poincte,'»  à  cause  d'un  territoire  voisin '"^l 

Le  censier  de  t  BgB  est,  à  notre  connaissance,  le  premier  document  dans  lequel 
figure  l'appellation  de  rue  Cherche-Midi  ou  rr  Chasse-Midyn  (161 3,  1628,  etc.). 
Elle  provient,  suivant  Sauvai,  d'une  enseigne  «où  l'on  avoit  peint  un  cadran,  et 
ffdes  gens  qui  y  cherchoient  midi  à  quatorze  heures,  n  INous  croirions  plutôt  que 
l'enseigne  a  été  inspirée  par  le  nom  de  la  rue*'),  et  que  ce  nom  dérive  de  quelque 

'''  L'appellation  de  Chasse-Midi  était  la  plus  or-  '■'  Voir,  dans  le  tome  second  de  cet  ouvrage, 

dmairemeiit  employée  du  temps  de  Piganiol,  car  il  les  Terres  en  culture,  septième  triage, 
ilit  :  trLe  nom  de  Chasse-Midi,  tout  corrompu  qu'il  '''  On  voit  encore ,  au  n°  1 9  de  la  rue  du  Cherche- 

irest,  a  prévalu,  et  il  n'y  a  plus  que  quelque  érudit  Midi,  une  enseigne  sculptée  en  bas-relief,  repré- 

(rprécieux  qui  l'appelle  la  rue  du  Cherche-Midi.  1  sentant  un  homme  qui  trace  un  gnomon  à  l'aide 


RUE  DU  CHERCHE-MIDI. 


57 


cadran  solaire,  ornant  l'une  de  ses  maisons,  par  exemple  l'Académie  Chéradame, 
établie  sur  l'emplacement  de  la  Vieille-Tuilerie.  La  gnomonique,  on  le  sait,  était 
en  grande  faveur  à  l'époque  de  la  Renaissance  '"'. 

CÔTÉ   DU    SUD-EST. 


PAROISSE  SAINT-SULPICE. 


JUSTICE 


ET  CENSiVE  DE  L'ABBAYE  SAINT- GEBMAIN. 


(Voir  Je  plan  de  la  paroisse  Sainl-Sulpice.) 


\KisoN  en  plusieui-s  corps  d'hôtel  et  avec  jardin,  qui  tenait  vers  l'occident  à  la 
Tranchée,  et  vers  l'orient  à  des  terres  en  culture.  Cette  maison  est  la  seule  que 
le  censier  de  iSgS  mentionne  comme  étant  située  dans  la  rue  du  Cherche-Midi, 
du  côté  de  la  ville,  et  elle  est  dite,  dans  le  même  registre,  ajipartenir  à  M"'  de  la 
Planche,  clerc  au  greffe  civil  du  Châtelet.  Cinq  quartiers  du  terrain  qu'elle  occu- 
pait avaient  été  cédés,  le  af)  avril  1690,  par  Jean  de  Camet  à  J.  de  la  Place, 
suivant  les  archives  des  Carmes  déchaussés,  auxquels  elle  fut  vendue  par  Jean  de 
la  Planche,  le  i3  avril  i635<"''. 

CÔTÉ  DU   >ORD-OUEST. 


PAROISSE  SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE  SAINT-GEBMAIN. 

(Voir  le  plan  de  la  paroisse  Saint-Sulpice.  ) 


Pièce  db  tkbke  attenante  à  la  Tranchée  (iGgB),  et  aboutissant  rue  de  Sèvres. 
Le  3  juillet  1609,  les  administrateurs  de  l'Hôtel-Dieu  la  cédèrent,  à  charge  d'y 
bâtir,  au  nommé  Jean  Langellé,  dont  les  héritiers  la  partagèrent  le  i3  mars  lôiy. 


du  compas;  on  lit  au  bas  :  Au  Cherche-midi;  mais 
cetle  enseigne  n'apprend  rien ,  car  elle  ne  date  que 
du  ivin'  siècle,  et,  sur  l'emplacement  de  la  mai- 
son qu'elle  servait  à  désigner,  il  n'y  avait  point 
encore  de  construction  vers  l'an  1600,  époque  oii 
l'on  employait  dt^à  la  dénomination  de  rue  du 
Cherche-Midi. 

'*'  Un  émdit,  fort  au  courant  des  choses  pari- 
tiennes,  M.  Edouard  Foumier,  inclinée  croire  que 


le  ir cherche»  ou  c chasse  niidy»  était  tout  simple- 
ment un  parasite  alTamé,  cherchant  une  invitation 
ou  châtiant  au  diner.  L'heure  traditionnelle  de  ce 
repas,  qui  s'est  conservée  encore  dans  les  collèges. 
dans  les  pensionnats  et  dans  certaines  petites  villes 
du  midi  de  la  France,  était  invariablement  lixée  à 
midi.  —  t.».  T. 

''*  A  l'orient  de  cette  maison ,  sur  un  emplace- 
ment que  coupe  actuellement  la  rue  d'Assas,  que 

8 


5«  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Sur  la  partie  qui  bordait  la  rue  du  Cherche-Midi,  furent  alors  construites  deux 
maisons,  qui  ont  servi  à  l'établissement  de  la  communauté  du  Bon-Pasteur. 

Maison  sans  désignation,  en  plusieurs  corps  d'hôtel  (lôga),  formant  la  partie 
postérieure  d'une  propriété  ayant  sa  principale  façade  rue  de  Sèvres. 

Trois  maisons  sans  désignation  (i  BgS),  qui  furent  construites,  ainsi  que  celles 
auxquelles  elles  aboutissaient,  sur  des  terrains  baillés  à  bcilir  en  i  69.9  et  i5.3o. 
(Voir  Rue  de  Sèvres.) 

Petite  maison  élevée  sur  un  terrain  large  de  trois  loises  et  profond  de  quatre, 
qui  fut  retranchée  de  la  maison  conliguë,  dans  la  direction  du  carrefour,  et  que 
Jean  Larchevêque  vendit  à  Bastien  Soissons,  en  i535. 

Trois  maisons  sans  désignation,  dont  la  dernière  était  contiguë  à  la  grande  pro- 
priété faisant  le  coin  du  carrefour  de  la  Croix-Rouge.  La  deuxième  était  déjà 
construite  en  16/17;  ^^^^  "^'^^  "^  trouvons  d'indication  positive  des  autres  que 
dans  le  censier  de  iBgB.  Elles  avaient  été  construites  sur  des  morcellements  de 
terrain,  dont  nous  donnons  le  détail  à  l'article  de  la  rue  de  Sèvres. 


RUE   DES   CISEAUX 

La  rue  des  Ciseaux  commence  à  la  rue  Sainte-Marguerite  (Gozlin)  et  finit  à  la 
rue  du  Four. 

C'était  primitivement  une  ruelle  sans  importance,  (jui  conduisait  de  la  rue  du 
Four  sur  le  chemin  des  fossés  de  l'abbaye,  et  ne  renfermait  aucune  maison  ayant 
là  sa  façade,  ou  sa  principale  entrée.  Aussi  les  anciens  titres  ne  la  désignent-ils  que 
par  une  périphrase,  comme:  rrrue  qui  va  des  fossez  à  la  rue  de  BlancboueTi 
(1/199);  ff^iielle  qui  va  de  la  Grant  rue  sur  les  fossez  de  l'abbaye  1?  (1662),  et 
plus  souvent  par  le  simple  mot  ruelle.  Le  censier  de  ibgB  est  le  premier  docu- 
ment où  nous  ayons  vu  la  cr  ruelle  des  Ciseaulxn  indiquée  parce  nom,  qu'un  acte 
de  1  633  modifie  en  celui  de  crrue  des  Ciseaulx  d'Or,  n  II  est  à  croire  que  l'on  di- 
sait communément  crue  des  Ciseaux n  avant  l'époque  oîi  celle  appellation  apparaît 
dans  les  documents,  puisque  l'enseigne  des  Ciseaux,  distinguant  la  maison  qui 
lormait  le  côté  occidental  de  la  rue,  existait  dès  le  milieu  du  xv"  siècle. 

Jaillot  dit  que,  dans  certains  actes,  la  rue  des  Ciseaux  a  été  tr  confondue  avec  une 

la  rue  de  Rennes  a  coupé  de  nouveau  dans  une  de  ia  Ville  de  Paris,  et  à  Marguerite  Masson,  sa 

direction  oblique,  et  où  l'on  voyait,  il  y  a  quelques  femme,  ce  jardin  était  possédé,  en  i6a8,  parleurs 

années,  une  petite  chapelle  dépendant  des  Carmes,  trois  enfants,  le  peintre  Augustin  Quesnel,  le  li- 

a  existé  un  jardin  d'environ  un  arpent,  qui  renier-  braire  Jacques  Qnesnel ,  et  Denise  Quesnel,  épouse 

niait  une  petite  maison.  Après  avoir  appartenu  à  de  Jean  Perruchon,  audiencier  de  l'élection   de 

François  Quesnel ,  l'artiste  auquel  nous -devons  le  Paris.   (Arch.  nat.  cart.  S  d'jSo.  Inventaire  des 


premier  plan  géométral  et  assez  généralement  exact        Carmes,  fol.  t  /i6  v"  et  1 47  r°). 


L.  M.  T. 


RITES  DES  CISEAUX  ET  DU  COEUR-VOLANT.  59 

(T ruelle  voisine,  située  plus  près  du  Pilori,  et  qui  ne  portoit,  dans  le  siv""  siècle, 
«rdaufre  nom  que  celui  de  ruelle  qui  descend  des  fossés  Sainl-Germain  à  la  me  de  la 
(f  Blanche-Oie  et  à  la  rue  du  Four;i  mais  il  est  évident,  au  contraire,  que  la  seule 
rue  qui  ait  conduit  des  fossés  aux  rues  du  Four  et  de  la  Blanche-Oie  est  bien  la 
rue  des  Ciseaux,  car  elle  débouche  au  point  même  oi!i  les  deux  rues  s'unissaient, 
tandis  qu'une  ruelle,  placée  comme  Jaillot  l'a  imaginé,  n'aurait  mené  qu'à  la  rue 
de  la  Blanche-Oie  exclusivement.  Aussi  bien  est-il  certain  que  la  ruelle  dont  parle 
Jaillot  se  confond  avec  la  rue  des  Ciseaux,  puisque  les  documents  où  il  en  est 
question  la  présentent  comme  une  des  limites  du  grand  hôtel  plus  tard  appelé 
Casin''',  qui  occupait  la  totalité  de  l'îlot  compris  entre  les  rues  des  Ciseaux, 
Sainte-Marguerite  et  du  Four.  Cet  îlot  ne  peut  donc  avoir  été  coupé  par  aucune 
ruelle'^':  les  archives  de  l'abbaye  en  fournissent  vingt  fois  la  preuve. 

î.^  propriétés  qui  bordaient  la  rue  des  Ciseaux  avaient  leur  entrée  dans  les 
rues  du  Four  et  Sainte-Marguei'ite. 


RLE   DU   COELR-VOLANT. 

La  rue  du  Cœur-Volant  commençait  à  la  lue  des  Boucheries  et  fînissait  à  la  rue 
des  Qualre-Vents.  Elle  est  maintenant  confondue  avec  la  rue  Grégoire-de-Tours, 
auparavant  appelée  rue  des  Mauvais-Garçons. 

Suivant  Jaillot,  dont  l'opinion  n'a  jamais  été  réfutée,  cette  rue  se  serait  nom- 
mée, jusqu'au  XV*  siècle,  ruelle  delà  Voirie-des-Bouc  tiers;  il  n'en  est  rien  toutefois. 
Non-seulement,  comme  nous  le  démontrerons,  la  voirie  des  bouchers  correspond 
à  la  rue  des  0ualre-\enl8,  mais  encore  la  rue  du  Cœur-Volant  n'a  été  percée  que 
postérieurement  à  l'époque  où  la  voirie  des  bouchers  a  été  transportée  hors  du 
bourg  Saint-Germain.  Nous  voyons  effectivement,  par  tous  les  titres  et  censiers  de 
l'abbaye,  y  compris  celui  de  iS^y,  que,  dans  la  première  moitié  du  xvi*'  siècle,  les 
maisons  de  l'Ecu-de-Brelagne  et  de  la  Croix-d'Or,  au  lieu  d'être  séparées  par  une 
rue  ou  ruelle  quelconque,  se  touchaient  sur  la  rue  des  Boucheries,  ainsi  que  sur 
la  rue  des  Quatre-Vents.  Nous  constatons  même  que,  de  ce  dernier  côté,  la  maison 
delà  Croix-d'Or  ayant  eu  cinq  toises  de  façade,  la  rue  du  Cœur-Volant  a  dû  être 
ouverte  sur  son  emplacement;  car,  en  réunissant  sa  largeur  à  celle  de  la  maison 


<'>  Dans  un  titre  de  1&99,  relatif  à  l'bAtel  Ca- 
Rin,  la  rue  des  Ciseaux  est  effectivement  énoncëe 
vrue  qui  va  desdits  fossez  en  ladite  rue  de  Blan- 
•chone.i 

'*'  Il  n'a  pu  l'être  qu'au  xvii*  siècle,  c'est-à-dire 
bien  après  le  morcellement  de  l'hôtel  Casin.  Lecensier 
de  I C87  fait  mention  d'une  petite  rue  appelée  wrue 
-Gamard,ii  qui  communiquait  de  la  rue  Sainte- 


Marguerite  ù  ici  rue  du  Four,  et  était  située  près 
delà  maison  du  Polonais-Armé ,  de  sorte  qu'elle  de- 
vait débouclier  vers  le  milieu  de  l'espace  compris 
entre  les  rues  Mabillon  et  Princesse.  Cette  rue 
n'était,  en  réalité,  qu'un  passajfe peu  ancien ,  et  dont 
il  ne  reste  rien  aujourd'hui.  Elle  portait  le  nom  de 
Christophe  Gamard,  qui  bâtit  les  maisons  du  côté 
septentrional  de  la  rue  Sainte-Murguerile. 

R. 


60  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

du  coin  occidental  de  la  rue,  on  retrouve  la  dimension  de  cinq  toises,  donnée 
par  le  cueilleret  de  lôaS  comme  largeur  du  jardin  de  l'hôtel  de  la  Croix-d'Or, 
près  de  la  rue  des  Quatre-Vents. 

Sur  un  croquis  fait  vers  i58i,  la  rue  du  Cœur-Volant  est  indiquée  par  la  for- 
mule «rue  pour  descendre  aux  Bouscheries,  a  et  le  censier  de  iSgB  l'énonce 
tr  rue  de  la  Croix  d'Or,  dicte  des  Marguilliers.  n  La  première  de  ces  appellations 
s'explique  tout  naturellement  par  la  situation  de  l'hôtel  que  nous  venons  de  men- 
tionner. Quant  à  la  seconde  appellation,  elle  provient,  et  c'est  là  une  circonstance 
ignorée  de  tous  les  historiens,  de  ce  que  la  rue  fut  percée,  par  les  marguilliers 
de  Saint-Sulpice ,  à  travers  une  partie  de  l'hôtel  de  la  Croix-d'Or,  lequel  fut  acheté 
par  eux,  dans  cette  intention,  le  27  février  1669,  d'un  nommé  Nicolas  Dardelet, 
ainsi  qu'il  est  rapporté  dans  un  cartulaire  de  la  paroisse''*.  Les  marguilliers  se 
proposaient  d'aliéner  le  terrain  acquis,  et,  le  19  mars  suivant,  ils  commencèrent 
par  céder  à  Jean  Ménard  un  corps  d'hôtel  avec  un  petit  jardin  sur  la  nouvelle  rue. 
Celle-ci,  dite  dans  l'acte  de  vente  rue  des  Marguilliers ,  existait  donc  à  cette  der- 
nière date,  avec  une  dénomination  déjà  consacrée.  On  lit  dans  le  censier  de  1698  : 
«rrue  Neufoe  des  Marguilliers,  dicte  du  Cœur  Voilant, n  et,  dans  les  titres  un  peu 
postérieurs,  rue  du  Cœur  Volant  seulement.  La  rue  renfermait  dès  iBgS  une  en- 
seigne du  Cœur-Volant,  origine  du  vocable  actuel;  on  le  trouve  employé  dans  la 
troisième  partie  des  Aventures  du  baron  de  Fenœste^^\  ouvrage  publié  en  1619,  et 
il  devait  être  usité  alors  depuis  un  certain  nombre  d'années. 

CÔTÉ   ORIENTAL. 


PAROISSE   SAINT-SULPICE. 
JUSTICE 
ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE, 

Dépendances  de  la  maison  de  ï Image-Sainte-Catherine  (i595),  contiguë  à  la  mai- 
son de  l'Ecu-de-Bretagne ,  faisant  le  coin  de  la  rue  des  Boucheries.  Le  terrain  oc- 
cupé par  ces  dépendances  et  par  les  propriétés  suivantes  était  compris  dans  l'hôtel 
de  l'Ecu-de-Bretagiie,  avant  le  percement  de  la  rue. 

Place  close  (i595),  puis  Maison  de  la  Croix-de-Fer  (1628).  La  partie  posté- 
rieure de  cette  maison  occupait  un  emplacement  qui  avait  précédemment  fait 
partie  de  la  maison  de  l'Image-Sainte-Catherine,  sise  en  la  rue  des  Boucheries. 

AiTRE  place  close  (iSgB),  attenante  au  jeu  de  paume  qui  faisait  le  coin  de  la 
rue  des  Quatre-Vents.  Il  s'y  trouvait  deux  maisons  en  1628. 

'''  Arch.  nat.  reg.  LL  gSa,  fol.  3ii  r°.  —  '''  Voir  l'édition  qu"en  a  donnée  Mérimée,  p.  i55. 


.      >  RUE  DU  COLOMBIER.  61 

CÔTÉ   OCCIDEfVTAL. 

PAROISSE   SAINT-SULPICE. 
JUSTICE 
ET  CENSIVE  DE  L'ABBAÏE. 

Maison  sans  désignation  (iBgB),  contiguë  à  ia  maison  faisant  le  coin  de  la  rue 
des  Quatre-Vents.  Ainsi  que  toutes  les  suivantes,  elle  l'ut  bâtie  sur  un  emplace- 
ment qui  provenait  du  morcellement  de  la  maison  de  la  Croix-d'Or,  située  en  la 
rue  des  Boucheries. 

Maison  sans  désignation  en  iSgS,  puis  de  l'Image-Saint-Antoine  ?  (1628). 

Maison  du  Coelr-Volant  (lôgS). 

Maison  sans  désignation  (iBgS).  C'est  le  corps  d'hôtel  (avec  petit  jardin  atte- 
nant) qui  fut  baillé  en  1569  à  J.  Ménard,  par  les  marguilliers  de  Saint-Sulpice. 

Corps  d'iiôtel  dépendant  de  la  maison  du  Clief-Saint-Denis,  et  contigu  à  la 
maison  faisant  le  coin  de  la  rue  des  Boucheries. 


RUE   DU   COLOMBIER. 

La  rue  du  Colombier  commençait  à  la  rue  de  Seine  et  finissait  au  droit  de  la 
rue  Saint-Benoit;  on  ne  la  distingue  plus  aujourd'hui  de  la  rue  Jacob. 

Cette  rue  était  anciennement  un  chemin  qui  conduisait  au  Grand-Pré-aux-Clercs, 
en  longeant  d'un  coté  le  fossé  de  l'Abbaye,  et  de  l'autre  le  Petit-Pré-aux-Clercs. 
On  ne  lui  donnait  aucun  nom  particulier,  si  ce  n'est  peut-être  celui  de  chemin  du 
Pré-aujc- Clercs,  et,  d'ailleurs,  il  en  est  à  peine  question  avant  l'époque  où  le  Petit- 
Pré  fut  baillé  à  bâtir.  Jaillot  assure  qu'en  i585  on  l'appelait  rue  du  Pré-aux- 
Clercs,  el  on  la  trouve  encore  désignée  par  la  formule  analogue  de  c  ruelle  qui  va  aux 
«Prés  aux  Clercs, t)  dans  un  titre  de  1607.  Nous  avons  lu  dans  d'autres  titres 
«chemin  à  aller  au  Préaux  Clercsn  (t  5/i5,  i553,  etc.)  et  «Grant  rue  tenant  aux 
(ffossez  de  l'Abbaye -n  (i5/i6).  Quant  au  nom  de  rue  du  Colombier,  il  ne  nous  est 
point  apparu  avant  iSSq,  et  il  provient  de  la  proximité  du  colombier  du  monas- 
tère, puisque,  dans  un  document  de  i5.^3,  la  troisième  maison  du  Petit-Pré-aux- 
Clercs  est  énoncée  «devant  le  colombier  de  l'Abbaye,  ii  Ce  colombier  existait  déjà 
en  1  696  ;  cependant  il  est  à  croire  que  la  rue  n'a  porté  ce  nom  que  vei-s  la  fin 
du  xvi* siècle,  et  nous  sommes  parfaitement  sûr  que,  contrairement  à  l'opinion  de 
Jaillot,  les  indications  antérieures  d'une  rue  du  Colombier  se  rapportent  exclusi- 
vement à  celle  des  environs  de  Saint-Sulpice.  D'ailleurs,  la  rue  du  Colombier  est 


62  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

demeurée  à  l'état  de  simple  chemin,  dépourvu  de  toute  construction,  jusqu'en 
1 563 ,  et  il  n'y  avait  point  lieu  de  la  regarder  auparavant  comme  une  rue.  C'est,  en 
outre,  depuis  i  5/ii  seulement  que,  l'îlot  del'Echaudé  ayant  été  bâti,  elle  a  atteint 
la  rue  de  Seine.  Moins  large  que  le  reste,  la  section  comprise  entre  cette  dernière 
rue  et  celle  de  l'Echaudé  a  été  appelée  «petite  rue  allant  sur  les  fossez  de  l'Abbaye 
n  et  au  Pré  aux  Clercs,  a  en  i  SgB,  et  «petite  rue  par  laquelle  on  va  au  Pré  aux 
«  Clercs ,  Ti  en  1 5  6  7 . 

La  rue  du  Colombier  a  été  pavée  aux  frais  des  propriétaires,  et  en  vertu  d'un 
arrêt  du  Parlement  du  5  août  i58G('l  Le  k  octobre  de  l'année  précédente,  l'ali- 
gnement définitif  en  avait  été  fixé,  de  concert  avec  l'Université,  par  Pierre  Martin, 
voyer  de  Saint-Germain,  qui,  le  lendemain,  défendit  aux  charretiers  d'y  passer,  et 
ordonna  de  mettre,  aux  extrémités,  des  barrières  destinées  à  être  fermées  la  nuit'^'. 

Jaillot  dit  que,  avant  i585,  la  rue  du  Colombier  était  plus  rapprochée  de  la 
rivière,  par  suite  de  l'existence  du  fossé  qui  entourait  l'abbaye;  mais  il  se  trompe  : 
la  rue  moderne  occupe  exactement  la  même  situation  que  l'ancien  chemin  lon- 
geant ce  fossé.  Nous  en  avons  acquis  la  certitude  en  étudiant  les  baux  des  terrains 
du  Petit-Pré ,  qui  n'a  point  été  agrandi ,  et  en  constatant  que  les  maisons  du  côté 
méridional  de  la  rue,  adossées  à  l'enceinte  du  monastère,  présentent  une  pro- 
fondeur de  dix  toises  environ,  équivalente  à  la  largeur  du  fossé,  qu'on  retrouve 
en  cet  endroit  même,  à  l'orient  et  au  midi.  Les  maisons  du  côté  méridional  de  la 
rue  du  Colombier  ont  eu  leur  mur  de  face  posé  sur  la  contrescarpe  du  fossé.  Au 
reste ,  il  est  certain  que  la  rue  du  Colombier  n'a  jamais  été  plus  près  de  la  rivière 
qu'aujourd'hui;  elle  a  dô,  au  contraire,  en  être  un  peu  plus  éloignée.  Le  chemin 
qui  a  précédé  la  création  des  fossés  occupait,  en  effet,  une  partie  de  l'emplace-' 
ment  de  ces  fossés;  il  était  donc  plus  distant  de  la  Seine  que  ne  l'est  la  rue  actuelle. 
11  longeait  le  pied  des  murs  du  monastère,  passant  entre  ces  murs  et  la  chapelle 
Saint-Marlin-des-Orges  ;  une  sentence  de  1278  l'énonce  «antiqua  via  quae  olim 
«fuit  interdictam  capellam  veterem  et  murum  abbatiae  Sancti  Germani.n 

CÔTÉ  MÉRIDIONAL. 


PAROISSE   SAIM-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Maison  avec  JARDI^,  «où  souloit  estre,au  dessus  de  la  porte,  la  Coro>neh(i595), 
et  qui  faisait  le  coin  occidental  de  la  rue  de  l'Echaudé.  En  1  SgS,  elle  appartenait 

'"'  Cet  arrêt  est  le  même  que  celui  qui  ordonna  '*'  L'inventaire  de  l'abbaye  parle  de  barrières 

la  continuation  de  la  rue  de  l'Égout.  et  non  de  portes,  comme  on  l'a  dit  tant  de  fois. 


*  RUE  DU  COLOMBIER.  63 

au  sieur  de  Chanteloup,  qui  la  tenait  des  hoirs  du  sieur  de  Moussy,  le  propriétaire 
de  la  tuilerie  voisine,  lequel  l'avait  fait  bâtir,  avant  1667,  sur  deux  lots  de  terre, 
l'un  de  neuf  perches  et  demie  et  l'autre  de  six.  Cette  maison,  dont  le  plan  trian- 
gulaire, ou  plutôt  trapézoïdal,  s'est  maintenu  intact,  tenait  vers  l'occident  à  un 
petit  chemin  longeant  le  fossé  de  l'Abbaye.  De  ce  côté,  le  mur  mitoyen  entre  les 
deux  propriétés  est  à  peu  près  parallèle  à  la  direction  biaise  que  présentait  celui 
du  monastère.  Vers  le  milieu  du  siècle  passé,  la  maison  de  la  Couronne  était  con- 
nue sous  le  nom  dliôtel  de  Luynes. 

La  maison  de  la  Couronne  a  longtemps  été  la  seule  qui  existât  du  côté  méri- 
dional de  la  rue  du  Colombier,  et,  au  delà,  on  ne  voyait  plus  que  le  fossé  de 
l'abbaye,  déjà  presque  entièrement  comblé  en  i5i8(''.  L'an  i585,  le  cardinal  de 
Bourbon  en  céda  la  propriété  à  ses  moines,  en  leur  interdisant  de  le  bailler  à  bâtir, 
mai^  en  leur  laissant  la  faculté  de  le  clore  d'un  mur,  ce  qu'ils  firent  jusqu'au 
droit  de  la  tour  du  Colombier;  c'est  à  cette  occasion  que  fut  pris  l'alignement  du 
h  octobre  1 585 '"•''.  A  cette  même  époque,  on  creusa  de  nouveau  une  partie  du 
fossé,  longue,  dit  D.  Bouillard,  de  trente-trois  toises  trois  pieds  et  demi,  et, après 
l'avoir  revêtue  de  maçonnerie,  on  la  transforma  en  un  vivier  ''.  L'emplacement  de 
ce  vivier  a  été  depuis  absorbé  par  le  grand  jardin  du  monastère ,  et  n'a  laissé  aucune 
trace  pouvant  aidera  vérifier  l'exactitude  des  dimensions  que  lui  attribue  D.  Bouil' 
lard.  Il  est  certain,  au  surplus,  que  le  vivier  formait  l'encoignure  de  la  rue  Saint- 
Benoit,  et  que,  à  l'époque  où  il  fut  détruit,  on  comprenait,  sous  le  nom  de  le 
Vivier,  les  deux  tiers  environ  du  fossé  de  la  rue  Saint-Benoît.  Les  maisons  placées 
entre  celle  de  la  Couronne  et  le  jardin  du  couvent  ont  été  construites  à  partir  de 
1660.  Un  des  baux  porte  la  date  du  5  juillet  1661. 

Au  côté  méridional  de  la  rue  du  Colombier  se  rattache  le  souvenir  de  la 
Chapelle  SaINT-Marti>-LE-VieIX,  ou  Saint-MarTIN-DES-OrgES.  Elle  appar- 
tenait à  l'Université  et  était  située  «  sur  sa  terre ,  -n  c'est-à-dire  sur  le  Pré-aux-Clercs, 
En  1278,  elle  fut  rebâtie,  ou  du  moins  restaurée,  ce  qui  prouve  qu'elle  était  déjà 
ancienne,  et  les  moines  de  l'abbaye  furent  alors  condamnés  à  y  entretenir  un  cha- 
pelain. Elle  n'en  possédait  point  antérieurement  :  le  service  religieux  ne  s'y  faisait 
que  par  occasion  et  d'une  façon  accidentelle.  Elle  est  énoncée  simplement  Capella 
Sancli  Martini  dans  l'épitaphe  de  l'abbé  Simon,  mort  en  126^;  puis  :  Velus  rapella 

'•'  ffCar  sont  encore,  de  présent,  les  vestiges  main-<les-Préi ,  p.  i84)  que,  vers  i543,  les  moines 

«rdesdicts  fessez  apparens;*  c'est  ce  qu"on  lit  dans  firent  aussi  creuser  le  fossé  du  côté  du  l'ré-aux- 

les  plaidoiries  du  procès  qui  eut  lieu  alors  entre  Clercs,  afin  que  l'eau,  y  venant  avec  plus  d'abon- 

l'abbaye  et  l'Université.  dance,  formât  une  espèce  de  vivier.  Cette  assertion 

"  D'après  l'inventaire  de  l'abbaye.  l'Université  est  fondée  sur  un  article  de  l'inventaire  des  titres; 

aurait  consenti,  dàs  i584,  à  la  clôture  des  fossés  toutefois,  comme  en  i543  la  Noue, ou  Petite-Seine, 

du  monastère.  était  comblée  en  partie,  on  ne  voit  pas  comment  ce 

'''  D.  liouillart  dit  {llixt.  de  l'abbaye  Saint'Ger-  vivier  devait  être  alimenté  d'eau. 


64  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Sancli  Martini  infra  muros  abbatie  en  1978,  Capella  vêtus  Beau  Martini  juxta  eccle- 
siam  nostram  en  laSB,  Capella  vêtus  Sancli  Martini  juxta  muros  abbatie  en  1286, 
et  enfin  Capella  Sancti  Martini  de  Ordeis  en  1817,  i368  et  1869.  On  la  jeta  bas 
en  i368,  et  la  chapelienie  qui  y  avait  été  fondée  fut  transférée  dans  l'église  de 
l'abbaye,  où  on  lui  donnait  quelquefois  le  nom  de  chapelienie  des  Bienfaiteurs. 

Puisque  la  chapelle  Saint-Martin-des-Orges  disparut  pour  faire  place  aux  fossés 
du  monastère,  il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  l'édifice  était  très-voisin  des  mu- 
railles du  couvent,  dont  un  chemin  seulement  la  séparait.  D.  Bouillard  assure 
qu'elle  s'élevait  vers  l'angle  du  grand  jardin,  proche  du  Pré-aux-Clercs,  c'est-à-dire 
au  lieu  qu'occupe  maintenant  la  maison  sise  rue  Jacob,  entre  les  rues  Saint-Benoît 
et  Bonaparte.  Cette  indication  doit  être  exacte.  En  effet,  c'est  au  nord  du  monas- 
tère que  se  trouvait  certainement  la  chapelle,  puisqu'il  est  parlé,  dans  une  charte 
de  1817,  d'un  terrain  s'étendant  entre  ce  petit  édifice  et  les  jardins  de  Nesles  : 
ff  Platée  site  inter  capellam  Sancti  Martini  de  Ordeis  et  muros  jardini  de  Nigelia;7) 
et,  d'un  autre  côté,  dans  une  transaction  de  1289,  citée  par  Du  Boullay,  une 
place  qui  y  était  contiguë,  et  oii  l'on  voulait  bâlir  une  maison  pour  le  chapelain, 
est  dite  tenir  de  deux  côtés  à  des  voies  publiques  :  trQuadam  platea  sita  apud 
(rSanctum  Germanum  de  Pratis,  prope  Parisius,  contigua,  ex  una  parte,  sive  ex 
ffuno  latere,  capelle  Sancti  Martini  Veteris  de  Sancto  Germano,  et,  ex  alia  parte, 

adomui  dicti  magistri  (Pétri  de  Ancelira) :  et,  ex  tertio  latere,  est  via  pu- 

trblica;  ex  quarto  vero  latere,  est  via  publica,  et  prope  muros  abbatie  dicti  Sancti 
fc  Germani  '''. 

Sur  une  partie  de  l'emplacement  occupé  par  la  chapelle  Saint-Martin-des- 
Orges,  à  l'angle  que  formait  en  cet  endroit  le  mur  de  clôture  de  l'abbaye,  c'est- 
à-dire  à  la  jonction  des  rues  du  Colombier  et  Saint-Benoît,  on  construisit,  dans 
le  premier  quart  du  xvu'' siècle,  un  pavillon  de  garde,  ou  de  jardinage,  qui  a  sub- 
sisté jusqu'à  nos  jours.  Une  petite  tourelle  quadrangulaire,  à  consoles  sculptées, 
y  était  accolée  dans  les  mômes  conditions  que  celle  de  l'hôtel  Lamoignon,  qu'elle 
surpassait  en  élégance,  comme  le  prouve  la  planche  ci-jointe.  Cette  échauguetle , 
qui  rappelait  celles  des  rues  Hautefeuille  et  des  Francs-Bourgeois,  de  la  place  de 
Grève  et  de  la  Maison  de  Ville,  a  disparu  vers  i85o'^l 


'''  Du  Boullay,  Historia  Untversitatts ,  voi.  III, 
p.  /igo.  Un  terrain  en  forme  de  T,  placé  à  l'angle 
des  deux  chemins  représentés  par  les  rues  Jacob  et 
Saint-Benoît,  satisferait  aux  conditions  énoncées 
dans  la  charte  de  1817  et  dans  la  transaction 
de  1280. 

<*'  Feu  Berty ,  on  le  sait ,  avait  adopté ,  pour  point 
extrême  de  son  travail  de  restitution,  l'année  1610, 
date  de  la  mort  de  Henri  IV.  Il  lui  semblait  qu  elle 


marque  à  Paris  le  terme  du  moyen  âge,  ainsi  que 
de  la  Renaissance,  et  que  la  topographie  parisienne 
des  deux  derniers  siècles,  d'ailleurs  beaucoup  plus 
facile  à  retracer,  appartient  au  Paris  contemporain. 
Cette  opinion  nous  a  paru  trop  absolue  :  partout 
où  nous  avons  jugé  utile  de  franchir  la  date  de  i  6 1  o, 
nous  l'avons  fait  sans  scrupule,  ajoutant,  comme 
nous  le  faisons  ici,  un  paragraphe  au  texte  et  une 
gravure  à  la  série  des  planches.  —  l.  m.  t. 


TOPOGRAPHIE    H1ST0R1Q.VE   DV  VIRVX   PARIS 


A  CiiillAumot  del  et  «c 


LE  PAVILLON  D'ANGLE  DES  RVES  SAINT  BENOIT  ET  DV  COLOMBIER 

DANS    LENCLOS    DE    LABBAYE    SAINT    GERMAIN    DES    PRÉS 
d  Aprrs  un  Desdn  ori6inal 


>  RUE  DU  COLOMBIER.  65 


COTE  SEPTENTRIONAL. 


PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE  DE  L'ABBAYE  SAIIST-GERMALVDES-PRÉS, 

CENSIVE  DE  L'UMVEHSITÉ. 

(Pelit-Pré-aux-Clercs.) 

Gba>de  maison  sans  désignation,  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  Bonaparte 
et  aboutissant  rue  des  Marais.  Elle  occupe  la  moitié  d'un  terrain  de  cinquante- 
neuf  perches  de  superficie,  qui  était  encore  vague  lorsque,  le  21  février  i565, 
l'Université  le  bailla  à  Alexandre  Papin,  écuyer  et  seigneur  deBeaulieu,  moyen- 
nant deux  sous  parisis  de  cens,  douze  livres  de  rente,  et  à  charge  de  bâtir  avant 
cinq  ans.  Mais  cette  dernière  clause  ne  fut  point  observée  par  le  preneur,  qui  se 
défit  de  sa  propriété,  le  5  février  i586,  au  profit  du  maçon  Christophe  Mercier, 
ou  Le  Mercier,  demeurant  «au  logis  de  Neesie.  n  Le  Mercier  divisa  son  lot  en  deux 
parcelles,  et  céda  celle  du  coin,  le  11  novembre  i586,  à  Baptiste  Androuet  du 
Cerceau,  architecte  du  roi  et  fils  de  Jacques  Androuet  du  Cerceau,  l'auteur  du 
livre  «des  plus  excellens  baslimens  de  France. n  Dès  l'année  suivante,  une  maison, 
p  bastie  avec  grand  artifice  et  plaisir,  d  s'élevait  sur  le  terrain  do  Baptiste  Androuet, 
qui  avait  sans  doute  déployé  tout  son  talent  dans  la  construction  de  sa  nouvelle 
demeure.  Toutefois  il  ne  put  en  jouir  bien  longtemps;  car,  au  mois  de  décembre, 
aimant  mieux,  dit  Lestoile,  ff  quitter. . .  ses  biens  que  de  retourner  à  la  messe,  ii  il 
fut  obligé  de  s'éloigner  et  d'abandonner  sa  maison ,  n  qui  fust  toute  ruinée  sur  lui.  y 

Nous  avons  établi  que  Baptiste  Androuet,  à  la  suite  de  cet  événement,  ne  quitta 
point  la  France,  comme  on  l'a  longtemps  cru,  et  qu'il  resta  même  au  service 
de  Henri  lll^'';  mais  nous  ne  saurions  dire  si,  avant  la  reddition  de  Paris  en 
169^,  il  revint  habiter  sa  maison,  qui  dut  être  une  fois  de  plus  saccagée  pen- 
dant le  siège  de  la  Ville.  Le  23  mars  1602,  Marie  Raguidier,  veuve  de  Baptiste 
Androuet  et  tutrice  de  leurs  enfants,  vendit  la  maison  à  son  beau-frère  Jacques 
Androuet  du  Cerceau,  architecte  et  contrôleur  des  bâtiments  de  la  Couronne. 
Après  la  mort  de  celui-ci,  qui  fut  enterré  le  17  septembre  iGiii,  sa  femme, 
Marie  de  Malaper,  continua  à  habiter  la  maison ,  et  elle  la  laissa  eu  héritage  à 
leur  fille  Marie  Androuet,  laquelle  épousa  Élie  Bedée,  propriétaire  de  la  maison 
voisine**). 

Maison  sans  désignation,  aboutissant  rue  des  Marais,  et  élevée  sur  la  seconde 
parcelle  du  lot  de  Le  Mercier,  parcelle  qu'Antoine  Delaistre,  veuve  de  ce  dernier, 

'"'  Conf.  la  notice  sur  cet  architecle  dans  la  Topographie  historique  du  Vieux  Paris  (Région  du  Louvre 
et  des  Tuileries,  t.  I",  p.  «73.  —  '"  Arcli.  nat.  cart.  S  6188. 


6fi  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

vendit,  le  1 1  juiHel  1602,  à  Jean  Bedée,  sieur  de  la  Gourmandière,  avocat  au 
Parlement.  Jean  Bedée  y  fit  bâtir  une  maison  qu'il  transmit  à  ses  deux  fils  David 
et  Élie''*,  et  qui  fut  acquise,  le  29  février  1669,  par  Alexandre-Simon  Bolé,  sei- 
gneur de  Champlay. 

Maison  sans  désignation,  aboutissant  rue  des  Marais,  et  construite  sur  un  ter- 
rain dit  de  trois  cents  toises,  accensé  par  Pierre  Leclercà  Jean  Courjon,  bourgeois 
de  Paris,  le  7  mars  i566.  Cette  maison,  qui  présentait  onze  toises  de  façade  sur 
la  rue  du  Colombier,  neuf  toises  sur  la  rue  des  Marais,  et  plus  de  trois  cents  toises 
de  superficie  totale,  appartenait,  en  lô^iy,  à  Jean  Beddon,  par  la  fille  duquel  elle 
fut  vendue,  le  2  août  i582,  à  François  Coignet,  sieur  de  Pontchartrain.  Ce  der- 
nier la  revendit,  le  12  novembre  suivant,  à  Jean  Honoré,  écuyer,  sieur  de  Bagis. 
Dans  l'acte  de  vente,  la  maison  est  énoncée  a  joignant  la  barre  du  Pré  aux  Clercs. . . 
rtet  faisant  l'un  des  coings  dudict  Prén  (le  terrain  de  Papin  n'était  point  bâti). 
Vers  le  milieu  du  xvn"  siècle,  Marie  Thibalier,  descendante  de  Jean  Honoré,  la 
fit  abattre  et  rebâtir  en  deux  propriétés  distinctes,  l'une  sur  la  rue  du  Colombier 
et  l'autre  sur  la  rue  des  Marais.  Au  commencement  du  xvni*  siècle,  la  partie  don- 
nant sur  la  rue  des  Marais  formait  une  propriété  à  part,  nommée  l'iiôtel  de 
Rannes  et  possédée  par  Louis  d'Argouges,  marquis  de  Bannes. 

Maison  sans  désignation,  aboutissant  rue  des  Marais,  et  élevée  sur  la  parcelle 
dont  Pierre  Leclerc  se  réserva  la  possession  lorsque,  le  3i  octobre  i552,  il  ré- 
trocéda le  Petit- Pré-aux-Clers  à  l'Université.  Les  Iiéritiers  de  P.  Leclerc  abandon- 
nèrent cet  emplacement,  oii  il  existait  un  jardin,  au  cardinal  de  Givry'"^',  qui,  le 
9  avril  i6o/i,  le  vendit  à  Guillaume  Lusson,  docteur  en  médecine.  De  la  famille 
Lusson,  la  maison  passa  à  la  famille  des  conseillers  Loiseau,  en  i658.  Vers  le- 
même  temps,  elle  formait  deux  propriétés,  dont  l'une  faisait  bâche  derrière  l'autre. 

Maison  sans  désignation,  élevée  sur  une  place,  dite  de  cent  soixante-huit  toises 
et  n'en  renfermant  réellement  que  cent  cinquante-six,  baillée,  le  18  juin  i5/i5. 
par  P.  Leclerc  à  Jean  Dupont,  sergent  à  verge.  Le  6  mai  iSày,  cette  place  ayant 
été  mesurée,  on  trouva  qu'elle  avait,  hors  œuvre,  six  toises  moins  dix  pouces  de 
largeur  sur  la  rue  du  Colombier,  vingt-quatre  toises  de  profondeur  par  son  milieu, 
et  sept  toises  dix  pouces  de  largeur  à  son  extrémité  septentrionale,  qui  demeurait 
ouverte  et  donnait  sur  ffung  heurt  descendant  en  bas  à  ung  lieu:5  que  l'on  disait 
ff  estre  en  différent  entre  ledict  Leclerc  et  M*  Pierre  Boullant.  n  Le  terrain  fut 
vendu,  le  i3  mai  1882,  par  les  héritiers  Dupont  au  procureur  Guillaume  Guyon; 
et  une  maison  que  celui-ci  paraît  y  avoir  construite  fut  aliénée  par  sa  veuve,  le 
17  mai  i6o5,  au  profit  d'Etienne  Tricot.  Suivant  Pourchot,  le  10  juin  1619,  les 
filles  de  Guyon  vendirent  à  Jean  Boyer  les  deux  tiers  d'une  autre  maison  élevée 

'"'  Elie  Bedée ,  «/ws  Beda ,  sieur  des  Fougerais,  <"'  Anne  de  Peyrussed'Escars,  cardinal  de  Givry, 

reçu  docteur  en  médecine  l'an  1621,  et  praticien        né  le  ag  mars  i546,  mort  le  19  avril  161a,  à 
fort  connu  de  son  temps.  l'Age  de  soixanle-sepl  ans. 


>  RUE  DU  COLOMBIER.  67 

sur  le  terrain  de  Dupont;  mais  nous  croirions  plutôt  que  cette  seconde  maison 
occupait  une  partie  du  lot  de  Leclerc,  qui  aurait  été  annexé  à  celui  de  Dupont. 
Quoi  qu'il  en  soit,  les  deux  maisons,  réunies  en  une  seule,  dépendaient,  au 
xvm"  siècle,  de  la  grande  propriété  contiguë  et  précédemment  énoncée. 

Maison  sans  désignation,  élevée  sur  un  terrain  de  cent  cinquante-huit  toises, 
baillé  par  P.  Leclerc,  le  18  juin  i565,  à  Robert  Sourdeau,  praticien,  qui,  le 
37  janvier  ibli-j,  l'échangea  avec  Henry  Millet  [alias  Jean  Mallet).  Jean  [alias 
André),  frère  de  celui-ci,  vendit,  le  20  décembre  iSBg,  la  maison  bâtie  sur  ce 
terrain  à  Ambroise  Aray,  procureur,  aux  héritiers  duquel  elle  appartint  ensuite 
pendant  longtemps.  A  la  fin  du  xvn*  siècle,  elle  était  divisée  en  deux,  après  l'avoir 
été  en  trois.  Aujourd'hui,  elle  forme  hache,  après  avoir  été  agrandie,  dans  sa 
partie  postérieure,  aux  dépens  du  manège  Boulanger  de  Viarmes,  qui  constituait 
son  aboutissant  en  1662. 

Maison  sans  désignation,  construite  sur  un  terrain  large  de  six  toises  du  côté 
de  la  rue  du  Colombier,  de  sept  toises  et  demie  à  son  autre  extrémité,  et  contenant 
cent  cinquante-deux  toises  de  superficie.  Ce  terrain  fut  baillé,  le  18  juin  i565,  à 
Nicolas  Baujoan,  maître  brodeur,  par  lequel  vingt-quatre  toises  et  demie  furent 
cédées  au  procureur  Gabriel  Montaigne,  pour  l'accroissement  d'une  maison  dont 
l'entrée  était  en  la  rue  de  Seine.  Le  lot  de  Baujoan  appartenait,  en  i568,  à  Am- 
broise Amy,  et  la  maison  qui  y  fut  bâtie  paraît  être  celle  que  le  nommé  Régnier 
vendit  au  procureur  Etienne  Bonnelz  le  li  août  1607,  et  que  celui-ci,  le  7  oc- 
tobre 1629,  donna  à  sa  fille,  à  l'occasion  de  son  mariage  avec  Pierre  Calluze. 

Deux  maisoss  sans  désignation,  élevées  sur  un  terrain  de  cent  quarante-six 
toises,  baillé,  le  5  janvier  1  bhà ,  par  P.  Leclerc  à  Husson  Frérot,  doreur  sur  fer. 
ffM.  René  Reignier,  dit  Pourchot,  ayant  acquis  les  droits  dudit  Frérot,  fit  bastir 
«deux  maisons  sur  ladite  place,  et,  après  sa  mort,  sa  veuve  Marguerite  Lespicier 
«rayant  fait  .saisir  réellement  ladite  maison  sur  M.  Pageot,  tuteurdesenfans  mineurs 
p dudit  défunt  Reignier  et  d'elle,  par  sentence...  du  3i  mai  1628,  elle  fut  adjugée 
rà  M.  Athanase  Amy,  avocat,  n 

Maison  sans  désignation,  élevée  sur  un  terrain  de  cent  quarante-deux  toises, 
baillé,  le  5  janvier  i5/i6,  par  P.  Leclerc  à  Guillaume  Maillard,  libraire  et  doreur 
de  livres,  auquel,  en  i565,  était  substitué  Jean  Bonainy,  aussi  libraire.  Cette 
maison,  dite  en  i553  située  a  devant  le  colombier  de  l'Abbaye,  ti  aboutit  aujour- 
d'hui à  la  suivante,  qui  fait  hache  derrière  et  a  été  agrandie  à  ses  dépens;  néan- 
moins, en  rétablissant  la  partie  supprimée,  on  est  encore  loin  de  trouver  la  surface 
de  cent  quarante-deux  toi.ses,  énoncée  dans  l'accensenient. 

Maison  sans  désignation,  bâtie  par  Marin  Duhaval  [alias  Duhamel),  prêtre  de 
Saint- André-des-Arls,  sur  un  lot  de  terrain  acquis  par  lui,  le  22  août  i565,  du 
brodeur  Richard  Carré,  et  faisant  partie  d'une  pièce  de  cent  trente-huit  toises 
baillée  par  P.  Leclerc  à  Carré,  le  5  janvier  ibkh.  La  maison  de  Duhaval  fut 

9- 


68  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

vendue  par  ses  héritiers  à  messire  Jean  de  Feu,  conseiller  au  Parlement,  et  l'un 
de  ceux  que  les  Seize  proscrivirent  au  mois  d'avril  iBgi. 

Maison  sans  désignation,  élevée  sur  un  lot  de  soixante-quatre  toises,  partie  de 
celui  qui  fut  accensé  à  Carré,  en  i5i4.  Ce  lot  de  soixante-quatre  toises  fut  vendu 
par  Carré,  le  28  août  i556,  à  Adam  Godard,  marchand  au  Palais,  qui  y  fit 
bâtir  une  maison,  et  ia  céda,  le  29  janvier  i556,  à  François  Desprez,  acommis 
«à  relier  les  livres  de  la  Chambre  des  comptes,  n  Catherine  Longis,  veuve  de  ce 
dernier,  s'étant  remariée  en  secondes  noces  au  chirurgien  Christophe  Godin,  les 
enfants  nés  de  ce  mariage  échangèrent  la  maison,  le  2.3  juillet  i597,  avec  le  pro- 
cureur Jean  Petit,  par  la  fille  duquel  elle  fut  vendue  au  procureur  Michel  Pous- 
teau,  le  8  juillet  162^.  Il  y  avait,  par  derrière,  un  petit  emplacement  de  cinq 
toises  carrées,  qui  formait  une  encoignure  du  Pré  et  qui  fut  cédé,  le  2  novembre 
i543,  à  Louis  Lemaignan,  pour  l'accroissement  de  sa  maison  de  la  rue  de  Seine. 
La  maison  bâtie  par  Adam  Godard,  rue  du  Colombier,  et  située  à  3h"',']o  du  coin 
de  la  rue  de  l'Echaudé,  était  la  première  du  Petit-Pré-aux-Clercs. 

Le  Petit-Pré- AUX-CleRGS.  En  i368,  lorsque,  pour  creuser  ses  fossés, 
l'abbaye  eut  besoin  d'une  certaine  quantité  de  terrain  appartenant  à  l'Université, 
elle  lui  abandonna,  entre  autres  choses,  à  titre  d'indemnité,  une  pièce  de  terre 
qu'on  disait  contenir  deux  arpents  et  demi.  Cette  pièce  de  terre  est  celle  qui  a  été 
nommée  depuis  le  Petit-Pré-aux-Clercs.  Elle  renfermait,  en  réalité,  près  de  trois 
arpens  et  trois  quartiers,  et  l'on  ne  voit  pas  néanmoins  qu'il  y  ait  jamais  eu  de 
contestation  importante  sur  sa  contenance.  Ses  limites  étaient,  au  midi,  le  chemin 
sur  les  fossés,  ou  rue  du  Colombier,  à  l'ouest,  le  chemin  de  la  Noue  (rue  Bona- 
parte), au  nord,  une  ligne  longue  d'environ  cinquante  toises,  parallèle  à  la  rue  des 
Marais  et  commençant  à  27  mètres  au  delà  du  coin  de  cette  rue.  Vers  l'orient,  le 
Petit-Pré-aux-Clercs  présentait  un  grand  angle  rentrant,  dont  le  tracé  précis  ne 
nous  laisse  aucune  incertitude,  bien  qu'il  ne  se  rencontre  nulle  part'''. 

L'an  1539,  le  Petit-Pré-aux-Clercs ,  exposé  à  de  continuelles  usurpations,  de- 
venu un  réceptacle  d'immondices  et  souvent  inondé  au  temps  des  hautes  eaux, 
ne  produisait  plus  rien  à  l'Université.  Il  lui  était,  au  contraire,  onéreux  par  les 
dépenses  que  coûtait  périodiquement  l'entretien  des  fossés  dont  il  était  entouré. 
L'Université  résolut  en  conséquence  de  l'aliéner.  La  proposition  en  fut  faite  le 
3i  mars,  et  la  question,  soulevée  déjà  six  ans  auparavant,  ayant  été  agitée  dans 
des  assemblées  des  5,  6  et  2  1  juin,  on  convint  d'annoncer,  par  des  affiches,  que  le 
Pré  serait  baillé  aux  enchères.  Plusieurs  acheteurs  se  présentèrent  immédiatement; 
mais  l'accensenient  ne  fut  décidé  que  le  29  mai  i5/io,  et  il  s'effectua  le  2  juin 
suivant,  au  profit  de  Pierre  Leclerc,  vice-gérant  du  conservateur  des  privilèges 

*''  On  le  trouve  cependant  sur  le  plan  levé  en  i5i8,  plan  que  reproduit  l'atlas  de  1758  (Arch.  nat. 
allas  n"  39).  —  th.  v. 


>  RUE  DU  COLOMBIER.  69 

apostoliques,  dont  la  redevance  fut  fixée  à  deux  sousparisis  de  cens  et  à  dix-huit 
livres  de  rente  annuelle.  Ce  chiffre  était  le  résultat  d'une  première  enchère  du 
prêtre  Claude  Barbier,  qui,  le  jour  de  l'adjudication,  en  offrit  une  seconde  dont 
on  ne  tint  pas  compte. 

Barbier,  mécontent  de  ce  procédé,  intenta  à  Leclerc,  devant  le  Parlement,  un 
procès  qui  fut  terminé,  en  août  1 5^9  ,  par  un  arrêt  donnant  gain  de  cause  à  Le- 
clerc et  à  l'Université.  Leclerc  eut  pareillement  maille  à  partir  avec  l'abbé  de  Saint- 
Germain,  et,  la  minute  du  contrat  de  i54o  ayant  été  égarée,  le  3i  mars  i5/t3 
on  en  passa  un  nouveau ,  que  Leclerc  fit  homologuer  le  k  octobre  par  les  vicaires 
de  l'évêque  de  Paris.  Le  jour  môme  il  commença  la  vente  du  terrain,  divisé  en 
parcelles.  Nous  venons  d'indiquer  la  plupart  des  transactions  relatives  à  cette  vente, 
y  compris  la  dernière,  qui  est  du  y-iS  mai  i566. 

Le  traité  avec  Pierre  Leclerc  n'avait  point  été  conclu  sans  soulever  de  l'oppo- 
sition au  sein  de  l'Université.  Les  écoliere  regrettèrent  cet  amoindrissement  de 
leur  fief,  et  prétendirent  qu'il  constituait  une  spéculation  imaginée  dans  l'intérêt 
de  certains  de  leurs  suppôts.  Les  plaintes  prirent  bientôt  un  tel  caractère  de  viva- 
cité, que  les  chefs  de  l'Université,  entraînés,  demandèrent  au  Parlement  la  cassa- 
tion du  traité,  et,  ce  qui  était  fort  injuste,  la  démolition  des  maisons  construites 
en  vertu  des  baux  passés  par  Leclerc.  Celui-ci  fut  amené,  le  17  avril  16/19.  à 
résilier  tous  ses  droits,  dont  il  proclama  derechef  l'abandon  le  3i  octobre  i552, 
mais  à  la  condition  qu'il  demeurerait  possesseur  d'un  lot  et  que  les  maisons  ré- 
cemment élevées  seraient  laissées  intactes.  L'Université  recouvra  ainsi  la  propriété 
du  Pelit-Pré-aux-Clercs.  En  1  55q  ,  il  était  entièrement  couvert  d'édifices  et  de  jar- 
dins, à  l'exception  de  cette  pièce  de  cinquante-neuf  perches  qui  était  en  bordure 
sur  le  chemin  de  la  Noue  et  ne  fut  accensée  qu'en  1 565  '*'. 


CONTINUATION 
DE  LA   RUE   DU   COLOMBIER 

DU   CÔTÉ  SEPTENTRIONAL. 

CENSIVE  DE  L'ABBAYE  SAINT-GERMAIJi-DES-PRÉS. 

Quatre  maisons  sans  désignation  (lôgô),  dont  la  dernière  faisait  le  coin  occi- 

'"'  Les  titres  relatifs  aux  propriétés  da  Petit-Pré-  moire  touchant  la  seigneurie  du  Pré-aux- Clercs, 

aux-Clercs  se  trouvent  aux  Arcliives  nationales,  car-  appartenante  à  l'Université  de  Pari»,  pour  servir 

ton  S  61 88,  et  ils  ont  été  résumés  dans  l'opuscule  d'instruction  à  ceux  qui  doivent  entrer  dans  les  charges 

anonyme  publié,  en  lôgi,  sous  le  titre  de  A/e-  de  l'Université ,  in-4";  Paris.  Cet  opuscule,  réceni- 


70  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

dental  de  la  rue  de  l'Echaudé,  et  qui  furent  élevées  sur  un  terrain  d'environ 
trente  et  une  perches,  baillé  à  bâtir,  le  17  février  1  5 Ai,  au  libraire  Jean  Longis. 
Les  deux  dernières  de  ces  maisons  en  formaient  trois  vers  1 680  et  n'en  constituent 
plus  qu'une  aujourd'hui. 


RUE   DU  VIEUX-COLOMBIER. 

La  rue  du  Vieux-Colombier  commençait  autrefois  à  la  rue  du  Petit-Bourbon 
(partie  occidentale  de  la  rue  Saint-Sulpice),  et  finissait,  comme  aujourd'hui,  au 
carrefour  de  la  Croix-Rouge.  Elle  a  maintenant  son  point  de  départ  à  l'ouest  de 
la  place  Saint-Sulpice. 

Le  nom  de  cette  rue  provient  d'un  colombier  qui  appartenait  probablement 
aux  moines  de  l'abbaye,  lesquels,  d'ailleurs,  ne  semblent  pas  avoir  monopolisé  le 
droit  d'en  posséder  dans  leur  fief.  Le  censier  de  i355  mentionne  la  k masure  du 
ff  Colombier,  Ti  que  nous  croyons  avoir  été  voisine  du  carrefour.  On  l'appelait  en- 
core en  1567  :  ffle  lieu  appelle  le  Coulombieret  carrefour  du  Jeu  de  boulie.^  Le 
rôle  de  la  taille  de  1292  renferme  un  article  consacré  aux  contribuables  de  la 
trrue  du  Colombier;  75  elle  est  souvent  indiquée  par  la  formule  trau  Colombier,  n 
et  n'a  commencé  à  être  dite  rue  du  Vieux-Colombier  qu'au  xvii*  siècle,  quand  l'exis- 
tence d'une  voie  homonyme,  devenue  importante,  a  suggéré  l'idée  d'établir  une 
distinction  entre  les  deux. 

Par  suite  de  la  proximité  du  territoire  de  Casse!,  la  rue  du  Vieux-Colombier 
a  été  parfois  appelée  «rue  ou  chemin  deCasselu  (i4i  i).Dans  un  contrat  de  i/i53,- 
on  la  voit  nommée  cr  rue  de  Cassel ,  dite  du  Colombier  ;  ■»  dans  d'autres  pièces ,  c  ruelle 
tr  par  où  l'en  va  par  devant  l'ostel  de  Cassel,  en  alant  du  chemin  de  Vaugirart  (rue 
ffdu  Cherche-Midi)  devers  Saint  SouppliceT)  (i388);  victis  per  (juevi  ilur  ad Sanctum 
Sulpitium  (1279),  et,  si  nous  ne  nous  trompons,  via per  qtiam  ilur  de  Sancio  Sul- 
picio  apud  Vallem-Viridem '^^^  (1267).  La  rue  a  porté  également  les  dénominations 
suivantes  :  tr  chemin  qui  va  à  Saint  Supplice  ti  (1^09);  cGrant  rue  Sainct  Sulpicen 
(1609,  i524);  ce  rue  Sainct  Sulpicen  (i52i);  arue  qui  vient  de  Sainct  Supplice 
cfà  la  TuillerieT  (i/j53);  trrue  du  Puysn  (i36o)  ou  «du  Puys  de  Mauconseilu 
(i5o6,  i5ii);  (true  de  la  Maladerien  (1/116);  ccrue  qui  tend  de  la  Maladerie  à 
tr  Sainct  Sulpiccn  (1622).  Mais  la  dernière  de  ces  désignations  s'appliquait  seule- 
ment réimprimé  dans  les  Variétés  historiques  de  Midi  et  du  Regard ,  ainsi  qu"avec  la  rue  du  Pol-de- 
M.  Éd.  Fournier,  est  l'œuvre  d'Edme  Pourcliot,  Fer,  elle  conduisait  effectivement  de  Saint-Sulpice 
recteur  de  l'Université.  Dans  ce  travail,  d'ailleurs  à  Vauvert.  D'ailleurs,  le  terrain  énoncé,  dans  la 
fort  intéressant,  se  sont  glissées  plusieurs  erreurs  charte  de  1S67,  comme  attenant  à  la  voie  menant 
que  la  comparaison  avec  les  documents  originaux  de  Saint-Sulpice  à  Vauvert,  est  celui  qu'on  appela 
nous  a  permis  de  rectifier.  plus  tard  le  clos  Pérou,  et  qui  faisait  le  coin  de  la 

'■'  Communiquant  avec  les  rues  du  Cherche-        rue  du  Vieux-Colombier. 


>  RUE  DU  VIEUX  COLOMBIER.  71 

ment  au  tronçon  oriental  de  la  rue,  lequel  est,  en  outre,  énoncé  me  des  Champs 
dans  certains  titres  des  années  iSog,  iSao  et  i52/i,  qui  sont  tous  relatifs  à 
la  maison  du  seigneur  de  Villacoublay. 

Ce  manoir,  qui  faisait  le  coin  des  rues  du  Vieux-Colombier  et  des  Canettes,  est 
décrit  comme  ayant  sa  façade  sur  la  rue  Saint-Sulpice  (des  Canettes)  et  son  flanc 
sur  la  rue  (les  Champs.  Il  ne  faut  donc  pas  admettre,  avec  Jaillot,  que  la  rue  du 
Gindre  représente  la  rue  des  Champs.  Cette  dernière  rue  avait  été  ainsi  dénommée 
parce  que, pendant  bien  longtemps,  il  n'y  eut  guère  au  delà,  dans  la  direction  du 
midi,  que  des  terres  en  culture,  sans  groupes  de  maisons. 

Le  puits  de  Mauconseil,  que  l'on  nommait  aussi  tr  puits  de  l'église  Saint  Sul- 
«picei)  (1673),  était  situé  en  face  de  la  rue  des  Canettes;  il  existait  encore  au 
milieu  du  xvi*  siècle,  et  on  le  trouve  déjà  mentionné  dans  le  rôle  de  la  taille 
de  1296. 

CÔTÉ   MÉRIDIONAL. 


PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CEXSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Maison  sans  désignation  (iSai),  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  Férou.  Le  Eiiuv 

terrain  qu'elle  occupait,  avec  la  suivante,  dépendait  du  clos  Férou,  et  était  en  ^i ,1,,  p,'[i-,ip-Fe'r. 
nature  de  jardin.  Dans  une  transaction  de  i525  relative  à  ce  clos,  elle  est  dite 
(rde  présent  appellée  la  ntaison  Todisséc-n  Vers  i539,  elle  était  possédée  par 
Guillaume  Audrant,  protonotaire  du  Saint-Siège.  En  iSgS,  elle  est  mentioiniée 
comme  appartenant  aux  «r hoirs  Estienne  Faron  (sic),  nommez  messieurs  les 
«Boullardz.  T  Elle  était,  en  1628,  la  propriété  de  Robert  Fusée,  sieur  d'Assy, 
qui,  le  9  septembre  i655,  la  vendit  à  Michel  Le  Boutiller,  dit  La  Plante,  mar- 
chand de  vin  à  l'enseigne  de  la  Nouvelle  Plante.  Elle  fut  acquise,  le  v.3  janvier 
lylio,  par  la  fabrique  de  Saint-Sulpice,  et  son  emplacement  a  servi  à  l'agran- 
dissement de  l'église. 

Maison  sans  désignation  en  iSai,  puis  de  riMAGE-SAiM-PiERnE-Au-PAViLLo.N 
(1695),  qui  appartint  également  à  Etienne  Férou.  Vers  1628,  elle  était  divisée 
en  deux  parties,  dont  la  première  a  eu  pour  enseigne  les  Trois-Jusles  (1687),  et 
fut  vendue,  le  28  aoîit  1726,  à  la  fabrique  Saint-Sulpice.  La  seconde  maison  a 
eu  pour  enseigne  les  Trois-Pomom  (1628-1  643),  puis  le  Pied-de-Biche  (i683- 
1750),  et  a  été  cédée  aux  marguilliers  de  Saint-Sulpice,  le  9  décembre  i7'-<7. 

Deux  maisons  sans  désignation,  dans  l'une  desquelles  était  une  étable  à  pour- 
ceaux, vers  i523.  Judas  Beaufils,  r  sieur  de  Rinarenne,7»  après  les  avoir  rebâties. 


72  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

en  fit  don  à  Daniel,  seigneur  de  Cernay,  et  celui-ci,  le  3o  avril  15^7,  les  vendit 
à  Gilles  Bourdin,  avocat,  puis  procureur  général  au  Parlement.  Elles  sont  dites 
être,  l'une  petite  et  l'autre  grande,  dans  l'acte  du  12  octobre  i663,  par  lequel 
Gilles  Bourdin,  s""  de  Genouilly,  les  donna  en  échange  à  Biaise  Méliaud,  s""  d'Es- 
gligny  et  président  aux  Enquêtes  du  Parlement.  Elles  furent  acquises  pour  la  fon- 
dation du  grand  séminaire  Saint-Sulpice,  le  27  mai  i645.  Nous  ne  savons  rien  de 
positif  sur  leur  profondeur;  mais  il  est  fort  probable  qu'elles  s'étendaient  jusqu'au 
terrain  où  s'éleva,  dans  la  suite,  le  petit  séminaire. 

Grande  maison  sans  désignation,  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  du  Pot-de-Fer 
et  aboutissante  la  rue  de  Vaugirard,  après  avoir  d'abord  abouti  à  la  maison  pré- 
cédente. Elle  fut  bâtie,  vers  la  fin  du  xv°  siècle,  par  le  boulanger  Henry  du 
Verger,  et  fut  donnée,  le  3  juillet  i5i5,  par  sa  veuve  Marguerite  à  leur  fils 
Jean  du  Verger,  qui  exerçait  le  même  métier  que  son  père.  Honoré  Chevalier  la 
posséda  ensuite  du  chef  de  sa  femme,  fille  de  Jean  du  Verger.  Elle  était  alors  fort 
délabrée,  et  le  nouvel  héritier  la  morcela  de  telle  sorte  qu'elle  forma,  le  long  de 
la  rue  du  Pot-de-Fer,  plusieurs  propriétés,  dont  nous  n'avons  jamais  trouvé  le 
détail-  La  partie  qui  faisait  front  sur  la  rue  du  Vieux-Colombier  constituait,  en 
1628,  trois  maisons  distinctes,  dont  deux  furent  achetées  par  le  séminaire  Saint- 
Sulpice,  le  i5  septembre  i655.  La  troisième,  celle  du  coin,  large  de  quatre 
toises  et  demie,  fut  acquise  par  le  séminaire,  le  18  septembre  1728;  mais  elle 
n'y  fut  point  absorbée  comme  les  autres,  et  elle  a  subsisté  jusqu'à  la  destruction  de 
l'établissement. 

Entre  Maison  sans  désiguation  (i523),  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  du  Pot-de- 

etdiiGindre.  Fcr.  Le  terrain  de  cette  maison  paraît  avoir  encore  été  en  culture  vers  le  com- 
mencement du  XVI*  siècle. 

Maison  sans  désignation,  qui,  en  i523,  dépendait  de  la  précédente.  Toutes 
deux  occupaient  une  superficie  d'environ  un  demi-arpent,  et,  après  avoir  appar- 
tenu à  Pierre  de  Bresme  et  à  Millet  Perrot,  elles  furent  possédées  par  les  hoirs  de 
ce  dernier,  ainsi  que  la  maison  suivante. 

Maison  sans  désignation  (iBaS),  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  du  Gindre, 
et  attenante  auparavant  à  des  terres  en  culture.  Antérieurement  à  iSgB,  elle 
avait  déjà  subi  deux  morcellements  dans  le  sens  de  sa  profondeur;  ce  qui  en 
subsistait,  sur  la  rue  du  Vieux-Colombier,  était  divisé  en  deux  parties  dès  1628. 

Entre  Maison  saus  désignation  (i586),  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  du  Gindre. 

et  Cassette.     .Elle  fut  dounéc  à  l'église  Saint-Sulpice  par  Jean  Lemaire,  dont  le  testament  est 

daté  du  5  octobre  1617.  Le  terrain  occupé  par  cette  maison  et  par  celles  qui 

suivent,  jusqu'à  la  rue  Cassette,  était  encore  cultivé  vers  1  Sag.  La  pièce  de  cinq 

quartiers,  qui  avait  existé  en  cet  endroit,  était  déjà  couverte  de  maisons  en  1  ôôg. 


>         RUE  DU  VIEUX  COLOMBIER.  73 

Maisons  qui  sont  dites,  en  iBgô,  appartenir  aux  héritiers  de  Jean  Martin, 
voyer  de  l'abbaye  Saint-Germain,  et  qui,  en  1628,  étaient  au  nombre  de  quatre. 
La  deuxième  a  eu  pour  enseigne  le  Compas-Couronné  (16/11),  puis  le  Barillet 
{i663).  Elle  fut  donnée,  le  i5  septembre  i663,  par  la  dame  Rousseau  aux 
Filles  de  l'Instruction  chrétienne.  Elle  avait  été  bâtie  sur  une  place  contenant 
quatorze  pieds  et  demi  de  largeur  dans  œuvre,  par  devant,  sur  quatorze  toises 
deux  pieds  de  profondeur,  place  cédée,  le  16  décembre  1679,  par  Marin  Loret 
à  Fourcy  Lefèvre,  et  provenant  d'un  morcellement  de  la  maison  de  Loret,  la- 
quelle constituait  la  première  des  quatre.  La  troisième  maison  a  eu  pour  enseigne 
la  Croix-Verte  (1698-1687).  Elle  est  aussi  mentionnée  en  1679,  mais  nous  ne 
savons  si  elle  était  alors  distincte  de  la  quatrième.  Avec  celle-ci  et  la  deuxième, 
elle  a  été  absorbée  dans  l'établissement  des  Orphelins  de  la  paroisse  Saint- 
Sulpice. 

Deix  maisons  sans  désignation  (1596). 

Maisos  sans  désignation  en  1696,  puis  trou  Mïlioîi  d'OBt  (1628-1687),  faisa'il 
le  coin  oriental  de  la  rue  Cassette. 

Maison  sans  désignation  en  i5a3,  puis  roE  la  Pïeti  (1695-1628),  faisant  le 
coin  occidental  de  la  rue  Cassette.  Dans  la  première  moitié  du  xyi*"  siècle,  elle 
renfermait  les  deux  suivantes  : 
Maison  sans  désignation  en  1695. 
Maison  dl"  (t Porte-Enseigne d  (iSgô). 
Maison  de  la  Toor  (1695)  ou  Tour-d'Abgent  (1628). 

Tuilerie,  puis  clos  Chéradame,  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  du  Cherche- 
Midi.  La  tuilerie  située  sur  ce  point  existait  déjà  en  1  /i  1 6 ,  et  il  y  avait  alors  à 
l'encoignure  de  ia  rue  du  Cherche-Midi  (r  une  haulte  maison,  -n  Au  commencement 
du  XVI*  siècle,  elle  s'appelait  la  Vieille-Tuilerie  ou  la  Tuilerie-Bailly,  du  nom  d'un 
de  ses  propriétaires,  mort  avant  1622,  et  elle  contenait  environ  un  arpent,  plus 
cinquante  perches  situées  derrière.  Le  lieu  appartint  ensuite  à  (rscientiflicqueper- 
«r sonne  M'  Jehan  Chéradame,  professeur  des  trois  langues,  c'est  assavoir  :  grec, 
(rhébraïcque  et  latin"'. ^^  Le  censier  de  i536  consacre  un  article  à  ce  personnage, 
à  cause  de  sa  maison,  (r qu'il  a  de  nouvel  fait  bastir,  avec  galleries,  estuddes, 
f  cour,  caves  et  jardin,  dedans  lequel  jardin  il  a,  ceste  année,  fait  bastir,  sur  ung 
ff  petit  mont  environné  de  arbres,  une  petite  maison  pour  servir  à  se  aler  recréer 
fraux  escolliers;T5  le  tout  cr  anciennement  appelle  la  Vieille-Tuilerie  et  de  présent  le 
<t  Collège  de  l'Academye  Chéradame.  v  D'après  le  censier  de  ib^b,  le  clos  Chéra- 
dame, considérablement  augmenté  puisqu'il  renfermait  alors  quatre  arpents,  était 

'''  Jean  Chéradame,  savant  français,  originaire  des  dictionnaires  et  des  grammaires.  Il  tenait  évi- 

d'Argentan,  vivait  au  commencement  du  \vi' siècle.  demment,  dans  sa  maison  de  la  rue  du  Vieux-Co- 

II  fut  un  des  premiers  professeurs  de  grec  au  collège  lombier,  une  sorte  de  pédagogie  d'enseignement 

Royal.  On  lui  doit  plusieurs  ouvrages,  notamment  supérieur.  —  l.  h.  t. 


74  TOPOGRAPHIE  HISTORIOUE  DU  VIEUX  PARIS. 

possédé  par  un  nommé  Bouchardeau,  qui  y  avait  construit  plusieurs  maisons.  En 
1628,  ces  maisons,  sur  la  rue  du  Vieux-Colombier,  étaient  au  nombre  de  deux, 
et  celle  du  coin  avait  pour  enseigne  la  Cvoix-Blariche.  A  la  même  époque,  d'autres 
maisons,  le  long  de  la  rue  du  Cherche-Midi,  couvraient  l'emplacement  du  clos, 
dont  les  limites  vers  le  midi  sont  toujours  confuses  par  suite  des  fausses  énon- 
ciations  des  titres,  et  sur  la  transformation  duquel  les  documents  font  défaut. 

CÔTÉ   SEPTENTRIONAL. 


PAROISSE    SAINT-SLLPICE. 
JUSTICE 
ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 


Entre  le  carrefour        TuiLERiE ,  puis  MAISON  DES  Quathe-Vents  (iBgô),  faisant  le  coin  du  carrcfour  de 


de 


et  l'ancienne  rue 
Beiiriière. 


la  Croix-Rouge     ï»  Croix-Rouge.  (Voir  Rue  du  Four.  ) 

Partie  postérieure  de  la  Maison  de  l'Image-Notre-Dame,  située  rue  du  Four. 
C'était  une  propriété  distincte,  dès  le  commencement  du  xvn^  siècle,  et  Adrien 
Drappier,  qui  l'acheta  de  Jean  Cabry,  le  16  juin  i6o3,  la  donna,  le  12  mars 
1626,  à  l'hôpital  des  Petites-Maisons.  Elle  a  été  rebâtie  ensuite  en  deux,  puis  en 
quatre  maisons. 

Partie  postérieure  des  maisons  de  la  Vieille-Fontaine  et  de  la  Fontaine,  ayant 
leur  principale  entrée  rue  du  Four. 

Maison  sans  désignation  en  i523,  puis  du  Gril-Fleuri  (1628) ,  faisant  le  coin- 
occidental  de  la  rue  Beurrière.  Ainsi  que  les  deux  précédentes,  elle  fut  élevée  sur 
la  place  vendue,  en  i5i  1,  à  Vaucombert;  nous  en  avons  parlé  à  l'article  de  la  rue 
Beurrière. 

Partie  postérieure  de  la  maison  de  la  Corne-de-Cerf,  faisant  le  coin  oriental  de 
la  rue  Beurrière.  Elle  était  tout  à  fait  distincte  de  cette  maison,  à  la  fin  du 
xvi'=  siècle,  et  bientôt  après  elle  a  formé  deux  ou  trois  propriétés  différentes,  dont 
l'agencement  est  devenu  méconnaissable  par  suite  des  modifications  radicales  qui 
furent  apportées  dans  la  disposition  du  lotissement,  à  l'occasion  du  percement  de 
la  rue  Guillemin. 

Maison  sans  désignation  (iSgB),  oïl  fut  établi,  en  iG5i,  le  couvent  des  Filles 
de  la  Miséricorde.  Les  titres  de  cette  communauté  ne  remontant  pas  au  delà  de 
i63o,  il  est  impossible  de  constater  si  la  maison  qu'elle  occupait  représente, 
comme  cela  est  vraisemblable,  certaine  propriété  d'environ  trois  quartiers  de  su- 
perficie, laquelle  était,  vers  i523,  intermédiaire  entre  la  maison  du  coin  de  la 
rue  Beurrière  et  la  maison  du  coin  de  la  rue  des  Canettes. 

Maisons  sans  désignation  (i  BgS),  contiguës  à  celles  du  coin  occidental  de  la  rue 


RUE  DE  L'ANCIENNE  COMEDIE.  75 

des  Canettes.  Ces  maisons,  probablement  au  nombre  de  deux,  ont  été  abattues 
pour  l'agrandissement  de  l'Académie  de  Vaudreuil,  et  il  ne  reste  plus  de  trace 
appréciable  de  leurs  limites  du  côté  de  l'orient.  Du  temps  de  François  1",  il  y  avait 
sur  le  même  emplacement  une  grange  enclavée  dans  la  grande  maison  faisant  le 
coin  de  la  rue  des  Canettes. 


—  »»■ 


RUE   DE   L'ANCIENNE-COMEDIE. 

La  rue  de  l'Ancienne-Comédie  commence  à  la  rue  de  Bussy  et  finit  à  la  rue 
des  Boucheries  (de  l'Ecole-de-Médecine). 

Ancien  chemin  ménagé  le  long  des  fossés  de  la  ville,  cette  rue  s'est  appelée 
(rla  Fue  Neufve  du  fossé 'i  au  commencemeut  du  xvii''  siècle,  et,  depuis,  la  rue  des 
Fossés-Saint-Gemiain;  mais  elle  n'avait  d'abord  aucun  nom  particulier,  et  on  la 
désignait  par  les  appellations  suivantes  :  «sur  les  fossez,T)  n chemin  par  lequel 
rl'on  va  sur  les  fossez  de  ladite  villes  (i5o3),  et  w chemin  allant  à  la  rivière  de 
cfSeyne  et  au  Pré  aux  Clercs'n  (iBoy).  Un  titre  de  t56o  l'énonce  irla  rue  ou 
(Tchemyn  qui  est  sur  les  fossez,  entre  les  portes  Sainct  Germain  des  Prez  et  de 
ff  Bussy p  c'est  à  cette  époque,  en  effet,  que  le  chemin  se  transforma  en  rue.  Les 
inventaires  de  l'abbaye  mentionnent,  à  la  date  du  21  janvier  i56o,  le  procès- 
verbal  de  Toussaint  Villette,  voyer  du  monastère,  trpour  faire  l'alignement  de  la 
(t  rue  des  Fossés,  entre  la  porte  de  Bussy  et  celle  de  Saint-Germain,  n  Le  côté  occi- 
dental de  la  voie  était  alors  et  depuis  longtemps  bordé  de  constructions,  tandis 
que  le  côté  oriental  n'était  qu'iuiparfaitement  bâti.  Circonstance  assez  surprenante, 
il  parait  que,  de  ce  dernier  côté,  il  avait  existé  une  fontaine,  dite  «la  fontaine 
ffdes  fossez  Sainct  Germaine  en  iBai.  Elle  était  moins  rapprochée  de  la  porte 
de  Bussy  que  de  la  porte  Saint-Germain,  et  nous  ne  l'avons  vue  indiquée  qu'en 
i5ai  et  i533. 

CÔTÉ  ORIENTAL. 

PAROISSE   SAINT-SULPICE. 
JUSTICE 
ET  CENSIVE  DU   PARLOIH   AUX  BOURGEOIS. 

Maison  sans  désignation  (1610),  contiguë  à  la  maison  faisant  le  coin  de  la  rue 
Saint-André-des-Arts.  Elle  fut  abattue  en  1689,  et  rebâtie  sur  le  même  terrain, 
baillé  par  le  Prévôt  des  Marchands,  le  5  août  i6o5,  à  Jean  Thibaut,  fils  de  celui 
qui  la  possédait  lorsqu'elle  fut  démolie.  Elle  avait  pour  enseigne  a  l'Escu  Daulphinv 


76  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

en  161^;  sa  profondeur  était  d'abord  d'environ  sept  toises  et  demie  par  le  milieu; 
mais,  comme  les  deux  maisons  suivantes,  elle  fut  augmentée,  le  11  août  1616, 
d'une  partie  du  fossé,  ce  qui  lui  donna  les  proportions  qu'elle  présente  aujourd'hui. 

Maisox  de  l'Image-Sainte-Geneviève  (iByS-iGSB).  Elle  fut  ruinée  pendant  le 
siège  de  Paris,  et  ce  qui  en  restait  fut  baillé,  le  1^  août  1606,  au  nommé  Nicolas 
Caron,  qui  la  reconstruisit. 

Maison  sans  désignation  (1610),  élevée  sur  un  terrain  large  de  trois  toises  et 
profond  de  cinq,  que  Jean  Pichard  prit  à  bail  ie  10  novembre  1678.  Abattue 
pendant  le  siège  de  Paris,  elle  fut  remplacée  par  un  autre  bâtiment  construit  sur 
un  terrain  large  de  cinq  toises  et  demie,  que  Nicolas  Dubois  acheta  le  26  sep- 
tembre 1606. 

Deux  maisons  sans  désignation  (1610),  bâties  sur  une  place  dite  large  de  quatre 
toises  et  demie  W  et  profonde  seulement  de  trois  et  demie,  qu'on  bailla  à  Simon 
Turpin,  le  2^  mars  1607.  Au  xvi*"  siècle,  sur  l'emplacement  de  ces  maisons,  il 
existait  deux  autres  constructions  contiguës,  qui  furent  détruites  en  iSSg  et  dont 
nous  ignorons  les  dimensions.  La  première  était  attenante  à  celle  de  J.  Pichard. 

Maison  sans  désignation,  bâtie  sur  une  place  large  de  trois  toises,  baillée  au 
nommé  Cheveneu,  le  1"  juin  1607,  et  sur  une  autre  place  large  d'environ  deux 
toises  et  un  quart,  qu'il  avait  acquise  de  Jean  Lepaintre,  le  22  mai  précédent. 
La  profondeur  de  cette  maison  et  de  la  suivante  fut  augmentée  en  1682. 

Maison  sans  désignation  (1610),  construite  sur  la  seconde  moitié  d'un  terrain 
large  de  quatre  toises  et  demie,  baillé  à  Jean  Lepaintre,  le  18  mai  1607;  l'autre 
moitié  fut  comprise  dans  la  maison  précédente. 

Maison  sans  désignation  (1610),  bâtie  sur  une  place  large  de  trois  toises,  cédée 
à  Louis  Billonneau,  le  18  décembre  1607,  et  formant  la  moitié  d'une  place  large 
de  six  toises  et  profonde  de  cinq,  baillée  à  Guillaume  Clément,  le  2 4  no- 
vembre 1607.  Cette  maison  et  les  deux  précédentes  sont  actuellement  réunies  et 
forment  celle  du  café  Procope.  Procope  Coutraux  les  acquit  les  8  octobre  1696, 
i3  août  1699  et  21  décembre  1760. 

Maison  du  Soleil-d'Or  (1616),  bâtie  sur  une  place  large  de  trois  toises,  que 
Guillaume  Clément  retrancha  de  la  sienne,  le  28  novembre  1607,  au  proQt 
d'Etienne  Miot.  Elle  fut  augmentée,  le  ik  juin  1617,  d'un  terrain  de  quatre 
toises  et  demie  de  profondeur  et  de  quatre  toises  de  largeur,  qui  s'étendait  un 
peu  derrière  la  maison  suivante. 

Trois  maisons  sans  désignation  en  1610,  dont  la  dernière  a  eu  l'enseigne  de  la 
Couronne-d'Or,  en  1620.  Elles  furent  élevées  sur  trois  lots  de  terrain,  larges  chacun 
de  trois  toises,  et  baillés,  le  premier,  le  26  novembre  1607,  à  Pierre  Clavier;  le 
deuxième,  le  26  novembre  1607,  à  Jacques  Geoffroy,  et  le  troisième,  le  27  no- 

'■'  II  faut  probablement  lire  cinq  toises  et  demie. 


«      RUE  DE  L'ANCIENNE  COMEDIE.  77 

vembre  1607,  à  Guillaume  Charrier.  De  même  que  toutes  les  suivantes,  ces  mai- 
sons n'étaient  d'abord  profondes  que  de  cinq  toises;  elles  durent  ensuite  leurs 
proportions  actuelles  à  l'addition  d'une  zone  du  fossé,  vendue  aux  propriétaires 
le  1 1  août  1616, 

Maison  sans  désignation  (1610),  bâtie  sur  une  place  large  de  trois  toises  cinq 
pieds,  baillée  à  Gédéon  Bouchet,  le  a8  novembre  1607.  C'est  sur  une  partie  de 
l'emplacement  de  cette  maison  qu'a  été  ouverte  l'entrée  du  passage  du  Commerce. 

Maison  sans  désignation,  construite  en  1607  sur  une  place  large  de  deux  toises 
et  demie,  baillée,  le  6  juin  de  cette  année,  à  Simon  Turpin. 

Maison  sans  désignation  (1610),  bâtie  sur  une  place  large  de  deux  toises  et 
demie,  baillée  à  Thomas  Névot,  le  19  janvier  1607,  et  par  lui  cédée,  le  27  sep- 
tembre suivant,  à  Durant  Lorée,  maître  brodeur  du  roi. 

Delx  maisons  sans  désignation  (1610),  dont  l'emplacement,  large  de  quatre 
toises  et  demie  ('*,  fut  baillé  à  Thomas  Névot,  le  g  novembre  1606. 

Maison  sans  désignation  (1610),  construite  sur  une  place  large  de  trois  toises 
et  profonde  de  cinq,  baillée  à  Jean  Lepaintre,  le  19  novembre  1606,  et  par  lui 
cédée  au  brodeur  Nicolas  Gibert,  le  29  (ou  le  2^)  janvier  1607.  Elle  est  actuel- 
lement réunie  à  la  suivante. 

Maison  sans  désignation  (1610),  attenante  à  celle  du  coin  de  la  rue  de  l'Ecole- 
de-Médecine.  Elle  fut  élevée  sur  un  terrain  large  de  quatre  toises  et  demie,  baillé, 
le  28  septembre  1606,  à  Durot,  alxa»  Evro  Lefebvre,  qui,  le  17  octobre  1608, 
la  revendit  au  nommé  François  Macaire.  Sur  l'emplacement  de  cette  maison,  dès 
i56i,  il  s'en  trouvait  une  qui  a|)partenait  au  nommé  Jean  Périgaut.  Elle  était 
attenante,  vers  le  nord,  à  une  autre  qui,  large  de  cinq  toises,  profonde  de  seize 
pieds  vers  le  midi  et  de  douze  vers  le  nord,  avait  été  construite  sur  une  place 
baillée  à  Michel  de  Maupertuys,  le  3o  juin  1 54 1.  Toutes  deux  furent  détruites 
en  1689. 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 


PAROISSE   SAIM-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Maison  sans  désignation  (iSgS),  contiguë  à  celle  du  coin  de  la  rue  des  Bou- 
cheries, et  j)rovenant  du  morcellement  de  cette  propriété.  Elle  dépendait  proba- 
blement de  l'immeuble  situé  entre  la  maison  du  coin  et  le  jeu  de  paume  de  Savoie, 
dans  la  rue  des  Boucheries. 

'"  Celle  dimension  semble  inférieure  à  la  réalité  et  ne  se  reirouve  point  sur  le  terrain. 


78  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Partie  du  Jeu  de  paume  de  l'Ecu-de-Savoie  (iBsS),  qui,  à  la  fin  du  xvf  siècle, 
formait  une  grande  maison.  Vers  1628,  celle-ci  en  formait  quatre  ou  cinq  autres, 
et  la  précédente  trois  ou  quatre.  Ces  diverses  maisons,  que  les  documents  ne 
permettent  point  d'identifier  avec  certitude,  étaient  disposées  dans  l'ordre  suivant  : 
deux  maisons  ayant  pour  enseigne  TEcritoire  et  attenantes  à  la  maison  du  coin;  — 
une  autre  ayant  pour  enseigne  la  Talemouse,  et  depuis  la  Tour-d' Argent  (i6i3); 
—  deux  maisons  ayant  eu  précédemment  pour  enseignes  le  Champ-des-Oiseavx  et 
r Ane-Vert;  —  deux  maisons  ayant  pour  enseignes  la  Clef  et  la  Roze-Rouge;  —  enfin 
une  dernière  maison  dont  l'enseigne  n'est  point  indiquée. 

Petite  maison  avec  jeu  de  paume  (iSgS),  qui  semble  avoir  été  élevée  sur  une 
certaine  place  mentionnée  en  iBaS.  11  y  avait  là  un  chantier  énoncé  «devant  la 
cf  Fontaine  Ti  et  appartenant  à  Jean  Huot. 

Maison  sans  désignation  (1  523) ,  dépendant  du  grand  hôtel  de  l'Ecu-de-France , 
situé  rue  des  Boucheries.  Dès  1  BgS ,  elle  renfermait  un  jeu  de  paume,  qu'on  appe- 
lait le  Jeu  de  paume  de  l'Ecu,  en  1628  et  1892. 

Maison  du  Colombier  (i523-i53i)  ou  aDu  Coulons  (1567),  puis  de  l'Aigle- 
Royal  (1628). 

Maison  de  l'Etoile  (i523-i688),  qui  renfermait  un  jeu  de  paume  dès  1667; 
elle  dépendit  d'abord  du  grand  hôtel  de  l'Écu-de-France.  Elle  se  composait,  en 
1 523 ,  de  deux  petites  maisons,  et,  au  xvii*^  siècle,  elle  en  formait  également  deux, 
qui  furent  achetées  les  8  mars  et  23  décembre  1688  par  les  comédiens  du  roi.  Ils 
y  établirent  le  théâtre  de  la  Comédie-Française,  lequel  a  donné  son  nom  à  la 
rue  et  y  a  subsisté  jusqu'en  1770. 

Maison  sans  désignation  (i523),  qui  fit  aussi  partie  des  dépendances  du  grand 
hôtel  de  l'Ecu-de-France.  Elle  avait  pour  enseigne  «le  Petit  More,-n  en  1628. 

Maison  sans  désignation  (1595),  contiguë  à  la  maison  faisant  le  coin  de  la 
rue  de  Bussy.  C'était  un  morcellement  de  la  précédente,  dont  elle  n'était  point 
distincte  encore  dans  la  première  moitié  du  xvi"  siècle.  Elle  était  déjà  divisée  en 
deux,  vers  i63o. 

Presque  toutes  les  maisons  du  côté  occidental  de  la  rue  de  l'Ancienne-Comédie 
furent  abattues  lors  du  siège  de  Paris,  et  on  ne  les  rebâtit  que  graduellement, 
plusieurs  années  après  la  paix.  Il  se  peut  que  les  anciennes  limites  des  propriétés, 
qui  sont  extrêmemenl  difficiles  à  déterminer,  aient  alors  été  changées. 


RUE   DE   CONDE. 

La  rue  de  Condé  commençait  à  la  rue  des  Boucheries  (de  l'École-de-Médecine) 
et  finissait,  comme  aujourd'hui,  à  la  rue  de  Vaugirard. 


>  RUE  DE  CONDE.  79 

Le  nom  que  porte  cette  rue,  et  dont  elle  est  redevable  au  grand  hôtel  de 
Condé,  commence  à  paraître  dans  la  seconde  moitié  du  xyu*"  siècle,  et  remplace 
celui  de  rue  Neuve-Saint-Lambert,  qu'on  lui  donnait  habituellement  alors,  et 
qui  provenait  sans  doute  d'une  enseigne.  Nous  l'avons  rencontré  pour  la  première 
fois  à  la  date  de  i6o/».  Dans  les  documents  antérieurs,  la  rue  de  Condé  est 
énoncée  :  «rue  qui  tend  au  clos  aux  Bourgeoise  (iSaS);  «rue  qui  tend  de  la 
(f  porte  Sainct  Germain  au  cloz  auxBourgoys  et  à  Vaugirardu  (i5i  7);  «rue  Neufve 
reliant  à  la  porte  Sainct  Michels  (i53o);  trrue  Neufve  de  la  FoircTi  (i5io); 
(rrue  Neufve,  par  cydevant  dicte  le  cloz  Bruneaue  (i53i);  rue  Neufve  aultre- 
frment  dicte  le  cloz  Bruneam»  (iBaS  et  i563);  (true  du  Cloz  Bruneaun  (iBiy, 
i5io,  iBoa),  et,  le  plus  souvent,  rue  Neuve  seulement. 

Il  est  évident  que  la  rue  de  Condé  n'a  point  été  ouverte  avant  la  fin  du 
XV*  siècle,  et  l'on  pourrait  supposer  que,  comme  la  rue  du  Petit-Lion,  elle  n"a 
été  percée  que  vers  i5oi,  puisqu'elle  n'est  point  mentionnée  dans  le  bail  fait, 
en  cette  année,  du  terrain  qui  a  formé  l'extrémité  orientale  de  l'îlot  compris 
entre  les  rues  du  Petit-Lion  (Saint-Sulpice)  et  des  Quatre-Vents.  Le  terrain  est 
dit  aboutir,  du  côté  de  la  ville,  •  aux  Friches, n  en  d'autres  termes,  aux  terrains 
vagues.  Toutefois  la  partie  de  cette  voie  la  plus  rapprochée  de  la  rue  des  Bou- 
cheries était  ouverte  dès  xh^fi;  on  la  considérait  comme  le  commencement  de 
la  rue  des  Quatre-Vents,  et  elle  était  qualifiée  de  «chemin  qui  va  à  la  Foire, 
«près  la  voierie  des  Bouchiers. -^  Quant  au  reste  de  la  rue  de  Condé,  il  est 
vraisemblable  qu'il  y  avait  là  tout  au  moins  un  sentier  qui  isolait  le  clos  Bru- 
neau. 

Ce  clos,  peu  connu,  était  planté  de  vignes,  suivant  des  documents  de  1667  et 
1  h-ja;  il  est  indiqué,  dans  le  censier  de  i355,  par  la  formule  «en  Borneau,^  et. 
dans  un  titre  de  i/iia,  par  les  mots  :  «certains  champs  appelés  clos  Bruneau.n 
On  en  rencontre  la  première  mention  dans  le  bail  qui  fut  consenti,  au  mois  d'avril 
1268,  à  Guillaume  surnommé  Lescervelé,  bail  de  deux  arpents  à  prendre  «m 
(fhco  qui  dicilur  Benieau.-'  Il  était  limité,  au  midi,  par  la  rue  de  Vaugirard,  et, 
au  nord,  par  la  voirie  des  Bouchers,  ou  rue  des  Quatre-Vents,  laquelle  est  dé- 
clarée y  tenir  en  iSog.  Vers  le  levant,  rien  n'indique,  contrairement  à  l'alfirma- 
tion  de  Jaillot,  que  le  clos  Bruneau  ait  jadis  atteint  le  chemin  sur  les  Fossés,  au 
lieu  d'être  borné  par  l'emplacement  de  la  rue  de  Condé,  qui  en  était  certaine- 
ment la  limite  en  dernier  lieu.  Vers  le  couchant,  il  paraît  s'être  étendu  d'abord 
jusqu'à  la  rue  Garancière,  car  l'hôtel  de  Garancière  est  déclaré  y  aboutir  en  1667. 
Plus  tard,  il  ne  dépassait  point  la  rue  de  Tournon,  attendu  que  l'îlot  dans  lequel 
il  était  contenu  avait,  lorsque  l'abbaye  le  bailla  à  bAtir,  ccst-à-dire  aux  environs 
de  i5io,  à  peu  près  les  mômes  dimensions  qu'aujourd'hui.  Du  reste,  il  n'est  pas 
une  seule  pièce  des  archives  de  l'abbaye  qui  ait  directement  trait  au  clos  Bru- 
neau, avant  l'époque  de  sa  transformation.  Nous  croyons  inutile  d'ajouter  que  le 


80  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

clos  Bruneau  du  bourg  Saint-Germain  n'a  jamais  eu  rien  de  commun,  si  ce  n'est 
le  nom,  avec  le  clos  Bruneau  de  la  montagne  Sainte-Geneviève.  En  affirmant  le 
contraire,  Géraud  a  commis  une  grave  erreur. 

CÔTÉ   ORIENTAL. 


PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 
ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Maison  des  Cinq-Pucelles  (i6i3),  contiguë,  d'une  part,  à  la  maison  faisant  le 
coin  de  la  rue  des  Cordeliers  ou  de  l'Ecole-de-Médecine ,  et  attenante,  de  l'autre 
côté,  à  la  maison  qui  formait  l'angle  septentrional  de  la  rue  Monsieur-le-Prince. 
Elle  fut  bâtie  sur  un  terrain  large  de  cinq  toises,  cédé,  le  29  mai  i6o/i,  à  Charles 
Barbe,  par  Vincent  Notaire,  qui  l'avait  retranché  de  l'emplacement  de  la  maison 
de  la  Sirène,  à  lui  vendu  quatre  mois  auparavant. 

Maison  sans  désignation  en  lôaS,  puis  dite  du  RiCHE-LABOUREun  (1581-1773), 
et  aussi  la  Grande-Maison  (i58o).  Elle  faisait  le  coin  méridional  de  la  rue  Mon- 
sieur-le-Prince, et  fut  bâtie  sur  un  terrain  baillé,  le  1"  mars  1^9^,  à  M*"  Jehan 
Rouyer.  Ce  terrain  appartenait  à  l'enlumineur  J.  Pichore,  lorsque  celui-ci  y  joignit, 
le  3o  avril  i5i6,  une  petite  place  vide,  qui  forma  la  pointe  de  l'îlot  et  qui  pré- 
sentait treize  pieds  de  largeur  sur  un  de  ses  côtés,  sept  toises  et  quatre  toises  sur 
les  autres.  La  maison  fut  ensuite  possédée  par  le  banquier  italien  Albert  Sal\  iati , 
et,  dès  i523,  par  Julien  de  Bonacoursi,  trésorier  de  Provence,  notaire  et  secré- 
taire du  roi.  Partagée,  le  8  juillet  i58o,  entre  les  héritiers  de  Jean  Arnoul,  puis 
complètement  abattue  pendant  le  siège  de  Paris,  elle  n'était  point  encore  réédifiée 
en  1695,  et  elle  le  fut  plus  tard  de  manière  à  former  trois  maisons  distinctes.  Une 
partie  de  son  emplacement  a  été  absorbée  dans  le  carrefour  de  l'Odéon. 

Maison  du  Petit-Ecu-de-France  (1517-16/18),  contenant  environ  un  quartier, 
et  élevée  sur  un  terrain  pris  à  bail,  le  28  août  i5o9,  par  Jean  Lefort.  Au 
xviii''  siècle,  c'étaient  les  écuries  de  l'hôtel  de  Condé. 

Maison  sans  désignation  (1  593),  construite  sur  un  terrain  large  de  neuf  toises  et 
profond  de  vingt-six  et  demie,  pris  à  bail ,  le  8  (i  o?)  décembre  1 5 1 0 ,  par  Durant 
[alias  Laurent)  Pergues.  Elle  appartenait,  en  1595,  à  Jean  Briçonnet,  seigneur  de 
Glatigny,  président  des  généraux  des  finances  en  la  Cour  des  aides.  Elle  avait 
pour  dépendance  une  maison  sur  la  rue  du  Fossé,  et  la  propriété  s'appelait  l'Iiâlel 
de  Provence,  vers  17/10. 

Maison  de  cr l'Image-Saint-Eustace ^  (i523),  bâtie  sur  un  terrain  large  de  neuf 
toises  et  profond  de  vingt-huit,  baillé  à  Jacques  Morant,  le  17  janvier  i5o9.  à 


>  RUE  DE  CONDÉ.  81 

charge  d'y  construire  une  ^r  maison  manable,Ti  de  paver  devant  jusqu'au  milieu 
de  la  rue,  et  de  ne  point  nourrir  de  pourceaux.  La  maison  de  Tlmage-Saint-Eus- 
tache  appartint,  vers  i585,  à  l'avocat  de  Rochefort,  bailli  de  Saint-Germain-des- 
Prés;  elle  était  encore  possédée  par  sa  famille  en  1628. 

Maison  de  l'Epée-Royale  (iSaS),  bâtie  sur  un  terrain  large  de  neuf  toises  et 
profond  de  vingt-neuf  et  demie,  qui  fut  accensé,  le  1  7  janvier  iBog,  à  Guy  Her- 
luppe.  Au  XYin*"  siècle,  elle  faisait  partie  de  l'hôtel  de  Gondé,  et  contenait  ce  qu'on 
appelait  la  cour  des  Fontaines  et  la  cour  des  Ecuries. 

Maison  sans  désignation  (i523),  bâtie  sur  un  terrain  de  dix  toises  de  largeur 
et  de  trente  et  une  toises  et  demie  de  profondeur,  pris  à  bail,  le  17  mars  i5io, 
par  Waleran  de  Bées  [alias  Bèze),  tr marchant  appoticaire.  •»  En  lôgB,  elle  appar- 
tenait à  Jérôme  de  Gondi,  et  a  été  absorbée  dans  l'hôtel  de  Condé. 

Petites  maisons  avec  étables,  ayant  pour  enseigne  I'Image-Notre-Dame  (lôaS). 
Elles  furent  élevées  sur  un  quartier  de  terre  accensé  à  Jean  Martin  en  1 5 1 5 ,  et 
par  lui  revendu,  avec  le  commencement  d'habitation  qui  s'y  trouvait,  ie  'ii  no- 
vembre i5i8,  au  marchand  Jean  Bruneau.  En  1667,  à  la  place  de  ces  petites 
maisons,  il  y  en  avait  une  grande  que  le  chanoine  de  Paris,  M*  Robert  Cordier, 
avait  fait  construire'"',  et  qui  fut  le  noyau  de  l'hôtel  de  Gondi. 


HÔTEL  DE  Gondi,  depuis  de  Condé.  Suivant  Jaillot,  cet  hôtel  célèbre  eut 
pour  origine  une  maison  de  plaisance  élevée  par  Arnaud  de  Gorbie  sur  le  clos 
Bruneau,  achetée,  au  mois  de  juillet  1610,  par  Jérôme  de  Gondi,  duc  de  Retz, 
maréchal  de  France,  et  adjugée  par  décret,  en  1 61 2,  à  Henry  de  Bourbon,  prince 
de  Condé.  Ce  sont  autant  d'inexactitudes.  L'hôtel  de  Gondi,  dont  l'emplacement 
ne  dépendait  pas  du  clos  Bruneau,  ne  fut  [)oiiit  adjugé  au  prince  de  Condé;  mais 
il  lui  fut  donné,  le  a  septembre  1612,  par  le  roi  Louis  Xlil,  auquel  il  avait  été 
adjugé  par  sentence  du  Châtelet  du  16  juillet  précédent,  après  avoir  été  saisi  sur 
Jean-Baptiste  de  Gondi,  gentilhomme  ordinaire  de  la  chambre,  à  cause  des  dettes 
grevant  la  succession  de  son  père.  Le  membre  de  la  famille  de  Gondi  revêtu  de 


'■'  L'article  consacré  à  la  maison  de  l'Irnage-Notre- 
Dnme,  dans  le  ccnsier  de  iBiy,  est  conçu  en  ces 
termes  :  i-De  iiiaislrc  Robert  Cordier,  chanoine  de 
"Paris,  Cl»  de  feu  Guillaume  Cordier,  lequel  Guil- 
-iaume  Cordier  avait  esté  ou  lieu  de  maislre  Adrien 
<r  Forme ,  procureur  ou  Chastellet  de  Paris ,  et  sa  feue 
fffemme,  fille  et  héritière  de  feu  maistre  Guillaume 
'le  Vavasscur,  en  son  vivant  cirurgien,  demeurant 
«à  Paris,  pour  une  maison  de  nouvel  rebastic  par 
■rledict  Cordier,  et  court  en  laquelle  soulloit  na- 
irguères,  auparavant  ledict  rebastiesment ,  plusieurs 
(t  petites  maisons  et  louaiges,  jardins  el  eslables;  le 
'^lieu  comme  il  se  comporte ,  assis  audict  Saincl  Ger- 


irmain  des  Prez,  en  iadicte  rue  Neufve,  où  soulloit 
•^ pendre  pour  enseigne  l'Imatge  Nostre  Dame,  qui 
ffut  à  feu  Jehan  Martin;  tenans  d'une  part  ausd. 
^  vefve  et  héritiers  de  feu  VVaileran  de  Beest ,  d'aullre 
'part  de  présent  à  Baptiste  de  la  Vergne,  ou  lieu 
-de  Albert  Salvyaly;  aboutissans  à  Iadicte  rue,  et 
irpar  derrière  à  maislre  Guillaume  Coignet;  lequel 
'lieu,  qui  contient  ung  quartier,  doibt  de  cens  cha- 
ccun  an,  ledict  jour  sainct  Remy,  xiii  s.  parisis, 
'Tcomme  appert  par  la  lectre  de  prinse  de  ce  faicte 
irpar  ledict  Jehan  Martin,  datlée  de  l'an  mil  cinq 
(tcens  et  quinze.»  (Arch.  nal.  reg.  LL  na5, 
foLiaôv".) 


82  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

la  dignité  de  maréchal  de  France  s'appelait  Albert,  et  non  pas  Jérôme;  il  mourut 
en  1602,  de  sorte  qu'il  n'a  rien  pu  acheter  en  1610.  Ce  n'est  pas  non  plus  à 
cette  époque  que  Jérôme  de  Gondi,  introducteur  des  ambassadeurs,  chevalier 
d'honneur  de  la  reine  Marie  de  Médicis  et  père  de  Jean-Baptiste,  acquit  son  hôtel 
du  faubourg  Saint-Germain,  car  il  mourut  le  3i  janvier  160/1.  11  le  possédait 
déjà  en  iBgS,  comme  le  prouve  un  censier  de  cette  année;  il  en  était  même 
propriétaire  dès  1 58 1 ,  ainsi  qu'il  appert  d'un  croquis  contemporain,  où  sont  indi- 
quées ftla  maison  de  Gondyn  et  «la  rue  Neufve  où  se  tient  M.  de  Gondy-fl 

Les  archives  incomplètes  de  l'abbaye  ne  nomment  point  Arnaud  de  Corbie  à 
propos  de  l'hôtel  de  Gondi''',  et  n'apprennent  rien  sur  l'époque  oii  Jérôme  de 
Gondi  acheta  les  diverses  propriétés  dont  la  réunion  forma  ce  grand  hôtel.  Il  est 
simplement  dit,  dans  le  censier  de  logB,  qu'elles  lui  appartenaient  tr longtemps 
(t  avant  les  troubles,  n  Nous  constatons  d'ailleurs,  par  l'étude  de  ce  censier,  rap- 
proché d'autres  documents,  qu'à  la  fin  du  xvi"  siècle  l'hôtel  de  Gondi  offrait  des 
dimensions  qui  ont  été  peu  modifiées  jusqu'en  1699.  ^^  présentait  ainsi,  sur  la 
rue  des  Fossés  (Monsieur-le-Prince),  un  développement  que  nous  ne  pouvons 
préciser,  mais  qui  ne  devait  point  être  inférieur  d'abord  à  trente  toises,  et  qui 
atteignit  quarante-trois  toises  au  milieu  du  xwf  siècle.  Sur  la  rue  de  Vaugirard, 
le  mur  de  clôture  avait  au  moins  quarante  toises,  et,  sur  la  rue  Neuve  (de  Condé), 
dont  l'hôtel  formait  l'encoignure  et  où  il  avait  sa  j)rincipale  entrée,  nous  sommes 
certain  qu'il  était  large  d'environ  quatre-vingt-quatre  toises  et  demie. 

Jardin  contenant  un  arpent  et  demi  (iSaS).  11  appartint  en  i53i  au  banquier 
Bénard  Carissan,  et  en  iS/ty  à  l'Italien  Baptiste  de  la  Vergue,  crtraeur  d'or  du 
tfRoy, 7)  qui  y  avait  bâti  «une  grande  maison,  couverte  d'ardoise,  à  la  mode  yta-' 
alienne,Ti  à  la  place  d'une  autre  construction  couverte  en  tuiles,  que  le  nommé 
Albert  Salviati,  son  compatriote,  avait  fait  élever  précédemment.  Le  terrain  en 
avait  été  accensé,  le  17  novembre  i52o,à  Ravaut  duMesnil,  procureur  et  rece- 
veur de  l'abbaye. 

Maison  sans  désignation  en  1017,  puis  dc  Heaume  (i523-i543),  faisant  le  coin 
de  la  rue  de  Vaugirard.  Elle  avait  été  bâtie  sur  un  terrain  de  vingt-quatre  perches, 
baillé  à  Jean  le  Fort,  le  2  aoôt  1609,  et  le  jardin  qui  en  faisait  partie,  formant 
l'encoignure  de  la  rue,  mesurait  neuf  toises  cinq  pieds  sur  quinze  toises  de  pro- 
iondeur.  En  1 5/J7,  elle  était  déjà  unie  à  la  précédente,  et  toutes  deux  furent  englo- 
bées dans  l'hôtel  de  Gondi,  avant  iSgf). 

'''  H  esl  probable  que  Jaillol  a  commis  une  er-  néalogie  de  la  maison  de  Corbie,  donnée  par  le 

i-eiir  de  iecUu'e,  cl  que  la  notoriété'  du  chancelier  P.  Anselme,  n'indique  aucun  individu  avant  porté 

Arnaud  de  Corbie  lui  a  fait  voir  ce  nom  là  où  il  y  le  prénom  d'Arnaud ,  depuis  le  cbancelier,  qui  niou- 

avait,  en  réalité    celui  dc  Robert  Cordier.  La  gé-  rut  en  i4j3. 


RUE  DE  CONDE. 


COTE   OCCIDENTAL. 


PAROISSE   SA1^T-SULPICE. 

JLSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Jardin  (iBiy)  faisant  le  coin  de  la  rue  de  Vaugirard  et  aboutissant  rue  de  Enire 
Tournon.  11  fut  vendu  par  Robert  Thierry  à  JeanBruneau,  le  8  janvier  i5i8;  à  ^^iTu  p^ii-Lil"! 
la  fui  du  XVI*  siècle,  il  élail ,  en  partie,  remplacé  par  une  maison,  qui  appartint 
ensuite  au  maréchal  d'Ancre,  et  où  ce  dernier  plaça  ses  écuries.  Cette  maison 
ayant  été  confisquée,  le  8  juillet  1617,  fut  possédée  par  la  reine  Marie  de  Mé- 
dicis  el  vendue,  le  6  septembre  1657,  à  Armand  de  Peyre,  comte  de  Trois- 
villes,  d'où  est  venu  le  nom  dliâlel  de  Troisrilles  ou  Tréinlle,  qu'elle  a  longtemps 
porté. 

Maison  de  l'Image-Sainte-Barbe  (iBqS-i  534),  aboutissant  rue  de  Tournon.  Vers 
1695,  elle  appartenait  au  conseiller  au  Parlement  s Coustel '''.  n  II  semble  qu'elle 
dépendait  de  la  précédente,  en  1 58 1 . 

Maison  sans  désignation  en  i5a3,  dite  du  irCHEVAL-D'ERAiNfl  en  i58i,  et  abou- 
tissant rue  de  Tournon.  Elle  fut  ac([uise  par  le  roi  du  nommé  Pierre  Spine,  qui  y 
avait  fait  élever  un  billiment  propre  à  la  foute  d'une  statue  équestre ,  confiée  au 
.sculpteur  florentin  Jean  Francisque.  Les  Archives  aineuses  renferment  à  ce  sujet 
l'article  que  voici,  extrait  des  comptes  royaux  :  ^ -aS  avril  i53t.  A  Pierre  Spine, 
ffla  somme  de  3,820  livres  tournois,  que  le  Roy  lui  a  ordonné  et  ordonne  pour 
«fson  remboiii'sempnt  de  pareille  somme  qu'il  a  advancée  et  fournie  par  ordon- 
frnance  verballe  du  dit  seigneur  pour  faire  construire  le  cheval  de  fonte  que  icolluy 
ff  seigneur  a  ordonné  estre  faict  par  y^/ifl»  Francisque,  Fleurentin,  inaistre  soulp- 
rteur,  lequel  besongne  es  faulxbourg  Saint  Germain  des  Prez  lès  Paris.  C'esl 
ff  assavoir,  pour  l'achapt  d'une  maison  pour  faire  le  dit  cheval  et  loger  icelluy 
rniaistre  Jean  Francisque  et  son  train,  la  somme  de  5oo  livres  tournois,  et 
(rti2o  livres  tourn.  pour  le  bastimcnt  de  la  granche  qu'il  a  convenu  faire  pour 
rses  besongnes.  Plus,  pour  dix  milliers  de  cuyvre  fourni  au  dit  maistre  Jehan 
«  Francisque,  à  raison  de  six  vingt  cinq  livres  tournois  le  millier,  dont  il  est  de- 
ff  meure  de  reste  jusques  à  près  de  trois  à  quatre  milliers,  duquel  cuyvre  s'en 
(T pourra  faire  la  statue  qui  sera  sur  le  dit  cheval,  douze  cens  cinquante  livres.  Et 

'''  Le  catalogue  de  Blanrlinnl  ne  inenlioiine  hiée  compta  onrore  parmi  ses  conseillers  Antoine 
qu'un  Jact/ue*  Coul,  reçu  conseiller  au  l'nrienicnt  Colel,  auteur  de  poésies  légères,  ne  à  Paris  en 
de  Paris  le  1"  mars  iScj.S.  Cependant  cette  assern-         i55o  et  mort  en  lOto. 


8A  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

rtla  somme  de  i,85o  livres  tournois,  tant  pour  le  vivre  d'icelluy  Francisque  et  de 
te  son  dit  train,  que  pour  faire  la  fonte  du  dit  cheval '''.ti 

Par  lettres  patentes  délivrées  à  Tournan-en-Brie,  au  mois  de  juillet  lôSg, 
François  I"  fit  don  de  cette  maison  à  l'illustre  poëte  Clément  Marot,  pour  ses 
tr  bons,  continuelz  et  agréables  services.  ■»  La  propriété  est  énoncée  dans  les  lettres  : 

ff  une  maison,  grange  et  jardrin  (sic),  le  tout  encloz  de  murailles en  la  rue  du 

rrCloz  Bonneau;  ouquel  lieu  a  esté  fondu  ung  grant  cheval  de  cuivre  que  nous  y 
ff  avons  faict  faire  (^';  laquelle  maison  et  jardrin  a  esté,  pour  cest  effect,  cy-devant 
rr  acquise  par  nostre  commandement  de  M*^  Jehan  Bymont,  presbstre,  et  Pierre 
cr  Espine '''.  Il  La  maison  du  Cheval-d'Airain  fut  possédée,  du  temps  de  Henri  III, 
par  Guillaume  d'Elbenne,  conseiller  au  Grand  Conseil,  et,  du  temps  de  Henri  IV, 
par  Maillet,  seigneur  de  Losson. 

Maison  et  jardin  sans  désignation  (i523),  aboutissant  rue  de  Tournon.  En 
lôgS,  elle  appartenait  au  président  Barjot'*',  et,  comme  celui-ci  était  alors 
ff  absent  et  tenant  le  party  contraire,  n  les  Echevins  la  louèrent,  le  i  2  février  de 
cette  année,  à  Catherine  Rochefort,  veuve  de  Jean  Gatin,  chauffe-cire  de  la  chan- 
cellerie. La  partie  centrale  de  la  maison  s'appelait,  en  1681  et  1727,  l'hôtel  de 
Caderousse,  et  l'extrémité  contiguë,  vers  le  nord,  était  désignée  sous  le  nom 
d'hôtel  de  Valois. 

Deux  maisons  énoncées,  en  lôaS,  comme  une  seule,  et  contenant  deux  jeux  de 
paume.  La  première  paraît  avoir  été  un  jardin  en  iBgS,  et  toutes  deux  aboutis- 
saient d'abord  rue  de  Tournon.  Le  terrain  de  la  seconde  de  ces  maisons,  conte- 
nant environ  un  quartier  et  une  perche,  fut  baillé,  en  i5io,  à  Pierre  Pommier. 


'■'  Archives  curieuses ,  1"  série,  t.  III,  p.  83. 

"'  Le  texte  des  lettres  patentes,  qui  ont  été  si- 
gnalées par  M.  de  Fréville  [AthcnœumAn  19  mai 
i855),  se  trouve  dans  le  registre  des  Archives 
coté  JJ  954,  n°  3oi .  On  ignore  ce  qu'était  ce  che- 
val de  bronze  fondu  par  ordre  de  François  I",  et 
quelle  en  fut  la  destinée.  Il  paraît  que  l'artiste  qui 
l'exécuta  eut  un  collaborateur,  ou  plutôt  qu'il  était 
aussi  connu  sous  un  nom  autre  que  celui  de  Jean 
Francisque,  car  nous  avons  trouvé  dans  les  acquits 
au  comptant  une  pièce  contenant  l'article  suivant  : 
T..  .  .  .  A  François  Roustien,  sculpteur,  lequel  faict 
tle  grant  cheval  de  cuivre,  à  Paris,  pour  sa  pen- 
ffsion  de  sept  mois  entiers,  commencez  le  premier 
frjour  de  juing  mil  v'  xxxi  et  finissant  le  dernier 
"jour  de  décembre  ensuivant,  à  c  I.  tournois  par 
frmois  :  appoincté  moitié  sur  le  quartier  de  juillet 
" et  l'autre  moitié  sur  octobre ,  novembre ,  décembre 
ffprouchain  venans.  Pour  ce  vu'  l.  1  (Arch.  nat. 
J  960,  n"  17.) 


'''  L'article  du  censier  de  t5h-]  est  ainsi  conçu  : 
ffDes  ayans  cause  de  Clément  Marot,  pardonnation 
ffà  luy  faicte  par  le  Roy,  nostre  sire;  qui  estoit  ou 
itlieu  dudict  feu  Pierre  Spine;  lequel  Spine  avoit 
rresté  en  la  place  de  maistre  Pierre  Vymont ,  banc- 
(rquier,  qui  avoit  esté  ou  lieu  de  la  vefve  et  héri- 
T  tiers  feu  Hector  Hardoyn ,  en  son  vivant  tonnelier, 
ffdemourant  à  Paris,  rue  de  la  Huchelto:  pour  une 
(taultre  maison  et  jardin  assis  en  ladicte  rueNeufve, 
croîi,  puis  naguères,  le  Roy,  nostre  dict  seigneur, 
t y  feist  faire  miff  cheval  d'arain.  Contenant  ledict 
rrlieu  demy  quartier,  que  ledit  Hardoyn  acquisl 
ffdudict  maistre  Jehan  Guicbard. "  (Arch.  nat.  reg. 
LL  1  laS ,  fol.  i4o  v°.) 

'*'  Apparemment  Philibert  de  Baijol.  qui, 
comme  son  fi-ère  Claude  III  de  Baijot ,  mort  peu 
après  1679,  fut  premier  président  du  Conseil 
d'Etat.  H  se  montra  fidèle  au  parti  du  roi  pendant 
la  Ligue.  C'est  l'auteur  de  la  branche  des  Baijot 
d'Auneuil. 


>  RUE  DE  CONDE.  85 

Celui  de  la  première  paraît  avoir  été  baillé,  en  la  même  année,  au  nommé 
Baudart. 

Maison  sans  désignation  (lo^S),  qui  aboutissait  d'abord  à  une  place  vide; 
elle  est  énoncée  comme  ayant  dix-neuf  toises  deux  pieds  de  profondeur  sur  huit 
de  largeur.  En  1 53 1 ,  elle  appartenait  à  Michel  Dumayne,  «  orloger  du  Palais,  a  Le 
terrain  en  avait  été  baillé  à  Jean  Motu,  le  27  mai  i5io. 

Maison  de  l'Aventlre  (162 2)  et  de  la  Pomme-de-Pin  (1628).  Le  terrain,  con- 
tenant huit  toises  sur  seize,  en  fut  baillé,  le  10  décembre  i5io,  au  nommé 
Jacques  Canefitte. 

Jardin  (i523),  puis  maison  sans  désignation  en  iSiy,  et  des  Deux-Balles  en 
iBgB.  Elle  contenait  huit  toises  de  largeur  sur  seize  de  profondeur,  et  le  terrain 
en  fut  baillé  à  Philippe  Leroy,  le  9  décembre  i5io. 

Maison  sans  désignation  en  iBqS,  puis  du  Barillet  (i5/i3)et  du  Solëil-Banué 
(1628). 

Maison  sans  désignation  en  iSaS,  puis  du  Petit-Crucifix  (1568-1727). 

Maison  sans  désignation  en  i523,  puis  du  Petit-Ecu  {i568),  faisant  le  coin  méri- 
dional de  la  rue  du  Petit-Lion.  Avec  les  deux  maisons  précédentes,  elle  fut  élevée 
sur  une  place  vague,  qui  avait  été  baillée  à  Thomas  Vaucombert,  le  27  février  i5io 
(i5i  1),  et  qui  mesurait  dix-huit  toises  de  face  sur  les  deux  rues.  Ces  dimensions 
ne  sont  plus  les  mêmes  aujourd'hui;  mais  on  les  rétablit  en  supprimant  la  brisure 
de  l'alignement  actuel.  On  crée  alors  un  autre  alignement  qui  prolonge  en  ligne 
droite  celui  du  reste  de  la  rue;  d'où  il  semble  résulter  que  la  brisure  ne  remonte 
point  à  i5i  t.  Cependant,  lorsque,  le  3i  décembre  i5i5,  Vaucombert  retrancha 
de  sa  propriété,  au  profit  des  brodeurs  chasubliers  J.  Jouaii  et  Cardin,  le  jardin  où 
ceux-ci  bâtirent  les  deux  maisons  du  Petit-Crucifix  et  du  Petit-Ecu,  ce  jardin  avait 
quinze  toises  de  profondeur;  ce  qui  prouve  qu'à  cette  époque  l'alignement  était 
le  même  que  de  nos  jours. 

Jardin  (t532)  formant  le  coin  septentrional  de  la  rue  du  Petit-Lion,  et  faisant      Rmreie. 
hache  derrière  la  maison  suivante,  de  façon  à  aboutir  sur  la  rue  des  Quatre-Vents.        petiiUon 
En  1  595,  au  lieu  de  ce  jardin,  existaient  deux  maisons  avec  un  jeu  de  paume  établi  «"i «i"»  Q'^a'^-^""''- 
déjà  en  1567,  époque  où  l'on  ne  voyait  là  qu'une  seule  maison,  récemment  bâtie 
et  ayant  pour  enseigne  le  Tarlre^^>  du  Monl-Vallénjen. 

Jardin  (i523),  puis  maison  faisant. le  coin  méridional  delà  rue  des  Quatre-Vents, 
sans  désignation  en  i532,  et  nommée  des  Trois-Couronnes  en  lôgB.  Le  terrain 
de  cette  maison  et  de  la  précédente,  contenant  environ  un  demi-quartier,  fut 
baillé,  comme  place  vide,  le  26  août  i5oi,  à  Durand  Parques. 

'''  Le  Tartre,  pour  le  lerlre,  ou  la  bulle.  Dans  un  tilre  de  i6'i4,  il  esl  questiou  du  rseulier  du  tartre 
"an  mont  Valérien.»- 


s  rues 


86  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Entre  les  rues  Jardin  (iSaS),  piiis  MAISON  et  galerie  (i53i)  faisant  le  coin  septentrional  de  la 

des  Quatre-Veiils  i         /->  t-       .        t  •  •<    i'  i  n  •       i      -ii  / 

et  rue  des  Quatre-Vents.  La  maison  occupait  i  emplacement  d  un  terrain  baille  au 

•les Bmui.eiies.     jjjjj.j,jj.g  jggjj  Petit,  le  92  Hoût  iSog,  et  dépendait  d'abord  delà  propriété  taisant 

le  coin  de  la  rue  des  Boucheries.  En  iBgS,  on  y  voyait  un  jeu  de  paume.  Après 

avoir  été    saccagée   pendant  le  siège  de  Paris,  la  maison  fut  rebâtie,  avec  les 

maisons  suivantes,  par  le  bailli  de  Saint-Germain. 

Maison  sans  désignation  (iBgr)). 

Maison  sans  désignation  en  iSgô,  puis  de  I'Image-Saint-Claude  (1628-1687). 

Maison  sans  désignation  en  1  BgB,  puis  de  l'Arbre-de-Vïe  (1628),  contiguë  à  la 
maison  faisant  le  coin  de  la  rue  des  Boucheries.  Ainsi  que  les  deux  maisons  pré- 
cédentes, elle  faisait  anciennement  partie  de  cette  dernière  propriété. 


RUE   SAINT-DOMINIQUE. 

La  voie  qu'on  appelle  aujourd'hui  rue  Saint-Dominique  commençait  jadis,  ainsi 
qu'aujourd'hui,  à  la  rue  des  Saints-Pères.  Comme  rue,  elle  finissait  à  la  porte  de  la 
Tranchée;  mais,  comme  chemin,  elle  se  prolongeait  au  delà  du  fief  de  l'abbaye, 
en  passant  derrière  la  ferme  de  Grenelle,  point  011  elle  est  devenue  la  rue  Desaix. 

Les  Dominicains  de  la  rue  Saint-Jacques  ayant  donné  le  nom  du  fondateur  de 
leur  ordre  à  une  rue  qu'ils  avaient  ouverte  à  travers  leur  clos,  les  religieux  ré- 
formés du  même  ordre,  établis  au  faubourg  Saint-Germain,  voulurent  appliquer 
la  même  dénomination  à  la  rue  qu'ils  habitaient.  Ils  sollicitèrent  donc  et  obtinrent', 
en  1663,  la  permission  de  placer  à  ses  extrémités  des  tablettes  de  marbre,  avec 
cette  inscription  :  rue  Saint-Dominique,  jadis  des  Vaches.  Jaillot  cite  le  fait  pour 
prouver  que  le  chemin  des  Vaches  doit  toujours  s'entendre  de  la  rue  Saint-Do- 
minique. Mais,  si  cette  assertion  est  vraie  dans  un  grand  nombre  de  cas,  elle  est 
fausse  dans  une  foule  d'autres,  et  donne  lieu  à  une  série  de  méprises.  La  vérité 
peut  se  résumer  en  quelques  mots.  Depuis  le  milieu  du  xiv*"  siècle,  époque  où  la 
rue  Saint-Dominique  commence  à  être  mentionnée,  jusqu'au  commencement  du 
xvi',  elle  est  dite  crvoye  des  Vachesn  (i35i),  ou  rr chemin  aux  Vachesn  (i355). 
Dans  la  première  moitié  du  xvi*  siècle,  plusieurs  appellations  difl'érenles  ont  été 
d'un  usage  habituel,  concurremment  avec  celle  de  rt chemin  aux  Vaches,  ■«  laquelle 
était  quelquefois  accompagnée  des  mots  cr allant  à  l'Isle'n  (i5i2),  ou  rtendant  à 
ftl'isle  Macquerellen  (15^7).  Enfin,  depuis  le  milieu  du  xvi*  siècle  jusqu'au  mi- 
lieu du  xvii'',  le  nom  de  rue  des  Vaches,  ou  chemin  des  Vaches,  suivant  la  partie  dont 
il  était  question ,  a  de  nouveau  et  presque  exclusivement  été  employé. 

Les  dénominations  diverses  que  fournissent  souvent  les  documents  de  la  pre- 
mière moitié  du  xvi''  siècle  sont  les  suivants  :  frchemyn  du  cymetière  SainctPèrer 


>  RLE  SAINT-DOMINIQUE.  87 

()5o2);  ccliemin  allant  de  SainctPère  àGrenellefl  (i5â3,  i53o,  etc.),  ettrclie- 
(rmin  qui  tend  de  Sainct  Père  à  l'Orme  de  GrenellesT»  (lôaS,  1 587,  etc.)  (la  rue 
Saint-Dominique  conduisait  directement  de  la  chapelle  Saint-Père  à  la  ferme  de 
Grenelle  et  à  un  orme  des  environs);  tr  chemin  tendant  au  port  de  Grenelle "^ 
(i53o);  ffchemyn  par  où  l'on  va  dudict  Sainct  Germain  au  port  de  Grenelle •" 
(1526);  pcliemin  allant  du  Moulin  à  vent  au  Portu  (i53i);  irchemin  du  Portu 
(i53o,  1539),  et  (t  chemin  du  Moulin  à  venti»  (1  523).  De  la  rue  Saint-Dominique 
se  détachait  un  embranchement  qui  se  dirigeait  sur  le  port  de  Grenelle,  et  com- 
muniquait avec  la  voie  du  bord  de  l'eau,  par  un  petit  chemin  appelé  aussi  des 
Vaches  (rue  Saint-Jean,  au  Gros-Caillou).  Nous  ne  savons  si  c'est  ce  dernier  che- 
min, ou  la  rue  Saint-Dominique,  qu'il  faut  voir  dans  le  ?  petit  chemyn  du  Port-^ 
de  l'arpentage  de  1529;  «chemin  tendant  de  la  Voiriez  ou  «allant  de  Sainct  Père 
(rà  la  Petite  Seyne-n  (i523,  1629,  etc.). 

La  rue  Saint-Dominique  longeait  le  territoire  de  la  Petite-Seine  (vers  l'empla- 
cement de  l'esplanade  des  Invalides).  Dans  cette  région,  elle  est  fréquemment 
dénommée,  dès  i355,  «la  longue  Raye,'i  appellation  qui  s'est  conservée  jusqu'au 
règne  de  Louis  XV.  La  même  partie  paraît  avoir  été  désignée  sous  le  nom  de 
chemin  Herbu,  puisque,  dans  un  registi-e  de  i523,  il  est  dit  que  trois  quartiei"S 
de  terre  aboutissant,  d'une  extrémité,  sur  la  Petite-Seine,  touchaient,  de  l'autre, 
au  «chemin  Herbu.  1  Nous  avons  vu,  en  outre,  la  rue  Saint-Dominique  appelée 
«le  chemin  de  l'Oserayet  (1597),  à  cause  de  sa  proximité  du  canton  de  l'Oseraye; 
«le  vieil  chemyn  des  Vignesit  (i53o),  et  le  chemin  des  Treilles,  dans  une  multitude 
de  titres  (i/i32,  i523,  loga,  etc.).  Du  reste,  on  ne  la  désignait  ainsi  qu'à  partir 
de  600  à  800  mètres  de  la  rue  des  Saints-Pères,  dans  la  région  où  elle  se  rap- 
prochait dn  climat  des  Treilles,  voisin  lni-m«^me  de  celui  de  la  Petite-Seine. 

Jaillot,  dont  la  science  et  l'esprit  de  critique  sont  des  plus  estimables,  mais 
qui  n'a  pas  toujours  été  bien  servi  par  les  documents  auxquels  il  a  eu  recours, 
affirme  que  le  chemin  des  Treilles  est  la  même  voie  que  la  rue  de  l'Université; 
c'est  une  assertion  que  nous  croyons  erronée,  et  cela  pour  les  motifs  suivants  : 

1°  Si  le  chemin  des  Treilles  était  celui  qui  est  devenu  plus  tard  la  rue  de 
l'Université,  il  aurait  dépendu  de  la  censive  de  l'Université,  et  il  ne  serait  point  si 
fréquemment  mentionné  dans  les  archives  de  l'abbaye,  où  il  en  est  toujours  ques- 
tion à  propos  de  terres  en  culture.  Or  le  Pré-aux-(]lercs  n'était  point  cultivé;  il 
était  même  séparé,  par  uu  fossé,  des  champs  environnants. 

2°  Dans  le  deuxième  triage  de  l'arpentage  de  1329,  lequel  triage  est  compris 
entre  le  Pré-aux-Clercs  et  la  rue  Saint-Dominique,  et  dans  le  troisième  triage, 
compris  entre  les  rues  Sainl-Domini(jiie  et  de  Grenelle,  il  est  très-souvent  question 
du  chemin  des  Treilles.  Ce  chemin  doit  donc  être  commun  aux  deux  triages;  or 
la  rueSaint-Domiiii(|ue,  qui  les  sépare,  satisfait  seule  à  cette  condition. 


88  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

3°  Dans  le  troisième  triage  abondent  les  indications  de  terrain  aboutissant , 
d'une  extrémité,  au  chemin  des  Treilles,  et,  de  l'autre,  au  chemin  des  Vaches.  Mais 
puisque,  comme  nous  l'établissons  ailleurs  (voir  à  l'article  de  la  rue  de  Grenelle), 
le  chemin  des  Vaches  de  l'arpentage  de  1699  n'est  autre  que  la  rue  de  Gre- 
nelle, puisque  le  chemin  des  Treilles  ne  peut  être  situé  au  midi  de  cette  dernière 
rue,  il  faut,  de  toute  nécessité,  que  ce  soit  la  voie  la  plus  rapprochée  vers  le  nord, 
c'est-à-dire  la  rue  Saint-Dominique. 

h"  Enfin,  puisque  le  chemin  de  la  Petite-Seine,  comme  nous  l'établirons  éga- 
lement plus  loin,  se  confond  avec  l'extrémité  occidentale  de  la  rue  de  l'Université, 
les  nombreux  documents,  où.  il  est  parlé  de  terres  aboutissant  simultanément  au 
chemin  de  la  Petite-Seine  et  au  chemin  des  Treilles,  ne  peuvent  désigner,  par 
cette  dernière  dénomination,  que  la  rue  Saint-Dominique. 

Le  fait,  au  surplus,  est  rendu  très-vraisemblable  par  de  nombreux  documents, 
et,  entre  autres,  par  ce  passage  dun  acte  de  iSay,  où  on  lit  :  fr Demi-arpent. . . 
«au  lieu  dict  les  Treilles...  aboutissant  d'un  bout  au  chemin  des  Treilles,  et 
tr  d'autre  à  l'isle  Macquerelle.  -n  On  sait  que  la  rue  de  l'Université  se  terminait 
à  la  pointe  de  l'île  aux  Cygnes,  avant  la  réunion  de  cette  île  à  la  terre  ferme. 
Un  autre  passage,  extrait  d'une  transaction  du  9  juin  1627,  n'est  pas  moins  pro- 
bant :  un  quartier  de  terre,  qui  a  été  compris  dans  le  couvent  des  Filles  de  Saint- 
Joseph,  y  est  déclaré  aboutir,  «d'un  bout  au  Pré  aux  Clerz,  d'autre  au  chemin  des 
«  Treilles  ou  des  Vaches,  n  Citons  en  dernier  lieu  un  article  du  censier  de  1687,  qui 
mentionne  (tun  arpent...  au  terroir  de  Verbisson,  lieu  dit  le  Gros  Caillou...  abou- 
tr  tissant  par  bas  au  chemin  vulgairement  appelé  autrefois  le  chemin  des  Charbon- 
Kiiiers  et  à  présent  le  chemin  des  Treilles,  venant  à  la  rue  Saint-Dominique,  v  Nous  ne 
connaissons  que  cet  exemple  du  nom  de  cr  chemin  des  Charbonniers •«  appliqué 
au  chemin  des  Treilles,  avec  cette  circonstance  qu'il  vient  à  la  rue  Saint-Domi- 
nique, Dans  notre  pensée,  il  en  était  la  continuation. 

CÔTÉ  MÉRIDIONAL. 


PAROISSE   SAIM-SULPIGE. 

JUSTICE 

ET  CEKSIVE  DE  L'ABBAYE  SAIM-GEBMA1.\. 


Entre  lesrucs  Maison  sans  désignatiou  et  avec  jardin  (1695),  contiguë  à  la  propriété  faisant 


des 


Saints-Pèies  le  coin  de  la  rue  des  Saints-Pères.  Elle  appartenait,  en  1628,  à  D"^  Renée  de 
Marnay,  veuve  de  François  Bayot,  et,  le  i4  avril  i643,  elle  fut  adjugée  sur 
Pierre  Rayot  au  marquis  de  Plessis-Châtillon.  Marie  Dauvet  l'ayant  vendue,  le 


N  RUE  SAINT-DOMINIQUE.  89 

•26  janvier  1660,  à  M'^  François  de  Matignon,  la  maison  prit  ie  nom  à'hôtel  de 
Matignon '•^\ 

Maison  sans  désignation  (iBgB),  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  des  Rosiers 
ou  Saint-Guillaume.  En  1687,  elle  dépendait  de  l'hôtel  de  Matignon,  dans  lequel 
elle  a  été  englobée. 

Masi're  (1  5q5)  faisantle  coin  occidental  de  la  rue  Saint-Guillaume.  Au  commen-     Entre  les  mes 

,  .      ,  .,  .       ,  .  ...  1    •        1-  Saint-Guillaume 

cernent  du  xvii*  siècle,  il  y  avait  là  une  maison,  avec  tuilerie  et  grand  jardin,       et  du  Bac 
appartenant  au  nommé  Nicolas  HuUol.  Cette  propriété,  qui  contenait  environ  six 
quartiers,  fut  divisée  ensuite  en  quatre  maisons,  puis  en  cinq. 

Vers  1695,  la  maison  du  coin  occidental  de  la  rue  Saint-Guillaume  était  la 
dernière  construction  que  renfermât  de  ce  côté  la  rue  des  Vaches,  ou  Saint-Domi- 
nique; mais,  en  1628,  la  voie  était  bâtie  jusque  par  delà  la  rue  du  Bac.  Entre 
cette  rue  et  la  rue  Saint-Guillaume,  on  comptait  trois  maisons:  celle  que  nous 
venons  de  mentionner,  celle  du  coin  de  la  rue  du  Bac  et  une  troisième,  intermé- 
diaire et  fort  vaste,  possédée  par  les  héritiers  Hullot.  Cette  dernière  en  a  formé 
huit  autres,  dont  la  première  est  devenue  l'hôtel  de  Maineville,  depuis  d'Asfeld,  et 
la  cinquième  riiélelde  Clievrevse,  depuis  rfe  Luynes,  dans  lequel  la  quatrième  et  la 
sixième  maison  paraissent  avoir  été  absorbées. 

CÔTÉ  SEPTENTRIONAL. 


PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE   L'ABBAYE   SAI>'T-(;ERMAI>. 

Le  censier  de  1  ôgB  ne  mentionne  aucune  maison  du  côté  septentrional  de  la  Entre 

rue  Saint-Dominique;  mais  il  indique  simplement  que  le  coin  de  cette  rue  et  de  etdeVs!inis"p*re.. 
celle  de  Saint-Père  était  formé  par  la  maison  de  Georges  Régnier,  laquelle  abou- 
tissait à  la  propriété  de  Denis  Allain.  Or  nous  ne  savons  quelle  était,  sur  la  rue 
Saint-Dominique,  la  limite  de  la  maison  de  Georges  Régnier,  qui  avait  probable- 
ment une  certaine  profondeur,  car  elle  contenait  un  grand  jardin.  Quant  à  la  pro- 
priété de  Denis  Allain,  vendue  par  Régnier  le  3o  novembre  1  GaS ,  elle  a  fait  partie 
de  ce  vaste  clos,  renfermant  une  maison  et  un  jardin,  que  les  nommés  Jacques 
Lefebvre  et  Pierre  Piscard  vendirent,  le  5  juin  i63q,  aux  Jacobins,  et  oii  ceux-ci 
établirent  le  noviciat  de  leur  ordre.  Il  est  donc  probable  que  la  maison  de  Régnier 
se  prolongeait  jusqu'au  mur  de  ce  même  noviciat,  et  ce  mur  paraît  correspondre 
au  lieu  où  s'élevait  la  porte  de  la  Tranchée. 

"'  Piganiol  s'est  donc  trompe  en  disant  que  rhôtet  avait  é[é  bâti  par  Charles  de  Matignon ,  mort  en  1 6^8. 

■II.  |S 


90  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Si,  à  la  fin  du  xyi*"  siècle,  la  maison  de  Régnier  demeurait  la  seule  qui  existât 
du  côté  septentrional  de  la  rue  Saint-Dominique,  il  en  était  autrement  cinquante 
ans  plus  tôt.  On  voit  effectivement  que ,  en  i55i,le  tr  heurt  n  bornant  le  Pré-aux- 
Clercs  atteignait  ttà  l'alignement  et  au  coing  de  partie  de  la  maison  de  Jehan  de 
cfLicieux,  dict  le  Pavanier,  •»  laquelle  ne  pouvait  ainsi  se  trouver  que  du  côté 
septentrional  de  la  rue  Saint-Dominique,  et  était  effectivement  attenante  aux  7*, 
8%  9^  et  10*  bornes  du  Pré-aux-Clercs,  situées  au  delà  de  la  rue  du  Bac,  là  où  a 
été  bâti  depuis  l'hôtel  Mole.  Cependant  on  lit,  dans  le  censier  de  16/17  et  dans 
l'inventaire,  que  la  propriété  de  «noble  homme  Jehan  de  Lisieulx,  aultrement 
tfdict  le  Pavanier,  varlet  de  chambre  du  Roy''', n  qui  contenait  deux  arpents  et 
demi,  et  où  il  avait  bâti  une  maison  manable,  était  comprise  entre  le  chemin  de 
Grenelle  et  le  chemin  aux  Vaches,  ou  rue  Saint-Dominique.  11  faut  donc  que  l'une 
des  deux  indications  soit  fausse,  ou  que  Jean  de  Lisieux  ait  eu  une  maison  de 
chaque  côté  de  la  rue,  ce  qui  est  peu  probable.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  maison  du 
Pavanier,  appartenant  alors  à  Michel  Gaillard,  seigneur  de  Longjuraeau,  avait 
été,  au  mois  d'avril  1  56i,  le  théâtre  d'un  combat  entre  quelques  huguenots  et  la 
populace  ameutée  par  des  écoliers.  Elle  fut  démolie  peu  de  temps  après  et  n'exis- 
tait plus  en  1579.  Le  terrain  en  avait  été  baillé  à  bâtir  à  Jean  de  Lisieux,  le 
28  mai  i5/i5. 


RLE   DU   DRAGON. 

La  rue  du  Dragon  commence  à  la  rue  Taranne  et  finit  au  carrefour  de  la  Croix- 
Rouge,  au  droit  de  la  rue  de  Grenelle;  mais,  anciennement,  on  la  considérait 
souvent  comme  se  prolongeant  jusqu'à  la  rue  de  Sèvres.  Ce  prolongement,  c'est- 
à-dire  la  partie  comprise  entre  la  rue  de  Sèvres  et  la  rue  de  Grenelle,  était  aussi 
regardé  comme  dépendant  de  la  rue  du  Four. 

La  rue  du  Dragon  ne  porte  ce  nom  que  depuis  1806;  elle  s'appelait  aupara- 
vant rue  du  Sépulcre,  à  cause  d'une  propriété  qu'y  possédaient  les  chanoines  du 
Saint-Sépulcre,  de  la  rue  Saint-Denis.  Nous  trouvons  la  rue  du  Dragon  énoncée 
«rue  allant  du  BouUouer  (carrefour  de  la  Croix-Rouge)  au  dict  Sépulcre, 75 
crchemyn  du  Sépulcre n  et  «rue  du  Sépulcre, ti  en  la  même  année  iBaS,  puis, 
dans  un  titre  de  liAi,  a  rue  allant  à  l'hostel  du  Sépulchre.  a  Bien  qu'elle  date 
évidemment  d'une  époque  relativement  ancienne,  nous  ne  saurions  citer  aucun 
document  antérieur  où  elle  soit  certainement  indiquée.  Toutefois  il  existe  une 
charte  de  iSgS,  où  l'on  parle  d'une  maison  située  dans  la  grande  rue  du  Four 

'■'  Jean  de  Lisieux  était  aussi  rr gentilhomme ji  du  cardinal  de  Toumon,  alors  abbé  de  Saint-Gerinain- 
des-Prés. 


N  RUE  DU  DRAGON.  91 

et  faisant  le  coin  d'une  voie  dite  a  la  rue  par  où  on  va  à  l'église  Saint-Père,  r?  Cette 
dernière  rue  est  très-probablement  la  même  que  celle  du  Dragon,  qu'un  ensaisi- 
nement  de  «5-26  énonce  la  t-ue  du  Four,  apparemment  par  erreur. 

CÔTÉ   ORIENTAL. 


PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CE.NSIVE  DE  L'ABBAYE  SAINT-GERMAIN. 

Grande  maison  des  Trois-Rois  (  i  BgS) ,  faisant  le  coin  de  la  Grande  rueTaranne  Enin- 

et  s'étendant  jusqu'à  la  Petite.  C'était  un  des  deux  lots  qui  résultèrent  du  inorcel-      «t  du  saimt. 
lement  de  l'ancien  hôtel  de  Taranne.  En  lagB,  elle  appartenait  à  l'écuyer  Jean- 
Baptiste  Vesle;  il  l'avait  fait  alors  nouvellement  rebâtir  et  la  tenait  du  nommé 
Jacques  Miut,  lequel  l'avait  acquise  de  Robert  Fallentin. 

Maison  énoncée  «d'ancienneté  le  cloz  Copieuse,  aultrement  dict  l'Herinitaige "-  isntie 

(i5a3),  faisant  le  coin  méridional  de  la  rue  du  Sabol.  Cette  propriété  est  éga-  '  eiduPour. 
lement  dite  s'être  appelée  tr anciennement. ..  l'hostel  de  Guyon  Pernée.ii  aHaa 
Journée  (i53i).  Elle  contenait  un  demi -arpent,  s'étendait  le  long  de  la  rue  du 
Sabot,  et  n'a  été  morcelée  qu'au  wii^  siècle;  mais  il  y  avait  déjà  là  deux  maisons 
en  i5io.  Le  censier  de  i365  mentionne  un  certain  «Copiose,^!  qui  doit  être 
un  membre  de  la  famille  dont  le  clos  avait  pris  le  nom.  Quant  à  Guyon  Journée, 
c'était  un  marchand  épicier. 

Decx  maisons  sans  désignation  (iBgS),  provenant  d'un  morcellement  de  la 
suivante. 

Maison  dont  la  principale  entrée  était  dans  la  rue  du  Four,  et  qui  tenait  à  la  mai- 
son faisant  le  coin  de  celte  rue.  Les  deux  constructions  n'en  constituaient  qu'une 
dans  la  première  moitié  du  xvi*  siècle.  (Voir  Rue  du  Four.) 

CÔTÉ   OCCIDENTAL. 


PAROISSE   SAINT-SLLPIGE. 
JUSTICE 
ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE  SAINT-GERMAIN. 

Maisoii  sans  désignation  (iBaS).  faisant  le  coin  septentrional  de  la   rue  de    h» rae» ie sè*n^ 


92  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

et  de  Grenelle     Sèvrcs.  En  iBsS  sa  superficic  était  d'un  demi-quartier,  et  il  en  dépendait  un  jar- 

(  carrefour  ,.  „ 

de  ta  croii-Roiige).   oin  reulermant  un  quartier. 

Granges  aux  malades  de  NAPLES,  faisant  un  second  coin  de  la  rue  de  Sèvres. 
Par  une  ordonnance  du  6  mars  l'igy,  où  il  est  dit  que  la  syphilis  avait  eu  rrpuis 
ffdeux  ans  en  çà...  grande  force  en  ce  royaulme,  tant  en  ceste  ville  de  Paris  que 
cf  en  d'autres  lieux,  11  le  Parlement  ordonna  que  les  individus  atteints  de  cette  ma- 
ladie, dont  on  s'exagérait  beaucoup  le  caractère  contagieux,  devraient,  sous  peine 
de  la  hart,  se  retirer  à  Saint-Germain-des-Prés,  «pour  estre  et  demourer  es 
(f  maisons  et  lieux  qui  leuru  seraient  a  baillez  et  délivrez  t)  par  des  commissaires 
nommés  à  cette  fin'".  On  avait,  en  eifel,  disposé  une  sorte  d'hôpital  provisoire, 
destiné  à  recevoir  les  malades  du  mal  de  Naples,  comme  on  disait,  et  moins  de 
trois  mois  après  plusieurs  guérisons  y  furent  obtenues,  à  ce  qu'affirma  l'évêquede 
Paris,  dans  une  visite  qu'il  fit  au  Parlement,  le  28  mai.  La  propriété  où  était  situé 
l'hôpital  avait  jadis  appartenu  à  Lorin  Gauldry,  et  Jean  Pasquier,  capitaine  des 
archers  de  la  Ville,  la  prit,  dit-on,  à  bail  de  l'abbaye,  pour  le  compte  du  Prévôt 
des  Marchands  et  des  Echevins.  Il  est  très-certain  que  cet  emplacement  avait  appar- 
tenu à  Jean  Pasquier;  mais,  suivant  les  cartulaires  dé  l'abbaye,  le  bail  de  1697. 
ayant  pour  objet  une  vieille  grange  et  une  maison  avec  cellier  et  bouge,  aurait 
été  fait  à  Jean  Ferry,  voiturier. 

Quoi  qu'il  en  soit,  en  i523,  il  se  trouvait  là  «deux  granches,fl  en  d'autres 
termes,  deux  salles  couvertes,  puis  une  petite  cour  et  une  masure;  le  tout  occupait 
une  surface  de  trois  quartiers,  dont  il  n'est  point  possible  de  retracer  les  limites. 
Jean  Pasquier  tenait  le  terrain  des  granges  à  titre  précaire;  en  162 8,  son  fils 
Antoine  Pasquier  le  reçut  à  rente  perpétuelle  et  y  bâtit  probablement  la  maison 
qui  remplaça  l'hôpital,  sans  en  occuper  tout  l'emplacement.  Elle  a  eu  pour  en- 
seigne la  Croix-Rouge  (1595-1628),  et,  en  1628,  elle  était  divisée  en  plusieurs 
corps  d'hôtel,  dont  le  dernier  s'appelait  la  maison  de  Notre-Daine- de-Grâce. 

Maison  sans  désignation,  qui  faisait  le  coin  méridional  de  la  rue  de  Grenelle, 
etoi!i,  en  i523,  étaient  construites  trois  «  loges,  r  Jean  Louvet,  propriétaire  dès 
1 523 ,  y  avait  arboré  pour  enseigne  tr  ung  petit  crucifix  et  aultres  petites  ymaiges 
ff  que  feist  icelluy. ..  Jehan  Louvet,  qui  les  y  meist,T)  et  il  avait  agrandi  la  maison, 
en  1529,  d'une  place  large  de  six  pieds  par  devant,  de  onze  pieds  par  derrière,  et 
profonde  de  neuf  toises,  laquelle  formait  l'encoignure.  Vers  lôgô,  la  propriété 
n'était  plus  qu'une  vieille  masure. 

Enire  Maison  sans  désignatiou  (i543),  faisant  le  coin  septentrional  de  la  rue  de 

les  mes  de  Grenelle-    „  ,,  ,  .  iri-r»<  ri  o     a        ■|^       i      ■      ^•    •    r  i 

et  Taranne.      Grenelle  ct  aboutissaut  rue  des  oamts-Peres.  En  1028,  eue  était  divisée  en  deux 


(') 


Arch.  nat.  reg.  X  i5o3,  fol.  7^1  r".  La  pièce  a  été  publiée  par  Félibien. 


N  RUE  DU  DRAGON.  93 

dans  le  sens  de  sa  profondeur.  Un  peu  plus  lard,  elle  a  été  morcelée  en  cinq  et 
même  six  parcelles.  Elle  avait  été  construite  sur  un  lot  de  quinze  perches  et  demie 
de  terre,  tr baillé  à  bâtini  à  Jean  de  Morvillet,  le  19  avril  i535. 

Maison  sans  désignation  (i543),  aboutissant  rue  des  Saints-Pères.  Elle  lut 
construite  sur  un  lot  de  quinze  perches  et  demie  de  terre,  baillé,  le  19  avril 
i535,  à  Philippot  Rebac,  bourrelier.  Cette  maison  et  les  deux  suivantes  étaient 
à  l'état  de  masure  vers  la  fin  du  xvi"  siècle. 

Maison  sans  désignation  (i543),  aboutissant  rue  des  Saints-Pères,  et  cons- 
truite sur  un  quartier  de  terre  baillé  à  Jean  Verdureau.  le  19  avril  i535. 

Maison  sans  désignation  (i543),  bâtie  sur  une  place  d'environ  quatre  toises 
de  largeur  sur  seize  de  profondeur,  laquelle  faisait  partie  d'un  demi-quartier  de 
terre  baillé  à  Jamet  Prévôt,  le  19  avril  i535. 

Maison  sans  désignation  (i563),  bâtie  sur  une  place  d'environ  trente  toises  de 
largeur,  retranchée  du  lot  de  Jamet  Prévôt,  et  cédée  par  lui  à  Pierre  Puissant,  le 
16  février  i536. 

Maison  sans  désignation  (i  563),  élevée  sur  un  demi-quartier  de  terre  baillé  à 
Jean  Feauveau,  le  19  avril  i535.  A  la  fin  du  xvi*  siècle,  réunie  à  la  suivante,  elle 
avait  pour  enseigne  le  Heaume  (1  595-1628).  Sur  le  même  emplacement  ont  été 
construites  depuis  trois  maisons. 

Maison  sans  désignation  (i563) ,  bâtie  sur  un  demi-quartier  baillé  à  Girart  du 
Cerf,  le  19  avril  1 535.  L'emplacement  de  cette  maison,  de  celle  qui  est  derrière 
et  de  tout  le  reste  de  l'îlot,  jusqu'à  la  rue  de  Grenelle,  était  occupé,  en  1529, 
par  une  pièce  de  terre  de  cinq  quartiers  appartenant  à  Jean  Petit,  libraire-juré 
de  l'Université. 

Clos  dépendant  de  l'hôtel  du  Sépulcre,  y  attenant  (i523)  et  aboutissant  rue 
des  Saints-Pères.  Ce  clos  contenait  cinq  quartiers  de  terre  et  n'a  été  couvert  de 
maisons  qu'au  temps  del^ouis  XIII. 

HÔTEL  DU  SÉPULCRE,  dit  aussi  LE  VlEIL-SÉPULCRE  (i5/l8)  et  LE  PeTIT- 
SEPULCRE,contigu  à  la  maison  faisant  le  coin  de  la  rue  Taranne.  Cette  propriété, 
qui  renfermait  une  maison  d'habitation,  une  grange,  un  jardin  et  des  étables, 
lut  acquise,  en  1396,  par  Pierre  Boullard,  et,  au  commencement  du  siècle  sui- 
vant, léguée  par  lui,  pour  fondation  de  messe,  à  l'hôpital  du  Saint-Sépulcre  de  la 
rue  Saint-Denis.  Une  rente  de  8  livres  parisis,  dont  elle  était  chargée  envers 
l'hôpital  '",  étant  venue  à  péricliter,  les  maîtres  du  Saint-Sépulcre  réclamèrent  la 
mise  aux  enchères  de  la  maison,  laquelle  leur  fut  adjugée  par  sentence  du  a 8  mai 
1626,  et  de  là  est  venu  le  nom  (ïh/kel  du  Sépulcre,  qu'on  lui  donnait.  Baillée  à 
vie,  le  6  mai  1660,  au  nommé  Bonvarlet,  et,  le  i5  septembre  1668,  à  Henri 

''  P.  Boullard  n'avait  probablement  fait  que  l^er  la  rente,  et  non  la  maison. 


9à  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Lemaître,  elle  fut  baillée  de  nouveau,  et  pour  quatre-vingt-dix-neuf  ans,  le  i  4  jan- 
vier 1^77,  au  tuilier  Robert  Montrouge.  En  167/1,  le  fils  de  ce  dernier,  nommé 
Guillaume,  fut  condamné  à  en  déguerpir  à  l'expiration  du  bail,  c'est-à-dire  en 
1576;  mais  Ravaud,  fils  de  Guillaume,  obtint,  le  1 1  octobre  1677,  qu'elle  lui 
fût  cédée  moyennant  une  rente  de  200  livres.  Elle  appartenait  encore  à  la  famille 
Montrouge  en  1668,  année  en  laquelle  les  dernières  cinquante  livres  de  la  rente 
stipulée  en  1677  furent  rachetées  au  chapitre  du  Saint-Sépulcre.  Suivant  un  car- 
tulaire  de  Saint-Germain-des-Prés,  la  maison  du  Sépulcre  était  la  même  que  celle 
sur  laquelle,  l'an  1267,  Jean,  dit  Rane,  et  sa  femme  Théophanie,  vendirent  à 
l'abbaye  une  rente  de  Uo  sous  parisis.  La  maison  de  Jean  Rane  est  énoncée,  dans 
la  charte  originale,  m  vico  per  quem  itur  ab  abbalia  apud  Sanctum  Petrum,  ce  qui 
doit  s'entendre  de  la  rue  Taranne  actuelle,  et  elle  est  dite  tenir  d'une  part  à  la 
maison  de  Gillebert,  dit  Rane,  et  d'autre  part  à  la  maison  du  curé  de  Saint- 
Sulpice. 


RUE   DE   L'ECHAUDE. 

La  rue  de  l'Echaudé  commence  à  la  rue  de  Seine  et  finit  à  la  place  Sainte- 
Marguerite.  De  ce  dernier  côté,  la  construction  du  bâtiment  d'une  boucherie  a 
transformé  la  partie  méridionale  de  la  rue  en  une  impasse,  qui  a  été  nommée 
cul-de-sac  du  Guichet,  et  qui  a  subsisté  depuis  le  milieu  du  xvu"  siècle  jusqu'au 
commencement  de  celui-ci,  époque  oiî  on  lui  a  rendu  un  débouché. 

Ainsi  que  nous  avons  déjà  eu  l'occasion  de  le  dire,  les  échaudés  en  pâtisserie 
affectaient  autrefois  la  forme  triangulaire,  d'oii  est  venu  l'habitude  d'appeler 
échaudés  les  terrains  présentant  une  configuration  analogue.  La  disposition  de 
l'îlot  compris  entre  les  rues  du  Colombier,  de  Seine  et  celle  qui  fait  l'objet  de  cet 
article,  lui  valut,  peu  de  temps  après  sa  création,  le  nom  trde  rEschaudé,n qu'on 
appliqua  ensuite  à  la  rue  qui  remplaça  le  chemin  longeant  le  fossé  oriental  de 
l'abbaye  et  conduisant,  de  la  principale  porte  du  monastère,  au  Pré-aux-Clercs 
et  à  la  Seine.  Cette  voie  a  été  énoncée  successivement:  «chemin  qui  joint  aux 
fffossez  de  ladite  église  (de  l'Abbaye),  par  où  l'on  va  de  la  porte  d'icelle  église  vers 
rr ledit  Pré  aux  Clersn  (i388);  (truelle  par  où  l'on  va  du  Pilory  à  la  rivière  de 
et  Seine  T)  (1612);  tr  sentier  des  fossez  dudit  Saint  Germain  n  (i4i4);  «grant 
ttrue  allant  pardessus  les  fossez  à  la  rivière  de  Seine  n  (i5/n);  tr  petite  rue  allant 
et  sur  les  fossez  de  l'Abbaye. . .  et  au  Pré  aux  Clersn  (  iBgS);  ttrue  du  Guichet*'', 
(tqui  conduit  du  vieux  portail  et  du  pont-levis  de  ladite  abbaye,  le  long  des  fos- 


'"'  Le  guichet  en  question  était  la  vieille  porle  de  labbaye. 


N  RUE  DE  L'ÉCHAUDÉ.  95 

(tsez  d'icelle,  es  dites  rues  du  Colombier  et  de  Seine  n  (1610).  Nous  trouvons 
l'appellation  de  rue  de  l'Echaudé  dès  1B90;  mais  elle  n'a  point  été  communément 
employée  avant  le  siècle  suivant,  pendant  lequel  on  a  dit  aussi  rue  de  Metz,  à 
cause  d'un  jeu  de  paume  de  ce  nom  établi  près  du  palais  abbatial. 

Dès  son  origine,  la  rue  de  l'Echaudé  a  eu  son  côté  oriental  bordé  de  propriétés 
closes;  mais,  comme  il  est  parlé  ailleurs  de  ces  propriétés  (voir  Rues  de  Bussy  et 
de  Seine),  il  ne  doit  être  question  ici  que  de  celles  qu'on  voyait  du  côté  opposé. 

CÔTÉ  OCCIDEMAL. 


PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE  SAINT-GERMAIN. 

A  l'exception  de  la  maison  faisant  le  coin  de  la  rue  du  Colombier,  les  construc-     Entre  in  place 
lions  s'étendanl  de  cette  rue  à  la  place  Sainte-Marguerite  ont  été  élevées  sur  des   '  '"  «-^«'g^enie 
terrains  baillés  à  bâtir  en  1698,  1709  et  1708.  Vers  le  centre  de  ces  construc-  '»">«<'"  •^»'o™'"<''' 
lions,  au  droit  de  la  rue  Bourbon-le-C bateau,  était  placée  la  grande  porte  de 
l'abbaye. 

Nous  consacrons  un  chapitre  entier  à  la  monographie  sommaire  de  ce  mo- 
nastère, dont  l'histoire  se  lie  intimement  à  celle  de  Paris,  et  «jui  a  puissamment 
contribué  au  développement  de  la  ville,  sur  la  rive  gauche  de  la  Seine. 

Deux  maisons  sans  désignation  (iSgr)),  dont  la  première  était  contiguë  à  celle  Enii-e 

qui  faisait  le  coin  septentrional  de  la  rue  du  Colombier.  Ces  deux  maisons  furent  rues  du  colombier 
élevées  sur  le  lot   de  trente  et  une  perches  baillé  à  Jean  Longis,  le  17  février       «""«««'ne 
i56i;  elles  appartenaient,  vers  la  fin  du  xvi*  siècle,  au  même  propriétaire  que 
l'habitation  suivante. 

Maison  et  grange  (i  BgT)),  contiguës  à  la  maison  formant  l'encoignure  de  la  rue 
de  Seine. 


L'ABBAYE    DE    SAIN 


i:n 


^77/é:    s.   germant    a    PBATIS       SCENOGRAPHTA  i68n 


^  yif-tfinis        \jo.  Auhx  Ho^piht'^ 

Il  .  offUtna    ofiUciaLum 

PaJrum        12.  ■    Rtftcbirmm. 


(^  ■    HoThiS  Inhrnarut 
ic  .     /irea  fflonarttn/ 


«7 


\8 .  HoHwr  Rtueiyui,  BtPvn    ii.A'-ta  chmiu-  Abkabaù 

Ctmg^egatioruj- .  2.J  ■  Ho^bu     Abbalir 

19  ■  MaUuvùutt  .  Z4.  ■  offù^ma  AUaU^ 

FurrutJ  t  TortuKt  Uffnarif     xo ,  ffor^tum,  .  2^  ■  E<pùlia  Abbatu 

OJpànA    tf .  3.1  ,  Domais   Abbatùdù . 


;rmain  des  prés 


A«BAYE  DE  SAINT-GERMAIN-DES-PRES.  97 


CHAPITRE  II. 

ABBAYE  DE   SAINT-GERMAINDES-PRÉS. 


L'abbaye  Saint-Gerniain-des-Près  fut  fondée  par  le  roi  Childebert,  fils  et  suc- 
cesseur du  grand  Clovis.  Grégoire  de  Tours  rapporte  que,  l'an  5^2,  Childebert 
et  son  frère  Giotaire,  (jui  assiégeaient  Saragosse,  ayant  été  témoins  de  la  véné- 
ration que  les  habitants  de  celte  ville  montraient  pour  l'étole  de  saint  Vincent  de- 
meurée en  leur  possession,  renoncèrent  à  s'emparer  de  la  place,  dans  la  crainte 
d'encourir  la  réprobation  du  saint '''.  Plus  explicite,  l'auteur  des  Gesta  regum 
Franronim,  qui  écrivait  au  commencement  du  vni*  siècle,  et  qui  relate  les  mêmes 
faits  en  termes  presque  identiques,  ajoute  que  Childebert  réclama  le  don  de 
l'étole.  L'ayant  obtenue,  il  fit  élever,  à  son  retour  ù  Paris,  une  église  en  l'honneur 
du  bienheureux  martyr  :  r  Childebertus  vero,  Parisius  veniens,  ecclesiam  in  honore 
(tB.  Vincentii  martyris  a;dificavit '^'. -^  Acquise  de  cette  façon  ou  de  toute  autre,  la 
relique  de  saint  Vincent  détermina  le  vocable  de  la  nouvelle  basilique,  qui  reçut, 
en  outre,  celui  de  Sainte-Croix,  à  cause,  dit  Gislenjar,  d'une  croix  d'or  que  Chil- 
debert rapporta  pareillement  d'Espagne*'',  et  qui  passait  pour  un  ouvrage  de 
Salomofi.  Fortunal,  dans  sa  Vie  de  mini  Gettnain,  raconte  un  miracle  que  ce  prélat 
aurait  acconq)li  en  se  rendant  à  la  basilique  de  Sainte-Croix  '*',  et  Grégoire  de 
Tours  mentionne  plusieurs  fois  la  basilique  de  Saint-Vincent,  où  saint  Germain 
avait  reçu  la  sépulture  '*'. 

La  grande  dévotion  des  Parisiens  envers  saint  Germain,  leur  évéque,  et  la 
présence  de  sa  tombe  dans  un  oratoire  contigu  à  l'église,  amenèrent  prompte- 
ment  la  substitution  du  vocable  de  Saint-Germain  à  ceux  de  Saint-Vmcent  et  de 
Sainte-Croix.  En  61 5,  on  disait  déjà  la  basilique  de  l'évèque  Germain**';  en 

'■'  Gre/f.  Tur.  Mb.  III,  cap.  xxix.  ap.  D.  Bou-  «auil.n {Vila S.  Droctovei,a\u  Ad. SS.ord.  S.  Bened. 

(juet,  t.  Il,  p.  199.  l.  I,  p.  a4o.) 

'*'  D.  Bou(|iiel,  t.  II,  p.  5.S8  C  '*'  irCum  ad  basilicam  BealœCrucis  vir  Dei  pro- 

'*'   (f  Asporlavit  crocem  aiiream  prctiosis  gemmis  itcederet.i  {Vila  S.  Germant,  ibid.  1. 1,  p.  aio.) 
Tedimitam,  necnon  ex  opère  Salonionis  ut  ferlui'...  '''  Lib.  IV,  cap.  xx;  lib.  VIII,  cap.  xxii  et  xxiii, 

-firalia  igitur  vivifies  cracis  ecclesiam  sauctissirai  et  De  Gloria  con/esnorum ,  cap.  xc. 
"martyris,  ubi  ipsam  ciini  aliis  [iretiosissiniis  inonu-  '*'  Cbiidebert  avait  fait  don  h  saint  Germain  de 

■iiipnlisdelegavit.  in  niuduni  crucis eedilicare dispo-  la  basilique  de  Saint-Vincent. 

m.  i3 


98  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

690  et  696,  la  basilique  ou  monastère  des  saints  Vincent  et  Germain,  et,  en 
786.  le  monastère  de  Saint-Germain  seulement '''.  On  a  ensuite  désigné  habi- 
tuellement le  monastère  sous  le  nom  d'abbaye  Saint-Germain  de  Paris,  ahhalia 
Sancti  Germani  Parisiensis;  enfin,  vers  la  fin  du  \if  siècle,  a  prévalu  l'appellation 
de  Saint-Germain-des-Prés,  motivée  par  les  prairies  environnantes*^'.  On  écrivait 
encore,  en  1078,  Cœnobium  Sancti  Vincentii  Sancttque  Germani. 

Suivant  la  prétendue  charte  de  fondation  de  l'abbaye  <*',  qui  porte  la  date  du 
6  décembre  558,  c'est  à  la  sollicitation  de  saint  Germain  que  Ghildebert  entreprit 
l'érection  de  la  basilique  de  Saint-Vincent;  or,  saint  Germain  n'étant  devenu  évèque 
de  Paris  qu'en  555  ou  556,  D.  Bouillart'*'  et  les  auteurs  du  Gallia  christianii  ont 
reporté  jusqu'à  cette  dernière  année  l'origine  du  monument;  mais  l'hypothèse  est 
invraisemblable  pour  diverses  raisons.  Sans  invoquer  le  défaut  d'authenticité  du 
diplôme  qui  lui  sert  de  base,  on  peut  objecter  que  les  relations  de  saint  Germain 
et  de  Ghildebert  sont  antérieures  à  556;  que  ce  monarque  eut  avec  ses  frères,  en 
556  et  557,  des  démêlés  au  milieu  desquels  il  ne  put  guère  songer  à  bâtir  des 
églises,  et  que,  d'ailleurs,  ayant  acquis  les  reliques  espagnoles  en  5/i2,  il  n'avait 
sans  doute  point  attendu  quatorze  ans  avant  de  construire  l'édifice  destiné  à  les 
abriter.  On  connaît  en  outre  ces  vers  souvent  cités  de  Fortunat  : 

Hinc  iter  ejus  erat,  eu  m  limina  sancla  petebal. 

Quai  modo  pro  merilis  incolit  ille  magis. 
Antea  nam  vicibus  ioca  sancta  terebat  amalus; 

Nuiic  tamen  assidue  templa  beata  lenet'*'. 

Ces  vers  sont  généralement  considérés  comme  se  rapportant  à  l'église  Saint- 
Vincent;  il  faut  donc  en  conclure  que  Ghildebert  la  visitait  fréquemment,  et 
qu'il  n'en  commença  point  la  construction  en  556  seulement.  Il  est  sage  de 
croire,  avec  Adrien  de  Valois,  Jaillot  et  Guérard,  que  la  fondation  de  la  basilique 
Saint-Vincent  remonte  à  l'issue  de  la  guerre  de  la  péninsule,  c'est-à-dire  à  563 
ou  à  peu  près;  il  y  aurait  quelque  témérité  à  préciser  davantage. 

Il  y  a  pareillement  doute  sur  l'année  où  saint  Germain  procéda  à  la  dédicace 
de  la  basilique,  cérémonie  que  le  martyrologe  d'Usuard  place  au  28  décembre, 
simultanément  avec  les  funérailles  de  Ghildebert*^'.  La  solennité,  célébrée  avec 


'*'  Conf.  le  testament  de  Bertchrani,  ap.  Pardes- 
sus {Dipl.  t.  I,  p.  aoa),  et  les  chartes  transcrites 
par  D.  Bouillart,  dans  ses  Preuves,  p.  v,  vi  et  xii. 

<^i  L'abbé  Lebeuf  (éd.  Cocheris,  t.  III,  p.  a) 
cite  une  donation  de  811,  dans  laquelle  l'abbaye 
serait  appelée  Sainl-Germain-le-Neuf;  mais,  dans 
son  mémoire  sur  Les  trois  Sainl-Germain  de  Paris, 
M.  J.  Quicherat  a  combattu  cette  opinion ,  que  nous 
aurons  Toccasion  de  discuter  ailleurs. 


'''  Nous  reproduisons  en  appendice,  d'après  D. 
Bouillart,  le  texte  de  cette  charte  apocryphe,  avec 
la  solide  dissertation  de  M.  H.  Cocheris.  —  l.  m.  t. 

'*'  Hist.  de  l'Abbaye,  p.  4. 

'''  De  horto  Ullrogothonis  regiiur,  ap.  D.  Bou- 
quet, t.  II,  p.  5 10. 

'*'  trDecimo  calendasjanuarii,  Parisius,  dedicalio 
fbasilicaB  S.  Crucis  et  S.  Vincentii  martyris.  et  de- 
trpositio  domni  Cbildeberti  régis.  i 


(Boupcr   et    FauLo-ui'q   S   Goi'-nio 


•g 


9 


a  m. 


'^    C 


il 


\  M 


m 


^     .:ii.    ■:. 


51 


^' 


OMBES  DE  CHILDEBERTET  DE  CHlLPEFaC  I  "^.^ 


ABBAYE  DE  SAINT-GERMAIN-DES-PBES.  99 

grande  pompe  par  saint  Germain  lui-même,  eut-elle  lieu  en  507,  comme  l'as- 
sure Félibien,ou  en  SSg,  ainsi  que  l'avancent  D.  Ruinart  et  D.  Rivet,  ou  bien  en 
558,  c'est-à-dire  au  moment  de  la  mort  de  Cliildebert,  ce  qu'ont  adnns  D.  Bouil- 
lart  et  Jaillot?  Guérard,  qui  a  discuté  la  question''',  partage  l'avis  émis  par 
D.  Bouillart.  Toutefois  il  convient  de  faire  observer  que  l'opinion  de  D.  Ruinart 
a  pour  elle  un  passage  fort  explicite  d'Aimoin,  ainsi  qu'un  autre  de  Gislemar  (-',  et 
que  l'avis  de  Félibien  est  pareillement  confirmépar celte  phrase  d'Aimoin:  aChil- 
<rdebertu8  acceptam  beati  Vincentii  stolam  Parisius  defert,  œdificatam  solo  tenus 
ffbasilicam  nomini  ejusdem  levit;e  ac  martyris  dedicari  lecit(''.Tt  Les  mots  œdificatam 
Kolo  (enus  basilicam  ont,  au  surplus,  provoqué  des  discussions.  En  prenant  l'ex- 
pression tenus  dans  son  acception  ordinaire,  on  s'est  demandé  comment  Cliildebert 
avait  pu  faire  dédier  une  église  dont  les  fondements  ne  dépassaient  point  le  sol'*'. 
La  contradiction  entre  les  deux  passages  d'Aimoin  a  suggéré  la  pensée  que  Chil- 
debert  avait  fait  simplement  bénir  les  premières  pierres  du  monument,  ou  qu'il 
lui  avait  imposé  un  nom.  Celte  explication  concilie  les  textes,  dont  on  comprend, 
en  outre,  la  discordance,  en  supposant  une  interpolation.  L'unique  vérité  qui  se 
dégage  de  tout  ceci,  c'est  que,  si  la  basilique  de  Saint-Vincent  n'était  point  abso- 
lument terminée  quand  mourut  Cliildebert,  puisqu'on  y  enterra  ce  prince,  elle 
était  du  moins  bien  près  d'un  entier  achèvement.  Il  en  était  probablement  de 
même  des  bâtiments  claustraux.  Les  religieux  (ju'on  y  établit  paraissent  avoir  suivi 
d'abord  la  règle  de  Saint-.\nloine  et  de  Saint-Basile;  ils  embrassèrent  celle  de 
Saint-Benoît  dans  la  seconde  moitié  du  vn"  siècle;  puis  ils  furent  réformés  en 
i5i3,  et  ils  adoptèrent,  en  i63i,  les  statuts  de  la  congrégation  de  Saint-Maur, 
que  ses  magnifiques  travaux  historiques  ont  rendue  si  célèbre.  Soustraite  à  la 
juridiction  de  1  ordinaire,  l'abbaye  Saint-Germain  ne  relevait  que  du  pape,  et  ce 
privilège,  qu'elle  prétendait  tenir  de  saint  Germain  depuis  566,  et  que  les  papes 
confirmèrent  plusieurs  fois,  .s'est  maintenu  intact  jusqu'en  iGGy. 

"'  Polyptyque  d'IrminoH,  Proldgomènes,  |).  (joy  ''   \.\b.    II,    cap.  xx.    ap.  D.  Bouquet,    l.  III. 


et  suiv. 


p.  07. 


''*  Aimoio  (lib.  II,  cap.  un)  dit  :  i^Igilur  de-  '*'  Peut-être  s'agissail-il  d'une  crypte  ou  église 

irfuncio  gloriosissiiiio  rege  Childel)erto  xlix  |iost-  soulerraine.  Beaucoup  de  basiliques,  en  effet,  ont 

cquam    regnare    cu'pit   anno  ,    nondum    quidcni  été  l'objet  d'une  consëcration  provisoire,  et  le  ser- 

irdedicala  vel  consecrata  Sancti  Vincentii  quani  fa-  vice  divin  y  a  été  célébré,  alors  que  leurs  murailles 

ifbricaverot  ecclesia,  gloriosus  Clotharius  rex  non  ne  dépassaient  guère  le  niveau  du  sol.  Les  guerres, 

"dignum  duccns  hoc  fore  procrasiinandum ,  con-  le  défaut  de  ressources,  l'insuflisaiice  des  moyens 

irferre  curavit  cum  beatissimo Germano ,  etc.»  Mais  de  construction,  ou  toute  autre  cause,  entravaient 

ce  texte  a  été  taxé  d'interpolation.  Quant  à  Gis-  l'édillcation  de  ces  grands  édifices  et  en  retardaient 

lemar,   il  exprime  la  date  de  5.5()  (Acl.  SS.  ord.  l'achèvement.  De  nos  jours,  malgré  les  progrès  qu'a 

S.  Bened.  t.  I.  p.  aâ.î);  en  revanche,  il  rapporte  faits  fart  de   bAtir,  ne  se  propose-t  on  point  de 

que  la  cérémonie  eut  lieu  le  même  jour  que  les  fu-  construire  et  d'utiliser,  pendant  un  temps  plus  ou 

néraillcs  de  Ghildebert,  ce  qui  implique  contradic-  moins  long,  l'étage  souterrain  d'une  grande  église 

tion.  s'il  est  vrai  que  Cliildebert  mqurut  en  558;  votive?  M.  Cocheris  (édit.  Lebeuf)  a  discuté  l'ex- 

on  n'en  est  point,  du  reste,  parfaitement  «ûr.  pression  *olo  tenu».  —  l.  h.  t. 


100  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

La  vie  de  saint  Droctovée,  premier  abbé  du  monastère,  écrite  par  Gislemar, 
qui  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  xi"  siècle  ''',  nous  fournit  des  détails  intéres- 
sants sur  le  monument  construit  au  \f  siècle,  ail  nous  paraît  inutile,  dit  l'hagio- 
rc graphe,  de  décrire  le  merveilleux  travail  de  cette  basilique,  l'habile  agencement 
crde  ses  fenêtres,  les  marbres  précieux  qui  la  soutenaient,  la  disposition  des  lam- 
(rbris  dorés  dont  la  voûte  était  hérissée,  la  splendeur  des  murailles,  qui,  comme  il 
«convient dans  la  maison  du  Christ,  étaient  revêtues  d'une  brillante  couleur  d'or, 
(ret  la  beauté  du  pavement  orné  de  mosaïques  (^'.  Le  toit  de  l'édifice,  recouvert 
a  de  bronze  parfaitement  doré ,  et  réfléchissant  ainsi  les  rayons  du  soleil ,  étince- 
ftlait  de  telle  sorte  qu'il  éblouissait  les  regards  par  son  éclat  excessif.  De  là  est 
et  advenu  que  jadis  le  vulgaire,  par  métaphore,  et  non  sans  raison,  appelait  le 
«  monument  le  Palais  [auh)  de  Sainl-Germain-le-Doré.  v  Gislemar  ajoute  :  c  Cette 
rrbasilique  étant,  ainsi  qu'on  l'a  dit,  construite  en  forme  de  croix,  contenait 
K  quatre  autels.  Le  premier  était  consacré  à  la  sainte  croix  et  au  saint  martyr 
ff Vincent,  dont  l'étole  y  avait  été  déposée  par  le  glorieux  roi  Childebert,  qui 
cr  l'avait  rapportée  d'Espagne.  Childebert  avait  fait  dédier  l'autel  septentrional  aux 
ff  saints  martyrs  Ferréol  et  Ferrution,  celui  du  midi  au  saint  martyr  Julien  de 
ffBrioude,  et  celui  de  l'occident  aux  saints  Gervais  et  Protais,  au  jeune  Celse  et 
trau  saint  martyr  Georges.  Au  midi  de  l'église,  avait  aussi  été  bâti,  en  l'honneur 
ffdu  martyr  saint  Symphorien,  un  oratoire  où  le  même  Germain,  serviteur  de 
ffDieu,  voulut  plus  tard  être  inhumé.  Du  côté  du  nord,  s'élevait  une  autre  cha- 
ft pelle,  sous  le  vocable  de  l'apôtre  saint  Pierre,  et  dans  laquelle...  à  cause  des 
:t  mérites  particuliers  du  saint  apôtre,  le  Seigneur  accomplissait  chaque  nuit  un 
«nouveau  miracle'^'.'» 

Sous  la  dynastie  mérovingienne,  la  basilique  de  Saint-Vincent,  alors  fort  re- 
nommée, fut  choisie  pour  la  sépulture  de  nombreux  membres  de  la  famille  royale. 
C'est  ainsi  qu'elle  renferma  les  tombeaux  de  Childebert,  d'Ultrogothe,  sa  femme, 
et  de  leurs  filles,  Crotberge  et  Chlodesinde;  du  roi  Charibert;  de  Chilpéric  I'^'', 
de  Mérovée  et  Clovis,  ses  fils,  et  de  Frédégonde,  sa  femme;  de  Clotaire  II  et 
de  Bertrude,  sa  femme;  de  Childéric  II,  de  Bilihilde,  sa  femme,  et  du  jeune 
Dagobert,  leur  enfant,  dont  on  plaça  le  cercueil  sur  celui  de  sa  mère.  Ces  trois 
dernières  sépultures  furent  découvertes,  en  i646,  sous  le  pavé  du  chœur,  près  du 
clocher  septentrional,  puis  déplacées W  avec  toutes  les  autres'*'.  Le  tombeau  de 

'''  Lebeuf,  Histoire  du  diocèse  de  Paris,  édil.  tr était  fait  de  grands  carreaux  en  coiiiparliraents.n 

Gocheris,  t.  HI,  p.  4.  '"'  Ad.  SS.  ord.  S.  Beiied.  t.  I,  p.  a5/i  et  955. 

'*'   Piganiol  dit:  it  Lorsqu'on  1 653  on  changea  la  '*'  Conf.  D.  Bouillarl,  p.  aSa. 

rdisposilion  du  chœur,  et  qu'on  futobh'gé  d'en  lever  '''  Une  autre  sépulture  de  la  même  période  avait 

trie  pavé,  on  trouva  une  quantité  infinie  de  pierres  été  trouvée,  en   i()43,  dans  le  préau  du  cloître, 

"de  différentes  couleurs  et  taillées  différemment;  près  de  la  porte  conduisant  au  dortoir  et  à  l'église: 

rrce  qui  confu-me  qu'autrefois  le  pavé  de  cette  église  c'était  la  tombe  d'uu  personnage  nommé  Hilpéric; 


7:moonv;h_j 


SAaNOoas 


J  A  C  E  T 


A*BBAYE  DE  SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS.  101 

Clotaire  II  était  une  simple  pierre  élevée  d'un  demi-pied  au-dessus  du  sol,  sans 
ornement  ni  inscription.  Le  tombeau  de  Frédégonde  était  recouvert  par  une  dalle 
en  mosaïque,  d'un  travail  curieux,  mais  qui  ne  datait  que  de  la  fin  du  xn''  siècle, 
comme  les  statues  tumulaires  de  Chilpéric  et  de  Childebert  <''.  Aimoin  reproduit 
l'épitaphe  qui  se  lisait  sur  le  tombeau  primitif  de  Childebert;  elle  avait  vraisem- 
blablement été  rédigée  assez  longtemps  après  sa  mort,  et  elle  était  ainsi  conçue: 

Francorum  rector  prœclarus  in  agmine  ductor, 
Cujus  et  AUobroges  meluebant  solvere  leges; 
Dacus  et  Avernus,  Biitonuin  rex,  Golhus,  [berus. 
Hic  silus  est  diclus  rex  Childeberlus  honestus. 
Coiididit  banc  aulam  Vincent!  noininc  claram, 
Vir  pietate  cluens,  probitalis  munere  pollens, 
Templa  Dei  ditans,  gaudebat  dona  repensans. 
Millia  niendicis  solidoiuni  dans  et  egenis; 
Gazarum  cumulos  salagcbat  condere  cœlo. 

Une  sépulture  bien  autrement  imposante  pour  les  populations  que  les  tombeaux 
des  princes  mérovingiens  était  celle  de  saint  Germain,  mort  le  a8  mai  SyG.  On 
l'avait  enterré  dans  l'oratoii-e  Saint-Sympliorien,  (pi'il  avait  fait  élever,  et  oi!i  repo- 
saient, à  sa  droite,  son  père  Éleutlière,  et,  à  sa  gauche,  sa  mère  Eusébie.  Le 
q5  juillet  754,  le  corps  du  prélat,  enfermé  dans  un  cercueil  de  pierre,  fut  levé 
solennellement  et  transféré  dans  la  partie  orientale  de  la  basili([ue,  derrière  l'autel 
de  Sainte-Croix,  où  l'on  avait  préparé  un  caveau  pour  le  recevoir.  Le  roi  Pépin, 
qui  assistait  à  la  fête,  gratifia,  en  celte  occasion,  le  monastère  de  la  terre  de 
Palaiseau,  près  de  Paris.  Le  foit  fut  attesté  par  une  plaque  de  marbre  blanc,  en- 
castrée dans  le  sotibassement  de  l'autel  de  Saint-Germain  et  entaillée  d'une  croix 
ancrée  avec  celle  inscription  autour:  f  Hic  pansante  sancto  Germano  in  die  trans- 
(rlationis  dédit  ei  rex  Pipinus  fiscum  Palatiolum  cum  appenditiis  suis  omnibus.  nCe 
marbre  faisait,  en  dernier  lieu,  partie  du  cénolaphe  dressé,  en  1670,  dans  la 
chapelle  Sainl-Symphorien,  là  où  l'on  croyait  qu'avait  jadis  été  la  sépulture  du 
prélat.  Sur  l'une  des  extrémités  de  la  dalle  qui  couronnait  le  monument,  était 
écrit  :  c  Hic  primo  fuit  tumulalus  bealus  Germanus  ;  v  mais  les  caractères  et  les 
moulures  n'indiquaient  que  le  xnf  siècle,  et  la  dalle,  que  nous  reproduisons 
d'autre  part,  devait  provenir  d'un  tombeau  refait  alors  seulement. 

Les  richesses  de  l'abbaye  Saint-Germain  étaient  de  nature  à  tenter  l'avidité  des 
Normands,  et  elles  n'échappèrent  point  à  leurs  pillages  ;  le  monastère  lut  ravagé 

dans  rintdrieur  du  cercueil  ëlait  écrit  avec  du  ver-  inscriplion ,  M.  Cocberis,  dans  sa  nouvelle  édition, 

niillon  :  •'Precor  ego  llpericus  non  auferanttir  bine  lui  a  consacré  une  note.  (T.  III,  p.  5o.)  —  i.  m.  t. 

ffossa  niea,i  et  sur  le  couvercle  était  gravée  celte  ''  Elles  ont  été  transportées  à  Saint-Denis.  Les 

inscription  :   TTempore  nullo  volo  bine  tollantur  pierres  tombales  de  Clotaire  11,  de  Uertrade  et  de 

"ossa  Hilperici.»   Lebeuf  n'a  pas  parlé  de  cette  Cbildéricllont  été  refaites  au  milieu  du  xvn' siècle. 


10-2  topographih;  historique  du  vieux  paris. 

par  eux  en  Slxb,  867  et  861.  Le  19  juillet  863,  les  moines  y  rapportèrent,  j)Our 
la  seconde  fois,  le  corps  de  saint  Germain,  qu'ils  en  avaient  tiré  pour  le  mettre 
en  lieu  de  sûreté,  et,  le  calme  renaissant,  l'abbé  Gozlin  put  réparer  les  bâti- 
ments claustraux  dévastés.  La  restauration  de  l'église  paraît  avoir  été  terminée 


vers  869,  et,  selon  la  remarque  de  Lebeuf,  c'est  à  cette  époque  qu'il  convient 
de  placer  l'une  des  dédicaces  indiquées  en  marge  du  martyrologe  manuscrit 
d'Usuard.  Ces  dédicaces,  placées  nécessairement  entre  celles  de  ôSg  et  de  1  i63, 
sont  datées  du  91  juillet  et  du  19  novembre;  elles  indiquent  probablement  des 
reconstructions  plus  ou  moins  importantes.  Au  mois  de  février  886,  les  Nor- 
mands saccagèrent  derechef  l'abbaye,  et  ils  y  brisèrent  le  tombeau  des  parents 
de  saint  Germain. 

Une  nouvelle  réédification  de  l'église  fut  certainement  entreprise  pai'  1  abbé 
Morard,  élu  en  990  et  mort  en  loii.  On  lisait,  en  effet,  sur  sa  tombe,  placée 
au  milieu  du  chœur:  «Morardus,  bonae  memoriaî  abbas,  qui,  istam  ecclesiam  a 
rrpaganis  ter  incensam  evertens,  a  fundamentis  novam  reaedificavit,  turrim  quoque 
cf  cum  signo  *''  multaque  alia  ibi  construxit.  n  Morard  fut  aidé  par  des  libéralités  du 
'''  On  lil  et  signo,  aa  lieu  de  cum  signo,  dans  le  Marlyrolog-e  (Arch.  nalion.  reg.  LL  1026,  fol.  54  i"). 


I 


MBAYE  DE  SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS.  103 

roi  Robert,  à  ce  point  que  le  moine  Helgaud  compte  l'abbaye  Saint-Germain 
parmi  les  monuments  religieux  que  ce  prince  fit  rebâtir  ''*.  Cependant  les  tra- 
vaux de  Morard  n'ont  pu  être  bien  considérables  en  ce  qui  toucbe  le  vaisseau  de 
l'église,  à  moins  de  supposer,  ce  qui  est  fort  invraisemblable,  qu'une  grande  partie 
des  bâtiments  élevés  par  lui  ait  duré  seulement  soixante  ou  quatre-vingts  ans. 
L'édifice  est  là  pour  témoigner  que,  à  l'exception  du  porche  intérieur  et  de  la  tour, 
il  a  été  construit  à  deux  reprises  différentes  :  dans  la  seconde  moitié  du  xi*"  siècle  et 
au  milieu  du  xif.  Complètement  achevé,  il  fut  consacré,  le  21  avril  it63,  par 
le  pape  Alexandre  lU,  accompagné  de  nombreux  prélats.  Suivant  le  continua- 
teur d'Aimoin ,  Hugues  111,  abbé  de  1  1  iG  à  1  i/i5,  avait  précédemment  restauré 
les  biUinipnts  du  monastère. 

En  1227,  l'abbé  Eudes  commença  la  reconstruction  du  vieux  cloître,  qui  tom- 
bait en  ruines,  et,  à  celte  occasion,  plusieurs  anciennes  tombes  ayant  été  dépla- 
cées, les  ossements  qu'elles  renfermaient  furent  mis  dans  des  cercueils  de  pierre, 
qu'on  trouva  dans  la  partie  du  cloître  voisine  du  chapitre'"^'.  Avant  1686.  le 
cloître  appartenait  à  deux  époques.  La  galerie  méridionale,  qui  tenait  à  l'église, 
et  dont  il  n'exista  longtemps  que  les  fondations,  fut  continuée  au  mois  de  no- 
vembre i555.  Elle  mesurait,  dans  œuvre,  vingt-deux  toises  trois  pieds  quatre 
pouces  de  longueur  sur  quinze  pieds  six  pouces  de  largeur,  et  elle  coûta  5, 860  livres 
6  sous  5  deniers  tournois.  Le  bdtiment  consistait  en  deux  étages  :  le  rez-de-chaus- 
sée, voûté  d'arêtes,  orné  à  l'extérieur  de  pilastres  doriques,  en  manière  de  contre- 
forts; le  second  étage,  décoré  de  colonnes  ioniques  et  percé  de  onze  grandes  fe- 
nêtres. 11  renfermait  la  fameuse  bibliothèque  des  moines'**,  et  l'on  y  avait  placé 
les  armoiries  du  cardinal  de  Tournoii,  dans  l'espoir  (jue  ce  puissant  personnage 
contribuerait  à  la  dépense;  mais  il  refusa  d'y  prendre  part,  en  invoquant,  assure 
D.  Bouillart,  les  frais  excessifs  de  son  séjour  à  Borne.  Il  semble  néanmoins  que 
l'affaire  eut  un  autre  dénoûment,  car  nous  avons  lu,  dans  les  archives  du  cou- 
vent, l'indication  d'une  sentence  des  requêtes  du  Palais,  rendue  le  17  juillet  1677 
et  condamnant  Claude  de  la  Tour,  dame  de  Tournon,  nièce  du  cardinal,  à  payer 
cinquante  écus  d'or,  reste  d'une  somme  de  trois  cents  écus  qu'elle  devait,  à  cause 
de  la  réfection  d'un  des  côtés  du  cloître. 

La  galerie  méridionale  était  la  plus  large  des  quatre,  et  le  style  en  était  a  un 

'*>  Jaillot  suppose  que  Helgaud  ne  fait  allusion  <tin  sylvacofrnominata  Ledia.n  (Vita  régis  Robei-li, 

qu'au  monastère  fondé  par  Robert   à  Saint-(jer-  ap.  D.  Bouquet,  t.  X,  p.  ti5  D.) 
main-en-Laye;  mais  le  texte  nous  parait  exclure  '*'  D.  Bouillart,  p.  118. 

celte  interprétation,  car  il  est  ainsi  conçu  :   "In  ^'  En  1714,  on  la  transporta  au-dessus  du  ré- 

■rcivitate  Parisius. ..  monasteriuni  S.  Gerraani  Au-  fecloire.  (Voir,  pour  plus  amples  détails,  dans  la 

-tissiodorensis;  S.  Michaelis  ccclesiain  in  sylva  co-  collection  de  ïllistoirc  générale  de  Purin,  Touvrage 

Tgiioininnla  Biera;  item,  monnsterium  Saiicti  (icr-  intitulé:  Lex  anciennes  bibliolhèfjues ,    pav  M.    A. 

"mani  Parisiensis.  cum  ecclesia  Sancti  Vincentii  Franklin.)  —  1..  m.  t. 


104  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

trpeu  gothique, fl  dit  Sauvai,  qui  ajoute:  «Ce  bâtiment  est  assez  magnifique;  les 
fr  culs-de-lanipe  qui  servent  de  clefs  aux  arcades  du  premier  étage  sont  tous  d'une 
rr  manière  différente,  et  travaillés  avec  une  délicatesse  non  moins  galante  qu'in- 
ff  croyable.  Les  chapiteaux  ioniques  ont  aussi  de  petits  ornements  tout  dissemblables , 
c:de  plus  si  bien  découpés  et  fouillés  qu'il  ne  se  peut  pas  mieux  sur  la  pierre;  de 
(c sorte  que  cet  édifice  seroit  très-bien  entendu,  si  les  colonnes  n'étoient  point  trop 
cr  courtes  de  quatre  grosseurs,  et  les  pilastres  de  trois  ou  environ '*'.  n 

On  voit,  par  le  plan  de  D.  Bouillart,  que  la  galerie  décrite  par  Sauvai  existait 
encore  en  1728,  et  qu'elle  formait  douze  travées.  Elle  fut  refaite  ensuite  dans  la 
même  ordonnance'^'  que  la  galerie  occidentale,  dont  la  réédification  avait  eu  lieu 
aux  mois  de  septembre  et  d'octobre  1686.  pour  servir  de  base  à  une  partie  de  la 
grande  maison  des  hôtes,  qu'on  venait  d'entreprendre  alors.  La  galerie  de  l'ouest 
présentait  d'abord  cinq  travées  et  avait  une  longueur  de  dix-neuf  toises  un  pied. 
Sa  largeur  primitive  ne  différait  probablement  pas  de  celle  des  deux  autres  pro- 
menoirs, et  une  note  de  Du  Breul  apprend  qu'elle  remontait  également  au  temps 
de  l'abbé  Eudes '^'.  Les  galeries  du  nord  et  de  l'est  étaient  larges  de  deux  toises. 
La  première,  longue  de  vingt-trois  toises  cinq  pouces,  était  divisée  en  sept  tra- 
vées, et  la  seconde,  longue  de  dix-sept  toises  quinze  pouces,  en  six  travées'*'.  A  la 
fin  du  xvm''  siècle,  cette  dernière  était  supprimée,  et  la  galerie  du  nord  avait  été 
rebâtie  dans  le  goût  des  autres. 

La  galerie  septentrionale  du  cloître  était  adossée  au  bâtiment  du  réfectoire, 
jadis  réputé  l'un  des  plus  beaux  que  l'on  connût.  D.  Bouillart  le  décrit  en  ces 
termes:  crll  a,  dans  œuvre,  cent  quinze  pieds  de  longueur  sur  trente-deux  dé 
T  largeur.  Sa  hauteur  est  de  quarante-sept  pieds  sept  pouces.  La  voûte  se  soutient 
tf  sans  avoir  des  piliers  au  milieu.  Les  fenêtres,  au  nombre  de  huit,  remplissent  au- 
frtant  d'arcades;  et,  quelque  solide  que  soit  ce  bâtiment,  il  semble  ne  se  soutenir 
ff  que  par  une  infinité  de  petites  colonnes  et  de  petits  cordons,  qui  paroissent  sortir 
trde  la  muraille,  pour  se  réunir  aux  arcades  qui  en  composent  la  voûte.  La  chaise 
«du  lecteur  de  table  est  supportée  par  un  cul-de- lampe  de  pierre  dure,  composé 
rf  de  deux  pièces,  lequel  est  chargé  d'un  grand  cep  de  vigne,  dont  les  branches  et 
ff  les  feuilles  sont  si  bien  vuidées  qu'on  y  voit  le  jour  partout.  A  côté  de  la  chaise 
ttest  une  colonne  de  pierre  très-deliée,  haute  de  vingt  pieds,  y  compris  le  chapi- 

'"'  Anliquitei  de  Paris,  1. 1,  p.  3io.  D.  Bouillart,  la  galerie  septentrionale  se  composait 

'*'  Cette  galerie  fait  partie  d'une  maison  de  la  rue  de  cinq  grandes  travées,  à  cinq  jours,  excepté  la 

de  l'Abbaye.  première,  qui  n'en  aurait  eu  que  trois;  la  galerie 

'^'  Danssonédition  d'Aimoin  (p. /lag),  Du  Breul  orientale  comptait  quatre  travées,  dont  trois  h  quatre 

donne  une  liste  d'abbés  du  monastère,  oii  on  lit  ces  jours  et  une  à  trois.  (Voir  et  comparer,  pour  se 

mots:  (rODO,veterisclaustri,  cujus hodie adhue  1res  rendre  compte  de  ces  différences,  les  divei-s  plans 

r- partes  extant,  asdificator. n  que  nous  reproduisons,  ainsi  que  le  plan  général 

"'  Suivant  le  plan  de  i653.  D'après  celui  de  que  nous  avons  fait  relever.)  —  l.  si.  t. 


^r**^ 


ï 


i 


CHJLDEBEPT 


ABBAYE  DE  SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS.  105 

(rteau  et  le  piédestal.  Le  diamètre  du  fust  de  cette  colonne  est  de  sept  pouces 
«quatre  lignes.  Elle  porte  des  orneinens  d'architecture  d'une  telle  délicatesse  qu'ils 
«•paroissent  comme  suspendus  en  l'air.  Les  vitraux,  aussi  anciens  que  le  réfectoire, 
"sont  d'un  verre  épais  et  peint  d'une  manière  particulière  et  agréable.  L'un  deux 
«représente  les  armes  de  Castille,  plusieurs  fois  répétées  en  l'honneur  de  la  reine 
r  Blanche,  qui  fut  pendant  longtemps  régente  du  royaume.  L'on  a  placé  à  la  porte 
fcdu  réfectoire  une  statue  de  pierre  qui  représente  Childebert,  laquelle  a  été  faite 
(T  apparemment  sur  le  modèle  d'une  autre  plus  ancienne.  Elle  est  haute  de  cinq 
(T pieds  et  demi.  Childebert  a  une  couronne  ornée  de  trèfles,  et  un  sceptre  à  la 
(rraain,  dont  l'extrémité  d'en  haut  est  cassée.  Il  a  une  robe  qui  descend  jusqu'à 
(rla  cheville  du  pied.  Sa  ceinture,  large  de  six  lignes,  est  ornée,  d'espace  en 
<r espace,  de  petites  roses  façon  d'orfèvrerie.  Son  manteau,  qui  ne  le  couvre 
«t que  par  derrière,  est  attaché  en  devant  par  un  cordon  qu'il  tient  à  la  main 
ff  gauche  *''.  v 

Le  réfectoire  fut  bilti  en  cinq  années,  et  il  était  garni  à  l'intérieur  «d'une  me- 
rnuiserie  extrc^mement  propre,  n  dit  G.  Brice.  Sur  la  porte  était  peinte  l'inscrip- 
tion suivante:  frAimo  Domini  m.ccxxxix,  R.  P.  Simon,  ahbas  xlvmi  hujus  monas- 
ffterii,  hoc  refectorium  fieri  curavit.  ■"  Le  môme  abbé  Simon  avait  fait  pareillement 
rebâtir  les  mui's  de  l'abbaye  depuis  la  porte  voisine  du  Pré-aux-Clercs  jusqu'à  la 
chapelle  Saint-Martin-des-Orges,  comme  l'apprenait  l'épitaphe  gravée  sur  son 
tombeau  et  ainsi  conçue  :  «Hic  jacet  bonae  memori»  Simon  abbas,  qui,  banc  ec- 
«clesiam  laudabiliter  in  spiritualibus  et  temporalibus  regens,  ipsam  rcdditibus  ac 
«aedificiis  magniticis  anq)liavit.  Nam  refectorium  murosque  a  porta  monasterii,  ex 
«parte  Pralorum,  uscjuo  ad  capellam  Sancti  Martini  ac  domum  de  Brolio,  aliaque 
«plura  sumptuosa  a?difiria  construxit.  Obiit  autem  anno  Domini  i  'j/i6,  pridie  ca- 
«lendas  jumi.  Ani(na  ejus  requiescat  in  pace.  Amen.n  Le  monument  de  l'abbé 
Simon  était  |)rimitivement  placé  près  des  degrés  conduisant  de  l'église  au  cloître. 
On  le  transféra  dans  la  galerie  tenant  au  chapitre,  au  commencement  du  xvr  siècle, 
loi-sque  Guillaume  Briçonnet  fit  relever  le  pavé  du  cloître*. 

La  galerie  orientale  du  cloître  longeait  le  bâtiment  du  dortoir  et  du  chapitre, 
qui  fut  construit  par  les  soins  de  l'abbé  Gérard  de  Moret,  vers  l'jyS,  au  moyen 
d'une  somme  de  six  cents  livres  parisis,  donnée  à  cette  fin  par  M*"  Barthélémy  de 
lîegio  '.  A  l'étage  supérieur  était  le  dortoir,  où  les  moines  dormaient  d'abord  en 
commun,  suivant  la  règle,  et  qui  fut  divisé  en  chambres  vers  i5i3.  Au  rez-de- 

'■'  Cette  statue,  contemporaine  du  réfectoire.  '''  D.  Bouillart,  p.  laS  et  lai. 

est  coiHervée  au  niust'e  du  Louvre.  Nous  en  don-  '^'  Suivant  l'obituaire  de  l'ablMiye  (Archives  na- 

nons,  après  M.  Albert  I.,enoir,  une  reproduction  en  tionales,  LL  ioa6),  oîi  son  anniversaire  est  indi- 

couleur.  —  i..  ».  t.  que  au  6  des  calendes  de  mai.  Les  lettres  de  l'anni- 

III.  i& 


106  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

chaussée,  se  trouvait  la  salie  capitulaire,  avec  d'autres  pièces  qui,  au  xvn"  siècle 
et  peut-être  avant,  servaient  de  parloir  et  de  salle  de  récréation'''.  Elles  étaient 
divisées  en  deux  nefs  par  une  rangée  de  colonnes,  dont  la  légèreté  provoquait 
l'admiration  de  D.  Bouillarl.  Cet  historien  dit,  en  parlant  du  chapitre  :  r  C'est  une 
rr  chose  assez  singulière  que  des  colonnes  de  deux  pièces,  et  qui  n'ont  pas  plus  de 
ff  treize  pouces  de  diamètre  (o"',36),  ayent  pu  porter  si  longtemps  une  voûte  chargée 
rrd'un  grand  dortoir  et  qui  a  six  toises  ou  environ  de  largeur  sur  vingt-cinq  pieds 
cf  de  hauteur  et  cinquante-neuf  de  longueur.  Le  parterre  est  à  la  mosaïque,  orné 
crde  divers  compartimens  quarrez,  de  desseins  différens  et  vernis  de  diverses  cou- 
rf  leurs;  ce  qui  ne  s'est  pu  faire  qu'avec  un  travail  incroyable.  La  peine  et  la  même 
cr  variété  éclatent  dans  les  vitres  qui  éclairent  ce  chapitre.  Quantité  d'entrelas  et 
iT  lavis  de  plusieurs  couleurs  en  font  la  beauté  et  marquent  le  goût  du  temps.  La 
ffsale  qui  est  à  côté,  que  l'on  nomme  parloir,  est  voûtée  et  pavée  de  la  même  ma- 
frnière  que  le  chapitre.  Ce  qu'il  y  a  de  surprenant,  c'est  qu'une  colonne  d'une 
!T seule  pièce,  placée  au  milieu,  puisse  soutenir  une  voûte  de  trente-trois  pieds  et 
r.  demi  de  longueur  sur  vingt-neuf  de  largeur.  La  chambre  du  prieur,  les  grandes 
rr  maisons  qui  étoient  entre  les  murs  de  l'abbaye  et  la  grande  chapelle  de  la  Vierge, 
rr  furent  bâties  en  même  temps  (^'.n  Le  style  des  croisillons  de  l'église  prouve  qu'ils 
furent  semblablement  restaurés  dans  le  dernier  fiers  du  xin"  siècle. 

La  grande  chapelle  de  la  Vierge  était  l'édifice  le  plus  remarquable  de  l'abbaye 
Saint-Germain.  Isolée  et  formée  d'une  nef  de  quatre  travées  avec  un  ciievet  à 
sept  pans,  elle  fut  commencée  en  12^5  par  l'abbé  Hugues  d'Issy,  comme  l'in- 
diquait une  inscription  placée  au-dessus  du  portail  :  aHanc  praeclaram  D.  Mariac 
crVirginis  capellam,  anno  Domini  mccxlv,  ab  Hugone  de  Issiaco,  hujus  monas- 
crterii  abbate  xlix,  aedificari  cœptam,  successoi"  ejus  Thomas  de  Malo-Leone  per- 
rrfecit.  n  Hugues  d'Issy  et  Thomas  de  Mauiéon,  en  leur  qualité  de  fondateurs  de  la 
chapelle,  y  travoient  des  sépulcres  élevez  de  terre,  avec  leurs  statues  de  pierre; 
f  lesquels  le  père  Simon  Clou,  vicaire  et  prieur  perpétuel  de  céans,  fit  démolir 
rr  environ  l'an  i5i  y,  pour  aplanir  également  le  cœur  de  ladicte  chapelle,  et  la  ré- 
rr parer  de  tumbes  rapportées  de  cà  et  de  là'^'.ii 

Le  tombeau  d'Hugues  d'Issy  disparut  à  cette  époque;  quanta  celui  de  Thomas 
de  Mauiéon,  lequel  était  devant  le  grand  atitel,  il  fut  remplacé  par  une  sinqile 
dalle  tumulaire,  sur  laquelle  on  grava  son  image  et  cette  autre  inscription:  rcllie 
ctjacet  Thomas  de  Malo-Leone,  quondam  abbas  hujus  ecclesiae.  Cujus  temporibus 
ff  compléta  fuit  ista  capella,  fundata  et  aedificata  per  bonae  mémorise  Hugonem  de 

■  versaire  de  l'abbé  Gérard  contenaient  cette  phrase  :  "'  On  en  voit  deux  arcades  dans  la  nuiisoii  n'  i  o 

(f/Edificavimus  et  de  novo  construxiraus  dorniito-  de  la  rue  de  l'Abbaye, 
trium,  capituluni,  latrinas  operis  niinium  sump-  -''  D.  Bouillart,  p.  tli-j.  ^' 

«tiiosi.»  i')  Du  Breul.  p.  3 18. 


TOPOGRAPHIE  H15T0R10VE  DVVIEVX   PARIS, 


euïauok 


Heîioô.  Garnier. 


ABBAYE  DE    STGERMAIN    DES    PRÉS 


RESTBS   n  I 


'APEl-Liî    Dli    UAVMîRGE 


TOPOGRAPHIE  HISTORIQVE  DVVIEVX   PARIS. 


^ 


'A.'isTMU  sortueoM 


t^=jr-\j 


MIS 


.r'-i  I 


w 


'■■<■. ,.  -, 


,?#?Pf 


HeliOQ.  Ga 


ABBAYE  DE  ST  GERMAIN  DES  PRÈS 


CHAPELLE    DE    LA  VIERGE 

PLAN     V.t    DfcT-AILO. 


TOPOGRAPHIE  HISTORIOVE  DV  VIEVX  PARIS 


\  \Zl^^ 


\\ 


H 


^^,^ 


stsTE  et  u  sEromiKM  inuiivu  m  msmos  des  amats 


-='=H 


H/ 


If 


'        fi 

f 

r^i 

i 

ka  SsClMb 


Hélioô.  C«.pnier. 


ABBAYE  DE  ST  GERMAIN  DES  PRES 

DE  TA  ILS    INTÊRI  EVRS   DE    LA    CHAPELLE   DE   LA  VIERGE 


ABBAYE  DE  SAFNT-G-ERMAIN-DES-PRES.  107 

ffissiaco,  abbatein  hujus  loci.  Anima  ejus  requiescat  in  pace.T)  Thomas  de  Mauléon 
fit  face  aux  dépenses  de  l'achèvement  du  monument  par  le  moyen  des  sommes 
que  les  habitants  du  bourg  payèrent  pour  obtenir  leur  affranchissement;  il  mourut 
le  2  1  mars  isBB.  Un  an  après,  fut  inhumé  à  côté  de  lui  l'illustre  architecte 
Pierre  de  Monlreuil  '".  qui  avait  donné  les  plans  de  la  chapelle.  Suivant  un  mar- 
tyrologe cité  par  Du  Breul,  cet  artiste  avait  en  outre  construit  le  réfectoire,  et  sa 
mort  arriva  le  17  mars  iî«66.  Sur  sa  pierre  tombale,  où  il  était  représenté  te- 
nant un  compas  et  une  règle,  on  avait  gravé  son  épitaphe  rédigée  en  vers  léonins: 

Flos  plenus  monim,  vivens  doctor  Inlomoruin, 
Muslerolo  nalus,  jacet  liic  Petrus  tuimiiatus, 
Queni  Kex  celorum  perducat  in  altu  poloruin. 
Cbrisli  milleno  bis  cenleiio  duodeno 
Cuin  quiiiquajjeno  quarto  decessil  in  aniio. 

Non  loin  de  Pierre  de  Montreuil  reposait  sa  femme  Agnès,  dont  la  tombe  était 
signalée  par  ces  mots  :  trlci  gisl  Annès,  fanime  feu  mestre  Pierre  de  Monstereul. 
T  Priez  Dieu  pour  l'àme  d'èle.  t> 

La  chapelle  de  la  Vierge  est  détruite;  mais  il  en  subsiste  des  fragments  qui 
sont  un  exemple  du  style  de  Pierre  de  Montreuil  et  témoignent  de  l'excellence 
de  son  goût,  comme  la  Sainte-Chapelle  du  Palais,  sa  grande  œuvre,  révèle  l'am- 
pleur de  son  génie  **. 

11  n'y  avait  d'abord  (ju'un  autel  dans  la  chapelle  de  la  Vierge.  En  i53o,  on  en 
établit  trois  autres,  que  l'abbé  Guillaume  Briçonnet  consacra  le  fi  septembre.  Celui 
du  nord  lut  dédié  aux  saints  Ignace,  Chrisanle  et  Daric;  celui  du  midi,  aux  anges 
Gabriel  et  Raphaël,  ainsi  qu'à  Marie  de  Cléophas;  le. troisième,  situé  derrière  le 
grand  autel,  fut  placé  sous  l'invocation  de  saint  Lambert,  de  saint  Servais  et 
autres.  On  posa  en  même  temps  dans  le  chœur  un  revêtement  de  menuiserie,  avec 
des  sièges  pour  les  officiants.  D.  Bouillart  assure,  sans  citer  d'autorité,  que  l'édi- 
fice de  la  chapelle  avait  été  bâti  au  lieu  où  l'on  voyait  jadis  ces  cryptes  qui,  sui- 
vant le  martyrologe  d'Lsuard,  furent  dédiées  le  1"  juin  en  l'honneur  de  la  Vierge, 
de  saint  Pierre ,  etc. ,  el  qui  contenaient  plusieurs  autels  consacrés  sous  de  nombreux 
vocables'^'.  Lebeuf  a  admis  la  possibilité  de  cette  identité  d'emplacement,   mais 

''  Il  dtait  évidemment  le  parent  d'Eudes  de  Mon-  serve  des  cliapileaux.  des  bases,  etc.  Four  la  Stalin- 

Ireuil,  dont  il  a  été  parlé  à  l'occasion  de  l'église  des  tique  mnnumenlale  de  M.  A.  Lenoir,  nous  avons  dos- 

Quinre-Vingls.  (  Voir  le  1"  volume  de  la  Topographie  sine  tous  ces  fragments ,  que  nous  reproduisons  ici , 

hi*torique  du  vieux  Paris,  région  du  Louvre  et  des  et  parmi  lesquels  on  remarque  une  clef  de  veille 

Tuileries,  p.  68.)  En  i-jçja,  un  maçon  de  la  même  ornée  d'une  lietle  tête  d'homme  mitre;  elle  a  la 

famille,    irRaoul    de    Monstreul,i   possédait    une  physionomie  d'un  portrait  et  doit  être  celui  d'un  des 

maison  dans  le  Iwurg  Saint-Germain.  deux  abbés  fondateurs  de  l'édifice. 

'*'  La  porte  a  ét<;  transférée  à  Saint-Deois,  et  <"'  Cette  assertion  de  D.  Bouillart  est  contenue 

i'nn  des  propriétaires  de  la  rue  de  l'Abbaye  con-  dans  une  note  de  son  édition  du  Martyrologe,  p.  91  ; 

i/i. 


108  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

non  sans  faire  observer  qu'il  semblerait  plus  naturel  de  placer  les  cryptes  en  ques- 
tion sous  le  rond-point  de  la  grande  église,  que  l'ordinaire  du  couvent  appelle 
chorea. 

En  i368,  des  travaux  assez  considérables,  prescrits  par  le  roi,  mirent  le  mo- 
nastère en  état  de  soutenir  un  siège.  L'abbé  Richard,  dit  D.  Bouillart,  reçut  l'ordre 
de  faire  élever  de  nouvelles  murailles  autour  de  son  abbaye,  de  la  fortifier  de 
tours  et  de  fossés  profonds.  Une  transaction  passée  avec  l'Université  rappelle  que 
les  fossés  furent  effectivement  creusés  en  i368;  mais  il  n'y  a,  dans  les  archives 
du  couvent,  rien  à  apprendre  sur  l'importance  des  constructions  qui  en  renfor- 
cèrent ou  en  transformèrent  l'enceinte.  Cette  enceinte  serait  alors  devenue  beau- 
coup moins  vaste  que  précédemment,  affirme  D.  Bouillart;  toutefois,  si  le  périmètre 
en  fut  réellement  amoindri,  ce  ne  put  être  que  dans  de  faibles  proportions  et 
seulement  du  côté  de  Paris.  11  est  manifeste  que,  dans  les  autres  directions,  les 
anciennes  hmites  ne  furent  point  sensiblement  modifiées. 

L'enceinte  de  l'abbaye ,  dont  nous  connaissons  rigoureusement  le  contour,  con- 
sistait en  une  muraille  crénelée,  non  terrassée,  flanquée  de  trois  tours  d'angle 
portant  de  fond,  et  munie  de  cinq  tourelles,  ou  échauguettes,  en  encorbellement. 
Au  nord,  la  courtine  était  rectiligne''';  elle  commençait  à  une  tour  dite  du  Colom- 
bier, qui  était  large  de  trois  toises''^',  et  dont  le  centre  était  au  droit  d'un  point 
placé  sur  l'ahgnement  méridional  de  la  rue  du  Colombier,  à  trente-six  toises  du 
coin  de  la  rue  de  Seine.  A  l'autre  extrémité  de  la  même  courtine,  on  rencontrait 
une  seconde  tour  d'angle  portant  de  fond  comme  celle  du  Colombier.  Vers  l'occi- 
dent la  muraille  présentait, un  décrochement  ou  retraite  d'à  peu  près  quatorze 
toises,  et  à  l'angle  saillant  de  cette  espèce  de  redan  s'élevait  la  troisième  tour  '''.  Au 
milieu  de  la  courtine  légèrement  brisée  qui  la  reliait  à  la  seconde,  était  une 
porte  flanquée  de  deux  tours  rondes.  On  la  nommait  prfô  Papale,  parce  que, 
le  2  1  avril  1 163,  le  pape  Alexandre  111  y  passa,  dit-on,  pour  aller  prêcher  dans 
le  Pré-aux-Ciercs.  Close  par  un  arrêt  de  i5ai,  dont  nous  aurons  l'occasion  de 
reparler,  elle  ne  fut  plus  jamais  ouverte.  D'après  un  dessin  exécuté  au  milieu  du 


il  est  singulier  qu'il  ne  l'ait  point  çenouvelée  dans 
son  histoire  de  l'abbaye. 

'''  Elle  ne  l'était  pas  parfaitement;  il  s'y  trouvait 
une  légère  brisure ,  à  dix-sept  mètres  du  centre  de 
la  tour  du  Colombier.  —  th.  v. 

'*'  11  subsiste  un  indice  de  cette  tour  au  fond  de 
la  maison  rue  Jacob,  n"  5.  La  largeur  de  trois  toises 
indiquée  ici  doit  se  rapporter  à  l'intérieur  de  la 
tour;  extérieurement,  elle  devait  être  d'un  plus 
grand  diamètre.  — tu.  v. 


'''  Il  subsistait,  il  y  a  peu  d'années,  une  partie 
de  cette  tour  dans  le  mur  mitoyen  de  la  maison  te- 
nant au  passage  de  la  rue  Saint-Benoît.  Elle  avait 
o^iSS ,  soit  trois  toises  de  diamètre  intérieur;  ce  qui 
indique  que  la  même  dimension  attribuée  par  Tau- 
teur  à  la  tour  du  Colombier  est  une  mesure  prise 
dans  œuvre,  et  que,  par  conséquent,  les  toure  de 
l'abbaye  avaient  la  même  grosseur.  Leur  mur,  ainsi 
que  celui  des  courtines,  avait  i^iSo  d'épaisseur. 


«î 


n^ 


■U.' 
Q. 

Q 

u: 
2  J 
—  o 
<    - 


ce 

0 


< 

< 

J 

Q 

> 
> 


2    z 


< 


W  s  ^ 


AfeBAYE  DE  SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS.  109 

xvi"  siècle'''  (voir  \e  fac-similé  ci-contre),  la  partie  de  la  courtine  qui  s'étendait 
de  l'angle  rentrant  du  redan  à  l'encoignure  sud-ouest  de  l'enceinte  était  défendue 
par  deux  échauguettes.  Les  trois  autres  tourelles  de  cette  sorte  avaient  été  pla- 
cées à  chaque  extrémité  ainsi  qu'au  centre  de  la  muraille  méridionale,  laquelle 
était  aussi  rectiligne  et  apparaît  sur  le  tableau  du  Louvre'-',  oîi  l'on  voit  qu'elle 
était  buttée  de  contre-forts  à  l'extérieur. 

Du  côté  de  l'orient,  l'enceinte,  qu'on  a  toujours  fort  mal  restituée,  se  compo- 
sait d'un  premier  pan  de  mur  qui,  long  de  vingt-sept  toises  quatre  pieds  à  partir 
de  la  tour  du  Colombier,  faisait  un  angle  de  128  degrés  avec  la  courtine  septen- 
trionale. Venait  ensuite  un  autre  pan  de  mur,  long  de  quinze  toises  cinq  pieds, 
qui  allait  s'attacher  au  pavillon  du  logis  abbatial,  à  cinq  pieds  en  retraite  de  son 
parement.  Au  milieu  était  pratiquée  une  porte  large  de  deux  toises  un  pied, 
garnie  de  pilastres  et  appuyée  sur  des  éperons  intérieurs.  Elle  fut  refaite  par  le 
prince  de  Conti,  et  s'ouvrait  sur  un  pont  qui  débouchait  devant  la  rue  Bourbon- 
le-Château.  Le  reste  de  l'enceinte  était  formé  par  le  flanc  du  logis  abbatial  et  une 
muraille  parallèle  à  la  rue  de  l'Ëchaudé. 


Tel  était  l'état  des  choses  après  la  construction  du  palais  abbatial  qui  existe 
encore  aujourd'hui,  c'est-à-dire  après  i586;  mais  antérieurement  la  grande  porte 
d'entrée,  munie  d'un  ponl-levis  et  même  d'une  planchette,  était  bien  plus  rappro- 
chée de  l'encoignure  sud-est,  ce  qu'indiquent  très-clairement  le  tableau  du 
Louvre  et  le  dessin  précédemment  cité.  Sur  ce  dernier  document,  le  mur  d'en- 
ceinte, vers  l'orient,  est  représenté  sans  flexion  aucune,  disposition  très-probable, 
qui  implique  un  déplacement  de  la  clôture  en  i586  et  un  reculement  partiel  du 
fossé.  La  connaissance  de  l'emplacement  des  angles  sud-est  et  nord-est  de  l'en- 
ceinte permet  de  restituer  le  mur  détruit  sous  Henri  111''',  mais  non  l'agencement 
du  (T  Vieux  Portail, 7>  comme  on  appelait  l'ancienne  entrée,  en  1610.  Au  milieu 
du  xvn"  siècle,  l'enceinte  de  l'abbaye  était  di\jà  fort  entamée;  les  premières  démo- 
litions avaient  été  effectuées  du  temps  de  Louis  XIII,  dans  les  environs  du  redan. 


'"'  Feu  Berty  avait  retrouvé  ce  dessin  aux  Ar- 
chives nationales,  et  M.  A.  Lenoir,  auquel  il  l'avait 
signalé,  l'a  reproduit  dans  sa  Statistique.  C'est  l'ori- 
ginal de  la  prétendue  vue  de  l'ahbaye  en  1 368 ,  que 
D.  Bouillart  a  donnée  dans  son  ouvrage  et  que 
nous  pinçons,  après  l'avoir  fait  réduire,  en  regard 
du  dessin  Ini-niéme,  afin  de  mettre  le  lecteur  en 
garde  contre  les  arrangements  et  les  interpréUitions 
arbitraires.  Il  n'était  pourtant  pas  dllFicile  de  recon- 
naître que  ce  croquis  informe  avait  été  exécuté  à 
l'occasion  du  grand  procès  que  les  moines  soutinrent 
contre  l'Université  en  i5'i8.  Dans  tous  les  cas,  on 
ne  saurait  le  faire  remonter  au  \iv'  siècle,  puisqu'on 


y  fait  figurer  la  maison  du  Chapeau-Rouge,  qui 
n'existait  point  encore  en  iSSg.  —  l.  m.  t. 

'*'  Nous  avons  déjà  reproduit,  par  la  gravure, 
ce  tableau,  qui  provenait  de  l'abbaye  {Topogra- 
phie historique  du  vieux  Paris,  région  du  Louvre  et 
des  Tuileries,  t.  I",  p.  ii6).  Nous  croyons,  avec 
feu  iierty,  utile  de  le  donner  ici  de  nouveau,  mais 
après  l'avoir  dégagé  des  personnages  qui  occupent 
une  partie  du  champ.  —  l.  m.  t. 

'''  Il  subsiste  de  ce  mur  biais  un  fragment  de 
plus  de  quatre  mètres ,  appuyé  sur  le  flanc  occi- 
dental de  la  maison  située  à  l'extrémité  du  passage 
de  la  Petite-Boucherie. 


110  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Kii  i63G,  les  fossés  du  midi  et  de  i'orient,  qui  n'avaient  jamais  été  fermés  de  mu- 
railles, subsistaient  encore;  mais  ils  allaient  bientôt  disparaître;  nous  avons  dit 
ailleurs  ce  qui  advint  de  ceux  du  nord  et  du  couchant'''. 

Les  grands  bâtiments  claustraux  ayant  été  somptueusement  établis  au  xui'' siècle, 
il  s'écoula  près  de  trois  cents  ans  avant  qu'on  eût  à  en  élever  de  nouveaux  d'une 
importance  notable.  L'abbé  Richard,  mort  en  1887,  est  cependant  ainsi  qualifié 
dans  son  épitaphe  :  islius  ecclesiœ  lapsœ  quondam  relevalor;  circonstance  dont  Du 
Breul  a  conclu  que  cet  abbé  pouvait  avoir  restauré  la  voûte  du  chœur.  Mais  le 
caractère  archéologique  de  la  voûte  exclut  l'hypothèse,  et  l'on  n'aperçoit  rien  dans 
l'église  qui  justifie  la  phrase  citée. 

En  i5/ii,  le  cardinal  de  Tournon  fit  bâtir  au  bout  du  dortoir,  près  du  grand 
jardin ,  une  infirmerie  dont  les  vues,  imprudemment  ouvertes,  valurent  aux  moines 
bien  des  déboires.  A  en  juger  d'après  une  planche  publiée  par  D.  Bouillart  et 
reproduite  par  nous,  l'aspect  de  l'édifice  n'était  aucunement  monumental,  et  la 
seule  construction  vraiment  capitale  dont  l'abbaye  se  soit  enrichie  depuis  le 
moyen  âge  est  le  beau  palais  abbatial  que  le  cardinal  de  Bourbon  commença  en 
i586'2'.  Il  était,  dit  Sauvai,  enrichi  d'un  portique  du  côté  de  la  cour,  et,  du 
côté  du  jardin,  d'une  (rgallerien  ou  longue  serre,  ornée  d'une  belle  suite  de  têtes 
de  cerfs,  admirables  pour  leurs  cr  singularités,  ti  Cette  galerie  n'existe  plus. 

Le  premier  plan  géométral  de  labbaye  que  nous  ayons  trouvé  a  été  dressé  en 
i653'^'.  Le  monastère  renfermait  alors,  appuyés  sur  le  mur  occidental  de  l'en- 
ceinte, plusieurs  bâtiments  dont  la  plupart  se  retrouvent  sur  le  plan  de  Quesnel, 
mais  n'apparaissent  point  sur  le  mauvais  dessin  de  i548;  il  est  d'ailleurs  impos- 
sible d'en  distinguer  les  parties  relativement  modernes.  Durant  le  xvu^  siècle  et  sur- 
tout pendant  le  xvui%  les  constructions  se  multiplièrent  dans  le  pourpris  même  du 
couvent;  on  y  bâtit  des  maisons  disposées  en  rues'*^;  on  y  pratiqua  trois  ou  quatre 
portes  nouvelles,  etc.  Aujourd'hui  l'ancienne  physionomie  des  lieux  est  compléte- 


'''  Aux  articles  des  rues  Saint-Benoît  et  du  Co- 
lombier. 

''''  On  pourrait  croire  que  ce  palais  ne  fut  point 
achevé  et  que  le  pi-ojel  primitif  comprenait  un  se- 
cond pavillon,  destiné  à  faire,  vers  l'ouest,  le  pen- 
dant de  celui  qui  existe  à  l'est;  mais  la  corniche,  se 
continuant  en  retour  sur  le  mur  occidental  de  l'édi- 
(ice,  infirme  la  supposition. 

''^'  Arch.  nationales,  Seine,  N,  n°  1.  Il  y  a  un 
croquis  de  plan  de  l'église,  en  lôii,  dans  la  chro- 
nique manuscrite  de  l'abbaye.  (Bibl.  nal.  l\ésidu 
Saint-Germain,  n°  Ji5i,  p.  96.) 

'*'  Lorsqu'on  bâtit  les  maisons  des  rues  Childe- 
bert  et  Sainte-Marthe,  commencées  en  lyiS,  toii 


rr  découvrit  en  ferre,  dit  I^ebeuf  (édit.  Cocheris ,  t.  III . 
rr  p.  1 3  ) ,  une  grande  quantité  de  cercueils  de  jiierre 
rr  tendre  ou  de  plâtre...  On  en  découvrit  encore,  » 
r  trois  ou  quatre  pieds  en  terre,  au  mois  de  mai  1748, 
ff  beaucoup  d'autres  semblables  près  le  portail  de  la 
"rue  Sainte-Marguerite,  à  droite  en  allant  à  l'église. 
T  lorsqu'on  bâtit  les  petits  logements  qu'on  voit  du 
T  côté  du  jardin  du  palais  abbatial.  Ce  qui  en  prouve 
rr  la  haute  antiquité  est  qu'en  tête  de  quelques-unes , 
r-au  côté  extérieur,  était  figurée  une  croix  et  une 
T  colombe  sur  celte  croix.  On  n'y  remarque  point 
rautre  chose. n  De  nouvelles  et  nombreuses  décou- 
vertes de  ce  genre  ont  eu  lieu  en  1878  et  1874, 
par  les  soins  de  M.  Th.  Vacquer.  —  1,.  m.  t. 


^* 


I 


ï 


TOPOGRAPHIE    HISTORIQVE    DV  VIEVX     PARIS, 


L 


û    1^ 


Sulp.S  V. 


A-Bei-ly  dir' 


J     Sulp 


PLAN    MANVSCRIT  DE  L'ABBAYE  DE   S"!"  GERMAIN   DES  PRES, 
1  MILIEV    DU    XVI?    SIECLE  ) 


—  TOPOGRAPHIE    HISTORIQUE    DU    VIEUX    PARIS. 


Planète,  € 


VUE  ORIENTALE  DE  L'ABBAYE  DE  S.GERMAIN  DES  PREZ  TELLE  QU'ELLE  ETOITE^ 

i^68  ^ 

Arrangement  et  interprétation  du  desain  original  ci-joint. 

(PUnebc  iaaérfr  ptr  Dom  BoailUrt  dont  wu  llUloin  de  l'aUaye  lit  Smt'Gtrmmt-ila-Prét,  \Mge  160.) 


ABBAYE  DE  SAL\T-GERMAII\-DES-PRÉS. 


111 


ment  effacée,  tant  par  le  percement  de  deux  rues  récentes  que  par  la  démolition 
des  grands  édifices  claustraux,  dont  il  ne  subsiste  plus  que  l'église  et  le  palais 
abbatial,  devenu  propriété  particulière. 

Le  palais  abbatial,  restauré  et  modifié  en  1691,  est  bâti  en  pierres  et  en 
briques;  il  consiste  en  un  corps  d'bôtel,  flanqué  d'un  grand  pavillon  en  retour 
d'équerre,  à  la  suite  duquel  est  une  petite  construction,  également  en  manière 
de  pavillon.  L'ordonnance,  surcliargée  de  bossages,  ne  manque  point  de  grandeur, 
et  l'édifice,  bien  que  gâté,  mérite  plus  d'attention  qu'on  ne  lui  en  accorde  ordi- 
nairement. Dans  un  des  frontons  du  pavillon  d'angle,  on  observe  une  figure,  de 
mauvaise  exécution,  qui  tient  un  cartouche  sur  lequel  est  posé  un  écusson.  Cet 
écusson,  mutilé,  ne  porte  aucune  charge;  il  parait  avoir  été  timbré  d'un  chapeau 
de  cardinal ,  dont  les  cordons  sont  encore  distincts. 


L'église  de  l'abbaye,  dont  la  maçonnerie  accuse  d'innombrables  reprises,  fort 
gênantes  pour  l'élude,  est  maintenant  lun  des  vieux  rnoimments  les  plus  consi- 
dérables de  Paris.  Elle  se  compose  dune  nef  de  cinq  travées,  à  bas  côtés  simples, 
précédée  d'un  porche  que  surmonte  une  tour;  d'un  transept;  d'un  chœur  de 
<|uatre  travées,  garni  de  collatéraux  simples,  avec  chapelles  latérales;  enfin  d'un 
chevet  circulaire,  garni  de  cinq  absidioles.  Dans  tout  l'édifice,  le  porche  et  la 
tour  dont  il  est  surmonté  sont  seuls  l'œuvre  de  l'abbé  Morard'";  encore  faut-il  en 
letrancher  l'étage  supérieur  de  la  tour,  qui  date  de  la  fin  du  xi*"  siècle,  et  la  baie 
ogivale  du  portail,  construite  au  milieu  du  xu".  Celte  baie,  sur  l'âge  de  laquelle 
on  a  jadis  avancé  beaucoup  d'erreurs,  a  son  linteau  orné  d'un  bas-relief  repré- 
st'ulanl  la  Cène;  avant  la  ISévolulion,  les  pieds-droits  en  étaient  décorés  de  huit 
statues  de  personnages,  sur  l'identité  desquels  on  a  aussi  disserté  longuement'^'  el 


''  1^  lour  est  celle  dont  fait  mention  l'épitaphe 
(le  VIoranl.  I^beuf,  qui  la  croyait  mërovingienne, 
dit  (p.  437):  "Je  penserois  aussi  volontiers  que 
-certaines  arcades  el  voûtes,  par  où  l'on  va  de  la 
-tour  septentrionale  à  la  clia|)elle  de  la  Vierge, 
-lioi-s  l'église,  après  avoir  descendu  huit  marches, 
-|)€uvent  être  de  ces  tems-là,  ou  approchant.')  Ces 
voûtes,  situées  entre  le  chapitre  et  les  sacristies, 
sont  détruites. 

'*'  L'une  de  ces  figures  était  incontestablement 
celle  de  saint  Germain;  (piant  aux  autres,  toutes 
couronnées,  il  est  bien  dillicile  de  ne  pas  y  voir  des 
princes  el  des  princesses  de  la  famille  de  Clovis, 
puisque  D.  Ruirinrt  avait  lu ,  sur  deux  des  phylac- 
tères des  statues ,  les  noms  de  Clodonirvs  et  Chlo- 
(  ton  )vs ,  et  que  Clotaire  et  Clodonu'r  furent  les  frères 
de  Chil<lel>ert.  qui  fonda  l'ahbaye.  On  croit  que  les 
statues  étflieni,  nu  nord  et  en  allant  du  dedans  ,111 


dehors,  celles  de  saint  Germain ,  de  Clovis,  de  Clo- 
tilde  ei  de  Glodomir;  au  midi,  celles  de  Thierry, 
de  Childebcrt,  de  la  reine  Ultrogolhe  et  de  Clotaire. 
Gepudant  Lel)euf  (t.  II,  p.  43i)  est  d'avis  que  ces 
figures,  à  l'exception  de  celles  qui  avaient  une  ins- 
cription, représentaient  des  rois  et  reines  de  l'an- 
cienne loi.  Cette  opinion  parait  ici  insoutenable; 
car  comment  imaginer  que  les  moines  de  l'abbaye . 
reconstruisant  leur  portail  au  xii*  siècle,  y  aient 
placé  la  statue  de  Glodomir  et  non  celle  de  Childe- 
berl,  dont  ils  se  plaisaient  à  invoquer  si  souvent  le 
souvenir?  Et  d'ailleurs,  la  présence  de  Clotaire  et 
de  Glodomir  n'implique-t-elte  pas  celle  de  Glotiide. 
partant  de  Clovis,  etc.  ? 

l-oltcuf  dit  aussi  que  la  porte  avait  jadis  un  tru- 
meau auquel  était  accolée  une  statue,  et  que  cette 
statue,  ayant  été  déplacée,  était  prob(d)lement  celle 
<|u"on  voyait  au  côté  septentrional  de  l'église,  qui 


112  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

qui  ont  été  brisées.  La  nef  et  ses  bas-côtés  indiquent  la  fin  du  xi''  siècle  et  pré- 
sentent plusieurs  diapiteaux  historiés  fort  curieux  à  étudier (i'.  Les  bases  des 
piliers  sont  modernes  :  le  sol  a  été  remué  sous  la  Restauration.  La  voûte  de  la 
nef  fut  faite  en  1 6/i4  et  remplaça  un  lambris,  dont  on  retrouve  les  traces  dans  les 
combles'^\  En  i653  existaient,  accolées  au  bas  côté  méridional,  deux  ou  trois 
chapelles  qui  ont  été  jetées  bas  pour  l'établissement  d'un  cimetière.  Dans  le  tran- 
sept, les  piliers  de  la  croisée  sont  du  xu"  siècle;  mais  les  croisillons,  avec  leurs 
grandes  fenêtres  géminées,  appartiennent  à  la  fin  du  xui'^W;  ils  ont  été  fort  rema- 
niés dans  leurs  voûtes  et  leur  ornementation  vers  i664.  La  chapelle  à  lanterne  et 
la  porte  à  côté  sont  de  cette  dernière  époque.  Le  chœur,  dont  le  triforium  ofTre, 
particularité  rare,  plusieurs  fûts  en  beau  njarbre  varié'*',  a  étébïlti  tout  d'un  jet, 
ainsi  que  ses  dépendances,  au  milieu  du  xif  siècle,  et  a  été  terminé  peu  avant  la 
consécration  de  1 1 63. 


La  basilique  Saint-Germain  possédait  naguère  encore  trois  tours,  ou  clochers: 
celle  du  portail,  qui  subsiste,  et  deux  autres  adossées  aux  croisillons  et  au  chœur. 
La  tour  du  portail  s'appelait  au  moyen  âge  lurris  plumbata,  évidemment  parce  que 
la  flèche  qui  la  surmontait  était  revêtue  de  plomb.  Elle  renfermait  les  cloches 
qu'on  sonnait  aux  grandes  fêtes.  En  iBSy,  les  deux  qui  s'y  trouvaient,  étant 
rompues,  furent  descendues  au  bas  de  la  nef,  oij  elles  demeurèrent  jusqu'à  ce, 
que,  par  un  marché  passé  au  prix  de  600  livres,  Pierre  le  Roy  les  prît  pour  les 
refondre  dans  des  proportions  plus  fortes  qu'auparavant.  La  première  fut  coulée 
au  mois  de  septembre  i58o,  et  la  seconde  au  mois  de  janvier  i58i.  Les  tours 
du  transept,  abattues  en  1822  et  18 2 3,  ne  remontaient  probablement  qu'ail 
xn^  siècle.  Suivant  l'Ordinaire  publié  par  D.  Bouillart'^',  celle  du  midi  se  nom- 
mait anciennement  turris  major  ou  magna,  et  elle  renfermait  un  autel  consacré  à 
saint  Michel,  ce  qui  signifie  sans  doute  que  cet  autel  était  dans  le  croisillon,  sous 
la  tour.  Celle  du  nord  était  qualifiée  de  turris  minor  ou  parva,  parce  qu'elle  était 
moins  haute,  et  Lebeuf  dit  qu'on  voyait  aisément  qu'un  étage  y  avait  été  ajouté. 


a  passé  pour  une  image  de  la  déesse  Isis ,  et  qui  fut 
détruite  en  1 5 1 4 ,  parce  qu'elle  était  devenue  l'objet 
d'un  culte  superstitieux;  mais  on  sait  que  cette 
statue  était  de  plâtre,  et  il  serait  fort  étrange  qu'une 
statue  ornant  un  trumeau  du  xu'  siècle  fût  en  pa- 
reille matière. 

<"'  Ces  chapiteaux  ont  été  refaits  vers  1820.  Les 
originaux  sont  au  musée  de  Cluiiy.  M.  Albert  Le- 
noir  a  publié  les  plus  curieux  dans  sa  Statistique 
monumentale.  —  Tif.  v. 

''  Les  chapiteaux  de  cette  voûte,  qui  étaient  de 
style  composite ,  ont  été  refaits  récemment  dans  te 
style  de  l'époque  de  transition. 


''''  Nous  en  jugeons  surtout  par  des  colonnettes 
du  croisillon  sud ,  lesquelles  ont  conservé  leurs  bases 
et  leurs  chapiteaux  intacts.  La  décoration  des  cha- 
pelles de  Saint-Casimir  et  de  Sainte-Marguerite  a 
été  exécutée  vers  1675,  d'après  les  dessins  de 
Bullet. 

'*■  Aujourd'hui  toutes  les  colonnettes  de  ce  tri- 
forium paraissent  être  en  marbre;  quelques-unes 
seulement  sont  réellement  de  celte  matière:  les 
autres,  qui  sont  en  pierre,  ont  été  slucquées  en 
imitation  de  marbre,  il  y  a  plusieurs  années,  pour 
les  accorder  d'aspect  avec  les  premières.  —  th.  v. 

'*'  Pages  cxxxv,  cl,  clv  et  clvii. 


TOPOGRAPHIE    HISTORIOVE   DV  VIEVX  PARIS, 


ÉTAT  ACTUEL  DU   BASRELIEF 


Pholoéf*vure  Fernlqu 


ABBAYE  DE  S'' GERMAIN  DES  PRÉS. 

PORTE   PRINCIPALE    DE   LECLISE, 
Reproduction  r*duUe  de  la.  pUnche  publiée  par  Dom  BouiUarl  Monlfaucon  et  M.A.Lenoir 


«î 


TOPOGRAPHIE  HISTORÎOVE  DV  VIEVX  PARIS. 


Hêhûfi  Garniei- 


ABBAYE   DE   ST  GERMAIN    DES    PRÉS 


FAÇADE    OCCIDENTALE    DE    L,  ÉGLISE   RESTITVÉE 


TOPOGRAPHIE  H15T0R1QVE  DV  VIEVX   PARIS, 


ABBAYE   DE   ST  GERMAIN    DES    PRES 


HèliOÔ  Carnicr 


ABSinr.   DE    LÉOL.ISH    RF.STITVÈE 


TOPOGRAPHIE  HISTORIQVE  DV  VIEVX  PARIS. 


COUPE   SUR  LA  NEF 


AL*  noir  del 


H«ho6  Carnier 


ABBAYE    DE    ST  GERMAIN    DES    PRÉS 


COVPE  SVR  LES  TRANSSEPTS, 


IWK 


A&BAYE  DE  SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS. 


113 


Nous  avons  vu,  dans  un  compte  de  i5o5-i5o6,  l'une  des  tours  énoncée  «tour 
ttdes  Monnyaulx;^  mais  nous  ne  savons  point  celle  qu'on  désignait  ainsi. 


A  la  tour  du  nord  attenait  une  sacristie  extérieure,  à  chevet  circulaire,  qui, 
d'après  le  plan  de  D.  Bouillart,  aurait  remplacé  l'antique  chapelle  Saint-Ferréol- 
et-Saint-Ferrution,  circonstance  sur  la  réalité  de  laquelle  nous  ne  sommes  point 
du  tout  édifié.  Cette  sacristie  est  actuellement  détruite,  ainsi  qu'une  autre  de 
même  forme,  mais  plus  grande,  qu'on  y  accola  en  1716.  Au  midi  et  dans  une 
situation  correspondante,  D.  Bouillart  fait  figurer,  à  titre  de  restitution,  un  édi- 
cule  avec  ahside,  qu'il  nomme  la  chapelle  Saint-Julien-Martyr;  mais  il  est  clair 
que  D.  Bouillart  n'avait  pas  plus  de  renseignements  graphiques  sur  l'ancienne 
chapelle  de  ce  nom  que  sur  celle  de  Saint-Pierre,  à  laquelle  il  prête  aussi  un 
chevet  circulaire  et  dont  il  fait  un  pendant  de  la  chapelle  Saint-SymphorienW. 
L'oratoire  Saint-Pierre,  où  l'on  affirme  que  saint  Droctovée  fut  enterré'''',  était 
certainement  au  nord  de  la  basilique,  ad  aquUonispartem,  dit  Gislemar;  mais  c'est 
là  tout  ce  qu'on  en  sait,  et  Jaillot,  en  avançant  que  l'oratoire  a  été  rapproché  de 
la  grande  église  au  x"  siècle,  n'a  émis  qu'une  conjecture.  Quant  à  la  chapelle 
Saint-Symphorien,  rien  ne  s'oppose  à  ce  qu'on  admette  qu'elle  s'élevait  sur  l'em- 
placement de  l'édifice  actuel ''',  où,  en  1670,  fut  refait  le  cénotaphe  de  saint 
Germain.  Les  neuf  chapelles  entourant  le  chœur  furent  consacrées,  le  21  avril 
1 163,  par  Hubault  d'Ostie  et  trois  évoques,  qui  leur  donnèrent  une  foule  de  vo- 
cables '*'.  La  première,  en  commençant  par  le  nord  (voir  la  planche),  fut  dédiée  à 
saint  Clément,  saint  Saturnin,etc.;  la  deuxième,  à  saint  Laurent,  saint  Xiste,  etc.; 
la  troisième,  à  saint  Denis,  saint  Nicolas,  saint  Martin,  etc.;  la  quatrième,  à  saint 
Benoît,  saint  Marc,  saint  Luc,  etc.;  la  cinquième  ou  chapelle  centrale,  à  la  Vierge, 
aux  apôtres  Pierre'*',  Paul,  etc.;  la  sixième,  d'abord  appelée  de  Saint-Turiaf, 
puis  de  Saint-Félix,  fut  dédiée  à  saint  Jean  l'Evangéliste,  etc.;  la  septième,  à 
saint  Claude,  saint  Georges,  etc.;  la  huitième,  à  sainte  Marguerite,  saint  Chris- 
tophe, etc.;  et  la  neuvième,  à  sainte  Magdeleine,  aux  saints  Innocents,  etc. 

En  1527,  Guillaume  Briçonnet  appuya  contre  la  muraille  et  consacra  de  nou- 


''•  Si  la  chapelle  Saint-Pierre  occupait  cet  em- 
placement, elle  dut  être  df^molie  lors<ju'oii  cons- 
truisit la  galerie  occidentale  du  cloître ,  c'est-à-dire 
dans  le  xui*  siècle  au  moins.  D.  Bouillart  n'en  pou- 
vait donc  avoir  de  plan. 

'''  Gislemar  ne  confirme  aucunement  l'assertion , 
car  il  dit  :  -Sepullus  est  nutem  idem  Dei  gloriosus 
-sacer  Drocloveus,  ad  occidenlalcm  plagambasilica;, 
i^retro  scilieet  Sancli  Germani  allare;»)  ce  qui  ne 
peut  s'entendre  d'un  oratoire  placé  au  nord  de  la 
grande  église,  comme  l'était,  suivant  lui,  la  clia- 
|)elle  dédiée  à  saint  Pierre. 


'''  Elle  avait  toujours  été  très-proche  de  la  basi- 
lique, et  assez  proche  même  pour  qu'on  la  confondît 
avec  cet  édifice.  Le  testament  de  Bertchram,  fait 
en  61 5,  l'énonce  la  «■  basilique  de  Saint-Vincent,  oîi 
(rie  corps  de  saint  Germain  reposait  :  hasilica  dormi 
ti  Vincentii,  ubi  ejus  sanclum  corpusculum  rcquiescil.  y> 

<'l  Conf.D.  Bouillart,  p.  3io. 

'"'  Ce  fait,  que  la  cliapelle  de  la  Vierge  fut  con- 
sacrée sous  le  vocable  de  Saint-Pierre  en  11 63, 
tend  à  établir  que  le  vieil  oratoire  mérovingien  de 
ce  nom  était  déjà  détruit,  ou  plutôt  transporté  hors 
du  monastère.  (Voir  Rue  des  Saints-Pères.) 

i3 


114  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  pU  VIEUX  PARIS. 

ve.au  les  autels  de  Saint-Clément,  Saint-Martin,  Saint-Benoît  et  Saint-Placide;  ce 
dernier  était  dans  le  croisillon  septentrional.  Le  lo  août  de  l'année  suivante,  il 
fit  la  même  cérémonie  dans  la  chapelle  Sainte-Marguerite,  à  laquelle  il  donna 
pour  patrons  supplémentaires  saint  Nicaise  et  saint  Eloi.  Six  jours  après,  il  con- 
sacra de  plus,  en  l'honneur  des  anges,  un  autel  érigé  derrière  celui  de  Saint- 
Germain.  On  le  blâma  d'ailleurs,  rapporte  D.  Bouillarl,  d'avoir  ainterrompu  le 
retour  des  chapelles ii  en  prenant  celle  de  Saint-Nicolas  pour  y  placer  la  tribune, 
à  l'usage  de  l'abbé,  qu'on  y  voyait  encore  au  xvni'^  siècle.  En  lôBy,  le  21  avril, 
Charles  Boucher,  évoque  de  Mégare,  consacra  derechef,  en  l'honneur  des  saints 
Etienne,  Vincent,  Gervais  et  Germain  de  Paris,  le  grand  autel  qui  venait  d'être 
refait  pour  remplacer  celui  de  1 1 63.  ce  On  y  montoit  par  cinq  ou  six  degrez,  et  il 
ftétoit  environné  de  quatre  colonnes  de  cuivre;  le  saint  sacrement  suspendu  par 
rr  le  moyen  d'une  crosse  de  même  métail  ;  les  figures  de  saint  Vincent  et  saint 
tt  Germain,  de  marbre  blanc,  placées  aux  deux  cotez;  son  circuit  enfermé  d'un 
ffbalustre  de  bois  fort  bien  travaillé;  telle  étoit  à  peu  près  sa  structure,  dont  on 
rn'a  laissé  aucun  dessein.  On  trouve,  par  le  nombre  des  dépenses  qui  y  ont  été 
(T  faites,  qu'il  avait  coûté  deux  mille  huit  cens  huit  livres  quatre  sols  tournois '''.n 
Le  grand  autel  était  alors  au  centre  du  chœur,  d'où  il  fut  déplacé  en  i6hli  et 
reporté  à  l'entrée  du  transept.  Au  centre  du  rond-point  était  l'autel  matutinal ,  ou 
de  Saint-Germain,  qu'on  remplaça  dans  la  suite  par  le  siège  abbatial,  et,  derrière, 
quatre  colonnes  portaient  la  magnifique  châsse  de  saint  Germain,  refaite,  en 
ilioS,  par  l'abbé  Guillaume (''.  Tout  à  côté  se  trouvait  le  puits  de  Saint-Germain, 
auquel  on  accédait  en  descendant  quelques  marches,  et  dont,  au  ix''  siècle,  l'eau 
était  réputée  excellente  pour  guérir  la  fièvre.  L'église  de  l'abbaye  possédait  un 
splendide  devant  d'autel,  donné  en  1609  par  l'abbé  Guillaume,  et  un  grand 
nombre  d'objets  d'orfèvrerie  fort  précieux ,  dont  on  trouve  des  dessins  dans  l'ou- 
vrage de  D.  Bouillart.  Elle  était  moins  riche  en  vieux  monuments,  et  n'en  comptait 
que  trois  ornés  d'une  statue  ou  d'une  mosaïque  :  c'étaient  ceux  de  Childebert,  de 
Chilpéric  et  de  Frédégonde;  mais  plusieurs  pierres  tombales  offraient  des  figures 
gravées  au  trait  avec  incrustations  de  marbre  blanc  sur  marbre  noir. 

Quelques-unes  des  inscriptions  que  renfermait  l'abbaye  ont  été  rapportées  pré- 
cédemment; voici  le  texte  des  autres  : 

GRANDE  ÉGLISE. 

Dans  un  caveau,  à  l'entrée  du  sanctuaire,  sur  une  dalle  funéraire  en  cuivre, 
où  était  gravée  la  figure  d'un  abbé  revêtu  des  ornements  pontificaux  : 

Hic  jacet  frater  Guillermus  ('*,  quondam  abbas  hujus  ecclesie,  doctor  regens  Parisius  in 

"'  D.  Bouillart,  p.  189.  —  ''^'  Y oirVomrageinliluU  Paris  et  ses  historiens,  p.  48a. —  '*' Guillaume  IH , 
dit  i'Évêque.  ^^^., 


TOPOGRAPHIE    HISTORIQVE    DV  VIEVX    PARIS. 


Coupe  sur  A  B  , 


Coupe  sur  C  D  , 


Plan 


•^■■»***t- 1— 


Echelle  des  Coupea. 


Echelle  du    Pl&n 


Bienvenu    del 


J.  Sulp's   se. 


PARLOIR  DV  CLOITRE   DE   LABBAYE   DE   ST  GERMAIN   DES   PRES. 

COVPtS    KT    PLAN    DK    DEVX    TRAVÉES 


/It    I  l..,rj.>,:   .:,„.■   P.„ 


ABBAYE  DE  SAINT-GERMAIN-DES-PRES.  115 

théologie  Facultate,  nunc  vero  vermis  et  non  home;  quo  nihil  fetidius,  uihil  horribilius,  et 
quasi  putredo  consumendus;  expectans  tamen  resurrectionem  mortuorum  et  vitam  eternam. 
Qui  obiit  anno  Domini  m  cccc  xviii  ,  undeeimo  die  mensis  decembris.  Orale  pro  eo. 

Dans  le  même  caveau  : 

Hanc  Deus  Osanna  mulicrem  dicta  Joanna, 
Que  fuit  in  mundo,  nunc  est  scrobis  abdita  fundo. 
Domni  Guiliermi  quondam  mater  fuit  hujus 
Patris  cenobii.  Requiescatspiritus  ejus. 
Anno  milleno,  cum  c  ter  et  octuageno 
Vicesimo  quinto,  clausa  sub  hoc  tumulo. 

Devant  le  grand  autel,  sur  la  tombe  en  marbre  de  l'abbé  Richard  d'Alri,  ou  de 
l'Aître  : 

Pater  noster. 

Hic  fragrans  nardus,  late  redolens  jacel  hic  ihus. 
SoUicitus  pastor,  publice  bonitatis  amator, 
Istius  ecciesie  iapsc  quondam  relevalor; 
Prudens  prelalus,  circumspeclus  vclut  Argus. 
Pastor  amabilis  et  venerabilis  omnibus  illis. 
Post  tua  tedia  det  tibi  gaudia  dulcia  ccli. 
Amen. 

Anno  milleno  ter  cent.  sept,  octuageno 
Idibus  in  julio  transiit  e  medio. 

Sur  un  caveau ,  près  des  marches  du  grand  autel ,  à  droite  : 

Hic  jacet  iilustrissima  princeps  Catharina  Borbonia,  Henrici  Borbonii,  principis  Condaei,  et 
Marias  de  Clèves  filia,  quae  annos  nata  21  obiit  Lutetiœ,  in  Castro  Luparœ,  die  3o  decembris 
1595. 

Dans  le  chœur,  derrière  la  tombe  de  l'abbé  Morard,  sur  une  dalle  usée,  en 
marbre  noir  incrusté  de  blanc,  et  couvrant  le  corps  de  l'abbé  Pierre  de  Cour- 
palay  : 


Consiliis  certus,  omni  bonitate  rcfertus. 
Pauperibus  largus,  circumspectus  velut  Argus. 
Qucm  clcrus  cbarum,  rex,  plebsliabuit  monacliique, 
In  vultu  clarum,  sobrium...  corpore  mundum. 
Traxit  aprilis  eum  1er  nonas  m.c  ter,  x  ter,  1  quater. 

Près  de  la  précédente  : 

Hic  jacet  bonc  memorie  (rater  Gaufridus  de  Cousturis,  quondam  abbas  hujus  nionasterii 


116  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

consiliarius  domini  Régis  Francorum,  gratissimus  principibus  et  toti  populo.  Qui  obiit  anno 
Domini  m  ccc  lix,  xxiv  die  mensis  apriiis.  Anima  ejus  requiescat  in  pace. 

Également  près  de  la  tombe  de  l'abbé  Pierre  : 

Cy  gist  révërend  père  en  Dieu  messire  Pierre  Danès,  en  son  vivant  ëvêque  de  Lavaur,  ins- 
titué premier  lecteur  royal  es  lettres  grecques  par  le  roy  François  premier,  et  envoyé  pour  son 
ambassadeur  au  concile  de  Trente;  lequel  décéda  en  la  maison  de  céans  le  vingt-troisième  jour 
d'avril  i577. 

Au-dessous  des  pieds  de  la  figure  étaient  gravés  ces  mots  :  non  quœ  super  terram, 
qui  formaient  la  devise  du  cardinal  de  Tournon,  bienfaiteur  du  mort. 

Dans  le  sanctuaire,  près  et  derrière  la  tombe  de  l'abbé  Guillaume  l'Évêque, 
entre  l'aigle  de  cuivre  et  le  banc  des  cbantres  : 

Hic  jacet  reverendissimus  D.  Dominicus  du  Gabré,  episcopus  Lodovensis,  régis  consiliarius 
ac  legatus  Venetus;  qui  obiit  prima  die  mensis  februarii,  anno  Domini  i558. 

Qui  jacet  hoc  tumulo,  prœsul  lectissimus  olim, 

Virtutum  merito  splendidiore  fuit. 
Legatus  varias  pro  rege  electus  in  oras, 

Prœstitit  exacte  munere  digna  suo. 
Sed  quia  res  Chiisti  longe  studiosius  egit, 

Jam  fruilur  tanto  post  sua  fata  Deo. 

Devant  le  jubé,  en  entrant,  à  droite: 

Cy  gist  Monseigneur  Burqueus  de  Reliée ,  jadis  chevalier  et du  Roy  nostre  sire ,  le  Roy 

de  France  et  le  Roy  de  Navarre;  qui  trespassa  l'an  de  grâce  m.  ccc  xiri,  le  mercredy  après  Nostre 
Dame  de  septembre.  Priez  Dieu  pour  l'âme  de  luy. 

Aussi  devant  le  jubé  : 

Cy  gist  M°  Eustache  de  Chambelli,  chevalier,  seigneur  du  Val,  qui  trespassa  le  lundy  de- 
vant la  Saint  Marc  l'Évangéliste ,  l'an  de  grâce  m.  ccc  xli.  Priez  Dieu  pour  l'âme  de  luy,  que  Dieu 
luy  fasse  mercy. 

En  la  chapelle  Saint-Germain,  c'est-à-dire  au  rond-point  du  chœur: 

Cy  gist  religieuse  personne  et  honneste  frère  Simon  de  Saint  Benoist,  jadis  trésorier  el  de- 
puis grand  prieur  de  ceste  église;  fils  de  feu  Simon  de  Saint  Benoist,  jadis  de  Paris,  et 

de  Marie,  sa  dernière  femme;  qui  trespassa  l'an  si.ccccxxxvii,  le  xiv°  jour  d'aoust.  Dieu  ait 
l'âme  de  luy.  Amen. 

Devant  la  porte  de  la  sacristie,  autour  d'une  grande  dalle  où  étaient  gravées 
les  effigies  d'un  homme,  d'une  femme  et  de  sept  enfants: 

Cy  gist  noble  homme  Antoine  de  Lyon,  conseiller  du  Roy  et  auditeur  en  la  chambre  des 
comptes,  sieur  des  Landes  et  de  la  Motte-Charny;  qui  trespassa  le  29  avril  i556. 


TOPOGRAPHIE  HISTORIOVE   DV  VIHVX  PARIS 


ABBAYE    DE     SAINT    GERMAIN     DES    PRÉS 

rOMBEAVX  ET  COS  \3BÈS  DP.COVV£R»6^N  1799. 


.ABBAYE  DE  SAINT-GERMAIN-DES-PRES.  •.         117 

Au  bas  de  la  même  tombe  on  lisait  : 

Conditurhoc  tumulo,  fatali  morte  peremptus, 

Clara  cui  semper  fama  superstes  erit. 
Viva  etenim  virtus  vivum  dédit  esse  Leonis 

Nomen  :  sic  vivo  nomine,  vive  Deo. 

Près  du  pilier  oriental  du  croisillon  méridional  : 

Hic  jacet  R.  P.  D.  Jacobus  du  Breul,  olim  abbas  Sancti  Hlidii  Clarom. ,  demum  prior  hujus 
monasterii,  regulae  observantia,  anliquitalis  peritia  et  operibus  editis  celebris.  Qui  obiit  die 
17  julii,  anno  Domini  161/1,  œtatis  86,  monach.  66.  Requiescat  in  pace.  Amen. 

Dans  la  nef  : 

Cy  gist comte  Chapon  (?)  de  Jaisne  la  Vieille,  qui  trespassa  l'an  de  grâce  m  ce  un"  xvui, 

le  dimanche  d'après  Pasques.  Priez  Dieu  pour  son  âme,  que  Dieu  bonne  mercy  luy  fasse. 
Amen. 

Autre  : 

Cy  gist  Juba  Alesi,  fils  de  Berault  Alesi  de  Sirie,  qui  trespassa  l'an  de  grâce  m  ce  iiii"xv,  le 
mardy  d'après  la  Sainl  Leu  Saint  Gilles  du  mois  de  septembre.  Priez  Dieu  que  bonne  mercy 
lui  fasse.  Amen. 

Autre  : 

Hic  jacel  dominus  Guillelmus  de  Faugereile  {alias  de  Fougeretto),  legum  professer,  decanus 
Nivernensis,  consiliarius  illustrissimi  et  potentissimi  ducis  Borbonie;  qui  obiit  die  veneris  ante 
festam  beati  démentis,  anno  Domini  h  cce  xxx  m.  Orate  pro  eo. 

Autre  : 

Sous  cette  même  tombe  repose  dame  Claude,  épouse  de  Guillaume  BouUanger,  seigneur  de 
Vaumesnil,  gouverneur  de  Chastillon-sur-Indre,  conseiller  d'état  et  premier  échanson  de  Mon- 
seigneur, fils  de  France,  fils  unique  du  Roy;  laquelle  décéda  le  3"  ou  9°  jour  de  may,  l'an 
i58i. 

Autre  : 

Hic  jacet  Guillelmus  Boullangerius,  dominus  de  Vaumesnil,  Francisco  regum  Henrici  secundi 
filio  et  Henrici  III  fratri  unico  ab  interioribus  consiliis  et  a  poculis  prepositorum  primas.  Obiit 
Lutelia;,  xi  cal.  april.  anno  1  596. 

Devant  le  grand  autel,  du  côté  du  nord,  autour  d'une  petite  pierre  tombale 
incrustée  de  lames  de  cuivre  et  joignant  un  pilier  : 

Cy  gist  François  de  Monceaux,  fils  de  noble  sieur  messire  François  de  Monceaux,  chevalier. 


118  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

sieur  de  Viléacoubley,  et  de  madame  Catherine  de  la  Broyé,  dame  de  Carnoy;  qui  mourut  en 
l'an  mil  cinq  cents  trente  cinq. 

A  droite  était  en  outre  écrit  : 
In  brevi  consummavit  tempora  multa. 

Et  à  gauche  : 

Raptus  est,  ne  malitia  mutaret  intelieclum. 

Dans  la  chapelle  de  Notre-Dame  : 

Cy  gist  Charles  de  TAigle,  escuyer,  qui  trespassa  i'an  de  grâce  m  ccc  xvii,  le  mercredy  après 
la  Saint  Barnabe,  au  mois  de  juillet.  Priez  Dieu  pour  luy. 

Dans  la  chapelle  Saint-Casimir  : 

Hic  jacet  révérende  recordationis  Herveus  Morillon,  quem  genuit  bassa  Britannia,  diocesis 
Corisopitensis,  ortu  nobilis,  moribus  clarissimus,  religionis  décore  venustus;  hujus  cenobii 
annis  xxii  pastor  dignissimus,  fratrum  piissimus  consolator,  edificiorum  restauralor,  eleeniosi- 
narum  largitor, jurium  defensor  et  in  omnibus  fidelissimus  minisler;  qui  obiit  die  xxv  februarii , 
anno  Domini  m  cccc  dx.  Orate  pro  eo. 

Autre  sur  une  dalle  funéraire,  près  du  grand  autel  : 

Cy  gist  messire  Jean  GroUier,  en  son  vivant  chevalier,  seigneur  vicomte  d'Aguisy.  thrésorier 
de  Milan  et  de  France,  en  la  charge  et  thrésorerie  d'oultre  Seine  et  Yonne,  général  des  finances' 
du  Roy;  qui  trespassa  le  22  octobre  i565.  Priez  Dieu  pour  luy. 

Et  au  pied  de  la  dalle  : 

Joanni  Grolerio  Insubriœ  dudum,  Galliœ  nuper  questori,  castiss.  fideliss.  integer.  V.  C. 
Virtutum  omnium,  litlerarum  comprimis  et  venerandœ  antiquilalis  amanliss.  observantiss.  stu- 
diosiss.  Anna  et  Jacobella  filiae,  Antonius  et  Petrus  nepotes,  parenti  cariss.  M.  M.  P.P.  Vixit 
annos  lxxxvi.  Obiit  xi  calend.  novembris. 

Dans  la  chapelle  Saint-Symphorien  : 

Hic  jacet  abbas  Johannes  de  Précy  noniine  dictus, 
Nobilis  hic  moribus  papa  Burgundie  natus. 
Ejus  cura  fuit  semper  veneruri  Maiiam. 
Omnibus  hic  largus  vixit,  non  parcus  egenis. 
H  semel,  c  ter,  l,  1  termortuus  in  (?)  anno 
Decembris  mense,  septena  dena  die. 
Spiritus  ejus  in  pace  requicscat.  Amen. 


-i"; 

IT" 

0) 

w 

a: 

Q. 

c/) 

UJ 

Q 

Z 

< 

< 

< 
21 

q; 

(2 

UJ 

< 

O 

tS) 

h 

< 

2 

_1 

< 

< 

0) 

UJ 

>■ 
< 

(Û 

DQ 

< 

•ABBAYE  DE  SAINT-GERMAIN-DES-PBES.  119 

Autre  : 

Anno  Domini  mcccviii,  die  sabbathi  ante  Epiphanian»  Domini,  obiit  nobilis  vir  Guiilelmus 
de  Orlento  (a/ta*  Alento),domiceHas,Lemovicensis  diocesis.  Cujus  anima  requiescat  in  pace. 

Autre  : 

Cy  gist  vénérable  homme  et  sage  messire  Jean  Ganrier  de  Chaalons,  avocat  du  Parlement 
du  Roy  nostre  sire;  qui  trespassa  le  x'  jour  de  febvrier,  Tan  de  grâce  m  ccc  xlviii.  Priez  Dieu 
pourluy. 

GRANDE  CHAPELLE  DE  LA  VIERGE. 

Les  tombes  de  la  grande  chapelle  étaient  placées,  dit  D.  Bouillart,  et  depuis 
ffles  degrez  de  l'autel  jusques  à  la  porte  du  chœur,  n  ce  qui  doit  s'entendre  de 
l'espace  correspondant  aux  troisième  et  quatrième  travées  de  l'édifice.  Ces  tombes 
étaient  en  outre  disposées  sur  six  rangs  parallèles  à  l'axe  du  vaisseau.  Le  pre- 
mier rang,  en  commençant  vers  le  nord,  était  formé  par  la  tombe  de  l'abbé 
Hugues  d'Issy,  par  deux  autres  dont  on  ne  pouvait  lire  les  inscriptions,  et  par  celle 
de  l'architecte  Pierre  de  Montreuil. 

Epitaphes  du  second  rang  : 

Hic  jacet  frater  Johannes  de  Prigniaco,  quondam  prior  hujus  monaslerii,  qui  tributum  na- 
turale  persolvit,  anno  Domini  u  ccclxii,  die  penuitima  junii.  Cujus  animam  Christus  perducat 
ad  gloriam.  Amen.  Orale  pro  eo. 

Cy  gist  dévote  et  religieuse  personne  frère  Philippe  le  Harle,  jadis  prieur  de  céans  et  prévost 
de  Thiais,  qui  trespassa  le  xvii'  jour  de  février,  Tan  de  grâce  m  ccc  et  vint.  Dieu  ait  l'ame  de  lui. 
Amen. 

Jehan  le  Harle,  écuyer,  seigneur  de  Parant  en  partie,  paunetier  du  Roy  nostre  sire, 
Charles  VI ,  nepveu  dudit  prieur,  a  fait  faire  ce  tombeau.  Lequel  a  servi  plusieurs  abbez  de  céans 
par  l'espace  de  xxxxvi  ans,  et  repose  au  cimetière.  H  trespassa  la  vigile  de  la  my  aoust  mil 
cccc  XXX.  Dieu  lui  fasse  mercy  et  à  tous  trespassez.  Amen. 

Cy  gist  Jehan  de  Coutures,  écuyer,  qui  trespassa  l'an  de  grâce  h  et  ccc  lv,  le  xvi  jour  de  mars. 
Priez  pour  l'ame  de  li. 

Ici  gist  Agnès,  jadis  femme  de  mestre  Raoul  de  Modferel,  qui  trespassa  en  l'an  de  grâce 
«  ce  Lxxx  et  V,  la  veille  de  la  Manceiche  '•',  Priez  pour  elle. 

Hic  jacet  bone  memorie  frater  Johannes  Bély,  quondam  succentor  hujus  ecclesie,  qui  obiit 
anno  Domini  millesimo  quadringentesimo  tertio  decimo,  in  vigilia  sancti  Andrée.  Orate  pro  eo. 

'"'  Le  a4  mars. 


120  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Troisième  rang  : 

Sanguine  preciarus,  sibi  vilis,  et  ordine  natus, 
Impiger,  antiquus  gregis  ac  virtutis  amicus, 

P de  Nangiaco  prior  bic  jacet,  astitit  a  quo 

In  grege  grande  bonum,  vigor  et  pax.  Tu  sibi  donum 
Fili  sancte  Dei ,  da  Chrisle ,  des  et  requiei. 
Unde  vigen  mille  cum  c.  et  transiit  ille 
Idus  in  terno  februi ,  non  absque  veterno. 

Hic  lapis  Agnetem  tegit;  extitit  orta  Moreto, 

Dulci  voce  peto,  sibi  da,  pie  Christe,  quietem. 

Ejus  eratfrater  hujus  ecclesie  dominator'i). 

0  Rex,  summe  pater,  buic  sis  pius  et  miserator.  Amen. 

Hic  jacet  frater  Johannes  de  Pontisara,  quondam  camerarius  hujus  ecclesie;  in  quo  sensus 
erat,  bonitas,  pax  et  moderamen.  Omne  malum  spernat,  pace  frualur.  Amen. 

Hic  jacet  frater  Petrus  de  Couliaco,  quondam  thesaurarius  istius  ecclesie,  vir  prudentissi- 
mus,  qui  obiit  anno  Domipi  m  ccclviii,  quarto  mensis  junii.  Anima  ejus  requiescat  in  pace. 
Amen. 

Hic  jacet  frater  Robertus  bone  memorie,  venerabilis  magister in  finem.  Istius  ecclesie 

cantor  extitit  egregius.  Obiit  anno  Domini  m  c  (?)  et  octogesimo  secundo,  in  vigilia  apostolorum 
Symonis  et  Jude.  Anima  ejus  per  misericordiam  Dei  requiescat  in  pace.  Amen. 

Quatrième  rang  : 

Quo  fugiam  miser,  o,  qui  feci  tôt  mala:  quero 
Quid  fiel  misero;  de  juste  vix  bene  spero. 
Non,  Deus,  ut  cujus  lapis  hic  est,  des  sibi  ne  jus, 
Sed  veniam  poscit  :  se  plus  peccasse  reo  scit. 

Hic  jacet  frater  Guillelmus  de  Domato,  monachus  istius  ecclesie,  cujus  anima preciosis  pre- 
cibus  gloriose  virginis  Marie  et  omnium  sanctorum  requiescat  in  pace.  Amen,  m  ce  lxxx  et  vu, 
la  veille  seint  Père  et  S.  Pol. 

Cy  gist  Emmeline  de  Petit  Pont,  jadis  famé  mestre  Eude  de  la  Courrarie,  qui  trespassa  Tan 
de  grâce  h  ce  lxxxviu,  a  sa kalende  d'avril.  Priez  Dieu  qu'il  ait  merci  de  s'ame. 


H  ccc... 


Hic  jacet  frater  Johannes  Guerin,  quondam  prepositus  de  Theodosio,  qui  obiit  anno  Domini 
ccc... 

'''  Gérard  de  Moret,  mort  en  1278. 


TOPOGRAPHIE    H1ST0R1Q.VE    DV   VIEVX    PARIS 


Façade     latérale 


Echelle  de  U  PKÇAdt  o 

h" I 


10  Mitres 
-' 1 


f-chelledoPian     *   i    »  a  »   *" 


20  U êtres. 

H 


J,SulpiB  d«l  eiftc. 


ABBAYE    SAINT    GERMAIN     DES    PRÈS 


PALAIS     A  B  B  /.   r  1  A  1 


ABBAYE  DE  SAINT-GERMAIN-DES-PRES.  121 

Cinquième  rang  : 

Ecce  prior  magnus,  jam  dudum  mitis  ut  agnus, 
Simon  formosus,  sapiens  et  religiosus, 
De  Montelleto  generoso  germine  natus. 
Cujus,  siplacet,  o  pie  Rex,  absterge  reatus. 

Cy  gisl  Jehans  de  Laigle,  escuyer,  qui  trespassa  l'an  de  grâce  h  ccc  et  xvii,  le  vendredi  après 
saint  Barnabe. . .  Priez  pour  l'ame  de  li. 

Cy  gist  Regnauid  de  Camps,  escuyer,  nés  de  Picardie,  jadis  lieutenant  du  chastelain  et  con- 
cierge du  Louvre;  qui  trespassa  à  Paris,  en  l'ostel  des  escoliers  de  Dainvilie,  devant  seint  Cosme 
et  seint  Damieu,  le  xxi  jour  d'avril  m  ccc  lxxx  et  v.  Priez  pour  l'ame  de  luy. 

Sixième  rang  : 

Hic  jacet  fraler  Henricus  de  Monte  Calvelo,  monachus  islius  ecclesie,  qui,  prepositus  Ville 
Nove  Sancii  Georgii,  obiil  anno  Domini  m  ce  nonagesimo,  vi  idus  februarii.  Anima  ejus  re- 
quiescat  in  pace. 

Annis  milleois  tricenis  et  quadragenis 
Octonis,  mensis  decembris  totque  calendis 
Migralus,  medici  [pre]  Adani(?)  positus  lci[aci] 
Parisius  juxta,  Sancti  Germani  cenobita. 
lllius  absque  mora  (itulum  qui  legeris,  ora. 

Hic  jacet  fréter  Petrus  Herouardi,  quondani  oflicial[is]  hujus  ecclesie,  qui  obiitanno  Doniini 
M  ccc  ocluagesimo  seplimo,  sexto  idus  julii,  décima  die  mensis  predicti.  Orale  pro  eo. 

Epilaphe  de  l'abbé  Mcolas  de  Ledit,  aussi  enterré  dans  la  chapelle  de  la 
Vierge  : 

Sub  lapide  (in?)  XPO  requiescil  nunc  de  Ladito 
Nicolaus  abbas.  Si  sexto  julii  tradas 
Idus,  reperias  cum  clauditur  ultima  dies. 
Anno  milleno  trecenlo  quater  quindeno, 
Adjunclo  primo.  El''  cœlo  levet  ab  imo.  Amen. 

Devant  le  portail  de  la  cliapelle  : 

Cy  gist  Alixandre,  moyne  de  ceste  église,  qui  fist  mettre  en  argent  le  menton  seint  Vincent 
et  le  chef  seint  Aman  et  le  pie  des  Innocens;  qui  toujours  en  son  vivant  fu  preud'homme  et 
vayllant.  Priez  pour  l'ame  de  lui. 

In  me  mors  sévit  puero,  sic  tibi  inolcvit  : 
Prosternit  juvenem  sepius  ante  senem. 
Monacbus,  abbatisque  nepos  de  stirpe  Johannis, 
Paucis  annis  vixi. 

'•'  «El,  nom  hébreu  signifiant  force  et  vertu,  se  prend  pour  Dieu,  comme  l'interprète  sainct  Hierosme,» 
(lit  Du  Breui. 

III.  lO 


122  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Cy  gisl  Pierre,  dit  Damedieu  de  Giry,  moine  de  Seint  Germain  des  Prez  de  Paris. 

Prions  pour  lui  à  Nostre  Dame. 

Que  son  chier  fius  veuille  avoir  l'ame. 

Gy  gist  frère  Jehan  de  Villemer, 
Jadis  de  ceste  église  aumosnier. 
Prions  à  Dieu  que  par  sa  grâce 
De  ses  péchez  pardon  li  face  '''. 


GRAND   CLOITRE. 
Du  côlé  du  chapitre  : 

Ciauditur  hac  tumba,  rosa  primula,  grata  columba  , 
Dulce  decus  morum,  genus  altum,  culmen  honorum, 
Guiilelmusdiclus  de  Rarre,  cujus  amictus 
Garnis  adil  cineres;  sit  regni  perpetui  hères. 
Hujus  nunc  anime,  Deus,  aime  pater,  miserere, 
Devotusprecor;  et  qui  versus  hos  leget,  oret 
Te  tumulus  ut  is  S. 

Hic  jacet  Guillelmus  de  Pouniarco(?),  monachus  istius  ecclesie  et  prepositus  de  Anloniaco, 
qui  obiit  anno  Domini  m.  ccc  xi,  viii  kalendas  februarii.  Anima  cjus  requiescat  in  pace.  Amen. 

Hic  jacet  magister  Gerardus  de  Romano,  utriusque  juris  doctor,  et  nnnachus  istius  ecclesie 
ad  succurendum;  qui Orale  pro  eo.  Pater  nosler. 

Hic  Herberte  jaces,  recoli  qui  dignus  in  hac  es 
Ecclesia;  mérita  le  iaudant  et  tua  vita. 
Pauperibus  Christi  vivons  bona  multa  dedisti, 
Et  nobis  laie  quod  crédit  nemo  jocale. 

Hic  jacet  frater  Guillelmus  de  Pivelas,  condam  terlius  prior  et  penilenciarius  de  intus,  qui 
obiit  anno  Domini  millesimo  quadringentesimo  quarto,  die  vigesima  quinta  mensis  oclobris. 
Orale  Deum  pro  eo. 

Hic  jacet  magister  Stephanus  de  Sacleis,  olim  Ihesaurarius  ecclesie  Reati  Hilarii  Pictaviensis, 
qui  obiit  sexto  kalendas  januarii,  in  festo  beati  Johanuis  Evangeliste,  anno  Domini  u  ce  lxxvi. 
Orate  pro  eo. 

Gy  gist  messire  Gharles  de  Saclois  (alias  Salers),  chevalier,  qui  trespassa....  en  l'an  de  grâce 
M  ce  LXXVI.  Orate  pro  eo. 

GaL.rius  de  Roulayo,  quondam  abbas  Sancti  Maglorii  Paris,  qui  laudabiliter 

vixit  per  lx  et  quatuor  annos obiit  anno  Domini  m  ccc  xxvvii,  xii  kalendas  novembris.  Orale 

pro  eo. 

'''  D.  Bouiliart  fait  observer  que  l'ëcriture  de  antiquité  d'au  moins  quatre  cents  ans,  ce  qui  équi- 
cette  ëpitaphe  et  des  trois  précédentes  indiquait  une        vaut  h  dire  qu'elles  dataient  environ  de  l'an  1 3oo. 


TOPOGRAPHIE  H1ST0RIQ,VE  DV  VIEVX  PARIS, 


Coupe     sur     le     Jardin 


:  ov.pt!  o        i        a        3       ^        5 


£chcUc  du  PlAi)       e    I    a   5  Ji    6 


20  Me '.ri 

H 


ABBAYE    SAINT   GERMAIN     DES    PRÉS 


ABBAYE  DE  SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS. 

Hic  doctor  Clemens  habuit  cor  nobile,  cleinens. 
Est  signum  vehemens  quod  XPC  erit  sibi  clemens. 
Prudens  canonicus  fuit  olim  Parisiensis, 
Et  Laudunensis  archilevila  pudicus. 


123 


Autre  épitaphe  : 

Cy  gist  noble  homme  Jean  de  Gabre,  secrétaire  du  Roy  et  greffier  du  greffe  et  de  la  ville  et 
vicairerie  de  Toulouze,  lequel  décéda  le  1 3"  jour  de  janvier  i55/i.  Priez  Dieu  pour  son  ame. 

Cy  gisent  nobles  personnes  Antoine  de  Cion,  conseiller  du  Roy  nostre  sire,  et  auditeur  en  sa 

chambre  des  comptes  à  Paris,  s'  des qui  trespassa  le  29" jour  d'avril  i556;  et  damoiselle 

Perrette  du  Prés,  sa  femme ,  qui  trespassa  le jour  de l'an  mil 


Les  armes  de  l'abbaye  étaient  :  d'azur  à  trois  Jleurs  de  lys  d'or,  à  cause  de  la  fon- 
dation royale,  avec  un  écu  en  abîme,  de  sable  à  trois  lésants  d'argent,  que  l'on  di- 
sait être  le  blason  de  saint  Germain  lui-même.  On  le  trouve  aussi  sous  une  autre 
forme;  l'écu  en  abime  s'est  agrandi,  et  l'azur  des  armes  de  France,  chargé  de 
six  fleurs  de  lys  d'or,  n'en  forme  plus  que  la  bordure. 


L'abbaye,  étant  une  des  grandes  juridictions  de  la  banlieue  de  Paris,  a  dû  s'af- 
lirmer  par  des  actes  nombreux,  et  elle  les  a  authentiqués  en  y  faisant  apposer  tantôt 
le  sceau  impersonnel  du  monastère,  tantôt  le  sceau  personnel  des  abbés  et  des 
divers  officiers  claustraux'''.  Ces  actes,  conservés  en  partie  aux  Archives  nationales, 


'''  Feu  Berly  n'avait  pas  donné  à  cette  partie  de 
son  travail  fimportance  qui  lui  appartient:  il  avait 
indiqué  quelques  sceaux  8eulenient,et  les  avait  dé- 
crits d'une  façon  sommaire,  sans  distinguer  sutTi- 
samment  les  sceaux  de  l'abbaye,  ceux  des  abbés  et 
ceux  des  oflîeiers  claustraux.  Il  nous  a  paru  que  la 
monographie  de  Saint-Germain-des-Prés  exigeait, 
uu  point  de  vue  sphragistiquc,  un  développement 
plus  considérable.  Nous  avons  donc  fait  recueillir, 


aux  Archives  nationales,  les  sceaux  les  mieux  carac- 
térisés ,  dans  chaque  catégorie.  Les  uns  ont  été  gravés 
sur  bois,  pour  être  intercalés  dans  le  texte;  les  au- 
tres ont  été  rangés  symétriquement,  de  manière  à 
former  deux  planches  consacrées,  la  première  aux 
abbés,  la  seconde  aux  officiers  chargés  de  fadminis- 
Iration  temporelle  du  monastère.  Ce  travail,  et  les 
explications  dont  il  fallait  l'accompagner,  ont  exigé 
la  refonte  complète  du  texte  de  l'auteur.  —  1..  m.  t. 

16. 


124  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

rournissentuiie  certaine  quantité  de  documents  sphragistiques,  parmi  lesquels  nous 
avons  fait  un  choix  qui  permît  aux  lecteurs  de  parcourir  sommairement  cette  in- 
téressante série. 

On  ne  connaît  que  deux  sceaux  du  monastère  :  le  premier,  appendu  à  une 
charte  de  1216,  est  de  forme  ogivale.  Il  représente  saint  Germain  debout,  vu 
de  face  jusqu'à  mi-jambes,  revêtu  d'un  costume  d'évêque,  bénissant  de  la  main 
droite  et  tenant  sa  crosse  de  la  gauche  (voir  le  n°  Il  de  la  première  planche). 
Légende  :  *  SICILLVM  SCÎ  ffERMHNI  PilRISIENSIS  EPISCOPI.  Le  second  sceau 
est  attaché  à  un  cahier  de  titres  de  iGgS;  mais  il  semble  remonter  au  moyen 
âge.  Il  est  la  reproduction  complète  du  premier,  et  n'en  diffère  que  par  des 
détails  insignifiants. 

Les  sceaux  personnels  des  abbés  étaient  aussi  de  forme  ogivale;  ces  dignitaires 
y  sont  représentés  debout,  de  face,  crosses,  mitres  et  bénissant  ou  tenant  un  livre. 
Le  plus  ancien  de  la  collection,  qui  remonte  à  l'année  1 1 38,  époque  où  Hugues  III 
administrait  le  monastère,  est  très-fruste  d'aspect.  Il  représente  un  personnage 
debout,  tenant  de  la  main  droite  un  sceptre  tîeurdelysé  et  de  la  main  gaociie  un 

livre  ouvert.  Un  seul  mot  de  la  légende  est  visible,  c'est  celui-ci  : aiCILLVM; 

le  reste  est  indistinct.  Ce  sceau  est  appendu  à  un  accord  entre  l'abbé  de  Saint- 
Germain  et  Etienne  de  Garlande,  au  sujet  de  Villeneuve  et  de  Valenton  (voir  le 
n"  I  de  la  première  planche). 

Hugues  V,  qui  était  abbé  en  1 176,  est  représenté,  sur  un  sceau  de  cette  même 
année,  debout  et  tête  nue,  autant  que  l'état  fruste  de  l'empreinte  permet  d'en 
juger.  Il  tient  la  crosse  de  la  main  droite  et  un  livre  de  la  main  gauche;  la  légende    . 
est  :  (*  S)I6'ILL  .  HVG-ONIS  HBBRTIS  SCI  ffERMflNI  PflRISIENSIS. 


Le  sceau  de  l'abbé  Eudes,  apposé  à  un  acte  de  laSA,  est  plus  distinct,  et  la 
forme  ogivale  en  est  très-nettement  accusée.  Le  personnage  a  la  même  attitude, 


TOPOGRAPHIE    HISTORIQVE    DV    VIEVX    PARIS 


E«L4uCo«p«t  \^nh\- 1  ■  ■), 


F  ï  !  ^  ;  r.      /.  b  b  ià  1 1  o- 1  B  t    P  l  &  Ii 


S-kti'-   i-.  r;»ii      I  I  I      I      I      I      I      I 
-H 1 1 1 h 


J  Salpia  4»\  ?i  >c 


ABBAYE    S'"    GERMAIN     DES    PRES 


I.S     DV    PALAIS     AB  FIA  , 


\BBAYE  DE  SAIM-GERMAIN-DES-PUÉS.  125 

et  la  Ugemh,  fort  lisible,  est  ainsi  conçue  :  *  S  •  ODONIS  HBBÏS  S  •  6'ERMHNI 
D  •  PRRTIS  •  PRR  . 


Un  contre-sceau  du  même  dignitaire  et  de  la  même  année,  montre  une  tête 
rasée  avec  la  couronne  monacale,  de  profil,  tournée  à  gauche,  avec  la  légende 
suivante,  qui  est  celle  des  anciens  rois  de  Navarre  :  *  CRRCIR  DÏ  SVM  ID  avOD 
SVM 


Ce  contre-sceau,  (jui  est  de  petite  dimension  et  de  forme  ronde,  présente  une 
certaine  originalité. 

Thomas  de  Mauléon,  lun  des  abbés  dont  l'administration  a  été  la  plus  active 
et  la  plus  féconde,  a  authentiqué  ses  actes  d'un  sceau,  que  nous  reproduisons  au 
n"  111  de  la  première  planche,  et  qui  représente  le  type  abbatial  ordinaire,  ac- 
costé de  deux  quartes-feuilles.  La  légende,  qui  se  lit  dillicilement,  porte  ces  mots 
et  ces  parties  de  mots  :  *  S'  TIjOM..  ..BATIS  S flNI  De  PRilTIS.  Le  contre- 
sceau,  en  forme  de  losange  (n^VI).  oflre  un  buste  d'évètjue,  entouré  de  la  lé- 
gende :  *  SfiNCTVS  CERMilNVS.  L'acte  est  de  l'année  i-iSi. 

Le  sceau  de  l'abbé  Raymond  (i985)  nous  offre  également  deux  empreintes. 
La  face  représente,  comme  toujours,  l'abbé  crosse,  mitre  et  bénissant,  avec  la 
légende  :  S  •  R  •  DÏ  GRR  HBBIS  SCÎ  GMR\  D  PTIS  PflRISIEH.  Le  revers,  ou 
contre-sceau,  de  forme  ronde  comme  celui  de  l'abbé  Eudes,  que  nous  avons  re- 
produit plus  haut,  porte  ces  mots  :  *  SECRETVM  stï  CERMRNI.  (Voiries  n"'  IV 
et  V  de  la  planche  première.) 


126  TOPOGRAPHIE  HISTORIOUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Jean  IV,  de  Précy,  qui  fut  élu  en  i33/i ,  a  fait  usage  de  sceaux  d'un  type  diffé- 
rent. Nous  en  avons  trouvé  deux,  l'un  de  forme  ogivale,  l'autre  de  forme  circu- 
laire. Dans  le  premier,  ce  dignitaire  est  représenté  en  costume  d'abbé ,  sous  une 
niche  gothique  très-ornée,  avec  la  légende  :  S  :FRÏS:lOHlS:ilBBÏS:SCl:6'ERMHNi: 
D'PRfiTISrPJiR'- 


Le  second  type,  de  forme  ronde,  ne  nous  présente  qu'un  contre-sceau,  sur 
lequel  est  figuré  un  abbé  ou  un  évêque  nimbé,  vu  de  face  et  à  mi-corps,  se  dé- 
tachant sur  un  fond  réticulaire,  avec  la  légende  suivante  :  SfiNCTVS  ceRMilNVS 
DG  PRilTlS. 


Un  demi-siècle  plus  tard  (1899),  le  sceau  de  Guillaume  III  nous  offre  une 
nouvelle  variante.  Dans  une  niche  gotliique,  du  même  style  que  celle  de  Jean  IV, 
saint  Germain,  placé  à  droite,  est  représenté  debout,  en  costume  épiscopal,  bé- 
nissant l'abbé  Guillaume,  placé  à  sa  gauche,  crosse,  mitre  et  agenouillé  devant 
lui.  Au-dessous  se  montre  l'écu  de  sable,  à  trois  besants  d'argent  et  à  la  bordure 
fleurdelysée,  tel  que  nous  l'avons  reproduit  plus  haut.  La  légende  est:  SCVILLERMI 
iiBBiS  SCÏ  G-ERMflNI  DE  PRilTIS  PROPE  PHRISIVS.  (Voir  le  n°  VU  de  la  pre- 
mière planche.) 

Un  type  particulier  nous  est  encore  fourni  par  le  contre-sceau  de  l'abbé  Hervé 
(iû56),  qui  présente  un  écu  chargé  d'un  dragon  ailé,  avec  une  crosse  en  pal  et 
la  légende  :  CONTS  REBATIS  S.  CERMJINI.  (Voir  le  n"  VllI  de  la  même  planche.) 


TOPOGRAPHIE    HISTORIOVE   DY  VIEVX   PARIS 


IX. 


i«««rni«r  dc]-&ac- 


SCEAVX  DES  ABBÉS  DE  SAINT  GERMAIN  DES  PRÉS 

'■  Sceau  de  Hugues  111  (ip58i     Il.Sceaude  1216     II!. Sceaude  Thomas  deMauleon  'i25i  »     IV,  Contre-Sceau  deThomas  de  Mauleoii 
V.Seeau  de  Raymond, (128b)     V!, Contre-Sceau  de  Rajmond    Vil.  Sceau  de  Guillaume  111  liSgg)     VIII,Coiiii-e  Sceau  de  lAbbc  Hervé  (i.'iiSI, 

IX.  Sceau  de  Henri  de  Bourbon.  Abb*  Commendataire  Ii663l 


TOPOGRAPHIE    HISTORIOVE   DV  VIEVX  PARIS 


■  Tweriuer  detJi  »c. 


SCEAVX  DES  OFFICIERS  CLAVSTRAVX  DE  LABBAYE  SAINT  GERMAIN  DES  PRÉS 

I  Sceau  delà  Prevot*.    II.  Sceau  d'un  Chambrier.     IlI.Sceau  de  lOmcalilé.    IV.  Sceau  de  laGramelerie, 
V  Sceau  d  un  Pr.eur.     VI.  Contre-Sceau  de  la  Prévoie.    VlI.Sceau  de  la  PUancene.    VIII  Conlre  Sceau  de  la  PUancene  , 

IX. Sceau  d un  Prieur.      X. Sceau  dun  Trtaorier 


ABBAYE  DE  SAINT-GERMAIN-DES-PRES.  127 

Enfin  l'un  des  plus  puissants  abbés  commendataires  du  vieux  monastère  Saint- 
Germain,  Henri  de  Bourbon,  faisait  apposer  sur  ses  actes  un  sceau  rond  de 
quatre-vingt-dix  millimètres  de  diamètre,  portant  l'écu  de  sa  famille,  avec  la  bri- 
sure héraldique  des  cadets  :  de  France,  au  bâton  péri  en  barre,  timbré  d'une 
couronne  et  entouré  des  colliers  de  Saint-Michel  et  du  Saint-Esprit,  sur  manteau 
d'hermine.  Légende  :  HENRI  DE  BOURBON,  DUC  DE  VERNEUIL,  PAIR  DE 
FRANCE,  COMTE  DE  SENLIS.   (N"  IX  de  la  même  planche.) 

A  côté  et  au-dessous  des  abbés,  les  principaux  officiers  du  monastère  avaient 
leur  part  d'administration  et  authentiquaient  les  actes  de  leur  gestion  au  moven 
de  sceaux  particuliers.  Parmi  ces  sceaux,  les  uns  étaient  impersonnels  et  ne  men- 
tionnaient que  la  fonction  claustrale  dont  ils  étaient  le  signe;  les  autres  portaient 
le  nom  du  dignitaire  qui  en  faisait  usage.  Nous  avons  groupé,  sur  une  seconde 
planche,  ceux  qui  nous  ont  paru  les  plus  caractéristiques  dans  chacune  de  ces 
catégories. 

La  série  des  sceaux  impersonnels  nous  présente  quatre  types  fort  curieux. 

Le  premier,  par  ordre  de  date  (i  267),  est  celui  de  l'officialité,  juridiction  dis- 
ciplinaire qui  comptait  parmi  les  plus  importantes  de  l'abbaye.  On  y  voit  un  per- 
sonnage de  face,  debout,  à  mi-corps,  bénissant  de  la  main  droite  et  tenant  une 
crosse  de  la  main  gauche.  11  sort  d'une  nue  sous  laquelle  est  la  fleur  de  lys,  qui 
rappelle  la  fondation  royale.  La  légende,  à  demi  eiïacée,  ne  contient  plus  que 
ces  mots  :  CVRIH  BÏ  CeRMilNI  DG  PTIS.  C'est  le  n°  III  de  notre  seconde  planche. 

Le  second  type,  que  nous  trouvons  à  l'année  i3o4,  est  le  sceau  de  la  prévôté 
de  l'abbaye.  Il  est  de  forme  ronde  et  présente  une  petite  image  topographique  du 
monastère.  Dans  le  champ,  une  Heur  de  lys,  souvenir  de  la  fondation  royale,  et  la 
crosse,  symbole  de  la  juridiction  abbatiale.  La  légende  porte  ces  mots  :  *  SICIL  • 
PREPOSITVRE  BÎ  6'E(RM)RNI  DE  PRfi(TIS).  Le  coutre-sceau  représente  une  tète 
de  profil,  tournée  à  droite,  avec  cette  légende  :  *  9TS  ''  PPOSITVRE  SCÏ  ffMHNI. 
Ce  sont  les  n**  1  et  VI  de  la  seconde  planche. 

Nous  rangeons  dans  la  même  catégorie  un  troisième  sceau  de  l'année  i38o, 
où  l'on  ne  peut  déchifl"rer  que  la  fin  de  la  légende  :  c'est  le  sceau  de  la  graine- 
terie du  monastère.  Il  représente  un  petit  monument  à  trois  tours,  avec  toits 
aigus  surmontés  de  croix;  ce  sont,  sans  doute,  les  greniers  de  l'abbaye.  La  tour 
du  milieu,  plus  élevée  que  les  deux  autres,  est  à  trois  étages,  et  sa  baie  est  rem- 
plie par  une  fleur  de  lys.  Les  deux  tours  latérales  sont  à  deux  étages  et  sans  baies. 
Au-dessus  de  la  tour  du  milieu  planent  deux  étoiles.  La  légende  ne  porte  que  ce 
mot  abrégé  :  ëTïflNI.  (N"  IV  de  la  seconde  planche.) 

"'   Conlra-tigillum. 


128  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

La  fin  du  xiv"  siècle  nous  offre  un  sceau  d'aspect  assez  original  :  c'est  celui  de 
la  pitancerie,  office  spécial  du  réfectoire.  Ce  sceau,  qui  porte  la  date  de  1896, 
est  de  forme  ogivale  et  représente  un  moine  debout,  tenant  un  couteau  d'une 
main  et  un  poisson  de  l'autre;  au  bas,  à  dextre,  se  voit  la  fleur  de  lys  accoutumée, 
et  à  sénestre  une  rose  ou  quinte-feuille.  Sous  la  terrasse  est  gravé  l'écu  du  mo- 
nastère :  de  sable,  à  trois  besants  d'or,  posés  deux  et  un,  à  la  crosse  abbatiale  bro- 
chant sur  le  tout  et  à  la  bordure  fleurdelysée.  La  légende  porte  ces  mots  :  (S .  PI- 
TAiNCIflRIE  SCI  6"ERMilHI  DE  PRRTIS  iVSTfl  PJl(R).  Le  contre-sceau  ,  dépourvu 
de  toute  légende,  montre  un  médaillon  à  quatre  lobes  et  quatre  pointes,  conte- 
nant deux  fleurs  de  lys  et  un  poisson.  (N"*  Vil  et  VIII  de  la  seconde  planche.) 

Dans  la  série  des  sceaux  personnels  figure,  en  première  ligne  chronologique, 
celui  du  prieur  Eudes,  qui  porte  la  date  de  1228,  époque  ofi  son  homonyme  — 
lui-même  peut-être,  cumulant  les  deux  fonctions  —  gouvernait  le  monastère.  Le 
prieur  est  représenté  à  gauche,  de  profil,  assis  sous  un  clocheton  qui  surmonte 
une  stalle,  et  hsant  dans  un  livre  ouvert  sur  un  pupitre.  La  légende  offre  ces  mots  : 
S  ODoniS  PRIORIS  soi  ffeRMAni  PRR.  Le  siège  et  le  pupitre  offrent  des  détails 
très-curieux.  (N"  IX  de  la  seconde  planche.) 

Vingt  ans  plus  tard,  en  1  2  5  3,  nous  rencontrons  le  sceau  de  Galeran  ou  Valeran, 
camérier  ou  chambrier  de  l'abbave.  Ce  personnage  est  représenté  debout,  vu  de 
face,  et  tenant  à  la  main  une  clef,  ou  peut-être  des  ciseaux;  l'indécision  du  dessin 
et  l'usure  de  l'ernpieinte  ne  permettent  pas  de  distinguer.  On  lit  autour  celte  lé- 
gende :  (S)  VilLERflNDI  CflMERflRII  S  •  6"ERM  D  •  P  •  TIS  (PAR  •) 

En  1270,  nouveau  sceau  du  prieur  de  l'abbaye,  personnage  considérable  qui, 
après  l'abbé,  occupait  le  premier  rang  dans  la  hiérarchie  monastique.  L'empreinte 
nous  montre  deux  saints  personnages  debout  et  priant  dans  une  niche,  ou  stalle 
géminée;  à  droite,  saint  Vincent,  et  à  gauche,  saint  Germain.  La  légende  :  S  av- 
MONIS  PCRIS  SCT  gUr  PRR,  nous  apprend  que  nous  avons  sous  les  yeux  le 
sceau  de  Simon,  prieur  du  monastère.  (N°  V  de  la  seconde  planche.) 

Enfin,  à  une  époque  indéterminée,  se  place  le  sceau  d'un  des  trésoriers  de 
l'abbaye.  Ce  ministre  des  finances  monastiques  ne  s'est  pas  fait  représenter  lui- 
même  sur  le  sceau  dont  il  faisait  usage  pour  les  actes  de  sa  gestion.  11  y  a  fait 
graver  deux  dés,  instruments  de  calcul,  entre  deux  chandeliers.  Rien  de  plus 
clair  que  cette  figuration  emblématique  :  les  comptes  de  l'abbaye  se  font  en  pleine 
lumière;  rien  de  ténébreux  dans  le  maniement  des  deniers  du  monastère.  La  lé- 
gende porte  ces  mots  :  S  IOI7IS  TiySRV...  m  D  PRRTIS  PRR.  (N"  X  de  la  se- 
conde planche.) 

Une  monographie  détaillée  de  l'abbaye  comporterait  beaucoup  d'autres  ren- 
seignements; mais  nous  ne  devons  point  oublier  que  la  nôtre  a  plus  particulière- 


TOPOGRAPHIE    HISTORIQVE  DV  VIEVX  PARIS 


A  .  Poréej-  t<ri^-%e4ji^e^ . 

B    Afoison^  dt.  tendes. 
C .  Parais  de  lEatixe  ■ 

E  .  0i^zpeUe  de  la^Vis^e  ■ 

c  .  PeUl  CUtire . 
H.  Grand.  CtoUrt.. 
I .  BthUotheQii^jx 


L .  Rêfectût'rt.  • 

M-  C^tU^intJ) . 

N ,  Dofto  ir  dej  Sup 

O .  Bureau jc  . 

P  .  Cour  intérieur^  ■ 

<\.  Pfessoirxf  ■ 

R .  Bouldfxaerie  ■ 

S  .  RcurCe-t  ■ 


Explication. 
T .  tJaMiii 
V.  In^ntcri^  . 
X  .Jardin,  de  (tn/irmerU.  ■ 
Aftu-     Y.  La-voir. 

Z-  Doréoiydej-  OoUs- 
l .  PalaisAhhaiial . 
t .  *  Jardin  Abbatial  ■ 
3'  Cffur- 
4.  Avanà-cour . 


^  .  ^pparttmf.  déJ-  OntcUn. 
S.  EéCUiriej. 
y-  G  reniera- 

g.  Afaisoru-  dôlhnclos  Ahh . 
^.  BaiUia^e^- 
iO.Ported-  tjUe'ricut^'f  ' 
n.  Prisoru-  du  Bailliage  ■ 


VÙË  SEPTENTRIONALE  DEL  ABBAYE  DE  SGERMAINDES  PREZ 

TeUe   àu,'ell&  ut prcaenJxnvervh. 


LABBAYE    DE    SAINT    GERMAIN    DES    PRÉS 

AV    COMMENCEMENT    DV    XVIII»   SIÈCLE 
Reproduction  reduile  d  une  Planche  publiée  par  D  Boiiillart. 


ABB'AYE  DE  SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS.  129 

ment  le  caractère  lopographiqiie.  Nous  renvoyons  donc  au  savant  ouvrage  de 
D.  Bouillart,  aux  grands  recueils  des  Bénédictins,  continués  de  nos  jours  par 
l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  ainsi  qu'à  l'excellente  réédition  de 
labbé  Lebeuf,  donnée  par  M.  H.  Cocheris,  pour  tout  ce  qui  concerne  l'histoire 
religieuse,  civile  et  littéraire  de  Saint-Germain-des-Prés.  , 


RUE  DE  L'ÉGOUT.  131 


CHAPITRE    IIJ. 

SUITE  DE  LA  DESCRIPTIO\  DES  RUES  DU  BOURG  SAINT-GERMAIN. 


RUE   DE   L'EGOUT. 

La  rue  de  l'Egout,  aujourd'hui  absorbée  dans  le  tracé  de  la  rue  de  Rennes, 
couimençait  au  carrefour  Saint-Benoît  ef  finissait  à  la  rue  du  Four. 

Lecensierde  i355  mentionne  un  certain  rr .Jehan  Forestier,  pour  sa  masure  que 
flan  dit  à  la  Lanterne,  ^  et  c'est  à  lui  que  la  rue  de  l'Egout  doit  le  pi-emier  nom 
qu'on  lui  trouve.  Des  titres  de  l'iog  et  1899  offrent  des  indications  de  la  rue 
Forestier,  qui,  dans  le  même  siècle,  s'est  aussi  appelée  rwc  de  la  Courtille,  parce 
«|u"elle  conduisait  au  clos  de  l'Abbaye,  et  «rue  de  Tarennes,T)  à  cause  de  l'hôtel 
de  Taranne,  qui  y  avait  son  entrée.  Nous  lisons  dans  un  acte  de  i536  :  «ruelle 
T  qui  va  en  Tarennes,  -n  et  dans  le  censier  de  1  53 1  :  (t  rue  de  Tarennes,  aultremenl 
-dicte  la  rue  du  Forestier  et  de  la  Courtille ;t'  mais  alors  la  première  dénomina- 
tion était  devenue  la  plus  commune.  Plus  tard,  on  a  dit  Grande  rue  de  Tarennes 
(1595),  afin  d'éviter  la  contusion  avec  la  Petite  rue  Taranne  récemment  ou- 
verte; et,  bientôt  après,  l'égout  creusé,  vers  lôyS,  pour  l'écoulement  des  eaux  de 
la  rue  du  Four  et  des  environs,  a  fait  remplacer  le  nom  de  rue  Taranne,  qui 
passa  à  une  autre  voie,  par  celui  de  rue  de  l'Egoût.  Le  censier  de  1628  indique 
îrla  rue  Tarenne,  aultrement  dicte  la  rue  de  rEgoust,n  et  le  plan  de  Gomboust, 
"la  rue  des  Esgousts.u  Au  reste,  là  ne  s'arrête  pas  la  liste  des  vocables  appliqués 
à  la  rue  de  l'Egout,  et  nous  nous  sommes  assuré,  non  sans  difficulté,  qu'elle  est 
la  même  que  \a  l'ue  des  Vaches,  énoncée  dans  des  documents  de  i5i8,  lôay, 
loio,  ir)62  et  ifi'io.  Elle  constituait  effectivement  le  chemin  que  devaient  par- 
courir les  vaches  du  bourg  Saint-Germain,  lorsqu'on  les  menait  aux  pâturages 
des  iles. 

Le  carrefour  Saint-Benoît  s'appelait,  au  xvi''  siècle,, /e  carrefour  aux  Vaches;  mais 
généralement  la  localité  est  mentionnée  sans  dénomination  particulière.  On  y 
franchissait  l'égout  parle  moyen  d'un  pont  de  pierre,  qui  était  situé  en  ïace  de  la 
lue  Taranne,  et  qu'un  titre  de  i6o4  énonce  «le  pont  antiennement  appelle  jboh/ 
'rdes  Moijnes.-i   Ce  pont  existait  encore  en  i635,  et  n'a  sans  doute  disparu  qu'à 


132  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

l'époque  où  Ton  a  voûté  l'égout,  c'est-à-dire  vers  i64o.  En  cette  même  année, 
Christophe  Gamard,  qui  l'avait  fait  détruire,  eut  à  ce  sujet  une  contestation  avec 
les  trésoriers  de  France. 

CÔTÉ  ORIENTAL. 


PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Maison  sans  désignation  (iSgg),  faisant  le  coin  de  la  rue  Sainte-Marguerite. 
Elle  était  déjà  divisée  en  deux  vers  1628,  et  le  second  corps  d'hôtel  faisait  hache 
derrière  celui  du  coin.  Le  6  mars  liia,  elle  fut  vendue  au  houcher  Lorin 
Gauldry,  par  Etienne,  seigneur  d'Avanton,  en  Limousin. 

Maison  sans  désignation,  qui,  en  i523,  contenait  des  granges,  des  étables  et 
un  jardin  s'étendant,  à  ce  qu'il  semble,  sur  le  chemin  des  Fossés  (rue  Sainte- 
Marguerite),  jusqu'à  la  maison  des  Ciseaux.  Les  titres  relatifs  à  cette  masure  lui 
prêtent  un  arpent  de  superficie,  ce  qui  est  peu  vraisemblable. 

Maison  sans  désignation  (iSgô),  qui  paraît  être  un  morcellement  de  la  précé- 
dente. 

Maison  avec  bergerie  (i523),  contiguë  à  la  maison  du  coin  de  la  rue  du  Four. 
En  1628,  elle  était  déjà  annexée  à  une  maison  de  la  rue  du  Four. 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 


PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Jardin,  puis  maison  de  la  Gallée-d'Or  (i522-i595),  contiguë  à  la  maison 
faisant  le  coin  de  la  rue  du  Four. 

Maison  sans  désignation  (iBgB),  faisant  le  coin  méridional  de  la  Petite  rue 
Taranne.  Cette  maison  et  les  suivantes  ont  été  élevées  sur  le  terrain  de  l'ancien 
hôtel  Taranne.  (Voir  Rue  Taranne.) 

Deux  maisons  sans  désignation  (1628),  dont  la  première  faisait  le  coin  septen- 
trional de  la  Petite  ru'e  Taranne.  Nous  n'avons  pu  reconnaître  si  elles  existaient 
déjà  au  XVI''  siècle. 

Grande  maison   sans  désignation,  faisant  le  coin  de  la  rue  Taranne.  C'était  un 


RUE  D'ENFER.  133 

des  deux  grands  lots  provenant  du  morcellement  de  l'hôtel  de  Taranne.  En 
1 696 ,  après  avoir  appartenu  à  Séraphin  du  Tillet,  greffier  civil  au  Parlement,  elle 
était  possédée  par  M""  de  Vaumesnil.  Dans  le  milieu  du  siècle  suivant,  la  pro- 
priété était  remplacée  par  cinq  maisons  faisant  front  tant  sur  la  rue  de  l'Égout  que 
sur  la  place  Saint-Benoît,  et  par  trois  autres  sur  la  rue  Taranne.  La  première  des 
maisons  construites  sur  son  emplacement,  celle  oi!l  a  été  ouvert  le  passage  du 
Dragon,  s'appelait,  en  1  687,  l'Académie  du  sieur  de  Longpré,  et  elle  renfermait  un 
manège  dès  i65a. 


RUE   D'ENFER. 

La  rue  d'Enfer  commençait  aux  fossés  de  la  ville,  devant  la  porte  Saint-Michel, 
à  l'extrémité  de  la  rue  des  Francs-Bourgeois,  et,  après  un  certain  parcours,  elle 
se  transformait  en  un  chemin  de  très-médiocre  importance,  qui  menait  vers  Mont- 
rouge;  mais  ce  chemin  dépendait  du  faubourg  Saint-Jacques,  et  nous  en  repar- 
lerons en  son  lieu.  La  partie  de  la  rue  d'Enfer  comprise  entre  les  fossés  et  l'ancien 
chemin  de  Vanves,  ou  d'issy,  se  rattache  seule  au  faubourg  Saint-Germain,  dont 
elle  constituait  une  limite.  Continuant  la  rue  de  la  Harpe,  elle  remplaçait  une 
voie  gallo-romaine,  sur  laquelle  s'embranchait  le  chemin  de  Vanves,  et  on  ne  la 
considérait  généralement  que  comme  un  tronçon  de  celui-ci.  Il  y  est  ainsi  fait 
allusion  sous  le  nom  de  cheminum  Issiaci  dans  la  sentence  de  1210,  relative  aux 
bornes  de  la  paroisse  Saint-Sulpice,  et  elle  a  été  désignée  par  la  formule  via  qua 
itur  apud  Vallem  iiridem,  en  1  25 1 ,  ainsi  que  par  une  formule  analogue,  en  1  2  65(". 
Suivant  Jaillot,  elle  aurait  été  dite,  en  i958,  «rue  de  la  Porte  Gibart,^  et  nous 
la  trouvons  énoncée  «rue  par  laquelle  on  va  de  la  porte  Saint  Michel  aux  Char- 
«treux,ii  en  i635;  a  chemin  par  où  l'on  va  de  ladite  porte  Saint  Michel  au 
«clos  des  Chartreux,'))  en  i453;  tr chemin  tendant  de  la  porte  Saint  Michel  au 
(T couvent  des  Chartreux,))  en  1018;  rgrant  chemyn  de  la  porte  Sainct  Michel 
ftallant  aux  Chartreux, a  en  i5/i5;  crrue  tendant  aux  Chartreux.))  en  1682,  et 
cr rue  des  Chartreux ,))  en  1671,  i58i,  1687,  etc. 

Aussi  bien,  dans  la  seconde  moitié  du  x\f  siècle,  la  partie  de  la  rue  d'Enfer 
dont  nous  parlons  a  commencé  à  n'être  plus  distinguée  du  chemin  conduisant  à 
Montrouge,  avec  lequel  elle  s'est  confondue,  et,  en  conséquence,  elle  a  reçu  les 
mêmes  dénominations  de  rue  Neuve,  rue  Neuve-Saint-Michel  et  Saint-Louis.  C'est 

'''  Nous  ne  connaissons  aucun  ancien  exemple  (lu  de  Vauvert.  "  La  rue  d'Enfer  ne  pouvait  guère  uié- 

nom  de  rve  de  Vauvert,  cité  par  Jaillot,  qui  a  peut-  riter  le  nom  de  rue  avant  d'être  bordée  de  maisons, 

être  un  peu  cflufondu  les  époques;  mais  nous  avons  et  elle  ne  l'était  point  encore  au  temps  de  Fran- 

lu  dans  un  titre  de  1680  :  tfrue  d'Enfer,  autrement  çoig  |"_ 


134  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

au  tronc  commun  des  deux  voies  —  celle  du  faubourg  Saint-Germain  et  celle  du 
faubourg  Saint-Jacques  —  qu'a  spécialement  été  appliquée  l'appellation  de  rue 
d'Enfer;  nous  le  croyons  du  moins,  parce  que  la  première  mention  que  nous 
ayons  découverte  de  la  rue  d'Enfer,  avec  ce  vocable,  ne  date  que  de  loGg,  et 
qu'elle  est  constamment  désignée  d'une  manière  différente  dans  tous  les  docu- 
ments, en  assez  grand  nombre,  oi'i  il  en  est  question  antérieurement.  Nous  ferons 
observer,  de  plus,  que  le  nom  de  rue  d'Enfer  n'a  guère  été  employé  avant  le  règne 
de  Louis  XIII,  et  que  l'on  écrivait  encore  crrue  Saint  Michel  lez  Paris  n  en  1629. 
On  a  dit,  en  outre,  rue  des  Pavillons  vers  1  689. 

Suivant  Piganiol,  dont  l'opinion  a  été  adoptée  par  Jaillot,  le  nom  de  la  rue 
d'Enfer  proviendrait  de  sa  situation,  moins  élevée  que  colle  de  la  rue  Saint- 
.lacques;  mais  nous  rejetterons  obstinément  cette  hypothèse,  tant  que  l'on  ne  nous 
aura  pas  prouvé  qu'il  existe  des  documents  où  la  rue  Saint-Jacques  est  qualifiée 
de  via  superior,  et  la  rue  d'Enfer  de  via  injerior  ou  inféra,  comme  on  trouve  com- 
mode de  l'imaginer  afin  de  justifier  l'élymologie'*'.  Il  est  infiniment  plus  probable 
que  la  rue  d'Enfer,  autrement  Saint-Michel,  a  emprunté  son  nom  à  la  porte  voi- 
sine, pareillement  dite  d'Enfer  ou  Saint-Michel,  et  le  fait  semble  en  quelque 
sorte  évident.  Il  est  possible  aussi  que  le  mot  enfer  ait  réveillé  le  souvenir  de  la 
tradition  populaire  sur  les  démons,  anciens  hôtes  de  Vauvert,  et  que  tel  soit  le 
principal  motif  pour  lequel  l'appellation  de  rue  d'Enfer  a  fini  par  prévaloir  sur  les 
deux  ou  trois  autres  qui  ont  été  également  en  usage.  On  remarquera  qu'elle  ap- 
paraît simultanément  au  faubourg  de  la  rive  gauche  et  dans  la  Cité,  où  elle  ne 
saurait  assurément  s'expliquer  par  une  légende  fantastique. 

Au  \i\f  siècle,  le  voisinage  du  coin  formé  par  la  rue  d'Enfer  et  le  chemih  de 
Vanves  se  nommait  ffl'Ourmele  Royn  (1299),  Ulmeolum  Régis  (1996),  à  cause 
de  quelque  ormeau  qui  s'élevait  là,  à  la  façon  de  ceux  (ju'on  était  dans  l'habiliide 
do  planter  aux  carrefours.  La  ferme  de  1  Hôtel-Dieu,  située  en  cet  endroit,  est 
énoncée  dans  une  charte  de  1  266  :  irLltra  portam  Gihardi,  ah  oppositis  vinearum 
frdomini  Régis,  in  cuneo,  ad  Urmetellum,  juxta  viam  por  quam  itur  ad  Vallem 
rt  Viridam  (sic).-n 

Le  pavé  de  la  rue  d'Enfer,  depuis  la  porte  Saint-Michel  jusqu'au  monastère 
des  Chartreux,  fut  fait  aux  frais  de  Thierry  de  Lyencourt  f"^*,  l'un  des  bienfaiteurs 


'''  Quoi  qu'en  dise  l'auteur,  et  malgré  l'absence 
de  docuinenls  écrits,  la  rue  d'Enfer  était  réellement 
une  via  mferior.  Sa  situation ,  par  rapport  à  la  grande 
voie  de  la  rue  Saint -Jacques,  son  niveau  moins 
élevé ,  son  importance  secondaire  et  son  rôle  sup- 
plémentaire l'indiquent  clairement.  Il  en  existait 
d'ailleurs  un  autre  exemple  aussi  concluant  :  c'est 
celui  que  présentait  la  rue  d'Enfer  en  la  Cité,  lon- 
geant extérieurement  le  rempart  gidio-romain.  Au 


reste,  quelques  lignes  plus  loin,  l'auteur  infirme 
lui-même  son  opinion,  en  signalant  la  simultanéité 
chronologique  d'appellation  des  deux  rues,  et  en 
admettant  implicitement  que  la  rue  d'Enfer  de  la 
Cité  était  bien  une  via  inferior.  —  th.  v. 

'"'  Theodorus  de  Lyencuria,  et  non  de  Biencourt. 
comme  écrivent  Du  Breul  et  Félibien.  (Conf.  la 
Généalogie  des  maistres  des  requestes  de  l'HosIel  dv 
Roy,  in  fol.  Paris,  1670,  p.  87.) 


RUE  D'ENFER.  135 

de  ces  moines  rr . .  .  .lequel  pavé,  dit  Du  Breul,  fut  encore  refait  tout  de  neuf  en 
(rl'an  i5o6,  par  la  diligence  et  mesnage  desdits  religieux,  moyennant  certaines 
ft  sommes  de  deniers  provenants  des  amendes  de  la  cour  de  Parlement  et  de  la 
iT  Chambre  des  comptes,  que  messieurs  de  l'Hostel  de  Ville  leur  firent  délivrer,  n 
Thierry  de  Lyencourt,  qui  vivait  sous  le  règne  de  Charles  V,  avait  aussi  bâti,  pour 
son  usage,  r audit  lieu  de  Vauvert,  sur  les  grands  murs  devers  Notre  Dame  des 
«Champs,  11  un  hôtel  touchant  lequel  nous  ne  possédons  point  de  renseignements. 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 


PAROISSE    SAIM-ETIENNE-Dl-MONT. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE  SAINTE-GENEViÈVE. 

Ferme  ou  Pressoir  de  l'Hôtel -Dieu,  faisant  le  coin  septentrional  du 

chemin  de  Vanves  et  contigu  au  monastère  des  Chartreux.  (Voir,  dans  le  tome 
deuxième  de  cet  ouvrage,  le  treizième  triage  des  terres  en  culture.)  Au  mois 
de  mars  1228,  Odon  de  Vernouillet,  chevalier,  et  sa  femme  Marguerite,  cédèrent 
à  Roger  Comin,  pour  cent  vingt  livres  parisis,  un  clos  de  vigne  qui  avait  été  à 
Philippe  de  Saint-Paul,  aussi  chevalier  et  père  de  Marguerite.  Au  mois  de  février 
1226,  Haoïse,  veuve  de  Pierre  Vilain,  vendit  à  Roger  Comin,  pour  la  somme  de 
vingt-quatre  livres  parisis,  une  pièce  de  vigne  qu'elle  avait  près  du  lieu  dit  l'Orme- 
du-Roi .  apud  Ulmeohim  liegis,  dans  la  censive  d'Agnès  de  Codreesso.  Au  mois 
d'octobre  12Û8,  Philippe  Comin,  reconnaissant  que  les  vignes  attenantes  à  un  pres- 
soir qu'il  possédait  près  de  Vauvert  étaient  grevées,  envers  l'archiprètre  de  Saint- 
Séverin,  d'une  redevance  annuelle  de  deux  muids  de  vin,  en  assigna  le  payement 
sur  d'autres  vignes  qu'il  avait  à  Ivry.  En  décembre  1261 ,  le  même  fit  acquisition: 
1°  de  trois  quartiers  de  vignes  voisines  des  siennes,  qui  étaient  situées  dans  la  terre 
de  la  confrérie  Saint-Martin  de  l'église  Saint-Séverin,  et  que  lui  abandonnèrent, 
moyennant  vingt-six  sous  parisis,  Richard  de  Ollyaco  et  sa  femme  Héloïse;  2°  de 
trois  quartiers  de  vignes  conliguës  à  celles  du  chapitre  Notre-Dame,  en  bordure 
sur  la  voie  allant  à  Vauvert  (rue  d'Enfer),  et  que  lui  cédèrent  également  pour 
vingt-six  sous  parisis  Barthélémy  de  Montreuil  et  sa  femme  Benoîte,  lesquels 
tenaient  ces  vignes  du  roi  «à  moitié,  d  En  février  1267,  l'abbaye  Saint-Victor,  en 
échange  d'un  arpent  et  demi  de  terre  labourable  au  (>hardonnet,  renonça  à  deux 
sous  de  chef- cens  qu'elle  percevait  sur  le  clos  qui  avait  été  à  Philippe  de  Saint- 
Paul,  et  dont  jouissait  alors  Théophanie,  veuve  de  Philippe  Comin. 

Nous  avons  lu,  dans  les  archives  de  l'abbaye  Sainte-Ceneviève,  qu'en  i258 
quelques  maisons  au  duc  de  Bourgogne,  existant  dans  les  environs  du  Pressoir, 


130  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

y  furent  plus  tard  réunies,  et  qu'en  1268  la  métairie  appartenait  à  Guillaume  de 
Mâcon.  Celui-ci  n'est  sans  doute  qu'un  seul  individu  avec  Guillaume  Vinterarius, 
dont,  au  mois  d'avril  1266,  la  veuve  Pétronille  la  Vignotière  donna  à  l'Hôtel- 
Dieu  le  Pressoir  et  six  arpents  de  vignes  en  un  clos,  qui  en  dépendaient,  cette 
aumône  devant  servir  à  fonder  une  chapelle  pour  le  salut  de  l'âme  du  défunt. 
Enfin,  l'an  1297,  le  dimanche  devant  la  Saint-Denis,  Pétronille,  veuve  de  Nicolas 
Arrode''',  donna  aussi  aux  frères  de  l'Hôlel-Dieu  une  pièce  de  vigne  attenante 
aux  leurs,  et  contenant  un  arpent  et  demi.  Telles  sont,  d'après  les  documents 
authentiques'^',  les  origines  du  Pressoir,  que  les  titres  énoncent  aussi  la  ferme 
de  l'Hôtel-Dieu. 

Les  maîtres  de  l'Hôtel-Dieu  aliénèrent  plusieurs  fois  le  Pressoir,  à  long  terme, 
et  il  appartint  ainsi  à  M''  Nicolas  Gossemart,  procureur  du  roi  au  Châtelet,  qui 
en  fut  ensaisiné,  le  7  janvier  i435,  par  l'abbé  de  Sainte- Geneviève.  Le  Pressoir 
était  chargé  d'abord  de  cinq  livres  parisis  de  cens  envers  ce  monastère,  et  il 
ne  le  fut,  dans  la  suite,  que  de  trois  sous  six  deniers,  à  raison  de  six  deniers 
par  arpent.  La  ferme  contenait  effectivement  sept  arpents,  ou,  d'après  une  esti- 
mation plus  récente  et  apparemment  plus  juste,  sept  arpents  et  demi.  Remise  aux 
mains  des  administrateurs  de  l'Hôtel-Dieu,  elle  fut  de  nouveau  baillée,  à  plusieurs 
reprises,  notamment  au  laboureur  Minart,  le  7  décembre  1576.  Enfin,  les  18  et 
19  juin  161 3,  après  un  premier  refus,  les  administrateurs  de  l'Hôtel-Dieu  l'aban- 
donnèrent à  Marie  de  Médicis,  qui  voulait  en  annexer  le  terrain  à  son  parc  et 
l'acheta  cinquante  mille  livres,  mais  en  obtenant  en  même  temps  une  pièce  de 
vingt-cinq  arpents  qui  faisait  partie  d'une  autre  pièce  contenant  cinquante  afpents 
et  demi;  elle  était  située  au  delà  des  Chartreux  et  dépendait  de  la  Ferme. 

Les  bâtiments  de  la  Ferme  de  l'Hôtel-Dieu  s'étendaient  sur  le  chemin  de 
Vanves,  et  offraient  un  double  pan  coupé  à  l'encoignure  de  la  rue  d'Enfer,  le 
long  de  laquelle  il  n'y  avait  qu'un  mur  commençant  à  quatorze  toises  au  nord  de 
l'axe  supposé  prolongé  de  la  rue  Saint-Dominique.  Indépendamment  du  Pressoir, 
la  Ferme  contenait  des  granges,  des  étables,  des  clos  et  un  moulin  à  vent,  dont 
il  est  question  dès  i533.  Il  est  dit,  dans  une  déclaration  de  1587,  qu'il  étail 
posé  ftsur  une  tour  de  pierre,  «  et  l'assertion  est  confirmée  par  le  plan  manuscrit 
de  Quesnel,  que  nous  reproduisons  ci-contre. 

Sauvai  a  dit  W,  et  l'on  n'a  pas  manqué  de  le  répéter,  que  le  Pressoir  de  l'Hôtel- 

'''  La  famille  bourgeoise  des  Arrode  était  riche.  personne.  D'après  des  titres  relatifs  h  Sainl-Jacques- 

Au  xni"  siècle,  elle  possédait,  entre  autres,  divers  de-la-Boucherie ,  il  pourrait  se  faire  que  celte  Pé- 

immeubles  dont  une  partie  a  servi  à  l'agrandisse-  Ironille  eût  eu  successivement  trois  maris,  au  der- 

ment  de  l'église  Saint-Jacques-de-la-Boucherie.  nier  desquels  elle  aurait  survécu.  —  th.  v. 
Quant  à  Pétronille  de  la  Vignotière  et  à  la  veuve  de  •'    Arch.  des  hôpitaux ,  lay.  76 ,  n"  432  el  433. 

Nicolas  An-ode,  il  semblerait  que  ce  fût  la  même  '''  T.  II,  p.  365. 


RUE  D'ENFER.  137 

Dieu  était  le  même  que  le  Pressoir  de  Gibart.  C'est  une  méprise  grossière  :  les 
deux  établissements,  éloignés  l'un  de  l'autre  de  plus  de  quatre  cents  mètres, 
n'ont  jamais  eu  le  moindre  rapport,  à  part  la  similitude  de  leur  destination,  et 
ils  relevaient  de  fiefs  difl'érents. 

Deux  maisons,  dont  la  première  avait  pour  enseigne  l'Écu-de-France ,  en  1 589, 
et  la  seconde  s'appelait  la  Maison  de  briques,  en  i585.  Elles  ne  formaient  qu'une 
propriété  en  161 3,  et  étaient  pour  lors  en  ruines.  Elles  avaient  été  bâties  sur 
deux  places,  chacune  large  de  quatre  toises  et  profonde  de  quinze  et  demie,  qui 
furent  vendues  par  l'Hôtel-Dieu  à  Pierre  Huberson,  le  i5  juillet  i565.  Une  troi- 
sième place,  exactement  de  mêmes  dimensions,  qui  fut  cédée,  le  8  juin  15/17, 
au  nommé  Jean  Lenormand,  à  charge  de  bâtir,  était  attenante  aux  précédentes, 
et  devint  ensuite  un  jardin.  Elle  était  contiguë  à  une  allée  servant  d'issue,  sur  la 
rue  d'Enfer,  à  la  pièce  «en  hache,  close  à  murs,T5  d'un  arpent  et  demi  et  sept 
perches,  laquelle  fut  acquise  de  l'Hôtel-Dieu  par  le  duc  de  Luxembourg,  le 
18  mars  i588,  et  était  séparée,  par  une  haie  de  rosiers,  d'avec  les  maisons  du 
Clos-aux-Bourgeois.  L'Hôtel -Dieu  prétendait  avoir  en  sa  censive  cette  pièce  de 
terre  et  les  maisons  situées  par  devant. 

JUSTICE 
ET  CENSIVE  DU  CHAPITRE  NOTBE-DAME. 

Maison  sans  désignation,  qui  paraît  avoir  été  construite  au  milieu  du  xvi' siècle, 
mais  dont  nous  n'avons  pu  retrouver  les  titres  pour  cette  période.  Sous  Louis  XIII, 
elle  était  déjà  divisée  en  deux;  un  peu  plus  tard,  elle  a  formé  quatre  maisons 
distinctes. 

La  totalité  du  terrain  en  censive  du  chapitre  Notre-Dame,  sur  la  rue  d'Enfer, 
lormait,  en  i635,  un  jardin,  qui  appartenait  aux  chanoines.  Ceux-ci  l'avaient 
acquis  par  échange,  au  mois  de  janvier  1226,  de  l'abbé  de  Sainte-Geneviève,  et 
c'était  alors  une  vigne  dite  la  vigne  de  la  Sœur,  vinea  Sororts.  La  même  désigna- 
tion se  retrouve  dans  un  bail  qui  en  fut  fait,  le  2  1  août  1 270,  à  Thomas  de  Saint- 
Benoît,  auquel,  moyennant  cinquante  sous  parisis  de  droit  de  cens,  on  la  loua 
avec  deux  autres,  l'une  située  au  territoire  de  Vigneroy,  et  l'autre  au  lieu  de 
Crève-Panse").  Cependant  la  vigne  de  la  Sœur  est  énoncée  ff  vinea  Capituli  Pari- 
ffsiensis,  que  vinea  vocatur  Troispelez,  ut  dicitur,  :i  dans  la  charte  de  décembre 
t25i,  que  nous  Venons  de  citer '^'. 

'1  On  put  suivre  ces  transactions  dans  le  Car-  tr  Crève-Panse,  TroisPelez ,  i!  par  lesquelles  on  dé- 

lulaire  de  SainleGenetiève,  p.  1 97,  et  dans  le  Car-  signait  communëment  la  vigne  ou  le  jardin  des  clia- 

tulaire  de  Noire- Dame,  t.  II,  p.  558.  noines,  ne  seraient-efles  pas  un  exemple,  entre 

'•>  Les  dénominalinns  quelque  peu  gauloises,  mille,  de  l'esprit  satirique  qui  a  inspiré  les  fabliaux 


138  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE  DU  ROI. 

CENSIVE  DE  LA  GRANDE  CONFRERIE. 

FIEF  DU  CLOS-AUX-BOURGEOIS. 

Maison  et  jeu  de  paume  du  Pavillon  (iSSa),  qui  contenait,  en  1607,  une 
grange  et  un  colombier.  Antoine  Cliahiot,  sieur  de  la  Fond,  valet  de  chambre 
du  roi,  en  passa  déclaration  le  9  septembre  i585. 

Maison  sans  désignation  (i58a).  Elle  occupait,  avec  la  précédente,  l'emplace- 
ment d'une  partie  de  l'hôtel  de  Bourges.  Cet  hôtel  renfermait  un  pressoir,  mais 
il  tombait  en  ruines  lorsqu'il  fut  acheté  des  héritiers  de  François  Roger,  le 
1"  mars  i558,  par  Jean-Antoine  Lombard,  plus  communément  dit  Brusquet, 
valet  de  chambre  et  fou  célèbre  des  rois  François  \",  Henri  II,  etc.'*' 

Maison  sans  désignation  (1571),  qui  paraît  s'être  appelée  tria  maison  de  la 
(t  Salle  neufven  vers  i582,  et  avoir  fait  hache  derrière  la  suivante.  Le  séminaire 
Saint-Louis,  érigé  en  1696  et  habité  en  1708,  fut  établi  dans  la  partie  posté- 
rieure de  cette  maison,  par  donation  de  l'abbé  de  Marillac,  qui  avait  acquis  l'em- 
placement en  i683. 

Maison  et  jeu  de  paume  du  Cygnk-de-la-Cboix  (1571-1  585).  En  1  578,  elle  était 
en  masure,  et  l'on  a  peine  à  la  distinguer  de  la  maison  précédente,  avec  laquelle 
on  l'a  confondue  pour  plusieurs  raisons. 

Maison  sans  désignation  (1  58/i),  faisant  le  coin  de  la  rue  des  Francs-Bourgeois. 
Elle  contenait  un  jeu  de  paume  en  159.8,  et  derrière  s'étendait  un  jardin  de 
forme  triangulaire.  Guillaume  Duval ,  seigneur  de  Vaugrigneuse,  l'acquit,  le  1  /i  jan- 
vier 1586,  de  Haliforel  Lombard,  fils  d'Antoine  Lombard.  Comme  le  jeu  de 
paume  du  Cygne-de-la-Croix,  et  très-probablement  aussi  comme  la  maison  précé- 
dente, celle-ci  constituait  un  morcellement  de  la  maison  de  rimage-Saint-E tienne, 
dite  également rfe /a  Poste  (1570),  dont  Etienne  Loiseau  était  possesseur  dès  i537*"^\ 
et  qu'il  avait  vendue,  le  i3  mai  1  553  ,  à  Antoine  Lombard,  —  probablement  Brus- 
quet, ou  son  fils,  —  lequel  tenait  la  poste  rovale.  Le  1 1  février  1571,  ses  héritiers 
se  partagèrent  ses  biens,  ce  qui  produisit  les  trois  lots  que  nous  venons  d'indiquer, 
et  dont  la  plus  grande  partie  était  en  jardins,  vers  161 5.  Sur  remplacement  des 
héritages  cf  Brusquet  t»  avaient  été  antérieurement  les  principaux  bâtiments  de 

et  introduit,  dans  les  ëglises  mêmes,  les  chapiteaux  universelle ,  où  son  véritable  nom  n'est  point  indique, 

grimaçants,  les  mascarons  grotesques  et  autres  re-  '*'  Il  n'y  a  rien  dans  les  archives  de  la  confrérie 

présentations  railleuses?  Il  est  du  moins  permis  de  qui  apprenne  à  quel  titre  Etienne  Loiseau  possé- 

Ift  supposer.  —  i..  m.t.  dait  cette  maison;  mais  il  paraît  très-probable  qu'il 


(I) 


Il  mourut  en  i563,   suivant  la  Biographie        l'avait  acquise  de  Marthe  de  Selve. 


RUE  D'ENFER.  139 

l'hôtel  de  Bourges,  qui  fut  longtemps  la  seule  construction  élevée  sur  les  terrains 
du  Clos-aux-Bourgeois. 

C'est  dans  la  maison  du  seigneur  de  Vaugrigneuse  que  fut  transféré  le  collège 
du  Mans,  en  1 083. 

Clos-aux-Bourgeois,  Hôtel  de  Bourges.  Dès  le  commencement  du 

xm*^  siècle,  la  Grande  Confrérie  aux  Bourgeois  de  Paris,  placée  sous  l'invocation  de 
Notre-Dame,  possédait,  près  de  la  porte  Gibard,  certaines  vignes  dont,  au  mois 
de  janvier  1217,  elle  bailla  le  quart  au  nommé  Odon  le  Hardi,  à  la  charge  de 
cultiver  ce  quart  et  d'y  faire  la  vendange,  en  abandonnant  la  moitié  du  produit 
à  la  Confrérie,  qui  devait  fournir  le  pressoir  et  payer  un  homme  pour  le  manœu- 
vrer. Les  vignes  baillées  à  Odon  se  composaient  de  deux  pièces,  l'une  appelée 
la  vigne  du  Cliâtelet,  vinea  de  Caslelluîo,  et  l'autre  dite  Odeline,  vinea  que  dicitur 
Odelina;  cette  dernière,  contenant  cinq  quartiers,  fut  amortie,  en  avril  1268, 
par  la  confrérie  des  marchands  de  la  Hanse  Parisienne,  envers  qui  elle  était  gre- 
vée d'une  rente  de  sept  deniers  et  une  obole.  Au  mois  de  février  i'j58,  sur  la 
demande  de  Louis  IX,  la  Confrérie  abandonna  aux  Chartreux  six  autres  quartiers 
de  vignes,  au  canton  de  Brisebarre,  avoisinant  leur  couvent,  et,  en  éciiange, 
elle  reçut  du  roi  cinq  quartiers  situés  au  territoire  de  Brahiis.  Le  samedi  après  la 
Nativité  1276,  un  nouvel  échange  de  terrains  eut  lieu  entre  les  Chartreux  et  la 
Confrérie,  échange  qui  arrondit  encore  son  domaine  par  des  acquisitions  efTectuées 
eu  i.'WG.  L'ensemble  des  vignes  de  la  Confrérie,  au  faubourg  Saint-Michel,  for- 
mait un  clos  important  que  Philippe  le  Bel  comprit  dans  l'amortissement  général 
des  biens  de  la  communauté,  par  lui  accordé  en  avril  1298.  Il  y  existait  alors, 
depuis  plus  de  dix-sept  ans,  une  maison  oii  la  Confrérie  s'assemblait  au  cr  temps 
r  de  son  siège,  ^  et  qui  conserva  cette  désignation  jusque  vers  l'année  i356  ,  époque 
où  le  creusement  d'un  fossé  autour  des  murailles  de  la  ville  motiva  la  destruction 
d'une  partie  de  (rl'ostel  du  siège'''. n 

On  lit  dans  l'inventaire  de  1890  :  trLa  Confrarie  ot  jadis  un  hostel  séant  audit 
frlieu  (à  la  porte  Gibarl,  à  présent  appellée  la  porte  d'Enfer),  appartenant  à  yce- 
rrlui  hostel;  et  grant  partie  des  héritaiges  furent  desmoliz  et  anientez  pour  la  lor- 
fr  tificalion  de  la  Ville  de  Paris,  car  partie  dudit  hostel  et  des  héritaiges  estoient 
irjoignans  à  icelle  porte  d'Enfer  et  aux  murs  de  la  ville  ;  et  présentement  èsdiz 
«héritaiges  et  masure  n'y  a  que  xui  quartiers  de  terre,  lesquelz  ont  esté  baillez  à 
ffu  fois,  à  Jehan  Mouchart,  à  xl  sols  de  rente  et  u  deniers  de  fons  de  terre.  Et 
rrd'icelles  vignes  vi  quartiers  en  ont  estez  depuis  bailliez  par  ledit  Mouchart  à  Phi- 
(flippot  Begnier,  demeurant  à  la  porte  Saint  Jacques,  à  l'Escu  de  France,  à  xvi  sols 

'  Sauvai  et  les  liistoriens  postérieurs  ont  con-  municipal  du  Parloir- aux-l'ourgeois,  attenant  au 
fondu  la  maison  des  Bourgeois  de  la  Confrérie,  couvent  des  Jacoiiins  et  contigu  à  la  porte  Gibard , 
dont  ils  n'avaient  qu'une  idde  vague,  avec  l'édilice        ou  d'Enfei'. 

18. 


140  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

ffde  rente  et  i  denier  de  fons  de  terre  à  ycelle  Confrairie  deubz.  Et  le  résidu,  qui 
fffait  VII  quartiers  tant  en  masure  comme  en  vignes  joignans  à  ycelle,  et  de  nouvel 
ff  mesurez  et  abonnez  <•),  demeurent  chargez  à  ycelle  Gonfrarie  en  xxuii  sols  de 
(Trente  et  i  denier  de  fons  de  terre'^'.ii 

Le  bourgeois  de  Paris  Jean  Mouchart,  irporte-cbappe  du  Roy,  n  prit  à  cens  les 
restes  de  l'hôtel  de  la  Confrérie  le  i  5  juin  i36i,  et  il  y  exécuta  quelques  travaux, 
puisqu'un  paragraphe  de  l'inventaire  que  nous  venons  de  citer  est  ainsi  conçu  : 
r Masure,  court,  jardin  et  vigne,  contenant  ensemble  environ  un  quartier,  oij 
r  jadis  fu  lostel  du  sierge  [sic)  de  la  Grant  Gonfrairie  Nostre  Dame,  appelée  le  Glos 

craux  Bourgois.  Tout  ce  baillé  à  Jehan  Mouchart En  ladite  terre  ou  partie 

rd'icelle,  séant  sur  la  chaussée,  a  fait  ledit  Mouchart  granche  et  cloison  entour, 
net  contient,  par  droite  mesure,  tant  le  clos  avecques  jardin  et  court,  comprins 
ftla  muraille,  xxxnii  perches;  et  les  vignes  séans  au  plus  près  d'ycellui  hostel  ap- 

apartenant  à  ce,  abonnées  et  mesurées  par  Micbelet  le  Tonnelier et  con- 

iT tiennent  v  quartiers  xvni  perches  :  tout  ce  mesuré  par  le  dessus  dit  Micbelet, 
ffjuré  du  Roy  nostre  sire,  jeudi  nif  jour  de  janvier,  mil  ccc  mi"  et  onze,  présent 
ff  ledit  Mouchart  (^'.T) 

Entre  i  iog  et  1/121,  le  manoir  amoindri  de  la  Gonfrérie  Notre-Dame  eut  pour 
propriétaire  Guillaume  de  Boisratier,  arcbevêque  de  Bourges;  il  le  tenait  du 
prêtre  Roulant  Bélier,  et  le  reconstruisit  probablement,  ce  qui  valut  audit  manoir 
le  nom  d'hôtel  de  Bourges.  Il  consistait,  à  cette  époque,  en  un  tr  petit  hostel, n 
un  pressoir,  une  grange,  une  foulerie,  et  quatre  arpents  et  demi,  plus  un  deirii- 
quartier  de  vignes.  Guillaume  de  Boisratier  se  proposait  d'en  gratifier  l'Hôtel-Dieu, 
établissement  qu'il  visitait  souvent;  mais  une  longue  absence  ne  lui  permit  pas 
de  réaliser  ses  intentions,  et  les  maîtres  de  l'Hôtel-Dieu,  voyant  que,  faute  d'en- 
tretien, les  bâtiments  et  les  terres  de  l'hôtel  de  Bourges  périclitaient,  s'adres- 
sèrent aux  commissaires  sur  le  fait  des  confiscations  et  obtinrent  d'y  pourvoir  à 
leurs  propres  frais.  L'hôtel  demeura  en  leurs  mains,  et  ils  en  jouirent  jusqu'au 
k  septembre  1 532,  jour  auquel  ils  l'aliénèrent  au  profit  de  M'^  François  Roger 
[alias  Roigier),  procureur  général  au  Parlement  de  Rouen.  On  l'appelait  alors  le 
Petit-Pressoir  (iSaS),  pour  le  distinguer  du  Grand-Pressoir,  attenant,  lequel  était 
aussi  une  propriété  de  IHôtel-Dieu.  Il  passa  alors  aux  héritiers  de  ce  dernier,  qui 
le  morcelèrent  et  s'en  défirent  successivement.  Marthe  de  Selve,  veuve  de  F.  Ro- 
ger, en  vendit,  de  i53ii  à  lôSy,  les  jardins  divisés  en  sept  lots,  et,  en  iSSy, 
elle  avait  déjà  vendu  la  moitié  septentrionale  des  bâtiments,  dont  l'autre  moitié 
cessa  d'appartenir  à  sa  famille  en  i558. 

"'  Bornés.  On  dit  encore  aujourd'hui  aiorne*;  i3il8  sont  conservés  aux  Archives  nationales,  dans 
abonnez  est  une  allitération.  —  l.  m.  t.  le  portefeuille  coté  S  882. 

'*'  Fol.  72  v°.  L'inventaire  de  1890  et  celui  de  !''  Ibid.  fol.  1 1  r°. 


RUE  D'ENFER.  t41 

L'hôtel  de  Bourges,  ne  contenant  que  trois  arpents  environ,  n'atteignait  point, 
vers  l'ouest,  les  limites  du  clos.  La  superficie  de  ce  clos,  qui  sans  doute  a  beau- 
coup varié  réellement,  est  fort  diiïéremment  indiquée  dans  les  titres.  Elle  est 
évaluée  à  huit  arpents,  en  1298  et  i348;  à  quatre  arpents  et  demi,  en  i/i53; 
à  cinq  arpents  un  quartier,  en  iBSa;  à  cinq  arpents  trois  quartiers  et  cinq 
perches,  dans  un  arpentage  du  U  septembre  1670;  à  sept  arpents  trente-huit 
perches,  dans  un  autre  d'avril  1612,  et  à  sept  arpents  un  quartier,  en  i6i5; 
mais  ces  dernières  estimations  ne  comprennent  point  les  mille  quatre-vingts  toises 
absorbées  dans  le  palais  et  le  jardin  du  Luxembourg.  Nous  aidant  des  divers  docu- 
ments graphiques*')  ou  écrits,  que  nous  fournissent  les  archives  de  la  Confrérie, 
nous  trouvons  que,  aux  derniers  temps  de  son  existence,  le  Glos-aux-Bourgeois, 
formant  un  des  côtés  de  la  rue  des  Francs-Bourgeois,  se  développant  sur  une  lon- 
gueur de  soixante  et  une  toises  dans  la  rue  de  Vaugirard  et  sur  une  longueur  de 
trente-trois  toises  dans  la  rue  d'Enfer,  présentait  une  surface  totale  d'environ  huit 
arpents  et  demi. 

Le  Clos-aux-Bourgeois  nous  apparaît  j)our  la  première  fois,  en  i346,  avec  cette 
dénomination.  Il  a  été  dit  également  «cioz  de  la  porte  d'Enfer n  (i3/i8),  et  aie 
irMertrayi)  (i/jSa)  ou  c Martroy. ti  Un  registre  de  i368  rapporte  que  aie  cloz  de 
(T ladite  Confrérie.  .  .  soulloit  estre  appelé  Chastelet '-', ^  ce  qui  fait  allusion  à  la 
vigne  de  Castellulo,  un  des  objets  de  la  transaction  de  1217.  Dans  un  grand 
nombre  de  pièces  se  rencontre  la  locution  a  au  clos  de  Vignerai,  ou  au  clos  aux 
<r Bourgeois, fl  parce  que,  suivant  une  habitude  ordinaire  en  pareil  cas,  on  com- 
prenait sous  le  nom  de  Clos-aux-Bourgeois  non-seulement  les  terres  de  la  Con- 
frérie, mais  encore  celles  qui  y  étaient  attenantes  et  méritaient  plutôt  d'être 
considérées  comme  dépendant  du  territoire  de  Vignerai,  dont  les  limites  n'étaient 
point  rigoureusement  fixées.  Une  raison  analogue  a  produit  quelque  confusion 
entre  les  climats  du  Clos-aux-Bourgeois  et  du  clos  Saint-Sulpice  ;  le  fief  de  la  Con- 
frérie a  néanmoins  été  toujours  fort  distinct  de  la  propriété  de  Saint-Sulpice. 
Piganiol  a  donc  commis  une  erreur  en  affirmant  que  le  nom  de  clos  Saint-Sulpice 
a  été  appliqué  au  Clos-aux-Bourgeois;  pour  être  dans  le  vrai,  il  faut  étendre  aux 
territoires  seulement  cette  identité  d'appellation. 

''  Parmi  les  plans  du  clos  qui  proviennent  des  Quesnel,  assisté  de  Claude  Vellefaux,  dont  il  porte 

archives  de  la  (îrande  Confrérie,  il  s'en  trouve  un  les  signatures.  On  le  trouvera  plus  loin,  au  chapitre 

(cart.  S  882),  fort  curieuv  et  entièrement  inédit ,  que  nous  consacrons  à  l'origine  du  palais  Médicis. 
que  nous  avons  fait  reproduire.  Levé  à  l'occasion  de  '"'  Fol.  108    r'.  C'est  h  propos   d'un  don  de 

contestations  provoquées  par  l'abbaye  Saint-Ger-  cinq  quartiers,  fait  h  la  Confrérie,  audit  lieu  du 

main -des- Prés,  il  représente  l'état  des  lieux  au  Châtelet,  par  Hue  le  Borgne;  la  date  n'est  point 

mois  de  mars  i6t5.  Il  a  été  exécuté  par  François  mentionnée. 


142  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

RUE   PÉROU. 

La  rue  Férou,  qui  commence  aujourd'liui  à  la  place  Saint-Sulpice,  commen- 
çait jadis  à  la  rue  du  Vieux-Colombier;  elle  finit  à  la  rue  de  Vaiifjirard. 

Elle  comptait  au  nombre  de  ces  voies  qu'on  appelait  collectivement  et  même 
isolément,  avant  le  milieu  du  xvi*  siècle,  les  ruelles  Saint  Sulpice.  Nous  la  trouvons 
énoncée  rue  Saint  Sulpice,  dans  un  titre  de  iBiy,  le  premier  que  nous  puissions 
citer  où  elle  soit  certainement  désignée;  elle  a  été  nommée  ensuite  rue  Férou,  à 

r 

cause  du  grand  clos  qu'elle  longeait  et  qui  appartenait  à  Etienne  Férou,  sieur  de 
Frétoiseau,  procureur  au  Parlement,  lequel  mourut  avant  iBiy  et  fut  un  des 
transformateurs  du  quartier.  Une  pièce  de  terre,  qu'il  aliéna  le  \h  mars  iBia, 
est  dite  dans  le  texte  du  bail  <')  aboutir  r  par  devant  sur  une  rue  qui  sera  nom- 
ffmée  rue  Férou '''',  a  et  ce  vocable  a  efl'ectivement  été  consacré  depuis,  non  sans 
éprouver  quelquefois  les  modifications  d'ortbograplie  habituelles  :  ainsi,  on  lit  rwc 
Farrou  dans  une  transaction  de  i555,  elrne  de  Ferron  dans  le  censier  de  iSgS. 
Il  est  arrivé  de  plus  que,  par  confusion  avec  l'impasse  qui  en  était  voisine,  la 
rue  Férou  a  été  dénommée  rue  des  Prêtres.  Les  titres  relatifs  à  une  maison  qui 
était  située  près  de  l'église  Saint-Sulpice,  et  dont  la  principale  façade  donnait  rue 
Servandoni,  nous  ont  fourni,  entre  autres,  une  preuve  très-authentique,  datani 
de  l'année  1620.  Au  reste,  la  synonymie  est  affirmée  dans  des  documents  de 
1608,  1617  et  1627,  où  il  est  question  de  la  «rue  des  Prestres,  autrement  dit 
rt  Férou,  T)  et  de  la  trrue  Férou,  cy-devant  ditte  des  Prestres.  n  Nous  croyons  qu'on 
s'exprimait  ainsi  dès  i553. 

Le  26  mai  i7i2i,  Pierre  Morissel  vendit  à  Lorin  (a/ms  Laurent)  Gauldry,  bou- 
cher et  bourgeois  de  Paris,  une  pièce  de  deux  arpents  sur  le  chemin  (la  rue)  de 
Vaugirard,  et  à  ces  deux  arpents  Gauldry  en  ajouta  deux  autres.  Le  tout  forma 
un  clos  qu'on  appela  rrle  cloz  j^orin  Gauldry,  •«  et  dont  les  archives  de  l'abbaye 
offrent  plusieurs  mentions,  que  les  historiens  n'y  ont  point  remarquées.  Le  clos 
Gauldry,  augmenté  d'autres  terrains  et  acquis  en  i5o5  par  M''  Adam  Fumée, 
sieur  des  Roches,  maître  des  requêtes  de  l'Hôtel,  fut  par  lui  cédé,  avec  ses  dépen- 
dances, le  28  avril  1817,  à  Christophe  de  Brilhac,  archevêque  de  Tours,  qui,  le 
9  février  i5i8  (n.st.)'^',  l'abandonna  à  Etienne  Férou.  Celui-ci,  faisant  de  celte 
propriété  un  objet  de  spéculation,  la  bailla  par  parcelles  à  divers  particuliers. 

'''  Le  titre  n'est  point  passé  dans  nos  mains;  il  est  question  fût  celle  qui  est  devenue  plus  tard 

nous  ne  le  citons  que  d'après  un  mémoire  imprimé  l'impasse  Férou. 

en  1767,  dont  il  y  a  un  exemplaire  aux  Archives  î'^'    Reg.   d'ensaisinements   de   i53o  et  i53i, 

Fiationalcs  (cart.  Q   12.92),   et  qui  fut  rédigé  à  fol.  3-2  v°,  Arcli.  nation,  portefeuille  S  3oo6.   La 

propos  d'un  procès  entre  la  Ville  et  les  créanciers  date  de  la  cession  faite  à  Férou  est  très-précise  el 

des  Jésuites.  implique  une  erreur  dans  In  Gallia,  où  ou  lit  que 

'*'  Il  ne  serait  point  impossible  que  la  rue  dont  Christophe  de  Hi-iihac  mourut  le  10  mai  i5i7. 


RUE  PEROU. 


143 


qui  y  bâtirent,  et  le  clos  où,  en  i562,  existaient  cr d'ancienneté n  trois  maisons, 
disparut  promptement  sous  les  constructions.  La  rue  prit  alors  une  importance 
qu'elle  était  loin  d'avoir  jusque-là,  et  ou  la  considéra  même,  en  quelque  sorte, 
comme  une  voie  neuve;  aussi  la  trouve-t-on  appelée,  en  une  transaction  de 
i56o,  ffpue  faicte  de  nouvel.  t> 


Le  clos  Pérou  conqirenait  d'abord  le  clos  Gaudry,  c'est-à-dire  une  pièce  de 
onze  quartiers,  que  représente  indubitablement  l'îlot  renfermé  entre  les  rues 
Pérou,  de  Vaugirard,  du  Pot-de-Fer,  et  l'impasse  Pérou,  récemment  fermée; 
le  reste  du  clos  Pérou  consistait  en  d'autres  terrains  correspondant  aux  maisons 
situées  au  nord  de  l'impasse,  et  le  long  de  la  rue  Pérou  jusqu'au  coin  de  la  rue 
du  Vieux-Colombier (''.  Cette  seconde  partie  du  clos  Pérou,  suivant  les  archives 
de  l'abbaye,  avait  été  vendue,  en  i  267,  par  Guillaume  Lesnelle  et  Pétronille,  sa 
femme,  au  curé  de  Saint-Sulpice  ;  et  elle  avait  été  cédée,  en  i3o5,  par  Ysabeau 
de  la  Cour,  femme  de  Jean  de  Bancy,  à  Guillaume  de  Sucy.  Elle  avait  ensuite 
appartenu  à  M''  Pierre  Veault  et  à  Jehan  Rat.  i\ous  avons  reconnu  que  les  limites 
du  clos,  vers  le  nord  et  l'ouest,  d'adleurs  très-difficiles  à  lixer,  coïncidaient  avec 
celles  du  grand  séminaire  de  Saiut-Sulpice,  avant  qu'on  y  annexât  le  petit  sémi- 
naire. L'ensemble  du  clos,  ainsi  restitué,  donne  une  superficie  d'environ  cinq 
arpents,  équivalente  à  celle  qu'il  présentait  jadis.  Nous  sommes  dans  l'impuissance 
de  préciser  davantage,  par  suite  de  la  déplorable  insuffisance  des  documents,  qui 
ne  nous  permettent  point  de  discerner  l'état  ancien  sous  l'état  moderne.  11  n'y  a, 
dans  les  archives  de  l'abbaye,  aucune  transcription  des  baux  de  morcellement  du 
clos  Pérou,  de  l'hôtel  de  Garancière  et  des  |)ropriétés  de  Henri  du  Verger,  de 
sorte  que  la  transformation  de  toute  la  région  au  xvi'^  siècle  est  impossible  à  suivre. 


'"'  Dans  l'acte  du  9  février  i5 18  (ou  lôiyv.st.), 
In  proprit'té  est  dc^crile  en  ces  termes  :  fCesl  as- 
f  savoir  :  une  maison,  court,  cave,  puys,  jardin, 
-|)ourpris  et  appartenances  des  dicts  lieux,  ainsi 
-que  (ils  se)  poursuivent  et  comportent;  conle- 
-nant  troys  quartiers  ou  environ ,  assis  à  Sainct  Ger- 
Tiiain  des  Prés  lez  Paris,  en  In  grand'  rue  Sainct 
ffSulpice,  près,  devant  et  à  l'opposite  de  l'esgiise 
"Sainct  Sidpice;  tenantd'unepartetaynns  yssuesur 
rrle  cymetière  d'icelleesglise;  d'autre  part,  ducoslé 
"du  puys,  devers  le  dict  Sainct  (îermain,  à  (ieuiïroy 
cl>andier,  aboutissant  d'un  i)out  au  mur  du  jardin 
"qui  fust  feu  messire  Jehan  Ha;  en  la  censive  des 
frrelligieuXjabbé  et  couvent  de  Sainct  Germain  des 
irPrez ,  et  chargés  envers  eulx  de  trois  solz  parisis  de 
"Cens,  et  encore  chargés  envers  les  hoirs  feu  Jacques 
'Jacotin  les  Cordons  de  soixante  solz  parisis  de 
"Cens  (et)  renie  rachelable.  Item,  certaine  pièce  de 


"terre  contenant  dix  septpiedzde  largeur  et  autant 
"parhauU,  et  de  longueur  trente  neuf  toises,  mon- 
"lant  ensemble  (à)  unze  perches  trois  quars  ouen- 
(tviron ;  lenantd'une part,  en  partie,  aus  dictes mai- 
"sons  et  jardins  dessus  déclarés;  d'autre  part,  et 
"d'un  bout  par  bas  au  dit  Geufroy  Landier  et  Ma- 
"rion,  sa  femme,  et  d'autre  bout  h  Guillaume  Gil- 
"bert,  tout  le  long  de  la  muraille,  et  faisant  por- 
"tion  de  demy  arpent  de  terre  ou  envyron  assis  au 
Tdict  lieu;  les  dites  unze  perches  trois  quars  ou 
^environ  franches  et  qnictes  de  toutes  charges, 
"parce  que  le  seurplus  les  en  acquile.  Item,  une 
"autre  pièce  de  terre  contenant  cinq  arpens  et  plus 
"apellée  le  cloi  Lorin  Gauldry,  tenant  d'une  part 
"aux  hoirs  feu  Henry  du  Verger,  d'autre  part  à  la 
"rueSaincl  Sulpice,  aboutissant  d'un  bout  au  chemin 

"de  Vaugirard,  d'autre  part en  la  dicte  censive 

"du  dict  Sainct  Germain  des  Prez.n 


EGLISE  SAINT-SULPICE.  145 


CHAPITRE  IV. 

ÉGLISE    SAINT-SULPICE. 


L'église  Saiiit-Sulpice,  comprise  en  la  justice  et  en  la  censive  de  l'abbaye  Saint- 
Germain -des -Prés,  faisait  le  coin  de  la  rue  du  Petit-Bourbon.  Elle  n'est  point 
mentionnée,  comme  paroisse  du  bourg  Saint-Germain,  avant  l'année  1210,  et 
l'on  ne  sait  à  quelle  époque  elle  commença  à  avoir  le  caractère  paroissial.  Dans 
le  martyrologe  d'Usuard,  ouvrage  dédié  à  Charles  le  Chauve,  on  lit,  à  la  date 
du  10  mai  :  crApud  monasterium  Sancti  Germani,  dedicatio  ecclesiae  in  honore 
ftJoliannis  Baptista*,  sancti  Laurentii  arcbidiaconi  atque  sancti  Sulpitii  episcopi;r) 
mais,  comme  le  passage  provient  incontestablement  d'une  interpolation  du  xn'^ siècle, 
il  n'apprend  que  peu  de  chose  sur  l'origine  de  l'église.  Si  l'on  rapproche  ce  pas- 
sage de  l'éloge  que  fait  de  l'évèque  saint  Sulpice  Usuard,  qui  en  parle  comme  d'un 
saint  à  lui  familier,  on  comprend  que  Lebeuf  ait  été  amené  à  croire  que,  sur  l'em- 
placement du  monument  actuel,  il  a  pu  exister,  dès  le  temps  d'Usuard,  un  ora- 
toire dédié  à  saint  Sulpice.  Cet  oratoire,  ayant  d'abord  servi  de  baptistère  pour 
les  habitants  du  bourg,  aurait  ensuite  été  leur  unique  paroisse  située  en  dehors 
des  murs  du  monastère.  Jaillot  soutient,  au  contraire''',  que  la  première  paroisse 
du  bourg  fut  la  chapelle  Saint-Pierre,  attenante  au  clos  du  Couvent  (voir  Rue 
des  Saints-Pères),  et  que,  au  xn*  siècle,  elle  a  été  remplacée,  comme  paroisse, 
par  la  chapelle  Saint-Jean,  c'est-à-dire  par  la  petite  église  Saint-Sulpice.  On  com- 
prend ainsi,  ajoute-t-il,  que  saint  Pierre  soit  l'un  des  patrons  de  l'église  Saint- 
Sulpice,  circonstance  dont  Lebeuf  ne  donne  point  d'explication  satisfaisante. 

^ous  préférons  à  l'hypothèse  de  Lebeuf  l'opinion  de  JaHlot,  que  l'absence  de 
documents  ne  permet  pas  de  contrôler,  mais  que  nous  savons  avoir  pour  soi  l'au- 
torité de  la  tradition'^*,  et  qu'il  appuie  d'ailleurs  de  raisonnements  très-plausibles, 
sur  lesquels  nous  aurons  l'occasion  de  revenir.  Remarquons  toutefois  qu'elle  ne 

'*'  T.  II,  p.  liUh.  tradition,  quel'église  Saint-Sulpice  avait  élé fondée, 
"'   Voir  à  l'article  de  la  chapelle  Saint-Père.  —  au  x'  siècle,  sur  les  ruines  d'un  prieuré  de  Saint- 
Simon  de  Doncourt,  dans  ses  Bemair/ues  historiques  Pierre,  on  la  confrérie  avait  été  établie.  Cette  tra- 
««r  l'ègUte  et  la  paroisse  Saint-Sulpice,  p.   11 4,  ditinn  est  encore  une  présomption  en  faveur  de 
rapporte  que  la  confrérie  des  savetiers  disait,  par  l'opinion  de  Jaillot. 

III.  «9 


\h6  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

prouve  rien  contre  l'antiquité  d'origine  qui  est  attribuée  par  Lebeuf  à  l'église 
Saint-Sulpice,  et  qui  a  été  matériellement  confirmée,  au  mois  de  janvier  172Û, 
par  la  découverte  d'une  inscription  gravée  sur  le  couvercle  d'un  tombeau  de 
pierre  que  l'on  trouva  en  exécutant  des  fouilles  pour  asseoir  les  fondations  du 
bâtiment  moderne.  Cette  inscription,  que  nous  reproduisons  ici*'',  offre,  en  effet, 
les  caractères  épigraphiques  du  x"  siècle.  Elle  démontre  l'existence  d'un  cimetière 
contemporain,  dépendant  d'une  chapelle,  et  Lebeuf  l'interprète  ainsi  : 

Hic  jacet  inclusus,  Tetopi'^'  de  stirpe  creatus 

Herluinus,  cumdam  vocatus  nomine,  qui  OBiiT  L  [quinquagenarius?) 


I  '^Q^^ 


4  fittU 


L'église  Saint-Sulpice  fut  rebâtie,  en  partie,  au  xui"  et  surtout  au  xiv"  siècle; 
mais  il  n'y  a  plus  rien  qui  nous  renseigne  sur  les  travaux  de  cette  période,  dans  les 
archives  de  la  paroisse,  où  nous  trouvons  seulement  quelques  détails  sur  les  accrois- 
sements de  fédifice  au  xiv*^  siècle.  Le  9  mars  iSaS,  Jeanne  Montrouge,  veuve  de 
Jean  Marché,  vendit  aux  marguilliers  de  Saint-Sulpice  une  partie  de  son  jardin, 
contiguë  au  presbytère  et  destinée  à  faire  une  ruelle  pour  conduire  à  l'église.  A  la 
date  des  97  et  28  octobre  i53o,  elle  leur  vendit  encore  un  autre  morceau  de  son 
jardin,  mesurant  onze  toises  sur  treize  et  demie,  trau  chevet  de  réglise,T)  et  pour 
son  agrandissement;  le  17  septembre  1  536,  Jacques  et  Charlotte  Plateau  cédèrent 
à  l'œuvre  une  bande  de  terre ,  longue  de  onze  toises  quatre  pieds  et  large  d'une 
toise,  ffprès  l'église.  .  .  au  long  de  l'accroissement  du  ciieur  d'icelle,T)  et  cette 
bande,  aboutissant  au  cimetière,  servit  aussi  à  faire  une  ruelle  ;  enfin,  le  28  juin 
iSSg,  Jean  Marché,  fils  de  Jeanne  Montrouge,  céda  à  son  tour  un  quartier  de 
terre,  où  l'on  établit  le  cimetière  neuf,  derrière  l'église. 

Dans  un  vieil  inventaire,  il  est  dit  que,  sur  le  lot  acquis  en  i53o,  «sont  à  pré- 


■''  Le  dessin  ci-joint  est  la  copie  de  celui  qui 
|)arul  dans  le  Mercure  de  France  du  mois  de  mai 
«794,  p.  893.  Nous  y  avons  simplement  restitue, 


d'après  les  conseils  de  M.Jules  Quiclierat,  les  lettres 
mal  lues  par  le  premier  dessinateur. 
'*'  Ce  nom  est  peu  vraisemblable^ 


ÉGLISE  SAINT-SULPICE.  147 

(Tsent  bastiz  et  construictz  les  six  piiiers  entre  lesquelz  est  le  grand  autel  de  ladicte 
(f  église.  .  .  et  aussi  les  chappelles  de  Saint  Fiacre,  du  Nom  de  Jésus,  de  Saint 
ff  Michel,  Saint  Claude  et  les  trois  grandes  chappelles  qui  sont  derrière  le  grand 
r  autel  de  Notre  Dame,  de  Saint  Cler  et  de  Sainte  Barbe,  n  Un  autel  de  Notre- 
Dame,  où  de  temps  immémorial  la  confrérie  des  peintres  du  faubourg  faisait  célé- 
brer l'office,  est  indiqué  dès  1628,  et  la  consécration  du  grand  autel  ainsi  que 
des  chapelles  absidales  eut  lieu,  par  les  mains  de  l'abbé  de  Saint-MagloireW,  le 
29  mars  i5i8.  Le  2/i  mai  1620,  l'évêque  de  ïroyes  fit  une  nouvelle  consé- 
cration d'autels,  qui  sont  dits  être  le  grand  autel,  où  furent  mises  les  reliques  de 
saint  Christophe,  de  saint  Eleuthère  et  de  saint  Sulpice  ;  l'autel  de  Sainte-Cathe- 
rine de  Sienne,  placé  derrière  le  précédent;  ceux  des  chapelles  de  la  Trinité  et 
de  M.  de  Ventadour,  et  celui  de  Sainte-Anne-et-Sainte-Marguerite. 

L'église  Saint-Sulpice  a  pareillement  renfermé  une  chapelle  de  Saint-Christophe, 
qui  était  située  au  nord  et  avait  remplacé  une  chapelle  de  Notre-Dame;  elle  fut 
baillée  à  la  duchesse  d'Aiguillon  en  16/10,  et  était  alors  attenante  aux  chapelles 
de  Sainte-Catherine  et  du  prince  de  Condé.  On  y  voyait  également  une  chapelle 
de  Sainte-Julienne,  qui  était  placée  au  bout  de  l'église,  à  gauche,  en  entrant  par 
la  grande  porte,  et  qui  fut  baillée  en  1 687  à  la  confrérie  des  fripiers;  une  chapelle 
Saint-Jacqiies-et-Saint-Philippe  (iG38);  des  chapelles  de  l'Immaculée-Conception, 
de  Notre-Dame-de-Liesse,  de  Notre-Dame-des-dix-Vertus ,  du  Rosaire,  du  Nom- 
de-Marie,  de  Saint-Roch,  de  Saint-Joseph,  de  Saint-Jean,  de  Saint-Nicolas,  du 
Saint-Ange-Gardien,  de  Saint-Eloy,  de  Saint-Fiacre,  de  Saint-Honoré,  et  une 
chapelle  des  fonts. 

La  chapelle  de  la  Vierge  était  la  chapelle  centrale  de  l'abside;  la  chapelle 
Sainte-Barbe  y  était  contiguë  à  droite,  et  la  chapelle  Saint-Clair  contiguc  à  gauche; 
les  quatre  autres  chapelles  étaient,  vers  le  nord,  celles  de  Saint-Fiacre  et  du  Nom- 
de-Jésus;  vers  le  sud,  celles  de  Saint-Michel  et  de  Saint-Claude. 

Nous  n'avons  point  de  renseignements  fort  authentiques  sur  la  situation  respec- 
tive des  chapelles  de  la  nef,  dont  plusieurs,  comme  celle  de  Saint-Roch,  par 
exemple,  ne  consistaient  qu'en  un  autel  adossé  à  un  pilier.  Suivant  Simon  de 
Doncourt,  fril  fut  question,  en  161/i,  de  bâtir  six  chapelles,  dont  trois  du  côté 
r  du  presbytère  et  trois  du  côté  du  clocher,  pour  les  joindre  à  la  nef  qui  avait 
rété  faite  sous  François  I";'ii  ces  chapelles,  que  nous  ne  pouvons  reconnaître, 
étaient  achevées  en  i63i.  Simon  de  Doncourt  ajoute  que  ft  l'on  proposa,  en  i6i5, 
ffde  bâtir  pour  la  communion  un  nouveau  charnier  du  côté  de  la  rue  des  Fos- 
(fsoyeurs,  en  commençant  près  la  porte  collatérale  de  la  chapelle  Saint-Clair  ;  n 
que  ff  Christophe  Gamard  fut  chargé  d'en  dresser  les  plans,  t»  et  que  crl'on  y  tra- 

'*>  Inventaire  des  litres  de  la  paroisse  (  Archives  nationales,  reg.  LL  962,  fol.  25i  v°).  Lebeuf  dit  l'évêque 
lie  Mègure, 

«g. 


148  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

ff  vailla  aussitôt,  -n  Les  registres  de  la  paroisse  nous  apprennent  qu'on  y  travaillait 

en  1618. 

Lorsqu'on  procéda  à  la  démolition  de  la  vieille  église  Saint-Sulpice,  pour  y 
substituer  un  nouvel  et  plus  vaste  édifice,  ainsi  qu'il  avait  été  décidé  dans  une 
assemblée  tenue  le  1  0  mars  i6/i3  et  présidée  par  le  prince  de  Condé,  on  ne  dé- 
truisit point  complètement  l'ancienne  construction,  dont  le  pavement  était  bien 
inférieur  à  celui  que  devait  avoir  la  nouvelle  église;  mais  on  se  borna  à  la  déraser 
à  une  certaine  hauteur,  de  sorte  qu'il  a  été  possible  d'en  lever  un  plan  exact'''. 
En  outre,  comme  le  dérasement  n'a  point  atteint  les  bases  des  piliers  et  qu'elles 
subsistent  intactes,  il  nous  a  été  facile  de  reconnaître  l'âge  des  différentes  parties 
du  monument  détruit,  et  voici  le  résultat  de  notre  examen  : 

Le  vaisseau  de  l'ancienne  église  Saint-Sulpice,  qui,  hors  œuvre,  était  long 
d'environ  cinquante-six  mètres  et  large  de  vingt-sept  mètres  soixante  centimètres, 
se  terminait  par  un  chevet  polygonal  à  dix  pans.  La  nef,  dont  la  voûte  était  peu 
élevée,  se  divisait  en  sept  travées;  elle  était  précédée  d'une  espèce  de  grand  porche 
intérieur,  et  flanquée  de  bas  côtés  simples,  auxquels  on  avait  accolé,  du  côté  du 
nord,  cinq  chapelles,  et,  du  côté  du  midi,  quatre  chapelles  latérales  avec  une  sa- 
cristie. Parmi  les  chapelles,  les  unes  répondaient  à  une  seule  travée,  et  les  autres 
à  deux  travées,  parce  qu'elles  avaient  été  agrandies,  li  n'y  avait  pas  de  transept. 
Le  chœur  consistait  en  une  travée,  avec  un  rond-point  de  cinq  travées,  un  pour- 
tour continuant  les  bas-côtés,  et  sept  chapelles  absidales.  Ce  que  l'on  distingue 
aujourd'hui  de  plus  ancien,  c'est  la  base  du  clocher,  laquelle  forme  la  cinquième 
travée  du  collatéral  du  sud  et  remonte  à  la  fin  du  xm"  siècle.  Les  pihers  de  la 
nef,  à  fût  cylindrique,  sur  une  base  octogonale,  montrent  un  exhaussement  du 
pavement  antérieur;  comme  les  piliers  des  bas  côtés,  ils  accusent  la  première 
moitié  du  xiv'' siècle.  Au  xiv*"  siècle,  les  bas  côtés,  buttés  de  contre-forts,  n'étaient 
point  garnis  de  chapelles  latérales.  Celles  qu'on  y  ajouta,  de  même  que  tout  le 
reste  de  l'édifice,  appartiennent  au  temps  de  François  l",  et,  sous  le  rapport  du 
style,  à  la  dernière  période  gothique,  excepté  néanmoins  quatre  piliers  du  rond- 
point  du  chœur  vers  le  midi,  et  aussi  une  partie  de  mur  du  chevet  vers  le  nord, 
qui  présentent  des  profils  de  la  Renaissance.  Quant  à  l'extérieur  de  l'édifice,  la 
vue  que  nous  reproduisons  d'après  Van  Merlen  en  donne  une  excellente  idée  et 
dispense  de  toute  description.  La  statue  qu'on  remarque  adossée  au  trumeau  de 
la  porte  était  celle  de  saint  Jean-Baptiste. 

Les  marguilliers  de  Saint-Sulpice  avaient  un  sceau  dont  nous  ne  connaissons 
point  le  spécimen.  Lebeuf  dit  à  ce  sujet  :   tfDès  le  xiv"  siècle  au  moins,  la  pa- 

'  '  Quelques  parliesde  IVglise  ancienne  élanl  engagées  dans  la  maçonnerie  moderne,  il  a  élé  nécessaire 
de  les  resliluer  sur  le  plan. 


LU 
U 

CL 
_l 
>       ^ 


U) 

U 

LU 

H 

m 

Z 

UJ. 

< 

> 

U) 

X 

> 

UJ 

D 

'â 

h 
Z 

_j 

u) 

o 

LU 

LU 
U 

X 

UJ 
Q 
Z 

s 

o 

O 

u 

u 

> 

LU 

< 

LO 

< 

_l 

ÉGLISE  SAINT-SULPICE.  l/i9 

(froisse  de  Saint-Sulpice  avait  une  fabrique  sous  le  nom  de  laquelle  les  actes  se 
(T  passaient.  On  m'a  fait  voir  le  sceau  qui  a  servi  à  les  sceller,  et  qui  a  été  trouvé 
ffdans  un  champ,  à  Montrouge,  en  cette  présente  année  1753.  Saint  Sulpice  y 
(t  est  représenté  en  mitre,  tenant  une  croix  et  bénissant  un  estropié,  avec  cette  ins- 
fccription  autour,  en  lettres  capitales  gothiques:  S.  FABRICE  STI  SVLPICII  PPE 
(tPHR.  Quant  aux  épitaphes  que  pouvait  renfermer  l'ancienne  église,  elles  parais- 
(Tsent  avoir  été  détruites  lors  de  la  démolition ,  et  on  ne  les  trouve  rapportées  nulle 
(rpart''\  n 


'■'  Ici  se  termine  la  monographie  de  l'église 
Saint-Sulpice,  telle  que  nous  l'avons  extraite  des 
papiers  de  feu  Berty.  Cependant  nous  l'avons  con- 
sidérée comme  un  peu  trop  incomplète ,  bien  qu'elle 
constitue  un  réel  progrès  sur  celle  qu'a  donnée 
l'abbé  Lebeuf.  Nous  avons  donc  chargé  notre  colla- 
borateur, M.  Th.  Vacquer,  d'étudier  à  nouveau  les 
snbstructions  de  l'ancienne  église,  d'y  recueillir  tous 
les  débris  de  nature  à  compléter  ce  qu'on  sait  sur 
cet  édifice ,  d'en  relever  le  plan  avec  le  plus  grand 
soin  et  de  faire  graver  les  fragments  de  sculpture  et 
d'architecture,  ainsi  que  les  rares  inscriptions  dont 
feu  Berty  n'avait  pas  eu  connaissance.  M.  Vacquer 


s'est  acquitté  de  cette  tâche  avec  un  soin  et  un  dé- 
vouement très-dignes  d'éloges.  Les  deux  plans  que 
nous  publions  sont  la  reproduction  de  ses  dessins,  et 
le  supplément,  que  nous  renvoyons  aux  appendices , 
ainsi  que  la  planche  hors  texte  et  les  bois  gravés 
dont  il  est  enrichi,  est  dû  à  sa  collaboration  éclairée. 
Nous  donnons ,  à  la  suite  de  ce  texte  supplémen- 
taire, une  note  bibliographique  fort  intéressante, 
rédigée  par  notre  savant  ami ,  M.  H.  Cocheris,  pour 
son  édition  de  l'abbé  Lebeuf.  Elle  est  relative  à  l'in- 
dication des  documents  manuscrits  existant  aux  Ar- 
chives et  à  la  Bibliothèque  nationale ,  et  pouvant  aider 
à  compléter  la  monographie  deSaint-Sulpice.—  L. M. T. 


UUE  FEROU.  151 


CHAPITRE   V. 

sciTÉ  dFla  description  des  rues  du  bourg  saint-germain. 


RUE   FEROU. 

L'église  Saint-Sulpice  était  précédée  d'une  sorte  de  parvis,  où  s'élevait  une      Entre  les  mes    j 
croix,  et  dont  une  partie  fut  employée  à  la  construction  des  charniers  bâtis  sous      et  d»  canivci.    i 

Louis  XIII.  Ce  parvis  faisait  le  coin  septentrional  d'une  i 

Petite  blelle  qui  longeait  l'église  en  la  séparant  du  cimetière,  et  aboutissait  à  < 

la  rue  Servandoni.  Nous  croyons,  sans  avoir  réussi  à  en  acquérir  l'entière  certi-  : 

tude,  que  cette  ruelle,  dont  les  auteurs  ne  parlent  point,  est  la  même  que  celle  j 
qui  est  énoncée,  dans  les  archives  de  Saint-Sulpice,  (truelle  par  laquelle  on  faicl 
cria  procession  d'icelle  églises  (i 537-1666),  et  aussi  «ruelle  de  la  Procession n 
(i556).  Elle  a  disparu  en  même  temps  que  le  cimetière  auquel  elle  était  atte- 
nante, et  semble  avoir  été  ouverte  sur  la  bande  de  terrain  acquise  des  hoirs 
Plateau  en  1  536;  car,  au  revers  de  l'acte  de  vente,  on  lit  :  «Lettre  d'acquisition  de 

«la  ruelle  et  chemin  de  la  maison  qui  fut  de  Nicollas  Hénart,  tenant,  d'une  part,  ^ 

«au  vieil  cymetière   Saint  Sulpice,  qui  est  un  recoing  du  costé  des  chappelles  1 

«Saint  Claude  et  Saint  Michel,  n  On  lit  de  plus,  dans  le  cartulaire  de  la  paroisse,  - 
à  propos  de  la  même  acquisition  :   «En  laquelle  place  sont  à  présent  les  chap- 

«  pelles  Sainct  Claude  et  Sainct  Michel,  et  le  lieu  par  lequel  on  passe,  faisant  la  i 

«procession,  dudict  cimetière  neuf  au  vieil  *'*. n  \ 

Cimetière  Saint-Sl'lpice.  Un  titre  de  1667  mentionne  simultanément  le  petit  ' 

et  le  grand  cimetière  Saint-Sulpice;  mais  nous  ne  savons  avec  lequel  des  deux  se  ,j 

confond  celui  dont  il  est  ici  question,  et  dont  nous   constatons   l'existence  en  S 

1  h'ilx.  Il  contenait,  au  xvi"  siècle,  une  petite  maison  oiî  demeurait  le  fossoyeur  de  j 

la  paroisse,  et  il  a  été  supprimé  en  vertu  d'une  autorisation  du  22  février  1719,  \ 
pour  permettre  l'extension  de  la  nouvelle  église. 

Partie  postérieure  de  la  maison  de  Saint-Pierre-aux-Pavillons,  ou  du  Pied-de-  | 

Biche  ,  ayant  sa  principale  entrée  rue  Servandoni.  j 

\ 
'"'  Arcli.  nat.  reg.  LL  962,  fol.  960. 


152  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Partie  postérieure  d'une  maison  faisant  front  sur  la  rue  Servandoni.  Elle  pré- 
sentait sept  toises  de  largeur;  divisée  en  deux  lots  d'une  profondeur  de  sept  toises 
trois  quarts,  elle  fut  vendue,  le  28  juillet  1620,  par  Jean  Musnier  aux  nommés 
Léonard  Bourlon  et  Lagay. 

Partie  postérieure  de  deux  maisons  donnant  sur  la  rue  Servandoni,  et  dont  la 
seconde  était  contiguë  à  celle  du  coin  septentrional  de  la  rue  du  Canivet. 

Entre  Partie  postérieure  d'une  grande  maison  faisant  le  coin  méridional  de  la  rue  du 

les  rues  du  Canivet    ri       ■      ,        i     ' /.        j       .  i  -p  r 

et  de  vaugirard.    (janivct ,  ct  S  étendant  sur  la  rue  J^  erou. 

Partie  postérieure  de  deux  autres  maisons  ayant  leur  entrée  principale  en  la 
rue  Servandoni,  et  contiguës  à  la  maison  faisant  le  coin  de  la  rue  de  Vaugirard. 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 


PAROISSE   SAIIST-STJLPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE  SAINT-GERMAIN-DES-PBÉS. 

HÔTEL  DE  PlANCY,  tenant,  d'une  part,  au  jardin  faisant  le  coin  de  la  rue  de 
Vaugirard,  et  formant,  de  l'autre,  l'angle  méridional  de  l'impasse  Pérou.  Cette 
maison  appartenait  au  seigneur  de  Plancy''),  en  i553,  et  au  nommé  Jean  Lem- 
pereur,  en  1628. 

Maison  sans  désignation ,  faisant  le  coin  septentrional  de  l'impasse  Féroù ,  et 
donnée,  le  12  novembre  1 553,  par  Eymart  Grand-Jean  et  Marguerite  Duchesne, 
sa  femme,  à  la  grande  confrérie  du  Saint-Sacrement  de  l'église  Saint-Sulpice. 
Comme  cette  maison  est  plusieurs  fois  énoncée  attenante  à  la  précédente,  il  est 
à  croire  que  l'une  des  deux  formait  voûte  au-dessus  de  la  ruelle. 

Maison  sans  désignation,  résultant  du  morcellement  d'une  des  maisons  conti- 
guës. Elle  paraît  avoir  existé  dès  i583 ,  et  fut  donnée  à  l'église  Saint-Sulpice,  le 
3o  mars  1608,  par  Claude  de  Cambray,  exécuteur  testamentaire  de  Jean  Bou- 
derot.  Elle  n'avait  que  treize  pieds  et  demi  de  largeur  sur  le  devant,  quatorze 
pieds  sur  le  derrière,  et  sept  toises  et  demie  de  profondeur. 

Grande  propriété  qui  est  mentionnée  dès  i553,  et  ne  consistait  encore,  vers 
1595,  qu'en  un  jardin  avec  appentis.  En  1628,  elle  renfermait  une  maison  qui 
avait  pour  enseigne  le  Nom-de-Jésus,  et  appartenait  à  Jean  de  Brion ,  président  de 
la  Cour  des  aides,  par  le  fils  duquel  elle  fut  vendue,  le  8  juillet  1661,  à  Henri 
Coiilon,  écuyer  du  roi,  et  à  Nicolas  Dury.  Elle  s'étendait  alors  jusqu'à  la  rue 

'"'  Ce  pouvait  être  François  de  Gourtenay,  seigneur  de  Plancy  et  autres  lieux,  qui,  élevé  à  la  cour  de 
Louis  XII ,  mourut  en  1 56 1 . 


IMPASSE  PEROU.  153 

du  Pot-de-Fer,  et  contenait  une  superficie  de  neuf  cent  vingt  toises.  Dury  et 
Coulon  en  divisèrent  l'emplacement  en  deux  lots,  dont  l'un,  situé  au  nord  de 
l'autre,  et  renfermant  quatre  cent  quatre-vingt-dix-sept  toises  et  demie,  demeura 
à  Coulon,  qui  y  établit  une  académie.  La  maison  de  l'académie  Coulon  fut  achetée, 
le  i5  octobre  1695''',  par  les  directeurs  du  grand  séminaire  de  Saiiit-Sulpice,  et 
devint  le  petit  séminaire  de  ce  nom.  Quant  au  lot  de  Dury,  la  partie  postérieure, 
large  de  huit  toises  et  demie  et  profonde  de  vingt-trois  et  demie,  fut  acquise,  le 
9  1  mai  1707,  pour  y  loger  la  communauté  des  philosophes,  aussi  dépendante  du 
séminaire.  Enfin,  dans  la  partie  antérieure  était  placée,  à  la  fin  du  xvni^  siècle,  une 
école  de  sœurs  de  charité. 

Maison  sans  désignation  (lôgS).  La  largeur  de  cette  maison  et  de  la  suivante, 
qui  toutes  deux  ont  été  subdivisées  dans  la  suite  et  sont  détruites  depuis  plus 
d'un  siècle,  est  aujourd'hui  impossible  à  fixer. 

Gbande  maison  sans  désignation  (logS),  contiguë  à  la  maison  faisant  le  coin  de 
la  rue  du  Vieux-Colombier;  elle  appartenait,  vers  lôgB,  à  M.  du  Tremblay,  sieur 
de  la  Tour-Tillery. 


IMPASSE   FEROU. 

L'impasse  Férou  commençait  à  la  rue  Férou,  et  se  terminait  au  revers  d'une 
maison  faisant  front  sur  la  rue  du  Pot-de-Fer. 

Suivant  les  apparences,  c'était  primitivement  une  rue  qui  traversait  de  la  rue 
Férou  à  la  rue  du  Pot-de-Fer,  et  qui  a  dû  être  ouverte  vers  i5^o,  à  l'époque 
où  l'on  bâtissait  le  clos  Férou ,  dont  elle  limita  la  pièce  de  onze  quartiers.  Les 
archives  de  l'abbaye  n'en  contiennent  aucune  mention  antérieure  à  celle  du  cen- 
sier  de  iBgB,  où  elle  est  énoncée  rrrue  Férou  dit  Sainct  Pierre  ;r  mais,  dans  le 
mémoire  imprimé  auquel  nous  avons  déjà  renvoyé,  on  cite  diverses  indications  de  la 
rue  Saint-Pierre,  ou  Saint-Père,  i-emontant  jusqu'en  ibU'j.  Dans  le  censier  deiôaS, 
la  rue  Saint-Pierre  est  appelée  rue  desPreslres,  soit  parce  qu'elle  débouchait  de- 
vant le  noviciat  des  Jésuites,  soit  parce  que  des  ecclésiastiques  de  la  paroisse  y 
demeuraient.  On  y  lit:  frrue  Saint  Père,  à  présent  dicte  des  Prêtres, n  et  rtrue 
"des Prêtres,  autrement  dite  de  Saint  Pierre, d  dans  des  contrats  de  161 4,  1682 
et  1687. 

L'acte  de  vente  de  la  maison  qui  formait  le  fond  de  l'impasse,  et  qui  fut  acquise 
par  les  Jésuites  en  1689,  portait  que  ladite  maison  avait  issue  par  derrière  «sur 
cria  rue  Saint  Pierre,  autrement  cul  de  sac.  d  La  sincérité  de  cette  affirmation  a 

''  Jaillol  dit  le  .'îi  mai  1686.  La  date  que  nous  donnons  est  celle  qu'on  tiouvc  dans  les  archives  du 
sëniinaire  et  de  l'abbaye. 


154  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

été  révoquée  en  doute  lors  du  procès  de  1767,  entre  autres  raisons,  parce  qu'il 
est  encore  question  de  la  rue  Saint-Pierre  dans  des  titres  beaucoup  plus  récents. 
Toutefois  l'arfjunient  est  sans  valeur;  car  la  rue,  bien  que  figurée  comme  une 
impasse  sur  le  plan  de  Gomboust  (1 65 2),  y  est  désignée  par  le  nom  de  «rue des 
rr Prestres.  fl  L'impasse  Férou,  qu'on  ne  voit  point  ainsi  désignée  avant  1680,  a 
été  supprimée  depuis  quelques  années.  Nous  n'avons  jamais  rencontré  de  docu- 
ments datant  de  l'époque  où  il  constituait  une  rue,  et  dans  lesquels  il  fut  parlé  de 
son  extrémité  occidentale.  Cette  extrémité  était  déjà  bouchée  en  1609,  comme 
le  montre  le  plan  de  Quesnel;  il  se  pourrait  d'ailleurs  que,  du  temps  de  cet 
artiste,  la  rue  Saint-Pierre,  passant  sous  une  voûte,  allât  encore  s'ouvrir  dans  la 
rue  du  Pot-de-Fer. 

La  rue  Saint-Pierre  était  entièrement  bordée  de  constructions  vers  i56o. 

CÔTÉ  MÉRIDIOÎVAL. 


PAROISSE    SAIINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Trois  maisons  sans  désignation  (  1 696 ),  dont  la  première  était  contiguë  à  celle 
du  coin  de  la  rue  Férou.  Ces  trois  maisons  semblent  n'en  avoir  formé  d'abord  que 
deux.  L'une  provenait  d'une  vente  faite,  le  20  septembre  16^7,  par  Laurent 
Mansion  au  nommé  Blanchet-Faverat,  et  l'autre  est  mentionnée  dès  1671. 

Deux  maisons  sans  désignation  (iBgS),  dont  la  seconde,  contiguë  à  la  maison 
du  coin  de  la  rue  du  Pot-de-Fer,  a  formé  le  derrière  de  l'hôtel  d'Elheuf. 

CÔTÉ  SEPTENTRIONAL. 


PAROISSE    SAINT-SULPIGE. 

JUSTICE 
ET  CENSIVE   DE  L'ABBAYE. 

Maison  sans  désignalion  (iBgB),  contiguë  à  la  propriété  faisant  le  coin  de 
la  rue  du  Pot-de-Fer.  Au  milieu  du  x.nf  siècle,  cette  maison  était  divisée  en 
deux  parties,  qui  furent  successivement  acquises  par  le  séminaire  Saint- Sul- 
pice,  le  28  juillet  1708  et  le  26  septembre  171^.  Sur  leur  emplacement,  on 
bâtit  la  maison  des  pauvres  étudiants  en  théologie,  connus  sous  le  nom  de 
Roberlins. 


RUE  DU  FOUR.  15.-) 

Maison  sans  dési{jnation  (iSgS),  contiguë  à  celle  du  coin  de  la  rue  Férou. 
Elle  était  divisée  en  deux  dès  1G28. 

Le  censier  de  lôgS  mentionne  trois  maisons  du  côté  septentrional  de  la  rue 
Saint-Pierre,  non  compris  la  propriété  faisant  le  coin  de  la  rue  Férou.  Nous 
n'avons  pu  constater  si  la  troisième  de  ces  maisons  se  confond  avec  l'une  de  celles 
<|ue  nous  venons  d'énoncer,  ou  bien  si  elle  serait  celle  qui  faisait  le  coin  de  la 
rue  du  Pot-de-Fer. 


RUE   DU   FOUR. 

La  rue  du  Four  commence  à  l'extrémité  de  la  rue  des  Boucheries  (del'École- 
de-Médecine)  et  finit  au  carrefour  de  la  Croix-Rouge. 

La  rue  du  Four,  quoiqu'elle  se  raccorde  assez  avec  la  rue  des  Boucheries  pour 
en  paraître  la  continuation,  n'est  en  réalité  que  le  prolongement  de  la  rue  de 
Bussy  '■'  et  une  partie  du  chemin,  extrêmement  ancien,  qui  conduisait  de  la 
cité  aux  villages  d'issy  et  de  Sèvres,  en  desservant  ce  domaine  d'issy,  possédé 
par  l'abbaye  Saint-Germain.  Une  preuve  de  son  antiquité  et  de  son  importance 
primitive,  c'est  que,  dans  une  charte  de  1898,  elle  est  encore  dite  ce  chaussée  du 
«Roy,"  qualification  qui  ne  convenait  à  aucune  autre  voie  de  toute  la  région. 
Moins  peuplée  que  la  rue  des  Boucheries,  elle  avait  été  cependant  la  première 
près  de  laquelle  s'étaient  groupées  les  maisons  de  la  villa  Saint-Germain,  et  elle 
en  constitua  toujours  l'artère  centrale,  de  sorte  qu'il  se  pourrait  que  le  nom  de 
(True  du  Bourg, ti  (|ui  lui  est  donné  dans  un  titre  de  1/112,  ne  îht  point  une  er- 
reur de  copiste,  et  répondit  à  la  locution  per  burgum  dicte  ville,  employée  avec  un 
sens  analogue  dans  un  document  de  1272.  Malgré  l'époque  reculée  de  son  ori- 
gine, la  rue  du  Four,  vicus  Fumi,  n'est  mentionnée,  pour  la  première  fois,  qu'à 
la  date  de  1  261.  Elle  a  été  souvent  appelée  Grant  rue  du  Four,  ou  simplement 
trGrant  rue,Ti  au  xv""  siècle.  Parfois  elle  a  été  nommée  aussi  «Grant  rue  Saint- 
rGermainfl  (i388,  lAoi),  «Grant  rue  qui  va  à  la  Maladeryen  (i/i56),  et  «rue 
«de  la  Maladeriefl  (161  3).  Elle  conduisait,  en  effet,  à  la  rue  de  Sèvres,  où  était 
située  la  maladrerie  Saint-Germain,  et,  comme  elle  menait  également  à  un  des 
chemins  de  Vaugirard  (la  rue  du  Cherche-Midi),  elle  est  énoncée  chemin  de  Vau- 
girard,  dans  un  document  de  1/128. 

Jusque  sous  le  règne  de  François  I",  on  divisait  habituellement  la  nie  du 
Four  actuelle  en  deux  parties  :  la  rue  de  la  Blanche-Oie,  qui  s'étendait  de  la  rue 

'"'  La  rue  des  Boucheries  avait  pour  prolongement  la  voie  qui  a  été  supprimée  en  1 368  et  remplacée 
par  la  rue  Sainte-Marguerite. 


156  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS, 

des  Boucheries  à  la  rue  des  Canettes,  et  la  véritable  rue  du  Four,  où  avait  été 
situé  le  four  banal  de  l'abbaye.  Celle-ci  s'étendait  de  la  rue  des  Canettes  au  car- 
refour de  la  Croix- Rouge,  et  elle  est  dite  cela  rue  de  la  Granche  Jehan  le  Bouvier,  n 
dans  le  rôle  de  la  taille  de  1296.  La  ffrue  de  la  Blanche  Oe,Ti  dont  il  est  ques- 
tion dans  le  rôle  de  la  taille  de  1292  ,  devait  cette  désignation  à  l'enseigne  d'une 
maison  sur  laquelle  nous  n'avons  point  de  renseignements  topographicjues,  mais 
qui  subsistait  en  1898,  époque  011  elle  est  énoncée  rcen  la  rue  qui  va  du  Pillory 
ffà  l'église  Saint  Sulpice.n  Comme  dans  tous  les  cas  analogues,  les  deux  rues  du 
Four  et  de  la  Blanche-Oie  étaient  fréquemment  prolongées  aux  dépens  l'une  de 
l'autre.  Ainsi,  on  lit  dans  un  acte  de  1629  :  crrue  qui  va  du  Pillory  à  la  Mala- 
ffderie,  appelée  la  Blanchouë^n  (^sùy 

La  rue  du  Four  présente,  au  droit  de  la  rue  des  Canettes,  un  élargissement 
assez  considérable.  Cette  dilatation  de  la  voie,  qui  est  accusée  sur  le  plan  de 
Quesnel ,  remonte  à  une  époque  ancienne;  toutefois  aucun  document  n'y  fait 
allusion.  11  est  à  présumer  que  la  petite  place  qu'elle  forme  a  servi  de  marché,  et 
que,  avant  le  xv!""  siècle,  c'était  un  lieu  de  réunion  pour  les  habitants  du  bourg. 

CÔTÉ  MÉRIDIONAL. 


PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 
ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Grande  maison  et  tuilebie  attenantes  à  la  dernière  maison  de  la  rue  des  Bou- 
cheries. Cette  propriété,  qui  offrait  une  superficie  d'environ  trois  quartiers,  et 
renfermait,  en  iSaB,  divers  bâtiments,  des  granges,  ainsi  qu'un  four  à  tudes, 
s'appelait  encore,  en  i58i,  cela  Vieille  maison  de  la  Tuilerie,  a  bien  que,  depuis 
plus  de  vingt  ans,  on  n'y  fabriquât  plus  de  poteries.  En  1695,  elle  était  divisée 
en  plusieurs  maisons  distinctes,  mais  dont  on  ne  trouve  point  le  détail.  Sur  le 
même  emplacement  nous  discernons,  en  1628: 

1°  Trois  maisons  ou  échoppes  au  lieu  où  fut  ouverte,  en  1726,  la  rue  de 
Bissy,  actuellement  Montfaucon,  conduisant  au  marché  Saint-Germain; 

2°  La  maison  de  V Ecu-de-Bourhon  ; 

3°  La  maison  de  Saint-Cosme  ; 

k°  La  maison  de  Saint-Damien  ; 

5°  Les  maisons  des  Quatre-Evatigélistes ,  dont  la  quatrième,  celle  de  Saiiil-Marc, 
faisait  le  coin  oriental  de  la  rue  de  la  Foire. 

Rue  de  la  Foire,  aujourd'hui  rue  Mabillon.   Destinée  à  servir  de  principale 


RUE  DU  FOUR.  157 

entrée  à  la  foire  Saint-Germain ,  elle  fut  ouverte  sur  une  partie  du  terrain  de  la 
maison  suivante,  en  vertu  d'une  clause  insérée  dans  le  bail  que  l'abbaye  en  fit  le 
i5aoûti58^''';  mais  il  est  vraisemblable  que  le  passage  qui  conduisait  à  la  Foire, 
en  traversant  la  maison,  existait  là  depuis  longtemps,  et  qu'on  n'eut  qu'à  le  clore 
d'un  mur,  vers  l'occident,  pour  le  transformer  en  une  rue  publique.  Cette  rue  fut 
d'adleurs  fermée  de  portes  à  ses  extrémités,  et  la  propriété  en  demeura  réservée 
au  monastère.  Le  i3  décembre  1607,  lorsque  tr l'allée  et  voyen  de  la  foire  fut 
accensée  à  maître  Emery  Moreau,  elle  avait  deux  toises  cinq  pieds  neuf  pouces 
de  large  sur  dix-neuf  toises  et  demie  de  longueur,  c'est-à-dire  les  mêmes  dimen- 
sions que  la  rue  actuelle. 

HÔTEL  DE  Navarre,  ou  Maison  de  la  Foire.  La  maison  qui  faisait  le  coin 

occidental  de  la  rue  de  la  Foire,  bien  qu'elle  ait  été  possédée  sous  le  règne  de 
Louis  XV  par  le  marquis  de  Brulard,  s'est  appelée,  jusqu'à  la  Révolution,  hôtel 
fie  la  Guette,  parce  qu'elle  avait  appartenu,  vers  le  milieu  du  siècle  précédent,  au 
maître  des  requêtes  Bon-André  de  Broé,  sieur  de  la  Guette,  fds  de  maître  Bon- 
François  Broé,  également  sieur  de  la  Guette  et  président  du  Parlement,  qui  la 
tenait  de  son  oncle  le  président  de  la  première  cliambre  des  enquêtes,  maître 
Bon  de  Broé,  mort  en  i588.  Elle  avait  été  vendue  à  ce  dernier  le  i5  août  iBSi, 
et,  en  ce  temps-là,  elle  était  encore  connue  sous  le  nom  de  maison  de  la  Foire, 
qu'on  lui  donnait  dès  ibli-Jt  et  depuis  que  la  foire  Saint-Germain  fut  établie  dans 
les  jardins.  Néanmoins,  vers  i53o,  on  n'avait  point  encore  perdu  l'usage  de  la 
désigner  sous  son  ancien  nom  d'hôtel  de  Navarre,  dénomination  qu'elle  devait  au 
séjour  de  Charles  le  Mauvais.  Nous  ne  savons  si  c'est  bien  le  fameux  roi  de  Na- 
varre qui  lui  donna  le  développement  qu'elle  prit;  mais  le  censier  de  i355,  au 
lieu  d'énoncer  ce  manoir,  énumèrc  de  la  façon  suivante  les  diverses  masures  abat- 
tues pour  lui  faire  place  :  «  Le  roy  de  Navarre,  pour  n  masures  qui  furent  l'évesque 
cde  Carcassonne,  vi';  pour  la  masure  qui  fut  Berthaut  de  Meullent,  x'  vi**;  pour 

tria  masure  qui  fut  l'évesque  du  Puy ;  pour  la  masure  qui  fut  Jehan  la  Bour- 

trgoise,  in';  pour  la  masure  qui  fut  Girart  le  Boucher,  ni^;  pour  les  masures  qui 
(T  furent  Robert  Charles,  m';  pour  les  vignes  qui  furent  Simon  Barbète,  xxxm^;  pour 
(fies  jardin  et  terres  de  Borneau  (du  closBruneau),  xx%  c'est  assavoir  à  Noël  x'  et 
f^à  la  Saint-Jehen  x';  item,  pour  la  masure  Thévenin  Derby,  ni';  pour  les  masures 
r  qui  furent  aus  Peletiers,  vi''^'.  r 

Nous  trouvons,  dans  les  cartulaires  de  l'abbaye,  que  l'évêque  de  Carcassonne 
acheta,  en  i3i  1  ''*,  d'Isabelle  dite  La  Vire,  veuve  de  Nicolas  Burgoise,  sa  maison 

''  Arcli.  nat.  cart.   S  -3870-71.  L'original  de  "'  Arcli.  nat.  reg.  LL  lO.'îS,  fol.  10  v°. 

celte  transaction  n'existe  plus  dans  les  archives  de  ''  En  1 3 1 1 ,  l'ëvêque  de  Carcassonne  était  Pierre 

l'abbaye,  et  nous  n'en  connaissons  l'existence  que  de  Rochefort. 
par  une  simple  citation. 


153  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

voisine  de  la  Bouclieric,  laquelle  maison  tenait  alors,  d'un  côté,  à  Alain  de  Meulan, 
et,  de  l'autre,  à  maître  Raoul  de  Presles.  Or  Sauvai  l'apporte^'  qu'en  iSiy  Louis 
de  France,  fds  de  Philippe  le  Hardi,  père  de  Philippe,  roi  de  iNavarre,  et  grand- 
père  de  Charles  le  Mauvais,  acheta  de  l'avocat  Raoul  de  Presles,  au  prix  de  trois 
mille  livres,  plusieurs  maisons  et  jardins;  c'est  donc  lui  qui  fut  le  véritable  fonda- 
teur de  l'hôtel  de  Navarre,  dont  l'extension  put  être  due  à  ses  descendants,  et  qui 
est  indiqué  comme  la  maison  du  comte  d'Evreux,  c'est-à-dire  de  Philippe,  roi  de 
Navarre,  dans  une  charte  de  iSai. 

Compris  dans  la  confiscation  des  biens  de  Charles  le  Mauvais  en  i386,  l'hôtel 
de  Navarre  fut  donné,  au  mois  de  mars  1898 ''^),  par  Charles  VI  à  son  oncle  le  duc 
de  Berry,  qui,  le  2  avril  1899,  après  Pâques,  l'abandonna  aux  religieux  de  l'ab- 
baye, en  échange  de  leur  renonciation  à  une  rente  de  neuf  livres  neuf  sous  quatre 
deniers  dont  son  hôtel  de  Nesles  était  chargé  envers  eux.  L'hôtel  de  Navarre,  incor- 
poré dans  le  fief  particuHer  des  abbés  de  Saint-Germain,  fut  baillé  par  eux  à  divers 
individus,  mais  morcelé  au  moins  en  deux  parties,  non  compris  les  jardins.  Le 
plus  vaste  des  deux  lots  était  celui  qui  fut  pris  par  Etienne  Sandrin,  le  12  jan- 
vier i/i6i,  et  qui,  depuis,  forma  toujours  une  propriété  particulière,  sur  laquelle 
l'abbé  ne  conserva  que  les  droits  féodaux  et  la  servitude  du  passage  dont  nous 
avons  parlé.  Le  second  lot,  au  contraire,  c'est-à-dire  la  maison  de  la  Foire, 
baillé  successivement,  le  5  avril  i5oo,  à  Thomas  Vaucombert,  le  li  juillet  iBAa, 
à  Jean  Rotonnet,  et,  le  ik  mai  la^y,  à  Pierre  de  Mareuil,  évoque  de  Lavaur, 
ne  fut  aliéné  que  temporairement  jusqu'en  1 584.  Nombre  de  titres  font  savoir  que 
ces  deux  lots  avaient  été  jadis  des  parties  de  l'hôtel  de  Navarre,  tandis  qu'on  ne 
trouve  rien  de  semblable  dans  les  documents  relatifs  aux  maisons  intermédiaires 
entre  l'hôtel  de  la  Foire  et  celui  de  Sandrin.  Ces  maisons  semblent  donc  avoir  été 
une  enclave  dans  le  manoir  de  Charles  le  Mauvais.  Il  se  pourrait  même  qu'elles 
n'en  fussent  qu'un  morcellement  très-ancien.  La  maison  de  llmage-Saint-Jacques 
est  aussi  mentionnée  comme  ayant  dépendu  de  l'hôtel  de  Navarre,  ainsi  que  nous 
l'avons  dit  déjà. 

L'an  1176,  Louis  le  Jeune  obtint  des  moines  de  l'abbaye  Saint- Germain 
l'abandon  à  son  profit  de  la  moitié  des  revenus  d'une  foire  que  ceux-ci  tenaient 
chaque  année  sur  leur  fief,  et  qui,  commençant  quinze  jours  après  Pâques,  du- 
rait trois  semaines.  Cette  cession,  dont  le  motif  n'apparaît  pas  dans  le  texte  de 

"'  T.  II,    p.  948.  Nous  avons  dit   plus    haut  des  comptes.  Mais  nous  ne  trouvons  rien  de  direc- 

qu'une  partie  de  l'hôtel  de  Navarre  paraît  avoir  ap-  lement  relatif  à  ce  sujet ,  ni  dans  l'inventaire  des 

parlenu  en  iSiy  à  un  abbé  de  Gorbie.  mémoriaux,  ni  dans  celui   du  trésor  des  chartes. 

'*'  iai\\ot(Qu(iitier  du  Luxembourg,  p.  i'i  el  1  II)  ni  dans  les  archives  de   l'abbaye,  où  il  n'existe 

indique  ainsi  la  date  de  cette  première  donation,  qu'une  simple  indication  de  la  charte.  (Arch.  nat. 

en  citant  à  l'appui  les  mémoriaux  de  la  Chambre  reg.  LL  1091,  fol.  ta?  r°.) 


RUE  DU  FOUR.  159 

la  transaction  elle-même,  fut  faite  à  la  condition  que,  si  jamais  le  roi  voulait 
aliéner  la  part  qui  lui  avait  été  octroyée,  elle  retournerait  sans  contestation  à 
ses  anciens  propriétaires;  mais,  bien  loin  que  l'occasion  s'offrît  d'exécuter  la  clause 
stipulée,  il  arriva,  au  contraire,  que,  un  siècle  plus  lard,  l'abbaye  renonça  au 
reste  de  ses  droits.  Ne  pouvant,  en  effet,  se  décider  à  payer  les  quarante  livres 
de  rente  formant  la  dotation  des  deux  chapellenies  qu'ils  avaient  été  condamnés 
à  fonder  en  expiation  du  meurtre  de  l'écolier  Gérard  de  Dôle('),  les  religieux  li- 
vrèrent à  Philippe  le  Hardi  la  seconde  moitié  des  revenus  de  la  foire,  à  charge 
par  lui  de  prendre  à  son  compte  le  payement  des  quarante  livres.  Des  lettres  expé- 
diées à  ce  sujet,  au  mois  de  juin  isiSS,  par  Mathieu,  abbé  de  Saint-Denis,  et 
Simon  de  Nesle,  régent  de  France,  furent  confirmées,  en  juillet  1286,  par  le 
roi  Philippe  le  Bel,  qui  transféra  ensuite  la  foire  Saint-Germain  aux  halles  de 
Champeaux,  où  il  parait  qu'elle  conserva  longtemps  son  ancien  nom.  On  ignore 
l'emplacement  qu'elle  occupait  lorsqu'elle  se  tenait  encore  au  bourg. 

L'autorisation  de  rétablir  une  foire  sur  le  territoire  de  Saint-Germain  fut  accor- 
dée à  l'abbaye  par  lettres  patentes  du  roi  Louis  XI,  données  au  château  de  Plessis- 
lès-Tours,  en  mars  1682.  La  nouvelle  foire  devait  être  franche,  comme  celle  de 
Saint-Denis,  et  durer  du  1"  au  8  octobre;  mais,  sur  les  plaintes  des  moines  de 
Saint-Denis,  un  arrêt  de  la  chambre  des  vacations,  rendu  le  1"  octobre  1686, 
remit  le  commencement  de  la  foire  au  lendemain  de  la  Saint-Martin.  Un  autre 
arrêt  de  la  même  année  reporta  la  foire  du  3  au  10  février,  et  fut  confirmé,  en 
février  i/i85,  par  Charles  VIII.  Ce  prince  permit  aussi,  le  i"janvier  ligi,  que 
la  foire  se  tînt  à  deux  reprises,  le  25  février  et  le  12  novembre.  Elle  fut  remise 
ensuite  au  3  février,  et  c'est  dans  ce  mois,  l'an  1/186,  qu'elle  se  tint  pour  la  pre- 
mière fois,  suivant  D.  Bouillart.  Le  compte  de  1/191-1692  mentionne  le  produit 
des  loges  louées  aux  drapiers,  tapissiers,  merciers  et  bonnetiers,  ainsi  qu'une 
somme  de  sept  livres  quatorze  sous  quatre  deniers,  remise  à  Jean  Lesturjon, 
charpentier,  pour  avoir  fait  dresser  cent  cinquante  loges  nécessaires  à  la  tenue  de 
la  foire.  Le  même  compte  contient  un  article  relatif  à  tria  façon  du  pressouer  de 
nNavarre,  fait  en  ceste  présente  année  (1/191-1/192);  en  ce  non  compris  la 
(T  massonnerie  et  couverture  de  la  halle  011  il  étoit  assiz  et  des  foulleries  d'icelluy.  n 
En  iBa/i,  les  deux  pressoirs  banniers  des  halles  furent  vendus,  pour  être  dé- 
molis, à  un  des  habitants  du  bourg,  le  nommé  Jean  Bart,  dit  Brodequin. 

Les  lettres  patentes  de  1682  ayant  laissé  les  moines  maîtres  de  choisir  le  lieu 
dans  lequel  seraient  construits  les  biltiments  de  la  Foire,  ils  n'en  trouvèrent  point 
de  préférable  aux  jardins  de  l'hôtel  de  Navarre,  qu'ils  avaient  précédemment 
baillés  au  nommé  Pierre  Benoist,  sa  vie  durant.  Ils  se  les  firent  rétrocéder  en  1 486, 
et  ils  y  élevèrent  trois  cent  quarante  loges.  On  a  dit  que  les  halles  de  la  foire 

''  Voii-,  dans  le  second  volume  de  cet  ouvrage ,  la  notice  sur  le  Prë-anx-€lercs. 


160  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

avaient  été  rebâties,  en  i5i2,  par  l'abbé  Guillaume  Briçonnet;  mais  il  semble 
plutôt  qu'elles  furent  simplement  réparées  et  peut-être  augmentées;  car  il  est 
question  ,  dans  le  compte  de  1 5 1  o-i  5 1 1 ,  de  travaux  efTectués  pour  la  balle  vieille 
etla  balle  neuve.  Plusieurs  fois  restaurées,  elles  ont  ensuite  subsisté  jusqu'à  la  nuit 
du  1 6  au  17  mars  1762,  où  elles  furent  entièrement  détruites  par  un  violent 
incendie.  Les  plans  que  nous  en  avons  vus  donnent  à  croire  que,  à  cette  dernière 
époque,  les  balles  étaient  encore  celles  du  xvi*  siècle,  mais  qu'elles  avaient  subi 
de  nombreux  remaniements  qui  en  avaient  sensiblement  modifié  l'aspect. 

Les  balles  Saint-Germain  se  composaient  d'un  grand  corps  de  bâtiment  rec- 
tangulaire en  pierre,  butté  de  contre-forts,  et  mesurant,  dans  œuvre,  environ 
trente-quatre  toises  et  demie  du  nord  au  sud  sur  quarante-neuf  et  demie  de 
l'est  à  l'ouest.  La  cliarpente  de  la  toiture,  qui  possédait  une  grande  célébrité 
parmi  les  gens  du  métier,  formait  deux  grands  combles  à  pignon,  fort  élevés, 
percés  de  nombreuses  lucarnes  et  reliés  entre  eux  par  cinq  petits  combles  trans- 
versaux. A  l'intérieur,  les  groupes  de  loges,  qui  comprenaient  cbacune  une  bou- 
tique surmontée  d'une  cbarnbre,  étaient  séparés  les  uns  des  autres  par  des  allées 
larges  de  neuf  pieds  et  au  nombre  de  onze,  savoir:  cinq  parallèles  au  petit  axe 
de  l'édifice  et  six  parallèles  à  son  grand  axe.  D'après  un  curieux  procès-verbal  du 
28  janvier  i6i5,  confirmé  par  les  plans,  les  cinq  allées  parallèles  au  petit  axe  se 
distinguaient  par  les  noms  de  première,  deuxième,  troisième,  quatrième  et  cin- 
quième traverse,  en  comptant  de  l'orienta  l'occident.  Quant  aux  autres  allées, 
la  première,  c'est-à-dire  la  plus  rapprochée  de  la  rue  du  Four,  s'appelait  la  rue 
de  Normandie;  la  deuxième,  la  rue  de  Paris;  la  troisième,  la  rue  de  Picardie;  la  qua- 
trième, la  rue  Chauldronnière '^^^ ;  la  cinquième,  la  me  Mercière,  et  la  sixième,  la 
rue  de  la  Lingerie. 

Au  reste,  ces  désignations  étaient  certainement  usitées  bien  avant  1 6 1 5 ,  et  peut- 
être  l'avaient-elles  été  dès  l'origine.  L'ordonnance  sur  la  police  de  la  foire,  rédi- 
gée en  1628  '^',  porte  qu'il  est  ffenjoinct  et  commandé  à  tous  marchands,  tant  de 
«Paris  que  d'ailleurs,  qu'ilsmettent  ou  fassent  mettre  par  escrit,en  grosses  lettres, 
ft  devant  leurs  loges  ou  eschoppes,  au  moing  au  commencement  des  rues  et  aux 
rc  coings  d'icelles,  les  villes  ou  pays  d'où  ils  sont,  sous  peine  d'amande  arbitraire,  n 
Nous  avons  trouvé  l'indication  de  la  rue  Chaudronnière  en  1606,  de  cla  rue  Mer- 
frcière  de  la  Foyre  ^^U  dès  i585,  et  celle  de  la  porte  de  la  Lingerie  à  la  même 
époque.  La  porte  qui  correspondait  à  la  troisième  traverse  était  dénommée  parle 
Syndicale  au  xvu'^  siècle;  quant  aux  portes  placées  aux  extrémités  des  rues  de  la 
Chaudronnerie,  de  Picardie  et  de  Normandie,  elles  ont  pu  prendre  le  nom  de 
ces  rues,  mais  nous  ne  savons  si  elles  appartenaient  à  la  disposition  primitive, 

'''  Les  chaudronniers  de  la  foire  sont  mentionnés  '■''  Voir  aux  appendices, 

dans  une  sentence  du  19  février  i5'i/i.  <''  Elle  aétédite  aussi  des  Or/éiTesaii  xvu* siècle. 


TOPOGRAPHIE  HISTORIOVE    DV   VIEVX    PARIS 


Q,VEo;.  EL 


DV    CERCEAV 


I.in>  '■'•-  fli.i!'riar.  aille-  !=fi 


I^A    FOIRE     SAINT    GERMAIN 


Après  les  plans  de  la  Tapisserie  de  Q^iiesnel  et  de  Du  Cerceau 


RUE  DU  FOUR.  161 

non  plus  que  certaine  chapelle  dont  parle  Piganiol  et  qui  était  au  bout  de  l'une 
des  halles.  On  remarque  sur  les  plans  que  les  quatre  grands  îlots  compris  entre 
les  rues  de  Picardie  et  de  la  Chaudronnerie  renlermaient  chacun  des  chambres 
avec  une  petite  cour  et  un  puits. 

Le  bâtiment  des  halles  n'était  séparé,  vers  le  midi,  du  mur  de  clôture  de  l'an- 
cien jardin  de  Navarre  que  par  une  ruelle  très-étroite;  il  n'en  était  pas  non  plus 
fort  éloigné,  du  côté  de  la  rue  des  Canettes;  mais  l'espace  s'élargissait  du  côté  op- 
posé, et,  vers  le  nord,  derrière  les  maisons  de  la  rue  du  Four,  sur  une  profon- 
deur d'environ  vingt-cinq  toises,  il  formait  ce  qu'on  appelait  le  préau  de  la  foire. 
Ce  préau,  loin  d'être  vide,  contint  jusqu'à  quatre  cents  loges.  D'après  le  procès- 
verbal  de  161  5,  on  y  voyait  une  rue  de  Mercerie;  une  Grande  rue  Ferronière;  une 
(True  du  Milieu-Pottière;  n  une  rue  de  la  Vannerie;  une  rue  Gaufrière;  une  rue  de 
Beauvais;  plusieurs  traverses,  dont  l'une  conduisant  à  la  Halle  aux  draps;  un  lieu 
dit  le  Tourniquet;  des  Halles  à  lajilace,  voisines  de  la  rue  des  Canettes,  et  rr  un  petit 
rrbastiment  servant  à  l'exercice  de  la  justice  du  bailliage,  ti  Le  plan  de  Quesnel 
montre  qu'il  y  avait  en  outre  une  potence.  On  accédait  au  préau  et  à  ses  halles 
de  trois  côtés:  par  la  rue  de  la  Foire,  par  le  passage  de  la  Treille  et  par  une 
porte  donnant  sur  la  rue  du  Brave;  celle-ci  remontait  à  l'origine  même  de  la 
foire;  elle  a  été  appelée  la  porte  Peincte  vers  i5g5,  crie  petit  huis  de  la  Halle  1^ 
en  1^99,  et,  dans  la  première  moitié  du  xvi''  siècle,  on  l'énonçait  ordinairement 
la  porte  des  champs  de  la  Foire.  Elle  avait  sans  doute  été  substituée  à  l'ancienne 
issue  de  l'hôtel  de  Navarre. 

Maisok  sans  désignation  (1.59.5).  Elle  paraît  avoir  été  un  morcellement  de  la 
suivante,  avec  laquelle  elle  était  solidairement  chargée  d'une  rente  de  vingt-quatre 
livres. 

Change  (liaS),  puis  maison  bâtie,  suivant  le  censier  de  iSgS,  par  le  nommé 
Denis  Tabouret.  Sous  Louis  XIII,  elle  appartenait  au  propriétaire  de  l'hôtel  de  la 
Guette,  et  faisait  le  coin  oriental  de  la  rue  Princesse,  moyennant  un  élargisse- 
ment d'environ  quatre  mètres,  pris  sur  l'hôtel  de  Roussillon,  auquel  elle  était 
précédemment  contiguë.  Elle  avait  été  possédée  par  Adam  de  Bâillon  ,  puis  par 
le  président  René  Gentils,  et  elle  fut  comprise  dans  la  confiscatiou  des  biens  de 
ce  dernier. 

Grande  maison  renfermant  des  granges,  des  bergeries,  ainsi  que  deux  jardins, 
et  dite,  en  i523,  contenir  cinq  quartiers,  ce  qui  semble  exagéré.  Elle  est  men- 
tionnée dès  1619,  et  fut  vendue,  le  28  février  i535,  par  Adam  de  Bâillon,  sei- 
gneur de  Valence,  à  Jérôme  Gentils,  notaire  et  secrétaire  du  roi.  Elle  apparte- 
nait à  René  Gentils,  président  des  requêtes  au  Parlement,  lorsqu'on  lui  intenta  le 
procès  à  la  suite  duquel  il  fut  pendu  à  Montfaucon,  le  2  5  septeuibre  i563.  Au 


162  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

moment  de  son  exécution,  il  y  avait  déjà  plusieurs  mois  que  ses  biens  étaient 
confisqués,  puisque  le  cardinal  de  Tournon,  abbé  de  Saint-Germain,  en  avait  été 
mis  en  possession  dès  le  i  2  mai  précédent.  La  réunion  des  maisons  que  Gentils 
possédait  sur  la  rue  du  Four  et  de  celles  qu'il  y  avait  annexées  sur  la  rue  des 
Canettes  formait  une  propriété  considérable.  Le  cardinal  ne  la  garda  point;  il 
s'en  défit,  le  20  septembre  ib^U,  en  faveur  de  son  neveu  Juste  de  Tournon, 
comte  de  Roussillon,  d'où  est  venu  le  nom  d'hôtel  de  Roussillon,  qui  lui  a  été 
donné.  Le  12  avril  1619,  Henri  Juste,  baron  de  Tournon,  fds  du  précédent,  de- 
vant de  fortes  sommes  aux  nommés  Pierre  Germain  et  Claude  Saullier,  marchands 
lyonnais,  leur  vendit  l'hôtel  de  Roussillon  au  prix  de  quarante-deux  mille  livres  '■'. 
Ceux-ci  firent  abattre  l'hôtel  et  en  baillèrent  le  terrain  à  bâtir,  en  ouvrant  deux 
voies  nouvelles,  les  rues  Princesse  et  Guisarde,  que  nous  avons  vues  mention- 
nées dès  le  mois  d'octobre  1G21.  La  maison  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue 
du  Four  a  eu  pour  enseigne  le  Grand-Moïse  (1628-1G90). 

Maison  sans  désignation  (iSgB),  morcellement  de  la  suivante. 

Maison  sans  désignation,  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  des  Canettes.  Au  com- 
mencement du  xv" siècle,  elle  appartint  à  Martin  Gouge,  dit  deCharpaigne,  évêque 
de  Chartres,  puis  de  Clermont,  et  elle  passa  ensuite  au  président  du  Parlement 
Yves  de  Scepeaux.  En  1023,  on  la  qualifiait  de  grange,  et  elle  était  depuis  peu 
divisée  en  deux  dans  le  sens  de  sa  profondeur.  En  1  5/i3,  elle  avait  pour  enseigne 
l'Image -Saint' Maurice,  rappelant  le  prénom  d'un  de  ses  propriétaires,  Maurice 
Moye,  qui  la  possédait  en  i53/i  et  la  tenait  de  maître  Léon  le  Gentilhomme.  A  la 
fin  du  xvi"  siècle,  la  maison  de  l'Image-Saint-Maurice  proprement  dite  formait 
deux  propriétés  distinctes  sur  la  rue  du  Four.  Celle  du  coin,  en  1628,  était  à  son 
tour  subdivisée  en  trois,  dont  deux  étaient  situées  dans  la  rue  des  Canettes,  et 
la  troisième  faisant  front  sur  la  rue  du  Four.  Cette  dernière  avait  alors  pour 
enseigne  le  Corbeau. 


Entre 


,         ,   ,.    „         Maison  de  l'Image-Saint-Christophe  (i/ii 3-1628),  faisant  le  coin  occidental  de 

les  rues  des  CaiieKes  >  / 

et  Beiiriière.  la  rue  des  Canettes.  On  la  confondait  souvent  avec  la  suivante,  dont  elle  était  sé- 
parée, en  1628,  par  une  maison  dite  la  Chaumière,  dépendance  d'une  des  pro- 
priétés contiguës.  En  1695,  elle  aboutissait  encore  à  la  maison  du  Chef-Saint- 
Jean  de  la  rue  des  Canettes;  mais,  en  1628,  elle  avait  été  morcelée,  et,  entre  la 
maison  du  Chef-Saint-Jean  et  celle  du  coin,  il  s'en  trouvait  trois  autres  qui  ont  eu 
pour  enseignes,  la  première  (vers  le  midi),  la  Folie;  la  deuxième,  les  Deux-Haches 
(1687),  et  la  troisième,  Sainl-Claude .  Une  portion  du  jardin  de  la  maison  de 
rimage-Saint-Christoplie  fut  aliénée,  dès  1629,  par  le  propriétaire,  et  paraît  se 
rapporter  au  plus  grand  des  deux  corps  d'hôtel  de  la  maison  de  la  Folie. 

'"  Arch.  nat.  cari.  S  3862. 


RUE  DU  FOUR.  163 

Maison  DE  ff  LA  FoLLYE n  (  1 5 1 3). 

Maison  sans  désignation  en  i5i3,  et  dite  dans  la  suite  hôtel  de  Vigny  (1687). 

Maison  sans  désignation  en  1 5 'i 3, puisDEsTfiois-Rois (1567- 168 7).  Au  XVII'' siècle, 
elle  formait  trois  maisons,  dont  la  première  a  eu  pour  enseigne  le  Chariot-Eouge 
(1628),  la  deuxième,  les  Trois-Rois  ctla  Ville-de-Bergerac  [168']),  et\a  troisième,  la 
Croix-Blanche,  autrement  le  Pavé-Rompu  (1G87).  Elle  s'était  alors  agrandie  de  la 
partie  postérieure  de  la  maison  suivante. 

Maison  sans  désignation  (iSaS).  Au  xvii"  siècle,  elle  paraît  avoir  été  divisée  en 
deux,  et  appartenait  à  l'abbé  de  Saint-Germain-des-Prés. 

Maison  dite,  en  i523,  formée  de  trois  autres.  Elle  a  eu  pour  enseigne  les 
Trois-Cboissants  (1599),  puis  LE  Gband-Monarque  (1687).  C'était  une  propriété 
de  l'Hôtel-Dieu  dès  i523.  En  1628,  un  de  ses  corps  d'hôtel,  constituant  une 
propriété  particulière,  la  séparait  de  la  suivante. 

Maison  sans  désignation  en  i523,  puis  de  l'Image-Saint-Jean-Baptiste  (lôgB), 
aboutissant  à  la  précédente. 

Maison  de  l'Image-Saint-Pierre  (1  Û17-153/1),  puis  de  la  Cloche-Perse  (i5/i3- 
1687).  Elle  avait  été  élevée  sur  deux  pièces  de  terre,  et  formait  deux  maisons  en 
iBgô  et  1680.  A  celte  dernière  date,  la  seconde  maison  avait  pour  enseigne  le 
Bras-d'or.  Sur  son  emplacement  existait,  en  i/i56,  une  grange  à  l'état  de  masure 
et  distincte  de  la  maison  de  l'Image-Saint-Pierre. 

trHoSTEL    DU    FoIR-BaNNIERT)    (li56),    OU    MAISON    DE    LA    CoRNE-DE-CeRF   (i522- 

1688),  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  Beurrière  et  s'étendaut  le  long  de  tetle 
rue  jusqu'à  celle  du  Vieux-Colombier.  Ce  four  banal  de  l'Abbaye  est  celui  qui  a 
donné  son  nom  à  la  grande  rue  du  bourg  Saint-Germain.  A  la  fin  du  xvi"  siècle 
et  au  commencement  du  xvii*,  la  maison  où  il  avait  existé  appartenait  à  maître 
Guiilcmin,  auditeur  de  la  Chambre  des  comptes.  De  là  vient  que  la  rue  qui,  vers 
i63i,  fut  percée  sur  une  partie  de  son  terrain,  et  qui  l'a  séparée  de  la  précé- 
dente, a  été  aj)Tpe\ée  rue  Netwe-Guillemin ,  ou  simplement  Guillemin,  autrement  rfe 
la  Corne. 

Il  est  fait  mention,  dans  une  charte  de  1271,  de  la  maison  faisant  le  coin  de 
la  rue  du  Four  et  de  la  rue  Beurrière;  mais  nous  ignorons  s'il  s'agit  de  celle-ci  ou 
de  la  suivante.  Le  four  existait  dès  12  59,  et  paraît  avoir  été  supprimé  avant  1/172. 

Maison  sans  désignation  (i523),  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  Beurrière.  Knire 

t-<ii  <•  m    A      1  •  f  I       ■  1  .  .         la  ruo  BeuiriiTe 

Elle  renfermait  plusieurs  corps  d  hôlel  qui,  vers  i  oi  0,  étaient  devenus  trois  mai-  ei 

sons  distinctes  :  la  deuxième  avait  alors  pour  enseigne  ï Ecu-de-France ,  et  la  troi-  (tHa^cmix-ronire 
sième,  la  Tele-Noire  (1602).  H  s'y  trouvait  une  bergerie  en  i5/i3. 

Maison  de  la  Fontaine  (16/17-1623),  aboutissant  à  la  rue  du  Vieux-Colombier. 
En  1 687,  elle  était  divisée  en  deux  parties,  dont  l'une  avait  pour  enseigne  la  Ville- 
d'Epernon.  Cette  maison  a  conservé  jusqu'à  nos  jours  son  ancienne  enseigne,  bas- 


164  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

relief  en  pierre,  placé  au-dessus  de  la  porte,  et  exécuté  au  commencement  du 

xm"  siècle.  Nous  en  donnons  ici  la  reproduction '''  : 


Maison  dk  la  Vieille-Fontaine  (lôgS),  ou  Petite-Fontalne  (1687),  aboutissant 
à  la  rue  du  Vieux-Colombier.  Avec  la  précédente  et  la  suivante,  elle  ne  consti- 
tuait, en  iSaS,  qu'une  même  propriété,  énoncée  qui  asoulloit  estre  deux  mai- 
ff  sons.  11 

Maison  du  Soufflet-Vert  (  i.^gB),  morcellement  de  la  précédente.  Cette  maison 
est  la  dernière  de  celles  que  l'on  construisit  sur  le  terrain  large  de  trente  toises, 
qui  fut  baillé,  en  i5i  1,  par  Liénard-Baudart  à  Vaucombert,  et  qui  est  dite  faire 
le  coin  de  la  rue  de  Vrolande.  (Voir  Rue  Beurrière.) 

Maison  sans  désignation  en  iSgB,  puis  de  la  Salamandre  (1G28-1690). 

Maison  sans  désignation  en  1695,  puis  de  l'Image-Notre-Dame  (1628),  qui 
aboutissait  primitivement  à  la  rue  du  Vieux-Colombier;  la  partie  donnant  sur 
cette  rue  formait  une  propriété  distincte  dès  i6o3. 

Maison  des  Quatre-Vents  (iSqS),  faisant  le  coin  du  carrefour  de  la  Croix- 
Rouge,  et  s'étendant  sur  la  rue  du  Vieux-Colombier.  Au  xvn"  siècle,  elle  a  été 

'''  Il  y  a  quelques  années,  lors  de  la  déniolitiou  lionnes,  celle  enseigne  delà  Foiilnines  été  recueillie 
de  celle  maison  [lour  le  pcrcenienl  de  la  rue  de        et  Iransjmi'lée  à  l'Iiôtel  Carnavalet.  —  th.  v. 


RUE  DU  FOUR.  165 

divisée  en  trois  propriétés,  qui  eurent  pour  enseignes,  la  première,  les  Quatre- 
Evatifrélisles ;  la  deuxième,  les  Quatre-Éléments ,  et  la  troisième,  les  Quatre-Vents. 

La  maison  des  Quatre-Vents  et  les  deux  précédentes  ne  formaient  d'abord 
([u'une  grande  propriété  qui  renfermait  une  maison,  des  jardins,  une  tuilerie,  et 
fut  baillée,  le  lo  avril  i388,  à  Bélot-Mahieu ,  marchand  de  Paris.  En  i53û,  une 
seconde  maison  était  déjà  bâtie  sur  le  terrain  de  la  tuilerie,  encore  mentionnée 
en  1067;  le  morcellement  eut  lieu  peu  après.  En  ilt-iS,  elle  est  dite  occuper 
tout  l'îlot  jusqu'à  la  rue  Beurrière;  il  faut  en  conclure  qu'elle  était  alors  plus  vaste 
qu'un  siècle  auparavant  ;  car,  au  mois  d'octobre  i3t5,  lorsqu'elle  fut  vendue  par 
Pierre  de  Montreuil  et  Isabelle,  sa  femme,  à  Etienne  Domonl,  chantre  de  l'abbaye, 
elle  aboutissait  à  l'hôtel  de  l'évêque  de  Rodez,  qui  doit  être  la  propriété  bordant 
la  rue  Beurrière. 

CarREFOIR  de  la  CroiX-RolgE.  Ce  lieu  est  appelé  le  et  bout  de  la  ville  t? 
dans  le  rôle  de  la  taille  de  1599,  crie  chiefdela  ville n  dans  le  même  document, 
ainsi  que  dans  d'autres  de  i3io,  i355  et  i4i5,  el  rr l'entrée  de  la  ville n  dans 
un  acte  de  i53i.  C'est  là,  en  effet,  que  se  terminait  le  bourg  Saint-Germain. 
Nous  trouvons,  dans  des  titres  de  1600  el  i4i  1,  la  mention  d'une  porte  placée 
en  cet  endroit;  elle  fermait  apparemment  la  rue  du  Four,  et  était  déjà  ancienne 
alors,  puisque,  dans  une  charte  de  1377,  une  vieille  grange  est  dite  située  crau 
ffboul  de  la  ville  Ss\nl-(jerma'in ,  oiillre  la  vielle  porte  el  car reiouv,  deventle  Grez  <"'.•» 
Au  xv""  siècle,  le  carrefour  de  la  Croix-Rouge  était  assez  souvent  nommé  carrefour 
de  la  Maladerie,  non  pas.  assurément,  à  cause  du  voisinage  des  granges  aux  ma- 
lades de  Naples,  comme  l'a  pensé  Jaillot,  mais  bien  à  cause  du  chemin  de  la 
Maladerie,  ou  rue  de  Sèvres.  Cne  raison  analogue,  la  proximité  du  chemin  de  la 
Justice,  paraît  être  le  motif  pour  lequel  le  carrefour  a  été  aussi  nommé  r  carrefour 
(fde  la  Justice T)  (1629).  Nous  n'avons,  en  effet,  jamais  rencontré  la  moindre  in- 
dication des  prétendues  fourches  patibulaires  (jui  se  seraient  élevées  là ,  suivant 
Jaillol ,  tandis  que  nous  connaissons  une  foule  de  documents  faisant  allusion  à  celles 
de  Grenelle. 

Le  carrefour  de  la  Croix-Rouge  s'appelait  encore  «le  carrefour  de  la  grant  ruen 
(i53i),  trie  carrefour  du  Four  a  (i535),  et  ffle  carrefour  du  Jeu  de  boules  a 
(i53i).  Cette  dernière  désignation,  extrêmement  commune  dans  la  première 
moitié  du  xvf  siècle,  provenait  d'un  (rboullouern  dont  il  est  indirectement  ques- 
tion dans  les  archives  de  l'abbaye,  de  1692  à  i5/i3,  mais  sur  la  disposition  et 
même  l'emplacement  exact  duquel  nous  n'avons  point  obtenu  d'éclaircissement. 
11  est  très-probable  que  ce  n'était  point  une  construction;  c'était  simplement  un 
terrain  qui,  préparé  pour  le  jeu,  s'étendait  le  long  delà  rue  de  Sèvres;  car,  des 

'*'  Nous  ne  savons  ce  (iii'il  faut  entendre  par  ce  mot.  S'agirait-il  de  quelque  borne  ou  irgios  caillou?'! 


166  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

maisons  formant  les  coins  du  carrefour,  il  n'en  est  aucune  que  les  titres  déclarent 
contiguë  au  jeu  de  boules,  et  nous  voyons  que,  en  i535,  une  propriété,  située  à 
l'encoignure  des  rues  du  Dragon  et  de  Grenelle,  a  été  énoncée  et  au  heurt  du  car- 
«  refour  au  dessoubz  du  lieu  appelé  le  Jeu  de  boulles.-n  Le  jeu  de  boules  était  donc 
un  emplacement,  une  aire,  plutôt  qu'une  bâtisse  quelconque. 

Une  croix  monumentale,  peinte  en  rouge,  est,  dit-on,  la  cause  du  nom  que 
porte  actuellement  le  carrefour;  toutefois  nous  n'avons  jamais  obtenu  la  preuve 
que  cette  croix  ait  réellement  existé,  et  la  lacune  existant  dans  les  archives  de 
l'abbaye  nous  a  empêchés  de  vérifier  si  le  carrefour  doit  réellement  son  nom  à 
une  croix  qui  en  aurait  occupé  le  centre.  Ne  le  doit-il  pas  bien  plutôt  à  l'enseigne 
de  la  maison  formant  le  coin  de  la  rue  de  Sèvres? 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  première  indication  de  la  a  Croix-Rouge ,  n  monument  ou 
enseigne,  que  les  documents  nous  aient  offerte,  date  de  1877,  et  nous  doutons 
fort  que  l'origine  en  soit  beaucoup  plus  ancienne,  parce  qu'il  n'en  est  point  parlé 
dans  les  nombreux  titres  antérieurs  à  i55o,  relatifs  à  la  localité.  Sur  le  plan  de 
la  Tapisserie,  dont  l'inexactitude,  en  ce  qui  touche  les  faubourgs,  est  d'ailleurs 
assez  grande,  le  carrefour  est  représenté  avec  une  croix  au  milieu;  mais  peut-être 
est-ce  là  une  invention  du  dessinateur,  qui  s'en  est  permis  plusieurs  autres. 
Dans  tous  les  cas,  il  serait  imprudent  de  rien  conclure  du  fait,  attendu  que.  sur 
le  plan  de  Braun,  publié  en  1675,  à  la  place  de  la  croix  on  remarque  un  arbre, 
et  il  est  certain  qu'on  constate  l'existence  d'un  arbre  planté  au  carrefour,  long- 
temps avant  celle  d'une  croix  quelconque.  Cet  arbre  était  nommé  «  l'Orme  du  Four,  -n 
en  1A89,  et  il  servait  à  dénommer  l'un  des  coins  de  la  rue  du  Cherche-Midi, 
qu'on  trouve  appelé  «la  Pointe  de  l'Orme, •»  en  1872  eti355.  Sur  le  plan  de 
Quesnel,  un  arbre  est  encore  figuré  au  milieu  du  carrefour  ''',  et  l'enseigne  de  la 
Croix  apparaît  suspendue  à  la  maison  du  coin  de  la  rue  de  Sèvres,  ce  qui  achève 
de  nous  persuader  qu'on  s'est  mépris  jusqu'ici  sur  l'origine  du  nom  que  porte  le 
carrefour'^'. 


'"'  On  le  lelrouve  sur  le  plan  de  Gomboust,  où 
il  est  placé  à  l'exlrëmité  de  la  rue  du  Four. 

'''  Une  croix  monumentale  en  pierre  n'eût  assu- 
rdmenl  point  été  peinte  en  rouge ,  et  Ton  n'aurait 
point  barbouillé  de  cette  couleur  une  croix  en  bois 
sculpté.  L'hypothèse  que  nous  rejetons  implicpie 
donc  (pie  la  croix  en  question  n'eût  consisté  qu'en 
une  menuiserie  grossière ,  comme  ces  croix  de  mis- 
sion qu'on  voit  encore  dans  les  campagnes  et  qui 
datent  de  la  Reslauration.  Dans  le  riche  faubourg 


Saint-Germain,  à  l'époque  où  s'épanouissait  la  Re- 
naissance, il  est  peu  probable  qu'on  se  fût  contenté 
d'un  pareil  insigne.  —  a.  b. 

En  l'absence  de  tout  dessin  authentique  et  de 
toute  figuration  contemporaine,  vraiment  digne  de 
foi,  nous  avons  pensé  à  reproduire  les  divers  aspects 
du  carrefour,  tels  que  les  anciens  plans  les  donnent. 
La  vieille  notoriété  de  ce  point  de  Paris,  appelé  à 
perdreprochainementsa  physionomie  primitive,  exi- 
geait au  moins  ce  genre  de  représentation. —  l.m.t. 


■I 


vj-> 


w 
o 
> 

o 


o 

ce 
o 

< 
w 

Q 

ce 

> 
O 

w 
a: 

<; 
u 

w 


RUE  DU  FOUR.  167 

CÔTÉ  SEPTENTRIONAL. 

PAROISSE    SAINT-SULPIGE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Maison  sans  désignation,  faisant  le  coin  de  la  rue  du  Dragon,  et  qui  apparte-  Er.ue 

nait,  en   lôgS,  à  M.  de  aLouans.fl  En   i6i5,  c'était  une  masure  large  de  huit  ''' euiii''Lbo't!'"'' 
toises  sur  la  rue  du  Four,  et  de  trois  toises  par  derrière,  profonde  de  vingt-sept 
toises  d'un  côté  et  de  vingt-six  de  l'autre. 

Grande  maison  sans  désignation  en  i5g5,  puis  de  la  Chasse  (1628),  faisant 
haclie  derrière  la  précédente  et  répondant  sur  la  rue  du  Dragon. 

Trois  maisons,  dont  la  première  a  eu  pour  enseigne  la  Chasse-Royale  (1628- 
1687,  et  la  deuxième,  la  Perle.  Nous  ne  les  avons  point  trouvées  indiquées  d'une 
manière  spéciale  avant  le  xvn"  siècle;  mais  elles  devaient  exister  auparavant,  et 
constituaient  peut-être  l'une  de  ces  trois  ir demeures n  que  renfermait,  en  iBaS, 
la  propriété  formée  de  la  maison  précédente  et  de  celle  du  coin.  Celte  propriété, 
aboutissant  au  clos  Copieuse,  contenait  environ  trois  quartiers  de  terre. 

Maison  sans  désignation  en  i53i,  puis  de  la  Hacquebute  (i5g5).  En  1628, 
elle  était  divisée  en  deux  demeures,  la  première  ayant  pour  enseigne  la  Mar^rue- 
rite-Couronnée,  et  la  seconde,  l'Image-Nolre-Dame. 

Maison  de  l'Agnus-Dei  (iBgB-iGSy),  qui,  en  iBaS,  était  l'un  des  deux  corps 
d'hôlel  de  la  maison  suivante.  Dès  1628,  elle  était  aussi  divisée  en  deux  parties, 
et  la  première  avait  alors  pour  enseigne  les  Trots-Chapelets. 

Maison  sans  désignation  en  i523,  puis  de  la  Queue-de-Regnart  (i563-i68'7), 
faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  du  Sabot. 

Maison  du  Sabot  (151/I-1628),  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  du  Sabot.  Elle  Entre 

,..,,„.  _  _  .|  I  .,  .  .       ,         I1.8  nies  du  Sabot 

aboutissait  a  la  Petite  rue  laranne  en  109;);  mais,  dans  la  première  moitié  du      etdeiEgout. 
xvi*^^  siècle,  elle  était  moins  profonde;  car  elle  était  limitée  par  un  jardin  qui  la 
séparait  de  l'hôtel  de  Taranne.  Les  deux  maisons  suivantes,  qui  n'en  formaient 
qu'une,  en  dépendaient  alors  '''  et  contenaient  une  grange. 

Maison  sans  désignation  en  lôgô,  puis  des  Carneaux  (1628-1687). 

Maison  sans  désignation  en.iBgô,  puis  de  l'Epée-Royale  (1628-1687). 

Jardin  (i  528),  puis  maison  de  la  Véronique  (iSgB),  du  Jardin-d'Ollivet  (1628) 
et  DU  Roi-François  (1687). 

'''  Certains  docutnenU  donnent  à  la  maison  du  semble  pourtant  en  avoir  jamais  contenu  pins  de 
Sabot  une  superficie  de  ti'ois   quartiers;  elle  ne        deux. 


168  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Maison  sans  désignation  en  i5'23,puis  du  aCHAPPEAU-DE-TRioMPHEn  (iBgS- 
1698). 

Maison  sans  désignation. en  lôgô,  puis  de  la  SoucHE-CouROPi^ÉE  (1628-1680), 
morcellement  probable  delà  suivante. 

Maison  sans  désignation  [ilxSk),  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  de  l'Egout. 
Elle  appartenait  à  la  Sainte-Chapelle,  à  laquelle  elle  fut  donnée,  le  11  mai  1686, 
par  maître  Robert  Cordel,  chanoine  de  cette  église.  En  1 5^2,  ce  n'était  plus 
qu'un  jardin,  et,  le  7  mars,  Guillaume  Bernard  en  vendit  à  Toussaint  de  Villette 
une  partie  large  de  six  toises  et  profonde  de  dix.  C'est  celle  où  a  été  bâtie  la 
maison  qui  forme  l'encoignure  actuelle. 

Entre  Maison  de  la  Croix-de-Feu  (1609),  puis  de  l'Hermine  (1628-1690),  faisant  le 

les  rues  de  l'Egout  .  •  i    i      i  i      l'n  n  •  i  /ri  •    i    ' 

et  des  Ciseaux,  coiu  Oriental  de  la  rue  de  1  Egout.  Lette  maison,  ou  la  précédente,  appartint  a  ce 
Jean  Le  Forestier  dont  la  rue  de  l'Egout  a  porté  le  nom. 

Maison  sans  désignation  (iSaS). 

Maison  sans  désignation  en  1628,  puis  du  Soleil-d'Or  (1628-1687).  Au  com- 
mencement du  xvif  siècle,  on  y  réunit  une  maison  de  la  rue  de  l'Egout.  En  1  SgS, 
celte  maison,  ou  celle  qui  suit,  avait  pour  enseigne  l' Image-Saint' Vincent. 

Maison  sans  désignation  en  lôaS,  puis  du  Chapelet  (1628),  ou  des  Grosses- 
Patenôtres  (1687). 

Maison  sans  désignation  en  lôaS,  puis  du  Petit-Cerf  (1695-1687).  Avec  les 
trois  précédentes,  elle  formait  la  moitié  occidentale  de  l'hôtel  de  Gamaches. 

Maison  sans  désignation  en  1628,  puis  de  trLA  Lïmet,  (logô),  ou  de  la  Lune 
(1628-1687). 

Maison  sans  désignation  en  1628,  puis  crou  Vert-Gallant n  (1628).  Avec  la 
précédente,  elle  formait  la  moitié  orientale  de  l'hôtel  de  Gamaches. 

HÔTEL  DE  Gamaches.  Cet  hôtel,  aussi  connu  sous  le  nom  de  Maison-aux-Cre- 
NEAux  (1/119-1686),  est  dit,  dans  un  document  de  1609,  appartenir  alors  à 
M""  de  Gamaches.  Il  fut  ensuite  possédé  par  un  sergent  d'armes  appelé  Hermant, 
et,  vers  1/178,  par  M'"'^  de  Châtillon,  à  laquelle  succédèrent  des  particuliers  sans 
notoriété.  Au  reste,  nous  n'avons  vu  aucun  titre  directement  relatif  à  l'hôtel  de 
Gamaches  avant  son  morcellement,  qui  était  déjà  effectué  en  1609. 

En  182/1,  le  cardinal  d'Ostie  <''  vendit  à  son  neveu  la  maison  vulgairement 
appelée  aux  Carneaux,  qu'il  possédait  à  Saint-Germain-des-Prés,  et  qui  avait  été 
précédemment  à  l'évêque  de  Paris,  Simon  Matifas  de  Bussy.  Il  se  défit  en  même 
temps,  au  profit  de  son  neveu,  de  quelques  petites  maisons  qui  avaient  appar- 

''  Ce  doit  être  Regnault  de  la  Porte,  évêqiie  de  en  i  Sac,  et  évêqiie  d'Ostie  en  1 3a  1 .  Il  inouful  à 
Limoges,  puis  archevôquedeBouiges,  fait  cardinal        Avignon  en  iSa.î. 


RUE  DU  FOUR.  169 

tenu  à  Simon  du  Mont-Sainte-Marie  ■').  Selon  toute  apparence,  cette  maison  était 
la  même  que  l'iiôtel  de  Gamaches,  puisqu'on  ne  peut  la  confondre  avec  la  maison 
des  Carneaux  de  l'évêque  Bernard  Brun.  On  apprend,  du  reste,  par  le  censier  de 
i355  (^',  qu'un  autre  cr cardinal  d'Ostie , n  qui  fut  Pierre  de  Colombier,  évêque  de 
Nevers,  puis  d'Arras,  mort  le  i3  juillet  i36i,  était  propriétaire,  à  Saint-Ger- 
main-des-Prés,  d'une  masure,  laquelle  avait  été  antérieurement  à  tria  famé  Lorens 
trDaire,Ti  et  oîi  (rBillebaut  demouroit.  t  Nous  ignorons  l'emplacement  de  cette  ma- 
sure et  celui  de  plusieurs  autres  que  Pierre  de  Colombier  tenait  de  son  oncle  aie 
ff  cardinal  d'Ostun,ii  c'est-à-dire  de  Pierre  Bertrand,  aussi  évêque  de  Nevers,  puis 
d'Autun,  et  cardinal  du  titre  de  Saint-Clément. 

Maison  sans  désignation  en  iSaB,  puis  du  Heaume  (169 5- 1687). 

Maison  sans  désignation  (lôaS). 

Maison  sans  désignation  en  iSaS,  puis  des  Trois-Visages  (iSgB-iGaS)  et 
DL  CiiAPEAU-FoRT  (1687).  Ccttc  maisou  n'offrait  qu'un  corps  d'hôtel  très-étroit 
sur  la  rue,  mais  elle  en  contenait  d'assez  vastes  au  centre  de  l'îlot.  Elle  fut,  en 
effet,  agrandie,  après  lôgS,  de  la  partie  postérieure  de  la  maison  suivante,  et, 
vraisemblablement  aussi,  d'une  portion  des  jardins  de  l'hôtel  de  Gamaches,  qui  y 
aura  été  annexée  avant  lôaS.  A  cette  époque,  en  effet,  la  maison  des  Trois-Visages 
constituait  déjà  l'un  des  deux  aboutissants  des  bâtiments  de  l'hôtel,  c'est-à-dire 
qu'elle  présentait,  vers  l'ouest,  une  disposition  en  hache  semblable  à  celle  qu'elle 
affectait  de  nos  jours. 

Maison  sans  désignation  en  iSaS,  puis  de  kla  HAncEn  (iSgB),  ou  Herse-d'Or 
(1G28-1687). 

Maison  des  Ciseaux  (i /i53-i  5/i3),  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  des 
Ciseaux.  Elle  renfermait  deux  corps  d'hôtel,  dont  le  premier,  formant  propriété 
séparée,  a  eu  pour  enseigne  /7mrtg'e-SfltW-A/ic/ie/ (1G28-1  687).  Derrière  ces  deux 
corps  d'hôtel  se  trouvait  un  jardin  qui  fut  pris  à  bail,  le  19  septembre  1 453,  par 
Jean  Laigneau,  et  s'étendait  le  long  de  la  rue  Sainte-Marguerite.  D'après  certains 
documents,  dailleurs  très-obscnrs,  ce  jardin  était  divisé  en  deux  sous  le  règne  de 
François  i";  et,  si  les  titres  sont  exacts,  la  partie  qui  correspond  à  la  maison  du 
coin  de  la  rue  Sainte-Marguerite  (rue  Gozlin)  était  réunie,  en  logô,  à  un  autre 
jardin  sur  le  chemin  des  fossés  de  l'abbaye.  En  1628,  ce  qui  restait  du  jardin 
des  Ciseaux,  sur  la  rue  de  ce  nom,  avait  fait  place  à  une  maison. 

Deux  maisons  sans  désignation  (iSgS),  dont  la  première  faisait  le  coin  oriental  Enue 

de  la  rue  des  Ciseaux.  Ainsi  que  les  trois  suivantes,  elles  provenaient  du  morcelle-   '"  "^  ,tpiaèr"" 
ment  d'une  prande  propriété  occupant  tout  l'îlot  compris  entre  les  rues  des  Ciseaux,   saime- Marguerite 

"Il  1  '  .  1-  1  (place  Gozlin). 

du  Four  et  Sainte-Marguerite  (Gozlin).  Cette  grande  maison  est  dite,  dans  le  cen- 
'■'  Arch.  not.  reg.  LL  1091,  fol.  ai  v°.  —  '*'  Ibid.  reg.  lo.'iS,  fol.  i3  r°  et  .3o  v°. 


170  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

sier  de  iSaS,  s'être  rrappellée  de  toute  ancienneté  l'ostel  de  Casin.  n  Elle  renfer- 
mait plusieurs  corps  d'hôtel,  des  gran{jes,  des  ctables  et  un  jardin,  et,  dès  i523, 
était  divisée  en  trois  ou  quatre  lots,  que  les  censiers  ne  mentionnent  point  sépa- 
rément. On  lit,  dans  les  archives  du  monastère,  qu'elle  avait  appartenu  à  un  cei- 
taiu  Casin  de  Cornuille  (alias  de  Rouvillier);  mais  le  nom  de  ce  particulier  parait 
avoir  été  en  réalité  Casin  d'Estouville  '''.  Dans  l'adjudication  qui  lut  faite  de  la 
maison  aux  religieux  de  Saint-Germain-dcs-Prés,  le  96  mai  li'iQ,  elle  est  effec- 
tivement dite  avoir  été  jadis  à  rrfeu  Casin  dEstouville.  ti  Toutefois  la  maison  de 
Casin,  qui,  en  1377,  appartenait  à  ff  messire  Ferry  de  Mez,  chevalier, ■»  ne  cons- 
tituait alors  que  la  plus  grande  des  trois  maisons  dont  se  composait  l'îlot,  et  celle 
que  longeait  la  rue  des  Ciseaux.  La  première  de  ces  maisons,  c'est-à-dire  la  plus 
rapprochée  du  Pilori,  était,  vers  le  même  temps,  possédée  par  un  abbé  de  Saint- 
Jean  de  Laon;  elle  n'existait  plus  en  1898,  et  l'emplacement  fut  adjugé  à  l'ab- 
baye, en  vertu  du  privilège  aux  bourgeois  (^'. 

Grange  (iSgS)  qui,  en  1628,  était  remplacée  par  deux  ou  trois  njaisons '*', 
dont  la  dernière  avait  pour  enseigne  le  rr  Poulonnois-Armé.n 

Maison  ayant  pour  enseigne  cf  le  Coq-en-Casintî  (iBSG-iSgB).  Sur  son  enqjla- 
cement,  en  1628,  étaient  bâties  trois  maisons;  la  première  avait  pour  enseigne 
le  Mouton,  et  la  troisième,  qui  était  vaste  et  aboutissait  rue  Sainte-Marguerite, 
la  Pomme-d' Orange. 

Maison  ayant  pour  enseigne  ffLA  Foretz-Casin n  (  1  SaS-i  5()5).  En  1628,  elle 
était  remplacée  par  quatre  maisons,  dont  les  trois  dernières,  aboutissant  rue 
Sainte-Marguerite,  avaient  les  enseignes  de  Saint- Augustin,  Saint-Hiérosme  et  du 
Pilier-Rouge. 

Il  est  dit,  dans  le  censier  de  1  SgS,  que  les  maisons  de  la  Forêt  et  du  Coq-en- 
Casin  étaient  alors  ruinées  et  en  masures.  Peu  de  temps  se  passa,  sans  doute, 
avant  qu'elles  fussent  rebâties  suivant  le  lotissement  actuel. 

Maison  du  Chapeau-Rolge  (i5/i3)  ,  aboutissant  rue  Sainte-Marguerite  (Gozlin). 
et  faisant  l'encoignure  de  la  place,  devant  la  rue  des  Boucheries.  Cette  propriété, 
qui  servait  d'hôtellerie  en  i5i8  ,  fut  construite  sur  un  terrain  vide,  pris  à  haii, 
le  i3  décembre  iBSg,  par  Mathurin  Brinon,  tavernier,  lequel  adopta  pour  en- 
seigne ffung  cbappeau  rouge  de  cardinal,  aux  armes  de  mondict  seigneur  le  car- 
tfdinal  de  Tournon,T)  abbé  de  Saint-Germain.  Elle  appartint  ensuite  an  collège 
de  Fortet,  et,  en  1628,  elle  était  subdivisée  de  façon  à  former  quatre  maisons. 
Les  deux  premières,  réunies  depuis,  avaient  alors  pour  enseignes  l' Image-Sain l- 

Ou  plutôt  d'Egtouleville ;  on  ne  trouvo  cepen-  -''  Nous  ne  sommes  point  absolument  sûr  des 
clant,  dans  la  généalogie  de  la  famille  d'Estoute-  limites  de  ces  diverses  propriétés  mentionnées  en 
ville,  aucun  individu  du  nom  de  Casin.  i5f).5.  Rien,  sauf  les  apparences,  ne  nous  a  permis 
■'  Nous  avons  recueilli  et  placé  aux  appendices  de  les  relier  aux  maisons  de  16-28,  dont,  au  cou- 
les divers  documents  relatifs  à  ce  privilège.  —  l.  m.  t.  traire ,  nous  connaissons  bien  l'emplacement. 


RUE  GARÂNCIÈUE.  171 

Ambroise  et  l' Image- Sain l-Grégoire ;  la  troisième  est  devenue  la  maison  du  Petit- 
Cliapeau-Rouge,  et  la  dei'iiière.celle  du  Grand-Chapeau-Rouge. 

En  1  il  g,  il  y  avait,  dans  la  tTgrantruen  du  bourg  Saint-Germain,  une  maison 
où  pendait  pour  enseigne  la  Hache,  et  dont  nous  n'avons  pu  déterminer  l'empla- 
cement. 


RUE   GARANCIERE. 

La  rue  Garancière  commence  à  la  rue  du  Petit-Bourbon  (Saint- Sulpice)  et 
finit  à  la  rue  de  Vaugirard. 

Circonstance  assez  singulière  :  elle  doit  son  nom  à  l'hôtel  de  Garancière  qu'elle 
bornait,  et  cependant  on  ne  le  lui  a  donné  qu'après  le  morcellement  et  la  destruc- 
tion au  moins  partielle  du  manoir,  ce  qui,  d'ailleurs,  n'est  point  sans  exemple. 
En  eflet,  nous  n'avons  vu  nulle  part  la  mention  d'une  rue  dite  de  Garancière  avant 
l'année  i54o,  et  certainement  alors  plusieurs  maisons  avaient  été  bâties  à  la  place 
du  vieil  hôtel,  dont  il  ne  subsistait  plus  guère  que  des  bâtiments  remaniés.  Dans 
la  première  moitié  du  xvi""  siècle,  la  rue  Garancière  s'énonçait  «ruelle  par  la- 
ff  quelle  on  va  à  l'église  Sainct  Sulpice  a  (i536),  et  aussi  «ruelle  Sainct  Sulpicei) 
(i592,  1623,  i53i,  etc.).  Le  mot  ruelle,  dans  ce  dernier  cas,  était  souvent 
employé  au  pluriel,  comme  s'il  s'agissait,  non  d'une  voie  unique,  mais  du  terri- 
toire appelé  les  Ruelles,  dont  la  rue  faisait  partie.  Rien  n'indique  si  la  rue  Garan- 
cière existait  au  xv'^  siècle. 

CÔTÉ  ORIENTAL. 


PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Le  côté  oriental  de  la  rue  Garancière  était  formé  tout  entier  par  la  partie  pos- 
térieure des  grands  hôtels  bâtis  sur  l'emplacement  du  Pré-Crotté,  ou  marché  aux 
chevaux.  Ces  hôtels  avaient  leur  façade  en  la  rue  de  Tournon,  à  l'article  de  la- 
quelle ils  seront  indiqués. 


172  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 

PAROISSE   SAIINT-SULPICE. 

JUSTICE 
ET  CENSIVE  DE  L-ABBAYE. 

Maison  sans  désignation  (1628),  contiguë  à  la  maison  du  coin  de  la  rue  de 
Vaugirard.  Elle  remplaçait  deux  petites  maisons  qui,  après  avoir  appartenu  à 
l'illustre  chirurgien  Ambroise  Paré,  étaient,  en  iSgS,  la  propriété  de  ses  héri- 
tiers. Le  q  avril  i6o3,  ils  les  vendirent,  avec  deux  autres  situées  sur  la  rue 
des  Fossoyeurs,  à  Matlmrin  Duhamel,  et  celui-ci,  le  i3  mars  161 5,  les  donna  à 
l'avocat  iMcole  Acard. 

Grande  maison  aboutissant  rue  Servandoni,  et  possédée,  en  lôgô,  par  M.  de 
Genyers,  sieur  de  Massac,  maître  d'hôtel  du  prince  de  Gonty.  On  l'appelait  l'Hôtel 
DE  SouRDÉAC  à  la  fin  du  xnf  siècle,  parce  qu'elle  passa,  en  i65i,  à  Guy  de  Rieux, 
seigneur  de  Sourdéac.  Jaillot  rapporte  qu'elle  avait  élé  bâtie  par  René  de  Rieux, 
évêque  de  Léon,  et  qu'on  la  connaissait  sous  le  nom  à'hétel  de  Léon.  Elle  por- 
tait, en  1750,  celui  (Y hôtel  de  Montaigu. 

Grande  maison  (1676)  aboutissant  rue  Servandoni.  Elle  est  dite,  en  1695, 
appartenir  à  M.  de  la  Tour,  gentilhomme  genevois,  et,  en  1628,  à  M""  d'Elbenne. 
Elle  fut  plus  tard  possédée  par  Marie-Anne  de  Campet  de  Saujon,  qui,  l'ayant 
achetée  le  26  août  i663,  y  établit  les  religieuses  appelées  Filles  de  l'intérieur  de 
la  très-sainte  Vierge,  communauté  supprimée  par  un  arrêt  du  Conseil  du  mois 
d'août  1676.  M""  de  Saujon  augmenta  sa  maison  d'un  lot  de  soixante-quinze 
toises  de  terre  qui  bordait  la  rue  Palatine  jusqu'à  la  rue  Servandoni,  et  qu'elle 
acquit,  le  i3  septembre  1666,  de  maître  Jacques  Bénard,  avocat  au  Parlement. 
Par  testament  du  ak  novembre  1690,  elle  la  légua,  avec  tous  ses  biens,  à  Elisa- 
beth de  Beau  vau,  qui,  le  2  avril  1712,  la  donna  à  son  frère  le  lieutenant  gé- 
néral comte  de  Beauvau.  La  maison  était  alors  divisée  en  deux,  et  la  plus  grande 
était  désignée  sous  le  nom  Dhôtel  Palatin,  d'où  est  venu  celui  de  la  rue  dont  elle 
faisait  le  coin,  et  qu'on  appela  d'abord  rue  Neuve-Sainl-Sulpice  et  aussi  rtœ  du  Cime- 
tière. Cette  rue  fut  longtemps  à  l'état  de  projet;  car,  dès  le  ii  janvier  i6i3,  le 
prince  de  Conty,  abbé  de  Saint-Germain,  avait  gratifié  les  habitants  du  faubourg 
d'un  terrain  mesurant  onze  toises  en  longueur  sur  sept  en  largeur,  pour  en  faci- 
liter le  percement,  et  un  arrêt  du  5  février  suivant  avait  chargé  les  trésoriers  de 
France  d'en  faire  le  devis;  mais  la  chose  traîna  en  longueur  et  donna  lieu  à  des 
procès  contre  les  paroissiens  et  les  marguilliers  qui  voulaient  s'emparer  du  terrain 
donné  par  le  prince  de  Gonty.  Aussi,  quoiqu'une  sentence  du  Ghâtelet,  du  i3  fé- 


RUE  GARANCIÈRE.  173 

vrier  i642,  eût  prescrit  l'ouverture  de  la  rue,  cette  ouverture  n'eut  lieu,  en  dé- 
finitive, que  le  i5  janvier  i65i,  comme  nous  l'avons  constaté  sur  un  vieux  plan. 

Maison  sans  désignation  (tSgS),  tenant  d'une  part  et  aboutissant  au  cimetière 
neuf  de  Saint-Sulpice,  dans  lequel  elle  était  déjà  absorbée  vers  i65o. 

Cimetière  Saim-Sllpice.  Le  cimetière  situé  au  chevet  de  l'église  Saint-Sulpice, 
et  supprimé  lors  de  la  reconstruction  de  l'édifice,  était  nommé  trie  cymetière  nou- 
(T  veau,  11  par  opposition  à  l'autre,  qui  remontait  à  une  époque  plus  ancienne.  Il 
fut  établi  sur  un  quartier  de  terre  cédé  aux  marguilliers  par  le  savetier  .1.  Marché^", 
aux  dates  des  23  juin  et  i3  juillet  iSSg.  Ce  terrain  est  énoncé,  dans  le  censier 
de  1567,  (rassis  devant  et  contigu  la  maçonnerye  encommencée  à  faire  au  chevet 
pde  l'église  dudict  Sainct  Sulpice,  où  on  a  faict  un  cymetière  appelle  le  cymetière 
((nouveau;!)  il  aboutissait  vers  l'orient  à  la  rue  Garancière,  et  vers  l'occident  à 
l'église;  mais  rien  n'en  laisse  voir  les  limites  ni  la  forme. 

Au  milieu  du  xvn""  siècle,  le  cimetière  s'étendait  en  bordure  sur  les  rues  du 
Petit-Bourbon,  Garancière  et  Palatine;  mais  il  avait  alors  été  beaucoup  augmenté 
par  l'adjonction  successive  de  l'emplacement  de  plusieurs  maisons  faisant  front 
jadis  sur  les  deux  premières  rues.  Le  terrain  annexé  du  côté  du  midi,  tr tenant 
(T depuis  la  rue  Garancière  jusquesau  coin  de  la  porte  dudit  cimetière,  sortant  en 
ff  la  rue  du  Pied  de  Biche n  (Servandoni),  fut  béni,  le  i5  juin  i63i,  par  le  curé 
Simon  de  Montereul,  qui  en  excepta  néanmoins  une  zone  de  onze  toises  de  lon- 
gueur, 9u  long  de  la  rue  projetée  (rue  Palatine?),  laquelle  zone  fut  destinée  pour 
(ries  enfants  mors  nez  et  les  noyez  non  i-econgnus. n  Le  nouveau  cimetière  Saint- 
Sulpice  a  disparu  sous  les  constructions  de  la  grande  église  moderne.  Il  n'était 
point  encore  clos  en  1 G2/1  ;  car,  le  3o  mai  de  cette  année,  l'abbé  de  Saint-Germain 
ordonna  qu'on  l'environnât  de  murailles  pour  parer  à  divers  inconvénients,  et 
particulièrement  pour  empêcher  qu'on  y  enterrât  la  nuit  des  protestants,  des 
hommes  tués  en  duel  et  des  victimes  de  la  contagion,  pour  l'inhumation  desquels 
il  fut  prescrit  de  chercher  un  lieu  éloigné  des  habitations. 

Maison  sans  désignation,  faisant  le  coin  de  la  rue  du  Petit-Bourbon.  Elle  ap- 
partint, avant  tBga,  à  J.  J.  de  Magance,  Italien,  et  fut  achetée,  le  11  février 
«058,  pour  ragrandissement  du  cimetière,  auquel  elle  aboutissait  d'abord. 


HÔTEL  DE  Garancière.  C'est  sur  l'emplacement  des  maisons  du  côté  occidental 


''  Ce  savetifir  était  le  fils  de  Jean  Marché  et  de 
Jeanne  Montrouge,  l'une  des  plus  riches  héritières 
du  twurg  Sainl-Gennain.  Le  métier  qu'il  exerçait, 
ou  fju'il  faisait  «'xercer  par  ses  valets  et  apprentis, 
était  sans  doute  plus  considéré  et  plus  productif,  au 
xïi*  siècle,  qu'il  ne  l'est  aujoiird'htu'.  Peut-être  Jean 
Marché,  qui  était  établi  au  tjourg  Saitit-Gerniain, 
en  dehors  de  l'enceinte,  réunissait-il  en  un  tnônie 


atelier  les  trois  spécialités  relatives  à  l'industrie  de 
la  chaussure  :  le  métier  de  Cordouaiinter,  celui  de 
Çavelonnier  de  petits  soulers  de  bazenne ,  et  celui  de 
Çavcticr  proprement  dit.  (Voir,  dans  le  Livre  d'Ét. 
Boileau,  dont  le  Service  historique  de  la  Ville  de  Pa- 
ris prépare  une  nouvelle  édition,  les  titres  l\xxiv, 
Lxxxv  et  Lxxxvi,  1"  partie,  où  sont  énumérés  les 
charges  et  avantages  de  ces  trois  métiers.)  —  l.  m.  t. 


174  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

de  la  rue  Garancière  qu'était  situé  le  grand  hôtel  de  ce  nom.  Les  plus  anciens  de 
ses  propriétaires  à  nous  connus  furent  messire  Guillaume  de  Dormans  ('\  puis 
M"'  de  Dormans  et  rrle  lizicien  maître  Guibert.  n  II  appartenait,  en  1899,  à  Yon 
de  Garancière,  chambellan  du  roi,  et,  vers  1618,  à  M"""  de  Garancière,  autre- 
ment appelée M"'°  de  Bruynissant,  vicomtesse  de  Lentrel,  veuve  du  précédent.  Le 
fi  juin  liSy,  après  avoir  été  mis  en  criée,  il  fut  baillé  à  maître  Yves  de  Sce- 
peaux,  président  du  Parlement.  Il  n'était  point  alors  en  masure,  comme  le  dit 
Jaillot,  mais  il  en  contenait  une,  ainsi  qu'un  colombier.  Vers  167^,  il  était  pos- 
sédé par  Jacques  Montrouge,  un  des  principaux  habitants  du  bourg  Saint-Ger- 
main; aussi  le  trouvons-nous  énoncé  crie  cloz  Jacquet  Montrouge n  dans  un  acte 
de  i538.  A  cette  époque,  il  avait  passé  à  la  fille  de  Montrouge,  Jeanne,  épouse 
de  Jean  Marché.  Leur  fds  paraît  être  celui  qui  morcela  l'hôtel  et  le  vendit  par  lots 
séparés.  La  cession  d'une  parcelle,  faite  par  lui  à  Jean  Obelyn  le  26  mai  iBSy, 
est  au  surplus  la  seule  transaction  de  ce  genre  que  nous  puissions  signaler;  car 
nous  n'avons  vu  aucune  indication  des  autres  dans  les  archives  de  l'abbaye.  La 
transformation  de  la  propriété,  avancée  déjà  en  i536,  était  complète  en  i563. 
L'hôtel  de  Garancière  ne  renfermait  qu'un  peu  plus  de  trois  arpents;  de  sorte 
qu'il  ne  semble  pas  possible  qu  d  ait  occupé  tout  l'îlot  compris  entre  les  rues 
Garancière  et  Servandoni,  dont  faisait  aussi  partie,  il  est  vrai,  le  pressoir  bannier 
de  l'abbaye.  (Voir  Rue  de  Vaugirard.)  Cependant  les  limites  que  lui  prêtent  les 
titres  sont  celles  de  l'îlot  même,  et  on  l'énonce  de  la  manière  suivante  dans  une 
déclaration  passée  par  Jeanne  Montrouge,  le  21  février  iBaa  :  tt tenant  d'une 
frpart  tout  du  long  de  la  ruelle  Sainct  Sulpice  (rue  Servandoni),  d'aultre  aux  terres 
rrde  Messieurs,  esquelles  se  tient  le  marché  aux  chevaulx  (îlot  entre  les  rues  de 
fc Garancière  et  de  Tournon)  durant  la  foire;  aboutissant  d'un  bout  au  Cloz  aux 
rrBourgois  (le  Luxembourg),  le  chemin  (la  rue)  de  Vaugirard  entre  deux,  et 
ff  d'aultre  bout  aux  halles  et  à  l'esglise  et  jardin  [du  presbytère]  de  Sainct  Sulpice.  n 
Le  texte  du  bail  de  1657  montre  que  l'entrée  principale  était  vers  l'occident'^',  sur 
la  ruelle  devenue  la  rue  Servandoni,  et  effectivement  indiquée,  dans  un  docu- 
ment de  1Ù26,  ffla  ruelle  qui  va  au  long  de  l'ostel  de  Garancières.  n 

'''  Vraisemblablement  le  chancelier  de  France.  «au  grand  cymelière,  et  par  derrière  à  ung  cloz  de 

qui  mourut  en  1.378.  ittigne  nommé  le  cloi  Bruneau  ;  et  lesdils  jardins  à 

'*'  «Tenant,  d'une  part,  au  mur  du  petit  cyme-  tnmg  petit  cloz  de  vigne  appartenant  à  Jehan  Ma- 

crtière  de  Sainct  Soulpice;  aboutissant  par  devant  (tcheclou.» 


RUE  DES  MAUVAIS-GARÇONS,  OU  GRÉGOIRE-DE-TOURS.  175 

RUE   DES   MAUVAIS-GARÇONS, 

OU  GRÉGOIRE-DE-TOURS. 

La  rue  des  Mauvais-Garçons,  à  laquelle  ou  a  donné  depuis  peu  le  nom  de 
Grégoire-de-Tours,  commence  à  la  rue  de  Bussv  et  finit  à  celle  des  Boucheries 
(de  l'Ecole-de-Médecine).  Au  mois  de  février  i25i,  moyennant  un  cens  annuel 
de  quarante  sous,  Thomas  de  Mauléon,  abbé  de  Saint-Germain,  céda  à  Raoul 
d'Aubusson,  chanoine  d'Evreux,  une  place  de  cent  soixante  pieds  carrés,  en  s'en- 
gajjeant  à  faire  auprès  une  rue  neuve  large  de  trois  toises,  dont  Raoul  d'Aubusson 
ne  posséderait  que  l'usage.  La  rue  ouverte  en  conséquence  de  cet  accord  est  celle 
des  Mauvais-Garçons.  Elle  a  conservé  jusqu'à  nos  jours  ses  anciennes  dimensions 
et  son  alignement  primitif;  mais  elle  a  été  successivement  désignée  par  cinq  ou 
six  vocables  différents.  On  n'a  guère  signalé  que  trois  de  ces  appellations.  Nous 
avons  recueilli,  entre  autres,  les  énonciations  suivantes  :  ftquedam  via  que  in. ..  via 
(T  Carnijicerte  Sancli  Germani incipit,  juxta  putemn  qui  est  in  dicta  vian  (1299.);  rr  lue 
rdu  Champ  de  la  Boucherie  n  (1299,  1996);  et  ruelle  si  comme  on  dessant  là 
ffde  la  Boucherie  ou  (au)  Champ  des  BouchiersTi  (1817);  frrue  qui  va  au  Pré 
traux  Clercs  et  au  Champ  de  la  Boucheries  (i363);  cruelle  qui  descend  par  devers 
fr Saine n  (1376);  r  ruelle  de  la  Boucherie t)  (1878);  tr ruelle  de  la  Grant  Bou- 
ffcheriefl  (1609);  cruelle  de  la  Boucherie.. .  qui  va  au  Pré  aux  Clercsn  (i/ii5); 
«•pelite  ruelle  de  la  Boucherie ■«  (1617);  cruelle  allant  de  la  Boucherye  au  Pré 
fraux  Clercs  n  (1/171);  ir  rue  de  l'Escorcherie,  dicte  la  Follye  Régnier  ^  (1  5 18);  rue 
cde  la  Tueries  (1  627);  (r rue  dicte  à  présent  la  rue  de  la  Follye  de  l'Escorcherie 
f  Regniers  (i563);  rrue  de  la  Follye  Régnier,  autrement  dicte  des  Mauvais  Gar- 
"çonsfl  (1  596). 

Cette  dernière  dénomination,  que  nous  avons  lencontrée  dès  1569,  et  devant 
laquelle  les  autres  s'effacèrent  dans  la  seconde  moitié  du  xvi"  siècle,  provenait 
dune  enseigne  représentant  apparemment  quelque  groupe  de  ces  coupe-jarrets, 
(T  mauvais  garçons  et  ribbleurs,  t>  que  leurs  méfaits  rendirent  célèbres  vers  l'époque 
de  Louis  XII.  Un  certain  hôtel  de  la  Folie-Regnier  lui  a  fait  donner  le  nom  de 
rm  de  la  Folie-Regnier,  que  .laillot  assure  mal  à  propos  avoir  été  le  premier  em- 
ployé. Ceux  de  rue  de  l'Ecorclierie  et  du  Champ-des-Boucliers  avaient  pour  raison 
d'être  un  abattoir  dont  il  est  encore  question  en  i5i3;  puis  une  place  ou  voirie, 
dans  laquelle  les  bouchers  prétendaient  avoir  le  droit  de  déposer  leurs  immon- 
dices, et  qu'ils  furent  contraints  d'abandonner  à  l'abbaye,  en  1862,  à  la  suite 
d'un  procès. 

Le  Champ  des  Bouchers,  situé  derrière  des  maisons  ayant  leur  façade  dans  la 


176  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

rue  des  Boucheries,  occupait  la  plus  grande  partie  de  l'îlot  compris  entre  les 
rues  des  Mauvais-Garçons,  de  Bussy  et  de  rAncienne-Comédie;  car  il  est  décrit, 
en  1869,  comme  rr  assis  du  cousté  de  la  rivière  de  Seinne  (par  rapport  à  la  rue 
rrdes  Boucheries),  en  alant  au  Pré  aux  Clers;  tenant  d'une  part  aux  fossez  de  la 
fr  forteresse  de  Paris,  depuis  environ  la  porte  que  l'on  dit  la  porte  des  Cordeliers, 
ren  descendant  aval  jusques  à  une  autre  porte  close  qu'on  souloit  appeller  la 
(t  porte  de  Sainct  Germain  des  Prez,  près  l'hostei  de  nions.  Simon  de  Bucy,  et  en 
avenant  de  là  tout  droit  jusques  à  une  petite  rue  qui  descend  de  ladite  boucherie 
c  droit  au  chemin  pour  aler  audit  Pré  aux  Clercs.  •« 

C'est  du  même  îlot  que  dépendaient  l'écorcherie  mentionnée  plus  haut  et  le 
terrain  de  Raoul  d'Aubusson,  que  les  moines  récupérèrent  en  1292.  il  faisait  le 
coin  de  la  rue  des  Boucheries,  et  a  été  morcelé  de  telle  sorte  qu'il  n'en  reste 
d'autre  trace  que  le  mur  mitoyen  de  la  maison  de  l'Ecu,  placé  à  cent  soixante 
pieds  environ  de  la  rue  des  Mauvais-Garçons,  et  parallèle  à  sa  direction  '''.  En 
1  2  5i,  la  place  ou  pièce  de  terre  de  Raoul  d'Aubusson,  plaleam  sive  peciam  terre, 
ne  contenait  aucune  construction.  Les  maisons  qu'on  y  voit  sont  donc  d'origine 
postérieure;  mais,  en  1292,  il  y  existait  déjà  une  maison,  au  moins,  à  l'encoi- 
gnure. Alors  aussi  elle  était  attenante  à  un  manoir  oiî  habitait  un  évêque  d'Orléans, 
et  qui  semble  avoir  fait  l'encoignure  de  la  rue  de  Bussy.  L'emplacement  de  l'îlot 
bordant  vers  l'ouest  la  rue  des  Mauvais-Garçons  devait  être  déjà  bâti  en  i25i. 

La  rue  des  Mauvais-Garçons  a  donné  lieu  à  de  nombreuses  contestations  entre 
l'abbaye  et  l'Université.  Nous  lisons  dans  des  a  articles  t  rédigés  en  1819,  pour  le 
compte  des  écoliers,  que  la  rue  était  bien  et  en  semblance  de  voye  royal  ;^  mais 
qu'elle  n'était  point  ftparementée  à  guise  de  voye  royal, ti  et  qu'elle  constituait 
simplement  une  «voye  privée  ou  vincinal.n  En  i3/i5,  l'abbaye  en  racheta  défi- 
nitivement la  possession  de  l'Université,  aux  pauvres  écoliers  de  laquelle  Raoul 
d'Aubusson  avait  cédé  tous  ses  droits  quatre  ans  après  son  acquisition. 

CÔTÉ  ORIENTAL. 


PAROISSE    SAINT-SILPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Maison  sans  désignation  en  iBaS,  puis  des  ctTrois-Moresh  (i53  i-i595).  con- 

"'  Les  textes  relatifs  à  la  place  de  Raoul  d'Au-  le  coin  de  la  rue  des  Boucheries  :  Universitas  dice- 

busson  ne  sont  pas  très-faciles  à  interpréter  graplii-  bat  quod  se  jus  hahebat  in  platea  predicla  ex  parle 

quement.  Toutefois  le  passag-e  suivant  de  la  charte  qua  contimialur  cum  via  predicla,  per  quam  itiir  ad 

de  1992  démontre  bien  qu'elle  faisait  effectivement  Fratres  minores,  in  cenlum  et  sexaginla  pedibus. 


RUE  DES  MAUVAIS-GARÇONS,  OU  GRÉGOIRE-DE-TOURS.  177 

tiguë  à  des  maisons  s'étendant  jusqu'au  coin  de  la  rue  de  Bussy.  Eiie  semble 
avoir  été  une  dépendance  de  l'hôtel  de  l'Echiquier,  situé  rue  des  Boucheries;  elle 
V  aboutissait  et  appartint  au  même  propriétaire. 

Petite  maison  sans  désignation  en  i523,  puis  de  la  Corne-de-Daim  (1628). 

Petite  maison  ayant  pour  enseigne  les  Mauvais-Gabçons  (1518-1G87),  et  con- 
tiguë  à  la  maison  du  coin  de  la  rue  des  Boucheries.  Nous  supposons  que  cette 
petite  maison  et  les  deux  précédentes  se  confondent  avec  les  propriétés  qui  sont 
mentionnées  dans  un  titre  de  iBai  comme  attenantes  entre  elles  et  consistant  : 
1"  en  un  petit  corps  de  dix-neuf  pieds  de  longueur  sur  quatre  toises  de  profon- 
deur; 9"  en  une  grange  de  pareille  largeur  et  de  six  toises  et  demie  de  profon- 
deur; 3°  en  un  jardin  également  large  de  dix-neuf  pieds  et  profond  de  huit  toises. 
Ces  propriétés  touchaient,  en  effet,  à  celle  de  Beauvallet,  laquelle  s'étendait  au 
eoin  de  la  rue  de  Bussy. 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 


PAROISSE    SAINT-SULPICE, 

JUSTICE 

ET  CE>S1VE  DE  L'ABBAYE. 

ff  ARPESTazT  ou  hangars  contigus  à  la  maison  faisant  le  coin  de  la  rue  des  Bou- 
cheries et  en  dépendant  au  xvi"  siècle.  Détruits  pendant  les  guerres  de  la  Ligue, 
ils  furent  remplacés  par  trois  petites  maisons  qui  étaient  déjà  construites  en 
iBgB,  et  qui  ont  été  depuis  rebâties  de  façon  à  n'en  former  que  deux. 

Petit  appentis,  aussi  rebâti  après  la  reddition  de  Paris;  puis  maison  du  Dau- 
phin (1628).  Le  terrain  de  cette  maison  avait  sans  doute  dépendu  également  de 
celle  du  coin. 

Hôtel  de  la  Folie-Begnier  (iSgg-iB^B).  Il  présentait  deux  pignons  sur  rue, 
et  son  nom  donne  à  croire  que  c'était,  dans  l'origine,  une  maison  de  plaisance. 
Annexé,  dans  le  xvi*  siècle,  à  la  maison  de  l'Image-Saint-Martin,  située  rue  des 
Boucheries,  il  en  dépendait  encore  en  1628.  On  a  ensuite  élevé  sur  son  emplace- 
ment trois  maisons  :  celles  de  l'Amérique,  de  l'Image-Saint-Martin  et  de  la  Reine- 
de-France  (1687). 

Maison  avec  jeu  de  paume  (1695),  contiguë  à  celle  du  coin  de  la  rue  de  Bussy, 
et  provenant  du  morcellement,  effectué  postérieurement  à  16/17,  d'une  des  pro- 
priétés attenantes.  En  1628,  le  jardin  de  cette  grande  maison,  oii  se  trouvait  le 
jeu  de  paume,  était  séparé  de  la  maison  qui  avait  alors  pour  enseigne  la  Ville-de- 
Pragiie.  Les  limites  de  ces  propriétés  ressortent  fort  mal  de  la  teneur  des  titres. 

H..  '  il3 


178  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


RUE   DU    GÏNDRE. 

La  rue  du  Gitidre  commence  à  la  rue  du  Vieux-Colombier  et  finit  à  la  rue  de 
Mézières. 

Un  titre  de  iblx'j  ''^  fait  mention  de  la  rue  du  Gindre  sous  son  nom  actuel,  écrit 
fc  du  Joindre,  •»  qui  est  le  seul  qu'elle  ait  porté.  En  16/17,  ^^  ^"^  ^^  Gindre  ne  pou- 
vait être  que  de  création  très-récente,  attendu  qu'il  n'y  en  a  pas  d'indication  dans 
les  censiers  de  i536,  i563,  etc.,  ni  même  dans  celui  de  iS/iy,  qui,  suivant  une 
fâcheuse  habitude,  a  été  calqué  servilement  sur  les  précédents.  Jaillot  s'est  mé- 
pris en  confondant  cette  voie  avec  la  rue  des  Champs  existant  dès  1609,  et  il 
n'a  pas  plus  été  dans  le  vrai  en  imaginant  que  la  rue  du  Gindre,  se  prolongeant 
d'abord  jusqu'à  la  rue  Honoré-Chevalier,  avait  eu  une  partie  de  son  parcours 
absorbé  dans  le  noviciat  des  Jésuites.  On  n'aperçoit,  en  effet,  aucune  trace  de  cette 
absorption,  et  le  censier  de  iSgS  prouve  que  la  rue  du  Gindre,  vers  la  fin  du 
xvi''  siècle,  se  terminait,  comme  aujourd'hui,  à  la  rue  de  Mézières.  Aussi  bien  la 
rue  de  Mézières  paraît-elle  marquer  le  lieu  oii  aboutissait  la  seconde  des  maisons 
le  long  desquelles  la  rue  du  Gindre  a  été  ouverte,  et  peut-être  y  avait-il  là  un 
sentier  qui  donna  l'idée  d'y  établir  une  rue. 

Les  auteurs  ne  nous  renseignent  pas  plus  sur  la  cause  qui  a  motivé  le  nom  de  la 
rue  du  Gindre  que  sur  l'époque  de  son  percement.  Mais,  comme  Honoré  Chevalier 
et  Jean  BoutevHlain,  maîtres  boulangers,  ont  été  propriétaires  de  divers  terraii>s 
dans  les  environs  de  la  rue  du  Gindre;  comme,  en  outre,  Jean  du  Verger,  aussi 
boulanger,  a  possédé  un  grand  hôtel  au  long  de  la  rue,  nous  ne  doutons  point 
que  le  nom  qui  lui  a  été  donné  ne  soit  une  allusion  à  la  profession  de  l'un  de  ces 
industriels. 

CÔTÉ  ORIENTAL. 


PAROISSE    SAIINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Maison  sans  désignation  (lôgB),  contiguë  à  la  maison  du  coin  de  la  rue  du 
Vieux-Colombier. 

Maison  sans  désignation  (lôgS),  provenant,  ainsi  que  la  précédente,  d'un  mor- 
cellement de  la  maison  du  coin. 

'■'  Fonds  de  Saint-Sulpice,  Arch.  nat.  cart.  S  35i5.  Il  n'est  point  parlé  de  la  rue  du  Gindre,  dans  les 
archives  de  l'abbaye,  avant  l'année  iSgS. 


RUE  DU  GINDRE.  17!) 

Maison  sans  désignation  (iSgô),  dont  la  principale  entrée,  en  ifiaS  et  de- 
puis, donnait  sur  la  rue  du  Pot-de-Fer. 

Maison  sans  désignation  (lôgB),  qui  faisait  hache  derrière  la  suivante,  et  avait, 
dès  1  628,  une  issue  rue  de  Mézières.  Dans  cette  maison  paraît  avoir  été  absorbée 
une  place  vendue  par  les  marguilliers  de  Saint-Sulpice  à  Antoine  Lantour,  le 
9  septembre  lôûy.  Elle  provenait  d'une  fondation  faite  par  le  charpentier  Guil- 
laume Tortu,  et  mesurait  quatre  toises  de  largeur  sur  neuf  de  profondeur.  Il  est 
dit,  dans  l'acte  de  vente,  qu'elle  renfermait  un  a  commencement  de  maisom^ 
montée  jusqu'au  second  étage,  et  qu'elle  faisait  partie  d'un  plus  grand  terrain  où 
il  y  avait  plusieurs  habitations  récemment  biîties. 

Maison  sans  désignation  (1  583  ),  faisant  le  coin  de  la  rue  de  Mézières. 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 


PAROISSE    S.\I1NT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Maison  sans  désignation  en  logS,  puis  du  Croissant  (1628-1687),  faisant  le  Entre 

e  la  rue  de  Mezieres.  et  charpentier. 

Deux  Maisons  sans  désignation  (iBgô),  dont  la  seconde  faisait  le  coin  méri- 
dional de  la  rue  Charpentier. 

Maison  sans  désignation  (iSyi),  faisant  le  coin  septentrional  de  la  rue  Char-      Entre  les  rue» 

_    „.*  Charpentier 

pentier.  '^ 


Appentis  (1695)  réuni  dans  la  suite  A  la  maison  précédente.  D'abord  c'était 
aussi  un  simple  appentis.  En  i5()5,  la  propriété  est  dite  appartenir  à  Trouillard, 
sergent  des  pauvres,  et,  en  1698,  au  bureau  des  pauvres,  à  qui  elle  avait  effec- 
tivement été  donnée,  le  20  février  161/1,  par  Simon  Yvon.  Celui-ci  l'avait  fait 
bâtir  sur  l'emplacement  d'une  masure  qui  lui  avait  été  vendue  par  Robert  de 
Templeux,  avocat,  le  21  décembre  1671,  et  que  ce  dernier  avait  acquise,  le 
5  septembre  1670,  d'Anne  Lemaçon.  Elle  est  dite,  dans  la  transaction  de  1671, 
avoir  environ  cinq  toises  de  largeur  sur  six  de  profondeur;  mais,  dès  1079,  elle 
était  aussi  profonde  que  de  nos  jours,  puisqu'elle  formait  alors  l'aboutissant  de  la 
maison  appelée  plus  tard  du  Barillet,  située  rue  du  Vieux-Colombier. 


et 
du  Vienx-Colonibier 


a3. 


180  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


RUE   DE   GRENELLE. 

La  rue  de  Grenelle  a  toujours  commence  au  carrefour  de  la  Croix-Rouge;  elle 
se  terminait,  comme  rue,  à  la  porte  de  la  Tranchée,  placée  un  peu  après  la  rue 
de  la  Chaise,  et  se  prolongeait  ensuite,  sous  forme  de  chemin,  par  delà  le  fief 
de  l'abbaye,  en  passant  devant  la  ferme  de  Grenelle. 

Nous  avons  dit,  en  opposition  avec  Jaillot,  que  le  nom  de  chemin  des  Vaches, 
dans  les  archives  de  l'abbaye,  est  loin  d'indiquer  toujours  la  rue  Saint-Domi- 
nique; nous  allons  montrer  qu'il  s'applique  très-fréquemment  à  la  rue  de  Gre- 
nelle. 

Dans  le  second  triage  de  l'arpentage  de  1699,  lequel  est  compris  entre  le  Pré- 
aux-Clercs et  le  chemin  représenté  par  la  rue  Saint-Dominique,  cette  dernière 
voie,  mainte  fois  mentionnée,  ne  l'est  jamais  par  le  nom  de  chemin  aux  Vaches <'\ 
Dans  le  troisième  triage,  compris  entre  les  rues  Saint-Dominique  et  de  Grenelle, 
on  rencontre,  au  contraire,  de  continuelles  énonciations  du  chemin  aux  Vaches; 
et  il  en  est  de  même  dans  le  quatrième  triage,  où  il  ne  saurait  être  question  de 
la  rue  Saint-Dominique,  puisque  ce  quatrième  triage  est  renfermé  entre  les  rues 
de  Grenelle  et  de  Babylone.  Il  est  donc  incontestable  que  le  chemin  aux  Vaches, 
de  l'arpentage,  est  la  rue  de  Grenelle,  séparant  le  troisième  triage  du  quatrième. 
Ce  fait  est,  du  reste,  pleinement  confirmé  par  la  rubrique  du  troisième  triage  et 
par  plusieurs  passages  de  ce  document,  où  il  est  parlé  de  pièces  de  terre  crsurle 
ffchemyn  aux  Vaches,  à  l'entrée  de  la  ville,  n  c'est-à-dire  près  du  carrefour  de  la 
Croix-Rouge,  «aboutissant  d'un  bout  au  chemyn  aux  Vaches,  d'autre  bout  au 
ffchemyn  allant  de  Sainct  Père  à  Grenelle n  (rue  Saint-Dominique),  ou  ffaboutis- 
fcsant  d'un  bout  au  chemyn  aux  Vaches,  et  d'autre  bout  au  chemyn  des  Treilles n 
(aussi  la  rue  Saint-Dominique).  Nous  pouvons  encore  citer,  comme  probant  au 
plus  haut  degré,  un  titre  de  ibiU,  où  une  maison  est  dite  tr  faisant  le  coing  de  la 
rrrue  aux  Vaches,  tenant.  .  .  à  la  grande  rue  du  Four, r  en  d'autres  termes,  au 
carrefour  delà  Croix-Rouge,  et  un  acte  de  io85,  où  l'on  fait  allusion  à  tria  rue 
(T  aux  Vaches  près  la  Croix  Rouge,  n  Toute  confusion  avec  la  rue  Saint-Dominique 
est  ici  absolument  impossible. 

D'un  autre  côté,  il  appert  d'un  texte  de  i542,  qui  est  cité  par  Jaillot  lui- 
même,  et  où  le  chemin  aux  Vaches  est  énoncé  «  autrement  dict  de  la  Justice, -n  que 
les  deux  dénominations  s'appliquaient  à  la  môme  voie,  et,  par  suite,  si  nous  éta- 
blissons que  le  chemin  de  la  Justice  ne  peut  être  la  rue  Saint-Dominique,  nous 
aurons  prouvé  que  le  chemin  des  Vaches,  dans  le  texte  allégué,  est  la  rue  de  Gre- 

■''  Ce  nom  s'y  rencontre  à  peine,  et  se  ra[)por(e  h  une  petite  voie  de  communication  perpendiculaire  à 
la  Seine  (rue  Saint-J.ean  ou  Mcot,  au  Gros-Caillou). 


RUE  DE  GRENELLE.  181 

nelle.  Or  nous  savons  parfaitement  où  s'élevait  le  gibet  ou  justice  de  l'abbaye. 
Plusieurs  vieux  plans,  gravés  ou  manuscrits,  nous  ont  permis  de  constater  avec 
toute  certitude  qu'il  était  situé  à  un  peu  moins  de  quatre  cents  mètres  de  l'axe 
des  Invalides,  sur  un  chemin  supprimé  lors  de  l'ouverture  de  l'avenue  de  la 
Motte-Piquet.  La  rue  Saint-Dominique  en  était  éloignée  d'environ  cent  quatre- 
vingts  mètres  de  plus  que  la  rue  de  Grenelle;  celle-ci  méritait  donc  bien  mieux 
d'être  regardée  comme  le  chemin  de  la  Justice  que  la  rue  Saint-Domiuique,  qui, 
en  réalité,  ne  conduisait  point  au  champ  de  la  Justice.  Du  reste,  les  documents  ne 
laissent  pas  de  doute  sur  le  fait  que  le  chemin  de  la  Justice  partait,  non  du  voi- 
sinage de  la  chapelle  Saint-Père,  mais  du  carrefour  de  la  Croix-Rouge,  et  les  pas- 
sages suivants  en  font  foi  :  cr Maison.  .  .  rue  du  Fourn  (carrefour  de  la  Croix- 
Rouge),  rr  tenant  d'une  part  à  Jehan  Pasquiem  (dont  la  maison  faisait  le  coin  de 
la  rue  de  Sèvres),  set  d'autre  part  au  grand  chemin  tendant  à  la  Justice t)  (i  5 9 6). 
ffCinq  quartiers (''  derrière  leSépulchre,  tenant..  .  au  chemin  allant  à  la  Justice 
(f  et  à  l'entrée  du  boullouerfl  (le  carrefour),  (r aboutissant  d'un  bout  à  la  rue  du 
fr Sépulchre Ti  (du  Dragon),  fret  d'aultrebout  au  petit  chemin  allant  dudict  Sainct 
ff  Germain  à  Sainct  Père  n  (extrémité  de  la  rue  des  Saints-Pères),  a  Cinq  quartiers  ■« 
(les  mêmes),  ir tenant  d'une  part  au  chemin  du  Sépulchre,  d'autre  au  chemin 
r  du  cimetière  aux  malades  t:  (rue  des  Saints-Pères),  aaboutissant  d'un  bout  sur  la 
r  terre  du  Sépulchre,  et  d'autre  bout  au  chemin  qui  tend  de  la  rue  du  Four  à  la 
ff  Justice.  1 

La  rue  de  Grenelle  ne  formait  donc  qu'une  seule  et  môme  voie  avec  le  chemin 
de  la  Justice;  mais  il  faut  observer  que  ce  nom  lui  convenait  uniquement  dans  sa 
partie  orientale,  et  avant  sa  bifurcation  en  deux  routes,  dont  la  seconde,  située 
au  sud  de  l'autre  et  passant  au  pied  même  des  fourches  patibulaires,  demeurait 
le  vrai  chemin  de  la  Justice.  Lu  autre  embranchement,  partant  de  la  rue  de  Gre- 
nelle à  la  hauteur  des  fourches,  l'a  fait  également  dénommer  quelquefois  fc  chemin 
ffdu  Portu  (iBag,  i535),et  cela  dans  le  voisinage  même  de  la  Croix-Rouge. 

Le  censier  de  i355  indique  «deux  chemins  aux  Vaches,  a  et  l'un  de  ces  che- 
mins est  forcément  la  rue  de  Grenelle.  On  a  dit  en  1 4 1  ()  :  .t  le  petit  chemin  aux 
fr  Vaches  comme  l'on  va  à  Grenelle  ;  d  en  1 4 1 9  :  rr  le  petit  chemin  aux  Vaches ,  v  et  en 
1619  aussi  :  trie  grand  chemin  des  Vaches.  ■«  A  la  même  époque,  se  trouve  énoncé 
(tie  chemin  de  la  Justice,  dit,  en  certains  cas,  grant  chemyn  delà  Justices  (i534), 
ou  tr  chemin  tendant  à  la  Justice,  ti  Divers  titres  offrent  des  exemples  de  l'emploi 
simultané  des  deux  dénominations. 

La  rue  de  Grenelle  était  la  voie  centrale  parmi  celles  qui  conduisaient  au  ter- 
ritoire de  Grenelle,  et  elle  peut  ainsi  se  confondre  avec  tria  voye  de  Gamelles n 

"    Il  s'agil  de  la  partie  mëridionale  de  l'îlot  compris  entre  les  rues  du  Dragon  et  des  Saints -Pères. 


182  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS, 

du  censier  de  i355.  On  l'appelait  sûrement  ttle  {jrand  chemin  de  Gamelles t  en 
1  Ixho,  et  cette  locution,  ainsi  que  celle  de  tr chemin  de  Gamelles,  n  était  fort  com- 
munément usitée  au  \\f  siècle.  Sur  un  plan  de  1670,  nous  avons  lu  rr chemin 
rde  la  Forest,T!  et,  sur  un  autre  de  167/1,  frrue  de  la  Grande  Forest,n  à  cause 
du  territoire  de  la  grande  forêt,  placé  là  où  a  été  bâti  depuis  l'Hôtel  des  Invalides. 
Sur  un  troisième  plan,  dressé  en  1696,  la  rue  de  Grenelle  est  appelée  le  petit 
chemin  de  Grenelle,  par  opposition  au  chemin  de  la  Justice,  appelé  abusivement 
grand  chemin  de  Gretielle. 

CÔTÉ  MÉRIDIONAL. 


PAROISSE    SAIM-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Entre  le  carrefour        Petite  MAISON  sans  désigualion  (iBSa),  contiguë  à  celle  qui  faisait  le  coin  du 

la  croix^Rouge     carrcfourdc  la   Croix-Rouge.   Allain  Leclerc,  qui  la  possédait,  l'augmenta,  en 

eiianiedciachmsc.  ^55^^  d'uue  placc  profoude  dc  oHze  pieds  d'un  côté, de  dix-sept  pieds  de  l'autre, 

et  large  de  sept  toises  un  pied,  ce  qui  mit  la  maison  à  l'alignement  de  celle  du 

coin. 

Maison  sans  désignation  (iBSa),  qui  appartenait,  en  1 53 9,  au  boucher  Pierre 
Tubœuf.  Il  n'en  était,  du  reste,  que  le  troisième  possesseur. 

Petite  maison  couverte  de  chaume,  laquelle  était  en  masure  vers  1082,  et 
abattue  à  la  fin  du  siècle. 

Maison  et  grand  jardin  (lôgB),  qui,  en  1628,  appartenait  à  Sébastien  Zamet, 
évêque  de  Langres,  et  s'étendait  alors,  derrière  les  propriétés  suivantes,  jusqu'à 
la  rue  de  la  Chaise,  sur  laquelle  elle  avait  issue.  La  maison  de  S.  Zamet  fut 
donnée  par  lui,  le  li  novembre  1 65 1,  à  Marie-Christine  Zamet,  femme  de  Hector 
Roger  de  Pardailhan  de  Gondrin,  marquis  d'Antin,  et,  le  28  mai  1657,  Marie 
Zamet  la  vendit  à  Louis  Foucault  de  Saint-Germain,  maréchal  de  France,  dont 
la  veuve  s'en  défit,  le  28  mars  1661,  au  profit  du  conseiller  Pierre  de  Beau- 
vais  et  de  sa  femme  Claude  de  Bellier.  Appelée,  depuis,  l'hôtel  de  Beauvais,  la 
maison  fut  acquise,  le  k  mai  1686  ''^  des  créanciers  de  la  famille  de  Beauvais, 
par  la  communauté  des  Petites-Cordelières,  qui  y  demeurèrent  jusqu'à  l'époque 
de  leur  suppression,  en  17Û9.  Le  terrain  de  l'hôtel  fut  encore  vendu  et  mor- 
celé. 

Maison  ou  ff  place  a  servant  de  bouverie  (1595). 

'''  D'après  le  censier  de  1687.  Jaiiiot  indique        dossiers  de  l'abbaye,  la  date  du  10  mai  1686,  que 
.    le  i5  mai  1687,  et  nous  trouvons,  dans  un  des        donne  aussi  Piganiol. 


RUE  DE  GRENELLE.  183 

Quatre  petites  maisons  sans  désignation  (i  SgS).  Elles  étaient  aussi  à  l'état  de  ma- 
sure, ainsi  que  la  plupart  des  précédentes,  plusieurs  années  après  le  siège  de  Paris. 

Trois  maisons  sans  désignation,  dont  la  dernière  faisait  le  coin  oriental  de  la 
rue  de  la  Chaise. 

Maison  et  tuilerie  (iSgS)  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  de  la  Chaise.  ^"^''^ 

„  •  /       •      1       1  •  1      1  1      /^  ^^^  '  "*^^  ^^  '^  Chaise 

Cette  maison  était  ta  dernière  de  la  rue  de  Grenelle,  à  la  fin  du  xvi"^  siècle  ;  au  delà       «t  du  Bac. 
et  tout  auprès  passait  la  Tranchée. 

CÔTÉ  SEPTE.^VTRIONAL. 


PAROISSE    S.\INT-SLLPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVB  DE  L'ABBAYE. 

Masure  attenante  aux  remparts  (iSgS),  c'est-à-dire  à  la  Tranchée.  E.ure 

Maison  et  tuilerie  (iSgS)  appartenant  à  Julien  Heude,  et  vendues  par  lui,  le  et  sainuGniiiaimie. 
'ii  juillet  i6i8,  à  Guillaume  Martin.  En  1628,  les  dépendances  de  cette  pro- 
priété s'étendaient  jusqu'à  la  rue  Saint-Guillaume  et  bornaient,  par  derrière,  la 
maison  suivante. 

Petit  appentis  et  jardin  (lôgS),  puis  maison  en  deux  corps  d'hôtel  (1628). 

ff  Terre -n  (i5g5)  formant  le  coin  occidental  de  la  rue  Saint-Guillaume  et  ap- 
partenant à  l'église  Saint-Jean-en-Grève.  D'après  le  censier  de  1695,  elle  faisait 
hache  derrière  le  jardin  précédent,  ce  qui  donne  à  penser  qu'elle  a  été  en  partie 
absorbée  dans  la  tuilerie  de  Heude.  Divers  censiers  antérieurs,  entre  autres  celui 
de  i539,  mentionnent  la  terre  d'un  arpent  que  les  marguilliers  de  Saint-Jean- 
en-Grève  possédaient  en  la  rue  Saint-Guillaume,  mais  ne  l'indiquent  point  du 
tout  comme  constituant  l'encoignure  de  cette  rue. 

Maison  et  grand  jardin  (iBgB)  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  Saint-Guil-      Knueiesnies 

Iw  .        f  .,,...  Il  ]  lo  II         Saint- Guillaume. 

aume.  La  partie  de  cette  propriété  qui  était  en  bordure  sur  la  rue  de  irrenelle  «i  des  saims  Pues. 

provenait  d'un  demi-arpent  de  terre  baillé  à  bâtir  à  Arnoul  de  l'isle,  le  19  oc- 
tobre 1629. 

Deux  m\isons  avec  jardins  (iBgô).  dont  l'une  a  eu  pour  enseigne  le  Bœuf- 
Couronné  à  la  fin  du  xvi'^  siècle. 

Maison  en  [plusieurs  corps  d'hôtel  (iSgS),  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue 
des  Saints-Pères.  Elle  fut  élevée,  avec  les  maisons  de  l'article  précédent,  sur  un 
terrain  d'environ  un  demi-arpent  baillé  à  Jean  Salmon  en  1629  ("?),  et  possédé 
aussi  plus  tard  par  Arnoul  de  l'isle. 


184  TOPOGRAPHIE  HISTOUIQUK  DU  VIEUX  PARIS. 

Entre  les  rues  AvRiit  le  xvii''  siècle,  la  Tue   de  Grenelle  n'était  bordée,  entre  les  rues  des 

(les  Sainls- Pères  it\  ini'  -i.-!  i 

et (iii Dragon.      Sauits-Pères  ct  du  Dragon,  que  par  le  Uanc  dune  maison  aboutissant  sur  chacune 
de  ces  deux  rues. 


RUE    SAINT-GUILLAUME, 
ANCIENNE  RUE  DES  ROSIERS. 

La  rue  des  Rosiers,  aujourd'hui  réunie  à  la  rue  Saint-Guillaume,  commençait 
à  la  rue  Saint-Dominique  et  finissait  à  la  rue  de  Grenelle. 

On  la  considérait  d'abord  comme  ne  faisant  qu'une  même  voie  avec  la  rue  de 
la  Chaise,  et  on  la  désignait,  en  conséquence,  sous  la  même  dénomination.  Elle 
est  ainsi  énoncée  :  a  chemin  qui  tend  de  féglise  Sainct  Père  à  la  Maladerie,ii  dans 
un  document  de  i523,  et  a  chemin  qui  va  de  Sainct  Père  à  la  Maladerie.fl  dans 
l'arpentage  de  1529.  Nous  la  reconnaissons  aussi  avec  certitude  trdans  ce  chemyn 
ff  du  cymetière  Sainct  Père  v  que  mentionne  un  titre  de  1 5o2.  Elle  ne  prit  un  nom 
spécial  qu'à  la  fin  du  xvi''  siècle,  époque  oii  le  sieur  du  Plessis,  l'un  de  ses  habi- 
tants, lui  donna  son  nom,  comme  on  le  voit  dans  les  censiers  de  lôgB  et  1628. 
La  dénomination  de  rue  des  Rosiers  apparaît  sous  Louis  XllI  avec  la  variante  de 
rue  Neuve-des-Rosiers.  Nous  en  ignorons  l'origine,  mais  il  n'est  pas  probable,  ainsi 
que  le  suppose  Jaillot,  que  la  rue  ait  été  ouverte  alors  sur  un  champ  de  rosiers, 
puisqu'elle  existait  authentiquement  cent  ans  plus  tôt,  et  que  plusieurs  désigna- 
tions ont  été  en  usage  avant  celle-là. 

CÔTÉ  DU   SUD-EST. 

PAROISSE   SAIM-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Petite  maison,  jardin  et  masube  (iSgS),  qui  dépendaient  d'une  maison  de  la 
rue  des  Saints-Pères,  et  appartinrent,  vers  le  milieu  du  xvi''  siècle,  à  Louis  Va- 
chot,  président  des  Monnaies;  vers  iBgô,  à  la  demoiselle  Tristan  et  au  sieur  du 
Plessis,  ayant  cause  du  médecin  Frontebœuf;  puis,  en  1628,  au  maçon  Salomon 
de  la  Fond.  En  1628,  une  maison  que  nous  supposons  être  un  morcellement  de 
celle-ci  la  séparait  de  celle  du  coin  de  la  rue  Saint-Dominique.  Cette  maison 
intermédiaire  a  été  absorbée  dans  l'hôtel  de  Matignon. 


RUES  SAINT-GUILLAUME  ET  HONORÉ-CHEVALIER.  185 

Petite  m.uson  et  petit  jardin  (iBgS),  à  la  place  desquels  se  trouvait,  en  1628, 
un  jardin  dépendant  d'une  vaste  maison  de  la  rue  des  Saints-Pères.  Ce  jardin 
était  attenant  à  un  autre  qui  faisait  le  coin  de  la  rue  de  Grenelle. 

CÔTÉ  DU  NORD-OUEST. 

PAROISSE   SAIM-SULPIGE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Maison  sans  désignation  (iSgô),  que  nous  croyons  avoir  réussi  à  identifier,  et 
qui,  en  1 6a 8,  était  attenante  à  des  dépendances  de  la  tuilerie  Martin.  Ces  dépen- 
dances étaient  contiguës  à  la  maison  du  coin  de  la  rue  de  Grenelle;  mais  le  censier 
de  iBgB  n'en  fait  point  mention. 

Maison  sans  désignation ,  contiguë  à  la  propriété  faisant  le  coin  de  la  rue  Saint- 
Dominique.  En  1095,  elle  appartenait  à  la  nièce  du  sieur  de  la  Guyterie,  et  ce 
doit  être  celle  où  se  trouvait,  en  1628,  une  bouverie  possédée  par  la  Sorbonne. 


RUE   HOISORE-CHEVALIER. 

La  rue  Honoré-Chevalier  commence  à  la  rue  du  Pot-de-Fer,  aujourd'hui  rue  Bo- 
naparte, et  finit  à  la  rue  Cassette. 

Honoré  Chevalier,  maître  boulanger  de  Paris ''^  qui  possédait  du  terrain  au 
lieu  où  celte  rue  a  été  ouverte,  lui  a  fait  donner  le  nom  qu'elle  porte,  et,  par 
conséquent,  c'est  bien  à  tort  que,  dans  quelques  documents,  assez  modernes  pour 
la  plupart,  elle  est  appelée  rue  du  Chevalier  ou  du  Chevalier-Honoré.  Le  rédac- 
teur du  censier  de  i6-i8  la  désigne  parla  formule  à  la  fois  compliquée  et  confuse 
de  rrrue  Verger  du  Chevalier  Honoré,  dicte  du  commissaire  Juveau.  n  11  y  a  là  plu- 
sieurs erreurs  :  la  rue  Honoré-Chevalier,  en  effet,  a  toujours  été  très-distincte  de 
(fia  rue  Verger, n  qui  s'appelait  en  réalité  Henri  du  Verger,  et  le  commissaire  en 
question  s'appelait  de  son  vrai  nom  Jaulneau. 

Maître  Germain  Jaulneau,  examinateur  au  Châtelet,  et  Pierre  Le  Teincturier, 
acquirent,  antérieurement  à  i53i,  deux  arpents  et  demi  de  terre,  qui,  situés 
sur  les  rues  Cassette  et  de  Vaugirard,  avaient  appartenu  à  Honoré  Chevalier;  de 

''  Célail  un  des  hëriliei-s  directs  de  Jean  de  de-Fer  el  réunie  à  la  rue  Bonaparte.  Honoré  Che- 
Verger.  riche  propriétaire,  qui  a  lui-même  donné  vaiier  était  déjà  mort  en  i544,  et  avait  épousé  An- 
son  nom  à  la  rue  voisine,  ajtpeiée  depuis  rue  du  Pot-  toinette  Rigault,  qui  lui  survécut. 

m  ai 


186  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS, 

sorte  qu'il  n'est  point  surprenant  que  la  rue  Honoré-Chevalier  ait  été  dite  aussi 
rue  du  Comniissaire-Jaulneau.  Il  semble  même  que  cette  dernière  désignation, 
eu  égard  à  l'emplacement  des  terrains  de  Jaulneau,  convenait  mieux  à  la  rue 
Honoré-Chevalier  qu'à  la  rue  Mézières,  à  laquelle  elle  a  été  pareillement  appli- 
quée. La  plus  ancienne  mention  de  la  rue  Honoré-Chevalier  que  nous  ayons  ren- 
contrée ne  date  que  de  i56i;  mais  la  rue  devait  exister  depuis  plus  de  vingt 
ans  eT  cette  date. 


COTE  MERIDIONAL. 

PAROISSE    SAIINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 


Ce  côté  de  la  rue  était  bordé,  au  xv!""  siècle,  par  trois  maisons  dont  l'entrée 
était  située  en  l'une  des  rues  du  Pot-de-Fer,  de  Vaugirard  ou  Cassette,  et  dont 
nous  parlons  à  l'article  de  ces  rues. 

CÔTÉ  SEPTENTRIONAL. 

PAROISSE    SAIM-SULPICE. 

JUSTICE 
ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

HÔTEL  DE  MÉZIÈRES  (voir  Rue  de  Mézières),  formant,  d'une  part,  le  coin  de 
la  rue  du  Pot-de-Fer,  et  attenant,  de  l'autre,  à  une  maison  faisant  le  coin  de  la 
rue  Cassette. 


RUE   DU    PETIT-LION. 

Cette  rue  connnençait  à  la  rue  de  Condé  et  finissait  à  la  rue  de  Tournon  ;  elle 
fait  aujourd'hui  partie  de  la  rue  Saint-Sulpice. 

Suivant  un  titre  de  1^22,  la  maison  de  l'Image-Saint-Michel ,  sise  en  la  rue 
des  Boucheries-Sainl-Germain ,  aboutissait  a  à  certains  champs  appelles  Cloz  Bru- 
fneau.fl  D'après  un  autre  titre  de  1809,  la  rue  des  Quatre-Vents  était  attenante 
à  ce  clos;  c'est  donc  sur  une  ])artie  de  son  emplacement  qu'a  été  ouverte  la  rue 


RUE  DU  PETIT-LION.  187 

du  Petit-Lion.  Cette  dernière  voie  n'existait  point  encore  au  milieu  de  l'année 
i5oi,  puisque  les  terrains  qui  ont  formé  plus  tard  l'îlot  compris  entre  ladite 
rue  et  celle  des  Quatre-Vents  sont  alors  énoncés  aboutir,  d'un  côté,  sur  la  rue 
des  Quatre-Vents,  et,  de  l'autre,  (raux  terres.  11  Mais  la  création  de  l'îlot,  effectuée 
par  la  vente  de  ces  terrains,  au  mois  d'août  i5oi,  fut  l'origine  même  de  la  rue 
du  Petit-Lion,  dont  l'âge  se  trouve  ainsi  nettement  fixé. 

Dans  un  grand  nombre  de  documents  du  xvi'^  siècle,  la  rue  du  Petit-Lion  est 
désignée  par  des  formules  qui  lui  étaient  communes  avec  la  rue  des  Quatre- 
Vents.  Telles  sont  celles  de  (rrue  qui  descend  de  la  Grant  rue  Neufve  (de  Condé) 
ffà  la  porte  des  champs  de  la  Halle t)  (iSaS,  i53i,  etc.);  crrue  allant  à  la 
ff Foire n  (i52i);  «rue  de  la  Foires  (i5iû,  i53o,  etc.).  Néanmoins,  dès  1696, 
la  rue  du  Petit-Lion  avait  un  vocable  spécial,  et  elle  s'appelait  rue  Combault, 
à  cause  de  Pierre  Combault,  chanoine  de  Romorantin,  qui  y  demeurait.  La 
maison  qu'habitait  ce  personnage  ayant  eu  ensuite  pour  enseigne  le  Petit-Lion, 
cette  dénomination  fut  donnée  à  la  rue,  qu'on  trouve  désignée  plus  tard,  dans 
le  censier  de  lôgS,  trrue  du  Clos  Bruneau,  dit  Petit  Lyon,ii  et  dans  les  accen- 
sements  de  1 5 1 0 ,  «  rue  du  Cloz  Bruneau  n  seulement.  Le  plus  ancien  titre  que 
nous  ayons  rencontré  avec  l'appellation  de  rue  du  Petit-Lion  est  de  1  565. 

CÔTÉ   MÉRIDIONAL. 


PAROISSE    SAINT-SLLPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Maison  dl'  Coelb-de-France  (1628-1  687),  d'abord  contiguë  à  la  maison  faisant 
le  coin  méridional  de  la  rue  de  Condé.  Elle  paraît  n'avoir  point  encore  existé  en 
1  SgS,  et  elle  a  été  élevée  sur  un  emplacement  pris  aux  dépens  de  la  maison  du 
coin. 

Maison  sans  désignation  en  lôaa,  puis  ayant  eu  les  enseignes  du  Petit-Lion 
(1  595-1628)  et  DU  Panier-Fleuri  (1687).  Elle  fut  achetée,  le  1  4  avril  i524,  par 
le  chanoine  Combault,  auquel  la  rue  dut  son  premier  nom. 

Maison  sans  désignation  (i522).  Le  terrain  de  cette  maison  et  de  la  précé- 
dente, mesurant  neuf  toises  par  devant,  huit  par  derrière  et  treize  de  profon- 
deur, fut  acheté  par  Etienne  Rousseau,  le  17  février  (ou  le  i5  mars)  i5io. 

Maison  sans  désignation  (i532),  qui  fut  bâtie  sur  un  lot  de  terre  vendu,  le 
10  février  i5io,  au  nommé  J.  Baudart.  Elle  était  déjà  divisée  en  deux  à  la  fin 
du  xvi^  siècle,  et  le  second  des  corps  d'hôtel  dont  elle  se  composait  a  eu  pour 
enseigne  la  I}anni(re-de-France[i&i8-i']-](î).  D'après  les  inventaires  de  l'Hôtel-Dieu, 

3/1. 


188  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

la  maison  de  la  Banniè-e-de-France  fut  donnée  à  cet  établissement ,  le  i  9  mai  1  535 , 

par  Jean  Baudart;  elle  avait  alors  pour  enseigne  la  Prise  Saint-Jean  (sic). 

Maison  sans  désignation  en  i529,  puis  de  «la  Petite  Herpeu  (1628)  et  des 
Armes-de-Bourgogne  (1687).  Elle  a  été  construite,  avec  la  suivante,  sur  un  ter- 
rain d'environ  neuf  perches  de  superficie,  acheté  de  l'abbaye,  le  9  février  i5i  0, 
par  Jean  Signeau. 

Jardin  (i522),  puis  maison  de  l'Image-Notre-Dame  (iBaS-iGaS)  et  de  la  Croix- 
Verte  (1687),  faisant  le  coin  méridional  de  la  rue  de  Tournon. 

CÔTÉ    SEPTENTRIONAL. 


PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Maison  sans  désignation  (i52o),  faisant  le  coin  de  la  rue  du  Brave  (de  Seine) 
et  aboutissant  rue  des  Quatre-Vents.  A  la  place  de  cette  maison  il  s'en  trouvait 
deux  en  1570,  et,  en  1698,  on  en  comptait  trois  sur  la  rue  des  Quatre-Vents 
et  quatre  sur  la  rue  du  Petit-Lion.  Parmi  ces  dernières,  la  deuxième  avait  pour 
enseigne  la  Foi,  et  la  troisième,  l'Espérance.  Nous  n'avons  pas  retrouvé  le  premier 
bail  du  terrain  de  ces  maisons. 

Maison  sans  désignation  (iSaa),  aboutissant  rue  des  Quatre-Vents.  En  16-28, 
elle  formait  deux  propriétés,  dont  la  première  avait  pour  enseigne  la  Vilk-de- 
Clamarl,  et  occupait,  à  ce  qu'il  semble,  l'emplacement  du  jardin  de  la  maison 
primitive,  qui,  vers  i5/jo,  appartenait  au  nommé  trJean  lllebec,  paticier  de 
rrla  Bazoche.  T!  Le  terrain  de  cette  maison  fut  baillé,  en  i5oi,  à  Jean  Lefort.  H 
contenait  environ  un  demi-quartier,  et  est  dit  situé  rrsur  le  hault  de  la  voirie; 
retenant  d'une  part  à  la  voie  (rue  des  Quatre-Vents),  d'aultre  part  aux  terres; 
ff aboutissant  d'un  bout  à  la  voie  du  coing  du  clos  de  Navarre  (vers  le  couchant) 
ff  et  d'aultre  bout  à  Jehan  de  Louvres.  n  II  semble  donc  avoir  formé  alors  l'extrémité 
occidentale  de  l'îlot,  qui  aura  été  allongé  plus  lard. 

Jardin  (iSaa)  qui  aboutissait  rue  des  Quatre-Vents,  et  sur  l'emplacement  du- 
quel il  y  avait,  à  la  fin  du  xvi"  siècle,  deux  maisons  avec  un  jeu  de  paume.  Le 
sol  de  ce  jardin,  renfermant  un  demi-quartier,  fut  baillé,  le  96  août  i5oi  ,  à 
Jean  de  Louvres,  et  vingt  ans  plus  tard  il  était  déjà  divisé  en  deux  parcelles, 
appartenant  à  des  propriétaires  différents.  Nous  avons  parlé,  h  l'article  de  la  rue 
de  Coudé,  des  maisons  élevées  sur  le  quatrième  lot  de  terrain,  qui,  avec  les  trois 
précédemment  mentionnés,  a  formé  l'îlot  compris  entre  les  rues  du  Petit-Lion  et 
des  Quatre-Vents. 


QUAI  MALAQUAIS  ET  EMPLACEMENT  DU  QUAI  VOLTAIRE.         189 

Il  parait  avoir  existé,  en  1608,  dans  la  rue  du  Petit-Lion,  une  maison  ayant 
pour  enseigne  l' Enfant-Perdu. 


QUAI   MALAQUAIS 
ET  EMPLACEMENT  DU  QUAI  VOLTAIRE. 

Au  lieu  où  est  aujourd'hui  le  quai  Malaquais,  il  existait  «ung  chemin  de  char- 
ff  royfl  qui  longeait  la  rivière,  et  auquel  la  fermeture  répétée  de  la  porte  de  Nesle 
ne  permit  pas  de  prendre  une  grande  importance  avant  la  seconde  moitié  du 
xvi'^  siècle;  aussi  n'en  trouve-t-on  des  mentions  qu'à  une  époque  assez  récente.  Il 
passait  probablement  sur  le  sommet  d'une  sorte  de  levée  qui  protégeait  les  terrains 
voisins  contre  les  inondations,  et  qu'un  titre  de  lôig  énonce  crie  dodasne  (dos 
(T d'âne)  de  la  rivière  de  Seyne.  a  Ce  dos  d'âne,  que  les  religieux  de  l'abbaye 
louaient  pour  qu'on  y  fît  sécher  des  toiles,  ayant  été  exhaussé  par  des  décharges 
de  décombres''*,  finit  par  se  transformer  en  un  véritable  quai,  non  revêtu  de 
maçonnerie,  si  ce  n'est  peut-être  auprès  des  fossés  de  la  ville.  Là  se  trouvait,  en 
effet,  un  emplacement  qu'on  appelait  trie  Heurt  du  port  aux  Passeurs n  (i53o), 
et  l'expression  de  heurt,  encore  usitée  dans  les  campagnes,  désigne  un  petit  mur 
de  soutènement.  Dès  1  5 1 0 ,  il  est  d'ailleurs  plusieurs  fois  question  du  quai  situé  en 
cet  endroit;  toutefois  le  nom  de  quai  Malaquais,  qui  fut  d'abord  écrit  Malacgtwst, 
et  dont  nous  ignorons  l'étymologie  exacte '^),  ne  semble  pas  avoir  été  anciennement 
employé.  Nous  l'avons  rencontré  pour  la  première  fois  dans  un  document  de  1  58 1 . 
En  i636,  la  voie  du  quai  n'était  encore  entièrement  pavée  que  sur  une  largeur 
de  trois  toises,  auprès  des  maisons,  et  jusqu'à  la  hauteur  de  l'hôtel  de  Brienne. 
Au  delà ,  le  pavé  ne  se  montrait  que  par  intervalles. 

Placé  en  face  du  Louvre,  le  quai  Malaquais  fut  longtemps  le  seul  point  où 
s'embarquaient  les  habitants  du  bourg  Saint-Germain,  quand  ils  voulaient  se 
rendre  sur  la  rive  droite  sans  remonter  jusqu'aux  ponts  de  la  Cité.  Avant  la  cons- 
truction du  pont  Neuf,  le  service  de  passage,  rendu  facile  par  la  création  d'un 
bac,  devait  y  être  fort  actif,  circonstance  d'où  provient  le  nom  de  port  aux  Pas- 

''  En  i554,  le  Parlement  ordonna  aux  charre-  peu  délicat  dans  ses  acquisitions;  en  effet,  il  n'y  a 

tiers  de  ne  plus  porter  leurs  gravois  au  Pré-aux-  point  d'apparence  qu'un  territoii'e  ainsi  appelé  ait 

Clercs,  mais  de  les  déposer  le  long  de  la  rivière,  jamais  existé  dans  les  environs  de  la  porte  de  Nesle, 

pour  prévenir  ses  débordements.  ù  quelques  pas  seulement  de  l'enceinte  de  Philippe- 

''  Le  nom  de  Mal-acquesl   (mauvais   acquêt)  Auguste.  On  écrit  maintenant  Ma/rt/jrurtw,  ce  qui  est 

est  peut-être  le  surnom  d'un  individu  malfamé,  une  orthographe  abusive. 


190  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

seurs,  que  nous  venons  de  signaler.  On  disait  également  frle  port  de  Nesien 
(1691),  ou  le  porl  Saint-Germain  (i5io),  et  nous  voyons  que  des  bateaux  y 
venaient  décharger  leur  cargaison;  mais,  soit  que  le  commerce  s'y  fût  éteint,  soit 
qu'on  n'y  pût  exercer  librement  tous  les  genres  de  trafic,  le  1 1  avril  i58o,  les 
vassaux  de  l'abbaye  firent  observer  qu'ils  étaient  obligés  de  se  battre  au  quai 
de  l'Ecole  pour  avoir  du  bois,  et  ils  supplièrent  le  roi  de  permettre  qu'on  établît, 
au  bout  de  la  rue  de  Seine,  un  port  qu'on  appellerait  «le  port  du  Roy  de  Po- 
ff  longue,  fl  Cette  demande  ne  paraît  point  avoir  eu  plus  de  résultat  qu'une  requête 
analogue  présentée  à  Henri  II  en  i55o,  en  même  temps  qu'on  sollicitait  de  lui 
une  clôture  pour  les  faubourgs. 

Au  droit  de  la  rue  de  Seine  existait,  en  t543  et  depuis,  un  abreuvoir  qui 
datait  sans  doute  d'une  époque  reculée,  et,  au  devant  du  quai  Malaquais,  en  1  5oo 
et  i535,  une  partie  de  la  rivière,  affermée  à  des  pêcheurs,  était  désignée  par 
l'appellation  de  tr  la  Tuillecte.  n 

Le  port  aux  Passeurs  et  le  quai  Malaquais  commençaient  au  fossé  de  la  ville, 
et,  s'étendant  peu  vers  l'occident,  n'avaient,  de  ce  côté,  que  des  limites  vagues. 
En  aval,  antérieurement  au  règne  de  Louis  XIII,  le  chemin  du  bord  de  l'eau 
n'avait  point  de  nom  particulier,  ou  il  prenait  celui  des  territoires  qu'il  séparait 
de  la  rivière,  et  que  nous  examinerons  successivement.  (Voir  planche  V.) 

A 

Entre  Ilot  DE  LA  BuTTE,  coQipris  entre  le  quai  Malaquais,  la  rue  de  Seine,  la  Petite 

d  de  Seine.  fUG  de  Nesle,  et  la  rue  du  Fossé  ou  Mazarine.  Il  eut  pour  origine  le  bail  fait  le 
6  septembre  i53o,  à  charge  de  bâtir,  aux  nommés  Nicolas  Ganivet,  dit  Grand- 
val,  charpentier  de  bateaux,  et  Jacques  Audouart,  de  deux  lots  de  terrain  de  dix 
perches  et  demie  chacun  ''),  usurpés  sur  la  pièce  de  Gilles  le  Maître  (voir  Rue 
Mazarine).  Le  lot  de  Jacques  Audouart  se  composait  de  la  moitié  orientale  de 
l'îlot,  et,  en  i532,  avait  été  cédé  à  Ganivet,  qui  le  confondit  avec  le  sien.  Le 
tout  passa  ensuite  à  la  veuve  de  Ganivet,  qui  épousa  le  tonnelier  Guillaume  Mer- 
cureau.  Leurs  héritiers  ayant,  dans  la  seconde  moitié  du  xvi"  siècle,  divisé  la 
propriété  en  parcelles,  elle  forma,  sur  le  quai,  les  maisons  suivantes  : 

Maison  de  l'Image-Notre-Dame  (1579-1628),  puis  de  la  Groix-de-Lorraiine 
(1660),  faisant  le  coin  de  la  rue  Mazarine.  Elle  présentait  trente-quatre  toises  de 
superficie,  lorsque,  le  1  9  mars  i663,  elle  fut  acquise  par  les  exécuteurs  testa- 
mentaires du  cardinal  Mazarin,  qui  démolirent  tout  l'îlot,  pour  élever,  sur  son 
emplacement,  les  bâtiments  du  collège  des  Quatre-Nations.  Gette  maison,  ou 
l'une  des  suivantes,  appartenait,  vers  1690,  à  Georges  Renier,  rccappitaine  du 
ffbatteau  du  Roy,  ti  c'est-à-dire  patron  de  la  barque  sur  laquelle  le  roi  passait  la 
rivière,  lorsqu'il  se  rendait  directement  au  faubourg  Saint-Germain. 

'''  L'îlot  ne  contenait  pourtant  point  vingt  et  le  périmètre,  car  nous  n'en  avons  jamais  trouvé 
une  perches;  nous  n'en  connaissons  d'ailleurs  que        aucun  plan  détaillé. 


QUAI  MALAQUAIS  ET  EMPLACEMENT  DL  QUAI  VOLTAIRE.         191 
Maison   sans  désignation  en    i595,puis  du  iMortieb-d'Or   (1628).  Eiie  tut 

achetée  le  3i  mars  i663,  et  contenait  dix-sept  toises  de  surface. 

Maison  sans  désignation  en  159.5,  puis  de  l'Image-Saint-Amoine  (1628)  el 

DU  Petit-Louvre  (1660).  Achetée  le  29  mars  1^63,  elle  était  large  de  deux  toises 

et  profonde  de  cinq. 

Maison  sans  désignation  (1595),  faisant  le  coin  orientai  de  la  rue  de  Seine,  et 

acquise,  pour  être  ahattue,  le  i5  octobre  i663. 

SÉJOUR  DE  Nesle.   Dès  le  commencement  du   xi\*  siècle,  l'hôtel  de  Nesle  Kmre 

avait  pour  dépendances  des  jardins  situés  au  delà  de  l'enceinte  de  la  ville.  Nous  """eTàeV" 
trouvons,  en  effet,  dans  une  charte  de  i3i7,  la  mention  d'une  place  qui  s'éten-  P«'''s-'^"ii«s'i"* 
dait  entre  la  chapelle  Saint-Martin-des-Orges  et  les  murs  du  jardin  de  Nesle  : 
platée  site  inter  capellam  Sancti  Martini  de  Ordeis  et  muros  jardini  de  ISigella.  Clin- 
quante ans  plus  tard,  ces  jardins  étaient  disparus,  puisque,  dans  un  titre  de 
i368,  relatif  à  la  même  région,  il  est  parlé  de  «la  place  où  jadiz  furent  les  jar- 
(fdins  de  Nesies.  n  Le  souvenir  de  ces  jardins,  dont  les  historiens  n'ont  point  eu 
connaissance,  ne  pouvait  être  effacé  en  i38o,  quand  le  duc  de  Berry  devint  pos- 
sesseur de  l'hôtel  de  Nesle,  et  de  là  lui  vint  sans  doute  le  projet  d'en  créer  de 
nouveaux,  projet  qu'il  réalisa  en  faisant  acheter,  en  son  nom,  le  i3  janvier  i385, 
deux  tuileries,  l'une  renfermant  deux  arpents  et  demi,  et  l'autre  cinq.  L'acqui- 
sition n'eut  point  lieu  d'ailleurs  sans  rencontrer,  de  la  part  des  moines  de  1  ab- 
baye, une  opposition  à  laquelle  mit  fin  une  transaction  du  3  avril  1399,  qui 
leur  valut  la  j)ropriété  de  l'hôtel  de  Navarre. 

Sur  les  terrains  vendus  au  duc  de  Berry  en  i385,  il  disposa  des  jardins,  des 
granges,  ainsi  que  des  écuries,  et  le  tout  prit  le  nom  de  Séjour  de  Nesle.  Mons- 
trelet  raconte  qu'en  161  1  les  Parisiens,  irrités  contre  le  duc  de  Berry,  allèrent 
saccager  son  château  de  Bicélre  et  le  Séjour  de  Nesle.  rrEii  après,  dit-il,  en  faisant 
T  plusieurs  autres  maulx,  vindrent  encore  abatre  et  destruire  une  autre  maison 
rrsur  la  rivière  de  Seine,  où  icellui  duc  tenoit  ses  chevaulx  et  n'estoit  point  loing 
(rde  l'ostel  de  Néelle,  au  dehors  de  la  porte*'',  n  Les  fragments  de  comptes  que 
nous  publions  aux  appendices  fournissent  quelques  détails  sur  les  divers  travaux 
de  réparation  qui  furent  faits  au  Séjour  de  1612  à  1616,  et  sur  la  dis])ositioii 
intérieure  des  écuries.  Le  duc  de  Berr)  étant  mort  en  1616,  le  Séjour  revint  à  la 
couronne,  et  Charles  VII,  en  16/16,  le  donna  au  duc  de  Bretagne  en  même  temps 
que  l'hôtel  de  Nesle.  11  est  très-douteux,  toutefois,  que  le  Séjour  eût  été  complè- 
tement relevé  de  ses  ruines  après  i/iii.  Quoi  qu'il  en  soit,  en  1669  il  devait 
être  détruit,  puisque  les  sept  arpents  qui  le  formaient  sont  alors  indiqués  comme 
le  lieu  rtoù  jadis  soulloit  estre  le  Séjour  de  Nesles,fl  et  appartenaient  à  Antoinette 
Magnac,  qu'une  sentence  du  26  mars  contraignit  à  payer  ses  redevances. 

'    Chroit.  l.  II.  |).  ifj7  de  Yéd.  Douët  d'Arcq. 


192  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Suivant  l'acte  de  vente  de  i385,  les  terrains  du  Séjour  étaient  limités  par 
le  chemin  formant  aujourd'hui  la  rue  Bonaparte,  le  Petit-Pré-aux-Clercs,  le 
chemin  du  bord  de  l'eau  et  les  fossés  de  Nesle.  Doit-on  en  induire  qu'il  atteignait 
le  bord  même  des  fossés?  Ce  qui  tendrait  à  le  faire  croire,  c'est  que  l'îlot  borné 
par  la  rue  de  Seine,  auquel,  dans  le  xvi''  siècle,  était  demeurée  l'appellation  de 
Séjour  de  Nesle,  ne  contenait  guère  que  six  arpens.  Mais,  d'un  autre  côté,  il 
est  tout  à  fait  invraisemblable  que  la  rue  de  Seine  coupât  en  deux  le  Séjour, 
dont  le  principal  corps  d'hôtel,  suivant  un  article  des  comptes  de  i4i6,  paraît 
avoir  été  large  de  quarante  toises  et  profond  de  vingt-quatre.  Cette  superficie 
se  conçoit  très-bien  dans  l'îlot  situé  à  l'ouest  de  la  rue  de  Seine,  et  n'a  jamais 
pu  exister  dans  l'îlot  situé  sur  le  bord  du  fossé.  Au  reste,  dans  la  cession  que, 
le  17  janvier  1A86,  Jean  Spifame,  écuyer  du  roi,  fit  au  tuilier  Robin  de  Mont- 
rouge  de  la  ff masure  et  jardin  appelle  le  Séjour  de  Nesles,T)  et  de  huit  arpents 
attenants,  il  est  dit  que  la  totalité  était  bornée  par  la  rue  de  Seine'". 

La  partie,  en  bordure  sur  le  quai ,  de  l'îlot  compris  entre  les  rues  de  Seine  et 
des  Petits-Augustins,  formant  une  pièce  de  deux  arpents,  fut  vendue,  le  a  sep- 
tembre i5i9,  par  Antoine  de  la  Vernade  aux  gouverneurs  de  l'Hôtel-Dieu.  Elle 
était  toute  en  culture,  lorsque  ceux-ci  la  baillèrent  à  bâtir,  l'an  i538,  ainsi  que 
l'exprime  l'article  suivant  du  censierde  1.567  •  ff  l^ouveaulx  bastiemens  sur  Teaue 
ffde  la  rivière  de  Seyne,  des  terres  dudict  Hoslel  Dieu;  par  icelluy  Hostel  Dieu 
te  baillez  à  rente,  l'année  rail  cinq  cens  trente  huict.  De  Jehan  Haultebesse,  orfé- 
ftvre,  Pierre  Reboures,  la  veufve  et  héritiers  feu  Jehan  Sollayne,  Jehan  du  Mas, 
«m''  de  la  poste  à  Paris,  comme  ayant  droict  de  Pierre  Boutin  et  Jehan  Loret,  et 
rrde  maistre  Antoine  de  Gouzolles,  ou  lieu  dudict  Boutin,  pour  six  quartiers  sept 
r perches  de  terre,  faisant  ung  arpent  et  demy  sept  perches  ou  environ  en  une 
(T  pièce  assise  audict  lieu  de  Sainct  Germain  des  Prés,  le  long  de  la  rivière  de  Seyne. 
cfEsquelz  lieux  chacun  des  propriétaires  ont  basty  maisons  manables;  mesme- 
cment  ledict  du  Mas,  une  maison  couverte  d'ardoyse,  faisant  le  coin  de  la  rue 
frde  Seyne,  tenant  la  totallité  des  six  quartiers  sept  perches  de  terre,  d  une  part 
«et  d'aultre  à  deux  chemyns  descendans  de  labbaye  dud.  Saint  Germain  des  Prés 
rfà  ladicte  rivière  (rues  de  Seine  et  Bonaparte),  d'aultre  part  à  ladite  rivière 
t;de  Seyne,  et  par  hault  audict  Hostel  Dieu.  Lesquelz  six  arpens  sept  perches 
crde  terre,  qui,  par  les  commis  de  par  la  cour  dn  Parlement  au  régime  et  gou- 

'''  Une  indication  semblable  esl  fournie  par  le  rrpart  à  lad.  rivière,  et  d"aullre  part  aux  terres  de 

texte  de  la  sentence  de  liig,  oîi  on  lit  l'ënoncé  irlad.  église;  aboutissant  d'ung  bout  à  ung  grant 

suivant  :  rf  Place  vuyde,  masure  et  terres  entrete-  rr  fossé  par  lequel  se  vuyde  leaue  des  fossez  de  lad. 

(tnans,  contenant  toulx  ensemble  deiLX  arpens  ou  rréglise  abbaye  dud.  Saint-Germain  à    Seine,  et 

Tenvyron,  où  jadis  souloit  estre  le  séjour  de  Nelles,  ffd'aultre  bout  à  ii)i(i'  chemin  par  lequel  on  va  de  lad. 

«sur  la  rivière  de  Seine;  tenant  touit  au  long  d'une  ^abbaye  à  icelle  rivière,  v 


QUAI  MALAQUAIS  ET  EMPLACEMENT  DU  QUAI  VOLTAIRE.         193 

trvernement  du  revenu  et  temporel  dudict  Hostel  Dieu  de  Paris,  furent  baillez  à 
fftiltre  de  rente  ausd.  Bontin  et  Gelin,  dès  l'an  mil  cinq  cens  trente  huit,  le 
(t  vendredi  dixiesme  jour  de  janvier,  ausdicts  Boulin  et  Gelin  doibvent  de  cens 
"chacun  an,  ledict  jour  Sainct  Remy,  au  pris  de  douze  deniers  par  l'arpent, 
(Txxn''  oh.  p.''îfl 

Les  maisons  de  Du  Mas  et  consorts  sont  mentionnées  dans  le  censier  de  1543, 
mais  sans  aucun  détail;  celle  de  Pierre  de  Sollayne,  probablement  fds  de  Jean, 
est  dite,  en  i568,  n'être  que  commencée  et  contenir  un  jeu  de  paume.  A  la  fin 
du  XVI"  siècle,  toutes  ces  maisons  étaient  ainsi  disposées  : 

Maison  sans  désignation  (iSgS),  appartenant  à  M.  de  Vinot  [alias  de  Minon) 
et  contiguë  à  la  maison  de  Du  Mas  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  de  Seine. 

Maison  sans  désignation  (tSgS),  appartenant  au  contrôleur  Du  Mas,  s'éten- 
dant  derrière  la  suivante  et  communiquant  sans  doute  avec  celle  du  coin  de  la 
rue  de  Seine.  Cette  maison  et  la  précédente  furent  démolies  pour  la  construction 
de  l'hôtel  de  la  Reine-Marguerite,  et,  après  le  morcellement  de  cet  hôtel,  elles 
furent  remplacées  par  deux  propriétés  :  i°  une  maison  double  qui  appartint,  en 
1628,  à  M.  de  Sève,  sieur  de  Forêt,  puis  à  M""*  Dorât  (1687),  dont  l'héri- 
tier, Claude-Joseph  Dorât,  sieur  de  la  Barre,  s'en  défit,  le  2 5  avril  1 788,  au  profit 
de  Nicolas  Talliot;  2°  une  maison  qui  appartint  à  M.  de  Garsaulan  en  1628,  puis 
à  Antoine  Loisel,  conseiller  au  Parlement,  à  sa  fille  Elisabeth,  femme  de  Charles 
de  l'Aubépine,  marquis  de  Châteauneuf,  et,  en  1702,  à  leur  fils,  le  marquis  de 
l'Aupépine,  seigneur  de  Varise. 

Maison  et  jed  de  paume  dit  du  Roi-Charles  (iSgo). 

Maison  sans  désignation  (lôgS),  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  des  Petits- 
Augustins.  Ainsi  qu'on  le  constate  parle  procès-verbal  de  1620,  cette  maison,  ou 
tout  au  moins  le  jeu  de  paume  qui  y  était  attenant,  ne  disparut  point  quand  on 
construisit  l'hôtel  de  la  Reine-Marguerite,  mais  y  demeura  à  l'état  d'enclave.  Sur 
ce  même  emplacement,  en  1628,  il  y  avait  une  maison  aussi  appartenant  à 
M.  de  Garsaulan,  qu'on  nomma  ensuite  l'hôtel  d'Hollande  (1G87). 

La  Charitk  ou   le  SaNITAT.   On  appelait  ainsi,  au  xvi*  siècle,  le  terrain  Enue 

compris  entre  le  quai,  le  Grand-Pré-aux-Clercs,  le  chemin  de  Saint-Père  (la  rue  et 

des  Saints-Pères)  et  la  Petite-Seine,  ou,  plus  tard,  le  chemin  de  la  Noue  (rue  •''=« ^»"''^'''"*«- 
Bonaparte),  à  cause  de  certain  hôpital  que  François  I"  voulut  y  créer,  et  pour  la 
fondation  duquel  il  donna  une  somme  de  1  0,000  livres  tournois,  par  lettres  pa- 
tentes du  1 3  août  1  5 1 9 ,  où  le  but  et  la  raison  d'être  de  l'établissement  sont  in- 
diqués en  ces  termes  :  rt  Comme  pour  éviter  à  la  contagion  des  malades  de  peste , 
frqui  peut  advenir  quant  les  malades  et  actainctz  de  peste  sont  portez  en  l'Hostel 

'"'  Arch.  nat.  reg.  A 4,  »  laS,  fol.  190  v°. 

III.  35 


194  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

rDieu  de  iiostre  bonne  ville  et  cité  de  Paris,  logez  et  couchez  avec  les  autres  ma- 

fflades  de  diverses  maladies,  qui  y  affluent  jounicllenient,  nous  ayans  advisé 

(flaire  bastir  et  construire  une  granl  closture  de  maison  qui  se  nommera  la  Charité, 
(rhors  et  audessoubz  nostre  dicte  ville  de  Paris,  et  le  plus  près  d'icelle  que  faire 
(Tse  pourra,  et  sur  la  rivière  de  Seine.  En  laquelle  seront  portez  et  logez  doresna- 
(Tvant  lesdicts  pestillencieux,  quant  le  cas  y  adviendra.  Pour  laquelle  Charité  en- 
rr  commencer,  etc. '"  n 

Le  même  jour,  i3  août  iBig,  d'autres  lettes  patentes  chargèrent  les  gouver- 
neurs de  l'Hôlel-Dieu  de  diriger  les  travaux,  de  les  payer  et  de  faire  les  acquisitions 
de  terrains  nécessaires.  Ils  achetèrent  en  conséquence,  le  2  septembre  suivant,  de 
M''  Antoine  de  la  Vernade  et  au  prix  de  160  livres  tournois,  deux  pièces  de  terre 
longeant  le  quai  :  l'une  contenant  deux  arpents  et  située  entre  la  rue  de  Seine  et 
le  canal  de  la  Petite-Seine;  l'autre  contenant  cinq  arpents,  située  au  delà  du  canal. 
Le  19  septembre,  ils  achetèrent  une  troisième  pièce  de  terre,  voisine  des  fossés  de 
la  ville  (voir  Rue  Mazarine);  mais  ils  n'en  avaient  pas  grand  besoin,  car  la  pièce 
de  cinq  arpents  acquise  d  Antoine  de  la  Vernade  offrit  assez  de  surface  pour  y  bâtir 
l'hôpital,  après  toutefois  qu'on  l'eut  augmentée  d'un  champ  appartenant  au  curé 
de  Saint-Sulpice.  L'emplacement  présentait  une  superficie  totale  de  cinq  arpents 
et  demi,  dix-neuf  perches  et  deux  tiers  de  perche.  D'après  le  registre  des  comptes 
que  nous  avons  retrouvé'^',  les  travaux  furent  commencés  dès  le  3  septembre  1  5 1 9  ; 
un  autre  document  nous  apprend  que,  le  1 1,  on  mesura  un  fossé  de  29  perches 
de  longueur,  lequel  avait  été  creusé  dans  le  lit  de  la  rivière  et  devait  servir  de  limite 
à  l'édifice. 

En  fondant,  sur  le  fief  de  l'abbaye,  le  nouvel  hôpital  de  la  Charité,  dit  plus 
souvent  du  Sanitat,  on  ne  satisfit  point  les  moines  de  Saint-Germain;  ils  firent  une 
opposition  assez  vive  à  cet  établissement.  «Plus  de  deniy  an,  est-il  dit  dans  le 
ff  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris,  y  eut  grande  contrariété  par  l'abbé  de  ladicte 
ft abbaye.  .  .  et  les  religieux.  .  .  pour  empescher  ledict  édifice '^In  Nous  lisons 
aussi,  dans  les  comptes,  qu'il  y  eut  à  ce  sujet  contestation  judiciaire,  et  qu'au 
mois  de  septembre  i520  une  enquête  fut  ordonnée  à  propos  des  menées  des 
moines,  qui  avaient  fait  combler  les  tranchées  et  jeter  à  la  rivière  des  pierres 
ainsi  que  du  merrain  pris  sur  les  chantiers  de  l'Hôtel-Dieu.  Ils  espéraient  ainsi 
prévenir  l'exécution  du  projet  qu'ils  estimaient  contraire  à  leurs  intérêts,  mais 
dont  ils  avaient  pourtant  admis  la  réalisation,  puisque,  le  samedi  2  juin  1620, 
l'abbé  Briçonnet  avait,  en  pei'sonne,  posé  la  première  pierre  des  constructions  W. 

Quoiqu'il  en  soit,  les  taquineries  des  moines  demeurèrent  impuissantes;  on 

'''  Ai'ch.  de  l'Hôtel-Dieu ,  layelte  7/1.  ■''  Journal,  etc.,  piiblid  par  M.  Lalaniie.  p.  84. 

'°'  Dans  les  arcliives  de  l'Hôtel-Dieu,  où  il  ne  '*'  Ibid.  Il  y  a  peut-être  quelque  confusion  dans 

porte  aucune  cote  particulière.  les  dates. 


QUAI  MALAQUAIS  ET  EMPLACEMENT  DU  QUAI  VOLTAIRE.         195 

poursuivit  l'œuvre  entreprise,  et,  si  elle  fut  interrompue  bientôt  après,  le  manque 
•l'argent  seul  en  fut  la  cause.  En  effet,  lorsque  les  10,000  livres  accordées  par 
le  roi  eurent  été  épuisées,  l'impossibilité  de  se  procurer  des  ressources  de  quel- 
que importance  amena  presque  inmiédiatement  la  cessation  des  travaux.  D'après 
le  compte  fini  le  i5  octobre  iSao  et  rendu  le  12  novembre  1698,  on  n'avait 
fait  qu'une  dépense  totale  de  1  o-Sia**  3'  6"^  ob.  pite,  plus  3Zi5"  1 9/  6^  ob.  pite.  En 
1527,  on, avait  définitivement  renoncé  à  continuer  les  travaux.  Aussi,  le  i3  dé- 
cembre, François  I",  après  avoir  reconnu  qu'il  était  dans  l'impossibilité  de  les 
reprendre  et  fait  remarquer  que  le  voisinage  de  la  Charité  aurait  eu  de  graves 
inconvénients  pour  sa  santé  pendant  son  séjour  au  Louvre,  appi-ouva  la  vente  de 
/i5/j*^  19'  tournois  de  matériaux,  à  laquelle  avaient  eu  recours  les  gouverneurs  de 
l'Hôtel-Dieu,  les  autorisa  à  se  débarrasser  du  surplus  et  leur  octroya  la  propriété 
des  terrains  dépendant  de  l'hôpital. 

Les  terrains  sur  lesquels  avait  été  commencé  le  Sanitat,  qui  en  conservèrent 
assez  longtemps  le  nom  et  qu'on  appelait  encore  tria  Prés  (prairie)  l'Hostel  Dieuii 
en  i6i3,  furent  ensuite  aliénés  en  deux  parcelles (''.  L'une,  contenant  cinq  ar- 
pents, fut  baillée,  le  aS  avril  1  564,  à  Henry  Guyot  et  Christophe  Aubry  ;  l'autre, 
renfermant  un  arpent  et  attenante  à  la  rue  des  Saint-Pères,  fut  baillée,  le  i3  dé- 
cembre 1  5^2  ,  au  tailleur  François  Lebouc,  à  charge  de  bâtir  fr  maison  maiiable'-*.  t» 
Cependant  nous  n'avons  jamais  rencontré  aucune  mention  bien  précise  de  maison 
en  ce  lieu  avant  le  xvu"  siècle,  à  l'exception  du  manoir  de  Jean  Bouyn,  qui  occu- 
pait l'emplacement  du  canal  de  la  Petite-Seine,  fiiisait  le  coin  occidental  de  la  rue 
des  Petits-Augustins  (voir  à  l'article  de  cette  rue),  et  était  séparé  des  terres  du 
Sanitat  par  le  fossé  de  l'hôpital  dont  nous  venons  de  parler.  Ce  manoir  fut  absorbé 
dans  la  cour  de  l'hôtel  de  la  Reine-Marguerite,  dont  la  largeur  était  de  trente-huit 
toises  sur  trois  pieds,  le  long  de  la  rue  des  Petits-Augustins,  et  de  quarante-six 
toises  le  long  de  la  rue  des  Saint-Pères,  à  compter  du  mur  de  clôture  vers  la 
rivière.  On  ne  modifia  point  l'alignement  de  ce  mur  lorsque,  après  la  vente  de 
riiôtel ,  on  construisit  les  maisons  du  quai'". 


'  Dans  l'ouvrage  de  Sauvai  (l.  III,  p.  28),  où 
la  fondation  du  Sanitat  est  faussement  rapportée  à 
1 556,  on  lit  qu'en  i58i  le  Parlement  accorda 
i.âoo  livres  pour  raccroissement  de  cet  hôpital; 
mais  celte  assertion  résulte  dune  méprise  évidente. 

'''  L'inventaire  de  l'abbaye  mentionne  le  bail 
fait,  le  9.0  août  iB'io,  à  François  Ollivicr,  André 
Guillarl  et  Pierre  Perdrier,  d'un  terrain  à  bâtir,  de 
six  arpents  et  un  demi- quartier,  lequel  terrain  était 
situé  entre  le  Pré-aux-Clercs  et  la  Seine;  mais  on 
ne  voit  pas  quelles  ont  été  les  conséquences  de  cet 
accensetnent. 

'*'  Bien  que  l'histoire  de  ces  maisons  ne  rentre 


point  dans  notre  cadre,  nous  croyons  devoir  en 
donner  ici  l'indication  : 

Maison  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  Bo- 
naparte et  remplaçant  celle  tie  Jean  Bouyn.  Elle 
appartint,  en  iO-j8,  à  M"  Jean  et  Jacques  do 
Hillerin,  et  fut  donnée,  le  5  mai  i56o,  par  ce 
dernier  à  son  petit-neveu,  M.  d'Hillerin,  ou  du 
Bucq,  seigneur  de  IJoitissandeau ,  dont  l'héritier 
la  vendit,  le  ao  avril  1720,  à  la  princesse  de 
Contv.  Une  note,  ajoutée  au  censier  de  17'30,  dit 
que  la  maison  ci-devant  nommée  l'Iiâtel  de  Tran- 
sylvanie avait  été  achetée,  par  la  duchesse  de 
Gramniont,  de  Marie  Pétard  de  Guiry,  veuve  de 

25. 


196  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

La  SaumONIÈRE.  L'ilot  dit  le  Saiiitat  constituait  le  commencement  d'un  grand 
territoire  que  les  titres  appellent  a  la  SaulmonièrcTi  ou  et  la  Saulmonerie. -n  Ce 
territoire  était  limité  vers  le  nord  par  la  rivière,  vers  l'orient  par  le  chemin  de 
la  Noue,  vers  le  midi  par  le  Grand-Pré-aux-Clercs,  ainsi  que  par  le  chemin 
formant  aujourd'liui  l'extrémité  de  la  rue  de  l'Université,  et,  vers  le  couchant,  il 
aboutissait  à  l'île  Maquerelle,  qui  n'en  faisait  point  partie,  quoique,  dans  l'ar- 
pentage de  1699,  elle  soit  dite  rassise  en  ce  lieu  de  la  Saulmonerie. n  Les  ar- 
chives de  l'abbaye  n'apprennent  point  d'où  provenait  le  nom  donné  au  canton  de 
la  Saumonière,  dont  la  plus  ancienne  mention  ne  remonte  qu'à  1^80;  mais  il 
semble  naturel  de  croire  qu'il  y  avait  eu  là  une  pêcherie  ou  un  réservoir  pour 
les  gros  poissons.  Nous  voyons  même  que,  dans  un  titre  de  1^97,  il  est  question 
d'une  ff  portion  d'eaue  appellée  la  place  de  la  Saulmonière,  à  la  prendre  depuys  le 
rr  commencement  de  la  porte  des  vignes  Jehan  Legendre  jusques  aux  haultes  mottes 
a  de  la  Molange.  T)  Cette  place  attenait  à  la  rive  droite  de  la  Seine,  à  la  hauteur 
des  Tuileries,  ainsi  qu'une  autre  (peut-être  la  même)  qui  fut  baillée,  le  jour  de 
Pâques  1 680 ,  «pour  en  icelle  place  faire  attrait  à  poisson  et  y  pescher  à  la  verge,  -n 
Celle-ci  est  énoncée  ff  place  appellée  les  Molles  de  la  Saulmonière,  contenant  six 
rr  perches  de  long  sur  une  perche  de  lé,  à  bort  et  à  autre,  assise  en  la  rivière  de 


Nicolas  de  Fontaine.  Elle  s'appelait  l'hôtel  de 
Laulrec,  en  1775. 

GRiNDE  MAISON,  possédée  en  1628  par  Henry- 
Auguste  de  Loménie,  sieur  de  la  Ville-aux-Clercs , 
et  dite  l'hôtei,  de  Brienne,  vers  i65o.  Elle  fut  en- 
suite la  propriété  de  Marie  Martinozzi,  princesse  de 
Gonty,  qui  l'échangea  contre  l'hôtel  de  Guénégaud 
le  3o  avril  1670;  puis  elle  appartint  au  due  de 
Gréquy,  gouverneur  de  Paris  (1687),  au  duc  de 
la  Tréniouille,  gendre  du  précédent,  et  au  duc  de 
Lauzun,  qui  l'acquit  d'Edouard  de  la  Tour  d'Au- 
vergne le  3  juillet  1719.  La  duchesse  de  Lauzun, 
le  19  octobre  1783,  la  céda  à  Louise-Adélaïde  de 
Bourbon -Gonty,  nommée  M"°  de  la  Roche-sur- 
Yon,  après  la  mort  de  laquelle  on  loua  l'hôtel 
pour  y  placer  les  écuries  de  la  dauphine.  Le  duc  de 
Mazarin  en  était  propriétaire  en  1775. 

Maison  sans  désignation,  qui  n'était  point  en- 
core bâtie  en  1628,  et  qui ,  en  1 687,  dépendait  de 
la  suivante,  avec  laquelle  elle  a  été  confondue  depuis. 

HÔTEL  DE  BGUILLOiN.  L'emplacement  était 
encore  vide  en  1628.  Sauvai  (t.  11,  p.  386),  de 
Lamarre  (t.  I",  p.  83) et  Félibien  (t.  Il,  p.  i396) 
disent  que  Louis  XllI  permit  à  un  nommé  Marsilly 
de  bâtir  des  maisons  symétriques  sur  le  quai,  à 
certaines  conditions,  ce  qui  fut  exécuté  en  1619, 


époque  oii  l'on  vendit  le  palais  de  la  Reine-Margue- 
rite. Pas  plus  que  Jaillot  nous  n'avons  la  preuve 
du  fait;  mais,  le  Domaine  ayant  manifesté  des  pré- 
tentions sur  les  terrains  de  l'hôtel  de  la  reine,  il 
ne  serait  pas  impossible  qu'une  transaction  pareille 
à  celle  que  mentionne  de  Lamarre  eût  été  conclue 
à  la  date  indiquée.  Du  reste  il  est  sur  que,  si  cette 
transaction  a  réellement  eu  lieu,  elle  n'a  produit 
aucun  résultat.  Mais  l'hôtel  existait  déjà  vers  i6.5o. 
Il  avait  été  bâti  par  Macé  de  la  Basinière,  qui  le 
vendit  au  duc  de  Bouillon. 

Maison-  qui  appartint  en  1687  à  M"'  de  Bri- 
çonnet.  Elle  avait  été  bâtie,  ainsi  que  la  suivante, 
postérieurement  à  1628. 

HÔTEL  DE  FALCONI  (1 65a)  et  DE  MORSTIN , 
faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  des  Saint-Pères. 
Cette  importante  propriété  fut  cédée,  le  17  juin 
1680,  avec  une  autre  maison  située  derrière  dans 
la  rue  des  Saint-Pères ,  par  Marie  de  Falconi ,  femme 
de  Louis,  comte  d'Amanzé,  à  M.  de  Montbriseul. 
En  1687,  l'hôtel  appartenait  à  .lean-Audré,  comte 
de  Morstin,  trésorier  de  Pologne,  et  passa  ensuite 
aux  filles  de  ce  seigneur,  desquelles  il  fut  acquis, 
le  99  mars  1710,  par  le  marquis  de  Bassenage, 
qui  s'en  défit,  le  97  juillet  1 79  '1 ,  au  profit  de  Joa- 
chim  Descazeaux. 


OUAI  MALAQUAIS  ET  EMPLACEMENT  DU  QUAI  VOLTAIRE.         197 

aSeyne,  au  dessoubs  et  près  des  tuiHeries  qui  sont  hors  Paris,  oultre  la  porte 
rc Saint- Honoré,  sur  la  dicte  rivière,  a  11  est  constant,  au  surplus,  qu'on  péchait 
anciennement  dans  la  Seine,  aux  environs  de  Paris,  des  saunions,  ou,  du  moins, 
des  poissons  qu'on  désignait  ainsi;  car,  dans  les  lettres  du  prévôt  de  Saint-Gerniain- 
des-Prés,  datées  de  i433,  il  est  rappelé  que,  d'après  des  ordonnances  anté- 
rieures, les  pêcheurs  de  la  ville  ne  devaient  trpescher  en  ladite  rivière  aucuns 
rtsaulmons,  daulphins,  ne  autres  poissons  royaulx,  sans  les  apporter  en  ladite  église 
cde  Saint  Germain,  a  et  qu'ils  étaient  tenus  de  donner  aux  moines  le  tiers  de  ces 
poissons,  s'ils  ne  préféraient  en  payer  la  valeur,  le  tout  à  peine  de  soixante  sous 
parisis  d'amende  ''>. 

La  plus  grande  partie  du  territoire  de  la  Saumonière  fut  acquise  par  la  reine 
Marguerite  et  transformée  en  un  parc  dépendant  de  son  hôtel.  Ce  parc  se  trouvait 
borné  parla  rue  des  Saint-Pères,  le  Pré-aux-Clercs,  le  chemin  du  bord  de  l'eau, 
et  aussi,  de  ce  dernier  côté,  par  la  tuilerie  aux  Flamands  et  le  lieu  dit  la  Grenouil- 
lère, dont  nous  parlerons  plus  loin.  On  n'a  presque  aucun  renseignement  sur  sa 
disposition  intérieure,  et  vraisemblablement  il  ne  fut  planté  et  orné  que  d'une 
manière  très-imparfaite.  Nous  lisons  dans  l'adjudication  de  1622  :  rcDans  lequel 
frparc  y  a  une  longue  allée  qui  va  de  bout  à  autre,  oià,  des  deux  costez,  fors  et 
ff  excepté  au  droict  de  ladicte  thuillerie  et  jardin  en  dépendant,  va  une  palissade 
rr plantée  d'ormes  et  autres  arbres,  et,  du  costé  de  lad.  Grenouillère,  au  parc, 
(r plusieurs  petilz  ormes  et  autres  sortes  de  bois;  au  bout  d'icelluy,  du  costé  du 
f  chemin,  plusieurs  allées  communes  et  quelque  peu  de  murailles,  à  l'entour  du 
(rparc,  fors  et  excepté  à  l'endroict  de  ladicte  thuillerie  et  jardin  que  y  a  fossé,  n 

Un  fossé  existait  aussi  entre  le  parc  et  le  Pré-aux-Clercs,  et  près  de  ce  fossé, 
à  la  hauteur  de  la  rue  du  Bac,  était  aie  bout  de  la  seconde  allée  et  estoille 
rr  plantée  en  icelluy  parcn  On  voit  par  le  procès-verbal  de  vente  dressé  en  1620, 
dont  nous  donnons  le  texte,  que  la  grande  allée  avait  quatre  cent  vingt-cinq  toises 
de  longueur;  elle  s'étendait  donc  jusque  vers  le  milieu  de  l'espace  compris  entre 
les  rues  Bellechasse  et  de  Bourgogne,  et  n'atteignait  point  la  Noue  du  Pré-aux- 
Clercs.  D'après  un  arpentage  du  18  janvier  1622,  le  parc  contenait  quarante- 
neuf  arpents  trois  quartiers  et  demi,  soit  quarante-quatre  mille  huit  cent  quatre- 
vingt-sept  toises.  Le  procès-verbal  de  1620,  sans  doute  moins  exact,  n'indique 
qu'un  chiffre  total  de  trente-cinq  mille  deux  cent  quatre-vingt-huit  toises,  déduc- 
tion faite,  il  est  vrai,  des  terres  de  la  Grenouillère,  qui  en  contenaient  deux 
mille  cent  douze,  et  d'une  pièce  de  deux  mille  quatre  cents.  Dans  le  même 
procès-verbal,  les  experts  proposèrent  d'ouvrir  trois  rues  en  travers  du  parc  et 
une  autre  dans  le  sens  de  sa  longueur.  La  rue  longitudinale  projetée,  c'est  la  rue 

"'  Cart.  (le  Sainl-Germain-des-Prés.  Bibl.  de  l'Arsenal,  niss.  H  F  3a6,  fol.  aG-2  v". 


198  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

de  Lille,  avant  la  Révolution  dite  de  Bourbon,  en  l'honneur  du  cardinal  de 
Bourbon,  abbé  de  Saint-Germain;  elle  correspond  sans  doute  à  la  grande  allée 
de  quatre  cent  vingt-cinq  toises.  De  la  teneur  de  certains  titres  il  résulte  que 
l'alignement  en  était  déjà  arrêté  en  1628;  mais,  en  1  63 1,  on  ne  l'énonçait  en- 
core que  la  rr  rue  qui  se  doibt  faire  dans  ledict  Pré  aux  Clercs*'',  n  et  nous  ne 
l'avons  pas  vue  indiquée  par  le  nom  de  rue  de  Bourbon  avant  i638. 

ÉcgrcHERIE-SablgiVINIÈRE.  Au  delà  de  la  rue  des  Saint-Pères,  il  y  avait 
deux  arpents  qui  appartenaient  à  l'abbaye,  et  dont  un  quartier  servait  d'abattoir 
pour  les  chevaux,  de  i5io  à  i5io.  En  effet,  dans  le  bail  du  25  avril  de  cette 
dernière  année,  fait  à  François  Olivier  et  consorts,  d'une  pièce  de  six  arpents  et 
demi-quartier  centre  le  Pré  aux  Clercs  et  la  rivière  de  Seyne,  ou  lieu  dict  l'Es- 
tt  corcherie  et  Sablonnière,  n  tenant  d'une  part  à  ladite  Ecorcherie ,  d'autre  à  Pierre 
Marcel,  trd'un  bout  sur  le  rivaige  de  lad.  rivière  de  Seyne, t»  et  d'autre  bout 
aux  hoirs  de  Pernet  Lescuyer,  il  est  spécifié  que,  «à  l'endroict  de  laquelle  pièce 
rr  s'est  faict  par  cy-devant  et  faict  encores  de  présent  la  voirie  des  chevaulx  t^'.  v 

ff  L'Escorcherie  aux  chevaux,  11  du  censier  de  i365,  diffère  notablement,  comme 
nous  le  dirons  ailleurs,  de  celle  qui  donna  son  nom  au  territoire,  appelé  aussi  et 
à  peu  près  simultanément  la  Sablonnière.  Toutefois  tria  Sablonnière,T)  ou  ft terres 
ffdu  Gros  Sablomi  (iS^g),  étaient  plus  loin  vers  l'ouest,  et  paraissent  s'être  éten- 
dues jusque  dans  le  voisinage  de  l'extrémité  du  Pré-aux-Clercs,  puisqu'un  arpent 
situé  près  de  ce  pré  est  dit,  en  i5io,  aboutir  d'un  bout  sur  la  Sablonnière,  et 
de  l'autre  sur  rtla  Nouen  du  Pré.  En  outre,  un  arpent,  à  la  Saumonière,  est 
énoncé,  en  ibiy,  aboutir  rtd'un  bout  sur  l'Ozeraye,  et  d'autre  bout  aux  terres 
frèsquelles  on  prent  le  gros  sablon;Ti  or  l'Oseraie  et  la  Saumonière  ne  se  rap- 
prochaient qu'au  delà  du  Grand-Pré-aux-Clercs.  Le  censier  de  i5io  indique 
quatre  tuileries  établies  au  Gros-Sablon;  mais  il  n'est  plus  question  d'aucune  cons- 
truction de  ce  genre  en  i593,  ni  depuis  jusqu'au  conmiencement  du  xvn*"  siècle, 
époque  où  l'on  en  rétablit  une  de  quelque  importance. 

Le  terrain  de  l'encoignure  occidentale  du  quai  et  de  la  rue  des  Saint-Pères 
était  encore  en  culture  au  moment  où  il  fut  enclavé  dans  le  parc  de  la  Reine- 
Marguerite.  Après  le  morcellement  de  cet  hôtel,  on  fit  là  un  lot  d'environ  un  ar- 
pent dix-sept  perches,  lot  que  l'abbé  de  Saint-Germain  bailla,  le  i5  mars  161 3, 
à  Sasbout  de  Varie,  propriétaire  de  la  tuilerie  voisine,  et  qui  est  représenté  au- 

'''  Arch.  nal.,  fonds  des  Théaliiis,  cart.  S  4356.  autre  noie  fait  savoir  qu'à  l'ëpoque  de  la  Révolu- 

'*'  Ibid.    cart.    S    2836.    Une   note    ancienne,  tion    on  appliqua   le  titre  aux   propriétaires  des 

écrite  au  revers  de  la  pièce,  apprend  que  le  terrain  maisons  du  quai,  entre  les  mes  de  Seine  et  des 

fut  abandonné  par  le  preneur  à  cause  des  inonda-  Petits-Augustins;  mais  eu  fut  indubitablement  le 

(ions  et  des  défenses,  faites  par  le  roi ,  de  bâtir  aux  résultat  d'une  orrem-,  et  nous  en  donnerions  toutes 

faubourgs;  puis,  que  la  pièce  fut  ensuite  baillée  les  preuves  si  le  fait  devait  donner  lieu  à  une  dis- 

par  le  cardinal  de  Tournon  à  Jean  Moireau.  Une  cussion. 


QUAI  MALAQUAIS  ET  EMPLACEMENT  DU  QUAI  VOLTAIRE.         199 

jourd'hui  par  la  partie  orientale  de  l'ilot  compris  entre  la  rue  de  Bourbon  et  le 
quai  Voltaire.  Vers  1628,  le  même  emplacement  était  divisé  en  trois  propriétés  : 
la  première,  celle  du  coin,  consistait  en  une  maison  avec  jardin,  de  quatorze 
toises  deux  pieds  de  largeur,  laquelle  s'appelait  rhôtelde  Tessé,  au  siècle  dernier; 
la  deuxième  propriété  était  large  de  dix  toises  deux  pieds.  Avec  la  troisième,  qui 
avait  une  largeur  de  cinq  loises  quatre  pieds,  elle  formait  une  grande  maison 
qui  appartenait  à  Louis  Le  Barbier,  et  qui,  après  avoir  été  possédée  par  le  prési- 
dent Perrot,  est  devenue  l'hôtel  de  LabrifFe.  Immédiatement  après  se  trouvait  : 

La  Tuilerie  aux  Flamands.  C'était  d'abord  un  clos  avec  masure  contenant 
cent  cinquante  et  une  perches,  que,  le  i5  septembre  1  595,ElégantineduCoudray, 
héritière  de  son  père  Fiérabras  du  Coudray,  vendit  à  Hiérôme  Franco,  peintre, 
et  que  celui-ci,  le  3i  décembre  iSgg,  céda  à  Sasbout  de  Varie,  gentilhomme 
flamand.  De  Varie,  dans  les  premiers  mois  de  l'année  suivante,  s'étant  fait 
donner  des  alignements  par  le  bailli  de  Saint-Germain,  bâtit  là  une  maison  et 
une  tuilerie  qui  devint  connue  sous  le  nom  de  Tuilerie  aux  Flamands  ou  Tuilerie 
flamande.  Klle  est  figurée,  sur  un  ancien  plan,  comme  présentant  une  largeur  de 
einquante-six  toises  sur  le  quai,  et  une  profondeur  déterminée  par  une  ligne 
parallèle  à  la  rue  de  Bourbon,  à  cinq  toises  trois  pieds  de  cette  rue,  du  côté  de 
la  rivière;  mais  il  semble  qu'elle  avait  alors  été  agrandie,  vers  le  couchant,  d'une 
zone  d'environ  sept  toises  et  demie  de  largeur,  provenant  d'un  lot  de  trente-trois 
toises  de  façade  sur  le  quai.  Ce  lot  avait  été  assigné  au  nommé  Briois,  dans  le 
partage  que  firent  entre  eux  les  acquéreurs  du  pare  de  la  Reine-Marguerite,  et  il 
n'avait  plus  que  vingt-six  toises  trois  pieds  de  largeur,  à  l'époque  où  le  plan  dont 
nous  parlons  fut  exécuté''*.  La  moitié,  par  indivis,  de  la  Tuilerie  flamande  et 
d'une  brasserie  qu'on  y  avait  établie,  fut  aliénée  par  de  Varie,  le  2  1  février  i6i3, 
au  profit  de  Pierre  de  Vliet.  Ce  dernier  étant  mort  en  i636,  le  28  février  i635 
ses  enfants  firent  procéder  au  partage  de  la  tuilerie  entre  eux  et  de  Varie,  qui  en 
garda  la  partie  orientale,  laquelle  fut  confisquée  le  25  juin  i638,  puis  rendue 
aux  enfants  du  sieur  de  Varie  en  1666,  à  la  suite  d'événements  inutiles  à  rap- 
porter. 

Sur  l'emplacement  de  la  Tuilerie  aux  Flamands  on  construisit  plus  tard  les 
hôtels  de  Choiseul  et  de  Baufremont,  ainsi  que  l'église  des  Théatins.  Ce  dernier 
édifice  fut  élevé  sur  un  terrain  large  de  vingt-deux  toises  trois  pieds  neuf  pouces 
et  d'une  superficie  de  six  cent  cinquante  et  une  toises  trois  quarts,  acquis,  le 
'.».  juin  ifiGi  ,  de  la  veuve  de  Jérôme  Tixier,  fille  de  Pierre  de  Vliet '^l  Le  reste 
(lu  couvent  des  Théatins  couviit  le  lot  de  Briois,  lequel  se  terminait  à  environ 
dix  toises  avant  la  rue  de  Beaune  et  échut  par  déshérence  au  roi,  qui  en  fit  don 

"'  H  existe  une  copie  de  ce  plan,  faite  en  t663,  SaSôy,  aux  Arch.  nal.  —  <''  Arch.  nat.,  fonds  des 
dans  le  carton  de  Saint-Germain-des-Prés,  cotd        Théatins, cart.  S  4356. 


•200  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

à  la  ducliesse  de  Guise.  Le  quai  Voltaire,  auparavant  quai  des  Théatins,  n'était 
indiqué  par  aucun  nom  particulier  avant  que  ces  religieux  y  vinssent  demeurer; 
ou,  du  moins,  on  le  confondait  avec  le  quai  Malaquais  et  celui  de  la  Grenouillère. 
(Voir,  pour  la  suite  des  quais,  Terres  en  culture,  i"  triage,  s'  volume  de  la  région). 

G'est  probablement  dans  le  canton  de  la  Saumonière  qu'était  placé  ce  marché 
aux  chevaux,  voisin  du  Pré-aux-Clers,  qui  remplaça  celui  du  Pré-Crotté.  On  lit 
dans  un  arrêt  de  i5i8  :  aLesdicts  religieux  (de  l'abbaye)  ont  baillé,  près  les- 
ft  dicts  prez  des  escholiers ,  un  certain  lieu  auquel  la  foire  Saint  Germain  est ,  oij 
trl'on  vend  les  chevaux  que  l'on  vouloit  vendre  en  un  autre  lieu,  près  de  la  foire, 
tr lequel  autre  lieu  ils  ont  baillé  pour  bastir.  .  .  Et,  sous  ombre  que  le  lieu  nou- 
er veau  qu'ils  ont  baillé,  auquel  de  présent  l'on  vend  lesdicts  clievaux,  est  près 
crlesdicts  Prez  aux  Clercs,  les  maquignons  et  autres  vont  pour  mener  leurs  che- 
ff  vaux  dedans  iceux  prez ,  les  gastant  et  corrompant,  n 


RUE   DES   MARAIS 

(OU  VISCONTI). 

La  rue  des  Marais,  qui  porte  depuis  peu  le  nom  de  l'architecte  Visconti,  com- 
mence à  la  rue  de  Seine  et  finit  à  celle  des  Petits-Augustins  (Bonaparte). 

Elle  fut  ouverte,  pour  la  plus  grande  partie,  sur  le  Petit-Pré-aux-Clercs, 
lorsque  Pierre  Le  Clerc  bailla  à  divers  particuliers  le  terrain  de  ce  pré,  divisé  en 
parcelles.  Or,  les  premiers  baux  ayant  été  passés  à  la  fin  de  i563,  il  est  invrai- 
semblable que  la  rue  ait  existé  avant  cette  époque.  Toutefois,  dans  un  acte  du 
h  octobre  i  563,  le  plus  ancien  où  nous  en  ayons  rencontré  une  mention,  elle  est 
indiquée  par  la  formule  assez  étrange  de  «une  rue  que  ledict  bailleur  (P.  Le 
ff  Clerc)  a  laissée  dudicl  Petit  Pré  aux  Clercs,  pour  continuer  depuis  la  nie  des 
r Maratz  jusques  a  une  grant  rue  tendant  du  coing  des  fossés  de  l'Abbaye^  (la  rue 
des  Pelils-Augustins).  On  doit  en  conclure  que  l'extrémité  orientale  de  la  rue  des 
Marais,  connue  sous  ce  vocable  et  d'ailleurs  ne  relevant  point  du  fief  de  l'Univer- 
sité, était  déjà  livrée  à  la  circulation  depuis  quelque  temps. 

Dans  un  acte  de  i5ûZi,  la  voie  est  énoncée  «rue  laissée.  .  .  dudict  Petit  Pré, 
«pour  aller  à  la  rivière  de  Seyne,Ti  et,  dans  un  autre  de  i5i6,  r  ruelle  appellée 
tria  rue  des  Maraiz. •«  Jaillot  assure  que,  les  environs  étant  couverts  de  ces  jardins 
potagers  dits  marais,  on  en  donna  le  nom  à  la  rue;  mais  il  se  trompe,  car  le  Petil- 
Pré-aux-Clercs  était  en  friche  et  même  impropre  à  la  culture.  Effectivement,  en 
iSSg,  P.  Le  Clerc  fit  observer  qu'il  trne  sçauroit.  .  .  aulcunement  bastir  sur 


RUE  DES  MARAIS,  OU  VISCONTI.  201 

frladicte  pièce  de  terre,  appellée  le  Petit  Pré  aux  Clercs,  sans  premièrement  avoir 
ff  faict  haulser  l'aire  d'icelle,  parce  qu'elle  estoit  plus  basse  que  les  aultres  terres; 
irau  moyen  de  quoy,  elle  estoit  inondée  bien  souvent.  Et  encores  à  présent, 
trajoute-t-il,  les  eaues  qui  y  sont  entrées  par  l'hiver  ne  sont  retirées,  n  Celte  cir- 
constance a  conduit  Du  Boulay  à  affirmer  que  le  nom  de  la  rue  des  Marais  pro- 
vient certainement  des  marécages  du  Petit-Pré  ''). 

Sans  rejeter  absolument  cette  hypothèse,  nous  la  regardons  comme  très-dou- 
teuse, et  cela  pour  plusieurs  raisons.  On  peut  objecter,  d'abord,  que  des  flaques 
d'eau  disséminées  sur  un  espace  de  deux  à  trois  arpents,  et  n'ayant  qu'une  durée 
accidentelle,  constituent  des  bourbiers,  mais  non  pas  des  marais;  on  peut  ajouter 
ensuite  qu'il  n'est  question  nulle  part  de  marais  au  Petit-Pré,  ou  dans  les  ter- 
rains environnants,  lesquels  n'étaient  guère  moins  exposés  aux  inondations  que  le 
Petit-Pré  lui-même;  enfin  il  est  un  fait  qui  suggère,  touchant  l'appellation  de  la 
rue,  une  explication  au  moins  aussi  spécieuse  que  celle  de  Du  Boulay.  Le  voici  : 
En  1629,  on  certain  c Nicolas  Maretz  (alias  Marays),  pouHalier,  ti  possédait  une 
pièce  de  terre '^'  s'étendant  entre  le  pré  et  la  rivière,  et,  vers  lôiy,  le  même 
individu  avait,  rue  de  Seine,  une  maison  attenante  presque  à  la  rue  des  Marais. 
11  se  pourrait  donc  que  cette  rue  fdit  redevable  de  son  nom  à  l'un  des  anciens 
j)ro|)riétaires  du  voisinage,  ce  qui  ferait  immédiatement  comprendre  pourquoi  ce 
nom  est  écrit  en  un  seul  mot  ((rDesmaretzTi)  dans  le  censier  de  15/17  ^^  autres 
documents  contemporains  '''.  n 

La  rue  des  Marais  comptait  beaucoup  de  huguenots  parmi  ses  habitants,  et 
d'Aubigiié  rapporte  qu'on  l'appelait  à  cause  de  cela  trie  Petit  Genève '*l» 


'•'  Hùl.  Universit.  p.  68. 

'*'  Il  s'y  trouvait,  en  i532,  ndeiix  petits  ca- 
ir veaux  façon  de  voûte.» 

'''  M.  Ed.  Fournier,  dans  les  notes  qu'il  a  ajou- 
tas à  sa  réimpression  du  mémoire  de  Pourchot, 
dit  (p.  ia.5)  que  La  Tynna  attribue  le  nom  de  la 
rue  (taux  marais  qui  rinfectaieut,-!  et  il  déclare 
(|ue  cette  hypothèse  est  meilleure  que  la  nôtre, 
parce  ([uelle  se  trouve  corroborée  par  l'opinion  de 
Du  Boulay.  Nous  ferons  remarquer  que  nous  n'af- 
lii'mons  rien  à  ce  sujet,  que  nous  nous  bornons  à 
|)résenter  des  objections  et  h  indiquer  des  appa- 
rences ,  après  avoir  mis  sous  les  yeux  du  lecteur  le 
seul  document  dont  se  soit  appuyé  Du  Boulay. 
Aussi   bien  M.  Fournier  se  mé])rend  en  donnant 


la  supposition  de  Du  Boulay  comme  reproduite  par 
La  Tynna,  attendu  que  ce  compilateur,  dénué  au 
surplus  de  toute  autorité,  ne  détermine  aucune- 
ment la  nature  des  marais  dont  U  parle,  et  qu'il  a 
simplement,  suivant  son  habitude,  résumé  l'ar- 
ticle de  Jaillot. 

'•'  irLa  rue  des  Maraiz,  que  nous  autres  appe- 
lions le  Petit  Genève."  (Les  avenlures  du  baron  de 
Fœneste,  p.  161,  édit.  Mérimée.)  La  même  quali- 
fication avait  été  appliquée  par  les  protestants  à 
l'ensemble  du  faubourg-  Saint-Germain,  où  ils  trou- 
vaient sans  doute  plus  de  liberté  pour  l'exercice  de 
leur  culte  :  tron  l'estimoit  une  petite  Genève,  comme 
ffils  en  parloyent  enlr'eux ,  1  est-il  dit  dans  VHisloirc 
de  l'Estat  de  France,  publiée  en  iSyô. 


96 


202  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

CÔTÉ  MÉRIDIONAL. 

PAROISSE  SAINT-SULPIGE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE  SAINT-GERMAIN. 

Maison  sans  désignation  (16^7),  contiguë  à  la  maison  faisant  le  coin  méri- 
dional de  la  rue  de  Seine.  Elle  appartenait,  vers  i55o,  aux  héritiers  de  Pliilippot 
Bouchier,  maître  brodem%  ainsi  que  plusieurs  autres  propriétaires  du  quartier. 

Deux  maisons  sans  désignation,  qui,  en  1567,  appartenaient  au  maître  brodeur 
Honoré  Georges. 

Deux  maisons  sans  désignation,  qui,  en  15/17,  appartenaient  au  mercier  Gérard 
Davisson.  Elles  lui  avaient  été  vendues,  la  première,  qui  était  large  de  trois 
toises  et  profonde  de  douze,  par  Gilles  de  Laval;  la  seconde,  qui  avait  cinq  toises 
de  largeur  sur  vingt-«ix  de  profondeur,  par  Jean  Champont.  La  moitié  de  la  pro- 
fondeur de  cette  dernière  maison  a  été  supprimée  depuis. 

Maison  sans  désignation,  qui  est  mentionnée  en  15/17,  ^^  paraît  n'avoir  point 
encore  été  bâtie  en  i5/i3.  Elle  était  partiellement  en  la  censive  de  ILlniveisité, 
et,  de  même  que  la  suivante,  elle  a  subi  un  retranchement  dans  sa  partie  posté- 
rieure. Peut-être  était-elle  d'abord  beaucoup  plus  étroite. 

CENSIVE  DE  L'UNIVERSITÉ. 

PETIT-PRÉ-ADX-CLERCS. 

Maison  sans  désignation  en  15/17,  puis  ^^  ^'^  Corne-de-Cerf  (1687). 

Maison  sans  désignation  (1595),  bâtie  sur  une  partie  du  terrain  retenu  par 
Pierre  Le  Clerc  en  i552.  Au  xvii'^  siècle,  divisée  en  deux,  elle  était  distincte  de 
la  maison  à  laquelle  elle  aboutissait  et  avec  laquelle  elle  est  actuellement  con- 
fondue. Elle  fut  donnée,  le  16  février  i636,  par  D'="'^  Françoise  Bouille,  veuve 
de  François  Fontaine,  aux  dames  de  la  Visitation  de  la  rue  Saint-Antoine. 

Partie  postérieure  d'une  maison  de  la  rue  du  Colombier.  Elle  en  était  séparée 
vers  le  milieu  du  xvii*  siècle,  et  s'appelait  au  xviii''  l'Iiôlel  de  Rannes,  ayant  été 
acquise,  en  1718  et  171/1,  par  Louis  d'Argouges,  marquis  de  Rannes,  maréchal 
de  camp. 

Partie  postérieure  de  la  maison  de  Christophe  Lemercier,  ayant  sa  principale 
façade  rue  du  Colombier. 

Partie  postérieure  de  la  maison  de  Baptiste  du  Cerceau,  faisant  le  coin  de  la 
rue  des  Petils-Augustins. 


RUE  DES  MARAIS,  OU  VISCONTI.  203 

CÔTÉ    SEPTENTRIONAL. 

PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE  DE  L'ABBAYE  SAINT-GERMAIN. 

CENSIVE  DE  L'UNIVERSITÉ. 

Grande  maison  sans  désignation,  faisant  le  coin  septentrional  de  la  rue  des 
Petits-Augustins  et  s'étendant  en  la  rue  des  Marais,  sur  une  longueur  d'environ 
cinquante-trois  toises.  Elle  occupait  l'emplacement  de  deux  pièces  de  terre,  l'une 
contenant  trente-neuf  toises,  qui  fut  baillée,  le  9  octobre  i5i3,  à  Nicolas  de  la 
Marre,  et  l'autre,  qui  l'avait  été  cinq  jours  auparavant,  à  Martin  Frété,  greffier 
criminel  au  Parlement;  celle-ci  faisait  le  coin.  Pourchot  dit  que  la  maison  élevée 
sur  ce  terrain  fut  bcUie  par  Thomas  de  Burgensis,  acquéreur  des  deux  parcelles; 
mais  il  est  à  croire  que  Frété  avait  déjà  construit  sur  son  terrain ,  car  Régnier 
de  la  Planche  ''*  raconte  qu'en  1  669  cet  individu,  exerçant  avec  beaucoup  de  zèle 
le  métier  de  délateur,  fit  un  jour  cacher  chez  lui  une  cinquantaine  de  sergents 
destinés  à  assaillir  certaine  maison  huguenote  du  voisinajre '-'.  D'un  autre  côté, 
le  censier  de  1 567-68  indique  qu'il  y  avait  un  commencement  de  maison  dans 
le  jardin  de  Nicolas  de  la  Marre.  Suivant  Pourchot,  la  maison  de  Burgensis  avait 
deux  corps  de  logis  en  ailes,  avec  cour  au  milieu  et  jardin  derrière.  Jeanne,  fille 
de  Burgensis,  en  ayant  hérité,  la  donna,  le  5  septembre  1676,3  Hiérôme  de  Ber- 
zeau,  sieur  de  la  Marcillière,  qui  la  vendit,  le  9  juillet  i583,  à  Jean  Robineau, 
sieur  de  Croissy-sur-Seine;  puis  celui-ci  la  céda,  le  11  janvier  1602,  à  Claude 
Lebrct,  et  c'est  de  ce  dernier  que,  le  28  mars  1607,  elle  fut  achetée  par  Nicolas 
Le  Vauqnelin,  seigneur  des  Yveteaux  et  de  Sacy,  conseiller  d'Etat.  Cependant  des 
Yveteaux  dit  lui-même'*'  qu'il  avait  acheté  la  maison  17,000  livres  huit  ans  avant 
la  mort  de  son  père,  c'est-à-dire  en  1599. 

Quoi  qu'il  en  soit.  Des  Yveteaux,  par  le  luxe  qu'il  déploya  dans  sa  demeure, 
la  rendit  fort  célèbre,  à  ce  point  que  le  cardinal  de  Richelieu  manifesta  la  pensée 
de  l'acquérir.  Il  en  dépendait  un  vaste  et  très-beau  jardin,  situé  de  l'autre  côté 

''1  Hùlotre  de  l'Eslal  de  France sous  le  Chambre  des  comptes.  Nous  savons  que  l'habitation 

règne  de  François  II ,  t.  I,  p.  78;  passage  cite  par  de  ce  dernier  aboutissait  au  Petit-Pré-aux-Ciercs 

M.  Ed.  Fonrnior  dans  les  notes  ajoutées  au  mé-  et  faisait  front  sur  la  rue  de  Seine,  ou  sur  la  rue 

moire  de  Pourchot.  de  l'Ecliaudé. 

<*'  Cétait  celle  du  nommé  I.e  Visconte,  dont  les  '''  Factum  analysé  par  M.  J.  Pichon,  dans  ses 

titres  ne  nous  ont  fourni  aucune  indication.  Mais  Notices  biographiques  et  litléraires  sur  la  vie  et  les 

peut-être  y  a-t-il  lii  une  erreur,  et  s'agit-il  de  la  ouvrages  de  Jean  Vuuqueliude  la  Fresnaye  et  Mcolas 

maison    de  Philippe    Le  Comte,   procureur  ii   la  Vauquelin  des  Yveteaux ,  i846,]). /io. 

36. 


204 


TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


de  la  rue  des  Petils-Augustins.  On  y  accédait  par  une  galerie  souterraine,  ijui 
fut  bouchée  en  i658  W. 


-XXX- 


i:XiJJ-XXXJZL- 


Coupe     lonoritudinalt- 


Coupe,     trouisvcrsalt 


iiii.iiiil 


r^ 


H  10  M . 


La  maison  de  Des  Yveteaux  fut  donnée  par  lui  à  son  neveu  î^icolas  Le  Vau- 
quelin,  le  18  octobre  i64i,  et  celui-ci  l'abandonna  par  échange,  le  3o  décembre 
i658,  à  Jacques  Lemaçon,  seigneur  de  la  Fontaine,  par  lequel  elle  fut  morcelée 
en  trois  parties,  dont  on  a  fait  depuis  sept  propriétés  dill'érentes. 


CENSIVE  DE  L'ABBAYE  SAINT-GERMAIN. 


Deux  maisons  sans  désignation  (iBgS);  en  1  5^7,  le  terrain  était  occupé  par  des 
jardins. 

Maison  sans  désignation  (15/17).  Cette  maison  et  les  deux  précédentes  furent 
achetées,  en  1660,  ifi/ia  et  iG/i4,  par  le  duc  de  Liancourt,  qui  les  annexa  à 
son  hôtel.  Toutefois,  en  1687,  deux  maisons  seulement  de  la  rue  des  Marais  sont 
déclarées  dépendre  de  l'hôtel  de  la  Rochefoucauld,  soit  parce  que  la  troisième 

'''  Cette  galerie,  dont  nous  donnons  le  plan  et        coupée,  en  187/1,  pourle  passage  d'unégout,elre- 
la  coupe  d'après  les  relevés  de  M.  Th.  Vacquer,  a  été        connue  par  le  Service  historique  de  la  Ville. —  1..  m.  t. 


RUE  SAINTE-MARGUERITE,  OU  GOZLIN.  205 

fut  aliénée,  soit  parce  qu  elle  fui  confondue  avec  une  autre.  Vers  la  même  époque, 
la  maison  servant  d'issue  à  l'Iiôtel  de  la  Rochefoucauld  était  déjà  séparée  de  la 
suivante  par  une  allée  conduisant  en  la  maison  du  Point-du-Jour,  rue  de  Seine. 

Maison  sans  désignation.  C'était  peut-être  la  troisième  de  celles  qu'acheta  le 
duc  de  Liancourt;  ce  qu'il  y  a  de  certain  c'est  qu'elle  était  comprise  dans  la  sui- 
vante avant  le  xvn*  siècle. 

Maison  sans  désignation,  que  paraît  avoir  habitée ,  vers  i  bk'j,  un  artiste  Hlustre, 
le  peintre  Jean  Cousin.  Voici,  en  effet,  comment  est  conçu  l'article  du  censier  de 
1 567-1 5/i8  qui  s'y  rapporte  :  trDe  maistre  Jehan  Cousin ,  painctre,  pour  sa  maison 
(T et  jardin,  assise  en  ladicte  rue  Desmaretz,  contenant.  .  .  tenant  d'une  part  à 
f  Loys  Vachot,  et  d'aultre  part  à  ladicte  rue  Desmaretz.  n  Cet  article  est  d'ailleurs 
confirmé  par  celui  du  censier  de  iSgô,  où  on  lit  :  crDe  Claude  Alexandre  et  sa 
tf  femme,  ayant  les  droiclz  des  héritiers,  hoirs  ou  ayant  cause  de  feu  maistre 
<T Jehan  Cousin,  pour  une  maison  et  appartenances  assise  en  ladicte  rue  Desma- 
ffretz;  tenant  d'une  part  aux  hoirs  feu  M.  le  président  de  la  Porte,  d'aultre  part 
(ta  une  maison  faisant  le  coing  de  ladicte  rue  Desmaretz,  et  d'autre  bout  par  der- 
crière  à.  .  .  qui  doibt  de  cens,  chacun  an,  ledict  jour  Saint  Réiny,  un'  ii""  p.'''^ 


RLE    SAINTE-MARGUERITE 
(OU    GOZLIIN). 

La  rue  Sainte-Marguerite,  aujourd'hui  dénommée  rue  Gozlin,  commence  au 
lieu  où  se  réunissent  les  rues  de  Bussy,  des  Boucheries,  de  l'Ecole-de-Médeciiie 
et  du  Four.  A  son  extrémité  occidentale,  qui  touchait  à  l'ancienne  rue  de  l'Egout, 
elle  a  été  raccourcie,  d'abord  par  le  prolongement  de  la  rue  Bonaparte,  puis  par 
l'ouverture  de  la  rue  de  Rennes. 

Nous  reclineions,  à  l'article  de  la  rue  Taranne,  l'erreur  dans  laquelle  sont 
tombés  Sauvai  et  Jaillot,  en  identifiant  la  rue  aMadame  de  Valences  avec  la  rue 
Sainte-Marguerite;  mais,  à  propos  de  cette  dernière  voie,  des  méprises  bien  plus 
importantes  ont  été  commises  et  doivent  être  relevées.  En  effet,  suivant  Jaillot  et 
tous  les  écrivains  postérieurs,  la  rue  Sainte-Marguerite  ne  daterait  que  de  i()3G, 
et  occuperait  l'emplacement  même  du  fossé  de  l'abbaye,  creusé  en  i368.  Or 
ces  deux  affirmations  sont  erronées;  car,  si  le  comblement  du  fossé,  en  i636,  a 
permis  de  bâtir  des  maisons  sur  le  côté  septentrional  de  la  rue,  il  n'en  est  pas 
moins  vrai  que  la  voie  existait  antérieurement,  bordée  de  constructions  du  côté 

''  Arch.  nat.,  reg.  L[>  iiaS,  fol.  .329  v°,  et  reg.  S  3o58,  fol.  12 4  v°.  —  La  superficie  de  la  maison  est 
restée  en  blanc  dans  le  censier  de  1.167. 


■20Û  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

méridional  seulement,  et  cela  dès  l'origine  des  fossés,  absolument  comme  les 
rues  de  l'Écliaudé  et  du  Colombier,  dont  la  situation  était  analogue.  Il  y  a  plus  : 
nous  sommes  sûr  que  la  rue  dont  il  s'agit,  placée  sous  le  vocable  de  Sainte-Mar- 
guerite à  partir  de  1625,  n'a  subi  alors  aucun  changement  dans  sa  direction.  11 
en  existe  deux  preuves  certaines  :  d'une  part,  les  maisons  bâties  sur  le  côté  sep- 
tentrional et  profondes  de  dix  toises,  ainsi  que  les  maisons  correspondantes  de  la 
rue  du  Colombier,  ont  pareillement  leurs  façades  élevées  sur  le  mur  de  la  con- 
trescarpe, laquelle  était  parallèle  à  l'enceinte  de  l'abbaye;  d'autre  part,  en  16/10 
encore,  lorsqu'on  donnait  les  alignements  d'une  maison  faisant  le  coin  de  la  rue 
des  Ciseaux,  on  déclarait  s'en  tenir  aux  a  anciens  vestiges.  •«  Cette  dernière  cir- 
constance explique  l'irrégularité  d'alignement  de  ce  côté  de  la  rue,  qu'on  n'a 
jamais  cherché  à  redresser  avant  notre  époque. 

Depuis  l'établissement  des  fossés,  la  rue  Sainte-Marguerite  a  été  énoncée  dans 
les  titres  rr chemin  qui  est  sur  les  fossezn  (1898),  cruelle  desFossez-D  (i/i53), 
ff chemin  des  Fossezn  (i53o)  et  rue  des  Fossés-de-F Abbaye  (1628);  mais  bien 
plus  souvent  on  ne  la  désignait  que  par  la  formule  ttsur  les  fossés,  ii  Avant 
l'établissement  des  fossés,  la  rue  Sainte-Marguerite  proprement  dite  n'existait  pas; 
mais  il  y  avait  là  une  voie,  un  peu  plus  distante  de  la  rue  du  Four,  longeant  les 
murs  de  l'abbaye,  et  reliant,  sans  décrochement,  la  rue  des  Boucheries  à  la  rue 
Taranne.  L'ancien  carrefour  Saint-Benoît  et  l'ancienne  place  Sainte-Marguerite 
provenaient  de  cette  voie  primitive,  qu'on  n'a  point  encore  signalée,  et  dont  on 
a  peine  à  découvrir  quelques  mentions  dans  les  archives  de  Saint-Gern)ain-des- 
Prés. 

Un  manoir  qui  y  était  situé  et  qui  fut  vendu,  le  jour  de  l'Ascension  i336,  par 
Jean-Robert  de  Verdelles  au  chevalier  Henri  de  Courpalay,  est  simplement  dé- 
claré ff  devant  les  murs  de  l'Abbaye; n  mais  un  document  de  i4oG,  dans  lequel 
on  lit  ff  maison.  .  .  rue  du  Four.  .  .  aboutissant  aux  terres  des  fossés  où  souloyt 
ff  avoir  une  ruelle  appellée  rue  Neufve,n  nous  apprend  que  tel  était  le  nom  porté 
alors  par  la  rue  dont  nous  parlons.  Elle  est  également  appelée  ffrue  Neuves 
dans  le  censier  de  i355,  antérieur  de  treize  ans  au  creusement  des  fossés.  On 
la  voit  dénommée,  en  outre,  arue  du  Perron, -o  dans  le  rôle  de  la  taille  de  1292, 
où  il  est  impossible  de  douter  de  son  identité,  et  ffrue  delez  les  murs  de  l'Abaïe,-; 
dans  le  rôle  de  la  taille  de  1  996. 

Le  perron  auquel  il  est  fait  allusion  dans  le  rôle  de  1292  était  peut-être 
l'entrée  de  l'abbaye,  voisine  de  la  place  Sainte-Marguerite.  11  est  question  de  la 
maison  du  Perron  en  1270,  ainsi  qu'en  i355,  et,  d'après  une  charte  de  1272, 
une  maison  placée  auprès  formait  l'encoignure  :  domus  juxla  Penonem,  quefactt 
cuneum.  Quant  à  la  place  Sainte-Marguerite,  elle  était  appelée  jadis,  non  point 
place,  mais  ff  chemin  par  où  l'on  va  au  pont  de  l'Abbaye  a  (1898);  s  chemin  du 


RUE  SAINTE-MARGUERITE,  OU  GOZLIN.  207 

(f pont  de  l'Abbayen  (iSgS);  aruo  devant  l'entrée  de  l'Abbayen  (i  67/1);  «rue  du 
(rpont  de  l'Abbaye T^  (iBaS),  et  «•  chemin  par  lequel  l'on  va  à  l'Abbaye t)  (i53o). 

Les  maisons  des  environs  ont  souvent  été  dites  aussi  cf  devant  le  Pilory,'»  à 
cause  du  pilori  qui  fut  érigé  au  carrefour  et  que  représente  le  plan  de  i5û8.  Il 
consistait  en  une  lanterne,  coiffée  d'un  toit  conique  et  exhaussée  sur  un  soubas- 
sement. Comme  sa  situation  le  rendait  gênant,  afin  de  le  reculer  on  le  démolit 
peu  après  i636,  et  ([uelques  années  plus  tard  on  renonça  à  le  rebâtir.  Il  avait 
été  érigé  en  vertu  de  l'autorisation  que  Philippe  le  Hardi  accorda  aux  moines  de 
l'abbaye,  au  mois  d'août  1276,  d'avoir  des  piloris  et  des  fourches  patibulaires 
dans  les  fiefs  oii  ils  posséderaient  le  droit  de  haute  justice.  Il  est  parlé,  dans  une 
sentence  de  i653,  des  masures  situées  devant  le  pilori,  et  de  celles  de  Bello  Visu, 
assises  au  dit  lieu. 

En  i568,  à  l'entrée  de  la  rue  Sainte-Marguerite  étaient  placées  des  barrières 
situées  à  quarante-huit  toises  de  la  rue  des  Ciseaux. 

CÔTIÎ  MÉRIDIONAL. 

PAROISSE  SAINT-SIILPICE. 

JUSTICE 

ET  CE\S1VE  DE  L'ABBAYE. 

Partie  postérieure  de  la  maison  du  Chapeal-Rouge,  faisant  le  coin  de  la  rue  du      Emreiesrues 

r,  ,  .  •       •        1  .     ^       1  IL  '^^^  Boucliei'ies 

rour  et  ayant  sa  principale  entrée  dans  cette  rue.  et  des  ciseaux. 

Partie  postérieure  de  la  maison  de  la  Forêt-en-Casin,  située  rue  du  Four. 

Grange  et  jardin  (iSg^)  aboutissant  à  la  maison  du  Coq-en-Casin,  et,  plus 
lard,  partie  postérieure  de  la  maison  de  la  Pomme-d'Orange  (1628).  Une  des 
maisons  bAties  sur  cet  emplacement  avait  pour  enseigne  la  Bastille  en  1698. 

Maison  sans  désignation  (iBgS). 

Malson  sans  désignation  en  iSgS,  puis  de  l'Étoile  (i633),  faisant  le  coin 
oriental  de  la  rue  des  Ciseaux.  En  i633,  elle  renfermait  cinq  jeux  de  boules,  et 
fut  rebâtie  en  16A0.  Cette  maison  et  toutes  les  précédentes  faisaient  ancienne- 
ment partie  de  la  grande  maison  de  Casin. 

Jardin  déi)eiidant  de  la  maison  des  Ciseaux  (1  653)  et  faisait  le  coin  occidental  Kutie 

1  ^  '  les  Mies  (les  (..iseaux 

(le  la  rue  de  ce  nom.  En  ib^b,  il  était  réuni  au  suivant,  et.  au  commencement      ctderKi;our. 
(lu  XVII*  siècle,  il  fut  remplacé  par  une  maison  à  laquelle  pendait  pour  ('iis(Mgn(" 
l'Itïuige-Sainte-Mai-guerite. 

Jardin  (i653-i53i)  contigu  à  la  maison  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  do 


208  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

i'Égout.  Sur  l'emplacement  de  ce  jardin  et  du  précédent  étaient  déjà  Lâties,  en 
1628,  quatre  maisons,  dont  la  deuxième  a  été  ensuite  divisée  en  trois;  la  dernière 
a  eu  pour  enseigne  le  Nom-de-Jésus  (1628). 

CÔTÉ   SEPTENTRIONAL. 

Les  maisons  du  côté  septentrional  de  la  rue  Sainte-Marguerite  ont  été  cons- 
truites sur  l'emplacement  du  fossé  de  l'abbaye.  La  propriété  de  ce  fossé  fut  cédée, 
le  1"  juillet  i635,parles  moines  de  Saint-Germain  à  leur  abbé.  Le  1 '''■  septembre 
suivant,  celui-ci  vendit  le  terrain  à  Christophe  Gamard,  maître  juré  du  roi  en 
l'office  de  maçonnerie'*',  à  charge  d'y  bâtir  des  maisons  qui  commenceraient  à  six 
toises  du  pont  de  pierre  jeté  sur  l'égout  passant  au  carrefour  Saint-Benoît,  et 
seraient  séparées  de  celles  auxquelles  elles  devaient  faire  face  par  un  espace  de 
quatre  toises.  (Voir  Rue  de  I'Égout.)  Parmi  les  autres  conditions  stipulées  dans  la 
transaction  du  1"  juillet  et  également  imposées  à  Gamard,  fut  comprise  l'obliga- 
tion de  transporter  en  face  de  la  rue  des  Ciseaux  l'entrée  de  l'abbaye,  alors  voi- 
sine du  Pilori  :  on  ne  voulait  plus  que  cette  entrée  touchât  à  la  geôle. 


RUE  MAZARINE 

ET    PETITE    RUE   DE   NESLE. 

La  rue  Mazarine  commence  au  carrefour  de  Bussy  et  finit  maintenant  à  la  rue 
de  Seine,  en  faisant  un  coude;  elle  débouchait  sur  le  quai  Malaquais  avant  la 
construction  du  collège  des  Quatre-Nations. 

L'îlot  compris  entre  la  rue  Mazarine  et  la  rue  de  Seine  était  encore  tout  en 
culture  vers  iSag  '■^',  et  se  composait  alors  de  deux  pièces  de  terre.  La  première, 
celle  du  midi,  en  bordure  sur  la  rue  de  Bussy,  contenait  deux  arpents  el  demi 
et  fut  baillée  à  bâtir  à  plusieurs  individus,  dès  i53o.  Au  mois  de  mai  de  celte 
année,  Thomas  Blanche,  Jean  Gandin,  Denis  Du  Pont  et  Geoffroy  Gnibaut  en 


'''  Il  avait  été  ffcommiss  de  Claude  Vellefaux, 
et,  dès  le  mois  de  mai  1627,  il  lui  avait  succédé 
dans  sa  charge  de  voyer  de  l'abbaye.  C'est  Gamard 
qui  donna  le  premier  plan  de  la  reconstruction  de 
Saint-Sulpice. 

''  En  i38.5,  François  Salle,  conseiller  du  roi, 
prit  à  bail  de  l'abbaye,  pour  y  établir  une  tuilerie, 
un  arpent  de  terrain  situé  près  des  fossés  de  la 
ville,  tenant,  d'une  part,  trà  la  terre  de  Monsieur 


(tde  Barry.»  Cette  tuilerie,  qu'on  avait  laissée  à 
l'état  de  masure  dès  i3()6,  était  probablement  si- 
tuée dans  l'ilot  formé  par  les  rues  de  Seine  et  Ma- 
zarine, ainsi  que  trois  arpenis  de  vigne  que  Ma- 
lotio,  chambellan  de  Philippe -Auguste,  vendit  à 
l'abbaye,  l'an  iQoo.  Ces  trois  arpents  «ivaient  ap- 
partenu aux  Juifs  et  étaient  situés  devant  la  porte 
Saint-Germain  (de  Bussy),  près  d'un  lieu  dit  le 
Petit-Pré  (parvum  pratum). 


RUE  MAZARINE  ET  PETITE  RUE  DE  NESLE.  209 

prirent  chacun  un  quartier,  et  Philippe  Lenoir,  ainsi  que  Nicole  Prévôt,  chacun 
un  demi-quartier.  La  première  pièce  appartenait  à  l'aumônier  de  Sainl-Germain- 
des-Prés,  et  ne  fut  séparée  de  la  seconde  qu'en  i5io.  Cette  dernière  s'étendait 
jusqu'au  bord  de  l'eau,  et  contenait  cinq  arpents  un  quartier  et  vingt  perches;  elle 
fut  accensée,  le  3  niai  i5io,  à  l'enlumineur  Jean  Pichore,  duquel  elle  fut  ac- 
quise, le  19  septembre  iBig,  par  les  gouverneurs  de  l'Hôtel-Dieu,  à  l'occasion 
de  la  fondation  de  l'hôpital  voisin,  dit  le  Sanitat. 

L'abbaye,  ne  trouvant  point  son  compte  à  ce  que  le  terrain  de  Pichore  passât 
à  un  établissement  de  mainmorte,  se  pourvut  devant  le  Parlement  à  l'effet  de 
contraindre  les  Frères  de  l'Hôtel-Dieu  à  exhiber  leurs  titres  de  possession,  à  payer 
les  droits  de  lods  et  ventes  et  à  vider  leurs  mains  de  leur  nouvelle  propriété.  Un 
arrêt  rendu  le  28  septembre  i53o  et  confirmé  par  un  autre  du  20  août  i53i 
obligea  les  Frères  de  l'Hôtel-Dieu  à  aliéner,  dans  les  trois  mois,  la  pièce  qu'ils 
tenaient  de  Pichore;  ils  la  cédèrent  à  Gilles  Lemaître,  avocat  du  roi,  et  plus 
tard  premier  président  du  Parlement. 

Quelques  années  après,  Gilles  Lemaître  intenta,  à  son  tour,  un  procès  aux 
moines  de  Saint-Germain.  Il  leur  reprochait  d'avoir  élargi  à  ses  dépens  les  deux 
voies  qui  limitaient  son  lot,  et  même  d'en  avoir  vendu  une  partie  à  leur  profit. 
L'accusation  était  fondée,  car  l'abbaye,  par  transaction  du  26  septembre  i538, 
accorda  comme  indemnité  à  Lemaître  un  terrain  de  i5o  perches  carrées,  atte- 
nant au  Petit-Pré-aux-Clercs.  C'est  sans  doute  à  la  suite  de  cet  accord  que  Le- 
maître commença  à  morceler  ses  cinq  arpents  et  à  en  céder  les  lots  à  des  par- 
ticuliers, qui  y  bâtirent  rapidement.  En  iB^a,  l'îlot  entier  était  couvert  de 
constructions. 

La  rue  Mazarine  doit  son  nom  au  collège  Mazarin,  autrement  des  Quatre-Na- 
tions  (aujourd'hui  palais  de  l'Institut),  fondé  vers  i665,  et  elle  a  été  dite  alors 
rue Mazarini  (1687).  Elle  s'appelait  auparavant r«e  duFossé  (1617),  ou  des  Fossés 
de  la  Porte  de  Nesle,  «rrue  d'entre  les  portes  de  Bussy  et  de  Neslen  (1628),  ou 
simplement  rue  de  Nesle,  parce  qu'elle  longeait  le  fossé  de  la  ville  entre  les  deux 
portes,  comme  faisait  anciennement  le  chemin  qu'elle  a  remplacé  et  qu'on  ne 
désignait  que  par  la  formule  générique  de  chemin  sur  les  fossés.  Au  \\f  siècle,  la 
rue  Mazarine  était  fréquemment  dénommée  la  rue  des  Buttes  (15/47),  à  cause  de 
buttes  qui  servaient  au  tir  des  archers,  et  semblent  avoir  été  placées  sur  le  bord 
même  du  fossé,  attendu  ([u'on  lit  dans  des  titres  de  i53i  et  i554  :  «maison. . . 
(f  près  les  buttes  où  tirent  les  archers. . .  aboutissant  d'un  bout  sur  la  rue  de  Seine, 
(ret  d'autre  sur  les  fessez  de  la  vdle,  le  chemin  et  les  buttes  entre  deux;Ti 
rr maison...  sur  les  fossez,  devant  la  butte  des  archers. :i  Ces  buttes  provenaient, 
suivant  Jaillot,  des  décombres  amoncelés  de  tuileries  voisines.  Il  en  est  question 
déjà  en  1023,  et  même  encore  en  i58o;  mais  nous  ne  savons  quand  elles  furent 

III.  a? 


210  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

rasées.  Nous  remarquons  seulement  que,  en  iSgB,  les  maisons  formant  l'îlot 
compris  entre  la  petite  rue  de  Nesle  et  le  bord  de  l'eau  sont  déclarées  se  trouver 
ffsur  la  butte,  11  et,  en  1629,  ainsi  qu'en  i663,  crsur  la  butte  du  port  Malaquesl.  d 
L'îlot  même  est  appelé  cria  Buten  sur  un  plan  de  la  fin  du  xvu"  siècle. 

Avant  la  construction  du  collège  des  Quatre-Nations,  la  rue  Mazarine  débou- 
chait directement  sur  le  quai,  en  un  lieu  oij  il  y  avait  un  abreuvoir.  Le  coude 
qu'elle  présente  aujourd'hui  el  qui  la  met  en  communication  avec  la  rue  de  Seine 
tient  lieu  d'une  petite  rue  englobée  dans  les  bâtiments  du  collège.  Celle-ci  n'est 
mentionnée  ni  dans  l'arpentage  de  iSag ,  ni  dans  les  documents  relatifs  à  la  pièce 
de  l'Hôtel-Dieu ,  toujours  décrite  comme  aboutissant  sur  le  quai;  mais  elle  est, 
au  contraire,  indiquée,  et  d'une  manière  incontestable,  dans  le  censier  de  i53i- 
i532,  même  dès  i53o.  Il  est  donc  manifeste  qu'elle  a  été  ouverte  en  même 
temps  qu'on  baillait  à  bâtir  les  terrains  bordant  la  rue  de  Bussy  et  qu'on  alignait 
les  rues  voisines,  c'est-à-dire  en  l'année  i53o,  oij  nous  constatons  d'ailleurs  que 
fut  accensé  le  terrain  de  l'îlot  de  la  Butte,  terrain  que  Gilles  Lemaître  soutenait 
avoir  été  une  portion  du  sienW.  Jaillot  rapporte  que,  dans  une  déclaration  de 
i54o,  la  petite  rue  dont  nous  parlons  est  appelée  rwe  Traversine ^^\  Nous  l'avons 
vue  énoncée  rr chemin  du  port  de  la  Tour  de  Nesle, n  en  i53o  et  1067,  dési- 
gnation quia  été  aussi  appliquée  à  la  rue  Mazarine  (iBia);  puis  rr  Petite  rue  de 
tr Nesle, fl  de  iSgS  à  i663;  «Petite  rue  qui  aboutit  à  la  rue  de  Seyne  d'un  bout, 
fret  de  l'autre  sur  la  porte  de  Nesle  apelée  la  rue  de  Nesle, ii  en  1606;  ff Petite 
rrue  de  Seine,  •«  en  1617,  et  (peut-être  par  erreur)  a  rue  des  Portes, -^  en  1600 
et  1629. 

En  1 636,  la  rue  Mazarine  n'était  encore  pavée  que  sur  une  largeur  de  huit  à 
neuf  pieds,  le  long  des  maisons. 


'''  On  ne  s'explique  pas  quelle  était  l'utilité  de 
cette  rue,  si  celle  des  fossés  aboutissait  alors  sur  le 
quai,  et  il  en  était  certainement  ainsi  à  la  fin  du 
siècle.  Peut-être  y  a-t-il  lieu  d'en  conclure  que  la 
Butte  interceptait  la  voie  et  qu'on  eut  alors  l'idée 
de  briser,  à  son  extrémité,  la  ligne  droite  de  la  rue 
nouvelle,  pour  lui  créer  une  issue.  A  l'appui  de  l'hy- 
pothèse que  nous  hasardons,  nous  constatons  que 
la  maison  faisant  le  coin  nord-ouest  de  la  petite  rue 


est  dite,  dans  le  censier  de  1095,  contiguë  vers 
l'orient  à  la  Butte,  détail  évidemment  copié  sur  un 
document  ancien. 

'■'  Il  ajoute  que  la  maison  dont  il  s'agit  dans  la 
déclaration  relevait  de  la  censive  du  président  Le- 
maître. La  censive  de  cette  région  appartenait  à 
l'abbaye  Saint-Germain ,  et ,  si  le  Domaine  l'a  reven- 
diquée, le  président  Lemaître  n'y  a  jamais  rien 
prétendu. 


RUE  MAZARINE  ET  PETITE  RUE  DE  NESLE.  211 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 

PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE   DE  L'ABBAYE. 

Maison  sans  désignation  (iS/iy),  faisant  le  coin  de  la  rue  de  Bussy.  Elle  était 
complètement  ruinée  en  iBgS,  et,  en  1628,  elle  avait  été  rebâtie  de  manière  à 
former  cinq  maisons  distinctes  :  une  sur  la  rue  de  Bussy,  laquelle  a  eu  pour  en- 
seigne le  Porl-de-Salut  (1 G28-1 696);  celle  du  coin,  qui  a  eu  pour  enseigne  l'Image- 
Sainte-Geneviève  (1687);  puis,  sur  la  rue  Mazariue,  cinq  autres,  dont  la  troisième 
a  eu  pour  enseigne  l'ImageSainle-Cadieiine  (1  6-j8-i  687) ,  et  la  dernière,  les  Trois- 
Escabeh,  puis  la  Trinilé  (1687-1729). 

Maison  sans  désignation  en  15/17,  ^^  *'^'"**  aboutissant  rue  de  Seine,  puis  de  la 
Roze-Blanciie  en  1.695.  En  1628,  elle  avait  été  morcelée  en  deux  parties,  dont 
la  première  a  été  connue  sous  le  nom  de  Jeu  de  paume  du  Roi-Charles  (1628-17  *  *^)- 

Partie  postérieure  de  la  maison  de  Claude  Vellefaux,  ayant  sa  principale  entrée 
rue  de  Seine.  En  1687,  c'était  déjà  une  maison  distincte,  et  elle  avait  pour  en- 
seigne la  Ville-de-Francfort. 

Maison  où  pendait  pour  enseigne,  en  i536  et  16/19,  ^^  ^^^  '^^  paulme  de  Fort- 
AprAiRE,  et  qui  a  eu  après  celle  de  l'Image-Saint-Louis  (1628-1687).  Elle  aboutis- 
sait à  la  rue  de  Seine,  et  semble  avoir  été  élargie  un  peu  de  ce  côté.  Le  terrain  de 
cette  maison  appartenait  au  libraire  Tiiomas  Blanche  dès  i53i,  et  c'est  lui  qui 
y  fit  construire  le  jeu  de  paume. 

Maison  sans  désignation  en  16/17,  ^^^^  ensuite  de  l'Ange  (?)  (1668),  puis  le  Jeu 

DE   PALME   DES  DeIX-AnGES   (1696),    OU   DE   LA   PlACE-RoYALE    (l  628-I  7.3/1).  L'euipla- 

cement  sur  lequel  on  éleva  cette  maison,  et  qui  présentait  une  superficie  de  vingt- 
cinq  perches,  fut  vendu,  le  16  mai  i63i,  par  Jean  Gauldrier  à  Pierre  Roffet, 
libraire,  qui  y  fit  bâtir.  La  maison  aboutissait  primitivement  rue  de  Seine. 

Maison  contenant,  dès  16/17,  un  jeu  de  paume,  dit,  en  1628,  le  Jeu  de  paume 
DE  Saint-Nicolas.  A  cette  dernière  date,  la  maison  était  divisée  en  deux.  Elle  avait 
appartenu  au  boulanger  Nicolas  Testu,  et  de  là  sans  doute  le  choix  de  l'enseigne 
primitive,  qui  paraît  avoir  été  remplacée  dans  la  suite  par  celle  du  Roi-d' Angle- 
terre (169/1). 

Les  maisons  venant  après  le  jeu  de  paume  de  Saint-Nicolas  sont  celles  qui  furent 
élevées  sur  le  terrain  de  Gilles  Lemaître. 

Maison  sans  désignation  en  16/17,  P"'^  ^^  ^'^  Corne-de-Cerf  (1696).  Renfer- 
mant une  superficie  d'environ  quatre-vingt-quinze  toises  et  demie,  elle  appar- 

37. 


212  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

tenait,  en  i55/i,  à  iMarie  Prévôt,  et,  en  1606,  à  un  nommé  Barthélémy  Prieur. 
C'est  probablement  le  même  individu  que  le  sculpteur  de  Henri  IV. 

Maison  sans  désignation  en  iB/iy,  puis  du  Coedr-Choissaist  (1698).  En  1698, 
elle  était  séparée  de  la  précédente  par  une  allée  conduisant  à  la  maison  de  la  rue 
de  Seine,  à  laquelle  elles  aboutissaient  toutes  deux. 

La  maison  du  Cœur-Croissant  et  les  maisons  suivantes,  jusqu'à  celle  de  l'Aven- 
ture, furent  ruinées  durant  les  guerres  de  la  Ligue  et  rebâties  après  la  red- 
dition de  Paris. 

Maison  sans  désignation  (1567). 

Maison  du  Cheval-Noir  (?)  (iSgS),  qui,  en  1628,  était  divisée  en  deux  et 
dépendait  de  la  maison  située  derrière,  en  la  rue  de  Seine. 

Pai'tie  postérieure  d'une  maison  de  la  rue  de  Seine,  divisée  en  deux  à  la  fin  du 
xvii^  siècle. 

Partie  postérieure  d'une  maison  de  la  rue  de  Seine,  oii  se  trouve  actuellement 
le  passage  du  Pont-Neuf. 

Maison  sans  désignation  en  i5g5,  puis  Jeu  de  paume  de  la  Bouteille  (1608- 
1670)  et  fcHosTEL  DES  Comédiens  du  Roy.t)  Les  comédiens  de  la  troupe  de  Molière 
y  jouèrent  de  1678  à  1688,  dans  une  salle  d'opéra  que  le  marquis  de  Sourdéac 
avait  fait  construire  par  Quichard,  intendant  des  bâtiments  du  duc  d'Orléans,  et 
dont  naguère  on  voyait  encore  quelques  restes.  L'ouverture  de  cette  salle  eut  lieu 
le  19  mars  1671. 

Maison  sans  désignation  (1628),  qui,  au  xvi-  siècle,  faisait  sans  doute  partie 
de  celle  à  laquelle  elle  aboutit  depuis. 

Partie  postérieure  d'une  grande  maison  de  la  rue  de  Seine;  en  1628,  il  y  pen- 
dait pour  enseigne  T Image-Saint- Louis.  En  1687,  elle  formait  deux  corps  d'hôtel 
ayant  pour  enseignes,  l'un  le  Lion-d'Or,  l'autre  h  Croix-Blanche.  Entre  ces  deux 
corps  d'hôtel  était  pratiquée  une  allée  conduisant  au  jeu  de  paume  du  Soleil-d'Or, 
en  bordure  sur  la  rue  de  Seine. 

Maison  et  jeu  de  paume  de  l'Aventure  (lôoS-iGgG).  En  1687,  elle  avait  une 
issue  sur  la  rue  de  Seine,  et  quatre  petites  maisons  y  étaient  adossées. 

Maison  sans  désignation  en  1695,  puis  de  l'Uitre  (1628),  ou  Huistre  à  l  Es- 
caille  (1716),  et  du  CiiÂteau-de-Saint-Germain  (1722). 

Maison  de  la  Corne-de-Daim  (lôgS),  d'abord  aboutissant  rue  de  Seine. 

Partie  postérieure  d'une  maison  de  la  rue  de  Seine. 

Maison  sans  désignation  en  lôgS,  et  appartenant  alors  à  l'un  des  architectes  du 
Louvre  sous  Henri  IV,  et  Loys  Fournier,  inaistre  juré  maçon,  au  lieu  de  Jehan 
ff  Fournier.  11  Jean  Fournier  était  orfèvre,  ainsi  que  nous  l'avons  vu  dans  un  titre, 
et  c'était  évidemment  le  très-proche  parent  de  ce  Guillaume  Fournier,  charpen- 
tier, que  le  compte  de  15/17  mentionne  comme  possédant  un  terrain  de  deux  cent 
cinquante-huit  toises  situé  entre  les  rues  de  Seine  et  Mazarine,  Quant  au  terrain, 


RUE  MAZARINE  ET  PETITE  RUE  DE  NESLE.  213 

nous  le  croyons  représenté  par  la  maison  de  Louis  Fournier,  par  les  deux  maisons 
venant  ensuite  et  par  les  trois  maisons  correspondantes  faisant  front  sur  la  rue  de 
Seine. 

Maison  sans  désignation  en  lôgS,  puis  des  Trois-Empereurs  (i6??). 

Maison  de  l'Image-Notre-Dame  (iSgB). 

Maison  sans  désignation  en  i  SgB ,  et  alors  aboutissant  rue  de  Seine  ;  ce  fut  plus 
tard  la  partie  postérieure  de  la  maison  de  la  Marguerite,  sise  en  cette  rue. 

Maison  sans  désignation  en  iBgS,  puis  de  la  Ville-de-Lïon  (1628)  et  de  la 
Reine-de-Suède  (1687).  Elle  semble  avoir  dépendu  de  la  suivante  dans  la  seconde 
moitié  du  xvir  siècle,  et  se  confondre  avec  celle  qui,  mesurant  dix  toises  de  pro- 
fondeur sur  environ  trois  toises  et  demie  de  largeur,  fut  vendue,  le  1 1  mai  iBiy, 
par  Philippe  de  Trépigny  à  Jean  Charton.  Elle  renfermait  alors  un  jeu  de  paume. 

Partie  postérieure  du  jeu  de  paume  de  Métayer,  ayant  sa  principale  façade  sur 
la  rue  de  Seine. 

Partie  postérieure  de  la  maison  du  Cercle-d'Or. 

Partie  postérieure  d'une  maison  de  la  lue  de  Seine.  En  1628,  il  y  pendait  pour 
enseigne  la  Fleur-de-Lys. 

Petite  maison  de  l'Image-Saint-Julien  (1617),  confondue  plus  tard  avec  la  sui- 
vante. 

Maison  sans  désignation  en  i5g5,  puis  du  Petit-Saint-Jean  (161 3),  faisant  le 
coin  méridional  de  la  Petite  rue  de  Nesle.  Au  milieu  du  xvir  siècle,  elle  était 
divisée  en  six  corps  d'hôtel,  dont  trois  sur  la  rue  de  Nesle,  deux  sur  la  rue  Maza- 
rine  et  un  à  l'encoignure  des  deux  rues.  Elle  fut  achetée,  le  2  mars  i663,  par 
les  exécuteurs  testamentaires  du  cardinal  Mazarin,  et  démolie  pour  le  déplace- 
ment de  la  rue  de  Nesle.  Elle  avait  probablement  été  agrandie  aux  dépens  de  la 
maison  du  coin  de  la  rue  de  Seine. 

CÔTÉ  ORIENTAL. 


PAROISSE  SAIM-SULPICE. 
CENSIVE  CONTESTÉE. 

Par  un  arrêt  du  Conseil  du  19  juin  1619,  et  afin  de  subvenir  aux  frais  delà 
reconstruction  du  palais  de  la  Cité,  récemment  incendié,  le  roi  ordonna  de  bailler 
à  bâtir  les  terrains  du  fossé  de  l'enceinte,  entre  les  portes  de  Bussy  et  de  Nesle, 
oii,8ur  une  longueur  de  cent  quatre-vingts  toises,  on  avait  intention  de  construire 
soixante  maisons,  larges  chacune  de  trois  toises  et  profondes  de  douze.  Mais  le 
duc  de  Nevers,  les  religieux  de  l'abbaye  de  Saint-Germain  et  les  échevins  de  la 
ville,  qui,  à  divers  titres,  possédaient  des  droits  sur  ces  terrains,  firent  une  telle 


214  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

opposition  à  l'arrêt,  qu'il  ne  reçut  point  son  exécution'''.  C'est  plus  de  quarante 
ans  après  que  furent  construites  les  maisons  du  côté  oriental  de  la  rue  Mazarine, 
à  l'exception  toutefois  des  quatre  premières,  à  partir  de  la  rue  Dauphine.  Celles-ci, 
qui  s'étendaient  sur  une  longueur  d'environ  dix-huit  toises  et  demie,  à  compter 
du  coin,  existaient  dès  1628,  et  la  quatrième  avait  alors  pour  enseigne  l'Orme- 
d'Or.  La  place  sur  laquelle  la  seconde  fut  bâtie  avait  été  achetée  le  90  novembre 
1618,  Le  duc  de  Nevers  avait  pris  à  bail  d'abord,  le  9  juin  i58o,  une  partie 
du  fossé  contenant  un  arpent,  puis  la  totalité  le  1 1  avril  i586. 

CÔTÉ  MÉRIDIONAL. 


PAROISSE  SAINT-SULPIGE. 

JUSTICE 
ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 


Le  côté  méridional  de  la  rue  de  Nesle  était  formé  par  les  deux  maisons  faisant 
les  coins  des  rues  de  Seine  et  du  Fossé,  ou  Mazarine.  (Voir  à  l'article  de  ces  rues.) 

CÔTÉ  SEPTENTRIONAL. 


PAROISSE  SAINT-SULPIGE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE   DE  L'ABBAYE. 

Maison  sans  désignation  (1670),  faisant  le  coin  de  la  rue  du  Fossé.  En  1670, 
elle  appartenait  à  Antoine  Briant,  qui  était  «capitaine  du  bateau  du  Roi;n  le  fils 
de  ce  personnage  la  revendit,  le  18  décembre  1601,  à  Dimanche  Joulin.  Ce  n'était 
plus  alors  qu'une  place,  avec  masure,  dévastée  durant  la  guerre,  et  mesurant 
quatre  toises  et  demie  de  largeur  sur  quinze  pieds  de  profondeur.  Elle  était  large 
de  cinq  toises  et  profonde  de  dix-neuf  pieds,  lorsque,  le  2  mars  i663,  elle  fut 
vendue  aux  exécuteurs  testamentaires  du  cardinal  Mazarin,  qui  la  démolirent, 
ainsi  que  les  suivantes,  pour  élever  à  leur  place  les  bâtiments  du  collège  des 
Quatre-Nations. 

Deux  MAISONS  sans  désignation  en  lôgS,  dont  l'une,  en  i663,  avait  pour  en- 
seigne la  BoTTE-DE-LoRRAiNE.  Ccs  maisons  et  la  précédente  avaient  fait  partie  de 
la  prise  de  Jacques  Audouart.  (Voir  Quai  Malaquais.) 

'"'  Par  convention  du  2G  août  16^7  et  moyen-  donna  à  la  Ville  tous  ses  droits  sur  le  fossé  allant 
nantune  somme  de  3o,aoo  livres,  l'abbaye  aban-        de  la  porte  de  Nesle  à  la  porte  Saint-Michel. 


RUE  DE  MEZIERES.  215 

Petite  maison  sans  désignation  en  i  SgS ,  puis  de  l'Imagk-de-Sainte-Anne  (  i  663) , 
continue  à  celle  du  coin  de  la  rue  de  Seine.  A  l'époque  de  la  démolition,  elle  avait 
une  superficie  de  douze  toises  et  demie. 


RUE   DE   MEZIERES. 

La  rue  de  Mézières  commence  à  la  rue  du  Pot-de-Fer  (Bonaparte)  et  finit  à 
la  rue  Cassette. 

Jaillot,  qui  a- relevé  plusieurs  erreurs  de  Sauvai,  en  a  commis  une  relativement 
à  cette  rue,  et  c'est  Sauvai  qui  a  raison  contre  lui.  En  effet,  ce  dernier  écrivain 
ayant  avancé  que  la  rue  de  Mézières  s'est  appelée  c autrement  Petite  rue  Cassette,  ti 
Jaillot  prétend  que  Sauvai  s'est  mépris,  et  affirme  que  la  seule  t Petite  rue  Cas- 
ff setter  qui  ait  existé  était  la  rue  Beurrière.  Or  l'erreur  est  manifeste,  attendu 
que,  dans  le  censier  de  1628,  la  rue  de  Mézières  est  énoncée  :  «Petite  rue  Cas- 
er sette,  dicte  du  Jeu  de  paulme  de  Messieurs,  ■»  et,  dans  le  cueilleret  de  iSgB,  cr  rue 
rrdu  Commissaire  Jauneau,  dit  Petit  Cassel.n  Les  diverses  désignations  que  nous 
venons  de  citer  s'expliquent  par  l'établissement,  dans  la  rue,  d'un  jeu  de  paume 
qui  appartint  aux  religieux  de  Saint-Germain-des-Prés;  par  le  désir  de  la  dis- 
tinguer de  la  Grande-rue-Cassette,  où  elle  aboutissait,  et  par  les  acquisitions  de 
terrains  environnants,  dont  nous  avons  déjà  parlé,  et  qu'effectua  le  commissaire 
Jaulneau'"'.  Quant  à  l'appellation  moderne,  motivée  par  l'hôtel  de  Mézières,  nous 
ne  l'avons  rencontrée  et  elle  n'a  prévalu  que  postérieurement  à  l'année  161  a. 
C'est  alors  que  l'hôtel,  cessant  d'être  une  maison  particulière  pour  devenir  un 
établissement  religieux,  dut  perdre  son  ancien  nom  et  commença  d'en  prendre 
un  autre. 

CÔTÉ  MÉRIDIONAL. 


PAROISSE    SAIINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

HÔTEL  DE  MÉZIÈRES,  faisant  le  coin  de  la  lue  du  Pot-de-Fer,  d'une  part, 
tenant,  de  l'autre,  à  une  maison  faisant  le  coin  de  la  rue  Cassette,  et  aboutissant 
rue  Honoré-Chevalier,  suivant  le  censier  de  lôgS.  11  appartint  successivement  à 

'''  Voir  h  l'article  de  la  rue  Honoré-Chevalier,  p.  i85. 


216  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

«Monsieur  le  Prince  Daulphin,'n  c'est-à-dire  à  Louis  de  Bourbon  II,  duc  de  Mont- 
pensier,  dauphin  d'Auvergne,  qui  mourut  en  1682;  puisa  «Monsieur  et  Madame 
(tde  Mézières,fl  c'est-à-dire  à  François  de  Bourbon,  duc  de  Montpensier,  aussi 
dauphin  d'Auvergne,  qui  mourut  en  1692,  et  fut  marquis  de  Mczières,  du  chef 
de  sa  femme  Renée  d'Anjou,  et  il  était,  en  1  SgS,  à  leurs  ayants  cause.  Les  archives 
de  l'abbaye  ne  fournissent  aucun  autre  détail  sur  l'hôtel  de  Mézières,  qui,  acheté 
de  Claude  Genoux,  le  3  avril  1610,  au  prix  de  2/1,000  livres,  par  Marguerite 
Lhuillier,  fut  donné  par  elle,  le  même  jour,  aux  Jésuites,  afin  qu'ils  en  fissent 
un  maison  de  noviciat  pour  leur  ordre  '^l 

CÔTÉ  SEPTENTRIONAL. 

PAROISSE    SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE   L'ABBAYE. 

Entre  Decx  MAISONS  sans  désignatiou  (iBgB),  dont  la  première  était  contiguë  à  la 

les  rues  Cassette  .  -il  n 

et  du  Gindrc.      uiaisou  laisant  ie  com  de  la  rue  Cassette. 

Maison  sans  désignation  en  i583,  puis  ayant  eu  l'enseigne  «de  l'Arboristeti 
(iBgB),  parce  qu'elle  appartint  à  René  Bassert,  herboriste.  Ce  personnage  pos- 
sédait aussi,  sur  la  rue  Cassette,  une  autre  maison  qui  aboutissait  à  celle-ci,  mais 
que  nous  n'avons  pu  identifier  avec  certitude.  La  maison  de  l'Herboriste  était 
attenante  à  celle  qui  faisait  le  coin  occidental  de  la  rue  du  Oindre,  et  elle  y  a  été 
réunie  dans  la  suite. 

Entre  La  rue  de  Mézières  était  bordée,  entre  les  rues  du  Oindre  et  du  Pot-de-Fer, 

les  rues  du  Gindre  .  -.  .  . 

et  du  Pot-de-Fei    par  dcs  fflaisons  ayant  leur  entrée  dans  ces  dernières  voies. 

on  Bonaparte. 


RUE   DES   SAINTS-PERES. 

La  rue  des  Saints-Pères  commence  au  quai  Malaquais  et  finit  à  la  rue  de  Gre- 
nelle. 

Cette  rue  doit  être  celle  qui,  dans  le  rôle  de  la  taille  de  1292,  est  appelée 
ff  rue  Neuve  Saint  Père;  •«  d'oii  il  semblerait  résulter  qu'elle  était  peu  ancienne  alors. 

'''  Lesloiie  raconte  que ,  dès  le  mois  de  septembre  don  d'une  importante  propriété,  c'est  peut-être  seu- 
1609,  ie  père  Cotlon  avait  oljtenu  l'hôtel  de  Mé-  lementla  permission  de  posséder  l'hôtel  que  ie  roi 
zières  de  la  libéralité  du  roi;  mais,  au  lieu  de  faire        accorda  en  cette  circonstance. 


RLE  DES  SAINTS-PÈRES.  217 

Elle  parait  avoir  eu  une  certaine  importance  avant  les  démolitions  effectuées  en 
i36o;  depuis,  et  jusqu'au  milieu  du  règne  de  François  1",  ce  ne  fut  plus  une 
véritable  rue,  mais  un  simple  chemin,  que  nous  trouvons  énoncé  rr chemin  qui 
trva  au  jardin  à  l'aumosnier  de  ladite  églisen  (de  Saint-Germain),  en  iSgS; 
(T chemin  qui  tend  du  Pré  aux  Clercs  à  l'église  Sainct  Père,  par  lequel  on  va  en 
(T procession ,  15  en  iSaS;  tr grand  chemin  de  Sainct  Père,:!  en  i53i;  achemyn 
ff  estant  entre  le  cymetière  Sainct  Père  (et  la  Butte),  allant  à  la  Tuillerien  (vers  la 
Croix-Rouge),  en  i53o;  cr chemin  qui  va  de  Sainct  Pierre  à  la  rivière,  n  en  i53i , 
et  (true  Sainct  Pierre, n  en  1 535,  i5/i3,  etc.  Ce  dernier  vocable  a  été  corrompu, 
au  xvu"  siècle,  en  celui  de  rue  des  Saints-Pères,  qui  est  demeuré  seul  en  usage, 
bien  que  rien  ne  le  motive,  puisque  la  rue  a  emprunté  son  nom  à  la  chapelle 
Saint-Pierre,  dite  autrement  Saint-Père.  Au  siècle  de  Louis  XIV,  on  disait  souvent 
rue  de  la  Ckartté. 

Il  est  arrivé  très-lréquemment  que  la  partie  de  la  rue  des  Saints-Pères,  s'éten- 
dant  de  la  rue  Taranne  à  la  rue  de  Grenelle,  a  été  considérée  comme  une  voie 
spéciale  et  distincte  de  la  partie  aboutissant  sur  le  quai.  On  désignait  la  première 
par  les  noms  de  «chemin  tendant  de  Sainct  Père  à  la  Vieille  Tuillerien  (i53i); 
ff  petit  chemin  allant  dudicl  Sainct  Germain  à  Sainct  Pèren  (i532);  «chemin 
«tendant  de  Sainct  Père  au  chemin  de  la  Justice ti  (la  rue  de  Grenelle)  (i535); 
«petit  chemin  allant  à  Sainct  Pèreu  (i535);  «chemin  qui  va  du  Carrefour  (de 
«la  Croix-Rouge)  à  Sainct  Père»  (i535),  et  enhn  de  «chemin  du  Cimetière  aux 
«MaladeST  (i53i),  à  cause  du  cimetière  aux  Lépreux,  situé  au  coin  de  la  rue 
Taranne. 

Jaillot  affirme  que  la  rue  des  Sainls-Pères  a  été  qualifiée  de  rue  des  Vaches; 
mais  cette  assertion  est  contraire  à  tous  les  documents  que  nous  avons  vus,  et 
nous  la  croyons  erronée. 

CÔTÉ  ORIENTAL. 


PAROISSE    SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 
ET  CENSIVE  DE  L'ABBAÏE. 

On  ne  trouve,  au  xvi"  siècle,  aucune  mention  de  maisons  en  bordure  sur  la  rue 
des  Saints-Pères,  depuis  le  quai  jusqu'au  delà  du  Grand-Pré-aux-Clercs,  qui,  à 
la  rencontre  de  la  rue,  présentait  une  largeur  d'environ  soixante-quatorze  toises. 

Entre 

IIÙTEL  DE  SANSAG.   C'était  la  première  des  constructions  qui  commençaient    ie^ré-aux-ciercs 
immédiatement  au-dessus  du  Pré.  Le  27  avril  i542,  Charles  Thomas,  conseiller     laïueTaianne. 

■n.  i>8 


218  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

au  Grand  Conseil,  prit  à  bail,  des  religieux  de  Saint-Germain,  une  pièce  de  terre 
de  cinq  quartiers,  où,  moyennant  une  dépense  de  quinze  cents  écus,  il  bâtit  une 
des  belles  habitations  du  faubourg.  Mais  la  plus  grande  partie  de  ce  terrain  se 
trouvant  sur  le  fonds  du  Pré-aux-Glercs ,  lequel  avait  été  envahi  par  les  moines, 
Thomas  s'en  vit  dépossédé  après  la  fameuse  émeute  de  i5i8,  durant  laquelle  sa 
maison  fut  saccagée.  11  obtint,  du  reste,  en  dédommagement,  le  3  novembre  i553, 
un  arpent  retranché  de  la  courtille  de  l'abbaye,  et  il  l'annexa  à  sa  maison,  de 
sorte  que  celle-ci,  par  ses  dépendances,  vint  aboutir  sur  le  chemin  des  fossés  du 
monastère  (rue  Saint-Benoît).  L'hôtel  construit  par  Thomas  fut  ensuite  acquis  par 
Jean  de  Sansac''',  qui,  le  i6  décembre  lôyg,  le  céda  à  Sébastien  de  Cbauvigny, 
trmonnoyer  de  France,  ti  Le  censier  de  1.^)95  mentionne  l'hôtel  de  Sansac  comme 
étant  alors  en  ruine  et  mis  en  criée.  Nous  voyons  qu'il  était  effeclivement  très- 
dégradé,  lorsque,  le  19  novembre  1601,  moyennant  sept  cents  écus,  Louis  Mon- 
théron  [alias  Montbron),  sieur  de  Fontaine-Challandray,  le  vendit  à  l'orfèvre  Jean 
Meurier.  C'est  de  ce  dernier  qu'il  fut  acquis,  le  /i  septembre  i6o(),  par  le  prési- 
dent aux  enquêtes,  M*^  Pierre  Lescalopier,  au  nom  de  la  reine  Marguerite. 

Cette  princesse  le  donna  aux  Frères  de  la  Charité,  en  échange  de  leur  maison 
voisine  du  quai  (voir  Rue  des  Petits-Augustins),  qu'elle  se  proposait  d'englober 
dans  son  nouveau  palais.  Suivant  Lestoile,  au  mois  de  mars  1607,  tries  pauvres 
ff  Frères  Ignorants n  se  transportèrent  dans  ce  second  domicile  tr  pour  s'y  accom- 
amoder  et  estre  gardes  du  sépulchre.  t)  L'hôtel  de  Sansac  a  ainsi  été  le  noyau 
autour  duquel  sont  venus  se  grouper  les  bâtiments  qui  ont  formé  l'hôpital  de  la 
Charité,  dont  les  dépendances  s'étendirent,  dès  161 3.  de  la  rue  Taranne  à  la  rue 
Jacob.  (Voir  à  la  fin  de  la  notice  sur  le  Pré-aux-Clercs.) 

Chapelle  et  cimetière  SaiïNT-Pierre,  Hnsantle  coin  septentrional  delà  rue 
Taranne.  Les  archives  particulières  de  la  chapelle  Saint-Pierre  sont  perdues  depuis 
très-longtemps,  et  il  en  est  si  peu  question  dans  celles  de  l'abbaye  Saint-Ger- 
main, qu'on  ne  peut  presque  rien  en  dire.  Pour  en  expliquer  l'origine,  qui  Qst 
inconnue,  Lebeuf  et  Jaillot  ont  présenté  chacun  une  hypothèse.  Suivant  le  pre- 
mier de  ces  auteurs,  la  chapelle  Saint-Pierre,  dite  plus  souxent  Saint-Père ,  toujours 
située  au  même  lieu,  aurait  été  sans  doute  consacrée  sous  ce  vocable,  en  mémoire 
de  l'oratoire  mérovingien  attenant  à  la  grande  église  du  monastère,  et  dédié  au 
prince  des  apôtres;  enfin  elle  n'aurait  jamais  été  la  paroisse  du  bourg,  si  ce  n'est 
d'une  façon  provisoire  et  accidentelle '-'.  Selon  Jaillot,  dont  les  conjectures  semblent 
manquer  de  précision,  le  service  parochial  du  bourg  se  serait  fait  primitivement 
dans  une  chapelle  voisine  de  la  grande  église,  chapelle  qu'il  semble  confondre 
avec  l'oratoire  Saint-Pierre.  A  la  fin  du  x'  siècle,  ce  dernier  édifice  aurait  été 

'''  Apparemment  Jean  de  Sansac,  capitaine  fie        rie,  qui,  en  157a,  e'pousa  Catherine  de  Maillé, 
la  Porte,  premier  gentilhomme  de  In   Faucnnne-  '"'  Histoire  du  diocèse  de  Paris,  t  I,  j).  h  lia. 


TOPOGRAPHIE    HISTORIQYE   DV  VIEVX  PARIS 


_J        V-J  II.,      ■.■.■•■■■ni  ft  j]  \»r"«'       .^ -H  1 


^i— -1.. 


>.J._1 


CHAPELLE  DE  LHÔPITAL  DE  LA  CHARITÉ 

Vue  perapeclivt  ci  après  une  ôra-^u:-e  de  J  Marol 
AVEC   VN   PLAN   BE  LENCLOS   ET  DES   BATIMENTS   A  LA  MEME  F.POdVE, 


RUE  DES  SAINTS-PÈRES.  219 

réuni  à  la  basilique  et  transporté  plus  tard  hors  de  l'enceinte  de  l'abbaye;  puis,  au 
xu"  siècle,  il  aurait  été  remplacé,  comme  paroisse  du  faubourg,  par  l'église  Saint- 
Sulpice  (". 

U  est  probable,  en  elîet,  que  la  chapelle  Saint-Père  a  été  la  première  paroisse 
des  vassaux  de  Saint-Germain.  C'est  l'opinion  de  Du  Breul,  de  D.  Bouillart  et 
de  Sauvai,  opinion  généralement  acceptée  au  commencement  du  xvn"  siècle*^). 
Elle  semble  d'ailleurs  justifiée  par  la  haute  antiquité  du  culte  de  saint  Pierre 
chez  les  moines  de  Saint-Germain,  et  surtout  par  un  titre  du  6  février  i38o,  dans 
lequel  est  indiqué,  comme  charge  incombant  au  curé  de  Saint-Sulpice,  l'obligation 
d'aller,  à  certains  jours,  faire  l'ofiice  dans  la  chapelle  Saint-Pierre,  d'y  dire  la 
messe  tous  les  dimanches  et  de  s'y  rendre  en  procession  à  des  époques  détermi- 
nées. On  peut  en  inférer  la  suprématie  primitive  de  la  chapelle  Saint-Père  sur 
l'église  Saint-Sulpice  :  il  semble,  en  ellet,  que  le  curé  de  Saint-Sulpice  ait  un 
devoir  à  remplir  et  non  un  droit  à  exercer.  La  question,  au  surplus,  n'en  de- 
meure pas  moins  indécise,  et  l'on  ne  saurait  rien  affirmer  quant  à  l'époque  oij  la 
chapelle  Saint-Pierre  a  cessé  d'être  renfermée  dans  les  murs  du  couvent.  En  ihb'j, 
elle  était  dans  un  tel  état  de  vétusté,  que  le  légat  du  pape  accorda  des  indul- 
gences à  ceux  qui  feraient  des  aumônes  destinées  aux  travaux  de  restauration. 
Au  commencement  du  xvu*  siècle,  elle  ne  sei-vait  plus  que  «pour  les  processions 
cret  services,  en  certains  jours  de  1  année,  n 

Par  accord  du  27  août  1611,  le  curé  et  les  marguilliers  de  Saint-Sulpice  cé- 
dèrent à  perpétuité  la  chapelle  Saint-Père  aux  Frères  de  la  Charité  qui  étaient 
établis  dans  le  voisinage  dej)uis  quatre  ans  et  avaient  déjà  l'usage  de  cet  édifice. 
D'après  un  devis  du  1 9  mai  1612,  que  nous  avons  vu  aux  archives  des  Hôpitaux , 
on  se  proposait  d'agrandir  le  bâtiment  de  façon  qu'il  atteignît  quatorze  toises 
d'un  bout  à  l'autre;  on  voulait,  en  outre,  y  annexer  de  chaque  côté  quatre  cha- 
pelles de  neuf  pieds  de  large  sur  douze  de  long'*'.  L'ancienne  construction  lut 
abattue  vers  i6i3,  et,  en  cette  même  année,  la  reine  Marguerite  posa  la  pre- 
mière pierre  d'un  nouvel  édifice  plus  vaste,  lequel  ne  fut  dédié  qu'au  mois  de 
juillet  1  ()2  1. 

A  en  juger  d'après  un  plan  manuscrit  de  1677,  la  nouvelle  chapelle  Saint- 


'''   Quarlifr  du  Luxembourg ,  p.  ig  et  suiv. 

'*'  Dans  l";iccord  de  1 G 1 1 ,  dont  nous  parlons 
plus  loin,  il  est  dit  que  tladicte  chapelle  estoil 
"antiennenient  la  première  église  parmchiale  du- 
frdict  faulbourg.  ioreqtril  ne  seslendoit  si  avant 
"•vers  la  ville,  comme.  .  .  à  présent;  en  laquelle 
Taussy  ils  (les  marguilliers  de  Saint-Sulpice)  sont 
"toujours  allez  en  procession  à  certains  jours  de 
"l'année.'» 


'■''  La  chapelle  Saint-Père  était  sans  doute  très- 
petile  au  comnienceraent  du  xvii'  siècle;  mais  on 
ne  saurait  croire  qu'elle  ne  pouvait  contenir  alors 
que  douze  personnes.  Il  ne  faut  donc  point  ajouter 
loi  aux  assertions  contenues  dans  les  nombreux 
faclums  rédigés  h  l'occasion  du  procès  qui  eut 
lieu,  en  i058  et  1659,  entre  les  marguilliers  de 
Saint-Sulpice  et  les  religieux  de  la  Charité. 


38. 


220  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Père  formait  un  rectangle  d'environ  quinze  toises  un  pied  de  long  sur  cinq  toises 
cinq  pieds  de  large.  Le  croquis  de  i5^8  et  le  plan  de  Quesnel  donnent  à  croire 
que  l'ancien  bâtiment  avait  aussi  un  chevet  carré. 

Le  cimetière  Saint-Père,  dont  le  terrain,  y  compris  celui  de  la  chapelle,  for- 
mait un  demi-arpent,  faisait  l'encoignure  de  la  rue  Taranne.  Il  paraît  avoir  été  en 
dernier  lieu  large  de  treize  toises  sur  cette  rue  et  de  douze  sur  celle  des  Saints- 
Pères;  on  ne  l'a  clos  que  fort  tard,  car  l'alignement  de  la  muraille  dont  il  finit 
par  être  entouré  fut  donné  par  Claude  Vellefaux  le  19  janvier  1612. 

Il  est  fait  mention  du  cimetière  Saint-Père,  atrium  Sancli  Pétri,  dès  laôg^"; 
on  doit  le  considérer  tout  au  moins  comme  contemporain  de  la  fondation  de  la 
chapelle  à  laquelle  d  devait  son  nom. 

11  paraît  n'avoir  plus  eu  qu'une  médiocre  importance  au  xvi"  siècle,  c'est  alors, 
en  effet,  qu'il  servit  à  enterrer  les  pestiférés ,  après  la  suppression  du  cimetière  aux 
Lépreux,  avec  lequel  les  historiens  l'ont  tous  confondu,  et  qui  était  situé  à  l'autre 
angle  de  la  rue  Taranne.  Le  cimetière  Saint-Père  fut  ensuite  réservé  aux  protes- 
tants, qui  en  disposaient  déjà  en  1598,  comme  l'indique  le  texte  de  l'édit  de 
Nantes.  Ils  en  furent  dépossédés  par  un  arrêt  du  Conseil,  daté  du  li  mai  i6oi, 
et  rendu  à  la  sollicitation  des  paroissiens  de  Saint-Sulpice. 

Les  catholiques'^'  rentrèrent  alors  en  possession  du  cimetière  Saint-Père,  et  y 
trouvèrent  grand  nombre  de  sépultures  huguenotes,  entre  autres  la  somptueuse 
tombe  du  trésorier  Arnauld,  mort  le  21  mai  i6o3.  fcElleétoit,  ditLestoile,  d'un 
rrfort  beau  marbre  noir,  tout  d'une  pièce,  estimée  à  deux  cents  escus  ou  environs, 
fr élevée  d'un  demi-pied  de  terre  et  couchée  de  plus;  autour  de  laquelle  il  y  avoit 
r  gravé  en  lettres  d'or  ce  qui  s'ensuit  : 

ffCit-git  noble  homme  maistre  Claude  Arnault,  vivant  conseiller,  notaire  et 
"Secrétaire  du  Roy,  maison  et  couronne  de  France  et  des  finances  de  Sa  Majesté; 
«•trésorier  général  de  France  en  la  généralité  de  Paris,  et  ordonné  par  le  Roy 
cprès  la  personne  de  monseigneur  le  marquis  de  Rosni,  pour  1  administration  des 
tt  finances  de  Sa  Majesté,  sous  le  commandement  dudit  seigneur,  n 

ffDans  le  mdieu  du  marbre  étoit  gravé  en  lettres  d'oi-  ce  qui  s'ensuit  : 

f  Passant,  tu  ne  liras  point  ici  les  louanges  de  celuy  qui  est  sous  ce  tombeau. 
rtSa  vie  les  a,  comme  immortelles,  gravées  dans  le  ciel,  jugeant  indigne 

(t  qu'elles  traisnassent  en  terre. 
tQuant  à  ce  qu'il  a  été,  tu  le  pourras  apprendre  de  sa  fortune; 
f  mais  de  sa  vertu  seule,  ce  qu'il  méritait  d'estre. 

tr  Mœstissimo  fratri 
tt  Plura  non  permisit 
(T  Dolor. 

'''  Dès  1971 ,  on  constate  rexislence  d'une  mai-  '*'  Remarques  historiques  sur  l'église  el  ta  pa- 

8on  contiguë  à  la  partie  postérieure  du  cimetière.        roisse  Saint-Sulpice,  p.  5. 


RUE  DES  SAINTS-PÈRES.  221 

fr  Au-dessus  se  voyoient  gravées  ses  armoiries.  —  Quinze  jours  on  trois  semaines 
r  après  on  couvrit  de  plâtre  ce  beau  tombeau,  de  peur  que  la  populace,  envieuse 
"de  tels  monuments,  n'achevât  de  le  gasler,  comme  elle  avoit  déjà  commencé,  et 
(T qu'enfin  elle  ne  le  brisât  et  le  rompît  du  tout,  comme  aussi  on  fut  averti  qu'on 
tr  avoit  délibéré  de  le  faire  en  une  nuit,  t» 

Cette  effervescence  fut  apparemment  la  cause  déterminante  de  l'arrêt  du  k  mai, 
qui  autorisa  d'ailleurs  les  protestants  à  établir,  de  l'autre  côté  de  la  rue,  un  nou- 
veau cimetière  dont  nous  parlons  plus  bas. 

On  voyait  jadis,  auprès  de  la  chapelle  Saint-Père,  une  longue  pierre  qui  avait 
nom  tfla  Tunbe  ou  la  Mesure  du  géant  Isoret  '".ti  Cette  prétendue  tombe  du  fa- 
buleux géant  Isore,  auquel  on  prêtait  plusieurs  sépultures  de  même  sorte,  était 
évidemment  un  monument  celtique,  table  de  dolmen  ou  menhir  abattu.  Il  n'y 
est  fait  aucune  allusion  dans  les  titres  de  l'abbaye,  mais,  dans  son  ouvrage  intitulé 
Ohannperialia,  Gcrvais  de  Tilbury,  qui  écrivait  au  commencement  du  xni"  siècle, 
rapporte,  dit  Du  Breul,  qu'il  avait  vu  la  tombe  du  géant  Isoret,  tué  par  saint 
Guillaume,  et  qu'elle  avait  vingt  pieds  de  long,  non  compris  la  partie  correspon- 
dant au  cou  et  à  la  tête  ^'. 

Petite  maison  sans  désignation  (1695),  contiguë  à  la  maison  faisant  le  coin  Enue 

méridional  de  la  rue  Taranne;  elle  devait  occuper  aussi  une  partie  de  l'emplace-  eidlGrenenr 
ment  de  l'ancien  cimetière  des  Lépreux.  Suivant  certain  croquis  qui  existe  dans 
les  archives  de  Saint-Germain  des  Prés  et  a  certainement  eu  pour  base  des  don- 
nées authentiques,  cette  maison,  bien  qu'elle  soit  qualifiée  de  petite  dans  le  cen- 
sier  de  lôgS,  seul  document  du  xvi^  siècle  où  il  en  soit  question,  aurait  été  élevée 
sur  un  terrain  de  vingt-cinq  perches,  baillé  à  Jean  Pinson  le  3o  avril  i53o. 

Clos  dépendant  de  l'iiôlel  du  Sépulcre  et  ayant  sa  principale  entrée  en  la  rue 
du  Dragon. 

Trois  maisons  sans  désignation  en  1567,  dont  l'une  a  porté,  en  iSgô,  l'en- 
seigne du  Cercemi.  Elles  furent  construites  sur  trois  lots  de  terre  baillés,  le  1 9  avril 
i535,  le  premier  à  Pierre  Hiffaut,  maçon;  le  deuxième  à  Israël  Roze,  brodeur, 
et  le  troisième  à  Richard  Carré,  aussi  brodeur.  D'après  le  croquis  dont  il  vient 
d'être  question,  ces  lots  auraient  été  chacun  de  douze  perches  et  demie,  comme 
les  lots  correspondants  de  la  rue  du  Dragon.  Ils  auraient  donc  offert  une  surface 

'"  Du    Breul.    |i.  3.3y. —   Sauvai   dit   ft.   Il,  des  OdVi  »«/>ena/m  publié  par  Leibnilz  (ap.  Scri);- 

p.  67/i)que  de  son  temps  elle  était  disparue.  tores  verum  lirunsvkenisimn ,  l.  1,  p.  881  ,  et  t.  II, 

"  "Nos  vidimus  sepulcrumlsoreti,  in  suburhio  p.  75i),  et  peut-être  n'était-ce  qu'une  glose  du 

fParisiensi.  vigintippdesinlongiini  babens,pra;ter  chapitre  lxxih   de  la   (roisiènie  partie;  dans  ce 

"cervicemetcapul.  OuemSanctusGuilIcrmuspere-  chapitre,  intitulé  De  eqmnocepludis ,   il  est  parlé 

"mil.  1  Cette  phrase,  empruntée  à  un  manuscrit  du  d'hommes  dont  les  cuisses  auraient  atteint  douze 

collège  «le  Navarre,  ne  «e  trouve  pas  dans  le  texte  pieds  de  longueur. 


222  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

totale  de  trois  cent  trente-sept  toises,  clnffre  un  peu  inférieur  à  la  réalité.  Dans 
les  censiers,  au  contraire,  la  superficie  indiquée  est  de  plus  de  trois  quartiers,  ce 
qui  pai-aît  être  une  exagération  considérable.  De  la  teneur  des  censiers  nous 
croyons  d'ailleurs  devoir  conclure  que,  vers  le  milieu  du  xvi''  siècle,  la  deuxième 
propriété  avait  déjà  été  élargie  aux  dépens  de  la  première;  il  subsiste  encore  des 
traces  de  cet  état. 

Partie  postérieure  de  trois  maisons  qui  avaient  leur  entrée  principale  rue  du 
Dragon ,  et  dont  la  dernière  faisait  le  coin  de  la  rue  de  Grenelle. 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 

PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Entie  Place  avec  masube  (iSgS),  contiguë  à  la  maison  faisant  le  coin  de  la  rue  de 

les  rues  ^e  Giene  e  Q,.gjjg]]g  g„  1628,  c'était  uu  jardin  dépendant  d'une  maison  de  cette  rue. 
Saint-Dominique.        Maison  saus  désiguatiou  (i5/i3),  doiit  les  limites  vers  le  midi  ont  subi  des  mo- 
difications que  nous  ne  pouvons  piéciser. 

Maison  sans  désignation  (i563),  qui  renfermait  deux  corps  d'hôtel  en  lôgS, 
et  dont  faisait  alors  partie  un  grand  jardin  en  bordure  sur  la  rue  des  Rosiers 
(Saint-Guillaume).  Ce  jardin  dépendait  déjà  de  la  maison  en  ibk'6,  car  on  lit, 
dans  le  censier  de  cette  année,  que  Jérôme  Dupuis  avait  augmenté  sa  propriété 
de  quarante-six  perches  de  terre,  étendue  qui  équivaut  à  la  superficie  du  jardin. 
La  maison  séparée  du  jardin  s'appelait  l'hôtel  de  Cossé,  à  la  fin  du  wii""  siècle, 
parce  que,  dit  Piganiol,  elle  fut  bâtie  par  Marie  de  Cossé,  veuve  du  maréchal 
Charles  de  la  Porte  de  la  Meilleraie.  En  1701 ,  l'hôtel  fut  vendu  au  maître  des 
requêtes  Charles  Pécoil,  dont  la  fille  épousa  le  duc  de  Brissac,  ce  qui  fit  donner 
ce  dernier  nom  à  l'hôtel. 

L'hôtel  de  Cossé  et  les  deux  maisons  précédentes  furent  élevés  sur  trois  lots  de 
terre,  énoncés  comme  contenant  un  quartier  chacun"*,  que  l'abbaye  bailla  à 
bâtir,  le  premier  à  Jean  Hénart,  en  1699;  le  deuxième  à  Robert  Cosson,  le 
19  février  1629,  et  le  troisième  à  Jean  Cosson,  fils  de  Robert,  le  1  3  juillet  i53o. 

Maison  sans  désignation  (lôgB),  qui,  en  1687,  appartenait  au  marquis  de 
Vaires.  La  partie  postérieure  de  cette  maison  a  servi  à  l'agrandissement  de  l'hôtel 
de  Pons. 

'''  Ces  indications  de  superficie  semblent  être  au  surplus,  qu'en  i543  la  maison  qui  devint 
autant  au-dessous  de  la  réalité  que  celles  que  nous  l'hôtel  de  Cossé  est  dite  contenir  un  denii-arpent, 
venons  de  sig'naier  sont  au-dessus.  Nous  observons,        énonciation  exacte  à  très-peu  près. 


RUE  DES  SAINTS-PÈRES.  223 

Maison  sans  désignation  (iSgB).  Elle  était  de  la  même  ttprisen  que  la  suivante, 
et,  en  1 096 ,  elle  appartenait  au  même  propriétaire. 

Maison  sans  désignation  (i5ùo),  bâtie  par  Robert  Beaugrand  sur  un  demi- 
arpent  de  terre  pris  à  bail  de  l'abbaye,  le  2  mars  iSag.  En  15^7,  elle  étaitpos- 
sédée  par  Louis  Vachot,  président  de  la  Chambre  des  monnaies,  et,  vers  iSgB, 
parla  demoiselle  Tristan  et  le  sieur  du  Plessis,  qui  la  tenaient  du  médecin  Fron- 
tebeuf;  elle  aboutissait  alors  à  la  rue  des  Rosiers.  Dans  le  censier  de  1628,  elle 
est  (|ualifîée  de  tr jardin, n  dit  appartenir  au  maître  maçon  Salomon  de  la  Fond''', 
dont  la  veuve,  Marie  Loiseleur,  le  céda  à  un  abbé  de  Saint-Thierry.  Celui-ci,  avant 
acquis  la  maison  précédente,  fit  construire  sur  l'emplacement  des  deux  propriétés 
un  hôtel  qu'il  vendit,  le  20  juin  i643,  àM.  deCreil,  auquel  l'hôtel  fut  acheté  par 
la  duchesse  de  Villars  en  iGSS.  En  1687,  c'était  l'hôtel  du  marquis  de  Cavoye, 
grand  maréchal  des  logis  de  la  maison  du  roi,  et,  en  1769,  l'hôtel  de  Pons. 

PnoPBiÉTÉ  AVEC  GRANGE,  dite,  cu  i563,  appartenir  également  à  Louis  de  Va- 
chot. En  1695,  elle  formait  deux  petites  habitations. 

Maison  sans  désignation  (1596),  qui,  en  1628,  se  trouvait  absorbée  dans  la 
suivante.  Cette  maison  et  la  précédente  paraissent  avoir  été  construites  sur  les 
deux  moitiés  d'un  quartier  de  terre  baillé  à  J.  Doillet  vers  1529. 

Maison  sans  désignation  (i563),  faisant  le  coin  méridional  de  la  rue  Saint- 
Dominique.  En  1628,  unie  à  la  précédente,  elle  était  possédée  par  M.  de  Va- 
nelli,  qui  l'augmenta  d'une  place  de  quarante  toises,  achetée,  le  5  mai  i638,  de 
la  veuve  Salomon  de  la  Fond.  Elle  appartint  ensuite  au  nommé  Thomas  Canta- 
rini,  qui  la  vendit,  le  5  juillet  1660,  à  Olivier  Selvois.  Marie  de  l'Épinay,  veuve 
de  ce  dernier,  en  retrancha  une  partie,  qu'elle  aliéna  le  22  juillet  iGôS,  et  (jui 
a  formé  la  maison  du  coin  actuel.  Les  quatre  autres  maisons  attenantes,  sur  la 
rue  Saint-Dominique,  proviennent  également  de  morcellements  contemporains 
effectués  aux  dépens  de  l'hôtel  de  Selvois,  que,  vers  la  même  époque,  on  appe- 
lait aussi  hfUel  de Sainl-Simon,  parce  qu'il  était  habité  par  le  fameux  duc  de  Saint- 
Simon,  l'auteur  des  Mémoires.  On  l'a  nommé  ensuite  hôtel  de  la  Force,  après  que 
le  marquis  Nonpar  de  Caumont  la  Force  l'eut  acquis,  le  4  mars  1716,  de  Henri 
de  Selvois,  fils  de  Marie  de  l'Epinay. 

Maison  sans  désignation  (i5n5),  faisant  le  coin  septentrional  de  la  rue  Saint-      Enudesiues 

"  ^         *^     '  _  '      _  .  Sainl-Doniiniqiie 

Dominique,  et  appartenant  à  Georges  Régnier,  fournisseur  de  matériaux  pour        «Hc  quai. 
le  palais  des  Tuilerie»  et  les  fortifications  de  la  ville.  Nous  n'en  avons  rencontré 
d'indication  positive  qu'à  la  fin  du  xvi'  siècle;  mais  elle  dut  être  construite  assez 
longtemps  auparavant,  car  elle  occupait    l'emplacement  d'un   terrain  de  cinq 

''  Salomon  de  In  FoikI  dlait  prolftstant  et  poss(;-  Salomon  de  Brosse.  Ces  détails  biographiques  ré- 
dait  une  certaine  notoriété.  Il  eut  un  fils  qui  fui  sultent  de  notes  qui  nous  ont  été  obligeamment 
architecte  du  roi .  et  il  était   lié  lui-même  avec        comnuiniqnëes  par  M.  Cli.  Rend. 


224  TOPOGRAPHIE  HISTOIUQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

quartiers  qu'on  bailla  à  bâtir  à  Jean  Bocberoii,  le  3i  août  i53o,  et  qui  devint  la 
propriété  de  l'orfèvre  Pierre  Delaunay  vers  i563;  il  était  alors  clos  de  murailles. 
Ce  terrain  se  prolongeait  probablement  jusqu'à  celui  où  a  été  établi  le  couvent 
des  Jacobins. 

Maison  avec  moulin  à  vent.  Cette  maison  n'est  point  mentionnée  avant  lôgô; 
mais  le  moulin  à  vent  apparaît  plus  tôt.  Suivant  Jaillot,  il  aurait  existé  dès  i368, 
ce  dont  nous  doutons  fort  "),  car  il  n'en  donne  pas  de  preuve ,  et  nous  voyons  que 
ce  fut  à  charge  de  bâtir  le  moulin  que,  le  22  juin  iBog,  son  propriétaire,  Guil- 
laume Thibaut,  prit  de  l'abbaye,  à  titre  précaire,  le  quartier  de  terre  qu'il  occu- 
pait, travée  son  allée  et  venue  par  le  chemin,  convenable  pour  aller  audict  lieu.n 
Cette  cession  avait  été  faite  en  échange  de  cinq  autres  quartiers  situés  auprès  et 
trie  chemin  passant  parmy.  n  Dans  l'arpentage  de  iSag,  l'enclos  du  moulin  est 
énoncé  contenir  trois  quartiers;  il  paraît  avoir  compris  plus  tard  une  assez  vaste 
étendue  de  terrain.  A  une  date  que  nous  ignorons,  mais  postérieurement  à  i63o, 
les  sieurs  de  Lalauro  acquirent  la  propriété  du  moulin  à  vent;  ils  y  bâtirent  des 
maisons  et  vendirent  diverses  parcelles  de  terrain  à  des  particuliers  qui  y  cons- 
truisirent également. 

La  Voirie  ou  la  Butte.  Le  lieu  où  s'élevait  le  moulin  à  vent  était  le  point 
culminant  du  bourg  Saint-Germain,  de  sorte  qu'on  comprend  facilement  qu'il  ait 
été  appelé  la  Butte.  Cette  désignation,  au  surplus,  implique  sans  doute  que  le 
mamelon  naturel  était  couronné  d'une  éminence,  créée  artificiellement  par  l'ac- 
cumulation des  matières  apportées  à  la  voirie (^).  Celle-ci,  dite  tria  vieille  voyrien 
en  i52  2,  et  /«  voirie  Saint-Germain  en  1 609,  consistait,  vingt  ans  plus  tard,  en 
une  pièce  de  trois  quartiers,  qui  aboutissait  sur  la  rue  des  Saints-Pères.  Elle 
tenait,  vers  le  midi,  à  la  terre  du  moulin;  vers  le  nord,  à  une  autre  pièce  de 
trois  quartiers ,  et  s'étendait  derrière  les  deux,  en  présentant  une  forme  analogue 
à  celle  d'un  T;  du  moins  cette  disposition  résulte  des  détails  de  l'arpentage  de 
1599.  La  voirie  Sainl-Germain  fut  probablement  supprimée  vers  i53o;  aussi, 
dans  un  titre  de  i5/i2,  est-il  parlé  de  fria  Butte  du  moulin  à  vent  où  esloit  an- 
ff  cyennementla  voyerie  dudictSainct  Germain,  d  Quanta  la  Butte  du  moulin,  elle 
dut  être  aplanie  après  l'acquisition  des  sieurs  de  Lalaure.  Elle  avait  pour  limites, 
au  nord,  le  cimetière  des  Huguenots,  et,  au  couchant,  le  noviciat  des  Jacobins, 
qui  est  énoncé  y  tenir.  Mais  il  ne  faut  peut-être  voir  dans  ces  énonciations  qu'un 
renseignement  approximatif.  Au  xvi'^  siècle,  les  environs  du  commencement  de  la 
rue  Saint-Dominique  constituaient  un  territoire  qu'on  nommait  presque  indilTé- 

'''  L'assertion  de  Jaillot  paraît  n'avoir  d'autre  le  dessin  de  i5i8  que  nous  avons  déjà  signalé, 
base  que  la  gravure  de  l'ouvrage  de  D.  Bouillart,  '*'  Dans  un  litre  de  i5.3i ,  il  est  question  de  la 

qui  est  censée  représenter  l'abbaye  et  ses  environs  voirie  à  présent    appeltée   la   Butte.  La  butte  du 

en  i368.  mais  qui  a  été  faite,  en  réalité,  d'après  moulin  semble  donc  n'être  pomt  fort  ancienne. 


RUE  DES  SAINTS-PERES.  225 

remnient  la  Bulle,  la  Pelile  Bulle,  la  Bulle  de  la  Voirie,  la  Petite  Voirie  et  le  Moulin  à 
vent. 

Rue  Saint-Guillaume.  Elle  remplace  un  petit  chemin  par  lequel  on  montait 
au  moulin,  et  dont  nous  n'avons  jamais  trouvé  qu'une  seule  indication;  ce  ren- 
seignement est  fourni  par  un  document  de  ibk'2,  où  il  est  question  d'une  pièce 
de  terre  en  bordure  sur  cr  la  rue  de  devant  Sainct  Père  descendant  à  la  rivière  de 
(rSeyne  (rue  des  Saints-Pères),  —  tenant  d'une  part  à  la  dicte  rue,  d'autre  à  la 
(f  butte  et  voyrie  ;  d'un  bout  (  vers  le  nord)  au  chemyn  par  où  l'on  monte  audict  moulin 
<tà  vent,  et  d'autre  bout  au  chemyn  aux  vaches  allant  à  l'Isleii  (rue  Saint-Domi- 
nique). La  rue  Saint-Guillaume  ne  paraît  ni  avoir  été  bordée  de  maisons  avant 
1620  ou  i63o,  ni  avoir  abouti  antérieurement  à  la  rue  Saint-Dominique.  Elle 
était  appelée  me  de  la  Butte,  sur  un  plan  manuscrit  signalé  par  Jaillot,  et  elle  est 
dénommée  me  ISeuve  dea  Bosiers  dans  le  procès-verbal  de  i636.  11  n'en  est,  du 
reste,  question  ni  dans  le  censier  de  i5g5,  ni  dans  celui  de  1628,  ni  dans  aucun 
acte,  à  nous  connu,  de  la  même  période;  elle  n'est  point  représentée  non  plus 
sur  le  plan  de  Quesnel,  de  sorte  que  l'emplacement  et  la  direction  du  chemin 
auquel  elle  a  succédé  demeurent  fort  incertains. 

Proi-riété  de  sept  (juartiers  (1629),  où,  dès  i563,  Jean  Fraguyer,  conseiller 
au  Cliâtelet,  avait  planté  un  jardin  et  bâti  (tune  petite  maison  à  la  mode  ytal- 
rlienne,fl  avec  un  jeu  de  paume'''.  Attenante  au  Pré-aux-Glercs,  cette  maison 
fut  saccagée  par  les  écoliers  pendant  l'émeute  de  iSiiS;  on  en  morcela  ensuite  le 
terrain,  dont  la  partie  bordant  la  rue  des  Saints-Pères  forma  un  jardin  large  de 
quinze  toises  et  profond  de  vingt-sept,  qui  dépendit  de  l'hôtel  situé  vis-à-vis  et 
appartint  ainsi  à  Jean  de  Sansac,  puis  au  sieur  de  Fontaine-Challandray  et  à  l'or- 
fèvre Joachim  Meurier.  Celui-ci  le  céda  pour  une  somme  de  700  livres  que  lui  paya 
le  trésorier  de  l'épargne ,  suivant  une  ordonnance  délivrée  à  Meurier  le  2  juin  1 60/i. 
Le  terrain  avait  été  mesuré  et  estimé  par  Jean  Fontaine  le  18  mai  précédent,  et, 
par  arrêt  du  Conseil  du  k  de  ce  mois,  il  avait  été  «destiné  pour  la  sépulture  et 
«enterrement  des  corps  de  ceux  de  la  religion  prétendue  réformée;!?  leurs  repré- 
sentants en  furent  mis  en  possession  le  6  du  même  mois'^'. 

Le  cimetière  des  Huguenots  perdit  naturellement  sa  première  destination  à  la 
révocation  de  l'édit  de  Nantes,  et  il  fut  donné  par  moitiés,  le  9  juillet  i685,  à 
l'hôpital  général  et  à  celui  de  la  Charité;  mais  il  demeura  à  ce  dernier  établisse- 
ment, qui  désintéressa  l'autre. 

'■'  Dans  les  environs  de  la  maison  de  Finguyer  '*'  Les  pièces  à  l'appui  se  trouvent  aux  Archives 

<5tail  celle  de  Jean   Gentils,  joueur  d'instrument  nationales,  cart.  SaSSg.  M.  Ch.  Read,  h  qui  nous 

(i543),  maison  dont  une  partie  avait  été  usurpée  les  avons  signalées,  les  a  publiées  dans  le  liulletin 

sur  le  Pré-aux-Clercs.   Nous  ne  pouvons  préciser  de  la  Société  de  l'histoire  du  protestantisme ,  t.  XII, 

remplacement.  p.  36  et  suiv. 

III.  »9 


2-26  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

L'OSERAIE.  Le  5  septembre  i3i/4,  l'abbaye  bailla  à  Etienne  de  Seniis  une 
pièce  de  terre  contenant  trois  arpents,  dite  l'Oseraie,  et  située  sur  le  fossé  du  Pré- 
aux-Clercs, au  bout  des  murs  de  la  Courtille  des  moines.  Dans  un  autre  bail  do 
i356,  la  même  pièce  est  indiquée  comme  tenant  d'une  part  au  Pré-aux-Glercs, 
et  d'autre  part  à  la  voie  des  Vaches  (rue  Saint-Dominique);  le  censier  de  i355 
énonce  en  outre  la  cr  pièce  de  terre  . . .  laquelle  on  appelle  l'Oseroye  . . .  tenant  d'une 
ff  part  à  la  voye  aux  Vaches,  d'aultre  au  Pré  aux  Clercs,  aboutissant  d'un  bout  aux 
ctmurs  de  la  Courtille  dudit  Saint  Germain''),  n  Ainsi,  la  terre  de  l'Oseraie  était 
comprise  entre  le  Pré-aux-Clercs,  la  rue  Saint-Dominique  et  la  rue  des  Saints- 
Pères;  par  conséquent  la  Butte  en  faisait  partie.  Au  xv!*^  siècle,  elle  en  était  dis- 
tinguée, et  le  territoire  de  l'Oseraie,  sur  la  rue  des  Saints-Pères,  se  bornait  à 
l'emplacement  de  la  maison  de  J.  Fraguyer.  Les  locutions  fren  l'Oserayen  et  ff  sur 
ffle  Pré-aux-Clercs fl  étaient  alors  employées  fréquemment  comme  synonymes,  et 
il  semble  que  le  nom  de  l'Oseraie  se  donnait  parfois  plus  spécialement  au  voisi- 
nage du  Pré-aux-Clercs,  non  confondu  avec  les  terrains  longeant  la  rue  Saint- 
Dominique.  Cette  interprétation  résulte  de  divers  textes,  et,  entre  autres,  du 
passage  suivant  d'un  titre  de  1 53 1  :  tf  arpent  . . .  aboutissant  d'un  bout  à  l'Oseraye , 
ff  d'aultre  au  chemin  des  Treilles  t5  (rue  Saint-Dominique).  Toutefois  il  était  plus 
ordinaire  de  considérer  le  territoire  de  l'Oseraie  comme  borné  par  la  rue  Saint- 
Dominique;  on  écrivait  donc  tr arpent  en  l'Ouzzeraye,  tenant ...  au  Pré-aux-Clercs, 
«et  d'autre  bout  au  chemin  aux  Vaches ^i  (i6i5);  tr pièce  de  terre,  à  l'Oseraye, 
ff aboutissant  d'un  bout  au  chemin  des  Treilles n  (iBSi),  etc. 

Aussi  bien,  ce  que  le  territoire  de  l'Oseraie  avait  perdu  sur  la  rue  des  Saints- 
Pères,  il  le  regagna  largement  vers  le  couchant,  dans  la  direction  duquel  il  finit 
par  s'étendre  assez  pour  atteindre  le  canton  de  la  Petite-Seine  :  plusieurs  docu- 
ments mentionnent  le  lieu  crdict  la  Petite  Seyne,  aultrenient  dicte  l'Oseroye  w 
(i527,  i533,  etc.).  Ce  lieu,  oii  les  deux  climats  se  confondaient,  était  placé  à  la 
hauteur  de  l'extrémité  du  Pré-aux-Clercs,  à  8oo  mètres  au  moins  de  la  rue  des 
Saints-Pères. 

Au  commencement  du  xvn*'  siècle,  après  le  jardin  de  J.  Meurier  on  ne  rencon- 
trait plus  jusqu'à  la  Seine  que  des  terres  dépourvues  de  constructions,  c'est-à- 
dire  le  Pré-aux-Clercs  et  des  champs  ou  des  jardins. 

'''  Sous-entendu  :  le  clieinin  entre  deux. 


RUE  DU  POT-DE-FER.  227 

RLE   DU   POT-DE-FER 

(actuellement  partie  méridionale  de  la  rue  Bonaparte). 

La  rue  du  Pot-de-Fer  commençait  à  la  rue  du  Vieux-Colombier  et  finissait  à 
la  rue  de  Vaugirard. 

C'était  aussi,  probablement,  une  des  ruelles  Saint-Sulpice;  mais  nous  n'en 
avons  jamais  eu  la  preuve.  Jaillot  assure  que,  dans  des  actes  du  xv"  siècle,  elle  est 
désignée  par  la  formule  :  ruelle  tendant  de  la  rue  du  Colombier  à  Vigneray. 
Nous  n'avons  point  retrouvé  ces  actes;  toutefois  il  n'est  point  douteux  que  la 
locution  rapportée  par  Jaillot  ait  été  en  usage,  puisqu'elle  est  reproduite  dans  des 
documents  postérieurs.  La  rue  du  Pot-de-Fer  est  effectivement  énoncée,  dans  le 
censier  de  iSaS,  cruelle  qui  tend  de  la  rue  du  Colombier  à  Vigneray,  appellée 
tria  ruelle  Henri  du  Verger. -n  Dans  le  censier  de  iB/iS,  elle  est  désignée  ainsi  : 
trchemyn  par  lequel  on  va  à  la  maison  qui  fut  Henry  du  Vergier.  t»  Henri  du  Ver- 
ger, maître  boulanger,  mort  entre  1 698  et  1 5 1  o ,  possédait  plusieurs  maisons  dans 
la  rue,  et  même  il  était  le  seul  qui  y  en  possédât;  son  nom  a  donc  été  donné  tout 
naturellement  à  la  rue,  qu'on  énonçait  encore  rtte  Henry  du  Verger  en  i656. 
Néanmoins  on  disait  de  préférence  alors  rue  du  Verger,  et  celte  dénomination  ligure 
dans  les  titres  jus(|u'en  1696.  On  lit  dans  le  censier  de  i595  :  cr  petite  ruelle 
rr  appellée  du  Verger,  v  et  dans  celui  de  1  628  :  a  rue  du  Pot  de  Fer,  dicte  du  Verger,  r 
Le  censier  de  1687  contient  une  note  exprimant  que  la  rue  du  Pot-de-Fer  s'ap- 
pelait anciennement  la  ruelle  des  Champs;  le  fait  n'est  point  invi-aisemblable;  mais, 
comme  nous  l'avons  fait  remarquer  ailleurs,  nous  avons  constaté  que  l'unique 
rue,  ou  ruelle  des  Champs,  qui  soit  maintenant  mentionnée  dans  les  archives 
de  l'abbaye,  se  confond  avec  la  rue  du  Vieux-Colombier.  Le  voisinage  de  cette 
dernière  rue  a,  d'ailleurs,  fait  donner  parfois  à  la  rue  du  Pol-de-Fer  le  nom  de 
«ruelle  du  Coulombier^  (i53/i-i  5^3).  Sauvai  affirme  qu'elle  commençait  de  sou 
temps  à  «prendre le  nom  de  rue  des  Jésuites,  à  raison  de  leur  noviciat;  a  mais  nous 
n'avons  rencontré  la  preuve  de  cette  assertion  que  dans  un  seul  document,  d'où 
il  faut  conclure  que  cette  dénomination  populaire  a  été  peu  usitée. 

La  liste  des  rues  donnée  par  Corrozet  contient  l'indication  d'une  certaine  «  rue 
(tdes  Jardins,  près  Saint-Sulpice,  -o  que  Jaillot  identifie  avec  la  rue  du  Pot-de-Fer. 
Il  y  avait  effectivement  des  jardins  dans  la  rue  du  Pot-de-Fer,  et  une  confusion  a 
pu  naître  dans  l'esprit  du  vulgaire,  par  suite  de  la  synonymie  des  mots  vei-ger  et 
jardin.  Nos  recherches  ne  nous  ont  fourni  aucun  renseignement  sur  ce  point;  elles 
ne  nous  ont  pas  appris  non  plus  où  était  placée  l'enseigne  du  Pot-de-Fer  qui  a 
donné  à  la  rue  sa  dernière  dénomination.  Au  reste,  de  toutes  les  petites  voies  des 
environs  de  Saint-Sulpice,  la  rue  du  Pot-de-Fer  est  celle  sur  laquelle  il  existe  le 

"9- 


228  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

moins  de  documents  anciens,  car,  par  une  fatalité  surprenante,  le  censier  de 
iSgS  a  perdu  le  feuillet  qui  s'y  rapportait,  et  les  archives  du  noviciat  des  Jé- 
suites, d'oii  nous  aurions  tiré  sans  doute  quelque  éclaircissement,  sont  disparues. 
Le  nombre  et  l'emplacement  précis  des  maisons  de  la  rue  du  Pot-de-Fer  ne  se 
révèlent  à  nous  qu'au  temps  de  Louis  XIII. 

CÔTÉ    ORIENTAL. 


PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Maison  attenante  à  celle  du  coin  de  la  rue  du  Vieux-Colombier,  sans  désigna- 
tion en  1628,  puis  ayant  eu  l'enseigne  de  la  Fontaine  (i65i);  elle  le  devait  ap- 
paremment au  brasseur  Jean  de  la  Fontaine,  qui  en  était  propriétaire  vers  1628. 
Cette  maison  provenait  du  morcellement  d'une  des  propriétés  contiguës,  et  fut 
absorbée  dans  les  bâtiments  du  séminaire  Saint-Sulpice ,  par  les  directeurs  duquel 
elle  fut  achetée  le  i5  mars  i655.  Sa  superficie  était  de  quatre-vingts  toises. 

Maison  sans  désignation,  dite,  en  iBgô,  appartenir  à  ff  M.  de  Hèves,  secrétaire.  •« 
En  1687,  on  l'appelait  l'hâtel  de  Saint-Quentin. 

Maison  sans  désignation,  bâtie  sur  une  place  de  onze  toises  et  demie  de  large, 
cédée,  le  26  janvier  168/4,  par  Pierre  de  Brion  au  chanoine  de  Notre-Dame,  Pierre 
de  Montreuil.  Elle  fut  donnée  au  séminaire  le  3i  mars  1682. 

Partie  postérieure  de  la  grande  maison  du  président  Brion.  (Voir  Rue  Férou.) 

Maison  sans  désignation,  faisant  le  fond  du  cul-de-sac  Férou,  et  contiguë  au 
jardin  du  coin  de  la  rue  de  Vaugirard.  Les  Jésuites  l'achetèrent,  le  3  décembre 
1689,  de  M*"  François  Robert  de  Montry,  qui  l'avait  bâtie  sur  une  place  par  lui 
acquise  du  président  Brion,  le  29  avril  i638.  Cette  place,  ainsi  que  l'emplace- 
ment de  toutes  les  maisons  précédentes,  provenait  du  morcellement  de  la  grande 
maison  de  Henri  du  Verger,  s'étendant  jusqu'à  la  rue  du  Vieux-Colombier. 

CÔTÉ    OCCIDENTAL. 


PAROISSE   SAINT-SLLPIGE. 
JUSTICE 

Entre  ET  CENSIVE  DE   L'ABBAYE. 

les  rues  de  Vaugirard 
el 

Honoré-cbcvaiier.        Dë\}\  MAISONS  saus  désignation  (1G28),  dont  la  première  était  contiguë  à  la 


RUE  DU  POT-DE-FER.  229 

maison  du  coin  de  la  rue  de  Vaugirard  et  la  seconde  appartenait  aux  Mathurins. 
Maison  sans  désignation  (1628),  faisant  le  coin  de  la  rue  Honoré-Chevalier, 
et  appartenant  aux  Jésuites.  Nous  n'avons  trouvé  aucun  document  du  xv!*"  siècle 
relatif  à  ces  maisons,  qui,  très-probablement,  étaient  des  morcellements  de  celle 
du  coin  de  la  rue  de  Vaugirard.  En  1629,  l'emplacement  de  toutes  ces  maisons 
était  occupé  par  un  jardin  appartenant  à  M"  Michel  Raimbaut. 


lues 
Honoré-Chevalier 


HÔTEL  DE  MÉZIÈRES,  faisant  le  coin  septentrional  de  la  rue  Honoré-Cheva-      Kntreies 
lier  et  l'angle  méridional  de  la  rue  de  Mézières.  (Voir  à  l'article  de  cette  dernière     et  de  Mczièrc 
rue.) 

Grande  maison  sans  désignation  (1628),  faisant  le  coin  septentrional  de  la  rue  ^"^'^ 

.  '  Tii  •  ^"^  rues  de  Méiière 

de  Mézières,  et  aboutissant  en  partie  sur  la  rue  du  Gindre.  Elle  appartenait  en  et 

1628  à  Robert  de  Montry,  et  occupait  l'emplacement  d'une  autre  construction  '  '  "^  '"""  ' 
connue,  au  temps  de  François  l",  sous  le  nom  de  maison  aux  Firelins.  Celle-ci 
avait  été  élevée,  vers  le  commencement  du  xvi^  siècle,  sur  un  arpent  de  terre 
labourable,  par  Jean  du  Verger,  et,  après  la  mort  de  ce  dernier,  elle  était  passée 
à  son  épouse  Jeanne  Firelin  [alias  Filletin  et  Fizelin),  puis  aux  héritiers  de  cette 
femme.  Il  est  probable  qu'elle  formait  primitivement  l'encoignure  des  rues  de 
Mézières  et  du  Gindre.  Dès  lô/iy,  elle  était  divisée  en  deux  maisons,  dont  une 
appartenait  à  Nicolas  Pot,  marchand  boucher,  et  l'autre  à  la  veuve  Grand-Jean 
Boutevillain. 

Maison  sans  désignation  (1G28),  contiguë  à  la  maison  du  coin  de  la  rue  du 
Vieux-Colombier,  et  en  ayant  fait  partie  dans  la  première  moitié  du  xvi^  siècle. 


RUE   MONSIEUR-LE-PRIÎSCE 

ET 

RUE  DES  FRANCS-BOURGEOIS. 

La  rue  Monsieur-le-Prince  commençait  à  la  rue  de  Condé  et  finissait  à  la  rue 
des  Francs-Bourgeois,  qui  en  formait  la  continuation.  Celle-ci  commençait  au 
droit  de  la  rue  de  Vaugirard  et  finissait  à  la  rue  d'Enfer.  Les  deux  rues,  qui  ont 
été  récemment  réunies  sous  une  dénomination  unique,  étaient  bien  rarement  dis- 
tinctes l'une  de  l'autre  avant  la  seconde  moitié  du  xvii-^  siècle.  Elles  formaient  une 
voie  qui,  longeant  le  fossé  de  la  ville,  a  été  appelée  successivement  :  tr  voirie  qui 
trva  à  la  porte  Saint  Michel  (1^19);  «chemin  de  dessus  les  fossez,  par  lequel 
«on  va  à  Saint  Germain  des  Présfl  (i635);   cr chemin  allant  à  la  porte  Sainct 


230  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

ffMichelfl  (i5io);  a  rue  estant  dessus  ies  l'ossezn  (i539);  rc  rue  des  Fossez  d'entre 
(fia  porte  Sainct  Michel  et  celle  Sainct  Germain  t  (lùBg);  a  chemin  sur  les 
T fossez fl  (1579),  et  «rue  des  Fossez n  (1682);  puis,  sous  Louis  XIV,  à  cause 
de  riiôtel  du  prince  de  Condé,  rue  des  Fossés-Monsieur-k-Pnnce ,  et  par  abrévia- 
tion rue  Monsieur-le-Prince. 

Quant  à  la  rue  des  Francs-Bourgeois,  considérée  isolément,  elle  a  été  énoncée 
«•chemin  des  Fossez  qui  va  de  ladite  porte  (Saint-Michel)  au  chemin  de  Saint 
frSulpicen  (iUih);  et  chemin  des  Fossez  par  ofi  l'on  va  à  Saint  Souplicen  (i653); 
frrue  devant  la  porte  Sainct  Michel  r  (1570).  Le  nom  de  rue  des  Francs-Bourgeois 
est  peu  ancien,  car  nous  ne  l'avons  point  trouvé  consigné  dans  les  titres  avant  le 
règne  de  Louis  XIV;  mais  il  a  pu  être  en  usage  antérieurement,  car  le  clos  de  la 
grande  confrérie,  qui  a  motivé  cette  appellation,  est  dit  trie  cloz  des  Francz- 
(t Bourgeois n  dans  le  censier  de  lôaS^'^  Cette  désignation  n'avait  d'ailleurs  au- 
cune raison  d'être,  attendu  que  les  membres  de  la  confrérie  n'étaient  nullement 
exempts  d'impôts,  et  ne  méritaient  point  par  conséquent  qu'on  les  qualifiât  de 
francs  bourgeois. 

CÔTE    ORIENTAL. 

PAROISSE  SAINT-SLLPIGE. 

JUSTICE 

ET   CENSIVE  DU  PARLOIH-AUX-BOURGEOIS, 

Dépendances  de  l'hôtel  de  la  Sybène  ,  faisant  le  coin  de  la  rue  des  Boucheries 
(de  l'Ecole-de-Médecine),  et  s'étendant  sur  trois  places  acquises  de  la  Ville.  La 
première,  qui  était  déjà  aliénée  dans  le  premier  tiers  du  xvi"  siècle,  et  que  Jean 
Lamoureux  vendit,  en  ihU'],  à  Julien  de  Bonacursi,  propriétaire  de  la  maison 
située  en  face,  fut  acquise,  le  2  mai  i56i,  par  Charles  de  Dormans;  elle  était 
large  de  douze  toises,  et  en  olfrait  sept  de  profondeur  d'un  côté  et  quatre  de 
l'autre.  La  deuxième  était  large  de  huit  toises,  et  la  troisième,  mesurant  treize 
toises  et  demie  de  largeur,  avait  une  superficie  de  quatre-vingt-douze  toises  '"^'. 
Celle-ci  fut  prise  à  bail  par  Charles  de  Dormans,  le  18  juin  i56i;  mais  nous 
ignorons  si  elle  n'avait  point  été  aliénée  précédemment.  Vincent  Notaire,  proprié- 
taire de  l'hôtel  de  la  Syrène,  en  posséda  pareillement  les  dépendances,  qu'il 
morcela,  par  une  série  de  transactions  qui  portent  les  dates  du  U  novembre  i6o5  , 
des  22  mars,  6  octobre  1608,  etc.,  et  dont  nous  n'avons  pu  suivre  le  détail. 

C'est  sur  l'emplacement  des  anciennes  dépendances  de  l'hôtel  de  la  Syrèue 

'''  Arcli.  nal.  S  3o59,  f"'-  '^o'  ''"•  —  '^'  ^^  entrevoit  à  peine  l'agencement  de  cette  place. 


RUE  MONSIEUR-LE-PRINCE.  231 

que  les  administrateurs  de  l'Hôtel-Dieu  ont  fait  ouvrir  la  rue  de  Touraine,  à  la 
fin  de  l'année  1678  ou  dans  le  courant  de  l'année  1671^.  Cette  spéculation  a 
causé  un  bouleversement  complet  dans  les  terrains  des  environs,  où  nous  ne 
retrouvons  plus  le  lotissement  ancien. 

Place  baillée  par  la  Ville  à  Gilles  Pinel,  le  11  mars  1608.  Elle  avait  seize 
toises  de  largeur  sur  cinq  toises  un  pied  de  profondeur  vers  le  nord,  et  neuf 
pieds  seulement  vers  le  sud.  Pinel  la  divisa  en  deux  parties  :  une  première,  large 
de  quatre  toises,  qu'il  céda,  le  19  septembre  1608,  à  François  Ferry,  et  la  se- 
conde, large  de  douze,  qu'il  céda,  le  k  novembre  suivant,  à  Claude  Paulmier, 
par  lequel  elle  fut  ensuite  morcelée. 

iNous  n'avons  point  vu  que  la  place  acquise  par  Pinel  ait  été  donnée  à  bail 
avant  1  608,  et  les  terrains  qui  la  suivaient  ne  l'ont  été  que  postérieurement;  mais 
il  y  avait  au  xvi''  siècle,  près  de  la  porte  Saint-Michel,  quatre  ou  cinq  petites  mai- 
sons qui  furent  démolies  en  1689;  l'une  avait  été  baillée  à  Pierre  Lombard,  le 
9.lx  juin  1 5A2 ,  et  paraît  avoir  fait  le  coin  du  chemin  sur  le  fossé,  au  bout  du  pont 
Dormant.  Dans  les  environs  se  trouvait  une  place  qui  fut  cédée,  le  1'"' avril  ibko, 
à  René  Fleury,  et  mesurait  sept  toises  de  large  sur  trois  toises  deux  pieds  de  pro- 
fondeur vers  le  midi  et  dix-huit  pieds  vers  le  nord. 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 

PAROISSE   SAINT-SLLPICE. 

JLSTICE  DU  ROI. 

OENSIVE  DE  LA  GRANDE  CONFRÉRIE. 

(Clos-aux-Bourgeois). 

Maison  sans  désignation  (i585),  et  de  plan  triangulaire,  formant  le  coin  de  Kntre 

I  ,,i^     CI  •i>>-  i'-l"J]  les  rues  d'Kiifci 

la  rue  d  Lnier.  Le  terram  de  celle  maison ,  mesurant  dix  toises  deux  pieds  sur  Ja  «t 

rue,  quatorze  toises  deux  pieds  d'un  côté  et  douze  toises  quatre  pieds  de  l'autre,       "  ""ii'iix. 
renfermait  un  berceau  de  cave  avec  trois  caveaux,  lorsque,  le  7  février  1534,  il 
fut  baillé  à  bâtir  au  procureur  Louis  Boucher,  par  le  fondé  de  pouvoirs  de  Marthe 
de  Selve,  veuve  de  François  Roger,  procureur  général  au  parlement  de  Rouen. 

L'emplacement  de  la  maison  de  Louis  Boucher  et  de  toutes  les  suivantes  jus- 
qu'à la  rue  de  Vaugirard  était  occupé,  au  xv'^  siècle,  par  les  jardins  de  l'hôtel  de 
Bourges.  (  Voir  Rue  d'Enfer.) 

Maison  sans  désignation  en  i5ii5,et  alors  nouvellement  bâtie  ;  puis  de  l'Image- 
Saint-Jean  (i568.  .  .)  et  DU  Heaume  (iGia).  Elle  renfermait,  dès  i558,  un  jeu 
de  paume,  qui  tombait  en  ruine  vers  1077  et  fut  réédifié  en  1667;  il  s'appelait 
le  Jeu  de  paume  Fesson.  Le  terrain  de  la  maison  de  l'Image-Saint-Jean  fut  cédé 


232  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS, 

par  Marthe  de  Selve  à  Antoine  Ghoquier,  le  aB  septembre  1587;  il  est  énoncé 
dans  l'acte  de  vente  :  cr  place  en  laquelle  est  de  présent  une  grande  porte,  n  Cette 
grande  porte  était  sans  doute  celle  de  l'ancien  hôtel  de  Bourges. 

Maiso\  sans  désignation  en  i586,  puis  du  Grand-Roi-Fr,\nçois  (1622).  Elle  fut 
élevée  sur  un  terrain  vendu  par  Marthe  de  Selve  au  procureur  M*^  Guy  Baillart. 
le  q  février  i534,  et  elle  paraît  avoir  été  annexée,  dès  le  xvi*  siècle,  à  la  maison 
suivante. 

Maison  et  jeu  de  paume  des  ccRabatus  w  [i^jk),  ou  « Ratz  batteurs ti  (iSSa).  Un 
morcellement  de  cette  propriété  avait  pour  enseigne  la  Croix-Blanche  en  16/12, 
et  le  jeu  de  paume  qui  en  dépendait  s'appelait  alors  le  Jeu  de  paume  du  Pavillon- 
Royal.  La  maison  des  Rats-Batteurs,  dont  l'enseigne  comportait  un  jeu  de  mots*'', 
avait  été  construite  sur  un  terrain  vendu  par  Marthe  de  Selve  au  maçon  Jean 
Martin,  le  7  février  1.534;  ce  terrain  était  clos  dès  1587. 

Maison  de  la  Cage-d'Or  (1679-1582),  dépendance  de  la  suivante. 

Maison  de  l'Image-Saunt-Michel  (i565?-i  582),  contenant  un  jeu  de  paume, 
qui  s'est  appelé,  en  i6ûo,  le  Jeu  de  pamm  de  Montgaillard.  Le  terrain  de  cette 
maison  et  de  la  précédente  fut  vendu  par  Marthe  de  Selve  à  Glaude  Verdureau , 
le  7  février  1  536. 

Maison  des  Trois-Boules  (157/I-1582),  qui  appartenait,  en  tb'jh,  à  Baptiste 
Bérardier,  rr joueur  de  comédie, n  et  avait  été,  avant  lui,  à  Jean  de  Bénac,  sieur 
de  rBeauTî  (Baux).  Le  terrain  de  cette  maison  fut  vendu  par  Marthe  de  Selve  à 
Jean  des  Gastières,  rtmaistre  esteufier,T)  le  7  février  i53/i. 

Maison  de  la  Grenade  (1669-1 563),  puis  de  l'Agnus-Dei  (1671),  qu'on  appelait 
LA  Grande-Brasserie  en  1607.  Elle  fut  donnée,  le  26  novembre  1669,  à  l'église 
Saint-Côme,  par  M'=  Antoine  Lefèvre,  vicaire  de  Saint-Séverin.  Le  terrain  de  cette 
maison  et  des  deux  suivantes  avait  été  acheté  par  Guillaume  Lefèvre,  de  Marthe 
de  Selve,  le  8  juin  i635. 

Maison  sans  désignation  en  1671,  puis  de  la  Pie  (i632).  C'est  peut-être  la 
même  que  celle  du  Coffin  (i56o),  que  nous  n'avons  pu  reconnaître. 

Maison  sans  désignation  (1682),  faisant  le  coin  méridional  de  la  rue  de  Vaugi- 
rard.  On  voit,  par  le  plan  de  161  5,  qu'elle  était  alors  divisée  en  trois  maisons 
ou  corps  d'hôtel  :  le  premier  formant  l'encoignure,  et  les  deux  autres  ayant  leur 
façade  sur  la  rue  de  Vaugirard.  Un  arpentage  de  1612  indique  que  le  troisième 
corps  d'hôtel ,  offrant  une  superficie  de  neuf  toises,  constituait  une  maison  distincte, 
et  que  les  deux  premiers  corps  d'iiôtel  étaient  réunis  en  une  seule  propriété.  Nous 
sommes  sûr  toutefois  que  le  second  corps  d'hôtel  est  la  même  maison  que  celle 
qui,  mesurant  quatre  toises  de  largeur  sur  quatre  toises  de  profondeur,  apparte- 
nait, en  1 55 1,  à  Pierre  de  la  Baume  (a/ia«  de  la  Bonne),  doreur  sur  fer.  Il  semble 

'''  Rats  batteurs.  Rabatteurs.  —  Rabattre  à  la  ia  balle  h  la  partie  adverse  le  plus  près  de  terre 
loiijfue  paume ,  disent  les  dictionnaires ,  cesl  envoyer        qu'il  est  possible. 


RUE  MONSIEUR-LK-PRINCE.  233 

aussi  qu'une  certaine  maison  de  l'Etoile,  mentionnée  en  iByG,  doit  ne  pas  différer 
de  la  maison  du  coin,  laquelle,  probablement,  n'était  point  encore  séparée  de  la 
précédente. 

JUSTICE 
ET  C.EiNSlVE  DE  L'ABBAYE  SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS. 

Toutes  les  maisons  du  côté  occidental  de  la  rue  Monsieur-ie-Prince,  jusqu'au  Entre 

droit  de  la  rue  de  Touraine,  furent  élevées  sur  une  grande  pièce  de  terre  de  '"'"euie'con"dé."" 
quatre  arpents  trois  quartiers  et  demi,  rrappellée  Bel  Aym  (i5  iB-iô-iy),  que 
les  Cordeliers  vendirent  cent  livres  à  Ange  Coignet,  sieur  de  Croix-Fontaine, 
avocat  au  Parlement.  Celui-ci,  ayant  annoncé  l'intention  de  bailler  son  terrain  à 
des  particuliers  pour  qu'ils  y  construisissent,  rencontra,  à  ce  sujet,  une  vive  op- 
position de  la  part  des  religieux  de  l'abbaye,  qui  lui  reprochèrent,  entre  autres 
choses,  de  s'approprier  une  lisière  de  sol  à  eux  appartenant  et  large  de  trois  à 
quatre  pieds.  L'affaire  se  termina  par  un  accord  du  i"^''  août  1 5 1 5  ,  suivant  lequel 
Coignet  s'engagea  à  payer  aux  moines  une  rente  annuelle  de  six  sous  parisis,  et 
fut  libre  ainsi  de  procéder  à  l'aliénation  de  sa  propriété. 

Grwde  maison  sans  désignation  en  i5A3,  puis  de  lImage-Notre-Dasie  (162 8), 
faisant  le  coin  septentrional  de  la  rue  de  Vaugirard.  Elle  paraît  être  la  même  que 
le  ffgrant  liostel  de  Bel  Ayr.  -n  mentionné  en  16/17,  ^^  ^^^  élevée  sur  un  jardin  ou 
place  vide  baillée,  en  i53i,  par  Ange  Coignet  à  Pierre  Jacquin,  principal  du 
collège  de  Calvi.  Ce  jardin  mesurait  vingt-sept  toises  sur  la  rue  de  Vaugirard, 
vingt-deux  toises  sur  la  rue  Monsieur-le-Prince ,  vingt  toises  cinq  pieds  et  sept 
toises  un  pied  dans  les  deux  autres  sens. 

Maison  sans  désignation  en  16^7,  puis  jeu  de  paume  du  Beau-Begard  (i56o- 
1687),  où  il  y  avait  une  académie  en  1726.  Elle  semble  avoir  eu,  dès  16^7,  des 
dépendances  sur  la  rue  de  Vaugirard,  et  fut  élevée  sur  une  place  cédée  par 
Ange  Coignet  au  coutelier  Georges  Mêlais,  le  3ojuin  i5i8. 

Maison  sans  désignation  en  i53i,  puis  jeu  de  paume  de  s  Bel  Estât  n  (Bel-Ebat) 
(1567)  et  DU  Petit-Benard  (1628-1687),  élevée  sur  un  lot  de  terre  cédé  par 
Ange  Coignet  à  Nicole  Aubry,  avant  l'année  1619. 

Maison  sans  désignation  en  i53i,  puis  jeu  de  paume  de  la  rtCirÉ  de  Jhe'rusalem  n 
(15^6-1687).  Vers  17Û0,  réunie  à  la  suivante,  elle  renfermait  encore  un  jeu  de 
paume. 

Maison  sans  désignation  (  1  53 1). 

Maison  sans  désignation  (i53i),  bâtie  sur  une  place  large  de  quatre  toises  et 
profonde  de  dix-sept  et  demie,  baillée,  le  10  janvier  1627,  à  Bichard  Le  Tort, 
tailleur.  Elle  fut  acquise,  le  18  août  1703,  par  le  prince  de  Condé.  et  servit  à 
agrandir  son  hôtel,  dans  lequel  elle  fut  englobée,  de  sorte  qu'on  n'en  retrouve 


234  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

aucun  plan.  Même  défaut  d'indication  pour  les  maisons  suivantes  qui  ont  été 
pareillement  abattues  pour  l'accroissement  de  l'hôtel. 

Maison  sans  désignation  en  i53i,  puis  jeu  de  paume  de  Plaisance  (  i  B/iy-iGgo), 
acquis  par  le  prince  de  Condé,  le  12  avril  1707.  Cet  établissement  paraît  être 
le  même  que  le  jeu  de  paume  de  la  Queue-de-Renard ,  mentionne  en  iSgB. 

Maison  sans  désignation  (i53i),  acquise  par  le  prince  de  Condé,  le  aa  août 

1699.  Nous  n'avons  vu  aucun  plan  de  cette  maison,  ni  de  celles  que  nous  énon- 
çons à  la  suite  et  qui  ont  été  également  réunies  à  l'hôtel  de  Condé;  il  n'est  donc 
pas  possible  d'en  indiquer  les  dimensions. 

Maison  sans  désignation  (i53i),  acquise  par  le  prince  de  Condé  le  19  août 

Maison  sans  désignation  en  1 53  1,  puis  du  Saint-Esprit  (1628),  acquise  par 
le  prince  de  Condé  le  i'"'  juin  1705. 

Maison  sans  désignation  (i53i),  acquise  par  le  prince  de  Condé  le  k  sep- 
tembre 1700. 

Maison  sans  désignation  (i53i),  acquise  par  le  prince  de  Condé  le  17  août 

1700.  Cette  maison  et  les  quatre  précédentes  étaient  tren  masuren  dans  les  der- 
nières années  du  xvi*^  siècle. 

Plusieurs  maisons  sans  désignation  (i53i),  qui  lurent  la  propriété  du  cardinal 
de  Tournon,  et  qui,  dès  iBgo,  ainsi  que  les  deux  suivantes,  appartenaient  à 
M.  de  Gondi,  comme  on  le  voit  par  le  censier  de  ladite  année.  Elles  y  sont  énon- 
cées, en  effet,  dans  un  seul  article,  sans  détails,  peut-être  parce  qu'elles  ne  for- 
maient, en  réalité,  qu'une  seule  maison  divisée  en  plusieurs  corps  d'hôtel.  Avant 
1699,  l'hôtel  de  Condé  ne  s'étendit  point,  dans  la  rue  Monsieur-le-Prince  et  vers 
le  midi,  au  delà  de  l'emplacement  occupé  par  ces  maisons. 

Maison  sans  désignation  (i53i),  qui  fut  absorbée  dans  l'hôtel  de  Gondi.  Coignet 
l'avait  bâtie  sur  un  emplacement  qu'il  s'était  réservé  dans  la  vente  de  son  terrain. 

Maison  sans  désignation  (1023),  dont  l'emplacement  a  été  compris  le  dernier 
dans  l'hôtel  de  Condé.  Elle  fut  biUie  sur  un  terrain  mesurant  quatre  toises  de 
largeur  et  vingt  de  profondeur,  et  fut  baillée  par  Coignet  à  Nicolas  Lourdel,  en 
i5io? 

Maison  avec  jeu  de  paume  (1 53 1  ) ,  ayant  pour  enseigne  la  «  Chiche  Face  ti  (  1  595). 
En  1628,  elle  était  unie  à  la  maison  correspondante  de  la  rue  de  Condé.  Elle 
fut  aussi  achetée  par  le  prince  de  Condé,  et  probablement  en  même  temps  que 
la  suivante. 

Maison  avec  jeu  de  paume,  sans  désignation  en  1822,  puis  de  la  Salamandre 
(156/1-1628).  Elle  avait  été  bâtie  sur  un  terrain  large  de  liuit  toises  et  profond 
de  dix-sept  toises  quatre  pieds,  cédé  par  Etienne  Taboullart  à  Jacques  Testelin, 
le  7  juillet  i5i6.  Le  prince  de  Condé  en  fit  acquisition  le  5  juillet  1703. 

Jardin  (i53i),  puis  maison  du  Griffon  (iSgS).  En  1628,  cette.j[naison  dépendait 


RUE  DU  SABOT.  235 

de  celle  de  la  rue  de  Condé  à  laquelle  elle  aboutissait,  et  fut  achetée  par  le  prince 
de  Condé  au  mois  de  décembre  1708.  Elle  avait  été  élevée  sur  deux  pièces  de 
terre  cédées,  le  1  0  mai  1 5 20,  par  la  veuve  de  Gilles  Liénard  à  M"  Pierre  François, 
dit  de  Colonia,  chanoine  de  Saint-Benoît.  La  première  de  ces  pièces,  qui  avait  été 
baillée  le  22  novembre  i5i5  à  Jacques  L'Héritier,  avait  environ  quinze  toises  et 
six  pouces  de  profondeur  sur  quatre  toises  un  pied  de  largeur;  la  seconde,  un 
peu  moins  profonde,  était  large  de  cinq  toises.  Toutes  les  deux  aboutissaient  à  la 
propriété  de  Durant  Parques,  ce  qui  nous  a  permis  d'en  restituer  l'emplacement. 

Jardim  (i53i),  puis  maison  sans  désignation  (i543),  qui  fut  achetée,  le  18  fé- 
vrier 1705,  par  le  prince  de  Condé.  C'est  la  dernière,  dans  cette  direction,  que 
ce  personnage  ajouta  à  son  hôtel.  Elle  constituait  l'extrémité  de  la  pièce  de  terre 
d'Ange  Coignet,  et  contenait,  en  1628,  cent  trente  toises  de  superficie.  Une  partie 
du  terrain  qu'elle  occupait  était  formée  d'une  place  de  douze  toises  de  profon- 
deur sur  cinq  toises  un  pied  de  largeur;  cette  place,  contiguë  aux  terrains  dont 
nous  venons  de  parler,  avait  été  baillée  en  même  temps  à  de  Colonia,  et  aboutissait 
à  la  maison  du  Petil-Ecu-de-France.  Au  même  lieu  avait  existé  un  lot  de  quatorze 
toises  de  largeur,  baillé  par  Coignet  à  Jean  Yve,  le  20  novembre  i5i6. 

Deux  jardins  (16^7)  dépendant  de  la  maison  du  Riche-Laboureur,  faisant  le 
coin  de  la  rue  de  Condé.  En  1628,  à  la  place  de  ces  jardins,  il  y  avait  des  cons- 
tructions formant  la  partie  postérieure  de  deux  maisons  ayant  leur  entrée  par  la 
rue  de  Condé. 


RUE   DU   SABOT 

(faisant  AUJOURD'HUI  PARTIE   DE   LA   RUE  BERNAHD-PALISSY  ). 

La  rue  du  Sabot  commence  à  la  rue  du  Four  et  finit  à  la  rue  du  Dragon. 

Cette  petite  rue,  assez  rarement  mentionnée  à  cause  de  son  peu  d'importance, 
apparaît  pour  la  première  fois  dans  un  titre  de  1/168,  où  elle  est  énoncée  tr  ruelle 
a  qui  va  en  la  rue  du  Four.'»  Au  xvi*  siècle,  on  l'appelait  «rue  Copieuses  (iSaS, 
i53i,  etc.),  à  cause  du  clos  Copieuse,  qui  formait  une  de  ses  encoignures.  Dans 
le  censier  de  i53i,  elle  est  appelée  a  petite  ruelle  qui  descend  du  chemin 
ffdudicthostel  du  Sépulchre  à  la  rue  du  Four,^  et  dans  le  censier  de  iBgS,  rtrue 
ffde  l'Arpenteur. D  Ce  dernier  vocable  n'a  jamais  été  signalé,  et  nous  ne  l'avons 
point  rencontré  ailleurs.  Le  nom  de  rue  du  Sabot  ne  commence  à  être  employé 
dans  les  actes  qu'à  l'époque  de  Louis  Xlil,  bien  que  l'enseigne  du  Sabot,  d'oii  H 
provient,  soit  beaucoup  plus  ancienne.  La  rue  du  Sabot  doit  se  confondre  avec 
une  certaine  rue  Saunel-le-Breton,  dont  les  auteurs  ne  parlent  point  non  plus,  et 

3o. 


236  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

qui  est  indiquée  dans  un  titre  du  22  juin  i5i8.  H  nous  paraît,  en  effet,  impos- 
sible d'interpréter  autrement  le  passage  de  ces  pièces  où  il  est  question  d'une 
maison,  que  nous  connaissons  d'ailleurs,  qui,  ayant  sa  façade  sur  la  rue  de 
l'Égoiit  et  faisant  le  coin  de  la  rue  du  Four,  aboutissait  par  derrière  a  à  quelzques 
ff  myneurs,  avec  un  aultre  petit  jardin  joignant  en  la  rue  Saunet  le  Breton.^  A  la 
date  de  1728,  on  trouve  la  mention  suivante  :  «rue  appellée  aux. Vaches,  autre- 
(t  ment  dite  du  Sabot,  -n 

Une  seule  propriété  avait  son  entrée  principale  dans  la  rue  du  Sabot  :  c'était 
un  petit  jardin  (iBaS),  remplacé  plus  tard  par  une  petite  maison,  qui,  située  du 
côté  oriental  de  la  rue,  séparait  l'hôtel  de  Taranne  de  la  maison  faisant  le  coin 
de  la  rue  du  Four.  Ce  jardin,  dépendant  probablement  de  la  maison  du  Sabot,  est 
celui  auquel  il  fait  allusion  dans  le  document  énonçant  la  rue  Saunet-le-Breton. 


RUE   DE    SEINE. 

La  rue  de  Seine,  prolongée  en  1812  jusqu'à  la  rue  de  Tournon,  commençait 
auparavant  à  la  rue  de  Bussy,  et  elle  a  toujours  fini  au  quai  Malaquais. 

La  principale  destination  de  la  rue  de  Seine  était  de  conduire  les  habitants  du 
bourg  Saint-Germain  et  du  quartier  Saint-André  au  port  de  Nesle,  et,  subsidiai- 
rement,  au  Petit-Pré-aux-Clercs.  Confondue  avec  une  partie  de  la  rue  de  Bussy, 
elle  est  énoncée,  dans  une  charte  de  1269,  viens  per  quem  itur  ad  Secanam;  puis, 
dans  les  documents  postérieurs,  «chemin  par  lequel  on  va  de  ladicte  abbaye  à 
tf  icelle  rivière  T)  (  iTiZig);  a  chemin  allant  au  Pré  aux  Clercs  et  à  la  rivières  (1  5io); 
ff  chemin  qui  va  de  Sainct  Germain  à  la  rivières  (1529);  ff  chemin  qui  tend  de 
ff  ladicte  rue  (de  Bussy)  aux  Prés  aux  Clercs  a  (i522);  ffchemyn  de  la  Rivière  n 
(  1  5 2 8 )  ;  «  chemin  du  Port  11(1529);  «  cliemin  du  Port  aux  Passeurs  ti  (  1  5 3 o ) ,  et 
ff  chemin  de  l'Ahruvoir,  de  présent  appelle  la  voye  de  Seine  n  (i53i).  Dans  un 
acte  de  i52i,nous  lisons  «rue  de  Seyne,  nouvellement  ainsi  nommée;T!  cepen- 
dant il  y  avait  plus  de  trente  ans  que  l'appellation  était  en  usage,  puisque  nous 
l'avons  rencontrée  dans  une  transaction  de  1^89. 

Du  côté  occidental  de  la  rue  de  Seine,  entre  les  rues  de  Bussy  et  du  Colombier, 
il  y  avait  des  constructions,  c'est-à-dire  une  tuilerie,  dès  le  xiv'=  siècle,  et  plus 
bas,  à  la  même  époque,  la  voie  paraît  avoir  été  bordée  par  les  murs  du  Séjour  de 
\esle;  mais  les  maisons  bâties  au  lieu  où  était  ce  séjour,  et  à  partir  de  la  rue  du 
Colombier  jusqu'à  la  rivière,  n'ont  été  élevées  que  de  i535  environ  à  i5/ii,  sur 
des  terrains  depuis  très-longlemps  rendus  à  la  culture  ou  y  ayaut  toujours  été 
consacrés.  Du  côté  oriental,  on  éleva  les  premières  maisons  en  i53o,  année  qui 
doit  être  celle  où  la  rue  de  Seine,  élargie,  reçut  l'alignement  qu'elle  a  conservé. 


RUE  DE  SEINE.  237 

Elle  ne  fut  pavée,  au  reste,  qu'en  i565,  à  la  suite  d'un  arrêt  rendu,  le  3o  mars, 
sur  la  réquisition  de  l'abbé  de  Saint -Germain,  et  qui  avait  été  précédé  d'un  autre 
du  2  janvier  tblxli  (i5^5  n.  st.)'".  La  pente  devait  être  d'un  demi-pouce  par 
toise.  En  i563,  la  rue  semblait  assez  récente  pour  qu'on  l'appelât  trrue  de  Seine 
ft  nouvellement  faicte,Ti  et  en  i54i ,  alors  qu'elle  était  encore  inachevée,  elle  est 
dite  trrue  encomniancée  à  faire,  par  laquelle  on  va  de  la  porte  Saint  Germain 
ffsur  la  rivière  de  Seine,  n  Le  nom  de  rue  de  Seine  n'a  été  d'un  emploi  général 
qu'un  peu  plus  tard,  et,  suivant  Sauvai,  on  y  a  fréquemment  substitué  celui  de 
rue  Dauphtne,  à  cause  de  l'hôtel  Dauphin  ou  de  Liancourt.  Nous  croyons  effec- 
tivement avoir  vu  un  exemple  de  ce  vocable,  mais  nous  n'en  avons  point  ren- 
contré deux,  ce  qui  prouve  qu'il  est  extrêmement  rare  dans  les  titres. 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 


PAROISSE  SAINT-SLLPIGE. 

JUSTICK  ; 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE  SAI>T-GERMAI\. 

Maisons  sans  désignation  (iBgô),  contiguës  aux  maisons  du  coin  occidental  de  i''"''» 

la  rue  de  Bussy ,  et  faisant  le  coin  méridional  de  la  rue  du  Colombier.  Elles  étaient,    ,.t(in  coiombicr.' 
dans  la  première  moitié  du  xvi"  siècle,  confondues  avec  la  tuilerie  de  Moussy. 
(Voir  Rue  de  Bussy,  p.  ^12.)  En  1628,  entre  la  rue  de  Bussy  et  la  rue  du  Colom- 
bier, on  comptait  neuf  propriétés  distinctes,  et  celle  du  coin  de  la  rue  du  Colom- 
bier avait  pour  enseigne  h  Bergerie. 

Maison  sans  désignation  (iblii),  fai.sant  le  coin  septentrional  de  la  rue  du  E"»"^ 

,>  1        i-ii  1        •  -vil*     iesruusduColombicr 

Colombier,  et  aboutissant  rue  de  l'Ecliaudé.  Elle  fut  bâtie  sur  une  pièce  de  huit  ct<ieri'>i]o.uié. 
perches  et  demie,  baillée,  le  6  mai  10^1,  à  M"  Nicole  Le  Brun,  qui  en  rétro- 
céda une  partie  à  M''  .Jean  Martin  et  à  M*  Léon  de  Marzelles.  Le  terrain  qu'elle 
occupe,  avec  les  maisons  suivantes,  servait  encore,  en  i53i,  à  déposer  les 
r  thuilh'auxfl  de  la  tuilerie  voisine,  dont  les  propriétaires  le  prenaient  à  bail 
poui-  cet  usage.  C'est  apparemment  lorsqu'on  a  commencé  à  y  construire  qu'a  été 
donné  à  la  rue  du  Colombier  le  débouché  qu'elle  possède  sur  la  rue  de  Seine,  et 
dont  il  est  fait  mention  dans  le  censier  de  15/17,  '^^  '^  ^^^  •^'*  1"*^  '^  ''^"  s'appe- 
lait alors  frlEschauldéii  !2). 

Maison  sans  désignation  (  1  âgo),  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  de  l'Echaiidé. 
Elle  était  en  ruines,  lorsqu'elle  fut  cédée,  le  28  mars  iSgo,  au  barbier  .leaii 

'''  La  (laie  de  ce  premier  arrêl  est  indiquée  dans        texte  du  second  dans  ses  Preuves  (t.  IV,  p.  71.1). 
les  registres  du  Parlement,  et  Féiibien  donne  le  '*'  Arch.  nal.  reg.  U.  nao,  fol.  .^qq  v". 


238  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Leschemains  par  Marie  de  Villars.  Elle  avait  été  construite  sur  un  terrain  cunéi- 
forme de  cinq  toises  de  profondeur,  baillé,  le  7  mai  i586,  à  Geoffroy  Lambert, 
cette  place,  est-il  dit  dans  l'acte,  ayant  été  et  de  tout  temps  délaissée  en  voirye  et 
(f  descharge  d'ordures  n  O. 

Entre  Maison  sans   désignation   en  i5Zi3,   puis  du  Petit-Saixt-Jean  (1628-1720), 

et  des  Marais,      faisaut  l'eucoignure  occidentale  de  la  rue  de  l'Echaudé.  Elle  aboutissait  à  celle  de 

Guillaume  Maillard,  rue  du  Colombier,  et  paraît  lui  avoir  également  appartenu. 

Elle  fut  augmentée,  en  ibli3,  d'un  emplacement  de  cinq  toises  carrées,  pris  sur 

le  terrain  du  Petit-Pré-aux-Clercs. 

Maison  sans  désignation  (1695),  provenant  d'un  morcellement  de  la  suivante. 
Vers  i56o,  le  terrain  en  fut  augmenté  de  vingt-quatre  toises  et  demie,  retran- 
chées de  la  maison  Nicolas  Baujoan,  située  rue  du  Colombier. 

Grande  maison  couverte  d'ardoise  (15^7),  qui  fut  bâtie  par  Arnault  Palerne, 
procureur  au  Parlement,  sur  un  terrain  à  lui  badlé  par  l'abbaye,  le  i"  mars 
i5/i3.  En  i568,  elle  était  au  procureur  Gabriel  Montaigne;  en  lôgS,  au  prési- 
dent Thévin,  et,  en  1677,  au  président  Boulanger  de  Viarmes.  Elle  renfermait, 
vers  1670,  un  manège  ou  académie,  et  s'étendait,  vers  l'ouest,  sur  des  terrains 
qui  dépendent  actuellement  d'une  maison  de  la  rue  du  Colombier. 

Maison  de  la  rr Margarite n  (iBgB),  puis  des  Trois-Pensées  (1628).  C'était  un 
morcellement  de  la  précédente,  à  laquelle  elle  aboutissait. 

Maison  sans  désignation  en  iBqS,  puis  du  Fémx  (1628)  et  de  l'Annonciation 
(1686). 

Maison  de  ^l'Image  Saint  Ypolle'teh  (iBgB),  puis  des  Trois-Boules  (1628- 
1  720)  et  de  LA  Ville-de-Chaumont  (1717).  Elle  a  été  quelquefois  confondue  avec 
la  suivante,  dans  laquelle,  en  16/17,  ^^'^  ^^ait  comprise  ainsi  que  la  précédente. 

Maison  sans  désignation  (15A7),  faisant  le  coin  méridional  de  la  rue  des 
Marais. 

Entre  Maison  saHs  désismatiou  en    iS^v,  puis  du  Fer-à-Ciieval  (i5q5),  faisant  le 

la  rue  des  Marais  "  '       ■■  \         u     / 

et  le  quai.        coiu  septentHonal  de  la  rue  des  Marais.  Vers  1628,  elle  était  divisée  en  deux. 

Maison  de  la  Croix-Blanche  (1595-1628),  provenant  d'un  morcellement  de  la 
précédente. 

Maison  sans  désignation  en  16^7,  puis  du  Point-du-Jour  (1628-1687).  Vers 
1  5^7,  elle  appartenait  au  peintre  crLoys  Vachot,Ti  et,  en  1  ôga,  elle  était  séparée 
de  la  suivante  par  une  autre  maison,  absorbée  plus  tard  dans  une  de  celles  qui 
lui  étaient  attenantes. 

Cette  maison  et  celles  qui  précèdent,  depuis  l'hôtel  du  président  Thévin,  furent 

'"'  La  maison  construite  sur  cet  emplacement  étant  mentionnëe  dès  1690,  Jaiilol  se  trompe  en  disant 
qu'on  ne  permit  d'y  bâtir  qu'en  1  608. 


RUE  DE  SEINE.  239 

construites  sur  la  pièce  d'un  arpent  et  demi  que  le  cardinal  de  Tournon  céda, 
le  aT)  septembre  i538,  à  l'avocat  du  roi  Gilles  Le  Maître,  comme  dédommage- 
ment des  pertes  de  terrain  subies  par  ce  dernier  lors  de  l'élargissement  de  la 
rue  de  Seine  et  de  la  rue  sur  les  fossés.  (Voir  Rue  Mazarine.)  Il  avait  été  convenu 
toutefois  que  Lemaître  payerait  à  l'abbaye,  à  titre  de  redevance  féodale,  un  cens 
de  six  sous  parisis.  Le  i3  novembre  suivant,  François  Bastonneau,  voisin  de 
Le  Maître,  s'engagea  à  acquitter  ce  sens  pour  lui,  en  échange  d'une  perche  de 
la  pièce  appartenant  à  ce  dernier.  Suivant  les  titres,  la  pièce  en  question  oll'rait 
une  largeur  de  dix  perches,  devant  et  derrière,  sur  une  profondeur  de  quinze. 
Elle  devait  donc  empiéter  sur  le  Petit-Pré-aux-Clercs,  car  les  limites  de  ce  pré, 
vers  l'orient,  ne  s'éloignaient  guère  de  la  rue  de  Seine  que  de  trente-cinq  ou 
trente-six  toises.  Cependant  on  lit  dans  le  censier  que  cette  profondeur  de  quinze 
perches  se  continuait  trjusques  à  un  fossé,  icelui  comprins,  qui  sépare  le  Pré  aux 
(T  Clercs  de  ladicle  terre,  v 

HÔTEL  Dauphin,  de  Bouillon,  de  Liancourt  et  de  la  Rochefou- 
cauld, aboutissant  rue  Bonaparte.  Cet  hôtel  occupait  l'emplacement  de  deux 
propriétés  contiguës,  qui  bordaient  la  rue  de  Seine,  et  dont  la  première  conte- 
nait un  demi-arpent.  Après  avoir  appartenu  à  Charles  do  Magny,  rr  capitaine  de  la 
f  port»'  du  Roi, 71  elle  était,  dès  i538,  à  François  Bastonneau,  notaire,  lequel  y  fil 
construire  une  maison.  La  seconde  propriété  consistait  en  un  jardin  clos,  d'en- 
viron sept  quartiers,  lequel,  après  avoir  appartenu  aussi  à  Charles  de  Magny, 
et  ensuite  à  Jean-Jacques  de  Mesmes,  seigneur  de  Roissy,  lieutenant  civil  de  la 
prévôté  de  Paris,  était  passé,  dès  i5/i3,  aux  mains  de  Nicolas  Dangu,  évoque  de 
Seez''',  puis  de  Mende.  En  i586,  les  deux  propriétés  étaient  fondues  en  une 
seule,  et  appartenaient  à  François  de  Bourbon,  duc  de  Montpensier,  dauphin 
d'Auvergne;  d'où  le  nom  de  irhostel  Daulphimi  qu'on  trouve  dans  le  censier  de 
1 690 ,  où  il  est  dit  ([ue  l'hôtel  était  alors  possédé  par  M.  de  Penillac.  Il  fut  ensuite 
acquis  par  Henri  de  la  Tour,  duc  de  Bouillon,  maréchal  de  France*^),  et  après 
sa  mort,  arrivée  en   1628,  par  Roger  du  Plessis,  sieur  de  Liancourt,  qui  le  fit 


'''  U.  Bnnillarl  rapporte  (p.  191)  que  le  roi 
Charles  l\  alla  loger,  en  i56i,  nie  de  Seine,  chez 
l'ëvêque  de  Ciiàloiis.  Cet  liôlel  ëtait  peut-être  le 
même  que  celui  de  M.  Uang-u. 

'*'  Le  fameux  Salomon  de  Brosse,  architecte  du 
palais  du  Luxenihourg.  fil  dans  l'hôtel  de  liouillon 
des  travaux  de  construction ,  à  l'occasion  desquels  il 
dëlivrd  le  reçu  suivant,  que  nous  a  communiqué 
M.  Ch.  liead  :  "Jay  (?)  soubsigné,  confaise  avoir  eu 
tet  receu  de  Monseigneur  le  duc  de  Bouillon,  pre- 
ffmier  mareschal  de  France,  par  les  mains  demon- 


cr  sieur  le  Vasseur,  son  segrétaire  ordinaire,  la  somme 
irde  trois  milles  livres  tournois  sur  et  tant  moins  à 
ffcompte  des  ouvrages  tant  de  raassonnerie,  char- 
irpenterie,  couverture  et  autres  ouvrages  que  je 
irfais  taire  pour  mondit  seigneur,  en  son  logis  du 
irfaulxbourg  Saint  Germain  des  Prës,  rue  de  Saine 
rrlès  Paris;  de  laquelle  somme  de  trois  milles  livres 
crje  tient  quile  mondit  seigneur,  le  Vasseur,  et  tous 
rrautres.  Faict  ce  xxviu' jour  de  juing  mil  six  cens 
rrlreze." 

tQ.  de  la  somme  de  in"'  1..    S.  de  Brosse.^ 


240  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

rebâtir  sur  les  dessins  de  Lemercier,  l'architecte  du  Louvre.  La  petite-fille  du  duc 
de  Liancourt  ayant  épousé,  en  1669,  le  duc  François  de  la  Hocliefoucauld,  ce- 
lui-ci devint  propriétaire  de  l'hôtel,  que  l'on  continua  à  appeler  l'hôtel  de  la 
Rochefoucauld;  cependant  il  fut  vendu,  en  1718,  par  le  prince  de  Marcillac  à  la 
famille  Gilbert  des  Voisins.  La  rue  des  Beaux-Arts  a  été  ouverte,  en  iSaS,  sur 
l'emplacement  de  cet  édifice,  détruit  peu  auparavant. 

Grande  maison  contenant  un  arpent  et  un  quartier,  et  aboutissant  à  la  rue  des 
Petits-Augustins.  Elle  appartint,  vers  i563,  à  Jean-Jacques  de  Mesmes,  puis  fut 
possédée  par  Gilbert  de  Lévis,  genldhomme  de  la  chambre,  duc  de  Ventadour, 
et,  vers  iBgb,  par  le  conseiller  au  Parlement  François  Lecoq,  dont  la  famille  la 
conserva  pendant  plus  d'un  siècle.  En  1687,  la  partie  postérieure  de  cette  maison 
était  annexée  à  l'hôtel  de  Boulanger,  président  au  Grand  Conseil,  lequel  hôtel 
était  situé  en  la  rue  Bonaparte. 

Maison  sans  désignation  (1567),  qui  appartenait,  vers  iSgS,  à  M.  Leclerc, 
sieur  de  la  Forêt,  docteur  en  droit.  Elle  était  alors  divisée  en  plusieurs  ftde- 
rr  meures,  15  dont  l'une  avait  nom  l'hostel  du  batleau  du  lioy. 

Deux  maisons  sans  désignation  (i5g5).  Elles  existaient  probablement  dès  i5/j5, 
et  furent,  ainsi  que  la  précédente  et  la  suivante,  bâties  sur  des  terrains  vendus, 
en  i538,  par  l'Hôtel-Dieu.  (Voir  Quai  Malaquais.) 

Grande  maison  sans  désignation  (15^7),  formant  le  coin  du  quai.  Bâtie  par 
Jean  Dumas,  maître  de  la  poste  de  Paris,  comme  les  trois  que  nous  venons  d'in- 
diquer, elle  fut  abattue  vers  1G06,  pour  faire  place  à  l'hôtel  de  la  Reine-Mar- 
guerite. 11  ne  reste  aucune  trace  du  plan  de  ces  constructions. 

HÔTEL  DE  LA  ReiNE-MarglERITE.  Cet  édifice,  qui  a  subsisté  pendant  moins 
de  vingt  ans,  a  été  en  quelque  sorte  oublié  des  historiens,  qui  eu  parlent  à  peine. 
On  ne  peut  suppléer  que  très-imparfaitement  à  leur  silence,  tant  à  cause  de 
l'absence  des  comptes  de  construction  que  par  suite  des  lacunes  existant  dans  les 
archives  de  l'abbaye. 

C'est  en  i6o5  que  Marguerite  de  Valois,  première  femme  de  Henri  IV,  quitta 
l'Auvergne  et  revint  à  Paris,  où  elle  choisit  l'hôtel  de  Sens  pour  résidence.  Elle 
y  demeurait  encore  le  5  avril  1606,  jour  oii  l'un  de  ses  anciens  amants,  nommé 
Vermont,  tua  le  favori  qui  l'avait  supplanté  près  de  sa  maîtresse.  Ivre  de  colère, 
celle-ci,  raconte  Lestoile  ('^  jura  de  ne  prendre  aucune  nourriture  qu'elle  ne 
fût  vengée,  et,  afin  que  le  serment  ne  lui  devmt  pas  trop  pénible  à  tenir,  dès  le 
lendemain  elle  fit  exécuter  Vermont,  sous  ses  propres  yeux,  devant  la  porte  de 
son  hôtel.  Mais,  «la  nuit  même,  tout  effrayée,  elle  en  délogea  et  le  quitta  avec 
rr  protestation  de  n'y  jamais  rentrer,  n  La  reine  Marguerite  n'alla  donc  habiter  le 

'"'  T.  XLVll,  p.  5aG.  Coll.  Petitot.  —  Ces  délails  sont  confirma  par  d'autres  historiens,  et  Lestoile  cite 
un  mot  de  Henri  IV  qui  y  fait  allusion. 


RUE  DE  SEINE.  241 

foubourg  Saint-Germain  que  postérieurement  au  6  avril  1606,  et  au  mois  de 
septembre  suivant  elle  y  avait  certainement  son  rr logis, n  puisque,  comme  le  rap- 
porte aussi  Lestoile,  elle  lut  contrainte,  parla  peste  qui  s'y  manifesta,  de  l'aban- 
donner et  de  se  retirer  à  Issy.  Des  acquisitions  effectuées  le  9  août  et  le  3 1  juillet 
resserrent  dans  de  plus  étroites  limites  encore  l'époque  à  laquelle  il  faut  reporter 
l'installation  de  la  reine  Marguerite  au  quai  Malaquais.  Quant  à  l'époque  où 
commencèrent  les  travaux  de  son  palais,  nous  n'en  connaissons  qu'une  particula- 
rité :  au  mois  d'octobre  1610,  la  chapelle  inachevée  attendait  encore  sa  toiture''). 
Pour  réaliser  les  plans  qu'elle  avait  adoptés,  la  reine  dut  obtenir  l'autorisation 
de  supprimer  l'extrémité  septentrionale  de  la  rue  appelée  aujourd'hui  Bonaparte, 
ce  qui  lui  permit  de  réunir  une  portion  des  deux  îlots  compris  entre  les  rues  de 
Seine  et  Saint-Père.  Le  tout  forma  une  propriété  large  de  quarante-deux  toises  et 
demie  sur  la  première  rue  et  de  quarante-six  sur  la  seconde*^).  La  superficie  totale 
était  de  cinq  mille  trois  cent  vingt-quatre  toises,  savoir  :  pour  les  bâtiments  bor- 
dant la  rue  de  Seine  et  faisant  le  coin  du  quai,  quatre  cent  soixahte-huit  toises; 
pour  la  cour  venant  ensuite,  quatorze  cent  douze;  pour  le  jardin  situé  derrière  la 
cour  et  faisant  le  coin  du  quai  et  de  la  rue  des  Saints-Pères,  trois  mille  quatre  cent 
quarante-quatre  '^l  Au  delà  de  cette  dernière  rue,  qui  les  séparait  de  l'hôtel  propre- 
ment dit,  d'immenses  terrains  furent  achetés  pour  faire  un  parc,  dont  nous  parlons 
ailleurs  et  qui  demeura  inachevé.  (Voir  Quai  Malaquais.)  On  ne  termina  point  non 
plus  certains  édifices  de  l'hôtel,  dont  la  disposition  intérieure  n'est  point  connue, 
parce  qu'il  n'en  subsiste  aucun  dessin  et  que  les  plans  de  Quesnel  et  de  Mérian  en 
donnent  à  peine  une  idée.  A  défaut  de  documents  graphiques  plus  complets,  nous 
pouvons  du  moins  citer  et  nous  transcrivons  une  curieuse  description  de  l'hôtel 
que  renferme  un  procès-verbal  de  visite  et  d'estimation,  dressé  au  mois  d'avril 
1620.  A  cette  époque,  la  reine  étant  morte  depuis  cinq  ans,  et  ses  nombreux 
créanciers  réclamant  le  payement  de  ses  dettes,  la  vente  du  palais  légué  à  Louis  XIII 
par  Marguerite  fut  ordonnée. 

PROCÈS-VERBAL   DE   VISITE   DE  L'HÔTEL   DE  LA   REINE-MARGUERITE. 

Noble  homme  monsieur  maislre  Couriin,  conseiller  du  Roy  nostre  sire  en  sa  court  de  Par- 
lement, commissaire  en  ceste  partie;  nous,  Pierre  Dubuisson,  Pierre  Hachette,  bourgeois  de 
Paris;  Anlhoine  Desnotz,  Perceval  Noblet,  Charles  Gontesse,  maçons  jurez  du  Roy  nostredit 
seigneur  aux  œuvres  de  maçonnerie;  François  Galoppin,  maislre  maçon;  Sebastien  Rruant, 

'')  Lestoile,  coll.  Petilol,  t.  XLVIII,  p.  SaS.  '"  D'après  un  arpentage  qui  porte  la  date  du 

'''   L'n  ancien  plan  manuscrit  nous  fournit  ces  18  janvier  iCaa,  la  superficie  des  bâtiments  et  de 

cotes  de  quarante-deux  toises  trois  pieds  et  de  que-  la  cour  aurait  été  de  mille  neuf  cent  quatre-vingts 

rante-six,  qui  paraissent  pi  us  exactes  que  celles  dont  toises,  et  celle  du  jardin  de  trois  mille  quatre  cent 

il  est  queslion  dans  le  procès-verbal  qu'on  va  lire  vingt,  ce  qui  produit  un  total  de  cinq  mille  quatre 

et  où  nous  supposons  une  erreur  du  copiste.  cents  toises. 

3i 


242  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

maistre  charpentier  à  Paris;  par  vertu  de  certain  arrest  de  la  dite  court,  datte'  du  trentiesme 
jour  de  mars  mil  six  cens  vingt,  signé  Voisin,  donné  au  Parlement,  sur  la  requeste  présentée 
par  Bertlieilemy  de  la  Fonds,  secrétaire  du  Roy,  Charles  Robin,  François  Frezon,  Thoussaint 
Dyry,  Jehan  Langereu,  Tristan  Guérin,  Pierre  Robin,  Anthoine  Lamy,  Guillaume  Pijard,  Jehan 
Baudouyn  et  Nicolas  Libert,.  .  .  .  Racine,  Simon  et  Pijard  Paris,  Tarques  Bailliart,  François 
formant,  Pierre  Nazereau,  Louis  do  la  Haye,  Thomas  Bouclier,  Anthoine  Michault,  François 
Lesveilley,  Jehan  Dubois  et  aultres  créanliers  de  la  feue  royne  Margueritte,  les  dix,  treize,  qua- 
torze et  plusieurs  aultres  jours  ensuivans  du  mois  d'avril,  au  dit  an  mil  six  cens  vingt,  nous 
sommes  transportez  en  l'hoslel,  lieux,  jardin,  et  parc  derrière,  quy  fut  et  appartint  à  la  dite 
feue  Rovne,  scis  es  faulxbourgs  Saint  Germain  des  Prez,  ayant  sa  principalle  entrée  du  costé  de 
la  rue  de  Seine,  pour  iceux  lieux  veoir  et  visitter,  et  faire  rapport  de  Testât  d'iceux,  qualitté  et 
quantité,  valleur  des  toises  qui  se  trouveront  en  icelluy,  et  de  la  commodité  de  la  vente  du  tout 
ensemble,  ou  en  particulier  et  par  toises. 

Tous  les  quelz  lieux,  es  présences  de  vous,  Monsieur,  du  sieur  Tranchot,  substitut  de  mon- 
sieur le  procureur  gênerai  du  Roy  en  la  dite  court,  le  serment  préallablenient  par  nous  fait  et 
preste  par  devant  vous,  sur  les  ditz  lieux;  présens  maistres  Nicolas  Taneguy,  curateur  à  la  suc- 
cession de  la  dite  feue  Royne,  Bonnadventnre  Quantin,  saindicq  des  créantiers,  François 
Rousseau,  Guillaume  Frezon,  Jehan  Péron,  Guilleaume  Pijeard,  Nicolas  Libert,  Jehan  Bourdon, 
Jehan  Duboys  et  autres  créantiers  de  la  dite  feue  Royne;  nous  avons  veuz  et  visittez,  de  fondz 
en  comble  et  d'un  costé  et  d'aullre,  comme  il  appartient,  et  avons  trouvé  iceux  lieux  concister 
en  plusieurs  corps  de  logis,  bastimens,  ediffices,  courtz,  jardin  et  parc  derrière,  et  iceux  estre 
en  tel  estât,  disposition  et  qnalittez  qui  sera  cy-après  déclaré;  le  tout  comme  il  en  suit  : 

Premièrement.  Un  corps  d'hostel  de  sept  travées  de  longueur,  estant  à  l'un  des  costez  de 
la  chappelle,  vers  le  faulxbourg  Saint  Germain,  tenant  à  monsieur  Lecocq,  couvert  d'ardoise, 
en  pavillon,  à  esgoust,  d'un  costé  sur  une  court  qui  est  vers  la  dite  rue  de  Seine,  et  d'aultre 
costé  sur  la  terrasse,  du  costé  de  la  grande  court  cy  après  déclarée,  appliqué  par  bas  au  rez 
de  chaussée,  et  (à)  deux  escuries,  cuisine  et  passage;  un  estage  caré  sur  ledit  rez  de  chaussée, 
qui  est  à  la  haulteur  de  la  terrasse  cy  après  déclarée,  applicqué  à  six  chambres  sepparées  l'une 
de  l'autre,  tant  de  murs  de  refend  que  de  cloisons;  un  estage  dentresolle  audessus,  applicqué 
aussy  à  six  chambres  sepparées  de  semblables  sepparations  que  l'estageau  dessoubz,  et  un  gre- 
nier dessus  sepparé  en  trois;  un  escallier  dans  œuvre  servant  à  monter  au  dit  corps  d'hostel,  au 
hault  du  quel,  en  l'eslage  de  galtas,  y  a  un  siège  de  privé,  et  au  devant  du  quel  corps  d'hostel 
y  a  une  courcelle  du  costé  de  la  rue,  cloze  de  murs;  à  l'un  des  costez  de  la  quelle  y  a  un  com- 
mencement de  basiiment  imparfait,  du  costé  de  la  chappelle,  et  à  l'autre  costé  d'icelle  court 
un  aultre  commencement  de  bastiment,  eslevé  jusques  au  premier  plancher,  oij  y  a  deux  poul- 
tres  levées  .sans  aucunes  soHives;  et  à  costé  du  dit  corps  d'hostel  est  une  chappelle  couverte 
d'ardoise,  en  dosme'^',  et  lanterne  audessus  en  forme  d'auvalle,  couverte  aussy  d'ardoise;  l'aire 
de  la  quelle  chappelle  est  à  la  haulteur  de  la  terrasse  cy  après  déclarée,  soubz  la  quelle  y  a  un 
grand  passage  voulté. 

'■'  Le  plan  de  Quesnel ,  dont  un  fragment  est  élévation  et  l'aspect  général.  Ils  montrent  surtout 

placé  en  tête  de  ce  volume,  et  celui  de  Mathieu  les  fameux  jardins,  qui  ont  donné  plus  tard  l'idée 

Mërian,  que  nous  reproduisons  partiellement  en  daCoarsh  Reine,  el  don\,\es  Estais  généraux  tenus 

regard  du  présent  procès-verbal ,  ne  font  pas  devi-  à  la  Grenouillière  en  juin  iSùS  déphrent  la  destruc- 

ner,  comme  le  remarque  avec  raison  feu  Berty,  les  tion  récente.  (Voir,  aux  appendices,  les  passages 

dispositions  intérieures  du  logis  de  la  reine  Mar-  que  nous  avons  extraits  de  ce  pamphlet  curieux 

guerile;  mais  ils  en  présentent  du  moins  le  plan  en  et  peu  connu.)  —  l.m.t. 


RUE  DE  SEINE.  2i3 

Un  aultre  corps  d'hostel,  à  costé  de  la  dite  chappelle,  contenant  huit  travées  de  long, 
estant  en  suitle  d'icelle,  vers  la  dite  rue,  couvert  aussy  d'ardoise,  en  pavillon,  à  esgoust,  d'un 
coste'  sur  une  forme  de  terrasse  estant  d'un  costé  de  la  dite  rue,  pour  rachepter  le  carre'  du  dit 
pavillon,  et  d'autre  coste'  sur  la  terrasse,  vers  la  grande  court  cy  après  déclarée;  applicqué,  au 
rez  de  chaussée,  à  escuries,  cuisines,  offices,  passage  et  petit  escaillier  pour  monter  à  la 
chappelle;  un  estage  carré  dessus  estant  à  la  haiilteur  de  la  terrasse,  oîi  y  a  une  salle;  un 
estage  de  gaitas  dessus,  lambrissé,  où  y  a  quatre  cheminées,  le  quel  gallas  appert  avoir  esté  cy 
devant  sepparé  de  cloisons. 

Un  autre  corps  d'hostel,  tenant  le  dessus  dit,  contenant  cinq  travées  de  long,  couvert  d'ar- 
doise, en  pavillon,  à  esgoust  sur  la  dite  rue  de  Seine  et  sur  la  terrasse  cy  après  déclarée,  ap- 
plicqué, au  rez  de  chaussée,  à  une  salle  basse,  gardemanger  et  allée;  un  estage  carré  dessus 
à  la  haulteur  de  la  dite  terrasse,  applicqué  à  une  salle;  un  estage  dessus,  applicqué  à  deux 
chambres  et  deux  garderobbes,  et  un  grenier  par  hault. 

Un  aultre  corps  d'hostel  en  suitte  du  dessus  dit,  contenant  quatre  travées  de  long,  couvert 
aussy  d'ardoise,  applicqué,  au  rez  de  chaussée,  à  une  cuisine;  un  estage  carré  dessus  au  rez  de 
la  dite  terrasse,  applicqué  à  une  grande  chambre,  et  gallas  dessus;  deux  viz  rondes  de  pierre 
de  taille,  hors  œuvre,  servant  à  monter  aus  dilz  deux  corps  de  logis  et  au  logis  de  retour  d'es- 
querre  cy  après  déclaré;  un  corps  d'hostel  en  retour  d'esquerre,  de  trois  travées  de  long,  couvert 
d'ardoise,  en  pavillon,  à  esgoust,  d'un  coslé  sur  une  petite  intervalle  qui  est  entre  le  dit  corps 
d'hostel  et  un  mur  basty  de  pierre  de  taille,  jà  eslevé  du  costé  du  quay  de  deux  estages,  pour  à 
l'advenir  bastir,  jusques  sur  icelluy  mur,  et  d'autre  costé  sur  le  retour  de  la  terrasse,  qui  est 
au  droit  du  dit  corps  dhoslel,  vers  la  grande  court  cy  après  déclarée;  applicqué  par  bas,  au  rez 
de  chaussée,  à  un  buschée;  deux  estages  carrez  l'un  sur  l'autre  sur  le  dit  rez  de  chaussée;  le 
premier,  qui  est  à  la  haulteur  de  la  dite  terrasse,  applicqué  à  une  salle,  petit  cabinet  et  escail- 
lier; le  second  estage,  applicqué  à  une  chambre,  garderobbe  et  cabinet,  et  grant  gaitas  dessus, 
sepparé  en  deux;  un  petit  appentis,  couvert  d'ardoise,  estant  au  devant  du  dit  corps  d'hostel, 
sur  partie  de  la  dite  terrasse,  servant  de  garderobbe  à  la  dite  salle. 

Pour  le  regard  de  la  qualité  des  bastimens  dessus  déclarez,  il  appert  par  l'inspection  d'iceux 
avoir  esté  basiis  et  construitz  depuis  douze  ou  quinze  années  en  sça;  partie  d'iceux  faitz  de 
moillon,  chaulx  et  sable,  partie  de  pierre  de  taille  tant  dure  que  tendre;  les  jambes  soubz 
poultres,  croisées,  lucarnes  et  entablement  de  la  dite  pierre;  et  sur  le  devant  de  la  l'assade 
d'iceux  bastimens,  vers  la  grande  court  cy  après  déclarée,  y  a  une  terrasse  eslevée  jusques  à  la 
haulteur  des  premiers  estages  d'iceux  bastimens,  dont  les  planchers  d'icelle  terrasse  sont  de 
poultres  et  sollives,  et  pavés  dessus  de  pierre  de  taille  de  liaiz  et  aultres  pierres.  Les  quelz  plan- 
chers sont  portez  et  soustenus  en  partye  de  murs,  et  aultre  partie  sur  pilliers  et  treumeaux 
de  pierre  de  taille.  Et  sur  le  devant  d'icelle  terrasse  y  a  plusieurs  piedz  d'estalz  de  pierre  de 
taille,  et  barres  de  fer  qui  y  servent  d'appuys;  un  perron  hors  œuvre,  à  deux  costez,  en  forme 
de  demy  auvalle;  les  marches  du  quel  et  murs  d'appuys  sont  aussy  de  pierre  de  taille,  servant 
à  monter  du  rez  de  la  dite  grande  court  sur  icelle  terrasse;  et  soubz  icelle  terrasse  y  a  plusieurs 
buschers,  passages  et  un  mannageC). 

Et  oultre  les  ditz  bastimens,  ediffices  et  terrasse,  une  grande  court  en  la  quelle  y  a  un 
puys  :  à  l'un  des  costez  de  la  quelle,  au  devant  des  corps  de  logis  et  courcelles  cy  après  déclarez, 
y  a  une  terrasse  contenant  seize  travées  de  longueur,  garnye  de  planchers,  de  poultres  et  sollives 
portez  sur  pilliers  de  pierre  de  taille  et  partie  de  murs,  et  pavée,  partie  pardessus  les  ditz 
planchers,  de  carreau  de  terre  cuitte;  iceux  planchers  en  partie  pourris  et  de  peu  de  valleur. 

''  Manège. 

3i. 


2â4  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Au  derrière  de  la  quelle  terrasse,  vers  le  quay  de  la  rivière,  y  a  une  courceile  attenant  ie  corps 
de  logis  de  trois  travées,  cy  devant  dernier  déclare';  en  la  quelle  courceile  y  a  un  escaillier  de 
charpenterye,  hors  oeuvre,  servant  à  monter  à  une  partie  du  dit  corps  d'hostel;  un  petit  edif- 
fice  à  costé  du  dit  escallier,  applicqué  par  bas  à  estable,  chambre  et  galtas  dessus;  deux 
autres  courcelles  sepparées  d'un  mur,  où  y  a  une  gallerie  vers  le  quay  de  la  rivière. 

Un  viel  corps  d'hostel  de  quatre  travées  de  long,  couvert  de  thuille,  en  comble,  à  esgoust, 
d'un  costé  vers  le  dit  quay  de  la  rivière,  et  d'autre  costé  sur  une  petitte  intervalle  de  cour- 
ceile qui  est  entre  icelluy  corps  d'hostel  et  la  dite  terrasse  devant  déclarée,  applicqué,  au  rez 
de  chaussée,  à  une  escurye;  deux  estages  carrez  l'un  sur  l'autre  sur  le  dit  rez  de  chaussée,  ap- 
plicquez  chascun  à  deux  chambres  et  allée  de  passage;  un  cstage  de  galtas,  applicqué  aussy 
à  deux  chambres,  et  grenier  dessus,  auquel  l'on  monte  par  une  eschelle;  une  viz  hors  œuvre, 
servant  à  monter  au  dit  corps  d'hostel;  et,  joignant,  y  a  une  masure  oiî  appert  y  avoir  eu 
quelque  logement,  et  de  présent  y  a  un  privé  et  petite  gallerie. 

Et  ensuitte,  à  costé  du  dessus  dit,  y  a  un  viel  corps  d'hostel,  couvert  de  thuille,  en  comble,  à 
esgoust,  d'un  costé  vers  la  dite  terrasse,  et  d'aultre  costé  vers  le  quay  de  la  rivière,  applicqué, 
au  rez  de  chaussée,  à  une  salle  basse,  cuisine  et  garde  manger;  deux  estages  carrez  l'un  sur 
l'autre  sur  le  dit  rez  de  chaussée,  applicquez  chacun  à  deux  chambres,  garderobbe  et  cabinet; 
et  un  estage  de  galtas  dessus,  oiî  y  a  trois  petittes  chambres;  une  viz  dans  œuvre,  servant  à 
monter  au  dit  corps  d'hostel. 

Et  à  costé,  ensuitte  du  dessus  dit  corps  d'hostel,  y  a  deux  petitz  corps  d'hostelz,  vielz  et  ca- 
ducques.  L'un  d'iceux,  quy  est  joignant  le  dessus  dit,  contenant  deux  travées  de  long,  couvert 
de  thuille,  en  comble,  de  semblable  esgoust  que  les  dessus  dilz,  applicqué,  au  rez  de  chaussée, 
à  une  salle;  une  cave  dessoubz,  garnye  de  sa  descente  droitte;  un  estage  carré  sur  le  dit  rez  de 
chaussée,  applicqué  à  une  chambre  de  garderobbe;  un  estage  de  galtas  dessus,  oiî  y  a  aussy 
chambre  et  garderobbe,  et  grenier  par  hault;  une  viz  dedans  œuvre,  servant  à  monter  au  dit  corps 
d'hostel.  Et  l'autre  corps  d'hostel  tenant  le  dessus  dit,  contenant  aussy  deux  travées  de  long, 
couvert  aussy  de  thuille  en  comble,  applicqué,  au  rez  de  chaussée,  à  une  salle  basse;  cave  au  des- 
soubz, une  chambre  à  garderobbe  et  galtas  dessus;  une  viz  pour  y  monter;  icelluy  corps  d'hostel  en 
péril  et  de  présent  estayé.  Lesquelz  deux  petitz  logis  dessus  derniers  déclarez,  ainsy  vielz  et  ca- 
ducques,  estoient  cy  devant  des  appartenances  du  jeu  de  paulme  appelez  \e  jeu  de  paulme  du 
Roy  Charles;  desquelz  n'appartenoit  à  la  dite  feue  royne  Margucritte  que  la  superficye  de  la 
place;  et  quand  aux  mathereaux,  tant  de  pierre  que  charpenterye,  couvertures  et  autres  y 

estant,  appartenoient  à 

suivant  les  contratz  de  ce  failz  avecq  la  dite  feue  royne  Margueritte,  ainsy  qu'il  nous  a  esté  dit 

par Lévesque,  maistre  paulmier,  demeurant  rue  Saint  Germain  de  l'Auxerrois.  Et  au 

devant  des  quelz  logis,  du  costé  du  dit  quay  de  la  rivière,  est  un  commencement  de  pan  de  mur, 
tout  le  long  d'iceux,  construit  tout  en  pierre  de  taille,  partie  d'icelluy  eslevé  de  deux  estages,  et 
aultre  partie  d'un  estage  seullement;  les  croisées  de  pierre  de  taille  y  érigées. 

Tous  les  quelz  bastimens,  ediflices,  tant  neufz  que  vielz,  petittes  courlz,  terrasses  et  grande 
court,  ayant  veu  plusieurs  plans  et  desseins  faitz,  tant  d'iceux  ediflices,  bastimens,  courlz,  ter- 
rasses, grande  court,  que  jardin  et  parc;  faisans  la  démonstration  d'iceux  avons  trouvé  particul- 
lierement  contenir,  à  sçavoir  :  par  la  face  d'iceux  bastimens,  sur  le  costé  de  la  rue  de  Seine, 
quarante  deux  toises  de  largeur ''',  à  prendre  icelle  largeur  depuis  la  moitiée  de  l'cspesseur  du 
mur  meitoyen  sepparant  le  dit  hostel  et  la  maison  du  sieur  Le  Gocq,  jusques  et  compris  l'es- 
pesseur  du  mur;  du  costé  du  quay  de  la  rivière,  trente  huit  toises  trois  piedz  et  demy  de  lon- 

'''  Le  ve'i'itable  chiffre  est  quarante- deux  toises  trois  pieds. 


RUE  DE  SEINE.  245 

gueur,  depuis  le  dehors  de  la  dite  encoignure,  sur  la  dite  rue  de  Seine,  jusques  et  compris  Fes- 
pesseur  du  mur  qui  fera  closture  d'une  rue  quy  sera  faite  par  le  travers  d'iceile  grande  court, 
au  bout  d'iceile,  du  coslé  du  jardin,  pour  aller,  du  dit  quay  de  la  rivière,  gaigner  une  rue  jà 
faite  au  devant  du  monastère  des  Augustins  réformez  W  ;  la  quelle  rue,  quy  ainsy  sera  faite,  aura 
quatre  toises  deux  piedz  de  largeur  dans  œuvre,  entre  le  dit  mur  quy  sepparera  la  dite  grande 
court  eticelle  rue  et  un  aultre  mur  quy  sera  fait  au  dedans  du  jardin  cy  après  déclare';  trente 
huit  toises  de  largeur  depuis  le  dehors  du  mur  du  costé  du  dit  quay,  fait  de  pierre  de  taille,  sur 
le  costé  d'icelluy  jardin,  jusques  à  la  moitiée  de  l'espesseur  du  mur  moitoyen  sepparant  la  dite 
grande  court  et  le  jardin  de  la  maison  du  dit  sieur  Le  Gocq,  et  cinquante  six  toises  de  longueur 
depuis  la  dite  rue  quy  sera  faite  jusques  et  conpris  l'espesseur  du  mur  sur  la  dite  rue  de  Seine, 
à  prendre  icelle  longueur  tout  le  long  du  dit  mur  de  closture  du  dit  sieur  Le  Cocq;  de  sorte 
que  tous  lesditz  bastimens,  édiflices,  tant  vielz  que  neufs,  terrasses,  courcelles  et  grande  court 
cy  dessus  spécilfiez ,  contiennent  ensemble,  en  superficye  de  place  et  platte  forme,  la  quantité 
de  dix  huit  cens  quatre  vingtz  toises  ou  environ. 

Item  un  grand  parterre  de  jardin,  oullre  la  dite  rue  qui  sera  faite,  clos  de  mur  au  pourtour, 
peuplé  de  quantité  d'arbres  fruitiers,  pallissaddes  et  aultres  arbres,  contenant  quatre  vingtz  deux 
toises  de  longueur  par  son  meilleu,  à  prendre  la  dite  longueur  depuis  la  dite  rue  qui  sera  faite 
jusques  et  compris  neuf  piedz  par  avance,  oultre  le  mur  de  closture  de  l'aboutissant  d'icelluy 
jardin,  sur  une  grande  rue  publicque  allant  du  dit  quay  à  l'hospital  de  la  Charitté'^',  sur  qua- 
rante deux  toises '^1  de  largeur  prins  par  son  meilleu,  compris  moitiée  de  l'espesseur  du  mur  de 
closture  sepparant  le  dit  jardin  et  le  dit  monastère  des  ditz  Augustins  réformez ,  jusques  et  com- 
pris l'espesseur  du  mur  de  closture  du  dit  jardin,  du  costé  du  quay  de  la  rivière;  qui  vallent  en 
superficie  de  platteforme,  de  parterre,  la  quantitté  de  trois  mil  quatre  cens  quarente  quatre  toises. 

Dans  le  quel  jardin  y  a  un  logis  pour  le  jardinier,  qui  contient  deux  travées  de  long,  couvert 
de  Ihuille  en  comble,  à  esgoust,  d'un  costé  sur  le  quay  de  la  rivière,  et  d'autre  costé  sur  icelluy 
jardin,  applicqué,  au  rez  de  chaussée,  à  un  cellier;  un  estage  carré  dessus,  applicqué  à  une 
chambre  et  garderobbe;  un  estage  de  galtas,  applicqué  aussy  à  une  chambre  et  garderobbe,  et 
un  grenier  par  hault;  une  viz  dedans  œuvre,  servant  à  monter  au  dit  corps  d'hostel;  y  a  un  édif- 
fice  clos  de  cloisons  au  pourtour,  au  meilleu  du  quel  y  a  un  grand  puys  en  forme  d'auvalle, 
pour  y  faire  une  pompe;  audessus  du  quel  puys  y  a  un  plancher,  oiî  y  a  deuz  poultres,  sollives 
et  terrasses  au  dessus,  appuyés  de  balustraddes,  petitte  viz  pour  y  monter,  et  cabinet  à  costé 
soubz  icelle  terrasse;  le  tout  en  partie  pourry. 

Et  oultre  icelle  grande  rue  publicque  allant  du  dit  quay  à  l'hospital  de  la  Charitté,  un  grand 
parc  non  clos,  sinon  de  quelques  fossez,  au  quel  y  a  une  allée  plantée  d'ormes,  et  prez  icelluy 
parc,  contenant  quatre  cens  vingt  cinq  toises  de  longueur  ou  environ  par  son  meilleu,  et  quatre 
vingtz  huit  toises  de  largeur,  rapporté  le  fort  au  foible,  qui  vallenl,  en  superficye  de  terre  et 
platteforme,  trente  sept  mil  quatre  cens  toises,  dont  est  à  rabattre  pour  les  bastimens,  courtz, 
jardins  et  thuillerjc  des  maisons  appelées  la  Grenouillères,  qui  sont  enclavées  dans  partie  d'icelluy 
parc,  du  coslé  de  la  rivière,  qui  contiennent  vingt  quatre  toises  de  largeur  sur  quatre  vingtz 
huit  toises  de  longueur,  qui  vallent  en  superficye  deux  mil  cent  douze  toises.  Partant  reste,  le 
(lit  rabat  fait,  trente  cinq  mil  deux  cens  quatre  vingtz  huit  toises. 

Et  à  costé  d'icelluy  parc,  une  pièce  de  terre  en  pré,  aussy  non  cloze,  sinon  de  quelques  petite 

•''  C'est  l'extrémité  septentrionale  de  la  rue  Bo-  '''  Rue  des  Saints-Pères. 

noparte.  La  cote  indiquée  n'est  point  juste,  parce  '''  Nous  avons  dit  qu'il  faut  peut-être  lire  qiui- 

i|ue,  lorsqu'on  rouvrit  la  rue,  on  lui  lit  subir  une  ranle-six  toi.ses. 
Ilfxio»,  au  lieu  de  la  prolonger  en  ligne  droite. 


246  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

fossez,  estant  iceUe  pièce  de  pré  du  costé  des  champs,  contenant  deux  cens  toises  de  longueur 
sur  douze  toises  de  largeur  par  son  ineilleu,  rapporté  aussy  le  fort  au  foible;  qui  vallent,  en 
superficye  de  terre  et  plate  forme,  deux  mil  quatre  cens  toises. 

De  tous  les  quelz  bastimens,  courtz,  jardin  et  parc  dessus  contenus  et  déclarez,  nous  avons 
fait  les  prisées  et  estimations  sepparément,  selon  leur  assiette,  i'estat  et  disposition  d'iceux,  le 
tout  comme  il  suit  : 

Premier.  Les  bastimens  estans  sur  le  costé  de  la  rue  de  Seine,  avecq  la  terrasse  le  long  d'iceux, 
vers  la  court,  qui  contiennent  trente  neuf  toises  de  longueur  par  leur  nieilleu,  et  rapporté  le  fort 
au  foible,  à  prendre  depuis  la  moitiée  du  mur  mitoyen  du  costé  du  sieur  Le  Cocq  jusques  au 
dehors  du  mur,  du  costé  du  quay,  sur  douze  toises  de  largeur,  aussy  rapporté  le  fort  au  foible, 
depuis  le  dehors  du  mur  du  costé  de  la  rue  de  Seine  jusques  et  compris  la  dite  terrasse  qui  est 
au  derrière  des  dilz  bastimens  sur  la  grande  court;  qui  vallent  quatre  cens  soixante  huit  toises 
de  superficye.  Nous  estimons  chacune  des  dites  toises,  eu  esgard  aus  ditz  bastimens  quy  sont  sur 
icelle  superficye,  vallent  bien  siz  vingtz  quinze  livres;  qui  seroit  en  somme,  pour  les  ditz  un' 
Ixviii  toises,  à  la  dite  raison,  Ixiii"  ciiii"  livres  tournois  (63, 180**). 

La  court  et  vieiz  bastimens  et  masures  vers  le  quay,  jusques  à  la  dite  rue  qui  sera  faite  pour 
aller  du  quay  au  monnastère  des  Augustins  resformez,  montent  à  quatorze  cens  douze  toises  de 
superficye;  nous  estimons  chacune  toise,  excepté  les  niathéraux  des  deux  petitz  logis,  chacun 
de  deux  travées  de  long,  vielz,  caducques  et  en  péril,  où  estoit  anciennement  le  jeu  de  pauime 
du  Roy  Charles,  vault  bien  trente  six  livres  tournois;  qui  seroit,  pour  les  dites  xiiii' xu  toises,  à 
la  dite  raison,  la  somme  de  i""  vui" xxxii  livres  tournois  (5o,832**). 

Le  jardin  cloz  de  murs,  qui  est  oultre  la  dite  rue  qui  sera  faite  pour  aller  du  dit  quay  au  dit 
monnastère  des  Augustins  réformez,  lequel  est  clos  de  murs,  planté  d'arbres,  pallissades,  dans  le 
quel  est  le  logis  du  jardinier,  et  puys  pour  une  pompe,  montant,  en  superficye  de  plateforme, 
à  la  quantitté  de  trois  mil  quatre  cens  quarente  quatre  toises  ou  environ  :  nous  estimons  chacune 
toise  valloir  bien  vingt  quatre  livres;  qui  seroit,  pour  les  ditz  iidiii''  xlnii  toises,  à  ladite  raison, 
la  somme  de  im""  11"  vi'lvi  livres  tournois  (82,656**). 

Quand  au  parc  non  clos,  sinon  de  quelques  petitz  fossez,  planté  en  partie  d'ormes,  et  auitre 
partye  en  prez,  et  pièce  de  pré  à  costé  vers  les  champs,  montant  ensemble  à  la  quantité  de 
trente  sept  mil  six  cens  quatre  vingtz  huit  toises  de  superficye  de  terre  ou  environ,  nous  esti- 
mons que  une  tierce  partie  d'iceile  superficye  de  terre,  à  prendre  la  dite  tierce  partie  au  bout 
vers  la  rue  allant  du  quay  à  Saint  Père ,  vault  bien  la  somme  de  soixante  solz  tournois  chacune 
toise  ;  une  autre  tierce  partie  ensuivant  vault  bien  la  somme  de  vingt  solz  la  toise;  et  le  reste, 
jusques  au  bout  de  la  pointe,  vault  bien  dix  solz  tournois  la  toise;  qui  est  trente  solz  tournois 
chacune  toise,  l'une  portant  l'autre,  et  rapporté  le  fort  au  foible,  quy  seroit,  pour  les  dites  xxxvii"" 
vi'  ini"  vin  toises,  la  somme  de  ivi"v'  xxxii  livres  tournois  (56,532**). 

Somme  à  quoy  se  monte  les  prisées  de  tous  les  dictz  lieux,  tant  bastimens,  courtz,  jardin  et 
parc  dessus  déclarez  :  deux  cens  cinquante  trois  mil  deux  cens  livres  tournois.  Sy  n'  lin'"  u' 
livres  tournois  (253, 200**). 

Pour  plus  facillement  vendre  le  dit  parc  susdit  dernier  déclaré,  est  nostre  advis  qu'il  soit  fait 


RUE  DE  SEINE.  247 

une  rue  tout  le  long  d'icelluy  parc,  depuis  la  dite  rue  publicque  allant  du  dit  quay  de  la  rivière 
à  rhospital  de  la  Charitté  jusques  au  bout  d'icelluy  parc,  et  trois  aultres  rues  traversantes  allant 
de  la  rivière  à  la  grande  rue  vers chacune  d'icelles  rues  de  quatre  toises  de  lar- 
geur; le  tout  sy  bon  semble  aus  ditz  creantiers  de  la  dite  feue  Roynele  faire.  Et  tout  ce  certif- 
fions  estre  vray  :  lesmoing  nos  seing  cy  mis  les  an  et  jours  dessus  ditz. 

Ainsy  signé  en  la  minutie  : 
De  Buisson,  Hachrtte,  Desnotz,  Contesse,  Perceval,  Noblet,  Bernard, 

DK  SaiNT-GalOPPIn'''. 

L'hôtel  de  la  Reine -Marj;uerite,  y  compris  le  parc,  fut  adjugé,  le  1 1  mai  1692, 
aux  nommés  Jacques  de  Garsaulan,  sieur  de  Ghambrejon,  Jacques  de  Vassan, 
sieur  de  Massan,  trésorier  des  parties  casuelles;  Jacques  Potier,  secrétaire  des 
finances;  Louis  le  Barbier,  contrôleur  général  des  bois  de  l'Ile-de-France,  et 
Joachim  Sandras,  sieur  de  Bellouard  (ou  Villouars),  commissaire  de  l'artillerie; 
lesquels,  après  avoir  payé,  le  i3  avril  1622,  la  somme  de  i,3i5,ooo  livres  tour- 
nois, furent  mis  en  possession  le  21  juin  de  l'année  suivante.  L'hôtel  fut  ensuite 
partagé  entre  les  acquéreurs,  et  la  partie  en  bordure  sur  la  rue  de  Seine  forma 
trois  grands  lots.  Le  premier  appartint,  en  1629,  à  M.  de  la  Moinière,  puis  à  sa 
fille;  on  l'appelait,  en  1687,  l'hôtel  d'Angoumms.  Le  deuxième,  qui  a  conservé 
longtemps  le  nom  d'hôtel  de  la  Reine-Marguerite,  appartenait,  en  1629,  à  M.  de 
Garsaulan;  en  i6iio,  à  Madeleine  de  Bailly,  veuve  de  Jacques  de  Vassan,  et,  en 
i685,  à  Charles  de  Vassan,  président  de  la  Cour  des  comptes,  lequel,  le  3i  mars 
de  celte  année,  le  céda,  en  avancement  d'hoirie,  à  son  fils  Charles-Jacques  de 
Vassan,  seigneur  des  Tournelles,  avocat  général  à  la  Cour  des  comptes.  Le  troi- 
sième lot,  celui  du  coin,  appartenait,  en  1G29,  à  M.  de  Vassan;  en  1687,  il  était 
subdivisé  en  deux,  la  seconde  parcelle  ayant  été  aliénée  au  profit  de  M.  de 
Bérulle. 

CÔTÉ  ORIENTAL. 


PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE  SAINT-GERMAIN. 

Maison  sans  désignation  en  lôgS,  puis  de  l'Arche-de-Noé  (i65/i),  faisant  le 
coin  septentrional  de  la  rue  de  Nesle,  et  contiguë  à  la  maison  faisant  le  coin  du 
quaiMalaquais.  Lors  de  sa  démolition,  elle  avait  seize  toises  de  superficie.  C'était 
un  morcellement  de  l'emprise  de  Nicolas  Canivet.  (Voir  Quai  Malaquais.) 

"'  Areh.  nat. 


248  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Maison  du  crCoiFFiNn  (lôgS),  puis  de  l'Image-Saint-Claude  (1628),  faisant  le 
coin  méridional  de  la  rue  de  Nesle,  sur  laquelle  sa  largeur  était  de  six  toises 
et  demie,  tandis  que  sur  la  rue  de  Seine  elle  mesurait  dix-neuf  pieds.  Elle 
fut  acquise,  les  2  a  mars  et  i3  avril  i663,  par  les  exécuteurs  testamentaires  du 
cardinal  Mazarin,  puis  démolie  pour  permettre  le  déplacement  de  la  rue  de 
Nesle. 

Maison  sans  désignation  en  1  69 5 ,  et  de  l'Image-Saint-Nicolas  en  1617,  laquelle 
renfermait  un  jeu  de  paume  en  iGaa.  Elle  fut  achetée,  le  22  février  i663,  par 
les  exécuteurs  testamentaires  du  cardinal  Mazarin,  et  une  partie  de  son  emplace- 
ment a  été  comprise  dans  la  nouvelle  issue  de  la  rue  Mazarine.  Sa  superficie  était 
de  vingt-neuf  toises. 

Maison  sans  désignation  (lôgB),  aboutissant  rue  Mazarine.  (Voir  planche  IX.) 

Maison  du  Cercle-d'Or  (1628),  aboutissant  rue  Mazarine.  Elle  devait  avoir  été 
bâtie  en  même  temps  que  la  précédente. 

Maison  avec  jeu  de  paume  (1628-1790),  dit  le  Jeu  de  paume  du  Métayer,  parce 
qu'il  appartint,  au  commencement  du  xvn'^  siècle,  à  un  individu  appelé  Arnoul 
Mestayer.  La  maison  a  eu  pour  enseigne  le  Lion-tt Argent  en  1687  ;  elle  aboutissait 
alors  à  la  rue  Mazarine.  Elle  existait  sans  doute  dès  iSgS,  mais,  dans  le  censier 
de  cette  année,  elle  n'est  point  indiquée  d'une  manière  spéciale  et  se  trouve  com- 
prise dans  un  seul  article,  avec  toutes  les  suivantes,  jusqu'à  la  maison  des  Trois- 
Cygnes.  Les  comédiens  de  la  troupe  de  Molière  ont  eu  leur  théâtre  dans  le  jeu 
de  paume  du  Métayer.  Selon  M.  Eud.  Soulié,  il  leur  avait  été  loué  pour  trois 
ans,  le  19  septembre  i663,  par  le  maître  paumier  Noël  Gallois. 

Partie  postérieure  de  la  maison  de  la  Ville -de -Lyon,  faisant  front  sur  la  rue 
Mazarine. 

Maison  sans  désignation  en  1628,  puis  de  la  Marguerite-Couronnée  (1687), 
ayant  une  façade  sur  la  rue  Mazarine. 

Maison  DE  la  Tour-Carrée  (1607-1696) ,  aboutissant  rue  Mazarine.  Avec  les 
deux  suivantes  et  les  maisons  correspondantes  de  la  rue  Mazarine,  elle  paraît 
occuper  ce  lot  de  deux  cent  cinquante-huit  toises ,  qui  appartenait  au  charpentier 
Guillaume  Fournier  en  16/17. 

Maison  sans  désignation  en  1628,  et  probablement  bâtie  dès  le  règne  de 
Henri  IV. 

Maison  sans  désignation  en  1628,  et  dite  l'hôtel  Dauphin  en  1696.  Elle  dépen- 
dait d'abord  d'une  maison  de  la  rue  Mazarine. 

Maison  sans  désignation  (1628),  qui  semble  devoir  s'identifier  avec  celle  de 
quatre-vingts  toises  de  superficie,  occupée,  en  16/19,  P^^'  Claude  Boysart,  frdict 
rrle  Dyable,fl  maître  passeur. 

Maison  sans  désignation  eu  1628,  puis  des  Trois-Daims  en  1760.  Elle  ne  fai- 
sait d'abord  qu'une  seule  et  même  propriété  avec  la  maison  de  la  Corne-de-Daim 


RUE  DE  SEINE.  249 

(1595),  située  rue  Mazarine.  En  1 6/17,  elle  comprenait  l'emplacement  de  la  mai- 
son suivante  et  renfermait  un  jeu  de  paume. 

Maison  sans  désignation  (1601),  qui  aboutissait  primitivement  à  la  rue  Maza- 
rine, et  comprenant  la  maison  de  l'Huit^e,  en  bordure  sur  cette  rue. 

Maison  ET  jeu  de  paume  des  Trois-Cygnes  (lôgS-iôaS),  puis  des  Aigles  (1687) 
et  DES  Trois  Canettes  (1687-1728).  Dès  1687,  cette  maison  était  divisée  en  deux 
et  avait  issue  en  la  rue  Mazarine  par  une  allée. 

Maison  avec  jeu  de  paume  (iSgS-iôgG),  qui  avait  pour  enseigne  le  Soleil-d'Or 
en  1687.  Elle  avait,  sur  la  rue  Mazarine,  divers  corps  d'hôtels  qui  devinrent  des 
maisons  séparées. 

Maison  sans  désignation  en  lôgS,  et  dite  l'hôtel  d'Avray  vers  1687. 

Maison  sans  désignation  (1  Sgô),  qui  n'était  probablement  pas  distincte  d'abord 
de  la  maison  correspondante  sur  la  rue  Mazarine.  Plus  tard,  elle  en  constitua  la 
partie  postérieure,  et  elle  servit  de  chantier  lorsque  les  comédiens  du  roi  eurent 
abandonné  le  jeu  de  paume  de  la  Bouteille.  Elle  appartenait,  à  cette  époque,  à 
Marie-Angélique  Laffemas,  dont  la  famille  la  possédait  depuis  cinquante  ans  au 
moins. 

MaIson  sans  désignation  (iBgS),  aboutissant  à  la  rue  Mazarine.  C'est  celle  oi!i 
a  été  ouvert,  en  i8q3,  le  passage  du  Pont-Neuf. 

Maison  sans  désignation  en  iSig,  et  appartenant  alors  à  Claude  André,  con- 
seiller au  Parlement.  Elle  aboutissait  rue  Mazarine,  et  a  été  subdivisée  en  deux. 
La  seconde  partie  avait  nom  l'hôtel  de  Chdleatinetif,  à  la  fin  du  \nf  siècle,  parce 
qu'elle  appartenait  au  marquis  de  l'Aubépine,  seigneur  de  Chûteauneuf. 

Grande  maison  couverte  d'ardoise,  qui  appartenait,  en  iSgB,  à  M.  du  Peyrat, 
trésorier  général  du  duc  de  Montpensier.  En  1628,  elle  aboutissait  à  la  rue  Maza- 
rine. 

Maison  sans  désignation  en  1695,  puis  dite  des  Trois-Mortiers  (1680)  et 

HÔTEL  de  NiSMES  (1697). 

Maison  sans  désignation  (iBgS),  aboutissant  d'abord  à  la  rue  Mazarine,  puis 
au  jeu  de  paume  de  Saint-Nicolas. 

Maison  sans  désignation  en  1667,  et  dite  le  Jeu  de  paume  des  Deux-Anges  en 
1695.  Elle  a  ensuite  formé  deux  maisons  appelées,  l'une  la  maison  Ronge  ou  de 
rimage-Sainl-Martin  (1711),  et  l'autre  le  Jeu  de  paume  des  Trois-Torches  (1687). 
Cette  dernière,  dont  l'agencement  se  comprend  mal,  paraît  avoir  été  séparée  de 
la  suivante  par  l'allée  servant  d'issue  au  jeu  de  paume  de  la  Place-Royale,  situé 
rue  Mazarine. 

Partie  postérieure  du  jeu  de  paume  de  Fort-Affaire  (1 536),  dans  la  suite  maison 
DE  l'Image-Saint-Louis  (i 698- 1 696)  ct  DU  Heaume  (1710).  Cette  maison  semble 
avoir  été  élargie  du  côté  de  la  rue  de  Seine. 

Maison  sans  désignation  (1567),  qui  s'étendait  encore  jusqu'à  la  rue  Mazarine 

1.1.  33 


250  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

en  1638.  A  la  fin  du  xvi"  siècle,  elle  appartenait  à  l'architecte  Claude  Vellefaux, 
comme  l'indique  l'article  suivant  du  censier  de  iSgS  :  crDe  M""  Claude  Vellefaux, 
irjuré  du  Roy  en  l'office  de  massonerye,  et  voyer  général  de  la  terre  et  seigneurie 
ffde  Saint  Germain  des  Prez  et  ses  appartenances,  au  lieu  des  héritiers  de  M" René 
ff  Saulson,  procureur  au  Grand  Consed,  pour  une  maison  et  jardin  assis  en  ladicte 
ce  rue  de  Seyne,  tenant  d'une  part  audict  J.  Martin,  d'aultre  part  à  la  veufve  et 
tr  héritière  de  feu  François  Pastoureau,  d'un  bout  par  devant  sur  ladicte  rue  et  par 
crdérière  sur  les  fossez;  qui  doibt  de  cens  chacun  an,  ledict  jour  Saint-Remy, 
«tant  cens  que  rente,  cinquante-un  sols  six  deniers  parisis.n  Claude  Vellefaux, 
en  mourant,  laissa  à  sa  famille,  qui  en  a  joui  pendant  soixante  ans  encore,  sa  mai- 
son de  la  rue  de  Seine,  laquelle  a  eu  pour  enseigne  le  Lion-Noir  et  l'Autruche, 
dans  le  cours  du  xvii*'  siècle. 

Partie  postérieure  d'une  maison  située  rue  Mazarine  (iSiy).  Elle  était  déjà 
séparée  de  celle-ci  en  iBgB  et  renfermait  un  jeu  de  paume.  Elle  paraît  avoir  eu 
pour  enseigne  le  Cygne-de-l*-Croix  en  1687,  et  était  contiguë  aux  maisons  du 
coin  de  la  rue  de  Bussy. 

En  i566,  il  y  avait  dans  la  rue  de  Seine,  auprès  de  la  rue  des  Marais,  une 
maison  de  l'Image-Saint-Christophe,  dont  nous  ne  connaissons  point  la  situation 
exacte.  Nous  n'avons  pu  déterminer  davantage  celle  du  cf  jeu  de  paume  de  Tout- 
rrvoyeT)  (i56o),  qui  appartenait  à  Jean  Touvoye,  maître  esteufier,  et  s'étendait 
de  la  rue  de  Seine  à  la  rue  Mazarine,  offrant  ainsi  une  superficie  de  quatre  cent 
douze  toises.  11  est  probable  que  ce  jeu  de  paume  fut  abattu,  avec  la  plupart  des 
propriétés  attenantes,  lors  du  siège  de  Paris. 


RUE   SERVANDONI. 

La  rue  Servandoni,  qui  a  toujours  fini  à  la  rue  de  Vaugirard,  commence  au- 
jourd'hui à  la  rue  Palatine  ;  elle  partait  autrefois  de  l'église  même  ou  du  cime- 
tière Saint-Sulpice. 

Comme  elle  longeait,  au  commencement  du  xvf  siècle,  les  bâtiments  de  l'hôtel 
de  Garancière,  elle  avait,  suivant  plusieurs  censiers,  (testé  prise  de  ladicte  mai- 
ffson.  T)  On  pourrait  donc  en  induire  qu'elle  a  été  ouverte  assez  tard;  mais  il  est 
parlé,  dans  une  transaction  de  ik^li,  de  «rla  ruelle  qui  va  au  long  de  l'ostel  de 
ffGarancières,T)  et  il  paraît  constant  que  cette  ruelle  est  la  même  que  la  rue  Ser- 
vandoni (').  Dans  des  actes  de  1622,  iSSy  et  1 556,  celle-ci  est  appelée  «la  ruelle 

'''  Le  document  qui  nous  fournit  cette  citation  et  d'autre  à  la  ruelle  ;  aboutissant  d'un  bout  à  Lorin 
est  l'acte  de  la  vente  d'une  propriété  située  devant  Gauldry,  et  d'autre  au  cimetière  Sainl-Sulpice.  Or 
Saint-Sulpice,tenant  d'une  part  à  Jacques  Cardon,        ces  indications   s'appliquent   exactement  au  clos 


RUE  SERVANDONI.  251 

ffSainct  Sulpice;ii  dans  un  autre  document  de  i548,  et  rue  Sainct  Sdpice  qui 
fftend  du  chemyn  de  Vaugirard  à  l'église  dudict  Sainct  Sulpice,fl  et,  dans  des 
titres  de  i556  et  i566,  «Petite  rue  Sainct  Supplice,»  sans  doute  pour  la  distin- 
guer de  la  Grande  rue  Saint-Sulpice  ou  des  Canettes.  Nous  sommes  bien  certain 
d'ailleurs  de  ne  point  tomber  ici  dans  une  de  ces  confusions  si  difficiles  à  éviter 
lorsqu'on  étudie  l'histoire  topographiques  des  environs  de  Saint-Sulpice;  le  titre 
de  1  566  auquel  nous  venons  de  faire  allusion  se  rapporte,  en  effet,  à  la  maison 
de  Jean  Allain,  dont  l'emplacement  n'est  pas  douteux. 

Dans  le  censier  de  iBgB,  la  rue  Servandoni  est  énoncée  «rue  des  Cordiers,» 
et,  dans  un  acte  de  i6î?o,  «rue  des  Fossoyeurs,  ditte  des  Cordiers.n  L'appella- 
tion de  «rue  du  Fossoyeur ti  se  rencontre  dès  1677;  avec  le  pluriel  ou  avec  le 
singulier,  elle  a  été  d'un  usage  général  jusqu'au  moment  oià  une  ordonnance  de 
1806  y  substitua  le  nom  moins  lugubre  de  Servandoni,  architecte  de  la  façade 
de  l'église  Saint-Sulpice.  Sauvai  dit,  et  on  le  devine  sans  peine,  que  le  fossoyeur  de 
Saint-Sulpice  demeurait  dans  la  rue.  Il  est  question,  en  termes  obscurs,  dans  un 
document  de  1637,  de  la  maison  qu'il  habitait,  et  une  sentence  du  28  décembre 
i5/ii ,  où  il  est  appelé  Pierre  Chaufard,  nous  apprend  que  cette  maison,  de  pe- 
tites dimensions,  était  située  près  de  l'église. 

Sous  le  règne  de  Louis  XIII,  la  rue  Servandoni  a  été  parfois  nommée,  surtout 
dans  sa  partie  septentrionale,  rue  du  Pied-(le-Biche ,  à  cause  de  l'enseigne  d'une 
maison  attenante  au  cimetière,  et  l'identité  résulte  des  termes  mêmes  d'un  bail 
de  i63i  :  «rue  du  Pied  de  Biche,  aultrement  dict  des  Fossoyeurs,  n  L'enseigne 
d'une  autre  maison  faisant  le  coin  de  la  rue  de  Vaugirard  lui  a  valu  le  nom  de 
rue  du  Fer-à-Cheval ,  dans  le  contrat  de  vente  de  l'hôtel  du  Luxembourg,  en 
1612;  mais  nous  ne  connaissons  point  d'autre  exemple  de  cette  appellation,  qui 
a  dû  être  peu  employée. 

Vers  l'extrémité  méridionale  de  la  rue  Servandoni,  le  long  de  la  rue  de  Vau- 
girard ,  existait  un  «  lieu  dict  la  Kalende,  a  sur  lequel  nous  n'avons  jamais  recueilli 
de  renseignements  détaillés.  Un  arpent  de  terre  qui  y  était  situé  est  énoncé,  en 
i/ioo,  «tenant  d'une  part  à  la  vigne  de  monseigneur  de  Garencières,  d'autre  à 
«Pierre  Gaucher,  fossoyeur;  aboutissant  aux  ruelles  qui  vont  à  Vaugirard. n  Un 
demi-arpent  contigu  est,  en  outre,  énoncé  tenir  «aux  ruelles  Saint  Sulpice.n  Le 
territoire  de  la  Kalende  est  mentionné  dans  le  censier  de  i355  et  dans  des  docu- 
ments de  la  fin  du  xv*  siècle.  Il  n'en  est  plus  question  après. 

Fërou,  qui  appartinl  à  J.  Cardon.  La  ruelle  Ion-        cet  hôtel,  et,  par  conséquent,  ce  ne  peut  être  que 
géant  l'hôtel  de  Garancière  était  donc  à  l'ouest  de        la  rue  Servandoni. 


33. 


252  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

CÔTÉ  ORIENTAL. 


PAROISSE   SAIM-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Partie  postérieure  de  l'hôtel  de  la  rue  Garancière,  qui  appartint  à  M.  de  la 
Tour.  Cet  hôtel,  du  côté  de  la  rue  Servandoni,  était  apparemment  contigu  au 
cimetière  Saint-Sulpice,  et,  dès  1628,  on  avait  bâti  sur  son  emplacement  quatre 
ou  cinq  maisons  peu  profondes.  Au  même  lieu  il  y  avait,  en  iBgô,  deux  maisons 
que  nous  n'avons  pu  identifier;  la  plus  rapprochée  de  l'église  était  possédée  par 
M'^Lejay,  procureur  au  Parlement. 

Partie  postérieure  de  l'iiôtel  de  Soubdiac,  remplacée  par  trois  ou  quatre  mai- 
sons en  1628. 

Maison  sans  désignation  (i566),  dite,  en  1095,  composée  de  deux  corps 
d'hôtel,  et,  en  i6a8,  de  deux  maisons.  Elle  aboutissait  à  la  propriété  d'Ambroise 
Paré,  située  rue  Garancière,  et  en  dépendait  en  i6o3. 

Maison  sans  désignation,  qui  dépendait  de  la  suivante  et  fut  cédée,  le  3i  dé- 
cembre i566,  à  Jean  AHain  par  Guillaume  d'Aussy.  Elle  n'avait  alors  que  vingt 
pieds  neuf  pouces  de  largeur  sur  rue,  et  quinze  pieds  seulement  à  son  extrémité 
opposée;  la  maison  qui,  selon  nous,  la  représente  aujourd'hui  a  donc  dû  être 
élargie. 

Maison  sans  désignation,  appartenant,  en  i566,  à  Guillaume  d'Aussy.  Elle 
paraît  être  la  même  que  celle  qui  fut  vendue,  le  18  novembre  1697,  par  Jean 
du  Verger  à  Thibaut  Cressé,  élu  à  Glermont  en  Beauvoisis.  Nous  sommes  sûr  de 
son  emplacement,  mais  non  de  ses  limites. 

Maison  sans  désignation  (iBgB),  dont  les  limites  sont  également  douteuses,  et 
qui  était  contiguë  à  la  maison  faisant  le  coin  de  la  rue  de  Vaugirard. 

CÔTÉ    OCCIDENTAL. 

PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 
ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

^""•''  Maison  du  Fer-À-Cheval  (1 506-1687),  faisant  le  coin  de  la  rue  de  Vaugirard. 

les  rues  de  Vaugirard  ,  \        ^  il  inv/^ii 

.tduCanivet.     Elle  appartenait  à  Etienne  Casin,  qui  demeurait  en  la  maison  du  Fer-à-Cheval , 
située  rue  de  la  Harpe.  Elle  était  divisée  en  deux  dès  1626. 


RUE  DE  SEVRES.  253 

Maison  sans  désignation  en  iBgS,  puis  de  la  Chaise  (i628-i635).  L'un  de  ses 
propriétaires  s'appelait  Marguerite  Chaize. 

Maison  sans  désignation  (iSg 5). 

Deux  maisons  sans  désignation  (iBgS),  aboutissant  à  la  rue  Pérou,  En  1628 , 
la  seconde  appartenait  à  Robert  Fusée,  sieur  d'Assy,  et  s'appelait,  en  i653,  la 
Grange  d'Assy  Fusée. 

Grande  maison  sans  désignation  (iSgS),  faisant  le  coin  méridional  de  la  rue 
du  Canivet  et  aboutissant  à  la  rue  Férou.  Elle  était  divisée  en  deux  dès  1628. 

Maison  sans  désignation  (1  Sgô) ,  puis  du  Vert-Bois  ou  Gaillard-Bois  (''  (1628-  Entre 

1735),  aboutissant  à  la  rue  Férou  et  contiguë  à  la  maison  faisant  le  coin  septen-  et 

trional  de  la  rue  du  Canivet.  régiiseSaint-s„ipic. 

Maison  sans  désignation  (lôgS),  aboutissant  à  la  rue  Férou.  Elle  paraît  avoir 
été  divisée  en  deux  dans  sa  largeur,  car,  dès  1628,  elle  était  séparée  de  la  pré- 
cédente par  une  maison  qui  ne  doit  point  avoir  été  bâtie  sur  le  terrain  de  celle- 
ci,  dont  elle  a  d'adleurs  dépendu  dans  le  dernier  siècle. 

Maison  sans  désignation  (i556),  aboutissant  à  la  rue  Férou.  La  partie  posté- 
rieure en  fut  retranchée  l'an  1620,  et  la  partie  antérieure  fut  achetée  par  la 
fabrique  de  Saint-Sulpice  le  i/»  mai  1767. 

Maison  sans  désignation  en  i556,  puis  de  l'Image-Saint-Pierre-aux-Pavillons 
(i58o)  et  du  Pied-de-Biche  (t63i-i66i).  La  première  enseigne  rappelait  le 
nom  de  Pierre  Pavillon,  à  qui  elle  fut  adjugée  le  27  mars  1577.  Elle  aboutissait 
à  la  rue  Férou,  et,  comme  elle  était  destinée  à  être  démolie,  elle  fut  achetée 
parla  fabrique  de  Saint-Sulpice  le  22  février  1719. 

Cimetière  Saint-Sulpice,  faisant  le  coin  de  la  ruelle  longeant  l'église.  (Voir  Rue 
Férou.) 


RUE   DE    SEVRES. 

La  rue  de  Sèvres  commençait,  comme  aujourd'hui,  au  carrefour  de  la  Croix- 
Rouge,  et  finissait  à  la  barrière  qui  limitait  le  faubourg.  Au  delà  c'était  le  chemin 
de  Sèvres. 

Il  est  douteux  que  la  rue  de  Sèvres  se  soit  appelée  rue  de  la  Maladerie  dès  le 
xni« siècle,  ainsi  que  l'assure  Jaillot  en  faisant  allusion  à  des  chartes  de  l'abbaye, 
qu'on  ne  retrouve  point  dans  ses  archives.  Au  commencement  du  règne  de  Fran- 
çois I",  en  effet,  bordée   exclusivement  de  terres  en  culture,  elle  n'était  point 

<■>  Les  deux  expressions  étaient  synonymes  :  appliqué  au  mot  bois,  l'adjectif  g-aiV/flrrf  signifiait  verdoyant. 


-254  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

encore  une  rue,  mais  bien  un  chemin  qu'on  appelait  le  chemin  ou  et  le  grant  che- 
(rmin  de  la  Malladerien  (i53i,  i53i,  etc.),  et  «le  grand  chemin  qui  tend  de 
ffla  rue  du  Four  à  la  Maladerien  (iBaS).  Un  titre  de  161 4  l'énonce  «  chemin 
rrpar  lequel  on  va  de  Paris  à  la  Maladerie,T)  et  un  acte  de  ihtg,  «chemyn  qui 
ffva  de  la  Maladerie  en  la  grant  rue  dudict  Sainct  Germain,  a  Sans  aucun  doute, 
des  locutions  analogues  ont  dû  être  employées  dès  l'origine  de  la  Maladrerie;  mais 
nous  n'en  avons  point  rencontré  d'exemple  antérieur  à  celui  que  nous  citons. 

La  rue  de  Sèvres  est  nommée  et  voie  de  Sèvres  n  dans  le  censier  de  i355;  rche- 
crmin  qui  va,  par  devant  la  Maladerie,  droit  à  Sèves, •«  dans  un  document  de 
ilik'],  et  :( chemin  ou  grand  chemin  de  Sèvres  dans  une  foule  d'autres.  Comme 
elle  conduisait  à  Meudon  aussi  bien  qu'à  Sèvres,  elle  a  été  dite  chemin  de  Meudon, 
en  ik']h,  et  cr chemin  tendant  dudict  Sainct  Germain  à  Meudon,  appelle  chemin 
(tdes  Charbonniers,  11  dans  un  ensaisinement  de  i534,  relatif  à  un  terrain  situé 
au-dessus  et  près  de  la  Maladrerie.  Sur  un  plan  de  1  671,  le  vocable  de  chemin  des 
Charbonniers  est  également  appliqué  à  la  route  de  Sèvres,  au  delà  de  Grenelle. 

La  voie  dont  nous  nous  occupons  n'a  commencé  à  être  ordinairement  qualifiée 
de  rue  que  dans  la  seconde  moitié  du  xvi*  siècle,  et,  en  1 554,  on  y  voyait  encore 
le  rt  chemin  par  lequel  on  va  dudict  Sainct  Germain  à  Sèvres,  n  Elle  est  appelée 
(True  allant  à  l'Hospitaln  et  rr chemin  par  lequel  on  va  de  la  Maladrye  à  Vaugi- 
trrard,T)  dans  le  cueilleretde  1505;  et  rue  des  Petites-Maisons,  ^  dans  un  acte  de 
1626,  et  ff  rue  du  Boullouer,  n  dans  d'autres  de  1 568,  i638  et  i658.  Le  tr che- 
ftmindu  BouHouem  est  mentionné  dans  le  censier  de  iSi^.  Nous  avons  expli- 
qué ailleurs  l'origine  de  celte  dénomination. 

CÔTÉ  DU  SUD -EST. 

PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE  SAINT-GEBMAI\-DES-PRÉS. 

(Voir  le  pian  de  Ja  paroisse  Saint-Sulpice.) 

Maison  de  la  Taverne  (1372),  faisant  front  sur  le  carrefour  de  la  Croix-Rouge, 
et  formant  à  la  fois  le  coin  de  la  rue  du  Cherche-Midi  et  celui  de  la  rue  de 
Sèvres.  Le  8  janvier  1^89,  Pierre  Montrouge  la  prit  à  bail  avec  l'arpent  qui  en 
dépendait  et  qui  était  situé  derrière.  En  i523,  elle  appartenait  à  Tanneguy 
Aulbry,  et  renfermait,  indépendamment  de  l'arpent  que  nous  venons  de  mention- 
ner, une  grange,  une  bergerie  et  un  jardin,  le  tout  offrant  une  superficie  d'un 
quartier  et  demi.  En  1695,  elle  était  possédée  par  Julienne  Bouchardeau ,  riche 
propriétaire  du  quartier,  et,  en   1628,  elle  contenait  une  tuilerie.  Suivant  les 


RUE  DE  SEVRES.  255 

litres  de  cette  époque,  elle  aurait  alors  eu  trois  arpents  de  superficie,  ce  qui 
impliquerait  qu'elle  s'était  étendue  jusqu'à  la  première  brisure  de  la  voie.  Saisie 
sur  Geoffroy  Lambert  et  Julienne  Malherbe,  sa  femme,  elle  fut  adjugée,  le  3  fé- 
vrier 1627,  au  conseiller  et  médecin  du  roi,  René  Chartier.  D'autres  décrets 
d'adjudication,  datés  des  17  juin  1662  et  17  février  i663,  en  procurèrent  la 
possession  aux  Prémontrés  réformés,  qui  s'y  installèrent <''. 

Maison  sans  désignation  (iBgS),  aboutissant  à  la  précédente. 

Delx  maisons  sans  désignation  [ibli-]),  qui,  réunies  en  une  seule,  ont  formé 
l'hôtel  de  la  Paye  au  xviii"' siècle.  Ainsi  que  toutes  les  suivantes,  elles  devaient 
être  bâties  déjà  vers  i535,  mais  alors  la  plus  grande  partie  de  leur  emplace- 
ment était  en  jardins. 

Deux  maisons  sans  désignation  (1547).  Elles  furent  élevées,  avec  les  deux  pré- 
cédentes, sur  quatre  pièces  de  terre  baillées  à  bâtir  par  l'abbaye  le  9  décembre 
iBag.  Ces  pièces  s'étendaient  de  la  rue  de  Sèvres  à  la  rue  du  Cherche-Midi,  de 
même  que  celles  dont  il  sera  question  ci-après.  Les  deux  premières,  que  prirent 
les  nommés  Richard  Greslé  et  Antoine  Greslé,  contenaient  chacune  cinquante 
perches;  les  deux  autres,  qui  échurent  à  Geoffroy  Hévet  et  à  Jacques  Rigaut, 
renfermaient  chacune  vingt-cinq  perches. 

Deux  maisons  sans  désignation  (15/17).  ^®  9  f^vri*^!"  1712,  Jeanne  de  Sauvaget 
fit  donation  de  la  seconde  au  profit  des  dames  de  Saint-Thomas,  qui  s'y  éta- 
blirent. Ces  deux  maisons,  ainsi  que  celles  auxquelles  elles  aboutissaient  rue  de 
Sèvres,  furent  construites  sur  cinq  pièces  de  terre  baillées  à  bâtir,  savoir  :  la  pre- 
mière et  la  deuxième,  qui  contenaient  chacune  un  quartier,  à  Pierre  de  Bagneux 
et  à  veuve  Jacques  Berthon,  le  9  novembre  1629;  la  troisième,  qui  contenait  cin- 
quante perches,  à  Jean  Allain,  probablement  aussi  en  iSag;  la  quatrième,  qui 
contenait  vingt-cinq  perches,  à  Jean  Poussin,  le  10  mars  i53o  ;  et  la  cinquième, 
qui  parait  avoir  contenu  trois  quartiers,  à  Richard  Le  Tort,  en  1629'^'. 

Deux  maisons  sans  désignation  (lôgB).  Elles  n'étaient  sans  doute  pas  moins  an- 
ciennes que  les  précédentes,  car  elles  occupaient  l'emplacement  d'un  demi-arpent 
baillé,  le  19  février  1829,  à  Jean  Boillet,  et  d'un  quartier  baillé,  en  la  même 
année,  à  Guyot  Fleury. 

Pièce  de  terbe  attenante  à  la  Tranchée  et  aboutissant  à  la  rue  du  Cherche- 
Midi  (1595).  Elle  était  large  de  trente  toises  cinq  pieds  et  demi  sur  cette  der- 
nière rue,  et  de  vingt  et  une  toises  un   pied  et  demi,  sur  la  rue  de  Sèvres. 

'">  Jaillot  rlil  que  la  veuve  de  René  Chartier  la  dont  l'application  offre  des  difficultés  sans  nombre, 

leur  avait  vendue  le  j6  oclobro  1661  ;  nous  n'avons  Celte  superficie  est  d'ailleurs  portée  à  quatre  ar- 

retrouvé  dans  leurs  papiers  que  la  copie  des  dé-  penls  au  lieu  de  trois  et  demi,  dans  l'arpentage 

crets.  (Arch.  nat.  cart.  3434i.)  de  iSag,  et,  pour  les  lots  suivants,  à  un  arpent 

'*'  La  superficie  réelle  des  deux  maisons  dont  il  au  lieu  de  trois  quartiers ,  ce  qui  paraît  être  un 

s'agit  est  sujiérieure  à  celle  qu'indiquent  les  titres,  peu  plus  exact. 


256  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

L'Hôtel-Dieu,  à  qui  elle  appartenait  dès  1829,  la  vendit,  à  charge  de  bâtir,  au 
nommé  Jean  Langellé,  dit  Marchand,  le  3  juillet  1609.  (Voir  Rue  du  Cherche- 
Midi.) 

CÔTÉ  SEPTENTRIONAL. 

PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVK  DE  L'ABBAYE  SAIM-GERMAIN-DES-PRÉS. 

Entre  Maison  sans  désignation,  avec  un  jardin  et  terres  dépendantes  (1  596),  faisant 

'* lue car*refou"'*  ^^  ^^^^  Orientai  de  la  rue  de  la  Chaise.  A  la  fin  du  xvi''  siècle,  elle  appartenait  à 
de  ia  Croix-Rouge,  ^j^ude  Morcl ,  et,  le  3o  juillet  1 638,  renfermant  alors  deux  arpents  dix-sept  perches, 
elle  fut  vendue  18,000  livres  tournois,  par  Guillaume  Bouchardeau ,  aux  Annon- 
ciades  de  Bourges.  Les  créanciers  de  ces  religieuses  les  en  firent  exproprier  par 
arrêts  du  Parlement  rendus  en  i65o,  1662  et  i656;  puis,  le  9  mars  i656,  la 
maison  fut  acquise,  au  prix  de  126,000  livres,  par  les  dames  de  l'Abbaye-aux- 
Bois,  qui  s'y  établirent. 

Terre  ou  jardin  (1596)  contigu  à  la  maison  faisant  le  coin  du  carrefour  de 
la  Croix-Rouge.  Ce  jardin  occupait  l'emplacement  d'un  arpent  de  terre  qui  ap- 
partenait, en  iSaS,  à  Jean  Bausart,  à  cause  de  sa  femme,  fille  de  Jean  Ballay, 
'  lequel  avait  possédé  la  plus  grande  partie  de  l'îlot.  En  1628,  il  y  avait  là  une 

petite  maison,  puis  deux  autres  renfermant  des  jardins;  Pierre  Racine  en  était 
propriétaire.  Ce  fut  ensuite  un  grand  chantier,  large  de  quarante  toises,  que  les 
religieuses  de  l'Abbaye-aux-Bois  acquirent  le  2/1  septembre  1679. 


HOSPICE  DES  MENAGES 


PFSiltltMlON  i)K  l;ANClr^  V.TATDt  r!.r\N 


6  PlV^ard  ■ 

%Jttcùwwi  clôiare». 


D^eéc^ÂjoUcn/    ùu^  Plan/ 

D  ernier  élat . 

B  h'iUrê*  du   ^A\nMy  inaJtu^l.  Jf  VHtyHial. 

D  O'iwntJ    larMn.   f^f^Au/  ^^   l  'Ho<tpi£^. 
fc  CfUÏ/  fié*  Hiaiei*ù*i  . 

H  .Jur^ui   Àt  Vln/Um^ti^' 
1  Coul-  Âé-   ^eUHc^ 

K  (  ûti^    Je  la.Bu4x,nd^>uc^. 

N    l.iX4*(H.\ 

S  BuatitiMif/ 
T  /ieu/ia 

O 


,Ai««^ 


b  HU'ïr4X4t£C     A^   } A.C'lllUUAÙuUlOtl'. 


MALADRERIE  SAIIST-GERMAIN.  257 


CHAPITRE   VI. 

MALADRERIE    SAINT-GERMAIN. 

(  PETITES-MAISONS ,  PETITS-MENAGES.) 


La  MALADRERIE,  ou  HÔPITAL  SAINT-GermaLN ,  était  situé*!  le  long  et  du  côté 
septentrional  du  chemin  ou  rue  de  Sèvres,  entre  le  débouché  des  rues  du  Bac  et 
de  la  Chaise.  Elle  avait,  après  divers  changements,  sa  principale  entrée  à  l'angle 
occidental  de  cette  dernière  rue.  Elle  était  située  sur  la  paroisse  Saint-Sulpice, 
en  la  justice  et  censive  de  l'abbaye  Sainl-Germain-des-Prés. 

Placée  hors  de  la  ville,  comme  Saint-Lazare  et  pour  les  mêmes  raisons,  cette 
léproserie  s'appelait  ordinairement  la  Maladrerte  Saint-Germain;  mais  elle  est 
nommée  «la  Malladrerie  Saint-Thomas n  dans  le  censier  de  i355,  ce  qui  donne 
à  croire  qu'il  s'y  trouvait  une  chapelle  de  ce  vocable.  Les  archives  de  l'abbaye 
n'offrent  aucune  mention  de  la  Maladrerie  Saint-Germain  avant  le  milieu  du 
XIV'  siècle.  Delamare  néanmoins,  sans  toutefois  citer  d'autorités,  la  fait  figurer 
sur  ses  plans  comme  si  elle  avait  existé  dès  le  temps  de  Philipe-Auguste,  ce  qui 
n'est  nullement  invraisemblable.  Dans  un  legs  fait,  le  5  décembre  1898,  par 
Guillaume,  dit  Hunault,  à  la  Maladrerie  Saint-Germain,  il  est  question  de  sa  cha- 
pelle et  des  confréries  de  Notre-Dame  et  de  Saint-Ladre,  qui  y  avaient  leur  siège. 
On  ne  sait  rien,  au  surplus,  ni  de  sa  fondation,  ni  de  son  organisation,  et  il  n'y  a 
pas  lieu  de  s'en  étonner,  car  la  suppression  de  cet  établissement  remonte  à  la  fin 
du  règne  de  François  I".  La  Maladrerie  n'avait  alors  aucun  revenu  régulier,  et 
elle  n'était  plus  qu'une  sorte  d'hôtellerie  pour  les  lépreux,  qui,  affluant  de  partout, 
se  répandaient  de  là  dans  la  ville  afin  d'y  quêter  et  crclicqueter.  ii  En  outre,  l'ac- 
croissement du  bourg  Saint-Germain  avait  fait  cesser  l'état  d'isolement  de  la  Ma- 
ladrerie, désormais  trop  rapprochée  d'un  grand  centre  d'habitation. 

Par  arrêt  du  27  janvier,  le  Parlement  ordonna  que  la  Maladrerie  serait  détruite, 
et  que  les  matériaux  seraient  réservés  pour  en  bâtir  une  autre  dans  un  lieu  plus  éloi- 
gné, à  moins  qu'on  ne  les  adjugeât  au  profit  des  pauvres.  Toutefois,  le  16  février 
1  54/1,  le  cardinal  de  Tournon,  sans  tenir  compte  de  l'arrêt  et  en  sa  qualité  d'abbé 
de  Saint-Germain,  c'est-à-dire  de  seigneur  haut  justicier  du  fief,  bailla  le  terrain 
de  l'hospice  à  Guillaume  Gellinard,  sieur  de  Maisseville,  moyennant  la  remise  des 

m.  33 


258  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

matériaux,  la  somme  de  3oo  livres,  une  rente  annuelle  de  3o  livres  el  un  cens 
de  7  sols  6  deniers  par  arpent.  Informé  du  fait,  le  procureur  général  introduisit 
une  requête  concluant  à  l'exécution  de  l'arrêt  précédemment  rendu ,  et  un  procès 
eut  lieu,  où  comparurent  simultanément  G.  Gellinard,  le  bourgeois  Robert  Fal- 
lentin,  qui  lui  avait  acheté  le  terrain  en  litige  et  avait  commencé  à  y  construire, 
puis  les  religieux  de  l'abbaye.  Ceux-ci  consentaient  bien  à  ce  que  l'emplacement 
de  la  Maladrerie  fût  aliéné  dans  l'intérêt  des  pauvres,  et  recoimaissaient  même 
qu'il  leur  incombait  le  devoir  de  nourrir  et  entretenir  les  lépreux  de  leur  fief; 
mais  ils  demandaient,  en  échange,  à  être  déchargés  de  l'obligation  de  leur  fournir 
un  lieu  pour  rebâtir  l'hospice.  Par  arrêt  du  27  novembre  i5/i8,  le  Parlement  sa- 
tisfit aux  prétentions  des  moines,  et,  prenant  en  considération  l'oflre  faite  par  Fal- 
lentin  de  payer  600  livres  aux  pauvres  et  de  leur  servir  la  rente  qu'il  servait  pré- 
cédemment à  l'abbaye,  lui  adjugea  la  possession  définitive  de  la  Maladrerie''*. 


Cependant,  le  nombre  des  pauvres  augmentant  sans  cesse,  ies  commissaires 
nommés  par  le  Parlement  pour  administrer  l'assistance  publique  proclamèrent 
la  nécessité  de  créer  de  nouveaux  lieux  de  refuge,  et,  par  lettres  patentes  du 
11  novembre  i55i'^',  Henri  II  les  autorisa  à  construire,  dans  les  faubourgs,  un 
ou  deux  hôpitaux  (tsegregés  de  voisins,  pour  illec  loger  et  nourrir  lesdicts  pauvres 
rtmendians  en  petites  loges  et  eschoppes,  de  neuf  ou  douze  pieds  en  carré  chas- 
(Tcune,  selon  les  pourtraicts,  desseings  et  modellesTi  qu'ils  en  avaient  présentés  au 
Parlement'^'.  Le  3  février  i55ii,  ils  achetèrent,  dans  cette  intention,  au  prix  de 


'''  Arch.  nat.  cart.  S  aSia,  et  reg.  Z  7601  , 
fol.  97  v°.  Les  circonstances  à  la  suite  desquelles 
la  Maladrerie  est  devenue  l'hôpital  Saint-Germain 
n'ont  point  été  comprises  des  historiens  de  Paris. 

'*'  Ces  lettres  patentes  avaient  été  précédées,  à 
dix  ans  de  distance ,  d'autres  lettres  datées  du  7  no- 
vembre 1  5  'ti ,  par  lesquelles  François  1"  attribuait 
au  Prévôt  des  Marchands  et  aux  Echevins  de  la  Ville 
de  Paris  la  xuperintehdance ,  soin  et  entretien  de  la 
Communauté  des  pauvres  : 

ff Ordonnons,  disait  le  roi,  qu'ils  commettent  et 
rdeputent,  ainsi  qu'ils  ont  acoustunié  de  faire, 
f  pour  le  gouvernement  de  l'Hostel  Dieu,  ung  cer- 
"  tain  bon  nombre  de  notables  bourgeois .  conseillers 
"de  ladicte  ville,  et  aultres  gens  de  bien  et  chari- 
rrtables,  lesquelz  ilz  présenteront  d'an  en  an  et  de 
frdeuz  ans  en  deuz  ans,  ainsy  qu'ilz  adviseront,  à 
f  notre  dicte  Court  de  Parlement,  pour  illec  faire 
net  prester  le  serment  que  font  et  prestent  en  icelle 
(f Court  les  gouverneurs  du  dict  Hostel  Dieu...  et, 
iren  ce  faisant,  appelles  avec  eulx  ung  bon  nombre 
rrde  conseillers  de  ladicte  ville,  et  assistans  aucuns 


crdenosamez  et  féaulz  conseillers  de  nostre  dicte 
ff Court  de  Parlement,  advisent  et  regardent  à  tous 
(tles  moyens  et  expé.liens  convenables  pour  pour- 
fr veoir  et  donner  ordre  au  faict  diceulx  pauvres.  1 

Nous  avons  cru  devoir  reproduire  la  partie  la 
plus  significative  de  ces  lettres  patentes,  que  feu 
Berty  avait  omises;  elles  contiennent,  en  elfet,  le 
principe  de  l'institution  appelée  successivement  : 
rfl'Aumosne  générale,»  le  Grand  Bureau  des  Pau- 
vres et  l'Assistance  publique.  —  l.  m.  t. 

'''  Nous  croyons  devoir  également  reproduire  en 
entier  les  lettres  patentes  du  11  novembre  i554. 
dont  feu  Berty  n'a  donné  que  quelques  lignes.  L'en- 
semble de  cette  pièce  établit  la  part  que  le  souve- 
rain ,  le  Parlement  et  le  Bureau  de  la  Ville  ont  prise 
à  la  transformation  de  l'antique  léproserie  Saint- 
Germain;  elle  montre,  en  outre,  que  les  intentions 
charitables  de  François  1"  ont  été  religieusement 
suivies  par  Henri  II. 

"Henry,  par  la  grâce  de  Dieu.. . ,  sçavoir  faisons 
frque,  comme  pour  nourrir  avec  certain  bon  ordre 
tret  police  ung  grant  et  merveilleux  nombre  de 


TOPOGRAPHIE    HISTORIOVE   DV  VIEVX   PARIS, 


Bienvenu   del 


'..  M  Tisserand  dn 


LES  PETITES  MAISONS  ET  LES  PETITS  MÉNAGES 

■••  >.  t  "  :  F.  N  \  1-    \:  ■\  1 .  A  D  R  [•:  rie   s  a  :  m  t  g  f.  r  m  a  i  n 


y.  c  n  a  ê  c  r> 


MALADRERIE  SAINT-GERMAIN.  259 

loo  livres  tournois  de  rente,  la  propriété  de  Robert  Fallentin;  elle  consistait  alors 
en  une  maison  qui  avait  pour  enseigne  sur  le  portail  l' Image- Sainte-Geneviève,  et 
coinpienait  des  cours  et  des  étables,  avec  un  jardin;  le  tout  présentant  une  su- 
perficie d'environ  trois  arpents'".  L'ancienne  Maladrerie  redevint  ainsi  un  hôpital, 


qu'on  appela  Vhôpilal  Saint-Germain ,  et  bientôt  aussi  les  Petites-Maisons ,  à  cause 


irpauvres,  qui  mendient  ordinairement  parniy  les 
frrues,  maisons  et  ëglises  de  nostre  ville  de  Paris, 
trcappilaie  de  notre  royaulene,  quelque  auniosne 
irque  on  leur  distribue  par  chascune  sepmaine, 
trayant  été  pratiquez  plusieurs  bons  moyens,  tant 
rpar  notre  Court  de  Parlement  que  par  les  coni- 
"missaires  par  elle  commis  sur  le  faiet  et  police  des- 
irdicls  pauvres,  et  finablement  estre  Ireuvez,  ainsy 
trque  lesdicts  commissaires  nous  ont  faict  entendre, 
irque  il  est  1res  nécessaire  de  bastir  et  construire 
iruuff  ou  deux  nouveaulx  hospitaiilx,  en  certains 
(rlieidx  spaeieulxdc  nostre  dicte  ville  et  faulxbourgs, 
ffsegregez  de  voisins,  pour  illec  loger  et  nourrir 
fflesdictjj  pauvres  mendians  en  petites  loges  et  es- 
(Tcboppes,  de  neuf  ou  douze  pieds  en  carré  chas- 
ffcnne,  selon  les  pourtraicts,  desseings  et  modelles 
cqu'ilz  en  ont  faict  faire  et  présentera  nostre  dicte 
(T Court,  laquelle  a  treuvé  ladicte  entreprinse  très 
ir bonne  et  la  permis  et  accordé  soubz  nostre  bon 
T  plaisir.  Pour  ce  est-il  que  donnons  en  rnandc- 
"ment,  etc.»  (Archives  de  l'Assistance  publique, 
Pelileg-Maixons ,  liasse  n°  h.) 

Ce  sont  les  (r pourtraicts,  desseings  et  modelles» 
des  ir petites  loges  et  esclioppes,"  que  nous  avons 


fuit  reproduire  à  l'aide  des  relevés  pris  par  le  Ser- 
vice historique,  au  moment  de  la  démolition  des 
bAtiments.  Pour  rendre  plus  sensible  les  transfor- 
mations successives  de  l'antique  Maladrerie  Saint- 
Germain  ,  nous  avons  réuni ,  sur  la  même  planche , 
un  cabanon  des  Peliles-Maisom;  et  une  travée  des 
Petits-Ménages.  —  l.  m.  t. 

''>  L'acte  de  vente,  dont  la  minute  est  conseï'- 
vée  aux  archives  de  l'Assistance  publique,  est  ainsi 
conçu  : 

tr  Par  devant  Etienne  Brûlé  et  Adrian  Fournier, 
"■notaires  du  Roy  nostre  sire,  en  son  Chastelet  de 
ff Paris,  fut  présent,  en  sa  personne,  honorable 
tr  homme  Robert  Fallantin,  marchand  bourgeois  de 
rr Paris,  lequel,  de  son  bon  gré  et  bonne  vollunlé, 

rrecongneut  et  confessa avoir  vendu  à  nobles 

nhommes  et  saiges  maislres  Loys  Gayan,  M°  Jac- 
trques  Pothier,  M"  Jehan  Berjot,  conseiller  du  Roy 
tf nostre  sire,  en  sa  Court  de  Parlement,  M'  Paris 
rrHesselin,  aussy  conseiller  du  Roy  et  maistre  de 
ffses  comptes.  M"  Estienne  Dugué,  chanoine  en 
T  l'esglise  de  Paris  et  archidiacre  de  Brye ,  M"  Claude 
crde  Verdun,  aussy  chanoine  de  Paris,  une  maison, 
ffcourt,  estables,  jardin,  lieux  et  appartenances... 

33. 


260  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

de  sa  subdivision  en  un  grand  nombre  de  «  loges,  n  Les  bâtiments  en  avaient  été 
élevés  en  iSSy,  dit  Corrozet,  qui  ajoute  que  l'établissement  n'avait  d'autres  re- 
venus que  les  aumônes  des  habitants  de  Paris'". 

L'hôpital  Saint- Germain,  contenant  au  plus  trois  arpents,  tenait  d'une  part 
à  la  rue  de  Sèvres,  et  de  l'autre  à  une  partie  du  chemin  de  Grenelle  (rue  de 
Babylone)  depuis  longtemps  supprimée.  11  aboutissait  par  devant  et  avait  son 
entrée  sur  le  carrefour  formé  par  la  réunion  des  deux  voies  que  nous  venons 
d'énoncer  et  de  la  rue  de  la  Chaise.  Il  aboutissait  par  derrière  à  une  pièce  de  terre 
de  trois  arpents  moins  un  demi-quartier,  qui  faisait  le  coin  de  la  rue  du  Bac. 
Baptiste  Vesle  avait  acquis  cette  pièce  de  terre,  le  12  janvier  1606,  de  Jeanne 
Autran,  et  la  céda,  le  1  8  mai  1  6-23,  à  l'hôpital,  par  le  cimetière  duquel  elle  était 
partiellement  limitée  vers  le  nord.  Elle  a  servi  à  l'extension  de  l'établissement,  dont 
une  acquisition,  faite  le  7  octobre  1611,  a  permis  d'efl'ectuer  le  premier  agran- 
dissement, du  côté  delà  rue  de  Grenelle.  La  chapelle  fut  réédifiée  en  161 5'*'. 

Du  Breul  donne  les  détails  suivants  sur  la  destination  et  l'administration  de 
l'hôpital  Saint-Germain  :  tt Premièrement,  faut  entendre  que  cest  hospital  a  esté 
ftbasti  et  édifié  pour  y  loger,  enfermer  et  nourrir  sobrement  les  hommes  et  femmes 
fvieils  et  décrépits  et  autres,  pauvres  incorrigibles  ou  invalides  et  impotens,  les 
r:  hommes  séparez  des  femmes.  Et  a  esté  bien  advancé  avec  l'ayde  de  dellunct  de 
abonne  mémoire  Monsieur  de  Boulencourt,  en  son  vivant  conseiller  du  Boy  et 
tf  président  en  sa  Chambre  des  comptes,  qui  y  a  employé  beaucoup  de  ses  biens  et 
(ffacultez,  tant  en  meubles,  rentes  que  édifices,  et  plusieurs  logis  et  chambres, 
tresquelles  sont  logez  les  pauvres  estropiats  et  impotens,  vieils  et  caducs,  n'ayant 
ff puissance  de  gaigner  leur  vie,  qui  y  sont  nourriz,  alimentez  et  çhaufez  en  deux 


crie  lieu,  ainsy  qu'il  se  comporte,  appeiiéia  Malia- 
ttdrerie  de  Sainct  Germain,  situez  et  assis  prez 
crSainct  Germain  des  Prez  lez  Paris,  du  costé  et  sur 
nie  chemyn  par  lequel  l'en  va  dudicl  Sainct  Ger- 
irmain  àSève,  pour estre appliquez  à  ung hospital.» 
(Archives  de  l'Assistance  publique,  même  fonds.) 

Cette  pièce  a  son  intérêt,  en  ce  qu'elle  nous  fait 
connaître  quelle  était,  en  i554,  la  composition  du 
nouveau  Bureau  des  Pauvres.  M.  Husson  l'a  repro- 
duite dans  son  Etude  sur  les  hôpitaux.  —  l.  m.  t. 

'''  Quelques  parties  des  bâtiments  primitifs,  édi- 
fiés en  1557,  étaient  restées  engagées  dans  des 
constructions  postérieures.  La  démolition  des  ailes 
qui  les  enveloppaient  a  permis  d'en  reconnaître 
l'aspect  et  le  style;  indépendamment  des  relevés 
géométraux,  un  croquis  a  pu  en  être  fait  par 
M.  Bienvenu;  nous  l'avons  fait  graver  sur  bois,  et 
nous  le  plaçons  dans  le  texte,  à  la  page  précédente , 


un  peu  avant  le  moment  où  le  récit  amène  cette 
figuration.  —  i..  m.  t. 

'*'  La  chapelle,  dont  nous  avons  fait  relever  le 
plan  avec  soin ,  au  moment  de  la  démolition ,  avait 
autrefois  son  entrée  à  l'extrémité  de  la  nef  et  sur  la 
rue  de  Sè\Tes,  par  laquelle  on  y  accédait.  A  une 
époque  qu'il  est  difficile  de  préciser,  des  bâtiments 
de  service  furent  appliqués  contre  le  pignon  occi- 
dental de  cette  chapelle;  on  condamna  alors  la  porte 
et  les  fenêtres,  dont  nous  avons  retrouvé  les  baies 
sous  une  couche  de  plâtre,  et  l'on  fit  une  nouvelle 
entrée  latérale  donnant  sur  la  cour. 

M.  Bienvenu  a  restitué  avec  soin  cet  ancien  por- 
tail ,  dont  aucun  historien  de  Paris  ne  fait  mention  ; 
il  a ,  de  plus ,  établi  une  coupe  longitudinale  et  trans- 
versale de  la  chapelle  et  de  son  campanile,  ce  qui 
permet  d'apprécier  l'agencement  des  combles  et  la 
disposition  originale  de  la  charpente.  —  1..  m.  t. 


MALADRERIE  SAINT-GERMAIN.  261 

ffchaufoirs  communs,  faits  en  forme  de  cloche,  l'un  du  costé  des  hommes  et 
ff  l'autre  du  costé  des  femmes,  le  tout  aux  despens  du  Grand  Bureau,  qui  fournit 
fret  satisfait  à  tout  ce  qui  est  de  nécessité. 

ffPlus,  audit  hospital  sont  receuz  les  enfans  et  pauvres  cagnardiers,  tant  fils 
trque  filles,  qui  sont  malades  de  la  teigne,  qui  l'ont  gaignée  à  coucher  es  basteaux. 
ff  les  autres  sous  les  estaux  ou  parles  rues;  et  sont  pensez,  médicamentez  et  guaris, 
tf  tellement  que  en  un  an  s'est  trouvé  le  nombre  de  deux  cens  qui  y  ont  receu 
(Tguarison.  Encores  sont  receues  audit  hospital  plusieurs  femmes  malades  du  mal 
tr  caduc,  nommé  le  mal  Sainct-Jehan,  et  autres  pauvres  alliénez  de  biens  et  de 
trieur  esprit,  et  courans  les  rues  comme  fols  insensez;  desquels  plusieurs,  avec  le 
rtenqjs  et  bon  traictement  que  on  leur  faict,  reviennent  en  bon  sens  et  santé.  ■« 

L'administration  de  l'hospice  était  confiée  par  le  Grand  Bureau  à  un  gouver- 
neur, chirurgien  émérite,  qui  dirigeait  le  service  médical  et  y  était  aidé  par  un 
second  chirurgien.  Quatre  portiers  excerçaient  la  police  de  la  maison,  où  il  y 
avait  deux  prisons  pour  punir  les  pauvres  récalcitrants  et  incorrigibles.  Enfin 
deux  prêtres,  logés  dans  l'établissement,  y  disaient  chaque  jour  la  messe  et  y  ac- 
complissaient les  autres  fonctions  de  leur  ministère'*'. 

Une  croix,  dite  de  la  Maladrerie,  existait,  vers  ila^,  dans  les  environs  de  l'hô- 
pital. 


La  date  termin.ile  (1610)  que  feu  Berly  s'était  imposée  l'a  condamné  a  écourter  la  mono- 
graphie de  la  Maladrerie  Saint-Germain,  comme  elle  l'avait  conduit  à  abréger  la  notice  qu'il  a 
consacrée  à  Saint-Sulpice,  l'antique  église  paroissiale  de  celte  région.  Cependant  la  vieille  Lé- 
proserie du  bourg  Saint-Germain  n'en  est  pas  restée  à  la  transformation  que  lui  ont  fait  subir 
les  arrêts  du  Parlement,  ainsi  que  les  lettres  patentes  de  i55i.  Les  Petites-Maisons  sont  deve- 
nues, au  commencement  de  ce  siècle,  les  Petits-Ménages,  et  c'est  sous  cette  forme  que  la  géné- 
ration contemporaine  a  connu  l'asile  fondé  par  la  piété  de  nos  pères. 

L'établissement,  réorganisé  en  1567  parle  Bureau  de  la  Ville  et  administré  par  le  Grand 
Bureau  des  Pauvres,  a  eu ,  jusqu'à  la  fin  du  siècle  dernier,  son  existence  distincte;  sa  gestion  ne 
relevait  ni  de  l'Hôtel-Dieu ,  ni  de  l'Hôpital  général.  On  y  recevait  indistinctement  les  pauvres  de 
toutes  les  paroisses  de  Paris,  et,  comme  le  nombre  s'en  accroissait  toujours,  le  Grand  Bureau  prit 
le  parti  de  faire  construire,  absolument  en  debors  des  ff pourctraicts ,  desseings  et  modelles" 
prescrits  par  les  lettres  patentes  du  11  novembre  i554,  un  bâtiment  considérable  devant  oc- 
cuper tout  le  fond  de  la  cour.  Cette  construction,  dont  nous  donnons  le  profil,  au-dessous  des 
Petites-Maisons  de  la  fin  du  xvi'  siècle  et  du  commencement  du  xvii",  fut  élevée  en  1786,  sur  les 
plans  de  l'architecte  Buron,  approuvés  par  Antoine,  architecte  du  roi.  Elle  ne  présente  point  un 

'■*  Il  existait,  aux  Petites-Maisons,  deux  chapelles  Lablié  de  Saint -Germain,  en  la  censive  duquel 

distinctes  :  la  grande,  dont  nous  donnons  une  vue,  était  situé  l'établissement,  y  installa  un  curé-vicaire 

qui  fut  consacrée  le  6  avril  i6i5,  et  la  petite,  ou  en  i665.  Cet  état  de  choses  s'est  continué  jusqu'à 

chapelle  de  l'infirmerie,   bénite  le  10  mai  i656.  la  fin  du  siècle  dernier.  —  l.  m.  t. 


262  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

style  bien  accusé;  mais  elle  constitue  le  dernier  agrandissement  de  la  maison  aujourd'iiui  dis- 
parue, et,  à  ce  titre,  il  importait  d'en  conserver  l'aspect. 

Le  même  sentiment  de  conservation  nous  a  engagé  à  reproduire  la  porte  d'entrée  ouverte 
sur  la  rue  de  la  Chaise  et  contemporaine  des  premiers  travaux  de  transformation.  Enfin  il  nous 
a  semblé  que  la  monographie  architectonique  des  Petiles- Maisons  et  des  Petits-Ménages  devait 
avoir  pour  complément  un  plan  général  des  cours  et  bâtiments,  avec  indication  des  parties  qui 
ont  été  successivement  modifiées  ou  supprimées,  et  de  celles  qui  existaient  encore  au  momeni 
de  la  démolition.  Moins  heureux  que  feu  Berty,  lorsqu'il  découvrit  et  publia,  dans  le  tome  pre- 
mier du  présent  ouvrage  [région  du  Louvre  et  des  Tuileries),  un  plan  inédit  de  l'ancien  hospice 
des  Quinze-Vingts,  nous  avons  dû  faire  relever  minutieusement  l'ensemble  et  les  détails  de  la 
Maladrerie  transformée,  en  ayant  soin  de  distinguer,  par  des  signes  conventionnels,  les  étals 
successifs  de  cette  antique  maison. 

Ce  plan  général ,  dressé  par  M.  Bienvenu ,  fait  honneur  à  la  sagacité  et  à  l'esprit  d'exactitude 
de  ce  jeune  architecte.  Nous  l'avons  fait  réduire,  afin  de  pouvoir  le  renfermer  dans  les  limites 
d'une  planche  double. 

Il  nous  reste,  pour  terminer  cette  notice  complémentaire,  à  dire  en  quelques  mots  ce  qu'étaient 
les  Petites-Maisons  au  moment  où  la  Révolution  vint  en  modifier  le  régime,  et  ce  qu'elles  de- 
vinrent sous  le  Consulat,  par  suite  de  la  réorganisation  du  lo  octobre  1801. 

Un  document,  rédigé  en  1^85  et  conservé  aux  archives  de  l'Assistance  publique,  donne  des 
détails  intéressants  sur  le  personnel  de  l'hospice.  On  y  entretenait  alors  : 

tri°  Les  vieilles  gens  infirmes,  hommes  et  femmes,  de  toutes  les  paroisses  et  faubourgs  de 

(T Paris,  pris  par  ordre  d'âge  dans  ceux  qui  sont  à  l'aumône  du  Grand  Bureau à  qui  l'on 

«faisait  la  paie  toutes  les  semaines,  pour  fournir  à  leur  subsistance; 

«2°  Les  insensés; 

«3°  Les  malades  de  la  maladie  vénérienne,  pour  y  être  pansés; 

T  Zi"  Ceux  qui  étaient  affligés  de  la  teigne  ; 

(r5°  Toutes  les  personnes,  prêtres,  religieuses  et  autres,  employés  aux  différents  services 
nécessaires  dans  ledit  hôpital '".i 

Suivant  Tenon,  dont  les  renseignements  ont  été  acceptés  pour  exacts  par  M.  Husson,  l'hô- 
pital des  Petites-Maisons  contenait,  en  1786,  outre  les  places  réservées  aux  indigents  valides, 
926  lits  répartis  ainsi  qu'il  suit  : 

Pour  les  pauvres  malades  de  la  maison,  couchant  seuls  :  i5o  lits; 

Pour  les  gardes-françaises  et  gardes-suisses,  atteints  d'affections  syphilitiques  :  iZi  lits; 

Pour  les  malades  civils,  atteints  du  même  mal  :  18  lits; 

Pour  les  fous  furieux  des  deux  sexes,  déclarés  incurables  et  installés  dans  un  nombre  égal  de 
loges  :  hk  lits. 

Un  rapport  de  M.  de  Pastoret,  que  cite  également  M.  Husson,  et  qui  complète  ces  indications, 
nous  apprend  que  le  nombre  des  places  réservées  aux  indigents  valides  atteignait  le  chiffre  de 
538,  et  que  les  infirmeries  contenaient  près  de  200  lits. 

Le  règlement  du  10  octobre  1801,  qui  réorganisa  l'hospice,  n'admit  point  le  principe  de  la 
juxtaposition  des  malades,  des  indigents  et  des  aliénés  :  il  répartit  ces  derniers,  suivant  leur 
sexe,  entre  les  hospices  de  Bicêtre  et  de  la  Salpêtrière,  et  affecta  définitivement  l'antique  Mala- 
drerie Saint-Germain  aux  époux  et  aux  veufs  âgés,  infirmes  et  sans  ressources  suffisantes.  De  là 
sa  nouvelle  et  dernière  ap[)ellation  :  Petits-Ménages. 

'''  Archives  de  l'Assistance  publique  (Registres  d'inventaire  du  Grand  Bureau  des  Pauvres  et  de  l'hôpital 
des  Petites-Maisons ,  1785). 


TOPOGRAPHIE    HIST0R.10VE    DV   VIEVX    PARIS. 


Coupe  sur  l  Axe 
de  la  grande  porie 


Ij 


to 


ENTRÉE    PRINCIPALE 
sur     la     rue     de     la     Che.ise 


Coupe   sur l Axe 
des  petites  portes 


l'i'iViVi'i'i'i'i'i 


a  i  L 


■  r....| . 1 . 1 1 1 > ( < 1 . ( ' 1- 


M  Sieilvenii  ^,*1 


HOSPICE    DES    PETITS     MENAGES 


MALADRERIE  SAIINT-GERMAIN.  263 

Les  bâtiments  avaient  été  fort  négiigés  pendant  la  période  révolutionnaire.  La  chapeUe,  con- 
vertie en  orangerie,  ne  fut  rendue  à  sa  destination  qu'en  vertu  d'une  ordonnance  du  mois  de 
mars  1817.  Les  loges  d'aliénés  furent  démolies  en  1891  et  dans  les  années  suivantes;  puis,  des 
travaux  de  réparation  et  d'appropriation,  exécutés  successivement,  firent  disparaître,  au  moins 
à  l'intérieur,  les  dernières  traces  de  la  distribution  de  1567. 

Il  ne  subsiste  plus  aujourd'hui  que  l'espace  occupé  par  la  vieille  Léproserie,  l'hospice  des 
Petits-Ménages ,  (jui  eu  était  le  dernier  état,  ayant  été  transféré  au  village  d'Issy.  Cette  destruction 
radicale  a  fait  entrer  dans  le  domaine  de  l'histoire  l'antique  Maladrerie  et  ses  transformations 
successives.  C'est  pour  ce  motif  que  nous  avons  cru  devoir  conduire  jusqu'à  l'époque  contem- 
poraine la  notice  arrêtée  par  feu  Berty  à  l'année  161 5.  —  i-.  m.t. 


I 


TOPOGRAPHIE   HISTORIOVE   DV  VIEVX  PARIS. 


L  HOSPICE  DES   PETITES-MAISONS  ET  DES  PETITS  MÉNAGES, 

PERSPECTIVE  DR   LA  CHAPELLE  ET  DES   BATIMENTS   EU   BORDVRE  SVR  l.A   R7F.  PB  SEVRES, 

Prise     de     la    prando      cour    ii,  Lei-ieurc 
O 

FAÇADE   DV  GRAND   BÂTIMENT  C0N5TRV1T  EN   1785 


RUE  SAINT-SULPICE.  265 


CHAPITRE   VIL 

SUITE  DE  LA  DESCRIPTION  DES  RUES  DU  BOURG  SAINT-GERMAIN. 


RUE   SAINT-SULPICE 

(ci-devant  du  PETIT-BOURBON  ). 

La  rue  du  Petit-Bourbon  commençait  à  la  rue  de  Tournon  et  finissait  naguère 
à  la  place  Saint-Sulpice;  mais  au  xvii''  et  au  xvni*^  siècle  on  la  considérait  ordinai- 
rement comme  formant  deux  voies  distinctes,  qui  s'étendaient,  l'une  de  la  rue  de 
Tournon  à  la  rue  Garancière,  et  l'autre  de  la  rue  Garancière  à  la  rue  Férou, 
ou  à  la  rue  des  Canettes.  Cette  seconde  voie  présentait  une  double  brisure,  qui 
disparut  en  1776,  lorsque  l'on  commença  les  travaux  d'une  grande  place  monu- 
mentale devant  Sainl-Sulpice,  projet  qui  fut  abandonné  depuis. 

La  rue  du  Petit-Bourbon ,  dont  on  a  peine  à  trouver  quelques  mentions  incon- 
testables, si  l'on  veut  remonter  un  peu  baut,  est  appelée,  dans  un  document  de 
i538,  «la  rue  par  laquelle  on  va  à  Saint-Sulpice; «  «rue  qui  est  contre  l'entrée 
«des  balles  de  la  Foire  Sainct-Germain,  par  laquelle  rue  on  va  de  Sainct  Soulpice 
(ta  Paris, 7»  dans  uneautre pièce  de  i5ii3,et  «rue  tendant  du  long  de  la  balle  de 
tria  Foire, n  en  1  553. 

Il  ne  semble  pas  que  la  rue  du  Petit-Bourbon  ait  eu  de  nom  particulier  avant 
l'époque  où  l'on  construisit  les  maisons  qui  en  bordaient  le  côté  septentrional.  Au 
mois  d'août  1579,  le  cardinal  de  Bourbon,  abbé  de  Saint-Gerraain-des-Prés,  fit 
annoncer  la  vente  prochaine  de  places  vagues  derrière  les  balles  de  la  Foire,  et, 
le  7  avril  i58i,  on  bailla  effectivement  à  Pierre  Tbireul  une  zone  de  terrain  lon- 
geant les  murailles  de  la  Foire,  entre  la  maison  faisant  le  coin  de  la  rue  du  Brave 
(actuellement  rue  de  Seine)  et  le  presbytère  Saint-Sulpice.  Cette  zone,  d'une  pro- 
fondeur irrégulière,  était  longue  de  soixante-deux  toises  cinq  pieds,  et  fut  acquise 
par  Tlnreul ,  à  charge  de  bâtir,  en  laissant  entre  les  nouvelles  constructions  et 
celles  de  la  halle  une  ruelle  large  de  cinq  pieds,  fermée  de  portes  à  ses  deux 
bouts.  11  est  relaté,  dans  le  texte  du  bail,  que  la  rue  sur  laquelle  les  maisons  du 
preneur  allaient  être  en  bordure  serait  tt  appellée  de  Bourbon,  ti  Cette  dénomina- 
III.  34 


266  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

tion  fut  évidemment  adoptée  en  Ihonneur  du  cardinal,  et  ne  saurait  avoir  pour 
cause,  ainsi  que  l'a  imaginé  Jaillot,  le  voisinage  de  l'hôtel  de  Montpensier,  qui 
ne  bordait  point  la  rue  et  n'a  jamais  été  appelé  hôtel  de  Bourbon.  Dès  1628,  on 
disait  d'ailleurs  la  rue  du  Petit-Bourbon,  et  cette  modification,  qui  a  prévalu,  pro- 
vient soit  de  l'habitude  où  l'on  était  de  désigner  ainsi  une  rue  très-connue  des 
environs  du  Louvre,  soit  plutôt  d'un  déplacement  de  mot.  En  effet,  la  rue  dont  il 
s'agit,  formant  la  continuation  de  la  petite  rue  Saint-Sulpice,  a  pu  être  nommée, 
pendant  un  iemjps ,  petite  rue  Bourbon,  et,  par  une  légère  interversion,  rue  du  Petit- 
Bourbon. 

Le  9  mars  lôaS,  Jeanne  Montrouge,  veuve  de  Jean  Marché,  vendit  aux  raar- 
guilliers  de  Saint-Sulpice,  moyennant  quarante  livres  et  la  cession  d'un  arpent  de 
terre  derrière  les  Chartreux,  certaine  portion  de  jardin,  tenant  aux  murs  de  la 
Foire,  fftirant  tout  du  longau  petit  jardin  du  presbytère,  depuisle  commencement 
trdudict  jardin  au  bout  du  pré  de  la  Foire,  tirant  tout  du  long  jusques  au  petit 
cr jardin  du  presbytère, n  et  de  plus  «r  une  esquerre  au  bout  dudict  jardin,  qui  va 
rt  [se]  rendre  au  coing  dudict  pignon  de  ladicte  église,  à  la  chapelle  Nostre  Dame;  •" 
ce  terrain  était  destiné  à  servir  de  ruelle  pour  communiquer  avec  l'église.  Dans  un 
autre  acte  de  i53o,  il  est  rappelé  que  le  terrain  vendu  par  Jeanne  Montrouge 
avait  été  employé  à  cr  faire  une  ruelle  pour  passer  et  repasser,  et  aller  dudict  Sainct 
cr  Germain  à  ladicte  église  Sainct  Sulpice;T)  or  on  ne  voit  pas  quelle  pourrait  être 
la  ruelle  en  question,  si  ce  n'est  la  continuation  de  la  rue  du  Petit-Bourbon.  Il  y 
a  donc  lieu  de  supposer  qu'en  1628  celte  rue  n'allait  point  au  delà  de  la  rue 
Garancière,  ce  qui  explique  comment,  dans  une  déclaration  de  1622,  l'hôtel  de 
Garancière,  énoncé  comme  tenant  par  le  haut  craux  Clos  aux  Bourgois,  le  chemin 
crde  Vaugirard  entre  deux,T)  est  dit  tenir  par  bas  ce  aux  halles  et  à  l'esglise  et  jardin 
ce  de  Saint  Sulpice,T)  sans  indication  d'une  ruelle  intermédiaire,  mentionnée,  au 
contraire,  dans  les  documents  plus  récents.  On  voit,  du  reste,  qu'en  1826,  un 
évêque  de  Coutances  ayant  acheté  deux  jardins  de  la  veuve  Hélézote,  ces  deux 
jardins  furent  décrits  comme  tenant  d'une  part  à  l'église  Saint-Sulpice  et  d'autre 
part  au  comte  d'Evreux,  en  d'autres  termes  à  l'hôtel  de  Navarre,  ce  qui  implique 
également  l'absence  d'une  ruelle  intermédiaire. 

Avant  sa  rectification,  la  seconde  partie  de  la  rue  du  Petit-Bourbon  offrait 
plusieurs  brisures,  que  nous  avons  reproduites  d'après  un  plan  manuscrit  de  1  yBB, 
lequel  ne  laisse  voir  qu'un  état  déjà  modifié.  On  l'appelait  la  rue  Saint-Sulpice 
(i58o),  la  rue  du  Petit-Saint-Sulpice  (iSgS)  ou  la  petite  rue  Saint-Sulpice  (1616), 
et  l'on  comprenait  fréquenmient  sous  ces  dénominations  la  rue  du  Petit-Bourbon, 
ainsi  qu'on  le  constate  par  le  censier  de  1  SgB.  Isolée,  elle  a  été  quelquefois  appelée 
rue  des  Prêtres  (1662,  1662,  etc.),  et,  dès  i636,  jusqu'à  la  Révolution,  rue  de 
l'Aveugle,  par  corruption:  des  Aveugles.  «Elle  se  nomme  de  la  sorte,  rapporte 


RUE  SAINT-SULPIGE.  267 

(T Sauva],  à  cause  d'un  aveugle  qui  y  a  demeuré  longtemps  dans  une  maison  qui 
ff  non-seulement  lui  appartenait,  mais  toutes  les  autres  encore'",  n  Cette  tradition 
populaire  a  sans  doute  été  amplifiée,  mais  elle  n'était  point  destituée  de  tout  fon- 
dement :  un  aveugle  ayant  une  certaine  notoriété  a  habité  la  rue,  comme  il  appert 
de  la  phrase  suivante  du  censier  de  iSgB  :  «Ces  deux  maisons  appartiennent  à 
r  présent  à  un  nommé  Estienne  Bellehoure,  et  y  a  un  pauvre  aveugle  nonmié. .  .f^)  n 
Le  texte  de  ce  document  est  tronqué. 

CÔTÉ  MÉRIDIONAL. 

PAROISSE  SAINT-SLLPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Le  côté  méridional  de  la  rue  du  Petit-Bourbon  était  bordé,  entre  les  rues  de 
Tournon  et  Garancière,  par  fhôtel  de  Savoie,  et,  au  delà,  par  une  maison 
faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  Garancière,  puis  par  trois  ou  quatre  maisons 
itrestiluabks,  qui  aboutissaient  au  cimetière  et  s'étendaient  jusqu'à  la  rue  Pérou. 
Ce  sont  ces  maisons  qui  appartenaient  à  l'aveugle  auquel  la  rue  devait  son  nom. 
Elles  ont  été  démolies  peu  de  temps  après  l'acquisition  que  la  fabrique  de 
Saint-Sulpice  en  fit,  le  7  septembre  16/18  et  le  k  novembre  1657.  Les  plans  que 
nous  avons  vus  n'en  présentent  d'ailleurs  aucune  trace,  et  les  titres  qui  s'y  rap- 
portent n'en  donnent  qu'une  idée  très-confuse. 

CÔTÉ  SEPTENTRIONAL. 


PAROISSE  SAIINT-SDLPIGE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Maison  sans  désignation  (lôaa),  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  des  Canettes. 
Elle  fut  acquise  par  la  fabrique  de  Saint-Sulpice  pour  être  démolie,  le  22  juin 
1  72().  Elle  présentait  alors  deux  corps  d'hôtel,  et  celui  du  coin  avait  nom  le  caba- 
ret de  la  Magdeleine.  Elle  fût  bâtie,  ainsi  que  la  suivante,  sur  un  terrain  pris  à 
bail  le  20  janvier  i5o6. 

Cette  maison  occupait  assez  probablement  le  même  emplacement  que  celle  de 


T.  I,  p.  3.  —  "  Arch.  nat.  reg.  S  3o58,  fol.  loa  v°. 


34. 


268  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

l'Ecu-de-France  (i^oo-iiyS),   qui  est  dite  située  rrdevant  le   puits  de  Mau- 
tr  conseil.  T 

Deux  maisons  sans  désignation  en  iSaa ,  dont  l'une  a  eu  pour  enseigne  l'Image 
Saint-Antoine  en  i58i,  et  Saint-Guillaume  en  i665.  Elles  dépendaient  l'une  de 
l'autre  et  sont  toujours  mentionnées  simultanément.  La  fabrique  de  Saint-Sulpice 
les  acheta  en  1728,  pour  les  démolir.  Si  les  titres  sont  exacts,  elles  s'étendaient 
anciennement  vers  le  nord,  aussi  loin  que  le  presbytère  Saint-Sulpice;  leur  pro- 
fondeur était  trois  fois  moindre  au  moment  où  elles  furent  abattues.  Dans  un 
acte  de  i656,  elles  sont  dites  a  faire  le  coin  du  cloître  Saint-Sulpice,  n  expression 
qu'on  ne  trouve  ni  avant  ni  après.  Le  lieu  qu'elles  occupaient,  avec  les  précé- 
dentes, forme  actuellement  une  petite  place,  portion  d'une  place  beaucoup  plus 
vaste,  laquelle  devait  être  entourée  de  constructions  monumentales  et  régulières 
dont  Servandoni  avait  donné  les  plans.  Le  duc  de  Gèvres,  gouverneur  de  Paris, 
en  posa  la  première  pierre  au  nom  du  roi,  le  2  octobre  l'jbk;  mais  le  projet 
n'eut  pas  de  suite. 

Presbytère  de  SaiNT-SulpIGE,  mentionné  dès  1899  et  d'une  origine  beau- 
coup plus  ancienne.  On  entreprit  de  le  rebâtir  en  iBôy;  mais  le  manque  d'argent 
fit  interrompre  les  travaux,  de  sorte  que  le  curé  et  les  vicaires,  privés  de  leur 
asile  naturel,  habitaient  divers  collèges  de  l'Université,  ce  qui  donna  Heu  à  des 
plaintes.  Pour  parer  à  cet  inconvénient,  Henri  111,  à  la  date  du  it  septembre 
iSyy,  autorisa  les  marguilliers  à  lever  sur  les  habitants  de  la  paroisse  une  taxe 
de  1,200  livres,  destinée  à  l'achèvement  des  ouvrages  commencés. 

A  côté  du  presbytère,  vers  l'orient,  se  trouvait,  en  i532  et  1639,  un  jardin 
qui  en  dépendait,  et  que  le  curé  Simon  de  Montereul  unit  au  sien  de  sa  propre 
autorité,  en  démolissant  le  mur  qui  l'en  séparait.  Mais,  comme  ce  jardin  appar- 
tenait à  la  fabrique,  les  marguilliers,  en  i63i,  protestèrent  contre  l'usurpa- 
tion dont  il  avait  été  l'objet.  Toutefois  le  terrain ,  qui  était  large  de  treize  toises 
deux  pieds  et  profond  de  vingt-deux  toises,  ne  leur  fut  rendu  que  trente  ans  plus 
tard,  à  la  condition  d'y  bâtir,  pour  la  communauté  des  prêtres  de  la  paroisse, 
une  maison,  qui  fut  commencée  dans  la  même  année  1661.  Le  presbytère  Saùil- 
Sulpice  avait  aussi  pour  dépendance  un  cimetière  qui  fut  béni  le  10  juin  1666, 
et  supprimé  par  lettres  patentes  du  i"""  mai  1788. 

Maisons  sans  désignation,  aboutissant  au  mur  des  halles  de  la  Foire,  et  cons- 
truites sur  le  terrain  de  soixante-deux  toises  cinq  pieds  de  long  baillé,  en  i58i, 
à  P.  Thireul.  En  1628,  ces  maisons  étaient  au  nombre  de  sept. 

Maison  sans  désignation  (i58i),  faisant  le  coin  de  la  rue  du  Brave.  Cette 
maison  semble  occuper  le  même  emplacement  qu'une  autre  mentionnée,  en  1  5^7, 
comme  ayant  onze  toises  et  demie  dans  un  sens  et  quatre  et  demie  dans  un  autre. 


RUE  TARANNE.  269 


RUE    TARANNE. 

La  rue  Taranne  commence  à  l'ancien  carrefour  Saint-Benoît  (place  Saint- 
Germain-des-Prés)  et  finit  à  la  rue  des  Saints-Pères. 

Elle  n'apparaît  avec  ce  nom  que  dans  le  xvn*  siècle,  c'est-à-dire  assez  longtemps 
après  la  destruction  de  l'hôtel  de  Taranne.  .laillot  dit,  il  est  vrai,  qu'on  l'appelait 
déjà  rue  Taranne  au  xv"  siècle  et  rue  de  la  Gourtille  au  xiv^  ;  mais,  après  une 
vérification  minutieuse,  nous  avons  constaté  que  la  rue  de  l'Égout  est  seule  ainsi 
désignée  dans  les  titres  de  l'abbaye.  Jaillot  s'est  donc  mépris,  comme  nous  l'a- 
vons fait,  à  notre  tour,  en  croyant  d'abord  que  ces  mentions  de  maisons  sises 
(true  aus  Vaches,  devant  l'hostel  de  Tarennes,-»  que  nous  trouvions  aux  dates  de 
ib'i'j,  i532,  etc.,  se  rapportaient  à  la  rue  Taranne,  tandis  qu'elles  n'indiquent 
encore  que  la  rue  de  l'Égout  (''.  Toutefois  il  ne  serait  pas  impossible  qu'd  existât 
quelque  titre  où  la  rue  Taranne  fût  confondue  soit  avec  la  rue  de  l'Égout,  soit 
avec  la  rue  Saint-Dominique  :  toutes  deux  ont  été  dites  rue  des  Vaches,  et  la 
dernière  n'a  pas  toujours  été  bien  distincte  de  la  rue  Taranne,  puisque,  dans  un 
document  de  iSa.S,  celle-ci  est  appelée  aussi  t  chemin  tirant  dudit  Sainct  Ger- 
trmain  au  port  de  Grenelle,  n  locution  qu'on  avait  l'habitude  d'appliquer  spéciale- 
ment à  la  rue  Saint-Dominique. 

La  rue  Taranne  conduisait  à  l'église  Saint-Père;  c'est  le  plus  souvent  ce  fait 
qu'expriment  les  diverses  dénominations  employées  dans  les  actes  où  il  en  est 
([ueslion,  et  où  nous  avons  lu  successivement  :  vicus  per  quem  itur  ah  abbatia  ad 
Sanclum  Pelrum  (i  267);  vicus  per  quem  ilur  ad  Sanclum  Petrum  (1 9  7 4);  a  rue  par 
"laquelle  on  va  de  la  porte  de  l'église  droit  au  cimetière  Saint  Pèrer  (13/17); 
(T chemin  par  où  l'on  va  à  la  chapelle  Saint  Père  (iSgS);  tr chemin  qui  maine  à 
(fSainl-Pèrei  (i468);  tr  chemin  qui  va  par  derrière  l'église  Saint-Pèren  (i46i); 
tr  chemin  de  l'aistre  Sainct  Père  a  (i52  6);  crchemyn  qui  va  du  bourg  Sainct  Gér- 
er main  à  Sainct  Père  a  (iSag),  et  «rue  Saint  Père  n  (160/1).  Dans  le  censier  de 
iSga  se  rencontre  la  rubrique  tr  devant  le  cloz  de  Messieurs  les  religieux,  «  et 
la  mention  de  la  trrue  du  Gloz  des  Moynes;'n  dans  le  cueilleret  de  1G28,  la  rue 
Taranne  est  comprise,  avec  la  rue  Sainte-Marguerite,  sous  le  titre  de  trrue  des 
tr  Fossez  de  l'Abbaye.  ■" 

Sauvai  et  Jaillot  parlent  d'une  rue  qui,  dite  Madame  de  Valence  de  1 3 1  2  à  1 368 , 
aurait  été,  suivant  eux,  remplacée  par  la  rue  Sainte-Marguerite.  C'est  encore  là 

'''  Il  n'y  avail,  à  cette  époque,  aucune  maison  du  rftel  de  ïarennesji  se  trouvaient  dans  la  rue  de 
côté  septenlrional  de  la  rue  Taranne,  et,  par  con-  l'Égout,  aujourd'hui  supprimée,  où  l'hôtel  avait  sa 
aéquent,  les  seules  qui  pussent  élrc  t  devant  l'hos-        |)rincipale  entrée. 


270  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

une  erreur,  mais  elle  est  des  plus  excusables,  attendu  que  l'identité  de  la  rue  en 
question  n'était  réellement  point  facile  à  établir.  Elle  ressort  des  faits  suivants  :  Le 
3  février  1829,  l'abbé  de  Saint-Germain  vendit  à  Louis  1",  duc  de  Bourbon  et 
comte  de  Clermont,  plusieurs  propriétés  contiguës  qui  étaient  situées  «devant  la 
rr porte  de  l'abbaïen  et  se  composaient,  1"  d'une  maison  appelée  tria  maison  de 
trl'Omosne,!!  non  compris  certaine  grange  oiî  l'aumônier  du  monastère  resserrait 
ses  grains;  2°  d'une  habitation  nommée  tfla  Haute  Maison ;ti  3"  d'un  jardin  dont  le 
mur  s'étendait  jusqu'à  l'enceinte  du  couvent;  k°  d'un  manoir  qui  avait  appartenu 
à  Jean  de  Néelle,  chevalier,  sire  d'Offémont;  5°  d'une  grange  qui  avait  été  à  Robin 
Le  Queux.  L'acte  de  vente  exprime,  de  plus,  que  le  duc  se  proposait  d'acquérir 
de  Marie  de  Saint-Pol,  comtesse  de  Pembroke,  un  autre  manoir  que  celle-ci 
tenait  de  feu  Aymar  de  Valence,  son  mari,  et  dont  dépendait  une  grange  bordant 
la  rue  des  Saints-Pères  '".  Louis  de  Bourbon  devint-il  possesseur  de  la  propriété 
de  Marie  de  Saint-Pol,  comme  Sauvai  ''^'  le  donne  à  entendre? 

Les  renseignements  que  fournissent  les  archives  de  l'abbaye  paraissent  impliquer, 
au  contraire,  que,  si  la  maison  de  la  comtesse  fut  annexée  à  l'hôtel  de  Bourbon, 
c'est  seulement  lorsque  cet  hôtel  appartint  à  M""'  de  Valence,  et  plusieurs  années 
après  la  cession  que,  le  1 7  octobre  1 3/i6 ,  le  duc  Pierre  de  Bourbon  en  fil  à  son  frère 


'''  Arch.  nat.  portef.  P  ",".  —  Voici  le  texte 
même  de  Tncte  de  vente  : 

itl.es  mesons,  grandies,  jardins  et  murs  qui 
(T s'ensuivent,  que  lesdiz  religieux  avoient  appar- 
tr tenons  à  leur  ditte  église,  assis  devant  la  porte 
trde  laditte  abbaïe.  Premièrement,  une  niesoii  que 
trl'en  dit  la  maison  de  l'Omosne,  si  comme  elle 
ffse  comporte  et  estent  de  toutes  pars...  excepté 
trtant  seulement  la  grandie  à  l'omosnier  de  laditte 
«  abbaïe ,  en  laquèle  il  meit  ses  grains ,  et  tient  aus 
frjardins  de  laditte  abbaïe. . .  De  rechief  une  autre 
ifUieson  que  l'en  dit  la  Haute  Maison...  tenant 
ff d'une  part  à  laditte  meson  de  l'Omosne,  et  d'au- 
n  tre  part  à  la  maison  qui  fu  noble  bonime  Monsein- 
(Tgneur  Jehan  de  Néele,  chevalier,  sire  d'Anffemont; 
tf  laquèle  haute  maison  est  ou  treffons  de  laditte 
«abbaïe;  de  rechief  le  jardin  et  le  mur  nouvellement 
rrfait,  si  comme  tout  se  comporte  et  estent,  du  coing 
ftdu  mur  de  laditte  abbaïe,  et  la  place  ou  jardin 
(toultre  ledit  nuef  mur,  tout  fendant  à  ligne  jusques 
(raiis  murs  qui  tiennent  au  chemin  par  là  oîi  va  h 
r  Seine.  Laquèle  place  et  jardin  ledit  mons.  Loys, 
ffses  hoirs  ou  ceuls  qui  de  lui  auront  cause  feront 
itclore  et  maçonner  de  bous  murs  et  de  baus,  tout 
trau  jonc  jusques  ausdiz  murs  dudit  chemin;  et  ne 
frpourra  ledit  mons.  Loys...  avoir  ouverture,  en- 


crtrée  ne  issue  sur  lesdiz  religieux,  parmi  ledit 
trmur,  tant  fait  que  affaire. ..  Une  autre  maison 
rrdudit  mons.  Jehan  de  Nelle. ..  qui  tient  à  laditte 
ff haute  maison,  chargié  en  un  denier  de  fons  de 

rrterre pour  cause  de  la  cave,  la  sale,  la  cha- 

tr pelle,  la  chambre  et  de  la  cuisine,  qui  sont  com- 
ffprises  et  adjointes  h  la  maison  qui  fu  audit 
rr  nions.  Jehan  de  Néele.  De  rechief  une  granche, 
ffsi  comme  elle  se  comporte,  qui  est  tout  au  dehore, 
frqui  fu  Rohin  le  Queu. ..  Et  fu  encoires  accordé  et 
rf expressément  convenancié  entre  lesdittes  parties 
irque,  ou  cas  où  ledit  nions.  Loys  et  ses  hoirs  au- 
ffroit  ou  pourroit  avoir,  par  achat  ou  autrement, 
ffde  noble  dame,  hautre  (sic)  et  puissant  madame 
rr  Marie  de  Saint  Pol,  contesse  de  Painbroch,  dame 
ffde  Monlignac  en  Poitou,  un  manoir  et  maison... 
itque  ladite  dame  a  de  son  propre  héritage,  assis 
ffà  Saint  Germain  des  Prez,  qui  fu  feu  noble  hom- 
trme  monseingneur  Emart  de  Valences,  chevalier, 
(f  jadis  mari  de  laditte  dame  ;  lequel  manoir  et  mai- 
irson  doivent  à  la  selle  dudit  monseingneur  labbé 
ffsept  soubz...  et  la  granche  qui  est  pardevers  les 
crchamps,  joingnant  au  chemin  pardevens  la  cha- 
npelle  Saint  Père,  chargié  en  trois  soubz  par.  par 
iT  an. . .  M 
m  T.  II,  p.  66. 


RUE  TARANNE.  271 

Jacques,  comte  de  la  Marche.  En  effet,  dans  le  livre  de  la  recette  du  pitancier 
pour  1872,  nous  trouvons  un  article  ainsi  conçu  :  «A  Saint  Germain  des  Prez, 
ftsur  une  place  où  jadis  fu  ung  très  bel  manoir,  lequel  fu  Mons.  de  Bourbon, 
fret,  depuis.  Madame  de  Valences;  qui  séoit  entre  la  vielle  porte  et  Saint  Père, 
fret  fu  abatue  ou  temps  Haudouart ,  roy  d'Angleterre,  xx  s. (''a  Nous  lisons  en 
outre,  dans  un  cartulaire,  que,  le  10  octobre  iSiy,  le  trésorier  de  Saint-Ger- 
main s'étant  engagé  à  fournir  lui-même  les  corporaux  nécessaires  au  service  reli- 
gieux, l'abbé  renonça,  en  sa  faveur,  à  une  grande  maison  énoncée  a  en  la  rue 
(rpar  laquelle  on  va  de  la  porte  de  l'église  droit  au  cimetière  Saint  Père,  tenant 
eaux  maisons  de  TofTice  de  l'Aumosne,  d'autre  part  au  manoir  de  noble  homme 
«Mons.  Jacques  de  Bourbon,  chevalier,  (jui  jadis  fut  Jehan  de  Nesle''^'.ï! 

Ainsi,  le  grand  hôtel  que,  au  dire  de  Sauvai,  on  appelait  h  Séjour  de  Bourbon, 
et  qui,  en  18/17,  ^^^^^  encore  au  comte  de  la  Marche,  passa  certainement  ensuite 
aux  mains  de  M""'"  de  Valence;  il  est  donc  vraisemblable  que  ce  fut  elle  qui 
y  joignit  l'ancienne  maison  de  son  époux.  Le  censier  de  l'année  i355  (''  montre 
qu'elle  disposait  alors  de  la  vaste  résidence  formée  par  la  réunion  des  deux  manoirs, 
laquelle  eut  pour  dernier  nom  celui  dlidtel  de  Madame  Valence  et  fut  abattue  au 
mois  d'avril  1860.  Une  partie  de  ses  matériaux  servit  à  la  restauration  du  Louvre 
vers  i365W,  et,  le  1 1  février  189/1,  on  en  bailla  l'emplacement,  demeuré  vide,  à 
Jean  Le  Bouvier.  Or,  dans  l'acte  original,  le  lieu  est  décrit  comme  cf  une  place 
(T où  jadis  eut  maison,  qui  fut  à  noble  dame  Madame  de  Valences;  tenant  d'une 
«part  (vers  le  nord)  aux  murs  de  la  courtille  desdits  religieux,  et  d'autre  part 
ff(vers  le  sud)  au  chemin  par  où  l'en  va  à  la  chapelle  Sainct-Père;  aboutissant 
(tpar  hault  (vers  l'ouest)  au  chemin  qui  va  au  jardin  à  l'aumosnier  de  ladite 
«église,  et  au  dessoubz  (vers  Test)  ans  chemins  qui  furent  faiz  pour  la  clausture 
"  de  ladite  ville  [lisez  abbaye)  de  Sainct  Germain  <^). 


Il  résulte  bien  clairement  de  tout  ce  qui  précède  que  l'hôtel  de  M""  de 
Valence  s'étendait  de  la  rue  Saint-Benoît  à  la  rue  des  Saints-Pères  et  longeait  la 
rue  Taranne.  C'est  donc  cette  dernière  voie  qui  a  été  appelée  rue  Madanie- 
de-Valence  <'',  désignation  entièrement  inapplicable  à  la  rue  Sainte-Marguerite  pri- 
mitive. Il  paraît  également  certain  que  cette  dénomination  n'a  point  été  en  usage 


'''  Aicli.  liai.  leg.  \j\j  1 1  («3,  fol.  1 67  r°. 

"  Arch.  liai.  reg.  I-L  1091,  fol.  16  r". 

'■''  rMadame  tic  Valence,  j)our  la  masure  qui  fu 
"Hue  du  Four,  m';  pour  la  grandie  qui  fu  Robert 
(tle  Queux,  lu";  pour  la  maison  qui  fu  Jehan  le 
TRoiirgiiignnn,  iii";  pour  1  po  de  lerre  lenant  à 
ftycelle,  xii'';  pour  la  grandie  ([ui  fu  Girart  le  Bou- 
(tcher,  ru";  pour  la  masure  qui  fu  nions.  Jaques 
irde  Bourbon,  i'. "  (Arch.  nation,  reg.  LL  io.3;5. 


fol.  l'i  et  39  v°.)  Dans  le  censier  de  i365,  il  est 
question  de  ces  propriétés  comme  appartenant 
h  M""  de  Valence. 

<*'  néifion  du  Louvre  et  des  Tuileries,  j).  t86. 

'*!  Arch.  nal.  reg.  LL  1  io3. 

'"'  C'est  ce  que  démontre  encore  ce  passage  de 
comptes  de  t3G6  h  1.368  :  wLa  rue  Madame  la  Va- 
'lence,  devant  Fabbaye  Saint  Germain,  jusques 
traux  fossés."  (Sauvai,  l.  II,  p.  126.) 


272  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

dès  i3i2,  puisque  ce  n'est  point  avant  le  mois  d'avril  1821  que  Marie  de  Ghâ- 
tillon,  dite  de  Saint-Pol,  devint  dame  de  Valence,  en  épousant  Aymar  de  Va- 
lence II,  comte  Pembroke  et  seigneur  de  Montignac  en  Poitou''). 

CÔTÉ  MÉRIDIONAL. 

PAROISSE  SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CEIVSIVE  DE  I/ABBAYE. 

Enire  HÔTEL  DE  Taranne  ,  faisant  le  coin  des  rues  de  l'Égout  et  du  Drapon.  Après 

ies  rues  de  i'Egout  _  o  o  r 

ptduDraRon.  avoir  appartenu  à  Jean  La  Bobeline,  puis  à  messire  Jean  Pillel,  à  M*  Jean  Sar- 
digou,  et,  vers  1  ûoo,  à  M^  Oudart  de  Trigny,  il  échut  à  Jean  Tarenne,  changeur 
et  bourgeois  de  Paris,  qui  le  possédait  en  1612  (^>  et  lui  donna  son  nom.  Vers 
1  625,  il  appartenait  à  la  femme  et  aux  enfants  de  ce  dernier,  et,  en  16Z10,  il  fut 
rétrocédé  à  l'abbaye  par  Christophe  de  Tarenne  ou  Taranne,  alors  cr  malade  de 
ff  lèpre,  n  II  passa  ensuite  à  Michel  de  Laillier,  reçu  conseiller  au  Parlement  en 
en  1  689  ('-,  aux  héritiers  de  celui-ci,  et  à  Jean  Le  Picard,  aussi  conseiller  au  Par- 
lement, qui  le  donna  à  son  neveu  Bertrand  Le  Picard,  licencié  es  lois,  sieur  de 
Huydeville.  Il  fut  acheté  de  ce  dernier,  le  21  septembre  i5o5,  par  M'  Bernard 
Roillet,  principal  du  collège  de  Bourgogne,  et  passa  ensuite  à  son  neveu  Georges 
Roillet,  lequel,  à  la  date  du  3 1  décembre  1  628 ,  y  annexa  une  place  vague,  située 
devant,  le  long  du  chemin  devenu  la  rue  Taranne,  et  «contenant  icelle  place 
rr  trente  et  huict  toises  de  long  sur  seize  toises  de  large,  au  bout  d'en  hault,  devers 
ffl'esglise  Sainct  Père,  et  quatre  toises  de  large  au  bout  d'embas,  devers  les  fossés 
fcde  l'abbaye,  à  l'alignement  du  pignon  du  corps  d'hostel  neuf  dudict  hostel  de 
frTarennes;  tenent  icelle  d'un  costé  (vers  le  sud)  tout  du  long  audict  hostel  et 
«jardin  dudict  Tarennes,  et  d'autre  costé  audict  chemyn;  aboutissant  d'un  bout  par 
«hault  à  l'ostel  du  Sepulchre,  le  chemin  entre  deux,  et  par  bas  à  la  rue  de  la 
trCourtille,  autriement  dict  de  Tarennes.  n 

La  superficie  de  l'hôtel  de  Taranne  était  d'environ  deux  arpents  et  demi,  et 
non  de  trois,  comme  l'indique  le  censier  de  1  828.  Il  renfermait  une  grange,  deux 
bergeries,  un  colombier  et  deux  grands  jardins.  Dans  la  seconde  moitié  du 
XVI''  siècle,  il  fut  divisé  en  deux  grands  lots  donnant,  l'un  rue  de  l'Egout,  l'autre 

'"'  Hist.  général,  t.  III,  p.  82  c.  1/137  (Sauvai,  t.  IH,  p.  3o5),  il  esl  dit  conseiller 

■^'  En  i4i9,  le  changeur  Jean  Tarenne,  men-  et  maître  de  la  Chambre  des  comptes,  et  c'est 

tionnd  dès  i385,  devait  être  âgé  d'au  moins  cin-  apparemment  le  môme  que  le   Pre'vôt  des  Mar- 

(piante  ans.  chands  élu  en    liSG;   mais  peut-être  ce  dernier 


'''  Dans  le  compte  des  confiscations  de  liaS  à        était-il  le  père  du  conseiller  au  Parlement. 


RUE  TARANNE.  273 

rue  du  Dragon  (voir  à  l'article  de  ces  rues),  et,  dans  le  jardin,  on  perça  une 
rue,  la  Petite  rue  Taranne,  qui  se  borda  rapidement  de  maisons. 

Maisoîs  sans  désignation  (  i  SgB),  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  du  Dragon.  Entre 

Cette  maison  et  la  suivante  furent  élevées  sur  l'emplacement  d'un  petit  clos  de  '"^^  ""^' ;|;;  "'"f!"" 
terre  contenant  un  peu  plus  d'un  quartier,  qui  était  encore  en  culture  vers  i53o,  '•«^  s^'^'^p*™» 
et  avait  été  vendu,  le  lo  janvier  1826,  par  François  Guignart  à  Guillaume  Mont- 
rouge.  Celui-ci  divisa  la  propriété  en  parcelles,  qu'il  céda  à  des  particuliers  pour 
y  bâtir,  et,  dès  1  bh'j,  il  y  avait  là,  au  moins,  trois  maisons.  Il  paraît  que  l'une  de 
ces  maisons  fut,  dans  la  suite,  réunie  à  une  autre,  puisqu'on  n'en  comptait  plus 
que  deux  à  la  fin  du  xvi"  siècle. 

Maison  sans  désignation  (lôgS). 

Maison  sans  désignation  (lôgô),  faisant  le  coin  de  la  rue  des  Saints-Pères. 
Elle  appartenait,  en  iBgS,  au  capitaine  Augustin  Ramelly,  et  avait  été  bâtie  sur 
un  lot  de  terre  de  vingt-cinq  perches,  baillé  à  Denis  du  Guichet  le  29  août 
iSSg.  Au  même  lieu  se  trouvait  précédemment  un  cimetière  dit  le  cimetière  des 
Malades  DE  lèpre  (i536),  ou  de  la  Maladrerie  (i523),  ainsi  appelé  parce  qu'il 
dépendait  de  la  maladrerie  de  Saint-Germain,  et  servait  à  l'euterrement  des  lé- 
preux qui  mouraient  dans  cet  établissement.  Jaillot  a  confondu  le  cimetière  de  la 
Maladrerie  et  celui  de  Saint-Père,  lequel  était  attenant  à  la  chapelle  de  ce  nom, 
et  par  conséquent  de  l'autre  côté  de  la  rue.  Le  clos  du  coin  de  la  rue  du  Dragon 
est  dit  aboutir  au  cimetière  de  la  Maladrerie,  dans  la  transaction  de  1626;  indi- 
cation confirmée  par  l'arpentage  de  1629  et  par  plusieurs  autres  documents  très- 
précis. 

CÔTÉ   SEPTENTRIONAL. 


PAROISSE  SAmT-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Clos  ou  CourtilLE  de  L'ABBAYE,  contiguë,  d'un  côté,  à  l'enclos  de  la  cha- 
])ellc  Saint-Père,  et  faisant,  de  l'autre  côté,  le  coin  de  la  rue  Saint-Benoît.  L'espèce 
de  jardin  qu'on  appelait  la  Courtille  de  l'Abbaye  était  surtout  planté  de  vignes  et 
existait  déjà  en  i3o6,  car  il  est  mentionné  dans  une  transaction  de  cette  année, 
à  l'occasion  d'une  maison  attenante,  que  le  trésorier  du  couvent  accensa  alors  au 
nommé  Pierre  de  Villeneuve. 

Les  textes  cités  plus  haut  prouvent  que,  avant  le  milieu  du  xiv"  siècle,  le  clos 
de  l'Abbaye  n'était  pas  riverain  de  la  rue  Taranne,  mais  qu'il  en  était  séparé  par 

III.  30 


27A  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

des  constructions  dépendant  des  offices  du  trésorier  et  de  l'aumônier,  ainsi  que 
par  le  manoir  de  M""  de  Valence.  Ces  divers  édifices  ayant  été  détruits  en  i36o, 
leur  emplacement  forma  un  grand  terrain  vide,  qui,  avons-nous  dit,  fut  acheté, 
en  1896,  par  Jean  Le  Bouvier,  et  demeura  longtemps  en  culture *''.  L'arpen- 
tage de  1539  l'indique  comme  distinct  de  la  Gourtille  et  contenant  trois  arpents 
et  demi.  Il  est  énoncé  en  contenir  quatre,  dans  le  bail  qui  en  fut  fait,  le  10  mai 
1607,  à  Bernard  Roillet,  propriétaire  de  l'hôtel  de  Taranne.  D'après  ce  dernier 
bail,  le  même  terrain  se  serait  aussi  étendu  jusqu'à  la  rue  Saint- Père,  ce  qui  im- 
pliquerait qu'il  formait  hache  derrière  la  chapelle,  laquelle  a  eu  d'ailleurs  une 
porte  sur  le  clos.  Le  censier  de  i523  indique  pareillement  la  Gourtille  comme 
atteignant  la  rue  Saint-Père,  et  lui  prête  une  superficie  de  cinq  arpents  et  six 
perches;  mais  ces  chiffres  semblent  exagérés,  et  les  limites  du  clos  ne  nous  appa- 
raissent bien  précises  que  dans  le  plan  dressé  en  i5/i8.  A  cette  époque,  le  clos 
était  borné  :  au  nord,  par  un  mur  crénelé  prolongeant  en  ligne  droite  celui  de 
l'enceinte  de  l'abbaye,  et  mesurant  vingt  et  une  perches  ou  soixante-trois  toises 
de  longueur  à  partir  de  la  contrescarpe  du  fossé;  à  l'ouest,  par  un  mur  de  trente- 
trois  perches  ou  quatre-vingt-dix-neuf  toises,  probablement  brisé  vers  son  centre; 
au  midi,  par  un  mur  sur  les  vestiges  duquel  ont  été  élevées  les  façades  des  mai- 
sons actuelles  de  la  rue  Taranne,  et  qui,  prolongé  jusqu'à  l'encoignure  du  redan 
des  fossés,  était  long  de  vingt-huit  perches  ou  quatre-vingt-quatre  toises  jusqu'à 
la  contrescarpe;  à  l'est,  par  le  chemin  sur  les  fossés  de  fabbaye,  lequel  avait  un 
développement  de  trente-sis  perches  le  long  de  la  contrescarpe,  sur  laquelle, 
probablement,  s'élevait  dès  lors  ce  mur  de  clôture  dont  on  ne  constate  l'existence 
que  plus  tard. 

Dans  cet  état,  le  clos,  où  était  englobée  la  pièce  de  Roillet,  attenante  immédia- 
tement à  l'abbaye,  comprenait  et  supprimait  le  chemin  qui  en  bordait  le  fossé 
occidental.  Il  empiétait  évidemment  aussi,  mais  dans  des  proportions  difficiles  à 
déterminer (2',  sur  le  Grand-Pré-aux-Clercs,  usurpation  dont  fit  justice  l'aiTÔt  de 
i55i,  après  lequel  le  clos  se  trouva  considérablement  amoindri.  Le  26  octobre 
1637,  alors  que,  divisé  en  quatre  lots  de  même  largeur,  il  fut  baillé  à  bâtir  aux 
nommés  Hierôme  Ghatelain,  Jean  Caillé,  Charles  Robineau  et  Claude  de  Vernon, 
il  ne  renfermait  plus  que  trois  arpents  deux  perches  et  demie,  et  avait,  dans 
œuvre,  sur  la  rue  Taranne,  soixante-deux  toises  trois  pieds;  du  côté  de  la  rue 
Jacob,  cinquante-trois  toises  cinq  pieds;  du  côté  de  la  rue  des  Saints-Pères,  qua- 
rante-six toises  quatre  pieds,  et,  vers  la  rue  Saint-Benoît,  quarante-sept  toises 

'''  En  1/117  0"  ^''o?  furent  baillées  à  Jourdain  irCourtiHe,  et  certaines  places  esquelles  jadis  eust 

Almauroy  :  tf .  .  .ta  Gourtille  fermée  de  murs  et  de  ^maison,  assises  devant  l'Iwstel  Jehan  Tarenne.r> 
(tfossez ,  séant  derrière  icelle  église  (Saint-Gei-niain)  ;  '''  Nous  parlerons  plus  lai-d  des  limites  du  Grand- 

filem,  une  autre  pièce  de   terre  tenant  à  icelle  Pré-aux-Clercs,  aux  environs  de  ta  porte  Papale. 


PETITE  RUE  TARANNE.  275 

trois  pieds!".  Ces  mesures  confirment,  quant  à  la  largeur  du  clos,  de  l'est  à 
l'ouest,  celle  qui  nous  est  fournie  par  le  plan  de  i5/i8. 


PETITE   RUE  TARANNE. 

La  Petite  rue  Taranne  commençait  à  la  rue  de  TEgout  et  finissait  à  la  rue  du 
Sabol. 

Jailiot  assure  que  cette  rue  se  confondait  avec  la  ruelle  qui,  jadis,  séparait 
l'hôtel  de  Taranne  de  celui  du  Sépulcre;  mais  le  lait  est  mathématiquement 
impossible,  attendu  que  l'hôtel  du  Sépulcre  se  trouvait,  non  pas  du  côté  oriental, 
mais  bien  du  côté  occidental  de  la  rue  du  Dragon  (voir  à  l'article  de  celte  rue), 
seule  voie  réellement  intermédiaire  entre  les  hôtels  de  Taranne  et  du  Sépulcre. 
L'erreur  de  Jailiot  a  pour  cause  l'ignorance  où  il  était  de  la  situation  de  l'hôtel 
du  Sépulcre,  et  de  la  disposition  de  l'hôtel  de  Taranne,  lequel  avait  sa  façade 
principale  en  la  rue  de  l'Egout,  au  lieu  de  l'avoir  en  la  rue  Taranne,  comme 
Jailiot  le  croyait. 

Tous  les  documents  relatifs  à  l'îlot  compris  entre  les  rues  de  l'Egout  et  du 
Sabot  établissent  que,  dans  la  première  moitié  du  xvi"  siècle,  l'hôtel  de  Taranne 
était  immédiatement  attenant,  vers  le  midi,  à  la  partie  postérieure  de  diverses 
maisons  en  bordure  sur  la  rue  du  Four,  ainsi  qu'au  flanc  d'une  maison  de  la 
rue  de  l'Egout,  et  qu'il  n'existait  là  aucune  ruelle  longeant  les  murs  de  l'hôtel,  ou 
traversant  l'ilôt '^'.  Les  documents  établissent,  en  outre,  que  la  Petite  rue  Taranne 
a  dû  être  ouverte  au  milieu  des  jardins  de  l'hôtel,  à  environ  quatorze  mètres 
en  deçà  du  mur  de  clôture  de  ces  jardins;  d'oii  il  faut  conclure  que  la  rue  n'a 
été  percée  qu'à  l'époque  du  morcellement  de  l'hôtel.  A  quelle  date  ce  morcelle- 
ment eut-il  lieu?  La  lacune  des  archives  de  l'abbaye  nous  a  empêché  de  l'ap- 
prendre, et  nous  voyons  seulement,  par  le  censier  rédigé  pour  l'année  lôgS, 
que  la  nouvelle  rue  existait  alors.  Elle  était  môme  entièrement  bordée  de  mai- 
sons des  deux  côtés,  et  s'appelait  déjà  tr Petite  rue  deTarenne,ii  ou  «rue  du  Petit 
(rTarenne,n  dénominations  auxquelles  on  n'a  point  apporté  de  variantes  dignes 
d'être  signalées. 


<">  Certaines  places  dëpendarit  du  clos  et  en  bor-  ranne,  cette  ruelle  aurait  infailliblement  été  men- 

dure  sur  la  rue  Sainl-Benoil  avaient  été  vendues  tionnée  dans  le  même  document.  En  outre,  dans  la 

dès  16 15,  et  la  cote  de  quarante-sept  toises  trois  vente  de  i5o5  ,  on  trouve  l'hôtel  énoncé  crà  l'oppo- 

pieds  est  h  prendre  derrière  ces  maisons.  " site  de  la  chapelle  Sainct  Pierre, 1  et  dit  «tenant 

'*'  Dans  le  censier  de  i53i,  l'Iiôlel  de  Taranne  -^des  deux  costez  à  deux  ruelles  (les  rues  de  l'Egout 

est  indiqué  comme  limité,  sur  un  point,  par  la  rue  «retdu  Dragon)  aboutissant  par  derrière  à  deux  jar- 

du  Sabot;  s'il  l'avait  été  aussi  par  la  Petite  rue  Ta-  trdins.n 

35. 


276  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

CÔTÉ  MÉRIDIONAL. 

PAROISSE  SAINT-SULPIGE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Maison  sans  désignation  (iBgS),  contiguë  à  la  maison  faisant  le  coin  de  la  rue 
de  l'Egout,  et  à  celle  du  Sabot,  qui  formait  tout  le  côté  oriental  de  la  rue  de  ce 
nom.  Elevée  sur  une  partie  de  l'ancien  hôtel  de  Taranne,  elle  appartenait,  eu 
iSgS,  à  Séraphin  du  Tillet,  l'un  des  acquéreurs  de  cet  hôtel,  et  était  déjà  di- 
visée en  trois  propriétés  vers  1628. 

Maison  sans  désignation  (iSgS),  faisant  le  coin  de  la  rue  du  Sabot. 

CÔTÉ  SEPTENTRIONAL. 

PAROISSE  SAINT-SDLPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Maison  sans  désignation,  qui,  avant  iBgS,  fut  acquise  par  J.-B.  Vesle  et  an- 
nexée à  sa  grande  maison  des  Trois-Rois,  faisant  le  coin  septentrional  de  la  rue 
du  Dragon. 

Deux  maisons  sans  désignation  (iSgS),  dont  la  seconde  était  contiguë  à  celle 
du  coin  de  la  rue  de  l'Egout.  Les  limites  de  ces  maisons  ne  sauraient  être  fixées 
ligoureusement  avec  la  seule  aide  des  renseignements  dont  nous  disposons. 


RUE   DE   TOURNON. 

La  rue  de  Tournon  commence  à  l'extrémité  méridionale  de  la  rue  de  Seine 
(anciennement  rue  du  Brave)  et  finit  à  la  rue  de  Vaugirard. 

Cette  rue  était  d'abord  un  chemin  qui  longeait  le  clos  Bruneau  à  l'ouest,  et  il 
n'en  est  point  de  mention  très-ancienne.  Elle  a  été  énoncée,  en  1  5 1  7,  tr  ung  grand 
ff  chemin  ;fl  a  ruelle  par  laquelle  on  va  au  jardin  de  Garancières,T)  en  i53i  ;  rrrue 
trqui  tend  le  long  des  fossés  du  marché  aux  chevaulx  de  la  Foire  dudict  Saint 
«Germain,  11  également  en  iSiy;  trrue  des  Terres  où  se  tient  le  marché  aux 


RUE  DE  TOURNON.  277 

(Tchevaulxfl  (lôaa),  et  «rue  du  Marché  aux  chevauix  de  la  Foire, «  en  iSai, 
1  52  3,  etc.  Le  marché  aux  chevaux  dont  il  est  ici  question,  et  dont  l'emplacement 
était  aussi  appelé  le  Pré-Crotté  (i5/ii),  bordait  le  côté  occidental  du  chemin,  et 
comme,  dans  un  titre  de  1/175,  l'hôtel  de  Garancière  est  dit  aboutir  au  clos  Bru- 
neau,  il  y  a  apparence  que  le  marché  n'existait  point  encore,  et  qu'il  lut  créé 
postérieurement  à  la  Foire.  En  iS^y,  il  était  supprimé  ('),  probablement  depuis 
i538,  car,  en  cette  année,  le  terrain  qu'il  occupait,  et  qui  formait  une  pièce  de 
six  arpents  environ  déjà  mentionnée  en  i638  '-',  fut  cédé,  le  ik  janvier,  par  le 
cardinal  de  Tournon,  abbé  de  Saint-Germain,  à  son  valet  de  chambre  et  tailleur, 
Jean  Gautier.  Celui-ci  bailla  immédiatement  le  terrain,  à  charge  de  bâtir  dans 
un  délai  de  deux  ans,  et  il  donna  sans  doute  à  la  voie  qui  nous  occupe  le  nom 
de  rue  de  Tournon,  dont  on  faisait  déjà  usage  en  1 543,  et  qu'on  n'a  point  changé 
depuis. 

La  rue  de  Tournon  est  beaucoup  plus  large  à  son  extrémité  méridionale  qu'à 
l'autre,  et  il  est  étrange  que  cette  disposition,  qu'on  a  mise  à  profit  en  construi- 
sant le  Luxembourg,  n'ait  point  été  modifiée  en  i538.  Elle  a,  du  reste,  failli 
l'être  plus  tard;  car,  en  i58i,  le  cardinal  de  Bourbon,  prétextant  qu'on  avait 
besoin  de  dix  à  douze  mille  livres  de  métal  pour  la  fonte  de  deux  cloches,  com- 
mença à  accenser  les  places  vagues  situées  derrière  les  maisons  de  la  rue  Neuve 
(de  Condé),  de  façon  que  l'entrée  méridionale  de  la  rue  de  Tournon  n'offrît 
plus  qu'une  largeur  de  six  toises  quatre  pieds.  Les  possesseurs  de  l'hôtel  du  Che- 
val-d'Airain  et  de  celui  qui  formait  le  coin  de  la  rue  de  Vaugirard  consentirent 
à  les  agrandir  par  ce  moyen;  ils  prirent  donc  à  bail  le  lot  correspondant  à  leur 
demeure.  En  revanche,  d'autres  propriétaires  des  environs  se  montrèrent  moins 
accommodants,  et  requirent  le  cardinal  d'abandonner  l'entreprise,  nuisible,  di- 
saient-ils, à  leurs  intérêts.  Ce  dernier  les  renvoya  à  son  bailli,  lequel  nomma  des 
experts  pour  visiter  les  lieux  et  présenter  un  rapport.  Ce  rapport  ayant  été  favo- 
rable aux  prétentions  du  cardinal,  le  19  juillet  i58i  il  demanda  au  Parlement 
d'évoquer  l'affaire  et  d'entériner  le  rapport  des  experts,  ou  d'en  nommer  de  nou- 
veaux, dont  l'avis  trancherait  la  contestation;  mais  le  Parlement  donna  gain  de 
cause  aux  défendeurs,  et  les  choses  sont  demeurées  jusqu'à  nos  jours  dans  leur 
état  primitif.  Un  croquis  de  plan  de  la  région,  exécuté  pendant  le  procès,  figure 
dans  les  archives  de  l'abbaye  W,  et  le  terrain  à  accenser  y  est  indiqué  par  la 
rubrique:  «Ycy  est  le  Pré  crotté,  où  l'on  tenoit  anciennement  le  marché  aux 

''' llesl  parié,  danslecensier  de  cette  année,  des  '''  Il  y  eut  alors,  au  sujet  de  cette  ferre,  un 

T  cinq  arpens  de  terre  qui  estoient  naguères  appeliez  procès  entre  les  moines  de  Saint-Germain  et  le  curé 

<rle  Pré  crotté,  aultrement  dict  le  Pré  aux  chevauix  de  Saint-Sulpice,  qui  soutenait  avoir  le  droit  d'y 

irdurant  la  Foire,  quy  ont  esté  baillez. . .  pour  y  prélever  une  dîme, 
ffbastir.n  '''  Arch.  nat.  carton  S  28^8. 


278  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

rrchevaulx  durant  la  foire  Sainct  Germain,  qui  sont  les  places  vagues  et  lieulx 
rtinnutiles  que  Monseigneur  le  cardinal  de  Bourbon  veult  bailler.  Et  en  lesdictes 
ff  places  n'y  a  que  des  ordures  et  immondices  et  de  l'herbe  qui  croist.  ■» 

Jaillot  dit  que  la  rue  de  Tournon  faisait  partie  des  ruelles  Saint-Sulpice  et  a 
été  nommée  rue  du  Champ-de-la-Foire;  nous  ne  l'avons  vue  désignée  ni  par  l'une 
ni  par  l'autre  de  ces  appellations. 

CÔTÉ  ORIENTAL. 


PAROISSE  SAINT-SU  LPIGE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE  SAINT-GERMAIN. 

Maison  sans  désignation  (162 2),  contiguë  à  celle  qui  faisait  le  coin  de  la  rue 
du  Petit-Lion.  En  iSgS,  cette  maison  était  divisée  en  plusieurs  habitations. 

Place  vide  (i53i)  qui,  en  lôgS,  était  couverte  d'une  maison  et  dépendait 
d'une  propriété  faisant  front  sur  la  rue  de  Condé.  Sur  l'emplacement  de  cette 
maison  et  de  la  précédente  il  y  avait,  vers  1  5 10,  un  édifice  qui  est  énoncé,  dans 
les  archives  de  l'abbaye,  anostre  grande  Halle, n  et  mostre  Halle  de  Sainct  Gér- 
er main,  n  On  la  trouve,  en  effet,  indiquée  comme  formant  l'aboutissant  des  ter- 
rains baillés  à  Motu,  à  Vancombert  et  à  Rousseau,  lesquels  terrains  étaient  en 
bordure  sur  les  rues  de  Condé  et  du  Petit-Lion  (voir  à  l'article  de  ces  rues).  Nous 
ne  savons  rien,  au  reste,  de  cette  halle,  mentionnée  seulement  à  l'époque  que 
nous  venons  d'indiquer. 

Le  reste  des  maisons  du  côté  oriental  de  la  rue  de  Tournon  dépendait  encore, 
à  la  fin  du  xvi^  siècle,  des  maisons  de  la  rue  de  Condé  (voir  à  l'article  de  cette 
dernière  rue). 

CÔTÉ  OCCIDENTAL. 


PAROISSE  SAINT-SULPICE. 

JUSTICE 
ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 


Grande  maison  sans  désignation  (i543),  faisant  le  coin  de  la  rue  de  Vaugirard 
et  aboutissant  rue  Garancière.  Elevée  sur  un  arpent  de  terre  acquis  de  Jean 
Gautier,  le  26  février  i538,  par  François  Bruneau,  marchand  mercier,  elle 
(ut  amoindrie,  par  des  morcellements,  dans  la  seconde  moitié  du  xvi'' siècle.  Au 


RUE  DE  TOURNON.  279 

commencement  du  xnf,  elle  appartenait  à  Françoise  Choart,  veuve  de  Pierre- 
François  de  la  Robie,  seigneur  de  Puteaux  et  contrôleur  du  domaine  royal  à 
Paris. 

Deux  petites  maisons  sans  désignation  (iSgS),  bâties  sur  une  partie  de  la 
maison  précédente.  La  seconde  appartenait  à  la  fabrique  de  Saint-Sulpice  en 
1628,  et  avait  dépendu  d'abord  de  la  suivante. 

Maison  sans  désignation  en  iBgS,  et  appelée  le  PETIT  HÔTEL  D'EntrAGIES 
dans  le  dernier  siècle.  Elle  fut  aussi  construite  sur  l'arpent  baillé  à  François 
Bruneau. 

Grande  maison  sans  désignation  (i5/i3),  aboutissant  rue  Garancière.  Elle  fut 
élevée  sur  un  arpent  de  terre  baillé  par  J.  Gautier  à  François  Bourret,  le  6  mars 
i538,  et  acquis,  au  mois  de  mai  iblii ,  par  Antoine  Fumée,  conseiller  au  Par- 
lement. La  maison  bâtie  par  celui-ci  appartenait,  du  temps  de  Henri  III,  à  Guil- 
laume dElbenne,  seigneur  de  l'Espinoux,  conseiller  au  Grand  Conseil;  elle  passa 
ensuite  à  Catherine  d'Elbenne,  femme  en  secondes  noces  de  Léon  d'Illiers,  sieur 
de  Chantenierle,  puis  à  leur  fils  Léon  de  Balzac  d'Illiers  d'Entragues,  qui  en  jouit 
jusqu'en  1699,  ce  qui  lui  valut  le  nom  d'HÔTEL  D'EntRAGUES. 

Grande  maison  d'abord  sans  désignation,  puis  dite  frL'HOSTEL  DE  PegquiGNYt» 
en  iBgS.  Elle  aboutissait  rue  Garancière,  et  fut  construite  sur  un  arpent  de 
terre  baillé  par  J.  Gautier  au  maître  brodeur  Ambroise  Boileau,  le  29  maiiSSg. 
En  i563,  elle  était  possédée  par  M°  Louis  de  Lestoille,  grand  rapporteur  de  la 
Chancellerie;  elle  appartint  plus  tard  à  M""  de  Piquigny"',  et,  vers  iBgB,  à 
Charles  du  Plessis,  seigneur  de  Liancourt,  premier  écuyer  de  la  petite  écurie. 
Ayant  été  acquise  par  le  maréchal  d'Ancre,  elle  fut  pillée  après  sa  mort,  au  mois 
d'avril  1617,  confisquée  le  8  juillet  suivant,  et  donnée,  par  Louis  XIII,  à  son 
favori  Charles  d'Albert  de  Luynes.  Mais  l'avidité  que  manifesta  ce  dernier  en 
s'enrichissant  des  dépouilles  de  Concini ,  dont  il  avait  préparé  le  meurtre,  donna 
lieu  à  des  railleries  telles  qu'elles  le  décidèrent  à  se  déftiire  de  la  maison,  et  il  la 
revendit  au  roi,  le  27  août  1621.  L'hôtel,  payé  i85,625  livres  tournois  avec  ses 
dépendances  qui  étaient  situées  de  l'autre  côté  de  la  rue,  fut  alors  destiné  à  la 
réception  des  ambassadeurs  étrangers,  d'où  le  nom  d'HÔTEL  DES  AMBASSA- 
DEURS sous  lequel  il  est  demeuré  très-longtemps  connu.  Le  8  février  17^8, 
Louis  XV  l'échangea,  avec  le  comte  de  Maurepas  et  le  marquis  de  Pontchartrain, 
contre  leur  hôtel  de  la  rue  Neuve-des-Petits-Champs.  Il  a  été  ensuite  agrandi 
d'une  partie  de  l'hôtel  d'Entragues.  Il  est  aujourd'hui  à  usage  de  caserne. 

Grande  maison  sans  désignation  (i543),  aboutissant  rue  Garancière  et  élevée 

'*'  De  la  maison  d'Ailly. 


280  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

sur  un  dcmi-arpent  de  terre  que  J.  Gautier  bailla  à  Joachim  Basselin  [alias  Hes- 
selin),  sergent  à  verge.  En  iBgS,  c'était  la  propriété  du  sieur  de  la  Rivière,  et, 
comme  il  était  absent  de  Paris,  les  échevins  la  louèrent,  le  16  mars,  à  Jean 
Regnauldin,  lieutenant  des  arquebusiers  de  la  ville.  Elle  est  dite,  dans  l'acte,  tenir 
d'une  part  à  l'hôtel  de  rr  Péquigny,  n  et  de  l'autre  à  la  dame  de  Montpensier.  Vers 
1  600,  elle  appartenait  au  premier  valet  de  chambre  du  roi,  Pierre  de  Beringhen, 
qui,  le  29  septembre  1607,  la  vendit  à  Anne  de  Lévy,  duc  de  Ventadour,  et 
depuis  lors  on  l'a  nommée  L'HÔTEL  DE  VentADOUR.  En  1  7 1 3 ,  le  fermier  général 
Chartraire  de  Saint-Agnan  la  fit  rebâtir  de  fond  en  comble  et  y  déploya  un  grand 
luxe. 

Grande  maison,  d'abord  sans  désignation,  qui  aboutissait  rue  Garancière  et  fut 
construite  sur  un  arpent  de  terre  baillé  par  J.  Gautier  à  Etienne  Guymont,  le 
ik  juillet  iBSg.  Nicole  du  Val,  conseiller  au  Parlement,  en  était  propriétaire 
vers  i543,  et  elle  appartint  plus  tard  à  Louis  de  Bourbon  II,  duc  de  Montpen- 
sier, prince  de  la  Roche-sur-Yon,  qui  mourut  en  i58';!.  Sauvai  dit  que  l'hôtel 
que  ce  prince  avait  dans  la  rue  de  Tournon  était  accompagné  de  bâtiments  fort 
spacieux,  et  d'un  grand  jardin  embelli  de  pai'terres  et  d'allées.  Il  ajoute  que  le 
même  hôtel  servait  de  demeure  à  Catherine  de  Lorraine,  seconde  femme  du  duc, 
lorsque,  ayant  appris  l'assassinat  de  ses  deux  frères,  massacrés  à  Blois  par  ordre 
de  Henri  III,  elle  courut  les  rues  de  Paris  en  demandant  vengeance.  Mais  Sauvai 
s'est  entièrement  trompé  en  confondant  l'hôtel  de  Montpensier  avec  l'hôtel  de 
Savoie  ''^  lequel  faisait  le  coin  de  la  rue  du  Petit-Bourbon  et  a  toujours  été  pos- 
sédé par  d'autres  propriétaires.  Nous  sommes  d'ailleurs  très-sûr  que  la  maison 
élevée  sur  l'arpent  d'Etienne  Guymont  s'identifia  avec  l'hôtel  habité  par  la  seconde 
femme  de  Louis  de  Bourbon;  car,  dans  le  bail  de  iBgS  que  nous  venons  de  citer, 
elle  est  énoncée  appartenir  à  la  dame  de  Montpensier,  et,  dans  le  censier  de 
iSgB,  aux  hoirs  de  la  princesse  de  la  Roche-sur-Yon.  La  fameuse  duchesse 
mourut,  en  effet,  le  6  mai  iBqô.  En  1607,  son  hôtel  dit  de  la  Roche-sur-Yon 
était  passé  à  Thibaut  des  Portes,  sieur  de  la  Bévillière  [alias  de  Biviliers),  grand 
audiencier  de  France  au  siècle  passé;  il  portait  le  nom  d'hôtel  de  Terrât,  ayant  été 
acquis  par  Jean-Baptiste  Terrât,  qui  fut  chancelier  du  duc  d'Orléans  et  mourut 
en  1719.  L'édifice  avait  été  rebâti  par  l'architecte  Bullet. 

HÔTEL  DE  Savoie,  aboutissant  rue  Garancière  et  faisant  le  coin  méridional  de 
la  rue  du  Petit-Bourbon,  actuellement  dite  Saint-Sulpice.  Cette  maison,  men- 
tionnée sans  désignation  particulière  en  ibtiS,  fut  construite  sur  un  arpent  de 
terre  baillé  par  J.  Gautier,  le  22  février  i538,  à  Denis  Corron,  prêtre,  et  à 
Lancyot,  docteur  en  médecine.  Du  temps  de  Charles  IX,  elle  appartenait  à  Mar- 

"'  T.  Il,  p.  67,  89  et  1-20. 


RUE  DE  VAUGIRARD.  281 

{Tuerite  de  France,  duchesse  de  Berry  et  femme  d'Emmanuel-Philibert,  duc  de 
Savoie. 

Cette  princesse  la  donna  à  son  secrétaire,  M'=  Raymond  Forget,  notaire  du 
roi,  qui,  pour  en  témoigner  sa  reconnaissance,  fit  sculpter  au-dessus  de  la  porte 
les  mots  :  De  la  libéralité  de  ma  princesse.  Sauvai,  en  rapportant  le  fait,  ajoute 
que,  rrau  commencement  des  troubles  de  la  Ligue,  cet  hôtel  ayant  été  saisi  et 
(T loué  par  le  Parlement  comme  prétendu  appartenir  à  Forget,  après  que  Guil- 
fflaume  Martin,  procureur  de  la  princesse,  eut  remontré  à  la  Cour  qu'il  appar- 
(f  tenait  à  sa  partie,  la  saisie  fut  levée  en  1670,  au  mois  de  décembre,  par  arrêt, 
fret  la  maison  rendue  à  Martin  avec  tous  ses  loyers ''lu  A  la  date  précitée,  les  re- 
gistres du  Parlement  ne  contiennent  point  l'arrêt  de  mainlevée  dont  parle  Sau- 
vai; mais  ils  en  fournissent  un  autre,  du  18  décembre  lôyo,  qui  confirme  la 
plupart  des  détails  précédents  (•''.  Sur  le  croquis  de  i58i,  l'emplacement  de 
l'hôtel  de  Savoie  est  marqué  par  cette  phrase  :  «Yci  est  la  maison  de  M°  Loppin, 
ff  conseiller  ;  T?  et  le  censier  de  1596  indique  la  maison  comme  étant  alors  aux 
hoirs  de  ce  Geoffroy  Loppin,  conseiller  au  Parlement,  qui  la  tenait  des  ayants 
cause  du  chevalier  Forget.  La  différence  que  nous  avons  établie  entre  l'hôtel  de 
Montpensier  et  celui  de  Savoie  est  donc  doublement  justifiée. 

Ce  dernier  logis  était  déjà  morcelé  en  1628,  de  façon  à  former  plusieurs 
maisons.  Des  deux  qui  faisaient  front  sur  la  rue  de  Tournon,  l'une  s'appelait  alors 
l'hételde  Plaisance;  la  seconde,  celle  du  coin,  a  été  t  hôtel  de  Châtillon,  qui,  en  1687, 
était  possédé  par  François  de  Sallevolant,  sieur  d'Argibé-Langlantière,  auquel 
son  père  l'avait  donné  le  3i  octobre  1669. 


RUE   DE   VAUGIRARD. 

La  rue  de  Vaugirard  commence  à  la  rue  Monsieur-le-Prince,  et,  en  tant  que 
rue,  elle  finissait  à  la  porte  voisine  de  la  rue  du  Regard. 

Il  est  manifeste  que,  avant  l'existence  de  l'enceinte  de  Philippe-Auguste,  le 
chemin  de  Vaugirard  devait  avoir  un  tout  autre  point  de  départ  que  celui  de  la 
rue  actuelle.  Selon  toute  vraisemblance,  il  traversait  l'emplacement  occupé  aujour- 
d'hui par  le  théâtre  de  l'Odéon,  et  allait  se  relier  à  la  rue  Hautefeuille.  La  cons- 
truction de  l'enceinte  de  Philippe-Auguste  modifia  profondément  cet  état  de 
choses;  le  chemin  de  Vaugirard  se  trouvant  brusquement  intercepté  par  les 
murailles  de  la  ville,  il  devint  indispensable  de  lui  créer  un  débouché  dans  la 
direction  de  la  porte  la  moins  éloignée,  celle  d'Enfer,  et  telle  est  la  cause  pour 

''•  Antiq.  de  Pari»,  t.  II,  p.  67,  8a  et  i9o.  cet  arrêt,  la  princesse  obtient  la  remise  des  pièces 

'•'  Arch.  nat.  reg.  X  i63i ,  fol.  i38  v*.  —  Dans        qu'elle  avait  présentées  pour  établir  ses  droits. 

III  36 


282  TOPOGHAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

laquelle  la  rue  de  Vaugirard,  à  son  extrémité  orientale,  s'infléchit  vers  le  sud- 
est.  Probablement,  d'ailleurs,  la  partie  comprise  entre  les  rues  de  Condé  et  des 
Fossés-Monsieur-le-Prince  était  elle-même  une  ancienne  voie  formant  la  conti- 
nuation de  la  rue  des  Grès,  et  s'embranchant  sur  le  vieux  chemin  de  Vaugirard. 
Le  tronçon  de  ce  dernier  chemin  s'étendant  de  l'enceinte  à  cet  embranchement, 
demeuré  sans  issue  et  conséquemment  sans  utilité,  a  fini  par  être  supprimé  et  a 
disparu  complètement,  en  ne  laissant  (|ue  des  traces  appréciables  seulement  pour 
des  yeux  exercés  à  un  pareil  genre  d'études.  En  1628,  la  rue  de  V^augirard 
n'était  pas  pavée  au  delà  de  la  porte  dépendant  de  la  tranchée.  Un  siècle  aupara- 
vant, bordée  uniquement  de  terres  en  culture  et  de  murs  de  clos,  elle  était,  d'un 
bout  à  l'autre,  un  simple  chemin  rural.  Ce  chemin  conduisait  au  vdlage  qui  se 
nommait  encore  ValboUron  en  1268,  et  qui  a  pris  le  nom  de  Vaugirard  depuis 
qu'il  a  été  rebâti  par  Gérard,  abbé  de  Saint-Germain,  mort  en  1278. 

Des  appellations  particulières  ont  été  spécialement  appliquées  aux  diverses 
parties  de  la  rue  de  Vaugirard,  indépendamment  de  celle  de  chemin  de  Vaugirard 
ou  ffvoye  de  Valgirard^i  (i355),  qui  a  été  constamment  donnée  à  la  totalité  de 
la  voie,  du  moins  jusqu'au  règne  de  Henri  II.  Dans  la  partie  la  plus  rapprochée 
de  la  ville,  où,  naturellement,  les  maisons  se  multiplièrent  d'abord,  on  la  nom- 
mait ffrue  de  Vaulgirardn  dès  iSaS,  et,  suivant  une  charte  dont  nous  n'avons 
vu  qu'une  citation,  te  rue  qui  va  de  la  poi'te  d'Enfer  à  Saint  Sulpice,-o  en  1289.  La 
même  partie  s'appelait,  en  i523,  tr chemin  qui  tend  de  la  porte  Saint  Michel  à 
ffVaulgirard;Ti  en  tbhj,  crchemyn  de  Bel  Ayr,T)  et,  en  iSog,  «rue  de  Bel  Air,!) 
à  cause  du  territoire  de  Bel-Air  formant  l'encoignure  du  chemin  sur  les  fossés. 
Au  commencement  du  xvn"  siècle,  comme  a  eu  raison  de  l'affirmer  Sauvai,  on  l'a 
désignée  sous  le  nom  de  rue  de  la  Verrerie,  à  cause  d'une  verrerie  dont  nous  indi- 
querons plus  loin  la  situation.  Dans  le  voisinage  des  ruelles  Saint-Sulpice,  c'est- 
à-dire  entre  les  rues  de  Condé  et  Cassette,  la  rue  de  Vaugirard,  ou  achemyn 
tr  allant  de  Paris  à  Vaugirard,-»  était  aussi  appelée  ala  voie  des  Ruelles^  (i355); 
(Tchemyn  des  RuellesT  (iZiio,  1629);  tr  chemin  qui  va  à  Vaugirard,  nommé  des 
ctRuellesn  (i/iii);  tt chemin  des  Ruelles,  par  lequel  l'on  va  de  Paris  à  Vaugi- 
rardn  (1/111);  trchemin  des  Ruelles,  allant  à  Vaugirardn  (1/116,  1529).  Enfin 
l'on  disait  :  tr  chemin  qui  va  à  la  Croix  de  Vaugirardn  (1/1/17);  ff  chemin  des  Car- 
tr  Hères,  Ti  et  tr  chemin  qui  va  de  Sainct  Germain  aux  carrières  de  Vaugirard  w 
(1829),  pour  désigner  le  chemin  aux  environs  des  territoires  de  la  Pointe  et  des 
Fourneaux.  La  rue  de  Vaugirard  a  porté,  en  ou  Ire,  le  nom  de  rue  de  Luxembourg  ; 
mais  il  ne  semble  pas  que  ce  soit  avant  la  construction  du  palais.  Quant  à  la  déno- 
mination de  rue  des  Vaches,  que  Sauvai  assure  avoir  été  appliquée  à  la  rue  de 
Vaugirard  depuis  i5/i3,  Jaillot  a  eu  tort  de  la  révoquer  en  doute,  car  on  lit 
dans  un  acte  de  1627,  relatif  à  une  maison  située  près  de  la  rue  Férou,  ^rrue 
tr  vulgairement  appellée  des  Vaches;  a  mais  nous  n'en  avons  point  rencontré  d'autre 


RUE  DE  VAUGIRAUD.  283 

exemple,  et  il  ne  nous  paraît  pas  probable  que  cette  appellation  soit  beaucoup 
plus  ancienne  que  la  précédente. 

CÔTÉ  MÉRIDIONAL. 


PAROISSE  SAINT-SLLPICE. 

JUSTICE  DU  ROI. 

CENSI\E   DE  LA   GRANDE  CONFliÉBIE. 

(Fief  du  Cios-aux-Bourgeois.) 

Maison  du  jeu  de  paume  Rouge  (tSBg-iôi/i),  conti{![uë  aux  maisons  faisant  le 
coin  de  la  rue  des  Francs-Bourgeois.  Le  terrain  en  fut  donné  à  bail  le  16  jan- 
vier iBSy.  Le  jeu  de  paume  Rouge  paraît  être  le  même  que  celui  qu'on  appelait 
le  Jeu  de  paume  de  Cwoii  en  iSyG.  L'hôtel  qui  l'a  remplacé  s'appelait  hdiel  de 
Bissy  dans  le  dernier  siècle. 

-Maison  avec  jeu  de  paume  (iBgT)),  connue  sous  le  nom  de  Jeu  de  paume  de  Bec- 
QUET.  Cette  propriété  a  été  formée  de  plusieurs  autres,  notamment  d'un  quartier 
de  jardin  cédé  à  Jean  Becquet,  tr  maistre  esteufier,  n  le  19  avril  1670,  par  Marie 
Chevalier,  héritière  d'Honoré  Chevalier;  puis  d'un  jardin  avec  masure,  oii  avait 
été  l'enseigne  du  frBastouer, n  et  que,  en  l'an  iByô,  Antoine  Arnaut  abandonna 
à  Becquet  en  échange  d'un  autre  terrain, 

N.  B.  Les  autres  propriétés  situées  sur  le  côté  méridional  de  la  rue  de  Vaugirard  ont  été 
englobées  dans  l'enceinle  du  palais  et  des  jardins  du  Luxembourg.  On  en  trouvera  la  descrip- 
tion dans  le  rliapitre  suivant.  —  l.  m.t. 


36. 


LE  PALAIS  DU  LUXEMBOURG.  285 


CHAPITRE   VIII. 

LE  PALAIS  DE  MÉDIGIS,  D'ORLÉANS  OU  DE  LUXEMBOURG. 


L'édifice  auquel  on  a  donntf  concurremment  ces  trois  noms  n  appartient  pas,  par  la  date  de  sa 
construction ,  à  la  période  historique  dans  laquelle  l'auteur  du  présent  travail  a  voulu  renfermer  la 
topographie  du  vieux  Paris.  Placé  chronologiquement  sur  l'extrême  limite  de  deux  âges,  il  échap- 
perait à  toute  description  et  demeurerait  ainsi  à  l'état  de  lacune,  dans  l'étude  rétrospeclive  d'une 
région  oiî  il  tient  pourtant  une  si  grande  place,  si  nous  n'avions  eu  la  pensée,  ici  comme  ailleurs, 
de  franchir  une  limite  trop  rigoureuse  et  de  suppléer,  par  nos  propres  recherches,  à  une  omission 
volontaire,  mais  assurément  fort  regrettahle. 

Au  lieu  donc  de  nous  borner  à  retracer,  jusqu'en  1610,  la  physionomie  du  sol  sur  lequel 
devait  s'élever  le  palais  de  Marie  de  Médicis,  campos  ubi  Troja.  . . .,  nous  avons  divisé  en  deux 
parties  distinctes  la  monographie  sommaire  de  cet  édifice.  Dans  la  première,  nous  énumérons, 
à  l'aide  des  notes  de  feu  Berty  et  des  titres  inédits  que  nous  avons  consultés,  les  propriétés 
acquises  par  la  reine  et  englobées  successivement  dans  son  palais  ou  dans  ses  jardins  :  c'est  le 
parcellaire  antérieur  aux  travaux  de  Salomon  de  Brosse.  Dans  la  seconde,  nous  résumons  les 
renseignements  de  toute  nature  que  nous  ont  fournis,  sur  cette  résidence  princière,  les  pièces 
originales  et  les  historiens  les  plus  autorisés.  Nous  consacrons  en  outre  un  article  spécial  au 
couvent  des  Bénédictines  du  Calvaire  et  à  l'hôtel  du  Petit-Luxembourg,  véritables  annexes  du 
palais  Médicis. 

Les  planches  destinées  à  compléter  le  texte,  en  l'éclairant,  sont  la  reproduction  de  dessins 
inédits  et  d'estampes  anciennes. 

Quant  aux  titres  originaux,  qui  sont  conservés  à  la  bibliothèque  du  palais,  et  qui  n'ont  été 
que  très-imparfaitement  connus  de  feu  Berty,  nous  ne  pouvons  les  publier  intégralement  à 
cause  de  leur  étendue;  mais  nous  les  signalons  au  lecteur,  à  titre  de  documents  historiques  et 
topographiques  absolument  inédits.  —  l.m.t. 

I. 

LES  PROPRIÉTÉS  COMPRISES  DANS  L'ENCEINTE  DU  PALAIS  ET  DES  JARDINS. 


PAROISSE   SAINT-SULPICE. 

JUSTICE  DU  BOL 

CENSIVE  DE  LA  GRANDE  CONFI\ÉRIE. 

(Fief  du  Glos-aux-Bourgeois.) 

ff  Maison  close  ri  que  l'avocat  Gilles  Bourdin  céda,  le  3o  novembre  iBSg,  à 


286  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

M*  Philippe  Joulin,  sieur  de  la  Brosse,  et  dont  il  avait  pris  le  terrain  à  bâtir,  le 

17  mars  i546,  du  président  Gilles  Lemaître.  11  est  dit,  dans  l'acte  de  vente  du 
terrain,  qu'il  mesurait  treize  toises  de  large  sur  vingt-deux  toises  deux  pieds  de 
long;  qu'il  faisait  partie  du  jardin  de  Lemaître,  tenant  d'une  part  à  aune  enclave 
c: close  du  coslé  de  la  porte  Saint-Michel, n  et  de  l'autre  «à  la  rue  qui  sera  faicte 
ff  de  neuf  oudict  jardin  ;t)  mais  nous  ne  trouvons  point  ailleurs  d'autre  mention  de 
cette  rue  projetée.  La  maison  do  Joulin  lui  fut  achetée,  le  siS  juin  i565,  par 
M'=  Antoine  Arnaut,  auditeur  des  comptes,  qui  l'agrandit,  le  26  juin  1576,  au 
moyen  d'un  échange  avec  Becquet.  Faisant  hache  derrière  les  deux  précédentes, 
elle  offrait  une  superficie  de  deux  mille  quatre  cents  toises  environ,  lorsque,  le 
28  juin  161  A,  la  propriété,  qui  ne  consistait  plus  qu'en  deux  jardins,  fut  acquise 
des  hoirs  Arnaut,  au  prix  de  3o,ooo  livres,  par  la  reine  Marie  de  Médicis.  Elle 
en  réunit  les  sept  huitièmes  à  son  parc  du  Luxembourg,  et  le  reste,  disposé  en 
un  lot  de  douze  toises  de  face  sur  la  rue  de  Vaugirard,  fut  donné  par  elle,  le 
i"juin  i6i5,  à  Laurent  Stornat,  comme  dédommagement  d'une  maison  dont 
elle  s'était  emparée.  Celle  que  Laurent  Stornat  bâtit  sur  son  lot  fut  acquise, 
avant  i655,  par  Henri  de  la  Trémouille,  duc  de  Thouars,  et  prit  le  nom  dliôlel 
de  la  Trémouille. 

L'emplacement  occupé  par  la  maison  d'Arnaut  et  les  deux  jeux  de  paume  atte- 
nants formaient,  vers  1  535 ,  une  pièce  de  terre  plantée  en  vignes,  que  possédait  le 
boulanger  Honoré  Chevalier;  Antoinette  Bigault,  sa  veuve,  et  leurs  enfants  se  la 
partagèrent  le  1  2  janvier  i5i^. 

JUSTICE 
ET  CE\SIVE  DE  L'ABBWE  SAINT-GERMAIN-DES-PRES. 

Maison  sans  désignation,  dont  le  terrain  fut  aussi  à  Honoré  Chevalier, 'et  qui 
appartenait  en  i559  à  M*^  Eustache  de  Corbie.  Le  25  janvier  iGik,  elle  fut 
vendue  17,000  livres  à  la  reine  Marie  de  Médicis  par  la  demoiselle  de  Corbie, 
veuve  Allenianny.  Elle  formait  alors  deux  maisons,  et  derrière  était  située  cette 
verrerie  dont  la  rue  de  Vaugirard  a  quelquefois  reçu  le  nom;  elle  paraît  avoir 
été  établie  vers  la  fin  du  règne  de  Henri  IV. 

Derrière  cette  maison  il  s'en  trouvait  une  attenante  à  celle  des  hoirs  Arnaud, 
mais  dont  nous  ne  voyons  pas  la  disposition.  Elle  appartenait  à  Paul  de  Tourne- 
myne,  sieur  de  Campsillon,  et  le  prix,  montant  à  56, 000  livres,  en  fut  consigné 
par  Marie  de   Médicis  en  les  mains  de  Marin  Martineau,  baron   de  Thuré,  le 

1 8  mai  1 6 1 5 . 

Maison  sans  désignation  (i595),  qui  était  peu  profonde  et  que  Marie  de  Mé- 


LE  PALAIS  DU  LUXEMBOURG.  287 

dicis,  les  2  0  et  2  1  février  1617,  acheta  de  Louis  Lambert,  sieur  de  la  Marclio. 
Il  la  tenait  de  sa  femme,  auparavant  épouse  du  sieur  Poussemotte. 

CENSIVE  DU  CHAPITRE  SAINT-  BENOÎT. 

Maison  des  Trois-Faucilles  (i5/i6),  puis  de  la  cr  Ville  de  Brescea  (iGi3).  Elle 
fut  kUie  sur  partie  d'un  arpent  de  vigne  par  M<=  Michel,  a  serviteur  du  chancelier 
TPoyêt,fl  etpar  Pierre  Cardet,  qui  lui  succéda.  Elle  était  possédée,  en  iBSg,  par 
Antoine  Fumée,  conseiller  au  Parlement,  et  fut  vendue  26,000  livres  à  la  reine, 
le  1"  juin  161  3,  par  Laurent Stornat,  natifdeBrescia,en  Lombardie, lequel  avait 
eu  l'idée  d'adopter  pour  enseigne  tria  Ville  de  Bresce.-n  La  maison  de  Stornat 
avait  été  acquise  par  lui,  le  i5  décembre  1600,  d'Alexandre  Moreau  et  de  Marie 
Triboulet,  sa  femme.  Elle  avait  douze  toises  de  largeur  par  devant,  sept  par  der- 
rière et  trente-trois  de  profondeur.  Elle  était  placée  devant  la  rue  de  Condé,  et 
c'est,  par  conséquent,  sur  son  emplacement  qu'a  été  dessinée  une  partie  du 
jardin  et  du  palais  du  Luxembourg. 

Suivant  un  titre  de  i566,  la  maison  des  Trois-Faucilles  était  en  censive  de 
Saint-Benoit,  et  les  chanoines  de  cette  collégiale  soutenaient  qu'une  partie  du 
terrain  compris  dans  le  Luxembourg  dépendait  de  la  prébende  du  nommé  Jean 
Alton.  11  est  incontestable  que  déjà,  en  1887,  le  chapitre  Saint-Benoît  avait  des 
droits  sur  le  terrain  où  s'élevait  la  maison  des  Trois-Faucilles,  terrain  jadis  planté 
en  vignes,  comme  tous  les  environs;  mais  il  est  impossible  de  déterminer  aujour- 
d'hui quels  étaient  ces  droits,  et  surtout  de  fixer  les  limites  des  trois  fiefs  de 
l'abbaye  Saint-Germain,  du  chapitre  Saint-Benoît  et  de  l'abbaye  Sainte-Gene- 
viève, sur  le  point  dont  nous  parlons. 

CENSIVE  CONFUSE. 

Maison  sans  désignation,  qui  appartenait,  vers  lôgS,  au  sieur  de  la  Brosse, 
et  fut  vendue  à  la  reine,  le  17  décembre  iGaii,  moyennant  60,000  livres,  par 
Pierre  Denis  et  Mathias  Clopin.  Cette  maison,  dont  le  prix  semble  si  énorme, 
était  contiguë  à  la  suivante,  et  nous  avons  lu  qu'elle  se  trouvait  devant  la  rue  de 
Condé.  ^e  pouvant,  faute  de  documents,  imus  rendre  compte  de  sa  véritable 
situation,  nous  avons  renoncé  à  l'indiquer  sur  le  plan. 

HÔTEL  DE  ChAMPHENARI).  Vers  l'an  iGoo,  il  appartenait  à  M""'  de  Cipières 
et  était  habité  par  le  président  de  Champrenard,  (Yoù  est  venu  son  nom.  Il  fut 
vendu  à  la  reine  27,000  livres,  par  Philippe  et  Charles  de  Biencourt,  le  8  février 
iGi3.  Il  s'étendait  alors  derrière  les  deux  maisons  précédentes,  et  probablement 
derrière  colle  qui  appartenait  à  Eustache  de  Corbie.  Elle  contenait  environ  trois 
arpents,  et  son  emplacement  correspond  à  celui  de  la  façade  du  palais. 


288  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Maisons  sans  désignation,  au  nombre  de  deux  ou  trois,  dont  la  dernière  appar- 
tenait, vers  i58o,  à  Laurent  de  Bonacursi,  Florentin,  parent  de  Catherine  de 
Médicis  et  abbé  commendataire  de  Langouët,  au  diocèse  de  Quimper.  En  1612, 
ce  groupe  de  maisons  avait  été  absorbé  dans  les  hôtels  attenants,  vraisemblable- 
ment dans  celui  de  Luxembourg.  Il  semble  qu'on  doive  y  rattacher  l'acquisition 
faite  par  le  duc,  à  la  date  du  26  juin  iGio,  de  certaine  masure  renfermant  un 
arpent,  qui  tenait  de  toutes  parts  à  son  hôtel  et  avait  été  à  François  du  Bois, 
seigneur  du  Plessis,  lequel  l'avait  eu  de  Jean  de  Rues,  notaire.  Rien  n'est,  du 
reste,  plus  obscur  que  l'histoire  des  propriétés  de  cette  région,  qui  n'ont  point 
laissé  de  trace  et  s'agençaient  d'une  façon  qu'on  ne  saurait  restituer  aujourd'hui. 
En  effet,  soixante  ans  après  leur  destruction,  on  n'en  comprenait  déjà  plus  la  dis- 
position relative.  La  plupart  des  actes  de  vente  qui  les  concernent  sont  d'ailleurs 
perdus. 

Maison  sans  désignation,  qui  contenait  un  jardin  et  fut  vendue,  le  17  sep- 
tembre 1672,  par  Catherine  de  la  Gazelle,  trdame  de  la  Motte  au  grain, n  au 
duc  de  Luxembourg.  Elle  était  attenante  à  son  hôtel  et  y  fut  annexée,  mais  non 
point  immédiatement,  car  le  censier  de  iBgB  indique  qu'elle  était  alors  possédée 
parles  hoirs  du  sieur  des  Chastelliers,  après  l'avoir  été  par  M.  Leschient,  et  au- 
paravant par  M"""  de  la  Motte. 

HÔTEL  DE  Luxembourg.  Jaillot,  le  seul  auteur  qui  se  soit  sérieusement  efforcé 
d'éclaircir  l'origine  très-mal  connue  de  cet  hôtel*'',  dit  que  c'était  primitivement 
une  grande  maison  avec  jardins,  que  Robert  de  Harlay  de  Sancy  fit  élever  au 
milieu  du  xvi"  siècle,  et  il  ajoute  qu'elle  est  qualifiée  d'hôtel  bâti  de  neuf,  dans  un 
arrêt  de  la  cour  des  aides,  en  vertu  duquel,  l'an  i56/i,  elle  fut  adjugée  à  Jac- 
quehne  de  Morinvilliers,  veuve  dudit  de  Harlay.  La  première  de  ces  assertions  est 
absolument  fausse.  Le  conseiller  au  Parlement,  Robert  de  Harlay,  sieur  de  Sancy 
et  baron  de  Montglas,  n'a  jamais  possédé  la  maison  en  question;  car  il  était  mort 
lorsque,  le  21  juin  i56/i,  elle  fut  adjugée  à  sa  veuve,  après  avoir  été  mise  en 
criée  sur  le  sieur  delà  Thourette,  par  lequel,  en  réalité,  elle  avait  été  construite'-'. 


''1  La  censive  dont  l'hôtel  de  Luxembourg  dé- 
pendait est  fort  douteuse,  et  cette  circonstance 
constitue  la  principale  cause  pour  laquelle  les  ren- 
seignements sur  l'origine  de  cette  propriété  sont  si 
rares.  Il  a  pu  arriver  que  le  président  de  la  Thou- 
rette, profitant  de  ce  que  le  fonds  de  terre  de  sa 
maison  était  revendiqué  par  trois  seigneurs  ,  n'en 
ait  jamais  passé  de  déclaration.  A  la  fin  du  xvii' 
siècle,  on  ne  trouvait,  soit  dans  les  archives  des  ab- 
bayes Saint-Germain  et  Sainte-Geneviève,  soit  dans 


celles  du  chapitre  Saint-Benoît ,  aucun  document  qui 
fût  directement  relatif  à  l'hôtel  de  Luxembourg.  Or 
l'hôtel  était  nécessairement  compris  dans  le  fief  d'une 
de  ces  trois  communautés. 

''>  Le  président  de  la  Thourette  était  poursuivi 
par  ses  créanciers.  Il  paraît  avoir  obtenu  des  lettres 
royaux  portant  rescision  du  décret  d'adjudication 
rendu  à  son  préjudice,  mais,  le  i5  novembre  i564, 
il  en  fit  l'abandon,  à  la  condition  que  la  dame 
de  Morinvilliers  lui  louerait  pour  quatre  ans  son 


LE  PALAIS  DU  LUXEMBOURG.  289 

Dans  une  déclaration  de  1687,  sont  mentionnés  les  et  maisons  et  jardins  bastis  par 
trfeu  M"'  Alexandre  de  la  Thourette,  cy  devant  président  en  la  Cour  des  monnoies, 
fret  à  présent  appelle  l'hostel  de  Luxembourg '^^K  n  D'autre  part,  le  censier  de  iSgS 
contient  cette  phrase  :  et  De  mons.  de  Luxembourg,  au  lieu  de  mons.  le  président  de 
ff  la  Thorette ,  pour  une  grande  maison ,  court ,  jardin ,  aysances  et  appartenances,  n 
Un  titre  de  i5/i6  énonce  l'hôtel  des  Trois-Faucilles  comme  aboutissant  à  la 
maison  du  président  de  la  Thourette;  mais  nous  ignorons  quand  il  en  avait  acquis 
le  terrain,  qu'il  accrut  d'un  quartier  de  vignes  que  lui  abandonna  le  chapitre 
Saint-Benoît,  à  la  date  du  3i  décembre  i565.  La  dame  de  Morinvilliers,  moyen- 
nant une  rente  de  1,000  livres  tournois,  céda  son  hôtel,  le  aS  octobre  1570,  à 
François  de  Luxembourg ,  prince  de  Tingry,  qui  lui  donna  son  nom  (^).  Les  1 9  et 
28  mars  i58o,  26  janvier  et  1"  février  i58i,  ce  personnage  remboursa  au  pré- 
sident de  la  Thourette  le  prix  de  certains  matériaux  demeurés  sans  emploi  audit 
hôtel. 

En  1  566,  l'hôtel  du  président  de  la  Thourette  se  composait  de  plusieurs  corps 
d'hôtel  dont  nous  ne  savons  point  les  dimensions  et  qui  avait  pour  dépendances 
un  arpent  de  jardin,  un  autre  arpent  planté  d'arbres  fruitiers,  ainsi  que  quatre 
arpents  de  vignes.  L'arpent  planté  d'arbres  à  fruits  est  probablement  celui  à  l'oc- 
casion duquel,  le  9  novembre  1672,  François  de  Luxembourg  fut  condamné  à 
payer  un  denier  parisis  de  cens  et  seize  sous  de  rente  à  la  grande  confrérie.  Cet 
arpent  faisait  partie  de  cinq  quartiers  de  terre  qui,  ayant  été  baillés  le  20  février 
i366  à  Jehan  Mouchart,  appartenaient  à  Philippot  Régnier  en  1890,  échurent 
à  Valleran  de  Hévez  '^>,  médecin  du  roi,  le  27  janvier  i563,  et  semblent  secon- 
fondre  avec  la  pièce  de  mille  quatre-vingts  toises  située  sur  la  limite  méridionale 
du  Clos-aux-Bourgeois,  annexée  à  l'hôtel  de  Luxembourg  avant  i585.  La  pièce 
dont  il  s'agit  était  sans  doute  comprise  dans  les  trois  arpents  un  quartier  et  deux 
perches  de  terre,  dits  w au  Glos-aux- Bourgeoise  et  formant  deux  pièces,  que  le  duc 
acheta,  le  i5  décembre  1671,  de  Jean  de  Hévez.  Il  y  joignit  successivement  :  un 
arpent  et  demi  acquis  de  Claude  de  Bragelonne,  sieur  de  Charmoy,  le  7  janvier 
«572;  deux  pièces,  l'une  d'un  quartier,  l'autre  d'un  arpent,  acquises,  le  li  août 
1572,  de  PhiHppe  Joulin,  sieur  de  la  Brosse;  un  quartier  et  demi  acquis,  le 
22  novembre  1672,  de  Jacques  Baslon;  cinq  quartiers  acquis,  le  26  septembre 
1673,  du  couvent  des  Chartreux;  un  jardin  entouré  de  murailles,  attenant  au 
clos  de  l'hôtel,  et  acquis,  le  22  mars  1678,  du  sieur  de  Balincourt;  trois  quar- 
tiers acquis,  le  2  mai  i586,  du  collège  Mignon,  et  un  demi-arpent  acquis,  le 
6  janvier  1687,  de  Pierre  Danneau. 

hôtel.  (Voir,  à  la  bibliothèque  (le  la  Ville,  la  copie  Luxembourg  par  la  reine  Marie  de  Médicis,  ma- 

<le  ces  documents  originaux.)  —  l.m.t.  nuscrit  de  la  bibliothèque  du  palais,  dont  il  existe 

'''  Arch.  nat.  cart.  S  i5iq.  une  copie  à  l'hôtel  Carnavalet.  —  l.m.t. 

<"  Conférez  la  copie  des  titres  d'acquisition  du  "'  Alias  de  Hèves,  ab  Heva. 

m.  37 


■290  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Dès  1  58i ,  le  parc  de  l'hôtel  s'étendait,  du  côté  de  l'ouest,  derrière  des  maisons 
on  bordure  sur  la  rue  de  Vaugirard,  jusqu'à  la  hauteur  de  la  rue  du  Pot-de-Fer. 
Dans  la  direction  opposée,  le  parc  s'accrut,  par  les  soins  du  prince,  d'une  pièce 
de  vingt-quatre  toises  deux  pieds  de  long  sur  quatre  toises  deux  pieds  de  large , 
dont  il  passa  déclaration  le  18  mars  1  588,  et  qu'il  augmenta  le  même  jour  d'une 
autre  pièce  attenante,  renfermant  cent  cinquante-sept  perches,  y  compris  une 
allée  servant  d'entrée  et  communiquant  avec  la  rue  d'Enfer.  (Voir  Rue  d'Enfer.) 
Aucun  document  ne  fournit,  au  reste,  les  moyens  de  retracer  l'ancien  mur  de 
clôture  du  parc,  démoli  il  y  a  deux  siècles  et  demi,  et  dont  le  dernier  accroisse- 
ment, du  fait  des  ducs,  eut  lieu  par  l'achat  de  sept  quartiers,  vendus  les  3o  juillet, 
3 1  juillet  et  7  octobre  1611,  par  les  hoirs  Poussemye. 

Le  prince  de  Tingry  étant  mort,  son  hôtel  passa  à  son  fils,  François  de  Luxem- 
bourg, duc  de  Piney,  qui,  le  2  avril  1612  et  au  prix  de  90,000  livres,  le  vendit 
à  la  reine  Marie  de  Médicis.  La  vente  comprenait,  en  outre,  une  petite  maison 
contiguë,  le  pavillon  de  la  ferme  du  Bourg,  le  parc  de  l'hôtel,  la  maison  du  coin 
de  la  rue  Garancière,  une  pièce  de  trois  arpents  quarante-deux  perches  et  demie, 
en  hache,  attenante  au  parc  et  aboutissant  sur  la  rue  de  Vaugirard,  et  deux 
autres  pièces  au  même  lieu,  l'une  de  sept  quartiers  et  l'autre  de  cinq.  Bientôt 
après  fut  commencé,  sous  la  direction  du  célèbre  Salomon  de  Brosse,  le  palais  au- 
quel est  demeuré  le  nom  du  Luxembourg,  et  dont  les  principaux  bâtiments  n'oc- 
cupaient point  l'emplacement  du  vieil  hôtel  ainsi  appelé.  Ce  dernier  se  trouvait 
en  face  de  la  rue  Garancière,  là  oij  sont  actuellement  le  Petit-Luxembourg  et  une 
portion  de  l'édifice  contigu;  aussi  la  maison  du  coin  occidental  de  la  rue  Garan- 
cière est-elle  dite,  dans  le  contrat  de  1612,  tt  devant  l'hostel  de  Luxembourg.  •»  A 
l'appui  du  fait,  que  confirment  tous  les  renseignements,  nous  lisons,  en  outre, 
dans  le  censier  de  Sainte-Geneviève  pour  1  6^6  :  a  Au  lieu  de  l'hostel  du  Luxem- 
tf  bourg.  .  .  a  esté  la  maison  de  M"  Alexandre  de  la  Tourette,  président  dans  la 
cfCour  des  monnoyes,  qui  fit  bastir  la  maison,  fit  faire  le  jardin  au  lieu  où  est  à 
r:  présent  l'hostel  dict  à  présent  le  Petit  Luxembourg,  que  la  feue  Royne,  mère  du 
te  roi  Louis  treize,.  .  .  ayant  achepté,  fit  bastir  comme  il  est  à  présent  ('^.t) 

C'est  dans  les  environs  de  l'hôtel  de  Luxembourg  que,  vers  1682,  habitait 
l'illustre  Bernard  Palissy'^';  mais  nous  n'avons  point  vu  de  titre  oii  son  nom  fût 
mentionné. 

'"'  Arch.  nat.  reg.  S  i6îî4,  fol.  3i6  r".  imprimeur,  on  lit  l'annotalion  suivante,  écrite  en 

'*'  M.  Ch.  Read  nous  a  communique  un  exem-  caractère  du  temps  :  tLe  susd,  imprimeur  m'a  dit 

plaire  des  Discours  admirables,  où,  en  mai'g-c  du  trquc  l'auteur  se  lient  à  présent,  l'an  i583,  au 

passage  dans  lequel  Palissy  fait  savoir  qu'on  peut  frfaulbourg  Sainct  Germain,    rue   de  V^augirard. 

connaître  sa  (rdemeui-ance»  en  s'adressant  à  son  ^^  près  l'hostel  de  Luxembourg.  1 


LE  PALAIS  DU  LUXEMBOURG.  291 

Maison  de  l'Image-Sai.nte-Barbe,  mentionnée  dès  i53G,  et  alors  récemment 
bâtie  sur  un  quartier  de  terre  par  M-^  Michel  Bénard,  lequel,  en  son  testament,  la 
légua  aux  religieux  de  Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie.  Elle  l'ut  vendue  par  eux, 
avant  ibU-],  à  crM*^  Kristofle  Bicher,  ambassadeur  pour  le  roi  de  Dampemart.  n 
Vers  160/1,  elle  existait  encore;  mais,  en  1608,  elle  était  disparue,  ou,  du  moins, 
elle  avait  été  absorbée  dans  l'hôtel  de  Luxembourg  (''. 

JUSTICE 
ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE  SAINTE-GENEViÈVE. 

Petit  appentis  et  jardin  (iSgS)  où,  sous  le  règne  de  Henri  IV,  pendit  pour 
enseigne  a  la  Sigongne.  t5  Cette  propriété  était  une  dépendance  de  la  suivante,  et 
doit  avoir  formé  le  complément  du  demi-arpent  sur  lequel  cette  dernière  fut 
bâtie. 

Jardin  clos  (i53i),  puis  maison  de  l'Image-Saint-Nicolas  (iBgô-tGia).  Elle 
s'étendait  jusqu'au  sentier  du  Pressoir  et  contenait  quarante-cinq  perches,  partie 
d'un  demi-arpent  que  Louis  Mars  acquit  de  Jean  Daneau,  et  dont  il  fut  ensaisiné 
le  i5  novembre  iS-ig.  Le  28  septembre  1622,  Jean  Baudoin  la  vendit  9,000 
livresaux  religieuses  du  Calvaire,  qui  l'annexèrent  à  leur  couvent;  mais,  en  i63o, 
la  reine  Marie  de  Médicis  la  leur  reprit,  et  le  terrain  qu'elle  occupait,  joint  à  celui 
de  l'hôtel  de  Luxembourg,  a  servi  d'emplacement  à  l'hôtel  du  Petit-Luxembourg, 
comme  il  est  dit  dans  une  déclaration  du  26  février  16/17.  Cette  pièce  corrobore 
ce  que  nous  avons  avancé  plus  haut  relativement  à  la  situation  de  la  maison  du 
président  de  la  Thourette. 

Maison  des  Trois-Petits-Bois  (i585),  aboutissant  à  la  suivante,  avec  laquelle 
elle  était  confondue  vers  la  fin  du  xvi*  siècle '^l  Etienne  Hardouin,  sieur  de  Mont- 
herbu,  en  fut  ensaisiné  le  28  novembre  i585.  Elle  était  située  en  face  de  la  rue 
Servandoni  et  existait  déjà  en  i532.  Elle  appartenait  alors  à  Bobinet  Fallentin, 
propriétaire  de  la  maison  des  Trois-Bois  de  la  rue  de  la  Harpe,  et  ne  contenait 
qu'un  quartier;  mais  elle  est  dite  depuis  renfermer  un  demi-arpent. 

Maison  DE  l'Image-Sainte-Geneviève  (1 536-1 608),  ou  HÔTEL  DE  Moi>lTHERBU. 
Elle  fut  élevée  sur  un  terrain  baillé  à  bâtir  en  1 629  et  faisant  partie  de  sept  quar- 
tiers que  Jean  de  Néry  vendit,  le  1 0  février  1 5 1 1 ,  à  Jean  Daneau.  Elle  était  à  moitié 

"'  En  1608,  la  maison  (le  riniage-Sainl-Mcolas  — Chrislophe  Richer  avait  possédé  plusieurs  autres 
est  dite  aliénante  à  l'hôtel  de  Luxeinbour;;.  propriétés  auprès  de  riniage-Sainle-Barbe;  mais 

'*'  Elle  est  cependant  mentionnée  encore  eu  nous  n'avons  pu  appliquer  les  titres  qui  s'y  rap- 
1608;  mais  peut-être  n'est-ce  que  pour  mémoire.        [lortent. 

37. 


292  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

construite  lorsque,  le  28  novembre  i53i,  Robert  Fallentin,  qui  la  fit  achever,  en 
fut  ensaisiné.  Elle  renfermait  un  jeu  de  paume  en  i5ii6,  et  passa,  en  i584,  à 
Pierre  de  Montherbu,  qualifié,  plus  tard,  de  secrétaire  ordinaire  de  la  chambre  du 
roi.  Dans  une  déclaration  de  1687,  elle  est  énoncée  :  a  maison  au  milieu  de  laquelle, 
ff  et  proche  d'un  grand  portail ,  est  un  pillier  enclavé  en  partie  de  la  muraille  de 
crladicte  maison,  une  figure,  image  et  représentation  de  madame  saincte  Gene- 
trviefve,  entre  deux  escussons  et  armoiries  painctes  contre  la  muraille,  en  la  pre- 
ffmière  desquelles  est  un  lieu  où  est  escrit  le  mot  Libertas,  et  en  l'autre  il  y  a 
ff  une  petite  croix  au  milieu,  n  Elle  aboutissait  au  sentier  du  Pressoir,  et,  unie  à  la 
précédente,  elle  fut  rebâtie  par  Pierre  de  Montherbu  postérieurement  à  iBgi.  Le 
1 1  avril  1622,  Michel  Renouard  la  céda,  moyennant  48, 000  livres,  aux  religieuses 
du  Calvaire,  pour  l'établissement  de  leur  monastère.  Ce  couvent,  comprenant  la 
maison  de  l'Image-Saint-Nicolas,  offrait  d'abord  une  superficie  de  près  de  deux 
arpents  et  demi,  et  a  considérablement  été  amoindri  en  i63o,  afin  de  construire 
le  Petit-Luxembourg.  Au  même  lieu  il  existait,  en  12/18,  une  vigne  pour  laquelle 
l'abbaye  Saint-Antoine  payait  deux  sous  de  cens  à  Sainte-Geneviève"';  deux 
siècles  plus  tard,  cette  redevance  était  réduite  à  dix-huit  deniers,  comme  il  appert 
d'une  sentence  du  Châtelet,  rendue,  le  i4  juin  ika,  pour  contraindre  les  reli- 
gieuses de  Saint-Antoine  à  s'en  acquitter. 

Maison  dite  la  Ferme-du-Bourg  (1595-1612),  faisant  le  coin  du  sentier  condui- 
sant au  Pressoir  de  l'Hôtel-Dieu.  Elle  avait  trente-six  toises  de  largeur  sur  la  rue 
de  Vaugirard,  et  fut  vendue  au  duc  de  Luxembourg,  le  1 1  juillet  i583,  moyen- 
nant une  rente  sur  la  Ville  de  seize  écus  et  deux  tiers,  réduits  suivant  ledit  à 
5o  livres,  par  Jean  de  Hévez,  seigneur  de  la  Tillaye,  lequel ,  en  1  570,  se  plaignait 
de  la  ff  grande  perte  n  qu'il  y  avait  subie  à  cause  des  guerres.  Elle  fut  comprise 
dans  l'acquisition  de  l'hôtel  do  Luxembourg  par  Marie  de  Médicis,  qui  la  donna, 
en  1680,  aux  religieuses  du  Calvaire.  A  cette  époque,  c'était  encore  la  dernière 
construction  du  côté  méridional  de  la  rue  de  Vaugirard,  et  le  terrain  au  delà, 
dépendant  du  fief  de  l'abbaye  Saint-Germain,  demeurait  en  culture. 

Au  mois  de  juillet  1280,  un  arpent  de  vigne,  fren  Vigneroi,!!  en  la  censive  de 
l'abbaye  Sainte- Geneviève,  fut  vendu  quinze  livres  parisis  par  le  pelletier  Milon 
Le  Bourguignon,  à  M'=  Etienne  Le  Poitevin,  qui,  en  octobre  1  2^4,  la  céda  au  mo- 
nastère en  échange  d'une  rente  annuelle  de  cinq  muids  de  vin'^l  Le  seul  Heu  du 
canton  de  Vigneroi  o£i  les  moines  de  Sainte-Geneviève  aient  eu  droit  de  censive 
était  précisément  celui  sur  une  partie  duquel  fut  bâti  le  couvent  du  Calvaire; 

'''  Le  livre  du  cellerier  de  Sainte-Geneviève  et,  à  côté  de  l'article  on  lit  cette  note,  ajoutée  au 
renferme  (fol.  a 8  v°)  un  article  ainsi  conçu  :  Sanctus  xvii'  siècle  :  it  A  présent  le  monastère  du  Calvaire.  1 
Anionixis  ii  sol.  pro  vinea  comitis  de  Bello-Monle,  '''  Cart.  de  Saitiie-Genevike ,  p.  i5i. 


ifl 

ce 
< 

c 

X 

> 

LU 


> 

UJ 
> 

ce 
o 

h 

00 


UJ 


< 

ce 
o 
o 

Q. 

o 


y) 
0 

0 

a: 
> 

0 

m 

X 

> 

< 


0      ^ 


UJ 


a.  = 

>  ^ 

0  g 

?:  '^ 

c  «^ 

c  ^ 

•aj 

d: 


LE  PALAIS  DU  LUXEMBOURG.  293 

c'est  donc  à  ce  terrain  que  doivent  se  rapporter  les  deux  transactions  que  nous 
venons  d'indiquer. 

Tel  était  Mat  des  lieux ,  au  moment  où  Marie  de  Médicis  prit  la  résolution  d'acquérir  les  pro- 
priétés nécessaires  à  la  construction  de  son  nouveau  palais  et  à  l'établissement  des  jardins  dont 
elle  voulait  l'entourer.  L'aspect  de  toute  cette  région  nous  est  révélé  par  un  plan  inédit,  qui  fut 
dressé  à  l'occasion  d'une  contestation  judiciaire  entre  l'abbé  de  Saint-Germain  et  la  confrérie  aux 
Bourgeois.  Ce  document  porte  la  double  signature  de  Claude  Vellefaux  et  de  François  Quesnel, 
ce  qui  lui  donne  une  valeur  topographique  toute  particulière.  Le  célèbre  architecte  de  l'hôpital 
Saint-Louis  et  l'auteur  du  premier  plan  de  Paris,  auquel  on  s'accorde  à  reconnaître  une  certaine 
précision  géométrique,  ont  dû  certainement  reproduire  avec  une  scrupuleuse  fidélité  les  maisons, 
jardins  et  terrains  en  litige.  Voici,  d'ailleurs,  comment  s'exprime  à  ce  sujet  François  Quesnel, 
l'un  des  auteurs  de  ce  plan,  dont  l'original  est  conservé  aux  Archives  nationales,  sous  la  cote 
S  869  : 

f  Rapport  faict  par  nous ,  François  Quesnel ,  maistre  peintre ,  bourgeois  de  Paris , 
»r commis  pour  ce  faire  par  monsieur  maistre  NicoHas  Guynet,  conseiller  du  Roy 
(rnostre  sire,  en  son  Grand  Conseil,  commissaire  en  ceste  partye,  de  la  figure  sy 
ff présentée,  suivant  le  serment  par  nous  faict  par  devant  le  dict  sieur  Guynet, 
«des  lieux  et  places  qui  nous  ont  esté  démontrés  par  icelluy  sieur,  contentieuses 
(rentre  les  abbé,  doyen  et  confrères  de  la  confrairie  aux  Bourgeois  de  Paris,  etles 
(rabbé,  prieur  du  couvent  de  l'abbaye  Monsieur  Saint  Germain  des  Prez  lès  Paris, 
(tau  procès  pendant  entre  eux  au  dict  Grand  Conseil,  distribué  et  prest  à  juger, 
trau  rapport  du  dict  sieur  Guynet.  A  quoy  faire  avons  vacqué,  après  le  serment 
(f  par  nous  prestez  au  cas  requis  et  accoustumé,  tant  en  la  présence  d'icelluy  sieur 
(rde  Guynet,  des  dictes  partyes  ou  de  leurs  procureurs  pour  elles,  que  en  nos 
ffparliculliers,  ainsy  qu'il  apert  par  le  plan  de  la  dicte  veue  cy-dessus,  que  en 
ff  toute  équicté  avons  faict  et  dressé  sur  ce  qui  nous  a  esté  désigné,  tant  les  jours 
ff  cottes  au  procès-verbal  faict  d'icelle  qu'es  autres  jours  consécutifz  et  suyvant; 
(f  asisté  de  plusieurs  notables  personnes  estant,  asistant  et  discourant  par  les  lieux; 
wpar  la  quelle  figure  avons  représenté  le  plus  exactement  qu'il  nous  a  esté  pos- 
ffsible,  nous  estantz  transportez  plusieurs  jours  sur  les  dicts  lieux,  représentant 
ffle  plan  du  terreuer  avecq  la  levée  des  maisons  et  le  nombre  d'icelles,  avecq  les 
ffclostures  et  murailles,  avecq  la  plus  grande  fidélité  qu'il  nous  a  esté  possible. 
ff  Tesmoing  mon  seings  sy-dessoubz  mis.  Et  en  tesmoing  de  ce,  nous  sommes  soubz- 
(T  signez  en  présence  du  dict  sieur  Guynet  et  des  procureurs  des  parlyes,  comme 
rril  est  contenu  au  procès-verbal  du  dict  sieur. 

(Signé)  cfFRANçoYS  Quesnel.  i: 

La  réalisation  des  projets  conçus  par  la  reine  mère  eut  pour  résultat  de  modifier  complè- 
tement la  région  dont  Vellefaux  et  Quesnel  nous  ont  conservé  l'aspect.  Nous  ne  possédons  point, 
malheureusement,  de  plan  parcellaire  contemporain  de  l'achèvement  du  palais;  mais,  comme  la 


294 


TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


configuration  des  iieux  n  a  pas  varié  pendant  le  xvn"  siècle ,  il  est  facile  de  s'en  rendre  compte , 
en  consultant  les  plans  géométraux  dont  la  série  commence  à  celui  de  Gomboust.  Nous  en 
extrayons  le  grand  îlot  comprenant  le  palais  et  ses  annexes ,  les  propriétés  situées  en  bordure 
des  rues  de  Vaugirard  et  des  Francs-Rourgeois,  de  la  place  Saint-Michel  et  de  la  rue  d'Enfer, 
ainsi  que  le  couvent  et  l'enclos  des  Chartreux.  —  l.m.  t. 


Échelle  de  i-"-. 


aoo  mètres. 


LEGENDE  DU  PLAN  :  A,  palais  du  Luxembourg; —  B,  dépendances  du  palais;  —  C,  jardin  réservé  attenant 
au  palais;  —  D,  Petit-Luxembourg;  —  E,  communs  du  Petit-Luxembourg;  —  F,  couvent  des  Filles-. 
du-Caivaire;  —  G,  porte  d'entrée  des  Chartreux;  —  H,  puits  et  pompe  des  Chartreux;  —  I.  moulin 
des  Chartreux;  —  K,  rue  de  Tournon;  —  L,  rue  de  Vaugirard;  —  M,  rue  iNotre-Danie-des-Champs; 
—  N,  impasse  Notre-Dame-des-Champs;  —  0,  rue  des  Francs -Bourgeois;  —  P.  place  de  la  porte 
Saint-Michel;  —  Q,  rue  d'Enfer;  —  R,  ancienne  voie  romaine. 


LE  PALAIS  DU  LUXEMBOURG.  '295 

II. 

LE  PALAIS,  LES  JARDINS,  LA  GROTTE,  L'AQUEDUC  D'ARCUEIL. 

Le  Palais.  —  En  prenant  la  résolution  de  se  faire  construire  un  palais  en 
dehors  de  la  muraille  de  Philippe-Auguste  et  sur  la  partie  déclive  du  plateau  de 
Sainte-Geneviève,  Marie  de  Médicis  suivait  l'exemple  que  lui  avait  donné,  un 
demi-siècle  auparavant,  sa  compatriote  et  sa  parente,  lorsqu'elle  entreprit  de 
remplacer  la  vieille  résidence  des  Tournelles,  à  laquelle  s'attachait,  pour  elle,  un 
pénible  souvenir,  par  le  nouveau  château  des  Tuileries,  situé,  comme  on  le  sait, 
au  delà  de  l'enceinte  fortifiée  de  Charles  V.  Les  bâtiments  de  ce  dernier  palais, 
encore  inachevés  à  celte  époque,  promettaient  une  somptueuse  demeure;  mais  l'al- 
tière  veuve  de  Henri  IV,  qui  se  trouvait  incommodément  logée  au  Louvre,  et  qui 
n'aurait  pu,  en  terminant  les  travaux  des  Tuileries,  se  faire  honneur  d'une  cons- 
truction dont  elle  n'avait  pas  eu  l'initiative,  ne  voulait,  en  outre,  partager  avec 
personne  la  jouissance  de  la  royale  habitation  qu'elle  projetait.  Renonçant  donc 
aux  deux  grandes  résidences  delà  rive  droite,  elle  se  trouva  conduite  à  chercher, 
pour  sa  nouvelle  demeure,  des  conditions  de  calme  et  des  facilités  de  dévelop- 
pement que  le  faubourg  Saint-Germain  pouvait  seul  alors  lui  offrir.  C'était  la 
même  pensée,  le  même  besoin  d'espace  et  de  tranquillité  qui  avaient  déter- 
miné jadis  la  construction  du  vieux  Louvre,  de  l'Iiôtel  Saint-Paul  et  autres  palais 
suburbains. 

La  reine  mère  était  alors  dans  la  plénitude  de  son  pouvoir;  mais  elle  sentait 
qu'il  allait  lui  échapper,  et  elle  se  hâtait  d'en  faire  usage.  L'édifice  qu'elle  projetait 
devait  porter  le  nom  de  «Palais  de  la  Reine  douairière, n  être  achevé  le  plus 
promptement  possible  et  rappeler,  disent  les  auteurs  du  temps,  le  palais  Pitti, 
résidence  de  la  famille  régnante  de  Toscane,  où  Marie  de  Médicis  était  née  et  où 
elle  avait  passé  son  enfance.  Il  ne  faudrait  pas  croire  cependant  qu'elle  ait  eu  la 
pensée  de  faire  reproduire  servilement  à  Paris  le  palais  florentin;  l'architecture 
en  devait  être  appropriée  aux  nécessités  de  notre  climat,  et,  de  fait,  l'imitation  se 
borne  à  l'emploi  des  refends  et  des  bossages,  déjà  usités  en  France  avant  cette 
époque  (". 

L'architecte  choisi  par  la  reine  mère  était  Salomon  de  Brosse,  auquel  on 
avait,  jusqu'à  nos  jours,  attribué  le  nom  de  Jacques,  et  que  de  savantes  re- 
cherches ont  remis  en  possession  de  son  véritable  prénom  baptismal'^'.  Salomon 
de  Brosse  n'avait  encore  exécuté  aucun  de  ses  grands  travaux  :  le  portail  de  Saint- 

<■'  Dedaux ,  Chambre  de  Marte  de  Médicis ,  in-fol.        ciélé  de  l'histoire  du  protestantisme  français  ont  dé- 

1 838 ,  inlro<l.  couvert  et  publié  des  pièces  qui  éclaircissent  la  bio- 

"'  M.  Jal  et  les  RÎdacteurs  du  Bulletin  de  la  Sa-        graphie  du  célèbre  architecte,  ensevelie  jusqu'ici 


296  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Gervais,  l'aqueduc  d'Arcueil,  le  temple  de  Gharenton,  la  salle  des  Pas-Perdus  au 
palais  de  Justice,  les  châteaux  de  Monceaux  et  de  Goulommiers,  sont,  en  effet, 
postérieurs  de  quelques  années  à  la  construction  du  palais  Médicis;  mais  il  était 
déjà,  selon  loute  apparence,  en  possession  de  quelque  notoriété.  Il  la  devait  soit 
à  Jean  de  Brosse,  qu'on  croit  avoir  été  son  père  et  qui  était  architecte  de  la  reine 
Marguerite  de  Valois,  soit  à  Jacques  Du  Gerceau,  dont  il  fut  très-probablement 
l'élève,  et  qui  lui  apprit  l'art  de  construire  ttles  plus  exccllens  bastimens.  -n  Ce  qui 
est  hors  de  doute,  c'est  que,  malgré  sa  qualité  de  huguenot,  il  inspira  une  con- 
fiance absolue  à  la  reine  mère,  puisque  cette  princesse,  italienne  et  catholique  fer- 
vente, le  choisit  pour  réaliser  le  projet  qu'elle  avait  conçu.  Après  lui  avoir  proposé 
son  palais  natal  comme  modèle  à  imiter  librement,  en  appropriant  l'architecture 
florentine  aux  nécessités  de  notre  climat,  elle  lui  demanda  un  certain  nombre  de 
plans,  les  examina  et  fit  choix  de  celui  qui  lui  parut  le  meilleur;  puis  elle  le  com- 
muniqua aux  architectes  italiens  les  plus  en  renom,  avec  prière  de  lui  donner 
leur  avis. 

Le  projet  de  l'architecte  français  risquait  d'être  mal  jugé  au  delà  des  monts; 
cependant  il  y  trouva  plus  d'éloges  que  de  critiques,  et  les  observations  de  détail 


dans  la  plus  profonde  obscurité.  Voici  ce  qui  résulte 
des  investigations  de  M.  Jal  : 

Salomon  de  Brosse  naquit  à  Verneuil-sur-Oise, 
qui  était  alors  l'un  des  foyers  du  protestantisme, 
et  il  fit  lui-même  profession  de  la  religion  réfor- 
mée. Selon  toute  apparence ,  il  fut  l'élève  de  Jac- 
ques Du  Cerceau,  protestant  comme  lui,  et  c'est 
peut-être  à  cette  circonstance  qu'il  a  dû  le  prénom 
de  Jacques ,  sous  lequel  on  l'a  désigné  pendant  si 
longtemps.  Il  était  sans  doute  fils  de  Jean  de  Brosse , 
qualifié  de  secrétaire  et  architecte  de  la  reine  Mar- 
guerite de  Navarre,  dans  les  comptes  de  1679  et  de 
i582.  (Arch.  nat.  KK  i54  et  169.) 

Dans  les  comptes  des  bâtiments  de  Marie  de  Mé- 
dicis, pour  l'année  1616,  on  le  trouve  désigné  par 
le  prénom  de  Salomon,  et  on  lui  donne  le  titre  de 
«•architecte  général  des  bastimens  du  Roy  el  de  la 
rRoyne,  mère  de  Sa  Majesté.  1 

Le  prénom  de  Salomon  résulte  encore  de  la  men- 
tion suivante,  placée  au  bas  d'une  estampe  gravée 
par  Michel  Lasne  :  Salomon  de  Brosse  inven.  Micuel 
Asintus  sculps.  et  de  cette  autre  mention  relevée 
dans  un  catalogue  de  M.  de  Marolles,  abbé  de  Vil- 
leloin,  publié  à  Paris,  en  1666,  par  F.  Léonard  : 
ff  Michel  Lasne  a  gravé  des  dessins  de  divers  ar- 
rrtistes,  entre  autres  de  Salomon  de  Brosse,  archi- 
rtecte,  qui  a  basti  Luxembourg.»  {Archives  de  l'art 
français,  t.  I,  p.  4i.) 


Enfin  on  a  relevé,  sur  deux  registres  tenus  par 
les  fossoyeurs  du  cimetière  protestant  de  Saint- 
Père,  les  actes  d'inhumation  suivants:  1"  tr  Salomon 
ffde  Brosse,  ingénieur  et  architecte  des  bastimens 
rrdu  Roy,  natif  de  Verueuii,  inhumé  le  9  décembre 
(tiôaô.i  2°(fDu  9' jour  de  décembre  1626  ,  a'esté 
(tenterré  Salomon  de  Brose,  architeq  de  la  Raine 
ffmère  au  cimmetierre  Saint  Germain  (sic).- 

Les  rédacteurs  du  Bulletin  de  la  Société  de  l'his- 
toire du  protestantisme  français  avaient  devancé 
M.  Jal  dans  la  découverte  du  prénom  et  des  croyances 
de  Salomon  de  Brosse.  Les  registres  de  l'état  civil 
de  Gharenton  leur  avaient  appris  qu'il  faisait  partie 
du  culte  réformé,  et  que,  selon  toute  apparence, 
il  avait  été  choisi  en  cette  qualité,  par  ses  coreli- 
gionnaires, pour  réédifier  leur  temple.  M.  Ch.  Read. 
à  qui  l'on  doit  la  plupart  de  ces  découvertes ,  pré- 
pare, depuis  plusieurs  années,  un  travail  biogra- 
phique étendu  sur  ce  personnage. 

Fils,  père,  élève  et  ami  d'architectes  distingués, 
Salomon  de  Brosse  tenait,  comme  la  plupart  de  ses 
contemporains,  l'équerre  et  la  plume.  Il  a  publié, 
en  1619,  dans  le  format  in-folio  et  n-en  la  boutique 
ttde  Hierosme  de  Marnef,  chez  André  Sillart,  au 
trMont  Saint  Hilaire,  à  l'enseigne  du  Pélican,"  une 
édition  du  fameux  livre  technique  de  Jean  Bullant  : 
Rèifle  générale  d'architecture  des  ciivj  manières  de 
colonnes,  etc.  —  l.  m.  t. 


LE  PALAIS  DU  LUXEMBOURG.  297 

auxquelles  il  donna  lieu  furent  recueillies  par  Salomon  de  Brosse,  qui  en  fit  son 
profit.  Le  célèbre  chevalier  Bernin,  qui  vit  l'édifice  terminé  lors  de  son  voyage  à 
Paris,  et  qui,  comme  on  le  sait,  n'eut  pas  la  chance  de  faire  accepter  ses  plans 
pour  la  façade  orientale  du  Louvre,  déclara  loyalement  a  qu'il  n'y  avoit  nulle  part 
rde  palais  ni  mieux  bâti  ni  plus  régulier,  n  Commencé  en  161 5,  le  palais  était 
presque  achevé  en  1620. 

Les  historiens  de  Paris  ont  confirmé  le  jugement  du  chevalier  Bernin  et  de  ses 
compatriotes,  sauf  certaines  restrictions  résultant  des  variations  du  goût  français 
en  matière  d'architecture.  Le  premier  en  date.  Malingre,  loue  sans  réserve,  et  son 
appréciation  doit  être  considéi-ée  comme  celle  des  contemporains  de  Salomon  de 
Brosse,  puisqu'il  la  formulait  peu  d'années  après  la  mort  du  célèbre  architecte, 
alors  que  l'édifice,  complètement  achevé,  était  dans  tout  l'éclat  de  sa  nouveauté. 

ff  Le  palais,  dit  Malingre,  consiste  en  quatre  grands  pavillons,  aux  quatre  coings, 
fren  trois  grands  corps  d'hostel.  Celui  de  main  droite,  où  est  le  département  de 
«fia  Royne,  est  composé  d'une  belle  grande  gallerie  haute,  ayant  deux  cheminées 
t-aux  deux  bouts,  fort  belles  pour  l'invention,  façons  et  dorures.  Les  fenestres 
regardent  sur  le  petit  Luxembourg,  d'un  costé,  et,  de  l'autre,  sur  la  grande 
rcour.  Aux  deux  costez  de  cette  belle  gallerie,  sont  quantité  de  tableaux  de  l'in- 
r  vention  du  fameux  peintre  Rubens  d'Anvers,  dans  lesquels  est  représentée  toute 
fr  la  vie  de  la  Royne  depuis  sa  naissance. 

ff  Avant  d'entrer  à  celte  gallerie,  est  la  chapelle  de  la  Royne,  avec  ses  lambris 
«dorez  et  l'autel  de  mesme,  de  très  belles  menuiseries  en  feuillage  dorez,  et,  au 
rfond,  un  fort  riche  tableau. 

irDe  ce  mesme  costé  et  département  est  la  chambre  de  la  Royne,  belle,  grande 
(rel  carrée,  enrichie  d'une  cheminée  admirable  pour  son  ouvrage  et  dorure,  garnie 
r  de  deux  gros  chenets  d'argent.  En  celte  chambre  se  voit  la  place  du  lict  enfermé 
r-  de  ballustres,  dont  les  pilliers  sont  d'argent. 

ffDe  cette  chambre  on  entre  au  cabinet,  le  plus  riche  qu'il  se  puisse  voir.  Le 
«plancher  est  faict  de  marquetterie  de  bois,  la  cheminée  d'un  ouvrage  très  rare 
«et  tout  doré,  le  lambris  fait  de  pièces  de  menuiserie  de  rapport  doré,  les  vitres 
«de  fin  cristal,  et,  au  lieu  de  plomb  pour  les  lier,  la  liaison  est  toute  d'argent. 

(f  Ce  département  est  dans  le  pavdlon  d'en  haut  (au  premier),  à  main  droicte, 
«entrant  au  dict  hostel.  Au-dessous  de  celle  allée  sont  les  salles,  au  nombre  de 
«trois,  la  grande  sous  ce  pavillon,  les  deux  autres  sous  la  belle  gallerie  et  le  pa- 
«  villon  de  droicte  qui  regarde  le  faulxbourg. 

«Le  département  de  main  gauche,  qui  regarde  le  faulxbourg  d'un  costé  et  de 
«l'autre  le  jardin,  est  composé  de  deux  grands  pavillons,  entre  lesquels  est  une 
«belle  ef  longue  gallerie  de  mesme  façon  et  ouvrage  que  celle  du  costé  droict,  en 

38 


298  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

(f laquelle,  en  divers  tableaux,  se  doit  voir  la  vie  du  roi  Louis  XIII,  ses  victoires 
(ret  ses  triomphes;  mais  ce  costé  là  n'est  pas  encore  parachevé'''. 

ffLa  face  d'en  haut  (au  premier)  du  dict  hostel  qui  regarde  le  jardin  et  la 
(T  grande  cour  est  composée  de  quatre  grandes  salles, deux  en  haut  et  deux  en  bas. 
ff  Au  milieu  est  un  magnifique  escalier  en  forme  ronde  et  en  coquille,  couvert  de 
îttous  costez,  et  on  ne  peut  voir  la  cisme  d'iceluy,  qui  aboutit  à  une  forme  de 
(fdosme  à  l'italienne,  ainsy  que  celuy  des  Thuileries'^'.  Au  dehors,  aux  coings  du 
(fdosme,  sont  de  fort  belles  colomnes  de  marbre  et  de  bronze,  et  de  très  excel- 
ff  lentes  statues. 

«L'entrée  du  dict  hostel,  qui  regarde  la  rue  de  Tournon,  est  composée  d'une 
«haute  allée  (la  terrasse  au  premier)  qui  va  depuis  le  pavillon  jusques  au  donjon 
«du  portail  du  costé  droict,  et  une  autre  pareille  au  costé  gauche,  laquelle  allée 
«est  toute  embellie  de  ballustres  des  deux  costez.  Au  dedans,  sous  ces  allées,  sont 
«d'autres  allées  en  arcades.  Ce  donjon,  fait  en  rond  et  enrichy  de  belles  colomnes 
«et  statues  de  marbre,  et  la  ceinture  toute  dorée,  comme  toutes  les  autres  cein- 
«tures  des  trois  autres  corps  d'hostel,  et  le  haut  d'iceulx  tout  dorez '''.n 

Cette  description,  un  peu  trop  sommaire,  du  palais  de  Marie  de  Médicis,  tel 
qu'il  était  sorti  des  mains  de  Salomon  de  Brosse  et  des  artistes  ses  auxiliaires,  a 
été  commentée  et  complétée  par  un  architecte  contemporain,  qui  a  fait  de  cet 
édifice  une  étude  approfondie.  M.  de  Gisors ,  dans  la  monographie  qu'il  en  a  donnée , 
le  dépeint  ainsi  : 

«  Dans  l'origine ,  c'est-à-dire  avant  les  additions  nécessitées  successivement  par 
«les  nouvelles  destinations  de  l'édifice,  la  masse  du  plan  général  formait  un  paral- 
«lélogramme  presque  exact  et  symétrique,  dont  la  plus  grande  dimension  était, 
«latéralement,  de  cent  dix-huit  mètres  et  de  quatre-vingt-dix  mètres  du  côté 
«  des  façades  principales. 

«La  décoration  architecturale  du  palais,  soit  du  côté  de  la  rue  qui  y  aboutit, 
«soit  dans  la  grande  cour,  était  entièrement,  sauf  quelques  légères  modifications, 
«telle  qu'on  la  voit  encore  aujourd'hui;  mais,  au  fond  de  la  cour  actuelle,  entre 
«les  deux  pavillons  saillants,  il  existait,  du  côté  de  la  ville,  une  seconde  cour 
«d'honneur,  comme  celle  que  l'on  remarque  au  palais  de  Versailles;  c'était  une 
«  terrasse  élevée  d'environ  un  mètre  au-dessus  du  sol  extérieur  du  palais.  On  y 
«  montait  par  un  perron  demi-circulaire.  Elle  était  séparée  de  la  cour  principale 

'"'  Malingre  vent  sans  doute  parler  des  peintures  du  palais,  avant  les  regrettables  remaniements  de 

qui  devaient  décorer  la  galerie  et  former  le  pendant  "architecte  Lemercier.  (Voir  la  Topographie  histo- 

de  celle  de  Rubens;  car,  en  i64o,les  bâtiments  tique  du  Vieux  Paris,  région  du  Louvre  et  des 

étaient  complètement  cr parachevés. n  Tuileries,  t.  II,  planche  de  la  page  ta.) 

*''  Le  (rdosrae  à  l'italienne»   dont  parle  Ma-  '''  }i\a\\n^v<i ,  Antiquités  de  Paris ,  i6')0,  liv.  II, 

lingre  est  celui  qui  couronnait  le  pavillon  central  p.  /»oi. 


LE  PALAIS  DU  LUXEMBOURG.  299 

(rpar  une  balustrade  à  jour  en  marbre  blanc,  avec  des  piédestaux  ornés  de  statues 
trqui  furent,  dit-on,  vendues  avec  les  meubles  de  Marie  de  Médicis,  lorsque  les 
ff  mauvais  traitements  du  cardinal  de  Richelieu  obligèrent  cette  princesse  à  quitter 
«  déûnitivement  la  France.  Au  fond  de  la  cour  d'honneur,  on  arrivait  à  l'escalier 
«principal  par  les  trois  portes  qui  existent  encore  aujourd'hui,  et  dont  la  partie 
«supérieure  était  décorée  par  les  bustes  de  Henri  ÏV,  de  la  reine  Marie  de  Médicis 
(ret  du  roi  Louis  XIII,  leur  fils. 

ttLes  façades  latérales,  à  l'est  et  à  l'ouest,  se  composaient  chacune  d'un  pavillon 
ir d'angle  sur  la  rue,  d'une  galerie  et  d'un  corps  de  bâtiment  principal  divisé  en 
(rdeux  pavillons  par  un  petit  arrière-corps.  Les  constructions  ajoutées  dans  la 
«suite  ont,  de  ce  côté,  augmenté  les  façades  latérales  d'un  second  arrière-corps 
«et  d'un  troisième  pavillon;  mais  l'ancienne  décoration  architecturale  a  été  res- 
«  pectée. 

«La- façade  au  sud,  du  côté  des  jardins,  avait,  comme  aujourd'hui,  deux  corps 
«de  bâtiments  saillants  à  ses  extrémités,  et  un  arrière-corps,  au  centre  duquel  se 
«trouvait  un  petit  pavillon  surmonté  d'un  dôme;  mais  le  portique  ouvert  dans 
«  l'arrière-corps  ne  s'élevait  que  d'un  rez-de-chaussée  terminé  par  une  terrasse. 
«Il  est  aujourd'hui  surmonté  d'un  étage.  Tous  les  rampants  des  frontons  des  fa- 
«  çades  étaient  surmontés  de  statues  couchées,  qui  n'existent  plus.  Ces  statues  pré- 
«  sentaient  entre  elles  un  mélange  assez  bizarre  :  celles  qui  étaient  couchées  sur 
«le  fronton  circulaire,  au-dessous  du  dôme  couvrant  la  chapelle,  représentaient 
«des  sujets  religieux  empruntés  au  culte  catholique,  tandis  que  celles  des  frontons 
«triangulaires  des  grands  pavillons  en  avant-corps  appartenaient  à  la  mythologie, 
«et  les  métopes  de  l'ordre  dorique,  aux  attributs  du  paganisme,  que  l'on  voit 
«encore  aujourd'hui. 

«  A  l'intérieur,  le  rez-de-chaussée  était  composé  de  grandes  galeries  ouvertes  et 
«de  salles  entièrement  voûtées,  réservées  pour  les  différents  services  généraux  du 
«palais. 

«Le  premier  étage  renfermait  les  appartements  de  réception  et  d'habitation  de 
«Marie  de  Médicis.  Cette  princesse,  née  et  élevée  dans  une  des  plus  belles  parties 
«de  l'Italie,  avait  tous  les  goûts  de  son  pays;  douée  d'une  imagination  vive  et 
«ardente,  elle  aimait  et  protégeait  les  arts;  aussi  voulut-elle  que  la  décoration  du 
«palais  fût  digne  de  l'édifice.  Elle  forma  une  galerie  de  peinture  à  la  suite  de  ses 
«ap])artements,  qui  occupaient,  à  l'ouest  du  palais,  les  pavillons  principaux'".  Les 
«peintures  de  cette  galerie,  composée  de  vingt-quatre  tableaux  représentant 
«l'histoire  allégorique  de  Marie  de  Médicis,  furent  exécutées  par  Rubens,  qu'elle 
r  avait  appelé  à  Paris  à  la  fin  de  1620.  La  galerie  était  éclairée  par  des  fenêtres 


11) 


Les  appartenienls  de  la  reine  occupaient  la  Gardes  occupait  l'eraplacement  de  la  moderne  salle 
partie  du  palais  où  sont  la  salle  des  Gardes,  le  salon  des  Conférences.  {N.  B.  Les  indications  données 
dllercule.  celui  du  Silence ,  etc.  Lancienne  salle  des        par  M.  de  Gisors  datent  de  1867.) 

3h. 


300  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

rayant  vue,  d'un  côté,  sur  la  cour,  et,  de  l'autre,  sur  les  jardins'''.  Les  tableaux 
(r  occupaient  les  trumeaux  existant  entre  chaque  fenêtre  et  les  extrémités  de  la 
a  galerie.  L'une  d'elles  était  décorée  par  une  cheminée  monumentale  et  par  deux 
tr portes,  au-dessus  desquelles  se  trouvaient  les  portraits  de  la  reine  Marie  de 
ccMédicis  debout,' sous  la  figure  de  Pallas,  du  grand-duc  François  de  Médicis  et 
ffde  la  grande-duchesse  Jeanne  d'Autriche.  La  voûte  était  richement  ornée  de 
ff  caissons  et  de  peintures  représentant  les  douze  signes  du  zodiaque,  par  Jacques 
tt  Jordaëns,  élève  et  ami  de  Rubens.  A  la  fin  du  dernier  siècle,  la  construction  de 
ffla  seconde  galerie,  située  à  l'ouest,  était  encore  inachevée.  La  reine  avait,  dit- 
ffon,  le  dessein  d'y  établir  une  seconde  collection  de  tableaux  représentant  l'his- 
cf  toire  allégorique  de  son  fils  Louis  XIII,  mais  les  discordes  politiques  et  l'exil  de 
rc  cette  princesse  la  forcèrent  de  renoncer  à  ce  projet  (^'.  •» 

Cette  description,  avons-nous  dit,  complète  celle  de  Malingre;  mais  elle  ne 
saurait  suppléer  aux  renseignements  que  les  historiens  de  Paris  ont  donnés  succes- 
sivement sur  le  palais,  et  qui  empruntent  leur  intérêt  à  certains  détails  peu  connus 
aujourd'hui.  Ainsi,  Germain  Brice,  qui  écrivait  en  i683,  nous  apprend  qu'une 
partie  des  marbres  employés  aux  balustrades  des  terrasses  du  jardin  et  au  pavage 
intérieur  du  palais  furent  enlevés  de  l'abbaye  de  Saint-Denis,  où  ils  étaient  en 
dépôt  depuis  le  règne  de  Henri  II,  qui  voulait  les  faire  servir  à  la  construction 
d'un  grand  autel.  Marie  de  Médicis  obtint  des  lettres  de  cachet,  qui  triomphèrent 
de  la  résistance  des  religieux;  mais  les  balustrades  et  le  pavage  ne  furent  pas  de 
longue  durée  :  a  Ces  marbres,  dit  Germain  Brice,  aiant  été  enlevez  de  nos  jours, 
tron  a  mis  à  la  place  des  pavez  de  grès,  qui  rendent  cet  endroit  moins  magnifique 
et  qu'il  n'étoit  autrefois  (^'.  v 

L'auteur  que  nous  citons  décrit  assez  longuement  le  palais;  mais  sa  description 
ne  diffère  pas  sensiblement  de  celle  de  Malingre.  Il  indique  seulement  une  déco- 
ration dont  celui-ci  n'avait  pas  parlé  :  il  s'agit  des  deux  statues,  en  marbre,  de 
Henri  IV  et  de  Marie  de  Médicis,  placées  sur  les  faces  des  deux  pavillons  donnant 
sur  les  terrasses  qui  regardent  la  rue  de  Tournon.  Son  ouvrage  étant  plus  des- 
criptif qu'historique,  il  énumère,  en  outre,  les  vingt  et  un  sujets  peints  par 
Rubens  et  indiqués  sommairement  par  Malingre  :  i"  la  destinée  de  la  Reine;  2°  la 
naissance  de  la  Reine;  3°  l'éducation  de  la  Reine;  li°  Henri  IV  délibère  sur  son 
futur  mariage;  5°  le  mariage  de  la  Reine;  6°  le  débarquement  de  la  Reine  au  port 
de  Marseille;  7°  première  entrevue  du  Roi  et  de  la  Rein^e  à  Lyon;  8°  l'accouche- 
ment de  la  Reine;  9°  le  Roi  part  pour  la  guerre  d'Allemagne;  10°  le  couronne- 

'"'  Cette  galerie  existait  sur  l'emplacement  où  a  '^'  Le  Palais  du  Luxembourg,  par  M.  Alphoose 

élé  construit  depuis  le  grand  escalier  d'honneur,  de  Gisors,  Paris,  1867,  in-8°,  p.  35  et  suiv. 

ainsi   que   quelques  petites   pièces   réservées  au  '''  Description  de  la  ville  de  Paris,  par  Germain 

musée.  Brice,  t.  III,  p.  38o. 


LE  PALAIS  DU  LUXEMBOURG.  301 

ment  de  la  Reine;  i  i°  l'apothéose  de  Henri  IV  et  la  régence  de  la  Reine;  12°  le 
gouvernement  de  la  Reine;  iS"  le  voyage  de  la  Reine  aux  Ponts-de-Cé;  i4°  l'é- 
change des  deux  Reines;  1 5°  la  félicité  de  la  Reine;  1 6°  la  majorité  de  Louis  XIII; 
17»  la  Reine  s'enfuit  du  château  de  Blois;  18°  la  Reine  prend  le  parti  de  la  paix; 
19"  la  conclusion  de  la  paix;  20°  la  paix  confirmée  dans  le  ciel;  21°  le  Temps 
découvre  la  Vérité. 

Cette  magnifique  suite,  qu'on  a  transportée  au  Louvre  en  1780,  puis  rapportée 
au  Luxembourg  en  i8o5  et  finalement  installée  au  Musée  du  Louvre  en  181 5,  a 
été  l'objet  de  nombreuses  descriptions,  auxquelles  nous  renvoyons  le  lecteur;  il 
nous  suffît  de  l'avoir  indiquée  comme  ayant  appartenu  à  la  décoration  primitive 
du  palais  et  se  rattachant  ainsi  à  son  histoire. 

Les  deux  grands  historiens  de  Paris,  Félibien  et  Sauvai,  parlent  peu  du  Palais 
Médicis;  ce  qu'ils  en  disent  est  fort  louangeur,  mais  ne  nous  apprend  aucune  par- 
ticularité nouvelle.  Le  premier  se  borne  à  une  simple  mention '■';  le  second  ne 
nous  a  laissé  que  quelques  notes,  jetées  en  désordre  sur  le  papier  et  imprimées  de 
même  par  les  éditeurs  des  Antiquités  de  Paris.  Nous  les  reproduisons  telles  qu'on 
les  trouve  au  commencement  du  troisième  volume  : 

irLe  duc  d'Orléans  a  un  cabinez  d'antiques  le  plus  curieux  et  le  plus  complez 
ff  de  toute  l'Europe,  et  même  il  n'y  a  pas  un  prince  en  tout  le  monde  qui  se  puisse 
(T  vanter  d'y  avoir  qui  en  approche  en  beauté,  en  quantité  et  en  excellence. 

a  Toutes  les  faces  de  ce  palais  sont  riantes,  tout  y  rit  de  tous  les  côtés,  la  face 
(test  riante,  la  cour  avec  les  bâtiments  riants,  le  corps  de  logis  vers  le  jardin,  et 
«toutes  ses  parties  séparément,  et  tout  cela  de  plus  très-majestueux. 

ff  Le  portail  est  trop  étroit  pour  une  si  grosse  masse;  les  arcades  des  portiques 
(rtrop  hautes,  trop  peu  larges,  trop  égayées,  et  les  pilastres  trop  gros  pour  la 
(f  gaieté  des  arcades.  La  maison  est  peu  logeable  et  peu  commode. 

«Les  pavillons  des  deux  angles  sont  trop  pressés,  et  font  un  creux  trop  noir  et 
«trop  obscur. 

«Le  seul  tableau  où  est  la  Vérité  toute  nue  est  de  la  main  de  Rubens;  pour 
«les  autres,  ils  sont  du  dessin  de  Rubens  et  de  la  main  de  Juste. 

«  Le  jardin  est  placé  de  côté  et  seroit  bien  mieux  de  front. 

«Le  corps  de  logis  est  trop  enfoncé  du  côté  du  jardin;  le  vestibule  trop  petit 
«pour  l'édifice. 

(f  L'attique  couronne  mal  le  bâtiment  et  est  trop  grand  pour  la  masse.  Les  cor- 
«  niches  qui  se  brisent  dans  l'attique  et  dans  le  pavillon  font  un  effet  vilain  et  ir- 
tr  régulier. 

«II  n'y  a  pas  une  porte  de  suite  et  en  correspondance;  en  tous  cas,  peu. 

«La  grande  gallerie  de  Rubens  est  sans  plat-fonds. 

'"'  Hùtoire  de  la  ville  de  Paris,  t.  II,  p.  1 397. 


302  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

(T  Avec  tous  ces  défauts,  néanmoins,  le  dessin  de  ce  palais  a  été  promené  par  toute 
«l'Italie  avant  que  d'être  exécuté.  11  a  passé  par  les  mains  des  meilleurs  maîtres 
ffde  l'Europe;  et,  dans  toute  l'Europe,  il  n'y  a  point  de  maison  qui  paroisse  avec 
(rplus  d'orgueil  et  plus  de  faste;  tout  en  est  grand  et  majestueux;  le  portail  est 
«bâti  d'une  manière  grande  et  toute  superbe;  le  dôme  et  les  deux  gros  pavillons 
«lui  donnent  une  majesté  royale.  Si  le  Pont-Neuf  et  la  rue  Dauphine  eussent 
te  conduit  en  ligne  droite  à  la  face  de  cette  belle  maison ,  comme  la  Reine  en  avoit 
«bien  envie,  il  n'y  eût  point  eu  d'avenue  au  monde  ni  plus  longue  ni  plus  ma- 
îTgnifique,  ni  de  portail  plus  superbe.  L'exécution  de  ce  dessin  est  maintenant 
«beaucoup  moins  facile  que  du  temps  de  cette  princesse,  car  pour  lors  la  rue 
«des  Fossés  n'étoit  point  encore  faite. 

«L'ouvrage  rustique  fait  un  effet  aussi  surprenant  que  merveilleux;  et,  si  l'on 
«en  considère  en  gros  l'architecture,  soit  du  dedans  de  la  cour,  soil  du  dehors, 
«partout  on  la  trouve  grande  et  admirable.  Le  grand  cabinet  de  Madame  est 
«excellent  pour  la  musique.  Quelques-uns  se  sont  plaints  de  ce  qu'une  femme 
«avoit  bâti  une  maison  toscane,  mais  leur  plainte  a  cessé  quand  ils  se  sont  sou- 
«  venus  que  c'étoit  une  princesse  toscane  qui  voulait  faire  éclater  en  France  l'ordre 
«  de  sa  patrie. 

«La  menuiserie  de  la  porte  est  de  l'ordonnance  de  Mercier.  C'est  un  portail 
«  fort  bien  entendu ,  dont  les  masques ,  qui  sont  fort  bons ,  ont  été  faits  par  Bertheloz 
«  et  Perlan.  Plusieurs  autres  édifices  circonvoisins  n'ont  été  bâtis  que  bien  depuis. 
«Cette  entreprise,  ou  n'a  pas  été  connue  à  Rivier,  qui  a  fait  la  porte  Dauphine,  ou 
«  il  n'a  pas  voulu  s'attacher  à  ce  dessin ,  puisqu'il  n'a  pas  dressé  celte  porte  en  ligne 
«droite  au  portail  du  Luxembourg,  car  il  la  pouvoit  accommoder  très-aisément 
«  et  à  la  rue  Dauphine  et  à  ce  portail. 

«Le  Luxembourg  est  en  bel  air  et  pur,  mal  logeable,  point  de  portes  en  cor- 
«respondance,  a  de  front  le  plus  grand  et  le  plus  magnifique  parterre  de  l'Europe. 
«L'appartement  du  Roy  est  très-riche  et  très-superbe.  11  y  a  de  tout  dans  le  jardin, 
«et  tout  ce  qui  y  est  est  d'une  grandeur  extraordinaire  :  grandes  palissades,  grandes 
«allées  et  longues,  grand  bois,  grand  parterre,  plusieurs  grands  jardins  remplis 
«de  simples. 

«L'escalier  gauche,  dont  les  traits  sont  fort  hardis  et  oià  il  y  a  des  rencontres 
«de  traits  dans  les  fenêtres  fort  belles,  par  Marin  de  La  Vallée,  et  conduit  par 
«Guillaume  de  Toulouse. 

«Penditif  [sic)  de  Valence,  ordonné  par  Jean  Tiriot. 

«Voûte  en  cul  de  four  sous  ia  chapelle,  fort  hardie,  par  Dominique  de  Lafons. 
«  Les  arrêts  des  rampes. 

«Grote,  une  femme  qui  chevauche  un  feston. 

«Voûte  oh  la  voix  tourne  (voyés  Savot).  Lanni  dit  que  le  même  se  trouve  à 
«Mantoue,  au  palais  de  (l'indication  manque),  et  à  Marseco  dans  le  Trevigiano. 


LE  PALAIS  DU  LUXEMBOURG.  303 

(t  La  porte  est  des  plus  galantes  et  des  mieux  travaillées  de  Paris.  Berthelot  a 
tf  fait  les  masques  et  les  autres  bronzes  qui  l'embellissent. 

ir  Grand  escalier  ordonné  par  Marin  de  La  Vallée  et  conduit  par  Guillaume  de 
r  Toulouse.  Les  moulures  de  cet  escalier  ne  se  suivent  et  ne  se  continuent  pas. 

«Rubens  a  peint  la  gallerie  droite  du  Luxembourg;  les  lambris  sont  de  son  or- 
(r  donnance. 

(f  Cochet  a  fait  les  excellents  stucs  de  la  gallerie  gauche. 

«Bray,  les  figures  de  la  grotte  du  Luxembourg ''l  n 


Plan  du  palais  au  temps  de  M  "  ie  de  Midicis. 

Pour  trouver  une  description  méthodique  et  raisonnée  du  palais,  il  faut  aller 
jusqu'au  milieu  du  xvui''  siècle  et  consulter  le  grand  ouvrage  de  Blonde!.  Voici 
(l'abord  le  jugement  d'ensemble  que  cet  architecte-écrivain  porte  sur  l'œuvre  de 
.son  illustre  confrère  : 


"'   HUtoire  et  recherches  des  antiquités  de  la  ville  de  Paris,  t.  III,  p.  7. 


304  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

ff  L'ordonnance  et  la  proportion  des  formes  générales  de  cet  édifice  peut  être 
«regardée  comme  un  chef-d'œuvre...  Les  beautés,  reconnues  telles,  consistent 
(rdans  le  caractère  de  virilité  qu'on  remarque  dans  toute  son  ordonnance,  dans  la 
ff  sévérité  des  formes,  la  pureté  des  profils,  la  proportion  particulière  de  certaines 
«parties,  et,  en  général,  dans  un  certain  goût  antique,  soutenu  dans  la  totalité 
«ainsi  que  dans  les  détails  de  l'architecture.  Les  licences  qu'on  y  remarque, n  — 
licence  est  un  euphémisme  dans  la  langue  de  Blondel ,  —  «  consistent  dans  l'ap- 
«plication  de  l'ordre  toscan  au  rez-de-chaussée  dans  l'ordonnance  d'un  palais  où 
«la  solidité  devait  présider,  mais  non  la  rusticité,  surchargée  même  par  l'affecta- 
«  tion  des  bossages  qui  régnent  dans  tous  les  ordres ,  dans  les  ressauts  trop  réi- 
rrtérés  qu'on  remarque  sur  chaque  accouplement  des  colonnes  ou  pilastres;  dans 
«le  défaut  de  rapport,  en  général,  qu'on  a  négligé  d'observer  dans  la  proportion 
«de  la  plupart  des  arcades  du  rez-de-chaussée,  dans  le  peu  de  régularité  de  la 
«  distribution  des  métopes  et  des  mutules  de  l'ordre  dorique  ;  et  enfin  dans  le  dé- 
«  faut  de  convenance  et  de  proportion  qu'on  remarque  entre  les  allégories  mal 
«entendues  de  la  sculpture,  et  entre  sa  grandeur  gigantesque,  par  rapport  à  l'ar- 
«  chitecture.  n 

A  la  suite  de  cette  appréciation  générale,  Blondel  formule  des  critiques  de  dé- 
tail sur  les  différents  corps  d'hôtel  dont  se  compose  le  palais  : 

«Ce  bâtiment,  dit-il,  est  de  l'espèce  nommée  simple;  la  distribution  se  ressent 
«du  peu  de  commodité  qu'on  affectoit  dans  l'intérieur  des  édifices  au  commence- 
«  ment  du  dernier  siècle.  La  forme  de  la  cour  n'est  pas  non  plus  d'une  proportion 
«aussi  élégante  qu'on  les  fait  aujourd'hui,  et  l'on  peut  remarquer  que  les  galeries 
«paroissent  plus  propres  à  la  magnificence  qu'à  la  commodité. 

«  Le  porche  est  une  des  parties  les  plus  essentielles  de  cet  édifice ,  pour  ce  qui 
«regarde  la  décoration  extérieure;  mais  son  peu  de  largeur  annonce  assez  raédio- 
«crement  l'entrée  de  ce  palais.  Celle  de  la  cour  au  palais  est  encore  moins  digne 
«de  la  magnificence  d'une  maison  royale,  l'escalier  en  occupant  la  plus  grande 
«partie,  contre  toute  idée  de  vraisemblance. 

«Les  deux  pavillons,  qui  saillent  d'environ  quai'ante  pieds  sur  le  jardin,  peu- 
«vent  être  regardés  comme  un  défaut  essentiel,  parce  qu'ils  masquent  la  plus 

«grande  partie  du  milieu  de  cette  façade Les  avant-corps  en  saillie,  du  côté 

«de  l'entrée,  sont  beaucoup  plus  tolérables;  ils  flanquent  les  galleries  et  annon- 
«cent  d'une  manière  grave  et  imposante  l'immensité  de  ce  bâtiment.  Si  ces  pavil- 
«lons  avaient  pu  s'apercevoir  de  la  rue  de  Tournon,  l'aspect  de  ce  palais  aurait, 
rsans  contredit,  formé  l'un  des  plus  beaux  coups-d'œil  qu'il  y  ait  à  Paris,  t 

Ces  critiques  sont  d'un  homme  du  métier  et  ont  leur  valeur  sans  doute;  ce- 
pendant il  ne  faut  point  oublier  que  l'architecture  de  Henri  IV  et  de  Louis  XIII 
avait  été,  sous  les  règnes  de  Louis  XIV  et  de  Louis  XV,  l'objet  d'un  dédain  im- 
mérité. Le  jugement  de  Blondel  se  ressent  de  cet  esprit  de  réaction,  et  il  ne  faut 


LE  PALAIS  DU  LUXEMBOURG.  305 

l'accepter  qu'avec  certaines  réserves.  Sous  le  bénéfice  de  ces  observations,  nous 
continuons  à  résumer  les  passages  les  plus  remarquables  de  sa  description,  laquelle 
n'est,  en  définitive,  que  le  commentaire  des  belles  planches  qu'il  a  fait  graver. 

L'élévation  du  côté  de  l'entrée  lui  paraît  avoir,  pour  mérite  principal  tria  com- 
<r  position  générale  de  l'avant-corps  du  milieu,  dont  les  formes  pyramidales,  isolées 
trdans  la  partie  supérieure,  font  un  bon  effet,  vues  du  principal  corps  de  logis  et 
-  considérées  dans  toute  la  longueur  de  la  rue  de  Tournon.  n  11  remarque  ensuite 
rrque  l'arcade  toscane  est  beaucoup  tropsvelte,  celle  dorique  trop  peu  élevée,  et 
(rla  hauteur  de  l'attique  trop  raccourcie,  n  II  eût  préféré  ttque  les  statues,  placées 
rr  autour  de  cette  espèce  de  rotonde,  eussent  été  distribuées  sur  la  balustrade  qua- 
rt drangulaire  qui  lui  sert  d'empâtement,  t 

L'élévation  du  côté  de  la  cour  lui  paraît  mériter  le  reproche  général  qu'il  fait 
à  l'ordonnance  du  palais  :  tr  Toute  l'architecture  de  ces  bâtiments  est  trop  sur- 
r chargée  de  bossages  et  de  refends,  n  Toutefois  d  reconnaît,  à  la  décharge  de 
Salomon  de  Brosse,  que  tr  l'architecte  avait  été  chargé  d'imiter  ce  genre  de  déco- 
fr  ration  d'après  le  palais  Pitti  à  Florence,  n  Après  avoir  mentionné  les  trois  baies 
lormant  l'entrée  du  palais  sur  la  cour,  les  cr  mezzanines  d  contenant  les  bustes  de 
Henri  IV,  de  Marie  de  Médicis  et  de  Louis  XIII,  il  constate  l'existence  d'un  attique 
r  couronné  d'un  fronton  circulaire,  dans  le  tympan  duquel  sont  les  armes  de  France 
ff  ornées  de  guirlandes  et  de  génies  d'un  goût  pesant,  n  et  de  tr  figures  assises  dont 
tr  la  proportion  est  trop  forte,  v 

L'élévation  du  côté  du  jardin  lui  semble  offrir  les  mêmes  qualités  et  les  mêmes 
défauts,  ce  qu'il  appelle  en  son  langage  tries  beautés  et  les  licences.  15  Selon  lui, 
la  trop  grande  saillie  des  pavillons  tt offusque  le  milieu  du  bâtiment. n  II  trouve, 
avec  raison,  le  soubassement  beaucoup  trop  bas;  il  eût  voulu  un  perron  monu- 
mental qui  annonçât  la  grandeur  et  la  magnificence  de  l'édifice.  ttEn  général,  dit- 
rii,  la  façade  d'un  palais,  du  côté  du  jardin,  doit  être  élevée  du  sol  de  quelques 
r  pieds;  autrement  son  ordonnance  paroit  enterrée,  n 

L'une  des  parties  les  moins  connues  du  palais,  la  chapelle,  à  laquelle  on  ne 
reconnaît  pas  d'ailleurs  un  grand  mérite,  est  mentionnée  par  Blondel  :  tr  Je  l'estime 
tr  particulièrement,  dit-il,  parce  qu'elle  est  terminée  par  une  voûte  en  cul-de-four, 
rd'un  trait  assez  hardi  pour  le  tems  où  elle  fut  bâtie,  et  dont  l'exécution  est  de 
r  Domini(|ue  de  La  Font.  On  remarque  dans  cette  chapelle  des  peintures  sur  bois 
tr  que  l'on  croit  être  d'Albert  Durer,  ti 

Blondel,  ayant  surtout  en  vue  une  description  architectonique  du  palais,  s'est 
pou  étendu  sur  la  distribution  intérieure,  la  décoration  et  l'ameublement.  ttLes 
-appartements,  dit-il  en  général,  ont  de  la  grandeur  et  sont  décorés  avec  magni- 
r  ficence,  (/ans  legmît  ancien,  v  c'est-à-dire  dans  le  style  de  Henri  IV  et  de  Louis  XIII <•'. 

''  Un  auteur  contemporain,  qui  a  décrit  la  (anieiise  chambre  de  Marie  de  Médicis,  qualifie  dans  les 
m.  39 


306  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

L'f^tage  d'honneur  a  seul  attiré  son  attention;  quand  au  second,  «\\  est  composé, 
ff dit-il,  de  petits  appartements  occupés  par  différents  particuliers,  depuis  que  ce 
T  palais  n'est  plus  habité  par  des  têtes  couronnées,  v 

En  terminant,  Blondel  exprime  la  crainte  que  ses  observations  a  ne  paroissent 
rr  exposées  avec  trop  de  sincérité  ;  v  mais  il  trouve  qu'on  a  beaucoup  trop  loué  le 
palais  Médicis;  il  veut  tempérer  ces  éloges  par  une  judicieuse  critique,  s  sans  avoir 
rf  égard  au  préjugé  vulgaire  '^'.  •» 

Dans  la  seconde  moitié  du  xvni""  siècle,  le  palais  a  été  décrit  par  de  nombreux 
auteurs.  Un  écrivain  hollandais,  Nemeitz,  qui  avait  surtout  en  vue  les  voyageurs 
étrangers  désireux  de  connaître  Paris,  en  a  donné  une  description  intéressante. 
Piganiol,  Jaillot,  Thiéry,  Hurtaut  et  Magny,  etc.  etc.  reproduisent  en  partie  ce 
qu'avaient  dit  leurs  devanciers.  On  arrive  ainsi,  sans  avoir  à  constater  autre  chose 
que  des  changements  de  distribution ,  de  décoration  ou  d'ameublement,  occasionnés 
par  les  affectations  successives  des  bâtiments,  jusqu'à  la  période  révolutionnaire, 
époque  du  plus  grand  abandon  et  du  plus  complet  délabrement  du  palais. 


Propriétaires  et  usufruitiers  s'y  sont  succédé  en  grand  nombre,  depuis  Marie 
de  Médicis.  Légué  par  cette  princesse,  qui  l'habita  jusqu'en  i63i,  à  Gaston 
d'Orléans,  son  second  fds,  il  fut  délaissé  pour  moitié,  et  moyennant  5oo,ooo  li- 
vres, à  la  duchesse  de  Montpensier,  et  passa  ensuite,  par  transaction  du  i"  mai 
1672,  à  Elisabeth  d'Orléans,  duchesse  de  Guise  et  d'Alençon,  qui  en  fit  don 
au  roi  Louis  XIV,  le  16  mai  169^.  Depuis,  il  a  été  occupé  successivement, 
à  titre  d'habitation  viagère,  par  la  duchesse  de  Brunswick  et  par  la  reine  douai- 
rière d'Espagne,  née  princesse  d'Orléans.  A  la  mort  de  cette  usufruitière,  le 
palais  rentra  dans  le  domaine  royal,  et  Louis  XVI,  par  lettres  patentes  du  mois 
de  janvier  1779,  en  fit  don  à  son  frère.  Monsieur,  comte  de  Provence,  —  de- 


termes  suivants  le  prétendu  goût  ancien  qui  cho- 
quait Blondel  : 

(fSi  la  reine  mère  s'attacha  à  donner  beaucoup 
'àe.  magnificence  à  l'intérieur  du  palais,  elle  ne  mit 
"pas  moins  de  soins  à  en  faire  décorer  les  apparte- 
irments.  Rubeus,  Philippe  de  Charapaigne,  Albert 
rc  Durer,  à  qui  l'on  attribue  les  peintures  sur  bois 
(rde  la  chapelle,  et  beaucoup  d'autres  artistes  de 
rruiérite,  dont  les  noms  n'ont  pas  été  conservés, 
ffmais  dont  les  œuvres  attestent  l'école  italienne, 
r  concoururent  à  enrichir  de  leurs  productions  la 
rf  demeure  royale. 

•rLes  peintures  et  ornements  qui  décoraient  au- 
rlrefois  l'appartement  particulier  de  la  Reine,  sa 
"•chambre  à  coucher,  sa  bibliothèque  et  son  oratoire, 
« —  qu'on  voit  aujourd'hui  réunis  dans  la  salle  dé- 


rrsignée  sous  le  nom  de  chambre  de  Marie  de  Mé- 
ffdicis  ou  du  Livre  d'or,  — portent  particulièrement 
irl'empreinte  de  cette  époque  de  transition  qui  pré- 
rrpara  la  grande  époque  de  Louis  XIV.  Toutefois, 
^comme  la  peinture,  à  cette  époque,  se  montra  le 
-plus  indépendant  de  tous  les  arts,  et  que,  au  lieu 
Tde  céder,  comme  la  sculpture  et  la  poésie,  aux 
«caprices  et  aux  bizarreries  de  la  mode,  elle  pei-- 
irsista  à  chercher,  dans  l'Italie  moderne,  ses  inspi- 
ff rations  et  ses  modèles,  on  retrouve  dans  les  ara- 
tfbesques  de  la  chambre  de  Marie  de  Médicis,  le 
trgoût  et  le  sentiment  des  célèbres  arabesques  du 
tr  Vatican. 1  (Dedaux,  Chambre  de  Marie  de  Médiein, 
in-fol.  Paris,  i838.  introduction,  p.  2.) 

'■'  Blondel,  Architecture  françoisc ,  t.  II,  p.   '18 
et  suiv. 


LE  PALAIS  DU  LUXEMBOURG.  307 

puis,  Louis  XVIII,  — qui  l'habita  jusqu'au  moment  de  l'émigration  (juin  1791). 
A  partir  de  ce  moment,  le  palais  et  son  histoire  appartiennent  aux  annales  con- 
temporaines'''. 


Les  Jardins.  —  La  magnificence  des  jardins  devait  naturellement  répondre 
à  celle  que  Marie  de  Médicis  avait  rêvée  pour  son  palais.  Elle  songea  même  à  les 
créer,  avant  de  poser  la  première  pierre  de  l'édifice  :  dès  1 6 1 3,  elle  fit  commencer 
le  dessin  et  les  plantations.  «La  Reine  mère,  dit  le  cardinal  de  Richelieu  dans  ses 
«Mémoires,  achette  l'hostelde  Luxembourg,  au  fauxbourg  Saint-Germain,  et  plu- 
(r sieurs  jardins  et  maisons  voisines,  pour  y  commencer  un  superbe  palais,  duquel 
trpar  advance  elle  commence  à  faire  planter  les  arbres  des  jardins,  qui,  ne  venant 
trà  leur  croissance  qu'avecques  le  tems  qui  leur  est  limité  par  la  nature,  sont  or- 
irdinairement  devancés  par  les  bastimens,  le  tems  de  l'accomplissement  desquels 
(f  est  mesuré  à  la  dépense  et  hasté  selon  la  magnificence  et  la  richesse  de  celui 
«•qui  les  entreprend,  ii 

Les  planches  de  Blondel,  auxquelles  nous  renvoyons,  indiquent  les  dimensions 
des  jardins,  telles  qu'elles  se  sont  maintenues  jusqu'à  la  suppression  de  la  Char- 
treuse. Terminés  à  l'est  par  les  bâtiments  en  façade  sur  la  rue  d'Enfer,  ils  s'étendaient 
à  l'ouest  jusqu'à  la  moderne  rue  d'Assas.  Au  sud,  ils  avaient  pour  limite  le  mur  de 
l'enclos  des  Chartreux.  Quant  à  leur  aspect  général,  tel  que  les  plans  contemporains 
nous  le  révèlent,  c'était,  dit  M.  Anatole  de  Montaiglon,  «de  longues  allées,  despa- 
frlissades,  un  grand  bois,  plusieurs  grands  jardins  remplis  de  simples,  et,  en  face 
ffdu  palais,  des  parterres  en  forme  de  broderies,  etc.  ''^'n  Cette  description  som- 

''  Les  diverses  transformations  du  palais,  no-  iren  ont  complètement  altéré  la  disposition  primitive, 

tnmment  celles  qu'il  a  subies  sous  le  premier  Em-  «On  a  vu  plus  haut  que  ce  palais  et  toutes  ses  dépen- 

pire  et  sous  la  monarchie  de  Juillet,  sont  exposées  <rdances,  comprenant  l'hôtel  du  Petit-Luxembourg 

•lans  l'ouvrage  de  M.  de  Gisors,  que  nous  avons  "et  les  communs,  avaient  été  donnés  en  apanage  î* 

déjà  cité.  (f  Monsieur,    comte   de   Provence.    L'édit  du    roi 

''  Les  transformations  que  les  jardins  du  rr Louis  XVI,  son  frère,  concernant  cet  apanage,  esl 
Luxembourg  ont  subies  à  la  fin  du  xviii'  siècle  rdu  mois  de  janvier  1779.  Monsieur  en  prit  alors 
et  au  commencement  du  xix*  sont  racontées  par  trpossession,  et,  en  vertu  d'une  autorisation  qu'il 
M.  de  Gisors  dans  sa  monographie  du  palais.  Faire  savait  obtenue  le  25  mars  de  l'année  suivante,  il 
entrer  ce  récit  dans  notre  texte,  ce  serait  dépasser  tr aliéna,  en  i78-i,  une  portion  considérable  des jar- 
peut-êlre  les  limites  chronologiques  qui  s'imposent  n-dins  qui  s'étendaient  à  l'ouest  jusqu'à  la  partie  an- 
à  une  description  topographique  du  vieux  Paris;  frcienne  de  la  rue  de  Fleurus.  A  cette  époque,  ce 
mais  il  nous  a  paru  intéressant  de  le  transcrire  en  m'était  qu'une  impasse  connue  sous  le  nom  de  cul- 
note,  rf de-sac  de  Notre-Dame-des-Champs,  dont  l'entrée 

"Les  jardins  du  Luxembourg  ont,  comme  le  pa-  irsouvrait  sur  la  rue  du  même  nom.  Le  sol  de  cette 

-lais  dont  ils  font  partie,  subi,  à  différentes  époques.  ir  impasse  était  de  deux  mètres  environ  au-dessus  de 

-d'importants  changements  et  des  suppressions  qui  fia  grande  allée,  où  elle  aboutissait  '"'.  La  partie  du 

"'  En  juillet  1771,  les  riverains  de  Timpasse  avaient  demandé  et  obtenu  l'autorisation  d'ouvrir  à  leurs  frais  une  entrée  sur 
le  jardin  du  Luxembourg;  pour  assurer  le  succès  de  leur  demande,  ils  avaient  offert  et  donnèrent  en  effet,  à  litre  de  présent, 
une  somme  dc'  6,000  francs  à  l'école  royale  de  peinture  et  de  sculpture.  Le  bon  approbatif  de  Louis  XV  est  du  ai  juillet  1771. 

39. 


308  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

maire,  dont  les  principaux  traits  sont  empruntés  à  celle  de  M.  de  Gisors,  ne  men- 
tionne pas  le  parterre  trplus  large,  mais  bien  moins  profond  que  celui  d'aujour- 


tr  Luxembourg  aliénée  par  le  comte  de  Provence  oc- 
rrcupait  une  surface  de  cent  neuf  mille  quatre  cent 
rr  quarante-cinq  mètres ,  dont  vingt-deux  mille  quatre 
rrcent  trente  et  un  furent  affectés  à  un  projet  deper- 
rr  cernent  de  rues  à  travers  le  terrain  retranché  des 
rrjardins.  Ainsi  furent  complètement  abattus,  en 
ir  1 782  ,  des  quinconces  et  des  allées  d'arbres  cente- 
"uaires,  remarquables  par  leur  belle  végétation ,  et 
trie  jardin  public  fut  réduit,  à  l'ouest,  aux  propor- 
rrtions  que  nous  lui  voyons  aujourd'hui. 

rt Pendant  la  première  révolution,  on  avait  formé 
rrle  projet  d'établir,  sur  le  terrain  dont  il  s'agit,  des 
T cafés  et  des  jeux  publics;  mais  ce  projet  resta, 
frcomme  tant  d'autres,  sans  exécution,  et  cet  im- 
(tmense  terrain  fut  pendant  environ  quinze  années 
rfdans  un  état  complet  d'abandon.  Plus  tard,  on  y  a 
"tracé  et  ouvert  la  partie  de  la  rue  de  Fleurus  qui 
it  communique  à  l'ancienne  impasse  Notre-Dame-des- 
TCham])s,  celle  de  Jean-Bartel  une  portion  de  la  rue 
ff  de  l'Ouest  aboutissant  à  la  rue  de  Vaugirard.  Avant 
fr  la  première  révolution,  la  rue  de  Madame  existait 
"•déjà,  et  ses  deux  premières  maisons  ont  été  cons- 
frlruites  en  1788. 

ff  L'ancien  parterre  du  jardin,  beaucoup  moins 
ff  profond  que  celui  d'aujourd'hui,  était  borné  à  son 
frextrémité  méridionale  par  le  clos  des  Chartreux, 
trqui,  de  ce  côté,  n'était  éloigné  que  de  deux  cent 
tr  trente  mètres  de  la  façade  du  palais.  Le  mur  du 
fclos  coupait  transversalement,  vers  le  milieu, 
(rrempiaceiiient  du  parterre  où  on  a  établi  la  grande 
«pelouse  de  gazon  de  la  Diane. 

ff  Lorsque  la  Convention  nationale  décida  que  le 
ffsiége  du  Gouvernement  serait  établi  au  Luxem- 
ff bourg,  elle  ordonna  en  même  temps  des  travaux 
ff  considérables ,  dont  le  but  était  l'agrandissement  du 
ffjardin  public.  Vers  la  fin  de  l'an  iv  (  1 796  ) ,  on  dé- 
tftruisit,  au  midi,  l'ancienne  limite,  qu'on  agrandit 
ffdans  toute  la  largeur,  de  l'est  à  l'ouest,  d'une  zone 
ff  considérable  de  terrain  prise  aux  dépens  des  bâti- 
ffUients  et  du  clos  des  Chartreux.  On  fitalors  le  mur 
ffde  soutènement  qui  longe  la  grande  pépinière.  On 
f  commença  en  même  temps ,  au  moyen  de  remblais 
(f considérables,  la  magnifique  avenue  qui,  de  l'ex- 
«  trémité  du  parterre  actuel ,  aboutit  à  l'Observatoire. 


(fEn  1801,  tous  les  arbres  de  la  partie  orientale  du 
ffjardin  furent  renouvelés ,  et  l'on  planta  entièrement 
ffla  nouvelle  zone  de  terrains  provenant  du  clos  des 
ffChartreux.  La  disposition  du  parterre  fut  totale- 
frment  changée.  Aux  murs  en  terrasse,  aux  balus- 
(ftrades  et  aux  effets  d'eau  qui  enrichissaient  cette 
ff  charmante  décoration,  succédèrent  les  talus  en 
frgazon  et  les  grilles  d'appui  que  nous  voyons  aujour- 
ffd'hui.  Les  deux  pelouses  demi-circulaires ,  à  droite 
ffct  à  gauche  du  bassin  central,  n'existaient  point 
ff  dans  l'origine  ;  elles  furent  établies  aux  dépens  des 
ff  terrasses.  On  remplaça  l'ancien  bassin  octogone  par- 
Tune  pièce  d'eau  plus  considérable  présentant  un 
ff  parallélogramme  :  au  centre  fut  placé  un  groupe 
ff  d'enfants  supportant  une  vasque,  et  à  chacun  des 
'  angles  un  groupe  moins  important  '''.  Le  parterre , 
ff  ainsi  modifié,  avait  été  terminé  par  un  escalier,  ou 
ir perron ,  de  dix  marches ,  orné  de  statues ,  et  par  une 
ffgrille  ouverte  sur  la  grande  avenue  de  l'Observa- 
fftoire.  En  1802,  on  fit  restaurer  complètement  la 
ff  grotte  de  Médicis ,  dont  la  construction  était  depuis 
ff  fort  longtemps  dans  un  état  de  dégradation  complet. 
ff  En  1 81 G  et  1 81 1,  les  remblais,  successivement 
fraccumulés  sur  l'emplacement  de  l'avenue  de  l'Ob- 
ffservatoire ,  ayant  atteint  à  peu  près  la  hauteur'du 
ff  sol  du  jardin ,  permirent  enfin  d'y  planter  les  quatre 
f  rangs  d'arbres  qui  en  sont  aujourd'hui  le  principal 
ffornement.  Tous  ces  travaux  rendirent  le  jardin  du 
ff  Luxembourg  une  des  plus  belles  promenades  delà 
ff  capitale;  ils  furent,  comme  ceux  de  l'intérieur  du 
ff  palais,  exécutés  par  l'architecte  Chalgrin.  A  sa 
ffmort,  son  successeur,  M.  Baraguey,  proposa  et  fil 
rradopter  le  projet  de  supprimer  le  perron  qui  exis- 
fftait  à  l'extrémité  du  parterre,  de  changer  les  ni- 
ff  vellements  existants  et  de  baisser  le  sol  inachevé  de 
ffla  nouvelle  allée,  de  manière  à  n'avoir,  depuis  l'Ob- 
ffservatoire  jusqu'au  palais,  qu'une  seule  ligne  de 
tr  pente  sans  ressaut.  trPour  l'exécution  de  ce  projet, 
ffdit  Dulaure''',  il  fallait  opérer  plusieurs  change- 
tr  ments  et  remuer  beaucoup  de  terrain.  (]es  dilllcultés 
tr  n'arrêtèrent  point;  la  grille  qui  termine  au  midi 
trcelte  avenue  fut  baissée  de  quelques  pieds  ainsi 
frque  le  sol  environnant.  On  établit  une  grille  nou- 
ffvelle,  et  celle  qu'elle  remplaçait  fut  employée  à 


"'  En  i84o,  ie  groupe  principal  a  été  replacé  au  centre  lUi  bassin  actuel;  les  quatre  autres  sont  sur  les  piédestaux  de  la 
grande  balustrade  qui  termine  le  parterre  du  côté  de  l'allée  de  l'Observatoire 
'"  Histoire  de  Paris,  t.  VI,  p.  1 5  et  16. 


LE  PALAIS  DU  LUXEMBOURG.  309 

(T  d'hui,  bordé  de  chaque  côté  par  des  plates-bandes  ornées  de  fleurs  et  renfermées 
«dans  un  double  mur,  dont  l'un,  à  hauteur  d'appui,  était  garni  de  balustres,  et 
ff  l'autre,  plus  élevé,  soutenant  des  terrasses,  était  décoré  de  petites  cuves,  ou  vas- 
frques,  en  marbre  de  couleur,  jetant  de  l'eau  et  communiquant  entre  elles  au 
tr moyen  de  rigoles. n  Les  terrasses  étaient,  suivant  le  goût  de  l'époque,  plantées 
d'ifs  et  de  buis  découpés  en  formes  bizarres.  Le  bassin  principal,  placé  au  centre 
du  parterre,  était  orné  d'un  groupe  en  plomb. 

A  ces  détails  généraux,  suggérés  par  la  vue  des  plans  et  des  gravures,  peuvent 
s'ajouter  ceux  que  donnent  les  descripteurs  contemporains  : 

ffLe  jardin,  dit  Malingre,  est  embelly  d'un  beau  bois  par  allée,  et  de  deux 
ff  longues  allées  couvertes  d'arbres.  Les  parterres  sont  ornés  d'un  grand  nombre 
ft  d'allées  et  de  quarreaux  représentans  diverses  figures  et  inventions  des  jardi- 
fr  niers.  Il  y  a  deux  grans  bassins  de  pierre,  au  milieu  une  statue  jetant  de  l'eau  en 
ff  abondance,  qui  vient  du  village  d'Arcueil,  et  dont  le  regard  est  devant  l'hostel 
ffde  Troyes,  au  fauxbourg  Saint-Michel.  Aussy,  pour  le  mesme  sujet  du  jardin  et 
<T  d'autres  offices,  on  a  pris  les  places  des  fermes  de  l'Hostel-Dieu,  qu'on  a  rem- 
<r  placez  d'autres  lieux  ('l  7) 

Germain  Brice,  que  nous  avons  déjà  cité  à  propos  du  palais,  décrit  sommai- 
rement les  jardins  tels  qu'ils  existaient  de  son  temps  :  ff  Le  jardin  de  Luxembourg, 
cf  dit-il,  étoit  autrefois  d'une  grande  beauté;  il  étoit  remph  de  charmilles,  de  bos- 
ff  quels  et  d'allées  couvertes;  mais,  de  rudes  hivers  l'aïant  ruiné,  il  a  été  long-tems 
r  fort  négligé  ;  cependant  on  a  commencé  à  le  rétablir,  en  y  plantant  de  nouveaux 
T arbres  et  en  dressant  des  allées  nouvelles,  qui  n'ont  pas  encore  toute, la  beauté 
ffque  l'on  pourroit  désirer.  Ce  que  l'on  peut  dire  à  l'avantage  de  ce  jardin,  dont 
ff  l'étendue  est  grande  et  assez  régulière,  et  où  il  étoit  fort  aisé  de  faire  de  belles 
ff  distributions,  c'est  qu'étant  situé  dans  un  terrain  élevé  et  avantageusement  ex- 
ffposé,  l'air  y  est  très-pur  et  très-salutaire On  distingue  la  balustrade  posée 


«rentrée  de  l'Observatoire  et  adaptée  à  deux  pavil- 
«lons  construits  alors  pour  décorer  cette  entrée. 

(T  Le  sol  de  l'avenue  fut ,  dans  toute  sa  longueur, 
irplus  ou  moins  baissé,  suivant  la  ligne  de  pente, 
rr L'abaissement  fut  plus  considérable  au  point  où 
iT  cette  avenue  se  rapprocbe  du  parterre.  Au  lieu  de 
T  l'escalier  de  dix  marches  on  substitua  trois  niar- 
fches  dessinées  sur  un  vaste  plan  circulaire,  qui 
"se  termine  de  chaque  côté  par  un  piédestal  qui 
ffert  d'acrotère  à  des  balustrades. 

fOn  baissa  ensuite  le  sol  du  parterre  ainsi  que 
Tcelui  qui  avoisine  la  façade  du  palais;  il  fallut  re- 
f  faire  le  bassin,  il  le  fut  sur  un  plan  octogone  et 
'plus  vaste.» 

«rCes  travaux  considérables  de  terrassement  et  do 


rr nivellement  permirent,  pendant  les  deux  dernières 
trannées  de  l'empire,  de  donner  du  travail  à  une 
ff  multitude  d'ouvriers  inoccupés  par  suite  desdésas- 
fftres  de  la  guerre.  A  la  même  époque  on  a  complé- 
fftement  dégagé  le  palais  des  bâtiments  accessoires 
ff  qui  masquaient ,  d'une  manière  choquante ,  les  faces 
ff  latérales.  On  a  démoli  à  l'est  une  orangerie,  et  h 
ff  l'ouest  plusieurs  bâtiments,  à  l'aide  desquels  on 
ffcomnmniquait  à  couvert  avec  l'hôtel  du  Petit- 
ff Luxembourg;  on  les  a  remplacés  par  deux  grilles 
ffà  jour  sur  la  rue  de  Vaugirard.'>(Z,e  palais  dit 
Luxembourg,  par  M.  Alphonse  de  Gisors,  1847, 
in-8°,  p.  76  et  suiv.) 

f  Antiquitezde  la  ville  de  Paris,  iiv.  II,  p.  ioa 
et  suivantes. 


310  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

ffà  l'encoignure  d'une  des  terrasses,  dont  le  parterre  est  entouré.  François  Blondel 
tïa  trouvée  si  régulièrement  proportionnée,  qu'il  la  propose  comme  un  modèle 
cr  parfait  à  imiter  dans  son  cours  d'architecture '•'.  i; 

Les  jardins  du  Luxembourg  ne  tardèrent  point  à  être  ouverts  au  public.  La 
])opulation  parisienne  aimait  à  les  fréquenter,  et  les  étrangers  eux-mêmes  les  pré- 
féraient à  ceux  des  Tuileries,  selon  le  témoignage  de  Nemeitz,  écrivain  hollandais 
(|ue  nous  avons  déjà  cité. 

Ce  goût  pour  les  beaux  ombrages  du  palais  Médicis  n'aimait  point  à  être 
contrarié.  Ainsi  la  duchesse  de  Berry,  fdle  du  Régent,  pendant  le  séjour  qu'elle 
lit  au  Luxembourg,  s'étant  avisée,  dit  Saint-Simon,  cde  faire  murer  toutes  les 
ff  portes  du  jardin  et  de  ne  conserver  que  celle  de  la  grille  du  bas  de  l'esca- 
rrlier  du  milieu  du  palais,  tout  le  faubourg  Saint-Germain  se  trouva  privé  de 
rr cette  promenade,  qui  avoit  été  de  tout  temps  publique.  M.  le  Duc  (le  prince 
ffde  Condé)  fit  ouvrir  aussitôt  celui  de  l'hôtel  de  Gondé,  et  le  rendit  public  en 
cr  contraste.  Le  bruit  fut  grand  et  les  propos  peu  mesurés  sur  la  raison  de  cette 

rr  clôture  (^'.  11 

La  duchesse  dut  s'émouvoir  de  ce  bruit  et  de  ces  propos,  car  elle  fit  rouvrir 
les  jardins  peu  de  temps  avant  sa  mort;  mais  il  semble  que  la  population  pari- 
sienne en  avait  oublié  le  chemin.  «Le  jardin,  assez  solitaire,  dit  M.  de  Gisors, 
ff  continua  d'être  un  lieu  de  promenade  peu  couru  par  le  beau  monde,  et,  pour 
(Tcela  même,  fréquenté  par  les  philosophes,  qui  ont  laissé  leur  nom  à  l'une  des 
ff  allées.  Diderot  était,  dans  sa  jeunesse,  un  des  habitués  du  Luxembourg;  dans 
(Tun  de  ses  plus  piquants  ouvrages,  Le  neveu  de  Rameau,  il  nous  rappelle  les  pro- 
frmenades  qu'il  faisait,  alors  que,  pauvre  et  inconnu,  il  allait  rêver  en  été,  avec 
rrsa  redingote  de  peluche  grise  éreintée  par  un  des  côtés,  avec  la  manchette  dé- 
ff  chirée,  les  bas  de  laine  noirs  et  recousus  par  derrière  avec  du  fil  blanc,  et  faisant 
ffune  assez  triste  figure,  dans  l'allée  des  Soupirs,  n  A  peu  près  à  la  même  époque. 
Jean-Jacques  Rousseau  allait  régulièrement  s'y  promener  tous  les  matins;  mais  il 
y  renonça  plus  tard,  parce  que  le  lieu  ne  lui  semblait  pas  assez  désert  pour  sa 
misanthropie.  11  s'y  croyait  d'ailleurs  poursuivi,  persécuté,  dédaigné  même  par 
les  gens  de  la  plus  basse  classe,  puisque  tfceux  qui  distribuaient  des  billets  im- 
ff  primés  à  la  porte  du  Luxembourg  avaient,  disait-d,  ordre  de  le  passer  avec  la 
ff  plus  outrageante  affectation,  ou  même  de  lui  en  refuser  tout  net,  s'il  se  présen- 
fflait  pour  en  avoir,  n 

Malgi'é  les  hallucinations  misanthropiques  de  Rousseau,  le  jardin  du  Luxem- 
bourg reconquit  peu  à  peu  la  popularité  dont  il  jouissait  avant  sa  fermeture,  et, 

'"'  G.  Brice,  Description  de  la  ville  de  Paris,  t.  III,  p.  4o3  et  suiv.  —  '"'  Mémoires,  t.  XXVI,  p.  i35. 


LE  PALAIS  DU  LUXEMBOURG.  311 

à  la  veille  de  la  Révolution,  il  était  en  pleine  possession  de  la  faveur  publique; 
aussi  Thiéry,  qui  écrivait  en  1787,  s'exprime-t-il  en  ces  termes  : 

(r  Ce  jardin  est  fort  fréquenté  actuellement  par  les  gens  du  quartier,  et  l'on  y 
ff  voit,  les  fêtes  et  dimanches,  le  matin  dans  l'allée  qui  conduit  aux  Carmes,  et  le 
rtsoir  dans  la  grande  allée,  une  infinité  de  beau  monde. 

ff  Trois  portes  conduisent  à  ce  jardin,  oii  la  police  est  observée  comme  aux  Tui- 
ffleries.  Les  Suisses  de  la  porte  du  Château,  de  celle  de  la  rue  d'Enfer  et  de  celle 
(rqui  est  vis-à-vis  les  Carmes  déchaussés,  fournissent  des  rafraîchissements.  Il  y 
ffa  un  café  sous  la  porte  du  côté  du  Château,  et  un  autre  dans  le  jardin  près  la 
ff  grande  allée. 

ff  Monsieur  (le  comte  de  Provence)  se  propose  de  faire  beaucoup  de  changements 
ff  à  ce  palais,  ainsi  que  dans  la  disposition  des  jardins;  les  projets  en  sont  faits;  mais. 
«  ils  ne  sont  point  encore  arrêtés  par  le  prince.  La  partie  que  l'on  a  retranchée  des 
«jardins  paraît  être  destinée  à  percer  des  rues  dans  son  enceinte  :  il  est  même  ques- 
fftion  d'y  transporter  la  foire  Saint-Germain,  et  de  l'y  construire  sur  un  plan  ré- 
ffgulier  et  de  forme  circulaire,  mais  il  n'y  a  encore  rien  de  décidé  à  ce  sujet '''.n 

La  faveur  dont  jouissaient  alors  les  jardins  du  Luxembourg  s'est  maintenue 
pendant  et  après  la  Révolution.  Quant  aux  transformations  dont  ils  ont  été  l'ob- 
jet, nous  les  avons  indiquées  sommairement  dans  une  note  empruntée  à  l'ouvrage 
de  M.  de  Gisors. 

Les  terrains  sur  lesquels  on  a  bâti  le  palais  et  créé  les  jardins  constituent  un 
sol  éminemment  historique.  Là  campaient  des  troupes  romaines;  des  villœ,  dont 
on  a  retrouvé  les  substructions,  étaient  disséminées  sur  le  plateau  et  sur  les  pentes, 
dans  un  rayon  plus  ou  moins  distant  du  palais  des  Thermes;  une  voie  romaine, 
allant  de  Lutelia  à  Genabum,  desservait  ce  campement  et  cette  agglomération  de 
maisons  de  plaisance.  Il  n'est  donc  point  étonnant  que  des  découvertes  archéolo- 
giques aient  eu  lieu  dans  cette  région,  chaque  fois  qu'on  y  a  fait  des  fouilles.  «En 
«creusant  les  fondations  du  palais,  dit  M.  Anatole  de  Montaiglon,  on  trouva  une 
c; figurine  de  Mercure  en  bronze.  Le  conseiller  des  aides,  Favereau,  publia  en  son 
«honneur  un  recueil  d'épigrammes,  sous  le  titre  de  Mercurms  redivivus,  et  il  fut 
«gravé  par  Léonard  Gaultier,  avec  un  quatrain  de  L.  de  Sainte-Marthe,  où  l'on 
«disait,  avec  la  pointe  italienne,  que  les  Dieux  voyaient  ce  palais  d'un  bon  œil, 
«puisque  Mercure,  la  bourse  en  main,  venait  payer  les  maçons'^).» 

A  la  fin  du  xvni*  siècle  et  au  commencement  du  XIX^  l'architecte  Chalgrin  fit 
<)|)érer,  dans  les  jardins,  des  remaniements  qui  amenèrent  de  nombreuses  décou- 
vertes du  même  genre.  Des  bustes,  des  figures,  de  menus  objets  de  ménage  et  de 

<■'  Thiëry,  Gvide  des  amaleur*  et  de»  étrangers  '*'  La  bibliothèque  de  la  Ville  possède  une  pla- 

voyageursà  Paris,  t.  II.  p.  69.5.  Les  projets  dont        quette   rarissime,    contenant  une  gravure  de   ce 
il  était  question  en  1 787  se  sont  réalisés  en  partie.        Mercure,  et  un  petit  poërae  en  vers  latins. 


312  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

toilette,  en  bronze  et  en  ivoire,  des  vases  entiers  avec  les  noms  des  potiers,  des 
fragments  de  céramique  historiée,  des  médailles  gauloises  et  gallo-romaines,  des 
moules  à  poterie,  furent  extraits  du  sol  et  donnèrent  lieu  à  d'intéressantes  disser- 
tations*''. De  nos  jours,  ces  découvertes  se  sont  renouvelées  dans  de  moindres 
proportions'^'. 


La  Grotte.  —  L'ornement  le  plus  considérable  des  jardins  du  palais  était  et 
est  encore  la  ft grotte ti  ou  fontaine,  qui,  dans  la  pensée  de  Marie  de  Médicis,  de- 
vait faire  le  pendant  de  celle  que  Catherine,  sa  parente,  avait  commandée  à  Ber- 
nard Palissy  pour  la  décoration  de  son  parc  des  Tuileries  '''.  Cette  importation 
italienne  était  encore  en  pleine  faveur,  et  la  Reine  mère,  imitatrice  des  deux  pa- 
lais, parisien  et  florentin,  avait  ainsi  un  double  motif  de  se  passer  cette  fantaisie; 
mais,  comme  elle  ne  pouvait  en  demander  la  réalisation  ni  au  célèbre  auteur 
des  rustiques  Jigulines ,  ni  à  Luca,  ni  aux  Délia  Robia,  ses  continuateurs,  elle  re- 
nonça aux  émaux,  aux  coquillages,  aux  poissons,  aux  serpents  et  à  toute  cette 
riche  ornementation  déployée  par  Palissy  aux  jardins  des  Tuileries,  ainsi  que  dans 
et  l'admirable  grotte  rustique  de  nouvelle  invention  n  qu'il  fit  pour  le  connétable 
de  Montmorency;  elle  s'en  tint  à  la  pierre  sculptée. 

Au  moment  oij  Salomon  de  Brosse  produisit  ce  petit  chef-d'œuvre ,  la  grotte 
de  Bernard  Palissy  n'existait  plus  sans  doute  :  soit  qu'elle  fût  restée  inachevée  et 
sujette,  par  conséquent,  à  toutes  les  détériorations,  soit,  ce  qui  est  plus  probable , 
qu'elle  ait  eu  à  subir,  pendant  les  deux  sièges  de  Paris,  les  outrages  des  troupes 
de  Henri  IV,  qui  campaient  dans  le  jardin  même  des  Tuileries,  elle  avait  dû 
laisser,  dans  l'esprit  des  Parisiens,  un  souvenir  et  un  regret.  Aussi  la  nouvelle 
grotte  du  palais  Médicis  fut-elle  la  bienvenue  :  les  auteurs  que  nous  avons  cités  en 
parlent  avec  enthousiasme.  Blondel  lui-même,  dont  on  a  pu  constater  la  sévérité, 
la  considère  «comme  un  chef-d'œuvre  de  l'art  pour  le  goût  et  l'exécution,  n  La  des- 
cription qu'il  en  donne  et  qui  reproduit,  en  les  complétant,  les  descriptions  de  ses 
devanciers,  mérite  d'être  citée,  surtout  après  les  transformations  que  la  grotte 
a  subies  :  «Son  ordonnance,  dit-il,  est  composée  de  quatre  colonnes  toscanes 
«isolées,  dont  le  fust  est  orné  de  congellations  en  deux  parties,  et  au  milieu 
«duquel  est  une  ceinture,  à  la  hauteur  de  l'imposte  continu,  qui  reçoit  la  retom- 
ctbée  du  cul-de-four  des  trois  niches  de  cette  grotte.  Cet  ordre  forme  trois  entre- 

<"'  Consulter,  pour  plus  de  détails ,  le  grand  ou-  sine  du  boulevard  Saint-Michel  ;  il  a  été  retenu  par 

vrage  de  Grivaud  de  la  Vincelle,  in-4°,  avec  atlas.  l'administration  du  palais. 

'*'  Un  second  Mercure ,  en  bronze ,  d'une  exécu-  '^'  Voir,  dans  le  tome  II'  de  la  Région  du  Louvre 

lion  remarquable  et  d'une  belle  conservation,  a  été  et  des  Tuileries,  page  89  et  pages  suivantes,  la  des- 

Irouvé,  en  1867,  lors  des  travaux  exécutés  pour  cription  de  celte  grotte  et  le  dessin  original  qui  en 

rabaissement  du  sol,  dans  la  partie  des  jardins  voi-  est,  croit-on,  le  projet. 


LE  PALAIS  DU  LUXEMBOURG.  313 

trcoloiiiiements;  celui  du  milieu  est  occupé  par  une  {jrande  niclie,  au-dessus  de 
ff  laquelle  s'élève  un  altique  servant  d'amortissement  à  cette  composition.  Cetattique 
ff  comprend  un  grand  écusson,  et  est  couronné  d'un  fronton  circulaire;  sur  chaque 
crj)etit  entre-colonnement  sont,  d'un  côté,  un  Fleuve  et,  de  l'autre,  une  Nayade 
«appuyés  sur  une  urne.  L'expression  et  la  touche  de  ces  figures  sont  de  toute 
tr beauté,  quoique  d'une  proportion  un  peu  forte  pour  le  diamètre  des  colonnes  et 
ffdes  membres  d'architecture  qui  les  reçoivent  (''.  n 

Etablie  primitivement  à  l'extrémité  de  la  grande  allée  de  platanes  qui  repassait 
«devant  le  palais,  le  long  du  parterre,  n  et  appuyée  à  un  mur  de  clôture,  la  grotte 
de  Marie  de  Médicis  n'a  pas  tardé  à  se  détériorer.  A  l'époque  où  écrivait  Germain 
Brice  (i683),  elle  menaçait  déjà  d'éprouver  le  sort  de  celle  des  Tuileries:  tcTout 
et  cet  endroit ,  dit  l'auteur  que  nous  citons,  est  présentement  tout  à  fait  abandonné 
«et  fort  délabré '^'.fl  C'était  la  conséquence  des  fréquents  changements  de  pro- 
priétaires et  d'usufruitiers  :  on  jouissait  du  palais  et  des  jardins;  mais  on  ne  les 
entretenait  pas.  D'importantes  réparations  y  lurent  faites  de  1783  à  1786;  mais, 
moins  d'un  demi-siècle  plus  tard,  le  comte  de  Provence,  recevant  le  palais  en 
apanage,  constatait  le  même  abandon  et  le  même  délabrement  :  bâtiments,  parc, 
grotte,  tout  dépérissait,  et  l'architecte  Chalgrin,  auquel  on  doit  l'église  Saint- 
Philippe-du-Roule,  dressait  un  plan  général  des  restaurations  à  opérer.  Ce  plan, 
présenté  en  1,781,  ne  put  s'exécuter  que  quinze  ans  plus  tard  et  partiellement'^). 

De  nos  jours,  la  grotte  a  été  dégagée,  enrichie  d'une  décoration  sculpturale 
sur  ses  deux  faces,  rapprochée  du  palais,  et  placée  dans  un  nouvel  encadrement. 
Plus  heureuse  que  celle  de  Bernard  Palissy,  dont  les  restes  sont  probablement 
enfouis  dans  le  sol  du  jardin  des  Tuileries,  elle  est  debout  et  justifie  encore  au- 
jourd'hui les  éloges  que  les  contemporains  de  Salomon  de  Brosse  lui  ont  donnés. 


L'AQUEDUC  D'ArcUEIL.  —  Une  dérivation  d'eaux  de  sources  était  le  complé- 
ment indispensable  des  grands  travaux  que  la  reine  mère  avait  prescrits  pour  la 
construction  de  son  palais  et  l'établissement  de  ses  jardins.  Elle  le  comprit  et 
chercha  les  moyens  d'y  amener  de  l'eau  en  abondance.  Le  point  de  dérivation 
était  indiqué  tout  naturellement.  11  existe,  sur  le  territoire  du  village  de  Piongis, 
à  quelques  lieues  de  Paris,  de  belles  sources  qu'on  avait  utHisées,  dès  le  m"  siècle 
de  notre  ère,  pour  l'alimentation  du  palais  des  Thermes,  et  qui,  eu  égard  à  leur 
altitude,  pouvaient  être  facilement  amenées  dans  les  jardins  du  nouveau  palais. 
Par  une  heureuse  coïncidence,  la  Ville  s'occupait  alors  de  les  capter  et  de  les 
conduire  à  Paris,  pour  arroser  les  quartiers  de  la  rive  gauche,  qui  n'avaient  jamais 
participé  aux  distributions  d'eau  des  sources  de  Belleville  et  des  Prés-Saint-Ger- 

"  Arclnleclmefrmiçoise,  t.  II,  p.  48  et  suiv.  '''  Voir,  pour  le  détail  de  ces  travaux,  la  inono- 

"1  Deicripùon  de  la  ville  de  Paris,  1. 111,  p.  koli.        graphie  de  M.  de  Gisors,  chap.  ih.  p.  69  et  suiv. 

4o 


Z\à  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

vais.  Sur  l'invitation  du  jeune  roi  cren  son  conseil,  n  et  très-probablement  d'après 
les  inspirations  de  la  reine  mère,  un  «  rapportai  avait  été  communiqué  au  Prévôt 
des  marchands  et  aux  Echevins,  avec  prière  t  d'assembler  avec  eux  experts  et 
(T autres  personnes  entendues,  pour  dresser  les  desseings  et  devis  des  ouvraiges 
fc  pour  ce  nécessaires,  n 

Les  magistrats  municipaux  déférèrent  aux  ordres  du  roi,  et,  le  5  septembre 
1612,  ils  présentèrent  les  «  desseings  et  devisn  qu'on  leur  demandait,  avec  les 
propositions  d'un  sieur  Hugues  Cosnier,  qui  s'engageait  a  à  faire  lesdicts  ouvrai- 
ff  ges,  les  rendre  faicts  etparfaicts  dans  trois  années,  et  iceux  entretenir  à  ses  des- 
trpens  durant  douze  années  suy vantes  et  consécutives  après  lesdictes  trois  années, 
refaire  les  récompenses  (indemnités)  des  moulins,  terres,  maisons  et  autres  béri- 
rrtaiges  nécessaires  pour  ladicte  construction,  et  amener  et  fournir  jusques  à 
ffladicte  quantité  de  trente  poulces  desdictes  eaues. ..  dont  douze  poulces  à  ladicte 

ff  ville  pour  le  publicq ,  moyennant  la  somme  de  sept  cent  dix-huit  mille  livres. 

frà  prendre  sur  le  prix  de  la  ferme  de  trente  sols  par  muid  de  vin  entrant  en 
tt ladicte  ville.  •«  C'était,  on  le  voit,  pour  nous  servir  du  langage  moderne,  une 
véritable  soumission,  avec  délégation  de  la  Ville  sur  les  produits  de  l'octroi  mu- 
nicipal. 

Mais  les  autres  entrepreneurs  parisiens  eurent  connaissance  des  propositions  de 
Hugues  Cosnier  par  l'affiche  qui  en  fut  faite  le  1 1  septembre,  et,  le  surlendemain 
1 3 ,  ils  se  présentèrent  au  Louvre,  en  conseil  du  roi,  cr pour  faire  rabais,  -n  Les  feux 
furent  allumés  :  sur  le  premier,  Jehan  Gobelin  fit  un  rabais  de  vingt  mille  livres; 
sur  le  second,  le  même  entrepreneur,  plus  Jonas  Robelin  et  Anthoine  Desnols, 
firent  un  rabais  de  dix  mille  livres;  sur  le  troisième,  les  mêmes  entrepreneurs, 
auxquels  s'était  joint  Aubin  Hervy,  baissèrent  encore  de  dix  mille  livres,  puis  de 
dix  autres  mille  livres  sur  un  quatrième  feu.  Alors  intervint  un  nouveau  soumis- 
sionnaire, Loys  Marchant,  qui  fit,  d'un  seul  coup, un  nouveau  rabais  de  quarante- 
huit  mille  livres,  consenti  également  par  le  maître  maçon  René  Fleury.  Enfin 
l'adjudication  fut  tranchée  en  faveur  de  Jehan  Coing,  également  maître  maçon, 
que  les  lettres  patentes  du  roi  Louis  XIII  qualifient  de  anostre  cher  et  bien  amé,fl 
et  qui,  moyennant  certaines  modifications  de  détail,  fit  un  dernier  rabais  de 
quarante  mille  livres.  De  rabais  en  rabais ,  on  était  descendu  à  quatre  cent  soixante 
mille  livres,  qui  furent  payées  à  Jehan  Coing  en  six  années,  trde  quartier  en 
«r  quartier  (''.  ■» 

Les  travaux  commencèrent  dès  le  printemps  de  l'année  suivante;  la  Ville  et 
la  reine  mère  étaient  également  intéressées  à  ce  qu'ils  fussent  menés  activement. 
La  pose  de  la  première  pierre  donna  lieu  à  une  cérémonie  qui  est  racontée  tout 

'''  Voir,  aux  appendices,  le  procès-verbal  d'adjudication,  le  cahier  des  charges  et  le  mémoire  présenté 
nu  roi  sur  l'exécution  des  travaux. 


LE  PALAIS  DU  LUXEMBOURG.  315 

au  long  dans  les  Registres  du  bureau  de  la  Ville,  et  que  Félibien  mentionne  som- 
mairement dans  les  termes  suivants  : 

(T  Le  1 1  juillet  1 6 1 3 ,  le  sieur  de  Liancour,  gouverneur  de  Paris,  vint  à  l'Hostel- 
fc  de-Ville,  avertit  le  Prévost  des  marchands  et  lesEschevins  que  le  Roy  souhaitoit 
it  d'aller  voir  les  sources  de  Rougis.  Ils  allèrent  au  Louvre,  le  i  2 ,  prier  le  Roy  de 
ff  l'aire  ce  voiage,  et  d'avoir  agréable  en  mesme  temps  de  prendre  son  disner  au 
(tchasteau  de  Cachant.  Le  Roy  le  promit  et  alla  voir  ces  sources,  accompagné  du 
«duc  de  Montbazon,  du  gouverneur  de  Paris,  du  sieur  de  Souvray  et  de  quelques 
f  autres  seigneurs,  avec  sa  compagnie  de  chevaux-légers.  11  mit  pied  à  terre  et 
(T  visita  avec  beaucoup  de  satisfaction  les  fontaines  et  les  tranchées.  De  là  il  alla  à 
(T  Cachant  prendre  le  repas  que  la  Ville  lui  avait  préparé.  Après  quoi,  voulant  chas- 
(Tser  dans  le  parc,  il  s'informa  du  Prévost  et  des  Eschevins  quand  on  mettroitla  pre- 
(rmière  pierre,  parce  qu'il  avoit  dessein  d'y  estre  présent.  On  fit  venir  les  entre- 
(f  preneurs  pour  les  interroger  là-dessus,  et  ils  répondirent  qu'en  cinq  ou  six  jours 
fr  tout  seroit  prest  aux  ordres  de  Sa  Majesté.  Le  Prévost  et  les  Eschevins  emploièrent 
(fce  tems  aux  préparatifs  nécessaires,  et,  entr'autres  choses,  firent  frapper  de 
«grandes  médailles  d'or  et  d'argent  qui  représentoient,  d'un  costé,le  Roy,  et,  de 
«l'autre,  la  Reine  régente,  sa  mère,  sur  un  arc-en-ciel.  Le  i5,  ils  allèrent  prier 
«Leurs  Majestez  de  poser  la  première  pierre  de  la  fontaine  de  Rougis,  et  de 
«prendre  leur  disner  à  Cachant.  Le  Roy  accorda  l'un  et  l'autre;  mais  la  Reine,  en 
«s'excusant  du  disner,  promit  de  se  trouver  à  la  cérémonie  de  la  première  pierre. 
«Le  17,  au  matin,  le  Roy  partit  et  se  rendit  à  Cachant,  en  prenant  le  plaisir  de 
«la  chasse  sur  la  route.  Après  le  repas,  le  Hoy  alla  aux  fontaines  où  la  Reine  mère 
«se  rendit  sur  les  trois  heures  après  midi,  accompagnée  du  duc  de  Guise,  du 
«  prince  de  Joinville ,  du  duc  de  Montbazon  et  d'une  grande  quantité  d'autres  sei- 
«gneurs,  princesses  et  dames.  On  avoit  préparé  des  tentes  pour  mettre  la  compagnie 
«à  couvert  de  l'ardeur  du  soleil.  Le  Roy  posa  la  première  pierre,  sur  laquelle  on 
«mit  cinq  médailles,  quatre  d'argent  et  une  d'or  au  milieu,  et  cette  pierre  tut 
«scellée  d'une  autre  avec  du  mortier  que  le  Roy  prit  avec  une  truelle  d'argent 
«dans  un  bassin  de  même  métal.  Aussitost  les  trompettes  et  les  tambours  se  firent 
«entendre  de  toutes  parts,  et  tout  le  peuple  poussa  de  grandes  acclamations  de 
«joie.  Le  Prévost  et  les  Eschevins  présentèrent  au  Roy  et  à  la  Reine  des  médailles 
«d'or,  et  au  reste  de  la  compagnie  ils  en  donnèrent  d'argent;  ce  qui  fut  suivi 
«d'une  collation  qui  avoit  esté  préparée  au  même  lieu'''.T 

Les  travaux  de  l'aqueduc  d'Arcueil  durèrent  près  de  onze  ans  :  ils  ne  furent 
achevés  qu'en  i6'i4.  L'aqueduc  proprement  dit,  qui  franchit  la  vallée  de  la 
Bièvre,  à  l'endroit  même  où  se  voit  encore  un  reste  de  l'ouvrage  romain,   fut 

''  HUloire  de  la  ville  de  Paris,  t.  H,  liv.  XXV,  p.  129761  1298. —Voir,  aux  appendices,  le  récit 
détaillé  de  cette  cérémonie. 

ho. 


316  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

construit  sur  les  dessins  et  sous  la  direction  de  Salomon  de  Brosse;  il  mesure  trois 
cent  quatre-viufît-dix  mètres  de  longueur  sur  vingt-quatre  mètres  de  hauteur,  et 
se  compose  de  vingt-cinq  arcades  "'.  Les  eaux  de  Rongis  et  des  sources  avoisinantes, 
amenées  à  Paris  par  des  conduites  souterraines  d'une  longueur  totale  de  onze 
mille  six  cent  soixante-quatre  mètres,  lurent  distribuées  à  l'origine  d'une  façon 
assez  libérale.  La  Reine  mère  en  préleva  dix-huit  pouces  pour  son  palais  et  aban- 
donna les  douze  autres  pouces  à  la  Ville,  ainsi  qu'aux  établissements  publics  : 
ffoeuvre  vraiment  royale,  dit  le  cardinal  de  Richelieu  dans  ses  Mémoires,  et  ce 
rr d'autant  plus  que,  n'en  retenant  que  la  moindre  part  pour  elle,  elle  donna  tout 
et  le  reste  de  ses  eaux  au  public,  les  divisant  au  Collège  royal  et  en  l'Université. -i 
Il  faut  bien  convenir  que  la  Ville  avait  quelque  droit  à  cette  libéralité,  après  avoir 
abandonné,  pour  l'exécution  des  travaux,  une  partie  de  ses  aides  et  octrois. 

Plus  tard,  lors  de  la  fondation  de  l'hospice  des  Incurables,  on  attribua  à  cet 
établissement  le  trop-plein  des  fontaines  du  Luxembourg,  tt  Le  Roy,  par  son  brevet 
rrdu  17  juin  i6^3,  à  la  requeste  du  sieur  Robineau,  gouverneur  particulier  de 
fflbospital  des  Incurables,  accorde  quatre  poulces  d'eau  de  fontaine  audit  hos- 
«pital,  lesquels  resloient  à  disposer  de  la  chute  des  fontaines  du  parc  de  Luxem- 
tr bourg,  venant  de  Rongis,  laquelle,  après  avoir  servi  dans  ledit  parc,  se  des- 
fT charge,  par  une  conduite  soubz  terre,  dans  un  regard  qui  est  hors  iceluy.  et  se 
(tperd  dans  les  rues,  comme  n'estant  point  recherchée,  pour  n'estre  pas  nette; 
iT  mais  néantmoins  ledit  hospital  s'en  pourroit  servir,  en  la  faisant  épurer,  et  lui 
(Tseroitplus  utile  que  celle  des  puits  dudit  lieu,  qui  estoit  mauvaise  et  fort  pré- 
(tjudiciable  aux  pauvres.  Sa  Majesté  ordonne  au  sieur  Franchine,  intendant  gé- 
anéral  des  eaux  et  fontaines  de  France,  de  faire  délivrance  desdits  quatre  poulces 
ff  d'eau  audit  hospital  '-).  -n 

L'aqueduc  d'Arcueil  donne  encore  aujourd'hui  son  contingent  d'eau  de  source 
tant  au  palais  et  aux  jardins  du  Luxembourg  qu'aux  diflerents  quartiers  de  la 
rive  gauche.  Il  a  été  certainement  dépassé  par  les  grands  ti"avaux  de  dérivation 
exécutés  de  nos  jours;  mais  il  n'en  constitue  pas  moins  une  entreprise  considérable 
pour  le  temps  où  ce  projet  a  été  conçu  et  mené  à  bonne  fin. 

in. 

LE  PETIT-LUXEMBOURG 
ET  LE  COUVEINT  DES  BÉNÉDICTIINES  DU  CALVAIRE. 

Nous  avons  établi  précédemment  que  rfl'hostel  à  présent  appelle  de  Luxem- 

'''  De  nos  jours,  un  second  aqueduc  a  été  cons-  '"'  Celle  concession  figure  dans  les  Actes  relatifs 

Iruit  sur  les  arcades  mêmes  de  celui  de  Salomon  à  l'hospice  des  Incurables,  (l^'élibien.  Preuves,  t.  II, 
de  Brosse,  pour  le  passage  des  eaux  de  la  Vanne.  p.  111.) 


LE  PALAIS  DU  LUXEMBOURG.  317 

ff bourg, fl  dans  une  déclaration  de  1687,  avait  été  bâti  par  Alexandre  de  la 
Thourette,  président  en  la  Cour  des  monnaies  et  vendu,  le  21  juin  i56i,  à  la 
dame  de  Morinvillers,  veuve  de  Robert  de  Harlay,  sieur  de  Sancy  et  baron  de 
Montglas.  Cédé,  le  9 5  octobre  1 870 ,  à  François  de  Luxembourg,  prince  de  Tingry, 
qui  lui  donna  son  nom  et  le  transmit  à  son  fds,  le  duc  de  Piney-Luxembourg,  il 
fut  acquis,  le  2  avril  1612,  par  Marie  de  Médicis,  au  prix  de  90,000  livres.  La 
vente  comprenait,  en  outre,  «le  pavillon  appelle  la  ferme  de  Bourg  et  estant  au 
T  sieur  de  Montherbu  ,  n  puis  les  terres  cr  n'aguerre  acquises  par  ledit  sieur  duc  de 
«Luxembourg  pardevant  sur  la  rue  de  Vaugirard;  item,  le  parc;  item,  une  maison 
tr devant  l'iiostel  de  Luxembourg,  aboutissant  sur  les  rues  de  Vaugirard,  Garan- 
(Tcière  et  du  Fer-à-Cheval.  n  C'est  sur  l'emplacement  occupé  par  ces  dépendances 
diverses  qu'ont  été  construits  l'hôtel  du  Petit-Luxembourg  avec  ses  annexes, 
bordant  le  côté  septentrional  de  la  rue  de  Vaugirard,  et  le  couvent  des  religieuses 
Bénédictines  du  Calvaire. 

La  plupart  des  historiens  de  Paris,  et,  en  particulier,  Jaillot,  Piganiol,  Du- 
laure,  ont  afïirmé  que  l'hôtel  du  Petit-Luxembourg  avait  été  construit  en  1629 
par  Richelieu,  qui  voulait  en  faire  sa  résidence  temporaire,  en  attendant  l'achè- 
vement du  Palais-Cardinal.  Cette  affirmation,  déjà  contestée  par  un  écrivain  ita- 
lien, Vittorio  Siri '•',  et  par  un  architecte  contemporain,  M.  de  Gisors'^),  tombe 
devant  le  texte  précis  du  censier  de  Sainte-Geneviève  pour  16/16.  Ce  docu- 
ment, que  nous  avons  déjà  cité  plus  haut,  contient  l'indication  suivante  :  et  Au 
flieu  de  l'hostel  du  Luxembourg...,  a  esté  la  maison  de  M"  Alexandre  de  la  Tou- 
rrette,  président  dans  la  cour  des  Monnoyes,  qui  fist  bastir  la  maison,  fit  faire  le 
ff jardin  au  lieu  où  est  à  présent  l'hostel  dict  à  présent  le  Petit-Luxembourg,  que 
tria  feue  Royne,  mère  du  roi  Louis  XIII...,  ayant  achepté,  fo  bastir  comme  il  est 
ff  à  présent,  -n 


II  est  donc  avéré  que  Marie  de  Médicis  a  fait  construire  la  partie  de  l'hôtel 
située  en  face  de  la  rue  Garancière,  ainsi  que  l'aile  en  retour  sur  le  jardin,  et  il 
semble  fort  probable  que  le  cardinal  de  Richelieu  tenait  d'elle  ce  magnifique 


'"'  Memorie  recondite,  l.  VU,  p.  676  61577. 
M.  (le  Gisors,  qui  cite  cel  auteur  et  lui  accorde 
quelque  créance,  pense  avec  lui  que  Richelieu  de- 
vait la  possession,  ou  la  jouissance,  du  Petit-Luxem- 
bourg à  la  munificence  de  Marie  de  Médicis,  alors 
qu'il  était  surintendant  de  sa  maison  et  encore  en 
faveur  auprès  d'elle.  La  reine  mère,  en  le  lui  cé- 
dant, se  serait,  dit  Vittorio  Siri.  réservé  la  faculté 
de  lo  racheter  moyennant  la  somme  de  trente  mille 
livres.  Mais,  lorsqu'elle  voulut  faire  usage  de  son 
droit,  on  trouva  dans  le  contrat  trente  mille  écus, 
au  lieu  de  trente  mille  livres,  et  ces  mots  :  à  la 


volonté  du  Eoy,  au  lieu  de  ceux-ci  :  à  la  volonté  de 
la  Reine  mère.  Grâce  h  cette  double  altération  des 
clauses  du  contrat,  l'hôtel  serait  resté  en  la  posses- 
sion du  cardinal,  qui  continua  à  l'habiter  et  en  lit 
don  plus  tard  à  sa  nièce,  la  duchesse  d'Aiguillon. 
L'accusation  est  grave  et  n'a  point  été  prouvée  jus- 
qu'ici. 

'''  trll  est  peu  probable  que  Richelieu,  qui  fai- 
Tsait  alors  bàlir  le  Palais-Cardinal  pour  l'habiter, 
fait  fait  en  même  temps  construire  le  Petil-Luxem- 
f  bourg  dans  le  même  but.  «  (Monographie  du  palais 
du  Luxembourg,  p.  108.) 


b 


318  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

logis,  à  titre  de  don,  d'achat  ou  de  cession  temporaire,  comme  le  prétend  Vittorio 
Si  ri. 

Malingre,  qui  écrivait  en  i64o,  et  auquel  nous  avons  emprunté  la  première 
description  connue  du  grand  palais,  s'exprime  ainsi  au  sujet  du  petit  : 

trLe  petit  Luxembourg  est  joignant  le  grand,  qui  a  esté  rebasty  presque  tout 
(tde  neulf,  avec  un  beau  jardin  :  il  a  son  entrée  vers  le  fauxbourg  aboutissant  au 
(rmonastère  des  religieuses  Bénédictines  du  Calvaire,  Madame  la  duchesse  d'Es- 
ffguiilon,  niepce  de  Monsieur  l'éminentissime  cardinal  duc  de  Richelieu,  y  est 
rr logée.  Aussi,  pour  eslargir  le  mesme  hostel  de  Luxembourg,  furent  prises  plu- 
ft sieurs  maisons,  entre  autres  celle  ou  estoit  la  verrerie,  jusques  à  l'hostel  de 
tt l'ambassadeur  de  Hollande,  en  la  rue  dicte  de  la  Verrerie  (de  Vaugirard).  L'es- 
fc  curie  despendante  de  cet  hostel  est  celle  qui  estoit  cy-devant  au  feu  mareschal 
rr  d'Ancre,  au  haut  de  la  rue  de  Tournon,  laquelle,  ayant  esté  ruinée  l'an  1617, 
trpar  la  furie  de  la  populace,  au  mesme  temps  que  l'hostel  dudict  mareschal  fut 
trmis  au  pillage,  a  esté  depuis  rebastie  comme  elle  se  void  à  présent '').  ■» 

La  duchesse  « d'Esguillon , n  comme  l'appelle  Malingre,  était  Marie-Madeleine 
de  Vignerot,  veuve  d'Antoine  du  Roure  de  Combalet,  qu'elle  avait  épousé  en 
1690,  et  dont  elle  n'eut  pas  d'enfants.  Elle  devint  duchesse  d'Aiguillon  en  i638, 
par  suite  de  l'achat  que  le  cardinal,  son  oncle,  fit  pour  elle  de  la  terre  de  ce  nom, 
et  continua ,  comme  nous  venons  de  le  voir,  à  habiter  le  Petit-Luxembourg.  Après 
elle,  l'hôtel  passa  à  la  famille  du  maréchal  de  Madlé-Brézé,  qui  avait  épousé 
Nicole  du  Plessis,  sœur  du  cardinal,  et  dont  la  fdle,  Claire-Clémence  de  Maillé, 
fut  unie  au  grand  Gondé.  Le  fils  unique  de  ce  prince,  Henri-Jules  de  Bourbon- 
Gondé,  devint  aussi  propriétaire  de  l'hôtel  et  le  transmit  à  la  princesse  Anne, 
palatine  de  Bavière,  sa  femme,  qui,  l'ayant  choisi  pour  sa  demeure  habituelle,  y 
fit  faire  d'importantes  réparations. 

Étroitement  limité,  vers  l'ouest,  par  le  couvent  des  Bénédictines  du  Calvaire, 
dont  nous  parlerons  tout  à  l'heure,  arrêté  dans  ses  développements,  du  côté  de 
l'est,  par  le  pavillon  occidental  du  grand  palais,  le  Petit-Luxembourg,  qui  ne 
pouvait  d'ailleurs  empiéter  au  midi  sur  le  parc,  dut  s'étendre,  vers  le  nord,  entre 
les  rues  Garancière  et  des  Fossoyeurs  (Servandoni),  en  franchissant  la  rue  de  Vau- 
girard. C'était  là  justement  que  se  trouvait  la  maison  ainsi  désignée  dans  le  contrat 
de  vente  du  2  avril  161a  :  a  Item,  une  maison  devant  l'hostel  de  Luxembourg, 
rr  aboutissant  sur  les  rues  de  Vaugirard,  Garancière  et  du  Fer-à-Chevaln  (partie 
supérieure  de  la  rue  des  Fossoyeurs).  La  princesse  palatine  détruisit  donc  les  vieux 
bâtiments  et  fit  construire,  dit  Jailiot,  «de  l'autre  côté  de  la  rue,  un  second  hôtel 
«pour  ses  officiers,  ses  cuisines  et  ses  écuries,  avec  un  passage  sous  la  rue,  qui 


(i) 


Malingre,  Antiquilez  de  Paris,  liv.  11,  p.  602. 


LE  PALAIS  DU  LUXEMBOURG.  319 

ffsert  encore  de  communication  de  l'un  à  l'autre '".ti  Le  Petit-Luxembourg  eut 
alors  ses  rr  communs,  n  ainsi  qu'il  en  existe  dans  toutes  les  grandes  résidences  sei- 
gneuriales. 

En  même  temps  qu'elle  agrandissait  et  embellissait  sa  demeure ,  la  princesse 
palatine  voulut  imiter  l'exemple  que  Marie  de  Médicis  lui  avait  donné  un  siècle 
auparavant;  elle  ajouta  une  nouvelle  fontaine  publique  à  celle  que  la  reine  mère, 
d'accord  avec  la  Prévôté  des  marchands,  avait  fait  établir  lors  de  l'achèvement  de 
l'aqueduc  d'Arcueil'^).  Cette  fontaine,  qui  subsiste  encore  aujourd'hui,  est  adossée 
à  l'aile  droite  des  communs,  en  bordure  sur  la  rue  Garancière.  Elle  date  de  l'année 
1715  et  porte  l'inscription  suivante  :  aquam,  a  pr^fecto  et  ^dilibus  acceptai»,  hic, 

SUIS  IMPENSIS,  CIVIBUS  FLUERE  VOLUIT  SEREMSSIMA  PRINCEPS,  ANNA  PALATINA  EX  BAVARIIS , 
RELICTA    SERENISSIMI    PRINCIPIS     HENRICI    JULII    BORBONII,    PRINCIPIS    COND/EI,    ANNO    DOMINI 

M  D  ce  XV,  La  reconnaissance  publique  a  tenu  compte  à  la  princesse  de  cette  utile 
création  :  lorsqu'on  bâtit  la  nouvelle  église  Saint-Sulpice,  on  prit  sur  les  terrains 
du  cimetière,  au  sud  de  l'édifice,  une  petite  rue  d'isolement  qui  fut  appelée 
d'abord  rue  Neuve-Sainl-Sulpice,  puis  rue  du  Cimetière,  et  enfin  rue  Palatine, 
(ren  l'honneur  de  M"""  la  princesse  palatine,  veuve  de  M.  le  prince  de  Condé, 
«rqui  logeoit  au  Petit-Luxembourg  au  commencement  de  ce  siècle  W.n 

Le  séjour  de  la  princesse  palatine  au  Petit-Luxembourg  y  a  laissé  de  nombreuses 
et  brillantes  Iraces.  Dans  le  cours  des  années  1710  et  1711,  elle  modifia  heu- 
reusement la  distribution  des  grands  appartements,  les  fit  décorer  avec  beaucoup 
de  goût,  et  voulut  que,  malgré  leur  petitesse  relative,  ils  pussent  rivaliser  d'élé- 
gance avec  ceux  du  grand  palais.  L'escalier  destiné  à  desservir  l'étage  d'honneur 
fut  établi,  dit-on,  sur  les  dessins  de  l'architecte  Germain  Bosfrand,  qui  passe  pour 
avoir  dirigé  tous  les  travaux  d'agrandissement  et  d'embellissement  ordonnés  par 
la  princesse,  et  auquel  on  attribue,  en  particulier,  la  construction  du  gracieux 
cloître  des  Bénédictines  du  Calvaire.  L'hôtel  devint  ainsi  un  séjour  fort  agréable , 
et  plusieurs  princes  ou  princesses  de  la  maison  de  Condé  l'habitèrent  successive- 
ment. 11  entra  de  cette  façon  dans  la  branche  de  Bourbon-Condé-Clerinont;  l'un 
des  membres  de  cette  famille,  Marie-Anne  de  Bourbon-Coudé,  dite  Mademoiselle 
de  Clermont,  surintendante  de  la  maison  de  la  reine,  y  fit  un  assez  long  séjour. 

Au  moment  où  écrivait  Jaillot  (1778),  l'hôtel  était  encore  en  la  possession  de 
la  maison  de  Bourbon-Condé;  la  jouissance  en  était  réglée  par  des  convenances 
de  famille,  dont  il  est  impossible  de  suivre  exactement  la  trace  aujourd'hui.  Ce 

'■'  Recherches...   sur  la  Ville  de  Paris,  XIX'  Marceau ,  de  Saint- Victor,  de  la  porte  Saint-Michel , 

quartier,  p.  io3.  —  Le  passage  souterrain ,  dont  de  Saint-Côme,  de  Saint-Germain,  de  Saint-Benoît, 

M.  de  Gisors  a  constaté  l'existence  en  18/17,  ^ub-  de  la  Charité,  de  Sainte-Geneviève,  de Saint-Se'verin, 

sisle  encore  aujourd'hui.  des  Cordeliers,  de  la  Croix-du-Trahoir,  du  Palais- 

'*'  Les  fontaines  publiques  ahraenlées  par  les  Royal,  de  l'hôtel  de  Toulouse,  de  la  rue  de  Riche- 
eaux  de  Ronjjis étaient,  au  siècle  dernier,  celles  des  lieu,  des  Capucins,  de  la  rue  Saint-Honoré ,  etc. 
Carmélites  du  faubourg  Saint-Jacques,  de  Saint-  '''  Jaillot,  loc.  cit.  p.  76. 


320  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

qui  esl  certain,  c'est  que  cinq  ans  plus  tard,  en  1778,  par  suite  de  don,  acliat, 
cession  ou  déshérence,  il  faisait  partie  du  domaine  royal  et  comptait  parmi  les 


dépendances  du  grand  palais,  puisque  le  jeune  roi  Louis  XVI  le  donna  en  apa- 
nage à  son  frère.  Monsieur,  comte  de  Provence,  depuis  Louis  XVIII.  Ce  prince  en 
fit  son  habitation  et  l'occupa  jusqu'en  juin  »7<)i ,  époque  où  il  éniigra.  A  partir 


LE  PALAIS  DU  LUXEMBOURG.  .  3-.)l 

de  ce  moment,  les  annales  du  Petit-Luxembourg  appartiennent  à  l'histoii-e  con- 
temporaine (''. 

La  monographie  du  Grand  et  du  Petit-Luxembourg  se  lie  historiquement  et 
lopographiquement  à  celle  du  couvent  des  religieuses  Bénédictines  de  Notre-Dame- 
du-Calvaire.  En  effet,  Salomon  de  Brosse  venait  à  peine  de  terminer  les  parties 
principales  du  grand  édifice,  que  Marie  de  Médicis  eut  la  pensée  de  fonder,  dans 
le  voisinage  immédiat,  tren  son  propre  palais,  n  dit  Félibien,  un  nouveau  monas- 
tère de  l'ordre  dont  elle  s'était  déclarée  protectrice.  Elle  fit  donc  venir  des  reli- 
gieuses de  Poitiers,  les  dota  de  mille  livres  de  revenue  prendre  sur  son  douaire, 
et  les  logea  provisoirement  en  une  maison  dite  de  Beauregard,  à  l'extrémité  de 
la  rue  des  Francs-Bourgeois,  près  de  la  porte  Saint-Michel;  puis  elle  se  mit  en 
devoir  de  les  installer  le  plus  près  possible  de  sa  nouvelle  demeure.  «Mais,  dit 
ffJaillot,  comme  les  bâtiments  nécessaires  pour  une  communauté  auroient  offusqué 
«les  vues  du  Palais,  les  religieuses  se  virent  obligées  d'acheter,  le  19  mars  1G22, 
frdeux  hôtels  voisins,  où  elles  firent  construire  quelques  cellules  et  une  petite 
(f  chapelle  t"^'.  n 

Ces  acquisitions,  que  Jaillot  fixe  au  19  mars  1622,  sont  celles  que  nous  avons 
mentionnées  précédemment  et  dont  la  date  offre  quelques  légères  différences.  La 
maison  de  l'Image-Saint-Nicolas  ne  fut  vendue  que  le  28  septembre  1622,  par 
Jean  Baudoin,  au  prix  de  9,000  livres,  et  la  maison  de  l'Image-Sainte-Geneviève, 
ou  hôtel  de  Montherbu,  avait  été  cédée  aux  religieuses  le  1 1  avril  précédent, 
moyennant  A8,ooo  livres,  par  son  propriétaire,  Michel  Renouard.  Huit  ans  plus 
tard,  les  Bénédictines  reçurent  de  la  reine  mère,  à  titre  de  compensation,  la 
maison  dite  rla  ferme  du  Bourg,  1»  qui  faisait  partie  des  propriétés  acquises  pour 
la  construction  du  palais,  mais  qui  était  restée  en  dehors  des  plans  de  Salomon 
de  Brosse.  Ce  don  devait  servir  à  les  dédommager  des  emprises  que  Marie  de 
Médicis  s'était  vue  obligée  de  faire,  en  i63o,  pour  la  construction  du  Petit- 
Luxembourg,  sur  les  deux  arpents  et  demi  de  superficie  que  contenaient  alors  leur 
couvent  et  ses  dépendances  :  nouvelle  et  décisive  preuve  que  le  Petit-Luxembourg 
a  été  bâti  par  elle  et  non  par  le  cardinal  de  Richelieu. 

Par  le  fait  de  ces  divers  arrangements,  l'aile  occidentale  du  Petit-Luxembourg 
fut  accolée  au  monastère,  et  les  Bénédictines  ne  furent  séparées  de  cette  résidence 
princière  que  par  un  simple  mur  mitoyen.  Dans  de  telles  conditions,  le  couvent, 
sorte  de  dépendance  de  l'hôtel,  ne  pouvait  guère  se  développer;  le  nombre  des 
religieuses  demeura  toujours  assez  restreint,  et  leur  chapelle  extérieure,  due  à  la 
munificence  de  la  reine  mère,  devint  naturellement  la  chapelle  de  l'hôtel.  Ce  gra- 

'''  Le  Directoire,  puis  le  premier  Consul ,  dans        sivement  l'hôtel,  qui  devint,  en  181 /i,  la  résidence 
les  trois  mois  qui  suivirent  le  i8  brumaire,  le  Se-        des  chanceliers  de  France. 
nat  et  son  chancelier  Laplace,  occupèrent  succès-  '''  Recherches  sur  Paris,  XI\' quartier,  p.  io4. 

il 


322  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

deux  édifice,  dont  on  posa  la  première  pierre  au  mois  de  mai  lôaB,  trois  ans 
après  l'entrée  des  religieuses  dans  leur  nouvel  asile,  fut  bénit  en  i6'3i  par 
l'évêque  de  Léon,  et  consacré,  en  i65o  seulement,  par  févêque  de  Quiraper. 
C'est  un  spécimen  curieux  du  style  architectonique  de  cette  époque,  a  On  voyait 
rrsur  la  porte,  dit  Jaillot,  une  Notre-Dame  de  Pitié,  tenant  son  fils  mort  sur  ses 
fr  genoux ,  morceau  de  sculpture  que  les  connaisseurs  considèrent  avec  -ntten- 
rrtion  (•'.  n  Cette  pietà  était  à  la  fois  une  réminiscence  italienne  pour  Marie  de  Mé- 
dicis,  et  un  symbole  extérieur  de  la  dévotion  propre  des  Bénédictines  du  Cal- 
vaire, fp  instituées  pour  honorer  et  imiter  a  le  mystère  de  la  compassion  de  la  Vierge 
ftaux  douleurs  de  son  adorable  fils'^^.n 

La  reine  mère  ne  s'était  pas  contentée  de  faire  bâtir  cette  chapelle  extérieure; 
elle  avait  également  donné  l'ordre  de  construire,  pour  ses  protégées,  un  chœur, 
une  tribune,  une  petite  chapelle  intérieure  et  le  cloître  qui  existe  encore  aujour- 
d'hui. Salomon  de  Brosse  était  mort  lorsque  Marie  de  Médicis  entreprit  ces  diffé- 
rents travaux;  ce  fut  l'architecte  Germain  Bosfrand  qui  les  dirigea. 

En  dehors  de  sa  fondation  royale  et  de  ses  relations  avec  les  nobles  habitants 
du  Grand  et  du  Petit-Luxembourg,  le  couvent  des  Bénédictines  du  Calvaire  n'a 
pas  d'histoire.  Au  moment  de  la  Révolution,  il  eut  le  sort  de  toutes  les  maisons 
religieuses  :  une  partie  des  bâtiments  fut  vendue;  ceux  que  l'on  conserva  furent 
transformés  successivement  en  caserne,  en  écurie,  en  cuisines,  en  magasin  à  dé- 
cors; on  en  fit  également  une  prison.  Les  constructions  s'en  allèrent  ainsi  pièce 
par  pièce. 

A  diverses  époques,  des  remaniements  ont  modifié  l'aspect  et  la  distribution 
intérieure  de  l'aile  occidentale  du  Petit-Luxembourg.  D'autre  part,  il  ne  reste  au- 
jourd'hui, du  couvent  des  Bénédictines,  que  le  cloître  et  le  portail  de  la  chapelle, 


'■'  Recherches  sur  Paris,  XIX"  quartier,  p.  io5. 

'*'  M.  H.  Cocheris  a  relevé  les  noms  des  person- 
nages qui  ont  été  inhumés  dans  la  chapelle  des  Bé- 
nédictines du  Calvaire;  nous  lui  empruntons  cet 
intéressant  nécrologe  :  la  présidente  Le  Cler,  mère 
du  fondateur  (novembre  i633);  Claude  du  Ménil, 
en  religion  de  Saint-Paul,  profès  du  calvaire  d'An- 
gers (3i  décembre  1637);  Renée  de  Baumont, 
nièce  du  fondateur  (8  mai  i638);  Joseph  Le  Cler, 
capucin,  fondateur  du  monastère  (18  décembre 
i638);  Marguerite  de  Saint-Joseph,  une  des  deux 
religieuses  qui  accouipngnaieut  l'abbesse  de  Remi- 
remont,  tante  de  M""  la  duchesse  d'Orléans  (8  sep- 
tembre i643);  l'abbesse  de  Remiremont,  déposée 
temporairement  (i648);  marquise  de  Lesco:  le 
corps  fut  déterré,  le  17  mai  1672,  par  ordre  de 
l'archevêque ,  et  remis  aux  Bernardines  du  faubourg 
Saint-Germain  (6  décembre  1657);  Anne  Du  Pré 


(91  octobre  1659);  Marie  du  Saint-Esprit,  direc- 
trice (23  janvier  i664);  Michelle  Guisky,  fille  du 
marquis  Guisky,  pensionnaire  de  ce  monastère 
(ao  décembre  1677);  la  mère  de  la  princesse  Ma- 
rie-Anne de  Wurtemberg  (10  août  1769);  Jacques- 
Robert  de  Lesmeré,  chapelain  (3o  juin  1722);  le 
prince  de  Valois,  fils  unique  de  S.  A.  R.  M.  le  duc 
d'Orléans  (18  août  i652),  remporté  par  les  Cé- 
leslins,  le  3o  mai  i656;  M"'  de  Baraux  (a  juillet 
i65/i);  Jean-Enmianuel  de  Rieux,  marquis  d'As- 
serac  (28  septembre  1657);  Claude  de  Saux-Ta- 
vannes,  comte  de  Barauit  (3o  décembre  1661); 
Pierre  de  Patris,  premier  maréchal  des  logis  de 
S.  A.  R.  Monsieur,  frère  unique  durci  Louis  XIII. 
capitaine  et  "gouverneur  du  comté  de  Limours,  etc. 
(ù  octobre  1671);  Compan,  bourgeois  de  Paris 
(i5  avril  1672);  Jeanne-Pélagie  de  Rieux,  mar- 
quise d'Asserac  (2^  septembre  1695). 


LE  PALAIS   DU  LUXEMBOURG.  323 

restaurés  de  nos  jours  avec  une  certaine  intelligence  du  style  primitif,  mais  aussi 
avec  des  additions  qui  en  ont  peut-être  altéré  la  physionomie*''.  Toutefois,  après 
deux  siècles  et  demi ,  le  Petit-Luxembourg ,  avec  le  couvent  qui  lui  servait  d'an- 
nexé, est  un  point  de  repère  dans  l'histoire  topographique  de  cette  région,  et,  à 
ne  le  considérer  que  comme  une  construction  privée,  il  compte  pour  quelque 
chose  dans  les  annales  de  l'art  parisien. 


'"'  Le  pian,  que  nous  avons  reproduit,  p.  Sao  , 
d'après  M.  de  Gisors,  donne  les  grandes  lignes  de 


distribution ,  telles  qu'elles  existaient  à  l'époque  de 
Marie  de  Médicis  et  de  la  princesse  palatine. 


il. 


RUE  DE  VAUGIRARD.  335 


CHAPITRE    IX. 

FI\  DE  LA  DESCRIPTION  DES  RUES  DU  BOURG  SAINT-GERMAIN. 


RUE  DE  VAUGIRARD. 

CÔTÉ   SEPTENTRIONAL. 

PAROISSE  SAINT-SULPIGE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE  SAINT-GEBMAIN. 

Maison  et  clos  du  sieur  de  rx\ubépine,  depuis  couvent  des  Carmes  déchaussés,  E„tre 

faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  Cassette.  Cette  propriété,  d'une  superficie  '"'^cate»? 
d'environ  quatre  arpents,  fut  formée  par  la  réunion  de  plusieurs,  dont  la  princi- 
pale consistait  en  une  pièce  de  sept  quartiers,  en  hache,  donnant  sur  les  deux 
rues,  et  oi!i  l'on  voyait  un  commencement  de  carrière,  lorsque,  le  11  octobre  i543, 
elle  fut  achetée  de  Jean  Bart  par  le  nommé  Pierre  de  Vallès.  Celui-ci  y  fit  bâtir 
un  grand  corps  d'hôtel,  une  galerie,  ainsi  qu'un  petit  jeu  de  paume,  et  vendit  le 
tout,  à  la  date  du  27  avril  1670,  à  Guillaume  de  l'Aubépine,  abbé  de  Préaux  et 
alors  conseiller  au  Parlement.  Il  lui  vendit  en  même  temps  deux  places  à  bâtir  : 
l'une  formant  l'encoignure  des  rues  Cassette  et  de  Vaugirard,  et  l'autre  aboutissant 
aussi  rue  Cassette,  mais  séparée  de  la  première  place  par  un  troisième  terrain, 
large  de  douze  toises  et  profond  de  dix-huit.  Pierre  de  Vallès  l'avait  baillé  au  ma- 
çon Marc  Le  Comte,  le  9  janvier  1669,  et  celui-ci  le  rétrocéda  à  Guillaume  de 
l'Aubépine,  le  i5  mai  1670.  Guillaume  de  l'Aubépine  arrondit,  en  outre,  son 
jardin  d'une  pièce  d'un  arpent  et  demi,  qui  y  était  attenante  du  côté  de  l'occident, 
et  qu'il  acquit,  le  1"  juillet  1670,  de  Benoît  Villain,  beau-fils  et  héritier  du  bou- 
langer Honoré  Chevalier. 

Le  clos  de  Guillaume  de  l'Aubépine  lui  fut  acheté,  le  29  juillet  1578,  par 
M'  Bobert  Barat,  contrôleur  général  de  l'argenterie  du  roi,  et  fut  revendu  par  ce 
dernier,  le  11  mai  1611,  au  prix  de  i5,ooo  livres  tournois,  à  Nicolas  Vivien, 


32G  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

maître  des  comptes.  Trois  jours  après,  celui-ci  l'abandonna  aux  Carmes  déchaussés, 
ne  leur  demandant  en  retour  qu'une  somme  de  6,55o  livres,  dont  il  leur  fit  d'ail- 
leurs remise  le  i''"  décembre  1612.  L'établissement  à  Paris  des  Carmes  déchaussés 
avait  été  autorisé  dès  le  1 5  juin  1 6 1 0,  et  ils  s'installèrent  avec  tant  de  rapidité  dans 
leur  nouvelle  maison,  que,  une  semaine  seulement  après  leur  arrivée,  le  nonce 
y  célébra  la  messe  le  22  mai,  en  consacrant  comme  chapelle  une  salle  oîi  les  pro- 
testants avaient  précédemment  tenu  leur  prêche.  Cette  chapelle  improvisée  fut,  au 
surplus,  remplacée  immédiatement  par  une  autre,  qu'on  put  bénir  le  6  novembre 
suivant,  mais  qui  ne  dura  guère,  car,  le  7  février  i6i3,  on  entreprit  une  recons- 
truction générale  des  bâtiments  claustraux,  et,  le  20  juillet  de  la  même  année,  la 
reine  Marie  de  Médicis  posa  la  première  pierre  de  la  nouvelle  et  grande  église 
qu'on  voit  encore  ''l 

Vers  1625,  le  couvent  des  Carmes  était  la  dernière  construction  du  côté  sep- 
tentrional de  la  rue  de  Vaugirard,  et  l'on  n'a  bâti  au  delà  que  plus  tard. 


Entre 
les  rues  Cassette 

et 
f.  Pot-de-Fer. 


Maison  sans  désignation  (iSyS)  et  jardin,  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue 
Cassette  et  aboutissant  rue  Honoré-Chevalier.  Elle  fut  construite  sur  deux  pièces 
de  terre,  dont  l'une  contenait  deux  petites  masures  et  l'autre  un  jardin  clos, 
et  qui  furent  acquises,  le  21  novembre  i56i,  par  Pierre  de  Vallès,  de  Benoît 
Villain  et  de  sa  femme  Jeanne  Chevalier,  fille  d'Honoré  Chevalier,  ancien  posses- 
seur du  terrain.  Le  9  janvier  iBôg,  Pierre  de  Vallès  céda  sa  propriété  au  sieur 
Guillaume  de  l'Aubépine,  et,  le  29  juillet  iSyB,  celui-ci  la  transmit,  avec  les 
constructions  qu'on  y  avait  élevées,  à  M^  Robert  Barat,  qui  la  vendit,  le  2  5  avril 
1098,  à  Simon  le  Bossu,  maître  ordinaire  des  comptes,  duquel  elle  fut  achetée. 


'"'  La  construction  de  la  troisième  chapelle  des 
Carmes  dm-a  près  de  sept  ans;  elle  ne  fut  achevée 
qu'en  1620,  à  peu  près  à  la  même  époque  que  les 
grands  bâtiments  du  palais  du  Luxembourg.  L'édi- 
fice fut  bénit  le  1  o  mars  de  cette  année  par  Charles 
de  Lon-aine,  évêque  de  Verdun ,  et  '  ".é  cinq  ans  et 
demi  plus  tard,  le  2 1  décembre  1 626 ,  par  Éléonor 
d'Estampes  de  Valençay,  évêque  de  Chartres ,  qui  y 
avait  été  sacré  en  1621. 

Le  monastère  était  l'un  des  plus  importants  de 
Paris  :  il  comptait ,  au  moment  de  la  Révolution , 
soixante -quatre  religieux,  dont  quarante-deux 
prêtres,  et  jouissait  de  revenus  considérables.  Il 
possédait  une  bibliothèque  composée  de  douze  mille 
volumes,  et  des  manuscrits,  parmi  lesquels  on  re- 
marquait un  exemplaire  de  la  chronique  Flodoard. 
(Voir  les  Anciennes  bibUotkè(]ues  de  Paris,  t.  Il, 
p.  3i3.) 

On  sait  que  le  couvent  des  Carmes  déchaussés 


de  la  rue  de  Vaugirard ,  auquel  avait  été  réuni  ce- 
lui de  la  rue  des  Rillettes,  devint,  en  1789 ,  un  lieu 
de  casernement,  puis  une  prison  pour  les  ecclésias- 
tiques insermentés  ;  cent  dix-sept  prêtres  et  digni- 
taires de  l'église  y  furent  massacrés ,  le  2  septembre 
1799,  par  une  bande  d'égorgeurs,  qui  travailla 
également  à  la  Force  et  à  l'Abbaye.  Ces  scènes  d'hor- 
reur, racontées  par  tous  les  historiens  de  la  Révolu- 
tion, ont  été  très-exactement  exposées  par  M.  A. 
Sorel  dans  son  ouvrage  sur  le  couvent  des  Carmes. 
M.  H.  Cocheris  a  décrit,  à  son  toiu-,  la  fameuse 
ft  chapelle  des  Martyrs ,  n  et  relevé  les  nombreuses 
inscriptions  commémoratives  qui  la  décorent.  {Notes 
et  additions  à  l'ouvrage  de  Le  Reuf ,  t.  III ,  p.  1 66 
et  suiv.) 

Le  couvent  et  la  chapelle  des  Carmes  ont  leur 
histoire  depuis  le  rétablissement  du  culte;  mais 
cette  histoire  appartient  à  la  période   contempo- 


rame.  l  m  t. 


RUE  DE  VAUGIRARD.  327 

en  1619,  par  demoiselle  Doulcin  de  Lude.  Peu  de  temps  après,  elle  fut  morcelée 
en  plusieurs  maisons,  parmi  lesquelles  deux  étaient  en  bordure  sur  la  rue  de 
Vaugirard,  La  première  de  celles-ci,  formant  le  coin  de  la  rue  Cassette,  a  eu 
pour  enseigne  trie  Demy-Lion;flia  seconde  a  été  annexée  au  monastère  des  Ber- 
nardines. 

Maison  sans  désignation  (1695),  qui  fut  ruinée  pendant  le  siège  de  Paris,  et  re- 
bâtie, vers  l'an  1600,  par  le  sieur  de  Bonigalle,  premier  huissier  du  Trésor. 
L'héritier  de  celui-ci,  et  sans  doute  son  fils,  Antoine  de  Bonigalle,  consedier  du 
roi,  la  vendit  pour  vingt  mille  livres,  le  10  décembre  i658,  aux  Bernardines 
du  Précieux-Sang,  et  elle  a  servi  de  couvent  à  ces  religieuses  jusqu'à  la  suppres- 
sion des  monastères.  La  rue  Madame  a  été  prolongée  sur  cet  emplacement  en 
vertu  d'une  ordonnance  de  1826. 

La  maison  de  Bonigalle  aboutissait  précédemment  à  la  rue  Honoré-Chevalier; 
mais  la  partie  qui  donnait  sur  cette  rue,  détachée  de  celle  qui  avait  sa  façade 
sur  la  rue  de  Vaugirard,  forma,  dès  1628,  trois  maisons  distinctes  W.  Acquises 
successivement  par  les  Bernardines,  elles  paraissent  avoir  subi  un  retranchement 
destiné  à  agrandir  le  jardin  du  couvent;  car  la  maison  oti  il  fut  établi  n'avait  que 
vingt-six  toises  et  demie  de  profondeur  en  i658,  suivant  l'acte  de  vente;  or  les 
plans  postérieurs  indiquent  une  profondeur  d'une  douzaine  de  toises  plus  consi- 
dérable. 

Maison  sans  désignation  (1695),  rebâtie  en  même  temps  que  la  précédente 
par  l'huissier  de  Bonigalle,  et  vendue  par  son  héritier,  le  10  décembre  i658,  à 
Charlotte  de  Ligny,  dame  de  Herse.  Sur  l'emplacement  de  cette  maison  il  existait, 
en  1629,  une  pièce  de  neuf  quartiers  qui  appartenait  à  Honoré  Chevalier,  et  qui, 
en  i53i,  morcelée  en  plusieurs  lots,  était  déjà  couverte  de  «maisons  manables.  15 

Maison  sans  désignation  (iBgB),  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  du  Pot- 
de-Fer.  Ce  même  coin  de  la  rue  du  Pot-de-Fer  était  formé,  en  1629,  par  le 
jardin  de  la  maison  de  Michel  Baimbaut,  lequel  était  attenant  à  une  pièce  de 
terre  contenant  neuf  quartiers. 

Jardin  (iBia) ,  puis  maison  sans  désignation  (1596),  formant  le  coin  oriental  Entre 

de  la  rue  du  Pot-de-Fer.  Cette  propriété  faisait  d'abord  partie  d'une  pièce  de  cinq  '"'""^1^6™» 
quartiers,  dépendant  de  la  grande  maison  de  Henry  du  Verger  aboutissant  à  la 
rue  du  Vieux-Colombier.  En  i542,  elle  appartenait  à  M"  Michel  Baimbaut,  hé- 
ritier des  Du  Verger  par  sa  femme  Catherine,  et,  en  1628,  elle  était  au  prési- 
dent Brion.  Elle  passa  ensuite  au  fils  de  celui-ci,  à  M^  François  Pingre  et  à 
Pierre-Nicolas  Aunillon,  premier  président  à  l'élection  de  Paris,  duquel  elle  fut 
achetée,  au  mois  d'avril  1788,  pour  l'établissement  des  Fdles  de  l'Instruction  chré- 

"'  L'une  (le  ces  trois  maisons ,  celle  du  milieu ,  thieu  Lenain ,  sieur  de  la  Jumelle ,  peintre  du  roi.  Les 
fut  vendue,  en  i658,  par  Antoine  Bonigalle  à  Ma-        Bernardines  n'en  firent  l'acquisition  qu'en  1677. 


les  rues  (I  u  Pot-ile-Fer 


328  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

tienne.  EUe  paraît  s'être  étendue,  dès  l'origine,  jusqu'à  la  nielle  de  l'impasse  Pérou. 
Comme  la  suivante,  elle  provenait  d'un  morcellement  de  l'ancien  clos  Lorin-Gaul- 
dry.  (Voir  Rue  Férou.) 

Grand  jardin  faisant  le  coin  occidental  de  la  ru*  Férou.  Il  contenait  environ  un 
arpent  et  un  tiers,  et  devait  exister  déjà  en  1 5^2.  Il  appartenait,  vers  le  commen- 
cement du  xvu^  siècle,  à  Nicolas  BoHard,  sieur  de  Cressé,  avocat  au  Parlement. 
Par  sentence  du  1 1  octobre  i63o,  ce  jardin  fut  divisé  entre  les  religieuses  du 
Calvaire,  qui  en  avaient  acquis  la  moitié  par  indivis,  le  17  août  1627,  et  Fiacre 
BoUard,  un  des  deux  héritiers  de  son  père.  Suivant  le  partage,  effectué  \e  ih  août 
i63i,  la  moitié  orientale  échut  aux  religieuses,  desquelles  elle  fut  achetée,  le 
28  août  16/10 ,  par  le  sieur  de  la  Vergne;  la  moitié  occidentale  demeura  à  Fiacre 
Bollard.  Ce  dernier  lot  fut  plus  tard  morcelé;  sur  l'une  de  ses  deux  parcelles, 
celle  du  couchant,  fut  élevé  l'hôtel  d'Elbeuf  ou  de  Kerveneau,  et  sur  l'autre,, 
l'hôtel  de  Montataire.  L'iiôtel  d'Elbeuf  aboutissait  dans  l'impasse  Férou. 

Entre  Maison  sans  désignation  (lôgB),  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  Férou.  En 

ei servandonT  1 626  ,  clle  était  Séparée  de  la  maison  du  Fer-à-Cheval ,  formant  le  coin  occidental 
de  la  rue  Servandoni,  par  une  autre  maison  dont  nous  n'avons  point  constaté 
l'existence  au  xvi*  siècle. 

Kntrc  Maison  sans  désignation  (i5q5),  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  Servandoni. 

les  lues  Servandoni  j-,  „     r      .■,  .  .  ,.  ..  ,.. 

eiflnrnnnère.  Eu  1628,  il  y  avait,  cntrc  Cette  maison  et  la  suivante,  une  maison  intermécuaire 
dont  nous  n'avons  point  non  plus  trouvé,  au  xvi^  siècle,  d'indication  intelligible. 
Il  existe  bien,  dans  les  archives  de  l'abbaye,  plusieurs  actes  relatifs  aux  terrains 
de  cette  région  et  aux  maisons  qu'on  y  bâtissait  vers  i53o;  mais  nous  n'avons 
pu  faire  l'application  des  renseignements  fort  obscurs  que  ces  documents  con- 
tiennent. 

Maison  sans  désignation,  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  Garancière.  Elle 
existait  déjà  en  i53i,  et  avait  été  bâtie  par  Jean  Allain  sur  l'emplacement  de 
l'ancien  pressoir  bannier  de  l'Abbaye''',  indiqué,  en  i523,  comme  étant  encore 
une  place  vide.  Elle  appartint  ensuite  à  M"  Pierre  Mesme.  Elle  était  énoncée  a  un 
(f  jardin  clos  de  trois  quartiers, n  lorsqu'elle  fut  cédée,  le  1 5  juillet  i583,  par 
M^  Denis  Grasseteau  au  duc  de  Luxembourg,  dont  le  fils  la  vendit,  le  2  avril 
1 G 1  2  ,  à  la  reine  Marie  de  Médicis,  en  même  temps  que  le  grand  hôtel  de  l'autre 
côté  de  la  rue.  Dans  l'acte  de  vente,  la  maison  est  déclarée  aboutir  sur  les  rues 
de  Vaugirard,  Garancière  et  du  Fer-à-Cheval,  c'est-à-dire  à  la  rue  Servandoni, 
ce  qui  impliquerait  qu'elle  avait  une  issue  sur  cette  dernière  voie;  mais  les  autres 
documents  ne  font  point  mention  de  cette  circonstance.  La  maison  du  coin  de  la 

"'  La  création  des  pressoirs  bannière  des  Halles  de  la  Foire  est  probablement  la  cause  de  la  suppres- 
sion de  celui-ci. 


RUE   DE  VAUGIRÂRD.  329 

rue  Servaiidoni  a  été  ensuite  une  dépendance  de  l'hôtel  du  Petit-Luxembourg  et 
a  passé  pareillement  à  la  duchesse  d'Aiguillon  ainsi  qu'à  la  princesse  Anne,  pala- 
tine de  Bavière.  Celle-ci  la  fit  rebâtir  pour  y  placer  ses  écuries  et  ses  cuisines,  et 
paraît  en  avoir  augmenté  la  surface  de  deux  maisons,  acquises  l'une  le  1 1  juillet 
1678,  et  l'autre  le  1  h  août  1710. 

Maison  sans  désignation  (iSgS),  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  Garaiicière.  Enue 

Cette  maison  fut  bâtie  après  la  reddition  de  Paris,  sur  l'emplacement  de  deux    'It "de Tournoi* 
autres  qui  avaient  été  ruinées  pendant  le  siège. 

Maison  de  l'Image  Saint-Louis,  déjà  divisée  en  deux,  vers  iBgB,  et  contiguë  à 
la  maison  faisant  le  coin  occidental  de  la  rue  de  Tournon.  Ainsi  que  la  précédente, 
elle  provenait  d'un  morcellement  de  cette  dernière. 

Jardin  ou  Maison  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  de  Tournon  et  le  coin  occi-  Enue 

1  111  i/~<i//ii'<i>'ii  \  '"*  ■'"<'*  de  Tournon 

dental  de  la  rue  de  Conde.  (Voir  a  1  article  de  celte  rue.)  et  de  condé. 

Maison  du  Heaume,  faisant  le  coin  oriental  de  la  rue  de  Condé,  (Voir  rue  de  Entre 

,      .  les  rues  de  Condé 

Conde.)  et 

Jardin  d'environ  un  arpent  (i53i),  qui  appartenait  à  l'église  Saint-Benoît  et 
que  le  censier  de  1  567  énonce  comme  ayant  été  anaguères  en  voyrie  et  non  val- 
«leur.  fl  II  était  absorbé  dans  l'hôtel  de  Gondi  avant  iBgB. 

Maison  sans  désignation  (iBgB),  de  laquelle  dépendait  un  grand  jardin,  et  qui 
doit  avoir  eu  pour  origine  un  morcellement  de  la  propriété  suivante.  Le  jardin 
faisait  partie  de  l'hôtel  de  Gondi  avant  iBgS. 

Grand  clos  ou  Jardin  (lôaS),  contigu  à  la  maison  faisant  le  coin  de  la  rue 
Monsieur-le-Prince  ''),  et  s'étendant  derrière  les  maisons  en  bordure  sur  cette  rue. 
Il  appartenait  à  Ange  Coigiiet  et  formait  une  grande  partie  de  sa  pièce  de  cinq 
arpents,  dont  le  reste  était  occupé  par  les  maisons  bâties  le  long  de  la  rue  sur 
les  bas  fossés.  11  s'étendait  vers  le  nord  jusqu'à  la  maison  que  Coignet  avait  dans 
cette  rue,  et  olfrait  ainsi  une  profondeur  d'au  moins  quatre-vingts  toises.  A  la  fin 
du  xv-i-^  siècle  on  y  avait  bâti,  du  côté  de  la  rue  de  Vaugirard,  une  habitation  qui 
subsista  longtemps  après  qu'on  en  eut  annexé  les  jardins  à  l'hôtel  de  Gondi,  car 
elle  semble  se  confondre  avec  la  maison  du  Pelit-Bel-Air,  achetée  par  le  prince  de 
Condé  le  18  août  1703. 

'*'  Ou  à  la  partie  postérieure  d'une  maison  attenante  à  celle  du  coin.  (Voir  rue  Monsieur-le-Prince.  ) 


Monsieur-le-Prince. 


330  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


RUE   DES   QUATRE-VENTS. 

La  rue  des  Quatre-Vents  commence  à  la  rue  de  Gondé;  elle  finit  à  cette  partie 
de  la  moderne  rue  de  Seine  qu'on  appelait  la  rue  du  Brave,  et  dans  laquelle 
s'ouvrait  une  des  portes  de  la  Foire  Saint-Germain. 

Nous  avons  fait  observer  que,  la  rue  du  Gœur-Volant  n'ayant  été  percée  que 
dans  la  seconde  moitié  du  xvi"  siècle,  elle  ne  peut  représenter  la  et  ruelle  de  la 
ff  voirie  de  la  Boucherie, n  mentionnée  dans  les  titres  du  siècle  précédent.  Or 
l'emplacement  de  la  voirie  des  Bouchers  est  clairement  indiqué.  En  effet,  tant  que 
cette  ruelle  a  subsisté,  les  maisons  du  côté  méridional  de  la  rue  des  Boucheries  ont 
été  énoncées  y  aboutir.  Elle  était  donc  derrière  ces  maisons  et  par  conséquent  elle 
a  été  certainement  remplacée  par  la  rue  des  Quatre-Vents.  Nous  voyons,  en  effet, 
que  les  deux  parcelles  de  terrain  qui  ont  formé  la  partie  orientale  de  l'îlot  compris 
entre  les  rues  du  Petit-Lion  (Saint-Sulpice)  et  des  Quatre-Vents  sont  dites  situées 
ffsur  le  hault  de  la  voirie,  n  dans  les  baux  qu'on  en  fit  en  i.5oi.  La  rue  des 
Quatre-Vents  est,  du  reste,  encore  appelée,  dans  un  acte  de  iSog  :  (truelle  dicte 
(tla  Voierie  delà  Bouclierie,  laquelle  ruelle  tient  au  cloz  Bruneau,^  et,  dans  un 
autre  de  i5o2,  tt chemin  de  la  Voyrie. n 

La  voirie  des  Bouchers,  nommée  «la  Bouverie  de  la  Boucheries  en  une  tran- 
saction de  lias,  est  mentionnée  dès  lio 3;  elle  servait  de  réceptacle  aux  immon- 
dices provenant  des  boucheries  de  la  grande  rue  voisine  ''',  et  ce  devait  être  un 
foyer  d'infection  pour  les  environs.  A  la  fin  du  xv'=  siècle,  elle  avait  été  supprimée, 
et,  vers  l'an  i5oo,  on  traça  sur  son  emplacement  une  rue  conduisant  directe- 
ment à  l'une  des  portes  de  la  Foire.  Cette  rue  se  trouvait  bordée  des  deux  côtés 
de  terrains  vagues;  ceux  du  midi  furent  pour  la  plupart  baillés  à  bâtir  en  i5oi  ; 
ceux  du  nord,  vendus  en  1609  et  iBio,  furent  acquis  parles  propriétaires  des 
maisons  de  la  grande  rue,  maisons  qui  s'étendirent  ainsi  jusqu'à  l'alignement  de 
la  voie  nouvelle. 

La  rue  des  Quatre-Vents  est  énoncée  dans  divers  documents:  ttGhemin  du  petit 
ffhuys  de  la  Foire  t)  (iZigg).  —  tt  Voye  de  la  Halle  n  (i5oi  ).  —  ttBue  ou  chemin 
ttde  laFoireTi(i52  9  ,  1 696,  etc.). —  tt  Bue  Neufve  de  la  Foires  (i5io,  i5i7,etc.). 
—  ftBue  nouvellement  laissée  <'^' n  (i5io).  —  tt  Chemin  par  lequel  on  va  de  la 
ft porte  dudict  Sainct  Germain  en  les  Halles  dudict  Sainct  Germaine  (iSag).  — 
ttBue  par  laquelle  on  va  aux  Halles  où  se  tient  la  Foire  :i  (iBiy).  —  ttBue  qui 
tr descend  de  la  rue  Neufve  à  la  porte  de  la  Halle -o  (i53i). —  ttBue  qui  vient  de 


'''  Celte   voirie  remplaça   sans  cloute  celle   du  '''  C'est-à-dire  dont  le  terrain  a  ëté  réservé, 

champ  des  Bouchers,  qui  semble  bien  plus  ancienne. 


RUE  DES  QUATRE-VEiMS.  331 

(fia  porte  de  la  Foire ■«  (iSgB).  Quant  au  nom  actuel,  motivé  par  une  enseigne, 
il  n'apparaît  que  vers  le  milieu  du  \\\f  sièle,  dans  la  première  moitié  duquel  la 
rue  a  été  appelée  rue  du  Brave  (1617),  rue  du  Petit  Brave  (1626),  rue  de  la  Foire, 
anciennement  [lisez  autrement)  du  Brave  (iGoi);  mais  ce  dernier  vocable'''  a 
fini  par  ne  s'appliquer  qu'à  la  partie  de  rue  qui,  continuant  en  retour  d'équerre 
la  rue  des  Qualre-Vents,  a  pu  être  considérée  comme  n'en  dillérant  point  et  ne 
porte  aucun  nom  particulier  dans  les  titres  anciens.  Toutefois  un  document  de 
1 5o  1  l'énonce  :  a  la  voie  du  coing  du  clos  de  Naverre.  n 

Jaillot  a  écrit  que  la  rue  des  Quatre-Vents  s'était  appelée  rue  Combaut''^*; 
mais  comme  le  chanoine  Combaut  demeurait  du  côté  méridional  de  la  rue  du 
Petit-Lion,  la  rue  des  Quatre-Venls  ne  pourrait  avoir  porté  le  nom  de  Combaut 
que  par  erreur.  Aussi  bien  rien  n'est  plus  aisé  que  de  confondre  les  deux  rues, 
qui,  très-rapprochées  et  parallèles,  avaient  également  poui  destination  princi- 
pale de  mener  à  la  Foire.  Dans  les  censiers,  où  elles  sont  fréquemment  désignées 
par  des  formules  analogues*'',  on  ne  les  distingue  qu'avec  beaucoup  de  peine,  et 
presque  jamais  on  n'y  parviendrait  sans  l'aide  que  fournissent  les  noms  des  pro- 
priétaires. 

CÔTÉ  MÉRIDIONAL. 


PAROISSE  SAINT-SLLPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Tout  ce  côté  de  la  rue  des  Quatre-Vents  était  formé  par  des  maisons  qui  don- 
naient aussi  sur  la  rue  du  Petit-Lion;  nous  en  avons  parlé  à  l'article  de  cette  rue. 
(Voir  p.  186).  C'étaient  : 

Une  MAISON  sans  désignation  (i5-io),  faisant  le  coin  de  la  rue  du  Brave,  ab- 
sorbée depuis  dans  la  rue  de  Seine; 

Une  MAISON  sans  désignation  (iSaa),  qui  fut  subdivisée  en  1  6128  ; 

Un  JARDIN  (1  622)  sur  l'emplacement  duquel  on  construisit  plus  tard  deux  mai- 
sons, avec  un  jeu  de  paume. 

"i  On  lit  ruedu  Petit  Brac  sur  les  plans  deGom-  "'  Ainsi,  dans  le  censier  de  i53i ,  la  rue  du 

bouslet  de  Jouvin;  n.ais  il  semble  manifeste  que  Petit-Lion  est  énoncfîe  :  «rue  qui  descent  de  la 

cest  par  inadvertance  du  (;raveur,  qui  devait  écrire  .Grant  rue  neufve  à  la  porte  des  champs  de  la 

Petit  Brave  TFoire,"  et  la  rue  des  Qualre-Vents  :  «l'aultre  rue 

"  Il  ajoute  «lue  c'était  au  commencement  du  .qui  descent  de  la  rue  Neufve  à  la  porte  de  la 

\\'  siècle;  mais  il  ne  faut  sans  doute  voir  là  qu'une  «Halle.  " 


faute  d'impressioD. 


lia. 


332  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

CÔTÉ  SEPTENTRIONAL. 

PAROISSE  SAIM-SULPICE. 

JUSTICE 

ET  CENSIVE  DE  L'ABBAYE. 

Entre  Jardin  (i523),  puïs  Maison  sans  désignation  (iBgS),  tenant  aux  murs  de  la 

et  Foire-Saint-Germain  et  formant  l'angle  rentrant  de  la  rue  du  Brave  (deTournon). 

fiu cœur-Voiani.  Jardin  OU  Place  (iBaS),  puis  Petite  maison  sans  désignation  en  lôgS,  et  de 
l'Écharpe  blanche  en  160^,  faisant  le  coin  occidental  de  la  ruelle  ou  impasse 
des  Quatre-Vents.  Le  terrain  de  cette  maison  doit  se  confondre  avec  la  place  de 
douze  toises  sur  six  que  Guillaume  Drouart  prit  à  bail,  le  6  septembre  1Û90,  et 
oiî  il  y  avait  eu  précédemment  une  construction.  En  effet,  cette  place  est  dite  alors 
tenir  d'une  part  aux  jardins  de  Navarre,  d'autre  part  à  la  voirie  des  Bouchers,  et 
aboutir  d'un  bout  à  la  maison  Bretesche  (de  l'Image-Saint-Jacques),  de  l'autre 
aussi  au  jardin  de  Mavarre.  Le  même  terrain  est  énoncé,  en  1^99,  tenir  au  che- 
min tendant  au  petit  huis  de  la  Halle,  et  d'autre  part  au  jardin  de  Guillaume 
Cornu,  et  aboutir  d'un  bout  à  la  voirie,  de  l'autre  au  clos  de  la  Halle.  Le  jardin 
de  Guillaume  Cornu  existait  encore  au  milieu  du  xv!*"  siècle. 

Ruelle  ou  Cul-de-sac  des  Quatre-Vents.  Elle  constituait  primitivement  une  ruelle 
qui,  formant  retour  d'équerre,  débouchait  d'une  extrémité  rue  des  Quatre-Vents,' 
et  de  l'autre,  dans  le  préau  de  la  Foire.  Nous  l'avons  vue  désignée,  en  iSaS, 
comme  «une  ruelle  commune  n  par  laquelle  les  habitants  de  maisons  situées  dans 
la  rue  des  Boucheries  allaient  aux  cham])s;  puis  énoncée  rr  ruelle  de  la  Foire  n 
(i53i),  pour  la  distinguer  de  la  rue  de  ce  nom.  On  a  dit  aussi  rr  Petite  ruelle  qui 
ava  à  la  vue-n  ou  ffà  la  porte  de  la  Foiren  (lôgS).  Avant  1628,  elle  a  été  fermée 
du  côté  de  l'ouest  et,  en  conséquence,  on  l'a  qualifiée  d'impasse.  Elle  existait  dès 
1/199,  ^'''  ^'*  *^^9'  il  y  ^^^^^  ^^  trois  ou  quatre  propriétés  que  nous  n'avons  pu 
restituer.  Le  retour  d'équerre  de  l'impasse  doit  avoir  été  formé  par  l'extrémité  de 
cette  ruelle,  qui,  en  1 65/i,  conduisait  au  jardin  de  Navarre  et  constituait  la  limite 
de  la  maison  de  l'Image-Saint-Michel.  Or,  évidemment,  cette  ruelle  ne  se  distingue 
point  de  celle  de  la  Voirie,  et  c'est  ce  qui  a  fait  que,  dans  un  titre  de  liig,  la 
maison  de  la  Rose  est  énoncée  aboutir  à  «une  ruelle  ditte  la  Voirie  de  la  Bou- 
(T  chérie,  laquelle  ruelle  tient  au  clos  Bruneau.  r,  Il  faut  donc  admettre  que  la  partie 
de  l'impasse  se  dirigeant  de  l'orient  à  l'occident  était  un  reste  de  la  ruelle  de  la 
Voirie,  et  que  la  partie  débouchant  en  la  rue  des  Quatre-Vents  n'a  commencé  à 
exister  que  lors  de  l'ouverture  de  cette  dernière  voie.  La  profondeur  de  vingt  toises, 
attribuée  à  la  parcelle  faisant  le  côté  oriental  de  l'impasse,  est  une  seconde  preuve 


RUE  DES  OUATRE-VENTS.  333 

que,  sur  ce  point,  la  ruelle  de  la  Boucherie  était  alors  distante  de  la  future  rue 
des  Quatre-Vents,  comme  le  retour  d'équerre  de  l'impasse  l'a  été  depuis. 

Place  VAGUE,  puisJAKDiPi(i  523),  taisant  le  coin  oriental  de  l'impasse  des  Quatre-      Kntietes,u« 
Vents.  Il  avait  environ  vingt  toises  de  profondeur,  sur  vingt  pieds  de  largeur,  et  a     ''"MToIdr" 
formé  la  partie  postérieure  de  la  maison  du  Ghef-Saint-Denis,  située  rue  des  Bou- 
cheries. Le  terrain  en  fut  baillé  à  Guillaume  Cornu,  le  17  mars  i5io,  et,  un 
siècle  après,  c'était  encore  une  place  h  bâtir  ou  masure,  que,  le  3i  juillet  1606, 
Toussaint  Morenze  céda  à  Gharles  Leroy. 

Jardi.n  (iBaS)  de  cinq  toises  de  largeur,  dépendant  de  la  maison  de  la  Croix- 
d'Or,  située  rue  des  Boucheries.  L'emplacement  en  fut  acquis  par  François  Videt, 
le  6  mars  1809,  à  charge  de  se  clore,  de  ne  pouvoir  élever  là  «pourceaulx  ny 
(T oisons, fl  défaire  paver  au  devant  de  son  terrain  jusqu'au  ruisseau,  et  de  contri- 
buer pour  sa  part  rraux  fraiz  et  mises  de  la  cisterne  et  fousse  à  eauen  qu'il  conve- 
nait de  construire  dans  les  environs.  Ges  conditions  furent  également  imposées  à 
tous  ceux  qui  prirent  à  bail  des  terrains  dans  la  rue.  G'est  sur  la  moitié  orientale 
de  ce  jardin  que  fut  ouverte  la  rue  du  Gœur-Volant;  sur  l'autre  moitié  était  déjà 
bâtie,  en  1  BgS,  une  maison  qui  forma  le  coin  occidental  de  cette  dernière  rue  et 
eut  pour  enseigne  le  Cœur  Volant,  en  1687. 

Place  vague,  puis  Maison  avec  petit  jardin  et  jeu  de  paume  (iBaS).  Le  terrain, 
large  de  quatre  toises  et  demie  par  devant  et  de  cinq  par  derrière,  dépendait  de 
la  maison  de  l'Écu  de  Bretagne,  et  fut  pris  à  bail  par  Jean  de  Rogehan,  le  2 5  fé- 
vrier 1 .')!().  Après  le  percement  de  la  rue  du  Gœur-Volant,  on  y  construisit  une 
maison  qui  faisait  le  coin  oriental  de  cette  rue  et  qui  continua  à  renfermer  un 
jeu  de  paume,  lequel  se  nommaitycw  de  paume  d'Orléans  (1698-1690)  et  s'étendit 
sur  la  maison  suivante. 

Jardin  (i5;j3)  de  vingt  pieds  de  largeur  par  devant  et  de  quatre  toises  par 
derrière,  dépendant  de  la  maison  de  l'Image-Sainte-Gatherine,  et  planté  sur  une 
place  vague  baillée,  le  1"  mars  1609,  à  Augustin  Riet,  propriétaire  de  la  maison 
de  l'Image-Sainte-Gathei'ine.  Ge  jardin  ainsi  que  les  jardins  suivants,  à  l'exception 
d'un  seul,  n'a  été  remplacé  par  une  maison  que  pendant  le  cours  du  wif  siècle. 

Place  (iBsS),  puis  Jardin  de  vingt  et  un  pieds  de  largeur,  dépendant  de  la 
maison  de  l'Image-Sainl-Michel,  rue  des  Boucheries.  Le  terrain  en  fui  baillé  à 
Jacques  Leroux,  le  22  avril  i5io. 

Trois  places  (i523),  puis  Jardins  de  dix-sept  pieds  de  largeur,  dépendant  des 
maisons  des  Moutons,  de  l'Image-Saint-Jacques  et  d'une  troisième,  situées  rue  des 
Boucheries.  Le  terrain  du  premier  de  ces  jardins  fut  pris  à  bail  par  Richard  Homo, 
le  1"  octobre  1612;  le  terrain  du  deuxième,  par  le  nommé  Auffroy,  le  18  jan- 
vier 1009,  et  le  terrain  du  troisième  par  Charles  Lemaître,  le  3  mars  iBoy. 

Place  close  (  1  5  9  3) ,  puis  Jardin  dépendant  d'une  maison  de  la  rue  des  Boucheries. 


334  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX   PARIS. 

Place  close  (i523),  puis  Jardin  dépendant  de  la  maison  de  la  Licorne.  Le 
terrain  de  ce  jardin  et  du  précédent  a  dû  être  baillé  en  iSog  ou  i5io. 

Jakdin  (i593)  de  quatre  toises  et  demie  de  longueur  sur  la  rue,  et  de  cinq  de 
largeur  par  derrière,  dépendant  de  la  maison  du  Dauphin,  rue  des  Boucheries. 
On  y  éleva  dans  la  suite  une  maison  qui  a  eu  pour  enseigne  les  Quatre  Vents  (1628- 
1 690);  elle  paraît  avoir  été  séparée  de  la  maison  précédente  par  une  allée  servant 
d'issue  au  jeu  de  paume  du  Dauphin,  et  elle  tenait,  vers  l'orient,  à  la  maison  du 
coin  de  la  rue  de  Condé.  L'emplacement  fut  baillé,  le  27  mars  iSog,  à  Nicolas 
Goret. 

N.  B. —  Ici  se  termine  la  description  des  rues  du  bourg  Saint-Germain  proprement  dit,  c'est^ 
à-dire  de  ia  région  qui  formait  les  environs  immédiats  du  monastère.  Au  delà,  le  territoire  de 
l'abbaye  ne  comprenait  guère,  en  1610,  que  des  prairies,  des  terres  labourables,  et,  dans  la 
partie  la  plus  rapprochée  de  la  ville,  des  terrains  vagues  à  usage  de  chantiers  de  bois,  des  jardins 
et  des  allées  d'arbres.  C'est  là  que  s'est  formé,  au  xvii'  siècle,  et  développé,  dans  le  coure  du 
xviii',  le  faubourg  Saint-Germain,  extension  naturelle  du  bourg.  Les  notes  de  feu  Berly  indiquent 
nettement  cette  seconde  formation ,  et  établissent  une  ligne  de  démarcation  parfaitement  tranchée 
entre  les  deux  territoires.  Le  second  volume  du  présent  ouvrage  comprendra  donc  la  description 
topographique  de  toute  la  partie  occidentale  du  vaste  domaine  de  l'abbaye,  tel  qu'il  s'étendait 
«depuis  les  grant  porles  Sainct-Michel,  des  Cordeliers  et  la  tour  de  Nesle,  jusqu'à  la  rivyère 
(tde  Seyne  et  au  viel  ru  de  Sève.D  Aux  terrains  en  culture,  que  feu  Berty  s'est  borné  à  décrire, 
s'ajouteront  les  voies  les  plus  importantes  ouvertes  dans  cette  région  et  les  établissements  les 
plus  notables,  parmi  ceux  qui  s'y  sont  formés  après  1610.  —  l.  m.t. 


APPENDICES 


ET   PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 


APPENDICES 
ET   PIÈCES   JUSTIFICATIVES. 


I 

CHARTE  APOCRYPHE  DE  CHILDERERT  V\ 

FONDATECR   DE   L'ABBAYE   SAINT-GERMAIN*''. 
(Voir  le  texte  du  présent  volume,  pages  i   et  98.) 

Cliildebcrius,  rex  Francorum,  vir  inluster.  Recolendum  nobis  est  et  perpensandum  ulilius, 
quod  hii  qui  lempla  Domini  Jhesu  Chrisli  redificaverunt,  et  pro  requie  animarum  ibidem  tribue- 
runt,  vel  in  alimonia  pauperum  aliquid  dederunt,et  voiunlatem  Dei  adimpleverunt,  in  œterna 
requie,  sine  dubio,  apud  Dominum  mercedem  recipere  meruerunt.  Ego  Childebertus  Rex,  una 
cum  consensu  el  voluntaie  Francorum  et  Neuslrasiorum,  et  exortalione  sanclissimo  Germaiio, 
Parisiorum  urbis  pontificis,  vel  consensu  episcoporum,  cœpi  construere  lemplum  in  urbe  Pari- 
siaca,  prope  muros  ci[vit]atis,  in  terra  quae  aspicit  ad  fiscum  nostrum  Isciacense,  in  loeo  qui 
appeHatur  Locolilie,  in  honore  Sancli  Vincentii  martiris,  cujus  reliquias  de  Spania  apporlavi- 
mus,  seu  et  Sancle  Crucis,  vel  Sancti  Stephani  et  Sancli  Ferreoii,  et  Saneti  Juliani,  et  beatissimi 
Sancti  Georgii,  et  Sancti  Gervasii,  Protasii,  pueri  Nazarii  [et]  Celsi,  [quorum]  reliquiç  ibi  sunl 
consecra[te.  Propte]rea  in  honore  dominorum  sanctorum  cedimus  nos  fiscum  largitalis  noslrç, 
([ui  vocatur  Isciacus,  qui  est  in  pagis  Parisiorum  prope  alveum  Sequani^',  una  cum  omnia  que  ibi 
sunt  aspecla;  cum  mansis,  comanentis,  agris,  territoriis,  vineis,  sylvis,  pratis,  servis,  inqui- 
Imis,  liberlis,  ministerialis,  prœter  iilos  quos  [nos  injgenuos  esse  precipimus;  cum  omnibu.s 
ap|)enditiis  suis  qui  ibi  aspiciunt;  cum  omnibus  adjacentiis  qui  ibi  adagunt;  cum  omnia  quç 
nos  deserviuni,  lam  in  aquisvel  insulis;  cum  molendinis  inter  portam  tivitatis  et  turrim  positis; 
cum  insulis  quç  ad  ipsum  fiscum  adjacent;  cum  piscatori[a  que  appel]iaturbanna;  cum  pis[ca]- 
leriis  om[nibus]  qu^  sunt  in  ipsoalveo  Sequane,  sumuntque  initium  a  ponte  civilalis,etsortiuntur 
linem  ubi  alveolus  veniens  Savara  précipitât  se  in  flumine.  Has  omnes  piscationes  quç  sunt  et 
fieri  possunt  in  ulraque  parte  fluminis,  sicut  nos  tenemus,  et  nostra  forestis  est,  t[ra]dimus  ad 
ipsum  locum,  ut  habeanl  ibidem  Deo  servientes  victum  cotidianum  per  suadentia  lempora. 
Damus  autem  banc  potestatem,  ut,  cujuscumque  potestalis  littora  fuerint  utriusque  partis  flu- 
minis, teneant  unam  perticam  terre  iegalem,  sicut  inos  est,  ad  duc[en]das  naves  et  reducendas, 
ad  mitlenda  retia  et  retrahenda,  absque  ulla  refragatione.  De  argumenlis  vero  per  quç  aves  pos- 
sunt capi  super  aquam,  precipimus  ut  nulla  polens  persona  inquietare  audeat  f'amuios  Dei,  sed 
omnia  secure  teneant,  possideani,  per  infinitas  temporum  successiones;  et  cum  areis  et  casis  in 
P[ari]sius  [civitate,  cum]  terra,  c[um  v]inea  et  oratorio  in  honore  Sancti  Andeoli  martiris,  quç  de 
ËtarioetCeraunio,dato  precio,  compar[avimus], omnia  et  ex  omnibus,  quicquid  ea  nos  deservie- 

'''  Ce  diplôme,  auquel  feu  Bcrty  fait  allusion,  Croix  (Saint-Germain-des-Prt?s)  du  domaine  royal 

est  ainsi  analyse  par  M.  Tardif  {Mon.  hisl.  p.  2  ,  dlssy,  depuis  le  pont  de  Paris  jusqu'au  ruisseau  de 

n"  9)  :  558,  6  décembre.  —  Donation  faite  par  Sèvres.  (K.  1,  n.  a,  copie.  —  L écriture  de  ce  di- 

Childeberl à  l'abbaye  de  Saint-Vincent  et  de  Sainte-  plôme  est  de  In  (in  du  \'  siècle.) 


338  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

runl  in  poslmodum,  pro  roqule  animae  nieç,  quando  Deus  de  hac  clarissima  luce  dedcrunt  dis- 
cessum,  ipse  fiscus,  qui  voralur  Isciacus,  cum  omnia  quœ  ibi  sunt  aspecta  ipso  die,  ad  ipsiim 
lemplum  Domiiii,  quod  nos  cdificanius,  deserviat;  et  omnia  quœ  ibi  sunt  opus,  tam  ad  lumen 
()uani,  in  Dei  nomine,  ad  stipendia  servis  Dei,  quos  ibi  inslituimus,seu  ad  ipsos  redores  qui  ipsos 
repère  habcnt,  omnia  et  ex  omnibus  ibi  transsolvant,  ejusque  lemporibus  et  per  lon|yum  annoruni 
spalia  ad  ipsum  templum  Domini,  absque  contradictione  vel  refrajjatione  aut  juditiaria  conten- 
lione,  inspecta  ipsa  preceptio,  omnique  tempore,  profitiat  in  aucmentum.  Et  base  preceptio  ces- 
sionis  nostre  futuris  temporibus,  Deo  auxiliante,  firmior  babeatur,  vel  per  tempora  inviolabiliter 
fonscrvetur,  manibus  propriis  vel  nostris  signaculis  subter  infra  decrevimus  roborare. 

Datum  quod  fecit  menso  décembre,  dies  sex,  anno  XLVI[II°],  posfquam  Childeberlus  rex 
regnaro  cepit.  Ego  Valentianus  notarius  et  ammanuensis  recognovi  et  suscripsi. 

Signum  Childeberli  gloriosissimi  Régis. 

(Inventaire  des  Archives  de  l'Empire  :  Monuments  historiques,  publiés  par  Jules  Tardif, 
p.  9 ,  n"  9 ,  Cartons  des  Rois.  ) 

II 

NOTE  SUR  LA  PRÉTENDUE  CHARTE  DE  CHILDEBERT  T". 

On  doit  placer  ce  diplôme  contrefait  (l'acte  de  fondation  de  l'église,  par  Cbildebert  I",  en  558) 

au  nombre  des  chartes  mérovingiennes  forgées,  en  grande  quantité,  après  l'an  looo.  La  vie  de 

saint  Droctovée  par  Gislemar  est  la  source  oiî  le  faussaire  a  puisé.  Ce  Gislemar  vivait  au  ix'  siècle 

et  non  au  xi°,  comme  l'affirme  Lebeuf.  Voyez  à  ce  sujet  le  remarquable  mémoire  de  M.  Quicherat, 

intitulé  :  Critique  des  deux  plus  anciennes  chartes  de  Fabbmje  Saint-Gennain-des-Prés ,  mémoire  qui 

termine  ainsi:  frEn  ce  qui  concerne  l'histoire  particulière  de  Saint-Germain-des-Prés,  les  ori- 

tfgines  de  l'abbaye  doivent  être  refaites  en  prenant  le  contre-pied  de  la  version  suivie  jusqu'à 

tt  présent,  car,  au  lieu  qu'on  s'est  conformé  à  la  charte  de  fondation  sans  tirer  parti  du  privilège, 

ir c'est  de  cette  dernière  pièce  qu'il  faudra  désormais  faire  usage,  et  tenir  l'autre  pour  non 

«avenue.  » 

(H.  Cocheris,  Notes  et  Additions  à  l'ouvrage  de  Lebeuf,  t.  III,  p.  43,  add.  i.) 

III 

FONDATION  DE  L'ABBAYE  SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS. 

On  n'est  pas  d'accord  sur  l'époque  de  la  fondation  de  l'abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés. 
Hadrien  de  Valois  '"',  Jaillot'-'  et  les  auteurs  de  YArt  de  vérifier  les  dates  la  placent  vers  l'an  553  , 
tandis  que  D.  Bouillart  la  recule  jusqu'à  l'an  556  :  c'est  entre  ces  deux  termes  extrêmes  que  se 
renferment  les  opinions  des  autres  savants.  Quant  à  la  dédicace  de  l'église,  elle  eut.  lieu  le 
23  décembre  557,  selon  Félibien;  le  23  décembre  558,  selon  D.  Bouillart,  Jaillot  et  les  édi- 
teurs du  second  Gallia  Cliristiaiia;  en  oSg,  selon  D.  Ruinart;  au  commencement  de  559,  '^e'on 
Raillet;  selon  D.  Rivet,  le  2  3  décembre  SSg;  après  la  mort  ou  le  jour  même  de  la  mort  de 
Childebert,  selon  presque  tous  les  auteurs,  y  compris'IVI.  Dulaure,  à  l'exception,  toutefois, 
d'Hadrien  de  Valois  et  de  l'abbé  des  Thuileries,  qui  pensent  qu'elle  se  fit  du  vivant  de  ce  prince. 
Mabilion  s'est  contenté  d'indiquer  le  2  3  décembre,  en  avertissant  que  l'année  était  incertaine. 

*''  Cette  opinion  d'Hadrien  de  Valois  est  surtont  '''  Recherches  sur  la  Ville  de  Paris,  t.  V,  quar- 

exposée  dans  son  livre  intitulé  :  Disceptalionis  de        lier  Saint-Germain ,  p.  ig. 
Basilicis  defensio,  part.  I,  cap.  vi.  p.  53  et  54. 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  339 

Les  Bollandistes  et  l'abbé  Lebeuf  se  sont  abstenus  d'examiner  la  question.  La  discussion  de  ce 
point  de  chronologie  n'e'tant  pas  étrangère  à  mon  sujet,  je  l'aborderai.  Je  traiterai  d'abord  de  la 
dédicace  de  l'église,  et  je  m'occuperai  ensuite  de  l'époque  de  la  fondation  de  l'abbaye. 

Dans  le  Martyrologe  d'Usuard,  sous  le  x  des  calendes  de  janvier,  nous  lisons  :  trApud  Nico- 
Tmediam,  etc.  Parisius,  dedicatio  basiiicae  in  honore  Sanctœ  Crucis  et  Sancli  Vincentii  mar- 
ittyris,  et  depositio  domni  Childeberti  régis (i),d  ce  qui  fixe  au  9  3  décembre  et  la  dédicace  de 
l'église  et  la  mort  du  roi  Childebert.  Le  jour  est  seul  donné,  et  les  années  étant  omises  dans 
ce  martyrologe,  comme  dans  tous  les  autres  et  dans  les  obituaires  un  peu  anciens,  on  ne  sau- 
rait dire,  avec  le  seul  secours  d'Usuard,  en  quelle  année  se  passèrent  les  deux  événements  dont 
il  est  fait  mention,  ni  même  s'ils  eurent  lieu  dans  la  même  année. 

Ouant  à  la  mort  de  Childebert  en  particulier,  elle  est  placée  par  Marius  sous  la  dix-septième 
année  du  jwstconsulat  de  Basile,  c'est-à-dire,  suivant  la  manière  générale  de  compter,  sous 
l'an  558  de  notre  ère.  J'ajoute  qu'aucun  autre  document  ne  la  marque  d'une  manière  aussi  pré- 
cise, les  diplômes  mérovingiens  étant  d'ailleurs  tout  à  fait  insuffisants  pour  la  déterminer.  Cette 
date  doit  donc  être  tenue  pour  la  plus  certaine.  Si  Gislemarl'-^',  moine  de  Saint-Germain,  qui 
florissait,  non  dans  le  ix' siècle,  comme  l'ont  cru  les  Bénédictins'^',  mais  dans  la  dernière  moitié 
du  si',  comme  l'a  prouvé  l'abbé  Lebeuf '*),  écrit  que  la  dédicace  fut  célébrée  par  saint  Germain, 
évèque  de  Paris,  le  23  décembre  ôSg,  et  le  jour  même  de  la  mort  de  Childebert,  en  reculant 
ainsi  d'une  année  la  date  de  ce  dernier  événement,  son  témoignage  ne  saurait  l'emporter  sur  le 
témoignage  positif  et  contemporain  de  l'évêque  d'Avenche.  Néanmoins  Ruinart'^',  Baillet''''  et 
Rivet  '''  se  sont  fondés  sur  ce  passage  de  Gislemar,  pour  renvoyer,  comme  on  l'a  vu,  la  dédicace 
à  l'an  559,  sans  toutefois  qu'aucun  d'eux  ait  osé  reculer  de  même  la  mort  du  roi. 

L'interpolation  faite  au  texte  d'Aimoin  '*',  de  laquelle  il  résulterait  que  la  dédicaci^  n'eut  lieu 
qu'un  an  après  la  mort  de  Childebert,  ne  mérite  pas  plus  de  confiance;  outre  qu'elle  n'est  con- 
firmée par  aucune  autorité  ancienne,  elle  se  trouve  en  opposition  avec  le  texte  même  d'Aimoin, 
qui  porte  que  ce  prince  fut  enterré  dans  l'église  de  Saint-Vincent,  et  qui  fait  ainsi  entendre  que 
l'église  était  déjà  consacrée,  car  autrement  elle  n'aurait  pu  servir  de  sépulture.  De  plus,  nous 
li.sons  dans  le  même  auteur  ce  passage"'  :  frChildebertus  acceptam  beali  Vincentii  slolam  Pari- 
rsius  defert,  aedificatamque  solo  tenus  basilicani  noniini  ejusdem  sancti  levitœ  ac  martyris  dedi- 
ffcari  fecit;  in  qua  non  niinimam  vasorum  partem,  quœ  eum  a  Tolelo  asporlasse  supra  (c.  xix) 
-memoravimus,  cum  capsis  evangeliorum,  cruces  quoque  mirifici  operis,  aliaque  dévolus  excei- 
rlentissima  contulit  muncra.7)  D'oîi  l'on  doit  conclure  que  la  dédicace,  ayant  été  faite  par 
l'ordre  du  roi,  eut  nécessairement  lieu  de  son  vivant. 

H  faut  avouer  que  les  mots  raîdilicalamque  solo  tenus  «  s'applitjueraient  difficilement  à  une 
église  que  l'on  dédie  en  réalité,  s'ils  signifiaient  que  cette  église  n'eût  été  édifiée  alors  que  jus- 
qu'au niveau  du  sol;  mais,  dans  la  basse  latinité,  le  mot  rtenus'!  a  pu  être  employé  dans  le 
sens  de  rr  depuis 7,  comme  dans  celui  de  (rjusque;i  et  si  nous  lui  donnons  cette  première  accep- 
tion, nous  devrons  entendre  que  Childebert  fit  consacrer  l'église  qu'il  avait  bâtie  tout  entière 
depuis  le  sol ,  c'est-à-dire  depuis  les  fondations.  On  aurait  encore  un  autre  moyen  de  lever  la 
difficulté,  en  prenant  le  terme  rdedicari^i  dans  l'acception  r d'imposer  un  nom:  11  car  rien  n'em- 


(1) 


Marlyrolo/f.  Usiiardi,  dans  le  P.  Sellier,  p.  760.  "'  De  regali  abbatiu  S.  Germani  «  Pratis  prope 

et  dans  Bouillart,  p.  -jo/i.  Parisios  dissertatio ,  dans  Bouquet,  t.  Il,  p.  y-ia, 

<•'   Vita  S.  Droclov.  n°  i3,  dans  Bouquet,  t.  III,  col.  1. 

p.  h?>n  et  ^i38.  °'   ^'«*  ''«^^  Saints,  t,  IV,  p.  46-2  et  /i63,  \n-h°. 

''*  Voy.  Bouillait,  PréJ.  p.  3;  Bouquet,  t.  III,  ''■'  Uà'-  ''«•  t-  'H^  !'•  3)1-  t>6i  et  669. 

i».  436;  Rivet,  Hist.  liu.  t.  V,  p.  396  et  397.  '"'  Voy.  Bouquet,  t.  III,  p.  61.  note  «. 

'*'  WM<.rf«rfioc.(/c/'am(éd.Coclieris),t.III,p.3.  '''  Gesta  Franc.  Il,  2.).  Oi  I). 

/i3. 


340  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

pèche  que  le  roi  (comme  il  le  dit  lui-même  dans  son  diplôme,  dont  nous  parlerons  tout  à 
l'heure)  ait  placé  l'église  sous  l'invocation  de  saint  Vincent'''  avant  même  que  l'édifice  fût  élevé 
au-dessus  du  sol. 

On  ne  pensera  pas  d'ailleurs  que  l'observation  faite  par  D.  Tassin  l'^',  au  sujet  de  l'église  de 
Notre-Dame  de  Paris,  dans  laquelle  on  célébra  le  service  divin  dès  l'an  1189,  quoiqu'elle  ue 
fût  entièrement  construite  qu'après  le  milieu  du  xiii''  siècle,  puisse  s'appliquer  à  l'église  de 
Saint-Vincent,  dont  la  construction,  parvenue  seulement  au  niveau  du  sol,  n'élait  pas  assez 
avancée  pour  qu'un  autel  y  fût  consacré,  encore  moins  pour  .qu'on  y  célébrât  la  cérémonie  de 
la  dédicace. 

On  ne  peut  donc  prendre  à  la  lettre  le  passage  d'Aimoin;  il  faut  nécessairement  l'interpréter 
de  l'une  ou  de  l'autre  manière  que  nous  avons  indiquées,  et  c'est  la  première  interprétation  qui 
paraîtra  préférable,  si  l'on  fait  attention  à  la  suite  du  passage,  oi'i  nous  lisons  que  le  roi  enrichit 
cette  église  de  vases,  de  boîtes,  d'évangiles,  de  croix  magnifiques,  c'est-à-dire  des  objets  néces- 
saires au  culte;  ce  qui  fait  supposer  que  l'église  était  déjà  construite  et  toute  disposée  pour  la 
célébration  du  service  divin. 

Mais  revenons  à  des  témoignages  plus  anciens  et  plus  précis,  et  reprenons  le  passage  d'Usuard 
rapporté  ci-dessus.  Cet  écrivain,  qui  suit  naturellement  l'ordre  des  faits,  ne  parle  de  la  mort  de 
Childebert  qu'après  avoir  raconté  ce  qui  concerne  la  dédicace  de  l'église  de  Saint-Vincent  :  il 
ne  me  semble  donc  pas  permis  do  placer  la  dédicace  après  la  mort  du  roi,  c'est-à-dire  après  le 
23  décembre  558.  Voyons  maintenantsi  l'on  peut  la  rapporter  à  une  année  antérieure.  Le  diplôme 
du  roi  Childebert  en  faveur  de  l'église  de  Sainte-Croix  et  Saint-Vincent  W  porte  la  date  du  6  dé- 
cembre de  la  quarante-huitième  année  du  règne  de  ce  prince,  ou  de  l'an  558  de  Jésus-Christ, 
c'est-à-dire  que  la  date  j)récède  de  dix-sept  jours  seulement  la  mort  du  roi  '^'.  Or,  Childebert 
n'y  fait  aucune  mention  de  la  dédicace,  et  même,  lorsqu'il  parle  de  l'église,  il  s'exprime  en  ces 

ternies:  «Exortatione  sanctissimi  Germani,  Parisiorum  urbis  ponlificis cœpi  construere 

trtemplum in  honore  sancti  Vincentii;'?  et,  dans  un  autre  endroit  :  trTemplum  Domini 

tquod  nos  œdificamus '^',  etcn 


'''  Gesla  Franc.  II,  20,  67  D. 

'^'  Nouveau  traité  de  dipl.  t.  III,  p.  662 ,  note  1 . 

'''  Dans  Bréquigny,  p.  53.  Le  prétendu  original 
de  cet  acte  est  conservé  aux  Archives  du  Royaume. 
Ce  n'est  qu'une  copie  faite  au  ix*  siècle,  mais  qui 
n'en  mérite  pas  moins  toute  notre  confiance. 

'*'  Félibien  {Ilist.  de  Paris,  l.  I,  p.  ay)  fait  ob- 
server dans  une  note,  que  le  6  décembre  de  la 
quarante-huitième  année  du  règne  de  Childebert 
appai-lient  à  fan  SSy;  mais  c'est  une  erreur,  et 
lui-même  marque  l'an  558  à  la  marge  du  diplôme 
de  ce  prince.  (Ibid.  t.  111,  p.  i5.) 

'''  Dans  Bouquet,  t.  IV,  p.  622  D  et  023  B; 
dans  Bréquigny,  p.  53  et  54.  A  propos  du  trcœpi 
tfcoiistruere  lemplurn,  loiiipliun  quod  nos  œdifica- 
tfuius,»  M.  Quicherat  l'ail  cette  juste  réllexioii  : 
"De  là  ce  simple  raisonnement  :  si  la  construction 
frn'était  pas  achevée,  l'édifice  n'était  pas  consacré. 
f^Eh  bien,  dans  l'une  des  phrases  qui  contiennent 
ff implicitement  cette  conséquence,  nous  avons  Taf- 
f  firmation  directe  du  contraire.  Le  diplôme,  à  la 


If  suite  de  l'énuraération  des  saints,  atteste  que  les 
irreliques  de  ceux-ci  étaient  à  leur  place  dans 
r l'église,  qu'elles  étaient  en  état  d'y  recevoir  le 
rr culte  qui  leur  était  dû  :  ifQuorum  reliquiœ  ibi  sunt 
"consecratae.  r,  En  d'autres  termes,  le  service  de  tous 
fies  autels  était  en  activité  lorsque  l'église  n'était 
ipas  encore  tout  à  fait  construite,  absurdité  résul- 
rrtant  d'une  faute  d'inadvertance  au  sujet  de  la- 
irquelle  on  ne  sait  de  quoi  s'étonner  le  plus,  ou 
frqu'elle  ait  pu  être  commise  ou  qu'elle  n'ait  jamais 
(tété  aperçue.  Que  la  grossièreté  de  cette  faute  ne 
«nous  empêche  pas  cependant  de  voir  l'inlention 
rtqui  a  motivé  l'emploi  des  expressions  frcœpi  con- 
rrstruere,  œdificanms.  n  Le  diplôme  est  datédu  6  dé- 
ffcembre,  dans  la  quarante-huitième  année  du  règne 
rrde  Childebert,  ce  qui  nous  reporte  au  6  dé- 
rrcembre  558.  Il  en  résulte  que  facte  de  fondation 
fraurait  précédé  de  dix-huit  jours  seulement  le  décès 
rrdu  roi ,  carChiidebert  mourut  le  aS  décembre  558  ; 
tret  c'est  à  ce  terme  extrême  qu'il  faudrait  entendre 
crque  la  basilique  où  il  devait  être  inhumé  n'était 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  341 

Ces  expressions,  qui  seraient  certainement  impropres  si  i' église  eût  été  consacrée,  prouvent 
suffisamment  qu'elle  ne  l'était  pas  encore  au  jour  de  la  rédaction  du  diplôme.  Mais  l'on  a  conclu 
de  ces  passages  :  i"  qu'alors  la  construction  de  l'église  n'était  que  commencée  ou  qu'elle  était 
au  moins  encore  très-loin  de  son  achèvement;  2°  que  le  roi,  ayant  été  exhorté  à  la  bâtir  par 
saint  Germain,  évêque  de  Paris,  et  saint  Germain  n'ayant  été  appelé  au  siège  épiscopal  de 
cette  ville  qu'en  555  ou  556  ('),  les  fondations  de  l'édifice  dataient,  au  plus  tôt,  de  cette  même 
époque.  Ces  conclusions,  quelque  rigoureuses  qu'elles  paraissent,  ne  sauraient  toutefois  être 
admises;  il  existe,  en  effet,  des  témoignages  non  moins  respectables  que  le  diplôme  de  Childe- 
bert  qui  les  combattent,  sans  d'ailleurs  être  en  opposition  avec  ce  diplôme. 

D'abord,  Grégoire  de  Tours  dit  positivement  dans  son  histoire i^)  que  le  roi  Childebert  fut 
enterré  dans  la  basilique  de  Saint-Vincent,  qu'il  avait  bâtie:  trAd  basilicam  beati  Vincentii, 
squam  ipse  construxerat,  est  sepultus.n  Ce  qui  prouve  que  In  trcœpi  construcreii  du  diplôme  ne 
doit  pas  être  pris  à  la  lettre,  attendu  que,  en  outre,  il  est  impossible  de  supposer,  comme  on 
l'a  déjà  dit,  que  le  roi  fut  enterré  dans  une  église  qui,  dix-sept  jours  avant  sa  mort,  n'eût  été 
que  commencée.  Ensuite  un  autre  auteur,  également  contemporain,  Fortunat,  rapporte,  en 
parlant  de  l'église  de  Saint-Vincent,  que  ce  prince  traversait  ses  jardins  ou  les  jardins  de  la  reine 
Ultrogothe,  sa  femme,  pour  se  rendre  aux  lieux  saints  oîi  l'on  voit  maintenant  son  tombeau; 
c'est  ce  qui  est  exprimé  dans  ces  vers  : 

Hinc  iter  ejus  erat,  cum  limida  sancta  petebat, 

Qua;  modo  pro  mentis  incolit  ille  magis. 
Antea  nam  vicibus  Inca  sancta  lerebat  amatus, 

Nunc  tamen  assidue  templa  beala  tenet. 

Il  s'agit  évidemment  ici  d'une  église  entièrement  appropriée  au  service  divin;  les  visites  fré- 
quentes dont  elle  était  l'objet  de  la  part  de  Childebert  et  l'expression  élimina  sancta^  employée 
pour  la  désigner  ne  permettent  pas  de  supposer  que  ce  fût  seulement  un  édifice  en  construction. 

On  trouverait  encore  dans  Fortunat  une  autre  preuve  formelle  de  l'achèvement  par  Childe- 
bert de  l'église  de  Saint-Germain-des-Prés,  si  l'on  devait  appliquer  à  cette  église,  et  non  pas  à 
l'église  cathédrale  de  Paris,  la  pièce  de  vers  que  cet  auteur  a  intitulée:  De  ecclesia  Parisiaca'^^l 
Hadrien  de  Valois  n'hésite  pas  à  rapporter  ces  vers  à  la  première '*',  et  le  cardinal  Luchi  soutient 
dans  ses  notes'*'  l'assertion  de  ce  savant  illustre.  Je  ferai  observer,  à  l'appui  de  cette  opinion, 
t"  que  la  description  de  l'église  de  Saint-Germain  que  nous  a  laissée  Gislemar  est  entièremeiil 
conforme  à  la  description  de  l'église  de  Paris  que  nous  lisons  dans  Fortunat;  2°  que,  dans  un 
manuscrit  du  ix'  siècle  de  la  Bibliothèque  royale  C^',  le  petit  poëme  en  question  est  intitulé  : 
Versus  in  ecclesia  nova  Prtrw«««l'',  ce  qui  convient  à  l'église  Sainte-Croix  et  Saint-Vincent  ou  de 
Saint-Germain-des-Prés,  beaucoup  mieux  qu'à  la  cathiîdrale  de  Paris,  dont  la  construction  uest 
attribuée  à  Childebert  par  aucun  auteur  ancien  et  dont  le  titre  ou  vocable  ne  parait  pas  avoir 
contenu  le  nom  de  la  Sainte-Cfoix,  qui  se  trouve  dans  le  même  poëme;  3°  que  les  deux  derniers 
vers  semblent  indiquer  que  le  roi  Childebert  fut  enterré  dans  l'église,  circonstance  qui,  si  elle 

"pas  encore  arrivée  à  son  achèvement.  Or,  cela  '  '  IV,  ao. 

fnous  découvre  à  quelle  source  notre  faussaire  s'est  "  Carm.  II,  11,  dans  Brower,  et  II,  1/4,  dans 

irinstruit  des  origines  de  Saint-Germain.  Son  guide  Luchi. 

rn  été  Gislemar,  auteur  de  la  vie  de  saint  Droc-  '"  Voy.  la  première  note  de  la  page  338  du  pré- 

(T  lovée.  1  sent  volume. 

c  Voyez  le  Gallia  chrisliana,  t.  VH.  col.  19  et  ''>  T.  I,  p.  67. 

417;  Bo'uillart.p.  h  01997;  Mabillon.  AnmiA.  I,  '">  Fonds  latin  i3o'48,  jadis  S.  Germain  844. 

p.  i3.5.  etc.  '''  Voy-  Polices  des  ]fan.  t.  XII,  -i'  partie,  p.  87. 


342 


TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


était  plus  ciaireuient  exprimée,  suffirait  pour  décider  irrévocablement  la  question  en  faveur  de 
l'église  de  Saint-Germain.  Voici  ces  vers  : 

H»c  prius  egregio  rex  Childebertus  amore 

Dona  suo  populo  non  raorilura  dedil. 
Totus  in  affectu  divini  cullus  adhœrens, 

Ecclesia;  juges  ampiificavit  ope.s. 
Publica  jura  regens,  et  ceLsa  palalia  servans, 

Unica  pontificum  gloria,  norma  fuit. 
Hinc  abiens,  illic  meritortim  vivil  honore. 

Hic  quoque  geslorum  laude  pcrennis  eril. 

Or  maintenant,  si  l'on  considère  que  le  roi  Childebert,  suivant  le  témoignage  de  Grégoire  de 
Tours''',  mourut  d'une  maladie  très-longue  qui  ne  lui  permit  pas  de  quitter  le  lit,  au  moins 
depuis  les  premiers  mois  de  l'année  558,  et  les  démêlés  qu'il  eut  pendant  les  deux  années  pré- 
cédentes avec  son  frère  Clotaire'^'  ne  lui  laissèrent  guère  alors  le  loisir  de  bâtir  ni  de  fréquenter 
des  églises;  si,  d'un  autre  côté,  l'on  songe  au  temps  nécessaire  à  la  construction  d'un  édifice 
aussi  coûteux,  aussi  vaste,  aussi  magnifique  que  l'abbaye  de  Saint-Germain'^',  dans  laquelle 
cent  vingt  moines  étaient  entretenus  avant  sa  dévastation  par  les  Normands'*',  on  sera  obligé  de 
reconnaître  que  Childebert  en  jeta  les  fondements  peu  de  temps  après  son  expédition  d'Espagne 
de  l'an  5i9,  ainsi  qu'il  est  d'ailleurs  attesté  par  Gislemar'^'. 

H  ne  reste  plus  qu'à  concilier  cette  opinion  avec  le  diplôme  de  ce  roi,  et  pour  cela  il  suffira 
d'observer  que  les  termes  ncœpi  construeren  se  rapportent  à  un  temps  de  beaucoup  antérieur  à 
la  date  du  diplôme  et  que  le  prince,  en  se  servant  de  cette  expression,  rappelle  seulement  en 
558  qu'il  a  commencé  ou  entrepris  jadis,  par  exemple  en  563,  de  construire  l'église  de  Saint- 
Vincent  et  ne  donne  nullement  à  entendre  qu'il  ait  tout  récemment  commencé  cette  construc- 
tion. Toutefois,  on  peut  douter  qu'elle  fût  entièrement  achevée  au  moment  de  la  rédaction, 
attendu  que  le  roi,  pour  désigner  l'église,  dit  :  trTemplum  Domini  quod  nos  œdificamus;n  ce 
qui  suppose  qu'il  restait  encore  quelque  chose  à  faire. 

Quant  à  la  circonstance  relatée  dans  la  môme  charte,  au  sujet  de  saint  Germain,  évèque  de 
Paris,  qui  aurait  conseillé  la  fondation  de  l'édifice,  rien  n'empêche  qu'il  n'eût  donné  ce  conseil 
avant  d'avoir  été  appelé  à  l'évêché  de  Paris  et  que  le  roi  lui  eût  attribué  le  titre  d'évèque  de  cette 
ville,  non  parce  que  saint  Germain  le  porlait  le  jour  oii  fut  fondée  l'église  de  Saint-Vincent, 
mais  parce  qu'il  en  était  revêtu  le  jour  de  la  confection  de  la  charte,  et  celte  observation  suftil 
pour  ôter  à  l'expression  toute  apparence  d'impropriété.  J'ajoute  encore,  à  l'appui  de  ce  raison- 
nement, que  le  diplôme  de  Childebert  est  plutôt  un  acte  de  dotation  qu'un  acte  de  fondation 
proprement  dite  et  que,  si  le  roi  eut  recours  à  l'intervention  de  saint  Germain,  ce  fut  moins 


<"    IV,  20. 

'''  Ibid.  i6et  17. 

'''  Voyez  Gislemar,  Vitii  S.  Droctov.  n.  10;  dans 
Bouquet,  III,  687  C. 

*'*  Voyez  le  diplôme  de  Louis  le  Débonnaire  de 
l'an  829,  en  faveur  de  l'abbaye  de  Saint-Germain, 
dans  Bouquet,  t.  VI,  p.  56o  B. 

''  Vita  S.  Droctov.  n.  9;  Bouquet,  III,  687  B. 
Dans  un  manuscrit  du  xi"  siècle,  de  la  Bibliothèque 
royale  (coté  S.  Gerni.  lat.  i3't.  anj.  fonds  latin 
1 2 1 1 7 ).  on  lit,  fol.  1 1 9 ,  à  la  marge  des  tablettes 
clironologiques  qu'il  contient .  et  en  face  de  fan 


5i6,  une  petite  note,  égiïlement  écrite  frDroclo- 
rrveus  abbas,!  ce  qui  indiquait  que  Droctovée  était 
abbé  de  Saint-Vincent  en  5i6  et,  par  conséquent, 
que  le  monastère  était  entièrement  construit  à  cette 
époque.  Toutefois,  nous  ne  pouvons  tirer  de  cette 
indication  im  argument  bien  fort  à  l'appui  de  noli'c 
opinion,  attendu  que  les  noies  marginales  de  ces 
tablettes  sont  pleines  d'inexactitudes  et  que,  par 
exemple,  la  mort  du  roi  Childel)ert  y  est  mar- 
quée vis-à-vis  de  fan  535;  celle  de  saint  Germain, 
évèque  de  Paris,  mort  en  676.  vis-à-vis  de  l'an 
55 1.  etc. 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  3/i3 

pour  bâtir  une  église  que  pour  instituer  des  religieux  dans  une  abbaye  déjà  propre  à  en  recevoir  -. 
en  effet,  Gislemar  dit  que  le  roi,  après  avoir  doté  richement  et  orné  avec  magnificence  le 
monastère  qu'il  avait  construit,  pria  cet  évèque  d'y  établir  des  moines  (•). 

On  doit  donc  tenir  pour  certain  :  i°  que  l'abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés  fut  fondée  peu 
de  temps  après  l'expédition  d'Espagne  de  5i2,  peut-être  en  5i3;  9°  que  des  religieux,  comme 
il  est  dit  dans  le  diplôme,  y  furent  établis  du  vivant  de  Childebert;  3°  que  les  bâtiments  du 
monastère  furent  par  lui  construits,  sinon  entièrement  achevés;  4°  que  la  dédicace  de  l'église 
fut  célébrée  par  saint  Germain  le  jour  même  de  la  mort  du  roi,  c'est-à-dire  le  9  3  décembre  558. 

(Note  de  M.  Guérard,  dans  le  t.  l  du  Polyptyque  d'Irminon,  rappelée  et  complétée  par  M.  Cocheris 
dans  son  édition  de  Yllist.  du  dioc.  de  Paris,  III,  p.  /i3-48,  add.  2.) 

IV 

MANUMISSION  DES  HABITAINTS  DU  BOURG  DE  SAIM-GERMAIN  DES-PREZ. 

Texte,  page  2  et  pages  suivantes. 

Universis  prœsenles  litteras  inspecturis,  frater  Thomas,  miseratione  divina  beati  Germani  de 
Pratis  Parisiensis  minister  humilis,  et  totius  ejusdem  loci  conventus  œternam  in  Domino  salutem. 
Cum  homines  nostri  de  burgo  nostro  Sancti  Germani  de  Pratis  grata  nobis  pluries  impenderint 
obsequia,  res,  et  bona,  proprias  etiam  personas  nonnunquam  pro  necessitatibus  noslris  peri- 
culis  exponentes;  nos  ipsorum  altendentes  devotionem  et  pro  ducentis  libris  Parisiensibus  (de 
quibus  nobis  est  satisfactum)  manum  mortuam,  forismaritagium ,  et  omnimodam  servitutem 
quam  habebamus,  vel  habere  poteramus  indictis  hominibus,  et  eorum  hœredibus  quantum  ad 
personas  seu  corpora  ipsorum,  ubicunque  de  caetero  se  transferre  voluerint,  totaliter  et  in  per- 
petuum  remittimus,  et  quittamus,  et  eosdem  manumittimus,  ac  perpétuas  libertati  plene  descri- 
bimus  et  donamus.  Hujusmodi  autem  remissionibus  et  libertatibus  tantummodo  gaudere  volumus 
iilos  et  illas,  undecunque  duxerint  originem,  qui  et  quae  in  dicta  villa  Sancti  Germani  remis- 
sionis  et  manumissionis  tempore  morabantur,  et  illos  ejusdem  villœ  natives ,  qui  se  causa  pere- 
grinationis  seu  ad  aliéna  servitia  transtulerint,  qui  necdum  alibi  matrimonium  contraxerunt. 
Hanc  autem  remissionem  fecimus  salvis  nobis  et  ecclesiœ  nostrœ  omnimoda  justitia  et  dominio 
in  dicta  villa  Sancti  Germani  et  omnibus  redditibus,  consueludinibus  et  coustumis.  Quee  cous- 
tumœ  laies  sunt.  Omnes  homines  de  dicto  bui'go  Sancti  Germani  bannarii  ad  l'urnuni  nostrum , 
seu  furna  nostra  (dum  tanien  furnum  et  furnarium  compelenter  habeamus)  per  bannum  coquere, 
et  furnagia  (prout  hactenus  consueverunt)  nobis  solvere  tenebuntur.  Si  vero  per  duos  dies  aut 
per  très  ad  requisitionem  illius  qui  panem  suum  ad  coquendum  petierit,  furnarius  coquere 
dislulerit,  ex  tune  absque  coutradictione  et  emenda  quilibet  dictorum  hominum  alibi  prout  melius 
placuerit,  panem  suum  déferre  poteritad  coquendum.  Item,  prout  hactenus,  extitit  consuetum , 
de  omnibus  bobus  et  vaccis  pascentibus  in  insula  nostra  Secanœ,  pro  quolibet  bove  sive  vacca 
duodecim  dcnarios  ;  de  jumenta  fœta  sex  denarios  in  mense  Maïo  annis  singulis  nobis  solvere 
tenebuntur.  Item,  census  nostros,  videlicet  pro  qualibet  masura  in  magno  censu  nostro  sita,  Ires 
solidos  censuales.  Et  si  in  duas  aut  plures  masura  quaelibet  dividatur,  quilibet  parlem  cujusiibet 
masurae  possidens,  très  solidos  censuales  solvere  :  si  vero  ad  unum  possidentem  quaelibet  ma- 
sura redierit,  non  nisi  très  solidos  tantummodo  censuales  in  festo  sancti  Remigii  solvere  tene- 
bilur  annualim.  Item,  cubas  suas  et  vindemias  omnium,  vineatum  quae  tenentur  ad  censum  a 
nobis  in  vindemiis,  ad  ecclesiam  noslram  vel  ad  pressorium  nostrum  de  Gibert  quolibet  modio 

'''  Vita  S.  Droclov.  n.  12;  dans  Bouquet,  lll,  437  D. 


344  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

vini,  unum  sexlarium  de  meta  gutta  vini  pro  décima,  et  tertiam  partem  totius  pressoragii. 
exceptis  vineis  de  territorio  Sancti  Sulpicii,  ex  quarum  vindemiis  unum  sextarium  vini  de  meta 
gutta  pro  décima,  et  quartam  partem  pressoragii  tantummodo  nobis  solvent.  De  vineis  vero 
quarum  vindemias  consueverunt  et  tenentur  ducere  ad  pressorium  nostrum  de  Gibert,  quartam 
partem  totius  pressoragii  nobis  solvent,  et  decimam,  prout  hactenus  extitit  consuelum.  Et  nos 
prœdictis  hominibus  cubas  ad  ponendum  vindemias  dictarum  vinearum  debemus  in  eodem 
pressorio  ministrare.  De  quatuor  vero  arpentis  vineœ,  quœ  fuerunt  defuncti  Aierni,  quatuor 
modios  vini  convenientis  solvent  pro  décima,  censu  et  pressoragio.  Vineœ  vero  quœ  sunt  in 
masuris  assignatis  ad  anniversarium  bonœ  memoriœ  Roberti,  quondam  abbatis  ecciesiœ  nostrœ, 
solvent  dicti  homines  integram  summam  pecuniœ,  et  alia  quœ  in  corta  super  his  confecta  con- 
tinentur.  Salvo  etiam  hoc  et  retento  nobis  et  ecciesiœ  nostrœ,  quod  omnes  mulieres  prœdictœ 
viiiœ,  in  die  puriticationis  suœ  post  puerperium,  et  primo  die  quo  accèdent  ad  parrochialem 
ecclesiam  post  sponsalia,  ad  ecciesiam  nostram  tenentur  vertere  ratione  matricis  ecciesiœ,  et 
oblationes  ibidem  facere,  prout  hactenus  extitit  consuetum.  Salvum  etiam  nobis  et  ecciesiœ 
nostrœ,  quod  eo  anno,  quo  Dominus  Rex  a  nobis  solidos  suos  levabil,  solides  a  dictis  hominibus 
ievare  poterimus  quos  habito  respectu  ad  solidos  nobis  impositos  et  terram  nostram  tailliabilem 
viderimus  bona  fide.  lia  tamen  quod  homines  dictœ  vilIœ  electi  a  communitate  ejusdem  vilIœ 
summam  pecunliœ,  quam  nos  vel  successores  nostri  super  communitate  dictœ  vilIœ  pro  solidis 
Domini  régis  bona  fide  duxerimus  imponendam,  assidebunt,  levabunt,  et  infra  terminum  a 
nobis  vel  successoribus  noslris  eis  quolibet  anno  impositum  intègre  persolvent.  Et  quod  si  in 
solutione  facienda  summœ  prœdictis  hominibus  dictœ  villœ  impositœ  eis  a  nobis  vel  successo- 
ribus nostris  impositum,  pro  prœdictis  solidi  Domini  Régis  electi  a  communitate  villœ  cessarent 
in  loto  vel  in  parte  :  ex  tune  nos  vel  successores  nostri  capiemus,  vel  capi  faciemus  de  bonis 
cujuslibet  hominis  in  dicta  villa  commorantis,  unius  vel  plurium,  prout  nobis  melius  placuerit, 
et  distrahere  poterimus  res  captas,  quosque  super  tota  summa  pecuniœ  hominibus  dictœ  villœ 
impositœ,  nobis  et  ecciesiœ  nostrœ,  vel  mandato  nostro  l'uerit  plenarie  satisfaclum.  Prœterca 
dicti  homines  dictœ  villœ  Sancti  Germani  omnes  alios  redditus  noslros  et  consuetudines  (exceptis 
prœdictis  manumortua,  forismaritagio,  servitute)  et  alia  ad  servitutem  corporum,  vel  perso- 
narum  ipsarum  perlinentia,  nobis  et  ecciesiœ  nostrœ  sine  contradictione  et  difiicultate  qualibel 
solvent  de  cœtero  pacifiée  et  quiète.  Salvo  etiam  nobis  in  omnibus  omni  alio  jure  nostro.  Quod 
ut  ratum  et  stabile  permaneat  in  futurum,  prœdictis  hominibus  in  testimonium  prœsenles  litteras 
.concessimus,  sigillorum  nostrorum  munimine  roboratas.  Actum  anno  incarnalionis  Dominicœ 
millesimo  ducentesimo  quinquagesimo,  mense  Maïo,  régnante  Ludovico  Ludovici  filio,  rege 
Francorum  piissimo. 

Scellé  sur  simple  queiie  de  cire  verte. 

(D.  Bouillart,  Preuves,  p.  60.) 


DROITS  DE  JUSTICE,  CENSIVE,  FOIRES  ET  MARCHES 

APPARTENANTS 
À  L'ABBAYE  SAINT-GERMAIIN-DES-PRÉS,  EN  1790. 

(Texte,  page  9  et  pages  suivantes.) 

Le  fauxbourg  Saint-Germain  fait  partie  du  fief  d'Issy,  donné  par  le  roi  Childebert,  à  titre  de 
dotation,  à  l'abbaye  de  Saint-Germain  en  558,  avec  tous  droits  de  haute,  moyenne  et  basse 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  U5 

justice  et  censive,  et  tous  les  autres  droits  qui  lui  appartenoient,  taut  sur  lélendue  dudil  fief 
que  sur  la  rivière  de  Seine  et  une  perche  royale  des  deux  côte's,  depuis  les  anciens  ponts  de 
Paris  jusqu'à  la  rue  de  Sève,  qui  fait  se'paration  de  ladite  rivière  avec  le  seigneur  de  Saiut-Cloud. 

Ce  fauxbourg  formoit  une  ville  se'parée  de  celle  de  Paris,  suivant  un  arrêt  du  Parlement  de 
Tannée  1297. 

Par  redit  du  Roy  du  mois  de  février  167/i,  la  haute  et  moyenne  justice  dudit  fauxbourg  a 
été  réunie  au  Chàtelet,  et  elle  a  été  seulement  réservée  dans  tout  l'enclos  de  lad.  abbaye,  tant 
du  côté  de  M.  l'Abbé  que  du  côté  de  MM.  les  Religieux;  il  a  été  aussi  réservé  à  l'abbaye  de 
Saint-Germain  la  basse  justice  foncière  pour  les  rentes,  cens  et  autres  redevances  des  maisons  et 
biens  étant  dans  la  censive  et  fief  dépendant  de  lad.  abbaye,  situés  dans  la  ville  et  fauxbourg  de 
Paris,  ainsi  qu'il  est  porté  par  un  arrêt  du  Conseil  d'État  du  Roy,  du  21  janvier  1676,  confirmé 
par  des  lettres  patentes  du  mois  de  may  1691,  enregistrées  au  grand  Conseil  le  i5  dud.  mois 
de  mars,  et  par  autre  arrêt  du  Conseil  du  iZi  février  1698,  confirmé  par  lettres  patentes  dud. 
mois  de  février,  enregistrées  au  Parlement  le  17  du  même  mois  de  février. 

En  sorte  que  la  haute,  moyenne  et  basse  justice  dans  les  enclos  de  l'abbaye,  et  la  basse  justice 
foncière  seulement  dans  tout  le  fauxbourg  Saint-Germain,  est  exercée  par  les  officiers  au  nom 
de  l'abbé  et  des  religieux  de  ladite  abbaye  conjointement. 

Par  la  suite  des  temps  il  s'est  fait  plusieurs  usurpations  de  la  censive  sur  le  petit  Pré-aux- 
Clercs,  sur  partie  du  grand  Pré-aux-Clercs. 

Le  petit  Pré-aux-Clercs  commence  à  une  maison  rue  du  Colombier,  presque  devant  la  grande 
grille  de  labbaye,  oîi  loge  une  fruitière,  traversant  en  droite  ligne  par  derrière  jusqu'à  la  rue 
des  Marais,  en  montant  le  long  de  ladite  rue  des  Marais  et  du  Colombier,  jusqu'à  la  rue  des 
Petits-Augustins,  y  compris  les  trois  maisons  qui  font  le  coin  de  ladite  rue  des  Marais  et  des 
Petits-Augustins. 

Plus,  de  quelques  maisons  rue  des  Marais  à  gauche,  en  entrant  par  la  rue  des  Petits-Augus- 
tins, jusquà  une  maison  qui  appartenoit  ci-devant  à  M.  de  Louvencourt,  dont  la  nue  propriété 
a  été  acquise  par  le  sieur  Pierre-Élie  Baraud  des  Granges,  par  contrat  devant  Monnot,  n''%  le 
9  mars  1777,  laquelle  est  la  première  de  ce  côté  oii  commence  la  censive  de  l'abbaye  de  Saint- 
Germain,  dont  les  maisons  de  ce  même  côté  jusqu'à  la  rue  de  Seine  sont  aussi  de  la  censive  de 
l'abbaye  Saint-Germain,  ce  qui  forme  six  maisons. 

De  l'autre  côté  de  la  rue  et  (sic)  marais  en  entrant  par  la  rue  de  Seine  à  gauche,  jusques  et 
compris  deux  maisons  appartenantes  à  la  Visitation,  ce  qui  forme  huit  maisons,  sont  aussi  de  la 
censive  de  l'abbaye  Saint-Germain. 

De  l'autre  côté  de  la  rue  des  Petits-Augustins,  le  surplus  dudit  petit  Pré-aux-Clercs  reprend 
à  une  maison  appartenante  à  l'Hôtel-Dieu,  d'où  l'on  traverse  droit  dans  les  jardins  des  Petits- 
Augustins,  derrière  toutes  les  maisons  qui  ont  été  bâties  depuis,  la  susdite  maison  de  l'Hôtel- 
Dieu,  jusqu'au  coin  de  la  rue  du  Colombier,  et  depuis  ladite  maison  du  coin  tout  le  long  de  la 
rue  Jacob,  à  main  droite  jusqu'à  la  rue  des  Saints-Pères  en  entrant  à  droite  jusqu'à  deux  maisons 
appartenantes  aux  Petits-Augustins. 

Quant  au  grand  Pré-aux-Clercs,  il  commence  rue  Saint-Benoît  à  droite  jusqu'à  la  rue  des 
Deux-Anges,  dont  toutes  les  maisons  des  deux  côtés  sont  de  la  censive  de  fUniversité,  ainsi  que 
les  maisons  à  gauche  de  la  rue  Jacob,  et  va  traverser  chez  MM.  les  Religieux  de  la  Charité,  et 
comprend  une  .salle  neuve  qui  va  rendre  vis-à-vis  le  cimetière  cy-devanl  appelé  des  Huguenots, 
et  qui  appartient  à  présent  auxdits  Pères  de  la  Charité,  dont  il  y  a  une  petite  partie  à  droite 
en  descendant  qui  est  dudit  grand  Pré-aux-Clercs,  aussi  bien  que  toutes  les  maisons  en  descen- 
dant depuis  ledit  cimetière  et  du  même  côté  jusqu'au  coin  de  la  rue  des  Saints-Pères  et  de 
riîniversité,  qui  sont  prétendues  par  lesdits  sieurs  de  l'Université. 


346  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Et  encore  toutes  les  maisons  qui  sont  dans  ladite  rue  de  lUniversité  à  main  gauche,  depuis 
ie  coin  de  la  rue  des  Saints-Pères,  qui  vont  le  long  de  ladite  rue  de  l'Université  à  gauche  jus- 
qu'au coin  de  la  rue  du  Racq,  dans  laquelle  rue  du  Racq,  à  droite,  il  y  a  deux  maisons  qui 
font  le  second  coin  de  la  rue  du  Bacq ,  qui  aboutissent  au  passage  du  jardin  de  M"""  la  princesse 
de  Conty,  cy-devant  appelé  l'hôtel  de  Grimberg,  situé  rue  Saint-Dominique. 

Plus,  depuis  ladite  rue  du  Bacq  jusqu'au  coin  de  la  rue  de  Belle  Chasse. 

Mais  dans  cette  étendue  il  y  a  un  hôtel  appartenant  à  M.  Feydeau  de  Brou ,  qui  est  la  dernière 
porte  cochère  avant  la  rue  de  Belle-Chasse,  qui  a  été  construit  sur  partie  du  jardin  de  l'hôtel 
de  Broglie,  sis  rue  Saint-Dominique,  dans  lequel  hôtel  de  M.  de  Brou,  qui  contient  en  totalité 
982  toises  3  pieds  1  pouce  5  lignes,  il  n'y  en  a  dans  la  censive  de  l'Université  que  lig  toises 
4  pieds  3  .pouces  7  lignes,  et  dans  celle  de  l'abbaye  Saint-Germain  iSa  toises  lU  pieds  9  pouces 
10  lignes. 

Il  y  a  encore  dans  la  censive  de  l'Université  deux  maisons  rue  de  Belle-Chasse  à  gauche, 
dans  l'étendue  de  1 6  toises  9  pieds  9  pouces  de  face  qu'ils  ont  de  ce  côté. 

De  l'autre  côté  de  ladite  rue  de  Bello-Chasse  à  droite,  la  censive  de  l'Université,  a  16  toises 
9  pieds  5  pouces  de  face  sur  la  rue  et  16  toisos  5  pieds  1  pouce  4  lignes  dans  le  fond  du  côté 
de  l'hôtel  de  M.  le  prince  de  Chalais. 

Et  l'abbaye  de  Saint-Germain  a  la  censive  sur  le  surplus  de  ladite  rue  de  Belle-Chasse  à 
prendre  depuis  lesdiles  16  toises  qui  appartiennent  à  l'Université  jusqu'à  la  rue  Saint-Domi- 
nique, des  deux  côtés  de  ladite  rue  de  Belle-Chasse. 

Plus,  il  y  a  encore  dans  la  censive  de  l'Université  le  terrein  à  prendre  depuis  le  second  coin 
de  la  rue  de  Belle-Chasse  en  suivant  la  rue  de  l'Université,  passant  derrière  les  murs  du  jardin 
du  couvent  de  Saint-Joseph  jusques  près  le  corps  de  garde  oii  la  ligne  se  termine  en  pointe  à 
côté  du  jardin  de  l'hôtel  de  Brienne,  et  ie  surplus  de  ce  côté  de  la  rue  jusques  dans  la  cam- 
pagne est  de  la  censive  de  l'abbaye  Saint-Germain,  mais  dans  cette  partie  il  y  a  plusieurs  hôtels 
de  construits  qui  sont  en  partie  de  la  censive  de  l'abbaye  Saint-Germain  et  en  partie  de  l'Uni- 
versité. 

Plus,  l'Université  a  encore  dans  sa  censive  une  partie  de  l'hôtel  d'Harcourt  situé  rue  de  l'Uni- 
versité à  droite,  l'autre  partie  est  dans  la  censive  de  l'abbaye  Saint-Germain. 

Quant  aux  autres  maisons  de  la  rue  de  l'Université,  à  commencer  du  coin  de  la  rue  des 
Saints-Pères  à  droite  jusques  dans  la  campagne,  elles  sont  dans  la  censive  de  l'abbaye  Saint- 
Germain,  à  l'exception  seulement  de  la  portion  de  l'hôtel  d'Harcourt  qui  est  de  la  censive  de 
l'Université,  ainsi  qu'il  est  cy-dessus  dit. 

L'abbaye  de  Saint-Germain  a  encore  été  traversée  par  le  domaine  en  1681.  Le  Roy,  par  sa 
déclaration  de  ladite  année,  a  déclaré  de  son  domaine  toutes  les  maisons  bâties  sur  les  fossés, 
fortifications  et  contrescarpes  qui  commencent  rue  Guéné|;aud  à  main  droite  en  y  entrant  par 
la  rue  Mazarine  à  main  gauche  en  retournant  vers  le  carrefour  de  Bussy,  anciennement  appelle 
de  Nesie,  et  comprend  les  maisons  rue  Contrescarpe  à  main  droite  en  entrant  par  la  rue  Dau- 
phine,  aussi  bien  que  les  maisons  vis-à-vis  ladite  rue  Contrescarpe  rue  Dauphine. 

De  ladite  rue  Contrescarpe  on  entre  rue  Saint-André-des-Arts,  pour  passer  en  dioile  ligne 
dans  la  cour  du  Commerce  ,  autrefois  dite  Jeu  de  boule  de  Mahus,  qui  fait  le  derrière  de  la  rue 
des  Fossés-Saint-Germain,  dont  toutes  les  maisons  qui  sont  de  ce  côté  de  cette  rue,  depuis  le 
coin  de  la  rue  Saint-André  passant  vis-à-vis  les  maisons  de  la  Comédie  et  vont  finir  à  la  l'onlainc 
des  Cordeliers,  sont  de  la  censive  du  Roy. 

Toutes  les  maisons  qui  sont  dans  la  rue  de  Touraine  et  de  l'Observance,  en  tournant  et  allant 
jusqu'à  la  rue  des  Fossés-Monsieur-le-Prince ,  paroissent  aussi  de  la  censive  du  Roy,  à  l'exception 
des  maisons  du  nommé  Bêche,  sises  au  coin  de  la  rue  des  Cordeliers  à  droite  en  y  enirani  par 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  347 

la  rue  des  Boucheries,  et  de  celles  qui  appartiennent  aux  sieurs  Bebin  et  de  la  Griffe  qui  sont 
même  rang,  d'une  aux  Cordeliers  au  coin  de  la  rue  de  Touraine,  et  une  au  coin  de  la  rue  de 
l'Observance,  qui  sont  de  la  censive  de  l'abbaye  Saint-Gennain,  et  qui  termine  les  fosse's. 

En  continuant  sur  la  rue  des  Fossés-Monsieur-le-Prince,  à  main  gauche,  jusqu'à  la  porte 
Saint-Michel  ou  devant  la  fontaine,  toutes  sont  prétendues  par  le  domaine  du  Roy,  quoique 
l'abbaye  n'ait  jamais  e'ié  indemnisée  par  le  Roy  de  tout  ce  terrein  à  l'exception  de  sept  maisons 
en  entrant  par  la  rue  de  Condé,  à  gauche,  qui  tiennent  à  la  maison  du  sieur  Allain,  qui  pa- 
roissent  être  de  la  censive  de  l'abbaye  de  Saint-Germain. 

On  observe  ici  que  tout  le  terrein  qui  composoit  cy-devant  l'ancien  hôtel  de  Condé,  rue  de 
Condé,  et  plusieurs  maisons  rue  de  Condé  et  des  Fossés-Monsieur-le-Prince ,  ont  été  acquises 
par  le  Roy,  en  l'année  1774,  pour  bâtir  la  salle  de  la  Comédie-Française,  et  Sa  Majesté  s'est 
réservé  le  droit  de  disposer  du  surplus  dudit  lerrein  qui  ne  seroit  pas  utile  à  la  construction  de 
ladite  salle,  soit  par  vente,  échange  ou  autrement. 

Que  Sa  Majesté  a  vendu  à  Monsieur,  frère  du  Roy,  sous  le  nom  de  M.  Machet  de  Velye,  le 
i3  juillet  1779,  tous  les  lorreins  de  l'ancien  hôtel  de  Condé,  situés  le  long  de  la  rue  du  même 
nom,  des  rues  de  Vaugirard  et  des  Fossés-Monsieur-le-Prince,  et  les  maisons  et  bâtiments  adja- 
cents, à  l'exception  des  terreins  qui  seroient  nécessaires  pour  la  construction  de  ladite  salle  et 
des  rues  et  place  appartenant  à  Sa  Majesté,  sans  cependant  aucune  réunion  à  son  domaine,  en 
vertu  des  acquisitions  qu'elle  en  avoit  faites. 

Que  MM.  les  Commissaires  du  Roy  qui  ont  fait  cette  vente  ont  dit  par  le  contrat  que  lesdils 
terreins  seroient  possédés  par  ledit  sieur  de  Veliye,  en  la  directe  et  censive  de  Sa  Majesté,  et 
chargés  d'un  sol  tournois  de  cens  par  toise,  et  ont  dispensé  ledit  sieur  de  Veliye  et  ceux  qui 
acquereroient  de  lui  de  |)ayer  aucuns  droits  de  lods  et  ventes,  même  pour  les  premières  reventes 
qui  seroient  laites  par  lesdils  acquéreurs  dudit  sieur  de  Veliye,  dans  l'espace  de  vingt  années. 

Que  ledit  sieur  de  Veliye  a  obtenu  des  lettres  patentes  sur  ce  contrat  le  10  août  1779,  qu'il 
a  fait  enregistrer  au  Parlement  le  7  septembre  suivant. 

Qu'il  a  été  présenté  au  Parlement  une  requête  par  le  receveur  général  des  économats,  et 
MM.  les  Prieur  et  Religieux  de  Saint-Germain,  par  laquelle  ils  ont  demandé  à  être  reçus  oppo- 
sants à  l'enregistrement  desdites  lettres  patentes,  et  à  être  maintenus  gardés  dans  la  seigneurie 
directe  et  censive  desdits  terreins,  et  que  M.  de  Veliye  fût  condamné  à  payer  à  l'abbaye  Saint- 
Germain  les  lods  et  ventes  de  son  acquisition. 

Sur  cette  requête  il  est  intervenu  arrêt,  le  29  décembre  1780,  qui  a  permis  de  faire  assigner 
.M.  de  Veliye. 

M.  de  Veliye  a  été  assigné  au  Parlement  le  5  janvier  1781,  en  vertu  dudit  arrêt. 

Mais,  par  arrêt  du  Conseil  d'État  du  1 1  avril  1 781,  cette  demande  a  été  évoquée  au  Conseil  et 
elle  n'est  pas  terminée. 

Outre  les  anciens  fossés  prétendus  par  le  domaine,  il  y  a  encore  le  grand  et  le  petit  séjour 
de  Nesie  qui  sont  déclarés  de  la  censive  du  Roy,  par  arrêt  du  Conseil  du 

Ce  grand  et  petit  hôtel  de  Nesie  commence  de  la  rue  Guénégaud,  comprend  toutes  les  maisons 
des  deux  côtés  de  ladite  rue,  les  bâtiments  de  l'hôtel  de  la  Monnoye  et  tout  le  terrein  du  collège 
Mazarin,  tant  sur  le  bord  de  l'eau  que  derrière,  rue  Mazarine,  du  côté  dudit  collège  Mazarin, 
à  l'exception  de  quatorze  maisons  qui  font  partie  du  grand  pavillon  dudit  collège,  rue  Mazarine, 
dont  ils  ont  été  condamnés  de  payer  l'indemnité  à  l'abbaye  Saint-Germain,  suivant  ledit  arrêt 
du  Conseil  du  lesquelles  sont  par  ce  moyen  de  la  censive  de  Saint-Germain. 

Le  bureau  de  l'Hôtel  de  Ville  de  Paris  prétend  aussi  avoir  un  droit  de  censive  sur  une  maison, 
rue  du  Jardinet,  appartenante  cy-devant  à  M.  de  Leneville,  et  sur  quatre  maisons  dans  la  rue 
du  Battoir,  à  gauche  en  entrant  par  la  rue  Hautefeuille,  jusqu'au  coin  de  ladite  rue; 

iiit. 


348  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Plus  sur  trois  maisons  rue  des  Poitevins,  appartenantes  cy-devant  à  M.  Dufresne,  procureur 
au  Parlement,  et  aujourd'hui  au  sieur  Pierre-Rarthelemi-Thomas  Lenain,  procureur  au  Ciià- 
telet,  et  à  ses  cohéritiers. 

Il  y  a  encore  eu  contestation  entre  l'abbaye  Saint-Germain,  celle  de  Sain  te- Geneviève  et  le 
chapitre  Saint-Benoit,  au  sujet  de  la  censive  du  grand  et  petit  Luxembourg,  et  trois  maisons, 
rue  d'Enfer,  et  le  petit  Calvaire,  rue  de  Vaugirard,  et  sur  d'autres  maisons  au  bout  de  la  rue  de 
Vaugirard,  derrière  le  Luxembourg,  dont  la  censive  a  été  réglée  par  transaction  entre  l'abbaye 
Saint- Germain,  l'abbaye  Sainte-Geneviève  et  ledit  chapitre  Saint-Benoît,  devant  M"  Garnot, 
notaire,  le  i^gi,  par  laquelle,  entre  autres  choses,  il  a  été  convenu  que  toutes  les  mu- 
tations qui  seront  faites  du  grand  Luxembourg,  Saint-Benoît  en  auroit  un  sixième  et  demi,  et 
à  l'égard  de  trois  maisons,  rue  d'Enfer,  en  entrant  ])ar  la  porte  Saint-Michel  à  droite,  elles  sont 
demeurées  en  commune  censive,  tant  de  l'abbaye  Saint-Germain  que  de  Sainte-Geneviève. 

A  l'égard  du  petit  Luxembourg,  la  censive  appartient  pour  moitié  à  l'abbaye  Saint-Germain 
et  pour  l'autre  moitié  à  l'abbaye  Sainte-Geneviève,  et  à  l'égard  de  la  censive  sur  le  terrein  du 
couvent  du  Calvaire,  elle  appartient  en  entier  à  l'abbaye  de  Sainte-Geneviève,  ainsi  qu'il  est 
porté  en  une  transaction  passée  entre  les  deux  abbayes  les  4  et  5  novembre  1691,  et  le  surplus 
des  maisons  et  héritages,  depuis  le  couvent  du  Calvaire  jusqu'à  une  treizième  borne  du  bor- 
nage fait  entre  les  deux  abbayes  le  2  a  novembre  1691  et  jours  suivants,  en  exécution  de  ladite 
transaction,  laquelle  borne  est  placée  à  l'encoignure  du  mur  de  l'enclos  du  moulin  de  la  Pointe, 
entre  le  chemin  de  Vaugirard  et  le  chemin  des  Fourneaux,  est  de  la  censive  de  l'abbaye  Saint- 
(rennain. 

Et  en  remontant  la  rue  de  Vaugirard  jusqu'à  la  rue  des  Francs-Bourgeois  se  trouve  une  cen- 
sive qui  appartient  à  la  Grande  Confrairie  de  Paris,  dont  la  première  borne  est  posée  sur  ladite 
rue  de  Vaugirard,  au  coin  de  l'ancien  hôtel  de  la  Trémouille,  et  montant  depuis  cette  borne 
jusqu'à  une  autre  et  dernière  borne  qui  est  posée  dans  la  rue  d'Enfer. 

Et  de  la  susdite  dernière  borne  de  la  Grande  Confrairie,  montant  aux  Chartreux  jusqu'à  urus 
cinquième  borne  posée  dans  ladite  rue,  dont  la  face  qui  regarde  les  Chartreux  et  la  rue  d'Enfer 
a  les  armes  de  Sainte-Geneviève  seulement. 

Et  de  là,  étant  dans  l'enclos  nouveau  des  Chartreux,  suivant  les  murs  nouveaux  dits  de  la 
Forge  qui  séparent  lesdils  Chartreux  du  Luxembourg  jusqu'à  douze  pieds  et  demi  de  longueur, 
et  fait  coude  en  cet  endroit;  de  là,  continuant  le  longdudit  mur,  dudit  clos  de  la  Forge  qui  le 

sépare  du  jardin  de  Dom  ,  coadjuteur,  et  entrant  dans  la  première  cour  du  couvent  des 

Chartreux,  oij  il  a  dû  être  posé  une  septième  borne  au  coin  de  la  Chapelle  aux  femmes,  conti- 
nuant le  long  dudit  jardin  du  Père  Procureur  et  de  la  menuiserie,  oiî  passait  autrefois  ledit  ancien 
chemin  de  Vanves,  allant  ])ar  deux  coudes  à  une  ancienne  porte  à  présent  bouchée;  tout  ce  qui 
se  trouve  à  droite  dans  ledit  clos  des  Chartreux,  c'est-à-dire  dans  leur  ancien  clos,  maisons, 
bâtiments,  jardins,  cellules,  est  dans  la  censive  et  dîmage  de  l'abbaye  Saint-Germain,  et  tout 
ce  qui  est  à  gauche  est  de  la  censive  de  l'abbaye  Sainte-Geneviève;  depuis  ladite  sixième  borne, 
compris  le  clos  de  la  Forge,  traversant  la  susdite  cour,  entrant  dans  l'enclos  le  long  des  mu- 
railles de  celle  de  l'ancien  clos,  allant  gagner  la  porte  bouchée  de  l'ancien  chemin  de 
Vanves. 

Au  dehors  de  l'enclos  desdits  Chartreux,  au  milieu  de  la  porte  bouchée  dudit  clos  des  Char- 
treux où  passait  ledit  ancien  chemin  de  Vanve,  il  a  été  posé  une  huitième  borne,  et  tout  l'em- 
placement dudit  ancien  chemin,  depuis  ledit  mur  des  Chartreux  jusqu'à  une  neuvième  borne 
plantée  sur  le  bord  dudit  ancien  chemin  de  Vanve  et  gravée,  dans  la  face  qui  regarde  l'enclos 
des  Chartreux,  des  armes  de  l'abbaye  Saint-Germain,  et  la  face  qui  regarde  Vanve  des  armes 
de  l'abbaye  Sainte-Geneviève,  pour  dénoter  que  les  terres  qui  sont  du  côté  de  Paris  sont  de 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  349 

ia  censive  de  i'abbaye  Saint-Germain,  et  tout  ce  qui  est  du  côté  de  Vanve  à  l'abbaye  Sainte- 
Geneviève. 

H  est  à  observer  ici  qu'il  y  a  eu  contestation  entre  l'abbaye  Saint-Germain-des-Pre's  et  l'abbaye 
Sainte-Geneviève,  au  sujet  de  la  proprie'té  et  seigneurie  de  l'ancien  chemin  de  Vanve,  qui  a 
été  supprimé  depuis  le  nouveau  boulevard  jusqu'à  la  neuvième  borne,  et  que,  par  sentence 
arbitrale  du  Q9  avril  1780,  homologuée  par  arrêt  du  Parlement  du  28  avril  1781,  il  a  été  dit 
que  cet  ancien  chemin  appartiendrait  pour  moitié  à  chacune  desdiles  abbayes,  et  qu'il  seroit 
placé  huit  bornes  intermédiaires  entre  la  huitième  et  neuvième  bornes  du  procès-verbal  de  bor- 
nage de  1691,  que  ces  huit  bornes  intermédiaires  ont  été  placées  et  que  la  dernière  desdites 
huit  bornes  a  été  placée  au  milieu  dudit  ancien  chemin  de  Vanve,  vis-à-vis  la  neuvième  borne 
du  bornage  de  1691. 

Et  de  ladite  neuvième  borne,  tirant  en  droite  ligne  le  long  des  terres  de  l'Hôtel-Dieu  de  Paris, 
à  Û9  perches  i/3  de  distance,  est  une  dixième  borne. 

De  là,  tirant  vers  le  chemin  de  Paris  à  Vaugirard,  à  la  distance  de  97  perches  i/3  de  la 
dixième  borne,  est  une  onzième  borne. 

Et  de  ladite  onzième  borne ''i  on  lire  en  droite  ligne  jusqu'à  la  treizième  borne,  qui  est 
placée  à  l'encoignure  du  mur  de  l'enclos  du  moulin  de  la  Pointe,  entre  la  rue  de  Vaugirard  et 
le  chemin  des  Fourneaux,  dont  il  est  cy-dessus  parlé;  le  surplus  du  chemin  de  Vaugirard  allant 
à  Vaugirard,  à  gauche,  est  dans  la  censive  de  Sainte-Geneviève. 

Toute  la  rue  de  Vaugirard  à  main  droite,  depuis  la  rue  des  Fossés-de-Monsieur-le-Prince 
jusqu'à  une  quatorzième  borne  qui  est  plantée  sur  le  chemin  de  Vaugirard,  au  coin  d'une  pièce 
de  terre  appartenante  aujourd'hui  à  Julien  Sageret,  est  dans  la  censive  de  l'abbaye  Saint- 
Germain. 

Depuis  ia  quatorzième  borne,  tirant  en  droite  ligne  vers  la  rivière  de  Seine,  traversant  le 
chemin  Blomet,  ensuite  le  chemin  de  Sève  à  côté  du  clos  de  la  maison  de  la  Folie,  est  une 
([uinzième  borne;  de  là,  tirant  aussi  en  droite  ligne  vers  la  rivière,  sur  le  bord  du  chemin  de 
la  Sablonière,  est  posée  une  seizième  borne,  laquelle  borne  s'étant  trouvée  mutilée,  il  en  a  été 
fait  une  neuve  qui  a  été  placée  de  l'autre  côté  dudit  chemin  vis-à-vis  l'ancienne,  dont  [dans?] 
une  pièce  de  terre  appartenante  à  l'École  militaire. 

De  là,  continuant  toujours  à  la  rivière  en  droite  ligne,  est  une  dix-septième  borne  placée 
dans  le  fossé  du  Champ  de  Mars,  adossée  au  mur  extérieur  dudit  fossé,  oiJ  elle  était  placée  pour 
empêcher  qu'elle  ne  fût  dégradée,  ayant  dû  être  posée  de  l'autre  côté  dudit  mur  extérieur,  dans 
l'avenue  au  dehors  du  Champ  de  Mars. 

Et  de  là,  tirant  toujours  en  droite  ligne  jusqu'à  la  rivière,  est  une  dix-huitième  borne,  aussi 
placée  dans  le  fossé  du  Champ  de  Mars,  et  au  bout  dudit  fossé  où  elle  a  été  placée  pour  empê- 
cher son  dépérissement ,  ayant  aussi  dû  être  placée  au  dehors  dudit  fossé  et  sur  le  bord  de  la 
rivière. 

De  là,  tirant  le  long  de  la  rivière  du  côté  du  Gros-Caillou,  est  une  dix-neuvième  borne  placée 
dans  un  marais  avant  les  premières  maisons  du  Gros-Caillou,  oîi  elle  a  été  placée  pour  empêcher 
son  dépérissement,  mais  qui  doit  valoir  comme  si  elle  eût  été  placée  sur  le  bord  de  la  rivière. 

De  la  dix-neuvième  borne,  en  montant  vers  le  Gros-Caillou  jusqu'à  la  rue  Saint-Dominique 
dudit  Gros-Caillou,  est  une  vingtième  borne  posée  dans  ladite  rue  à  main  gauche  en  y  entrant 
par  le  Champ  de  Mars,  au  coin  de  la  maison  de  M"""  Villiot,  veuve  Coste. 

De  ladite  vingtième  borne,  traversant  ladite  rue  Saint- Dominique,  de  l'autre  côté  et  en 

"'  Cette  onzième  borne  est  placée  dans  le  nouveau  mur  de  la  Ville,  dans  lequel  il  a  été  fait  hache  pour 
le  reconnaître. 


350  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DL'  VIEUX  PARIS. 

descendant,  il  y  a  une  vingt  et  unième  borne  posée  au  coin  de  la  maison  du  sieur  Binet,  cliar- 
penlier. 

Et  de  là,  montant  en  droite  ligne,  à  main  gauche,  jusqu'au  chemin  de  l'Ecole  militaire,  est 
une  vingt-deuxième  borne  placée  dans  un  marais,  sur  le  bord  du  chemin  des  Invalides  à  l'École 
militaire. 

Il  est  à  observer  que  le  terrein  qui  est  entre  les  dix-septième,  dix-huitième,  dix-neuvième, 
vingtième,  vingt  et  unième  et  vingt-deuxième  bornes  est  de  la  censive  de  l'Ecole  militaire  et  du 
dîmage  de  l'abbaye  Saint-Germain. 

Reprenant  de  la  dix-neuvième  borne  cy-dessus,  qui  doit  être  placée  sur  le  bord  de  la  rivière, 
en  suivant  ladite  rivière  jusqu'au  pont  Saint-Michel,  toutes  les  maisons  et  terreins  qui  sont  ren- 
fermés dans  l'enceinte  de  toutes  lesdites  bornes  cy-dessus  mentionnées  et  depuis  icelles  jusqu'à 
la  rivière  de  Seine,  depuis  ladite  dix-neuvième  borne  jusqu'au  pont  Saint-Michel,  sont  de  la 
censive  de  Saint-Germain,  à  l'exception  seulement  des  maisons  et  terreins  qui  sont  dans  la  cen- 
sive du  Roi,  de  l'Université,  de  la  Ville  et  de  ia  Grande  Gonfrairie,  ainsi  qu'il  est  dit  cy-dessus, 
et  encore  à  l'exception  :  i°  des  maisons  situées  et  donnant  le  pourtour  de  l'abbaye,  à  partir  de 
la  porte  de  l'abbaye  rue  Sainte-Marguerite,  revenant  par  la  rue  Saint-Benoît  jusqu'à  ia  porte 
abbatiale  rue  du  Colombier,  lesquelles  maisons  sont  dans  la  censive  des  religieux  de  ladite 
abbaye;  9°  d'une  maison,  rue  Notre-Dame-des-Champs ,  près  la  rue  du  Montparnasse,  qui  a 
été  baillée  à  titre  de  cens  en  rentes  par  MM.  les  Religieux,  au  sieur  Le  Bœuf,  charpentier. 

Gomme  jusqu'à  présent  il  n'a  été  parlé  que  des  maisons  du  l'auxbourg  Saint-Germain,  dont  la 
directe  a  été  prise  en  partie  par  le  domaine  et  usurpée  par  des  particuliers  et  autres  qui  en 
jouissent,  on  va  parler  actuellement  des  maisons  dont  la  censive  et  directe  appartient  à  l'abbaye 
Saint-Germain ,  qui  sont  dans  la  ville  et  hors  du  fauxbourg. 

Rue  Saint-Denis. 

La  maison  ayant  pour  enseigne  la  Couronne,  qui  est  la  huitième  boutique  après  la  rue  Per- 
rein-Gasselin ,  appartenante  au  sieur  Roudier. 

Une  autre  maison  à  côté  de  la  précédente,  ayant  anciennement  pour  enseigne  l'Echiquier,  et 
à  présent  le  Roi  de  France,  appartenante  à  M.  de  la  Roche,  avocat,  mais  dont  la  censive  ayant 
été  contestée  par  M.  l'archevêque  de  Paris,  il  est  intervenu  sentence,  en  la  Chambre  du  domaine, 
entre  M.  l'archevêque  et  M.  le  comte  de  Clermont,  lors  abbé  de  Saint-Germain,  le  9  mai  1766, 
qui  adjuge  la  moitié  de  la  directe  de  cette  maison  à  l'abbaye  de  Saint-Germain,  et  l'autre  moitié 
à  l'archevêché. 

Quai  de  la  Ferraille,  au  lieu  anciennement  dit  Vallée  de  Misère. 

Il  y  avait  autrefois  une  maison  et  échoppe  sur  le  bord  de  l'eau,  vis-à-vis  le  Grand  Chàtelet, 
qui  appartenait  aux  marchands  de  poisson,  que  la  Ville  a  fait  démolir  pour  faire  une  place 
devant  le  Grand  Châtelel. 

I     Rue  des  Marmousets,  paroisse  Saint-Landry,  près  le  cloître  Nostre-Dame. 

Deux  maisons  attenantes  l'une  à  l'autre,  à  main  gauche,  allant  au  cloître  Nostre-Dame,  dont 
l'une  appartient  aujourd'hui  au  sieur  André  et  l'autre  aux  héritiers  et  représentans  M.  de  Baudi-y 
de  Vilaine. 

Rle  du  Petit-Pont,  au  coin  de  la  rue  de  la  Bucherie. 

Une  maison  appartenante  aujourd'hui  au  sieur  Philippe  Radan,  marchand  mercier. 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  351 

Rue  de  la  Huchette,  du  côté  de  l\  rivière  en  descendant. 

1»  Une  maison  dite  jadis  la  Cloche,  appartenante  aujourd'hui  au  sieur  Jean-Louis  Rogier, 
marchand  tapissier; 

2»  Une  maison  ci-devant  la  Souche  d'Or,  appartenante  aujourd'hui  au  sieur  Jean-Louis  Rogier; 
3°  Une  autre  maison  appartenante  aujourd'hui  audit  sieur  Rogier; 

II"  Maison  faisant  le  coin  de  la  rue  du  Chat-qui-pêche,  appartenante  aujourd'hui  à  Jean-Gui 
Lathelize; 

5°  Une  maison  dite  le  Petit-Cerf,  appartenante  aujourd'huy  à  Joseph  Normand,  marchand 
limonadier; 

6"  Une  maison  appartenante  à  l'Hôtel-Dieu; 

7"  Une  autre  maison  aussi  appartenante  à  l'Hôtel-Dieu. 

Rue  ou  Chat-qui-pêche,  par  la  rivière,  'a  main  droite. 

Maison  faisant  le  coin  de  la  rue  de  la  Huchette,  ayant  pour  enseigne  ÏY,  appartenante  au- 
jourd'huy au  sieur  Thomas-Charles  de  Lastre,  marchand  mercier. 

Id.  à  main  gauche. 

Deux  maisons  appartenantes  aux  héritiers  et  repre'sentans  le  sieur  Moissière. 
Deux  autres  maisons  appartenantes  à  l'Hôtel-Dieu. 

Rue  des  Trois-Chandeliers. 
Une  maison  appartenante  aujourd'huy  à  Georges  Perdreau. 

Rue  de  Hurpoix. 

Toutes  les  maisons  qui  sont  des  deux  côtés  de  ladite  rue  sont  de  la  censive  de  l'abbaye  Saint- 
Germain. 

Place  du  Pont-Saint-Michel. 

L'abbaye  avoil  droit  de  mettre  tous  les  ans  dans  cette  place,  du  côte'  du  fauxbourg,  un  pres- 
soir à  verjus,  dont  elle  reliroit  les  rétributions  à  son  profit,  mais  il  paroît  qu'elle  ne  l'ait  aucun 
usage  de  ce  droit,  qui,  sans  doute,  lui  étoit  plus  onéreux  que  profitable. 

Toutes  les  maisons  qui  font  face  sur  la  place  du  Pont-Saint-Michel,  depuis  la  rue  Hurpois 
jusqu'à  la  rue  Saint-André-des-ArIs  du  côté  du  fauxbourg,  sont  de  la  censive  de  l'abbaye  Saint- 
Germain. 

Rue  Maçon,  par  la  rue  de  la  Vieille-Roichkrik,  à  droite. 

Les  trois  premières  maisons  sont  prétendues  par  la  Sorbonne  à  cause  de  leur  fief  de  Rosières. 
Les  deux  suivantes  relèvent  de  l'abbaye  Saint-Germain. 
La  sixième,  dite  l'hôlel  d'Anjou,  est  prétendue  par  le  Parloir  aux  Bourgeois. 
Et  les  autres  maisons  de  ce  côté  jusqu'à  la  rue  Saint-André-des-Arts  sont  de  la  censive  de 
l'abbave  Saint-Germain. 


352  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Rue  Maçon,  par  la  rue  de  la  Vieille-Boucherie,  à  gauche. 
Toutes  les  maisons  de  ce  côté  sont  dans  la  censive  de  l'abbaye  Saint-Germain. 

Rue  Poupée. 
Toutes  les  maisons  des  deux  côtés  de  cette  rue  sont  dans  la  censive  de  l'abbaye  Saint-Germain. 

Rue  Percée. 

Toutes  les  maisons  de  cette  rue,  des  deux  côtés,  sont  de  la  censive  de  l'abbaye  Saint-Ger- 
main, à  l'exception  des  deux  premières  maisons  en  entrant  par  la  rue  de  la  Harpe,  à  gauche, 
l'une  appartenante  à  la  fabrique  de  Saint-Séverin  et  l'autre  au  sieur  Dumesnil,  prêtre. 

Rue  Serpente,  à  droite  en  entrant  par  la  rue  de  la  Harpe. 

Il  n'y  a  que  deux  maisons  qui  appartiennent  actuellement  au  sieur  Bazan,  ainsi  que  celle  du 
coin  de  la  rue  Hautefeuille,  qui  lui  appartient  aussi,  qui  soient  dans  la  censive  de  l'abbaye. 

Et  de  l'autre  côté  de  ladite  rue  il  n'y  a  que  quatre  maisons,  qui  appartiennent  aux  Chartreux, 
qui  soient  dans  la  censive  de  ladite  abbaye  Saint-Germain. 

Rue  des  Deux-Pobtes,  par  la  rue  de  la  Harpe,  à  droite. 

H  y  a  trois  maisons,  mais  l'on  n'a  aucunes  déclarations  de  ces  maisons  qui  constatent  qu'elles 
soient  de  la  censive  de  l'abbaye  Saint-Germain ,  cependant  il  paroît  qu'il  y  en  a  deux  qui  dé- 
pendent et  font  partie  et  qui  forment  le  derrière  des  maisons,  rue  Serpente,  appartenantes  aux 
Chartreux,  et  qu'elles  doivent  faire  partie  de  la  censive  de  l'abbaye. 

Par  la  rue  de  la  Harpe,  à  gauche. 
Il  y  a  trois  maisons,  mais  on  ne  voit  rien  qui  constate  la  censive  de  l'abbaye  sur  ces  maisons. 

Rue  Hautefeuille,  par  la  rue  Saint-André-des-Arts,  à  droite. 

Toutes  les  maisons  de  ladite  rue  de  ce  côté,  compris  l'église  de  Saint-André-des-Arts  jusqu'aux 
Prémontrés,  sont  de  la  censive  de  l'abbaye  Saint-Germain. 

L'autre  côté  de  ladite  rue. 

Les  maisons  de  l'autre  côté,  à  commencer  de  ladite  rue  Saint-André-des-Arts,  à  main  gauche, 
il  y  a  onze  maisons  jusques  et  compris  les  maisons  des  Chartreux,  qui  sont  de  la  censive  de 
l'abbaye  Saint-Germain,  jusqu'à  la  maison  faisant  le  premier  coin  de  la  rue  des  Deux-Porles. 
dont  la  censive  est  prétendue  par  la  Ville. 

Rue  des  Cordeliers,  par  la  rue  de  la  Harpe,  à  droite. 

Toutes  les  maisons  depuis  le  second  coin  de  la  rue  Hautefeuille  jusqu'à  la  rue  du  Paon,  sont 
de  la  censive  de  l'abbaye  Saint-Germain. 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES  353 

De  L'AUTRE  CÔTÉ   PAR  LA    RUE  DE  LA   HaRPE,   À  GAUCHE. 

Tout  ce  côté  est  de  la  censive  de  Tabbaye,  étant  observé  que  l'abbaye  Saint-Germain-des-Prés 
a  originairement  concédé  aux  religieux  cordeliers  le  terrein  où  ils  sont  établis  dans  ladite  rue, 
sous  la  réserve  expresse  de  la  part  de  ladite  abbaye  de  rentrer  dans  la  propriété  dudit  terrein 
dans  les  cas  où  iesdits  cordeliers  ne  l'occuperoient  plus. 

Rue  DE  LA  Harpe,  à  main  droite,  à  commencer  du  coin  de  l'Église  Saint-Cosme. 

Toutes  les  maisons  et  collèges  qui  sont  dans  ladite  rue  de  la  Harpe  de  ce  côté,  depuis  et  com- 
pris Saint-Cosme  jusqu'à  la  porte  Saint-Michel,  où  il  y  avoit  aussi  autrefois  un  pressoir  à  verjus, 
sont  aussi  de  la  censive  de  l'abbaye  Saint-Germain. 

Des  remarques  cy-dessus  faites  de  toutes  les  maisons  qui  sont  dans  la  censive  de  l'abbaye 
Saint-Germain,  depuis  le  bout  du  pont  Saint-Michel  jusqu'à  la  porte  Saint-Michel,  par  le  chemin 
tracé  de  la  rue  Saint-André-des-Arls,  Hautefeuille,  des  Cordeliers  et  de  la  Harpe,  il  résulte  que 
toutes  les  maisons  des  rues  du  Hurpoix,  de  l'Hirondelle,  de  Sainl-André-des-Arts,  du  Cimetière- 
Saint-André,  des  Poitevins,  du  Battoir,  des  Cordeliers,  du  Paon,  du  Jardinet,  Mignon,  de 
l'Éperon,  cul-de-sac  de  la  cour  de  Rouen,  Gil-le-cœur,  Pavée,  Grands-Augustins,  Savoye, 
Christine,  Daupbine,  d'Anjou  et  autres,  qui  se  trouvent  renfermées  dans  l'enceinte  cy-dessus 
décrites,  sont  dans  la  censive  de  l'abbaye  Saint-Germain. 

Plus,  le  Roi,  par  l'arrêt  de  réunion  de  la  justice  de  l'abbaye  au  Chàtelet,  du  21  janvier  1676, 
a  cédé  à  l'abbaye  Saint-Germain-des-Prés,  pour  indemnité  à  elle  due  à  ce  sujet,  5  s.  sur  chaque 
maison  bâlie  hors  des  limites  qui  lui  appartenoient,  et  ces  limites  commencent  par  la  grande 
rue  du  Bacq,  revenant  du  Port-Royal,  à  main  droite,  et  suivant  toute  ladite  rue  du  Bacq  et 
revenant  dans  ladite  rue  du  Bacq,  aussi  à  droite,  et  de  là  à  la  rue  Neuve-Notre-Dame,  derrière 
les  Chartreux,  et  toutes  les  maisons,  par  conséquent,  tant  de  la  Grenouillère  que  celles  qui  se 
trouvent  dans  le  fauxbourg  à  droite  et  celles  des  Invalides  et  des  environs,  et  des  maraîchers, 
au  moyen  de  quoi  toutes  lesdites  maisons  doivent  Iesdits  cinq  sois,  oultre  le  cens  ordinaire. 

La  mense  abbatiale  est  en  outre  propriétaire  d'un  droit  de  cens  et  rentes  sur  le  privilège  de 
treize  étaux  à  bouclierie,  dont  cinq  situés  à  la  Croix-Rouge,  appartenant  au  sieur  Jacques- 
Pierre  Hubert,  et  sont  chargés  de  5i  I.  de  cens  par  an. 

Les  huit  autres  privilèges  d'étaux  à  boucherie  sont  situés,  savoir:  six  au  carrefour  de  Bussy 
et  deux  rue  des  Boucheries,  qui  appartiennent  au  sieur  Henry-Julie  Rudemare,  ancien  mar- 
chand boucher,  et  chargés  ensemble  de  Sa  1.  12  s.  parisis  de  cens  et  redevance. 

La  mense  abbatiale  est  encore  seigneur  foncier  du  terrein  où  se  tient  la  foire  Saint-Germain 
et  du  préau  de  ladite  foire;  il  lui  appartient  d'après  les  titres  des  concessions  qu'elle  en  a  faites, 
3  I.  3  s.  6  d.  de  cens  et  rente  sur  chaque  loge  de  9  pieds  en  quarré  qui  sont  construites  dans 
lenceinle  de  ladite  foire,  et  le  surplus  des  terreins  vagues,  ainsi  que  le  terrein  des  rues  de  ladite 
foire  du  préau  d'icelle  et  du  tour  d'échelle,  appartient  en  propriété  à  l'abbaye  comme  seigneui- 
foncier. 

Plus  ladite  abbaye  a  droit  de  foire  franche  sur  ledit  terrein  pendant  huit  jours,  depuis  le 
3  février  inclusivement,  pendant  lesquels  huit  jours  les  halles  de  draperie,  mercerie,  lingerie  et 
filasse  (le  Paris  doivent  être  fermées,  et  ladite  abbaye  a  le  droit  pendant  ledit  temps  de  faire 
apporter  tous  les  draps,  étoffes  et  filasses  qui  viennent  à  Paris,  et  de  percevoir  sur  le  tout  un 
droit  de  12  s.  6  d.  sur  le  cent  pesant  de  filasse,  4  s.  6  d.  sur  chaque  pièce  de  drap  vendue  et 
U  s.  sur  chaque  pièce  non  vendue. 

'.5 


35A  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Ce  droit  particulier  fait  partie  du  bail  général,  et  sera  d'ailleurs  évalué  cy-après  dans  le  détail 
des  revenus;  quant  à  présent Mémoire. 

Plus  ladite  abbaye  a  droit  de  marché  dans  le  fauxbourg  Saint-Germain,  et,  comme  le  produit 
dudit  droit  sera  cy-après  porté  dans  le  dénombrement  des  revenus,  il  n'en  est  ici  question  que 
pour  ordre  et  mémoire. 

Suit  le  dénombrement  des  revenus  de  l'abbaye,  divisés  en  trois  parts  :  Mense 
abbatiale,  Régime  de  la  congrégation,  Régime  de  l'abbaye,  et  s'élevant,  défalca- 
tion faite  de  toutes  cbarges,  à  près  de  363, ooo  livres.  Outre  les  propriétés  ur- 
baines, dont  le  procès-verbal  donne  le  dénombrement,  l'abbaye  avait  de  nom- 
breuses possessions  rurales  dans  la  banlieue  de  Paris,  notamment  à  Issy,  Vaugirard , 
Suresnes,  La  Celle,  Chesnay,  Garcbes,  Gentilly,  Cachan,  Arcueil,  Bourg-la-Reine, 
Cbâtillon,  Fontenay-aux-Roses,  Antony,  Verrières,  Igny,  Wissous,  Avrainville, 
Epinay-sur-Orge,  Viry,  Boissy-Saint-Léger  et  Valenton.  Elle  possédait  enfin  de 
grands  domaines  dans  les  diocèses  de  Meaux,  Sens,  Beauvais,  Rouen,  Chartres 
et  Poitiers. 

Ce  document,  dont  l'importance  au  point  de  vue  historique  et  topographique 
est  considérable,  a  été  reproduit  en  entier  par  M.  H.  Cocheris,  dans  son  excel- 
lente édition  de  l'abbé  Lebeuf.  —  l.  m.  t. 

(Procès-verbal  d'enquête,  reproduit  par  M.  H.  Cocheris  dans  ses  Notes  et  additùnu 
à  l'ouvrage  de  Lebeuf,  t.  III,  p.  53.) 

VI 

RELATION  DE  CE  QUI  S'EST  PASSE 
À   LA  DÉDICACE  DE  L'ÉGLISE   SAINT-GERMAIN-DESPRÉS. 

(Texte,  page  102.) 

Anno  ab  incarnalione  Domini  millesimo  centesimo  sexagesimo  tertio,  Alexander  Papa  tertius 
Parisiensem  civitatem  ingressus  per  aliquod  tempus  ibidem  moras  fecit.  Dumque  in  eadem  urbe 
moraretur,  ego  Hugo,  tertius  Dei  gratia  abbas  sancti  Germani  Parisiensis,  accedens  ad  ejus  prae- 
sentiam,  humiliter  exoravi  eum,  quatinus  ecclesiam  beati  Germani  novo  schemate  reparatam, 
quia  necdum  consecrata  erat,  dignilale  consecralionis  insignite  dignaretur.  At  idem  reveren- 
dissimus  Papa  Alexander  precibus  nostris  gratanter  annuens,  undecimo  calendas  Maii  praedic- 
tam  ecclesiam  advenit  magna  pontiCcum  et  cardinalium  frequentia  comitatus,  quorum  unus 
fuit  Mauricius,  Parisiensis  episcopus,  quem  monachi  ejusdem  ecclesiœ  videnles  etob  ejus  prae- 
sentiam  nimium  perturbati,  dixerunt  se  nullatenus  passuros  quod  consccralio  ecclesiœ  fieret 
dum  prœdictus  Mauritius  episcopus  prœsens  adesset.  Unde  dominusPapa,audila  et  cognita  mo- 
nachorum  perturbatione,  convocavit  ad  se  domnum  Jacinctum  diaconum  cardinalem  sanctœ 
Mariœ  in  Cosmidin,  et  domnum  Othonem  diaconum  cardinalem  sancli  INicolai  de  carcere  Tul- 
liano,  domnum  quoque  Wilelnium  presbyterum  cardinalem  sancli  Pétri  ad  Vincula.  Quibus 
accersitis  prœcepit,  ut  supradicltmi  episcopum  Mauritium  convenientcs,  monachorum  coninio- 
tionem  diligenter  notificarent,  et  ex  ipsius  mandate  eidem  prœciperent,  ut  ab  ecclesia  disce- 
deret.alioquin monachi  consecrationem  fieri  omnimodis  refutarenL  Atille,  audito  domini  Papee 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  355 

mandalo,  cum  omni  ornatu  et  vestimentis,  quœ  secum  detulerat,  ab  ecclesia  récessif.  Post  cujus 
abscessum,  doinnus  Hubaldus  Hostiensis,  Bernardus  Portuensis,  Galterius  Albanensis,Joannes 
Siguinensis,  Gerandus  Caturcensis,  Almaricus  Silvanectensis  episcopi,  et  de  Hispania  Joannes 
Toletanus  archiepiscopus  et  Hispaniarum  primas,  Fellandus  Asturicencis,  Joannes  Logionensis, 
Stephanus  Zamorensis,  Joannes  Luccensis,  Assuerus  Cauriensis,  Petrus  Migdoniensis  episcopi, 
prajcipiente  domino  Papa,  ecclesiam  de  foris  in circuilu  ter,  et  deinlus  similiter  circumiustiantes, 
et  aqua  benedicta,  sicut  mos  est,  aspergentes,  eam  honorificentissime,  prout  decebat,  dedicave- 
runt.  Deinde  dominus  Papa  Alexander  majus  aitare  in  honore  sanctae  Crucis  et  sanctorum  mar- 
tyrum  Stepliani  atque  et  Vincentii  solemniter  consecravit,  et  in  medio  crucem  de  oleo  sancto 
imposait,  circumlustranlibus  ad  quatuor  cornua  ejusdem  altaris  quatuor  de  supradictis  pontifi- 
cibus,  quorum  unusquisque  crucem  de  oleo  sancto  in  ioco  suo  similiter  imposuerunt.  Dominus 
autem  Papa  reliquias  intra  aitare  posuit;  et  accepte  instrumento,  quod  vulgo  dicitur  trueila, 
easdem  caemento  intro  sigillavit.  Quo  peracto,  domnus  Hubaudus,  Hostiensis  episcopus,  et  très 
episcopi  pariter  aitare  matulinale  in  honore  sanctissimi  confessons  Germani  consecraverunt. 
Inlerim  dominus  Papa  Alexander  ad  pratum,  quod  est  juxta  monasterii  muros,  cum  solemni 
processione  procedens,  ad  popuium  sermonem  fecit,  et  coram  omnibus  adstantibus  protestatus 
est,  quod  ecclesia  sancti  Germani  de  Pratis  de  proprio  jure  beati  Pétri  existens,  nuUi  archiepi- 
scopo  vel  episcopo,  nisi  summo  Pontifici  sanctœ  Romanœ  Ecclesiae,  subjacet.  His  interfuerunt 
cardinales,  ([uorum  nomina  subscripta  sunt.  Hubaudus  presbyter  cardinalis  tituli  sanctœ  Crucis 
in  Jérusalem.  Henricus  presbyter  cardinalis  tituli  sanctorum  Nerei  et  Achillei.  Joannes  presbyter 
cardinalis  tituli  sanctœ  Anastasiœ.  Albertus  presbyter  cardinalis  sancti  Laurenlii  in  Lucina.  Guil- 
ielmus  presbyter  sancti  Pétri  ad  Vincula.  Jacintus  diaconus  cardinalis  sanctœ  Mariœ  in  Cosmidin. 
Odo  diaconus  cardinalis  sancii  Nicolai  in  carcere  Tulliano.  Ardicio  diaconus  cardinalis  sancti 
Theodori.  Boso  diaconus  cardinalis  sanctorum  Cosmœ  et  Damiani.  Cinthius  diaconus  cardinalis 
sancti  Eustachii  juxta  templum  Agrippœ.  Manfredus  diaconus  cardinalis  sancti  Georgii  ad  Veluni 
aureum,  etc.  Ego  Hugo,  abbas  sancii  Germani  de  Pratis  tertius,  testificor  banc  consecrationem 
meo  inslinctu  sic  peractam  fuisse,  et  ideo  ad  certitudinem  prœsentium  et  futurorum  eadem 
scripto  commendavi,  et  sigillo  meo  corroboravi. 

(D.  Bouillart,  Preuves,  p.  4o.) 


VII 

INSCRIPTIONS  FUNÉRAIRES  DE  SAINT-GERMAINDES-PRÉS. 

(Texte,  page  i  lù  et  pages  suivantes.) 

I 

Voici  l'inscription  qu'aurait  composée  Chilpéric  pour  la  tombe  élevée  à  saint  Germain,  évêque 
de  Paris,  dans  l'église  Sainte-Croix-et-Saint- Vincent.  Suspectée  d'interpolation,  cette  inscription 
a  été,  selon  Mabillon,  corrigée  par  Aimoin,  et,  selon  Brower  et  Luchi,  à  l'avis  desquels  se  range 
M.  Le  Blant,  composée  par  Fortunat.  (Voy.  Inscript,  chrét.  de  la  Gaule,  t.  I,  p.  286  et  suiv.) 

ECCUSl*  SPECULUM   PATBI*  VIOOB  ABA  REOIU  M 

ET   PATEB  ET    MEDICUS  PASTOP  AMOBQUE   (JBEGIS 
GEBUANIS  VinTCTE   FtDE   COUDE    ORE   BEATUS 

CABSE  TEHET  TUMULUII  MEXTIS   HONOBE   POLUM 
VIR  OUI  DUBi  SIHIL  NOCUEBUNT  FATA  SEPULCHBI 

V1»IT   EKIM  NAII  MOBS  QBEM  TULIT  IPSA  TIIIET 

45. 


356  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


CREÏIT  ADIllC  POTIUS  JliSTCS   POST   FUSERA  NAB  QUI 

FICTILE  VAS   FUERAT  GEMMA   SCPERBA    MICAT 

HUJUS  OPEM  AC  MERITUM  MITIS  DATA  VERSA  LOQUNTBR 

REDDITLS   ET  CMC\S  PREDICAT  ORE  DIES 

HUNC   VIR   APOSTOLICUS  RAPIEIÏS  DE  CARBE  TROPH«IIM 

JUBE   TRICMPIIAU  CONSIDET  ARCE  TUBONl. 


On  lit,  au  sujet  de  la  cliâsse  de  saint  Germain,  dans  le  «Procès-verbal  de  l'inventaire  et  des- 
cription des  effets  mobiliers  de  Tabbaye  de  Saint-Germain-des-Prés,  du  i4  septembre  1790» 
(Arch.  nat.  S  2866),  ce  qui  suit  : 

tfL'an  1790,  le  mardi  quatorzième  jour  de  ce  mois  de  décembre,  dix  heures  du  matin,  nous. 

Le  Bon,  Joseph,  Dacier  et  Claude  Lafisse,  oflîciers  municipaux assiste'  des  prieurs  et 

religieux,  nous  étant  transporté  dans  l'église  abbatiale  et  conventuelle,  nous  y  avons  trouvé 
MM.  Gabriel-François  Doyen,  peintre  du  Roy,  demeurant  aux  galeries  du  Louvre;  Louis-Phi- 
lippe Moucby,  sculpteur  du  Roy,  demeurant  auxd.  galeries pour  procéder  avec  nous  com- 
missaires aux  opérations  ci-après  : 

tfDans  le  chœur  de  lad.  église,  au-dessus  du  maitre-autel,  nous  avons  reconnu  la  châsse  de 
saint  Germain,  telle  qu'elle  est  décrite  dans  la  déclaration  faite  à  la  municipalité,  le  a6  février 
1790,  par  Dom  Faverotte,  prieur.  Celte  châsse  est  longue  de  deux  pieds  dix  pouces,  surmontée 
d'un  clocher,  la  couverture  de  lames  d'or,  le  reste  en  vermeil;  elle  est  garnie  de  260  pierres 
précieuses,  qui,  sur  le  rapport  du  s'  Masson,  ne  nous  ont  pas  parues  de  grande  valeur,  et  dont 
il  manque  quellesques  (sic)  unes,  et  de  197  perles,  dont  il  manque  aussi  quellesques  unes, 
attendu  la  difficulté  de  descendre  ladite  châsse,  nous  ne  l'avons  point  fait  peser,  nous  en  ra|)- 
portant  au  poids  annoncé  dans  ladite  déclaration,  laquelle  porte  qu'il  a  été  employé  26  marcs 
a  onces  d'or  et  i5o  marcs  d'argent,  suivant  le  marché  de  février  i4o8,  d'aucuns  inventaires 
portent  260  marcs  d'argent;  et  pour  la  sûreté  de  ladite  châsse,  nous  y  avons  apposé  le  scellé 
sur  deux  bandes  de  ruban  placées  aux  deux  extrémités  de  ladite  châsse  du  côté  du  chœur  des 
religieux,  15  etc. 

On  trouve  en  tête  d'un  rôle  des  recettes  du  pitancier,  en  1873  (Arch.  nat.  carton  L  801), 
une  copie  des  nvers  escrips  entour  la  chasse  d'or  mons.  Saint-Germain,  nostre  glorieux  patron 
et  evesque  de  Paris  par  Messire  Jehan  Baudouin,  bacheler  en  decrez,  vicaire  en  la  ville 
S.  Léonart  de  Corbigny,  le  samedi  avant  la  Toussaint,  l'an  mil  cgclxxihi,  lequel  jour  lu  ou- 
verte ladicte  chasse.  « 

En  i643,  on  découvrit,  dans  le  préau  du  cloître  de  l'abbaye  de  Saint-Germain,  un  tombeau 
de  pierre  avec  cette  inscription  : 

TEMPORE  Nl'LLO  VOLO   HINC  TOI,LA>Tlll   OZZA  HILPERICl 
PRECOR   EGO  ILPERICUS  NÔ  AIFERANTIR  UINC  OZZA  MEA. 

A  l'exception  de  Valois,  qui  voit  dans  ce  monument  la  tombe  du  roi  Chilpéric,  tous  les  éru- 
dits  s'accordent  à  reconnaître  dans  ce  Hilpericus  un  personnage  de  la  cour  des  rois  mérovin- 
giens. La  forme  du  caractère  de  cette  inscription,  chargée  de  ligatures,  et  la  présence  d'un 
crucifix  dans  la  tombe,  sont  deux  motifs  qui  portent  mon  savant  confrère  M.  Le  Blant  à  consi- 
dérer cette  inscription  comme  postérieure  au  vin"  siècle,  mais  (voy.  Inscript,  chrét.  de  h  Gaule, 
t.  I,  p.  988  et  suiv.)  comme  la  plus  antique  des  épitaphes  peintes  qui  aient  été  trouvées  en 
Gaule. 

Alexandre  Lenoir  trouva  aussi,  à  la  fin  du  siècle  dernier,  une  inscription  qui  est  aujourd'hui 
déposée  à  l'abbaye  de  Saint-Denis.  Les  nombreuses  mutilations  qu'elle  a  subies  en  rendent 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  357 

riutelligence  difficile.  Les  mots  imprimés  en  italique  ont  été'  restitués  par  notre  confrère  M.  Le- 
blant.  (Voy.  Inscript,  chrét.  de  la  Gaule,  p.  284,  et  pi.  n°  i/i3.) 


TBUnLUS  EROTBCDI 

LEOTOARDZ  PRORIA  GEN 

....   SKIZ-ÏIXIT-TRIBI'Z  ET  QOXBB.IGMTA 
TERREA  POST-LINQUEUZ  CXLESTIA  BEGXÀ  PETIVIT 
TBASSITCS  EROTRUDIS  ca.r,siiATnii 


Cette  inscription,  d'un  beau  caractère,  mais  d'une  très-basse  époque,  a  été  publiée  également 
par  Alexandre  Lenoir  [Musée  des  monum.  français ,  éiil.  de  1801,  t.  II,  p.  10  et  pi.  LVIII;  Descript. 
des  monum.  de  sculpture,  etc.  p.  81),  et  par  Albert  Lenoir  {Statist.  monum.  de  Paris,  monogr.  de 
Saint-Germain-des-Prés,  1"  planche). 

II 

On  sait  que  les  inscriptions  qui  couvraient  les  tombeaux  des  religieux  célèbres  étaient 
d'une  concision  extrême.  On  lisait  sur  une  petite  pierre  carrée  :  x  decembris  17/11,  c'était  la 
tombe  de  Bernard  de  Montfaucon;  sur  une  autre  pierre  :  x  aprilis  1766,  c'était  celle  de  Dom 
Vaissète;  sur  une  autre  :  xxvii  decembris  1707,  c'était  celle  de  Mabiilon.  Les  trois  grands  érudits 
du  xvm"  siècle  étaient  enterrés  à  côté  les  uns  des  autres.  Lorsqu'on  détruisit  la  chapelle  de 
Notre-Dame  pour  percer  la  rue  de  l'Abbaye,  on  demanda  que  les  restes  de  Montfaucon  et  de 
Mabiilon  fussent  recueillis  et  déposés  au  Musée  des  monuments  français.  La  demande  en  fut 
faite,  le  9  prairial  an  vu,  par  une  personne  nommée  Bouillot,  rue  des  Maçons,  n°  a5.  L'auto- 
risation fut  accordée,  le  5  fructidor  suivant,  par  le  ministre  de  l'intérieur,  et,  le  9  brumaire 
an  VIII,  on  dressa  un  procès-verbal  de  l'exhumation  et  de  la  translation  des  corps  (voy.  Alex. 
Lenoir,  Musée  des  monum.  français ,  t.  VIII,  p.  169),  qui  furent  rapportés,  en  1819,  dans  l'église 
de  Saint-Germain-des-Prés.  Quant  aux  restes  de  Dom  Vaissète,  ils  n'ont  malheureusement  pas 
été  recueillis,  et  l'on  ne  sait  ce  qu'ils  sont  devenus. 

Voici,  d'après  D.  Bouillart  et  les  épitaphiers  manuscrits,  les  noms  des  personnages  inhumés 
dans  l'église  Saint-Germain-des-Prés  : 

Childebert  I"  (28  décembre  558).  Ultrogotbe,  reine  (?).  Chilpéric  I"  (septembre  58/i).  Fré- 
dégonde  (597).  Clotaire  II  (28  septembre  628).  Bertrude  (618).  Childéric  II  (septembre  673). 
Blichilde  (septembre  678).  Dagobert,  son  fils  (septembre  67^).  Charibert  (?).  Chrodesinde, 
fille  de  Childebert  (?).  Chrotberge  (?).  Geoffroy  de  Coustures  (?).  Richard  d'Atrie  ou  de  Letré 
(1887).  Hervé  de  Morillon  (i459).  Guillaume  Marlellet,  évêque  de  Bethléem  (1/102).  Domi- 
nique de  Cabre,  évêque  de  Lodève  (i"  février  i557).  Jean  Grolier,  trésorier  de  France  (i565). 
Pierre  Danès,  évêque  de  Lavaur  (28  avril  1 677).  Dom  Claude  Cotton,  grand  prieur  de  l'abbaye 
(16  mars  1660).  Charlotte-Louise  de  Laloë,  veuve  de  Charles  de  Lusignan,  marquis  de  Saint- 
Gelais  (1"  février  1715).  Eusèbe  Renaudot,  prieur  de  Frossay,  membre  de  l'Académie  française 
(1"  septembre  1720).  Antoine  de  Lion,  auditeur  des  comptes,  sieur  des  Landes  et  de  la  Motte- 
Chamy  (22  avril  i556).  Nicolas  de  Lion,  commissaire  des  guerres,  son  fils  (?).  François  Thé- 
vin,  comte  de  Sorge  (28  juin  1G37).  Henri-Achille  de  Larochefoucauld,  abbé  de  la  Chaise- 
Dieu  (?).  Françoise  de  Larochefoucauld,  sa  sœur  (18  mars  1708).  Henriette  de  Larochefoucauld 
(8  novembre  1721).  Jean  Froger  (1872);  Jacqueline,  sa  femme  (?).  Jean,  Gabriel  et  Claude 
Lhuillier  (16/17).  Claude  Grosjean  (i5  décembre  1667).  Jacques  Douglas  (i6/i5).  Robert  Dou- 
glas, capitaine  aux  gardes  (i5  juin  1663).  Comtesse  de  Dumbarthon  ('iS  avril  1691).  George.s 
Douglas,  comte  de  Dumbarthon  (20  mars  1692).  Guillaume-Mathias  Douglas  (i3  mars  i7i5). 


358  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Jacques  du  Cellier,  chanoine  de  Lille  (1398).  Madeleine  Baron,  femme  du  comte  de  Jussac 
(7  juin  1678).  Dom  Claude  Bennet  W'ithe,  général  des  bénédictins  anglais  (4  octobre  i655). 
Olivier,  Louis,  Charles  et  François  de  Casteilan  (i6i/i,  8  janvier  i683).  Ferdinand  Égon, 
landgrave  du  Furstemberg  (6  mai  1696).  François  de  la  Mark  (18  janvier  1697).  François- 
Henri,  prince  de  la  Tour  et  Tassis,  chanoine  de  Cologne  (4  décembre  1700).  Guillaume  Egon, 

cardinal  (10  avril  1706).  N ,  comtesse  de  la  Mark  (17  août  170/1).  César,  cardinal 

d'Estrées,  évêque  d'Albano  (18  décembre  171/1).  Jean  de  Precy  (?).  Gérard  de  Moret,  abbé  de 
Saint-Germain  (1978).  Jeanne  Ozanne,  mère  de  Guillaume  III,  abbé  (i/io5).  François  de  Mon- 
ceaux, fils  de  François  de  Monceaux,  chevalier,  seigneur  de  Villeacoubley  (i535).  François 
Vindebane,  secrétaire  d'État  de  Charles  P"',  roi  d'Angleterre  (12  septembre  i6i6).  Louis  Couret, 
chanoine  de  Notre-Dame  (12  juillet  17G0).  Robert  Racine  du  Corail  (12  décembre  1678). 
Madeleine  Darville  de  la  Grange-Palaiseau  (9  avril  1686).  Marie  de  la  Fontaine  (20  mars  1689). 
Nicolas  Brevant  de  Roidemont,  gouverneur  des  pages  du  roi  (29  novembre  171 3).  Hugues 
d'Issi,  abbé  (12/17).  Thomas  de  Mauléon,  abbé  (i256).  Nicolas  de  Ladit,  abbé  (i36i).  Pierre 
de  Monlreuil,  architecte  (17  mars  1266).  Agnès,  sa  femme  (?).  Jean  de  Prigny  (juin  iSGa). 
Philippe  le  Harle,  écuyer,  seigneur  de  Parant,  panetier  du  roi  Charles  VI  (i/i3o).  Jean  de 
Coutures,  écuyer  (16  mars  i355).  Agnès,  femme  de  Raoul  de  Modferel  (1286).  Jean  Bely, 
souchantre  (1  /n3).  P.  de  Nangis  (?).  Agnès,  sœur  de  l'abbé  Gérard  de  Moret  (12  . .).  Fr.  Jean 
de  Pontoise,  chambrier  (.  .  .  .).  Fr.  Pierre  de  Couii,  trésorier  (i  juin  i358).  Frère  Robert, 
chantre  (1182).  Fr.  Guillaume  de  Domat  (1287).  Emmeline  de  Petit-Pont  (1288).  Jean  Gué- 
rin,  prévôt  de  Thiais  [de  Theodosio]  (i3oo?).  Simon  de  Montellet  (?).  Jean  de  Laigle  (i3i7). 
Renaud  de  Camps,  lieutenant  du  châtelain  et  concierge  du  Louvre  (21  avril  i385).  Henri  de 
Montchauvet,  prévôt  de  Villeneuve-Saint-Georges  (février  1296).  Adam  Medici  (décembre  1 3/i8). 
Pierre  Herouard  (1387).  Simon  Hay  du  Chatelet,  archid.  et  chan.  du  Mans  (6  mai  1669). 
Dom  Vincent  Marsoles  (5  septembre  1681).  Dom  Benoît  Brachet  (7  janvier  1687).  Dom  Arnoul 
de  Loo  (9  août  i7i3).  Dom  Grégoire  Tarisse  (2/1  septembre  16/18).  D.  Bernard  Audeberl 
(29  août  1676).  D.  Claude  Roistard  (26  mars  1709).  Dom  Simon  Rougis  (1°^  juillet  171/1). 
D.  Charles  de  l'Hostallerie  (18  mars  1721).  D.  Athanase  Mongin  (17  octobre  i633).  D.  Cyprien 
Leclerc  (26  avril  16/16).  D.  Antoine  Durban  (18  octobre  1697).  ^-  Hugues  Menard  (20  jan- 
vier 16/1/1).  Frère  Alexandre  (?).  Frère  Pierre  de  Gyry  (?).  Frère  Jean  de  Villemer  (?).  François 
Le  Bourdais  (i63/i).  Claude  Pradines,  aumônier  du  roi  (3o  septembre  1687).  Mathurin 
Langles,  docteur  en  droit  (3  juillet  1669).  Pierre  de  Sainte-Marthe,  cons.  d'État  (7  juillet 
1679).  Fr.  Guillaume  de  Barre  (?).  Fr.  Guillaume  Poussiarque,  prévôt  d'Antony  (cal.  février 
i3ii).  Gérard  Romain,  docteur  en  droit  civil  et  canon  (?).  Herbert  (?).  Guillaume  de  Pivelas 
(2.5  octobre  lio/i).  Etienne  de  Saclois,  trésorier  de  l'église  Saint-Iiilaire  de  Poitiers  (1276). 

de  Saclois,  chevalier  (1273).  Simon,  abbé  (?).  Gautier  de  Boulay,  abbé  de  Saint- 

Magloire  (12  cal.  nov.  i337).  Clément,  archidiacre  de  Laon  (?).  Fr.  Ursicin  de  Coray  (28  juin 
1696).  Paul  de  Laborie,  docteur  de  Sorbonne  (12  octobre  1709).  Fr.  Olivier  Simon  (10  jan- 
vier 1721).  Henri  de  Bourbon,  duc  de  Verneuil,  abbé  de  Saint-Germain  (1682).  Louis-César 
de  Bourbon,  comte  du  Vexin  et  légitimé  de  France  (10  janvier  i683).  Catherine  de  Bourbon 
(3o  décembre  1598).  Marie  de  Bourbon-Conti  (ai  mars  1620).  François  de  Bourbon,  prince 
de  Conti  (3  août  i6i/i).  Charles  de  l'Aigle,  écuyer  (1317).  Guillaume  de  Alento,  domicellus,  du 
diocèse  de  Limoges  (i3o8).  Juba  Alesi,  fils  de  Berault  Alesi  de  Série  (1295).  Burguaud  di 
Reliée,  jadis  chevalier  de  notre  sire  le  roy  de  France  et  le  roy  de  Naxarre  (septembre  i3i3). 
Simon  de  Saint-Benoist,  trésorier,  puis  grand  prieur  de  Saint-Germain-des-Prés  (i/i  août  1/137). 
Guillaume  Boullanger,  seign.  de  Vaumesnil,  conseiller  d'État  et  premier  échanson  de  M.  frère 
unique  du  roi  Henri  III  (mars  1690);  Clausse,  sa  femme  (9  mai  i58i).  Regnault  de  Camps, 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  359 

écuyer,  né  de  Picardie,  lieutenant  du  châtelain  et  concierge  du  Louvre,  trépassé  en  l'Hôtel  des 
écoliers  de  Dainville  (21  avril  i385).  Eustache  de  Chambeli,  seign.  du  Val  (i3/ii).  Comte  Cha- 
pon, de  Sanine-la-Vieille?  (1298).  Jean  de  Couslures,  écuyer  (16  mars  i955).  Guillaume  de 
Fougeret  (de  Fougeretto),  professeur  de  droit,  doyen  de  Nevers,  conseiller  du  duc  de  Bourbon 
(i333).  Jean  Garnier,  de  Chàlons,  avocat  au  Parlement  (10  février  i3i8). 

III 

Le  i3  février  1792,  l'abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés  fut  supprimée  et  l'église  fermée. 
Le  réfectoire,  qui  servait  de  prison  en  1793,  et  dont  une  partie  avait  été  convertie  en  fabrique 
de  salpêtre,  fut  détruit  le  2  fructidor  an  u  (19  août  179^)  par  une  explosion.  C'est  alors  que 
les  religieux,  complètement  oubliés  dans  leur  propre  demeure,  se  virent  contraints  de  chercher 
ailleurs  un  asile.  Dom  Poirier  fut  le  seul  bénédictin  qui,  comme  Cassandre  sur  les  ruines 
d'ilion,  voulut  ne  pas  abandonner  les  restes  fumants  de  l'abbaye.  Grâce  à  lui,  la  bibliothèque, 
(|ui  avait  été  malheureusement  atteinte,  fut  en  partie  sauvée.  Les  manuscrits  furent  complètement 
préservés,  et  on  les  transporta  en  1798  à  la  Bibliothèque  nationale.  On  sait  que  la  bibliothèque 
de  Saint-Germain,  ouverte  tous  les  jours  au  public,  ne  comptait  pas  moins  de  ^9,387  volumes 
imprimés'')  et  7,072  manuscrits P).  Le  cloître,  la  chapelle  de  la  Vierge,  chef-d'œuvre  de  Pierre 
de  Montreuil ,  le  dortoir,  la  salle  du  chapitre ,  furent  successivement  abattus.  L'église  seule  resta 
debout.  Elle  était  depuis  longtemps  fermée  lorsque,  le  6  prairial  an  vii  (26  mai  1799),  le  mi- 
nistre de  l'intérieur  autorisa  les  membres  du  Conseil  de  conservation  des  objets  de  sciences  et 
arts  à  y  faire  des  fouilles,  afin  d'y  retrouver  le  tombeau  de  Charibert. 

T Munis  de  ces  renseignements,  écrit  Lenoir,  à  qui  j'emprunte  ces  détails  W,  les  citoyens  Le- 
blond ,  Poirier,  ci-devant  religieux  de  cette  abbaye  et  tous  deux  membres  du  Conseil  de  conser- 
vation, et  moi,  nous  commençâmes  à  faire  faire  les  fouilles  en  présence  du  citoyen  Aubry, 
directeur  de  la  manufacture  de  salpêtre  qui  y  est  établie ,  et  du  citoyen  Jollain ,  expert  du  Conseil , 
(jui  dirigea  les  ouvriers  d'après  les  renseignements  ci-dessus  cités.  Voici  le  résultat  de  nos  re- 
cherches. 

rLe  6  prairial  an  vn,  après  avoir  creusé  environ  sept  pieds  au-dessous  de  la  place  oii  était  le 
grand  autel,  on  découvrit  un  tombeau  de  six  pieds  de  longueur,  dont  le  couvercle,  fait  en  dos 
d'âne,  orné  d'écaillés  de  poisson,  de  palmeltes  et  d'un  cep  de  vigne  s' échappant  d'un  vase,  était 
celui  qui  fut  découvert  en  170Û  et  dont  parle  Montfaucon. 

tLc  couvercle  ayant  été  levé  (ce  tombeau  avait  déjà  été  ouvert,  puisqu'un  fragment  du  cou- 
vercle, qu'on  avait  brisé  probablement  en  l'ouvrant,  s'est  trouvé  dans  l'intérieur,  sous  la  tête  du 

mort  et  lui  servant  d'oreiller),  nous  aperçûmes  un  squelette  vêtu Les  pieds  étaient  dirigés 

vers  l'orient;  les  draperies  dont  il  était  couvert  formaient  deux  vêtements  :  le  premier,  assez  bien 
conservé,  parait  être  un  long  manteau  ample  et  dessinant  de  grands  plis,  dont  les  chutes  des- 
cendaient jusqu'au  bout  des  pieds;  après  avoir  examiné  l'étoffe,  nous  reconnûmes  que  c'était  un 
satin  d'un  tissu  très-fort  et  à  grands  dessins;  sa  couleur,  quoique  passée,  parait  avoir  élé  d'un 
rouge  foncé.  Le  second  vêtement  est  une  tunique  longue,  de  laine,  couleur  de  pourpre  brun, 
ornée  dans  le  bas  d'une  broderie  aussi  de  laine,  sur  laquelle  on  avait  gaufré  des^rnements;  des 
espèces  de  pantoufles,  d'un  cuir  noir  très-bien  tanné,  lui  servaient  de  chaussure;  ces  pantoufles, 
ou  souliers  sans  oreilles  et  sans  boucles,  n'ont  qu'une  coulure  placée  à  l'extérieur  du  pied,  et 
de  la  manière  qu'au  pied  droit  elle  se  trouve  à  droite,  et  au  pied  gauche  à  gauche. 

'•>  9,356  in-folios;  11,747  in-quartos;  28,98/i  latins;  2,78.3  français;  fonds  de  Harlay,  1,569. 
in-octavos  et  in-ia.  '''  ^oy.  Lenoir,  Musée  des  monuments  français , 

'•'  634  manuscrits  orientaux;  'iSa  grecs;  1, 644        t.  l,  p.  i58  et  suiv. 


360  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

(tAu  côté  droit  du  cadavre,  on  a  trouvé  une  canne  de  bois,  que  l'on  croit  être  du  coudrier, 
d'environ  six  pieds  de  longueur,  surmontée  d'une  petite  traverse  d'ivoire  formant  béquille, 
ouvrage  à  jour  et  dont  la  sculpture  peut  remonter  au  viii°  ou  ix''  siècle.  Cette  espèce  de  tau  étail 
lixé  sur  le  bois  par  une  espèce  de  base  de  cuivre  du  même  travail.  La  disposition  de  ce  corps, 
l'espèce  d'étoie  dont  il  était  revêtu,  et  principalement  la  longue  canne  trouvée  près  de  lui,  tout 
semble  caractériser  un  abbé;  car  on  sait  que  les  premières  crosses  des  évêques  ou  des  abbés 
commendalaires  n'étaient  que  de  simples  bâtons  de  bois,  très-longs,  dont  la  partie  supérieure  se 
terminait  en  tau,  et  désignées,  dans  les  ouvrages  de  Mabillon  sur  cette  matière,  par  baculus. 
Ces  crosses,  depuis,  ont  été  diminuées,  et  l'on  s'en  est  servi  pour  s'appuyer 

rfEn  continuant  de  suite  les  fouilles  dont  j'ai  parlé  plus  haut,  le  7  suivant,  à  quatre  heures 
du  soir,  on  a  découvert  un  autre  sarcophage  en  pierre  de  Saint-Leu,  fermé  simplement  d'une 
pierre  plate  et  carrée 

tLors  de  l'ouverture,  on  a  trouvé  un  squelette  vêtu  qui  avait  d'abord  été  déposé  dans  un  cer- 
cueil de  bois,  dont  la  légèreté,  par  sa  décomposition,  se  l'approche  de  celle  du  liège,  mais  en 
conservant  moins  d'élasticité.  La  crosse,  composée  d'enroulemens  et  de  feuilles  de  vigne,  est 
aussi  de  bois,  et  s'est  trouvée  dans  le  même  état  de  légèreté,  posée  à  droite  et  près  du  cadavre, 
comme  s'il  pouvait  s'en  servir. 

"Les  ossements,  intacts  dans  leur  situation,  étaient  couverts  d'un  grand  vêtement  de  taffetas 
violet  foncé  ressemblant  assez  à  l'habit  des  religieux  de  l'ordre  de  Saint-Benoît,  et  offrant  exac- 
tement les  plis  que  l'on  voit  dans  le  dessin  que  j'en  ai  fait  d'après  le  naturel.  Les  pièces  qui 
formaient  l'ensemble  de  ce  vêtement  ont  été  assemblées,  non  par  de  simples  coutures  ou  par  des 
surjets,  suivant  notre  usage,  mais  au  moyen  d'un  galon  de  soie  verte  étoile  d'une  broderie  d'or, 
qui  servait  à  lier  les  lisières  entre  elles;  en  sorte  que  le  galon  dessinait  les  pièces  telles  qu'elles 
étaient  avant  d'être  assemblées.  Cette  espèce  de  tunique,  longue  et  Iros-ample,  est  bordée  pjir 
une  grande  bande  d'étoffe  à  grands  dessins  relevés  en  dorure  sur  le  fond.  La  mitre  de  soie 
blanche  ressemble  parfaitement  à  la  moire  que  nous  connaissons.  La  tête  était  posée  sur  un 
coussin  qui  avait  conservé  sa  forme,  quoique  entièrement  détruit. 

rrLes  gants  qu'on  lui  voit  aux  mains  sont  bien  conservés,  et  d'un  tissu  de  soie  à  jours,  fait  à 
l'aiguille  autour  d'une  base  cylindrique,  suivant  le  savant  rapport  que  le  citoyen  Desmarest, 
membre  de  l'Institut  national,  nous  a  donné  sur  les  étoffes  que  nous  avons  trouvées  dans  ces 
tombeaux.  La  bague  qu'il  avait  au  doigt  n'offre  rien  de  curieux  ni  par  la  matière  ni  par  la  forme, 
elle  est  d'un  métal  composé  de  cuivre  et  d'argent  mélangé  :  le  chaton,  en  forme  de  croissant, 
renferme  une  turquoise  décolorée 

«La  chaussure,  parfaitement  semblable  à  nos  guêtres,  est  d'une  étoffe  de  soie  d'un  violet 
foncé,  ornée  de  dessins  très-variés  et  du  meilleur  goût,  représentant  des  polygones  ou  écus, 
dans  le  champ  desquels  sont  tracés  des  lévriers  et  des  oiseaux  en  or.  Les  guêtres  étaient  serrées 
du  haut  et  du  bas  d'une  coulisse  retenue  par  un  petit  cordonnet  de  soie  de  la  même  couleur,  et 
dont  la  fabrique  ressemble  parfaitement  à  la  nôtre.» 

Lenoir  trouva  aussi  un  chapiteau  de  marbre  qui  semblait  appartenir  à  la  primitive  église,  et 
un  chapiteau  du  \'  siècle  '''. 

L'église  resta  fermée  jusqu'au  9  floréal  an  xi. 

Sous  la  Restauration,  on  rendit  à  l'église  un  baptistère  en  cuivre  rouge,  orné  de  bronze 
doré,  un  médaillon  en  marbre  représentant  une  mère  de  douleur,  une  sainte  Vierge  en  marbre 

'''  Voy.  Lenoir,  Musée  des  monuments  français ,  t.  H,  p.  91. 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 


3G1 


sculptée  en  liSo,  une  statue  de  sainte  Marguerite  sculptée  par  Bourlet,  une  statue  de  saint 
François -Xavier  sculptée  par  Coustou,  des  statues  de  Chiidebert  et  de  la  Vierge,  le  tombeau  de 
Charibert,  roi  de  Paris,  le  mausolée  de  Guillaume  et  de  Jacques  de  Douglas,  celui  de  Casimir, 
roi  de  Pologne,  et  l'épilaphe  de  Bernard  Cherin.  La  partie  septentrionale  de  l'église,  qui  menaçait 
ruine,  l'ut  étayée  en  mai  i8ao  et  complètement  refaite  par  Tarcbitecte  Godde.  C'est  à  la  suite  de 
ces  grands  travaux  de  consolidation  que  les  deux  clochers  latéraux  placés  derrière  celui  qui 
existe  encore  ont  été  abattus.  La  restauration  de  Saint-Germain-des-Prés,  entreprise  en  186  5, 
ne  lardera  pas  à  être  complètement  terminée. 

L'intérieur  du  monument  est  complètement  recouvert  de  peintures  murales.  Ces  décorations 
polychromes  produisent  toujours,  à  première  vue,  le  plus  grand  effet.  Ces  voûtes  azurées,  ces 
colonnes  teintées,  donnent  à  l'église  un  air  sombre  et  mystérieux  qui  réagit  sur  le  visiteur  et 
l'invite  au  recueillement.  Mais,  lorsque  l'œil  est  accoutumé  à  ce  clair-obscur,  le  charme  diminue 
souvent  et  l'aspect  n'est  pas  aussi  harmonieux  qu'on  se  l'était  figuré  tout  d'abord.  A  Saint-Ger- 
main-des-Prés, le  plus  grand  inconvénient  que  présentent  ces  décorations  est  de  nuire  aux 
fresques,  malheureusement  inachevées,  de  Flandrin.  Cette  suite  de  peintures  religieuses  deman- 
dait plutôt  un  cadre  brillant  qu'une  bordure  mate  et  sans  éclat. 

.Saint-Germain-des-Prés  renferme  encore  quelques  inscriptions.  Dans  la  chapelle  de  Sainl- 
Michel,  on  a  placé  le  monument  de  Jacques  Douglas. 

Voici  l'inscription  gravée  sur  une  plaque  de  marbre  noir,  placée  devant  ce  mausolée  : 

DocGLASiDca  :i0vjk  spes,  patrie  i,u\,  iiegibis  oiite, 
Gallo-Scotigehiii  dix  Iacobe  jaces, 

QkM   L0!<GA   I.M«i;)iEP.OS   LAtlGlE<VTES   PAGE   TRIIIIIPHn^ 

Majorih  recous,  DlG^AQl'E  Marte  «eris, 

ArHAULE  DIH    PROAVIM    REDItlVO   f,  FINERE   TRtCTAS, 
UeC   CADI8   IS   HEDrA   DIA   PROPAGO   VIA  ! 

SciLiCET  hai;d  poterat  Mars  eïlperare  tlorum, 

SCA^DERE   SEC  TE  ÏILT   ISCLÏTA   FACTA   PATRIIM. 

OcciDiT  PBOPE  DuAcm  XXI  OcTOBR.  MDCXXXV  «tatis  XXVIII. 


An  fond  de  la  chapelle  du  Sacré-Cœur-de-Jésus,  on  a  déposé  les  cendres  de  Mabillon,  Mont- 
faucon  et  Descartes,  qui  provenaient  du  Musée  des  monuments  français.  On  a  gravé  sur  une 
table  de  marbre  noir  la  triple  inscription  suivante  : 


Memobi^ 
D.Joamiis.Mabillok 
PRESBTTEni  .siouacbi 
ordisis.s.Be\edicti 

ACADEMIiE  .  IVSCRIPTIONIIH 

HlllA!IIORlllQ.LITTERAIlUII 

SOCII 

PIETATE.DOCTRnA.  MODESTU 

El.tPSn.  JAM  .S^CCl'LO 

CLARI 

BISLiniHECARlU 

TDa.KOSTRlTim.lUV  .EXTERARIH 

DILIGE^TlSSlm  .  IKDAGATOBIS 

I^  .  DIPLOMATl  II .  SIKCEBITITE 

DIIUDICAKDA 

FACILE.  PBI>CIPIS 

ACTORLU.  AMIALII  Mlj. 

ORDIHIS.Sll 

COLLECTOBIS .  COKDITORIS  . 


Me|IORI;E 

Resati.  Descartes 
beco.nditioris.docirin* 

LAUDE 

ET.  IKGEMI  .  Sl'BTILlTATE 

PRyïCELLESTlSSIMI 

QUI.PRIMUS 

A.RESOVATIS.  IV.EUROPA 

BOSARIH  .  LITTERARBM  .  STI  DUS 

RATIO!IIS.Ht'HAK;E 

JURA 

SALTA.FIDEI.CIIBISTIAS* 

AITORITATE 

»IIID1CAÏIT  .  ET .  ASSERl  IT 

miNC 

ÏERITATIS 

QUAH.UIIICE.COI.lIIT 

COÎiSPECTU 

FBUITUR. 


MEI10RI.Ï 

D  .  Bf.BNARDI  .  DE    M0NTFAUC0> 

NOBILIS  .PRIMIM  .  IN  .  MILITIA  .  ÏIIU 

TUM  .  S«Cl  LARIIIM  .  BERC  M 

T.EDKI 

PBESBrTEBl.MOXACHI 

mDEQUE 

ACADEMI/E.IXSCBIPTIONUM 

HUMAMORIMQ.LITTERARIM.  SOCll 

IN  .  r.OSQUIRENDlS  .  ILLUSTRAS  DIS 

EDENDIS  .  CUJUSCUBQUE  .  GENERIS 

l'nlORUM  .  «TATU»  .  SIOISUMENTI* 

DE.OMM  .ANTIQI  ITATt 

TAU . SACRA  .  gUAM . PROFANA 

OPTIME.MERITI 

ABTTS.CHITIC*: 

ARBITBl.PBUDEXTISSIMI 

PR^SERTIM 

1\  .  PAL.F.OCiRAPIlIA  .  CB/ECA 


iU. 


QUOBUH.CISEBES.BELIGIOSE.PRIIIUII.LOCULIS.SU.S.CO.NDITOS    DEOnc.COMMUM.FATO.PER.XXV.ANNOS 

IRTER  .  PBOfABA  .  EXULES  .  QUU*  .  TERR* .  SACB* .  RENOVATA  .  PI  tR.  M  .  EXEQUIARUM  .  POMPA  .  REDDERF.UTUR 

BEGIA  .  IKSCRIPTIONUII  .  ET  .  HUMANIORUM  .  LITTERARUM  .  ACADEMIA 

IITBLIS  .  ADSCBIPTIS.  SERIOBIBUS  .  *TATIBUS  .  COMIIENDAÏIT  .  XXVI  .  FERU  .  M  OCCCXIA  . 


362  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Dans  la  cliajielle  de  Saint-Joseph,  on  a  placé  le  mausolée  Guillaume  de  Douglas.  Voici  l'ins- 
cription qui  s'y  trouve  gravée  : 

Anspicis  nu^lA^JK  .spectaci:la  tristia  pompae, 

KT  TANESCENTIS   QU^  SIT   IMAGO   BOSI. 

Non  sdm  qui  fuebam  satiis  ille  heboibis,  l^GE^s 

DVGLASIDSM   PRIKCEPS  Al<GUSI;SQtIE  COHES. 
NaII   pars   hic   EXTINCTA   JACET,   PARS   SALVA    BEVOLÏIT 

FATA,   VICES   RERIM   QII>K   PER   OPACA   FLUINT; 
VeRTOR   DT   IS   CINERES   SPECIILATUR,   ET  OCCULOR    UMRRIS: 

CTQUE   ILLIEAT*  DISCLTIUSTIiR   OPES 
QuAS   HIRI   FATA  BABAST,   ÏIRIUS  TEANSIIISIT   ArORIll  : 

QlIAS   EGO  TnANSMISI   F ITA   DEDERE   MEIS  : 

Nil  kisi  linteollm  mihi  massit  et  abclla  m  sti  ; 

ql-id  querab  1  his  om>es  hors  monet  esse  pabes, 
Rex  i;t  inops  mobitib,  sia  clalsus  desebit  aktbo; 

I'bORSUS  et   in   TliMIiLO   PITRET   liTERylE  SUO. 

Vivit  an.  LVII.  obiit  V  son.  mari.  an.  M.  DC.  XI. 

GlLIEI.MlS  F.  AnGUSI*  COMFS  p.  OPT.  AMANTISSIIin  M.  P. 

Plus  loin ,  dans  la  chapelle  de  Sainte-Marguerite,  que  l'on  restaure  eu  ce  moment,  on  remarque 
le  mausolée  sculpté  par  Girardon  pour  la  famille  de  Castellan.  Sur  une  table  de  marbre  noir, 
on  a  gravé  l'inscription  suivante,  composée  par  Mabillon  : 

D.      0.      M. 

QlIISQl'IS,    HIC    SISTIS,    NON    MINI1.S    RBLIGIONIS  ET   l'IETATIS,    QUAM    VIBTI'TIS   BELLIC*   MOSliMEMCM    VIDES;   QUOD    »»IA>TISSI«IS 
SUIS  PABESTI    ET    FRATRI,   OlIÏARlO   ET  LuDOVICO  DE   CasTELLAN  ,   CaROLIS  ABBAS  TESTAMESTO   FIEBI   CIIBAVIT, 

QUORUM    ALTER   PRO    REGE   ET   PATRIA,   ALTER   ETIAM   IN   ChrISTI   CAUSA   OCCUHUIT. QUIPPE   OlIVARIU.S   ^0BILIS- 

SmUS   EQCES,   POST   PHiCIPUA   MILITI.B   SUR   LuDOÏlCO  JoSTO  PRSLUDIA ,   DUPLICIS   COHORTIS  DEIN   SUMMUS   IN   CASTRIS   CELBRUM 
EQUITUH   TRANS  AlPES  PR^FECTUS,  ItALICO   I*   BELLO  FACTIS  ILLVSTRIS  ,  DEMUH   IN  CaTALAKICO  DUGIS  OFFICIUI  STRENUE  ASRNS, 

AD  TaRRAGONKM   infesta   PILA   TRAJECTUS   INTERIIT,   ANNO   SALUTIS   MDCXLIV. LuDOVICUS   OlIÏARII   FILIUS,    EODEM 

ARDORE   a   TENERIS   miles   PABI    CONDITIONE  DUX,   PRIMO   UNI   PRAETORIS   COHORTI   PR.EFECTUS,  TUM    IPSIUS   LEGIOMS   MAJOR; 
TANDEM    PEDESTRHM   COPIARCM   QUAS  LuDOÏICUS   MaGNUS   IN   CrET^B   SUBSIDIUM   MISIT,   TRIBUSUS,   EBI'PTIONK 
IN    OtTOMANNOS   FACTA,   FEBALI   GLOBULO   EXTINCTUS   EST. 

Cabolus  Olivabii  item  filius,  S.  Apri  et  Silv«  majoris  abeas,  eorum  in  memoimam  hec  mahmobi  inscribi 

CURAVIT,    et   in    ISTO   MAUSOLEO   a   se   ERECTO,   sur   QUO   IPSE  JACET,   corda   OPTIMI   PAREKTIS   AC   FRATRIS    INCLIDI    PR.ÏCEPIT. 

MoRTuus  niE  a8  novembris  an.  M.  DC.  LXXVIl.  —  His  corpus  suum  adjungi  optavit  Franciscus  Caroli  fratbueli» 
atqbe  ex  asse  hsres  et  ipse  militabirds  pro  bege  officiis,  maxime  in  Tbrcas,  iNSiGNis,  qoi  obiit  die  j an.  an.  m.  DC.  LXXXIII. 

La  chapelle  de  Saint-Pierre-el-Saint-Paul,  placée  dans  le  bas  côlé  gauche,  renl'ennc  les 
reliques  de  saint  Modeste,  marlyr.  Au-dessous  de  la  châsse,  on  a  placé  contre  la  muraille  une 
tablette  de  marbre  noir  sur  laquelle  est  gravée  cette  inscription  en  l'honneur  de  Boileau  : 

Hoc.sub.iitolo 
fatis.dit.iaciati 

IN  .  OHNE  .  AEVUH  .  TANDEM  .  COMPOSITI 
JACENI.CINERE8 

NicoLAi .  Boileau  .  De.spreaux 

PARISIENSIS 

QUI  .  VERSIBUS  .  CASTISSIMI9 

H0)II^UM  .ET.SCEIPTORUM.ÏITIA 

KOTAVIT 

CARHINA.SCBIBENDI 

LEUES.CONDIDIT  ** 

FLACCI  .  *«ULUS.  UAUD  .  IMPAB 


APPEKDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 


303 


IN  .  JOCIS  .  ETUU  .  «IXLI  .  SECUIiDUS 

OBIIT 

XllI.MABT.AIDCCXI 

EXEQUIABCSI  .  SOLEMNU  .  liUSTAlIRATA 

XIX.jiL.MDCCCXIX 

CURANTE.  UKBIS  .  I'R«Ff.CTC 

PlRENTAtlTlBUS  .  SDO  .  QUOHDAII 

REGU.CTRAQl'E 

TCH  .  GALLIC£  .  UNGD.B 

Tlll.l^scBlPTlomJu 

BCMANIOEUIIQ  .  LlTTERARUIl 
ACADEMIA. 


Enfin,  dans  le  transept  de  l'église,  à  gauclie  de  l'autel  dédié  à  saiul  François,  se  trouve  le 
mausolée  du  roi  Casimir,  de  Gaspard  de  Marsy.  De  chaque  côté  du  bas-relief  en  bronze  qui  sert 
(le  base  à  ce  mausolée,  on  a  gravé  l'inscription  suivante  : 


D.       0.       M. 

^TERNJ!  HENORIJi   BEGIS  CaSIHIRI. 


Hic,  po.st  exe^sos  virtitih  ac  glorijE 

GBADIJS  oaatS  ,  QDIESCIT  !<OBILI  8UI 
PARTE  JOAMKES  CaSIMIBLS  PoLOMi!  IC 
Sl'ECIA  BEI;  ALTO  DR  JaGELLOMDI'H  8AK- 
SUiilE,  E  FAXILIA  VaSATEDSI  P0»TBEIIVS, 
QGU  gtMMtS  LITTERI!»,  ARIIIS,  PIETATE, 
■  ILTABCH  GEKTIIH  LIRGUAS  ADDIDICIT, 
<Hn  ILLAS  PBOPEflSIUS  SIRI  DETnCIRET. 
SePTEDDECIH  PIJiLIlS  COLLATIS  CIIK 
aOSTE,  8ICSIS  TOTIDCH  CHO  milKS  TICIT. 
SeUPKII  INTICTCS,  MoSCOTITAS,  Sl'ECOS, 

Bra.ndebi  rge\!<es,Tartaro$,Geriiasos 

«Rlilli .  Co.SACns  ALIOtIQlIE  REBELLES  GRi- 
TIA  AC  RE>el'ICII8  EtPlGAAtlT,  VICTORIA 
RK«EB  EI8  SE  PR,EBE^$,  CLEMEKTIA  PA- 
TRE1I  ,  UEMQLE  TOTIS  riVI>TI  IUPERII 
A>MS,  PlIRTI  NAII  TIRTDTE  VIXCENS  ACLAM 
HABVIT  m  CASTRIS ,  PALATU  IR  TEIiTORlIS , 
!!PECTACtLA  1^  TRIVIIPUI8.  I^IREROS  EX 
LEGITIMO  COn^ilBIO  SCSCEPII,  QUF.IS  POS- 
TEA  0RRATi;8  EST,  KE  SI  SE  IIAJOBKM  BELI- 
QUIS8ET,  A0.1  E8SET  IPSE  UAtlHtS,  Sl<l 
«IROREII,  STIRP8  DEUE>ERABET.  I'aR  El 
AD  roRTITUDIKEM  RELICIO  PUT,  »EC  SEG- 

ReGIL'II  COR    HO.liCHIS  HUJUS 
QIOD  ILLI 


Ptace  du  hat-relief. 


MIJS  COELO  HILITAVIT  ULAU  SOLO.  Hl^C 
EXTBUCTA  liO^A8TERIA  ET  N080C01IIA VaB- 

sovi/E,  calvimanobum  fana  IN  Litiiuania 

EXCISA,  S0CIMAM  BEGNO  PULSl  NE  CasI- 
NIRLII  HABERENT  REGEM  QUI  CuRlSTUU 
DeUU  non  BASERENT;  SENATUS  A  VABIIS 
BECTIS  AD  CATIIOCIC£  FIDEI  COMUUNIUNEII 
ADDUCTUS,  UT  ECCLE.SI/E  LEGIBIIS  CONTI- 
NEBENTUR  QUI  JUBA  l'OPULIS  DICEBENT  : 
UHDE  ILLI  PBiECLARUH  OBTHOOOXl  NOHFN 
AB  AlEXANDRO  Vil  INUITUH,  HUMAN.£ 
IIENIQUE  GLOKIjï  FASTIGIUM  PB*TF.I1- 
liBESSUS  eu»  MIIIL  PL.ECLABIIS  AGEHK 
P088ET,  IMPERIUIH  SPONTE  ABDICAVIT 
ANNO  MD'CLXVIII.  TiM  PORBO  LA- 
CRVM£,QUAS  NULII  REGNANS  EXGUSSERAT, 
OMNIUM  OCCULIS  MAIXARUNT,  QUI  ABEUN- 
TEM  REGEM  NON  SECUS ,  ATQUE  OBEUNTEU 
PATBEM  LUXEBE.  VlT*  BEIIQUUM  IN  PIE- 
lATIS  OFFltlIS  CUM  EXEGISSET,  TANDEM 
AUDITA  KaMEKECI.*  EXPUGNATIONE  ,  NE 
TANTjE  CLADI  SUPERESSET,  CABITATE  PA- 
TBIjB    yULNEBATUS    OCCUBUIT    XVll    kAL. 

JAN.  M.DC.LXXII. 


COCNOBII   cm   ABBAS  PB.EFUEBAT  AMOBIS  PIGNUS  BELIQUIT, 
HOC  TUMULO  MCKRBNTES  CONDIDBBUNT. 


(Notes  et  additions  de  M.  H.  Cocheris  à  l'ouvrage  de  Lebeuf.) 


iO. 


36i  TOPOGRAPHIK  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

VIJJ 

LES  DÉMÊLÉS  DE  L'ABBAYE  DE  SAINT-GERMAIN-DESPRÉS 
AVEC  LES  ÉVÊQUES  DE  PARIS  ET  L'UNIVERSITÉ. 

(  Texte  ,  p.  68  et  paiiim.  ) 

I 

SENTENCE  ARBITRALE 
ENTRE  L'ÉVÊQUE  DE  PARIS,  L'ABBÉ  ET  LES  RELIGIEUX  DE  SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS. 

Gaulridus  Dei  gratia  Meldensis  ecclesiœ  ministerhumilis,  et  Michael  decanus  Sancli  Marcelli, 
et  frater  Garinus,  omnibus  Christi  fidelibus  salutem  in  Domino.  Cum  esset  contenfio  inter 
Petrum  episcopum  et  Hugonem  decanum,  totumque  capitulum  Parisicuse,  et  Wilielmum  archi- 
presbiterum  Sancti  Severini,  ex  une  parte,  et  Joannem  abbatem  et  conventum  Sancti  Germani 
de  Pratis,  et  Radidphum  presbilerum  Sancti  Sulpicii,  ex  altéra;  super  jure  episcopali  et  jure 
parrocliiali  spirituali  in  territorio  Sancli  Germani  de  Pratis  ultra  parvum  pontem,  sive  sit  œdi- 
licatum  sive  œdificandum  usque  ad  burgum  Sancti  Germani;  tandem  pro  bono  pacis  compro- 
miserunt  in  nos  ab  ulraque  parte,  sub  pœna  ducentarum  marcbarum  ratum  habiluris,  et  Crmiter 
servaturi  quidquid  nos  très  pro  bono  pacis  inter  ipsos  statuerimus  bona  fide. 

Nos  autem  pro  bono  pacis  diximus  quod  totum  territorium,  quod  conlinetur  a  Tornella  Phi- 
lippi  Hamelini  supra  Sequanam  usque  ad  melam  quos  dividit  terram  Beati  Germani  ex  una 
parle  et  terram  Sanctse  Genovefse  de  altéra,  versus  Gamelles,  sicut  Secana  comportât;  et  ab 
eadem  secunda  meta  usque  ad  metam  quae  est  prope  chiminum  Issiaci,  quae  similiter  dividit 
iitramque  praedictam  terram;  et  ab  illa  tertia  meta  usque  ad  quartam  metam,  quaui  nos  posui- 
mus  extra  muros  versus  Sanctum  Stephanum,  sicut  chiminum  Issiaci  comportât,  et  ab  illa 
lertia  meta  usque  ad  quartam  prœdictam  metam;  et  ab  illa  meta  usque  ad  supradictam  Tor- 
nellam  Philippi  Hamelini,  sicuti  mûri  exlra  se  comportant,  exemptum  maneat  ab  omni  jure 
episcopali  et  parrochiali  spirituali  Parisiens!  in  perpetuum.  Totum  autem  territorium  quod  est 
infra  muros  erit  in  perpetuum  de  jurisdictione  episcopali  Parisiensi.  Prœterea  diximus  parro- 
chiam  Sancti  Severini  durare  ab  ecclesia  Sancti  Severini  usque  ad  metam  quam  posuimus  supra 
Secanam,  juxta  domum  quae  dicilur  domus  Willermi  de  Saneto  Marcello;  et  ab  illa  meta  usque 
ad  secundam  melam  quam  posuimus  juxla  domum  Odonis  de  Hedera,  sicut  vicus  se  comportât, 
a  prima  meta  ad  secundam,  et  a  secunda  meta  usque  ad  terliam  metam,  quam  posuimus  in 
platea  quam  Balduinns  Cementarius  tenet  de  Saneto  Juliano,  sicut  vicus  comportai.  In  loto 
autem  territorio  aedificato  sive  œdificando  ultra  metas  illas  parrochiae  Sancli  Severini  usque  ad 
muros  régis,  habebit  monasterium  Sancti  Germani  in  perpetuum  jus  pafronatus  ad  conslruendam 
unam  vel  duas  ecclesias  parrochiales,  non  plures;  et  presbyleros  ibi  instituendos  lenebilur  abbas 
praesentare  archidiacono  et  episcopo  Parisiensi.  Si  ibi  fuerint  duœ  ecclcsiae  constructœ,  ab 
utroque  presbitero  illarum  habebit  abbas  Sancti  Germani  singulis  annis  in  perpetuum  trigiuta 
solidos.  Si  vero  unica  fuerit  ibidem  ecclesia,  capellanus  ejusdem  singulis  annis  in  perpetuum 
reddet  diclo  abbati  sexaginla  solidos.  Episcopus  autem  Parisiensis  tenebitur  reddere  abbali 
prœdiclo  quadraginta  solidos  in  festo  sancti  Remigii  usque  ad  Iriennium,  nisi  ante  triennium 
in  prœdiclo  territorio  constructa  fuerit  ecclesia  una,  vel  duae.  Quia  ex  quo  constructa  ibi  fuerit 
ecclesia,  cessabil  solulio  illorum  quadraginta  solidorum.  Et  etiam  post  triennium  sive  sit  con- 


APPENDICES  ET  PIÈGES  JUSTIFICATIVES.  365 

structa  ecclesia.sive  non.nihiiominus  cessabit  solutio.  Et  donec  ibi  sic  constructa  ecclesia,  par- 
rochiaiii  de  illo  territoiio  ibunt  ad  Sanctum  Severiiium  lanquam  parrochiani.  Ecclesia  vero  ibidem 
constructa  vel  ecdesiis  constructis,  parrochiani  illi  revertentur  ad  ecclesiam  constructam  vol 
ecclesias.  Et  si  duœ  ecclesiœ  ibi  fuerint,  pro  voiuntate  abbatis  parrochiœ  limitabuntur.  Radui- 
phus  autem  presbiter  Sancti  Sulpicii  in  recompensatione  decimœ,  quam  in  prœdicto  territorio 
redamabat,  quandiu  vivet  habebit  ab  ecdesia  Sancti  Germani  quadraginta  solidos  in  festo 
sancti  Remigii,  vel  singulis  diebus  quandiu  vixerit  habebit  unum  panem  album,  et  unain 
quartam  vini  convenlualis,  si  abbas  maluerit.  Post  uiortem  vero  ejusdem  Radulphi,  non  tenebitur 
dicta  abbatia  reddere  successori  ejus  illos  quadraginta  solidos,  neque  panem,  neque  vinum. 
Omnis  justitia  secularis  remanet  abbatiœ  Sancti  Germani  in  perpetuum  in  toto  territorio  suo, 
sive  in  parrochia  Sancti  Severini,  sive  extra.  Quod  ut  firmum  habeatur  in  perpetuum,  sigil- 
lorum  noslrorum  munimine  prœsentem  pagiiiam  roboramus.  Actum  auno  gratiœ  miliesimo  du- 
centesimo  decimo,  mense  Januario. 

(D.  Bouillart,  Preuves,  p.  Sa.) 

Il 
PREMIER  ACCORD  AVEC  L'UNIVERSITÉ  DE  PARIS. 

Universis  prajsentes  litteras  inspecturis  Universitas  magistrorum  et  scolarium  Parisiis  studen- 
iium  salutem  in  Domino.  Noverilis  quod,  cum  inler  nos,  ex  una  parte,  et  religiosos  viros  abbalem 
et  couventum  Sancti  Germani  de  Pratis  juxta  Parisius,  ex  altéra,  orta  esset  materia  quœstionis 
super  quadam  plathea  situata  prope  muros  civitatis  Parisiensis  respicienle  dicti  Sancti  Germani 
abbatiam,  cui  ex  parte  superiori  conligua  est  domus,  in  qua  moratur  Reverendus  in  Chrislo 
Pater  P.  Dei  gratia  episcopus  Aurelianensis,  et  ex  altéra  parle  est  via  carnificeriaî  Sancli  Ger- 
mani, perquam  directe  ilur  ad  portam  civitatis  Parisiensis  quae  dicitur  porta  fratrum  minoruni, 
et  ad  ecclesiam  eorumdem  fratrum;  et  a  parte  inleriori  est  via  publica  per  quam  directe  itur  de 
Sancto  Germano  ad  portam  civitatis  Parisiensis  quae  vocatur  porta  Sancti  Germani,  quœ  est 
prope  domum  quje  fuit  claras  memoriaj  domini  Henrici,  quondam  illustris  régis  IVavarriœ;  ex 
altéra  parte  est  quœdam  via  quœ  in  praedicta  via  carnificeriœ  Sancti  Germani  incipit  juxta  pu- 
tlieum  qui  est  in  dicta  via,  et  juxta  domum  G.  carnificis,  quae  est  œdificata  in  angulo  jam  prœ- 
dictœ  plathea;  ex  opposito  dicli  puthei,  et  terminatur  in  nominata  via,  per  quam  itur  ad  portam 
quœ,  ut  dictum  est,  vocatur  porta  Sancli  Germani;  eo  quod  nos  noniine  diclœ  Universitatis  jus 
dicebamus  nos  habere  in  dicta  plathea  ex  parle  quae  continuatur  cum  via  praedicta,  per  quam 
ilur  ad  fratres  minores  in  centum  et  sexaginta  pedibus  ad  pedes  régis  mensurandis  continue  et 
directe  secuiidum  longiludinem  ac  iatiludinem  in  qualibel  parte  ejus,  quia  tantum  de  dicta 
plathea  in  jam  dicta  parle  eidem  Universitati  nostrœ  dicebamus  et  dicimus  esse  legatum  a 
magislro  Radulphode  Albussone,  quondam  canonico  Ebroicensi,  qui,  ut  dicebamus,  jus  habebat 
in  |)lalhea  praedicta,  in  (juantum  legalum  nobis  fueral  ab  eodem.  Ilem  super  oo  quod  prœdicli 
religiosi  dicebanl  sibi  licere  et  licuisse  portam  abbaliœ  eorum,  quœ  est  versus  pralum  noslrum 
(juod  nuncupatur  pralum  Universitatis,  aperire  et  claudere  quanlumcunque  vellent,  et  per  eam 
inirare  et  exire  libère  sine  contradictione  cujusquam  ad  votum  eorum  cum  vehiculo  et  sine 
vehiculo,  cum  equo  et  sine  equo,  vel  aliter  qualitercumque  ad  velle  eorum,  ad  dietam  portam  el 
muros  ejus  habere  el  lenere  in  illa  disposilione  quœ  continelur  in  quadam  ordinatione  fada, 
super  quadam  alia  controversia  orta  inter  nos  el  ij)sos  religiosos,  tempore  abbalis  Gerardi,  ab 
inclitœ  reeordationis  domino  Philippo,  illuslrissimo  rege  quondam  Francorum,  et  super  limi- 
latione  Ibssali  abbaliœ,  quod  esl  juxta  pralum  noslrum  prœdiclum.  Quam  limilalionem  el  dis- 
linrlioncm  prœdicti  religiosi  dicebanl  esse  faciendam  secundum  prolentionem  et  dedaralionem 


366  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

lineae  protrahendœ  in  conlinuum  et  directum  ab  extremitate  pilariorum  et  columpnarum,  qua 
sunt  extra  iiiuros  abbaliœ  prœdictœ  conjunctos  cum  ipso  fossato  juxta  pratum  nostrum  versus 
locum  in  quo  cum  Secana  conjungitur  praediclum  fossalum  ;  nobis  Universitate  prasdicta  asseren- 
îibus  contrarium  in  eisdem.  Tandem  diiijjenli  super  hiis  inquisitione  et  provisione  prœhabitis 
par  discrètes  viros  Universitatis  nostrœ  a  nobis  super  hiis  députâtes,  bonum  pacis,  ut  facere 
lenemur,  habere  potissime  cum  religiosis  afTeclanles,  de  proborum  et  sapientum  viroruni  con- 
silio,  nos  primitus  vocatis  magistris  cujusiibel,  facuitatis  légitime,  ut  moris  est,  et  peneralibus 
propter  hoc  speeiaiiter  faclis  congregationibus  pluribus,  ad  banc  pacis  concordiœ  et  transaclionis 
viani  consensu  unanimi  devenimus;  quod  nos  Universitas  praedicta  praelibatam  platheam  in 
longum  et  latum  omnino,  et  omne  jus  quod  in  ea  habebamus  dictis  reiigiosis  cedimus,  dimil- 
timus  et  quittamus  ad  suam  voluntatem  plenariam  faciendam,  salva  nobis  in  ipsa  piathea  réma- 
nente via  ad  prœl'atum  pratum  nostrum  et  alibi  eundi,  agendi  in  latum  spacii  viœ  regalis  deceni 
et  oclo  pedes  continentis,  quae  débet  incipere  a  cuneo  domus  in  qua  nunc  moratur  dominus 
P.  Dei  gratia  nunc  Aurelianensis  episcopus,  protendendo  se  versus  viam  publicam  ante  porlam 
manerii  quondam  Odardi  de  Villa-Nova,  olim  prœpositi  Parisiensis,  per  quam  viam  itur  versus 
portam  Sancti  Germani  et  versus  pratum  prœlibatum.  Ita  quod  ab  angulo  domus  in  qua  moratur 
dominus  episcopus  Aurelianensis  prœdiclus  mensurabuntur  decem  et  octo  pedes  directe  in  latum 
versus  dictam  carnificeriam  procedendo,  et  ab  extremitate  illorum  decem  et  oclo  pedum  pro- 
ducetur  linea  in  continuum  et  directum  usque  ad  angulum  domus  quœ  est  ex  opposito  manerii 
praedicti,quœ  luit  quondam  Albini  de  Centum  Putheis  clerici,  et  ab  angulo  domus  in  qua  moratur 
episcopus  Aurelianensis  ducetur  alia  linea  aique  distans  respecta  prœdictae  lineae  usque  ad  viam 
dictœ  portœ  quœ  dicitur  Sancti  Germani,  et  in  longum  ex  una  parte  superiori  usque  ad  infe- 
rioreni  libère,  pacifiée  et  quiète.  Item  volumus  et  concedimus  ipsis  reiigiosis  quod  ipsi  religiosi 
prœdictam  portam  apperire,  claudere  et  uti  ea  possint  exeundo,  intrando,  eundo,  agendo,  cum 
equis  et  quadrigis  et  sine  eis  libère  versus  Parisius  vel  Secanam  vel  villam  Sancti  Germani,  ut 
sibi  viderint  expedire,  alicujus  coniradictione  non  obstante.  Item  volumus  et  concedimus  eisdem 
quod  fossatum  prœdictum  limitetur,  et  quod  ipsi  religiosi  habeant  super  hoc  secundum  quod 
lineœ  protractio  recta  eis  dimiltendum  fore  declarabit  in  continuum  et  directum  ab  extremitate 
])ilarioruni  et  columpnarum  murorum  abbatiœ  absque  additione  adulterina  et  nova  facla  vel 
addita  pilariis  supradictis;  et  quod  in  ea  parte  terrœ  super  fossatum  sibi  rémanente  muros  sim- 
plices  facere  possint  sine  querneliis  et  l'ortaliciis  aliis  a  simplici  muro,  per  quœ  scholares  possenl 
iaedi;  et  quod,  si  purgare  velint  fossatum,  purgationes,  seu  quœ  ex  eis  exirahi  contigerit  ex  alia 
parte,  non  ex  parte  prali  jactentur.  Prœfati  vero  religiosi  per  dictam  concordiam  et  pacem  nobis 
tenentur  et  tenebuntur  in  perpetuum,  et  successores  sui  successoribus  nostris,  reddere  et  solvere 
quatuordecim  libras  Parisienses  annui  et  perpetui  redditus  pro  prœmissis  et  ratione  prœmis- 
sorum  ad  usus  pauperum  scholarium  per  Univers! tateni  disiribuendas,  assignandas  nobis  super 
abbalia  et  super  omnibus  bonis  et  redditibus  ejusdem,  et  percipiendas  quatuor  terminis  Parisius 
consuelis;  videlicet  in  proximo  festo  sancti  Remigii  sexaginta  et  decem  solidos  Parisienses,  et  in 
sequenti  festo  Nativitatis  Domini  alios  sexaginta  et  decem  solidos  Parisienses,  et  in  sequenti  festo 
Resurrectionis  Domini  alios  sexaginta  et  decem  solidos  Parisienses,  et  in  sequenti  festo  Nativi- 
tatis beati  Joannis  Baptistœ  alios  sexaginta  et  decem  solidos  Parisienses,  et  sic  singulis  annis 
prœdictas  quatuordecem  libras  Parisienses  prœdictis  terminis,  ut  superius  est  expressum,  sub 
pœna  quinque  solidorum  contra  ipsos  committendi  pluries  pro  qualibet  die  per  quam  seu  per 
quas  cessaverint  in  solvendo  ultra  octo  dies,  ultra  quemlibet  terminorum  prœfalorum  una  cum 
principal!  solvendorum,  rata  nihilominus  couipositione  seu  transaclione  ac  obligatione  manen- 
tibus  supradictis.  Et  debent  procurare  dicti  religiosi  consensum  domini  Régis  Franciœ  de  non 
compellendo  Universitatem  dictum  redditum  ponere  extra  manum,  ad  quem  obtinendum  nos 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  367 

etiam  preces  apud  ipsum  dominum  Regem  porrigmus.  Et  scribent  iidem  religiosi  ad  curiam 
Romanam  litteras  suppHcatorias  domino  suuimo  Ponlifici,  quod  suum  in  hiis  consensum  imper- 
liatur,  ut  praemissa  et  sequentia  confirmet;  super  quibus  nihilominus  simiiiter  supplicabimu.s 
eidem.  Volentes  insuper  et  consentientes  expresse  nos  omnes  et  singuii  nostrum  unanimiter,  quod 
njuros  dictœ  porlae  habeant  et  retineant  dicti  religiosi,  habere  et  retinere  semper  liceat  eisdem 
in  perpetuum,  in  illa  dispositione  et  in  illo  sUitu  in  quo  et  in  qua  eos  decrevit  per  suam  jain 
diclam  ordinalionem  inclitae  recordationis  Philippus,  Dei  gratia  iliustrissimus  rex  Francoruui, 
prout  in  litteris  inde  confectis  plenius  continetur.  Addinius  etiam  nos  omnes  et  quiiibel  nostrum 
pro  nobis  et  successoribus  nostris,  tam  nomine  noslro  quam  successorum  nostrorum,  et  vice  ac 
nomine  nostrœ  Universitatis  prœdictœ,  quod  omne  jus  quod  habebamus  et  dominium  quod- 
cumque  in  fossalo  prœdicto  et  aqua  ejusdem  eisdem  religiosis  et  eorum  monaslerio  concedimus, 
promittenles  soiempniter,  légitime  et  etiam  bona  fide,  nos  et  unusquisque  nostrum  pro  nobis 
ipsis  et  nostris  successoribus,  et  vice  et  nomine  dictœ  Universitatis  nostrœ,  prœmissaet  quodlibet 
prœmissorum  fideliter  et  integraliter  observare,  sicut  superius  est  expressum,  et  contra  ipsa  vel 
aliquod  prœmissorum  in  perpetuum  non  venire.  In  cujus  rei  testimonium  sigillum  Universitatis 
Parisiensis  prœsentibus  litteris  duximus  apponendum.  Datum  el  acluni  Parisius  in  congregatioiie 
generali  apud  Sanctum  Maturinum,  anno  Domini  millesimo  ducentesimo  nonagesimo  secundo, 
in  vigiiia  nathalis  apostolorum  Pétri  et  Pauli,  tempore  rectoriœ  niagistri  Gerardi  de  Nogento. 

(D.  Bouillart,  Preuves,  p.  70.) 

II! 
SECOND  ACCORD  AVEC  L'UNIVERSITÉ  DE  PARIS. 

Universis  prœsentes  litteras  inspecturis  Joannes,  permissione  divina  monasterii  Sancti  Ger- 
mani  de  Pratis  juxta  Parisius  abbas  humilis,  totusque  ejusdem  loci  convenlus,  salutem  in  Domino 
sempilernam.  Notum  facimus  quod ,  cum  causa  verteretur  inter  nos ,  ex  una  pfirte,  et  Universitateni 
magistroruni  el  scolarium  Parisius  sludentium,  ex  altéra,  super  eo  quod  dicta  Universitas  petebat 
a  nobis  religiosis  eidem  Universitati  satisfleri  de  arreragiis  li  librarum  eidem  Universitati 
annuatim  a  nobis  debitarum,  una  cum  pœnis  ob  defectum  solutionis  commissis  a  tempore  5q 
annorum,  necnon  dictas  i4  libras  annuatim  eidem  Universitati,  ut  prœfertur,  débitas  a  nobis 
solvi  in  posterum  singulis  annis,  cum  pœnis  adjectis  juxia  tenorem  compositionis  cujusdam  olim 
factai  et  initœ  inter  nos  religiosos  et  Universitatem ,  sub  sigillis  nostris  et  Universitatis  postmodum 
confirniatœ  per  inclyta;  recordationis  D.  Philippum,  tune  Francorum  regem,  inceraviridi  et  filis 
sericis,  prout  in  litteris  super  hoc  confectis  hœc  plenius  continentur.  Nobis  vero  asserentibus 
et  dicentibus  ad  hœc  minime  nos  teneri,  ex  eo  et  pro  eo  quod  dicta  compositio,  si  unquam 
facta  fuerit,  l'acta  fuisse  dicilur  jain  Sa  annis  elapsis,  nec  in  observantiam  ab  alterutra  partium 
unquam  fuerat  introducta;  quodque  per  Universitatem  prœdictam  potius  steterat,  quam  per  nos 
religiosos  prœdielos,  quoniinus  observata  fuisset  :  et  considerato  elapsu  tanti  temporis,  et  im- 
pedimentis  per  diclam  Universitatem  in  contrarium  appositis,  a  dicta  petitione  prœdicta  Uni- 
versitas desistere  debebat,  Universitale  prœdicta  contrarium  asserente.  Tandem,  piuribus  alter- 
cationibus  hinc  inde  habilis  pro  bono  pacis  inter  nos  religiosos  prœdielos  et  Universitatem 
prœdictam,  concordalum  accidit  in  hune  modum,  quod  dicta  compositio,  cujus  ténor  sequitur 
in  hœc  \erba. 

Universis  prœsentes  litteras  inspecturis  Joannes,  permissione  divina  monasterii  B.  Gerniani 
de  Pralis  Parisiensis  humilis  abbas,  totusque  ejusdem  loci  convenlus,  œternam  in  Domino  salutem. 
Nolum  facimus  quod ,  cum  inter  nos,  ex  una  parte ,  et  Universitatem  venerabilium  magistrorum  et 


368  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

schoiarium  Parisius  studentium,  ex  altéra,  orta  esset  materia  quœslionis  super  quadam  platea 
situata  prope  muros  civitatis  Parisiensis  respiciente  dicti  Sancti  Germani  abbatiam,  cui  ex  parte 
superiori  contigua  est  domus,  in  qua  moratur  Reverendus  in  Christo  Pater  P.  Dei  gratia  Aure- 
lianensis  episcopus,  et  ex  altéra  parle  est  via  carnificeriœ  S.  Germani,  per  quam  directe  itur 
ad  portam  civitatis  Parisiensis,  quœ  dicitur  porta  FF.  minorum,  et  ad  ecclesiam  eorumdem 
fralrum.  Et  a  parte  inferiori  est  via  publica,  per  quam  directe  itur  de  Sancto  Germano  ad  portam 
civitatis  Parisiensis  quœ  vocatur  porta  S.  Germani ,  quae  est  prope  domum  que  fuit  clarae  me- 
moriœ  D.  Henrici,  quondam  illustris  régis  Navarriœ;  et  ex  altéra  parte  est  quœdam  via  quœ  in 
prœdicta  via  carnificeriœ  S.  Germani  incipit  juxta  puteum  qui  est  in  dicta  via,  et  juxta  domum 
G.  carnificis,  quœ  est  œdificata  in  angulo  jam  prœdictœ  plateœ  ex  opposito  dicti  putei,  et  termi- 
natur  in  nominata  via,  per  quam  itur  ad  portam  quœ,  ut  diclum  est,  vocatur  porta  Sancti 
Germani.  Eo  quod  dicta  Universitas  dicebat  se  jus  habere  in  dicta  platea  ex  parte  quœ  continuatur 
cum  via  prœdicta,  per  quam  itur  ad  FF.  minores  in  cenlum  et  sexaginta  pedibus  ad  pedes 
régis  mensurandis  continue  et  directe  secundum  longitudinem  et  latitudinem  in  qualibet  parte 
ejus,  quia  tantum  de  dicta  platea  in  jam  dicta  parte  eadem  Universitas  dicebat  et  dicit  sibi  esse 
legatum  a  M.  Radulpbo  de  Albusone,  quondam  canonico  Ebroicensi,  qui,  ul  dicta  Universitas 
dicebat,  jus  habebat  in  platea  prœdicta,  in  quantum  eidem  Universitati  legatum  fuerat  ab 
eodem. 

Item  super  eo  quod  nos  dicebamus  nobis  licere  et  licuisse  portam  abbatiœ  nostrae,  quae  est  ver- 
sus pratum  quod  nuncupatur  pratum  Universitatis,  apperire  et  claudere  quandocumque  vellemus , 
et  per  eam  intrare  et  exire  libère  sine  contradictione  cujusquam  ad  votum  nostrum  cum  véhicule 
et  sine  vehiculo,  cum  equo  et  sine  equo,  vel  aliter  qualitercunque  ad  velle  nostrum,  ad  dictam 
portam  et  muros  ejus  habere  et  tenere  in  iila  dispositione  quœ  continetur  in  quadam  ordinatione 
t'acta  super  quadam  aiia  controversia  orla  inter  nos  et  Universitatem  prœdictam,  tempore  D.  G. 
quondam  abbatis  monasterii  nostri,  ab  inclytœ  recordationis  D.  Philippo,  illustrissimo  rege 
quondam  Francorum,  et  super  limitatione  fossati  abbatiœ,  quod  est  juxta  prœdiclum  pratinn. 
Quam  limitationem  et  distinctionem  nos  dicebamus  esse  faciendam  secundum  protensionem  et 
deciarationem  lineœ  protrahendœ  in  continuum  et  directum  ab  extremitate  pilariorum  et  coiump- 
narum,  quœ  sunt  extra  muros  abbatiœ  prœdictœ  junctos  cum  ipso  fossato  juxta  pratum  prae- 
diclum  versus  locum  in  quo  cum  Secana  conjungilur  prœdictum  fossatum,  Universitate  prœdicta 
in  eisdem  contrarium  asserente.  Tandem  vocatis,  ut  moris  est,  monachis  nostris  super  hoc 
piuries,  et  specialiler  in  pleno  nostri  monasterii  capitulo  congregatis,  deliberatione  matura  et 
diiigenti  tractatu  prœliabitis  pacem  Universitatis  habere  puro  corde  et  spiritu  affectantes,  cum 
omni  reverentia  qua  possumus  et  honore  ad  banc  pacis  et  concordiœ  et  transactionis  viam  con- 
sensu  unanimi  devenimus  ;  quod  Universitas  prœdicta  prœiibatam  plateam  in  longum  et  latum 
omnino,  et  omne  jus  quod  in  ea  se  habere  dicebat  et  habere  |)oterat,  quocunque  tituio  seu 
quocunque  modo  nobis  et  monasterio  nostro  et  successoribus  nostris  cessit  ex  nunc  in  perpe- 
tuum,  demisit  et  quittavit  penilus  et  expresse  ad  noslram  utilitatem  et  voluntatem  plenariam 
l'aciendam,  salva  ipsi  Universitati  in  ipsa  platea  rémanente  via  ad  pratum  prœdictum  et  alibi 
eundi,  agendi  in  latum  spatii  viœ  regalis  deceni  et  octo  pedes  continentis,  quœ  débet  incipere  a 
cuneo  domus  in  qua  nunc  moratur  D.  P.  nunc  Aurelianensis  episcopus,  protendendo  se  versus 
viam  publicam  anle  porlani  manerii  quondam  Odardi  de  Villa-Nova,  olim  prœpositi  Parisiensis, 
per  quam  itur  versus  portam  S.  Germani  et  versus  pratum  prœlibalum  :  ita  quod  ab  angulo 
domus  in  qua  moratur  D.  episcopus  Aurelianensis  prœdictus  mensurabuntur  decem  et  octo 
pedes  directe  in  latum  versus  dictam  carnificeriam  procedendo,  et  ab  extremitate  illorum  decem 
et  octo  pedum  producetur  linea  in  continuum  et  directum  usque  ad  angulum  domus  quœ  est 
ex  opposito  manerii  prœdicti,  quœ  fuit  quondam  Albini  de  Centum  Puteis  clerici,  et  ab  angulo 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  '  369- 

domus  in  qua  moratur  episcopus  Aurelianensis  ducetur  alia  linea  œque  distans  respecta  prœdictae 
iineae  usque  ad  viam  dictas  porta?  quœ  dicitur  S.  Germani,  et  in  longum  ex  una  parte  superiori 
usque  ad  inferiorem  libère,  pacifice  et  quiète. 

Item  voiuit  et  concessit  ipsa  Universitas  quod  nos  et  successores  nostri  prœdictam  portani 
quae  est  supra  pratum  praedictum  apperire  et  claudere  et  uti  ea  possimus  in  perpetuum 
exeuDdo,  intrando,  eundo,  agendo,  cum  equis  et  quadrigis  et  sine  eis  libère  versus  Parisius 
vel  Secanam  vcl  villam  S.  Germani,  ut  melius  viderimus  expedire,  contradictione  alicujus  non 
obstante. 

Item  volait  et  concessit  ipsa  Universitas  quod  fossatum  praedictum  limitetur,  et  quod  nos  et 
successores  nostri  habeamus  super  hoc  secundum  quod  lineœ  protractio  recta  nobis  dimiltenduni 
fore  declarabit  in  continuum  et  directum  ab  extremitate  pilariorum  et  columpnarum  murorum 
abbatiae  nostrae  absque  additione  adulterina  et  nova  facta  vel  addita  pilariis  supradictis  ;  et  quod 
in  ea  parte  terrae  super  fossatum  nobis  rémanente  muros  simplices  facere  possimus  sine  quer- 
nellis  et  fortalitiis  aliis  a  simplici  muro,  per  quœ  scolares  possint  lœdi;  et  quod,  si  purgare 
velimus  fossatum,  purgationes,  seu  quœ  ex  eis  extrahi  conligerit  ex  parte  nostra,  non  ex  parte 
prati  jactentur.  Nos  vero  et  successores  nostri  pro  bono  pacis  et  concordiœ  antedictœ  ipsi  vene- 
rabili  Universitali  suisque  successoribus  tenemur  et  tenebimur  in  perpetuum  singulis  annis 
reddere  et  solvere  ik  libras  Parisienses  annui  et  perpetui  redditus  pro  praemissis  et  ratione 
praemissorum  ad  usus  pauperum  scolarium  per  Universitatem  distribuendas.  Quas  ili  libras 
Paris,  promiltimus  et  tenemur  nos  et  successores  nostri  prœdictœ  Universitali  suisque  successo- 
ribus in  perpetuum  annis  singulis  reddere  et  solvere  quatuor  terminis  Parisius  consuetis;  vide- 
licet  primo  in  proximo  festo  S.  Remigii  70  solidos  Paris.,  in  sequenti  Nativitate  Domini  alios 
70  solides,  in  sequenti  Paschate  alios  70  solidos,  et  in  sequenti  festo  B.  Joannis  Baptistœ  alios 
70  solidos  Parisienses,  et  sic  deinceps  singulis  annis  prœdictas  i4  libras  Paris,  prœdictis 
terminis,  prout  superius  est  expressum.  Quas  1 4  libras  percipiendas,  ut  diclum  est,  assignamus 
eidem  Universitali  super  abbatia  nostra  et  super  omnibus  bonis  et  redditibus  ejusdem,  perci- 
piendas terminis  supradictis,  sub  pœna  quinque  solidorum  contra  nos  committenda  pluries  pro 
qualibet  die  per  quam  cessaverimus  ultra  octo  dies,  ultra  quemlibet  terminorum  prœfatorum 
una  cum  principali  solvendorum,  rata  nihilominus  composilione  seu  transactione  et  obligatione 
manenlibus  supradictis.  Et  debemus  procurare  consensum  D.  Régis  Franciœ  de  non  compellendo 
Universitatem  diclum  redditum  ponere  extra  manum,  ad  quem  oblinendum  ipsa  Universitas 
apud  ipsum  D.  Kegem  porriget  preces  nobiscum;  scribemusque  ad  curiam  Ronianam  litteras 
supplicatorias  D.  summo  Ponlifici,  quod  suum  in  his  consensum  impertiatur,  ut  prœmissa  et 
sequenlia  conGrmet;  super  quibus  nihilominus  similiter  dicta  Universitas  eidem  supplicabit. 
Voiuit  insuper  et  consensit  expresse  et  unanimiter,  quod  nobis  et  successoribus  nostris  liceat  in 
perpetuum  habere  et  relinere  super  muros  portœ  saepe  supradictœ,  in  illa  disposilione  et  in  iilo 
statu,  in  quo  et  in  qua  illos  decrevit  per  suam  jam  dictam  ordinationem  inciytœ  recordationis 
Philippus,  illustrissimus  Dei  gratia  Francorum  rex,  prout  in  litteris  inde  confectis  plenius  con- 
tinetur. 

Addidit  etiani  ipsa  Universitas,  quod,  nomine  ipsius  et  successorum  Universitalis,  omue  jus  et 
dominium  quodcumque  et  quocunque  modo  habebat  et  habere  poterat  in  fossato  praedicto  et 
aqua  ejusdem,  nobis  et  monasterio  nostro  cessit  et  quiltavit  in  perpetuum  penitus  et  expresse. 
Nos  enim  omnia  superius  expressa  promittimus  bona  fide  solemniler  et  légitime  nos  factures, 
soluturos  et  adimpleturos  nomine  nostro,  monasterii  nostri  et  successorum  nostrorum,  fideliter 
et  integraliter  observare,  sicut  superius  est  expressum,  et  contra  ipsa  vel  aliquod  prœmissorum 
in  perpetuum  non  venire,  née  aliquid  impetrarc  a  Papa,  vel  a  Rege,  seu  Principe  quocunque 
modo  contra  prœmissa  seu  aliquod  prœmissorum,  nec  concessis,  seu  concedendis,  etiam  ullra 


370  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

si  fieret,  uti  Leneficio  reslitutionis  in  integrum,  doli,  mali,  fraudis  lœsionisque  cujuscumque, 
voluntate  spontanea  lenunciantes,  et  omnibus  aliis  exceptionibus  et  aliegationibus  juris  et  facli, 
per  quas  in  aliquo  posset  prœmissis  vel  alicui  prœmissorum  derogari,  quas  hic  haberi  volumus 
pro  expressis.  In  cujus  rei  testimonium  sigiila  nostra  prœsentibus  lilteris  duximus  apponenda. 
Datum  et  actum  in  pieno  nostro  capitule  anno  Domini  1292,  die  Veneris  ante  natale  aposto- 
lorum  Pétri  et  Pauli.  Servabitur  hinc  inde,  et  fient  iimilationes  in  ipsa  compositione  contenta» 
realiter  et  de  facto  absque  iinpedimento  ab  aJterutra  partium  prœslando.  El  si  contingeret  in 
poslerum  per  alterutram  partium  contra  dictam  compositionem  aliquid  attontari,  quod  per  Iioc 
nuMum,jus  in  petitorio  vel  possessorio  facienti  quœratur,  nec  parti  alteri  praejudicium  generetur, 
nisi  quatenus  in  praesenti  concordia  esset  aliquid  immutatum. 

Nos  vero  religiosi  pro  solutione  prœdictorum  ex  parte  Universifatis  petitorum  3oo  libras 
monetœ  tune  currentis  statim  et  de  prœsenti  posuimus  in  manu  séquestra  a  dicta  Universitale 
recipiendas  libère  et  babendas  omni  niora  et  impedimento  sublatis.  Habitis  licentia  et  assensu 
D.  nostri  Papee  de  donatione  et  translatione  juris  patronatus  ecclesiarum  inferius  nominandarum 
per  nos  religiosos  eidem  Universitali  fada,  et  per  hoc  occasione  praeterili  temporis  erga  Univer- 
silalem  praedictam  penitus  remanebimus  immunes,  nec  a  nobis  aliquid  aiiud  occasione  praîdic- 
torum  petere  valebit  Universitas  prœdicta  in  futuruni.  Insuper  i4  libras  annui  redditus  in 
quatuor  lerminis  Parisius  consuetis,  et  etiam  sub  pœnis  adjeclis,  annis  singulis  tenebimur  sol- 
vere  nos  et  successores  nostri  Universitati  prœdictœ,  et  incipiemus  solvere  in  proximo  termino 
70  solidos  Paris.,  et  sic  semper  in  aliis  terminis  in  perpetuum  solvere  tenebimur. 

Praîterea,  pro  bono  pacis  concordatum  extitit  et  conventum  quod  porta  monasterii  nostri 
sita  versus  pratum  quod  pratum  Universitatis  nuncupatur,  quani  juxta  compositionem  prae- 
dictam apertam  tenere  poteramus,  nos  et  successores  nostri,  et  quœ  de  prœsenti  clausa  est 
et  mutata,  nunquam  aperietur,  nec  apertam  tenere  poterimus  nec  debebimus,  nec  aliam  simi- 
lem  aperturam  habebimus  vel  habere  poterimus  existentem  versus  pratum  prœdictum  in  fu- 
turum. 

Insuper  nos  religiosi  prœdicti  pacis  vinculo  eidem  Universitati  desiderantes  conjungi,  et  ut 
magis  vigeat  inter  nos  affectio  charitatis  et  Universitatem  praedictam,  jus  patronatus  sive  prœ- 
sentandi  ad  duas  parrochiales  ecclesias  sitas  Parisius,  videlicet  S.  Andreœ  de  Arcubus  et 
SS.  Cosmœ  et  Damiani,  ab  olim  ad  nostrum  monasterium  spectans,  in  Universitatem  prœfatam 
consensu  unanimi  pure  et  libère  transtuHmus,  absque  aliquo  contractu  iilicitœ  pactionis,  suppo- 
sitis  tamen  licentia  et  assensu  D.  nostri  Papœ,  pro  quibus  obtinendis  nos  religiosi  prœdicli 
prœfato  D.  nostro  supplicabimus,  et  pro  eadem  supplicalione  eidem  porrigenda  cerlum  nuncium 
cum  expensis  nostris  propriis  ad  sedem  apostolicam  quanto  citius  destinabimus,  ut  cum  nunciis 
dictœ  Universitatis  ad  diclam  sedem  jam  destinatis  per  Universitatem  prœfatam,  qui  etiam  super 
hoc  supplicabunt,  possimus  dictum  assensum  et  licentiam  obtinere;  salvo  tamcn  et  retento  nobis 
religiosis  et  successoribus  nostris  in  perpetuum  omni  alio  jure  temporali,  quod  habemus  in 
ecclesiis  memoratis,  maxime  3o  solidos  Paris,  débites  nobis  et  successoribus  nostris  a  curalo 
S.  Andreœ  prœdicti,  et  3o  solidos  Parisienses  nobis  débites  singulis  annis  a  curalo  SS.  Cosmœ 
et  Damiani  prœdictorum. 

Item  voluit  et  concessit  ipsa  Universitas,  quod  nos  et  successores  nostri  possimus  de  prœfata 
platea  a  dicta  Universitale  in  nos  et  successores  nostros,  ut  prœferlur,  translata,  libère  ordinare 
œdificande  in  eadem,  vel  aliter  de  ea  disponere  vaieamus,  prout  nostrœ  placuerit  voluntati  et 
nobis  videbitur  expedire  ;  dum  tamen  via  in  compositione  expressa  eidem  Universitati  libéra 
remaneat,  sicut  in  eadem  compositione  continetur.  Quod  si  prœdicti  assensus  et  licentia  a  D. 
nostro  Papa  obtineri  non  possint,  prœsens  tractatus  nullus  sit  quantum  ad  omnes  et  singulas 
sui  partes. 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  371 

In  cujus  rei  leslimonium  sigilla  nostra  praesentibus  litteris  duximus  apponenda.  Datum  et  ac- 
futn  in  nostro  pleno  capitule  anno  Domini  i345,  die  19  mensis  Junii,  videlicet  die  Dominica 
ante  festum  Nativitalis  B.  Joannis  Baplistœ  prœdicti. 

(D.  BouiHart,  Preuves,  p.  76.) 

IX 

EXPLICATION 
DES  PLANCHES  EMPRUNTÉES  À  LA  STATISTIQUE  MONUMENTALE. 

(Tkiie,  page  loo  et  pages  suivantes.) 

I 

ANCIENNE  DISPOSITION  DU  SANCTUAIRE.  —  TOMBEAUX  DES  ROIS  ET  DES  ABBÉS. 

La  basilique  de  Saint- Vincent  et  de  la  Sainte-Croix  fut  dédiée  par  saint  Germain  au  mois 
de  décembre  558.  Le  roi  Chiidebert,  mort  le  même  jour,  y  fut  enterré,  et  l'édifice  devint  alors 
un  des  lieux  consacrés  à  la  sépulture  des  rois,  des  reines  et  des  princes  de  la  première  race; 
la  reine  Ultrogothe  et  ses  filles,  Chrotberge  et  Chrodesinde,  Cliilpéric  I"  en  584  et  Frédégonde 
en  697,  Bertrade  en  620,  et  Clotaire  II  en  628,  Childéric  II,  Billliilde  el  Dagobert  leur  fils 
en  674,  y  furent  déposés;  les  tombeaux  de  Charibert,  des  filles  d'Ultrogothe  et  des  princes 
Mérovée  el  Clovis,  assassinés  en  585  par  Frédégonde,  n'ont  pas  été  découverts;  tous  les  autres 
ont  été  reconnus,  ainsi  que  celui  d'Hilpéric,  que  Mabillon  a  considéré  comme  un  prince  du  sang 
royal. 

Dès  le  VII*  siècle,  l'église  avait  pris  le  nom  de  Saint-Germain;  de  845  à  884,  les  Normands 
pillèrent  et  détruisirent  plusieurs  fois  cet  édifice  ainsi  que  le  monastère;  les  tombes  royales 
furent  brisées,  mais,  les  cercueils  n'ayant  pas  été  spoliés,  l'abbé  Morard,  en  faisant  reconstruire 
l'église  au  xi'  siècle,  les  conserva  dans  les  dispositions  du  nouveau  sanctuaire,  ([ui  ne  fut  terminé 
qu'au  xii'  siècle,  tel  qu'on  le  voit  aujourd'hui. 

Divers  emplacements  furent  réservés  aux  tombeaux  des  rois  et  reines;  ces  monuments  furent 
refaits  alors,  et  plusieurs  ont  été  renouvelés  au  xvii'  siècle.  Des  tombeaux  d'abbés  avaient  été 
placés  aussi  dans  le  sanctuaire.  Le  plus  ancien  était  celui  de  Morard,  qui  fit  reconstruire  l'église 
en  990 ,  et  mourut  en  1  o  1 4  ;  auprès  de  ce  tombeau  fut  déposé,  en  1 334 ,  celui  de  l'abbé  Pierre  H 
de  Courpalay.  En  1387,  on  plaça  devant  le  grand  autel  le  cercueil  de  l'abbé  Richard.  François 
de  Bourbon,  prince  de  Conti,  qui  posséda  les  biens  de  l'abbaye  de  1694  à  i6i4,  a  été  enterré 
auprès  du  grand  autel.  Le  cœur  d'Henri  de  Bourbon,  abbé,  mort  en  1682,  a  occupé  un  caveau 
préparé  au  milieu  du  sanctuaire.  Enfin  Louis-César  de  Bourbon,  comte  de  Vexin,  mort  à  dix  ans 
et  demi,  et  que  Louis  XIV  destinait  à  la  direction  de  l'abbayo,  a  été  enterré  en  i683,  où  était 
précédemment  le  grand  autel,  qu'on  avait  rapproché  des  transepts. 

Il 
TOMBEAU  DE  CHILDEBERT. 

Le  tombeau  du  roi  Chiidebert  était  placé  entre  la  troisième  et  la  quatrième  colonne  du  loud- 
point  de  l'église;  il  était  peu  élevé  au-dessus  du  sol;  sa  longueur  était  de  2"',4o;  la  largeur, 
vers  la  fêle,  de  89  centimètres,  et,  vers  les  pieds,  de  73  centimètres.  Recueilli  au  Musée  des 
Monuments  français  par  A.  Lenoir,  le  22  ventôse  an  m,  il  a  été,  depuis,  transporté  à  l'église 

47. 


372  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

de  Saint-Denis.  La  sculpture  de  ce  monument  est  rude  et  porte  le  caractère  du  xn°  siècle;  le  roi 
est  représenté  avec  les  cheveux  longs  et  la  barbe  frisée;  une  couronne  ornée  de  pierreries  et  d'or- 
nements peu  détaillés  est  sur  sa  tête;  il  est  vêtu  d'une  tunique  et  d'un  grand  manteau  noué  sur 
la  poitrine;  la  main  gauche,  placée  avec  roideur  en  avant,  porte  un  sceptre  dont  le  sommet  est 
orné  d'un  fleuron  composé  d'enroulements  variés.  La  main  droite  soutient  un  modèle  de  l'église 
qu'il  a  fondée;  elle  est  figurée  seulement  par  un  des  petits  clochers  des  transepts  et  par  l'abside; 
des  fenêtres  sont  percées  dans  ces  diverses  parties  de  l'édifice.  Les  pieds  du  roi  sont  chaussés 
de  bottines  pointues. 

III 

TOMBEAU  DE  CMILPÉRIC. 

Le  tombeau  de  Chilpéric  I"  était  placé  auprès  du  mur  septentrional  du  sanctuaire  de  l'église 
abbatiale  de  Saint-Germain-des-Prés,  comme  on  le  voit  sur  le  plan  gravé  à  la  planche  II;  il 
était  semblable,  pour  ses  dispositions  générales,  à  celui  de  Childebert,  gravé  à  la  planche  III, 
et  présentait  comme  lui  plus  de  largeur  vers  la  tête  que  du  côté  des  pieds;  les  dimensions  de 
longueur  étaient  les  mêmes.  Détruit  en  1798,  il  fut  reproduit,  sur  une  dalle,  en  1817,  d'après 
Monffaucon,  et  placé  dans  les  caveaux  de  l'église  impériale  de  Saint-Denis.  La  sculpture  indique 
par  son  style  que  ce  monument  a  été  exécuté  après  l'achèvement  de  l'église,  au  xii°  siècle;  le 
roi  est  chevelu,  sa  barbe  longue  et  frisée;  une  couronne  simple,  sans  pierreries,  et  surmontée 
de  fleurons  découpés,  est  sur  sa  tête;  il  porte  une  longue  robe  recouverte  par  un  ample  manteau; 
de  la  main  gauche  il  tient  sa  barbe,  de  la  droite  il  porte  un  sceptre  que  termine  un  riche 
bouquet  de  feuilles;  ses  pieds  sont  chaussés  de  bottes  pointues  par  le  bout.  Sur  l'encadrement 
extérieur  qui  entoure  la  statue  on  lit,  gravé  eu  grandes  lettres  du  temps  :  Rex  Chilperieus  hoc  te- 
gitur  lapide  (Le  roi  Chilpéric  est  couvert  par  cette  pierre). 

IV 

TOMBES  DE  ClilLDÉRIG  II,  DE  CLOTAIRE  II  ET  DE  BERTRUDE. 

Nous  avons  reproduit,  d'après  les  monuments  conservés  à  l'église  abbatiale  de  Saint-Denis, 
trois  pierres  tumulaires  gravées  en  i656,  lorsque,  pour  établir  des  stalles  dans  le  chœur  de 
l'église  abbatiale  de  Saint-Germain-des-Prés  et  construire  un  maître-autel  plus  près  de  la  nef, 
on  changea  l'ancienne  disposition  des  tombes  royales  pour  leur  en  donner  une  nouvelle. 

Les  sarcophages  de  Childebert  et  d'Ultrogothe  furent  réunis  en  un  seal  monument  qu'on  éleva 
au  milieu  de  l'ancien  sanctuaire,  devenu  alors  le  chœur  des  religieux.  Des  grilles,  placées  entre 
les  gros  piliers  du  chœur  et  ceux  de  la  nef,  fermèrent  les  transepts  ou  nefs  transversales,  et, 
dans  l'espace  carré  qu'elles  limitèrent  au  milieu  de  la  croix,  on  plaça  d'abord,  du  côté  de  l'Evan- 
gile, la  tombe  de  Frédégonde;  après  elle,  le  monument  de  Chilpéric  I",  puis,  au  pied  du  gros 
pilier  de  la  nef,  la  pierre  tumulaire  de  Childéric  II,  qui  fut  exécutée  exprès  pour  occuper  cette 
place.  Du  coté  de  l'épftre,  auprès  du  gros  pilier  du  chœur,  le  premier  tombeau  mis  en  place 
fut  celui  de  la  reine  Bertrude,  femme  de  Clotaire  II;  à  la  droite,  au  delà  de  cette  tombe,  on 
éleva  celle  de  Clotaire  II.  Enfin  un  dernier  tombeau,  reproduit  d'après  un  dessin  de  la  collec- 
tion Gaignières,  conservée  à  Oxford,  fut  exécuté  à  la  même  éi)oque  pour  couvrir  les  restes  mor- 
tels de  la  reine  Bilihilde  et  de  son  fils  Dagobert;  il  fut  placé  auprès  du  pilier  de  la  nef.  Ce 
dessin  fait  connaîtrç  la  forme  et  la  décoration  adoptées  pour  ces  nouveaux  sarcophages. 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  373 


TOMBEAU  DE  SAINT  GERMAIN. 

Saint  Germain,  évêque  de  Paris,  mourut  à  l'âge  de  quatre-vingts  ans,  ie  28  mai  676;  ii  fut 
enterré  dans  l'oratoire  de  Saint-Symphorien ,  martyr,  qu'il  avait  fait  élever  au  bas  de  la  basilique 
de  Saint-Vincent  et  de  la  Sainte-Croix,  du  côté  du  midi,  et  dans  lequel  il  avait  choisi  sa  sépul- 
ture. Son  tombeau,  placé  au  côté  droit  de  l'autel,  était  fort  simple;  mais  saint  Éloi,  suivant  le 
récit  qu'en  fait  saint  Ouen,  y  déposa  des  ouvrages  d'or  et  d'argent  de  sa  façon  pour  le  décorer. 
Les  reliques  de  saint  Germain  furent  transférées,  en  754,  en  présence  du  roi  Pépin,  dans  l'église 
abbatiale,  et  placées  dans  une  châsse;  mais  le  tombeau  ou  cénotaphe  qui  couvrait  son  cercueil 
fut  conservé  à  la  place  primitive,  pour  en  garderie  souvenir.  On  y  scella  la  pierre  commémorative 
de  la  donation  de  la  terre  de  Palaiseau,  faite  par  Pépin  à  l'abbaye,  le  jour  de  la  translation  des 
reliques.  A  plusieurs  époques  ce  monument  commémoratif  de  la  sépulture  du  saint  évêque  fut 
réparé.  Au  xiii"  siècle,  une  longue  dalle  de  pierre  y  fut  placée  avec  cette  inscription  :  Hic  fait 
primo  lumulatus  beatus  Gertnanus.  Au  commencement  du  xvi'  siècle,  un  dais  en  marbre,  orné  de 
colonnes  torses  et  de  deux  anges  soutenant  un  cartel  et  portant  les  instruments  de  la  Passion, 
fut  ajouté  à  l'ancien  monument;  enfin,  en  1690,  dom  Bernard  Joli,  sacristain  de  l'abbaye,  lit 
rétablir  à  ses  frais  le  tombeau  de  pierre  et  de  marbre,  en  faisant  entrer  dans  sa  composition 
la  pierre  de  Pépin ,  celle  du  xiii'  siècle  et  le  dais  en  marbre  du  xvi°  siècle.  Ce  monument  a  été 
détruit  après  la  révolution  de  1789. 

VI 

TOMBE  DE  FRÉDÉGONDE. 

La  tombe  de  Frédégonde  était  placée  à  l'orient  du  tombeau  de  Chilpéric,  entre  l'extrémilc! 
du  gros  mur  septentrional  du  sanctuaire  et  la  première  colonne  du  même  côté.  Ce  monumeni 
curieux  diffère  des  précédents  en  ce  qu'au  lieu  d'être  exécuté  en  sculpture  il  est  formé  d'une 
sorte  de  mosaïque  composée  de  matières  vitreuses,  colorées  de  divers  tons  et  réunies  par  un 
ciment  très-dur;  des  dessins  tracés  par  des  filets  de  cuivre  enveloppent  des  morceaux  de  la  même 
matière  vitreuse  qui  simulent  des  pierreries.  Ce  travail  est  analogue  aux  émaux  cloisonnés;  des 
fils  de  métal  tracent  un  dessin  dentelé  autour  du  cadre  de  cette  tombe  et  sur  la  robe  de  la  reine. 
Toute  cette  mosaïque  délicate  est  établie  dans  une  pierre  dure  d'un  grain  très-fin,  dont  cer- 
taines parties  ont  été  conservées  au  niveau  du  reste,  tant  pour  indiquer  largement  les  contours 
et  les  plis  du  vêtement  que  pour  laisser  une  place  importante  au  visage,  aux  mains  et  aux  pieds; 
la  pierre  étant  très-polie  en  ces  divers  endroits,  il  est  probable  qu'elle  a  été  peinte,  dans  l'origine, 
pour  mieux  figurer  ce  que  les  parties  ménagées  dans  cette  pierre  devaient  exprimer. 

La  reine,  couchée,  a  la  fête  couronnée  de  lis  et  de  pierreries;  la  main  gauche,  ouverte,  est 
appliquée  sur  la  poitrine;  de  la  droite  elle  porte  un  sceptre  surmonté  d'un  fleuron.  Une  longue 
robe  attachée  par  une  ceinture  la  couvre,  les  manches  sont  bordées  d'un  galon;  des  filets  de 
métal,  incrustés  dans  la  matière  de  la  mosaïque,  divisent  la  robe  en  douze  zones  horizontales,  dont 
la  plus  basse  est  de  largeur  double  et  terminée  par  une  grande  bordure;  un  manteau  placé  sur 
cette  robe  est  fixé  sur  la  poitrine  par  une  agrafe;  il  est  bordé  sur  tous  ses  contours.  Les  chaus- 
sures, terminées  en  pointe,  sont,  comme  le  masque  et  les  mains,  dépourvues  des  détails  que 
probablement  la  peinture  ajoutait  aux  silhouettes,  qui  seules  existent  aujourd'hui. 
•  On  a  pensé  que  ce  monument  pouvait  être  celui  qui  fut  originairement  placé  sur  la  sépulture 
de  Frédégonde  en  69/1;  cela  parait  peu  probahle.  Tous  les  antres  tombeaux  mérovingiens  ont 


374  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

disparu,  puisqu'ils  ont  élé  renouvelés  après  la  reconstruction  de  l'e'glise;  celui-ci,  dont  la  fabri- 
cation est  des  plus  fragiles,  n'a  pu  survivre  seul  à  la  destruction  de  la  basilique  primitive  par 
les  Normands,  qui,  en  l'incendiant,  ont  dû  amener  la  chute  du  toit  et  des  constructions  supé- 
rieures sur  le  pavé,  et  détruire  tout  ce  que  renfermait  l'édifice.  Bien  que  le  travail  qui  constitue 
ce  monument  offre  de  l'analogie  avec  les  émaux  cloisonnés  qu'on  rencontre  dans  les  sépultures 
de  cette  époque,  les  lis  de  la  couronne,  le  nœud  et  la  disposition  de  la  ceinture,  le  galbe  et  la 
forme  aiguë  des  souliers  ont  une  allure  du  moyen  âge  qui  peut  faire  douter  de  l'ancienneté  de 
cette  mosaïque,  qui  doit  dater  de  l'achèvement  de  l'église  au  xii°  siècle.  Le  tombeau  de  Frédé- 
gonde,  recueilli  au  Musée  des  Monuments  français  par  A.  Lenoir,  le  29  ventôse  an  m,  a  élé 
transporté  à  l'église  abbatiale  de  Saint-Denis. 

VII 

STATUE  DE  CHILDEBERT. 

La  statue  de  Childebert,  rehaussée  de  couleurs  et  de  dorure,  reproduite  auprès  du  tombeau, 
est  du  xni"  siècle;  elle  fut  exécutée  pour  orner  le  réCecloire  de  l'abbaye,  construit  en  1289,  sous 
l'abbé  Simon,  par  le  célèbre  architecte  Pierre  de  Montereau;  elle  est  haute  de  i^jSo;  le  roi 
porte  une  couronne  ornée  de  pierres  précieuses  et  de  fleurons  finement  sculptés;  un  sceptre  est 
dans  sa  main  droite;  sa  tunique  descend  jusqu'aux  pieds;  une  ceinture  ornée  y  est  agrafée;  le 
manteau,  placé  en  arrière,  est  attaché  par  un  cordon  que  le  roi  tient  de  la  main  gauche;  les 
souliers  dorés  sont  pointus  et  découverts.  Cette  statue,  recueillie  au  Musée  des  monuments  fran- 
çais par  A.  Lenoir,  a  été  transportée  au  Louvre. 

VIII 

CHAPELLE  DE  LA  VIERGE.  —  PLAN  ET  DÉTAILS. 

En  laii,  l'abbé  de  Saint-Germain-des-Prés,  Hugues  d'Issy,  fit  reconstruire  une  chapelle  de 
la  Vierge,  qui  depuis  longtemps  était  érigée  dans  l'intérieur  du  monastère,  au  nord  de  l'église 
abbatiale,  et  qui  tombait  en  ruines.  Le  célèbre  architecte  Pierre  de  Montereau  avait  déjà  cons- 
truit le  réfectoire  de  l'abbaye;  il  fut  chargé  d'élever  celte  chapelle.  L'historien  Dom  Bouillarl 
la  décrit  ainsi  :  rElle  a  dans  œuvre  cent  pieds  de  longueur  sur  vingt-neuf  ou  environ  de  largeur. 
ttSa  hauteur,  sous  voûte,  est  de  quarante-sept  pieds  deux  pouces  et  demi;  elle  a  quatre  arcades 
tret  autant  de  grandes  vitres  peintes  qui  en  occupent  toute  la  largeur  jusqu'au  chevet  ou  rond- 
tf  point,  lequel  eu  a  sept.  Il  y  a  au-dessus  de  la  porte  une  grande  fenêtre  en  forme  de  rose,  d'un 
r ouvrage  et  d'une  délicatesse  admirables,  qui  remplit  toute  la  largeur  de  la  chapelle.  Hugues 
ft  d'Issy  ne  put  la  voir  achevée » 

Le  plan  de  cette  chapelle  remarquable  est  gravé  au  bas  de  la  planche  XXIX;  la  façade  se  com- 
posait d'une  épaisse  muraille  dans  laquelle  était  la  porte;  le  pilier  du  milieu  portait  la  statue  de 
la  Vierge  gravée  au-dessus  du  plan.  Quatorze  contre-foris  divisaient  l'édifice  en  quinze  grandes 
fenêtres,  subdivisées  elles-mêmes  par  d'étroits  meneaux  en  pierre  soutenant  les  vitraux;  au  milieu 
de  la  chapelle  était  la  clôture  du  chœur,  contre  laquelle  s'appuyaient  deux  autels;  au  fond  de 
l'édifice  on  montait,  par  deux  marches,  au  sanctuaire  et  à  l'autel  de  la  Vierge.  Hugues  d'Issy  fut 
enterré,  le  5  décembie  1  9/17,  dans  le  chœur  de  la  chapelle  non  achevée,  et,  le  17  mars  196C 
on  y  plaçait  l'arciiitecle  Pierre  de  Montereau;  sa  tombe  le  représentait  avec  une  règle  et  Ui 
compas  à  la  main. 

La  célèbre  chapelle  de  la  Vierge  fut  détruite  pour  le  percement  de  la  rue  de  l'Abbaye.  Des 
fragments  ont  été  recueillis  au  Musée  des  Monuments  français  par  A.  Lenoir,  aiusi  que  dans 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  37,-, 

deux  maisons  de  la  rue  nouvelle.  Ces  fragments  ont  été  gravés  avec  des  détails  qui  décoraient  la 
chapelle  au  dehors  :  balustrades,  dais,  gargouilles;  plus  bas  sont  reproduites  des  parties  de 
l'intérieur,  telles  que  clefs  et  nervures  de  voûtes,  chapiteaux,  plan  de  meneaux,  etc. 

IX 

RESTES  DE  LA  CHAPELLE  DE  LA  V1EI\GE.  —  PORTE. 

Le  plan  et  l'élévation  de  la  porte  de  la  chapelle  de  la  Vierge  à  l'abbaye  de  Saint-Germain-des- 
Prés  font  le  sujet  d'une  planche.  Cette  porte  fut  recueillie,  après  la  destruction  de  la  chapelle, 
au  Musée  des  monuments  français,  par  A.  Lenoir;  elle  a  été  transportée,  lors  de  la  suppression 
de  ce  musée,  à  l'église  abbatiale  de  Saint-Denis,  oii  elle  est  restée  déposée,  en  désordre,  dans 
l'ancien  cimetière  de  Valois,  au  nord  de  l'église. 

Le  plan  de  la  porte  gravé  au  bas  de  la  planche  est  orné  de  douze  colonnettes  disposées  de 
manière  à  porter  les  voussures  de  l'arc;  celles-ci  forment  sur  le  devant  une  ouverture  de  5  mètres, 
qui,  par  l'inclinaison,  se  réduit  à  3"',6o  au  fond,  auprès  de  la  baie;  au  milieu  de  la  porte,  le 
plan  finement  profilé  du  pilier  qui  la  divise  est  précédé  d'un  piédestal  octogone,  sur  lequel  était 
placée  la  statue  de  la  Vierge. 

L'élévation  et  la  coupe  de  la  porte  sont  tracées  au-dessus  du  plan;  on  voit  sur  l'un  et  l'autre 
de  ces  dessins  les  nombreuses  colonnettes  qui  portent  les  voussures  ;  elles  s'élèvent  sur  un  pié- 
destal et  sur  des  bases.  Les  chapiteaux  qui  surmontent  les  colonnettes  et  les  moulures  verticales 
qui  les  isolent  les  unes  des  autres  sont  décorés  de  fleurs  et  de  branchages  d'une  délicatesse 
extrême  par  leur  composition  et  par  le  travail  du  ciseau  ;  les  profils  des  chapiteaux  sont  tracés 
au  bas  de  la  planche.  Le  même  soin  d'exécution  a  été  apporté  dans  la  sculpture  des  détails  qui 
ornent  le  pilier  placé  au  milieu  de  la  porte,  dans  ceux  du  linteau  qui  le  surmonte ,  et  dans  les  riches 
ornements  qui  décorent  les  nombreuses  moulures  dont  est  formé  l'arc  aigu,  de  proportions  re- 
marquables, placé  au  sommet.  On  reconnaît  dans  la  pureté  des  lignes  de  ce  précieux  fragment 
d'architecture  du  xiii'  siècle  le  talent  d'invention  et  l'étude  délicate  qui  caractérisaient  l'habile 
artiste  chargé,  par  l'abbé  Hugues  d'Issy,  des  projets  et  de  l'exécution  de  la  chapelle  de  la  Vierge. 

X 

DÉTAILS  INTÉRIEURS  DE  LA  CHAPELLE  DE  LA  VIERGE. 

Quelques  détails  de  la  décoration  intérieure  de  la  chapelle  de  la  Vierge  construite,  à  l'abbaye 
de  Saint-Germain-des-Prés,  par  Pierre  de  Montereau,  se  voient  encore  daiis  la  rue  de  l'Abbaye, 
qui  fut  percée,  comme  il  est  dit  précédemment,  dans  la  partie  du  monastère  où  elle  avait  été 
élevée.  Deux  maisons  de  cette  rue  ont  conservé  ces  précieux  débris.  La  partie  principale  de  ces 
restes  consiste  en  un  fragment  du  mur  d'enceinte  de  la  chapelle,  depuis  le  sol  jusqu'au-dessous 
des  grandes  fenêtres.  Ce  fragment,  gravé  au  milieu  de  la  planche,  et  dont  une  partie,  reproduite 
plus  bas,  est  restituée  d'après  des  détails  qu'on  retrouve,  présente  de  légères  arcatures  en  ogive, 
encadrées  et  couronnées  de  feuillage;  au-dessus  régnait  une  sorte  d'attique  formant  l'appui  des 
fenêtres.  Les  arcatures  reposaient  sur  des  chapiteaux  ornés  de  crossettes  délicatement  sculptées; 
des  colonnettes  légères  placées  auprès  du  mur  d'enceinte  portaient  des  chapiteaux.  Les  travées 
de  la  chapelle  étaient  séparées  entre  elles  par  des  groupes  de  colonnes  portant  les  nervures  de 
la  voûte;  ces  groupes,  en  s'élevant  du  sol  et  en  s'appuyanl  sur  le  mur  d'enceinte,  interrompaient 
les  arcatures,  comme  on  peut  le  voir  par  les  fragments  reproduits  sur  la  planche.  De  nombreux 
profils  et  des  projections  horizontales  complètent  les  dessins  de  ce  fragment,  auquel  sont  joints 


376  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

tous  ies  chapiteaux  doubles  et  simples  qu'on  rencontre  auprès  de  cette  ruine  d'un  des  monu- 
ments les  plus  célèbres  de  l'architecture  du  xiii"  siècle  en  France. 

XI 

•  VUE  DE  L'ABBAYE  EN  1410? 

(  Notice  de  M.  Albert  Lenoir.  ) 

Le  tableau  dont  il  s'agit  était  conservé  dans  la  sacristie  de  l'église  abbatiale  de  Saint-Germain- 
des-Prés.  Il  fut  recueilli  au  Musée  des  monuments  français,  après  la  révolution  de  1789, 
par  A.  Lenoir;  porté,  en  1817,  à  l'église  de  Saint-Denis,  il  en  a  été  retiré  pour  être  placé  au 
Musée  du  Louvre,  où  on  le  voit  aujourd'hui.  Ce  tableau  précieux  de  la  peinture  française 
au  xv"  siècle  est  ainsi  décrit  par  Dom  Bouillart,  historien  de  l'abbaye'"  : 

tOn  voit  dans  la  sacristie  un  ancien  tableau  qui  a  servi  autrefois  dans  quelque  chapelle,  oii 
tr l'abbé  Guillaume  est  représenté  à  genoux,  soutenant  avec  respect  par-dessous  les  bras  un  Christ 
r détaché  de  la  croix,  accompagné  de  plusieurs  autres  figures  assez  mal  dessinées,  selon  la  ma- 
ttnière  de  ce  temps-là,  mais  dont  les  têtes  sont  bonnes  et  le  coloris  d'une  grande  fraîcheur.  Ce 
trqui  est  le  plus  à  estimer  dans  ce  tableau,  c'est  le  lointain  oii  l'abbaye  est  représentée  au  milieu 
ttdes  prés,  environnée  de  tours  rondes,  de  hautes  murailles  et  de  fossés  profonds,  comme  Ri- 
f:chard,  prédécesseur  de  l'abbé  Guillaume,  les  avait  fait  faire.  Le  Louvre  avec  ses  grosses  tours 
rry  paraît  aussi  de  l'autre  côté  de  la  rivière,  dans  le  même  état  qu'il  avait  été  construit  par  Phi- 
tf  lippe-Auguste.  Le  Petit-Bourbon,  à  présent  le  garde-meubles  du  roy,  y  est  dépeint  de  la  même 
tr  manière  qu'il  est  encore  aujourd'hui,  surtout  du  côté  de  la  rivière.  On  voit  encore,  plus  loin, 
«derrière  ces  édifices,  la  butte  Montmartre,  et  au  sommet  l'ancienne  église  avec  le  monastère 
«des  religieuses  tel  qu'il  était  pour  lors.» 

XI  bis. 

TABLEAU  DE  SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS. 

(Notice  de  feu  Adolphe  Berty.) 

En  général,  rien  n'est  moins  commun  que  la  représentation  fidèle  d'un  édifice  détruit  depuis 
assez  longtemps;  mais,  lorsque  l'image  remonte  au  delà  du  milieu  du  xvi°  siècle,  elle  constitue 
un  monument  d'une  extrême  rareté;  aussi  faut-il  considérer  comme  le  résultat  d'un  hasard,  plus 
extraordinaire  encore  qu'il  n'est  heureux,  cette  circonstance  que  l'on  a  conservé  du  vieux  Louvre 
deux  excellentes  vues,  dont  l'une  compte  indubitablement  quatre  siècles  d'existence. 

Le  tableau  de  Saint-Germain-des-Prés,  jadis  propriété  de  l'abbaye,  fut  recueilli  pendant 
la  Révolution  par  A.  Lenoir,  et  figura  dans  le  musée,  aujourd'hui  si  regrettable,  des  Petits-Au- 
gustins;  il  a  été  conservé  ensuite  dans  l'église  de  Saint-Denis,  et,  en  i845,  il  est  entré  dans  la 
collection  du  Louvre,  où  on  le  voit  maintenant  exposé.  Il  est  ainsi  très-connu,  et  d'autant  plus 
que  la  vue  qui  en  fait  le  principal  intérêt  a  été  fort  souvent  reproduite.  Peint  sur  panneau,  il 
mesure  1  mètre  de  hauteur  sur  a^.oi  de  largeur,  et  représente  le  sujet,  fréquemment  traité, 
du  Christ  descendu  de  la  croix.  Autour  du  cadavre  se  groupent  la  Magdeleine,  Joseph  d'Arima- 
thie,  saint  Jean  l'évangéliste,  la  Vierge,  une  sainte  femme,  certain  personnage  en  manteau  rouge, 
que  l'on  tient  pour  un  abbé  de  Saint-Germain,  et  enfin  une  femme  agenouillée,  que  nous  croi- 

'''  Dom  Bouillart,  Hist.  de  l'abbaye  royakde  Saint-Germain-des-Prés,  p.  163. 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  377 

rions  volontiers  être  une  parente  du  donateur.  Dans  le  fond,  à  droite  du  spectateur,  apparaît  un 
calvaire,  et  à  gauche  se  dessine  un  paysage  comprenant  l'hôtel  de  Bourbon,  le  Louvre,  Mont- 
martre dans  le  lointain ,  et,  sur  un  plan  plus  rapproche',  le  monastère  de  Saint-Germain.  Personne 
ne  sait  d'ailleurs  de  qui  est  au  juste  ce  tableau,  que  l'on  suppose  dû  à  un  artiste  français  ayant 
subi  l'influence  de  l'e'cole  flamande  (".  Si  l'hypothèse  ne  manque  point  de  vraisemblance,  il  en 
est  fort  différemment  des  dates  qu'on  a  assigne'es  jusqu'ici  à  l'exe'cution  de  la  peinture,  et  dont 
nous  allons  démontrer  l'étonnante  inexactitude. 

Au  dire  d'Alexandre  Lenoir,  le  tableau  serait  contemporain  de  Charles  VII;  selon  M.  de  Clarac, 
il  daterait  de  la  fin  du  xiv'  siècle,  et,  d'après  le  catalogue  du  Musée,  des  premières  années 
du  XV',  au  plus  tard.  Ces  diverses  conjectures,  qu'on  a  maintes  fois  répétées  et  qui  n'ont  pas 
encore  trouvé  de  contradicteurs,  sont  absolument  dépourvues  de  base;  le  seul  document  d'appa- 
rence historique  que  l'on  ait  à  citer  sur  l'origine  du  tableau  est  le  passage  de  Dom  Bouillart  qui 
le  mentionne  en  ces  termes  :  tr Enfin  on  voit  dans  la  sacristie  un  ancien  tableau  qui  a  servi  au- 
«ftrefois  dans  quelque  chapelle,  oîi  l'abbé  Guillaume  (IIP  du  nom,  mort  en  iii8)  est  représenté 
ffà  genoux,  soutenant  avec  respect,  par-dessous  les  bras,  un  Christ  détaché  de  la  croix '^l.n  II 
convient  de  remarquer  que  Dom  Bouillart  n'invoque  ici,  contrairement  à  ses  habitudes,  aucune 
autorité,  et  cela  manifestement  parce  qu'il  ne  se  fondait  que  sur  une  tradition. 

En  matière  d'antiquités,  nul  ne  l'ignore,  les  caractères  archéologiques  d'un  tableau  doivent 
passer  avant  les  données  de  la  tradition.  C'est  pourquoi,  avant  même  d'être  arrivé  à  reconnaître 
la  cause  de  l'erreur  commise  par  Dom  Bouillart,  nous  avions  la  certitude  qu'il  se  trompait 
d'un  siècle  dans  son  appréciation.  Le  style  du  tableau  ne  permet  pas  d'admettre  un  moment  qu'il 
remonte  au  temps  de  Charles  VI.  Le  caractère  des  têtes,  l'agencement  des  draperies,  la  forme 
des  lettres  de  l'inscription  tracée  sur  le  vase  que  tient  la  Magdeleine,  et  les  vêtements  de  Joseph 
d'Arimathie,  qui  rappellent  immédiatement  ceux  des  calvaires  sculptés  en  ronde  bosse  de  la 
Henaissance,  nous  ont  toujours  persuadé  que  l'œuvre  ne  pouvait  être  de  beaucoup  antérieure  à 
cette  dernière  période.  Mais  ce  qui  est  surtout  décisif,  ce  sont  les  costumes,  bien  qu'assez  vagues, 
des  petites  figures  dispersées  dans  le  paysage,  et  en  particulier  leur  tournure  éminemment  carac- 
téristique. Le  commencement  du  xvi' siècle  se  révèle  là  avec  tant  d'évidence,  qu'on  ne  saurait 
presque  souhaiter  une  indication  plus  explicite;  nous  en  prenons  à  témoin  tous  ceux  qui  ont 
étudié  l'histoire  du  costume. 

Si  l'ancienneté  du  tableau  de  Saint-Germain-des-Prés  n'excède  pas  le  xvi"  siècle,  quelle  cause 
assigner  à  lallirmalion  de  Dom  Bouillart,  écrivain  consciencieux,  qui  était  dans  les  meilleures 
conditions  pour  se  bien  renseigner?  La  méprise  de  Dom  Bouillart  s'explique  de  la  façon  la  plus 
naturelle  :  en  effet,  le  détail  qu'il  rapporte,  il  ne  le  tenait,  nous  venons  de  le  dire,  que  d'une 
tradition,  suivant  laquelle  le  tableau  offrait  le  portrait  d'un  abbé  appelé  Guillaume.  Incapable 
de  discerner  l'âge  réel  de  la  peinture,  Dom  Bouillart  a  cru  qu'il  s'agissait  de  Guillaume  III, 


'■'  Sur  la  boite  à  parfums  que  tient  la  Magdeleine 
est  tracée  une  inscription  très-embarrassante  à  in- 
terpréter. Les  uns  lisent,  à  tort,  les  lettres  LV  CI- 
PIO  AF,  et  prétendent  qu'elle  fait  allusion  à  Sci- 
pion  l'Africain ,  opinion  tout  à  fait  inacceptable;  d'au- 
tres, plus  ingénieux,  y  voient  le  nom  d'un  peintre 
inconnu  qui  se  serait  appelé  Nicolas  Pion;  mais  M.  de 
Montaiglon  a  établi  la  fausseté  incontestable  de  cette 
traduction,  et  il  a  soutenu,  avec  toute  apparence 
de  raison,  que,  si  les  lettres  de  l'inscription  for- 
maient un  sens,  elles  donnaient  simplement  le  nom 


de  quelque  drogue  employée  dans  les  embaume- 
ments : 

ffOn  sait,  dit-il,  la  façon  dont,  au  xvi*  siècle,  sur 
ries  vases  qu'on  a  l'habitude  d'appeler  aiguières  de 
irpharmacie,  le  nom  de  ce  qu'ils  devaient  renfer- 
rrmer  figure  comme  ornement;  notre  peintre  aura 
r  copié  un  vase  de  celle  espèce  et  aura  reproduit  ce 
tr  qu'il  voyait.»  (Archives  de  l'art  français ,  i"  série, 
t.  II,  p.  187.) 

'*'  Hist.  de  l'abbaye  Saint-Germain-des-Prés , 
p.  169. 

/18 


378  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

dont  la  libéralité  était  renommée  parmi  les  moines  à  cause  des  magnifiques  objets  par  lui  donnés 
à  leur  église;  suffisamment  familier  avec  la  critique  archéologique,  il  eût  compris  que  la  tra- 
dition se  rattachait  nécessairement  à  l'un  des  deux  prélats  commendalaires  du  nom  de  Briçonnet, 
soit  à  Guillaume  IV,  abbé  de  i  5o3  à  1607,  soit  à  Guillaume  V,  abbé  de  1607  à  i533;  la  véri- 
table difficulté  consiste  à  déterminer  lequel  fut  réellement  le  donateur. 

Nous  ne  voyons  qu'un  indice  qui  aide  à  résoudre  le  problème,  et,  s'il  n'en  assure  pas  la 
solution  définitive,  du  moins  il  le  simplifie  beaucoup.  La  physionomie  du  personnage  en  manteau 
rouge  est  celle  d'un  homme  touchant  à  son  douzième  lustre;  or  Guillaume  V  n'atteignit  sa 
soixantième  année  qu'en  i53o  '",  et  le  tableau  a  été  peint  avant  15^7,  puisque  l'on  y  distingue 
la  grosse  tour  du  Louvre.  Pour  que  le  tableau  eut  été  fait  par  ordre  de  Guillaume  V,  il  faudrait 
conséquemment  qu'il  eût  été  entrepris  presque  au  moment  où  la  tour  disparut,  et  que  l'artiste, 
rompant  avec  les  habitudes  de  ses  confrères,  eût  vieilli  quelque  peu  les  traits  de  son  modèle.  11 
ne  serait  point  sage  d'imaginer  un  pareil  concours  de  circonstances,  et  l'on  a  de  meilleures 
raisons  pour  croire  que  le  tableau  provient  d'un  don  de  Guillaume  V,  qui  mourut  le  1 4  dé- 
cembre 1 5 1  i  (^',  c'est-à-dire  sept  ans  après  avoir  résigné  la  commande  de  l'abbaye  en  faveur  de 
son  fils.  Dans  tous  les  cas,  et  en  dépit  des  assertions  contraires,  il  est  entièrement  hors  de  doute 
que  le  tableau  de  Saint-Germain-des-Prés  appartient  au  premier  quart  du  xvi°  siècle. 

XII 

PLAN  DE  L'ABBAYE  SAINT-GERMAIN-DES-PBÉS  AU  MILIEU  DU  XVl"  SIÈCLE. 

Le  dessin  original  sur  parchemin  est  conservé  aux  Archives  nationales;  il  a  été  exécuté,  en 
i5ùi,  pour  un  procès  qu'eurent  à  soutenir  les  religieux  de  Saint-Germain-des-Prés.  On  lit 
dans  l'histoire  de  l'abbaye  par  Dom  Bouillart,  à  l'année  i5ii,  page  i84,  les  détails  de  cette 
affaire  :  ttLes  religieux  de  l'abbaye,  dont  le  terrain  étoit  fort  resserré  à  cause  des  fortifications 
tet  des  fossés  qu'ils  avoient  fait  faire  par  ordre  du  Roy  en  i368,  voulurent  cette  année  (i54i-) 
(f  l'augmenter  de  sept  arpens  de  terre  situés  au  bout  de  leur  jardin.  Lorsque  les  murs  de  clôture 
(f  furent  commencés,  le  prévost  de  Paris,  à  la  requête  du  procureur  du  Roy,  leur  fit  défense  de 
(tles  continuer,  et  ordonna  même  qu'ils  seroient  démolis,  sous  prétext*  qu'il  y  avoit  un  chemin 
tr public  entre  les  sept  arpens  et  leur  jardin,  dont  ils  ne  pouvoient  disposer.  Les  religieux  eu 
ff  appelèrent  au  Parlement,  lequel  nomma  deux  conseillers  pour  faire  une  descente  sur  les  lieux, 
Tet  ensuite  faire  leur  rapport  à  la  Cour.  Le  procureur  général  intervint  par  son  substitut,  et  le 
(c  prévost  des  marchands  et  les  échevins  pour  la  Ville.  Les  commissaires,  ayant  entendu  les  témoins 
rtde  part  et  d'autre,  reconnurent  qu'il  n'y  avoit  jamais  eu  de  grand  chemin  dans  l'endroit  en 
rr question,  et  en  firent  leur  rapport  à  la  Cour.  Le  Roy,  dens  le  même  temps,  sollicité  appa- 
'tremment  par  le  cardinal  de  Tournon  (alors  abbé  de  Saint-Germain-des-Prés),  évoqua  cette 
«affaire  à  son  conseil  privé,  et  rendit  un  arrêt,  le  1"  mars  suivant  i5i3,  par  lequel  il  permit 
traux  religieux  de  Saint-Germain  de  rétablir  la  démolition  et  d'achever  leurs  murailles;  ce  qui 
tf  fut  exécuté  la  même  année,  v 

Le  chemin,  objet  du  procès,  est  marqué  sur  le  dessin  original  de  la  lettre  C,  et  il  est  Iracé 

'''  Il  mourut  le  95  février  i533  (v.  st.)  âgé  de  qui  longe  les  murs  de  Pabbaye,  sur  un  cheval  cou- 

soixante-troisans.  (Ga//m(;Arî.s/ian«,  t.  Vl,col.563.)  vert  d'une  housse  rouge.  Dans  l'une  de  ses  gra- 

'''  Nous  n'avons  pu  trouver  Tannée  de  sa  naissance;  vures,  M.  de  Clarac  a  transformé  ce  cavalier  en  une 

mais,  puisqu'il  eut  un  second  fils  vers  1^70,  il  ne  femme,  suivie  d'un  homme  et  d'un  enfant  en  pan- 

pouvait  être  âgé  de  moins  de  soixante  ans  vers  i5o3.  talon.  Ce  vêtement  moderne  a  été  prêté  à  plusieurs 

Il  était  revêtu  de  la  dignité  de  cardinal,  et,  un  ins-  figures  de  la  même  planche,  où  la  vue  du  nionas- 

tant,  nous  avons  cru  le  reconnaître  dans  le  cavalier  tère  présenté  une  faute  choquante  de  perspective. 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  37î) 

entre  les  fossés  de  l'abbaye  et  le  clos  marqué  des  lettres  F,  G ,  H.  Sa  lon-jucur  était  de  36  perches; 
les  divers  côtés  du  clos  sont  marqués  aussi  par  les  mesures  de  longueur,  ce  qui  était  nécessaire 
pour  éclairer  les  juges;  enfin,  sur  la  légende,  on  a  la  confirmation  du  motif  qui  fil  exécuter 
ce  dessin,  en  y  voyant  ces  mots  :  CCCC,k  chemin  sur  les  fossez,  prétendu  être  royal  par  parties 
adverses. 

Dom  Bouillart  a  publié  dans  son  ouvrage  un  dessin  analogue  à  celui-ci,  mais  qui  en  diffère 
en  plusieurs  points;  peut-être  est-ce  le  même  qu'il  a  fait  modifier  par  son  graveur.  Il  l'indique 
comme  représentant  l'abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés,  telle  que  l'abbé  Richard  la  fortifia 
en  i368.  Il  n'a  pas  remarqué,  s'il  a  eu  entre  les  mains  le  dessin  reproduit  à  la  planche  X, 
qu'il  a  été  évidemment  exécuté  pour  venir  à  l'appui  de  la  défense  des  droits  de  labbaye  sur  le 
chemin  qui  la  séparait  du  clos  vers  Saint-Père. 

XIII 

PLAN  DU  hez-de-chaussée  de  L'église  saini-germain-des-prés. 

Le  plan  dont  il  s'agit  est  celui  du  rez-de-chaussée  de  l'ancienne  église  abbatiale  Saint-Ger- 
main-des-Prés, dans  l'état  où  elle  se  trouve  depuis  les  changements  qu'on  dut  y  apporter  lors- 
qu'elle fut  convertie  en  paroisse.  L'ancienne  porte  de  l'église  située  à  l'occident  est  précédée 
d'un  porche  construit  au  xvii"  siècle.  Le  bas  du  grand  clocher  avait  servi  jusqu'alors  de  veslibuie; 
au  sud  s'étend  la  chapelle  de  Saint-Symphorien,  reconsiruite  sur  l'emplacement  de  l'oratoire 
élevé  dans  l'origine  par  saint  Germain,  et  dans  lequel  il  fut  inhumé;  c'est  aujourd'hui  la  cha- 
pelle des  catéchismes.  La  partie  antérieure  de  l'église,  composée  de  trois  nefs  divisées  en  cinq  tra- 
vées, est,  avec  le  clocher,  ce  qui  fut  reconstruit  par  les  soins  de  l'abbé  Morard  à  la  fin  du  x"  siècle 
et  au  commencement  du  xi'  siècle;  une  chapelle  du  baptême  a  été  disposée  à  l'extrémité  de  la 
nef  latérale  du  nord,  en  forme  de  demi-cercle,  lorsque  l'église  est  devenue  paroissiale.  A  partir 
de  la  quatrième  travée  de  la  nef  latérale  du  sud,  une  entrée  à  l'église,  une  chapelle  et  le  mur 
du  transept  méridional  ont  été  refaits  au  xvii'  siècle;  au  delà,  une  sacristie  des  messes  a  été 
établie  à  la  place  qu'occupait  une  chapelle  consacrée  à  saint  Julien  martyr,  pour  remplacer  la 
sacristie  ancienne,  qui  était  située  du  côté  septentrional  de  l'église,  et  qui  fut  détruite  à  la  fin 
du  siècle  dernier.  A  partir  des  transepts,  toute  la  construction  de  l'église  est  d'une  date  posté- 
rieure à  celle  des  nefs;  elle  contient  le  sanctuaire,  les  bases  de  deux  clochers  secondaires  et  leurs 
escaliers,  le  chœur  des  religieux  récemment  converti  en  chapelle  des  apôtres,  la  galerie  de  cir- 
culation autour  du  chœur,  huit  chapelles  particulières  et  celle  de  la  Vierge.  Celle-ci  a  été  re- 
construite, à  une  époque  récente,  à  la  place  qu'occupait  l'ancienne,  dont  les  dispositions  étaient 
semblables  à  celles  des  quatre  chapelles  de  l'abside. 

Indépendamment  du  ])lan  des  dispositions  générales  de  l'église,  la  planche  contient  les  détails 
des  divers  points  d'appui  des  grosses  constructions.  Au  n°  i  est  le  plan  d'un  des  huit  piliers  qui 
séparent  la  grande  nef  des  collatéraux;  ils  se  composent  de  quatre  colonnes  groupées  autour 
d'une  pile  carrée.  Sous  le  n°  a  est  le  plan  de  l'un  des  gros  piliers  d'angle  de  la  nef  princi- 
pale auprès  des  transepts.  Au  n°  3  est  figuré  le  plan  de  l'extrémité  orientale  du  mur  qui  limite 
le  sanctuaire  du  midi;  le  n"  h  donne  le  plan  de  l'un  des  groupes  de  colonnes  qui  séparent  entre 
elles  les  chapelles  de  l'abside. 

XIV 

PLAN  DU  PREMIER  ÉTAGE  DE  L'ÉGLISE  SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS. 

Le  plan  du  premier  étage  de  l'église  Saint-Germain-des-Prés  fait  voir  à  l'occident  les  dispo- 

48. 


380  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

sitions  d'une  salle  située  dans  le  clocher,  au-dessus  de  l'entrée  de  l'église;  un  petit  escalier  à  vis 
y  conduit;  un  escalier  en  bois, établi  dans  la  salle  même,  est  destiné  au  service  du  buffet  d'orgues 
placé  à  la  partie  antérieure  de  la  grande  nef.  Dans  cette  salle  du  premier  étage  du  clocher  était 
autrefois  une  chapelle  consacrée  à  l'archange  saint  Michel,  comme  on  l'apprend  des  us  et  cou- 
tumes de  l'abbaye,  rédigés  par  l'abbé  Guillaume  III  au  xv°  siècle;  aux  environs  de  cette  salle 
sont  tracés  les  toits  du  porche  extérieur  et  de  la  chapelle  de  Saint-Symphorien.  Deux  plans 
gravés  au  bas  de  la  planche  font  connaître  les  dispositions  des  étages  supérieurs  de  la  tour; 
celui  qui  est  indiqué  par  le  n"  i  devait  contenir  le  beffroi  qui  portait  les  grosses  cloches;  sous 
le  n°  2  est  le  plan  de  l'étage  supérieur  du  clocher;  il  est  décoré  de  colonnes  engagées. 

Au  delà  du  clocher  occidental,  le  plan  indique  les  hautes  murailles  de  la  nef  principale, 
percées  de  dix  fenêtres;  au  nord  et  au  midi  de  ces  murs,  sont  tracés  les  toits  qui  couvrent  les 
bas  côtés  de  l'église;  les  murs  des  transepts  sont  indiqués  ensuite,  puis  se  développent  parallèle- 
ment à  l'axe  de  l'église  les  hautes  parois  du  sanctuaire  auprès  desquelles  sont  les  plans  des 
deux  petits  clochers  qui  étaient  voisins.  Autour  du  chœur  s'étend  une  galerie  faisant  tribune; 
elle  est  composée  de  gros  et  de  minces  piliers  alternés  et  ornés  de  colonnettes  engagées;  des  co- 
lonnes isolées  les  séparent.  Autour  de  cette  galerie,  sur  les  toits  des  chapelles,  sont  tracés  les 
plans  de  nombreux  contre-forts  qui  soutiennent  les  voûtes  du  chœur,  et  enfin  à  l'abside  est 
légèrement  exprimé  le  plan  de  la  chapelle  moderne  de  la  Vierge,  dans  les  parties  qui  s'élèvent 
plus  haut  que  les  combles  voisins.  Aux  deux  angles  supérieurs  de  la  planche  ont  été  gravés 
deux  détails  du  plan  de  la  galerie  en  tribune;  au  n°  3  est  celui  d'un  des  gros  piliers,  et  au  n°  U 
celui  d'un  des  petits  piliers  de  cette  galerie. 

XV 

FAÇADE  OCCIDENTALE  DE  L'ÉGLISE  SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS  RESTITUÉE. 

La  façade  occidentale  de  l'église  a  été  dégagée  de  toutes  les  constructions  secondaires  ou  d'une 
époque  postérieure  au  xi'  et  au  xii°  siècle,  qui  en  ont  successivement  altéré  le  caractère  primitif. 
Cette  façade  se  compose  d'un  grand  clocher,  consolidé  à  ses  angles  par  des  contre-forts  vigou- 
reux s'élevant  jusqu'à  la  base  d'une  partie  supérieure  qui  contient  aujourd'hui  les  cloches,  et 
qui  est  décorée  d'arcades  supportées  par  des  groupes  de  colonnes  engagées.  Une  flèche  en  bois 
d'une  grande  hauteur,  et  flanquée  à  sa  base  de  quatre  clochetons,  couronne  l'ensemble  de  la  tour. 
Au-dessous  de  cette  partie  supérieure  de  l'édifice,  ont  été  percés  trois  étages  de  fenêtres;  celles 
du  haut  sont  doublées.  Au  rez-de-chaussée  de  la  tour  est  un  large  portail  surmonté  d'arcs  aigus, 
et  qui,  jusqu'à  l'époque  de  la  Révolution  française,  fut  orné  de  statues  qui  ont  été  détruites  alors. 
Un  toit  couvrant  cette  porte  de  l'église  a  été  supposé,  dans  la  restitution ,  pour  protéger  ces  sta- 
tues contre  la  pluie. 

Au  delà  du  clocher,  dans  la  partie  inférieure  et  au  second  plan,  la  gravure  fait  voir  les  extré- 
mités des  bas  côtés  de  l'église  couverts  de  toits  en  appentis;  aux  angles  sont  figurés  des  contre- 
forts dont  plusieurs  se  voient  encore  dans  l'étendue  des  murailles  latérales;  plus  loin  que  les 
bas  côtés  s'élèvent  les  murs  des  transepts  percés  chacun  de  deux  fenêtres  dont  on  retrouve  les 
(races  sur  le  monument  et  qui  ont  été  murées;  les  contre-foris  d'angle  existent  encore  en  partie. 
Enfin  les  deux  clochers  secondaires  qui  s'élevaient  auprès  du  sanctuaire  ont  été  restitués  sur  cette 
planche  tels  qu'ils  furent  conservés  depuis  leur  construction  au  xii°  siècle  jusqu'en  1829,  époque 
à  laquelle  ils  ont  été  démolis,  dans  la  pensée  qu'ils  surchargeaient  trop  les  murailles  voisines 
du  sanctuaire  et  qu'ils  compromellaient  la  conservation  de  l'édifice.  Cette  destruction  a  com- 
plètement dénaturé  l'aspect  général  de  la  belle  église  abbatiale  de  Saint-Germain-des-Prés. 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  381 

XVI 
SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS.  —  FAÇADE  LATÉRALE  RESTITUÉE. 

La  façade  latérale  de  Féglise  de  Sainl-Germain-des-Prés  que  nous  reproduisons  est  celle  du 
côté  du  nord;  elle  a  été  dégagée  de  toutes  les  constructions  secondaires  qui  s'y  appuient,  afin 
de  faire  mieux  connaître  le  style  de  son  architecture.  Toute  la  partie  occidentale,  depuis  le  grand 
clocher  de  la  façade  jusqu'à  celui  qui  s'élève  auprès  du  sanctuaire,  est  dans  le  style  du  xi'  siècle 
et  peut  être  attribué  à  l'abbé  Morard.  Cette  première  moitié  de  l'édifice  comporte  le  clocher 
principal,  dont  la  façade  septentrionale  offre  la  plus  grande  similitude  avec  celle  de  l'occident, 
publiée  à  la  page  xix,  moins  le  portail  servant  d'entrée  à  l'église.  Au  delà  de  ce  clocher  se  pré- 
sente, à  rez-de-chaussée,  le  mur  extérieur  de  la  nef  latérale  du  nord  avec  les  contre-forts  qui 
soutiennent  la  poussée  des  voûtes.  Contre  ce  mur  s'appuyaient  les  voûtes  du  cloître.  Au-dessus 
du  toit,  en  appentis  de  ce  bas  côté,  s'élève  la  haute  muraille  de  la  nef  principale  de  l'église, 
percée  de  cinq  grandes  fenêtres  qui  l'éclairent;  elles  sont  encadrées  de  moulures  et  de  billettes, 
sortes  de  denticules  arrondis;  ces  moulures  forment  un  bandeau  continu  qui  passe  sur  les 
contre-forts  destinés  à  soutenir  le  mur  et  les  voûtes.  Une  corniche  ornée  de  modillons  couronne 
la  façade. 

Au  delà  des  constructions  de  la  nef  s'avance  le  transept  du  nord,  dont  les  contre-forts  et  la 
corniche  existent  encore,  mais  dont  toute  la  façade  est  occupée  par  une  grande  fenêtre  en  ogive, 
de  construclion  moderne,  remplacée,  sur  la  gravure,  par  deux  baies  en  plein  cintre  dans  le  style 
de  celle  de  la  nef;  plus  loin  que  le  transept  s'élèvent  les  murailles  des  chapelles  situées  laté- 
ralement au  chœur;  elles  ont  le  même  caractère  que  les  constructions  de  la  nef;  une  petite  porte, 
bouchée  aujourd'hui,  y  était  pratiquée  pour  aller  à  l'ancienne  sacristie  placée  de  ce  côté.  Le 
clocher  voisin  du  sanctuaire  est  rasé,  depuis  1829,  à  la  hauteur  de  son  premier  étage;  il  pré- 
sentait, par  son  architecture,  une  grande  analogie  avec  celle  des  parties  occcidenlales  de  l'église, 
et  se  divisai!  en  cinq  étages  apparents,  dont  trois  ouverts  de  fenêtres  doubles  et  décorées  de 
pilastres  et  d'archivoltes;  une  flèche  en  bois  et  quatre  clochetons  couvraient  la  tour.  L'architec- 
ture des  chapelles  de  l'abside  et  celle  des  hautes  constructions  du  chœur  diffèrent  de  celle  du 
reste  de  l'édifice,  et  elles  sont  d'une  époque  postérieure;  l'arc  aigu  y  surmonte  toutes  les  baies; 
dans  les  parties  hautes  les  fenêtres  sont  doublées,  et  des  colonneltes  supportent  les  archivoltes; 
d'épais  arcs-boulants  maintiennent  la  poussée  des  voûtes  du  chœur.  Une  corniche  ornée  de  mo- 
dillons couronne  l'édifice  et  soutient  la  saillie  du  toit. 

XVII 

PORTE  DE  L'ÉGLISE  SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS. 

Le  linteau  qui  surmonte  la  baie  d'entrée  de  la  grande  porte  occidentale  de  l'abbaye  est  composé 
d'une  seule  pierre  sur  laquelle  est  sculptée  la  Cène;  ce  bas-relief  est  dessiné  dans  son  état,  actuel 
en  haut  de  la  planche.  Le  Christ  y  est  représenté  assis  entre  les  apôtres;  saint  Jean,  placé  à  sa 
droite,  s'incline  sur  la  teble;  un  apôtre  à  genoux  en  avant  de  Jésus  lui  présentait  un  calice;  cette 
figure  a  été  détruite  à  l'époque  de  la  Hévolution  de  1789.  Le  dessin  fait  voir  aussi  la  double 
série  de  chapiteaux  que  surmontaient  autrefois  huit  statues  dont  le  portail  était  décoré;  ces  cha- 
piteaux existent  encore,  mais  ils  surmontent  aujourd'hui  des  colonnes  qui  remplacent  les  figures 
détruites  à  la  Révolution. 

Au  bas  de  la  planche  est  représentée  toute  la  statuaire  du  p)rtail,  telle  qu'on  la  voyait  dans 
le  siècle  dernier;  elle  est  publiée  ici  d'après  le  dessin  original  qui  fut  exécuté  pour  être  gravé  à 


382  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

la  planche  VII  du  grand  ouvrage  intitulé  :  Trésor  des  antiquités  de  la  couronne  de  France,  public 
en  17/15  par  Montfaucon.  Cette  reproduction  du  dessin  est  plus  précise  que  celle  qui  est  gravée 
dans  l'ouvrage  précité  et  présente  avec  elle  des  différences.  Le  caractère  des  têtes  et  de  la 
sculpture,  en  général,  a  été  altéré  par  un  graveur  inhabile. 

On  a  longuement  discuté  au  sujet  des  statues  qui  décoraient  le  portail  de  l'église  abbatiale 
de  Saint-Germain-des-Prés;  Dom  Mabillon  y  a  vu,  à  la  partie  gauche  en  entrant  dans  l'église, 
les  représentations  de  saint  Germain ,  auprès  de  la  porte,  et  ensuite  celles  de  Clovis,  de  sainte  Cio- 
tilde  et  de  Clodomir;  puis,  à  la  partie  droite,  celles  de  Ghilpéric,  auprès  de  la  porte  de  Chil- 
debert,  et  celles  d'Ultrogothe  et  de  Clotaire.  Dom  Ruinart  pensait  que  la  figure  d'évêque  était 
celle  de  saint  Remy.  Il  conservait  les  autres  désignations  de  ce  côté;  en  face,  sur  l'autre  paroi 
du  portail,  il  substituait  Thierry  à  Ghilpéric  proposé  par  Mabillon.  Un  autre  auteur  qui  a  gardé 
l'anonyme  voulait  que  les  statues  placées  à  la  droite  de  l'évêque,  qu'il  considérait  comme 
saint  Germain,  fussent  Pépin,  Rertrade  et  Charlemagne;  vis-à-vis,  il  plaçait  Garloman  d'abord 
et  conservait  les  trois  autres  noms  donnés  par  Mabillon.  Dom  Ruinart  avait  retrouvé  les  noms 
de  Clodomir,  CLODOMRIVS,  et  celui  de  Clotaire,  CHLO.  .  .  .VS,  inscrits  sur  les  deux  rou- 
leaux que  tenaient  les  dernières  statues  de  chaque  série;  on  ne  pouvait  donc  admettre,  à  cause 
de  ces  dénominations,  que  ces  huit  figures  aient  représenté  des  personnages  de  l'Ancien  Testa- 
ment, comme  cela  fut  presque  généralement  pratiqué  par  les  sculpteurs  du  moyen  âge  lorsqu'ils 
décoraient  les  portails  d'églises.  Quoi  qu'il  en  soit,  ces  sculptures  dataient  du  xii°  siècle,  et  non 
de  l'époque  de  la  première  construction  de  l'église,  comme  l'ont  pensé  les  différents  auteurs 
cités  plus  haut.  Le  portail  et  le  clocher  auraient  été  construits  dans  le  xi"  siècle,  mais  le  style  des 
statues  et  des  chapiteaux  qui  les  surmontaient  indique  que  la  décoration  n'aurait  été  terminée 
que  dans  le  siècle  suivant. 

Les  portes  en  bois  qui  servent  encore  aujourd'hui  à  clore  l'église  sont  du  commencement 
du  \\i'  siècle;  deux  anneaux  en  bronze,  soutenus  par  des  têtes  de  lion  qui  étaient  placées  sur 
les  panneaux  inférieurs  de  la  menuiserie,  dataient  du  xii°  siècle;  l'un  d'eux  est  dessiné  de  face, 
et  de  profil  au  milieu  de  la  planche. 

XVIII 

SAI.NT-GERMAIN-DES-PRÉS.— ABSIDE  DE  L'ÉGLISE  RESTITUÉE. 

L'abside  de  l'église  de  Saint- Germain -des -Prés  offrait  un  aspect  monumental  remarquable 
lorsque  les  deux  tours  du  sanctuaire  étaient  encore  debout;  le  grand  clocher  de  la  façade  prin- 
cipale se  groupait  avec  elles  d'une  façon  heureuse;  plus  prépondérant  par  sa  masse,  il  contri- 
buait à  donner  de  l'élégance  à  ces  deux  clochers  secondaires,  et  la  distance  qui  le  séparait 
d'eux  contribuait  au  jeu  des  lignes,  aux  effets  de  la  perspective  aérienne.  Les  chapelles  arrondies 
groupées  autour  du  choeur,  les  vigoureux  arcs-boutants  qui  soutiennent  la  poussée  des  voûtes 
supérieures,  enfin  tout  ce  qui  complète  l'abside  amenait  auprès  de  ces  clochers  une  variété  de 
style  qui  ne  nuisait  pas  à  l'unité  générale. 

Plusieurs  restitutions  ont  été  faites  sur  la  planche  pour  ramener  l'édifice  à  son  caractère  pri- 
mitif. La  chapelle  de  la  Vierge,  située  au  milieu  de  l'abside  et  reconstruite  sur  un  plan  moderne, 
a  été  rélablie  dans  son  premier  état;  le  toit  qui  surmonte  le  chœur  et  la  nef  principale  a  été 
baissé  de  façon  à  recevoir  son  ancienne  inclinaison ,  dont  on  retrouve  la  trace  dans  le  comble 
actuel,  sur  la  face  orientale  du  grand  clocher.  Les  deux  tours  voisines  du  sanctuaire  ont  été  ré- 
tablies dans  leurs  formes  et  proportions  anciennes  d'après  des  documents  authentiques;  auprès 
de  celle  du  midi  a  été  rétablie  la  tourelle  qui  contenait  l'escalier  destiné  à  monter  jusqu'au  beffroi 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  383 

des  cloches;  eiiGn  les  extrémités  des  transepts  qui  apparaissent  aux  deux  cotés  des  petits  clochers 
ont  été'  percées  de  fenêtres  en  plein  cintre,  comme  on  en  voit  des  traces  sur  les  faces  opposées. 

XIX 

COUPE  LONGITUDINALE  DE  L'ÉGLISE  SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS. 

La  coupe  longitudinale  de  l'église  Saint-Germain-des-Prés  commence  au  grand  clocher  de  la 
façade  occidentale;  le  portail  donne  entrée  au  vestibule  formé  de  l'étage  inférieur  du  clocher; 
dans  la  voûte  est  pratiquée  une  ouverture  circulaire  pour  le  passage  des  cloches;  au-dessus  était 
la  chapelle  de  Saint-Michel  déjà  mentionnée;  de  son  sol  on  descend  à  celui  de  la  tribune  des 
orgues;  trois  planchers  de  construction  moderne  sont  établis  entre  le  premier  ét<jge  de  la  tour 
et  le  beffroi  destinés  aux  cloches;  ce  beffroi  repose  sur  les  moulures  saillantes  qui  couronnent 
les  pilastres,  et  sur  des  supports  en  consoles  placés  au-dessus  des  grands  arcs  de  décharge  cons- 
truits au-dessous  de  l'étage  supérieur  de  la  tour;  la  flèche  a  été  indiquée  ici  sans  les  détails  de 
sa  charpente. 

A  l'est  du  clocher  se  développent  les  travées  de  la  nef  principale  :  elles  sont  percées,  à  rez- 
de-chaussée,  d'arcades  en  plein  cintre  surhaussé  et  reposant  sur  les  chapiteaux  de  colonnes  en- 
gagées dans  les  piliers;  au-dessus  de  ces  arcs  sont  les  fenêtres  qui  éclairent  la  nef;  de  longues 
colonnes  séparent  les  travées  et  montent  jusqu'à  la  naissance  des  voûtes,  qui  datent  de  iG4/t, 
époque  à  laquelle  on  les  établit  à  la  place  d'une  charpente  apparente  qui  couvrait  la  nef  depuis 
l'origine  de  la  construction. 

Les  transepts  sont  séparés  des  nefs  ainsi  que  du  sanctuaire  par  des  piliers  composés  de  fais- 
ceaux de  colonnes;  le  mur  du  fond  est  percé  de  deux  baies,  restitution  qui  remplace  une  grande 
ouverture  en  ogive  faite  en  i644. 

Le  sanctuaire,  auquel  on  monte  par  plusieurs  marches,  est  établi  au  delà  des  transepts;  les 
murs  latéraux,  décorés  de  doubles  arcalures  en  ogive  et  à  colonnes,  et  plus  haut  d'une  simple 
baie  figurée,  étaient  les  principaux  appuis  des  clôtures  secondaires,  dont  un,  celui  du  nord, est 
reproduit  sur  la  coupe.  L'architecture  du  chœur,  qui  est  du  xn"  siècle,  est  composée,  à  rez-de- 
chaussée,  de  fortes  colonnes  surmontées  de  remarquables  chapiteaux  sur  lesquels  reposent  les 
retombées  d'arcs  en  plein  cintre  d'abord,  puis  d'arcs  en  ogives;  les  mêmes  chapiteaux  portent  des 
faisceaux  de  colonnettes  qui  s'élèvent  jusqu'à  la  naissance  des  voûtes  et  se  lient  à  leurs  nervures; 
entre  ces  faisceaux  est  ouverte  la  galerie  ou  tribune  du  chœur,  décorée  de  colonnes  isolées  en 
marbres  de  diverses  couleurs  et  surmontées  de  chapiteaux  variés  dans  le  style  capricieux  du 
XII'  siècle;  plus  haut  que  la  galerie  sont  pratiquées  les  fenêtres  doubles  qui  éclairent  le  chœur;  les 
grosses  colonnes  dont  celui-ci  est  entouré  le  séparent  de  la  galerie  de  circulation  conduisant 
aux  chapelles  latérales  et  à  celles  de  l'abside.  L'ancienne  chapelle  de  la  Vierge  a  été  rétablie 
dans  la  coupe  suivant  son  premier  style;  au-dessus  de  la  voûte  sont  dessinés  les  arcs-boutants 
qui  maintiennent  les  hautes  constructions  du  chœur. 

XX 

COUPES  TRANSVERSALES  DE  L'ÉGLISE  SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS. 

Deux  coupes  transversales  de  l'église  Saint-Germain-des-Prés  ont  été  gravées;  la  première  est 
tracée  sur  les  nefs  en  regardant  vers  l'entrée  principale  de  l'église;  une  partie  du  grand  clocher 
parait  au-dessus  du  comble  supérieur;  la  coupe  de  la  nef  principale  se  compose  des  voûtes  cons- 
truites en  1644,  à  la  place  des  charpentes  apparentes  qui  avaient  été  conservées  jusqu'à  cette 
époque;  le  comble  fut  reconstruit  aussi  tel  qu'on  le  voit  aujourd'hui;  plus  bas  que  les  voûtes 


38i  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

parail  l'arcade  qui,  du  premier  étage  du  clocher,  donne  accès  à  la  tribune  des  orgues;  un  plan- 
cher moderne  est  placé  à  la  hauteur  de  l'imposte  de  cet  arc.  La  tribune  des  orgues  est  formée 
d'un  arc  surbaissé,  au-dessous  duquel  on  voit  la  porte  d'entrée  de  l'église.  Les  bas  côtés  sont  sé- 
parés de  la  grande  nef  par  des  arcades  à  colonnes;  le  mur  qui  les  surmonte  est  tracé  ici  en  coupe; 
il  en  est  de  même  à  l'égard  des  fenêtres  ouvertes  au-dessus;  les  nefs  latérales,  leurs  voûtes  et  les 
toits  en  appentis  qui  les  couvrent  s'étendent  de  chaque  côte  de  la  nef  principale. 

La  coupe  gravée  au-dessous  de  celle  des  nefs  est  prise  dans  toute  la  longueur  des  transepts, 
en  regardant  vers  le  chœur;  les  deux  clochers  secondaires  se  voient  en  partie  au-dessus;  plus 
bas  est  le  grand  comble  transversal;  aux  deux  extrémités  des  transepts  sont  figurées,  en  coupe, 
les  fenêtres  restituées  en  remplacement  des  grandes  baies  en  ogive  exécutées  en  iGUh.  Ces  baies 
se  reproduisaient  sur  le  mur  oriental  des  transepts;  elles  ont  été  bouchées.  Plus  bas  sont  de 
grandes  arcades  décorées  de  colonnes  engagées,  donnant  entrée  à  la  galerie  de  circulation  éta- 
blie autour  du  chœur;  on  voit  par  ces  arcades  les  colonnes  qui  ornent  les  chapelles  rangées  cir- 
culairement  autour  de  l'abside.  Au  milieu  des  transepts  s'ouvre  le  sanctuaire  par  une  immense 
ouverture  qui  permet  de  voir  le  chœur,  dont  les  grosses  colonnes  supportent  des  arcs  aigus: 
au-dessus  est  tracée  la  galerie  ou  tribune  indiquée  déjà  dans  la  coupe  longitudinale;  plus  haut 
on  voit  les  croisées  qui  éclairent  le  chœur  ainsi  que  les  voûtes  qui  le  couvrent. 

XXI 

CLOCHER  DE  LA  FAÇADE  DE  L'ÉGLISE  SAINT-GERMALN-DES-PRÉS. 

Le  grand  clocher  qui  s'élève  sur  la  façade  occidentale  de  l'église  Saint-Germain -des-Prés 
offre,  dans  sa  partie  supérieure,  de  curieux  détails;  l'étage  qui  porte  directement  la  flèche  en 
bois  est  décoré  de  colonnes  engagées,  dont  les  bases  et  les  chapiteaux  sont  d'une  grande  sim- 
plicité, nécessaire  à  une  aussi  haute  élévation;  ces  colonnes  supportent  des  arcs  en  plein  cintre 
très-bien  construits  et  qui  sont  disposés  sur  deux  plans  différents,  ce  qui  résulte  de  la  disposition 
des  colonnes;  ce  plan  partiel,  gravé  au-dessous  de  l'élévation,  en  explique  la  combinaison;  des 
frettes  décorent  les  archivoltes  de  ces  arcs.  La  corniche  qui  surmonte  cet  étage  est  formée  de 
consoles  sur  lesquelles  reposent,  horizontalement,  des  dalles  de  pierre  disposées  régulièrement 
et  taillées  en  biseau  par-dessous  pour  simuler  une  moulure. 

La  coupe  gravée  au  bas  de  la  planche  indique  comment  sont  construites  à  l'intérieur  les 
fenêtres  doubles  des  deux  étages  supérieurs  du  clocher,  ainsi  que  les  grands  arcs  de  décharge  qui 
supportent  des  consoles  sur  lesquelles  repose  le  poids  principal  du  beffroi.  Ces  consoles  sont 
aidées  dans  leur  fonction  par  des  moulures  saillantes  placées  à  la  hauteur  de  l'imposte  des 
fenêtres,  et  sur  lesquelles  s'appuient  des  contre-fiches  en  bois  qui  portent  une  partie  de  la  charge 
de  cette  lourde  charpente;  ce  beffroi,  cependant,  est  moderne  et  bien  moins  important  que  celui 
qui  devait  supporter  autrefois  les  grosses  cloches  de  l'abbaye,  lesquelles,  en  1 58o  et  1 58i ,  furent 
fondues  de  nouveau  par  un  nommé  Pierre  Leroy,  très-habile  fondeur;  elles  étaient  considérées 
comme  les  plus  harmonieuses  et  les  mieux  d'accord  qu'il  y  eût  à  Paris. 

XXII 

TOMBEAU  ET  ÉPITAPHES. 

On  fit,  en  i656,  un  tombeau  pour  couvrir  les  restes  de  la  reine  Rilihilde  ou  Blithilde,  femme 
du  roi  Childéric  H,  assassinée  avec  lui  et  leur  jeune  fils  Dagobert  dans  la  forêt  de  Livry  par  Bo- 
dillon.Le  cercueil  de  la  reine  avait  été  retrouvé  et  ouvert  en  i6/i5,  lorsqu'on  fit  des  réparations 
au  sanctuaire  de  l'église  abbatiale.  Le  squelette  avait  été  vu  alors  enveloppé  encore  dans  une 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  385 

partie  des  vêtements  :  un  coussin  d'herbes  odoriférantes  était  sous  la  tête;  le  corps  du  jeune  Da- 
goberl  reposait  sur  celui  de  sa  mère.  Ce  tombeau  de  Bilihildo  n'a  pu  être  recueilli,  comme  les 
précédents,  au  Musée  des  Monuments  français,  et  prendre  ensuite  sa  place  chronologique  dans 
la  série  des  tombes  royales  à  l'église  de  Saint-Denis,  parce  qu'il  avait  été  détruit  à  l'époque  de 
la  Révolution  de  1789.  Le  seul  document  qui  reste  pour  le  faire  connaître  est  le  dessin  de  la 
collection  Gaignières  publié  sur  cette  planche. 

Au-dessus  du  caveau  situé  au  milieu  de  l'ancien  sanctuaire  de  l'abbatiale  de  Saint-Germain- 
des-Prés,  on  lisait  une  inscription  apprenant  que  les  religieux  bénédictins  y  avaient  placé  le 
cœur  du  prince  Henri  de  Bourbon,  duc  de  Verneuil,  leur  abbé,  mort  en  1682. 

XXIII 

TOMBEAUX  ET  COSTUMES  D'ABBÉS. 

Les  tombeaux  d'abbés  sont  les  plus  importants  de  ceux  qui  furent  découverts  dans  l'église 
de  Sainl-Germain-des-Prés  en  1799;  celui  qui  est  dessiné  au  bas  de  la  planche,  dans  l'état  oii  il 
fut  trouvé,  à  9°',3o  au-dessous  du  pavé  de  l'édifice,  était  fermé  par  un  couvercle  en  marbre 
blanc  à  quatre  faces  inclinées;  les  deux  principales  étaient  ornées  d'écaillés  au  milieu  desquelles 
on  avait  sculpté,  dans  un  cadre,  des  pampres  et  une  palme  sortant  d'un  vase;  des  feuillages  or- 
naient les  extrémités  de  ce  couvercle,  qui  avait  été  brisé  à  l'un  de  ses  angles;  il  fut  recueilli  au 
Musée  des  Monuments  français  par  A.  Lenoir,  avec  le  cercueil  qu'il  couvrait,  et  placé  depuis 
au  Musée  du  Louvre;  il  date  des  premiers  temps  du  christianisme  en  France.  Dans  le  cercueil  A, 
fermé  parce  couvercle,  on  trouva  un  squelette  entièrement  vêtu;  la  robe  ou  soutane  était  eu 
laine  d'un  ton  rouge  brun,  au  bas  une  bordure  aussi  de  laine  avait  été  ornée  par  un  gaufrage 
combiné  avec  le  tissu  de  l'étoffe;  par-dessus  ce  premier  vêtement  on  avait  posé  un  ample  man- 
teau formant  de  larges  plis  et  en  taffetas  très-fort;  la  couleur,  quoique  passée,  paraissait  avoir 
été  d'un  beau  rouge  foncé.  Les  chaussures  en 'cuir  noir  avaient  la  forme  de  pantoufles;  à  la 
droite  du  squelette  était  placée  une  longue  canne  surmontée  d'un  tau  en  ivoire  sculpté,  et  monté 
sur  une  douille  de  cuivre  ouvragée  de  même;  le  dessin  en  est  reproduit  en  grand;  l'empla- 
cement où  fut  trouvé  ce  tombeau  est  également  indiqué. 

Le  second  tombeau,  marqué  B,  contenait  aussi  un  squelette;  ce  squelette  avait  auprès  de  lui 
une.  crosse  en  bois  sculpté  dans  le  style  du  xi?"  siècle,  on  y  voyait  quelques  restes  de  dorure. 
Celle  tombe,  trouvée  à  l'orient  de  la  précédente,  était  aussi  celle  d'un  abbé. 

(Statistique  monumentale,  texte  explicatif  par  M.  Albert  Lenoir.  Paris,  1867,  in-4°,  p.  yi-yg) 


DOCUMENTS  MANUSCRITS 
RELATIFS  À  L'ABBAYE  SAINTGERMAIN-DESPRÉS. 

(Texte,  chapitre  ii,  pages  97  et  suivantes.) 

L'abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés  a  laissé  partout  des  traces  de  son  importance  et  de  ses 
richesses.  Il  n'y  a  pas  de  bibliothèques,  de  dépôts  d'archives,  qui  ne  renferment  quelques  do- 
cuments relatifs  à  son  histoire.  Les  Archives  nationales  ne  possèdent  pas  moins  de  deux  cents 
carions  et  de  sept  cent  soixante-cinq  registres. 

Dans  la  section  historique,  il  y  a  cinquante-huit  cartons  et  cent  trente-deux  registres. 

III.  «^ 


386  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Le  premier  carton  de  la  seclion  historique  (L.  752)  renferme  le  brouillon  du  canevas  de 
l'histoire  de  Saint-Germain-des-Prés,  par  Dom  Bouillart  (16  cahiers  in-4°),  et  une  attestation 
de  iSga  d'une  portion  de  la  côte  de  saint  Leufroy,  appartenant  à  cette  chapelle  et  donnée,  de- 
puis sa  démolition,  à  Saint-Germain-l'Auxerrois.  Le  deuxième  (L.  753),  des  pièces  concernant 
l'église,  les  tomheaux  des  rois,  les  réparations  et  les  décorations,  des  états  de  travaux,  quit- 
tances, etc.,  aux  XVII*  et  xvin*  siècles;  l'original  d'une  lettre  de  Louis  XIV  approuvant  une  tran- 
saction faite  entre  l'archevêque  de  Paris  et  l'abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés,  relativement  à 
la  juridiction  spirituelle  sur  le  territoire  de  l'abbaye  en  septembre  1668;  des  bulles  et  copies 
de  bulles,  des  actes  de  prise  de  possession  et  serments  des  abbés,  de  i5o3  à  1787;  l'original 
d'une  lettre  de  J.  Castel  sur  la  mort  de  Denis  de  Sainte-Marthe,  en  1795;  un  dénombrement 
rendu  au  roi  en  i38i.  Le  troisième  (L.  754),  un  censier  de  Cachant  au  xiv"  siècle,  un  censier 
d'Antony,  un  registre  des  cens  dus  à  la  pitancerie,  à  Antony,  au  xv'  siècle;  un  cartulaire  des 
îles  de  la  Seine,  des  moulins,  etc.,  au  xv"  siècle;  vingt-sept  chartes,  de  768  à  1176,  concer- 
nant Saint-Germain  près  Montereau,  Absedo  villa  in  pago  Senonemi,  les  droits  de  formariage 
entre  l'abbaye  de  Sainte-Geneviève  et  celle  de  Saint-Germain-des-Prés,  Montchauvet,  Saint- 
Léger-aux-Bois,  la  vigne  de  Laas,  Saint-Georges-de-Marolles,  Baignaux,  Villeneuve,  Planlis, 
Fiacy  et  Courgenay,  Avrainville,  la  chapelle  de  Notre-Dame-des-Halles  à  Saint-Léger,  Sainl- 
Germain-de-Marolles,  Dammartin,  Nogent-sur-Marne,  les  Hospitaliers  de  Saint-Jean-de-Jéru- 
salem (1189),  le  Temple,  Tauni,  Émans,  Bagneux,  Mauny,  fief  de  Clain  en  Poitou,  Jonsiac. 
Le  quatrième  (L.  755),  vingt-quatre  chartes,  de  1176  à  iigS,  relatives  à  Cotençon,  Monti- 
gny,  le  prieuré  de  la  Celle  au  diocèse  de  Meaux,  Émans,  MaroUes,  prieuré  de  Baiily,  Avrain- 
ville, Longpont  (Seine-et-Oise),  Nogent-sur-Marne,  Tiverni  (diocèse  de  Beauvais),  Baiily, 
Lognes,  la  chapelle  du  château  de  Chàtellerault,  Mantes,  Dammartin,  Nainiré,  Cachan,  les 
lépreux  de  Meulan,  Viatura  dePirodio,  Balainviliers,  le  couvent  de  Saint-Pierre  de  Chaumes, 
Montchauvet,  Sainte-Marie-aux-Bois,  Tauny-sur-le-Vuiturue,  Viliebole,  Érablai,  Duison,  Laas 
et  Mantes.  Le  cinquième  (L.  756),  quatre-vingt-quatorze  chartes,  de  laoo  à  1999,  concer- 
nant Samoiseau,  Sceaux,  Plessis-Saint-Pierre,  Clam;)rt,  Mathy,  Parei,  Avrainville,  le  Déluge, 
bois  d'Arablai,  Melun,  Notre-Dame-des-Halies,  Villeneuve-Sainl-Georges,  Valenton,  Avrain- 
ville, Jonzi,  prieuré  de  Baiily,  Brelignac,  bois  du  Chesnet,  Provins,  Meulent,  Tiverni,  Ver- 
rières, le  moulin  de  Breuii,  Lognes,  Marolles,  Montchauvet,  Nogenl-1' Artaud,  Saint-Germain, 
Laval  près  Montereau-faut-Yonne,  Longuesse,  le  Breuii  près  Montlhéri,  Montchauvet,  le  Dé- 
luge, Mantes,  Mathy,  Dammartin,  le  bois  de  Genneville,  Pirodium,  Mantes,  les  chevaliers  de 
Saint-Jean-de-Jérusalem.  Le  sixième  (L.  757),  quarante-quatre  chartes,  de  i93o  à  12/19,  '^^^' 
cernant  Marolles,  la  Celle,  Montereau,  Saint-Germain-Laval,  Nogent-sur-Marne,  Mantes,  Vil- 
leneuve-le-Comle,  Samoiseau,  Parei,  Vissoux,  Arcueii ,  Avrainville,  la  commanderie  du  Dé- 
luge, Émans,  Villeneuve-Saint-Georges,  Prunelai,  Baiily,  Dammartin,  Cheiles  et  Cachan.  el 
un  règlement  fait,  le  1"  décembre  i9i!io,  par  Jacques,  évèque  de  Préneste,  légat  du  Saint- 
Siège,  pour  l'administration  de  l'infirmerie  de  Saint-Germain,  qui  n'avait  pas  de  revenus  assez 
considérables.  Le  septième  (L.  768),  des  documents  relatifs  à  Avrainville,  Tillet,  Valenton, 
prieurés  de  Chaufour,  de  Nainiri  en  Poitou;  et  un  registre  des  baux  à  ferme,  contrats  de 
vente,  etc.,  des  fermes,  terres,  maisons  et  jardins  sis  à  Anthony,  Thiais,  de  1207  à  1  609.  Le 
huitième  (L.  769),  des  fragments  de  comptes  de  ii85  et  un  recueil  de  pièces  relatives  aux 
droits  de  pêche;  une  copie  coUationnée  d'une  très-volumineuse  enquête  faile  par  l'abbé  de 
Saint-Maixent,  commissaire  du  pape,  à  la  requête  des  religieux  de  Saint-Germain-des-Prés, 
contre  frère  Eblon  de  Solere,  au  sujet  de  la  prévôté  d'Antony  en  1378;  une  transaction  du 
9  octobre  1789, passée  entre  les  religieux  de  l'abbaye  et  les  habitants  de  Châtenay,  Wuissous et 
Massy,  au  sujet  des  dîmes  du  vin  et  du  pressurage,  etc.  Le  neuvième  (L.  760),  trois  dossiers 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  387 

de  documents  relatifs  à  l'accord  entre  le  cardinal  de  Tournon  et  l'abbaye,  de  i537  à  1 690.  Le 
dixième  (L.  761),  quatre-vingt-dix  chartes,  de  iîjSo  à  i3oi,  concernant  Jonzac,  Cachan,  Sa- 
moiseau,  Melun,  Thiais,  Antony,  Suresnes,  Longuesse,  Tivcrny,  Nogenl-l'Artaud,  Clamart, 
Avrainville,  Parei,  Martré-la-Celle,  Chartres,  Septeuil,  le  Breuil,  Émans,  Melun,  Meudon,le 
prieuré  de  Tornay  dans  le  diocèse  de  Séez,  Saint-Germain  près  Couilly,  le  prieuré  de  Castres, 
Ablainvilliers,  Sceaux,  le  prieuré  de  Brétigny  au  diocèse  de  Bourges,  Bagneaux.  Le  onzième 
(L.  762),  trente-deux  chartes  de  i3o9  à  i34i,  concernant  Saint-Germain-Laval-sur-Monte- 
reau,  Cachan,  Arcueil,  la  rivière  de  Bièvre,  Dammartiu,  le  fief  de  la  Tombe  à  Marolles. 
Avrainville,  le  prieuré  de  Saint-Léger,  Parei,  Longuesse,  Villebeslain,  le  Breuil-lès-Longponl 
(Seine-el-Oise),  Bagneaux,  Antony.  Le  douzième  (L.  763),  cinquante  sept  chartes  et  autres 
pièces,  de  1290  à  1662,  concernant  Issy,  Vanves,  Meudon,  Thiais,  Vaugirard,  Chàteaufort, 
Montreuil  près  Versailles,  les  Chartreux.  Le  treizième  (L.  76/1),  un  registre  en  feuilles  intitulé  : 
ff  C'est  le  compte  de  la  recepte  de  la  terre,  justice  et  seigneurie  d'Issy  et  des  appartenances  en 
«t485;^  des  censiers  et  quarante-quatre  pièces  et  chartes,  de  1190  à  i465,  concernant  les 
lieux  dils  Vallis  Colliaci  et  Lilandri,  Couilly,  Montery,  et  les  localités  dans  lesquelles  le  cham- 
brier  de  Saint-Germain  possédait  des  biens;  Valenton,Viileneuve-Saint-Georges,Saint-Germain- 
sous-Couilly,  Montery,  Émans  et  Noisy-le-Grand;  un  carlulaire  de  l'office  de  chambrier,  renfer- 
mant des  pièces  relatives  à  Saint-Germain -lès-Couilly  et  Nogent-l'Artaud,  et  plusieurs  registres 
concernant  Saint-Germain-lès-Couil!y.  Le  quatorzième  (L.  766),  quatre  pièces,  de  1675  à 
1694,  relatives  à  la  réunion  de  la  justice  de  Saint-Germain-des-Prés  au  Chàtelet  de  Paris  et  à 
la  création  d'une  haute  justice  dans  l'enclos  du  couvent;  trente-neuf  pièces  de  121 3  à  1379, 
concernant  Villeneuve-Saint-Georges,  l'érection  de  la  chapelle  du  Trône  en  juillet  laSi,  Va- 
lenlon,  Linieuil,  Thiais,  Choisy,  Grignon  et  Antony.  Le  quinzième  (L.  766),  des  pièces  con- 
cernant les  religieux  hibernais  (irlandais),  le  noviciat  des  Jésuites,  l'ordre  de  la  milice  du 
Saint-Esprit,  les  Dominicaines  du  tiers  ordre  de  Saint-Dominique,  les  Jacobins,  la  chapelle 
Saint-Père,  les  religieux  de  la  Charité,  les  Théalins,  les  Prémontrés  de  la  Croix-Rouge,  les 
Garmes-Déchaux.  les  Augustins  déchaussés,  l'hôpital  des  frères  de  la  Charité,  l'hôpital  des  In- 
curables, l'hôtel  des  Petites-Maisons  et  la  maladrerie  du  bourg  Saint-Germain-des-Prés.  Le 
seizième  (L.  767),  des  pièces  sur  les  Cordeliers  ou  frères  Mineurs,  les  religieux  de  la  Merci  et 
de  Sainte-Croix-de-la-Brelonnerie,  une  correspondance  curieuse  à  consulter  pour  l'histoire  des 
mœurs  du  clergé  au  xvii'  siècle,  des  pièces  de  procédure  des  xm°  et  xiv"  siècles.  Le  dix-septième 
(L.  768),  des  pièces  relatives  à  l'institution  des  prieurs  grands  vicaires  de  Saint-Germain-des- 
Prés,  au  grand  vicariat  de  Saint-Germain  et  aux  grands  vicariats  étrangers.  Le  dix-huitième 
(L.  769),  des  pièces  concernant  la  fabrique  de  Saint-Sulpice,  les  pièces  d'un  procès  concernant 
les  biens  de  ce'tle  fabrique,  des  mémoires,  consultations  et  piocédures  au  sujet  des  processions 
depuis  la  transaction  de  1668,  des  requêtes  et  mémoires  concernant  l'érection  de  nouvelles 
cures  dans  l'étendue  du  faubourg  Saint-Germain  et  l'érection  de  la  cure  du  Gros-Caillou.  Le 
dix-neuvième  (L.  770),  des  pièces  concernant  les  Augustines  du  Saint-Sépulcre  de  Belle- 
chasse,  les  communautés  religieuses  situées  hors  le  faubourg  Saint-Germain,  la  prison  de  l'ab- 
baye Saint-Germain,  la  nomination  des  geôliers  et  des  chapelains  de  la  geôle,  la  chapelle  du 
Saint-Esprit,  la  communauté  des  Filles  séculières  dites  de  M"'  Cossart,  les  Filles  de  l'instruc- 
tion chrétienne  et  les  Pauvres  Filles  orphelines  de  la  paroisse  Saint-Sulpice,  les  Filles  de  la 
Sainte-Vierge  ou  de  M""  de  Saujon;  un  dossier  de  pièces  concernant  les  religieuses  de  Fervaques 
(iOA3),  Go'mer-Fontaine  (iG55)  et  Saint-llemi-Saiut-Georges  (1662);  des  procès-verbaux  de 
visites  dans  le  couvent  de  Bon-Secours,  au  faubourg  Saint-Anloine,  à  l'abbaye  du  Val-de- 
Gràce,  chez  les  religieuses  anglaises,  rue  de  Charenton;  une  vérification  de  reliques  reçues  par 
les  religieuses  anglaises  du  faubourg  S, lint-M arceau,  rue  du  Champ-de-l'Alouetle.  Le  vingtième 


388  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

(L.  771),  des  pièces  de  procédure  relatives  à  un  différend  survenu  entre  Saint-Gerniain-des- 
Prés  et  le  seigneur  de  Nogent-l' Artaud  (laôg-iSoS);  des  actes  (1269-1289)  concernant  Va- 
ienton,  les  Annonciades  du  couvent  des  Dix- Vertus;  une  vérification  des  reliques  de  l'Abbaye- 
aux-Bois;  quelques  documents  sur  Notre-Dame-de-Liesse;  un  registre  de  l'office  claustral  du 
censier  de  Saint-Germain-des-Prés,  contenant  les  cens  perçus  de  1874  à  1612;  un  dossier  de 
pièces  relatives  aux  corporations  des  maîtres  serruriers,  tissutiers,  rubaniers,  menuisiers,  tal- 
meliers,  vinaigriers,  moutardiers,  établies  dans  la  juridiction  de  l'abbaye  de  Saint-Germain; 
une  ordonnance  des  métiers  de  Saint-Germain  des-Prés  du  17  septembre  1^98;  enfin  une 
charte  du  26  janvier  laSo,  par  laquelle  l'abbé  de  Saint-Germain  accorde  pour  dix  ans,  à  des 
marchands  de  Sienne,  la  faculté  d'habiter  le  faubourg  exclusivement  à  tout  autre  Lombard,  et 
leur  accorde  des  franchises  de  tolte,  de  taille  et  de  mainmorte.  Le  vingt  et  unième  (L.  772), 
des  documents  relatifs  aux  Augustines  de  Notre-Dame  de  la  Miséricorde,  à  Notre-Dame-de- 
Grâce,  aux  religieuses  de  Notre-Dame  des  Prés  et  aux  Bénédictines  de  Notre-Dame  du  Mont- 
Calvaire.  Le  vingt-deuxième  (L.  778),  des  actes  concernant  la  juridiction  spirituelle  de  Saint- 
(iermain-des-Prés,  les  religieuses  de  l'ordre  du  Précieux-Sang,  les  lettres  de  non-préjudice  au 
droit  d'exemption  de  l'abbaye,  des  procès-verbaux  de  consécration  des  églises  ou  chapelles  de  la 
reine  Marguerite  de  Valois,  de  la  maiadrerie  du  faubourg,  des  Pères  de  la  Charité,  du  noviciat 
des  Jésuites,  des  Petits-Auguslins,  du  couvent  du  Verbe-Incarné;  un  dossier  de  pièces  relatives 
aux  prétentions  respectives  du  chapitre  de  Paris  et  de  l'abbaye  de  Saint-Germain.  Le  vingt- 
troisième  (L.  77^),  un  dossier  de  pièces  concernant  les  contestations  soulevées  entre  le  cha- 
pitre de  Paris  et  l'abbaye  pendant  les  vacances  du  siège,  un  registre  d'ordinations,  des  actes  de 
consécrations  d'évêques  à  Saint-Germain,  des  pièces  concernant  l'official,  le  promoteur  et  les 
prisonniers  de  l'abbaye,  la  vérification  des  reliques  de  sainte  Thérèse,  les  Carmes  déchaussés 
du  Luxembourg;  enfin  une  autorisation,  du  9  mai  i656,  de  marier,  dans  la  chapelle  des 
Carmes,  Antoinette  Patriau  avec  un  protestant,  Etienne  H.  d'Avil,  écuyer,  seigneur  de  Beau- 
lieu.  Le  vingt-quatrième  (L.  776),  des  documents  sur  les  Filles  de  Saint-Joseph,  dites  df  /» 
Providence,  à  Bordeaux,  Paris  et  la  Rochelle.  Le  \ingt-cinquieme  (L.  776),  des  pièces  concer- 
nant les  revenus  de  l'aumonerie  de  la  chambrerie,  de  la  sous-chambrerie,  de  l'infirmerie,  de  la 
prévôté  et  de  la  trésorerie  de  Saint-Germain-des-Prés;  des  documents  relatifs  à  l'élection  d'un 
grand  prieur  par  la  communauté,  de  1476  à  1607;  des  arrêts  dli  Parlement,  des  U  juillet  1877 
et  12  juillet  1^129,  qui  condamnent  le  chambrier  à  fournir  les  vêtements,  chaussures,  etc..  des 
religieux  de  Saint-Germain;  des  règlements  concernant  les  religieuses  du  faubourg  et  interdi- 
sant l'établissement  de  nouvelles  communautés;  des  pièces  relatives  à  la  seigneurie  directe  du 
Clos-aux-Bourgeois ,  situé  rue  d'Enfer  et  appartenant  à  la  grande  confrérie.  Le  vingt-sixième 
(L.  777),  des  documents  relatifs  aux  reliques,  aux  châsses,  aux  bénédictions  et  consécrations 
d'autels,  à  la  dédicace  de  l'église  en  1168,  à  la  réforme  de  Saint-Germain-des-Prés  et  à  son 
union  à  la  congrégation  de  Chezal-Benoît  (1 5 1 5-1579);  "'^  arrêt  du  Parlement,  de  septembre 
1589,  au  sujet  du  livre  intitulé  Le  Martire  de  fr.  Jacques  Clément,  dans  lequel  les  religieux  de 
Saint-Germain  avaient  été  taxés  d'avoir  des  intelligences  avec  les  ennemis  de  la  religion  catho- 
lique; des  lettres  d'association  de  prières  avec  les  religieuses  de  Chelles  en  1280,  la  description 
d'une  ancienne  tapisserie,  les  pièces. d'un  marché  pour  la  châsse  de  saint  Germain,  des  18  fé- 
vrier i4o8  et  20  août  1^09;  des  attestations  de  dons  des  corps  de  saints  faits  par  l'abbaye  à 
d'autres  maisons  religieuses  et  à  des  particuliers;  des  pièces  relatives  à  une  fonte  de  cloches, 
aux  religieuses  du  Saint-Sacrement,  rue  Cassette,  à  la  chapelle  Saint-Symphorien ,  située  dans 
l'église  de  Saint-Germain-des-Prés;  enfin  des  quittances  données,  de  1870  à  i4i8,  par  les 
maréchaux  de  France,  qui  étaient  tenus  d'assistçr  à  la  grand'messe  et  à  la  procession  le  jour 
de  Saint-Germain,  à  condition  de  recevoir,  pour  leurs  peines,  douze  pains,  douze  seliers  de 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  389 

vin  et  douze  sous.  Le  vingt-septième  (L.  778),  des  dossiers  de  pièces  relatives  au  grand  prieur, 
à  la  chambrerie  et  à  la  chantrerie;  des  pièces  concernant  l'e'iection  du  grand  prieur,  de  1^70 
à  1607;  des  états  de  revenus  de  l'aumônerie,  de  la  cène,  de  l'infirmerie,  de  la  prévôté  et  de 
la  trésorerie  de  Saint-Germain-des-Prés,  de  laZii  à  1621;  des  documents  relatifs  aux  charges 
et  droits  des  chambrier  et  sous-chambrier;  des  titres  de  provision  et  de  prise  de  possession  des 
offices  d'aumônier,  cenier,  chefcier,  infirmier,  prévôt  et  trésorier,  de  lioo  à  iGoo.  Le  vingl- 
huitième  (L.  779),  des  titres  de  cens  et  renies,  des  titres  de  propriété,  d'acquisitions,  de  dons, 
d'héritages,  etc.;  (rente-deux  chartes,  de  laSo  à  i5i 5, concernant  Sceaux,  des  propriétés  sises 
à  Paris,  l'église  Saint-André-des-ArIs,  le  trésorier,  le  pitancier,  diverses  fondations;  une  copie, 
collationnée  le  i5  octobre  i5i5,  d'un  acte  du  mois  de  mars  1297,  par  lequel  Saint-Germain 
est  déclaré  ne  pas  faire  partie  de  la  ville  de  Paris;  des  pièces  concernant  l'office  du  chambrier, 
la  chantrerie,  la  sous-chanlrerie,  l'aumônerie,  les  marchands  de  Sienne,  une  lettre  de 
Dom  Poirier  sur  les  abords  de  la  rue  Mazarine  au  xvi'  siècle.  Le  vingt-neuvième  (L.  780),  un 
procès-verbal  d'enquête  du  i"  décembre  1873,  avec  le  rôle  d'audition  des  témoins,  au  sujet 
d'un  procès  mis  entre  l'abbé  de  Saint-Germain  el  Eblon  de  Solere  {de  Solerio).  Le  trentième 
(L.  781),  les  pièces  d'un  procès  intenté,  en  1872,  contre  un  dévolutaire  qui  voulait  posséder 
la  prévôté  d'Antony  en  titre  de  bénéfice.  Le  trente  et  unième  (L.  782),  vingt-six  pièces  de 
i3o4  à  i433,  des  cens  et  rentes,  un  arpentage  des  maisons,  jardins,  etc.,  situés  à  Grez,  près 
Amblainvilliers,  en  1398;  des  pièces  concernant  les  seize  étaux  à  boucherie,  etc.  Le  trente- 
deuxième  (L.  788),  (!es  documents  divers,  de  i3oi  à  i4oo,  parmi  lesquels  je  citerai  le  frag- 
ment d'un  relevé  fait,  en  1872,  des  cens  et  rentes  dus  à  l'abijaye  de  Saint-Germain  et  des 
pertes  éprouvées  par  elle  pendant  la  guerre  des  Anglais;  des  comptes  du  pitancier,  des  titres 
de  rentes,  des  actes  de  donations.  Le  trente-troisième  (L.  784),  des  titres  de  cens  et  rentes  du 
xv'  siècle  et  des  documents  relatifs  à  la  foire  Saint-Germain,  des  titres  de  procédure,  un  re- 
gistre des  revenus  du  cenier,  des  actes  de  donation,  etc.  Le  trente-quatrième  (L.  786),  la  con- 
cession du  droit  de  conférer  aux  chapelles  de  l'église  Saint-André-des-Arts,  des  sentences, 
baux,  reconnaissances  de  cens  et  rentes,  les  recettes  du  pitancier  en  1/112,  les  titres  d'établis- 
sement des  foires  Saint-Germain.  Le  trente-cinquième  (L.  786),  des  ordonnances,  arrêts  et 
autres  pièces  confirmatives  du  droit  de  tenir  la  foire  Saint-Germain;  des  pièces  concernant  la 
croix  de  Vaugirard  et  l'ile  aux  Dames.  Le  trente-sixième  (L.  787),  des  baux  à  cens  et  rentes, 
des  litres  de  procédure,  un  rôle  des  recettes  des  cens  et  rentes  du  pitancier  à  Paris,  Villeneuve- 
Saint-Georges,  en  i/ii5;  des  documents  touchant  les  biens  à  la  pitancerie.  Le  trente-septième 
(L.  788),  des  pièces  sur  Choisy,  un  contredit  pour  Pierre  de  Lesciat,  maître  des  requêtes  de 
l'hôtel,  à  rencontre  de  l'abbé  de  Saint-Germain-des-Prés,  au  sujet  de  la  mouvance  prétendue 
sur  une  maison  sise  à  Choisy;  des  litres  de  procédure  contre  des  particuliers  qui  voulaient  éri- 
ger un  pressoir  à  Choisy;  des  contrats  de  ventes  de  maisons  sises  à  Paris.  Le  trente-huitième 
(L.  789),  des  documents  relatifs  au  droit  de  pêche  dans  la  Seine  et  à  Vaugirard;  un  registre 
des  cens  et  rentes  dus  à  l'oflice  du  cuisinier  de  l'abbaye  sur  les  îles  et  saulsayes  de  la  Seine  de- 
puis les  ponts  de  Paris  jusqu'au  pont  de  Sèvres;  un  état  des  redevances  de  maisons  de  Meu- 
don,  un  rôle  des  recettes  du  pitancier.  Le  trente-neuvième  (L.  790),  des  rouleaux  renfermant 
des  copies  de  titres  de  propriété;  un  rouleau  des  années  i553  et  suivantes,  contenant  qua- 
rante-six pièces  de  reconnaissance  des  prévôt  et  échevins  de  Paris,  des  deniers  qu'ils  ont  tou- 
chés des  cens  et  rentes  dus  à  l'abbaye  de  Saint-Germain;  un  recueil  de  pièces  relatives  à  la  clô- 
ture de  sept  arpents  de  terre  que  les  religieux  voulaient  joindre  à  la  muraille  de  l'abbaye,  en 
jSia.  Le  quarantième  (L.  791),  des  baux,  titres  nouvels  et  contrats,  et  quelques  pièces  rela- 
tives à  la  maladrerie  de  Saint-Germain-des-Prés.  Le  quarante  et  unième  (L.  792),  des  docu- 
ments relatifs  au  Pré-Crotté,  à  des  terres  à  Grenelle;  un  rarlulairc  renfermant  des  notices  sur 


390  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

quelques  rois  de  France,  une  liste  d'abbés,  des  pièces  curieuses  sur  Issy,  des  actes  de  vente  et 
d'achat,  un  acte  d'autorisation  de  clôture.  Le  quarante-deuxième  (L.  798),  des  baux,  actes  de 
vente  et  d'aclial,  des  titres  divers,  etc.  Le  quarante-troisième  (L.  79/1),  des  titres  de  propriété, 
des  baux  de  pièces  de  terres  situées  près  le  Sanitat,  des  sentences  et  arrêts,  une  enquête 
faite  en  1619,  à  Fonlenay-aux-Roses  et  à  Chàlilion ,  au  sujet  de  difficultés  mues  entre  l'abbaye 
de  Saint-Germain-des-Prés  et  l'Université  pour  la  dîme  du  curé.  Le  quarante-quatrième 
(L.  795),  des  baux,  reconnaissances  de  cens  et  rentes,  actes  d'acquisitions  et  de  ventes,  un  re- 
gistre des  comptes  de  frère  Jean  de  Muys,  pitancier  de  Saint-Germain,  en  i489.  Le  quarante- 
cinquième  (L.  796),  des  baux  et  titres  de  propriété.  Le  quarante-sixième  (L.  797),  des  titres 
de  propriété,  un  arpentage  de  plusieurs  îles  de  la  Seine  en  i53o.  Le  quarante-septième 
(L.  798),  des  baux,  des  titres  de  procédure,  un  extrait  du  collège  des  Quatre-Xations  avec  la 
succession  Mazarin,  vers  1676  et  années  suivantes,  auquel  se  trouve  joint  un  [)lan  des  fossés 
et  murs  faits,  en  1 356,  du  côté  de  Saint-Germain-des-Prés;  des  titres  nouvels,  un  dossier  de 
pièces  de  1629  à  i563,  relatif  à  des  terrains  situés  sur  les  chemins  de  la  Vieille-Thuillerie  et 
de  Sèvres,  autrement  rue  de  la  Maladrerie;  des  pièces  concernant  le  Pré-aux-Clercs.  Le  qua- 
rante huitième  (L.  799) >  des  documents  relatifs  aux  boucheries,  des  contrats  de  rente,  baux, 
conventions;  des  procès-verbaux  de  bornage, entre  Saint-Germain-des-Prés  et  Sainte-Geneviève, 
en  1691,  de  leurs  territoires  d'Issy  et  de  Vaugirard;  une  vente  de  terrains  proche  les  Inva- 
lides, l'acte  de  prise  de  possession  de  l'abbaye  par  le  cardinal  de  Furstemberg,  un  inventaire 
des  titres  des  cens  dus  dans  le  faubourg  Saint-Germain,  des  pièces  relatives  au  droit  de  justice 
de  l'abbé  dans  l'enclos  de  l'abbaye  (1675-1693),  des  sentences  et  autres  pièces.  Le  quarante- 
neuvième  (L.  800),  des  pièces  relatives  à  la  topographie  du  bourg  Saint-Germain,  des  procès- 
verbaux  de  bornage,  un  mémoire  pour  les  officiers  et  fermiers  du  domaine,  des  papiers  rela- 
tifs à  une  contestation  élevée  au  sujet  de  la  mitoyenneté  d'un  mur  de  la  cour  de  l'abbaye 
attenant  à  un  mur  d'une  dame  Prévost  (1786);  des  mémoires,  lettres;  un  dossier  de  pièces  qui 
concernent  la  chapelle  du  Gros-Caillou,  des  papiers  relatifs  à  la  permission  accordée  à  M.  dfi 
Chamousset  de  faire  construire  deux  ponts  volants  sur  la  Seine,  un  mesurage  des  maisons, 
lieux  et  héritages  dépendant  de  la  seigneurie  de  Saint-Germain-des-Prés,  le  ai  juin  1701;  un 
mémoire  au  sujet  de  la  prison  de  Saint-Germain-des-Prés;  un  rôle  de  l'année  i5oo,  contenant 
les  cens  et  rentes  dus  à  l'abbaye;  un  plan  parliculier  du  grand  et  petit  Luxembourg  et  du  clos 
des  Chartreux,  une  pièce  concernant  le  four  banal  de  Gibart.  Le  cinquantième  (L.  80 1),  des 
titres  de  cens  et  renies,  des  titres  de  propriété  des  Incurables,  un  état  des  maisons  appartenant 
à  l'Hôtel-Dieu,  situées  dans  le  faubourg  Saint-Germain;  des  renseignemenis  sur  le  domaine, 
des  aveux  et  déclarations,  des  pièces  concernant  la  prévôté  d'Antony,  un  rôle  des  recettes  du 
pitancier  en  1873,  des  titres  nouvels  concernant  l'Hôtel-Dieu,  des  titres  de  procédure,  elc.  Le 
cinquante  et  unième  (L.  802),  des  pièces  concernant  des  droits  divers,  une  sentence  arbitrale 
de  janvier  1210,  au  sujet  des  différends  qui  existaient  entre  l'évêque  de  Paris  et  le  curé  de 
Saint-Séverin,  d'une  part,  et  fabbaye  do  Saint-Germain  et  le  curé  de  Saint-Sulpice,  de  l'autre, 
au  sujet  des  limites  du  territoire  de  lu  juridiction  sj)irituelle  respective  des  parties;  une  liasse 
de  parchemins  de  1 29 1  à  1  ^199 ,  relative  aux  droits  de  l'abbaye  de  Saint-Germain  sur  des  terres, 
maisons,  etc.,  situées  dans  la  oensive  de  l'abbaye;  des  titres  de  propriété,  des  plans;  un  titre 
du  xu'  siècle,  relatif  au  prieur  de  l'abbaye;  les  pièces  d'un  procès  entre  le  prévôt  des  marchands 
et  l'abbaye,  de  1^90  à  169^;  un  registre  de  l'étal  des  vignes  d'Issy  et  Vaugirard  en  ii32,  un 
cueilleret  de  Vaugirard  en  i36o  et  1877;  des  plans,  des  pièces  concernant  l'île  Maquorelle: 
une  sentence  sur  requête  du  18  février  1670,  portant  permission  de  montrer  un  tabernacle 
surélevé  du  temple  de  Salomon  à  la  foire  Saint-Germain;  des  pièces  relatives  à  la  foire  Sainl- 
Germain.  Le  cinquante  deuxième  carton  (L.  8o3),  quinze  pièces  relatives  aux  contestations  et 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  391 

accords  entre  l'Université  de  Paris  et  l'abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés,  au  sujet  du  Pré-aux- 
Cleres  (1279-1560);  des  titres  de  ventes,  acquisitions  de  rentes,  dons  et  achats,  recettes  des 
Iles  et  saulsayes  de  1^99  à  i52i,  plans  de  terrains,  pièces  relatives  à  la  boucherie.  Le  cin- 
quante-troisième (L.  Soi),  recueil  de  chartes  diverses,  quittances  d'annates  et  délais  accordés 
pour  le  payement  des  annates  exigées  par  la  cour  romaine  des  abbés  et  monastère  de  Saint- 
Germain-des-Prés  :  r Elles  contiennent,  dit  Dom  Poirier  dans  une  note  écrite  de  sa  mam  sur  la 
réouverture  de  la  liasse,  les  preuves  des  exactions  que  le  Sacré-Collége  d'Avignon  exerçait  sur 
ffles  églises  de  France  aux  xiv'  et  xv'  siècles;»  des  titres  de  propriété,  amortissements;  plu- 
sieurs collations  du  prieuré  général  des  moines  noirs,  étudiants  dans  l'Université  de  Paris,  par 
les  abbés  de  Saint-Germain-des-Prés  et  de  Saint-Denis  alternativement;  uneliasse  de  titres  ori- 
ginaux, de  1954  à  1539,  concernant  les  droits  de  l'abbaye  de  Saint-Germain  sur  des  maisons 
et  terrains  à  Paris;  une  liasse  de  huit  pièces  relatives  à  l'hôtel  des  Trois-Élaux,  en  la  censive  de 
l'abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés,  de  i368  à  1509.  ^e  cinquante-quatrième  (L.  8o5),  des 
arrêts  de  la  chambre  des  comptes  qui  ordonnent  la  tenue  de  la  foire  Saint-Germain,  par  pro- 
vision, nonobstant  l'opposition  formée  par  le  procureur  du  roi  (ligi-iSGS);  des  pièces  des 
xii',  xni*  et  xiv'  siècles,  qui  sont  fondations  d'anniversaires,  titres  de  cens  et  rentes,  titres  de 
propriété,  échanges,  pièces  relatives  aux  étaux  de  boucherie.  Le  cinquante-cinquième  (L.  806). 
des  baux  à  cens,  quittances,  pièces  concernant  plusieurs  maisons  sises  à  Paris,  rue  Poupée 
(1 388-1  i86),  achetées  par  Simon  Cramault,  évêquo  de  Poitiers;  sept  chartes,  attachées  en- 
semble, des  années  i263,  1998,  iSga,  iSgS,  i32o  et  iio2,qui  sont  :  1°  une  lettre  de 
Thibault,  roi  de  Navarre,  par  laquelle  il  déclare  avoir  acquis  en  toute  propriété  une  maison 
sise  dans  la  rue  par  laquelle  on  va  à  l'abbaye;  a"  une  lettre  du  roi  Philippe  le  Bel,  qui  donne  à 
vie  à  la  reine  Marie,  femme  de  Philip])e  le  Hardi,  une  maison  et  dépendances  (|u'il  possédait 
par  saisie  sur  Gui,  comte  de  Flandre,  pour  cause  de  rébellion;  3°  un  vidimus  de  reconnais- 
sance par  la  reine  Jeanne,  femme  de  Charles  le  Bel,  de  rentes  envers  l'abbaye  de  Saint-Ger- 
main; U°  un  vidimus  des  lettres  de  Philippe  le  Bel  ci-dessus  indiquées,  d'une  lettre  de  Robert, 
comte  de  Flandre,  datée  de  Paris,  au  mois  de  mai  1809,  par  laquelle  il  donne  à  la  reine 
Marie  la  maison  du  Corbillier,  autrement  dite  ck  Flandres,  et  d'une  lettre  de  Philippe  le  Long, 
qui  conOrme  la  donation  faite  à  la  reine  Marie;  5°  les  lettres  de  Charles  V,  régent  du  royaume, 
par  lesquelles  il  confirme  le  don  fait  à  la  reine  Jeanne,  par  Charles  le  Bel,  des  hôtels  de  Na- 
varre et  de  Reims;  6°  un  vidimus  de  la  reconnaissance  de  Louis,  duc  d'Orléans,  touchant  la 
rente  due  à  l'abbaye  de  Saint-Germain  sur  la  maison  dite  le  Séjour  d'Orléans,  autrement  l'hôtel 
de  Navarre,  et  d'une  ordonnance  de  Jean  le  Flament,  intendant  dudit  duc,  pour  faire  payer  les 
arrérages  dus  de  cette  rente.  Le  cinquante-sixième  (L.  807),  des  contrats,  des  baux,  des  titres 
de  donations,  etc.  Le  cinquante-septième  (L.  808),  un  recueil  d'actes  contenant  l'élection  de 
plusieurs  abbés  de  Saint-Germain  de  i255  à  i464,  significations,  remontrances,  lettres 
royaux,  délégations,  etc.;  recueil  de  pièces  du  xvm"  siècle,  relatives  à  la  foire  Saint-Germain; 
titres  relatifs  aux  droits  seigneuriaux  exercés  par  l'abbaye  dans  le  faubourg  (i3o5-i525); 
lettres  d'amortissement,  titres  de  propriété,  baux,  etc.  Le  cinquante-huitième  (L.  809),  des 
baux  à  cens,  quelques  notes  sur  les  offices  claustraux  d'armorier,  de  chambrier,  infirmier,  au- 
mônier; des  pièces  relatives  aux  boucheries,  au  droit  de  batelage  de  Sèvres  à  Paris  et  de  Paris 
à  Sèvres,  et  l'établissement  d'une  gaillotte  à  voiles,  et  tirée  par  des  chevaux,  pour  le  service 
public  (1681-1707);  anciennes  notices  latines  du  charfrier  de  l'abbaye,  arrêts  du  Conseil. 
noies,  mémoires,  plans  et  autres  pièces  relatives  à  la  foire  Saint-Germain. 
H  y  a  dans  la  section  historique  i39  registres  (LL.  loai  à  LL.  11 55)  : 
Le  premier  registre  (LL.  1026)  est  un  cartulaire  du  xii' siècle;  le  deuxième  (LL.  io25). 
un  cartulaire  de  1 1  38  à  1971  ;  le  troisième  (LL.  1026),  le  cartulaire  Guillaume,  du  xiv"  siècle; 


392  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

le  quatrième  (LL.  1097),  le  cartulaire  A.  de  1174  a  i3o/i;  le  cinquième  (LL.  1028),  un  car- 
tulaire  du  xv'  siècle;  le  sixième  (LL.  1029),  un  cartulaire  du  xiv°  siècle,  dit  le  petit  registre; 
le  septième  (LL.  io3o),  un  recueil  de  baux  de  1 454;  le  huitième  (LL.  io3i),  un  cartulaire  de 
Saint-Germain-des-Prés ,  en  i466;  le  neuvième  (LL.  io32),  un  cartulaire  de  1492  à  1529; 
le  dixième  (LL.  io33),  un  censier  du  bourg  Saint-Germain,  de  i355  à  i365;  le  onzième  (LL. 
io34),  un  cartulaire  du  xv' siècle;  le  douzième  (LL,  io35),  un  cartulaire  de  Paris  au  xiv' siècle; 
le  treizième  (LL.  io36),  un  recueil  de  saisines  de  1393  à  1407;  le  quatorzième  (LL.  1087), 
un  registre d'ensaisinements  de  1392  à  i4i9;le  quinzième  (LL.  io38),  un  cartulaire  de  i644 
à  1669;  le  seizième  (LL.  1039),  des  baux  de  i648  à  1669;  le  dix-septième  (LL.  io4o),  un 
cartulaire  d'Antony,  de  i248  à  1029;  le  dix-huitième  (LL.  io4i),  un  cartulaire  de  Suresnes, 
de  1070  à  1696;  le  dix-neuvième  (LL.  io49),  un  cartulaire  de  Suresnes  et  Taverny,  de  918 
à  i7i3;  le  vingtième  (LL.  io43),  un  cartulaire  de  Valenton  et  Chàtillon,  de  819  a  1716;  les 
vingt  et  unième  et  vingt-deuxième  (LL.  io44,  io45),  un  cartulaire  d'Avranville,  de  1070  a  1740; 
le  vingt-troisième  (LL.  io46),  un  cartulaire  de  Cachant,  de  126.5  à  1726;  les  vingt-quatrième 
et  vingt-cinquième  (LL.  1047,  io48),  un  cartulaire  d'Antony  et  Verrières;  les  vingt-sixième  et 
suivants  (LL.  1049-1062),  un  cartulaire  d'Issy  et  Vaugirard,  de  558  à  1 607;  le  trentième  (LL. 
io53),  un  terrier  d'Antony  et  Verrières,  de  i5o3  à  1607;  le  trente  et  unième  (LL.  io54),  un 
recueil  de  dîmes  et  pressurages  en  i53o;  le  trente-deuxième  (LL.  io55),  un  recueil  de  titres 
concernant  Avrainville,  de  i2o5  à  1299;  le  trente-troisième  (LL.  io56),  un  recueil  de  titres 
concernant  Bagneux,  de  1100  à  i4oo;  le  trente-quatrième  (LL.  1067),  un  cartulaire  de  Ba- 
gneux,  en  1469;  le  trente-cinquième  (LL.  2o58),  un  cartulaire  de  Bagneux  et  Avrainville,  de 
1621  à  i63o;  le  trente-sixième  (LL.  loBg) ,  un  cartulaire  de  Breuil,  dei462à  1691;  le  trente- 
septième  (LL.  1060),  un  censier  de  Cachant,  de  1263  à  1289;  le  trente-huitième  (LL.  1061). 
un  cartulaire  de  la  Celle  et  Suresnes,  du  ix'  au  xvi"  siècle;  le  trente-neuvième  (LL.  1062),  un 
censier  de  Dammartin,  en  i4o6;  le  quarantième  (LL.  10 63),  un  registre  de  recettes,  de  1617 
à  1619;  le  quarante  et  unième  (LL.  io64),  un  cartulaire  d'Émans,  de  1906  à  i355;  le  qua- 
rante-deuxième (LL.  io65),  un  censier  d'Emans,  de  1399  à  i4oo;  le  quarante-troisième  (LL. 
1066),  un  terrier  d'Emans ,  en  1 458;  le  quarante-quatrième  (LL.  1067),  un  registre  de  comptes 
d'Emans  en  i488;  le  quarante-cinquième  (LL.  1068),  un  cartulaire  de  Fontenay  et  Chàtillon,  en 
i55i  ;  le  quarante-sixième  (LL.  1069), un  cartulaire  deGrenelle,  de  1489  à  i5i9;  le  quarante- 
septième  (LL.  1070) ,  un  recueil  de  baux  de  Vaugirard  et  d'Issy,  de  1 2 1 1  à  1 53o;  le  quarante- 
huitième  (LL.  1071  ),  un  cueilleret  de  Vaugirard,  de  i325  à  i338;  le  quarante-neuvième  (LL. 
1072),  un  registre  de  comptes  d'Issy,  dei485à  1 486;  le  cinquantième  (LL.  1073), un  censier 
d'Issy,  de  i332  à  i  338;  les  cinquante  et  unième  et  cinquante-deuxième  (LL.  1074-1075),  deux 
cartulaires  d'Issy  et  de  Vaugirard  au  xvi°  siècle;  le  cinquante-troisième  (LL.  1076),  des  ensaisi- 
nements  concernant  Issy,  Vaugirard  et  Meudon,  de  i366  à  i374;  le  cinquante-quatrième  (LL. 
1077),  un  cartulaire  de  Paris  et  environs,  au  xiii* siècle;  le  einquanle-cinquième  (LL.  1078), 
un  cartulaire  de  Meudon,  de  1196  à  1628;  le  cinquante-sixième  (LL.  1079),  des  recettes  de 
Meudon, en  i485;  le  cinquante-septième  (LL.  1080),  un  terrier  de  Meudon ,  en  i5i8;le  cin- 
quante-huitième (LL.  1081  ),  un  cartulaire  de  Montchauvet,  en  i263;  les  cinquante-neuvième 
et  soixantième  (LL.  1082,  io83),  un  cartulaire  de  Nogent-1' Artaud ,  aux  xv'^  et  xvi' siècles;  le 
soixante  et  unième  (LL.  io84),  un  censier  de  Nogent-l'Artaud,  en  i4o2;  le  soixante-deuxième 
(LL.  io85),  une  enquête  contre  le  curé  de  Valenton,  en  i52o;  le  soixante-troisième  (LL. 
1086),  un  terrier  de  Villeneuve-Saint-Georges,  en  i33o;  le  soixante-quatrième  (LL.  1087), 
un  cartulaire  de  Villeneuve  et  de  Valenton,  en  1620;  le  soixante-cinquième  (LL.  1088),  un  re- 
gistre d'exploits  de  Villeneuve-Saint-Georges,  de  1371  à  i373;  le  soixante-sixième  (LL.  1089), 
un  registre  de  recettes  de  Villeneuve-Saint-Georges,  de  i382-i383;  le  soivanle-septième  (LL. 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  393 

1090),  un  censier  de  VHleneuve-Saint-Georges,  en  1 9  55;  le  soixante-huitième  (LL.  1091), 
un  cartulaire  du  bourg  Saint-Germain  aux  xiv'  et  xv»  siècles;  le  soixante-neuvième  (LL.  1099), 
un  cartulaire  de  Saint-Germain-lès-Couiily,  au  xvi«  siècle;  les  soixante-dixième  et  soixante  et 
onzième  (LL.  logS-iogZi),  un  cartulaire  de  la  rivière  de  Seine,  de  921  à  1599  et  de  i5io  à 
i53o;  le  soixante-douzième  (LL.  1095),  un  registre  des  cens  dus  au  trésorier  de  Saint-Ger- 
main, de  1933  à  1 498;  les  soixante-treizième  et  suivants  (LL.  1096-1 098),  un  cartulaire  de  la 
Trésorerie,  de  1269  à  1/180,  1969  à  1618  et  1969  à  1589;  le  soixante-seizième  (LL.  1099), 
un  registre  des  saisines  du  trésorier,  de  1871  à  1/179;  le  soixante-dix-septième  (LL.  1100),  un 
registre  des  ensaisinements  du  trésorier,  de  18933  1/189;  le  soixante-dix-huitième  (LL.  1101), 
un  registre  des  cens  et  rentes  du  trésorier,  de  1/181  à  1/195;  le  soixante-dix-neuvième  (LL. 
1109),  un  liber  pilanciarum  du  xiii"  au  xv=  siècle;  le  quatre-vingtième  (LL.  iio3),  un  re- 
gistre des  recettes  de  la  pitancerie  en  1879;  les  quatre-vingt-unième  et  suivants  (LL.  110/1- 
itia),  les  comptes  de  la  pitancerie,  de  1/118  à  i458,  1/198  à  1/196,  1/18/1  à  1/160,  1/169  à 
i463,  1/172  à  1/199,  '''75  a  1/180.  i/i83  à  1/18/1,  1509  à  i5i9;les  quatre-vingt-neuvième 
et  suivants  (LL.  1112  à  ii95),  les  comptes  de  l'abbaye,  de  1/187  *^  1^88,  1/199  à  1/19/1, 
1/195  à  1496,  i5o5  à  i5o6,  i5ii,  i5i/i  à  i5i6,  i59ià  i523,  i598  ài59/i,i599à 
i53o,  i539  à  i533,  j535  à  i536,  i538  à  1589,  i56i  à  i5/i9,  i5/i8  à  15/19;  les  cent  troi- 
sième et  suivants  (LL.  1126-1180),  un  cartulaire  de  la  mense  conventuelle  de  i63o  à  1667, 
en  5  volumes;  les  cent  huitième  et  suivants  (LL.  1181  à  1189)  sont  des  registres  concernant 
la  juridiction  spirituelle,  de  563  à  i65/i,  559  ^  1669,  569  à  1708,  laio  à  1706,  1698  à 
1687,  1687  à  i653  ,  16/10  à  i652,  i652à  1659;  le  cent  dix-seplième  (LL.  ii/io),  un  registre 
de  dépenses,  élections,  de  1699  à  1659;  le  cent  dix-huitième  (LL.  11/11),  un  registre  de  con- 
sécrations, ordinations,  de  i658  à  1785;  le  cent  dix-neuvième  (LL.  1 1/12),  un  recueil  d'actes 
de  possession,  de  16A0  à  i658;  le  cent  vingtième  (LL.  11/18),  un  registre  intitulé  Mense 
abbatiale,  de  1/118  à  1/127;  '*  *"^"*  vingt  et  unième  (LL.  1 1/1/1),  un  cartulaire  de  Paris  et  de 
l'Université  au  xiii' siècle;  les  cent-vingt  deuxième  et  suivants  (LL.  9i/i5-i  i5o),  un  inventaire 
général  des  titres;  le  cent  vingt-huitième  (LL.  ii5i),  un  inventaire  abrégé  de  16/19;  le  cent 
vingt-neuvième  (LL.  1 159),  un  inventaire  des  titresen  i688;lescent  trentième  et  cent  trente  et 
unième  (LL.  ii53-i  i5/i),  un  inventaire  abrégé;  le  cent  trente-deuxième  et  dernier  (LL.  1 155), 
un  inventaire  pour  le  cardinal  de  Tournon,  abbé  de  Saint-Germain. 

Dans  cette  même  section,  on  a  réuni  dans  des  cartons  de  la  série  K  des  pièces  provenant  de 
l'abbaye  de  Saint-Germain,  et  relatives  à  la  topographie  de  Paris.  On  trouvera  sous  les  cotes 
K.  178  toet  K.  181  des  copies  de  privilèges  accordés  à  Saint-Germain-des-Prés. 

La  section  administrative  renferme,  dans  la  série  S,  cent  quarante-deux  cartons  et  deux  cent 
trenle-(|uatre  registres  ou  portefeuilles;  dans  la  série  H,  dix-neuf  registres  ou  liasses. 

Le  premier  carton  (S.  288/1)  renferme  les  minutes  censuelles  des  déclarations  au  terrier  pour 
la  rue  des  Grands-Augustins,  la  rue  de  Savoie,  la  rue  de  l'Hirondelle,  la  rue  Pavée,  le  pont  Saint- 
iMichei,  la  rue  de  Hurepoix,  rue  Gilles-Cœur,  le  quai  des  Grands-Augustins,  des  fondations  de 
lits  aux  Incurables;  les  second  et  suivants  (S.  2835-9859),  les  minutes  des  déclarations  cen- 
suelles des  rues  Cristine,  Saint-André-des-Arcs,  Maçon,  Hautefeuille,  de  l'Eperon,  Dauphine, 
Contrescarpe,  d'Anjou  (S.  2885),  de  Nevers,  quai  Conti,  des  rues  Guénégaud,  Poupée,  Percée, 
Serpente,  des  Deux-Portes,  du  cimetière  Saint-André,  des  Poitevins,  du  Battoir,  Mignon,  du 
Jardinet,  du  cul-de-sac  de  la  cour  de  Rouen,  de  la  rue  du  Paon,  du  cul-de-sac  du  Paon,  des 
rues  de  la  Harpe,  des  Cordeliers,  des  Fossés-Monsieur-le-Prince  et  de  Touraine  (S.  2886), 
des  Fossés-Saint-Germain,  de  l'Observance,  des  Cordeliers,  Mazarine,  de  Seine,  du  quai  Ma- 
laquais,  du  quai  des  Quatre-Nations,  des  rues  des  Marais,  des  Petits  Augustins,  de  l'Echaudé, 
du  Colombier  (S.  9887),  dos  rues  Saint-Benoit,  Taranne,  du  Sépulcre,  de  la  petite  rue  Ta- 


394  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

ranne,  de  la  rue  du  Sabot  (S.  2888),  des  rues  des  Saints-Pères,  Saint-Guillaume,  de  Bussy, 
Bourbon-le-Chàtcau,  du  Petit-Marché,  des  Mauvais-Garçons  (S.  9889),  des  rues  de  la  Bou- 
cherie, du  Cœur- Volant  et  Sainte-Marguerite  (S.  98Ù0),  des  rues  des  Ciseaux,  de  lÉgout,  de 
la  Cour  du  Dragon,  de  la  rue  du  Four  et  du  Préau-de-la-Foire-Saint-Gerniain  (S.  9861),  des 
rues  Princesse,  Guisarde,  des  Cannettes  et  Neuve-Guillemin  (S.  s8Ui),  des  rues  du  Vieux-Co- 
lombier, des  Aveugles,  du  Petit-Bourbon,  du  Petit-Lion,  du  Brave,  des  Quatre-Vents,  du  cul- 
de-sac  des  Quatre-Vents,  du  (juai  des  Théatins,  du  quai  d'Orsay  ou  de  la  Grenouillère  (S.  98i3), 
des  rues  de  Bourbon,  de  Beaune,  de  l'Université,  de  Verneuil  (S.  fi8U!i),  de  l'hôtel  de  Lassay, 
(le  la  rue  de  l'Université,  du  Palais-Bourbon,  des  rues  du  Bac,  de  Poitiers,  de  Bourgogne,  de 
Saint-Dominique  et  du  Gros-Caillou  (S.  9845),  des  rues  des  Rosiers,  de  Grenelle,  de  la  Chaise, 
de  la  Planche,  de  Varennes,  Hillerin-Bertin,  de  Babylone,  Blomet  ou  Plumet  (S.  2866),  des 
rues  des  Brodeurs,  de  Sèvres,  du  Bac  et  de  Saint-Placide  (S.  98^7),  des  rues  du  Bac,  Sainl- 
Placide,  Saint-Maur,  Saint-Romain,  du  Cherche-Midi  et  des  Vieilles-Thuileries  (S.  98/18),  des 
rues  du  Petit-Vaugirard,  de  Bagneux,  du  Regard,  de  Vaugirard  et  de  Condé  (S.  98/19),  ^*^^ 
rues  de  Tournon,  de  Garancières,  Palatine,  des  Fossoyeurs,  du  Canivet  (S.  9800),  de  la  rue  Pé- 
rou, du  cul-de-sac  Férou,  des  rues  du  Pot-de-Fer,  du  Gindre,  Carpentier,  Mézières,  Honoré- 
ChevaUer,  Canette,  d'Enfer,  Notre-Dame-des-Champs,  du  cours  ou  repart  du  Midy  (S.  2861), 
du  chemin  du  bord  de  la  rivière  venant  des  Invalides,  de  la  lue  de  Javelle,  du  bas  de  la  rue  Saint- 
Dominique,  Saint-Jean,  Cornette,  Gros-Caillou  et  du  chemin  des  Invalides  (S.  2889);  le 
vingtième  carton  (S.  9853) ,  des  pièces  relatives  au  terrier  du  Gros-Caillou,  à  l'affaire  des  Ronsins 
pour  le  Gros-Caillou,  à  l'enclos  abbatial,  et  à  uu  terrier  d'emplacements  situés  près  des  In- 
valides; le  vingt  et  unième  (S.  986/4),  des  pièces  relatives  à  la  rue  de  Javelle,  au  bas  de  la 
rue  de  l'Université,  les  déclaralions  censuelies  du  chemin  de  la  Vierge,  du  bas  de  la  rue  Saint- 
Dominique,  du  bas  de  la  rue  de  Grenelle,  des  rues  Saint-Denis,  des  Marmousets,  de  la  Bûcherie, 
de  la  Colombe,  de  la  Huchetle,  des  Trois-Chandeliers,  du  Chat-qui-Perche;  le  vingt-deuxième 
(S.  2855)  contient  un  état  des  biens  acquis  par  le  roi  dans  la  censive  de  Saint-Germain,  des. 
pièces  relatives  aux  privilèges  des  étaux  à  boucherie,  aux  carrefours  de  la  Croix-Rouge  et  de 
Bussy,  etc.;  le  vingt- ti'oisième  (S.  2866) ,  des  pièces  relatives  au  Pré-aux- Clercs  et  au  palais  Bour- 
bon; le  vingt-quatrième  (S.  2867),  des  pièces  concernant  les  lots  et  ventes  dans  la  censive  de 
l'abbaye,  des  déclarations  des  rues  de  Bourbon,  Bellechasse,  etc.;  le  vingt-cinquième  (S.  9868), 
des  pièces  relatives  au  terrier  de  l'abbaye,  la  déclaration  de  1790;  les  vingt-sixième  et  suivants 
(S.  2869-9861),  des  minutes  de  déclarations  censuelies,  fournies  au  terrier  de  l'abbaye,  de  diffé- 
rentes maisons  sises  à  Paris,  de  1788  à  1788,  d'autres  déclaralions  fournies  par  des  propriétaires 
(les  rues  de  Sèvres,  Rousselet,  Traverse,  dite  ties  Champs,  et  d'Olivet;  le  vingt-neuvième  (S.  2869). 
des  baux  à  cens  et  rentes  et  autres  concessions,  des  papiers  relatifs  à  la  rue  de  Bourbon  et  à  la 
rue  des  Saints-Pères,  reconnaissances  à  cens  et  rentes;  h^s  trentième  et  trente  et  unième  (S.  9868- 
986/1),  des  anciens  baux  à  cens  et  rentes,  des  pièces  relatives  au  terrier  du  faubourg  Saint-Ger- 
main ,  au  terrier  du  Gros-Caillou;  le  trente-deuxième  (S.  9866),  des  pièces  relatives  à  l'aliénation 
des  places  dans  l'enclos  abbatial ,  des  procès-verbaux ,  devis ,  marchés  et  quittances  de  la  construc- 
tion des  bâtiments  du  palais  abbatial,  des  pièces  relatives  aux  maisons  de  l'enclos  abbatial,  au  pas- 
sage de  l'enclos,  au  rachat  des  boues  et  lanternes,  et  à  une  rente  due  pour  l'ouverture  d'une  maison 
de  la  rue  du  Colombier,  dite  l'hdlel  de  Lmjnes;  le  trente-quatrième  (S.  2866),  des  pièces  rela- 
tives à  des  maisons  situées  rue  de  Bussy,  des  Cannettes,  du  Vieux-Colombier  et  du  Four,  pro- 
venant des  religieuses  de  la  Miséricorde,  à  des  maisons  des  rues  Taranne,  du  Sépulcre  et  Sainte- 
Marguerite,  un  procès-verbal  de  l'inventaire  et  description  du  mobilier  de  l'abbaye,  en  1790; 
le  trente-cin(|uième  (S.  2867),  des  titres  de  propriété  et  baux  à  loyer  d'une  maison  rue  de 
Bussy,  et  de  terrains  au  lieu  dit  les  Buttes,  proche-  la  rivière  de  Seine;   le  lrente-cin(piième 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  395 

(S.  3868),  des  pièces  relatives  au  marché  Saint-Germain;  le  trente-sixième  (S.  2869),  des 
pièces  relatives  aux  boucheries  du  marche'  Saint-Germain  et  de  la  Croix-Rouge,  à  l'aliénation 
des  fossés  de  l'abbaye;  le  trente-septième  et  suivant  (S.  2870-2871),  des  pièces  relatives  à  la 
loire  Saint-Germain;  le  trente-neuvième  et  suivant  (S.  2872-2873),  des  pièces  relatives  au 
terrier  de  la  foire  Saint-Germain,  les  déclarations  censuelles  des  rues  de  la  Lingerie,  de  la  Nor- 
mandie, de  Rouen,  de  la  rue  de  la  Chaudronnerie,  de  la  rue  de  Picardie  ou  d'Amiens  et  de  la 
rue  de  Paris;  le  quarante  et  unième  (S.  287^)  contient  des  concessions  faites  par  la  VHle  à 
l'abbaye  de  plusieurs  parties  d'eau;  le  quarante-deuxième  (S.  2876),  les  titres  de  propriété  de 
maisons  acquises  des  religieuses  de  la  Miséricorde,  rue  des  Cannettes,  du  Vieux-(;olombier  et 
du  Four;  le  quarante-troisième  (S.  2876),  des  renseignements  sur  la  censive  des  religieux  sur 
les  maisons  situées  rues  Sainte-Marguerite,  Saint-Benoît  et  du  Colombier,  des  papiers  relatifs  au 
fief  de  l'Université,  un  cueilleret  de  maisons  dans  vingt-lrois  rues  et  quais,  des  arrêts  imprimés; 
les  quarante-quatrième  et  quarante-cinquième  (S.  2877-2878),  des  états  de  revenus  de  l'abbaye 
et  des  baux;  les  quarante-sixième  et  suivants  (S.  2879-2881),  les  baux  à  loyer  des  échoppes 
de  la  rue  Childeberl,  et  les  baux  des  boutiques  de  la  rue  Sainle-Marthe,  de  la  porte  Saint-Benoit, 
de  la  cour  du  palais  abbatial,  de  la  cour  du  Grand-Portail,  de  la  petite  rue  Sainte-Marguerite, 
de  la  rue  Childeberl;  le  quarante-neuvième  (S.  2882),  un  élat  des  maisons  de  la  cour  conven- 
tuelle en  1760,  des  baux  des  maisons  des  rues  de  Bussy,  Sainte-Marguerite  et  de  l'Hirondelle; 
le  cinquantième  (S.  2888),  les  baux  à  loyer  des  maisons  de  la  rue  du  Colombier,  des  titres  de 
propriété  de  deux  maisons  de  la  rue  du  Sépulcre,  et  un  accord  pour  des  murs  mitoyens  des  mai- 
sons de  la  rue  Sainte- Marguerite;  le  cinquante  et  unième  (S.  288/1),  des  titres  relatifs  au  moulin 
à  vent  d'Issy,  à  la  ferme  de  Cordoue,  à  Magni,  Auleuil,  Velaines,  la  tour  de  Fleury,  Valenton, 
Avrainville,  Épinay-sur-Orge,  Wissous,  Couilly,  Saint -Germain-sous  Couiliy,  Vilhuis,  Verrières, 
Blamecourt,  Thiverny,  près  Creil,  Saint-Marlin-de-Villers,  Sorbon,  Bailly-en-Brie,  Courtbomer, 
Avrainville,  Grandvillicrs,  Longuesse,  Fontenay-aux-Roses;  le  cinquante-deuxième  (S.  2885), 
des  pièces  relatives  aux  îles  et  atlcrrissements  de  la  Seine,  à  la  pêche  dans  cetle  rivière;  le  cin- 
quante-troisième (S.  2886),  à  la  rivière  de  Bièvre,  et  à  la  fontaine  du  Santé  à  Antony;  le  cin- 
quante-quatrième (S.  2887),  des  pièces  relatives  au  bornage  de  la  censive  de  Saint-Germain  el 
de  Sainte-Geneviève  en  1708  ;  le  cinquante-cinquième  (S.  2888),  des  papiers  relatifs  aux  amor- 
tissements des  aveux  et  dénombrements  du  26  janvier  i38/i;  le  cinquante-sixième  (S.  2889), 
des  documents  relatifs  aux  indemnités  dues  à  l'abbaye  pour  l'acquisition  des  biens  de  main- 
niorle,  et  des  papiers  relatifs  à  la  foire  Saint-Germain;  le  cinquante-s('|)tième  (S.  2890),  des 
déclaralions  fournies  au  terrier  d'Antony  de  1674  à  1716,  des  baux  et  des  titres  de  terres  sises 
à  Wissous,  Bourg-la-Reine,  Lay  et  Chevilly;  les  cinquante-huitième  et  suivants  (S.  2891-2969), 
des  documents  tels  ([ue  ventes,  échanges,  baux,  transactions,  aveux  et  dénombrements,  quit- 
tances, etc.,  concernant  les  bois  de  Verrières,  Chàtenay,  le  fief  Mignaux,  relevant  de  la  terre 
de  Verrières,  la  ferme  du  pont  d'Anloni  (S.  2892),  Antony  et  Verrières,  les  bois  de  Vaupereux 
(S.  2893),  Antony,  Amblainvilliers,  Wissous,  Verrières  (S.  289^),  la  tour  d'Antony,  les  mai- 
sons de  la  Bruide,"des  Bouleaux  et  des  Gatines  à  Antony,  Chàtenay  et  Berny,  érigées  en  fief  en 
faveur  du  chancelier  de  Silleiy  (S.  2895),  Antony  et  Verrières  (S.  2896),  Wissous,  Chàtenay 
(S.  2897-2899),  Avrainville  (S.  2900),  Avrainville,  Amblainvilliers  et  la  rivière  de  Bièvre 
(S.  2901),  Cachan  et  la  rivière  de  Bièvre  (S.  2902),  Archemont,  le  fief  des  Lauterniers 
(S.  2903),  Beny  et  Fresnes  (S.  2906-2907),  le  domaine  de  la  Folie  ou  Sainte-Placide,  vis-à- 
vis  Choisy,  Choisy,  file  aux  Vaches,  Thiais,  les  coches  de  Choisy  à  Paris  (S.  2908),  le  fief  de 
la  Fosse-aux-Chevaux,  à  Chantilly,  le  fief  de  Vaudotar,  Issy  et  Vaugirard  (S.  291 1),  Suresnes 
(S.  2912),  Suresnes,  Nanlerre,  Rueil,  Colombes  et  SaintCloud  (S.  291  3),  le  prieuré  de  Chaul- 
four  (S.  2916-2916),  Vernon  (S.  2917),  la  terre  de  la  Grange-du-Brcuil  (S.  2918-2920), 


396  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Igni,  les  seigneuries  du  Chenai  et  de  la  Selle  (S.  2991),  les  terres  de  Dammartin  et  de  Lagne 
(S.  2992-2993),  le  prieuré  de  la  Ferté-Aleps  (S.  292^),  la  terre  d'Ambiainvilliers,  Montéclin 
(S.  9925),  Magni,  Veianes-la-Ville,  Thiais  (S.  2996),  Guny,  Nucourt,  mouvant  de  Boucon- 
villiers  (S.  2927),  Blamecourt  (S.  2928),  les  fiefs  des  Tirans  et  de  Genneville,  le  fief  de  Ger- 
ville  (S.  9929),  la  terre  de  Hoden,  Charmont,  Hunecourt  (S.  2930-9932),  le  fief  de  Saint- 
Luc,  Velannes-le-Bois  (S.  9933),  Velannes-la-Ville  (S.  993/1),  le  prieuré  de  Magni,  la  terre 
de  Parai  et  le  fief  de  Malabry  (S.  2935),  Septeuil  et  Bois-Robert  (S.  9936-2937),  Longuesse 
(S.  9938),  la  chapelle  de  Notre-Dame-des-Halles,  située  dans  la  paroisse  du  Four,  le  prieuré 
de  Saint-Léger-aux-Bois  (S.  9939),  Valenton  (S.  29/10-99/11),  Villeneuve-Saint-Georges,  Mont- 
geron,  le  fief  de  Gaigni  (S.  99/19),  le  prieuré  d(^  Mont-Chauvet  (S.  99/13),  Tbiverny  (S.  99/1/1). 
Cordou,  Courthomer,  la  ferme  de  Paradis  (S.  29/15-29/19),  le  fief  du  Bois-Hébert,  la  terre 
(le  Fermeté,  Cordou,  Courthomer  (S.  2960),  terre  de  Cordou  et  seigneurie  de  la  Grange-Ble- 
neau,  fiefs  de  Luniigny,  de  Brunesson,  de  Champjard,  de  la  Couture,  les  fiefs  Villebert,  Tilly, 
la  Cave,  Basille,  mouvant  de  la  terre  de  Cordou  (S.  2962),  Cordou,  Fleury,  la  Fermeté-Grand- 
villiers,  la  Hoyeuse,  le  Cormier,  Courthomer,  etc.,  la  terre  de  Bagnaux  (S.  2953-2956).  la 
terre  de  Bagnaux  (S.  2957-2968),  Samoreau,  Pontville  (S.  2969),  Sainl-Germain-Laval, 
F"resnières  et  Égrefin  (S.  2969-2960),  Saint-Germain-sous-Couilly  et  ses  dépendances,  fief  de 
la  Couvée,  fief  de  Giresine,  l'Isle-Audry  et  le  prieuré  de  Notre-Dame-de-Bailly  (S.  9961-9963). 
la  seigneurie  de  Sainl-Germain-Laval,  le  fief  de  Vieux-Marolles,  le  prieuré  de  Marolles,  la  terre 
d'Emans  (S.  996/1-2965),  le  fief  de  Saint-Germain,  sis  à  Bouafle,  Crespières,  .Montéclin,  fief 
de  Villejuif,  dîmes  de  Sorbou,  prieuré  de  Saint-Blaise-de-Machecoul,  la  seigneurie  d'Aussogne, 
au  pays  de  Liège,  le  prieuré  d'Arnicourt  (S.  9966),  les  terres  de  Jonsac  et  de  Clam  (S.  2967), 
le  prieuré  de  Saint-Patern,  de  Tournai  (Orne),  Fontenay,  Avrainville  (S.  2968),  le  prieuré 
de  Nainlré,  près  Chàtellcrault  (S.  2969);  le  cent  trente-septième  (S.  2970)  renferme  le  con- 
trat d'acquisition  d'un  lief  que  l'abbaye  de  Lagny  avait  à  Vanves,  les  papiers  concernant  l'ac- 
qulsilion  ([ue  les  religieux  avaient  faite  du  collège  de  Bourgogne,  rue  des  Cordeliers,  pour  l'école, 
de  chirurgie,  des  déclarations,  arrêts  et  règlements,  des  pièces  concernant  Thiais,  Chauldry, 
Nogent-l'Artaud;  les  cent  trenle-huilième  et  suivants  (S.  2971-2975)  comprennent  les  rensei- 
gnements généraux  et  des  titres  de  rentes. 

Le  premier  registre  de  la  section  administrative  (S.  2976)  renferme  des  aveux,  déclarations 
et  amortissements  de  biens;  le  second  (S.  9977),  des  cahiers  d'inventaires  des  titres;  le  troi- 
sième (S.  2978),  des  fragments  d'inventaires  des  titres;  les  quatrième  et  suivants  (S.  2979- 
9982),  des  inventaires  des  titres  généraux;  les  sixième  et  suivants  (S.  9981-9996),  des  inventaires 
des  litres  de  la  Mense  abbatiale  (S.  9981-298/1),  d'Antony,  Cordou  et  Coudray  (S.  9985), 
de  Gerville  el  dépendances  (S.  2986),  d'Hodène  (S.  9987-9988),  de  Larcheraont  et  des  fiefs 
des  Lanternes  (S.  2989),  de  Magiiy  et  de  ses  dépendances  (S.  9930-2992),  de  Magnitot,  ha- 
meau de  la  paroisse  de  Saint-Gervais  (S.  9993),  de  encourt  et  des  fiefs  de  Ragot  et  des  Moulins 
(S.  999/1),  du  fief  de  Saint-Clair  à  Romenil  (S.  2996),  des  fiefs  de  Velanne  et  le  Roet,  dans 
la  paroisse  de  Magiiy  (S.  2996);  le  vingt-deuxième  (S.  2997),  des  pièces  relatives  à  l'acquisitio:: 
du  général  Parlait,  à  Suresnes;  le  vingt-troisième  (S.  9998),  une  minute  des  contrats  d'actpii- 
sition  et  à  changer  par  M.  le  Prévost  à  Issy,  Vanves,  etc.;  le  vingt-quatrième  (S.  9999),  un  in- 
ventaire des  titres  de  Thiais  en  1760;  les  vingt-cinquième  et  suivants  (S.  3ooo-3oo9),  trois  re- 
gistres du  labellionage  de  Thiais,  de  i58/i  à  1679;  le  vingt-neuvième  (S.  3oo/i),  un  journal 
des  pièces  extraites  du  charlrier  el  récépissés;  les  trentième  el  suivant  (S.  3oo5-3oo6)  sont 
des  portefeuilles  qui  contiennent  quatre  registres  d'ensaisinemenls  de  i/i63  à  i56/i  (S.  3oo5), 
quatre  registres  de  1/19/1  à  i533  (S.  3oo6),  quatre  registres  de  i535  à  1668;  les  trente-troi- 
sième et  suivants  (S.  3oo8-3oi6), 'des  registres  d'ensaisinemenls  de  166/1  à  1753;  le  qua- 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  397 

rante-deuxième  (S.  8017),  un  registre  des  ventes  dans  l'étendue  de  la  seigneurie  de  Saint- 
Germain  en  1753;  le  quarante-troisième  (S.  3oi8),  un  recueil  d'ensaisinements  de  1773 
à  1786;  le  quarante-quatrième  (S.  8019),  un  portefeuille  renfermant  quatre  registres  d'en- 
saisinements d'Antony  et  Verrières  de  1572  à  1657;  'es  quarante -cinquième  et  suivants 
(S.  3oQO-3oaQ),  des  registres  d'Antony  et  de  Verrières  de  1667  à  1786;  les  quarante-huitième 
et  suivant  (S.  3o93-3o94),  des  ensaisinements  d'Avrainville  de  1668  à  1789;  les  cinquantième 
et  suivants  (S.  3oa5-3o28),  des  ensaisinements  de  Cachant  de  1689  à  1771  et  de  1774  à  1790; 
les  cinquante-quatrième  et  suivants  (S.  3o99-3o39),  des  registres  de  Cordou,  Courthomer  et 
dépendances,  de  16/10  à  1786;  les  cinquante-huitième  et  suivants  (S.  3o33-3o38),  un  por- 
tefeuille renfermant  des  registres  d'ensaisinements  d'Issy,  Vaugirard,  etc.,  de  1/109  *•  iS^g, 
de  i5/i5  à  1689  et  de  1667  à  1788;  le  soixante-quatrième  (S.  3089)  est  un  ensaisinement 
de  la  seigneurie  de  Saint-Cermain-sous-Couilly  et  dépendances;  le  soixante-cinquième  (S.  3o/io) 
est  un  autre  registre  de  la  même  seigneurie  de  1777  à  1789;  les  soixante-sixième  et  suivants 
(S.  3o/ii-3o/i/i),  renfermant  les  ensaisinements  de  Magny  de  176/1  à  1789  (S.  3o/ii),  de  Su- 
rènes  de  1780  à  1790  (S.  3o/i9),  de  Thiais  de  i63i  à  1763,  de  Valenlon  de  1689  à  1789 
(S.  3o/i4);  les  soixante-dixième  et  suivants  (S.  3o/i5-3o5i)  renferment  les  états  des  revenus 
de  la  Mense  conventuelle  de  1760  à  1790;  le  soixante-dix-seplième  (S.  3o59),  un  état  des 
revenus  de  Paris  en  17/18;  le  soixante-dix-huitième  (S.  3o53),  un  sommier  de  la  recette  géné- 
rale du  temporel;  le  soixante-dix-neuvième  (S.  3o5/i)  est  un  censier  général;  le  quatre-vingtième 
(S.  3o55)  est  un  portefeuille  qui  renferme  quatre  censiers,  de  i53i  à  i5/i/i,-  les  quatre-vingt- 
unième  et  suivants  (S.  3o56-3o8/i)  sont  des  censiers  de  17/1/1  à  17/16  (S.  3o56-3o57), 
des  cueitlerets  de  1  593  à  1790  (S.  3o58-3o6/i),  de  1785  (S.  3o65-;io66),  un  cueilleret  des 
loges  de  la  foire  Saint-Germain  en  1760  (S.  8067),  des  cueillerets  d'Antony  et  Verrières 
de  1678  à  1777,  de  1766  à  1788  (S.  3o68  à  8071),  un  cueilleret  d'Avrainville  de  1/186 
à  i/igi  (S.  8079),  deux  censiers  de  Cachant  (S.  3078-807/1),  des  anciens  cueillerets  de  Cour- 
thomer de  i56/i  à  i65i  (S.  8075),  un  censier  de  Cordou  et  de  ses  dépendances  (S.  8076), 
un  censier  de  Kresnes-lès-Mungis  en  i5/i5  (S.  8077),  deux  anciens  cueillerets  d'Issy  et  de  Vau- 
girard (S.  8078),  un  cueilleret  d'Issy  et  de  Vaugirard  de  17/18  à  177/1  (S.  8079),  un  cueilleret 
de  Nueourt  (S.  3o8o),  un  cueilleret  de  Septeuil  (S.  3o8i),  un  cueilleret  de  Suresnes  (S.  8089), 
deux  censiers  de  Thiais  de  1871  à  1895  (S.  8089  bis  et  8089  ter),  un  cueilleret  du  fief  des 
Tournelles  en  1770  (S.  8o83),  des  cueillerets  de  Villeneuve-Saint-Georges  et  de  Valenton 
(S.  3o8/i);  le  cent  dixième  (S.  3o85)  est  un  procès-verhal  de  la  lixalion  de  la  directe  du  roi 
dans  le  fauhourg  Saint-Germain;  les  cent  onzième  et  suivants  (S.  8086-8095)  sont  des  por- 
tefeuilles renfermant  trois  anciens  arpentages  de  la  seigneurie  de  Sainl-Germain  (S.  3o86),  un 
arpentage  d'Antony  et  Verrières  (S.  8087),  un  arpentage  d'Avrainville  (S.  8088),  un  relevé  du 
plan  de  Cheptainville  (S.  8089),  un  arpentage  de  Courthomer  (S.  8090),  les  plans  et  arpen- 
tage du  lief  de  Tourvois  et  de  ta  ferme  de  Cottenville  à  Fresnes  (S.  8091),  une  légende  du  plan 
de  Saint-Geiniain-lès-Coiiilly  (S.  8099),  un  arpentage  d'Issy  et  de  Vaugirard  (S.  8098),  un 
dén<mihrement  de  la  seigneurie  d'Issy  en  17/19  (809/1),  des  arpentages,  plans  et  relevés  des 
plans  de  Thiverny  et  dépendances  (S.  8096);  les  cent  vingt  et  unième  et  suivants  (S.  8096- 
3909)  sont  des  registres  des  déclarations  faites  par  différents  censitaires  de  Paris  en  1668 
et  166/1  (S.  8096),  quatre  volumes  de  déclarations  d'Antony  et  Verrières  de  i53o  à  1678 
(S.  8097-8100),  cini|  terriers  d'Antony  et  Verrières  de  15/19  ■'  *^'^^  i^-  ^^^ol-^^ioh),  un 
terrier  d'Antony  indicatif  des  numéros  du  plan  (S.  8106),  un  terrier  de  Verrières  de  176/1 
à  1783  (S.  8107),  des  déclarations  d'Avrainville  de  1600  à  166/1  (S.  8108),  un  extrait  gé- 
néral des  déclarations  passées  au  terrier  de  1769  (S.  8109),  sept  terriers  d'Avrainville  de  i5/io 
à  1769     S.    8110-8116),  quatre   registres   des  déclarations  de  Bagnaux  de   i599   à  1679 


398  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

(S.  3117),  quatre  terriers  de  Ragnaux  de  1022  à  i58o  (S.  3ii8-3i2i),  trois  terriers  de  Rla- 
inecourtet  un  terrier  de  Rlamecourl  et  Nucourt  de  iSgS  à  1763  (S.  3i92-3i25),  trois  extraits 
de  lerriers  de  Cachant  de  1576  et  de  1681  à  1 684  (S.  3 126),  trois  terriers  de  Cachant  de  1682 
à  1778  (S.  3127-3129),  cinq  anciens  terriers  de  fiefs  dépendants  de  Cordoue  et  de  Coiirlhomei 
(S.  3i3o),  cinq  terriers  de  Cordou,  Courthomer  ut  dépendances  de  1^93  et  i585  (S.  3i3i- 
3i35),  trois  terriers  des  mêmes  lieux  de  i632  et  17/12  (S.  3i36-3i38),  deux  procès-verbaux 
d'arpentage  concordant  avec  les  terriers  de  1762  (S.  3i39-3i4o),  un  arpentage  et  des  plans 
de  Cordou  et  de  Courlhomer  en  17/10  (S.  3 1/11),  cinq  registres  de  déclarations  des  censitaires 
de  Dammartin  de  i5o5  à  i663  (S.  3i/i2-3i/i8),  deux  terriers  de  Danimarlin  et  Lognes  de  1735 
à  176/1  (S.  31/17-3 1/18),  quatre  registres  terriers  d'Émans  et  Espie/,  de  i5i5  à  1628  (S.  3 1/19), 
deux  lerriers  du  prieuré  de  la  Ferté-Alep  de  i535  et  i685  (S.  3i5o-3i5i),  un  terrier  de  l.i 
seigneurie  de  Fresnes  en  1699  (S.  3i52),  deux  terriers  du  fiel' des  Tyrans,  sis  à  Genainvilie, 
de  1698  et  1626  (S.  3i53-3i5/i),  deux  terriers  de  la  seigneurie  d'Hoden  de  i563  et  i635 
(S.  3i55),  un  terrier  d'Hoden  de  17/12  (S.  3i56),  sept  terriers  de  la  seigneurie  de  Saint-Ger- 
main-sous-Couilly  de  i5/i8  à  1727  (S.  3i 67-31 63),  trois  anciens  terriers  de  la  seigneurie 
de  Saint-Germain-Laval  (S.  3i6/i),  quatre  terriers  de  la  même  seigneurie  de  i5oo  à  1627 
(S.  3i65),  des  déclarations  au  terrier  d'Issy  et  de  Vaugirard  de  1/172  à  i656,  des  terriers 
de  i5/i8  d'Issy  et  de  Vaugirard  (S.  3i67-3i68),  des  extraits  de  terriers,  tables  et  états  des 
censitaires  (S.  3169),  des  terriers  d'Issy  et  de  Vaugirard  de  17/18  à  1761  (S.  3170-3171), 
un  terrier  de  MaroUes  de  i6o3  à  1669  (S.  3172),  trois  terriers  de  Nucourt  et  Genainvilie 
de  1698  à  1668  (S.  3173-3175),  un  terrier  de  la  seigneurie  de  La  Selle  de  16/n  à  1669 
(S.  3176),  un  terrier  de  Septeuil  de  1623  à  i664  (S.  3177),  cinq  terriers  de  Suresnes  de  16/17 
à  170/1  (S.  3178-3182),  dix  volumes  de  déclarations  censuelles  de  Thiais,  Clioisy  et  Grignon, 
de  i/n3  et  1670  (S.  3i83'et3i83^à3i9i),  d'anciens  terriers  de  Thiais,  Choisy  et  (Jrignon, 
de  i5o8  et  i5i8  (S.  3192),  un  terrier  de  1621  (S.  3i93),  un  terrier  de  i53i  (S.  Sig/i), 
des  terriers  de  i5/i2,  i55o  à  16/12,  1627  à  i633,  16/11  à  1700,  des  mêmes  seigneuries 
(S.  3196-3200),  deux  terriers  de  la  seigneurie  de  Thiverny  de  1  769  à  1766  (S.  32oi-3202); 
le  deux  cent  vingt-huitième  (S.  32o3)  est  un  terrier  de  la  seigneurie  de  \alenton  de  1666 
à  1660;  les  deux  cent  vingt- neuvième  et  suivants  (S.  320/1-3209)  sont  six  terriers  des  sei- 
gneuries de  Velannes-la-Ville  et  de  Velannes-le-Bois,  de  162G  à  17/13. 

On  trouve  dans  la  même  section,  sous  les  cotes  H.  2666,  des  pièces  relatives  aux  cens  et 
droits  supprimés  (1667-1768);  H.  3700,  des  titres  de  rentes,  d'emprunts  et  des  quittances 
(17/13);  H.  /127/1-/1287,  quatorze  registres  de  comptes  de  1660  à  1766;  H.  /1288,  des  ren- 
seignements sur  divers  biens;  H.  /1289-/1290,  deux  registres  des  pensions  dues  par  l'abbaye 
de  1760  à  1780. 

On  conserve  dans  la  section  judiciaire  trois  cent  quatre-vingts  registres  ou  liasses,  ainsi  di- 
visés : 

Minutes  civiles  et  criminelles  des  bailliage  et  prévôté  de  Saint-Germain-des-Prés  de  i/i33 
à  1791  (Z^  326/1  à  1?  3/i83),  registres  d'audiences  civiles  de  décembre  1/107  ''"  '^  novembre 
1790  (Z'^  3/18/1  à  Z^  3586),  audiences  de  police  et  rapports  de  i656  à  16/1/1  (Z-  3687  àZ-  36i/i), 
registre  d'écrou  de  1637  à  1671  {1?  36i5  à  Z'^  362o),  scellés  et  inventaires  de  1671  à  1786 
(Z^  3621  à  Z^  3626),  dépôts  et  communications  de  1667  à  1790  (Z-  3627  à  Z-  363o),  recueil 
de  pièces  produites  au  xviii'  siècle  (Z^  363 1  à  V-  3635),  déclarations  des  locataires  demeurant 
dans  l'enclos  de  l'abbaye  de  la  première  moitié  du  xv!!!"  siècle  (Z-  3636),  liste  des  causes  où 
l'abbaye  était  intéressée,  xyi*^  siècle  (Z-  36/17),  assises  du  bailli  de  i638  à  1719  (Z-^  3638 
à  Z^  36/io),  un  état  des  sommes  reçues  par  les  commis  greffiers  en  161/4  (Z-  364  j),  des  in- 
ventaires du  greffe  de  1612  à  1616  et  en  1677  (Z-  36/i2-36/i3). 


TOPOGRAPHIE  HISTORIOVE  DV  VIEVX  PARIS, 


/ 


'  0  a  ?  e 


,,-.  Sj 


BO  Mètre». 

-H 


J  S.ilpis 


PLAN    DE    LÉCLISE    SAINT    SVLPICE 

AVX    X1I1«  ET    X1V=  SIECLES. 


APPENDICES  ET  PIECES  JUSTIFICATIVES.  399 

Les  archives  du  département  de  Seine-et-Marne,  à  Melun,  possèdent  une  liasse  de  pièces 
de  1C87  à  1789,  relatives  à  Saint-Germain-des-Prés. 

A  la  bibliothèque  de  l'Arsenal,  à  Paris,  il  y  a  un  manuscrit  in-folio  (n°  896),  intitulé:  Ré- 
pertoire de  titres  concernant  Paris,  le  territoire  de  Saint-Germain-des-Prés  et  la  rivière  de  Seine. 

On  conserve  au  département  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale  quelques  manuscrits 
relatifs  à  l'abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés.  Dans  le  fonds  latin,  on  trouve  desépîtres  et  évan- 
giles (n°'  9663,  9^66)  ayant  appartenu  à  l'abbaye,  et  un  mémoire  sur  l'authenticité  des  pri- 
yiléges  de  Saint-Germain-des-Prés  (n"  1 1 733,  Recueil,  p.  996).  Dans  le  fonds  de  l'Oratoire,  il 
y  a  un  manuscrit  (n°  374)  intitulé  :  Concession  de  l'abbé  de  Saint-Germain-des-Prés  relative- 
ment à  l'hôtel  et  au  jardin  de  Nesle,  en  1399.  On  peut  consulter  aussi  le  tome  LV  de  la  collec- 
tion Baluze. 

N.  B.  A  la  suite  de  cette  longue  énuméralion,  M.  Cocheris  donne  la  liste  des  ouvrages  imprimés 
relatifs  à  l'abbaye  Saint-Germain-des-Prés.  Nous  renvoyons  le  lecteur  à  cette  intéressante  biblio- 
graphie, t.  II.  p.  102. 

(Addition  de  M.  H.  Cocheris  à  son  ëdilion  de  Lebeuf.) 

XI 

LES  DEUX  PREMIÈRES  ÉGLISES  DE  SAINT-SULPICE. 

(Texte p.  i45  et  siiiv.) 

Au  milieu  du  xvii"  siècle,  c'est-à-dire  au  moment  où  l'on  entreprit  d'élever  le  vaste  et  su- 
perbe édifice  que  nous  voyons  aujourd'hui,  l'église  de  Saint-Sulpice  n'offrait  aucune  unité  de 
style  et  appartenait  à  quatre  ou  à  cinq  époques  différentes.  Cette  diversité  provenait  de  recons- 
tructions et  surtout  d'amplifications  successives.  En  effet,  les  parties  basses  de  ses  murs  et  de 
ses  piliers  subsistant  encore  intactes  dans  les  cryptes  de  l'édifice  actuel,  il  est  facile,  en  étu- 
diant le  caractère  de  leurs  moulures,  de  reconnaître  l'àge  de  chacune  d'elles.  En  parlant  de 
cette  donnée  précieuse  autant  que  certaine,  et  après  un  examen  attejitif  de  l'appareil  des 
murs,  de  la  taille  et  de  la  nature  des  pierres  qui  les  forment,  on  a  pu  reconstituer  graphique- 
ment l'église  des  xii"  et  xiv"  siècles,  en  même  temps  que  celle  du  xvii".  C'est  l'étude  approfondie 
de  ces  subsiructions,  cons^rvées  par  un  heureux  concours  de  circonstances,  qui  a  permis  d'éta- 
blir les  planches  A  et  H. 

La  planche  A  donne  le  plan  restitué  de  l'église  Saint-Sulpice,  telle  qu'elle  existait  au 
xiV  siècle  et  telle  qu'on  la  voyait  encore  en  i53o,  lorsqu'on  s'occupa  de  l'agrandir  vers  l'orient. 
A  celte  date,  le  bâtiment  appartenait  déjà  à  deux  époques,  distinguées  sur  le  plan  par  deux 
teintes  différentes;  la  plus  foncée  indique  ce  qui  était  le  plus  ancien.  Toutes  les  parties  teintées 
existent  encore,  et,  conséquemment,  ne  laissent  place  à  aucun  doute;  celles  qui  ne  le  sont  pas 
ont  dû  être  restituées.  Or  cette  restitution  s'appuie,  sinon  sur  une  certitude  parfaite,  au  moins 
sur  une  vraisemblance  dont  .hacun  peut  se  rendre  compte  en  étudiant  la  planche  même.  De 
plus,  nous  avons  ajouté  au  simple  trait  le  périmètre  des  agrandissements  postérieurs  c est- 
à-dire  le  chœur,  du  xvi'  siècle,  et  les  chapelles  <le  la  nef,  bâties  au  xvi."  La  partie  la  plus 
ancienne,  celle  qui  forme  la  sixième  travée  du  bas  côté  sud,  était  le  clocher,  seul  reste  d  un 
édifice  de  la  seconde  moitié  du  x.n'  siècle O,  et  qui,  lui-même,  ne  devait  pas  avoir  ete  le  pre- 
mier. Le  surplus  des  constructions  date  de  la  première  moitié  du  xiv"^  siècle. 

'>  Les  exemples  de  celle  survivance  des  clochens  ne  manquent  ni  dans  les  environs  ni  à  iinlé.ieur  de 
Paris. 


400  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

A  cette  époque,  vers  i33o  peut-être,  l'église  Saint-Sulpice,  paroisse  d'un  petit  bourg  isolé  et 
encore  peu  peuplé,  était  modeste  dans  ses  dimensions.  Elle  n'avait  que  trente-deux  mètres  de  long 
sur  dix-huit  mètres  de  large,  hors  œuvre.  Son  plan,  fort  simple,  était  celui  d'une  église  rurale 
telle  que  celles  de  Bagneux  et  d'Arcueil  peuvent  aujourd'hui  en  donner  une  idée.  Comme  les 
édifices  ruraux  de  cette  époque  et  de  notre  région  en  particulier,  elle  avait  un  chevet  plat,  s'éle- 
vant  sur  une  ligne  oblique  par  rapport  à  l'axe  du  bâtiment,  qui,  comme  on  le  voit,  n'était  pas 
parfaitement  rectangulaire.  Cette  obliquilé  avait  sa  raison  d'être  dans  la  nécessité  de  respecter 
un  héritage  sur  lequel  on  ne  pouvait  empiéter;  de  là  aussi  cette  anomalie  consistant  dans  l'ab- 
sence de  contre-forts  à  l'extérieur  du  mur  de  chevet.  L'héritage  dont  il  s'agit  était  celui  que 
possédait  la  famille  Montrouge,  au  moins  dès  la  fin  du  xv'  siècle,  et  qu'elle  finit  par  céder 
pour  agi'andir  l'édifice.  Nonobstant  le  respect  dû  à  la  propriété  d'un  particulier,  rien  ne  s'op- 
posait sans  doute,  |)as  plus  alors  qu'aujourd'hui,  à  ce  qu'il  y  eût  des  fenêtres  de  ce  côté. 

Comme  l'indique  la  planche  A,  l'église  Saint-Sulpice,  au  xiv*  siècle,  se  composait  d'une  nef 
comprenant  huit  travées  et  de  deux  bas  côtés  simples.  Deux  des  piliers,  ceux  qui  supportaient 
la  face  septentrionale  du  clocher,  et  qui  dataient  du  siècle  précédent,  furent  modifiés  et  renfor- 
cés; les  autres,  au  nombre  de  dix,  se  composaient  d'une  grosse  colonne  cylindrique,  sur  la- 
quelle s'appuyait  une  colonnette  recevant  la  retombée  des  arcs-doubleaux  et  ogivaux  de  la  voûte 
de  la  nef.  Enfin,  les  deux  derniers  piliers,  qui  se  trouvaient  dans  le  chœur,  avaient  été  élevés 
un  peu  après  les  autres,  et  ne  diffèrent  des  précédents  que  parce  qu'ils  étaient  flanqués  de  trois 
colonnettes,  au  lieu  d'une.  Sur  les  murs  des  collatéraux,  des  pilastres,  dans  le  goût  de  l'é- 
poque, s'élevaient  en  regard  des  points  d'appui  de  la  nef.  Au  long  des  mêmes  murs,  se  trou- 
vaient des  bancs  de  ])ierre,  qui  existent  encore  en  majeure  partie.  Extérieurement  se  dressaient 
des  contre-forts  recevant  le  pied  des  arcs-boutants  destinés  à  combattre  la  poussée  des  grandes 
voûtes.  Du  portail,  il  ne  subsiste  aucune  trace,  et  la  situation  exacte  eu  reste  indécise.  Cepen- 
dant il  semble  avoir  été  conservé  jusqu'au  dernier  moment,  comme  on  peut  en  juger  d'après  la 
vue  de  Marot''*,  sauf  peut-être  quelques  modifications  dans  son  ornementation. 

Telle  était  l'église  Saint-Sulpice  au  xiv''  siècle. 

Avant  de  parler  des  agrandissements  dont  elle  fut  l'objet  ultérieurement,  il  importe  de  sa- 
voir ce  qu'elle  avait  été  auparavant,  et  l'on  peut  se  former  une  idée  précise  de  sa  configuration 
et  de  ses  dimensions,  bien  qu'il  ne  reste  comme  élément  de  restitution  que  la  base  du  clocher. 
Il  faut  pour  cela  supprimer,  sur  la  planche  A,  les  deux  travées  extrêmes  des  collatéraux.  On  ob- 
tient ainsi  une  nef  de  six  travées,  avec  bas  côtés,  celui  du  sud  étant  terminé  par  le  clocher, 
plus  un  chœur  de  deux  travées,  n'ayant  de  largeur  que  celle  de  la  nef  centrale,  et  se  projetant 
conséquemment  en  saillie  vers  l'est.  Il  existe,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit,  un  assez  grand 
nombre  d'églises  rurales  de  cette  époque,  avec  un  sanctuaire  à  chevet  plat,  sans  collatéraux  et 
en  saillie  sur  le  reste  de  l'édificet'^'.  Cette  disposition  est  indiquée  sur  notre  planche  par  des 
lignes  ponctuées.  Les  points  d'appui  devaient  être,  selon  l'usage  du  temps,  de  simples  colonnes 
à  fût  cylindrique,  sauf  le  support  nord-ouest  du  clocher,  qui  était  une  pile  octogone,  canton- 
née de  colonnettes.  Deux  de  ces  colonnettes  subsistent;  les  autres  ont  été  refaites  au  xiv' siècle, 
en  même  temps  qu'on  renforçait  ce  pilier.  En  somme,  au  point  de  vue  de  l'étendue  et  même 
delà  configuration  générale,  il  y  avait  peu  de  différence  entre  le  bâtiment  du  xni' siècle  et  ce- 
lui du  XI v". 

•''  Dans  cette  vue ,  reproduite  à  la  page  1 48 ,  les  dis  que  les  murs  au  droit  des  chapelles ,  qui  ne  da- 

murs  fermant  de  ce  côté  la  nef  et  les  bas  côtés  pré-  taienl  que  du  xvn°  siècle,  n'ont,  comme  ces  cha- 

sentent  bien  l'aspect  d'une  bâtisse  du  xiv°  siècle,  car  pelles,  ni  pignons  ni  contre-forts, 
ils  ont  des  contre-forts  et  un  pignon  en  pierre,  tan-  '*'  L'église  Saint-Nicolas-des-Champs,  à  Paris, 


TOPOGRAPHIE  HlSTORiO.VE  DV  Y!  EVX  PAR!: 


h-M- 


Th  Vaequcp  r«»l.  «l  del' 


S-,'.lpio  se' 


PLAN    DE    LÉGLISE    SAINT    SVLPICE 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  401 

En  jetant  les  yeux  sur  la  planche  B ,  qui  représente  l't^lisc  Saint-Sulpice  telle  qu'elle  était 
en  dernier  lieu,  on  voit  de  suite  qu'il  en  fut  tout  autrement  deux  ou  trois  siècles  plus  tard.  Sur 
cette  planche,  on  a  indiqué,  par  une  teinte  plus  foncée,  les  constructions  de  l'ère  ogivale,  con- 
servées et  utilisées,  ce  qui,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  faisait  de  cet  édifice  un  monument 
disparate.  Parmi  ces  parties  conservées,  il  convient  de  signaler  le  clocher,  qui,  bravant  les 
âges  et  les  remaniements,  a  existé  jusqu'à  la  suppression  définitive  de  tout  l'édifice. 

En  i53o,  lorsque  Jeanne  Montrouge  eut  cédé  le  terrain  nécessaire,  on  s'occupa  d'agrandir, 
vers  rorient,  Tédifice  du  xiv'  siècle,  en  y  ajoutant  un  grand  chevet  polygonal,  composé  d'un 
sanctuaire  demi-circulaire,  avec  bas  côtés  pourtournants  et  chapelles  rayonnantes.  Pour  cela, 
on  supprima  les  deux  derniers  piliers  du  xiv°  siècle,  qu'on  remplaça  par  deux  colonnes  cylin- 
driques c,  e;  deux  autres  colonnes,  d,/,  s'élevèrent  sur  l'ancien  chevet,  complètement  renversé. 
Toute  la  nef  ancienne  avait  été  conservée  intacte,  et  ce  ne  fut  que  plus  tard,  de  161 4  à  iC3i, 
que  les  murs  latéraux  de  cette  nef,  ayant  été  en  majeure  partie  démolis,  furent  reportés  au 
delà  des  chapelles  qu'on  ajoutait  alors  aux  bas  côtés. 

La  brisure  extérieure  qu'on  remarque  au  droit  du  mur  séparatif  des  chapelles  Saint-Fiacre 
et  du  Nom-de-Jésus,  résulte  de  l'ancien  alignement  de  la  voie  publique,  alignement  qu'on  a 
respecté  et  sur  lequel  on  s'est  établi.  De  même,  le  défaut  de  parallélisme  existant  entre  le  mur 
extérieur  des  chapelles  Saint-Michel  et  Saint-Claude  et  l'axe  général  du  bâtiment  semble  ré- 
sulter de  l'obligation  d'épouser  la  ligne  séparant  les  terrains  de  Jeanne  Montrouge  d'avec  celui 
des  héritiers  Plateau.  Enfin,  le  mur  séparant  la  chapelle  Saint-Michel  de  la  chapelle  Saint-Ho- 
noré  n'est  pas  d'cquerre,  parce  qu'il  a  été  élevé  en  prolongement  de  l'ancien  chevet,  et  vrai- 
semblablement suivant  une  limite  d'héritage.  Hormis  ces  anomalies,  le  reste  de  l'abside  est  sen- 
siblement régulier. 

On  aperçoit,  dans  les  six  colonnes  pourtournantes  du  sanctuaire,  les  deux  phases  de  la  cons- 
truction ,  phases  indiquées  par  la  différence  de  profil  des  bases.  Les  deux  colonnes  marquées  a 
et  b  ont  des  bases  où  se  voit  encore  une  certaine  réminiscence  du  style  du  moyen  âge,  tandis 
que  les  quatre  autres  sont  pleinement  dans  le  goût  de  la  Renaissance.  Les  colonnes  c,  d,  e,  f 
n'ont  pas  leur  base  assez  bien  conservée  pour  qu'il  soit  possible  de  préciser  leur  date.  Le  cha- 
piteau de  ces  diverses  colonnes,  dont  deux  fragments  se  voient  engagés  dans  les  substructions 
de  l'église  actuelle,  était  décoré  de  feuilles  d'acanthe  molle,  d'un  caractère  analogue  à  celles 
qui  ornent  les  chapiteaux  les  plus  anciens  de  l'Hôtel  de  Ville  de  Paris. 

Au  ivii*  siècle  seulement  furent  construites  les  chapelles  latérales  de  la  nef,  d'abord  celles  du 
côté  sud,  puis  celles  du  côté  du  nord. 

En  PP,  est  la  petite  porte  sur  la  rue  des  Fossoyeurs,  On  ne  sait  au  juste  quand  elle  a  été 
ouverte;  mais  ce  doit  être  au  moment  de  la  construction  des  chapelles  latérales  de  ce  côté  de  la 
nef.  Quant  à  un  portail  qui  aurait  existé  sur  le  flanc  nord  de  l'église,  et  qu'indiquent 
quelques  plans  du  xvi"  siècle,  il  n'en  reste  aucune  trace  sur  les  lieux,  et  l'on  n'en  (rouve  aucune 
mention  dans  les  titres.  Si  ce  portail  a  réellement  existé,  il  a  dû  se  trouver  situé  dans  une  des 
dernières  travées,  vers  le  presbytère,  et  il  ne  doit  pas  avoir  eu  l'importance  que  semblent  lui 
donner  les  plans  qu'on  vient  de  citer. 

Au  moment  de  sa  suppression,  l'ancienne  église  Saint-Suipice  avait  51"",  18  de  long  sur 

9  7"',  17  de  large. 

Th.  Vacquer. 


est,  parmi  beaucoup  d'autres,  un  exemple  à  citer       tuant  un  édifice  dépourvu  d'unité  au  point  de  vue 
de  ces  Mtisses  successivement  utilisées  et  consti-        du  style, 

5t 


/i02 


TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


Les  architecte  qui  ont  démoli  cet  édifice  se  sont  montrés  peu  soucieux  d'en  conserver  les 
débris  :  ils  les  ont  jelés  pèle-nièle  dans  la  crypte,  ou  é{;lise  dérasée;  la  Révolution  les  y  a  trouvés 
et  mutilés  pour  la  plupart.  Nous  en  avons  recueilli  quelques-uns  qui  ont  appartenu  à  la 
décoration  intérieure  de  l'édifice. 


Le  plus  important  est  une  cuve  baptismale  du  xvi°  siècle  en  usa[je  dans  l'ancienne  église  et 
contemporaines,  à  quelques  années  près,  des  agrandissements  exécutés  de  i53o  à  i5i8.  Em- 
ployée pendant  un  certain  temps  dans  l'église  nouvelle,  oij  l'on  projette  de  la  replacer,  elb;  a 
été  descendue  dans  la  crypte,  d'où  nous  l'avons  extraite  pour  la  photographier. 


La  gravure  qui  en  a  été  l'aile  la  ])résente  sous  ses  deux  longues  faces  et  rend  bien  la  déli- 
catesse de  sou  ornementation;  elle  a  pour  support  une  sorte  de  pilier  assez  grossier  d'un  autre 
style  et  très-probablement  d'une  autre  époque.  Nous  avons  jugé  inutile  de  le  reproduire,  con- 
vaincu, comme  tous  les  savants  auxquels  nous  en  avons  soumis  le  dessin,  qu'il  n'avait  pas 
appartenu  à  l'ordonnance  primitive  du  baptistère. 


A  côté  de  cette  cuve,  trois  monuments  funéraires,  dans  un  regrettable  état  de  mutilation, 
méritent  d'être  signalés  :  ils  appartiennent  au  xvii"  siècle,  et  ne  sont  pas  dépourvus  de  caractère; 
le  premier  est  incomplet;  le  second  a  perdu  la  table  sur  laquelle  était  gravée  l'inscription  ;  le 
troisième,  fort  heureusement,  fa  conservée,  en  pTtrIie  du  moins,  et  cette  table  constitue  un 
monument  épigraphique  des  plus  intéressants,  puisqu'elle  mentionne  une  fondation  qui  a  son 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  'lOH 

iinpoilance  dans  riiisloire  de  Paris.  11  s'agit  en  effet  d'une  dotation  en  faveur  des  fdies  pauvres 


el  des  orphelins  de   la   paroisse.  M.  de  Guilliermy  a  donné  celte  inscription  dans  le  pien.iei 


,olun.e  de  son  recueil  c^pijfraphique.  Nous  la  reproduisons,  avec  le  monument  lui-mèn.e,  après 


404  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

l'avoir  collationnée  sur  l'épreuve  pholographique,  et  nous  la  faisons  suivre  de  la  notice  que  lui 
a  consacrée  M.  de  Guiliiermy.  —  l.  m.  t. 

IUv^;rl^:^D  PEnE  es  Dieu  Messire  '''François  Avdi\ai«t 
PRESTRE  Abbé  de  saixct  Flsciax  lgx  Amiens  r.RA.\D  vicaire 
DE  (« 

EN  t»BBAÏE  DE   SAISCT  GeRMAIN  DES  PrETZ,   NATIF 
DE  GaiLLAG  DIOCESE  DALBT,   PAR  SON   TESTAMENT   PASSE 
PAR  DEVANT  LE  CAHVS  ET  DEKETZ  KOTAIBES  LE 
XViil*  JOUR   d'aOTST  M.D.LXVII.   a   DONNE  QVAIRE 
CENS  LIVRES  TOVRNOIS  DE   RENTE  POVR    MARIER   PAR 
CHACVN    AN  A  PERPETVITE   HTICT  DES  PLVS  POVRES 
FILLES   ORPHELINES  NATIFVES  DE  LA  PAROISSE  SaINCT 
SULPICE  ATD*.   SAINCT  GeRMAIH   PAYABLES  A  CHACVNE 
CINQÏANTE  LIVRES  TOÏRNOIS  LE  JOVR   DE   LEVRS 
ESPOVSAILLES   RT   AVLTRES  QTATRE     CENS  LIVRES  TOÏR .  .  . 
POVR  NOVRIR  ET  ENTRETENIR  AVX  ESTVDES  LESPACE 
DE  CINQ  ANS   QVATRES  POVRES  PETIT2  GARSONS   ORPHE- 
LINS  DE  lad"  PARROISSE  ET  LESd"   CINQ   ANS  PASSES   EN 
REMETTRE  DAVLTRES  POVR  PAREIL  TEMPS,  ET  CONTINVER 
A   TOVSIOVRS  ET  EN   A  LAISSE  LA  DISPOSITION  ,  CHOIS  ET 
NOMINATION   AVI   PRIEVR   ET  SOVBZ  PRIEVR  DE  LAD. 

Abbate  s'  Germain  cvre  ee  principal  maruvillier 
ISE  s'  Svlpice  et  si  adonne  a  LoevRr. 

ELLE   EGLISE   DIX   LIVRES  T0VR°'  DE 

CELEBRER    PAR  CHACVN   AN  VIGILLES 

.  . VLTE  MESSE   DE  REQUIEM    ET   LIBERA 

VELLE  ASSISTERONT   LES   QVATRES 

S  CHOISIES  PAR  CHACVNE 

T   INHVME   AVd'.   SAINCT 

VIN  M.  D.  VLXII. 

POVR  Lïï 

l589 

Marbre  noir.  —  Haut  o",  gS  ;  larg.  o",  63. 

L'inscription  destinée  à  conserver  le  souvenir  des  bienfaits  de  messire  François  Audrant  avait 
sa  place  dans  la  vieille  église  qui  a  précédé  le  Saint-Sulpice  moderne.  Nous  n'avons  pu  savoir 
ce  qu'on  en  aura  fait  après  la  démolition  de  l'église  gothique,  dont  les  substructions  existent 
encore  dans  la  crypte  du  monument  renouvelé;  ce  qui  est  certain,  c'est  que,  depuis  longtemps, 
elle  git  abandonnée  dans  une  des  galeries  souterraines  dont  les  voûtes  portent  le  dallage  de 
l'église. 

La  plaque  de  marbre  noir  s'ajuste  dans  un  encadrement  de  pierre  éléganmienl  sculpté.  Des 
moulures  en  garnissent  le  pourtour.  A  la  partie  supérieure  est  placée  une  tête  d'ange,  à  deux 
paires  d'ailes,  avec  une  flamme  sur  le  haut  du  front.  Au-dessus  du  marbre,  deux  enroulements 
accompagnent  un  écusson  ijui  a  été  mutilé;  on  y  distingue  un  chevron  et  deux  étoiles  en  chef; 
il  V  avait  en  pointe  une  troisième  pièce,  qui  ne  se  reconnaît  plus.  Sur  les  côtés,  se  tiennent  deux 
pleureuses ,  d'un  style  gracieux ,  dont  les  vêtements  présentent  quelques  traces  de  bordures  dorées. 

François  Audrant  était  grand  vicaire  du  cardinalCharles  de  Rourbon ,  soixante-treizième  abbé 

'"'  Les  deux  mots  diev  et  messire  ont  été  martelés.        se  lire  ainsi  ;  de  mous,  le  reverendissime  cardinal  de 
'^'  On  devine  à  peu  près  cette  ligne  qui  pourrait        Bourbon. 


TOPOGRAPHIE  HlSTORIOVr-: 


DV   VIEVX    PARIS 


Tavernier  se 


ANCIENNE    ÉGLISE    SAINT    SVI.PICE, 

MONVMENT  FVNÊRAIRE  Dl£  FRANÇOIS  AVDRANT. 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  ^i05 

de  Saint-Germain-des-Prés,  que  les  ligueurs  opposèrent  à  Henri  IV  sous  le  nom  de  Charles  X, 
et  qui  mourut  en  1690.  La  paroisse  de  Saint-Sulpice  comprenait  autrefois  tout  le  territoire 
sur  lequel  s'est  élevé  le  faubourg  Saint-Germain.  L'obbe'  et  les  religieux  de  Saint-Germain-des- 
Prés  en  étaient  seigneurs  et  curés  primitifs.  En  sa  qualité  de  grand  vicaire  du  cardinal  abbé, 
François  Audrant  avait  donc  juridiction  sur  l'église  de  Saint-Sulpice,  et  c'est  pour  cette  raison 
que  nous  y  trouvons  un  monument  consacré  à  sa  mémoire. 

Le  marbre  a  été  brisé  sur  un  côté  de  sa  partie  inférieure,  et  cette  fracture  a  causé  la  perte 
d'une  portion  intéressante  de  l'inscription.  Les  révolutionnaires  qui  ont  gratté  l'écusson  n'ont 
pas  manqué  d'effacer  aussi,  à  la  troisième  ligne,  le  nom  du  cardinal  de  Bourbon.  L'histoire  de 
l'abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés  par  dom  Bouillart  est  muette  à  l'égard  de  François 
Audrant.  Son  inscription  nous  apprend  qu'il  était  abbé  de  Saint-Fuscien-lès-Amiens  '";  nous 
espérions  trouver  quelques  détails  sur  sa  vie  dans  le  Gallia  Christiana,  en  recourant  au  précis 
historique  qui  concerne  le  monastère;  nous  y  avons  lu  seulement  qu'il  en  fut  le  trente-troisième 
abbé  et  qu'il  siégea  environ  de  1667  à  1576.  Sa  sollicitude  pour  la  dot  des  orphelines  et  pour 
l'instruction  des  orphelins  témoigne  du  moins  de  son  affectueuse  charité  envers  les  malheureux. 

Au  siècle  dernier,  lorsque  l'abbé  Lebeuf  écrivait  son  histoire  diocésaine  de  Paris,  la  fondation 
subsistait  encore  à  l'égard  des  huit  orphelines  à  marier;  tous  les  ans,  le  curé  de  Saint-Sulpice 
s'adressait  au  Père  prieur  de  l'abbaye  de  Saint- Germain  pour  l'exécution  de  cette  partie  des 
dispositions  testamentaires  de  messire  Audrant.  Parmi  les  anciens  titres  de  la  paroisse  de 
Saint-Sulpice,  déposés  aux  archives  générales  de  la  France,  il  se  trouve  un  dossier  de  pièces 
relatives  aux  fondations  de  ce  généreux  bienfaiteur.  Son  anniversaire  était  autrefois  célébré  à 
Sainl-Sulpice,  le  lundi  dans  l'octave  delà  Fête-Dieu  '^f. 


XII 

LA  FOIRE  SAIINT-GERMAIN. 

(Texte  p.  167  et  suiv.) 

Feu  Berty  a  résumé  en  quelques  pages  les  documents  relatifs  à  la  foire  Sainl-Germain.  Sau- 
vai, Félibien,  de  Lamare  les  ont  publiés  en  grande  partie,  et  nous  ne  pouvons  qu'y  renvoyer 
le  lecteur.  Ce  qui  nous  importe,  en  effet,  c'est  le  côté  topographique  de  la  question,  et  les 
pièces  dont  il  s'agit  ont  surtout  trait  à  l'institution  de  la  foire  et  à  son  rétablissement,  aux  di- 
verses époques  fixées  pour  sa  tenue,  aux  produits  qu'elle  donnait  et  aux  privilèges  dont  elle 
était  l'objet.  On  y  trouve  aussi  des  détails  intéressants  sur  la  police  qui  s'y  exerçait,  sur  le  ré- 
gime intérieur  auquel  les  marchands  étaient  soumis,  ainsi  que  sur  les  spectacles  qui  y  prirent 
naissance,  et  qui  occasionnèrent  de  nombreux  différends  entre  les  acteurs  forains  et  les  comé- 
diens du  Roi. 

Le  sujet  est  donc  fort  étendu  :  la  foire  Saint-Germain ,  celles  de  Saint-Laurent  et  du  Lendit 
appellent  un  travail  analogue  à  celui  de  feu  Bourquelot  sur  les  foires  de  Champagne.  C'est 

<■)  Saint-Fuscien,  S.  Fiuciaim  in  nemore,  an-        tructions  sans  caractère  et  sans  importance.  Une 


cienne  abbaye   de  l'ordre  de   Saint-Benoît,  près  communauté  religieuse  s'est  établie  sur  le  même 

d'Amiens,  dont  la  première  origine  remonte,  dit-  emplacement. 

on ,  jusqu'au  v.'  siècle  {Gall.  christ,  t.  X ,  col.  i  3oa-  '"  Lebeuf,  Histoire  de  la  ville  et  de  tout  te  dtocese 

1 3  '  V  de  Paris,  publiée  et  annotée  par  M.  Hipp.  Cocheris, 

U  ne  reste  plus  de  ce  monastère  que  des  cons-  t.  III ,  texte,  notes  et  additions. 


&06  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

l'histoire  même  du  commerce  parisien  au  moyen  âge  qui  résullera  de  celle  étude.  Rapprocliée 
du  célèbre  recueil  d'Etienne  Boileau,  dont  la  Ville  donnera  très-prochainement  une  édition 
nouvelle,  et  qui  constitue,  sous  forme  de  réglementation,  un  tableau  fort  curieux  de  l'indus- 
trie parisienne  au  xiii"  siècle,  Ihistoire  dont  nous  parlons  est  appelée  à  compléter  le  Livre  des 
Métiers.  Nous  crovons  savoir  que  plusieurs  érudits  ont  fait  de  cette  importante  question  l'objec- 
tif principal  de  leurs  recherches.  L'un  d'eux,  M.  Rouland,  archiviste  aux  Archives  nationales,  a 
bien  voulu  nous  fournir  une  note  destinée  à  éclaircir  un  passage  du  texte  de  feu  Berly;  nous  la 
publions,  en  remerciant  M.  Rouland  de  ce!te  obligeante  communication. 

ttOn  trouve,  dans  un  état  des  loges  delà  foire  dressé  au  ^commencement  du  xvi'  siècle,  outre 
rrles  cinq  traverses,  six  allées  ainsi  dénommées  :  la  première,  rue  de  Normandie;  la  seconde, 
(frue  de  Paris;  ia  troisième,  rue  de  Picardie  (toutes  trois  principalement  affectées  au  com- 
ttmerce  de  la  draperie);  la  quatrième,  rue  de  la  Chaudronnerie;  la  cinquième,  rue  Mercière; 
tria  sixième,  rue  de  la  Lingerie.  Quant  à  l'obligation  que  mentionne  l'extrait  de  règlement  cité 
tfpar  M.  Berty,  d'après  une  note  du  chambrier  receveur  de  l'abbaye  de  Saint-Germain,  elle 
«était  depuis  longtemps  imposée  aux  marchands  qui  fréquentaient  les  foires  du  Lendit  et  de 
tf Saint-Denis  (Arch.  nat.  K  966).  Les  forains  étaient  tenus  d'indiquer  sur  une  enseigne  tren 
«grosses  lettres^  la  provenance  de  leurs  marchandises.  On  ne  manqua  pas  d'adopter  une  me- 
ctsure  qui  facilitait  singulièrement  le  contrôle  des  comptes  de  redevances  fiscales,  en  même 
«temps  qu'elle  fournissait  plus  de  garanties  aux  acheteurs. 

«Sans  rappeler  ici  les  multiples  conditions  qu'on  exigeait  des  marchands,  nous  citerons  celles 
«qui  concernaient  la  location  des  loges.  Les  négociants  étrangers  étaient  obligés  de  retenir  leurs 
«loges  pour  l'année  suivante,  à  la  fin  de  chaque  foire;  autrement  le  receveur  de  l'abbaye  pou- 
«vait  en  disposer.  Les  marchands  de  Paris  devaient  se  réunir  au  Palais  abbatial,  en  janvier,  le 
«jour  de  Saint-Vincent;  les  places  étaient  adjugées  au  plus  offrant  et  dernier  enchérisseur.  Il 
«était  expressément  défendu  d'accaparer  plusieurs  boutiques,  dans  le  but  de  les  sous-louer.  On 
«interdisait  même  à  tout  locataire  de  céder  la  moitié  de  sa  loge  sans  une  autorisation  préa- 
«lable. 

«L'abbaye  de  Saint-Germain  avait  rencontré  de  puissants  obstacles  à  l'établissement  de  cette 
«foire.  Les  religieux  de  Saint-Denis,  jaloux  de  conserver  la  prospérité  de  leurs  marchés,  for- 
«mèrent  opposition  devant  le  Parlement,  qui,  après  avoir  plusieurs  fois  changé  l'époque  de  la 
«tenue  de  la  foire,  la  fixa  définitivement  au  3  février.  La  Chambre  des  comptes  attaqua,  comme 
«préjudiciables  au  trésor  royal,  les  franchises  et  privilèges  accordés  par  Louis  XI  en  1/182,  re- 
«nouvelés  par  Charles  VIII  en  i/i85,  et  par  Louis  XII  en  1^99;  elle  ne  consentit  à  les  confirmer 
«qu'en  lôaS. 

«Malgré  ces  difficultés,  la  foire  Saint-Germain  devint  en  peu  d'années  le  centre  d'impor- 
«  tantes  transactions  commerciales.  Un  inventaire  constate  que  les  draps  amenés  au  marché  de 
«  1/199  sortaient  des  fabriques  de  Rouen,  de  Gournay,  de  Caen,  de  Darnetal,  d'Argentan,  d'A- 
«  miens,  de  Beauvais,  d'Abbeville,  d'Aumale,  de  Blangis,  de  Meaux,  de  Senlis  et  de  Paris 
«(Arch.  nat.  K  966).  Par  un  registre  des  loges,  on  voit  tous  les  corps  de  métiers  représentés  à 
«la  foire  de  i5i  1.  L'élément  artistique  y  figurait  déjà.  Plus  tard  il  y  tint  une  large  place  avec 
«l'orfèvrerie,  les  émaux,  les  peintures  flamandes  et  françaises. d 

L'importance  de  la  foire  Saint-Germain,  considérée  au  point  de  vue  purement  topogra- 
phique, nous  a  déterminé  à  faire  reproduire  les  aspects  les  plus  caractéristiques  que  lui 
donnent  les  anciens  plans  de  Paris;  c'est  l'objet  d'une  des  planches  prévues  par  feu  Berty.  Mais 


TOPOGRAPH lE    Hi5T( 


LA   FOIRE    SAINT   G 

I REPRODVCTK 

„  La  Foire  de  S'  Germain  des  Pvez  vous  représente  un  racoursi  de  loules  les  mer»! 
la  plus  belle  et  la  plus  riche  Foire  de  France. la  quelle  esl  quelque  fois  honorée  de  la  présence  du  R. 
de  France  el  mesme  des  Etrangers.  La  Perspecliue  esl  forl  belle,  diuisèe  en  plusieurs  Cartiers  ài 
Fovre,  Les  Marchands  qui  la  possèdent  aujourd'hui  Von  tenue  au  commencenienl  de  ce  siecle.de  c 
loôe.  Autre  foislaPlacesappeloit  le  JardindeNesle.elauantquilyeûtdubàl.ment.onBannc:- 


£    DV   V!EVX   PARIS 


AIN   AV   XVII?  SIÈCLE 

NNE  ESTAMPE  I 

;  monde;  commence  le  J"*  Feuner  el  dure  i5  jours  ouuners,  el  prolonâèe  souuenl  dauanug-e .  C  est 

^j  ..-  oîdeloute  la  Cour.  On  y  voit  tous  les  jours  une  affluence  de  peuples  de  toulessorles  de  condition  s. 

^ur  les  Marchands.  Elle  est  enceinte  de  murailles, close  de  portes,  aus  quelles  on  fait  garde  pendant  la 

entl Abbaye  S' Germain  en  ce  temps  la. en  payant  tous  les  ans  aux  Seigneurs  les  droits  de  chaque 

:r  la  commodité  des  Marchands  «      «m. «ht  estampes;  topoctaphieoeufumice  vi  ss.pi.î» 


féû 


'/// 
'£ 


Tfe 


IS7 


'M 
>S 


J/?< 


lie 


c?e 


^1 


161 
if 

/et 

3A 

Sfvi 

'U    ijA    ut 

/sr  iff 


Ul_i 


i'JLiL 


•i"  3«      d      ii 


L 


./*, 


tts 


«1                 13          \       SI          i 

\           si                           ,/            1           Si              j 

ses 

ffl 
110 

f/-'/^ 

«//« 

«         «       «                 «                te       1 

Si 


S'J 

,i 

•I» 


>£ 


,£n 


ST 

a* 


<r 


•if 


,i 


37 


ti 

,f 

u 

, 

n 

11 

3/ 

'f 

rt'j 

et 

\f 

s£ 


U   \ 


iJZ 


Lx belle  *  Vuu,t 


'tnsC  «*w  < 


^^^ 


1^  n 


iH^r  it^'''       I 


Impression    Autotypique 


p 


If* 


^  C'/j 


Jinverie 


,/ 


.t^ 


'•t'ii.       .i 


.'t      «p  y}    \ 


•f  > 


Ml 


<*  i 


M-f    !i1i 


^« 


JKeccii 


tu 

«J          fM 

n 

*            *. 

'#« 

f^ 

»A 

</o  117  «f*  «J^ 

J,  -  ■  I  :  •  u<«7i-.-i-w-.-.ViV^i  tfAW/rj.^j  IV  ■--.■.■1.  ;t 


I  II 


\    ,t  ï      ,:£iii 


Jui 


(-A  cuiDtcrmcete 


(^ 

17 

1 

tn 

il 

fi 

117 

h 

(S 

% 


! 


se                      t»     1 

M               II 

i  /'/i 

«1 

•£ 

tn 

it 

ttt 

ut 

«";, 

U  1 

"'*■ 

':i'A 

';/^ 

i  "     " 

fi 

1^ 


/7 

,£n 

fi 

*0 

>£ 

41 

i£ 

Snue         <^e-     S^ 


'auJ 


77T 


II 

if 

'U 

S^U^         «Jt-  i/letm(tnSi» 


,£ 


r 

>£it 


t 

i£ii 


E7    LL_.cii... 


^j 


(?n 


reau 


Pans     13    Quai  Voilaire 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  407 

la  vue  des  deux  halles  de  la  foire,  enclavées  dans  les  maisons  environnantes,  n'offrait  rien  de 
bien  intéressant  en  temps  normal.  C'est  au  moment  où  les  marchands  y  affluaient,  où  la  Ville  et 
la  Cour  s'y  donnaient  rendez-vous,  que  le  célèbre  bazar  de  l'abbaye  présentait  un  coup  d'oeil 
véritablement  curieux.  Feu  Berty  avait  vu  autrefois,  au  département  des  estampes,  une  gravure 
ancienne  qu'il  nous  a  signalée  assez  confusément,  et  que  nous  avons  retrouvée  à  la  Bibliothèque 
nationale.  Elle  représente  la  foire  en  pleine  activité;  les  pavillons  sont  vus  d'en  haut,  et  la  toi- 
ture en  a  été  idéalement  enlevée,  pour  permettre  au  regard  de  plonger  dans  l'intérieur.  Le 
nombre  des  industries  représentées  à  la  foire,  leur  mode  de  groupement,  les  variétés  commer- 
ciales révélées  par  les  enseignes,  la  foule  qui  encombre  les  abords,  les  points  de  repère  à  cher- 
cher dans  les  environs,  tout,  dans  cette  estampe  peu  connue,  excite  l'intérêt  et  sollicite  l'exa- 
men. Le  graveur  de  mérite  à  qui  nous  en  avons  confié  la  reproduction  a  fait  habilement  re- 
vivre cette  curieuse  scène;  cependant,  le  peu  d'étendue  du  champ  et  la  petitesse  du  caractère 
ne  lui  ont  pas  permis  de  donner  une  netteté  suffisante  aux  nombreuses  inscriptions  peintes  le 
long  du  pourtour  et  sur  chacun  des  pavillons  de  la  foire.  L'intérêt  historique  qui  s'attache  à 
toute  cette  légende  nous  a  engagé  à  la  transcrire  en  regard  de  l'estampe  elle-même. 

ORDRE    ET   DÉNOMINATION    DES    GALERIES    DE    LA    FOIRE    SAINT- GERMAIN , 
EN   ALLANT  DE   GAUCHE   À   DROITE  ET   DE  BAS  EN   HAUT. 

l"  GALERIE. 

Pavillon  1.  M.  Chapeliers. — M.  Parcheminiers. — Chien  de  Bologne.  —M.  Papetiers.  —  M.  Cartonniers. 

2.  Perruquiers.  —  M.  Chauderoniers.  —  M.  de  Calotte.  —  M.  de  Mai-roquins. 

3.  Conroyeurs  et  Curatiers.  —  Coiïretiers.  —  Bœttiers.  —  hitrumâ  de  Musiq. 

4.  Fourbisseurs.  —  Arquebusiers.  —  Serruriers.  —  Armuriers. 

— 5.  Graveurs  en  cachet.  —  Lanterniers.  —  Espronniers  de  S.  Claude. 

a°  GALERIE. 

Pavillon  I.  Hebenistes  et  Affîquels.  —  Marchandise  de  la  Chine.  —  M.  de  Miroirs  et  de  Lunettes.  — 
M.  Gantier  et  Parfumeur. 

2.  M.  de  Dantelles  de  filet.  —  M.  Fustainiers.  —  M.  Lingers.  —  Toilliers. 

. 3.  M.  d'Anglelerre.  —  M.  de  Flandre.  —  M.  d'HoIande.  —  M.  d'Alemagne. 

II.  M.  de  bas  de  laine.  —  Plumassiers.  —  Espingliers.  —  M.  Drapers. 

.  5.  Chirurgens.  —  Barbiers.  —  Cloueurs.  —  Fondeurs. 

3'  GALERIE. 

PaviUon  I .  M.  Potiers  et  vaisselle  d'estain.  —  M.  Chandeliers.  —  M.  Ciergiers  et  Vannetiers.  —  M.  Fei- 
raliers. 

2.  Change  pour  le  Boy.  —  Horlogeurs.  —  Joailliers.  —  Oi'phevrie. 

3.  M.  de  dantelles  d'or  et  d'argent.  —  M.  de  Bubans.  —  M.  Merciers.  —  M.  de  soye. 

4.  Tableaux  à  la  détrempe.  —  M.  de  taille  do[uce].  -  Tableaux  a  l'huile.  -  M.  hbraires. 

5.  Passementiers.  —  Binbelotiers.  —  Botonniers.  —  Indienes. 

Zr'  GALERIE. 

Paiillon  1.  M.  de  Laine  et  de  Couvertes. -M.  Tapissiers.- M.  Chaussetiers.  -  M.  Brodeurs  et  Gaigniers. 

2.  Vin  d'Espagne.  -  Orange  de  Portugal.  -  Double  bière.  -  Frmliers,  Bossoli. 

3.  Marionnettes.  —  Voltigeui-s.  —  Orvictan.  —  Blanqueurs. 

!,.  Gasteaux,  Pain  d'Espisses.  -  Saucisses,  Jambons.  -  Espiciers.  —  Confituriers. 

5.  Sculpteurs.  —  Menuisiers.  —  Charpentiers.  —  Torneurs. 


408  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 


O     CALEHIE.   POCRTODR. 


A  gauche  :  Oyseiiers,  Fayâciers,  Oyseliers. 
A  droite  :  Lingiers. 

6°  GALERIE.  PETITS  BATIMENTS,  À  GAUCHE,  EN  DEHORS  DE  L'ENCEINTE. 

Conciergerie. 

Telle  est  la  distribution  figurée  sur  Testampe  que  nous  reproduisons.  Il  n'y  faut  pas  cher- 
cher autre  chose  que  des  indications  industrielles  et  commerciales.  L'orientation,  par  exemple, 
y  est  assez  incertaine  :  on  ne  sait  au  juste  oii  s'est  placé  le  dessinateur,  quoiqu'il  ait  dû,  selon 
toute  apparence,  choisir  la  principale  entrée,  qui  était  sur  la  rue  du  Four.  Sur  la  rue  du 
Brave,  en  effet,  qui  est  représentée  aujourd'hui  par  la  rue  de  Seine,  il  n'y  avait  qu'une  entrée 
secondaire,  qu'on  appelait,  en  1^99,  ttla  porte  peincte,'»  et,  vers  1695,  trie  petit  huis  de  la 
Halle.  .> 

L'état  d'inachèvement  de  la  nouvelle  église  Saint-Sulpice,  qui  se  trouve  figurée  à  droite,  et 
le  costume  des  nombreux  personnages  qui  se  pressent  aux  abords  de  la  foire,  datent  assez 
exactement  cette  curieuse  estampe  :  elle  remonte  très-probablemenl  à  la  première  moitié  du 
xvii^  siècle.  —  l.  m.  t. 


XIII 

LA    CROIX-ROUGE. 

(Texte  p.  165  et  166.) 

En  publiant  le  texte  de  feu  Berty,  nous  avons  reproduit  avec  une  fidélité  scrupuleuse  le  pas- 
sage dans  lequel  il  discute  l'origine  de  l'ancienne  dénomination  appliquée  au  carrefour  de  la 
Croix-Rouge.  L'insistance  avec  laquelle  il  combat  l'idée  générale,  pour  y  substituer  une  opinion 
nouvelle,  nous  obligeait  à  présenter  son  hypothèse  telle  qu'il  l'a  formulée  lui-même,  en  l'ap- 
puyant d'une  note  signée  de  ses  initiales.  Cependant  nous  avons  cru  devoir  en  appeler  au  public 
savant  et  le  faire  juge  de  la  question;  aussi,  dans  une  seconde  note  placée  à  la  suite  de  celle  de 
l'auteur,  indiquons-nous  sommairement  les  motifs  qui  nous  ont  déterminé  à  grouper  sur  une 
planche  les  divers  aspects  que  les  vieux  plans  de  Paris  donnent  au  carrefour.  C'est  mettre  sous 
les  yeux  du  lecteur  les  pièces  mêmes  du  procès. 

Un  érudit,  à  qui  nous  avons  communiqué  ce  passage,  a  pensé  qu'il  y  avait  plus  à  faire.  Com- 
prenant le  sentiment  de  respect  qui  nous  avait  engagé  à  publier  intégralement  le  texte  de  feu 
Berty,  il  a  pensé  toutefois  que  nous  devions  faire  des  réserves  un  peu  plus  explicites.  Feu  Berty 
semble,  en  effet,  avoir  été,  contrairement  à  ses  habitudes,  assez  inexact  dans  cette  partie  de  son 
travail,  si  intéressant  d'ailleurs  et  si  consciencieux.  Plusieurs  erreurs  nialérielles  se  sont  glissées 
sous  sa  plume,  et  l'on  nous  saura  gré  de  les  relever  ici. 

Le  plan  de  Tapisserie  qu'il  cite  et  que  nous  reproduisons  partiellement,  d'après  une  photo- 
graphie de  la  Grande  Gouache,  montre,  à  l'endroit  du  carrefour,  une  petite  construction  basse 
et  évidée,  une  sorte  de  piédestal  découvert,  mais  pas  de  croix.  Celui  de  Braun,  qu'il  mentionne 
également  et  qu'il  date  de  1  676,  époque  de  la  publication  du  livre  de  Belleforest,  tandis  qu'il 
est,  en  réalité,  de  i53o,  ne  porte  ni  croix,  ni  arbre.  L'argument  tiré  des  vieux  plans  est,  d'ail- 
leurs, sans  force  pour  l'hypothèse  que  soutient  feu  Berty.  Les  plus  anciens,  c'est-à-dire  ceux  du 


APPENDICES  ET  PIECES  JUSTIFICATIVES.  409 

xvi'  siècle,  montrent  une  croix,  ou  un  piédestal ,  dans  une  région  presque  déserte,  oii  l'existence 
d'une  enseigne  est  très-improbable.  L'arbre  n'apparaît  qu'au  xvii°  siècle,  avec  Quesnel  et  Mérian, 
de  telle  sorte  que  ces  trpourctraicts  de  Paris  n  plaident  une  thèse  autre  que  celle  de  l'auteur. 

Feu  Berty  dit,  il  est  vrai,  avoir  constaté  l'existence  d'un  arbre  planté  au  carrefour,  crlong- 
temps  avant  celle  d'une  croix  quelconque. n  Cet  arbre,  ajoute-t-il,  était  dit,  en  liSg,  (t l'orme 
du  four, 7)  et  servait  à  dénommer  l'un  des  coins  de  la  rue  du  Cherche-Midi,  qu'on  trouve 
appelé  «la  pointe  de  l'orme, n  en  i355  et  1373.  Si  le  fait  résulte  des  titres,  l'hypothèse 
de  l'auteur  peut  se  soutenir;  cependant,  l'arbre  et  la  croix  ont  bien  pu  coexister,  ainsi  qu'on  le 
voit  encore  aujourd'hui,  au  point  de  croisement  des  chemins  ruraux,  dans  beaucoup  de  pays 
chrétiens.  Le  savant  topographe,  qui  a  consacré  vingt  années  de  sa  vie  aux  travaux  historiques, 
n'ignorait  certainement  pas  que  le  moyen  âge  avait  l'habitude  de  planter  des  croix  partout  oii 
le  paganisme  plaçait  des  objets  ou  attributs  religieux,  c'est-à-dire  des  idoles.  Il  y  voyait  un 
moyen  de  purifier  les  lieux  qui  avaient  été  profanés  par  l'exercice  de  l'ancien  culte,  et  qu'il 
regardait  comme  hantés  par  le  malin  esprit. 

Il  n'y  a  donc  pas  lieu  de  s'étonner  de  la  présence  d'une  croix  au  carrefour  dont  nous  nous 
occupons  :  les  religieux  de  Saint-Germain-des-Prés  devaient  évidemment  suivre,  en  leur  cen- 
sive,  un  usage  chrétien  auquel  les  possesseurs  laïques  du  sol  n'eussent  certainement  pas  manqué 
de  se  conformer.  —  i.  u.  t. 


XIV 

LE  PRIVILÈGE  AUX.  BOURGEOIS. 

(Texte  p.  170.) 

L'auteur  s'étant  borné  à  mentionner  dans  son  texte  trie  privilège  aux  bour- 
geois, d  en  vertu  duquel  l'emplacement  d'une  maison  sise  rue  du  Four  fut  adjugé 
à  l'abbaye  Saint-Germain-des-Prés,  nous  avons  jugé  à  propos  de  recueillir,  sur 
ce  privilège  que  feu  Berty  n'explique  point,  des  indications  suffisantes  pour  former 
une  sorte  de  bibliographie  du  sujet.  Le  caractère  exclusivement  topographique  de 
l'ouvrage  ne  permettait  pas  de  s'étendre  plus  longuement  sur  cette  matière.  — 

L.   M.   T. 

T  Ordonnances  royaulx  de  la  jurisdicion  de  la  Prevosté  des  marchans  et  Eschevinaige  de  la 
ville  de  Paris,  constituez  et  ordonnez  tant  par  les  feuz  roys  que  par  le  roy  nostre  sire  Françoys 
premier  de  ce  nom  et  plusieurs  arrestz  et  ordonnances  de  la  court  de  Parlement,  avec  plusieurs 
beaulx  privilèges  donnez  aux  bourgeois  de  Paris.  Extraictz  et  corrigez  sur  les  registres  del'Hostel 
d'icelle  ville.  Nouvellement  imprimé  à  Paris.  Cum  privilegio  Régis. -r» 

Cette  édition  de  1628,  in-fol.  gothique,  Jacques  Nyvert,  comprend  les  trAddicions  aux  Pri- 
vilèges,«  qui  ne  se  rencontrent  pas  dans  l'édition  de  i5oo.  Le  volume,  extrêmement  précieux, 
d'impre-ssion  gothique,  se  dislingue  par  de  nombreuses  gravures  sur  bois,  peintes,  amsi  que 
les  lettres  initiales,  en  or  et  couleur,  et  représentant  les  gens  de  métier  avec  leurs  costumes  du 
commencement  du  xvi"  siècle.  Cet  exemplaire  fait  partie  de  la  riche  bibliothèque  de  M.  l'abbé 


410  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

Bossuet,  curé  de  la  paroisse  de  Saint-Louis-en-rHe,  qui  a  bien  voulu  le  mettre  généreusement 
à  notre  disposition. 


Fueillel  LY.  —  wLe  soixante  troiziesme  chappitre  contient  plusieurs  beauk  privilèges  donnez 
par  les  feuz  Roys  aux  Rourgeois  de  Paris  et  confermez  parle  Roy.nostre  sire  Françoys,  premier 
de  ce  nom.  Et  premièrement  : 

«Que  les  marchans  acquitteront  la  foraine  a  Paris,  sy  bon  leur  semble,  a  six  deniers  pour 
livre,  et  ne  seront  tenus  pour  ce  bailler  caucion.  Article  i. 

Verso.  —  «Que  les  Bourgeois  de  Paris  ne  doyvent  estre  confrainclz  a  loger  par  Ibur- 
riei'S Il 

Fueillet  ivi.  —  «Que  nul  ne  peult  empescher  ne  retarder  les  vivres  et  marchandises  que  on 
ameine  a  Paris  mectre  succides  [sic)  nouvelles ni 

Fueillet  LVii,  verso.  —  «Que  les  bourgeois  de  Paris  ayans  fiefz  ou  arrière  fiefz  sont  exemplz 
de  aller,  envoyer,  ne  contribuer  au  ban  et  arrière  ban un 

Fueillet  lviii,  verso.  —  «Leclres  de  confirmacion  données  par  le  Roy  nostre  sire  Françoys 
premier  de  ce  nom,  par  laquelle  appert  que  ledit  seigneur  a  confermé  le  contenu  de  ces  pré- 
sentes ordonnances  et  privilèges,  et  que  les  sentences  données  par  les  Prévost  des  Marchans  et 
Eschevins  seront  exécutées  non  obstant  opposicions  ou  appellacions,  et  que  ilz  ne  pourront  estre 
prins  a  partie  a  cause  de  leurs  d.  sentences Article  v.d 

Ces  lettres  de  confirmation,  datées  de  Paris  en  avril  i5i5,  visent  les  quatre  articles  précé- 
dents, dont  voici  la  date  de  lieu  et  de  temps: 

Art.  I.  A  Rasiily,  près  Chinon,  le  7  février  1 464-5. 
Art.  II.  A  Paris,  en  octobre  i465. 
Art.  111.  A  Dampmartin,  en  septembre  ik-jU. 
Art.  IV.  A  Blois,  le  12  juin  i5i2. 

Le  volume  se  termine  en  fait  avec  les  «Lectres  de  confirmation, u  au  folio  lx,  par  cet 
explicit: 

«Fin  des  Ordonnances  royaulx  de  la  jurisdicion  de  la  Prevosté  des  marchans  et  Eschevinaige 
de  la  ville  de  Paris,  lesquelles  furent  achevées  de  imprimera  Paris  par  permission  et  privilège 
du  Roy  nostre  sire  le  .xx.  jour  de  novembre  l'an  de  grâce  mil  cinq  cens  vingt  et  buyt  par  Jaques 
Nyverd,  imprimeur  et  libraire,  demouraiit  en  la  rue  de  la  Juifrye  a  l'ymaige  sainct  Pierre  et 
tenant  sa  boutique  joignant  la  première  porte  du  Palays. 

«Et  pour  Pierre  le  Brodeur  aussi  libraire,  demourant  en  la  rue  de  la  Vieille  Pelleterye  a  l'en- 
seigne du  Cressant  et  tenant  sa  boutique  en  la  grant  salle  dudit  Palays  devant  le  premier  pillier 
du  costé  de  la  chappelle.  v 

Au  folio  LX  verso,  la  marque  de  «Jaques  Nyverd.  15  —  Puis  viennent  t6  feuillets  non  numé- 
rotés, portant  la  rubrique  suivante: 

«Adicions  sur  ce  présent  volume  intitulé  les  Ordonnances  de  la  Prevosté  des  marchans  et 
Eschevinage  de  la  ville  de  Paris  fort  exquises  et  nécessaires  a  tous  manans,  habitans,  et  affluans 
en  la  ville  de  Paris,  lesquelles  avoyent  par  inadvertance  esté  obmises  a  rédiger  oudit  volume;  et 
contiennent  lesdictes  adicions  deux  beaulz  privilèges  donnez  aux  Bourgeois  de  Paris  :  rest  assa- 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  411 

voir  que  iiz  peuvent  tenir  fiefz  et  arrière  fiefz  et  user  du  faict  de  noblesse,  et  l'autre  que  on  ne 
peult  tyrer  ne  avoir  par  action  ung  bourgeois  hors  de  ladicfe  ville  et  ceulx  qu'ilz  sont  ad  ce  sub- 
jectz.  Avec  plusieurs  editz  et  arrestz  faitz  et  constituez  sur  la  police  de  ladicte  ville  de  Paris,  et 
les  noms  des  Prévost  des  marchans  et  Eschevins  qui  ont  esté  en  icelie  ville  jusques  a  présent, 
leurs  privilèges  et  ceulx  des  officiers  de  ladicte  Prevosté  et  Eschevinage. 

ffCum  Privilégie." 

De  ces  16  feuillets,  les  2  premiers  seuls  ont  trait  aux  «Privilèges  des  Bourgeois  de  Paris.» 
Nous  donnons,  comme  précédemment,  le  titre  et  la  date  de  ces  ordonnances  ttobmises  a  rédiger 
par  inadvertance.  T> 

I.  —  «Que  les  Bourgeois  de  Paris  peuvent  tenir  liefz  et  arrière  fiefz,  et  joyr  du  fait  de 
noblesse.  —  Paris,  en  l'hôtel  royal  de  Saint-Paul  le  9  août  1371;  confirmations  du  5  août  1 890 
et  du  ...  septembre  1609. 

II.  —  «Que  les  Bourgeois  de  Paris  ne  sont  tenuz  respondre  ne  ne  peuvent  estre  traiz  hors 
des  murs  et  clostures  de  Paris.  —  Paris,  le  9  novembre  iUè^.v 

Il  peut  être  intéressant  de  faire  observer  que  ces  deux  derniers  privilèges,  ainsi  que  la  teneur 
entière  des  «Adicions,»  manquent  aux  autres  éditions  des  Ordonnances  royaulx;  sur  quoi  voyez 
Brunet,  Manuel  du  Libraire,  t.  IV,  col.  220. 

F.  BoNNARDOT. 


XV 

LES  ÉTATS  GÉNÉRAUX  DE  LA  GRENOUILLÈRE. 

(Texte  p.  ih-i  et  suiv.) 

LES  KSTATS TENUS  .4  LA  GREN0U1LLÈKE,LES15, 16, 17  ET  18  DU  PRÉSENT  MOIS  DE  JUIN  MIL  SIX  CENS  VINGT  TROIS' 
AVEC  LA  RÉSOLUTION  ET  CLOSTURE  DESDITS  ESTATS  M.DC.XXIII. 

L'auteur  anonyme  de  ce  pamphlet  (petit  in-H")  commence  par  dire  que  la  mort  et  la  guerre 
causent  souvent  de  grands  changements  dans  les  Etats,  et  que,  par  suite  de  ces  accidents,  tel 
qui,  la  veille,  était  au  pinacle,  se  trouve  le  lendemain  dans  la  boue.  C'est  ainsi  que  le  trépas  de 
la  reine  Marguerite  est  une  grande  perte  pour  la  France,  et  surtout  pour  ceux  qui  servaient  cette 
défunte  majesté  et  s'engraissaient  à  ses  dépens.  Le  satirique  écrivain  passe  en  revue  ces  para- 
sites et  les  montre  «couchant  et  employant  sur  diss  comptes  ce  qui  estoif  acquité  long-temps 
auparavant.  ...  n  11  ajoute  que  ces  malversations  ne  seront  pas  impunies. 

-Restera  seulement,  dit-il  ensuite,  le  public  qui  est  privé  du  contentement  de  la  pourmenade 
des  hallées  que  la  deffuncte  reyne  Marguerite  avoit  fait  faire  avec  tant  de  soing  et  d'affection, 
pour  raison  de  quoy  pensant  qu'il  deubt  arriver  quelque  bien,  à  ce  subject  l'on  a  tenu  à  la  Gre- 
riouillière  des  Estais  populaires,  auquel  lieu  toutes  harangues,  mémoires,  billets,  remonstrances 
ont  esté  reçues  de  bonne  part  et  en  la  forme  qui  ensuit  : 

«Hahajigue  des  pauvres  Prestres  estudians  en  l'Université  de  Paris,  à  messieurs  des  Estats  de 
la  Grenouillière.  n 

Après  les  «pauvres  prestres,»  viennent  les  nobles  de  Paris;  puis  un  bourgeois  se  présente 


412  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

au  nom  du  Tiers  Etat;  enfin  viennent  tries  Pastissiers  oubliers  qui  cy-devant  fre'quentoienl  le 
parc  de  la  Reyne  Marguerite,  pour  y  vendre  en  toute  liberté  les  denrées  de  leur  vacation,  oij  ils 
laisoient  passer,  disent-ils,  le  bon  comme  le  mauvais.'» 

Après  eux,  comparaissent  les  boulangers  de  petit  pain,  dont  la  harangue  est  un  modèle  en 
ce  genre.  La  voici  : 

irPLAINCTE  GÉNÉRALLE  DES  BOULiNGERS  DE  PETIT  PAIN. 

r Messieurs,  nous  avons  apris  d'un  vénérable  père  de  la  société,  que  parfois  les  bons  sont 
affligés  pour  les  offenses  des  mauvais,  et  que  tel  chastiment  arrive  de  la  part  du  vengeur  des 
crimes,  pour  leur  faire  cognoistre  qu'il  n'appartient  pas  aux  freslons  et  gens  de  basse  estoffe  de 
mettre  en  contreroolle  les  actions  des  endosseurs  de  montagnes  sur  montagnes,  estant  à  luy 
seul  de  réfréner,  reprendre  et  terminer  telle  arrogance,  ainsy  qu'il  fist  au  superbe  édifice  de 
Babylone.  Geste  doctrine,  messieurs ,  nous  a  grandement  rabaissé  le  caquet,  et  nous  a  si  fort 
cadenacé  la  bouche,  qu'il  nous  semble  ne  faire  plus  que  besgayer,  au  lieu  de  parler  hardiment 
de  nos  interests,qui  sont  et  doibvent  estre  estimez  incomparables.  Car  si,  à  son  préjudice,  nous 
voulions  nous  estendre  sur  l'effronterie  de  ceux  qui  téméraires,  pour  peu  de  deniers,  ont  envahi 
la  maison,  jardin  et  parc  de  la  Reyne  Marguerite,  ce  serait  avec  des  conjurations  si  violentes, 
qu'il  faudroit  nécessairement  que  les  foudres  se  rendissent  punisseurs  de  leurs  impudences,  ou 
légitimes  exécuteurs  de  nos  accusations.  Mais,  puisque  nos  desseins  sont  bornés  pour  le  présent, 
il  nous  suffira  vous  représenter,  autant  pour  l'interest  d'aulrui  que  pour  le  nostre,  que  l'houneste 
promenade  des  hallées  de  la  Reyne  Marguerite  estoit  un  lieu  tellement  nécessaire,  pour  le  diver- 
tissement d'un  chacun,  qu'à  présent,  estant  abolie,  les  villages  d'alentour  la  ville  de  Paris  servent 
de  réceptacle  aux  desbauches  effrénées,  comme  violements,  adultères,  assassinats,  et  voleries, 
ce  qui  estoit  absolument  aboly  lors  de  cette  honneste  liberté,  et  comme  mis  en  hayne  de  ceux 
lesquels  auparavant  en  tenoient  la  banque  et  le  party  :  et  de  fait,  messieurs,  vous  sçavez  trop 
mieux,  que  les  jours  de  festes  et  les  dimanches,  la  populace  de  Paris  se  rangeoit  par  bande  en  ce 
parc  regreté,  en  divers  endroicts  et  cantons,  les  uns  discourant  d'affaires  sérieuses  et  les  autres 
de  leurs  honnestes  affections;  puis  l'on  s'esgayoit  selon  sa  fantaisie,  et  selon  son  humeur,  sans 
qu'il  arrivast  querelle  ny  discord,  chacun  n'aspirant  que  d'entretenir  l'âme  et  le  corps  ensem- 
blement.  Là  les  filous,  traisne-épées.  Rougets,  Grizons  et  autres  gens  de  pareille  estoffe  n'avoient 
que  faire;  mais  Pasticiers,  Friiicliers,  Taverniers,  Vendeurs  de  bière  et  Boulangers,  pour  les- 
quels, messieurs,  estant  advoûé  comme  ayant  procuration  en  forme  probante,  j'ay  à  vous  repré- 
senter, en  toute  humilité,  quel  peut  estre  le  deuil  et  la  perte  que  nous  souffrons  en  la  dégradation 
de  ce  parc.  Premièrement  nous  y  envoyions  nos  apprentifs,  chacun  d'eux  chargé  d'une  bottée  de 
petits  pains,  tant  de  chapitre,  niolets,  à  la  reyne,  que  faire  à  la  mode,  toute  marchandise  fardée, 
et  laquelle  nous  n'eussions  ozé  vendre  en  nos  boutiques,  pour  estre  les  uus  légers  de  plus  de 
quatre  onces  et  demye,  les  autres  repassez  au  four  pour  les  faire  estimer  tendres,  et  les  autres 
estant  pains  contrefaits,  au  préjudice  des  ordonnances  de  la  police.  Secondement,  le  lieu  estant 
proche  de  nos  maisons,  ce  nous  estoit  un  second  profit,  en  ce  que  nosdits  apprentifs  n'usoienl 
pas  tant  de  souliers  comme  ils  peuvent  faire  à  courir  tantost  aux  Bons-Hommes  de  Chaillot, 
tantost  à  Gentilly  et  tantost  à  Vaugirard.  Tellement  qu'au  moyen  de  cette  espèce  de  déluge 
arrivé  sur  dessein  tout  magnifique  et  tout  royal,  nos  ressentiments  en  sont  si  grands  que  nous 
sommes  nécessitez  de  nous  addressorà  vous,  pour  implorer  vos  fécondes  prudences,  le  fruict  des- 
quelles nous  espérons  nous  apporle  de  l'utilité. 

ttLe  Président  :  Que  demandez-vous? 

r L'agent  des  boulangei-s  :  Messieurs,  ce  n'est  pas  l'argent  de  vos  bourses  que  nous  demandons. 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  413 

car  nous  avons  assez  gagné  depuis  deux  ans.  Mais  nous  vous  supplions  de  faire  en  sorte  que  ie 
pain  ne  soit  plus  visité,  et  que  nous  ie  vendions  à  notre  fantaisie,  afin  que  nos  femmes  vous  en 


sachent  gré . 


Vient  ensuite  Guérin,  jadis  (r  plaisant  de  la  Reyne  Marguerite,  «  et  enfin  le  capitaine  générai  des 
Guerres  de  Paris,  Picard,  dont  la  harangue  est  bouffonne.  La  résolution  des  États  est  digne  des 
harangues.  Chacun  des  plaignants  est  congédié  en  bonne  forme,  et  l'ordonnance  est  affichée  dans 
tous  les  cabarets  de  wceste  ville  de  Paris,  à  ce  qu'aucun  n'en  prétende  cause  d'ignorance. n 

Le  reste  du  pamphlet  n'a  rien  de  bien  intéressant  au  point  de  vue  topographique.  Nous  nous 
sommes  borné  à  en  extraire  ce  qui  a  trait  au  palais  et  aux  jardins  de  la  reine  Marguerite,  jar- 
dins et  palais  dont  la  durée  fut  si  éphémère.  On  sait  que  les  trhallées»  de  ces  jardins,  qui 
avaient  remplacé  les  chemins  du  Préaux-Clercs  et  qui  furent  transformées  en  rues,  au  moment 
de  l'extension  du  bourg  Saint-Germain,  ont  donné,  quelques  années  plus  tard,  l'idée  du  Cours- 
la-Reine.  Cette  promenade  célèbre,  qui  subsiste  encore  aujourd'hui,  n'est  donc  autre  chose  que 
le  Préaux-Clercs  et  le  jardin  de  la  reine  Margot  transportés  sur  l'autre  rive  du  fleuve.  —  l.  m.  t. 


XVI 

L'AQUEDUC  D'ARCUEIL  (". 

(Texte  p.  3i3  et  suiv.) 

I 

LK  ROY  MET  LA  PREUlÈnE  PIERRE  À  LA  SOURCE  DES  FONTAINES  DE  RONGIS. 

Le  jeudy  xi  jour  de  juillet  i6i3.  Monsieur  de  Liancour,  gouverneur  de  cette  Ville,  est 
venu  en  l'hostel  d'icelle  advertir  messieurs  les  Prévost  des  Marchands  et  Eschevins  que  le  Roy 
désiroit  aller  samedy  prochain  veoir  les  sources  des  fontaines  de  Rongis;  à  ce  que  mesdils 
sieurs  eussent  à  donner  ordre  aux  préparatifs  nécessaires.  De  quoy  mesdits  sieurs,  se  réjouïs- 
sans  de  l'honneur  que  Sa  Majesté  feroit  à  la  dite  Ville,  ont  aussitost  envoyé  quérir  Marcial 
Coilïier  cuisinier  ordinaire  de  la  Ville  et  le  sieur  Mainvillier  tapissier,  tant  pour  faire  le  festin 
«jue  pour  préparer  des  meubles  précieux  où  Sa  Majesté  prendra  son  disner.  Et,  suivant  ce,  le 
lendemain  vendredy  i  a  du  dit  mois  mesdits  sieurs  Prévost  des  Marchans  et  Eschevins  furent 
au  Louvre  prier  Sa  Majesté  d'aller  aux  dites  fontaines,  et  si  elle  avoit  agréable  de  prendre  son 
disner  au  chasteau  de  Cachan;  ce  qu'ayant  promis  Sa  dite  Majesté,  mes  dits  sieurs  de  la  Ville 
ayant  donné  ordre  à  tout  ce  qui  estoit  nécessaire,  tant  pour  le  disner,  meubles,  que  toute 
autre  chose,  partirent  de  cette  Ville  le  samedy  i3  du  dit  mois  du  malin  avec  messieurs  les  pro- 
cureur du  roy,  greffier  et  receveur  de  la  Ville,  et  allèrent  jusques  à  la  Saussaye  attendre  Sa  Ma- 
jesté, laquelle  vint  incontinent,  suivie  de  Monsieur  le  duc  de  Montbazon,  mon  dit  sieur  le 
Gouverneur,  monsieur  de  Souvray,  et  autres  seigneurs,  avec  aussi  sa  compagnie  de  chevaux  lé- 
gers; à  laquelle  mes  dits  sieurs  firent  la  révérence.  Ce  fait  poursuivirent  leur  chemin  jusques 

<■'  Nous  réunissons  sous  ce  tilie  les  pièces  relatives  à  cette  grande  entreprise.  La  plupart  ont  été  publiées 
par  Félibicn.  —  l.  m.  t. 


414  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

aux  dites  fontaines  de  Rongis,  où  estant  Sa  Majesté  mit  pied  à  terre  pour  veoir  les  sources  des- 
dites fontaines,  oiî  il  y  avoit  cinq  ou  six  cens  ouvriers  qui  travaiHoient  à  faire  des  tranchées  el 
autres  ouvrages  pour  la  conduite  des  dites  eaux,  dont  Sa  Majesté  receut  un  fort  grand  conten- 
tement, disant  que  son  peuple  en  trouveroit  bien  de  la  commodité.  Ce  fait  mes  dits  sieurs  de 
la  Ville  supplièrent  Sa  Majesté  de  prendre  son  chemin  vers  le  dit  Cachan,  où  se  faisoient  les 
préparatifs  du  disner;  ce  qu'il  leur  accorda,  et  en  y  allant  fit  quelque  exercice  de  la  chasse. 

Et  arrivez  audit  Cachan  mes  dits  sieurs  de  la  Ville  firent  mettre  sur  table,  où  il  y  avoit  quatre 
tables  et  quatre  plats  préparez  pour  le  dit  festin.  Et  estoient  les  chambres  salles  et  cabinets  du 
chasteau  fort  bien  parez  de  meubles,  tant  de  tapisseries  d'or  et  d'argent,  comme  les  hault  dais 
et  le  lit  où  devoit  reposer  le  roy  aussi  d'or  et  d'argent.  Sa  Majesté  se  mit  à  table,  où  pendant 
son  disner  mes  dits  sieurs  de  la  Ville  furent  autour  de  la  dite  table,  pour  entretenir  Sa  Majesté, 
pendant  lequel  temps  les  dits  seigneurs  qui  estoient  à  la  suite  de  Sa  Majesté  se  mirent  aussi  à 
table  dans  une  autre  salle  à  part  où  ils  estoient  plus  de  80  ou  100  seigneurs  à  table,  le  toul 
aux  frais  et  despens  de  la  dite  Ville.  Et  ayant  Sa  Majesté  disné,  alla  prendre  son  plaisir  de  la 
chasse  dans  le  parc  du  chasteau  de  Cachan,  où  ayant  pris  congé  par  mesdits  sieurs  les  Pré- 
vost des  Marchands  et  Eschevins,  Sa  Majesté  les  remercia  et  leur  demanda  quand  on  feroit 
l'assiette  de  la  première  pierre;  quelle  entendoit  et  désiroit  y  eslre  présente;  à  quoy  mesdits 
sieurs  firent  response  que  cestoit  trop  d'honneur  que  la  Ville  recevoit  de  Sa  Majesté,  et  ayant 
fait  appeller  les  ouvriers  et  entrepreneurs  desdites  fontaines  pour  sçavoir  en  quel  temps  on 
commenceroit  à  poser  la  première  pierre  du  grand  regard;  lesquels  firent  response  qu'ils  es- 
toient prests  quand  il  plairoit  à  Sa  Majesté,  au  plustost  dedans  cinq  ou  six  jours,  afin  de  ne 
retarder  leur  besogne.  Et  lors  mes  dits  sieurs  les  Prévost  des  Marchands  et  Eschevins  prirent 
de  rechef  congé  de  Sa  Majesté  pour  s'en  revenir  en  cette  dite  Ville;  où  estans  attendu  que 
Sa  Majesté  devoit  mettre  la  première  pierre  aux  dites  fontaines,  firent  aussitost  faire  de  grandes 
médailles  d'or  et  d'argent  pour  mettre  et  poser  sous  la  dite  pierre,  où  Sa  Majesté  estoit  repré- 
sentée d'un  costé,  et  de  l'autre  costé  la  Royne  régente  sa  mère  sur  un  arc-en-ciel  signifiant  sa 
régence. 

Et  le  lundy  i5  du  dit  mois  de  juillet  1610,  mes  dits  sieurs  les  Prévost  des  Marchands  et 
Eschevins  furent  encore  advertis  par  mon  dit  sieur  le  gouverneur  que  le  Roy  et  la  Royne  ré- 
gente sa  mère  dévoient  aller  aux  dites  fontaines  de  Rongis  jjour  asseoir  la  première  pierre  le 
jeudy  ensuivant,  à  ce  que  toutes  choses  fussent  prestes  pour  cet  effet.  Et  suivant  ce  furent  au 
Louvre  prier  leurs  Magestez  de  faire  l'honneur  à  la  dite  Ville  de  poser  la  dite  première  pierre 
et  de  prendre  leur  disner  au  dit  chasteau  de  Cachan  ou  en  tel  autre  lieu  qu'il  leur  plaira.  Le- 
quel Seigneur  roy  fit  response  qu'il  iroit  encore  disner  au  dit  Cachan,  et  après  le  disner  qu'il 
iroit  poser  la  première  pierre;  et  la  dite  dame  Royne  s'excusant  du  disner  dit  qu'elle  se  trouve- 
roit aux  dites  fontaines  de  Rongis  l'apres-disnée,  dont  mes  dits  sieurs  de  la  Ville  remercièrent 
très-humblement  leurs  dictes  Majestez.  Et  étant  mes  dits  sieurs  de  la  Ville  revenus  audit  hostel 
de  la  Ville,  advisèrent  entre  eux  à  tous  les  préparatifs  nécessaires,  tant  pour  les  festins  néces- 
saires, meubles  précieux,  collations,  lentes,  truelle  d'argent,  trompettes,  tambours,  médailles, 
vin  pour  deffoncer  en  signe  de  réjouissance,  et  largesse,  que  toute  autre  chose  requise,  com- 
mandant audit  Coiffier  de  préparer  quatre  plats  de  viandes  les  plus  exquises,  el  à  Joachim  du 
Pont  espicier  de  la  Ville  d'avoir  à  préparer  les  plus  belles  et  exquises  confitures  qu'il  soit  pos- 
sible de  trouver,  pour  faire  les  dites  collations. 

Advenu  lequel  jour  de  mercredy  17  du  dit  mois  de  juillet,  du  matin,  mes  dits  sieurs  de  la 
Ville  estant  advertis  que  le  roy  estoit  ja  parti  pour  aller  audit  Cachan  et  se  donner  le  plaisir 
delà  chasse  en  chemin,  partirent dudit  hostel  de  la  Ville  avec  lesdits  sieurs  procureur  du  roy, 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  415 

greffier  et  receveur  et  plusieurs  autres  officiers  pour  le  service  d'iceiie,  et  allèrent  au  dit  Ca- 
chan,  oii  ayant  trouve'  Sa  Majesté  luy  firent  la  révérence,  le  remerciant  de  tant  de  peine  quelle 
prenoit  et  de  l'honneur  quelle  faisoit  à  la  dite  Ville;  et  ayant  par  mesdils  sieurs  pris  garde  si 
tout  estoit  bien  préparé,  l'heure  estant  venue  pour  disner  mesdits  sieurs  supplièrent  Sa  Majesté 
de  vouloir  bien  se  mettre  à  table;  ce  quelle  lit;  pendant  lequel  temps  mesdils  sieurs  de  la  Ville 
furent  autour  de  la  table,  l'entretenant  pendant  son  disner,  tant  du  sujet  des  dites  fontaines 
que  de  plusieurs  autres  beaux  discours;  pendant  lequel  les  seigneurs  et  autres  gentilshommes 
qui  estoienlde  la  suite  de  Sa  Majesté  jusqu'au  nombre  de  plus  de  cent,  disnèrent  dans  une 
autre  salle  à  part,  le  tout  aux  frais  et  despens  de  ladite  Ville.  Après  lequel  disner,  tant  Sa  Ma- 
jesté que  mesdits  sieurs  de  la  Ville  prirent  leur  chemin  pour  aller  auxdites  fontaines  de  Ron- 
gis;  où  estant,  mesdils  sieurs  de  la  Ville  reconnurent  que  tout  ce  quils  avoient  commandé 
estoit  bien  préparé,  entr autres  deux  tentes  pour  mettre  leurs  majestez  à  couvert,  crainte  du 
soleil,  meublées  et  garnies  de  chaises  de  velours  brodées  d'or  et  d'argent,  et  où  estoit  dressé 
une  fort  belle  collation  de  toutes  fort  belles  confitures  exquises  et  en  grande  quantité;  comme 
aussi  les  ouvriers  et  entrepreneurs  des  dites  fontaines  préparez  pour  faire  asseoir  la  dite  pre- 
mière pierre. 

Et  environ  les  trois  heures  de  relevée  arriva  auxdites  fontaines  de  Rongis  la  Royne 
régente  suivie  de  Monsieur  le  Duc  de  Guise,  de  Monsieur  de  Joinville,  de  Monsieur  de  Reins, 
de  Monsieur  le  duc  de  Monlbazon  et  autres  seigneurs  et  gentilshommes,  princesses,  dames  et 
damoiselles.  Au-devant  de  laquelle  dame  Royne  mesdits  sieurs  de  la  Ville  furent,  et  la  remer- 
cièrent de  tant  de  peine  quelle  prenoit  pour  la  dite  Ville.  Et  aussitost  les  trompetles  estant  en 
grand  nombre  avec  des  tambours,  commencèrent  à  sonner,  mesmes  fut  défoncé  trois  muids  de 
vin  que  mesdits  sieurs  de  la  Ville  avoient  fait  préparer,  qui  furent  dispersez,  tant  aux  ma- 
nœuvres et  autres  ouvriers  desdites  fontaines  estans  au  nombre  de  plus  de  six  cent,  que  plu- 
sieurs autres  personnes,  le  tout  en  signe  de  réjouissance  d'un  si  bel  œuvre  pour  le  public,  que 
lesdites  fontaines.  Et  à  l'instant  mondit  sieur  le  Prévost  des  Marchands  suivi  de  mesdits  sieurs 
les  Eschevins,  procureur  du  roy,  greffier  et  receveur,  présenta  au  roy  une  truelle  d'argent.  Et 
aussitost  lesdites  trompettes  sonnans,  le  dit  Seigneur  Roy  a  esté  conduit  à  l'endroit  oii  se  com- 
mence le  grand  regard,  accompagné  de  ladite  dame  Royne  et  de  tous  les  princes  et  seigneurs 
cy-dessus,  Sa  Majesté  a  assis  et  posé  ladite  première  pierre,  sur  laquelle  a  été  mis  par  Sa  Ma- 
jesté cinq  desd.  médailles  cy-dessus,  l'une  d'or  et  quatre  d'argent,  baillées  par  lesdits  sieurs 
Prévost  des  Marchands  et  Eschevins,  lesquelles  ont  esté  couvertes  d'une  autre  pierre,  qui  ont 
esté  liées  ensemble  par  Sa  Majesté,  laquelle  pour  ce  faire,  avec  la  dite  truelle  d'argent,  a  pris 
du  mortier  dans  un  bassin  d'argent  qui  estoit  à  cette  fin  préparé.  Et  à  l'instant  lesdites  trom- 
pettes et  tambours  ont  recommencé  à  sonner  avec  grandes  acclamations  de  joye  et  cris  de  Vive 
le  Roy,  par  tout  le  peuple. 

Ce  fait,  mesdils  sieurs  de  la  Ville  ont  présenté  au  roy  et  à  ladite  dame  royne  à  chacun 
une  des  dites  médailles  d'or  fort  belles  et  pesantes,  et  à  mondit  sieur  le  gouverneur  et  autres 
princes  et  seigneurs  leur  en  a  esté  baillé  d'argent;  de  quoy  leursdiles  majestez  ont  esté  fort 
aises  et  contens  des  libéralitez  de  ladite  Ville.  Ce  fait,  leur  a  esté  présenté  la  collation  qui  leur 
avoit  esté  préparée  desdiles  exquises  et  excellentes  confitures  que  leurs  dites  majestez  ont 
trouvées  fort  belles,  et  de  tout  ont  remercié  mesdils  sieurs  les  Prévost  des  Marchands  et 
Eschevins,  et  ayant  pris  congé  de  leurs  dites  majestez,  chacun  s'est  relire  et  sont  mesdits  sieurs 
de  la  Ville  revenus  en  celte  Ville. 


416  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

II 

BAIL  FAIT  À  JEAN  COING  POUR   L'ENTREPRISE  DE  LA  CONDUITE  DES  EAUX  DE  RONGIS  À  PARIS. 

Louis  par  la  grâce  de  Dieu  Roy  de  France  et  de  Navarre,  à  tous  ceux  qui  ces  présentes  lettres 
verront,  salut.  Nous  ayant  esté  remontré  en  nostre  conseil  qu'en  la  ferme  et  lieu  de  Rongy,  dis- 
tant de  trois  lieues  ou  environ  de  nostre  bonne  Ville  de  Paris,  il  y  avoit  plusieurs  et  belles 
grosses  sources  d'eauë,  lesquelles  mises  ensemble  se  pourroient  conduire  et  amener  en  nostre 
dicte  Ville  et  apporter  grande  commodité  au  publicq;  désireux  de  décorer  et  embellir  nostre 
dicte  Ville  autant  quils  nous  sera  possible,  et  sur  ce  faict  visiter  les  lieux  par  experts  et  gens  à 
ce  cognoissans,  desquels  veu  le  rapport  et  convenu  qu'il  se  pouvoit  trouver  et  fournir  jusques  à 
la  quantité  de  trente  pouices  desdites  eaues  eu  toute  saison,  pour  conduire  en  nostre  dicte  Ville; 
nous  aurions  faict  communiquer  ledict  rapport  aux  Prévost  des  marcbans  et  Eschevins  de  nostre 
dicte  Ville,  et  ordonné  d'assembler  avec  eulx  lesdicls  experts  et  autres  personnes  entendues,  pour 
dresser  les  desseings  et  devis  des  ouvrages  pour  ce  nécessaires  et  matériaux  dont  ils  doivent  estre 
construicts;  ce  quils  auroient  fait  le  v  jour  de  septembre  dernier  et  présenté  en  nostre  dict  conseil 
lesdicts  desseings  et  devis,  dont  plusieurs  personnes  ayant  eu  communication;  et  entre-autres 
Hugues  Cosnier,  il  auroit  offert  de  faire  lesdicts  ouvrages,  les  rendre  faicts  et  parfaicts  dans  trois 
années,  et  iceux  entretenir  à  ses  despens  durant  douze  années  suyvantes  et  consécutives  après 
lesdictes  trois  années,  faire  les  recompenses  des  moulins,  terres,  maisons  et  autres  héritages 
nécessaires  pour  ladicte  construction  et  amener  et  fournir  jusques  à  ladicte  quantité  de  trente 
pouices  desdictes  eaues,  assavoir  dix-huict  pouices  desdictes  eaux  dont  nous  nous  sommes 
réservé  la  disposition  pour  servir  ez  lieux  et  endroicts  oij  il  seroit  par  nous  ordonné,  et  douze 
pouices  d'eaues  à  la  dicte  Ville  pour  le  publicq,  moyennant  la  somme  de  sept  cens  dix-huit  mil 
livres  à  prendre  sur  le  prix  de  la  ferme  de  trente  sols  par  muid  de  vin  entrant  en  la  dicte  Ville, 
destinez  à  la  construction  desdits  ouvrages,  et  oultre  cent  mil  livres  en  la  quatrième  année,  à 
condition,  oij  il  ne  seroit  adjudicataire  desdicts  ouvrages  sur  son  offre,  qu'il  se  pourroit  départir 
de  l'adjudication  à  lui  faicte  de  ladicte  ferme  de  laquelle  il  ne  se  seroit  rendu  adjudicataire  que 
pour  la  considération  de  l'entreprise  desdicts  ouvrages,  et  que  l'adjudicataire  d'iceulx  seroit 
tenu  de  la  prendre  et  l'en  descharger,  à  la  charge  aussi  que  le  surplus  desdictes  eaues  qui  res- 
teroit  après  ladicte  quantité  de  trente  pouices  fournis  luy  demeureroit  pour  en  disposer  ainsy 
que  bon  luy  sembleroit,  et  que  les  terres,  moulins  et  autres  héritages  par  luy  recompensez  luy 
demeureront  en  propre.  Lequel  offre  nous  avons  ordonné  estre  publié,  et  sur  iceluy  faict  mettre 
affiches  ez  lieux  et  endroicts  accoutumez  le  xi  dudict  mois  de  septembre,  lesdicts  ouvrages  estre 
à  bailler  au  rabais  le  jeudy  xiii  dudict  mois  en  nostredict  conseil  qui  se  liendroit  en  nostre  chas- 
teau  du  Louvre. 

Auquel  jour  s'estant  présentez  lesdicts  Prévost  des  marchands  et  Eschevins  et  plusieurs  en- 
trepreneurs sur  les  lieux  pour  recognoistre  leur  assiette,  les  chemins  à  tenir  pour  la  conduite 
desdites  eaues,  et  nature  des  terres,  ils  estimoient  ledict  advis  dressé  pour  lesdicts  ouvrages 
estre  à  changer  en  aucuns  poincts,  etqu'aultrement  il  estoit  impossible  de  les  rendre  à  leur  per- 
fection et  de  longue  durée.  Sur  quoy  nous  les  aurions  renvoyez  pour  entrer  en  communication 
avec  les  premiers  qui  avoient  visité  lesdits  lieux  et  dressé  lesdicts  desseings  et  devis,  et  estre 
ouys  audict  hostel  de  Ville  pour  y  estre  de  nouveau  lesdits  desseings  et  devis,  examinez,  consi- 
dérez et  reformez  selon  qu'il  seroit  jugé  pour  le  niieulx,  ne  désirant  faire  commencer  en  une 
telle  et  si  importante  entreprise  qu'avec  cognoissance  certaine  de  sa  perfection. 

A  quoi  ayant  esté  procédé,  l'advis  dressé  par  lesdicts  experts  auroit  esté  présenté  en  nostre 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  417 

conseil,  où  il  auroit  esté  arresté  le  iv  jour  du  présent  mois,  iesdicts  Prévost  des  marchands  et 
Eschevins  présens;  et  sur  iceluy  ledict  Cosnier  faict  offre  de  faire  les  ouvrages  y  déclarez,  les 
rendre  parfaicts  et  amener  et  conduire  iesdicts  trente  poulces  d'eaue  en  toute  saison,  aux 
moindres  et  plus  basses  eaues  dans  quatre  années  prochaines,  à  commencer  au  premier  jour  de 
janvier  prochain,  moyennant  la  jouissance  durant  six  années  de  la  dicte  somme  de  cent  trois 
mil  liv.  sur  les  deniers  de  la  dite  ferme,  et  de  soixante  mil  liv.  à  prendre  en  la  septième  année 
d'icelle,  et  oultres  les  autres  conditions  portées  par  l'affiche  susdicte.  Duquel  offre  ayant  esté 
faicte  publication  et  mis  affiches  ezdits  lieux  pour  estre  Iesdicts  ouvrages  publiez  au  rabais  eu 
nostre  dict  conseil  le  vi  du  présent  mois  se  seroient  présentez  de  rechef  Iesdicts  Prévost  des  mar- 
chands et  Eschevins  qui  nous  auroient  requis  leur  donner  et  octroyer  l'intendance  et  seing  sur 
Iesdicts  ouvrages,  et  que  l'entrepreneur  fust  obligé  de  faire  les  canaux  suivant  le  devis  dressé 
audict  hostel  de  Ville  nécessaires  pour  amener  l'eaue  destinée  pour  la  commodité  de  ladicte 
Ville  depuis  le  dernier  et  grand  regard  qui  se  doibt  faire  proche  la  faulse  porte  du  faulxbourg 
Sainl-Jacques  jusques  aux  fossez  de  ladicte  Ville,  et  que  ledit  regard  et  celuy  qui  se  doibt  faire 
à  la  prinse  des  eaues  fussent  au  moins  de  la  grandeur  de  ceulx  qui  sont  au  Pré  Saint-Gervais 
et  à  Pantin. 

Avec  lesquelles  charges  et  les  autres  cy-dessus  portées  par  les  alliches  ayant  esté  publié  Ies- 
dicts ouvrages  estre  à  bailler  au  rabais  et  moins  disant,  à  l'extinction  du  feu,  et  déclaré  le  premier 
rabais  esire  de  vingt  mil  livres  et  les  suyvans  de  six  mil  livres  chacun,  et  le  premier  feu  allumé, 
à  l'extinction  d'iceluy,  Jehan  Gobelin  auroit  faict  rabais  de  xx  mil  livres,  sur  le  second  feu  Jonas 
Robeiin,  Antoine  Desnots  et  ledict  Gobelin  et  chacun  de  x  mil  livres.  Sur  le  troisième  Aubin 
Hervv,  Iesdicts  Desnots,  Jonas  et  Gobelin,  aussy  chacun  de  x  mil  livres.  Et,  s'estant  meu  conten- 
tion entr'eulx  du  dernier  moins  disant,  auroit  esté  allumé  un  quatrième  feu,  sur  lequel  Iesdicts 
Desnots  et  Ilervy,  Bobelin  et  Gobelin  auroient  encore  faict  rabois  chacun  de  x  mil  livres,  et  se 
seroit  trouvé  ledict  Gobelin  le  dernier  et  moings  disant,  qui  auroit  mis  Iesdicts  ouvrages  à  la 
somme  de  dxlviii  mil  livres,  auquel,  comme  faisant  nostre  condition  meilleure  et  plus  advan- 
tageuse  qu'aulcuns  des  aultres,  nous  aurions  adjugé  l'entreprise  desdicls  ouvrages  et  conduite!. 
d'eaue. 

Depuis  ledict  vi  jour  dudict  présent  mois  et  auparavant  la  délivrance  du  bail  desdicts  ou- 
vrages, qui  auroit  été  différé  sur  la  contention  qui  estoit  meuë  entre  Iesdicts  Gobelin  et  Robeiin 
du  dernier  moings  disant,  seroit  intervenu  M.  Loys  Marchant  maistre  des  œuvres  de  nos  basti- 
meus,qui  auroit  fait  rabais  à  nostre  profict  ez  mains  de  nostre  amé  et  féal  conseiller  en  nostre 
conseil  d'Estat  et  conirolleur  général  de  nos  finances  le  sieur  Jehannin  de  la  somme  de  xlviii  mil 
livres.  Duquel  s'estant  voulu  deppartir  au  moyen  de  certaine  transaction  passée  entre  lui  et 
ledict  Gobelin,  portant  remise  et  déclaration  à  son  profit  de  ladite  adjudication  desdicls  ouvrages 
au  susdict  prix  de  dxlviii  mil  livres,  se  seroit  présenté  René  Fleury  maistre  maçon  à  Paris  qui 
nous  auroit  offert  de  prendre  Iesdicts  ouvrages  et  les  faire  et  parfaire  bien  et  deuement  pour  la 
somme  de  cinq  cens  mil  livres  et  faire  ledict  rabais  de  xlviii  mil  livres  moyennant  qu'il  nous 
pleust  lui  en  faire  adjudication  sans  faire  nouvelle  publication  sur  son  dict  rabais;  duquel  nostre 
cher  et  bien  amé  Jehan  Coing  maistre  maçon  à  Paris  ayant  eu  cognoissance,  auroit  offert  nous 
faire  encore  rabais  de  xl  mil  livres  à  condition  qu'il  ne  seroit  tenu  de  faire  le  thuyau  et  ouvrages 
nécessaires  pour  la  conduite  de  douze  poulces  d'eaue  destinez  pour  les  habitans  de  ladicte  Ville 
depuis  le  dernier  et  grand  regard  qui  se  faict  à  la  faulce  porte  du  faulxbourg  Saint-Jacques 
jusques  au  bord  du  fossé  de  ladicte  Ville;  par  le  moyen  duquel  rabais  le  prix  desdicts  ouvrages 
ne  revenoit  qu'à  la  somme  de  cccclx  mil  livres,  condition  meilleure  et  plus  advantageuse 
qu'aulcune  des  aultres. 

i\ous,  à  ces  causes,  de  l'advis  de  nostre  conseil,  avons  audict  Jehan  Coing,  comme  dernier 

53 


418  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

et  moings  disant,  baillé,  adjugé  et  deliivré,  baillons,  adjugeons  et  délivrons  par  ces  présentes 
l'entreprise  desdicts  ouvrages  et  conduite  d'eaue  de  Rongy  à  la  somme  de  cccclx  mil  livres  la- 
quelle luy  sera  payée  en  six  années  prochaines  et  consécutives  esgalenient  ])ar  chacune  d'icelles, 
de  quarlieren  quartier,  à  commencer  du  i  janvier  prochain,  des  deniers  de  la  ferme  de  \xx  s. 
pour  muy  de  vin  entrant  en  nostre  dicte  Ville  de  Paris  par  le  fermier  d'icelle,  en  vertu  des  man- 
demens  du  trésorier  de  nostre  espargnc  qui  est  la  somme  lxxvi  mil  livres  xni  sols  iv  deiiniers  par 
chacune  desdictes  années,  moyennant  laquelle  somme  de  cccclx  mil  livres  sera  tenu  ledict  Coing 
de  faire  tous  les  ouvrages  de  maçonnerie,  pierre  de  taille,  ciment,  bricque,  corroy,  tranches, 
port  et  vuidanges  des  terres,  recompenses  des  héritages,  payer  peines  d'ouvriers  quil  sera  besoing 
faire  et  fournir  pour  parvenir  à  la  construction  des  voulles,  regards,  descharges,  bassins,  récep- 
tacles et  aqueducs  pour  amener  et  conduire  avec  voulte  les  eaues  et  sources  deppendans  de  la 
ferme  dudict  Rongy  jusqu'à  la  quantité  de  xxx  poulces  d'eaue  en  toutes  saisons  aux  moins  et 
plus  basses  eaues,  depuis  ledict  lieu  jusques  près  la  faulce  porte  et  les  tranchées  des  nouvelles 
fortifications  du  faulxbourg  Saint-Jacques  de  ladicte  .Ville  de  Paris  par  acqueducs  et  voultes, 
lesquelles  seront  faictes  et  construites  des  matières  et  façons  qui  ensuyvent. 

Premièrement  seront  faicts  les  canauix  et  voultes  dans  les  tranchées  cy-devant  faict  faire  par 
le  sieur  duc  de  Sully,  grand-voyer,  pour  ramasser  toutes  les  eaues;  lesquels  canauix  auront  cinq 
pieds  et  demy  de  haulteur  du  fond  de  soubz  clef  et  trois  pieds  de  large  dans  œuvres,  maçonné 
de  bon  moellon ,  chaux  et  sable  graveleux  de  deux  pieds  d'espoisseur,  garni  d'une  assise  par  bas 
de  pierre  dure  qui  sera  continuée  aux  murs  du  costé  des  bouches,  portant  un  marche-pied  de 
xviii  poulces  de  large,  et  le  mur  du  costé  des  terres  plaines  sera  garni  d'une  assise  de  pierre  de 
taille  au  pourtour,  pour  la  rencontre  et  ramas  des  eaues,  garnye  de  chaisnes  et  arcs  de  bonne 
pierre  de  taille  de  douze  pieds  en  douze  pieds,  et  par  bas  à  l'endroit  dudil  marche-pied  seront 
conservez  les  bouches  à  l'endroit  des  sources,  de  largeur  compétente;  les  jours  desquelles  seront 
faicts  de  bonne  pierre  de  taille  dure  fichée  avec  bon  mortier,  chaux  et  sable  graveleux  de  la 
tranchée  des  fortifications  de  la  dicte  Ville  ou  de  la  rivière  de  Seyne. 

Le  canal  de  la  fontaine  de  Rongy,  qui  commencera  au  regard  de  la  prinse  de  l'eaue  dudid 
Rongy  jusques  au  fossé  Neuf  de  la  ville  hors  le  faulxbourg  Saint-Jacques,  sera  fondé  sur  une  platte 
forme  de  maçonnerie  faicte  de  bloc  de  sept  pieds  de  large ,  fondé  à  bon  et  vif  fonds  sur  plate  forme 
et  pillotis,  si  besoing  est,  au-dessus  de  laquelle  masse  seront  plantez  les  deux  murs  du  canal 
espacez  de  trois  pieds  l'un  de  l'autre,  chacun  de  deux  pieds  d'espoisseur,  maçonnez  de  bon 
moilon  et  blocaiile  avec  mortier  chaux  et  sable  susdicts  élevez  jusques  en  telle  sorte  qu'il  y  ail 
cinq  pieds  et  demy  soubz  clef  depuis  le  fond  de  l'eaue;  la  voulte  duquel  canal  aura  quinze  poulces 
d'espois  à  Ia,clef,  les  reynes  remplies  de  mesme  matière;  et  le  surplus  du  couronnement  d'icelle 
voulte  sera  faict  en  raye  et  conduict  en  ponte  des  deux  costez,  si  mieux  n'aime  l'entrepreneur  ne 
faire  qu'un  revers  pour  rejetter  l'eaue  du  costé  des  valons  à  l'endroict  oii  il  y  aura  vallon;  les 
dicts  murs  du  canal  garnis  de  chaînes  et  arcs  de  pierre  de  taille  portant  parpain,  entre  deux  une , 
espacez  de  douze  en  douze  pieds  de  milieu  en  milieu. 

Sera  faict  le  petit  acqueduc  ou  conduit  d'eau  au  milan  d'entre  les  dicts  deux  murs,  le  fond  et 
costé  duquel  seront  de  six  poulces  d'é[)oisseur  faict  de  ciment  avec  cailloux  de  vigne,  le  dicl 
ciment  faict  et  composé  de  chaux  vive  broyée  avec  thuilleau  de  moulle  de  Paris  sans  aulcune 
bricque  ny  sablon. 

Item  en  faisant  les  dicts  murs,  s'il  se  trouve  quelque  cours  d'eaue  qui  mérilo  plus  grande 
recherche,  sera  faicte  ouverture  de  la  terre  jusques  à  telle  longueur  qui  sera  nécessaire  pour  le 
mieulx,  et  la  tranchée  pour  conduire  l'eau  sera  de  deux  pieds  et  demy  de  large  remplye  de  deux 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  ^19 

petits  murs  de  pierre  sèche,  ung  petit  canal  entre  deux  de  six  poulces  de  large  et  un  pied  et  demy 
de  hault,  recouverts  de  pierre  de  biocaille  ou  cailloux  de  la  mesme  qualité',  avec  un  corroy  faict 
de  glaize  de  six  poulces  d'espaisseur  par  dessus  les  dicts  couvertures;  ensemble  faire  des  esvents 
où  il  sera  nécessaire  le  long  des  acqueducs  et  les  esviers  de  pierre  de  taille  traversant  le  mur 
pour  servir  à  recevoir  les  sources  qui  se  rencontreront  par  voye. 

Item  rechargera  de  terre  toutes  les  tranchées,  murs  et  canaulx  jusques  à  telle  liaulteur  qu'il 
sera  advisé  pour  le  mieulx,  et  telle  que  le  lieu  le  pourra  requérir. 

Item  au-dessus  desdicfs  canaulx  près  les  sources  au  lieu  qu'advisé  sera  pour  le  mieulx,  et  à 
distance  et  intervalle  d'ung  pied,  seront  faictes  les  vuidanges  des  terres  tant  seiches  que 
mouillées  pour  l'assiette  d'un  grand  regard  et  accueil  d'eau ,  l'auge  duquel  sera  de  telle  profon- 
deur qu'il  appartiendra  et  en  telle  sorte,  que  depuis  le  fonds  de  ladite  auge  il  puisse  y  avoir 
xvni  poulces  de  haulteur  jusques  au  fond  du  petit  acqueduc  ou  petit  canal  de  passage  des  eaues, 
lequel  regard  sera  fondé  en  mace  de  maçonnerie  sur  bou  fonds  et  suffisant  pour  porter  el 
soubstenir  tel  ouvrage;  lequel  fonds,  au  cas  qu'il  ne  se  trouvast  ferme,  sera  garny  comme  cy 
après  sera  déclaré. 

Sera  iceluy  regard  faict  el  conslruict  en  la  forme,  structure,  façon  et  grandeur  du  moings 
telle  que  le  regard  des  fontaines  de  la  dicte  ville  qui  est  au-dessus  du  village  du  Pré-Sainl- 
Gervais  au  lieu  dict  les  Maussins,  ou  du  regard  au  bout  d'entrault  des  canaux  des  fontaines  de 
la  ville  de  Believille  sur  sablon,  le  dict  regard  appelle  h  Tour  ou  Chapelle,  garny  de  dessente 
comme  le  dict  regard ,  les  bouches  et  descharges  des  grands  canaux  faictes  comme  celles  desdicts 
regards,  en  laquelle  espace  d'ung  pied  sera  fait  un  long  corroy  de  ciment  qui  commencera  au 
fonds  de  la  fondation  du  grand  regard,  et  eslevé  trois  pieds  plus  hault  que  le  fonds  des  canaux 
premiers  déclarez,  continuer  ledict  corroy  le  long  du  mur  du  grand  carré  de  la  recherche  des 
eaues,  et  de  la  largeur  qu'il  sera  jugé  nécessaire,  fondé  et  eslevé  comme  le  corroy  d'intervalle 
cy-devant  déclaré,  avec  lequel  les  dicts  corroys  seront  liez,  et  au-dessus  dudict  corroy  sera  faict 
le  fonds  du  dict  regard  de  pierre  de  Lyez. 

Item  au  passage  de  la  traverse  du  vallon  d'entre  les  deux  montaignes  au  village  d'Arcueil 
sera  faict  la  maçonnerie  des  pilles,  arches,  arceaux,  petites  pilles  en  nombre  nécessaire,  qui 
seront  fondez  jusques  à  vif  fonds  de  seize  pieds  de  long  et  huict  pieds  de  large,  ou  plus  si 
besoing  est,  et  jusques  au  rez-de-chaussée,  sur  pilotis  et  platte-formes  s'il  convient  et  est  néces- 
saire, sinon  seront  fondez  de  pierre  de  Libage  joinctises,  sur  lesquelles  fondations  de  Libage 
sera  posé  la  pierre  de  taille  desdicts  pilles,  chacune  de  quatorze  pieds  de  longueur,  compris 
leurs  poincles,  sur  six  pieds  de  largeur;  lesquelles  pilles  seront  espacées  de  trente  thoises  l'une 
de  l'autre  et  construites  de  grands  quartiers  de  pierre  dure  sans  aucun  moillon,  jusques  à  la 
haulteur  des  eaues  sur  les  plus  haultes,  pour  le  regard  des  deux  arches  du  milieu,  à  l'endroicl 
du  grand  cours,  et  les  aullres  fondés  semblablement  de  Libage  et  au-dessus  de  quartier  à  pare- 
ments de  pierre,  remplis  de  moillon  maçonné  avec  bon  mortier  chaux  et  sable,  et  le  résidu 
desd.  pilles  el  arches  seront  eslevez  pour  le  regard  des  poinctes  et  escussons  de  pierre  avec  les 
pilastres  au-dessus  aussi  de  pierre,  selon  la  forme,  structure  et  façon  qu'il  a  esté  représenté  pai 
le  desseing;  les  restes  des  arcs  et  arceaux  portans  deux  pieds  et  deux  pieds  et  demy  en  teste  et  en 
douvalles,  continuer  la  face  des  arceaux  avec  leur  engraissement  jusques  soubz  la  plinte;  et  pour 
le  regard  des  deux  assises  de  chacun  costé  de  la  clef,  auront  xvni  poulces  de  haulteur  soubz  les 
pliiites,  et  continuer  l'eslevalion  ainsi  qu'il  est  représenté  par  le  desseing. 

Les  cullées  el  maces  de  maçonnerie  des  deux  bouts  au  passage  du  dict  Arcueil  seront  faictes 

53. 


à'20  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

de  la  même  forme,  structure  et  façon  que  les  pilles  cy-devant  déclarées;  pour  la  fondation  des- 
quelles pilles  et  maces,  regards  et  grands  canaux,  seront  faicts  les  basquetages  et  vuidanges 
d'eaue,  pillotis  et  platte-forme  qui  se  trouveront  nécessaires  pour  la  seureté  et  conservation  des 
dicts  ouvrages  des  dictes  pilles,  maces  ou  cullées,  canaux  ou  regards. 

Item  aux  deux  bouts  dudict  canal  de  traverse  ou  acqueduc  dans  le  village  d'Arcueil,  seront 
faicts  deux  regards,  dans  lesquels  seront  faicts  les  descharges  pour  descharger  les  eaux  desdicts 
canaux  quand  besoing  sera,  garni  aussi,  si  besoing  est,  de  descentes  ou  montées  de  marches 
de  pierre  environnées  de  murs  comme  celles  des  autres  regards  cy-après  déclarez;  faire  lesdictes 
descharges  de  (elle  forme,  structure  et  façon  que  les  eaues  descendans  d'icelles  ne  puissent 
endommager  le  publicq  ny  le  particulier. 

Item,  à  l'entrée  du  faux-bourg  Sainct-Jacques,  au  lieu  qu'advisé  sera  pour  le  mieux,  sera 
faict  un  grand  regard  en  forme  carrée,  l'auge  duquel  contiendra  dix-huit  pieds  de  large  dans 
œuvre,  compris  le  marche-pieds,  lequel  sera  fondé  en  masse  avec  plalte-fornie  et  pillotis  et  de 
la  même  structure  et  forme  comme  le  regard  de  la  prinse  des  eaues  cy-devant  déclarée,  en 
l'auge  duquel  regard  se  fera  la  distribution  et  séparation  des  portions  des  eaues,  tant  pour  nous, 
que  pour  ladicte  ville  de  Paris  et  pour  lesdicts  entrepreneurs;  savoir  pour  nous  la  quantité  de 
xviii  poulces  d'eaue  reduicts  en  un  mousle  et  calibre,  ou  eschanlillon,  et  pour  ladicte  ville 
douze  poulces  aussi  reduicts  en  ung  moulle,  pour  estre  par  iceux  calibres  dérivée  l'eaue  pour 
en  disposer  par  chacun  selon  qu'il  nous  plaira.  Et  pour  cet  effect  seront  pour  lesdites  sé[iarations 
faictes  au-dessoubz  dudict  et  joignant  icelluy  trois  petits  regards  ou  réceptacles  d'eaue,  savoir 
celuy  pour  nous  du  costé  des  Chartreux,  et  celuy  de  ladicte  ville  du  costé  de  la  chaucée,  et 
celle  dudict  entrepreneur,  du  costé  qu'il  advisera,  séparé  d'ung  mur,  pour  n'avoir  aucune  com- 
munication desdicts  dérivations  d'eaue.  Dans  lesquels  seront  mis  les  bouches  et  entrées  des 
thuyaux  particuliers,  pour  estre  l'eaue  de  la  ville  conduite  près  la  porte  Saint-Jacques. 

Item,  et  en  espace  desdicts  canaux  et  acqueducs,  seront  faicts  trente  regards  nécessaires 
espacez  de  ccc  toises  en  ccc  toises  ou  environ  qui  seront  faicts  de  la  qualité  et  epoisseur  que  les 
murs  desdicts  grands  canaux,  garnis  de  descentes  de  marches  de  pierre  dure;  au  haut  desquels 
regards  seront  faicts  les  murs  de  l'enceinte  pour  les  huysseries  et  entrées  qui  seront  de  pierre  de 
taille  en  ce  qui  paroistra  hors  les  terres,  recouverts  de  glassis  de  pierre  ou  autrement  avec 
tablette  de  pierre  de  Liais,  selon  qu'il  sera  advisé  pour  le  mieux,  à  la  forme  du  regard  des  fon- 
taines de  la  ville,  garnis  de  portes  de  menuiserie,  serrures,  et  ferrées  comme  lesdicts  regards: 
et  en  chacune  intervalle  de  deux  desdicts  regards  de  descharges  seroient  faicts  quatre  bouches 
en  forme  de  soupiraux  faicts  de  maçonnerie  de  murs  eu  quatre  sens  à  ouverture  par  bas  di' 
deux  pieds  en  quarré  de  la  haulteur  qu'il  appartiendra,  chacune  desdictes  bouches  recouvertes 
d'une  pierre  de  Liais  d'une  pièce  de  cinq  poulces  d'espoisseur,  franche  pierre,  pour  la  fermeture 
et  couverture  d'iceux  soupiraux,  proche  de  chacun  desquels  sera  assis  et  planté  une  borne  de 
pierre  maçonnée  en  terre  saillante  de  trois  pieds  de  hault,  pour  la  remarque  du  lieu  oij  seront 
lesdicts  soupiraux.  , 

Seront  faictes  les  vannes  et  descharges  nécessaires  pour  vuider  les  eaues  lorsquil  conviendra 
nettoyer  ou  travailler  aux  acqueducs  ez  endroits  où  il  sera  advisé  pour  le  mieux. 

Faire  et  fournir  par  ledict  entrepreneur  de  toutes  matières  à  ce  nécessaires,  soit  de  pierre, 
biocaille,  bricque,  bris  de  thuilleaux  faict  de  thuille  du  grand  moulle  de  Paris  et  moulle  bas- 
tard  qui  sera  trouvé  bon,  et  de  terre  forte,  carreau  de  terre  cuite,  bris  et  pouidre  de  potterie 
de  grain  pour  faire  ciment,  avec  cailloux  de  vigne,  bonne  chaux  vive,  sable  graveleux  des  tran- 


APPENDICES  ET  PIÈCES  JUSTIFICATIVES.  liii 

chées  des  nouvelles  fortifications  de  Paris  ou  de  la  rivière  de  Seyne,  pillotis  et  piatte-formes , 
huisseries  et  fermeture  des  regards,  lesquels  huis  seront  faicts  de  gros  eschantillons  de  bois  de 
«juartier  de  deux  poulces  et  demy  corroyé  bois  de  chesne  sec,  les  dicts  huis  ferrez  de  bandes 
flamandes  avec  boulons  rivez,  serrures  et  fermetures  bonnes  et  suffisantes  pour  tenir  tous  les 
dicts  lieux  eu  sûreté,  et  généralement  toutes  autres  matières  à  ce  nécessaires,  mesme  le  plomb 
qu'il  conviendra  pour  le  canal  ou  acqueduc  traversant  d'une  montagne  à  l'autre,  robinets  de 
cuivre  et  testes  de  descharges  aux  endroits  oij  besding  sera;  fournir  les  mousies  de  cuivre  pour 
les  eschantillons  de  la  distribution  et  séparation  des  eaues  aux  susdicls  regards,  des  formes, 
longueurs  et  grandeurs  qu'il  sera  jugé  nécessaire  par  les  commissaires  députez  à  l'exécution  du 
dict  devis;  comme  aussi  sera  tenu  ledict  entrepreneur  faire  garnir  les  pilles  de  glassis  des  cou- 
vertures desdicts  regards  ou  canaux  avec  crampons  de  fer  scellez  en  plomb,  chacun  crampon  de 
douze  à  treize  poulces  de  long  entre  deux  retours,  lesquels  retours  auront  deux  poulces  de  long; 
sera  aussi  tenu  à  recouvrir  de  terre  tous  lesdicts  canaux  d'espoisseur  suffisante  comme  il  con- 
viendra et  que  dict  est  cy-dessus,  pillée,  battue  et  dressée  d'espoisseur  requise  en  pente  vers  le 
vallon,  et  le  surplus  desdictes  terres  sera  appiani  et  mis  en  telle  sorte  qu'il  ne  puisse  nuire. 

Sera  tenu  ledict  entrepreneur  de  fournir  en  toutes  saisons  aux  moindres  et  plus  basses  eaues 
de  l'eaue  jusqu'à  ladicle  quantité  de  trente  poulces  portez  par  le  présent  bail,  et  le  surplus  des- 
dictes eaues;  lesdict-s  xxx  poulces  fournis,  si  surplus  y  a  ezdictes  moindres  eaues,  sera  audict 
entrepreneur  pour  en  disposer  ainsi  que  bon  luy  semblera  entre  les  habitans  de  ladicte  Ville, 
en  sorte  que  le  tout  soit  faict  et  parfaict  bien  et  deuement  au  dire  de  gens  à  ce  cognoissans 
dans  quatre  ans  prochains  à  commancer  du  i  jour  de  janvier  prochain. 

Sera  aussi  tenu  ledict  entrepreneur  de  toutes  les  recompenses  qui  seront  adjugées  aux  par- 
ticuliers ou  communautez  propriétaires  des  héritages  qui  seront  trouvez  recevoir  dommage  pour 
l'exécution  du  présent  devis,  comme  moulins,  terres,  prez,  maisons  et  vignes  qui  seront  prises 
et  dans  lesquelles  passera  le  canal,  ensemble  du  reject  des  terres  et  de  toutes  autres  choses 
quelconques,  selon  l'estimation  qui  en  sera  faicte  par  les  commissaires  à  ce  députez;  comme 
aussi  de  reslablir  le  chemin  qui  aura  esté  rompu,  et  ce  qui  restera  en  nature  desdits  héritages 
qu'il  aura  acheptez  ou  payez  outre  et  par  dessus  lesdicts  ouvrages  et  iceux  faicts  et  parfaicts,  il 
luy  demeurera  en  propre  et  aux  siens  pour  en  disposer  à  leur  volonté;  et  pour  ce  qui  se  trou- 
vera nous  appartenir,  s'en  pourra  accommoder  pour  le  passage  sans  aucune  diminution  du  sus- 
dict  prix;  et  sera  tenu  ledict  entrepreneur  de  rapporter  tous  les  contracts  qu'il  aura  faicts  avec 
les  particuliers  pour  les  achapts  et  recompenses  desdicts  héritages,  pour  servir  à  l'advenir  à 
cause  des  servitudes  acquises  pour  la  commodité  desdicts  ouvrages. 

Sera  pareillement  tenu  ledict  entrepreneur  de  l'entretenement  desdicts  ouvrages,  fournir, 
conduire  et  amener  ladicte  quantité  de  trente  poulces  d'eaue  en  toute  saison  et  aux  moindres 
et  plus  basses  eaues,  à  ses  despens,  durant  douze  années  après  lesdictes  quatre  années  expi- 
rées, qu'il  fera  recevoir  lesdicts  ouvrages  en  la  manière  accoustumée. 

Pourra  ledict  Coing  entrepreneur  associer  avec  luy  telles  personnes  capables  qu'il  advisera 
dans  quinze  jours,  et  mettra  dans  ledict  temps  les  contracts  d'association  ez  mains  du  secré- 
taire de  nostre  Conseil,  pour  y  avoir  recours  quand  besoing  sera. 

Et  pour  l'accomplissement,  perfeclion  et  entretenement  du  présent  baU,  baillera  bonne  et 
suffisante  caution  de  la  somme  de  sept-vingt-dix  mil  livres  pardevant  lesdicts  Prévost  des  mar- 
chands et  Eschevins  de  ladicte  Ville  de  Paris. 

Si  donnons  en  mandement  à  nos  amez  et  féaux  les  trésoriers  généraux  de  France  à  Paris, 
que  du  contenu  en  ces  présentes  ils  fassent  jouir  et  user  ledict  Coing,  ses  associez  et  ayans 


422  TOPOGRAPHIE  HISTORIQUE  DU  VIEUX  PARIS. 

cause,  plainement  et  paisiblement,  cessans  et  faisans  cesser  tous  troubles  et  empeschemens  au 
contraire.  Car  tel  est  nostre  plaisir.  En  tesmoing  de  quoy  nous  avons  faict  mettre  notre  scel  à 
cesdictes  présentes.  Donné  à  Paris  le  xxvu  jour  d'octobre  l'an  de  grâce  m  .  dc  .  xn  et  de  nostre 
règne  le  troisième.  (Pris  sur  une  copie  du  temps  de  la  date.) 


III 

MÉMOIRE  PRÉSENTÉ   AU  CONSEIL  DU  ROY,    AU  SUJET  DE  L'EXECUTION  DU  BAIL  PRÉCÈDENT. 

Quand  il  a  pieu  au  roy  commander  que  l'on  recogneusl  les  fontaines  de  Rongis  et  le  moyen 
qu'il  y  avoit  de  faire  venir  les  eaux  d'icelle  en  la  ville  de  Paris,  Sa  Majesté  commanda  aussy 
qu'il  fust  faict  ung  devis  contenant  la  qualité  des  ouvrages  de  maçonnerie  et  autres  qui  se- 
roient  trouvez  nécessaires  pour  la  conduite  des  eaues;  ce  qui  fut  faict  par  la  direction  de  ceux 
qui  avoient  esté  nommez  et  députez  à  cet  effect,  avecq  l'advis  des  plus  capables  et  expérimen- 
tez ouvriers  en  semblables  entreprises;  auquel  devis  furent  désignées  el  particulièrement  dé- 
clarées toutes  les  qualitez  de  maçonnerie,  vuidanges  de  terres,  et  généralement  tous  les  ou- 
vrages et  qualitez  d'icelle  que  l'on  jugea  nécessaires,  el  telles  que  meritoit  un  œuvre  de  si 
grande  importance.  Mais  ledict  advis  ayant  esté  communiqué,  aucuns,  désireux  de  s'entre- 
mettre en  cet  œuvre,  sans  déférer  à  l'expérience  de  ceux  qui  avoient  travaillé  au  dict  devis,  ce 
quils  debvoient  faire  ,  puisqu'ils  ont  pris  d'eux  la  principale  invention  de  ce  quils  ont  faict  de- 
puis, violentèrent  cet  affaire  de  sorte  qu'il  leur  fut  permis  de  faire  ung  autre  devis;  ce  quils 
firent  avecq  une  fort  grande  diminution  des  ouvrages  portez  par  ledict  premier.  Et  lors  ceux 
qui  se  sentoient  capables  de  le  mettre  en  œuvre,  considérants  qu'il  n'y  avoit  que  du  deshon- 
neur à  acquérir  et  de  la  perte,  se  retirèrent  et  laissèrent  faire  l'adjudication  desdicts  ouvrages  à 
d'autres;  lesquels  n'ayants  que  le  désir  d'y  entrer,  furent  rendus  adjudicataires  de  la  besongne, 
sans  mettre  en  considération  qu'elle  ne  pouvoit  subsister  selon  ledict  dernier  devis  et  adjudica- 
tion. Aussi  faisoient-ils  leurs  comptes  qu'eslants  dedans,  il  leur  scroit  loisible  de  demander  en 
travaillant  le  changement  de  ce  qui  se  trouveroit  devoir  estre  reformé;  ne  doutant  point  de  la 
bonté  du  Conseil,  qui  ne  les  voudroit  ruyner,  et  s'appuyants  sur  la  nécessité  de  l'ouvrage,  ou 
qu'on  auroit  par  le  temps  oublié  le  changement  qu'ils  avoient  faict  du  premier  desseing  et 
devis. 

Et  de  faict,  depuis  que  lesdicts  adjudicataires  travaillent,  ils  ont  présenté  requesle  pour 
faire  rehausser  les  voultes  conformément  au  premier  desseing,  depuis  les  sources  jusques  au 
premier  regard  de  Fresnes;  ce  qui  leur  a  esté  permis  moyennant  augmentation  de  prix;  et  de- 
puis ledict  regard  de  Fresnes  jusques  à  Arcueil  ils  ont  continué  la  même  hauteur  presls  à  de- 
mander la  même  recompense,  laquelle  ils  se  promettent  ne  leur  pouvoir  estre  déniée  puisque 
desja  pour  semblable  chose  il  leur  a  esté  accordé  et  le  Roy  engagé. 

Par  les  premiers  devis  il  avoit  esté  particulièrement  déclaré  ce  qui  estoit  à  faire  aux  arcades 
d'Arcueil,  de  quelle  forme  et  de  quelle  matière  elles  dévoient  estre,  même  la  voulte  couverte  de 
Lyais,  le  dalot  plombé,  et  de  cet  œuvre  particulier  fut  faict  le  plant,  la  face  et  leprophile,  qui 
donnoient  intelligence  de  l'œuvre;  tout  cela  veu  par  Messieurs  du  Conseil  et  par  Monseigneur  le 
Chancelier  particulièrement,  ce  qui  obligeoit  les  entrepreneurs  à  ce  qu'ils  avoient  à  faire;  mais 
au  lieu  de  suivre  une  aussi  particulière  désignation,  les  dicts  et  prophile  ne  se  trouvent  plus, 
les  entrepreneurs  disent  ne  l'avoir  veu,  et  l'article  du  bail  est  si  cauteleux  et  si  mal  intelligible, 
qu'il  ny  a  nulle  déclaration  de  ce  qui  doibt  estre  faict;  de  manière  qu'ils  ne  sont  obligez  qu'à  ce 
qu'il  leur  plaira,  et  eux  voyants  bien  quils  sont  subjects  à  reproche  et  recherche  s'ils  ne  font 


APPENDICES  ET  PIECES  JUSTIFICATIVES.  i23 

l'œuvre  comme  il  doibt  esire,  ils  sont  Sur  les  termes  de  présenter  requeste  pour  siii'prendre  le 
Conseil  en  faisant  soubz  ombre  de  bonne  foy  interpréter  le  contenu  audict  .irliclo,  en  quoy  ils 
demanderont  de  {[rands  interests  et  recompenses;  ce  qui  doibt  estre  bien  considéré. 

Quant  aux  payomens  receus  par  les  dicts  entrepreneurs  et  les  ouvrages  (ju'ils  ont  faicles,  il 
n'y  a  nulle  proportion.  Car  ils  ont  receu  desja  cinq  quartiers  de  quatre  années  dans  lesquelles 
ils  doibvent  rendre  leur  ouvrage  faict,  et  recevoir  cccc.lx  mille  livres.  El  partant  ils  ont  receu 
sepl-vingt-trois  mille  cent  cinquante  livres,  qui  est  quasi  le  tiers  de  l'argent  et  peu  s'en  fault. 
Ils  doibvent  doncq  avoir  faict  le  tiers  de  l'ouvrage  à  peu  près.  Neantmoins  il  se  vcrifiera  qu'il 
n'y  a  pas  la  sixième  partie  de  l'ouvrage  faicte,  quand  on  y  comprendroit  l'estimation  des  maté- 
riaux qtii  sont  sur  les  lieux  et  ne  sont  encore  mis  en  œuvre  jusques  à  ce  jour  xv  de  may 
M.D.c.xiv.  Et  si  il  n'y  a  encore  aucune  recompense  faicte  des  (erres  et  moulins  qui  sont  à  recom- 
penser. 

Mais  quand  on  voudra  pourvoir  de  remède  à  ce  manquement,  il  s'en  trouvera  des  moyens 
raisonables  et  légitimes  pour  le  service  du  Roy.  (Pris  sur  une  copie  du  temps  do  la  date.) 


FIN   DES   APPENDICES. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Avant-Propos , 

Sommaires  du  texte xj,i, 

SOUUIIRBS  DES  PLANCHES XXVII 


TEXTE. 

Préliminaires.   Origine  et  développement  du  bourg  Saint-Germain i 

Chapitre     1".  Rues  du  bourg  Saint-Germain 1 3 

Chapitre     II.  Abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés 97 

Chapitre    III.  Suite  de  la  description  des  rues  du  bourg  Saint-Germain 1  ."î  1 

Chapitre    IV.  Église  Saini-Sulpice 1 45 

Chapitre     V.  Suite  de  la  description  des  rues  du  bourg  Saint-Germain i5i 

Chapitre    VI.   Maladrerie  Saint-Germain 287 

Chapitre  VII.  Suite  de  la  description  des  rues  du  bourg  Saint-Germain a65 

Chapitre  VIII.  Le  palais  Médieis,  d'Orléans  ou  du  Luxembourg 285 

Chapitre    IX.  Fin  de  la  description  des  rues  du  bourg  Saint-Germain 325 

APPENDICES. 

I".  Charte  apocryphe  de  Childeberl  I" 887 

II.  Note  snr  la  prétendue  charte  de  Childebert  I" 338 

III.  Fondation  de  l'abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés 338 

IV.  Manumission  des  habitants  du  bourg  de  Saint-Germain-des-Prés 343 

V.  Droits  de  justice,  censive,  foires  et  marchés  appartenant  à  l'abbaye  Saint-Germain-des-Prés  , 

en  1790 844 

VI.  Relation  de  ce  qui  s'est  passé  à  la  dédicace  de  l'église  Saint-Germain-des-Prés 354 

VII.  Inscriptions  funéraires  de  Saint-Germain-des-Prés 355 

VIII.  Les  démêlés  de  l'abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés  avec  les  évêques  de  Paris  et  l'Université.  364 
IX.  Explication  des  planches  empruntées  à  la  Statistique  monumentale 871 

X.  Documents  manuscrits  relatifs  à  l'abbaye  Saint-Germain-des-Prés 885 

XI.  Les  deux  premières  églises  de  Saint-Sulpice 899 

XU.  La  foire  Saint-Germain ^°^ 

XIII.  La  Croix-Rouge ''^^ 

XIV.  Le  privilège  aux  bourgeois ''09 

XV.  Les  États  généraux  de  la  Grenouillère ^ 

XVI.  L'aqueduc  d'Arcueil 


o 


III. 


1 1 

4 18 
54 


Berty,  Adolph 

Topographie  hiî 
vieux  Paris         2. 


PLEASE  DO  NOT  REMON 
CARDS  OR  SLIPS  FROM  THIS 

UNIVERSITY  OF  TORONTO  Ll