muhm
^^^^^H
1
i
■ ■ ■ '' ■' ■ .' . ' ^ ' •
^^^^^^^^^^^^^^■^ '
? JS:^ '! : ' ', ■ ' ■'.
'l\''P-'J'-:'
^^^^^^^^^^H
f
f-M^'^-^i
1
:'■'■'■( ;■ t . ■ -■ i ,- -, ', -
i^}'
î
■':;^;;:;^*^■■
•-■^'i':;
I ;.'■
,;:i.' ,'■'
,:-;
^y;!' ■ L
'•^'^i'
:^t.î:
:i'> ; : ;.'
i
i
!i
:i
'i
.s
>
(T)
>
IIISTOIUE GÉNÉRALE DE PARIS
COLLECTION DE DOCUMENTS
PUBLIAI
SOCS LES AUSPICES DE L'ÉDILITÉ PARISIENNE
TOPOGRAPHIE HISTORIQUE
DO
VIEUX PARIS
UAdiiiiiiistratioii inunicipaio laisse à chaque auteur la responsabilité des
opinions développées dans les ouvrages publiés sous les auspices de la Ville
de Paris.
TOUS DROITS RÉSERVÉS
HISTOIRE GÉNÉRALE DE PARIS
TOPOGRAPHIE
HISTORIQUE
DU VIEUX PARIS
PAR FEU A. BERTY
RBVISÉE, ASNOTÉE ET COMPLETEE
PAR L.-M. TISSERAND
nSPECTEUri PRINCIPAL DO SEITICE HISTORIQUE DE LA VILLE
ATEC LA COLLABORATION DE M. TH. VACQUBR
lICOITICn. ClilSé >l It St-ITIILLISCI lICBiOLOCIQl'l DU FOriLLCS KT DIS D<IIOLiril)\S k fkKlt
RÉGION DL BOURG SAIM-GERMAIN
ScMa d« l'Abtey* r*i)it-0«rmua-4M-?r^ ( ! 138)
PARIS
IMPRIMERIE NATIONALE
M DCCC LXXVI
*• <^
DC
707
\Î95
t>.3
AVANT-PROPOS.
Parmi les ouvrages d'érudition récemment publiés, il en est peu qui
aient éveillé l'attention et excité l'intérêt du monde savant au même degré
que la Topographie historique du vieux Paris. Cette restitution patiente, minu-
tieuse, de toutes les rues, de toutes les maisons dune ville ancienne, si
souvent et si radicalement transformée, parut, il y a quinze ans, la plus
étonnante des nouveautés. Lorsque l'auteur publia, dans la Revue archéolo-
gique d'abord, puis dans un fascicule qui fut présenté à l'Institut, un pre-
mier essai de sa méthode appliquée à la Cité'"', on fut surpris et charmé de
voir revivre chacune des parcelles bâties du vieux sol parisien ; on admira
la précision avec laquelle étaient délimitées les justices, les censives, les pa-
roisses, les pro|)riétés privées; on put constater, en rapprochant les plans
restitués du texte qui en est la légende, que chaque contenance résultait
d'un document authentique, et l'on acquit la certitude qu'on se trouvait en
présence d un véritable cadastre rétrospectif.
Un travail de cette importance ne pouvait pas être une improvisation;
non-seulement il était le fruit d'une préparation longue et persévérante, mais
encore il avait ses antécédents; il se rattachait, par les liens les plus étroits,
à une entreprise considérable, la Statistique monumentale de Paris. En sou-
mettant, dès i83â, à M. Guizot, alors ministre de l'instruction publique,
ffle plan d'un ouvrage étendu destiné à faire connaître les monuments de la
rr capitale ''^',7) M. Albert Lenoir se proposait de retracer aussi fidèlement que
'"' Les trois {lot* de la Cité comprit entre le* me* Adolphe Berty ; Paris, Didier, 1860. — '"' Stati*-
de la Licorne, aux Fhseï, de la Lanterne, du Haut- tique monumentale de Pari*, explication des planciies
Moulin et de Glatigny, frogments d'une histoire to- par M. Albert Lenoir. introduction, p. 1.
po^rraphique et ardi<k)logique du vieux Paris, par
Il TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS,
possible l'aspect ancien de la ville dont il allait e'tudier les principaux e'di-
fices; un «plan archéologique» rigoureux lui paraissait être le couronnement
naturel de son œuvre. Il fallait, en effet, localiser exactement ces palais, ces
monastères, ces églises, dont la plupart avaient été, à l'origine, le centre
et le motif déterminant des diverses agglomérations suburbaines; il fallait
suivre sur le sol leurs agrandissements successifs et mesurer, d'année en
année, le rayon de cette circonférence que le mouvement de la population
décrivait autour de chaque grand établissement civil ou religieux. Dans les
idées et avec les institutions du moyen âge, la mise en valeur des terrains
en censive était le mode de peuplement le plus naturel; le bail à cens, en
appelant les familles sur les terres accensées, contribuait puissamment à l'ac-
croissement de la ville et des faubourgs, en même temps qu'il assurait la
prospérité de l'établissement possesseur du sol. Les abbayes de Saint-Ger-
main, de Sainte-Geneviève, de Saint-Antoine, de Montmartre, le prieuré
de Saint-Martin-des-Champs, etc., etc., ont rayonné ainsi dans la cam-
pagne, jusqu'aux portes de Paris, et les bourgs qui se formaient autour de
ces édifices, à l'ombre de leurs cloîtres et de leurs clochers, ont constitué,
en se soudant les uns aux autres, une seconde ville, que la destruction des
vieilles enceintes a naturellement incorporée à la première.
La Topographie historique du vieux Paris avait donc dans la Statistique
monumentale son point d'attache et sa raison d'être. M. Albert Lenoir le
comprit dès le début de sa publication, et chargea l'un de ses collaborateurs
de lui fournir les éléments du crplan archéologique 77 dont il voyait nette-
ment la nécessité *^'.
Mais un document digne de ce nom ne peut être qu'une résultante : pour
dresser un plan sérieux qui donne l'état contemporain, ou tout au moins
l'état le plus rapproché possible de la fondation des grands édifices pari-
''' Feu Berfy indique ainsi la mission qui lui rt voies des diverses périodes, le tracé des enceintes,
lut conGée : itAu mois de janvier i84(), M. Albert rrrichnograpLie des édifices détruits, résumer, en
tLenoir, qui dirigeait alors la Statistique monumen- rrun mot, tout ce que l'on croyait savoir, et y ajou-
<ttale de Paris, nous chargea de dresser un plan trter autant que cela se pourrait. i (Topographie
» archéologique destiné à en devenir le compté- historique du vieux Paris, Région du Louvre et des
irment; ce plan devait comprendre les anciennes Tuileries, I, introduction, p. viu. )
AVANT-PROPOS. m
siens, il faut que chaque ligne, chaque trait, soit une induction ou une
déduction rigoureuse. Il est nécessaire que les pièces écrites suppléent aux
représentations figurées, et qu'à défaut de documents graphiques, des textes
clairs et précis guident le crayon du dessinateur. En effet, tous ceux qui
ont étudié le parcellaire du vieux Paris savent qu'on n'en saurait donner
une idée quelque peu exacte, si l'on se borne à reproduire, en les coordon-
nant, les petits plans de détail annexés à des pièces d'archives, et les plans
d'ensemble ou tr pourctraicts " qui commencent à paraître au xvi* siècle.
M. Bonnardot a publié, dans ses excellentes études sur les plans et les en-
ceintes de Paris'", quelques croquis à la plume, où sont grossièrement figu-
rées Cjîrtaines parties de la ville '^'. Il ne les considère que comme des images,
et ne leur accorde qu'une confiance limitée : rrOn suppose dans ce système,
rrdit-il, que le spectateur plane successivement, comme ferait un oiseau,
ffsur chaque point de la ville, et qu'il en aperçoit les édifices sous deux as-
trpects, dont l'un se présente de face, l'autre de profil. On conçoit, ajoute-
ff t-il, que ce genre de dessin-relief ne peut avoir pour base qu'une perspec-
fftive factice, qui s'éloigne souvent de la nature '^'.n M. Albert Lenoir était
du même sentiment; cependant il fit rechercher ces croquis si naïfs dans leur
mode de figuration et si dépourvus de précision géométrale. Quand son col-
laborateur les rencontrait dans les dépôts d'archives, il les acceptait sous
toutes réserves, les rapprochait des documents écrits, les comparait aux
plans factices qu'il avait faits lui-même, d'après les textes, et les soumettait
ainsi à tous les genres de contrôle. Sa probité archéologique lui faisait en
outre un devoir de les mettre sous les yeux du lecteur : dans le volume
même dont il nous a laissé les éléments et que nous publions aujourd'hui,
on trouvera deux de ces images fidèlement reproduites. Ce sont : une vue à
vol d'oiseau de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, datant de la première
moitié du xvi^ siècle, et un plan du Clos aux Bourgeois dressé, au commen-
cement du xvii", par François Quesnel et Claude Vellefaux '*'.
'■' Etude» archéologiques sur let anciens plans de talions sur les enceintes, pi. XII, fig. 4, 6, u.
Pari»; Paris, Deflorenne, i85i. — Dissertations ''' Études sur les plans , p. aa.
archéofùgiques sur le» ancienne» enceinte» de Paris; •'' Ce plan, rtkluit par feu Berty lui-même, est
l'an», Dumoulin, i85.3. reproduit en noir à la page aga du présent vo-
'** Etude» sur Us plans, p. a 3. — Diuer- lame.
IV TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Si les plans partiels, croquis ou images, devaient compter comme élé-
ments essentiels dans la préparation d'un rplan archéologique 75 véritable-
ment digne de ce nom , il ne fallait pas non plus négliger les plans d'ensemble,
ces vieux apourctraicts de Paris 75 qui permettent, mieux que toute autre
figuration, de plonger dans l'intérieur de la ville, d'en suivre les rues et de
s'égarer à plaisir dans les méandres de cette viabilité si différente de la
nôtre. Feu Berty leur accordait quelque créance : représentation plus ou
moins exacte d'un état contemporain de leur publication, ils constituaient à
ses yeux un jalon, un point de repère; mais il ne leur demandait aucune
indication rétrospective. Beaucoup moins rigoureux que les croquis à la
plume et les plans partiels dressés à l'occasion de quelque différend judi-
ciaire, ils lui paraissaient se rattacher plutôt aux fantaisies des anciens mi-
niaturistes. C'est l'opinion que nous avons émise nous-même, à propos du
célèbre plan de Tapisserie, devant une assemblée savante qui a paru la par-
tager :
rrll nous semble, disions-nous, que les plans en tapisserie, les plus an-
crciens parmi les cr pourctraicls de Paris,» ont une date dans l'histoire de la
tr topographie figurée, qu'ils représentent une époque intermédiaire assez
rr définie, qu'ils sont une sorte de transition entre la miniature et la gravure
rrsur bois, à laquelle nous devons les premiers plans de Paris. Ils devancent
tria xylographie, comme le manuscrit précède le livre. C'est une succession
ff iconographique véritablement curieuse. En même temps que les enlumi-
fcneurs parisiens saisissent toutes les occasions qui leur sont offertes de re-
rf présenter leur ville, alors même qu'il s'agit de Troie, de Jérusalem, de
rrBabylone, ou de toute autre cité lointaine, dont l'aspect leur était in-
ff connu, les tapissiers «nostrez et sarrasinois, n comme ils sont qualifiés dans
ffle Livre des Métiers, imitateurs nés des miniaturistes, s'étudient à tisser
rrce que leurs confrères enluminent, et cherchent à obtenir, par des pro-
ffdiges de trame et de teinture, ce que l'on peut appeler de grandes minia-
fftures en laine. Dans cette lutte, ils ont plus d'un désavantage : l'éclat des
ff couleurs, le brillant des ors, le fini des détails et tout le chatoiement de la
ffminiature leur sont inaccessibles; mais leurs rivaux font petit, et eux, ils
rrfont grand, très-grand même. Ceux-là ont leurs chefs-d'œuvre enchaînés
AVANT-PROPOS. v
ffdaos les librairies; ceux-ci exhibent les leurs aux fêtes du Corpus Chrisli,
rtaux processions de sainte Geneviève, au feu de la Saint-Jean et autres
ff galas, sacre's ou profanes.
tr Celte proche parente' de la miniature et de la tapisserie paraît ressortir
travée évidence de l'examen compare' de la célèbre tapisserie de Beauvais
ftavec diverses pages de manuscrits enlumine's. Qu'on rapproche la miniature
tr placée dans la continuation des Chroniques de Monstrelet, et représentant
ff l'entrée du roi Louis XI à Paris, en i46i, avec le panneau de droite de la
ff tapisserie de Beauvais, l'analogie paraîtra évidente; c'est le même procédé,
tr Seulement, la scène historique, qui est réelle dans le texte, occupe dans
tria miniature une place relativement considérable, et la ville de Paris n'y
crest que l'accessoire; dans la tapisserie de Beauvais, au contraire, la ville
tr remplit tout le fond du panneau. Les personnages légendaires du premier
-plan, Paris, Turcus, etc., habillés à la moderne, selon l'anachronisme
tr constant des miniaturistes et des tapissiers, semblent s'écarter pour laisser
trvoir la cité dont on leur attribue la fondation.
tr D'année en année, l'importance relative se déplace : le trpourtraictw de
tria ville, d'abord vague, confus, ramassé, se précise et se développe, tandis
irque les personnages, refoulés de partout, cèdent la place, se rapetissent
ttet se réfugient dans les coins, dans la bordure, où nous les retrouvons, à
tf l'état de petites illustrations, jusqu'au milieu du xvii" siècle. Le plan de
r Beauvais était, relativement aux miniatures, un progrès considérable ; celui
trde Paris, également en tapisserie, en a réalisé un plus décisif encore,
ff puisque au lointain, à la perspective, au second plan, il a substitué une vue
"intérieure et détaillée de cette cité, dont les miniaturistes et les tapissiers
tr précédents ne nous montraient que les saillies monumentales. Les plans
tr tissés sont donc en avance sur les plans xylographiques. Ceux-ci, en effet,
tr taillés plus ou moins grossièrement et à peu de frais, se plaçaient dans un
«livre imprimé quelquefois loin de la ville qu'ils avaient la prétention de
tr représenter, comme la Chronique de Nuremberg et la Cosmographie de
r Munster; on les consultait peu et ils pouvaient être impunément inexacts.
T Ceux-là, au contraire, destinés à décorer les palais, les églises, les hôtels
tr seigneuriaux, exécutés avec soin et dans de grandes proportions, exhibés
VI TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS,
«aux yeux de la foule dans les fêtes solennelles, exigeaient d'énormes dé-
rr penses et devaient pre'senter un degré d'exactitude suffisant pour ne pas
«prêter trop ouvertement le flanc à la critique '''. w
Plans partiels et plans d'ensemble, plans manuscrits, tissés ou gravés, le
collaborateur de M. Albert Lenoir dut tout voir et tout apprécier. Dans la
préface du premier volume de la Région du Louvre et des Tuileries, il a con-
signé le jugement impartial qu'un long et consciencieux examen lui a permis
de porter sur chaque catégorie de documents : «L'insuffisance des notions
«contenues dans les livres et dans les plans gravés étant bien constatée, il
«devenait urgent, dit-il, de recourir à des sources plus abondantes, c'est-à-
«dire aborder les dépôts d'archives. A l'aide des innombrables pièces inédites
«qui y sont contenues, on devait, en effet, pouvoir reconstituer d'une ma-
« nière authentique cette topographie du vieux Paris restée si vague et dé-
«naturée par tant d'erreurs '^'.^
Feu Berty ne s'exprime pas moins nettement sur la valeur des documents
manuscrits qu'il a consultés : rrLes plans manuscrits que nous avons utilisés,
«dit-il, sont tous partiels; ils renferment une rue, un îlot, un quartier au
rrplus. En fait d'anciens plans généraux, on ne faisait guère autrefois que
« des images, telles que le plan de la Tapisserie, l'un des plus anciens « pourc-
«traicts de Paris n qui nous soient parvenus et qui n'est, en réalité, qu'une
T sorte de vue à vol d'oiseau. A l'époque où ce travail fut fait, l'art géodé-
«sique était dans l'enfance, et ne visait nullement à la précision
«Quant aux plans tombés dans le domaine public, il faut s'abstenir d'ypor-
«ter le compas et ne leur demander que des renseignements approximatifs.
«Toutefois, on arrive à des conclusions très-voisines de la vérité, en combi-
«nant les indications qu'ils fournissent avec les données plus précises qui se
«déduisent de la lecture des textes et notamment des pièces constituant les
«archives domaniales'^'. w
''' Bulletin de la Société de l'Histoire de Paris et '*' Topographie historique du vieux Paris, Région
de l'Ile de France, année 1876, p. 82. Note de du Louvre et des Tuileries, I, préface, p. ix.
L.-M. Tisserand sur un projet de reproduction du ''* Topog-raphie historique du vieux- Paris , Région
pian de Tapisserie. du Louvre et des Tuileries, I, p. xii et xni.
<
•* AVANT-PROPOS. vu
On le voit, la lumière se faisait peu à peu dans Tesprit des auteurs de la
Statistique monumentale. L'idée d'une restitution complète du vieux Paris, à
l'aide des indications fournies par les pièces d'archives, commençait à se dé-
gager des obscurités qui enveloppent toujours un premier essai ; et cette per-
spective parut si séduisante qu'on n'hésita point devant l'immensité du travail
à entreprendre. «En peu de temps, dit feu Berty, à qui était échue la part
•rla plus considérable de la besogne, malgré les difficultés du début, nous
ff commençâmes à entrevoir la possibilité d'accomplir une œuvre entière-
«ment nouvelle : la restitution de chacune des propriétés composant les îlots
ffde maisons. Notre courage s'en accrut, et, à la suite d'efforts opiniâtres, nous
ff eûmes enfin la satisfaction de constater qu'un groupe de maisons était rétabli
«avec exactitude. Une feuille de plan fut alors entreprise, puis soumise,
«dans une séance de l'un des Comités historiques, aux savants les plus
r aptes à en juger, et accueillie par eux avec autant de faveur que de sur-
ir prise. La voie était ouverte; il n'y avait plus qu'à y persévérer '"'. t»
On comprend encore aujourd'hui la r faveur» et la «surprise t; qui accueil-
lirent, il y a quinze ou vingt ans, cette résurrection inespérée d'un parcel-
laire que les savants les plus au courant des choses parisiennes désespéraient
de pouvoir jamais reconstituer. Les palais, les églises, les monastères, les
résidences princières, les hôtels seigneuriaux, les demeures de la hante
bourgeoisie peuvent, jusquà un certain point, revivre dans un texte et sur
un plan : Du Breul, Sauvai, Félibien, Lebeuf et les autres historiens
de Paris en ont fait l'histoire; Marot, Pérelle, Israël Sylvestre, Blondel,
Millin, Alexandre Lenoir nous en ont conservé quelques aspects. Il nest
donc pas impossible à un érudit d'arriver, en coordonnant ces divers élé-
ments, à composer de curieuses planches et d'intéressantes monographies.
Mais, entre les grands édifices dont nous venons de parler, s'étendaient de
vastes espaces couverts par des maisons bourgeoises et marchandes, maisons
de toute forme, de toute grandeur, pleines de souvenirs historiques, peu-
plées d'objets d'art ou de métier, désignées par de curieuses enseignes, et
!•)
Topographie hulorique du vieux Paria, Région du Louvre et des Tuileries, I, préface, p. ix.
VIII TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS,
offrant, dans leur infinie variété, des spécimens multiples de la construction,
de la décoration intérieure et extérieure, de la distribution ainsi que de
l'aménagement des demeures parisiennes au moyen âge. Ces maisons ont
passé de main en main, et l'histoire de leur transmission se confond avec
celle de la population parisienne; tantôt divisées entre les membres d'une
nombreuse famille, tantôt réunies pour former un logis plus important, elles
sont sorties du domaine royal, aristocratique ou religieux, et leurs transfor-
mations diverses ont suivi le mouvement politique et social d'où est résulté
le Paris moderne.
Les auteurs des vieux « pourctraicts de Paris t5 et les topographes auxquels
on doit les plans des trois derniers siècles ne se sont point embarrassés de
cette masse de constructions privées. Ils les ont figurées soit par des mai-
sonnettes absolument uniformes, telles qu'on les voit sur les plans en éléva-
tion, ou à vol d'oiseau, de la Tapisserie, de Saint-Victor, de Truschet, de
Quesnel, de Mérian, de Vassalieu, etc., soit par un pointillé ou des ha-
chures, comme on peut le constater en consultant la série des plans édités
depuis Gomboust et Lacaille jusqu'à Delagrive et Jaillot.
Déterminé à ne point suivre ses devanciers, mais à faire sortir la topo-
graphie parisienne de l'ornière où elle se traînait depuis longtemps, feu
Berty a procédé comme tous les chercheurs logiques : il est allé du connu à
l'inconnu. Ainsi que Jaillot, dont il a adopté l'épigraphe, empruntée à Ho-
race''', il s'est demandé quel est l'élément topographique le plus simple, et
il l'a trouvé dans la rue. Qu'elle soit une voie romaine, un chemin
royal, un chemin rural, une voie limitative des justices, des censives, des
fiefs ou des paroisses, la rue lui paraît être le fait topographique initial, le
plus facile à saisir et à constater. Quand il a pu arrêter le tracé d'une rue,
il en fait l'historique, d'après les titres qu'il a dépouillés, indique les juri-
dictions différentes dont elle dépendait, énumère les dénominations succes-
sives qui lui ont été appliquées, fait connaître les modifications de longueur
et de largeur qu'elle a pu subir, et recueille, chemin faisant, toutes les in-
(')
Quid verum . . . . euro et rogo, et omnis in hoc siim (Epist. I, ii).
'"* AVANT-PROPOS. ix
dications qui peuvent lui servir à constituer son parcellaire. Les principales
sont évidemment celles qui lui révèlent l'existence d'une voie parallèle,
oblique, ou transversale : en effet, à l'aide de ce nouvel élément, il parvient
à constituer un îlot, c'est-à-dire un polygone plus ou moins irrégulier, cir-
conscrit par trois ou quatre voies publiques.
Parvenu à ce point, Berly commence à serrer de plus près l'inconnue to-
pographique qu'il veut dégager. 11 entrej)rend alors ce travail de lotissement
auquel il donnait plaisamment le nom de «casse-tête chinois. r? Les censiers
fournissant assez exactement le nombre des maisons et l'indication des con-
tenances, il s'agit de placer ces maisons dans l'ordre oii elles sont énumérées,
et de combiner ces contenances avec celles que d'autres titres attribuent aux
propriétés ayant leur entrée sur une rue parallèle ou transversale, mais
touchant aux premières par le fond ou par le flanc. Lorsque les pièces de
ce jeu de patience s'emboîtent bien les unes dans les autres, l'accord topo-
graphique est parfait et l'îlot est reconstitué. Mais il se produit souvent des
discordances : les contenances indiquées par les titres sont plus d'une fois
supérieures ou inférieures à la superficie de l'îlot; les maisons, les clos énu-
mérés dans les censiers résistent parfois au travail d'identification, c'est-à-
dire qu'on n'en retrouve pas la place sur le terrain , et qu'on ne saurait dire
si telle dénomination, telle enseigne, existant à un moment donné, répond
exactement à la même enseigne et à la même dénomination constatées à
une autre époque.
Dans ces cas désespérés, Berty se souvenait qu'il était architecte et géo-
mètre : il quittait les Archives, se rendait sur le terrain, mesurait les super-
ficies, retrouvait les murs mitoyens, postérieurs ou latéraux, et reconnaissait
que ces limites étaient à peu près immuables. En effet, dit-il, rr quand on
<r reconstruisait une maison, on ne pouvait l'élargir — ou l'agrandir dans le
f sens de la profondeur — qu'en entamant les bâtiments contigus; or une
-pareille opération n'était réalisable que par voie d'héritage ou dacquisi-
-tion, circonstances fort rares au moyen âge, où les accensements de ter-
«rrains étaient réputés perpétuels '"'.b Les murs mitoyens l'aidaient donc à
(')
Topographie hulorique du vieux Parié, R^on du Louvrp et des Tuileries, I, prdface. p. xiv.
X TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS,
interpréter les textes, et c'est ainsi que, pale'ographe et architecte alternati-
vement, il arrivait à cette identification parcellaire qui était le couronne-
ment de ses longs travaux. Il y parvenait également au moyen d'une faculté
toute spéciale dont il était doué : c'était c: cette espèce d'intuition qu'une
ff longue expérience finit par développer, et qui permet de discerner les re-
« maniements opérés dans les ilots''^''
A l'aide de toutes ces ressources, l'ilot, le quartier se reconstituaient : les
maisons, rigoureusement identifiées, prenaient place de chaque côté de la
rue qu'on décrivait; palais, églises, monastères, hôtels, collèges, simples
maisons de bourgeois et d'artisans se succédaient, sans autre ordre que celui
de la contiguïté; on faisait, à la suite de l'auteur, comme l'a dit ingénieuse-
ment M. Vitet, une sorte de promenade rétrospective à travers le vieux Paris :
on allait ainsi de porte en porte; on s'arrêtait devant un couvent, devant
un hôpital, devant une résidence princière ou seigneuriale; on y entrait et
l'on s'y attardait jusqu'à ce qu'on en eût fait l'inventaire exact et l'histo-
rique complet.
Tel est le travail qui s'est accompli sous nos yeux, auquel nous avons pris
une part modeste, mais utile, et dont nous avons recueilli les éléments dis-
persés, pour les réunir et les publier un jour. Après l'interruption de la
Statistique monumentale, et la cession à la ville de Paris des planches desti-
nées à former le «plan archéologique :? projeté par M. Albert Lenoir, feu
lierty fit apport de son manuscrit, qu'on nous pria de reviser; il accepta,
non sans quelque hésitation, notre concours littéraire, et nous initia, trop
discrètement peut-être, à ses procédés de restitution. Grâce à cette collabo-
ration, que ses meilleurs amis lui avaient toujours conseillée, et qui eut pour
but unique de fairie ressortir les mérites de son œuvre, il put enfin voir
paraître le premier volume de cette histoire topographique dont il avait
conçu l'idée et affirmé la possibilité.
Contrairement à l'attente générale, ce premier volume n'était consacré
■'' Topographie historique du vieux Paris, Région du Louvre el des Tuileries, I, préface, p. xv.
AVANT-PROPOS. m
ni à la Cité, ni au quartier de l'Université', double berceau de la ville gallo-
romaine: il avait pour objet la région du Louvre et des Tuileries, c'est-
à-dire une partie relativement moderne dans l'histoire du vieux Paris. L'au-
teur s'émut des observations qui lui furent faites sur cette apparente singu-
larité, et il nous chargea d'y répondre dans la préface de l'ouvrage. Voici
en quels termes nous fîmes valoir les raisons auxquelles il croyait devoir
obéir :
ffUn travail de restitution aussi étendu, aussi compliqué, est soumis à des
«nécessités de toute nature, qui amènent forcément des interversions dans
ff l'ordre de succession des parties qui le composent. Les titres écrits ont leurs
ff lacunes et présentent de nombreuses diflicultés d'interprétation; les docu-
frments lapidaires ne peuvent être utilement consultés qu'au moment où la
ff pioche ouvre les profondeurs du sol qui les renferme. Il faut donc, pour
omettre sûrement la dernière main à un volume de texte et à une feuille de
"plan, attendre tantôt la découverte do pièces manuscrites nouvelles ou ledé-
rpouillemenl d'anciens fonds qui n'avaient pas encore été livrés au public, tan-
« tôt l'exécution de grands travaux de construction ou dédililé, d'où résultent
«soit un utile complément d'indications, soit une confirmation matérielle des
r renseignements fournis par les archives. Ces déviations, que ne connaissent
«ni les littérateurs, ni les hommes de science pjire, un hislorién-lo|)ograplie
«•est obligé de les subir : il va où l'appellent les matériaux qui doivent en-
irtrerdans la composition de son œuvre; il suspend momentanément certaines
-parties de son travail «juand il a l'espoir de faire qufhjiies bonnes trou-
- vailles, et il ne se décide à les livrer au public que lorsqu'il croit avoir
-épuisé les sources*'*. i»
Fidèle à ces principes, que nul savant ne désavouera, feu Berty reconnais-
sait que la Cité, dont les vieilles maisons tombaient, au nioment même où
s'imprimait le premier volume de la Topographie , n'avait pas encore été assez
fouillée dans ses profondeurs historiques; il confessait également que les
quartiers de V Université, au milieu desquels on commençait à ouvrir de nou-
'"' Topographie hUtorique du vieux Paris. Rë^poii du Louvre et des Tuileries. I . préface, p. xti.
XII TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS,
velles voies, avaient encore bien des secrets archéologiques à révéler, et de-
puis, les faits lui ont donné complètement raison, ha Topographie historique
du vieux Paris débuta donc par la région du Louvre et des Tuileries, à tra-
vers laquelle de grandes voies venaient d'être ouvertes, et qui lui paraissait
suffisamment explorée.
Un seul doute restait dans son esprit, et il eut, avant sa mort, la satis-
faction de le voir levé d'une façon péreraptoire. Quel était l'emplacement
exact du vieux Louvre? Les substructions que la forteresse de Philippe-
Auguste a laissées dans le sol existent-elles au point précis où les titres les
signalent? Et, pour élever le problème à la hauteur d'une question de
principe, doit-on, lorsqu'il n'est pas possible d'interroger le sol, accorder
une créance entière aux restitutions qui ont pour base unique l'interpré-
tation des documents écrits? Les fouilles exécutées dans la cour du Louvre,
par le Service historique de la ville de Paris, répondirent victorieusement
et fixèrent toutes les incertitudes : l'étude des pièces d'archives et « l'intuition n
archéologique avaient suffi; le vieux Louvre, avec ses tours, son donjon,
son enceinte, ses fossés, était bien enfoui dans le sol à l'endroit où le plaçait
le travail de restitution accompli par feu Berty. Un second volume fut le fruit
de ces heureuses investigations*''.
Depuis, aucune partie nouvelle de l'œuvre n'a pu être publiée. Berty a
laissé des notes très-confuses qui exigent un travail de coordination et de
révision minutieuse. Les 'f interversions n nécessaires, les rr déviations w obli-
gées se montrent dans tous ses papiers. Comme il le dit lui-même, il allait
là où le conduisait le dépouillement d'un fonds d'archives, où l'ouverture
d'une tranchée dans le sol lui permettait de plonger, où l'inspection des
murs mitoyens pouvait aider à la formation de son parcellaire. Une exigence
d'une autre nature s'imposait en outre à son travail : la division de son
ffplan archéologique 55 en seize feuilles, destinées à être réunies, l'obligeait
de comprendre dans un même carré des portions du sol parisien assez étran-
'' Un double compte rendiide ces fouilles, écrit breuses planches permettent de suivre toutes les
par l'eu Berty et par M. Legrand son continuateur, phases du travail, et constituent une histoire ico-
occupe la plus grande partie du volume. De nom- uographique de la forteresse.
<
AVANT-PROPOS. xiii
gères les unes aux autres. C'est ainsi que la feuille V, plus particulièrement
consacrée à la région du Louvre et des Tuileries et publiée avec le volume
de texte, franchit le fleuve et embrasse, dans son périmètre, une certaine
étendue du territoire connu sous le nom de bourg et faubourg Saint-Ger-
main. Cette extension a dû imposer à l'auteur l'obligation de se transporter
sur la rive gauche de la Seine, à ce moment surtout où l'entreprise avait
pour but la formation d'un plan archéologique destiné à servir d'annexé à
la Statislique monumentale, et nullement la publication d'une série de vo-
lumes contenant l'histoire topographique du vieux Paris. Lorsque l'œuvre
s'est transformée, le travail, poussé dans une certaine direction, était trop
avancé pour qu'on songeât à lui faire subir une rr déviations nouvelle; il a
fallu se résoudre à en publier les diverses parties, au fur et à mesure de
leur achèvement, avec les feuilles de plan qui sy rapportent, et en se bor-
nant à les distinguer par le terme, un peu vague, de région.
Ainsi se justitie le volume que nous présentons aujourd hui au public et
que feu Berty avait conduit à un degré d'avancement beaucoup plus consi-
dérable que les autres parties de son travail. Voici, du reste, de quelle
façon il délimite lui-même son champ d'exploration topographique : et La
tr seigneurie de l'Abbaye — c'est-à-dire le sol sur lequel se sont formés
(fie bourg et le faubourg Saint-Germain — avait pour confins la rue de
(rl'Abreuvoir-Macon, et, plus tard, la place du Pont-Saint-Michel, la rue
trSaint-André-des-Arts, la partie postérieure de propriétés en bordure sur
cries rues de la Vieille-Bouclerie et de la Harpe, les rues Hautefeuille, des
crCordeliers (de l'Ecole-de-Médecine), de la Harpe, d'Enfer et l'ancien che-
ff min de Vanves. Mesurant environ quatre mille mètres, dans sa plus grande
rr longueur, vers le couchant, et deux mille huit cents mètres à peu près
ffdans sa plus grande largeur, la seigneurie de l'Abbaye formait un magni-
frli(jue territoire entièrement compacte, à l'exception de l'enclave du Pré-
vaux-Clercs''', w
Une région aussi étendue ne pouvait être ni figurée sur une seule feuille
(')
Topographie hulorùiue du vieux Paris, R^oii du bourg Saint-Germain, I. p. i et a.
XIV TOPOGRAPHIE HISTORIQUE Dl VIEUX PARIS,
de plan, ni décrite en un volume unique. Feu Berty en a réparti le parcel-
laire entre trois grandes planches, ce qui, de sa part, impliquait la division
du texte en trois volumes distincts. La Commission des Beaux-Arts et des
Travaux historiques, à laquelle nous avons proposé de respecter cette distri-
bution, en a reconnu la convenance, et les développements du manuscrit
que nous avons placé sous ses yeux lui ont paru la justifier de tout point.
Rien n'est, d'ailleurs, plus conforme à la vérité historique et topographique.
L abbaye de Saint-Germain-des-Prés , élément formateur de toute la région,
devient peu à peu le noyau d'une agglomération suburbaine, qui se presse au-
tour de ses murailles et rayonne ensuite vers l'orient et l'occident, c'est-à-dire
vers la ville et vers la campagne. C'est le bourg Saint-Germain proprement
dit. Au commencement du xiif siècle, la partie orientale de ce bourg est
enfermée dans la ville, par la construction de l'enceinte de Philippe-Auguste;
elle constitue la circonscription de deux nouvelles paroisses urbaines, Saint-
Côme et Saint-André-des-Arts, et se trouve ainsi séparée du monastère. En-
fin, dans les deux derniers siècles, les prés, les jardins, les allées d'arbres,
les terres cultivées se couvrent de constructions : couvents, hôtels et maisons
de plaisance s'y élèvent en grand nombre, à raison de la salubrité de l'air et
du calme dont on y jouit, tout en demeurant à proximité de la ville. Il en
résulte une extension considérable du bourg Saint-Germain, qui n'est plus
limité aux environs immédiats de l'Abbaye et devient ainsi un long faubourg.
De ces trois parties, bien nettement délimitées, c'est la première qui fait
le sujet du présent volume. Dans un chapitre préliminaire, l'auteur fait con-
naître l'origine et les développements successifs du bourg Saint-Germain;
il en énumère les voies, compte celles dont l'existence est constatée dès le
XIII* siècle, celles qui n'apparaissent qu'au xiv*, celles dont il est fait men-
tion seulement au xv", et celles dont on ne trouve pas trace avant le xvi*.
Après ce coup d'oeil général sur le bourg, il s'engage dans la description de
chaque rue, à commencer par celle des Petits-Augustins qui doit le premier
rang à l'ordre alphabétique.
Ce système , adopté pour les deux premiers volumes de l'ouvrage , ne pouvait
être abandonné : il a ses avantages au point de vue de la facilité des recherches ;
AVANT-PROPOS. xt
mais il présente de réels inconvénients sous le rapport historique et topo-
graphique. Il a surtout, dans la région qui nous occupe, le tort de ne
pas montrer assez le rayonnement progressif du bourg Saint-Germain
autour de l'Abbaye considérée comme point central, et de ne pas distin-
guer suffisamment les parties du sol primitivement et successivement ac-
censées. Feu Berty reconnaissait ces désavantages ; mais il faisait remar-
quer, d'une part, que l'ordre alphabétique était emprunté à Jaillot, qui n'en
avait |)as trouvé de meilleur, et d'autre part, qu'il existe trop d'incertitudes
sur l'antériorité relative des voies publiques du bourg, pour qu'il soit pos-
sible de les classer par rang d'ancienneté.
L'ordre alphabétique étant ainsi maintenu, les voies du bourg Sainl-(îer-
main se succèdent sans interruption depuis la rue des Petits-Auguslins jus-
qu'à la rue des Quatre-Vents. L'auteur en fait l'historique détaillé; puis il
énumère chaque parcelle bâtie du côté gauche et du côté droit, en indi(|uant
la paroisse, la justice et la censive dont elle dépend. Les hôtels, les cou-
vents, les hospices, quelques établissements d'une importance secondaire et
certaines particularités topographiques donnent lieu à de courtes monogra-
phies qui n'interrompent point la succession du parcellaire. De ce nombre
sont : le couvent des Pelits-Augustins, la Noue ou Petite-Seine, l'hôtel de
Malicorne, la maison de l'Annonciation, la petite rue Bourbon-le-Château,
la chapelle Saint-Martin-«les-Orges, le Petit Pn^aux-Clercs, le Clos Chéra-
dame, le Jeu de Paume de l'Ecu de Savoie, l'hôtel de Gondi et de Condé,
la maison du Gheval-d'Airain, les Granges aux Malades de Naples, l'hôtel
du Sépulcre, la Ferme ou Pressoir de l'Hôtel-Dieu, le Clos aux Bourgeois,
le ClosFérou, le cimetière Saint-Sulpice, l'hôtel de Plancy, l'hôtel de Na-
varre, la foire Saint-Germain, le carrefour de la Croix-Bouge, l'hôtel de
Gamaches, l'hôtel de Casin, Ihôtel de Garancière, l'Ilot de la Bulle, le
Séjour de Nesle, la Charité ou le Sanitat, la Saumonière, l'Ecorcherie
Sablonnière, la Tuilerie aux Flamands, l'hôtel des Yveteaux. le Pilori de
l'Abbaye, l'hôtel de Sansac, la chapelle et le cimetière Saint-Père, la Voirie
ou la Butte, la petite rue Saint-Guillaume, l'Oseraie, l'hôtel de Mézières.
l'hôtel Dauphin, de Bouillon, de Liancourt et de La Rochefoucauld, l'hôtel
XVI TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS,
et les jardins de ia Reine -Marguerite, le presbytère de Saint -Sulpice,
l'hôtel de Taranne, le Clos ou Gourtille de l'Abbaye, l'hôtel Ventadour,
l'hôtel de Savoie, le Pré-Crotté, l'hôtel de Champrenard, l'impasse des
Qualre-Vents, etc., etc.
Tout en suivant l'ordre de succession du parcellaire, nous avons distingué
typographiquement ces divers articles, de manière qu'ils ne se confondissent
point avec la masse des notices consacrées aux maisons, clos, terrains,
granges et autres parcelles de moindre importance. Mais, quand nous nous
sommes trouvé en présence des trois principaux établissements de la région,
l'Abbaye, l'église Saint-Sulpice et la Maladrerie Saint-Germain, nous avons
cru devoir scinder l'historique des rues sur lesquelles ces édifices avaient leur
principale entrée, sauf à le continuer après une interruption justifiée par
l'importance des monographies à intercaler. La Commission et les savants
que nous avons consultés ont pensé, comme nous, qu'il y avait là matière à
trois chapitres distincts. Restait une quatrième monographie que l'auteur
avait volontairement omise, parce que l'édifice à décrire n'appartient point,
par la date de sa construction, à la période historique dans laquelle se ren-
ferme la Topographie historique du vieux Paris. Placé chronologiquement sur
l'extrême limite de deux âges — 1610, date finale que feu Berty avait as-
signée à son travail de restitution, i6i3 et 161 5, date des achats de ter-
rains et de l'ouverture des travaux de construction du Palais Médicis, —
cet édifice eût échappé ainsi à toute description et fût demeuré à l'état de
lacune dans l'étude rétrospective d'une région où il tient pourtant une si
grande place, si nous n'avions cru sage de franchir une limite quelque peu
arbitraire et évidemment trop rigoureuse.
La même daté terminale avait condamné feu Berty à écourter les mono-
graphies de l'église Saint-Sulpice et de la Maladrerie Saint-Germain. Deux
circonstances qu'il eût certainement mises à profit, si elles se fussent pro-
duites de son vivant, nous ont permis de conduire l'historique de ces établis-
sements au delà du point où il l'avait laissé, et de compléter, en les rectifiant,
les indications qu'il devait à une connaissance imparfaite des lieux. Son ami
et collaborateur, M. Th. Vacquer, a pu étudier à loisir les deux anciennes
AVANT-PROPOS. xvn
églises Saint-Sulpice , en relever le plan et remettre au jour quelques dëbris
d'architecture et de sculpture ayant appartenu à ces édifices. Ce nouvel
apport contribuait naturellement à développer la notice extraite des papiers
de feu Berly; nous en avons fait Tobjet d'un appendice qui présente un vé-
ritable intérêt, au double point de vue du texte additionnel et des planches
dont il est enrichi. Quant à la Maladrerie Saint-Germain, la destruction ra-
dicale de cette antique Léproserie, consommée après le décès de l'auteur,
la faisait entrer dans le domaine de l'histoire, depuis son premier étal jus-
qu'à sa dernière transformation. Le point d'arrêt fixé par feu Berty n'avait
plus.ici sa raison d'être : les Petits-Ménages, aussi bien que les Petites-Mai-
sons, appartiennent désormais au vieux Paris; aussi avons-nous franchi sans
scrupule la date de 161 o, limite des investigations de notre auteur.
Dans tout ce travail de révision et de développement, un devoir nous
était particulièrement imposé : celui de respecter l'intégrité du texte ori-
ginal. Nous y avons touché cependant à chaque page et presque à chaque
ligne, mais seulement pour essayer un rapprochement entre la science et
la grammaire, pour opérer, entre l'archéologie et la langue française, une
conciliation que feu Berty jugeait inutile, tellement il avait l'amour du fond
et le dédain de la forme. Partout où nous avons cru pouvoir hasarder une
contradiction ou fornuiler un dissentiment, nous avons consigné nos obser-
vations en notes ou en appendices signés de nos initiales. Notre colla-
borateur, M. Th. Vacquer. a également pris la responsabilité de toutes ses
additions et de toutes ses critiques. Dans le cours du volume, à l'exception
de la notice consacrée au palais du Luxembourg, que nous avons rédigée
en entier, les notes qui ne portent pas de signature appartiennent seules
au texte de feu Berty.
L'éditeur d'un troisième volume doit au public et à la mémoire de l'au-
teur une autre preuve de respect : c'est de prendre pour modèle les parties
de l'ouvrage déjà publiées et de se conformer à toutes les prescriptions con-
signées dans les papiers dont il a la garde. Ce devoir d'exécuteur testamen-
taire, nous croyons l'avoir consciencieusement rempli : à chaque page, à
xviii TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS,
chaque ligne du manuscrit de feu Berty, nous avons recueilli les indications
relatives aux pièces justificatives dont il entrevoyait la nécessité, et aux plan-
ches qu'il jugeait utiles à l'intelligence de son texte. Des travaux importants se
poursuivaient en même temps que les siens : sans parler de la Statistique
monumentale, pour laquelle il a dessiné, pris des mesures et des milliers de
notes, une grande réédition de l'abbé Lebeuf se préparait par les soins de
M. H. Cocheris, et nous savons qu'il voulait mettre à profit les trésors d'éru-
dition bibliographique et paléographique semés à profusion dans cet ouvrage.
Enfin, son texte faisant de fréquentes allusions à des documents d'une grande
importance pour les discussions qu'il soutient, il avait l'intention de les re-
produire, bien qu'ils fussent imprimés dans les grands recueils ou dans cer-
tains ouvrages de bibliothèque. Confident de sa pensée, nous avons cru
devoir déroger, sur ce point, aux habitudes du monde savant : on trouvera,
aux appendices, certaines pièces que le lecteur eût pu chercher dans D.
Bouillart et dans Félibien, dans le Polyptyque d'Irminon et dans le Cartulaire
de Notre-Dame. Feu Berty, qui a placé onze appendices à la suite de son
premier volume, n'eût certainement pas désavoué les seize additions de ce
genre que renferme celui-ci.
Collaborateur de la Statistique monumentale, dessinateur habile, il atta-
chait une grande importance au nombre, à la valeur archéologique et au
mérite artistique des planches. Les deux premiers volumes de la Topographie
en renferment une quantité considérable ; celles qu'il projetait pour le troi-
sième et dont il avait arrêté la liste ne le cèdent en rien à leurs devancières.
Elles concourent toutes au but qu'il s'est constamment proposé : aider à sa
discussion, rendre sensibles ses démonstrations topographiques et faire pé-
nétrer plus profondément le lecteur dans l'intelligence de son texte. Les
planches étaient pour lui des documents, des auxiliaires, et jamais des
images.
Le lecteur ne s'étonnera pas de les trouver inégalement réparties dans le
cours du volume : l'Abbaye seule en absorbe la plus grande partie, d'abord
parce qu'elle joue, dans la région du bourg Saint-Germain, le même rôle que
le Louvre et les Tuileries dans les quartiers précédemment décrits, ensuite
AVANT-PROPOS. xix
parce que la Statistique monumentale, doii est sortie la Topographie historique
du vieux Paris, a fait de l'antique monastère l'objet d'une étude iconogra-
phique fort étendue, à laquelle feu Berty a largement participé et qu'il était
bon de mettre à profit. Les anciennes églises Saint-Sulpice, la foire Saint-
Germain, la Maladrerie de la rue de Sèvres, le palais Médicis et quelques
autres points ou édifices intéressants, tels que le carrefour de la Croix-
Rouge, le couvent des Petits-Augustins, l'hôtel et les jardins de la Reine-
Marguerite, se partagent le reste des planches dans des proportions va-
riables.
Mais le document graphique auquel feu Berty reconnaissait le plus de
valeur, parce qu'il savait bien au prix de quels efforts il était parvenu à l'éta-
blir, c'est la feuille de plan correspondant au volume de texte, en d'autres
termes, le parcellaire même de la région décrite. L'étendue du fief de Saint-
Germain-des-Prés ne lui avait pas permis de faire entrer dans une seule
planche ce vaste territoire; il 1 avait divisé en deux parties : la région basse, à
l'ouest, se prolongeant jusqu'à la Garennelle ou petite Garenne de l'abbaye
(par corruption Grenelle), et la région haute, dont le couvent des Char-
treux occupait le point culminant. Obligé de scinder ainsi cria seigneurie
<r Monsieur Sainct-Germain , t? il avait cru devoir en rétablir l'unité dans une
troisième planche, à échelle réduite, qui embrasse la circonscription de la
paroisse Saint-Sulpice. Aucune de ces feuilles de plan n'est encore en état
d'être présentée au public. Chose singulière : ici le texte est en avance sur
le parcellaire, et les planches ne montrent que de grandes divisions là où
la légende écrite indique des subdivisions et des morcellements plus ou
moins certains.
Cette anomalie résulte des lacunes considérables que présentent les ar-
chives de l'Abbaye et des difficultés d'identification que nous avons signa-
lées plus haut. Elle a également pour cause l'état maladif dans lequel feu
Berty a passé les dernières années de sa vie, et qui ne lui a pas toujours
permis de faire sur place les constatations nécessaires. Son collabora-
teur et le nôtre, M. Th. Vacquer, archéologue infatigable, l'a heureuse-
ment suppléé dans ce rude métier de fouilleur. Il a profité en outre des
XX TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS,
grands travaux de voirie exécutés, dans ces dernières années, sur plusieurs
points du bourg et du faubourg Saint-Germain, et il a pu étudier, dans de
meilleures conditions, le morcellement de cette vaste région, notamment aux
abords de la rue du Vieux-Colombier, de la rue de Rennes et du carrefour
de la Croix-Rouge. L'exécution de nouveaux percements lui réserve sans
doute d'autres découvertes, qui le mettront en mesure de pousser un peu
plus loin le parcellaire resté incomplet. Dans cette situation et avec cette
perspective, le monde savant voudra bien attendre que les fouilles aient dit
leur dernier mot : les deux feuilles du plan d'ensemble, et le plan particulier
de la paroisse Saint-Su Ipice, à petite échelle, paraîtront alors soit avec le
quatrième volume de la Topographie, — Région du faubourg Saint-Germain,
— soit avec le cinquième, — Fief de l'abbaye Saint-Germain intra-muros.
Des raisons identiques commandent l'ajournement du plan périraétral
de l'Abbaye, que feu Berty avait entrepris dès i865, et dont il a légué la
continuation à l'un de ses auxiliaires, M. Bienvenu. Le prolongement du
boulevard Saint-Germain à travers l'enclos monastique est une de ces rares
occasions qui s'offrent aux archéologues de contrôler sur place le résultat de
leurs recherches dans les dépôts d'archives, et de vérifier la légitimité de
leurs inductions. Nous n'avons eu garde de la laisser échapper. MM. Th.
Vacquer et Bienvenu ont donc mis à profit les fouilles déjà faites, et ils se
promettent de tirer tout le parti possible de celles que l'exécution des tra-
vaux de voirie ou de construction doit entraîner. Le plan projeté par feu
Berty ne peut qu'y gagner : tout ce qui sera constaté matériellement ajou-
tera à ce que l'on sait, et diminuera d'autant le nombre des restitutions
hypothétiques.
Pour suppléer à l'absence momentanée de ces documents, ainsi que pour
satisfaire au vœu de feu Berty, nous avons fait divers emprunts à ces plans
contemporains, ou rr pourctraicts de Paris, w qu'il était loin de dédaigner et
auxquels il a donné place dans le premier volume de la région du Louvre
et des Tuileries. La Tapisserie, Saint-Victor, Quesnel et Mérian nous ont
fourni quatre planclies, que d'habiles artistes ont soigneusement exécutées,
après les avoir réduites au format de l'ouvrage.
> AVANT-PROPOS. xu
On nous permettra de rappeler, en terminant, que ies épreuves du pre'sent
volume, communiquées aux érudils les plus autorisés, ont été lues par eux
avec un vif intérêt. Dans le sein delà commission municipale des Beaux-arts
et des Travaux historiques, MM. Léopold Delisle, Hauréau, A. de Longpérier,
VioHet-le-Duc, H. Cocheris; au dehors, MM. Jules Quicherat, Henri Bordier,
Boutaric, Jules Cousin, de Boisllle, etc., ont bien voulu les annoter et faire
ainsi profiter l'auteur, ainsi que l'éditeur, de leurs précieuses observations.
Cette seconde partie d'un ouvrage honoré, à son début, de tant et de si hautes
approbations, se présente donc au public dans les mêmes conditions que la
première. Le patronage de l'administration municipale lui est acquis, et les
sympathies du monde savant ne lui feront pas défaut.
L.-M. TISSEKAND.
. t^îik—af
SOMMAIRES DU TEXTE.
PRÉLIMIINAIRES.
Origine et developpeiie.it du bodbg. — Territoire possédé par les religieux de Saint-Genuain au ix' siècle.
— Droits féodaux de l'abbaye. — Immunités du bourg. — Aspect général. — Accroissements définitifs.
— Tableau des voies de communication i
CHAPITRE PREMIER.
RijBs DU BOURG Sâint-Gebmaih. — Kue des Petits-Augustins. Ck)uvent de la Sainte -Trinité ou des Petits-
Augustins. Noue ou Petite-Seine. — Rue Saint-Benoit. — Rue Beurrière. — Rue des Boucheries. Hôtel
de Malicome. — Rue de Russy. Maison de l'Annonciation. Rue Bourbon -le -Château. — Rue des
Canettes. — Rue du Canivet. — Rue Cassette. — Rue de la Chaise. — Rue Carpentier. — Rue du
Cherche-Midi. — Rue des Ciseaux. — Rue du Cœur- Volant. — Rne du Colombier. Chapelle Saint-
Martin-le-Vieux ou Saint-Martin-des-Orges. Le Petit Pré-aux-Clercs. — Rue du Vieux-Colombier. Clos
Chéradame. — Rue de rAnciennc-Comédie. Jeu de Paume de l'Écu tie Savoie. — Rue de Condé. Hôtel
de Gondi. Maison du Cheval-d'Airain. — Rue Saint-Dominique. — Rue du Dragon. Granges aux Ma-
lades de Naples. Hôtel du Sépidcre. — Rue de l'Ecbaudé 18
CHAPITRE II.
Arbaye de SAiKT-GERMAivDES-PBis. — Fondation de la basihque. — Sépultures. — Dévastations des Nor-
mands. — Réédifications. — Enceinte. — Église. — Inscription» funéraires. — Armoiries et sceaux de
l'abbaye 97
CHAPITRE III.
Sdite DR LA DEscRiPTiox DIS BOBS DD BODBG SAi!<rT-GERMAiii. — Ruc de TÉgout. — Rue d'Enfer. Ferme ou
pressoir de l'Hôtel-Dieu. Clos aax Bourgeois. — Rue Férou i3i
CHAPITRE IV.
Eglise Saint-Solpice. — Origine. — Df'scriplion fie l'ancienne église. — Sceau des marguilliers . . i4.5
CHAPITRE V.
SoiTB BB LA DESCRIPTI0.1 DES RUES Dc BotRG SAi!<T-GERMAm. — Rue Férou. Cimetière Saint-Sulpice. — Im-
paase Férou. — Rne du Four. Hôtel de Navarre. Foire Saint-Germain. Carrefour de la Cruix-Rouge.
XXIV TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Hôtel de Garaaches. Hôtel de Casin. — Rue Garancière. Hôtel de Garancière. — Rue des Mauvais-
Garçons ou Grégoire-de-Tours. — Rue du Gindre. — Rue de Grenelle. — Rue Saint-Guillaume. — Rue
Honoré-Chevalier. — Rue du Petit-Lion. — Quai Malaquais et emplacement du quai Voltaire. Ilot de
la fiutte. Séjour de Nesle. La Charité ou le Sanitat. La Saumonière. Écorcherie Sablonnière. La Tuilerie
aux Flamands. — Rue des Marais. Maison de Nicolas le VauqueUn , seigneur des Yveteaux. — Rue
Sainte-Marguerite. Pilori de l'abbaye. — Rue Mazarine et Petite rue de Nesle. — Rue de Mézières. —
Rue des Saints-Pères. Hôtel de Sansac. Chapelle et cimetière Saint-Pierre. La Voirie ou la Butte. — Rue
Saint-Guillaume. — Rue du Pot-de-Fer. Hôtel de Mézières. — Rue Monsieur-le-Prince et rue des Francs-
Bourgeois. — Rue du Sabot. — Rue de Seine. Hôtel Dauphin. Hôtel de la Reine-Marguerite. — Rue
Servandoni. — Rue de Sèvres 1 5 1
CHAPITRE VI.
Malâdrerie Saint-Germaw. — Histoire de l'établissement. — Fondation des Petites-Maisons. — Petite-
Ménages 267
CHAPITRE VII.
Suite de la description des rues du bourg Saint-Germain. — Rue Saint-Sulpice. Presbytère de Saint-Sul-
pice. — Rue Taranne. Hôtel de Taranne. Clos ou Courtille de l'abbaye. — Petite rue Taranne. — Rue
de Tournon. Hôtel de Savoie. — Rue de Vaugirard a6ô
CHAPITRE VIII.
Le palais de Médicis , d'Orléans ou de Luxembourg. — Les propriétés comprises dans l'enceinte du palais
et des jardins. Hôtel de Champrenard. Hôtel de Luxembourg. — Le palais, les jardins, la grotte, Ta-
queduc d'Arcueil. — Le Petit-Luxembourg et le couvent des Bénédictines du Calvaire a 85
CHAPITRE IX.
Fin de la description des rues du bourg Saint-Gérmain. — Suite de la rue de Vaugirard. — Rue des
Quatre- Vents. — Ruelle ou cul-de-sac des Quatre- Vents Saô
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES.
I. Charte apocryphe de Childkbert I" 337
H. Note sur la prétendue charte de Childebert I" 338
III. Fondation de l'abbaye Saint-Germain-des-Prés. — Discussion relative à l'époque de la dédicace. —
Date vraisemblable de la fondation 338
IV. Masumission des habitants du bourg de Saint-Germain-des-Prés. — Énumération des droits qui font
l'objet de l'affranchissement 343
V. Droits de justice, censive, foires et marchés appartenant à l'abbaye Saint-Germain-des-Prés en 1790.
— Limites de la justice et de la censive dans le bourg. — Liste des maisons situées en dehors du
SOMMAIRES DU TEXTE. xxv
l'autwui-g et doiil la censive appartient à l'Abbaye. — Droits de cens et de rente sur les loges de
la Foire. — Droit de foire franche 344
VI. Rkl«ti<)k i)K ce qui s'est passé à I.» DÉDICACE DE L EGLISE Saixt-Germain-des-Prés. — Visite du pape
Alexandre III. — Cérémonie de la consécration. — Liste des cardinaux présents 3hlt
VII. Inscriitioms funéraires de Saint-Gbrmain-dks-Phés. — Saint Germain. — Hilpericus. — Liste des
personnages inhumés dans l'église. — Procès-verbal des fouilles entreprises |)our la découverte du
tombeau de Gharibert. — Epitaphes de Jacques Douglas, de .Mabillon, de Monll'aucon , de Des-
cartes, de Guillanme Douglas, d'Olivier et de Louis de Gastellan, de lioileau, du roi Gasimir. .355
VIII. Lrs démêlés de l'arrate de Sa^t-Germaii^-des-Prés avec les ëvéques de Paris et l'Université. —
Sentence arbitrale entre l'évêque de Paris, fabljé et les religieux de Saint-Germain- des-Prés. —
Premier accord avec l'Université do Paris. — Second accord avec l'Université de Paris 364
iX. Ë\PucATioiii des planches EMPRUNTÉES À LA STATISTIQUE MONUMENTALE. — .Ancienne dis|)osition du sanc-
tuaire. — Tombeaux des rois et des abbés. — Tombeau de Childebert. — Tombeau de Chil[)éric.
— Tombes de Ghildéric II, de Clotaire II et de Bertnide. — Tombeau de saint Germain. — Tombe
de Fréd^nde. — Statue de Ghildeberl. — Cha|)elle de la Vierge. Plan et détails. — Restes de la
chapelle de la Vierge. Porte. — Détails intérieurs de la chapelle de la Vierge. — Vue de l'abbaye
en i4io. — Tableau de Saint-Germain-des-Prés. — Plan de l'abbaye au milieu du xvi' siècle. —
Plan du rei-de-chaussée de l'église Saint-Germain-des-Prés. — Plan du pren)ier étage. — Façade
occidentale restituée. — Façade latérale restituée. — Porte de l'église Saint-Germaiii-des-Prés. —
Abside de l'élise restituée. — Coupe longitudinale de l'église Saint-Germain-des-Prés. — Coupes
transversales de l'Oise Saint-Germain-des-Prés. — Clocher de la façade de l'église. — Tombeaux et
epitaphes. — Tombeaux et costumes d'abbés 371
X. UocDHENTS MANUSCRITS RBLATirs À l' ABBAYE Saint-Germain-des-Prés. — Cartons de la section histo-
rique des Archives nationales. — Registres de la même section. — Cartons de la section adminis-
trative. — Registres de la même section. — Documents de la section judiciaii-e ;585
XL Les deux premières églises SiiiiT-SoLncE. — Monuments ayant appartenu h la décoration intérieure
de l'édifice : cuve baptismale du xvi' siècle; tombeaux; inscriptions funéraires 899
XII. La poibb Saint-Germai!!. — Note sur les loges et les règlements de la foire. — Ordre et dénomination
des galeries. — Industries et commerces représentés à la foire 4o5
XIII. La Croix-Rocce. — Discussion sur l'origine du nom de ce carrefour. — Aspect du carrefour d'après
les anciens plans 4o8
XIV. Pri\ilége aux Bourgeois. — Bibliographie du sujet 409
XV. Les Etats-généraux de la Grenouillère. — Renseignements contenus dans ce pamphlet sur les Jar-
dins de la Reine-Marguerite 4 1 1
XVI. L'Aqdeduc d'Arcoeil. — Le Roi met la première pierre à la source des fontaines de Rungis. — Bail
fait à Jean Coing pour l'entreprise de la conduite des eaux à Paris. — Mémoire présenté au con-
seil du Roi , au sujet de l'exécution du bail précédent 4 1 3
>
SOMMAIRES DES PLANCHES.
I. — PLANCHES HORS TEXTE,
I. Ls BODBG Sti.iT-tiERiitiN , d'après le pian de Tapisserie '.<■
II. Le ioorg rt le riDBODRG StinT-GEBMAiN , d'après le plan de Saint- Victor , attribue' à Du
Cerceau <"'
III. Le bodhg et le faubourg Sii!rr-GERH4i:i , d'après le plan de Quesnel i o
IV. Lb COUVENT DES Petits-Augustins et l'Ilot au milieu duquel il était enclavé i(>
V. Le pavillon d'angle de la bue Sai!it-BbnoIt . dans l'enclos de l'abbaye Sainl-Germain-des-Prés. 6 4
VI. Vue d'ensehble de l'abbate SAiNr-GEBmAiN-DES-Psés, d'après le Monatlicon ()(>
VIL P1EBBE8 TOMBALES DE ChILDEBERT I' ET DE ClIlLP^RIC I" (|^
VIll. Tombes de CaiLDéRic II , de Clotaire II et de Bertbude 1 uo
IX. Tombe de Fr^d^gondi (pAo(o«Aronwe) t ou
X. Statue tumulaire de Cbildebebt I" (photoekromie) 10&
XI-XII-XIII. Grande chapelle de la Viebge, dans l'enceinte de l'abbaye Saint-Germain-des-
Prés (Plan et détails) 1 oti
XIV. Vue de l'abbate SAiNT-GERHAiN-DE'i-PRKS AL' XV* SIECLE, d'apfès un ancien tableau provenant
du monastère 1 «8
XV. Plan manuscrit db l'abbate Saint-Geimain ad xvi' siIkle, conservé aux Archives nationales. 1 lu
XVI. Interprétation do m^.he plan, par D. Bouillant m
\VII-\XII. La basilique de Sunt-Germain-des-Prés, plans, coupes, détails, d'après les grandes
planches de la StalMque monumentale n-t
\XIII. Plan et coupes d'une trav^ du parloir cloItre de l'abbate Saint-Germaix-des-Prék 1 1 /i
XXIV. Tombeaux et costumes d'abbés de Saint-Germain-desPrés (chromograrure) 1 1 (i
XXV-XXVIl. Le palais abbatial ou cardinal, plans, coupes et élévations 1 18 el suiv.
XXVIII. Caves du xiii* sikLB, voisines du palais abbatial t-ili
XXiX. Sceaux du HONASTiRE et des abbés de SAINT-(iERNAIN-DE8-PRRS i<i6
XXX. Sceaux des omciERS claustraux de l'abbaye Saint-Gebmain-des-Prés laG
XXXI. Plan db l'abbate Samt-Gebmain au xviii' si Iecle , d'après D. Bouillart iq8
XXXII. L'anoenne église Saint-Sulpice , reproduction d'une vue de Marot 1/18
xxHii TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
PagM.
XXXIH. La foire Saint-Germain , d'après les pians de la Tapisserie , de Saint-Victor et de Quesnel. . 160
XXXIV. Le carrefour de la Croix-Rouge, d'après les plans de la Tapisserie, Truschet, Quesnel et
Gombonst 16G
XXXV. L'hApitai, de i,a Charité, reproduction d'une vue de Marot aiH
XXXVi. L'hôtei. et les jardins de la Reine-Margderite, d'après le plan de Mérian -ilxti
XXXVII. Plan général de l'ancienne maladrerie Saint-Germain (Petites-Maisons. — Pelils-Ménages). ^.56
XXXVIII. Petites-Maisons, Petits-Ménages, plans, coupes et élévations 258
XXXIX. Chapelle de l'ancienne maladrerie Saint-Germain, plan, coupes et élévations 960
XL. Ancien hospice des Petits-Ménages; porle sur la rue de la Chaise -262
XLI. Ancien hospice des Petits-Ménages; bâtiments du xvi' et du xviii" siècle a64
XLII. Le Clos adx Bourgeois et les terrains sur lesquels ont été créés le palais et les jardins
DU Luxemhourg, d'après Quesnel et Claude Vellefaux aga
XLIII-XLIV. Ancienne église Saint-Sdlpice; plans restitués par M. Th. Vacquer SgS-^oo
XLV. Monument funéraire de François Audrant. dans l'ancienne église Saint-Sulpice liod
XLVI. La foire Saint-Germain au xvii' siècle , d'après une estampe de la Bibliothèque nationale. 4o6
XLVII. Plan manuscrit de la foire Saint-Germain, conservé aux Archives nationales 4o8
IL — BOIS GRAVÉS DANS LE TEXTE.
I. La pierre tombale de saint Germain 109
H. Armoiries de l'abbate Saint-Germain-des-Prés laS'
III. Sceau de Hugues V, abbé de Saint-Germain-des-Prés (1 176) 1 2/4
IV. Sceau et contre-sceau de Eudes, abbé de Saint-Germain-des-Prés (1 a 34) 120
V. Sceau et contre-sceau de Jean IV de Précy, abbé de Saint-Germain-des-Prés (i 33 4) 126
VI. La fontaine de Jouvence, enseigne d'une maison de la rue du Four-Sainl-Germain i6'i
VIL Le passage souterrain de l'hôtel des Yveteadx, plan et coupes 206
VIII. Les premiers bâtiments des Petites-Maisons, élevés en lôSy 269
IX. Plan du palais du Luxembourg, au temps de Marie de Médicis , 3o3
X. Plan du Petit Luxembourg, de son annexe et du couvent des Bénédictines-du-Gâlvaiie . . . 820
XI. Cuve baptismale de l'ancienne église Saint-Sulpice Itoa
XII. Monuments funéraires de l'ancienne église Saint-Sulpice. 4o3
>
TOPOGRAPHIE
HISTORIQUE
DU VIEUX PARIS.
REGION
DU BOURG SAINT-GERMAIN
PRÉLIMINAIRES.
ORIGINE ET DEVELOPPEMENT DL BOLRG.
En fondant Tabbaye de Saint-Vincent et de Sainle-Croix, nommée depuis
Saint-Germain des Prés'"', Childebert lui fit don d'un vaste domaine, qui, après
certaines diminutions et de nombreux accroissements, comprenait, au n*" siècle,
indépendamment de quelques places, ou terrains à bâtir, en la Cité, le lit de la
Seine, les ponts de la ville jusqu'au ru, ou dépression, de la route de Sèvres,
y compris le chemin de halage, les deux rives du fleuve sur une largeur d'une
perche, l'oratoire Saint-Andéol, appelé depuis Saint-André-des-Arts, ainsi que les
vignes attenantes (clos de Laas), et une terre, avec ses dépendances, appelée le
fisc d'Issy , jiscus qui vocatur lsciacus^^\
Rien n'indique quelles étaient, vers le sud-ouest, les limites primitives de ce
fisc d'Issy; mais il n'y a aucune raison de croire qu'elles différassent sensible-
'' l/abbaye prit le vocable de Saint-Germain
lorsqu'on y eut déposé, en ySA, le coqis du saint
pvAqup de Paris, et l'on ajouta à ce nom une d^i-
(rnation locale, a jtrnlis, des Prés, pour distinguer
r^ilice de la basilique de Saint-Germain, voisine
du Louvre, laquelle avait emprunta sa dénomina-
tion au pieux ëvéque d"Au\erre. — l. m. t.
'' M. J. Onicheratet H. Cocheris ont démontré.
l'un dans la Bibliothèque de l'Ecole de» cluirtet , l'autre
dans son excellente édition de l'abbé Lebeuf. lu
fausseté de la charte sur laquelle on a voulu u|)-
puyer cette donation, et que nous reproduisons,
en appendice, après D. Bouillart. à titre de curio-
sité historique. Toutefois il est certain que les reli-
gieux (leSaint-GermainfKtssédnient. dès le ix' siècle,
le vaste territoire indiqué ci-dessus. — u. m. t.
2 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
ment de celles de la seigneurie de l'abbaye, telles qu'elles nous apparaissent au
xni* siècle, car il est à peu près évident que, vers l'orient, elles ne se sont mo-
difiées que d'une façon insignifiante. De ce dernier côté, la seigneurie de l'Abbaye,
dont nous fixerons plus loin et très-rigoureusement toutes les bornes, avait
pour confins la rue de l'Abreuvoir-Mâcon et, plus tard, la place du Pont-Saint-
Michel, la rue Saint-André-des-Arts, la partie postérieure de propriétés en bor-
dure sur les rues de la Vieille-Bouclerie et de la Harpe, les rues Hautefeuille, des
Cordeliers (de l'Ecole-de-Médecine), de la Harpe, d'Enfer, et l'ancien chemin de
Vanves. Mesurant environ quatre mille mètres dans sa plus grande longueur, vers
le couchant, et deux mille huit cents mètres à peu près dans sa plus grande
largeur, la seigneurie de l'Abbaye formait un magnifique territoire entièrement
compacte, à l'exception de l'enclave du Pré-aux-Clercs*'', et réparti, par lots très-
inégaux, entre l'abbé, le pitancier, l'aumônier, le chantre, le cénier, le trésorier
et l'infirmier du couvent'^'. Les moines y exerçaient les droits féodaux inhérents
à la qualité de hauts justiciers; un de leurs cartulaires, rédigé en iSaS, les
énumère ainsi :
tfEt est à noter que, es dictz lieux de Paris, Sainct Germain et la rivière de
rtSeyne, les dictz religieux, abbé et couvent, seigneurs, ont toute justice, haulte,
frmoienne et basse; et, pour l'exercice d'icelle, droict de commectre bailly, pré-
(Tvost, greffier, sergent, doien, geollier, garde de prisons et autres sergens et
tr officiers, pour garder leur dicte justice et autres droictz seigneuriaulx, et leur
ff faire porter verges, masses et armes nécessaires, si mestier est, pour deffendre
trieurs corps, leur dicte justice et autres droictz, comme font ceulx du Chastellet
rrde Paris, comme appert par le privillége et chartre du roy Phlippes; et, aussi^
a droict de faire tenir assises, congnoistre de cause d'appel, ressort et réformation
et des subjectz d'iceulx lieux, et les amendes des dictes appellations, réglées de
ff soixante solz parisis.
ft Convient pareillement entendre que la justice des ditz seigneurs, à eulx
tt appartenante, à cause que dessus, en la dicte ville de Paris, s'extend ainsi et
tfpar la manière qui s'ensuit, c'est assavoir : depuis la porte Sainct Michel, au-
tf trement appellée la porte d'Enfer, du coslé de Sainct Cosnie, jusques au coing
ftde l'église du dict Sainct Gosme et jusques au ruyssel de la dicte rue, et depuis
trie dict coing jusques à la porte du dict Sainct Germain, du costé des Cordeliers,
tr ainsi que la rue s'extend, jusques au ruyssel d'icelle rue.
^ Item. En retournant devant la grant porte des Cordeliers, en la rue faisant
'"' Les fossés de l'enceinte de Philippe -Auguste, sont bien connues. Le pitancier et le cénier étaient
qui furent creusés dans la terre de l'abbaye, et dont deux officiers claustraux chargés, l'un de distribuer
la Ville obtint la seigneurie, furent une autre en- la pitance, ou portion congrue, aux religieux,
clave dans le fief des moines. l'autre de faire préparer, pendant l'été, le repas du
m
Les fonctions désignées par ces noms divers soir,c«na.
L. M.T.
UJ
o
a.
_i
>
LO
H
Z
<
en
o
pq
■r.
(n
~
tn
•— ■
UJ
O
{X
a:
LL'
<
CT
CL
tn
h;
<
<
_J
1-
<
!-
_l
UJ
ai
z
Q
<
z
<
s
_J
CH
û.
Ui
UJ
O
J
m
(-
LU
2
Qf.
CL
<
<
tn
Q
O
û^
>
O
û3
W
J
ORIGINE ET DEVELOPPEMENT DU BOURG SAINT-GERMAIN. 3
ffle coing du collège de Prëmonstré, jusques à la porte Sainct Germain, tant de
d'un des coslez comme de l'autre.
rllem. Et depuis iceiluy coing du collège de Préniontré, allant droit au coing
ffde l'église Sainct Andry des Ars, du costé du dit Sainct Andry et du dict Pré-
r monstre.
a Item. Du dict coing Sainct Andry des Ars jusques à la vielle porte Sainct
(T Germain, appellée la porte de Bussy (la quelle de présent est fermée), tant de
(rl'un des costez comme de l'autre, et d'icelie porte venant directement jusques
rrà l'abruvouer de Mascon.
r lient. Du dict coing de l'abruvouer de Mascon, tirant droit au viel pont Sainct
cf Michel.
r hem. Et depuis le dict viel pont, tirant à la tour de Nesie, tant de l'un des
(f costez de la dicte rue comme de l'autre; ensemble la rivière de Seyne depuis le
rdict viel pont jusques à une bourne qui faict séparation entre monseigneur
frlEvesque de Paris et le dict Sainct Germain, assise au viel rue de Sèvre, ainsi
(rque la dicte rivière se contient, et une perche royalle oultre chascun bort et
«rryve d'icelie rivyère de Seyne; ensemble toutes aubeynes et confiscations qui
frpevent escheoir es lieux dessus dicts.
fi Item. Les dicLs seigneurs ont tout droict de voirie, tant dedans la ville de
(T Paris, forsbourg Sainct Germain, que ailleurs, es lieux, fins et mettes'" de leur
(T dicte justice et seigneurie.
^ Item, il n'est loisible à aucun ou aucuns de ériger enseignes, auventz, sièges
ffsur rue, barres devant leui-s portes, planter pieux dedans la rivière de Seyne,
-appartenante aus dictz religieux, sans leur congé et mandement espécial, sur
(? peine de confiscation et amende arbitraire.
rltem. Les dicts religieux seigneurs pevent faire maislres jurez de chascun mes-
rtier, dedans les forsbourgs du dict Sainct Germain, tant seullement comme bou-
"lengers, crieurs de vins, bouchers, vendeurs de poisson, drappiers, cousturiers,
rchaussctiers, cordonniers, serruriers, chandeliers, grossiers, apothicaires, bar-
(rbiers, cirurgiens, et generallement de tous autres mestiers qu'il plaist aus dicts
ff seigneurs, sans que le Roy, nostre sire, ou autres quelconques, y puissent mectre
cr aucun empcschement.
(tllem. Les dicis religieux ont toute visitation, amendes et confiscations, à cause
(rde leur dicte seigneurie et justice, sur toutes et chascunes les faulses mesures de
(rblez,vins, huilles, sel, aulnes, toises, poix, et generallement de toutes choses
ff qui concernent les que dessus et autres.
(T Item. Les dicts religieux ont puissance, dedans les dicts forsbourgs, de instituer
(rmaistres jurez, comme mesureurs de blez, sel, foin, chaulx, et generallement
<'' Bornes, du latin mêla.
à TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
trde toutes sortes de marchandises, sans ce que le Roy nostre sire, ses officiers ou
«autres, y puissent mectre aucun empeschement.
ftEsquelles terres et seigneuries, sur plusieurs maisons, masures, jardins, terres,
tf vignes, prez, saulsoyes et autres héritaiges, sont deuez (dues) chacun an plu-
a sieurs rentes et cens fonciers portans lotz, ventes saisines et amendes, quant le cas
tr eschet, paiahles chascun an aux jours que deubz sont, en la dicte abbaye de Sainct
cf Germain Desprez, sur peine de l'amende accoustumée'^l n
Au commencement du xuf siècle , la construction de l'enceinte de Philippe-
Auguste ayant coupé en deux le fief de l'abbaye Saint-Germain, l'une des deux
parties de ce fief se trouva renfermée dans la ville, et continua à relever de la
seigneurie du monastère; elle constitua ainsi la circonscription de deux paroisses
nouvelles, celles de Saint-Côme et de Saint-André-des-Arts, érigées aux dépens
de la paroisse primitive de Saint-Sulpice, qui en était trop éloignée. La seconde
partie du fief de Saint-Germain, séparée de la première par la muraille des forti-
fications, demeura le territoire particulier de la paroisse Saint-Sulpice, territoire
qui s'est identifié avec ie faubourg Saint-Germain, parce que, généralement, on a
considéré comme faisant partie de ce faubourg non-seulement le bourg lui-même,
mais encore les terres cultivées qui l'entouraient et en dépendaient.
Le bourg Saint-Germain, qui a été quelquefois qualifié de ville, ou de village,
villa Sancli Germani, et dont les habitants furent an"ranchis en i -i 5 5, jouissait
d'immunités spéciales, en raison de ce qu'il était considéré comme une agglomé-
ration entièrement distincte de Paris et régie par ses propres lois. En 1*^97,
les bourgeois de Paris ayant voulu faire supporter aux manants des bourgs de-
Saint-Germain et de Saint-Marcel leur part d'une somme de cent mille livres que
le roi leur avait imposée, Philippe le Bel, par des lettres patentes du mois de
mars, reconnut que ces manants ne devaient point être réputés habitants des
faubourgs de Paris : non esse, nec censeri debere de suburbiis et perlmenliis ville Pari-
siensis^^\ Le faubourg Saint-Germain n'a été définitivement réuni à Paris que
sous Louis XIV, de sorte qu'en 1611 le grand voyer de France fut débouté de
'■' Arch. nat. , reg. LL , 1 1 1 9 , P 1 r°.
'^' Dom Bouillart, HtDt. de l'ahb. royale deSaint-
Gefinain-desPrés , In-f , l'a ris , 1 7 9 i . Preuves , p. 7 3 .
Toutefois, ainsi que le fait remarquer M. Bordîer,
l'argument tiré de l'autonomie des deux faubourgs
n'est pas aussi probant qu'il est dit ici. Les habi-
tants do Saint- Marcel et de Saint-Germain- des-
Prés étaient parfaitement compris, comme les Pari-
siens , dans les rôles de la taille ordinaire. C'est ce
qui est mis hors de contestation par leur inscrip-
tion au rôle de 1292, rôle que Gëraud a publié
{Documenlx inédits , 1887, p. 1 73-178). Seulement
lescent mille livres tournois, levées en 1 997, étaient
une imposition extraordinaire, qui concernait plus
spécialement la Ville de Paris; et c'est sans doute
en se fondant sur ce que la dépense à faire ne les
regardait pas, qu'ils n'en profiteraient point on
qu'ils n'en avaient pas encore profité, que les gens
de Saint-Germain obtinrent d'en être exemptés. Il
ne leur eût point suffi de dire qu'ils n'étaient pas Pa-
risiens, puisqu'on les voit imposés en celle qualilé
cinq ans auparavant. — l. m. t.
ORIGINE FJ DÉVELOPPEMENT DU BOURG SAINT-GERMAIN. 5
ses prétentions à y jouir du droit de voirie. Cependant le roi avait dû posséder
certains droits de cette espèce, au moins sur la principale voie du bourg, puisque
la rue du Four est énoncée la (rehaussée du Roy a dans une charte de iSgS'''.
L'abbaye Saint-Germain-des-Prés, qui a été l'une des plus considérables de la
France, a produit un très-grand nombre de savants; on serait donc disposé
à croire que ses archives, riches et soigneusement conservées, contiennent de
nombreux renseignements topographiques, tant sur le bourg lui-même que sur
i'abbaye et ses diverses propriétés foncières. Il n'en est cependant point ainsi. Les
archives de l'abbaye, bien qu'elles nous aient été léguées presque intactes, ne
contiennent, sur le bourg Saint-Germain, qu'une très-petite quantité de titres
du xni* et du xiv* siècle, pour la plupart sans application possible. Les documents
du 3t.v* siècle sont moins rares; ceux qui datent de la première moitié du xvi*-' siècle
sont fort nombreux; mais malheureusement cette abondance relative ne com-
pense guère l'obscurité et l'incohérence de ces pièces, qui se reproduisent les unes
les autres sans aucune critique. De plus, leurs énonciations inexactes, ainsi que
leur classement défectueux, les rendent exceptionnellement difficiles à interpréter ^*'.
Les archives de l'abbaye présentent, en outre, une fâcheuse et irrémédiable
lacune, qui commence au milieu du xvi* siècle et qui s'étend jusqu'au milieu
du XTn*^". Pour certaines régions, une pareille interruption n'aurait pas de con-
séquences très-graves; mais elle est désastreuse pour le bourg Saint-Germain, qui
s'est si profondément modifié depuis l'avènement de Henri II jusqu'à celui de
Louis XIV. On ne saurait en effet y suppléer, puisque la quasi-totalité des ren-
seignements sur le faubourg ne peut provenir que du chartrier de l'abbaye <* .
<*' U convient, dit encore M. Bordier, de Taire
remarquer que le roi s'était attribué, dans toute
l'étendue du royonmc. la justice des grands che-
mins, ce qui n'impliquiiit pas absolument un droit
sur les len-es bordant la via regia. — l. m. t.
" l^es ccnsiers . cette base ewentielle de notre
travail de restitution, éaoDcenl communément les
maisons dans leur ordre lopographique naturel;
dans les censiers de l'abbaye, le classement est cons-
tamment interrompu par l'ënumération des diverses
propriétés, rurales ou antres, appartenant à l'in-
dividu dont l'ordre topograplii(|ue amène le nom
80US la plume du rédacteur. De plus, les rues sont
morcelées en fragments , ré|>ondant aux liefs secon-
daim dont se com|>08ail le grand fief de l'abbaye.
Toat eela cause une insup|)oi-table confusion , qui
ne te retrouve pas dans les registres des autres sei-
gneuries.
''' Cette lacune, que noas ne savons i quoi at-
tribuer, mais qui semble correspondre à l'époque
des guerres de religion, est constatée vers 1660.
On peut juger de son étendue par ce fait, que. de
1 547 à t O87, il ne subsiste que deux ccnsiers : l'un
de 1698, presque sans valeur, et l'autre de i5()5,
relativement fort précieux. Ce dernier constitue
runi(|ue et fort insuflisante ressource au moyen de
laquelle nous avons essayé de relier l'état ancien à
l'élat moderne. \je censier qui porte In dote de 1 SgS
est , en réalité , postérieur, cl contient des indications
des premières années du xvii* siècle, parce que le
compte qui y est transcrit, réellement commencé
en tôgo, n'a été irdélivréi qu'en 1607. On s'aper-
çoit facilement, du reste, qu'il a été copié en grande
partie sur d'autres cueillerels remontant au règne
de Henri III.
''' Nous avons dépouillé tous les titres doma-
niaux des différentes communautés du faubourg
Saint-Germain , dans l'espoir de remédier à la pau-
6 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Il résulte de raccumidation de ces circonstances malencontreuses l'impossibi-
lité radicale de satisfaire à plusieurs desiderata. Comment fixer, par exemple, les
années où furent ouvertes les rues Charpentier et du Canivet, qui, mentionnées
pour la première fois dans le censier de lôgB, ne le sont ni dans celui de i btx'j,
ni dans les cueillerets antérieurs ? Par quel moyen déterminer le point d'embran-
chement du Chemin-Neuf, quand l'examen minutieux et deux fois répété intégra-
lement des cinquante cartons et des cinquante registres du monastère''^ ne fournit
pas la moindre lumière sur la question ? Comment retrouver le tracé de la tran-
chée qui protégeait le faubourg Saint-Germain, pendant une période de temps et
à une époque qui sont précisément celles sur lesquelles il n'existe pas de docu-
ments ? Ces lacunes et l'impossibilité presque absolue de les combler ont rendu
notre tache extrêmement laborieuse. Notre restitution du bourg et du faubourg
Saint-Germain compte parmi les travaux les plus ardus que nous ayons jamais
entrepris.
Après les explications qui précèdent, on comprendra que nous ne sachions rien
du bourg Saint-Germain dans la première moitié du moyen âge, et que nous en
connaissions môme peu de chose au xni'^ siècle. En 1270, le comte de Sancerre
avait une résidence rue des Canettes; mais, à cette époque, le bourg Saint-Ger-
main, peu étendu et habité surtout par les vassaux de l'abbaye, qui s'adonnaient
principalement aux travaux agricoles'^', ne se composait guère que de chaumières,
de granges et autres bâtiments rustiques. Dans le xiv* siècle, au contraire, le goût
de la villégiature s'étant répandu chez les nobles et les riches bourgeois de Paris,
le bourg Saint-Germain renferma plusieurs habitations de plaisance, telles que les
hôtels de Navarre, du cardinal d'Ostie, des évêques de Rodez et de Limoges, du
duc de Bourbon, de M""^ de Valence, de M""^de Cassel, du seigneur de Garancière,
de la Folie-Regnier et du séjour de Nesle. Mais le lléau de la guerre, qui amena
la destruction de quelques-uns de ces manoirs, enraya le mouvement, que la
domination anglaise fut d'ailleurs bien loin de favoriser.
Au xv*^ siècle, apparaissent les noms nouveaux des hôtels de Taranne, dun
évêque de Chartres et de Casin d'Estouville, ou Estouteville ('). Toutefois, c'est
seulement au siècle suivant que commença la longue prospérité du bourg Saint-
Germain, dont la physionomie se transforma et perdit celle d'un village cham-
vreté des archives de i'abbaye; mais, comme ces deiSag.quenousavonsét^oblige'derelirevingU'ois
communautds sont toutes modernes, leurs titres pour les comprendre.
nous ont été d'une faible utilité. ''' lis ne fournirent que 1 5 1 contribuables à la
'"' Nous parlons seulement de ceux qui se rap- taille de 199s, et i4o à la taille de 1-296 : c"est
portent à la topographie de Paris. Par suite de un centième seulement du chiffre total,
l'étendue de son territoire, les censiers de l'abbaye • ''' Nous faisons remarquer ailleurs qu'on ne
renferment jusqu'à douze et quatorze cents articles , trouve, dans la généalogie de la famille d'Estou-
et il est des registres, comme celui de l'arpentage teville, aucun individu du nom de Casin. — l. m. t.
>
^w^g*
Iray Ch Cha.rdan a.)n* pAri»
ORIGINE EX DÉVELOPPEMENT DU BOLRG SAINT-GERMAIN. 7
pêtie, pour revêtir l'apparence d'une ville élégante, au moins dans certains quar-
tiers nouveaux; car l'antique Grand'Rue conserva longtemps ses ctables, ses ber-
geries et son aspect rural. Débarrassés aIoi*s des voieries et des écorcheries qu'on
rejeta dans la campagne, où les tuileries furent bientôt aussi reléguées, les terrains,
livrés à des propriétaires opulents et à des spéculateurs, se couvrirent de maisons,
remarquables par le luxe de leur architecture et la beauté de leurs jardins. Des
rues furent percées, d'anciens chemins mis en bon état de viabilité''', et les cons-
tructions nouvelles s'y multiplièrent. Une princesse du sang, la duchesse de Savoie,
des grands seigneui-s comme les ducs de Montpensier et de Luxembourg, quantité
de personnages importants, des étrangers notables comme les Salviati et les
Gondi, et, plus tard, des hommes illustres à divers titres, comme les Clément
Marot, les Ambroise Paré, les Jean Cousin et les Du Cerceau, s'y firent bàtii- de
somptueuses demeures.
Au xvi" siècle, la mode avait adopté le quartier Saint-Germain : il était de bon
ton d'y posséder un hôtel , et la vie devait effectivement y être fort agréable , attendu
qu'on y jouissait à la fois des avantages de la ville et de ceux de la campagne.
Les lieux d'amusement public, notamment les jeux de paume et les tavernes, n'y
faisaient point défaut. La foule qui, aux jours de fête, inondait le Pré-aux-Clercs,
y rencontrait donc, ainsi que dans ses environs, tous les genres de plaisir qu'elle
pouvait souhaiter. Le rétablissement de la foire, (jui n'avait cependant qu'une
durée très-restreinte , favorisa également le développement du faubourg, en don-
nant quelque impulsion à son industrie, longtemps limitée aux produits de l'agri-
culture, des carrières et de la céramique.
Il n'est pas jusqu'aux dissensions religieuses qui n'aient contribué à l'extension
(lu faubourg Saint-Germaiu, en engageant les réformés à s'y grouper. On sait
que la rue des Marais fut qualifiée de Pelile-Genève. Mais, là, l'inconvénient était
à côté de l'avantage, car la présence des maisons huguenotes servit de prétexte
au pillage et à la destruction. Les désordres dont les maisons du Pavanier et
de Baptiste Androuel devinrent le théâtre n'étaient point propres à inspirer la
sécurité. D'ailleurs, une épreuve bien pins sérieuse menaçait le faubourg Saint-
Germain. En 1689 et iSgo, la Ville, sur le point d'être assiégée, fit démolir
toutes les maisons qui, par leur proximité des murailles, auraient gêné le feu
de la place. Puis le faubourg, ayant été pris deux fois par les troupes royales'*',
eut à subir les désastres que de semblables catastroj)hes entraînent ordinairement
'■' Le» arrêts relatifs nu |>avcnient de la rue <1p toutes les rues du quartier; cependant, en i6."56, il
Seine sont de lô'iô. I^ 3i octobre de cette année, y avait encore dans le faubourg un certain nombre
intervint UD arrêt, rendu sur la requête de l'abbé de de rues qui n'étaient pavées que d'une façon Irès-
Saint-<»emiain et ayant pour but de forcer les ha- iinparfnile. Surquelques poinlsexcentriques, celétat
bitants du Iwurg k paver devant leurs maisons. Cet s'est perpétué presque jus<ju'à nos jours. — l. «. t.
arrêt s'appliquait probablement aux habitants de *' \j; t" novembre 1389 et le a C juillet 1090.
8 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
à leur suite''*. Les ravages furent si grands, que, quinze ans après, Ton comptait
encore bien des ruines dans la paroisse Saint-Sulpice. Toutefois la tranquillité
des dernières années du règne de Henri IV rétablit la confiance et ramena les
populations au faubourg Saint-Germain, non moins dévasté par les soldats qui
l'avaient défendu que par ceux qui l'avaient attaqué. Les maisons abattues se
reconstruisirent, et le développement du quartier, arrêté pendant un quart de
siècle, ne fut plus interrompu.
Dès l'origine, les premières maisons du bourg Saint-Germain s'étaient grou-
pées au pied des murs du monastère, le long de la voie royale qui a pris le nom
de rue du Four. Au milieu du \nf siècle, les constructions se prolongeaient sur
les bords du cbemin qu'on appelle maintenant la rue de l'Ecole-de-Médecine;
mais elles ne semblent pas avoir dépassé l'emplacement de la rue des Mauvais-
Garçons (actuellement rue Grégoire-de-Tours), qui fut ouverte en i25i.La créa-
tion, en 1276, de seize étaux de boucherie, entre cette rue et la porte des Cor-
deliers, augmenta le nombre des maisons bordant la voie qui conduisait à cette
porte, et qu'un concours particulier de circonstances favorables rendit prompte-
ment la plus vivante du quartier. Nous savons aussi qu'au xni'' siècle les maisons
du bourg s'étendaient jusqu'aux rues du Vieux-Colombier et des Saints-Pères ;
mais, au mois d'avril i36o, lorsque le roi Edouard III menaça Paris, le Régent
lit brûler les faubourgs de la rive gauche, pour empêcher les Anglais de s'en
saisir, et plusieurs hôtels furent complètement rasés. Des démolitions analogues
furent pareillement excécutées aux alentours de l'abbaye en i368, de sorte que
le terrain du côté septentrional de la rue Taranne fut remis en culture, et que
l'extension du bourg, dans cette direction, se trouva arrêtée pour de longues
années.
A la fin du xiv' siècle, le bourg Saint-Germain avait pour limites : le chemin
sur les fossés (rue de l'Ancienne-Comédie), les rues de Bussy, de Seine, le quai
(à cause du séjour de Nesle), diverses voies que remplacent aujourd'hui la rue
des Petits-Augustins (partie septentrionale de la rue Bonaparte), les rues Saint-
Benoît, Taranne et du Dragon, le carrefour delà Croix-Rouge, la rue du Vieux-
Colombier, au midi de laquelle étaient probablement quelques habitations, indé-
pendamment du grand hôtel de Garancière, enlin l'emplacement des rues Saint-
Sulpice et des Quatre-Vents. Cent ans plus tard, le bourg paraît avoir renfermé
une population plus nombreuse; mais la superficie occupée ne s'était point aug-
mentée d'une manière appréciable. En effet, si, d'un côté, l'on avait bâti dans les
''' Dans la conférence qu'il eut avec le cardinal r livres par les soldats qui les démolissent." Ces
«leGondi, lors du siège de Paris, Henri IV disait: douloureux événements se sont renouvelés de nos
"Il ne se passe jour que les fauxbourgs de Paris jours, dans la banlieue suburbaine, avecles mêmes
"ne souffrent ruine de la valeur de cinquante mille désastres. — l. m. t.
ORIGINE Et DÉVELOPPEMENT DU BOURG SAINT-GERMAIN. 9
environs de Saint-Sulpice et au fond des fossés, près des portes de Paris, d'autre
part le sol du séjour de Nesle était redevenu une terre labourable t'I
C'est à la fin du xv"= siècle que commence la série des accroissements définitifs
du bourg Saint-Germain; ils ont eu lieu dans l'ordre que nous allons indiquer.
Vers l'an i5oo, ouverture de la rue des Quatre-Vents, et, en i5oi, bail à
bâtir des terrains compris entre cette rue et celle du Petit-Lion.
Vers i5io, bail des terrains compris entre les rues de Tournon et de Condé,
et, vers i5i5, bail des terrains compris entre les rues de Condé et Monsieur-
le-Prince. H ne se révèle plus rien d'important, en fait d'accensement, jusqu'en
1529.
En cette année, Jean Lescuyer, arpenteur-juré du roi, fut chargé de mesurer
toutes les terres labourables de la paroisse Saint-Sulpice, et son travail nous
permet de déterminer avec une extrême précision les limites du bourg, dont les
maisons étaient agglomérées presque sans aucune solution de continuité. Ce péri-
mètre est aujourd'hui représenté par les mes suivantes :
Rues de l'Ancienne-Comédie, de Bussy, de Seine, du Colombier (Jacob);
Rue Saint-Benoît, du côté occidental de laquelle était la courtille de l'abbaye;
Rue Taranne et rue du Dragon, du côté occidental de laquelle était l'hôtel du
Sépulcre;
Carrefour de la Croix-Rouge, complètement entouré de maisons, parce que
l'on avait bAti à la pointe des îlots compris entre les rues de Grenelle et du
Cherche-Midi;
Rue du Vieux-Colombier, dont le côté méridional était garni de maisons depuis
la rue du Cherche-Midi jusqu'à la rue Cassette, et depuis l'emplacement de la
rue du Gindre, qui n'existait pas encore, jusqu'à Saint-Sulpice;
Rue du Pot-de-Fer (Bonaparte), bAtie des deux côtés;
Rue de Vaugirard, du côté méridional de laquelle il n'y avait que les édifices
du Clos-aux-Bourgeois;
Rue Monsieur-le-Prince.
Le bourg Saint-Germain, qui avait pour dépendances une maladrerie et son
cimetière, renfermait alors le grand monastère de l'abbaye, l'église paroissiale de
Saint-Sulpice avec son cimetière, la chapelle Saint-Père et son cimetière, les
halles de la Foire, enfin deux cent soixante maisons, ou hôtels plus ou moins
importants, un quai, celui du port de Nesle, et trente-quatre rues, ou chemins
pouvant être regardés comme des rues, savoir :
•'' Dans les lettres ptentes données par le roi r temps des guerres par lesquelles ledict faulxbourg
le 3 mai i55o et ordonnant l'ouverture des portes -^(il s'agit du bourg Saint-Germain) fut ruynë et
de Bussy et de Nesle, il est dit que rlesdictes portes "rc'duil en lorre labourable, mesme à l'endroit des-
rsont demeurées closes et fermées, dès et depuis le rrdictes deux portes. n
10 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
La rue, ou chemin, sur les fossés, entre les portes Saint-Germain et de Bussy
(de l'Ancienne-Comédie);
Le chemin sur les fossés, entre les portes de Bussy et de Nesle (rue Mazarine),
où il n'y avait aucune construction;
Les rues de Bussy et de Seine;
Les quatre rues des fossés de l'abbaye (de l'Échaudé, Jacob, Saint-Benoît et
Sainte-Marguerite) ;
Les deux chemins allant à Saint-Père (rues Taranne et des Saints-Pères);
Les rues du Sépulcre (du Dragon), du Four, Coppieuse (du Sabot) et de
Taranne (de l'Egout);
La ruelle dite des Ciseaux et celle de Cassel (Beurrière);
Les rues Saint-Sulpice (des Canettes), des Boucheries (de l'Ecole-de-Médecine)
et delà Folie-Regnier (Grégoire-de-Tours);
Le chemin sur les fossés, entre les portes Saint-Germain et Saint-Michel (rue
Monsieur-le-Prince) ;
La rue, ou chemin, allant de la porte Saint-Michel aux Chartreux (rue d'Enfer);
Les rues de Vaugirard, du Clos-Bruneau (de Condé) et de la Foire (des Quatre-
Vents), avec la ruelle qui y débouchait (impasse des Qualre-Vents);
Les rues Combauit (du Petit-Lion), du Marché-aux-Chevaux (de Tournon) et
Garancière;
La ruelle Saint-Sulpice (Servandoni) et une autre ruelle par laquelle on allait
à Saint-Sulpice (rue Saint-Sulpice);
Les rues Férou et Henry-du-Verger (du Pot-de-Fer);
Le chemin de Cassel (rue Cassette) et la rue du (Vieux-) Colombier.
L'année 1699 est à noter dans les annales du bourg Saint-Germain : elle
marque le point de départ d'une série d'accensements qui en reculèrent les
limites. C'est ainsi qu'en 1629 furent ce baillés à bâtir, n sur une longueur de cent
cinquante toises, les terrains de l'îlot compris entre les rues du Cherche-Midi et de
Sèvres, la plupart des terrains situés du côté méridional de la rue de Vaugirard,
ceux du côté occidental de la rue des Saints-Pères, au-dessus du Pré-aux-Clercs,
et ceux des deux côtés de la rue de Grenelle, en deçà de la rue de la Chaise. En
i53o et dans les années suivantes, furent semblablement baillés à bâtir les ter-
rains de l'îlot compris entre les rues de Seine et Mazarine; en i535, ceux de
l'îlot compris entre les rues du Dragon et des Saints-Pères. Vers le même temps,
l'espace compris entre la rue Cassette et la rue Férou acheva de disparaître sous
les maisons et les jardins, en vertu de transactions dont les titres sont perdus. En
1 538, l'emplacement de l'ancien marché aux chevaux (entre les rues de Tournon
et Garancière) et celui de l'ancien séjour de Nesle (sur le quai, entre les rues de
Seine et Bonaparte) furent acquis par des spéculateurs. Les constructions du côté
TOPOGRAPHIE H
y f^ -- ■■■. ! .' ■■ ' • AU
LA REGION DV FA
D'APRES
E DV VIEVX PARIS
>
G SAINT GERMAIN.
ORIGINE ET DÉVELOPPEMENT DU BOURG SAINT-GERMAIN. 11
occidental de la rue de Seine, entre la rue Jacob et la rivière, remontent à cette
époque. Enfin la vente du reste des terrains entre la Seine et la rue Jacob, jusqu'au
droit delà rue Saint-Benoît, eut lieu de 156 1 à i565, sauf quelques parcelles.
Ainsi que nous l'avons dit, les documents comniencent à nous faire défaut en
ibtf]; cependant, entre 1567 et 1629, nous constatons la transformation de
cinq chemins en rues. Ces chemins sont : ceux des fossés entre les portes de
Bussy et de Nesle (rue Mazarine), de la Noue (rue Bonaparte), de Grenelle, de
Sèvres et de la Vieille-Tuilerie (du Cherche-Midi).
Nous constatons aussi l'ouverture de quatre rues nouvelles: celles de Nesle,
des Marais, du Gindre et de Saint-Pierre (impasse Pérou), auxquelles il con-
viendrait peut-être d'ajouter les rues Honoré-Chevalier, Mézières et Charpentier,
ce que la rareté des titres ne nous permet pas de vérifier.
Le seul accensement dont nous ayons connaissance, dans la seconde moitié
du XVI* siècle, est celui auquel on procéda, en i58i , pour les terrains du côté
septentrional de ta rue Saint-Sulpice actuelle; il est à supposer que les ter-
rains riverains des rues Saint-Guillaume et de la Chaise furent aussi baillés
après i55o. Quant au réseau des rues, il s'augmenta, dans la période corres-
pondante, de la rue du Cœur-Volant, ouverte en 1669, de la rue de la Foire
(.Mabillon), qui date de i586 et qui était plutôt un passage qu'une rue, de la
rue du Canivet et de la petite rue Taranne, percées toutes quatre h travers des
propriétés.
A la fin du ivi' siècle, le bourg Saint-Germain avait pour limite la tranchée
qu'on creusa dans tout son périniètre pour sa défense , et dont nous essayerons
ailleurs de restituer le tracé. Touchant aux maisons, dans la partie centrale de
son parcours, cette fortification embrassait à ses deux extrémités des espaces assez
vastes, qui restèrent dépourvus d'habitationsjusqu'aux dernières années du règne
de Henri IV, excepté dans la région située derrière les Chartreux, où l'on n'éleva
aucune construction. Le premier quart du xvii* siècle n'était point écoulé, et déjà
les maisons du faubourg, ayant franchi la tranchée, se pressaient le long de la
rue du Bac et des autres grandes artères de la plaine.
Avant l'année iGii, le bourg Saint-Germain, dans le périmètre de la tran-
chée, a été sillonné par cinquante-six voies distinctes, qu'on peut répartir ainsi :
VOIES DOM L'EXISTEKCE EST CONSTATEE DES LE XUI* SIECLE.
Rue de Bussy. Rue Beurrière.
Rue de Seine. Rue du Perron (remplacée par la rue Sainte-
Rue des Mauvais-GarçoDs(Grégoirede-Tours). Marguerite, dénommée depuis rue Goziiu).
Rue des Roucheries. Rue Taranne (confondue souvent avec la pré-
Ruedu Four (habituellement morcelée en deux cédente).
parties). Rue NeuveSainl-Père (des Saints-Pères).
12
TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Rue des Canettes.
Rue du Vieux-Colombier.
Rue de Vaugirard.
Rue d'Enfer et chemin de Vanves.
VOIES DONT L'EXISTENCE N'EST CONSTATEE QU'AU XIV" SIECLE.
Chemin sur les fossés, entre les portes Saint-
Michel et Saint-Germain (rue Monsieur-le-
Prince).
Chemin sur les fossés, entre les portes Saint-
Germain et de Bussy (rue de l'Ancienne-
Comédie).
Chemin sur les fossés, entrelesportesde Bussy
et de Nesle (rue Mazarine).
Chemin sur le fossé de l'abbaye (rue de l'É-
chaudé).
Chemin de la Noue (rue Bonaparte, partie
septentrionale).
Chemin des Vaches (rue Saint-Dominique).
Chemin (rue) de Grenelle.
Chemin (rue) de Sèvres.
Chemin de Saint-Germain à Vaugirard (rue
du Cherche-Midi).
Rue du Dragon.
Rue de l'Égout.
VOIES DONT L'EXISTENCE N'EST CONSTATEE QU'AU XV"" SIECLE.
Rue du Sabot.
Rue des Ciseaux.
Rue de la Voirie des bouchers (remplacée par
la rue des Quatre-Vents).
Ruelle des Quatre-Venls.
Rue du Clos-Bruneau, puis de Condé.
Rue du Pot-de-Fer.
Sentierdu Pressoir de IHôtel-Dieu (supprime).
VOIES DONT L'EXISTENCE N'EST MENTIONNEE QU'AU XVI* SIECLE, OU AVANT l6l 1.
Petite rue de Nesle.
Rue des Marais.
Rue du Colombier (Jacob).
Rue Saint-Benoît (cette voie et la précédente
ont remplacé des chemins du xiii° siècle).
Rue Saint-Guillaume (partie débouchant en
la rue des Saints-Pères).
Rue des Rosiers (Saint-Guillaume).
Rue de la Chaise.
Petite rue Taranne.
Rue de la Foire (Mabillon).
Rue du Cœur-Volant.
Rue du Petit-Lion.
Rue de Tournon.
Rue du Petit-Bourbon (Saint-Sulpice).
Rue Garancière.
Rue du Fossoyeur (Servandoni).
Rue du Canivet.
Rue Férou.
Rue Saint-Pierre (impasse Férou).
Ruelle longeant le cimetière Saint-Suipice
(supprimée).
Rue du Gindre.
Rue Charpentier.
Rue Mézières.
Rue Honoré-Chevalier.
Rue Cassette.
Rue Bourbon-le-Château.
RUE DES PETITS-AUGUSTINS. 13
CHAPITRE PREMIER.
RUES DU BOURG SAINT-GERMAIN.
RUE DES PETITS-AUGUSTINS.
(aCTUELLE](E>'T partie SEPTE^ITRIUNALE de la rue BONAPARTE.)
La rue des Petits-Augustins commençait au quai Malaquais et finissait à la rue
du Colombier (Jacob).
Le long du canal connu sous le nom de la Petite-Seine (voir p. 18), il y avait
deux chemins, dont le plus important, situé sur la rive orientale, datait à peu
près de la même époque que le canal, puisqu'il en était évidemment la voie de
halage. Nous le trouvons clairement désigné dans un document de i368, par
la formule : «fcbemin duquel on va dudit Pré aux Clercs à la rivière de Seine;
(T lequel chemin tient, du cousté devers la ville de Paris, à la place où jadiz
<T furent les jardins de Nesles, et d'autre costé, au fossé neuf qui vient de l'église
ff droit à la rivière de Seinne. ■» On l'appelait également : «le chemyn de la Noue ^
(1 5^9), <r le grand chemin de la Nouei) (i5a3), ir chemin allant de Sainct Germain
ttk la rivière, anciennement dict la Nouen (iBag), et trie hault chemyn. 'n Ce
dernier vocable avait pour but de le distinguer du chemin creux, produit par le
comblement de la Petite-Seine. Or, vers t563, le chemin de la Noue fut sup-
primé, au moins partiellement, par les moines de l'abbaye, qui en baillèrent à
bâtir l'emplacement, sans tenir compte des droits d'usage de l'Université, et à son
grand détriment. Aussi, lors du procès qui amena l'émeute de i568, l'Université
réclama-t-elle vivement qu'on rétablît dans son ancien état le chemin usurpé; ce
que prescrivit, en effet, un arrêt du Parlement rendu le i4 mai i55i.
Le chemin de la Noue rétabli donna naissance à la rue des Petits-Augustins, qui
n'a par conséquent point été tracée sur le Petit-Pré-aux-Clercs, comme le soutenait
l'Université et comme l'assure Jaillot, mais qui occupe l'emplacement d'un vieux
chemin ayant toujours limité ce Petit^Pré et le séparant de la Noue et du Grand-
Pré. A la fin du xvf siècle, la ruedes Petits-Augustins était ainsi énoncée :fr rue que
irl'on dict estre appelée la Petite Seyneu (i585), (rrue de la Petite Seines (i588),
ff petite rue de SeineT» (1.^90), et simplement aussi (rrue qui vient du Petit Pré
«raux Clercs à la rivières (1695). Nous avons trouvé un titre de i58i , où elle est
14 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
appelée «rue de Bouyn,^ à cause du propriétaire de la grande maison qui la bor-
dait à l'occident. Le nom de rue des Petits-Angustins n'a prévalu qu'une vingtaine
d'années après la fondation du couvent des Augustins réformés; on en faisait usage
dès 1698.
L'an 1606, la reine Marguerite renferma dans son hôtel l'extrémité septen-
trionale de la rue de la Petite-Seine, qui cessa ainsi d'aboutir sur le quai ; mais,
sur la requête présentée le 16 décembre 1617 par les habitants du faubourg, le
Parlement ordonna, \e id août 1619, que la route serait rouverte d'après sou
ancien alignement et avec sa largeur primitive de dix-huit pieds. Néanmoins, de-
puis ce temps, cette voie présente une légère brisure dans sa direction. Quant à
la largeur de dix-huit pieds, indiquée aussi dans un arrêt de 1 55 1 , nous ne voyons
point à quelle époque elle a pu être augmentée. Convaincu que les propriétés du
côté oriental n'ont point subi de reculement, nous croirions volontiers que la rue
n'a jamais été plus étroite qu'aujourd'hui. Au surplus, en 1 SSy, l'Université se
proposait de lui donner six toises de largeur; en effet, c'est manifestement la rue
des Petits-Augiistins qui est désignée par cette phrase du toisé du 18 février :
ffla rue que l'on entend faire et continuer, de six toises de largeur, au derrière des
ff maisons et jardins appartenans à monseigneur de Montpensier, monsieur du
ff Serseau et aullres. n
CÔTÉ OCCIDENTAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAVE.
L'emplacement occupé de nos jours par les maisons bordant le côté occidental
de la rue des Petits-Augustins était celui-là même où passait le canal de la
Petite-Seine. Lorsque ce canal eut été comblé, le terrain, divisé en trois pièces
de quatre-vingt-trois toises et demie chacune, fut baillé par l'abbaye à Jean Bouyn ,
barbier et chirugien, qui y établit un clos et une maison couverte d'ardoise.
L'ensemble des trois pièces, vendues les 10 mars 15/11,9 mars et 17 avril i5/i3,
était limité, au nord, par le chemin ou quai de la rivière; à l'est, parle chemin
dit depuis rue des Petits-Augustins ; à l'ouest, par les fossés du Sanitat, et, au
midi, par le chemin des fossés de l'abbaye (rue .Facob). La maison de Bouyn
était large de sept toises quatre pieds, du côté du quai, et le jardin qui en dépen-
dait touchait à la borne d'encoignure du Grand-Pré-aux-Clercs ; ce qui prouve
que, du côté de la rue Jacob, ce jardin avait environ dix-sept toises de largeur.
En 1 585, le 7 septembre, la maison de J. Bouyn fut vendue par son fils Prosper
• RUE DES PETITS-AUGUSTINS. 15
Bouyn, conseiller au Parlement, à Hugues de Castellan, seigneur de Castelniore,
chevalier servant de la reine de Navarre; elle était alors bornée, vers l'ouest,
par la tranchée de l'égout. Deux ans plus tard, la partie méridionale de la pro-
priété, qui en avait été retranchée, formait une place que l'Université voulut
bailler à bâtir, comme on le voit par un toisé du t8 février iSSy, où elle est dite
située entre ffla rue que l'on entend faire et continuer, de six toises de largeur, au
(T derrière des maisons et jardins appartenans à monseigneur de Montpensier,
(T monsieur du Serseau et aultres (la rue des Petits-Augustins), et ladicte rue faicte
(rpour l'esgout du faulbourg S' Germaine (voir rue Saint-Benoît). Cette place
avait douze toises et demie de largeur irpar le bout vers la rue du Colombier, à
«f distance de quatre toises du mur de closture qui sépare la rue du Colombier
(ret le fossé de l'abbaye; a quinze toises un pied à l'autre bout, trvers le mur de
tt clôtnre du jardin de M. Bouyn. n et quarante-huit toises cinq pieds de profondeur,
dimension qui se retrouve encore dans le mur mitoyen du couvent des Petits-
Augustins, actuellement l'Ecole des Beaux-Arts.
Sur les plans de Quesnel et de Mérian figure une ruelle qui, longeant le mur
méridional de l'hôtel de la Reine, forme une communication entre les rues des
Petits-Augustins et des Sainls-Péres; mais il n'est point d'autre indication de cette
ruelle, et nous ignorons si elle a réellement existé.
La place dont il s'agit ])arait avoir été comprise plus tard dans les six arpents
cédés à la reine Marguerite, le 3i juillet j6oG, et elle lit ensuite partie des dix-
sept cent trente-deux toises du fameux jardin de Nicolas Vauquelin, seigneur des
Yveteaux. Celui-ci en fit acheter le terrain des Auguslins, en trois lots, par le
nommé Nicolas le Prestre, sieur de la Chevalerie, les la février 1611, 12 juillet
161 3 et 8 janvier 1618. Le jardin des Yveteaux n'ayant été aliéné qu'en i65g,
c'est postérieurement à cette date que furent bâties les maisons qui en couvrent
aujourd'hui l'emplacement. Quant à la maison, amoindrie, ainsi que nous venons
de le dire, par le retranchement de sa partie méridionale, elle fut vendue, le
7 juin iSgg, ])ar Renée Forget, veuve de Castellan, à la dame Renée Lebeau.
veuve d'Etienne Hue, puis revendue par celle-ci, mais en partie seulement, si nous
ne nous trompons, au sieur Gillel, amjuci elle fut définitivement adjugée par
décret du 18 février i6oii. Du reste, il en disposait auparavant, puisque, dès le
dernier jour de février i6o3, il l'avait baillée aux religieux de la congrégation
de Jean de Dieu, plus connus sous le nom de Frères de la Charité, congrégation
dont Henri IV, par lettres patentes du mois de mars 1602, autorisa l'établisse-
ment en France, suivant le désir de sa femme Marie de Médicis.
La reine avait fait venir de Florence ces bienfaisants hospitaliers, dont l'ordre
avait été fondé à Grenade, vers i^tio, et qui s'étaient voués au soulagement des
malades. Les Frères de la Charité se répandirent promptement dans une partie de
16 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
l'Europe et arrivèrent à Paris, où ils furent quelque temps sans trouver un lieu
convenable pour s'établir; ils s'installèrent enfin dans la maison de Gillet, La
reine paya d'abord le loyer de cette maison; puis elle l'acheta, le 6 janvier i6o5,
et en fit don à ses protégés, le 5 février suivant W. D'importantes réparations
durent y être exécutées après le rétablissement de la paix, car elle avait été dé-
vastée au moment du siège de Paris, parce que Castellan tenait le parti du roi.
En lôgi, elle n'était plus qu'une masure renfermant deux corps d'hôtel, l'un
sur le quai, mesurant sept toises de large et trois toises et demie de profondeur,
et l'autre cren potences sur la rue.
Bientôt la reine Marguerite eut besoin de l'habitation des «pauvres Frères igno-
ffransii pour la construction de son nouveau palais'^'. Elle s'en empara donc, en
les indemnisant, le 4 septembre i6o6, par l'abandon d'une autre maison, située
rue des Saints-Pères, là oii est maintenant l'hôpital de la Charité (voir rue des
Saints-Pères). La propriété de Gillet paraît avoir formé le coin du quai, sur le-
quel elle avait une façade; dans tous les cas, elle était distincte encore, en i6o5,
d'une autre maison de la dame Renée Lebeau, à laquelle elle aboutissait, suivant
les titres (''. Toutes deux furent absorbées dans le palais de la reine Marguerite,
et, après la destruction de ce palais, le terrain qu'elles avaient occupé servit à
bâtir plusieurs hôtels, dont nous parlons ailleurs (voir art. du Sanital).
Toutefois, un terrain d'un demi-arpent, qui bordait la rue de la Petite-Seine et
qui avait dépendu de la maison de Gillet, est le premier de ceux où fut établi le
Couvent de la Sainte-Trinité, appelé, dans la suite, des Petits-Auglstins.
Ce terrain d'un demi-arpent, dont il vient d'être question, fut acquis de Jean
Carrel, le ik mai i6o8, par la reine Marguerite, qui, le samedi 26 septembre
1609, en fit don aux Augustins déchaussés**', en y joignant :
1° Un grand jardin clos, d'une superficie de deux arpents et demi et demi-quartier,
situé derrière la pièce de Carrel ''''; lequel jardin, planté d'arbres fruitiers, renfer-
mant une maison et renfermé lui-même dans une pièce de trois arpents un quar-
'"' On lit dans la Chronologie septénaire de Palma
Cayet, année 1606: «Dans le fauxbourg Sainct-
(tGermain des Prés, se sont établis les Frati igno-
«ranti, autrement dicts de Sainct-Jean, lesquels
csont très sçavants es remèdes de toutes maladies,
fils s'appellent ainsi par une façon de modestie
ffet ne recherchent pas les disputes de paroles, n
— fcCes religieux ont eu pour favorable la Royne
irtrès-chreslienne, qui, par sa piété, les a faict es-
-fftablir. Ils sont hospitaliers, non -seulement poui-
ir héberger les passants, mais aussi les malades,
frmesmes de maladies dangereuses, les panser eux-
trmesmes de leurs mains, leur fournir des médica-
(tments et les nourrir, n (Édition Michaud, p. 988.)
'*' On les avait appelés Frali ignoranti en Ita-
lie, parce qu'ils n'étudiaient ni la théologie ni les
belles-lettres.
''' Les renseignements qu'on y trouve sont fort
confus sur toute cette région; ils ne suffisent point,
d'ailleurs, pour en faire bien comprendre les détails
topographiques.
'** C'est celui oii s'élèvent l'église et les bâtiments
en bordure sur la rue Bonaparte.
<*' Ce jardin est demeuré celui du couvent, et
c'est sur son emplacement qu'a été construit le grand
bâtiment de l'École des Beaux-.Arls.
>
s 1 V xl Ô V T V K
I V n Ô
y.
■f.
',<'.. X-y
•*"H
L_^
^^?
RUE DES PETITS-AUGUSTINS. 17
tier, qui aboutissait sur la rivière, avait été acquis, le 17 mars 1608, des jardiniers
Louis Charly et Antoine Dalleray, après avoir été acheté par Mathieu Aubourg, les
16 octobre 1 600 et i3 février 1601, des frères Lefèvre et de Julienne Bouchardeau;
9° Six arpents du Grand-Pré-aux-Clercs, cédés par l'Université, le 3i juillet
1606 (voir, dans le second volume de cet ouvrage, la notice sur le Grand-Pré-
aux-Clercs).
Sur le terrain de Carrel, contigu, vers le nord, au palais de la Reine, et borné,
du côté de l'occident, par l'égout du faubourg, avait été élevé tt un logis de trois
r travées 1? avec une chapelle «bastie d'une nouvelle façon, en forme d'exagone,Ti
et couverte d'un dôme. La première pierre en avait été posée le 21 mars 1608,
d'après l'inscription suivante, gravée en lettres d'or sur une plaque de marbre,
qu'on y voyait près de la porte: «Le 21 mars mil six cens huict, la royne Mar-
r guérite, duchesse de Valois, petite fille du grand roy François, fille du bon roy
ff Henry, sœur de trois rois, et seule restée de la race des Valois, ayant esté visitée
(ret secourue de Dieu comme Job et Jacob, et lors luy ayant voué le vœu de
«Jacob, et Dieu l'ayant exaucée, elle a basti et fondé ce monastère pour tenir lieu
frdo l'autel de Jacob, où elle veut que perpétuellement soient rendues actions de
ff grâces, en recognoissance de celles qu'elle a receues de sa divine bonté. Et a
r nommé ce monastère de la Saincte Trinité, et cette chapelle des Louanges, où
«telle a logé les Pères Augustins réformez deschaux. ■"
Les religieux choisis par la reine Marguerite pour accomplir le vœu qu'elle
avait fait, lorsqu'elle se trouvait en danger de mort au chcUeau d'ilsson, étaient
au nombre de vingt, soit six prêtres et quatorze frères. Ils avaient à leur tète le
P. Mathieu de Sainte-Françoise et le P. François Amel, qui avait obtenu, dès le
26 juin I 607, une aulorisalion royale d'établissement pour le nouvel ordre, dont
il fut le principal |)romoteur. Ce môme religieux remplissait les fonctions de pré-
dicateur ordinaire de la Reine; mais il ne conserva pas longtemps sa faveur. Ne
rencontrant [)oint chez lui autant d'indulgence ([u'elle l'eût désiré pour couvrir
les désordres de sa vie, elle s'avisa tout d'un coup que les moines, par elle dotés
de six mille livres de rente, ne pouvaient, suivant fleurs constitutions, posséder
-aucunes rentes, ne possessions, ny mesmes chanter à note, qui étoient choses du
irtout contraires à son intention.-!' Elle les renvoya donc en 1612, et, par contrat
du 1 3 avril 1 6 1 3 , elle leur substitua les Augustins réformés de la province de
Bourges, dits Petits- Auguslins. Elle avait promis à ceux-ci de leur construire une
grande église; mais elle mourut avant d'avoir tenu sa parole.
La première pierre de l'église des Petits- Augustins fut posée, le i5 mai 1617,
par la reine Anne d'Autriche, et l'édifice, achevé au bout de deux années, fut
dédié sous l'invocation de saint .\icolas de Tolenlin. Les bâtiments du cloître,
commencés le 27 juin 1619, et utilisés comme musée, après la suppression du
III. 3
18 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
monastère en 1790, font actuellement partie de l'Ecole des Beaux-Arts. iNous en
donnons un plan dressé par M. Albert Lenoir.
Noue ou PEIIIE-SEmE. On a bien souvent parlé de ce canal, mais toujours
avec inexactitude et sans parvenir à éclaircir les nombreuses questions qui s'y rat-
tachent. L'origine de la Noue, par exemple, est demeurée fort obscure, et Dulaure
ne l'a certes point élucidée, en supposant que la Petite-Seine fut d'abord un fossé
destiné à limiter le palais des Thermes. Une pareille opinion ne se discute pas;
c'est de l'érudition de fantaisie.
Pendant le procès de ibkS, l'avocat de l'Université répondit aux assertions
des religieux de Saint-Gerraain-des-Prés, en leur rappelant que la Noue n'avait
été creusée qu'à l'époque où l'on entoura de fossés le monastère. On pourrait
citer, à l'appui de cette assertion, l'expression de Fosse neuf, appliquée à la Noue
dans une charte de i368, c'est-à-dire contemporaine de ce travail. Nous pensons
toutefois que la Petite-Seine existait bien antérieurement, et que si, en i368,
on l'énonçait « un fossé neuf, n c'est uniquement parce qu'elle avait été depuis peu
élargie et approfondie, à l'occasion de la création des fossés de l'abbaye. Nous ne
croyons pas, en effet, qu'il soit possible d'expliquer autrement le passage d'une
transaction de 1 299 , où il est fait mention d'un fossé attenant au Pré-aux-Clercs,
ainsi qu'aux muiailles de l'abbaye, et débouchant dans la Seine : rr Extra muros
trabbatie predicte conjunctos cum ipso fossato, juxta pralum nostrum (Universi-
fftatis), versus locum in quo cum Sequana conjungitur predictum fossatum.fl
Qu'est-ce que ce fossé? Evidemment la Petite-Seine ''l
11 y a tout lieu de croire que la Petite-Seine avait été creusée originairement
afin qu'on pût conduire des barques chargées jusque sous les murs du monastère,
et cr amener des bateaux de boys et autres dedans ladicte abbaye, pour la provi-
trsion d'icelle. n Ces conjectures sont confirmées par un procès-verbal de bornage
dressé en i5i5. Subsidiairement, la Petite-Seine alimentait d'eau les fossés du
couvent; aussi l'appelle-t-on, dans un acte de ikk^, rrung grant fossé par le-
fcquel se vuyde l'eaue des fossez de ladite église et abbaye dudit Saint-Germain
trà Seine. T Elle était poissonneuse, et le droit d'y pêcher appartenait aux moines.
Utihsée comme voirie, elle fut comblée imparfaitement entre i53o et iBio, et,
comme elle demeurait à sec, excepté dans les temps de hautes eaux, elle devint
une sorte de voie basse qu'on appelait crie chemin creux, ti par opposition au
(t hault chemin , v pratiqué sur sa berge.
''' Dans les plaidoiries du procès de i548, on «environ, qu'il y avoit un foss<5 entre le Grand el
trouve cette explication donnée par le substitut du rrle Petit Pré des Escholiers, faisant séparation
procureur général : rrd'iceux, qui commençoit à la poterne de l'abbaye
ffll fault entendre qu'il y a it trois cents ans, ou rret alloit à !a Seine. t>
RUE DES PETITS-AUGUSTINS.
19
A l'époque où la Petite-Seine était encore navigable, c'est-à-dire au commence-
ment du xvi^ siècle, on la nommait la Noue, k fossé de la Noue, et, vraisemblable-
ment aussi, la Petite Seine, puisque la rue des Petits-Augustins a été d'abord
nommée rue de la Petite-Seine. Toutefois, il n'est point nn seul titre, à notre con-
naissance, où la Noue soit ainsi désignée. Si l'appellation de Petite-Seine se re-
trouve très-fréquemment dans les archives de labbaje, c'est constamment pour
désigner un territoire qui était situé près de l'île Maquerelle, et dont nous avons
eu une peine extrême à déterminer l'identité, par suite du défaut de clarté des
textes et des idées fausses que nous avaient suggérées les historiens. (Voir, dans
le second volume de cet ouvrage, le deuxième triage des terres en culture.)
La largeur réelle de la Petite-Seine, à partir du (juai Malaquais, est mal indi-
<|uée partout, car on a constamment répété, d'après Du Boulay et Pourchot, qu'elle
mesurait quatorze toises. Or les fouilles qu'on exécuta au mois d'août i568,
afin de reconnaître où passait jadis la Petite-Seine, pernn'rent de constater que,
à l'endroit de la première tranchée, près de la rivière, elle était large de onze
toises seulenjent, et qu'elle allait ensuite en se rétrécissant, de façon à ne plus
offrir que huit toises et demie de largeur, à la dernière tranchée, près des fossés de
l'abbaye. On constata également que la largeur du fond ne dépassait point cinq
toises, les parois étant disposées en talus et « venant en quelque manière de roton-
rdité par les angles basses, à cause du roulement des terres, n
Le procès-verbal des fouilles de i5^8 nous fournit, en outre, quelques données
précises sur l'emplacement du canal, dont il ne subsiste aucune trace et dont les
restitutions graphiques son! purement arbitraires. A la hauteur de la troisième
tranchée, où le canal était large de dix toises, l'espace entre la berge orientale
et le mur des jardins de Bastonneau (l'hôtel de la Hochefoucault) mesurait seize
pieds. Vis-à-vis de la deuxième tranchée, où le canal était pareillement large de
dix toises, il était distant, de douze pieds, de la maison de Jacques de Mesmes.
Knlin, au droit de la première tranchée, là où la Noue était large de onze toises,
la rue, sur un espace de douze pieds, n'avait point été prise sur l'emplacement
du canal; le reste occuj)ait une zone de trois toises deux pieds, »!l la maison
de Houyn sept toises quatre pieds"'. Or, l'alignement des maisons de Baston-
'' Un lit, en eflet, au fol. 80 <lii dossier relatif
au procès do i5^i8 :
" Dcdnns laquelle largeur de unze toises
"de fosse, par hault. à l'endroit de la dicte maison
Tcludirt Bouyn. icellc maison d'icellny Houyn, qui
-contient ««"pl toises quatre piedz de largeur, de
ffleliorscn dehors, est assize et situde. Et le reste
rdu dict fosse, qui est de trois toises deux piedz
rplus large que la dicte maison du dict Bouyn. se
ir |M>urcliasje et cxtend sur la rue et chemin qui n
-est^ faicte entre la dicle maison et jardin d'icellny
'Bouyn et les maisons et jardins de monsieur Jehan
"Jacques de Mesmes, maistre Françoys Baston-
rrneau et autres, de costé du Petit Pri* et de l'hos-
«rtel de Nelles; de sorte que la dicte rue elchemyn
«qui y est aujourd"huy est faict dedans le dici
(f fosse, excepté douze piedz de largeur en droit la
"•première tranchée, près la dicte maison d'icelluy
3.
20 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
iieau et de .1. de Mesmes s'étant maintenu jusqu'à nos jours, nous pouvons sans
hésitation fixer le passage du canal devant ces maisons. Pour déterminer ensuite
la largeur et la direction de la Noue, dans le voisinage de la rivière, i\ faut tenir
compte de l'inflexion de l'alignement moderne, un peu difl"érent de l'alignement
ancien. Cette condition observée, on reconnaît que la berge du canal, vers Paris,
devait passer très-près du point où se trouve l'encoignure actuelle de la rue Bona-
parte, du côté de l'Institut.
On franchissait le canal de la Petite-Seine, en amont, au moyen d'un petit
pont qui était situé au droit de la rue du Colombier, et dont la destruction fut
causée parle comblement du canal. En aval, il ne semble point qu'il y ait eu un
second pont. Dans le rapport rédigé après les fouilles de 1 5/i8 , on lit que les jurés
admettaient la présence du haut chemin sur la rive orientale de la Noue, attendu
que, disaient-ils, ce on n'eust sçeu passer le travers dudict fossé et chemyn creux,
«quant les eaues y estoient, du costé de la rivière de Seine, sans y avoir ung pont
«dont ne nous est apparu aucune chose; mais, le long du chemyn, du costé des fossés
(fd'icelle abbaye, on passoit par le petit pont dessus mentionné, et venoit-on par
ttle bault chemyn, que nous estimons avoir esté du costé du Petit Pré, au port
(fde Nesles, sans plus ouitre traverser ledicl fossé, appelle le Chemyn creux. n
CÔTÉ ORIENTAL
DE LA RUE DES PETITS-AUGUSTINS.
Ce côté était formé, d'abord, par le derrière des maisons en censive de Saint-
Germain-des-Prés, lesquelles avaient leur entrée dans la rue de Seine (voir à l'ar-
ticle de cette rue), telles que l'hôtel de Ventadour et de Montpensier; puis, par la
partie latérale de deux autres hôtels en censive de l'Université, celui de Burgensis,
faisant le coin septentrional delà rue des Marais, plus tard à Nicolas Des Yveteaux,
et la maison de Du Cerceau, formant l'angle méridional de la rue des Marais
ainsi que le coin septentrional de la rue du Colombier (voir Rue du Colombier).
«tBouyn; aussi douze piedz de largeur en droit la
rrseconde tranchée, à l'endroit du jardin d'icelluv
ffde Mesme; seize piedz de largeur, à l'endroit du
rtjardin de Bastonneau. à la tierce tranchée; le tout
irdu dict costé du dict Petit Pré et hostel de Mesmes.
'Et à la quatriesme et cinquiesrae tranchées, ne
(tsçaurions donner mesure ne distance, pour ce que
irce sont terres vacques et où il n'y a nul basli-
(rment. Aussi avons trouvé que le jardin du dict
ff Bouyn est de plus grant latitude et spaciosité que
rrsa maison et corps de logis, et s'enclave et entre-
(rprent le dict jardin, du costé du Grant Pré aux
ff Clercs, ouitre la douve et haull du dict fossé ap-
trpellé chemyn creux, de huic'. toises et ung pied
iret deniy de largeur, eomprins l'espoissenj- du
ffmur de la closture du dict jardin, du dict costé
rrdu dict Grant Pré aux Clercs, à prandre à l'en-
(rdroictde la dicte maison et corps de logis d'icelluv
ffBouyn. Et à l'endroict de la quatriesme tranchée,
frenviron le meilleur du dict jardin , icelluy jardin
trse pourchasse et extend du costé du dict Grant
rrPré au\ Clercs, de six toises cinq piedz et deniy
tfde largeur, aussi compris l'espoisseur du dict mur
ffde closture » (Arch. nat. carton S 6188.)
s RUE SAliNT-BENOlT. 21
RUE SAINT-BENOIT.
1^ rue Saint-Benoît commence à la rue Jacob et finit au carrefour Saint-
Benoît (place Saint-Germain-des-Prés).
Avant que l'abbaye Saint-Germain fût munie de fossés, le long de son enceinte,
vers l'ouest, il existait sans aucun doute un chemin semblable à ceux qui longeaient
celte enceinte du côté du midi et du côté du nord. 11 est même parlé assez clai-
rement de cette voie dans une charte de laSg, que nous citerons à l'article de
la chapelle de Saint-Martin des Orges (voir Bue du Colombier). Du Boulay dit que
ce chemin occidental s'appelait la me des Varhes, ce qui n'est point absolument in-
vraisemblable, puisque la rue de l'Égout, prolongeant la rue Saint-Benoît, a reçu
le nom de rue des Vaches; néanmoins plusieurs raisons nous engagent à croire
(|ue Du Boulay a fait confusion <''. Quoi qu'il en soit de cette opinion , il est certain
que la rue Saint-Benoît tire son origine du chemin qu'on établit le long des fossés
creusés en i3()8, et dont, vers le couchant, l'enqdacemont fut pris, pour la
majeure partie, aux dépens des terrains du Grand-Pré-aux-Clercs. Or, le 7 fé-
vrier i5/itj, l'abbé du monastère permit à ses religieux w de parachever la clôture
«f de sept arpens de terre, pour iceux joindre aux murailles de l'abbaye, et faire
(f fossés et réservoirs à poisson '*'; a ce qui signifie que, quand on transforma en
vivier le fossé du couvent, on voulait prolonger jusqu'à son enceinte les murailles
de la courtille.
A la suite d'incidents sur lesquels nous reviendrons, et dès le 7 mars i5/i3,
les moines réalisèrent leur projet, ce qui causa la suppression complète du chemin
latéral au fossé. Toutefois, ce nouvel état de choses, fort contraire aux droits de
l'Université, ne subsista pas longtemps, car, le 10 juillet i5^8, c'est-à-dire
immédiatement après la grande émeute d'écoliers que nous racontons ailleurs, le
Parlement ordonna la réouverture de » l'ancien chemin qui estoit derrière les
(r murailles de ladicle abbaye, n lequel avait (testé eslouppé (bouché) par les
ff murailles du cloz do ladicte abbaye, u et laissait des traces faciles à retrouver. La
même prescription fut répétée dans l'arrêt définitif de i55i, où il est dit que,
«relativement à .... la délivrance et restablissoment de l'ancien chcmyn qui
ffsouloit eslre derrière et le long des fossez de ladicle abbaye, commençant par
ffhault au carrefour de la rue aux Vaches (carrefour Saint-Benoît) comme ancien,
ffsera et demourera ouvert, et de la largeur de dix-huit pieds, à icelluy com-
(rmencer par hault audict carrefour aux Vaches, et continuera le long des fossez
'■' Mftn. hinl. êur In propriété du Pré aux Clerc* , conlribiie à nous faire rejeter la première asser-
p. 60a. — Du lloulay dit en même temps que la lion.
me Sainl-Benoll s'est appelée le Grand et le Haut '*' Inventaire de l'Abbaye. (Arcb. nat. reg. LL
Chemin, ce qui est assurdnienl une mëpri«c et ti^45. p. tiy.)
22 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
trd'iceUe abbaye; et à l'endroit où souloit estre le ponceau, à présent descouvert,
«dndict lieu, en touinant un peu à main dextre, se continuera de pareille lar-
ff geur le long du Petit Pré aux Clercs et jusqu'à la rivière de Seine, v Ce parcours
est représenté aujourd'hui par la rue Saint-Benoît, une partie de la rue Jacob et
de la rue Bonaparte, ou des Petits-Augustins.
Le 9 mars 1677, le Parlement rendit, relativement à l'écoulement des eaux
croupies de la rue Taranne (de l'Égout), un arrêt contradictoire entre les manants
du faubourg Saint-Germain, d'une part, et, d'autre part, les moines de l'ab-
baye, le Prévôt des Marcliands et le sieur de Taranne'". Cet arrêt, dont les habi-
tants du faubourg réclamaient l'exécution le 3o octobre suivant, ayant été sans
effet, parce que personne ne voulut contribuer aux dépenses qu'il s'agissait de
faire, le Parlement en rendit un autre, à la date du 16 juin 1678. Prenant en
considération « l'inconvénient de l'air, qui pouvoit estre infecté au moyen des
tteauesTi stagnantes de la rue de l'Egout, il ordonna que les frais des avuidanges
et des terres, pantes et pavez nécessaires a incomberaient par tiers aux habitants du
faubourg, à la Prévôté des Marchands et à l'abbaye.
Le 28 août suivant, il fut défendu au Corps de Ville et à l'Université de trou-
bler les habitants du faubourg, en les empêchant de pratiquer l'égout projeté,
pendant qu'on procéderait à la levée de la taxe, dont les conseillers Jacques Biisart
et Pierre VioUe furent nommés commissaires répartiteurs, le i5 juin i579- Un
autre arrêt, du 16 décembre delà même année, ayant décidé que l'inspection et
la conduite des travaux appartiendraient au Prévôt de Paris et au Prévôt des Mar-
chands, on se mit à l'œuvre, et l'on creusa un égout à ciel ouvert. Cet égouf.
voûté en 16/10, subsiste encore sous le sol de la rue Saint-Benoît. H ne fut. point,'
au reste, immédiatement conduit jusqu'à la rivière, car on en abandonna les
travaux lorsque la tranchée eut atteint les environs de la rue du Colombier.
Demeurant ainsi sans issue, l'égout déversa sur le Pré-aux-Clercs un nouveau
cloaque , où a les immundices s'arrestoient au danger du publicq. v L'Université
s'en émut et réclama l'achèvement de la tranchée jusqu'à la Seine, ce que pres-
crivit un arrêt du Parlement, du 5 août i586(-), rendu à la suite d'un arrêt ana-
logue, en date du 6 septembre i585.
Le 7 août de cette dernière année, la Cour avait aussi décidé qu'on prierait la
Reine de faire autoriser par le Roi un emprunt de deux mille écus, montant de la
part de la Ville dans la dépense motivée par l'exécution de l'arrêt de 1 678. Celui
<'' Il avait ('lé prt^cédé d'un premier arrêl, en l'ouvrage de Fëlibien et les archives de l'Abbaye,
date du 9 juillet 1676, qui se rapportait au même '^' Il semble pourtant que la tranchée était
sujet, mais que nous n'avons pas plus retrouvé achevée avant cette date, puisque, dans l'acte de
dans les registres du Parlement que les divers vente du 7 septembre i585, cité plus haut, la
autres arrêts dont nous parlons ici. L'indication maison de Bouyn, aboutissant sur le quai , est dite
nous en est fournie par les archives de l'Université, tenir trà une tranchée nouvellement faicte. ^
* RUE SAINT-BENOIT. 23
de i586 autorisa, de plus, l'Université à prolonger la rue Saint-Benoît dans la
direction du quai, et à bailler les terrains riverains de la tranchée, à charge par
les preneurs de Mtir et de balayer chaque jour devant leur lot. 11 existe un procès-
verbal de toisé de ces terrains, énoncés les tr places que lesd. sieurs (de l'Univer-
(Tsité) entendent bailler à rente pour y bastir et faire closture, le long des deux
ffcostez de la rue naguères faicte de neuf le long dudict pré, pour l'esgout de la
r rue de Tournon (Taranne) en la rivière, et enipescher que les chevaulx, harnoys
(tet gens de pied, qui passent ordinairement par ledict pré et qui le détériorent
(ret gastent, n'y puissent plus passer, ne y porter d'ordures et immundices comme
srl'en faict à présent.-?
L'une des places, profonde de huit toises et longue de (juatre-vingt-dix-huit
toises cinq pieds, longeait la rue Saint-Benoît et s'étendait, en réalité, de la pre-
mière à la trente -troisième borne du Grand-Pré; l'autre place était comprise
entre la rue de la Petite-Seine (des Petits-Augustins) et la rue Saint-Benoît pro-
longée, laquelle est nommée, dans le toisé, tria rue faicte pour l'esgout du faul-
ff bourg Saint-Germain,-) et, dans un titre de i588, crrue neufvc prenant depuis
(fia rue Tarenne, du costé de la rivière. t) Il ne semble pas cependant qu'on ait
jamais commencé à y bâtir, et le projet en était abandonné cpiand le (juartier se
couvrit d'habitations. Entre la rue Jacob et le quai, l'égout, au contraire, a tou-
jours été conservé, et il est encore aujourd'hui en usage, après avoir été restauré
dans le dernier siècle. Il avait été partiellement recouvert, en 1608, par la reine
Marguerite, irainsy qu'il est justifié par le journal que cette princesse tenoit elle-
rrmême des ouvrages de cette construction, a est-il dit dans un mémoire de 1 789 :
le reste fut voûté en vertu d'une transaction de t6ti. (Voir, dans le second vo-
lume de la Région, la fin de la notice sur le Pré-aux-Glercs.)
La rue Saint-Benoît s'appelait, en iSSy, irla rue de l'Esgout,)» ou cla rue faicte
(rpour l'esgout du faulbourg Saint Germain, n et, en 1609, tria rue de l'Esgout de
(t derrière les fossés de l'Abbaye. n Dans une permission, accordée le i5 février
1687 à Denis Allan et Pierre Gaudeau, d'y passer avec c leurs harnoys et che-
(T vaulx,î) elle est considérée comme la continuation de la rue de lEgout-du-Four,
et, pour cela, nommées rue de Tarenne au long du jardin du s' de Sansac. d
Vei-s 1 6/10 , elle a été dite rue des Fossés-Saint-Germain, et, dans un acte de 16/42.
(true des Esgoulz. à présent appellée de Sainct Benoist. n Le nom de Saint-Be-
noît, fondateur de la règle suivie par les moines de l'abbaye, avait été donné à la
voie dès i6/ii, lorsqu'on vendit, pour y bâtir, la partie des fossés s'étendant du
carrefour Saint-Benoît à la porte Papale.
CÔTÉ ORIENTAL.
Le côté oriental de la rue Saint-Benoît était formé par le fossé de l'abbaye.
Entre la rue du Golombier et la porte Papale, au lieu qu'on nommait le Vivier, il
U TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
était large de dix toises et avait sa contrescarpe parallèle aux muis de l'abbaye.
Au-dessus de la porte Papale, et au moins depuis la création de l'égout, le fossé
allait en se rétrécissant, de façon à ce que la contrescarpe passât fort près de la
tour d'encoignure du redan de l'enceinte du couvent. Au delà du redan, la con-
trescarpe redevenait parallèle aux murs de l'abbaye, comme le montre le plan de
1 568 ; mais cet état de choses paraît avoir été modifié avant l'année 1661, durant
laquelle les terrains du fossé, entre le carrefour Saint-Benoît et la porte Papale,
furent baillés à bâtir en cinq lots.
CÔTÉ OCCIDENTAL.
Du côté occidental de la rue Saint-Benoît, se trouvait la courtille de l'abbaye,
comprenant le derrière de la maison de Sansac, puis le Pré-aux-Clercs, dont les
terrains restèrent dépourvus de constructions jusqu'en 161 3, époque où les Au-
gustins, à qui la reine Marguerite les avait donnés, les vendirent à des particuliei-s.
Les moines de Saint-Germain vendirent également, en 161 5, des places dépen-
dant de la courtille et situées en bordure sur la rue Saint-Benoît.
RUE BEURRIERE.
La rue Beurrière comuiençait à la rue du Four et finissait à la rue du Vieux-
Colombier. Elle a été absorbée par le percement de la rue de Rennes, l'élargisse-
ment de la rue du Vieux-Colombier et le prolongement de la rue Madame.
Jaillot a commis, à propos de cette rue, une erreur analogue à celle dans
laquelle il est tombé à l'occasion de la rue du Cœur-Volant. Il a avancé, en efl'et,
que la rue Guillemin était la voie ancienne qui conduisait de la rue du Four au
territoire de Cassel, tandis qu'il considérait la rue Beurrière comme moderne;
c'est le contraire qui est vrai.
Puisqu'une seule des deux rues existait au commencement du xvn* siècle, ainsi
qu'il ressort de tous les documents, la question consiste à déterminer laquelle a
été ouverte postérieurement à l'autre. Pour résoudre le problème, il n'est point
nécessaire d'invoquer les présomptions si concluantes qui naissent de la comparai-
son des abgnements des deux voies, et du lotissement si caractéristique de leurs
propriétés riveraines; nous nous abstiendrons même de parler des résultats très-
précis que nous ont donnés nos restitutions; nous nous bornerons à citer un fait
rendant toute incertitude impossible. Dans les archives des Dames de la Miséri-
corde, dont le couvent était situé rue du Vieux-Colombier, à l'orient de la rue
Guillemin, il existe une transaction du 8 octobre i63o, relative à une place pro-
fonde de douze toises et large de dix rsur la rue Neufve, qui, est-il dit dans
> RUE BEURRIÈRE. 25
l'acte, sera faiete sans aucune traverse, d et en laquelle «ruelle nouvelle n les
preneurs du terrain seraient tenus de faire paver devant leur lot, lorsqu'il y aurait
lieu. Or on voit, par des titres postérieurs, que la place baillée en i 63o est celle
où s'élevèrent deux maisons faisant front sur la rue Guillemin et aboutissant au
couvent de la Miséricorde, dont elles constituèrent des dépendances. 11 est donc
matériellement établi que la rue Beurrière est, des deux voies, la plus ancienne, et
que Sauvai ne se trompait pas en donnant l'épithète de nouvelle à la rue Guillemin.
Le four bannier de l'abbaye était placé dans la maison faisant le coin oriental
de la rue du Four et de la rue Beurrière; aussi avons-nous trouvé cette dernière
appelée iniella Fuiiii, dans une charte de i ^66 (''; ruella que dicitur ruclla de Furno,
dans une autre de i 271, et ir ruelle du Four Banniern en 1612 et i5to. Comme
elle débouchait devant l'hôtel ou territoire de Cassel, elle a été énoncée «ruelle
rde Quassayn (sic) (lilog); (truelle par ofi on va pardevant le grant hostel de
«Cassel 7) (1698); «ruelle qui va de la Grant rue à l'hostel de Cassel- (i656,
1657); «rue de Cassel a (i/i56), et «ruelle de Cassel n (i653. .t522, etc.). La
dénomination moderne n'apparaît qu'au xvn'' siècle, et doit rappeler le nom, ou la
profession, de quelque habitant du bourg Saint-Germain. Dans le censier de 1 Bgb ,
où la rue est indiquée «petite ruelle appellée la rue Cassel, laquelle dessend de
«la rue du Colombier en ladicte rue du Four, d il est parlé des héritiers de «Ri-
«chard Beuryer, d maître maçon, de «Jehan Rappart, dit le Beuryer, d et la maison
sise au coin oriental des rues du Vieux-Colombier et Beurrière est dite aboutir à
«la maison du Beurier;'!î ce qui explique le nom de «rue du Beurieri) employé
d'abord jusqu'en 1687.
Au reste, d'autres habitants du faubourg donnèrent pareillement leur nom
à la rue Beurrière, puisque, dans une transaction de iiJ77, qui ligure aux
archives des Incurables, elle est énoncée «ruelle que l'on nommoyt par ci-
« devant la ruelle Jehan Mcolle, et de présent la ruelle du Masurier.-n Dans trois
autres pièces de i58i, iBgS et iGo5, faisant partie du même dossier, cette
dernière formule est répétée, mais avec la variante de ruelle Jehan Pinmollet, ou
Pyinollet, laquelle est une corruption de l'ancienne dénomination de rue Jehan
Molet, que nous avons rencontrée dans un ensaisinement de i535. Quant à l'ap-
pellation de «ruelle du Masurier, n elle avait sa raison d'être: le conseiller au
Parlement Philibert Masurier, ou plutôt Masuyer, qui mourut en ibtio, possédait
en effet et fit rebâtir la maison formant le coin orientai de la rue du Four.
Parmi les voies du faubourg Saint-Germain que nous avons eu à retrouver sous
des vocables jusqu'ici inconnus, nous comptons une certaine rue de Vrolande, dont le
coin était formé, en 1 5 1 1 , par un terrain attenant à la propriété du nommé Chardon,
'■' Ce doit être la rue Beurrière qui est désignée dan» ce passage : anle Furtium, in cuneo Huelle, du Livre
du Pilancier, rédigé en laSg.
lu. h
26 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
mesurant trente toises sur la rue du Four, vingt-six toises deux pieds par derrière,
et quarante toises un pied et demi de profondeur par le milieu. Nous avons fini par
constater que la propriété de Chardon était la tuilerie formant, vers le carrefour
de la Croix-Rouge, la pointe de l'îlot compris entre les rues du Vieux-Colombier
et du Four. Nous nous sommes assuré, en outre, que les maisons remplissant le
reste de l'îlot occupent l'emplacement du terrain que nous venons de mentionner,
terrain dont les dimensions se retrouvent aujourd'hui avec une exactitude parfaite,
si l'on tient compte d'un léger retranchement. Par conséquent, la rue Vrolande
est la même que la rue Beurrière.
Les maisons qui avaient, en dernier lieu, leur façade dans la rue Beurrière.
étaient toutes d'origine moderne, et provenaient du morcellement de propriétés
dont la principale entrée était située dans l'une des rues du Four ou du Vieux-
Colombier.
RUE DES BOUCHERIES.
(ACTl]ELLEME^T PARTIE OCCIDENTALE DE LA RUE DE L'ECOLE DE MEDECINE.)
La rue des Boucheries commençait, en dernier lieu, au droit de la rue de
Condé, c'est-à-dire à l'extrémité occidentale de la rue des Cordeliers, avec laquelle
elle est aujourd'hui confondue sous le nom de rue de l'Ecole-de-Médecine, et elle
finissait à la rue du Four; mais, au xvi*' siècle et jusqu'au temps de la démolition
de la porte Saint-Germain, on la faisait souvent partir de ce point; c'est pour ce
motif qu'elle est appelée la rue de la Porte dans un titre de 1G06.
La rue des Boucheries était l'une des deux grandes voies qui conduisaient de
Paris au bourg Saint-Germain. Probablement d'une origine moins ancienne que la
rue de Bussy, elle pourrait néanmoins avoir remplacé quelque voie mérovingienne
reliant le monastère au palais des Thermes, et, avant la construction de l'enceinte
de Philippe-Auguste, elle faisait partie du chemin qui est devenu la rue des Cor-
deliers. Elle n'était encore que très-imparfaitement bâtie au milieu du xui*" siècle;
mais l'extension, en 197^, des boucheries qu'elle renfermait, dut la rendre plus
fréquentée; et, dans les siècles suivants, la fermeture répétée de la porte de
Bussy, détournant toute la circulation à son profit, en fit le principal chemin du
faubourg, l'artère où les maisons étaient le plus serrées et le mieux peuplées.
Aussi voit-on que, depuis le règne de Charles V jusqu'à celui de Louis XIII, elle
a été toujours appelée Grant rue, Grande rue Saint-Germain, ou simplement nte
Saint-Germain et Grant rue de la Boucherie. On disait également rue de la Boucherie,
et, dès 1 ^06, rue des Boucheries.
Nous lisons dans un document de 1876 : t: rue par où l'on va de ladite église
* RUE DES BOUCHERIES. 27
ff de Saint Germain à la porte de Paris près des Frères meneurs; v et nous remar-
quons qu'on a parlois divisé la totalité de la rue en deux sections : l'une en deçà
et l'autre au delà de la rue des Mauvais-Garçons. La seconde section est énoncée
crrue qui va de la Boucherie à l'Abbaye, a dans un titre de 1607, et, dans un
autre de la même année, la première est dénommée «Grant rue par laquelle
«on va de la porte de la Bastide dudit Saint Germain à la Boucherie. ii C'est, en
effet, dans cette rue qu'était située la boucherie qui lui a valu, dès 1 290, la dé-
nomination de (rrue de la Boucherie, a ou crvia Carnificerie Sancti Germani, per
ff quam directe itur de Sancto Gcrmano ad porlam civilatis Parisiensis, que dicitur
(T porta Fratrum minoriim.fl Une charte de 1 'j54 contient une indication de la rue
des Boucheries sans désignation particulière, et, dans l'obituaire rédigé en 1 269 *",
des maisons sont mentionnées in cwnificiuria . . . in villa isla (^Sancti Gennani).
«rLes bouchers de Saint-Germain, dit Jaiilot, étaient établis en ce lieu depuis
ffun temps immémorial. Plusieurs actes du xii" siècle en font mention, ainsi que
(f de la maison des Trois-Étaux, située près du Pilori, d Mais la maison des Trois-
Etaux était loin du Pilori, et nous sommes persuadé que Jaiilot n'a jamais vu ces
prétendus actes du xn*" siècle où il en serait parlé '*'. Dans les archives de l'abbaye,
il en est question, pour la première fois, à l'occasion de la création, par l'abbé
Gérard, en 1 276, de seize étaux qui étaient destinés à être tenus par des individus
natifs du bourg et furent chargés de redevances autres que celles dont était grevée
la maison des Trois-Etaux. 11 est présumable, au surplus, que ces trois étaux
n'existaient point seuls avant 1276; les expressioiis iVi camifciaria et m macello
itlius ville, employées en laBg, le donnent du moins à penser. Le 29 mars iSyS.
eut lieu un nouveau bail de seize étaux, qui furent expressément maintenus dans
leur emplacen)ent antérieur, à l'orient de la rue des Mauvais-Garçons et de la
maison de la Croix-de-Fer. Î3e ces seize étaux, les titres n'en font connaître que
douze, |)arce que le nombre primitif ne se maintint pas longtemps. Il était tombé
à dix quand, le 3i janvier i553, les bouchers Pierre Moufle et Pierre Mathieu
rachetèrent, au prix de 5oo livres, la rente foncière due à l'abbaye sur les seize
étaux, (rau lieu desquels seize estaux, est-il dit dans l'acte de rachat, sont de
f présent balis sept estaux, dont trois du costé de la rivière de Seine..., en ce
-non compris la maison des Trois Estaux, qui est du costé de l'Escu de France. d
En 1292, il y avait un puits dans la rue des Boucheries, au droit de la rue
des Mauvais-Garçons. Devant la maison de la Fleur-de-Lis, il y a eu un autre
puits, qu'on retrouve d'ailleurs assez mal placé sur le pian de Gomboust, et
qui, en i5i3et i538, s'appelait trie Puys de Malleparole. d L'extrémité orientale
de la rue est nommée nie Grant carrefour, ^^ dans un document de i553.
'"' Areti. nat. reg. IJj. 110a, fol. ai, v'. en eiïet, le terrain qu'elle occupait faisait iwrtie
*' tl nous semble que la maison dite ndes Trois- d'uue place baillée, en celle même année, à Itaoul
Etaux n ne peut guère avoir élé bitie avant laSi; d'Aubusson.
28 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
CÔTÉ MÉRIDIONAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DU PARLOIR ADX BOURGEOIS.
Entre Maison saiis désignation, élevée sur une place baillée par la Ville, le 3i mai
porte Saint- Germain 1^86, à Guilkume Moreau , et énoncéc comme attenante aux murs de la herse,
etia rue <ie Condé. ^^ d'autres termes, à la barbacane de la porte Saint-Germain. En iSaa, elle ren-
fermait un jeu de paume, qu'on appelait, en i56i, le Jeu de paume du château de
Milan. Elle fut démolie en i BSg, et sur le même emplacement s'élevèrent ensuite
les maisons suivantes :
1" Une maison bâtie sur une place large de quatre toises et demie, baillée à
Ferry-Legrand le 19 décembre i63i, et contiguë aux murs de la barbacane;
a° Une maison bâtie sur une place large de quatre toises, baillée à Gilles Pinel
le 11 mars 1608, et par lui accrue, le U novembre 1619, d'une autre place
située derrière, ce qui donna une profondeur totale de neuf toises à sa propriété,
laquelle est dite devant la troisième arche du pont dormaut;
3" Une maison bâtie sur une place baillée , le 2 2 avril 1 6 1 3 , h Pierre
Forget ;
U° La maison avec jeu de paume, qui conservait encore, au xviii* siècle, le nom
de Jeu de paume du château de Milan. Le terrain de celle-ci, mesurant huit'
toises de large W sur huit toises de profondeur, fut baillé, le 4 août i6o4, à
François Thomas, maître esteufier, qui en agrandit la profondeur par l'acquisi-
tion d'une place que lui céda le nommé Vincent Notaire.
Gomme il y avait, en outre, le long du jeu de paume, du côté de la ville, un
espace large de douze pieds et profond de dix-huit toises, ainsi que le jeu de
paume, lequel espace pouvait servir de fftiloirT) à un cordier, François Thomas
sollicita et obtint, le 18 avril 1606, de l'annexera sa propriété. Il y ajouta encore,
le 22 avril 161 3, la petite place, large de quatorze pieds et demi, qui, en bor-
dure sur la rue, aboutissait au filoir; toutefois, dès 1G60, cette petite place a fait
partie de la maison de Pierre Forget.
Maison sans désignation, appartenant, en i522, à Richard Le Tort, et s'éten-
dant alors entre le jeu de paume de Milan et la maison suivante. C'est sans doute
la même que celle qui touchait à la maison de Guillaume Moreau, derrière
laquelle elle faisait hache, et qui fut prise à bail, le 22 décembre 1/188, par
''' Les plans ne donnent qu'une longueur de 7 toises.
» RUE DES BOUCHERIES. 29
Jean Morin. Elle paraît avoir été comprise dans un des lots adjugés, en i6o/i,
à François Thomas et à Vincent Notaire.
JUSTICE
ET CE.\S1VK DE L'ABBAYE SAINT-GERMAIN DES PRÉS.
Maison sans désignation en iSog, puis de «la Seraineu (iSSi-iôSg), faisant
le coin oriental de la rne de Condé. Elle appartenait, en 1622, à Guillaume Le-
vasseur, chirurgien juré du roi, et, vers i56o, à Charles de Dormans, maître
des requêtes, qui la fit appeler la maison des Dormans. Elle fut abattue en 1689,
et les héritiers de Charles de Dormans en vendirent l'emplacement, le 3o janvier
i6o4, au vitrier Vincent Notaire, qui le morcela.
En i5q2, la maison de la Syrène s'étendait derrière les maisons précédentes;
mais les limites n'en sauraient être restituées. Nous présumons qu'elle se confond
avec celle que, le 7 avril i5io, Jean Mosquin agrandit d'une place de dix toises
de long sur les deux côtés, et de cinq toises et demie <le large par derrière, te-
nant, d'une part, trau chemin allant à la porte Saint-Michel, d'autre part, aux
rfrisches estant près les fessez de la ville, aboutissant par devant au preneur, et
B par derrière, en pointe, à autres frisches vers la porte Saint-Michel, d
La censive de la maison de la Syrène était revendiquée par la Ville.
Maiso sans désignation en iBsS, puis du Croissant (i53^-i553), faisant le Ki.in-
coin occidental de la rue de Condé. Elle renfermait deux corps d'hôtel; celui du
coin a eu pour enseigne, en 1687, le Mortier-d'or. Elle fut aussi ruinée pendant
le siège de Paris par Henri IV, et était encore à l'état de masure vers 1 59;").
Jardin, puis maison db la Coi;ronne (i523-i565) et de I'Epée-Kovale
(•687)-
Maison et Jeu de palme du Dalpiiin, qui, ainsi que toutes les maisons suivantes,
aboutissait, dès i523, h la rue des Quatre-Vents. Au xvii* siècle, elle formait
trois maisons distinctes, dont l'une a eu pour enseigne la Hure (1687).
Maison sans désignation en i523, puis de la Licorne (1 53 1-1 628).
Maison sans désignation (i523), contenant un étal à boucher, des écuries et
un échaudoir.
Maison sans désignation (» 5q3), avec étal à boucher.
Maison de l'Imaue-Saint-Jacques { 1 667-1 628), avec étal à boucher.
Maison des Moitons (1/129-1595), avec étal à boucher.
Grande maison de l'Imaige-Saint-Miciiiel (1620-1595). Elle renfermait deux
étaux à boucher, et avait été élevée sur l'emplacement de deux maisons, dont
l'une pourrait bien être celle de f Image-Saint-Germain , qu'une note ajoutée à un
litre de i/i53 identifie avec la maison de it limage Saint-Michel, n De même que
el
du Cœiir-Volant.
80 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
la plupart des maisons précédentes, elle fut saccagée pendant les guerres de la
Ligue. Ce n'était plus qu'une masure en iSgB.
Maison DE l'Image-Sainte-Catherine (lùag-iSgB), puis de I'Image-Notre-Dame
(1687). C'était aussi une masure en iBgS, et il en dépendait alors un corps
d'hôtel qui, donnant sur la rue du Cœur-Volant, était anciennement compris
dans la maison suivante.
Masure sans désignation en 1377, puis Maison de l'Ecu-de-Bretag>e (iAo3-
1687), faisant le coin oriental de la rue du Cœur-Volant. Elle contenait un jeu
de paume, qui avait sa façade dans la rue des Quatre-Vents (iBaS). La rue du
Cœur-Volant a été ouverte sur une partie de ce jeu de paume, et, du côté de la
rue des Boucheries, sur la partie antérieure de la maison suivante.
En 1877, la maison de l'Ecu-de-Bretagne contenait une place avec tr grant fosse
ttà eaue,n et aboutissait aux cr terres du roy de Navarre. n En 1619, elle est dite
aboutir à la Voirie.
Enlrelcsnies MaISON DE LA CrOIX-DE-FeR ( 1 87 6-1 609 ) , puis DE LA CrOIX-d'Ob [iUi^l \hk'j,
''"pl'r'Fin!"' i^gS), faisant le coin occidental de la rue du Cœur-Volant. Elle renfermait un
jeu de paume en i53o et 1069, et aboutissait d'abord rue des Quatre-Vents. Il
est question, dans les titres, des étables qui s'y trouvaient, ainsi que dans les deux
maisons précédentes. Peut-être faut-il conclure qu'il y existait aussi des étaux de
boucher.
Maison du Chef-Saint-Denis (1/115-1687), aboutissant à la rue et à la ruelle,
ou plutôt à l'impasse des Quatre-Vents. En 1 53 1, il y avait une brasserie dans
cette maison, et, vers 1698, les deux corps d'hôtel qui la composaient avaient-
pour enseigne, l'un la Rose-Rouge, et l'autre l'Escouvetle. Elle renfermait, en outre,
un jeu de paume en 1 /i65.
Maison sans désignation (i5!i3). Elle aboutissait à la suivante, dont on ne la
distinguait point encore en i5io.
Maison de la Rose (1600), ou Rose-Rolge (1 563-1 595), aboutissant à l'impasse
des Quatre-Vents, où il est dit tantôt qu'elle n'avait point d'issue, tantôt qu'elle
en avait une. Elle était en ruines vers 1695, et renfermait, en i523, quatre
échaudoirs avec des étables.
Maison de l'Image-Saint-Jacques (1319-1628). Cette maison aboutissait au
retour d'équerre de la ruelle des Quatre-Vents, et elle y avait une issue. En lôaS,
elle était déjà divisée en trois propriétés, et, vers le même temps, elle a souvent
été appelée la maison aux Rretcsche, parce qu'elle appartint aux héritiers du notaire
Simon de la Bretesche, entre autres à Regnault de la Bietesche, général des mon-
naies. Elle est indiquée, dans plusieurs documents, comme ayant jadis dépendu
de l'hôtel de Navarre; mais il n'est point parlé de cette particularité dans le bail
qui fut fait, le 18 août 1600, au boucher Jean Cousin. On l'énonçait alors «rung
> RUE DES BOUCHERIES. 31
r liostel, avec ses appartenances, assis à Sainct Germain, au bout de la Boucherie,
ff par devers la porte de l'Abbaye, tenant d'une part à l'hostel de laRoze, et d'autre
(r au jardin de Navarre de tous coustez; lequel hostel a et contient de long quinze
ff toises et demye, et de large six toises et demye; auquel hostel a ung enclave con-
'• tenant deux loises et demye ou environ, n La maison de J. Cousin fut agrandie,
dès l'année suivante, d'une propriété attenante et décrite en ces termes: trUne
!- masure, court , puis et cave. . . avec le jardin derrière, tenant tout au long audict
«preneur, et d'autre part aux jardins de l'hostel de la Roze, aboutissant par der-
ff rière à ung huys par où l'on yst (sort) aux champs, et, d'autre part, au long, aux
«jardins de Navarre; contenant tout ce que dessus, treize toises de large par der-
T rière et par devant, sur le chemin, neuf toises et demye, et quarante toises de
ff long ^''. fl
Maison sans désignation (iSaS), morcellement de la précédente.
C'est au travers de cette maison que la rue de Seine a été prolongée, en i8ia,
jusqu'à la rue de Tournon. Le projet exécuté à celle époque était bien ancien;
car, dans le traité que Pierre Boyer passa, le 18 novembre i6:j7, pour la cons-
truction d'une enceinte des faubourgs de Paris, nous trouvons parmi les clauses
à lui imposées celle «d'ouvrir à ses despens, une année après la vérillication du
s traité, la rue de Tournon, jusqucs à la rue de Seine, de cinq ihoises de largeur, n
Maison et tiiuilerie (i4oi), partie de l'ancien hôtel de Navarre'"^*. Les grands
jardins de l'hôtel de Navarre en ayant été retranchés, celle maison fut baillée, le
12 janvier 16/11, à Etienne Sandrin, tuilier, demeurant aux Tuileries de la porte
Saint Honoré. On lit dans l'acte original: «Toutes voyes a esté appoinclé que
«ledit inons. l'abbé, ses gens, chevaiilx et harnoys, auront leur danger dépasser
«et rappasser parmy la court dudit hostel... pour aller labourer et cultiver lesdits
-grans jardins qui sont réservez de ce présent marché, et aussi pour admener les
«grains et austres choses estant esditsjardins, jusquesà deuxans prochains venans
'^seulement; et, après lesdits deux ans passez, icelluy inons. l'abbé sera tenu faire
«estoupper à ses despens l'uisserie d'iceulx jardins, à l'endroit d'icelle court, et
«trouver autre chemin pour entrer esdits jardins.?) On doit croire que la clause
fut rigoureusement exécutée, puisque, les jardins de Navarre ayant été choisis
comme lieu d'emplacement de la foire Saint-Germain, le 8 janvier 1/189, l'abbé
racheta de Sandrin, au prix de tîo livres 5 sols, la permission de laisser passer
le public par la maison, pendant la durée de la foire.
Cette transaction est l'origine première du passage de la Treille, qu'on appe-
lait, au xvn'" siècle, la porte (îrejfière, non pas, comme l'a dit Jaillol, parce qu'il
conduisait à une pelile maison servant d'audience, mais parce que la maison
«juil traversait appartint, vers i58o, à Simon Caillot, greffier en chef de la jus-
'■' Arcb. nat. reg. LL 1091, fol. i r". — '*' Voir Rue du Four, maison <k la Foire.
32 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
tice temporelle et du bailliage de Saint-Germain-des-Prés. A en juger d'après la
teneur des titres, à la fin du xnf siècle, le passage qu'on nommait déjà* l'allée de
(tla Treille t en 1669 n'aurait encore été public qu'aux jours de foire. U est re-
présenté sur le plan de Quesnel (1609) comme une allée fermée, du côté de la
rue, par une grande porte en retraite sur l'alignement des maisons.
La maison de Sandrin, qui était chargée d'une rente de 2,000 tuiles envers
l'abbaye , formait quatre propriétés distinctes vers 1 5 1 5 , savoir :
1° La maison de l'Annonciation-Notre-Dame (1 522-1 543), puis DES Trois-Rois
(i585-i628), oij était la tuilerie, qu'un arrêt au Parlement, rendu le 19 no-
vembre i56o, ordonna d'abattre. Bien que le censier de 1628 indique cette
maison comme si elle conservait encore l'enseigne des Trois-Rois, il est certain
que, dès 1625, elle avait celle du Cardinal. Le corps d'hôtel, bâti au-dessus de
l'entrée du passage, en dépendait jadis comme aujourd'hui.
2° La maison du Dauphin (1519-1628).
3° Une maison sans désignation en i523, puis du Cheval-Blanc (1 595).
U" La maison de la Magdeleine (i5o5-i628). Elle est dite, en i5i8, aboutir
cl l'hôtel de Navarre, ce qui suppose qu'elle était plus profonde que maintenant.
On lit dans le censier de iSgS : «Toutes ces maisons, depuis celle des Trois
ffRoys jusques à celle de la Souche, n'estoient anciennement qu'une prise, et a
(cà présent dix ou douze maisons qui en dépendent, n Sur le même emplacement, il
y en a maintenant sept, dont quatre formées par l'ancienne maison des Trois-Rois.
Maison de la Souche (159 5- 1687), morcellement de la suivante. En 1628,
elle en était séparée par une petite maison ayant pour enseigne rÉloile.
Maison sans désignation en i46i, puis de Notre-Dame-de-Boulogne (i522-'
1687), en laquelle se trouvait un jeu de paume vers i525.
Maison sans désignation en 1^95, puis du Saint-Esprit (1628-1687).
Maison de la Trinité (15/17-1628), contiguë à la première maison de la rue
du Four. Cette maison et la précédente paraissent avoir d'abord fait partie de
celle de Notre-Danie-de-Boulogne; le tout formait la rr prise n du boucher Louis
Gauldry, dans la première moitié du xv*" siècle.
CÔTÉ SEPTENTRIONAL.
Enli'e
les rues de Bussy
et
des Mauvais-Garçons
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Maison de l'Image-Saint-Jean (i5o9-i5/i3), faisant le coin de la rue de Bussy.
(Grégoire-de-Tours). Maison sans désignation (i523), partie ou morcellement de la précédente.
RUE DES BOUCHERIES. 33
Maison sans désignation en iSgô, et énoncée en 1628 : irqui souUoit estre
ff appelée la Maison des Forges, -n
Maison sans désignation en iBgB, puis dite de l'Image-Saint-Claude en 1687,
parce qu'elle dépendait alors, et depuis longtemps, d'une maison de la rue de
Bussy qui avait celte enseigne.
Maison dk la Flelb-de-Lis (i452-i53/i), située, suivant les titres de 1 Si 3 et
i538, devant le «puys de Malleparolle. t» Ce puits, dont nous ne connaissons
l'emplacement que d'une manière approximative, Ggure sur le plan de Gomboust.
Maison sans désignation en 1/176, puis du Lion-d'Or (1 500-1628).
Maison des Trois-Poissoss (1695-1628), morcellement de la précédente.
Maison de l'Image-Saint- Pierre (1611-1628), où il y avait, en i53i, des
étables à chevaux.
Maison DU Havre-de-Gràce (1696-1628). Dans la première moitié du xvi' siècle,
elle était annexée à la suivante; mais plus anciennement elle paraît en avoir été
distincte, et s'est confondue ensuite avec la maison dd Fer-à-Moulin <"' (1396-
i486), qu'une seule maison séparait de l'hôtel de Malicorne, en 1/119. Il est dit
de la maison du Havre, dans le censier de 1667, que M* Audry de Commeaulx,
procureur à la Chambre des comptes, l'avait trrepparé de neuf, n et qu'il y avait
alors rsur l'iiuys et entrée d'icelle. . . une petite enchapperonneuse, ou portail cou-
ff vert d'ardoise. -^
Maison de la Caige-Verde (1623-1628). En 1623, lorsqu'elle était unie à la
maison du Havre-de-Grâce , elle aboutissait rue de Bussy, et renfermait des étables
ainsi que deux jardins. Elle aurait ainsi présenté une superficie de trois quar-
tiers; toutefois cette superficie semble fort exagérée, de même que celle qui est
donnée à plusieurs maisons des environs. Il y avait là anciennement une tuilerie.
Maison de l'Image-Sainte-Marglerite (1696-1687), partie de celle de la Cage.
Cette maison et la précédente furent construites sur l'emplacement de masures qui,
après avoir été plus de quarante ans sans propriétaire, furent baillées à Laurent
Leblanc le 3 octobre 1678. Elles avaient contenu une tuilerie, et pourraient
n'être point distinctes de rimage-Saint-Jacques , qui, en i3i9, tenait à celle de
l'abbé de Corbie, et, en 1 453, était séparée, par une autre masure, de l'hôtel de
Malicorne, auquel elle aboutissait.
Maison et Jardin sans désignation ( 1 6/!i3). Elle était large d'environ trois toises,
et fut bâtie sur le premier tiers d'un terrain large de huit toises cinq pieds et
demi dans œuvre, portion occidentale de l'hôtel de Malicorne, vendue par Antoine
Prime, le 8 juin 1620, à Pierre Vaucombert et consorts, et divisée par ceux-ci
en trois lots, le 8 juin 1621. Cette maison a été détruite par le prolongement de
la rue de Seine, qui a également entamé les deux suivantes.
''' Le fer à moulin, ou anitle, est une pièce h^ral- relié» par une courte traverse, percée d'un trou
dique ayant la forme de deux croissants adossés et carré.
34 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Maison de l'Annonciation-Notre-Dame (i55a), et aussi de Notre-Dame-des-
Vertus (1645-1628), dite, en i536, aboutir rue de Bussy.
Maison de l'Image-Saint-François (iSaa-iGaS). Elle appartenait, vers iSgS, à
un nommé Barthélémy Prieur, qui pourrait bien être le sculpteur de Henri IV.
Maison sans désignation (iBôa), puis des Trois-Pigeons (iBgB-iôaS), bâtie
sur l'emplacement d'une masure faisant partie de l'hôtel de Malicorne. Cette
masure, large de trois toises, fut vendue par Ant. Prime à Guillaume Lunel, le
7 mai iSai.
Maison du Seigne-de-la-Groix (iSaa-iSgB), aboutissant rue de Bussy. C'était
la plus grande de toutes celles qui furent construites sur le terrain de l'hôtel
de Malicorne, dont le dernier possesseur, Antoine Prime, la réserva pour sa part.
HÔTEL DE Malicorne. Ce manoir appartint, en i3ig,à un abbé de Corbie;
puis, vers 1872, à «madame de Tournabu,'n et, en iSgBjau chevalier Pierre
de Villaines, qui y annexa une petite maison attenante, du côté de l'orient. Pierre
de Villaines tenait son hôtel du chef de sa femme, dite « madame de Malicorne,!)
et leur fille, adamoiselle Jehanne de Fescamp, t) la posséda après eux. Le 92 sep-
tembre 1671, il en fut passé xme reconnaissance, au terrier de l'abbaye, par Jean
Aubin, sieur de Malicorne-en-Puisaye, premier chambellan du duc de Berry, et
héritier de Jeanne de Fécamp. Philippe de Suzes, baron de Malicorne, l'un des
gentilshommes du roi, le céda ensuite à M* Vaast de Marie, seigneur de la Fa-
laize, qui le revendit, le i U mai iSig, au voiturier Antoine Prime, par lequel la
propriété fut morcelée. Au commencement du xvi" siècle, l'hôtel de Malicorne, dont
les dépendances s'étendaient sur la rue de Bussy, contenait un four à tuiles et
des bâtiments appliqués à l'industrie céramique. En i4oo, il avait pour enseigne
LE Dauphin, et avait eu précédemment celle du Chef-Saint-Denis.
Maison sans désignation en lioo, puis du Soleil-d'Or (1569-1687). Cette
maison, morcellement de la suivante, fut annexée, avant l'an 1600, par Pierre de
Villaines à son hôtel de Malicorne. Jeanne de Fécamp l'en sépara et la céda à Jean
Augrand.
Maison de l'Image-Saint-Martin (1613-1687). Des maisons de la rue des Mau-
vais-Garçons en dépendaient au xvi' siècle, et elle faisait hache derrière la précé-
dente. Elle est indiquée, dans le censier de 1628, comme appartenant à la veuve
de Claude Velfaux, l'architecte voyer de Saint-Germain-des-Prés.
Maison du Porc-Espic (1595-1628). Sur l'emplacement de celte maison et de
la suivante se trouvaient plusieurs masures en i453.
Maison sans désignation (1695), qui, avec la précédente, provient du morcel-
lement d'une des maisons contiguës, très-probablement de la suivante.
Maison de l'Ermite (1678-1522), ou de l'Hermitage (1568-1687), faisant le
coin occidental de la rue des Mauvais-Garçons. Au xvn" siècle, elle fut divisée en
de l'Ancienne-
Comédie.
> RUE DES BOUCHERIES. 35
deui, et la premièi-e moitié conserva l'ancienne enseigne. Elle est indiquée, en
1671, comme composée de plusieurs masures et attenante à l'hôtel de Saint-
Martin.
Maison sans désignation en iBsS, puis de l'Homme-Sauvage (iBBg-iôSs), fai- Entre les rue»
, . . 111 1 »i • r' ^^ Mauvais-Garçons
sant le coin oriental de la rue des Mauvais-Garçons. et
Maison de l'Image-Saim-Antoixe (iBaS-i BgB), oii se trouvait un jeu de paume
en iSaS et ibltS. Elle avait, en 1 53 1, une issue sur la rue des Mauvais-Garçons,
et, en 1667, il en dépendait une autre maison sur la rue de Bussy.
Maison de l'Echiqlieb (1 /iaS-iGaS). Elle contenait un étal à boucher, et, en
tBaS, des étables, une foulerie, ainsi qu'un jeu de paume, et avait eu, selon
toute vraisemblance, une assez grande profondeur, puisque la maison des Trois-
Maures, de la rue des Mauvais-Garçons, y a abouti pendant un certain temps.
Dans ce sens, les limites en sont douteuses, car elles ont subi des modifications
dont on ne saurait se rendre compte avec précision.
GbaSGE, puis MAISON DE LA TrUIE (i6o6), DU PoURCELET (l5l'i), DE LA TbU1E-ET-
des-Cochons (1517-1595) et du Mouton-Blanc (1597-1687).
Maison de l'Image-Nothe-Dame (1/106-1 53 1), puis de l'Image-Saint-Sébastien
(1 531-1595), avec étal à boucher. Elle appartint au collège de Boissy, et fut re-
construite, avant 1 53i, par M' Michel Bénard, qui la légua au couvent de Sainte^
Croix-de-la-Bretonnerie, où il était moine. C'est lui qui, avec cla permission et
ff congé r» des religieux de l'abbaye, remplaça l'ancienne enseigne de Notre-Dame
par celle de l'Image-Saint-Sébastien, La première se voyait encore, avec l'autre,
en 15/17.
Maison de l'Image-Sainte-Geneviève (1635-1687), avec étal à boucher.
Masure à demi-pignon, avec étal à boucher (i/i53). En i53i, elle était con-
fondue avec une des maisons qui y sont contiguës; mais, en 1628, elle formait
une maison distincte, et moins étroite que jadis, puisque, en i/i53, elle n'avait
que neuf pieds de large par devant sur sept pieds de large par derrière, et sept
toises de profondeur.
Maison des Trois-Etaux (1276-1595), ou des Trois- Eciiauldouebs (i53i),
et aussi du Beuf-Violé (i653) ou Trompé''' (i455-i693). Celte maison est
énoncée, en 1 667, comme attenante à celle de Notre-Dame. Elle comprenait donc
les deux précédentes, et par conséquent renfermait réellement trois étaux.
Gbande maison de l"Ecu-de-Fr\nce (1605-1695), dont les dépendances s'éten-
daient sur la rue des Fossés. En 1 689, elle est dite renfermer un étal, une cour,
un colombier, un jardin , un jeu de paume et trois louages; elle tenait alors, vers
l'est, à la voirie, c'est-à-dire au chemin des fossés, et, de l'autre côté, à la maison
''' Celle enseigne coniportail tin jeu de mois; elle représenlail . en effet, un bœuf devant lequel on jouait
de la viole ou l'on sonnait de la trompe.
36 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
des (T Trois-Escurieux. Ti Mais cette maison des Trois-Ecureuils, qui semblerait se
confondre avec celle des Trois-Étaux, n'est point indiquée ailleurs. Le jeu de
paume de l'Écu-de-France subsistait encore au xvu" siècle.
Petite maison dépendant de la précédente et y aboutissant (i 53 1-1687).
Maison de l'Image-Saint-Nicolas (i475-i595),puis de la Tête-de-More (1628).
Maison de l'Écu-de-Savoïe (i5o5), ou Jeu de paume de Savoye (1521-1687),
aboutissant sur la rue des Fossés. Le jeu de paume de Savoie paraît avoir été
construit un peu avant 1^89. Au même lieu se trouvait une petite place où l'on
jouait aux ff billes, n en 1/175.
Maison sans désignation (lôgS), aboutissant sur la rue des Fossés. Elle était
divisée en deux, au xvii* siècle, et avait dépendu, d'abord, soit de la suivante, soit
plus probablement encore de la précédente.
JUSTICE
et censive du parloir aux bourgeois.
Entre la rue Maison saus désignation (i5o5), puis DE l'Image-Sainte-Barbe (lôog-iSaS),
l'Ancienne^- Comédie f^isaut le coiu occidcntal de la rue des Fossés. Elle formait deux maisons en
et ia porte 1628, et a eu pour enseigne l'Image-Saint-Ntcolas en 1687. En 1/189, ^ '^ place
de cette maison, il y avait une place à bâtir, profonde de vingt-trois toises, large
de trois toises et demie sur la rue et de buit pieds seulement par derrière, qui fut
baillée, le 11 janvier, à Jean de Mauray. En 1/176, la maison du coin des fossés
était immédiatement attenante à celle de l'Ecu-de-France, ce qui implique la non-
existence, à cette époque, des deux propriétés précédemment énoncées.
Maison sans désignation (1 53 1), faisant le coin oriental du cbemin sur les fossés.
Elle mesurait trois toises et demie de largeur par devant, trois toises de large par
derrière et sept toises de profondeur. On l'avait élevée sur un terrain baillé à
Philippe Lasnier, le 20 avril 1 507, et, ainsi que toutes les suivantes, elle fut abattue
lors du siège de Paris par Henri IV. Vers 1595, un marché se tenait sur son em-
placement, qui était alors isolé vers l'est, comme de l'autre côté. Ce marché fut
supprimé à la suite d'une requête présentée en i63/i par le prince de Gondé.
Maison sans désignation, qui a formé, après la précédente, le coin de la rue
des Fossés. Le terrain en fut baillé par la Ville à l'épicier Hugues Le Comte, le
2/1 juin i5/i3, et un renouvellement du bail eut lieu, le 16 août 160/t, au profit
de Jean Le Comte, son petit-fils. Ce dernier augmenta la maison d'une place de
sept toises, le 28 septembre 1606, et il l'agrandit encore en 1 6 1 5 et 1 63 1 . C'était
une dépendance ou un morcellement de la suivante.
Maison sans désignation en i/igS, puis de la Boule- Verte (1 53 1-1 578). Avant
i5o7, elle formait le coin du chemin sur les fossés, la maison de Lasnier n'étant
point encore bâtie, et elle est désignée comme une petite maison neuve en 1 /»93.
* RUE DE BUSSY. 37
Elle renfermait trois alouaiges. :? Démolie en 1689, elle a été remplacée par deux
maisons. Le terrain de la première, large de vingt pieds et profond d'environ
quatre toises et demie, fut baillé à Antoine Charpin, le 29 septembre i6o/i; le
terrain de la seconde fut accensé, le même jour, à Jean Marchand; l'égout des
eaux du carrefour y passait.
Maison sans désignation, tenant à l'avant-portail de la porte Saint-Germain. Elle
fut prise à bail, le 6 juin 1 5A6, par Philibert Pourfillot, et avait été bâtie sur un
terrain acquis par Philippe Le Roy en i5oy ; néanmoins il paraît en être question
dans un document de ligB. Elle fut abattue en 1689. La vente de son empla-
cement, dont les limites précises restent douteuses, eut lieu le 7 mars t6i3 et le
12 avril 161/4, à charge de bâtir, et au profit des nommés Aubry Lecoq et Ber-
trand L'Hoste. Le lot du premier avait quatorze pieds et demi de large, sur cinq
toises et demie de profondeur; le lot du second était large de trois toises par de-
vant et d'une seulement par derrière. Bertrand L'Hoste augmenta sa part, le
la août 1628, d'une autre place contiguë, large de quinze pieds et profonde
de sept toises, de sorte qu'il s'éleva là une maison large de sept toises cinq pieds
et demi.
RUE DE BUSSY.
La rue de Bussy commence au carrefour de ce nom, c'est-à-dire près du lieu
où débouchait le pont de l'ancienne porte de Bussy, et elle finit à la rue des Bou-
cheries (de l'École-de-Médecine), ainsi qu'à la place Sainte-Marguerite.
Cette voie formait la continuation de celle qui, traversant la terre de Laas, con-
duisait du Petit-Pont à l'abbaye; elle doit donc être ainsi fort ancienne. La fer-
meture réitérée de la porte de Bussy, au xiv* et au xv* siècle, paraît avoir alors
transmis à la rue des Boucheries l'importance que la rue de Bussy était naturel-
lement destinée à prendre, et qu'elle n'a acquise qu'après la réouverture de la
porte et surtout après le percement de la rue Dauphine.
Dès le règne de Charles VI, la rue de Bussy fut bordée de constructions ('),
excepté entre les rues de Seine et du Fossé (Mazarine), endroit ofi l'on a commencé
de bâtir en 1 53o; à cette dernit're date, c'était moins une rue qu'un chemin me-
nant soit à l'abbaye, soit à la rivière, au moyen de la rue de Seine, avec laquelle
elle était fréquemment confondue. Dans ce cas, la partie comprise entre la place
Sainte-Marguerite et la rue de Seine était considérée parfois comme une rue par-
ticulière qu'on a appelée me du Pilori (1292-1531), trrue par oti l'en va de de-
(rvant le Pilory vers le Pré aux Clercs d (i388), «rue par où l'en va au Pré aux
"' Il a été dit qu'on avait commence à y bâtir car il s'y trouvait d^jà une maison appartenant à
en 1357; mais cette assertion est sans fondement, l'évêque d'Orléans en fjg-i.
38 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
ff Clercs, du Piloiyn (liia), ou ttrue qui tend du PiHory au Pré aux Clercs n
(i523), mais à laquelle on donnait aussi le nom de rue de Bussy, puisqu'on a
écrit dans un acte de i53o : trrue de Bussy, tendant du Pillory au Pré aux
ff Clercs, n
La rue de Bussy est énoncée dans des chartes : rr vicus per quem exitur de porta
(fParisiensi, que vocatur porta Sancti Germani (laS/i); vicus per quem itur ad
ffSecanam (laSg), et via publica per quam directe itur de Sancto Germano ad
ffportam civitatis Parisiensis, que vocatur porta Sancti Germanin (1292); puis,
dans d'autres documents : « rue allant de l'abbaye à la vieille porte de Bussy, au
ffPré aux Clercs n (1670); cr chemin devant la porte de Bussy a (liigS et i53));
ff chemin qui vient de la porte Sainct Germain à la rivières (1629); te chemin par
ff lequel on va de Paris au Pré aux Clercs n (i53i); cf chemin qui tend de Paris
ffà la rivière de Seyneii (i53i); ftrue de la porte de Bussy n (1622); enfin rue
de Bussy, en 1628, et ftde Buxy, n dans un titre de i535 ''l On lit dans le censier
de i5ii7 : et rue de Bussy, naguères et auparavant l'ouverture, de nouvel faicte,
tfde la porte de Bussy, appelle le chemyn allant au Pré aux Clercs. -n
Celte voie, qu'on pava en i55i, doit son nom à la porte de Bussy, ainsi ap-
pelée parce qu'elle appartint, au milieu du xiv^ siècle, à Simon de Bussy, premier
président du Parlement. Or, quel que soit le lieu d'où la famille de Bussy était
originaire, le vocable servant à désigner ce lieu semble venir du latin buxus, buis.
Dans cette hypothèse, l'orthographe moderne Bussy serait préférable à celle de
Biici ou Bucy [de Buciaco), qu'on rencontre ordinairement dans les anciens textes.
CÔTÉ MÉRIDIONAL ET ORIENTAL.
PAROISSE SAIINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DU PARLOIR AUX BOURGEOIS.
Eniie Maison sans désignation, tenant au pont de la porte de Bussy, et bâtie sur un
' eUa'rue '^'^ terrain large de trois toises et demie et profond de cinq toises deux pieds, baillé
de lAncicnne- ^ Pierre Janson, le 1 5 avril 1606. Dans ce terrain existaient encore les fondements
d'une maison détruite en 1 589 ''^^ : c'était sans doute la même que celle dont l'ein-
*■'' Buxy n'est pas une corruption à proprement frque plusieurs caymans et aultres gens malvivans
parler; c'est une orthographe savante, comme on en irfaisoient leur retrait ordinaire soubz certaines
' adoptait au \vr siècle. Pendant les xv' et xvi' siècles, trvoultes de caves, quiii étaient (rresléesdes ruynes
on ëcrivait Artî'ntes, Xnmctm/fe. Gela ne changeait rdes maisons cy-devant assises hors la porte de
rien à la prononciation. — a. de l. «Bussy,» le Bureau de la Ville ordonna le comble-
''' Le \l\ juillet 1609, après avoir été informé ment de ces excavations.
"^ RUE DE BUSSY. 39
placement lïit cédé à Jean de Bernay, le 19 mai i5^3. La maison de Jean de
Bernay était large de dix-neuf pieds par devant, de vingt-quatre par derrière, et
profonde de douze toises. Elle touchait à la amasser du pont.
Maison sans désignation, qui parait avoir été construite sur l'emplacement
d'une masure baillée au nommé Cordier, avant le mois d'août i6o5.
Maison sans désignation, faisant le coin oriental de la rue des Fossés (de l'An-
cienne-Comédie). Elevée sur un terrain baillé à Simon Bridon , le 10 août 1862,
elle fut abattue en 1889, et rebAtie par Léon Ficquet, à qui l'emplacement en
fut accensé le 20 mai 1 6o5; il s'en défit quatre jours après, au profit du nommé
Pierre Nolant.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE SAINT-GEBMAIN DES PItÉS.
Jabdiî! (ibaS), puis maison sans désignation (iSgo), faisant le coin occidental Enireiesrue»
de la rue des Fossés. Le terrain de cette maison, qui était déjà divisée en deux rAiicienne-ComMie
vers 1628, contenait huit perches, et fut baillé le 6 mai i5io, lorsqu'il était , ., *'
1 I <u'S Mauvais-Oiirçons
encore en jardin, à Jean Ganeron: il dépendait de la maison contiguë, faisant front (t;r.ijoire-do-Tours).
sur les fossés.
Maisos sans désignation en lôaS, puis ou Gband-Tckc (1628). En i53i, elle
renfermait un jeu de paume, et, pendant tout le xvi* siècle, elle s'étendait fort
loin vers le sud, puisque les maisons de la rue des Fossés, jusqu'à celle de
l'Étoile inclusivement, sont toujours dites y aboutir. Plus tard , la partie postérieure
de la maison a servi à l'agrandissement de diverses propriétés en bordure sur la
rue des Mauvais-Garçons, et c'est apparemment cette même partie qui dépendait,
en iS/lcj, de la maison de l'Image-Saint-Antoine, en la rue des Boucheries.
Maison sans désignation (1 53 1), faisant le coin oriental de la rue des Mauvais-
Garçons. Elle fut élevée sur une partie de jardin, large de trois toises deux pieds
et profonde de dix''', cédée par Jacques Ledreux à Nicolas Maretz, le 18 jan-
vier 1827. Détruite pendant le siège de Paris, elle n'était point encore rebâtie
vers iSgS; mais, en »6ii, sur son emplacement et sur celui de trois masures
situées le long de la rue des Mauvais-Garçons, Jean Clergy avait fait construire
quatre nouvelles maisons, dont l'une avait pour enseigne la Fortune. En 1616,
les quatre maisons avaient pour enseignes la Justice, la Prudence, la Force et la
Tempérance. Nous ne saurions, d'ailleurs, fixer avec certitude les limites de ces
quatre constructions.
Jabdin d'un demi-quartier (1 620), puis maison sans désignation (tS^y), faisant Eniif les me»
'■' Dans œuvre, saii» doiiU".
40 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
des le coin occidental de la rue des Mauvais-Garçons. Elle appartint, dès 10/17, ^"'^
Mauvaise-Garçons j.gjjgjgy^^ j]g Sainte-Croix-dc-la-Bretonnerie , auxquels elle avait été donnée par
des Boucheries ^e Michel Béuard, oui l'avait fait bâtir quelques années auparavant.
lÉcoie-dc-Médecine). Maison sans désignation en 1 SgS, puis de l'Image-Saint-Louis (1638). De même
que les quatre ou cinq suivantes, elle fut construite sur des terrains ayant fait
anciennement partie de l'hôtel de Malicorne. (Voir Rue des Boucheries.)
■ Maison de la Croix-Blanche (1 BgS-i 780) , faisant hache derrière la précédente.
Vers i6/io, elle appartenait à la duchesse de Schomberg et renfermait un jeu de
paume. On y établit ensuite une salle de spectacle, qui fut connue sous le nom de
Théâtre-Illustre (i6iii-i6/i5), et où Molière fit ses débuts à Paris.
Partie postérieure de la maison du Cïgne-de-la-Croix, située rue des Bouche-
ries. Les deux maisons précédentes paraissent avoir été bâties sur une partie de
son emplacement.
Maison sans désignation en iBgB, puis de l'Image-Saint-Nicolas (1687-1733).
Elle semble avoir eu aussi pour enseigne l'Église, et elle appartenait au collège
Saint-Nicolas-du-Louvre.
Maison du Grand-Cerf (1595-1780), où il y avait une hôtellerie au xvii*" siècle.
C'était d'abord la partie postérieure de la maison de Notre-Dame-des-Vertus, ayant
sa façade sur la rue des Boucheries.
Grande maison, qui paraît avoir eu pour enseigne l'Albanoys en i595, et est
dite, dans le censier de cette année, appartenir à « J. de Messe, •« conseiller d'Etat W,
après avoir été possédée par M. de la Marcdlière. Si nous ne nous trompons, elle
fut, comme les précédentes, bâtie sur les jardins de l'hôtel de Malicorne. La rue
de Seine passe aujourd'hui sur une partie de son terrain et de celui de la maison-
suivante.
Hôtel de Venise (iSgô), où pendait pour enseigne, en 1687, la Ville-de-Venise.
Suivant le censier de lôgS, il appartenait à M. de Vailly, et avait été construit
sur l'emplacement d'une masure qui avait jadis été une grange. Cette grange doit
être celle que Regnaut Beauvallet vendit, le 8 janvier 1 5 1 5 , au voyer de l'abbaye,
Jean Bart, dit Brodequin; elle comprenait quatre travées, était contiguë à l'hôtel
de Malicorne, et aboutissait aux propriétés de L. Leblanc, c'est-à-dire aux mai-
sons de la Cage et du Havre-de-Grâce, qui étaient situées dans la rue des Bou-
cheries. Vers le même lieu s'élevait, en lioi, une maison ayant pour enseigne
la Hache.
Maison sans désignation, dont nous n'avons pu préciser l'identité que grâce au
censier de 1595, mais qui existait un siècle auparavant. En 1628, elle était sé-
parée de la maison suivante par une allée , ou corps d'hôtel , servant d'issue à une
maison ayant son entrée principale en la rue des Boucheries. Ce corps d'hôtel
''' Ce doit être le même que Jean Huiault , sei- Hurault , seigneur de Maisse , ambassadeur à Venise ,
gneur de Bois-Taillé et de Bourré , et frère d'André mort en 1607.
N RUE DE BUSSY. ' 41
forma ensuite une maison particulière, que Christophe Gamard, qui y demeu-
rait, légua à IHôtel-Dieu par son testament du 3 décembre 1669; il l'avait achetée
le 21 avril t63i.
Maison sans désignation (iBgB).
Maison sans désignation en lôaS, puis de l'Image-Saint-Claude (lôgô-iGSy).
Elle avait des dépendances sur la rue des Boucheries.
Maison sans désignation (iBgô), morcellement probable de la précédente.
Petite maison mentionnée en iBaS, et alors appartenant à Rémond Piquet.
Elle avait pour enseigne îe Petit-Broc en 1628, et, comme la suivante, avait d'abord
fait partie de la maison du coin de la rue des Boucheries.
Maison du Pavillon (iBqô), puis des Quatre-Fils-Aïmon , contiguë à la maison
du coin de la rue des Boucheries.
CÔTÉ OCCIDENTAL ET SEPTENTRIONAL.
PAROISSE SAIM-SILPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE SAINT-T.EBMAIN.
Maison du Croissant (1/174-1628), faisant le coin de la place Sainte-Margue- Emrc i» place
rite, La partie postérieure de celte maison, donnant sur la rue de l'Échaudé, ' «i '
avait pour enseigne le Paon, au xvii*" siècle. i« rue de scmc.
Maison du Grand-Cornet (iSgS), puis du Mouton (1628).
Maison de la Biche (1595-1628), puis du Gros-Raisin (1687).
Maison de l'Arbalète (1 595-1 628).
Maison de l'Annonciation (1 5/17- 1 687 ). Cette maison et les maisons précédentes,
qui toutes aboutissaient à la rue de l'Échaudé, furent construites sur l'emplacement
d'une grande propriété, laquelle renfermait une grange avec des étables, et est
déclarée, en i523, s'être appelée anciennement (tl'hostel de la Forge, ii Cet hôtel
de la Forge est mentionné en 1637 et 1 466 ; il n'était j)oint distinct de la maison
du Croissant mentionnée en 1/17/1, puisqu'il est énoncé adevant le Pillory.r Nous
trouvons en outre, dans les archives des Chartreux, l'indication d'une maison
énoncée, en i3i9, devant le Pilori, ren laquelle maison la Forge est, ad présent,
p faisant le coing donc l'en va de la Boucherie à Sainct Germain, et, de l'autre part,
(T devers les prez, en alant à Sainct Souplice, et tenant aus maisons dudit Clément
«f Le Fèvre. d Cette maison de la Forge parait être celle dont il est question dans le
présent article; toutefois le fait n'est point entièrement certain, parce qu'il a existé
aussi une autre maison de la F'orge vers le coin de la rue des Boucheries. La pre-
mière se confondait, vers i5/i8, avec la maison suivante, dont il est dit, dans le
42 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
censier de cette année, que le ttprincippal manoim avait effectivement pour en-
seigne l'image de « l'A nnonciation-Nostre-Damcn Au même lieu il y avait, en i388,
une grange appartenant à Jehan Laigneau.
Deux maisons, dont l'une, faisant le coin méridional de la rue Bourbon-le-
Château, a eu pour enseigne la Herse en 1628, et la Herse-en-Croissant en 1671.
L'autre appartenait, vers i63o, à Joachim et Pierre ftSauvalle,^ père et oncle de
l'historien, qui lui-même en fit don à l'Hôpital général, le i4 mars 1671. Ces
deux maisons avaient été construites sur l'emplacement d'une grange, avec ber-
peries et étables (iSaB), dont les limites, vers la rue de Seine, paraissent répondre
au côté méridional de la rue Bourbon-le-Château. C'est, en effet, sur le terrain
de la maison suivante que cette rue fut ouverte.
Rue BoURBON-LE-ChÂTEAU. François de Bourbon, prince de Conti, abbé
commendataire de Saint-Germain, ayant fait rebâtir la porte du palais abbatial
et voulant éviter le long détour au moyen duquel on y accédait''', résolut de percer
une rue ff depuis le pont neuf de la Maison abbatialle jusqu'à la rue de Bussy. "^
Dans ce dessein, le 5 juillet 1610, il acquit de Jean de Moussy, auditeur à la
Chambre des comptes, une zone de terrain dépendant de la maison de celui-ci,
et mesurant quatre toises de large sur dix-neuf et demie de profondeur. Jean de
Moussy reçut, comme indemnité, une propriété à Cachan, et la construction du
mur destiné à séparer sa maison de la rue nouvelle fut payée par l'abbé'^'. Il est
dit, dans le texte du contrat d'échange, que la voie à ouvrir s'appellera «la rue de
ft Bourbon-Guise, n et telle est, en effet, la dénomination qu'elle a portée d'abord,
et à laquelle a ensuite été substituée celle de rue Bourhon-le-Château. On lit rr rue '
ftde Bourbon-le-Château, cy-devant rue de Bourbon-Guise, n sur un titre de
1768 (^'. La première dénomination avait été choisie, non point, comme on le dit,
à cause du cardinal de Bourbon, mais bien en l'honneur de François de Bourbon
et de sa seconde femme, M"° de Guise, qui continua à jouir des revenus de l'ab-
baye, longtemps après la mort de son mari.
Maison et tuilerie (i388-i5/i7), s'étendant jusqu'au coin de la rue de Seine,
et, le long de cette dernière, jusqu'à la rue du Colombier. Du temps de Fran-
çois I", elle appartenait au nommé de Moussy et s'appelait la Tuilerie de Moussy.
Elle est énoncée «une loge, masure, place et tuillerieii dans le bail qui en fut fait,
le 28 avril i388, au tuilier Jehan Fleurye, moyennant diverses conditions, parmi
lesquelles figure l'obligation de fournir chaque année deux mdliers de tuiles à
l'abbaye. Elle présentait alors, sur la rue de Seine, une longueur de trente-neuf
'■' On ne pouvait y arriver de Paris que par la '^' Sur le plan de Gomboust, la rue Bourbon-
rue du Colombier, ou par la place appelée aujour- le-Cbâteau est de'nomruée rue du Petit-Bourbon, ce
d'hui de Sainte-Marguerite. qui constitue une erreur manifeste et fait confusion
'-' Arch. nat. cart. S 2875. avec la rue voisine de Saint-Sulpice.
■* RUE DE BUSSY. 43
toises, laquelle se retrouvait naguère entre la rue de Bussy et la rue du Colom-
bier. Nous croyons que le terrain qu'elle occupait se confond avec certaine place
vide, d'environ un demi-arpent, tenant d'une part «au terrouer des fossezn du
monastère, et d'autre part «au chemin par oià on va de Saint-Germain à la rivière
ffde Senne, T) qui fut cédé, en 1872, au tuilier Guillaume Frère, à charge par lui
d'y bâtir. La tuilerie de Moussy doit avoir cessé d'exister, en vertu d'une ordon-
nance de l'abbé de Saint-Germain, ordonnance dont nous ignorons la date, mais
à propos de laquelle, le 6 juin i556, le Parlement ordonna une enquête, sur les
réclamations des autres possesseurs de tuileries du faubourg et sur celles de l'Uni-
versité. Il est parlé, dans le censier de 1590, des maisons qui avaient remplacé
la tuilerie. En 1628, elles étaient au nombre de sept sur la rue de Bussy. A cette
époque, les quatre premières, après la rue Bourbon-le-Chàteau, étaient encore
possédées par la famille de Moussy.
Maison de Notre-Dame-de-Liesse (1543-1687), faisant le coin oriental de la Entre
rue de Seine. En 1628, elle était divisée en six maisons : la première, faisant le etMaiarine.
coin, conservait l'ancienne enseigne; la deuxième avait celle des Balances; la qua-
trième, celle de rAtige; la cinquième, celle des Deux-Auges; la sixième, celle du
Rosier-Croissant.
La maison de Notre-Dame-de-Liesse et la suivante furent construites sur un
terrain cédé par Simon Charlier à Jean Laurent, le 1 1 septembre iB3i.
Maison sans désignation en 1 667, et alors inachevée. En 1 5ç)5, elle renfermait
un jeu de paume. En 1G28, elle était divisée en deux parties : la maison de l'Ecti-
de-Botilogne et le jeu de paume de la Diligence.
Maison sans désignation (15/17), <^''<^vée sur un terrain baillé à Jean Cham-
pion, le iG mai i53o. En 1595, elle formait plusieurs corps d'hôlel, et, en
1628, cinq maisons distinctes : la première, actuellement réunie à la deuxième,
a eu pour enseignes le Petit-Monde [i G aS) et le ChefSainl-Jean (1687); la deuxième,
celle de la Belle-Image (1620); la troisième, maintenant confondue avec la qua-
trième, a eu pour enseigne le Cheval-d'or (1629-1696), et il s'y trouvait un jeu
de paume en 1687; la quatrième a eu pour enseigne le Jitgement-de-Salomon^^^
(1628-1687), ^^ '** cinquième, le Pavillon-Royal (1687).
Maison sans désignation en 15^7, puis de la Salamandre en i595, contiguë à
la maison faisant le coin de la rue Mazarine. Elle fut élevée sur un quartier de
terre baillé à Nicolas Maretz, le i 1 mai i53o, et était déjà divisée en deux, vers
1625. C'était une place vide en i595, par suite des ravages de la guerre.
C Probablemenl par allusion au nom de Salomon Champion, propriiUairc du tout en iSgS.
6.
iU TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
JUSTICE
ET CENSIVE DU PARLOIR AUX BOURGEOIS.
Entre Deux MAISONS sans désignation (1607), dont la première faisait ie coin oriental
ctbpTrtcdrBÛrsy. du chemin sur les fossés ou rue Mazarine, et a formé ensuite l'angle de la rue
Dauphine. Le terrain de ces maisons paraît avoir été baillé en i6o5 aux nommés
Simon Turpin et Jean Raimbaut.
Deux maisons sans désignation (1607), élevées sur une place large d'environ
cinq toises et profonde de quatre, baillée à Jean Bayet, le 26 mai 160 5. Au même
lieu avaient existé, avant iBSg, deux maisons bâties sur un terrain large de huit
toises et profond de six, vendu par la Ville à Jean Gabory, le 8 août i5/i2. Ce ter-
rain était attenant à une place large de cinq toises, la même peut-être que celle
de Bayet.
RUE DES CANETTES.
La rue des Canettes commence à la rue du Four et finit à la rue du Vieux-
Colombier.
Des documents de laSg et 1270, ainsi que le rôle de la taille pour 1292,
la mentionnent sous le nom de vicus Sancti Sulpicii, ou tr rue Saint Souplice. 1) Ce
vocable, provenant de ce que la rue conduisait à l'église consacrée sous l'invo-
cation de saint Sulpice, se rencontre diversement orthographié : Saint Suplice,"
Soulpice, etc., dans presque tous les titres jusqu'au milieu du xvii^ siècle, époque
où le nom de rue des Canettes commence à devenir fréquent. Empruntée à une
enseigne, celte dernière dénomination était déjà usitée en 1628, puisque le cen-
sier de cette année énonce a la rue Sainct Sulpice, dicte des Canettes, a Aupara-
vant on faisait quelquefois usage de la locution : Grande rue Saint Sulpice (iBog,
1617, etc.), apparemment pour éviter la confusion avec les ruelles Saint-Sulpice
aboutissant au chemin de Vaugirard. Nous avons lu dans une charte de iûi3 :
ff rue par oili l'on va à l'hostel de Sainct Sulpice , ii et « rue Sainct Sulpice , autre-
rrment dicte le Trou Punetz, v sur des actes dei5iieti578.
Le Trou-Punais dont il est ici question était une propriété privée, car une
maison située au coin de la rue du Four et de la rue des Canettes est énoncée,
en i5o5, aboutir «au jardin du Trou Punais'^'.n D'autre part, la maison du Trou-
Punais est l'objet d'un article dans des comptes de i656, i663, etc. Au reste,
il y avait encore des bourbiers dans la rue des Canettes et dans les environs,
'"' Cette dénomination, qui comporte l'existence quente dans le vieux Paris; on la trouve également
d'un puisard, ou bouche d'égout, est assez fré- appliquée aux voiries et décharges publiques, l.m.t.
<
N RUE DES CANETTES. 45
sous le règne de Charles IX : un arrêt du Conseil privé, rendu le 22 juillet i566,
ordonna que le Prévôt des Marchands et les Échevins fourniraient cent raanou-
vriers pendant deux mois, pour être employés, sous la direction des officiers de
l'abbaye, à faire les ir vidanges des terres massives, haussement et baissement des
(f terres, rues et cloaques des rues du Four, de Saint Sulpice et autres circum-
ff voisins^'', fl
Au nombre des rues mentionnées dans la liste que donne Corrozet, et dont
l'identité est restée jusqu'ici à l'état d'hypothèse, figure celle de Vtracottblé; mais,
alors même que l'édition du livre des tr Antiquitez, chroniques et singularitez de
ff Paris, fl donnée en i563, ne nous eût point appris les aboutissants de cette
rue*'>, il nous aurait été facile de comprendre que cette voie ne différait point
de la rue des Canettes, puisque nous savons que le seigneur de Villacoublay avait
là son habitation, au temps de François I". Un censier de i4oo indique six ou
sept maisons pour le côté oriental de la rue des Canettes, et dix pour le côté occi-
dental. Toutes les maisons dont nous allons parler existaient donc dès le xiv* siècle;
toutefois ce n'est qu'au xvi* siècle qu'il est possible de les distinguer entre elles.
CÔTÉ ORIENTAL.
PAROISSE SAIM-SL'LPICE.
JUSTICE
BT CBlfSIVE DE L'ABBAYE.
Maiso!» sans désignation enioi'j, puis de l'Image-Saint-Claide (161 5), contiguë
à la propriété du coin de la rue du Four. Elle en avait fait partie anciennement,
et, après avoir été détruite pendant le siège de Paris, elle fut rebâtie en i6o5.
Maison sans désignation (i523). Achetée vers i535, du nommé Bigant, par le
président René Gentil, et comprise dans la confiscation de ses biens, en i5/i3,
ainsi que la suivante, elle passa aux mains du cardinal de Tournon, et devint, en
i566, la propriété de son neveu, le comte de Roussillon.
Maison de l'Image-Notbe-Dame (16/16-1 53 1), dont les jardins, énoncés comme
ayant un arpent et demi, s'étendaient jusqu'aux halles de la Foire, en longeant
la partie postérieure des dépendances du presbytère Saint-Sulpice. Elle appartint
aux xMathurins, puis à Edmond Hesselin, seigneur de Villepèle. Le 3i décembre
i535, elle fut vendue par la fille de Hesselin, épouse de l'avocat Guy Cotte-
Blanche, à Jérôme Gentil. René Gentil, le père de celui-ci, la posséda d'ailleurs,
'*' Inv. de l'Abbaye. Arcli. nat. rcg. LL 11 65, est dite aboutir d'un bout fh la rue Sainct Ger-
fol. 11 V*. irmain» (du Four) et cde i'aultre bout au coing
'*' Dana le livre de Corrozet, la rue des Canettes ir Sainct Supplice."
46 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
comme l'indique le censier de iS/iy, où il est rapporté qu'elle fut confisquée
au profit du cardinal de Tournon. On y dit, en outre, que cren partie desquelz
(T lieux ledict delfunct Gentilz feist bastir et édiffier une grant maison de la
ftniodde italienne, couverte de IhuiHe, où il y a trois tournelles couvertes d'ar-
cr doises. fl
C'est sur l'emplacement de cette maison, absorbée avec la précédente dans
l'hôtel de Roussillon (voir Rue du Four), qu'a été ouverte la rue Guisarde, d'abord
dite Guyarde, suivant un titre du mois d'octobre 1G21. De plus, il semble que
l'hôtel du comte de Sancerre, qu'on trouve mentionné dans le censier de i355,
et devant lequel se trouvait une masure contiguë à l'hôtel des Carneaux et à ce
dernier manoir ''', s'élevait vers le lieu où a été percée la rue Guisarde. Il est
parlé de cet hôtel du comte de Sancerre dans un document de 1270.
Maison sans désignation (i53i), contiguë à la maison du coin de la rue du
Vieux-Colombier. Elle appartint aux marguilliers de Saint-Yves.
CÔTÉ OCCIDENTAL.
PAROISSE SAINT-SULPÏCE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Grande maison sans désignation, formant le coin de la rue du Vieux-Colom-
bier. C'était d'abord une propriété composée d'une grande et d'une petite mai-
son, avec un grand et un petit jardin. Le tout fut vendu, en 1609, par Gasset
le Viel [alias le Véel) à Jean Tabour, orfèvre, qui s'en défit, le 19 avril ibao,
au profit de Léon le Gentiliiomme, prêtre et licencié en droit. Celui-ci y fit
bâtir un hôtel important, que possédèrent après lui messire François de Mon-
seaulx, seigneur de Villacoublay (i53/i), M^ Oudart Hennequin, Christophe de
Thou, avocat au Parlement (iSiy), puis Philippe Goureau, sieur de la Prous-
tière, maître des requêtes (iByG). Dès 1628, on y avait établi un manège, qui
fut possédé, vers i656, par Hugues de Villelongue, sieur de Mesmonl, écuyer
ordinaire de la grande écurie, et qui s'est appelé Académie de Mesmont, et plus
tard de Vaiidreuil.
Maison sans désignation (1595).
Maison sans désignation (1576), qui, dans la première moitié du xvi" siècle,
était confondue avec la suivante.
Maison du Pe'lican (1575-1687). L'emplacement de cette maison et de la pré-
''' irMons. Bernart le Brun, pour sa masure des Querneaux, devant i'ostel nions, de Sancerre, vi s. «
Arch. nat. reg. LL io33, fol. 3o v°.
N RUE DES CANETTES. M
cédente doit être le même que celui de l'ancien Hôtel «aux Carneaulx,?' qu'on
trouve encore mentionné en i53i. Il appartenait, en i3o6, à l'abbé de Saiat-
Remy de Reims, lequel, contraint par les moines de Saint-Germain-des-Prés
ffd'en vider ses mains, ^ le vendit à l'évêque de Limoges, Rernard Brun. L'bôtel
des Carneaux était peut-être, à cette époque, plus vaste qu'il ne l'a été depuis;
car Bernard Brun, dans une reconnaissance du a juin i3io, parle de plusieurs
maisons qui y étaient attenantes. Le ai mars i6o3, les Quinze-Vingts le cédèrent
à Henry Joigneau. Ce dernier l'aliéna, le 2 janvier 1^09, au profit du pitancier
de l'abbaye, qui le revendit, le 29 novembre liiG, à Laurent Poutrel.
Maison sans désignation (i5ii), propriété de l'abbaye au xvn" siècle. Cette
maison, ou l'avant-dernière, avait pour enseigne, en lôyS, ïe Purgatoire, et l'une
des maisons contiguës à l'hôtel des Carneaux s'appelait l'Iiâlel de la Hotte, en 1 4o3.
Maison sans désignation en i595, puis des Canettes (1628-170..). Elle fut
élevée sur une portion de jardin que J. Daneau, propriétaire de la maison pré-
cédente, vendit, en i5ii, à Jean de Montjay, à la condition de réserver, auprès
de la maison attenante, l'emplacement d'une ruelle longue de douze toises et
large de quatre pieds et demi. Cette ruelle, dont il est encore question en ir)99,
était une propriété privée et a promptement disparu. Jaillot dit qu'on l'appelait
la ruelle du Chef-Saint-Jean.
Entre la maison des Canettes ''^ et la maison suivante, il eu existe aujourd'hui
une troisième, qui semble être un morcellement de cette dernière; elle a eu pour
en.seigne r Autruche, vers i58o, et les Canettes-Blanches, en 1628; mais il n'en est
point fait mention au xvi* siècle. Le décrochement que présente le mur mitoyen
méridional de la maison de l'Autruche nous paraît être une trace du passage de
la ruelle.
Maslre (iSgf)), puis MAISON DU Chef-Saint-Jean (1.^00-1628), contiguë à la
maison faisant le coin de la rue du Four. Jaillot dit que l'enseigne de celte mai-
son existait dès le xiv* siècle, de même que la ruelle attenante; mais c'est une
erreur de sa part, ou le résultat d'une faute d'impression.
RUE DU CANIVET.
La rue du Canivet commence à la rue Servandoni et finit à la rue Férou.
Cette rue, percée à une époque que nous ne pouvons préciser, mais très-pro-
bablement peu après i55o, n'apparaît, en tout cas, qu'un peu plus tard, car la
plus ancienne indication que nous en ayons rencontrée se trouve dans le censier
'*' L'enseigne de celle maison, sculplée en bas-relief dans le siècle passe, existe encore au moment où
noas écrivons.
48 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
de iBgB. Elle y est énoncée crrue des Fossoyeurs, d tandis que la vraie rue de ce
nom y est appelée rue des Cordiers. On lit rue du Canivet dans le censier de 1628
et dans tous les documents postérieurs, qui ne fournissent d'ailleurs aucune don-
née sur l'origine de cette désignation. Un canivet étant une sorte de canif, on
suppose volontiers qu'elle provient d'une enseigne du Canivet; mais il n'y a jamais
eu, que nous sachions, de pareille enseigne dans cette rue, ni même dans aucune
autre. Nous croyons devoir indiquer une étymologie fort différente. D'après le
censier de lôgB, les deux seules maisons ayant leur façade dans la rue apparte-
naient au tailleur «Jehan Caminet;T) or il est extrêmement vraisemblable que le
copiste du cueilleret a écrit par erreur Jean Camtnet au lieu de J. Cainivet ou
Canivet. Rien, en effet, n'est plus commun que de semblables méprises; nous
constatons, en outre, que, au xvi* siècle, l'abbaye comptait parmi ses vassaux un
«Nicolas Canyvet,T) charpentier de bateaux, à la famille duquel pourrait avoir
appartenu le tailleur au nom douteux.
CÔTÉ MÉRIDIONAL.
PAROISSE SAINT-SULPIGE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Le côté méridional de la rue du Canivet était bordé, au xvi^ siècle, par le
flanc d'une maison aboutissant sur les rues Servandoni et Férou. Cette maison*
avait son issue sur la rue du Canivet en 1628, et elle a été morcelée depuis, de
façon à former, le long de la rue du Canivet, deux propriétés distinctes.
CÔTÉ SEPTENTRIONAL.
PAROISSE SAINT-SULPIGE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Deux maisons sans désignation (lôgS), dont la première faisait le coin de la
rue Férou, et la seconde celui de la rue Servandoni (?). Ce sont ces deux maisons
qui appartenaient au tailleur Jehan Caminet; en 1628, comme de nos jours,
elles constituaient déjà trois maisons différentes.
RUE CASSETTE. 49
RUE CASSETTE.
La rue Cassette commençait, il y a peu d'années, à la rue du Vieux-Colombier;
son extrémité septentrionale a été raccourcie par l'ouverture de la rue de Rennes.
Elle finissait et finit encore à la rue de Vaugirard.
Nous trouvons cette voie désignée comme il suit : tr chemin tendant de la rue
«du Colombier aux murs des Chartreux, n dans un document de i52i, et «che-
« min tendant de Sainct Germain aux Poulignis, i> ou simplement « chemin des Pou-
fflignisjT) dans d'autres pièces datées de iBaS. Toutefois elle avait pour nom
caractéristique et habituel celui de «chemin de Cassel,^ autrement «ruelle de
«Cassel;T elle est ainsi indiquée sur un acte de 1612, le premier où il en soit
parlé à notre connaissance. Vers i56o, le nombre des maisons bordant le chemin
de Cassel lui avait donné la physionomie d'une rue; aussi lit-on dans le censier
de 16/17 • "rue de Cassel, que naguères on nommoit le chemyn de Cassel. n Pour
la distinguer des deux petites rues également dénommées Cassel, on a dit quel-
quefois : «Grant rue Casseli» (i56i) et «rue du Grant Cassel-n (tb'ji); mais
cette appellation n'a point eu longtemps sa raison d'être et a peu duré. Quant à la
transformation du vocable primitif en celui de Cassette, elle a eu pour cause ce
besoin d'assimilation , qui pousse le peuple à donner un sens intelligible à des mots
incompris et plus ou moins semblables à certains autres existant dans la langue
courante. On a écrit «en Cassetu dès i563, et «rue Cassettei» dès 1 Byo.
L'hôtel de Cassel, auquel la rue Cassette doit son nom et peut-être son ori-
gine, n'est décrit dans aucun des titres de l'abbaye; nous sommes moralement
sur, néanmoins, «ju'il était situé le long de la rue du Colombier, entre les rues
Cassette et du Cherche-Midi ''^. Le censier de 1 355 nous apprend que, après avoir
appartenu à un archevêque de Bourges, il était devenu la propriété de madame
de Cassel : «Mad. de Cassel, pour le manoir qui fu l'arcevesque de Bourges, au
«Colombier, vi s. '*'d Un registre des archives de Saint-Thomas-du-Louvre nous
fait savoir que madame de Cassel n'était autre que « Mad. Jehanne de Bretègne. •/>
Jeanne de Bretagne, née en 129/i et morte le aU mars i363, fut effectivement
mariée, par contrat j)assé à Saint-Germain-des-Prés, le jour de la Saint-Matthieu
i323, à Robert de Flandres, seigneur de Cassel, et de là vient qu'elle a été
connue sous le nom de madame de Cassel. Sa fille, Yolande de Flandres, com-
tesse de Bar, hérita de l'hôtel de Cassel, comme il appert du censier de i365,
et elle put voir cet héritage détruit, car elle ne mourut qu'en 1396. Or il est
question, dès 1393, de «la place où jadis fut l'hostel de Cassel. d Au reste, sur
"' Entre autres preuves, on trouve fpi'une place à la rue du Four. — '*' Arch. nat. r^. LL io33,
(levant celle où avait été l'hAtel tenait d'une pari fol. lû r*.
50 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
l'emplacement qu'il avait occupé subsistèrent toujours quelques constructions,
maisons rurales ou tuileries, et cet emplacement forma un territoire qu'on désigna
par l'appellation de frCassel.n La mention du «lieu dict Gasselu et la locution
«en Casselu se rencontrent très-fréquemment pendant la première moitié du
XVI* siècle. Dans le procès-verbal de l'arpentage de iSag, le canton de Cassel est
l'objet spécial d'un triage, sous la rubrique : et Le buictiesme triaige commençant
ffà la Thuiilerye, tirant à la Fosse à l'Aumosnier, jusques au grant chemyn de
ffVaugirart;T5 ce qui, traduit dans le langage actuel, veut dire : commençant du
coin de la rue du Vieux-Colombier et du Cberche-Midi, continuant le long de
celle-ci et de la rue du Regard, puis revenant par les rues de Vaugirard et Cas-
sette. En 1629, le terrain du buitième triage était encore presque complètement
en culture, et, en iôqS, du côté de la rue du Chercbe-Midi, s'étendait un arpent,
lequel s'était a anciennement appelle les Petites Masures, n
CÔTÉ ORIENTAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Entre les mes Trois MAISONS sans désiguatiou (iBqB), dont la première était contiguë à la
Vieux-Colombier uiaisou faisant le coin de la rue du Vieux-Colombier; la dernière formait le coin
.tcarpentier. septentrional de la Tue Carpentier.
Entre Maison sans désignation (1 596), faisant le coin méridional de la rue Carpentier.
les rues Carpentier ti. ■. , . .,__,,, ,, , ^
• tiieMézières. MAISON saus (lesiguation (1590), s étendant en hache sur la rue Carpentier.
Maison sans désignation (1595), dont dépendait une autre maison sur la rue
de Mézières.
Maison sans désignation (1596), faisant le coin septentrional de la rue de
Mézières.
Enire Grande maison sans désignation (iSgB), faisant le coin méridional de la rue
les rues de Mézières j^jt>-> i- ■> i -i r r • n -iiti
et de Mézières, et dite, dans le censier de 1095, appartenir à François de la Forte,
Honoré-Chevalier. ^ président de Brethaigne W. V
Maison sans désignation (iSgS).
'' Eustache de la Porte, président des enquêtes Bretagne publie par M. Potier de Conrcy. Il y eut.
nu Parlement de Bretagne en i563, est le seul par- au surplus, un François de la Porte, seigneur du
sonnage qui puisse s'identifier avec celui-ci , et dont Boisliet et autres lieux , qui épousa Claude Bochart en
nous trouvions une indication dans le Nobiliaire de 1 5 48 et ("ut l'aïeul du premier duc de la Meilleraye.
> RUE CASSETTE. 51
Maison avec jel' de palme (i565-i6/io), acquise par les Jésuites en février et
mars 1689. Elle appartenait, vers i565, à Pierre de Vallès, qui, dès iBiy,
était possesseur, au même lieu, de sept quartiers de terre, où s'élevait une
maison.
Maison sans désignation (1 Byi), faisant le coin septentrional de la rue Honoré-
Chevalier. Elle fut vendue, le 19 avril 1071, au sieur de TAubépine, par le char-
pentier Jean de la Rue, qui l'avait fait bâtir sur un terrain large de huit toises et
profond de seize, à lui cédé par Pierre de Vallès, le i3 décembre i565.
Au delà de la rue Honoré-Chevalier, la rue Cassette était bordée par une maison Enue i.» rues
dont la façade principale donnait sur la rue de Vaugirard, (Voir à l'article de cette eiTJuu^ZrT
dernière.)
CÔTÉ OCCIDENTAL.
PAROISSE SAINT-SLLPICE.
JUSTICE
ET CENSITE DE L'ABBAYE.
Maison avec grand jardin, contiguë au 'clos faisant le coin de la rue de Vaugi-
rard. Le 1 5 juillet 1 565, M* Robert de Rémisson, procureur au Parlement, acheta
de Pierre de Vallès une pièce d'un arj)ent et demi et trois perches, que ce dernier
avait acquise, le 9 février i55o, de Laurent de llsle. Le aS juillet de la même
année i565, Robert de Rémisson acheta pareillement de Cuillaunie Rourdin une
autre pièce de terre, et, l'unissant à celle qu'il tenait de Pierre de Vallès, il forma
la propriété dont nous parlons. Elle consistait en un clos d'environ trois arpents,
planté en jardin, lorsque, le 1 1 juin i583, elle fut cédée à Robert Rarat par
Léon de Rémisson, ayant cause de son parent Robert. Le 18 octobre 1608, elle
fut partagée entre les héritiers Leroy et le nommé Claude Duinont : la partie
méridionale, achetée, le 7 juillet 1621, par Nicolas Vivien, fut donnée par lui,
le 11 .septembre suivant, aux Cannes déchaussés, dont elle compléta l'enclos,
vers l'est; la partie septentrionale, d'une superGcie de cinq quartiers, fut annexée,
le i^juillet 1659, au couvent des Bénédictines du Saint-Sacrement.
Grande maison avec jardins, qui, en i565, appartenait à Jean-Jacques de Ma-
gaures, et, en 1628, au contrôleur Louis Le Barbier''*, lequel l'avait acquise d'An-
toine et de Henri de Loménie, comte de Montbron; ceux-ci la possédaient vers
1622. Elle contenait environ deux arpents et demi; mais Le Barbier y annexa
'"' Le même qui figure parmi les acquéreur» de l'hôtel de la reine Marguerite : c'était apparemment un
de« grands spéculateurs de l'époque.
52 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS,
un grand clos de quatre arpents, qui était situé derrière, en bordure sur la rue
du Cherche-Midi, et avait été composé de plusieurs parcelles. Dans cet état, Le
Barbier le vendit, le i3 mai i634, aux religieuses de Notre-Dame-de-Consolation,
dites du Chasse-Midi. Elles ne s'y établirent que dans la partie donnant sur la
rue du Cherche-Midi, et elles cédèrent l'autre, les 2 mars et 8 avril 1608, aux
Bénédictines du Saint-Sacrement.
Maison sans désignation (iBgô), contenant un jardin. Elle est énoncée simple-
ment «un jardin clos d'environ un demi-arpent , n dans la vente qui en fut faite
par Guillaume Lamy et Jehan Marbais, grand arpenteur de France, à Pierre
Boursier, le k janvier 1619. Trois ans plus tard, le 18 avril 1622, P. Boursier
en céda la partie méridionale à Gabriel Legentil, par lequel elle fut donnée à
l'hospice des Incurables.
Maison sans désignation, qui fut achetée, vers i58o, par Robert Barat. En
1619, elle formait hache derrière la précédente. Des remaniements en ont rendu
les limites, vers le nord, très-problématiques.
Maison en plusieurs corps d'hôtel, contiguë à celle qui faisait le coin delà rue
du Vieux-Colombier. Elle appartint à r.M" Liger Duchesne, lecteur du Roy''>,n
puis à Robert Barat, qui l'acquit avant les guerres de la Ligue. Elle aboutissait
à l'Académie Chéradame.
RUE DE LA CHAISE.
La rue de la Chaise commence à la rue de Grenelle et finit à la rue de Sèvres.
Cette voie est une de celles qu'on ne trouve mentionnées qu'au xvi* siècle, bien
qu'elles soient évidemment beaucoup plus anciennes. Ouverte probablement pour
le service de la Maladrerie, qu'elle reliait au cimetière dépendant de cet établisse-
ment, elle est énoncée dans l'arpentage de i529 : frchemyn qui va de la Malla-
cr derye à Sainct Père, ■" et « chemyn qui va du moulin à vent à la Malladerye. n Ces
deux formules, répétées dans d'autres documents, montrent qu'on ne distinguait
point originairement la rue de la Chaise de la rue des Rosiers (Saint-Guillaume),
qui en forme la continuation. Il est probable que cette dernière voie se raccordait
jadis avec la rue de la Chaise beaucoup mieux qu'aujourd'hui. Le nom actuel de
la rue de la Chaise provient de l'enseigne d'une tuilerie, et ne paraît pas avoir
''' Liger Duchesne, Lcodegarius a Qucrcu, pro- violent contre les Réformes (De intcrnecione Gasp.
■fesseur et lecteur royal au Collège de France , s'est Colignœi et Pelr. lîami, ad regein Carolum IX, Paris ,
fait connaître par ses travaux d'érudition et de 1670, in-4°). Il y approuve le massacre de l'ami-
poésie latine. La liste de ses œuvres littéraires est rai et celui de Ramus, dont il avait été cependant
assez longue. On cite également de lui un pamphlet le collègue. — l. m. t.
•* RUE DE LA CHAISE. 53
été en usage avant la seconde moitié du xvi'' siècle. Nous lisons encore, dans un
titre de 1678 : s rue tendant du moulin dudict Sainct Germain à l'hospital du-
ffdict lieu, 11 et, dès i588 : a rue de la Chaise, qui tend de la Maladerye au
(f moulin à vent du Pré aux Clercs. •»
CÔTÉ ORIENTAL.
PAROISSE SAINT-SLLPIGE.
JUSTICE
BT CENSIVE DE L"ABBAYE.
D'après le censier de iBgS, il y avait, entre la propriété faisant le coin de la
rue de Grenelle et celle qui formait le coin de la rue de Sèvres : 1° une petite
maison avec un demi- arpent de terre derrière; 9° une maison à M* André;
3" une petite maison qui avait appartenu à Jean Marteau; ti" une masure. Or,
en 1G87, entre les propriétés des coins de la rue, il n'existait plus que les dé-
pendances du grand hôtel de Beau vais de la rue de Grenelle, les maisons men-
tionnées dans le censier de iBgB ayant été détruites. Cette circonstance et l'ab-
sence de tout titre relatif au côté oriental de la rue de la Chaise ne permettent
pas d'y tenter une restitution parcellaire.
CÔTÉ OCCIDENTAL.
PAROISSE SAIM-SLLPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Jabdin d'environ deux arpents, qui contenait une maison ou masure, et dont
dépendait une pièce de trois arpents située derrière. Ce jardin est dit, en i6olx,
tenir à l'hôpital Saint-Germain (voir Rue de Sèvres); mais il avait sans doute fait
précédemment le coin du chemin de Grenelle, qu'on nonune aujourd'hui la rue
de Babylone, et qui se prolongeait jusqu'à la rue de Sèvres'''. Le 7 octobre 1611,
il fut cédé à l'hôpital, dans lequel il a été depuis absorbé, par Martin Haguenyer,
qui en serait devenu adjudicataire le 3o juin 1606, suivant certaine pièce des
archives de l'Assistance publique. Il ressort pourtant d'un autre document que,
'"' La démolition de l'hospice des Petits-Mdnages Babylone, ancien chemin de Grenelle, a élé pro-
( ancienne Maladrerie) a permis, il y a quelques longée à travers les terrains de l'hospice, et elle
années, de rétablir cet état de choses. La rue de aboutit de nouveau h la rue de Sèvres. — l. m. t.
54 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
dès i588, Martin Haguenyer était possesseur du terrain de ce jardin, qu'il avait
acquis des marguilliers de Sainl-Jean-en-Grève, et sur lequel il leur assigna une
rente, à la date du i" janvier 1587.
Deux pktites maisons sans désignation (i588), tenant d'une part et aboutissant
à la suivante. Vers iSgô, elles étaient en ruines; mais elles durent être rebâties,
car elles sont de nouveau mentionnées en i635.
Grande maison et tuilerie, ayant pour enseigne la Chaise (1 588-1 BqB). L'em-
placement de cette propriété, qui a été renfermée dans l'hospice des Ménages, est
celui où se trouvait l'hôpital des Teigneux, qui figure sur le plan de Gomboust.
Grande maison avec jardin, qui est dite, en iSgB, appartenir à M* Boyer Re-
gnault, ff général de France''', •a et avoir appartenu précédemment à un évêque
d'Auxerre. Elle s'étendait derrière les maisons précédentes, et c'est à travers son
jardin que Raphaël de la Planche fit ouvrir la rue qui, récemment, portait encore
son nom. En effet, dans une déclaration passée, le 16 décembre 1611, par Eli-
sabeth Claire de la Planche, d'une maison située rue de la Planche, il est dit que
cette maison avait été bâtie sur une place cf faisant partye d'un grand jardin... au
«travers duquel a esté pris ladite rue de la Planche, donnée au public par le sieur
«de la Planche, père de ladite dame'^'. ■»>
Raphaël de la Planche, trésorier général des bâtiments, qui succéda en 1629
à son père, François de la Planche, dans la direction de la manulacture de tapis-
series des Gobelins, établit, rue de la Chaise, la fabrique qu'il dirigea seul à
partir de i633, époque où fut rompue son association avec Charles de Comans.
Le censier de 1628 mentionne Raphaël de la Planche comme possesseur d'une
grande maison, qui doit être celle de l'évêque d'Auxerre. Raphaël de la Planche'
acquit aussi celle qui était contiguë , du côté de la rue de Grenelle. L'absence de
documents ne nous permet ni de restituer avec certitude les limites de ces deux
propriétés, ni de fixer l'époque où fut ouverte la rue de la Planche. 11 n'en est
point encore question dans le censier de 1628; mais elle figure sur le plan de
Gomboust (1652), où elle est appelée rue de Varennes, comme aujourd'hui.
Petite maison sans désignation (1 695 ). Elle occupait l'emplacement où débouche
la rue de la Planche , prolongement actuel de la rue de Varennes.
Trois maisons sans désignation (iBgô), dont la dernière était contiguë à la tui-
lerie faisant le coin de la rue de Grenelle. Les deux plus rapprochées de cette
rue étaient en masure, vers iBgB.
•'' On donnait ce nom à certains officiers de la (Traité de la Cour des Monnaies); il ne figure ni
Cour des Monnaies. Boyer Regnauit, maigre le dans les listes des officiers de cette cour, ni dans
titre que lui attribue le censier de 1 5^5 , n'est pas les biographies. — l. m. t.
mentionné dans l'ouvrage de Germain Constant '*' Arch. nat. cart. Sa846.
<
> RUE CARPENTIER. 55
RUE CARPENTIER.
La rue Carpeiitier commence à la rue du Gindre et flnit à la rue Cassette.
Il n'y a rien dans les archives de l'abbaye qui soit relatif à l'origine de cette
rue; il ne semble pas, d'ailleurs, qu'elle puisse remonter au delà du règne de
Henri II. Dans le censier de iBgB, le plus ancien document où nous en ayons vu
une mention, et dans celui de 1628, elle est énoncée crrue du Charpentier, a et
non me Chat-penlier commo plus tard, ce qui donne à penser qu'elle doit son nom
au métier qu'exerçait soit l'un de ses habitants, .soit l'individu sur les terrains
duquel elle a été ouverte. L'appellation de la rue du Oindre''', où elle aboutit,
donne l'exemple d'une semblable origine , et parmi les propriétaires de cette ré-
gion, au XVI* siècle, nous en connaissons un ou deux qui étaient charpentiers.
On remarquera que les enseignes ont été fort rares dans tout le quartier com-
pris entre les rues de Tournon et du Cherche-Midi, par cette raison bien simple.
que le quartier était peu industriel et peu commerçant. Il en résulte beaucouj) de
monotonie dans l'énoncé des maisons de celte région.
CÔTÉ MÉRIDIONAL,
PAROISSE SAINT-SLLPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
pETirE MAISON sans désignation (1096), contiguë à celle du coin de la rue du
Gindre.
Partie postérieure d'ine maison ayant sa façade principale rue Cassette, et fai-
sant hache derrière la maison du coin de la rue Cassette.
CÔTÉ SEPTENTRIONAL.
PAROISSE SAINT-SLLPICE.
JUSTICE
ET CE.NSIVE DE L'ABBAVE.
Maison sans désignation (iSgS), contiguë aux maisons faisant les deux coins
'' Giniln» in(li(|iif iinliirellenw'nl un boulanger, maigre la «Jlëbrilé du han! de saint Joseph. — k.uz l.
56 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
de la rue. Elle appartenait, en iSgô, à Mesnager, clerc au greffe du Châtelet,
et, en 1628, à Pierre Baudouin, sieur de Montarsy. Elle a été, dans la suite,
annexée à la maison des Orphelines de Saint-Sulpice, à laquelle elle aboutissait.
RUE DU CHERCHE-MIDI.
La rue du Cherche-Midi commence au carrefour de la Croix -Rouge, et finit
actuellement à la partie de la rue de Vaugirard située au delà du boulevard du
Montparnasse; du temps de Henri IV, elle se terminait, en tant que rue, à cette
partie de la Tranchée qui était voisine de la rue du Regard.
C'était jadis le chemin qui conduisait spécialement du bourg Saint-Germain à
Vaugirard, et, en conséquence, il était énoncé tr chemin allant à Vaugirard n
(1372), cr chemin de Vaugirard :i(i 388, i^gS, i53i,etc.), et cf chemin de la Croix
ft de Vaugirard n (ii47).Au xvf siècle, l'anciernie tuHerie qui formait le coin de la
rue du Vieux-Colombier a produit les appellations suivantes : tt chemin qui tend
cfde la Tuillerie à Vaugirard n (i5io, i523), et aussi rr chemin qui tend du lieu
Cf appelle la Tuilerie aux Chartreux , n ou « à la Fosse de l'Aumosnier. v Ces dernières
dénominations ne s'appliquaient toutefois qu'à la partie septentrionale de la voie,
sur laquelle s'embranchait le Chemin-Herbu (rue du Regard), qui menait à la
Fosse à l'Aumosnier et au Clos des Chartreux. Après avoir été appelée le chemin
de la Tuilerie, la rue du Cherche-Midi a porté le nom de chemin de la VieiUe-Ttii-
lerie (iSag), puis, par corruption, on l'a nommée chemin des Vieilles-Tuileries, et
enfin rue des Vieilles-Tuileries, vocable qu'on a fini par appliquer exclusivement au
tronçon moyen de la voie. Le censier de iBgS mentionne cria rue des Vieilles
tr Thuilleryes, aultrement dict Cherche-Midy, n et dans le censier de 1628, où se
trouve la même locution, on rencontre, en outre, celle de (true Chasse-Midyt' ,
et dict Petit Vaugirard , -n employée pour désigner l'extrémité méridionale du chemin,
c'est-à-dire la rue, dite encore naguère du Petit- Vaugirard, que l'arpentage de
iB'iQ nomme cr chemin delà Poincte,'» à cause d'un territoire voisin '"^l
Le censier de t BgB est, à notre connaissance, le premier document dans lequel
figure l'appellation de rue Cherche-Midi ou rr Chasse-Midyn (161 3, 1628, etc.).
Elle provient, suivant Sauvai, d'une enseigne «où l'on avoit peint un cadran, et
ffdes gens qui y cherchoient midi à quatorze heures, n INous croirions plutôt que
l'enseigne a été inspirée par le nom de la rue*'), et que ce nom dérive de quelque
''' L'appellation de Chasse-Midi était la plus or- '■' Voir, dans le tome second de cet ouvrage,
dmairemeiit employée du temps de Piganiol, car il les Terres en culture, septième triage,
ilit : trLe nom de Chasse-Midi, tout corrompu qu'il ''' On voit encore , au n° 1 9 de la rue du Cherche-
irest, a prévalu, et il n'y a plus que quelque érudit Midi, une enseigne sculptée en bas-relief, repré-
(rprécieux qui l'appelle la rue du Cherche-Midi. 1 sentant un homme qui trace un gnomon à l'aide
RUE DU CHERCHE-MIDI.
57
cadran solaire, ornant l'une de ses maisons, par exemple l'Académie Chéradame,
établie sur l'emplacement de la Vieille-Tuilerie. La gnomonique, on le sait, était
en grande faveur à l'époque de la Renaissance '"'.
CÔTÉ DU SUD-EST.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSiVE DE L'ABBAYE SAINT- GEBMAIN.
(Voir Je plan de la paroisse Sainl-Sulpice.)
\KisoN en plusieui-s corps d'hôtel et avec jardin, qui tenait vers l'occident à la
Tranchée, et vers l'orient à des terres en culture. Cette maison est la seule que
le censier de iSgS mentionne comme étant située dans la rue du Cherche-Midi,
du côté de la ville, et elle est dite, dans le même registre, ajipartenir à M"' de la
Planche, clerc au greffe civil du Châtelet. Cinq quartiers du terrain qu'elle occu-
pait avaient été cédés, le af) avril 1690, par Jean de Camet à J. de la Place,
suivant les archives des Carmes déchaussés, auxquels elle fut vendue par Jean de
la Planche, le i3 avril i635<"''.
CÔTÉ DU >ORD-OUEST.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE SAINT-GEBMAIN.
(Voir le plan de la paroisse Saint-Sulpice. )
Pièce db tkbke attenante à la Tranchée (iGgB), et aboutissant rue de Sèvres.
Le 3 juillet 1609, les administrateurs de l'Hôtel-Dieu la cédèrent, à charge d'y
bâtir, au nommé Jean Langellé, dont les héritiers la partagèrent le i3 mars lôiy.
du compas; on lit au bas : Au Cherche-midi; mais
cetle enseigne n'apprend rien , car elle ne date que
du ivin' siècle, et, sur l'emplacement de la mai-
son qu'elle servait à désigner, il n'y avait point
encore de construction vers l'an 1600, époque oii
l'on employait dt^à la dénomination de rue du
Cherche-Midi.
'*' Un émdit, fort au courant des choses pari-
tiennes, M. Edouard Foumier, inclinée croire que
le ir cherche» ou c chasse niidy» était tout simple-
ment un parasite alTamé, cherchant une invitation
ou châtiant au diner. L'heure traditionnelle de ce
repas, qui s'est conservée encore dans les collèges.
dans les pensionnats et dans certaines petites villes
du midi de la France, était invariablement lixée à
midi. — t.». T.
''* A l'orient de cette maison , sur un emplace-
ment que coupe actuellement la rue d'Assas, que
8
5« TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Sur la partie qui bordait la rue du Cherche-Midi, furent alors construites deux
maisons, qui ont servi à l'établissement de la communauté du Bon-Pasteur.
Maison sans désignation, en plusieurs corps d'hôtel (lôga), formant la partie
postérieure d'une propriété ayant sa principale façade rue de Sèvres.
Trois maisons sans désignation (i BgS), qui furent construites, ainsi que celles
auxquelles elles aboutissaient, sur des terrains baillés à bcilir en i 69.9 et i5.3o.
(Voir Rue de Sèvres.)
Petite maison élevée sur un terrain large de trois loises et profond de quatre,
qui fut retranchée de la maison conliguë, dans la direction du carrefour, et que
Jean Larchevêque vendit à Bastien Soissons, en i535.
Trois maisons sans désignation, dont la dernière était contiguë à la grande pro-
priété faisant le coin du carrefour de la Croix-Rouge. La deuxième était déjà
construite en 16/17; ^^^^ "^'^^ "^ trouvons d'indication positive des autres que
dans le censier de iBgB. Elles avaient été construites sur des morcellements de
terrain, dont nous donnons le détail à l'article de la rue de Sèvres.
RUE DES CISEAUX
La rue des Ciseaux commence à la rue Sainte-Marguerite (Gozlin) et finit à la
rue du Four.
C'était primitivement une ruelle sans importance, (jui conduisait de la rue du
Four sur le chemin des fossés de l'abbaye, et ne renfermait aucune maison ayant
là sa façade, ou sa principale entrée. Aussi les anciens titres ne la désignent-ils que
par une périphrase, comme: rrrue qui va des fossez à la rue de BlancboueTi
(1/199); ff^iielle qui va de la Grant rue sur les fossez de l'abbaye 1? (1662), et
plus souvent par le simple mot ruelle. Le censier de ibgB est le premier docu-
ment où nous ayons vu la cr ruelle des Ciseaulxn indiquée parce nom, qu'un acte
de 1 633 modifie en celui de crrue des Ciseaulx d'Or, n II est à croire que l'on di-
sait communément crue des Ciseaux n avant l'époque oîi celle appellation apparaît
dans les documents, puisque l'enseigne des Ciseaux, distinguant la maison qui
lormait le côté occidental de la rue, existait dès le milieu du xv" siècle.
Jaillot dit que, dans certains actes, la rue des Ciseaux a été tr confondue avec une
la rue de Rennes a coupé de nouveau dans une de ia Ville de Paris, et à Marguerite Masson, sa
direction oblique, et où l'on voyait, il y a quelques femme, ce jardin était possédé, en i6a8, parleurs
années, une petite chapelle dépendant des Carmes, trois enfants, le peintre Augustin Quesnel, le li-
a existé un jardin d'environ un arpent, qui renier- braire Jacques Qnesnel , et Denise Quesnel, épouse
niait une petite maison. Après avoir appartenu à de Jean Perruchon, audiencier de l'élection de
François Quesnel , l'artiste auquel nous -devons le Paris. (Arch. nat. cart. S d'jSo. Inventaire des
premier plan géométral et assez généralement exact Carmes, fol. t /i6 v" et 1 47 r°).
L. M. T.
RITES DES CISEAUX ET DU COEUR-VOLANT. 59
(T ruelle voisine, située plus près du Pilori, et qui ne portoit, dans le siv"" siècle,
«rdaufre nom que celui de ruelle qui descend des fossés Sainl-Germain à la me de la
(f Blanche-Oie et à la rue du Four;i mais il est évident, au contraire, que la seule
rue qui ait conduit des fossés aux rues du Four et de la Blanche-Oie est bien la
rue des Ciseaux, car elle débouche au point même oi!i les deux rues s'unissaient,
tandis qu'une ruelle, placée comme Jaillot l'a imaginé, n'aurait mené qu'à la rue
de la Blanche-Oie exclusivement. Aussi bien est-il certain que la ruelle dont parle
Jaillot se confond avec la rue des Ciseaux, puisque les documents où il en est
question la présentent comme une des limites du grand hôtel plus tard appelé
Casin''', qui occupait la totalité de l'îlot compris entre les rues des Ciseaux,
Sainte-Marguerite et du Four. Cet îlot ne peut donc avoir été coupé par aucune
ruelle'^': les archives de l'abbaye en fournissent vingt fois la preuve.
î.^ propriétés qui bordaient la rue des Ciseaux avaient leur entrée dans les
rues du Four et Sainte-Marguei'ite.
RLE DU COELR-VOLANT.
La rue du Cœur-Volant commençait à la lue des Boucheries et fînissait à la rue
des Qualre-Vents. Elle est maintenant confondue avec la rue Grégoire-de-Tours,
auparavant appelée rue des Mauvais-Garçons.
Suivant Jaillot, dont l'opinion n'a jamais été réfutée, cette rue se serait nom-
mée, jusqu'au XV* siècle, ruelle delà Voirie-des-Bouc tiers; il n'en est rien toutefois.
Non-seulement, comme nous le démontrerons, la voirie des bouchers correspond
à la rue des 0ualre-\enl8, mais encore la rue du Cœur-Volant n'a été percée que
postérieurement à l'époque où la voirie des bouchers a été transportée hors du
bourg Saint-Germain. Nous voyons effectivement, par tous les titres et censiers de
l'abbaye, y compris celui de iS^y, que, dans la première moitié du xvi*' siècle, les
maisons de l'Ecu-de-Brelagne et de la Croix-d'Or, au lieu d'être séparées par une
rue ou ruelle quelconque, se touchaient sur la rue des Boucheries, ainsi que sur
la rue des Quatre-Vents. Nous constatons même que, de ce dernier côté, la maison
delà Croix-d'Or ayant eu cinq toises de façade, la rue du Cœur-Volant a dû être
ouverte sur son emplacement; car, en réunissant sa largeur à celle de la maison
<'> Dans un titre de 1&99, relatif à l'bAtel Ca-
Rin, la rue des Ciseaux est effectivement énoncëe
vrue qui va desdits fossez en ladite rue de Blan-
•chone.i
'*' Il n'a pu l'être qu'au xvii* siècle, c'est-à-dire
bien après le morcellement de l'hôtel Casin. Lecensier
de I C87 fait mention d'une petite rue appelée wrue
-Gamard,ii qui communiquait de la rue Sainte-
Marguerite ù ici rue du Four, et était située près
delà maison du Polonais-Armé , de sorte qu'elle de-
vait débouclier vers le milieu de l'espace compris
entre les rues Mabillon et Princesse. Cette rue
n'était, en réalité, qu'un passajfe peu ancien , et dont
il ne reste rien aujourd'hui. Elle portait le nom de
Christophe Gamard, qui bâtit les maisons du côté
septentrional de la rue Sainte-Murguerile.
R.
60 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
du coin occidental de la rue, on retrouve la dimension de cinq toises, donnée
par le cueilleret de lôaS comme largeur du jardin de l'hôtel de la Croix-d'Or,
près de la rue des Quatre-Vents.
Sur un croquis fait vers i58i, la rue du Cœur-Volant est indiquée par la for-
mule «rue pour descendre aux Bouscheries, a et le censier de iSgB l'énonce
tr rue de la Croix d'Or, dicte des Marguilliers. n La première de ces appellations
s'explique tout naturellement par la situation de l'hôtel que nous venons de men-
tionner. Quant à la seconde appellation, elle provient, et c'est là une circonstance
ignorée de tous les historiens, de ce que la rue fut percée, par les marguilliers
de Saint-Sulpice , à travers une partie de l'hôtel de la Croix-d'Or, lequel fut acheté
par eux, dans cette intention, le 27 février 1669, d'un nommé Nicolas Dardelet,
ainsi qu'il est rapporté dans un cartulaire de la paroisse''*. Les marguilliers se
proposaient d'aliéner le terrain acquis, et, le 19 mars suivant, ils commencèrent
par céder à Jean Ménard un corps d'hôtel avec un petit jardin sur la nouvelle rue.
Celle-ci, dite dans l'acte de vente rue des Marguilliers , existait donc à cette der-
nière date, avec une dénomination déjà consacrée. On lit dans le censier de 1698 :
«rrue Neufoe des Marguilliers, dicte du Cœur Voilant, n et, dans les titres un peu
postérieurs, rue du Cœur Volant seulement. La rue renfermait dès iBgS une en-
seigne du Cœur-Volant, origine du vocable actuel; on le trouve employé dans la
troisième partie des Aventures du baron de Fenœste^^\ ouvrage publié en 1619, et
il devait être usité alors depuis un certain nombre d'années.
CÔTÉ ORIENTAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE,
Dépendances de la maison de ï Image-Sainte-Catherine (i595), contiguë à la mai-
son de l'Ecu-de-Bretagne , faisant le coin de la rue des Boucheries. Le terrain oc-
cupé par ces dépendances et par les propriétés suivantes était compris dans l'hôtel
de l'Ecu-de-Bretagiie, avant le percement de la rue.
Place close (i595), puis Maison de la Croix-de-Fer (1628). La partie posté-
rieure de cette maison occupait un emplacement qui avait précédemment fait
partie de la maison de l'Image-Sainte-Catherine, sise en la rue des Boucheries.
AiTRE place close (iSgB), attenante au jeu de paume qui faisait le coin de la
rue des Quatre-Vents. Il s'y trouvait deux maisons en 1628.
''' Arch. nat. reg. LL gSa, fol. 3ii r°. — ''' Voir l'édition qu"en a donnée Mérimée, p. i55.
. > RUE DU COLOMBIER. 61
CÔTÉ OCCIDEfVTAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAÏE.
Maison sans désignation (iBgB), contiguë à ia maison faisant le coin de la rue
des Quatre-Vents. Ainsi que toutes les suivantes, elle l'ut bâtie sur un emplace-
ment qui provenait du morcellement de la maison de la Croix-d'Or, située en la
rue des Boucheries.
Maison sans désignation en iSgS, puis de l'Image-Saint-Antoine ? (1628).
Maison du Coelr-Volant (lôgS).
Maison sans désignation (iBgS). C'est le corps d'hôtel (avec petit jardin atte-
nant) qui fut baillé en 1569 à J. Ménard, par les marguilliers de Saint-Sulpice.
Corps d'iiôtel dépendant de la maison du Clief-Saint-Denis, et contigu à la
maison faisant le coin de la rue des Boucheries.
RUE DU COLOMBIER.
La rue du Colombier commençait à la rue de Seine et finissait au droit de la
rue Saint-Benoit; on ne la distingue plus aujourd'hui de la rue Jacob.
Cette rue était anciennement un chemin qui conduisait au Grand-Pré-aux-Clercs,
en longeant d'un coté le fossé de l'Abbaye, et de l'autre le Petit-Pré-aux-Clercs.
On ne lui donnait aucun nom particulier, si ce n'est peut-être celui de chemin du
Pré-aujc- Clercs, et, d'ailleurs, il en est à peine question avant l'époque où le Petit-
Pré fut baillé à bâtir. Jaillot assure qu'en i585 on l'appelait rue du Pré-aux-
Clercs, el on la trouve encore désignée par la formule analogue de c ruelle qui va aux
«Prés aux Clercs, t) dans un titre de 1607. Nous avons lu dans d'autres titres
«chemin à aller au Préaux Clercsn (t 5/i5, i553, etc.) et «Grant rue tenant aux
(ffossez de l'Abbaye -n (i5/i6). Quant au nom de rue du Colombier, il ne nous est
point apparu avant iSSq, et il provient de la proximité du colombier du monas-
tère, puisque, dans un document de i5.^3, la troisième maison du Petit-Pré-aux-
Clercs est énoncée «devant le colombier de l'Abbaye, ii Ce colombier existait déjà
en 1 696 ; cependant il est à croire que la rue n'a porté ce nom que vei-s la fin
du xvi* siècle, et nous sommes parfaitement sûr que, contrairement à l'opinion de
Jaillot, les indications antérieures d'une rue du Colombier se rapportent exclusi-
vement à celle des environs de Saint-Sulpice. D'ailleurs, la rue du Colombier est
62 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
demeurée à l'état de simple chemin, dépourvu de toute construction, jusqu'en
1 563 , et il n'y avait point lieu de la regarder auparavant comme une rue. C'est, en
outre, depuis i 5/ii seulement que, l'îlot del'Echaudé ayant été bâti, elle a atteint
la rue de Seine. Moins large que le reste, la section comprise entre cette dernière
rue et celle de l'Echaudé a été appelée «petite rue allant sur les fossez de l'Abbaye
n et au Pré aux Clercs, a en i SgB, et «petite rue par laquelle on va au Pré aux
« Clercs , Ti en 1 5 6 7 .
La rue du Colombier a été pavée aux frais des propriétaires, et en vertu d'un
arrêt du Parlement du 5 août i58G('l Le k octobre de l'année précédente, l'ali-
gnement définitif en avait été fixé, de concert avec l'Université, par Pierre Martin,
voyer de Saint-Germain, qui, le lendemain, défendit aux charretiers d'y passer, et
ordonna de mettre, aux extrémités, des barrières destinées à être fermées la nuit'^'.
Jaillot dit que, avant i585, la rue du Colombier était plus rapprochée de la
rivière, par suite de l'existence du fossé qui entourait l'abbaye; mais il se trompe :
la rue moderne occupe exactement la même situation que l'ancien chemin lon-
geant ce fossé. Nous en avons acquis la certitude en étudiant les baux des terrains
du Petit-Pré , qui n'a point été agrandi , et en constatant que les maisons du côté
méridional de la rue, adossées à l'enceinte du monastère, présentent une pro-
fondeur de dix toises environ, équivalente à la largeur du fossé, qu'on retrouve
en cet endroit même, à l'orient et au midi. Les maisons du côté méridional de la
rue du Colombier ont eu leur mur de face posé sur la contrescarpe du fossé. Au
reste , il est certain que la rue du Colombier n'a jamais été plus près de la rivière
qu'aujourd'hui; elle a dô, au contraire, en être un peu plus éloignée. Le chemin
qui a précédé la création des fossés occupait, en effet, une partie de l'emplace-'
ment de ces fossés; il était donc plus distant de la Seine que ne l'est la rue actuelle.
11 longeait le pied des murs du monastère, passant entre ces murs et la chapelle
Saint-Marlin-des-Orges ; une sentence de 1278 l'énonce «antiqua via quae olim
«fuit interdictam capellam veterem et murum abbatiae Sancti Germani.n
CÔTÉ MÉRIDIONAL.
PAROISSE SAIM-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Maison avec JARDI^, «où souloit estre,au dessus de la porte, la Coro>neh(i595),
et qui faisait le coin occidental de la rue de l'Echaudé. En 1 SgS, elle appartenait
'"' Cet arrêt est le même que celui qui ordonna '*' L'inventaire de l'abbaye parle de barrières
la continuation de la rue de l'Égout. et non de portes, comme on l'a dit tant de fois.
* RUE DU COLOMBIER. 63
au sieur de Chanteloup, qui la tenait des hoirs du sieur de Moussy, le propriétaire
de la tuilerie voisine, lequel l'avait fait bâtir, avant 1667, sur deux lots de terre,
l'un de neuf perches et demie et l'autre de six. Cette maison, dont le plan trian-
gulaire, ou plutôt trapézoïdal, s'est maintenu intact, tenait vers l'occident à un
petit chemin longeant le fossé de l'Abbaye. De ce côté, le mur mitoyen entre les
deux propriétés est à peu près parallèle à la direction biaise que présentait celui
du monastère. Vers le milieu du siècle passé, la maison de la Couronne était con-
nue sous le nom dliôtel de Luynes.
La maison de la Couronne a longtemps été la seule qui existât du côté méri-
dional de la rue du Colombier, et, au delà, on ne voyait plus que le fossé de
l'abbaye, déjà presque entièrement comblé en i5i8(''. L'an i585, le cardinal de
Bourbon en céda la propriété à ses moines, en leur interdisant de le bailler à bâtir,
mai^ en leur laissant la faculté de le clore d'un mur, ce qu'ils firent jusqu'au
droit de la tour du Colombier; c'est à cette occasion que fut pris l'alignement du
h octobre 1 585 '"•''. A cette même époque, on creusa de nouveau une partie du
fossé, longue, dit D. Bouillard, de trente-trois toises trois pieds et demi, et, après
l'avoir revêtue de maçonnerie, on la transforma en un vivier ''. L'emplacement de
ce vivier a été depuis absorbé par le grand jardin du monastère , et n'a laissé aucune
trace pouvant aidera vérifier l'exactitude des dimensions que lui attribue D. Bouil'
lard. Il est certain, au surplus, que le vivier formait l'encoignure de la rue Saint-
Benoit, et que, à l'époque où il fut détruit, on comprenait, sous le nom de le
Vivier, les deux tiers environ du fossé de la rue Saint-Benoît. Les maisons placées
entre celle de la Couronne et le jardin du couvent ont été construites à partir de
1660. Un des baux porte la date du 5 juillet 1661.
Au côté méridional de la rue du Colombier se rattache le souvenir de la
Chapelle SaINT-Marti>-LE-VieIX, ou Saint-MarTIN-DES-OrgES. Elle appar-
tenait à l'Université et était située « sur sa terre , -n c'est-à-dire sur le Pré-aux-Clercs,
En 1278, elle fut rebâtie, ou du moins restaurée, ce qui prouve qu'elle était déjà
ancienne, et les moines de l'abbaye furent alors condamnés à y entretenir un cha-
pelain. Elle n'en possédait point antérieurement : le service religieux ne s'y faisait
que par occasion et d'une façon accidentelle. Elle est énoncée simplement Capella
Sancli Martini dans l'épitaphe de l'abbé Simon, mort en 126^; puis : Velus rapella
'•' ffCar sont encore, de présent, les vestiges main-<les-Préi , p. i84) que, vers i543, les moines
«rdesdicts fessez apparens;* c'est ce qu"on lit dans firent aussi creuser le fossé du côté du l'ré-aux-
les plaidoiries du procès qui eut lieu alors entre Clercs, afin que l'eau, y venant avec plus d'abon-
l'abbaye et l'Université. dance, formât une espèce de vivier. Cette assertion
" D'après l'inventaire de l'abbaye. l'Université est fondée sur un article de l'inventaire des titres;
aurait consenti, dàs i584, à la clôture des fossés toutefois, comme en i543 la Noue, ou Petite-Seine,
du monastère. était comblée en partie, on ne voit pas comment ce
''' D. liouillart dit {llixt. de l'abbaye Saint'Ger- vivier devait être alimenté d'eau.
64 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Sancli Martini infra muros abbatie en 1978, Capella vêtus Beau Martini juxta eccle-
siam nostram en laSB, Capella vêtus Sancli Martini juxta muros abbatie en 1286,
et enfin Capella Sancti Martini de Ordeis en 1817, i368 et 1869. On la jeta bas
en i368, et la chapelienie qui y avait été fondée fut transférée dans l'église de
l'abbaye, où on lui donnait quelquefois le nom de chapelienie des Bienfaiteurs.
Puisque la chapelle Saint-Martin-des-Orges disparut pour faire place aux fossés
du monastère, il y a tout lieu de croire que l'édifice était très-voisin des mu-
railles du couvent, dont un chemin seulement la séparait. D. Bouillard assure
qu'elle s'élevait vers l'angle du grand jardin, proche du Pré-aux-Clercs, c'est-à-dire
au lieu qu'occupe maintenant la maison sise rue Jacob, entre les rues Saint-Benoît
et Bonaparte. Cette indication doit être exacte. En effet, c'est au nord du monas-
tère que se trouvait certainement la chapelle, puisqu'il est parlé, dans une charte
de 1817, d'un terrain s'étendant entre ce petit édifice et les jardins de Nesles :
ff Platée site inter capellam Sancti Martini de Ordeis et muros jardini de Nigelia;7)
et, d'un autre côté, dans une transaction de 1289, citée par Du Boullay, une
place qui y était contiguë, et oii l'on voulait bâlir une maison pour le chapelain,
est dite tenir de deux côtés à des voies publiques : trQuadam platea sita apud
(rSanctum Germanum de Pratis, prope Parisius, contigua, ex una parte, sive ex
ffuno latere, capelle Sancti Martini Veteris de Sancto Germano, et, ex alia parte,
adomui dicti magistri (Pétri de Ancelira) : et, ex tertio latere, est via pu-
trblica; ex quarto vero latere, est via publica, et prope muros abbatie dicti Sancti
fc Germani '''.
Sur une partie de l'emplacement occupé par la chapelle Saint-Martin-des-
Orges, à l'angle que formait en cet endroit le mur de clôture de l'abbaye, c'est-
à-dire à la jonction des rues du Colombier et Saint-Benoît, on construisit, dans
le premier quart du xvu'' siècle, un pavillon de garde, ou de jardinage, qui a sub-
sisté jusqu'à nos jours. Une petite tourelle quadrangulaire, à consoles sculptées,
y était accolée dans les mômes conditions que celle de l'hôtel Lamoignon, qu'elle
surpassait en élégance, comme le prouve la planche ci-jointe. Cette échauguetle ,
qui rappelait celles des rues Hautefeuille et des Francs-Bourgeois, de la place de
Grève et de la Maison de Ville, a disparu vers i85o'^l
''' Du Boullay, Historia Untversitatts , voi. III,
p. /igo. Un terrain en forme de T, placé à l'angle
des deux chemins représentés par les rues Jacob et
Saint-Benoît, satisferait aux conditions énoncées
dans la charte de 1817 et dans la transaction
de 1280.
<*' Feu Berty , on le sait , avait adopté , pour point
extrême de son travail de restitution, l'année 1610,
date de la mort de Henri IV. Il lui semblait qu elle
marque à Paris le terme du moyen âge, ainsi que
de la Renaissance, et que la topographie parisienne
des deux derniers siècles, d'ailleurs beaucoup plus
facile à retracer, appartient au Paris contemporain.
Cette opinion nous a paru trop absolue : partout
où nous avons jugé utile de franchir la date de i 6 1 o,
nous l'avons fait sans scrupule, ajoutant, comme
nous le faisons ici, un paragraphe au texte et une
gravure à la série des planches. — l. m. t.
TOPOGRAPHIE H1ST0R1Q.VE DV VIRVX PARIS
A CiiillAumot del et «c
LE PAVILLON D'ANGLE DES RVES SAINT BENOIT ET DV COLOMBIER
DANS LENCLOS DE LABBAYE SAINT GERMAIN DES PRÉS
d Aprrs un Desdn ori6inal
> RUE DU COLOMBIER. 65
COTE SEPTENTRIONAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE DE L'ABBAYE SAIIST-GERMALVDES-PRÉS,
CENSIVE DE L'UMVEHSITÉ.
(Pelit-Pré-aux-Clercs.)
Gba>de maison sans désignation, faisant le coin oriental de la rue Bonaparte
et aboutissant rue des Marais. Elle occupe la moitié d'un terrain de cinquante-
neuf perches de superficie, qui était encore vague lorsque, le 21 février i565,
l'Université le bailla à Alexandre Papin, écuyer et seigneur deBeaulieu, moyen-
nant deux sous parisis de cens, douze livres de rente, et à charge de bâtir avant
cinq ans. Mais cette dernière clause ne fut point observée par le preneur, qui se
défit de sa propriété, le 5 février i586, au profit du maçon Christophe Mercier,
ou Le Mercier, demeurant «au logis de Neesie. n Le Mercier divisa son lot en deux
parcelles, et céda celle du coin, le 11 novembre i586, à Baptiste Androuet du
Cerceau, architecte du roi et fils de Jacques Androuet du Cerceau, l'auteur du
livre «des plus excellens baslimens de France. n Dès l'année suivante, une maison,
p bastie avec grand artifice et plaisir, d s'élevait sur le terrain do Baptiste Androuet,
qui avait sans doute déployé tout son talent dans la construction de sa nouvelle
demeure. Toutefois il ne put en jouir bien longtemps; car, au mois de décembre,
aimant mieux, dit Lestoile, ff quitter. . . ses biens que de retourner à la messe, ii il
fut obligé de s'éloigner et d'abandonner sa maison , n qui fust toute ruinée sur lui. y
Nous avons établi que Baptiste Androuet, à la suite de cet événement, ne quitta
point la France, comme on l'a longtemps cru, et qu'il resta même au service
de Henri lll^''; mais nous ne saurions dire si, avant la reddition de Paris en
169^, il revint habiter sa maison, qui dut être une fois de plus saccagée pen-
dant le siège de la Ville. Le 23 mars 1602, Marie Raguidier, veuve de Baptiste
Androuet et tutrice de leurs enfants, vendit la maison à son beau-frère Jacques
Androuet du Cerceau, architecte et contrôleur des bâtiments de la Couronne.
Après la mort de celui-ci, qui fut enterré le 17 septembre iGiii, sa femme,
Marie de Malaper, continua à habiter la maison , et elle la laissa eu héritage à
leur fille Marie Androuet, laquelle épousa Élie Bedée, propriétaire de la maison
voisine**).
Maison sans désignation, aboutissant rue des Marais, et élevée sur la seconde
parcelle du lot de Le Mercier, parcelle qu'Antoine Delaistre, veuve de ce dernier,
'"' Conf. la notice sur cet architecle dans la Topographie historique du Vieux Paris (Région du Louvre
et des Tuileries, t. I", p. «73. — '" Arcli. nat. cart. S 6188.
6fi TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
vendit, le 1 1 juiHel 1602, à Jean Bedée, sieur de la Gourmandière, avocat au
Parlement. Jean Bedée y fit bâtir une maison qu'il transmit à ses deux fils David
et Élie''*, et qui fut acquise, le 29 février 1669, par Alexandre-Simon Bolé, sei-
gneur de Champlay.
Maison sans désignation, aboutissant rue des Marais, et construite sur un ter-
rain dit de trois cents toises, accensé par Pierre Leclercà Jean Courjon, bourgeois
de Paris, le 7 mars i566. Cette maison, qui présentait onze toises de façade sur
la rue du Colombier, neuf toises sur la rue des Marais, et plus de trois cents toises
de superficie totale, appartenait, en lô^iy, à Jean Beddon, par la fille duquel elle
fut vendue, le 2 août i582, à François Coignet, sieur de Pontchartrain. Ce der-
nier la revendit, le 12 novembre suivant, à Jean Honoré, écuyer, sieur de Bagis.
Dans l'acte de vente, la maison est énoncée a joignant la barre du Pré aux Clercs. . .
rtet faisant l'un des coings dudict Prén (le terrain de Papin n'était point bâti).
Vers le milieu du xvn" siècle, Marie Thibalier, descendante de Jean Honoré, la
fit abattre et rebâtir en deux propriétés distinctes, l'une sur la rue du Colombier
et l'autre sur la rue des Marais. Au commencement du xvni* siècle, la partie don-
nant sur la rue des Marais formait une propriété à part, nommée l'iiôtel de
Rannes et possédée par Louis d'Argouges, marquis de Bannes.
Maison sans désignation, aboutissant rue des Marais, et élevée sur la parcelle
dont Pierre Leclerc se réserva la possession lorsque, le 3i octobre i552, il ré-
trocéda le Petit- Pré-aux-Clers à l'Université. Les Iiéritiers de P. Leclerc abandon-
nèrent cet emplacement, oii il existait un jardin, au cardinal de Givry'"^', qui, le
9 avril i6o/i, le vendit à Guillaume Lusson, docteur en médecine. De la famille
Lusson, la maison passa à la famille des conseillers Loiseau, en i658. Vers le-
même temps, elle formait deux propriétés, dont l'une faisait bâche derrière l'autre.
Maison sans désignation, élevée sur une place, dite de cent soixante-huit toises
et n'en renfermant réellement que cent cinquante-six, baillée, le 18 juin i5/i5.
par P. Leclerc à Jean Dupont, sergent à verge. Le 6 mai iSày, cette place ayant
été mesurée, on trouva qu'elle avait, hors œuvre, six toises moins dix pouces de
largeur sur la rue du Colombier, vingt-quatre toises de profondeur par son milieu,
et sept toises dix pouces de largeur à son extrémité septentrionale, qui demeurait
ouverte et donnait sur ffung heurt descendant en bas à ung lieu:5 que l'on disait
ff estre en différent entre ledict Leclerc et M* Pierre Boullant. n Le terrain fut
vendu, le i3 mai 1882, par les héritiers Dupont au procureur Guillaume Guyon;
et une maison que celui-ci paraît y avoir construite fut aliénée par sa veuve, le
17 mai i6o5, au profit d'Etienne Tricot. Suivant Pourchot, le 10 juin 1619, les
filles de Guyon vendirent à Jean Boyer les deux tiers d'une autre maison élevée
'"' Elie Bedée , «/ws Beda , sieur des Fougerais, <"' Anne de Peyrussed'Escars, cardinal de Givry,
reçu docteur en médecine l'an 1621, et praticien né le ag mars i546, mort le 19 avril 161a, à
fort connu de son temps. l'Age de soixanle-sepl ans.
> RUE DU COLOMBIER. 67
sur le terrain de Dupont; mais nous croirions plutôt que cette seconde maison
occupait une partie du lot de Leclerc, qui aurait été annexé à celui de Dupont.
Quoi qu'il en soit, les deux maisons, réunies en une seule, dépendaient, au
xvm" siècle, de la grande propriété contiguë et précédemment énoncée.
Maison sans désignation, élevée sur un terrain de cent cinquante-huit toises,
baillé par P. Leclerc, le 18 juin i565, à Robert Sourdeau, praticien, qui, le
37 janvier ibli-j, l'échangea avec Henry Millet [alias Jean Mallet). Jean [alias
André), frère de celui-ci, vendit, le 20 décembre iSBg, la maison bâtie sur ce
terrain à Ambroise Aray, procureur, aux héritiers duquel elle appartint ensuite
pendant longtemps. A la fin du xvn* siècle, elle était divisée en deux, après l'avoir
été en trois. Aujourd'hui, elle forme hache, après avoir été agrandie, dans sa
partie postérieure, aux dépens du manège Boulanger de Viarmes, qui constituait
son aboutissant en 1662.
Maison sans désignation, construite sur un terrain large de six toises du côté
de la rue du Colombier, de sept toises et demie à son autre extrémité, et contenant
cent cinquante-deux toises de superficie. Ce terrain fut baillé, le 18 juin i565, à
Nicolas Baujoan, maître brodeur, par lequel vingt-quatre toises et demie furent
cédées au procureur Gabriel Montaigne, pour l'accroissement d'une maison dont
l'entrée était en la rue de Seine. Le lot de Baujoan appartenait, en i568, à Am-
broise Amy, et la maison qui y fut bâtie paraît être celle que le nommé Régnier
vendit au procureur Etienne Bonnelz le li août 1607, et que celui-ci, le 7 oc-
tobre 1629, donna à sa fille, à l'occasion de son mariage avec Pierre Calluze.
Deux maisoss sans désignation, élevées sur un terrain de cent quarante-six
toises, baillé, le 5 janvier 1 bhà , par P. Leclerc à Husson Frérot, doreur sur fer.
ffM. René Reignier, dit Pourchot, ayant acquis les droits dudit Frérot, fit bastir
«deux maisons sur ladite place, et, après sa mort, sa veuve Marguerite Lespicier
«rayant fait .saisir réellement ladite maison sur M. Pageot, tuteurdesenfans mineurs
p dudit défunt Reignier et d'elle, par sentence... du 3i mai 1628, elle fut adjugée
rà M. Athanase Amy, avocat, n
Maison sans désignation, élevée sur un terrain de cent quarante-deux toises,
baillé, le 5 janvier i5/i6, par P. Leclerc à Guillaume Maillard, libraire et doreur
de livres, auquel, en i565, était substitué Jean Bonainy, aussi libraire. Cette
maison, dite en i553 située a devant le colombier de l'Abbaye, ti aboutit aujour-
d'hui à la suivante, qui fait hache derrière et a été agrandie à ses dépens; néan-
moins, en rétablissant la partie supprimée, on est encore loin de trouver la surface
de cent quarante-deux toi.ses, énoncée dans l'accensenient.
Maison sans désignation, bâtie par Marin Duhaval [alias Duhamel), prêtre de
Saint- André-des-Arls, sur un lot de terrain acquis par lui, le 22 août i565, du
brodeur Richard Carré, et faisant partie d'une pièce de cent trente-huit toises
baillée par P. Leclerc à Carré, le 5 janvier ibkh. La maison de Duhaval fut
9-
68 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
vendue par ses héritiers à messire Jean de Feu, conseiller au Parlement, et l'un
de ceux que les Seize proscrivirent au mois d'avril iBgi.
Maison sans désignation, élevée sur un lot de soixante-quatre toises, partie de
celui qui fut accensé à Carré, en i5i4. Ce lot de soixante-quatre toises fut vendu
par Carré, le 28 août i556, à Adam Godard, marchand au Palais, qui y fit
bâtir une maison, et ia céda, le 29 janvier i556, à François Desprez, acommis
«à relier les livres de la Chambre des comptes, n Catherine Longis, veuve de ce
dernier, s'étant remariée en secondes noces au chirurgien Christophe Godin, les
enfants nés de ce mariage échangèrent la maison, le 2.3 juillet i597, avec le pro-
cureur Jean Petit, par la fille duquel elle fut vendue au procureur Michel Pous-
teau, le 8 juillet 162^. Il y avait, par derrière, un petit emplacement de cinq
toises carrées, qui formait une encoignure du Pré et qui fut cédé, le 2 novembre
i543, à Louis Lemaignan, pour l'accroissement de sa maison de la rue de Seine.
La maison bâtie par Adam Godard, rue du Colombier, et située à 3h"',']o du coin
de la rue de l'Echaudé, était la première du Petit-Pré-aux-Clercs.
Le Petit-Pré- AUX-CleRGS. En i368, lorsque, pour creuser ses fossés,
l'abbaye eut besoin d'une certaine quantité de terrain appartenant à l'Université,
elle lui abandonna, entre autres choses, à titre d'indemnité, une pièce de terre
qu'on disait contenir deux arpents et demi. Cette pièce de terre est celle qui a été
nommée depuis le Petit-Pré-aux-Clercs. Elle renfermait, en réalité, près de trois
arpens et trois quartiers, et l'on ne voit pas néanmoins qu'il y ait jamais eu de
contestation importante sur sa contenance. Ses limites étaient, au midi, le chemin
sur les fossés, ou rue du Colombier, à l'ouest, le chemin de la Noue (rue Bona-
parte), au nord, une ligne longue d'environ cinquante toises, parallèle à la rue des
Marais et commençant à 27 mètres au delà du coin de cette rue. Vers l'orient, le
Petit-Pré-aux-Clercs présentait un grand angle rentrant, dont le tracé précis ne
nous laisse aucune incertitude, bien qu'il ne se rencontre nulle part'''.
L'an 1539, le Petit-Pré-aux-Clercs , exposé à de continuelles usurpations, de-
venu un réceptacle d'immondices et souvent inondé au temps des hautes eaux,
ne produisait plus rien à l'Université. Il lui était, au contraire, onéreux par les
dépenses que coûtait périodiquement l'entretien des fossés dont il était entouré.
L'Université résolut en conséquence de l'aliéner. La proposition en fut faite le
3i mars, et la question, soulevée déjà six ans auparavant, ayant été agitée dans
des assemblées des 5, 6 et 2 1 juin, on convint d'annoncer, par des affiches, que le
Pré serait baillé aux enchères. Plusieurs acheteurs se présentèrent immédiatement;
mais l'accensenient ne fut décidé que le 29 mai i5/io, et il s'effectua le 2 juin
suivant, au profit de Pierre Leclerc, vice-gérant du conservateur des privilèges
*'' On le trouve cependant sur le plan levé en i5i8, plan que reproduit l'atlas de 1758 (Arch. nat.
allas n" 39). — th. v.
> RUE DU COLOMBIER. 69
apostoliques, dont la redevance fut fixée à deux sousparisis de cens et à dix-huit
livres de rente annuelle. Ce chiffre était le résultat d'une première enchère du
prêtre Claude Barbier, qui, le jour de l'adjudication, en offrit une seconde dont
on ne tint pas compte.
Barbier, mécontent de ce procédé, intenta à Leclerc, devant le Parlement, un
procès qui fut terminé, en août 1 5^9 , par un arrêt donnant gain de cause à Le-
clerc et à l'Université. Leclerc eut pareillement maille à partir avec l'abbé de Saint-
Germain, et, la minute du contrat de i54o ayant été égarée, le 3i mars i5/t3
on en passa un nouveau , que Leclerc fit homologuer le k octobre par les vicaires
de l'évêque de Paris. Le jour môme il commença la vente du terrain, divisé en
parcelles. Nous venons d'indiquer la plupart des transactions relatives à cette vente,
y compris la dernière, qui est du y-iS mai i566.
Le traité avec Pierre Leclerc n'avait point été conclu sans soulever de l'oppo-
sition au sein de l'Université. Les écoliere regrettèrent cet amoindrissement de
leur fief, et prétendirent qu'il constituait une spéculation imaginée dans l'intérêt
de certains de leurs suppôts. Les plaintes prirent bientôt un tel caractère de viva-
cité, que les chefs de l'Université, entraînés, demandèrent au Parlement la cassa-
tion du traité, et, ce qui était fort injuste, la démolition des maisons construites
en vertu des baux passés par Leclerc. Celui-ci fut amené, le 17 avril 16/19. à
résilier tous ses droits, dont il proclama derechef l'abandon le 3i octobre i552,
mais à la condition qu'il demeurerait possesseur d'un lot et que les maisons ré-
cemment élevées seraient laissées intactes. L'Université recouvra ainsi la propriété
du Pelit-Pré-aux-Clercs. En 1 55q , il était entièrement couvert d'édifices et de jar-
dins, à l'exception de cette pièce de cinquante-neuf perches qui était en bordure
sur le chemin de la Noue et ne fut accensée qu'en 1 565 '*'.
CONTINUATION
DE LA RUE DU COLOMBIER
DU CÔTÉ SEPTENTRIONAL.
CENSIVE DE L'ABBAYE SAINT-GERMAIJi-DES-PRÉS.
Quatre maisons sans désignation (lôgô), dont la dernière faisait le coin occi-
'"' Les titres relatifs aux propriétés da Petit-Pré- moire touchant la seigneurie du Pré-aux- Clercs,
aux-Clercs se trouvent aux Arcliives nationales, car- appartenante à l'Université de Pari», pour servir
ton S 61 88, et ils ont été résumés dans l'opuscule d'instruction à ceux qui doivent entrer dans les charges
anonyme publié, en lôgi, sous le titre de A/e- de l'Université , in-4"; Paris. Cet opuscule, réceni-
70 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
dental de la rue de l'Echaudé, et qui furent élevées sur un terrain d'environ
trente et une perches, baillé à bâtir, le 17 février 1 5 Ai, au libraire Jean Longis.
Les deux dernières de ces maisons en formaient trois vers 1 680 et n'en constituent
plus qu'une aujourd'hui.
RUE DU VIEUX-COLOMBIER.
La rue du Vieux-Colombier commençait autrefois à la rue du Petit-Bourbon
(partie occidentale de la rue Saint-Sulpice), et finissait, comme aujourd'hui, au
carrefour de la Croix-Rouge. Elle a maintenant son point de départ à l'ouest de
la place Saint-Sulpice.
Le nom de cette rue provient d'un colombier qui appartenait probablement
aux moines de l'abbaye, lesquels, d'ailleurs, ne semblent pas avoir monopolisé le
droit d'en posséder dans leur fief. Le censier de i355 mentionne la k masure du
ff Colombier, Ti que nous croyons avoir été voisine du carrefour. On l'appelait en-
core en 1567 : ffle lieu appelle le Coulombieret carrefour du Jeu de boulie.^ Le
rôle de la taille de 1292 renferme un article consacré aux contribuables de la
trrue du Colombier; 75 elle est souvent indiquée par la formule trau Colombier, n
et n'a commencé à être dite rue du Vieux-Colombier qu'au xvii* siècle, quand l'exis-
tence d'une voie homonyme, devenue importante, a suggéré l'idée d'établir une
distinction entre les deux.
Par suite de la proximité du territoire de Casse!, la rue du Vieux-Colombier
a été parfois appelée «rue ou chemin deCasselu (i4i i).Dans un contrat de i/i53,-
on la voit nommée cr rue de Cassel , dite du Colombier ; ■» dans d'autres pièces , c ruelle
tr par où l'en va par devant l'ostel de Cassel, en alant du chemin de Vaugirart (rue
ffdu Cherche-Midi) devers Saint SouppliceT) (i388); victis per (juevi ilur ad Sanctum
Sulpitium (1279), et, si nous ne nous trompons, via per qtiam ilur de Sancio Sul-
picio apud Vallem-Viridem '^^^ (1267). La rue a porté également les dénominations
suivantes : tr chemin qui va à Saint Supplice ti (1^09); cGrant rue Sainct Sulpicen
(1609, i524); ce rue Sainct Sulpicen (i52i); arue qui vient de Sainct Supplice
cfà la TuillerieT (i/j53); trrue du Puysn (i36o) ou «du Puys de Mauconseilu
(i5o6, i5ii); (true de la Maladerien (1/116); ccrue qui tend de la Maladerie à
tr Sainct Sulpiccn (1622). Mais la dernière de ces désignations s'appliquait seule-
ment réimprimé dans les Variétés historiques de Midi et du Regard , ainsi qu"avec la rue du Pol-de-
M. Éd. Fournier, est l'œuvre d'Edme Pourcliot, Fer, elle conduisait effectivement de Saint-Sulpice
recteur de l'Université. Dans ce travail, d'ailleurs à Vauvert. D'ailleurs, le terrain énoncé, dans la
fort intéressant, se sont glissées plusieurs erreurs charte de 1S67, comme attenant à la voie menant
que la comparaison avec les documents originaux de Saint-Sulpice à Vauvert, est celui qu'on appela
nous a permis de rectifier. plus tard le clos Pérou, et qui faisait le coin de la
'■' Communiquant avec les rues du Cherche- rue du Vieux-Colombier.
> RUE DU VIEUX COLOMBIER. 71
ment au tronçon oriental de la rue, lequel est, en outre, énoncé me des Champs
dans certains titres des années iSog, iSao et i52/i, qui sont tous relatifs à
la maison du seigneur de Villacoublay.
Ce manoir, qui faisait le coin des rues du Vieux-Colombier et des Canettes, est
décrit comme ayant sa façade sur la rue Saint-Sulpice (des Canettes) et son flanc
sur la rue (les Champs. Il ne faut donc pas admettre, avec Jaillot, que la rue du
Gindre représente la rue des Champs. Cette dernière rue avait été ainsi dénommée
parce que, pendant bien longtemps, il n'y eut guère au delà, dans la direction du
midi, que des terres en culture, sans groupes de maisons.
Le puits de Mauconseil, que l'on nommait aussi tr puits de l'église Saint Sul-
«picei) (1673), était situé en face de la rue des Canettes; il existait encore au
milieu du xvi* siècle, et on le trouve déjà mentionné dans le rôle de la taille
de 1296.
CÔTÉ MÉRIDIONAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CEXSIVE DE L'ABBAYE.
Maison sans désignation (iSai), faisant le coin occidental de la rue Férou. Le Eiiuv
terrain qu'elle occupait, avec la suivante, dépendait du clos Férou, et était en ^i ,1,, p,'[i-,ip-Fe'r.
nature de jardin. Dans une transaction de i525 relative à ce clos, elle est dite
(rde présent appellée la ntaison Todisséc-n Vers i539, elle était possédée par
Guillaume Audrant, protonotaire du Saint-Siège. En iSgS, elle est mentioiniée
comme appartenant aux «r hoirs Estienne Faron (sic), nommez messieurs les
«Boullardz. T Elle était, en 1628, la propriété de Robert Fusée, sieur d'Assy,
qui, le 9 septembre i655, la vendit à Michel Le Boutiller, dit La Plante, mar-
chand de vin à l'enseigne de la Nouvelle Plante. Elle fut acquise, le v.3 janvier
lylio, par la fabrique de Saint-Sulpice, et son emplacement a servi à l'agran-
dissement de l'église.
Maison sans désignation en iSai, puis de riMAGE-SAiM-PiERnE-Au-PAViLLo.N
(1695), qui appartint également à Etienne Férou. Vers 1628, elle était divisée
en deux parties, dont la première a eu pour enseigne les Trois-Jusles (1687), et
fut vendue, le 28 aoîit 1726, à la fabrique Saint-Sulpice. La seconde maison a
eu pour enseigne les Trois-Pomom (1628-1 643), puis le Pied-de-Biche (i683-
1750), et a été cédée aux marguilliers de Saint-Sulpice, le 9 décembre i7'-<7.
Deux maisons sans désignation, dans l'une desquelles était une étable à pour-
ceaux, vers i523. Judas Beaufils, r sieur de Rinarenne,7» après les avoir rebâties.
72 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
en fit don à Daniel, seigneur de Cernay, et celui-ci, le 3o avril 15^7, les vendit
à Gilles Bourdin, avocat, puis procureur général au Parlement. Elles sont dites
être, l'une petite et l'autre grande, dans l'acte du 12 octobre i663, par lequel
Gilles Bourdin, s"" de Genouilly, les donna en échange à Biaise Méliaud, s"" d'Es-
gligny et président aux Enquêtes du Parlement. Elles furent acquises pour la fon-
dation du grand séminaire Saint-Sulpice, le 27 mai i645. Nous ne savons rien de
positif sur leur profondeur; mais il est fort probable qu'elles s'étendaient jusqu'au
terrain où s'éleva, dans la suite, le petit séminaire.
Grande maison sans désignation, faisant le coin oriental de la rue du Pot-de-Fer
et aboutissante la rue de Vaugirard, après avoir d'abord abouti à la maison pré-
cédente. Elle fut bâtie, vers la fin du xv° siècle, par le boulanger Henry du
Verger, et fut donnée, le 3 juillet i5i5, par sa veuve Marguerite à leur fils
Jean du Verger, qui exerçait le même métier que son père. Honoré Chevalier la
posséda ensuite du chef de sa femme, fille de Jean du Verger. Elle était alors fort
délabrée, et le nouvel héritier la morcela de telle sorte qu'elle forma, le long de
la rue du Pot-de-Fer, plusieurs propriétés, dont nous n'avons jamais trouvé le
détail- La partie qui faisait front sur la rue du Vieux-Colombier constituait, en
1628, trois maisons distinctes, dont deux furent achetées par le séminaire Saint-
Sulpice, le i5 septembre i655. La troisième, celle du coin, large de quatre
toises et demie, fut acquise par le séminaire, le 18 septembre 1728; mais elle
n'y fut point absorbée comme les autres, et elle a subsisté jusqu'à la destruction de
l'établissement.
Entre Maison sans désiguation (i523), faisant le coin occidental de la rue du Pot-de-
etdiiGindre. Fcr. Le terrain de cette maison paraît avoir encore été en culture vers le com-
mencement du XVI* siècle.
Maison sans désignation, qui, en i523, dépendait de la précédente. Toutes
deux occupaient une superficie d'environ un demi-arpent, et, après avoir appar-
tenu à Pierre de Bresme et à Millet Perrot, elles furent possédées par les hoirs de
ce dernier, ainsi que la maison suivante.
Maison sans désignation (iBaS), faisant le coin oriental de la rue du Gindre,
et attenante auparavant à des terres en culture. Antérieurement à iSgB, elle
avait déjà subi deux morcellements dans le sens de sa profondeur; ce qui en
subsistait, sur la rue du Vieux-Colombier, était divisé en deux parties dès 1628.
Entre Maison saus désignation (i586), faisant le coin occidental de la rue du Gindre.
et Cassette. .Elle fut dounéc à l'église Saint-Sulpice par Jean Lemaire, dont le testament est
daté du 5 octobre 1617. Le terrain occupé par cette maison et par celles qui
suivent, jusqu'à la rue Cassette, était encore cultivé vers 1 Sag. La pièce de cinq
quartiers, qui avait existé en cet endroit, était déjà couverte de maisons en 1 ôôg.
> RUE DU VIEUX COLOMBIER. 73
Maisons qui sont dites, en iBgô, appartenir aux héritiers de Jean Martin,
voyer de l'abbaye Saint-Germain, et qui, en 1628, étaient au nombre de quatre.
La deuxième a eu pour enseigne le Compas-Couronné (16/11), puis le Barillet
{i663). Elle fut donnée, le i5 septembre i663, par la dame Rousseau aux
Filles de l'Instruction chrétienne. Elle avait été bâtie sur une place contenant
quatorze pieds et demi de largeur dans œuvre, par devant, sur quatorze toises
deux pieds de profondeur, place cédée, le 16 décembre 1679, par Marin Loret
à Fourcy Lefèvre, et provenant d'un morcellement de la maison de Loret, la-
quelle constituait la première des quatre. La troisième maison a eu pour enseigne
la Croix-Verte (1698-1687). Elle est aussi mentionnée en 1679, mais nous ne
savons si elle était alors distincte de la quatrième. Avec celle-ci et la deuxième,
elle a été absorbée dans l'établissement des Orphelins de la paroisse Saint-
Sulpice.
Deix maisons sans désignation (1596).
Maisos sans désignation en 1696, puis trou Mïlioîi d'OBt (1628-1687), faisa'il
le coin oriental de la rue Cassette.
Maison sans désignation en i5a3, puis roE la Pïeti (1695-1628), faisant le
coin occidental de la rue Cassette. Dans la première moitié du xyi*" siècle, elle
renfermait les deux suivantes :
Maison sans désignation en 1695.
Maison dl" (t Porte-Enseigne d (iSgô).
Maison de la Toor (1695) ou Tour-d'Abgent (1628).
Tuilerie, puis clos Chéradame, faisant le coin oriental de la rue du Cherche-
Midi. La tuilerie située sur ce point existait déjà en 1 /i 1 6 , et il y avait alors à
l'encoignure de ia rue du Cherche-Midi (r une haulte maison, -n Au commencement
du XVI* siècle, elle s'appelait la Vieille-Tuilerie ou la Tuilerie-Bailly, du nom d'un
de ses propriétaires, mort avant 1622, et elle contenait environ un arpent, plus
cinquante perches situées derrière. Le lieu appartint ensuite à (rscientiflicqueper-
«r sonne M' Jehan Chéradame, professeur des trois langues, c'est assavoir : grec,
(rhébraïcque et latin"'. ^^ Le censier de i536 consacre un article à ce personnage,
à cause de sa maison, (r qu'il a de nouvel fait bastir, avec galleries, estuddes,
f cour, caves et jardin, dedans lequel jardin il a, ceste année, fait bastir, sur ung
ff petit mont environné de arbres, une petite maison pour servir à se aler recréer
fraux escolliers;T5 le tout cr anciennement appelle la Vieille-Tuilerie et de présent le
<t Collège de l'Academye Chéradame. v D'après le censier de ib^b, le clos Chéra-
dame, considérablement augmenté puisqu'il renfermait alors quatre arpents, était
''' Jean Chéradame, savant français, originaire des dictionnaires et des grammaires. Il tenait évi-
d'Argentan, vivait au commencement du \vi' siècle. demment, dans sa maison de la rue du Vieux-Co-
II fut un des premiers professeurs de grec au collège lombier, une sorte de pédagogie d'enseignement
Royal. On lui doit plusieurs ouvrages, notamment supérieur. — l. h. t.
74 TOPOGRAPHIE HISTORIOUE DU VIEUX PARIS.
possédé par un nommé Bouchardeau, qui y avait construit plusieurs maisons. En
1628, ces maisons, sur la rue du Vieux-Colombier, étaient au nombre de deux,
et celle du coin avait pour enseigne la Cvoix-Blariche. A la même époque, d'autres
maisons, le long de la rue du Cherche-Midi, couvraient l'emplacement du clos,
dont les limites vers le midi sont toujours confuses par suite des fausses énon-
ciations des titres, et sur la transformation duquel les documents font défaut.
CÔTÉ SEPTENTRIONAL.
PAROISSE SAINT-SLLPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Entre le carrefour TuiLERiE , puis MAISON DES Quathe-Vents (iBgô), faisant le coin du carrcfour de
de
et l'ancienne rue
Beiiriière.
la Croix-Rouge ï» Croix-Rouge. (Voir Rue du Four. )
Partie postérieure de la Maison de l'Image-Notre-Dame, située rue du Four.
C'était une propriété distincte, dès le commencement du xvn^ siècle, et Adrien
Drappier, qui l'acheta de Jean Cabry, le 16 juin i6o3, la donna, le 12 mars
1626, à l'hôpital des Petites-Maisons. Elle a été rebâtie ensuite en deux, puis en
quatre maisons.
Partie postérieure des maisons de la Vieille-Fontaine et de la Fontaine, ayant
leur principale entrée rue du Four.
Maison sans désignation en i523, puis du Gril-Fleuri (1628) , faisant le coin-
occidental de la rue Beurrière. Ainsi que les deux précédentes, elle fut élevée sur
la place vendue, en i5i 1, à Vaucombert; nous en avons parlé à l'article de la rue
Beurrière.
Partie postérieure de la maison de la Corne-de-Cerf, faisant le coin oriental de
la rue Beurrière. Elle était tout à fait distincte de cette maison, à la fin du
xvi'= siècle, et bientôt après elle a formé deux ou trois propriétés différentes, dont
l'agencement est devenu méconnaissable par suite des modifications radicales qui
furent apportées dans la disposition du lotissement, à l'occasion du percement de
la rue Guillemin.
Maison sans désignation (iSgB), oïl fut établi, en iG5i, le couvent des Filles
de la Miséricorde. Les titres de cette communauté ne remontant pas au delà de
i63o, il est impossible de constater si la maison qu'elle occupait représente,
comme cela est vraisemblable, certaine propriété d'environ trois quartiers de su-
perficie, laquelle était, vers i523, intermédiaire entre la maison du coin de la
rue Beurrière et la maison du coin de la rue des Canettes.
Maisons sans désignation (i BgS), contiguës à celles du coin occidental de la rue
RUE DE L'ANCIENNE COMEDIE. 75
des Canettes. Ces maisons, probablement au nombre de deux, ont été abattues
pour l'agrandissement de l'Académie de Vaudreuil, et il ne reste plus de trace
appréciable de leurs limites du côté de l'orient. Du temps de François 1", il y avait
sur le même emplacement une grange enclavée dans la grande maison faisant le
coin de la rue des Canettes.
— »»■
RUE DE L'ANCIENNE-COMEDIE.
La rue de l'Ancienne-Comédie commence à la rue de Bussy et finit à la rue
des Boucheries (de l'Ecole-de-Médecine).
Ancien chemin ménagé le long des fossés de la ville, cette rue s'est appelée
(rla Fue Neufve du fossé 'i au commencemeut du xvii'' siècle, et, depuis, la rue des
Fossés-Saint-Gemiain; mais elle n'avait d'abord aucun nom particulier, et on la
désignait par les appellations suivantes : «sur les fossez,T) n chemin par lequel
rl'on va sur les fossez de ladite villes (i5o3), et w chemin allant à la rivière de
cfSeyne et au Pré aux Clercs'n (iBoy). Un titre de t56o l'énonce irla rue ou
(Tchemyn qui est sur les fossez, entre les portes Sainct Germain des Prez et de
ff Bussy p c'est à cette époque, en effet, que le chemin se transforma en rue. Les
inventaires de l'abbaye mentionnent, à la date du 21 janvier i56o, le procès-
verbal de Toussaint Villette, voyer du monastère, trpour faire l'alignement de la
(t rue des Fossés, entre la porte de Bussy et celle de Saint-Germain, n Le côté occi-
dental de la voie était alors et depuis longtemps bordé de constructions, tandis
que le côté oriental n'était qu'iuiparfaitement bâti. Circonstance assez surprenante,
il parait que, de ce dernier côté, il avait existé une fontaine, dite «la fontaine
ffdes fossez Sainct Germaine en iBai. Elle était moins rapprochée de la porte
de Bussy que de la porte Saint-Germain, et nous ne l'avons vue indiquée qu'en
i5ai et i533.
CÔTÉ ORIENTAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DU PARLOIH AUX BOURGEOIS.
Maison sans désignation (1610), contiguë à la maison faisant le coin de la rue
Saint-André-des-Arts. Elle fut abattue en 1689, et rebâtie sur le même terrain,
baillé par le Prévôt des Marchands, le 5 août i6o5, à Jean Thibaut, fils de celui
qui la possédait lorsqu'elle fut démolie. Elle avait pour enseigne a l'Escu Daulphinv
76 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
en 161^; sa profondeur était d'abord d'environ sept toises et demie par le milieu;
mais, comme les deux maisons suivantes, elle fut augmentée, le 11 août 1616,
d'une partie du fossé, ce qui lui donna les proportions qu'elle présente aujourd'hui.
Maisox de l'Image-Sainte-Geneviève (iByS-iGSB). Elle fut ruinée pendant le
siège de Paris, et ce qui en restait fut baillé, le 1^ août 1606, au nommé Nicolas
Caron, qui la reconstruisit.
Maison sans désignation (1610), élevée sur un terrain large de trois toises et
profond de cinq, que Jean Pichard prit à bail ie 10 novembre 1678. Abattue
pendant le siège de Paris, elle fut remplacée par un autre bâtiment construit sur
un terrain large de cinq toises et demie, que Nicolas Dubois acheta le 26 sep-
tembre 1606.
Deux maisons sans désignation (1610), bâties sur une place dite large de quatre
toises et demie W et profonde seulement de trois et demie, qu'on bailla à Simon
Turpin, le 2^ mars 1607. Au xvi*" siècle, sur l'emplacement de ces maisons, il
existait deux autres constructions contiguës, qui furent détruites en iSSg et dont
nous ignorons les dimensions. La première était attenante à celle de J. Pichard.
Maison sans désignation, bâtie sur une place large de trois toises, baillée au
nommé Cheveneu, le 1" juin 1607, et sur une autre place large d'environ deux
toises et un quart, qu'il avait acquise de Jean Lepaintre, le 22 mai précédent.
La profondeur de cette maison et de la suivante fut augmentée en 1682.
Maison sans désignation (1610), construite sur la seconde moitié d'un terrain
large de quatre toises et demie, baillé à Jean Lepaintre, le 18 mai 1607; l'autre
moitié fut comprise dans la maison précédente.
Maison sans désignation (1610), bâtie sur une place large de trois toises, cédée
à Louis Billonneau, le 18 décembre 1607, et formant la moitié d'une place large
de six toises et profonde de cinq, baillée à Guillaume Clément, le 2 4 no-
vembre 1607. Cette maison et les deux précédentes sont actuellement réunies et
forment celle du café Procope. Procope Coutraux les acquit les 8 octobre 1696,
i3 août 1699 et 21 décembre 1760.
Maison du Soleil-d'Or (1616), bâtie sur une place large de trois toises, que
Guillaume Clément retrancha de la sienne, le 28 novembre 1607, au proQt
d'Etienne Miot. Elle fut augmentée, le ik juin 1617, d'un terrain de quatre
toises et demie de profondeur et de quatre toises de largeur, qui s'étendait un
peu derrière la maison suivante.
Trois maisons sans désignation en 1610, dont la dernière a eu l'enseigne de la
Couronne-d'Or, en 1620. Elles furent élevées sur trois lots de terrain, larges chacun
de trois toises, et baillés, le premier, le 26 novembre 1607, à Pierre Clavier; le
deuxième, le 26 novembre 1607, à Jacques Geoffroy, et le troisième, le 27 no-
'■' II faut probablement lire cinq toises et demie.
« RUE DE L'ANCIENNE COMEDIE. 77
vembre 1607, à Guillaume Charrier. De même que toutes les suivantes, ces mai-
sons n'étaient d'abord profondes que de cinq toises; elles durent ensuite leurs
proportions actuelles à l'addition d'une zone du fossé, vendue aux propriétaires
le 1 1 août 1616,
Maison sans désignation (1610), bâtie sur une place large de trois toises cinq
pieds, baillée à Gédéon Bouchet, le a8 novembre 1607. C'est sur une partie de
l'emplacement de cette maison qu'a été ouverte l'entrée du passage du Commerce.
Maison sans désignation, construite en 1607 sur une place large de deux toises
et demie, baillée, le 6 juin de cette année, à Simon Turpin.
Maison sans désignation (1610), bâtie sur une place large de deux toises et
demie, baillée à Thomas Névot, le 19 janvier 1607, et par lui cédée, le 27 sep-
tembre suivant, à Durant Lorée, maître brodeur du roi.
Delx maisons sans désignation (1610), dont l'emplacement, large de quatre
toises et demie ('*, fut baillé à Thomas Névot, le g novembre 1606.
Maison sans désignation (1610), construite sur une place large de trois toises
et profonde de cinq, baillée à Jean Lepaintre, le 19 novembre 1606, et par lui
cédée au brodeur Nicolas Gibert, le 29 (ou le 2^) janvier 1607. Elle est actuel-
lement réunie à la suivante.
Maison sans désignation (1610), attenante à celle du coin de la rue de l'Ecole-
de-Médecine. Elle fut élevée sur un terrain large de quatre toises et demie, baillé,
le 28 septembre 1606, à Durot, alxa» Evro Lefebvre, qui, le 17 octobre 1608,
la revendit au nommé François Macaire. Sur l'emplacement de cette maison, dès
i56i, il s'en trouvait une qui a|)partenait au nommé Jean Périgaut. Elle était
attenante, vers le nord, à une autre qui, large de cinq toises, profonde de seize
pieds vers le midi et de douze vers le nord, avait été construite sur une place
baillée à Michel de Maupertuys, le 3o juin 1 54 1. Toutes deux furent détruites
en 1689.
CÔTÉ OCCIDENTAL.
PAROISSE SAIM-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Maison sans désignation (iSgS), contiguë à celle du coin de la rue des Bou-
cheries, et j)rovenant du morcellement de cette propriété. Elle dépendait proba-
blement de l'immeuble situé entre la maison du coin et le jeu de paume de Savoie,
dans la rue des Boucheries.
'" Celle dimension semble inférieure à la réalité et ne se reirouve point sur le terrain.
78 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Partie du Jeu de paume de l'Ecu-de-Savoie (iBsS), qui, à la fin du xvf siècle,
formait une grande maison. Vers 1628, celle-ci en formait quatre ou cinq autres,
et la précédente trois ou quatre. Ces diverses maisons, que les documents ne
permettent point d'identifier avec certitude, étaient disposées dans l'ordre suivant :
deux maisons ayant pour enseigne TEcritoire et attenantes à la maison du coin; —
une autre ayant pour enseigne la Talemouse, et depuis la Tour-d' Argent (i6i3);
— deux maisons ayant eu précédemment pour enseignes le Champ-des-Oiseavx et
r Ane-Vert; — deux maisons ayant pour enseignes la Clef et la Roze-Rouge; — enfin
une dernière maison dont l'enseigne n'est point indiquée.
Petite maison avec jeu de paume (iSgS), qui semble avoir été élevée sur une
certaine place mentionnée en iBaS. 11 y avait là un chantier énoncé «devant la
cf Fontaine Ti et appartenant à Jean Huot.
Maison sans désignation (1 523) , dépendant du grand hôtel de l'Ecu-de-France ,
situé rue des Boucheries. Dès 1 BgS , elle renfermait un jeu de paume, qu'on appe-
lait le Jeu de paume de l'Ecu, en 1628 et 1892.
Maison du Colombier (i523-i53i) ou aDu Coulons (1567), puis de l'Aigle-
Royal (1628).
Maison de l'Etoile (i523-i688), qui renfermait un jeu de paume dès 1667;
elle dépendit d'abord du grand hôtel de l'Écu-de-France. Elle se composait, en
1 523 , de deux petites maisons, et, au xvii*^ siècle, elle en formait également deux,
qui furent achetées les 8 mars et 23 décembre 1688 par les comédiens du roi. Ils
y établirent le théâtre de la Comédie-Française, lequel a donné son nom à la
rue et y a subsisté jusqu'en 1770.
Maison sans désignation (i523), qui fit aussi partie des dépendances du grand
hôtel de l'Ecu-de-France. Elle avait pour enseigne «le Petit More,-n en 1628.
Maison sans désignation (1595), contiguë à la maison faisant le coin de la
rue de Bussy. C'était un morcellement de la précédente, dont elle n'était point
distincte encore dans la première moitié du xvi" siècle. Elle était déjà divisée en
deux, vers i63o.
Presque toutes les maisons du côté occidental de la rue de l'Ancienne-Comédie
furent abattues lors du siège de Paris, et on ne les rebâtit que graduellement,
plusieurs années après la paix. Il se peut que les anciennes limites des propriétés,
qui sont extrêmemenl difficiles à déterminer, aient alors été changées.
RUE DE CONDE.
La rue de Condé commençait à la rue des Boucheries (de l'École-de-Médecine)
et finissait, comme aujourd'hui, à la rue de Vaugirard.
> RUE DE CONDE. 79
Le nom que porte cette rue, et dont elle est redevable au grand hôtel de
Condé, commence à paraître dans la seconde moitié du xyu*" siècle, et remplace
celui de rue Neuve-Saint-Lambert, qu'on lui donnait habituellement alors, et
qui provenait sans doute d'une enseigne. Nous l'avons rencontré pour la première
fois à la date de i6o/». Dans les documents antérieurs, la rue de Condé est
énoncée : «rue qui tend au clos aux Bourgeoise (iSaS); «rue qui tend de la
(f porte Sainct Germain au cloz auxBourgoys et à Vaugirardu (i5i 7); «rue Neufve
reliant à la porte Sainct Michels (i53o); trrue Neufve de la FoircTi (i5io);
(rrue Neufve, par cydevant dicte le cloz Bruneaue (i53i); rue Neufve aultre-
frment dicte le cloz Bruneam» (iBaS et i563); (true du Cloz Bruneaun (iBiy,
i5io, iBoa), et, le plus souvent, rue Neuve seulement.
Il est évident que la rue de Condé n'a point été ouverte avant la fin du
XV* siècle, et l'on pourrait supposer que, comme la rue du Petit-Lion, elle n"a
été percée que vers i5oi, puisqu'elle n'est point mentionnée dans le bail fait,
en cette année, du terrain qui a formé l'extrémité orientale de l'îlot compris
entre les rues du Petit-Lion (Saint-Sulpice) et des Quatre-Vents. Le terrain est
dit aboutir, du côté de la ville, • aux Friches, n en d'autres termes, aux terrains
vagues. Toutefois la partie de cette voie la plus rapprochée de la rue des Bou-
cheries était ouverte dès xh^fi; on la considérait comme le commencement de
la rue des Quatre-Vents, et elle était qualifiée de «chemin qui va à la Foire,
«près la voierie des Bouchiers. -^ Quant au reste de la rue de Condé, il est
vraisemblable qu'il y avait là tout au moins un sentier qui isolait le clos Bru-
neau.
Ce clos, peu connu, était planté de vignes, suivant des documents de 1667 et
1 h-ja; il est indiqué, dans le censier de i355, par la formule «en Borneau,^ et.
dans un titre de i/iia, par les mots : «certains champs appelés clos Bruneau.n
On en rencontre la première mention dans le bail qui fut consenti, au mois d'avril
1268, à Guillaume surnommé Lescervelé, bail de deux arpents à prendre «m
(fhco qui dicilur Benieau.-' Il était limité, au midi, par la rue de Vaugirard, et,
au nord, par la voirie des Bouchers, ou rue des Quatre-Vents, laquelle est dé-
clarée y tenir en iSog. Vers le levant, rien n'indique, contrairement à l'alfirma-
tion de Jaillot, que le clos Bruneau ait jadis atteint le chemin sur les Fossés, au
lieu d'être borné par l'emplacement de la rue de Condé, qui en était certaine-
ment la limite en dernier lieu. Vers le couchant, il paraît s'être étendu d'abord
jusqu'à la rue Garancière, car l'hôtel de Garancière est déclaré y aboutir en 1667.
Plus tard, il ne dépassait point la rue de Tournon, attendu que l'îlot dans lequel
il était contenu avait, lorsque l'abbaye le bailla à bAtir, ccst-à-dire aux environs
de i5io, à peu près les mômes dimensions qu'aujourd'hui. Du reste, il n'est pas
une seule pièce des archives de l'abbaye qui ait directement trait au clos Bru-
neau, avant l'époque de sa transformation. Nous croyons inutile d'ajouter que le
80 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
clos Bruneau du bourg Saint-Germain n'a jamais eu rien de commun, si ce n'est
le nom, avec le clos Bruneau de la montagne Sainte-Geneviève. En affirmant le
contraire, Géraud a commis une grave erreur.
CÔTÉ ORIENTAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Maison des Cinq-Pucelles (i6i3), contiguë, d'une part, à la maison faisant le
coin de la rue des Cordeliers ou de l'Ecole-de-Médecine , et attenante, de l'autre
côté, à la maison qui formait l'angle septentrional de la rue Monsieur-le-Prince.
Elle fut bâtie sur un terrain large de cinq toises, cédé, le 29 mai i6o/i, à Charles
Barbe, par Vincent Notaire, qui l'avait retranché de l'emplacement de la maison
de la Sirène, à lui vendu quatre mois auparavant.
Maison sans désignation en lôaS, puis dite du RiCHE-LABOUREun (1581-1773),
et aussi la Grande-Maison (i58o). Elle faisait le coin méridional de la rue Mon-
sieur-le-Prince, et fut bâtie sur un terrain baillé, le 1" mars 1^9^, à M*" Jehan
Rouyer. Ce terrain appartenait à l'enlumineur J. Pichore, lorsque celui-ci y joignit,
le 3o avril i5i6, une petite place vide, qui forma la pointe de l'îlot et qui pré-
sentait treize pieds de largeur sur un de ses côtés, sept toises et quatre toises sur
les autres. La maison fut ensuite possédée par le banquier italien Albert Sal\ iati ,
et, dès i523, par Julien de Bonacoursi, trésorier de Provence, notaire et secré-
taire du roi. Partagée, le 8 juillet i58o, entre les héritiers de Jean Arnoul, puis
complètement abattue pendant le siège de Paris, elle n'était point encore réédifiée
en 1695, et elle le fut plus tard de manière à former trois maisons distinctes. Une
partie de son emplacement a été absorbée dans le carrefour de l'Odéon.
Maison du Petit-Ecu-de-France (1517-16/18), contenant environ un quartier,
et élevée sur un terrain pris à bail, le 28 août i5o9, par Jean Lefort. Au
xviii'' siècle, c'étaient les écuries de l'hôtel de Condé.
Maison sans désignation (1 593), construite sur un terrain large de neuf toises et
profond de vingt-six et demie, pris à bail , le 8 (i o?) décembre 1 5 1 0 , par Durant
[alias Laurent) Pergues. Elle appartenait, en 1595, à Jean Briçonnet, seigneur de
Glatigny, président des généraux des finances en la Cour des aides. Elle avait
pour dépendance une maison sur la rue du Fossé, et la propriété s'appelait l'Iiâlel
de Provence, vers 17/10.
Maison de cr l'Image-Saint-Eustace ^ (i523), bâtie sur un terrain large de neuf
toises et profond de vingt-huit, baillé à Jacques Morant, le 17 janvier i5o9. à
> RUE DE CONDÉ. 81
charge d'y construire une ^r maison manable,Ti de paver devant jusqu'au milieu
de la rue, et de ne point nourrir de pourceaux. La maison de Tlmage-Saint-Eus-
tache appartint, vers i585, à l'avocat de Rochefort, bailli de Saint-Germain-des-
Prés; elle était encore possédée par sa famille en 1628.
Maison de l'Epée-Royale (iSaS), bâtie sur un terrain large de neuf toises et
profond de vingt-neuf et demie, qui fut accensé, le 1 7 janvier iBog, à Guy Her-
luppe. Au XYin*" siècle, elle faisait partie de l'hôtel de Gondé, et contenait ce qu'on
appelait la cour des Fontaines et la cour des Ecuries.
Maison sans désignation (i523), bâtie sur un terrain de dix toises de largeur
et de trente et une toises et demie de profondeur, pris à bail, le 17 mars i5io,
par Waleran de Bées [alias Bèze), tr marchant appoticaire. •» En lôgB, elle appar-
tenait à Jérôme de Gondi, et a été absorbée dans l'hôtel de Condé.
Petites maisons avec étables, ayant pour enseigne I'Image-Notre-Dame (lôaS).
Elles furent élevées sur un quartier de terre accensé à Jean Martin en 1 5 1 5 , et
par lui revendu, avec le commencement d'habitation qui s'y trouvait, ie 'ii no-
vembre i5i8, au marchand Jean Bruneau. En 1667, à la place de ces petites
maisons, il y en avait une grande que le chanoine de Paris, M* Robert Cordier,
avait fait construire'"', et qui fut le noyau de l'hôtel de Gondi.
HÔTEL DE Gondi, depuis de Condé. Suivant Jaillot, cet hôtel célèbre eut
pour origine une maison de plaisance élevée par Arnaud de Gorbie sur le clos
Bruneau, achetée, au mois de juillet 1610, par Jérôme de Gondi, duc de Retz,
maréchal de France, et adjugée par décret, en 1 61 2, à Henry de Bourbon, prince
de Condé. Ce sont autant d'inexactitudes. L'hôtel de Gondi, dont l'emplacement
ne dépendait pas du clos Bruneau, ne fut [)oiiit adjugé au prince de Condé; mais
il lui fut donné, le a septembre 1612, par le roi Louis Xlil, auquel il avait été
adjugé par sentence du Châtelet du 16 juillet précédent, après avoir été saisi sur
Jean-Baptiste de Gondi, gentilhomme ordinaire de la chambre, à cause des dettes
grevant la succession de son père. Le membre de la famille de Gondi revêtu de
'■' L'article consacré à la maison de l'Irnage-Notre-
Dnme, dans le ccnsier de iBiy, est conçu en ces
termes : i-De iiiaislrc Robert Cordier, chanoine de
"Paris, Cl» de feu Guillaume Cordier, lequel Guil-
-iaume Cordier avait esté ou lieu de maislre Adrien
<r Forme , procureur ou Chastellet de Paris , et sa feue
fffemme, fille et héritière de feu maistre Guillaume
'le Vavasscur, en son vivant cirurgien, demeurant
«à Paris, pour une maison de nouvel rebastic par
■rledict Cordier, et court en laquelle soulloit na-
irguères, auparavant ledict rebastiesment , plusieurs
(t petites maisons et louaiges, jardins el eslables; le
'^lieu comme il se comporte , assis audict Saincl Ger-
irmain des Prez, en iadicte rue Neufve, où soulloit
•^ pendre pour enseigne l'Imatge Nostre Dame, qui
ffut à feu Jehan Martin; tenans d'une part ausd.
^ vefve et héritiers de feu VVaileran de Beest , d'aullre
'part de présent à Baptiste de la Vergne, ou lieu
-de Albert Salvyaly; aboutissans à Iadicte rue, et
irpar derrière à maislre Guillaume Coignet; lequel
'lieu, qui contient ung quartier, doibt de cens cha-
ccun an, ledict jour sainct Remy, xiii s. parisis,
'Tcomme appert par la lectre de prinse de ce faicte
irpar ledict Jehan Martin, datlée de l'an mil cinq
(tcens et quinze.» (Arch. nal. reg. LL na5,
foLiaôv".)
82 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
la dignité de maréchal de France s'appelait Albert, et non pas Jérôme; il mourut
en 1602, de sorte qu'il n'a rien pu acheter en 1610. Ce n'est pas non plus à
cette époque que Jérôme de Gondi, introducteur des ambassadeurs, chevalier
d'honneur de la reine Marie de Médicis et père de Jean-Baptiste, acquit son hôtel
du faubourg Saint-Germain, car il mourut le 3i janvier 160/1. 11 le possédait
déjà en iBgS, comme le prouve un censier de cette année; il en était même
propriétaire dès 1 58 1 , ainsi qu'il appert d'un croquis contemporain, où sont indi-
quées ftla maison de Gondyn et «la rue Neufve où se tient M. de Gondy-fl
Les archives incomplètes de l'abbaye ne nomment point Arnaud de Corbie à
propos de l'hôtel de Gondi''', et n'apprennent rien sur l'époque oii Jérôme de
Gondi acheta les diverses propriétés dont la réunion forma ce grand hôtel. Il est
simplement dit, dans le censier de logB, qu'elles lui appartenaient tr longtemps
(t avant les troubles, n Nous constatons d'ailleurs, par l'étude de ce censier, rap-
proché d'autres documents, qu'à la fin du xvi" siècle l'hôtel de Gondi offrait des
dimensions qui ont été peu modifiées jusqu'en 1699. ^^ présentait ainsi, sur la
rue des Fossés (Monsieur-le-Prince), un développement que nous ne pouvons
préciser, mais qui ne devait point être inférieur d'abord à trente toises, et qui
atteignit quarante-trois toises au milieu du xwf siècle. Sur la rue de Vaugirard,
le mur de clôture avait au moins quarante toises, et, sur la rue Neuve (de Condé),
dont l'hôtel formait l'encoignure et où il avait sa j)rincipale entrée, nous sommes
certain qu'il était large d'environ quatre-vingt-quatre toises et demie.
Jardin contenant un arpent et demi (iSaS). 11 appartint en i53i au banquier
Bénard Carissan, et en iS/ty à l'Italien Baptiste de la Vergue, crtraeur d'or du
tfRoy, 7) qui y avait bâti «une grande maison, couverte d'ardoise, à la mode yta-'
alienne,Ti à la place d'une autre construction couverte en tuiles, que le nommé
Albert Salviati, son compatriote, avait fait élever précédemment. Le terrain en
avait été accensé, le 17 novembre i52o,à Ravaut duMesnil, procureur et rece-
veur de l'abbaye.
Maison sans désignation en 1017, puis dc Heaume (i523-i543), faisant le coin
de la rue de Vaugirard. Elle avait été bâtie sur un terrain de vingt-quatre perches,
baillé à Jean le Fort, le 2 aoôt 1609, et le jardin qui en faisait partie, formant
l'encoignure de la rue, mesurait neuf toises cinq pieds sur quinze toises de pro-
iondeur. En 1 5/J7, elle était déjà unie à la précédente, et toutes deux furent englo-
bées dans l'hôtel de Gondi, avant iSgf).
''' H esl probable que Jaillol a commis une er- néalogie de la maison de Corbie, donnée par le
i-eiir de iecUu'e, cl que la notoriété' du chancelier P. Anselme, n'indique aucun individu avant porté
Arnaud de Corbie lui a fait voir ce nom là où il y le prénom d'Arnaud , depuis le cbancelier, qui niou-
avait, en réalité celui dc Robert Cordier. La gé- rut en i4j3.
RUE DE CONDE.
COTE OCCIDENTAL.
PAROISSE SA1^T-SULPICE.
JLSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Jardin (iBiy) faisant le coin de la rue de Vaugirard et aboutissant rue de Enire
Tournon. 11 fut vendu par Robert Thierry à JeanBruneau, le 8 janvier i5i8; à ^^iTu p^ii-Lil"!
la fui du XVI* siècle, il élail , en partie, remplacé par une maison, qui appartint
ensuite au maréchal d'Ancre, et où ce dernier plaça ses écuries. Cette maison
ayant été confisquée, le 8 juillet 1617, fut possédée par la reine Marie de Mé-
dicis el vendue, le 6 septembre 1657, à Armand de Peyre, comte de Trois-
villes, d'où est venu le nom dliâlel de Troisrilles ou Tréinlle, qu'elle a longtemps
porté.
Maison de l'Image-Sainte-Barbe (iBqS-i 534), aboutissant rue de Tournon. Vers
1695, elle appartenait au conseiller au Parlement s Coustel '''. n II semble qu'elle
dépendait de la précédente, en 1 58 1 .
Maison sans désignation en i5a3, dite du irCHEVAL-D'ERAiNfl en i58i, et abou-
tissant rue de Tournon. Elle fut ac([uise par le roi du nommé Pierre Spine, qui y
avait fait élever un billiment propre à la foute d'une statue équestre , confiée au
.sculpteur florentin Jean Francisque. Les Archives aineuses renferment à ce sujet
l'article que voici, extrait des comptes royaux : ^ -aS avril i53t. A Pierre Spine,
ffla somme de 3,820 livres tournois, que le Roy lui a ordonné et ordonne pour
«fson remboiii'sempnt de pareille somme qu'il a advancée et fournie par ordon-
frnance verballe du dit seigneur pour faire construire le cheval de fonte que icolluy
ff seigneur a ordonné estre faict par y^/ifl» Francisque, Fleurentin, inaistre soulp-
rteur, lequel besongne es faulxbourg Saint Germain des Prez lès Paris. C'esl
ff assavoir, pour l'achapt d'une maison pour faire le dit cheval et loger icelluy
rniaistre Jean Francisque et son train, la somme de 5oo livres tournois, et
(rti2o livres tourn. pour le bastimcnt de la granche qu'il a convenu faire pour
rses besongnes. Plus, pour dix milliers de cuyvre fourni au dit maistre Jehan
« Francisque, à raison de six vingt cinq livres tournois le millier, dont il est de-
ff meure de reste jusques à près de trois à quatre milliers, duquel cuyvre s'en
(T pourra faire la statue qui sera sur le dit cheval, douze cens cinquante livres. Et
''' Le catalogue de Blanrlinnl ne inenlioiine hiée compta onrore parmi ses conseillers Antoine
qu'un Jact/ue* Coul, reçu conseiller au l'nrienicnt Colel, auteur de poésies légères, ne à Paris en
de Paris le 1" mars iScj.S. Cependant cette assern- i55o et mort en lOto.
8A TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
rtla somme de i,85o livres tournois, tant pour le vivre d'icelluy Francisque et de
te son dit train, que pour faire la fonte du dit cheval '''.ti
Par lettres patentes délivrées à Tournan-en-Brie, au mois de juillet lôSg,
François I" fit don de cette maison à l'illustre poëte Clément Marot, pour ses
tr bons, continuelz et agréables services. ■» La propriété est énoncée dans les lettres :
ff une maison, grange et jardrin (sic), le tout encloz de murailles en la rue du
rrCloz Bonneau; ouquel lieu a esté fondu ung grant cheval de cuivre que nous y
ff avons faict faire (^'; laquelle maison et jardrin a esté, pour cest effect, cy-devant
rr acquise par nostre commandement de M*^ Jehan Bymont, presbstre, et Pierre
cr Espine '''. Il La maison du Cheval-d'Airain fut possédée, du temps de Henri III,
par Guillaume d'Elbenne, conseiller au Grand Conseil, et, du temps de Henri IV,
par Maillet, seigneur de Losson.
Maison et jardin sans désignation (i523), aboutissant rue de Tournon. En
lôgS, elle appartenait au président Barjot'*', et, comme celui-ci était alors
ff absent et tenant le party contraire, n les Echevins la louèrent, le i 2 février de
cette année, à Catherine Rochefort, veuve de Jean Gatin, chauffe-cire de la chan-
cellerie. La partie centrale de la maison s'appelait, en 1681 et 1727, l'hôtel de
Caderousse, et l'extrémité contiguë, vers le nord, était désignée sous le nom
d'hôtel de Valois.
Deux maisons énoncées, en lôaS, comme une seule, et contenant deux jeux de
paume. La première paraît avoir été un jardin en iBgS, et toutes deux aboutis-
saient d'abord rue de Tournon. Le terrain de la seconde de ces maisons, conte-
nant environ un quartier et une perche, fut baillé, en i5io, à Pierre Pommier.
'■' Archives curieuses , 1" série, t. III, p. 83.
"' Le texte des lettres patentes, qui ont été si-
gnalées par M. de Fréville [AthcnœumAn 19 mai
i855), se trouve dans le registre des Archives
coté JJ 954, n° 3oi . On ignore ce qu'était ce che-
val de bronze fondu par ordre de François I", et
quelle en fut la destinée. Il paraît que l'artiste qui
l'exécuta eut un collaborateur, ou plutôt qu'il était
aussi connu sous un nom autre que celui de Jean
Francisque, car nous avons trouvé dans les acquits
au comptant une pièce contenant l'article suivant :
T.. . . . A François Roustien, sculpteur, lequel faict
tle grant cheval de cuivre, à Paris, pour sa pen-
ffsion de sept mois entiers, commencez le premier
frjour de juing mil v' xxxi et finissant le dernier
"jour de décembre ensuivant, à c I. tournois par
frmois : appoincté moitié sur le quartier de juillet
" et l'autre moitié sur octobre , novembre , décembre
ffprouchain venans. Pour ce vu' l. 1 (Arch. nat.
J 960, n" 17.)
''' L'article du censier de t5h-] est ainsi conçu :
ffDes ayans cause de Clément Marot, pardonnation
ffà luy faicte par le Roy, nostre sire; qui estoit ou
itlieu dudict feu Pierre Spine; lequel Spine avoit
rresté en la place de maistre Pierre Vymont , banc-
(rquier, qui avoit esté ou lieu de la vefve et héri-
T tiers feu Hector Hardoyn , en son vivant tonnelier,
ffdemourant à Paris, rue de la Huchelto: pour une
(taultre maison et jardin assis en ladicte rueNeufve,
croîi, puis naguères, le Roy, nostre dict seigneur,
t y feist faire miff cheval d'arain. Contenant ledict
rrlieu demy quartier, que ledit Hardoyn acquisl
ffdudict maistre Jehan Guicbard. " (Arch. nat. reg.
LL 1 laS , fol. i4o v°.)
'*' Apparemment Philibert de Baijol. qui,
comme son fi-ère Claude III de Baijot , mort peu
après 1679, fut premier président du Conseil
d'Etat. H se montra fidèle au parti du roi pendant
la Ligue. C'est l'auteur de la branche des Baijot
d'Auneuil.
> RUE DE CONDE. 85
Celui de la première paraît avoir été baillé, en la même année, au nommé
Baudart.
Maison sans désignation (lo^S), qui aboutissait d'abord à une place vide;
elle est énoncée comme ayant dix-neuf toises deux pieds de profondeur sur huit
de largeur. En 1 53 1 , elle appartenait à Michel Dumayne, « orloger du Palais, a Le
terrain en avait été baillé à Jean Motu, le 27 mai i5io.
Maison de l'Aventlre (162 2) et de la Pomme-de-Pin (1628). Le terrain, con-
tenant huit toises sur seize, en fut baillé, le 10 décembre i5io, au nommé
Jacques Canefitte.
Jardin (i523), puis maison sans désignation en iSiy, et des Deux-Balles en
iBgB. Elle contenait huit toises de largeur sur seize de profondeur, et le terrain
en fut baillé à Philippe Leroy, le 9 décembre i5io.
Maison sans désignation en iBqS, puis du Barillet (i5/i3)et du Solëil-Banué
(1628).
Maison sans désignation en iSaS, puis du Petit-Crucifix (1568-1727).
Maison sans désignation en i523, puis du Petit-Ecu {i568), faisant le coin méri-
dional de la rue du Petit-Lion. Avec les deux maisons précédentes, elle fut élevée
sur une place vague, qui avait été baillée à Thomas Vaucombert, le 27 février i5io
(i5i 1), et qui mesurait dix-huit toises de face sur les deux rues. Ces dimensions
ne sont plus les mêmes aujourd'hui; mais on les rétablit en supprimant la brisure
de l'alignement actuel. On crée alors un autre alignement qui prolonge en ligne
droite celui du reste de la rue; d'où il semble résulter que la brisure ne remonte
point à i5i t. Cependant, lorsque, le 3i décembre i5i5, Vaucombert retrancha
de sa propriété, au profit des brodeurs chasubliers J. Jouaii et Cardin, le jardin où
ceux-ci bâtirent les deux maisons du Petit-Crucifix et du Petit-Ecu, ce jardin avait
quinze toises de profondeur; ce qui prouve qu'à cette époque l'alignement était
le même que de nos jours.
Jardin (t532) formant le coin septentrional de la rue du Petit-Lion, et faisant Rmreie.
hache derrière la maison suivante, de façon à aboutir sur la rue des Quatre-Vents. petiiUon
En 1 595, au lieu de ce jardin, existaient deux maisons avec un jeu de paume établi «"i «i"» Q'^a'^-^""''-
déjà en 1567, époque où l'on ne voyait là qu'une seule maison, récemment bâtie
et ayant pour enseigne le Tarlre^^> du Monl-Vallénjen.
Jardin (i523), puis maison faisant. le coin méridional delà rue des Quatre-Vents,
sans désignation en i532, et nommée des Trois-Couronnes en lôgB. Le terrain
de cette maison et de la précédente, contenant environ un demi-quartier, fut
baillé, comme place vide, le 26 août i5oi, à Durand Parques.
''' Le Tartre, pour le lerlre, ou la bulle. Dans un tilre de i6'i4, il esl questiou du rseulier du tartre
"an mont Valérien.»-
s rues
86 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Entre les rues Jardin (iSaS), piiis MAISON et galerie (i53i) faisant le coin septentrional de la
des Quatre-Veiils i /-> t- . t • •< i' i n • i -ii /
et rue des Quatre-Vents. La maison occupait i emplacement d un terrain baille au
•les Bmui.eiies. jjjjj.j,jj.g jggjj Petit, le 92 Hoût iSog, et dépendait d'abord delà propriété taisant
le coin de la rue des Boucheries. En iBgS, on y voyait un jeu de paume. Après
avoir été saccagée pendant le siège de Paris, la maison fut rebâtie, avec les
maisons suivantes, par le bailli de Saint-Germain.
Maison sans désignation (iBgr)).
Maison sans désignation en iSgô, puis de I'Image-Saint-Claude (1628-1687).
Maison sans désignation en 1 BgB, puis de l'Arbre-de-Vïe (1628), contiguë à la
maison faisant le coin de la rue des Boucheries. Ainsi que les deux maisons pré-
cédentes, elle faisait anciennement partie de cette dernière propriété.
RUE SAINT-DOMINIQUE.
La voie qu'on appelle aujourd'hui rue Saint-Dominique commençait jadis, ainsi
qu'aujourd'hui, à la rue des Saints-Pères. Comme rue, elle finissait à la porte de la
Tranchée; mais, comme chemin, elle se prolongeait au delà du fief de l'abbaye,
en passant derrière la ferme de Grenelle, point 011 elle est devenue la rue Desaix.
Les Dominicains de la rue Saint-Jacques ayant donné le nom du fondateur de
leur ordre à une rue qu'ils avaient ouverte à travers leur clos, les religieux ré-
formés du même ordre, établis au faubourg Saint-Germain, voulurent appliquer
la même dénomination à la rue qu'ils habitaient. Ils sollicitèrent donc et obtinrent',
en 1663, la permission de placer à ses extrémités des tablettes de marbre, avec
cette inscription : rue Saint-Dominique, jadis des Vaches. Jaillot cite le fait pour
prouver que le chemin des Vaches doit toujours s'entendre de la rue Saint-Do-
minique. Mais, si cette assertion est vraie dans un grand nombre de cas, elle est
fausse dans une foule d'autres, et donne lieu à une série de méprises. La vérité
peut se résumer en quelques mots. Depuis le milieu du xiv*" siècle, époque où la
rue Saint-Dominique commence à être mentionnée, jusqu'au commencement du
xvi', elle est dite crvoye des Vachesn (i35i), ou rr chemin aux Vachesn (i355).
Dans la première moitié du xvi* siècle, plusieurs appellations difl'érenles ont été
d'un usage habituel, concurremment avec celle de rt chemin aux Vaches, ■« laquelle
était quelquefois accompagnée des mots cr allant à l'Isle'n (i5i2), ou rtendant à
ftl'isle Macquerellen (15^7). Enfin, depuis le milieu du xvi* siècle jusqu'au mi-
lieu du xvii'', le nom de rue des Vaches, ou chemin des Vaches, suivant la partie dont
il était question , a de nouveau et presque exclusivement été employé.
Les dénominations diverses que fournissent souvent les documents de la pre-
mière moitié du xvi'' siècle sont les suivants : frchemyn du cymetière SainctPèrer
> RLE SAINT-DOMINIQUE. 87
()5o2); ccliemin allant de SainctPère àGrenellefl (i5â3, i53o, etc.), ettrclie-
(rmin qui tend de Sainct Père à l'Orme de GrenellesT» (lôaS, 1 587, etc.) (la rue
Saint-Dominique conduisait directement de la chapelle Saint-Père à la ferme de
Grenelle et à un orme des environs); tr chemin tendant au port de Grenelle "^
(i53o); ffchemyn par où l'on va dudict Sainct Germain au port de Grenelle •"
(1526); pcliemin allant du Moulin à vent au Portu (i53i); irchemin du Portu
(i53o, 1539), et (t chemin du Moulin à venti» (1 523). De la rue Saint-Dominique
se détachait un embranchement qui se dirigeait sur le port de Grenelle, et com-
muniquait avec la voie du bord de l'eau, par un petit chemin appelé aussi des
Vaches (rue Saint-Jean, au Gros-Caillou). Nous ne savons si c'est ce dernier che-
min, ou la rue Saint-Dominique, qu'il faut voir dans le ? petit chemyn du Port-^
de l'arpentage de 1529; «chemin tendant de la Voiriez ou «allant de Sainct Père
(rà la Petite Seyne-n (i523, 1629, etc.).
La rue Saint-Dominique longeait le territoire de la Petite-Seine (vers l'empla-
cement de l'esplanade des Invalides). Dans cette région, elle est fréquemment
dénommée, dès i355, «la longue Raye,'i appellation qui s'est conservée jusqu'au
règne de Louis XV. La même partie paraît avoir été désignée sous le nom de
chemin Herbu, puisque, dans un registi-e de i523, il est dit que trois quartiei"S
de terre aboutissant, d'une extrémité, sur la Petite-Seine, touchaient, de l'autre,
au «chemin Herbu. 1 Nous avons vu, en outre, la rue Saint-Dominique appelée
«le chemin de l'Oserayet (1597), à cause de sa proximité du canton de l'Oseraye;
«le vieil chemyn des Vignesit (i53o), et le chemin des Treilles, dans une multitude
de titres (i/i32, i523, loga, etc.). Du reste, on ne la désignait ainsi qu'à partir
de 600 à 800 mètres de la rue des Saints-Pères, dans la région où elle se rap-
prochait dn climat des Treilles, voisin lni-m«^me de celui de la Petite-Seine.
Jaillot, dont la science et l'esprit de critique sont des plus estimables, mais
qui n'a pas toujours été bien servi par les documents auxquels il a eu recours,
affirme que le chemin des Treilles est la même voie que la rue de l'Université;
c'est une assertion que nous croyons erronée, et cela pour les motifs suivants :
1° Si le chemin des Treilles était celui qui est devenu plus tard la rue de
l'Université, il aurait dépendu de la censive de l'Université, et il ne serait point si
fréquemment mentionné dans les archives de l'abbaye, où il en est toujours ques-
tion à propos de terres en culture. Or le Pré-aux-(]lercs n'était point cultivé; il
était même séparé, par uu fossé, des champs environnants.
2° Dans le deuxième triage de l'arpentage de 1329, lequel triage est compris
entre le Pré-aux-Clercs et la rue Saint-Dominique, et dans le troisième triage,
compris entre les rues Sainl-Domini(jiie et de Grenelle, il est très-souvent question
du chemin des Treilles. Ce chemin doit donc être commun aux deux triages; or
la rueSaint-Domiiii(|ue, qui les sépare, satisfait seule à cette condition.
88 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
3° Dans le troisième triage abondent les indications de terrain aboutissant ,
d'une extrémité, au chemin des Treilles, et, de l'autre, au chemin des Vaches. Mais
puisque, comme nous l'établissons ailleurs (voir à l'article de la rue de Grenelle),
le chemin des Vaches de l'arpentage de 1699 n'est autre que la rue de Gre-
nelle, puisque le chemin des Treilles ne peut être situé au midi de cette dernière
rue, il faut, de toute nécessité, que ce soit la voie la plus rapprochée vers le nord,
c'est-à-dire la rue Saint-Dominique.
h" Enfin, puisque le chemin de la Petite-Seine, comme nous l'établirons éga-
lement plus loin, se confond avec l'extrémité occidentale de la rue de l'Université,
les nombreux documents, où. il est parlé de terres aboutissant simultanément au
chemin de la Petite-Seine et au chemin des Treilles, ne peuvent désigner, par
cette dernière dénomination, que la rue Saint-Dominique.
Le fait, au surplus, est rendu très-vraisemblable par de nombreux documents,
et, entre autres, par ce passage dun acte de iSay, où on lit : fr Demi-arpent. . .
«au lieu dict les Treilles... aboutissant d'un bout au chemin des Treilles, et
tr d'autre à l'isle Macquerelle. -n On sait que la rue de l'Université se terminait
à la pointe de l'île aux Cygnes, avant la réunion de cette île à la terre ferme.
Un autre passage, extrait d'une transaction du 9 juin 1627, n'est pas moins pro-
bant : un quartier de terre, qui a été compris dans le couvent des Filles de Saint-
Joseph, y est déclaré aboutir, «d'un bout au Pré aux Clerz, d'autre au chemin des
« Treilles ou des Vaches, n Citons en dernier lieu un article du censier de 1687, qui
mentionne (tun arpent... au terroir de Verbisson, lieu dit le Gros Caillou... abou-
tr tissant par bas au chemin vulgairement appelé autrefois le chemin des Charbon-
Kiiiers et à présent le chemin des Treilles, venant à la rue Saint-Dominique, v Nous ne
connaissons que cet exemple du nom de cr chemin des Charbonniers •« appliqué
au chemin des Treilles, avec cette circonstance qu'il vient à la rue Saint-Domi-
nique, Dans notre pensée, il en était la continuation.
CÔTÉ MÉRIDIONAL.
PAROISSE SAIM-SULPIGE.
JUSTICE
ET CEKSIVE DE L'ABBAYE SAIM-GEBMA1.\.
Entre lesrucs Maison sans désignatiou et avec jardin (1695), contiguë à la propriété faisant
des
Saints-Pèies le coin de la rue des Saints-Pères. Elle appartenait, en 1628, à D"^ Renée de
Marnay, veuve de François Bayot, et, le i4 avril i643, elle fut adjugée sur
Pierre Rayot au marquis de Plessis-Châtillon. Marie Dauvet l'ayant vendue, le
N RUE SAINT-DOMINIQUE. 89
•26 janvier 1660, à M'^ François de Matignon, la maison prit ie nom à'hôtel de
Matignon '•^\
Maison sans désignation (iBgB), faisant le coin oriental de la rue des Rosiers
ou Saint-Guillaume. En 1687, elle dépendait de l'hôtel de Matignon, dans lequel
elle a été englobée.
Masi're (1 5q5) faisantle coin occidental de la rue Saint-Guillaume. Au commen- Entre les mes
, . , ., . , . ... 1 • 1- Saint-Guillaume
cernent du xvii* siècle, il y avait là une maison, avec tuilerie et grand jardin, et du Bac
appartenant au nommé Nicolas HuUol. Cette propriété, qui contenait environ six
quartiers, fut divisée ensuite en quatre maisons, puis en cinq.
Vers 1695, la maison du coin occidental de la rue Saint-Guillaume était la
dernière construction que renfermât de ce côté la rue des Vaches, ou Saint-Domi-
nique; mais, en 1628, la voie était bâtie jusque par delà la rue du Bac. Entre
cette rue et la rue Saint-Guillaume, on comptait trois maisons: celle que nous
venons de mentionner, celle du coin de la rue du Bac et une troisième, intermé-
diaire et fort vaste, possédée par les héritiers Hullot. Cette dernière en a formé
huit autres, dont la première est devenue l'hôtel de Maineville, depuis d'Asfeld, et
la cinquième riiélelde Clievrevse, depuis rfe Luynes, dans lequel la quatrième et la
sixième maison paraissent avoir été absorbées.
CÔTÉ SEPTENTRIONAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE SAI>'T-(;ERMAI>.
Le censier de 1 ôgB ne mentionne aucune maison du côté septentrional de la Entre
rue Saint-Dominique; mais il indique simplement que le coin de cette rue et de etdeVs!inis"p*re..
celle de Saint-Père était formé par la maison de Georges Régnier, laquelle abou-
tissait à la propriété de Denis Allain. Or nous ne savons quelle était, sur la rue
Saint-Dominique, la limite de la maison de Georges Régnier, qui avait probable-
ment une certaine profondeur, car elle contenait un grand jardin. Quant à la pro-
priété de Denis Allain, vendue par Régnier le 3o novembre 1 GaS , elle a fait partie
de ce vaste clos, renfermant une maison et un jardin, que les nommés Jacques
Lefebvre et Pierre Piscard vendirent, le 5 juin i63q, aux Jacobins, et oii ceux-ci
établirent le noviciat de leur ordre. Il est donc probable que la maison de Régnier
se prolongeait jusqu'au mur de ce même noviciat, et ce mur paraît correspondre
au lieu où s'élevait la porte de la Tranchée.
"' Piganiol s'est donc trompe en disant que rhôtet avait é[é bâti par Charles de Matignon , mort en 1 6^8.
■II. |S
90 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Si, à la fin du xyi*" siècle, la maison de Régnier demeurait la seule qui existât
du côté septentrional de la rue Saint-Dominique, il en était autrement cinquante
ans plus tôt. On voit effectivement que , en i55i,le tr heurt n bornant le Pré-aux-
Clercs atteignait ttà l'alignement et au coing de partie de la maison de Jehan de
cfLicieux, dict le Pavanier, •» laquelle ne pouvait ainsi se trouver que du côté
septentrional de la rue Saint-Dominique, et était effectivement attenante aux 7*,
8% 9^ et 10* bornes du Pré-aux-Clercs, situées au delà de la rue du Bac, là où a
été bâti depuis l'hôtel Mole. Cependant on lit, dans le censier de 16/17 et dans
l'inventaire, que la propriété de «noble homme Jehan de Lisieulx, aultrement
tfdict le Pavanier, varlet de chambre du Roy''', n qui contenait deux arpents et
demi, et où il avait bâti une maison manable, était comprise entre le chemin de
Grenelle et le chemin aux Vaches, ou rue Saint-Dominique. 11 faut donc que l'une
des deux indications soit fausse, ou que Jean de Lisieux ait eu une maison de
chaque côté de la rue, ce qui est peu probable. Quoi qu'il en soit, la maison du
Pavanier, appartenant alors à Michel Gaillard, seigneur de Longjuraeau, avait
été, au mois d'avril 1 56i, le théâtre d'un combat entre quelques huguenots et la
populace ameutée par des écoliers. Elle fut démolie peu de temps après et n'exis-
tait plus en 1579. Le terrain en avait été baillé à bâtir à Jean de Lisieux, le
28 mai i5/i5.
RLE DU DRAGON.
La rue du Dragon commence à la rue Taranne et finit au carrefour de la Croix-
Rouge, au droit de la rue de Grenelle; mais, anciennement, on la considérait
souvent comme se prolongeant jusqu'à la rue de Sèvres. Ce prolongement, c'est-
à-dire la partie comprise entre la rue de Sèvres et la rue de Grenelle, était aussi
regardé comme dépendant de la rue du Four.
La rue du Dragon ne porte ce nom que depuis 1806; elle s'appelait aupara-
vant rue du Sépulcre, à cause d'une propriété qu'y possédaient les chanoines du
Saint-Sépulcre, de la rue Saint-Denis. Nous trouvons la rue du Dragon énoncée
«rue allant du BouUouer (carrefour de la Croix-Rouge) au dict Sépulcre, 75
crchemyn du Sépulcre n et «rue du Sépulcre, ti en la même année iBaS, puis,
dans un titre de liAi, a rue allant à l'hostel du Sépulchre. a Bien qu'elle date
évidemment d'une époque relativement ancienne, nous ne saurions citer aucun
document antérieur où elle soit certainement indiquée. Toutefois il existe une
charte de iSgS, où l'on parle d'une maison située dans la grande rue du Four
'■' Jean de Lisieux était aussi rr gentilhomme ji du cardinal de Toumon, alors abbé de Saint-Gerinain-
des-Prés.
N RUE DU DRAGON. 91
et faisant le coin d'une voie dite a la rue par où on va à l'église Saint-Père, r? Cette
dernière rue est très-probablement la même que celle du Dragon, qu'un ensaisi-
nement de «5-26 énonce la t-ue du Four, apparemment par erreur.
CÔTÉ ORIENTAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CE.NSIVE DE L'ABBAYE SAINT-GERMAIN.
Grande maison des Trois-Rois ( i BgS) , faisant le coin de la Grande rueTaranne Enin-
et s'étendant jusqu'à la Petite. C'était un des deux lots qui résultèrent du inorcel- «t du saimt.
lement de l'ancien hôtel de Taranne. En lagB, elle appartenait à l'écuyer Jean-
Baptiste Vesle; il l'avait fait alors nouvellement rebâtir et la tenait du nommé
Jacques Miut, lequel l'avait acquise de Robert Fallentin.
Maison énoncée «d'ancienneté le cloz Copieuse, aultrement dict l'Herinitaige "- isntie
(i5a3), faisant le coin méridional de la rue du Sabol. Cette propriété est éga- ' eiduPour.
lement dite s'être appelée tr anciennement. .. l'hostel de Guyon Pernée.ii aHaa
Journée (i53i). Elle contenait un demi -arpent, s'étendait le long de la rue du
Sabot, et n'a été morcelée qu'au wii^ siècle; mais il y avait déjà là deux maisons
en i5io. Le censier de i365 mentionne un certain «Copiose,^! qui doit être
un membre de la famille dont le clos avait pris le nom. Quant à Guyon Journée,
c'était un marchand épicier.
Decx maisons sans désignation (iBgS), provenant d'un morcellement de la
suivante.
Maison dont la principale entrée était dans la rue du Four, et qui tenait à la mai-
son faisant le coin de celte rue. Les deux constructions n'en constituaient qu'une
dans la première moitié du xvi* siècle. (Voir Rue du Four.)
CÔTÉ OCCIDENTAL.
PAROISSE SAINT-SLLPIGE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE SAINT-GERMAIN.
Maisoii sans désignation (iBaS). faisant le coin septentrional de la rue de h» rae» ie sè*n^
92 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
et de Grenelle Sèvrcs. En iBsS sa superficic était d'un demi-quartier, et il en dépendait un jar-
( carrefour ,. „
de ta croii-Roiige). oin reulermant un quartier.
Granges aux malades de NAPLES, faisant un second coin de la rue de Sèvres.
Par une ordonnance du 6 mars l'igy, où il est dit que la syphilis avait eu rrpuis
ffdeux ans en çà... grande force en ce royaulme, tant en ceste ville de Paris que
cf en d'autres lieux, 11 le Parlement ordonna que les individus atteints de cette ma-
ladie, dont on s'exagérait beaucoup le caractère contagieux, devraient, sous peine
de la hart, se retirer à Saint-Germain-des-Prés, «pour estre et demourer es
(f maisons et lieux qui leuru seraient a baillez et délivrez t) par des commissaires
nommés à cette fin'". On avait, en eifel, disposé une sorte d'hôpital provisoire,
destiné à recevoir les malades du mal de Naples, comme on disait, et moins de
trois mois après plusieurs guérisons y furent obtenues, à ce qu'affirma l'évêquede
Paris, dans une visite qu'il fit au Parlement, le 28 mai. La propriété où était situé
l'hôpital avait jadis appartenu à Lorin Gauldry, et Jean Pasquier, capitaine des
archers de la Ville, la prit, dit-on, à bail de l'abbaye, pour le compte du Prévôt
des Marchands et des Echevins. Il est très-certain que cet emplacement avait appar-
tenu à Jean Pasquier; mais, suivant les cartulaires dé l'abbaye, le bail de 1697.
ayant pour objet une vieille grange et une maison avec cellier et bouge, aurait
été fait à Jean Ferry, voiturier.
Quoi qu'il en soit, en i523, il se trouvait là «deux granches,fl en d'autres
termes, deux salles couvertes, puis une petite cour et une masure; le tout occupait
une surface de trois quartiers, dont il n'est point possible de retracer les limites.
Jean Pasquier tenait le terrain des granges à titre précaire; en 162 8, son fils
Antoine Pasquier le reçut à rente perpétuelle et y bâtit probablement la maison
qui remplaça l'hôpital, sans en occuper tout l'emplacement. Elle a eu pour en-
seigne la Croix-Rouge (1595-1628), et, en 1628, elle était divisée en plusieurs
corps d'hôtel, dont le dernier s'appelait la maison de Notre-Daine- de-Grâce.
Maison sans désignation, qui faisait le coin méridional de la rue de Grenelle,
etoi!i, en i523, étaient construites trois « loges, r Jean Louvet, propriétaire dès
1 523 , y avait arboré pour enseigne tr ung petit crucifix et aultres petites ymaiges
ff que feist icelluy. .. Jehan Louvet, qui les y meist,T) et il avait agrandi la maison,
en 1529, d'une place large de six pieds par devant, de onze pieds par derrière, et
profonde de neuf toises, laquelle formait l'encoignure. Vers lôgô, la propriété
n'était plus qu'une vieille masure.
Enire Maison sans désignatiou (i543), faisant le coin septentrional de la rue de
les mes de Grenelle- „ ,, , . iri-r»< ri o a ■|^ i ■ ^• • r i
et Taranne. Grenelle ct aboutissaut rue des oamts-Peres. En 1028, eue était divisée en deux
(')
Arch. nat. reg. X i5o3, fol. 7^1 r". La pièce a été publiée par Félibien.
N RUE DU DRAGON. 93
dans le sens de sa profondeur. Un peu plus lard, elle a été morcelée en cinq et
même six parcelles. Elle avait été construite sur un lot de quinze perches et demie
de terre, tr baillé à bâtini à Jean de Morvillet, le 19 avril i535.
Maison sans désignation (i543), aboutissant rue des Saints-Pères. Elle lut
construite sur un lot de quinze perches et demie de terre, baillé, le 19 avril
i535, à Philippot Rebac, bourrelier. Cette maison et les deux suivantes étaient
à l'état de masure vers la fin du xvi" siècle.
Maison sans désignation (i543), aboutissant rue des Saints-Pères, et cons-
truite sur un quartier de terre baillé à Jean Verdureau. le 19 avril i535.
Maison sans désignation (i543), bâtie sur une place d'environ quatre toises
de largeur sur seize de profondeur, laquelle faisait partie d'un demi-quartier de
terre baillé à Jamet Prévôt, le 19 avril i535.
Maison sans désignation (i563), bâtie sur une place d'environ trente toises de
largeur, retranchée du lot de Jamet Prévôt, et cédée par lui à Pierre Puissant, le
16 février i536.
Maison sans désignation (i 563), élevée sur un demi-quartier de terre baillé à
Jean Feauveau, le 19 avril i535. A la fin du xvi* siècle, réunie à la suivante, elle
avait pour enseigne le Heaume (1 595-1628). Sur le même emplacement ont été
construites depuis trois maisons.
Maison sans désignation (i563) , bâtie sur un demi-quartier baillé à Girart du
Cerf, le 19 avril 1 535. L'emplacement de cette maison, de celle qui est derrière
et de tout le reste de l'îlot, jusqu'à la rue de Grenelle, était occupé, en 1529,
par une pièce de terre de cinq quartiers appartenant à Jean Petit, libraire-juré
de l'Université.
Clos dépendant de l'hôtel du Sépulcre, y attenant (i523) et aboutissant rue
des Saints-Pères. Ce clos contenait cinq quartiers de terre et n'a été couvert de
maisons qu'au temps del^ouis XIII.
HÔTEL DU SÉPULCRE, dit aussi LE VlEIL-SÉPULCRE (i5/l8) et LE PeTIT-
SEPULCRE,contigu à la maison faisant le coin de la rue Taranne. Cette propriété,
qui renfermait une maison d'habitation, une grange, un jardin et des étables,
lut acquise, en 1396, par Pierre Boullard, et, au commencement du siècle sui-
vant, léguée par lui, pour fondation de messe, à l'hôpital du Saint-Sépulcre de la
rue Saint-Denis. Une rente de 8 livres parisis, dont elle était chargée envers
l'hôpital '", étant venue à péricliter, les maîtres du Saint-Sépulcre réclamèrent la
mise aux enchères de la maison, laquelle leur fut adjugée par sentence du a 8 mai
1626, et de là est venu le nom (ïh/kel du Sépulcre, qu'on lui donnait. Baillée à
vie, le 6 mai 1660, au nommé Bonvarlet, et, le i5 septembre 1668, à Henri
'' P. Boullard n'avait probablement fait que l^er la rente, et non la maison.
9à TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Lemaître, elle fut baillée de nouveau, et pour quatre-vingt-dix-neuf ans, le i 4 jan-
vier 1^77, au tuilier Robert Montrouge. En 167/1, le fils de ce dernier, nommé
Guillaume, fut condamné à en déguerpir à l'expiration du bail, c'est-à-dire en
1576; mais Ravaud, fils de Guillaume, obtint, le 1 1 octobre 1677, qu'elle lui
fût cédée moyennant une rente de 200 livres. Elle appartenait encore à la famille
Montrouge en 1668, année en laquelle les dernières cinquante livres de la rente
stipulée en 1677 furent rachetées au chapitre du Saint-Sépulcre. Suivant un car-
tulaire de Saint-Germain-des-Prés, la maison du Sépulcre était la même que celle
sur laquelle, l'an 1267, Jean, dit Rane, et sa femme Théophanie, vendirent à
l'abbaye une rente de Uo sous parisis. La maison de Jean Rane est énoncée, dans
la charte originale, m vico per quem itur ab abbalia apud Sanctum Petrum, ce qui
doit s'entendre de la rue Taranne actuelle, et elle est dite tenir d'une part à la
maison de Gillebert, dit Rane, et d'autre part à la maison du curé de Saint-
Sulpice.
RUE DE L'ECHAUDE.
La rue de l'Echaudé commence à la rue de Seine et finit à la place Sainte-
Marguerite. De ce dernier côté, la construction du bâtiment d'une boucherie a
transformé la partie méridionale de la rue en une impasse, qui a été nommée
cul-de-sac du Guichet, et qui a subsisté depuis le milieu du xvu" siècle jusqu'au
commencement de celui-ci, époque oiî on lui a rendu un débouché.
Ainsi que nous avons déjà eu l'occasion de le dire, les échaudés en pâtisserie
affectaient autrefois la forme triangulaire, d'oii est venu l'habitude d'appeler
échaudés les terrains présentant une configuration analogue. La disposition de
l'îlot compris entre les rues du Colombier, de Seine et celle qui fait l'objet de cet
article, lui valut, peu de temps après sa création, le nom trde rEschaudé,n qu'on
appliqua ensuite à la rue qui remplaça le chemin longeant le fossé oriental de
l'abbaye et conduisant, de la principale porte du monastère, au Pré-aux-Clercs
et à la Seine. Cette voie a été énoncée successivement: «chemin qui joint aux
fffossez de ladite église (de l'Abbaye), par où l'on va de la porte d'icelle église vers
rr ledit Pré aux Clersn (i388); (truelle par où l'on va du Pilory à la rivière de
et Seine T) (1612); tr sentier des fossez dudit Saint Germain n (i4i4); «grant
ttrue allant pardessus les fossez à la rivière de Seine n (i5/n); tr petite rue allant
et sur les fossez de l'Abbaye. . . et au Pré aux Clersn ( iBgS); ttrue du Guichet*'',
(tqui conduit du vieux portail et du pont-levis de ladite abbaye, le long des fos-
'"' Le guichet en question était la vieille porle de labbaye.
N RUE DE L'ÉCHAUDÉ. 95
(tsez d'icelle, es dites rues du Colombier et de Seine n (1610). Nous trouvons
l'appellation de rue de l'Echaudé dès 1B90; mais elle n'a point été communément
employée avant le siècle suivant, pendant lequel on a dit aussi rue de Metz, à
cause d'un jeu de paume de ce nom établi près du palais abbatial.
Dès son origine, la rue de l'Echaudé a eu son côté oriental bordé de propriétés
closes; mais, comme il est parlé ailleurs de ces propriétés (voir Rues de Bussy et
de Seine), il ne doit être question ici que de celles qu'on voyait du côté opposé.
CÔTÉ OCCIDEMAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE SAINT-GERMAIN.
A l'exception de la maison faisant le coin de la rue du Colombier, les construc- Entre in place
lions s'étendanl de cette rue à la place Sainte-Marguerite ont été élevées sur des ' '" «-^«'g^enie
terrains baillés à bâtir en 1698, 1709 et 1708. Vers le centre de ces construc- '»">«<'" •^»'o™'"<'''
lions, au droit de la rue Bourbon-le-C bateau, était placée la grande porte de
l'abbaye.
Nous consacrons un chapitre entier à la monographie sommaire de ce mo-
nastère, dont l'histoire se lie intimement à celle de Paris, et «jui a puissamment
contribué au développement de la ville, sur la rive gauche de la Seine.
Deux maisons sans désignation (iSgr)), dont la première était contiguë à celle Enii-e
qui faisait le coin septentrional de la rue du Colombier. Ces deux maisons furent rues du colombier
élevées sur le lot de trente et une perches baillé à Jean Longis, le 17 février «""«««'ne
i56i; elles appartenaient, vers la fin du xvi* siècle, au même propriétaire que
l'habitation suivante.
Maison et grange (i BgT)), contiguës à la maison formant l'encoignure de la rue
de Seine.
L'ABBAYE DE SAIN
i:n
^77/é: s. germant a PBATIS SCENOGRAPHTA i68n
^ yif-tfinis \jo. Auhx Ho^piht'^
Il . offUtna ofiUciaLum
PaJrum 12. ■ Rtftcbirmm.
(^ ■ HoThiS Inhrnarut
ic . /irea fflonarttn/
«7
\8 . HoHwr Rtueiyui, BtPvn ii.A'-ta chmiu- Abkabaù
Ctmg^egatioruj- . 2.J ■ Ho^bu Abbalir
19 ■ MaUuvùutt . Z4. ■ offù^ma AUaU^
FurrutJ t TortuKt Uffnarif xo , ffor^tum, . 2^ ■ E<pùlia Abbatu
OJpànA tf . 3.1 , Domais Abbatùdù .
;rmain des prés
A«BAYE DE SAINT-GERMAIN-DES-PRES. 97
CHAPITRE II.
ABBAYE DE SAINT-GERMAINDES-PRÉS.
L'abbaye Saint-Gerniain-des-Près fut fondée par le roi Childebert, fils et suc-
cesseur du grand Clovis. Grégoire de Tours rapporte que, l'an 5^2, Childebert
et son frère Giotaire, (jui assiégeaient Saragosse, ayant été témoins de la véné-
ration que les habitants de celte ville montraient pour l'étole de saint Vincent de-
meurée en leur possession, renoncèrent à s'emparer de la place, dans la crainte
d'encourir la réprobation du saint '''. Plus explicite, l'auteur des Gesta regum
Franronim, qui écrivait au commencement du vni* siècle, et qui relate les mêmes
faits en termes presque identiques, ajoute que Childebert réclama le don de
l'étole. L'ayant obtenue, il fit élever, à son retour ù Paris, une église en l'honneur
du bienheureux martyr : r Childebertus vero, Parisius veniens, ecclesiam in honore
(tB. Vincentii martyris a;dificavit '^'. -^ Acquise de cette façon ou de toute autre, la
relique de saint Vincent détermina le vocable de la nouvelle basilique, qui reçut,
en outre, celui de Sainte-Croix, à cause, dit Gislenjar, d'une croix d'or que Chil-
debert rapporta pareillement d'Espagne*'', et qui passait pour un ouvrage de
Salomofi. Fortunal, dans sa Vie de mini Gettnain, raconte un miracle que ce prélat
aurait acconq)li en se rendant à la basilique de Sainte-Croix '*', et Grégoire de
Tours mentionne plusieurs fois la basilique de Saint-Vincent, où saint Germain
avait reçu la sépulture '*'.
La grande dévotion des Parisiens envers saint Germain, leur évéque, et la
présence de sa tombe dans un oratoire contigu à l'église, amenèrent prompte-
ment la substitution du vocable de Saint-Germain à ceux de Saint-Vmcent et de
Sainte-Croix. En 61 5, on disait déjà la basilique de l'évèque Germain**'; en
'■' Gre/f. Tur. Mb. III, cap. xxix. ap. D. Bou- «auil.n {Vila S. Droctovei,a\u Ad. SS.ord. S. Bened.
(juet, t. Il, p. 199. l. I, p. a4o.)
'*' D. Bou(|iiel, t. II, p. 5.S8 C '*' irCum ad basilicam BealœCrucis vir Dei pro-
'*' (f Asporlavit crocem aiiream prctiosis gemmis itcederet.i {Vila S. Germant, ibid. 1. 1, p. aio.)
Tedimitam, necnon ex opère Salonionis ut ferlui'... ''' Lib. IV, cap. xx; lib. VIII, cap. xxii et xxiii,
-firalia igitur vivifies cracis ecclesiam sauctissirai et De Gloria con/esnorum , cap. xc.
"martyris, ubi ipsam ciini aliis [iretiosissiniis inonu- '*' Cbiidebert avait fait don h saint Germain de
■iiipnlisdelegavit. in niuduni crucis eedilicare dispo- la basilique de Saint-Vincent.
m. i3
98 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
690 et 696, la basilique ou monastère des saints Vincent et Germain, et, en
786. le monastère de Saint-Germain seulement '''. On a ensuite désigné habi-
tuellement le monastère sous le nom d'abbaye Saint-Germain de Paris, ahhalia
Sancti Germani Parisiensis; enfin, vers la fin du \if siècle, a prévalu l'appellation
de Saint-Germain-des-Prés, motivée par les prairies environnantes*^'. On écrivait
encore, en 1078, Cœnobium Sancti Vincentii Sancttque Germani.
Suivant la prétendue charte de fondation de l'abbaye <*', qui porte la date du
6 décembre 558, c'est à la sollicitation de saint Germain que Ghildebert entreprit
l'érection de la basilique de Saint-Vincent; or, saint Germain n'étant devenu évèque
de Paris qu'en 555 ou 556, D. Bouillart'*' et les auteurs du Gallia christianii ont
reporté jusqu'à cette dernière année l'origine du monument; mais l'hypothèse est
invraisemblable pour diverses raisons. Sans invoquer le défaut d'authenticité du
diplôme qui lui sert de base, on peut objecter que les relations de saint Germain
et de Ghildebert sont antérieures à 556; que ce monarque eut avec ses frères, en
556 et 557, des démêlés au milieu desquels il ne put guère songer à bâtir des
églises, et que, d'ailleurs, ayant acquis les reliques espagnoles en 5/i2, il n'avait
sans doute point attendu quatorze ans avant de construire l'édifice destiné à les
abriter. On connaît en outre ces vers souvent cités de Fortunat :
Hinc iter ejus erat, eu m limina sancla petebal.
Quai modo pro merilis incolit ille magis.
Antea nam vicibus ioca sancta terebat amalus;
Nuiic tamen assidue templa beata lenet'*'.
Ces vers sont généralement considérés comme se rapportant à l'église Saint-
Vincent; il faut donc en conclure que Ghildebert la visitait fréquemment, et
qu'il n'en commença point la construction en 556 seulement. Il est sage de
croire, avec Adrien de Valois, Jaillot et Guérard, que la fondation de la basilique
Saint-Vincent remonte à l'issue de la guerre de la péninsule, c'est-à-dire à 563
ou à peu près; il y aurait quelque témérité à préciser davantage.
Il y a pareillement doute sur l'année où saint Germain procéda à la dédicace
de la basilique, cérémonie que le martyrologe d'Usuard place au 28 décembre,
simultanément avec les funérailles de Ghildebert*^'. La solennité, célébrée avec
'*' Conf. le testament de Bertchrani, ap. Pardes-
sus {Dipl. t. I, p. aoa), et les chartes transcrites
par D. Bouillart, dans ses Preuves, p. v, vi et xii.
<^i L'abbé Lebeuf (éd. Cocheris, t. III, p. a)
cite une donation de 811, dans laquelle l'abbaye
serait appelée Sainl-Germain-le-Neuf; mais, dans
son mémoire sur Les trois Sainl-Germain de Paris,
M. J. Quicherat a combattu cette opinion , que nous
aurons Toccasion de discuter ailleurs.
''' Nous reproduisons en appendice, d'après D.
Bouillart, le texte de cette charte apocryphe, avec
la solide dissertation de M. H. Cocheris. — l. m. t.
'*' Hist. de l'Abbaye, p. 4.
''' De horto Ullrogothonis regiiur, ap. D. Bou-
quet, t. II, p. 5 10.
'*' trDecimo calendasjanuarii, Parisius, dedicalio
fbasilicaB S. Crucis et S. Vincentii martyris. et de-
trpositio domni Cbildeberti régis. i
(Boupcr et FauLo-ui'q S Goi'-nio
•g
9
a m.
'^ C
il
\ M
m
^ .:ii. ■:.
51
^'
OMBES DE CHILDEBERTET DE CHlLPEFaC I "^.^
ABBAYE DE SAINT-GERMAIN-DES-PBES. 99
grande pompe par saint Germain lui-même, eut-elle lieu en 507, comme l'as-
sure Félibien,ou en SSg, ainsi que l'avancent D. Ruinart et D. Rivet, ou bien en
558, c'est-à-dire au moment de la mort de Cliildebert, ce qu'ont adnns D. Bouil-
lart et Jaillot? Guérard, qui a discuté la question''', partage l'avis émis par
D. Bouillart. Toutefois il convient de faire observer que l'opinion de D. Ruinart
a pour elle un passage fort explicite d'Aimoin, ainsi qu'un autre de Gislemar (-', et
que l'avis de Félibien est pareillement confirmépar celte phrase d'Aimoin: aChil-
<rdebertu8 acceptam beati Vincentii stolam Parisius defert, œdificatam solo tenus
ffbasilicam nomini ejusdem levit;e ac martyris dedicari lecit(''.Tt Les mots œdificatam
Kolo (enus basilicam ont, au surplus, provoqué des discussions. En prenant l'ex-
pression tenus dans son acception ordinaire, on s'est demandé comment Cliildebert
avait pu faire dédier une église dont les fondements ne dépassaient point le sol'*'.
La contradiction entre les deux passages d'Aimoin a suggéré la pensée que Chil-
debert avait fait simplement bénir les premières pierres du monument, ou qu'il
lui avait imposé un nom. Celte explication concilie les textes, dont on comprend,
en outre, la discordance, en supposant une interpolation. L'unique vérité qui se
dégage de tout ceci, c'est que, si la basilique de Saint-Vincent n'était point abso-
lument terminée quand mourut Cliildebert, puisqu'on y enterra ce prince, elle
était du moins bien près d'un entier achèvement. Il en était probablement de
même des bâtiments claustraux. Les religieux (ju'on y établit paraissent avoir suivi
d'abord la règle de Saint-.\nloine et de Saint-Basile; ils embrassèrent celle de
Saint-Benoît dans la seconde moitié du vn" siècle; puis ils furent réformés en
i5i3, et ils adoptèrent, en i63i, les statuts de la congrégation de Saint-Maur,
que ses magnifiques travaux historiques ont rendue si célèbre. Soustraite à la
juridiction de 1 ordinaire, l'abbaye Saint-Germain ne relevait que du pape, et ce
privilège, qu'elle prétendait tenir de saint Germain depuis 566, et que les papes
confirmèrent plusieurs fois, .s'est maintenu intact jusqu'en iGGy.
"' Polyptyque d'IrminoH, Proldgomènes, |). (joy '' \.\b. II, cap. xx. ap. D. Bouquet, l. III.
et suiv.
p. 07.
''* Aimoio (lib. II, cap. un) dit : i^Igilur de- '*' Peut-être s'agissail-il d'une crypte ou église
irfuncio gloriosissiiiio rege Childel)erto xlix |iost- soulerraine. Beaucoup de basiliques, en effet, ont
cquam regnare cu'pit anno , nondum quidcni été l'objet d'une consëcration provisoire, et le ser-
irdedicala vel consecrata Sancti Vincentii quani fa- vice divin y a été célébré, alors que leurs murailles
ifbricaverot ecclesia, gloriosus Clotharius rex non ne dépassaient guère le niveau du sol. Les guerres,
"dignum duccns hoc fore procrasiinandum , con- le défaut de ressources, l'insuflisaiice des moyens
irferre curavit cum beatissimo Germano , etc.» Mais de construction, ou toute autre cause, entravaient
ce texte a été taxé d'interpolation. Quant à Gis- l'édillcation de ces grands édifices et en retardaient
lemar, il exprime la date de 5.5() (Acl. SS. ord. l'achèvement. De nos jours, malgré les progrès qu'a
S. Bened. t. I. p. aâ.î); en revanche, il rapporte faits fart de bAtir, ne se propose-t on point de
que la cérémonie eut lieu le même jour que les fu- construire et d'utiliser, pendant un temps plus ou
néraillcs de Ghildebert, ce qui implique contradic- moins long, l'étage souterrain d'une grande église
tion. s'il est vrai que Cliildebert mqurut en 558; votive? M. Cocheris (édit. Lebeuf) a discuté l'ex-
on n'en est point, du reste, parfaitement «ûr. pression *olo tenu». — l. h. t.
100 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
La vie de saint Droctovée, premier abbé du monastère, écrite par Gislemar,
qui vivait dans la seconde moitié du xi" siècle ''', nous fournit des détails intéres-
sants sur le monument construit au \f siècle, ail nous paraît inutile, dit l'hagio-
rc graphe, de décrire le merveilleux travail de cette basilique, l'habile agencement
crde ses fenêtres, les marbres précieux qui la soutenaient, la disposition des lam-
(rbris dorés dont la voûte était hérissée, la splendeur des murailles, qui, comme il
«convient dans la maison du Christ, étaient revêtues d'une brillante couleur d'or,
(ret la beauté du pavement orné de mosaïques (^'. Le toit de l'édifice, recouvert
a de bronze parfaitement doré , et réfléchissant ainsi les rayons du soleil , étince-
ftlait de telle sorte qu'il éblouissait les regards par son éclat excessif. De là est
et advenu que jadis le vulgaire, par métaphore, et non sans raison, appelait le
« monument le Palais [auh) de Sainl-Germain-le-Doré. v Gislemar ajoute : c Cette
rrbasilique étant, ainsi qu'on l'a dit, construite en forme de croix, contenait
K quatre autels. Le premier était consacré à la sainte croix et au saint martyr
ff Vincent, dont l'étole y avait été déposée par le glorieux roi Childebert, qui
cr l'avait rapportée d'Espagne. Childebert avait fait dédier l'autel septentrional aux
ff saints martyrs Ferréol et Ferrution, celui du midi au saint martyr Julien de
ffBrioude, et celui de l'occident aux saints Gervais et Protais, au jeune Celse et
trau saint martyr Georges. Au midi de l'église, avait aussi été bâti, en l'honneur
ffdu martyr saint Symphorien, un oratoire où le même Germain, serviteur de
ffDieu, voulut plus tard être inhumé. Du côté du nord, s'élevait une autre cha-
ft pelle, sous le vocable de l'apôtre saint Pierre, et dans laquelle... à cause des
:t mérites particuliers du saint apôtre, le Seigneur accomplissait chaque nuit un
«nouveau miracle'^'.'»
Sous la dynastie mérovingienne, la basilique de Saint-Vincent, alors fort re-
nommée, fut choisie pour la sépulture de nombreux membres de la famille royale.
C'est ainsi qu'elle renferma les tombeaux de Childebert, d'Ultrogothe, sa femme,
et de leurs filles, Crotberge et Chlodesinde; du roi Charibert; de Chilpéric I'^'',
de Mérovée et Clovis, ses fils, et de Frédégonde, sa femme; de Clotaire II et
de Bertrude, sa femme; de Childéric II, de Bilihilde, sa femme, et du jeune
Dagobert, leur enfant, dont on plaça le cercueil sur celui de sa mère. Ces trois
dernières sépultures furent découvertes, en i646, sous le pavé du chœur, près du
clocher septentrional, puis déplacées W avec toutes les autres'*'. Le tombeau de
''' Lebeuf, Histoire du diocèse de Paris, édil. tr était fait de grands carreaux en coiiiparliraents.n
Gocheris, t. HI, p. 4. '"' Ad. SS. ord. S. Beiied. t. I, p. a5/i et 955.
'*' Piganiol dit: it Lorsqu'on 1 653 on changea la '*' Conf. D. Bouillarl, p. aSa.
rdisposilion du chœur, et qu'on futobh'gé d'en lever ''' Une autre sépulture de la même période avait
trie pavé, on trouva une quantité infinie de pierres été trouvée, en i()43, dans le préau du cloître,
"de différentes couleurs et taillées différemment; près de la porte conduisant au dortoir et à l'église:
rrce qui confu-me qu'autrefois le pavé de cette église c'était la tombe d'uu personnage nommé Hilpéric;
7:moonv;h_j
SAaNOoas
J A C E T
A*BBAYE DE SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS. 101
Clotaire II était une simple pierre élevée d'un demi-pied au-dessus du sol, sans
ornement ni inscription. Le tombeau de Frédégonde était recouvert par une dalle
en mosaïque, d'un travail curieux, mais qui ne datait que de la fin du xn'' siècle,
comme les statues tumulaires de Chilpéric et de Childebert <''. Aimoin reproduit
l'épitaphe qui se lisait sur le tombeau primitif de Childebert; elle avait vraisem-
blablement été rédigée assez longtemps après sa mort, et elle était ainsi conçue:
Francorum rector prœclarus in agmine ductor,
Cujus et AUobroges meluebant solvere leges;
Dacus et Avernus, Biitonuin rex, Golhus, [berus.
Hic silus est diclus rex Childeberlus honestus.
Coiididit banc aulam Vincent! noininc claram,
Vir pietate cluens, probitalis munere pollens,
Templa Dei ditans, gaudebat dona repensans.
Millia niendicis solidoiuni dans et egenis;
Gazarum cumulos salagcbat condere cœlo.
Une sépulture bien autrement imposante pour les populations que les tombeaux
des princes mérovingiens était celle de saint Germain, mort le a8 mai SyG. On
l'avait enterré dans l'oratoii-e Saint-Sympliorien, (pi'il avait fait élever, et oi!i repo-
saient, à sa droite, son père Éleutlière, et, à sa gauche, sa mère Eusébie. Le
q5 juillet 754, le corps du prélat, enfermé dans un cercueil de pierre, fut levé
solennellement et transféré dans la partie orientale de la basili([ue, derrière l'autel
de Sainte-Croix, où l'on avait préparé un caveau pour le recevoir. Le roi Pépin,
qui assistait à la fête, gratifia, en celte occasion, le monastère de la terre de
Palaiseau, près de Paris. Le foit fut attesté par une plaque de marbre blanc, en-
castrée dans le sotibassement de l'autel de Saint-Germain et entaillée d'une croix
ancrée avec celle inscription autour: f Hic pansante sancto Germano in die trans-
(rlationis dédit ei rex Pipinus fiscum Palatiolum cum appenditiis suis omnibus. nCe
marbre faisait, en dernier lieu, partie du cénolaphe dressé, en 1670, dans la
chapelle Sainl-Symphorien, là où l'on croyait qu'avait jadis été la sépulture du
prélat. Sur l'une des extrémités de la dalle qui couronnait le monument, était
écrit : c Hic primo fuit tumulalus bealus Germanus ; v mais les caractères et les
moulures n'indiquaient que le xnf siècle, et la dalle, que nous reproduisons
d'autre part, devait provenir d'un tombeau refait alors seulement.
Les richesses de l'abbaye Saint-Germain étaient de nature à tenter l'avidité des
Normands, et elles n'échappèrent point à leurs pillages ; le monastère lut ravagé
dans rintdrieur du cercueil ëlait écrit avec du ver- inscriplion , M. Cocberis, dans sa nouvelle édition,
niillon : •'Precor ego llpericus non auferanttir bine lui a consacré une note. (T. III, p. 5o.) — i. m. t.
ffossa niea,i et sur le couvercle était gravée celte '' Elles ont été transportées à Saint-Denis. Les
inscription : TTempore nullo volo bine tollantur pierres tombales de Clotaire 11, de Uertrade et de
"ossa Hilperici.» Lebeuf n'a pas parlé de cette Cbildéricllont été refaites au milieu du xvn' siècle.
10-2 topographih; historique du vieux paris.
par eux en Slxb, 867 et 861. Le 19 juillet 863, les moines y rapportèrent, j)Our
la seconde fois, le corps de saint Germain, qu'ils en avaient tiré pour le mettre
en lieu de sûreté, et, le calme renaissant, l'abbé Gozlin put réparer les bâti-
ments claustraux dévastés. La restauration de l'église paraît avoir été terminée
vers 869, et, selon la remarque de Lebeuf, c'est à cette époque qu'il convient
de placer l'une des dédicaces indiquées en marge du martyrologe manuscrit
d'Usuard. Ces dédicaces, placées nécessairement entre celles de ôSg et de 1 i63,
sont datées du 91 juillet et du 19 novembre; elles indiquent probablement des
reconstructions plus ou moins importantes. Au mois de février 886, les Nor-
mands saccagèrent derechef l'abbaye, et ils y brisèrent le tombeau des parents
de saint Germain.
Une nouvelle réédification de l'église fut certainement entreprise pai' 1 abbé
Morard, élu en 990 et mort en loii. On lisait, en effet, sur sa tombe, placée
au milieu du chœur: «Morardus, bonae memoriaî abbas, qui, istam ecclesiam a
rrpaganis ter incensam evertens, a fundamentis novam reaedificavit, turrim quoque
cf cum signo *'' multaque alia ibi construxit. n Morard fut aidé par des libéralités du
''' On lil et signo, aa lieu de cum signo, dans le Marlyrolog-e (Arch. nalion. reg. LL 1026, fol. 54 i").
I
MBAYE DE SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS. 103
roi Robert, à ce point que le moine Helgaud compte l'abbaye Saint-Germain
parmi les monuments religieux que ce prince fit rebâtir ''*. Cependant les tra-
vaux de Morard n'ont pu être bien considérables en ce qui toucbe le vaisseau de
l'église, à moins de supposer, ce qui est fort invraisemblable, qu'une grande partie
des bâtiments élevés par lui ait duré seulement soixante ou quatre-vingts ans.
L'édifice est là pour témoigner que, à l'exception du porche intérieur et de la tour,
il a été construit à deux reprises différentes : dans la seconde moitié du xi*" siècle et
au milieu du xif. Complètement achevé, il fut consacré, le 21 avril it63, par
le pape Alexandre lU, accompagné de nombreux prélats. Suivant le continua-
teur d'Aimoin , Hugues 111, abbé de 1 1 iG à 1 i/i5, avait précédemment restauré
les biUinipnts du monastère.
En 1227, l'abbé Eudes commença la reconstruction du vieux cloître, qui tom-
bait en ruines, et, à celte occasion, plusieurs anciennes tombes ayant été dépla-
cées, les ossements qu'elles renfermaient furent mis dans des cercueils de pierre,
qu'on trouva dans la partie du cloître voisine du chapitre'"^'. Avant 1686. le
cloître appartenait à deux époques. La galerie méridionale, qui tenait à l'église,
et dont il n'exista longtemps que les fondations, fut continuée au mois de no-
vembre i555. Elle mesurait, dans œuvre, vingt-deux toises trois pieds quatre
pouces de longueur sur quinze pieds six pouces de largeur, et elle coûta 5, 860 livres
6 sous 5 deniers tournois. Le bdtiment consistait en deux étages : le rez-de-chaus-
sée, voûté d'arêtes, orné à l'extérieur de pilastres doriques, en manière de contre-
forts; le second étage, décoré de colonnes ioniques et percé de onze grandes fe-
nêtres. 11 renfermait la fameuse bibliothèque des moines'**, et l'on y avait placé
les armoiries du cardinal de Tournoii, dans l'espoir (jue ce puissant personnage
contribuerait à la dépense; mais il refusa d'y prendre part, en invoquant, assure
D. Bouillart, les frais excessifs de son séjour à Borne. Il semble néanmoins que
l'affaire eut un autre dénoûment, car nous avons lu, dans les archives du cou-
vent, l'indication d'une sentence des requêtes du Palais, rendue le 17 juillet 1677
et condamnant Claude de la Tour, dame de Tournon, nièce du cardinal, à payer
cinquante écus d'or, reste d'une somme de trois cents écus qu'elle devait, à cause
de la réfection d'un des côtés du cloître.
La galerie méridionale était la plus large des quatre, et le style en était a un
'*> Jaillot suppose que Helgaud ne fait allusion <tin sylvacofrnominata Ledia.n (Vita régis Robei-li,
qu'au monastère fondé par Robert à Saint-(jer- ap. D. Bouquet, t. X, p. ti5 D.)
main-en-Laye; mais le texte nous parait exclure '*' D. Bouillart, p. 118.
celte interprétation, car il est ainsi conçu : "In ^' En 1714, on la transporta au-dessus du ré-
■rcivitate Parisius. .. monasteriuni S. Gerraani Au- fecloire. (Voir, pour plus amples détails, dans la
-tissiodorensis; S. Michaelis ccclesiain in sylva co- collection de ïllistoirc générale de Purin, Touvrage
Tgiioininnla Biera; item, monnsterium Saiicti (icr- intitulé: Lex anciennes bibliolhèfjues , pav M. A.
"mani Parisiensis. cum ecclesia Sancti Vincentii Franklin.) — 1.. m. t.
104 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
trpeu gothique, fl dit Sauvai, qui ajoute: «Ce bâtiment est assez magnifique; les
fr culs-de-lanipe qui servent de clefs aux arcades du premier étage sont tous d'une
rr manière différente, et travaillés avec une délicatesse non moins galante qu'in-
ff croyable. Les chapiteaux ioniques ont aussi de petits ornements tout dissemblables ,
c:de plus si bien découpés et fouillés qu'il ne se peut pas mieux sur la pierre; de
(c sorte que cet édifice seroit très-bien entendu, si les colonnes n'étoient point trop
cr courtes de quatre grosseurs, et les pilastres de trois ou environ '*'. n
On voit, par le plan de D. Bouillart, que la galerie décrite par Sauvai existait
encore en 1728, et qu'elle formait douze travées. Elle fut refaite ensuite dans la
même ordonnance'^' que la galerie occidentale, dont la réédification avait eu lieu
aux mois de septembre et d'octobre 1686. pour servir de base à une partie de la
grande maison des hôtes, qu'on venait d'entreprendre alors. La galerie de l'ouest
présentait d'abord cinq travées et avait une longueur de dix-neuf toises un pied.
Sa largeur primitive ne différait probablement pas de celle des deux autres pro-
menoirs, et une note de Du Breul apprend qu'elle remontait également au temps
de l'abbé Eudes '^'. Les galeries du nord et de l'est étaient larges de deux toises.
La première, longue de vingt-trois toises cinq pouces, était divisée en sept tra-
vées, et la seconde, longue de dix-sept toises quinze pouces, en six travées'*'. A la
fin du xvm'' siècle, cette dernière était supprimée, et la galerie du nord avait été
rebâtie dans le goût des autres.
La galerie septentrionale du cloître était adossée au bâtiment du réfectoire,
jadis réputé l'un des plus beaux que l'on connût. D. Bouillart le décrit en ces
termes: crll a, dans œuvre, cent quinze pieds de longueur sur trente-deux dé
T largeur. Sa hauteur est de quarante-sept pieds sept pouces. La voûte se soutient
tf sans avoir des piliers au milieu. Les fenêtres, au nombre de huit, remplissent au-
frtant d'arcades; et, quelque solide que soit ce bâtiment, il semble ne se soutenir
ff que par une infinité de petites colonnes et de petits cordons, qui paroissent sortir
trde la muraille, pour se réunir aux arcades qui en composent la voûte. La chaise
«du lecteur de table est supportée par un cul-de- lampe de pierre dure, composé
rf de deux pièces, lequel est chargé d'un grand cep de vigne, dont les branches et
ff les feuilles sont si bien vuidées qu'on y voit le jour partout. A côté de la chaise
ttest une colonne de pierre très-deliée, haute de vingt pieds, y compris le chapi-
'"' Anliquitei de Paris, 1. 1, p. 3io. D. Bouillart, la galerie septentrionale se composait
'*' Cette galerie fait partie d'une maison de la rue de cinq grandes travées, à cinq jours, excepté la
de l'Abbaye. première, qui n'en aurait eu que trois; la galerie
'^' Danssonédition d'Aimoin (p. /lag), Du Breul orientale comptait quatre travées, dont trois h quatre
donne une liste d'abbés du monastère, oii on lit ces jours et une à trois. (Voir et comparer, pour se
mots: (rODO,veterisclaustri, cujus hodie adhue 1res rendre compte de ces différences, les divei-s plans
r- partes extant, asdificator. n que nous reproduisons, ainsi que le plan général
"' Suivant le plan de i653. D'après celui de que nous avons fait relever.) — l. si. t.
^r**^
ï
i
CHJLDEBEPT
ABBAYE DE SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS. 105
(rteau et le piédestal. Le diamètre du fust de cette colonne est de sept pouces
«quatre lignes. Elle porte des orneinens d'architecture d'une telle délicatesse qu'ils
«•paroissent comme suspendus en l'air. Les vitraux, aussi anciens que le réfectoire,
"sont d'un verre épais et peint d'une manière particulière et agréable. L'un deux
«représente les armes de Castille, plusieurs fois répétées en l'honneur de la reine
r Blanche, qui fut pendant longtemps régente du royaume. L'on a placé à la porte
fcdu réfectoire une statue de pierre qui représente Childebert, laquelle a été faite
(T apparemment sur le modèle d'une autre plus ancienne. Elle est haute de cinq
(T pieds et demi. Childebert a une couronne ornée de trèfles, et un sceptre à la
(rraain, dont l'extrémité d'en haut est cassée. Il a une robe qui descend jusqu'à
(rla cheville du pied. Sa ceinture, large de six lignes, est ornée, d'espace en
<r espace, de petites roses façon d'orfèvrerie. Son manteau, qui ne le couvre
«t que par derrière, est attaché en devant par un cordon qu'il tient à la main
ff gauche *''. v
Le réfectoire fut bilti en cinq années, et il était garni à l'intérieur «d'une me-
rnuiserie extrc^mement propre, n dit G. Brice. Sur la porte était peinte l'inscrip-
tion suivante: frAimo Domini m.ccxxxix, R. P. Simon, ahbas xlvmi hujus monas-
ffterii, hoc refectorium fieri curavit. ■" Le môme abbé Simon avait fait pareillement
rebâtir les mui's de l'abbaye depuis la porte voisine du Pré-aux-Clercs jusqu'à la
chapelle Saint-Martin-des-Orges, comme l'apprenait l'épitaphe gravée sur son
tombeau et ainsi conçue : «Hic jacet bonae memori» Simon abbas, qui, banc ec-
«clesiam laudabiliter in spiritualibus et temporalibus regens, ipsam rcdditibus ac
«aedificiis magniticis anq)liavit. Nam refectorium murosque a porta monasterii, ex
«parte Pralorum, uscjuo ad capellam Sancti Martini ac domum de Brolio, aliaque
«plura sumptuosa a?difiria construxit. Obiit autem anno Domini i 'j/i6, pridie ca-
«lendas jumi. Ani(na ejus requiescat in pace. Amen.n Le monument de l'abbé
Simon était |)rimitivement placé près des degrés conduisant de l'église au cloître.
On le transféra dans la galerie tenant au chapitre, au commencement du xvr siècle,
loi-sque Guillaume Briçonnet fit relever le pavé du cloître*.
La galerie orientale du cloître longeait le bâtiment du dortoir et du chapitre,
qui fut construit par les soins de l'abbé Gérard de Moret, vers l'jyS, au moyen
d'une somme de six cents livres parisis, donnée à cette fin par M*" Barthélémy de
lîegio '. A l'étage supérieur était le dortoir, où les moines dormaient d'abord en
commun, suivant la règle, et qui fut divisé en chambres vers i5i3. Au rez-de-
'■' Cette statue, contemporaine du réfectoire. ''' D. Bouillart, p. laS et lai.
est coiHervée au niust'e du Louvre. Nous en don- '^' Suivant l'obituaire de l'ablMiye (Archives na-
nons, après M. Albert I.,enoir, une reproduction en tionales, LL ioa6), oîi son anniversaire est indi-
couleur. — i.. ». t. que au 6 des calendes de mai. Les lettres de l'anni-
III. i&
106 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
chaussée, se trouvait la salie capitulaire, avec d'autres pièces qui, au xvn" siècle
et peut-être avant, servaient de parloir et de salle de récréation'''. Elles étaient
divisées en deux nefs par une rangée de colonnes, dont la légèreté provoquait
l'admiration de D. Bouillarl. Cet historien dit, en parlant du chapitre : r C'est une
rr chose assez singulière que des colonnes de deux pièces, et qui n'ont pas plus de
ff treize pouces de diamètre (o"',36), ayent pu porter si longtemps une voûte chargée
rrd'un grand dortoir et qui a six toises ou environ de largeur sur vingt-cinq pieds
cf de hauteur et cinquante-neuf de longueur. Le parterre est à la mosaïque, orné
crde divers compartimens quarrez, de desseins différens et vernis de diverses cou-
rf leurs; ce qui ne s'est pu faire qu'avec un travail incroyable. La peine et la même
cr variété éclatent dans les vitres qui éclairent ce chapitre. Quantité d'entrelas et
iT lavis de plusieurs couleurs en font la beauté et marquent le goût du temps. La
ffsale qui est à côté, que l'on nomme parloir, est voûtée et pavée de la même ma-
frnière que le chapitre. Ce qu'il y a de surprenant, c'est qu'une colonne d'une
!T seule pièce, placée au milieu, puisse soutenir une voûte de trente-trois pieds et
r. demi de longueur sur vingt-neuf de largeur. La chambre du prieur, les grandes
rr maisons qui étoient entre les murs de l'abbaye et la grande chapelle de la Vierge,
rr furent bâties en même temps (^'.n Le style des croisillons de l'église prouve qu'ils
furent semblablement restaurés dans le dernier fiers du xin" siècle.
La grande chapelle de la Vierge était l'édifice le plus remarquable de l'abbaye
Saint-Germain. Isolée et formée d'une nef de quatre travées avec un ciievet à
sept pans, elle fut commencée en 12^5 par l'abbé Hugues d'Issy, comme l'in-
diquait une inscription placée au-dessus du portail : aHanc praeclaram D. Mariac
crVirginis capellam, anno Domini mccxlv, ab Hugone de Issiaco, hujus monas-
crterii abbate xlix, aedificari cœptam, successoi" ejus Thomas de Malo-Leone per-
rrfecit. n Hugues d'Issy et Thomas de Mauiéon, en leur qualité de fondateurs de la
chapelle, y travoient des sépulcres élevez de terre, avec leurs statues de pierre;
f lesquels le père Simon Clou, vicaire et prieur perpétuel de céans, fit démolir
rr environ l'an i5i y, pour aplanir également le cœur de ladicte chapelle, et la ré-
rr parer de tumbes rapportées de cà et de là'^'.ii
Le tombeau d'Hugues d'Issy disparut à cette époque; quanta celui de Thomas
de Mauiéon, lequel était devant le grand atitel, il fut remplacé par une sinqile
dalle tumulaire, sur laquelle on grava son image et cette autre inscription: rcllie
ctjacet Thomas de Malo-Leone, quondam abbas hujus ecclesiae. Cujus temporibus
ff compléta fuit ista capella, fundata et aedificata per bonae mémorise Hugonem de
■ versaire de l'abbé Gérard contenaient cette phrase : "' On en voit deux arcades dans la nuiisoii n' i o
(f/Edificavimus et de novo construxiraus dorniito- de la rue de l'Abbaye,
trium, capituluni, latrinas operis niinium sump- -'' D. Bouillart, p. tli-j. ^'
«tiiosi.» i') Du Breul. p. 3 18.
TOPOGRAPHIE H15T0R10VE DVVIEVX PARIS,
euïauok
Heîioô. Garnier.
ABBAYE DE STGERMAIN DES PRÉS
RESTBS n I
'APEl-Liî Dli UAVMîRGE
TOPOGRAPHIE HISTORIQVE DVVIEVX PARIS.
^
'A.'isTMU sortueoM
t^=jr-\j
MIS
.r'-i I
w
'■■<■. ,. -,
,?#?Pf
HeliOQ. Ga
ABBAYE DE ST GERMAIN DES PRÈS
CHAPELLE DE LA VIERGE
PLAN V.t DfcT-AILO.
TOPOGRAPHIE HISTORIOVE DV VIEVX PARIS
\ \Zl^^
\\
H
^^,^
stsTE et u sEromiKM inuiivu m msmos des amats
-='=H
H/
If
' fi
f
r^i
i
ka SsClMb
Hélioô. C«.pnier.
ABBAYE DE ST GERMAIN DES PRES
DE TA ILS INTÊRI EVRS DE LA CHAPELLE DE LA VIERGE
ABBAYE DE SAFNT-G-ERMAIN-DES-PRES. 107
ffissiaco, abbatein hujus loci. Anima ejus requiescat in pace.T) Thomas de Mauléon
fit face aux dépenses de l'achèvement du monument par le moyen des sommes
que les habitants du bourg payèrent pour obtenir leur affranchissement; il mourut
le 2 1 mars isBB. Un an après, fut inhumé à côté de lui l'illustre architecte
Pierre de Monlreuil '". qui avait donné les plans de la chapelle. Suivant un mar-
tyrologe cité par Du Breul, cet artiste avait en outre construit le réfectoire, et sa
mort arriva le 17 mars iî«66. Sur sa pierre tombale, où il était représenté te-
nant un compas et une règle, on avait gravé son épitaphe rédigée en vers léonins:
Flos plenus monim, vivens doctor Inlomoruin,
Muslerolo nalus, jacet liic Petrus tuimiiatus,
Queni Kex celorum perducat in altu poloruin.
Cbrisli milleno bis cenleiio duodeno
Cuin quiiiquajjeno quarto decessil in aniio.
Non loin de Pierre de Montreuil reposait sa femme Agnès, dont la tombe était
signalée par ces mots : trlci gisl Annès, fanime feu mestre Pierre de Monstereul.
T Priez Dieu pour l'àme d'èle. t>
La chapelle de la Vierge est détruite; mais il en subsiste des fragments qui
sont un exemple du style de Pierre de Montreuil et témoignent de l'excellence
de son goût, comme la Sainte-Chapelle du Palais, sa grande œuvre, révèle l'am-
pleur de son génie **.
11 n'y avait d'abord (ju'un autel dans la chapelle de la Vierge. En i53o, on en
établit trois autres, que l'abbé Guillaume Briçonnet consacra le fi septembre. Celui
du nord lut dédié aux saints Ignace, Chrisanle et Daric; celui du midi, aux anges
Gabriel et Raphaël, ainsi qu'à Marie de Cléophas; le. troisième, situé derrière le
grand autel, fut placé sous l'invocation de saint Lambert, de saint Servais et
autres. On posa en même temps dans le chœur un revêtement de menuiserie, avec
des sièges pour les officiants. D. Bouillart assure, sans citer d'autorité, que l'édi-
fice de la chapelle avait été bâti au lieu où l'on voyait jadis ces cryptes qui, sui-
vant le martyrologe d'Lsuard, furent dédiées le 1" juin en l'honneur de la Vierge,
de saint Pierre , etc. , el qui contenaient plusieurs autels consacrés sous de nombreux
vocables'^'. Lebeuf a admis la possibilité de cette identité d'emplacement, mais
'' Il dtait évidemment le parent d'Eudes de Mon- serve des cliapileaux. des bases, etc. Four la Stalin-
Ireuil, dont il a été parlé à l'occasion de l'église des tique mnnumenlale de M. A. Lenoir, nous avons dos-
Quinre-Vingls. ( Voir le 1" volume de la Topographie sine tous ces fragments , que nous reproduisons ici ,
hi*torique du vieux Paris, région du Louvre et des et parmi lesquels on remarque une clef de veille
Tuileries, p. 68.) En i-jçja, un maçon de la même ornée d'une lietle tête d'homme mitre; elle a la
famille, irRaoul de Monstreul,i possédait une physionomie d'un portrait et doit être celui d'un des
maison dans le Iwurg Saint-Germain. deux abbés fondateurs de l'édifice.
'*' La porte a ét<; transférée à Saint-Deois, et <"' Cette assertion de D. Bouillart est contenue
i'nn des propriétaires de la rue de l'Abbaye con- dans une note de son édition du Martyrologe, p. 91 ;
i/i.
108 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
non sans faire observer qu'il semblerait plus naturel de placer les cryptes en ques-
tion sous le rond-point de la grande église, que l'ordinaire du couvent appelle
chorea.
En i368, des travaux assez considérables, prescrits par le roi, mirent le mo-
nastère en état de soutenir un siège. L'abbé Richard, dit D. Bouillart, reçut l'ordre
de faire élever de nouvelles murailles autour de son abbaye, de la fortifier de
tours et de fossés profonds. Une transaction passée avec l'Université rappelle que
les fossés furent effectivement creusés en i368; mais il n'y a, dans les archives
du couvent, rien à apprendre sur l'importance des constructions qui en renfor-
cèrent ou en transformèrent l'enceinte. Cette enceinte serait alors devenue beau-
coup moins vaste que précédemment, affirme D. Bouillart; toutefois, si le périmètre
en fut réellement amoindri, ce ne put être que dans de faibles proportions et
seulement du côté de Paris. 11 est manifeste que, dans les autres directions, les
anciennes hmites ne furent point sensiblement modifiées.
L'enceinte de l'abbaye , dont nous connaissons rigoureusement le contour, con-
sistait en une muraille crénelée, non terrassée, flanquée de trois tours d'angle
portant de fond, et munie de cinq tourelles, ou échauguettes, en encorbellement.
Au nord, la courtine était rectiligne'''; elle commençait à une tour dite du Colom-
bier, qui était large de trois toises''^', et dont le centre était au droit d'un point
placé sur l'ahgnement méridional de la rue du Colombier, à trente-six toises du
coin de la rue de Seine. A l'autre extrémité de la même courtine, on rencontrait
une seconde tour d'angle portant de fond comme celle du Colombier. Vers l'occi-
dent la muraille présentait, un décrochement ou retraite d'à peu près quatorze
toises, et à l'angle saillant de cette espèce de redan s'élevait la troisième tour '''. Au
milieu de la courtine légèrement brisée qui la reliait à la seconde, était une
porte flanquée de deux tours rondes. On la nommait prfô Papale, parce que,
le 2 1 avril 1 163, le pape Alexandre 111 y passa, dit-on, pour aller prêcher dans
le Pré-aux-Ciercs. Close par un arrêt de i5ai, dont nous aurons l'occasion de
reparler, elle ne fut plus jamais ouverte. D'après un dessin exécuté au milieu du
il est singulier qu'il ne l'ait point çenouvelée dans
son histoire de l'abbaye.
''' Elle ne l'était pas parfaitement; il s'y trouvait
une légère brisure , à dix-sept mètres du centre de
la tour du Colombier. — th. v.
'*' 11 subsiste un indice de cette tour au fond de
la maison rue Jacob, n" 5. La largeur de trois toises
indiquée ici doit se rapporter à l'intérieur de la
tour; extérieurement, elle devait être d'un plus
grand diamètre. — tu. v.
''' Il subsistait, il y a peu d'années, une partie
de cette tour dans le mur mitoyen de la maison te-
nant au passage de la rue Saint-Benoît. Elle avait
o^iSS , soit trois toises de diamètre intérieur; ce qui
indique que la même dimension attribuée par Tau-
teur à la tour du Colombier est une mesure prise
dans œuvre, et que, par conséquent, les toure de
l'abbaye avaient la même grosseur. Leur mur, ainsi
que celui des courtines, avait i^iSo d'épaisseur.
«î
n^
■U.'
Q.
Q
u:
2 J
— o
< -
ce
0
<
<
J
Q
>
>
2 z
<
W s ^
AfeBAYE DE SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS. 109
xvi" siècle''' (voir \e fac-similé ci-contre), la partie de la courtine qui s'étendait
de l'angle rentrant du redan à l'encoignure sud-ouest de l'enceinte était défendue
par deux échauguettes. Les trois autres tourelles de cette sorte avaient été pla-
cées à chaque extrémité ainsi qu'au centre de la muraille méridionale, laquelle
était aussi rectiligne et apparaît sur le tableau du Louvre'-', oîi l'on voit qu'elle
était buttée de contre-forts à l'extérieur.
Du côté de l'orient, l'enceinte, qu'on a toujours fort mal restituée, se compo-
sait d'un premier pan de mur qui, long de vingt-sept toises quatre pieds à partir
de la tour du Colombier, faisait un angle de 128 degrés avec la courtine septen-
trionale. Venait ensuite un autre pan de mur, long de quinze toises cinq pieds,
qui allait s'attacher au pavillon du logis abbatial, à cinq pieds en retraite de son
parement. Au milieu était pratiquée une porte large de deux toises un pied,
garnie de pilastres et appuyée sur des éperons intérieurs. Elle fut refaite par le
prince de Conti, et s'ouvrait sur un pont qui débouchait devant la rue Bourbon-
le-Château. Le reste de l'enceinte était formé par le flanc du logis abbatial et une
muraille parallèle à la rue de l'Ëchaudé.
Tel était l'état des choses après la construction du palais abbatial qui existe
encore aujourd'hui, c'est-à-dire après i586; mais antérieurement la grande porte
d'entrée, munie d'un ponl-levis et même d'une planchette, était bien plus rappro-
chée de l'encoignure sud-est, ce qu'indiquent très-clairement le tableau du
Louvre et le dessin précédemment cité. Sur ce dernier document, le mur d'en-
ceinte, vers l'orient, est représenté sans flexion aucune, disposition très-probable,
qui implique un déplacement de la clôture en i586 et un reculement partiel du
fossé. La connaissance de l'emplacement des angles sud-est et nord-est de l'en-
ceinte permet de restituer le mur détruit sous Henri 111''', mais non l'agencement
du (T Vieux Portail, 7> comme on appelait l'ancienne entrée, en 1610. Au milieu
du xvn" siècle, l'enceinte de l'abbaye était di\jà fort entamée; les premières démo-
litions avaient été effectuées du temps de Louis XIII, dans les environs du redan.
'"' Feu Berty avait retrouvé ce dessin aux Ar-
chives nationales, et M. A. Lenoir, auquel il l'avait
signalé, l'a reproduit dans sa Statistique. C'est l'ori-
ginal de la prétendue vue de l'ahbaye en 1 368 , que
D. Bouillart a donnée dans son ouvrage et que
nous pinçons, après l'avoir fait réduire, en regard
du dessin Ini-niéme, afin de mettre le lecteur en
garde contre les arrangements et les interpréUitions
arbitraires. Il n'était pourtant pas dllFicile de recon-
naître que ce croquis informe avait été exécuté à
l'occasion du grand procès que les moines soutinrent
contre l'Université en i5'i8. Dans tous les cas, on
ne saurait le faire remonter au \iv' siècle, puisqu'on
y fait figurer la maison du Chapeau-Rouge, qui
n'existait point encore en iSSg. — l. m. t.
'*' Nous avons déjà reproduit, par la gravure,
ce tableau, qui provenait de l'abbaye {Topogra-
phie historique du vieux Paris, région du Louvre et
des Tuileries, t. I", p. ii6). Nous croyons, avec
feu iierty, utile de le donner ici de nouveau, mais
après l'avoir dégagé des personnages qui occupent
une partie du champ. — l. m. t.
''' Il subsiste de ce mur biais un fragment de
plus de quatre mètres , appuyé sur le flanc occi-
dental de la maison située à l'extrémité du passage
de la Petite-Boucherie.
110 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Kii i63G, les fossés du midi et de i'orient, qui n'avaient jamais été fermés de mu-
railles, subsistaient encore; mais ils allaient bientôt disparaître; nous avons dit
ailleurs ce qui advint de ceux du nord et du couchant'''.
Les grands bâtiments claustraux ayant été somptueusement établis au xui'' siècle,
il s'écoula près de trois cents ans avant qu'on eût à en élever de nouveaux d'une
importance notable. L'abbé Richard, mort en 1887, est cependant ainsi qualifié
dans son épitaphe : islius ecclesiœ lapsœ quondam relevalor; circonstance dont Du
Breul a conclu que cet abbé pouvait avoir restauré la voûte du chœur. Mais le
caractère archéologique de la voûte exclut l'hypothèse, et l'on n'aperçoit rien dans
l'église qui justifie la phrase citée.
En i5/ii, le cardinal de Tournon fit bâtir au bout du dortoir, près du grand
jardin , une infirmerie dont les vues, imprudemment ouvertes, valurent aux moines
bien des déboires. A en juger d'après une planche publiée par D. Bouillart et
reproduite par nous, l'aspect de l'édifice n'était aucunement monumental, et la
seule construction vraiment capitale dont l'abbaye se soit enrichie depuis le
moyen âge est le beau palais abbatial que le cardinal de Bourbon commença en
i586'2'. Il était, dit Sauvai, enrichi d'un portique du côté de la cour, et, du
côté du jardin, d'une (rgallerien ou longue serre, ornée d'une belle suite de têtes
de cerfs, admirables pour leurs cr singularités, ti Cette galerie n'existe plus.
Le premier plan géométral de labbaye que nous ayons trouvé a été dressé en
i653'^'. Le monastère renfermait alors, appuyés sur le mur occidental de l'en-
ceinte, plusieurs bâtiments dont la plupart se retrouvent sur le plan de Quesnel,
mais n'apparaissent point sur le mauvais dessin de i548; il est d'ailleurs impos-
sible d'en distinguer les parties relativement modernes. Durant le xvu^ siècle et sur-
tout pendant le xvui% les constructions se multiplièrent dans le pourpris même du
couvent; on y bâtit des maisons disposées en rues'*^; on y pratiqua trois ou quatre
portes nouvelles, etc. Aujourd'hui l'ancienne physionomie des lieux est compléte-
''' Aux articles des rues Saint-Benoît et du Co-
lombier.
'''' On pourrait croire que ce palais ne fut point
achevé et que le pi-ojel primitif comprenait un se-
cond pavillon, destiné à faire, vers l'ouest, le pen-
dant de celui qui existe à l'est; mais la corniche, se
continuant en retour sur le mur occidental de l'édi-
(ice, infirme la supposition.
''^' Arch. nationales, Seine, N, n° 1. Il y a un
croquis de plan de l'église, en lôii, dans la chro-
nique manuscrite de l'abbaye. (Bibl. nal. l\ésidu
Saint-Germain, n° Ji5i, p. 96.)
'*' Lorsqu'on bâtit les maisons des rues Childe-
bert et Sainte-Marthe, commencées en lyiS, toii
rr découvrit en ferre, dit I^ebeuf (édit. Cocheris , t. III .
rr p. 1 3 ) , une grande quantité de cercueils de jiierre
rr tendre ou de plâtre... On en découvrit encore, »
r trois ou quatre pieds en terre, au mois de mai 1748,
ff beaucoup d'autres semblables près le portail de la
"rue Sainte-Marguerite, à droite en allant à l'église.
T lorsqu'on bâtit les petits logements qu'on voit du
T côté du jardin du palais abbatial. Ce qui en prouve
rr la haute antiquité est qu'en tête de quelques-unes ,
r-au côté extérieur, était figurée une croix et une
T colombe sur celte croix. On n'y remarque point
rautre chose. n De nouvelles et nombreuses décou-
vertes de ce genre ont eu lieu en 1878 et 1874,
par les soins de M. Th. Vacquer. — 1,. m. t.
^*
I
ï
TOPOGRAPHIE HISTORIQVE DV VIEVX PARIS,
L
û 1^
Sulp.S V.
A-Bei-ly dir'
J Sulp
PLAN MANVSCRIT DE L'ABBAYE DE S"!" GERMAIN DES PRES,
1 MILIEV DU XVI? SIECLE )
— TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Planète, €
VUE ORIENTALE DE L'ABBAYE DE S.GERMAIN DES PREZ TELLE QU'ELLE ETOITE^
i^68 ^
Arrangement et interprétation du desain original ci-joint.
(PUnebc iaaérfr ptr Dom BoailUrt dont wu llUloin de l'aUaye lit Smt'Gtrmmt-ila-Prét, \Mge 160.)
ABBAYE DE SAL\T-GERMAII\-DES-PRÉS.
111
ment effacée, tant par le percement de deux rues récentes que par la démolition
des grands édifices claustraux, dont il ne subsiste plus que l'église et le palais
abbatial, devenu propriété particulière.
Le palais abbatial, restauré et modifié en 1691, est bâti en pierres et en
briques; il consiste en un corps d'bôtel, flanqué d'un grand pavillon en retour
d'équerre, à la suite duquel est une petite construction, également en manière
de pavillon. L'ordonnance, surcliargée de bossages, ne manque point de grandeur,
et l'édifice, bien que gâté, mérite plus d'attention qu'on ne lui en accorde ordi-
nairement. Dans un des frontons du pavillon d'angle, on observe une figure, de
mauvaise exécution, qui tient un cartouche sur lequel est posé un écusson. Cet
écusson, mutilé, ne porte aucune charge; il parait avoir été timbré d'un chapeau
de cardinal , dont les cordons sont encore distincts.
L'église de l'abbaye, dont la maçonnerie accuse d'innombrables reprises, fort
gênantes pour l'élude, est maintenant lun des vieux rnoimments les plus consi-
dérables de Paris. Elle se compose dune nef de cinq travées, à bas côtés simples,
précédée d'un porche que surmonte une tour; d'un transept; d'un chœur de
<|uatre travées, garni de collatéraux simples, avec chapelles latérales; enfin d'un
chevet circulaire, garni de cinq absidioles. Dans tout l'édifice, le porche et la
tour dont il est surmonté sont seuls l'œuvre de l'abbé Morard'"; encore faut-il en
letrancher l'étage supérieur de la tour, qui date de la fin du xi*" siècle, et la baie
ogivale du portail, construite au milieu du xu". Celte baie, sur l'âge de laquelle
on a jadis avancé beaucoup d'erreurs, a son linteau orné d'un bas-relief repré-
st'ulanl la Cène; avant la ISévolulion, les pieds-droits en étaient décorés de huit
statues de personnages, sur l'identité desquels on a aussi disserté longuement'^' el
'' 1^ lour est celle dont fait mention l'épitaphe
(le VIoranl. I^beuf, qui la croyait mërovingienne,
dit (p. 437): "Je penserois aussi volontiers que
-certaines arcades el voûtes, par où l'on va de la
-tour septentrionale à la clia|)elle de la Vierge,
-lioi-s l'église, après avoir descendu huit marches,
-|)€uvent être de ces tems-là, ou approchant.') Ces
voûtes, situées entre le chapitre et les sacristies,
sont détruites.
'*' L'une de ces figures était incontestablement
celle de saint Germain; (piant aux autres, toutes
couronnées, il est bien dillicile de ne pas y voir des
princes el des princesses de la famille de Clovis,
puisque D. Ruirinrt avait lu , sur deux des phylac-
tères des statues , les noms de Clodonirvs et Chlo-
( ton )vs , et que Clotaire et Clodonu'r furent les frères
de Chil<lel>ert. qui fonda l'ahbaye. On croit que les
statues étflieni, nu nord et en allant du dedans ,111
dehors, celles de saint Germain , de Clovis, de Clo-
tilde ei de Glodomir; au midi, celles de Thierry,
de Childebcrt, de la reine Ultrogolhe et de Clotaire.
Gepudant Lel)euf (t. II, p. 43i) est d'avis que ces
figures, à l'exception de celles qui avaient une ins-
cription, représentaient des rois et reines de l'an-
cienne loi. Cette opinion parait ici insoutenable;
car comment imaginer que les moines de l'abbaye .
reconstruisant leur portail au xii* siècle, y aient
placé la statue de Glodomir et non celle de Childe-
berl, dont ils se plaisaient à invoquer si souvent le
souvenir? Et d'ailleurs, la présence de Clotaire et
de Glodomir n'implique-t-elte pas celle de Glotiide.
partant de Clovis, etc. ?
l-oltcuf dit aussi que la porte avait jadis un tru-
meau auquel était accolée une statue, et que cette
statue, ayant été déplacée, était prob(d)lement celle
<|u"on voyait au côté septentrional de l'église, qui
112 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
qui ont été brisées. La nef et ses bas-côtés indiquent la fin du xi'' siècle et pré-
sentent plusieurs diapiteaux historiés fort curieux à étudier (i'. Les bases des
piliers sont modernes : le sol a été remué sous la Restauration. La voûte de la
nef fut faite en 1 6/i4 et remplaça un lambris, dont on retrouve les traces dans les
combles'^\ En i653 existaient, accolées au bas côté méridional, deux ou trois
chapelles qui ont été jetées bas pour l'établissement d'un cimetière. Dans le tran-
sept, les piliers de la croisée sont du xu" siècle; mais les croisillons, avec leurs
grandes fenêtres géminées, appartiennent à la fin du xui'^W; ils ont été fort rema-
niés dans leurs voûtes et leur ornementation vers i664. La chapelle à lanterne et
la porte à côté sont de cette dernière époque. Le chœur, dont le triforium ofTre,
particularité rare, plusieurs fûts en beau njarbre varié'*', a étébïlti tout d'un jet,
ainsi que ses dépendances, au milieu du xif siècle, et a été terminé peu avant la
consécration de 1 1 63.
La basilique Saint-Germain possédait naguère encore trois tours, ou clochers:
celle du portail, qui subsiste, et deux autres adossées aux croisillons et au chœur.
La tour du portail s'appelait au moyen âge lurris plumbata, évidemment parce que
la flèche qui la surmontait était revêtue de plomb. Elle renfermait les cloches
qu'on sonnait aux grandes fêtes. En iBSy, les deux qui s'y trouvaient, étant
rompues, furent descendues au bas de la nef, oij elles demeurèrent jusqu'à ce,
que, par un marché passé au prix de 600 livres, Pierre le Roy les prît pour les
refondre dans des proportions plus fortes qu'auparavant. La première fut coulée
au mois de septembre i58o, et la seconde au mois de janvier i58i. Les tours
du transept, abattues en 1822 et 18 2 3, ne remontaient probablement qu'ail
xn^ siècle. Suivant l'Ordinaire publié par D. Bouillart'^', celle du midi se nom-
mait anciennement turris major ou magna, et elle renfermait un autel consacré à
saint Michel, ce qui signifie sans doute que cet autel était dans le croisillon, sous
la tour. Celle du nord était qualifiée de turris minor ou parva, parce qu'elle était
moins haute, et Lebeuf dit qu'on voyait aisément qu'un étage y avait été ajouté.
a passé pour une image de la déesse Isis , et qui fut
détruite en 1 5 1 4 , parce qu'elle était devenue l'objet
d'un culte superstitieux; mais on sait que cette
statue était de plâtre, et il serait fort étrange qu'une
statue ornant un trumeau du xu' siècle fût en pa-
reille matière.
<"' Ces chapiteaux ont été refaits vers 1820. Les
originaux sont au musée de Cluiiy. M. Albert Le-
noir a publié les plus curieux dans sa Statistique
monumentale. — Tif. v.
'' Les chapiteaux de cette voûte, qui étaient de
style composite , ont été refaits récemment dans te
style de l'époque de transition.
'''' Nous en jugeons surtout par des colonnettes
du croisillon sud , lesquelles ont conservé leurs bases
et leurs chapiteaux intacts. La décoration des cha-
pelles de Saint-Casimir et de Sainte-Marguerite a
été exécutée vers 1675, d'après les dessins de
Bullet.
'*■ Aujourd'hui toutes les colonnettes de ce tri-
forium paraissent être en marbre; quelques-unes
seulement sont réellement de celte matière: les
autres, qui sont en pierre, ont été slucquées en
imitation de marbre, il y a plusieurs années, pour
les accorder d'aspect avec les premières. — th. v.
'*' Pages cxxxv, cl, clv et clvii.
TOPOGRAPHIE HISTORIOVE DV VIEVX PARIS,
ÉTAT ACTUEL DU BASRELIEF
Pholoéf*vure Fernlqu
ABBAYE DE S'' GERMAIN DES PRÉS.
PORTE PRINCIPALE DE LECLISE,
Reproduction r*duUe de la. pUnche publiée par Dom BouiUarl Monlfaucon et M.A.Lenoir
«î
TOPOGRAPHIE HISTORÎOVE DV VIEVX PARIS.
Hêhûfi Garniei-
ABBAYE DE ST GERMAIN DES PRÉS
FAÇADE OCCIDENTALE DE L, ÉGLISE RESTITVÉE
TOPOGRAPHIE H15T0R1QVE DV VIEVX PARIS,
ABBAYE DE ST GERMAIN DES PRES
HèliOÔ Carnicr
ABSinr. DE LÉOL.ISH RF.STITVÈE
TOPOGRAPHIE HISTORIQVE DV VIEVX PARIS.
COUPE SUR LA NEF
AL* noir del
H«ho6 Carnier
ABBAYE DE ST GERMAIN DES PRÉS
COVPE SVR LES TRANSSEPTS,
IWK
A&BAYE DE SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS.
113
Nous avons vu, dans un compte de i5o5-i5o6, l'une des tours énoncée «tour
ttdes Monnyaulx;^ mais nous ne savons point celle qu'on désignait ainsi.
A la tour du nord attenait une sacristie extérieure, à chevet circulaire, qui,
d'après le plan de D. Bouillart, aurait remplacé l'antique chapelle Saint-Ferréol-
et-Saint-Ferrution, circonstance sur la réalité de laquelle nous ne sommes point
du tout édifié. Cette sacristie est actuellement détruite, ainsi qu'une autre de
même forme, mais plus grande, qu'on y accola en 1716. Au midi et dans une
situation correspondante, D. Bouillart fait figurer, à titre de restitution, un édi-
cule avec ahside, qu'il nomme la chapelle Saint-Julien-Martyr; mais il est clair
que D. Bouillart n'avait pas plus de renseignements graphiques sur l'ancienne
chapelle de ce nom que sur celle de Saint-Pierre, à laquelle il prête aussi un
chevet circulaire et dont il fait un pendant de la chapelle Saint-SymphorienW.
L'oratoire Saint-Pierre, où l'on affirme que saint Droctovée fut enterré'''', était
certainement au nord de la basilique, ad aquUonispartem, dit Gislemar; mais c'est
là tout ce qu'on en sait, et Jaillot, en avançant que l'oratoire a été rapproché de
la grande église au x" siècle, n'a émis qu'une conjecture. Quant à la chapelle
Saint-Symphorien, rien ne s'oppose à ce qu'on admette qu'elle s'élevait sur l'em-
placement de l'édifice actuel ''', où, en 1670, fut refait le cénotaphe de saint
Germain. Les neuf chapelles entourant le chœur furent consacrées, le 21 avril
1 163, par Hubault d'Ostie et trois évoques, qui leur donnèrent une foule de vo-
cables '*'. La première, en commençant par le nord (voir la planche), fut dédiée à
saint Clément, saint Saturnin,etc.; la deuxième, à saint Laurent, saint Xiste, etc.;
la troisième, à saint Denis, saint Nicolas, saint Martin, etc.; la quatrième, à saint
Benoît, saint Marc, saint Luc, etc.; la cinquième ou chapelle centrale, à la Vierge,
aux apôtres Pierre'*', Paul, etc.; la sixième, d'abord appelée de Saint-Turiaf,
puis de Saint-Félix, fut dédiée à saint Jean l'Evangéliste, etc.; la septième, à
saint Claude, saint Georges, etc.; la huitième, à sainte Marguerite, saint Chris-
tophe, etc.; et la neuvième, à sainte Magdeleine, aux saints Innocents, etc.
En 1527, Guillaume Briçonnet appuya contre la muraille et consacra de nou-
''• Si la chapelle Saint-Pierre occupait cet em-
placement, elle dut être df^molie lors<ju'oii cons-
truisit la galerie occidentale du cloître , c'est-à-dire
dans le xui* siècle au moins. D. Bouillart n'en pou-
vait donc avoir de plan.
''' Gislemar ne confirme aucunement l'assertion ,
car il dit : -Sepullus est nutem idem Dei gloriosus
-sacer Drocloveus, ad occidenlalcm plagambasilica;,
i^retro scilieet Sancli Germani allare;») ce qui ne
peut s'entendre d'un oratoire placé au nord de la
grande église, comme l'était, suivant lui, la clia-
|)elle dédiée à saint Pierre.
''' Elle avait toujours été très-proche de la basi-
lique, et assez proche même pour qu'on la confondît
avec cet édifice. Le testament de Bertchram, fait
en 61 5, l'énonce la «■ basilique de Saint-Vincent, oîi
(rie corps de saint Germain reposait : hasilica dormi
ti Vincentii, ubi ejus sanclum corpusculum rcquiescil. y>
<'l Conf.D. Bouillart, p. 3io.
'"' Ce fait, que la cliapelle de la Vierge fut con-
sacrée sous le vocable de Saint-Pierre en 11 63,
tend à établir que le vieil oratoire mérovingien de
ce nom était déjà détruit, ou plutôt transporté hors
du monastère. (Voir Rue des Saints-Pères.)
i3
114 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE pU VIEUX PARIS.
ve.au les autels de Saint-Clément, Saint-Martin, Saint-Benoît et Saint-Placide; ce
dernier était dans le croisillon septentrional. Le lo août de l'année suivante, il
fit la même cérémonie dans la chapelle Sainte-Marguerite, à laquelle il donna
pour patrons supplémentaires saint Nicaise et saint Eloi. Six jours après, il con-
sacra de plus, en l'honneur des anges, un autel érigé derrière celui de Saint-
Germain. On le blâma d'ailleurs, rapporte D. Bouillarl, d'avoir ainterrompu le
retour des chapelles ii en prenant celle de Saint-Nicolas pour y placer la tribune,
à l'usage de l'abbé, qu'on y voyait encore au xvni'^ siècle. En lôBy, le 21 avril,
Charles Boucher, évoque de Mégare, consacra derechef, en l'honneur des saints
Etienne, Vincent, Gervais et Germain de Paris, le grand autel qui venait d'être
refait pour remplacer celui de 1 1 63. ce On y montoit par cinq ou six degrez, et il
ftétoit environné de quatre colonnes de cuivre; le saint sacrement suspendu par
rr le moyen d'une crosse de même métail ; les figures de saint Vincent et saint
tt Germain, de marbre blanc, placées aux deux cotez; son circuit enfermé d'un
ffbalustre de bois fort bien travaillé; telle étoit à peu près sa structure, dont on
rn'a laissé aucun dessein. On trouve, par le nombre des dépenses qui y ont été
(T faites, qu'il avait coûté deux mille huit cens huit livres quatre sols tournois '''.n
Le grand autel était alors au centre du chœur, d'où il fut déplacé en i6hli et
reporté à l'entrée du transept. Au centre du rond-point était l'autel matutinal , ou
de Saint-Germain, qu'on remplaça dans la suite par le siège abbatial, et, derrière,
quatre colonnes portaient la magnifique châsse de saint Germain, refaite, en
ilioS, par l'abbé Guillaume (''. Tout à côté se trouvait le puits de Saint-Germain,
auquel on accédait en descendant quelques marches, et dont, au ix'' siècle, l'eau
était réputée excellente pour guérir la fièvre. L'église de l'abbaye possédait un
splendide devant d'autel, donné en 1609 par l'abbé Guillaume, et un grand
nombre d'objets d'orfèvrerie fort précieux , dont on trouve des dessins dans l'ou-
vrage de D. Bouillart. Elle était moins riche en vieux monuments, et n'en comptait
que trois ornés d'une statue ou d'une mosaïque : c'étaient ceux de Childebert, de
Chilpéric et de Frédégonde; mais plusieurs pierres tombales offraient des figures
gravées au trait avec incrustations de marbre blanc sur marbre noir.
Quelques-unes des inscriptions que renfermait l'abbaye ont été rapportées pré-
cédemment; voici le texte des autres :
GRANDE ÉGLISE.
Dans un caveau, à l'entrée du sanctuaire, sur une dalle funéraire en cuivre,
où était gravée la figure d'un abbé revêtu des ornements pontificaux :
Hic jacet frater Guillermus ('*, quondam abbas hujus ecclesie, doctor regens Parisius in
"' D. Bouillart, p. 189. — ''^' Y oirVomrageinliluU Paris et ses historiens, p. 48a. — '*' Guillaume IH ,
dit i'Évêque. ^^^.,
TOPOGRAPHIE HISTORIQVE DV VIEVX PARIS.
Coupe sur A B ,
Coupe sur C D ,
Plan
•^■■»***t- 1—
Echelle des Coupea.
Echelle du Pl&n
Bienvenu del
J. Sulp's se.
PARLOIR DV CLOITRE DE LABBAYE DE ST GERMAIN DES PRES.
COVPtS KT PLAN DK DEVX TRAVÉES
/It I l..,rj.>,: .:,„.■ P.„
ABBAYE DE SAINT-GERMAIN-DES-PRES. 115
théologie Facultate, nunc vero vermis et non home; quo nihil fetidius, uihil horribilius, et
quasi putredo consumendus; expectans tamen resurrectionem mortuorum et vitam eternam.
Qui obiit anno Domini m cccc xviii , undeeimo die mensis decembris. Orale pro eo.
Dans le même caveau :
Hanc Deus Osanna mulicrem dicta Joanna,
Que fuit in mundo, nunc est scrobis abdita fundo.
Domni Guiliermi quondam mater fuit hujus
Patris cenobii. Requiescatspiritus ejus.
Anno milleno, cum c ter et octuageno
Vicesimo quinto, clausa sub hoc tumulo.
Devant le grand autel, sur la tombe en marbre de l'abbé Richard d'Alri, ou de
l'Aître :
Pater noster.
Hic fragrans nardus, late redolens jacel hic ihus.
SoUicitus pastor, publice bonitatis amator,
Istius ecciesie iapsc quondam relevalor;
Prudens prelalus, circumspeclus vclut Argus.
Pastor amabilis et venerabilis omnibus illis.
Post tua tedia det tibi gaudia dulcia ccli.
Amen.
Anno milleno ter cent. sept, octuageno
Idibus in julio transiit e medio.
Sur un caveau , près des marches du grand autel , à droite :
Hic jacet iilustrissima princeps Catharina Borbonia, Henrici Borbonii, principis Condaei, et
Marias de Clèves filia, quae annos nata 21 obiit Lutetiœ, in Castro Luparœ, die 3o decembris
1595.
Dans le chœur, derrière la tombe de l'abbé Morard, sur une dalle usée, en
marbre noir incrusté de blanc, et couvrant le corps de l'abbé Pierre de Cour-
palay :
Consiliis certus, omni bonitate rcfertus.
Pauperibus largus, circumspectus velut Argus.
Qucm clcrus cbarum, rex, plebsliabuit monacliique,
In vultu clarum, sobrium... corpore mundum.
Traxit aprilis eum 1er nonas m.c ter, x ter, 1 quater.
Près de la précédente :
Hic jacet bonc memorie (rater Gaufridus de Cousturis, quondam abbas hujus nionasterii
116 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
consiliarius domini Régis Francorum, gratissimus principibus et toti populo. Qui obiit anno
Domini m ccc lix, xxiv die mensis apriiis. Anima ejus requiescat in pace.
Également près de la tombe de l'abbé Pierre :
Cy gist révërend père en Dieu messire Pierre Danès, en son vivant ëvêque de Lavaur, ins-
titué premier lecteur royal es lettres grecques par le roy François premier, et envoyé pour son
ambassadeur au concile de Trente; lequel décéda en la maison de céans le vingt-troisième jour
d'avril i577.
Au-dessous des pieds de la figure étaient gravés ces mots : non quœ super terram,
qui formaient la devise du cardinal de Tournon, bienfaiteur du mort.
Dans le sanctuaire, près et derrière la tombe de l'abbé Guillaume l'Évêque,
entre l'aigle de cuivre et le banc des cbantres :
Hic jacet reverendissimus D. Dominicus du Gabré, episcopus Lodovensis, régis consiliarius
ac legatus Venetus; qui obiit prima die mensis februarii, anno Domini i558.
Qui jacet hoc tumulo, prœsul lectissimus olim,
Virtutum merito splendidiore fuit.
Legatus varias pro rege electus in oras,
Prœstitit exacte munere digna suo.
Sed quia res Chiisti longe studiosius egit,
Jam fruilur tanto post sua fata Deo.
Devant le jubé, en entrant, à droite:
Cy gist Monseigneur Burqueus de Reliée , jadis chevalier et du Roy nostre sire , le Roy
de France et le Roy de Navarre; qui trespassa l'an de grâce m. ccc xiri, le mercredy après Nostre
Dame de septembre. Priez Dieu pour l'âme de luy.
Aussi devant le jubé :
Cy gist M° Eustache de Chambelli, chevalier, seigneur du Val, qui trespassa le lundy de-
vant la Saint Marc l'Évangéliste , l'an de grâce m. ccc xli. Priez Dieu pour l'âme de luy, que Dieu
luy fasse mercy.
En la chapelle Saint-Germain, c'est-à-dire au rond-point du chœur:
Cy gist religieuse personne et honneste frère Simon de Saint Benoist, jadis trésorier el de-
puis grand prieur de ceste église; fils de feu Simon de Saint Benoist, jadis de Paris, et
de Marie, sa dernière femme; qui trespassa l'an si.ccccxxxvii, le xiv° jour d'aoust. Dieu ait
l'âme de luy. Amen.
Devant la porte de la sacristie, autour d'une grande dalle où étaient gravées
les effigies d'un homme, d'une femme et de sept enfants:
Cy gist noble homme Antoine de Lyon, conseiller du Roy et auditeur en la chambre des
comptes, sieur des Landes et de la Motte-Charny; qui trespassa le 29 avril i556.
TOPOGRAPHIE HISTORIOVE DV VIHVX PARIS
ABBAYE DE SAINT GERMAIN DES PRÉS
rOMBEAVX ET COS \3BÈS DP.COVV£R»6^N 1799.
.ABBAYE DE SAINT-GERMAIN-DES-PRES. •. 117
Au bas de la même tombe on lisait :
Conditurhoc tumulo, fatali morte peremptus,
Clara cui semper fama superstes erit.
Viva etenim virtus vivum dédit esse Leonis
Nomen : sic vivo nomine, vive Deo.
Près du pilier oriental du croisillon méridional :
Hic jacet R. P. D. Jacobus du Breul, olim abbas Sancti Hlidii Clarom. , demum prior hujus
monasterii, regulae observantia, anliquitalis peritia et operibus editis celebris. Qui obiit die
17 julii, anno Domini 161/1, œtatis 86, monach. 66. Requiescat in pace. Amen.
Dans la nef :
Cy gist comte Chapon (?) de Jaisne la Vieille, qui trespassa l'an de grâce m ce un" xvui,
le dimanche d'après Pasques. Priez Dieu pour son âme, que Dieu bonne mercy luy fasse.
Amen.
Autre :
Cy gist Juba Alesi, fils de Berault Alesi de Sirie, qui trespassa l'an de grâce m ce iiii"xv, le
mardy d'après la Sainl Leu Saint Gilles du mois de septembre. Priez Dieu que bonne mercy
lui fasse. Amen.
Autre :
Hic jacel dominus Guillelmus de Faugereile {alias de Fougeretto), legum professer, decanus
Nivernensis, consiliarius illustrissimi et potentissimi ducis Borbonie; qui obiit die veneris ante
festam beati démentis, anno Domini h cce xxx m. Orate pro eo.
Autre :
Sous cette même tombe repose dame Claude, épouse de Guillaume BouUanger, seigneur de
Vaumesnil, gouverneur de Chastillon-sur-Indre, conseiller d'état et premier échanson de Mon-
seigneur, fils de France, fils unique du Roy; laquelle décéda le 3" ou 9° jour de may, l'an
i58i.
Autre :
Hic jacet Guillelmus Boullangerius, dominus de Vaumesnil, Francisco regum Henrici secundi
filio et Henrici III fratri unico ab interioribus consiliis et a poculis prepositorum primas. Obiit
Lutelia;, xi cal. april. anno 1 596.
Devant le grand autel, du côté du nord, autour d'une petite pierre tombale
incrustée de lames de cuivre et joignant un pilier :
Cy gist François de Monceaux, fils de noble sieur messire François de Monceaux, chevalier.
118 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
sieur de Viléacoubley, et de madame Catherine de la Broyé, dame de Carnoy; qui mourut en
l'an mil cinq cents trente cinq.
A droite était en outre écrit :
In brevi consummavit tempora multa.
Et à gauche :
Raptus est, ne malitia mutaret intelieclum.
Dans la chapelle de Notre-Dame :
Cy gist Charles de TAigle, escuyer, qui trespassa i'an de grâce m ccc xvii, le mercredy après
la Saint Barnabe, au mois de juillet. Priez Dieu pour luy.
Dans la chapelle Saint-Casimir :
Hic jacet révérende recordationis Herveus Morillon, quem genuit bassa Britannia, diocesis
Corisopitensis, ortu nobilis, moribus clarissimus, religionis décore venustus; hujus cenobii
annis xxii pastor dignissimus, fratrum piissimus consolator, edificiorum restauralor, eleeniosi-
narum largitor, jurium defensor et in omnibus fidelissimus minisler; qui obiit die xxv februarii ,
anno Domini m cccc dx. Orate pro eo.
Autre sur une dalle funéraire, près du grand autel :
Cy gist messire Jean GroUier, en son vivant chevalier, seigneur vicomte d'Aguisy. thrésorier
de Milan et de France, en la charge et thrésorerie d'oultre Seine et Yonne, général des finances'
du Roy; qui trespassa le 22 octobre i565. Priez Dieu pour luy.
Et au pied de la dalle :
Joanni Grolerio Insubriœ dudum, Galliœ nuper questori, castiss. fideliss. integer. V. C.
Virtutum omnium, litlerarum comprimis et venerandœ antiquilalis amanliss. observantiss. stu-
diosiss. Anna et Jacobella filiae, Antonius et Petrus nepotes, parenti cariss. M. M. P.P. Vixit
annos lxxxvi. Obiit xi calend. novembris.
Dans la chapelle Saint-Symphorien :
Hic jacet abbas Johannes de Précy noniine dictus,
Nobilis hic moribus papa Burgundie natus.
Ejus cura fuit semper veneruri Maiiam.
Omnibus hic largus vixit, non parcus egenis.
H semel, c ter, l, 1 termortuus in (?) anno
Decembris mense, septena dena die.
Spiritus ejus in pace requicscat. Amen.
-i";
IT"
0)
w
a:
Q.
c/)
UJ
Q
Z
<
<
<
21
q;
(2
UJ
<
O
tS)
h
<
2
_1
<
<
0)
UJ
>■
<
(Û
DQ
<
•ABBAYE DE SAINT-GERMAIN-DES-PBES. 119
Autre :
Anno Domini mcccviii, die sabbathi ante Epiphanian» Domini, obiit nobilis vir Guiilelmus
de Orlento (a/ta* Alento),domiceHas,Lemovicensis diocesis. Cujus anima requiescat in pace.
Autre :
Cy gist vénérable homme et sage messire Jean Ganrier de Chaalons, avocat du Parlement
du Roy nostre sire; qui trespassa le x' jour de febvrier, Tan de grâce m ccc xlviii. Priez Dieu
pourluy.
GRANDE CHAPELLE DE LA VIERGE.
Les tombes de la grande chapelle étaient placées, dit D. Bouillart, et depuis
ffles degrez de l'autel jusques à la porte du chœur, n ce qui doit s'entendre de
l'espace correspondant aux troisième et quatrième travées de l'édifice. Ces tombes
étaient en outre disposées sur six rangs parallèles à l'axe du vaisseau. Le pre-
mier rang, en commençant vers le nord, était formé par la tombe de l'abbé
Hugues d'Issy, par deux autres dont on ne pouvait lire les inscriptions, et par celle
de l'architecte Pierre de Montreuil.
Epitaphes du second rang :
Hic jacet frater Johannes de Prigniaco, quondam prior hujus monaslerii, qui tributum na-
turale persolvit, anno Domini u ccclxii, die penuitima junii. Cujus animam Christus perducat
ad gloriam. Amen. Orale pro eo.
Cy gist dévote et religieuse personne frère Philippe le Harle, jadis prieur de céans et prévost
de Thiais, qui trespassa le xvii' jour de février, Tan de grâce m ccc et vint. Dieu ait l'ame de lui.
Amen.
Jehan le Harle, écuyer, seigneur de Parant en partie, paunetier du Roy nostre sire,
Charles VI , nepveu dudit prieur, a fait faire ce tombeau. Lequel a servi plusieurs abbez de céans
par l'espace de xxxxvi ans, et repose au cimetière. H trespassa la vigile de la my aoust mil
cccc XXX. Dieu lui fasse mercy et à tous trespassez. Amen.
Cy gist Jehan de Coutures, écuyer, qui trespassa l'an de grâce h et ccc lv, le xvi jour de mars.
Priez pour l'ame de li.
Ici gist Agnès, jadis femme de mestre Raoul de Modferel, qui trespassa en l'an de grâce
« ce Lxxx et V, la veille de la Manceiche '•', Priez pour elle.
Hic jacet bone memorie frater Johannes Bély, quondam succentor hujus ecclesie, qui obiit
anno Domini millesimo quadringentesimo tertio decimo, in vigilia sancti Andrée. Orate pro eo.
'"' Le a4 mars.
120 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Troisième rang :
Sanguine preciarus, sibi vilis, et ordine natus,
Impiger, antiquus gregis ac virtutis amicus,
P de Nangiaco prior bic jacet, astitit a quo
In grege grande bonum, vigor et pax. Tu sibi donum
Fili sancte Dei , da Chrisle , des et requiei.
Unde vigen mille cum c. et transiit ille
Idus in terno februi , non absque veterno.
Hic lapis Agnetem tegit; extitit orta Moreto,
Dulci voce peto, sibi da, pie Christe, quietem.
Ejus eratfrater hujus ecclesie dominator'i).
0 Rex, summe pater, buic sis pius et miserator. Amen.
Hic jacet frater Johannes de Pontisara, quondam camerarius hujus ecclesie; in quo sensus
erat, bonitas, pax et moderamen. Omne malum spernat, pace frualur. Amen.
Hic jacet frater Petrus de Couliaco, quondam thesaurarius istius ecclesie, vir prudentissi-
mus, qui obiit anno Domipi m ccclviii, quarto mensis junii. Anima ejus requiescat in pace.
Amen.
Hic jacet frater Robertus bone memorie, venerabilis magister in finem. Istius ecclesie
cantor extitit egregius. Obiit anno Domini m c (?) et octogesimo secundo, in vigilia apostolorum
Symonis et Jude. Anima ejus per misericordiam Dei requiescat in pace. Amen.
Quatrième rang :
Quo fugiam miser, o, qui feci tôt mala: quero
Quid fiel misero; de juste vix bene spero.
Non, Deus, ut cujus lapis hic est, des sibi ne jus,
Sed veniam poscit : se plus peccasse reo scit.
Hic jacet frater Guillelmus de Domato, monachus istius ecclesie, cujus anima preciosis pre-
cibus gloriose virginis Marie et omnium sanctorum requiescat in pace. Amen, m ce lxxx et vu,
la veille seint Père et S. Pol.
Cy gist Emmeline de Petit Pont, jadis famé mestre Eude de la Courrarie, qui trespassa Tan
de grâce h ce lxxxviu, a sa kalende d'avril. Priez Dieu qu'il ait merci de s'ame.
H ccc...
Hic jacet frater Johannes Guerin, quondam prepositus de Theodosio, qui obiit anno Domini
ccc...
''' Gérard de Moret, mort en 1278.
TOPOGRAPHIE H1ST0R1Q.VE DV VIEVX PARIS
Façade latérale
Echelle de U PKÇAdt o
h" I
10 Mitres
-' 1
f-chelledoPian * i » a » *"
20 U êtres.
H
J,SulpiB d«l eiftc.
ABBAYE SAINT GERMAIN DES PRÈS
PALAIS A B B /. r 1 A 1
ABBAYE DE SAINT-GERMAIN-DES-PRES. 121
Cinquième rang :
Ecce prior magnus, jam dudum mitis ut agnus,
Simon formosus, sapiens et religiosus,
De Montelleto generoso germine natus.
Cujus, siplacet, o pie Rex, absterge reatus.
Cy gisl Jehans de Laigle, escuyer, qui trespassa l'an de grâce h ccc et xvii, le vendredi après
saint Barnabe. . . Priez pour l'ame de li.
Cy gist Regnauid de Camps, escuyer, nés de Picardie, jadis lieutenant du chastelain et con-
cierge du Louvre; qui trespassa à Paris, en l'ostel des escoliers de Dainvilie, devant seint Cosme
et seint Damieu, le xxi jour d'avril m ccc lxxx et v. Priez pour l'ame de luy.
Sixième rang :
Hic jacet fraler Henricus de Monte Calvelo, monachus islius ecclesie, qui, prepositus Ville
Nove Sancii Georgii, obiil anno Domini m ce nonagesimo, vi idus februarii. Anima ejus re-
quiescat in pace.
Annis milleois tricenis et quadragenis
Octonis, mensis decembris totque calendis
Migralus, medici [pre] Adani(?) positus lci[aci]
Parisius juxta, Sancti Germani cenobita.
lllius absque mora (itulum qui legeris, ora.
Hic jacet fréter Petrus Herouardi, quondani oflicial[is] hujus ecclesie, qui obiitanno Doniini
M ccc ocluagesimo seplimo, sexto idus julii, décima die mensis predicti. Orale pro eo.
Epilaphe de l'abbé Mcolas de Ledit, aussi enterré dans la chapelle de la
Vierge :
Sub lapide (in?) XPO requiescil nunc de Ladito
Nicolaus abbas. Si sexto julii tradas
Idus, reperias cum clauditur ultima dies.
Anno milleno trecenlo quater quindeno,
Adjunclo primo. El'' cœlo levet ab imo. Amen.
Devant le portail de la cliapelle :
Cy gist Alixandre, moyne de ceste église, qui fist mettre en argent le menton seint Vincent
et le chef seint Aman et le pie des Innocens; qui toujours en son vivant fu preud'homme et
vayllant. Priez pour l'ame de lui.
In me mors sévit puero, sic tibi inolcvit :
Prosternit juvenem sepius ante senem.
Monacbus, abbatisque nepos de stirpe Johannis,
Paucis annis vixi.
'•' «El, nom hébreu signifiant force et vertu, se prend pour Dieu, comme l'interprète sainct Hierosme,»
(lit Du Breui.
III. lO
122 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Cy gisl Pierre, dit Damedieu de Giry, moine de Seint Germain des Prez de Paris.
Prions pour lui à Nostre Dame.
Que son chier fius veuille avoir l'ame.
Gy gist frère Jehan de Villemer,
Jadis de ceste église aumosnier.
Prions à Dieu que par sa grâce
De ses péchez pardon li face '''.
GRAND CLOITRE.
Du côlé du chapitre :
Ciauditur hac tumba, rosa primula, grata columba ,
Dulce decus morum, genus altum, culmen honorum,
Guiilelmusdiclus de Rarre, cujus amictus
Garnis adil cineres; sit regni perpetui hères.
Hujus nunc anime, Deus, aime pater, miserere,
Devotusprecor; et qui versus hos leget, oret
Te tumulus ut is S.
Hic jacet Guillelmus de Pouniarco(?), monachus istius ecclesie et prepositus de Anloniaco,
qui obiit anno Domini m. ccc xi, viii kalendas februarii. Anima cjus requiescat in pace. Amen.
Hic jacet magister Gerardus de Romano, utriusque juris doctor, et nnnachus istius ecclesie
ad succurendum; qui Orale pro eo. Pater nosler.
Hic Herberte jaces, recoli qui dignus in hac es
Ecclesia; mérita le iaudant et tua vita.
Pauperibus Christi vivons bona multa dedisti,
Et nobis laie quod crédit nemo jocale.
Hic jacet frater Guillelmus de Pivelas, condam terlius prior et penilenciarius de intus, qui
obiit anno Domini millesimo quadringentesimo quarto, die vigesima quinta mensis oclobris.
Orale Deum pro eo.
Hic jacet magister Stephanus de Sacleis, olim Ihesaurarius ecclesie Reati Hilarii Pictaviensis,
qui obiit sexto kalendas januarii, in festo beati Johanuis Evangeliste, anno Domini u ce lxxvi.
Orate pro eo.
Gy gist messire Gharles de Saclois (alias Salers), chevalier, qui trespassa.... en l'an de grâce
M ce LXXVI. Orate pro eo.
GaL.rius de Roulayo, quondam abbas Sancti Maglorii Paris, qui laudabiliter
vixit per lx et quatuor annos obiit anno Domini m ccc xxvvii, xii kalendas novembris. Orale
pro eo.
''' D. Bouiliart fait observer que l'ëcriture de antiquité d'au moins quatre cents ans, ce qui équi-
cette ëpitaphe et des trois précédentes indiquait une vaut h dire qu'elles dataient environ de l'an 1 3oo.
TOPOGRAPHIE H1ST0RIQ,VE DV VIEVX PARIS,
Coupe sur le Jardin
: ov.pt! o i a 3 ^ 5
£chcUc du PlAi) e I a 5 Ji 6
20 Me '.ri
H
ABBAYE SAINT GERMAIN DES PRÉS
ABBAYE DE SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS.
Hic doctor Clemens habuit cor nobile, cleinens.
Est signum vehemens quod XPC erit sibi clemens.
Prudens canonicus fuit olim Parisiensis,
Et Laudunensis archilevila pudicus.
123
Autre épitaphe :
Cy gist noble homme Jean de Gabre, secrétaire du Roy et greffier du greffe et de la ville et
vicairerie de Toulouze, lequel décéda le 1 3" jour de janvier i55/i. Priez Dieu pour son ame.
Cy gisent nobles personnes Antoine de Cion, conseiller du Roy nostre sire, et auditeur en sa
chambre des comptes à Paris, s' des qui trespassa le 29" jour d'avril i556; et damoiselle
Perrette du Prés, sa femme , qui trespassa le jour de l'an mil
Les armes de l'abbaye étaient : d'azur à trois Jleurs de lys d'or, à cause de la fon-
dation royale, avec un écu en abîme, de sable à trois lésants d'argent, que l'on di-
sait être le blason de saint Germain lui-même. On le trouve aussi sous une autre
forme; l'écu en abime s'est agrandi, et l'azur des armes de France, chargé de
six fleurs de lys d'or, n'en forme plus que la bordure.
L'abbaye, étant une des grandes juridictions de la banlieue de Paris, a dû s'af-
lirmer par des actes nombreux, et elle les a authentiqués en y faisant apposer tantôt
le sceau impersonnel du monastère, tantôt le sceau personnel des abbés et des
divers officiers claustraux'''. Ces actes, conservés en partie aux Archives nationales,
''' Feu Berly n'avait pas donné à cette partie de
son travail fimportance qui lui appartient: il avait
indiqué quelques sceaux 8eulenient,et les avait dé-
crits d'une façon sommaire, sans distinguer sutTi-
samment les sceaux de l'abbaye, ceux des abbés et
ceux des oflîeiers claustraux. Il nous a paru que la
monographie de Saint-Germain-des-Prés exigeait,
uu point de vue sphragistiquc, un développement
plus considérable. Nous avons donc fait recueillir,
aux Archives nationales, les sceaux les mieux carac-
térisés , dans chaque catégorie. Les uns ont été gravés
sur bois, pour être intercalés dans le texte; les au-
tres ont été rangés symétriquement, de manière à
former deux planches consacrées, la première aux
abbés, la seconde aux officiers chargés de fadminis-
Iration temporelle du monastère. Ce travail, et les
explications dont il fallait l'accompagner, ont exigé
la refonte complète du texte de l'auteur. — 1.. m. t.
16.
124 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
rournissentuiie certaine quantité de documents sphragistiques, parmi lesquels nous
avons fait un choix qui permît aux lecteurs de parcourir sommairement cette in-
téressante série.
On ne connaît que deux sceaux du monastère : le premier, appendu à une
charte de 1216, est de forme ogivale. Il représente saint Germain debout, vu
de face jusqu'à mi-jambes, revêtu d'un costume d'évêque, bénissant de la main
droite et tenant sa crosse de la gauche (voir le n° Il de la première planche).
Légende : * SICILLVM SCÎ ffERMHNI PilRISIENSIS EPISCOPI. Le second sceau
est attaché à un cahier de titres de iGgS; mais il semble remonter au moyen
âge. Il est la reproduction complète du premier, et n'en diffère que par des
détails insignifiants.
Les sceaux personnels des abbés étaient aussi de forme ogivale; ces dignitaires
y sont représentés debout, de face, crosses, mitres et bénissant ou tenant un livre.
Le plus ancien de la collection, qui remonte à l'année 1 1 38, époque où Hugues III
administrait le monastère, est très-fruste d'aspect. Il représente un personnage
debout, tenant de la main droite un sceptre tîeurdelysé et de la main gaociie un
livre ouvert. Un seul mot de la légende est visible, c'est celui-ci : aiCILLVM;
le reste est indistinct. Ce sceau est appendu à un accord entre l'abbé de Saint-
Germain et Etienne de Garlande, au sujet de Villeneuve et de Valenton (voir le
n" I de la première planche).
Hugues V, qui était abbé en 1 176, est représenté, sur un sceau de cette même
année, debout et tête nue, autant que l'état fruste de l'empreinte permet d'en
juger. Il tient la crosse de la main droite et un livre de la main gauche; la légende .
est : (* S)I6'ILL . HVG-ONIS HBBRTIS SCI ffERMflNI PflRISIENSIS.
Le sceau de l'abbé Eudes, apposé à un acte de laSA, est plus distinct, et la
forme ogivale en est très-nettement accusée. Le personnage a la même attitude,
TOPOGRAPHIE HISTORIQVE DV VIEVX PARIS
E«L4uCo«p«t \^nh\- 1 ■ ■),
F ï ! ^ ; r. /. b b ià 1 1 o- 1 B t P l & Ii
S-kti'- i-. r;»ii I I I I I I I I
-H 1 1 1 h
J Salpia 4»\ ?i >c
ABBAYE S'" GERMAIN DES PRES
I.S DV PALAIS AB FIA ,
\BBAYE DE SAIM-GERMAIN-DES-PUÉS. 125
et la Ugemh, fort lisible, est ainsi conçue : * S • ODONIS HBBÏS S • 6'ERMHNI
D • PRRTIS • PRR .
Un contre-sceau du même dignitaire et de la même année, montre une tête
rasée avec la couronne monacale, de profil, tournée à gauche, avec la légende
suivante, qui est celle des anciens rois de Navarre : * CRRCIR DÏ SVM ID avOD
SVM
Ce contre-sceau, (jui est de petite dimension et de forme ronde, présente une
certaine originalité.
Thomas de Mauléon, lun des abbés dont l'administration a été la plus active
et la plus féconde, a authentiqué ses actes d'un sceau, que nous reproduisons au
n" 111 de la première planche, et qui représente le type abbatial ordinaire, ac-
costé de deux quartes-feuilles. La légende, qui se lit dillicilement, porte ces mots
et ces parties de mots : * S' TIjOM.. ..BATIS S flNI De PRilTIS. Le contre-
sceau, en forme de losange (n^VI). oflre un buste d'évètjue, entouré de la lé-
gende : * SfiNCTVS CERMilNVS. L'acte est de l'année i-iSi.
Le sceau de l'abbé Raymond (i985) nous offre également deux empreintes.
La face représente, comme toujours, l'abbé crosse, mitre et bénissant, avec la
légende : S • R • DÏ GRR HBBIS SCÎ GMR\ D PTIS PflRISIEH. Le revers, ou
contre-sceau, de forme ronde comme celui de l'abbé Eudes, que nous avons re-
produit plus haut, porte ces mots : * SECRETVM stï CERMRNI. (Voiries n"' IV
et V de la planche première.)
126 TOPOGRAPHIE HISTORIOUE DU VIEUX PARIS.
Jean IV, de Précy, qui fut élu en i33/i , a fait usage de sceaux d'un type diffé-
rent. Nous en avons trouvé deux, l'un de forme ogivale, l'autre de forme circu-
laire. Dans le premier, ce dignitaire est représenté en costume d'abbé , sous une
niche gothique très-ornée, avec la légende : S :FRÏS:lOHlS:ilBBÏS:SCl:6'ERMHNi:
D'PRfiTISrPJiR'-
Le second type, de forme ronde, ne nous présente qu'un contre-sceau, sur
lequel est figuré un abbé ou un évêque nimbé, vu de face et à mi-corps, se dé-
tachant sur un fond réticulaire, avec la légende suivante : SfiNCTVS ceRMilNVS
DG PRilTlS.
Un demi-siècle plus tard (1899), le sceau de Guillaume III nous offre une
nouvelle variante. Dans une niche gotliique, du même style que celle de Jean IV,
saint Germain, placé à droite, est représenté debout, en costume épiscopal, bé-
nissant l'abbé Guillaume, placé à sa gauche, crosse, mitre et agenouillé devant
lui. Au-dessous se montre l'écu de sable, à trois besants d'argent et à la bordure
fleurdelysée, tel que nous l'avons reproduit plus haut. La légende est: SCVILLERMI
iiBBiS SCÏ G-ERMflNI DE PRilTIS PROPE PHRISIVS. (Voir le n° VU de la pre-
mière planche.)
Un type particulier nous est encore fourni par le contre-sceau de l'abbé Hervé
(iû56), qui présente un écu chargé d'un dragon ailé, avec une crosse en pal et
la légende : CONTS REBATIS S. CERMJINI. (Voir le n" VllI de la même planche.)
TOPOGRAPHIE HISTORIOVE DY VIEVX PARIS
IX.
i«««rni«r dc]-&ac-
SCEAVX DES ABBÉS DE SAINT GERMAIN DES PRÉS
'■ Sceau de Hugues 111 (ip58i Il.Sceaude 1216 II!. Sceaude Thomas deMauleon 'i25i » IV, Contre-Sceau deThomas de Mauleoii
V.Seeau de Raymond, (128b) V!, Contre-Sceau de Rajmond Vil. Sceau de Guillaume 111 liSgg) VIII,Coiiii-e Sceau de lAbbc Hervé (i.'iiSI,
IX. Sceau de Henri de Bourbon. Abb* Commendataire Ii663l
TOPOGRAPHIE HISTORIOVE DV VIEVX PARIS
■ Tweriuer detJi »c.
SCEAVX DES OFFICIERS CLAVSTRAVX DE LABBAYE SAINT GERMAIN DES PRÉS
I Sceau delà Prevot*. II. Sceau d'un Chambrier. IlI.Sceau de lOmcalilé. IV. Sceau de laGramelerie,
V Sceau d un Pr.eur. VI. Contre-Sceau de la Prévoie. VlI.Sceau de la PUancene. VIII Conlre Sceau de la PUancene ,
IX. Sceau d un Prieur. X. Sceau dun Trtaorier
ABBAYE DE SAINT-GERMAIN-DES-PRES. 127
Enfin l'un des plus puissants abbés commendataires du vieux monastère Saint-
Germain, Henri de Bourbon, faisait apposer sur ses actes un sceau rond de
quatre-vingt-dix millimètres de diamètre, portant l'écu de sa famille, avec la bri-
sure héraldique des cadets : de France, au bâton péri en barre, timbré d'une
couronne et entouré des colliers de Saint-Michel et du Saint-Esprit, sur manteau
d'hermine. Légende : HENRI DE BOURBON, DUC DE VERNEUIL, PAIR DE
FRANCE, COMTE DE SENLIS. (N" IX de la même planche.)
A côté et au-dessous des abbés, les principaux officiers du monastère avaient
leur part d'administration et authentiquaient les actes de leur gestion au moven
de sceaux particuliers. Parmi ces sceaux, les uns étaient impersonnels et ne men-
tionnaient que la fonction claustrale dont ils étaient le signe; les autres portaient
le nom du dignitaire qui en faisait usage. Nous avons groupé, sur une seconde
planche, ceux qui nous ont paru les plus caractéristiques dans chacune de ces
catégories.
La série des sceaux impersonnels nous présente quatre types fort curieux.
Le premier, par ordre de date (i 267), est celui de l'officialité, juridiction dis-
ciplinaire qui comptait parmi les plus importantes de l'abbaye. On y voit un per-
sonnage de face, debout, à mi-corps, bénissant de la main droite et tenant une
crosse de la main gauche. 11 sort d'une nue sous laquelle est la fleur de lys, qui
rappelle la fondation royale. La légende, à demi eiïacée, ne contient plus que
ces mots : CVRIH BÏ CeRMilNI DG PTIS. C'est le n° III de notre seconde planche.
Le second type, que nous trouvons à l'année i3o4, est le sceau de la prévôté
de l'abbaye. Il est de forme ronde et présente une petite image topographique du
monastère. Dans le champ, une Heur de lys, souvenir de la fondation royale, et la
crosse, symbole de la juridiction abbatiale. La légende porte ces mots : * SICIL •
PREPOSITVRE BÎ 6'E(RM)RNI DE PRfi(TIS). Le coutre-sceau représente une tète
de profil, tournée à droite, avec cette légende : * 9TS '' PPOSITVRE SCÏ ffMHNI.
Ce sont les n** 1 et VI de la seconde planche.
Nous rangeons dans la même catégorie un troisième sceau de l'année i38o,
où l'on ne peut déchifl"rer que la fin de la légende : c'est le sceau de la graine-
terie du monastère. Il représente un petit monument à trois tours, avec toits
aigus surmontés de croix; ce sont, sans doute, les greniers de l'abbaye. La tour
du milieu, plus élevée que les deux autres, est à trois étages, et sa baie est rem-
plie par une fleur de lys. Les deux tours latérales sont à deux étages et sans baies.
Au-dessus de la tour du milieu planent deux étoiles. La légende ne porte que ce
mot abrégé : ëTïflNI. (N" IV de la seconde planche.)
"' Conlra-tigillum.
128 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
La fin du xiv" siècle nous offre un sceau d'aspect assez original : c'est celui de
la pitancerie, office spécial du réfectoire. Ce sceau, qui porte la date de 1896,
est de forme ogivale et représente un moine debout, tenant un couteau d'une
main et un poisson de l'autre; au bas, à dextre, se voit la fleur de lys accoutumée,
et à sénestre une rose ou quinte-feuille. Sous la terrasse est gravé l'écu du mo-
nastère : de sable, à trois besants d'or, posés deux et un, à la crosse abbatiale bro-
chant sur le tout et à la bordure fleurdelysée. La légende porte ces mots : (S . PI-
TAiNCIflRIE SCI 6"ERMilHI DE PRRTIS iVSTfl PJl(R). Le contre-sceau , dépourvu
de toute légende, montre un médaillon à quatre lobes et quatre pointes, conte-
nant deux fleurs de lys et un poisson. (N"* Vil et VIII de la seconde planche.)
Dans la série des sceaux personnels figure, en première ligne chronologique,
celui du prieur Eudes, qui porte la date de 1228, époque ofi son homonyme —
lui-même peut-être, cumulant les deux fonctions — gouvernait le monastère. Le
prieur est représenté à gauche, de profil, assis sous un clocheton qui surmonte
une stalle, et hsant dans un livre ouvert sur un pupitre. La légende offre ces mots :
S ODoniS PRIORIS soi ffeRMAni PRR. Le siège et le pupitre offrent des détails
très-curieux. (N" IX de la seconde planche.)
Vingt ans plus tard, en 1 2 5 3, nous rencontrons le sceau de Galeran ou Valeran,
camérier ou chambrier de l'abbave. Ce personnage est représenté debout, vu de
face, et tenant à la main une clef, ou peut-être des ciseaux; l'indécision du dessin
et l'usure de l'ernpieinte ne permettent pas de distinguer. On lit autour celte lé-
gende : (S) VilLERflNDI CflMERflRII S • 6"ERM D • P • TIS (PAR •)
En 1270, nouveau sceau du prieur de l'abbaye, personnage considérable qui,
après l'abbé, occupait le premier rang dans la hiérarchie monastique. L'empreinte
nous montre deux saints personnages debout et priant dans une niche, ou stalle
géminée; à droite, saint Vincent, et à gauche, saint Germain. La légende : S av-
MONIS PCRIS SCT gUr PRR, nous apprend que nous avons sous les yeux le
sceau de Simon, prieur du monastère. (N° V de la seconde planche.)
Enfin, à une époque indéterminée, se place le sceau d'un des trésoriers de
l'abbaye. Ce ministre des finances monastiques ne s'est pas fait représenter lui-
même sur le sceau dont il faisait usage pour les actes de sa gestion. 11 y a fait
graver deux dés, instruments de calcul, entre deux chandeliers. Rien de plus
clair que cette figuration emblématique : les comptes de l'abbaye se font en pleine
lumière; rien de ténébreux dans le maniement des deniers du monastère. La lé-
gende porte ces mots : S IOI7IS TiySRV... m D PRRTIS PRR. (N" X de la se-
conde planche.)
Une monographie détaillée de l'abbaye comporterait beaucoup d'autres ren-
seignements; mais nous ne devons point oublier que la nôtre a plus particulière-
TOPOGRAPHIE HISTORIQVE DV VIEVX PARIS
A . Poréej- t<ri^-%e4ji^e^ .
B Afoison^ dt. tendes.
C . Parais de lEatixe ■
E . 0i^zpeUe de la^Vis^e ■
c . PeUl CUtire .
H. Grand. CtoUrt..
I . BthUotheQii^jx
L . Rêfectût'rt. •
M- C^tU^intJ) .
N , Dofto ir dej Sup
O . Bureau jc .
P . Cour intérieur^ ■
<\. Pfessoirxf ■
R . Bouldfxaerie ■
S . RcurCe-t ■
Explication.
T . tJaMiii
V. In^ntcri^ .
X .Jardin, de (tn/irmerU. ■
Aftu- Y. La-voir.
Z- Doréoiydej- OoUs-
l . PalaisAhhaiial .
t . * Jardin Abbatial ■
3' Cffur-
4. Avanà-cour .
^ . ^pparttmf. déJ- OntcUn.
S. EéCUiriej.
y- G reniera-
g. Afaisoru- dôlhnclos Ahh .
^. BaiUia^e^-
iO.Ported- tjUe'ricut^'f '
n. Prisoru- du Bailliage ■
VÙË SEPTENTRIONALE DEL ABBAYE DE SGERMAINDES PREZ
TeUe àu,'ell& ut prcaenJxnvervh.
LABBAYE DE SAINT GERMAIN DES PRÉS
AV COMMENCEMENT DV XVIII» SIÈCLE
Reproduction reduile d une Planche publiée par D Boiiillart.
ABB'AYE DE SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS. 129
ment le caractère lopographiqiie. Nous renvoyons donc au savant ouvrage de
D. Bouillart, aux grands recueils des Bénédictins, continués de nos jours par
l'Académie des inscriptions et belles-lettres, ainsi qu'à l'excellente réédition de
labbé Lebeuf, donnée par M. H. Cocheris, pour tout ce qui concerne l'histoire
religieuse, civile et littéraire de Saint-Germain-des-Prés. ,
RUE DE L'ÉGOUT. 131
CHAPITRE IIJ.
SUITE DE LA DESCRIPTIO\ DES RUES DU BOURG SAINT-GERMAIN.
RUE DE L'EGOUT.
La rue de l'Egout, aujourd'hui absorbée dans le tracé de la rue de Rennes,
couimençait au carrefour Saint-Benoît ef finissait à la rue du Four.
Lecensierde i355 mentionne un certain rr .Jehan Forestier, pour sa masure que
flan dit à la Lanterne, ^ et c'est à lui que la rue de l'Egout doit le pi-emier nom
qu'on lui trouve. Des titres de l'iog et 1899 offrent des indications de la rue
Forestier, qui, dans le même siècle, s'est aussi appelée rwc de la Courtille, parce
«|u"elle conduisait au clos de l'Abbaye, et «rue de Tarennes,T) à cause de l'hôtel
de Taranne, qui y avait son entrée. Nous lisons dans un acte de i536 : «ruelle
T qui va en Tarennes, -n et dans le censier de 1 53 1 : (t rue de Tarennes, aultremenl
-dicte la rue du Forestier et de la Courtille ;t' mais alors la première dénomina-
tion était devenue la plus commune. Plus tard, on a dit Grande rue de Tarennes
(1595), afin d'éviter la contusion avec la Petite rue Taranne récemment ou-
verte; et, bientôt après, l'égout creusé, vers lôyS, pour l'écoulement des eaux de
la rue du Four et des environs, a fait remplacer le nom de rue Taranne, qui
passa à une autre voie, par celui de rue de l'Egoût. Le censier de 1628 indique
îrla rue Tarenne, aultrement dicte la rue de rEgoust,n et le plan de Gomboust,
"la rue des Esgousts.u Au reste, là ne s'arrête pas la liste des vocables appliqués
à la rue de l'Egout, et nous nous sommes assuré, non sans difficulté, qu'elle est
la même que \a l'ue des Vaches, énoncée dans des documents de i5i8, lôay,
loio, ir)62 et ifi'io. Elle constituait effectivement le chemin que devaient par-
courir les vaches du bourg Saint-Germain, lorsqu'on les menait aux pâturages
des iles.
Le carrefour Saint-Benoît s'appelait, au xvi'' siècle,, /e carrefour aux Vaches; mais
généralement la localité est mentionnée sans dénomination particulière. On y
franchissait l'égout parle moyen d'un pont de pierre, qui était situé en ïace de la
lue Taranne, et qu'un titre de i6o4 énonce «le pont antiennement appelle jboh/
'rdes Moijnes.-i Ce pont existait encore en i635, et n'a sans doute disparu qu'à
132 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
l'époque où Ton a voûté l'égout, c'est-à-dire vers i64o. En cette même année,
Christophe Gamard, qui l'avait fait détruire, eut à ce sujet une contestation avec
les trésoriers de France.
CÔTÉ ORIENTAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Maison sans désignation (iSgg), faisant le coin de la rue Sainte-Marguerite.
Elle était déjà divisée en deux vers 1628, et le second corps d'hôtel faisait hache
derrière celui du coin. Le 6 mars liia, elle fut vendue au houcher Lorin
Gauldry, par Etienne, seigneur d'Avanton, en Limousin.
Maison sans désignation, qui, en i523, contenait des granges, des étables et
un jardin s'étendant, à ce qu'il semble, sur le chemin des Fossés (rue Sainte-
Marguerite), jusqu'à la maison des Ciseaux. Les titres relatifs à cette masure lui
prêtent un arpent de superficie, ce qui est peu vraisemblable.
Maison sans désignation (iSgô), qui paraît être un morcellement de la précé-
dente.
Maison avec bergerie (i523), contiguë à la maison du coin de la rue du Four.
En 1628, elle était déjà annexée à une maison de la rue du Four.
CÔTÉ OCCIDENTAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Jardin, puis maison de la Gallée-d'Or (i522-i595), contiguë à la maison
faisant le coin de la rue du Four.
Maison sans désignation (iBgB), faisant le coin méridional de la Petite rue
Taranne. Cette maison et les suivantes ont été élevées sur le terrain de l'ancien
hôtel Taranne. (Voir Rue Taranne.)
Deux maisons sans désignation (1628), dont la première faisait le coin septen-
trional de la Petite ru'e Taranne. Nous n'avons pu reconnaître si elles existaient
déjà au XVI'' siècle.
Grande maison sans désignation, faisant le coin de la rue Taranne. C'était un
RUE D'ENFER. 133
des deux grands lots provenant du morcellement de l'hôtel de Taranne. En
1 696 , après avoir appartenu à Séraphin du Tillet, greffier civil au Parlement, elle
était possédée par M"" de Vaumesnil. Dans le milieu du siècle suivant, la pro-
priété était remplacée par cinq maisons faisant front tant sur la rue de l'Égout que
sur la place Saint-Benoît, et par trois autres sur la rue Taranne. La première des
maisons construites sur son emplacement, celle oi!l a été ouvert le passage du
Dragon, s'appelait, en 1 687, l'Académie du sieur de Longpré, et elle renfermait un
manège dès i65a.
RUE D'ENFER.
La rue d'Enfer commençait aux fossés de la ville, devant la porte Saint-Michel,
à l'extrémité de la rue des Francs-Bourgeois, et, après un certain parcours, elle
se transformait en un chemin de très-médiocre importance, qui menait vers Mont-
rouge; mais ce chemin dépendait du faubourg Saint-Jacques, et nous en repar-
lerons en son lieu. La partie de la rue d'Enfer comprise entre les fossés et l'ancien
chemin de Vanves, ou d'issy, se rattache seule au faubourg Saint-Germain, dont
elle constituait une limite. Continuant la rue de la Harpe, elle remplaçait une
voie gallo-romaine, sur laquelle s'embranchait le chemin de Vanves, et on ne la
considérait généralement que comme un tronçon de celui-ci. Il y est ainsi fait
allusion sous le nom de cheminum Issiaci dans la sentence de 1210, relative aux
bornes de la paroisse Saint-Sulpice, et elle a été désignée par la formule via qua
itur apud Vallem iiridem, en 1 25 1 , ainsi que par une formule analogue, en 1 2 65(".
Suivant Jaillot, elle aurait été dite, en i958, «rue de la Porte Gibart,^ et nous
la trouvons énoncée «rue par laquelle on va de la porte Saint Michel aux Char-
«treux,ii en i635; a chemin par où l'on va de ladite porte Saint Michel au
«clos des Chartreux,')) en i453; tr chemin tendant de la porte Saint Michel au
(T couvent des Chartreux,)) en 1018; rgrant chemyn de la porte Sainct Michel
ftallant aux Chartreux, a en i5/i5; crrue tendant aux Chartreux.)) en 1682, et
cr rue des Chartreux ,)) en 1671, i58i, 1687, etc.
Aussi bien, dans la seconde moitié du x\f siècle, la partie de la rue d'Enfer
dont nous parlons a commencé à n'être plus distinguée du chemin conduisant à
Montrouge, avec lequel elle s'est confondue, et, en conséquence, elle a reçu les
mêmes dénominations de rue Neuve, rue Neuve-Saint-Michel et Saint-Louis. C'est
''' Nous ne connaissons aucun ancien exemple (lu de Vauvert. " La rue d'Enfer ne pouvait guère uié-
nom de rve de Vauvert, cité par Jaillot, qui a peut- riter le nom de rue avant d'être bordée de maisons,
être un peu cflufondu les époques; mais nous avons et elle ne l'était point encore au temps de Fran-
lu dans un titre de 1680 : tfrue d'Enfer, autrement çoig |"_
134 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
au tronc commun des deux voies — celle du faubourg Saint-Germain et celle du
faubourg Saint-Jacques — qu'a spécialement été appliquée l'appellation de rue
d'Enfer; nous le croyons du moins, parce que la première mention que nous
ayons découverte de la rue d'Enfer, avec ce vocable, ne date que de loGg, et
qu'elle est constamment désignée d'une manière différente dans tous les docu-
ments, en assez grand nombre, oi'i il en est question antérieurement. Nous ferons
observer, de plus, que le nom de rue d'Enfer n'a guère été employé avant le règne
de Louis XIII, et que l'on écrivait encore crrue Saint Michel lez Paris n en 1629.
On a dit, en outre, rue des Pavillons vers 1 689.
Suivant Piganiol, dont l'opinion a été adoptée par Jaillot, le nom de la rue
d'Enfer proviendrait de sa situation, moins élevée que colle de la rue Saint-
.lacques; mais nous rejetterons obstinément cette hypothèse, tant que l'on ne nous
aura pas prouvé qu'il existe des documents où la rue Saint-Jacques est qualifiée
de via superior, et la rue d'Enfer de via injerior ou inféra, comme on trouve com-
mode de l'imaginer afin de justifier l'élymologie'*'. Il est infiniment plus probable
que la rue d'Enfer, autrement Saint-Michel, a emprunté son nom à la porte voi-
sine, pareillement dite d'Enfer ou Saint-Michel, et le fait semble en quelque
sorte évident. Il est possible aussi que le mot enfer ait réveillé le souvenir de la
tradition populaire sur les démons, anciens hôtes de Vauvert, et que tel soit le
principal motif pour lequel l'appellation de rue d'Enfer a fini par prévaloir sur les
deux ou trois autres qui ont été également en usage. On remarquera qu'elle ap-
paraît simultanément au faubourg de la rive gauche et dans la Cité, où elle ne
saurait assurément s'expliquer par une légende fantastique.
Au \i\f siècle, le voisinage du coin formé par la rue d'Enfer et le chemih de
Vanves se nommait ffl'Ourmele Royn (1299), Ulmeolum Régis (1996), à cause
de quelque ormeau qui s'élevait là, à la façon de ceux (ju'on était dans l'habiliide
do planter aux carrefours. La ferme de 1 Hôtel-Dieu, située en cet endroit, est
énoncée dans une charte de 1 266 : irLltra portam Gihardi, ah oppositis vinearum
frdomini Régis, in cuneo, ad Urmetellum, juxta viam por quam itur ad Vallem
rt Viridam (sic).-n
Le pavé de la rue d'Enfer, depuis la porte Saint-Michel jusqu'au monastère
des Chartreux, fut fait aux frais de Thierry de Lyencourt f"^*, l'un des bienfaiteurs
''' Quoi qu'en dise l'auteur, et malgré l'absence
de docuinenls écrits, la rue d'Enfer était réellement
une via mferior. Sa situation , par rapport à la grande
voie de la rue Saint -Jacques, son niveau moins
élevé , son importance secondaire et son rôle sup-
plémentaire l'indiquent clairement. Il en existait
d'ailleurs un autre exemple aussi concluant : c'est
celui que présentait la rue d'Enfer en la Cité, lon-
geant extérieurement le rempart gidio-romain. Au
reste, quelques lignes plus loin, l'auteur infirme
lui-même son opinion, en signalant la simultanéité
chronologique d'appellation des deux rues, et en
admettant implicitement que la rue d'Enfer de la
Cité était bien une via inferior. — th. v.
'"' Theodorus de Lyencuria, et non de Biencourt.
comme écrivent Du Breul et Félibien. (Conf. la
Généalogie des maistres des requestes de l'HosIel dv
Roy, in fol. Paris, 1670, p. 87.)
RUE D'ENFER. 135
de ces moines rr . . . .lequel pavé, dit Du Breul, fut encore refait tout de neuf en
(rl'an i5o6, par la diligence et mesnage desdits religieux, moyennant certaines
ft sommes de deniers provenants des amendes de la cour de Parlement et de la
iT Chambre des comptes, que messieurs de l'Hostel de Ville leur firent délivrer, n
Thierry de Lyencourt, qui vivait sous le règne de Charles V, avait aussi bâti, pour
son usage, r audit lieu de Vauvert, sur les grands murs devers Notre Dame des
«Champs, 11 un hôtel touchant lequel nous ne possédons point de renseignements.
CÔTÉ OCCIDENTAL.
PAROISSE SAIM-ETIENNE-Dl-MONT.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE SAINTE-GENEViÈVE.
Ferme ou Pressoir de l'Hôtel -Dieu, faisant le coin septentrional du
chemin de Vanves et contigu au monastère des Chartreux. (Voir, dans le tome
deuxième de cet ouvrage, le treizième triage des terres en culture.) Au mois
de mars 1228, Odon de Vernouillet, chevalier, et sa femme Marguerite, cédèrent
à Roger Comin, pour cent vingt livres parisis, un clos de vigne qui avait été à
Philippe de Saint-Paul, aussi chevalier et père de Marguerite. Au mois de février
1226, Haoïse, veuve de Pierre Vilain, vendit à Roger Comin, pour la somme de
vingt-quatre livres parisis, une pièce de vigne qu'elle avait près du lieu dit l'Orme-
du-Roi . apud Ulmeohim liegis, dans la censive d'Agnès de Codreesso. Au mois
d'octobre 12Û8, Philippe Comin, reconnaissant que les vignes attenantes à un pres-
soir qu'il possédait près de Vauvert étaient grevées, envers l'archiprètre de Saint-
Séverin, d'une redevance annuelle de deux muids de vin, en assigna le payement
sur d'autres vignes qu'il avait à Ivry. En décembre 1261 , le même fit acquisition:
1° de trois quartiers de vignes voisines des siennes, qui étaient situées dans la terre
de la confrérie Saint-Martin de l'église Saint-Séverin, et que lui abandonnèrent,
moyennant vingt-six sous parisis, Richard de Ollyaco et sa femme Héloïse; 2° de
trois quartiers de vignes conliguës à celles du chapitre Notre-Dame, en bordure
sur la voie allant à Vauvert (rue d'Enfer), et que lui cédèrent également pour
vingt-six sous parisis Barthélémy de Montreuil et sa femme Benoîte, lesquels
tenaient ces vignes du roi «à moitié, d En février 1267, l'abbaye Saint-Victor, en
échange d'un arpent et demi de terre labourable au (>hardonnet, renonça à deux
sous de chef- cens qu'elle percevait sur le clos qui avait été à Philippe de Saint-
Paul, et dont jouissait alors Théophanie, veuve de Philippe Comin.
Nous avons lu, dans les archives de l'abbaye Sainte-Ceneviève, qu'en i258
quelques maisons au duc de Bourgogne, existant dans les environs du Pressoir,
130 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
y furent plus tard réunies, et qu'en 1268 la métairie appartenait à Guillaume de
Mâcon. Celui-ci n'est sans doute qu'un seul individu avec Guillaume Vinterarius,
dont, au mois d'avril 1266, la veuve Pétronille la Vignotière donna à l'Hôtel-
Dieu le Pressoir et six arpents de vignes en un clos, qui en dépendaient, cette
aumône devant servir à fonder une chapelle pour le salut de l'âme du défunt.
Enfin, l'an 1297, le dimanche devant la Saint-Denis, Pétronille, veuve de Nicolas
Arrode''', donna aussi aux frères de l'Hôlel-Dieu une pièce de vigne attenante
aux leurs, et contenant un arpent et demi. Telles sont, d'après les documents
authentiques'^', les origines du Pressoir, que les titres énoncent aussi la ferme
de l'Hôtel-Dieu.
Les maîtres de l'Hôtel-Dieu aliénèrent plusieurs fois le Pressoir, à long terme,
et il appartint ainsi à M'' Nicolas Gossemart, procureur du roi au Châtelet, qui
en fut ensaisiné, le 7 janvier i435, par l'abbé de Sainte- Geneviève. Le Pressoir
était chargé d'abord de cinq livres parisis de cens envers ce monastère, et il
ne le fut, dans la suite, que de trois sous six deniers, à raison de six deniers
par arpent. La ferme contenait effectivement sept arpents, ou, d'après une esti-
mation plus récente et apparemment plus juste, sept arpents et demi. Remise aux
mains des administrateurs de l'Hôtel-Dieu, elle fut de nouveau baillée, à plusieurs
reprises, notamment au laboureur Minart, le 7 décembre 1576. Enfin, les 18 et
19 juin 161 3, après un premier refus, les administrateurs de l'Hôtel-Dieu l'aban-
donnèrent à Marie de Médicis, qui voulait en annexer le terrain à son parc et
l'acheta cinquante mille livres, mais en obtenant en même temps une pièce de
vingt-cinq arpents qui faisait partie d'une autre pièce contenant cinquante afpents
et demi; elle était située au delà des Chartreux et dépendait de la Ferme.
Les bâtiments de la Ferme de l'Hôtel-Dieu s'étendaient sur le chemin de
Vanves, et offraient un double pan coupé à l'encoignure de la rue d'Enfer, le
long de laquelle il n'y avait qu'un mur commençant à quatorze toises au nord de
l'axe supposé prolongé de la rue Saint-Dominique. Indépendamment du Pressoir,
la Ferme contenait des granges, des étables, des clos et un moulin à vent, dont
il est question dès i533. Il est dit, dans une déclaration de 1587, qu'il étail
posé ftsur une tour de pierre, « et l'assertion est confirmée par le plan manuscrit
de Quesnel, que nous reproduisons ci-contre.
Sauvai a dit W, et l'on n'a pas manqué de le répéter, que le Pressoir de l'Hôtel-
''' La famille bourgeoise des Arrode était riche. personne. D'après des titres relatifs h Sainl-Jacques-
Au xni" siècle, elle possédait, entre autres, divers de-la-Boucherie , il pourrait se faire que celte Pé-
immeubles dont une partie a servi à l'agrandisse- Ironille eût eu successivement trois maris, au der-
ment de l'église Saint-Jacques-de-la-Boucherie. nier desquels elle aurait survécu. — th. v.
Quant à Pétronille de la Vignotière et à la veuve de •' Arch. des hôpitaux , lay. 76 , n" 432 el 433.
Nicolas An-ode, il semblerait que ce fût la même ''' T. II, p. 365.
RUE D'ENFER. 137
Dieu était le même que le Pressoir de Gibart. C'est une méprise grossière : les
deux établissements, éloignés l'un de l'autre de plus de quatre cents mètres,
n'ont jamais eu le moindre rapport, à part la similitude de leur destination, et
ils relevaient de fiefs difl'érents.
Deux maisons, dont la première avait pour enseigne l'Écu-de-France , en 1 589,
et la seconde s'appelait la Maison de briques, en i585. Elles ne formaient qu'une
propriété en 161 3, et étaient pour lors en ruines. Elles avaient été bâties sur
deux places, chacune large de quatre toises et profonde de quinze et demie, qui
furent vendues par l'Hôtel-Dieu à Pierre Huberson, le i5 juillet i565. Une troi-
sième place, exactement de mêmes dimensions, qui fut cédée, le 8 juin 15/17,
au nommé Jean Lenormand, à charge de bâtir, était attenante aux précédentes,
et devint ensuite un jardin. Elle était contiguë à une allée servant d'issue, sur la
rue d'Enfer, à la pièce «en hache, close à murs,T5 d'un arpent et demi et sept
perches, laquelle fut acquise de l'Hôtel-Dieu par le duc de Luxembourg, le
18 mars i588, et était séparée, par une haie de rosiers, d'avec les maisons du
Clos-aux-Bourgeois. L'Hôtel -Dieu prétendait avoir en sa censive cette pièce de
terre et les maisons situées par devant.
JUSTICE
ET CENSIVE DU CHAPITRE NOTBE-DAME.
Maison sans désignation, qui paraît avoir été construite au milieu du xvi' siècle,
mais dont nous n'avons pu retrouver les titres pour cette période. Sous Louis XIII,
elle était déjà divisée en deux; un peu plus tard, elle a formé quatre maisons
distinctes.
La totalité du terrain en censive du chapitre Notre-Dame, sur la rue d'Enfer,
lormait, en i635, un jardin, qui appartenait aux chanoines. Ceux-ci l'avaient
acquis par échange, au mois de janvier 1226, de l'abbé de Sainte-Geneviève, et
c'était alors une vigne dite la vigne de la Sœur, vinea Sororts. La même désigna-
tion se retrouve dans un bail qui en fut fait, le 2 1 août 1 270, à Thomas de Saint-
Benoît, auquel, moyennant cinquante sous parisis de droit de cens, on la loua
avec deux autres, l'une située au territoire de Vigneroy, et l'autre au lieu de
Crève-Panse"). Cependant la vigne de la Sœur est énoncée ff vinea Capituli Pari-
ffsiensis, que vinea vocatur Troispelez, ut dicitur, :i dans la charte de décembre
t25i, que nous Venons de citer '^'.
'1 On put suivre ces transactions dans le Car- tr Crève-Panse, TroisPelez , i! par lesquelles on dé-
lulaire de SainleGenetiève, p. 1 97, et dans le Car- signait communëment la vigne ou le jardin des clia-
tulaire de Noire- Dame, t. II, p. 558. noines, ne seraient-efles pas un exemple, entre
'•> Les dénominalinns quelque peu gauloises, mille, de l'esprit satirique qui a inspiré les fabliaux
138 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE DU ROI.
CENSIVE DE LA GRANDE CONFRERIE.
FIEF DU CLOS-AUX-BOURGEOIS.
Maison et jeu de paume du Pavillon (iSSa), qui contenait, en 1607, une
grange et un colombier. Antoine Cliahiot, sieur de la Fond, valet de chambre
du roi, en passa déclaration le 9 septembre i585.
Maison sans désignation (i58a). Elle occupait, avec la précédente, l'emplace-
ment d'une partie de l'hôtel de Bourges. Cet hôtel renfermait un pressoir, mais
il tombait en ruines lorsqu'il fut acheté des héritiers de François Roger, le
1" mars i558, par Jean-Antoine Lombard, plus communément dit Brusquet,
valet de chambre et fou célèbre des rois François \", Henri II, etc.'*'
Maison sans désignation (1571), qui paraît s'être appelée tria maison de la
(t Salle neufven vers i582, et avoir fait hache derrière la suivante. Le séminaire
Saint-Louis, érigé en 1696 et habité en 1708, fut établi dans la partie posté-
rieure de cette maison, par donation de l'abbé de Marillac, qui avait acquis l'em-
placement en i683.
Maison et jeu de paume du Cygnk-de-la-Cboix (1571-1 585). En 1 578, elle était
en masure, et l'on a peine à la distinguer de la maison précédente, avec laquelle
on l'a confondue pour plusieurs raisons.
Maison sans désignation (1 58/i), faisant le coin de la rue des Francs-Bourgeois.
Elle contenait un jeu de paume en 159.8, et derrière s'étendait un jardin de
forme triangulaire. Guillaume Duval , seigneur de Vaugrigneuse, l'acquit, le 1 /i jan-
vier 1586, de Haliforel Lombard, fils d'Antoine Lombard. Comme le jeu de
paume du Cygne-de-la-Croix, et très-probablement aussi comme la maison précé-
dente, celle-ci constituait un morcellement de la maison de rimage-Saint-E tienne,
dite également rfe /a Poste (1570), dont Etienne Loiseau était possesseur dès i537*"^\
et qu'il avait vendue, le i3 mai 1 553 , à Antoine Lombard, — probablement Brus-
quet, ou son fils, — lequel tenait la poste rovale. Le 1 1 février 1571, ses héritiers
se partagèrent ses biens, ce qui produisit les trois lots que nous venons d'indiquer,
et dont la plus grande partie était en jardins, vers 161 5. Sur remplacement des
héritages cf Brusquet t» avaient été antérieurement les principaux bâtiments de
et introduit, dans les ëglises mêmes, les chapiteaux universelle , où son véritable nom n'est point indique,
grimaçants, les mascarons grotesques et autres re- '*' Il n'y a rien dans les archives de la confrérie
présentations railleuses? Il est du moins permis de qui apprenne à quel titre Etienne Loiseau possé-
Ift supposer. — i.. m.t. dait cette maison; mais il paraît très-probable qu'il
(I)
Il mourut en i563, suivant la Biographie l'avait acquise de Marthe de Selve.
RUE D'ENFER. 139
l'hôtel de Bourges, qui fut longtemps la seule construction élevée sur les terrains
du Clos-aux-Bourgeois.
C'est dans la maison du seigneur de Vaugrigneuse que fut transféré le collège
du Mans, en 1 083.
Clos-aux-Bourgeois, Hôtel de Bourges. Dès le commencement du
xm*^ siècle, la Grande Confrérie aux Bourgeois de Paris, placée sous l'invocation de
Notre-Dame, possédait, près de la porte Gibard, certaines vignes dont, au mois
de janvier 1217, elle bailla le quart au nommé Odon le Hardi, à la charge de
cultiver ce quart et d'y faire la vendange, en abandonnant la moitié du produit
à la Confrérie, qui devait fournir le pressoir et payer un homme pour le manœu-
vrer. Les vignes baillées à Odon se composaient de deux pièces, l'une appelée
la vigne du Cliâtelet, vinea de Caslelluîo, et l'autre dite Odeline, vinea que dicitur
Odelina; cette dernière, contenant cinq quartiers, fut amortie, en avril 1268,
par la confrérie des marchands de la Hanse Parisienne, envers qui elle était gre-
vée d'une rente de sept deniers et une obole. Au mois de février i'j58, sur la
demande de Louis IX, la Confrérie abandonna aux Chartreux six autres quartiers
de vignes, au canton de Brisebarre, avoisinant leur couvent, et, en éciiange,
elle reçut du roi cinq quartiers situés au territoire de Brahiis. Le samedi après la
Nativité 1276, un nouvel échange de terrains eut lieu entre les Chartreux et la
Confrérie, échange qui arrondit encore son domaine par des acquisitions efTectuées
eu i.'WG. L'ensemble des vignes de la Confrérie, au faubourg Saint-Michel, for-
mait un clos important que Philippe le Bel comprit dans l'amortissement général
des biens de la communauté, par lui accordé en avril 1298. Il y existait alors,
depuis plus de dix-sept ans, une maison oii la Confrérie s'assemblait au cr temps
r de son siège, ^ et qui conserva cette désignation jusque vers l'année i356 , époque
où le creusement d'un fossé autour des murailles de la ville motiva la destruction
d'une partie de (rl'ostel du siège'''. n
On lit dans l'inventaire de 1890 : trLa Confrarie ot jadis un hostel séant audit
frlieu (à la porte Gibarl, à présent appellée la porte d'Enfer), appartenant à yce-
rrlui hostel; et grant partie des héritaiges furent desmoliz et anientez pour la lor-
fr tificalion de la Ville de Paris, car partie dudit hostel et des héritaiges estoient
irjoignans à icelle porte d'Enfer et aux murs de la ville ; et présentement èsdiz
«héritaiges et masure n'y a que xui quartiers de terre, lesquelz ont esté baillez à
ffu fois, à Jehan Mouchart, à xl sols de rente et u deniers de fons de terre. Et
rrd'icelles vignes vi quartiers en ont estez depuis bailliez par ledit Mouchart à Phi-
(flippot Begnier, demeurant à la porte Saint Jacques, à l'Escu de France, à xvi sols
' Sauvai et les liistoriens postérieurs ont con- municipal du Parloir- aux-l'ourgeois, attenant au
fondu la maison des Bourgeois de la Confrérie, couvent des Jacoiiins et contigu à la porte Gibard ,
dont ils n'avaient qu'une idde vague, avec l'édilice ou d'Enfei'.
18.
140 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
ffde rente et i denier de fons de terre à ycelle Confrairie deubz. Et le résidu, qui
fffait VII quartiers tant en masure comme en vignes joignans à ycelle, et de nouvel
ff mesurez et abonnez <•), demeurent chargez à ycelle Gonfrarie en xxuii sols de
(Trente et i denier de fons de terre'^'.ii
Le bourgeois de Paris Jean Mouchart, irporte-cbappe du Roy, n prit à cens les
restes de l'hôtel de la Confrérie le i 5 juin i36i, et il y exécuta quelques travaux,
puisqu'un paragraphe de l'inventaire que nous venons de citer est ainsi conçu :
r Masure, court, jardin et vigne, contenant ensemble environ un quartier, oij
r jadis fu lostel du sierge [sic) de la Grant Gonfrairie Nostre Dame, appelée le Glos
craux Bourgois. Tout ce baillé à Jehan Mouchart En ladite terre ou partie
rd'icelle, séant sur la chaussée, a fait ledit Mouchart granche et cloison entour,
net contient, par droite mesure, tant le clos avecques jardin et court, comprins
ftla muraille, xxxnii perches; et les vignes séans au plus près d'ycellui hostel ap-
apartenant à ce, abonnées et mesurées par Micbelet le Tonnelier et con-
iT tiennent v quartiers xvni perches : tout ce mesuré par le dessus dit Micbelet,
ffjuré du Roy nostre sire, jeudi nif jour de janvier, mil ccc mi" et onze, présent
ff ledit Mouchart (^'.T)
Entre i iog et 1/121, le manoir amoindri de la Gonfrérie Notre-Dame eut pour
propriétaire Guillaume de Boisratier, arcbevêque de Bourges; il le tenait du
prêtre Roulant Bélier, et le reconstruisit probablement, ce qui valut audit manoir
le nom d'hôtel de Bourges. Il consistait, à cette époque, en un tr petit hostel, n
un pressoir, une grange, une foulerie, et quatre arpents et demi, plus un deirii-
quartier de vignes. Guillaume de Boisratier se proposait d'en gratifier l'Hôtel-Dieu,
établissement qu'il visitait souvent; mais une longue absence ne lui permit pas
de réaliser ses intentions, et les maîtres de l'Hôtel-Dieu, voyant que, faute d'en-
tretien, les bâtiments et les terres de l'hôtel de Bourges périclitaient, s'adres-
sèrent aux commissaires sur le fait des confiscations et obtinrent d'y pourvoir à
leurs propres frais. L'hôtel demeura en leurs mains, et ils en jouirent jusqu'au
k septembre 1 532, jour auquel ils l'aliénèrent au profit de M'^ François Roger
[alias Roigier), procureur général au Parlement de Rouen. On l'appelait alors le
Petit-Pressoir (iSaS), pour le distinguer du Grand-Pressoir, attenant, lequel était
aussi une propriété de IHôtel-Dieu. Il passa alors aux héritiers de ce dernier, qui
le morcelèrent et s'en défirent successivement. Marthe de Selve, veuve de F. Ro-
ger, en vendit, de i53ii à lôSy, les jardins divisés en sept lots, et, en iSSy,
elle avait déjà vendu la moitié septentrionale des bâtiments, dont l'autre moitié
cessa d'appartenir à sa famille en i558.
"' Bornés. On dit encore aujourd'hui aiorne*; i3il8 sont conservés aux Archives nationales, dans
abonnez est une allitération. — l. m. t. le portefeuille coté S 882.
'*' Fol. 72 v°. L'inventaire de 1890 et celui de !'' Ibid. fol. 1 1 r°.
RUE D'ENFER. t41
L'hôtel de Bourges, ne contenant que trois arpents environ, n'atteignait point,
vers l'ouest, les limites du clos. La superficie de ce clos, qui sans doute a beau-
coup varié réellement, est fort diiïéremment indiquée dans les titres. Elle est
évaluée à huit arpents, en 1298 et i348; à quatre arpents et demi, en i/i53;
à cinq arpents un quartier, en iBSa; à cinq arpents trois quartiers et cinq
perches, dans un arpentage du U septembre 1670; à sept arpents trente-huit
perches, dans un autre d'avril 1612, et à sept arpents un quartier, en i6i5;
mais ces dernières estimations ne comprennent point les mille quatre-vingts toises
absorbées dans le palais et le jardin du Luxembourg. Nous aidant des divers docu-
ments graphiques*') ou écrits, que nous fournissent les archives de la Confrérie,
nous trouvons que, aux derniers temps de son existence, le Glos-aux-Bourgeois,
formant un des côtés de la rue des Francs-Bourgeois, se développant sur une lon-
gueur de soixante et une toises dans la rue de Vaugirard et sur une longueur de
trente-trois toises dans la rue d'Enfer, présentait une surface totale d'environ huit
arpents et demi.
Le Clos-aux-Bourgeois nous apparaît j)our la première fois, en i346, avec cette
dénomination. Il a été dit également «cioz de la porte d'Enfer n (i3/i8), et aie
irMertrayi) (i/jSa) ou c Martroy. ti Un registre de i368 rapporte que aie cloz de
(T ladite Confrérie. . . soulloit estre appelé Chastelet '-', ^ ce qui fait allusion à la
vigne de Castellulo, un des objets de la transaction de 1217. Dans un grand
nombre de pièces se rencontre la locution a au clos de Vignerai, ou au clos aux
<r Bourgeois, fl parce que, suivant une habitude ordinaire en pareil cas, on com-
prenait sous le nom de Clos-aux-Bourgeois non-seulement les terres de la Con-
frérie, mais encore celles qui y étaient attenantes et méritaient plutôt d'être
considérées comme dépendant du territoire de Vignerai, dont les limites n'étaient
point rigoureusement fixées. Une raison analogue a produit quelque confusion
entre les climats du Clos-aux-Bourgeois et du clos Saint-Sulpice ; le fief de la Con-
frérie a néanmoins été toujours fort distinct de la propriété de Saint-Sulpice.
Piganiol a donc commis une erreur en affirmant que le nom de clos Saint-Sulpice
a été appliqué au Clos-aux-Bourgeois; pour être dans le vrai, il faut étendre aux
territoires seulement cette identité d'appellation.
'' Parmi les plans du clos qui proviennent des Quesnel, assisté de Claude Vellefaux, dont il porte
archives de la (îrande Confrérie, il s'en trouve un les signatures. On le trouvera plus loin, au chapitre
(cart. S 882), fort curieuv et entièrement inédit , que nous consacrons à l'origine du palais Médicis.
que nous avons fait reproduire. Levé à l'occasion de '"' Fol. 108 r'. C'est h propos d'un don de
contestations provoquées par l'abbaye Saint-Ger- cinq quartiers, fait h la Confrérie, audit lieu du
main -des- Prés, il représente l'état des lieux au Châtelet, par Hue le Borgne; la date n'est point
mois de mars i6t5. Il a été exécuté par François mentionnée.
142 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
RUE PÉROU.
La rue Férou, qui commence aujourd'liui à la place Saint-Sulpice, commen-
çait jadis à la rue du Vieux-Colombier; elle finit à la rue de Vaiifjirard.
Elle comptait au nombre de ces voies qu'on appelait collectivement et même
isolément, avant le milieu du xvi* siècle, les ruelles Saint Sulpice. Nous la trouvons
énoncée rue Saint Sulpice, dans un titre de iBiy, le premier que nous puissions
citer où elle soit certainement désignée; elle a été nommée ensuite rue Férou, à
r
cause du grand clos qu'elle longeait et qui appartenait à Etienne Férou, sieur de
Frétoiseau, procureur au Parlement, lequel mourut avant iBiy et fut un des
transformateurs du quartier. Une pièce de terre, qu'il aliéna le \h mars iBia,
est dite dans le texte du bail <') aboutir r par devant sur une rue qui sera nom-
ffmée rue Férou '''', a et ce vocable a efl'ectivement été consacré depuis, non sans
éprouver quelquefois les modifications d'ortbograplie habituelles : ainsi, on lit rwc
Farrou dans une transaction de i555, elrne de Ferron dans le censier de iSgS.
Il est arrivé de plus que, par confusion avec l'impasse qui en était voisine, la
rue Férou a été dénommée rue des Prêtres. Les titres relatifs à une maison qui
était située près de l'église Saint-Sulpice, et dont la principale façade donnait rue
Servandoni, nous ont fourni, entre autres, une preuve très-authentique, datani
de l'année 1620. Au reste, la synonymie est affirmée dans des documents de
1608, 1617 et 1627, où il est question de la «rue des Prestres, autrement dit
rt Férou, T) et de la trrue Férou, cy-devant ditte des Prestres. n Nous croyons qu'on
s'exprimait ainsi dès i553.
Le 26 mai i7i2i, Pierre Morissel vendit à Lorin (a/ms Laurent) Gauldry, bou-
cher et bourgeois de Paris, une pièce de deux arpents sur le chemin (la rue) de
Vaugirard, et à ces deux arpents Gauldry en ajouta deux autres. Le tout forma
un clos qu'on appela rrle cloz j^orin Gauldry, •« et dont les archives de l'abbaye
offrent plusieurs mentions, que les historiens n'y ont point remarquées. Le clos
Gauldry, augmenté d'autres terrains et acquis en i5o5 par M'' Adam Fumée,
sieur des Roches, maître des requêtes de l'Hôtel, fut par lui cédé, avec ses dépen-
dances, le 28 avril 1817, à Christophe de Brilhac, archevêque de Tours, qui, le
9 février i5i8 (n.st.)'^', l'abandonna à Etienne Férou. Celui-ci, faisant de celte
propriété un objet de spéculation, la bailla par parcelles à divers particuliers.
''' Le titre n'est point passé dans nos mains; il est question fût celle qui est devenue plus tard
nous ne le citons que d'après un mémoire imprimé l'impasse Férou.
en 1767, dont il y a un exemplaire aux Archives î'^' Reg. d'ensaisinements de i53o et i53i,
Fiationalcs (cart. Q 12.92), et qui fut rédigé à fol. 3-2 v°, Arcli. nation, portefeuille S 3oo6. La
propos d'un procès entre la Ville et les créanciers date de la cession faite à Férou est très-précise el
des Jésuites. implique une erreur dans In Gallia, où ou lit que
'*' Il ne serait point impossible que la rue dont Christophe de Hi-iihac mourut le 10 mai i5i7.
RUE PEROU.
143
qui y bâtirent, et le clos où, en i562, existaient cr d'ancienneté n trois maisons,
disparut promptement sous les constructions. La rue prit alors une importance
qu'elle était loin d'avoir jusque-là, et ou la considéra même, en quelque sorte,
comme une voie neuve; aussi la trouve-t-on appelée, en une transaction de
i56o, ffpue faicte de nouvel. t>
Le clos Pérou conqirenait d'abord le clos Gaudry, c'est-à-dire une pièce de
onze quartiers, que représente indubitablement l'îlot renfermé entre les rues
Pérou, de Vaugirard, du Pot-de-Fer, et l'impasse Pérou, récemment fermée;
le reste du clos Pérou consistait en d'autres terrains correspondant aux maisons
situées au nord de l'impasse, et le long de la rue Pérou jusqu'au coin de la rue
du Vieux-Colombier (''. Cette seconde partie du clos Pérou, suivant les archives
de l'abbaye, avait été vendue, en i 267, par Guillaume Lesnelle et Pétronille, sa
femme, au curé de Saint-Sulpice ; et elle avait été cédée, en i3o5, par Ysabeau
de la Cour, femme de Jean de Bancy, à Guillaume de Sucy. Elle avait ensuite
appartenu à M'' Pierre Veault et à Jehan Rat. i\ous avons reconnu que les limites
du clos, vers le nord et l'ouest, d'adleurs très-difficiles à lixer, coïncidaient avec
celles du grand séminaire de Saiut-Sulpice, avant qu'on y annexât le petit sémi-
naire. L'ensemble du clos, ainsi restitué, donne une superficie d'environ cinq
arpents, équivalente à celle qu'il présentait jadis. Nous sommes dans l'impuissance
de préciser davantage, par suite de la déplorable insuffisance des documents, qui
ne nous permettent point de discerner l'état ancien sous l'état moderne. 11 n'y a,
dans les archives de l'abbaye, aucune transcription des baux de morcellement du
clos Pérou, de l'hôtel de Garancière et des |)ropriétés de Henri du Verger, de
sorte que la transformation de toute la région au xvi'^ siècle est impossible à suivre.
'"' Dans l'acte du 9 février i5 18 (ou lôiyv.st.),
In proprit'té est dc^crile en ces termes : fCesl as-
f savoir : une maison, court, cave, puys, jardin,
-|)ourpris et appartenances des dicts lieux, ainsi
-que (ils se) poursuivent et comportent; conle-
-nant troys quartiers ou environ , assis à Sainct Ger-
Tiiain des Prés lez Paris, en In grand' rue Sainct
ffSulpice, près, devant et à l'opposite de l'esgiise
"Sainct Sidpice; tenantd'unepartetaynns yssuesur
rrle cymetière d'icelleesglise; d'autre part, ducoslé
"du puys, devers le dict Sainct (îermain, à (ieuiïroy
cl>andier, aboutissant d'un i)out au mur du jardin
"qui fust feu messire Jehan Ha; en la censive des
frrelligieuXjabbé et couvent de Sainct Germain des
irPrez , et chargés envers eulx de trois solz parisis de
"Cens, et encore chargés envers les hoirs feu Jacques
'Jacotin les Cordons de soixante solz parisis de
"Cens (et) renie rachelable. Item, certaine pièce de
"terre contenant dix septpiedzde largeur et autant
"parhauU, et de longueur trente neuf toises, mon-
"lant ensemble (à) unze perches trois quars ouen-
(tviron ; lenantd'une part, en partie, aus dictes mai-
"sons et jardins dessus déclarés; d'autre part, et
"d'un bout par bas au dit Geufroy Landier et Ma-
"rion, sa femme, et d'autre bout h Guillaume Gil-
"bert, tout le long de la muraille, et faisant por-
"tion de demy arpent de terre ou envyron assis au
Tdict lieu; les dites unze perches trois quars ou
^environ franches et qnictes de toutes charges,
"parce que le seurplus les en acquile. Item, une
"autre pièce de terre contenant cinq arpens et plus
"apellée le cloi Lorin Gauldry, tenant d'une part
"aux hoirs feu Henry du Verger, d'autre part à la
"rueSaincl Sulpice, aboutissant d'un bout au chemin
"de Vaugirard, d'autre part en la dicte censive
"du dict Sainct Germain des Prez.n
EGLISE SAINT-SULPICE. 145
CHAPITRE IV.
ÉGLISE SAINT-SULPICE.
L'église Saiiit-Sulpice, comprise en la justice et en la censive de l'abbaye Saint-
Germain -des -Prés, faisait le coin de la rue du Petit-Bourbon. Elle n'est point
mentionnée, comme paroisse du bourg Saint-Germain, avant l'année 1210, et
l'on ne sait à quelle époque elle commença à avoir le caractère paroissial. Dans
le martyrologe d'Usuard, ouvrage dédié à Charles le Chauve, on lit, à la date
du 10 mai : crApud monasterium Sancti Germani, dedicatio ecclesiae in honore
ftJoliannis Baptista*, sancti Laurentii arcbidiaconi atque sancti Sulpitii episcopi;r)
mais, comme le passage provient incontestablement d'une interpolation du xn'^ siècle,
il n'apprend que peu de chose sur l'origine de l'église. Si l'on rapproche ce pas-
sage de l'éloge que fait de l'évèque saint Sulpice Usuard, qui en parle comme d'un
saint à lui familier, on comprend que Lebeuf ait été amené à croire que, sur l'em-
placement du monument actuel, il a pu exister, dès le temps d'Usuard, un ora-
toire dédié à saint Sulpice. Cet oratoire, ayant d'abord servi de baptistère pour
les habitants du bourg, aurait ensuite été leur unique paroisse située en dehors
des murs du monastère. Jaillot soutient, au contraire''', que la première paroisse
du bourg fut la chapelle Saint-Pierre, attenante au clos du Couvent (voir Rue
des Saints-Pères), et que, au xn* siècle, elle a été remplacée, comme paroisse,
par la chapelle Saint-Jean, c'est-à-dire par la petite église Saint-Sulpice. On com-
prend ainsi, ajoute-t-il, que saint Pierre soit l'un des patrons de l'église Saint-
Sulpice, circonstance dont Lebeuf ne donne point d'explication satisfaisante.
^ous préférons à l'hypothèse de Lebeuf l'opinion de JaHlot, que l'absence de
documents ne permet pas de contrôler, mais que nous savons avoir pour soi l'au-
torité de la tradition'^*, et qu'il appuie d'ailleurs de raisonnements très-plausibles,
sur lesquels nous aurons l'occasion de revenir. Remarquons toutefois qu'elle ne
'*' T. II, p. liUh. tradition, quel'église Saint-Sulpice avait élé fondée,
"' Voir à l'article de la chapelle Saint-Père. — au x' siècle, sur les ruines d'un prieuré de Saint-
Simon de Doncourt, dans ses Bemair/ues historiques Pierre, on la confrérie avait été établie. Cette tra-
««r l'ègUte et la paroisse Saint-Sulpice, p. 11 4, ditinn est encore une présomption en faveur de
rapporte que la confrérie des savetiers disait, par l'opinion de Jaillot.
III. «9
\h6 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
prouve rien contre l'antiquité d'origine qui est attribuée par Lebeuf à l'église
Saint-Sulpice, et qui a été matériellement confirmée, au mois de janvier 172Û,
par la découverte d'une inscription gravée sur le couvercle d'un tombeau de
pierre que l'on trouva en exécutant des fouilles pour asseoir les fondations du
bâtiment moderne. Cette inscription, que nous reproduisons ici*'', offre, en effet,
les caractères épigraphiques du x" siècle. Elle démontre l'existence d'un cimetière
contemporain, dépendant d'une chapelle, et Lebeuf l'interprète ainsi :
Hic jacet inclusus, Tetopi'^' de stirpe creatus
Herluinus, cumdam vocatus nomine, qui OBiiT L [quinquagenarius?)
I '^Q^^
4 fittU
L'église Saint-Sulpice fut rebâtie, en partie, au xui" et surtout au xiv" siècle;
mais il n'y a plus rien qui nous renseigne sur les travaux de cette période, dans les
archives de la paroisse, où nous trouvons seulement quelques détails sur les accrois-
sements de fédifice au xiv*^ siècle. Le 9 mars iSaS, Jeanne Montrouge, veuve de
Jean Marché, vendit aux marguilliers de Saint-Sulpice une partie de son jardin,
contiguë au presbytère et destinée à faire une ruelle pour conduire à l'église. A la
date des 97 et 28 octobre i53o, elle leur vendit encore un autre morceau de son
jardin, mesurant onze toises sur treize et demie, trau chevet de réglise,T) et pour
son agrandissement; le 17 septembre 1 536, Jacques et Charlotte Plateau cédèrent
à l'œuvre une bande de terre , longue de onze toises quatre pieds et large d'une
toise, ffprès l'église. . . au long de l'accroissement du ciieur d'icelle,T) et cette
bande, aboutissant au cimetière, servit aussi à faire une ruelle ; enfin, le 28 juin
iSSg, Jean Marché, fils de Jeanne Montrouge, céda à son tour un quartier de
terre, où l'on établit le cimetière neuf, derrière l'église.
Dans un vieil inventaire, il est dit que, sur le lot acquis en i53o, «sont à pré-
■'' Le dessin ci-joint est la copie de celui qui
|)arul dans le Mercure de France du mois de mai
«794, p. 893. Nous y avons simplement restitue,
d'après les conseils de M.Jules Quiclierat, les lettres
mal lues par le premier dessinateur.
'*' Ce nom est peu vraisemblable^
ÉGLISE SAINT-SULPICE. 147
(Tsent bastiz et construictz les six piiiers entre lesquelz est le grand autel de ladicte
(f église. . . et aussi les chappelles de Saint Fiacre, du Nom de Jésus, de Saint
ff Michel, Saint Claude et les trois grandes chappelles qui sont derrière le grand
r autel de Notre Dame, de Saint Cler et de Sainte Barbe, n Un autel de Notre-
Dame, où de temps immémorial la confrérie des peintres du faubourg faisait célé-
brer l'office, est indiqué dès 1628, et la consécration du grand autel ainsi que
des chapelles absidales eut lieu, par les mains de l'abbé de Saint-MagloireW, le
29 mars i5i8. Le 2/i mai 1620, l'évêque de ïroyes fit une nouvelle consé-
cration d'autels, qui sont dits être le grand autel, où furent mises les reliques de
saint Christophe, de saint Eleuthère et de saint Sulpice ; l'autel de Sainte-Cathe-
rine de Sienne, placé derrière le précédent; ceux des chapelles de la Trinité et
de M. de Ventadour, et celui de Sainte-Anne-et-Sainte-Marguerite.
L'église Saint-Sulpice a pareillement renfermé une chapelle de Saint-Christophe,
qui était située au nord et avait remplacé une chapelle de Notre-Dame; elle fut
baillée à la duchesse d'Aiguillon en 16/10, et était alors attenante aux chapelles
de Sainte-Catherine et du prince de Condé. On y voyait également une chapelle
de Sainte-Julienne, qui était placée au bout de l'église, à gauche, en entrant par
la grande porte, et qui fut baillée en 1 687 à la confrérie des fripiers; une chapelle
Saint-Jacqiies-et-Saint-Philippe (iG38); des chapelles de l'Immaculée-Conception,
de Notre-Dame-de-Liesse, de Notre-Dame-des-dix-Vertus , du Rosaire, du Nom-
de-Marie, de Saint-Roch, de Saint-Joseph, de Saint-Jean, de Saint-Nicolas, du
Saint-Ange-Gardien, de Saint-Eloy, de Saint-Fiacre, de Saint-Honoré, et une
chapelle des fonts.
La chapelle de la Vierge était la chapelle centrale de l'abside; la chapelle
Sainte-Barbe y était contiguë à droite, et la chapelle Saint-Clair contiguc à gauche;
les quatre autres chapelles étaient, vers le nord, celles de Saint-Fiacre et du Nom-
de-Jésus; vers le sud, celles de Saint-Michel et de Saint-Claude.
Nous n'avons point de renseignements fort authentiques sur la situation respec-
tive des chapelles de la nef, dont plusieurs, comme celle de Saint-Roch, par
exemple, ne consistaient qu'en un autel adossé à un pilier. Suivant Simon de
Doncourt, fril fut question, en 161/i, de bâtir six chapelles, dont trois du côté
r du presbytère et trois du côté du clocher, pour les joindre à la nef qui avait
rété faite sous François I";'ii ces chapelles, que nous ne pouvons reconnaître,
étaient achevées en i63i. Simon de Doncourt ajoute que ft l'on proposa, en i6i5,
ffde bâtir pour la communion un nouveau charnier du côté de la rue des Fos-
(fsoyeurs, en commençant près la porte collatérale de la chapelle Saint-Clair ; n
que ff Christophe Gamard fut chargé d'en dresser les plans, t» et que crl'on y tra-
'*> Inventaire des litres de la paroisse ( Archives nationales, reg. LL 962, fol. 25i v°). Lebeuf dit l'évêque
lie Mègure,
«g.
148 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
ff vailla aussitôt, -n Les registres de la paroisse nous apprennent qu'on y travaillait
en 1618.
Lorsqu'on procéda à la démolition de la vieille église Saint-Sulpice, pour y
substituer un nouvel et plus vaste édifice, ainsi qu'il avait été décidé dans une
assemblée tenue le 1 0 mars i6/i3 et présidée par le prince de Condé, on ne dé-
truisit point complètement l'ancienne construction, dont le pavement était bien
inférieur à celui que devait avoir la nouvelle église; mais on se borna à la déraser
à une certaine hauteur, de sorte qu'il a été possible d'en lever un plan exact'''.
En outre, comme le dérasement n'a point atteint les bases des piliers et qu'elles
subsistent intactes, il nous a été facile de reconnaître l'âge des différentes parties
du monument détruit, et voici le résultat de notre examen :
Le vaisseau de l'ancienne église Saint-Sulpice, qui, hors œuvre, était long
d'environ cinquante-six mètres et large de vingt-sept mètres soixante centimètres,
se terminait par un chevet polygonal à dix pans. La nef, dont la voûte était peu
élevée, se divisait en sept travées; elle était précédée d'une espèce de grand porche
intérieur, et flanquée de bas côtés simples, auxquels on avait accolé, du côté du
nord, cinq chapelles, et, du côté du midi, quatre chapelles latérales avec une sa-
cristie. Parmi les chapelles, les unes répondaient à une seule travée, et les autres
à deux travées, parce qu'elles avaient été agrandies, li n'y avait pas de transept.
Le chœur consistait en une travée, avec un rond-point de cinq travées, un pour-
tour continuant les bas-côtés, et sept chapelles absidales. Ce que l'on distingue
aujourd'hui de plus ancien, c'est la base du clocher, laquelle forme la cinquième
travée du collatéral du sud et remonte à la fin du xm" siècle. Les pihers de la
nef, à fût cylindrique, sur une base octogonale, montrent un exhaussement du
pavement antérieur; comme les piliers des bas côtés, ils accusent la première
moitié du xiv'' siècle. Au xiv*" siècle, les bas côtés, buttés de contre-forts, n'étaient
point garnis de chapelles latérales. Celles qu'on y ajouta, de même que tout le
reste de l'édifice, appartiennent au temps de François l", et, sous le rapport du
style, à la dernière période gothique, excepté néanmoins quatre piliers du rond-
point du chœur vers le midi, et aussi une partie de mur du chevet vers le nord,
qui présentent des profils de la Renaissance. Quant à l'extérieur de l'édifice, la
vue que nous reproduisons d'après Van Merlen en donne une excellente idée et
dispense de toute description. La statue qu'on remarque adossée au trumeau de
la porte était celle de saint Jean-Baptiste.
Les marguilliers de Saint-Sulpice avaient un sceau dont nous ne connaissons
point le spécimen. Lebeuf dit à ce sujet : tfDès le xiv" siècle au moins, la pa-
' ' Quelques parliesde IVglise ancienne élanl engagées dans la maçonnerie moderne, il a élé nécessaire
de les resliluer sur le plan.
LU
U
CL
_l
> ^
U)
U
LU
H
m
Z
UJ.
<
>
U)
X
>
UJ
D
'â
h
Z
_j
u)
o
LU
LU
U
X
UJ
Q
Z
s
o
O
u
u
>
LU
<
LO
<
_l
ÉGLISE SAINT-SULPICE. l/i9
(froisse de Saint-Sulpice avait une fabrique sous le nom de laquelle les actes se
(T passaient. On m'a fait voir le sceau qui a servi à les sceller, et qui a été trouvé
ffdans un champ, à Montrouge, en cette présente année 1753. Saint Sulpice y
(t est représenté en mitre, tenant une croix et bénissant un estropié, avec cette ins-
fccription autour, en lettres capitales gothiques: S. FABRICE STI SVLPICII PPE
(tPHR. Quant aux épitaphes que pouvait renfermer l'ancienne église, elles parais-
(Tsent avoir été détruites lors de la démolition , et on ne les trouve rapportées nulle
(rpart''\ n
'■' Ici se termine la monographie de l'église
Saint-Sulpice, telle que nous l'avons extraite des
papiers de feu Berty. Cependant nous l'avons con-
sidérée comme un peu trop incomplète , bien qu'elle
constitue un réel progrès sur celle qu'a donnée
l'abbé Lebeuf. Nous avons donc chargé notre colla-
borateur, M. Th. Vacquer, d'étudier à nouveau les
snbstructions de l'ancienne église, d'y recueillir tous
les débris de nature à compléter ce qu'on sait sur
cet édifice , d'en relever le plan avec le plus grand
soin et de faire graver les fragments de sculpture et
d'architecture, ainsi que les rares inscriptions dont
feu Berty n'avait pas eu connaissance. M. Vacquer
s'est acquitté de cette tâche avec un soin et un dé-
vouement très-dignes d'éloges. Les deux plans que
nous publions sont la reproduction de ses dessins, et
le supplément, que nous renvoyons aux appendices ,
ainsi que la planche hors texte et les bois gravés
dont il est enrichi, est dû à sa collaboration éclairée.
Nous donnons , à la suite de ce texte supplémen-
taire, une note bibliographique fort intéressante,
rédigée par notre savant ami , M. H. Cocheris, pour
son édition de l'abbé Lebeuf. Elle est relative à l'in-
dication des documents manuscrits existant aux Ar-
chives et à la Bibliothèque nationale , et pouvant aider
à compléter la monographie deSaint-Sulpice.— L. M. T.
UUE FEROU. 151
CHAPITRE V.
sciTÉ dFla description des rues du bourg saint-germain.
RUE FEROU.
L'église Saint-Sulpice était précédée d'une sorte de parvis, où s'élevait une Entre les mes j
croix, et dont une partie fut employée à la construction des charniers bâtis sous et d» canivci. i
Louis XIII. Ce parvis faisait le coin septentrional d'une i
Petite blelle qui longeait l'église en la séparant du cimetière, et aboutissait à <
la rue Servandoni. Nous croyons, sans avoir réussi à en acquérir l'entière certi- :
tude, que cette ruelle, dont les auteurs ne parlent point, est la même que celle j
qui est énoncée, dans les archives de Saint-Sulpice, (truelle par laquelle on faicl
cria procession d'icelle églises (i 537-1666), et aussi «ruelle de la Procession n
(i556). Elle a disparu en même temps que le cimetière auquel elle était atte-
nante, et semble avoir été ouverte sur la bande de terrain acquise des hoirs
Plateau en 1 536; car, au revers de l'acte de vente, on lit : «Lettre d'acquisition de
«la ruelle et chemin de la maison qui fut de Nicollas Hénart, tenant, d'une part, ^
«au vieil cymetière Saint Sulpice, qui est un recoing du costé des chappelles 1
«Saint Claude et Saint Michel, n On lit de plus, dans le cartulaire de la paroisse, -
à propos de la même acquisition : «En laquelle place sont à présent les chap-
« pelles Sainct Claude et Sainct Michel, et le lieu par lequel on passe, faisant la i
«procession, dudict cimetière neuf au vieil *'*. n \
Cimetière Saint-Sl'lpice. Un titre de 1667 mentionne simultanément le petit '
et le grand cimetière Saint-Sulpice; mais nous ne savons avec lequel des deux se ,j
confond celui dont il est ici question, et dont nous constatons l'existence en S
1 h'ilx. Il contenait, au xvi" siècle, une petite maison oiî demeurait le fossoyeur de j
la paroisse, et il a été supprimé en vertu d'une autorisation du 22 février 1719, \
pour permettre l'extension de la nouvelle église.
Partie postérieure de la maison de Saint-Pierre-aux-Pavillons, ou du Pied-de- |
Biche , ayant sa principale entrée rue Servandoni. j
\
'"' Arcli. nat. reg. LL 962, fol. 960.
152 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Partie postérieure d'une maison faisant front sur la rue Servandoni. Elle pré-
sentait sept toises de largeur; divisée en deux lots d'une profondeur de sept toises
trois quarts, elle fut vendue, le 28 juillet 1620, par Jean Musnier aux nommés
Léonard Bourlon et Lagay.
Partie postérieure de deux maisons donnant sur la rue Servandoni, et dont la
seconde était contiguë à celle du coin septentrional de la rue du Canivet.
Entre Partie postérieure d'une grande maison faisant le coin méridional de la rue du
les rues du Canivet ri ■ , i ' /. j . i -p r
et de vaugirard. (janivct , ct S étendant sur la rue J^ erou.
Partie postérieure de deux autres maisons ayant leur entrée principale en la
rue Servandoni, et contiguës à la maison faisant le coin de la rue de Vaugirard.
CÔTÉ OCCIDENTAL.
PAROISSE SAIIST-STJLPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE SAINT-GERMAIN-DES-PBÉS.
HÔTEL DE PlANCY, tenant, d'une part, au jardin faisant le coin de la rue de
Vaugirard, et formant, de l'autre, l'angle méridional de l'impasse Pérou. Cette
maison appartenait au seigneur de Plancy''), en i553, et au nommé Jean Lem-
pereur, en 1628.
Maison sans désignation , faisant le coin septentrional de l'impasse Féroù , et
donnée, le 12 novembre 1 553, par Eymart Grand-Jean et Marguerite Duchesne,
sa femme, à la grande confrérie du Saint-Sacrement de l'église Saint-Sulpice.
Comme cette maison est plusieurs fois énoncée attenante à la précédente, il est
à croire que l'une des deux formait voûte au-dessus de la ruelle.
Maison sans désignation, résultant du morcellement d'une des maisons conti-
guës. Elle paraît avoir existé dès i583 , et fut donnée à l'église Saint-Sulpice, le
3o mars 1608, par Claude de Cambray, exécuteur testamentaire de Jean Bou-
derot. Elle n'avait que treize pieds et demi de largeur sur le devant, quatorze
pieds sur le derrière, et sept toises et demie de profondeur.
Grande propriété qui est mentionnée dès i553, et ne consistait encore, vers
1595, qu'en un jardin avec appentis. En 1628, elle renfermait une maison qui
avait pour enseigne le Nom-de-Jésus, et appartenait à Jean de Brion , président de
la Cour des aides, par le fils duquel elle fut vendue, le 8 juillet 1661, à Henri
Coiilon, écuyer du roi, et à Nicolas Dury. Elle s'étendait alors jusqu'à la rue
'"' Ce pouvait être François de Gourtenay, seigneur de Plancy et autres lieux, qui, élevé à la cour de
Louis XII , mourut en 1 56 1 .
IMPASSE PEROU. 153
du Pot-de-Fer, et contenait une superficie de neuf cent vingt toises. Dury et
Coulon en divisèrent l'emplacement en deux lots, dont l'un, situé au nord de
l'autre, et renfermant quatre cent quatre-vingt-dix-sept toises et demie, demeura
à Coulon, qui y établit une académie. La maison de l'académie Coulon fut achetée,
le i5 octobre 1695''', par les directeurs du grand séminaire de Saiiit-Sulpice, et
devint le petit séminaire de ce nom. Quant au lot de Dury, la partie postérieure,
large de huit toises et demie et profonde de vingt-trois et demie, fut acquise, le
9 1 mai 1707, pour y loger la communauté des philosophes, aussi dépendante du
séminaire. Enfin, dans la partie antérieure était placée, à la fin du xvni^ siècle, une
école de sœurs de charité.
Maison sans désignation (lôgS). La largeur de cette maison et de la suivante,
qui toutes deux ont été subdivisées dans la suite et sont détruites depuis plus
d'un siècle, est aujourd'hui impossible à fixer.
Gbande maison sans désignation (logS), contiguë à la maison faisant le coin de
la rue du Vieux-Colombier; elle appartenait, vers lôgB, à M. du Tremblay, sieur
de la Tour-Tillery.
IMPASSE FEROU.
L'impasse Férou commençait à la rue Férou, et se terminait au revers d'une
maison faisant front sur la rue du Pot-de-Fer.
Suivant les apparences, c'était primitivement une rue qui traversait de la rue
Férou à la rue du Pot-de-Fer, et qui a dû être ouverte vers i5^o, à l'époque
où l'on bâtissait le clos Férou , dont elle limita la pièce de onze quartiers. Les
archives de l'abbaye n'en contiennent aucune mention antérieure à celle du cen-
sier de iBgB, où elle est énoncée rrrue Férou dit Sainct Pierre ;r mais, dans le
mémoire imprimé auquel nous avons déjà renvoyé, on cite diverses indications de la
rue Saint-Pierre, ou Saint-Père, i-emontant jusqu'en ibU'j. Dans le censier deiôaS,
la rue Saint-Pierre est appelée rue desPreslres, soit parce qu'elle débouchait de-
vant le noviciat des Jésuites, soit parce que des ecclésiastiques de la paroisse y
demeuraient. On y lit: frrue Saint Père, à présent dicte des Prêtres, n et rtrue
"des Prêtres, autrement dite de Saint Pierre, d dans des contrats de 161 4, 1682
et 1687.
L'acte de vente de la maison qui formait le fond de l'impasse, et qui fut acquise
par les Jésuites en 1689, portait que ladite maison avait issue par derrière «sur
cria rue Saint Pierre, autrement cul de sac. d La sincérité de cette affirmation a
'' Jaillol dit le .'îi mai 1686. La date que nous donnons est celle qu'on tiouvc dans les archives du
sëniinaire et de l'abbaye.
154 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
été révoquée en doute lors du procès de 1767, entre autres raisons, parce qu'il
est encore question de la rue Saint-Pierre dans des titres beaucoup plus récents.
Toutefois l'arfjunient est sans valeur; car la rue, bien que figurée comme une
impasse sur le plan de Gomboust (1 65 2), y est désignée par le nom de «rue des
rr Prestres. fl L'impasse Férou, qu'on ne voit point ainsi désignée avant 1680, a
été supprimée depuis quelques années. Nous n'avons jamais rencontré de docu-
ments datant de l'époque où il constituait une rue, et dans lesquels il fut parlé de
son extrémité occidentale. Cette extrémité était déjà bouchée en 1609, comme
le montre le plan de Quesnel; il se pourrait d'ailleurs que, du temps de cet
artiste, la rue Saint-Pierre, passant sous une voûte, allât encore s'ouvrir dans la
rue du Pot-de-Fer.
La rue Saint-Pierre était entièrement bordée de constructions vers i56o.
CÔTÉ MÉRIDIOÎVAL.
PAROISSE SAIINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Trois maisons sans désignation ( 1 696 ), dont la première était contiguë à celle
du coin de la rue Férou. Ces trois maisons semblent n'en avoir formé d'abord que
deux. L'une provenait d'une vente faite, le 20 septembre 16^7, par Laurent
Mansion au nommé Blanchet-Faverat, et l'autre est mentionnée dès 1671.
Deux maisons sans désignation (iBgS), dont la seconde, contiguë à la maison
du coin de la rue du Pot-de-Fer, a formé le derrière de l'hôtel d'Elheuf.
CÔTÉ SEPTENTRIONAL.
PAROISSE SAINT-SULPIGE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Maison sans désignalion (iBgB), contiguë à la propriété faisant le coin de
la rue du Pot-de-Fer. Au milieu du x.nf siècle, cette maison était divisée en
deux parties, qui furent successivement acquises par le séminaire Saint- Sul-
pice, le 28 juillet 1708 et le 26 septembre 171^. Sur leur emplacement, on
bâtit la maison des pauvres étudiants en théologie, connus sous le nom de
Roberlins.
RUE DU FOUR. 15.-)
Maison sans dési{jnation (iSgS), contiguë à celle du coin de la rue Férou.
Elle était divisée en deux dès 1G28.
Le censier de lôgS mentionne trois maisons du côté septentrional de la rue
Saint-Pierre, non compris la propriété faisant le coin de la rue Férou. Nous
n'avons pu constater si la troisième de ces maisons se confond avec l'une de celles
<|ue nous venons d'énoncer, ou bien si elle serait celle qui faisait le coin de la
rue du Pot-de-Fer.
RUE DU FOUR.
La rue du Four commence à l'extrémité de la rue des Boucheries (del'École-
de-Médecine) et finit au carrefour de la Croix-Rouge.
La rue du Four, quoiqu'elle se raccorde assez avec la rue des Boucheries pour
en paraître la continuation, n'est en réalité que le prolongement de la rue de
Bussy '■' et une partie du chemin, extrêmement ancien, qui conduisait de la
cité aux villages d'issy et de Sèvres, en desservant ce domaine d'issy, possédé
par l'abbaye Saint-Germain. Une preuve de son antiquité et de son importance
primitive, c'est que, dans une charte de 1898, elle est encore dite ce chaussée du
«Roy," qualification qui ne convenait à aucune autre voie de toute la région.
Moins peuplée que la rue des Boucheries, elle avait été cependant la première
près de laquelle s'étaient groupées les maisons de la villa Saint-Germain, et elle
en constitua toujours l'artère centrale, de sorte qu'il se pourrait que le nom de
(True du Bourg, ti (|ui lui est donné dans un titre de 1/112, ne îht point une er-
reur de copiste, et répondit à la locution per burgum dicte ville, employée avec un
sens analogue dans un document de 1272. Malgré l'époque reculée de son ori-
gine, la rue du Four, vicus Fumi, n'est mentionnée, pour la première fois, qu'à
la date de 1 261. Elle a été souvent appelée Grant rue du Four, ou simplement
trGrant rue,Ti au xv"" siècle. Parfois elle a été nommée aussi «Grant rue Saint-
rGermainfl (i388, lAoi), «Grant rue qui va à la Maladeryen (i/i56), et «rue
«de la Maladeriefl (161 3). Elle conduisait, en effet, à la rue de Sèvres, où était
située la maladrerie Saint-Germain, et, comme elle menait également à un des
chemins de Vaugirard (la rue du Cherche-Midi), elle est énoncée chemin de Vau-
girard, dans un document de 1/128.
Jusque sous le règne de François I", on divisait habituellement la nie du
Four actuelle en deux parties : la rue de la Blanche-Oie, qui s'étendait de la rue
'"' La rue des Boucheries avait pour prolongement la voie qui a été supprimée en 1 368 et remplacée
par la rue Sainte-Marguerite.
156 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS,
des Boucheries à la rue des Canettes, et la véritable rue du Four, où avait été
situé le four banal de l'abbaye. Celle-ci s'étendait de la rue des Canettes au car-
refour de la Croix- Rouge, et elle est dite cela rue de la Granche Jehan le Bouvier, n
dans le rôle de la taille de 1296. La ffrue de la Blanche Oe,Ti dont il est ques-
tion dans le rôle de la taille de 1292 , devait cette désignation à l'enseigne d'une
maison sur laquelle nous n'avons point de renseignements topographicjues, mais
qui subsistait en 1898, époque 011 elle est énoncée rcen la rue qui va du Pillory
ffà l'église Saint Sulpice.n Comme dans tous les cas analogues, les deux rues du
Four et de la Blanche-Oie étaient fréquemment prolongées aux dépens l'une de
l'autre. Ainsi, on lit dans un acte de 1629 : crrue qui va du Pillory à la Mala-
ffderie, appelée la Blanchouë^n (^sùy
La rue du Four présente, au droit de la rue des Canettes, un élargissement
assez considérable. Cette dilatation de la voie, qui est accusée sur le plan de
Quesnel , remonte à une époque ancienne; toutefois aucun document n'y fait
allusion. 11 est à présumer que la petite place qu'elle forme a servi de marché, et
que, avant le xv!"" siècle, c'était un lieu de réunion pour les habitants du bourg.
CÔTÉ MÉRIDIONAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Grande maison et tuilebie attenantes à la dernière maison de la rue des Bou-
cheries. Cette propriété, qui offrait une superficie d'environ trois quartiers, et
renfermait, en iSaB, divers bâtiments, des granges, ainsi qu'un four à tudes,
s'appelait encore, en i58i, cela Vieille maison de la Tuilerie, a bien que, depuis
plus de vingt ans, on n'y fabriquât plus de poteries. En 1695, elle était divisée
en plusieurs maisons distinctes, mais dont on ne trouve point le détail. Sur le
même emplacement nous discernons, en 1628:
1° Trois maisons ou échoppes au lieu où fut ouverte, en 1726, la rue de
Bissy, actuellement Montfaucon, conduisant au marché Saint-Germain;
2° La maison de V Ecu-de-Bourhon ;
3° La maison de Saint-Cosme ;
k° La maison de Saint-Damien ;
5° Les maisons des Quatre-Evatigélistes , dont la quatrième, celle de Saiiil-Marc,
faisait le coin oriental de la rue de la Foire.
Rue de la Foire, aujourd'hui rue Mabillon. Destinée à servir de principale
RUE DU FOUR. 157
entrée à la foire Saint-Germain , elle fut ouverte sur une partie du terrain de la
maison suivante, en vertu d'une clause insérée dans le bail que l'abbaye en fit le
i5aoûti58^'''; mais il est vraisemblable que le passage qui conduisait à la Foire,
en traversant la maison, existait là depuis longtemps, et qu'on n'eut qu'à le clore
d'un mur, vers l'occident, pour le transformer en une rue publique. Cette rue fut
d'adleurs fermée de portes à ses extrémités, et la propriété en demeura réservée
au monastère. Le i3 décembre 1607, lorsque tr l'allée et voyen de la foire fut
accensée à maître Emery Moreau, elle avait deux toises cinq pieds neuf pouces
de large sur dix-neuf toises et demie de longueur, c'est-à-dire les mêmes dimen-
sions que la rue actuelle.
HÔTEL DE Navarre, ou Maison de la Foire. La maison qui faisait le coin
occidental de la rue de la Foire, bien qu'elle ait été possédée sous le règne de
Louis XV par le marquis de Brulard, s'est appelée, jusqu'à la Révolution, hôtel
fie la Guette, parce qu'elle avait appartenu, vers le milieu du siècle précédent, au
maître des requêtes Bon-André de Broé, sieur de la Guette, fds de maître Bon-
François Broé, également sieur de la Guette et président du Parlement, qui la
tenait de son oncle le président de la première cliambre des enquêtes, maître
Bon de Broé, mort en i588. Elle avait été vendue à ce dernier le i5 août iBSi,
et, en ce temps-là, elle était encore connue sous le nom de maison de la Foire,
qu'on lui donnait dès ibli-Jt et depuis que la foire Saint-Germain fut établie dans
les jardins. Néanmoins, vers i53o, on n'avait point encore perdu l'usage de la
désigner sous son ancien nom d'hôtel de Navarre, dénomination qu'elle devait au
séjour de Charles le Mauvais. Nous ne savons si c'est bien le fameux roi de Na-
varre qui lui donna le développement qu'elle prit; mais le censier de i355, au
lieu d'énoncer ce manoir, énumèrc de la façon suivante les diverses masures abat-
tues pour lui faire place : « Le roy de Navarre, pour n masures qui furent l'évesque
cde Carcassonne, vi'; pour la masure qui fut Berthaut de Meullent, x' vi**; pour
tria masure qui fut l'évesque du Puy ; pour la masure qui fut Jehan la Bour-
trgoise, in'; pour la masure qui fut Girart le Boucher, ni^; pour les masures qui
(T furent Robert Charles, m'; pour les vignes qui furent Simon Barbète, xxxm^; pour
(fies jardin et terres de Borneau (du closBruneau), xx% c'est assavoir à Noël x' et
f^à la Saint-Jehen x'; item, pour la masure Thévenin Derby, ni'; pour les masures
r qui furent aus Peletiers, vi''^'. r
Nous trouvons, dans les cartulaires de l'abbaye, que l'évêque de Carcassonne
acheta, en i3i 1 ''*, d'Isabelle dite La Vire, veuve de Nicolas Burgoise, sa maison
'' Arcli. nat. cart. S -3870-71. L'original de "' Arcli. nat. reg. LL lO.'îS, fol. 10 v°.
celte transaction n'existe plus dans les archives de '' En 1 3 1 1 , l'ëvêque de Carcassonne était Pierre
l'abbaye, et nous n'en connaissons l'existence que de Rochefort.
par une simple citation.
153 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
voisine de la Bouclieric, laquelle maison tenait alors, d'un côté, à Alain de Meulan,
et, de l'autre, à maître Raoul de Presles. Or Sauvai l'apporte^' qu'en iSiy Louis
de France, fds de Philippe le Hardi, père de Philippe, roi de iNavarre, et grand-
père de Charles le Mauvais, acheta de l'avocat Raoul de Presles, au prix de trois
mille livres, plusieurs maisons et jardins; c'est donc lui qui fut le véritable fonda-
teur de l'hôtel de Navarre, dont l'extension put être due à ses descendants, et qui
est indiqué comme la maison du comte d'Evreux, c'est-à-dire de Philippe, roi de
Navarre, dans une charte de iSai.
Compris dans la confiscation des biens de Charles le Mauvais en i386, l'hôtel
de Navarre fut donné, au mois de mars 1898 ''^), par Charles VI à son oncle le duc
de Berry, qui, le 2 avril 1899, après Pâques, l'abandonna aux religieux de l'ab-
baye, en échange de leur renonciation à une rente de neuf livres neuf sous quatre
deniers dont son hôtel de Nesles était chargé envers eux. L'hôtel de Navarre, incor-
poré dans le fief particuHer des abbés de Saint-Germain, fut baillé par eux à divers
individus, mais morcelé au moins en deux parties, non compris les jardins. Le
plus vaste des deux lots était celui qui fut pris par Etienne Sandrin, le 12 jan-
vier i/i6i, et qui, depuis, forma toujours une propriété particulière, sur laquelle
l'abbé ne conserva que les droits féodaux et la servitude du passage dont nous
avons parlé. Le second lot, au contraire, c'est-à-dire la maison de la Foire,
baillé successivement, le 5 avril i5oo, à Thomas Vaucombert, le li juillet iBAa,
à Jean Rotonnet, et, le ik mai la^y, à Pierre de Mareuil, évoque de Lavaur,
ne fut aliéné que temporairement jusqu'en 1 584. Nombre de titres font savoir que
ces deux lots avaient été jadis des parties de l'hôtel de Navarre, tandis qu'on ne
trouve rien de semblable dans les documents relatifs aux maisons intermédiaires
entre l'hôtel de la Foire et celui de Sandrin. Ces maisons semblent donc avoir été
une enclave dans le manoir de Charles le Mauvais. Il se pourrait même qu'elles
n'en fussent qu'un morcellement très-ancien. La maison de llmage-Saint-Jacques
est aussi mentionnée comme ayant dépendu de l'hôtel de Navarre, ainsi que nous
l'avons dit déjà.
L'an 1176, Louis le Jeune obtint des moines de l'abbaye Saint- Germain
l'abandon à son profit de la moitié des revenus d'une foire que ceux-ci tenaient
chaque année sur leur fief, et qui, commençant quinze jours après Pâques, du-
rait trois semaines. Cette cession, dont le motif n'apparaît pas dans le texte de
"' T. II, p. 948. Nous avons dit plus haut des comptes. Mais nous ne trouvons rien de direc-
qu'une partie de l'hôtel de Navarre paraît avoir ap- lement relatif à ce sujet , ni dans l'inventaire des
parlenu en iSiy à un abbé de Gorbie. mémoriaux, ni dans celui du trésor des chartes.
'*' iai\\ot(Qu(iitier du Luxembourg, p. i'i el 1 II) ni dans les archives de l'abbaye, où il n'existe
indique ainsi la date de cette première donation, qu'une simple indication de la charte. (Arch. nat.
en citant à l'appui les mémoriaux de la Chambre reg. LL 1091, fol. ta? r°.)
RUE DU FOUR. 159
la transaction elle-même, fut faite à la condition que, si jamais le roi voulait
aliéner la part qui lui avait été octroyée, elle retournerait sans contestation à
ses anciens propriétaires; mais, bien loin que l'occasion s'offrît d'exécuter la clause
stipulée, il arriva, au contraire, que, un siècle plus lard, l'abbaye renonça au
reste de ses droits. Ne pouvant, en effet, se décider à payer les quarante livres
de rente formant la dotation des deux chapellenies qu'ils avaient été condamnés
à fonder en expiation du meurtre de l'écolier Gérard de Dôle('), les religieux li-
vrèrent à Philippe le Hardi la seconde moitié des revenus de la foire, à charge
par lui de prendre à son compte le payement des quarante livres. Des lettres expé-
diées à ce sujet, au mois de juin isiSS, par Mathieu, abbé de Saint-Denis, et
Simon de Nesle, régent de France, furent confirmées, en juillet 1286, par le
roi Philippe le Bel, qui transféra ensuite la foire Saint-Germain aux halles de
Champeaux, où il parait qu'elle conserva longtemps son ancien nom. On ignore
l'emplacement qu'elle occupait lorsqu'elle se tenait encore au bourg.
L'autorisation de rétablir une foire sur le territoire de Saint-Germain fut accor-
dée à l'abbaye par lettres patentes du roi Louis XI, données au château de Plessis-
lès-Tours, en mars 1682. La nouvelle foire devait être franche, comme celle de
Saint-Denis, et durer du 1" au 8 octobre; mais, sur les plaintes des moines de
Saint-Denis, un arrêt de la chambre des vacations, rendu le 1" octobre 1686,
remit le commencement de la foire au lendemain de la Saint-Martin. Un autre
arrêt de la même année reporta la foire du 3 au 10 février, et fut confirmé, en
février i/i85, par Charles VIII. Ce prince permit aussi, le i"janvier ligi, que
la foire se tînt à deux reprises, le 25 février et le 12 novembre. Elle fut remise
ensuite au 3 février, et c'est dans ce mois, l'an 1/186, qu'elle se tint pour la pre-
mière fois, suivant D. Bouillart. Le compte de 1/191-1692 mentionne le produit
des loges louées aux drapiers, tapissiers, merciers et bonnetiers, ainsi qu'une
somme de sept livres quatorze sous quatre deniers, remise à Jean Lesturjon,
charpentier, pour avoir fait dresser cent cinquante loges nécessaires à la tenue de
la foire. Le même compte contient un article relatif à tria façon du pressouer de
nNavarre, fait en ceste présente année (1/191-1/192); en ce non compris la
(T massonnerie et couverture de la halle 011 il étoit assiz et des foulleries d'icelluy. n
En iBa/i, les deux pressoirs banniers des halles furent vendus, pour être dé-
molis, à un des habitants du bourg, le nommé Jean Bart, dit Brodequin.
Les lettres patentes de 1682 ayant laissé les moines maîtres de choisir le lieu
dans lequel seraient construits les biltiments de la Foire, ils n'en trouvèrent point
de préférable aux jardins de l'hôtel de Navarre, qu'ils avaient précédemment
baillés au nommé Pierre Benoist, sa vie durant. Ils se les firent rétrocéder en 1 486,
et ils y élevèrent trois cent quarante loges. On a dit que les halles de la foire
'' Voii-, dans le second volume de cet ouvrage , la notice sur le Prë-anx-€lercs.
160 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
avaient été rebâties, en i5i2, par l'abbé Guillaume Briçonnet; mais il semble
plutôt qu'elles furent simplement réparées et peut-être augmentées; car il est
question , dans le compte de 1 5 1 o-i 5 1 1 , de travaux efTectués pour la balle vieille
etla balle neuve. Plusieurs fois restaurées, elles ont ensuite subsisté jusqu'à la nuit
du 1 6 au 17 mars 1762, où elles furent entièrement détruites par un violent
incendie. Les plans que nous en avons vus donnent à croire que, à cette dernière
époque, les balles étaient encore celles du xvi* siècle, mais qu'elles avaient subi
de nombreux remaniements qui en avaient sensiblement modifié l'aspect.
Les balles Saint-Germain se composaient d'un grand corps de bâtiment rec-
tangulaire en pierre, butté de contre-forts, et mesurant, dans œuvre, environ
trente-quatre toises et demie du nord au sud sur quarante-neuf et demie de
l'est à l'ouest. La cliarpente de la toiture, qui possédait une grande célébrité
parmi les gens du métier, formait deux grands combles à pignon, fort élevés,
percés de nombreuses lucarnes et reliés entre eux par cinq petits combles trans-
versaux. A l'intérieur, les groupes de loges, qui comprenaient cbacune une bou-
tique surmontée d'une cbarnbre, étaient séparés les uns des autres par des allées
larges de neuf pieds et au nombre de onze, savoir: cinq parallèles au petit axe
de l'édifice et six parallèles à son grand axe. D'après un curieux procès-verbal du
28 janvier i6i5, confirmé par les plans, les cinq allées parallèles au petit axe se
distinguaient par les noms de première, deuxième, troisième, quatrième et cin-
quième traverse, en comptant de l'orienta l'occident. Quant aux autres allées,
la première, c'est-à-dire la plus rapprochée de la rue du Four, s'appelait la rue
de Normandie; la deuxième, la rue de Paris; la troisième, la rue de Picardie; la qua-
trième, la rue Chauldronnière '^^^ ; la cinquième, la me Mercière, et la sixième, la
rue de la Lingerie.
Au reste, ces désignations étaient certainement usitées bien avant 1 6 1 5 , et peut-
être l'avaient-elles été dès l'origine. L'ordonnance sur la police de la foire, rédi-
gée en 1628 '^', porte qu'il est ffenjoinct et commandé à tous marchands, tant de
«Paris que d'ailleurs, qu'ilsmettent ou fassent mettre par escrit,en grosses lettres,
ft devant leurs loges ou eschoppes, au moing au commencement des rues et aux
rc coings d'icelles, les villes ou pays d'où ils sont, sous peine d'amande arbitraire, n
Nous avons trouvé l'indication de la rue Chaudronnière en 1606, de cla rue Mer-
frcière de la Foyre ^^U dès i585, et celle de la porte de la Lingerie à la même
époque. La porte qui correspondait à la troisième traverse était dénommée parle
Syndicale au xvu'^ siècle; quant aux portes placées aux extrémités des rues de la
Chaudronnerie, de Picardie et de Normandie, elles ont pu prendre le nom de
ces rues, mais nous ne savons si elles appartenaient à la disposition primitive,
''' Les chaudronniers de la foire sont mentionnés '■'' Voir aux appendices,
dans une sentence du 19 février i5'i/i. <'' Elle aétédite aussi des Or/éiTesaii xvu* siècle.
TOPOGRAPHIE HISTORIOVE DV VIEVX PARIS
Q,VEo;. EL
DV CERCEAV
I.in> '■'•- fli.i!'riar. aille- !=fi
I^A FOIRE SAINT GERMAIN
Après les plans de la Tapisserie de Q^iiesnel et de Du Cerceau
RUE DU FOUR. 161
non plus que certaine chapelle dont parle Piganiol et qui était au bout de l'une
des halles. On remarque sur les plans que les quatre grands îlots compris entre
les rues de Picardie et de la Chaudronnerie renlermaient chacun des chambres
avec une petite cour et un puits.
Le bâtiment des halles n'était séparé, vers le midi, du mur de clôture de l'an-
cien jardin de Navarre que par une ruelle très-étroite; il n'en était pas non plus
fort éloigné, du côté de la rue des Canettes; mais l'espace s'élargissait du côté op-
posé, et, vers le nord, derrière les maisons de la rue du Four, sur une profon-
deur d'environ vingt-cinq toises, il formait ce qu'on appelait le préau de la foire.
Ce préau, loin d'être vide, contint jusqu'à quatre cents loges. D'après le procès-
verbal de 161 5, on y voyait une rue de Mercerie; une Grande rue Ferronière; une
(True du Milieu-Pottière; n une rue de la Vannerie; une rue Gaufrière; une rue de
Beauvais; plusieurs traverses, dont l'une conduisant à la Halle aux draps; un lieu
dit le Tourniquet; des Halles à lajilace, voisines de la rue des Canettes, et rr un petit
rrbastiment servant à l'exercice de la justice du bailliage, ti Le plan de Quesnel
montre qu'il y avait en outre une potence. On accédait au préau et à ses halles
de trois côtés: par la rue de la Foire, par le passage de la Treille et par une
porte donnant sur la rue du Brave; celle-ci remontait à l'origine même de la
foire; elle a été appelée la porte Peincte vers i5g5, crie petit huis de la Halle 1^
en 1^99, et, dans la première moitié du xvi'' siècle, on l'énonçait ordinairement
la porte des champs de la Foire. Elle avait sans doute été substituée à l'ancienne
issue de l'hôtel de Navarre.
Maisok sans désignation (1.59.5). Elle paraît avoir été un morcellement de la
suivante, avec laquelle elle était solidairement chargée d'une rente de vingt-quatre
livres.
Change (liaS), puis maison bâtie, suivant le censier de iSgS, par le nommé
Denis Tabouret. Sous Louis XIII, elle appartenait au propriétaire de l'hôtel de la
Guette, et faisait le coin oriental de la rue Princesse, moyennant un élargisse-
ment d'environ quatre mètres, pris sur l'hôtel de Roussillon, auquel elle était
précédemment contiguë. Elle avait été possédée par Adam de Bâillon , puis par
le président René Gentils, et elle fut comprise dans la confiscatiou des biens de
ce dernier.
Grande maison renfermant des granges, des bergeries, ainsi que deux jardins,
et dite, en i523, contenir cinq quartiers, ce qui semble exagéré. Elle est men-
tionnée dès 1619, et fut vendue, le 28 février i535, par Adam de Bâillon, sei-
gneur de Valence, à Jérôme Gentils, notaire et secrétaire du roi. Elle apparte-
nait à René Gentils, président des requêtes au Parlement, lorsqu'on lui intenta le
procès à la suite duquel il fut pendu à Montfaucon, le 2 5 septeuibre i563. Au
162 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
moment de son exécution, il y avait déjà plusieurs mois que ses biens étaient
confisqués, puisque le cardinal de Tournon, abbé de Saint-Germain, en avait été
mis en possession dès le i 2 mai précédent. La réunion des maisons que Gentils
possédait sur la rue du Four et de celles qu'il y avait annexées sur la rue des
Canettes formait une propriété considérable. Le cardinal ne la garda point; il
s'en défit, le 20 septembre ib^U, en faveur de son neveu Juste de Tournon,
comte de Roussillon, d'où est venu le nom d'hôtel de Roussillon, qui lui a été
donné. Le 12 avril 1619, Henri Juste, baron de Tournon, fds du précédent, de-
vant de fortes sommes aux nommés Pierre Germain et Claude Saullier, marchands
lyonnais, leur vendit l'hôtel de Roussillon au prix de quarante-deux mille livres '■'.
Ceux-ci firent abattre l'hôtel et en baillèrent le terrain à bâtir, en ouvrant deux
voies nouvelles, les rues Princesse et Guisarde, que nous avons vues mention-
nées dès le mois d'octobre 1G21. La maison faisant le coin occidental de la rue
du Four a eu pour enseigne le Grand-Moïse (1628-1G90).
Maison sans désignation (iSgB), morcellement de la suivante.
Maison sans désignation, faisant le coin oriental de la rue des Canettes. Au com-
mencement du xv" siècle, elle appartint à Martin Gouge, dit deCharpaigne, évêque
de Chartres, puis de Clermont, et elle passa ensuite au président du Parlement
Yves de Scepeaux. En 1023, on la qualifiait de grange, et elle était depuis peu
divisée en deux dans le sens de sa profondeur. En 1 5/i3, elle avait pour enseigne
l'Image -Saint' Maurice, rappelant le prénom d'un de ses propriétaires, Maurice
Moye, qui la possédait en i53/i et la tenait de maître Léon le Gentilhomme. A la
fin du xvi" siècle, la maison de l'Image-Saint-Maurice proprement dite formait
deux propriétés distinctes sur la rue du Four. Celle du coin, en 1628, était à son
tour subdivisée en trois, dont deux étaient situées dans la rue des Canettes, et
la troisième faisant front sur la rue du Four. Cette dernière avait alors pour
enseigne le Corbeau.
Entre
, , ,. „ Maison de l'Image-Saint-Christophe (i/ii 3-1628), faisant le coin occidental de
les rues des CaiieKes > /
et Beiiriière. la rue des Canettes. On la confondait souvent avec la suivante, dont elle était sé-
parée, en 1628, par une maison dite la Chaumière, dépendance d'une des pro-
priétés contiguës. En 1695, elle aboutissait encore à la maison du Chef-Saint-
Jean de la rue des Canettes; mais, en 1628, elle avait été morcelée, et, entre la
maison du Chef-Saint-Jean et celle du coin, il s'en trouvait trois autres qui ont eu
pour enseignes, la première (vers le midi), la Folie; la deuxième, les Deux-Haches
(1687), et la troisième, Sainl-Claude . Une portion du jardin de la maison de
rimage-Saint-Christoplie fut aliénée, dès 1629, par le propriétaire, et paraît se
rapporter au plus grand des deux corps d'hôtel de la maison de la Folie.
'" Arch. nat. cari. S 3862.
RUE DU FOUR. 163
Maison DE ff LA FoLLYE n ( 1 5 1 3).
Maison sans désignation en i5i3, et dite dans la suite hôtel de Vigny (1687).
Maison sans désignation en 1 5 'i 3, puisDEsTfiois-Rois (1567- 168 7). Au XVII'' siècle,
elle formait trois maisons, dont la première a eu pour enseigne le Chariot-Eouge
(1628), la deuxième, les Trois-Rois ctla Ville-de-Bergerac [168']), et\a troisième, la
Croix-Blanche, autrement le Pavé-Rompu (1G87). Elle s'était alors agrandie de la
partie postérieure de la maison suivante.
Maison sans désignation (iSaS). Au xvii" siècle, elle paraît avoir été divisée en
deux, et appartenait à l'abbé de Saint-Germain-des-Prés.
Maison dite, en i523, formée de trois autres. Elle a eu pour enseigne les
Trois-Cboissants (1599), puis LE Gband-Monarque (1687). C'était une propriété
de l'Hôtel-Dieu dès i523. En 1628, un de ses corps d'hôtel, constituant une
propriété particulière, la séparait de la suivante.
Maison sans désignation en i523, puis de l'Image-Saint-Jean-Baptiste (lôgB),
aboutissant à la précédente.
Maison de l'Image-Saint-Pierre (1 Û17-153/1), puis de la Cloche-Perse (i5/i3-
1687). Elle avait été élevée sur deux pièces de terre, et formait deux maisons en
iBgô et 1680. A celte dernière date, la seconde maison avait pour enseigne le
Bras-d'or. Sur son emplacement existait, en i/i56, une grange à l'état de masure
et distincte de la maison de l'Image-Saint-Pierre.
trHoSTEL DU FoIR-BaNNIERT) (li56), OU MAISON DE LA CoRNE-DE-CeRF (i522-
1688), faisant le coin oriental de la rue Beurrière et s'étendaut le long de tetle
rue jusqu'à celle du Vieux-Colombier. Ce four banal de l'Abbaye est celui qui a
donné son nom à la grande rue du bourg Saint-Germain. A la fin du xvi" siècle
et au commencement du xvii*, la maison où il avait existé appartenait à maître
Guiilcmin, auditeur de la Chambre des comptes. De là vient que la rue qui, vers
i63i, fut percée sur une partie de son terrain, et qui l'a séparée de la précé-
dente, a été aj)Tpe\ée rue Netwe-Guillemin , ou simplement Guillemin, autrement rfe
la Corne.
Il est fait mention, dans une charte de 1271, de la maison faisant le coin de
la rue du Four et de la rue Beurrière; mais nous ignorons s'il s'agit de celle-ci ou
de la suivante. Le four existait dès 12 59, et paraît avoir été supprimé avant 1/172.
Maison sans désignation (i523), faisant le coin occidental de la rue Beurrière. Knire
t-<ii <• m A 1 • f I ■ 1 . . la ruo BeuiriiTe
Elle renfermait plusieurs corps d hôlel qui, vers i oi 0, étaient devenus trois mai- ei
sons distinctes : la deuxième avait alors pour enseigne ï Ecu-de-France , et la troi- (tHa^cmix-ronire
sième, la Tele-Noire (1602). H s'y trouvait une bergerie en i5/i3.
Maison de la Fontaine (16/17-1623), aboutissant à la rue du Vieux-Colombier.
En 1 687, elle était divisée en deux parties, dont l'une avait pour enseigne la Ville-
d'Epernon. Cette maison a conservé jusqu'à nos jours son ancienne enseigne, bas-
164 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
relief en pierre, placé au-dessus de la porte, et exécuté au commencement du
xm" siècle. Nous en donnons ici la reproduction ''' :
Maison dk la Vieille-Fontaine (lôgS), ou Petite-Fontalne (1687), aboutissant
à la rue du Vieux-Colombier. Avec la précédente et la suivante, elle ne consti-
tuait, en iSaS, qu'une même propriété, énoncée qui asoulloit estre deux mai-
ff sons. 11
Maison du Soufflet-Vert ( i.^gB), morcellement de la précédente. Cette maison
est la dernière de celles que l'on construisit sur le terrain large de trente toises,
qui fut baillé, en i5i 1, par Liénard-Baudart à Vaucombert, et qui est dite faire
le coin de la rue de Vrolande. (Voir Rue Beurrière.)
Maison sans désignation en iSgB, puis de la Salamandre (1G28-1690).
Maison sans désignation en 1695, puis de l'Image-Notre-Dame (1628), qui
aboutissait primitivement à la rue du Vieux-Colombier; la partie donnant sur
cette rue formait une propriété distincte dès i6o3.
Maison des Quatre-Vents (iSqS), faisant le coin du carrefour de la Croix-
Rouge, et s'étendant sur la rue du Vieux-Colombier. Au xvn" siècle, elle a été
''' Il y a quelques années, lors de la déniolitiou lionnes, celle enseigne delà Foiilnines été recueillie
de celle maison [lour le pcrcenienl de la rue de et Iransjmi'lée à l'Iiôtel Carnavalet. — th. v.
RUE DU FOUR. 165
divisée en trois propriétés, qui eurent pour enseignes, la première, les Quatre-
Evatifrélisles ; la deuxième, les Quatre-Éléments , et la troisième, les Quatre-Vents.
La maison des Quatre-Vents et les deux précédentes ne formaient d'abord
([u'une grande propriété qui renfermait une maison, des jardins, une tuilerie, et
fut baillée, le lo avril i388, à Bélot-Mahieu , marchand de Paris. En i53û, une
seconde maison était déjà bâtie sur le terrain de la tuilerie, encore mentionnée
en 1067; le morcellement eut lieu peu après. En ilt-iS, elle est dite occuper
tout l'îlot jusqu'à la rue Beurrière; il faut en conclure qu'elle était alors plus vaste
qu'un siècle auparavant ; car, au mois d'octobre i3t5, lorsqu'elle fut vendue par
Pierre de Montreuil et Isabelle, sa femme, à Etienne Domonl, chantre de l'abbaye,
elle aboutissait à l'hôtel de l'évêque de Rodez, qui doit être la propriété bordant
la rue Beurrière.
CarREFOIR de la CroiX-RolgE. Ce lieu est appelé le et bout de la ville t?
dans le rôle de la taille de 1599, crie chiefdela ville n dans le même document,
ainsi que dans d'autres de i3io, i355 et i4i5, el rr l'entrée de la ville n dans
un acte de i53i. C'est là, en effet, que se terminait le bourg Saint-Germain.
Nous trouvons, dans des titres de 1600 el i4i 1, la mention d'une porte placée
en cet endroit; elle fermait apparemment la rue du Four, et était déjà ancienne
alors, puisque, dans une charte de 1377, une vieille grange est dite située crau
ffboul de la ville Ss\nl-(jerma'in , oiillre la vielle porte el car reiouv, deventle Grez <"'.•»
Au xv"" siècle, le carrefour de la Croix-Rouge était assez souvent nommé carrefour
de la Maladerie, non pas. assurément, à cause du voisinage des granges aux ma-
lades de Naples, comme l'a pensé Jaillot, mais bien à cause du chemin de la
Maladerie, ou rue de Sèvres. Cne raison analogue, la proximité du chemin de la
Justice, paraît être le motif pour lequel le carrefour a été aussi nommé r carrefour
(fde la Justice T) (1629). Nous n'avons, en effet, jamais rencontré la moindre in-
dication des prétendues fourches patibulaires (jui se seraient élevées là , suivant
Jaillol , tandis que nous connaissons une foule de documents faisant allusion à celles
de Grenelle.
Le carrefour de la Croix-Rouge s'appelait encore «le carrefour de la grant ruen
(i53i), trie carrefour du Four a (i535), et ffle carrefour du Jeu de boules a
(i53i). Cette dernière désignation, extrêmement commune dans la première
moitié du xvf siècle, provenait d'un (rboullouern dont il est indirectement ques-
tion dans les archives de l'abbaye, de 1692 à i5/i3, mais sur la disposition et
même l'emplacement exact duquel nous n'avons point obtenu d'éclaircissement.
11 est très-probable que ce n'était point une construction; c'était simplement un
terrain qui, préparé pour le jeu, s'étendait le long delà rue de Sèvres; car, des
'*' Nous ne savons ce (iii'il faut entendre par ce mot. S'agirait-il de quelque borne ou irgios caillou?'!
166 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
maisons formant les coins du carrefour, il n'en est aucune que les titres déclarent
contiguë au jeu de boules, et nous voyons que, en i535, une propriété, située à
l'encoignure des rues du Dragon et de Grenelle, a été énoncée et au heurt du car-
« refour au dessoubz du lieu appelé le Jeu de boulles.-n Le jeu de boules était donc
un emplacement, une aire, plutôt qu'une bâtisse quelconque.
Une croix monumentale, peinte en rouge, est, dit-on, la cause du nom que
porte actuellement le carrefour; toutefois nous n'avons jamais obtenu la preuve
que cette croix ait réellement existé, et la lacune existant dans les archives de
l'abbaye nous a empêchés de vérifier si le carrefour doit réellement son nom à
une croix qui en aurait occupé le centre. Ne le doit-il pas bien plutôt à l'enseigne
de la maison formant le coin de la rue de Sèvres?
Quoi qu'il en soit, la première indication de la a Croix-Rouge , n monument ou
enseigne, que les documents nous aient offerte, date de 1877, et nous doutons
fort que l'origine en soit beaucoup plus ancienne, parce qu'il n'en est point parlé
dans les nombreux titres antérieurs à i55o, relatifs à la localité. Sur le plan de
la Tapisserie, dont l'inexactitude, en ce qui touche les faubourgs, est d'ailleurs
assez grande, le carrefour est représenté avec une croix au milieu; mais peut-être
est-ce là une invention du dessinateur, qui s'en est permis plusieurs autres.
Dans tous les cas, il serait imprudent de rien conclure du fait, attendu que. sur
le plan de Braun, publié en 1675, à la place de la croix on remarque un arbre,
et il est certain qu'on constate l'existence d'un arbre planté au carrefour, long-
temps avant celle d'une croix quelconque. Cet arbre était nommé « l'Orme du Four, -n
en 1A89, et il servait à dénommer l'un des coins de la rue du Cherche-Midi,
qu'on trouve appelé «la Pointe de l'Orme, •» en 1872 eti355. Sur le plan de
Quesnel, un arbre est encore figuré au milieu du carrefour ''', et l'enseigne de la
Croix apparaît suspendue à la maison du coin de la rue de Sèvres, ce qui achève
de nous persuader qu'on s'est mépris jusqu'ici sur l'origine du nom que porte le
carrefour'^'.
'"' On le lelrouve sur le plan de Gomboust, où
il est placé à l'exlrëmité de la rue du Four.
''' Une croix monumentale en pierre n'eût assu-
rdmenl point été peinte en rouge , et Ton n'aurait
point barbouillé de cette couleur une croix en bois
sculpté. L'hypothèse que nous rejetons implicpie
donc (pie la croix en question n'eût consisté qu'en
une menuiserie grossière , comme ces croix de mis-
sion qu'on voit encore dans les campagnes et qui
datent de la Reslauration. Dans le riche faubourg
Saint-Germain, à l'époque où s'épanouissait la Re-
naissance, il est peu probable qu'on se fût contenté
d'un pareil insigne. — a. b.
En l'absence de tout dessin authentique et de
toute figuration contemporaine, vraiment digne de
foi, nous avons pensé à reproduire les divers aspects
du carrefour, tels que les anciens plans les donnent.
La vieille notoriété de ce point de Paris, appelé à
perdreprochainementsa physionomie primitive, exi-
geait au moins ce genre de représentation. — l.m.t.
■I
vj->
w
o
>
o
o
ce
o
<
w
Q
ce
>
O
w
a:
<;
u
w
RUE DU FOUR. 167
CÔTÉ SEPTENTRIONAL.
PAROISSE SAINT-SULPIGE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Maison sans désignation, faisant le coin de la rue du Dragon, et qui apparte- Er.ue
nait, en lôgS, à M. de aLouans.fl En i6i5, c'était une masure large de huit ''' euiii''Lbo't!'"''
toises sur la rue du Four, et de trois toises par derrière, profonde de vingt-sept
toises d'un côté et de vingt-six de l'autre.
Grande maison sans désignation en i5g5, puis de la Chasse (1628), faisant
haclie derrière la précédente et répondant sur la rue du Dragon.
Trois maisons, dont la première a eu pour enseigne la Chasse-Royale (1628-
1687, et la deuxième, la Perle. Nous ne les avons point trouvées indiquées d'une
manière spéciale avant le xvn" siècle; mais elles devaient exister auparavant, et
constituaient peut-être l'une de ces trois ir demeures n que renfermait, en iBaS,
la propriété formée de la maison précédente et de celle du coin. Celte propriété,
aboutissant au clos Copieuse, contenait environ trois quartiers de terre.
Maison sans désignation en i53i, puis de la Hacquebute (i5g5). En 1628,
elle était divisée en deux demeures, la première ayant pour enseigne la Mar^rue-
rite-Couronnée, et la seconde, l'Image-Nolre-Dame.
Maison de l'Agnus-Dei (iBgB-iGSy), qui, en iBaS, était l'un des deux corps
d'hôlel de la maison suivante. Dès 1628, elle était aussi divisée en deux parties,
et la première avait alors pour enseigne les Trots-Chapelets.
Maison sans désignation en i523, puis de la Queue-de-Regnart (i563-i68'7),
faisant le coin occidental de la rue du Sabot.
Maison du Sabot (151/I-1628), faisant le coin oriental de la rue du Sabot. Elle Entre
,..,,„. _ _ .| I ., . . , I1.8 nies du Sabot
aboutissait a la Petite rue laranne en 109;); mais, dans la première moitié du etdeiEgout.
xvi*^^ siècle, elle était moins profonde; car elle était limitée par un jardin qui la
séparait de l'hôtel de Taranne. Les deux maisons suivantes, qui n'en formaient
qu'une, en dépendaient alors ''' et contenaient une grange.
Maison sans désignation en lôgô, puis des Carneaux (1628-1687).
Maison sans désignation en.iBgô, puis de l'Epée-Royale (1628-1687).
Jardin (i 528), puis maison de la Véronique (iSgB), du Jardin-d'Ollivet (1628)
et DU Roi-François (1687).
''' Certains docutnenU donnent à la maison du semble pourtant en avoir jamais contenu pins de
Sabot une superficie de ti'ois quartiers; elle ne deux.
168 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Maison sans désignation en i5'23,puis du aCHAPPEAU-DE-TRioMPHEn (iBgS-
1698).
Maison sans désignation. en lôgô, puis de la SoucHE-CouROPi^ÉE (1628-1680),
morcellement probable delà suivante.
Maison sans désignation [ilxSk), faisant le coin occidental de la rue de l'Egout.
Elle appartenait à la Sainte-Chapelle, à laquelle elle fut donnée, le 11 mai 1686,
par maître Robert Cordel, chanoine de cette église. En 1 5^2, ce n'était plus
qu'un jardin, et, le 7 mars, Guillaume Bernard en vendit à Toussaint de Villette
une partie large de six toises et profonde de dix. C'est celle où a été bâtie la
maison qui forme l'encoignure actuelle.
Entre Maison de la Croix-de-Feu (1609), puis de l'Hermine (1628-1690), faisant le
les rues de l'Egout . • i i i i l'n n • i /ri • i '
et des Ciseaux, coiu Oriental de la rue de 1 Egout. Lette maison, ou la précédente, appartint a ce
Jean Le Forestier dont la rue de l'Egout a porté le nom.
Maison sans désignation (iSaS).
Maison sans désignation en 1628, puis du Soleil-d'Or (1628-1687). Au com-
mencement du xvif siècle, on y réunit une maison de la rue de l'Egout. En 1 SgS,
celte maison, ou celle qui suit, avait pour enseigne l' Image-Saint' Vincent.
Maison sans désignation en lôaS, puis du Chapelet (1628), ou des Grosses-
Patenôtres (1687).
Maison sans désignation en lôaS, puis du Petit-Cerf (1695-1687). Avec les
trois précédentes, elle formait la moitié occidentale de l'hôtel de Gamaches.
Maison sans désignation en 1628, puis de trLA Lïmet, (logô), ou de la Lune
(1628-1687).
Maison sans désignation en 1628, puis crou Vert-Gallant n (1628). Avec la
précédente, elle formait la moitié orientale de l'hôtel de Gamaches.
HÔTEL DE Gamaches. Cet hôtel, aussi connu sous le nom de Maison-aux-Cre-
NEAux (1/119-1686), est dit, dans un document de 1609, appartenir alors à
M"" de Gamaches. Il fut ensuite possédé par un sergent d'armes appelé Hermant,
et, vers 1/178, par M'"'^ de Châtillon, à laquelle succédèrent des particuliers sans
notoriété. Au reste, nous n'avons vu aucun titre directement relatif à l'hôtel de
Gamaches avant son morcellement, qui était déjà effectué en 1609.
En 182/1, le cardinal d'Ostie <'' vendit à son neveu la maison vulgairement
appelée aux Carneaux, qu'il possédait à Saint-Germain-des-Prés, et qui avait été
précédemment à l'évêque de Paris, Simon Matifas de Bussy. Il se défit en même
temps, au profit de son neveu, de quelques petites maisons qui avaient appar-
'' Ce doit être Regnault de la Porte, évêqiie de en i Sac, et évêqiie d'Ostie en 1 3a 1 . Il inouful à
Limoges, puis archevôquedeBouiges, fait cardinal Avignon en iSa.î.
RUE DU FOUR. 169
tenu à Simon du Mont-Sainte-Marie ■'). Selon toute apparence, cette maison était
la même que l'iiôtel de Gamaches, puisqu'on ne peut la confondre avec la maison
des Carneaux de l'évêque Bernard Brun. On apprend, du reste, par le censier de
i355 (^', qu'un autre cr cardinal d'Ostie , n qui fut Pierre de Colombier, évêque de
Nevers, puis d'Arras, mort le i3 juillet i36i, était propriétaire, à Saint-Ger-
main-des-Prés, d'une masure, laquelle avait été antérieurement à tria famé Lorens
trDaire,Ti et oîi (rBillebaut demouroit. t Nous ignorons l'emplacement de cette ma-
sure et celui de plusieurs autres que Pierre de Colombier tenait de son oncle aie
ff cardinal d'Ostun,ii c'est-à-dire de Pierre Bertrand, aussi évêque de Nevers, puis
d'Autun, et cardinal du titre de Saint-Clément.
Maison sans désignation en iSaB, puis du Heaume (169 5- 1687).
Maison sans désignation (lôaS).
Maison sans désignation en iSaS, puis des Trois-Visages (iSgB-iGaS) et
DL CiiAPEAU-FoRT (1687). Ccttc maisou n'offrait qu'un corps d'hôtel très-étroit
sur la rue, mais elle en contenait d'assez vastes au centre de l'îlot. Elle fut, en
effet, agrandie, après lôgS, de la partie postérieure de la maison suivante, et,
vraisemblablement aussi, d'une portion des jardins de l'hôtel de Gamaches, qui y
aura été annexée avant lôaS. A cette époque, en effet, la maison des Trois-Visages
constituait déjà l'un des deux aboutissants des bâtiments de l'hôtel, c'est-à-dire
qu'elle présentait, vers l'ouest, une disposition en hache semblable à celle qu'elle
affectait de nos jours.
Maison sans désignation en iSaS, puis de kla HAncEn (iSgB), ou Herse-d'Or
(1G28-1687).
Maison des Ciseaux (i /i53-i 5/i3), faisant le coin occidental de la rue des
Ciseaux. Elle renfermait deux corps d'hôtel, dont le premier, formant propriété
séparée, a eu pour enseigne /7mrtg'e-SfltW-A/ic/ie/ (1G28-1 687). Derrière ces deux
corps d'hôtel se trouvait un jardin qui fut pris à bail, le 19 septembre 1 453, par
Jean Laigneau, et s'étendait le long de la rue Sainte-Marguerite. D'après certains
documents, dailleurs très-obscnrs, ce jardin était divisé en deux sous le règne de
François i"; et, si les titres sont exacts, la partie qui correspond à la maison du
coin de la rue Sainte-Marguerite (rue Gozlin) était réunie, en logô, à un autre
jardin sur le chemin des fossés de l'abbaye. En 1628, ce qui restait du jardin
des Ciseaux, sur la rue de ce nom, avait fait place à une maison.
Deux maisons sans désignation (iSgS), dont la première faisait le coin oriental Enue
de la rue des Ciseaux. Ainsi que les trois suivantes, elles provenaient du morcelle- '" "^ ,tpiaèr""
ment d'une prande propriété occupant tout l'îlot compris entre les rues des Ciseaux, saime- Marguerite
"Il 1 ' . 1- 1 (place Gozlin).
du Four et Sainte-Marguerite (Gozlin). Cette grande maison est dite, dans le cen-
'■' Arch. not. reg. LL 1091, fol. ai v°. — '*' Ibid. reg. lo.'iS, fol. i3 r° et .3o v°.
170 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
sier de iSaS, s'être rrappellée de toute ancienneté l'ostel de Casin. n Elle renfer-
mait plusieurs corps d'hôtel, des gran{jes, des ctables et un jardin, et, dès i523,
était divisée en trois ou quatre lots, que les censiers ne mentionnent point sépa-
rément. On lit, dans les archives du monastère, qu'elle avait appartenu à un cei-
taiu Casin de Cornuille (alias de Rouvillier); mais le nom de ce particulier parait
avoir été en réalité Casin d'Estouville '''. Dans l'adjudication qui lut faite de la
maison aux religieux de Saint-Germain-dcs-Prés, le 96 mai li'iQ, elle est effec-
tivement dite avoir été jadis à rrfeu Casin dEstouville. ti Toutefois la maison de
Casin, qui, en 1377, appartenait à ff messire Ferry de Mez, chevalier, ■» ne cons-
tituait alors que la plus grande des trois maisons dont se composait l'îlot, et celle
que longeait la rue des Ciseaux. La première de ces maisons, c'est-à-dire la plus
rapprochée du Pilori, était, vers le même temps, possédée par un abbé de Saint-
Jean de Laon; elle n'existait plus en 1898, et l'emplacement fut adjugé à l'ab-
baye, en vertu du privilège aux bourgeois (^'.
Grange (iSgS) qui, en 1628, était remplacée par deux ou trois njaisons '*',
dont la dernière avait pour enseigne le rr Poulonnois-Armé.n
Maison ayant pour enseigne cf le Coq-en-Casintî (iBSG-iSgB). Sur son enqjla-
cement, en 1628, étaient bâties trois maisons; la première avait pour enseigne
le Mouton, et la troisième, qui était vaste et aboutissait rue Sainte-Marguerite,
la Pomme-d' Orange.
Maison ayant pour enseigne ffLA Foretz-Casin n ( 1 SaS-i 5()5). En 1628, elle
était remplacée par quatre maisons, dont les trois dernières, aboutissant rue
Sainte-Marguerite, avaient les enseignes de Saint- Augustin, Saint-Hiérosme et du
Pilier-Rouge.
Il est dit, dans le censier de 1 SgS, que les maisons de la Forêt et du Coq-en-
Casin étaient alors ruinées et en masures. Peu de temps se passa, sans doute,
avant qu'elles fussent rebâties suivant le lotissement actuel.
Maison du Chapeau-Rolge (i5/i3) , aboutissant rue Sainte-Marguerite (Gozlin).
et faisant l'encoignure de la place, devant la rue des Boucheries. Cette propriété,
qui servait d'hôtellerie en i5i8 , fut construite sur un terrain vide, pris à haii,
le i3 décembre iBSg, par Mathurin Brinon, tavernier, lequel adopta pour en-
seigne ffung cbappeau rouge de cardinal, aux armes de mondict seigneur le car-
tfdinal de Tournon,T) abbé de Saint-Germain. Elle appartint ensuite an collège
de Fortet, et, en 1628, elle était subdivisée de façon à former quatre maisons.
Les deux premières, réunies depuis, avaient alors pour enseignes l' Image-Sain l-
Ou plutôt d'Egtouleville ; on ne trouvo cepen- -'' Nous ne sommes point absolument sûr des
clant, dans la généalogie de la famille d'Estoute- limites de ces diverses propriétés mentionnées en
ville, aucun individu du nom de Casin. i5f).5. Rien, sauf les apparences, ne nous a permis
■' Nous avons recueilli et placé aux appendices de les relier aux maisons de 16-28, dont, au cou-
les divers documents relatifs à ce privilège. — l. m. t. traire , nous connaissons bien l'emplacement.
RUE GARÂNCIÈUE. 171
Ambroise et l' Image- Sain l-Grégoire ; la troisième est devenue la maison du Petit-
Cliapeau-Rouge, et la dei'iiière.celle du Grand-Chapeau-Rouge.
En 1 il g, il y avait, dans la tTgrantruen du bourg Saint-Germain, une maison
où pendait pour enseigne la Hache, et dont nous n'avons pu déterminer l'empla-
cement.
RUE GARANCIERE.
La rue Garancière commence à la rue du Petit-Bourbon (Saint- Sulpice) et
finit à la rue de Vaugirard.
Circonstance assez singulière : elle doit son nom à l'hôtel de Garancière qu'elle
bornait, et cependant on ne le lui a donné qu'après le morcellement et la destruc-
tion au moins partielle du manoir, ce qui, d'ailleurs, n'est point sans exemple.
En eflet, nous n'avons vu nulle part la mention d'une rue dite de Garancière avant
l'année i54o, et certainement alors plusieurs maisons avaient été bâties à la place
du vieil hôtel, dont il ne subsistait plus guère que des bâtiments remaniés. Dans
la première moitié du xvi"" siècle, la rue Garancière s'énonçait «ruelle par la-
ff quelle on va à l'église Sainct Sulpice a (i536), et aussi «ruelle Sainct Sulpicei)
(i592, 1623, i53i, etc.). Le mot ruelle, dans ce dernier cas, était souvent
employé au pluriel, comme s'il s'agissait, non d'une voie unique, mais du terri-
toire appelé les Ruelles, dont la rue faisait partie. Rien n'indique si la rue Garan-
cière existait au xv'^ siècle.
CÔTÉ ORIENTAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Le côté oriental de la rue Garancière était formé tout entier par la partie pos-
térieure des grands hôtels bâtis sur l'emplacement du Pré-Crotté, ou marché aux
chevaux. Ces hôtels avaient leur façade en la rue de Tournon, à l'article de la-
quelle ils seront indiqués.
172 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
CÔTÉ OCCIDENTAL.
PAROISSE SAIINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L-ABBAYE.
Maison sans désignation (1628), contiguë à la maison du coin de la rue de
Vaugirard. Elle remplaçait deux petites maisons qui, après avoir appartenu à
l'illustre chirurgien Ambroise Paré, étaient, en iSgS, la propriété de ses héri-
tiers. Le q avril i6o3, ils les vendirent, avec deux autres situées sur la rue
des Fossoyeurs, à Matlmrin Duhamel, et celui-ci, le i3 mars 161 5, les donna à
l'avocat iMcole Acard.
Grande maison aboutissant rue Servandoni, et possédée, en lôgô, par M. de
Genyers, sieur de Massac, maître d'hôtel du prince de Gonty. On l'appelait l'Hôtel
DE SouRDÉAC à la fin du xnf siècle, parce qu'elle passa, en i65i, à Guy de Rieux,
seigneur de Sourdéac. Jaillot rapporte qu'elle avait élé bâtie par René de Rieux,
évêque de Léon, et qu'on la connaissait sous le nom à'hétel de Léon. Elle por-
tait, en 1750, celui (Y hôtel de Montaigu.
Grande maison (1676) aboutissant rue Servandoni. Elle est dite, en 1695,
appartenir à M. de la Tour, gentilhomme genevois, et, en 1628, à M"" d'Elbenne.
Elle fut plus tard possédée par Marie-Anne de Campet de Saujon, qui, l'ayant
achetée le 26 août i663, y établit les religieuses appelées Filles de l'intérieur de
la très-sainte Vierge, communauté supprimée par un arrêt du Conseil du mois
d'août 1676. M"" de Saujon augmenta sa maison d'un lot de soixante-quinze
toises de terre qui bordait la rue Palatine jusqu'à la rue Servandoni, et qu'elle
acquit, le i3 septembre 1666, de maître Jacques Bénard, avocat au Parlement.
Par testament du ak novembre 1690, elle la légua, avec tous ses biens, à Elisa-
beth de Beau vau, qui, le 2 avril 1712, la donna à son frère le lieutenant gé-
néral comte de Beauvau. La maison était alors divisée en deux, et la plus grande
était désignée sous le nom Dhôtel Palatin, d'où est venu celui de la rue dont elle
faisait le coin, et qu'on appela d'abord rue Neuve-Sainl-Sulpice et aussi rtœ du Cime-
tière. Cette rue fut longtemps à l'état de projet; car, dès le ii janvier i6i3, le
prince de Conty, abbé de Saint-Germain, avait gratifié les habitants du faubourg
d'un terrain mesurant onze toises en longueur sur sept en largeur, pour en faci-
liter le percement, et un arrêt du 5 février suivant avait chargé les trésoriers de
France d'en faire le devis; mais la chose traîna en longueur et donna lieu à des
procès contre les paroissiens et les marguilliers qui voulaient s'emparer du terrain
donné par le prince de Gonty. Aussi, quoiqu'une sentence du Ghâtelet, du i3 fé-
RUE GARANCIÈRE. 173
vrier i642, eût prescrit l'ouverture de la rue, cette ouverture n'eut lieu, en dé-
finitive, que le i5 janvier i65i, comme nous l'avons constaté sur un vieux plan.
Maison sans désignation (tSgS), tenant d'une part et aboutissant au cimetière
neuf de Saint-Sulpice, dans lequel elle était déjà absorbée vers i65o.
Cimetière Saim-Sllpice. Le cimetière situé au chevet de l'église Saint-Sulpice,
et supprimé lors de la reconstruction de l'édifice, était nommé trie cymetière nou-
(T veau, 11 par opposition à l'autre, qui remontait à une époque plus ancienne. Il
fut établi sur un quartier de terre cédé aux marguilliers par le savetier .1. Marché^",
aux dates des 23 juin et i3 juillet iSSg. Ce terrain est énoncé, dans le censier
de 1567, (rassis devant et contigu la maçonnerye encommencée à faire au chevet
pde l'église dudict Sainct Sulpice, où on a faict un cymetière appelle le cymetière
((nouveau;!) il aboutissait vers l'orient à la rue Garancière, et vers l'occident à
l'église; mais rien n'en laisse voir les limites ni la forme.
Au milieu du xvn"" siècle, le cimetière s'étendait en bordure sur les rues du
Petit-Bourbon, Garancière et Palatine; mais il avait alors été beaucoup augmenté
par l'adjonction successive de l'emplacement de plusieurs maisons faisant front
jadis sur les deux premières rues. Le terrain annexé du côté du midi, tr tenant
(T depuis la rue Garancière jusquesau coin de la porte dudit cimetière, sortant en
ff la rue du Pied de Biche n (Servandoni), fut béni, le i5 juin i63i, par le curé
Simon de Montereul, qui en excepta néanmoins une zone de onze toises de lon-
gueur, 9u long de la rue projetée (rue Palatine?), laquelle zone fut destinée pour
(ries enfants mors nez et les noyez non i-econgnus. n Le nouveau cimetière Saint-
Sulpice a disparu sous les constructions de la grande église moderne. Il n'était
point encore clos en 1 G2/1 ; car, le 3o mai de cette année, l'abbé de Saint-Germain
ordonna qu'on l'environnât de murailles pour parer à divers inconvénients, et
particulièrement pour empêcher qu'on y enterrât la nuit des protestants, des
hommes tués en duel et des victimes de la contagion, pour l'inhumation desquels
il fut prescrit de chercher un lieu éloigné des habitations.
Maison sans désignation, faisant le coin de la rue du Petit-Bourbon. Elle ap-
partint, avant tBga, à J. J. de Magance, Italien, et fut achetée, le 11 février
«058, pour ragrandissement du cimetière, auquel elle aboutissait d'abord.
HÔTEL DE Garancière. C'est sur l'emplacement des maisons du côté occidental
'' Ce savetifir était le fils de Jean Marché et de
Jeanne Montrouge, l'une des plus riches héritières
du twurg Sainl-Gennain. Le métier qu'il exerçait,
ou fju'il faisait «'xercer par ses valets et apprentis,
était sans doute plus considéré et plus productif, au
xïi* siècle, qu'il ne l'est aujoiird'htu'. Peut-être Jean
Marché, qui était établi au tjourg Saitit-Gerniain,
en dehors de l'enceinte, réunissait-il en un tnônie
atelier les trois spécialités relatives à l'industrie de
la chaussure : le métier de Cordouaiinter, celui de
Çavelonnier de petits soulers de bazenne , et celui de
Çavcticr proprement dit. (Voir, dans le Livre d'Ét.
Boileau, dont le Service historique de la Ville de Pa-
ris prépare une nouvelle édition, les titres l\xxiv,
Lxxxv et Lxxxvi, 1" partie, où sont énumérés les
charges et avantages de ces trois métiers.) — l. m. t.
174 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
de la rue Garancière qu'était situé le grand hôtel de ce nom. Les plus anciens de
ses propriétaires à nous connus furent messire Guillaume de Dormans ('\ puis
M"' de Dormans et rrle lizicien maître Guibert. n II appartenait, en 1899, à Yon
de Garancière, chambellan du roi, et, vers 1618, à M""" de Garancière, autre-
ment appelée M"'° de Bruynissant, vicomtesse de Lentrel, veuve du précédent. Le
fi juin liSy, après avoir été mis en criée, il fut baillé à maître Yves de Sce-
peaux, président du Parlement. Il n'était point alors en masure, comme le dit
Jaillot, mais il en contenait une, ainsi qu'un colombier. Vers 167^, il était pos-
sédé par Jacques Montrouge, un des principaux habitants du bourg Saint-Ger-
main; aussi le trouvons-nous énoncé crie cloz Jacquet Montrouge n dans un acte
de i538. A cette époque, il avait passé à la fille de Montrouge, Jeanne, épouse
de Jean Marché. Leur fds paraît être celui qui morcela l'hôtel et le vendit par lots
séparés. La cession d'une parcelle, faite par lui à Jean Obelyn le 26 mai iBSy,
est au surplus la seule transaction de ce genre que nous puissions signaler; car
nous n'avons vu aucune indication des autres dans les archives de l'abbaye. La
transformation de la propriété, avancée déjà en i536, était complète en i563.
L'hôtel de Garancière ne renfermait qu'un peu plus de trois arpents; de sorte
qu'il ne semble pas possible qu d ait occupé tout l'îlot compris entre les rues
Garancière et Servandoni, dont faisait aussi partie, il est vrai, le pressoir bannier
de l'abbaye. (Voir Rue de Vaugirard.) Cependant les limites que lui prêtent les
titres sont celles de l'îlot même, et on l'énonce de la manière suivante dans une
déclaration passée par Jeanne Montrouge, le 21 février iBaa : tt tenant d'une
frpart tout du long de la ruelle Sainct Sulpice (rue Servandoni), d'aultre aux terres
rrde Messieurs, esquelles se tient le marché aux chevaulx (îlot entre les rues de
fc Garancière et de Tournon) durant la foire; aboutissant d'un bout au Cloz aux
rrBourgois (le Luxembourg), le chemin (la rue) de Vaugirard entre deux, et
ff d'aultre bout aux halles et à l'esglise et jardin [du presbytère] de Sainct Sulpice. n
Le texte du bail de 1657 montre que l'entrée principale était vers l'occident'^', sur
la ruelle devenue la rue Servandoni, et effectivement indiquée, dans un docu-
ment de 1Ù26, ffla ruelle qui va au long de l'ostel de Garancières. n
''' Vraisemblablement le chancelier de France. «au grand cymelière, et par derrière à ung cloz de
qui mourut en 1.378. ittigne nommé le cloi Bruneau ; et lesdils jardins à
'*' «Tenant, d'une part, au mur du petit cyme- tnmg petit cloz de vigne appartenant à Jehan Ma-
crtière de Sainct Soulpice; aboutissant par devant (tcheclou.»
RUE DES MAUVAIS-GARÇONS, OU GRÉGOIRE-DE-TOURS. 175
RUE DES MAUVAIS-GARÇONS,
OU GRÉGOIRE-DE-TOURS.
La rue des Mauvais-Garçons, à laquelle ou a donné depuis peu le nom de
Grégoire-de-Tours, commence à la rue de Bussv et finit à celle des Boucheries
(de l'Ecole-de-Médecine). Au mois de février i25i, moyennant un cens annuel
de quarante sous, Thomas de Mauléon, abbé de Saint-Germain, céda à Raoul
d'Aubusson, chanoine d'Evreux, une place de cent soixante pieds carrés, en s'en-
gajjeant à faire auprès une rue neuve large de trois toises, dont Raoul d'Aubusson
ne posséderait que l'usage. La rue ouverte en conséquence de cet accord est celle
des Mauvais-Garçons. Elle a conservé jusqu'à nos jours ses anciennes dimensions
et son alignement primitif; mais elle a été successivement désignée par cinq ou
six vocables différents. On n'a guère signalé que trois de ces appellations. Nous
avons recueilli, entre autres, les énonciations suivantes : ftquedam via que in. .. via
(T Carnijicerte Sancli Germani incipit, juxta putemn qui est in dicta vian (1299.); rr lue
rdu Champ de la Boucherie n (1299, 1996); et ruelle si comme on dessant là
ffde la Boucherie ou (au) Champ des BouchiersTi (1817); frrue qui va au Pré
traux Clercs et au Champ de la Boucheries (i363); cruelle qui descend par devers
fr Saine n (1376); r ruelle de la Boucherie t) (1878); tr ruelle de la Grant Bou-
ffcheriefl (1609); cruelle de la Boucherie.. . qui va au Pré aux Clercsn (i/ii5);
«•pelite ruelle de la Boucherie ■« (1617); cruelle allant de la Boucherye au Pré
fraux Clercs n (1/171); ir rue de l'Escorcherie, dicte la Follye Régnier ^ (1 5 18); rue
cde la Tueries (1 627); (r rue dicte à présent la rue de la Follye de l'Escorcherie
f Regniers (i563); rrue de la Follye Régnier, autrement dicte des Mauvais Gar-
"çonsfl (1 596).
Cette dernière dénomination, que nous avons lencontrée dès 1569, et devant
laquelle les autres s'effacèrent dans la seconde moitié du xvi" siècle, provenait
dune enseigne représentant apparemment quelque groupe de ces coupe-jarrets,
(T mauvais garçons et ribbleurs, t> que leurs méfaits rendirent célèbres vers l'époque
de Louis XII. Un certain hôtel de la Folie-Regnier lui a fait donner le nom de
rm de la Folie-Regnier, que .laillot assure mal à propos avoir été le premier em-
ployé. Ceux de rue de l'Ecorclierie et du Champ-des-Boucliers avaient pour raison
d'être un abattoir dont il est encore question en i5i3; puis une place ou voirie,
dans laquelle les bouchers prétendaient avoir le droit de déposer leurs immon-
dices, et qu'ils furent contraints d'abandonner à l'abbaye, en 1862, à la suite
d'un procès.
Le Champ des Bouchers, situé derrière des maisons ayant leur façade dans la
176 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
rue des Boucheries, occupait la plus grande partie de l'îlot compris entre les
rues des Mauvais-Garçons, de Bussy et de rAncienne-Comédie; car il est décrit,
en 1869, comme rr assis du cousté de la rivière de Seinne (par rapport à la rue
rrdes Boucheries), en alant au Pré aux Clers; tenant d'une part aux fossez de la
fr forteresse de Paris, depuis environ la porte que l'on dit la porte des Cordeliers,
ren descendant aval jusques à une autre porte close qu'on souloit appeller la
(t porte de Sainct Germain des Prez, près l'hostei de nions. Simon de Bucy, et en
avenant de là tout droit jusques à une petite rue qui descend de ladite boucherie
c droit au chemin pour aler audit Pré aux Clercs. •«
C'est du même îlot que dépendaient l'écorcherie mentionnée plus haut et le
terrain de Raoul d'Aubusson, que les moines récupérèrent en 1292. il faisait le
coin de la rue des Boucheries, et a été morcelé de telle sorte qu'il n'en reste
d'autre trace que le mur mitoyen de la maison de l'Ecu, placé à cent soixante
pieds environ de la rue des Mauvais-Garçons, et parallèle à sa direction '''. En
1 2 5i, la place ou pièce de terre de Raoul d'Aubusson, plaleam sive peciam terre,
ne contenait aucune construction. Les maisons qu'on y voit sont donc d'origine
postérieure; mais, en 1292, il y existait déjà une maison, au moins, à l'encoi-
gnure. Alors aussi elle était attenante à un manoir oiî habitait un évêque d'Orléans,
et qui semble avoir fait l'encoignure de la rue de Bussy. L'emplacement de l'îlot
bordant vers l'ouest la rue des Mauvais-Garçons devait être déjà bâti en i25i.
La rue des Mauvais-Garçons a donné lieu à de nombreuses contestations entre
l'abbaye et l'Université. Nous lisons dans des a articles t rédigés en 1819, pour le
compte des écoliers, que la rue était bien et en semblance de voye royal ;^ mais
qu'elle n'était point ftparementée à guise de voye royal, ti et qu'elle constituait
simplement une «voye privée ou vincinal.n En i3/i5, l'abbaye en racheta défi-
nitivement la possession de l'Université, aux pauvres écoliers de laquelle Raoul
d'Aubusson avait cédé tous ses droits quatre ans après son acquisition.
CÔTÉ ORIENTAL.
PAROISSE SAINT-SILPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Maison sans désignation en iBaS, puis des ctTrois-Moresh (i53 i-i595). con-
"' Les textes relatifs à la place de Raoul d'Au- le coin de la rue des Boucheries : Universitas dice-
busson ne sont pas très-faciles à interpréter graplii- bat quod se jus hahebat in platea predicla ex parle
quement. Toutefois le passag-e suivant de la charte qua contimialur cum via predicla, per quam itiir ad
de 1992 démontre bien qu'elle faisait effectivement Fratres minores, in cenlum et sexaginla pedibus.
RUE DES MAUVAIS-GARÇONS, OU GRÉGOIRE-DE-TOURS. 177
tiguë à des maisons s'étendant jusqu'au coin de la rue de Bussy. Eiie semble
avoir été une dépendance de l'hôtel de l'Echiquier, situé rue des Boucheries; elle
V aboutissait et appartint au même propriétaire.
Petite maison sans désignation en i523, puis de la Corne-de-Daim (1628).
Petite maison ayant pour enseigne les Mauvais-Gabçons (1518-1G87), et con-
tiguë à la maison du coin de la rue des Boucheries. Nous supposons que cette
petite maison et les deux précédentes se confondent avec les propriétés qui sont
mentionnées dans un titre de iBai comme attenantes entre elles et consistant :
1" en un petit corps de dix-neuf pieds de longueur sur quatre toises de profon-
deur; 9" en une grange de pareille largeur et de six toises et demie de profon-
deur; 3° en un jardin également large de dix-neuf pieds et profond de huit toises.
Ces propriétés touchaient, en effet, à celle de Beauvallet, laquelle s'étendait au
eoin de la rue de Bussy.
CÔTÉ OCCIDENTAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE,
JUSTICE
ET CE>S1VE DE L'ABBAYE.
ff ARPESTazT ou hangars contigus à la maison faisant le coin de la rue des Bou-
cheries et en dépendant au xvi" siècle. Détruits pendant les guerres de la Ligue,
ils furent remplacés par trois petites maisons qui étaient déjà construites en
iBgB, et qui ont été depuis rebâties de façon à n'en former que deux.
Petit appentis, aussi rebâti après la reddition de Paris; puis maison du Dau-
phin (1628). Le terrain de cette maison avait sans doute dépendu également de
celle du coin.
Hôtel de la Folie-Begnier (iSgg-iB^B). Il présentait deux pignons sur rue,
et son nom donne à croire que c'était, dans l'origine, une maison de plaisance.
Annexé, dans le xvi* siècle, à la maison de l'Image-Saint-Martin, située rue des
Boucheries, il en dépendait encore en 1628. On a ensuite élevé sur son emplace-
ment trois maisons : celles de l'Amérique, de l'Image-Saint-Martin et de la Reine-
de-France (1687).
Maison avec jeu de paume (1695), contiguë à celle du coin de la rue de Bussy,
et provenant du morcellement, effectué postérieurement à 16/17, d'une des pro-
priétés attenantes. En 1628, le jardin de cette grande maison, oii se trouvait le
jeu de paume, était séparé de la maison qui avait alors pour enseigne la Ville-de-
Pragiie. Les limites de ces propriétés ressortent fort mal de la teneur des titres.
H.. ' il3
178 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
RUE DU GÏNDRE.
La rue du Gitidre commence à la rue du Vieux-Colombier et finit à la rue de
Mézières.
Un titre de iblx'j ''^ fait mention de la rue du Gindre sous son nom actuel, écrit
fc du Joindre, •» qui est le seul qu'elle ait porté. En 16/17, ^^ ^"^ ^^ Gindre ne pou-
vait être que de création très-récente, attendu qu'il n'y en a pas d'indication dans
les censiers de i536, i563, etc., ni même dans celui de iS/iy, qui, suivant une
fâcheuse habitude, a été calqué servilement sur les précédents. Jaillot s'est mé-
pris en confondant cette voie avec la rue des Champs existant dès 1609, et il
n'a pas plus été dans le vrai en imaginant que la rue du Gindre, se prolongeant
d'abord jusqu'à la rue Honoré-Chevalier, avait eu une partie de son parcours
absorbé dans le noviciat des Jésuites. On n'aperçoit, en effet, aucune trace de cette
absorption, et le censier de iSgS prouve que la rue du Gindre, vers la fin du
xvi'' siècle, se terminait, comme aujourd'hui, à la rue de Mézières. Aussi bien la
rue de Mézières paraît-elle marquer le lieu oii aboutissait la seconde des maisons
le long desquelles la rue du Gindre a été ouverte, et peut-être y avait-il là un
sentier qui donna l'idée d'y établir une rue.
Les auteurs ne nous renseignent pas plus sur la cause qui a motivé le nom de la
rue du Gindre que sur l'époque de son percement. Mais, comme Honoré Chevalier
et Jean BoutevHlain, maîtres boulangers, ont été propriétaires de divers terraii>s
dans les environs de la rue du Gindre; comme, en outre, Jean du Verger, aussi
boulanger, a possédé un grand hôtel au long de la rue, nous ne doutons point
que le nom qui lui a été donné ne soit une allusion à la profession de l'un de ces
industriels.
CÔTÉ ORIENTAL.
PAROISSE SAIINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Maison sans désignation (lôgB), contiguë à la maison du coin de la rue du
Vieux-Colombier.
Maison sans désignation (lôgS), provenant, ainsi que la précédente, d'un mor-
cellement de la maison du coin.
'■' Fonds de Saint-Sulpice, Arch. nat. cart. S 35i5. Il n'est point parlé de la rue du Gindre, dans les
archives de l'abbaye, avant l'année iSgS.
RUE DU GINDRE. 17!)
Maison sans désignation (iSgô), dont la principale entrée, en ifiaS et de-
puis, donnait sur la rue du Pot-de-Fer.
Maison sans désignation (lôgB), qui faisait hache derrière la suivante, et avait,
dès 1 628, une issue rue de Mézières. Dans cette maison paraît avoir été absorbée
une place vendue par les marguilliers de Saint-Sulpice à Antoine Lantour, le
9 septembre lôûy. Elle provenait d'une fondation faite par le charpentier Guil-
laume Tortu, et mesurait quatre toises de largeur sur neuf de profondeur. Il est
dit, dans l'acte de vente, qu'elle renfermait un a commencement de maisom^
montée jusqu'au second étage, et qu'elle faisait partie d'un plus grand terrain où
il y avait plusieurs habitations récemment biîties.
Maison sans désignation (1 583 ), faisant le coin de la rue de Mézières.
CÔTÉ OCCIDENTAL.
PAROISSE S.\I1NT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Maison sans désignation en logS, puis du Croissant (1628-1687), faisant le Entre
e la rue de Mezieres. et charpentier.
Deux Maisons sans désignation (iBgô), dont la seconde faisait le coin méri-
dional de la rue Charpentier.
Maison sans désignation (iSyi), faisant le coin septentrional de la rue Char- Entre les rue»
_ „.* Charpentier
pentier. '^
Appentis (1695) réuni dans la suite A la maison précédente. D'abord c'était
aussi un simple appentis. En i5()5, la propriété est dite appartenir à Trouillard,
sergent des pauvres, et, en 1698, au bureau des pauvres, à qui elle avait effec-
tivement été donnée, le 20 février 161/1, par Simon Yvon. Celui-ci l'avait fait
bâtir sur l'emplacement d'une masure qui lui avait été vendue par Robert de
Templeux, avocat, le 21 décembre 1671, et que ce dernier avait acquise, le
5 septembre 1670, d'Anne Lemaçon. Elle est dite, dans la transaction de 1671,
avoir environ cinq toises de largeur sur six de profondeur; mais, dès 1079, elle
était aussi profonde que de nos jours, puisqu'elle formait alors l'aboutissant de la
maison appelée plus tard du Barillet, située rue du Vieux-Colombier.
et
du Vienx-Colonibier
a3.
180 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
RUE DE GRENELLE.
La rue de Grenelle a toujours commence au carrefour de la Croix-Rouge; elle
se terminait, comme rue, à la porte de la Tranchée, placée un peu après la rue
de la Chaise, et se prolongeait ensuite, sous forme de chemin, par delà le fief
de l'abbaye, en passant devant la ferme de Grenelle.
Nous avons dit, en opposition avec Jaillot, que le nom de chemin des Vaches,
dans les archives de l'abbaye, est loin d'indiquer toujours la rue Saint-Domi-
nique; nous allons montrer qu'il s'applique très-fréquemment à la rue de Gre-
nelle.
Dans le second triage de l'arpentage de 1699, lequel est compris entre le Pré-
aux-Clercs et le chemin représenté par la rue Saint-Dominique, cette dernière
voie, mainte fois mentionnée, ne l'est jamais par le nom de chemin aux Vaches <'\
Dans le troisième triage, compris entre les rues Saint-Dominique et de Grenelle,
on rencontre, au contraire, de continuelles énonciations du chemin aux Vaches;
et il en est de même dans le quatrième triage, où il ne saurait être question de
la rue Saint-Dominique, puisque ce quatrième triage est renfermé entre les rues
de Grenelle et de Babylone. Il est donc incontestable que le chemin aux Vaches,
de l'arpentage, est la rue de Grenelle, séparant le troisième triage du quatrième.
Ce fait est, du reste, pleinement confirmé par la rubrique du troisième triage et
par plusieurs passages de ce document, où il est parlé de pièces de terre crsurle
ffchemyn aux Vaches, à l'entrée de la ville, n c'est-à-dire près du carrefour de la
Croix-Rouge, «aboutissant d'un bout au chemyn aux Vaches, d'autre bout au
ffchemyn allant de Sainct Père à Grenelle n (rue Saint-Dominique), ou ffaboutis-
fcsant d'un bout au chemyn aux Vaches, et d'autre bout au chemyn des Treilles n
(aussi la rue Saint-Dominique). Nous pouvons encore citer, comme probant au
plus haut degré, un titre de ibiU, où une maison est dite tr faisant le coing de la
rrrue aux Vaches, tenant. . . à la grande rue du Four, r en d'autres termes, au
carrefour delà Croix-Rouge, et un acte de io85, où l'on fait allusion à tria rue
(T aux Vaches près la Croix Rouge, n Toute confusion avec la rue Saint-Dominique
est ici absolument impossible.
D'un autre côté, il appert d'un texte de i542, qui est cité par Jaillot lui-
même, et où le chemin aux Vaches est énoncé « autrement dict de la Justice, -n que
les deux dénominations s'appliquaient à la môme voie, et, par suite, si nous éta-
blissons que le chemin de la Justice ne peut être la rue Saint-Dominique, nous
aurons prouvé que le chemin des Vaches, dans le texte allégué, est la rue de Gre-
■'' Ce nom s'y rencontre à peine, et se ra[)por(e h une petite voie de communication perpendiculaire à
la Seine (rue Saint-J.ean ou Mcot, au Gros-Caillou).
RUE DE GRENELLE. 181
nelle. Or nous savons parfaitement où s'élevait le gibet ou justice de l'abbaye.
Plusieurs vieux plans, gravés ou manuscrits, nous ont permis de constater avec
toute certitude qu'il était situé à un peu moins de quatre cents mètres de l'axe
des Invalides, sur un chemin supprimé lors de l'ouverture de l'avenue de la
Motte-Piquet. La rue Saint-Dominique en était éloignée d'environ cent quatre-
vingts mètres de plus que la rue de Grenelle; celle-ci méritait donc bien mieux
d'être regardée comme le chemin de la Justice que la rue Saint-Domiuique, qui,
en réalité, ne conduisait point au champ de la Justice. Du reste, les documents ne
laissent pas de doute sur le fait que le chemin de la Justice partait, non du voi-
sinage de la chapelle Saint-Père, mais du carrefour de la Croix-Rouge, et les pas-
sages suivants en font foi : cr Maison. . . rue du Fourn (carrefour de la Croix-
Rouge), rr tenant d'une part à Jehan Pasquiem (dont la maison faisait le coin de
la rue de Sèvres), set d'autre part au grand chemin tendant à la Justice t) (i 5 9 6).
ffCinq quartiers ('' derrière leSépulchre, tenant.. . au chemin allant à la Justice
(f et à l'entrée du boullouerfl (le carrefour), (r aboutissant d'un bout à la rue du
fr Sépulchre Ti (du Dragon), fret d'aultrebout au petit chemin allant dudict Sainct
ff Germain à Sainct Père n (extrémité de la rue des Saints-Pères), a Cinq quartiers ■«
(les mêmes), ir tenant d'une part au chemin du Sépulchre, d'autre au chemin
r du cimetière aux malades t: (rue des Saints-Pères), aaboutissant d'un bout sur la
r terre du Sépulchre, et d'autre bout au chemin qui tend de la rue du Four à la
ff Justice. 1
La rue de Grenelle ne formait donc qu'une seule et môme voie avec le chemin
de la Justice; mais il faut observer que ce nom lui convenait uniquement dans sa
partie orientale, et avant sa bifurcation en deux routes, dont la seconde, située
au sud de l'autre et passant au pied même des fourches patibulaires, demeurait
le vrai chemin de la Justice. Lu autre embranchement, partant de la rue de Gre-
nelle à la hauteur des fourches, l'a fait également dénommer quelquefois fc chemin
ffdu Portu (iBag, i535),et cela dans le voisinage même de la Croix-Rouge.
Le censier de i355 indique «deux chemins aux Vaches, a et l'un de ces che-
mins est forcément la rue de Grenelle. On a dit en 1 4 1 () : .t le petit chemin aux
fr Vaches comme l'on va à Grenelle ; d en 1 4 1 9 : rr le petit chemin aux Vaches , v et en
1619 aussi : trie grand chemin des Vaches. ■« A la même époque, se trouve énoncé
(tie chemin de la Justice, dit, en certains cas, grant chemyn delà Justices (i534),
ou tr chemin tendant à la Justice, ti Divers titres offrent des exemples de l'emploi
simultané des deux dénominations.
La rue de Grenelle était la voie centrale parmi celles qui conduisaient au ter-
ritoire de Grenelle, et elle peut ainsi se confondre avec tria voye de Gamelles n
" Il s'agil de la partie mëridionale de l'îlot compris entre les rues du Dragon et des Saints -Pères.
182 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS,
du censier de i355. On l'appelait sûrement ttle {jrand chemin de Gamelles t en
1 Ixho, et cette locution, ainsi que celle de tr chemin de Gamelles, n était fort com-
munément usitée au \\f siècle. Sur un plan de 1670, nous avons lu rr chemin
rde la Forest,T! et, sur un autre de 167/1, frrue de la Grande Forest,n à cause
du territoire de la grande forêt, placé là où a été bâti depuis l'Hôtel des Invalides.
Sur un troisième plan, dressé en 1696, la rue de Grenelle est appelée le petit
chemin de Grenelle, par opposition au chemin de la Justice, appelé abusivement
grand chemin de Gretielle.
CÔTÉ MÉRIDIONAL.
PAROISSE SAIM-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Entre le carrefour Petite MAISON sans désigualion (iBSa), contiguë à celle qui faisait le coin du
la croix^Rouge carrcfourdc la Croix-Rouge. Allain Leclerc, qui la possédait, l'augmenta, en
eiianiedciachmsc. ^55^^ d'uue placc profoude dc oHze pieds d'un côté, de dix-sept pieds de l'autre,
et large de sept toises un pied, ce qui mit la maison à l'alignement de celle du
coin.
Maison sans désignation (iBSa), qui appartenait, en 1 53 9, au boucher Pierre
Tubœuf. Il n'en était, du reste, que le troisième possesseur.
Petite maison couverte de chaume, laquelle était en masure vers 1082, et
abattue à la fin du siècle.
Maison et grand jardin (lôgB), qui, en 1628, appartenait à Sébastien Zamet,
évêque de Langres, et s'étendait alors, derrière les propriétés suivantes, jusqu'à
la rue de la Chaise, sur laquelle elle avait issue. La maison de S. Zamet fut
donnée par lui, le li novembre 1 65 1, à Marie-Christine Zamet, femme de Hector
Roger de Pardailhan de Gondrin, marquis d'Antin, et, le 28 mai 1657, Marie
Zamet la vendit à Louis Foucault de Saint-Germain, maréchal de France, dont
la veuve s'en défit, le 28 mars 1661, au profit du conseiller Pierre de Beau-
vais et de sa femme Claude de Bellier. Appelée, depuis, l'hôtel de Beauvais, la
maison fut acquise, le k mai 1686 ''^ des créanciers de la famille de Beauvais,
par la communauté des Petites-Cordelières, qui y demeurèrent jusqu'à l'époque
de leur suppression, en 17Û9. Le terrain de l'hôtel fut encore vendu et mor-
celé.
Maison ou ff place a servant de bouverie (1595).
''' D'après le censier de 1687. Jaiiiot indique dossiers de l'abbaye, la date du 10 mai 1686, que
. le i5 mai 1687, et nous trouvons, dans un des donne aussi Piganiol.
RUE DE GRENELLE. 183
Quatre petites maisons sans désignation (i SgS). Elles étaient aussi à l'état de ma-
sure, ainsi que la plupart des précédentes, plusieurs années après le siège de Paris.
Trois maisons sans désignation, dont la dernière faisait le coin oriental de la
rue de la Chaise.
Maison et tuilerie (iSgS) faisant le coin occidental de la rue de la Chaise. ^"^''^
„ • / • 1 1 • 1 1 1 /^ ^^^ ' "*^^ ^^ '^ Chaise
Cette maison était ta dernière de la rue de Grenelle, à la fin du xvi"^ siècle ; au delà «t du Bac.
et tout auprès passait la Tranchée.
CÔTÉ SEPTE.^VTRIONAL.
PAROISSE S.\INT-SLLPICE.
JUSTICE
ET CENSIVB DE L'ABBAYE.
Masure attenante aux remparts (iSgS), c'est-à-dire à la Tranchée. E.ure
Maison et tuilerie (iSgS) appartenant à Julien Heude, et vendues par lui, le et sainuGniiiaimie.
'ii juillet i6i8, à Guillaume Martin. En 1628, les dépendances de cette pro-
priété s'étendaient jusqu'à la rue Saint-Guillaume et bornaient, par derrière, la
maison suivante.
Petit appentis et jardin (lôgS), puis maison en deux corps d'hôtel (1628).
ff Terre -n (i5g5) formant le coin occidental de la rue Saint-Guillaume et ap-
partenant à l'église Saint-Jean-en-Grève. D'après le censier de 1695, elle faisait
hache derrière le jardin précédent, ce qui donne à penser qu'elle a été en partie
absorbée dans la tuilerie de Heude. Divers censiers antérieurs, entre autres celui
de i539, mentionnent la terre d'un arpent que les marguilliers de Saint-Jean-
en-Grève possédaient en la rue Saint-Guillaume, mais ne l'indiquent point du
tout comme constituant l'encoignure de cette rue.
Maison et grand jardin (iBgB) faisant le coin oriental de la rue Saint-Guil- Knueiesnies
Iw . f .,,... Il ] lo II Saint- Guillaume.
aume. La partie de cette propriété qui était en bordure sur la rue de irrenelle «i des saims Pues.
provenait d'un demi-arpent de terre baillé à bâtir à Arnoul de l'isle, le 19 oc-
tobre 1629.
Deux m\isons avec jardins (iBgô). dont l'une a eu pour enseigne le Bœuf-
Couronné à la fin du xvi'^ siècle.
Maison en [plusieurs corps d'hôtel (iSgS), faisant le coin occidental de la rue
des Saints-Pères. Elle fut élevée, avec les maisons de l'article précédent, sur un
terrain d'environ un demi-arpent baillé à Jean Salmon en 1629 ("?), et possédé
aussi plus tard par Arnoul de l'isle.
184 TOPOGRAPHIE HISTOUIQUK DU VIEUX PARIS.
Entre les rues AvRiit le xvii'' siècle, la Tue de Grenelle n'était bordée, entre les rues des
(les Sainls- Pères it\ ini' -i.-! i
et (iii Dragon. Sauits-Pères ct du Dragon, que par le Uanc dune maison aboutissant sur chacune
de ces deux rues.
RUE SAINT-GUILLAUME,
ANCIENNE RUE DES ROSIERS.
La rue des Rosiers, aujourd'hui réunie à la rue Saint-Guillaume, commençait
à la rue Saint-Dominique et finissait à la rue de Grenelle.
On la considérait d'abord comme ne faisant qu'une même voie avec la rue de
la Chaise, et on la désignait, en conséquence, sous la même dénomination. Elle
est ainsi énoncée : a chemin qui tend de féglise Sainct Père à la Maladerie,ii dans
un document de i523, et a chemin qui va de Sainct Père à la Maladerie.fl dans
l'arpentage de 1529. Nous la reconnaissons aussi avec certitude trdans ce chemyn
ff du cymetière Sainct Père v que mentionne un titre de 1 5o2. Elle ne prit un nom
spécial qu'à la fin du xvi'' siècle, époque oii le sieur du Plessis, l'un de ses habi-
tants, lui donna son nom, comme on le voit dans les censiers de lôgB et 1628.
La dénomination de rue des Rosiers apparaît sous Louis XllI avec la variante de
rue Neuve-des-Rosiers. Nous en ignorons l'origine, mais il n'est pas probable, ainsi
que le suppose Jaillot, que la rue ait été ouverte alors sur un champ de rosiers,
puisqu'elle existait authentiquement cent ans plus tôt, et que plusieurs désigna-
tions ont été en usage avant celle-là.
CÔTÉ DU SUD-EST.
PAROISSE SAIM-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Petite maison, jardin et masube (iSgS), qui dépendaient d'une maison de la
rue des Saints-Pères, et appartinrent, vers le milieu du xvi'' siècle, à Louis Va-
chot, président des Monnaies; vers iBgô, à la demoiselle Tristan et au sieur du
Plessis, ayant cause du médecin Frontebœuf; puis, en 1628, au maçon Salomon
de la Fond. En 1628, une maison que nous supposons être un morcellement de
celle-ci la séparait de celle du coin de la rue Saint-Dominique. Cette maison
intermédiaire a été absorbée dans l'hôtel de Matignon.
RUES SAINT-GUILLAUME ET HONORÉ-CHEVALIER. 185
Petite m.uson et petit jardin (iBgS), à la place desquels se trouvait, en 1628,
un jardin dépendant d'une vaste maison de la rue des Saints-Pères. Ce jardin
était attenant à un autre qui faisait le coin de la rue de Grenelle.
CÔTÉ DU NORD-OUEST.
PAROISSE SAIM-SULPIGE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Maison sans désignation (iSgô), que nous croyons avoir réussi à identifier, et
qui, en 1 6a 8, était attenante à des dépendances de la tuilerie Martin. Ces dépen-
dances étaient contiguës à la maison du coin de la rue de Grenelle; mais le censier
de iBgB n'en fait point mention.
Maison sans désignation , contiguë à la propriété faisant le coin de la rue Saint-
Dominique. En 1095, elle appartenait à la nièce du sieur de la Guyterie, et ce
doit être celle où se trouvait, en 1628, une bouverie possédée par la Sorbonne.
RUE HOISORE-CHEVALIER.
La rue Honoré-Chevalier commence à la rue du Pot-de-Fer, aujourd'hui rue Bo-
naparte, et finit à la rue Cassette.
Honoré Chevalier, maître boulanger de Paris ''^ qui possédait du terrain au
lieu où celte rue a été ouverte, lui a fait donner le nom qu'elle porte, et, par
conséquent, c'est bien à tort que, dans quelques documents, assez modernes pour
la plupart, elle est appelée rue du Chevalier ou du Chevalier-Honoré. Le rédac-
teur du censier de i6-i8 la désigne parla formule à la fois compliquée et confuse
de rrrue Verger du Chevalier Honoré, dicte du commissaire Juveau. n 11 y a là plu-
sieurs erreurs : la rue Honoré-Chevalier, en effet, a toujours été très-distincte de
(fia rue Verger, n qui s'appelait en réalité Henri du Verger, et le commissaire en
question s'appelait de son vrai nom Jaulneau.
Maître Germain Jaulneau, examinateur au Châtelet, et Pierre Le Teincturier,
acquirent, antérieurement à i53i, deux arpents et demi de terre, qui, situés
sur les rues Cassette et de Vaugirard, avaient appartenu à Honoré Chevalier; de
'' Célail un des hëriliei-s directs de Jean de de-Fer el réunie à la rue Bonaparte. Honoré Che-
Verger. riche propriétaire, qui a lui-même donné vaiier était déjà mort en i544, et avait épousé An-
son nom à la rue voisine, ajtpeiée depuis rue du Pot- toinette Rigault, qui lui survécut.
m ai
186 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS,
sorte qu'il n'est point surprenant que la rue Honoré-Chevalier ait été dite aussi
rue du Comniissaire-Jaulneau. Il semble même que cette dernière désignation,
eu égard à l'emplacement des terrains de Jaulneau, convenait mieux à la rue
Honoré-Chevalier qu'à la rue Mézières, à laquelle elle a été pareillement appli-
quée. La plus ancienne mention de la rue Honoré-Chevalier que nous ayons ren-
contrée ne date que de i56i; mais la rue devait exister depuis plus de vingt
ans eT cette date.
COTE MERIDIONAL.
PAROISSE SAIINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Ce côté de la rue était bordé, au xv!"" siècle, par trois maisons dont l'entrée
était située en l'une des rues du Pot-de-Fer, de Vaugirard ou Cassette, et dont
nous parlons à l'article de ces rues.
CÔTÉ SEPTENTRIONAL.
PAROISSE SAIM-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
HÔTEL DE MÉZIÈRES (voir Rue de Mézières), formant, d'une part, le coin de
la rue du Pot-de-Fer, et attenant, de l'autre, à une maison faisant le coin de la
rue Cassette.
RUE DU PETIT-LION.
Cette rue connnençait à la rue de Condé et finissait à la rue de Tournon ; elle
fait aujourd'hui partie de la rue Saint-Sulpice.
Suivant un titre de 1^22, la maison de l'Image-Saint-Michel , sise en la rue
des Boucheries-Sainl-Germain , aboutissait a à certains champs appelles Cloz Bru-
fneau.fl D'après un autre titre de 1809, la rue des Quatre-Vents était attenante
à ce clos; c'est donc sur une ])artie de son emplacement qu'a été ouverte la rue
RUE DU PETIT-LION. 187
du Petit-Lion. Cette dernière voie n'existait point encore au milieu de l'année
i5oi, puisque les terrains qui ont formé plus tard l'îlot compris entre ladite
rue et celle des Quatre-Vents sont alors énoncés aboutir, d'un côté, sur la rue
des Quatre-Vents, et, de l'autre, (raux terres. 11 Mais la création de l'îlot, effectuée
par la vente de ces terrains, au mois d'août i5oi, fut l'origine même de la rue
du Petit-Lion, dont l'âge se trouve ainsi nettement fixé.
Dans un grand nombre de documents du xvi'^ siècle, la rue du Petit-Lion est
désignée par des formules qui lui étaient communes avec la rue des Quatre-
Vents. Telles sont celles de (rrue qui descend de la Grant rue Neufve (de Condé)
ffà la porte des champs de la Halle t) (iSaS, i53i, etc.); crrue allant à la
ff Foire n (i52i); «rue de la Foires (i5iû, i53o, etc.). Néanmoins, dès 1696,
la rue du Petit-Lion avait un vocable spécial, et elle s'appelait rue Combault,
à cause de Pierre Combault, chanoine de Romorantin, qui y demeurait. La
maison qu'habitait ce personnage ayant eu ensuite pour enseigne le Petit-Lion,
cette dénomination fut donnée à la rue, qu'on trouve désignée plus tard, dans
le censier de lôgS, trrue du Clos Bruneau, dit Petit Lyon,ii et dans les accen-
sements de 1 5 1 0 , « rue du Cloz Bruneau n seulement. Le plus ancien titre que
nous ayons rencontré avec l'appellation de rue du Petit-Lion est de 1 565.
CÔTÉ MÉRIDIONAL.
PAROISSE SAINT-SLLPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Maison dl' Coelb-de-France (1628-1 687), d'abord contiguë à la maison faisant
le coin méridional de la rue de Condé. Elle paraît n'avoir point encore existé en
1 SgS, et elle a été élevée sur un emplacement pris aux dépens de la maison du
coin.
Maison sans désignation en lôaa, puis ayant eu les enseignes du Petit-Lion
(1 595-1628) et DU Panier-Fleuri (1687). Elle fut achetée, le 1 4 avril i524, par
le chanoine Combault, auquel la rue dut son premier nom.
Maison sans désignation (i522). Le terrain de cette maison et de la précé-
dente, mesurant neuf toises par devant, huit par derrière et treize de profon-
deur, fut acheté par Etienne Rousseau, le 17 février (ou le i5 mars) i5io.
Maison sans désignation (i532), qui fut bâtie sur un lot de terre vendu, le
10 février i5io, au nommé J. Baudart. Elle était déjà divisée en deux à la fin
du xvi^ siècle, et le second des corps d'hôtel dont elle se composait a eu pour
enseigne la I}anni(re-de-France[i&i8-i']-](î). D'après les inventaires de l'Hôtel-Dieu,
3/1.
188 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
la maison de la Banniè-e-de-France fut donnée à cet établissement , le i 9 mai 1 535 ,
par Jean Baudart; elle avait alors pour enseigne la Prise Saint-Jean (sic).
Maison sans désignation en i529, puis de «la Petite Herpeu (1628) et des
Armes-de-Bourgogne (1687). Elle a été construite, avec la suivante, sur un ter-
rain d'environ neuf perches de superficie, acheté de l'abbaye, le 9 février i5i 0,
par Jean Signeau.
Jardin (i522), puis maison de l'Image-Notre-Dame (iBaS-iGaS) et de la Croix-
Verte (1687), faisant le coin méridional de la rue de Tournon.
CÔTÉ SEPTENTRIONAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Maison sans désignation (i52o), faisant le coin de la rue du Brave (de Seine)
et aboutissant rue des Quatre-Vents. A la place de cette maison il s'en trouvait
deux en 1570, et, en 1698, on en comptait trois sur la rue des Quatre-Vents
et quatre sur la rue du Petit-Lion. Parmi ces dernières, la deuxième avait pour
enseigne la Foi, et la troisième, l'Espérance. Nous n'avons pas retrouvé le premier
bail du terrain de ces maisons.
Maison sans désignation (iSaa), aboutissant rue des Quatre-Vents. En 16-28,
elle formait deux propriétés, dont la première avait pour enseigne la Vilk-de-
Clamarl, et occupait, à ce qu'il semble, l'emplacement du jardin de la maison
primitive, qui, vers i5/jo, appartenait au nommé trJean lllebec, paticier de
rrla Bazoche. T! Le terrain de cette maison fut baillé, en i5oi, à Jean Lefort. H
contenait environ un demi-quartier, et est dit situé rrsur le hault de la voirie;
retenant d'une part à la voie (rue des Quatre-Vents), d'aultre part aux terres;
ff aboutissant d'un bout à la voie du coing du clos de Navarre (vers le couchant)
ff et d'aultre bout à Jehan de Louvres. n II semble donc avoir formé alors l'extrémité
occidentale de l'îlot, qui aura été allongé plus lard.
Jardin (iSaa) qui aboutissait rue des Quatre-Vents, et sur l'emplacement du-
quel il y avait, à la fin du xvi" siècle, deux maisons avec un jeu de paume. Le
sol de ce jardin, renfermant un demi-quartier, fut baillé, le 96 août i5oi , à
Jean de Louvres, et vingt ans plus tard il était déjà divisé en deux parcelles,
appartenant à des propriétaires différents. Nous avons parlé, h l'article de la rue
de Coudé, des maisons élevées sur le quatrième lot de terrain, qui, avec les trois
précédemment mentionnés, a formé l'îlot compris entre les rues du Petit-Lion et
des Quatre-Vents.
QUAI MALAQUAIS ET EMPLACEMENT DU QUAI VOLTAIRE. 189
Il parait avoir existé, en 1608, dans la rue du Petit-Lion, une maison ayant
pour enseigne l' Enfant-Perdu.
QUAI MALAQUAIS
ET EMPLACEMENT DU QUAI VOLTAIRE.
Au lieu où est aujourd'hui le quai Malaquais, il existait «ung chemin de char-
ff royfl qui longeait la rivière, et auquel la fermeture répétée de la porte de Nesle
ne permit pas de prendre une grande importance avant la seconde moitié du
xvi'^ siècle; aussi n'en trouve-t-on des mentions qu'à une époque assez récente. Il
passait probablement sur le sommet d'une sorte de levée qui protégeait les terrains
voisins contre les inondations, et qu'un titre de lôig énonce crie dodasne (dos
(T d'âne) de la rivière de Seyne. a Ce dos d'âne, que les religieux de l'abbaye
louaient pour qu'on y fît sécher des toiles, ayant été exhaussé par des décharges
de décombres''*, finit par se transformer en un véritable quai, non revêtu de
maçonnerie, si ce n'est peut-être auprès des fossés de la ville. Là se trouvait, en
effet, un emplacement qu'on appelait trie Heurt du port aux Passeurs n (i53o),
et l'expression de heurt, encore usitée dans les campagnes, désigne un petit mur
de soutènement. Dès 1 5 1 0 , il est d'ailleurs plusieurs fois question du quai situé en
cet endroit; toutefois le nom de quai Malaquais, qui fut d'abord écrit Malacgtwst,
et dont nous ignorons l'étymologie exacte '^), ne semble pas avoir été anciennement
employé. Nous l'avons rencontré pour la première fois dans un document de 1 58 1 .
En i636, la voie du quai n'était encore entièrement pavée que sur une largeur
de trois toises, auprès des maisons, et jusqu'à la hauteur de l'hôtel de Brienne.
Au delà , le pavé ne se montrait que par intervalles.
Placé en face du Louvre, le quai Malaquais fut longtemps le seul point où
s'embarquaient les habitants du bourg Saint-Germain, quand ils voulaient se
rendre sur la rive droite sans remonter jusqu'aux ponts de la Cité. Avant la cons-
truction du pont Neuf, le service de passage, rendu facile par la création d'un
bac, devait y être fort actif, circonstance d'où provient le nom de port aux Pas-
'' En i554, le Parlement ordonna aux charre- peu délicat dans ses acquisitions; en effet, il n'y a
tiers de ne plus porter leurs gravois au Pré-aux- point d'apparence qu'un territoii'e ainsi appelé ait
Clercs, mais de les déposer le long de la rivière, jamais existé dans les environs de la porte de Nesle,
pour prévenir ses débordements. ù quelques pas seulement de l'enceinte de Philippe-
'' Le nom de Mal-acquesl (mauvais acquêt) Auguste. On écrit maintenant Ma/rt/jrurtw, ce qui est
est peut-être le surnom d'un individu malfamé, une orthographe abusive.
190 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
seurs, que nous venons de signaler. On disait également frle port de Nesien
(1691), ou le porl Saint-Germain (i5io), et nous voyons que des bateaux y
venaient décharger leur cargaison; mais, soit que le commerce s'y fût éteint, soit
qu'on n'y pût exercer librement tous les genres de trafic, le 1 1 avril i58o, les
vassaux de l'abbaye firent observer qu'ils étaient obligés de se battre au quai
de l'Ecole pour avoir du bois, et ils supplièrent le roi de permettre qu'on établît,
au bout de la rue de Seine, un port qu'on appellerait «le port du Roy de Po-
ff longue, fl Cette demande ne paraît point avoir eu plus de résultat qu'une requête
analogue présentée à Henri II en i55o, en même temps qu'on sollicitait de lui
une clôture pour les faubourgs.
Au droit de la rue de Seine existait, en t543 et depuis, un abreuvoir qui
datait sans doute d'une époque reculée, et, au devant du quai Malaquais, en 1 5oo
et i535, une partie de la rivière, affermée à des pêcheurs, était désignée par
l'appellation de tr la Tuillecte. n
Le port aux Passeurs et le quai Malaquais commençaient au fossé de la ville,
et, s'étendant peu vers l'occident, n'avaient, de ce côté, que des limites vagues.
En aval, antérieurement au règne de Louis XIII, le chemin du bord de l'eau
n'avait point de nom particulier, ou il prenait celui des territoires qu'il séparait
de la rivière, et que nous examinerons successivement. (Voir planche V.)
A
Entre Ilot DE LA BuTTE, coQipris entre le quai Malaquais, la rue de Seine, la Petite
d de Seine. fUG de Nesle, et la rue du Fossé ou Mazarine. Il eut pour origine le bail fait le
6 septembre i53o, à charge de bâtir, aux nommés Nicolas Ganivet, dit Grand-
val, charpentier de bateaux, et Jacques Audouart, de deux lots de terrain de dix
perches et demie chacun ''), usurpés sur la pièce de Gilles le Maître (voir Rue
Mazarine). Le lot de Jacques Audouart se composait de la moitié orientale de
l'îlot, et, en i532, avait été cédé à Ganivet, qui le confondit avec le sien. Le
tout passa ensuite à la veuve de Ganivet, qui épousa le tonnelier Guillaume Mer-
cureau. Leurs héritiers ayant, dans la seconde moitié du xvi" siècle, divisé la
propriété en parcelles, elle forma, sur le quai, les maisons suivantes :
Maison de l'Image-Notre-Dame (1579-1628), puis de la Groix-de-Lorraiine
(1660), faisant le coin de la rue Mazarine. Elle présentait trente-quatre toises de
superficie, lorsque, le 1 9 mars i663, elle fut acquise par les exécuteurs testa-
mentaires du cardinal Mazarin, qui démolirent tout l'îlot, pour élever, sur son
emplacement, les bâtiments du collège des Quatre-Nations. Gette maison, ou
l'une des suivantes, appartenait, vers 1690, à Georges Renier, rccappitaine du
ffbatteau du Roy, ti c'est-à-dire patron de la barque sur laquelle le roi passait la
rivière, lorsqu'il se rendait directement au faubourg Saint-Germain.
''' L'îlot ne contenait pourtant point vingt et le périmètre, car nous n'en avons jamais trouvé
une perches; nous n'en connaissons d'ailleurs que aucun plan détaillé.
QUAI MALAQUAIS ET EMPLACEMENT DL QUAI VOLTAIRE. 191
Maison sans désignation en i595,puis du iMortieb-d'Or (1628). Eiie tut
achetée le 3i mars i663, et contenait dix-sept toises de surface.
Maison sans désignation en 159.5, puis de l'Image-Saint-Amoine (1628) el
DU Petit-Louvre (1660). Achetée le 29 mars 1^63, elle était large de deux toises
et profonde de cinq.
Maison sans désignation (1595), faisant le coin orientai de la rue de Seine, et
acquise, pour être ahattue, le i5 octobre i663.
SÉJOUR DE Nesle. Dès le commencement du xi\* siècle, l'hôtel de Nesle Kmre
avait pour dépendances des jardins situés au delà de l'enceinte de la ville. Nous """eTàeV"
trouvons, en effet, dans une charte de i3i7, la mention d'une place qui s'éten- P«'''s-'^"ii«s'i"*
dait entre la chapelle Saint-Martin-des-Orges et les murs du jardin de Nesle :
platée site inter capellam Sancti Martini de Ordeis et muros jardini de ISigella. Clin-
quante ans plus tard, ces jardins étaient disparus, puisque, dans un titre de
i368, relatif à la même région, il est parlé de «la place où jadiz furent les jar-
(fdins de Nesies. n Le souvenir de ces jardins, dont les historiens n'ont point eu
connaissance, ne pouvait être effacé en i38o, quand le duc de Berry devint pos-
sesseur de l'hôtel de Nesle, et de là lui vint sans doute le projet d'en créer de
nouveaux, projet qu'il réalisa en faisant acheter, en son nom, le i3 janvier i385,
deux tuileries, l'une renfermant deux arpents et demi, et l'autre cinq. L'acqui-
sition n'eut point lieu d'ailleurs sans rencontrer, de la part des moines de 1 ab-
baye, une opposition à laquelle mit fin une transaction du 3 avril 1399, qui
leur valut la j)ropriété de l'hôtel de Navarre.
Sur les terrains vendus au duc de Berry en i385, il disposa des jardins, des
granges, ainsi que des écuries, et le tout prit le nom de Séjour de Nesle. Mons-
trelet raconte qu'en 161 1 les Parisiens, irrités contre le duc de Berry, allèrent
saccager son château de Bicélre et le Séjour de Nesle. rrEii après, dit-il, en faisant
T plusieurs autres maulx, vindrent encore abatre et destruire une autre maison
rrsur la rivière de Seine, où icellui duc tenoit ses chevaulx et n'estoit point loing
(rde l'ostel de Néelle, au dehors de la porte*'', n Les fragments de comptes que
nous publions aux appendices fournissent quelques détails sur les divers travaux
de réparation qui furent faits au Séjour de 1612 à 1616, et sur la dis])ositioii
intérieure des écuries. Le duc de Berr) étant mort en 1616, le Séjour revint à la
couronne, et Charles VII, en 16/16, le donna au duc de Bretagne en même temps
que l'hôtel de Nesle. 11 est très-douteux, toutefois, que le Séjour eût été complè-
tement relevé de ses ruines après i/iii. Quoi qu'il en soit, en 1669 il devait
être détruit, puisque les sept arpents qui le formaient sont alors indiqués comme
le lieu rtoù jadis soulloit estre le Séjour de Nesles,fl et appartenaient à Antoinette
Magnac, qu'une sentence du 26 mars contraignit à payer ses redevances.
' Chroit. l. II. |). ifj7 de Yéd. Douët d'Arcq.
192 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Suivant l'acte de vente de i385, les terrains du Séjour étaient limités par
le chemin formant aujourd'hui la rue Bonaparte, le Petit-Pré-aux-Clercs, le
chemin du bord de l'eau et les fossés de Nesle. Doit-on en induire qu'il atteignait
le bord même des fossés? Ce qui tendrait à le faire croire, c'est que l'îlot borné
par la rue de Seine, auquel, dans le xvi'' siècle, était demeurée l'appellation de
Séjour de Nesle, ne contenait guère que six arpens. Mais, d'un autre côté, il
est tout à fait invraisemblable que la rue de Seine coupât en deux le Séjour,
dont le principal corps d'hôtel, suivant un article des comptes de i4i6, paraît
avoir été large de quarante toises et profond de vingt-quatre. Cette superficie
se conçoit très-bien dans l'îlot situé à l'ouest de la rue de Seine, et n'a jamais
pu exister dans l'îlot situé sur le bord du fossé. Au reste, dans la cession que,
le 17 janvier 1A86, Jean Spifame, écuyer du roi, fit au tuilier Robin de Mont-
rouge de la ff masure et jardin appelle le Séjour de Nesles,T) et de huit arpents
attenants, il est dit que la totalité était bornée par la rue de Seine'".
La partie, en bordure sur le quai , de l'îlot compris entre les rues de Seine et
des Petits-Augustins, formant une pièce de deux arpents, fut vendue, le a sep-
tembre i5i9, par Antoine de la Vernade aux gouverneurs de l'Hôtel-Dieu. Elle
était toute en culture, lorsque ceux-ci la baillèrent à bâtir, l'an i538, ainsi que
l'exprime l'article suivant du censierde 1.567 • ff l^ouveaulx bastiemens sur Teaue
ffde la rivière de Seyne, des terres dudict Hoslel Dieu; par icelluy Hostel Dieu
te baillez à rente, l'année rail cinq cens trente huict. De Jehan Haultebesse, orfé-
ftvre, Pierre Reboures, la veufve et héritiers feu Jehan Sollayne, Jehan du Mas,
«m'' de la poste à Paris, comme ayant droict de Pierre Boutin et Jehan Loret, et
rrde maistre Antoine de Gouzolles, ou lieu dudict Boutin, pour six quartiers sept
r perches de terre, faisant ung arpent et demy sept perches ou environ en une
(T pièce assise audict lieu de Sainct Germain des Prés, le long de la rivière de Seyne.
cfEsquelz lieux chacun des propriétaires ont basty maisons manables; mesme-
cment ledict du Mas, une maison couverte d'ardoyse, faisant le coin de la rue
frde Seyne, tenant la totallité des six quartiers sept perches de terre, d une part
«et d'aultre à deux chemyns descendans de labbaye dud. Saint Germain des Prés
rfà ladicte rivière (rues de Seine et Bonaparte), d'aultre part à ladite rivière
t;de Seyne, et par hault audict Hostel Dieu. Lesquelz six arpens sept perches
crde terre, qui, par les commis de par la cour dn Parlement au régime et gou-
''' Une indication semblable esl fournie par le rrpart à lad. rivière, et d"aullre part aux terres de
texte de la sentence de liig, oîi on lit l'ënoncé irlad. église; aboutissant d'ung bout à ung grant
suivant : rf Place vuyde, masure et terres entrete- rr fossé par lequel se vuyde leaue des fossez de lad.
(tnans, contenant toulx ensemble deiLX arpens ou rréglise abbaye dud. Saint-Germain à Seine, et
Tenvyron, où jadis souloit estre le séjour de Nelles, ffd'aultre bout à ii)i(i' chemin par lequel on va de lad.
«sur la rivière de Seine; tenant touit au long d'une ^abbaye à icelle rivière, v
QUAI MALAQUAIS ET EMPLACEMENT DU QUAI VOLTAIRE. 193
trvernement du revenu et temporel dudict Hostel Dieu de Paris, furent baillez à
fftiltre de rente ausd. Bontin et Gelin, dès l'an mil cinq cens trente huit, le
(t vendredi dixiesme jour de janvier, ausdicts Boulin et Gelin doibvent de cens
"chacun an, ledict jour Sainct Remy, au pris de douze deniers par l'arpent,
(Txxn'' oh. p.''îfl
Les maisons de Du Mas et consorts sont mentionnées dans le censier de 1543,
mais sans aucun détail; celle de Pierre de Sollayne, probablement fds de Jean,
est dite, en i568, n'être que commencée et contenir un jeu de paume. A la fin
du XVI" siècle, toutes ces maisons étaient ainsi disposées :
Maison sans désignation (iSgS), appartenant à M. de Vinot [alias de Minon)
et contiguë à la maison de Du Mas faisant le coin occidental de la rue de Seine.
Maison sans désignation (tSgS), appartenant au contrôleur Du Mas, s'éten-
dant derrière la suivante et communiquant sans doute avec celle du coin de la
rue de Seine. Cette maison et la précédente furent démolies pour la construction
de l'hôtel de la Reine-Marguerite, et, après le morcellement de cet hôtel, elles
furent remplacées par deux propriétés : i° une maison double qui appartint, en
1628, à M. de Sève, sieur de Forêt, puis à M""* Dorât (1687), dont l'héri-
tier, Claude-Joseph Dorât, sieur de la Barre, s'en défit, le 2 5 avril 1 788, au profit
de Nicolas Talliot; 2° une maison qui appartint à M. de Garsaulan en 1628, puis
à Antoine Loisel, conseiller au Parlement, à sa fille Elisabeth, femme de Charles
de l'Aubépine, marquis de Châteauneuf, et, en 1702, à leur fils, le marquis de
l'Aupépine, seigneur de Varise.
Maison et jed de paume dit du Roi-Charles (iSgo).
Maison sans désignation (lôgS), faisant le coin oriental de la rue des Petits-
Augustins. Ainsi qu'on le constate parle procès-verbal de 1620, cette maison, ou
tout au moins le jeu de paume qui y était attenant, ne disparut point quand on
construisit l'hôtel de la Reine-Marguerite, mais y demeura à l'état d'enclave. Sur
ce même emplacement, en 1628, il y avait une maison aussi appartenant à
M. de Garsaulan, qu'on nomma ensuite l'hôtel d'Hollande (1G87).
La Charitk ou le SaNITAT. On appelait ainsi, au xvi* siècle, le terrain Enue
compris entre le quai, le Grand-Pré-aux-Clercs, le chemin de Saint-Père (la rue et
des Saints-Pères) et la Petite-Seine, ou, plus tard, le chemin de la Noue (rue •''=« ^»"''^'''"*«-
Bonaparte), à cause de certain hôpital que François I" voulut y créer, et pour la
fondation duquel il donna une somme de 1 0,000 livres tournois, par lettres pa-
tentes du 1 3 août 1 5 1 9 , où le but et la raison d'être de l'établissement sont in-
diqués en ces termes : rt Comme pour éviter à la contagion des malades de peste ,
frqui peut advenir quant les malades et actainctz de peste sont portez en l'Hostel
'"' Arch. nat. reg. A 4, » laS, fol. 190 v°.
III. 35
194 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
rDieu de iiostre bonne ville et cité de Paris, logez et couchez avec les autres ma-
fflades de diverses maladies, qui y affluent jounicllenient, nous ayans advisé
(flaire bastir et construire une granl closture de maison qui se nommera la Charité,
(rhors et audessoubz nostre dicte ville de Paris, et le plus près d'icelle que faire
(Tse pourra, et sur la rivière de Seine. En laquelle seront portez et logez doresna-
(Tvant lesdicts pestillencieux, quant le cas y adviendra. Pour laquelle Charité en-
rr commencer, etc. '" n
Le même jour, i3 août iBig, d'autres lettes patentes chargèrent les gouver-
neurs de l'Hôlel-Dieu de diriger les travaux, de les payer et de faire les acquisitions
de terrains nécessaires. Ils achetèrent en conséquence, le 2 septembre suivant, de
M'' Antoine de la Vernade et au prix de 160 livres tournois, deux pièces de terre
longeant le quai : l'une contenant deux arpents et située entre la rue de Seine et
le canal de la Petite-Seine; l'autre contenant cinq arpents, située au delà du canal.
Le 19 septembre, ils achetèrent une troisième pièce de terre, voisine des fossés de
la ville (voir Rue Mazarine); mais ils n'en avaient pas grand besoin, car la pièce
de cinq arpents acquise d Antoine de la Vernade offrit assez de surface pour y bâtir
l'hôpital, après toutefois qu'on l'eut augmentée d'un champ appartenant au curé
de Saint-Sulpice. L'emplacement présentait une superficie totale de cinq arpents
et demi, dix-neuf perches et deux tiers de perche. D'après le registre des comptes
que nous avons retrouvé'^', les travaux furent commencés dès le 3 septembre 1 5 1 9 ;
un autre document nous apprend que, le 1 1, on mesura un fossé de 29 perches
de longueur, lequel avait été creusé dans le lit de la rivière et devait servir de limite
à l'édifice.
En fondant, sur le fief de l'abbaye, le nouvel hôpital de la Charité, dit plus
souvent du Sanitat, on ne satisfit point les moines de Saint-Germain; ils firent une
opposition assez vive à cet établissement. «Plus de deniy an, est-il dit dans le
ff Journal d'un bourgeois de Paris, y eut grande contrariété par l'abbé de ladicte
ft abbaye. . . et les religieux. . . pour empescher ledict édifice '^In Nous lisons
aussi, dans les comptes, qu'il y eut à ce sujet contestation judiciaire, et qu'au
mois de septembre i520 une enquête fut ordonnée à propos des menées des
moines, qui avaient fait combler les tranchées et jeter à la rivière des pierres
ainsi que du merrain pris sur les chantiers de l'Hôtel-Dieu. Ils espéraient ainsi
prévenir l'exécution du projet qu'ils estimaient contraire à leurs intérêts, mais
dont ils avaient pourtant admis la réalisation, puisque, le samedi 2 juin 1620,
l'abbé Briçonnet avait, en pei'sonne, posé la première pierre des constructions W.
Quoiqu'il en soit, les taquineries des moines demeurèrent impuissantes; on
''' Ai'ch. de l'Hôtel-Dieu , layelte 7/1. ■'' Journal, etc., piiblid par M. Lalaniie. p. 84.
'°' Dans les arcliives de l'Hôtel-Dieu, où il ne '*' Ibid. Il y a peut-être quelque confusion dans
porte aucune cote particulière. les dates.
QUAI MALAQUAIS ET EMPLACEMENT DU QUAI VOLTAIRE. 195
poursuivit l'œuvre entreprise, et, si elle fut interrompue bientôt après, le manque
•l'argent seul en fut la cause. En effet, lorsque les 10,000 livres accordées par
le roi eurent été épuisées, l'impossibilité de se procurer des ressources de quel-
que importance amena presque inmiédiatement la cessation des travaux. D'après
le compte fini le i5 octobre iSao et rendu le 12 novembre 1698, on n'avait
fait qu'une dépense totale de 1 o-Sia** 3' 6"^ ob. pite, plus 3Zi5" 1 9/ 6^ ob. pite. En
1527, on, avait définitivement renoncé à continuer les travaux. Aussi, le i3 dé-
cembre, François I", après avoir reconnu qu'il était dans l'impossibilité de les
reprendre et fait remarquer que le voisinage de la Charité aurait eu de graves
inconvénients pour sa santé pendant son séjour au Louvre, appi-ouva la vente de
/i5/j*^ 19' tournois de matériaux, à laquelle avaient eu recours les gouverneurs de
l'Hôtel-Dieu, les autorisa à se débarrasser du surplus et leur octroya la propriété
des terrains dépendant de l'hôpital.
Les terrains sur lesquels avait été commencé le Sanitat, qui en conservèrent
assez longtemps le nom et qu'on appelait encore tria Prés (prairie) l'Hostel Dieuii
en i6i3, furent ensuite aliénés en deux parcelles (''. L'une, contenant cinq ar-
pents, fut baillée, le aS avril 1 564, à Henry Guyot et Christophe Aubry ; l'autre,
renfermant un arpent et attenante à la rue des Saint-Pères, fut baillée, le i3 dé-
cembre 1 5^2 , au tailleur François Lebouc, à charge de bâtir fr maison maiiable'-*. t»
Cependant nous n'avons jamais rencontré aucune mention bien précise de maison
en ce lieu avant le xvu" siècle, à l'exception du manoir de Jean Bouyn, qui occu-
pait l'emplacement du canal de la Petite-Seine, fiiisait le coin occidental de la rue
des Petits-Augustins (voir à l'article de cette rue), et était séparé des terres du
Sanitat par le fossé de l'hôpital dont nous venons de parler. Ce manoir fut absorbé
dans la cour de l'hôtel de la Reine-Marguerite, dont la largeur était de trente-huit
toises sur trois pieds, le long de la rue des Petits-Augustins, et de quarante-six
toises le long de la rue des Saint-Pères, à compter du mur de clôture vers la
rivière. On ne modifia point l'alignement de ce mur lorsque, après la vente de
riiôtel , on construisit les maisons du quai'".
' Dans l'ouvrage de Sauvai (l. III, p. 28), où
la fondation du Sanitat est faussement rapportée à
1 556, on lit qu'en i58i le Parlement accorda
i.âoo livres pour raccroissement de cet hôpital;
mais celte assertion résulte dune méprise évidente.
''' L'inventaire de l'abbaye mentionne le bail
fait, le 9.0 août iB'io, à François Ollivicr, André
Guillarl et Pierre Perdrier, d'un terrain à bâtir, de
six arpents et un demi- quartier, lequel terrain était
situé entre le Pré-aux-Clercs et la Seine; mais on
ne voit pas quelles ont été les conséquences de cet
accensetnent.
'*' Bien que l'histoire de ces maisons ne rentre
point dans notre cadre, nous croyons devoir en
donner ici l'indication :
Maison faisant le coin occidental de la rue Bo-
naparte et remplaçant celle tie Jean Bouyn. Elle
appartint, en iO-j8, à M" Jean et Jacques do
Hillerin, et fut donnée, le 5 mai i56o, par ce
dernier à son petit-neveu, M. d'Hillerin, ou du
Bucq, seigneur de IJoitissandeau , dont l'héritier
la vendit, le ao avril 1720, à la princesse de
Contv. Une note, ajoutée au censier de 17'30, dit
que la maison ci-devant nommée l'Iiâtel de Tran-
sylvanie avait été achetée, par la duchesse de
Gramniont, de Marie Pétard de Guiry, veuve de
25.
196 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
La SaumONIÈRE. L'ilot dit le Saiiitat constituait le commencement d'un grand
territoire que les titres appellent a la SaulmonièrcTi ou et la Saulmonerie. -n Ce
territoire était limité vers le nord par la rivière, vers l'orient par le chemin de
la Noue, vers le midi par le Grand-Pré-aux-Clercs, ainsi que par le chemin
formant aujourd'liui l'extrémité de la rue de l'Université, et, vers le couchant, il
aboutissait à l'île Maquerelle, qui n'en faisait point partie, quoique, dans l'ar-
pentage de 1699, elle soit dite rassise en ce lieu de la Saulmonerie. n Les ar-
chives de l'abbaye n'apprennent point d'où provenait le nom donné au canton de
la Saumonière, dont la plus ancienne mention ne remonte qu'à 1^80; mais il
semble naturel de croire qu'il y avait eu là une pêcherie ou un réservoir pour
les gros poissons. Nous voyons même que, dans un titre de 1^97, il est question
d'une ff portion d'eaue appellée la place de la Saulmonière, à la prendre depuys le
rr commencement de la porte des vignes Jehan Legendre jusques aux haultes mottes
a de la Molange. T) Cette place attenait à la rive droite de la Seine, à la hauteur
des Tuileries, ainsi qu'une autre (peut-être la même) qui fut baillée, le jour de
Pâques 1 680 , «pour en icelle place faire attrait à poisson et y pescher à la verge, -n
Celle-ci est énoncée ff place appellée les Molles de la Saulmonière, contenant six
rr perches de long sur une perche de lé, à bort et à autre, assise en la rivière de
Nicolas de Fontaine. Elle s'appelait l'hôtel de
Laulrec, en 1775.
GRiNDE MAISON, possédée en 1628 par Henry-
Auguste de Loménie, sieur de la Ville-aux-Clercs ,
et dite l'hôtei, de Brienne, vers i65o. Elle fut en-
suite la propriété de Marie Martinozzi, princesse de
Gonty, qui l'échangea contre l'hôtel de Guénégaud
le 3o avril 1670; puis elle appartint au due de
Gréquy, gouverneur de Paris (1687), au duc de
la Tréniouille, gendre du précédent, et au duc de
Lauzun, qui l'acquit d'Edouard de la Tour d'Au-
vergne le 3 juillet 1719. La duchesse de Lauzun,
le 19 octobre 1783, la céda à Louise-Adélaïde de
Bourbon -Gonty, nommée M"° de la Roche-sur-
Yon, après la mort de laquelle on loua l'hôtel
pour y placer les écuries de la dauphine. Le duc de
Mazarin en était propriétaire en 1775.
Maison sans désignation, qui n'était point en-
core bâtie en 1628, et qui , en 1 687, dépendait de
la suivante, avec laquelle elle a été confondue depuis.
HÔTEL DE BGUILLOiN. L'emplacement était
encore vide en 1628. Sauvai (t. 11, p. 386), de
Lamarre (t. I", p. 83) et Félibien (t. Il, p. i396)
disent que Louis XllI permit à un nommé Marsilly
de bâtir des maisons symétriques sur le quai, à
certaines conditions, ce qui fut exécuté en 1619,
époque oii l'on vendit le palais de la Reine-Margue-
rite. Pas plus que Jaillot nous n'avons la preuve
du fait; mais, le Domaine ayant manifesté des pré-
tentions sur les terrains de l'hôtel de la reine, il
ne serait pas impossible qu'une transaction pareille
à celle que mentionne de Lamarre eût été conclue
à la date indiquée. Du reste il est sur que, si cette
transaction a réellement eu lieu, elle n'a produit
aucun résultat. Mais l'hôtel existait déjà vers i6.5o.
Il avait été bâti par Macé de la Basinière, qui le
vendit au duc de Bouillon.
Maison- qui appartint en 1687 à M"' de Bri-
çonnet. Elle avait été bâtie, ainsi que la suivante,
postérieurement à 1628.
HÔTEL DE FALCONI (1 65a) et DE MORSTIN ,
faisant le coin oriental de la rue des Saint-Pères.
Cette importante propriété fut cédée, le 17 juin
1680, avec une autre maison située derrière dans
la rue des Saint-Pères , par Marie de Falconi , femme
de Louis, comte d'Amanzé, à M. de Montbriseul.
En 1687, l'hôtel appartenait à .lean-Audré, comte
de Morstin, trésorier de Pologne, et passa ensuite
aux filles de ce seigneur, desquelles il fut acquis,
le 99 mars 1710, par le marquis de Bassenage,
qui s'en défit, le 97 juillet 1 79 '1 , au profit de Joa-
chim Descazeaux.
OUAI MALAQUAIS ET EMPLACEMENT DU QUAI VOLTAIRE. 197
aSeyne, au dessoubs et près des tuiHeries qui sont hors Paris, oultre la porte
rc Saint- Honoré, sur la dicte rivière, a 11 est constant, au surplus, qu'on péchait
anciennement dans la Seine, aux environs de Paris, des saunions, ou, du moins,
des poissons qu'on désignait ainsi; car, dans les lettres du prévôt de Saint-Gerniain-
des-Prés, datées de i433, il est rappelé que, d'après des ordonnances anté-
rieures, les pêcheurs de la ville ne devaient trpescher en ladite rivière aucuns
rtsaulmons, daulphins, ne autres poissons royaulx, sans les apporter en ladite église
cde Saint Germain, a et qu'ils étaient tenus de donner aux moines le tiers de ces
poissons, s'ils ne préféraient en payer la valeur, le tout à peine de soixante sous
parisis d'amende ''>.
La plus grande partie du territoire de la Saumonière fut acquise par la reine
Marguerite et transformée en un parc dépendant de son hôtel. Ce parc se trouvait
borné parla rue des Saint-Pères, le Pré-aux-Clercs, le chemin du bord de l'eau,
et aussi, de ce dernier côté, par la tuilerie aux Flamands et le lieu dit la Grenouil-
lère, dont nous parlerons plus loin. On n'a presque aucun renseignement sur sa
disposition intérieure, et vraisemblablement il ne fut planté et orné que d'une
manière très-imparfaite. Nous lisons dans l'adjudication de 1622 : rcDans lequel
frparc y a une longue allée qui va de bout à autre, oià, des deux costez, fors et
ff excepté au droict de ladicte thuillerie et jardin en dépendant, va une palissade
rr plantée d'ormes et autres arbres, et, du costé de lad. Grenouillère, au parc,
(r plusieurs petilz ormes et autres sortes de bois; au bout d'icelluy, du costé du
f chemin, plusieurs allées communes et quelque peu de murailles, à l'entour du
(rparc, fors et excepté à l'endroict de ladicte thuillerie et jardin que y a fossé, n
Un fossé existait aussi entre le parc et le Pré-aux-Clercs, et près de ce fossé,
à la hauteur de la rue du Bac, était aie bout de la seconde allée et estoille
rr plantée en icelluy parcn On voit par le procès-verbal de vente dressé en 1620,
dont nous donnons le texte, que la grande allée avait quatre cent vingt-cinq toises
de longueur; elle s'étendait donc jusque vers le milieu de l'espace compris entre
les rues Bellechasse et de Bourgogne, et n'atteignait point la Noue du Pré-aux-
Clercs. D'après un arpentage du 18 janvier 1622, le parc contenait quarante-
neuf arpents trois quartiers et demi, soit quarante-quatre mille huit cent quatre-
vingt-sept toises. Le procès-verbal de 1620, sans doute moins exact, n'indique
qu'un chiffre total de trente-cinq mille deux cent quatre-vingt-huit toises, déduc-
tion faite, il est vrai, des terres de la Grenouillère, qui en contenaient deux
mille cent douze, et d'une pièce de deux mille quatre cents. Dans le même
procès-verbal, les experts proposèrent d'ouvrir trois rues en travers du parc et
une autre dans le sens de sa longueur. La rue longitudinale projetée, c'est la rue
"' Cart. (le Sainl-Germain-des-Prés. Bibl. de l'Arsenal, niss. H F 3a6, fol. aG-2 v".
198 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
de Lille, avant la Révolution dite de Bourbon, en l'honneur du cardinal de
Bourbon, abbé de Saint-Germain; elle correspond sans doute à la grande allée
de quatre cent vingt-cinq toises. De la teneur de certains titres il résulte que
l'alignement en était déjà arrêté en 1628; mais, en 1 63 1, on ne l'énonçait en-
core que la rr rue qui se doibt faire dans ledict Pré aux Clercs*'', n et nous ne
l'avons pas vue indiquée par le nom de rue de Bourbon avant i638.
ÉcgrcHERIE-SablgiVINIÈRE. Au delà de la rue des Saint-Pères, il y avait
deux arpents qui appartenaient à l'abbaye, et dont un quartier servait d'abattoir
pour les chevaux, de i5io à i5io. En effet, dans le bail du 25 avril de cette
dernière année, fait à François Olivier et consorts, d'une pièce de six arpents et
demi-quartier centre le Pré aux Clercs et la rivière de Seyne, ou lieu dict l'Es-
tt corcherie et Sablonnière, n tenant d'une part à ladite Ecorcherie , d'autre à Pierre
Marcel, trd'un bout sur le rivaige de lad. rivière de Seyne, t» et d'autre bout
aux hoirs de Pernet Lescuyer, il est spécifié que, «à l'endroict de laquelle pièce
rr s'est faict par cy-devant et faict encores de présent la voirie des chevaulx t^'. v
ff L'Escorcherie aux chevaux, 11 du censier de i365, diffère notablement, comme
nous le dirons ailleurs, de celle qui donna son nom au territoire, appelé aussi et
à peu près simultanément la Sablonnière. Toutefois tria Sablonnière,T) ou ft terres
ffdu Gros Sablomi (iS^g), étaient plus loin vers l'ouest, et paraissent s'être éten-
dues jusque dans le voisinage de l'extrémité du Pré-aux-Clercs, puisqu'un arpent
situé près de ce pré est dit, en i5io, aboutir d'un bout sur la Sablonnière, et
de l'autre sur rtla Nouen du Pré. En outre, un arpent, à la Saumonière, est
énoncé, en ibiy, aboutir rtd'un bout sur l'Ozeraye, et d'autre bout aux terres
frèsquelles on prent le gros sablon;Ti or l'Oseraie et la Saumonière ne se rap-
prochaient qu'au delà du Grand-Pré-aux-Clercs. Le censier de i5io indique
quatre tuileries établies au Gros-Sablon; mais il n'est plus question d'aucune cons-
truction de ce genre en i593, ni depuis jusqu'au conmiencement du xvn*" siècle,
époque où l'on en rétablit une de quelque importance.
Le terrain de l'encoignure occidentale du quai et de la rue des Saint-Pères
était encore en culture au moment où il fut enclavé dans le parc de la Reine-
Marguerite. Après le morcellement de cet hôtel, on fit là un lot d'environ un ar-
pent dix-sept perches, lot que l'abbé de Saint-Germain bailla, le i5 mars 161 3,
à Sasbout de Varie, propriétaire de la tuilerie voisine, et qui est représenté au-
''' Arch. nal., fonds des Théaliiis, cart. S 4356. autre noie fait savoir qu'à l'ëpoque de la Révolu-
'*' Ibid. cart. S 2836. Une note ancienne, tion on appliqua le titre aux propriétaires des
écrite au revers de la pièce, apprend que le terrain maisons du quai, entre les mes de Seine et des
fut abandonné par le preneur à cause des inonda- Petits-Augustins; mais eu fut indubitablement le
(ions et des défenses, faites par le roi , de bâtir aux résultat d'une orrem-, et nous en donnerions toutes
faubourgs; puis, que la pièce fut ensuite baillée les preuves si le fait devait donner lieu à une dis-
par le cardinal de Tournon à Jean Moireau. Une cussion.
QUAI MALAQUAIS ET EMPLACEMENT DU QUAI VOLTAIRE. 199
jourd'hui par la partie orientale de l'ilot compris entre la rue de Bourbon et le
quai Voltaire. Vers 1628, le même emplacement était divisé en trois propriétés :
la première, celle du coin, consistait en une maison avec jardin, de quatorze
toises deux pieds de largeur, laquelle s'appelait rhôtelde Tessé, au siècle dernier;
la deuxième propriété était large de dix toises deux pieds. Avec la troisième, qui
avait une largeur de cinq loises quatre pieds, elle formait une grande maison
qui appartenait à Louis Le Barbier, et qui, après avoir été possédée par le prési-
dent Perrot, est devenue l'hôtel de LabrifFe. Immédiatement après se trouvait :
La Tuilerie aux Flamands. C'était d'abord un clos avec masure contenant
cent cinquante et une perches, que, le i5 septembre 1 595,ElégantineduCoudray,
héritière de son père Fiérabras du Coudray, vendit à Hiérôme Franco, peintre,
et que celui-ci, le 3i décembre iSgg, céda à Sasbout de Varie, gentilhomme
flamand. De Varie, dans les premiers mois de l'année suivante, s'étant fait
donner des alignements par le bailli de Saint-Germain, bâtit là une maison et
une tuilerie qui devint connue sous le nom de Tuilerie aux Flamands ou Tuilerie
flamande. Klle est figurée, sur un ancien plan, comme présentant une largeur de
einquante-six toises sur le quai, et une profondeur déterminée par une ligne
parallèle à la rue de Bourbon, à cinq toises trois pieds de cette rue, du côté de
la rivière; mais il semble qu'elle avait alors été agrandie, vers le couchant, d'une
zone d'environ sept toises et demie de largeur, provenant d'un lot de trente-trois
toises de façade sur le quai. Ce lot avait été assigné au nommé Briois, dans le
partage que firent entre eux les acquéreurs du pare de la Reine-Marguerite, et il
n'avait plus que vingt-six toises trois pieds de largeur, à l'époque où le plan dont
nous parlons fut exécuté''*. La moitié, par indivis, de la Tuilerie flamande et
d'une brasserie qu'on y avait établie, fut aliénée par de Varie, le 2 1 février i6i3,
au profit de Pierre de Vliet. Ce dernier étant mort en i636, le 28 février i635
ses enfants firent procéder au partage de la tuilerie entre eux et de Varie, qui en
garda la partie orientale, laquelle fut confisquée le 25 juin i638, puis rendue
aux enfants du sieur de Varie en 1666, à la suite d'événements inutiles à rap-
porter.
Sur l'emplacement de la Tuilerie aux Flamands on construisit plus tard les
hôtels de Choiseul et de Baufremont, ainsi que l'église des Théatins. Ce dernier
édifice fut élevé sur un terrain large de vingt-deux toises trois pieds neuf pouces
et d'une superficie de six cent cinquante et une toises trois quarts, acquis, le
'.». juin ifiGi , de la veuve de Jérôme Tixier, fille de Pierre de Vliet '^l Le reste
(lu couvent des Théatins couviit le lot de Briois, lequel se terminait à environ
dix toises avant la rue de Beaune et échut par déshérence au roi, qui en fit don
"' H existe une copie de ce plan, faite en t663, SaSôy, aux Arch. nal. — <'' Arch. nat., fonds des
dans le carton de Saint-Germain-des-Prés, cotd Théatins, cart. S 4356.
•200 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
à la ducliesse de Guise. Le quai Voltaire, auparavant quai des Théatins, n'était
indiqué par aucun nom particulier avant que ces religieux y vinssent demeurer;
ou, du moins, on le confondait avec le quai Malaquais et celui de la Grenouillère.
(Voir, pour la suite des quais, Terres en culture, i" triage, s' volume de la région).
G'est probablement dans le canton de la Saumonière qu'était placé ce marché
aux chevaux, voisin du Pré-aux-Clers, qui remplaça celui du Pré-Crotté. On lit
dans un arrêt de i5i8 : aLesdicts religieux (de l'abbaye) ont baillé, près les-
ft dicts prez des escholiers , un certain lieu auquel la foire Saint Germain est , oij
trl'on vend les chevaux que l'on vouloit vendre en un autre lieu, près de la foire,
tr lequel autre lieu ils ont baillé pour bastir. . . Et, sous ombre que le lieu nou-
er veau qu'ils ont baillé, auquel de présent l'on vend lesdicts clievaux, est près
crlesdicts Prez aux Clercs, les maquignons et autres vont pour mener leurs che-
ff vaux dedans iceux prez , les gastant et corrompant, n
RUE DES MARAIS
(OU VISCONTI).
La rue des Marais, qui porte depuis peu le nom de l'architecte Visconti, com-
mence à la rue de Seine et finit à celle des Petits-Augustins (Bonaparte).
Elle fut ouverte, pour la plus grande partie, sur le Petit-Pré-aux-Clercs,
lorsque Pierre Le Clerc bailla à divers particuliers le terrain de ce pré, divisé en
parcelles. Or, les premiers baux ayant été passés à la fin de i563, il est invrai-
semblable que la rue ait existé avant cette époque. Toutefois, dans un acte du
h octobre i 563, le plus ancien où nous en ayons rencontré une mention, elle est
indiquée par la formule assez étrange de «une rue que ledict bailleur (P. Le
ff Clerc) a laissée dudicl Petit Pré aux Clercs, pour continuer depuis la nie des
r Maratz jusques a une grant rue tendant du coing des fossés de l'Abbaye^ (la rue
des Pelils-Augustins). On doit en conclure que l'extrémité orientale de la rue des
Marais, connue sous ce vocable et d'ailleurs ne relevant point du fief de l'Univer-
sité, était déjà livrée à la circulation depuis quelque temps.
Dans un acte de i5ûZi, la voie est énoncée «rue laissée. . . dudict Petit Pré,
«pour aller à la rivière de Seyne,Ti et, dans un autre de i5i6, r ruelle appellée
tria rue des Maraiz. •« Jaillot assure que, les environs étant couverts de ces jardins
potagers dits marais, on en donna le nom à la rue; mais il se trompe, car le Petil-
Pré-aux-Clercs était en friche et même impropre à la culture. Effectivement, en
iSSg, P. Le Clerc fit observer qu'il trne sçauroit. . . aulcunement bastir sur
RUE DES MARAIS, OU VISCONTI. 201
frladicte pièce de terre, appellée le Petit Pré aux Clercs, sans premièrement avoir
ff faict haulser l'aire d'icelle, parce qu'elle estoit plus basse que les aultres terres;
irau moyen de quoy, elle estoit inondée bien souvent. Et encores à présent,
trajoute-t-il, les eaues qui y sont entrées par l'hiver ne sont retirées, n Celte cir-
constance a conduit Du Boulay à affirmer que le nom de la rue des Marais pro-
vient certainement des marécages du Petit-Pré '').
Sans rejeter absolument cette hypothèse, nous la regardons comme très-dou-
teuse, et cela pour plusieurs raisons. On peut objecter, d'abord, que des flaques
d'eau disséminées sur un espace de deux à trois arpents, et n'ayant qu'une durée
accidentelle, constituent des bourbiers, mais non pas des marais; on peut ajouter
ensuite qu'il n'est question nulle part de marais au Petit-Pré, ou dans les ter-
rains environnants, lesquels n'étaient guère moins exposés aux inondations que le
Petit-Pré lui-même; enfin il est un fait qui suggère, touchant l'appellation de la
rue, une explication au moins aussi spécieuse que celle de Du Boulay. Le voici :
En 1629, on certain c Nicolas Maretz (alias Marays), pouHalier, ti possédait une
pièce de terre '^' s'étendant entre le pré et la rivière, et, vers lôiy, le même
individu avait, rue de Seine, une maison attenante presque à la rue des Marais.
11 se pourrait donc que cette rue fdit redevable de son nom à l'un des anciens
j)ro|)riétaires du voisinage, ce qui ferait immédiatement comprendre pourquoi ce
nom est écrit en un seul mot ((rDesmaretzTi) dans le censier de 15/17 ^^ autres
documents contemporains '''. n
La rue des Marais comptait beaucoup de huguenots parmi ses habitants, et
d'Aubigiié rapporte qu'on l'appelait à cause de cela trie Petit Genève '*l»
'•' Hùl. Universit. p. 68.
'*' Il s'y trouvait, en i532, ndeiix petits ca-
ir veaux façon de voûte.»
''' M. Ed. Fournier, dans les notes qu'il a ajou-
tas à sa réimpression du mémoire de Pourchot,
dit (p. ia.5) que La Tynna attribue le nom de la
rue (taux marais qui rinfectaieut,-! et il déclare
(|ue cette hypothèse est meilleure que la nôtre,
parce ([uelle se trouve corroborée par l'opinion de
Du Boulay. Nous ferons remarquer que nous n'af-
lii'mons rien à ce sujet, que nous nous bornons à
|)résenter des objections et h indiquer des appa-
rences , après avoir mis sous les yeux du lecteur le
seul document dont se soit appuyé Du Boulay.
Aussi bien M. Fournier se mé])rend en donnant
la supposition de Du Boulay comme reproduite par
La Tynna, attendu que ce compilateur, dénué au
surplus de toute autorité, ne détermine aucune-
ment la nature des marais dont U parle, et qu'il a
simplement, suivant son habitude, résumé l'ar-
ticle de Jaillot.
'•' irLa rue des Maraiz, que nous autres appe-
lions le Petit Genève." (Les avenlures du baron de
Fœneste, p. 161, édit. Mérimée.) La même quali-
fication avait été appliquée par les protestants à
l'ensemble du faubourg- Saint-Germain, où ils trou-
vaient sans doute plus de liberté pour l'exercice de
leur culte : tron l'estimoit une petite Genève, comme
ffils en parloyent enlr'eux , 1 est-il dit dans VHisloirc
de l'Estat de France, publiée en iSyô.
96
202 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
CÔTÉ MÉRIDIONAL.
PAROISSE SAINT-SULPIGE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE SAINT-GERMAIN.
Maison sans désignation (16^7), contiguë à la maison faisant le coin méri-
dional de la rue de Seine. Elle appartenait, vers i55o, aux héritiers de Pliilippot
Bouchier, maître brodem% ainsi que plusieurs autres propriétaires du quartier.
Deux maisons sans désignation, qui, en 1567, appartenaient au maître brodeur
Honoré Georges.
Deux maisons sans désignation, qui, en 15/17, appartenaient au mercier Gérard
Davisson. Elles lui avaient été vendues, la première, qui était large de trois
toises et profonde de douze, par Gilles de Laval; la seconde, qui avait cinq toises
de largeur sur vingt-«ix de profondeur, par Jean Champont. La moitié de la pro-
fondeur de cette dernière maison a été supprimée depuis.
Maison sans désignation, qui est mentionnée en 15/17, ^^ paraît n'avoir point
encore été bâtie en i5/i3. Elle était partiellement en la censive de ILlniveisité,
et, de même que la suivante, elle a subi un retranchement dans sa partie posté-
rieure. Peut-être était-elle d'abord beaucoup plus étroite.
CENSIVE DE L'UNIVERSITÉ.
PETIT-PRÉ-ADX-CLERCS.
Maison sans désignation en 15/17, puis ^^ ^'^ Corne-de-Cerf (1687).
Maison sans désignation (1595), bâtie sur une partie du terrain retenu par
Pierre Le Clerc en i552. Au xvii'^ siècle, divisée en deux, elle était distincte de
la maison à laquelle elle aboutissait et avec laquelle elle est actuellement con-
fondue. Elle fut donnée, le 16 février i636, par D'="'^ Françoise Bouille, veuve
de François Fontaine, aux dames de la Visitation de la rue Saint-Antoine.
Partie postérieure d'une maison de la rue du Colombier. Elle en était séparée
vers le milieu du xvii* siècle, et s'appelait au xviii'' l'Iiôlel de Rannes, ayant été
acquise, en 1718 et 171/1, par Louis d'Argouges, marquis de Rannes, maréchal
de camp.
Partie postérieure de la maison de Christophe Lemercier, ayant sa principale
façade rue du Colombier.
Partie postérieure de la maison de Baptiste du Cerceau, faisant le coin de la
rue des Petils-Augustins.
RUE DES MARAIS, OU VISCONTI. 203
CÔTÉ SEPTENTRIONAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE DE L'ABBAYE SAINT-GERMAIN.
CENSIVE DE L'UNIVERSITÉ.
Grande maison sans désignation, faisant le coin septentrional de la rue des
Petits-Augustins et s'étendant en la rue des Marais, sur une longueur d'environ
cinquante-trois toises. Elle occupait l'emplacement de deux pièces de terre, l'une
contenant trente-neuf toises, qui fut baillée, le 9 octobre i5i3, à Nicolas de la
Marre, et l'autre, qui l'avait été cinq jours auparavant, à Martin Frété, greffier
criminel au Parlement; celle-ci faisait le coin. Pourchot dit que la maison élevée
sur ce terrain fut bcUie par Thomas de Burgensis, acquéreur des deux parcelles;
mais il est à croire que Frété avait déjà construit sur son terrain , car Régnier
de la Planche ''* raconte qu'en 1 669 cet individu, exerçant avec beaucoup de zèle
le métier de délateur, fit un jour cacher chez lui une cinquantaine de sergents
destinés à assaillir certaine maison huguenote du voisinajre '-'. D'un autre côté,
le censier de 1 567-68 indique qu'il y avait un commencement de maison dans
le jardin de Nicolas de la Marre. Suivant Pourchot, la maison de Burgensis avait
deux corps de logis en ailes, avec cour au milieu et jardin derrière. Jeanne, fille
de Burgensis, en ayant hérité, la donna, le 5 septembre 1676,3 Hiérôme de Ber-
zeau, sieur de la Marcillière, qui la vendit, le 9 juillet i583, à Jean Robineau,
sieur de Croissy-sur-Seine; puis celui-ci la céda, le 11 janvier 1602, à Claude
Lebrct, et c'est de ce dernier que, le 28 mars 1607, elle fut achetée par Nicolas
Le Vauqnelin, seigneur des Yveteaux et de Sacy, conseiller d'Etat. Cependant des
Yveteaux dit lui-même'*' qu'il avait acheté la maison 17,000 livres huit ans avant
la mort de son père, c'est-à-dire en 1599.
Quoi qu'il en soit. Des Yveteaux, par le luxe qu'il déploya dans sa demeure,
la rendit fort célèbre, à ce point que le cardinal de Richelieu manifesta la pensée
de l'acquérir. Il en dépendait un vaste et très-beau jardin, situé de l'autre côté
''1 Hùlotre de l'Eslal de France sous le Chambre des comptes. Nous savons que l'habitation
règne de François II , t. I, p. 78; passage cite par de ce dernier aboutissait au Petit-Pré-aux-Ciercs
M. Ed. Fonrnior dans les notes ajoutées au mé- et faisait front sur la rue de Seine, ou sur la rue
moire de Pourchot. de l'Ecliaudé.
<*' Cétait celle du nommé I.e Visconte, dont les ''' Factum analysé par M. J. Pichon, dans ses
titres ne nous ont fourni aucune indication. Mais Notices biographiques et litléraires sur la vie et les
peut-être y a-t-il lii une erreur, et s'agit-il de la ouvrages de Jean Vuuqueliude la Fresnaye et Mcolas
maison de Philippe Le Comte, procureur ii la Vauquelin des Yveteaux , i846,]). /io.
36.
204
TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
de la rue des Petils-Augustins. On y accédait par une galerie souterraine, ijui
fut bouchée en i658 W.
-XXX-
i:XiJJ-XXXJZL-
Coupe lonoritudinalt-
Coupe, trouisvcrsalt
iiii.iiiil
r^
H 10 M .
La maison de Des Yveteaux fut donnée par lui à son neveu î^icolas Le Vau-
quelin, le 18 octobre i64i, et celui-ci l'abandonna par échange, le 3o décembre
i658, à Jacques Lemaçon, seigneur de la Fontaine, par lequel elle fut morcelée
en trois parties, dont on a fait depuis sept propriétés dill'érentes.
CENSIVE DE L'ABBAYE SAINT-GERMAIN.
Deux maisons sans désignation (iBgS); en 1 5^7, le terrain était occupé par des
jardins.
Maison sans désignation (15/17). Cette maison et les deux précédentes furent
achetées, en 1660, ifi/ia et iG/i4, par le duc de Liancourt, qui les annexa à
son hôtel. Toutefois, en 1687, deux maisons seulement de la rue des Marais sont
déclarées dépendre de l'hôtel de la Rochefoucauld, soit parce que la troisième
''' Cette galerie, dont nous donnons le plan et coupée, en 187/1, pourle passage d'unégout,elre-
la coupe d'après les relevés de M. Th. Vacquer, a été connue par le Service historique de la Ville. — 1.. m. t.
RUE SAINTE-MARGUERITE, OU GOZLIN. 205
fut aliénée, soit parce qu elle fui confondue avec une autre. Vers la même époque,
la maison servant d'issue à l'Iiôtel de la Rochefoucauld était déjà séparée de la
suivante par une allée conduisant en la maison du Point-du-Jour, rue de Seine.
Maison sans désignation. C'était peut-être la troisième de celles qu'acheta le
duc de Liancourt; ce qu'il y a de certain c'est qu'elle était comprise dans la sui-
vante avant le xvn* siècle.
Maison sans désignation, que paraît avoir habitée , vers i bk'j, un artiste Hlustre,
le peintre Jean Cousin. Voici, en effet, comment est conçu l'article du censier de
1 567-1 5/i8 qui s'y rapporte : trDe maistre Jehan Cousin , painctre, pour sa maison
(T et jardin, assise en ladicte rue Desmaretz, contenant. . . tenant d'une part à
f Loys Vachot, et d'aultre part à ladicte rue Desmaretz. n Cet article est d'ailleurs
confirmé par celui du censier de iSgô, où on lit : crDe Claude Alexandre et sa
tf femme, ayant les droiclz des héritiers, hoirs ou ayant cause de feu maistre
<T Jehan Cousin, pour une maison et appartenances assise en ladicte rue Desma-
ffretz; tenant d'une part aux hoirs feu M. le président de la Porte, d'aultre part
(ta une maison faisant le coing de ladicte rue Desmaretz, et d'autre bout par der-
crière à. . . qui doibt de cens, chacun an, ledict jour Saint Réiny, un' ii"" p.'''^
RLE SAINTE-MARGUERITE
(OU GOZLIIN).
La rue Sainte-Marguerite, aujourd'hui dénommée rue Gozlin, commence au
lieu où se réunissent les rues de Bussy, des Boucheries, de l'Ecole-de-Médeciiie
et du Four. A son extrémité occidentale, qui touchait à l'ancienne rue de l'Egout,
elle a été raccourcie, d'abord par le prolongement de la rue Bonaparte, puis par
l'ouverture de la rue de Rennes.
Nous reclineions, à l'article de la rue Taranne, l'erreur dans laquelle sont
tombés Sauvai et Jaillot, en identifiant la rue aMadame de Valences avec la rue
Sainte-Marguerite; mais, à propos de cette dernière voie, des méprises bien plus
importantes ont été commises et doivent être relevées. En effet, suivant Jaillot et
tous les écrivains postérieurs, la rue Sainte-Marguerite ne daterait que de i()3G,
et occuperait l'emplacement même du fossé de l'abbaye, creusé en i368. Or
ces deux affirmations sont erronées; car, si le comblement du fossé, en i636, a
permis de bâtir des maisons sur le côté septentrional de la rue, il n'en est pas
moins vrai que la voie existait antérieurement, bordée de constructions du côté
'' Arch. nat., reg. L[> iiaS, fol. .329 v°, et reg. S 3o58, fol. 12 4 v°. — La superficie de la maison est
restée en blanc dans le censier de 1.167.
■20Û TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
méridional seulement, et cela dès l'origine des fossés, absolument comme les
rues de l'Écliaudé et du Colombier, dont la situation était analogue. Il y a plus :
nous sommes sûr que la rue dont il s'agit, placée sous le vocable de Sainte-Mar-
guerite à partir de 1625, n'a subi alors aucun changement dans sa direction. 11
en existe deux preuves certaines : d'une part, les maisons bâties sur le côté sep-
tentrional et profondes de dix toises, ainsi que les maisons correspondantes de la
rue du Colombier, ont pareillement leurs façades élevées sur le mur de la con-
trescarpe, laquelle était parallèle à l'enceinte de l'abbaye; d'autre part, en 16/10
encore, lorsqu'on donnait les alignements d'une maison faisant le coin de la rue
des Ciseaux, on déclarait s'en tenir aux a anciens vestiges. •« Cette dernière cir-
constance explique l'irrégularité d'alignement de ce côté de la rue, qu'on n'a
jamais cherché à redresser avant notre époque.
Depuis l'établissement des fossés, la rue Sainte-Marguerite a été énoncée dans
les titres rr chemin qui est sur les fossezn (1898), cruelle desFossez-D (i/i53),
ff chemin des Fossezn (i53o) et rue des Fossés-de-F Abbaye (1628); mais bien
plus souvent on ne la désignait que par la formule ttsur les fossés, ii Avant
l'établissement des fossés, la rue Sainte-Marguerite proprement dite n'existait pas;
mais il y avait là une voie, un peu plus distante de la rue du Four, longeant les
murs de l'abbaye, et reliant, sans décrochement, la rue des Boucheries à la rue
Taranne. L'ancien carrefour Saint-Benoît et l'ancienne place Sainte-Marguerite
provenaient de cette voie primitive, qu'on n'a point encore signalée, et dont on
a peine à découvrir quelques mentions dans les archives de Saint-Gern)ain-des-
Prés.
Un manoir qui y était situé et qui fut vendu, le jour de l'Ascension i336, par
Jean-Robert de Verdelles au chevalier Henri de Courpalay, est simplement dé-
claré ff devant les murs de l'Abbaye; n mais un document de i4oG, dans lequel
on lit ff maison. . . rue du Four. . . aboutissant aux terres des fossés où souloyt
ff avoir une ruelle appellée rue Neufve,n nous apprend que tel était le nom porté
alors par la rue dont nous parlons. Elle est également appelée ffrue Neuves
dans le censier de i355, antérieur de treize ans au creusement des fossés. On
la voit dénommée, en outre, arue du Perron, -o dans le rôle de la taille de 1292,
où il est impossible de douter de son identité, et ffrue delez les murs de l'Abaïe,-;
dans le rôle de la taille de 1 996.
Le perron auquel il est fait allusion dans le rôle de 1292 était peut-être
l'entrée de l'abbaye, voisine de la place Sainte-Marguerite. 11 est question de la
maison du Perron en 1270, ainsi qu'en i355, et, d'après une charte de 1272,
une maison placée auprès formait l'encoignure : domus juxla Penonem, quefactt
cuneum. Quant à la place Sainte-Marguerite, elle était appelée jadis, non point
place, mais ff chemin par où l'on va au pont de l'Abbaye a (1898); s chemin du
RUE SAINTE-MARGUERITE, OU GOZLIN. 207
(f pont de l'Abbayen (iSgS); aruo devant l'entrée de l'Abbayen (i 67/1); «rue du
(rpont de l'Abbaye T^ (iBaS), et «• chemin par lequel l'on va à l'Abbaye t) (i53o).
Les maisons des environs ont souvent été dites aussi cf devant le Pilory,'» à
cause du pilori qui fut érigé au carrefour et que représente le plan de i5û8. Il
consistait en une lanterne, coiffée d'un toit conique et exhaussée sur un soubas-
sement. Comme sa situation le rendait gênant, afin de le reculer on le démolit
peu après i636, et ([uelques années plus tard on renonça à le rebâtir. Il avait
été érigé en vertu de l'autorisation que Philippe le Hardi accorda aux moines de
l'abbaye, au mois d'août 1276, d'avoir des piloris et des fourches patibulaires
dans les fiefs oii ils posséderaient le droit de haute justice. Il est parlé, dans une
sentence de i653, des masures situées devant le pilori, et de celles de Bello Visu,
assises au dit lieu.
En i568, à l'entrée de la rue Sainte-Marguerite étaient placées des barrières
situées à quarante-huit toises de la rue des Ciseaux.
CÔTIÎ MÉRIDIONAL.
PAROISSE SAINT-SIILPICE.
JUSTICE
ET CE\S1VE DE L'ABBAYE.
Partie postérieure de la maison du Chapeal-Rouge, faisant le coin de la rue du Emreiesrues
r, , . • • 1 . ^ 1 IL '^^^ Boucliei'ies
rour et ayant sa principale entrée dans cette rue. et des ciseaux.
Partie postérieure de la maison de la Forêt-en-Casin, située rue du Four.
Grange et jardin (iSg^) aboutissant à la maison du Coq-en-Casin, et, plus
lard, partie postérieure de la maison de la Pomme-d'Orange (1628). Une des
maisons bAties sur cet emplacement avait pour enseigne la Bastille en 1698.
Maison sans désignation (iBgS).
Malson sans désignation en iSgS, puis de l'Étoile (i633), faisant le coin
oriental de la rue des Ciseaux. En i633, elle renfermait cinq jeux de boules, et
fut rebâtie en 16A0. Cette maison et toutes les précédentes faisaient ancienne-
ment partie de la grande maison de Casin.
Jardin déi)eiidant de la maison des Ciseaux (1 653) et faisait le coin occidental Kutie
1 ^ ' les Mies (les (..iseaux
(le la rue de ce nom. En ib^b, il était réuni au suivant, et. au commencement ctderKi;our.
(lu XVII* siècle, il fut remplacé par une maison à laquelle pendait pour ('iis(Mgn("
l'Itïuige-Sainte-Mai-guerite.
Jardin (i653-i53i) contigu à la maison faisant le coin oriental de la rue do
208 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
i'Égout. Sur l'emplacement de ce jardin et du précédent étaient déjà Lâties, en
1628, quatre maisons, dont la deuxième a été ensuite divisée en trois; la dernière
a eu pour enseigne le Nom-de-Jésus (1628).
CÔTÉ SEPTENTRIONAL.
Les maisons du côté septentrional de la rue Sainte-Marguerite ont été cons-
truites sur l'emplacement du fossé de l'abbaye. La propriété de ce fossé fut cédée,
le 1" juillet i635,parles moines de Saint-Germain à leur abbé. Le 1 '''■ septembre
suivant, celui-ci vendit le terrain à Christophe Gamard, maître juré du roi en
l'office de maçonnerie'*', à charge d'y bâtir des maisons qui commenceraient à six
toises du pont de pierre jeté sur l'égout passant au carrefour Saint-Benoît, et
seraient séparées de celles auxquelles elles devaient faire face par un espace de
quatre toises. (Voir Rue de I'Égout.) Parmi les autres conditions stipulées dans la
transaction du 1" juillet et également imposées à Gamard, fut comprise l'obliga-
tion de transporter en face de la rue des Ciseaux l'entrée de l'abbaye, alors voi-
sine du Pilori : on ne voulait plus que cette entrée touchât à la geôle.
RUE MAZARINE
ET PETITE RUE DE NESLE.
La rue Mazarine commence au carrefour de Bussy et finit maintenant à la rue
de Seine, en faisant un coude; elle débouchait sur le quai Malaquais avant la
construction du collège des Quatre-Nations.
L'îlot compris entre la rue Mazarine et la rue de Seine était encore tout en
culture vers iSag '■^', et se composait alors de deux pièces de terre. La première,
celle du midi, en bordure sur la rue de Bussy, contenait deux arpents el demi
et fut baillée à bâtir à plusieurs individus, dès i53o. Au mois de mai de celte
année, Thomas Blanche, Jean Gandin, Denis Du Pont et Geoffroy Gnibaut en
''' Il avait été ffcommiss de Claude Vellefaux,
et, dès le mois de mai 1627, il lui avait succédé
dans sa charge de voyer de l'abbaye. C'est Gamard
qui donna le premier plan de la reconstruction de
Saint-Sulpice.
'' En i38.5, François Salle, conseiller du roi,
prit à bail de l'abbaye, pour y établir une tuilerie,
un arpent de terrain situé près des fossés de la
ville, tenant, d'une part, trà la terre de Monsieur
(tde Barry.» Cette tuilerie, qu'on avait laissée à
l'état de masure dès i3()6, était probablement si-
tuée dans l'ilot formé par les rues de Seine et Ma-
zarine, ainsi que trois arpenis de vigne que Ma-
lotio, chambellan de Philippe -Auguste, vendit à
l'abbaye, l'an iQoo. Ces trois arpents «ivaient ap-
partenu aux Juifs et étaient situés devant la porte
Saint-Germain (de Bussy), près d'un lieu dit le
Petit-Pré (parvum pratum).
RUE MAZARINE ET PETITE RUE DE NESLE. 209
prirent chacun un quartier, et Philippe Lenoir, ainsi que Nicole Prévôt, chacun
un demi-quartier. La première pièce appartenait à l'aumônier de Sainl-Germain-
des-Prés, et ne fut séparée de la seconde qu'en i5io. Cette dernière s'étendait
jusqu'au bord de l'eau, et contenait cinq arpents un quartier et vingt perches; elle
fut accensée, le 3 niai i5io, à l'enlumineur Jean Pichore, duquel elle fut ac-
quise, le 19 septembre iBig, par les gouverneurs de l'Hôtel-Dieu, à l'occasion
de la fondation de l'hôpital voisin, dit le Sanitat.
L'abbaye, ne trouvant point son compte à ce que le terrain de Pichore passât
à un établissement de mainmorte, se pourvut devant le Parlement à l'effet de
contraindre les Frères de l'Hôtel-Dieu à exhiber leurs titres de possession, à payer
les droits de lods et ventes et à vider leurs mains de leur nouvelle propriété. Un
arrêt rendu le 28 septembre i53o et confirmé par un autre du 20 août i53i
obligea les Frères de l'Hôtel-Dieu à aliéner, dans les trois mois, la pièce qu'ils
tenaient de Pichore; ils la cédèrent à Gilles Lemaître, avocat du roi, et plus
tard premier président du Parlement.
Quelques années après, Gilles Lemaître intenta, à son tour, un procès aux
moines de Saint-Germain. Il leur reprochait d'avoir élargi à ses dépens les deux
voies qui limitaient son lot, et même d'en avoir vendu une partie à leur profit.
L'accusation était fondée, car l'abbaye, par transaction du 26 septembre i538,
accorda comme indemnité à Lemaître un terrain de i5o perches carrées, atte-
nant au Petit-Pré-aux-Clercs. C'est sans doute à la suite de cet accord que Le-
maître commença à morceler ses cinq arpents et à en céder les lots à des par-
ticuliers, qui y bâtirent rapidement. En iB^a, l'îlot entier était couvert de
constructions.
La rue Mazarine doit son nom au collège Mazarin, autrement des Quatre-Na-
tions (aujourd'hui palais de l'Institut), fondé vers i665, et elle a été dite alors
rue Mazarini (1687). Elle s'appelait auparavant r«e duFossé (1617), ou des Fossés
de la Porte de Nesle, «rrue d'entre les portes de Bussy et de Neslen (1628), ou
simplement rue de Nesle, parce qu'elle longeait le fossé de la ville entre les deux
portes, comme faisait anciennement le chemin qu'elle a remplacé et qu'on ne
désignait que par la formule générique de chemin sur les fossés. Au \\f siècle, la
rue Mazarine était fréquemment dénommée la rue des Buttes (15/47), à cause de
buttes qui servaient au tir des archers, et semblent avoir été placées sur le bord
même du fossé, attendu ([u'on lit dans des titres de i53i et i554 : «maison. . .
(f près les buttes où tirent les archers. . . aboutissant d'un bout sur la rue de Seine,
(ret d'autre sur les fessez de la vdle, le chemin et les buttes entre deux;Ti
rr maison... sur les fossez, devant la butte des archers. :i Ces buttes provenaient,
suivant Jaillot, des décombres amoncelés de tuileries voisines. Il en est question
déjà en 1023, et même encore en i58o; mais nous ne savons quand elles furent
III. a?
210 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
rasées. Nous remarquons seulement que, en iSgB, les maisons formant l'îlot
compris entre la petite rue de Nesle et le bord de l'eau sont déclarées se trouver
ffsur la butte, 11 et, en 1629, ainsi qu'en i663, crsur la butte du port Malaquesl. d
L'îlot même est appelé cria Buten sur un plan de la fin du xvu" siècle.
Avant la construction du collège des Quatre-Nations, la rue Mazarine débou-
chait directement sur le quai, en un lieu oij il y avait un abreuvoir. Le coude
qu'elle présente aujourd'hui el qui la met en communication avec la rue de Seine
tient lieu d'une petite rue englobée dans les bâtiments du collège. Celle-ci n'est
mentionnée ni dans l'arpentage de iSag , ni dans les documents relatifs à la pièce
de l'Hôtel-Dieu , toujours décrite comme aboutissant sur le quai; mais elle est,
au contraire, indiquée, et d'une manière incontestable, dans le censier de i53i-
i532, même dès i53o. Il est donc manifeste qu'elle a été ouverte en même
temps qu'on baillait à bâtir les terrains bordant la rue de Bussy et qu'on alignait
les rues voisines, c'est-à-dire en l'année i53o, oij nous constatons d'ailleurs que
fut accensé le terrain de l'îlot de la Butte, terrain que Gilles Lemaître soutenait
avoir été une portion du sienW. Jaillot rapporte que, dans une déclaration de
i54o, la petite rue dont nous parlons est appelée rwe Traversine ^^\ Nous l'avons
vue énoncée rr chemin du port de la Tour de Nesle, n en i53o et 1067, dési-
gnation quia été aussi appliquée à la rue Mazarine (iBia); puis rr Petite rue de
tr Nesle, fl de iSgS à i663; «Petite rue qui aboutit à la rue de Seyne d'un bout,
fret de l'autre sur la porte de Nesle apelée la rue de Nesle, ii en 1606; ff Petite
rrue de Seine, •« en 1617, et (peut-être par erreur) a rue des Portes, -^ en 1600
et 1629.
En 1 636, la rue Mazarine n'était encore pavée que sur une largeur de huit à
neuf pieds, le long des maisons.
''' On ne s'explique pas quelle était l'utilité de
cette rue, si celle des fossés aboutissait alors sur le
quai, et il en était certainement ainsi à la fin du
siècle. Peut-être y a-t-il lieu d'en conclure que la
Butte interceptait la voie et qu'on eut alors l'idée
de briser, à son extrémité, la ligne droite de la rue
nouvelle, pour lui créer une issue. A l'appui de l'hy-
pothèse que nous hasardons, nous constatons que
la maison faisant le coin nord-ouest de la petite rue
est dite, dans le censier de 1095, contiguë vers
l'orient à la Butte, détail évidemment copié sur un
document ancien.
'■' Il ajoute que la maison dont il s'agit dans la
déclaration relevait de la censive du président Le-
maître. La censive de cette région appartenait à
l'abbaye Saint-Germain , et , si le Domaine l'a reven-
diquée, le président Lemaître n'y a jamais rien
prétendu.
RUE MAZARINE ET PETITE RUE DE NESLE. 211
CÔTÉ OCCIDENTAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Maison sans désignation (iS/iy), faisant le coin de la rue de Bussy. Elle était
complètement ruinée en iBgS, et, en 1628, elle avait été rebâtie de manière à
former cinq maisons distinctes : une sur la rue de Bussy, laquelle a eu pour en-
seigne le Porl-de-Salut (1 G28-1 696); celle du coin, qui a eu pour enseigne l'Image-
Sainte-Geneviève (1687); puis, sur la rue Mazariue, cinq autres, dont la troisième
a eu pour enseigne l'ImageSainle-Cadieiine (1 6-j8-i 687) , et la dernière, les Trois-
Escabeh, puis la Trinilé (1687-1729).
Maison sans désignation en 15/17, ^^ *'^'"** aboutissant rue de Seine, puis de la
Roze-Blanciie en 1.695. En 1628, elle avait été morcelée en deux parties, dont
la première a été connue sous le nom de Jeu de paume du Roi-Charles (1628-17 * *^)-
Partie postérieure de la maison de Claude Vellefaux, ayant sa principale entrée
rue de Seine. En 1687, c'était déjà une maison distincte, et elle avait pour en-
seigne la Ville-de-Francfort.
Maison où pendait pour enseigne, en i536 et 16/19, ^^ ^^^ '^^ paulme de Fort-
AprAiRE, et qui a eu après celle de l'Image-Saint-Louis (1628-1687). Elle aboutis-
sait à la rue de Seine, et semble avoir été élargie un peu de ce côté. Le terrain de
cette maison appartenait au libraire Tiiomas Blanche dès i53i, et c'est lui qui
y fit construire le jeu de paume.
Maison sans désignation en 16/17, ^^^^ ensuite de l'Ange (?) (1668), puis le Jeu
DE PALME DES DeIX-AnGES (1696), OU DE LA PlACE-RoYALE (l 628-I 7.3/1). L'euipla-
cement sur lequel on éleva cette maison, et qui présentait une superficie de vingt-
cinq perches, fut vendu, le 16 mai i63i, par Jean Gauldrier à Pierre Roffet,
libraire, qui y fit bâtir. La maison aboutissait primitivement rue de Seine.
Maison contenant, dès 16/17, un jeu de paume, dit, en 1628, le Jeu de paume
DE Saint-Nicolas. A cette dernière date, la maison était divisée en deux. Elle avait
appartenu au boulanger Nicolas Testu, et de là sans doute le choix de l'enseigne
primitive, qui paraît avoir été remplacée dans la suite par celle du Roi-d' Angle-
terre (169/1).
Les maisons venant après le jeu de paume de Saint-Nicolas sont celles qui furent
élevées sur le terrain de Gilles Lemaître.
Maison sans désignation en 16/17, P"'^ ^^ ^'^ Corne-de-Cerf (1696). Renfer-
mant une superficie d'environ quatre-vingt-quinze toises et demie, elle appar-
37.
212 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
tenait, en i55/i, à iMarie Prévôt, et, en 1606, à un nommé Barthélémy Prieur.
C'est probablement le même individu que le sculpteur de Henri IV.
Maison sans désignation en iB/iy, puis du Coedr-Choissaist (1698). En 1698,
elle était séparée de la précédente par une allée conduisant à la maison de la rue
de Seine, à laquelle elles aboutissaient toutes deux.
La maison du Cœur-Croissant et les maisons suivantes, jusqu'à celle de l'Aven-
ture, furent ruinées durant les guerres de la Ligue et rebâties après la red-
dition de Paris.
Maison sans désignation (1567).
Maison du Cheval-Noir (?) (iSgS), qui, en 1628, était divisée en deux et
dépendait de la maison située derrière, en la rue de Seine.
Pai'tie postérieure d'une maison de la rue de Seine, divisée en deux à la fin du
xvii^ siècle.
Partie postérieure d'une maison de la rue de Seine, oii se trouve actuellement
le passage du Pont-Neuf.
Maison sans désignation en i5g5, puis Jeu de paume de la Bouteille (1608-
1670) et fcHosTEL DES Comédiens du Roy.t) Les comédiens de la troupe de Molière
y jouèrent de 1678 à 1688, dans une salle d'opéra que le marquis de Sourdéac
avait fait construire par Quichard, intendant des bâtiments du duc d'Orléans, et
dont naguère on voyait encore quelques restes. L'ouverture de cette salle eut lieu
le 19 mars 1671.
Maison sans désignation (1628), qui, au xvi- siècle, faisait sans doute partie
de celle à laquelle elle aboutit depuis.
Partie postérieure d'une grande maison de la rue de Seine; en 1628, il y pen-
dait pour enseigne T Image-Saint- Louis. En 1687, elle formait deux corps d'hôtel
ayant pour enseignes, l'un le Lion-d'Or, l'autre h Croix-Blanche. Entre ces deux
corps d'hôtel était pratiquée une allée conduisant au jeu de paume du Soleil-d'Or,
en bordure sur la rue de Seine.
Maison et jeu de paume de l'Aventure (lôoS-iGgG). En 1687, elle avait une
issue sur la rue de Seine, et quatre petites maisons y étaient adossées.
Maison sans désignation en 1695, puis de l'Uitre (1628), ou Huistre à l Es-
caille (1716), et du CiiÂteau-de-Saint-Germain (1722).
Maison de la Corne-de-Daim (lôgS), d'abord aboutissant rue de Seine.
Partie postérieure d'une maison de la rue de Seine.
Maison sans désignation en lôgS, et appartenant alors à l'un des architectes du
Louvre sous Henri IV, et Loys Fournier, inaistre juré maçon, au lieu de Jehan
ff Fournier. 11 Jean Fournier était orfèvre, ainsi que nous l'avons vu dans un titre,
et c'était évidemment le très-proche parent de ce Guillaume Fournier, charpen-
tier, que le compte de 15/17 mentionne comme possédant un terrain de deux cent
cinquante-huit toises situé entre les rues de Seine et Mazarine, Quant au terrain,
RUE MAZARINE ET PETITE RUE DE NESLE. 213
nous le croyons représenté par la maison de Louis Fournier, par les deux maisons
venant ensuite et par les trois maisons correspondantes faisant front sur la rue de
Seine.
Maison sans désignation en lôgS, puis des Trois-Empereurs (i6??).
Maison de l'Image-Notre-Dame (iSgB).
Maison sans désignation en i SgB , et alors aboutissant rue de Seine ; ce fut plus
tard la partie postérieure de la maison de la Marguerite, sise en cette rue.
Maison sans désignation en iBgS, puis de la Ville-de-Lïon (1628) et de la
Reine-de-Suède (1687). Elle semble avoir dépendu de la suivante dans la seconde
moitié du xvir siècle, et se confondre avec celle qui, mesurant dix toises de pro-
fondeur sur environ trois toises et demie de largeur, fut vendue, le 1 1 mai iBiy,
par Philippe de Trépigny à Jean Charton. Elle renfermait alors un jeu de paume.
Partie postérieure du jeu de paume de Métayer, ayant sa principale façade sur
la rue de Seine.
Partie postérieure de la maison du Cercle-d'Or.
Partie postérieure d'une maison de la lue de Seine. En 1628, il y pendait pour
enseigne la Fleur-de-Lys.
Petite maison de l'Image-Saint-Julien (1617), confondue plus tard avec la sui-
vante.
Maison sans désignation en i5g5, puis du Petit-Saint-Jean (161 3), faisant le
coin méridional de la Petite rue de Nesle. Au milieu du xvir siècle, elle était
divisée en six corps d'hôtel, dont trois sur la rue de Nesle, deux sur la rue Maza-
rine et un à l'encoignure des deux rues. Elle fut achetée, le 2 mars i663, par
les exécuteurs testamentaires du cardinal Mazarin, et démolie pour le déplace-
ment de la rue de Nesle. Elle avait probablement été agrandie aux dépens de la
maison du coin de la rue de Seine.
CÔTÉ ORIENTAL.
PAROISSE SAIM-SULPICE.
CENSIVE CONTESTÉE.
Par un arrêt du Conseil du 19 juin 1619, et afin de subvenir aux frais delà
reconstruction du palais de la Cité, récemment incendié, le roi ordonna de bailler
à bâtir les terrains du fossé de l'enceinte, entre les portes de Bussy et de Nesle,
oii,8ur une longueur de cent quatre-vingts toises, on avait intention de construire
soixante maisons, larges chacune de trois toises et profondes de douze. Mais le
duc de Nevers, les religieux de l'abbaye de Saint-Germain et les échevins de la
ville, qui, à divers titres, possédaient des droits sur ces terrains, firent une telle
214 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
opposition à l'arrêt, qu'il ne reçut point son exécution'''. C'est plus de quarante
ans après que furent construites les maisons du côté oriental de la rue Mazarine,
à l'exception toutefois des quatre premières, à partir de la rue Dauphine. Celles-ci,
qui s'étendaient sur une longueur d'environ dix-huit toises et demie, à compter
du coin, existaient dès 1628, et la quatrième avait alors pour enseigne l'Orme-
d'Or. La place sur laquelle la seconde fut bâtie avait été achetée le 90 novembre
1618, Le duc de Nevers avait pris à bail d'abord, le 9 juin i58o, une partie
du fossé contenant un arpent, puis la totalité le 1 1 avril i586.
CÔTÉ MÉRIDIONAL.
PAROISSE SAINT-SULPIGE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Le côté méridional de la rue de Nesle était formé par les deux maisons faisant
les coins des rues de Seine et du Fossé, ou Mazarine. (Voir à l'article de ces rues.)
CÔTÉ SEPTENTRIONAL.
PAROISSE SAINT-SULPIGE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Maison sans désignation (1670), faisant le coin de la rue du Fossé. En 1670,
elle appartenait à Antoine Briant, qui était «capitaine du bateau du Roi;n le fils
de ce personnage la revendit, le 18 décembre 1601, à Dimanche Joulin. Ce n'était
plus alors qu'une place, avec masure, dévastée durant la guerre, et mesurant
quatre toises et demie de largeur sur quinze pieds de profondeur. Elle était large
de cinq toises et profonde de dix-neuf pieds, lorsque, le 2 mars i663, elle fut
vendue aux exécuteurs testamentaires du cardinal Mazarin, qui la démolirent,
ainsi que les suivantes, pour élever à leur place les bâtiments du collège des
Quatre-Nations.
Deux MAISONS sans désignation en lôgS, dont l'une, en i663, avait pour en-
seigne la BoTTE-DE-LoRRAiNE. Ccs maisons et la précédente avaient fait partie de
la prise de Jacques Audouart. (Voir Quai Malaquais.)
'"' Par convention du 2G août 16^7 et moyen- donna à la Ville tous ses droits sur le fossé allant
nantune somme de 3o,aoo livres, l'abbaye aban- de la porte de Nesle à la porte Saint-Michel.
RUE DE MEZIERES. 215
Petite maison sans désignation en i SgS , puis de l'Imagk-de-Sainte-Anne ( i 663) ,
continue à celle du coin de la rue de Seine. A l'époque de la démolition, elle avait
une superficie de douze toises et demie.
RUE DE MEZIERES.
La rue de Mézières commence à la rue du Pot-de-Fer (Bonaparte) et finit à
la rue Cassette.
Jaillot, qui a- relevé plusieurs erreurs de Sauvai, en a commis une relativement
à cette rue, et c'est Sauvai qui a raison contre lui. En effet, ce dernier écrivain
ayant avancé que la rue de Mézières s'est appelée c autrement Petite rue Cassette, ti
Jaillot prétend que Sauvai s'est mépris, et affirme que la seule t Petite rue Cas-
ff setter qui ait existé était la rue Beurrière. Or l'erreur est manifeste, attendu
que, dans le censier de 1628, la rue de Mézières est énoncée : «Petite rue Cas-
er sette, dicte du Jeu de paulme de Messieurs, ■» et, dans le cueilleret de iSgB, cr rue
rrdu Commissaire Jauneau, dit Petit Cassel.n Les diverses désignations que nous
venons de citer s'expliquent par l'établissement, dans la rue, d'un jeu de paume
qui appartint aux religieux de Saint-Germain-des-Prés; par le désir de la dis-
tinguer de la Grande-rue-Cassette, où elle aboutissait, et par les acquisitions de
terrains environnants, dont nous avons déjà parlé, et qu'effectua le commissaire
Jaulneau'"'. Quant à l'appellation moderne, motivée par l'hôtel de Mézières, nous
ne l'avons rencontrée et elle n'a prévalu que postérieurement à l'année 161 a.
C'est alors que l'hôtel, cessant d'être une maison particulière pour devenir un
établissement religieux, dut perdre son ancien nom et commença d'en prendre
un autre.
CÔTÉ MÉRIDIONAL.
PAROISSE SAIINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
HÔTEL DE MÉZIÈRES, faisant le coin de la lue du Pot-de-Fer, d'une part,
tenant, de l'autre, à une maison faisant le coin de la rue Cassette, et aboutissant
rue Honoré-Chevalier, suivant le censier de lôgS. 11 appartint successivement à
''' Voir h l'article de la rue Honoré-Chevalier, p. i85.
216 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
«Monsieur le Prince Daulphin,'n c'est-à-dire à Louis de Bourbon II, duc de Mont-
pensier, dauphin d'Auvergne, qui mourut en 1682; puisa «Monsieur et Madame
(tde Mézières,fl c'est-à-dire à François de Bourbon, duc de Montpensier, aussi
dauphin d'Auvergne, qui mourut en 1692, et fut marquis de Mczières, du chef
de sa femme Renée d'Anjou, et il était, en 1 SgS, à leurs ayants cause. Les archives
de l'abbaye ne fournissent aucun autre détail sur l'hôtel de Mézières, qui, acheté
de Claude Genoux, le 3 avril 1610, au prix de 2/1,000 livres, par Marguerite
Lhuillier, fut donné par elle, le même jour, aux Jésuites, afin qu'ils en fissent
un maison de noviciat pour leur ordre '^l
CÔTÉ SEPTENTRIONAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Entre Decx MAISONS sans désignatiou (iBgB), dont la première était contiguë à la
les rues Cassette . -il n
et du Gindrc. uiaisou laisant ie com de la rue Cassette.
Maison sans désignation en i583, puis ayant eu l'enseigne «de l'Arboristeti
(iBgB), parce qu'elle appartint à René Bassert, herboriste. Ce personnage pos-
sédait aussi, sur la rue Cassette, une autre maison qui aboutissait à celle-ci, mais
que nous n'avons pu identifier avec certitude. La maison de l'Herboriste était
attenante à celle qui faisait le coin occidental de la rue du Oindre, et elle y a été
réunie dans la suite.
Entre La rue de Mézières était bordée, entre les rues du Oindre et du Pot-de-Fer,
les rues du Gindre . -. . .
et du Pot-de-Fei par dcs fflaisons ayant leur entrée dans ces dernières voies.
on Bonaparte.
RUE DES SAINTS-PERES.
La rue des Saints-Pères commence au quai Malaquais et finit à la rue de Gre-
nelle.
Cette rue doit être celle qui, dans le rôle de la taille de 1292, est appelée
ff rue Neuve Saint Père; •« d'oii il semblerait résulter qu'elle était peu ancienne alors.
''' Lesloiie raconte que , dès le mois de septembre don d'une importante propriété, c'est peut-être seu-
1609, ie père Cotlon avait oljtenu l'hôtel de Mé- lementla permission de posséder l'hôtel que ie roi
zières de la libéralité du roi; mais, au lieu de faire accorda en cette circonstance.
RLE DES SAINTS-PÈRES. 217
Elle parait avoir eu une certaine importance avant les démolitions effectuées en
i36o; depuis, et jusqu'au milieu du règne de François 1", ce ne fut plus une
véritable rue, mais un simple chemin, que nous trouvons énoncé rr chemin qui
trva au jardin à l'aumosnier de ladite églisen (de Saint-Germain), en iSgS;
(T chemin qui tend du Pré aux Clercs à l'église Sainct Père, par lequel on va en
(T procession , 15 en iSaS; tr grand chemin de Sainct Père,:! en i53i; achemyn
ff estant entre le cymetière Sainct Père (et la Butte), allant à la Tuillerien (vers la
Croix-Rouge), en i53o; cr chemin qui va de Sainct Pierre à la rivière, n en i53i ,
et (true Sainct Pierre, n en 1 535, i5/i3, etc. Ce dernier vocable a été corrompu,
au xvu" siècle, en celui de rue des Saints-Pères, qui est demeuré seul en usage,
bien que rien ne le motive, puisque la rue a emprunté son nom à la chapelle
Saint-Pierre, dite autrement Saint-Père. Au siècle de Louis XIV, on disait souvent
rue de la Ckartté.
Il est arrivé très-lréquemment que la partie de la rue des Saints-Pères, s'éten-
dant de la rue Taranne à la rue de Grenelle, a été considérée comme une voie
spéciale et distincte de la partie aboutissant sur le quai. On désignait la première
par les noms de «chemin tendant de Sainct Père à la Vieille Tuillerien (i53i);
ff petit chemin allant dudicl Sainct Germain à Sainct Pèren (i532); «chemin
«tendant de Sainct Père au chemin de la Justice ti (la rue de Grenelle) (i535);
«petit chemin allant à Sainct Pèreu (i535); «chemin qui va du Carrefour (de
«la Croix-Rouge) à Sainct Père» (i535), et enhn de «chemin du Cimetière aux
«MaladeST (i53i), à cause du cimetière aux Lépreux, situé au coin de la rue
Taranne.
Jaillot affirme que la rue des Sainls-Pères a été qualifiée de rue des Vaches;
mais cette assertion est contraire à tous les documents que nous avons vus, et
nous la croyons erronée.
CÔTÉ ORIENTAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAÏE.
On ne trouve, au xvi" siècle, aucune mention de maisons en bordure sur la rue
des Saints-Pères, depuis le quai jusqu'au delà du Grand-Pré-aux-Clercs, qui, à
la rencontre de la rue, présentait une largeur d'environ soixante-quatorze toises.
Entre
IIÙTEL DE SANSAG. C'était la première des constructions qui commençaient ie^ré-aux-ciercs
immédiatement au-dessus du Pré. Le 27 avril i542, Charles Thomas, conseiller laïueTaianne.
■n. i>8
218 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
au Grand Conseil, prit à bail, des religieux de Saint-Germain, une pièce de terre
de cinq quartiers, où, moyennant une dépense de quinze cents écus, il bâtit une
des belles habitations du faubourg. Mais la plus grande partie de ce terrain se
trouvant sur le fonds du Pré-aux-Glercs , lequel avait été envahi par les moines,
Thomas s'en vit dépossédé après la fameuse émeute de i5i8, durant laquelle sa
maison fut saccagée. 11 obtint, du reste, en dédommagement, le 3 novembre i553,
un arpent retranché de la courtille de l'abbaye, et il l'annexa à sa maison, de
sorte que celle-ci, par ses dépendances, vint aboutir sur le chemin des fossés du
monastère (rue Saint-Benoît). L'hôtel construit par Thomas fut ensuite acquis par
Jean de Sansac''', qui, le i6 décembre lôyg, le céda à Sébastien de Cbauvigny,
trmonnoyer de France, ti Le censier de 1.^)95 mentionne l'hôtel de Sansac comme
étant alors en ruine et mis en criée. Nous voyons qu'il était effeclivement très-
dégradé, lorsque, le 19 novembre 1601, moyennant sept cents écus, Louis Mon-
théron [alias Montbron), sieur de Fontaine-Challandray, le vendit à l'orfèvre Jean
Meurier. C'est de ce dernier qu'il fut acquis, le /i septembre i6o(), par le prési-
dent aux enquêtes, M*^ Pierre Lescalopier, au nom de la reine Marguerite.
Cette princesse le donna aux Frères de la Charité, en échange de leur maison
voisine du quai (voir Rue des Petits-Augustins), qu'elle se proposait d'englober
dans son nouveau palais. Suivant Lestoile, au mois de mars 1607, tries pauvres
ff Frères Ignorants n se transportèrent dans ce second domicile tr pour s'y accom-
amoder et estre gardes du sépulchre. t) L'hôtel de Sansac a ainsi été le noyau
autour duquel sont venus se grouper les bâtiments qui ont formé l'hôpital de la
Charité, dont les dépendances s'étendirent, dès 161 3. de la rue Taranne à la rue
Jacob. (Voir à la fin de la notice sur le Pré-aux-Clercs.)
Chapelle et cimetière SaiïNT-Pierre, Hnsantle coin septentrional delà rue
Taranne. Les archives particulières de la chapelle Saint-Pierre sont perdues depuis
très-longtemps, et il en est si peu question dans celles de l'abbaye Saint-Ger-
main, qu'on ne peut presque rien en dire. Pour en expliquer l'origine, qui Qst
inconnue, Lebeuf et Jaillot ont présenté chacun une hypothèse. Suivant le pre-
mier de ces auteurs, la chapelle Saint-Pierre, dite plus souxent Saint-Père , toujours
située au même lieu, aurait été sans doute consacrée sous ce vocable, en mémoire
de l'oratoire mérovingien attenant à la grande église du monastère, et dédié au
prince des apôtres; enfin elle n'aurait jamais été la paroisse du bourg, si ce n'est
d'une façon provisoire et accidentelle '-'. Selon Jaillot, dont les conjectures semblent
manquer de précision, le service parochial du bourg se serait fait primitivement
dans une chapelle voisine de la grande église, chapelle qu'il semble confondre
avec l'oratoire Saint-Pierre. A la fin du x' siècle, ce dernier édifice aurait été
''' Apparemment Jean de Sansac, capitaine fie rie, qui, en 157a, e'pousa Catherine de Maillé,
la Porte, premier gentilhomme de In Faucnnne- '"' Histoire du diocèse de Paris, t I, j). h lia.
TOPOGRAPHIE HISTORIQYE DV VIEVX PARIS
_J V-J II., ■.■.■•■■■ni ft j] \»r"«' .^ -H 1
^i— -1..
>.J._1
CHAPELLE DE LHÔPITAL DE LA CHARITÉ
Vue perapeclivt ci après une ôra-^u:-e de J Marol
AVEC VN PLAN BE LENCLOS ET DES BATIMENTS A LA MEME F.POdVE,
RUE DES SAINTS-PÈRES. 219
réuni à la basilique et transporté plus tard hors de l'enceinte de l'abbaye; puis, au
xu" siècle, il aurait été remplacé, comme paroisse du faubourg, par l'église Saint-
Sulpice (".
U est probable, en elîet, que la chapelle Saint-Père a été la première paroisse
des vassaux de Saint-Germain. C'est l'opinion de Du Breul, de D. Bouillart et
de Sauvai, opinion généralement acceptée au commencement du xvn" siècle*^).
Elle semble d'ailleurs justifiée par la haute antiquité du culte de saint Pierre
chez les moines de Saint-Germain, et surtout par un titre du 6 février i38o, dans
lequel est indiqué, comme charge incombant au curé de Saint-Sulpice, l'obligation
d'aller, à certains jours, faire l'ofiice dans la chapelle Saint-Pierre, d'y dire la
messe tous les dimanches et de s'y rendre en procession à des époques détermi-
nées. On peut en inférer la suprématie primitive de la chapelle Saint-Père sur
l'église Saint-Sulpice : il semble, en ellet, que le curé de Saint-Sulpice ait un
devoir à remplir et non un droit à exercer. La question, au surplus, n'en de-
meure pas moins indécise, et l'on ne saurait rien affirmer quant à l'époque oij la
chapelle Saint-Pierre a cessé d'être renfermée dans les murs du couvent. En ihb'j,
elle était dans un tel état de vétusté, que le légat du pape accorda des indul-
gences à ceux qui feraient des aumônes destinées aux travaux de restauration.
Au commencement du xvu* siècle, elle ne sei-vait plus que «pour les processions
cret services, en certains jours de 1 année, n
Par accord du 27 août 1611, le curé et les marguilliers de Saint-Sulpice cé-
dèrent à perpétuité la chapelle Saint-Père aux Frères de la Charité qui étaient
établis dans le voisinage dej)uis quatre ans et avaient déjà l'usage de cet édifice.
D'après un devis du 1 9 mai 1612, que nous avons vu aux archives des Hôpitaux ,
on se proposait d'agrandir le bâtiment de façon qu'il atteignît quatorze toises
d'un bout à l'autre; on voulait, en outre, y annexer de chaque côté quatre cha-
pelles de neuf pieds de large sur douze de long'*'. L'ancienne construction lut
abattue vers i6i3, et, en cette même année, la reine Marguerite posa la pre-
mière pierre d'un nouvel édifice plus vaste, lequel ne fut dédié qu'au mois de
juillet 1 ()2 1.
A en juger d'après un plan manuscrit de 1677, la nouvelle chapelle Saint-
''' Quarlifr du Luxembourg , p. ig et suiv.
'*' Dans l";iccord de 1 G 1 1 , dont nous parlons
plus loin, il est dit que tladicte chapelle estoil
"antiennenient la première église parmchiale du-
frdict faulbourg. ioreqtril ne seslendoit si avant
"•vers la ville, comme. . . à présent; en laquelle
Taussy ils (les marguilliers de Saint-Sulpice) sont
"toujours allez en procession à certains jours de
"l'année.'»
'■'' La chapelle Saint-Père était sans doute très-
petile au comnienceraent du xvii' siècle; mais on
ne saurait croire qu'elle ne pouvait contenir alors
que douze personnes. Il ne faut donc point ajouter
loi aux assertions contenues dans les nombreux
faclums rédigés h l'occasion du procès qui eut
lieu, en i058 et 1659, entre les marguilliers de
Saint-Sulpice et les religieux de la Charité.
38.
220 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Père formait un rectangle d'environ quinze toises un pied de long sur cinq toises
cinq pieds de large. Le croquis de i5^8 et le plan de Quesnel donnent à croire
que l'ancien bâtiment avait aussi un chevet carré.
Le cimetière Saint-Père, dont le terrain, y compris celui de la chapelle, for-
mait un demi-arpent, faisait l'encoignure de la rue Taranne. Il paraît avoir été en
dernier lieu large de treize toises sur cette rue et de douze sur celle des Saints-
Pères; on ne l'a clos que fort tard, car l'alignement de la muraille dont il finit
par être entouré fut donné par Claude Vellefaux le 19 janvier 1612.
Il est fait mention du cimetière Saint-Père, atrium Sancli Pétri, dès laôg^";
on doit le considérer tout au moins comme contemporain de la fondation de la
chapelle à laquelle d devait son nom.
11 paraît n'avoir plus eu qu'une médiocre importance au xvi" siècle, c'est alors,
en effet, qu'il servit à enterrer les pestiférés , après la suppression du cimetière aux
Lépreux, avec lequel les historiens l'ont tous confondu, et qui était situé à l'autre
angle de la rue Taranne. Le cimetière Saint-Père fut ensuite réservé aux protes-
tants, qui en disposaient déjà en 1598, comme l'indique le texte de l'édit de
Nantes. Ils en furent dépossédés par un arrêt du Conseil, daté du li mai i6oi,
et rendu à la sollicitation des paroissiens de Saint-Sulpice.
Les catholiques'^' rentrèrent alors en possession du cimetière Saint-Père, et y
trouvèrent grand nombre de sépultures huguenotes, entre autres la somptueuse
tombe du trésorier Arnauld, mort le 21 mai i6o3. fcElleétoit, ditLestoile, d'un
rrfort beau marbre noir, tout d'une pièce, estimée à deux cents escus ou environs,
fr élevée d'un demi-pied de terre et couchée de plus; autour de laquelle il y avoit
r gravé en lettres d'or ce qui s'ensuit :
ffCit-git noble homme maistre Claude Arnault, vivant conseiller, notaire et
"Secrétaire du Roy, maison et couronne de France et des finances de Sa Majesté;
«•trésorier général de France en la généralité de Paris, et ordonné par le Roy
cprès la personne de monseigneur le marquis de Rosni, pour 1 administration des
tt finances de Sa Majesté, sous le commandement dudit seigneur, n
ffDans le mdieu du marbre étoit gravé en lettres d'oi- ce qui s'ensuit :
f Passant, tu ne liras point ici les louanges de celuy qui est sous ce tombeau.
rtSa vie les a, comme immortelles, gravées dans le ciel, jugeant indigne
(t qu'elles traisnassent en terre.
tQuant à ce qu'il a été, tu le pourras apprendre de sa fortune;
f mais de sa vertu seule, ce qu'il méritait d'estre.
tr Mœstissimo fratri
tt Plura non permisit
(T Dolor.
''' Dès 1971 , on constate rexislence d'une mai- '*' Remarques historiques sur l'église el ta pa-
8on contiguë à la partie postérieure du cimetière. roisse Saint-Sulpice, p. 5.
RUE DES SAINTS-PÈRES. 221
fr Au-dessus se voyoient gravées ses armoiries. — Quinze jours on trois semaines
r après on couvrit de plâtre ce beau tombeau, de peur que la populace, envieuse
"de tels monuments, n'achevât de le gasler, comme elle avoit déjà commencé, et
(T qu'enfin elle ne le brisât et le rompît du tout, comme aussi on fut averti qu'on
tr avoit délibéré de le faire en une nuit, t»
Cette effervescence fut apparemment la cause déterminante de l'arrêt du k mai,
qui autorisa d'ailleurs les protestants à établir, de l'autre côté de la rue, un nou-
veau cimetière dont nous parlons plus bas.
On voyait jadis, auprès de la chapelle Saint-Père, une longue pierre qui avait
nom tfla Tunbe ou la Mesure du géant Isoret '".ti Cette prétendue tombe du fa-
buleux géant Isore, auquel on prêtait plusieurs sépultures de même sorte, était
évidemment un monument celtique, table de dolmen ou menhir abattu. Il n'y
est fait aucune allusion dans les titres de l'abbaye, mais, dans son ouvrage intitulé
Ohannperialia, Gcrvais de Tilbury, qui écrivait au commencement du xni" siècle,
rapporte, dit Du Breul, qu'il avait vu la tombe du géant Isoret, tué par saint
Guillaume, et qu'elle avait vingt pieds de long, non compris la partie correspon-
dant au cou et à la tête ^'.
Petite maison sans désignation (1695), contiguë à la maison faisant le coin Enue
méridional de la rue Taranne; elle devait occuper aussi une partie de l'emplace- eidlGrenenr
ment de l'ancien cimetière des Lépreux. Suivant certain croquis qui existe dans
les archives de Saint-Germain des Prés et a certainement eu pour base des don-
nées authentiques, cette maison, bien qu'elle soit qualifiée de petite dans le cen-
sier de lôgS, seul document du xvi^ siècle où il en soit question, aurait été élevée
sur un terrain de vingt-cinq perches, baillé à Jean Pinson le 3o avril i53o.
Clos dépendant de l'iiôlel du Sépulcre et ayant sa principale entrée en la rue
du Dragon.
Trois maisons sans désignation en 1567, dont l'une a porté, en iSgô, l'en-
seigne du Cercemi. Elles furent construites sur trois lots de terre baillés, le 1 9 avril
i535, le premier à Pierre Hiffaut, maçon; le deuxième à Israël Roze, brodeur,
et le troisième à Richard Carré, aussi brodeur. D'après le croquis dont il vient
d'être question, ces lots auraient été chacun de douze perches et demie, comme
les lots correspondants de la rue du Dragon. Ils auraient donc offert une surface
'" Du Breul. |i. 3.3y. — Sauvai dit ft. Il, des OdVi »«/>ena/m publié par Leibnilz (ap. Scri);-
p. 67/i)que de son temps elle était disparue. tores verum lirunsvkenisimn , l. 1, p. 881 , et t. II,
" "Nos vidimus sepulcrumlsoreti, in suburhio p. 75i), et peut-être n'était-ce qu'une glose du
fParisiensi. vigintippdesinlongiini babens,pra;ter chapitre lxxih de la (roisiènie partie; dans ce
"cervicemetcapul. OuemSanctusGuilIcrmuspere- chapitre, intitulé De eqmnocepludis , il est parlé
"mil. 1 Cette phrase, empruntée à un manuscrit du d'hommes dont les cuisses auraient atteint douze
collège «le Navarre, ne «e trouve pas dans le texte pieds de longueur.
222 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
totale de trois cent trente-sept toises, clnffre un peu inférieur à la réalité. Dans
les censiers, au contraire, la superficie indiquée est de plus de trois quartiers, ce
qui pai-aît être une exagération considérable. De la teneur des censiers nous
croyons d'ailleurs devoir conclure que, vers le milieu du xvi'' siècle, la deuxième
propriété avait déjà été élargie aux dépens de la première; il subsiste encore des
traces de cet état.
Partie postérieure de trois maisons qui avaient leur entrée principale rue du
Dragon , et dont la dernière faisait le coin de la rue de Grenelle.
CÔTÉ OCCIDENTAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Entie Place avec masube (iSgS), contiguë à la maison faisant le coin de la rue de
les rues ^e Giene e Q,.gjjg]]g g„ 1628, c'était uu jardin dépendant d'une maison de cette rue.
Saint-Dominique. Maison saus désiguatiou (i5/i3), doiit les limites vers le midi ont subi des mo-
difications que nous ne pouvons piéciser.
Maison sans désignation (i563), qui renfermait deux corps d'hôtel en lôgS,
et dont faisait alors partie un grand jardin en bordure sur la rue des Rosiers
(Saint-Guillaume). Ce jardin dépendait déjà de la maison en ibk'6, car on lit,
dans le censier de cette année, que Jérôme Dupuis avait augmenté sa propriété
de quarante-six perches de terre, étendue qui équivaut à la superficie du jardin.
La maison séparée du jardin s'appelait l'hôtel de Cossé, à la fin du wii"" siècle,
parce que, dit Piganiol, elle fut bâtie par Marie de Cossé, veuve du maréchal
Charles de la Porte de la Meilleraie. En 1701 , l'hôtel fut vendu au maître des
requêtes Charles Pécoil, dont la fille épousa le duc de Brissac, ce qui fit donner
ce dernier nom à l'hôtel.
L'hôtel de Cossé et les deux maisons précédentes furent élevés sur trois lots de
terre, énoncés comme contenant un quartier chacun"*, que l'abbaye bailla à
bâtir, le premier à Jean Hénart, en 1699; le deuxième à Robert Cosson, le
19 février 1629, et le troisième à Jean Cosson, fils de Robert, le 1 3 juillet i53o.
Maison sans désignation (lôgB), qui, en 1687, appartenait au marquis de
Vaires. La partie postérieure de cette maison a servi à l'agrandissement de l'hôtel
de Pons.
''' Ces indications de superficie semblent être au surplus, qu'en i543 la maison qui devint
autant au-dessous de la réalité que celles que nous l'hôtel de Cossé est dite contenir un denii-arpent,
venons de sig'naier sont au-dessus. Nous observons, énonciation exacte à très-peu près.
RUE DES SAINTS-PÈRES. 223
Maison sans désignation (iSgB). Elle était de la même ttprisen que la suivante,
et, en 1 096 , elle appartenait au même propriétaire.
Maison sans désignation (i5ùo), bâtie par Robert Beaugrand sur un demi-
arpent de terre pris à bail de l'abbaye, le 2 mars iSag. En 15^7, elle étaitpos-
sédée par Louis Vachot, président de la Chambre des monnaies, et, vers iSgB,
parla demoiselle Tristan et le sieur du Plessis, qui la tenaient du médecin Fron-
tebeuf; elle aboutissait alors à la rue des Rosiers. Dans le censier de 1628, elle
est (|ualifîée de tr jardin, n dit appartenir au maître maçon Salomon de la Fond''',
dont la veuve, Marie Loiseleur, le céda à un abbé de Saint-Thierry. Celui-ci, avant
acquis la maison précédente, fit construire sur l'emplacement des deux propriétés
un hôtel qu'il vendit, le 20 juin i643, àM. deCreil, auquel l'hôtel fut acheté par
la duchesse de Villars en iGSS. En 1687, c'était l'hôtel du marquis de Cavoye,
grand maréchal des logis de la maison du roi, et, en 1769, l'hôtel de Pons.
PnoPBiÉTÉ AVEC GRANGE, dite, cu i563, appartenir également à Louis de Va-
chot. En 1695, elle formait deux petites habitations.
Maison sans désignation (1596), qui, en 1628, se trouvait absorbée dans la
suivante. Cette maison et la précédente paraissent avoir été construites sur les
deux moitiés d'un quartier de terre baillé à J. Doillet vers 1529.
Maison sans désignation (i563), faisant le coin méridional de la rue Saint-
Dominique. En 1628, unie à la précédente, elle était possédée par M. de Va-
nelli, qui l'augmenta d'une place de quarante toises, achetée, le 5 mai i638, de
la veuve Salomon de la Fond. Elle appartint ensuite au nommé Thomas Canta-
rini, qui la vendit, le 5 juillet 1660, à Olivier Selvois. Marie de l'Épinay, veuve
de ce dernier, en retrancha une partie, qu'elle aliéna le 22 juillet iGôS, et (jui
a formé la maison du coin actuel. Les quatre autres maisons attenantes, sur la
rue Saint-Dominique, proviennent également de morcellements contemporains
effectués aux dépens de l'hôtel de Selvois, que, vers la même époque, on appe-
lait aussi hfUel de Sainl-Simon, parce qu'il était habité par le fameux duc de Saint-
Simon, l'auteur des Mémoires. On l'a nommé ensuite hôtel de la Force, après que
le marquis Nonpar de Caumont la Force l'eut acquis, le 4 mars 1716, de Henri
de Selvois, fils de Marie de l'Epinay.
Maison sans désignation (i5n5), faisant le coin septentrional de la rue Saint- Enudesiues
" ^ *^ ' _ ' _ . Sainl-Doniiniqiie
Dominique, et appartenant à Georges Régnier, fournisseur de matériaux pour «Hc quai.
le palais des Tuilerie» et les fortifications de la ville. Nous n'en avons rencontré
d'indication positive qu'à la fin du xvi' siècle; mais elle dut être construite assez
longtemps auparavant, car elle occupait l'emplacement d'un terrain de cinq
'' Salomon de In FoikI dlait prolftstant et poss(;- Salomon de Brosse. Ces détails biographiques ré-
dait une certaine notoriété. Il eut un fils qui fui sultent de notes qui nous ont été obligeamment
architecte du roi . et il était lié lui-même avec comnuiniqnëes par M. Cli. Rend.
224 TOPOGRAPHIE HISTOIUQUE DU VIEUX PARIS.
quartiers qu'on bailla à bâtir à Jean Bocberoii, le 3i août i53o, et qui devint la
propriété de l'orfèvre Pierre Delaunay vers i563; il était alors clos de murailles.
Ce terrain se prolongeait probablement jusqu'à celui où a été établi le couvent
des Jacobins.
Maison avec moulin à vent. Cette maison n'est point mentionnée avant lôgô;
mais le moulin à vent apparaît plus tôt. Suivant Jaillot, il aurait existé dès i368,
ce dont nous doutons fort "), car il n'en donne pas de preuve , et nous voyons que
ce fut à charge de bâtir le moulin que, le 22 juin iBog, son propriétaire, Guil-
laume Thibaut, prit de l'abbaye, à titre précaire, le quartier de terre qu'il occu-
pait, travée son allée et venue par le chemin, convenable pour aller audict lieu.n
Cette cession avait été faite en échange de cinq autres quartiers situés auprès et
trie chemin passant parmy. n Dans l'arpentage de iSag, l'enclos du moulin est
énoncé contenir trois quartiers; il paraît avoir compris plus tard une assez vaste
étendue de terrain. A une date que nous ignorons, mais postérieurement à i63o,
les sieurs de Lalauro acquirent la propriété du moulin à vent; ils y bâtirent des
maisons et vendirent diverses parcelles de terrain à des particuliers qui y cons-
truisirent également.
La Voirie ou la Butte. Le lieu où s'élevait le moulin à vent était le point
culminant du bourg Saint-Germain, de sorte qu'on comprend facilement qu'il ait
été appelé la Butte. Cette désignation, au surplus, implique sans doute que le
mamelon naturel était couronné d'une éminence, créée artificiellement par l'ac-
cumulation des matières apportées à la voirie (^). Celle-ci, dite tria vieille voyrien
en i52 2, et /« voirie Saint-Germain en 1 609, consistait, vingt ans plus tard, en
une pièce de trois quartiers, qui aboutissait sur la rue des Saints-Pères. Elle
tenait, vers le midi, à la terre du moulin; vers le nord, à une autre pièce de
trois quartiers , et s'étendait derrière les deux, en présentant une forme analogue
à celle d'un T; du moins cette disposition résulte des détails de l'arpentage de
1599. La voirie Sainl-Germain fut probablement supprimée vers i53o; aussi,
dans un titre de i5/i2, est-il parlé de fria Butte du moulin à vent où esloit an-
ff cyennementla voyerie dudictSainct Germain, d Quanta la Butte du moulin, elle
dut être aplanie après l'acquisition des sieurs de Lalaure. Elle avait pour limites,
au nord, le cimetière des Huguenots, et, au couchant, le noviciat des Jacobins,
qui est énoncé y tenir. Mais il ne faut peut-être voir dans ces énonciations qu'un
renseignement approximatif. Au xvi'^ siècle, les environs du commencement de la
rue Saint-Dominique constituaient un territoire qu'on nommait presque indilTé-
''' L'assertion de Jaillot paraît n'avoir d'autre le dessin de i5i8 que nous avons déjà signalé,
base que la gravure de l'ouvrage de D. Bouillart, '*' Dans un litre de i5.3i , il est question de la
qui est censée représenter l'abbaye et ses environs voirie à présent appeltée la Butte. La butte du
en i368. mais qui a été faite, en réalité, d'après moulin semble donc n'être pomt fort ancienne.
RUE DES SAINTS-PERES. 225
remnient la Bulle, la Pelile Bulle, la Bulle de la Voirie, la Petite Voirie et le Moulin à
vent.
Rue Saint-Guillaume. Elle remplace un petit chemin par lequel on montait
au moulin, et dont nous n'avons jamais trouvé qu'une seule indication; ce ren-
seignement est fourni par un document de ibk'2, où il est question d'une pièce
de terre en bordure sur cr la rue de devant Sainct Père descendant à la rivière de
(rSeyne (rue des Saints-Pères), — tenant d'une part à la dicte rue, d'autre à la
(f butte et voyrie ; d'un bout ( vers le nord) au chemyn par où l'on monte audict moulin
<tà vent, et d'autre bout au chemyn aux vaches allant à l'Isleii (rue Saint-Domi-
nique). La rue Saint-Guillaume ne paraît ni avoir été bordée de maisons avant
1620 ou i63o, ni avoir abouti antérieurement à la rue Saint-Dominique. Elle
était appelée me de la Butte, sur un plan manuscrit signalé par Jaillot, et elle est
dénommée me ISeuve dea Bosiers dans le procès-verbal de i636. 11 n'en est, du
reste, question ni dans le censier de i5g5, ni dans celui de 1628, ni dans aucun
acte, à nous connu, de la même période; elle n'est point représentée non plus
sur le plan de Quesnel, de sorte que l'emplacement et la direction du chemin
auquel elle a succédé demeurent fort incertains.
Proi-riété de sept (juartiers (1629), où, dès i563, Jean Fraguyer, conseiller
au Cliâtelet, avait planté un jardin et bâti (tune petite maison à la mode ytal-
rlienne,fl avec un jeu de paume'''. Attenante au Pré-aux-Glercs, cette maison
fut saccagée par les écoliers pendant l'émeute de iSiiS; on en morcela ensuite le
terrain, dont la partie bordant la rue des Saints-Pères forma un jardin large de
quinze toises et profond de vingt-sept, qui dépendit de l'hôtel situé vis-à-vis et
appartint ainsi à Jean de Sansac, puis au sieur de Fontaine-Challandray et à l'or-
fèvre Joachim Meurier. Celui-ci le céda pour une somme de 700 livres que lui paya
le trésorier de l'épargne , suivant une ordonnance délivrée à Meurier le 2 juin 1 60/i.
Le terrain avait été mesuré et estimé par Jean Fontaine le 18 mai précédent, et,
par arrêt du Conseil du k de ce mois, il avait été «destiné pour la sépulture et
«enterrement des corps de ceux de la religion prétendue réformée;!? leurs repré-
sentants en furent mis en possession le 6 du même mois'^'.
Le cimetière des Huguenots perdit naturellement sa première destination à la
révocation de l'édit de Nantes, et il fut donné par moitiés, le 9 juillet i685, à
l'hôpital général et à celui de la Charité; mais il demeura à ce dernier établisse-
ment, qui désintéressa l'autre.
'■' Dans les environs de la maison de Finguyer '*' Les pièces à l'appui se trouvent aux Archives
<5tail celle de Jean Gentils, joueur d'instrument nationales, cart. SaSSg. M. Ch. Read, h qui nous
(i543), maison dont une partie avait été usurpée les avons signalées, les a publiées dans le liulletin
sur le Pré-aux-Clercs. Nous ne pouvons préciser de la Société de l'histoire du protestantisme , t. XII,
remplacement. p. 36 et suiv.
III. »9
2-26 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
L'OSERAIE. Le 5 septembre i3i/4, l'abbaye bailla à Etienne de Seniis une
pièce de terre contenant trois arpents, dite l'Oseraie, et située sur le fossé du Pré-
aux-Clercs, au bout des murs de la Courtille des moines. Dans un autre bail do
i356, la même pièce est indiquée comme tenant d'une part au Pré-aux-Glercs,
et d'autre part à la voie des Vaches (rue Saint-Dominique); le censier de i355
énonce en outre la cr pièce de terre . . . laquelle on appelle l'Oseroye . . . tenant d'une
ff part à la voye aux Vaches, d'aultre au Pré aux Clercs, aboutissant d'un bout aux
ctmurs de la Courtille dudit Saint Germain''), n Ainsi, la terre de l'Oseraie était
comprise entre le Pré-aux-Clercs, la rue Saint-Dominique et la rue des Saints-
Pères; par conséquent la Butte en faisait partie. Au xv!*^ siècle, elle en était dis-
tinguée, et le territoire de l'Oseraie, sur la rue des Saints-Pères, se bornait à
l'emplacement de la maison de J. Fraguyer. Les locutions fren l'Oserayen et ff sur
ffle Pré-aux-Clercs fl étaient alors employées fréquemment comme synonymes, et
il semble que le nom de l'Oseraie se donnait parfois plus spécialement au voisi-
nage du Pré-aux-Clercs, non confondu avec les terrains longeant la rue Saint-
Dominique. Cette interprétation résulte de divers textes, et, entre autres, du
passage suivant d'un titre de 1 53 1 : tf arpent . . . aboutissant d'un bout à l'Oseraye ,
ff d'aultre au chemin des Treilles t5 (rue Saint-Dominique). Toutefois il était plus
ordinaire de considérer le territoire de l'Oseraie comme borné par la rue Saint-
Dominique; on écrivait donc tr arpent en l'Ouzzeraye, tenant ... au Pré-aux-Clercs,
«et d'autre bout au chemin aux Vaches ^i (i6i5); tr pièce de terre, à l'Oseraye,
ff aboutissant d'un bout au chemin des Treilles n (iBSi), etc.
Aussi bien, ce que le territoire de l'Oseraie avait perdu sur la rue des Saints-
Pères, il le regagna largement vers le couchant, dans la direction duquel il finit
par s'étendre assez pour atteindre le canton de la Petite-Seine : plusieurs docu-
ments mentionnent le lieu crdict la Petite Seyne, aultrenient dicte l'Oseroye w
(i527, i533, etc.). Ce lieu, oii les deux climats se confondaient, était placé à la
hauteur de l'extrémité du Pré-aux-Clercs, à 8oo mètres au moins de la rue des
Saints-Pères.
Au commencement du xvn*' siècle, après le jardin de J. Meurier on ne rencon-
trait plus jusqu'à la Seine que des terres dépourvues de constructions, c'est-à-
dire le Pré-aux-Clercs et des champs ou des jardins.
''' Sous-entendu : le clieinin entre deux.
RUE DU POT-DE-FER. 227
RLE DU POT-DE-FER
(actuellement partie méridionale de la rue Bonaparte).
La rue du Pot-de-Fer commençait à la rue du Vieux-Colombier et finissait à
la rue de Vaugirard.
C'était aussi, probablement, une des ruelles Saint-Sulpice; mais nous n'en
avons jamais eu la preuve. Jaillot assure que, dans des actes du xv" siècle, elle est
désignée par la formule : ruelle tendant de la rue du Colombier à Vigneray.
Nous n'avons point retrouvé ces actes; toutefois il n'est point douteux que la
locution rapportée par Jaillot ait été en usage, puisqu'elle est reproduite dans des
documents postérieurs. La rue du Pot-de-Fer est effectivement énoncée, dans le
censier de iSaS, cruelle qui tend de la rue du Colombier à Vigneray, appellée
tria ruelle Henri du Verger. -n Dans le censier de iB/iS, elle est désignée ainsi :
trchemyn par lequel on va à la maison qui fut Henry du Vergier. t» Henri du Ver-
ger, maître boulanger, mort entre 1 698 et 1 5 1 o , possédait plusieurs maisons dans
la rue, et même il était le seul qui y en possédât; son nom a donc été donné tout
naturellement à la rue, qu'on énonçait encore rtte Henry du Verger en i656.
Néanmoins on disait de préférence alors rue du Verger, et celte dénomination ligure
dans les titres jus(|u'en 1696. On lit dans le censier de i595 : cr petite ruelle
rr appellée du Verger, v et dans celui de 1 628 : a rue du Pot de Fer, dicte du Verger, r
Le censier de 1687 contient une note exprimant que la rue du Pot-de-Fer s'ap-
pelait anciennement la ruelle des Champs; le fait n'est point invi-aisemblable; mais,
comme nous l'avons fait remarquer ailleurs, nous avons constaté que l'unique
rue, ou ruelle des Champs, qui soit maintenant mentionnée dans les archives
de l'abbaye, se confond avec la rue du Vieux-Colombier. Le voisinage de cette
dernière rue a, d'ailleurs, fait donner parfois à la rue du Pol-de-Fer le nom de
«ruelle du Coulombier^ (i53/i-i 5^3). Sauvai affirme qu'elle commençait de sou
temps à «prendre le nom de rue des Jésuites, à raison de leur noviciat; a mais nous
n'avons rencontré la preuve de cette assertion que dans un seul document, d'où
il faut conclure que cette dénomination populaire a été peu usitée.
La liste des rues donnée par Corrozet contient l'indication d'une certaine « rue
(tdes Jardins, près Saint-Sulpice, -o que Jaillot identifie avec la rue du Pot-de-Fer.
Il y avait effectivement des jardins dans la rue du Pot-de-Fer, et une confusion a
pu naître dans l'esprit du vulgaire, par suite de la synonymie des mots vei-ger et
jardin. Nos recherches ne nous ont fourni aucun renseignement sur ce point; elles
ne nous ont pas appris non plus où était placée l'enseigne du Pot-de-Fer qui a
donné à la rue sa dernière dénomination. Au reste, de toutes les petites voies des
environs de Saint-Sulpice, la rue du Pot-de-Fer est celle sur laquelle il existe le
"9-
228 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
moins de documents anciens, car, par une fatalité surprenante, le censier de
iSgS a perdu le feuillet qui s'y rapportait, et les archives du noviciat des Jé-
suites, d'oii nous aurions tiré sans doute quelque éclaircissement, sont disparues.
Le nombre et l'emplacement précis des maisons de la rue du Pot-de-Fer ne se
révèlent à nous qu'au temps de Louis XIII.
CÔTÉ ORIENTAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Maison attenante à celle du coin de la rue du Vieux-Colombier, sans désigna-
tion en 1628, puis ayant eu l'enseigne de la Fontaine (i65i); elle le devait ap-
paremment au brasseur Jean de la Fontaine, qui en était propriétaire vers 1628.
Cette maison provenait du morcellement d'une des propriétés contiguës, et fut
absorbée dans les bâtiments du séminaire Saint-Sulpice , par les directeurs duquel
elle fut achetée le i5 mars i655. Sa superficie était de quatre-vingts toises.
Maison sans désignation, dite, en iBgô, appartenir à ff M. de Hèves, secrétaire. •«
En 1687, on l'appelait l'hâtel de Saint-Quentin.
Maison sans désignation, bâtie sur une place de onze toises et demie de large,
cédée, le 26 janvier 168/4, par Pierre de Brion au chanoine de Notre-Dame, Pierre
de Montreuil. Elle fut donnée au séminaire le 3i mars 1682.
Partie postérieure de la grande maison du président Brion. (Voir Rue Férou.)
Maison sans désignation, faisant le fond du cul-de-sac Férou, et contiguë au
jardin du coin de la rue de Vaugirard. Les Jésuites l'achetèrent, le 3 décembre
1689, de M*" François Robert de Montry, qui l'avait bâtie sur une place par lui
acquise du président Brion, le 29 avril i638. Cette place, ainsi que l'emplace-
ment de toutes les maisons précédentes, provenait du morcellement de la grande
maison de Henri du Verger, s'étendant jusqu'à la rue du Vieux-Colombier.
CÔTÉ OCCIDENTAL.
PAROISSE SAINT-SLLPIGE.
JUSTICE
Entre ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
les rues de Vaugirard
el
Honoré-cbcvaiier. Dë\}\ MAISONS saus désignation (1G28), dont la première était contiguë à la
RUE DU POT-DE-FER. 229
maison du coin de la rue de Vaugirard et la seconde appartenait aux Mathurins.
Maison sans désignation (1628), faisant le coin de la rue Honoré-Chevalier,
et appartenant aux Jésuites. Nous n'avons trouvé aucun document du xv!*" siècle
relatif à ces maisons, qui, très-probablement, étaient des morcellements de celle
du coin de la rue de Vaugirard. En 1629, l'emplacement de toutes ces maisons
était occupé par un jardin appartenant à M" Michel Raimbaut.
lues
Honoré-Chevalier
HÔTEL DE MÉZIÈRES, faisant le coin septentrional de la rue Honoré-Cheva- Kntreies
lier et l'angle méridional de la rue de Mézières. (Voir à l'article de cette dernière et de Mczièrc
rue.)
Grande maison sans désignation (1628), faisant le coin septentrional de la rue ^"^'^
. ' Tii • ^"^ rues de Méiière
de Mézières, et aboutissant en partie sur la rue du Gindre. Elle appartenait en et
1628 à Robert de Montry, et occupait l'emplacement d'une autre construction ' ' "^ '""" '
connue, au temps de François l", sous le nom de maison aux Firelins. Celle-ci
avait été élevée, vers le commencement du xvi^ siècle, sur un arpent de terre
labourable, par Jean du Verger, et, après la mort de ce dernier, elle était passée
à son épouse Jeanne Firelin [alias Filletin et Fizelin), puis aux héritiers de cette
femme. Il est probable qu'elle formait primitivement l'encoignure des rues de
Mézières et du Gindre. Dès lô/iy, elle était divisée en deux maisons, dont une
appartenait à Nicolas Pot, marchand boucher, et l'autre à la veuve Grand-Jean
Boutevillain.
Maison sans désignation (1G28), contiguë à la maison du coin de la rue du
Vieux-Colombier, et en ayant fait partie dans la première moitié du xvi^ siècle.
RUE MONSIEUR-LE-PRIÎSCE
ET
RUE DES FRANCS-BOURGEOIS.
La rue Monsieur-le-Prince commençait à la rue de Condé et finissait à la rue
des Francs-Bourgeois, qui en formait la continuation. Celle-ci commençait au
droit de la rue de Vaugirard et finissait à la rue d'Enfer. Les deux rues, qui ont
été récemment réunies sous une dénomination unique, étaient bien rarement dis-
tinctes l'une de l'autre avant la seconde moitié du xvii-^ siècle. Elles formaient une
voie qui, longeant le fossé de la ville, a été appelée successivement : tr voirie qui
trva à la porte Saint Michel (1^19); «chemin de dessus les fossez, par lequel
«on va à Saint Germain des Présfl (i635); cr chemin allant à la porte Sainct
230 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
ffMichelfl (i5io); a rue estant dessus ies l'ossezn (i539); rc rue des Fossez d'entre
(fia porte Sainct Michel et celle Sainct Germain t (lùBg); a chemin sur les
T fossez fl (1579), et «rue des Fossez n (1682); puis, sous Louis XIV, à cause
de riiôtel du prince de Condé, rue des Fossés-Monsieur-k-Pnnce , et par abrévia-
tion rue Monsieur-le-Prince.
Quant à la rue des Francs-Bourgeois, considérée isolément, elle a été énoncée
«•chemin des Fossez qui va de ladite porte (Saint-Michel) au chemin de Saint
frSulpicen (iUih); et chemin des Fossez par ofi l'on va à Saint Souplicen (i653);
frrue devant la porte Sainct Michel r (1570). Le nom de rue des Francs-Bourgeois
est peu ancien, car nous ne l'avons point trouvé consigné dans les titres avant le
règne de Louis XIV; mais il a pu être en usage antérieurement, car le clos de la
grande confrérie, qui a motivé cette appellation, est dit trie cloz des Francz-
(t Bourgeois n dans le censier de lôaS^'^ Cette désignation n'avait d'ailleurs au-
cune raison d'être, attendu que les membres de la confrérie n'étaient nullement
exempts d'impôts, et ne méritaient point par conséquent qu'on les qualifiât de
francs bourgeois.
CÔTE ORIENTAL.
PAROISSE SAINT-SLLPIGE.
JUSTICE
ET CENSIVE DU PARLOIH-AUX-BOURGEOIS,
Dépendances de l'hôtel de la Sybène , faisant le coin de la rue des Boucheries
(de l'Ecole-de-Médecine), et s'étendant sur trois places acquises de la Ville. La
première, qui était déjà aliénée dans le premier tiers du xvi" siècle, et que Jean
Lamoureux vendit, en ihU'], à Julien de Bonacursi, propriétaire de la maison
située en face, fut acquise, le 2 mai i56i, par Charles de Dormans; elle était
large de douze toises, et en olfrait sept de profondeur d'un côté et quatre de
l'autre. La deuxième était large de huit toises, et la troisième, mesurant treize
toises et demie de largeur, avait une superficie de quatre-vingt-douze toises '"^'.
Celle-ci fut prise à bail par Charles de Dormans, le 18 juin i56i; mais nous
ignorons si elle n'avait point été aliénée précédemment. Vincent Notaire, proprié-
taire de l'hôtel de la Syrène, en posséda pareillement les dépendances, qu'il
morcela, par une série de transactions qui portent les dates du U novembre i6o5 ,
des 22 mars, 6 octobre 1608, etc., et dont nous n'avons pu suivre le détail.
C'est sur l'emplacement des anciennes dépendances de l'hôtel de la Syrèue
''' Arcli. nal. S 3o59, f"'- '^o' ''"• — '^' ^^ entrevoit à peine l'agencement de cette place.
RUE MONSIEUR-LE-PRINCE. 231
que les administrateurs de l'Hôtel-Dieu ont fait ouvrir la rue de Touraine, à la
fin de l'année 1678 ou dans le courant de l'année 1671^. Cette spéculation a
causé un bouleversement complet dans les terrains des environs, où nous ne
retrouvons plus le lotissement ancien.
Place baillée par la Ville à Gilles Pinel, le 11 mars 1608. Elle avait seize
toises de largeur sur cinq toises un pied de profondeur vers le nord, et neuf
pieds seulement vers le sud. Pinel la divisa en deux parties : une première, large
de quatre toises, qu'il céda, le 19 septembre 1608, à François Ferry, et la se-
conde, large de douze, qu'il céda, le k novembre suivant, à Claude Paulmier,
par lequel elle fut ensuite morcelée.
iNous n'avons point vu que la place acquise par Pinel ait été donnée à bail
avant 1 608, et les terrains qui la suivaient ne l'ont été que postérieurement; mais
il y avait au xvi'' siècle, près de la porte Saint-Michel, quatre ou cinq petites mai-
sons qui furent démolies en 1689; l'une avait été baillée à Pierre Lombard, le
9.lx juin 1 5A2 , et paraît avoir fait le coin du chemin sur le fossé, au bout du pont
Dormant. Dans les environs se trouvait une place qui fut cédée, le 1'"' avril ibko,
à René Fleury, et mesurait sept toises de large sur trois toises deux pieds de pro-
fondeur vers le midi et dix-huit pieds vers le nord.
CÔTÉ OCCIDENTAL.
PAROISSE SAINT-SLLPICE.
JLSTICE DU ROI.
OENSIVE DE LA GRANDE CONFRÉRIE.
(Clos-aux-Bourgeois).
Maison sans désignation (i585), et de plan triangulaire, formant le coin de Kntre
I ,,i^ CI •i>>- i'-l"J] les rues d'Kiifci
la rue d Lnier. Le terram de celle maison , mesurant dix toises deux pieds sur Ja «t
rue, quatorze toises deux pieds d'un côté et douze toises quatre pieds de l'autre, " ""ii'iix.
renfermait un berceau de cave avec trois caveaux, lorsque, le 7 février 1534, il
fut baillé à bâtir au procureur Louis Boucher, par le fondé de pouvoirs de Marthe
de Selve, veuve de François Roger, procureur général au parlement de Rouen.
L'emplacement de la maison de Louis Boucher et de toutes les suivantes jus-
qu'à la rue de Vaugirard était occupé, au xv'^ siècle, par les jardins de l'hôtel de
Bourges. ( Voir Rue d'Enfer.)
Maison sans désignation en i5ii5,et alors nouvellement bâtie ; puis de l'Image-
Saint-Jean (i568. . .) et DU Heaume (iGia). Elle renfermait, dès i558, un jeu
de paume, qui tombait en ruine vers 1077 et fut réédifié en 1667; il s'appelait
le Jeu de paume Fesson. Le terrain de la maison de l'Image-Saint-Jean fut cédé
232 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS,
par Marthe de Selve à Antoine Ghoquier, le aB septembre 1587; il est énoncé
dans l'acte de vente : cr place en laquelle est de présent une grande porte, n Cette
grande porte était sans doute celle de l'ancien hôtel de Bourges.
Maiso\ sans désignation en i586, puis du Grand-Roi-Fr,\nçois (1622). Elle fut
élevée sur un terrain vendu par Marthe de Selve au procureur M*^ Guy Baillart.
le q février i534, et elle paraît avoir été annexée, dès le xvi* siècle, à la maison
suivante.
Maison et jeu de paume des ccRabatus w [i^jk), ou « Ratz batteurs ti (iSSa). Un
morcellement de cette propriété avait pour enseigne la Croix-Blanche en 16/12,
et le jeu de paume qui en dépendait s'appelait alors le Jeu de paume du Pavillon-
Royal. La maison des Rats-Batteurs, dont l'enseigne comportait un jeu de mots*'',
avait été construite sur un terrain vendu par Marthe de Selve au maçon Jean
Martin, le 7 février 1.534; ce terrain était clos dès 1587.
Maison de la Cage-d'Or (1679-1582), dépendance de la suivante.
Maison de l'Image-Saunt-Michel (i565?-i 582), contenant un jeu de paume,
qui s'est appelé, en i6ûo, le Jeu de pamm de Montgaillard. Le terrain de cette
maison et de la précédente fut vendu par Marthe de Selve à Glaude Verdureau ,
le 7 février 1 536.
Maison des Trois-Boules (157/I-1582), qui appartenait, en tb'jh, à Baptiste
Bérardier, rr joueur de comédie, n et avait été, avant lui, à Jean de Bénac, sieur
de rBeauTî (Baux). Le terrain de cette maison fut vendu par Marthe de Selve à
Jean des Gastières, rtmaistre esteufier,T) le 7 février i53/i.
Maison de la Grenade (1669-1 563), puis de l'Agnus-Dei (1671), qu'on appelait
LA Grande-Brasserie en 1607. Elle fut donnée, le 26 novembre 1669, à l'église
Saint-Côme, par M'= Antoine Lefèvre, vicaire de Saint-Séverin. Le terrain de cette
maison et des deux suivantes avait été acheté par Guillaume Lefèvre, de Marthe
de Selve, le 8 juin i635.
Maison sans désignation en 1671, puis de la Pie (i632). C'est peut-être la
même que celle du Coffin (i56o), que nous n'avons pu reconnaître.
Maison sans désignation (1682), faisant le coin méridional de la rue de Vaugi-
rard. On voit, par le plan de 161 5, qu'elle était alors divisée en trois maisons
ou corps d'hôtel : le premier formant l'encoignure, et les deux autres ayant leur
façade sur la rue de Vaugirard. Un arpentage de 1612 indique que le troisième
corps d'hôtel , offrant une superficie de neuf toises, constituait une maison distincte,
et que les deux premiers corps d'iiôtel étaient réunis en une seule propriété. Nous
sommes sûr toutefois que le second corps d'hôtel est la même maison que celle
qui, mesurant quatre toises de largeur sur quatre toises de profondeur, apparte-
nait, en 1 55 1, à Pierre de la Baume (a/ia« de la Bonne), doreur sur fer. Il semble
''' Rats batteurs. Rabatteurs. — Rabattre à la ia balle h la partie adverse le plus près de terre
loiijfue paume , disent les dictionnaires , cesl envoyer qu'il est possible.
RUE MONSIEUR-LK-PRINCE. 233
aussi qu'une certaine maison de l'Etoile, mentionnée en iByG, doit ne pas différer
de la maison du coin, laquelle, probablement, n'était point encore séparée de la
précédente.
JUSTICE
ET C.EiNSlVE DE L'ABBAYE SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS.
Toutes les maisons du côté occidental de la rue Monsieur-ie-Prince, jusqu'au Entre
droit de la rue de Touraine, furent élevées sur une grande pièce de terre de '"'"euie'con"dé.""
quatre arpents trois quartiers et demi, rrappellée Bel Aym (i5 iB-iô-iy), que
les Cordeliers vendirent cent livres à Ange Coignet, sieur de Croix-Fontaine,
avocat au Parlement. Celui-ci, ayant annoncé l'intention de bailler son terrain à
des particuliers pour qu'ils y construisissent, rencontra, à ce sujet, une vive op-
position de la part des religieux de l'abbaye, qui lui reprochèrent, entre autres
choses, de s'approprier une lisière de sol à eux appartenant et large de trois à
quatre pieds. L'affaire se termina par un accord du i"^'' août 1 5 1 5 , suivant lequel
Coignet s'engagea à payer aux moines une rente annuelle de six sous parisis, et
fut libre ainsi de procéder à l'aliénation de sa propriété.
Grwde maison sans désignation en i5A3, puis de lImage-Notre-Dasie (162 8),
faisant le coin septentrional de la rue de Vaugirard. Elle paraît être la même que
le ffgrant liostel de Bel Ayr. -n mentionné en 16/17, ^^ ^^^ élevée sur un jardin ou
place vide baillée, en i53i, par Ange Coignet à Pierre Jacquin, principal du
collège de Calvi. Ce jardin mesurait vingt-sept toises sur la rue de Vaugirard,
vingt-deux toises sur la rue Monsieur-le-Prince , vingt toises cinq pieds et sept
toises un pied dans les deux autres sens.
Maison sans désignation en 16^7, puis jeu de paume du Beau-Begard (i56o-
1687), où il y avait une académie en 1726. Elle semble avoir eu, dès 16^7, des
dépendances sur la rue de Vaugirard, et fut élevée sur une place cédée par
Ange Coignet au coutelier Georges Mêlais, le 3ojuin i5i8.
Maison sans désignation en i53i, puis jeu de paume de s Bel Estât n (Bel-Ebat)
(1567) et DU Petit-Benard (1628-1687), élevée sur un lot de terre cédé par
Ange Coignet à Nicole Aubry, avant l'année 1619.
Maison sans désignation en i53i, puis jeu de paume de la rtCirÉ de Jhe'rusalem n
(15^6-1687). Vers 17Û0, réunie à la suivante, elle renfermait encore un jeu de
paume.
Maison sans désignation ( 1 53 1).
Maison sans désignation (i53i), bâtie sur une place large de quatre toises et
profonde de dix-sept et demie, baillée, le 10 janvier 1627, à Bichard Le Tort,
tailleur. Elle fut acquise, le 18 août 1703, par le prince de Condé. et servit à
agrandir son hôtel, dans lequel elle fut englobée, de sorte qu'on n'en retrouve
234 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
aucun plan. Même défaut d'indication pour les maisons suivantes qui ont été
pareillement abattues pour l'accroissement de l'hôtel.
Maison sans désignation en i53i, puis jeu de paume de Plaisance ( i B/iy-iGgo),
acquis par le prince de Condé, le 12 avril 1707. Cet établissement paraît être
le même que le jeu de paume de la Queue-de-Renard , mentionne en iSgB.
Maison sans désignation (i53i), acquise par le prince de Condé, le aa août
1699. Nous n'avons vu aucun plan de cette maison, ni de celles que nous énon-
çons à la suite et qui ont été également réunies à l'hôtel de Condé; il n'est donc
pas possible d'en indiquer les dimensions.
Maison sans désignation (i53i), acquise par le prince de Condé le 19 août
Maison sans désignation en 1 53 1, puis du Saint-Esprit (1628), acquise par
le prince de Condé le i'"' juin 1705.
Maison sans désignation (i53i), acquise par le prince de Condé le k sep-
tembre 1700.
Maison sans désignation (i53i), acquise par le prince de Condé le 17 août
1700. Cette maison et les quatre précédentes étaient tren masuren dans les der-
nières années du xvi*^ siècle.
Plusieurs maisons sans désignation (i53i), qui lurent la propriété du cardinal
de Tournon, et qui, dès iBgo, ainsi que les deux suivantes, appartenaient à
M. de Gondi, comme on le voit par le censier de ladite année. Elles y sont énon-
cées, en effet, dans un seul article, sans détails, peut-être parce qu'elles ne for-
maient, en réalité, qu'une seule maison divisée en plusieurs corps d'hôtel. Avant
1699, l'hôtel de Condé ne s'étendit point, dans la rue Monsieur-le-Prince et vers
le midi, au delà de l'emplacement occupé par ces maisons.
Maison sans désignation (i53i), qui fut absorbée dans l'hôtel de Gondi. Coignet
l'avait bâtie sur un emplacement qu'il s'était réservé dans la vente de son terrain.
Maison sans désignation (1023), dont l'emplacement a été compris le dernier
dans l'hôtel de Condé. Elle fut biUie sur un terrain mesurant quatre toises de
largeur et vingt de profondeur, et fut baillée par Coignet à Nicolas Lourdel, en
i5io?
Maison avec jeu de paume (1 53 1 ) , ayant pour enseigne la « Chiche Face ti ( 1 595).
En 1628, elle était unie à la maison correspondante de la rue de Condé. Elle
fut aussi achetée par le prince de Condé, et probablement en même temps que
la suivante.
Maison avec jeu de paume, sans désignation en 1822, puis de la Salamandre
(156/1-1628). Elle avait été bâtie sur un terrain large de liuit toises et profond
de dix-sept toises quatre pieds, cédé par Etienne Taboullart à Jacques Testelin,
le 7 juillet i5i6. Le prince de Condé en fit acquisition le 5 juillet 1703.
Jardin (i53i), puis maison du Griffon (iSgS). En 1628, cette.j[naison dépendait
RUE DU SABOT. 235
de celle de la rue de Condé à laquelle elle aboutissait, et fut achetée par le prince
de Condé au mois de décembre 1708. Elle avait été élevée sur deux pièces de
terre cédées, le 1 0 mai 1 5 20, par la veuve de Gilles Liénard à M" Pierre François,
dit de Colonia, chanoine de Saint-Benoît. La première de ces pièces, qui avait été
baillée le 22 novembre i5i5 à Jacques L'Héritier, avait environ quinze toises et
six pouces de profondeur sur quatre toises un pied de largeur; la seconde, un
peu moins profonde, était large de cinq toises. Toutes les deux aboutissaient à la
propriété de Durant Parques, ce qui nous a permis d'en restituer l'emplacement.
Jardim (i53i), puis maison sans désignation (i543), qui fut achetée, le 18 fé-
vrier 1705, par le prince de Condé. C'est la dernière, dans cette direction, que
ce personnage ajouta à son hôtel. Elle constituait l'extrémité de la pièce de terre
d'Ange Coignet, et contenait, en 1628, cent trente toises de superficie. Une partie
du terrain qu'elle occupait était formée d'une place de douze toises de profon-
deur sur cinq toises un pied de largeur; cette place, contiguë aux terrains dont
nous venons de parler, avait été baillée en même temps à de Colonia, et aboutissait
à la maison du Petil-Ecu-de-France. Au même lieu avait existé un lot de quatorze
toises de largeur, baillé par Coignet à Jean Yve, le 20 novembre i5i6.
Deux jardins (16^7) dépendant de la maison du Riche-Laboureur, faisant le
coin de la rue de Condé. En 1628, à la place de ces jardins, il y avait des cons-
tructions formant la partie postérieure de deux maisons ayant leur entrée par la
rue de Condé.
RUE DU SABOT
(faisant AUJOURD'HUI PARTIE DE LA RUE BERNAHD-PALISSY ).
La rue du Sabot commence à la rue du Four et finit à la rue du Dragon.
Cette petite rue, assez rarement mentionnée à cause de son peu d'importance,
apparaît pour la première fois dans un titre de 1/168, où elle est énoncée tr ruelle
a qui va en la rue du Four.'» Au xvi* siècle, on l'appelait «rue Copieuses (iSaS,
i53i, etc.), à cause du clos Copieuse, qui formait une de ses encoignures. Dans
le censier de i53i, elle est appelée a petite ruelle qui descend du chemin
ffdudicthostel du Sépulchre à la rue du Four,^ et dans le censier de iBgS, rtrue
ffde l'Arpenteur. D Ce dernier vocable n'a jamais été signalé, et nous ne l'avons
point rencontré ailleurs. Le nom de rue du Sabot ne commence à être employé
dans les actes qu'à l'époque de Louis Xlil, bien que l'enseigne du Sabot, d'oii H
provient, soit beaucoup plus ancienne. La rue du Sabot doit se confondre avec
une certaine rue Saunel-le-Breton, dont les auteurs ne parlent point non plus, et
3o.
236 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
qui est indiquée dans un titre du 22 juin i5i8. H nous paraît, en effet, impos-
sible d'interpréter autrement le passage de ces pièces où il est question d'une
maison, que nous connaissons d'ailleurs, qui, ayant sa façade sur la rue de
l'Égoiit et faisant le coin de la rue du Four, aboutissait par derrière a à quelzques
ff myneurs, avec un aultre petit jardin joignant en la rue Saunet le Breton.^ A la
date de 1728, on trouve la mention suivante : «rue appellée aux. Vaches, autre-
(t ment dite du Sabot, -n
Une seule propriété avait son entrée principale dans la rue du Sabot : c'était
un petit jardin (iBaS), remplacé plus tard par une petite maison, qui, située du
côté oriental de la rue, séparait l'hôtel de Taranne de la maison faisant le coin
de la rue du Four. Ce jardin, dépendant probablement de la maison du Sabot, est
celui auquel il fait allusion dans le document énonçant la rue Saunet-le-Breton.
RUE DE SEINE.
La rue de Seine, prolongée en 1812 jusqu'à la rue de Tournon, commençait
auparavant à la rue de Bussy, et elle a toujours fini au quai Malaquais.
La principale destination de la rue de Seine était de conduire les habitants du
bourg Saint-Germain et du quartier Saint-André au port de Nesle, et, subsidiai-
rement, au Petit-Pré-aux-Clercs. Confondue avec une partie de la rue de Bussy,
elle est énoncée, dans une charte de 1269, viens per quem itur ad Secanam; puis,
dans les documents postérieurs, «chemin par lequel on va de ladicte abbaye à
tf icelle rivière T) ( iTiZig); a chemin allant au Pré aux Clercs et à la rivières (1 5io);
ff chemin qui va de Sainct Germain à la rivières (1529); ff chemin qui tend de
ff ladicte rue (de Bussy) aux Prés aux Clercs a (i522); ffchemyn de la Rivière n
( 1 5 2 8 ) ; « chemin du Port 11(1529); « cliemin du Port aux Passeurs ti ( 1 5 3 o ) , et
ff chemin de l'Ahruvoir, de présent appelle la voye de Seine n (i53i). Dans un
acte de i52i,nous lisons «rue de Seyne, nouvellement ainsi nommée;T! cepen-
dant il y avait plus de trente ans que l'appellation était en usage, puisque nous
l'avons rencontrée dans une transaction de 1^89.
Du côté occidental de la rue de Seine, entre les rues de Bussy et du Colombier,
il y avait des constructions, c'est-à-dire une tuilerie, dès le xiv'= siècle, et plus
bas, à la même époque, la voie paraît avoir été bordée par les murs du Séjour de
\esle; mais les maisons bâties au lieu où était ce séjour, et à partir de la rue du
Colombier jusqu'à la rivière, n'ont été élevées que de i535 environ à i5/ii, sur
des terrains depuis très-longlemps rendus à la culture ou y ayaut toujours été
consacrés. Du côté oriental, on éleva les premières maisons en i53o, année qui
doit être celle où la rue de Seine, élargie, reçut l'alignement qu'elle a conservé.
RUE DE SEINE. 237
Elle ne fut pavée, au reste, qu'en i565, à la suite d'un arrêt rendu, le 3o mars,
sur la réquisition de l'abbé de Saint -Germain, et qui avait été précédé d'un autre
du 2 janvier tblxli (i5^5 n. st.)'". La pente devait être d'un demi-pouce par
toise. En i563, la rue semblait assez récente pour qu'on l'appelât trrue de Seine
ft nouvellement faicte,Ti et en i54i , alors qu'elle était encore inachevée, elle est
dite trrue encomniancée à faire, par laquelle on va de la porte Saint Germain
ffsur la rivière de Seine, n Le nom de rue de Seine n'a été d'un emploi général
qu'un peu plus tard, et, suivant Sauvai, on y a fréquemment substitué celui de
rue Dauphtne, à cause de l'hôtel Dauphin ou de Liancourt. Nous croyons effec-
tivement avoir vu un exemple de ce vocable, mais nous n'en avons point ren-
contré deux, ce qui prouve qu'il est extrêmement rare dans les titres.
CÔTÉ OCCIDENTAL.
PAROISSE SAINT-SLLPIGE.
JUSTICK ;
ET CENSIVE DE L'ABBAYE SAI>T-GERMAI\.
Maisons sans désignation (iBgô), contiguës aux maisons du coin occidental de i''"''»
la rue de Bussy , et faisant le coin méridional de la rue du Colombier. Elles étaient, ,.t(in coiombicr.'
dans la première moitié du xvi" siècle, confondues avec la tuilerie de Moussy.
(Voir Rue de Bussy, p. ^12.) En 1628, entre la rue de Bussy et la rue du Colom-
bier, on comptait neuf propriétés distinctes, et celle du coin de la rue du Colom-
bier avait pour enseigne h Bergerie.
Maison sans désignation (iblii), fai.sant le coin septentrional de la rue du E"»"^
,> 1 i-ii 1 • -vil* iesruusduColombicr
Colombier, et aboutissant rue de l'Ecliaudé. Elle fut bâtie sur une pièce de huit ct<ieri'>i]o.uié.
perches et demie, baillée, le 6 mai 10^1, à M" Nicole Le Brun, qui en rétro-
céda une partie à M'' .Jean Martin et à M* Léon de Marzelles. Le terrain qu'elle
occupe, avec les maisons suivantes, servait encore, en i53i, à déposer les
r thuilh'auxfl de la tuilerie voisine, dont les propriétaires le prenaient à bail
poui- cet usage. C'est apparemment lorsqu'on a commencé à y construire qu'a été
donné à la rue du Colombier le débouché qu'elle possède sur la rue de Seine, et
dont il est fait mention dans le censier de 15/17, '^^ '^ ^^^ •^'* 1"*^ '^ ''^" s'appe-
lait alors frlEschauldéii !2).
Maison sans désignation ( 1 âgo), faisant le coin oriental de la rue de l'Echaiidé.
Elle était en ruines, lorsqu'elle fut cédée, le 28 mars iSgo, au barbier .leaii
''' La (laie de ce premier arrêl est indiquée dans texte du second dans ses Preuves (t. IV, p. 71.1).
les registres du Parlement, et Féiibien donne le '*' Arch. nal. reg. U. nao, fol. .^qq v".
238 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Leschemains par Marie de Villars. Elle avait été construite sur un terrain cunéi-
forme de cinq toises de profondeur, baillé, le 7 mai i586, à Geoffroy Lambert,
cette place, est-il dit dans l'acte, ayant été et de tout temps délaissée en voirye et
(f descharge d'ordures n O.
Entre Maison sans désignation en i5Zi3, puis du Petit-Saixt-Jean (1628-1720),
et des Marais, faisaut l'eucoignure occidentale de la rue de l'Echaudé. Elle aboutissait à celle de
Guillaume Maillard, rue du Colombier, et paraît lui avoir également appartenu.
Elle fut augmentée, en ibli3, d'un emplacement de cinq toises carrées, pris sur
le terrain du Petit-Pré-aux-Clercs.
Maison sans désignation (1695), provenant d'un morcellement de la suivante.
Vers i56o, le terrain en fut augmenté de vingt-quatre toises et demie, retran-
chées de la maison Nicolas Baujoan, située rue du Colombier.
Grande maison couverte d'ardoise (15^7), qui fut bâtie par Arnault Palerne,
procureur au Parlement, sur un terrain à lui badlé par l'abbaye, le i" mars
i5/i3. En i568, elle était au procureur Gabriel Montaigne; en lôgS, au prési-
dent Thévin, et, en 1677, au président Boulanger de Viarmes. Elle renfermait,
vers 1670, un manège ou académie, et s'étendait, vers l'ouest, sur des terrains
qui dépendent actuellement d'une maison de la rue du Colombier.
Maison de la rr Margarite n (iBgB), puis des Trois-Pensées (1628). C'était un
morcellement de la précédente, à laquelle elle aboutissait.
Maison sans désignation en iBqS, puis du Fémx (1628) et de l'Annonciation
(1686).
Maison de ^l'Image Saint Ypolle'teh (iBgB), puis des Trois-Boules (1628-
1 720) et de LA Ville-de-Chaumont (1717). Elle a été quelquefois confondue avec
la suivante, dans laquelle, en 16/17, ^^'^ ^^ait comprise ainsi que la précédente.
Maison sans désignation (15A7), faisant le coin méridional de la rue des
Marais.
Entre Maison saHs désismatiou en iS^v, puis du Fer-à-Ciieval (i5q5), faisant le
la rue des Marais " ' ■■ \ u /
et le quai. coiu septentHonal de la rue des Marais. Vers 1628, elle était divisée en deux.
Maison de la Croix-Blanche (1595-1628), provenant d'un morcellement de la
précédente.
Maison sans désignation en 16^7, puis du Point-du-Jour (1628-1687). Vers
1 5^7, elle appartenait au peintre crLoys Vachot,Ti et, en 1 ôga, elle était séparée
de la suivante par une autre maison, absorbée plus tard dans une de celles qui
lui étaient attenantes.
Cette maison et celles qui précèdent, depuis l'hôtel du président Thévin, furent
'"' La maison construite sur cet emplacement étant mentionnëe dès 1690, Jaiilol se trompe en disant
qu'on ne permit d'y bâtir qu'en 1 608.
RUE DE SEINE. 239
construites sur la pièce d'un arpent et demi que le cardinal de Tournon céda,
le aT) septembre i538, à l'avocat du roi Gilles Le Maître, comme dédommage-
ment des pertes de terrain subies par ce dernier lors de l'élargissement de la
rue de Seine et de la rue sur les fossés. (Voir Rue Mazarine.) Il avait été convenu
toutefois que Lemaître payerait à l'abbaye, à titre de redevance féodale, un cens
de six sous parisis. Le i3 novembre suivant, François Bastonneau, voisin de
Le Maître, s'engagea à acquitter ce sens pour lui, en échange d'une perche de
la pièce appartenant à ce dernier. Suivant les titres, la pièce en question oll'rait
une largeur de dix perches, devant et derrière, sur une profondeur de quinze.
Elle devait donc empiéter sur le Petit-Pré-aux-Clercs, car les limites de ce pré,
vers l'orient, ne s'éloignaient guère de la rue de Seine que de trente-cinq ou
trente-six toises. Cependant on lit dans le censier que cette profondeur de quinze
perches se continuait trjusques à un fossé, icelui comprins, qui sépare le Pré aux
(T Clercs de ladicle terre, v
HÔTEL Dauphin, de Bouillon, de Liancourt et de la Rochefou-
cauld, aboutissant rue Bonaparte. Cet hôtel occupait l'emplacement de deux
propriétés contiguës, qui bordaient la rue de Seine, et dont la première conte-
nait un demi-arpent. Après avoir appartenu à Charles do Magny, rr capitaine de la
f port»' du Roi, 71 elle était, dès i538, à François Bastonneau, notaire, lequel y fil
construire une maison. La seconde propriété consistait en un jardin clos, d'en-
viron sept quartiers, lequel, après avoir appartenu aussi à Charles de Magny,
et ensuite à Jean-Jacques de Mesmes, seigneur de Roissy, lieutenant civil de la
prévôté de Paris, était passé, dès i5/i3, aux mains de Nicolas Dangu, évoque de
Seez''', puis de Mende. En i586, les deux propriétés étaient fondues en une
seule, et appartenaient à François de Bourbon, duc de Montpensier, dauphin
d'Auvergne; d'où le nom de irhostel Daulphimi qu'on trouve dans le censier de
1 690 , où il est dit ([ue l'hôtel était alors possédé par M. de Penillac. Il fut ensuite
acquis par Henri de la Tour, duc de Bouillon, maréchal de France*^), et après
sa mort, arrivée en 1628, par Roger du Plessis, sieur de Liancourt, qui le fit
''' U. Bnnillarl rapporte (p. 191) que le roi
Charles l\ alla loger, en i56i, nie de Seine, chez
l'ëvêque de Ciiàloiis. Cet liôlel ëtait peut-être le
même que celui de M. Uang-u.
'*' Le fameux Salomon de Brosse, architecte du
palais du Luxenihourg. fil dans l'hôtel de liouillon
des travaux de construction , à l'occasion desquels il
dëlivrd le reçu suivant, que nous a communiqué
M. Ch. liead : "Jay (?) soubsigné, confaise avoir eu
tet receu de Monseigneur le duc de Bouillon, pre-
ffmier mareschal de France, par les mains demon-
cr sieur le Vasseur, son segrétaire ordinaire, la somme
irde trois milles livres tournois sur et tant moins à
ffcompte des ouvrages tant de raassonnerie, char-
irpenterie, couverture et autres ouvrages que je
irfais taire pour mondit seigneur, en son logis du
irfaulxbourg Saint Germain des Prës, rue de Saine
rrlès Paris; de laquelle somme de trois milles livres
crje tient quile mondit seigneur, le Vasseur, et tous
rrautres. Faict ce xxviu' jour de juing mil six cens
rrlreze."
tQ. de la somme de in"' 1.. S. de Brosse.^
240 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
rebâtir sur les dessins de Lemercier, l'architecte du Louvre. La petite-fille du duc
de Liancourt ayant épousé, en 1669, le duc François de la Hocliefoucauld, ce-
lui-ci devint propriétaire de l'hôtel, que l'on continua à appeler l'hôtel de la
Rochefoucauld; cependant il fut vendu, en 1718, par le prince de Marcillac à la
famille Gilbert des Voisins. La rue des Beaux-Arts a été ouverte, en iSaS, sur
l'emplacement de cet édifice, détruit peu auparavant.
Grande maison contenant un arpent et un quartier, et aboutissant à la rue des
Petits-Augustins. Elle appartint, vers i563, à Jean-Jacques de Mesmes, puis fut
possédée par Gilbert de Lévis, genldhomme de la chambre, duc de Ventadour,
et, vers iBgb, par le conseiller au Parlement François Lecoq, dont la famille la
conserva pendant plus d'un siècle. En 1687, la partie postérieure de cette maison
était annexée à l'hôtel de Boulanger, président au Grand Conseil, lequel hôtel
était situé en la rue Bonaparte.
Maison sans désignation (1567), qui appartenait, vers iSgS, à M. Leclerc,
sieur de la Forêt, docteur en droit. Elle était alors divisée en plusieurs ftde-
rr meures, 15 dont l'une avait nom l'hostel du batleau du lioy.
Deux maisons sans désignation (i5g5). Elles existaient probablement dès i5/j5,
et furent, ainsi que la précédente et la suivante, bâties sur des terrains vendus,
en i538, par l'Hôtel-Dieu. (Voir Quai Malaquais.)
Grande maison sans désignation (15^7), formant le coin du quai. Bâtie par
Jean Dumas, maître de la poste de Paris, comme les trois que nous venons d'in-
diquer, elle fut abattue vers 1G06, pour faire place à l'hôtel de la Reine-Mar-
guerite. 11 ne reste aucune trace du plan de ces constructions.
HÔTEL DE LA ReiNE-MarglERITE. Cet édifice, qui a subsisté pendant moins
de vingt ans, a été en quelque sorte oublié des historiens, qui eu parlent à peine.
On ne peut suppléer que très-imparfaitement à leur silence, tant à cause de
l'absence des comptes de construction que par suite des lacunes existant dans les
archives de l'abbaye.
C'est en i6o5 que Marguerite de Valois, première femme de Henri IV, quitta
l'Auvergne et revint à Paris, où elle choisit l'hôtel de Sens pour résidence. Elle
y demeurait encore le 5 avril 1606, jour oii l'un de ses anciens amants, nommé
Vermont, tua le favori qui l'avait supplanté près de sa maîtresse. Ivre de colère,
celle-ci, raconte Lestoile ('^ jura de ne prendre aucune nourriture qu'elle ne
fût vengée, et, afin que le serment ne lui devmt pas trop pénible à tenir, dès le
lendemain elle fit exécuter Vermont, sous ses propres yeux, devant la porte de
son hôtel. Mais, «la nuit même, tout effrayée, elle en délogea et le quitta avec
rr protestation de n'y jamais rentrer, n La reine Marguerite n'alla donc habiter le
'"' T. XLVll, p. 5aG. Coll. Petitot. — Ces délails sont confirma par d'autres historiens, et Lestoile cite
un mot de Henri IV qui y fait allusion.
RUE DE SEINE. 241
foubourg Saint-Germain que postérieurement au 6 avril 1606, et au mois de
septembre suivant elle y avait certainement son rr logis, n puisque, comme le rap-
porte aussi Lestoile, elle lut contrainte, parla peste qui s'y manifesta, de l'aban-
donner et de se retirer à Issy. Des acquisitions effectuées le 9 août et le 3 1 juillet
resserrent dans de plus étroites limites encore l'époque à laquelle il faut reporter
l'installation de la reine Marguerite au quai Malaquais. Quant à l'époque où
commencèrent les travaux de son palais, nous n'en connaissons qu'une particula-
rité : au mois d'octobre 1610, la chapelle inachevée attendait encore sa toiture'').
Pour réaliser les plans qu'elle avait adoptés, la reine dut obtenir l'autorisation
de supprimer l'extrémité septentrionale de la rue appelée aujourd'hui Bonaparte,
ce qui lui permit de réunir une portion des deux îlots compris entre les rues de
Seine et Saint-Père. Le tout forma une propriété large de quarante-deux toises et
demie sur la première rue et de quarante-six sur la seconde*^). La superficie totale
était de cinq mille trois cent vingt-quatre toises, savoir : pour les bâtiments bor-
dant la rue de Seine et faisant le coin du quai, quatre cent soixahte-huit toises;
pour la cour venant ensuite, quatorze cent douze; pour le jardin situé derrière la
cour et faisant le coin du quai et de la rue des Saints-Pères, trois mille quatre cent
quarante-quatre '^l Au delà de cette dernière rue, qui les séparait de l'hôtel propre-
ment dit, d'immenses terrains furent achetés pour faire un parc, dont nous parlons
ailleurs et qui demeura inachevé. (Voir Quai Malaquais.) On ne termina point non
plus certains édifices de l'hôtel, dont la disposition intérieure n'est point connue,
parce qu'il n'en subsiste aucun dessin et que les plans de Quesnel et de Mérian en
donnent à peine une idée. A défaut de documents graphiques plus complets, nous
pouvons du moins citer et nous transcrivons une curieuse description de l'hôtel
que renferme un procès-verbal de visite et d'estimation, dressé au mois d'avril
1620. A cette époque, la reine étant morte depuis cinq ans, et ses nombreux
créanciers réclamant le payement de ses dettes, la vente du palais légué à Louis XIII
par Marguerite fut ordonnée.
PROCÈS-VERBAL DE VISITE DE L'HÔTEL DE LA REINE-MARGUERITE.
Noble homme monsieur maislre Couriin, conseiller du Roy nostre sire en sa court de Par-
lement, commissaire en ceste partie; nous, Pierre Dubuisson, Pierre Hachette, bourgeois de
Paris; Anlhoine Desnotz, Perceval Noblet, Charles Gontesse, maçons jurez du Roy nostredit
seigneur aux œuvres de maçonnerie; François Galoppin, maislre maçon; Sebastien Rruant,
'') Lestoile, coll. Petilol, t. XLVIII, p. SaS. '" D'après un arpentage qui porte la date du
''' L'n ancien plan manuscrit nous fournit ces 18 janvier iCaa, la superficie des bâtiments et de
cotes de quarante-deux toises trois pieds et de que- la cour aurait été de mille neuf cent quatre-vingts
rante-six, qui paraissent pi us exactes que celles dont toises, et celle du jardin de trois mille quatre cent
il est queslion dans le procès-verbal qu'on va lire vingt, ce qui produit un total de cinq mille quatre
et où nous supposons une erreur du copiste. cents toises.
3i
242 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
maistre charpentier à Paris; par vertu de certain arrest de la dite court, datte' du trentiesme
jour de mars mil six cens vingt, signé Voisin, donné au Parlement, sur la requeste présentée
par Bertlieilemy de la Fonds, secrétaire du Roy, Charles Robin, François Frezon, Thoussaint
Dyry, Jehan Langereu, Tristan Guérin, Pierre Robin, Anthoine Lamy, Guillaume Pijard, Jehan
Baudouyn et Nicolas Libert,. . . . Racine, Simon et Pijard Paris, Tarques Bailliart, François
formant, Pierre Nazereau, Louis do la Haye, Thomas Bouclier, Anthoine Michault, François
Lesveilley, Jehan Dubois et aultres créanliers de la feue royne Margueritte, les dix, treize, qua-
torze et plusieurs aultres jours ensuivans du mois d'avril, au dit an mil six cens vingt, nous
sommes transportez en l'hoslel, lieux, jardin, et parc derrière, quy fut et appartint à la dite
feue Rovne, scis es faulxbourgs Saint Germain des Prez, ayant sa principalle entrée du costé de
la rue de Seine, pour iceux lieux veoir et visitter, et faire rapport de Testât d'iceux, qualitté et
quantité, valleur des toises qui se trouveront en icelluy, et de la commodité de la vente du tout
ensemble, ou en particulier et par toises.
Tous les quelz lieux, es présences de vous, Monsieur, du sieur Tranchot, substitut de mon-
sieur le procureur gênerai du Roy en la dite court, le serment préallablenient par nous fait et
preste par devant vous, sur les ditz lieux; présens maistres Nicolas Taneguy, curateur à la suc-
cession de la dite feue Royne, Bonnadventnre Quantin, saindicq des créantiers, François
Rousseau, Guillaume Frezon, Jehan Péron, Guilleaume Pijeard, Nicolas Libert, Jehan Bourdon,
Jehan Duboys et autres créantiers de la dite feue Royne; nous avons veuz et visittez, de fondz
en comble et d'un costé et d'aullre, comme il appartient, et avons trouvé iceux lieux concister
en plusieurs corps de logis, bastimens, ediffices, courtz, jardin et parc derrière, et iceux estre
en tel estât, disposition et qnalittez qui sera cy-après déclaré; le tout comme il en suit :
Premièrement. Un corps d'hostel de sept travées de longueur, estant à l'un des costez de
la chappelle, vers le faulxbourg Saint Germain, tenant à monsieur Lecocq, couvert d'ardoise,
en pavillon, à esgoust, d'un costé sur une court qui est vers la dite rue de Seine, et d'aultre
costé sur la terrasse, du costé de la grande court cy après déclarée, appliqué par bas au rez
de chaussée, et (à) deux escuries, cuisine et passage; un estage caré sur ledit rez de chaussée,
qui est à la haulteur de la terrasse cy après déclarée, applicqué à six chambres sepparées l'une
de l'autre, tant de murs de refend que de cloisons; un estage dentresolle audessus, applicqué
aussy à six chambres sepparées de semblables sepparations que l'estageau dessoubz, et un gre-
nier dessus sepparé en trois; un escallier dans œuvre servant à monter au dit corps d'hostel, au
hault du quel, en l'eslage de galtas, y a un siège de privé, et au devant du quel corps d'hostel
y a une courcelle du costé de la rue, cloze de murs; à l'un des costez de la quelle y a un com-
mencement de basiiment imparfait, du costé de la chappelle, et à l'autre costé d'icelle court
un aultre commencement de bastiment, eslevé jusques au premier plancher, oij y a deux poul-
tres levées .sans aucunes soHives; et à costé du dit corps d'hostel est une chappelle couverte
d'ardoise, en dosme'^', et lanterne audessus en forme d'auvalle, couverte aussy d'ardoise; l'aire
de la quelle chappelle est à la haulteur de la terrasse cy après déclarée, soubz la quelle y a un
grand passage voulté.
'■' Le plan de Quesnel , dont un fragment est élévation et l'aspect général. Ils montrent surtout
placé en tête de ce volume, et celui de Mathieu les fameux jardins, qui ont donné plus tard l'idée
Mërian, que nous reproduisons partiellement en daCoarsh Reine, el don\,\es Estais généraux tenus
regard du présent procès-verbal , ne font pas devi- à la Grenouillière en juin iSùS déphrent la destruc-
ner, comme le remarque avec raison feu Berty, les tion récente. (Voir, aux appendices, les passages
dispositions intérieures du logis de la reine Mar- que nous avons extraits de ce pamphlet curieux
guerile; mais ils en présentent du moins le plan en et peu connu.) — l.m.t.
RUE DE SEINE. 2i3
Un aultre corps d'hostel, à costé de la dite chappelle, contenant huit travées de long,
estant en suitle d'icelle, vers la dite rue, couvert aussy d'ardoise, en pavillon, à esgoust, d'un
coste' sur une forme de terrasse estant d'un costé de la dite rue, pour rachepter le carre' du dit
pavillon, et d'autre coste' sur la terrasse, vers la grande court cy après déclarée; applicqué, au
rez de chaussée, à escuries, cuisines, offices, passage et petit escaillier pour monter à la
chappelle; un estage carré dessus estant à la haiilteur de la terrasse, oîi y a une salle; un
estage de gaitas dessus, lambrissé, où y a quatre cheminées, le quel gallas appert avoir esté cy
devant sepparé de cloisons.
Un autre corps d'hostel, tenant le dessus dit, contenant cinq travées de long, couvert d'ar-
doise, en pavillon, à esgoust sur la dite rue de Seine et sur la terrasse cy après déclarée, ap-
plicqué, au rez de chaussée, à une salle basse, gardemanger et allée; un estage carré dessus
à la haulteur de la dite terrasse, applicqué à une salle; un estage dessus, applicqué à deux
chambres et deux garderobbes, et un grenier par hault.
Un aultre corps d'hostel en suitte du dessus dit, contenant quatre travées de long, couvert
aussy d'ardoise, applicqué, au rez de chaussée, à une cuisine; un estage carré dessus au rez de
la dite terrasse, applicqué à une grande chambre, et gallas dessus; deux viz rondes de pierre
de taille, hors œuvre, servant à monter aus dilz deux corps de logis et au logis de retour d'es-
querre cy après déclaré; un corps d'hostel en retour d'esquerre, de trois travées de long, couvert
d'ardoise, en pavillon, à esgoust, d'un coslé sur une petite intervalle qui est entre le dit corps
d'hostel et un mur basty de pierre de taille, jà eslevé du costé du quay de deux estages, pour à
l'advenir bastir, jusques sur icelluy mur, et d'autre costé sur le retour de la terrasse, qui est
au droit du dit corps dhoslel, vers la grande court cy après déclarée; applicqué par bas, au rez
de chaussée, à un buschée; deux estages carrez l'un sur l'autre sur le dit rez de chaussée; le
premier, qui est à la haulteur de la dite terrasse, applicqué à une salle, petit cabinet et escail-
lier; le second estage, applicqué à une chambre, garderobbe et cabinet, et grant gaitas dessus,
sepparé en deux; un petit appentis, couvert d'ardoise, estant au devant du dit corps d'hostel,
sur partie de la dite terrasse, servant de garderobbe à la dite salle.
Pour le regard de la qualité des bastimens dessus déclarez, il appert par l'inspection d'iceux
avoir esté basiis et construitz depuis douze ou quinze années en sça; partie d'iceux faitz de
moillon, chaulx et sable, partie de pierre de taille tant dure que tendre; les jambes soubz
poultres, croisées, lucarnes et entablement de la dite pierre; et sur le devant de la l'assade
d'iceux bastimens, vers la grande court cy après déclarée, y a une terrasse eslevée jusques à la
haulteur des premiers estages d'iceux bastimens, dont les planchers d'icelle terrasse sont de
poultres et sollives, et pavés dessus de pierre de taille de liaiz et aultres pierres. Les quelz plan-
chers sont portez et soustenus en partye de murs, et aultre partie sur pilliers et treumeaux
de pierre de taille. Et sur le devant d'icelle terrasse y a plusieurs piedz d'estalz de pierre de
taille, et barres de fer qui y servent d'appuys; un perron hors œuvre, à deux costez, en forme
de demy auvalle; les marches du quel et murs d'appuys sont aussy de pierre de taille, servant
à monter du rez de la dite grande court sur icelle terrasse; et soubz icelle terrasse y a plusieurs
buschers, passages et un mannageC).
Et oultre les ditz bastimens, ediffices et terrasse, une grande court en la quelle y a un
puys : à l'un des costez de la quelle, au devant des corps de logis et courcelles cy après déclarez,
y a une terrasse contenant seize travées de longueur, garnye de planchers, de poultres et sollives
portez sur pilliers de pierre de taille et partie de murs, et pavée, partie pardessus les ditz
planchers, de carreau de terre cuitte; iceux planchers en partie pourris et de peu de valleur.
'' Manège.
3i.
2â4 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Au derrière de la quelle terrasse, vers le quay de la rivière, y a une courceile attenant ie corps
de logis de trois travées, cy devant dernier déclare'; en la quelle courceile y a un escaillier de
charpenterye, hors oeuvre, servant à monter à une partie du dit corps d'hostel; un petit edif-
fice à costé du dit escallier, applicqué par bas à estable, chambre et galtas dessus; deux
autres courcelles sepparées d'un mur, où y a une gallerie vers le quay de la rivière.
Un viel corps d'hostel de quatre travées de long, couvert de thuille, en comble, à esgoust,
d'un costé vers le dit quay de la rivière, et d'autre costé sur une petitte intervalle de cour-
ceile qui est entre icelluy corps d'hostel et la dite terrasse devant déclarée, applicqué, au rez
de chaussée, à une escurye; deux estages carrez l'un sur l'autre sur le dit rez de chaussée, ap-
plicquez chascun à deux chambres et allée de passage; un cstage de galtas, applicqué aussy
à deux chambres, et grenier dessus, auquel l'on monte par une eschelle; une viz hors œuvre,
servant à monter au dit corps d'hostel; et, joignant, y a une masure oiî appert y avoir eu
quelque logement, et de présent y a un privé et petite gallerie.
Et ensuitte, à costé du dessus dit, y a un viel corps d'hostel, couvert de thuille, en comble, à
esgoust, d'un costé vers la dite terrasse, et d'aultre costé vers le quay de la rivière, applicqué,
au rez de chaussée, à une salle basse, cuisine et garde manger; deux estages carrez l'un sur
l'autre sur le dit rez de chaussée, applicquez chacun à deux chambres, garderobbe et cabinet;
et un estage de galtas dessus, oiî y a trois petittes chambres; une viz dans œuvre, servant à
monter au dit corps d'hostel.
Et à costé, ensuitte du dessus dit corps d'hostel, y a deux petitz corps d'hostelz, vielz et ca-
ducques. L'un d'iceux, quy est joignant le dessus dit, contenant deux travées de long, couvert
de thuille, en comble, de semblable esgoust que les dessus dilz, applicqué, au rez de chaussée,
à une salle; une cave dessoubz, garnye de sa descente droitte; un estage carré sur le dit rez de
chaussée, applicqué à une chambre de garderobbe; un estage de galtas dessus, oiî y a aussy
chambre et garderobbe, et grenier par hault; une viz dedans œuvre, servant à monter au dit corps
d'hostel. Et l'autre corps d'hostel tenant le dessus dit, contenant aussy deux travées de long,
couvert aussy de thuille en comble, applicqué, au rez de chaussée, à une salle basse; cave au des-
soubz, une chambre à garderobbe et galtas dessus; une viz pour y monter; icelluy corps d'hostel en
péril et de présent estayé. Lesquelz deux petitz logis dessus derniers déclarez, ainsy vielz et ca-
ducques, estoient cy devant des appartenances du jeu de paulme appelez \e jeu de paulme du
Roy Charles; desquelz n'appartenoit à la dite feue royne Margucritte que la superficye de la
place; et quand aux mathereaux, tant de pierre que charpenterye, couvertures et autres y
estant, appartenoient à
suivant les contratz de ce failz avecq la dite feue royne Margueritte, ainsy qu'il nous a esté dit
par Lévesque, maistre paulmier, demeurant rue Saint Germain de l'Auxerrois. Et au
devant des quelz logis, du costé du dit quay de la rivière, est un commencement de pan de mur,
tout le long d'iceux, construit tout en pierre de taille, partie d'icelluy eslevé de deux estages, et
aultre partie d'un estage seullement; les croisées de pierre de taille y érigées.
Tous les quelz bastimens, ediflices, tant neufz que vielz, petittes courlz, terrasses et grande
court, ayant veu plusieurs plans et desseins faitz, tant d'iceux ediflices, bastimens, courlz, ter-
rasses, grande court, que jardin et parc; faisans la démonstration d'iceux avons trouvé particul-
lierement contenir, à sçavoir : par la face d'iceux bastimens, sur le costé de la rue de Seine,
quarante deux toises de largeur ''', à prendre icelle largeur depuis la moitiée de l'cspesseur du
mur meitoyen sepparant le dit hostel et la maison du sieur Le Gocq, jusques et compris l'es-
pesseur du mur; du costé du quay de la rivière, trente huit toises trois piedz et demy de lon-
''' Le ve'i'itable chiffre est quarante- deux toises trois pieds.
RUE DE SEINE. 245
gueur, depuis le dehors de la dite encoignure, sur la dite rue de Seine, jusques et compris Fes-
pesseur du mur qui fera closture d'une rue quy sera faite par le travers d'iceile grande court,
au bout d'iceile, du coslé du jardin, pour aller, du dit quay de la rivière, gaigner une rue jà
faite au devant du monastère des Augustins réformez W ; la quelle rue, quy ainsy sera faite, aura
quatre toises deux piedz de largeur dans œuvre, entre le dit mur quy sepparera la dite grande
court eticelle rue et un aultre mur quy sera fait au dedans du jardin cy après déclare'; trente
huit toises de largeur depuis le dehors du mur du costé du dit quay, fait de pierre de taille, sur
le costé d'icelluy jardin, jusques à la moitiée de l'espesseur du mur moitoyen sepparant la dite
grande court et le jardin de la maison du dit sieur Le Gocq, et cinquante six toises de longueur
depuis la dite rue quy sera faite jusques et conpris l'espesseur du mur sur la dite rue de Seine,
à prendre icelle longueur tout le long du dit mur de closture du dit sieur Le Cocq; de sorte
que tous lesditz bastimens, édiflices, tant vielz que neufs, terrasses, courcelles et grande court
cy dessus spécilfiez , contiennent ensemble, en superficye de place et platte forme, la quantité
de dix huit cens quatre vingtz toises ou environ.
Item un grand parterre de jardin, oullre la dite rue qui sera faite, clos de mur au pourtour,
peuplé de quantité d'arbres fruitiers, pallissaddes et aultres arbres, contenant quatre vingtz deux
toises de longueur par son meilleu, à prendre la dite longueur depuis la dite rue qui sera faite
jusques et compris neuf piedz par avance, oultre le mur de closture de l'aboutissant d'icelluy
jardin, sur une grande rue publicque allant du dit quay à l'hospital de la Charitté'^', sur qua-
rante deux toises '^1 de largeur prins par son meilleu, compris moitiée de l'espesseur du mur de
closture sepparant le dit jardin et le dit monastère des ditz Augustins réformez , jusques et com-
pris l'espesseur du mur de closture du dit jardin, du costé du quay de la rivière; qui vallent en
superficie de platteforme, de parterre, la quantitté de trois mil quatre cens quarente quatre toises.
Dans le quel jardin y a un logis pour le jardinier, qui contient deux travées de long, couvert
de Ihuille en comble, à esgoust, d'un costé sur le quay de la rivière, et d'autre costé sur icelluy
jardin, applicqué, au rez de chaussée, à un cellier; un estage carré dessus, applicqué à une
chambre et garderobbe; un estage de galtas, applicqué aussy à une chambre et garderobbe, et
un grenier par hault; une viz dedans œuvre, servant à monter au dit corps d'hostel; y a un édif-
fice clos de cloisons au pourtour, au meilleu du quel y a un grand puys en forme d'auvalle,
pour y faire une pompe; audessus du quel puys y a un plancher, oiî y a deuz poultres, sollives
et terrasses au dessus, appuyés de balustraddes, petitte viz pour y monter, et cabinet à costé
soubz icelle terrasse; le tout en partie pourry.
Et oultre icelle grande rue publicque allant du dit quay à l'hospital de la Charitté, un grand
parc non clos, sinon de quelques fossez, au quel y a une allée plantée d'ormes, et prez icelluy
parc, contenant quatre cens vingt cinq toises de longueur ou environ par son meilleu, et quatre
vingtz huit toises de largeur, rapporté le fort au foible, qui vallenl, en superficye de terre et
platteforme, trente sept mil quatre cens toises, dont est à rabattre pour les bastimens, courtz,
jardins et thuillerjc des maisons appelées la Grenouillères, qui sont enclavées dans partie d'icelluy
parc, du coslé de la rivière, qui contiennent vingt quatre toises de largeur sur quatre vingtz
huit toises de longueur, qui vallent en superficye deux mil cent douze toises. Partant reste, le
(lit rabat fait, trente cinq mil deux cens quatre vingtz huit toises.
Et à costé d'icelluy parc, une pièce de terre en pré, aussy non cloze, sinon de quelques petite
•'' C'est l'extrémité septentrionale de la rue Bo- ''' Rue des Saints-Pères.
noparte. La cote indiquée n'est point juste, parce ''' Nous avons dit qu'il faut peut-être lire qiui-
i|ue, lorsqu'on rouvrit la rue, on lui lit subir une ranle-six toi.ses.
Ilfxio», au lieu de la prolonger en ligne droite.
246 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
fossez, estant iceUe pièce de pré du costé des champs, contenant deux cens toises de longueur
sur douze toises de largeur par son ineilleu, rapporté aussy le fort au foible; qui vallent, en
superficye de terre et plate forme, deux mil quatre cens toises.
De tous les quelz bastimens, courtz, jardin et parc dessus contenus et déclarez, nous avons
fait les prisées et estimations sepparément, selon leur assiette, i'estat et disposition d'iceux, le
tout comme il suit :
Premier. Les bastimens estans sur le costé de la rue de Seine, avecq la terrasse le long d'iceux,
vers la court, qui contiennent trente neuf toises de longueur par leur nieilleu, et rapporté le fort
au foible, à prendre depuis la moitiée du mur mitoyen du costé du sieur Le Cocq jusques au
dehors du mur, du costé du quay, sur douze toises de largeur, aussy rapporté le fort au foible,
depuis le dehors du mur du costé de la rue de Seine jusques et compris la dite terrasse qui est
au derrière des dilz bastimens sur la grande court; qui vallent quatre cens soixante huit toises
de superficye. Nous estimons chacune des dites toises, eu esgard aus ditz bastimens quy sont sur
icelle superficye, vallent bien siz vingtz quinze livres; qui seroit en somme, pour les ditz un'
Ixviii toises, à la dite raison, Ixiii" ciiii" livres tournois (63, 180**).
La court et vieiz bastimens et masures vers le quay, jusques à la dite rue qui sera faite pour
aller du quay au monnastère des Augustins resformez, montent à quatorze cens douze toises de
superficye; nous estimons chacune toise, excepté les niathéraux des deux petitz logis, chacun
de deux travées de long, vielz, caducques et en péril, où estoit anciennement le jeu de pauime
du Roy Charles, vault bien trente six livres tournois; qui seroit, pour les dites xiiii' xu toises, à
la dite raison, la somme de i"" vui" xxxii livres tournois (5o,832**).
Le jardin cloz de murs, qui est oultre la dite rue qui sera faite pour aller du dit quay au dit
monnastère des Augustins réformez, lequel est clos de murs, planté d'arbres, pallissades, dans le
quel est le logis du jardinier, et puys pour une pompe, montant, en superficye de plateforme,
à la quantitté de trois mil quatre cens quarente quatre toises ou environ : nous estimons chacune
toise valloir bien vingt quatre livres; qui seroit, pour les ditz iidiii'' xlnii toises, à ladite raison,
la somme de im"" 11" vi'lvi livres tournois (82,656**).
Quand au parc non clos, sinon de quelques petitz fossez, planté en partie d'ormes, et auitre
partye en prez, et pièce de pré à costé vers les champs, montant ensemble à la quantité de
trente sept mil six cens quatre vingtz huit toises de superficye de terre ou environ, nous esti-
mons que une tierce partie d'iceile superficye de terre, à prendre la dite tierce partie au bout
vers la rue allant du quay à Saint Père , vault bien la somme de soixante solz tournois chacune
toise ; une autre tierce partie ensuivant vault bien la somme de vingt solz la toise; et le reste,
jusques au bout de la pointe, vault bien dix solz tournois la toise; qui est trente solz tournois
chacune toise, l'une portant l'autre, et rapporté le fort au foible, quy seroit, pour les dites xxxvii""
vi' ini" vin toises, la somme de ivi"v' xxxii livres tournois (56,532**).
Somme à quoy se monte les prisées de tous les dictz lieux, tant bastimens, courtz, jardin et
parc dessus déclarez : deux cens cinquante trois mil deux cens livres tournois. Sy n' lin'" u'
livres tournois (253, 200**).
Pour plus facillement vendre le dit parc susdit dernier déclaré, est nostre advis qu'il soit fait
RUE DE SEINE. 247
une rue tout le long d'icelluy parc, depuis la dite rue publicque allant du dit quay de la rivière
à rhospital de la Charitté jusques au bout d'icelluy parc, et trois aultres rues traversantes allant
de la rivière à la grande rue vers chacune d'icelles rues de quatre toises de lar-
geur; le tout sy bon semble aus ditz creantiers de la dite feue Roynele faire. Et tout ce certif-
fions estre vray : lesmoing nos seing cy mis les an et jours dessus ditz.
Ainsy signé en la minutie :
De Buisson, Hachrtte, Desnotz, Contesse, Perceval, Noblet, Bernard,
DK SaiNT-GalOPPIn'''.
L'hôtel de la Reine -Marj;uerite, y compris le parc, fut adjugé, le 1 1 mai 1692,
aux nommés Jacques de Garsaulan, sieur de Ghambrejon, Jacques de Vassan,
sieur de Massan, trésorier des parties casuelles; Jacques Potier, secrétaire des
finances; Louis le Barbier, contrôleur général des bois de l'Ile-de-France, et
Joachim Sandras, sieur de Bellouard (ou Villouars), commissaire de l'artillerie;
lesquels, après avoir payé, le i3 avril 1622, la somme de i,3i5,ooo livres tour-
nois, furent mis en possession le 21 juin de l'année suivante. L'hôtel fut ensuite
partagé entre les acquéreurs, et la partie en bordure sur la rue de Seine forma
trois grands lots. Le premier appartint, en 1629, à M. de la Moinière, puis à sa
fille; on l'appelait, en 1687, l'hôtel d'Angoumms. Le deuxième, qui a conservé
longtemps le nom d'hôtel de la Reine-Marguerite, appartenait, en 1629, à M. de
Garsaulan; en i6iio, à Madeleine de Bailly, veuve de Jacques de Vassan, et, en
i685, à Charles de Vassan, président de la Cour des comptes, lequel, le 3i mars
de celte année, le céda, en avancement d'hoirie, à son fils Charles-Jacques de
Vassan, seigneur des Tournelles, avocat général à la Cour des comptes. Le troi-
sième lot, celui du coin, appartenait, en 1G29, à M. de Vassan; en 1687, il était
subdivisé en deux, la seconde parcelle ayant été aliénée au profit de M. de
Bérulle.
CÔTÉ ORIENTAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE SAINT-GERMAIN.
Maison sans désignation en lôgS, puis de l'Arche-de-Noé (i65/i), faisant le
coin septentrional de la rue de Nesle, et contiguë à la maison faisant le coin du
quaiMalaquais. Lors de sa démolition, elle avait seize toises de superficie. C'était
un morcellement de l'emprise de Nicolas Canivet. (Voir Quai Malaquais.)
"' Areh. nat.
248 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Maison du crCoiFFiNn (lôgS), puis de l'Image-Saint-Claude (1628), faisant le
coin méridional de la rue de Nesle, sur laquelle sa largeur était de six toises
et demie, tandis que sur la rue de Seine elle mesurait dix-neuf pieds. Elle
fut acquise, les 2 a mars et i3 avril i663, par les exécuteurs testamentaires du
cardinal Mazarin, puis démolie pour permettre le déplacement de la rue de
Nesle.
Maison sans désignation en 1 69 5 , et de l'Image-Saint-Nicolas en 1617, laquelle
renfermait un jeu de paume en iGaa. Elle fut achetée, le 22 février i663, par
les exécuteurs testamentaires du cardinal Mazarin, et une partie de son emplace-
ment a été comprise dans la nouvelle issue de la rue Mazarine. Sa superficie était
de vingt-neuf toises.
Maison sans désignation (lôgB), aboutissant rue Mazarine. (Voir planche IX.)
Maison du Cercle-d'Or (1628), aboutissant rue Mazarine. Elle devait avoir été
bâtie en même temps que la précédente.
Maison avec jeu de paume (1628-1790), dit le Jeu de paume du Métayer, parce
qu'il appartint, au commencement du xvn'^ siècle, à un individu appelé Arnoul
Mestayer. La maison a eu pour enseigne le Lion-tt Argent en 1687 ; elle aboutissait
alors à la rue Mazarine. Elle existait sans doute dès iSgS, mais, dans le censier
de cette année, elle n'est point indiquée d'une manière spéciale et se trouve com-
prise dans un seul article, avec toutes les suivantes, jusqu'à la maison des Trois-
Cygnes. Les comédiens de la troupe de Molière ont eu leur théâtre dans le jeu
de paume du Métayer. Selon M. Eud. Soulié, il leur avait été loué pour trois
ans, le 19 septembre i663, par le maître paumier Noël Gallois.
Partie postérieure de la maison de la Ville -de -Lyon, faisant front sur la rue
Mazarine.
Maison sans désignation en 1628, puis de la Marguerite-Couronnée (1687),
ayant une façade sur la rue Mazarine.
Maison DE la Tour-Carrée (1607-1696) , aboutissant rue Mazarine. Avec les
deux suivantes et les maisons correspondantes de la rue Mazarine, elle paraît
occuper ce lot de deux cent cinquante-huit toises , qui appartenait au charpentier
Guillaume Fournier en 16/17.
Maison sans désignation en 1628, et probablement bâtie dès le règne de
Henri IV.
Maison sans désignation en 1628, et dite l'hôtel Dauphin en 1696. Elle dépen-
dait d'abord d'une maison de la rue Mazarine.
Maison sans désignation (1628), qui semble devoir s'identifier avec celle de
quatre-vingts toises de superficie, occupée, en 16/19, P^^' Claude Boysart, frdict
rrle Dyable,fl maître passeur.
Maison sans désignation eu 1628, puis des Trois-Daims en 1760. Elle ne fai-
sait d'abord qu'une seule et même propriété avec la maison de la Corne-de-Daim
RUE DE SEINE. 249
(1595), située rue Mazarine. En 1 6/17, elle comprenait l'emplacement de la mai-
son suivante et renfermait un jeu de paume.
Maison sans désignation (1601), qui aboutissait primitivement à la rue Maza-
rine, et comprenant la maison de l'Huit^e, en bordure sur cette rue.
Maison ET jeu de paume des Trois-Cygnes (lôgS-iôaS), puis des Aigles (1687)
et DES Trois Canettes (1687-1728). Dès 1687, cette maison était divisée en deux
et avait issue en la rue Mazarine par une allée.
Maison avec jeu de paume (iSgS-iôgG), qui avait pour enseigne le Soleil-d'Or
en 1687. Elle avait, sur la rue Mazarine, divers corps d'hôtels qui devinrent des
maisons séparées.
Maison sans désignation en lôgS, et dite l'hôtel d'Avray vers 1687.
Maison sans désignation (1 Sgô), qui n'était probablement pas distincte d'abord
de la maison correspondante sur la rue Mazarine. Plus tard, elle en constitua la
partie postérieure, et elle servit de chantier lorsque les comédiens du roi eurent
abandonné le jeu de paume de la Bouteille. Elle appartenait, à cette époque, à
Marie-Angélique Laffemas, dont la famille la possédait depuis cinquante ans au
moins.
MaIson sans désignation (iBgS), aboutissant à la rue Mazarine. C'est celle oi!i
a été ouvert, en i8q3, le passage du Pont-Neuf.
Maison sans désignation en iSig, et appartenant alors à Claude André, con-
seiller au Parlement. Elle aboutissait rue Mazarine, et a été subdivisée en deux.
La seconde partie avait nom l'hôtel de Chdleatinetif, à la fin du \nf siècle, parce
qu'elle appartenait au marquis de l'Aubépine, seigneur de Chûteauneuf.
Grande maison couverte d'ardoise, qui appartenait, en iSgB, à M. du Peyrat,
trésorier général du duc de Montpensier. En 1628, elle aboutissait à la rue Maza-
rine.
Maison sans désignation en 1695, puis dite des Trois-Mortiers (1680) et
HÔTEL de NiSMES (1697).
Maison sans désignation (iBgS), aboutissant d'abord à la rue Mazarine, puis
au jeu de paume de Saint-Nicolas.
Maison sans désignation en 1667, et dite le Jeu de paume des Deux-Anges en
1695. Elle a ensuite formé deux maisons appelées, l'une la maison Ronge ou de
rimage-Sainl-Martin (1711), et l'autre le Jeu de paume des Trois-Torches (1687).
Cette dernière, dont l'agencement se comprend mal, paraît avoir été séparée de
la suivante par l'allée servant d'issue au jeu de paume de la Place-Royale, situé
rue Mazarine.
Partie postérieure du jeu de paume de Fort-Affaire (1 536), dans la suite maison
DE l'Image-Saint-Louis (i 698- 1 696) ct DU Heaume (1710). Cette maison semble
avoir été élargie du côté de la rue de Seine.
Maison sans désignation (1567), qui s'étendait encore jusqu'à la rue Mazarine
1.1. 33
250 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
en 1638. A la fin du xvi" siècle, elle appartenait à l'architecte Claude Vellefaux,
comme l'indique l'article suivant du censier de iSgS : crDe M"" Claude Vellefaux,
irjuré du Roy en l'office de massonerye, et voyer général de la terre et seigneurie
ffde Saint Germain des Prez et ses appartenances, au lieu des héritiers de M" René
ff Saulson, procureur au Grand Consed, pour une maison et jardin assis en ladicte
ce rue de Seyne, tenant d'une part audict J. Martin, d'aultre part à la veufve et
tr héritière de feu François Pastoureau, d'un bout par devant sur ladicte rue et par
crdérière sur les fossez; qui doibt de cens chacun an, ledict jour Saint-Remy,
«tant cens que rente, cinquante-un sols six deniers parisis.n Claude Vellefaux,
en mourant, laissa à sa famille, qui en a joui pendant soixante ans encore, sa mai-
son de la rue de Seine, laquelle a eu pour enseigne le Lion-Noir et l'Autruche,
dans le cours du xvii*' siècle.
Partie postérieure d'une maison située rue Mazarine (iSiy). Elle était déjà
séparée de celle-ci en iBgB et renfermait un jeu de paume. Elle paraît avoir eu
pour enseigne le Cygne-de-l*-Croix en 1687, et était contiguë aux maisons du
coin de la rue de Bussy.
En i566, il y avait dans la rue de Seine, auprès de la rue des Marais, une
maison de l'Image-Saint-Christophe, dont nous ne connaissons point la situation
exacte. Nous n'avons pu déterminer davantage celle du cf jeu de paume de Tout-
rrvoyeT) (i56o), qui appartenait à Jean Touvoye, maître esteufier, et s'étendait
de la rue de Seine à la rue Mazarine, offrant ainsi une superficie de quatre cent
douze toises. 11 est probable que ce jeu de paume fut abattu, avec la plupart des
propriétés attenantes, lors du siège de Paris.
RUE SERVANDONI.
La rue Servandoni, qui a toujours fini à la rue de Vaugirard, commence au-
jourd'hui à la rue Palatine ; elle partait autrefois de l'église même ou du cime-
tière Saint-Sulpice.
Comme elle longeait, au commencement du xvf siècle, les bâtiments de l'hôtel
de Garancière, elle avait, suivant plusieurs censiers, (testé prise de ladicte mai-
ffson. T) On pourrait donc en induire qu'elle a été ouverte assez tard; mais il est
parlé, dans une transaction de ik^li, de «rla ruelle qui va au long de l'ostel de
ffGarancières,T) et il paraît constant que cette ruelle est la même que la rue Ser-
vandoni ('). Dans des actes de 1622, iSSy et 1 556, celle-ci est appelée «la ruelle
''' Le document qui nous fournit cette citation et d'autre à la ruelle ; aboutissant d'un bout à Lorin
est l'acte de la vente d'une propriété située devant Gauldry, et d'autre au cimetière Sainl-Sulpice. Or
Saint-Sulpice,tenant d'une part à Jacques Cardon, ces indications s'appliquent exactement au clos
RUE SERVANDONI. 251
ffSainct Sulpice;ii dans un autre document de i548, et rue Sainct Sdpice qui
fftend du chemyn de Vaugirard à l'église dudict Sainct Sulpice,fl et, dans des
titres de i556 et i566, «Petite rue Sainct Supplice,» sans doute pour la distin-
guer de la Grande rue Saint-Sulpice ou des Canettes. Nous sommes bien certain
d'ailleurs de ne point tomber ici dans une de ces confusions si difficiles à éviter
lorsqu'on étudie l'histoire topographiques des environs de Saint-Sulpice; le titre
de 1 566 auquel nous venons de faire allusion se rapporte, en effet, à la maison
de Jean Allain, dont l'emplacement n'est pas douteux.
Dans le censier de iBgB, la rue Servandoni est énoncée «rue des Cordiers,»
et, dans un acte de i6î?o, «rue des Fossoyeurs, ditte des Cordiers.n L'appella-
tion de «rue du Fossoyeur ti se rencontre dès 1677; avec le pluriel ou avec le
singulier, elle a été d'un usage général jusqu'au moment oià une ordonnance de
1806 y substitua le nom moins lugubre de Servandoni, architecte de la façade
de l'église Saint-Sulpice. Sauvai dit, et on le devine sans peine, que le fossoyeur de
Saint-Sulpice demeurait dans la rue. Il est question, en termes obscurs, dans un
document de 1637, de la maison qu'il habitait, et une sentence du 28 décembre
i5/ii , où il est appelé Pierre Chaufard, nous apprend que cette maison, de pe-
tites dimensions, était située près de l'église.
Sous le règne de Louis XIII, la rue Servandoni a été parfois nommée, surtout
dans sa partie septentrionale, rue du Pied-(le-Biche , à cause de l'enseigne d'une
maison attenante au cimetière, et l'identité résulte des termes mêmes d'un bail
de i63i : «rue du Pied de Biche, aultrement dict des Fossoyeurs, n L'enseigne
d'une autre maison faisant le coin de la rue de Vaugirard lui a valu le nom de
rue du Fer-à-Cheval , dans le contrat de vente de l'hôtel du Luxembourg, en
1612; mais nous ne connaissons point d'autre exemple de cette appellation, qui
a dû être peu employée.
Vers l'extrémité méridionale de la rue Servandoni, le long de la rue de Vau-
girard , existait un « lieu dict la Kalende, a sur lequel nous n'avons jamais recueilli
de renseignements détaillés. Un arpent de terre qui y était situé est énoncé, en
i/ioo, «tenant d'une part à la vigne de monseigneur de Garencières, d'autre à
«Pierre Gaucher, fossoyeur; aboutissant aux ruelles qui vont à Vaugirard. n Un
demi-arpent contigu est, en outre, énoncé tenir «aux ruelles Saint Sulpice.n Le
territoire de la Kalende est mentionné dans le censier de i355 et dans des docu-
ments de la fin du xv* siècle. Il n'en est plus question après.
Fërou, qui appartinl à J. Cardon. La ruelle Ion- cet hôtel, et, par conséquent, ce ne peut être que
géant l'hôtel de Garancière était donc à l'ouest de la rue Servandoni.
33.
252 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
CÔTÉ ORIENTAL.
PAROISSE SAIM-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Partie postérieure de l'hôtel de la rue Garancière, qui appartint à M. de la
Tour. Cet hôtel, du côté de la rue Servandoni, était apparemment contigu au
cimetière Saint-Sulpice, et, dès 1628, on avait bâti sur son emplacement quatre
ou cinq maisons peu profondes. Au même lieu il y avait, en iBgô, deux maisons
que nous n'avons pu identifier; la plus rapprochée de l'église était possédée par
M'^Lejay, procureur au Parlement.
Partie postérieure de l'iiôtel de Soubdiac, remplacée par trois ou quatre mai-
sons en 1628.
Maison sans désignation (i566), dite, en 1095, composée de deux corps
d'hôtel, et, en i6a8, de deux maisons. Elle aboutissait à la propriété d'Ambroise
Paré, située rue Garancière, et en dépendait en i6o3.
Maison sans désignation, qui dépendait de la suivante et fut cédée, le 3i dé-
cembre i566, à Jean AHain par Guillaume d'Aussy. Elle n'avait alors que vingt
pieds neuf pouces de largeur sur rue, et quinze pieds seulement à son extrémité
opposée; la maison qui, selon nous, la représente aujourd'hui a donc dû être
élargie.
Maison sans désignation, appartenant, en i566, à Guillaume d'Aussy. Elle
paraît être la même que celle qui fut vendue, le 18 novembre 1697, par Jean
du Verger à Thibaut Cressé, élu à Glermont en Beauvoisis. Nous sommes sûr de
son emplacement, mais non de ses limites.
Maison sans désignation (iBgB), dont les limites sont également douteuses, et
qui était contiguë à la maison faisant le coin de la rue de Vaugirard.
CÔTÉ OCCIDENTAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
^""•'' Maison du Fer-À-Cheval (1 506-1687), faisant le coin de la rue de Vaugirard.
les rues de Vaugirard , \ ^ il inv/^ii
.tduCanivet. Elle appartenait à Etienne Casin, qui demeurait en la maison du Fer-à-Cheval ,
située rue de la Harpe. Elle était divisée en deux dès 1626.
RUE DE SEVRES. 253
Maison sans désignation en iBgS, puis de la Chaise (i628-i635). L'un de ses
propriétaires s'appelait Marguerite Chaize.
Maison sans désignation (iSg 5).
Deux maisons sans désignation (iBgS), aboutissant à la rue Pérou, En 1628 ,
la seconde appartenait à Robert Fusée, sieur d'Assy, et s'appelait, en i653, la
Grange d'Assy Fusée.
Grande maison sans désignation (iSgS), faisant le coin méridional de la rue
du Canivet et aboutissant à la rue Férou. Elle était divisée en deux dès 1628.
Maison sans désignation (1 Sgô) , puis du Vert-Bois ou Gaillard-Bois ('' (1628- Entre
1735), aboutissant à la rue Férou et contiguë à la maison faisant le coin septen- et
trional de la rue du Canivet. régiiseSaint-s„ipic.
Maison sans désignation (lôgS), aboutissant à la rue Férou. Elle paraît avoir
été divisée en deux dans sa largeur, car, dès 1628, elle était séparée de la pré-
cédente par une maison qui ne doit point avoir été bâtie sur le terrain de celle-
ci, dont elle a d'adleurs dépendu dans le dernier siècle.
Maison sans désignation (i556), aboutissant à la rue Férou. La partie posté-
rieure en fut retranchée l'an 1620, et la partie antérieure fut achetée par la
fabrique de Saint-Sulpice le i/» mai 1767.
Maison sans désignation en i556, puis de l'Image-Saint-Pierre-aux-Pavillons
(i58o) et du Pied-de-Biche (t63i-i66i). La première enseigne rappelait le
nom de Pierre Pavillon, à qui elle fut adjugée le 27 mars 1577. Elle aboutissait
à la rue Férou, et, comme elle était destinée à être démolie, elle fut achetée
parla fabrique de Saint-Sulpice le 22 février 1719.
Cimetière Saint-Sulpice, faisant le coin de la ruelle longeant l'église. (Voir Rue
Férou.)
RUE DE SEVRES.
La rue de Sèvres commençait, comme aujourd'hui, au carrefour de la Croix-
Rouge, et finissait à la barrière qui limitait le faubourg. Au delà c'était le chemin
de Sèvres.
Il est douteux que la rue de Sèvres se soit appelée rue de la Maladerie dès le
xni« siècle, ainsi que l'assure Jaillot en faisant allusion à des chartes de l'abbaye,
qu'on ne retrouve point dans ses archives. Au commencement du règne de Fran-
çois I", en effet, bordée exclusivement de terres en culture, elle n'était point
<■> Les deux expressions étaient synonymes : appliqué au mot bois, l'adjectif g-aiV/flrrf signifiait verdoyant.
-254 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
encore une rue, mais bien un chemin qu'on appelait le chemin ou et le grant che-
(rmin de la Malladerien (i53i, i53i, etc.), et «le grand chemin qui tend de
ffla rue du Four à la Maladerien (iBaS). Un titre de 161 4 l'énonce « chemin
rrpar lequel on va de Paris à la Maladerie,T) et un acte de ihtg, «chemyn qui
ffva de la Maladerie en la grant rue dudict Sainct Germain, a Sans aucun doute,
des locutions analogues ont dû être employées dès l'origine de la Maladrerie; mais
nous n'en avons point rencontré d'exemple antérieur à celui que nous citons.
La rue de Sèvres est nommée et voie de Sèvres n dans le censier de i355; rche-
crmin qui va, par devant la Maladerie, droit à Sèves, •« dans un document de
ilik'], et :( chemin ou grand chemin de Sèvres dans une foule d'autres. Comme
elle conduisait à Meudon aussi bien qu'à Sèvres, elle a été dite chemin de Meudon,
en ik']h, et cr chemin tendant dudict Sainct Germain à Meudon, appelle chemin
(tdes Charbonniers, 11 dans un ensaisinement de i534, relatif à un terrain situé
au-dessus et près de la Maladrerie. Sur un plan de 1 671, le vocable de chemin des
Charbonniers est également appliqué à la route de Sèvres, au delà de Grenelle.
La voie dont nous nous occupons n'a commencé à être ordinairement qualifiée
de rue que dans la seconde moitié du xvi* siècle, et, en 1 554, on y voyait encore
le rt chemin par lequel on va dudict Sainct Germain à Sèvres, n Elle est appelée
(True allant à l'Hospitaln et rr chemin par lequel on va de la Maladrye à Vaugi-
trrard,T) dans le cueilleretde 1505; et rue des Petites-Maisons, ^ dans un acte de
1626, et ff rue du Boullouer, n dans d'autres de 1 568, i638 et i658. Le tr che-
ftmindu BouHouem est mentionné dans le censier de iSi^. Nous avons expli-
qué ailleurs l'origine de celte dénomination.
CÔTÉ DU SUD -EST.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE SAINT-GEBMAI\-DES-PRÉS.
(Voir le pian de Ja paroisse Saint-Sulpice.)
Maison de la Taverne (1372), faisant front sur le carrefour de la Croix-Rouge,
et formant à la fois le coin de la rue du Cherche-Midi et celui de la rue de
Sèvres. Le 8 janvier 1^89, Pierre Montrouge la prit à bail avec l'arpent qui en
dépendait et qui était situé derrière. En i523, elle appartenait à Tanneguy
Aulbry, et renfermait, indépendamment de l'arpent que nous venons de mention-
ner, une grange, une bergerie et un jardin, le tout offrant une superficie d'un
quartier et demi. En 1695, elle était possédée par Julienne Bouchardeau , riche
propriétaire du quartier, et, en 1628, elle contenait une tuilerie. Suivant les
RUE DE SEVRES. 255
litres de cette époque, elle aurait alors eu trois arpents de superficie, ce qui
impliquerait qu'elle s'était étendue jusqu'à la première brisure de la voie. Saisie
sur Geoffroy Lambert et Julienne Malherbe, sa femme, elle fut adjugée, le 3 fé-
vrier 1627, au conseiller et médecin du roi, René Chartier. D'autres décrets
d'adjudication, datés des 17 juin 1662 et 17 février i663, en procurèrent la
possession aux Prémontrés réformés, qui s'y installèrent <''.
Maison sans désignation (iBgS), aboutissant à la précédente.
Delx maisons sans désignation [ibli-]), qui, réunies en une seule, ont formé
l'hôtel de la Paye au xviii"' siècle. Ainsi que toutes les suivantes, elles devaient
être bâties déjà vers i535, mais alors la plus grande partie de leur emplace-
ment était en jardins.
Deux maisons sans désignation (1547). Elles furent élevées, avec les deux pré-
cédentes, sur quatre pièces de terre baillées à bâtir par l'abbaye le 9 décembre
iBag. Ces pièces s'étendaient de la rue de Sèvres à la rue du Cherche-Midi, de
même que celles dont il sera question ci-après. Les deux premières, que prirent
les nommés Richard Greslé et Antoine Greslé, contenaient chacune cinquante
perches; les deux autres, qui échurent à Geoffroy Hévet et à Jacques Rigaut,
renfermaient chacune vingt-cinq perches.
Deux maisons sans désignation (15/17). ^® 9 f^vri*^!" 1712, Jeanne de Sauvaget
fit donation de la seconde au profit des dames de Saint-Thomas, qui s'y éta-
blirent. Ces deux maisons, ainsi que celles auxquelles elles aboutissaient rue de
Sèvres, furent construites sur cinq pièces de terre baillées à bâtir, savoir : la pre-
mière et la deuxième, qui contenaient chacune un quartier, à Pierre de Bagneux
et à veuve Jacques Berthon, le 9 novembre 1629; la troisième, qui contenait cin-
quante perches, à Jean Allain, probablement aussi en iSag; la quatrième, qui
contenait vingt-cinq perches, à Jean Poussin, le 10 mars i53o ; et la cinquième,
qui parait avoir contenu trois quartiers, à Richard Le Tort, en 1629'^'.
Deux maisons sans désignation (lôgB). Elles n'étaient sans doute pas moins an-
ciennes que les précédentes, car elles occupaient l'emplacement d'un demi-arpent
baillé, le 19 février 1829, à Jean Boillet, et d'un quartier baillé, en la même
année, à Guyot Fleury.
Pièce de terbe attenante à la Tranchée et aboutissant à la rue du Cherche-
Midi (1595). Elle était large de trente toises cinq pieds et demi sur cette der-
nière rue, et de vingt et une toises un pied et demi, sur la rue de Sèvres.
'"> Jaillot rlil que la veuve de René Chartier la dont l'application offre des difficultés sans nombre,
leur avait vendue le j6 oclobro 1661 ; nous n'avons Celte superficie est d'ailleurs portée à quatre ar-
retrouvé dans leurs papiers que la copie des dé- penls au lieu de trois et demi, dans l'arpentage
crets. (Arch. nat. cart. 3434i.) de iSag, et, pour les lots suivants, à un arpent
'*' La superficie réelle des deux maisons dont il au lieu de trois quartiers , ce qui paraît être un
s'agit est sujiérieure à celle qu'indiquent les titres, peu plus exact.
256 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
L'Hôtel-Dieu, à qui elle appartenait dès 1829, la vendit, à charge de bâtir, au
nommé Jean Langellé, dit Marchand, le 3 juillet 1609. (Voir Rue du Cherche-
Midi.)
CÔTÉ SEPTENTRIONAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVK DE L'ABBAYE SAIM-GERMAIN-DES-PRÉS.
Entre Maison sans désignation, avec un jardin et terres dépendantes (1 596), faisant
'* lue car*refou"'* ^^ ^^^^ Orientai de la rue de la Chaise. A la fin du xvi'' siècle, elle appartenait à
de ia Croix-Rouge, ^j^ude Morcl , et, le 3o juillet 1 638, renfermant alors deux arpents dix-sept perches,
elle fut vendue 18,000 livres tournois, par Guillaume Bouchardeau , aux Annon-
ciades de Bourges. Les créanciers de ces religieuses les en firent exproprier par
arrêts du Parlement rendus en i65o, 1662 et i656; puis, le 9 mars i656, la
maison fut acquise, au prix de 126,000 livres, par les dames de l'Abbaye-aux-
Bois, qui s'y établirent.
Terre ou jardin (1596) contigu à la maison faisant le coin du carrefour de
la Croix-Rouge. Ce jardin occupait l'emplacement d'un arpent de terre qui ap-
partenait, en iSaS, à Jean Bausart, à cause de sa femme, fille de Jean Ballay,
' lequel avait possédé la plus grande partie de l'îlot. En 1628, il y avait là une
petite maison, puis deux autres renfermant des jardins; Pierre Racine en était
propriétaire. Ce fut ensuite un grand chantier, large de quarante toises, que les
religieuses de l'Abbaye-aux-Bois acquirent le 2/1 septembre 1679.
HOSPICE DES MENAGES
PFSiltltMlON i)K l;ANClr^ V.TATDt r!.r\N
6 PlV^ard ■
%Jttcùwwi clôiare».
D^eéc^ÂjoUcn/ ùu^ Plan/
D ernier élat .
B h'iUrê* du ^A\nMy inaJtu^l. Jf VHtyHial.
D O'iwntJ larMn. f^f^Au/ ^^ l 'Ho<tpi£^.
fc CfUÏ/ fié* Hiaiei*ù*i .
H .Jur^ui Àt Vln/Um^ti^'
1 Coul- Âé- ^eUHc^
K ( ûti^ Je la.Bu4x,nd^>uc^.
N l.iX4*(H.\
S BuatitiMif/
T /ieu/ia
O
,Ai««^
b HU'ïr4X4t£C A^ } A.C'lllUUAÙuUlOtl'.
MALADRERIE SAIIST-GERMAIN. 257
CHAPITRE VI.
MALADRERIE SAINT-GERMAIN.
( PETITES-MAISONS , PETITS-MENAGES.)
La MALADRERIE, ou HÔPITAL SAINT-GermaLN , était situé*! le long et du côté
septentrional du chemin ou rue de Sèvres, entre le débouché des rues du Bac et
de la Chaise. Elle avait, après divers changements, sa principale entrée à l'angle
occidental de cette dernière rue. Elle était située sur la paroisse Saint-Sulpice,
en la justice et censive de l'abbaye Sainl-Germain-des-Prés.
Placée hors de la ville, comme Saint-Lazare et pour les mêmes raisons, cette
léproserie s'appelait ordinairement la Maladrerte Saint-Germain; mais elle est
nommée «la Malladrerie Saint-Thomas n dans le censier de i355, ce qui donne
à croire qu'il s'y trouvait une chapelle de ce vocable. Les archives de l'abbaye
n'offrent aucune mention de la Maladrerie Saint-Germain avant le milieu du
XIV' siècle. Delamare néanmoins, sans toutefois citer d'autorités, la fait figurer
sur ses plans comme si elle avait existé dès le temps de Philipe-Auguste, ce qui
n'est nullement invraisemblable. Dans un legs fait, le 5 décembre 1898, par
Guillaume, dit Hunault, à la Maladrerie Saint-Germain, il est question de sa cha-
pelle et des confréries de Notre-Dame et de Saint-Ladre, qui y avaient leur siège.
On ne sait rien, au surplus, ni de sa fondation, ni de son organisation, et il n'y a
pas lieu de s'en étonner, car la suppression de cet établissement remonte à la fin
du règne de François I". La Maladrerie n'avait alors aucun revenu régulier, et
elle n'était plus qu'une sorte d'hôtellerie pour les lépreux, qui, affluant de partout,
se répandaient de là dans la ville afin d'y quêter et crclicqueter. ii En outre, l'ac-
croissement du bourg Saint-Germain avait fait cesser l'état d'isolement de la Ma-
ladrerie, désormais trop rapprochée d'un grand centre d'habitation.
Par arrêt du 27 janvier, le Parlement ordonna que la Maladrerie serait détruite,
et que les matériaux seraient réservés pour en bâtir une autre dans un lieu plus éloi-
gné, à moins qu'on ne les adjugeât au profit des pauvres. Toutefois, le 16 février
1 54/1, le cardinal de Tournon, sans tenir compte de l'arrêt et en sa qualité d'abbé
de Saint-Germain, c'est-à-dire de seigneur haut justicier du fief, bailla le terrain
de l'hospice à Guillaume Gellinard, sieur de Maisseville, moyennant la remise des
m. 33
258 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
matériaux, la somme de 3oo livres, une rente annuelle de 3o livres el un cens
de 7 sols 6 deniers par arpent. Informé du fait, le procureur général introduisit
une requête concluant à l'exécution de l'arrêt précédemment rendu , et un procès
eut lieu, où comparurent simultanément G. Gellinard, le bourgeois Robert Fal-
lentin, qui lui avait acheté le terrain en litige et avait commencé à y construire,
puis les religieux de l'abbaye. Ceux-ci consentaient bien à ce que l'emplacement
de la Maladrerie fût aliéné dans l'intérêt des pauvres, et recoimaissaient même
qu'il leur incombait le devoir de nourrir et entretenir les lépreux de leur fief;
mais ils demandaient, en échange, à être déchargés de l'obligation de leur fournir
un lieu pour rebâtir l'hospice. Par arrêt du 27 novembre i5/i8, le Parlement sa-
tisfit aux prétentions des moines, et, prenant en considération l'oflre faite par Fal-
lentin de payer 600 livres aux pauvres et de leur servir la rente qu'il servait pré-
cédemment à l'abbaye, lui adjugea la possession définitive de la Maladrerie''*.
Cependant, le nombre des pauvres augmentant sans cesse, ies commissaires
nommés par le Parlement pour administrer l'assistance publique proclamèrent
la nécessité de créer de nouveaux lieux de refuge, et, par lettres patentes du
11 novembre i55i'^', Henri II les autorisa à construire, dans les faubourgs, un
ou deux hôpitaux (tsegregés de voisins, pour illec loger et nourrir lesdicts pauvres
rtmendians en petites loges et eschoppes, de neuf ou douze pieds en carré chas-
(Tcune, selon les pourtraicts, desseings et modellesTi qu'ils en avaient présentés au
Parlement'^'. Le 3 février i55ii, ils achetèrent, dans cette intention, au prix de
''' Arch. nat. cart. S aSia, et reg. Z 7601 ,
fol. 97 v°. Les circonstances à la suite desquelles
la Maladrerie est devenue l'hôpital Saint-Germain
n'ont point été comprises des historiens de Paris.
'*' Ces lettres patentes avaient été précédées, à
dix ans de distance , d'autres lettres datées du 7 no-
vembre 1 5 'ti , par lesquelles François 1" attribuait
au Prévôt des Marchands et aux Echevins de la Ville
de Paris la xuperintehdance , soin et entretien de la
Communauté des pauvres :
ff Ordonnons, disait le roi, qu'ils commettent et
rdeputent, ainsi qu'ils ont acoustunié de faire,
f pour le gouvernement de l'Hostel Dieu, ung cer-
" tain bon nombre de notables bourgeois . conseillers
"de ladicte ville, et aultres gens de bien et chari-
rrtables, lesquelz ilz présenteront d'an en an et de
frdeuz ans en deuz ans, ainsy qu'ilz adviseront, à
f notre dicte Court de Parlement, pour illec faire
net prester le serment que font et prestent en icelle
(f Court les gouverneurs du dict Hostel Dieu... et,
iren ce faisant, appelles avec eulx ung bon nombre
rrde conseillers de ladicte ville, et assistans aucuns
crdenosamez et féaulz conseillers de nostre dicte
ff Court de Parlement, advisent et regardent à tous
(tles moyens et expé.liens convenables pour pour-
fr veoir et donner ordre au faict diceulx pauvres. 1
Nous avons cru devoir reproduire la partie la
plus significative de ces lettres patentes, que feu
Berty avait omises; elles contiennent, en elfet, le
principe de l'institution appelée successivement :
rfl'Aumosne générale,» le Grand Bureau des Pau-
vres et l'Assistance publique. — l. m. t.
''' Nous croyons devoir également reproduire en
entier les lettres patentes du 11 novembre i554.
dont feu Berty n'a donné que quelques lignes. L'en-
semble de cette pièce établit la part que le souve-
rain , le Parlement et le Bureau de la Ville ont prise
à la transformation de l'antique léproserie Saint-
Germain; elle montre, en outre, que les intentions
charitables de François 1" ont été religieusement
suivies par Henri II.
"Henry, par la grâce de Dieu.. . , sçavoir faisons
frque, comme pour nourrir avec certain bon ordre
tret police ung grant et merveilleux nombre de
TOPOGRAPHIE HISTORIOVE DV VIEVX PARIS,
Bienvenu del
'.. M Tisserand dn
LES PETITES MAISONS ET LES PETITS MÉNAGES
■•• >. t " : F. N \ 1- \: ■\ 1 . A D R [•: rie s a : m t g f. r m a i n
y. c n a ê c r>
MALADRERIE SAINT-GERMAIN. 259
loo livres tournois de rente, la propriété de Robert Fallentin; elle consistait alors
en une maison qui avait pour enseigne sur le portail l' Image- Sainte-Geneviève, et
coinpienait des cours et des étables, avec un jardin; le tout présentant une su-
perficie d'environ trois arpents'". L'ancienne Maladrerie redevint ainsi un hôpital,
qu'on appela Vhôpilal Saint-Germain , et bientôt aussi les Petites-Maisons , à cause
irpauvres, qui mendient ordinairement parniy les
frrues, maisons et ëglises de nostre ville de Paris,
trcappilaie de notre royaulene, quelque auniosne
irque on leur distribue par chascune sepmaine,
trayant été pratiquez plusieurs bons moyens, tant
rpar notre Court de Parlement que par les coni-
"missaires par elle commis sur le faiet et police des-
irdicls pauvres, et finablement estre Ireuvez, ainsy
trque lesdicts commissaires nous ont faict entendre,
irque il est 1res nécessaire de bastir et construire
iruuff ou deux nouveaulx hospitaiilx, en certains
(rlieidx spaeieulxdc nostre dicte ville et faulxbourgs,
ffsegregez de voisins, pour illec loger et nourrir
fflesdictjj pauvres mendians en petites loges et es-
(Tcboppes, de neuf ou douze pieds en carré chas-
ffcnne, selon les pourtraicts, desseings et modelles
cqu'ilz en ont faict faire et présentera nostre dicte
(T Court, laquelle a treuvé ladicte entreprinse très
ir bonne et la permis et accordé soubz nostre bon
T plaisir. Pour ce est-il que donnons en rnandc-
"ment, etc.» (Archives de l'Assistance publique,
Pelileg-Maixons , liasse n° h.)
Ce sont les (r pourtraicts, desseings et modelles»
des ir petites loges et esclioppes," que nous avons
fuit reproduire à l'aide des relevés pris par le Ser-
vice historique, au moment de la démolition des
bAtiments. Pour rendre plus sensible les transfor-
mations successives de l'antique Maladrerie Saint-
Germain , nous avons réuni , sur la même planche ,
un cabanon des Peliles-Maisom; et une travée des
Petits-Ménages. — l. m. t.
''> L'acte de vente, dont la minute est conseï'-
vée aux archives de l'Assistance publique, est ainsi
conçu :
tr Par devant Etienne Brûlé et Adrian Fournier,
"■notaires du Roy nostre sire, en son Chastelet de
ff Paris, fut présent, en sa personne, honorable
tr homme Robert Fallantin, marchand bourgeois de
rr Paris, lequel, de son bon gré et bonne vollunlé,
rrecongneut et confessa avoir vendu à nobles
nhommes et saiges maislres Loys Gayan, M° Jac-
trques Pothier, M" Jehan Berjot, conseiller du Roy
tf nostre sire, en sa Court de Parlement, M' Paris
rrHesselin, aussy conseiller du Roy et maistre de
ffses comptes. M" Estienne Dugué, chanoine en
T l'esglise de Paris et archidiacre de Brye , M" Claude
crde Verdun, aussy chanoine de Paris, une maison,
ffcourt, estables, jardin, lieux et appartenances...
33.
260 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
de sa subdivision en un grand nombre de « loges, n Les bâtiments en avaient été
élevés en iSSy, dit Corrozet, qui ajoute que l'établissement n'avait d'autres re-
venus que les aumônes des habitants de Paris'".
L'hôpital Saint- Germain, contenant au plus trois arpents, tenait d'une part
à la rue de Sèvres, et de l'autre à une partie du chemin de Grenelle (rue de
Babylone) depuis longtemps supprimée. 11 aboutissait par devant et avait son
entrée sur le carrefour formé par la réunion des deux voies que nous venons
d'énoncer et de la rue de la Chaise. Il aboutissait par derrière à une pièce de terre
de trois arpents moins un demi-quartier, qui faisait le coin de la rue du Bac.
Baptiste Vesle avait acquis cette pièce de terre, le 12 janvier 1606, de Jeanne
Autran, et la céda, le 1 8 mai 1 6-23, à l'hôpital, par le cimetière duquel elle était
partiellement limitée vers le nord. Elle a servi à l'extension de l'établissement, dont
une acquisition, faite le 7 octobre 1611, a permis d'efl'ectuer le premier agran-
dissement, du côté delà rue de Grenelle. La chapelle fut réédifiée en 161 5'*'.
Du Breul donne les détails suivants sur la destination et l'administration de
l'hôpital Saint-Germain : tt Premièrement, faut entendre que cest hospital a esté
ftbasti et édifié pour y loger, enfermer et nourrir sobrement les hommes et femmes
fvieils et décrépits et autres, pauvres incorrigibles ou invalides et impotens, les
r: hommes séparez des femmes. Et a esté bien advancé avec l'ayde de dellunct de
abonne mémoire Monsieur de Boulencourt, en son vivant conseiller du Boy et
tf président en sa Chambre des comptes, qui y a employé beaucoup de ses biens et
(ffacultez, tant en meubles, rentes que édifices, et plusieurs logis et chambres,
tresquelles sont logez les pauvres estropiats et impotens, vieils et caducs, n'ayant
ff puissance de gaigner leur vie, qui y sont nourriz, alimentez et çhaufez en deux
crie lieu, ainsy qu'il se comporte, appeiiéia Malia-
ttdrerie de Sainct Germain, situez et assis prez
crSainct Germain des Prez lez Paris, du costé et sur
nie chemyn par lequel l'en va dudicl Sainct Ger-
irmain àSève, pour estre appliquez à ung hospital.»
(Archives de l'Assistance publique, même fonds.)
Cette pièce a son intérêt, en ce qu'elle nous fait
connaître quelle était, en i554, la composition du
nouveau Bureau des Pauvres. M. Husson l'a repro-
duite dans son Etude sur les hôpitaux. — l. m. t.
''' Quelques parties des bâtiments primitifs, édi-
fiés en 1557, étaient restées engagées dans des
constructions postérieures. La démolition des ailes
qui les enveloppaient a permis d'en reconnaître
l'aspect et le style; indépendamment des relevés
géométraux, un croquis a pu en être fait par
M. Bienvenu; nous l'avons fait graver sur bois, et
nous le plaçons dans le texte, à la page précédente ,
un peu avant le moment où le récit amène cette
figuration. — i.. m. t.
'*' La chapelle, dont nous avons fait relever le
plan avec soin , au moment de la démolition , avait
autrefois son entrée à l'extrémité de la nef et sur la
rue de Sè\Tes, par laquelle on y accédait. A une
époque qu'il est difficile de préciser, des bâtiments
de service furent appliqués contre le pignon occi-
dental de cette chapelle; on condamna alors la porte
et les fenêtres, dont nous avons retrouvé les baies
sous une couche de plâtre, et l'on fit une nouvelle
entrée latérale donnant sur la cour.
M. Bienvenu a restitué avec soin cet ancien por-
tail , dont aucun historien de Paris ne fait mention ;
il a , de plus , établi une coupe longitudinale et trans-
versale de la chapelle et de son campanile, ce qui
permet d'apprécier l'agencement des combles et la
disposition originale de la charpente. — 1.. m. t.
MALADRERIE SAINT-GERMAIN. 261
ffchaufoirs communs, faits en forme de cloche, l'un du costé des hommes et
ff l'autre du costé des femmes, le tout aux despens du Grand Bureau, qui fournit
fret satisfait à tout ce qui est de nécessité.
ffPlus, audit hospital sont receuz les enfans et pauvres cagnardiers, tant fils
trque filles, qui sont malades de la teigne, qui l'ont gaignée à coucher es basteaux.
ff les autres sous les estaux ou parles rues; et sont pensez, médicamentez et guaris,
tf tellement que en un an s'est trouvé le nombre de deux cens qui y ont receu
(Tguarison. Encores sont receues audit hospital plusieurs femmes malades du mal
tr caduc, nommé le mal Sainct-Jehan, et autres pauvres alliénez de biens et de
trieur esprit, et courans les rues comme fols insensez; desquels plusieurs, avec le
rtenqjs et bon traictement que on leur faict, reviennent en bon sens et santé. ■«
L'administration de l'hospice était confiée par le Grand Bureau à un gouver-
neur, chirurgien émérite, qui dirigeait le service médical et y était aidé par un
second chirurgien. Quatre portiers excerçaient la police de la maison, où il y
avait deux prisons pour punir les pauvres récalcitrants et incorrigibles. Enfin
deux prêtres, logés dans l'établissement, y disaient chaque jour la messe et y ac-
complissaient les autres fonctions de leur ministère'*'.
Une croix, dite de la Maladrerie, existait, vers ila^, dans les environs de l'hô-
pital.
La date termin.ile (1610) que feu Berly s'était imposée l'a condamné a écourter la mono-
graphie de la Maladrerie Saint-Germain, comme elle l'avait conduit à abréger la notice qu'il a
consacrée à Saint-Sulpice, l'antique église paroissiale de celte région. Cependant la vieille Lé-
proserie du bourg Saint-Germain n'en est pas restée à la transformation que lui ont fait subir
les arrêts du Parlement, ainsi que les lettres patentes de i55i. Les Petites-Maisons sont deve-
nues, au commencement de ce siècle, les Petits-Ménages, et c'est sous cette forme que la géné-
ration contemporaine a connu l'asile fondé par la piété de nos pères.
L'établissement, réorganisé en 1567 parle Bureau de la Ville et administré par le Grand
Bureau des Pauvres, a eu , jusqu'à la fin du siècle dernier, son existence distincte; sa gestion ne
relevait ni de l'Hôtel-Dieu , ni de l'Hôpital général. On y recevait indistinctement les pauvres de
toutes les paroisses de Paris, et, comme le nombre s'en accroissait toujours, le Grand Bureau prit
le parti de faire construire, absolument en debors des ff pourctraicts , desseings et modelles"
prescrits par les lettres patentes du 11 novembre i554, un bâtiment considérable devant oc-
cuper tout le fond de la cour. Cette construction, dont nous donnons le profil, au-dessous des
Petites-Maisons de la fin du xvi' siècle et du commencement du xvii", fut élevée en 1786, sur les
plans de l'architecte Buron, approuvés par Antoine, architecte du roi. Elle ne présente point un
'■* Il existait, aux Petites-Maisons, deux chapelles Lablié de Saint -Germain, en la censive duquel
distinctes : la grande, dont nous donnons une vue, était situé l'établissement, y installa un curé-vicaire
qui fut consacrée le 6 avril i6i5, et la petite, ou en i665. Cet état de choses s'est continué jusqu'à
chapelle de l'infirmerie, bénite le 10 mai i656. la fin du siècle dernier. — l. m. t.
262 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
style bien accusé; mais elle constitue le dernier agrandissement de la maison aujourd'iiui dis-
parue, et, à ce titre, il importait d'en conserver l'aspect.
Le même sentiment de conservation nous a engagé à reproduire la porte d'entrée ouverte
sur la rue de la Chaise et contemporaine des premiers travaux de transformation. Enfin il nous
a semblé que la monographie architectonique des Petiles- Maisons et des Petits-Ménages devait
avoir pour complément un plan général des cours et bâtiments, avec indication des parties qui
ont été successivement modifiées ou supprimées, et de celles qui existaient encore au momeni
de la démolition. Moins heureux que feu Berty, lorsqu'il découvrit et publia, dans le tome pre-
mier du présent ouvrage [région du Louvre et des Tuileries), un plan inédit de l'ancien hospice
des Quinze-Vingts, nous avons dû faire relever minutieusement l'ensemble et les détails de la
Maladrerie transformée, en ayant soin de distinguer, par des signes conventionnels, les étals
successifs de cette antique maison.
Ce plan général , dressé par M. Bienvenu , fait honneur à la sagacité et à l'esprit d'exactitude
de ce jeune architecte. Nous l'avons fait réduire, afin de pouvoir le renfermer dans les limites
d'une planche double.
Il nous reste, pour terminer cette notice complémentaire, à dire en quelques mots ce qu'étaient
les Petites-Maisons au moment où la Révolution vint en modifier le régime, et ce qu'elles de-
vinrent sous le Consulat, par suite de la réorganisation du lo octobre 1801.
Un document, rédigé en 1^85 et conservé aux archives de l'Assistance publique, donne des
détails intéressants sur le personnel de l'hospice. On y entretenait alors :
tri° Les vieilles gens infirmes, hommes et femmes, de toutes les paroisses et faubourgs de
(T Paris, pris par ordre d'âge dans ceux qui sont à l'aumône du Grand Bureau à qui l'on
«faisait la paie toutes les semaines, pour fournir à leur subsistance;
«2° Les insensés;
«3° Les malades de la maladie vénérienne, pour y être pansés;
T Zi" Ceux qui étaient affligés de la teigne ;
(r5° Toutes les personnes, prêtres, religieuses et autres, employés aux différents services
nécessaires dans ledit hôpital '".i
Suivant Tenon, dont les renseignements ont été acceptés pour exacts par M. Husson, l'hô-
pital des Petites-Maisons contenait, en 1786, outre les places réservées aux indigents valides,
926 lits répartis ainsi qu'il suit :
Pour les pauvres malades de la maison, couchant seuls : i5o lits;
Pour les gardes-françaises et gardes-suisses, atteints d'affections syphilitiques : iZi lits;
Pour les malades civils, atteints du même mal : 18 lits;
Pour les fous furieux des deux sexes, déclarés incurables et installés dans un nombre égal de
loges : hk lits.
Un rapport de M. de Pastoret, que cite également M. Husson, et qui complète ces indications,
nous apprend que le nombre des places réservées aux indigents valides atteignait le chiffre de
538, et que les infirmeries contenaient près de 200 lits.
Le règlement du 10 octobre 1801, qui réorganisa l'hospice, n'admit point le principe de la
juxtaposition des malades, des indigents et des aliénés : il répartit ces derniers, suivant leur
sexe, entre les hospices de Bicêtre et de la Salpêtrière, et affecta définitivement l'antique Mala-
drerie Saint-Germain aux époux et aux veufs âgés, infirmes et sans ressources suffisantes. De là
sa nouvelle et dernière ap[)ellation : Petits-Ménages.
''' Archives de l'Assistance publique (Registres d'inventaire du Grand Bureau des Pauvres et de l'hôpital
des Petites-Maisons , 1785).
TOPOGRAPHIE HIST0R.10VE DV VIEVX PARIS.
Coupe sur l Axe
de la grande porie
Ij
to
ENTRÉE PRINCIPALE
sur la rue de la Che.ise
Coupe sur l Axe
des petites portes
l'i'iViVi'i'i'i'i'i
a i L
■ r....| . 1 . 1 1 1 > ( < 1 . ( ' 1-
M Sieilvenii ^,*1
HOSPICE DES PETITS MENAGES
MALADRERIE SAIINT-GERMAIN. 263
Les bâtiments avaient été fort négiigés pendant la période révolutionnaire. La chapeUe, con-
vertie en orangerie, ne fut rendue à sa destination qu'en vertu d'une ordonnance du mois de
mars 1817. Les loges d'aliénés furent démolies en 1891 et dans les années suivantes; puis, des
travaux de réparation et d'appropriation, exécutés successivement, firent disparaître, au moins
à l'intérieur, les dernières traces de la distribution de 1567.
Il ne subsiste plus aujourd'hui que l'espace occupé par la vieille Léproserie, l'hospice des
Petits-Ménages , (jui eu était le dernier état, ayant été transféré au village d'Issy. Cette destruction
radicale a fait entrer dans le domaine de l'histoire l'antique Maladrerie et ses transformations
successives. C'est pour ce motif que nous avons cru devoir conduire jusqu'à l'époque contem-
poraine la notice arrêtée par feu Berty à l'année 161 5. — i-. m.t.
I
TOPOGRAPHIE HISTORIOVE DV VIEVX PARIS.
L HOSPICE DES PETITES-MAISONS ET DES PETITS MÉNAGES,
PERSPECTIVE DR LA CHAPELLE ET DES BATIMENTS EU BORDVRE SVR l.A R7F. PB SEVRES,
Prise de la prando cour ii, Lei-ieurc
O
FAÇADE DV GRAND BÂTIMENT C0N5TRV1T EN 1785
RUE SAINT-SULPICE. 265
CHAPITRE VIL
SUITE DE LA DESCRIPTION DES RUES DU BOURG SAINT-GERMAIN.
RUE SAINT-SULPICE
(ci-devant du PETIT-BOURBON ).
La rue du Petit-Bourbon commençait à la rue de Tournon et finissait naguère
à la place Saint-Sulpice; mais au xvii'' et au xvni*^ siècle on la considérait ordinai-
rement comme formant deux voies distinctes, qui s'étendaient, l'une de la rue de
Tournon à la rue Garancière, et l'autre de la rue Garancière à la rue Férou,
ou à la rue des Canettes. Cette seconde voie présentait une double brisure, qui
disparut en 1776, lorsque l'on commença les travaux d'une grande place monu-
mentale devant Sainl-Sulpice, projet qui fut abandonné depuis.
La rue du Petit-Bourbon , dont on a peine à trouver quelques mentions incon-
testables, si l'on veut remonter un peu baut, est appelée, dans un document de
i538, «la rue par laquelle on va à Saint-Sulpice; « «rue qui est contre l'entrée
«des balles de la Foire Sainct-Germain, par laquelle rue on va de Sainct Soulpice
(ta Paris, 7» dans uneautre pièce de i5ii3,et «rue tendant du long de la balle de
tria Foire, n en 1 553.
Il ne semble pas que la rue du Petit-Bourbon ait eu de nom particulier avant
l'époque où l'on construisit les maisons qui en bordaient le côté septentrional. Au
mois d'août 1579, le cardinal de Bourbon, abbé de Saint-Gerraain-des-Prés, fit
annoncer la vente prochaine de places vagues derrière les balles de la Foire, et,
le 7 avril i58i, on bailla effectivement à Pierre Tbireul une zone de terrain lon-
geant les murailles de la Foire, entre la maison faisant le coin de la rue du Brave
(actuellement rue de Seine) et le presbytère Saint-Sulpice. Cette zone, d'une pro-
fondeur irrégulière, était longue de soixante-deux toises cinq pieds, et fut acquise
par Tlnreul , à charge de bâtir, en laissant entre les nouvelles constructions et
celles de la halle une ruelle large de cinq pieds, fermée de portes à ses deux
bouts. 11 est relaté, dans le texte du bail, que la rue sur laquelle les maisons du
preneur allaient être en bordure serait tt appellée de Bourbon, ti Cette dénomina-
III. 34
266 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
tion fut évidemment adoptée en Ihonneur du cardinal, et ne saurait avoir pour
cause, ainsi que l'a imaginé Jaillot, le voisinage de l'hôtel de Montpensier, qui
ne bordait point la rue et n'a jamais été appelé hôtel de Bourbon. Dès 1628, on
disait d'ailleurs la rue du Petit-Bourbon, et cette modification, qui a prévalu, pro-
vient soit de l'habitude où l'on était de désigner ainsi une rue très-connue des
environs du Louvre, soit plutôt d'un déplacement de mot. En effet, la rue dont il
s'agit, formant la continuation de la petite rue Saint-Sulpice, a pu être nommée,
pendant un iemjps , petite rue Bourbon, et, par une légère interversion, rue du Petit-
Bourbon.
Le 9 mars lôaS, Jeanne Montrouge, veuve de Jean Marché, vendit aux raar-
guilliers de Saint-Sulpice, moyennant quarante livres et la cession d'un arpent de
terre derrière les Chartreux, certaine portion de jardin, tenant aux murs de la
Foire, fftirant tout du longau petit jardin du presbytère, depuisle commencement
trdudict jardin au bout du pré de la Foire, tirant tout du long jusques au petit
cr jardin du presbytère, n et de plus «r une esquerre au bout dudict jardin, qui va
rt [se] rendre au coing dudict pignon de ladicte église, à la chapelle Nostre Dame; •"
ce terrain était destiné à servir de ruelle pour communiquer avec l'église. Dans un
autre acte de i53o, il est rappelé que le terrain vendu par Jeanne Montrouge
avait été employé à cr faire une ruelle pour passer et repasser, et aller dudict Sainct
cr Germain à ladicte église Sainct Sulpice;T) or on ne voit pas quelle pourrait être
la ruelle en question, si ce n'est la continuation de la rue du Petit-Bourbon. Il y
a donc lieu de supposer qu'en 1628 celte rue n'allait point au delà de la rue
Garancière, ce qui explique comment, dans une déclaration de 1622, l'hôtel de
Garancière, énoncé comme tenant par le haut craux Clos aux Bourgois, le chemin
crde Vaugirard entre deux,T) est dit tenir par bas ce aux halles et à l'esglise et jardin
ce de Saint Sulpice,T) sans indication d'une ruelle intermédiaire, mentionnée, au
contraire, dans les documents plus récents. On voit, du reste, qu'en 1826, un
évêque de Coutances ayant acheté deux jardins de la veuve Hélézote, ces deux
jardins furent décrits comme tenant d'une part à l'église Saint-Sulpice et d'autre
part au comte d'Evreux, en d'autres termes à l'hôtel de Navarre, ce qui implique
également l'absence d'une ruelle intermédiaire.
Avant sa rectification, la seconde partie de la rue du Petit-Bourbon offrait
plusieurs brisures, que nous avons reproduites d'après un plan manuscrit de 1 yBB,
lequel ne laisse voir qu'un état déjà modifié. On l'appelait la rue Saint-Sulpice
(i58o), la rue du Petit-Saint-Sulpice (iSgS) ou la petite rue Saint-Sulpice (1616),
et l'on comprenait fréquenmient sous ces dénominations la rue du Petit-Bourbon,
ainsi qu'on le constate par le censier de 1 SgB. Isolée, elle a été quelquefois appelée
rue des Prêtres (1662, 1662, etc.), et, dès i636, jusqu'à la Révolution, rue de
l'Aveugle, par corruption: des Aveugles. «Elle se nomme de la sorte, rapporte
RUE SAINT-SULPIGE. 267
(T Sauva], à cause d'un aveugle qui y a demeuré longtemps dans une maison qui
ff non-seulement lui appartenait, mais toutes les autres encore'", n Cette tradition
populaire a sans doute été amplifiée, mais elle n'était point destituée de tout fon-
dement : un aveugle ayant une certaine notoriété a habité la rue, comme il appert
de la phrase suivante du censier de iSgB : «Ces deux maisons appartiennent à
r présent à un nommé Estienne Bellehoure, et y a un pauvre aveugle nonmié. . .f^) n
Le texte de ce document est tronqué.
CÔTÉ MÉRIDIONAL.
PAROISSE SAINT-SLLPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Le côté méridional de la rue du Petit-Bourbon était bordé, entre les rues de
Tournon et Garancière, par fhôtel de Savoie, et, au delà, par une maison
faisant le coin occidental de la rue Garancière, puis par trois ou quatre maisons
itrestiluabks, qui aboutissaient au cimetière et s'étendaient jusqu'à la rue Pérou.
Ce sont ces maisons qui appartenaient à l'aveugle auquel la rue devait son nom.
Elles ont été démolies peu de temps après l'acquisition que la fabrique de
Saint-Sulpice en fit, le 7 septembre 16/18 et le k novembre 1657. Les plans que
nous avons vus n'en présentent d'ailleurs aucune trace, et les titres qui s'y rap-
portent n'en donnent qu'une idée très-confuse.
CÔTÉ SEPTENTRIONAL.
PAROISSE SAIINT-SDLPIGE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Maison sans désignation (lôaa), faisant le coin oriental de la rue des Canettes.
Elle fut acquise par la fabrique de Saint-Sulpice pour être démolie, le 22 juin
1 72(). Elle présentait alors deux corps d'hôtel, et celui du coin avait nom le caba-
ret de la Magdeleine. Elle fût bâtie, ainsi que la suivante, sur un terrain pris à
bail le 20 janvier i5o6.
Cette maison occupait assez probablement le même emplacement que celle de
T. I, p. 3. — " Arch. nat. reg. S 3o58, fol. loa v°.
34.
268 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
l'Ecu-de-France (i^oo-iiyS), qui est dite située rrdevant le puits de Mau-
tr conseil. T
Deux maisons sans désignation en iSaa , dont l'une a eu pour enseigne l'Image
Saint-Antoine en i58i, et Saint-Guillaume en i665. Elles dépendaient l'une de
l'autre et sont toujours mentionnées simultanément. La fabrique de Saint-Sulpice
les acheta en 1728, pour les démolir. Si les titres sont exacts, elles s'étendaient
anciennement vers le nord, aussi loin que le presbytère Saint-Sulpice; leur pro-
fondeur était trois fois moindre au moment où elles furent abattues. Dans un
acte de i656, elles sont dites a faire le coin du cloître Saint-Sulpice, n expression
qu'on ne trouve ni avant ni après. Le lieu qu'elles occupaient, avec les précé-
dentes, forme actuellement une petite place, portion d'une place beaucoup plus
vaste, laquelle devait être entourée de constructions monumentales et régulières
dont Servandoni avait donné les plans. Le duc de Gèvres, gouverneur de Paris,
en posa la première pierre au nom du roi, le 2 octobre l'jbk; mais le projet
n'eut pas de suite.
Presbytère de SaiNT-SulpIGE, mentionné dès 1899 et d'une origine beau-
coup plus ancienne. On entreprit de le rebâtir en iBôy; mais le manque d'argent
fit interrompre les travaux, de sorte que le curé et les vicaires, privés de leur
asile naturel, habitaient divers collèges de l'Université, ce qui donna Heu à des
plaintes. Pour parer à cet inconvénient, Henri 111, à la date du it septembre
iSyy, autorisa les marguilliers à lever sur les habitants de la paroisse une taxe
de 1,200 livres, destinée à l'achèvement des ouvrages commencés.
A côté du presbytère, vers l'orient, se trouvait, en i532 et 1639, un jardin
qui en dépendait, et que le curé Simon de Montereul unit au sien de sa propre
autorité, en démolissant le mur qui l'en séparait. Mais, comme ce jardin appar-
tenait à la fabrique, les marguilliers, en i63i, protestèrent contre l'usurpa-
tion dont il avait été l'objet. Toutefois le terrain , qui était large de treize toises
deux pieds et profond de vingt-deux toises, ne leur fut rendu que trente ans plus
tard, à la condition d'y bâtir, pour la communauté des prêtres de la paroisse,
une maison, qui fut commencée dans la même année 1661. Le presbytère Saùil-
Sulpice avait aussi pour dépendance un cimetière qui fut béni le 10 juin 1666,
et supprimé par lettres patentes du i""" mai 1788.
Maisons sans désignation, aboutissant au mur des halles de la Foire, et cons-
truites sur le terrain de soixante-deux toises cinq pieds de long baillé, en i58i,
à P. Thireul. En 1628, ces maisons étaient au nombre de sept.
Maison sans désignation (i58i), faisant le coin de la rue du Brave. Cette
maison semble occuper le même emplacement qu'une autre mentionnée, en 1 5^7,
comme ayant onze toises et demie dans un sens et quatre et demie dans un autre.
RUE TARANNE. 269
RUE TARANNE.
La rue Taranne commence à l'ancien carrefour Saint-Benoît (place Saint-
Germain-des-Prés) et finit à la rue des Saints-Pères.
Elle n'apparaît avec ce nom que dans le xvn* siècle, c'est-à-dire assez longtemps
après la destruction de l'hôtel de Taranne. .laillot dit, il est vrai, qu'on l'appelait
déjà rue Taranne au xv" siècle et rue de la Gourtille au xiv^ ; mais, après une
vérification minutieuse, nous avons constaté que la rue de l'Égout est seule ainsi
désignée dans les titres de l'abbaye. Jaillot s'est donc mépris, comme nous l'a-
vons fait, à notre tour, en croyant d'abord que ces mentions de maisons sises
(true aus Vaches, devant l'hostel de Tarennes,-» que nous trouvions aux dates de
ib'i'j, i532, etc., se rapportaient à la rue Taranne, tandis qu'elles n'indiquent
encore que la rue de l'Égout (''. Toutefois il ne serait pas impossible qu'd existât
quelque titre où la rue Taranne fût confondue soit avec la rue de l'Égout, soit
avec la rue Saint-Dominique : toutes deux ont été dites rue des Vaches, et la
dernière n'a pas toujours été bien distincte de la rue Taranne, puisque, dans un
document de iSa.S, celle-ci est appelée aussi t chemin tirant dudit Sainct Ger-
trmain au port de Grenelle, n locution qu'on avait l'habitude d'appliquer spéciale-
ment à la rue Saint-Dominique.
La rue Taranne conduisait à l'église Saint-Père; c'est le plus souvent ce fait
qu'expriment les diverses dénominations employées dans les actes où il en est
([ueslion, et où nous avons lu successivement : vicus per quem itur ah abbatia ad
Sanclum Pelrum (i 267); vicus per quem ilur ad Sanclum Petrum (1 9 7 4); a rue par
"laquelle on va de la porte de l'église droit au cimetière Saint Pèrer (13/17);
(T chemin par où l'on va à la chapelle Saint Père (iSgS); tr chemin qui maine à
(fSainl-Pèrei (i468); tr chemin qui va par derrière l'église Saint-Pèren (i46i);
tr chemin de l'aistre Sainct Père a (i52 6); crchemyn qui va du bourg Sainct Gér-
er main à Sainct Père a (iSag), et «rue Saint Père n (160/1). Dans le censier de
iSga se rencontre la rubrique tr devant le cloz de Messieurs les religieux, « et
la mention de la trrue du Gloz des Moynes;'n dans le cueilleret de 1G28, la rue
Taranne est comprise, avec la rue Sainte-Marguerite, sous le titre de trrue des
tr Fossez de l'Abbaye. ■"
Sauvai et Jaillot parlent d'une rue qui, dite Madame de Valence de 1 3 1 2 à 1 368 ,
aurait été, suivant eux, remplacée par la rue Sainte-Marguerite. C'est encore là
''' Il n'y avail, à cette époque, aucune maison du rftel de ïarennesji se trouvaient dans la rue de
côté septenlrional de la rue Taranne, et, par con- l'Égout, aujourd'hui supprimée, où l'hôtel avait sa
aéquent, les seules qui pussent élrc t devant l'hos- |)rincipale entrée.
270 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
une erreur, mais elle est des plus excusables, attendu que l'identité de la rue en
question n'était réellement point facile à établir. Elle ressort des faits suivants : Le
3 février 1829, l'abbé de Saint-Germain vendit à Louis 1", duc de Bourbon et
comte de Clermont, plusieurs propriétés contiguës qui étaient situées «devant la
rr porte de l'abbaïen et se composaient, 1" d'une maison appelée tria maison de
trl'Omosne,!! non compris certaine grange oiî l'aumônier du monastère resserrait
ses grains; 2° d'une habitation nommée tfla Haute Maison ;ti 3" d'un jardin dont le
mur s'étendait jusqu'à l'enceinte du couvent; k° d'un manoir qui avait appartenu
à Jean de Néelle, chevalier, sire d'Offémont; 5° d'une grange qui avait été à Robin
Le Queux. L'acte de vente exprime, de plus, que le duc se proposait d'acquérir
de Marie de Saint-Pol, comtesse de Pembroke, un autre manoir que celle-ci
tenait de feu Aymar de Valence, son mari, et dont dépendait une grange bordant
la rue des Saints-Pères '". Louis de Bourbon devint-il possesseur de la propriété
de Marie de Saint-Pol, comme Sauvai ''^' le donne à entendre?
Les renseignements que fournissent les archives de l'abbaye paraissent impliquer,
au contraire, que, si la maison de la comtesse fut annexée à l'hôtel de Bourbon,
c'est seulement lorsque cet hôtel appartint à M""' de Valence, et plusieurs années
après la cession que, le 1 7 octobre 1 3/i6 , le duc Pierre de Bourbon en fil à son frère
''' Arch. nat. portef. P ",". — Voici le texte
même de Tncte de vente :
itl.es mesons, grandies, jardins et murs qui
(T s'ensuivent, que lesdiz religieux avoient appar-
tr tenons à leur ditte église, assis devant la porte
trde laditte abbaïe. Premièrement, une niesoii que
trl'en dit la maison de l'Omosne, si comme elle
ffse comporte et estent de toutes pars... excepté
trtant seulement la grandie à l'omosnier de laditte
« abbaïe , en laquèle il meit ses grains , et tient aus
frjardins de laditte abbaïe. . . De rechief une autre
ifUieson que l'en dit la Haute Maison... tenant
ff d'une part à laditte meson de l'Omosne, et d'au-
n tre part à la maison qui fu noble bonime Monsein-
(Tgneur Jehan de Néele, chevalier, sire d'Anffemont;
tf laquèle haute maison est ou treffons de laditte
«abbaïe; de rechief le jardin et le mur nouvellement
rrfait, si comme tout se comporte et estent, du coing
ftdu mur de laditte abbaïe, et la place ou jardin
(toultre ledit nuef mur, tout fendant à ligne jusques
(raiis murs qui tiennent au chemin par là oîi va h
r Seine. Laquèle place et jardin ledit mons. Loys,
ffses hoirs ou ceuls qui de lui auront cause feront
itclore et maçonner de bous murs et de baus, tout
trau jonc jusques ausdiz murs dudit chemin; et ne
frpourra ledit mons. Loys... avoir ouverture, en-
crtrée ne issue sur lesdiz religieux, parmi ledit
trmur, tant fait que affaire. .. Une autre maison
rrdudit mons. Jehan de Nelle. .. qui tient à laditte
ff haute maison, chargié en un denier de fons de
rrterre pour cause de la cave, la sale, la cha-
tr pelle, la chambre et de la cuisine, qui sont com-
ffprises et adjointes h la maison qui fu audit
rr nions. Jehan de Néele. De rechief une granche,
ffsi comme elle se comporte, qui est tout au dehore,
frqui fu Rohin le Queu. .. Et fu encoires accordé et
rf expressément convenancié entre lesdittes parties
irque, ou cas où ledit nions. Loys et ses hoirs au-
ffroit ou pourroit avoir, par achat ou autrement,
ffde noble dame, hautre (sic) et puissant madame
rr Marie de Saint Pol, contesse de Painbroch, dame
ffde Monlignac en Poitou, un manoir et maison...
itque ladite dame a de son propre héritage, assis
ffà Saint Germain des Prez, qui fu feu noble hom-
trme monseingneur Emart de Valences, chevalier,
(f jadis mari de laditte dame ; lequel manoir et mai-
irson doivent à la selle dudit monseingneur labbé
ffsept soubz... et la granche qui est pardevers les
crchamps, joingnant au chemin pardevens la cha-
npelle Saint Père, chargié en trois soubz par. par
iT an. . . M
m T. II, p. 66.
RUE TARANNE. 271
Jacques, comte de la Marche. En effet, dans le livre de la recette du pitancier
pour 1872, nous trouvons un article ainsi conçu : «A Saint Germain des Prez,
ftsur une place où jadis fu ung très bel manoir, lequel fu Mons. de Bourbon,
fret, depuis. Madame de Valences; qui séoit entre la vielle porte et Saint Père,
fret fu abatue ou temps Haudouart , roy d'Angleterre, xx s. (''a Nous lisons en
outre, dans un cartulaire, que, le 10 octobre iSiy, le trésorier de Saint-Ger-
main s'étant engagé à fournir lui-même les corporaux nécessaires au service reli-
gieux, l'abbé renonça, en sa faveur, à une grande maison énoncée a en la rue
(rpar laquelle on va de la porte de l'église droit au cimetière Saint Père, tenant
eaux maisons de TofTice de l'Aumosne, d'autre part au manoir de noble homme
«Mons. Jacques de Bourbon, chevalier, (jui jadis fut Jehan de Nesle''^'.ï!
Ainsi, le grand hôtel que, au dire de Sauvai, on appelait h Séjour de Bourbon,
et qui, en 18/17, ^^^^^ encore au comte de la Marche, passa certainement ensuite
aux mains de M""'" de Valence; il est donc vraisemblable que ce fut elle qui
y joignit l'ancienne maison de son époux. Le censier de l'année i355 ('' montre
qu'elle disposait alors de la vaste résidence formée par la réunion des deux manoirs,
laquelle eut pour dernier nom celui dlidtel de Madame Valence et fut abattue au
mois d'avril 1860. Une partie de ses matériaux servit à la restauration du Louvre
vers i365W, et, le 1 1 février 189/1, on en bailla l'emplacement, demeuré vide, à
Jean Le Bouvier. Or, dans l'acte original, le lieu est décrit comme cf une place
(T où jadis eut maison, qui fut à noble dame Madame de Valences; tenant d'une
«part (vers le nord) aux murs de la courtille desdits religieux, et d'autre part
ff(vers le sud) au chemin par où l'en va à la chapelle Sainct-Père; aboutissant
(tpar hault (vers l'ouest) au chemin qui va au jardin à l'aumosnier de ladite
«église, et au dessoubz (vers Test) ans chemins qui furent faiz pour la clausture
" de ladite ville [lisez abbaye) de Sainct Germain <^).
Il résulte bien clairement de tout ce qui précède que l'hôtel de M"" de
Valence s'étendait de la rue Saint-Benoît à la rue des Saints-Pères et longeait la
rue Taranne. C'est donc cette dernière voie qui a été appelée rue Madanie-
de-Valence <'', désignation entièrement inapplicable à la rue Sainte-Marguerite pri-
mitive. Il paraît également certain que cette dénomination n'a point été en usage
''' Aicli. liai. leg. \j\j 1 1 («3, fol. 1 67 r°.
" Arch. liai. reg. I-L 1091, fol. 16 r".
'■'' rMadame tic Valence, j)our la masure qui fu
"Hue du Four, m'; pour la grandie qui fu Robert
(tle Queux, lu"; pour la maison qui fu Jehan le
TRoiirgiiignnn, iii"; pour 1 po de lerre lenant à
ftycelle, xii''; pour la grandie ([ui fu Girart le Bou-
(tcher, ru"; pour la masure qui fu nions. Jaques
irde Bourbon, i'. " (Arch. nation, reg. LL io.3;5.
fol. l'i et 39 v°.) Dans le censier de i365, il est
question de ces propriétés comme appartenant
h M"" de Valence.
<*' néifion du Louvre et des Tuileries, j). t86.
'*! Arch. nal. reg. LL 1 io3.
'"' C'est ce que démontre encore ce passage de
comptes de t3G6 h 1.368 : wLa rue Madame la Va-
'lence, devant Fabbaye Saint Germain, jusques
traux fossés." (Sauvai, l. II, p. 126.)
272 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
dès i3i2, puisque ce n'est point avant le mois d'avril 1821 que Marie de Ghâ-
tillon, dite de Saint-Pol, devint dame de Valence, en épousant Aymar de Va-
lence II, comte Pembroke et seigneur de Montignac en Poitou'').
CÔTÉ MÉRIDIONAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CEIVSIVE DE I/ABBAYE.
Enire HÔTEL DE Taranne , faisant le coin des rues de l'Égout et du Drapon. Après
ies rues de i'Egout _ o o r
ptduDraRon. avoir appartenu à Jean La Bobeline, puis à messire Jean Pillel, à M* Jean Sar-
digou, et, vers 1 ûoo, à M^ Oudart de Trigny, il échut à Jean Tarenne, changeur
et bourgeois de Paris, qui le possédait en 1612 (^> et lui donna son nom. Vers
1 625, il appartenait à la femme et aux enfants de ce dernier, et, en 16Z10, il fut
rétrocédé à l'abbaye par Christophe de Tarenne ou Taranne, alors cr malade de
ff lèpre, n II passa ensuite à Michel de Laillier, reçu conseiller au Parlement en
en 1 689 ('-, aux héritiers de celui-ci, et à Jean Le Picard, aussi conseiller au Par-
lement, qui le donna à son neveu Bertrand Le Picard, licencié es lois, sieur de
Huydeville. Il fut acheté de ce dernier, le 21 septembre i5o5, par M' Bernard
Roillet, principal du collège de Bourgogne, et passa ensuite à son neveu Georges
Roillet, lequel, à la date du 3 1 décembre 1 628 , y annexa une place vague, située
devant, le long du chemin devenu la rue Taranne, et «contenant icelle place
rr trente et huict toises de long sur seize toises de large, au bout d'en hault, devers
ffl'esglise Sainct Père, et quatre toises de large au bout d'embas, devers les fossés
fcde l'abbaye, à l'alignement du pignon du corps d'hostel neuf dudict hostel de
frTarennes; tenent icelle d'un costé (vers le sud) tout du long audict hostel et
«jardin dudict Tarennes, et d'autre costé audict chemyn; aboutissant d'un bout par
«hault à l'ostel du Sepulchre, le chemin entre deux, et par bas à la rue de la
trCourtille, autriement dict de Tarennes. n
La superficie de l'hôtel de Taranne était d'environ deux arpents et demi, et
non de trois, comme l'indique le censier de 1 828. Il renfermait une grange, deux
bergeries, un colombier et deux grands jardins. Dans la seconde moitié du
XVI'' siècle, il fut divisé en deux grands lots donnant, l'un rue de l'Egout, l'autre
'"' Hist. général, t. III, p. 82 c. 1/137 (Sauvai, t. IH, p. 3o5), il esl dit conseiller
■^' En i4i9, le changeur Jean Tarenne, men- et maître de la Chambre des comptes, et c'est
tionnd dès i385, devait être âgé d'au moins cin- apparemment le môme que le Pre'vôt des Mar-
(piante ans. chands élu en liSG; mais peut-être ce dernier
''' Dans le compte des confiscations de liaS à était-il le père du conseiller au Parlement.
RUE TARANNE. 273
rue du Dragon (voir à l'article de ces rues), et, dans le jardin, on perça une
rue, la Petite rue Taranne, qui se borda rapidement de maisons.
Maisoîs sans désignation ( i SgB), faisant le coin occidental de la rue du Dragon. Entre
Cette maison et la suivante furent élevées sur l'emplacement d'un petit clos de '"^^ ""^' ;|;; "'"f!""
terre contenant un peu plus d'un quartier, qui était encore en culture vers i53o, '•«^ s^'^'^p*™»
et avait été vendu, le lo janvier 1826, par François Guignart à Guillaume Mont-
rouge. Celui-ci divisa la propriété en parcelles, qu'il céda à des particuliers pour
y bâtir, et, dès 1 bh'j, il y avait là, au moins, trois maisons. Il paraît que l'une de
ces maisons fut, dans la suite, réunie à une autre, puisqu'on n'en comptait plus
que deux à la fin du xvi" siècle.
Maison sans désignation (lôgS).
Maison sans désignation (lôgô), faisant le coin de la rue des Saints-Pères.
Elle appartenait, en iBgS, au capitaine Augustin Ramelly, et avait été bâtie sur
un lot de terre de vingt-cinq perches, baillé à Denis du Guichet le 29 août
iSSg. Au même lieu se trouvait précédemment un cimetière dit le cimetière des
Malades DE lèpre (i536), ou de la Maladrerie (i523), ainsi appelé parce qu'il
dépendait de la maladrerie de Saint-Germain, et servait à l'euterrement des lé-
preux qui mouraient dans cet établissement. Jaillot a confondu le cimetière de la
Maladrerie et celui de Saint-Père, lequel était attenant à la chapelle de ce nom,
et par conséquent de l'autre côté de la rue. Le clos du coin de la rue du Dragon
est dit aboutir au cimetière de la Maladrerie, dans la transaction de 1626; indi-
cation confirmée par l'arpentage de 1629 et par plusieurs autres documents très-
précis.
CÔTÉ SEPTENTRIONAL.
PAROISSE SAmT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Clos ou CourtilLE de L'ABBAYE, contiguë, d'un côté, à l'enclos de la cha-
])ellc Saint-Père, et faisant, de l'autre côté, le coin de la rue Saint-Benoît. L'espèce
de jardin qu'on appelait la Courtille de l'Abbaye était surtout planté de vignes et
existait déjà en i3o6, car il est mentionné dans une transaction de cette année,
à l'occasion d'une maison attenante, que le trésorier du couvent accensa alors au
nommé Pierre de Villeneuve.
Les textes cités plus haut prouvent que, avant le milieu du xiv" siècle, le clos
de l'Abbaye n'était pas riverain de la rue Taranne, mais qu'il en était séparé par
III. 30
27A TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
des constructions dépendant des offices du trésorier et de l'aumônier, ainsi que
par le manoir de M"" de Valence. Ces divers édifices ayant été détruits en i36o,
leur emplacement forma un grand terrain vide, qui, avons-nous dit, fut acheté,
en 1896, par Jean Le Bouvier, et demeura longtemps en culture *''. L'arpen-
tage de 1539 l'indique comme distinct de la Gourtille et contenant trois arpents
et demi. Il est énoncé en contenir quatre, dans le bail qui en fut fait, le 10 mai
1607, à Bernard Roillet, propriétaire de l'hôtel de Taranne. D'après ce dernier
bail, le même terrain se serait aussi étendu jusqu'à la rue Saint- Père, ce qui im-
pliquerait qu'il formait hache derrière la chapelle, laquelle a eu d'ailleurs une
porte sur le clos. Le censier de i523 indique pareillement la Gourtille comme
atteignant la rue Saint-Père, et lui prête une superficie de cinq arpents et six
perches; mais ces chiffres semblent exagérés, et les limites du clos ne nous appa-
raissent bien précises que dans le plan dressé en i5/i8. A cette époque, le clos
était borné : au nord, par un mur crénelé prolongeant en ligne droite celui de
l'enceinte de l'abbaye, et mesurant vingt et une perches ou soixante-trois toises
de longueur à partir de la contrescarpe du fossé; à l'ouest, par un mur de trente-
trois perches ou quatre-vingt-dix-neuf toises, probablement brisé vers son centre;
au midi, par un mur sur les vestiges duquel ont été élevées les façades des mai-
sons actuelles de la rue Taranne, et qui, prolongé jusqu'à l'encoignure du redan
des fossés, était long de vingt-huit perches ou quatre-vingt-quatre toises jusqu'à
la contrescarpe; à l'est, par le chemin sur les fossés de fabbaye, lequel avait un
développement de trente-sis perches le long de la contrescarpe, sur laquelle,
probablement, s'élevait dès lors ce mur de clôture dont on ne constate l'existence
que plus tard.
Dans cet état, le clos, où était englobée la pièce de Roillet, attenante immédia-
tement à l'abbaye, comprenait et supprimait le chemin qui en bordait le fossé
occidental. Il empiétait évidemment aussi, mais dans des proportions difficiles à
déterminer (2', sur le Grand-Pré-aux-Clercs, usurpation dont fit justice l'aiTÔt de
i55i, après lequel le clos se trouva considérablement amoindri. Le 26 octobre
1637, alors que, divisé en quatre lots de même largeur, il fut baillé à bâtir aux
nommés Hierôme Ghatelain, Jean Caillé, Charles Robineau et Claude de Vernon,
il ne renfermait plus que trois arpents deux perches et demie, et avait, dans
œuvre, sur la rue Taranne, soixante-deux toises trois pieds; du côté de la rue
Jacob, cinquante-trois toises cinq pieds; du côté de la rue des Saints-Pères, qua-
rante-six toises quatre pieds, et, vers la rue Saint-Benoît, quarante-sept toises
''' En 1/117 0" ^''o? furent baillées à Jourdain irCourtiHe, et certaines places esquelles jadis eust
Almauroy : tf . . .ta Gourtille fermée de murs et de ^maison, assises devant l'Iwstel Jehan Tarenne.r>
(tfossez , séant derrière icelle église (Saint-Gei-niain) ; ''' Nous parlerons plus lai-d des limites du Grand-
filem, une autre pièce de terre tenant à icelle Pré-aux-Clercs, aux environs de ta porte Papale.
PETITE RUE TARANNE. 275
trois pieds!". Ces mesures confirment, quant à la largeur du clos, de l'est à
l'ouest, celle qui nous est fournie par le plan de i5/i8.
PETITE RUE TARANNE.
La Petite rue Taranne commençait à la rue de TEgout et finissait à la rue du
Sabol.
Jailiot assure que cette rue se confondait avec la ruelle qui, jadis, séparait
l'hôtel de Taranne de celui du Sépulcre; mais le lait est mathématiquement
impossible, attendu que l'hôtel du Sépulcre se trouvait, non pas du côté oriental,
mais bien du côté occidental de la rue du Dragon (voir à l'article de celte rue),
seule voie réellement intermédiaire entre les hôtels de Taranne et du Sépulcre.
L'erreur de Jailiot a pour cause l'ignorance où il était de la situation de l'hôtel
du Sépulcre, et de la disposition de l'hôtel de Taranne, lequel avait sa façade
principale en la rue de l'Egout, au lieu de l'avoir en la rue Taranne, comme
Jailiot le croyait.
Tous les documents relatifs à l'îlot compris entre les rues de l'Egout et du
Sabot établissent que, dans la première moitié du xvi" siècle, l'hôtel de Taranne
était immédiatement attenant, vers le midi, à la partie postérieure de diverses
maisons en bordure sur la rue du Four, ainsi qu'au flanc d'une maison de la
rue de l'Egout, et qu'il n'existait là aucune ruelle longeant les murs de l'hôtel, ou
traversant l'ilôt '^'. Les documents établissent, en outre, que la Petite rue Taranne
a dû être ouverte au milieu des jardins de l'hôtel, à environ quatorze mètres
en deçà du mur de clôture de ces jardins; d'oii il faut conclure que la rue n'a
été percée qu'à l'époque du morcellement de l'hôtel. A quelle date ce morcelle-
ment eut-il lieu? La lacune des archives de l'abbaye nous a empêché de l'ap-
prendre, et nous voyons seulement, par le censier rédigé pour l'année lôgS,
que la nouvelle rue existait alors. Elle était môme entièrement bordée de mai-
sons des deux côtés, et s'appelait déjà tr Petite rue deTarenne,ii ou «rue du Petit
(rTarenne,n dénominations auxquelles on n'a point apporté de variantes dignes
d'être signalées.
<"> Certaines places dëpendarit du clos et en bor- ranne, cette ruelle aurait infailliblement été men-
dure sur la rue Sainl-Benoil avaient été vendues tionnée dans le même document. En outre, dans la
dès 16 15, et la cote de quarante-sept toises trois vente de i5o5 , on trouve l'hôtel énoncé crà l'oppo-
pieds est h prendre derrière ces maisons. " site de la chapelle Sainct Pierre, 1 et dit «tenant
'*' Dans le censier de i53i, l'Iiôlel de Taranne -^des deux costez à deux ruelles (les rues de l'Egout
est indiqué comme limité, sur un point, par la rue «retdu Dragon) aboutissant par derrière à deux jar-
du Sabot; s'il l'avait été aussi par la Petite rue Ta- trdins.n
35.
276 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
CÔTÉ MÉRIDIONAL.
PAROISSE SAINT-SULPIGE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Maison sans désignation (iBgS), contiguë à la maison faisant le coin de la rue
de l'Egout, et à celle du Sabot, qui formait tout le côté oriental de la rue de ce
nom. Elevée sur une partie de l'ancien hôtel de Taranne, elle appartenait, eu
iSgS, à Séraphin du Tillet, l'un des acquéreurs de cet hôtel, et était déjà di-
visée en trois propriétés vers 1628.
Maison sans désignation (iSgS), faisant le coin de la rue du Sabot.
CÔTÉ SEPTENTRIONAL.
PAROISSE SAINT-SDLPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Maison sans désignation, qui, avant iBgS, fut acquise par J.-B. Vesle et an-
nexée à sa grande maison des Trois-Rois, faisant le coin septentrional de la rue
du Dragon.
Deux maisons sans désignation (iSgS), dont la seconde était contiguë à celle
du coin de la rue de l'Egout. Les limites de ces maisons ne sauraient être fixées
ligoureusement avec la seule aide des renseignements dont nous disposons.
RUE DE TOURNON.
La rue de Tournon commence à l'extrémité méridionale de la rue de Seine
(anciennement rue du Brave) et finit à la rue de Vaugirard.
Cette rue était d'abord un chemin qui longeait le clos Bruneau à l'ouest, et il
n'en est point de mention très-ancienne. Elle a été énoncée, en 1 5 1 7, tr ung grand
ff chemin ;fl a ruelle par laquelle on va au jardin de Garancières,T) en i53i ; rrrue
trqui tend le long des fossés du marché aux chevaulx de la Foire dudict Saint
«Germain, 11 également en iSiy; trrue des Terres où se tient le marché aux
RUE DE TOURNON. 277
(Tchevaulxfl (lôaa), et «rue du Marché aux chevauix de la Foire, « en iSai,
1 52 3, etc. Le marché aux chevaux dont il est ici question, et dont l'emplacement
était aussi appelé le Pré-Crotté (i5/ii), bordait le côté occidental du chemin, et
comme, dans un titre de 1/175, l'hôtel de Garancière est dit aboutir au clos Bru-
neau, il y a apparence que le marché n'existait point encore, et qu'il lut créé
postérieurement à la Foire. En iS^y, il était supprimé ('), probablement depuis
i538, car, en cette année, le terrain qu'il occupait, et qui formait une pièce de
six arpents environ déjà mentionnée en i638 '-', fut cédé, le ik janvier, par le
cardinal de Tournon, abbé de Saint-Germain, à son valet de chambre et tailleur,
Jean Gautier. Celui-ci bailla immédiatement le terrain, à charge de bâtir dans
un délai de deux ans, et il donna sans doute à la voie qui nous occupe le nom
de rue de Tournon, dont on faisait déjà usage en 1 543, et qu'on n'a point changé
depuis.
La rue de Tournon est beaucoup plus large à son extrémité méridionale qu'à
l'autre, et il est étrange que cette disposition, qu'on a mise à profit en construi-
sant le Luxembourg, n'ait point été modifiée en i538. Elle a, du reste, failli
l'être plus tard; car, en i58i, le cardinal de Bourbon, prétextant qu'on avait
besoin de dix à douze mille livres de métal pour la fonte de deux cloches, com-
mença à accenser les places vagues situées derrière les maisons de la rue Neuve
(de Condé), de façon que l'entrée méridionale de la rue de Tournon n'offrît
plus qu'une largeur de six toises quatre pieds. Les possesseurs de l'hôtel du Che-
val-d'Airain et de celui qui formait le coin de la rue de Vaugirard consentirent
à les agrandir par ce moyen; ils prirent donc à bail le lot correspondant à leur
demeure. En revanche, d'autres propriétaires des environs se montrèrent moins
accommodants, et requirent le cardinal d'abandonner l'entreprise, nuisible, di-
saient-ils, à leurs intérêts. Ce dernier les renvoya à son bailli, lequel nomma des
experts pour visiter les lieux et présenter un rapport. Ce rapport ayant été favo-
rable aux prétentions du cardinal, le 19 juillet i58i il demanda au Parlement
d'évoquer l'affaire et d'entériner le rapport des experts, ou d'en nommer de nou-
veaux, dont l'avis trancherait la contestation; mais le Parlement donna gain de
cause aux défendeurs, et les choses sont demeurées jusqu'à nos jours dans leur
état primitif. Un croquis de plan de la région, exécuté pendant le procès, figure
dans les archives de l'abbaye W, et le terrain à accenser y est indiqué par la
rubrique: «Ycy est le Pré crotté, où l'on tenoit anciennement le marché aux
''' llesl parié, danslecensier de cette année, des ''' Il y eut alors, au sujet de cette ferre, un
T cinq arpens de terre qui estoient naguères appeliez procès entre les moines de Saint-Germain et le curé
<rle Pré crotté, aultrement dict le Pré aux chevauix de Saint-Sulpice, qui soutenait avoir le droit d'y
irdurant la Foire, quy ont esté baillez. . . pour y prélever une dîme,
ffbastir.n ''' Arch. nat. carton S 28^8.
278 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
rrchevaulx durant la foire Sainct Germain, qui sont les places vagues et lieulx
rtinnutiles que Monseigneur le cardinal de Bourbon veult bailler. Et en lesdictes
ff places n'y a que des ordures et immondices et de l'herbe qui croist. ■»
Jaillot dit que la rue de Tournon faisait partie des ruelles Saint-Sulpice et a
été nommée rue du Champ-de-la-Foire; nous ne l'avons vue désignée ni par l'une
ni par l'autre de ces appellations.
CÔTÉ ORIENTAL.
PAROISSE SAINT-SU LPIGE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE SAINT-GERMAIN.
Maison sans désignation (162 2), contiguë à celle qui faisait le coin de la rue
du Petit-Lion. En iSgS, cette maison était divisée en plusieurs habitations.
Place vide (i53i) qui, en lôgS, était couverte d'une maison et dépendait
d'une propriété faisant front sur la rue de Condé. Sur l'emplacement de cette
maison et de la précédente il y avait, vers 1 5 10, un édifice qui est énoncé, dans
les archives de l'abbaye, anostre grande Halle, n et mostre Halle de Sainct Gér-
er main, n On la trouve, en effet, indiquée comme formant l'aboutissant des ter-
rains baillés à Motu, à Vancombert et à Rousseau, lesquels terrains étaient en
bordure sur les rues de Condé et du Petit-Lion (voir à l'article de ces rues). Nous
ne savons rien, au reste, de cette halle, mentionnée seulement à l'époque que
nous venons d'indiquer.
Le reste des maisons du côté oriental de la rue de Tournon dépendait encore,
à la fin du xvi^ siècle, des maisons de la rue de Condé (voir à l'article de cette
dernière rue).
CÔTÉ OCCIDENTAL.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Grande maison sans désignation (i543), faisant le coin de la rue de Vaugirard
et aboutissant rue Garancière. Elevée sur un arpent de terre acquis de Jean
Gautier, le 26 février i538, par François Bruneau, marchand mercier, elle
(ut amoindrie, par des morcellements, dans la seconde moitié du xvi'' siècle. Au
RUE DE TOURNON. 279
commencement du xnf, elle appartenait à Françoise Choart, veuve de Pierre-
François de la Robie, seigneur de Puteaux et contrôleur du domaine royal à
Paris.
Deux petites maisons sans désignation (iSgS), bâties sur une partie de la
maison précédente. La seconde appartenait à la fabrique de Saint-Sulpice en
1628, et avait dépendu d'abord de la suivante.
Maison sans désignation en iBgS, et appelée le PETIT HÔTEL D'EntrAGIES
dans le dernier siècle. Elle fut aussi construite sur l'arpent baillé à François
Bruneau.
Grande maison sans désignation (i5/i3), aboutissant rue Garancière. Elle fut
élevée sur un arpent de terre baillé par J. Gautier à François Bourret, le 6 mars
i538, et acquis, au mois de mai iblii , par Antoine Fumée, conseiller au Par-
lement. La maison bâtie par celui-ci appartenait, du temps de Henri III, à Guil-
laume dElbenne, seigneur de l'Espinoux, conseiller au Grand Conseil; elle passa
ensuite à Catherine d'Elbenne, femme en secondes noces de Léon d'Illiers, sieur
de Chantenierle, puis à leur fils Léon de Balzac d'Illiers d'Entragues, qui en jouit
jusqu'en 1699, ce qui lui valut le nom d'HÔTEL D'EntRAGUES.
Grande maison d'abord sans désignation, puis dite frL'HOSTEL DE PegquiGNYt»
en iBgS. Elle aboutissait rue Garancière, et fut construite sur un arpent de
terre baillé par J. Gautier au maître brodeur Ambroise Boileau, le 29 maiiSSg.
En i563, elle était possédée par M° Louis de Lestoille, grand rapporteur de la
Chancellerie; elle appartint plus tard à M"" de Piquigny"', et, vers iBgB, à
Charles du Plessis, seigneur de Liancourt, premier écuyer de la petite écurie.
Ayant été acquise par le maréchal d'Ancre, elle fut pillée après sa mort, au mois
d'avril 1617, confisquée le 8 juillet suivant, et donnée, par Louis XIII, à son
favori Charles d'Albert de Luynes. Mais l'avidité que manifesta ce dernier en
s'enrichissant des dépouilles de Concini , dont il avait préparé le meurtre, donna
lieu à des railleries telles qu'elles le décidèrent à se déftiire de la maison, et il la
revendit au roi, le 27 août 1621. L'hôtel, payé i85,625 livres tournois avec ses
dépendances qui étaient situées de l'autre côté de la rue, fut alors destiné à la
réception des ambassadeurs étrangers, d'où le nom d'HÔTEL DES AMBASSA-
DEURS sous lequel il est demeuré très-longtemps connu. Le 8 février 17^8,
Louis XV l'échangea, avec le comte de Maurepas et le marquis de Pontchartrain,
contre leur hôtel de la rue Neuve-des-Petits-Champs. Il a été ensuite agrandi
d'une partie de l'hôtel d'Entragues. Il est aujourd'hui à usage de caserne.
Grande maison sans désignation (i543), aboutissant rue Garancière et élevée
'*' De la maison d'Ailly.
280 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
sur un dcmi-arpent de terre que J. Gautier bailla à Joachim Basselin [alias Hes-
selin), sergent à verge. En iBgS, c'était la propriété du sieur de la Rivière, et,
comme il était absent de Paris, les échevins la louèrent, le 16 mars, à Jean
Regnauldin, lieutenant des arquebusiers de la ville. Elle est dite, dans l'acte, tenir
d'une part à l'hôtel de rr Péquigny, n et de l'autre à la dame de Montpensier. Vers
1 600, elle appartenait au premier valet de chambre du roi, Pierre de Beringhen,
qui, le 29 septembre 1607, la vendit à Anne de Lévy, duc de Ventadour, et
depuis lors on l'a nommée L'HÔTEL DE VentADOUR. En 1 7 1 3 , le fermier général
Chartraire de Saint-Agnan la fit rebâtir de fond en comble et y déploya un grand
luxe.
Grande maison, d'abord sans désignation, qui aboutissait rue Garancière et fut
construite sur un arpent de terre baillé par J. Gautier à Etienne Guymont, le
ik juillet iBSg. Nicole du Val, conseiller au Parlement, en était propriétaire
vers i543, et elle appartint plus tard à Louis de Bourbon II, duc de Montpen-
sier, prince de la Roche-sur-Yon, qui mourut en i58';!. Sauvai dit que l'hôtel
que ce prince avait dans la rue de Tournon était accompagné de bâtiments fort
spacieux, et d'un grand jardin embelli de pai'terres et d'allées. Il ajoute que le
même hôtel servait de demeure à Catherine de Lorraine, seconde femme du duc,
lorsque, ayant appris l'assassinat de ses deux frères, massacrés à Blois par ordre
de Henri III, elle courut les rues de Paris en demandant vengeance. Mais Sauvai
s'est entièrement trompé en confondant l'hôtel de Montpensier avec l'hôtel de
Savoie ''^ lequel faisait le coin de la rue du Petit-Bourbon et a toujours été pos-
sédé par d'autres propriétaires. Nous sommes d'ailleurs très-sûr que la maison
élevée sur l'arpent d'Etienne Guymont s'identifia avec l'hôtel habité par la seconde
femme de Louis de Bourbon; car, dans le bail de iBgS que nous venons de citer,
elle est énoncée appartenir à la dame de Montpensier, et, dans le censier de
iSgB, aux hoirs de la princesse de la Roche-sur-Yon. La fameuse duchesse
mourut, en effet, le 6 mai iBqô. En 1607, son hôtel dit de la Roche-sur-Yon
était passé à Thibaut des Portes, sieur de la Bévillière [alias de Biviliers), grand
audiencier de France au siècle passé; il portait le nom d'hôtel de Terrât, ayant été
acquis par Jean-Baptiste Terrât, qui fut chancelier du duc d'Orléans et mourut
en 1719. L'édifice avait été rebâti par l'architecte Bullet.
HÔTEL DE Savoie, aboutissant rue Garancière et faisant le coin méridional de
la rue du Petit-Bourbon, actuellement dite Saint-Sulpice. Cette maison, men-
tionnée sans désignation particulière en ibtiS, fut construite sur un arpent de
terre baillé par J. Gautier, le 22 février i538, à Denis Corron, prêtre, et à
Lancyot, docteur en médecine. Du temps de Charles IX, elle appartenait à Mar-
"' T. Il, p. 67, 89 et 1-20.
RUE DE VAUGIRARD. 281
{Tuerite de France, duchesse de Berry et femme d'Emmanuel-Philibert, duc de
Savoie.
Cette princesse la donna à son secrétaire, M'= Raymond Forget, notaire du
roi, qui, pour en témoigner sa reconnaissance, fit sculpter au-dessus de la porte
les mots : De la libéralité de ma princesse. Sauvai, en rapportant le fait, ajoute
que, rrau commencement des troubles de la Ligue, cet hôtel ayant été saisi et
(T loué par le Parlement comme prétendu appartenir à Forget, après que Guil-
fflaume Martin, procureur de la princesse, eut remontré à la Cour qu'il appar-
(f tenait à sa partie, la saisie fut levée en 1670, au mois de décembre, par arrêt,
fret la maison rendue à Martin avec tous ses loyers ''lu A la date précitée, les re-
gistres du Parlement ne contiennent point l'arrêt de mainlevée dont parle Sau-
vai; mais ils en fournissent un autre, du 18 décembre lôyo, qui confirme la
plupart des détails précédents (•''. Sur le croquis de i58i, l'emplacement de
l'hôtel de Savoie est marqué par cette phrase : «Yci est la maison de M° Loppin,
ff conseiller ; T? et le censier de 1596 indique la maison comme étant alors aux
hoirs de ce Geoffroy Loppin, conseiller au Parlement, qui la tenait des ayants
cause du chevalier Forget. La différence que nous avons établie entre l'hôtel de
Montpensier et celui de Savoie est donc doublement justifiée.
Ce dernier logis était déjà morcelé en 1628, de façon à former plusieurs
maisons. Des deux qui faisaient front sur la rue de Tournon, l'une s'appelait alors
l'hételde Plaisance; la seconde, celle du coin, a été t hôtel de Châtillon, qui, en 1687,
était possédé par François de Sallevolant, sieur d'Argibé-Langlantière, auquel
son père l'avait donné le 3i octobre 1669.
RUE DE VAUGIRARD.
La rue de Vaugirard commence à la rue Monsieur-le-Prince, et, en tant que
rue, elle finissait à la porte voisine de la rue du Regard.
Il est manifeste que, avant l'existence de l'enceinte de Philippe-Auguste, le
chemin de Vaugirard devait avoir un tout autre point de départ que celui de la
rue actuelle. Selon toute vraisemblance, il traversait l'emplacement occupé aujour-
d'hui par le théâtre de l'Odéon, et allait se relier à la rue Hautefeuille. La cons-
truction de l'enceinte de Philippe-Auguste modifia profondément cet état de
choses; le chemin de Vaugirard se trouvant brusquement intercepté par les
murailles de la ville, il devint indispensable de lui créer un débouché dans la
direction de la porte la moins éloignée, celle d'Enfer, et telle est la cause pour
''• Antiq. de Pari», t. II, p. 67, 8a et i9o. cet arrêt, la princesse obtient la remise des pièces
'•' Arch. nat. reg. X i63i , fol. i38 v*. — Dans qu'elle avait présentées pour établir ses droits.
III 36
282 TOPOGHAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
laquelle la rue de Vaugirard, à son extrémité orientale, s'infléchit vers le sud-
est. Probablement, d'ailleurs, la partie comprise entre les rues de Condé et des
Fossés-Monsieur-le-Prince était elle-même une ancienne voie formant la conti-
nuation de la rue des Grès, et s'embranchant sur le vieux chemin de Vaugirard.
Le tronçon de ce dernier chemin s'étendant de l'enceinte à cet embranchement,
demeuré sans issue et conséquemment sans utilité, a fini par être supprimé et a
disparu complètement, en ne laissant (|ue des traces appréciables seulement pour
des yeux exercés à un pareil genre d'études. En 1628, la rue de V^augirard
n'était pas pavée au delà de la porte dépendant de la tranchée. Un siècle aupara-
vant, bordée uniquement de terres en culture et de murs de clos, elle était, d'un
bout à l'autre, un simple chemin rural. Ce chemin conduisait au vdlage qui se
nommait encore ValboUron en 1268, et qui a pris le nom de Vaugirard depuis
qu'il a été rebâti par Gérard, abbé de Saint-Germain, mort en 1278.
Des appellations particulières ont été spécialement appliquées aux diverses
parties de la rue de Vaugirard, indépendamment de celle de chemin de Vaugirard
ou ffvoye de Valgirard^i (i355), qui a été constamment donnée à la totalité de
la voie, du moins jusqu'au règne de Henri II. Dans la partie la plus rapprochée
de la ville, où, naturellement, les maisons se multiplièrent d'abord, on la nom-
mait ffrue de Vaulgirardn dès iSaS, et, suivant une charte dont nous n'avons
vu qu'une citation, te rue qui va de la poi'te d'Enfer à Saint Sulpice,-o en 1289. La
même partie s'appelait, en i523, tr chemin qui tend de la porte Saint Michel à
ffVaulgirard;Ti en tbhj, crchemyn de Bel Ayr,T) et, en iSog, «rue de Bel Air,!)
à cause du territoire de Bel-Air formant l'encoignure du chemin sur les fossés.
Au commencement du xvn" siècle, comme a eu raison de l'affirmer Sauvai, on l'a
désignée sous le nom de rue de la Verrerie, à cause d'une verrerie dont nous indi-
querons plus loin la situation. Dans le voisinage des ruelles Saint-Sulpice, c'est-
à-dire entre les rues de Condé et Cassette, la rue de Vaugirard, ou achemyn
tr allant de Paris à Vaugirard,-» était aussi appelée ala voie des Ruelles^ (i355);
(Tchemyn des RuellesT (iZiio, 1629); tr chemin qui va à Vaugirard, nommé des
ctRuellesn (i/iii); tt chemin des Ruelles, par lequel l'on va de Paris à Vaugi-
rardn (1/111); trchemin des Ruelles, allant à Vaugirardn (1/116, 1529). Enfin
l'on disait : tr chemin qui va à la Croix de Vaugirardn (1/1/17); ff chemin des Car-
tr Hères, Ti et tr chemin qui va de Sainct Germain aux carrières de Vaugirard w
(1829), pour désigner le chemin aux environs des territoires de la Pointe et des
Fourneaux. La rue de Vaugirard a porté, en ou Ire, le nom de rue de Luxembourg ;
mais il ne semble pas que ce soit avant la construction du palais. Quant à la déno-
mination de rue des Vaches, que Sauvai assure avoir été appliquée à la rue de
Vaugirard depuis i5/i3, Jaillot a eu tort de la révoquer en doute, car on lit
dans un acte de 1627, relatif à une maison située près de la rue Férou, ^rrue
tr vulgairement appellée des Vaches; a mais nous n'en avons point rencontré d'autre
RUE DE VAUGIRAUD. 283
exemple, et il ne nous paraît pas probable que cette appellation soit beaucoup
plus ancienne que la précédente.
CÔTÉ MÉRIDIONAL.
PAROISSE SAINT-SLLPICE.
JUSTICE DU ROI.
CENSI\E DE LA GRANDE CONFliÉBIE.
(Fief du Cios-aux-Bourgeois.)
Maison du jeu de paume Rouge (tSBg-iôi/i), conti{![uë aux maisons faisant le
coin de la rue des Francs-Bourgeois. Le terrain en fut donné à bail le 16 jan-
vier iBSy. Le jeu de paume Rouge paraît être le même que celui qu'on appelait
le Jeu de paume de Cwoii en iSyG. L'hôtel qui l'a remplacé s'appelait hdiel de
Bissy dans le dernier siècle.
-Maison avec jeu de paume (iBgT)), connue sous le nom de Jeu de paume de Bec-
QUET. Cette propriété a été formée de plusieurs autres, notamment d'un quartier
de jardin cédé à Jean Becquet, tr maistre esteufier, n le 19 avril 1670, par Marie
Chevalier, héritière d'Honoré Chevalier; puis d'un jardin avec masure, oii avait
été l'enseigne du frBastouer, n et que, en l'an iByô, Antoine Arnaut abandonna
à Becquet en échange d'un autre terrain,
N. B. Les autres propriétés situées sur le côté méridional de la rue de Vaugirard ont été
englobées dans l'enceinle du palais et des jardins du Luxembourg. On en trouvera la descrip-
tion dans le rliapitre suivant. — l. m.t.
36.
LE PALAIS DU LUXEMBOURG. 285
CHAPITRE VIII.
LE PALAIS DE MÉDIGIS, D'ORLÉANS OU DE LUXEMBOURG.
L'édifice auquel on a donntf concurremment ces trois noms n appartient pas, par la date de sa
construction , à la période historique dans laquelle l'auteur du présent travail a voulu renfermer la
topographie du vieux Paris. Placé chronologiquement sur l'extrême limite de deux âges, il échap-
perait à toute description et demeurerait ainsi à l'état de lacune, dans l'étude rétrospeclive d'une
région oiî il tient pourtant une si grande place, si nous n'avions eu la pensée, ici comme ailleurs,
de franchir une limite trop rigoureuse et de suppléer, par nos propres recherches, à une omission
volontaire, mais assurément fort regrettahle.
Au lieu donc de nous borner à retracer, jusqu'en 1610, la physionomie du sol sur lequel
devait s'élever le palais de Marie de Médicis, campos ubi Troja. . . ., nous avons divisé en deux
parties distinctes la monographie sommaire de cet édifice. Dans la première, nous énumérons,
à l'aide des notes de feu Berty et des titres inédits que nous avons consultés, les propriétés
acquises par la reine et englobées successivement dans son palais ou dans ses jardins : c'est le
parcellaire antérieur aux travaux de Salomon de Brosse. Dans la seconde, nous résumons les
renseignements de toute nature que nous ont fournis, sur cette résidence princière, les pièces
originales et les historiens les plus autorisés. Nous consacrons en outre un article spécial au
couvent des Bénédictines du Calvaire et à l'hôtel du Petit-Luxembourg, véritables annexes du
palais Médicis.
Les planches destinées à compléter le texte, en l'éclairant, sont la reproduction de dessins
inédits et d'estampes anciennes.
Quant aux titres originaux, qui sont conservés à la bibliothèque du palais, et qui n'ont été
que très-imparfaitement connus de feu Berty, nous ne pouvons les publier intégralement à
cause de leur étendue; mais nous les signalons au lecteur, à titre de documents historiques et
topographiques absolument inédits. — l.m.t.
I.
LES PROPRIÉTÉS COMPRISES DANS L'ENCEINTE DU PALAIS ET DES JARDINS.
PAROISSE SAINT-SULPICE.
JUSTICE DU BOL
CENSIVE DE LA GRANDE CONFI\ÉRIE.
(Fief du Glos-aux-Bourgeois.)
ff Maison close ri que l'avocat Gilles Bourdin céda, le 3o novembre iBSg, à
286 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
M* Philippe Joulin, sieur de la Brosse, et dont il avait pris le terrain à bâtir, le
17 mars i546, du président Gilles Lemaître. 11 est dit, dans l'acte de vente du
terrain, qu'il mesurait treize toises de large sur vingt-deux toises deux pieds de
long; qu'il faisait partie du jardin de Lemaître, tenant d'une part à aune enclave
c: close du coslé de la porte Saint-Michel, n et de l'autre «à la rue qui sera faicte
ff de neuf oudict jardin ;t) mais nous ne trouvons point ailleurs d'autre mention de
cette rue projetée. La maison do Joulin lui fut achetée, le siS juin i565, par
M'= Antoine Arnaut, auditeur des comptes, qui l'agrandit, le 26 juin 1576, au
moyen d'un échange avec Becquet. Faisant hache derrière les deux précédentes,
elle offrait une superficie de deux mille quatre cents toises environ, lorsque, le
28 juin 161 A, la propriété, qui ne consistait plus qu'en deux jardins, fut acquise
des hoirs Arnaut, au prix de 3o,ooo livres, par la reine Marie de Médicis. Elle
en réunit les sept huitièmes à son parc du Luxembourg, et le reste, disposé en
un lot de douze toises de face sur la rue de Vaugirard, fut donné par elle, le
i"juin i6i5, à Laurent Stornat, comme dédommagement d'une maison dont
elle s'était emparée. Celle que Laurent Stornat bâtit sur son lot fut acquise,
avant i655, par Henri de la Trémouille, duc de Thouars, et prit le nom dliôlel
de la Trémouille.
L'emplacement occupé par la maison d'Arnaut et les deux jeux de paume atte-
nants formaient, vers 1 535 , une pièce de terre plantée en vignes, que possédait le
boulanger Honoré Chevalier; Antoinette Bigault, sa veuve, et leurs enfants se la
partagèrent le 1 2 janvier i5i^.
JUSTICE
ET CE\SIVE DE L'ABBWE SAINT-GERMAIN-DES-PRES.
Maison sans désignation, dont le terrain fut aussi à Honoré Chevalier, 'et qui
appartenait en i559 à M*^ Eustache de Corbie. Le 25 janvier iGik, elle fut
vendue 17,000 livres à la reine Marie de Médicis par la demoiselle de Corbie,
veuve Allenianny. Elle formait alors deux maisons, et derrière était située cette
verrerie dont la rue de Vaugirard a quelquefois reçu le nom; elle paraît avoir
été établie vers la fin du règne de Henri IV.
Derrière cette maison il s'en trouvait une attenante à celle des hoirs Arnaud,
mais dont nous ne voyons pas la disposition. Elle appartenait à Paul de Tourne-
myne, sieur de Campsillon, et le prix, montant à 56, 000 livres, en fut consigné
par Marie de Médicis en les mains de Marin Martineau, baron de Thuré, le
1 8 mai 1 6 1 5 .
Maison sans désignation (i595), qui était peu profonde et que Marie de Mé-
LE PALAIS DU LUXEMBOURG. 287
dicis, les 2 0 et 2 1 février 1617, acheta de Louis Lambert, sieur de la Marclio.
Il la tenait de sa femme, auparavant épouse du sieur Poussemotte.
CENSIVE DU CHAPITRE SAINT- BENOÎT.
Maison des Trois-Faucilles (i5/i6), puis de la cr Ville de Brescea (iGi3). Elle
fut kUie sur partie d'un arpent de vigne par M<= Michel, a serviteur du chancelier
TPoyêt,fl etpar Pierre Cardet, qui lui succéda. Elle était possédée, en iBSg, par
Antoine Fumée, conseiller au Parlement, et fut vendue 26,000 livres à la reine,
le 1" juin 161 3, par Laurent Stornat, natifdeBrescia,en Lombardie, lequel avait
eu l'idée d'adopter pour enseigne tria Ville de Bresce.-n La maison de Stornat
avait été acquise par lui, le i5 décembre 1600, d'Alexandre Moreau et de Marie
Triboulet, sa femme. Elle avait douze toises de largeur par devant, sept par der-
rière et trente-trois de profondeur. Elle était placée devant la rue de Condé, et
c'est, par conséquent, sur son emplacement qu'a été dessinée une partie du
jardin et du palais du Luxembourg.
Suivant un titre de i566, la maison des Trois-Faucilles était en censive de
Saint-Benoit, et les chanoines de cette collégiale soutenaient qu'une partie du
terrain compris dans le Luxembourg dépendait de la prébende du nommé Jean
Alton. 11 est incontestable que déjà, en 1887, le chapitre Saint-Benoît avait des
droits sur le terrain où s'élevait la maison des Trois-Faucilles, terrain jadis planté
en vignes, comme tous les environs; mais il est impossible de déterminer aujour-
d'hui quels étaient ces droits, et surtout de fixer les limites des trois fiefs de
l'abbaye Saint-Germain, du chapitre Saint-Benoît et de l'abbaye Sainte-Gene-
viève, sur le point dont nous parlons.
CENSIVE CONFUSE.
Maison sans désignation, qui appartenait, vers lôgS, au sieur de la Brosse,
et fut vendue à la reine, le 17 décembre iGaii, moyennant 60,000 livres, par
Pierre Denis et Mathias Clopin. Cette maison, dont le prix semble si énorme,
était contiguë à la suivante, et nous avons lu qu'elle se trouvait devant la rue de
Condé. ^e pouvant, faute de documents, imus rendre compte de sa véritable
situation, nous avons renoncé à l'indiquer sur le plan.
HÔTEL DE ChAMPHENARI). Vers l'an iGoo, il appartenait à M""' de Cipières
et était habité par le président de Champrenard, (Yoù est venu son nom. Il fut
vendu à la reine 27,000 livres, par Philippe et Charles de Biencourt, le 8 février
iGi3. Il s'étendait alors derrière les deux maisons précédentes, et probablement
derrière colle qui appartenait à Eustache de Corbie. Elle contenait environ trois
arpents, et son emplacement correspond à celui de la façade du palais.
288 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Maisons sans désignation, au nombre de deux ou trois, dont la dernière appar-
tenait, vers i58o, à Laurent de Bonacursi, Florentin, parent de Catherine de
Médicis et abbé commendataire de Langouët, au diocèse de Quimper. En 1612,
ce groupe de maisons avait été absorbé dans les hôtels attenants, vraisemblable-
ment dans celui de Luxembourg. Il semble qu'on doive y rattacher l'acquisition
faite par le duc, à la date du 26 juin iGio, de certaine masure renfermant un
arpent, qui tenait de toutes parts à son hôtel et avait été à François du Bois,
seigneur du Plessis, lequel l'avait eu de Jean de Rues, notaire. Rien n'est, du
reste, plus obscur que l'histoire des propriétés de cette région, qui n'ont point
laissé de trace et s'agençaient d'une façon qu'on ne saurait restituer aujourd'hui.
En effet, soixante ans après leur destruction, on n'en comprenait déjà plus la dis-
position relative. La plupart des actes de vente qui les concernent sont d'ailleurs
perdus.
Maison sans désignation, qui contenait un jardin et fut vendue, le 17 sep-
tembre 1672, par Catherine de la Gazelle, trdame de la Motte au grain, n au
duc de Luxembourg. Elle était attenante à son hôtel et y fut annexée, mais non
point immédiatement, car le censier de iBgB indique qu'elle était alors possédée
parles hoirs du sieur des Chastelliers, après l'avoir été par M. Leschient, et au-
paravant par M""" de la Motte.
HÔTEL DE Luxembourg. Jaillot, le seul auteur qui se soit sérieusement efforcé
d'éclaircir l'origine très-mal connue de cet hôtel*'', dit que c'était primitivement
une grande maison avec jardins, que Robert de Harlay de Sancy fit élever au
milieu du xvi" siècle, et il ajoute qu'elle est qualifiée d'hôtel bâti de neuf, dans un
arrêt de la cour des aides, en vertu duquel, l'an i56/i, elle fut adjugée à Jac-
quehne de Morinvilliers, veuve dudit de Harlay. La première de ces assertions est
absolument fausse. Le conseiller au Parlement, Robert de Harlay, sieur de Sancy
et baron de Montglas, n'a jamais possédé la maison en question; car il était mort
lorsque, le 21 juin i56/i, elle fut adjugée à sa veuve, après avoir été mise en
criée sur le sieur delà Thourette, par lequel, en réalité, elle avait été construite'-'.
''1 La censive dont l'hôtel de Luxembourg dé-
pendait est fort douteuse, et cette circonstance
constitue la principale cause pour laquelle les ren-
seignements sur l'origine de cette propriété sont si
rares. Il a pu arriver que le président de la Thou-
rette, profitant de ce que le fonds de terre de sa
maison était revendiqué par trois seigneurs , n'en
ait jamais passé de déclaration. A la fin du xvii'
siècle, on ne trouvait, soit dans les archives des ab-
bayes Saint-Germain et Sainte-Geneviève, soit dans
celles du chapitre Saint-Benoît , aucun document qui
fût directement relatif à l'hôtel de Luxembourg. Or
l'hôtel était nécessairement compris dans le fief d'une
de ces trois communautés.
''> Le président de la Thourette était poursuivi
par ses créanciers. Il paraît avoir obtenu des lettres
royaux portant rescision du décret d'adjudication
rendu à son préjudice, mais, le i5 novembre i564,
il en fit l'abandon, à la condition que la dame
de Morinvilliers lui louerait pour quatre ans son
LE PALAIS DU LUXEMBOURG. 289
Dans une déclaration de 1687, sont mentionnés les et maisons et jardins bastis par
trfeu M"' Alexandre de la Thourette, cy devant président en la Cour des monnoies,
fret à présent appelle l'hostel de Luxembourg '^^K n D'autre part, le censier de iSgS
contient cette phrase : et De mons. de Luxembourg, au lieu de mons. le président de
ff la Thorette , pour une grande maison , court , jardin , aysances et appartenances, n
Un titre de i5/i6 énonce l'hôtel des Trois-Faucilles comme aboutissant à la
maison du président de la Thourette; mais nous ignorons quand il en avait acquis
le terrain, qu'il accrut d'un quartier de vignes que lui abandonna le chapitre
Saint-Benoît, à la date du 3i décembre i565. La dame de Morinvilliers, moyen-
nant une rente de 1,000 livres tournois, céda son hôtel, le aS octobre 1570, à
François de Luxembourg , prince de Tingry, qui lui donna son nom (^). Les 1 9 et
28 mars i58o, 26 janvier et 1" février i58i, ce personnage remboursa au pré-
sident de la Thourette le prix de certains matériaux demeurés sans emploi audit
hôtel.
En 1 566, l'hôtel du président de la Thourette se composait de plusieurs corps
d'hôtel dont nous ne savons point les dimensions et qui avait pour dépendances
un arpent de jardin, un autre arpent planté d'arbres fruitiers, ainsi que quatre
arpents de vignes. L'arpent planté d'arbres à fruits est probablement celui à l'oc-
casion duquel, le 9 novembre 1672, François de Luxembourg fut condamné à
payer un denier parisis de cens et seize sous de rente à la grande confrérie. Cet
arpent faisait partie de cinq quartiers de terre qui, ayant été baillés le 20 février
i366 à Jehan Mouchart, appartenaient à Philippot Régnier en 1890, échurent
à Valleran de Hévez '^>, médecin du roi, le 27 janvier i563, et semblent secon-
fondre avec la pièce de mille quatre-vingts toises située sur la limite méridionale
du Clos-aux-Bourgeois, annexée à l'hôtel de Luxembourg avant i585. La pièce
dont il s'agit était sans doute comprise dans les trois arpents un quartier et deux
perches de terre, dits w au Glos-aux- Bourgeoise et formant deux pièces, que le duc
acheta, le i5 décembre 1671, de Jean de Hévez. Il y joignit successivement : un
arpent et demi acquis de Claude de Bragelonne, sieur de Charmoy, le 7 janvier
«572; deux pièces, l'une d'un quartier, l'autre d'un arpent, acquises, le li août
1572, de PhiHppe Joulin, sieur de la Brosse; un quartier et demi acquis, le
22 novembre 1672, de Jacques Baslon; cinq quartiers acquis, le 26 septembre
1673, du couvent des Chartreux; un jardin entouré de murailles, attenant au
clos de l'hôtel, et acquis, le 22 mars 1678, du sieur de Balincourt; trois quar-
tiers acquis, le 2 mai i586, du collège Mignon, et un demi-arpent acquis, le
6 janvier 1687, de Pierre Danneau.
hôtel. (Voir, à la bibliothèque (le la Ville, la copie Luxembourg par la reine Marie de Médicis, ma-
<le ces documents originaux.) — l.m.t. nuscrit de la bibliothèque du palais, dont il existe
''' Arch. nat. cart. S i5iq. une copie à l'hôtel Carnavalet. — l.m.t.
<" Conférez la copie des titres d'acquisition du "' Alias de Hèves, ab Heva.
m. 37
■290 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Dès 1 58i , le parc de l'hôtel s'étendait, du côté de l'ouest, derrière des maisons
on bordure sur la rue de Vaugirard, jusqu'à la hauteur de la rue du Pot-de-Fer.
Dans la direction opposée, le parc s'accrut, par les soins du prince, d'une pièce
de vingt-quatre toises deux pieds de long sur quatre toises deux pieds de large ,
dont il passa déclaration le 18 mars 1 588, et qu'il augmenta le même jour d'une
autre pièce attenante, renfermant cent cinquante-sept perches, y compris une
allée servant d'entrée et communiquant avec la rue d'Enfer. (Voir Rue d'Enfer.)
Aucun document ne fournit, au reste, les moyens de retracer l'ancien mur de
clôture du parc, démoli il y a deux siècles et demi, et dont le dernier accroisse-
ment, du fait des ducs, eut lieu par l'achat de sept quartiers, vendus les 3o juillet,
3 1 juillet et 7 octobre 1611, par les hoirs Poussemye.
Le prince de Tingry étant mort, son hôtel passa à son fils, François de Luxem-
bourg, duc de Piney, qui, le 2 avril 1612 et au prix de 90,000 livres, le vendit
à la reine Marie de Médicis. La vente comprenait, en outre, une petite maison
contiguë, le pavillon de la ferme du Bourg, le parc de l'hôtel, la maison du coin
de la rue Garancière, une pièce de trois arpents quarante-deux perches et demie,
en hache, attenante au parc et aboutissant sur la rue de Vaugirard, et deux
autres pièces au même lieu, l'une de sept quartiers et l'autre de cinq. Bientôt
après fut commencé, sous la direction du célèbre Salomon de Brosse, le palais au-
quel est demeuré le nom du Luxembourg, et dont les principaux bâtiments n'oc-
cupaient point l'emplacement du vieil hôtel ainsi appelé. Ce dernier se trouvait
en face de la rue Garancière, là oij sont actuellement le Petit-Luxembourg et une
portion de l'édifice contigu; aussi la maison du coin occidental de la rue Garan-
cière est-elle dite, dans le contrat de 1612, tt devant l'hostel de Luxembourg. •» A
l'appui du fait, que confirment tous les renseignements, nous lisons, en outre,
dans le censier de Sainte-Geneviève pour 1 6^6 : a Au lieu de l'hostel du Luxem-
tf bourg. . . a esté la maison de M" Alexandre de la Tourette, président dans la
cfCour des monnoyes, qui fit bastir la maison, fit faire le jardin au lieu où est à
r: présent l'hostel dict à présent le Petit Luxembourg, que la feue Royne, mère du
te roi Louis treize,. . . ayant achepté, fit bastir comme il est à présent ('^.t)
C'est dans les environs de l'hôtel de Luxembourg que, vers 1682, habitait
l'illustre Bernard Palissy'^'; mais nous n'avons point vu de titre oii son nom fût
mentionné.
'"' Arch. nat. reg. S i6îî4, fol. 3i6 r". imprimeur, on lit l'annotalion suivante, écrite en
'*' M. Ch. Read nous a communique un exem- caractère du temps : tLe susd, imprimeur m'a dit
plaire des Discours admirables, où, en mai'g-c du trquc l'auteur se lient à présent, l'an i583, au
passage dans lequel Palissy fait savoir qu'on peut frfaulbourg Sainct Germain, rue de V^augirard.
connaître sa (rdemeui-ance» en s'adressant à son ^^ près l'hostel de Luxembourg. 1
LE PALAIS DU LUXEMBOURG. 291
Maison de l'Image-Sai.nte-Barbe, mentionnée dès i53G, et alors récemment
bâtie sur un quartier de terre par M-^ Michel Bénard, lequel, en son testament, la
légua aux religieux de Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie. Elle l'ut vendue par eux,
avant ibU-], à crM*^ Kristofle Bicher, ambassadeur pour le roi de Dampemart. n
Vers 160/1, elle existait encore; mais, en 1608, elle était disparue, ou, du moins,
elle avait été absorbée dans l'hôtel de Luxembourg (''.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE SAINTE-GENEViÈVE.
Petit appentis et jardin (iSgS) où, sous le règne de Henri IV, pendit pour
enseigne a la Sigongne. t5 Cette propriété était une dépendance de la suivante, et
doit avoir formé le complément du demi-arpent sur lequel cette dernière fut
bâtie.
Jardin clos (i53i), puis maison de l'Image-Saint-Nicolas (iBgô-tGia). Elle
s'étendait jusqu'au sentier du Pressoir et contenait quarante-cinq perches, partie
d'un demi-arpent que Louis Mars acquit de Jean Daneau, et dont il fut ensaisiné
le i5 novembre iS-ig. Le 28 septembre 1622, Jean Baudoin la vendit 9,000
livresaux religieuses du Calvaire, qui l'annexèrent à leur couvent; mais, en i63o,
la reine Marie de Médicis la leur reprit, et le terrain qu'elle occupait, joint à celui
de l'hôtel de Luxembourg, a servi d'emplacement à l'hôtel du Petit-Luxembourg,
comme il est dit dans une déclaration du 26 février 16/17. Cette pièce corrobore
ce que nous avons avancé plus haut relativement à la situation de la maison du
président de la Thourette.
Maison des Trois-Petits-Bois (i585), aboutissant à la suivante, avec laquelle
elle était confondue vers la fin du xvi* siècle '^l Etienne Hardouin, sieur de Mont-
herbu, en fut ensaisiné le 28 novembre i585. Elle était située en face de la rue
Servandoni et existait déjà en i532. Elle appartenait alors à Bobinet Fallentin,
propriétaire de la maison des Trois-Bois de la rue de la Harpe, et ne contenait
qu'un quartier; mais elle est dite depuis renfermer un demi-arpent.
Maison DE l'Image-Sainte-Geneviève (1 536-1 608), ou HÔTEL DE Moi>lTHERBU.
Elle fut élevée sur un terrain baillé à bâtir en 1 629 et faisant partie de sept quar-
tiers que Jean de Néry vendit, le 1 0 février 1 5 1 1 , à Jean Daneau. Elle était à moitié
"' En 1608, la maison (le riniage-Sainl-Mcolas — Chrislophe Richer avait possédé plusieurs autres
est dite aliénante à l'hôtel de Luxeinbour;;. propriétés auprès de riniage-Sainle-Barbe; mais
'*' Elle est cependant mentionnée encore eu nous n'avons pu appliquer les titres qui s'y rap-
1608; mais peut-être n'est-ce que pour mémoire. [lortent.
37.
292 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
construite lorsque, le 28 novembre i53i, Robert Fallentin, qui la fit achever, en
fut ensaisiné. Elle renfermait un jeu de paume en i5ii6, et passa, en i584, à
Pierre de Montherbu, qualifié, plus tard, de secrétaire ordinaire de la chambre du
roi. Dans une déclaration de 1687, elle est énoncée : a maison au milieu de laquelle,
ff et proche d'un grand portail , est un pillier enclavé en partie de la muraille de
crladicte maison, une figure, image et représentation de madame saincte Gene-
trviefve, entre deux escussons et armoiries painctes contre la muraille, en la pre-
ffmière desquelles est un lieu où est escrit le mot Libertas, et en l'autre il y a
ff une petite croix au milieu, n Elle aboutissait au sentier du Pressoir, et, unie à la
précédente, elle fut rebâtie par Pierre de Montherbu postérieurement à iBgi. Le
1 1 avril 1622, Michel Renouard la céda, moyennant 48, 000 livres, aux religieuses
du Calvaire, pour l'établissement de leur monastère. Ce couvent, comprenant la
maison de l'Image-Saint-Nicolas, offrait d'abord une superficie de près de deux
arpents et demi, et a considérablement été amoindri en i63o, afin de construire
le Petit-Luxembourg. Au même lieu il existait, en 12/18, une vigne pour laquelle
l'abbaye Saint-Antoine payait deux sous de cens à Sainte-Geneviève"'; deux
siècles plus tard, cette redevance était réduite à dix-huit deniers, comme il appert
d'une sentence du Châtelet, rendue, le i4 juin ika, pour contraindre les reli-
gieuses de Saint-Antoine à s'en acquitter.
Maison dite la Ferme-du-Bourg (1595-1612), faisant le coin du sentier condui-
sant au Pressoir de l'Hôtel-Dieu. Elle avait trente-six toises de largeur sur la rue
de Vaugirard, et fut vendue au duc de Luxembourg, le 1 1 juillet i583, moyen-
nant une rente sur la Ville de seize écus et deux tiers, réduits suivant ledit à
5o livres, par Jean de Hévez, seigneur de la Tillaye, lequel , en 1 570, se plaignait
de la ff grande perte n qu'il y avait subie à cause des guerres. Elle fut comprise
dans l'acquisition de l'hôtel do Luxembourg par Marie de Médicis, qui la donna,
en 1680, aux religieuses du Calvaire. A cette époque, c'était encore la dernière
construction du côté méridional de la rue de Vaugirard, et le terrain au delà,
dépendant du fief de l'abbaye Saint-Germain, demeurait en culture.
Au mois de juillet 1280, un arpent de vigne, fren Vigneroi,!! en la censive de
l'abbaye Sainte- Geneviève, fut vendu quinze livres parisis par le pelletier Milon
Le Bourguignon, à M'= Etienne Le Poitevin, qui, en octobre 1 2^4, la céda au mo-
nastère en échange d'une rente annuelle de cinq muids de vin'^l Le seul Heu du
canton de Vigneroi o£i les moines de Sainte-Geneviève aient eu droit de censive
était précisément celui sur une partie duquel fut bâti le couvent du Calvaire;
''' Le livre du cellerier de Sainte-Geneviève et, à côté de l'article on lit cette note, ajoutée au
renferme (fol. a 8 v°) un article ainsi conçu : Sanctus xvii' siècle : it A présent le monastère du Calvaire. 1
Anionixis ii sol. pro vinea comitis de Bello-Monle, ''' Cart. de Saitiie-Genevike , p. i5i.
ifl
ce
<
c
X
>
LU
>
UJ
>
ce
o
h
00
UJ
<
ce
o
o
Q.
o
y)
0
0
a:
>
0
m
X
>
<
0 ^
UJ
a. =
> ^
0 g
?: '^
c «^
c ^
•aj
d:
LE PALAIS DU LUXEMBOURG. 293
c'est donc à ce terrain que doivent se rapporter les deux transactions que nous
venons d'indiquer.
Tel était Mat des lieux , au moment où Marie de Médicis prit la résolution d'acquérir les pro-
priétés nécessaires à la construction de son nouveau palais et à l'établissement des jardins dont
elle voulait l'entourer. L'aspect de toute cette région nous est révélé par un plan inédit, qui fut
dressé à l'occasion d'une contestation judiciaire entre l'abbé de Saint-Germain et la confrérie aux
Bourgeois. Ce document porte la double signature de Claude Vellefaux et de François Quesnel,
ce qui lui donne une valeur topographique toute particulière. Le célèbre architecte de l'hôpital
Saint-Louis et l'auteur du premier plan de Paris, auquel on s'accorde à reconnaître une certaine
précision géométrique, ont dû certainement reproduire avec une scrupuleuse fidélité les maisons,
jardins et terrains en litige. Voici, d'ailleurs, comment s'exprime à ce sujet François Quesnel,
l'un des auteurs de ce plan, dont l'original est conservé aux Archives nationales, sous la cote
S 869 :
f Rapport faict par nous , François Quesnel , maistre peintre , bourgeois de Paris ,
»r commis pour ce faire par monsieur maistre NicoHas Guynet, conseiller du Roy
(rnostre sire, en son Grand Conseil, commissaire en ceste partye, de la figure sy
ff présentée, suivant le serment par nous faict par devant le dict sieur Guynet,
«des lieux et places qui nous ont esté démontrés par icelluy sieur, contentieuses
(rentre les abbé, doyen et confrères de la confrairie aux Bourgeois de Paris, etles
(rabbé, prieur du couvent de l'abbaye Monsieur Saint Germain des Prez lès Paris,
(tau procès pendant entre eux au dict Grand Conseil, distribué et prest à juger,
trau rapport du dict sieur Guynet. A quoy faire avons vacqué, après le serment
(f par nous prestez au cas requis et accoustumé, tant en la présence d'icelluy sieur
(rde Guynet, des dictes partyes ou de leurs procureurs pour elles, que en nos
ffparliculliers, ainsy qu'il apert par le plan de la dicte veue cy-dessus, que en
ff toute équicté avons faict et dressé sur ce qui nous a esté désigné, tant les jours
ff cottes au procès-verbal faict d'icelle qu'es autres jours consécutifz et suyvant;
(f asisté de plusieurs notables personnes estant, asistant et discourant par les lieux;
wpar la quelle figure avons représenté le plus exactement qu'il nous a esté pos-
ffsible, nous estantz transportez plusieurs jours sur les dicts lieux, représentant
ffle plan du terreuer avecq la levée des maisons et le nombre d'icelles, avecq les
ffclostures et murailles, avecq la plus grande fidélité qu'il nous a esté possible.
ff Tesmoing mon seings sy-dessoubz mis. Et en tesmoing de ce, nous sommes soubz-
(T signez en présence du dict sieur Guynet et des procureurs des parlyes, comme
rril est contenu au procès-verbal du dict sieur.
(Signé) cfFRANçoYS Quesnel. i:
La réalisation des projets conçus par la reine mère eut pour résultat de modifier complè-
tement la région dont Vellefaux et Quesnel nous ont conservé l'aspect. Nous ne possédons point,
malheureusement, de plan parcellaire contemporain de l'achèvement du palais; mais, comme la
294
TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
configuration des iieux n a pas varié pendant le xvn" siècle , il est facile de s'en rendre compte ,
en consultant les plans géométraux dont la série commence à celui de Gomboust. Nous en
extrayons le grand îlot comprenant le palais et ses annexes , les propriétés situées en bordure
des rues de Vaugirard et des Francs-Rourgeois, de la place Saint-Michel et de la rue d'Enfer,
ainsi que le couvent et l'enclos des Chartreux. — l.m. t.
Échelle de i-"-.
aoo mètres.
LEGENDE DU PLAN : A, palais du Luxembourg; — B, dépendances du palais; — C, jardin réservé attenant
au palais; — D, Petit-Luxembourg; — E, communs du Petit-Luxembourg; — F, couvent des Filles-.
du-Caivaire; — G, porte d'entrée des Chartreux; — H, puits et pompe des Chartreux; — I. moulin
des Chartreux; — K, rue de Tournon; — L, rue de Vaugirard; — M, rue iNotre-Danie-des-Champs;
— N, impasse Notre-Dame-des-Champs; — 0, rue des Francs -Bourgeois; — P. place de la porte
Saint-Michel; — Q, rue d'Enfer; — R, ancienne voie romaine.
LE PALAIS DU LUXEMBOURG. '295
II.
LE PALAIS, LES JARDINS, LA GROTTE, L'AQUEDUC D'ARCUEIL.
Le Palais. — En prenant la résolution de se faire construire un palais en
dehors de la muraille de Philippe-Auguste et sur la partie déclive du plateau de
Sainte-Geneviève, Marie de Médicis suivait l'exemple que lui avait donné, un
demi-siècle auparavant, sa compatriote et sa parente, lorsqu'elle entreprit de
remplacer la vieille résidence des Tournelles, à laquelle s'attachait, pour elle, un
pénible souvenir, par le nouveau château des Tuileries, situé, comme on le sait,
au delà de l'enceinte fortifiée de Charles V. Les bâtiments de ce dernier palais,
encore inachevés à celte époque, promettaient une somptueuse demeure; mais l'al-
tière veuve de Henri IV, qui se trouvait incommodément logée au Louvre, et qui
n'aurait pu, en terminant les travaux des Tuileries, se faire honneur d'une cons-
truction dont elle n'avait pas eu l'initiative, ne voulait, en outre, partager avec
personne la jouissance de la royale habitation qu'elle projetait. Renonçant donc
aux deux grandes résidences delà rive droite, elle se trouva conduite à chercher,
pour sa nouvelle demeure, des conditions de calme et des facilités de dévelop-
pement que le faubourg Saint-Germain pouvait seul alors lui offrir. C'était la
même pensée, le même besoin d'espace et de tranquillité qui avaient déter-
miné jadis la construction du vieux Louvre, de l'Iiôtel Saint-Paul et autres palais
suburbains.
La reine mère était alors dans la plénitude de son pouvoir; mais elle sentait
qu'il allait lui échapper, et elle se hâtait d'en faire usage. L'édifice qu'elle projetait
devait porter le nom de «Palais de la Reine douairière, n être achevé le plus
promptement possible et rappeler, disent les auteurs du temps, le palais Pitti,
résidence de la famille régnante de Toscane, où Marie de Médicis était née et où
elle avait passé son enfance. Il ne faudrait pas croire cependant qu'elle ait eu la
pensée de faire reproduire servilement à Paris le palais florentin; l'architecture
en devait être appropriée aux nécessités de notre climat, et, de fait, l'imitation se
borne à l'emploi des refends et des bossages, déjà usités en France avant cette
époque (".
L'architecte choisi par la reine mère était Salomon de Brosse, auquel on
avait, jusqu'à nos jours, attribué le nom de Jacques, et que de savantes re-
cherches ont remis en possession de son véritable prénom baptismal'^'. Salomon
de Brosse n'avait encore exécuté aucun de ses grands travaux : le portail de Saint-
<■' Dedaux , Chambre de Marte de Médicis , in-fol. ciélé de l'histoire du protestantisme français ont dé-
1 838 , inlro<l. couvert et publié des pièces qui éclaircissent la bio-
"' M. Jal et les RÎdacteurs du Bulletin de la Sa- graphie du célèbre architecte, ensevelie jusqu'ici
296 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Gervais, l'aqueduc d'Arcueil, le temple de Gharenton, la salle des Pas-Perdus au
palais de Justice, les châteaux de Monceaux et de Goulommiers, sont, en effet,
postérieurs de quelques années à la construction du palais Médicis; mais il était
déjà, selon loute apparence, en possession de quelque notoriété. Il la devait soit
à Jean de Brosse, qu'on croit avoir été son père et qui était architecte de la reine
Marguerite de Valois, soit à Jacques Du Gerceau, dont il fut très-probablement
l'élève, et qui lui apprit l'art de construire ttles plus exccllens bastimens. -n Ce qui
est hors de doute, c'est que, malgré sa qualité de huguenot, il inspira une con-
fiance absolue à la reine mère, puisque cette princesse, italienne et catholique fer-
vente, le choisit pour réaliser le projet qu'elle avait conçu. Après lui avoir proposé
son palais natal comme modèle à imiter librement, en appropriant l'architecture
florentine aux nécessités de notre climat, elle lui demanda un certain nombre de
plans, les examina et fit choix de celui qui lui parut le meilleur; puis elle le com-
muniqua aux architectes italiens les plus en renom, avec prière de lui donner
leur avis.
Le projet de l'architecte français risquait d'être mal jugé au delà des monts;
cependant il y trouva plus d'éloges que de critiques, et les observations de détail
dans la plus profonde obscurité. Voici ce qui résulte
des investigations de M. Jal :
Salomon de Brosse naquit à Verneuil-sur-Oise,
qui était alors l'un des foyers du protestantisme,
et il fit lui-même profession de la religion réfor-
mée. Selon toute apparence , il fut l'élève de Jac-
ques Du Cerceau, protestant comme lui, et c'est
peut-être à cette circonstance qu'il a dû le prénom
de Jacques , sous lequel on l'a désigné pendant si
longtemps. Il était sans doute fils de Jean de Brosse ,
qualifié de secrétaire et architecte de la reine Mar-
guerite de Navarre, dans les comptes de 1679 et de
i582. (Arch. nat. KK i54 et 169.)
Dans les comptes des bâtiments de Marie de Mé-
dicis, pour l'année 1616, on le trouve désigné par
le prénom de Salomon, et on lui donne le titre de
«•architecte général des bastimens du Roy el de la
rRoyne, mère de Sa Majesté. 1
Le prénom de Salomon résulte encore de la men-
tion suivante, placée au bas d'une estampe gravée
par Michel Lasne : Salomon de Brosse inven. Micuel
Asintus sculps. et de cette autre mention relevée
dans un catalogue de M. de Marolles, abbé de Vil-
leloin, publié à Paris, en 1666, par F. Léonard :
ff Michel Lasne a gravé des dessins de divers ar-
rrtistes, entre autres de Salomon de Brosse, archi-
rtecte, qui a basti Luxembourg.» {Archives de l'art
français, t. I, p. 4i.)
Enfin on a relevé, sur deux registres tenus par
les fossoyeurs du cimetière protestant de Saint-
Père, les actes d'inhumation suivants: 1" tr Salomon
ffde Brosse, ingénieur et architecte des bastimens
rrdu Roy, natif de Verueuii, inhumé le 9 décembre
(tiôaô.i 2°(fDu 9' jour de décembre 1626 , a'esté
(tenterré Salomon de Brose, architeq de la Raine
ffmère au cimmetierre Saint Germain (sic).-
Les rédacteurs du Bulletin de la Société de l'his-
toire du protestantisme français avaient devancé
M. Jal dans la découverte du prénom et des croyances
de Salomon de Brosse. Les registres de l'état civil
de Gharenton leur avaient appris qu'il faisait partie
du culte réformé, et que, selon toute apparence,
il avait été choisi en cette qualité, par ses coreli-
gionnaires, pour réédifier leur temple. M. Ch. Read.
à qui l'on doit la plupart de ces découvertes , pré-
pare, depuis plusieurs années, un travail biogra-
phique étendu sur ce personnage.
Fils, père, élève et ami d'architectes distingués,
Salomon de Brosse tenait, comme la plupart de ses
contemporains, l'équerre et la plume. Il a publié,
en 1619, dans le format in-folio et n-en la boutique
ttde Hierosme de Marnef, chez André Sillart, au
trMont Saint Hilaire, à l'enseigne du Pélican," une
édition du fameux livre technique de Jean Bullant :
Rèifle générale d'architecture des ciivj manières de
colonnes, etc. — l. m. t.
LE PALAIS DU LUXEMBOURG. 297
auxquelles il donna lieu furent recueillies par Salomon de Brosse, qui en fit son
profit. Le célèbre chevalier Bernin, qui vit l'édifice terminé lors de son voyage à
Paris, et qui, comme on le sait, n'eut pas la chance de faire accepter ses plans
pour la façade orientale du Louvre, déclara loyalement a qu'il n'y avoit nulle part
rde palais ni mieux bâti ni plus régulier, n Commencé en 161 5, le palais était
presque achevé en 1620.
Les historiens de Paris ont confirmé le jugement du chevalier Bernin et de ses
compatriotes, sauf certaines restrictions résultant des variations du goût français
en matière d'architecture. Le premier en date. Malingre, loue sans réserve, et son
appréciation doit être considéi-ée comme celle des contemporains de Salomon de
Brosse, puisqu'il la formulait peu d'années après la mort du célèbre architecte,
alors que l'édifice, complètement achevé, était dans tout l'éclat de sa nouveauté.
ff Le palais, dit Malingre, consiste en quatre grands pavillons, aux quatre coings,
fren trois grands corps d'hostel. Celui de main droite, où est le département de
«fia Royne, est composé d'une belle grande gallerie haute, ayant deux cheminées
t-aux deux bouts, fort belles pour l'invention, façons et dorures. Les fenestres
regardent sur le petit Luxembourg, d'un costé, et, de l'autre, sur la grande
rcour. Aux deux costez de cette belle gallerie, sont quantité de tableaux de l'in-
r vention du fameux peintre Rubens d'Anvers, dans lesquels est représentée toute
fr la vie de la Royne depuis sa naissance.
ff Avant d'entrer à celte gallerie, est la chapelle de la Royne, avec ses lambris
«dorez et l'autel de mesme, de très belles menuiseries en feuillage dorez, et, au
rfond, un fort riche tableau.
irDe ce mesme costé et département est la chambre de la Royne, belle, grande
(rel carrée, enrichie d'une cheminée admirable pour son ouvrage et dorure, garnie
r de deux gros chenets d'argent. En celte chambre se voit la place du lict enfermé
r- de ballustres, dont les pilliers sont d'argent.
ffDe cette chambre on entre au cabinet, le plus riche qu'il se puisse voir. Le
«plancher est faict de marquetterie de bois, la cheminée d'un ouvrage très rare
«et tout doré, le lambris fait de pièces de menuiserie de rapport doré, les vitres
«de fin cristal, et, au lieu de plomb pour les lier, la liaison est toute d'argent.
(f Ce département est dans le pavdlon d'en haut (au premier), à main droicte,
«entrant au dict hostel. Au-dessous de celle allée sont les salles, au nombre de
«trois, la grande sous ce pavillon, les deux autres sous la belle gallerie et le pa-
« villon de droicte qui regarde le faulxbourg.
«Le département de main gauche, qui regarde le faulxbourg d'un costé et de
«l'autre le jardin, est composé de deux grands pavillons, entre lesquels est une
«belle ef longue gallerie de mesme façon et ouvrage que celle du costé droict, en
38
298 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
(f laquelle, en divers tableaux, se doit voir la vie du roi Louis XIII, ses victoires
(ret ses triomphes; mais ce costé là n'est pas encore parachevé'''.
ffLa face d'en haut (au premier) du dict hostel qui regarde le jardin et la
(T grande cour est composée de quatre grandes salles, deux en haut et deux en bas.
ff Au milieu est un magnifique escalier en forme ronde et en coquille, couvert de
îttous costez, et on ne peut voir la cisme d'iceluy, qui aboutit à une forme de
(fdosme à l'italienne, ainsy que celuy des Thuileries'^'. Au dehors, aux coings du
(fdosme, sont de fort belles colomnes de marbre et de bronze, et de très excel-
ff lentes statues.
«L'entrée du dict hostel, qui regarde la rue de Tournon, est composée d'une
«haute allée (la terrasse au premier) qui va depuis le pavillon jusques au donjon
«du portail du costé droict, et une autre pareille au costé gauche, laquelle allée
«est toute embellie de ballustres des deux costez. Au dedans, sous ces allées, sont
«d'autres allées en arcades. Ce donjon, fait en rond et enrichy de belles colomnes
«et statues de marbre, et la ceinture toute dorée, comme toutes les autres cein-
«tures des trois autres corps d'hostel, et le haut d'iceulx tout dorez '''.n
Cette description, un peu trop sommaire, du palais de Marie de Médicis, tel
qu'il était sorti des mains de Salomon de Brosse et des artistes ses auxiliaires, a
été commentée et complétée par un architecte contemporain, qui a fait de cet
édifice une étude approfondie. M. de Gisors , dans la monographie qu'il en a donnée ,
le dépeint ainsi :
« Dans l'origine , c'est-à-dire avant les additions nécessitées successivement par
«les nouvelles destinations de l'édifice, la masse du plan général formait un paral-
«lélogramme presque exact et symétrique, dont la plus grande dimension était,
«latéralement, de cent dix-huit mètres et de quatre-vingt-dix mètres du côté
« des façades principales.
«La décoration architecturale du palais, soit du côté de la rue qui y aboutit,
«soit dans la grande cour, était entièrement, sauf quelques légères modifications,
«telle qu'on la voit encore aujourd'hui; mais, au fond de la cour actuelle, entre
«les deux pavillons saillants, il existait, du côté de la ville, une seconde cour
«d'honneur, comme celle que l'on remarque au palais de Versailles; c'était une
« terrasse élevée d'environ un mètre au-dessus du sol extérieur du palais. On y
« montait par un perron demi-circulaire. Elle était séparée de la cour principale
'"' Malingre vent sans doute parler des peintures du palais, avant les regrettables remaniements de
qui devaient décorer la galerie et former le pendant "architecte Lemercier. (Voir la Topographie histo-
de celle de Rubens; car, en i64o,les bâtiments tique du Vieux Paris, région du Louvre et des
étaient complètement cr parachevés. n Tuileries, t. II, planche de la page ta.)
*'' Le (rdosrae à l'italienne» dont parle Ma- ''' }i\a\\n^v<i , Antiquités de Paris , i6')0, liv. II,
lingre est celui qui couronnait le pavillon central p. /»oi.
LE PALAIS DU LUXEMBOURG. 299
(rpar une balustrade à jour en marbre blanc, avec des piédestaux ornés de statues
trqui furent, dit-on, vendues avec les meubles de Marie de Médicis, lorsque les
ff mauvais traitements du cardinal de Richelieu obligèrent cette princesse à quitter
« déûnitivement la France. Au fond de la cour d'honneur, on arrivait à l'escalier
«principal par les trois portes qui existent encore aujourd'hui, et dont la partie
«supérieure était décorée par les bustes de Henri ÏV, de la reine Marie de Médicis
(ret du roi Louis XIII, leur fils.
ttLes façades latérales, à l'est et à l'ouest, se composaient chacune d'un pavillon
ir d'angle sur la rue, d'une galerie et d'un corps de bâtiment principal divisé en
(rdeux pavillons par un petit arrière-corps. Les constructions ajoutées dans la
«suite ont, de ce côté, augmenté les façades latérales d'un second arrière-corps
«et d'un troisième pavillon; mais l'ancienne décoration architecturale a été res-
« pectée.
«La- façade au sud, du côté des jardins, avait, comme aujourd'hui, deux corps
«de bâtiments saillants à ses extrémités, et un arrière-corps, au centre duquel se
«trouvait un petit pavillon surmonté d'un dôme; mais le portique ouvert dans
« l'arrière-corps ne s'élevait que d'un rez-de-chaussée terminé par une terrasse.
«Il est aujourd'hui surmonté d'un étage. Tous les rampants des frontons des fa-
« çades étaient surmontés de statues couchées, qui n'existent plus. Ces statues pré-
« sentaient entre elles un mélange assez bizarre : celles qui étaient couchées sur
«le fronton circulaire, au-dessous du dôme couvrant la chapelle, représentaient
«des sujets religieux empruntés au culte catholique, tandis que celles des frontons
«triangulaires des grands pavillons en avant-corps appartenaient à la mythologie,
«et les métopes de l'ordre dorique, aux attributs du paganisme, que l'on voit
«encore aujourd'hui.
« A l'intérieur, le rez-de-chaussée était composé de grandes galeries ouvertes et
«de salles entièrement voûtées, réservées pour les différents services généraux du
«palais.
«Le premier étage renfermait les appartements de réception et d'habitation de
«Marie de Médicis. Cette princesse, née et élevée dans une des plus belles parties
«de l'Italie, avait tous les goûts de son pays; douée d'une imagination vive et
«ardente, elle aimait et protégeait les arts; aussi voulut-elle que la décoration du
«palais fût digne de l'édifice. Elle forma une galerie de peinture à la suite de ses
«ap])artements, qui occupaient, à l'ouest du palais, les pavillons principaux'". Les
«peintures de cette galerie, composée de vingt-quatre tableaux représentant
«l'histoire allégorique de Marie de Médicis, furent exécutées par Rubens, qu'elle
r avait appelé à Paris à la fin de 1620. La galerie était éclairée par des fenêtres
11)
Les appartenienls de la reine occupaient la Gardes occupait l'eraplacement de la moderne salle
partie du palais où sont la salle des Gardes, le salon des Conférences. {N. B. Les indications données
dllercule. celui du Silence , etc. Lancienne salle des par M. de Gisors datent de 1867.)
3h.
300 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
rayant vue, d'un côté, sur la cour, et, de l'autre, sur les jardins'''. Les tableaux
(r occupaient les trumeaux existant entre chaque fenêtre et les extrémités de la
a galerie. L'une d'elles était décorée par une cheminée monumentale et par deux
tr portes, au-dessus desquelles se trouvaient les portraits de la reine Marie de
ccMédicis debout,' sous la figure de Pallas, du grand-duc François de Médicis et
ffde la grande-duchesse Jeanne d'Autriche. La voûte était richement ornée de
ff caissons et de peintures représentant les douze signes du zodiaque, par Jacques
tt Jordaëns, élève et ami de Rubens. A la fin du dernier siècle, la construction de
ffla seconde galerie, située à l'ouest, était encore inachevée. La reine avait, dit-
ffon, le dessein d'y établir une seconde collection de tableaux représentant l'his-
cf toire allégorique de son fils Louis XIII, mais les discordes politiques et l'exil de
rc cette princesse la forcèrent de renoncer à ce projet (^'. •»
Cette description, avons-nous dit, complète celle de Malingre; mais elle ne
saurait suppléer aux renseignements que les historiens de Paris ont donnés succes-
sivement sur le palais, et qui empruntent leur intérêt à certains détails peu connus
aujourd'hui. Ainsi, Germain Brice, qui écrivait en i683, nous apprend qu'une
partie des marbres employés aux balustrades des terrasses du jardin et au pavage
intérieur du palais furent enlevés de l'abbaye de Saint-Denis, où ils étaient en
dépôt depuis le règne de Henri II, qui voulait les faire servir à la construction
d'un grand autel. Marie de Médicis obtint des lettres de cachet, qui triomphèrent
de la résistance des religieux; mais les balustrades et le pavage ne furent pas de
longue durée : a Ces marbres, dit Germain Brice, aiant été enlevez de nos jours,
tron a mis à la place des pavez de grès, qui rendent cet endroit moins magnifique
et qu'il n'étoit autrefois (^'. v
L'auteur que nous citons décrit assez longuement le palais; mais sa description
ne diffère pas sensiblement de celle de Malingre. Il indique seulement une déco-
ration dont celui-ci n'avait pas parlé : il s'agit des deux statues, en marbre, de
Henri IV et de Marie de Médicis, placées sur les faces des deux pavillons donnant
sur les terrasses qui regardent la rue de Tournon. Son ouvrage étant plus des-
criptif qu'historique, il énumère, en outre, les vingt et un sujets peints par
Rubens et indiqués sommairement par Malingre : i" la destinée de la Reine; 2° la
naissance de la Reine; 3° l'éducation de la Reine; li° Henri IV délibère sur son
futur mariage; 5° le mariage de la Reine; 6° le débarquement de la Reine au port
de Marseille; 7° première entrevue du Roi et de la Rein^e à Lyon; 8° l'accouche-
ment de la Reine; 9° le Roi part pour la guerre d'Allemagne; 10° le couronne-
'"' Cette galerie existait sur l'emplacement où a '^' Le Palais du Luxembourg, par M. Alphoose
élé construit depuis le grand escalier d'honneur, de Gisors, Paris, 1867, in-8°, p. 35 et suiv.
ainsi que quelques petites pièces réservées au ''' Description de la ville de Paris, par Germain
musée. Brice, t. III, p. 38o.
LE PALAIS DU LUXEMBOURG. 301
ment de la Reine; i i° l'apothéose de Henri IV et la régence de la Reine; 12° le
gouvernement de la Reine; iS" le voyage de la Reine aux Ponts-de-Cé; i4° l'é-
change des deux Reines; 1 5° la félicité de la Reine; 1 6° la majorité de Louis XIII;
17» la Reine s'enfuit du château de Blois; 18° la Reine prend le parti de la paix;
19" la conclusion de la paix; 20° la paix confirmée dans le ciel; 21° le Temps
découvre la Vérité.
Cette magnifique suite, qu'on a transportée au Louvre en 1780, puis rapportée
au Luxembourg en i8o5 et finalement installée au Musée du Louvre en 181 5, a
été l'objet de nombreuses descriptions, auxquelles nous renvoyons le lecteur; il
nous suffît de l'avoir indiquée comme ayant appartenu à la décoration primitive
du palais et se rattachant ainsi à son histoire.
Les deux grands historiens de Paris, Félibien et Sauvai, parlent peu du Palais
Médicis; ce qu'ils en disent est fort louangeur, mais ne nous apprend aucune par-
ticularité nouvelle. Le premier se borne à une simple mention '■'; le second ne
nous a laissé que quelques notes, jetées en désordre sur le papier et imprimées de
même par les éditeurs des Antiquités de Paris. Nous les reproduisons telles qu'on
les trouve au commencement du troisième volume :
irLe duc d'Orléans a un cabinez d'antiques le plus curieux et le plus complez
ff de toute l'Europe, et même il n'y a pas un prince en tout le monde qui se puisse
(T vanter d'y avoir qui en approche en beauté, en quantité et en excellence.
a Toutes les faces de ce palais sont riantes, tout y rit de tous les côtés, la face
(test riante, la cour avec les bâtiments riants, le corps de logis vers le jardin, et
«toutes ses parties séparément, et tout cela de plus très-majestueux.
ff Le portail est trop étroit pour une si grosse masse; les arcades des portiques
(rtrop hautes, trop peu larges, trop égayées, et les pilastres trop gros pour la
(f gaieté des arcades. La maison est peu logeable et peu commode.
«Les pavillons des deux angles sont trop pressés, et font un creux trop noir et
«trop obscur.
«Le seul tableau où est la Vérité toute nue est de la main de Rubens; pour
«les autres, ils sont du dessin de Rubens et de la main de Juste.
« Le jardin est placé de côté et seroit bien mieux de front.
«Le corps de logis est trop enfoncé du côté du jardin; le vestibule trop petit
«pour l'édifice.
(f L'attique couronne mal le bâtiment et est trop grand pour la masse. Les cor-
« niches qui se brisent dans l'attique et dans le pavillon font un effet vilain et ir-
tr régulier.
«II n'y a pas une porte de suite et en correspondance; en tous cas, peu.
«La grande gallerie de Rubens est sans plat-fonds.
'"' Hùtoire de la ville de Paris, t. II, p. 1 397.
302 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
(T Avec tous ces défauts, néanmoins, le dessin de ce palais a été promené par toute
«l'Italie avant que d'être exécuté. 11 a passé par les mains des meilleurs maîtres
ffde l'Europe; et, dans toute l'Europe, il n'y a point de maison qui paroisse avec
(rplus d'orgueil et plus de faste; tout en est grand et majestueux; le portail est
«bâti d'une manière grande et toute superbe; le dôme et les deux gros pavillons
«lui donnent une majesté royale. Si le Pont-Neuf et la rue Dauphine eussent
te conduit en ligne droite à la face de cette belle maison , comme la Reine en avoit
«bien envie, il n'y eût point eu d'avenue au monde ni plus longue ni plus ma-
îTgnifique, ni de portail plus superbe. L'exécution de ce dessin est maintenant
«beaucoup moins facile que du temps de cette princesse, car pour lors la rue
«des Fossés n'étoit point encore faite.
«L'ouvrage rustique fait un effet aussi surprenant que merveilleux; et, si l'on
«en considère en gros l'architecture, soit du dedans de la cour, soil du dehors,
«partout on la trouve grande et admirable. Le grand cabinet de Madame est
«excellent pour la musique. Quelques-uns se sont plaints de ce qu'une femme
«avoit bâti une maison toscane, mais leur plainte a cessé quand ils se sont sou-
« venus que c'étoit une princesse toscane qui voulait faire éclater en France l'ordre
« de sa patrie.
«La menuiserie de la porte est de l'ordonnance de Mercier. C'est un portail
« fort bien entendu , dont les masques , qui sont fort bons , ont été faits par Bertheloz
« et Perlan. Plusieurs autres édifices circonvoisins n'ont été bâtis que bien depuis.
«Cette entreprise, ou n'a pas été connue à Rivier, qui a fait la porte Dauphine, ou
« il n'a pas voulu s'attacher à ce dessin , puisqu'il n'a pas dressé celte porte en ligne
«droite au portail du Luxembourg, car il la pouvoit accommoder très-aisément
« et à la rue Dauphine et à ce portail.
«Le Luxembourg est en bel air et pur, mal logeable, point de portes en cor-
«respondance, a de front le plus grand et le plus magnifique parterre de l'Europe.
«L'appartement du Roy est très-riche et très-superbe. 11 y a de tout dans le jardin,
«et tout ce qui y est est d'une grandeur extraordinaire : grandes palissades, grandes
«allées et longues, grand bois, grand parterre, plusieurs grands jardins remplis
«de simples.
«L'escalier gauche, dont les traits sont fort hardis et oià il y a des rencontres
«de traits dans les fenêtres fort belles, par Marin de La Vallée, et conduit par
«Guillaume de Toulouse.
«Penditif [sic) de Valence, ordonné par Jean Tiriot.
«Voûte en cul de four sous ia chapelle, fort hardie, par Dominique de Lafons.
« Les arrêts des rampes.
«Grote, une femme qui chevauche un feston.
«Voûte oh la voix tourne (voyés Savot). Lanni dit que le même se trouve à
«Mantoue, au palais de (l'indication manque), et à Marseco dans le Trevigiano.
LE PALAIS DU LUXEMBOURG. 303
(t La porte est des plus galantes et des mieux travaillées de Paris. Berthelot a
tf fait les masques et les autres bronzes qui l'embellissent.
ir Grand escalier ordonné par Marin de La Vallée et conduit par Guillaume de
r Toulouse. Les moulures de cet escalier ne se suivent et ne se continuent pas.
«Rubens a peint la gallerie droite du Luxembourg; les lambris sont de son or-
(r donnance.
(f Cochet a fait les excellents stucs de la gallerie gauche.
«Bray, les figures de la grotte du Luxembourg ''l n
Plan du palais au temps de M " ie de Midicis.
Pour trouver une description méthodique et raisonnée du palais, il faut aller
jusqu'au milieu du xvui'' siècle et consulter le grand ouvrage de Blonde!. Voici
(l'abord le jugement d'ensemble que cet architecte-écrivain porte sur l'œuvre de
.son illustre confrère :
"' HUtoire et recherches des antiquités de la ville de Paris, t. III, p. 7.
304 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
ff L'ordonnance et la proportion des formes générales de cet édifice peut être
«regardée comme un chef-d'œuvre... Les beautés, reconnues telles, consistent
(rdans le caractère de virilité qu'on remarque dans toute son ordonnance, dans la
ff sévérité des formes, la pureté des profils, la proportion particulière de certaines
«parties, et, en général, dans un certain goût antique, soutenu dans la totalité
«ainsi que dans les détails de l'architecture. Les licences qu'on y remarque, n —
licence est un euphémisme dans la langue de Blondel , — « consistent dans l'ap-
«plication de l'ordre toscan au rez-de-chaussée dans l'ordonnance d'un palais où
«la solidité devait présider, mais non la rusticité, surchargée même par l'affecta-
« tion des bossages qui régnent dans tous les ordres , dans les ressauts trop réi-
rrtérés qu'on remarque sur chaque accouplement des colonnes ou pilastres; dans
«le défaut de rapport, en général, qu'on a négligé d'observer dans la proportion
«de la plupart des arcades du rez-de-chaussée, dans le peu de régularité de la
« distribution des métopes et des mutules de l'ordre dorique ; et enfin dans le dé-
« faut de convenance et de proportion qu'on remarque entre les allégories mal
«entendues de la sculpture, et entre sa grandeur gigantesque, par rapport à l'ar-
« chitecture. n
A la suite de cette appréciation générale, Blondel formule des critiques de dé-
tail sur les différents corps d'hôtel dont se compose le palais :
«Ce bâtiment, dit-il, est de l'espèce nommée simple; la distribution se ressent
«du peu de commodité qu'on affectoit dans l'intérieur des édifices au commence-
« ment du dernier siècle. La forme de la cour n'est pas non plus d'une proportion
«aussi élégante qu'on les fait aujourd'hui, et l'on peut remarquer que les galeries
«paroissent plus propres à la magnificence qu'à la commodité.
« Le porche est une des parties les plus essentielles de cet édifice , pour ce qui
«regarde la décoration extérieure; mais son peu de largeur annonce assez raédio-
«crement l'entrée de ce palais. Celle de la cour au palais est encore moins digne
«de la magnificence d'une maison royale, l'escalier en occupant la plus grande
«partie, contre toute idée de vraisemblance.
«Les deux pavillons, qui saillent d'environ quai'ante pieds sur le jardin, peu-
«vent être regardés comme un défaut essentiel, parce qu'ils masquent la plus
«grande partie du milieu de cette façade Les avant-corps en saillie, du côté
«de l'entrée, sont beaucoup plus tolérables; ils flanquent les galleries et annon-
«cent d'une manière grave et imposante l'immensité de ce bâtiment. Si ces pavil-
«lons avaient pu s'apercevoir de la rue de Tournon, l'aspect de ce palais aurait,
rsans contredit, formé l'un des plus beaux coups-d'œil qu'il y ait à Paris, t
Ces critiques sont d'un homme du métier et ont leur valeur sans doute; ce-
pendant il ne faut point oublier que l'architecture de Henri IV et de Louis XIII
avait été, sous les règnes de Louis XIV et de Louis XV, l'objet d'un dédain im-
mérité. Le jugement de Blondel se ressent de cet esprit de réaction, et il ne faut
LE PALAIS DU LUXEMBOURG. 305
l'accepter qu'avec certaines réserves. Sous le bénéfice de ces observations, nous
continuons à résumer les passages les plus remarquables de sa description, laquelle
n'est, en définitive, que le commentaire des belles planches qu'il a fait graver.
L'élévation du côté de l'entrée lui paraît avoir, pour mérite principal tria com-
<r position générale de l'avant-corps du milieu, dont les formes pyramidales, isolées
trdans la partie supérieure, font un bon effet, vues du principal corps de logis et
- considérées dans toute la longueur de la rue de Tournon. n 11 remarque ensuite
rrque l'arcade toscane est beaucoup tropsvelte, celle dorique trop peu élevée, et
(rla hauteur de l'attique trop raccourcie, n II eût préféré ttque les statues, placées
rr autour de cette espèce de rotonde, eussent été distribuées sur la balustrade qua-
rt drangulaire qui lui sert d'empâtement, t
L'élévation du côté de la cour lui paraît mériter le reproche général qu'il fait
à l'ordonnance du palais : tr Toute l'architecture de ces bâtiments est trop sur-
r chargée de bossages et de refends, n Toutefois d reconnaît, à la décharge de
Salomon de Brosse, que tr l'architecte avait été chargé d'imiter ce genre de déco-
fr ration d'après le palais Pitti à Florence, n Après avoir mentionné les trois baies
lormant l'entrée du palais sur la cour, les cr mezzanines d contenant les bustes de
Henri IV, de Marie de Médicis et de Louis XIII, il constate l'existence d'un attique
r couronné d'un fronton circulaire, dans le tympan duquel sont les armes de France
ff ornées de guirlandes et de génies d'un goût pesant, n et de tr figures assises dont
tr la proportion est trop forte, v
L'élévation du côté du jardin lui semble offrir les mêmes qualités et les mêmes
défauts, ce qu'il appelle en son langage tries beautés et les licences. 15 Selon lui,
la trop grande saillie des pavillons tt offusque le milieu du bâtiment. n II trouve,
avec raison, le soubassement beaucoup trop bas; il eût voulu un perron monu-
mental qui annonçât la grandeur et la magnificence de l'édifice. ttEn général, dit-
rii, la façade d'un palais, du côté du jardin, doit être élevée du sol de quelques
r pieds; autrement son ordonnance paroit enterrée, n
L'une des parties les moins connues du palais, la chapelle, à laquelle on ne
reconnaît pas d'ailleurs un grand mérite, est mentionnée par Blondel : tr Je l'estime
tr particulièrement, dit-il, parce qu'elle est terminée par une voûte en cul-de-four,
rd'un trait assez hardi pour le tems où elle fut bâtie, et dont l'exécution est de
r Domini(|ue de La Font. On remarque dans cette chapelle des peintures sur bois
tr que l'on croit être d'Albert Durer, ti
Blondel, ayant surtout en vue une description architectonique du palais, s'est
pou étendu sur la distribution intérieure, la décoration et l'ameublement. ttLes
-appartements, dit-il en général, ont de la grandeur et sont décorés avec magni-
r ficence, (/ans legmît ancien, v c'est-à-dire dans le style de Henri IV et de Louis XIII <•'.
'' Un auteur contemporain, qui a décrit la (anieiise chambre de Marie de Médicis, qualifie dans les
m. 39
306 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
L'f^tage d'honneur a seul attiré son attention; quand au second, «\\ est composé,
ff dit-il, de petits appartements occupés par différents particuliers, depuis que ce
T palais n'est plus habité par des têtes couronnées, v
En terminant, Blondel exprime la crainte que ses observations a ne paroissent
rr exposées avec trop de sincérité ; v mais il trouve qu'on a beaucoup trop loué le
palais Médicis; il veut tempérer ces éloges par une judicieuse critique, s sans avoir
rf égard au préjugé vulgaire '^'. •»
Dans la seconde moitié du xvni"" siècle, le palais a été décrit par de nombreux
auteurs. Un écrivain hollandais, Nemeitz, qui avait surtout en vue les voyageurs
étrangers désireux de connaître Paris, en a donné une description intéressante.
Piganiol, Jaillot, Thiéry, Hurtaut et Magny, etc. etc. reproduisent en partie ce
qu'avaient dit leurs devanciers. On arrive ainsi, sans avoir à constater autre chose
que des changements de distribution , de décoration ou d'ameublement, occasionnés
par les affectations successives des bâtiments, jusqu'à la période révolutionnaire,
époque du plus grand abandon et du plus complet délabrement du palais.
Propriétaires et usufruitiers s'y sont succédé en grand nombre, depuis Marie
de Médicis. Légué par cette princesse, qui l'habita jusqu'en i63i, à Gaston
d'Orléans, son second fds, il fut délaissé pour moitié, et moyennant 5oo,ooo li-
vres, à la duchesse de Montpensier, et passa ensuite, par transaction du i" mai
1672, à Elisabeth d'Orléans, duchesse de Guise et d'Alençon, qui en fit don
au roi Louis XIV, le 16 mai 169^. Depuis, il a été occupé successivement,
à titre d'habitation viagère, par la duchesse de Brunswick et par la reine douai-
rière d'Espagne, née princesse d'Orléans. A la mort de cette usufruitière, le
palais rentra dans le domaine royal, et Louis XVI, par lettres patentes du mois
de janvier 1779, en fit don à son frère. Monsieur, comte de Provence, — de-
termes suivants le prétendu goût ancien qui cho-
quait Blondel :
(fSi la reine mère s'attacha à donner beaucoup
'àe. magnificence à l'intérieur du palais, elle ne mit
"pas moins de soins à en faire décorer les apparte-
irments. Rubeus, Philippe de Charapaigne, Albert
rc Durer, à qui l'on attribue les peintures sur bois
(rde la chapelle, et beaucoup d'autres artistes de
rruiérite, dont les noms n'ont pas été conservés,
ffmais dont les œuvres attestent l'école italienne,
r concoururent à enrichir de leurs productions la
rf demeure royale.
•rLes peintures et ornements qui décoraient au-
rlrefois l'appartement particulier de la Reine, sa
"•chambre à coucher, sa bibliothèque et son oratoire,
« — qu'on voit aujourd'hui réunis dans la salle dé-
rrsignée sous le nom de chambre de Marie de Mé-
ffdicis ou du Livre d'or, — portent particulièrement
irl'empreinte de cette époque de transition qui pré-
rrpara la grande époque de Louis XIV. Toutefois,
^comme la peinture, à cette époque, se montra le
-plus indépendant de tous les arts, et que, au lieu
Tde céder, comme la sculpture et la poésie, aux
«caprices et aux bizarreries de la mode, elle pei--
irsista à chercher, dans l'Italie moderne, ses inspi-
ff rations et ses modèles, on retrouve dans les ara-
tfbesques de la chambre de Marie de Médicis, le
trgoût et le sentiment des célèbres arabesques du
tr Vatican. 1 (Dedaux, Chambre de Marie de Médiein,
in-fol. Paris, i838. introduction, p. 2.)
'■' Blondel, Architecture françoisc , t. II, p. '18
et suiv.
LE PALAIS DU LUXEMBOURG. 307
puis, Louis XVIII, — qui l'habita jusqu'au moment de l'émigration (juin 1791).
A partir de ce moment, le palais et son histoire appartiennent aux annales con-
temporaines'''.
Les Jardins. — La magnificence des jardins devait naturellement répondre
à celle que Marie de Médicis avait rêvée pour son palais. Elle songea même à les
créer, avant de poser la première pierre de l'édifice : dès 1 6 1 3, elle fit commencer
le dessin et les plantations. «La Reine mère, dit le cardinal de Richelieu dans ses
«Mémoires, achette l'hostelde Luxembourg, au fauxbourg Saint-Germain, et plu-
(r sieurs jardins et maisons voisines, pour y commencer un superbe palais, duquel
trpar advance elle commence à faire planter les arbres des jardins, qui, ne venant
trà leur croissance qu'avecques le tems qui leur est limité par la nature, sont or-
irdinairement devancés par les bastimens, le tems de l'accomplissement desquels
(f est mesuré à la dépense et hasté selon la magnificence et la richesse de celui
«•qui les entreprend, ii
Les planches de Blondel, auxquelles nous renvoyons, indiquent les dimensions
des jardins, telles qu'elles se sont maintenues jusqu'à la suppression de la Char-
treuse. Terminés à l'est par les bâtiments en façade sur la rue d'Enfer, ils s'étendaient
à l'ouest jusqu'à la moderne rue d'Assas. Au sud, ils avaient pour limite le mur de
l'enclos des Chartreux. Quant à leur aspect général, tel que les plans contemporains
nous le révèlent, c'était, dit M. Anatole de Montaiglon, «de longues allées, despa-
frlissades, un grand bois, plusieurs grands jardins remplis de simples, et, en face
ffdu palais, des parterres en forme de broderies, etc. ''^'n Cette description som-
'' Les diverses transformations du palais, no- iren ont complètement altéré la disposition primitive,
tnmment celles qu'il a subies sous le premier Em- «On a vu plus haut que ce palais et toutes ses dépen-
pire et sous la monarchie de Juillet, sont exposées <rdances, comprenant l'hôtel du Petit-Luxembourg
•lans l'ouvrage de M. de Gisors, que nous avons "et les communs, avaient été donnés en apanage î*
déjà cité. (f Monsieur, comte de Provence. L'édit du roi
'' Les transformations que les jardins du rr Louis XVI, son frère, concernant cet apanage, esl
Luxembourg ont subies à la fin du xviii' siècle rdu mois de janvier 1779. Monsieur en prit alors
et au commencement du xix* sont racontées par trpossession, et, en vertu d'une autorisation qu'il
M. de Gisors dans sa monographie du palais. Faire savait obtenue le 25 mars de l'année suivante, il
entrer ce récit dans notre texte, ce serait dépasser tr aliéna, en i78-i, une portion considérable des jar-
peut-êlre les limites chronologiques qui s'imposent n-dins qui s'étendaient à l'ouest jusqu'à la partie an-
à une description topographique du vieux Paris; frcienne de la rue de Fleurus. A cette époque, ce
mais il nous a paru intéressant de le transcrire en m'était qu'une impasse connue sous le nom de cul-
note, rf de-sac de Notre-Dame-des-Champs, dont l'entrée
"Les jardins du Luxembourg ont, comme le pa- irsouvrait sur la rue du même nom. Le sol de cette
-lais dont ils font partie, subi, à différentes époques. ir impasse était de deux mètres environ au-dessus de
-d'importants changements et des suppressions qui fia grande allée, où elle aboutissait '"'. La partie du
"' En juillet 1771, les riverains de Timpasse avaient demandé et obtenu l'autorisation d'ouvrir à leurs frais une entrée sur
le jardin du Luxembourg; pour assurer le succès de leur demande, ils avaient offert et donnèrent en effet, à litre de présent,
une somme dc' 6,000 francs à l'école royale de peinture et de sculpture. Le bon approbatif de Louis XV est du ai juillet 1771.
39.
308 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
maire, dont les principaux traits sont empruntés à celle de M. de Gisors, ne men-
tionne pas le parterre trplus large, mais bien moins profond que celui d'aujour-
tr Luxembourg aliénée par le comte de Provence oc-
rrcupait une surface de cent neuf mille quatre cent
rr quarante-cinq mètres , dont vingt-deux mille quatre
rrcent trente et un furent affectés à un projet deper-
rr cernent de rues à travers le terrain retranché des
rrjardins. Ainsi furent complètement abattus, en
ir 1 782 , des quinconces et des allées d'arbres cente-
"uaires, remarquables par leur belle végétation , et
trie jardin public fut réduit, à l'ouest, aux propor-
rrtions que nous lui voyons aujourd'hui.
rt Pendant la première révolution, on avait formé
rrle projet d'établir, sur le terrain dont il s'agit, des
T cafés et des jeux publics; mais ce projet resta,
frcomme tant d'autres, sans exécution, et cet im-
(tmense terrain fut pendant environ quinze années
rfdans un état complet d'abandon. Plus tard, on y a
"tracé et ouvert la partie de la rue de Fleurus qui
it communique à l'ancienne impasse Notre-Dame-des-
TCham])s, celle de Jean-Bartel une portion de la rue
ff de l'Ouest aboutissant à la rue de Vaugirard. Avant
fr la première révolution, la rue de Madame existait
"•déjà, et ses deux premières maisons ont été cons-
frlruites en 1788.
ff L'ancien parterre du jardin, beaucoup moins
ff profond que celui d'aujourd'hui, était borné à son
frextrémité méridionale par le clos des Chartreux,
trqui, de ce côté, n'était éloigné que de deux cent
tr trente mètres de la façade du palais. Le mur du
fclos coupait transversalement, vers le milieu,
(rrempiaceiiient du parterre où on a établi la grande
«pelouse de gazon de la Diane.
ff Lorsque la Convention nationale décida que le
ffsiége du Gouvernement serait établi au Luxem-
ff bourg, elle ordonna en même temps des travaux
ff considérables , dont le but était l'agrandissement du
ffjardin public. Vers la fin de l'an iv ( 1 796 ) , on dé-
tftruisit, au midi, l'ancienne limite, qu'on agrandit
ffdans toute la largeur, de l'est à l'ouest, d'une zone
ff considérable de terrain prise aux dépens des bâti-
ffUients et du clos des Chartreux. On fitalors le mur
ffde soutènement qui longe la grande pépinière. On
f commença en même temps , au moyen de remblais
(f considérables, la magnifique avenue qui, de l'ex-
« trémité du parterre actuel , aboutit à l'Observatoire.
(fEn 1801, tous les arbres de la partie orientale du
ffjardin furent renouvelés , et l'on planta entièrement
ffla nouvelle zone de terrains provenant du clos des
ffChartreux. La disposition du parterre fut totale-
frment changée. Aux murs en terrasse, aux balus-
(ftrades et aux effets d'eau qui enrichissaient cette
ff charmante décoration, succédèrent les talus en
frgazon et les grilles d'appui que nous voyons aujour-
ffd'hui. Les deux pelouses demi-circulaires , à droite
ffct à gauche du bassin central, n'existaient point
ff dans l'origine ; elles furent établies aux dépens des
ff terrasses. On remplaça l'ancien bassin octogone par-
Tune pièce d'eau plus considérable présentant un
ff parallélogramme : au centre fut placé un groupe
ff d'enfants supportant une vasque, et à chacun des
' angles un groupe moins important '''. Le parterre ,
ff ainsi modifié, avait été terminé par un escalier, ou
ir perron , de dix marches , orné de statues , et par une
ffgrille ouverte sur la grande avenue de l'Observa-
fftoire. En 1802, on fit restaurer complètement la
ff grotte de Médicis , dont la construction était depuis
ff fort longtemps dans un état de dégradation complet.
ff En 1 81 G et 1 81 1, les remblais, successivement
fraccumulés sur l'emplacement de l'avenue de l'Ob-
ffservatoire , ayant atteint à peu près la hauteur'du
ff sol du jardin , permirent enfin d'y planter les quatre
f rangs d'arbres qui en sont aujourd'hui le principal
ffornement. Tous ces travaux rendirent le jardin du
ff Luxembourg une des plus belles promenades delà
ff capitale; ils furent, comme ceux de l'intérieur du
ff palais, exécutés par l'architecte Chalgrin. A sa
ffmort, son successeur, M. Baraguey, proposa et fil
rradopter le projet de supprimer le perron qui exis-
fftait à l'extrémité du parterre, de changer les ni-
ff vellements existants et de baisser le sol inachevé de
ffla nouvelle allée, de manière à n'avoir, depuis l'Ob-
ffservatoire jusqu'au palais, qu'une seule ligne de
tr pente sans ressaut. trPour l'exécution de ce projet,
ffdit Dulaure''', il fallait opérer plusieurs change-
tr ments et remuer beaucoup de terrain. (]es dilllcultés
tr n'arrêtèrent point; la grille qui termine au midi
trcelte avenue fut baissée de quelques pieds ainsi
frque le sol environnant. On établit une grille nou-
ffvelle, et celle qu'elle remplaçait fut employée à
"' En i84o, ie groupe principal a été replacé au centre lUi bassin actuel; les quatre autres sont sur les piédestaux de la
grande balustrade qui termine le parterre du côté de l'allée de l'Observatoire
'" Histoire de Paris, t. VI, p. 1 5 et 16.
LE PALAIS DU LUXEMBOURG. 309
(T d'hui, bordé de chaque côté par des plates-bandes ornées de fleurs et renfermées
«dans un double mur, dont l'un, à hauteur d'appui, était garni de balustres, et
ff l'autre, plus élevé, soutenant des terrasses, était décoré de petites cuves, ou vas-
frques, en marbre de couleur, jetant de l'eau et communiquant entre elles au
tr moyen de rigoles. n Les terrasses étaient, suivant le goût de l'époque, plantées
d'ifs et de buis découpés en formes bizarres. Le bassin principal, placé au centre
du parterre, était orné d'un groupe en plomb.
A ces détails généraux, suggérés par la vue des plans et des gravures, peuvent
s'ajouter ceux que donnent les descripteurs contemporains :
ffLe jardin, dit Malingre, est embelly d'un beau bois par allée, et de deux
ff longues allées couvertes d'arbres. Les parterres sont ornés d'un grand nombre
ft d'allées et de quarreaux représentans diverses figures et inventions des jardi-
fr niers. Il y a deux grans bassins de pierre, au milieu une statue jetant de l'eau en
ff abondance, qui vient du village d'Arcueil, et dont le regard est devant l'hostel
ffde Troyes, au fauxbourg Saint-Michel. Aussy, pour le mesme sujet du jardin et
<T d'autres offices, on a pris les places des fermes de l'Hostel-Dieu, qu'on a rem-
<r placez d'autres lieux ('l 7)
Germain Brice, que nous avons déjà cité à propos du palais, décrit sommai-
rement les jardins tels qu'ils existaient de son temps : ff Le jardin de Luxembourg,
cf dit-il, étoit autrefois d'une grande beauté; il étoit remph de charmilles, de bos-
ff quels et d'allées couvertes; mais, de rudes hivers l'aïant ruiné, il a été long-tems
r fort négligé ; cependant on a commencé à le rétablir, en y plantant de nouveaux
T arbres et en dressant des allées nouvelles, qui n'ont pas encore toute, la beauté
ffque l'on pourroit désirer. Ce que l'on peut dire à l'avantage de ce jardin, dont
ff l'étendue est grande et assez régulière, et où il étoit fort aisé de faire de belles
ff distributions, c'est qu'étant situé dans un terrain élevé et avantageusement ex-
ffposé, l'air y est très-pur et très-salutaire On distingue la balustrade posée
«rentrée de l'Observatoire et adaptée à deux pavil-
«lons construits alors pour décorer cette entrée.
(T Le sol de l'avenue fut , dans toute sa longueur,
irplus ou moins baissé, suivant la ligne de pente,
rr L'abaissement fut plus considérable au point où
iT cette avenue se rapprocbe du parterre. Au lieu de
T l'escalier de dix marches on substitua trois niar-
fches dessinées sur un vaste plan circulaire, qui
"se termine de chaque côté par un piédestal qui
ffert d'acrotère à des balustrades.
fOn baissa ensuite le sol du parterre ainsi que
Tcelui qui avoisine la façade du palais; il fallut re-
f faire le bassin, il le fut sur un plan octogone et
'plus vaste.»
«rCes travaux considérables de terrassement et do
rr nivellement permirent, pendant les deux dernières
trannées de l'empire, de donner du travail à une
ff multitude d'ouvriers inoccupés par suite desdésas-
fftres de la guerre. A la même époque on a complé-
fftement dégagé le palais des bâtiments accessoires
ff qui masquaient , d'une manière choquante , les faces
ff latérales. On a démoli à l'est une orangerie, et h
ff l'ouest plusieurs bâtiments, à l'aide desquels on
ffcomnmniquait à couvert avec l'hôtel du Petit-
ff Luxembourg; on les a remplacés par deux grilles
ffà jour sur la rue de Vaugirard.'>(Z,e palais dit
Luxembourg, par M. Alphonse de Gisors, 1847,
in-8°, p. 76 et suiv.)
f Antiquitezde la ville de Paris, iiv. II, p. ioa
et suivantes.
310 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
ffà l'encoignure d'une des terrasses, dont le parterre est entouré. François Blondel
tïa trouvée si régulièrement proportionnée, qu'il la propose comme un modèle
cr parfait à imiter dans son cours d'architecture '•'. i;
Les jardins du Luxembourg ne tardèrent point à être ouverts au public. La
])opulation parisienne aimait à les fréquenter, et les étrangers eux-mêmes les pré-
féraient à ceux des Tuileries, selon le témoignage de Nemeitz, écrivain hollandais
(|ue nous avons déjà cité.
Ce goût pour les beaux ombrages du palais Médicis n'aimait point à être
contrarié. Ainsi la duchesse de Berry, fdle du Régent, pendant le séjour qu'elle
lit au Luxembourg, s'étant avisée, dit Saint-Simon, cde faire murer toutes les
ff portes du jardin et de ne conserver que celle de la grille du bas de l'esca-
rrlier du milieu du palais, tout le faubourg Saint-Germain se trouva privé de
rr cette promenade, qui avoit été de tout temps publique. M. le Duc (le prince
ffde Condé) fit ouvrir aussitôt celui de l'hôtel de Gondé, et le rendit public en
cr contraste. Le bruit fut grand et les propos peu mesurés sur la raison de cette
rr clôture (^'. 11
La duchesse dut s'émouvoir de ce bruit et de ces propos, car elle fit rouvrir
les jardins peu de temps avant sa mort; mais il semble que la population pari-
sienne en avait oublié le chemin. «Le jardin, assez solitaire, dit M. de Gisors,
ff continua d'être un lieu de promenade peu couru par le beau monde, et, pour
(Tcela même, fréquenté par les philosophes, qui ont laissé leur nom à l'une des
ff allées. Diderot était, dans sa jeunesse, un des habitués du Luxembourg; dans
(Tun de ses plus piquants ouvrages, Le neveu de Rameau, il nous rappelle les pro-
frmenades qu'il faisait, alors que, pauvre et inconnu, il allait rêver en été, avec
rrsa redingote de peluche grise éreintée par un des côtés, avec la manchette dé-
ff chirée, les bas de laine noirs et recousus par derrière avec du fil blanc, et faisant
ffune assez triste figure, dans l'allée des Soupirs, n A peu près à la même époque.
Jean-Jacques Rousseau allait régulièrement s'y promener tous les matins; mais il
y renonça plus tard, parce que le lieu ne lui semblait pas assez désert pour sa
misanthropie. 11 s'y croyait d'ailleurs poursuivi, persécuté, dédaigné même par
les gens de la plus basse classe, puisque tfceux qui distribuaient des billets im-
ff primés à la porte du Luxembourg avaient, disait-d, ordre de le passer avec la
ff plus outrageante affectation, ou même de lui en refuser tout net, s'il se présen-
fflait pour en avoir, n
Malgi'é les hallucinations misanthropiques de Rousseau, le jardin du Luxem-
bourg reconquit peu à peu la popularité dont il jouissait avant sa fermeture, et,
'"' G. Brice, Description de la ville de Paris, t. III, p. 4o3 et suiv. — '"' Mémoires, t. XXVI, p. i35.
LE PALAIS DU LUXEMBOURG. 311
à la veille de la Révolution, il était en pleine possession de la faveur publique;
aussi Thiéry, qui écrivait en 1787, s'exprime-t-il en ces termes :
(r Ce jardin est fort fréquenté actuellement par les gens du quartier, et l'on y
ff voit, les fêtes et dimanches, le matin dans l'allée qui conduit aux Carmes, et le
rtsoir dans la grande allée, une infinité de beau monde.
ff Trois portes conduisent à ce jardin, oii la police est observée comme aux Tui-
ffleries. Les Suisses de la porte du Château, de celle de la rue d'Enfer et de celle
(rqui est vis-à-vis les Carmes déchaussés, fournissent des rafraîchissements. Il y
ffa un café sous la porte du côté du Château, et un autre dans le jardin près la
ff grande allée.
ff Monsieur (le comte de Provence) se propose de faire beaucoup de changements
ff à ce palais, ainsi que dans la disposition des jardins; les projets en sont faits; mais.
« ils ne sont point encore arrêtés par le prince. La partie que l'on a retranchée des
«jardins paraît être destinée à percer des rues dans son enceinte : il est même ques-
fftion d'y transporter la foire Saint-Germain, et de l'y construire sur un plan ré-
ffgulier et de forme circulaire, mais il n'y a encore rien de décidé à ce sujet '''.n
La faveur dont jouissaient alors les jardins du Luxembourg s'est maintenue
pendant et après la Révolution. Quant aux transformations dont ils ont été l'ob-
jet, nous les avons indiquées sommairement dans une note empruntée à l'ouvrage
de M. de Gisors.
Les terrains sur lesquels on a bâti le palais et créé les jardins constituent un
sol éminemment historique. Là campaient des troupes romaines; des villœ, dont
on a retrouvé les substructions, étaient disséminées sur le plateau et sur les pentes,
dans un rayon plus ou moins distant du palais des Thermes; une voie romaine,
allant de Lutelia à Genabum, desservait ce campement et cette agglomération de
maisons de plaisance. Il n'est donc point étonnant que des découvertes archéolo-
giques aient eu lieu dans cette région, chaque fois qu'on y a fait des fouilles. «En
«creusant les fondations du palais, dit M. Anatole de Montaiglon, on trouva une
c; figurine de Mercure en bronze. Le conseiller des aides, Favereau, publia en son
«honneur un recueil d'épigrammes, sous le titre de Mercurms redivivus, et il fut
«gravé par Léonard Gaultier, avec un quatrain de L. de Sainte-Marthe, où l'on
«disait, avec la pointe italienne, que les Dieux voyaient ce palais d'un bon œil,
«puisque Mercure, la bourse en main, venait payer les maçons'^).»
A la fin du xvni* siècle et au commencement du XIX^ l'architecte Chalgrin fit
<)|)érer, dans les jardins, des remaniements qui amenèrent de nombreuses décou-
vertes du même genre. Des bustes, des figures, de menus objets de ménage et de
<■' Thiëry, Gvide des amaleur* et de» étrangers '*' La bibliothèque de la Ville possède une pla-
voyageursà Paris, t. II. p. 69.5. Les projets dont quette rarissime, contenant une gravure de ce
il était question en 1 787 se sont réalisés en partie. Mercure, et un petit poërae en vers latins.
312 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
toilette, en bronze et en ivoire, des vases entiers avec les noms des potiers, des
fragments de céramique historiée, des médailles gauloises et gallo-romaines, des
moules à poterie, furent extraits du sol et donnèrent lieu à d'intéressantes disser-
tations*''. De nos jours, ces découvertes se sont renouvelées dans de moindres
proportions'^'.
La Grotte. — L'ornement le plus considérable des jardins du palais était et
est encore la ft grotte ti ou fontaine, qui, dans la pensée de Marie de Médicis, de-
vait faire le pendant de celle que Catherine, sa parente, avait commandée à Ber-
nard Palissy pour la décoration de son parc des Tuileries '''. Cette importation
italienne était encore en pleine faveur, et la Reine mère, imitatrice des deux pa-
lais, parisien et florentin, avait ainsi un double motif de se passer cette fantaisie;
mais, comme elle ne pouvait en demander la réalisation ni au célèbre auteur
des rustiques Jigulines , ni à Luca, ni aux Délia Robia, ses continuateurs, elle re-
nonça aux émaux, aux coquillages, aux poissons, aux serpents et à toute cette
riche ornementation déployée par Palissy aux jardins des Tuileries, ainsi que dans
et l'admirable grotte rustique de nouvelle invention n qu'il fit pour le connétable
de Montmorency; elle s'en tint à la pierre sculptée.
Au moment oij Salomon de Brosse produisit ce petit chef-d'œuvre , la grotte
de Bernard Palissy n'existait plus sans doute : soit qu'elle fût restée inachevée et
sujette, par conséquent, à toutes les détériorations, soit, ce qui est plus probable ,
qu'elle ait eu à subir, pendant les deux sièges de Paris, les outrages des troupes
de Henri IV, qui campaient dans le jardin même des Tuileries, elle avait dû
laisser, dans l'esprit des Parisiens, un souvenir et un regret. Aussi la nouvelle
grotte du palais Médicis fut-elle la bienvenue : les auteurs que nous avons cités en
parlent avec enthousiasme. Blondel lui-même, dont on a pu constater la sévérité,
la considère «comme un chef-d'œuvre de l'art pour le goût et l'exécution, n La des-
cription qu'il en donne et qui reproduit, en les complétant, les descriptions de ses
devanciers, mérite d'être citée, surtout après les transformations que la grotte
a subies : «Son ordonnance, dit-il, est composée de quatre colonnes toscanes
«isolées, dont le fust est orné de congellations en deux parties, et au milieu
«duquel est une ceinture, à la hauteur de l'imposte continu, qui reçoit la retom-
ctbée du cul-de-four des trois niches de cette grotte. Cet ordre forme trois entre-
<"' Consulter, pour plus de détails , le grand ou- sine du boulevard Saint-Michel ; il a été retenu par
vrage de Grivaud de la Vincelle, in-4°, avec atlas. l'administration du palais.
'*' Un second Mercure , en bronze , d'une exécu- '^' Voir, dans le tome II' de la Région du Louvre
lion remarquable et d'une belle conservation, a été et des Tuileries, page 89 et pages suivantes, la des-
Irouvé, en 1867, lors des travaux exécutés pour cription de celte grotte et le dessin original qui en
rabaissement du sol, dans la partie des jardins voi- est, croit-on, le projet.
LE PALAIS DU LUXEMBOURG. 313
trcoloiiiiements; celui du milieu est occupé par une {jrande niclie, au-dessus de
ff laquelle s'élève un altique servant d'amortissement à cette composition. Cetattique
ff comprend un grand écusson, et est couronné d'un fronton circulaire; sur chaque
crj)etit entre-colonnement sont, d'un côté, un Fleuve et, de l'autre, une Nayade
«appuyés sur une urne. L'expression et la touche de ces figures sont de toute
tr beauté, quoique d'une proportion un peu forte pour le diamètre des colonnes et
ffdes membres d'architecture qui les reçoivent (''. n
Etablie primitivement à l'extrémité de la grande allée de platanes qui repassait
«devant le palais, le long du parterre, n et appuyée à un mur de clôture, la grotte
de Marie de Médicis n'a pas tardé à se détériorer. A l'époque où écrivait Germain
Brice (i683), elle menaçait déjà d'éprouver le sort de celle des Tuileries: tcTout
et cet endroit , dit l'auteur que nous citons, est présentement tout à fait abandonné
«et fort délabré '^'.fl C'était la conséquence des fréquents changements de pro-
priétaires et d'usufruitiers : on jouissait du palais et des jardins; mais on ne les
entretenait pas. D'importantes réparations y lurent faites de 1783 à 1786; mais,
moins d'un demi-siècle plus tard, le comte de Provence, recevant le palais en
apanage, constatait le même abandon et le même délabrement : bâtiments, parc,
grotte, tout dépérissait, et l'architecte Chalgrin, auquel on doit l'église Saint-
Philippe-du-Roule, dressait un plan général des restaurations à opérer. Ce plan,
présenté en 1,781, ne put s'exécuter que quinze ans plus tard et partiellement'^).
De nos jours, la grotte a été dégagée, enrichie d'une décoration sculpturale
sur ses deux faces, rapprochée du palais, et placée dans un nouvel encadrement.
Plus heureuse que celle de Bernard Palissy, dont les restes sont probablement
enfouis dans le sol du jardin des Tuileries, elle est debout et justifie encore au-
jourd'hui les éloges que les contemporains de Salomon de Brosse lui ont donnés.
L'AQUEDUC D'ArcUEIL. — Une dérivation d'eaux de sources était le complé-
ment indispensable des grands travaux que la reine mère avait prescrits pour la
construction de son palais et l'établissement de ses jardins. Elle le comprit et
chercha les moyens d'y amener de l'eau en abondance. Le point de dérivation
était indiqué tout naturellement. 11 existe, sur le territoire du village de Piongis,
à quelques lieues de Paris, de belles sources qu'on avait utHisées, dès le m" siècle
de notre ère, pour l'alimentation du palais des Thermes, et qui, eu égard à leur
altitude, pouvaient être facilement amenées dans les jardins du nouveau palais.
Par une heureuse coïncidence, la Ville s'occupait alors de les capter et de les
conduire à Paris, pour arroser les quartiers de la rive gauche, qui n'avaient jamais
participé aux distributions d'eau des sources de Belleville et des Prés-Saint-Ger-
" Arclnleclmefrmiçoise, t. II, p. 48 et suiv. ''' Voir, pour le détail de ces travaux, la inono-
"1 Deicripùon de la ville de Paris, 1. 111, p. koli. graphie de M. de Gisors, chap. ih. p. 69 et suiv.
4o
Z\à TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
vais. Sur l'invitation du jeune roi cren son conseil, n et très-probablement d'après
les inspirations de la reine mère, un « rapportai avait été communiqué au Prévôt
des marchands et aux Echevins, avec prière t d'assembler avec eux experts et
(T autres personnes entendues, pour dresser les desseings et devis des ouvraiges
fc pour ce nécessaires, n
Les magistrats municipaux déférèrent aux ordres du roi, et, le 5 septembre
1612, ils présentèrent les « desseings et devisn qu'on leur demandait, avec les
propositions d'un sieur Hugues Cosnier, qui s'engageait a à faire lesdicts ouvrai-
ff ges, les rendre faicts etparfaicts dans trois années, et iceux entretenir à ses des-
trpens durant douze années suy vantes et consécutives après lesdictes trois années,
refaire les récompenses (indemnités) des moulins, terres, maisons et autres béri-
rrtaiges nécessaires pour ladicte construction, et amener et fournir jusques à
ffladicte quantité de trente poulces desdictes eaues. .. dont douze poulces à ladicte
ff ville pour le publicq , moyennant la somme de sept cent dix-huit mille livres.
frà prendre sur le prix de la ferme de trente sols par muid de vin entrant en
tt ladicte ville. •« C'était, on le voit, pour nous servir du langage moderne, une
véritable soumission, avec délégation de la Ville sur les produits de l'octroi mu-
nicipal.
Mais les autres entrepreneurs parisiens eurent connaissance des propositions de
Hugues Cosnier par l'affiche qui en fut faite le 1 1 septembre, et, le surlendemain
1 3 , ils se présentèrent au Louvre, en conseil du roi, cr pour faire rabais, -n Les feux
furent allumés : sur le premier, Jehan Gobelin fit un rabais de vingt mille livres;
sur le second, le même entrepreneur, plus Jonas Robelin et Anthoine Desnols,
firent un rabais de dix mille livres; sur le troisième, les mêmes entrepreneurs,
auxquels s'était joint Aubin Hervy, baissèrent encore de dix mille livres, puis de
dix autres mille livres sur un quatrième feu. Alors intervint un nouveau soumis-
sionnaire, Loys Marchant, qui fit, d'un seul coup, un nouveau rabais de quarante-
huit mille livres, consenti également par le maître maçon René Fleury. Enfin
l'adjudication fut tranchée en faveur de Jehan Coing, également maître maçon,
que les lettres patentes du roi Louis XIII qualifient de anostre cher et bien amé,fl
et qui, moyennant certaines modifications de détail, fit un dernier rabais de
quarante mille livres. De rabais en rabais , on était descendu à quatre cent soixante
mille livres, qui furent payées à Jehan Coing en six années, trde quartier en
«r quartier (''. ■»
Les travaux commencèrent dès le printemps de l'année suivante; la Ville et
la reine mère étaient également intéressées à ce qu'ils fussent menés activement.
La pose de la première pierre donna lieu à une cérémonie qui est racontée tout
''' Voir, aux appendices, le procès-verbal d'adjudication, le cahier des charges et le mémoire présenté
nu roi sur l'exécution des travaux.
LE PALAIS DU LUXEMBOURG. 315
au long dans les Registres du bureau de la Ville, et que Félibien mentionne som-
mairement dans les termes suivants :
(T Le 1 1 juillet 1 6 1 3 , le sieur de Liancour, gouverneur de Paris, vint à l'Hostel-
fc de-Ville, avertit le Prévost des marchands et lesEschevins que le Roy souhaitoit
it d'aller voir les sources de Rougis. Ils allèrent au Louvre, le i 2 , prier le Roy de
ff l'aire ce voiage, et d'avoir agréable en mesme temps de prendre son disner au
(tchasteau de Cachant. Le Roy le promit et alla voir ces sources, accompagné du
«duc de Montbazon, du gouverneur de Paris, du sieur de Souvray et de quelques
f autres seigneurs, avec sa compagnie de chevaux-légers. 11 mit pied à terre et
(T visita avec beaucoup de satisfaction les fontaines et les tranchées. De là il alla à
(T Cachant prendre le repas que la Ville lui avait préparé. Après quoi, voulant chas-
(Tser dans le parc, il s'informa du Prévost et des Eschevins quand on mettroitla pre-
(rmière pierre, parce qu'il avoit dessein d'y estre présent. On fit venir les entre-
(f preneurs pour les interroger là-dessus, et ils répondirent qu'en cinq ou six jours
fr tout seroit prest aux ordres de Sa Majesté. Le Prévost et les Eschevins emploièrent
(fce tems aux préparatifs nécessaires, et, entr'autres choses, firent frapper de
«grandes médailles d'or et d'argent qui représentoient, d'un costé,le Roy, et, de
«l'autre, la Reine régente, sa mère, sur un arc-en-ciel. Le i5, ils allèrent prier
«Leurs Majestez de poser la première pierre de la fontaine de Rougis, et de
«prendre leur disner à Cachant. Le Roy accorda l'un et l'autre; mais la Reine, en
«s'excusant du disner, promit de se trouver à la cérémonie de la première pierre.
«Le 17, au matin, le Roy partit et se rendit à Cachant, en prenant le plaisir de
«la chasse sur la route. Après le repas, le Hoy alla aux fontaines où la Reine mère
«se rendit sur les trois heures après midi, accompagnée du duc de Guise, du
« prince de Joinville , du duc de Montbazon et d'une grande quantité d'autres sei-
«gneurs, princesses et dames. On avoit préparé des tentes pour mettre la compagnie
«à couvert de l'ardeur du soleil. Le Roy posa la première pierre, sur laquelle on
«mit cinq médailles, quatre d'argent et une d'or au milieu, et cette pierre tut
«scellée d'une autre avec du mortier que le Roy prit avec une truelle d'argent
«dans un bassin de même métal. Aussitost les trompettes et les tambours se firent
«entendre de toutes parts, et tout le peuple poussa de grandes acclamations de
«joie. Le Prévost et les Eschevins présentèrent au Roy et à la Reine des médailles
«d'or, et au reste de la compagnie ils en donnèrent d'argent; ce qui fut suivi
«d'une collation qui avoit esté préparée au même lieu'''.T
Les travaux de l'aqueduc d'Arcueil durèrent près de onze ans : ils ne furent
achevés qu'en i6'i4. L'aqueduc proprement dit, qui franchit la vallée de la
Bièvre, à l'endroit même où se voit encore un reste de l'ouvrage romain, fut
'' HUloire de la ville de Paris, t. H, liv. XXV, p. 129761 1298. —Voir, aux appendices, le récit
détaillé de cette cérémonie.
ho.
316 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
construit sur les dessins et sous la direction de Salomon de Brosse; il mesure trois
cent quatre-viufît-dix mètres de longueur sur vingt-quatre mètres de hauteur, et
se compose de vingt-cinq arcades "'. Les eaux de Rongis et des sources avoisinantes,
amenées à Paris par des conduites souterraines d'une longueur totale de onze
mille six cent soixante-quatre mètres, lurent distribuées à l'origine d'une façon
assez libérale. La Reine mère en préleva dix-huit pouces pour son palais et aban-
donna les douze autres pouces à la Ville, ainsi qu'aux établissements publics :
ffoeuvre vraiment royale, dit le cardinal de Richelieu dans ses Mémoires, et ce
rr d'autant plus que, n'en retenant que la moindre part pour elle, elle donna tout
et le reste de ses eaux au public, les divisant au Collège royal et en l'Université. -i
Il faut bien convenir que la Ville avait quelque droit à cette libéralité, après avoir
abandonné, pour l'exécution des travaux, une partie de ses aides et octrois.
Plus tard, lors de la fondation de l'hospice des Incurables, on attribua à cet
établissement le trop-plein des fontaines du Luxembourg, tt Le Roy, par son brevet
rrdu 17 juin i6^3, à la requeste du sieur Robineau, gouverneur particulier de
fflbospital des Incurables, accorde quatre poulces d'eau de fontaine audit hos-
«pital, lesquels resloient à disposer de la chute des fontaines du parc de Luxem-
tr bourg, venant de Rongis, laquelle, après avoir servi dans ledit parc, se des-
fT charge, par une conduite soubz terre, dans un regard qui est hors iceluy. et se
(tperd dans les rues, comme n'estant point recherchée, pour n'estre pas nette;
iT mais néantmoins ledit hospital s'en pourroit servir, en la faisant épurer, et lui
(Tseroitplus utile que celle des puits dudit lieu, qui estoit mauvaise et fort pré-
(tjudiciable aux pauvres. Sa Majesté ordonne au sieur Franchine, intendant gé-
anéral des eaux et fontaines de France, de faire délivrance desdits quatre poulces
ff d'eau audit hospital '-). -n
L'aqueduc d'Arcueil donne encore aujourd'hui son contingent d'eau de source
tant au palais et aux jardins du Luxembourg qu'aux diflerents quartiers de la
rive gauche. Il a été certainement dépassé par les grands ti"avaux de dérivation
exécutés de nos jours; mais il n'en constitue pas moins une entreprise considérable
pour le temps où ce projet a été conçu et mené à bonne fin.
in.
LE PETIT-LUXEMBOURG
ET LE COUVEINT DES BÉNÉDICTIINES DU CALVAIRE.
Nous avons établi précédemment que rfl'hostel à présent appelle de Luxem-
''' De nos jours, un second aqueduc a été cons- '"' Celle concession figure dans les Actes relatifs
Iruit sur les arcades mêmes de celui de Salomon à l'hospice des Incurables, (l^'élibien. Preuves, t. II,
de Brosse, pour le passage des eaux de la Vanne. p. 111.)
LE PALAIS DU LUXEMBOURG. 317
ff bourg, fl dans une déclaration de 1687, avait été bâti par Alexandre de la
Thourette, président en la Cour des monnaies et vendu, le 21 juin i56i, à la
dame de Morinvillers, veuve de Robert de Harlay, sieur de Sancy et baron de
Montglas. Cédé, le 9 5 octobre 1 870 , à François de Luxembourg, prince de Tingry,
qui lui donna son nom et le transmit à son fds, le duc de Piney-Luxembourg, il
fut acquis, le 2 avril 1612, par Marie de Médicis, au prix de 90,000 livres. La
vente comprenait, en outre, «le pavillon appelle la ferme de Bourg et estant au
T sieur de Montherbu , n puis les terres cr n'aguerre acquises par ledit sieur duc de
«Luxembourg pardevant sur la rue de Vaugirard; item, le parc; item, une maison
tr devant l'iiostel de Luxembourg, aboutissant sur les rues de Vaugirard, Garan-
(Tcière et du Fer-à-Cheval. n C'est sur l'emplacement occupé par ces dépendances
diverses qu'ont été construits l'hôtel du Petit-Luxembourg avec ses annexes,
bordant le côté septentrional de la rue de Vaugirard, et le couvent des religieuses
Bénédictines du Calvaire.
La plupart des historiens de Paris, et, en particulier, Jaillot, Piganiol, Du-
laure, ont afïirmé que l'hôtel du Petit-Luxembourg avait été construit en 1629
par Richelieu, qui voulait en faire sa résidence temporaire, en attendant l'achè-
vement du Palais-Cardinal. Cette affirmation, déjà contestée par un écrivain ita-
lien, Vittorio Siri '•', et par un architecte contemporain, M. de Gisors'^), tombe
devant le texte précis du censier de Sainte-Geneviève pour 16/16. Ce docu-
ment, que nous avons déjà cité plus haut, contient l'indication suivante : et Au
flieu de l'hostel du Luxembourg..., a esté la maison de M" Alexandre de la Tou-
rrette, président dans la cour des Monnoyes, qui fist bastir la maison, fit faire le
ff jardin au lieu où est à présent l'hostel dict à présent le Petit-Luxembourg, que
tria feue Royne, mère du roi Louis XIII..., ayant achepté, fo bastir comme il est
ff à présent, -n
II est donc avéré que Marie de Médicis a fait construire la partie de l'hôtel
située en face de la rue Garancière, ainsi que l'aile en retour sur le jardin, et il
semble fort probable que le cardinal de Richelieu tenait d'elle ce magnifique
'"' Memorie recondite, l. VU, p. 676 61577.
M. (le Gisors, qui cite cel auteur et lui accorde
quelque créance, pense avec lui que Richelieu de-
vait la possession, ou la jouissance, du Petit-Luxem-
bourg à la munificence de Marie de Médicis, alors
qu'il était surintendant de sa maison et encore en
faveur auprès d'elle. La reine mère, en le lui cé-
dant, se serait, dit Vittorio Siri. réservé la faculté
de lo racheter moyennant la somme de trente mille
livres. Mais, lorsqu'elle voulut faire usage de son
droit, on trouva dans le contrat trente mille écus,
au lieu de trente mille livres, et ces mots : à la
volonté du Eoy, au lieu de ceux-ci : à la volonté de
la Reine mère. Grâce h cette double altération des
clauses du contrat, l'hôtel serait resté en la posses-
sion du cardinal, qui continua à l'habiter et en lit
don plus tard à sa nièce, la duchesse d'Aiguillon.
L'accusation est grave et n'a point été prouvée jus-
qu'ici.
''' trll est peu probable que Richelieu, qui fai-
Tsait alors bàlir le Palais-Cardinal pour l'habiter,
fait fait en même temps construire le Petil-Luxem-
f bourg dans le même but. « (Monographie du palais
du Luxembourg, p. 108.)
b
318 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
logis, à titre de don, d'achat ou de cession temporaire, comme le prétend Vittorio
Si ri.
Malingre, qui écrivait en i64o, et auquel nous avons emprunté la première
description connue du grand palais, s'exprime ainsi au sujet du petit :
trLe petit Luxembourg est joignant le grand, qui a esté rebasty presque tout
(tde neulf, avec un beau jardin : il a son entrée vers le fauxbourg aboutissant au
(rmonastère des religieuses Bénédictines du Calvaire, Madame la duchesse d'Es-
ffguiilon, niepce de Monsieur l'éminentissime cardinal duc de Richelieu, y est
rr logée. Aussi, pour eslargir le mesme hostel de Luxembourg, furent prises plu-
ft sieurs maisons, entre autres celle ou estoit la verrerie, jusques à l'hostel de
tt l'ambassadeur de Hollande, en la rue dicte de la Verrerie (de Vaugirard). L'es-
fc curie despendante de cet hostel est celle qui estoit cy-devant au feu mareschal
rr d'Ancre, au haut de la rue de Tournon, laquelle, ayant esté ruinée l'an 1617,
trpar la furie de la populace, au mesme temps que l'hostel dudict mareschal fut
trmis au pillage, a esté depuis rebastie comme elle se void à présent ''). ■»
La duchesse « d'Esguillon , n comme l'appelle Malingre, était Marie-Madeleine
de Vignerot, veuve d'Antoine du Roure de Combalet, qu'elle avait épousé en
1690, et dont elle n'eut pas d'enfants. Elle devint duchesse d'Aiguillon en i638,
par suite de l'achat que le cardinal, son oncle, fit pour elle de la terre de ce nom,
et continua , comme nous venons de le voir, à habiter le Petit-Luxembourg. Après
elle, l'hôtel passa à la famille du maréchal de Madlé-Brézé, qui avait épousé
Nicole du Plessis, sœur du cardinal, et dont la fdle, Claire-Clémence de Maillé,
fut unie au grand Gondé. Le fils unique de ce prince, Henri-Jules de Bourbon-
Gondé, devint aussi propriétaire de l'hôtel et le transmit à la princesse Anne,
palatine de Bavière, sa femme, qui, l'ayant choisi pour sa demeure habituelle, y
fit faire d'importantes réparations.
Étroitement limité, vers l'ouest, par le couvent des Bénédictines du Calvaire,
dont nous parlerons tout à l'heure, arrêté dans ses développements, du côté de
l'est, par le pavillon occidental du grand palais, le Petit-Luxembourg, qui ne
pouvait d'ailleurs empiéter au midi sur le parc, dut s'étendre, vers le nord, entre
les rues Garancière et des Fossoyeurs (Servandoni), en franchissant la rue de Vau-
girard. C'était là justement que se trouvait la maison ainsi désignée dans le contrat
de vente du 2 avril 161a : a Item, une maison devant l'hostel de Luxembourg,
rr aboutissant sur les rues de Vaugirard, Garancière et du Fer-à-Chevaln (partie
supérieure de la rue des Fossoyeurs). La princesse palatine détruisit donc les vieux
bâtiments et fit construire, dit Jailiot, «de l'autre côté de la rue, un second hôtel
«pour ses officiers, ses cuisines et ses écuries, avec un passage sous la rue, qui
(i)
Malingre, Antiquilez de Paris, liv. 11, p. 602.
LE PALAIS DU LUXEMBOURG. 319
ffsert encore de communication de l'un à l'autre '".ti Le Petit-Luxembourg eut
alors ses rr communs, n ainsi qu'il en existe dans toutes les grandes résidences sei-
gneuriales.
En même temps qu'elle agrandissait et embellissait sa demeure , la princesse
palatine voulut imiter l'exemple que Marie de Médicis lui avait donné un siècle
auparavant; elle ajouta une nouvelle fontaine publique à celle que la reine mère,
d'accord avec la Prévôté des marchands, avait fait établir lors de l'achèvement de
l'aqueduc d'Arcueil'^). Cette fontaine, qui subsiste encore aujourd'hui, est adossée
à l'aile droite des communs, en bordure sur la rue Garancière. Elle date de l'année
1715 et porte l'inscription suivante : aquam, a pr^fecto et ^dilibus acceptai», hic,
SUIS IMPENSIS, CIVIBUS FLUERE VOLUIT SEREMSSIMA PRINCEPS, ANNA PALATINA EX BAVARIIS ,
RELICTA SERENISSIMI PRINCIPIS HENRICI JULII BORBONII, PRINCIPIS COND/EI, ANNO DOMINI
M D ce XV, La reconnaissance publique a tenu compte à la princesse de cette utile
création : lorsqu'on bâtit la nouvelle église Saint-Sulpice, on prit sur les terrains
du cimetière, au sud de l'édifice, une petite rue d'isolement qui fut appelée
d'abord rue Neuve-Sainl-Sulpice, puis rue du Cimetière, et enfin rue Palatine,
(ren l'honneur de M""" la princesse palatine, veuve de M. le prince de Condé,
«rqui logeoit au Petit-Luxembourg au commencement de ce siècle W.n
Le séjour de la princesse palatine au Petit-Luxembourg y a laissé de nombreuses
et brillantes Iraces. Dans le cours des années 1710 et 1711, elle modifia heu-
reusement la distribution des grands appartements, les fit décorer avec beaucoup
de goût, et voulut que, malgré leur petitesse relative, ils pussent rivaliser d'élé-
gance avec ceux du grand palais. L'escalier destiné à desservir l'étage d'honneur
fut établi, dit-on, sur les dessins de l'architecte Germain Bosfrand, qui passe pour
avoir dirigé tous les travaux d'agrandissement et d'embellissement ordonnés par
la princesse, et auquel on attribue, en particulier, la construction du gracieux
cloître des Bénédictines du Calvaire. L'hôtel devint ainsi un séjour fort agréable ,
et plusieurs princes ou princesses de la maison de Condé l'habitèrent successive-
ment. 11 entra de cette façon dans la branche de Bourbon-Condé-Clerinont; l'un
des membres de cette famille, Marie-Anne de Bourbon-Coudé, dite Mademoiselle
de Clermont, surintendante de la maison de la reine, y fit un assez long séjour.
Au moment où écrivait Jaillot (1778), l'hôtel était encore en la possession de
la maison de Bourbon-Condé; la jouissance en était réglée par des convenances
de famille, dont il est impossible de suivre exactement la trace aujourd'hui. Ce
'■' Recherches... sur la Ville de Paris, XIX' Marceau , de Saint- Victor, de la porte Saint-Michel ,
quartier, p. io3. — Le passage souterrain , dont de Saint-Côme, de Saint-Germain, de Saint-Benoît,
M. de Gisors a constaté l'existence en 18/17, ^ub- de la Charité, de Sainte-Geneviève, de Saint-Se'verin,
sisle encore aujourd'hui. des Cordeliers, de la Croix-du-Trahoir, du Palais-
'*' Les fontaines publiques ahraenlées par les Royal, de l'hôtel de Toulouse, de la rue de Riche-
eaux de Ronjjis étaient, au siècle dernier, celles des lieu, des Capucins, de la rue Saint-Honoré , etc.
Carmélites du faubourg Saint-Jacques, de Saint- ''' Jaillot, loc. cit. p. 76.
320 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
qui esl certain, c'est que cinq ans plus tard, en 1778, par suite de don, acliat,
cession ou déshérence, il faisait partie du domaine royal et comptait parmi les
dépendances du grand palais, puisque le jeune roi Louis XVI le donna en apa-
nage à son frère. Monsieur, comte de Provence, depuis Louis XVIII. Ce prince en
fit son habitation et l'occupa jusqu'en juin »7<)i , époque où il éniigra. A partir
LE PALAIS DU LUXEMBOURG. . 3-.)l
de ce moment, les annales du Petit-Luxembourg appartiennent à l'histoii-e con-
temporaine (''.
La monographie du Grand et du Petit-Luxembourg se lie historiquement et
lopographiquement à celle du couvent des religieuses Bénédictines de Notre-Dame-
du-Calvaire. En effet, Salomon de Brosse venait à peine de terminer les parties
principales du grand édifice, que Marie de Médicis eut la pensée de fonder, dans
le voisinage immédiat, tren son propre palais, n dit Félibien, un nouveau monas-
tère de l'ordre dont elle s'était déclarée protectrice. Elle fit donc venir des reli-
gieuses de Poitiers, les dota de mille livres de revenue prendre sur son douaire,
et les logea provisoirement en une maison dite de Beauregard, à l'extrémité de
la rue des Francs-Bourgeois, près de la porte Saint-Michel; puis elle se mit en
devoir de les installer le plus près possible de sa nouvelle demeure. «Mais, dit
ffJaillot, comme les bâtiments nécessaires pour une communauté auroient offusqué
«les vues du Palais, les religieuses se virent obligées d'acheter, le 19 mars 1G22,
frdeux hôtels voisins, où elles firent construire quelques cellules et une petite
(f chapelle t"^'. n
Ces acquisitions, que Jaillot fixe au 19 mars 1622, sont celles que nous avons
mentionnées précédemment et dont la date offre quelques légères différences. La
maison de l'Image-Saint-Nicolas ne fut vendue que le 28 septembre 1622, par
Jean Baudoin, au prix de 9,000 livres, et la maison de l'Image-Sainte-Geneviève,
ou hôtel de Montherbu, avait été cédée aux religieuses le 1 1 avril précédent,
moyennant A8,ooo livres, par son propriétaire, Michel Renouard. Huit ans plus
tard, les Bénédictines reçurent de la reine mère, à titre de compensation, la
maison dite rla ferme du Bourg, 1» qui faisait partie des propriétés acquises pour
la construction du palais, mais qui était restée en dehors des plans de Salomon
de Brosse. Ce don devait servir à les dédommager des emprises que Marie de
Médicis s'était vue obligée de faire, en i63o, pour la construction du Petit-
Luxembourg, sur les deux arpents et demi de superficie que contenaient alors leur
couvent et ses dépendances : nouvelle et décisive preuve que le Petit-Luxembourg
a été bâti par elle et non par le cardinal de Richelieu.
Par le fait de ces divers arrangements, l'aile occidentale du Petit-Luxembourg
fut accolée au monastère, et les Bénédictines ne furent séparées de cette résidence
princière que par un simple mur mitoyen. Dans de telles conditions, le couvent,
sorte de dépendance de l'hôtel, ne pouvait guère se développer; le nombre des
religieuses demeura toujours assez restreint, et leur chapelle extérieure, due à la
munificence de la reine mère, devint naturellement la chapelle de l'hôtel. Ce gra-
''' Le Directoire, puis le premier Consul , dans sivement l'hôtel, qui devint, en 181 /i, la résidence
les trois mois qui suivirent le i8 brumaire, le Se- des chanceliers de France.
nat et son chancelier Laplace, occupèrent succès- ''' Recherches sur Paris, XI\' quartier, p. io4.
il
322 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
deux édifice, dont on posa la première pierre au mois de mai lôaB, trois ans
après l'entrée des religieuses dans leur nouvel asile, fut bénit en i6'3i par
l'évêque de Léon, et consacré, en i65o seulement, par févêque de Quiraper.
C'est un spécimen curieux du style architectonique de cette époque, a On voyait
rrsur la porte, dit Jaillot, une Notre-Dame de Pitié, tenant son fils mort sur ses
fr genoux , morceau de sculpture que les connaisseurs considèrent avec -ntten-
rrtion (•'. n Cette pietà était à la fois une réminiscence italienne pour Marie de Mé-
dicis, et un symbole extérieur de la dévotion propre des Bénédictines du Cal-
vaire, fp instituées pour honorer et imiter a le mystère de la compassion de la Vierge
ftaux douleurs de son adorable fils'^^.n
La reine mère ne s'était pas contentée de faire bâtir cette chapelle extérieure;
elle avait également donné l'ordre de construire, pour ses protégées, un chœur,
une tribune, une petite chapelle intérieure et le cloître qui existe encore aujour-
d'hui. Salomon de Brosse était mort lorsque Marie de Médicis entreprit ces diffé-
rents travaux; ce fut l'architecte Germain Bosfrand qui les dirigea.
En dehors de sa fondation royale et de ses relations avec les nobles habitants
du Grand et du Petit-Luxembourg, le couvent des Bénédictines du Calvaire n'a
pas d'histoire. Au moment de la Révolution, il eut le sort de toutes les maisons
religieuses : une partie des bâtiments fut vendue; ceux que l'on conserva furent
transformés successivement en caserne, en écurie, en cuisines, en magasin à dé-
cors; on en fit également une prison. Les constructions s'en allèrent ainsi pièce
par pièce.
A diverses époques, des remaniements ont modifié l'aspect et la distribution
intérieure de l'aile occidentale du Petit-Luxembourg. D'autre part, il ne reste au-
jourd'hui, du couvent des Bénédictines, que le cloître et le portail de la chapelle,
'■' Recherches sur Paris, XIX" quartier, p. io5.
'*' M. H. Cocheris a relevé les noms des person-
nages qui ont été inhumés dans la chapelle des Bé-
nédictines du Calvaire; nous lui empruntons cet
intéressant nécrologe : la présidente Le Cler, mère
du fondateur (novembre i633); Claude du Ménil,
en religion de Saint-Paul, profès du calvaire d'An-
gers (3i décembre 1637); Renée de Baumont,
nièce du fondateur (8 mai i638); Joseph Le Cler,
capucin, fondateur du monastère (18 décembre
i638); Marguerite de Saint-Joseph, une des deux
religieuses qui accouipngnaieut l'abbesse de Remi-
remont, tante de M"" la duchesse d'Orléans (8 sep-
tembre i643); l'abbesse de Remiremont, déposée
temporairement (i648); marquise de Lesco: le
corps fut déterré, le 17 mai 1672, par ordre de
l'archevêque , et remis aux Bernardines du faubourg
Saint-Germain (6 décembre 1657); Anne Du Pré
(91 octobre 1659); Marie du Saint-Esprit, direc-
trice (23 janvier i664); Michelle Guisky, fille du
marquis Guisky, pensionnaire de ce monastère
(ao décembre 1677); la mère de la princesse Ma-
rie-Anne de Wurtemberg (10 août 1769); Jacques-
Robert de Lesmeré, chapelain (3o juin 1722); le
prince de Valois, fils unique de S. A. R. M. le duc
d'Orléans (18 août i652), remporté par les Cé-
leslins, le 3o mai i656; M"' de Baraux (a juillet
i65/i); Jean-Enmianuel de Rieux, marquis d'As-
serac (28 septembre 1657); Claude de Saux-Ta-
vannes, comte de Barauit (3o décembre 1661);
Pierre de Patris, premier maréchal des logis de
S. A. R. Monsieur, frère unique durci Louis XIII.
capitaine et "gouverneur du comté de Limours, etc.
(ù octobre 1671); Compan, bourgeois de Paris
(i5 avril 1672); Jeanne-Pélagie de Rieux, mar-
quise d'Asserac (2^ septembre 1695).
LE PALAIS DU LUXEMBOURG. 323
restaurés de nos jours avec une certaine intelligence du style primitif, mais aussi
avec des additions qui en ont peut-être altéré la physionomie*''. Toutefois, après
deux siècles et demi , le Petit-Luxembourg , avec le couvent qui lui servait d'an-
nexé, est un point de repère dans l'histoire topographique de cette région, et, à
ne le considérer que comme une construction privée, il compte pour quelque
chose dans les annales de l'art parisien.
'"' Le pian, que nous avons reproduit, p. Sao ,
d'après M. de Gisors, donne les grandes lignes de
distribution , telles qu'elles existaient à l'époque de
Marie de Médicis et de la princesse palatine.
il.
RUE DE VAUGIRARD. 335
CHAPITRE IX.
FI\ DE LA DESCRIPTION DES RUES DU BOURG SAINT-GERMAIN.
RUE DE VAUGIRARD.
CÔTÉ SEPTENTRIONAL.
PAROISSE SAINT-SULPIGE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE SAINT-GEBMAIN.
Maison et clos du sieur de rx\ubépine, depuis couvent des Carmes déchaussés, E„tre
faisant le coin occidental de la rue Cassette. Cette propriété, d'une superficie '"'^cate»?
d'environ quatre arpents, fut formée par la réunion de plusieurs, dont la princi-
pale consistait en une pièce de sept quartiers, en hache, donnant sur les deux
rues, et oi!i l'on voyait un commencement de carrière, lorsque, le 11 octobre i543,
elle fut achetée de Jean Bart par le nommé Pierre de Vallès. Celui-ci y fit bâtir
un grand corps d'hôtel, une galerie, ainsi qu'un petit jeu de paume, et vendit le
tout, à la date du 27 avril 1670, à Guillaume de l'Aubépine, abbé de Préaux et
alors conseiller au Parlement. Il lui vendit en même temps deux places à bâtir :
l'une formant l'encoignure des rues Cassette et de Vaugirard, et l'autre aboutissant
aussi rue Cassette, mais séparée de la première place par un troisième terrain,
large de douze toises et profond de dix-huit. Pierre de Vallès l'avait baillé au ma-
çon Marc Le Comte, le 9 janvier 1669, et celui-ci le rétrocéda à Guillaume de
l'Aubépine, le i5 mai 1670. Guillaume de l'Aubépine arrondit, en outre, son
jardin d'une pièce d'un arpent et demi, qui y était attenante du côté de l'occident,
et qu'il acquit, le 1" juillet 1670, de Benoît Villain, beau-fils et héritier du bou-
langer Honoré Chevalier.
Le clos de Guillaume de l'Aubépine lui fut acheté, le 29 juillet 1578, par
M' Bobert Barat, contrôleur général de l'argenterie du roi, et fut revendu par ce
dernier, le 11 mai 1611, au prix de i5,ooo livres tournois, à Nicolas Vivien,
32G TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
maître des comptes. Trois jours après, celui-ci l'abandonna aux Carmes déchaussés,
ne leur demandant en retour qu'une somme de 6,55o livres, dont il leur fit d'ail-
leurs remise le i''" décembre 1612. L'établissement à Paris des Carmes déchaussés
avait été autorisé dès le 1 5 juin 1 6 1 0, et ils s'installèrent avec tant de rapidité dans
leur nouvelle maison, que, une semaine seulement après leur arrivée, le nonce
y célébra la messe le 22 mai, en consacrant comme chapelle une salle oîi les pro-
testants avaient précédemment tenu leur prêche. Cette chapelle improvisée fut, au
surplus, remplacée immédiatement par une autre, qu'on put bénir le 6 novembre
suivant, mais qui ne dura guère, car, le 7 février i6i3, on entreprit une recons-
truction générale des bâtiments claustraux, et, le 20 juillet de la même année, la
reine Marie de Médicis posa la première pierre de la nouvelle et grande église
qu'on voit encore ''l
Vers 1625, le couvent des Carmes était la dernière construction du côté sep-
tentrional de la rue de Vaugirard, et l'on n'a bâti au delà que plus tard.
Entre
les rues Cassette
et
f. Pot-de-Fer.
Maison sans désignation (iSyS) et jardin, faisant le coin oriental de la rue
Cassette et aboutissant rue Honoré-Chevalier. Elle fut construite sur deux pièces
de terre, dont l'une contenait deux petites masures et l'autre un jardin clos,
et qui furent acquises, le 21 novembre i56i, par Pierre de Vallès, de Benoît
Villain et de sa femme Jeanne Chevalier, fille d'Honoré Chevalier, ancien posses-
seur du terrain. Le 9 janvier iBôg, Pierre de Vallès céda sa propriété au sieur
Guillaume de l'Aubépine, et, le 29 juillet iSyB, celui-ci la transmit, avec les
constructions qu'on y avait élevées, à M^ Robert Barat, qui la vendit, le 2 5 avril
1098, à Simon le Bossu, maître ordinaire des comptes, duquel elle fut achetée.
'"' La construction de la troisième chapelle des
Carmes dm-a près de sept ans; elle ne fut achevée
qu'en 1620, à peu près à la même époque que les
grands bâtiments du palais du Luxembourg. L'édi-
fice fut bénit le 1 o mars de cette année par Charles
de Lon-aine, évêque de Verdun , et ' ".é cinq ans et
demi plus tard, le 2 1 décembre 1 626 , par Éléonor
d'Estampes de Valençay, évêque de Chartres , qui y
avait été sacré en 1621.
Le monastère était l'un des plus importants de
Paris : il comptait , au moment de la Révolution ,
soixante -quatre religieux, dont quarante-deux
prêtres, et jouissait de revenus considérables. Il
possédait une bibliothèque composée de douze mille
volumes, et des manuscrits, parmi lesquels on re-
marquait un exemplaire de la chronique Flodoard.
(Voir les Anciennes bibUotkè(]ues de Paris, t. Il,
p. 3i3.)
On sait que le couvent des Carmes déchaussés
de la rue de Vaugirard , auquel avait été réuni ce-
lui de la rue des Rillettes, devint, en 1789 , un lieu
de casernement, puis une prison pour les ecclésias-
tiques insermentés ; cent dix-sept prêtres et digni-
taires de l'église y furent massacrés , le 2 septembre
1799, par une bande d'égorgeurs, qui travailla
également à la Force et à l'Abbaye. Ces scènes d'hor-
reur, racontées par tous les historiens de la Révolu-
tion, ont été très-exactement exposées par M. A.
Sorel dans son ouvrage sur le couvent des Carmes.
M. H. Cocheris a décrit, à son toiu-, la fameuse
ft chapelle des Martyrs , n et relevé les nombreuses
inscriptions commémoratives qui la décorent. {Notes
et additions à l'ouvrage de Le Reuf , t. III , p. 1 66
et suiv.)
Le couvent et la chapelle des Carmes ont leur
histoire depuis le rétablissement du culte; mais
cette histoire appartient à la période contempo-
rame. l m t.
RUE DE VAUGIRARD. 327
en 1619, par demoiselle Doulcin de Lude. Peu de temps après, elle fut morcelée
en plusieurs maisons, parmi lesquelles deux étaient en bordure sur la rue de
Vaugirard, La première de celles-ci, formant le coin de la rue Cassette, a eu
pour enseigne trie Demy-Lion;flia seconde a été annexée au monastère des Ber-
nardines.
Maison sans désignation (1695), qui fut ruinée pendant le siège de Paris, et re-
bâtie, vers l'an 1600, par le sieur de Bonigalle, premier huissier du Trésor.
L'héritier de celui-ci, et sans doute son fils, Antoine de Bonigalle, consedier du
roi, la vendit pour vingt mille livres, le 10 décembre i658, aux Bernardines
du Précieux-Sang, et elle a servi de couvent à ces religieuses jusqu'à la suppres-
sion des monastères. La rue Madame a été prolongée sur cet emplacement en
vertu d'une ordonnance de 1826.
La maison de Bonigalle aboutissait précédemment à la rue Honoré-Chevalier;
mais la partie qui donnait sur cette rue, détachée de celle qui avait sa façade
sur la rue de Vaugirard, forma, dès 1628, trois maisons distinctes W. Acquises
successivement par les Bernardines, elles paraissent avoir subi un retranchement
destiné à agrandir le jardin du couvent; car la maison oti il fut établi n'avait que
vingt-six toises et demie de profondeur en i658, suivant l'acte de vente; or les
plans postérieurs indiquent une profondeur d'une douzaine de toises plus consi-
dérable.
Maison sans désignation (1695), rebâtie en même temps que la précédente
par l'huissier de Bonigalle, et vendue par son héritier, le 10 décembre i658, à
Charlotte de Ligny, dame de Herse. Sur l'emplacement de cette maison il existait,
en 1629, une pièce de neuf quartiers qui appartenait à Honoré Chevalier, et qui,
en i53i, morcelée en plusieurs lots, était déjà couverte de «maisons manables. 15
Maison sans désignation (iBgB), faisant le coin occidental de la rue du Pot-
de-Fer. Ce même coin de la rue du Pot-de-Fer était formé, en 1629, par le
jardin de la maison de Michel Baimbaut, lequel était attenant à une pièce de
terre contenant neuf quartiers.
Jardin (iBia) , puis maison sans désignation (1596), formant le coin oriental Entre
de la rue du Pot-de-Fer. Cette propriété faisait d'abord partie d'une pièce de cinq '"'""^1^6™»
quartiers, dépendant de la grande maison de Henry du Verger aboutissant à la
rue du Vieux-Colombier. En i542, elle appartenait à M" Michel Baimbaut, hé-
ritier des Du Verger par sa femme Catherine, et, en 1628, elle était au prési-
dent Brion. Elle passa ensuite au fils de celui-ci, à M^ François Pingre et à
Pierre-Nicolas Aunillon, premier président à l'élection de Paris, duquel elle fut
achetée, au mois d'avril 1788, pour l'établissement des Fdles de l'Instruction chré-
"' L'une (le ces trois maisons , celle du milieu , thieu Lenain , sieur de la Jumelle , peintre du roi. Les
fut vendue, en i658, par Antoine Bonigalle à Ma- Bernardines n'en firent l'acquisition qu'en 1677.
les rues (I u Pot-ile-Fer
328 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
tienne. EUe paraît s'être étendue, dès l'origine, jusqu'à la nielle de l'impasse Pérou.
Comme la suivante, elle provenait d'un morcellement de l'ancien clos Lorin-Gaul-
dry. (Voir Rue Férou.)
Grand jardin faisant le coin occidental de la ru* Férou. Il contenait environ un
arpent et un tiers, et devait exister déjà en 1 5^2. Il appartenait, vers le commen-
cement du xvu^ siècle, à Nicolas BoHard, sieur de Cressé, avocat au Parlement.
Par sentence du 1 1 octobre i63o, ce jardin fut divisé entre les religieuses du
Calvaire, qui en avaient acquis la moitié par indivis, le 17 août 1627, et Fiacre
BoUard, un des deux héritiers de son père. Suivant le partage, effectué \e ih août
i63i, la moitié orientale échut aux religieuses, desquelles elle fut achetée, le
28 août 16/10 , par le sieur de la Vergne; la moitié occidentale demeura à Fiacre
Bollard. Ce dernier lot fut plus tard morcelé; sur l'une de ses deux parcelles,
celle du couchant, fut élevé l'hôtel d'Elbeuf ou de Kerveneau, et sur l'autre,,
l'hôtel de Montataire. L'iiôtel d'Elbeuf aboutissait dans l'impasse Férou.
Entre Maison sans désignation (lôgB), faisant le coin oriental de la rue Férou. En
ei servandonT 1 626 , clle était Séparée de la maison du Fer-à-Cheval , formant le coin occidental
de la rue Servandoni, par une autre maison dont nous n'avons point constaté
l'existence au xvi* siècle.
Kntrc Maison sans désignation (i5q5), faisant le coin oriental de la rue Servandoni.
les lues Servandoni j-, „ r .■, . . ,. .. ,..
eiflnrnnnère. Eu 1628, il y avait, cntrc Cette maison et la suivante, une maison intermécuaire
dont nous n'avons point non plus trouvé, au xvi^ siècle, d'indication intelligible.
Il existe bien, dans les archives de l'abbaye, plusieurs actes relatifs aux terrains
de cette région et aux maisons qu'on y bâtissait vers i53o; mais nous n'avons
pu faire l'application des renseignements fort obscurs que ces documents con-
tiennent.
Maison sans désignation, faisant le coin occidental de la rue Garancière. Elle
existait déjà en i53i, et avait été bâtie par Jean Allain sur l'emplacement de
l'ancien pressoir bannier de l'Abbaye''', indiqué, en i523, comme étant encore
une place vide. Elle appartint ensuite à M" Pierre Mesme. Elle était énoncée a un
(f jardin clos de trois quartiers, n lorsqu'elle fut cédée, le 1 5 juillet i583, par
M^ Denis Grasseteau au duc de Luxembourg, dont le fils la vendit, le 2 avril
1 G 1 2 , à la reine Marie de Médicis, en même temps que le grand hôtel de l'autre
côté de la rue. Dans l'acte de vente, la maison est déclarée aboutir sur les rues
de Vaugirard, Garancière et du Fer-à-Cheval, c'est-à-dire à la rue Servandoni,
ce qui impliquerait qu'elle avait une issue sur cette dernière voie; mais les autres
documents ne font point mention de cette circonstance. La maison du coin de la
"' La création des pressoirs bannière des Halles de la Foire est probablement la cause de la suppres-
sion de celui-ci.
RUE DE VAUGIRÂRD. 329
rue Servaiidoni a été ensuite une dépendance de l'hôtel du Petit-Luxembourg et
a passé pareillement à la duchesse d'Aiguillon ainsi qu'à la princesse Anne, pala-
tine de Bavière. Celle-ci la fit rebâtir pour y placer ses écuries et ses cuisines, et
paraît en avoir augmenté la surface de deux maisons, acquises l'une le 1 1 juillet
1678, et l'autre le 1 h août 1710.
Maison sans désignation (iSgS), faisant le coin oriental de la rue Garaiicière. Enue
Cette maison fut bâtie après la reddition de Paris, sur l'emplacement de deux 'It "de Tournoi*
autres qui avaient été ruinées pendant le siège.
Maison de l'Image Saint-Louis, déjà divisée en deux, vers iBgB, et contiguë à
la maison faisant le coin occidental de la rue de Tournon. Ainsi que la précédente,
elle provenait d'un morcellement de cette dernière.
Jardin ou Maison faisant le coin oriental de la rue de Tournon et le coin occi- Enue
1 111 i/~<i//ii'<i>'ii \ '"* ■'"<'* de Tournon
dental de la rue de Conde. (Voir a 1 article de celte rue.) et de condé.
Maison du Heaume, faisant le coin oriental de la rue de Condé, (Voir rue de Entre
, . les rues de Condé
Conde.) et
Jardin d'environ un arpent (i53i), qui appartenait à l'église Saint-Benoît et
que le censier de 1 567 énonce comme ayant été anaguères en voyrie et non val-
«leur. fl II était absorbé dans l'hôtel de Gondi avant iBgB.
Maison sans désignation (iBgB), de laquelle dépendait un grand jardin, et qui
doit avoir eu pour origine un morcellement de la propriété suivante. Le jardin
faisait partie de l'hôtel de Gondi avant iBgS.
Grand clos ou Jardin (lôaS), contigu à la maison faisant le coin de la rue
Monsieur-le-Prince ''), et s'étendant derrière les maisons en bordure sur cette rue.
Il appartenait à Ange Coigiiet et formait une grande partie de sa pièce de cinq
arpents, dont le reste était occupé par les maisons bâties le long de la rue sur
les bas fossés. 11 s'étendait vers le nord jusqu'à la maison que Coignet avait dans
cette rue, et olfrait ainsi une profondeur d'au moins quatre-vingts toises. A la fin
du xv-i-^ siècle on y avait bâti, du côté de la rue de Vaugirard, une habitation qui
subsista longtemps après qu'on en eut annexé les jardins à l'hôtel de Gondi, car
elle semble se confondre avec la maison du Pelit-Bel-Air, achetée par le prince de
Condé le 18 août 1703.
'*' Ou à la partie postérieure d'une maison attenante à celle du coin. (Voir rue Monsieur-le-Prince. )
Monsieur-le-Prince.
330 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
RUE DES QUATRE-VENTS.
La rue des Quatre-Vents commence à la rue de Gondé; elle finit à cette partie
de la moderne rue de Seine qu'on appelait la rue du Brave, et dans laquelle
s'ouvrait une des portes de la Foire Saint-Germain.
Nous avons fait observer que, la rue du Gœur-Volant n'ayant été percée que
dans la seconde moitié du xvi" siècle, elle ne peut représenter la et ruelle de la
ff voirie de la Boucherie, n mentionnée dans les titres du siècle précédent. Or
l'emplacement de la voirie des Bouchers est clairement indiqué. En effet, tant que
cette ruelle a subsisté, les maisons du côté méridional de la rue des Boucheries ont
été énoncées y aboutir. Elle était donc derrière ces maisons et par conséquent elle
a été certainement remplacée par la rue des Quatre-Vents. Nous voyons, en effet,
que les deux parcelles de terrain qui ont formé la partie orientale de l'îlot compris
entre les rues du Petit-Lion (Saint-Sulpice) et des Quatre-Vents sont dites situées
ffsur le hault de la voirie, n dans les baux qu'on en fit en i.5oi. La rue des
Quatre-Vents est, du reste, encore appelée, dans un acte de iSog : (truelle dicte
(tla Voierie delà Bouclierie, laquelle ruelle tient au cloz Bruneau,^ et, dans un
autre de i5o2, tt chemin de la Voyrie. n
La voirie des Bouchers, nommée «la Bouverie de la Boucheries en une tran-
saction de lias, est mentionnée dès lio 3; elle servait de réceptacle aux immon-
dices provenant des boucheries de la grande rue voisine ''', et ce devait être un
foyer d'infection pour les environs. A la fin du xv'= siècle, elle avait été supprimée,
et, vers l'an i5oo, on traça sur son emplacement une rue conduisant directe-
ment à l'une des portes de la Foire. Cette rue se trouvait bordée des deux côtés
de terrains vagues; ceux du midi furent pour la plupart baillés à bâtir en i5oi ;
ceux du nord, vendus en 1609 et iBio, furent acquis parles propriétaires des
maisons de la grande rue, maisons qui s'étendirent ainsi jusqu'à l'alignement de
la voie nouvelle.
La rue des Quatre-Vents est énoncée dans divers documents: ttGhemin du petit
ffhuys de la Foire t) (iZigg). — tt Voye de la Halle n (i5oi ). — ttBue ou chemin
ttde laFoireTi(i52 9 , 1 696, etc.). — tt Bue Neufve de la Foires (i5io, i5i7,etc.).
— ftBue nouvellement laissée <'^' n (i5io). — tt Chemin par lequel on va de la
ft porte dudict Sainct Germain en les Halles dudict Sainct Germaine (iSag). —
ttBue par laquelle on va aux Halles où se tient la Foire :i (iBiy). — ttBue qui
tr descend de la rue Neufve à la porte de la Halle -o (i53i). — ttBue qui vient de
''' Celte voirie remplaça sans cloute celle du ''' C'est-à-dire dont le terrain a ëté réservé,
champ des Bouchers, qui semble bien plus ancienne.
RUE DES QUATRE-VEiMS. 331
(fia porte de la Foire ■« (iSgB). Quant au nom actuel, motivé par une enseigne,
il n'apparaît que vers le milieu du \\\f sièle, dans la première moitié duquel la
rue a été appelée rue du Brave (1617), rue du Petit Brave (1626), rue de la Foire,
anciennement [lisez autrement) du Brave (iGoi); mais ce dernier vocable''' a
fini par ne s'appliquer qu'à la partie de rue qui, continuant en retour d'équerre
la rue des Qualre-Vents, a pu être considérée comme n'en dillérant point et ne
porte aucun nom particulier dans les titres anciens. Toutefois un document de
1 5o 1 l'énonce : a la voie du coing du clos de Naverre. n
Jaillot a écrit que la rue des Quatre-Vents s'était appelée rue Combaut''^*;
mais comme le chanoine Combaut demeurait du côté méridional de la rue du
Petit-Lion, la rue des Quatre-Venls ne pourrait avoir porté le nom de Combaut
que par erreur. Aussi bien rien n'est plus aisé que de confondre les deux rues,
qui, très-rapprochées et parallèles, avaient également poui destination princi-
pale de mener à la Foire. Dans les censiers, où elles sont fréquemment désignées
par des formules analogues*'', on ne les distingue qu'avec beaucoup de peine, et
presque jamais on n'y parviendrait sans l'aide que fournissent les noms des pro-
priétaires.
CÔTÉ MÉRIDIONAL.
PAROISSE SAINT-SLLPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Tout ce côté de la rue des Quatre-Vents était formé par des maisons qui don-
naient aussi sur la rue du Petit-Lion; nous en avons parlé à l'article de cette rue.
(Voir p. 186). C'étaient :
Une MAISON sans désignation (i5-io), faisant le coin de la rue du Brave, ab-
sorbée depuis dans la rue de Seine;
Une MAISON sans désignation (iSaa), qui fut subdivisée en 1 6128 ;
Un JARDIN (1 622) sur l'emplacement duquel on construisit plus tard deux mai-
sons, avec un jeu de paume.
"i On lit ruedu Petit Brac sur les plans deGom- "' Ainsi, dans le censier de i53i , la rue du
bouslet de Jouvin; n.ais il semble manifeste que Petit-Lion est énoncfîe : «rue qui descent de la
cest par inadvertance du (;raveur, qui devait écrire .Grant rue neufve à la porte des champs de la
Petit Brave TFoire," et la rue des Qualre-Vents : «l'aultre rue
" Il ajoute «lue c'était au commencement du .qui descent de la rue Neufve à la porte de la
\\' siècle; mais il ne faut sans doute voir là qu'une «Halle. "
faute d'impressioD.
lia.
332 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
CÔTÉ SEPTENTRIONAL.
PAROISSE SAIM-SULPICE.
JUSTICE
ET CENSIVE DE L'ABBAYE.
Entre Jardin (i523), puïs Maison sans désignation (iBgS), tenant aux murs de la
et Foire-Saint-Germain et formant l'angle rentrant de la rue du Brave (deTournon).
fiu cœur-Voiani. Jardin OU Place (iBaS), puis Petite maison sans désignation en lôgS, et de
l'Écharpe blanche en 160^, faisant le coin occidental de la ruelle ou impasse
des Quatre-Vents. Le terrain de cette maison doit se confondre avec la place de
douze toises sur six que Guillaume Drouart prit à bail, le 6 septembre 1Û90, et
oiî il y avait eu précédemment une construction. En effet, cette place est dite alors
tenir d'une part aux jardins de Navarre, d'autre part à la voirie des Bouchers, et
aboutir d'un bout à la maison Bretesche (de l'Image-Saint-Jacques), de l'autre
aussi au jardin de Mavarre. Le même terrain est énoncé, en 1^99, tenir au che-
min tendant au petit huis de la Halle, et d'autre part au jardin de Guillaume
Cornu, et aboutir d'un bout à la voirie, de l'autre au clos de la Halle. Le jardin
de Guillaume Cornu existait encore au milieu du xv!*" siècle.
Ruelle ou Cul-de-sac des Quatre-Vents. Elle constituait primitivement une ruelle
qui, formant retour d'équerre, débouchait d'une extrémité rue des Quatre-Vents,'
et de l'autre, dans le préau de la Foire. Nous l'avons vue désignée, en iSaS,
comme «une ruelle commune n par laquelle les habitants de maisons situées dans
la rue des Boucheries allaient aux cham])s; puis énoncée rr ruelle de la Foire n
(i53i), pour la distinguer de la rue de ce nom. On a dit aussi rr Petite ruelle qui
ava à la vue-n ou ffà la porte de la Foiren (lôgS). Avant 1628, elle a été fermée
du côté de l'ouest et, en conséquence, on l'a qualifiée d'impasse. Elle existait dès
1/199, ^''' ^'* *^^9' il y ^^^^^ ^^ trois ou quatre propriétés que nous n'avons pu
restituer. Le retour d'équerre de l'impasse doit avoir été formé par l'extrémité de
cette ruelle, qui, en 1 65/i, conduisait au jardin de Navarre et constituait la limite
de la maison de l'Image-Saint-Michel. Or, évidemment, cette ruelle ne se distingue
point de celle de la Voirie, et c'est ce qui a fait que, dans un titre de liig, la
maison de la Rose est énoncée aboutir à «une ruelle ditte la Voirie de la Bou-
(T chérie, laquelle ruelle tient au clos Bruneau. r, Il faut donc admettre que la partie
de l'impasse se dirigeant de l'orient à l'occident était un reste de la ruelle de la
Voirie, et que la partie débouchant en la rue des Quatre-Vents n'a commencé à
exister que lors de l'ouverture de cette dernière voie. La profondeur de vingt toises,
attribuée à la parcelle faisant le côté oriental de l'impasse, est une seconde preuve
RUE DES OUATRE-VENTS. 333
que, sur ce point, la ruelle de la Boucherie était alors distante de la future rue
des Quatre-Vents, comme le retour d'équerre de l'impasse l'a été depuis.
Place VAGUE, puisJAKDiPi(i 523), taisant le coin oriental de l'impasse des Quatre- Kntietes,u«
Vents. Il avait environ vingt toises de profondeur, sur vingt pieds de largeur, et a ''"MToIdr"
formé la partie postérieure de la maison du Ghef-Saint-Denis, située rue des Bou-
cheries. Le terrain en fut baillé à Guillaume Cornu, le 17 mars i5io, et, un
siècle après, c'était encore une place h bâtir ou masure, que, le 3i juillet 1606,
Toussaint Morenze céda à Gharles Leroy.
Jardi.n (iBaS) de cinq toises de largeur, dépendant de la maison de la Croix-
d'Or, située rue des Boucheries. L'emplacement en fut acquis par François Videt,
le 6 mars 1809, à charge de se clore, de ne pouvoir élever là «pourceaulx ny
(T oisons, fl défaire paver au devant de son terrain jusqu'au ruisseau, et de contri-
buer pour sa part rraux fraiz et mises de la cisterne et fousse à eauen qu'il conve-
nait de construire dans les environs. Ges conditions furent également imposées à
tous ceux qui prirent à bail des terrains dans la rue. G'est sur la moitié orientale
de ce jardin que fut ouverte la rue du Gœur-Volant; sur l'autre moitié était déjà
bâtie, en 1 BgS, une maison qui forma le coin occidental de cette dernière rue et
eut pour enseigne le Cœur Volant, en 1687.
Place vague, puis Maison avec petit jardin et jeu de paume (iBaS). Le terrain,
large de quatre toises et demie par devant et de cinq par derrière, dépendait de
la maison de l'Écu de Bretagne, et fut pris à bail par Jean de Rogehan, le 2 5 fé-
vrier 1 .')!(). Après le percement de la rue du Gœur-Volant, on y construisit une
maison qui faisait le coin oriental de cette rue et qui continua à renfermer un
jeu de paume, lequel se nommaitycw de paume d'Orléans (1698-1690) et s'étendit
sur la maison suivante.
Jardin (i5;j3) de vingt pieds de largeur par devant et de quatre toises par
derrière, dépendant de la maison de l'Image-Sainte-Gatherine, et planté sur une
place vague baillée, le 1" mars 1609, à Augustin Riet, propriétaire de la maison
de l'Image-Sainte-Gathei'ine. Ge jardin ainsi que les jardins suivants, à l'exception
d'un seul, n'a été remplacé par une maison que pendant le cours du wif siècle.
Place (iBsS), puis Jardin de vingt et un pieds de largeur, dépendant de la
maison de l'Image-Sainl-Michel, rue des Boucheries. Le terrain en fui baillé à
Jacques Leroux, le 22 avril i5io.
Trois places (i523), puis Jardins de dix-sept pieds de largeur, dépendant des
maisons des Moutons, de l'Image-Saint-Jacques et d'une troisième, situées rue des
Boucheries. Le terrain du premier de ces jardins fut pris à bail par Richard Homo,
le 1" octobre 1612; le terrain du deuxième, par le nommé Auffroy, le 18 jan-
vier 1009, et le terrain du troisième par Charles Lemaître, le 3 mars iBoy.
Place close ( 1 5 9 3) , puis Jardin dépendant d'une maison de la rue des Boucheries.
334 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Place close (i523), puis Jardin dépendant de la maison de la Licorne. Le
terrain de ce jardin et du précédent a dû être baillé en iSog ou i5io.
Jakdin (i593) de quatre toises et demie de longueur sur la rue, et de cinq de
largeur par derrière, dépendant de la maison du Dauphin, rue des Boucheries.
On y éleva dans la suite une maison qui a eu pour enseigne les Quatre Vents (1628-
1 690); elle paraît avoir été séparée de la maison précédente par une allée servant
d'issue au jeu de paume du Dauphin, et elle tenait, vers l'orient, à la maison du
coin de la rue de Condé. L'emplacement fut baillé, le 27 mars iSog, à Nicolas
Goret.
N. B. — Ici se termine la description des rues du bourg Saint-Germain proprement dit, c'est^
à-dire de ia région qui formait les environs immédiats du monastère. Au delà, le territoire de
l'abbaye ne comprenait guère, en 1610, que des prairies, des terres labourables, et, dans la
partie la plus rapprochée de la ville, des terrains vagues à usage de chantiers de bois, des jardins
et des allées d'arbres. C'est là que s'est formé, au xvii' siècle, et développé, dans le coure du
xviii', le faubourg Saint-Germain, extension naturelle du bourg. Les notes de feu Berly indiquent
nettement cette seconde formation , et établissent une ligne de démarcation parfaitement tranchée
entre les deux territoires. Le second volume du présent ouvrage comprendra donc la description
topographique de toute la partie occidentale du vaste domaine de l'abbaye, tel qu'il s'étendait
«depuis les grant porles Sainct-Michel, des Cordeliers et la tour de Nesle, jusqu'à la rivyère
(tde Seyne et au viel ru de Sève.D Aux terrains en culture, que feu Berty s'est borné à décrire,
s'ajouteront les voies les plus importantes ouvertes dans cette région et les établissements les
plus notables, parmi ceux qui s'y sont formés après 1610. — l. m.t.
APPENDICES
ET PIÈCES JUSTIFICATIVES.
APPENDICES
ET PIÈCES JUSTIFICATIVES.
I
CHARTE APOCRYPHE DE CHILDERERT V\
FONDATECR DE L'ABBAYE SAINT-GERMAIN*''.
(Voir le texte du présent volume, pages i et 98.)
Cliildebcrius, rex Francorum, vir inluster. Recolendum nobis est et perpensandum ulilius,
quod hii qui lempla Domini Jhesu Chrisli redificaverunt, et pro requie animarum ibidem tribue-
runt, vel in alimonia pauperum aliquid dederunt,et voiunlatem Dei adimpleverunt, in œterna
requie, sine dubio, apud Dominum mercedem recipere meruerunt. Ego Childebertus Rex, una
cum consensu el voluntaie Francorum et Neuslrasiorum, et exortalione sanclissimo Germaiio,
Parisiorum urbis pontificis, vel consensu episcoporum, cœpi construere lemplum in urbe Pari-
siaca, prope muros ci[vit]atis, in terra quae aspicit ad fiscum nostrum Isciacense, in loeo qui
appeHatur Locolilie, in honore Sancli Vincentii martiris, cujus reliquias de Spania apporlavi-
mus, seu et Sancle Crucis, vel Sancti Stephani et Sancli Ferreoii, et Saneti Juliani, et beatissimi
Sancti Georgii, et Sancti Gervasii, Protasii, pueri Nazarii [et] Celsi, [quorum] reliquiç ibi sunl
consecra[te. Propte]rea in honore dominorum sanctorum cedimus nos fiscum largitalis noslrç,
([ui vocatur Isciacus, qui est in pagis Parisiorum prope alveum Sequani^', una cum omnia que ibi
sunt aspecla; cum mansis, comanentis, agris, territoriis, vineis, sylvis, pratis, servis, inqui-
Imis, liberlis, ministerialis, prœter iilos quos [nos injgenuos esse precipimus; cum omnibu.s
ap|)enditiis suis qui ibi aspiciunt; cum omnibus adjacentiis qui ibi adagunt; cum omnia quç
nos deserviuni, lam in aquisvel insulis; cum molendinis inter portam tivitatis et turrim positis;
cum insulis quç ad ipsum fiscum adjacent; cum piscatori[a que appel]iaturbanna; cum pis[ca]-
leriis om[nibus] qu^ sunt in ipsoalveo Sequane, sumuntque initium a ponte civilalis,etsortiuntur
linem ubi alveolus veniens Savara précipitât se in flumine. Has omnes piscationes quç sunt et
fieri possunt in ulraque parte fluminis, sicut nos tenemus, et nostra forestis est, t[ra]dimus ad
ipsum locum, ut habeanl ibidem Deo servientes victum cotidianum per suadentia lempora.
Damus autem banc potestatem, ut, cujuscumque potestalis littora fuerint utriusque partis flu-
minis, teneant unam perticam terre iegalem, sicut inos est, ad duc[en]das naves et reducendas,
ad mitlenda retia et retrahenda, absque ulla refragatione. De argumenlis vero per quç aves pos-
sunt capi super aquam, precipimus ut nulla polens persona inquietare audeat f'amuios Dei, sed
omnia secure teneant, possideani, per infinitas temporum successiones; et cum areis et casis in
P[ari]sius [civitate, cum] terra, c[um v]inea et oratorio in honore Sancti Andeoli martiris, quç de
ËtarioetCeraunio,dato precio, compar[avimus], omnia et ex omnibus, quicquid ea nos deservie-
''' Ce diplôme, auquel feu Bcrty fait allusion, Croix (Saint-Germain-des-Prt?s) du domaine royal
est ainsi analyse par M. Tardif {Mon. hisl. p. 2 , dlssy, depuis le pont de Paris jusqu'au ruisseau de
n" 9) : 558, 6 décembre. — Donation faite par Sèvres. (K. 1, n. a, copie. — L écriture de ce di-
Childeberl à l'abbaye de Saint-Vincent et de Sainte- plôme est de In (in du \' siècle.)
338 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
runl in poslmodum, pro roqule animae nieç, quando Deus de hac clarissima luce dedcrunt dis-
cessum, ipse fiscus, qui voralur Isciacus, cum omnia quœ ibi sunt aspecta ipso die, ad ipsiim
lemplum Domiiii, quod nos cdificanius, deserviat; et omnia quœ ibi sunt opus, tam ad lumen
()uani, in Dei nomine, ad stipendia servis Dei, quos ibi inslituimus,seu ad ipsos redores qui ipsos
repère habcnt, omnia et ex omnibus ibi transsolvant, ejusque lemporibus et per lon|yum annoruni
spalia ad ipsum templum Domini, absque contradictione vel refrajjatione aut juditiaria conten-
lione, inspecta ipsa preceptio, omnique tempore, profitiat in aucmentum. Et base preceptio ces-
sionis nostre futuris temporibus, Deo auxiliante, firmior babeatur, vel per tempora inviolabiliter
fonscrvetur, manibus propriis vel nostris signaculis subter infra decrevimus roborare.
Datum quod fecit menso décembre, dies sex, anno XLVI[II°], posfquam Childeberlus rex
regnaro cepit. Ego Valentianus notarius et ammanuensis recognovi et suscripsi.
Signum Childeberli gloriosissimi Régis.
(Inventaire des Archives de l'Empire : Monuments historiques, publiés par Jules Tardif,
p. 9 , n" 9 , Cartons des Rois. )
II
NOTE SUR LA PRÉTENDUE CHARTE DE CHILDEBERT T".
On doit placer ce diplôme contrefait (l'acte de fondation de l'église, par Cbildebert I", en 558)
au nombre des chartes mérovingiennes forgées, en grande quantité, après l'an looo. La vie de
saint Droctovée par Gislemar est la source oiî le faussaire a puisé. Ce Gislemar vivait au ix' siècle
et non au xi°, comme l'affirme Lebeuf. Voyez à ce sujet le remarquable mémoire de M. Quicherat,
intitulé : Critique des deux plus anciennes chartes de Fabbmje Saint-Gennain-des-Prés , mémoire qui
termine ainsi: frEn ce qui concerne l'histoire particulière de Saint-Germain-des-Prés, les ori-
tfgines de l'abbaye doivent être refaites en prenant le contre-pied de la version suivie jusqu'à
tt présent, car, au lieu qu'on s'est conformé à la charte de fondation sans tirer parti du privilège,
ir c'est de cette dernière pièce qu'il faudra désormais faire usage, et tenir l'autre pour non
«avenue. »
(H. Cocheris, Notes et Additions à l'ouvrage de Lebeuf, t. III, p. 43, add. i.)
III
FONDATION DE L'ABBAYE SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS.
On n'est pas d'accord sur l'époque de la fondation de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés.
Hadrien de Valois '"', Jaillot'-' et les auteurs de YArt de vérifier les dates la placent vers l'an 553 ,
tandis que D. Bouillart la recule jusqu'à l'an 556 : c'est entre ces deux termes extrêmes que se
renferment les opinions des autres savants. Quant à la dédicace de l'église, elle eut. lieu le
23 décembre 557, selon Félibien; le 23 décembre 558, selon D. Bouillart, Jaillot et les édi-
teurs du second Gallia Cliristiaiia; en oSg, selon D. Ruinart; au commencement de 559, '^e'on
Raillet; selon D. Rivet, le 2 3 décembre SSg; après la mort ou le jour même de la mort de
Childebert, selon presque tous les auteurs, y compris'IVI. Dulaure, à l'exception, toutefois,
d'Hadrien de Valois et de l'abbé des Thuileries, qui pensent qu'elle se fit du vivant de ce prince.
Mabilion s'est contenté d'indiquer le 2 3 décembre, en avertissant que l'année était incertaine.
*'' Cette opinion d'Hadrien de Valois est surtont ''' Recherches sur la Ville de Paris, t. V, quar-
exposée dans son livre intitulé : Disceptalionis de lier Saint-Germain , p. ig.
Basilicis defensio, part. I, cap. vi. p. 53 et 54.
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 339
Les Bollandistes et l'abbé Lebeuf se sont abstenus d'examiner la question. La discussion de ce
point de chronologie n'e'tant pas étrangère à mon sujet, je l'aborderai. Je traiterai d'abord de la
dédicace de l'église, et je m'occuperai ensuite de l'époque de la fondation de l'abbaye.
Dans le Martyrologe d'Usuard, sous le x des calendes de janvier, nous lisons : trApud Nico-
Tmediam, etc. Parisius, dedicatio basiiicae in honore Sanctœ Crucis et Sancli Vincentii mar-
ittyris, et depositio domni Childeberti régis (i),d ce qui fixe au 9 3 décembre et la dédicace de
l'église et la mort du roi Childebert. Le jour est seul donné, et les années étant omises dans
ce martyrologe, comme dans tous les autres et dans les obituaires un peu anciens, on ne sau-
rait dire, avec le seul secours d'Usuard, en quelle année se passèrent les deux événements dont
il est fait mention, ni même s'ils eurent lieu dans la même année.
Ouant à la mort de Childebert en particulier, elle est placée par Marius sous la dix-septième
année du jwstconsulat de Basile, c'est-à-dire, suivant la manière générale de compter, sous
l'an 558 de notre ère. J'ajoute qu'aucun autre document ne la marque d'une manière aussi pré-
cise, les diplômes mérovingiens étant d'ailleurs tout à fait insuffisants pour la déterminer. Cette
date doit donc être tenue pour la plus certaine. Si Gislemarl'-^', moine de Saint-Germain, qui
florissait, non dans le ix' siècle, comme l'ont cru les Bénédictins'^', mais dans la dernière moitié
du si', comme l'a prouvé l'abbé Lebeuf '*), écrit que la dédicace fut célébrée par saint Germain,
évèque de Paris, le 23 décembre ôSg, et le jour même de la mort de Childebert, en reculant
ainsi d'une année la date de ce dernier événement, son témoignage ne saurait l'emporter sur le
témoignage positif et contemporain de l'évêque d'Avenche. Néanmoins Ruinart'^', Baillet'''' et
Rivet ''' se sont fondés sur ce passage de Gislemar, pour renvoyer, comme on l'a vu, la dédicace
à l'an 559, sans toutefois qu'aucun d'eux ait osé reculer de même la mort du roi.
L'interpolation faite au texte d'Aimoin '*', de laquelle il résulterait que la dédicaci^ n'eut lieu
qu'un an après la mort de Childebert, ne mérite pas plus de confiance; outre qu'elle n'est con-
firmée par aucune autorité ancienne, elle se trouve en opposition avec le texte même d'Aimoin,
qui porte que ce prince fut enterré dans l'église de Saint-Vincent, et qui fait ainsi entendre que
l'église était déjà consacrée, car autrement elle n'aurait pu servir de sépulture. De plus, nous
li.sons dans le même auteur ce passage"' : frChildebertus acceptam beali Vincentii slolam Pari-
rsius defert, aedificatamque solo tenus basilicani noniini ejusdem sancti levitœ ac martyris dedi-
ffcari fecit; in qua non niinimam vasorum partem, quœ eum a Tolelo asporlasse supra (c. xix)
-memoravimus, cum capsis evangeliorum, cruces quoque mirifici operis, aliaque dévolus excei-
rlentissima contulit muncra.7) D'oîi l'on doit conclure que la dédicace, ayant été faite par
l'ordre du roi, eut nécessairement lieu de son vivant.
H faut avouer que les mots raîdilicalamque solo tenus « s'applitjueraient difficilement à une
église que l'on dédie en réalité, s'ils signifiaient que cette église n'eût été édifiée alors que jus-
qu'au niveau du sol; mais, dans la basse latinité, le mot rtenus'! a pu être employé dans le
sens de rr depuis 7, comme dans celui de (rjusque;i et si nous lui donnons cette première accep-
tion, nous devrons entendre que Childebert fit consacrer l'église qu'il avait bâtie tout entière
depuis le sol , c'est-à-dire depuis les fondations. On aurait encore un autre moyen de lever la
difficulté, en prenant le terme rdedicari^i dans l'acception r d'imposer un nom: 11 car rien n'em-
(1)
Marlyrolo/f. Usiiardi, dans le P. Sellier, p. 760. "' De regali abbatiu S. Germani « Pratis prope
et dans Bouillart, p. -jo/i. Parisios dissertatio , dans Bouquet, t. Il, p. y-ia,
<•' Vita S. Droclov. n° i3, dans Bouquet, t. III, col. 1.
p. h?>n et ^i38. °' ^'«* ''«^^ Saints, t, IV, p. 46-2 et /i63, \n-h°.
''* Voy. Bouillait, PréJ. p. 3; Bouquet, t. III, ''■' Uà'- ''«• t- 'H^ !'• 3)1- t>6i et 669.
i». 436; Rivet, Hist. liu. t. V, p. 396 et 397. '"' Voy. Bouquet, t. III, p. 61. note «.
'*' WM<.rf«rfioc.(/c/'am(éd.Coclieris),t.III,p.3. ''' Gesta Franc. Il, 2.). Oi I).
/i3.
340 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
pèche que le roi (comme il le dit lui-même dans son diplôme, dont nous parlerons tout à
l'heure) ait placé l'église sous l'invocation de saint Vincent''' avant même que l'édifice fût élevé
au-dessus du sol.
On ne pensera pas d'ailleurs que l'observation faite par D. Tassin l'^', au sujet de l'église de
Notre-Dame de Paris, dans laquelle on célébra le service divin dès l'an 1189, quoiqu'elle ue
fût entièrement construite qu'après le milieu du xiii'' siècle, puisse s'appliquer à l'église de
Saint-Vincent, dont la construction, parvenue seulement au niveau du sol, n'élait pas assez
avancée pour qu'un autel y fût consacré, encore moins pour .qu'on y célébrât la cérémonie de
la dédicace.
On ne peut donc prendre à la lettre le passage d'Aimoin; il faut nécessairement l'interpréter
de l'une ou de l'autre manière que nous avons indiquées, et c'est la première interprétation qui
paraîtra préférable, si l'on fait attention à la suite du passage, oi'i nous lisons que le roi enrichit
cette église de vases, de boîtes, d'évangiles, de croix magnifiques, c'est-à-dire des objets néces-
saires au culte; ce qui fait supposer que l'église était déjà construite et toute disposée pour la
célébration du service divin.
Mais revenons à des témoignages plus anciens et plus précis, et reprenons le passage d'Usuard
rapporté ci-dessus. Cet écrivain, qui suit naturellement l'ordre des faits, ne parle de la mort de
Childebert qu'après avoir raconté ce qui concerne la dédicace de l'église de Saint-Vincent : il
ne me semble donc pas permis do placer la dédicace après la mort du roi, c'est-à-dire après le
23 décembre 558. Voyons maintenantsi l'on peut la rapporter à une année antérieure. Le diplôme
du roi Childebert en faveur de l'église de Sainte-Croix et Saint-Vincent W porte la date du 6 dé-
cembre de la quarante-huitième année du règne de ce prince, ou de l'an 558 de Jésus-Christ,
c'est-à-dire que la date j)récède de dix-sept jours seulement la mort du roi '^'. Or, Childebert
n'y fait aucune mention de la dédicace, et même, lorsqu'il parle de l'église, il s'exprime en ces
ternies: «Exortatione sanctissimi Germani, Parisiorum urbis ponlificis cœpi construere
trtemplum in honore sancti Vincentii;'? et, dans un autre endroit : trTemplum Domini
tquod nos œdificamus '^', etcn
''' Gesla Franc. II, 20, 67 D.
'^' Nouveau traité de dipl. t. III, p. 662 , note 1 .
''' Dans Bréquigny, p. 53. Le prétendu original
de cet acte est conservé aux Archives du Royaume.
Ce n'est qu'une copie faite au ix* siècle, mais qui
n'en mérite pas moins toute notre confiance.
'*' Félibien {Ilist. de Paris, l. I, p. ay) fait ob-
server dans une note, que le 6 décembre de la
quarante-huitième année du règne de Childebert
appai-lient à fan SSy; mais c'est une erreur, et
lui-même marque l'an 558 à la marge du diplôme
de ce prince. (Ibid. t. 111, p. i5.)
''' Dans Bouquet, t. IV, p. 622 D et 023 B;
dans Bréquigny, p. 53 et 54. A propos du trcœpi
tfcoiistruere lemplurn, loiiipliun quod nos œdifica-
tfuius,» M. Quicherat l'ail cette juste réllexioii :
"De là ce simple raisonnement : si la construction
frn'était pas achevée, l'édifice n'était pas consacré.
f^Eh bien, dans l'une des phrases qui contiennent
ff implicitement cette conséquence, nous avons Taf-
f firmation directe du contraire. Le diplôme, à la
If suite de l'énuraération des saints, atteste que les
irreliques de ceux-ci étaient à leur place dans
r l'église, qu'elles étaient en état d'y recevoir le
rr culte qui leur était dû : ifQuorum reliquiœ ibi sunt
"consecratae. r, En d'autres termes, le service de tous
fies autels était en activité lorsque l'église n'était
ipas encore tout à fait construite, absurdité résul-
rrtant d'une faute d'inadvertance au sujet de la-
irquelle on ne sait de quoi s'étonner le plus, ou
frqu'elle ait pu être commise ou qu'elle n'ait jamais
(tété aperçue. Que la grossièreté de cette faute ne
«nous empêche pas cependant de voir l'inlention
rtqui a motivé l'emploi des expressions frcœpi con-
rrstruere, œdificanms. n Le diplôme est datédu 6 dé-
ffcembre, dans la quarante-huitième année du règne
rrde Childebert, ce qui nous reporte au 6 dé-
rrcembre 558. Il en résulte que facte de fondation
fraurait précédé de dix-huit jours seulement le décès
rrdu roi , carChiidebert mourut le aS décembre 558 ;
tret c'est à ce terme extrême qu'il faudrait entendre
crque la basilique où il devait être inhumé n'était
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 341
Ces expressions, qui seraient certainement impropres si i' église eût été consacrée, prouvent
suffisamment qu'elle ne l'était pas encore au jour de la rédaction du diplôme. Mais l'on a conclu
de ces passages : i" qu'alors la construction de l'église n'était que commencée ou qu'elle était
au moins encore très-loin de son achèvement; 2° que le roi, ayant été exhorté à la bâtir par
saint Germain, évêque de Paris, et saint Germain n'ayant été appelé au siège épiscopal de
cette ville qu'en 555 ou 556 ('), les fondations de l'édifice dataient, au plus tôt, de cette même
époque. Ces conclusions, quelque rigoureuses qu'elles paraissent, ne sauraient toutefois être
admises; il existe, en effet, des témoignages non moins respectables que le diplôme de Childe-
bert qui les combattent, sans d'ailleurs être en opposition avec ce diplôme.
D'abord, Grégoire de Tours dit positivement dans son histoire i^) que le roi Childebert fut
enterré dans la basilique de Saint-Vincent, qu'il avait bâtie: trAd basilicam beati Vincentii,
squam ipse construxerat, est sepultus.n Ce qui prouve que In trcœpi construcreii du diplôme ne
doit pas être pris à la lettre, attendu que, en outre, il est impossible de supposer, comme on
l'a déjà dit, que le roi fut enterré dans une église qui, dix-sept jours avant sa mort, n'eût été
que commencée. Ensuite un autre auteur, également contemporain, Fortunat, rapporte, en
parlant de l'église de Saint-Vincent, que ce prince traversait ses jardins ou les jardins de la reine
Ultrogothe, sa femme, pour se rendre aux lieux saints oîi l'on voit maintenant son tombeau;
c'est ce qui est exprimé dans ces vers :
Hinc iter ejus erat, cum limida sancta petebat,
Qua; modo pro mentis incolit ille magis.
Antea nam vicibus Inca sancta lerebat amatus,
Nunc tamen assidue templa beala tenet.
Il s'agit évidemment ici d'une église entièrement appropriée au service divin; les visites fré-
quentes dont elle était l'objet de la part de Childebert et l'expression élimina sancta^ employée
pour la désigner ne permettent pas de supposer que ce fût seulement un édifice en construction.
On trouverait encore dans Fortunat une autre preuve formelle de l'achèvement par Childe-
bert de l'église de Saint-Germain-des-Prés, si l'on devait appliquer à cette église, et non pas à
l'église cathédrale de Paris, la pièce de vers que cet auteur a intitulée: De ecclesia Parisiaca'^^l
Hadrien de Valois n'hésite pas à rapporter ces vers à la première '*', et le cardinal Luchi soutient
dans ses notes'*' l'assertion de ce savant illustre. Je ferai observer, à l'appui de cette opinion,
t" que la description de l'église de Saint-Germain que nous a laissée Gislemar est entièremeiil
conforme à la description de l'église de Paris que nous lisons dans Fortunat; 2° que, dans un
manuscrit du ix' siècle de la Bibliothèque royale C^', le petit poëme en question est intitulé :
Versus in ecclesia nova Prtrw«««l'', ce qui convient à l'église Sainte-Croix et Saint-Vincent ou de
Saint-Germain-des-Prés, beaucoup mieux qu'à la cathiîdrale de Paris, dont la construction uest
attribuée à Childebert par aucun auteur ancien et dont le titre ou vocable ne parait pas avoir
contenu le nom de la Sainte-Cfoix, qui se trouve dans le même poëme; 3° que les deux derniers
vers semblent indiquer que le roi Childebert fut enterré dans l'église, circonstance qui, si elle
"pas encore arrivée à son achèvement. Or, cela ' ' IV, ao.
fnous découvre à quelle source notre faussaire s'est " Carm. II, 11, dans Brower, et II, 1/4, dans
irinstruit des origines de Saint-Germain. Son guide Luchi.
rn été Gislemar, auteur de la vie de saint Droc- '" Voy. la première note de la page 338 du pré-
(T lovée. 1 sent volume.
c Voyez le Gallia chrisliana, t. VH. col. 19 et ''> T. I, p. 67.
417; Bo'uillart.p. h 01997; Mabillon. AnmiA. I, '"> Fonds latin i3o'48, jadis S. Germain 844.
p. i3.5. etc. ''' Voy- Polices des ]fan. t. XII, -i' partie, p. 87.
342
TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
était plus ciaireuient exprimée, suffirait pour décider irrévocablement la question en faveur de
l'église de Saint-Germain. Voici ces vers :
H»c prius egregio rex Childebertus amore
Dona suo populo non raorilura dedil.
Totus in affectu divini cullus adhœrens,
Ecclesia; juges ampiificavit ope.s.
Publica jura regens, et ceLsa palalia servans,
Unica pontificum gloria, norma fuit.
Hinc abiens, illic meritortim vivil honore.
Hic quoque geslorum laude pcrennis eril.
Or maintenant, si l'on considère que le roi Childebert, suivant le témoignage de Grégoire de
Tours''', mourut d'une maladie très-longue qui ne lui permit pas de quitter le lit, au moins
depuis les premiers mois de l'année 558, et les démêlés qu'il eut pendant les deux années pré-
cédentes avec son frère Clotaire'^' ne lui laissèrent guère alors le loisir de bâtir ni de fréquenter
des églises; si, d'un autre côté, l'on songe au temps nécessaire à la construction d'un édifice
aussi coûteux, aussi vaste, aussi magnifique que l'abbaye de Saint-Germain'^', dans laquelle
cent vingt moines étaient entretenus avant sa dévastation par les Normands'*', on sera obligé de
reconnaître que Childebert en jeta les fondements peu de temps après son expédition d'Espagne
de l'an 5i9, ainsi qu'il est d'ailleurs attesté par Gislemar'^'.
H ne reste plus qu'à concilier cette opinion avec le diplôme de ce roi, et pour cela il suffira
d'observer que les termes ncœpi construeren se rapportent à un temps de beaucoup antérieur à
la date du diplôme et que le prince, en se servant de cette expression, rappelle seulement en
558 qu'il a commencé ou entrepris jadis, par exemple en 563, de construire l'église de Saint-
Vincent et ne donne nullement à entendre qu'il ait tout récemment commencé cette construc-
tion. Toutefois, on peut douter qu'elle fût entièrement achevée au moment de la rédaction,
attendu que le roi, pour désigner l'église, dit : trTemplum Domini quod nos œdificamus;n ce
qui suppose qu'il restait encore quelque chose à faire.
Quant à la circonstance relatée dans la môme charte, au sujet de saint Germain, évèque de
Paris, qui aurait conseillé la fondation de l'édifice, rien n'empêche qu'il n'eût donné ce conseil
avant d'avoir été appelé à l'évêché de Paris et que le roi lui eût attribué le titre d'évèque de cette
ville, non parce que saint Germain le porlait le jour oii fut fondée l'église de Saint-Vincent,
mais parce qu'il en était revêtu le jour de la confection de la charte, et celte observation suftil
pour ôter à l'expression toute apparence d'impropriété. J'ajoute encore, à l'appui de ce raison-
nement, que le diplôme de Childebert est plutôt un acte de dotation qu'un acte de fondation
proprement dite et que, si le roi eut recours à l'intervention de saint Germain, ce fut moins
<" IV, 20.
''' Ibid. i6et 17.
''' Voyez Gislemar, Vitii S. Droctov. n. 10; dans
Bouquet, III, 687 C.
*'* Voyez le diplôme de Louis le Débonnaire de
l'an 829, en faveur de l'abbaye de Saint-Germain,
dans Bouquet, t. VI, p. 56o B.
'' Vita S. Droctov. n. 9; Bouquet, III, 687 B.
Dans un manuscrit du xi" siècle, de la Bibliothèque
royale (coté S. Gerni. lat. i3't. anj. fonds latin
1 2 1 1 7 ). on lit, fol. 1 1 9 , à la marge des tablettes
clironologiques qu'il contient . et en face de fan
5i6, une petite note, égiïlement écrite frDroclo-
rrveus abbas,! ce qui indiquait que Droctovée était
abbé de Saint-Vincent en 5i6 et, par conséquent,
que le monastère était entièrement construit à cette
époque. Toutefois, nous ne pouvons tirer de cette
indication im argument bien fort à l'appui de noli'c
opinion, attendu que les noies marginales de ces
tablettes sont pleines d'inexactitudes et que, par
exemple, la mort du roi Childel)ert y est mar-
quée vis-à-vis de fan 535; celle de saint Germain,
évèque de Paris, mort en 676. vis-à-vis de l'an
55 1. etc.
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 3/i3
pour bâtir une église que pour instituer des religieux dans une abbaye déjà propre à en recevoir -.
en effet, Gislemar dit que le roi, après avoir doté richement et orné avec magnificence le
monastère qu'il avait construit, pria cet évèque d'y établir des moines (•).
On doit donc tenir pour certain : i° que l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés fut fondée peu
de temps après l'expédition d'Espagne de 5i2, peut-être en 5i3; 9° que des religieux, comme
il est dit dans le diplôme, y furent établis du vivant de Childebert; 3° que les bâtiments du
monastère furent par lui construits, sinon entièrement achevés; 4° que la dédicace de l'église
fut célébrée par saint Germain le jour même de la mort du roi, c'est-à-dire le 9 3 décembre 558.
(Note de M. Guérard, dans le t. l du Polyptyque d'Irminon, rappelée et complétée par M. Cocheris
dans son édition de Yllist. du dioc. de Paris, III, p. /i3-48, add. 2.)
IV
MANUMISSION DES HABITAINTS DU BOURG DE SAIM-GERMAIN DES-PREZ.
Texte, page 2 et pages suivantes.
Universis prœsenles litteras inspecturis, frater Thomas, miseratione divina beati Germani de
Pratis Parisiensis minister humilis, et totius ejusdem loci conventus œternam in Domino salutem.
Cum homines nostri de burgo nostro Sancti Germani de Pratis grata nobis pluries impenderint
obsequia, res, et bona, proprias etiam personas nonnunquam pro necessitatibus noslris peri-
culis exponentes; nos ipsorum altendentes devotionem et pro ducentis libris Parisiensibus (de
quibus nobis est satisfactum) manum mortuam, forismaritagium , et omnimodam servitutem
quam habebamus, vel habere poteramus indictis hominibus, et eorum hœredibus quantum ad
personas seu corpora ipsorum, ubicunque de caetero se transferre voluerint, totaliter et in per-
petuum remittimus, et quittamus, et eosdem manumittimus, ac perpétuas libertati plene descri-
bimus et donamus. Hujusmodi autem remissionibus et libertatibus tantummodo gaudere volumus
iilos et illas, undecunque duxerint originem, qui et quae in dicta villa Sancti Germani remis-
sionis et manumissionis tempore morabantur, et illos ejusdem villœ natives , qui se causa pere-
grinationis seu ad aliéna servitia transtulerint, qui necdum alibi matrimonium contraxerunt.
Hanc autem remissionem fecimus salvis nobis et ecclesiœ nostrœ omnimoda justitia et dominio
in dicta villa Sancti Germani et omnibus redditibus, consueludinibus et coustumis. Quee cous-
tumœ laies sunt. Omnes homines de dicto bui'go Sancti Germani bannarii ad l'urnuni nostrum ,
seu furna nostra (dum tanien furnum et furnarium compelenter habeamus) per bannum coquere,
et furnagia (prout hactenus consueverunt) nobis solvere tenebuntur. Si vero per duos dies aut
per très ad requisitionem illius qui panem suum ad coquendum petierit, furnarius coquere
dislulerit, ex tune absque coutradictione et emenda quilibet dictorum hominum alibi prout melius
placuerit, panem suum déferre poteritad coquendum. Item, prout hactenus, extitit consuetum ,
de omnibus bobus et vaccis pascentibus in insula nostra Secanœ, pro quolibet bove sive vacca
duodecim dcnarios ; de jumenta fœta sex denarios in mense Maïo annis singulis nobis solvere
tenebuntur. Item, census nostros, videlicet pro qualibet masura in magno censu nostro sita, Ires
solidos censuales. Et si in duas aut plures masura quaelibet dividatur, quilibet parlem cujusiibet
masurae possidens, très solidos censuales solvere : si vero ad unum possidentem quaelibet ma-
sura redierit, non nisi très solidos tantummodo censuales in festo sancti Remigii solvere tene-
bilur annualim. Item, cubas suas et vindemias omnium, vineatum quae tenentur ad censum a
nobis in vindemiis, ad ecclesiam noslram vel ad pressorium nostrum de Gibert quolibet modio
''' Vita S. Droclov. n. 12; dans Bouquet, lll, 437 D.
344 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
vini, unum sexlarium de meta gutta vini pro décima, et tertiam partem totius pressoragii.
exceptis vineis de territorio Sancti Sulpicii, ex quarum vindemiis unum sextarium vini de meta
gutta pro décima, et quartam partem pressoragii tantummodo nobis solvent. De vineis vero
quarum vindemias consueverunt et tenentur ducere ad pressorium nostrum de Gibert, quartam
partem totius pressoragii nobis solvent, et decimam, prout hactenus extitit consuelum. Et nos
prœdictis hominibus cubas ad ponendum vindemias dictarum vinearum debemus in eodem
pressorio ministrare. De quatuor vero arpentis vineœ, quœ fuerunt defuncti Aierni, quatuor
modios vini convenientis solvent pro décima, censu et pressoragio. Vineœ vero quœ sunt in
masuris assignatis ad anniversarium bonœ memoriœ Roberti, quondam abbatis ecciesiœ nostrœ,
solvent dicti homines integram summam pecuniœ, et alia quœ in corta super his confecta con-
tinentur. Salvo etiam hoc et retento nobis et ecciesiœ nostrœ, quod omnes mulieres prœdictœ
viiiœ, in die puriticationis suœ post puerperium, et primo die quo accèdent ad parrochialem
ecclesiam post sponsalia, ad ecciesiam nostram tenentur vertere ratione matricis ecciesiœ, et
oblationes ibidem facere, prout hactenus extitit consuetum. Salvum etiam nobis et ecciesiœ
nostrœ, quod eo anno, quo Dominus Rex a nobis solidos suos levabil, solides a dictis hominibus
ievare poterimus quos habito respectu ad solidos nobis impositos et terram nostram tailliabilem
viderimus bona fide. lia tamen quod homines dictœ vilIœ electi a communitate ejusdem vilIœ
summam pecunliœ, quam nos vel successores nostri super communitate dictœ vilIœ pro solidis
Domini régis bona fide duxerimus imponendam, assidebunt, levabunt, et infra terminum a
nobis vel successoribus noslris eis quolibet anno impositum intègre persolvent. Et quod si in
solutione facienda summœ prœdictis hominibus dictœ villœ impositœ eis a nobis vel successo-
ribus nostris impositum, pro prœdictis solidi Domini Régis electi a communitate villœ cessarent
in loto vel in parte : ex tune nos vel successores nostri capiemus, vel capi faciemus de bonis
cujuslibet hominis in dicta villa commorantis, unius vel plurium, prout nobis melius placuerit,
et distrahere poterimus res captas, quosque super tota summa pecuniœ hominibus dictœ villœ
impositœ, nobis et ecciesiœ nostrœ, vel mandato nostro l'uerit plenarie satisfaclum. Prœterca
dicti homines dictœ villœ Sancti Germani omnes alios redditus noslros et consuetudines (exceptis
prœdictis manumortua, forismaritagio, servitute) et alia ad servitutem corporum, vel perso-
narum ipsarum perlinentia, nobis et ecciesiœ nostrœ sine contradictione et difiicultate qualibel
solvent de cœtero pacifiée et quiète. Salvo etiam nobis in omnibus omni alio jure nostro. Quod
ut ratum et stabile permaneat in futurum, prœdictis hominibus in testimonium prœsenles litteras
.concessimus, sigillorum nostrorum munimine roboratas. Actum anno incarnalionis Dominicœ
millesimo ducentesimo quinquagesimo, mense Maïo, régnante Ludovico Ludovici filio, rege
Francorum piissimo.
Scellé sur simple queiie de cire verte.
(D. Bouillart, Preuves, p. 60.)
DROITS DE JUSTICE, CENSIVE, FOIRES ET MARCHES
APPARTENANTS
À L'ABBAYE SAINT-GERMAIIN-DES-PRÉS, EN 1790.
(Texte, page 9 et pages suivantes.)
Le fauxbourg Saint-Germain fait partie du fief d'Issy, donné par le roi Childebert, à titre de
dotation, à l'abbaye de Saint-Germain en 558, avec tous droits de haute, moyenne et basse
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. U5
justice et censive, et tous les autres droits qui lui appartenoient, taut sur lélendue dudil fief
que sur la rivière de Seine et une perche royale des deux côte's, depuis les anciens ponts de
Paris jusqu'à la rue de Sève, qui fait se'paration de ladite rivière avec le seigneur de Saiut-Cloud.
Ce fauxbourg formoit une ville se'parée de celle de Paris, suivant un arrêt du Parlement de
Tannée 1297.
Par redit du Roy du mois de février 167/i, la haute et moyenne justice dudit fauxbourg a
été réunie au Chàtelet, et elle a été seulement réservée dans tout l'enclos de lad. abbaye, tant
du côté de M. l'Abbé que du côté de MM. les Religieux; il a été aussi réservé à l'abbaye de
Saint-Germain la basse justice foncière pour les rentes, cens et autres redevances des maisons et
biens étant dans la censive et fief dépendant de lad. abbaye, situés dans la ville et fauxbourg de
Paris, ainsi qu'il est porté par un arrêt du Conseil d'État du Roy, du 21 janvier 1676, confirmé
par des lettres patentes du mois de may 1691, enregistrées au grand Conseil le i5 dud. mois
de mars, et par autre arrêt du Conseil du iZi février 1698, confirmé par lettres patentes dud.
mois de février, enregistrées au Parlement le 17 du même mois de février.
En sorte que la haute, moyenne et basse justice dans les enclos de l'abbaye, et la basse justice
foncière seulement dans tout le fauxbourg Saint-Germain, est exercée par les officiers au nom
de l'abbé et des religieux de ladite abbaye conjointement.
Par la suite des temps il s'est fait plusieurs usurpations de la censive sur le petit Pré-aux-
Clercs, sur partie du grand Pré-aux-Clercs.
Le petit Pré-aux-Clercs commence à une maison rue du Colombier, presque devant la grande
grille de labbaye, oîi loge une fruitière, traversant en droite ligne par derrière jusqu'à la rue
des Marais, en montant le long de ladite rue des Marais et du Colombier, jusqu'à la rue des
Petits-Augustins, y compris les trois maisons qui font le coin de ladite rue des Marais et des
Petits-Augustins.
Plus, de quelques maisons rue des Marais à gauche, en entrant par la rue des Petits-Augus-
tins, jusquà une maison qui appartenoit ci-devant à M. de Louvencourt, dont la nue propriété
a été acquise par le sieur Pierre-Élie Baraud des Granges, par contrat devant Monnot, n''% le
9 mars 1777, laquelle est la première de ce côté oii commence la censive de l'abbaye de Saint-
Germain, dont les maisons de ce même côté jusqu'à la rue de Seine sont aussi de la censive de
l'abbaye Saint-Germain, ce qui forme six maisons.
De l'autre côté de la rue et (sic) marais en entrant par la rue de Seine à gauche, jusques et
compris deux maisons appartenantes à la Visitation, ce qui forme huit maisons, sont aussi de la
censive de l'abbaye Saint-Germain.
De l'autre côté de la rue des Petits-Augustins, le surplus dudit petit Pré-aux-Clercs reprend
à une maison appartenante à l'Hôtel-Dieu, d'où l'on traverse droit dans les jardins des Petits-
Augustins, derrière toutes les maisons qui ont été bâties depuis, la susdite maison de l'Hôtel-
Dieu, jusqu'au coin de la rue du Colombier, et depuis ladite maison du coin tout le long de la
rue Jacob, à main droite jusqu'à la rue des Saints-Pères en entrant à droite jusqu'à deux maisons
appartenantes aux Petits-Augustins.
Quant au grand Pré-aux-Clercs, il commence rue Saint-Benoît à droite jusqu'à la rue des
Deux-Anges, dont toutes les maisons des deux côtés sont de la censive de fUniversité, ainsi que
les maisons à gauche de la rue Jacob, et va traverser chez MM. les Religieux de la Charité, et
comprend une .salle neuve qui va rendre vis-à-vis le cimetière cy-devanl appelé des Huguenots,
et qui appartient à présent auxdits Pères de la Charité, dont il y a une petite partie à droite
en descendant qui est dudit grand Pré-aux-Clercs, aussi bien que toutes les maisons en descen-
dant depuis ledit cimetière et du même côté jusqu'au coin de la rue des Saints-Pères et de
riîniversité, qui sont prétendues par lesdits sieurs de l'Université.
346 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Et encore toutes les maisons qui sont dans ladite rue de lUniversité à main gauche, depuis
ie coin de la rue des Saints-Pères, qui vont le long de ladite rue de l'Université à gauche jus-
qu'au coin de la rue du Racq, dans laquelle rue du Racq, à droite, il y a deux maisons qui
font le second coin de la rue du Bacq , qui aboutissent au passage du jardin de M""" la princesse
de Conty, cy-devant appelé l'hôtel de Grimberg, situé rue Saint-Dominique.
Plus, depuis ladite rue du Bacq jusqu'au coin de la rue de Belle Chasse.
Mais dans cette étendue il y a un hôtel appartenant à M. Feydeau de Brou , qui est la dernière
porte cochère avant la rue de Belle-Chasse, qui a été construit sur partie du jardin de l'hôtel
de Broglie, sis rue Saint-Dominique, dans lequel hôtel de M. de Brou, qui contient en totalité
982 toises 3 pieds 1 pouce 5 lignes, il n'y en a dans la censive de l'Université que lig toises
4 pieds 3 .pouces 7 lignes, et dans celle de l'abbaye Saint-Germain iSa toises lU pieds 9 pouces
10 lignes.
Il y a encore dans la censive de l'Université deux maisons rue de Belle-Chasse à gauche,
dans l'étendue de 1 6 toises 9 pieds 9 pouces de face qu'ils ont de ce côté.
De l'autre côté de ladite rue de Bello-Chasse à droite, la censive de l'Université, a 16 toises
9 pieds 5 pouces de face sur la rue et 16 toisos 5 pieds 1 pouce 4 lignes dans le fond du côté
de l'hôtel de M. le prince de Chalais.
Et l'abbaye de Saint-Germain a la censive sur le surplus de ladite rue de Belle-Chasse à
prendre depuis lesdiles 16 toises qui appartiennent à l'Université jusqu'à la rue Saint-Domi-
nique, des deux côtés de ladite rue de Belle-Chasse.
Plus, il y a encore dans la censive de l'Université le terrein à prendre depuis le second coin
de la rue de Belle-Chasse en suivant la rue de l'Université, passant derrière les murs du jardin
du couvent de Saint-Joseph jusques près le corps de garde oii la ligne se termine en pointe à
côté du jardin de l'hôtel de Brienne, et ie surplus de ce côté de la rue jusques dans la cam-
pagne est de la censive de l'abbaye Saint-Germain, mais dans cette partie il y a plusieurs hôtels
de construits qui sont en partie de la censive de l'abbaye Saint-Germain et en partie de l'Uni-
versité.
Plus, l'Université a encore dans sa censive une partie de l'hôtel d'Harcourt situé rue de l'Uni-
versité à droite, l'autre partie est dans la censive de l'abbaye Saint-Germain.
Quant aux autres maisons de la rue de l'Université, à commencer du coin de la rue des
Saints-Pères à droite jusques dans la campagne, elles sont dans la censive de l'abbaye Saint-
Germain, à l'exception seulement de la portion de l'hôtel d'Harcourt qui est de la censive de
l'Université, ainsi qu'il est cy-dessus dit.
L'abbaye de Saint-Germain a encore été traversée par le domaine en 1681. Le Roy, par sa
déclaration de ladite année, a déclaré de son domaine toutes les maisons bâties sur les fossés,
fortifications et contrescarpes qui commencent rue Guéné|;aud à main droite en y entrant par
la rue Mazarine à main gauche en retournant vers le carrefour de Bussy, anciennement appelle
de Nesie, et comprend les maisons rue Contrescarpe à main droite en entrant par la rue Dau-
phine, aussi bien que les maisons vis-à-vis ladite rue Contrescarpe rue Dauphine.
De ladite rue Contrescarpe on entre rue Saint-André-des-Arts, pour passer en dioile ligne
dans la cour du Commerce , autrefois dite Jeu de boule de Mahus, qui fait le derrière de la rue
des Fossés-Saint-Germain, dont toutes les maisons qui sont de ce côté de cette rue, depuis le
coin de la rue Saint-André passant vis-à-vis les maisons de la Comédie et vont finir à la l'onlainc
des Cordeliers, sont de la censive du Roy.
Toutes les maisons qui sont dans la rue de Touraine et de l'Observance, en tournant et allant
jusqu'à la rue des Fossés-Monsieur-le-Prince , paroissent aussi de la censive du Roy, à l'exception
des maisons du nommé Bêche, sises au coin de la rue des Cordeliers à droite en y enirani par
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 347
la rue des Boucheries, et de celles qui appartiennent aux sieurs Bebin et de la Griffe qui sont
même rang, d'une aux Cordeliers au coin de la rue de Touraine, et une au coin de la rue de
l'Observance, qui sont de la censive de l'abbaye Saint-Gennain, et qui termine les fosse's.
En continuant sur la rue des Fossés-Monsieur-le-Prince, à main gauche, jusqu'à la porte
Saint-Michel ou devant la fontaine, toutes sont prétendues par le domaine du Roy, quoique
l'abbaye n'ait jamais e'ié indemnisée par le Roy de tout ce terrein à l'exception de sept maisons
en entrant par la rue de Condé, à gauche, qui tiennent à la maison du sieur Allain, qui pa-
roissent être de la censive de l'abbaye de Saint-Germain.
On observe ici que tout le terrein qui composoit cy-devant l'ancien hôtel de Condé, rue de
Condé, et plusieurs maisons rue de Condé et des Fossés-Monsieur-le-Prince , ont été acquises
par le Roy, en l'année 1774, pour bâtir la salle de la Comédie-Française, et Sa Majesté s'est
réservé le droit de disposer du surplus dudit lerrein qui ne seroit pas utile à la construction de
ladite salle, soit par vente, échange ou autrement.
Que Sa Majesté a vendu à Monsieur, frère du Roy, sous le nom de M. Machet de Velye, le
i3 juillet 1779, tous les lorreins de l'ancien hôtel de Condé, situés le long de la rue du même
nom, des rues de Vaugirard et des Fossés-Monsieur-le-Prince, et les maisons et bâtiments adja-
cents, à l'exception des terreins qui seroient nécessaires pour la construction de ladite salle et
des rues et place appartenant à Sa Majesté, sans cependant aucune réunion à son domaine, en
vertu des acquisitions qu'elle en avoit faites.
Que MM. les Commissaires du Roy qui ont fait cette vente ont dit par le contrat que lesdils
terreins seroient possédés par ledit sieur de Veliye, en la directe et censive de Sa Majesté, et
chargés d'un sol tournois de cens par toise, et ont dispensé ledit sieur de Veliye et ceux qui
acquereroient de lui de |)ayer aucuns droits de lods et ventes, même pour les premières reventes
qui seroient laites par lesdils acquéreurs dudit sieur de Veliye, dans l'espace de vingt années.
Que ledit sieur de Veliye a obtenu des lettres patentes sur ce contrat le 10 août 1779, qu'il
a fait enregistrer au Parlement le 7 septembre suivant.
Qu'il a été présenté au Parlement une requête par le receveur général des économats, et
MM. les Prieur et Religieux de Saint-Germain, par laquelle ils ont demandé à être reçus oppo-
sants à l'enregistrement desdites lettres patentes, et à être maintenus gardés dans la seigneurie
directe et censive desdits terreins, et que M. de Veliye fût condamné à payer à l'abbaye Saint-
Germain les lods et ventes de son acquisition.
Sur cette requête il est intervenu arrêt, le 29 décembre 1780, qui a permis de faire assigner
.M. de Veliye.
M. de Veliye a été assigné au Parlement le 5 janvier 1781, en vertu dudit arrêt.
Mais, par arrêt du Conseil d'État du 1 1 avril 1 781, cette demande a été évoquée au Conseil et
elle n'est pas terminée.
Outre les anciens fossés prétendus par le domaine, il y a encore le grand et le petit séjour
de Nesie qui sont déclarés de la censive du Roy, par arrêt du Conseil du
Ce grand et petit hôtel de Nesie commence de la rue Guénégaud, comprend toutes les maisons
des deux côtés de ladite rue, les bâtiments de l'hôtel de la Monnoye et tout le terrein du collège
Mazarin, tant sur le bord de l'eau que derrière, rue Mazarine, du côté dudit collège Mazarin,
à l'exception de quatorze maisons qui font partie du grand pavillon dudit collège, rue Mazarine,
dont ils ont été condamnés de payer l'indemnité à l'abbaye Saint-Germain, suivant ledit arrêt
du Conseil du lesquelles sont par ce moyen de la censive de Saint-Germain.
Le bureau de l'Hôtel de Ville de Paris prétend aussi avoir un droit de censive sur une maison,
rue du Jardinet, appartenante cy-devant à M. de Leneville, et sur quatre maisons dans la rue
du Battoir, à gauche en entrant par la rue Hautefeuille, jusqu'au coin de ladite rue;
iiit.
348 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Plus sur trois maisons rue des Poitevins, appartenantes cy-devant à M. Dufresne, procureur
au Parlement, et aujourd'hui au sieur Pierre-Rarthelemi-Thomas Lenain, procureur au Ciià-
telet, et à ses cohéritiers.
Il y a encore eu contestation entre l'abbaye Saint-Germain, celle de Sain te- Geneviève et le
chapitre Saint-Benoit, au sujet de la censive du grand et petit Luxembourg, et trois maisons,
rue d'Enfer, et le petit Calvaire, rue de Vaugirard, et sur d'autres maisons au bout de la rue de
Vaugirard, derrière le Luxembourg, dont la censive a été réglée par transaction entre l'abbaye
Saint- Germain, l'abbaye Sainte-Geneviève et ledit chapitre Saint-Benoît, devant M" Garnot,
notaire, le i^gi, par laquelle, entre autres choses, il a été convenu que toutes les mu-
tations qui seront faites du grand Luxembourg, Saint-Benoît en auroit un sixième et demi, et
à l'égard de trois maisons, rue d'Enfer, en entrant ])ar la porte Saint-Michel à droite, elles sont
demeurées en commune censive, tant de l'abbaye Saint-Germain que de Sainte-Geneviève.
A l'égard du petit Luxembourg, la censive appartient pour moitié à l'abbaye Saint-Germain
et pour l'autre moitié à l'abbaye Sainte-Geneviève, et à l'égard de la censive sur le terrein du
couvent du Calvaire, elle appartient en entier à l'abbaye de Sainte-Geneviève, ainsi qu'il est
porté en une transaction passée entre les deux abbayes les 4 et 5 novembre 1691, et le surplus
des maisons et héritages, depuis le couvent du Calvaire jusqu'à une treizième borne du bor-
nage fait entre les deux abbayes le 2 a novembre 1691 et jours suivants, en exécution de ladite
transaction, laquelle borne est placée à l'encoignure du mur de l'enclos du moulin de la Pointe,
entre le chemin de Vaugirard et le chemin des Fourneaux, est de la censive de l'abbaye Saint-
(rennain.
Et en remontant la rue de Vaugirard jusqu'à la rue des Francs-Bourgeois se trouve une cen-
sive qui appartient à la Grande Confrairie de Paris, dont la première borne est posée sur ladite
rue de Vaugirard, au coin de l'ancien hôtel de la Trémouille, et montant depuis cette borne
jusqu'à une autre et dernière borne qui est posée dans la rue d'Enfer.
Et de la susdite dernière borne de la Grande Confrairie, montant aux Chartreux jusqu'à urus
cinquième borne posée dans ladite rue, dont la face qui regarde les Chartreux et la rue d'Enfer
a les armes de Sainte-Geneviève seulement.
Et de là, étant dans l'enclos nouveau des Chartreux, suivant les murs nouveaux dits de la
Forge qui séparent lesdils Chartreux du Luxembourg jusqu'à douze pieds et demi de longueur,
et fait coude en cet endroit; de là, continuant le longdudit mur, dudit clos de la Forge qui le
sépare du jardin de Dom , coadjuteur, et entrant dans la première cour du couvent des
Chartreux, oij il a dû être posé une septième borne au coin de la Chapelle aux femmes, conti-
nuant le long dudit jardin du Père Procureur et de la menuiserie, oiî passait autrefois ledit ancien
chemin de Vanves, allant ])ar deux coudes à une ancienne porte à présent bouchée; tout ce qui
se trouve à droite dans ledit clos des Chartreux, c'est-à-dire dans leur ancien clos, maisons,
bâtiments, jardins, cellules, est dans la censive et dîmage de l'abbaye Saint-Germain, et tout
ce qui est à gauche est de la censive de l'abbaye Sainte-Geneviève; depuis ladite sixième borne,
compris le clos de la Forge, traversant la susdite cour, entrant dans l'enclos le long des mu-
railles de celle de l'ancien clos, allant gagner la porte bouchée de l'ancien chemin de
Vanves.
Au dehors de l'enclos desdits Chartreux, au milieu de la porte bouchée dudit clos des Char-
treux où passait ledit ancien chemin de Vanve, il a été posé une huitième borne, et tout l'em-
placement dudit ancien chemin, depuis ledit mur des Chartreux jusqu'à une neuvième borne
plantée sur le bord dudit ancien chemin de Vanve et gravée, dans la face qui regarde l'enclos
des Chartreux, des armes de l'abbaye Saint-Germain, et la face qui regarde Vanve des armes
de l'abbaye Sainte-Geneviève, pour dénoter que les terres qui sont du côté de Paris sont de
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 349
ia censive de i'abbaye Saint-Germain, et tout ce qui est du côté de Vanve à l'abbaye Sainte-
Geneviève.
H est à observer ici qu'il y a eu contestation entre l'abbaye Saint-Germain-des-Pre's et l'abbaye
Sainte-Geneviève, au sujet de la proprie'té et seigneurie de l'ancien chemin de Vanve, qui a
été supprimé depuis le nouveau boulevard jusqu'à la neuvième borne, et que, par sentence
arbitrale du Q9 avril 1780, homologuée par arrêt du Parlement du 28 avril 1781, il a été dit
que cet ancien chemin appartiendrait pour moitié à chacune desdiles abbayes, et qu'il seroit
placé huit bornes intermédiaires entre la huitième et neuvième bornes du procès-verbal de bor-
nage de 1691, que ces huit bornes intermédiaires ont été placées et que la dernière desdites
huit bornes a été placée au milieu dudit ancien chemin de Vanve, vis-à-vis la neuvième borne
du bornage de 1691.
Et de ladite neuvième borne, tirant en droite ligne le long des terres de l'Hôtel-Dieu de Paris,
à Û9 perches i/3 de distance, est une dixième borne.
De là, tirant vers le chemin de Paris à Vaugirard, à la distance de 97 perches i/3 de la
dixième borne, est une onzième borne.
Et de ladite onzième borne ''i on lire en droite ligne jusqu'à la treizième borne, qui est
placée à l'encoignure du mur de l'enclos du moulin de la Pointe, entre la rue de Vaugirard et
le chemin des Fourneaux, dont il est cy-dessus parlé; le surplus du chemin de Vaugirard allant
à Vaugirard, à gauche, est dans la censive de Sainte-Geneviève.
Toute la rue de Vaugirard à main droite, depuis la rue des Fossés-de-Monsieur-le-Prince
jusqu'à une quatorzième borne qui est plantée sur le chemin de Vaugirard, au coin d'une pièce
de terre appartenante aujourd'hui à Julien Sageret, est dans la censive de l'abbaye Saint-
Germain.
Depuis ia quatorzième borne, tirant en droite ligne vers la rivière de Seine, traversant le
chemin Blomet, ensuite le chemin de Sève à côté du clos de la maison de la Folie, est une
([uinzième borne; de là, tirant aussi en droite ligne vers la rivière, sur le bord du chemin de
la Sablonière, est posée une seizième borne, laquelle borne s'étant trouvée mutilée, il en a été
fait une neuve qui a été placée de l'autre côté dudit chemin vis-à-vis l'ancienne, dont [dans?]
une pièce de terre appartenante à l'École militaire.
De là, continuant toujours à la rivière en droite ligne, est une dix-septième borne placée
dans le fossé du Champ de Mars, adossée au mur extérieur dudit fossé, oiJ elle était placée pour
empêcher qu'elle ne fût dégradée, ayant dû être posée de l'autre côté dudit mur extérieur, dans
l'avenue au dehors du Champ de Mars.
Et de là, tirant toujours en droite ligne jusqu'à la rivière, est une dix-huitième borne, aussi
placée dans le fossé du Champ de Mars, et au bout dudit fossé où elle a été placée pour empê-
cher son dépérissement , ayant aussi dû être placée au dehors dudit fossé et sur le bord de la
rivière.
De là, tirant le long de la rivière du côté du Gros-Caillou, est une dix-neuvième borne placée
dans un marais avant les premières maisons du Gros-Caillou, oîi elle a été placée pour empêcher
son dépérissement, mais qui doit valoir comme si elle eût été placée sur le bord de la rivière.
De la dix-neuvième borne, en montant vers le Gros-Caillou jusqu'à la rue Saint-Dominique
dudit Gros-Caillou, est une vingtième borne posée dans ladite rue à main gauche en y entrant
par le Champ de Mars, au coin de la maison de M""" Villiot, veuve Coste.
De ladite vingtième borne, traversant ladite rue Saint- Dominique, de l'autre côté et en
"' Cette onzième borne est placée dans le nouveau mur de la Ville, dans lequel il a été fait hache pour
le reconnaître.
350 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DL' VIEUX PARIS.
descendant, il y a une vingt et unième borne posée au coin de la maison du sieur Binet, cliar-
penlier.
Et de là, montant en droite ligne, à main gauche, jusqu'au chemin de l'Ecole militaire, est
une vingt-deuxième borne placée dans un marais, sur le bord du chemin des Invalides à l'École
militaire.
Il est à observer que le terrein qui est entre les dix-septième, dix-huitième, dix-neuvième,
vingtième, vingt et unième et vingt-deuxième bornes est de la censive de l'Ecole militaire et du
dîmage de l'abbaye Saint-Germain.
Reprenant de la dix-neuvième borne cy-dessus, qui doit être placée sur le bord de la rivière,
en suivant ladite rivière jusqu'au pont Saint-Michel, toutes les maisons et terreins qui sont ren-
fermés dans l'enceinte de toutes lesdites bornes cy-dessus mentionnées et depuis icelles jusqu'à
la rivière de Seine, depuis ladite dix-neuvième borne jusqu'au pont Saint-Michel, sont de la
censive de Saint-Germain, à l'exception seulement des maisons et terreins qui sont dans la cen-
sive du Roi, de l'Université, de la Ville et de ia Grande Gonfrairie, ainsi qu'il est dit cy-dessus,
et encore à l'exception : i° des maisons situées et donnant le pourtour de l'abbaye, à partir de
la porte de l'abbaye rue Sainte-Marguerite, revenant par la rue Saint-Benoît jusqu'à ia porte
abbatiale rue du Colombier, lesquelles maisons sont dans la censive des religieux de ladite
abbaye; 9° d'une maison, rue Notre-Dame-des-Champs , près la rue du Montparnasse, qui a
été baillée à titre de cens en rentes par MM. les Religieux, au sieur Le Bœuf, charpentier.
Gomme jusqu'à présent il n'a été parlé que des maisons du l'auxbourg Saint-Germain, dont la
directe a été prise en partie par le domaine et usurpée par des particuliers et autres qui en
jouissent, on va parler actuellement des maisons dont la censive et directe appartient à l'abbaye
Saint-Germain , qui sont dans la ville et hors du fauxbourg.
Rue Saint-Denis.
La maison ayant pour enseigne la Couronne, qui est la huitième boutique après la rue Per-
rein-Gasselin , appartenante au sieur Roudier.
Une autre maison à côté de la précédente, ayant anciennement pour enseigne l'Echiquier, et
à présent le Roi de France, appartenante à M. de la Roche, avocat, mais dont la censive ayant
été contestée par M. l'archevêque de Paris, il est intervenu sentence, en la Chambre du domaine,
entre M. l'archevêque et M. le comte de Clermont, lors abbé de Saint-Germain, le 9 mai 1766,
qui adjuge la moitié de la directe de cette maison à l'abbaye de Saint-Germain, et l'autre moitié
à l'archevêché.
Quai de la Ferraille, au lieu anciennement dit Vallée de Misère.
Il y avait autrefois une maison et échoppe sur le bord de l'eau, vis-à-vis le Grand Chàtelet,
qui appartenait aux marchands de poisson, que la Ville a fait démolir pour faire une place
devant le Grand Châtelel.
I Rue des Marmousets, paroisse Saint-Landry, près le cloître Nostre-Dame.
Deux maisons attenantes l'une à l'autre, à main gauche, allant au cloître Nostre-Dame, dont
l'une appartient aujourd'hui au sieur André et l'autre aux héritiers et représentans M. de Baudi-y
de Vilaine.
Rle du Petit-Pont, au coin de la rue de la Bucherie.
Une maison appartenante aujourd'hui au sieur Philippe Radan, marchand mercier.
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 351
Rue de la Huchette, du côté de l\ rivière en descendant.
1» Une maison dite jadis la Cloche, appartenante aujourd'hui au sieur Jean-Louis Rogier,
marchand tapissier;
2» Une maison ci-devant la Souche d'Or, appartenante aujourd'hui au sieur Jean-Louis Rogier;
3° Une autre maison appartenante aujourd'hui audit sieur Rogier;
II" Maison faisant le coin de la rue du Chat-qui-pêche, appartenante aujourd'hui à Jean-Gui
Lathelize;
5° Une maison dite le Petit-Cerf, appartenante aujourd'huy à Joseph Normand, marchand
limonadier;
6" Une maison appartenante à l'Hôtel-Dieu;
7" Une autre maison aussi appartenante à l'Hôtel-Dieu.
Rue ou Chat-qui-pêche, par la rivière, 'a main droite.
Maison faisant le coin de la rue de la Huchette, ayant pour enseigne ÏY, appartenante au-
jourd'huy au sieur Thomas-Charles de Lastre, marchand mercier.
Id. à main gauche.
Deux maisons appartenantes aux héritiers et repre'sentans le sieur Moissière.
Deux autres maisons appartenantes à l'Hôtel-Dieu.
Rue des Trois-Chandeliers.
Une maison appartenante aujourd'huy à Georges Perdreau.
Rue de Hurpoix.
Toutes les maisons qui sont des deux côtés de ladite rue sont de la censive de l'abbaye Saint-
Germain.
Place du Pont-Saint-Michel.
L'abbaye avoil droit de mettre tous les ans dans cette place, du côte' du fauxbourg, un pres-
soir à verjus, dont elle reliroit les rétributions à son profit, mais il paroît qu'elle ne l'ait aucun
usage de ce droit, qui, sans doute, lui étoit plus onéreux que profitable.
Toutes les maisons qui font face sur la place du Pont-Saint-Michel, depuis la rue Hurpois
jusqu'à la rue Saint-André-des-ArIs du côté du fauxbourg, sont de la censive de l'abbaye Saint-
Germain.
Rue Maçon, par la rue de la Vieille-Roichkrik, à droite.
Les trois premières maisons sont prétendues par la Sorbonne à cause de leur fief de Rosières.
Les deux suivantes relèvent de l'abbaye Saint-Germain.
La sixième, dite l'hôlel d'Anjou, est prétendue par le Parloir aux Bourgeois.
Et les autres maisons de ce côté jusqu'à la rue Saint-André-des-Arts sont de la censive de
l'abbave Saint-Germain.
352 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Rue Maçon, par la rue de la Vieille-Boucherie, à gauche.
Toutes les maisons de ce côté sont dans la censive de l'abbaye Saint-Germain.
Rue Poupée.
Toutes les maisons des deux côtés de cette rue sont dans la censive de l'abbaye Saint-Germain.
Rue Percée.
Toutes les maisons de cette rue, des deux côtés, sont de la censive de l'abbaye Saint-Ger-
main, à l'exception des deux premières maisons en entrant par la rue de la Harpe, à gauche,
l'une appartenante à la fabrique de Saint-Séverin et l'autre au sieur Dumesnil, prêtre.
Rue Serpente, à droite en entrant par la rue de la Harpe.
Il n'y a que deux maisons qui appartiennent actuellement au sieur Bazan, ainsi que celle du
coin de la rue Hautefeuille, qui lui appartient aussi, qui soient dans la censive de l'abbaye.
Et de l'autre côté de ladite rue il n'y a que quatre maisons, qui appartiennent aux Chartreux,
qui soient dans la censive de ladite abbaye Saint-Germain.
Rue des Deux-Pobtes, par la rue de la Harpe, à droite.
H y a trois maisons, mais l'on n'a aucunes déclarations de ces maisons qui constatent qu'elles
soient de la censive de l'abbaye Saint-Germain , cependant il paroît qu'il y en a deux qui dé-
pendent et font partie et qui forment le derrière des maisons, rue Serpente, appartenantes aux
Chartreux, et qu'elles doivent faire partie de la censive de l'abbaye.
Par la rue de la Harpe, à gauche.
Il y a trois maisons, mais on ne voit rien qui constate la censive de l'abbaye sur ces maisons.
Rue Hautefeuille, par la rue Saint-André-des-Arts, à droite.
Toutes les maisons de ladite rue de ce côté, compris l'église de Saint-André-des-Arts jusqu'aux
Prémontrés, sont de la censive de l'abbaye Saint-Germain.
L'autre côté de ladite rue.
Les maisons de l'autre côté, à commencer de ladite rue Saint-André-des-Arts, à main gauche,
il y a onze maisons jusques et compris les maisons des Chartreux, qui sont de la censive de
l'abbaye Saint-Germain, jusqu'à la maison faisant le premier coin de la rue des Deux-Porles.
dont la censive est prétendue par la Ville.
Rue des Cordeliers, par la rue de la Harpe, à droite.
Toutes les maisons depuis le second coin de la rue Hautefeuille jusqu'à la rue du Paon, sont
de la censive de l'abbaye Saint-Germain.
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES 353
De L'AUTRE CÔTÉ PAR LA RUE DE LA HaRPE, À GAUCHE.
Tout ce côté est de la censive de Tabbaye, étant observé que l'abbaye Saint-Germain-des-Prés
a originairement concédé aux religieux cordeliers le terrein où ils sont établis dans ladite rue,
sous la réserve expresse de la part de ladite abbaye de rentrer dans la propriété dudit terrein
dans les cas où iesdits cordeliers ne l'occuperoient plus.
Rue DE LA Harpe, à main droite, à commencer du coin de l'Église Saint-Cosme.
Toutes les maisons et collèges qui sont dans ladite rue de la Harpe de ce côté, depuis et com-
pris Saint-Cosme jusqu'à la porte Saint-Michel, où il y avoit aussi autrefois un pressoir à verjus,
sont aussi de la censive de l'abbaye Saint-Germain.
Des remarques cy-dessus faites de toutes les maisons qui sont dans la censive de l'abbaye
Saint-Germain, depuis le bout du pont Saint-Michel jusqu'à la porte Saint-Michel, par le chemin
tracé de la rue Saint-André-des-Arls, Hautefeuille, des Cordeliers et de la Harpe, il résulte que
toutes les maisons des rues du Hurpoix, de l'Hirondelle, de Sainl-André-des-Arts, du Cimetière-
Saint-André, des Poitevins, du Battoir, des Cordeliers, du Paon, du Jardinet, Mignon, de
l'Éperon, cul-de-sac de la cour de Rouen, Gil-le-cœur, Pavée, Grands-Augustins, Savoye,
Christine, Daupbine, d'Anjou et autres, qui se trouvent renfermées dans l'enceinte cy-dessus
décrites, sont dans la censive de l'abbaye Saint-Germain.
Plus, le Roi, par l'arrêt de réunion de la justice de l'abbaye au Chàtelet, du 21 janvier 1676,
a cédé à l'abbaye Saint-Germain-des-Prés, pour indemnité à elle due à ce sujet, 5 s. sur chaque
maison bâlie hors des limites qui lui appartenoient, et ces limites commencent par la grande
rue du Bacq, revenant du Port-Royal, à main droite, et suivant toute ladite rue du Bacq et
revenant dans ladite rue du Bacq, aussi à droite, et de là à la rue Neuve-Notre-Dame, derrière
les Chartreux, et toutes les maisons, par conséquent, tant de la Grenouillère que celles qui se
trouvent dans le fauxbourg à droite et celles des Invalides et des environs, et des maraîchers,
au moyen de quoi toutes lesdites maisons doivent Iesdits cinq sois, oultre le cens ordinaire.
La mense abbatiale est en outre propriétaire d'un droit de cens et rentes sur le privilège de
treize étaux à bouclierie, dont cinq situés à la Croix-Rouge, appartenant au sieur Jacques-
Pierre Hubert, et sont chargés de 5i I. de cens par an.
Les huit autres privilèges d'étaux à boucherie sont situés, savoir: six au carrefour de Bussy
et deux rue des Boucheries, qui appartiennent au sieur Henry-Julie Rudemare, ancien mar-
chand boucher, et chargés ensemble de Sa 1. 12 s. parisis de cens et redevance.
La mense abbatiale est encore seigneur foncier du terrein où se tient la foire Saint-Germain
et du préau de ladite foire; il lui appartient d'après les titres des concessions qu'elle en a faites,
3 I. 3 s. 6 d. de cens et rente sur chaque loge de 9 pieds en quarré qui sont construites dans
lenceinle de ladite foire, et le surplus des terreins vagues, ainsi que le terrein des rues de ladite
foire du préau d'icelle et du tour d'échelle, appartient en propriété à l'abbaye comme seigneui-
foncier.
Plus ladite abbaye a droit de foire franche sur ledit terrein pendant huit jours, depuis le
3 février inclusivement, pendant lesquels huit jours les halles de draperie, mercerie, lingerie et
filasse (le Paris doivent être fermées, et ladite abbaye a le droit pendant ledit temps de faire
apporter tous les draps, étoffes et filasses qui viennent à Paris, et de percevoir sur le tout un
droit de 12 s. 6 d. sur le cent pesant de filasse, 4 s. 6 d. sur chaque pièce de drap vendue et
U s. sur chaque pièce non vendue.
'.5
35A TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Ce droit particulier fait partie du bail général, et sera d'ailleurs évalué cy-après dans le détail
des revenus; quant à présent Mémoire.
Plus ladite abbaye a droit de marché dans le fauxbourg Saint-Germain, et, comme le produit
dudit droit sera cy-après porté dans le dénombrement des revenus, il n'en est ici question que
pour ordre et mémoire.
Suit le dénombrement des revenus de l'abbaye, divisés en trois parts : Mense
abbatiale, Régime de la congrégation, Régime de l'abbaye, et s'élevant, défalca-
tion faite de toutes cbarges, à près de 363, ooo livres. Outre les propriétés ur-
baines, dont le procès-verbal donne le dénombrement, l'abbaye avait de nom-
breuses possessions rurales dans la banlieue de Paris, notamment à Issy, Vaugirard ,
Suresnes, La Celle, Chesnay, Garcbes, Gentilly, Cachan, Arcueil, Bourg-la-Reine,
Cbâtillon, Fontenay-aux-Roses, Antony, Verrières, Igny, Wissous, Avrainville,
Epinay-sur-Orge, Viry, Boissy-Saint-Léger et Valenton. Elle possédait enfin de
grands domaines dans les diocèses de Meaux, Sens, Beauvais, Rouen, Chartres
et Poitiers.
Ce document, dont l'importance au point de vue historique et topographique
est considérable, a été reproduit en entier par M. H. Cocheris, dans son excel-
lente édition de l'abbé Lebeuf. — l. m. t.
(Procès-verbal d'enquête, reproduit par M. H. Cocheris dans ses Notes et additùnu
à l'ouvrage de Lebeuf, t. III, p. 53.)
VI
RELATION DE CE QUI S'EST PASSE
À LA DÉDICACE DE L'ÉGLISE SAINT-GERMAIN-DESPRÉS.
(Texte, page 102.)
Anno ab incarnalione Domini millesimo centesimo sexagesimo tertio, Alexander Papa tertius
Parisiensem civitatem ingressus per aliquod tempus ibidem moras fecit. Dumque in eadem urbe
moraretur, ego Hugo, tertius Dei gratia abbas sancti Germani Parisiensis, accedens ad ejus prae-
sentiam, humiliter exoravi eum, quatinus ecclesiam beati Germani novo schemate reparatam,
quia necdum consecrata erat, dignilale consecralionis insignite dignaretur. At idem reveren-
dissimus Papa Alexander precibus nostris gratanter annuens, undecimo calendas Maii praedic-
tam ecclesiam advenit magna pontiCcum et cardinalium frequentia comitatus, quorum unus
fuit Mauricius, Parisiensis episcopus, quem monachi ejusdem ecclesiœ videnles etob ejus prae-
sentiam nimium perturbati, dixerunt se nullatenus passuros quod consccralio ecclesiœ fieret
dum prœdictus Mauritius episcopus prœsens adesset. Unde dominusPapa,audila et cognita mo-
nachorum perturbatione, convocavit ad se domnum Jacinctum diaconum cardinalem sanctœ
Mariœ in Cosmidin, et domnum Othonem diaconum cardinalem sancli INicolai de carcere Tul-
liano, domnum quoque Wilelnium presbyterum cardinalem sancli Pétri ad Vincula. Quibus
accersitis prœcepit, ut supradicltmi episcopum Mauritium convenientcs, monachorum coninio-
tionem diligenter notificarent, et ex ipsius mandate eidem prœciperent, ut ab ecclesia disce-
deret.alioquin monachi consecrationem fieri omnimodis refutarenL Atille, audito domini Papee
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 355
mandalo, cum omni ornatu et vestimentis, quœ secum detulerat, ab ecclesia récessif. Post cujus
abscessum, doinnus Hubaldus Hostiensis, Bernardus Portuensis, Galterius Albanensis,Joannes
Siguinensis, Gerandus Caturcensis, Almaricus Silvanectensis episcopi, et de Hispania Joannes
Toletanus archiepiscopus et Hispaniarum primas, Fellandus Asturicencis, Joannes Logionensis,
Stephanus Zamorensis, Joannes Luccensis, Assuerus Cauriensis, Petrus Migdoniensis episcopi,
prajcipiente domino Papa, ecclesiam de foris in circuilu ter, et deinlus similiter circumiustiantes,
et aqua benedicta, sicut mos est, aspergentes, eam honorificentissime, prout decebat, dedicave-
runt. Deinde dominus Papa Alexander majus aitare in honore sanctae Crucis et sanctorum mar-
tyrum Stepliani atque et Vincentii solemniter consecravit, et in medio crucem de oleo sancto
imposait, circumlustranlibus ad quatuor cornua ejusdem altaris quatuor de supradictis pontifi-
cibus, quorum unusquisque crucem de oleo sancto in ioco suo similiter imposuerunt. Dominus
autem Papa reliquias intra aitare posuit; et accepte instrumento, quod vulgo dicitur trueila,
easdem caemento intro sigillavit. Quo peracto, domnus Hubaudus, Hostiensis episcopus, et très
episcopi pariter aitare matulinale in honore sanctissimi confessons Germani consecraverunt.
Inlerim dominus Papa Alexander ad pratum, quod est juxta monasterii muros, cum solemni
processione procedens, ad popuium sermonem fecit, et coram omnibus adstantibus protestatus
est, quod ecclesia sancti Germani de Pratis de proprio jure beati Pétri existens, nuUi archiepi-
scopo vel episcopo, nisi summo Pontifici sanctœ Romanœ Ecclesiae, subjacet. His interfuerunt
cardinales, ([uorum nomina subscripta sunt. Hubaudus presbyter cardinalis tituli sanctœ Crucis
in Jérusalem. Henricus presbyter cardinalis tituli sanctorum Nerei et Achillei. Joannes presbyter
cardinalis tituli sanctœ Anastasiœ. Albertus presbyter cardinalis sancti Laurenlii in Lucina. Guil-
ielmus presbyter sancti Pétri ad Vincula. Jacintus diaconus cardinalis sanctœ Mariœ in Cosmidin.
Odo diaconus cardinalis sancii Nicolai in carcere Tulliano. Ardicio diaconus cardinalis sancti
Theodori. Boso diaconus cardinalis sanctorum Cosmœ et Damiani. Cinthius diaconus cardinalis
sancti Eustachii juxta templum Agrippœ. Manfredus diaconus cardinalis sancti Georgii ad Veluni
aureum, etc. Ego Hugo, abbas sancii Germani de Pratis tertius, testificor banc consecrationem
meo inslinctu sic peractam fuisse, et ideo ad certitudinem prœsentium et futurorum eadem
scripto commendavi, et sigillo meo corroboravi.
(D. Bouillart, Preuves, p. 4o.)
VII
INSCRIPTIONS FUNÉRAIRES DE SAINT-GERMAINDES-PRÉS.
(Texte, page i lù et pages suivantes.)
I
Voici l'inscription qu'aurait composée Chilpéric pour la tombe élevée à saint Germain, évêque
de Paris, dans l'église Sainte-Croix-et-Saint- Vincent. Suspectée d'interpolation, cette inscription
a été, selon Mabillon, corrigée par Aimoin, et, selon Brower et Luchi, à l'avis desquels se range
M. Le Blant, composée par Fortunat. (Voy. Inscript, chrét. de la Gaule, t. I, p. 286 et suiv.)
ECCUSl* SPECULUM PATBI* VIOOB ABA REOIU M
ET PATEB ET MEDICUS PASTOP AMOBQUE (JBEGIS
GEBUANIS VinTCTE FtDE COUDE ORE BEATUS
CABSE TEHET TUMULUII MEXTIS HONOBE POLUM
VIR OUI DUBi SIHIL NOCUEBUNT FATA SEPULCHBI
V1»IT EKIM NAII MOBS QBEM TULIT IPSA TIIIET
45.
356 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
CREÏIT ADIllC POTIUS JliSTCS POST FUSERA NAB QUI
FICTILE VAS FUERAT GEMMA SCPERBA MICAT
HUJUS OPEM AC MERITUM MITIS DATA VERSA LOQUNTBR
REDDITLS ET CMC\S PREDICAT ORE DIES
HUNC VIR APOSTOLICUS RAPIEIÏS DE CARBE TROPH«IIM
JUBE TRICMPIIAU CONSIDET ARCE TUBONl.
On lit, au sujet de la cliâsse de saint Germain, dans le «Procès-verbal de l'inventaire et des-
cription des effets mobiliers de Tabbaye de Saint-Germain-des-Prés, du i4 septembre 1790»
(Arch. nat. S 2866), ce qui suit :
tfL'an 1790, le mardi quatorzième jour de ce mois de décembre, dix heures du matin, nous.
Le Bon, Joseph, Dacier et Claude Lafisse, oflîciers municipaux assiste' des prieurs et
religieux, nous étant transporté dans l'église abbatiale et conventuelle, nous y avons trouvé
MM. Gabriel-François Doyen, peintre du Roy, demeurant aux galeries du Louvre; Louis-Phi-
lippe Moucby, sculpteur du Roy, demeurant auxd. galeries pour procéder avec nous com-
missaires aux opérations ci-après :
tfDans le chœur de lad. église, au-dessus du maitre-autel, nous avons reconnu la châsse de
saint Germain, telle qu'elle est décrite dans la déclaration faite à la municipalité, le a6 février
1790, par Dom Faverotte, prieur. Celte châsse est longue de deux pieds dix pouces, surmontée
d'un clocher, la couverture de lames d'or, le reste en vermeil; elle est garnie de 260 pierres
précieuses, qui, sur le rapport du s' Masson, ne nous ont pas parues de grande valeur, et dont
il manque quellesques (sic) unes, et de 197 perles, dont il manque aussi quellesques unes,
attendu la difficulté de descendre ladite châsse, nous ne l'avons point fait peser, nous en ra|)-
portant au poids annoncé dans ladite déclaration, laquelle porte qu'il a été employé 26 marcs
a onces d'or et i5o marcs d'argent, suivant le marché de février i4o8, d'aucuns inventaires
portent 260 marcs d'argent; et pour la sûreté de ladite châsse, nous y avons apposé le scellé
sur deux bandes de ruban placées aux deux extrémités de ladite châsse du côté du chœur des
religieux, 15 etc.
On trouve en tête d'un rôle des recettes du pitancier, en 1873 (Arch. nat. carton L 801),
une copie des nvers escrips entour la chasse d'or mons. Saint-Germain, nostre glorieux patron
et evesque de Paris par Messire Jehan Baudouin, bacheler en decrez, vicaire en la ville
S. Léonart de Corbigny, le samedi avant la Toussaint, l'an mil cgclxxihi, lequel jour lu ou-
verte ladicte chasse. «
En i643, on découvrit, dans le préau du cloître de l'abbaye de Saint-Germain, un tombeau
de pierre avec cette inscription :
TEMPORE Nl'LLO VOLO HINC TOI,LA>Tlll OZZA HILPERICl
PRECOR EGO ILPERICUS NÔ AIFERANTIR UINC OZZA MEA.
A l'exception de Valois, qui voit dans ce monument la tombe du roi Chilpéric, tous les éru-
dits s'accordent à reconnaître dans ce Hilpericus un personnage de la cour des rois mérovin-
giens. La forme du caractère de cette inscription, chargée de ligatures, et la présence d'un
crucifix dans la tombe, sont deux motifs qui portent mon savant confrère M. Le Blant à consi-
dérer cette inscription comme postérieure au vin" siècle, mais (voy. Inscript, chrét. de h Gaule,
t. I, p. 988 et suiv.) comme la plus antique des épitaphes peintes qui aient été trouvées en
Gaule.
Alexandre Lenoir trouva aussi, à la fin du siècle dernier, une inscription qui est aujourd'hui
déposée à l'abbaye de Saint-Denis. Les nombreuses mutilations qu'elle a subies en rendent
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 357
riutelligence difficile. Les mots imprimés en italique ont été' restitués par notre confrère M. Le-
blant. (Voy. Inscript, chrét. de la Gaule, p. 284, et pi. n° i/i3.)
TBUnLUS EROTBCDI
LEOTOARDZ PRORIA GEN
.... SKIZ-ÏIXIT-TRIBI'Z ET QOXBB.IGMTA
TERREA POST-LINQUEUZ CXLESTIA BEGXÀ PETIVIT
TBASSITCS EROTRUDIS ca.r,siiATnii
Cette inscription, d'un beau caractère, mais d'une très-basse époque, a été publiée également
par Alexandre Lenoir [Musée des monum. français , éiil. de 1801, t. II, p. 10 et pi. LVIII; Descript.
des monum. de sculpture, etc. p. 81), et par Albert Lenoir {Statist. monum. de Paris, monogr. de
Saint-Germain-des-Prés, 1" planche).
II
On sait que les inscriptions qui couvraient les tombeaux des religieux célèbres étaient
d'une concision extrême. On lisait sur une petite pierre carrée : x decembris 17/11, c'était la
tombe de Bernard de Montfaucon; sur une autre pierre : x aprilis 1766, c'était celle de Dom
Vaissète; sur une autre : xxvii decembris 1707, c'était celle de Mabiilon. Les trois grands érudits
du xvm" siècle étaient enterrés à côté les uns des autres. Lorsqu'on détruisit la chapelle de
Notre-Dame pour percer la rue de l'Abbaye, on demanda que les restes de Montfaucon et de
Mabiilon fussent recueillis et déposés au Musée des monuments français. La demande en fut
faite, le 9 prairial an vu, par une personne nommée Bouillot, rue des Maçons, n° a5. L'auto-
risation fut accordée, le 5 fructidor suivant, par le ministre de l'intérieur, et, le 9 brumaire
an VIII, on dressa un procès-verbal de l'exhumation et de la translation des corps (voy. Alex.
Lenoir, Musée des monum. français , t. VIII, p. 169), qui furent rapportés, en 1819, dans l'église
de Saint-Germain-des-Prés. Quant aux restes de Dom Vaissète, ils n'ont malheureusement pas
été recueillis, et l'on ne sait ce qu'ils sont devenus.
Voici, d'après D. Bouillart et les épitaphiers manuscrits, les noms des personnages inhumés
dans l'église Saint-Germain-des-Prés :
Childebert I" (28 décembre 558). Ultrogotbe, reine (?). Chilpéric I" (septembre 58/i). Fré-
dégonde (597). Clotaire II (28 septembre 628). Bertrude (618). Childéric II (septembre 673).
Blichilde (septembre 678). Dagobert, son fils (septembre 67^). Charibert (?). Chrodesinde,
fille de Childebert (?). Chrotberge (?). Geoffroy de Coustures (?). Richard d'Atrie ou de Letré
(1887). Hervé de Morillon (i459). Guillaume Marlellet, évêque de Bethléem (1/102). Domi-
nique de Cabre, évêque de Lodève (i" février i557). Jean Grolier, trésorier de France (i565).
Pierre Danès, évêque de Lavaur (28 avril 1 677). Dom Claude Cotton, grand prieur de l'abbaye
(16 mars 1660). Charlotte-Louise de Laloë, veuve de Charles de Lusignan, marquis de Saint-
Gelais (1" février 1715). Eusèbe Renaudot, prieur de Frossay, membre de l'Académie française
(1" septembre 1720). Antoine de Lion, auditeur des comptes, sieur des Landes et de la Motte-
Chamy (22 avril i556). Nicolas de Lion, commissaire des guerres, son fils (?). François Thé-
vin, comte de Sorge (28 juin 1G37). Henri-Achille de Larochefoucauld, abbé de la Chaise-
Dieu (?). Françoise de Larochefoucauld, sa sœur (18 mars 1708). Henriette de Larochefoucauld
(8 novembre 1721). Jean Froger (1872); Jacqueline, sa femme (?). Jean, Gabriel et Claude
Lhuillier (16/17). Claude Grosjean (i5 décembre 1667). Jacques Douglas (i6/i5). Robert Dou-
glas, capitaine aux gardes (i5 juin 1663). Comtesse de Dumbarthon ('iS avril 1691). George.s
Douglas, comte de Dumbarthon (20 mars 1692). Guillaume-Mathias Douglas (i3 mars i7i5).
358 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Jacques du Cellier, chanoine de Lille (1398). Madeleine Baron, femme du comte de Jussac
(7 juin 1678). Dom Claude Bennet W'ithe, général des bénédictins anglais (4 octobre i655).
Olivier, Louis, Charles et François de Casteilan (i6i/i, 8 janvier i683). Ferdinand Égon,
landgrave du Furstemberg (6 mai 1696). François de la Mark (18 janvier 1697). François-
Henri, prince de la Tour et Tassis, chanoine de Cologne (4 décembre 1700). Guillaume Egon,
cardinal (10 avril 1706). N , comtesse de la Mark (17 août 170/1). César, cardinal
d'Estrées, évêque d'Albano (18 décembre 171/1). Jean de Precy (?). Gérard de Moret, abbé de
Saint-Germain (1978). Jeanne Ozanne, mère de Guillaume III, abbé (i/io5). François de Mon-
ceaux, fils de François de Monceaux, chevalier, seigneur de Villeacoubley (i535). François
Vindebane, secrétaire d'État de Charles P"', roi d'Angleterre (12 septembre i6i6). Louis Couret,
chanoine de Notre-Dame (12 juillet 17G0). Robert Racine du Corail (12 décembre 1678).
Madeleine Darville de la Grange-Palaiseau (9 avril 1686). Marie de la Fontaine (20 mars 1689).
Nicolas Brevant de Roidemont, gouverneur des pages du roi (29 novembre 171 3). Hugues
d'Issi, abbé (12/17). Thomas de Mauléon, abbé (i256). Nicolas de Ladit, abbé (i36i). Pierre
de Monlreuil, architecte (17 mars 1266). Agnès, sa femme (?). Jean de Prigny (juin iSGa).
Philippe le Harle, écuyer, seigneur de Parant, panetier du roi Charles VI (i/i3o). Jean de
Coutures, écuyer (16 mars i355). Agnès, femme de Raoul de Modferel (1286). Jean Bely,
souchantre (1 /n3). P. de Nangis (?). Agnès, sœur de l'abbé Gérard de Moret (12 . .). Fr. Jean
de Pontoise, chambrier (. . . .). Fr. Pierre de Couii, trésorier (i juin i358). Frère Robert,
chantre (1182). Fr. Guillaume de Domat (1287). Emmeline de Petit-Pont (1288). Jean Gué-
rin, prévôt de Thiais [de Theodosio] (i3oo?). Simon de Montellet (?). Jean de Laigle (i3i7).
Renaud de Camps, lieutenant du châtelain et concierge du Louvre (21 avril i385). Henri de
Montchauvet, prévôt de Villeneuve-Saint-Georges (février 1296). Adam Medici (décembre 1 3/i8).
Pierre Herouard (1387). Simon Hay du Chatelet, archid. et chan. du Mans (6 mai 1669).
Dom Vincent Marsoles (5 septembre 1681). Dom Benoît Brachet (7 janvier 1687). Dom Arnoul
de Loo (9 août i7i3). Dom Grégoire Tarisse (2/1 septembre 16/18). D. Bernard Audeberl
(29 août 1676). D. Claude Roistard (26 mars 1709). Dom Simon Rougis (1°^ juillet 171/1).
D. Charles de l'Hostallerie (18 mars 1721). D. Athanase Mongin (17 octobre i633). D. Cyprien
Leclerc (26 avril 16/16). D. Antoine Durban (18 octobre 1697). ^- Hugues Menard (20 jan-
vier 16/1/1). Frère Alexandre (?). Frère Pierre de Gyry (?). Frère Jean de Villemer (?). François
Le Bourdais (i63/i). Claude Pradines, aumônier du roi (3o septembre 1687). Mathurin
Langles, docteur en droit (3 juillet 1669). Pierre de Sainte-Marthe, cons. d'État (7 juillet
1679). Fr. Guillaume de Barre (?). Fr. Guillaume Poussiarque, prévôt d'Antony (cal. février
i3ii). Gérard Romain, docteur en droit civil et canon (?). Herbert (?). Guillaume de Pivelas
(2.5 octobre lio/i). Etienne de Saclois, trésorier de l'église Saint-Iiilaire de Poitiers (1276).
de Saclois, chevalier (1273). Simon, abbé (?). Gautier de Boulay, abbé de Saint-
Magloire (12 cal. nov. i337). Clément, archidiacre de Laon (?). Fr. Ursicin de Coray (28 juin
1696). Paul de Laborie, docteur de Sorbonne (12 octobre 1709). Fr. Olivier Simon (10 jan-
vier 1721). Henri de Bourbon, duc de Verneuil, abbé de Saint-Germain (1682). Louis-César
de Bourbon, comte du Vexin et légitimé de France (10 janvier i683). Catherine de Bourbon
(3o décembre 1598). Marie de Bourbon-Conti (ai mars 1620). François de Bourbon, prince
de Conti (3 août i6i/i). Charles de l'Aigle, écuyer (1317). Guillaume de Alento, domicellus, du
diocèse de Limoges (i3o8). Juba Alesi, fils de Berault Alesi de Série (1295). Burguaud di
Reliée, jadis chevalier de notre sire le roy de France et le roy de Naxarre (septembre i3i3).
Simon de Saint-Benoist, trésorier, puis grand prieur de Saint-Germain-des-Prés (i/i août 1/137).
Guillaume Boullanger, seign. de Vaumesnil, conseiller d'État et premier échanson de M. frère
unique du roi Henri III (mars 1690); Clausse, sa femme (9 mai i58i). Regnault de Camps,
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 359
écuyer, né de Picardie, lieutenant du châtelain et concierge du Louvre, trépassé en l'Hôtel des
écoliers de Dainville (21 avril i385). Eustache de Chambeli, seign. du Val (i3/ii). Comte Cha-
pon, de Sanine-la-Vieille? (1298). Jean de Couslures, écuyer (16 mars i955). Guillaume de
Fougeret (de Fougeretto), professeur de droit, doyen de Nevers, conseiller du duc de Bourbon
(i333). Jean Garnier, de Chàlons, avocat au Parlement (10 février i3i8).
III
Le i3 février 1792, l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés fut supprimée et l'église fermée.
Le réfectoire, qui servait de prison en 1793, et dont une partie avait été convertie en fabrique
de salpêtre, fut détruit le 2 fructidor an u (19 août 179^) par une explosion. C'est alors que
les religieux, complètement oubliés dans leur propre demeure, se virent contraints de chercher
ailleurs un asile. Dom Poirier fut le seul bénédictin qui, comme Cassandre sur les ruines
d'ilion, voulut ne pas abandonner les restes fumants de l'abbaye. Grâce à lui, la bibliothèque,
(|ui avait été malheureusement atteinte, fut en partie sauvée. Les manuscrits furent complètement
préservés, et on les transporta en 1798 à la Bibliothèque nationale. On sait que la bibliothèque
de Saint-Germain, ouverte tous les jours au public, ne comptait pas moins de ^9,387 volumes
imprimés'') et 7,072 manuscrits P). Le cloître, la chapelle de la Vierge, chef-d'œuvre de Pierre
de Montreuil , le dortoir, la salle du chapitre , furent successivement abattus. L'église seule resta
debout. Elle était depuis longtemps fermée lorsque, le 6 prairial an vii (26 mai 1799), le mi-
nistre de l'intérieur autorisa les membres du Conseil de conservation des objets de sciences et
arts à y faire des fouilles, afin d'y retrouver le tombeau de Charibert.
T Munis de ces renseignements, écrit Lenoir, à qui j'emprunte ces détails W, les citoyens Le-
blond , Poirier, ci-devant religieux de cette abbaye et tous deux membres du Conseil de conser-
vation, et moi, nous commençâmes à faire faire les fouilles en présence du citoyen Aubry,
directeur de la manufacture de salpêtre qui y est établie , et du citoyen Jollain , expert du Conseil ,
(jui dirigea les ouvriers d'après les renseignements ci-dessus cités. Voici le résultat de nos re-
cherches.
rLe 6 prairial an vn, après avoir creusé environ sept pieds au-dessous de la place oii était le
grand autel, on découvrit un tombeau de six pieds de longueur, dont le couvercle, fait en dos
d'âne, orné d'écaillés de poisson, de palmeltes et d'un cep de vigne s' échappant d'un vase, était
celui qui fut découvert en 170Û et dont parle Montfaucon.
tLc couvercle ayant été levé (ce tombeau avait déjà été ouvert, puisqu'un fragment du cou-
vercle, qu'on avait brisé probablement en l'ouvrant, s'est trouvé dans l'intérieur, sous la tête du
mort et lui servant d'oreiller), nous aperçûmes un squelette vêtu Les pieds étaient dirigés
vers l'orient; les draperies dont il était couvert formaient deux vêtements : le premier, assez bien
conservé, parait être un long manteau ample et dessinant de grands plis, dont les chutes des-
cendaient jusqu'au bout des pieds; après avoir examiné l'étoffe, nous reconnûmes que c'était un
satin d'un tissu très-fort et à grands dessins; sa couleur, quoique passée, parait avoir élé d'un
rouge foncé. Le second vêtement est une tunique longue, de laine, couleur de pourpre brun,
ornée dans le bas d'une broderie aussi de laine, sur laquelle on avait gaufré des^rnements; des
espèces de pantoufles, d'un cuir noir très-bien tanné, lui servaient de chaussure; ces pantoufles,
ou souliers sans oreilles et sans boucles, n'ont qu'une coulure placée à l'extérieur du pied, et
de la manière qu'au pied droit elle se trouve à droite, et au pied gauche à gauche.
'•> 9,356 in-folios; 11,747 in-quartos; 28,98/i latins; 2,78.3 français; fonds de Harlay, 1,569.
in-octavos et in-ia. ''' ^oy. Lenoir, Musée des monuments français ,
'•' 634 manuscrits orientaux; 'iSa grecs; 1, 644 t. l, p. i58 et suiv.
360 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
(tAu côté droit du cadavre, on a trouvé une canne de bois, que l'on croit être du coudrier,
d'environ six pieds de longueur, surmontée d'une petite traverse d'ivoire formant béquille,
ouvrage à jour et dont la sculpture peut remonter au viii° ou ix'' siècle. Cette espèce de tau étail
lixé sur le bois par une espèce de base de cuivre du même travail. La disposition de ce corps,
l'espèce d'étoie dont il était revêtu, et principalement la longue canne trouvée près de lui, tout
semble caractériser un abbé; car on sait que les premières crosses des évêques ou des abbés
commendalaires n'étaient que de simples bâtons de bois, très-longs, dont la partie supérieure se
terminait en tau, et désignées, dans les ouvrages de Mabillon sur cette matière, par baculus.
Ces crosses, depuis, ont été diminuées, et l'on s'en est servi pour s'appuyer
rfEn continuant de suite les fouilles dont j'ai parlé plus haut, le 7 suivant, à quatre heures
du soir, on a découvert un autre sarcophage en pierre de Saint-Leu, fermé simplement d'une
pierre plate et carrée
tLors de l'ouverture, on a trouvé un squelette vêtu qui avait d'abord été déposé dans un cer-
cueil de bois, dont la légèreté, par sa décomposition, se l'approche de celle du liège, mais en
conservant moins d'élasticité. La crosse, composée d'enroulemens et de feuilles de vigne, est
aussi de bois, et s'est trouvée dans le même état de légèreté, posée à droite et près du cadavre,
comme s'il pouvait s'en servir.
"Les ossements, intacts dans leur situation, étaient couverts d'un grand vêtement de taffetas
violet foncé ressemblant assez à l'habit des religieux de l'ordre de Saint-Benoît, et offrant exac-
tement les plis que l'on voit dans le dessin que j'en ai fait d'après le naturel. Les pièces qui
formaient l'ensemble de ce vêtement ont été assemblées, non par de simples coutures ou par des
surjets, suivant notre usage, mais au moyen d'un galon de soie verte étoile d'une broderie d'or,
qui servait à lier les lisières entre elles; en sorte que le galon dessinait les pièces telles qu'elles
étaient avant d'être assemblées. Cette espèce de tunique, longue et Iros-ample, est bordée pjir
une grande bande d'étoffe à grands dessins relevés en dorure sur le fond. La mitre de soie
blanche ressemble parfaitement à la moire que nous connaissons. La tête était posée sur un
coussin qui avait conservé sa forme, quoique entièrement détruit.
rrLes gants qu'on lui voit aux mains sont bien conservés, et d'un tissu de soie à jours, fait à
l'aiguille autour d'une base cylindrique, suivant le savant rapport que le citoyen Desmarest,
membre de l'Institut national, nous a donné sur les étoffes que nous avons trouvées dans ces
tombeaux. La bague qu'il avait au doigt n'offre rien de curieux ni par la matière ni par la forme,
elle est d'un métal composé de cuivre et d'argent mélangé : le chaton, en forme de croissant,
renferme une turquoise décolorée
«La chaussure, parfaitement semblable à nos guêtres, est d'une étoffe de soie d'un violet
foncé, ornée de dessins très-variés et du meilleur goût, représentant des polygones ou écus,
dans le champ desquels sont tracés des lévriers et des oiseaux en or. Les guêtres étaient serrées
du haut et du bas d'une coulisse retenue par un petit cordonnet de soie de la même couleur, et
dont la fabrique ressemble parfaitement à la nôtre.»
Lenoir trouva aussi un chapiteau de marbre qui semblait appartenir à la primitive église, et
un chapiteau du \' siècle '''.
L'église resta fermée jusqu'au 9 floréal an xi.
Sous la Restauration, on rendit à l'église un baptistère en cuivre rouge, orné de bronze
doré, un médaillon en marbre représentant une mère de douleur, une sainte Vierge en marbre
''' Voy. Lenoir, Musée des monuments français , t. H, p. 91.
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES.
3G1
sculptée en liSo, une statue de sainte Marguerite sculptée par Bourlet, une statue de saint
François -Xavier sculptée par Coustou, des statues de Chiidebert et de la Vierge, le tombeau de
Charibert, roi de Paris, le mausolée de Guillaume et de Jacques de Douglas, celui de Casimir,
roi de Pologne, et l'épilaphe de Bernard Cherin. La partie septentrionale de l'église, qui menaçait
ruine, l'ut étayée en mai i8ao et complètement refaite par Tarcbitecte Godde. C'est à la suite de
ces grands travaux de consolidation que les deux clochers latéraux placés derrière celui qui
existe encore ont été abattus. La restauration de Saint-Germain-des-Prés, entreprise en 186 5,
ne lardera pas à être complètement terminée.
L'intérieur du monument est complètement recouvert de peintures murales. Ces décorations
polychromes produisent toujours, à première vue, le plus grand effet. Ces voûtes azurées, ces
colonnes teintées, donnent à l'église un air sombre et mystérieux qui réagit sur le visiteur et
l'invite au recueillement. Mais, lorsque l'œil est accoutumé à ce clair-obscur, le charme diminue
souvent et l'aspect n'est pas aussi harmonieux qu'on se l'était figuré tout d'abord. A Saint-Ger-
main-des-Prés, le plus grand inconvénient que présentent ces décorations est de nuire aux
fresques, malheureusement inachevées, de Flandrin. Cette suite de peintures religieuses deman-
dait plutôt un cadre brillant qu'une bordure mate et sans éclat.
.Saint-Germain-des-Prés renferme encore quelques inscriptions. Dans la chapelle de Sainl-
Michel, on a placé le monument de Jacques Douglas.
Voici l'inscription gravée sur une plaque de marbre noir, placée devant ce mausolée :
DocGLASiDca :i0vjk spes, patrie i,u\, iiegibis oiite,
Gallo-Scotigehiii dix Iacobe jaces,
QkM L0!<GA I.M«i;)iEP.OS LAtlGlE<VTES PAGE TRIIIIIPHn^
Majorih recous, DlG^AQl'E Marte «eris,
ArHAULE DIH PROAVIM REDItlVO f, FINERE TRtCTAS,
UeC CADI8 IS HEDrA DIA PROPAGO VIA !
SciLiCET hai;d poterat Mars eïlperare tlorum,
SCA^DERE SEC TE ÏILT ISCLÏTA FACTA PATRIIM.
OcciDiT PBOPE DuAcm XXI OcTOBR. MDCXXXV «tatis XXVIII.
An fond de la chapelle du Sacré-Cœur-de-Jésus, on a déposé les cendres de Mabillon, Mont-
faucon et Descartes, qui provenaient du Musée des monuments français. On a gravé sur une
table de marbre noir la triple inscription suivante :
Memobi^
D.Joamiis.Mabillok
PRESBTTEni .siouacbi
ordisis.s.Be\edicti
ACADEMIiE . IVSCRIPTIONIIH
HlllA!IIORlllQ.LITTERAIlUII
SOCII
PIETATE.DOCTRnA. MODESTU
El.tPSn. JAM .S^CCl'LO
CLARI
BISLiniHECARlU
TDa.KOSTRlTim.lUV .EXTERARIH
DILIGE^TlSSlm . IKDAGATOBIS
I^ . DIPLOMATl II . SIKCEBITITE
DIIUDICAKDA
FACILE. PBI>CIPIS
ACTORLU. AMIALII Mlj.
ORDIHIS.Sll
COLLECTOBIS . COKDITORIS .
Me|IORI;E
Resati. Descartes
beco.nditioris.docirin*
LAUDE
ET. IKGEMI . Sl'BTILlTATE
PRyïCELLESTlSSIMI
QUI.PRIMUS
A.RESOVATIS. IV.EUROPA
BOSARIH . LITTERARBM . STI DUS
RATIO!IIS.Ht'HAK;E
JURA
SALTA.FIDEI.CIIBISTIAS*
AITORITATE
»IIID1CAÏIT . ET . ASSERl IT
miNC
ÏERITATIS
QUAH.UIIICE.COI.lIIT
COÎiSPECTU
FBUITUR.
MEI10RI.Ï
D . Bf.BNARDI . DE M0NTFAUC0>
NOBILIS .PRIMIM . IN . MILITIA . ÏIIU
TUM . S«Cl LARIIIM . BERC M
T.EDKI
PBESBrTEBl.MOXACHI
mDEQUE
ACADEMI/E.IXSCBIPTIONUM
HUMAMORIMQ.LITTERARIM. SOCll
IN . r.OSQUIRENDlS . ILLUSTRAS DIS
EDENDIS . CUJUSCUBQUE . GENERIS
l'nlORUM . «TATU» . SIOISUMENTI*
DE.OMM .ANTIQI ITATt
TAU . SACRA . gUAM . PROFANA
OPTIME.MERITI
ABTTS.CHITIC*:
ARBITBl.PBUDEXTISSIMI
PR^SERTIM
1\ . PAL.F.OCiRAPIlIA . CB/ECA
iU.
QUOBUH.CISEBES.BELIGIOSE.PRIIIUII.LOCULIS.SU.S.CO.NDITOS DEOnc.COMMUM.FATO.PER.XXV.ANNOS
IRTER . PBOfABA . EXULES . QUU* . TERR* . SACB* . RENOVATA . PI tR. M . EXEQUIARUM . POMPA . REDDERF.UTUR
BEGIA . IKSCRIPTIONUII . ET . HUMANIORUM . LITTERARUM . ACADEMIA
IITBLIS . ADSCBIPTIS. SERIOBIBUS . *TATIBUS . COMIIENDAÏIT . XXVI . FERU . M OCCCXIA .
362 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Dans la cliajielle de Saint-Joseph, on a placé le mausolée Guillaume de Douglas. Voici l'ins-
cription qui s'y trouve gravée :
Anspicis nu^lA^JK .spectaci:la tristia pompae,
KT TANESCENTIS QU^ SIT IMAGO BOSI.
Non sdm qui fuebam satiis ille heboibis, l^GE^s
DVGLASIDSM PRIKCEPS Al<GUSI;SQtIE COHES.
NaII pars hic EXTINCTA JACET, PARS SALVA BEVOLÏIT
FATA, VICES RERIM QII>K PER OPACA FLUINT;
VeRTOR DT IS CINERES SPECIILATUR, ET OCCULOR UMRRIS:
CTQUE ILLIEAT* DISCLTIUSTIiR OPES
QuAS HIRI FATA BABAST, ÏIRIUS TEANSIIISIT ArORIll :
QlIAS EGO TnANSMISI F ITA DEDERE MEIS :
Nil kisi linteollm mihi massit et abclla m sti ;
ql-id querab 1 his om>es hors monet esse pabes,
Rex i;t inops mobitib, sia clalsus desebit aktbo;
I'bORSUS et in TliMIiLO PITRET liTERylE SUO.
Vivit an. LVII. obiit V son. mari. an. M. DC. XI.
GlLIEI.MlS F. AnGUSI* COMFS p. OPT. AMANTISSIIin M. P.
Plus loin , dans la chapelle de Sainte-Marguerite, que l'on restaure eu ce moment, on remarque
le mausolée sculpté par Girardon pour la famille de Castellan. Sur une table de marbre noir,
on a gravé l'inscription suivante, composée par Mabillon :
D. 0. M.
QlIISQl'IS, HIC SISTIS, NON MINI1.S RBLIGIONIS ET l'IETATIS, QUAM VIBTI'TIS BELLIC* MOSliMEMCM VIDES; QUOD »»IA>TISSI«IS
SUIS PABESTI ET FRATRI, OlIÏARlO ET LuDOVICO DE CasTELLAN , CaROLIS ABBAS TESTAMESTO FIEBI CIIBAVIT,
QUORUM ALTER PRO REGE ET PATRIA, ALTER ETIAM IN ChrISTI CAUSA OCCUHUIT. QUIPPE OlIVARIU.S ^0BILIS-
SmUS EQCES, POST PHiCIPUA MILITI.B SUR LuDOÏlCO JoSTO PRSLUDIA , DUPLICIS COHORTIS DEIN SUMMUS IN CASTRIS CELBRUM
EQUITUH TRANS AlPES PR^FECTUS, ItALICO I* BELLO FACTIS ILLVSTRIS , DEMUH IN CaTALAKICO DUGIS OFFICIUI STRENUE ASRNS,
AD TaRRAGONKM infesta PILA TRAJECTUS INTERIIT, ANNO SALUTIS MDCXLIV. LuDOVICUS OlIÏARII FILIUS, EODEM
ARDORE a TENERIS miles PABI CONDITIONE DUX, PRIMO UNI PRAETORIS COHORTI PR.EFECTUS, TUM IPSIUS LEGIOMS MAJOR;
TANDEM PEDESTRHM COPIARCM QUAS LuDOÏICUS MaGNUS IN CrET^B SUBSIDIUM MISIT, TRIBUSUS, EBI'PTIONK
IN OtTOMANNOS FACTA, FEBALI GLOBULO EXTINCTUS EST.
Cabolus Olivabii item filius, S. Apri et Silv« majoris abeas, eorum in memoimam hec mahmobi inscribi
CURAVIT, et in ISTO MAUSOLEO a se ERECTO, sur QUO IPSE JACET, corda OPTIMI PAREKTIS AC FRATRIS INCLIDI PR.ÏCEPIT.
MoRTuus niE a8 novembris an. M. DC. LXXVIl. — His corpus suum adjungi optavit Franciscus Caroli fratbueli»
atqbe ex asse hsres et ipse militabirds pro bege officiis, maxime in Tbrcas, iNSiGNis, qoi obiit die j an. an. m. DC. LXXXIII.
La chapelle de Saint-Pierre-el-Saint-Paul, placée dans le bas côlé gauche, renl'ennc les
reliques de saint Modeste, marlyr. Au-dessous de la châsse, on a placé contre la muraille une
tablette de marbre noir sur laquelle est gravée cette inscription en l'honneur de Boileau :
Hoc.sub.iitolo
fatis.dit.iaciati
IN . OHNE . AEVUH . TANDEM . COMPOSITI
JACENI.CINERE8
NicoLAi . Boileau . De.spreaux
PARISIENSIS
QUI . VERSIBUS . CASTISSIMI9
H0)II^UM .ET.SCEIPTORUM.ÏITIA
KOTAVIT
CARHINA.SCBIBENDI
LEUES.CONDIDIT **
FLACCI . *«ULUS. UAUD . IMPAB
APPEKDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES.
303
IN . JOCIS . ETUU . «IXLI . SECUIiDUS
OBIIT
XllI.MABT.AIDCCXI
EXEQUIABCSI . SOLEMNU . liUSTAlIRATA
XIX.jiL.MDCCCXIX
CURANTE. UKBIS . I'R«Ff.CTC
PlRENTAtlTlBUS . SDO . QUOHDAII
REGU.CTRAQl'E
TCH . GALLIC£ . UNGD.B
Tlll.l^scBlPTlomJu
BCMANIOEUIIQ . LlTTERARUIl
ACADEMIA.
Enfin, dans le transept de l'église, à gauclie de l'autel dédié à saiul François, se trouve le
mausolée du roi Casimir, de Gaspard de Marsy. De chaque côté du bas-relief en bronze qui sert
(le base à ce mausolée, on a gravé l'inscription suivante :
D. 0. M.
^TERNJ! HENORIJi BEGIS CaSIHIRI.
Hic, po.st exe^sos virtitih ac glorijE
GBADIJS oaatS , QDIESCIT !<OBILI 8UI
PARTE JOAMKES CaSIMIBLS PoLOMi! IC
Sl'ECIA BEI; ALTO DR JaGELLOMDI'H 8AK-
SUiilE, E FAXILIA VaSATEDSI P0»TBEIIVS,
QGU gtMMtS LITTERI!», ARIIIS, PIETATE,
■ ILTABCH GEKTIIH LIRGUAS ADDIDICIT,
<Hn ILLAS PBOPEflSIUS SIRI DETnCIRET.
SePTEDDECIH PIJiLIlS COLLATIS CIIK
aOSTE, 8ICSIS TOTIDCH CHO milKS TICIT.
SeUPKII INTICTCS, MoSCOTITAS, Sl'ECOS,
Bra.ndebi rge\!<es,Tartaro$,Geriiasos
«Rlilli . Co.SACns ALIOtIQlIE REBELLES GRi-
TIA AC RE>el'ICII8 EtPlGAAtlT, VICTORIA
RK«EB EI8 SE PR,EBE^$, CLEMEKTIA PA-
TRE1I , UEMQLE TOTIS riVI>TI IUPERII
A>MS, PlIRTI NAII TIRTDTE VIXCENS ACLAM
HABVIT m CASTRIS , PALATU IR TEIiTORlIS ,
!!PECTACtLA 1^ TRIVIIPUI8. I^IREROS EX
LEGITIMO COn^ilBIO SCSCEPII, QUF.IS POS-
TEA 0RRATi;8 EST, KE SI SE IIAJOBKM BELI-
QUIS8ET, A0.1 E8SET IPSE UAtlHtS, Sl<l
«IROREII, STIRP8 DEUE>ERABET. I'aR El
AD roRTITUDIKEM RELICIO PUT, »EC SEG-
ReGIL'II COR HO.liCHIS HUJUS
QIOD ILLI
Ptace du hat-relief.
MIJS COELO HILITAVIT ULAU SOLO. Hl^C
EXTBUCTA liO^A8TERIA ET N080C01IIA VaB-
sovi/E, calvimanobum fana IN Litiiuania
EXCISA, S0CIMAM BEGNO PULSl NE CasI-
NIRLII HABERENT REGEM QUI CuRlSTUU
DeUU non BASERENT; SENATUS A VABIIS
BECTIS AD CATIIOCIC£ FIDEI COMUUNIUNEII
ADDUCTUS, UT ECCLE.SI/E LEGIBIIS CONTI-
NEBENTUR QUI JUBA l'OPULIS DICEBENT :
UHDE ILLI PBiECLARUH OBTHOOOXl NOHFN
AB AlEXANDRO Vil INUITUH, HUMAN.£
IIENIQUE GLOKIjï FASTIGIUM PB*TF.I1-
liBESSUS eu» MIIIL PL.ECLABIIS AGEHK
P088ET, IMPERIUIH SPONTE ABDICAVIT
ANNO MD'CLXVIII. TiM PORBO LA-
CRVM£,QUAS NULII REGNANS EXGUSSERAT,
OMNIUM OCCULIS MAIXARUNT, QUI ABEUN-
TEM REGEM NON SECUS , ATQUE OBEUNTEU
PATBEM LUXEBE. VlT* BEIIQUUM IN PIE-
lATIS OFFltlIS CUM EXEGISSET, TANDEM
AUDITA KaMEKECI.* EXPUGNATIONE , NE
TANTjE CLADI SUPERESSET, CABITATE PA-
TBIjB yULNEBATUS OCCUBUIT XVll kAL.
JAN. M.DC.LXXII.
COCNOBII cm ABBAS PB.EFUEBAT AMOBIS PIGNUS BELIQUIT,
HOC TUMULO MCKRBNTES CONDIDBBUNT.
(Notes et additions de M. H. Cocheris à l'ouvrage de Lebeuf.)
iO.
36i TOPOGRAPHIK HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
VIJJ
LES DÉMÊLÉS DE L'ABBAYE DE SAINT-GERMAIN-DESPRÉS
AVEC LES ÉVÊQUES DE PARIS ET L'UNIVERSITÉ.
( Texte , p. 68 et paiiim. )
I
SENTENCE ARBITRALE
ENTRE L'ÉVÊQUE DE PARIS, L'ABBÉ ET LES RELIGIEUX DE SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS.
Gaulridus Dei gratia Meldensis ecclesiœ ministerhumilis, et Michael decanus Sancli Marcelli,
et frater Garinus, omnibus Christi fidelibus salutem in Domino. Cum esset contenfio inter
Petrum episcopum et Hugonem decanum, totumque capitulum Parisicuse, et Wilielmum archi-
presbiterum Sancti Severini, ex une parte, et Joannem abbatem et conventum Sancti Germani
de Pratis, et Radidphum presbilerum Sancti Sulpicii, ex altéra; super jure episcopali et jure
parrocliiali spirituali in territorio Sancli Germani de Pratis ultra parvum pontem, sive sit œdi-
licatum sive œdificandum usque ad burgum Sancti Germani; tandem pro bono pacis compro-
miserunt in nos ab ulraque parte, sub pœna ducentarum marcbarum ratum habiluris, et Crmiter
servaturi quidquid nos très pro bono pacis inter ipsos statuerimus bona fide.
Nos autem pro bono pacis diximus quod totum territorium, quod conlinetur a Tornella Phi-
lippi Hamelini supra Sequanam usque ad melam quos dividit terram Beati Germani ex una
parle et terram Sanctse Genovefse de altéra, versus Gamelles, sicut Secana comportât; et ab
eadem secunda meta usque ad metam quae est prope chiminum Issiaci, quae similiter dividit
iitramque praedictam terram; et ab illa tertia meta usque ad quartam metam, quaui nos posui-
mus extra muros versus Sanctum Stephanum, sicut chiminum Issiaci comportât, et ab illa
lertia meta usque ad quartam prœdictam metam; et ab illa meta usque ad supradictam Tor-
nellam Philippi Hamelini, sicuti mûri exlra se comportant, exemptum maneat ab omni jure
episcopali et parrochiali spirituali Parisiens! in perpetuum. Totum autem territorium quod est
infra muros erit in perpetuum de jurisdictione episcopali Parisiensi. Prœterea diximus parro-
chiam Sancti Severini durare ab ecclesia Sancti Severini usque ad metam quam posuimus supra
Secanam, juxta domum quae dicilur domus Willermi de Saneto Marcello; et ab illa meta usque
ad secundam melam quam posuimus juxla domum Odonis de Hedera, sicut vicus se comportât,
a prima meta ad secundam, et a secunda meta usque ad terliam metam, quam posuimus in
platea quam Balduinns Cementarius tenet de Saneto Juliano, sicut vicus comportai. In loto
autem territorio aedificato sive œdificando ultra metas illas parrochiae Sancli Severini usque ad
muros régis, habebit monasterium Sancti Germani in perpetuum jus pafronatus ad conslruendam
unam vel duas ecclesias parrochiales, non plures; et presbyleros ibi instituendos lenebilur abbas
praesentare archidiacono et episcopo Parisiensi. Si ibi fuerint duœ ecclcsiae constructœ, ab
utroque presbitero illarum habebit abbas Sancti Germani singulis annis in perpetuum trigiuta
solidos. Si vero unica fuerit ibidem ecclesia, capellanus ejusdem singulis annis in perpetuum
reddet diclo abbati sexaginla solidos. Episcopus autem Parisiensis tenebitur reddere abbali
prœdiclo quadraginta solidos in festo sancti Remigii usque ad Iriennium, nisi ante triennium
in prœdiclo territorio constructa fuerit ecclesia una, vel duae. Quia ex quo constructa ibi fuerit
ecclesia, cessabil solulio illorum quadraginta solidorum. Et etiam post triennium sive sit con-
APPENDICES ET PIÈGES JUSTIFICATIVES. 365
structa ecclesia.sive non.nihiiominus cessabit solutio. Et donec ibi sic constructa ecclesia, par-
rochiaiii de illo territoiio ibunt ad Sanctum Severiiium lanquam parrochiani. Ecclesia vero ibidem
constructa vel ecdesiis constructis, parrochiani illi revertentur ad ecclesiam constructam vol
ecclesias. Et si duœ ecclesiœ ibi fuerint, pro voiuntate abbatis parrochiœ limitabuntur. Radui-
phus autem presbiter Sancti Sulpicii in recompensatione decimœ, quam in prœdicto territorio
redamabat, quandiu vivet habebit ab ecdesia Sancti Germani quadraginta solidos in festo
sancti Remigii, vel singulis diebus quandiu vixerit habebit unum panem album, et unain
quartam vini convenlualis, si abbas maluerit. Post uiortem vero ejusdem Radulphi, non tenebitur
dicta abbatia reddere successori ejus illos quadraginta solidos, neque panem, neque vinum.
Omnis justitia secularis remanet abbatiœ Sancti Germani in perpetuum in toto territorio suo,
sive in parrochia Sancti Severini, sive extra. Quod ut firmum habeatur in perpetuum, sigil-
lorum noslrorum munimine prœsentem pagiiiam roboramus. Actum auno gratiœ miliesimo du-
centesimo decimo, mense Januario.
(D. Bouillart, Preuves, p. Sa.)
Il
PREMIER ACCORD AVEC L'UNIVERSITÉ DE PARIS.
Universis prajsentes litteras inspecturis Universitas magistrorum et scolarium Parisiis studen-
iium salutem in Domino. Noverilis quod, cum inler nos, ex una parte, et religiosos viros abbalem
et couventum Sancti Germani de Pratis juxta Parisius, ex altéra, orta esset materia quœstionis
super quadam plathea situata prope muros civitatis Parisiensis respicienle dicti Sancti Germani
abbatiam, cui ex parte superiori conligua est domus, in qua moratur Reverendus in Chrislo
Pater P. Dei gratia episcopus Aurelianensis, et ex altéra parle est via carnificeriaî Sancli Ger-
mani, perquam directe ilur ad portam civitatis Parisiensis quae dicitur porta fratrum minoruni,
et ad ecclesiam eorumdem fratrum; et a parte inleriori est via publica per quam directe itur de
Sancto Germano ad portam civitatis Parisiensis quae vocatur porta Sancti Germani, quœ est
prope domum quje fuit claras memoriaj domini Henrici, quondam illustris régis IVavarriœ; ex
altéra parte est quœdam via quœ in praedicta via carnificeriœ Sancti Germani incipit juxta pu-
tlieum qui est in dicta via, et juxta domum G. carnificis, quae est œdificata in angulo jam prœ-
dictœ plathea; ex opposito dicli puthei, et terminatur in nominata via, per quam itur ad portam
quœ, ut dictum est, vocatur porta Sancli Germani; eo quod nos noniine diclœ Universitatis jus
dicebamus nos habere in dicta plathea ex parle quae continuatur cum via praedicta, per quam
ilur ad fratres minores in centum et sexaginta pedibus ad pedes régis mensurandis continue et
directe secuiidum longiludinem ac iatiludinem in qualibel parte ejus, quia tantum de dicta
plathea in jam dicta parle eidem Universitati nostrœ dicebamus et dicimus esse legatum a
magislro Radulphode Albussone, quondam canonico Ebroicensi, qui, ut dicebamus, jus habebat
in |)lalhea praedicta, in (juantum legalum nobis fueral ab eodem. Ilem super oo quod prœdicli
religiosi dicebanl sibi licere et licuisse portam abbaliœ eorum, quœ est versus pralum noslrum
(juod nuncupatur pralum Universitatis, aperire et claudere quanlumcunque vellent, et per eam
inirare et exire libère sine contradictione cujusquam ad votum eorum cum vehiculo et sine
vehiculo, cum equo et sine equo, vel aliter qualitercumque ad velle eorum, ad dietam portam el
muros ejus habere el lenere in illa disposilione quœ continelur in quadam ordinatione fada,
super quadam alia controversia orta inter nos el ij)sos religiosos, tempore abbalis Gerardi, ab
inclitœ reeordationis domino Philippo, illuslrissimo rege quondam Francorum, et super limi-
latione Ibssali abbaliœ, quod esl juxta pralum noslrum prœdiclum. Quam limilalionem el dis-
linrlioncm prœdicti religiosi dicebanl esse faciendam secundum prolentionem et dedaralionem
366 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
lineae protrahendœ in conlinuum et directum ab extremitate pilariorum et columpnarum, qua
sunt extra iiiuros abbaliœ prœdictœ conjunctos cum ipso fossato juxta pratum nostrum versus
locum in quo cum Secana conjungitur praediclum fossalum ; nobis Universitate prasdicta asseren-
îibus contrarium in eisdem. Tandem diiijjenli super hiis inquisitione et provisione prœhabitis
par discrètes viros Universitatis nostrœ a nobis super hiis députâtes, bonum pacis, ut facere
lenemur, habere potissime cum religiosis afTeclanles, de proborum et sapientum viroruni con-
silio, nos primitus vocatis magistris cujusiibel, facuitatis légitime, ut moris est, et peneralibus
propter hoc speeiaiiter faclis congregationibus pluribus, ad banc pacis concordiœ et transaclionis
viani consensu unanimi devenimus; quod nos Universitas praedicta praelibatam platheam in
longum et latum omnino, et omne jus quod in ea habebamus dictis reiigiosis cedimus, dimil-
timus et quittamus ad suam voluntatem plenariam faciendam, salva nobis in ipsa piathea réma-
nente via ad prœl'atum pratum nostrum et alibi eundi, agendi in latum spacii viœ regalis deceni
et oclo pedes continentis, quae débet incipere a cuneo domus in qua nunc moratur dominus
P. Dei gratia nunc Aurelianensis episcopus, protendendo se versus viam publicam ante porlam
manerii quondam Odardi de Villa-Nova, olim prœpositi Parisiensis, per quam viam itur versus
portam Sancti Germani et versus pratum prœlibatum. Ita quod ab angulo domus in qua moratur
dominus episcopus Aurelianensis prœdiclus mensurabuntur decem et octo pedes directe in latum
versus dictam carnificeriam procedendo, et ab extremitate illorum decem et oclo pedum pro-
ducetur linea in continuum et directum usque ad angulum domus quœ est ex opposito manerii
praedicti,quœ luit quondam Albini de Centum Putheis clerici, et ab angulo domus in qua moratur
episcopus Aurelianensis ducetur alia linea aique distans respecta prœdictae lineae usque ad viam
dictœ portœ quœ dicitur Sancti Germani, et in longum ex una parte superiori usque ad infe-
rioreni libère, pacifiée et quiète. Item volumus et concedimus ipsis reiigiosis quod ipsi religiosi
prœdictam portam apperire, claudere et uti ea possint exeundo, intrando, eundo, agendo, cum
equis et quadrigis et sine eis libère versus Parisius vel Secanam vel villam Sancti Germani, ut
sibi viderint expedire, alicujus coniradictione non obstante. Item volumus et concedimus eisdem
quod fossatum prœdictum limitetur, et quod ipsi religiosi habeant super hoc secundum quod
lineœ protractio recta eis dimiltendum fore declarabit in continuum et directum ab extremitate
])ilarioruni et columpnarum murorum abbatiœ absque additione adulterina et nova facla vel
addita pilariis supradictis; et quod in ea parte terrœ super fossatum sibi rémanente muros sim-
plices facere possint sine querneliis et l'ortaliciis aliis a simplici muro, per quœ scholares possenl
iaedi; et quod, si purgare velint fossatum, purgationes, seu quœ ex eis exirahi contigerit ex alia
parte, non ex parte prali jactentur. Prœfati vero religiosi per dictam concordiam et pacem nobis
tenentur et tenebuntur in perpetuum, et successores sui successoribus nostris, reddere et solvere
quatuordecim libras Parisienses annui et perpetui redditus pro prœmissis et ratione prœmis-
sorum ad usus pauperum scholarium per Univers! tateni disiribuendas, assignandas nobis super
abbalia et super omnibus bonis et redditibus ejusdem, et percipiendas quatuor terminis Parisius
consuelis; videlicet in proximo festo sancti Remigii sexaginta et decem solidos Parisienses, et in
sequenti festo Nativitatis Domini alios sexaginta et decem solidos Parisienses, et in sequenti festo
Resurrectionis Domini alios sexaginta et decem solidos Parisienses, et in sequenti festo Nativi-
tatis beati Joannis Baptistœ alios sexaginta et decem solidos Parisienses, et sic singulis annis
prœdictas quatuordecem libras Parisienses prœdictis terminis, ut superius est expressum, sub
pœna quinque solidorum contra ipsos committendi pluries pro qualibet die per quam seu per
quas cessaverint in solvendo ultra octo dies, ultra quemlibet terminorum prœfalorum una cum
principal! solvendorum, rata nihilominus couipositione seu transaclione ac obligatione manen-
tibus supradictis. Et debent procurare dicti religiosi consensum domini Régis Franciœ de non
compellendo Universitatem dictum redditum ponere extra manum, ad quem obtinendum nos
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 367
etiam preces apud ipsum dominum Regem porrigmus. Et scribent iidem religiosi ad curiam
Romanam litteras suppHcatorias domino suuimo Ponlifici, quod suum in hiis consensum imper-
liatur, ut praemissa et sequentia confirmet; super quibus nihilominus simiiiter supplicabimu.s
eidem. Volentes insuper et consentientes expresse nos omnes et singuii nostrum unanimiter, quod
njuros dictœ porlae habeant et retineant dicti religiosi, habere et retinere semper liceat eisdem
in perpetuum, in illa dispositione et in illo sUitu in quo et in qua eos decrevit per suam jain
diclam ordinalionem inclitae recordationis Philippus, Dei gratia iliustrissimus rex Francoruui,
prout in litteris inde confectis plenius continetur. Addinius etiam nos omnes et quiiibel nostrum
pro nobis et successoribus nostris, tam nomine noslro quam successorum nostrorum, et vice ac
nomine nostrœ Universitatis prœdictœ, quod omne jus quod habebamus et dominium quod-
cumque in fossalo prœdicto et aqua ejusdem eisdem religiosis et eorum monaslerio concedimus,
promittenles soiempniter, légitime et etiam bona fide, nos et unusquisque nostrum pro nobis
ipsis et nostris successoribus, et vice et nomine dictœ Universitatis nostrœ, prœmissaet quodlibet
prœmissorum fideliter et integraliter observare, sicut superius est expressum, et contra ipsa vel
aliquod prœmissorum in perpetuum non venire. In cujus rei testimonium sigillum Universitatis
Parisiensis prœsentibus litteris duximus apponendum. Datum el acluni Parisius in congregatioiie
generali apud Sanctum Maturinum, anno Domini millesimo ducentesimo nonagesimo secundo,
in vigiiia nathalis apostolorum Pétri et Pauli, tempore rectoriœ niagistri Gerardi de Nogento.
(D. Bouillart, Preuves, p. 70.)
II!
SECOND ACCORD AVEC L'UNIVERSITÉ DE PARIS.
Universis prœsentes litteras inspecturis Joannes, permissione divina monasterii Sancti Ger-
mani de Pratis juxta Parisius abbas humilis, totusque ejusdem loci convenlus, salutem in Domino
sempilernam. Notum facimus quod , cum causa verteretur inter nos , ex una pfirte, et Universitateni
magistroruni el scolarium Parisius sludentium, ex altéra, super eo quod dicta Universitas petebat
a nobis religiosis eidem Universitati satisfleri de arreragiis li librarum eidem Universitati
annuatim a nobis debitarum, una cum pœnis ob defectum solutionis commissis a tempore 5q
annorum, necnon dictas i4 libras annuatim eidem Universitati, ut prœfertur, débitas a nobis
solvi in posterum singulis annis, cum pœnis adjectis juxia tenorem compositionis cujusdam olim
factai et initœ inter nos religiosos et Universitatem , sub sigillis nostris et Universitatis postmodum
confirniatœ per inclyta; recordationis D. Philippum, tune Francorum regem, inceraviridi et filis
sericis, prout in litteris super hoc confectis hœc plenius continentur. Nobis vero asserentibus
et dicentibus ad hœc minime nos teneri, ex eo et pro eo quod dicta compositio, si unquam
facta fuerit, l'acta fuisse dicilur jain Sa annis elapsis, nec in observantiam ab alterutra partium
unquam fuerat introducta; quodque per Universitatem prœdictam potius steterat, quam per nos
religiosos prœdielos, quoniinus observata fuisset : et considerato elapsu tanti temporis, et im-
pedimentis per diclam Universitatem in contrarium appositis, a dicta petitione prœdicta Uni-
versitas desistere debebat, Universitale prœdicta contrarium asserente. Tandem, piuribus alter-
cationibus hinc inde habilis pro bono pacis inter nos religiosos prœdielos et Universitatem
prœdictam, concordalum accidit in hune modum, quod dicta compositio, cujus ténor sequitur
in hœc \erba.
Universis prœsentes litteras inspecturis Joannes, permissione divina monasterii B. Gerniani
de Pralis Parisiensis humilis abbas, totusque ejusdem loci convenlus, œternam in Domino salutem.
Nolum facimus quod , cum inter nos, ex una parte , et Universitatem venerabilium magistrorum et
368 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
schoiarium Parisius studentium, ex altéra, orta esset materia quœslionis super quadam platea
situata prope muros civitatis Parisiensis respiciente dicti Sancti Germani abbatiam, cui ex parte
superiori contigua est domus, in qua moratur Reverendus in Christo Pater P. Dei gratia Aure-
lianensis episcopus, et ex altéra parle est via carnificeriœ S. Germani, per quam directe itur
ad portam civitatis Parisiensis, quœ dicitur porta FF. minorum, et ad ecclesiam eorumdem
fralrum. Et a parte inferiori est via publica, per quam directe itur de Sancto Germano ad portam
civitatis Parisiensis quœ vocatur porta S. Germani , quae est prope domum que fuit clarae me-
moriœ D. Henrici, quondam illustris régis Navarriœ; et ex altéra parte est quœdam via quœ in
prœdicta via carnificeriœ S. Germani incipit juxta puteum qui est in dicta via, et juxta domum
G. carnificis, quœ est œdificata in angulo jam prœdictœ plateœ ex opposito dicti putei, et termi-
natur in nominata via, per quam itur ad portam quœ, ut diclum est, vocatur porta Sancti
Germani. Eo quod dicta Universitas dicebat se jus habere in dicta platea ex parte quœ continuatur
cum via prœdicta, per quam itur ad FF. minores in cenlum et sexaginta pedibus ad pedes
régis mensurandis continue et directe secundum longitudinem et latitudinem in qualibet parte
ejus, quia tantum de dicta platea in jam dicta parte eadem Universitas dicebat et dicit sibi esse
legatum a M. Radulpbo de Albusone, quondam canonico Ebroicensi, qui, ul dicta Universitas
dicebat, jus habebat in platea prœdicta, in quantum eidem Universitati legatum fuerat ab
eodem.
Item super eo quod nos dicebamus nobis licere et licuisse portam abbatiœ nostrae, quae est ver-
sus pratum quod nuncupatur pratum Universitatis, apperire et claudere quandocumque vellemus ,
et per eam intrare et exire libère sine contradictione cujusquam ad votum nostrum cum véhicule
et sine vehiculo, cum equo et sine equo, vel aliter qualitercunque ad velle nostrum, ad dictam
portam et muros ejus habere et tenere in iila dispositione quœ continetur in quadam ordinatione
t'acta super quadam aiia controversia orla inter nos et Universitatem prœdictam, tempore D. G.
quondam abbatis monasterii nostri, ab inclytœ recordationis D. Philippo, illustrissimo rege
quondam Francorum, et super limitatione fossati abbatiœ, quod est juxta prœdiclum pratinn.
Quam limitationem et distinctionem nos dicebamus esse faciendam secundum protensionem et
deciarationem lineœ protrahendœ in continuum et directum ab extremitate pilariorum et coiump-
narum, quœ sunt extra muros abbatiœ prœdictœ junctos cum ipso fossato juxta pratum prae-
diclum versus locum in quo cum Secana conjungilur prœdictum fossatum, Universitate prœdicta
in eisdem contrarium asserente. Tandem vocatis, ut moris est, monachis nostris super hoc
piuries, et specialiler in pleno nostri monasterii capitulo congregatis, deliberatione matura et
diiigenti tractatu prœliabitis pacem Universitatis habere puro corde et spiritu affectantes, cum
omni reverentia qua possumus et honore ad banc pacis et concordiœ et transactionis viam con-
sensu unanimi devenimus ; quod Universitas prœdicta prœiibatam plateam in longum et latum
omnino, et omne jus quod in ea se habere dicebat et habere |)oterat, quocunque tituio seu
quocunque modo nobis et monasterio nostro et successoribus nostris cessit ex nunc in perpe-
tuum, demisit et quittavit penilus et expresse ad noslram utilitatem et voluntatem plenariam
l'aciendam, salva ipsi Universitati in ipsa platea rémanente via ad pratum prœdictum et alibi
eundi, agendi in latum spatii viœ regalis deceni et octo pedes continentis, quœ débet incipere a
cuneo domus in qua nunc moratur D. P. nunc Aurelianensis episcopus, protendendo se versus
viam publicam anle porlani manerii quondam Odardi de Villa-Nova, olim prœpositi Parisiensis,
per quam itur versus portam S. Germani et versus pratum prœlibalum : ita quod ab angulo
domus in qua moratur D. episcopus Aurelianensis prœdictus mensurabuntur decem et octo
pedes directe in latum versus dictam carnificeriam procedendo, et ab extremitate illorum decem
et octo pedum producetur linea in continuum et directum usque ad angulum domus quœ est
ex opposito manerii prœdicti, quœ fuit quondam Albini de Centum Puteis clerici, et ab angulo
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. ' 369-
domus in qua moratur episcopus Aurelianensis ducetur alia linea œque distans respecta prœdictae
iineae usque ad viam dictas porta? quœ dicitur S. Germani, et in longum ex una parte superiori
usque ad inferiorem libère, pacifice et quiète.
Item voiuit et concessit ipsa Universitas quod nos et successores nostri prœdictam portani
quae est supra pratum praedictum apperire et claudere et uti ea possimus in perpetuum
exeuDdo, intrando, eundo, agendo, cum equis et quadrigis et sine eis libère versus Parisius
vel Secanam vcl villam S. Germani, ut melius viderimus expedire, contradictione alicujus non
obstante.
Item volait et concessit ipsa Universitas quod fossatum praedictum limitetur, et quod nos et
successores nostri habeamus super hoc secundum quod lineœ protractio recta nobis dimiltenduni
fore declarabit in continuum et directum ab extremitate pilariorum et columpnarum murorum
abbatiae nostrae absque additione adulterina et nova facta vel addita pilariis supradictis ; et quod
in ea parte terrae super fossatum nobis rémanente muros simplices facere possimus sine quer-
nellis et fortalitiis aliis a simplici muro, per quœ scolares possint lœdi; et quod, si purgare
velimus fossatum, purgationes, seu quœ ex eis extrahi conligerit ex parte nostra, non ex parte
prati jactentur. Nos vero et successores nostri pro bono pacis et concordiœ antedictœ ipsi vene-
rabili Universitali suisque successoribus tenemur et tenebimur in perpetuum singulis annis
reddere et solvere ik libras Parisienses annui et perpetui redditus pro praemissis et ratione
praemissorum ad usus pauperum scolarium per Universitatem distribuendas. Quas ili libras
Paris, promiltimus et tenemur nos et successores nostri prœdictœ Universitali suisque successo-
ribus in perpetuum annis singulis reddere et solvere quatuor terminis Parisius consuetis; vide-
licet primo in proximo festo S. Remigii 70 solidos Paris., in sequenti Nativitate Domini alios
70 solides, in sequenti Paschate alios 70 solidos, et in sequenti festo B. Joannis Baptistœ alios
70 solidos Parisienses, et sic deinceps singulis annis prœdictas i4 libras Paris, prœdictis
terminis, prout superius est expressum. Quas 1 4 libras percipiendas, ut diclum est, assignamus
eidem Universitali super abbatia nostra et super omnibus bonis et redditibus ejusdem, perci-
piendas terminis supradictis, sub pœna quinque solidorum contra nos committenda pluries pro
qualibet die per quam cessaverimus ultra octo dies, ultra quemlibet terminorum prœfatorum
una cum principali solvendorum, rata nihilominus composilione seu transactione et obligatione
manenlibus supradictis. Et debemus procurare consensum D. Régis Franciœ de non compellendo
Universitatem diclum redditum ponere extra manum, ad quem oblinendum ipsa Universitas
apud ipsum D. Kegem porriget preces nobiscum; scribemusque ad curiam Ronianam litteras
supplicatorias D. summo Ponlifici, quod suum in his consensum impertiatur, ut prœmissa et
sequenlia conGrmet; super quibus nihilominus similiter dicta Universitas eidem supplicabit.
Voiuit insuper et consensit expresse et unanimiter, quod nobis et successoribus nostris liceat in
perpetuum habere et relinere super muros portœ saepe supradictœ, in illa disposilione et in iilo
statu, in quo et in qua illos decrevit per suam jam dictam ordinationem inciytœ recordationis
Philippus, illustrissimus Dei gratia Francorum rex, prout in litteris inde confectis plenius con-
tinetur.
Addidit etiani ipsa Universitas, quod, nomine ipsius et successorum Universitalis, omue jus et
dominium quodcumque et quocunque modo habebat et habere poterat in fossato praedicto et
aqua ejusdem, nobis et monasterio nostro cessit et quiltavit in perpetuum penitus et expresse.
Nos enim omnia superius expressa promittimus bona fide solemniler et légitime nos factures,
soluturos et adimpleturos nomine nostro, monasterii nostri et successorum nostrorum, fideliter
et integraliter observare, sicut superius est expressum, et contra ipsa vel aliquod prœmissorum
in perpetuum non venire, née aliquid impetrarc a Papa, vel a Rege, seu Principe quocunque
modo contra prœmissa seu aliquod prœmissorum, nec concessis, seu concedendis, etiam ullra
370 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
si fieret, uti Leneficio reslitutionis in integrum, doli, mali, fraudis lœsionisque cujuscumque,
voluntate spontanea lenunciantes, et omnibus aliis exceptionibus et aliegationibus juris et facli,
per quas in aliquo posset prœmissis vel alicui prœmissorum derogari, quas hic haberi volumus
pro expressis. In cujus rei testimonium sigiila nostra prœsentibus lilteris duximus apponenda.
Datum et actum in pieno nostro capitule anno Domini 1292, die Veneris ante natale aposto-
lorum Pétri et Pauli. Servabitur hinc inde, et fient iimilationes in ipsa compositione contenta»
realiter et de facto absque iinpedimento ab aJterutra partium prœslando. El si contingeret in
poslerum per alterutram partium contra dictam compositionem aliquid attontari, quod per Iioc
nuMum,jus in petitorio vel possessorio facienti quœratur, nec parti alteri praejudicium generetur,
nisi quatenus in praesenti concordia esset aliquid immutatum.
Nos vero religiosi pro solutione prœdictorum ex parte Universifatis petitorum 3oo libras
monetœ tune currentis statim et de prœsenti posuimus in manu séquestra a dicta Universitale
recipiendas libère et babendas omni niora et impedimento sublatis. Habitis licentia et assensu
D. nostri Papee de donatione et translatione juris patronatus ecclesiarum inferius nominandarum
per nos religiosos eidem Universitali fada, et per hoc occasione praeterili temporis erga Univer-
silalem praedictam penitus remanebimus immunes, nec a nobis aliquid aiiud occasione praîdic-
torum petere valebit Universitas prœdicta in futuruni. Insuper i4 libras annui redditus in
quatuor lerminis Parisius consuetis, et etiam sub pœnis adjeclis, annis singulis tenebimur sol-
vere nos et successores nostri Universitati prœdictœ, et incipiemus solvere in proximo termino
70 solidos Paris., et sic semper in aliis terminis in perpetuum solvere tenebimur.
Praîterea, pro bono pacis concordatum extitit et conventum quod porta monasterii nostri
sita versus pratum quod pratum Universitatis nuncupatur, quani juxta compositionem prae-
dictam apertam tenere poteramus, nos et successores nostri, et quœ de prœsenti clausa est
et mutata, nunquam aperietur, nec apertam tenere poterimus nec debebimus, nec aliam simi-
lem aperturam habebimus vel habere poterimus existentem versus pratum prœdictum in fu-
turum.
Insuper nos religiosi prœdicti pacis vinculo eidem Universitati desiderantes conjungi, et ut
magis vigeat inter nos affectio charitatis et Universitatem praedictam, jus patronatus sive prœ-
sentandi ad duas parrochiales ecclesias sitas Parisius, videlicet S. Andreœ de Arcubus et
SS. Cosmœ et Damiani, ab olim ad nostrum monasterium spectans, in Universitatem prœfatam
consensu unanimi pure et libère transtuHmus, absque aliquo contractu iilicitœ pactionis, suppo-
sitis tamen licentia et assensu D. nostri Papœ, pro quibus obtinendis nos religiosi prœdicli
prœfato D. nostro supplicabimus, et pro eadem supplicalione eidem porrigenda cerlum nuncium
cum expensis nostris propriis ad sedem apostolicam quanto citius destinabimus, ut cum nunciis
dictœ Universitatis ad diclam sedem jam destinatis per Universitatem prœfatam, qui etiam super
hoc supplicabunt, possimus dictum assensum et licentiam obtinere; salvo tamcn et retento nobis
religiosis et successoribus nostris in perpetuum omni alio jure temporali, quod habemus in
ecclesiis memoratis, maxime 3o solidos Paris, débites nobis et successoribus nostris a curalo
S. Andreœ prœdicti, et 3o solidos Parisienses nobis débites singulis annis a curalo SS. Cosmœ
et Damiani prœdictorum.
Item voluit et concessit ipsa Universitas, quod nos et successores nostri possimus de prœfata
platea a dicta Universitale in nos et successores nostros, ut prœferlur, translata, libère ordinare
œdificande in eadem, vel aliter de ea disponere vaieamus, prout nostrœ placuerit voluntati et
nobis videbitur expedire ; dum tamen via in compositione expressa eidem Universitati libéra
remaneat, sicut in eadem compositione continetur. Quod si prœdicti assensus et licentia a D.
nostro Papa obtineri non possint, prœsens tractatus nullus sit quantum ad omnes et singulas
sui partes.
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 371
In cujus rei leslimonium sigilla nostra praesentibus litteris duximus apponenda. Datum et ac-
futn in nostro pleno capitule anno Domini i345, die 19 mensis Junii, videlicet die Dominica
ante festum Nativitalis B. Joannis Baplistœ prœdicti.
(D. BouiHart, Preuves, p. 76.)
IX
EXPLICATION
DES PLANCHES EMPRUNTÉES À LA STATISTIQUE MONUMENTALE.
(Tkiie, page loo et pages suivantes.)
I
ANCIENNE DISPOSITION DU SANCTUAIRE. — TOMBEAUX DES ROIS ET DES ABBÉS.
La basilique de Saint- Vincent et de la Sainte-Croix fut dédiée par saint Germain au mois
de décembre 558. Le roi Chiidebert, mort le même jour, y fut enterré, et l'édifice devint alors
un des lieux consacrés à la sépulture des rois, des reines et des princes de la première race;
la reine Ultrogothe et ses filles, Chrotberge et Chrodesinde, Cliilpéric I" en 584 et Frédégonde
en 697, Bertrade en 620, et Clotaire II en 628, Childéric II, Billliilde el Dagobert leur fils
en 674, y furent déposés; les tombeaux de Charibert, des filles d'Ultrogothe et des princes
Mérovée el Clovis, assassinés en 585 par Frédégonde, n'ont pas été découverts; tous les autres
ont été reconnus, ainsi que celui d'Hilpéric, que Mabillon a considéré comme un prince du sang
royal.
Dès le VII* siècle, l'église avait pris le nom de Saint-Germain; de 845 à 884, les Normands
pillèrent et détruisirent plusieurs fois cet édifice ainsi que le monastère; les tombes royales
furent brisées, mais, les cercueils n'ayant pas été spoliés, l'abbé Morard, en faisant reconstruire
l'église au xi' siècle, les conserva dans les dispositions du nouveau sanctuaire, ([ui ne fut terminé
qu'au xii' siècle, tel qu'on le voit aujourd'hui.
Divers emplacements furent réservés aux tombeaux des rois et reines; ces monuments furent
refaits alors, et plusieurs ont été renouvelés au xvii' siècle. Des tombeaux d'abbés avaient été
placés aussi dans le sanctuaire. Le plus ancien était celui de Morard, qui fit reconstruire l'église
en 990 , et mourut en 1 o 1 4 ; auprès de ce tombeau fut déposé, en 1 334 , celui de l'abbé Pierre H
de Courpalay. En 1387, on plaça devant le grand autel le cercueil de l'abbé Richard. François
de Bourbon, prince de Conti, qui posséda les biens de l'abbaye de 1694 à i6i4, a été enterré
auprès du grand autel. Le cœur d'Henri de Bourbon, abbé, mort en 1682, a occupé un caveau
préparé au milieu du sanctuaire. Enfin Louis-César de Bourbon, comte de Vexin, mort à dix ans
et demi, et que Louis XIV destinait à la direction de l'abbayo, a été enterré en i683, où était
précédemment le grand autel, qu'on avait rapproché des transepts.
Il
TOMBEAU DE CHILDEBERT.
Le tombeau du roi Chiidebert était placé entre la troisième et la quatrième colonne du loud-
point de l'église; il était peu élevé au-dessus du sol; sa longueur était de 2"',4o; la largeur,
vers la fêle, de 89 centimètres, et, vers les pieds, de 73 centimètres. Recueilli au Musée des
Monuments français par A. Lenoir, le 22 ventôse an m, il a été, depuis, transporté à l'église
47.
372 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
de Saint-Denis. La sculpture de ce monument est rude et porte le caractère du xn° siècle; le roi
est représenté avec les cheveux longs et la barbe frisée; une couronne ornée de pierreries et d'or-
nements peu détaillés est sur sa tête; il est vêtu d'une tunique et d'un grand manteau noué sur
la poitrine; la main gauche, placée avec roideur en avant, porte un sceptre dont le sommet est
orné d'un fleuron composé d'enroulements variés. La main droite soutient un modèle de l'église
qu'il a fondée; elle est figurée seulement par un des petits clochers des transepts et par l'abside;
des fenêtres sont percées dans ces diverses parties de l'édifice. Les pieds du roi sont chaussés
de bottines pointues.
III
TOMBEAU DE CMILPÉRIC.
Le tombeau de Chilpéric I" était placé auprès du mur septentrional du sanctuaire de l'église
abbatiale de Saint-Germain-des-Prés, comme on le voit sur le plan gravé à la planche II; il
était semblable, pour ses dispositions générales, à celui de Childebert, gravé à la planche III,
et présentait comme lui plus de largeur vers la tête que du côté des pieds; les dimensions de
longueur étaient les mêmes. Détruit en 1798, il fut reproduit, sur une dalle, en 1817, d'après
Monffaucon, et placé dans les caveaux de l'église impériale de Saint-Denis. La sculpture indique
par son style que ce monument a été exécuté après l'achèvement de l'église, au xii° siècle; le
roi est chevelu, sa barbe longue et frisée; une couronne simple, sans pierreries, et surmontée
de fleurons découpés, est sur sa tête; il porte une longue robe recouverte par un ample manteau;
de la main gauche il tient sa barbe, de la droite il porte un sceptre que termine un riche
bouquet de feuilles; ses pieds sont chaussés de bottes pointues par le bout. Sur l'encadrement
extérieur qui entoure la statue on lit, gravé eu grandes lettres du temps : Rex Chilperieus hoc te-
gitur lapide (Le roi Chilpéric est couvert par cette pierre).
IV
TOMBES DE ClilLDÉRIG II, DE CLOTAIRE II ET DE BERTRUDE.
Nous avons reproduit, d'après les monuments conservés à l'église abbatiale de Saint-Denis,
trois pierres tumulaires gravées en i656, lorsque, pour établir des stalles dans le chœur de
l'église abbatiale de Saint-Germain-des-Prés et construire un maître-autel plus près de la nef,
on changea l'ancienne disposition des tombes royales pour leur en donner une nouvelle.
Les sarcophages de Childebert et d'Ultrogothe furent réunis en un seal monument qu'on éleva
au milieu de l'ancien sanctuaire, devenu alors le chœur des religieux. Des grilles, placées entre
les gros piliers du chœur et ceux de la nef, fermèrent les transepts ou nefs transversales, et,
dans l'espace carré qu'elles limitèrent au milieu de la croix, on plaça d'abord, du côté de l'Evan-
gile, la tombe de Frédégonde; après elle, le monument de Chilpéric I", puis, au pied du gros
pilier de la nef, la pierre tumulaire de Childéric II, qui fut exécutée exprès pour occuper cette
place. Du coté de l'épftre, auprès du gros pilier du chœur, le premier tombeau mis en place
fut celui de la reine Bertrude, femme de Clotaire II; à la droite, au delà de cette tombe, on
éleva celle de Clotaire II. Enfin un dernier tombeau, reproduit d'après un dessin de la collec-
tion Gaignières, conservée à Oxford, fut exécuté à la même éi)oque pour couvrir les restes mor-
tels de la reine Bilihilde et de son fils Dagobert; il fut placé auprès du pilier de la nef. Ce
dessin fait connaîtrç la forme et la décoration adoptées pour ces nouveaux sarcophages.
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 373
TOMBEAU DE SAINT GERMAIN.
Saint Germain, évêque de Paris, mourut à l'âge de quatre-vingts ans, ie 28 mai 676; ii fut
enterré dans l'oratoire de Saint-Symphorien , martyr, qu'il avait fait élever au bas de la basilique
de Saint-Vincent et de la Sainte-Croix, du côté du midi, et dans lequel il avait choisi sa sépul-
ture. Son tombeau, placé au côté droit de l'autel, était fort simple; mais saint Éloi, suivant le
récit qu'en fait saint Ouen, y déposa des ouvrages d'or et d'argent de sa façon pour le décorer.
Les reliques de saint Germain furent transférées, en 754, en présence du roi Pépin, dans l'église
abbatiale, et placées dans une châsse; mais le tombeau ou cénotaphe qui couvrait son cercueil
fut conservé à la place primitive, pour en garderie souvenir. On y scella la pierre commémorative
de la donation de la terre de Palaiseau, faite par Pépin à l'abbaye, le jour de la translation des
reliques. A plusieurs époques ce monument commémoratif de la sépulture du saint évêque fut
réparé. Au xiii" siècle, une longue dalle de pierre y fut placée avec cette inscription : Hic fait
primo lumulatus beatus Gertnanus. Au commencement du xvi' siècle, un dais en marbre, orné de
colonnes torses et de deux anges soutenant un cartel et portant les instruments de la Passion,
fut ajouté à l'ancien monument; enfin, en 1690, dom Bernard Joli, sacristain de l'abbaye, lit
rétablir à ses frais le tombeau de pierre et de marbre, en faisant entrer dans sa composition
la pierre de Pépin , celle du xiii' siècle et le dais en marbre du xvi° siècle. Ce monument a été
détruit après la révolution de 1789.
VI
TOMBE DE FRÉDÉGONDE.
La tombe de Frédégonde était placée à l'orient du tombeau de Chilpéric, entre l'extrémilc!
du gros mur septentrional du sanctuaire et la première colonne du même côté. Ce monumeni
curieux diffère des précédents en ce qu'au lieu d'être exécuté en sculpture il est formé d'une
sorte de mosaïque composée de matières vitreuses, colorées de divers tons et réunies par un
ciment très-dur; des dessins tracés par des filets de cuivre enveloppent des morceaux de la même
matière vitreuse qui simulent des pierreries. Ce travail est analogue aux émaux cloisonnés; des
fils de métal tracent un dessin dentelé autour du cadre de cette tombe et sur la robe de la reine.
Toute cette mosaïque délicate est établie dans une pierre dure d'un grain très-fin, dont cer-
taines parties ont été conservées au niveau du reste, tant pour indiquer largement les contours
et les plis du vêtement que pour laisser une place importante au visage, aux mains et aux pieds;
la pierre étant très-polie en ces divers endroits, il est probable qu'elle a été peinte, dans l'origine,
pour mieux figurer ce que les parties ménagées dans cette pierre devaient exprimer.
La reine, couchée, a la fête couronnée de lis et de pierreries; la main gauche, ouverte, est
appliquée sur la poitrine; de la droite elle porte un sceptre surmonté d'un fleuron. Une longue
robe attachée par une ceinture la couvre, les manches sont bordées d'un galon; des filets de
métal, incrustés dans la matière de la mosaïque, divisent la robe en douze zones horizontales, dont
la plus basse est de largeur double et terminée par une grande bordure; un manteau placé sur
cette robe est fixé sur la poitrine par une agrafe; il est bordé sur tous ses contours. Les chaus-
sures, terminées en pointe, sont, comme le masque et les mains, dépourvues des détails que
probablement la peinture ajoutait aux silhouettes, qui seules existent aujourd'hui.
• On a pensé que ce monument pouvait être celui qui fut originairement placé sur la sépulture
de Frédégonde en 69/1; cela parait peu probahle. Tous les antres tombeaux mérovingiens ont
374 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
disparu, puisqu'ils ont élé renouvelés après la reconstruction de l'e'glise; celui-ci, dont la fabri-
cation est des plus fragiles, n'a pu survivre seul à la destruction de la basilique primitive par
les Normands, qui, en l'incendiant, ont dû amener la chute du toit et des constructions supé-
rieures sur le pavé, et détruire tout ce que renfermait l'édifice. Bien que le travail qui constitue
ce monument offre de l'analogie avec les émaux cloisonnés qu'on rencontre dans les sépultures
de cette époque, les lis de la couronne, le nœud et la disposition de la ceinture, le galbe et la
forme aiguë des souliers ont une allure du moyen âge qui peut faire douter de l'ancienneté de
cette mosaïque, qui doit dater de l'achèvement de l'église au xii° siècle. Le tombeau de Frédé-
gonde, recueilli au Musée des Monuments français par A. Lenoir, le 29 ventôse an m, a élé
transporté à l'église abbatiale de Saint-Denis.
VII
STATUE DE CHILDEBERT.
La statue de Childebert, rehaussée de couleurs et de dorure, reproduite auprès du tombeau,
est du xni" siècle; elle fut exécutée pour orner le réCecloire de l'abbaye, construit en 1289, sous
l'abbé Simon, par le célèbre architecte Pierre de Montereau; elle est haute de i^jSo; le roi
porte une couronne ornée de pierres précieuses et de fleurons finement sculptés; un sceptre est
dans sa main droite; sa tunique descend jusqu'aux pieds; une ceinture ornée y est agrafée; le
manteau, placé en arrière, est attaché par un cordon que le roi tient de la main gauche; les
souliers dorés sont pointus et découverts. Cette statue, recueillie au Musée des monuments fran-
çais par A. Lenoir, a été transportée au Louvre.
VIII
CHAPELLE DE LA VIERGE. — PLAN ET DÉTAILS.
En laii, l'abbé de Saint-Germain-des-Prés, Hugues d'Issy, fit reconstruire une chapelle de
la Vierge, qui depuis longtemps était érigée dans l'intérieur du monastère, au nord de l'église
abbatiale, et qui tombait en ruines. Le célèbre architecte Pierre de Montereau avait déjà cons-
truit le réfectoire de l'abbaye; il fut chargé d'élever celte chapelle. L'historien Dom Bouillarl
la décrit ainsi : rElle a dans œuvre cent pieds de longueur sur vingt-neuf ou environ de largeur.
ttSa hauteur, sous voûte, est de quarante-sept pieds deux pouces et demi; elle a quatre arcades
tret autant de grandes vitres peintes qui en occupent toute la largeur jusqu'au chevet ou rond-
tf point, lequel eu a sept. Il y a au-dessus de la porte une grande fenêtre en forme de rose, d'un
r ouvrage et d'une délicatesse admirables, qui remplit toute la largeur de la chapelle. Hugues
ft d'Issy ne put la voir achevée »
Le plan de cette chapelle remarquable est gravé au bas de la planche XXIX; la façade se com-
posait d'une épaisse muraille dans laquelle était la porte; le pilier du milieu portait la statue de
la Vierge gravée au-dessus du plan. Quatorze contre-foris divisaient l'édifice en quinze grandes
fenêtres, subdivisées elles-mêmes par d'étroits meneaux en pierre soutenant les vitraux; au milieu
de la chapelle était la clôture du chœur, contre laquelle s'appuyaient deux autels; au fond de
l'édifice on montait, par deux marches, au sanctuaire et à l'autel de la Vierge. Hugues d'Issy fut
enterré, le 5 décembie 1 9/17, dans le chœur de la chapelle non achevée, et, le 17 mars 196C
on y plaçait l'arciiitecle Pierre de Montereau; sa tombe le représentait avec une règle et Ui
compas à la main.
La célèbre chapelle de la Vierge fut détruite pour le percement de la rue de l'Abbaye. Des
fragments ont été recueillis au Musée des Monuments français par A. Lenoir, aiusi que dans
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 37,-,
deux maisons de la rue nouvelle. Ces fragments ont été gravés avec des détails qui décoraient la
chapelle au dehors : balustrades, dais, gargouilles; plus bas sont reproduites des parties de
l'intérieur, telles que clefs et nervures de voûtes, chapiteaux, plan de meneaux, etc.
IX
RESTES DE LA CHAPELLE DE LA V1EI\GE. — PORTE.
Le plan et l'élévation de la porte de la chapelle de la Vierge à l'abbaye de Saint-Germain-des-
Prés font le sujet d'une planche. Cette porte fut recueillie, après la destruction de la chapelle,
au Musée des monuments français, par A. Lenoir; elle a été transportée, lors de la suppression
de ce musée, à l'église abbatiale de Saint-Denis, oii elle est restée déposée, en désordre, dans
l'ancien cimetière de Valois, au nord de l'église.
Le plan de la porte gravé au bas de la planche est orné de douze colonnettes disposées de
manière à porter les voussures de l'arc; celles-ci forment sur le devant une ouverture de 5 mètres,
qui, par l'inclinaison, se réduit à 3"',6o au fond, auprès de la baie; au milieu de la porte, le
plan finement profilé du pilier qui la divise est précédé d'un piédestal octogone, sur lequel était
placée la statue de la Vierge.
L'élévation et la coupe de la porte sont tracées au-dessus du plan; on voit sur l'un et l'autre
de ces dessins les nombreuses colonnettes qui portent les voussures ; elles s'élèvent sur un pié-
destal et sur des bases. Les chapiteaux qui surmontent les colonnettes et les moulures verticales
qui les isolent les unes des autres sont décorés de fleurs et de branchages d'une délicatesse
extrême par leur composition et par le travail du ciseau ; les profils des chapiteaux sont tracés
au bas de la planche. Le même soin d'exécution a été apporté dans la sculpture des détails qui
ornent le pilier placé au milieu de la porte, dans ceux du linteau qui le surmonte , et dans les riches
ornements qui décorent les nombreuses moulures dont est formé l'arc aigu, de proportions re-
marquables, placé au sommet. On reconnaît dans la pureté des lignes de ce précieux fragment
d'architecture du xiii' siècle le talent d'invention et l'étude délicate qui caractérisaient l'habile
artiste chargé, par l'abbé Hugues d'Issy, des projets et de l'exécution de la chapelle de la Vierge.
X
DÉTAILS INTÉRIEURS DE LA CHAPELLE DE LA VIERGE.
Quelques détails de la décoration intérieure de la chapelle de la Vierge construite, à l'abbaye
de Saint-Germain-des-Prés, par Pierre de Montereau, se voient encore daiis la rue de l'Abbaye,
qui fut percée, comme il est dit précédemment, dans la partie du monastère où elle avait été
élevée. Deux maisons de cette rue ont conservé ces précieux débris. La partie principale de ces
restes consiste en un fragment du mur d'enceinte de la chapelle, depuis le sol jusqu'au-dessous
des grandes fenêtres. Ce fragment, gravé au milieu de la planche, et dont une partie, reproduite
plus bas, est restituée d'après des détails qu'on retrouve, présente de légères arcatures en ogive,
encadrées et couronnées de feuillage; au-dessus régnait une sorte d'attique formant l'appui des
fenêtres. Les arcatures reposaient sur des chapiteaux ornés de crossettes délicatement sculptées;
des colonnettes légères placées auprès du mur d'enceinte portaient des chapiteaux. Les travées
de la chapelle étaient séparées entre elles par des groupes de colonnes portant les nervures de
la voûte; ces groupes, en s'élevant du sol et en s'appuyanl sur le mur d'enceinte, interrompaient
les arcatures, comme on peut le voir par les fragments reproduits sur la planche. De nombreux
profils et des projections horizontales complètent les dessins de ce fragment, auquel sont joints
376 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
tous ies chapiteaux doubles et simples qu'on rencontre auprès de cette ruine d'un des monu-
ments les plus célèbres de l'architecture du xiii" siècle en France.
XI
• VUE DE L'ABBAYE EN 1410?
( Notice de M. Albert Lenoir. )
Le tableau dont il s'agit était conservé dans la sacristie de l'église abbatiale de Saint-Germain-
des-Prés. Il fut recueilli au Musée des monuments français, après la révolution de 1789,
par A. Lenoir; porté, en 1817, à l'église de Saint-Denis, il en a été retiré pour être placé au
Musée du Louvre, où on le voit aujourd'hui. Ce tableau précieux de la peinture française
au xv" siècle est ainsi décrit par Dom Bouillart, historien de l'abbaye'" :
tOn voit dans la sacristie un ancien tableau qui a servi autrefois dans quelque chapelle, oii
tr l'abbé Guillaume est représenté à genoux, soutenant avec respect par-dessous les bras un Christ
r détaché de la croix, accompagné de plusieurs autres figures assez mal dessinées, selon la ma-
ttnière de ce temps-là, mais dont les têtes sont bonnes et le coloris d'une grande fraîcheur. Ce
trqui est le plus à estimer dans ce tableau, c'est le lointain oii l'abbaye est représentée au milieu
ttdes prés, environnée de tours rondes, de hautes murailles et de fossés profonds, comme Ri-
f:chard, prédécesseur de l'abbé Guillaume, les avait fait faire. Le Louvre avec ses grosses tours
rry paraît aussi de l'autre côté de la rivière, dans le même état qu'il avait été construit par Phi-
tf lippe-Auguste. Le Petit-Bourbon, à présent le garde-meubles du roy, y est dépeint de la même
tr manière qu'il est encore aujourd'hui, surtout du côté de la rivière. On voit encore, plus loin,
«derrière ces édifices, la butte Montmartre, et au sommet l'ancienne église avec le monastère
«des religieuses tel qu'il était pour lors.»
XI bis.
TABLEAU DE SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS.
(Notice de feu Adolphe Berty.)
En général, rien n'est moins commun que la représentation fidèle d'un édifice détruit depuis
assez longtemps; mais, lorsque l'image remonte au delà du milieu du xvi° siècle, elle constitue
un monument d'une extrême rareté; aussi faut-il considérer comme le résultat d'un hasard, plus
extraordinaire encore qu'il n'est heureux, cette circonstance que l'on a conservé du vieux Louvre
deux excellentes vues, dont l'une compte indubitablement quatre siècles d'existence.
Le tableau de Saint-Germain-des-Prés, jadis propriété de l'abbaye, fut recueilli pendant
la Révolution par A. Lenoir, et figura dans le musée, aujourd'hui si regrettable, des Petits-Au-
gustins; il a été conservé ensuite dans l'église de Saint-Denis, et, en i845, il est entré dans la
collection du Louvre, où on le voit maintenant exposé. Il est ainsi très-connu, et d'autant plus
que la vue qui en fait le principal intérêt a été fort souvent reproduite. Peint sur panneau, il
mesure 1 mètre de hauteur sur a^.oi de largeur, et représente le sujet, fréquemment traité,
du Christ descendu de la croix. Autour du cadavre se groupent la Magdeleine, Joseph d'Arima-
thie, saint Jean l'évangéliste, la Vierge, une sainte femme, certain personnage en manteau rouge,
que l'on tient pour un abbé de Saint-Germain, et enfin une femme agenouillée, que nous croi-
''' Dom Bouillart, Hist. de l'abbaye royakde Saint-Germain-des-Prés, p. 163.
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 377
rions volontiers être une parente du donateur. Dans le fond, à droite du spectateur, apparaît un
calvaire, et à gauche se dessine un paysage comprenant l'hôtel de Bourbon, le Louvre, Mont-
martre dans le lointain , et, sur un plan plus rapproche', le monastère de Saint-Germain. Personne
ne sait d'ailleurs de qui est au juste ce tableau, que l'on suppose dû à un artiste français ayant
subi l'influence de l'e'cole flamande (". Si l'hypothèse ne manque point de vraisemblance, il en
est fort différemment des dates qu'on a assigne'es jusqu'ici à l'exe'cution de la peinture, et dont
nous allons démontrer l'étonnante inexactitude.
Au dire d'Alexandre Lenoir, le tableau serait contemporain de Charles VII; selon M. de Clarac,
il daterait de la fin du xiv' siècle, et, d'après le catalogue du Musée, des premières années
du XV', au plus tard. Ces diverses conjectures, qu'on a maintes fois répétées et qui n'ont pas
encore trouvé de contradicteurs, sont absolument dépourvues de base; le seul document d'appa-
rence historique que l'on ait à citer sur l'origine du tableau est le passage de Dom Bouillart qui
le mentionne en ces termes : tr Enfin on voit dans la sacristie un ancien tableau qui a servi au-
«ftrefois dans quelque chapelle, oîi l'abbé Guillaume (IIP du nom, mort en iii8) est représenté
ffà genoux, soutenant avec respect, par-dessous les bras, un Christ détaché de la croix '^l.n II
convient de remarquer que Dom Bouillart n'invoque ici, contrairement à ses habitudes, aucune
autorité, et cela manifestement parce qu'il ne se fondait que sur une tradition.
En matière d'antiquités, nul ne l'ignore, les caractères archéologiques d'un tableau doivent
passer avant les données de la tradition. C'est pourquoi, avant même d'être arrivé à reconnaître
la cause de l'erreur commise par Dom Bouillart, nous avions la certitude qu'il se trompait
d'un siècle dans son appréciation. Le style du tableau ne permet pas d'admettre un moment qu'il
remonte au temps de Charles VI. Le caractère des têtes, l'agencement des draperies, la forme
des lettres de l'inscription tracée sur le vase que tient la Magdeleine, et les vêtements de Joseph
d'Arimathie, qui rappellent immédiatement ceux des calvaires sculptés en ronde bosse de la
Henaissance, nous ont toujours persuadé que l'œuvre ne pouvait être de beaucoup antérieure à
cette dernière période. Mais ce qui est surtout décisif, ce sont les costumes, bien qu'assez vagues,
des petites figures dispersées dans le paysage, et en particulier leur tournure éminemment carac-
téristique. Le commencement du xvi' siècle se révèle là avec tant d'évidence, qu'on ne saurait
presque souhaiter une indication plus explicite; nous en prenons à témoin tous ceux qui ont
étudié l'histoire du costume.
Si l'ancienneté du tableau de Saint-Germain-des-Prés n'excède pas le xvi" siècle, quelle cause
assigner à lallirmalion de Dom Bouillart, écrivain consciencieux, qui était dans les meilleures
conditions pour se bien renseigner? La méprise de Dom Bouillart s'explique de la façon la plus
naturelle : en effet, le détail qu'il rapporte, il ne le tenait, nous venons de le dire, que d'une
tradition, suivant laquelle le tableau offrait le portrait d'un abbé appelé Guillaume. Incapable
de discerner l'âge réel de la peinture, Dom Bouillart a cru qu'il s'agissait de Guillaume III,
'■' Sur la boite à parfums que tient la Magdeleine
est tracée une inscription très-embarrassante à in-
terpréter. Les uns lisent, à tort, les lettres LV CI-
PIO AF, et prétendent qu'elle fait allusion à Sci-
pion l'Africain , opinion tout à fait inacceptable; d'au-
tres, plus ingénieux, y voient le nom d'un peintre
inconnu qui se serait appelé Nicolas Pion; mais M. de
Montaiglon a établi la fausseté incontestable de cette
traduction, et il a soutenu, avec toute apparence
de raison, que, si les lettres de l'inscription for-
maient un sens, elles donnaient simplement le nom
de quelque drogue employée dans les embaume-
ments :
ffOn sait, dit-il, la façon dont, au xvi* siècle, sur
ries vases qu'on a l'habitude d'appeler aiguières de
irpharmacie, le nom de ce qu'ils devaient renfer-
rrmer figure comme ornement; notre peintre aura
r copié un vase de celle espèce et aura reproduit ce
tr qu'il voyait.» (Archives de l'art français , i" série,
t. II, p. 187.)
'*' Hist. de l'abbaye Saint-Germain-des-Prés ,
p. 169.
/18
378 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
dont la libéralité était renommée parmi les moines à cause des magnifiques objets par lui donnés
à leur église; suffisamment familier avec la critique archéologique, il eût compris que la tra-
dition se rattachait nécessairement à l'un des deux prélats commendalaires du nom de Briçonnet,
soit à Guillaume IV, abbé de i 5o3 à 1607, soit à Guillaume V, abbé de 1607 à i533; la véri-
table difficulté consiste à déterminer lequel fut réellement le donateur.
Nous ne voyons qu'un indice qui aide à résoudre le problème, et, s'il n'en assure pas la
solution définitive, du moins il le simplifie beaucoup. La physionomie du personnage en manteau
rouge est celle d'un homme touchant à son douzième lustre; or Guillaume V n'atteignit sa
soixantième année qu'en i53o '", et le tableau a été peint avant 15^7, puisque l'on y distingue
la grosse tour du Louvre. Pour que le tableau eut été fait par ordre de Guillaume V, il faudrait
conséquemment qu'il eût été entrepris presque au moment où la tour disparut, et que l'artiste,
rompant avec les habitudes de ses confrères, eût vieilli quelque peu les traits de son modèle. 11
ne serait point sage d'imaginer un pareil concours de circonstances, et l'on a de meilleures
raisons pour croire que le tableau provient d'un don de Guillaume V, qui mourut le 1 4 dé-
cembre 1 5 1 i (^', c'est-à-dire sept ans après avoir résigné la commande de l'abbaye en faveur de
son fils. Dans tous les cas, et en dépit des assertions contraires, il est entièrement hors de doute
que le tableau de Saint-Germain-des-Prés appartient au premier quart du xvi° siècle.
XII
PLAN DE L'ABBAYE SAINT-GERMAIN-DES-PBÉS AU MILIEU DU XVl" SIÈCLE.
Le dessin original sur parchemin est conservé aux Archives nationales; il a été exécuté, en
i5ùi, pour un procès qu'eurent à soutenir les religieux de Saint-Germain-des-Prés. On lit
dans l'histoire de l'abbaye par Dom Bouillart, à l'année i5ii, page i84, les détails de cette
affaire : ttLes religieux de l'abbaye, dont le terrain étoit fort resserré à cause des fortifications
tet des fossés qu'ils avoient fait faire par ordre du Roy en i368, voulurent cette année (i54i-)
(f l'augmenter de sept arpens de terre situés au bout de leur jardin. Lorsque les murs de clôture
(f furent commencés, le prévost de Paris, à la requête du procureur du Roy, leur fit défense de
(tles continuer, et ordonna même qu'ils seroient démolis, sous prétext* qu'il y avoit un chemin
tr public entre les sept arpens et leur jardin, dont ils ne pouvoient disposer. Les religieux eu
ff appelèrent au Parlement, lequel nomma deux conseillers pour faire une descente sur les lieux,
Tet ensuite faire leur rapport à la Cour. Le procureur général intervint par son substitut, et le
(c prévost des marchands et les échevins pour la Ville. Les commissaires, ayant entendu les témoins
rtde part et d'autre, reconnurent qu'il n'y avoit jamais eu de grand chemin dans l'endroit en
rr question, et en firent leur rapport à la Cour. Le Roy, dens le même temps, sollicité appa-
'tremment par le cardinal de Tournon (alors abbé de Saint-Germain-des-Prés), évoqua cette
«affaire à son conseil privé, et rendit un arrêt, le 1" mars suivant i5i3, par lequel il permit
traux religieux de Saint-Germain de rétablir la démolition et d'achever leurs murailles; ce qui
tf fut exécuté la même année, v
Le chemin, objet du procès, est marqué sur le dessin original de la lettre C, et il est Iracé
''' Il mourut le 95 février i533 (v. st.) âgé de qui longe les murs de Pabbaye, sur un cheval cou-
soixante-troisans. (Ga//m(;Arî.s/ian«, t. Vl,col.563.) vert d'une housse rouge. Dans l'une de ses gra-
''' Nous n'avons pu trouver Tannée de sa naissance; vures, M. de Clarac a transformé ce cavalier en une
mais, puisqu'il eut un second fils vers 1^70, il ne femme, suivie d'un homme et d'un enfant en pan-
pouvait être âgé de moins de soixante ans vers i5o3. talon. Ce vêtement moderne a été prêté à plusieurs
Il était revêtu de la dignité de cardinal, et, un ins- figures de la même planche, où la vue du nionas-
tant, nous avons cru le reconnaître dans le cavalier tère présenté une faute choquante de perspective.
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 37î)
entre les fossés de l'abbaye et le clos marqué des lettres F, G , H. Sa lon-jucur était de 36 perches;
les divers côtés du clos sont marqués aussi par les mesures de longueur, ce qui était nécessaire
pour éclairer les juges; enfin, sur la légende, on a la confirmation du motif qui fil exécuter
ce dessin, en y voyant ces mots : CCCC,k chemin sur les fossez, prétendu être royal par parties
adverses.
Dom Bouillart a publié dans son ouvrage un dessin analogue à celui-ci, mais qui en diffère
en plusieurs points; peut-être est-ce le même qu'il a fait modifier par son graveur. Il l'indique
comme représentant l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, telle que l'abbé Richard la fortifia
en i368. Il n'a pas remarqué, s'il a eu entre les mains le dessin reproduit à la planche X,
qu'il a été évidemment exécuté pour venir à l'appui de la défense des droits de labbaye sur le
chemin qui la séparait du clos vers Saint-Père.
XIII
PLAN DU hez-de-chaussée de L'église saini-germain-des-prés.
Le plan dont il s'agit est celui du rez-de-chaussée de l'ancienne église abbatiale Saint-Ger-
main-des-Prés, dans l'état où elle se trouve depuis les changements qu'on dut y apporter lors-
qu'elle fut convertie en paroisse. L'ancienne porte de l'église située à l'occident est précédée
d'un porche construit au xvii" siècle. Le bas du grand clocher avait servi jusqu'alors de veslibuie;
au sud s'étend la chapelle de Saint-Symphorien, reconsiruite sur l'emplacement de l'oratoire
élevé dans l'origine par saint Germain, et dans lequel il fut inhumé; c'est aujourd'hui la cha-
pelle des catéchismes. La partie antérieure de l'église, composée de trois nefs divisées en cinq tra-
vées, est, avec le clocher, ce qui fut reconstruit par les soins de l'abbé Morard à la fin du x" siècle
et au commencement du xi' siècle; une chapelle du baptême a été disposée à l'extrémité de la
nef latérale du nord, en forme de demi-cercle, lorsque l'église est devenue paroissiale. A partir
de la quatrième travée de la nef latérale du sud, une entrée à l'église, une chapelle et le mur
du transept méridional ont été refaits au xvii' siècle; au delà, une sacristie des messes a été
établie à la place qu'occupait une chapelle consacrée à saint Julien martyr, pour remplacer la
sacristie ancienne, qui était située du côté septentrional de l'église, et qui fut détruite à la fin
du siècle dernier. A partir des transepts, toute la construction de l'église est d'une date posté-
rieure à celle des nefs; elle contient le sanctuaire, les bases de deux clochers secondaires et leurs
escaliers, le chœur des religieux récemment converti en chapelle des apôtres, la galerie de cir-
culation autour du chœur, huit chapelles particulières et celle de la Vierge. Celle-ci a été re-
construite, à une époque récente, à la place qu'occupait l'ancienne, dont les dispositions étaient
semblables à celles des quatre chapelles de l'abside.
Indépendamment du ])lan des dispositions générales de l'église, la planche contient les détails
des divers points d'appui des grosses constructions. Au n° i est le plan d'un des huit piliers qui
séparent la grande nef des collatéraux; ils se composent de quatre colonnes groupées autour
d'une pile carrée. Sous le n° a est le plan de l'un des gros piliers d'angle de la nef princi-
pale auprès des transepts. Au n° 3 est figuré le plan de l'extrémité orientale du mur qui limite
le sanctuaire du midi; le n" h donne le plan de l'un des groupes de colonnes qui séparent entre
elles les chapelles de l'abside.
XIV
PLAN DU PREMIER ÉTAGE DE L'ÉGLISE SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS.
Le plan du premier étage de l'église Saint-Germain-des-Prés fait voir à l'occident les dispo-
48.
380 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
sitions d'une salle située dans le clocher, au-dessus de l'entrée de l'église; un petit escalier à vis
y conduit; un escalier en bois, établi dans la salle même, est destiné au service du buffet d'orgues
placé à la partie antérieure de la grande nef. Dans cette salle du premier étage du clocher était
autrefois une chapelle consacrée à l'archange saint Michel, comme on l'apprend des us et cou-
tumes de l'abbaye, rédigés par l'abbé Guillaume III au xv° siècle; aux environs de cette salle
sont tracés les toits du porche extérieur et de la chapelle de Saint-Symphorien. Deux plans
gravés au bas de la planche font connaître les dispositions des étages supérieurs de la tour;
celui qui est indiqué par le n" i devait contenir le beffroi qui portait les grosses cloches; sous
le n° 2 est le plan de l'étage supérieur du clocher; il est décoré de colonnes engagées.
Au delà du clocher occidental, le plan indique les hautes murailles de la nef principale,
percées de dix fenêtres; au nord et au midi de ces murs, sont tracés les toits qui couvrent les
bas côtés de l'église; les murs des transepts sont indiqués ensuite, puis se développent parallèle-
ment à l'axe de l'église les hautes parois du sanctuaire auprès desquelles sont les plans des
deux petits clochers qui étaient voisins. Autour du chœur s'étend une galerie faisant tribune;
elle est composée de gros et de minces piliers alternés et ornés de colonnettes engagées; des co-
lonnes isolées les séparent. Autour de cette galerie, sur les toits des chapelles, sont tracés les
plans de nombreux contre-forts qui soutiennent les voûtes du chœur, et enfin à l'abside est
légèrement exprimé le plan de la chapelle moderne de la Vierge, dans les parties qui s'élèvent
plus haut que les combles voisins. Aux deux angles supérieurs de la planche ont été gravés
deux détails du plan de la galerie en tribune; au n° 3 est celui d'un des gros piliers, et au n° U
celui d'un des petits piliers de cette galerie.
XV
FAÇADE OCCIDENTALE DE L'ÉGLISE SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS RESTITUÉE.
La façade occidentale de l'église a été dégagée de toutes les constructions secondaires ou d'une
époque postérieure au xi' et au xii° siècle, qui en ont successivement altéré le caractère primitif.
Cette façade se compose d'un grand clocher, consolidé à ses angles par des contre-forts vigou-
reux s'élevant jusqu'à la base d'une partie supérieure qui contient aujourd'hui les cloches, et
qui est décorée d'arcades supportées par des groupes de colonnes engagées. Une flèche en bois
d'une grande hauteur, et flanquée à sa base de quatre clochetons, couronne l'ensemble de la tour.
Au-dessous de cette partie supérieure de l'édifice, ont été percés trois étages de fenêtres; celles
du haut sont doublées. Au rez-de-chaussée de la tour est un large portail surmonté d'arcs aigus,
et qui, jusqu'à l'époque de la Révolution française, fut orné de statues qui ont été détruites alors.
Un toit couvrant cette porte de l'église a été supposé, dans la restitution , pour protéger ces sta-
tues contre la pluie.
Au delà du clocher, dans la partie inférieure et au second plan, la gravure fait voir les extré-
mités des bas côtés de l'église couverts de toits en appentis; aux angles sont figurés des contre-
forts dont plusieurs se voient encore dans l'étendue des murailles latérales; plus loin que les
bas côtés s'élèvent les murs des transepts percés chacun de deux fenêtres dont on retrouve les
(races sur le monument et qui ont été murées; les contre-foris d'angle existent encore en partie.
Enfin les deux clochers secondaires qui s'élevaient auprès du sanctuaire ont été restitués sur cette
planche tels qu'ils furent conservés depuis leur construction au xii° siècle jusqu'en 1829, époque
à laquelle ils ont été démolis, dans la pensée qu'ils surchargeaient trop les murailles voisines
du sanctuaire et qu'ils compromellaient la conservation de l'édifice. Cette destruction a com-
plètement dénaturé l'aspect général de la belle église abbatiale de Saint-Germain-des-Prés.
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 381
XVI
SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS. — FAÇADE LATÉRALE RESTITUÉE.
La façade latérale de Féglise de Sainl-Germain-des-Prés que nous reproduisons est celle du
côté du nord; elle a été dégagée de toutes les constructions secondaires qui s'y appuient, afin
de faire mieux connaître le style de son architecture. Toute la partie occidentale, depuis le grand
clocher de la façade jusqu'à celui qui s'élève auprès du sanctuaire, est dans le style du xi' siècle
et peut être attribué à l'abbé Morard. Cette première moitié de l'édifice comporte le clocher
principal, dont la façade septentrionale offre la plus grande similitude avec celle de l'occident,
publiée à la page xix, moins le portail servant d'entrée à l'église. Au delà de ce clocher se pré-
sente, à rez-de-chaussée, le mur extérieur de la nef latérale du nord avec les contre-forts qui
soutiennent la poussée des voûtes. Contre ce mur s'appuyaient les voûtes du cloître. Au-dessus
du toit, en appentis de ce bas côté, s'élève la haute muraille de la nef principale de l'église,
percée de cinq grandes fenêtres qui l'éclairent; elles sont encadrées de moulures et de billettes,
sortes de denticules arrondis; ces moulures forment un bandeau continu qui passe sur les
contre-forts destinés à soutenir le mur et les voûtes. Une corniche ornée de modillons couronne
la façade.
Au delà des constructions de la nef s'avance le transept du nord, dont les contre-forts et la
corniche existent encore, mais dont toute la façade est occupée par une grande fenêtre en ogive,
de construclion moderne, remplacée, sur la gravure, par deux baies en plein cintre dans le style
de celle de la nef; plus loin que le transept s'élèvent les murailles des chapelles situées laté-
ralement au chœur; elles ont le même caractère que les constructions de la nef; une petite porte,
bouchée aujourd'hui, y était pratiquée pour aller à l'ancienne sacristie placée de ce côté. Le
clocher voisin du sanctuaire est rasé, depuis 1829, à la hauteur de son premier étage; il pré-
sentait, par son architecture, une grande analogie avec celle des parties occcidenlales de l'église,
et se divisai! en cinq étages apparents, dont trois ouverts de fenêtres doubles et décorées de
pilastres et d'archivoltes; une flèche en bois et quatre clochetons couvraient la tour. L'architec-
ture des chapelles de l'abside et celle des hautes constructions du chœur diffèrent de celle du
reste de l'édifice, et elles sont d'une époque postérieure; l'arc aigu y surmonte toutes les baies;
dans les parties hautes les fenêtres sont doublées, et des colonneltes supportent les archivoltes;
d'épais arcs-boulants maintiennent la poussée des voûtes du chœur. Une corniche ornée de mo-
dillons couronne l'édifice et soutient la saillie du toit.
XVII
PORTE DE L'ÉGLISE SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS.
Le linteau qui surmonte la baie d'entrée de la grande porte occidentale de l'abbaye est composé
d'une seule pierre sur laquelle est sculptée la Cène; ce bas-relief est dessiné dans son état, actuel
en haut de la planche. Le Christ y est représenté assis entre les apôtres; saint Jean, placé à sa
droite, s'incline sur la teble; un apôtre à genoux en avant de Jésus lui présentait un calice; cette
figure a été détruite à l'époque de la Hévolution de 1789. Le dessin fait voir aussi la double
série de chapiteaux que surmontaient autrefois huit statues dont le portail était décoré; ces cha-
piteaux existent encore, mais ils surmontent aujourd'hui des colonnes qui remplacent les figures
détruites à la Révolution.
Au bas de la planche est représentée toute la statuaire du p)rtail, telle qu'on la voyait dans
le siècle dernier; elle est publiée ici d'après le dessin original qui fut exécuté pour être gravé à
382 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
la planche VII du grand ouvrage intitulé : Trésor des antiquités de la couronne de France, public
en 17/15 par Montfaucon. Cette reproduction du dessin est plus précise que celle qui est gravée
dans l'ouvrage précité et présente avec elle des différences. Le caractère des têtes et de la
sculpture, en général, a été altéré par un graveur inhabile.
On a longuement discuté au sujet des statues qui décoraient le portail de l'église abbatiale
de Saint-Germain-des-Prés; Dom Mabillon y a vu, à la partie gauche en entrant dans l'église,
les représentations de saint Germain , auprès de la porte, et ensuite celles de Clovis, de sainte Cio-
tilde et de Clodomir; puis, à la partie droite, celles de Ghilpéric, auprès de la porte de Chil-
debert, et celles d'Ultrogothe et de Clotaire. Dom Ruinart pensait que la figure d'évêque était
celle de saint Remy. Il conservait les autres désignations de ce côté; en face, sur l'autre paroi
du portail, il substituait Thierry à Ghilpéric proposé par Mabillon. Un autre auteur qui a gardé
l'anonyme voulait que les statues placées à la droite de l'évêque, qu'il considérait comme
saint Germain, fussent Pépin, Rertrade et Charlemagne; vis-à-vis, il plaçait Garloman d'abord
et conservait les trois autres noms donnés par Mabillon. Dom Ruinart avait retrouvé les noms
de Clodomir, CLODOMRIVS, et celui de Clotaire, CHLO. . . .VS, inscrits sur les deux rou-
leaux que tenaient les dernières statues de chaque série; on ne pouvait donc admettre, à cause
de ces dénominations, que ces huit figures aient représenté des personnages de l'Ancien Testa-
ment, comme cela fut presque généralement pratiqué par les sculpteurs du moyen âge lorsqu'ils
décoraient les portails d'églises. Quoi qu'il en soit, ces sculptures dataient du xii° siècle, et non
de l'époque de la première construction de l'église, comme l'ont pensé les différents auteurs
cités plus haut. Le portail et le clocher auraient été construits dans le xi" siècle, mais le style des
statues et des chapiteaux qui les surmontaient indique que la décoration n'aurait été terminée
que dans le siècle suivant.
Les portes en bois qui servent encore aujourd'hui à clore l'église sont du commencement
du \\i' siècle; deux anneaux en bronze, soutenus par des têtes de lion qui étaient placées sur
les panneaux inférieurs de la menuiserie, dataient du xii° siècle; l'un d'eux est dessiné de face,
et de profil au milieu de la planche.
XVIII
SAI.NT-GERMAIN-DES-PRÉS.— ABSIDE DE L'ÉGLISE RESTITUÉE.
L'abside de l'église de Saint- Germain -des -Prés offrait un aspect monumental remarquable
lorsque les deux tours du sanctuaire étaient encore debout; le grand clocher de la façade prin-
cipale se groupait avec elles d'une façon heureuse; plus prépondérant par sa masse, il contri-
buait à donner de l'élégance à ces deux clochers secondaires, et la distance qui le séparait
d'eux contribuait au jeu des lignes, aux effets de la perspective aérienne. Les chapelles arrondies
groupées autour du choeur, les vigoureux arcs-boutants qui soutiennent la poussée des voûtes
supérieures, enfin tout ce qui complète l'abside amenait auprès de ces clochers une variété de
style qui ne nuisait pas à l'unité générale.
Plusieurs restitutions ont été faites sur la planche pour ramener l'édifice à son caractère pri-
mitif. La chapelle de la Vierge, située au milieu de l'abside et reconstruite sur un plan moderne,
a été rélablie dans son premier état; le toit qui surmonte le chœur et la nef principale a été
baissé de façon à recevoir son ancienne inclinaison , dont on retrouve la trace dans le comble
actuel, sur la face orientale du grand clocher. Les deux tours voisines du sanctuaire ont été ré-
tablies dans leurs formes et proportions anciennes d'après des documents authentiques; auprès
de celle du midi a été rétablie la tourelle qui contenait l'escalier destiné à monter jusqu'au beffroi
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 383
des cloches; eiiGn les extrémités des transepts qui apparaissent aux deux cotés des petits clochers
ont été' percées de fenêtres en plein cintre, comme on en voit des traces sur les faces opposées.
XIX
COUPE LONGITUDINALE DE L'ÉGLISE SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS.
La coupe longitudinale de l'église Saint-Germain-des-Prés commence au grand clocher de la
façade occidentale; le portail donne entrée au vestibule formé de l'étage inférieur du clocher;
dans la voûte est pratiquée une ouverture circulaire pour le passage des cloches; au-dessus était
la chapelle de Saint-Michel déjà mentionnée; de son sol on descend à celui de la tribune des
orgues; trois planchers de construction moderne sont établis entre le premier ét<jge de la tour
et le beffroi destinés aux cloches; ce beffroi repose sur les moulures saillantes qui couronnent
les pilastres, et sur des supports en consoles placés au-dessus des grands arcs de décharge cons-
truits au-dessous de l'étage supérieur de la tour; la flèche a été indiquée ici sans les détails de
sa charpente.
A l'est du clocher se développent les travées de la nef principale : elles sont percées, à rez-
de-chaussée, d'arcades en plein cintre surhaussé et reposant sur les chapiteaux de colonnes en-
gagées dans les piliers; au-dessus de ces arcs sont les fenêtres qui éclairent la nef; de longues
colonnes séparent les travées et montent jusqu'à la naissance des voûtes, qui datent de iG4/t,
époque à laquelle on les établit à la place d'une charpente apparente qui couvrait la nef depuis
l'origine de la construction.
Les transepts sont séparés des nefs ainsi que du sanctuaire par des piliers composés de fais-
ceaux de colonnes; le mur du fond est percé de deux baies, restitution qui remplace une grande
ouverture en ogive faite en i644.
Le sanctuaire, auquel on monte par plusieurs marches, est établi au delà des transepts; les
murs latéraux, décorés de doubles arcalures en ogive et à colonnes, et plus haut d'une simple
baie figurée, étaient les principaux appuis des clôtures secondaires, dont un, celui du nord, est
reproduit sur la coupe. L'architecture du chœur, qui est du xn" siècle, est composée, à rez-de-
chaussée, de fortes colonnes surmontées de remarquables chapiteaux sur lesquels reposent les
retombées d'arcs en plein cintre d'abord, puis d'arcs en ogives; les mêmes chapiteaux portent des
faisceaux de colonnettes qui s'élèvent jusqu'à la naissance des voûtes et se lient à leurs nervures;
entre ces faisceaux est ouverte la galerie ou tribune du chœur, décorée de colonnes isolées en
marbres de diverses couleurs et surmontées de chapiteaux variés dans le style capricieux du
XII' siècle; plus haut que la galerie sont pratiquées les fenêtres doubles qui éclairent le chœur; les
grosses colonnes dont celui-ci est entouré le séparent de la galerie de circulation conduisant
aux chapelles latérales et à celles de l'abside. L'ancienne chapelle de la Vierge a été rétablie
dans la coupe suivant son premier style; au-dessus de la voûte sont dessinés les arcs-boutants
qui maintiennent les hautes constructions du chœur.
XX
COUPES TRANSVERSALES DE L'ÉGLISE SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS.
Deux coupes transversales de l'église Saint-Germain-des-Prés ont été gravées; la première est
tracée sur les nefs en regardant vers l'entrée principale de l'église; une partie du grand clocher
parait au-dessus du comble supérieur; la coupe de la nef principale se compose des voûtes cons-
truites en 1644, à la place des charpentes apparentes qui avaient été conservées jusqu'à cette
époque; le comble fut reconstruit aussi tel qu'on le voit aujourd'hui; plus bas que les voûtes
38i TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
parail l'arcade qui, du premier étage du clocher, donne accès à la tribune des orgues; un plan-
cher moderne est placé à la hauteur de l'imposte de cet arc. La tribune des orgues est formée
d'un arc surbaissé, au-dessous duquel on voit la porte d'entrée de l'église. Les bas côtés sont sé-
parés de la grande nef par des arcades à colonnes; le mur qui les surmonte est tracé ici en coupe;
il en est de même à l'égard des fenêtres ouvertes au-dessus; les nefs latérales, leurs voûtes et les
toits en appentis qui les couvrent s'étendent de chaque côte de la nef principale.
La coupe gravée au-dessous de celle des nefs est prise dans toute la longueur des transepts,
en regardant vers le chœur; les deux clochers secondaires se voient en partie au-dessus; plus
bas est le grand comble transversal; aux deux extrémités des transepts sont figurées, en coupe,
les fenêtres restituées en remplacement des grandes baies en ogive exécutées en iGUh. Ces baies
se reproduisaient sur le mur oriental des transepts; elles ont été bouchées. Plus bas sont de
grandes arcades décorées de colonnes engagées, donnant entrée à la galerie de circulation éta-
blie autour du chœur; on voit par ces arcades les colonnes qui ornent les chapelles rangées cir-
culairement autour de l'abside. Au milieu des transepts s'ouvre le sanctuaire par une immense
ouverture qui permet de voir le chœur, dont les grosses colonnes supportent des arcs aigus:
au-dessus est tracée la galerie ou tribune indiquée déjà dans la coupe longitudinale; plus haut
on voit les croisées qui éclairent le chœur ainsi que les voûtes qui le couvrent.
XXI
CLOCHER DE LA FAÇADE DE L'ÉGLISE SAINT-GERMALN-DES-PRÉS.
Le grand clocher qui s'élève sur la façade occidentale de l'église Saint-Germain -des-Prés
offre, dans sa partie supérieure, de curieux détails; l'étage qui porte directement la flèche en
bois est décoré de colonnes engagées, dont les bases et les chapiteaux sont d'une grande sim-
plicité, nécessaire à une aussi haute élévation; ces colonnes supportent des arcs en plein cintre
très-bien construits et qui sont disposés sur deux plans différents, ce qui résulte de la disposition
des colonnes; ce plan partiel, gravé au-dessous de l'élévation, en explique la combinaison; des
frettes décorent les archivoltes de ces arcs. La corniche qui surmonte cet étage est formée de
consoles sur lesquelles reposent, horizontalement, des dalles de pierre disposées régulièrement
et taillées en biseau par-dessous pour simuler une moulure.
La coupe gravée au bas de la planche indique comment sont construites à l'intérieur les
fenêtres doubles des deux étages supérieurs du clocher, ainsi que les grands arcs de décharge qui
supportent des consoles sur lesquelles repose le poids principal du beffroi. Ces consoles sont
aidées dans leur fonction par des moulures saillantes placées à la hauteur de l'imposte des
fenêtres, et sur lesquelles s'appuient des contre-fiches en bois qui portent une partie de la charge
de cette lourde charpente; ce beffroi, cependant, est moderne et bien moins important que celui
qui devait supporter autrefois les grosses cloches de l'abbaye, lesquelles, en 1 58o et 1 58i , furent
fondues de nouveau par un nommé Pierre Leroy, très-habile fondeur; elles étaient considérées
comme les plus harmonieuses et les mieux d'accord qu'il y eût à Paris.
XXII
TOMBEAU ET ÉPITAPHES.
On fit, en i656, un tombeau pour couvrir les restes de la reine Rilihilde ou Blithilde, femme
du roi Childéric H, assassinée avec lui et leur jeune fils Dagobert dans la forêt de Livry par Bo-
dillon.Le cercueil de la reine avait été retrouvé et ouvert en i6/i5, lorsqu'on fit des réparations
au sanctuaire de l'église abbatiale. Le squelette avait été vu alors enveloppé encore dans une
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 385
partie des vêtements : un coussin d'herbes odoriférantes était sous la tête; le corps du jeune Da-
goberl reposait sur celui de sa mère. Ce tombeau de Bilihildo n'a pu être recueilli, comme les
précédents, au Musée des Monuments français, et prendre ensuite sa place chronologique dans
la série des tombes royales à l'église de Saint-Denis, parce qu'il avait été détruit à l'époque de
la Révolution de 1789. Le seul document qui reste pour le faire connaître est le dessin de la
collection Gaignières publié sur cette planche.
Au-dessus du caveau situé au milieu de l'ancien sanctuaire de l'abbatiale de Saint-Germain-
des-Prés, on lisait une inscription apprenant que les religieux bénédictins y avaient placé le
cœur du prince Henri de Bourbon, duc de Verneuil, leur abbé, mort en 1682.
XXIII
TOMBEAUX ET COSTUMES D'ABBÉS.
Les tombeaux d'abbés sont les plus importants de ceux qui furent découverts dans l'église
de Sainl-Germain-des-Prés en 1799; celui qui est dessiné au bas de la planche, dans l'état oii il
fut trouvé, à 9°',3o au-dessous du pavé de l'édifice, était fermé par un couvercle en marbre
blanc à quatre faces inclinées; les deux principales étaient ornées d'écaillés au milieu desquelles
on avait sculpté, dans un cadre, des pampres et une palme sortant d'un vase; des feuillages or-
naient les extrémités de ce couvercle, qui avait été brisé à l'un de ses angles; il fut recueilli au
Musée des Monuments français par A. Lenoir, avec le cercueil qu'il couvrait, et placé depuis
au Musée du Louvre; il date des premiers temps du christianisme en France. Dans le cercueil A,
fermé parce couvercle, on trouva un squelette entièrement vêtu; la robe ou soutane était eu
laine d'un ton rouge brun, au bas une bordure aussi de laine avait été ornée par un gaufrage
combiné avec le tissu de l'étoffe; par-dessus ce premier vêtement on avait posé un ample man-
teau formant de larges plis et en taffetas très-fort; la couleur, quoique passée, paraissait avoir
été d'un beau rouge foncé. Les chaussures en 'cuir noir avaient la forme de pantoufles; à la
droite du squelette était placée une longue canne surmontée d'un tau en ivoire sculpté, et monté
sur une douille de cuivre ouvragée de même; le dessin en est reproduit en grand; l'empla-
cement où fut trouvé ce tombeau est également indiqué.
Le second tombeau, marqué B, contenait aussi un squelette; ce squelette avait auprès de lui
une. crosse en bois sculpté dans le style du xi?" siècle, on y voyait quelques restes de dorure.
Celle tombe, trouvée à l'orient de la précédente, était aussi celle d'un abbé.
(Statistique monumentale, texte explicatif par M. Albert Lenoir. Paris, 1867, in-4°, p. yi-yg)
DOCUMENTS MANUSCRITS
RELATIFS À L'ABBAYE SAINTGERMAIN-DESPRÉS.
(Texte, chapitre ii, pages 97 et suivantes.)
L'abbaye de Saint-Germain-des-Prés a laissé partout des traces de son importance et de ses
richesses. Il n'y a pas de bibliothèques, de dépôts d'archives, qui ne renferment quelques do-
cuments relatifs à son histoire. Les Archives nationales ne possèdent pas moins de deux cents
carions et de sept cent soixante-cinq registres.
Dans la section historique, il y a cinquante-huit cartons et cent trente-deux registres.
III. «^
386 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Le premier carton de la seclion historique (L. 752) renferme le brouillon du canevas de
l'histoire de Saint-Germain-des-Prés, par Dom Bouillart (16 cahiers in-4°), et une attestation
de iSga d'une portion de la côte de saint Leufroy, appartenant à cette chapelle et donnée, de-
puis sa démolition, à Saint-Germain-l'Auxerrois. Le deuxième (L. 753), des pièces concernant
l'église, les tomheaux des rois, les réparations et les décorations, des états de travaux, quit-
tances, etc., aux XVII* et xvin* siècles; l'original d'une lettre de Louis XIV approuvant une tran-
saction faite entre l'archevêque de Paris et l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, relativement à
la juridiction spirituelle sur le territoire de l'abbaye en septembre 1668; des bulles et copies
de bulles, des actes de prise de possession et serments des abbés, de i5o3 à 1787; l'original
d'une lettre de J. Castel sur la mort de Denis de Sainte-Marthe, en 1795; un dénombrement
rendu au roi en i38i. Le troisième (L. 754), un censier de Cachant au xiv" siècle, un censier
d'Antony, un registre des cens dus à la pitancerie, à Antony, au xv' siècle; un cartulaire des
îles de la Seine, des moulins, etc., au xv" siècle; vingt-sept chartes, de 768 à 1176, concer-
nant Saint-Germain près Montereau, Absedo villa in pago Senonemi, les droits de formariage
entre l'abbaye de Sainte-Geneviève et celle de Saint-Germain-des-Prés, Montchauvet, Saint-
Léger-aux-Bois, la vigne de Laas, Saint-Georges-de-Marolles, Baignaux, Villeneuve, Planlis,
Fiacy et Courgenay, Avrainville, la chapelle de Notre-Dame-des-Halles à Saint-Léger, Sainl-
Germain-de-Marolles, Dammartin, Nogent-sur-Marne, les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jéru-
salem (1189), le Temple, Tauni, Émans, Bagneux, Mauny, fief de Clain en Poitou, Jonsiac.
Le quatrième (L. 755), vingt-quatre chartes, de 1176 à iigS, relatives à Cotençon, Monti-
gny, le prieuré de la Celle au diocèse de Meaux, Émans, MaroUes, prieuré de Baiily, Avrain-
ville, Longpont (Seine-et-Oise), Nogent-sur-Marne, Tiverni (diocèse de Beauvais), Baiily,
Lognes, la chapelle du château de Chàtellerault, Mantes, Dammartin, Nainiré, Cachan, les
lépreux de Meulan, Viatura dePirodio, Balainviliers, le couvent de Saint-Pierre de Chaumes,
Montchauvet, Sainte-Marie-aux-Bois, Tauny-sur-le-Vuiturue, Viliebole, Érablai, Duison, Laas
et Mantes. Le cinquième (L. 756), quatre-vingt-quatorze chartes, de laoo à 1999, concer-
nant Samoiseau, Sceaux, Plessis-Saint-Pierre, Clam;)rt, Mathy, Parei, Avrainville, le Déluge,
bois d'Arablai, Melun, Notre-Dame-des-Halies, Villeneuve-Sainl-Georges, Valenton, Avrain-
ville, Jonzi, prieuré de Baiily, Brelignac, bois du Chesnet, Provins, Meulent, Tiverni, Ver-
rières, le moulin de Breuii, Lognes, Marolles, Montchauvet, Nogenl-1' Artaud, Saint-Germain,
Laval près Montereau-faut-Yonne, Longuesse, le Breuii près Montlhéri, Montchauvet, le Dé-
luge, Mantes, Mathy, Dammartin, le bois de Genneville, Pirodium, Mantes, les chevaliers de
Saint-Jean-de-Jérusalem. Le sixième (L. 757), quarante-quatre chartes, de i93o à 12/19, '^^^'
cernant Marolles, la Celle, Montereau, Saint-Germain-Laval, Nogent-sur-Marne, Mantes, Vil-
leneuve-le-Comle, Samoiseau, Parei, Vissoux, Arcueii , Avrainville, la commanderie du Dé-
luge, Émans, Villeneuve-Saint-Georges, Prunelai, Baiily, Dammartin, Cheiles et Cachan. el
un règlement fait, le 1" décembre i9i!io, par Jacques, évèque de Préneste, légat du Saint-
Siège, pour l'administration de l'infirmerie de Saint-Germain, qui n'avait pas de revenus assez
considérables. Le septième (L. 768), des documents relatifs à Avrainville, Tillet, Valenton,
prieurés de Chaufour, de Nainiri en Poitou; et un registre des baux à ferme, contrats de
vente, etc., des fermes, terres, maisons et jardins sis à Anthony, Thiais, de 1207 à 1 609. Le
huitième (L. 769), des fragments de comptes de ii85 et un recueil de pièces relatives aux
droits de pêche; une copie coUationnée d'une très-volumineuse enquête faile par l'abbé de
Saint-Maixent, commissaire du pape, à la requête des religieux de Saint-Germain-des-Prés,
contre frère Eblon de Solere, au sujet de la prévôté d'Antony en 1378; une transaction du
9 octobre 1789, passée entre les religieux de l'abbaye et les habitants de Châtenay, Wuissous et
Massy, au sujet des dîmes du vin et du pressurage, etc. Le neuvième (L. 760), trois dossiers
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 387
de documents relatifs à l'accord entre le cardinal de Tournon et l'abbaye, de i537 à 1 690. Le
dixième (L. 761), quatre-vingt-dix chartes, de iîjSo à i3oi, concernant Jonzac, Cachan, Sa-
moiseau, Melun, Thiais, Antony, Suresnes, Longuesse, Tivcrny, Nogenl-l'Artaud, Clamart,
Avrainville, Parei, Martré-la-Celle, Chartres, Septeuil, le Breuil, Émans, Melun, Meudon,le
prieuré de Tornay dans le diocèse de Séez, Saint-Germain près Couilly, le prieuré de Castres,
Ablainvilliers, Sceaux, le prieuré de Brétigny au diocèse de Bourges, Bagneaux. Le onzième
(L. 762), trente-deux chartes de i3o9 à i34i, concernant Saint-Germain-Laval-sur-Monte-
reau, Cachan, Arcueil, la rivière de Bièvre, Dammartiu, le fief de la Tombe à Marolles.
Avrainville, le prieuré de Saint-Léger, Parei, Longuesse, Villebeslain, le Breuil-lès-Longponl
(Seine-el-Oise), Bagneaux, Antony. Le douzième (L. 763), cinquante sept chartes et autres
pièces, de 1290 à 1662, concernant Issy, Vanves, Meudon, Thiais, Vaugirard, Chàteaufort,
Montreuil près Versailles, les Chartreux. Le treizième (L. 76/1), un registre en feuilles intitulé :
ff C'est le compte de la recepte de la terre, justice et seigneurie d'Issy et des appartenances en
«t485;^ des censiers et quarante-quatre pièces et chartes, de 1190 à i465, concernant les
lieux dils Vallis Colliaci et Lilandri, Couilly, Montery, et les localités dans lesquelles le cham-
brier de Saint-Germain possédait des biens; Valenton,Viileneuve-Saint-Georges,Saint-Germain-
sous-Couilly, Montery, Émans et Noisy-le-Grand; un carlulaire de l'office de chambrier, renfer-
mant des pièces relatives à Saint-Germain -lès-Couilly et Nogent-l'Artaud, et plusieurs registres
concernant Saint-Germain-lès-Couil!y. Le quatorzième (L. 766), quatre pièces, de 1675 à
1694, relatives à la réunion de la justice de Saint-Germain-des-Prés au Chàtelet de Paris et à
la création d'une haute justice dans l'enclos du couvent; trente-neuf pièces de 121 3 à 1379,
concernant Villeneuve-Saint-Georges, l'érection de la chapelle du Trône en juillet laSi, Va-
lenlon, Linieuil, Thiais, Choisy, Grignon et Antony. Le quinzième (L. 766), des pièces con-
cernant les religieux hibernais (irlandais), le noviciat des Jésuites, l'ordre de la milice du
Saint-Esprit, les Dominicaines du tiers ordre de Saint-Dominique, les Jacobins, la chapelle
Saint-Père, les religieux de la Charité, les Théalins, les Prémontrés de la Croix-Rouge, les
Garmes-Déchaux. les Augustins déchaussés, l'hôpital des frères de la Charité, l'hôpital des In-
curables, l'hôtel des Petites-Maisons et la maladrerie du bourg Saint-Germain-des-Prés. Le
seizième (L. 767), des pièces sur les Cordeliers ou frères Mineurs, les religieux de la Merci et
de Sainte-Croix-de-la-Brelonnerie, une correspondance curieuse à consulter pour l'histoire des
mœurs du clergé au xvii' siècle, des pièces de procédure des xm° et xiv" siècles. Le dix-septième
(L. 768), des pièces relatives à l'institution des prieurs grands vicaires de Saint-Germain-des-
Prés, au grand vicariat de Saint-Germain et aux grands vicariats étrangers. Le dix-huitième
(L. 769), des pièces concernant la fabrique de Saint-Sulpice, les pièces d'un procès concernant
les biens de ce'tle fabrique, des mémoires, consultations et piocédures au sujet des processions
depuis la transaction de 1668, des requêtes et mémoires concernant l'érection de nouvelles
cures dans l'étendue du faubourg Saint-Germain et l'érection de la cure du Gros-Caillou. Le
dix-neuvième (L. 770), des pièces concernant les Augustines du Saint-Sépulcre de Belle-
chasse, les communautés religieuses situées hors le faubourg Saint-Germain, la prison de l'ab-
baye Saint-Germain, la nomination des geôliers et des chapelains de la geôle, la chapelle du
Saint-Esprit, la communauté des Filles séculières dites de M"' Cossart, les Filles de l'instruc-
tion chrétienne et les Pauvres Filles orphelines de la paroisse Saint-Sulpice, les Filles de la
Sainte-Vierge ou de M"" de Saujon; un dossier de pièces concernant les religieuses de Fervaques
(iOA3), Go'mer-Fontaine (iG55) et Saint-llemi-Saiut-Georges (1662); des procès-verbaux de
visites dans le couvent de Bon-Secours, au faubourg Saint-Anloine, à l'abbaye du Val-de-
Gràce, chez les religieuses anglaises, rue de Charenton; une vérification de reliques reçues par
les religieuses anglaises du faubourg S, lint-M arceau, rue du Champ-de-l'Alouetle. Le vingtième
388 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
(L. 771), des pièces de procédure relatives à un différend survenu entre Saint-Gerniain-des-
Prés et le seigneur de Nogent-l' Artaud (laôg-iSoS); des actes (1269-1289) concernant Va-
ienton, les Annonciades du couvent des Dix- Vertus; une vérification des reliques de l'Abbaye-
aux-Bois; quelques documents sur Notre-Dame-de-Liesse; un registre de l'office claustral du
censier de Saint-Germain-des-Prés, contenant les cens perçus de 1874 à 1612; un dossier de
pièces relatives aux corporations des maîtres serruriers, tissutiers, rubaniers, menuisiers, tal-
meliers, vinaigriers, moutardiers, établies dans la juridiction de l'abbaye de Saint-Germain;
une ordonnance des métiers de Saint-Germain des-Prés du 17 septembre 1^98; enfin une
charte du 26 janvier laSo, par laquelle l'abbé de Saint-Germain accorde pour dix ans, à des
marchands de Sienne, la faculté d'habiter le faubourg exclusivement à tout autre Lombard, et
leur accorde des franchises de tolte, de taille et de mainmorte. Le vingt et unième (L. 772),
des documents relatifs aux Augustines de Notre-Dame de la Miséricorde, à Notre-Dame-de-
Grâce, aux religieuses de Notre-Dame des Prés et aux Bénédictines de Notre-Dame du Mont-
Calvaire. Le vingt-deuxième (L. 778), des actes concernant la juridiction spirituelle de Saint-
(iermain-des-Prés, les religieuses de l'ordre du Précieux-Sang, les lettres de non-préjudice au
droit d'exemption de l'abbaye, des procès-verbaux de consécration des églises ou chapelles de la
reine Marguerite de Valois, de la maiadrerie du faubourg, des Pères de la Charité, du noviciat
des Jésuites, des Petits-Auguslins, du couvent du Verbe-Incarné; un dossier de pièces relatives
aux prétentions respectives du chapitre de Paris et de l'abbaye de Saint-Germain. Le vingt-
troisième (L. 77^), un dossier de pièces concernant les contestations soulevées entre le cha-
pitre de Paris et l'abbaye pendant les vacances du siège, un registre d'ordinations, des actes de
consécrations d'évêques à Saint-Germain, des pièces concernant l'official, le promoteur et les
prisonniers de l'abbaye, la vérification des reliques de sainte Thérèse, les Carmes déchaussés
du Luxembourg; enfin une autorisation, du 9 mai i656, de marier, dans la chapelle des
Carmes, Antoinette Patriau avec un protestant, Etienne H. d'Avil, écuyer, seigneur de Beau-
lieu. Le vingt-quatrième (L. 776), des documents sur les Filles de Saint-Joseph, dites df /»
Providence, à Bordeaux, Paris et la Rochelle. Le \ingt-cinquieme (L. 776), des pièces concer-
nant les revenus de l'aumonerie de la chambrerie, de la sous-chambrerie, de l'infirmerie, de la
prévôté et de la trésorerie de Saint-Germain-des-Prés; des documents relatifs à l'élection d'un
grand prieur par la communauté, de 1476 à 1607; des arrêts dli Parlement, des U juillet 1877
et 12 juillet 1^129, qui condamnent le chambrier à fournir les vêtements, chaussures, etc.. des
religieux de Saint-Germain; des règlements concernant les religieuses du faubourg et interdi-
sant l'établissement de nouvelles communautés; des pièces relatives à la seigneurie directe du
Clos-aux-Bourgeois , situé rue d'Enfer et appartenant à la grande confrérie. Le vingt-sixième
(L. 777), des documents relatifs aux reliques, aux châsses, aux bénédictions et consécrations
d'autels, à la dédicace de l'église en 1168, à la réforme de Saint-Germain-des-Prés et à son
union à la congrégation de Chezal-Benoît (1 5 1 5-1579); "'^ arrêt du Parlement, de septembre
1589, au sujet du livre intitulé Le Martire de fr. Jacques Clément, dans lequel les religieux de
Saint-Germain avaient été taxés d'avoir des intelligences avec les ennemis de la religion catho-
lique; des lettres d'association de prières avec les religieuses de Chelles en 1280, la description
d'une ancienne tapisserie, les pièces. d'un marché pour la châsse de saint Germain, des 18 fé-
vrier i4o8 et 20 août 1^09; des attestations de dons des corps de saints faits par l'abbaye à
d'autres maisons religieuses et à des particuliers; des pièces relatives à une fonte de cloches,
aux religieuses du Saint-Sacrement, rue Cassette, à la chapelle Saint-Symphorien , située dans
l'église de Saint-Germain-des-Prés; enfin des quittances données, de 1870 à i4i8, par les
maréchaux de France, qui étaient tenus d'assistçr à la grand'messe et à la procession le jour
de Saint-Germain, à condition de recevoir, pour leurs peines, douze pains, douze seliers de
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 389
vin et douze sous. Le vingt-septième (L. 778), des dossiers de pièces relatives au grand prieur,
à la chambrerie et à la chantrerie; des pièces concernant l'e'iection du grand prieur, de 1^70
à 1607; des états de revenus de l'aumônerie, de la cène, de l'infirmerie, de la prévôté et de
la trésorerie de Saint-Germain-des-Prés, de laZii à 1621; des documents relatifs aux charges
et droits des chambrier et sous-chambrier; des titres de provision et de prise de possession des
offices d'aumônier, cenier, chefcier, infirmier, prévôt et trésorier, de lioo à iGoo. Le vingl-
huitième (L. 779), des titres de cens et renies, des titres de propriété, d'acquisitions, de dons,
d'héritages, etc.; (rente-deux chartes, de laSo à i5i 5, concernant Sceaux, des propriétés sises
à Paris, l'église Saint-André-des-ArIs, le trésorier, le pitancier, diverses fondations; une copie,
collationnée le i5 octobre i5i5, d'un acte du mois de mars 1297, par lequel Saint-Germain
est déclaré ne pas faire partie de la ville de Paris; des pièces concernant l'office du chambrier,
la chantrerie, la sous-chanlrerie, l'aumônerie, les marchands de Sienne, une lettre de
Dom Poirier sur les abords de la rue Mazarine au xvi' siècle. Le vingt-neuvième (L. 780), un
procès-verbal d'enquête du i" décembre 1873, avec le rôle d'audition des témoins, au sujet
d'un procès mis entre l'abbé de Saint-Germain el Eblon de Solere {de Solerio). Le trentième
(L. 781), les pièces d'un procès intenté, en 1872, contre un dévolutaire qui voulait posséder
la prévôté d'Antony en titre de bénéfice. Le trente et unième (L. 782), vingt-six pièces de
i3o4 à i433, des cens et rentes, un arpentage des maisons, jardins, etc., situés à Grez, près
Amblainvilliers, en 1398; des pièces concernant les seize étaux à boucherie, etc. Le trente-
deuxième (L. 788), (!es documents divers, de i3oi à i4oo, parmi lesquels je citerai le frag-
ment d'un relevé fait, en 1872, des cens et rentes dus à l'abijaye de Saint-Germain et des
pertes éprouvées par elle pendant la guerre des Anglais; des comptes du pitancier, des titres
de rentes, des actes de donations. Le trente-troisième (L. 784), des titres de cens et rentes du
xv' siècle et des documents relatifs à la foire Saint-Germain, des titres de procédure, un re-
gistre des revenus du cenier, des actes de donation, etc. Le trente-quatrième (L. 786), la con-
cession du droit de conférer aux chapelles de l'église Saint-André-des-Arts, des sentences,
baux, reconnaissances de cens et rentes, les recettes du pitancier en 1/112, les titres d'établis-
sement des foires Saint-Germain. Le trente-cinquième (L. 786), des ordonnances, arrêts et
autres pièces confirmatives du droit de tenir la foire Saint-Germain; des pièces concernant la
croix de Vaugirard et l'ile aux Dames. Le trente-sixième (L. 787), des baux à cens et rentes,
des litres de procédure, un rôle des recettes des cens et rentes du pitancier à Paris, Villeneuve-
Saint-Georges, en i/ii5; des documents touchant les biens à la pitancerie. Le trente-septième
(L. 788), des pièces sur Choisy, un contredit pour Pierre de Lesciat, maître des requêtes de
l'hôtel, à rencontre de l'abbé de Saint-Germain-des-Prés, au sujet de la mouvance prétendue
sur une maison sise à Choisy; des litres de procédure contre des particuliers qui voulaient éri-
ger un pressoir à Choisy; des contrats de ventes de maisons sises à Paris. Le trente-huitième
(L. 789), des documents relatifs au droit de pêche dans la Seine et à Vaugirard; un registre
des cens et rentes dus à l'oflice du cuisinier de l'abbaye sur les îles et saulsayes de la Seine de-
puis les ponts de Paris jusqu'au pont de Sèvres; un état des redevances de maisons de Meu-
don, un rôle des recettes du pitancier. Le trente-neuvième (L. 790), des rouleaux renfermant
des copies de titres de propriété; un rouleau des années i553 et suivantes, contenant qua-
rante-six pièces de reconnaissance des prévôt et échevins de Paris, des deniers qu'ils ont tou-
chés des cens et rentes dus à l'abbaye de Saint-Germain; un recueil de pièces relatives à la clô-
ture de sept arpents de terre que les religieux voulaient joindre à la muraille de l'abbaye, en
jSia. Le quarantième (L. 791), des baux, titres nouvels et contrats, et quelques pièces rela-
tives à la maladrerie de Saint-Germain-des-Prés. Le quarante et unième (L. 792), des docu-
ments relatifs au Pré-Crotté, à des terres à Grenelle; un rarlulairc renfermant des notices sur
390 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
quelques rois de France, une liste d'abbés, des pièces curieuses sur Issy, des actes de vente et
d'achat, un acte d'autorisation de clôture. Le quarante-deuxième (L. 798), des baux, actes de
vente et d'aclial, des titres divers, etc. Le quarante-troisième (L. 79/1), des titres de propriété,
des baux de pièces de terres situées près le Sanitat, des sentences et arrêts, une enquête
faite en 1619, à Fonlenay-aux-Roses et à Chàlilion , au sujet de difficultés mues entre l'abbaye
de Saint-Germain-des-Prés et l'Université pour la dîme du curé. Le quarante-quatrième
(L. 795), des baux, reconnaissances de cens et rentes, actes d'acquisitions et de ventes, un re-
gistre des comptes de frère Jean de Muys, pitancier de Saint-Germain, en i489. Le quarante-
cinquième (L. 796), des baux et titres de propriété. Le quarante-sixième (L. 797), des titres
de propriété, un arpentage de plusieurs îles de la Seine en i53o. Le quarante-septième
(L. 798), des baux, des titres de procédure, un extrait du collège des Quatre-Xations avec la
succession Mazarin, vers 1676 et années suivantes, auquel se trouve joint un [)lan des fossés
et murs faits, en 1 356, du côté de Saint-Germain-des-Prés; des titres nouvels, un dossier de
pièces de 1629 à i563, relatif à des terrains situés sur les chemins de la Vieille-Thuillerie et
de Sèvres, autrement rue de la Maladrerie; des pièces concernant le Pré-aux-Clercs. Le qua-
rante huitième (L. 799) > des documents relatifs aux boucheries, des contrats de rente, baux,
conventions; des procès-verbaux de bornage, entre Saint-Germain-des-Prés et Sainte-Geneviève,
en 1691, de leurs territoires d'Issy et de Vaugirard; une vente de terrains proche les Inva-
lides, l'acte de prise de possession de l'abbaye par le cardinal de Furstemberg, un inventaire
des titres des cens dus dans le faubourg Saint-Germain, des pièces relatives au droit de justice
de l'abbé dans l'enclos de l'abbaye (1675-1693), des sentences et autres pièces. Le quarante-
neuvième (L. 800), des pièces relatives à la topographie du bourg Saint-Germain, des procès-
verbaux de bornage, un mémoire pour les officiers et fermiers du domaine, des papiers rela-
tifs à une contestation élevée au sujet de la mitoyenneté d'un mur de la cour de l'abbaye
attenant à un mur d'une dame Prévost (1786); des mémoires, lettres; un dossier de pièces qui
concernent la chapelle du Gros-Caillou, des papiers relatifs à la permission accordée à M. dfi
Chamousset de faire construire deux ponts volants sur la Seine, un mesurage des maisons,
lieux et héritages dépendant de la seigneurie de Saint-Germain-des-Prés, le ai juin 1701; un
mémoire au sujet de la prison de Saint-Germain-des-Prés; un rôle de l'année i5oo, contenant
les cens et rentes dus à l'abbaye; un plan parliculier du grand et petit Luxembourg et du clos
des Chartreux, une pièce concernant le four banal de Gibart. Le cinquantième (L. 80 1), des
titres de cens et renies, des titres de propriété des Incurables, un état des maisons appartenant
à l'Hôtel-Dieu, situées dans le faubourg Saint-Germain; des renseignemenis sur le domaine,
des aveux et déclarations, des pièces concernant la prévôté d'Antony, un rôle des recettes du
pitancier en 1873, des titres nouvels concernant l'Hôtel-Dieu, des titres de procédure, elc. Le
cinquante et unième (L. 802), des pièces concernant des droits divers, une sentence arbitrale
de janvier 1210, au sujet des différends qui existaient entre l'évêque de Paris et le curé de
Saint-Séverin, d'une part, et fabbaye do Saint-Germain et le curé de Saint-Sulpice, de l'autre,
au sujet des limites du territoire de lu juridiction sj)irituelle respective des parties; une liasse
de parchemins de 1 29 1 à 1 ^199 , relative aux droits de l'abbaye de Saint-Germain sur des terres,
maisons, etc., situées dans la oensive de l'abbaye; des titres de propriété, des plans; un titre
du xu' siècle, relatif au prieur de l'abbaye; les pièces d'un procès entre le prévôt des marchands
et l'abbaye, de 1^90 à 169^; un registre de l'étal des vignes d'Issy et Vaugirard en ii32, un
cueilleret de Vaugirard en i36o et 1877; des plans, des pièces concernant l'île Maquorelle:
une sentence sur requête du 18 février 1670, portant permission de montrer un tabernacle
surélevé du temple de Salomon à la foire Saint-Germain; des pièces relatives à la foire Sainl-
Germain. Le cinquante deuxième carton (L. 8o3), quinze pièces relatives aux contestations et
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 391
accords entre l'Université de Paris et l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, au sujet du Pré-aux-
Cleres (1279-1560); des titres de ventes, acquisitions de rentes, dons et achats, recettes des
Iles et saulsayes de 1^99 à i52i, plans de terrains, pièces relatives à la boucherie. Le cin-
quante-troisième (L. Soi), recueil de chartes diverses, quittances d'annates et délais accordés
pour le payement des annates exigées par la cour romaine des abbés et monastère de Saint-
Germain-des-Prés : r Elles contiennent, dit Dom Poirier dans une note écrite de sa mam sur la
réouverture de la liasse, les preuves des exactions que le Sacré-Collége d'Avignon exerçait sur
ffles églises de France aux xiv' et xv' siècles;» des titres de propriété, amortissements; plu-
sieurs collations du prieuré général des moines noirs, étudiants dans l'Université de Paris, par
les abbés de Saint-Germain-des-Prés et de Saint-Denis alternativement; uneliasse de titres ori-
ginaux, de 1954 à 1539, concernant les droits de l'abbaye de Saint-Germain sur des maisons
et terrains à Paris; une liasse de huit pièces relatives à l'hôtel des Trois-Élaux, en la censive de
l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, de i368 à 1509. ^e cinquante-quatrième (L. 8o5), des
arrêts de la chambre des comptes qui ordonnent la tenue de la foire Saint-Germain, par pro-
vision, nonobstant l'opposition formée par le procureur du roi (ligi-iSGS); des pièces des
xii', xni* et xiv' siècles, qui sont fondations d'anniversaires, titres de cens et rentes, titres de
propriété, échanges, pièces relatives aux étaux de boucherie. Le cinquante-cinquième (L. 806).
des baux à cens, quittances, pièces concernant plusieurs maisons sises à Paris, rue Poupée
(1 388-1 i86), achetées par Simon Cramault, évêquo de Poitiers; sept chartes, attachées en-
semble, des années i263, 1998, iSga, iSgS, i32o et iio2,qui sont : 1° une lettre de
Thibault, roi de Navarre, par laquelle il déclare avoir acquis en toute propriété une maison
sise dans la rue par laquelle on va à l'abbaye; a" une lettre du roi Philippe le Bel, qui donne à
vie à la reine Marie, femme de Philip])e le Hardi, une maison et dépendances (|u'il possédait
par saisie sur Gui, comte de Flandre, pour cause de rébellion; 3° un vidimus de reconnais-
sance par la reine Jeanne, femme de Charles le Bel, de rentes envers l'abbaye de Saint-Ger-
main; U° un vidimus des lettres de Philippe le Bel ci-dessus indiquées, d'une lettre de Robert,
comte de Flandre, datée de Paris, au mois de mai 1809, par laquelle il donne à la reine
Marie la maison du Corbillier, autrement dite ck Flandres, et d'une lettre de Philippe le Long,
qui conOrme la donation faite à la reine Marie; 5° les lettres de Charles V, régent du royaume,
par lesquelles il confirme le don fait à la reine Jeanne, par Charles le Bel, des hôtels de Na-
varre et de Reims; 6° un vidimus de la reconnaissance de Louis, duc d'Orléans, touchant la
rente due à l'abbaye de Saint-Germain sur la maison dite le Séjour d'Orléans, autrement l'hôtel
de Navarre, et d'une ordonnance de Jean le Flament, intendant dudit duc, pour faire payer les
arrérages dus de cette rente. Le cinquante-sixième (L. 807), des contrats, des baux, des titres
de donations, etc. Le cinquante-septième (L. 808), un recueil d'actes contenant l'élection de
plusieurs abbés de Saint-Germain de i255 à i464, significations, remontrances, lettres
royaux, délégations, etc.; recueil de pièces du xvm" siècle, relatives à la foire Saint-Germain;
titres relatifs aux droits seigneuriaux exercés par l'abbaye dans le faubourg (i3o5-i525);
lettres d'amortissement, titres de propriété, baux, etc. Le cinquante-huitième (L. 809), des
baux à cens, quelques notes sur les offices claustraux d'armorier, de chambrier, infirmier, au-
mônier; des pièces relatives aux boucheries, au droit de batelage de Sèvres à Paris et de Paris
à Sèvres, et l'établissement d'une gaillotte à voiles, et tirée par des chevaux, pour le service
public (1681-1707); anciennes notices latines du charfrier de l'abbaye, arrêts du Conseil.
noies, mémoires, plans et autres pièces relatives à la foire Saint-Germain.
H y a dans la section historique i39 registres (LL. loai à LL. 11 55) :
Le premier registre (LL. 1026) est un cartulaire du xii' siècle; le deuxième (LL. io25).
un cartulaire de 1 1 38 à 1971 ; le troisième (LL. 1026), le cartulaire Guillaume, du xiv" siècle;
392 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
le quatrième (LL. 1097), le cartulaire A. de 1174 a i3o/i; le cinquième (LL. 1028), un car-
tulaire du xv' siècle; le sixième (LL. 1029), un cartulaire du xiv° siècle, dit le petit registre;
le septième (LL. io3o), un recueil de baux de 1 454; le huitième (LL. io3i), un cartulaire de
Saint-Germain-des-Prés , en i466; le neuvième (LL. io32), un cartulaire de 1492 à 1529;
le dixième (LL. io33), un censier du bourg Saint-Germain, de i355 à i365; le onzième (LL.
io34), un cartulaire du xv' siècle; le douzième (LL, io35), un cartulaire de Paris au xiv' siècle;
le treizième (LL. io36), un recueil de saisines de 1393 à 1407; le quatorzième (LL. 1087),
un registre d'ensaisinements de 1392 à i4i9;le quinzième (LL. io38), un cartulaire de i644
à 1669; le seizième (LL. 1039), des baux de i648 à 1669; le dix-septième (LL. io4o), un
cartulaire d'Antony, de i248 à 1029; le dix-huitième (LL. io4i), un cartulaire de Suresnes,
de 1070 à 1696; le dix-neuvième (LL. io49), un cartulaire de Suresnes et Taverny, de 918
à i7i3; le vingtième (LL. io43), un cartulaire de Valenton et Chàtillon, de 819 a 1716; les
vingt et unième et vingt-deuxième (LL. io44, io45), un cartulaire d'Avranville, de 1070 a 1740;
le vingt-troisième (LL. io46), un cartulaire de Cachant, de 126.5 à 1726; les vingt-quatrième
et vingt-cinquième (LL. 1047, io48), un cartulaire d'Antony et Verrières; les vingt-sixième et
suivants (LL. 1049-1062), un cartulaire d'Issy et Vaugirard, de 558 à 1 607; le trentième (LL.
io53), un terrier d'Antony et Verrières, de i5o3 à 1607; le trente et unième (LL. io54), un
recueil de dîmes et pressurages en i53o; le trente-deuxième (LL. io55), un recueil de titres
concernant Avrainville, de i2o5 à 1299; le trente-troisième (LL. io56), un recueil de titres
concernant Bagneux, de 1100 à i4oo; le trente-quatrième (LL. 1067), un cartulaire de Ba-
gneux, en 1469; le trente-cinquième (LL. 2o58), un cartulaire de Bagneux et Avrainville, de
1621 à i63o; le trente-sixième (LL. loBg) , un cartulaire de Breuil, dei462à 1691; le trente-
septième (LL. 1060), un censier de Cachant, de 1263 à 1289; le trente-huitième (LL. 1061).
un cartulaire de la Celle et Suresnes, du ix' au xvi" siècle; le trente-neuvième (LL. 1062), un
censier de Dammartin, en i4o6; le quarantième (LL. 10 63), un registre de recettes, de 1617
à 1619; le quarante et unième (LL. io64), un cartulaire d'Émans, de 1906 à i355; le qua-
rante-deuxième (LL. io65), un censier d'Emans, de 1399 à i4oo; le quarante-troisième (LL.
1066), un terrier d'Emans , en 1 458; le quarante-quatrième (LL. 1067), un registre de comptes
d'Emans en i488; le quarante-cinquième (LL. 1068), un cartulaire de Fontenay et Chàtillon, en
i55i ; le quarante-sixième (LL. 1069), un cartulaire deGrenelle, de 1489 à i5i9; le quarante-
septième (LL. 1070) , un recueil de baux de Vaugirard et d'Issy, de 1 2 1 1 à 1 53o; le quarante-
huitième (LL. 1071 ), un cueilleret de Vaugirard, de i325 à i338; le quarante-neuvième (LL.
1072), un registre de comptes d'Issy, dei485à 1 486; le cinquantième (LL. 1073), un censier
d'Issy, de i332 à i 338; les cinquante et unième et cinquante-deuxième (LL. 1074-1075), deux
cartulaires d'Issy et de Vaugirard au xvi° siècle; le cinquante-troisième (LL. 1076), des ensaisi-
nements concernant Issy, Vaugirard et Meudon, de i366 à i374; le cinquante-quatrième (LL.
1077), un cartulaire de Paris et environs, au xiii* siècle; le einquanle-cinquième (LL. 1078),
un cartulaire de Meudon, de 1196 à 1628; le cinquante-sixième (LL. 1079), des recettes de
Meudon, en i485; le cinquante-septième (LL. 1080), un terrier de Meudon , en i5i8;le cin-
quante-huitième (LL. 1081 ), un cartulaire de Montchauvet, en i263; les cinquante-neuvième
et soixantième (LL. 1082, io83), un cartulaire de Nogent-1' Artaud , aux xv'^ et xvi' siècles; le
soixante et unième (LL. io84), un censier de Nogent-l'Artaud, en i4o2; le soixante-deuxième
(LL. io85), une enquête contre le curé de Valenton, en i52o; le soixante-troisième (LL.
1086), un terrier de Villeneuve-Saint-Georges, en i33o; le soixante-quatrième (LL. 1087),
un cartulaire de Villeneuve et de Valenton, en 1620; le soixante-cinquième (LL. 1088), un re-
gistre d'exploits de Villeneuve-Saint-Georges, de 1371 à i373; le soixante-sixième (LL. 1089),
un registre de recettes de Villeneuve-Saint-Georges, de i382-i383; le soivanle-septième (LL.
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 393
1090), un censier de VHleneuve-Saint-Georges, en 1 9 55; le soixante-huitième (LL. 1091),
un cartulaire du bourg Saint-Germain aux xiv' et xv» siècles; le soixante-neuvième (LL. 1099),
un cartulaire de Saint-Germain-lès-Couiily, au xvi« siècle; les soixante-dixième et soixante et
onzième (LL. logS-iogZi), un cartulaire de la rivière de Seine, de 921 à 1599 et de i5io à
i53o; le soixante-douzième (LL. 1095), un registre des cens dus au trésorier de Saint-Ger-
main, de 1933 à 1 498; les soixante-treizième et suivants (LL. 1096-1 098), un cartulaire de la
Trésorerie, de 1269 à 1/180, 1969 à 1618 et 1969 à 1589; le soixante-seizième (LL. 1099),
un registre des saisines du trésorier, de 1871 à 1/179; le soixante-dix-septième (LL. 1100), un
registre des ensaisinements du trésorier, de 18933 1/189; le soixante-dix-huitième (LL. 1101),
un registre des cens et rentes du trésorier, de 1/181 à 1/195; le soixante-dix-neuvième (LL.
1109), un liber pilanciarum du xiii" au xv= siècle; le quatre-vingtième (LL. iio3), un re-
gistre des recettes de la pitancerie en 1879; les quatre-vingt-unième et suivants (LL. 110/1-
itia), les comptes de la pitancerie, de 1/118 à i458, 1/198 à 1/196, 1/18/1 à 1/160, 1/169 à
i463, 1/172 à 1/199, '''75 a 1/180. i/i83 à 1/18/1, 1509 à i5i9;les quatre-vingt-neuvième
et suivants (LL. 1112 à ii95), les comptes de l'abbaye, de 1/187 *^ 1^88, 1/199 à 1/19/1,
1/195 à 1496, i5o5 à i5o6, i5ii, i5i/i à i5i6, i59ià i523, i598 ài59/i,i599à
i53o, i539 à i533, j535 à i536, i538 à 1589, i56i à i5/i9, i5/i8 à 15/19; les cent troi-
sième et suivants (LL. 1126-1180), un cartulaire de la mense conventuelle de i63o à 1667,
en 5 volumes; les cent huitième et suivants (LL. 1181 à 1189) sont des registres concernant
la juridiction spirituelle, de 563 à i65/i, 559 ^ 1669, 569 à 1708, laio à 1706, 1698 à
1687, 1687 à i653 , 16/10 à i652, i652à 1659; le cent dix-seplième (LL. ii/io), un registre
de dépenses, élections, de 1699 à 1659; le cent dix-huitième (LL. 11/11), un registre de con-
sécrations, ordinations, de i658 à 1785; le cent dix-neuvième (LL. 1 1/12), un recueil d'actes
de possession, de 16A0 à i658; le cent vingtième (LL. 11/18), un registre intitulé Mense
abbatiale, de 1/118 à 1/127; '* *"^"* vingt et unième (LL. 1 1/1/1), un cartulaire de Paris et de
l'Université au xiii' siècle; les cent-vingt deuxième et suivants (LL. 9i/i5-i i5o), un inventaire
général des titres; le cent vingt-huitième (LL. ii5i), un inventaire abrégé de 16/19; le cent
vingt-neuvième (LL. 1 159), un inventaire des titresen i688;lescent trentième et cent trente et
unième (LL. ii53-i i5/i), un inventaire abrégé; le cent trente-deuxième et dernier (LL. 1 155),
un inventaire pour le cardinal de Tournon, abbé de Saint-Germain.
Dans cette même section, on a réuni dans des cartons de la série K des pièces provenant de
l'abbaye de Saint-Germain, et relatives à la topographie de Paris. On trouvera sous les cotes
K. 178 toet K. 181 des copies de privilèges accordés à Saint-Germain-des-Prés.
La section administrative renferme, dans la série S, cent quarante-deux cartons et deux cent
trenle-(|uatre registres ou portefeuilles; dans la série H, dix-neuf registres ou liasses.
Le premier carton (S. 288/1) renferme les minutes censuelles des déclarations au terrier pour
la rue des Grands-Augustins, la rue de Savoie, la rue de l'Hirondelle, la rue Pavée, le pont Saint-
iMichei, la rue de Hurepoix, rue Gilles-Cœur, le quai des Grands-Augustins, des fondations de
lits aux Incurables; les second et suivants (S. 2835-9859), les minutes des déclarations cen-
suelles des rues Cristine, Saint-André-des-Arcs, Maçon, Hautefeuille, de l'Eperon, Dauphine,
Contrescarpe, d'Anjou (S. 2885), de Nevers, quai Conti, des rues Guénégaud, Poupée, Percée,
Serpente, des Deux-Portes, du cimetière Saint-André, des Poitevins, du Battoir, Mignon, du
Jardinet, du cul-de-sac de la cour de Rouen, de la rue du Paon, du cul-de-sac du Paon, des
rues de la Harpe, des Cordeliers, des Fossés-Monsieur-le-Prince et de Touraine (S. 2886),
des Fossés-Saint-Germain, de l'Observance, des Cordeliers, Mazarine, de Seine, du quai Ma-
laquais, du quai des Quatre-Nations, des rues des Marais, des Petits Augustins, de l'Echaudé,
du Colombier (S. 9887), dos rues Saint-Benoit, Taranne, du Sépulcre, de la petite rue Ta-
394 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
ranne, de la rue du Sabot (S. 2888), des rues des Saints-Pères, Saint-Guillaume, de Bussy,
Bourbon-le-Chàtcau, du Petit-Marché, des Mauvais-Garçons (S. 9889), des rues de la Bou-
cherie, du Cœur- Volant et Sainte-Marguerite (S. 98Ù0), des rues des Ciseaux, de lÉgout, de
la Cour du Dragon, de la rue du Four et du Préau-de-la-Foire-Saint-Gerniain (S. 9861), des
rues Princesse, Guisarde, des Cannettes et Neuve-Guillemin (S. s8Ui), des rues du Vieux-Co-
lombier, des Aveugles, du Petit-Bourbon, du Petit-Lion, du Brave, des Quatre-Vents, du cul-
de-sac des Quatre-Vents, du (juai des Théatins, du quai d'Orsay ou de la Grenouillère (S. 98i3),
des rues de Bourbon, de Beaune, de l'Université, de Verneuil (S. fi8U!i), de l'hôtel de Lassay,
(le la rue de l'Université, du Palais-Bourbon, des rues du Bac, de Poitiers, de Bourgogne, de
Saint-Dominique et du Gros-Caillou (S. 9845), des rues des Rosiers, de Grenelle, de la Chaise,
de la Planche, de Varennes, Hillerin-Bertin, de Babylone, Blomet ou Plumet (S. 2866), des
rues des Brodeurs, de Sèvres, du Bac et de Saint-Placide (S. 98^7), des rues du Bac, Sainl-
Placide, Saint-Maur, Saint-Romain, du Cherche-Midi et des Vieilles-Thuileries (S. 98/18), des
rues du Petit-Vaugirard, de Bagneux, du Regard, de Vaugirard et de Condé (S. 98/19), ^*^^
rues de Tournon, de Garancières, Palatine, des Fossoyeurs, du Canivet (S. 9800), de la rue Pé-
rou, du cul-de-sac Férou, des rues du Pot-de-Fer, du Gindre, Carpentier, Mézières, Honoré-
ChevaUer, Canette, d'Enfer, Notre-Dame-des-Champs, du cours ou repart du Midy (S. 2861),
du chemin du bord de la rivière venant des Invalides, de la lue de Javelle, du bas de la rue Saint-
Dominique, Saint-Jean, Cornette, Gros-Caillou et du chemin des Invalides (S. 2889); le
vingtième carton (S. 9853) , des pièces relatives au terrier du Gros-Caillou, à l'affaire des Ronsins
pour le Gros-Caillou, à l'enclos abbatial, et à uu terrier d'emplacements situés près des In-
valides; le vingt et unième (S. 986/4), des pièces relatives à la rue de Javelle, au bas de la
rue de l'Université, les déclaralions censuelies du chemin de la Vierge, du bas de la rue Saint-
Dominique, du bas de la rue de Grenelle, des rues Saint-Denis, des Marmousets, de la Bûcherie,
de la Colombe, de la Huchetle, des Trois-Chandeliers, du Chat-qui-Perche; le vingt-deuxième
(S. 2855) contient un état des biens acquis par le roi dans la censive de Saint-Germain, des.
pièces relatives aux privilèges des étaux à boucherie, aux carrefours de la Croix-Rouge et de
Bussy, etc.; le vingt- ti'oisième (S. 2866) , des pièces relatives au Pré-aux- Clercs et au palais Bour-
bon; le vingt-quatrième (S. 2867), des pièces concernant les lots et ventes dans la censive de
l'abbaye, des déclarations des rues de Bourbon, Bellechasse, etc.; le vingt-cinquième (S. 9868),
des pièces relatives au terrier de l'abbaye, la déclaration de 1790; les vingt-sixième et suivants
(S. 2869-9861), des minutes de déclarations censuelies, fournies au terrier de l'abbaye, de diffé-
rentes maisons sises à Paris, de 1788 à 1788, d'autres déclaralions fournies par des propriétaires
(les rues de Sèvres, Rousselet, Traverse, dite ties Champs, et d'Olivet; le vingt-neuvième (S. 2869).
des baux à cens et rentes et autres concessions, des papiers relatifs à la rue de Bourbon et à la
rue des Saints-Pères, reconnaissances à cens et rentes; h^s trentième et trente et unième (S. 9868-
986/1), des anciens baux à cens et rentes, des pièces relatives au terrier du faubourg Saint-Ger-
main , au terrier du Gros-Caillou; le trente-deuxième (S. 9866), des pièces relatives à l'aliénation
des places dans l'enclos abbatial , des procès-verbaux , devis , marchés et quittances de la construc-
tion des bâtiments du palais abbatial, des pièces relatives aux maisons de l'enclos abbatial, au pas-
sage de l'enclos, au rachat des boues et lanternes, et à une rente due pour l'ouverture d'une maison
de la rue du Colombier, dite l'hdlel de Lmjnes; le trente-quatrième (S. 2866), des pièces rela-
tives à des maisons situées rue de Bussy, des Cannettes, du Vieux-Colombier et du Four, pro-
venant des religieuses de la Miséricorde, à des maisons des rues Taranne, du Sépulcre et Sainte-
Marguerite, un procès-verbal de l'inventaire et description du mobilier de l'abbaye, en 1790;
le trente-cin(|uième (S. 2867), des titres de propriété et baux à loyer d'une maison rue de
Bussy, et de terrains au lieu dit les Buttes, proche- la rivière de Seine; le lrente-cin(piième
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 395
(S. 3868), des pièces relatives au marché Saint-Germain; le trente-sixième (S. 2869), des
pièces relatives aux boucheries du marche' Saint-Germain et de la Croix-Rouge, à l'aliénation
des fossés de l'abbaye; le trente-septième et suivant (S. 2870-2871), des pièces relatives à la
loire Saint-Germain; le trente-neuvième et suivant (S. 2872-2873), des pièces relatives au
terrier de la foire Saint-Germain, les déclarations censuelles des rues de la Lingerie, de la Nor-
mandie, de Rouen, de la rue de la Chaudronnerie, de la rue de Picardie ou d'Amiens et de la
rue de Paris; le quarante et unième (S. 287^) contient des concessions faites par la VHle à
l'abbaye de plusieurs parties d'eau; le quarante-deuxième (S. 2876), les titres de propriété de
maisons acquises des religieuses de la Miséricorde, rue des Cannettes, du Vieux-(;olombier et
du Four; le quarante-troisième (S. 2876), des renseignements sur la censive des religieux sur
les maisons situées rues Sainte-Marguerite, Saint-Benoît et du Colombier, des papiers relatifs au
fief de l'Université, un cueilleret de maisons dans vingt-lrois rues et quais, des arrêts imprimés;
les quarante-quatrième et quarante-cinquième (S. 2877-2878), des états de revenus de l'abbaye
et des baux; les quarante-sixième et suivants (S. 2879-2881), les baux à loyer des échoppes
de la rue Childeberl, et les baux des boutiques de la rue Sainle-Marthe, de la porte Saint-Benoit,
de la cour du palais abbatial, de la cour du Grand-Portail, de la petite rue Sainte-Marguerite,
de la rue Childeberl; le quarante-neuvième (S. 2882), un élat des maisons de la cour conven-
tuelle en 1760, des baux des maisons des rues de Bussy, Sainte-Marguerite et de l'Hirondelle;
le cinquantième (S. 2888), les baux à loyer des maisons de la rue du Colombier, des titres de
propriété de deux maisons de la rue du Sépulcre, et un accord pour des murs mitoyens des mai-
sons de la rue Sainte- Marguerite; le cinquante et unième (S. 288/1), des titres relatifs au moulin
à vent d'Issy, à la ferme de Cordoue, à Magni, Auleuil, Velaines, la tour de Fleury, Valenton,
Avrainville, Épinay-sur-Orge, Wissous, Couilly, Saint -Germain-sous Couiliy, Vilhuis, Verrières,
Blamecourt, Thiverny, près Creil, Saint-Marlin-de-Villers, Sorbon, Bailly-en-Brie, Courtbomer,
Avrainville, Grandvillicrs, Longuesse, Fontenay-aux-Roses; le cinquante-deuxième (S. 2885),
des pièces relatives aux îles et atlcrrissements de la Seine, à la pêche dans cetle rivière; le cin-
quante-troisième (S. 2886), à la rivière de Bièvre, et à la fontaine du Santé à Antony; le cin-
quante-quatrième (S. 2887), des pièces relatives au bornage de la censive de Saint-Germain el
de Sainte-Geneviève en 1708 ; le cinquante-cinquième (S. 2888), des papiers relatifs aux amor-
tissements des aveux et dénombrements du 26 janvier i38/i; le cinquante-sixième (S. 2889),
des documents relatifs aux indemnités dues à l'abbaye pour l'acquisition des biens de main-
niorle, et des papiers relatifs à la foire Saint-Germain; le cinquante-s('|)tième (S. 2890), des
déclaralions fournies au terrier d'Antony de 1674 à 1716, des baux et des titres de terres sises
à Wissous, Bourg-la-Reine, Lay et Chevilly; les cinquante-huitième et suivants (S. 2891-2969),
des documents tels ([ue ventes, échanges, baux, transactions, aveux et dénombrements, quit-
tances, etc., concernant les bois de Verrières, Chàtenay, le fief Mignaux, relevant de la terre
de Verrières, la ferme du pont d'Anloni (S. 2892), Antony et Verrières, les bois de Vaupereux
(S. 2893), Antony, Amblainvilliers, Wissous, Verrières (S. 289^), la tour d'Antony, les mai-
sons de la Bruide,"des Bouleaux et des Gatines à Antony, Chàtenay et Berny, érigées en fief en
faveur du chancelier de Silleiy (S. 2895), Antony et Verrières (S. 2896), Wissous, Chàtenay
(S. 2897-2899), Avrainville (S. 2900), Avrainville, Amblainvilliers et la rivière de Bièvre
(S. 2901), Cachan et la rivière de Bièvre (S. 2902), Archemont, le fief des Lauterniers
(S. 2903), Beny et Fresnes (S. 2906-2907), le domaine de la Folie ou Sainte-Placide, vis-à-
vis Choisy, Choisy, file aux Vaches, Thiais, les coches de Choisy à Paris (S. 2908), le fief de
la Fosse-aux-Chevaux, à Chantilly, le fief de Vaudotar, Issy et Vaugirard (S. 291 1), Suresnes
(S. 2912), Suresnes, Nanlerre, Rueil, Colombes et SaintCloud (S. 291 3), le prieuré de Chaul-
four (S. 2916-2916), Vernon (S. 2917), la terre de la Grange-du-Brcuil (S. 2918-2920),
396 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Igni, les seigneuries du Chenai et de la Selle (S. 2991), les terres de Dammartin et de Lagne
(S. 2992-2993), le prieuré de la Ferté-Aleps (S. 292^), la terre d'Ambiainvilliers, Montéclin
(S. 9925), Magni, Veianes-la-Ville, Thiais (S. 2996), Guny, Nucourt, mouvant de Boucon-
villiers (S. 2927), Blamecourt (S. 2928), les fiefs des Tirans et de Genneville, le fief de Ger-
ville (S. 9929), la terre de Hoden, Charmont, Hunecourt (S. 2930-9932), le fief de Saint-
Luc, Velannes-le-Bois (S. 9933), Velannes-la-Ville (S. 993/1), le prieuré de Magni, la terre
de Parai et le fief de Malabry (S. 2935), Septeuil et Bois-Robert (S. 9936-2937), Longuesse
(S. 9938), la chapelle de Notre-Dame-des-Halles, située dans la paroisse du Four, le prieuré
de Saint-Léger-aux-Bois (S. 9939), Valenton (S. 29/10-99/11), Villeneuve-Saint-Georges, Mont-
geron, le fief de Gaigni (S. 99/19), le prieuré d(^ Mont-Chauvet (S. 99/13), Tbiverny (S. 99/1/1).
Cordou, Courthomer, la ferme de Paradis (S. 29/15-29/19), le fief du Bois-Hébert, la terre
(le Fermeté, Cordou, Courthomer (S. 2960), terre de Cordou et seigneurie de la Grange-Ble-
neau, fiefs de Luniigny, de Brunesson, de Champjard, de la Couture, les fiefs Villebert, Tilly,
la Cave, Basille, mouvant de la terre de Cordou (S. 2962), Cordou, Fleury, la Fermeté-Grand-
villiers, la Hoyeuse, le Cormier, Courthomer, etc., la terre de Bagnaux (S. 2953-2956). la
terre de Bagnaux (S. 2957-2968), Samoreau, Pontville (S. 2969), Sainl-Germain-Laval,
F"resnières et Égrefin (S. 2969-2960), Saint-Germain-sous-Couilly et ses dépendances, fief de
la Couvée, fief de Giresine, l'Isle-Audry et le prieuré de Notre-Dame-de-Bailly (S. 9961-9963).
la seigneurie de Sainl-Germain-Laval, le fief de Vieux-Marolles, le prieuré de Marolles, la terre
d'Emans (S. 996/1-2965), le fief de Saint-Germain, sis à Bouafle, Crespières, .Montéclin, fief
de Villejuif, dîmes de Sorbou, prieuré de Saint-Blaise-de-Machecoul, la seigneurie d'Aussogne,
au pays de Liège, le prieuré d'Arnicourt (S. 9966), les terres de Jonsac et de Clam (S. 2967),
le prieuré de Saint-Patern, de Tournai (Orne), Fontenay, Avrainville (S. 2968), le prieuré
de Nainlré, près Chàtellcrault (S. 2969); le cent trente-septième (S. 2970) renferme le con-
trat d'acquisition d'un lief que l'abbaye de Lagny avait à Vanves, les papiers concernant l'ac-
qulsilion ([ue les religieux avaient faite du collège de Bourgogne, rue des Cordeliers, pour l'école,
de chirurgie, des déclarations, arrêts et règlements, des pièces concernant Thiais, Chauldry,
Nogent-l'Artaud; les cent trenle-huilième et suivants (S. 2971-2975) comprennent les rensei-
gnements généraux et des titres de rentes.
Le premier registre de la section administrative (S. 2976) renferme des aveux, déclarations
et amortissements de biens; le second (S. 9977), des cahiers d'inventaires des titres; le troi-
sième (S. 2978), des fragments d'inventaires des titres; les quatrième et suivants (S. 2979-
9982), des inventaires des titres généraux; les sixième et suivants (S. 9981-9996), des inventaires
des litres de la Mense abbatiale (S. 9981-298/1), d'Antony, Cordou et Coudray (S. 9985),
de Gerville el dépendances (S. 2986), d'Hodène (S. 9987-9988), de Larcheraont et des fiefs
des Lanternes (S. 2989), de Magiiy et de ses dépendances (S. 9930-2992), de Magnitot, ha-
meau de la paroisse de Saint-Gervais (S. 9993), de encourt et des fiefs de Ragot et des Moulins
(S. 999/1), du fief de Saint-Clair à Romenil (S. 2996), des fiefs de Velanne et le Roet, dans
la paroisse de Magiiy (S. 2996); le vingt-deuxième (S. 2997), des pièces relatives à l'acquisitio::
du général Parlait, à Suresnes; le vingt-troisième (S. 9998), une minute des contrats d'actpii-
sition et à changer par M. le Prévost à Issy, Vanves, etc.; le vingt-quatrième (S. 9999), un in-
ventaire des titres de Thiais en 1760; les vingt-cinquième et suivants (S. 3ooo-3oo9), trois re-
gistres du labellionage de Thiais, de i58/i à 1679; le vingt-neuvième (S. 3oo/i), un journal
des pièces extraites du charlrier el récépissés; les trentième el suivant (S. 3oo5-3oo6) sont
des portefeuilles qui contiennent quatre registres d'ensaisinemenls de i/i63 à i56/i (S. 3oo5),
quatre registres de 1/19/1 à i533 (S. 3oo6), quatre registres de i535 à 1668; les trente-troi-
sième et suivants (S. 3oo8-3oi6), 'des registres d'ensaisinemenls de 166/1 à 1753; le qua-
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 397
rante-deuxième (S. 8017), un registre des ventes dans l'étendue de la seigneurie de Saint-
Germain en 1753; le quarante-troisième (S. 3oi8), un recueil d'ensaisinements de 1773
à 1786; le quarante-quatrième (S. 8019), un portefeuille renfermant quatre registres d'en-
saisinements d'Antony et Verrières de 1572 à 1657; 'es quarante -cinquième et suivants
(S. 3oQO-3oaQ), des registres d'Antony et de Verrières de 1667 à 1786; les quarante-huitième
et suivant (S. 3o93-3o94), des ensaisinements d'Avrainville de 1668 à 1789; les cinquantième
et suivants (S. 3oa5-3o28), des ensaisinements de Cachant de 1689 à 1771 et de 1774 à 1790;
les cinquante-quatrième et suivants (S. 3o99-3o39), des registres de Cordou, Courthomer et
dépendances, de 16/10 à 1786; les cinquante-huitième et suivants (S. 3o33-3o38), un por-
tefeuille renfermant des registres d'ensaisinements d'Issy, Vaugirard, etc., de 1/109 *• iS^g,
de i5/i5 à 1689 et de 1667 à 1788; le soixante-quatrième (S. 3089) est un ensaisinement
de la seigneurie de Saint-Cermain-sous-Couilly et dépendances; le soixante-cinquième (S. 3o/io)
est un autre registre de la même seigneurie de 1777 à 1789; les soixante-sixième et suivants
(S. 3o/ii-3o/i/i), renfermant les ensaisinements de Magny de 176/1 à 1789 (S. 3o/ii), de Su-
rènes de 1780 à 1790 (S. 3o/i9), de Thiais de i63i à 1763, de Valenlon de 1689 à 1789
(S. 3o/i4); les soixante-dixième et suivants (S. 3o/i5-3o5i) renferment les états des revenus
de la Mense conventuelle de 1760 à 1790; le soixante-dix-seplième (S. 3o59), un état des
revenus de Paris en 17/18; le soixante-dix-huitième (S. 3o53), un sommier de la recette géné-
rale du temporel; le soixante-dix-neuvième (S. 3o5/i) est un censier général; le quatre-vingtième
(S. 3o55) est un portefeuille qui renferme quatre censiers, de i53i à i5/i/i,- les quatre-vingt-
unième et suivants (S. 3o56-3o8/i) sont des censiers de 17/1/1 à 17/16 (S. 3o56-3o57),
des cueitlerets de 1 593 à 1790 (S. 3o58-3o6/i), de 1785 (S. 3o65-;io66), un cueilleret des
loges de la foire Saint-Germain en 1760 (S. 8067), des cueillerets d'Antony et Verrières
de 1678 à 1777, de 1766 à 1788 (S. 3o68 à 8071), un cueilleret d'Avrainville de 1/186
à i/igi (S. 8079), deux censiers de Cachant (S. 3078-807/1), des anciens cueillerets de Cour-
thomer de i56/i à i65i (S. 8075), un censier de Cordou et de ses dépendances (S. 8076),
un censier de Kresnes-lès-Mungis en i5/i5 (S. 8077), deux anciens cueillerets d'Issy et de Vau-
girard (S. 8078), un cueilleret d'Issy et de Vaugirard de 17/18 à 177/1 (S. 8079), un cueilleret
de Nueourt (S. 3o8o), un cueilleret de Septeuil (S. 3o8i), un cueilleret de Suresnes (S. 8089),
deux censiers de Thiais de 1871 à 1895 (S. 8089 bis et 8089 ter), un cueilleret du fief des
Tournelles en 1770 (S. 8o83), des cueillerets de Villeneuve-Saint-Georges et de Valenton
(S. 3o8/i); le cent dixième (S. 3o85) est un procès-verhal de la lixalion de la directe du roi
dans le fauhourg Saint-Germain; les cent onzième et suivants (S. 8086-8095) sont des por-
tefeuilles renfermant trois anciens arpentages de la seigneurie de Sainl-Germain (S. 3o86), un
arpentage d'Antony et Verrières (S. 8087), un arpentage d'Avrainville (S. 8088), un relevé du
plan de Cheptainville (S. 8089), un arpentage de Courthomer (S. 8090), les plans et arpen-
tage du lief de Tourvois et de ta ferme de Cottenville à Fresnes (S. 8091), une légende du plan
de Saint-Geiniain-lès-Coiiilly (S. 8099), un arpentage d'Issy et de Vaugirard (S. 8098), un
dén<mihrement de la seigneurie d'Issy en 17/19 (809/1), des arpentages, plans et relevés des
plans de Thiverny et dépendances (S. 8096); les cent vingt et unième et suivants (S. 8096-
3909) sont des registres des déclarations faites par différents censitaires de Paris en 1668
et 166/1 (S. 8096), quatre volumes de déclarations d'Antony et Verrières de i53o à 1678
(S. 8097-8100), cini| terriers d'Antony et Verrières de 15/19 ■' *^'^^ i^- ^^^ol-^^ioh), un
terrier d'Antony indicatif des numéros du plan (S. 8106), un terrier de Verrières de 176/1
à 1783 (S. 8107), des déclarations d'Avrainville de 1600 à 166/1 (S. 8108), un extrait gé-
néral des déclarations passées au terrier de 1769 (S. 8109), sept terriers d'Avrainville de i5/io
à 1769 S. 8110-8116), quatre registres des déclarations de Bagnaux de i599 à 1679
398 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
(S. 3117), quatre terriers de Ragnaux de 1022 à i58o (S. 3ii8-3i2i), trois terriers de Rla-
inecourtet un terrier de Rlamecourl et Nucourt de iSgS à 1763 (S. 3i92-3i25), trois extraits
de lerriers de Cachant de 1576 et de 1681 à 1 684 (S. 3 126), trois terriers de Cachant de 1682
à 1778 (S. 3127-3129), cinq anciens terriers de fiefs dépendants de Cordoue et de Coiirlhomei
(S. 3i3o), cinq terriers de Cordou, Courthomer ut dépendances de 1^93 et i585 (S. 3i3i-
3i35), trois terriers des mêmes lieux de i632 et 17/12 (S. 3i36-3i38), deux procès-verbaux
d'arpentage concordant avec les terriers de 1762 (S. 3i39-3i4o), un arpentage et des plans
de Cordou et de Courlhomer en 17/10 (S. 3 1/11), cinq registres de déclarations des censitaires
de Dammartin de i5o5 à i663 (S. 3i/i2-3i/i8), deux terriers de Danimarlin et Lognes de 1735
à 176/1 (S. 31/17-3 1/18), quatre registres terriers d'Émans et Espie/, de i5i5 à 1628 (S. 3 1/19),
deux lerriers du prieuré de la Ferté-Alep de i535 et i685 (S. 3i5o-3i5i), un terrier de l.i
seigneurie de Fresnes en 1699 (S. 3i52), deux terriers du fiel' des Tyrans, sis à Genainvilie,
de 1698 et 1626 (S. 3i53-3i5/i), deux terriers de la seigneurie d'Hoden de i563 et i635
(S. 3i55), un terrier d'Hoden de 17/12 (S. 3i56), sept terriers de la seigneurie de Saint-Ger-
main-sous-Couilly de i5/i8 à 1727 (S. 3i 67-31 63), trois anciens terriers de la seigneurie
de Saint-Germain-Laval (S. 3i6/i), quatre terriers de la même seigneurie de i5oo à 1627
(S. 3i65), des déclarations au terrier d'Issy et de Vaugirard de 1/172 à i656, des terriers
de i5/i8 d'Issy et de Vaugirard (S. 3i67-3i68), des extraits de terriers, tables et états des
censitaires (S. 3169), des terriers d'Issy et de Vaugirard de 17/18 à 1761 (S. 3170-3171),
un terrier de MaroUes de i6o3 à 1669 (S. 3172), trois terriers de Nucourt et Genainvilie
de 1698 à 1668 (S. 3173-3175), un terrier de la seigneurie de La Selle de 16/n à 1669
(S. 3176), un terrier de Septeuil de 1623 à i664 (S. 3177), cinq terriers de Suresnes de 16/17
à 170/1 (S. 3178-3182), dix volumes de déclarations censuelles de Thiais, Clioisy et Grignon,
de i/n3 et 1670 (S. 3i83'et3i83^à3i9i), d'anciens terriers de Thiais, Choisy et (Jrignon,
de i5o8 et i5i8 (S. 3192), un terrier de 1621 (S. 3i93), un terrier de i53i (S. Sig/i),
des terriers de i5/i2, i55o à 16/12, 1627 à i633, 16/11 à 1700, des mêmes seigneuries
(S. 3196-3200), deux terriers de la seigneurie de Thiverny de 1 769 à 1766 (S. 32oi-3202);
le deux cent vingt-huitième (S. 32o3) est un terrier de la seigneurie de \alenton de 1666
à 1660; les deux cent vingt- neuvième et suivants (S. 320/1-3209) sont six terriers des sei-
gneuries de Velannes-la-Ville et de Velannes-le-Bois, de 162G à 17/13.
On trouve dans la même section, sous les cotes H. 2666, des pièces relatives aux cens et
droits supprimés (1667-1768); H. 3700, des titres de rentes, d'emprunts et des quittances
(17/13); H. /127/1-/1287, quatorze registres de comptes de 1660 à 1766; H. /1288, des ren-
seignements sur divers biens; H. /1289-/1290, deux registres des pensions dues par l'abbaye
de 1760 à 1780.
On conserve dans la section judiciaire trois cent quatre-vingts registres ou liasses, ainsi di-
visés :
Minutes civiles et criminelles des bailliage et prévôté de Saint-Germain-des-Prés de i/i33
à 1791 (Z^ 326/1 à 1? 3/i83), registres d'audiences civiles de décembre 1/107 ''" '^ novembre
1790 (Z'^ 3/18/1 à Z^ 3586), audiences de police et rapports de i656 à 16/1/1 (Z- 3687 àZ- 36i/i),
registre d'écrou de 1637 à 1671 {1? 36i5 à Z'^ 362o), scellés et inventaires de 1671 à 1786
(Z^ 3621 à Z^ 3626), dépôts et communications de 1667 à 1790 (Z- 3627 à Z- 363o), recueil
de pièces produites au xviii' siècle (Z^ 363 1 à V- 3635), déclarations des locataires demeurant
dans l'enclos de l'abbaye de la première moitié du xv!!!" siècle (Z- 3636), liste des causes où
l'abbaye était intéressée, xyi*^ siècle (Z- 36/17), assises du bailli de i638 à 1719 (Z-^ 3638
à Z^ 36/io), un état des sommes reçues par les commis greffiers en 161/4 (Z- 364 j), des in-
ventaires du greffe de 1612 à 1616 et en 1677 (Z- 36/i2-36/i3).
TOPOGRAPHIE HISTORIOVE DV VIEVX PARIS,
/
' 0 a ? e
,,-. Sj
BO Mètre».
-H
J S.ilpis
PLAN DE LÉCLISE SAINT SVLPICE
AVX X1I1« ET X1V= SIECLES.
APPENDICES ET PIECES JUSTIFICATIVES. 399
Les archives du département de Seine-et-Marne, à Melun, possèdent une liasse de pièces
de 1C87 à 1789, relatives à Saint-Germain-des-Prés.
A la bibliothèque de l'Arsenal, à Paris, il y a un manuscrit in-folio (n° 896), intitulé: Ré-
pertoire de titres concernant Paris, le territoire de Saint-Germain-des-Prés et la rivière de Seine.
On conserve au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale quelques manuscrits
relatifs à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Dans le fonds latin, on trouve desépîtres et évan-
giles (n°' 9663, 9^66) ayant appartenu à l'abbaye, et un mémoire sur l'authenticité des pri-
yiléges de Saint-Germain-des-Prés (n" 1 1 733, Recueil, p. 996). Dans le fonds de l'Oratoire, il
y a un manuscrit (n° 374) intitulé : Concession de l'abbé de Saint-Germain-des-Prés relative-
ment à l'hôtel et au jardin de Nesle, en 1399. On peut consulter aussi le tome LV de la collec-
tion Baluze.
N. B. A la suite de cette longue énuméralion, M. Cocheris donne la liste des ouvrages imprimés
relatifs à l'abbaye Saint-Germain-des-Prés. Nous renvoyons le lecteur à cette intéressante biblio-
graphie, t. II. p. 102.
(Addition de M. H. Cocheris à son ëdilion de Lebeuf.)
XI
LES DEUX PREMIÈRES ÉGLISES DE SAINT-SULPICE.
(Texte p. i45 et siiiv.)
Au milieu du xvii" siècle, c'est-à-dire au moment où l'on entreprit d'élever le vaste et su-
perbe édifice que nous voyons aujourd'hui, l'église de Saint-Sulpice n'offrait aucune unité de
style et appartenait à quatre ou à cinq époques différentes. Cette diversité provenait de recons-
tructions et surtout d'amplifications successives. En effet, les parties basses de ses murs et de
ses piliers subsistant encore intactes dans les cryptes de l'édifice actuel, il est facile, en étu-
diant le caractère de leurs moulures, de reconnaître l'àge de chacune d'elles. En parlant de
cette donnée précieuse autant que certaine, et après un examen attejitif de l'appareil des
murs, de la taille et de la nature des pierres qui les forment, on a pu reconstituer graphique-
ment l'église des xii" et xiv" siècles, en même temps que celle du xvii". C'est l'étude approfondie
de ces subsiructions, cons^rvées par un heureux concours de circonstances, qui a permis d'éta-
blir les planches A et H.
La planche A donne le plan restitué de l'église Saint-Sulpice, telle qu'elle existait au
xiV siècle et telle qu'on la voyait encore en i53o, lorsqu'on s'occupa de l'agrandir vers l'orient.
A celte date, le bâtiment appartenait déjà à deux époques, distinguées sur le plan par deux
teintes différentes; la plus foncée indique ce qui était le plus ancien. Toutes les parties teintées
existent encore, et, conséquemment, ne laissent place à aucun doute; celles qui ne le sont pas
ont dû être restituées. Or cette restitution s'appuie, sinon sur une certitude parfaite, au moins
sur une vraisemblance dont .hacun peut se rendre compte en étudiant la planche même. De
plus, nous avons ajouté au simple trait le périmètre des agrandissements postérieurs c est-
à-dire le chœur, du xvi' siècle, et les chapelles <le la nef, bâties au xvi." La partie la plus
ancienne, celle qui forme la sixième travée du bas côté sud, était le clocher, seul reste d un
édifice de la seconde moitié du x.n' siècle O, et qui, lui-même, ne devait pas avoir ete le pre-
mier. Le surplus des constructions date de la première moitié du xiv"^ siècle.
'> Les exemples de celle survivance des clochens ne manquent ni dans les environs ni à iinlé.ieur de
Paris.
400 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
A cette époque, vers i33o peut-être, l'église Saint-Sulpice, paroisse d'un petit bourg isolé et
encore peu peuplé, était modeste dans ses dimensions. Elle n'avait que trente-deux mètres de long
sur dix-huit mètres de large, hors œuvre. Son plan, fort simple, était celui d'une église rurale
telle que celles de Bagneux et d'Arcueil peuvent aujourd'hui en donner une idée. Comme les
édifices ruraux de cette époque et de notre région en particulier, elle avait un chevet plat, s'éle-
vant sur une ligne oblique par rapport à l'axe du bâtiment, qui, comme on le voit, n'était pas
parfaitement rectangulaire. Cette obliquilé avait sa raison d'être dans la nécessité de respecter
un héritage sur lequel on ne pouvait empiéter; de là aussi cette anomalie consistant dans l'ab-
sence de contre-forts à l'extérieur du mur de chevet. L'héritage dont il s'agit était celui que
possédait la famille Montrouge, au moins dès la fin du xv' siècle, et qu'elle finit par céder
pour agi'andir l'édifice. Nonobstant le respect dû à la propriété d'un particulier, rien ne s'op-
posait sans doute, |)as plus alors qu'aujourd'hui, à ce qu'il y eût des fenêtres de ce côté.
Comme l'indique la planche A, l'église Saint-Sulpice, au xiv* siècle, se composait d'une nef
comprenant huit travées et de deux bas côtés simples. Deux des piliers, ceux qui supportaient
la face septentrionale du clocher, et qui dataient du siècle précédent, furent modifiés et renfor-
cés; les autres, au nombre de dix, se composaient d'une grosse colonne cylindrique, sur la-
quelle s'appuyait une colonnette recevant la retombée des arcs-doubleaux et ogivaux de la voûte
de la nef. Enfin, les deux derniers piliers, qui se trouvaient dans le chœur, avaient été élevés
un peu après les autres, et ne diffèrent des précédents que parce qu'ils étaient flanqués de trois
colonnettes, au lieu d'une. Sur les murs des collatéraux, des pilastres, dans le goût de l'é-
poque, s'élevaient en regard des points d'appui de la nef. Au long des mêmes murs, se trou-
vaient des bancs de ])ierre, qui existent encore en majeure partie. Extérieurement se dressaient
des contre-forts recevant le pied des arcs-boutants destinés à combattre la poussée des grandes
voûtes. Du portail, il ne subsiste aucune trace, et la situation exacte eu reste indécise. Cepen-
dant il semble avoir été conservé jusqu'au dernier moment, comme on peut en juger d'après la
vue de Marot''*, sauf peut-être quelques modifications dans son ornementation.
Telle était l'église Saint-Sulpice au xiv'' siècle.
Avant de parler des agrandissements dont elle fut l'objet ultérieurement, il importe de sa-
voir ce qu'elle avait été auparavant, et l'on peut se former une idée précise de sa configuration
et de ses dimensions, bien qu'il ne reste comme élément de restitution que la base du clocher.
Il faut pour cela supprimer, sur la planche A, les deux travées extrêmes des collatéraux. On ob-
tient ainsi une nef de six travées, avec bas côtés, celui du sud étant terminé par le clocher,
plus un chœur de deux travées, n'ayant de largeur que celle de la nef centrale, et se projetant
conséquemment en saillie vers l'est. Il existe, ainsi que nous l'avons déjà dit, un assez grand
nombre d'églises rurales de cette époque, avec un sanctuaire à chevet plat, sans collatéraux et
en saillie sur le reste de l'édificet'^'. Cette disposition est indiquée sur notre planche par des
lignes ponctuées. Les points d'appui devaient être, selon l'usage du temps, de simples colonnes
à fût cylindrique, sauf le support nord-ouest du clocher, qui était une pile octogone, canton-
née de colonnettes. Deux de ces colonnettes subsistent; les autres ont été refaites au xiv' siècle,
en même temps qu'on renforçait ce pilier. En somme, au point de vue de l'étendue et même
delà configuration générale, il y avait peu de différence entre le bâtiment du xni' siècle et ce-
lui du XI v".
•'' Dans cette vue , reproduite à la page 1 48 , les dis que les murs au droit des chapelles , qui ne da-
murs fermant de ce côté la nef et les bas côtés pré- taienl que du xvn° siècle, n'ont, comme ces cha-
sentent bien l'aspect d'une bâtisse du xiv° siècle, car pelles, ni pignons ni contre-forts,
ils ont des contre-forts et un pignon en pierre, tan- '*' L'église Saint-Nicolas-des-Champs, à Paris,
TOPOGRAPHIE HlSTORiO.VE DV Y! EVX PAR!:
h-M-
Th Vaequcp r«»l. «l del'
S-,'.lpio se'
PLAN DE LÉGLISE SAINT SVLPICE
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 401
En jetant les yeux sur la planche B , qui représente l't^lisc Saint-Sulpice telle qu'elle était
en dernier lieu, on voit de suite qu'il en fut tout autrement deux ou trois siècles plus tard. Sur
cette planche, on a indiqué, par une teinte plus foncée, les constructions de l'ère ogivale, con-
servées et utilisées, ce qui, comme nous l'avons déjà dit, faisait de cet édifice un monument
disparate. Parmi ces parties conservées, il convient de signaler le clocher, qui, bravant les
âges et les remaniements, a existé jusqu'à la suppression définitive de tout l'édifice.
En i53o, lorsque Jeanne Montrouge eut cédé le terrain nécessaire, on s'occupa d'agrandir,
vers rorient, Tédifice du xiv' siècle, en y ajoutant un grand chevet polygonal, composé d'un
sanctuaire demi-circulaire, avec bas côtés pourtournants et chapelles rayonnantes. Pour cela,
on supprima les deux derniers piliers du xiv° siècle, qu'on remplaça par deux colonnes cylin-
driques c, e; deux autres colonnes, d,/, s'élevèrent sur l'ancien chevet, complètement renversé.
Toute la nef ancienne avait été conservée intacte, et ce ne fut que plus tard, de 161 4 à iC3i,
que les murs latéraux de cette nef, ayant été en majeure partie démolis, furent reportés au
delà des chapelles qu'on ajoutait alors aux bas côtés.
La brisure extérieure qu'on remarque au droit du mur séparatif des chapelles Saint-Fiacre
et du Nom-de-Jésus, résulte de l'ancien alignement de la voie publique, alignement qu'on a
respecté et sur lequel on s'est établi. De même, le défaut de parallélisme existant entre le mur
extérieur des chapelles Saint-Michel et Saint-Claude et l'axe général du bâtiment semble ré-
sulter de l'obligation d'épouser la ligne séparant les terrains de Jeanne Montrouge d'avec celui
des héritiers Plateau. Enfin, le mur séparant la chapelle Saint-Michel de la chapelle Saint-Ho-
noré n'est pas d'cquerre, parce qu'il a été élevé en prolongement de l'ancien chevet, et vrai-
semblablement suivant une limite d'héritage. Hormis ces anomalies, le reste de l'abside est sen-
siblement régulier.
On aperçoit, dans les six colonnes pourtournantes du sanctuaire, les deux phases de la cons-
truction , phases indiquées par la différence de profil des bases. Les deux colonnes marquées a
et b ont des bases où se voit encore une certaine réminiscence du style du moyen âge, tandis
que les quatre autres sont pleinement dans le goût de la Renaissance. Les colonnes c, d, e, f
n'ont pas leur base assez bien conservée pour qu'il soit possible de préciser leur date. Le cha-
piteau de ces diverses colonnes, dont deux fragments se voient engagés dans les substructions
de l'église actuelle, était décoré de feuilles d'acanthe molle, d'un caractère analogue à celles
qui ornent les chapiteaux les plus anciens de l'Hôtel de Ville de Paris.
Au ivii* siècle seulement furent construites les chapelles latérales de la nef, d'abord celles du
côté sud, puis celles du côté du nord.
En PP, est la petite porte sur la rue des Fossoyeurs, On ne sait au juste quand elle a été
ouverte; mais ce doit être au moment de la construction des chapelles latérales de ce côté de la
nef. Quant à un portail qui aurait existé sur le flanc nord de l'église, et qu'indiquent
quelques plans du xvi" siècle, il n'en reste aucune trace sur les lieux, et l'on n'en (rouve aucune
mention dans les titres. Si ce portail a réellement existé, il a dû se trouver situé dans une des
dernières travées, vers le presbytère, et il ne doit pas avoir eu l'importance que semblent lui
donner les plans qu'on vient de citer.
Au moment de sa suppression, l'ancienne église Saint-Suipice avait 51"", 18 de long sur
9 7"', 17 de large.
Th. Vacquer.
est, parmi beaucoup d'autres, un exemple à citer tuant un édifice dépourvu d'unité au point de vue
de ces Mtisses successivement utilisées et consti- du style,
5t
/i02
TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Les architecte qui ont démoli cet édifice se sont montrés peu soucieux d'en conserver les
débris : ils les ont jelés pèle-nièle dans la crypte, ou é{;lise dérasée; la Révolution les y a trouvés
et mutilés pour la plupart. Nous en avons recueilli quelques-uns qui ont appartenu à la
décoration intérieure de l'édifice.
Le plus important est une cuve baptismale du xvi° siècle en usa[je dans l'ancienne église et
contemporaines, à quelques années près, des agrandissements exécutés de i53o à i5i8. Em-
ployée pendant un certain temps dans l'église nouvelle, oij l'on projette de la replacer, elb; a
été descendue dans la crypte, d'où nous l'avons extraite pour la photographier.
La gravure qui en a été l'aile la ])résente sous ses deux longues faces et rend bien la déli-
catesse de sou ornementation; elle a pour support une sorte de pilier assez grossier d'un autre
style et très-probablement d'une autre époque. Nous avons jugé inutile de le reproduire, con-
vaincu, comme tous les savants auxquels nous en avons soumis le dessin, qu'il n'avait pas
appartenu à l'ordonnance primitive du baptistère.
A côté de cette cuve, trois monuments funéraires, dans un regrettable état de mutilation,
méritent d'être signalés : ils appartiennent au xvii" siècle, et ne sont pas dépourvus de caractère;
le premier est incomplet; le second a perdu la table sur laquelle était gravée l'inscription ; le
troisième, fort heureusement, fa conservée, en pTtrIie du moins, et cette table constitue un
monument épigraphique des plus intéressants, puisqu'elle mentionne une fondation qui a son
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 'lOH
iinpoilance dans riiisloire de Paris. 11 s'agit en effet d'une dotation en faveur des fdies pauvres
el des orphelins de la paroisse. M. de Guilliermy a donné celte inscription dans le pien.iei
,olun.e de son recueil c^pijfraphique. Nous la reproduisons, avec le monument lui-mèn.e, après
404 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
l'avoir collationnée sur l'épreuve pholographique, et nous la faisons suivre de la notice que lui
a consacrée M. de Guiliiermy. — l. m. t.
IUv^;rl^:^D PEnE es Dieu Messire '''François Avdi\ai«t
PRESTRE Abbé de saixct Flsciax lgx Amiens r.RA.\D vicaire
DE («
EN t»BBAÏE DE SAISCT GeRMAIN DES PrETZ, NATIF
DE GaiLLAG DIOCESE DALBT, PAR SON TESTAMENT PASSE
PAR DEVANT LE CAHVS ET DEKETZ KOTAIBES LE
XViil* JOUR d'aOTST M.D.LXVII. a DONNE QVAIRE
CENS LIVRES TOVRNOIS DE RENTE POVR MARIER PAR
CHACVN AN A PERPETVITE HTICT DES PLVS POVRES
FILLES ORPHELINES NATIFVES DE LA PAROISSE SaINCT
SULPICE ATD*. SAINCT GeRMAIH PAYABLES A CHACVNE
CINQÏANTE LIVRES TOÏRNOIS LE JOVR DE LEVRS
ESPOVSAILLES RT AVLTRES QTATRE CENS LIVRES TOÏR . . .
POVR NOVRIR ET ENTRETENIR AVX ESTVDES LESPACE
DE CINQ ANS QVATRES POVRES PETIT2 GARSONS ORPHE-
LINS DE lad" PARROISSE ET LESd" CINQ ANS PASSES EN
REMETTRE DAVLTRES POVR PAREIL TEMPS, ET CONTINVER
A TOVSIOVRS ET EN A LAISSE LA DISPOSITION , CHOIS ET
NOMINATION AVI PRIEVR ET SOVBZ PRIEVR DE LAD.
Abbate s' Germain cvre ee principal maruvillier
ISE s' Svlpice et si adonne a LoevRr.
ELLE EGLISE DIX LIVRES T0VR°' DE
CELEBRER PAR CHACVN AN VIGILLES
. . VLTE MESSE DE REQUIEM ET LIBERA
VELLE ASSISTERONT LES QVATRES
S CHOISIES PAR CHACVNE
T INHVME AVd'. SAINCT
VIN M. D. VLXII.
POVR Lïï
l589
Marbre noir. — Haut o", gS ; larg. o", 63.
L'inscription destinée à conserver le souvenir des bienfaits de messire François Audrant avait
sa place dans la vieille église qui a précédé le Saint-Sulpice moderne. Nous n'avons pu savoir
ce qu'on en aura fait après la démolition de l'église gothique, dont les substructions existent
encore dans la crypte du monument renouvelé; ce qui est certain, c'est que, depuis longtemps,
elle git abandonnée dans une des galeries souterraines dont les voûtes portent le dallage de
l'église.
La plaque de marbre noir s'ajuste dans un encadrement de pierre éléganmienl sculpté. Des
moulures en garnissent le pourtour. A la partie supérieure est placée une tête d'ange, à deux
paires d'ailes, avec une flamme sur le haut du front. Au-dessus du marbre, deux enroulements
accompagnent un écusson ijui a été mutilé; on y distingue un chevron et deux étoiles en chef;
il V avait en pointe une troisième pièce, qui ne se reconnaît plus. Sur les côtés, se tiennent deux
pleureuses , d'un style gracieux , dont les vêtements présentent quelques traces de bordures dorées.
François Audrant était grand vicaire du cardinalCharles de Rourbon , soixante-treizième abbé
'"' Les deux mots diev et messire ont été martelés. se lire ainsi ; de mous, le reverendissime cardinal de
'^' On devine à peu près cette ligne qui pourrait Bourbon.
TOPOGRAPHIE HlSTORIOVr-:
DV VIEVX PARIS
Tavernier se
ANCIENNE ÉGLISE SAINT SVI.PICE,
MONVMENT FVNÊRAIRE Dl£ FRANÇOIS AVDRANT.
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. ^i05
de Saint-Germain-des-Prés, que les ligueurs opposèrent à Henri IV sous le nom de Charles X,
et qui mourut en 1690. La paroisse de Saint-Sulpice comprenait autrefois tout le territoire
sur lequel s'est élevé le faubourg Saint-Germain. L'obbe' et les religieux de Saint-Germain-des-
Prés en étaient seigneurs et curés primitifs. En sa qualité de grand vicaire du cardinal abbé,
François Audrant avait donc juridiction sur l'église de Saint-Sulpice, et c'est pour cette raison
que nous y trouvons un monument consacré à sa mémoire.
Le marbre a été brisé sur un côté de sa partie inférieure, et cette fracture a causé la perte
d'une portion intéressante de l'inscription. Les révolutionnaires qui ont gratté l'écusson n'ont
pas manqué d'effacer aussi, à la troisième ligne, le nom du cardinal de Bourbon. L'histoire de
l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés par dom Bouillart est muette à l'égard de François
Audrant. Son inscription nous apprend qu'il était abbé de Saint-Fuscien-lès-Amiens '"; nous
espérions trouver quelques détails sur sa vie dans le Gallia Christiana, en recourant au précis
historique qui concerne le monastère; nous y avons lu seulement qu'il en fut le trente-troisième
abbé et qu'il siégea environ de 1667 à 1576. Sa sollicitude pour la dot des orphelines et pour
l'instruction des orphelins témoigne du moins de son affectueuse charité envers les malheureux.
Au siècle dernier, lorsque l'abbé Lebeuf écrivait son histoire diocésaine de Paris, la fondation
subsistait encore à l'égard des huit orphelines à marier; tous les ans, le curé de Saint-Sulpice
s'adressait au Père prieur de l'abbaye de Saint- Germain pour l'exécution de cette partie des
dispositions testamentaires de messire Audrant. Parmi les anciens titres de la paroisse de
Saint-Sulpice, déposés aux archives générales de la France, il se trouve un dossier de pièces
relatives aux fondations de ce généreux bienfaiteur. Son anniversaire était autrefois célébré à
Sainl-Sulpice, le lundi dans l'octave delà Fête-Dieu '^f.
XII
LA FOIRE SAIINT-GERMAIN.
(Texte p. 167 et suiv.)
Feu Berty a résumé en quelques pages les documents relatifs à la foire Sainl-Germain. Sau-
vai, Félibien, de Lamare les ont publiés en grande partie, et nous ne pouvons qu'y renvoyer
le lecteur. Ce qui nous importe, en effet, c'est le côté topographique de la question, et les
pièces dont il s'agit ont surtout trait à l'institution de la foire et à son rétablissement, aux di-
verses époques fixées pour sa tenue, aux produits qu'elle donnait et aux privilèges dont elle
était l'objet. On y trouve aussi des détails intéressants sur la police qui s'y exerçait, sur le ré-
gime intérieur auquel les marchands étaient soumis, ainsi que sur les spectacles qui y prirent
naissance, et qui occasionnèrent de nombreux différends entre les acteurs forains et les comé-
diens du Roi.
Le sujet est donc fort étendu : la foire Saint-Germain , celles de Saint-Laurent et du Lendit
appellent un travail analogue à celui de feu Bourquelot sur les foires de Champagne. C'est
<■) Saint-Fuscien, S. Fiuciaim in nemore, an- tructions sans caractère et sans importance. Une
cienne abbaye de l'ordre de Saint-Benoît, près communauté religieuse s'est établie sur le même
d'Amiens, dont la première origine remonte, dit- emplacement.
on , jusqu'au v.' siècle {Gall. christ, t. X , col. i 3oa- '" Lebeuf, Histoire de la ville et de tout te dtocese
1 3 ' V de Paris, publiée et annotée par M. Hipp. Cocheris,
U ne reste plus de ce monastère que des cons- t. III , texte, notes et additions.
&06 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
l'histoire même du commerce parisien au moyen âge qui résullera de celle étude. Rapprocliée
du célèbre recueil d'Etienne Boileau, dont la Ville donnera très-prochainement une édition
nouvelle, et qui constitue, sous forme de réglementation, un tableau fort curieux de l'indus-
trie parisienne au xiii" siècle, Ihistoire dont nous parlons est appelée à compléter le Livre des
Métiers. Nous crovons savoir que plusieurs érudits ont fait de cette importante question l'objec-
tif principal de leurs recherches. L'un d'eux, M. Rouland, archiviste aux Archives nationales, a
bien voulu nous fournir une note destinée à éclaircir un passage du texte de feu Berly; nous la
publions, en remerciant M. Rouland de ce!te obligeante communication.
ttOn trouve, dans un état des loges delà foire dressé au ^commencement du xvi' siècle, outre
rrles cinq traverses, six allées ainsi dénommées : la première, rue de Normandie; la seconde,
(frue de Paris; ia troisième, rue de Picardie (toutes trois principalement affectées au com-
ttmerce de la draperie); la quatrième, rue de la Chaudronnerie; la cinquième, rue Mercière;
tria sixième, rue de la Lingerie. Quant à l'obligation que mentionne l'extrait de règlement cité
tfpar M. Berty, d'après une note du chambrier receveur de l'abbaye de Saint-Germain, elle
«était depuis longtemps imposée aux marchands qui fréquentaient les foires du Lendit et de
tf Saint-Denis (Arch. nat. K 966). Les forains étaient tenus d'indiquer sur une enseigne tren
«grosses lettres^ la provenance de leurs marchandises. On ne manqua pas d'adopter une me-
ctsure qui facilitait singulièrement le contrôle des comptes de redevances fiscales, en même
«temps qu'elle fournissait plus de garanties aux acheteurs.
«Sans rappeler ici les multiples conditions qu'on exigeait des marchands, nous citerons celles
«qui concernaient la location des loges. Les négociants étrangers étaient obligés de retenir leurs
«loges pour l'année suivante, à la fin de chaque foire; autrement le receveur de l'abbaye pou-
«vait en disposer. Les marchands de Paris devaient se réunir au Palais abbatial, en janvier, le
«jour de Saint-Vincent; les places étaient adjugées au plus offrant et dernier enchérisseur. Il
«était expressément défendu d'accaparer plusieurs boutiques, dans le but de les sous-louer. On
«interdisait même à tout locataire de céder la moitié de sa loge sans une autorisation préa-
«lable.
«L'abbaye de Saint-Germain avait rencontré de puissants obstacles à l'établissement de cette
«foire. Les religieux de Saint-Denis, jaloux de conserver la prospérité de leurs marchés, for-
«mèrent opposition devant le Parlement, qui, après avoir plusieurs fois changé l'époque de la
«tenue de la foire, la fixa définitivement au 3 février. La Chambre des comptes attaqua, comme
«préjudiciables au trésor royal, les franchises et privilèges accordés par Louis XI en 1/182, re-
«nouvelés par Charles VIII en i/i85, et par Louis XII en 1^99; elle ne consentit à les confirmer
«qu'en lôaS.
«Malgré ces difficultés, la foire Saint-Germain devint en peu d'années le centre d'impor-
« tantes transactions commerciales. Un inventaire constate que les draps amenés au marché de
« 1/199 sortaient des fabriques de Rouen, de Gournay, de Caen, de Darnetal, d'Argentan, d'A-
« miens, de Beauvais, d'Abbeville, d'Aumale, de Blangis, de Meaux, de Senlis et de Paris
«(Arch. nat. K 966). Par un registre des loges, on voit tous les corps de métiers représentés à
«la foire de i5i 1. L'élément artistique y figurait déjà. Plus tard il y tint une large place avec
«l'orfèvrerie, les émaux, les peintures flamandes et françaises. d
L'importance de la foire Saint-Germain, considérée au point de vue purement topogra-
phique, nous a déterminé à faire reproduire les aspects les plus caractéristiques que lui
donnent les anciens plans de Paris; c'est l'objet d'une des planches prévues par feu Berty. Mais
TOPOGRAPH lE Hi5T(
LA FOIRE SAINT G
I REPRODVCTK
„ La Foire de S' Germain des Pvez vous représente un racoursi de loules les mer»!
la plus belle et la plus riche Foire de France. la quelle esl quelque fois honorée de la présence du R.
de France el mesme des Etrangers. La Perspecliue esl forl belle, diuisèe en plusieurs Cartiers ài
Fovre, Les Marchands qui la possèdent aujourd'hui Von tenue au commencenienl de ce siecle.de c
loôe. Autre foislaPlacesappeloit le JardindeNesle.elauantquilyeûtdubàl.ment.onBannc:-
£ DV V!EVX PARIS
AIN AV XVII? SIÈCLE
NNE ESTAMPE I
; monde; commence le J"* Feuner el dure i5 jours ouuners, el prolonâèe souuenl dauanug-e . C est
^j ..- oîdeloute la Cour. On y voit tous les jours une affluence de peuples de toulessorles de condition s.
^ur les Marchands. Elle est enceinte de murailles, close de portes, aus quelles on fait garde pendant la
entl Abbaye S' Germain en ce temps la. en payant tous les ans aux Seigneurs les droits de chaque
:r la commodité des Marchands « «m. «ht estampes; topoctaphieoeufumice vi ss.pi.î»
féû
'///
'£
Tfe
IS7
'M
>S
J/?<
lie
c?e
^1
161
if
/et
3A
Sfvi
'U ijA ut
/sr iff
Ul_i
i'JLiL
•i" 3« d ii
L
./*,
tts
«1 13 \ SI i
\ si ,/ 1 Si j
ses
ffl
110
f/-'/^
«//«
« « « « te 1
Si
S'J
,i
•I»
>£
,£n
ST
a*
<r
•if
,i
37
ti
,f
u
,
n
11
3/
'f
rt'j
et
\f
s£
U \
iJZ
Lx belle * Vuu,t
'tnsC «*w <
^^^
1^ n
iH^r it^''' I
Impression Autotypique
p
If*
^ C'/j
Jinverie
,/
.t^
'•t'ii. .i
.'t «p y} \
•f >
Ml
<* i
M-f !i1i
^«
JKeccii
tu
«J fM
n
* *.
'#«
f^
»A
</o 117 «f* «J^
J, - ■ I : • u<«7i-.-i-w-.-.ViV^i tfAW/rj.^j IV ■--.■.■1. ;t
I II
\ ,t ï ,:£iii
Jui
(-A cuiDtcrmcete
(^
17
1
tn
il
fi
117
h
(S
%
!
se t» 1
M II
i /'/i
«1
•£
tn
it
ttt
ut
«";,
U 1
"'*■
':i'A
';/^
i " "
fi
1^
/7
,£n
fi
*0
>£
41
i£
Snue <^e- S^
'auJ
77T
II
if
'U
S^U^ «Jt- i/letm(tnSi»
,£
r
>£it
t
i£ii
E7 LL_.cii...
^j
(?n
reau
Pans 13 Quai Voilaire
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 407
la vue des deux halles de la foire, enclavées dans les maisons environnantes, n'offrait rien de
bien intéressant en temps normal. C'est au moment où les marchands y affluaient, où la Ville et
la Cour s'y donnaient rendez-vous, que le célèbre bazar de l'abbaye présentait un coup d'oeil
véritablement curieux. Feu Berty avait vu autrefois, au département des estampes, une gravure
ancienne qu'il nous a signalée assez confusément, et que nous avons retrouvée à la Bibliothèque
nationale. Elle représente la foire en pleine activité; les pavillons sont vus d'en haut, et la toi-
ture en a été idéalement enlevée, pour permettre au regard de plonger dans l'intérieur. Le
nombre des industries représentées à la foire, leur mode de groupement, les variétés commer-
ciales révélées par les enseignes, la foule qui encombre les abords, les points de repère à cher-
cher dans les environs, tout, dans cette estampe peu connue, excite l'intérêt et sollicite l'exa-
men. Le graveur de mérite à qui nous en avons confié la reproduction a fait habilement re-
vivre cette curieuse scène; cependant, le peu d'étendue du champ et la petitesse du caractère
ne lui ont pas permis de donner une netteté suffisante aux nombreuses inscriptions peintes le
long du pourtour et sur chacun des pavillons de la foire. L'intérêt historique qui s'attache à
toute cette légende nous a engagé à la transcrire en regard de l'estampe elle-même.
ORDRE ET DÉNOMINATION DES GALERIES DE LA FOIRE SAINT- GERMAIN ,
EN ALLANT DE GAUCHE À DROITE ET DE BAS EN HAUT.
l" GALERIE.
Pavillon 1. M. Chapeliers. — M. Parcheminiers. — Chien de Bologne. —M. Papetiers. — M. Cartonniers.
2. Perruquiers. — M. Chauderoniers. — M. de Calotte. — M. de Mai-roquins.
3. Conroyeurs et Curatiers. — Coiïretiers. — Bœttiers. — hitrumâ de Musiq.
4. Fourbisseurs. — Arquebusiers. — Serruriers. — Armuriers.
— 5. Graveurs en cachet. — Lanterniers. — Espronniers de S. Claude.
a° GALERIE.
Pavillon I. Hebenistes et Affîquels. — Marchandise de la Chine. — M. de Miroirs et de Lunettes. —
M. Gantier et Parfumeur.
2. M. de Dantelles de filet. — M. Fustainiers. — M. Lingers. — Toilliers.
. 3. M. d'Anglelerre. — M. de Flandre. — M. d'HoIande. — M. d'Alemagne.
II. M. de bas de laine. — Plumassiers. — Espingliers. — M. Drapers.
. 5. Chirurgens. — Barbiers. — Cloueurs. — Fondeurs.
3' GALERIE.
PaviUon I . M. Potiers et vaisselle d'estain. — M. Chandeliers. — M. Ciergiers et Vannetiers. — M. Fei-
raliers.
2. Change pour le Boy. — Horlogeurs. — Joailliers. — Oi'phevrie.
3. M. de dantelles d'or et d'argent. — M. de Bubans. — M. Merciers. — M. de soye.
4. Tableaux à la détrempe. — M. de taille do[uce]. - Tableaux a l'huile. - M. hbraires.
5. Passementiers. — Binbelotiers. — Botonniers. — Indienes.
Zr' GALERIE.
Paiillon 1. M. de Laine et de Couvertes. -M. Tapissiers.- M. Chaussetiers. - M. Brodeurs et Gaigniers.
2. Vin d'Espagne. - Orange de Portugal. - Double bière. - Frmliers, Bossoli.
3. Marionnettes. — Voltigeui-s. — Orvictan. — Blanqueurs.
!,. Gasteaux, Pain d'Espisses. - Saucisses, Jambons. - Espiciers. — Confituriers.
5. Sculpteurs. — Menuisiers. — Charpentiers. — Torneurs.
408 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
O CALEHIE. POCRTODR.
A gauche : Oyseiiers, Fayâciers, Oyseliers.
A droite : Lingiers.
6° GALERIE. PETITS BATIMENTS, À GAUCHE, EN DEHORS DE L'ENCEINTE.
Conciergerie.
Telle est la distribution figurée sur Testampe que nous reproduisons. Il n'y faut pas cher-
cher autre chose que des indications industrielles et commerciales. L'orientation, par exemple,
y est assez incertaine : on ne sait au juste oii s'est placé le dessinateur, quoiqu'il ait dû, selon
toute apparence, choisir la principale entrée, qui était sur la rue du Four. Sur la rue du
Brave, en effet, qui est représentée aujourd'hui par la rue de Seine, il n'y avait qu'une entrée
secondaire, qu'on appelait, en 1^99, ttla porte peincte,'» et, vers 1695, trie petit huis de la
Halle. .>
L'état d'inachèvement de la nouvelle église Saint-Sulpice, qui se trouve figurée à droite, et
le costume des nombreux personnages qui se pressent aux abords de la foire, datent assez
exactement cette curieuse estampe : elle remonte très-probablemenl à la première moitié du
xvii^ siècle. — l. m. t.
XIII
LA CROIX-ROUGE.
(Texte p. 165 et 166.)
En publiant le texte de feu Berty, nous avons reproduit avec une fidélité scrupuleuse le pas-
sage dans lequel il discute l'origine de l'ancienne dénomination appliquée au carrefour de la
Croix-Rouge. L'insistance avec laquelle il combat l'idée générale, pour y substituer une opinion
nouvelle, nous obligeait à présenter son hypothèse telle qu'il l'a formulée lui-même, en l'ap-
puyant d'une note signée de ses initiales. Cependant nous avons cru devoir en appeler au public
savant et le faire juge de la question; aussi, dans une seconde note placée à la suite de celle de
l'auteur, indiquons-nous sommairement les motifs qui nous ont déterminé à grouper sur une
planche les divers aspects que les vieux plans de Paris donnent au carrefour. C'est mettre sous
les yeux du lecteur les pièces mêmes du procès.
Un érudit, à qui nous avons communiqué ce passage, a pensé qu'il y avait plus à faire. Com-
prenant le sentiment de respect qui nous avait engagé à publier intégralement le texte de feu
Berty, il a pensé toutefois que nous devions faire des réserves un peu plus explicites. Feu Berty
semble, en effet, avoir été, contrairement à ses habitudes, assez inexact dans cette partie de son
travail, si intéressant d'ailleurs et si consciencieux. Plusieurs erreurs nialérielles se sont glissées
sous sa plume, et l'on nous saura gré de les relever ici.
Le plan de Tapisserie qu'il cite et que nous reproduisons partiellement, d'après une photo-
graphie de la Grande Gouache, montre, à l'endroit du carrefour, une petite construction basse
et évidée, une sorte de piédestal découvert, mais pas de croix. Celui de Braun, qu'il mentionne
également et qu'il date de 1 676, époque de la publication du livre de Belleforest, tandis qu'il
est, en réalité, de i53o, ne porte ni croix, ni arbre. L'argument tiré des vieux plans est, d'ail-
leurs, sans force pour l'hypothèse que soutient feu Berty. Les plus anciens, c'est-à-dire ceux du
APPENDICES ET PIECES JUSTIFICATIVES. 409
xvi' siècle, montrent une croix, ou un piédestal , dans une région presque déserte, oii l'existence
d'une enseigne est très-improbable. L'arbre n'apparaît qu'au xvii° siècle, avec Quesnel et Mérian,
de telle sorte que ces trpourctraicts de Paris n plaident une thèse autre que celle de l'auteur.
Feu Berty dit, il est vrai, avoir constaté l'existence d'un arbre planté au carrefour, crlong-
temps avant celle d'une croix quelconque. n Cet arbre, ajoute-t-il, était dit, en liSg, (t l'orme
du four, 7) et servait à dénommer l'un des coins de la rue du Cherche-Midi, qu'on trouve
appelé «la pointe de l'orme, n en i355 et 1373. Si le fait résulte des titres, l'hypothèse
de l'auteur peut se soutenir; cependant, l'arbre et la croix ont bien pu coexister, ainsi qu'on le
voit encore aujourd'hui, au point de croisement des chemins ruraux, dans beaucoup de pays
chrétiens. Le savant topographe, qui a consacré vingt années de sa vie aux travaux historiques,
n'ignorait certainement pas que le moyen âge avait l'habitude de planter des croix partout oii
le paganisme plaçait des objets ou attributs religieux, c'est-à-dire des idoles. Il y voyait un
moyen de purifier les lieux qui avaient été profanés par l'exercice de l'ancien culte, et qu'il
regardait comme hantés par le malin esprit.
Il n'y a donc pas lieu de s'étonner de la présence d'une croix au carrefour dont nous nous
occupons : les religieux de Saint-Germain-des-Prés devaient évidemment suivre, en leur cen-
sive, un usage chrétien auquel les possesseurs laïques du sol n'eussent certainement pas manqué
de se conformer. — i. u. t.
XIV
LE PRIVILÈGE AUX. BOURGEOIS.
(Texte p. 170.)
L'auteur s'étant borné à mentionner dans son texte trie privilège aux bour-
geois, d en vertu duquel l'emplacement d'une maison sise rue du Four fut adjugé
à l'abbaye Saint-Germain-des-Prés, nous avons jugé à propos de recueillir, sur
ce privilège que feu Berty n'explique point, des indications suffisantes pour former
une sorte de bibliographie du sujet. Le caractère exclusivement topographique de
l'ouvrage ne permettait pas de s'étendre plus longuement sur cette matière. —
L. M. T.
T Ordonnances royaulx de la jurisdicion de la Prevosté des marchans et Eschevinaige de la
ville de Paris, constituez et ordonnez tant par les feuz roys que par le roy nostre sire Françoys
premier de ce nom et plusieurs arrestz et ordonnances de la court de Parlement, avec plusieurs
beaulx privilèges donnez aux bourgeois de Paris. Extraictz et corrigez sur les registres del'Hostel
d'icelle ville. Nouvellement imprimé à Paris. Cum privilegio Régis. -r»
Cette édition de 1628, in-fol. gothique, Jacques Nyvert, comprend les trAddicions aux Pri-
vilèges,« qui ne se rencontrent pas dans l'édition de i5oo. Le volume, extrêmement précieux,
d'impre-ssion gothique, se dislingue par de nombreuses gravures sur bois, peintes, amsi que
les lettres initiales, en or et couleur, et représentant les gens de métier avec leurs costumes du
commencement du xvi" siècle. Cet exemplaire fait partie de la riche bibliothèque de M. l'abbé
410 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
Bossuet, curé de la paroisse de Saint-Louis-en-rHe, qui a bien voulu le mettre généreusement
à notre disposition.
Fueillel LY. — wLe soixante troiziesme chappitre contient plusieurs beauk privilèges donnez
par les feuz Roys aux Rourgeois de Paris et confermez parle Roy.nostre sire Françoys, premier
de ce nom. Et premièrement :
«Que les marchans acquitteront la foraine a Paris, sy bon leur semble, a six deniers pour
livre, et ne seront tenus pour ce bailler caucion. Article i.
Verso. — «Que les Bourgeois de Paris ne doyvent estre confrainclz a loger par Ibur-
riei'S Il
Fueillet ivi. — «Que nul ne peult empescher ne retarder les vivres et marchandises que on
ameine a Paris mectre succides [sic) nouvelles ni
Fueillet LVii, verso. — «Que les bourgeois de Paris ayans fiefz ou arrière fiefz sont exemplz
de aller, envoyer, ne contribuer au ban et arrière ban un
Fueillet lviii, verso. — «Leclres de confirmacion données par le Roy nostre sire Françoys
premier de ce nom, par laquelle appert que ledit seigneur a confermé le contenu de ces pré-
sentes ordonnances et privilèges, et que les sentences données par les Prévost des Marchans et
Eschevins seront exécutées non obstant opposicions ou appellacions, et que ilz ne pourront estre
prins a partie a cause de leurs d. sentences Article v.d
Ces lettres de confirmation, datées de Paris en avril i5i5, visent les quatre articles précé-
dents, dont voici la date de lieu et de temps:
Art. I. A Rasiily, près Chinon, le 7 février 1 464-5.
Art. II. A Paris, en octobre i465.
Art. 111. A Dampmartin, en septembre ik-jU.
Art. IV. A Blois, le 12 juin i5i2.
Le volume se termine en fait avec les «Lectres de confirmation, u au folio lx, par cet
explicit:
«Fin des Ordonnances royaulx de la jurisdicion de la Prevosté des marchans et Eschevinaige
de la ville de Paris, lesquelles furent achevées de imprimera Paris par permission et privilège
du Roy nostre sire le .xx. jour de novembre l'an de grâce mil cinq cens vingt et buyt par Jaques
Nyverd, imprimeur et libraire, demouraiit en la rue de la Juifrye a l'ymaige sainct Pierre et
tenant sa boutique joignant la première porte du Palays.
«Et pour Pierre le Brodeur aussi libraire, demourant en la rue de la Vieille Pelleterye a l'en-
seigne du Cressant et tenant sa boutique en la grant salle dudit Palays devant le premier pillier
du costé de la chappelle. v
Au folio LX verso, la marque de «Jaques Nyverd. 15 — Puis viennent t6 feuillets non numé-
rotés, portant la rubrique suivante:
«Adicions sur ce présent volume intitulé les Ordonnances de la Prevosté des marchans et
Eschevinage de la ville de Paris fort exquises et nécessaires a tous manans, habitans, et affluans
en la ville de Paris, lesquelles avoyent par inadvertance esté obmises a rédiger oudit volume; et
contiennent lesdictes adicions deux beaulz privilèges donnez aux Bourgeois de Paris : rest assa-
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 411
voir que iiz peuvent tenir fiefz et arrière fiefz et user du faict de noblesse, et l'autre que on ne
peult tyrer ne avoir par action ung bourgeois hors de ladicfe ville et ceulx qu'ilz sont ad ce sub-
jectz. Avec plusieurs editz et arrestz faitz et constituez sur la police de ladicte ville de Paris, et
les noms des Prévost des marchans et Eschevins qui ont esté en icelie ville jusques a présent,
leurs privilèges et ceulx des officiers de ladicte Prevosté et Eschevinage.
ffCum Privilégie."
De ces 16 feuillets, les 2 premiers seuls ont trait aux «Privilèges des Bourgeois de Paris.»
Nous donnons, comme précédemment, le titre et la date de ces ordonnances ttobmises a rédiger
par inadvertance. T>
I. — «Que les Bourgeois de Paris peuvent tenir liefz et arrière fiefz, et joyr du fait de
noblesse. — Paris, en l'hôtel royal de Saint-Paul le 9 août 1371; confirmations du 5 août 1 890
et du ... septembre 1609.
II. — «Que les Bourgeois de Paris ne sont tenuz respondre ne ne peuvent estre traiz hors
des murs et clostures de Paris. — Paris, le 9 novembre iUè^.v
Il peut être intéressant de faire observer que ces deux derniers privilèges, ainsi que la teneur
entière des «Adicions,» manquent aux autres éditions des Ordonnances royaulx; sur quoi voyez
Brunet, Manuel du Libraire, t. IV, col. 220.
F. BoNNARDOT.
XV
LES ÉTATS GÉNÉRAUX DE LA GRENOUILLÈRE.
(Texte p. ih-i et suiv.)
LES KSTATS TENUS .4 LA GREN0U1LLÈKE,LES15, 16, 17 ET 18 DU PRÉSENT MOIS DE JUIN MIL SIX CENS VINGT TROIS'
AVEC LA RÉSOLUTION ET CLOSTURE DESDITS ESTATS M.DC.XXIII.
L'auteur anonyme de ce pamphlet (petit in-H") commence par dire que la mort et la guerre
causent souvent de grands changements dans les Etats, et que, par suite de ces accidents, tel
qui, la veille, était au pinacle, se trouve le lendemain dans la boue. C'est ainsi que le trépas de
la reine Marguerite est une grande perte pour la France, et surtout pour ceux qui servaient cette
défunte majesté et s'engraissaient à ses dépens. Le satirique écrivain passe en revue ces para-
sites et les montre «couchant et employant sur diss comptes ce qui estoif acquité long-temps
auparavant. ... n 11 ajoute que ces malversations ne seront pas impunies.
-Restera seulement, dit-il ensuite, le public qui est privé du contentement de la pourmenade
des hallées que la deffuncte reyne Marguerite avoit fait faire avec tant de soing et d'affection,
pour raison de quoy pensant qu'il deubt arriver quelque bien, à ce subject l'on a tenu à la Gre-
riouillière des Estais populaires, auquel lieu toutes harangues, mémoires, billets, remonstrances
ont esté reçues de bonne part et en la forme qui ensuit :
«Hahajigue des pauvres Prestres estudians en l'Université de Paris, à messieurs des Estats de
la Grenouillière. n
Après les «pauvres prestres,» viennent les nobles de Paris; puis un bourgeois se présente
412 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
au nom du Tiers Etat; enfin viennent tries Pastissiers oubliers qui cy-devant fre'quentoienl le
parc de la Reyne Marguerite, pour y vendre en toute liberté les denrées de leur vacation, oij ils
laisoient passer, disent-ils, le bon comme le mauvais.'»
Après eux, comparaissent les boulangers de petit pain, dont la harangue est un modèle en
ce genre. La voici :
irPLAINCTE GÉNÉRALLE DES BOULiNGERS DE PETIT PAIN.
r Messieurs, nous avons apris d'un vénérable père de la société, que parfois les bons sont
affligés pour les offenses des mauvais, et que tel chastiment arrive de la part du vengeur des
crimes, pour leur faire cognoistre qu'il n'appartient pas aux freslons et gens de basse estoffe de
mettre en contreroolle les actions des endosseurs de montagnes sur montagnes, estant à luy
seul de réfréner, reprendre et terminer telle arrogance, ainsy qu'il fist au superbe édifice de
Babylone. Geste doctrine, messieurs , nous a grandement rabaissé le caquet, et nous a si fort
cadenacé la bouche, qu'il nous semble ne faire plus que besgayer, au lieu de parler hardiment
de nos interests,qui sont et doibvent estre estimez incomparables. Car si, à son préjudice, nous
voulions nous estendre sur l'effronterie de ceux qui téméraires, pour peu de deniers, ont envahi
la maison, jardin et parc de la Reyne Marguerite, ce serait avec des conjurations si violentes,
qu'il faudroit nécessairement que les foudres se rendissent punisseurs de leurs impudences, ou
légitimes exécuteurs de nos accusations. Mais, puisque nos desseins sont bornés pour le présent,
il nous suffira vous représenter, autant pour l'interest d'aulrui que pour le nostre, que l'houneste
promenade des hallées de la Reyne Marguerite estoit un lieu tellement nécessaire, pour le diver-
tissement d'un chacun, qu'à présent, estant abolie, les villages d'alentour la ville de Paris servent
de réceptacle aux desbauches effrénées, comme violements, adultères, assassinats, et voleries,
ce qui estoit absolument aboly lors de cette honneste liberté, et comme mis en hayne de ceux
lesquels auparavant en tenoient la banque et le party : et de fait, messieurs, vous sçavez trop
mieux, que les jours de festes et les dimanches, la populace de Paris se rangeoit par bande en ce
parc regreté, en divers endroicts et cantons, les uns discourant d'affaires sérieuses et les autres
de leurs honnestes affections; puis l'on s'esgayoit selon sa fantaisie, et selon son humeur, sans
qu'il arrivast querelle ny discord, chacun n'aspirant que d'entretenir l'âme et le corps ensem-
blement. Là les filous, traisne-épées. Rougets, Grizons et autres gens de pareille estoffe n'avoient
que faire; mais Pasticiers, Friiicliers, Taverniers, Vendeurs de bière et Boulangers, pour les-
quels, messieurs, estant advoûé comme ayant procuration en forme probante, j'ay à vous repré-
senter, en toute humilité, quel peut estre le deuil et la perte que nous souffrons en la dégradation
de ce parc. Premièrement nous y envoyions nos apprentifs, chacun d'eux chargé d'une bottée de
petits pains, tant de chapitre, niolets, à la reyne, que faire à la mode, toute marchandise fardée,
et laquelle nous n'eussions ozé vendre en nos boutiques, pour estre les uus légers de plus de
quatre onces et demye, les autres repassez au four pour les faire estimer tendres, et les autres
estant pains contrefaits, au préjudice des ordonnances de la police. Secondement, le lieu estant
proche de nos maisons, ce nous estoit un second profit, en ce que nosdits apprentifs n'usoienl
pas tant de souliers comme ils peuvent faire à courir tantost aux Bons-Hommes de Chaillot,
tantost à Gentilly et tantost à Vaugirard. Tellement qu'au moyen de cette espèce de déluge
arrivé sur dessein tout magnifique et tout royal, nos ressentiments en sont si grands que nous
sommes nécessitez de nous addressorà vous, pour implorer vos fécondes prudences, le fruict des-
quelles nous espérons nous apporle de l'utilité.
ttLe Président : Que demandez-vous?
r L'agent des boulangei-s : Messieurs, ce n'est pas l'argent de vos bourses que nous demandons.
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 413
car nous avons assez gagné depuis deux ans. Mais nous vous supplions de faire en sorte que ie
pain ne soit plus visité, et que nous ie vendions à notre fantaisie, afin que nos femmes vous en
sachent gré .
Vient ensuite Guérin, jadis (r plaisant de la Reyne Marguerite, « et enfin le capitaine générai des
Guerres de Paris, Picard, dont la harangue est bouffonne. La résolution des États est digne des
harangues. Chacun des plaignants est congédié en bonne forme, et l'ordonnance est affichée dans
tous les cabarets de wceste ville de Paris, à ce qu'aucun n'en prétende cause d'ignorance. n
Le reste du pamphlet n'a rien de bien intéressant au point de vue topographique. Nous nous
sommes borné à en extraire ce qui a trait au palais et aux jardins de la reine Marguerite, jar-
dins et palais dont la durée fut si éphémère. On sait que les trhallées» de ces jardins, qui
avaient remplacé les chemins du Préaux-Clercs et qui furent transformées en rues, au moment
de l'extension du bourg Saint-Germain, ont donné, quelques années plus tard, l'idée du Cours-
la-Reine. Cette promenade célèbre, qui subsiste encore aujourd'hui, n'est donc autre chose que
le Préaux-Clercs et le jardin de la reine Margot transportés sur l'autre rive du fleuve. — l. m. t.
XVI
L'AQUEDUC D'ARCUEIL (".
(Texte p. 3i3 et suiv.)
I
LK ROY MET LA PREUlÈnE PIERRE À LA SOURCE DES FONTAINES DE RONGIS.
Le jeudy xi jour de juillet i6i3. Monsieur de Liancour, gouverneur de cette Ville, est
venu en l'hostel d'icelle advertir messieurs les Prévost des Marchands et Eschevins que le Roy
désiroit aller samedy prochain veoir les sources des fontaines de Rongis; à ce que mesdils
sieurs eussent à donner ordre aux préparatifs nécessaires. De quoy mesdits sieurs, se réjouïs-
sans de l'honneur que Sa Majesté feroit à la dite Ville, ont aussitost envoyé quérir Marcial
Coilïier cuisinier ordinaire de la Ville et le sieur Mainvillier tapissier, tant pour faire le festin
«jue pour préparer des meubles précieux où Sa Majesté prendra son disner. Et, suivant ce, le
lendemain vendredy i a du dit mois mesdits sieurs Prévost des Marchans et Eschevins furent
au Louvre prier Sa Majesté d'aller aux dites fontaines, et si elle avoit agréable de prendre son
disner au chasteau de Cachan; ce qu'ayant promis Sa dite Majesté, mes dits sieurs de la Ville
ayant donné ordre à tout ce qui estoit nécessaire, tant pour le disner, meubles, que toute
autre chose, partirent de cette Ville le samedy i3 du dit mois du malin avec messieurs les pro-
cureur du roy, greffier et receveur de la Ville, et allèrent jusques à la Saussaye attendre Sa Ma-
jesté, laquelle vint incontinent, suivie de Monsieur le duc de Montbazon, mon dit sieur le
Gouverneur, monsieur de Souvray, et autres seigneurs, avec aussi sa compagnie de chevaux lé-
gers; à laquelle mes dits sieurs firent la révérence. Ce fait poursuivirent leur chemin jusques
<■' Nous réunissons sous ce tilie les pièces relatives à cette grande entreprise. La plupart ont été publiées
par Félibicn. — l. m. t.
414 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
aux dites fontaines de Rongis, où estant Sa Majesté mit pied à terre pour veoir les sources des-
dites fontaines, oiî il y avoit cinq ou six cens ouvriers qui travaiHoient à faire des tranchées el
autres ouvrages pour la conduite des dites eaux, dont Sa Majesté receut un fort grand conten-
tement, disant que son peuple en trouveroit bien de la commodité. Ce fait mes dits sieurs de
la Ville supplièrent Sa Majesté de prendre son chemin vers le dit Cachan, où se faisoient les
préparatifs du disner; ce qu'il leur accorda, et en y allant fit quelque exercice de la chasse.
Et arrivez audit Cachan mes dits sieurs de la Ville firent mettre sur table, où il y avoit quatre
tables et quatre plats préparez pour le dit festin. Et estoient les chambres salles et cabinets du
chasteau fort bien parez de meubles, tant de tapisseries d'or et d'argent, comme les hault dais
et le lit où devoit reposer le roy aussi d'or et d'argent. Sa Majesté se mit à table, où pendant
son disner mes dits sieurs de la Ville furent autour de la dite table, pour entretenir Sa Majesté,
pendant lequel temps les dits seigneurs qui estoient à la suite de Sa Majesté se mirent aussi à
table dans une autre salle à part où ils estoient plus de 80 ou 100 seigneurs à table, le toul
aux frais et despens de la dite Ville. Et ayant Sa Majesté disné, alla prendre son plaisir de la
chasse dans le parc du chasteau de Cachan, où ayant pris congé par mesdits sieurs les Pré-
vost des Marchands et Eschevins, Sa Majesté les remercia et leur demanda quand on feroit
l'assiette de la première pierre; quelle entendoit et désiroit y eslre présente; à quoy mesdits
sieurs firent response que cestoit trop d'honneur que la Ville recevoit de Sa Majesté, et ayant
fait appeller les ouvriers et entrepreneurs desdites fontaines pour sçavoir en quel temps on
commenceroit à poser la première pierre du grand regard; lesquels firent response qu'ils es-
toient prests quand il plairoit à Sa Majesté, au plustost dedans cinq ou six jours, afin de ne
retarder leur besogne. Et lors mes dits sieurs les Prévost des Marchands et Eschevins prirent
de rechef congé de Sa Majesté pour s'en revenir en cette dite Ville; où estans attendu que
Sa Majesté devoit mettre la première pierre aux dites fontaines, firent aussitost faire de grandes
médailles d'or et d'argent pour mettre et poser sous la dite pierre, où Sa Majesté estoit repré-
sentée d'un costé, et de l'autre costé la Royne régente sa mère sur un arc-en-ciel signifiant sa
régence.
Et le lundy i5 du dit mois de juillet 1610, mes dits sieurs les Prévost des Marchands et
Eschevins furent encore advertis par mon dit sieur le gouverneur que le Roy et la Royne ré-
gente sa mère dévoient aller aux dites fontaines de Rongis jjour asseoir la première pierre le
jeudy ensuivant, à ce que toutes choses fussent prestes pour cet effet. Et suivant ce furent au
Louvre prier leurs Magestez de faire l'honneur à la dite Ville de poser la dite première pierre
et de prendre leur disner au dit chasteau de Cachan ou en tel autre lieu qu'il leur plaira. Le-
quel Seigneur roy fit response qu'il iroit encore disner au dit Cachan, et après le disner qu'il
iroit poser la première pierre; et la dite dame Royne s'excusant du disner dit qu'elle se trouve-
roit aux dites fontaines de Rongis l'apres-disnée, dont mes dits sieurs de la Ville remercièrent
très-humblement leurs dictes Majestez. Et étant mes dits sieurs de la Ville revenus audit hostel
de la Ville, advisèrent entre eux à tous les préparatifs nécessaires, tant pour les festins néces-
saires, meubles précieux, collations, lentes, truelle d'argent, trompettes, tambours, médailles,
vin pour deffoncer en signe de réjouissance, et largesse, que toute autre chose requise, com-
mandant audit Coiffier de préparer quatre plats de viandes les plus exquises, el à Joachim du
Pont espicier de la Ville d'avoir à préparer les plus belles et exquises confitures qu'il soit pos-
sible de trouver, pour faire les dites collations.
Advenu lequel jour de mercredy 17 du dit mois de juillet, du matin, mes dits sieurs de la
Ville estant advertis que le roy estoit ja parti pour aller audit Cachan et se donner le plaisir
delà chasse en chemin, partirent dudit hostel de la Ville avec lesdits sieurs procureur du roy,
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 415
greffier et receveur et plusieurs autres officiers pour le service d'iceiie, et allèrent au dit Ca-
chan, oii ayant trouve' Sa Majesté luy firent la révérence, le remerciant de tant de peine quelle
prenoit et de l'honneur quelle faisoit à la dite Ville; et ayant par mesdils sieurs pris garde si
tout estoit bien préparé, l'heure estant venue pour disner mesdits sieurs supplièrent Sa Majesté
de vouloir bien se mettre à table; ce quelle lit; pendant lequel temps mesdils sieurs de la Ville
furent autour de la table, l'entretenant pendant son disner, tant du sujet des dites fontaines
que de plusieurs autres beaux discours; pendant lequel les seigneurs et autres gentilshommes
qui estoienlde la suite de Sa Majesté jusqu'au nombre de plus de cent, disnèrent dans une
autre salle à part, le tout aux frais et despens de ladite Ville. Après lequel disner, tant Sa Ma-
jesté que mesdits sieurs de la Ville prirent leur chemin pour aller auxdites fontaines de Ron-
gis; où estant, mesdils sieurs de la Ville reconnurent que tout ce quils avoient commandé
estoit bien préparé, entr autres deux tentes pour mettre leurs majestez à couvert, crainte du
soleil, meublées et garnies de chaises de velours brodées d'or et d'argent, et où estoit dressé
une fort belle collation de toutes fort belles confitures exquises et en grande quantité; comme
aussi les ouvriers et entrepreneurs des dites fontaines préparez pour faire asseoir la dite pre-
mière pierre.
Et environ les trois heures de relevée arriva auxdites fontaines de Rongis la Royne
régente suivie de Monsieur le Duc de Guise, de Monsieur de Joinville, de Monsieur de Reins,
de Monsieur le duc de Monlbazon et autres seigneurs et gentilshommes, princesses, dames et
damoiselles. Au-devant de laquelle dame Royne mesdits sieurs de la Ville furent, et la remer-
cièrent de tant de peine quelle prenoit pour la dite Ville. Et aussitost les trompetles estant en
grand nombre avec des tambours, commencèrent à sonner, mesmes fut défoncé trois muids de
vin que mesdits sieurs de la Ville avoient fait préparer, qui furent dispersez, tant aux ma-
nœuvres et autres ouvriers desdites fontaines estans au nombre de plus de six cent, que plu-
sieurs autres personnes, le tout en signe de réjouissance d'un si bel œuvre pour le public, que
lesdites fontaines. Et à l'instant mondit sieur le Prévost des Marchands suivi de mesdits sieurs
les Eschevins, procureur du roy, greffier et receveur, présenta au roy une truelle d'argent. Et
aussitost lesdites trompettes sonnans, le dit Seigneur Roy a esté conduit à l'endroit oii se com-
mence le grand regard, accompagné de ladite dame Royne et de tous les princes et seigneurs
cy-dessus, Sa Majesté a assis et posé ladite première pierre, sur laquelle a été mis par Sa Ma-
jesté cinq desd. médailles cy-dessus, l'une d'or et quatre d'argent, baillées par lesdits sieurs
Prévost des Marchands et Eschevins, lesquelles ont esté couvertes d'une autre pierre, qui ont
esté liées ensemble par Sa Majesté, laquelle pour ce faire, avec la dite truelle d'argent, a pris
du mortier dans un bassin d'argent qui estoit à cette fin préparé. Et à l'instant lesdites trom-
pettes et tambours ont recommencé à sonner avec grandes acclamations de joye et cris de Vive
le Roy, par tout le peuple.
Ce fait, mesdils sieurs de la Ville ont présenté au roy et à ladite dame royne à chacun
une des dites médailles d'or fort belles et pesantes, et à mondit sieur le gouverneur et autres
princes et seigneurs leur en a esté baillé d'argent; de quoy leursdiles majestez ont esté fort
aises et contens des libéralitez de ladite Ville. Ce fait, leur a esté présenté la collation qui leur
avoit esté préparée desdiles exquises et excellentes confitures que leurs dites majestez ont
trouvées fort belles, et de tout ont remercié mesdils sieurs les Prévost des Marchands et
Eschevins, et ayant pris congé de leurs dites majestez, chacun s'est relire et sont mesdits sieurs
de la Ville revenus en celte Ville.
416 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
II
BAIL FAIT À JEAN COING POUR L'ENTREPRISE DE LA CONDUITE DES EAUX DE RONGIS À PARIS.
Louis par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes lettres
verront, salut. Nous ayant esté remontré en nostre conseil qu'en la ferme et lieu de Rongy, dis-
tant de trois lieues ou environ de nostre bonne Ville de Paris, il y avoit plusieurs et belles
grosses sources d'eauë, lesquelles mises ensemble se pourroient conduire et amener en nostre
dicte Ville et apporter grande commodité au publicq; désireux de décorer et embellir nostre
dicte Ville autant quils nous sera possible, et sur ce faict visiter les lieux par experts et gens à
ce cognoissans, desquels veu le rapport et convenu qu'il se pouvoit trouver et fournir jusques à
la quantité de trente pouices desdites eaues eu toute saison, pour conduire en nostre dicte Ville;
nous aurions faict communiquer ledict rapport aux Prévost des marcbans et Eschevins de nostre
dicte Ville, et ordonné d'assembler avec eulx lesdicls experts et autres personnes entendues, pour
dresser les desseings et devis des ouvrages pour ce nécessaires et matériaux dont ils doivent estre
construicts; ce quils auroient fait le v jour de septembre dernier et présenté en nostre dict conseil
lesdicts desseings et devis, dont plusieurs personnes ayant eu communication; et entre-autres
Hugues Cosnier, il auroit offert de faire lesdicts ouvrages, les rendre faicts et parfaicts dans trois
années, et iceux entretenir à ses despens durant douze années suyvantes et consécutives après
lesdictes trois années, faire les recompenses des moulins, terres, maisons et autres héritages
nécessaires pour ladicte construction et amener et fournir jusques à ladicte quantité de trente
pouices desdictes eaues, assavoir dix-huict pouices desdictes eaux dont nous nous sommes
réservé la disposition pour servir ez lieux et endroicts oij il seroit par nous ordonné, et douze
pouices d'eaues à la dicte Ville pour le publicq, moyennant la somme de sept cens dix-huit mil
livres à prendre sur le prix de la ferme de trente sols par muid de vin entrant en la dicte Ville,
destinez à la construction desdits ouvrages, et oultre cent mil livres en la quatrième année, à
condition, oij il ne seroit adjudicataire desdicts ouvrages sur son offre, qu'il se pourroit départir
de l'adjudication à lui faicte de ladicte ferme de laquelle il ne se seroit rendu adjudicataire que
pour la considération de l'entreprise desdicts ouvrages, et que l'adjudicataire d'iceulx seroit
tenu de la prendre et l'en descharger, à la charge aussi que le surplus desdictes eaues qui res-
teroit après ladicte quantité de trente pouices fournis luy demeureroit pour en disposer ainsy
que bon luy sembleroit, et que les terres, moulins et autres héritages par luy recompensez luy
demeureront en propre. Lequel offre nous avons ordonné estre publié, et sur iceluy faict mettre
affiches ez lieux et endroicts accoutumez le xi dudict mois de septembre, lesdicts ouvrages estre
à bailler au rabais le jeudy xiii dudict mois en nostredict conseil qui se liendroit en nostre chas-
teau du Louvre.
Auquel jour s'estant présentez lesdicts Prévost des marchands et Eschevins et plusieurs en-
trepreneurs sur les lieux pour recognoistre leur assiette, les chemins à tenir pour la conduite
desdites eaues, et nature des terres, ils estimoient ledict advis dressé pour lesdicts ouvrages
estre à changer en aucuns poincts, etqu'aultrement il estoit impossible de les rendre à leur per-
fection et de longue durée. Sur quoy nous les aurions renvoyez pour entrer en communication
avec les premiers qui avoient visité lesdits lieux et dressé lesdicts desseings et devis, et estre
ouys audict hostel de Ville pour y estre de nouveau lesdits desseings et devis, examinez, consi-
dérez et reformez selon qu'il seroit jugé pour le niieulx, ne désirant faire commencer en une
telle et si importante entreprise qu'avec cognoissance certaine de sa perfection.
A quoi ayant esté procédé, l'advis dressé par lesdicts experts auroit esté présenté en nostre
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. 417
conseil, où il auroit esté arresté le iv jour du présent mois, iesdicts Prévost des marchands et
Eschevins présens; et sur iceluy ledict Cosnier faict offre de faire les ouvrages y déclarez, les
rendre parfaicts et amener et conduire iesdicts trente poulces d'eaue en toute saison, aux
moindres et plus basses eaues dans quatre années prochaines, à commencer au premier jour de
janvier prochain, moyennant la jouissance durant six années de la dicte somme de cent trois
mil liv. sur les deniers de la dite ferme, et de soixante mil liv. à prendre en la septième année
d'icelle, et oultres les autres conditions portées par l'affiche susdicte. Duquel offre ayant esté
faicte publication et mis affiches ezdits lieux pour estre Iesdicts ouvrages publiez au rabais eu
nostre dict conseil le vi du présent mois se seroient présentez de rechef Iesdicts Prévost des mar-
chands et Eschevins qui nous auroient requis leur donner et octroyer l'intendance et seing sur
Iesdicts ouvrages, et que l'entrepreneur fust obligé de faire les canaux suivant le devis dressé
audict hostel de Ville nécessaires pour amener l'eaue destinée pour la commodité de ladicte
Ville depuis le dernier et grand regard qui se doibt faire proche la faulse porte du faulxbourg
Sainl-Jacques jusques aux fossez de ladicte Ville, et que ledit regard et celuy qui se doibt faire
à la prinse des eaues fussent au moins de la grandeur de ceulx qui sont au Pré Saint-Gervais
et à Pantin.
Avec lesquelles charges et les autres cy-dessus portées par les alliches ayant esté publié Ies-
dicts ouvrages estre à bailler au rabais et moins disant, à l'extinction du feu, et déclaré le premier
rabais esire de vingt mil livres et les suyvans de six mil livres chacun, et le premier feu allumé,
à l'extinction d'iceluy, Jehan Gobelin auroit faict rabais de xx mil livres, sur le second feu Jonas
Robeiin, Antoine Desnots et ledict Gobelin et chacun de x mil livres. Sur le troisième Aubin
Hervv, Iesdicts Desnots, Jonas et Gobelin, aussy chacun de x mil livres. Et, s'estant meu conten-
tion entr'eulx du dernier moins disant, auroit esté allumé un quatrième feu, sur lequel Iesdicts
Desnots et Ilervy, Bobelin et Gobelin auroient encore faict rabois chacun de x mil livres, et se
seroit trouvé ledict Gobelin le dernier et moings disant, qui auroit mis Iesdicts ouvrages à la
somme de dxlviii mil livres, auquel, comme faisant nostre condition meilleure et plus advan-
tageuse qu'aulcuns des aultres, nous aurions adjugé l'entreprise desdicls ouvrages et conduite!.
d'eaue.
Depuis ledict vi jour dudict présent mois et auparavant la délivrance du bail desdicts ou-
vrages, qui auroit été différé sur la contention qui estoit meuë entre Iesdicts Gobelin et Robeiin
du dernier moings disant, seroit intervenu M. Loys Marchant maistre des œuvres de nos basti-
meus,qui auroit fait rabais à nostre profict ez mains de nostre amé et féal conseiller en nostre
conseil d'Estat et conirolleur général de nos finances le sieur Jehannin de la somme de xlviii mil
livres. Duquel s'estant voulu deppartir au moyen de certaine transaction passée entre lui et
ledict Gobelin, portant remise et déclaration à son profit de ladite adjudication desdicls ouvrages
au susdict prix de dxlviii mil livres, se seroit présenté René Fleury maistre maçon à Paris qui
nous auroit offert de prendre Iesdicts ouvrages et les faire et parfaire bien et deuement pour la
somme de cinq cens mil livres et faire ledict rabais de xlviii mil livres moyennant qu'il nous
pleust lui en faire adjudication sans faire nouvelle publication sur son dict rabais; duquel nostre
cher et bien amé Jehan Coing maistre maçon à Paris ayant eu cognoissance, auroit offert nous
faire encore rabais de xl mil livres à condition qu'il ne seroit tenu de faire le thuyau et ouvrages
nécessaires pour la conduite de douze poulces d'eaue destinez pour les habitans de ladicte Ville
depuis le dernier et grand regard qui se faict à la faulce porte du faulxbourg Saint-Jacques
jusques au bord du fossé de ladicte Ville; par le moyen duquel rabais le prix desdicts ouvrages
ne revenoit qu'à la somme de cccclx mil livres, condition meilleure et plus advantageuse
qu'aulcune des aultres.
i\ous, à ces causes, de l'advis de nostre conseil, avons audict Jehan Coing, comme dernier
53
418 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
et moings disant, baillé, adjugé et deliivré, baillons, adjugeons et délivrons par ces présentes
l'entreprise desdicts ouvrages et conduite d'eaue de Rongy à la somme de cccclx mil livres la-
quelle luy sera payée en six années prochaines et consécutives esgalenient ])ar chacune d'icelles,
de quarlieren quartier, à commencer du i janvier prochain, des deniers de la ferme de \xx s.
pour muy de vin entrant en nostre dicte Ville de Paris par le fermier d'icelle, en vertu des man-
demens du trésorier de nostre espargnc qui est la somme lxxvi mil livres xni sols iv deiiniers par
chacune desdictes années, moyennant laquelle somme de cccclx mil livres sera tenu ledict Coing
de faire tous les ouvrages de maçonnerie, pierre de taille, ciment, bricque, corroy, tranches,
port et vuidanges des terres, recompenses des héritages, payer peines d'ouvriers quil sera besoing
faire et fournir pour parvenir à la construction des voulles, regards, descharges, bassins, récep-
tacles et aqueducs pour amener et conduire avec voulte les eaues et sources deppendans de la
ferme dudict Rongy jusqu'à la quantité de xxx poulces d'eaue en toutes saisons aux moins et
plus basses eaues, depuis ledict lieu jusques près la faulce porte et les tranchées des nouvelles
fortifications du faulxbourg Saint-Jacques de ladicte .Ville de Paris par acqueducs et voultes,
lesquelles seront faictes et construites des matières et façons qui ensuyvent.
Premièrement seront faicts les canauix et voultes dans les tranchées cy-devant faict faire par
le sieur duc de Sully, grand-voyer, pour ramasser toutes les eaues; lesquels canauix auront cinq
pieds et demy de haulteur du fond de soubz clef et trois pieds de large dans œuvres, maçonné
de bon moellon , chaux et sable graveleux de deux pieds d'espoisseur, garni d'une assise par bas
de pierre dure qui sera continuée aux murs du costé des bouches, portant un marche-pied de
xviii poulces de large, et le mur du costé des terres plaines sera garni d'une assise de pierre de
taille au pourtour, pour la rencontre et ramas des eaues, garnye de chaisnes et arcs de bonne
pierre de taille de douze pieds en douze pieds, et par bas à l'endroit dudil marche-pied seront
conservez les bouches à l'endroit des sources, de largeur compétente; les jours desquelles seront
faicts de bonne pierre de taille dure fichée avec bon mortier, chaux et sable graveleux de la
tranchée des fortifications de la dicte Ville ou de la rivière de Seyne.
Le canal de la fontaine de Rongy, qui commencera au regard de la prinse de l'eaue dudid
Rongy jusques au fossé Neuf de la ville hors le faulxbourg Saint-Jacques, sera fondé sur une platte
forme de maçonnerie faicte de bloc de sept pieds de large , fondé à bon et vif fonds sur plate forme
et pillotis, si besoing est, au-dessus de laquelle masse seront plantez les deux murs du canal
espacez de trois pieds l'un de l'autre, chacun de deux pieds d'espoisseur, maçonnez de bon
moilon et blocaiile avec mortier chaux et sable susdicts élevez jusques en telle sorte qu'il y ail
cinq pieds et demy soubz clef depuis le fond de l'eaue; la voulte duquel canal aura quinze poulces
d'espois à Ia,clef, les reynes remplies de mesme matière; et le surplus du couronnement d'icelle
voulte sera faict en raye et conduict en ponte des deux costez, si mieux n'aime l'entrepreneur ne
faire qu'un revers pour rejetter l'eaue du costé des valons à l'endroict oii il y aura vallon; les
dicts murs du canal garnis de chaînes et arcs de pierre de taille portant parpain, entre deux une ,
espacez de douze en douze pieds de milieu en milieu.
Sera faict le petit acqueduc ou conduit d'eau au milan d'entre les dicts deux murs, le fond et
costé duquel seront de six poulces d'é[)oisseur faict de ciment avec cailloux de vigne, le dicl
ciment faict et composé de chaux vive broyée avec thuilleau de moulle de Paris sans aulcune
bricque ny sablon.
Item en faisant les dicts murs, s'il se trouve quelque cours d'eaue qui mérilo plus grande
recherche, sera faicte ouverture de la terre jusques à telle longueur qui sera nécessaire pour le
mieulx, et la tranchée pour conduire l'eau sera de deux pieds et demy de large remplye de deux
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. ^19
petits murs de pierre sèche, ung petit canal entre deux de six poulces de large et un pied et demy
de hault, recouverts de pierre de biocaille ou cailloux de la mesme qualité', avec un corroy faict
de glaize de six poulces d'espaisseur par dessus les dicts couvertures; ensemble faire des esvents
où il sera nécessaire le long des acqueducs et les esviers de pierre de taille traversant le mur
pour servir à recevoir les sources qui se rencontreront par voye.
Item rechargera de terre toutes les tranchées, murs et canaulx jusques à telle liaulteur qu'il
sera advisé pour le mieulx, et telle que le lieu le pourra requérir.
Item au-dessus desdicfs canaulx près les sources au lieu qu'advisé sera pour le mieulx, et à
distance et intervalle d'ung pied, seront faictes les vuidanges des terres tant seiches que
mouillées pour l'assiette d'un grand regard et accueil d'eau , l'auge duquel sera de telle profon-
deur qu'il appartiendra et en telle sorte, que depuis le fonds de ladite auge il puisse y avoir
xvni poulces de haulteur jusques au fond du petit acqueduc ou petit canal de passage des eaues,
lequel regard sera fondé en mace de maçonnerie sur bou fonds et suffisant pour porter el
soubstenir tel ouvrage; lequel fonds, au cas qu'il ne se trouvast ferme, sera garny comme cy
après sera déclaré.
Sera iceluy regard faict el conslruict en la forme, structure, façon et grandeur du moings
telle que le regard des fontaines de la dicte ville qui est au-dessus du village du Pré-Sainl-
Gervais au lieu dict les Maussins, ou du regard au bout d'entrault des canaux des fontaines de
la ville de Believille sur sablon, le dict regard appelle h Tour ou Chapelle, garny de dessente
comme le dict regard , les bouches et descharges des grands canaux faictes comme celles desdicts
regards, en laquelle espace d'ung pied sera fait un long corroy de ciment qui commencera au
fonds de la fondation du grand regard, et eslevé trois pieds plus hault que le fonds des canaux
premiers déclarez, continuer ledict corroy le long du mur du grand carré de la recherche des
eaues, et de la largeur qu'il sera jugé nécessaire, fondé et eslevé comme le corroy d'intervalle
cy-devant déclaré, avec lequel les dicts corroys seront liez, et au-dessus dudict corroy sera faict
le fonds du dict regard de pierre de Lyez.
Item au passage de la traverse du vallon d'entre les deux montaignes au village d'Arcueil
sera faict la maçonnerie des pilles, arches, arceaux, petites pilles en nombre nécessaire, qui
seront fondez jusques à vif fonds de seize pieds de long et huict pieds de large, ou plus si
besoing est, et jusques au rez-de-chaussée, sur pilotis et platte-formes s'il convient et est néces-
saire, sinon seront fondez de pierre de Libage joinctises, sur lesquelles fondations de Libage
sera posé la pierre de taille desdicts pilles, chacune de quatorze pieds de longueur, compris
leurs poincles, sur six pieds de largeur; lesquelles pilles seront espacées de trente thoises l'une
de l'autre et construites de grands quartiers de pierre dure sans aucun moillon, jusques à la
haulteur des eaues sur les plus haultes, pour le regard des deux arches du milieu, à l'endroicl
du grand cours, et les aullres fondés semblablement de Libage et au-dessus de quartier à pare-
ments de pierre, remplis de moillon maçonné avec bon mortier chaux et sable, et le résidu
desd. pilles el arches seront eslevez pour le regard des poinctes et escussons de pierre avec les
pilastres au-dessus aussi de pierre, selon la forme, structure et façon qu'il a esté représenté pai
le desseing; les restes des arcs et arceaux portans deux pieds et deux pieds et demy en teste et en
douvalles, continuer la face des arceaux avec leur engraissement jusques soubz la plinte; et pour
le regard des deux assises de chacun costé de la clef, auront xvni poulces de haulteur soubz les
pliiites, et continuer l'eslevalion ainsi qu'il est représenté par le desseing.
Les cullées el maces de maçonnerie des deux bouts au passage du dict Arcueil seront faictes
53.
à'20 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
de la même forme, structure et façon que les pilles cy-devant déclarées; pour la fondation des-
quelles pilles et maces, regards et grands canaux, seront faicts les basquetages et vuidanges
d'eaue, pillotis et platte-forme qui se trouveront nécessaires pour la seureté et conservation des
dicts ouvrages des dictes pilles, maces ou cullées, canaux ou regards.
Item aux deux bouts dudict canal de traverse ou acqueduc dans le village d'Arcueil, seront
faicts deux regards, dans lesquels seront faicts les descharges pour descharger les eaux desdicts
canaux quand besoing sera, garni aussi, si besoing est, de descentes ou montées de marches
de pierre environnées de murs comme celles des autres regards cy-après déclarez; faire lesdictes
descharges de (elle forme, structure et façon que les eaues descendans d'icelles ne puissent
endommager le publicq ny le particulier.
Item, à l'entrée du faux-bourg Sainct-Jacques, au lieu qu'advisé sera pour le mieux, sera
faict un grand regard en forme carrée, l'auge duquel contiendra dix-huit pieds de large dans
œuvre, compris le marche-pieds, lequel sera fondé en masse avec plalte-fornie et pillotis et de
la même structure et forme comme le regard de la prinse des eaues cy-devant déclarée, en
l'auge duquel regard se fera la distribution et séparation des portions des eaues, tant pour nous,
que pour ladicte ville de Paris et pour lesdicts entrepreneurs; savoir pour nous la quantité de
xviii poulces d'eaue reduicts en un mousle et calibre, ou eschanlillon, et pour ladicte ville
douze poulces aussi reduicts en ung moulle, pour estre par iceux calibres dérivée l'eaue pour
en disposer par chacun selon qu'il nous plaira. Et pour cet effect seront pour lesdites sé[iarations
faictes au-dessoubz dudict et joignant icelluy trois petits regards ou réceptacles d'eaue, savoir
celuy pour nous du costé des Chartreux, et celuy de ladicte ville du costé de la chaucée, et
celle dudict entrepreneur, du costé qu'il advisera, séparé d'ung mur, pour n'avoir aucune com-
munication desdicts dérivations d'eaue. Dans lesquels seront mis les bouches et entrées des
thuyaux particuliers, pour estre l'eaue de la ville conduite près la porte Saint-Jacques.
Item, et en espace desdicts canaux et acqueducs, seront faicts trente regards nécessaires
espacez de ccc toises en ccc toises ou environ qui seront faicts de la qualité et epoisseur que les
murs desdicts grands canaux, garnis de descentes de marches de pierre dure; au haut desquels
regards seront faicts les murs de l'enceinte pour les huysseries et entrées qui seront de pierre de
taille en ce qui paroistra hors les terres, recouverts de glassis de pierre ou autrement avec
tablette de pierre de Liais, selon qu'il sera advisé pour le mieux, à la forme du regard des fon-
taines de la ville, garnis de portes de menuiserie, serrures, et ferrées comme lesdicts regards:
et en chacune intervalle de deux desdicts regards de descharges seroient faicts quatre bouches
en forme de soupiraux faicts de maçonnerie de murs eu quatre sens à ouverture par bas di'
deux pieds en quarré de la haulteur qu'il appartiendra, chacune desdictes bouches recouvertes
d'une pierre de Liais d'une pièce de cinq poulces d'espoisseur, franche pierre, pour la fermeture
et couverture d'iceux soupiraux, proche de chacun desquels sera assis et planté une borne de
pierre maçonnée en terre saillante de trois pieds de hault, pour la remarque du lieu oij seront
lesdicts soupiraux. ,
Seront faictes les vannes et descharges nécessaires pour vuider les eaues lorsquil conviendra
nettoyer ou travailler aux acqueducs ez endroits où il sera advisé pour le mieux.
Faire et fournir par ledict entrepreneur de toutes matières à ce nécessaires, soit de pierre,
biocaille, bricque, bris de thuilleaux faict de thuille du grand moulle de Paris et moulle bas-
tard qui sera trouvé bon, et de terre forte, carreau de terre cuite, bris et pouidre de potterie
de grain pour faire ciment, avec cailloux de vigne, bonne chaux vive, sable graveleux des tran-
APPENDICES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES. liii
chées des nouvelles fortifications de Paris ou de la rivière de Seyne, pillotis et piatte-formes ,
huisseries et fermeture des regards, lesquels huis seront faicts de gros eschantillons de bois de
«juartier de deux poulces et demy corroyé bois de chesne sec, les dicts huis ferrez de bandes
flamandes avec boulons rivez, serrures et fermetures bonnes et suffisantes pour tenir tous les
dicts lieux eu sûreté, et généralement toutes autres matières à ce nécessaires, mesme le plomb
qu'il conviendra pour le canal ou acqueduc traversant d'une montagne à l'autre, robinets de
cuivre et testes de descharges aux endroits oij besding sera; fournir les mousies de cuivre pour
les eschantillons de la distribution et séparation des eaues aux susdicls regards, des formes,
longueurs et grandeurs qu'il sera jugé nécessaire par les commissaires députez à l'exécution du
dict devis; comme aussi sera tenu ledict entrepreneur faire garnir les pilles de glassis des cou-
vertures desdicts regards ou canaux avec crampons de fer scellez en plomb, chacun crampon de
douze à treize poulces de long entre deux retours, lesquels retours auront deux poulces de long;
sera aussi tenu à recouvrir de terre tous lesdicts canaux d'espoisseur suffisante comme il con-
viendra et que dict est cy-dessus, pillée, battue et dressée d'espoisseur requise en pente vers le
vallon, et le surplus desdictes terres sera appiani et mis en telle sorte qu'il ne puisse nuire.
Sera tenu ledict entrepreneur de fournir en toutes saisons aux moindres et plus basses eaues
de l'eaue jusqu'à ladicle quantité de trente poulces portez par le présent bail, et le surplus des-
dictes eaues; lesdict-s xxx poulces fournis, si surplus y a ezdictes moindres eaues, sera audict
entrepreneur pour en disposer ainsi que bon luy semblera entre les habitans de ladicte Ville,
en sorte que le tout soit faict et parfaict bien et deuement au dire de gens à ce cognoissans
dans quatre ans prochains à commancer du i jour de janvier prochain.
Sera aussi tenu ledict entrepreneur de toutes les recompenses qui seront adjugées aux par-
ticuliers ou communautez propriétaires des héritages qui seront trouvez recevoir dommage pour
l'exécution du présent devis, comme moulins, terres, prez, maisons et vignes qui seront prises
et dans lesquelles passera le canal, ensemble du reject des terres et de toutes autres choses
quelconques, selon l'estimation qui en sera faicte par les commissaires à ce députez; comme
aussi de reslablir le chemin qui aura esté rompu, et ce qui restera en nature desdits héritages
qu'il aura acheptez ou payez outre et par dessus lesdicts ouvrages et iceux faicts et parfaicts, il
luy demeurera en propre et aux siens pour en disposer à leur volonté; et pour ce qui se trou-
vera nous appartenir, s'en pourra accommoder pour le passage sans aucune diminution du sus-
dict prix; et sera tenu ledict entrepreneur de rapporter tous les contracts qu'il aura faicts avec
les particuliers pour les achapts et recompenses desdicts héritages, pour servir à l'advenir à
cause des servitudes acquises pour la commodité desdicts ouvrages.
Sera pareillement tenu ledict entrepreneur de l'entretenement desdicts ouvrages, fournir,
conduire et amener ladicte quantité de trente poulces d'eaue en toute saison et aux moindres
et plus basses eaues, à ses despens, durant douze années après lesdictes quatre années expi-
rées, qu'il fera recevoir lesdicts ouvrages en la manière accoustumée.
Pourra ledict Coing entrepreneur associer avec luy telles personnes capables qu'il advisera
dans quinze jours, et mettra dans ledict temps les contracts d'association ez mains du secré-
taire de nostre Conseil, pour y avoir recours quand besoing sera.
Et pour l'accomplissement, perfeclion et entretenement du présent baU, baillera bonne et
suffisante caution de la somme de sept-vingt-dix mil livres pardevant lesdicts Prévost des mar-
chands et Eschevins de ladicte Ville de Paris.
Si donnons en mandement à nos amez et féaux les trésoriers généraux de France à Paris,
que du contenu en ces présentes ils fassent jouir et user ledict Coing, ses associez et ayans
422 TOPOGRAPHIE HISTORIQUE DU VIEUX PARIS.
cause, plainement et paisiblement, cessans et faisans cesser tous troubles et empeschemens au
contraire. Car tel est nostre plaisir. En tesmoing de quoy nous avons faict mettre notre scel à
cesdictes présentes. Donné à Paris le xxvu jour d'octobre l'an de grâce m . dc . xn et de nostre
règne le troisième. (Pris sur une copie du temps de la date.)
III
MÉMOIRE PRÉSENTÉ AU CONSEIL DU ROY, AU SUJET DE L'EXECUTION DU BAIL PRÉCÈDENT.
Quand il a pieu au roy commander que l'on recogneusl les fontaines de Rongis et le moyen
qu'il y avoit de faire venir les eaux d'icelle en la ville de Paris, Sa Majesté commanda aussy
qu'il fust faict ung devis contenant la qualité des ouvrages de maçonnerie et autres qui se-
roient trouvez nécessaires pour la conduite des eaues; ce qui fut faict par la direction de ceux
qui avoient esté nommez et députez à cet effect, avecq l'advis des plus capables et expérimen-
tez ouvriers en semblables entreprises; auquel devis furent désignées el particulièrement dé-
clarées toutes les qualitez de maçonnerie, vuidanges de terres, et généralement tous les ou-
vrages et qualitez d'icelle que l'on jugea nécessaires, el telles que meritoit un œuvre de si
grande importance. Mais ledict advis ayant esté communiqué, aucuns, désireux de s'entre-
mettre en cet œuvre, sans déférer à l'expérience de ceux qui avoient travaillé au dict devis, ce
quils debvoient faire , puisqu'ils ont pris d'eux la principale invention de ce quils ont faict de-
puis, violentèrent cet affaire de sorte qu'il leur fut permis de faire ung autre devis; ce quils
firent avecq une fort grande diminution des ouvrages portez par ledict premier. Et lors ceux
qui se sentoient capables de le mettre en œuvre, considérants qu'il n'y avoit que du deshon-
neur à acquérir et de la perte, se retirèrent et laissèrent faire l'adjudication desdicts ouvrages à
d'autres; lesquels n'ayants que le désir d'y entrer, furent rendus adjudicataires de la besongne,
sans mettre en considération qu'elle ne pouvoit subsister selon ledict dernier devis et adjudica-
tion. Aussi faisoient-ils leurs comptes qu'eslants dedans, il leur scroit loisible de demander en
travaillant le changement de ce qui se trouveroit devoir estre reformé; ne doutant point de la
bonté du Conseil, qui ne les voudroit ruyner, et s'appuyants sur la nécessité de l'ouvrage, ou
qu'on auroit par le temps oublié le changement qu'ils avoient faict du premier desseing et
devis.
Et de faict, depuis que lesdicts adjudicataires travaillent, ils ont présenté requesle pour
faire rehausser les voultes conformément au premier desseing, depuis les sources jusques au
premier regard de Fresnes; ce qui leur a esté permis moyennant augmentation de prix; et de-
puis ledict regard de Fresnes jusques à Arcueil ils ont continué la même hauteur presls à de-
mander la même recompense, laquelle ils se promettent ne leur pouvoir estre déniée puisque
desja pour semblable chose il leur a esté accordé et le Roy engagé.
Par les premiers devis il avoit esté particulièrement déclaré ce qui estoit à faire aux arcades
d'Arcueil, de quelle forme et de quelle matière elles dévoient estre, même la voulte couverte de
Lyais, le dalot plombé, et de cet œuvre particulier fut faict le plant, la face et leprophile, qui
donnoient intelligence de l'œuvre; tout cela veu par Messieurs du Conseil et par Monseigneur le
Chancelier particulièrement, ce qui obligeoit les entrepreneurs à ce qu'ils avoient à faire; mais
au lieu de suivre une aussi particulière désignation, les dicts et prophile ne se trouvent plus,
les entrepreneurs disent ne l'avoir veu, et l'article du bail est si cauteleux et si mal intelligible,
qu'il ny a nulle déclaration de ce qui doibt estre faict; de manière qu'ils ne sont obligez qu'à ce
qu'il leur plaira, et eux voyants bien quils sont subjects à reproche et recherche s'ils ne font
APPENDICES ET PIECES JUSTIFICATIVES. i23
l'œuvre comme il doibt esire, ils sont Sur les termes de présenter requeste pour siii'prendre le
Conseil en faisant soubz ombre de bonne foy interpréter le contenu audict .irliclo, en quoy ils
demanderont de {[rands interests et recompenses; ce qui doibt estre bien considéré.
Quant aux payomens receus par les dicts entrepreneurs et les ouvrages (ju'ils ont faicles, il
n'y a nulle proportion. Car ils ont receu desja cinq quartiers de quatre années dans lesquelles
ils doibvent rendre leur ouvrage faict, et recevoir cccc.lx mille livres. El partant ils ont receu
sepl-vingt-trois mille cent cinquante livres, qui est quasi le tiers de l'argent et peu s'en fault.
Ils doibvent doncq avoir faict le tiers de l'ouvrage à peu près. Neantmoins il se vcrifiera qu'il
n'y a pas la sixième partie de l'ouvrage faicte, quand on y comprendroit l'estimation des maté-
riaux qtii sont sur les lieux et ne sont encore mis en œuvre jusques à ce jour xv de may
M.D.c.xiv. Et si il n'y a encore aucune recompense faicte des (erres et moulins qui sont à recom-
penser.
Mais quand on voudra pourvoir de remède à ce manquement, il s'en trouvera des moyens
raisonables et légitimes pour le service du Roy. (Pris sur une copie du temps do la date.)
FIN DES APPENDICES.
TABLE DES MATIÈRES.
Avant-Propos ,
Sommaires du texte xj,i,
SOUUIIRBS DES PLANCHES XXVII
TEXTE.
Préliminaires. Origine et développement du bourg Saint-Germain i
Chapitre 1". Rues du bourg Saint-Germain 1 3
Chapitre II. Abbaye de Saint-Germain-des-Prés 97
Chapitre III. Suite de la description des rues du bourg Saint-Germain 1 ."î 1
Chapitre IV. Église Saini-Sulpice 1 45
Chapitre V. Suite de la description des rues du bourg Saint-Germain i5i
Chapitre VI. Maladrerie Saint-Germain 287
Chapitre VII. Suite de la description des rues du bourg Saint-Germain a65
Chapitre VIII. Le palais Médieis, d'Orléans ou du Luxembourg 285
Chapitre IX. Fin de la description des rues du bourg Saint-Germain 325
APPENDICES.
I". Charte apocryphe de Childeberl I" 887
II. Note snr la prétendue charte de Childebert I" 338
III. Fondation de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés 338
IV. Manumission des habitants du bourg de Saint-Germain-des-Prés 343
V. Droits de justice, censive, foires et marchés appartenant à l'abbaye Saint-Germain-des-Prés ,
en 1790 844
VI. Relation de ce qui s'est passé à la dédicace de l'église Saint-Germain-des-Prés 354
VII. Inscriptions funéraires de Saint-Germain-des-Prés 355
VIII. Les démêlés de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés avec les évêques de Paris et l'Université. 364
IX. Explication des planches empruntées à la Statistique monumentale 871
X. Documents manuscrits relatifs à l'abbaye Saint-Germain-des-Prés 885
XI. Les deux premières églises de Saint-Sulpice 899
XU. La foire Saint-Germain ^°^
XIII. La Croix-Rouge ''^^
XIV. Le privilège aux bourgeois ''09
XV. Les États généraux de la Grenouillère ^
XVI. L'aqueduc d'Arcueil
o
III.
1 1
4 18
54
Berty, Adolph
Topographie hiî
vieux Paris 2.
PLEASE DO NOT REMON
CARDS OR SLIPS FROM THIS
UNIVERSITY OF TORONTO Ll