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TRAITÉ
D'ANATOMIE PATHOLOGIQUE
PARIS. - IMPIIIMIHII DB K. MARTIIIKT. HUE MIONON. i.
TRAITÉ
D'ANATOMIE
PATHOLOGIQUE
PAR
LE D" E. LANCEREAUX
PR0PI88IUR AORÉaA A LA FACULTE DB mAdBGINB DB PARIS
MÉOBCIN DB L'HOPITAL DB LOORGINB
BMBRB DB LA 80CIAt£ DB BIOLOOIB, DB LA 80GléT< ANATOMIQUB, BTC.
Avec figures dans le texte.
TOME PREMIER
• r>.'i f- ;î /
\
I
PARIS
ADRIEN DELAHAYE, LIBRAIRE-ÉDITEUR
PLACB DB L'iCOLB-DB-MtDBCII>E
1875
Tout droits réterrés.
PRÉFACE
Ce n'est pas sans hésitation qu'après quinze années de méditation et
de travail, pendant lesquelles j'ai pu observer un nombre considérable
de faits anatomo-pathologiques, je me décide à offrir cet ouvrage au
public médical. Quoiqu'elle soit l'une des branches les plus importantes
et les plus positives de la médecine, l'anatomie pathologique est encore
dans la période empirique que traverse nécessairement toute science
à son point de départ. Les altérations matérielles des organes sont
le plus souvent étudiées sans esprit de suite et comme au hasard; on
ne s'occupe ni des circonstances qui leur ont donné naissance, ni des
rapports si intimes qu'elles présentent avec le développement du
corps humain. Nombre d'auteurs s'appliquent à décrire les change-
ments de consistance et de coloration d'un organe, sans remonter
au delà de ces caractères. Il en est môme qui se font gloire de celte
ignorance, alléguant, ce qui est peu scientifique, que la cause des
désordres matériels nous échappe, comme si une lésion organique, si
légère qu'elle soit, pouvait naître spontanément. A la vérité, l'analyse
histologique, en fixant d'une façon plus précise le siège des lésions
organiques, a permis, dans ces derniers temps, de faire un pas en
avant ; mais il ne faut pas s'abuser sur la valeur du progrès accompli.
Dire qu'un organe est sclérosé parce qu'il a une consistance plus grande
et que sa trame conjonctive est épaissie, dire qu'il est ramolli parce
qu'il a une consistance moindre et que ses éléments sont granuleux et
stéatosés, c'est toujours de Tempirisme ; ce n'est pas encore de la
science. Pour être véritablement scientifique, l'anatomie pathologique
doit arriver à déterminer les causes et les conditions de formation
des lésions aussi bien que leur état, leur évolution, leurs conséquences
plus ou moins immédiates.
Toute lésion matérielle, n'étant jamais qu'un effet, implique néces-
sairement la connaissance de la cause qui l'a produite, et cette con-
naissance rend l'anatomie pathologique fructueuse et féconde. En
YI PRÉFACE.
réalité, les agents morbiflques n'agissent pas au hasard sur Torga-
nisme, ils obéissent à des lois spéciales et constantes ; et si , à
la façon des poisons, ils parviennent à modifier les éléments histolo-
giques, comme ces derniers, ils localisent primitivement leurs effets
sur l'un ou sur l'autre de ces éléments. De même que l'oxyde de
carbone agit sur le globule sanguin qu'il paralyse en se combinant
avec l'hémoglobine, de même le virus syphilitique n'altère primitive-
ment qu'un seul tissu, le tissu conjonctivo-vasculaire; de même encore
le poison de la fièvre typhoïde se localise exclusivement sur quelques
régions du système lymphatique, qu'il modifie d'une façon spéciale,
tandis que certains désordres généraux, comme ceux qui président
au développement des lésions cancéreuses, affectent exclusivement les
tissus épithéliaux. Or, cette localisation si particulière des lésions
organiques sur les éléments anatomiques suivant leur provenance,
leur composition chimique et leurs fonctions, est la preuve irrécusable
de la spécificité d'action de» agents morbifiques, des rapports qui
existent entre la lésion matérielle et sa cause productrice, et de la
possibilité d'arriver à déterminer cette dernière par l'étude anatomo-
pathologique.
Le mode suivant lequel les lésions anatomiques naissent et se déve-
loppent est en général peu connu; celles-ci sont l'effet, tantôt d'une
action dynamique ou mécanique, tantôt d'un désordre nutritif ou
d'une combinaison chimique. L'observation clinique, quoique si
puissante lorsqu'elle est rigoureuse, est cependant peu propre à nous
révéler ces divers modes d'action; mais l'expérimentation bien
dirigée est appelée à nous faire connaître le mécanisme intime de
la production des lésions matérielles ; malheureusement il ne nous a
pas été possible d'user de ce moyen d'investigation comme nous
l'eussions désiré.
Les lésions matérielles des organes ont une évolution variable, incon-
testablement subordonnée à la cause qui leura donné naissance. L'hépa-
tite gommeuse et l'hépatite alcoolique sont l'une et l'autre constituées
par l'apparition de petites cellules rondes, embryonnaires; mais tandis
que ces éléments nés sous l'influence du virus syphilitique ont une
tendance naturelle à la transformation graisseuse, par contre, ils ont
une grande puissance d'organisation lorsqu'ils sont dé\eloppés par
l'action de l'alcool. Semblable réflexion s'applique à l'altération des
PRÉFACE. VII
glandes intestinales dans la fièvre typhoïde et dans la tuberculose.
Connaître la cause du désordre anatomique, c'est donc par cela même
connaître son mode d'évolution.
Si toute lésion anatomique suppose une cause et un trouble
de nutrition préalable, elle est aussi Toccasion de désordres fonc-
tionnels; mais il faut avouer que, dans le plus grand nombre des cas,
elle ne peut rendre compte de tous les symptômes de la maladie. L'al-
tération du poumon dans la pneumonie, pas plus que celle de la peau
dans Térysipèle, celle de l'intestin dans la fièvre typhoïde, etc., ne nous
font connaître tous les troubles fonctionnels observés pendant la vie.
C'est pourquoi les altérations constatées sur les cadavres nous parais-
sent, comme à M. Cl. Bernard(l), bien plus propres à classer les mala-
dies qu'à dévoiler le mécanisme de la mort. Aussi ce n'est pas seulement
l'explication du symptôme qu'il faut chercher dans la lésion organique,
mais encore la localisation anatomique d'un désordre dynamique préa-
lable, la caractéristique et la signature de la maladie. Nous savons du
reste que c'est en se fondant sur les caractères présentés par la lésion
anatomique que l'on est parvenu à grouper sous la dénomination de
fièvre typhoïde un plus ou moins grand nombre de fièvres jusque-là
décrites séparément, et à constituer une espèce nosologique par-
faitement définie.
De même, on ne peut admettre que Thyperhémie existant dans
un certain nombre d'organes chez les personnes qui succombent
à la période d'invasion de la rougeole, de la scarlatine ou de la variole,
pas plus que les altérations observées chez les individus tués par le
choléra, soient les véritables causes de la mort dans ces maladies.
Ce qui, dans tous ces cas, vient intercepter la vie, est le trouble d'une
grande fonction telle que Thématose, l'innervation ou la circulation.
En conséquence, ne négligeant aucune des données cliniques que
peut fournir l'anatomie pathologique, je m'applique, dans ce travail,
à chercher des caractères propres à une classification étiologique des
maladies.
Cet ouvrage est divisé en deux parties : anatomie pathologique
générale et anatomie pathologique spéciale. La première partie est
destinée à faire connaître dans leur ensemble les anomalies déforma-
H) Introduction à Vétude de la médecine expérimentale, p. 98. Paris, 1865.
fis PRÉFACE.
dtïQ et les grands processus morbides, notamment les pblegmasies,
les o*^>piaiies, les anémies, les hyperhémies, les hémorrhagies, les
thrombose?, les embolies, les nécroses et les gangrènes ; nous y avons
ajooté le parasitisme et le traumatisme. La seconde servira à la des-
cription isolée des altérations matérielles dans les systèmes et les
appareils organiques.
Le plan adopté pour la première partie est des plus simples. Con-
laincu qu'il est impossible do séparer l'histoire des altérations deî
tissus et des organes de celle de leur développement, j'ai cherché l
dasser oys altérations d'après les données acquises touchant Tévo
lutîon de l'organisme humain. A cet eflet, une étude générale de
phases successives que traverse le corps de l'homme depuis la naissance
jusqu'à la mort, sert d'introduction à tout l'ouvrage. Destinée i
donner une idée de la manière dont naissent, se forment et se déve-
loppent les tissus de l'économie vivante, cette étude nous renseigna
encore sur les modifications organiques résultant de l'âge; de la sorte
elle sert de base à une classification naturelle de la plupart des lésioni
non accidentelles, c'est-à-dire qui ne sont le fait ni du traumatisme
ni du parasitisme.
Toutefois, il importait de séparer dans chacune des grandes classe:
les choses qui n'ont pas la même origine. Les anomalies de formatior
dont le point de départ est dans l'œuf nous ont ainsi paru constitue;
un groupe à part, et nous avons dû ranger parmi les malformation!
les monstruosités simples de Isid. Geoffroy Saint-Hilaire, qui ont leui
origine dans un désordre matériel survenu pendant le développe
ment embryonnaire ou fœtal. De même les pblegmasies suppuratives
considérées à tort comme un mode de terminaison, sont séparées de:
pblegmasies prolifératives ou adhésives, en raison du point de dépar
différent de ces processus.
D'un autre côté, les éléments de l'organisme, groupés dès h
principe, ainsi que l'a montré Remak, en trois feuillets qu'il es
possible de réduire à deux en réunissant le feuillet interne et le feuille
externe du blastoderme, n'ont pas seulement, d'après ce simple fait
des propriétés et des fonctions diverses, mais encore des aptitudes
pathologiques fort différentes. La manière dont les tissus dérivés de
ces feuillets s'enflamment et végètent n'est nullement identique
(voyez notre Allas (TAnalomic pathologique)^ et partant nous avons
PRÉFACE. IX
dû) pour la clarté de reJLposition, étudier séparément les processus
phlegmasiques et néoplasiques, d'abord dans les tissus et les organes
nés du feuillet moyen ou nutritif, ensuite dans les tissus et les organes
engendrés par les feuillets interne et externe ou feuillets fonctionnels.
Xon-seulement l'altération des éléments épithéliaux et glandulaires ne
se comporte pas comme celle des éléments du système conjonctivo-
vasculaire, mais elle ne se produit pas non plus sous l'influence des
mêmes circonstances. L'inflammation des tissus épithéliaux, infiltra-
tion trouble albuminoïde avec tuméfaction cellulaire, ne peut être
comparée à l'inflammation du tissu conjonctif, qui consiste en la
formation d'un tissu embryonnaire susceptible d'être résorbé ou
de s'organiser, ni à l'infiltration de ce tissu par des globules
de pus.
La différence des altérations des tissus épithéliaux et des tissus con-
jonclifs e^i encore plus évidente quand il s'agit des néoplasies. Je ne
sais si je m'abuse, mais il me semble que c'est apporter la lumière
dans l'étude du groupe toujours si obscur des tumeurs, que de séparer
ces lésions, selon qu'elles dérivent des tissus nés du feuillet interne-
externe, ou du feuillet moyen du blastoderme.
Les premières, que nous appelons d'une façon générale tumeurs
épithéliales^ constituent en effet un groupe à part, auquel se rattachent
le plus grand nombre des altérations connues sous le nom de cancer
ou carcinome. Toujours primitivement développées dans un tissu épi-
thélial, ces tumeurs sont caractérisées par la présence de grosses cel-
lules munies d'un noyau volumineux, ainsi quel'ont depuis longtemps
indiqué les histologistes français, Ch. Robin, Lebert, Verneuil ,
Broca , etc. Ces éléments sont semblables aux épithéliums, d'où
ils proviennent; et, si la plupart du temps ils sont circonscrits par
des travées conjonctives ou alvéoles, il importe de remarquer que cette
disposition est tout à fait secondaire et ne peut les caractériser absolu-
ment, comme le prétend une certaine école. Les tumeurs épithéliales
ont d'ailleurs des propriétés toutes particulières, qui sont d'atrophier
et de détruire les tissus à leur contact, de pénétrer dans les espaces
lymphatiques et de se généraliser par infection. Elles ne surviennent
en général qu'après la période d'accroissement du corps humain et
sonj variées comme les tissus épithéliaux ; la peau, le sein, l'estomac,
lefoîe,les reins, dont les épithéliums diffèrent, sont autant d'organes
X PREFACE.
point de départ d'un cancer particulier et distinct, ce qui peut se
formuler de la façon suivante : les végétations épithéliales présenr
tent autajit de variétés quil y a de variétés d'épithéliums à F état
normal.
Les secondes, c'est-à-dire les tumeurs qui prennent leur origine
dans les tissus nés du feuillet moyen du blastoderme, ou tumeurs
conjonctivo-vasculaires^ comprennent les nombreuses néoplasies
connues sous le nom de sarcomes (1), myxomes, fibromes, ostéomes,
angiomes, myomes, etc. Constituées par des éléments variés cellu-
laires ou fibrillaires, ces néoplasies se développent principalement
dans le jeune âge, tendent peu à amener la destruction des tissus de
voisinage, et lorsqu'elles se généralisent, c'est par un procédé diffé-
rent de celui des tumeurs épithéliales ; elles forment ainsi une seconde
famille naturelle, dont un des principaux genres a été signalé par le
professeur Verneuil (2). Comme les néoplasies épithéliales, les néo-
plasies conjonctives varient suivant le tissu où elles prennent nais-
sance, partant elles sont aussi nombreuses que les tissus nés du
feuillet moyen du blastoderme, d'où la conclusion fort simple :
les végétations co?ijonctives présentent autant de variétés quil
y a de variétés de tissus appartenant au groupe des tissus con-
jonc tifs.
Ne voulant pas me départirdu principe qui consistée ne rapprocher
que des lésions comparables, j'ai divisé les hyperhémies, les hémor-
rhagies et les hydropisies en groupes distincts, suivant que chacun
de ces processus a pour point de départ les vaisseaux, le sang ou
les nerfs, et j'ai classé les thromboses et les embolies sous deux
chefs, selon qu'elles intéressent le système veineux ou le système
artériel. Le lecteur appréciera, je l'espère, l'importance de ces
divisions.
Les affections parasitaires forment deux classes, appartenant l'une
au règne animal, l'autre au règne végétal. A cette division se rat-
tachent d'ailleurs des désordres anatomiques très-différents. Les altéra-
(1) On voit que nous Taisons ici Tubandon des mois carcinome et sarcome ei que nous
désignons toutes les tumeurs par des dénominations empruntées aux (issus normaux.
(2) A, Verneuil. Quelques propositions sur les fibromes ou tumeurs formées par /ex
éléments du tiisu cellulairCy avec des remarquer sur la nomenclature des tumeurs, Mém.
lu a la Soc. de Biologie en octobre 1855, et Gaz, méd, de Paris y 1856, p. 50.
► tiûns Iraumatiques scint disUngiiées il'galement en deux groupes, sui-
vant que les Ussus divisés sont ou non mis en présence de l'air
oténenr. Nous avons de la sorte les plaies et les contusions qui
raraprenneiit les fractures et les ruptures.
Un point essentiel dans l'i^tude de l'anatomie pathologique est la
«liordiiiaiion des lésions. Celles-ci ne peuvent être placées toutes sur
lii même plan ; les unes sont causes, les autres sont effets, et comme
lïUes, elles ont chacune une valeur différente. Ainsi il est commun
de reacontrer avec une m^phrite interstitielle ou atrophique une atté-
niion de la muqueuse gastrique et un certain degré d'hypertrophie
cardiaque. Or ces lésions, auxquelles on pourrait attribuer une même
orifiine, ont cependant des causes très-diverses : la première, ou lésion
rinale, est le fait habituel d'une intoxication saturnine ou de la
goutte; l'hypertrophie du cœur est la consi-quence de la diminution
du eliamp vasculaire amenée par l'altération des reins, tandis que
Wration de l'estomac est due à l'iîli mi nation par cet organe de
quelques-uns des principes de l'urine qui ne peuvent plus s'échapper
pirles voies naturelles. Si dans les cas de ce genre, qui sont loin
d'être rares, on ne sait démêler ce qui est primitif de ce qui est secon-
Wre, il en résulte que les lois qui président & la localisation des dé-
sordres anatomiques échappent entièrement, et la confusion surgit
ftoii la lumière pouvait être faite. Nous nous sommes efforcé d'éviter
celle erreur trop commune, comme on le verra dans la seconde partie
de ce travail.
roiisaerée à l'élude spéciale des altérations pathologiques des or-
pnes pris isolément, cette seconde partie doit s'écarter le moins pos-
^ible(Ie la première et n'ôtre que l'application des données générales
de celle-ci ù une portion déterminée de l'organisme. Le développe-
ment et l'évolution physiologique des organes seront tout d'abord
eiaminés, et cet examen servira de hase à l'étude des lésions anato-
miques qui leur sont propres et dont la liaison avec 1q mode de via-
bilité et de iiutrilion est des plus intimes. Puis, comme il importe
toujours de procéderdu simple au composé, les organes formés unique-
mentaux dépens du feuillet moyen du blastoderme, à savoir tous ceux
qui composent les systèmes de la circulation et de la locomotion, orga-
nes absolument exempts d'éléments épithèliaus, seront d'abord l'objet
de notre attention, et partant il nous sera facile de montrer l'analogie
I
j
Xfl PRÉFACE.
des altérations propres aux différentes parties de ces systèmes orga-
niques. Viendra ensuite l'étude des altérations des organes plus com-
plexes développés tout à la fois aux dépens du feuillet moyen et du
feuillet interne ou externe, comme les téguments, les glandes et les
centres nerveux. Ces organes renfermant des éléments de source
différente, nous séparerons l'étude des altérations propres à chacun de
ces éléments en suivant les divisions adoptées dans la partie générale
de notre travail. Cette méthode d'analyse nous permettra de montrer
la simplicité de l'étude anatorao-pathologique d'appareils organiques
qui, constitués normalement sur un même plan, ne se modifient
jamais que suivant les mêmes lois, tellement que la connaissance
exacte des altérations de l'un d'eux peut donner l'idée des altérations
de tous les autres. .
En somme, étudier les altérations pathologiques du corps humain,
en prenant pour base de cette étude les changements que subissent les
tissus et les organes aux diverses phases de l'existence, montrer que
ces altérations se produisent d'après les lois de la physiologie nor-
male, grouper ces désordres suivant leurs conditions pathogéniques
et étiologiques, de façon à poser les fondements d'une classification
naterelle des maladies et à asseoir la pratique de la médecine sur des
indications pronostiques et thérapeutiques invariables, telle est la
doctrine générale de cet ouvrage. On dira peut-être que notre manière
de voir est purement systématique ; je ne le crois pas, puisqu'elle re-
pose, non pas, comme cela se fait assez généralement, sur le simple
examen cadavérique, mais sur l'observation combinée et simultanée
du fait clinique et du fait anatomique.
Qu'il me soit permis, en terminant, de remercier mon interne,
M. Ch. Rémy, du bienveillant concours qu'il m'a prêté pour l'exécu-
tion d'un certain nombre de figures, et M. Karmansky pour le soin
qu'il a donné à cette même exécution.
Paris, le 1" juin 1870.
E. Lancereaux.
TRAITÉ
D'ANATOMIE PATHOLOGIQUE
^ \'\ !" . « . ^
.V y- -
L*aiiatomie pathologique est la |>arli(*. do la science médicale qui
s'occupe des altérations physiques des organes, eu recherche Forigine et
les conséquences plus ou inoins funestes à Torganisme. Cette branche de
la médecine a par conséquent un triple objet : l"" présenter une descTip-
lion détaillée des changements survenus dans la position, la forme» le
volume, kl structure intime de l'organe malade, et considéi*er cet organe
dans ses rapports avec les autres parties du corps ; T rechercher l'origine
de ces changements et indi(|uer la manière dont ils se sont o|HTés, les
influences et les lois qui ont présidé à leur développ<'ment (étiologie et
pathogénie) ; 3"* rapprocher les altérations organiques des phénomènes
qui se manifestent dans le cours d'une maladie, analyser ces phénomènes
et déterminer leur degré de subordination par rapport à ces altérations
(physiologie pathologique).
Ainsi envisagée, lanatomie pathologique n'est plus restreinte à la
description stérile des changements de structure, isolée des phénomènes
qui ont précédé le désordre organique et de ceux que ce désordre a fait
naître; elle comprend à la fois letude de la lésion, de sa cause, de
son mode de production et de ses eiïets. Ce n*est plus l'organe altéré,
murij que Ton étudie, mais bien ce même organe vivant, agissant, et dans
la plénitude de ses fonctions; c'est la connaissance de la vie imthologique
qui se substitue à la contemplation de la nature morte.
Tel me |>ardlt éti'e le véritable esprit de lanatomie imthologique. Toute-
fois, comme ce n'est pas ainsi qu'elle a été considérée Jusqu'à ce jour, il
LANCikliEALX. — Traîlé d*Aiial. I — 1
2 ÀNÀTOMIE PATHOLOGIQUE.
ne sera pas inutile d'entrer dans quelques détails historiques pour mon.
trer révolution successive de cette partie de la médecine, faire saisir le
progrès qu'elle a accomplis, et la condition de ces progrès : le perfec
tionnement de certains instruments de physique, celui des méthode
d'analyse chimique, etc., etc.
APERÇU HISTORIQUE
Née du désir bien naturel qu oui toujours eu les médecins de se
i^eodre compte des désordres morbides qui ont lieu sous leurs yeux,
'étude de Tanatomie et de la physiologie pathologiques a passé par de
Nombreuses vicissitudes. D'abord entravée dans son développement par
^ respect exagéré que les anciens avaient pour leurs morts, elle se
iK)me à constater et à décrire les altérations matérielles apparentes à
la surface du corps. Mais lorsqu'une civilisation plus avancée et plus
hardie vint lever l'interdit qui défendait de toucher à la dépouille mor-
telle de rhomme, les lésions matérielles des organes devinrent Tob-
ktdun sérieux examen, et dès ce jour naquit Tanatomie pathologique
descriptive. Des notions plus exactes sur la structure normale des tissus
^l'application du microscope à Tétude de cette structure donnèrent en-
suite naissance à Tanatomie pathologique générale et à Thistologie pa-
logique. C'est insensiblement que se sont opérés ces progrès succes-
^fs, inséparables du développement scientifique ; chacun d'eux faisant
^ue dans l'histoire de Tanatomie pathologique, nous diviserons celle-ci
^ trois grandes périodes ou époques.
Epoque ancienne. — Les anciens peuples de l'Orient n'étudièrent ni
l'aoatomie normale ni l'anatomie pathologique. Les Babyloniens, les As-
syriens, les Perses et les Chinois, tnalgré un certain degré de civilisation,
ignoraient le siège et la forme des principaux viscères ; leur physiologie
et leur pathologie étaient purement fantaisistes.
Les Égyptiens, si habiles dans l'art d'embaumer les corps, auraient pu
^r de cette pintique quelques notions anatomiques exactes, mais ils ne
songèrent jamais à faire servir «ces ouvertures à l'étude dô l'anatomie
4 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
pathologique. Du raste, ils ne possédaient aucune connaissance physiolo-
gique ou pathologique précise.
Le peuple juif, dont les préceptes d'hygiène et les données positives
touchant Tétiologie de quelques maladies sont si remarquables, n'avait
que de faibles connaissances anatomiques. Pourtant, d'après Israëls
{Tent, histor. med. talmud.^ p. 57], les médecins juifs pratiquaient
l'ouverture de cadavres de femmes^ ef ces ouvertures, d'après le Talmud,
pouvaient quelquefois être faites sur la demande des rabbins et de la
cour de justice (Wundkrbar, BibL talmudische Medicin.^1^ p. 21; 11, p.. 5).
C'est dans la Grèce, aussi fertile en savants qu'en guerriers, que l'a-
nalomie prit naissance. Les Asclépiades disséquaient des animaux, et
quoiqu'ils n'aient eu à leur disposition aucun cadavre humain, ils n'é-
taient pas entièrement ignorants de l'anatomre de l'homme. Hippoci'ate
hérita de leurs connaissances anatomiques, qu'il agrandit, mais le respect
des anciens pour les restes mortels de l'homme l'obligeai à se contenter
de constater les altérations matérielles apparentes à la surface des corps
ou dans les cavités naturelles. Dans la collection de ses œuvres on trouve
en effet la dénomination et une description des fistules, des hémorrhoïdes,
des carcinomes (oxtppoç, xopxivoc, xopxtvwfia), des tubercules (Y^u/Mcra), des po-
lypes, des ulcères, des abcès et de beaucoup d'autres lésions extérieures.
Les altérations des organes internes ne s'y rencontrent pas ; néanmoins, k
cette époque, les médecins faisaient servir à l'interprétation des maladies
les connaissances anatomo-pathologiques qu'ils puisaient dans la dissec-
tion des animaux. Ainsi l'auteur de la maladie sacrée attribue ce mal à
une espèce d'hydropisie du cerveau, « comme on peut s'en convaincre,
dit-il, chez les animaux devenus épileptiques et principalement sur les
chèvres : Hanm\ si caput secveris, cerebrum humidum et sudore redun-
dam deprehenderes, » Observateur habile, Hippocrate se borna à
décrire les lésions anatomiques ; ses disciples l'imitèrent , mais ils
ajoutèrent peu à ses connaissances, de sorte (ju'il faut arriver à l'école
d'Alexandrie pour trouver un progrès dans la science anatomique.
0
Krasistrate et llérophile, les principaux représentants de cette école,
imprimèrent à Tanatomie un degré de perfection qu'elle ne devait |)as
dépasser pendant près de vingt siècles. Ils s'appliquèrent à élucider la
connaissance des maladies par l'ouverture des C4idavres, et les rois d'E-
gypte, au rapport de Pline, auraient par leur exemple encouragé ces
ri?cherches. Malheureusement, les écrits de ces médecins ne sont pas
arrivés jusqu'à nous, et les auteurs qui en ont eu connaissance ne nous
ont transmis qut» des vestiges de leurs précieuses découvertes. Les dis-
ciples de ces grands anatomistes ne suivirent |K)int la carrièi-e qui leur
APERÇU HISTORIQITR. 5
était ouveile. Tout en consen'anl le renom de la première école du
monde, Alexandri«^ perdit peu à peu les avantages qui le lui avaient mé-
rité; les dissections des cadavres humains v devinrent de moins en moins
fréquentes, de sorte que Tusafre en était perdu au temps de Rufus
d'Ephèse, un siècle après l'ère chrétienne.
Sans doute instruit par les écrits sortis de l'école d'Alexandrie, Arétée
de Cappadoce (1) signale certaines altérations des cavités splanchniques.
Il attribue quelques vomiques à Tirruption d'une collection purulente de
la plèvre à travers les bronches, et fait mention de l'ouverture des abcès
du foie dans l'intestin ; il rattache certains ictères à lobstniction des crtn-
duits biliaires par un squirrhe ou par l'inflammation de ces canaux, et
même encore à l'inflammation du foie. La description qu'il donne des
ulcères intestinaux conduit à penser qu'il a dû puiser ses connaissances
chez des médecins qui avaient pratiqué des autopsies ; ce qu'il dit de
la production de l'hémiplégie d'un côté du corps par la lésion de l'hé-
misphère opposé du cerveau, et de l'hémiplégie directe par lésion médul-
laire, vient du moins à l'appui de cette manière de voir. Ajoutons que ce
médecin décrivit l'éléphantiasis mieux qu'on ne l'avait fait avant lui, et
qu'il signala, après Hippocrate, les tophus des goutteux.
Celse continua à mettre en lumière les faits d'anatomie pathologique
appréciables sur le vivant. On lui doit une description des polypes des
fosses nasales, de la carie des os du nez, du gonflement inflammatoire
des amygdales, du cancer de la bouche et de bien d'autres lésions. Il con-
naissait les hernies inguinales et celles de l'ombilic, et fit mention d'une
affection qui a rapport au sarcocèle.
Galien, esprit éminent dont l'œuvre est considérée comme le point cul-
minant de la médecine grecque, proclame en principe le rapport intime
entre le trouble fonctionnel et la lésion {acticnem lœdi necesse enf, imtru-
mento efficiente tllam quomodoUbet lœso; et un peu plus loin ; nullani oc-
tionem iœdi nisi pars qwp illam efficit, afficiatur). Comme Hippocrate et
Celse, il ne s'occupe guère que des lésions accessibles à la vue et au tou-
cher; il attribue néanmoins certains désordres de la voix à une modifica-
tion du nerf récurrent laryngé, il signale les érosions intestinales de la
dysenterie, distingue les ulcères des poumons de ceux de la trachée et
divise les anévrysmes en deux groupes répondant à notre division des
anévrysmes vrais et des anémsmes faux. Imitant en cela ses prédéces-
seurs, il rapporte aux tumeurs toutes les altérations caractérisées par
(1) Traité des signes, des causes et de la cure des maladies aiguës et chroniques y trad,
fraoç., parL. ReBaml, Paris, 1834.
6 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
raagmentatîon générale du volume d'un oi^ane, et décrit ainsi Tin-
flammation, 1 erysipëie, Therpès, les abcès, Tanthrax, le furoncle, h
gangrène, le cancer, le squirrhe, Téléphantiasis, la lèpre, les varices,
l'athérome, le stéatome, les hernies, le sarcocèle, Thydrocèle, roedëme,
Tascite, la hTnpanite, etc.
Les auteurs grecs ^ hlins qui suivent Galien se contentent de repro-
duire les connaissances acquises; on ne compte guère parmi eux que des
abréviateurs et des copistes ; Oribase, Fauteur présumé de VIsagoge anab-
mka, et Aétius d'Amide sont de ce nombre. Il faut excepter peut-être
Alexandre de Tralles qui a laissé un écrit sur les vers intestinaux, et
Paul d'Égine dont les œuvres particulièrement intéressantes pour le chi-
rurgien renferment une bonne description des ulcères des parties géni-
tales.
Vers le milieu du v* siècle, le flambeau des sciences s'éteignit presque
enti^iement en Occident par suite des invasions réitérées des Huns, des
Vandales, des Goths, des Alains, des Suèves et des Lombards, et de cette
époque date aussi la décadence des sciences et des arts en Orient. La mé-
decine, jadis si florissante en Grèce, se réduisit peu à peu à un empi-
risme superstitieux, et c'est dans ces conditions que le sceptre de ce^
sdenœ passa entre les mains des Arabes. L'anatomie normale ou pa-
thologique ne fit entre leurs mains ou sous leur direction presque aucun
progrès, ce dont on ne sera pas surpris, si Ton songe que leur religion
leur défendait de toucher à aucun cadavre humain. Rhasès, Ali, Avicenne,
n'avaient d'autres connaissances que celles qui leur venaient des méde-
cins grecs, notamment d'Aristote et de Galien ; Albucasis néanmoins fit
des observations judicieuses sur quelques lésions chirurgicales.
Bientôt la culture des sciences commença à s'affaiblir parmi les Arabes,
d'abord en Orient, où les Turcs détruisirent la plupart des califats pour y
substituer leur gouvernement despotique, puis en Espagne et en Afrique.
Dès lors la science médicale devint forcément le partage des ecclésias-
tiques qui en étaient les seuls dépositaires. Obligés par état de s'interdire
toute effusion de sang, ils n'acquirent aucune connaissance anatomique ;
bien plus, malgré l'éclat jeté par l'école de Saleme, malgré l'illustration
de quelques médecins juifs de cette époque, l'art médical se trouva réduit
à de simples applications topiques, la médecine tomba momentanément
dans un grossier empirisme.
Ainsi finit cette première époque qui dura près de deux mille ans.
Comme un germe qui, faute d'un milieu convenable, ne peut se dévelop-
pa, l'anatomie pathologique, pendant tout ce temps, reste sans expan-
sion. Le respect exagéré des anciens pour les morts, l'extrême sévérité
\PEHljU ItlSTORIQCîE.
:■ la(|udl<' leurs lois en punissaienl la piofanalion, lelles furent les
Blmes qui arrêtèrent l'essor médical et entravèrent le développement de
^bllr iiran(-h<> de la médecin*!. Mais il est juste di- reconnaître, ii la ftloire
^Bmnêdecîns de eette longue période, qu'ils s'efforcèrent de faire tomber
^» préjugés et qu'ils surent tiiTr prolit du peu de temps pendant lequel
l'ouvertupe des cadaiTes leur fut permise.
l'anatomie normale et pathologique des animaux est. dans celte pé-
riode, un objtft d'étude pour un grtind nombre de naturalistes et de méde-
àn& qui en font des applications à la patbologie humaine. Nous avons
déjà signalé une de ces applications tirée de la collection hippocratique ;
ii)le4irs, apportant des arguments en faveur d'une théorie sur les bydro-
pisifs ie poitrine cher l'homme, le père de ta médecine parle de l'exis-
ifnee dans le.s poumons du bœuf, du chien et du porc, de tumeurs
aqueuses qui ne sont vraisemblablement que des kystes hydaliques.
Aristote fait mention de la ladrerie du porc, de l'angine et de la rage
Ju chien, de la morve de l'âne et du cheval, et il indique l'existence des
lésions pulmonaires et hépatiques cher plusieurs de c«s animaux. Pline
donne aussi, dans son Histoire naturelle, quelques notions touchant l'his-
Imre pathologique des animaux. Si l'ouvrage de Celse sur l'agriculture a
été perdu, par contre, celui de Gotumelle {De re rustica), qui nous est con-
t)Tvé, renferme l'indication de la phthisie pulmonaire. Galien rapporte
qu'en disséquant des animaux il a trouvé dans le péricarde une liumeui-
ibcHidante semblable à de l'urine, ou une tumeur squirrheuse qui ressem-
Uait à plusieurs membranes épaisses superposées (péricardile). Long-
temps après, un célèbre hippiaire, .\psyrtus de Prusc, décrivait la morve
et beaucoup d'autres maladies particulières au cheval. Ainsi, on voit que
l'étude des lésions organiques chez les animaux est tout au moins con-
leuporaioe de celle des lésions de l'homme, si elle ne l'a précédée.
L'état de torpeur intellectuelle dans lequel tomba l'humanité au moyen
Ige ne pouvait avoir qu'un temps. Après un moment de repos, l'esprit
dlniliative et de recherche reparaît ; les préjugés s'effacent, les opinions
ftligieuses se modifient, et la levée de l'interdit qui pesait depuis long-
i sur l'ouverture des cadavres rend enfin possibles l'étude du corps
Il et la recherche des altérations qui s'y produisent. La médecine
s'engage dans la voie d'un progrès auquel elle devra de plus en .
B d'être une science exacte et positive,
; moïe:i(se. — Non moins brillante pour la médecine que
ir les lettres et les beaux-arts, l'époque de la renaissance voit s'ac-
E BHBplir en anatomie I» révolution la plus remarquable qu'une science
I
I
8 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
ait jamais subie. Les Ordonnances de Frédéric II ayant, dès le xiii* siècle,
levé rinterdit qui pesait sur louverture des corps humains, Mondini
de Luzzi disséquait en 1306 le premier cadavre livré depuis les temps
anciens au scalpel des médecins. Il publia bientôt «près un ouvrage d*ana-
tomie que Ton peut considérer comme appartenant à Tanatomie patho<
logique, car il a fait suivre la description des organes de celle des ma-
ladies auxquelles ils sont sujets et des moyens thérapeutiques dirigés
contre elles. Son ouvrage, qui a joui d'une grande renommée, a eu plu-
sieurs éditions, dont la dernière en 15/4I. Guy de Chauliac, le restaurateur
de la chirurgie, paratt aussi s'être livré à quelques dissections qui ne
furent pas entièrement stériles pour Tanatomie pathologique chirurgicale.
Bartholomée de Montagnana, professeur de Téçole célèbre de Padoue,
assure avoir fait quatorze ouvertures de cadavres, chose prodigieuse en
ce temps-là ; mais c'est en réalité Antoine Benevieni à Florence et Alexan-
dre Benedetti à Venise qui ouvrirent Tère nouvelle de Tanatomie patho-
logique, le premier surtout en secouant le joug des théories galéniques et
en cherchant dans la dissection des corps la cause des maladies et de la
mort. Ainsi, le signal de l'indépendance de la pensée scientifique partit
d'une chaire d'anatomie pour retentir plus tard dans les chaires de philoso-
phie. Du reste, à partir de cette époque, on commence à connaître la valeur
des bits ; les lésions observées après la mort dans les principaux viscères
sont notées avec soin. J. de Vigo, Bérenger de Carpi, le grand Vésale lui-
même, ne dédaignent pas ce genre de recherches auquel s'adonnèrent
également Fallope, Ëustachi, Ingrassias, Riald, Columbus, J. de Wier,
Coiter, A. Paré, Dodoéns, Salus Diversus, Marcel Donatus, Pierre Forestus,
Fabrice de Hilden, Fabrice d'Aquapendente et plusieurs auteurs contem-
porains qui, pour la plupart, s'étaient inspirés de leurs études dans les
écoles florissantes de l'Italie.
Schenck de Graefenberg, dans un ouvrage trop peu cité, rassemble la-
borieusement les matériaux connus de son temps, et les ajoute à des tra-
vaux compulsés jusque dans les annales les plus reculées de l'art pour en
former le premier ouvrage important sur la matière.
Si ces premiers travaux ne portèrent pas tout le fruit qu'on pouvait en
attendre, c'est que les h3rpothèses, tour à tour en faveur, vinrent fasciner les
yeux d'un grand nombre d'auteurs qui trouvaient plus d'attraits dans des
explications toutes faites que dans les secrets qu'il fallait arracher à la
mort. Les autopsies n'étaient d'ailleurs pas toujours pratiquées avec un
soin suffisant pour renverser des faits vus à travers le prisme des théories
et au milieu d'une ignorance fort grande des lois de la physiologie posi-
tive. Ajoutons que l'esprit de superstition et de crédulité qui régnait a
IPRBIJU HISTOIIIOI'K. 9
Itépoqnp ronduisit Irop souvent Ji's ùbst-rvali'urt, à s'atlarh^r s|Mk'ia-
ml aux cas i-at-t>s, i-\traordiaaires. fabuleux même, dans lesquels ûs
nient on aliment à ieur amour du merveilleux, sans s'inquiéter k
peourent d'en vériBer l'existence ou même la possibilité.
ïnn d'accrotire le mouvement commencé, texvn* siècle, à son aurore,
Rl'élan imprimé aux recherrhcsanatomtques se ralentir tout à coup.
Les princes de l'Italie, qui avaient d'abord encouragé r^s recherches, ces-
HTOit de les protéger, et il devint dîtlicile de s'y procurer des cadavres,
h France, les hommesquiaiiraientdi'i se livrera la eulture de la science,
Rcins etrhirurpiens, partagés en deux eorps et comme l'n deux camps
, épuisaient tous leurs eiïorts en des disputes aussi acharnées
B ridicules. Épuisén par la guerre de trente ans , l'Allemafaie était
rioe pour les sciences, Toutefois le siècle dans lequel le chancelier
D posa les principes de lu philosophie expérimentale et dans lequel
rfcnn^iil les plus célèbres académies (Académie des curieux de la
' ; Société des sciences de Londres, 1 658 ; Académie des sciences de
n, 1664) ne fut pas sans jeter quelque lumièn- sur l'objet qui nous
ïey, aidé par l'expérience, fait lonnaître la plus importante des
i, la circulation du sang, et cette découverte est bientôt suivie d^
s des vaisseaux chylifères, du canal thoracique et des vaisseaux lym-
■tiques. A c^llé de Harvey se placent Asclli, Malpi^hi et Ruyseh, les
gnndes lumières de l'anatomie et de la physiologie fi cette époque où
liiri commence k comprendre l'importance de l'anatomie pathologique
puur la connaissance exacte des maladies.
kOurlques auteurs, comme Schneider, .Molinelti, Willis, J. Wepffer,
r, Ben net. s'occupent plus spécialement des altérations propres à un
gine ou à une partie détenninée du corps. Un prand nombre de méde-
àa% t-ditent des centuries d'observations; tels sont ; C. Haillon,
J'R, Salznmnn. Ph. Salmuth, N. Fonteyn, J. D. ilorst, mais surtout
IWias fiartbolin, Mcolas Tulplus, Dominique Paranoli, Pemard Ver-
ascha, G. Rlasius, Stalpart Van der Wiel, Hagedoni, Plusieurs auliv-'s,
Sfrard Rlasius, J. N, Perhiin, J. .1. Ilarder, J. C. Peyer. F. Plaler,
J-llelvig, [{, Morton, J. B. l'antoni, conlribuenl par leurs ouvertures cada-
^Tiques à éclairer la nature des affections observées sur le vivant. Enfin
ipifiiciaes auteurs, comme Marc-AuréleSeverin.G. S. Welsch.J. Schrader,
J-H.D. Hoffmann, Et. Blancard. mais surtout Th. Ronnel elJ. J. Manget,
liMmblent les faits épars et en forment de vastes collections, riche
f^pfrtoire d'anatomie pathologique,
l-'un (les ooMTvges les plus imporl.inls de ce temps est celui dans lequel
î% KSkTOMS PATIOLOGIOrC.
botàuei pas^ €D replie la pluptit des maladies, qu*iJ ran^ dans un ordre
anatomiqae. Mettant à contribotioD les écrits de ses oontempoimins plntôi
que les &its puisés dans sa propre [H^alique, cet auteur s'est laissé aller à
des répétitions fastidieuses de iaits entièrement oontrouvés et même bbo-
ieux, et souvent il considère conmie une cause morbifique des aodd^ts
qui n'ont aucune relation avec la maladie.
Au xviir siècle, Tétude de l'anatomie pathologique est plus fidèle et
plus impartiale. Moins influencés par rauiorité des anciens, les médecins
d'alors observait avec plus de justesse et d'exactitude que l^vs prédéces-
seurs. Leurs observations ne sont plus des faits très-souvent ocrfligés pour
la curiosité, mais des matériaux amassés dans le but d'asseoir la méde-
ctne sur une base solide et inébranlable. Ainsi Tillustre élève de Valsaha,
Morgagni, arrange et coordonne ses observations de btçoiD à les (aire
servir à la clinique, il s attache à déterminer les rapports des altérations
trouvées après la mort avec les troubles fonctionnels observés durant la
vie, et de la sorte il vivifie l'anatomie pathologique ei crée la physiologie
des lésions nûUérielles. Si son grand ouvrage sur la cause et le siège des
maladies ne présente aucune de ces idées fécondes, de ces aperçus neufs
qui répandent une vive lumière sur les phénomènes de I oi^çanisation, il
renferme du moins une masse prodigieuse de bits rigoureusement
observés et judicieusement expliqués qui constituent un véritable pro-
grès.
L'Italie reconquiert pour un instant le sceptre de lanatomie pathologique:
mais en même temps s'élève en Hollande une école qui sera bientôt cél^ire.
A la tète de cette école se placent, par l'importance de leurs recherches,
.Ubinus et Sandifort, qui ont laissé des observations anatomo-patholo-
giques précieuses. A leur suite viennent se grouper, dans des c^itres dile-
rents, un grand nombre d'auteurs, notamment J. M. Hoffmann, Salimann,
P. Barrère, Clossy, Metzger, P. Camper, Baader, Cb. G. Lud^ig,Hautsierck.
i. C- Walter, Wemer, Home, Levelîng, Monte^gia, etc., dont les fiûts
intéressants sont consultés avec fruit.
Plus encore que dans le siècle précédent, quelques médecins s*atlacfaent
spécialement à l'étude des altérations de quelques organes isolés.
Ainsi l'anatomie pathologique du cœur est cultivée par Lancisi, Senac el
Meckel, celle du foie par Bianchi, celle de l'œsophage par Bleuland, celle
de l'intestin par R(£derer et Wagler, celle du cerveau par Gennari, celle
des parties génitales par de Graaf, Ph. Bœhmer, Schurig, tandis que les
lésions osseuses sont principalement étudiées par Cheselden,Trqpi, Bonn,
Wiedmann, Van Heckeren et Scarpa.
lies plus grands médecins de l'époque comprennent alors l'importaoBoede
Vft»eoHatïond«^l'anatoiiiiepiUhologiqueàlaL'liiHqup;Fr. Hoiïiiiann » Hnlle,
Henn. Bwrhaave à Leyde, de Haen, Sloll à Vienne, Pringle et Fothergill
en Aagletarrc, Borsieri en Italie, Sauvage et Pinel en France s'appliquèrent k
(lonn«r à leurs observalions eliniques une base anatomique, et plusieurs
d'entre eux furent des modèles â suivre sur In manière dont il faut observer
les lésions physiques des organes internes, Les altérations propres au
domaine de la chirurgie furent principalement étudiées ])ar Saviard .
Mit, lleisler, Ledran et les membres de la fameuse Académie de chi-
E" L ; puis par Sicbold, lUcliter, B, Bell, William llunter, .lobn Hunter,
[tesaull, Berlrandi et Abenielhy. Les analoniistes et les physiolo-
eoutribuèrent aussi pour leur pari nu pragrf-s de t'nnatomie patho-
logique: tels sont : Pallin, Vallisnieri, Prorhaschka, Wrisberg, les Meckel,
Sffmmerring et surtout le célèbre llaller, qui a embrassé toutes les branches
I d» sdeaces médicales.
^LUeutaud, à l'exemple de Bonnel el après Moritz lloiïmaim, recueille
^Bteane excessive concision tous les faits parvenus fi sa connaissance; il
HteumMe plus de trois mille observations, constituant autant de faits
isolés, qu'il se garde d'analyser, de gi'ouper el de lier par des vues phy-
linlogiques ou pathologiques. Ch, F, Ludwig cherche à réduire les lésions
■ironiques eu un lableau concis ; malheureusement il manque aussi de
Tues générales el il ne suit d'autre dislributiou que celle de l'ordre anato-
mique, Mathieu ftaillie, l'auteur d'un des premiers traités d'anatomie
[ntlholn^que, se préoccupe déjà de la structure des organes malades et
ilrleur physiologie. 'A. F. llecker fait paraître un essai de physiologie
[nlhulogique ; mais la fin de son livre jie répond pas au commencement.
'''Uiiradi et Voigtel publient des ouvi'ages uniquement consacrés à l'ana-
lonie pathologique.
Plus important que ceux qui avaient paru jusqu'alors, le livre de ce
deniipr auleur n'indique pas plus que ceux de ses prédécesseurs les rap-
ports qui existent entre les phénomènes pathologiques el les altérations
drt orgaues. Néanmoins, dès celte époque, Vetter, dans l'introduclioii
d'un ouvrage dont il n'existe que le premier volume, s'élève à des consi-
Jiiralions générales, essaye d'établir une classification de toutes les mala-
(lifi organiques, de remonter au mécanisme el il la cause premièi'e de
'nus les changements d'organisation, qu'iÈ rapporte aux intlammiitîons el
» Ipurs diverses terminaisons.
L'inipcirtance de l'anatomie pathologique une fois recx)nnue, les faits
*""! mieux observés, les éléments de vulgarisation se multiplient, des
musiies se fondent dans plusieurs centi-es d'instruction, à Londres [1780) ,
Hfnlam (178!)), îl Leyde (1793\ k Berlin (1796). et enfin à Halle,
J
12 ANATOMIE PAtHOLOGIQUE.
Vienne, Pavie, Florence, Paris, etc., oii, grâce aux persévérants efforls et
à la libéralité d'horames tels que J. Hunter, Bonn, Sandifort, Walter,
Meckel, Dupuytren, ils deviennent de vastes champs d'étude où sont ras-
semblées et méthodiquement disposées les pièces naturelles conservées et
des productions artificielles en cire qui permettent d'embrasser d'un seul
coup d'œil un grand nombre d'altérations des plus remarquables. En
outre, de vastes collections iconographiques reproduisent, par la gravure,
les lésions les plus curieuses, et ces illustrations, en rendant l'étude des
modifications pathologiques des organes plus attachante, facilitent l'intel-
ligence des textes et servent quelquefois à rectifier des appréciations erro-
nées. Vater, Bonn, Sandifort, Baillie et plusieurs autres médecins s'en-
gagent, après Ruysch, dans cette voie qui promet d'être féconde. Enfin
apparaissent des journaux qui' publient, à mesure qu'ils se produisent,
les faits les plus intéressants. A cet égard, le journal de Vandermonde
doit être cité en première ligne.
Les institutions cliniques se multiplient peu à peu, les investigations
faites au lit des malades se complètent publiquement par des investiga-
tions anatomiques, et ce contrôle, en donnant une plus grande certitude
au diagnostic, développe les connaissances d'anatomie pathologique.
Portai, Prost, Corvisart, Baylc, occupent sous ce rapport, avec quelques
autres, un rang élevé.
En même temps, l'étude de la pathologie comparée, entièrement négli-
gée au xv« et au xvi* siècle, à peine abordée au xvn* par l'essai de Lange,
apporte son concours, au xvni* siècle, par diverses publications inté-
ressantes. Ehr. Brunner, dans un travail intitulé : De la fréquence re-
lative des maladies de V homme et de celles des animaux^ passe en re-
vue un certain nombre de lésions observées chez ces derniers ; Nebel,
démontre que les animaux à l'état sauvage sont rarement malades,
contrairement à ce qui a lieu lorsqu'ils vivent à l'état de domesticité.
Puis, en 1762, l'école vétérinaire de Lyon se fonde sous les auspices
de Bourgelat, exemple que ne tardent pas à imiter Vienne, Berlin et
les principales villes d'Allemagne, en créant des établissements ana-
logues.
Cependant, malgré de nombreux travaux et les tentatives généralisa-
trices de quelques observateurs, les archives de l'anatomie pathologique
ne se composent encore que de faits plus ou moins rigoureusement
observés, de richesses disséminées, de documents épars et pour ainsi dire
sans lien. Ce sont tout au plus des collections de lésions distribuées ou
par régions, ou par appareils et par organes, en un mot d'après une divi-
sion anatomique. Il n'y a point encore de dckluctions dogmatiques, de
APIiR(;i' HISIORIOLk-. 13
Efâiénlisatioii de |>riuoi|KS, et jwi-Utul poiiil do science proprement dile.
I Eu ioniiue, raualomie palhulogique, restée jusqu'au xV siéclo à i état de
le iuréfxiQd, prend naissauce à pnrtirde cette épo<|ue; mais die ne
kvilevdoppe en réalité qu'au \ix° sièck'.
I
tpwjïE I|0I>ER^'E. — C'est à Biehatqne revient l'Iiomieur d'avoir ouvert
le voie plus Féconde à cette brandie de la médecine; son génie lui im-
ime uu nouvel essor, assure sa marche et nionlre clairement le but à
lUeindre. Créateur du l'anutomie ^énéiule, l'illusli'c élève de Finel est
auDre, par ses idées et par sa méthode, l'iuspiruteur des progrès accoDi-
|li)ia &IX* siècle dans l'étude des lésions pathologiques. Non content de
àmia, dans son remarquable traité, une description détaillée des tissus
el des systèmes organiques, Bicbat a soin d'indiquer les principales ulté-
lUkois que comportent ces systèmes, et de 1b sorte il rattache l'élude de
Il lésion à la connaissance de l'organe sain et vivant, l'unde l'anatomie
pathologique des tissus, qui n'est autre chose que l'aiialomie morbide
générale, et met ainsi ses sufxesseurs sur la voie qui doit les eouduii-e à
Lh pathologie cellulaire. Pour lu pi'eniiêi'e Tois, il inscrit en tête de son
nàtà Mlle importante proposition : chaque iiisu a ses lésions propres,
iftiucipe fécond et hardi, qui pouvait étonner â une époque où la structure
^organes était encore incomplètement connue, mais dont le temps et
Ifficunqaétes de la science devaient démontrer la justesse. Employant
duË ses recherches la méthode analytique basée sur les propriétés phy-
i, chimiques et vitales des tissus, il ouvrait une carrière nouvelle il
c«u\ qui tenteraient de l'appliquer dans le domaine de l'anatomie
lologique. Aussi ses éludes eim^^nt-elles Torcément sur ses conlempo-
tanl en France qu'il l'étranger, une influence des plus manifestes
Odes plus heureuses. Chacun comprit qu'il fallait faiiv, pour les tissus
tulad(« ce que liiebat avait l'ail pour les tissus sains, et l'on se mit it
l'œuïre.
Tout d'abord, liuyle et Uupnylren, ti~availlanl en comnturi, publièrent
{ilusicurs mémoires sur les productions libreuses et sur tes productions
luberculeuses. Dans le même moment Laennec coniposail un travail
Wwrquabte qu'il lut (décembre ISOÙj à la Société de la Faculté de a\v-
sous le titre modeste de Note sur l'anatomie palhologigue, et dans
les lésions morbides et les productions accidentelles en particulier,
auK tissus normaux, se trouvaient divisées et classées pour la
liète fois suivant leur nature anatoinique, alir^traclioii fiiili' de leur
I
Bfriai'd, de Cruveilliirr, d'Aiidriil, i\v Lobsteiii
M
1& ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Bouillaud, de Gendrin et de beaucoup d'autres auteurs de cette époque^
furent également inspirés par le même génie. L'histoire anatomique des
inflammations, publiée en 1826 par Gendrin, est le reflet, la copie pour
ainsi dire de VAnatomie générale de Bichat, avec cette différence qu'au
lieu des tissus normaux les tissus enflammés y sont fort bien décrits.
Deux ans après, paraissait à Edimbourg un ouvrage {Elefnents of gène-
rai and pathological Anatomy) dans lequel David Craigie suivait exacte-
ment la méthode analytique employée par Fauteur de VAnatomie
générale.
A partir de ce moment, l'impulsion est donnée, Tanatomie patholo^
gique est considérée comme Tune des branches les plus importantes de
la science médicale, et conmie telle elle a ses traités spéciaux. Le célèbre
anatomiste de Halle, J. F. Meckel, publie un ouvrage malheureusement
resté inachevé, et deux ans plus tard Otto met au jour le sien.
L*un des plus grands anatomo-pathologistes de ce siècle, J. Cruveilhier,
après un premier essai d'anatomie pathologique, entreprend et conduit
à bonne fin l'œuvre la plus complète et la plus riche de toutes celles qui
ont été publiées jusqu'alors, son immortel ouvrage d'anatomie patholo-
gique du corps humain. Vers la même époque parait le premier exposé
systématique général sur la matière, le précis d'anatomie pathologique du
professeur Andral. Albers de Bonn, Hope, Carswell, Gluge, livrent à la
publicité des atlas moins importants que celui de Cruveilhier, mais néan-
moins très-remarquables. Les ouvrages spéciaux se multiplient : Masse et
Rokitansky publient presque en même temps des traités qui ont un grand
retentissement, et qui contribuent largement à vulgariser les connais-
sances anatomo-pathologiques.
Un grand nombre d'auteurs anatomistes et cliniciens s'attachent dès
le commencement de ce siècle à l'étude des altérations propres à certains
organes. Les affections du cœur ont pour interprètes Corvisart et ensuite
Bouillaud qui montre leur rapport avec le rhumatisme aigu, celles des
poumons doivent un progrès considérable àBayle, à Louis, mais surtout à
l'illustre Laennec* Les affections du cerveau sont étudiées par Abercrom-
bie et Lallemand, les lésions des reins par Bright et Rayer, celles du
foie par Andral, Budd et Frerichs. L'anatomie pathologique chirurgicale
est représentée par A. Cooper, Dupuytren, Langenbeck, VelpeaUj J. Gué-
rin, Chassaignac, Holmes, etc. Les maladies des enfants et des nouveau-
nés sont suivies par Billard, Bednar, F. Weber, Rilliet et Barthez; celles
des vieillards par Durand Fardel et plus tard par Charcot.
Les deux Geoffroy SaintrHilaire impriment un progrès réel à l'étude des
monstruosités et créent la tératologie. En même temps l'àilatomié patholo-
^H APERÇU BISTOKigilË. 15
^^îque est publiqueineiit enseignée, elle u sa cliuire ufticielle dans les prin-
cipaux centres universitaires ; des sociétés savantes se proposent son étude
pourl>ut, notamment la Société imalomique fondée par Dupuyli'en et la
Société pathologique de Londres. Des journaux spéciaux répandent les
coonaissances aciguises tant en France qu'en Allemagne et en Angleterre ;
chaque jour enfin cette branche de la science des maladies prend une
importance plus grande <-l apporte de nouvelles lumières.
La nécessité de pénétrer plus avant dans la connaissance de la structuiv
ir& pulit» alTeclèes si' fit ulors sentir iinpérieusenieut, parce que des
levons anatoniiquL-s appréciaiiles aux sens raisaieut défaut. Forcés d'ad-
inet^ des maladies dites essentielles, les esprits rigoureux comprirent qu'il
Plût iodispensatile de poHer l'investigalion dans les parties les plus éle-
vii*s de l'organisme où siège la vie. Le microscope, employé au svii' siècle
par Leeuwenhoeck avec tant de succès, puis par Malpighi, Needham,
Gniilhuisen, va fournir, grâce à un nouveau perfectionnement, le moyen
itëclairer la structure intime des animaux el celle des végétaux, Jean
Mieren fait l'application à l'étude des productions morbides, et par
wn Invoil sur les tumeurs il crée délinilivement l'histologie palhplo<
giqne. Il a bienlât de nombreux imitateurs. En Allemagne, ce sont
Henlc, Gruby, Gluge et J. Vogel qui puhlie le premier atlas sur la
mlière, puis Virchow, li' célèbre auteur de la Pathologie tvllulain- ,
Kolliker, l'hîstologiste habile, WedI, Billroth, 0. Weber, E. Wagner,
AKklinghausen, Cohnheim, Rindlleiscb, Itud. Maier et beaucoup d'autres
tb«rcbeui¥ uoii moins expérimentés que nous aurons l'occasion de citer
floiieurs fois dans le com-s de nuli-e travail ; en France, Lebert qui
publia tout d'abord un traité de physiologie pathologique bientôt suivi
i'uii grand atlas où l'histologie commencti à trouver place à cflté de l'anii-
lomie pathologique, Ch. Kobin, l'auteur d'un traité sur les végétatif
FAtuiles, très-remarquable pour l'époque, d'un traité de chimie anu-
lûinique non moins important el d'un grand nombre de mémoires
"Ihistologie pathologique. Bi-oca, Kollin et Vemeuil suivirent les traces
i*ws deux maîtres et contribuèi'ent par des mémoires divcre à im-
plïuter chez nous l'étude de l'histologie pathologique. Enfin, Ville-
"lin. Vulpian. ChaiTot, Comil, Kanvier et beaucoup d'autres s'efforcent
'^Mnndir chaque jour le champ de l'histologie pathologique. L'An-
Eletwe compte prmi ses savants qui se sont les premiers engagés sur
le mémp terrain, Bennett, Simon, Paget, Beale,Wilks, etc. L'Amérique
«Peaslee, la Hollande Schrœdèi" van der Kolk. Schrant, Donders; l'Italie
■•MlaplSangalli.
Ainsi, prftee au développement de l'hislolugie pathologique, l'iuialysp
16 ANATOMU PATHOLOGIQUE.
des lésions morbides est poussée plus loin, leur structure est mieux
connue ; on arrive à constater non plus seulement Taltération du tissu,
mais celle de l'élément qui le constitue. De là est née la pathologie cel-
lulaire, dernière expression de lanalyse anatomique conmie de l'analyse
physiologique. Toutefois, il ne suffit pas de connaître le siège intime des
lésions morbides, il importe encore d'en pénétrer Torigine et d'en pour-
suivre révolution. C'est pourquoi l'histologie tend de plus en plus à
devenir hislogénie. Son terrain de prédilection pour Tinstant est celle
frontière indécise qui sépare le tissu sain du tissu en voie d'altération, là
où l'état normal confine à l'état morbide commençant. On peut prévoir
que pendant longtemps encore cette partie de Tanatomie pathologique
soulèvera d'ardentes discussions; mais aussi il y a tout lieu de croire
qu'elle conduira à une intelligence plus complète de la maladie et de
ses effets, parlant à une intervention plus rationnelle de l'art de guérir.
L'anatomie comparée, dans cette dernière époque, suit le mou-
vement imprimé à l'anatomie pathologique de l'honnne. Bergmann
étudie dans sa remarquable dissertation inaugurale un grand nombre
de maladies existant chez différents animaux, il signale entre autres
lésions propres aux poissons parvenus à un certain âge l'oblitération
des vaisseaux chargés de founiir à la nutrition des écailles et le rem-
placement de celles-ci par diverses sortes d'excroissances; il établit
que les singes sont sujets à la phlhisie pulmonaire, aux scrofules et
autres affections. Plus tard Reynaudet Rayer étudient également, chacun
de leur coté, les tubercules pulmonaires du singe. Rayer publie en
1842 ses Archives de médecine comparée ^ recueil précieux, malheureu-
sement abandonné, mais qui mériterait d'être repris. Heusinger, dans un
ouvrage paru en 1844, fait un parallèle intéressant des diverses mala-
dies des différents appareils chez l'homme et chez les animaux, et donne
des indications précieuses sur l'art vétérinaire chez les anciens. Dupuy,
Leblanc, Bouley, Delafond, Reynal et Goubaux en France, Gluge et
Thiemesse en Belgique, Gurlt et Hertwig à Berlin, Haubner et Leisering
à Dresde, Gerlach à Hanovre, Pillwax et Roell à Vienne, chacun de leur
côté, contribuent à l'avancement de la zootomie vétérinaire.
En résumé, l'finatomie pathologique ne se borne plus, comme autrefois,
à collectionner des observations, elle ne se contente |)as davantage de
décrire les caractères extérieurs des organes altérés, elle cherche à pénétrer
la structure intime des altérations, leur mécanisme et leur mode de for-
mation. L'élément malade est devenu pour le biologiste ce qu'est le corps
simple pour le chimiste, le but suprême de l'analyse. De plus, les liquides
de Téeonomie sont, comme les solides, l'objet de recherches minutieuses
^H tPEna: historiol'e. 17
nuuties de la |Hirt de [ilusii'urs observiLteurs, enlre autres Andral et Ga-
tairrt. Becquerel et Itodier, Kohin et Vei-deil , tle.Toul récemment un instru-
menl nouveau, le spectrosœpe, est venu aider h ces rechci-cbes et permellii' ■
lie hire une analyse plus approfondie des bumeurs de l'organisme.
Après avoir été une science de pure observation, la médecine leiid
rha(|ue jour à devenir en même temps une science d'expérimentation,
Ctltc tendance commence à se i-évéler dès le xvti" siècle, et le mouvement
s'accentue au xviii" et au siv' siècle. De nos jours il s'étend du domaine
it Upnthologic et de la thérapeutique à celui de l'anatomie pikthologiiiuc.
Us recherches expérimentales de .Mageudie, de Claude Bernard el di'
|iliuieuK autres pbysîologisles conduisent fi faire une application de lu
mèlbode expérimentale à l'élude de la genèse des lésions matérielles des
urgaiies,i Is pathoicén ie.il importe de chci-cher l'i ei'éer artîSciellement ces
lésioas, soit pour en déterminer la cause, soit pour en saisir le inéca-
HBMW Téritable ; en agissani de la sorte on arrivera à rendre l'anatomie
HRurtiide indépendante et on la Tera servir utilement k la pathologie.
^P Des loitalives déjà nombreuses ont été faites dausoe sens; les unesoni
, eu pour but de conlinner des données cliniques, les autres d'expliquer
l'étiologie ou la genèse de certains désordres anatomîques. Celte voie vei'.s
laquelle nos recherches pathologiques pai-aisseul avoir conduit quelques
''ipériinentaleurs promet d'être Téconde. On arrivera de la sorte il prouvi'r
11' iju'enseignc déjà l'observation, fi savoir que les altérations patliolo-
jiiijues sont toujours subordonnées à l'action d'un agent quelconque,
iiu'elles ont, poui' une cause déterminée, des caractères constants, el
iju'il est par conséquent possible de les léduire à un certain nombre
ili' tjjies définis. Ces types ou espèces seront étudiés dans la st>conde
IMirtie de ce travail, la première sera consaciée à la description des
fcimiUes et des genres.
Ce rapide exposé est simplement destiné h montrer l'évolution scieuli-
^wie l'anatomie pathologique. La bibliographie qui va suivre ferarxm-
•wUrcles nombreux travaux qui constituent la richesse de celte science.
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cxnt,; après 1727, celui de AeVi physico-medien^ et aprè.^ 1757, celui de Nova
acta pkf^'co-medicn. — Acta eruàitontm, Lip^i», 1682; yijucn nctOy 1732. —
Histoire de VAmdémie des seienees de Paris, avec le« mémoires, 1699. — Mis-
edkm. Berolinem, Berlin, 1710. Ce recueil, à partir de ilkU, pot1e en fran-
•çais le tilrc : Histoire de VAcad, des sdences et heiles-h'ttres de Berlin y et après
1770, celui de Notaremu: mémoires, — Acta medie.. Berolinenséum, pari, D. Gohl.
Berlin, 172^1722. — Commentarii academiœ scient, PetropoUtanee, 1726 — Corn--
mentarH Bononiens,, 1731. — Commercinm litterarium narictmi, 1731. — Mé-
moires «te V Académie de chirurffie. Paris, 1731. — Médical Essat/s and obscr-
WËtions^ Edtnburgh, 1733-42. — Acta Cpsaliensin Sodetatis srientitnnan, 17ftO;
Nooaoeta, 1773. — Commentani Sœietntùi gottingensis, 1 751 , nov. corn. 1 7 78. —
HeeueU pértodvjue d'ohnervat. de médecine, par Vandermonde Paris, 1754. —
iomnal de Séâitlot Paris, 1796. — Médical obscrv. and ingniries by a Soc. of Phj^
sidam. London, 1757-84 — Jwtmal de médecine, par M. Roux. Paris, 1762. —
Giomate éi medieina, Ed. Orteschi. Venet., 1763. — Med. transad. publishM
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36 v«rf. avecl toI. de taWc, par Bouteillier 2" série à partir de 1856. —
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2» lérie, 1854-1858; 3* série, 1859-1863; 4^ série, à partir de 1864. —
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28 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
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18i2. — Thibert, Musée d'anatomie pathologique. Paris, 18/i/i. — Descriptivf^
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1868, vol IV et V, Wa9.^ Catalogue ofthe Calculi, 2 vol. London, 1862-65.
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Daseriptive Catalogue of the teratolog. séries, par Th.Lowne. London, 1872. —
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}lfpatKoloaicai, tabula pnlholoyiam illustranles. Lipeite, IS'iS, in-/i", pi. colo-
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Trmii d'anatomie patbaloyique générale et spéciale ou description et iconographie
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IK55-ia60, 2 vol. in-fol. de teite, pi. CC. — Aug. FÔDSTea, Atlas der miUrosco-
fitett-pathotofiitehen Anatomie. Leipiig, 185fi-59, in-'4°.— Li.m^gheaux et Laceeh-
M
10 ANATÛUIE PATHOLOGIQUE.
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Des Ueux affectés, voyez Œuvres anatomiques, physiologiques et médicales dt
Galien, trad. fr. par Ch. Daremberg, Paris, 1856, t. II, p. 628. — Apsyhto*
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tome I. Berlin, 1849. — Ercolani, Bicerche storiconinalitice sugli maiUori
di veterinaria, 1851-54. — Heusinger, hecherches de pathologie comparée.
Cassel, 1844-47, 2 vol. — Koudil, Des secours que V anatomie comparée peut
fùumirà t anatomie pathologique, Lyon, 1855. — Roell, Lehrbuch der PMo-
logieund Thérapie der Hausthiere. IVien, 1856, 2" édition, 1860, 3* édition,
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Hauisàugethiere, Leipzig, 1859. — Falck, Die Principicn der vergleickÊndm
Pathologie. Erlangen, 1860. -^ Nouveau dictionnaire pratique de méd , de ddr^
et éThyg, yritèrina;ires. Paris, 1863-1874, et Hecueil de médecine vétérinaire, sOQslli
iirtction de R. Bouley. (Se continuent. ) — Riynal, Tr.de la PoUce gonft. d»
cni^, dom. Paris, 1873.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
ÉYOLOnON PÉTStOLOGIQUB D0 CORK HUMAIPr
BT CLASSIFICATION DIS ALTXRAIIONS PAXHOLOeiQUXS.
(. — Sovmis à une évohitioii spéciale, Torgiiiisiiie hiuttain Isubit I011I&
une série de transformatians : les unes, ascensionnelles, le oonduiaeni à
son plas parfait développement ; les autres, rétrogrades, aboutissent à la
MKition des fonctions et à la mort. Ces changements, image des lésions
Borbides, ne peuii<ent être ignorés de l'anatomo-faibologiBte auquel la
tomaissiBoe approfondie des organes aux différents âges de la vie est,
et plus, îndtspeiisable pour l'appréciation des anomalies et des lésions
mlérieiles engendrées par la maladie. C'est pourquoi il convient d'«i
tener un aperçu général.
La rencontre et (a fctsion intime de deux germes, tel est le prunier
pbàwBène qui commence l'évolution matérielle de l'éUre humain,
fanppégné da germe mâle, l'ovule est le siège d'une première opéra-
tîoB : la segmentation, qui consiste en un fractionnement progressif
4e cellules. Le noyau primitif de l'oeuf ou vésicule germinative semble
tiNft d'abord disparatti^ et l'on aperçoit deux points transparents qui
awt denx noyaux nouveaux entourés chacun par la moitié du corps
oeUdaire, c'est-à-dire par la moitié du viteilus. Semblable phénomène de
ttgmenlalion s'accomplit dans les deux premières cellules et dans les
eellales qui en proviennent, jusqu'à ce qu'enfin la capsule de l'œuf enve-
loppe un grand nombre de petites cellules globukuses pourvues de noyaux
lohnainenx. Da groupement et de la concentration de ces éléments résulte
ne vésicule qui prend le nom de véticuU blmiodermique ou hlast^
ierme^ dwttnée à donner naissance à toutes les parties oonsiiluAivas du
32 .\NATOMIE PATHOLOGIQUE.
nouvel être. Eiïectivement, sur un point de cette vésicule apparaît
bientôt un amas de cellules ou disque biastodermiquey cunuiius proUgèrt,
lequel se divise en feuillets superposés, point de départ des tissus et des
organes. Ces feuillets, au nombre de trois, d'après Remak, sont, Tun
externe ou feuillet corné, l'autre interne ou feuillet muqueux^ le troisième
est intermédiaire et pour cela désigné sous le nom de feuillet moyen. Le
feuillet corné, encore appelé feuillet sensoriel^ produit les épithéliums
extérieurs et leurs annexes, les ongles, les poils, le cristallin, qui est uii
organe épithélial. Les glandes de la peau, les mamelles, les glandes lacn
maies se développent à ses dépens, et de sa partie centrale proviennent le
système cérébro-spinal et les organes des sens. Ainsi le rôle physiologique
de ce feuillet est des plus étendus et des plus importants. Le feuillet mu-
queux engendre les épithéliums de lappareil digestif, les éléments cellu-
laires des glandes stomacales et intestinales et de toutes celles qui, comme
le foie, le pancréas, etc. , communiquent avec le tube digestif, Vappareil
trachéo-bronchique, les reins , la thyréoïde et le thymus. Le feuillet
moyen produit la charpente de Torganisme, à savoir tout le groupe des
tissus de substance conjonctive, la lymphe avec son système compliqué
de canalicules, enfin les glandes lymphoïdes ou vasculaires sanguines, y
compris la rate, puis les vaisseaux, le sang et les muscles.
Quoique généralement acceptée des physiologistes, cette apprécialiou
du premier développement de l'embryon parait devoir être notablemeut
modifiée, si les recherches récentes de His viennent à se confirmer. Cesre-
cherches tendent à établir que le disque proligère (blastodermique), auquel
cet auteur donne le nom d'archiblaste, fournit le système ner>'eux, Tépi-
derme des glandes, les muscles, etc. , tandis que le sang et toutes les parties
appartenant à la famille des tissus connectifs proviennent d'un parablaslc
ou vitellus blanc dont les éléments cellulaires ne participent pas au phéno-
mène de segmentation. Dans celte manière de voir, le tissu conjonctif cl
vasculaire, sorte de gangue au sein de laquelle reposent les éléments de>
autres tissus, serait nettement distinct de ces derniers, et, par suite, dèsU
période prodromale du développement on constaterait déjà l'indépendanoe
des vaisseaux et du parenchyme, de ce qui nourrit et de ce qui est nourri,
(ielle indépendance existe réellement dès que le système vasculo-sanguin*
Varea vasculosa, est constitué, car sitôt qu'un nouvel organe se dessine
dans la masse des cellules embryonnaires, ou qu'une accumulation d'élé-
ments spécifiques fait pressentir qu'un muscle, un nerf, une glande, etc.,
est en voie de se former, le sj stème vasculaire y envoie un prolongement
en forme d'anse cl s'eni|>are en quelque sorte, au nom de tout le système,
de la formation nouvelle ; or, chaque nouvelle fonnalion vasculaire prove-
{'.ONSIDERATlONâ r.KKKRlLBS. 3S
"prèexislante, il <>ii résulte qu» l'unilé el l'iiidépendancf!
ilii système sont gai-anties.
'il point non moins sujet û contestation parmi les hislologistes, c'est
[interprétation du mode de formation des tissus définitifs aux dépens des
nltules primitives du blasludorme ou cellules embryonnaires. Deux
ilifories. qui n'ont peut-être d'autre tort que d'tUre par trop esclu-
uves, se partaient les esprits : d'une part la théorie de la formation libre
des cellules ou parties élémentaires (génération équivoque) ; d'autre part,
la théorie de la génération par l'intermédiaire de cellules préexistantes
(^léralion cellulaire). La premièi'e de ces théories, à laquelle se rattache
leoom de Schwann (1], trouve un appui dans les recherches embryolo-
îiques de C. Vogt (18il et 18/i2), d'après lesquelles les cellules qui se
transfbmienlen tissus définitifs naîtraient ^es détritus des sphères de seg-
rariiialion par formation libre, comme aussi dans Iiis observations plus ré-
'iiil^j de Ch. Hobin et de Weisniann. Suivant le professeur Itiibin, cham-
|Hfiii résolu de cette doctrine, les cellules embn onnaires ont pour i-ôle non
|i.b il<> se transformer, mais d'élaborer les matériaux nécessaires à la nais-
MDce des éléments déHnitifs de l'embryon. Arrivées au dernier terme de
liui' évolution, ces cellules passent directement pai- liquéfaction graduelle
i l'état de blastème, et c'est dans ce blastème que naissent peu à peu les
«léments qui doivent persister el constituer le nouvel être. Kn fait, écrit
tt professeur, « ce que l'on a dit du rùlc des cellules embrvonnaii-es,
nMnme point de départ de l'apparition de tous les éléments anatomiques,
im\ fire rap[)orté en général aux noyaux cinbr\'oplasliques, avec cette
ptrticularité que ces noyaux ne viennent pas des cellules embryonnaires
eiqnc ce ne sont pas eux qui se métamorphosent en libres, tubes, etc.,
nmme ou le disait du corps des cellules. I Is ne sont pas non plus le point
fcdépart d'une cellulequi deviendrait ensuite fibre, ou tube, ils ne sont
i\K le centre de génération de tubes, de fibres, chacune de ces espèces
ilelèmcnts oITranI, dès l'origine, des caractères qui la distinguent de
Imite autre. » I^ seconde de ces théories, dont Remak est l'auteur, est
soutenue et défendue par Virchow, Kullilier, Donders, etc. Parlant de cettr
ïdiV' que l'ovule est une véritable cellule (2), Remak en fait dériver par
(1) Scbwtim, Microicap. Vntfraicliuiigrn ûbmiie i'eberaailimniung in der Slruckluy
mJAm Waehtthum drr Thitreund P/tatizm. Berlin, 1838-1839. — Rfchtrches nir la
imfiinnili' <fc tlruclurt et d'aeeroùaetneni den aaunaui el des planter. (Ann. te. nul.,
tUX.t.XVII,p. 5.J
(tj Dcpni* II* inlfreuiintci rccherchei de Balbiari lur ici ovutea de diOïrcntra eipicea
■Àûltl. ridcntilé qu'on ■ youIu (établir entre l'otule et une cellule n'Mt |itus icccp-
liMe; néuiminni U thvorie cellulaire n'etl pna pour cela rentcncc : ce qu'on a dit de
:' ". nie poumil en effet ('appliquer ii la celtutc embryogènc.
Trail* d'Anal, I. — 8
I
l!;
fi
Zà ANATOMIS PATHOLOGIQUB.
phénomène de segmentation toutes les cellules de Tembryon. Loin de
réter aux cellules du blastoderme, la segmentation se continue dan
cellules embryonnaires, et les éléments des tissus seraient formé
segmentation cellulaire au lieu d'apparaître au sein d'un blastème
stitué par la dissolution des cellules blastodermiques. Cette multiplie
s'opère suivant trois modes, par scission ou scissiparité, par bourge<
ment et par formation endogène ; mais ces modes ne sont pas esseni
ment distincts, du moins si, avec Max Schultze, de Recklingfaai
Kuhne, Beale, on considère la cellule jeune comme une masse de (
plasma renfermant un noyau, au lieu d'y voir une membrane d'envel<
un contenu plus ou moins liquide, un noyau renfermant un ou plus
nucléoles. La cellule, en tout cas, est Tunité morphologique essen
de l'organisme, sa partie véritablement active ; c'est l'élément qui pr
à toutes les fonctions et qui subit spécialement les altérations. Toul
je n'ai pas à faire connaître la composition de la cellule, la différenc
ses formes et la multiplicité de ses fonctions ; on trouvera des déta
ce sujet dans les traités d'histologie normale.
Le groupement régulier et la métamorphose des cellules constitue]
tissus, et ceux-ci, suivant qu'ils proviennent du feuillet moyen ou des
autres feuillets, se divisent en deux grands groupes : \estiisus végétât
les tium araniatiXy destinés, les premiers aux fonctions de la vie de nutr
oo végétative, les seconds aux fonctions de la vie sensorielle ou anii
Au groupe des tissus végétatifs appailiennent le sang, les vaisseaux et
les tissus de substance conjonctive. Placé dans un ordre hiérarchique
élevé, le groupe des tissus animaux préside aux mouvements, aux se
tions et aux actes intellectuels. Ces tissus se distinguent par la préi
de fibres ou de tubes venant s'ajouter aux éléments cellulaires qui
ou isolés ou réunis par une substance fondamentale peu abondante,
posés suivant un mode particulier et adaptés à une fonction déterm
les tissus constituent les organes, et ceux-ci, groupés à leur tour de I
à présider aux grands actes de la vie, forment les appareils.
La structure des organes est généralement peu compliquée. Les
comme le corps vitré, ne sont composés que d'un seul tissu ; k« tu
formés sur un modèle commun, renferment un tissu propre* en qut
sorte spécifique, ot un appareil vaso-nutritif consistant en une <
pente conjonctive, des vaisseaux H des nerfs. Cette compositioi
la plupart des viscères est importante à connaître, car, en nous moo
des éléments communs dans des organes distincts, elle nous pernM
comprendre comment ces organes sont susceptibles, sons Tînli
d'une même cause, de subir des lésions identiques.
^^^^^^^^^[' COKSIDéRATIQNS OÉKÉHALES. 36
Le mode de développement des organes» il faut bien l'avouer, nous est
[ifi) connu, celui des os excepté. Cependant il importe de déterminer le
nlle que jouent, à i-e point de vue, d'une part les éléments analomiques
sp^ifiques, et d'auti-e part le sang, les vaisseaux et le tissu conJoncUf
Jont l'union constitue pour ces éléments un véritable appareil de nutri-
l»ii. Les vaisseaux, qui sont les organes les plus importants de cet appa- "
riil, peuvent se fonner de trois nianiêi-es (Biltrotli). ta première ou for-
mtiun primaire s'observe dans Im-ea vasculosa et consiste en une trans-
turmatioD des cellules du tissu enibrvonnaire en globules sanguins rouges
pl PU éléments constitulUs des parois. Les cellules embr; onnaires se
limupent. dans certaines directions déterminées, en cordons épais; celles
i|ui sont dans l'axe se colorent en rouge et deviennent mobiles dans un
liquide dair qui s'accumule autour d'i-IJes, tandis que celles qui sont ■
simées à la péripbi'rie ne deviennent pas mobiles et represenlenl la paroi
vASculaire. Le c^nal endothélial constitué, le vaisseau a acquis une forme
dÉliuitive, et Je développement d'une nouvelle anse vasculaire n'est pos-
sible que par un refoulement de l'endolbélium. On voit alors en certains
pDdroits les capillaires perméables au sang se couvrir d'appendices ter-
minés en cul-de-sac, qui augmentent peu à ]wm , s'infléchissent et se
Muissent deux à deux, de fa^-on à Former une nouvelle anse vasculaire.
L*' tissu conjonclir n'est tout d'abord que le tissu embryonnaire qui,
[icnislant entre les vaisseaux sanguins et les éléments fonctionnels, se
tmuTe en plus ou moins glande abondance dans les différents organes.
'^ peine visible dans les l'élus et les testicules, il parait faire dé-
k»l dans l'aciuus hépatique, où les parois capillaires en tiemient lieu.
^ Ussu enveloppe les vaisseaux sanguins comme d'un manteau et con-
'inue leurs parois dans les interstices des éléments organiques sp«''cifiques;
Mini au système vasculoso-sanguin, il forme cette charpente complexe
<iuis laquelle sont enchâssés tous les autres éléments du corps. Il est
gméralemenl admis que chaque nouvelle pui-tion de tissu conjonctif qui
** forme exige une certaine quantité de tissu embryonnaire consistani en
fK'tiU-s masses de proloplasma munies di' noyau et dépourvues de mem-
litane pntpi-e. et que ce tissu se produit partout où le besoin d'une ainpli-
^ralion de l'appareil de nutrition se fait sentir, à tel point que cet apgm-
"■il Si'mblerait engendi-er lui-même le tissu conjonclif i-mbnuimaii-e,
propriété qui, si elle était réelle, ne manquerait pas d'imptirlauce au
[wiiil di- »Tie de l'accroissement des tissus pathologiques. Les vaisseaux
lymphatiques apparaissent peu après les vaisseaux sanguins et sont con-
slilues d'après un même plan. 11 existe peu de donuéi's positives sur le
développement dos glandes Ijiophatiqueset sur celui de la rate, qui
M
36 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
rapproche de ces glandes. Constitué par ces différentes parties, l'appareil
vaso-nutritif renferme des cellules fixes et des cellules mobiles. Les pre-
mières comprennent les cellules endothéliales des vaisseaux sanguins,
des vaisseaux et des espaces lymphatiques, celles des cavités séreuses, les
cellules atiastomosées et étoilées du sinus lymphatique et de la pulpe splé-
• nique. Les secondes sont représentées par les globules rouges et les glo-
bules blancs du sang. Ces derniers, en traversant les parois des vaisseaui
avec le liquide nourricier, constitueraient, suivant quelques auteurs, les
cellules migratiles des tissus conjonctifs et se mettraient à la disposition
des organes en voie d accroissement pour leur fournir un matériel tout
préparé, ou bien retourneraient dans le sang par les vaisseaux lympha-
tiques (Uindfleisch). Il résulterait de là que les cellules fixes provien-
. draient des cellules mobiles^ lesquelles, à leur tour, auraient vraiseraW*-
blement leur origine dans les cellules fixes parenchymateuses des glandes
lymphatiques et de la rate, ce qui constituerait un véritable cercle de for-
mation.
Inutile d'insister sur le développement de toutes les formes de tissus
conjonctifs et de leurs dérivés ; disons toutefois que l'accroissement des
cartilages se fait, en partie par multiplication cellulaire intérieure, en
partie par formation cellulaire périphérique, et que le tissu osseux, forme
tantôt aux dépens du cartilage transfonné en tissu embryonnaire, lant<M
aux dépens du tissu conjonctif, s'accroît par l'intermédiaire du périoste,
à la face interne duquel se produit une couche de tissu conjonctif jeune
destiné à se transformer en os.
Les fibres musculaires naissent des cellules embr>onnaires qui se trans-
forment en éléments fusiformes ou rubanés, tandis que leurs noyaux
prennent la forme de bâtonnets allongés ; telles sont les fibres-cellules
contractiles. Quant aux fibres musculaires striées, elles sont formées paf
une seule cellule qui s'allonge par la nmltipliaition de ses noyaux etb
transformation de sa substance intérieure (Kolliker). Malgré le silence des
auteurs sur la production des cellules embryoïmaires destinées à la forma-
tion de nouveaux tubes primitifs, et le doute qui plane toujours au sujet
de la régénération des fibres musculaires dans les sections de muscles, il
est incontestable que celle régénération peut avoir lieu à l'état patholo-
gique et qu'elle se produit dans la myosite typhique.
Le développement du tissu nerveux est un des points les plus obscui^
de l'histologie. Le cerveau et la moelle épinière se développent aux dé-
pens des cellules de la couche supérieure qui limitent l'axe embrjon-
naire. Le point d'origine des nerfs périphérique est inconnu; après a^
cru que l'accroissement des fibres nerveuses se fait surtout par appositi<^
l
cellules embryonnaires, on a cherché, dans ces dernifirs temps, u
établir que la progression des branches nerveuses dans les parties
du corps qui s'accroissent, el l'allongement qui en résulte, tiennent h un
BiC^roissement des exlrémités sans apposition de nouveaux éléments.
Itesser soutient que toutes les cellules ganglionnaires qui se forment ullé-
wurenient préexistent comme no>aux de la neuroplii' et se trouvent
Ji'jâ dans l'organe primitif.
Li> mode dp développement el de renouvellement des épithéliums est un
|irol)lèrae qui n'a jias encore de solulioii exacte. A ce point de vue on
peut considérer que les épithéliums sont formés de deux couches qui
sVleiident l'une vers l'extérieur, l'autre vers l'intérieur. La première, ou
touche cornée, revôt toute In surface libre extérieure de l'organisme qu'elle
fralêge contre les influences extérieures. La seconde tapisse les cavités
cfpiwées dans le parenchyme du corps : c'est elle qui forme les glandes.
Sur k côté du feuillet épithélial tourné vers le système vaso-nutritif, ap-
paraissent des bourgeons cellulaires qui se ramifient vers la profondeur
el se ci-eusenl à partir de leur surface libre. Le tissu conjonclif interstitiel,
Ruisseaux sanguins et lymphatiques, affectent une disposition en rapport
Hl les formes des tubes glandulaires qui ont le rûle actif, .ailleurs, au
^hnire, c'est le tissu conjonclif et les vaisseaux qui agissent pour pro-
luire les papilles et qui semblent pnwider à l'accroissement, l'épithélium
in' constitue qu'un «induit protecteur. Les cellules épithétiales nouvelles
naissent dans la partie la plus rapprochée du tissu conjonctif el sonl en-
suite repoussûes vers la périphérie par les cellules qui se développent
dprriére elles. Mais, si le point où elles ont leur origine est connu, la
question de savoir si ces cellules proviennent de la division des cellules
Buciennes. ou bien si elles sortent successivement du tissu conjonctif, est
loin d'être résolue. IVabord, la constatation de la division directe des cel-
lules épithéliales ne peut être niéeniaffirm€»e;elleeslen tout cas tW-s-rare.
I> un autre cùté, on ne peut méconnaître que les jeunes cellules épithélialea
'i'ïpparaiss<mt que lii où il existe déjà des éléments épilhéliaux, en sorte
qui', si l'accroissement et la régénération des épithéliums peut se produire
>ui dépens des éléments conjonctifs, il faut nécessairement que ces élé-
UK'nts soient mis en présence des épithéliums et subissent une soi'te
d'influence épîthélique, comité cela paraît exister dans la gi-effe épider-
Ine fois constitués, tissus et organes se nourrissant et continuent leur
TOroissemenl par l'augmentation du volume des jiarlies étémeiilarres et
[«r Ih multiplication de ces mêmes parties. Le premier de ces modes est
k vérifier, il suffit pour cela d'examiner les cellules cartilagineuses et
^k-
38 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
adipeuses, les tubes nerveux d'un enfant nouveau-né et d*un adulte; alors
on constate, conune Harting s'en est assuré depuis longtemps, une diffé-
rence marquée de volume au préjudice de Fenfant. Le second mode se
révèle facilement aussi par Texamen des tissus cartilagineux, qui, nous le
savons, permettent de suivre le fractionnement et la multiplication des
cellules à l'intérieur des capsules du cartilage. Ainsi l'accroissement a
lieu de deux façons, par hypertrophié et par hypergenèse.
Les organes ne s'accroissent pas tous au même moment et dans le
même espace de temps. Quelques-uns , conune le thymus, atteignent le
degré le plus élevé de leur développement pendant la vie fœtale ; d'autres,
au contraire, à l'état rudimentaire jusqu'à la puberté, prennent tout à
coup un accroissement rapide en rapport avec une fonction déterminée,
de telle sorte que la durée de chaque organe est en réalité suboixlonnée à
sa fonction. Ainsi voit-on chez le môme individu des organes à des phases
diverses d'évolution, les uns en voie d'accroissement, les auti^es en état
de déchéance, circonstance qui n'est pas sans importance au point de vue
pathologique, car elle donne la raison des altérations plus spéciales de ces
organes à des époques déteiminées de l'existence. Le développement géné-
ral de l'individu arrive à son apogée vers l'âge de vingt-cinq ans. L'homme,
à cette époque, est parvenu à une période de statu quo qui est pour lui la
phase de la reproduction. N'ayant plus à accroître son organisme, il devient
apte à la conservation de l'espèce. Les parties élémentaires des tissus con-
tinuent de se nourrir, mais elles ne subissent plus aucun changement
appréciable par nos moyens d*investigation, la plupart des forces vives
de l'organisme semblent se concentrer vers l'importante fonction du
moment. Cette phase de l'existence a son terme : les matériaux, conti-
nuant toujours à affluer, finissent par ne plus augmenter que la masse,
suivant la juste remarque de Buffon; alors commence une série de méta-
morphoses élémentaires inverses de celles qui précèdent, c'est la période
(le déchéance ou de décroissance organique.
IL — Les modifications propres à cette dernière phase de l'être humain
sont soumises à deux circonstances spéciales, l'âge des individus, leurs
conditions d existence : hygiène, régime, exercice, maladies, etc. Si l'âge
seul pouvait exercer ici son influence, il en résulterait que les caractères
de la vieillesse se manifesteraient constamment à la même époque ; mais
il est loin d'en être ainsi, et les conditions qui viennent d'être signa-
lées ne manquent pas d'imprimer à l'organisme des modifications qui
apparaissent à des âges différents de la vie, beaucoup plus tôt, par
exemple, chez les individus qui ont fait des excès, que chez les individus
C0N8IDÉIUTI0NS GÉNilUUS. 39
sobres, en sorte qu'il est vrai de dire que la vieillesse (1) est toujours
relative.
Loin d'avoir des caractères identiques, ces changements de structure
ont plusieurs modes, ils se rattachent à des types assez distincts qui sont
isolés ou simultanés. L'un de ces modes consiste dans l'infiltration des
cellules par des gouttelettes homogènes, transparentes, donnant par l'acide
acétique un précipité qui ne se redissout pas dans un excès d'acide
(mucine) : le corps de la cellule devient trouble, se dissout peu à
peu, la membrane, quand elle existe, peut se rompre en laissant échap-
per son contenu ; les cellules épithéliales et les globules sanguins sont
particulièrement exposés à ce genre de modification connue sous le nom
iedégénérescenee muqueuse. D'autres bis, la substance qui apparaît au sein
des éléments cellulaires, également homogène et réfringente, mais plus
résistante que la mucine, ne précipite pas par l'acide acétique (substance
collofde) ; les cellules conjonctives des plexus choroïdes et les éléments
cellulaires de la glande th>Téoïde sont le siège ordinaire de cette seconde
forme de dégénérescence dite coUoide. Dne troisième forme consiste dans la
présence d'une matière homogène albuminoîde qui possède la propriété
de se colorer en rouge acajou par l'eau iodée. Elle se rencontre dans les
disques intervertébraux, la symphyse pubienne, les articulations stemo-
claviculaires, les artérioles et différents viscères. Une quatrième est due à
l'infiltration des éléments anatomiques par des gouttelettes ou des granu-
lations graisseuses, infiltration en vertu de laquelle ces éléments augmen-
tent de volume, se déforment et plus tard s'atrophient peu à peu ; non-seu-
lement les cellules de la vésicule de de Graaf, organe appelé à disparaître
après l'accomplissement de sa fotiction, mais encore la plupart des éléments
cellulaires spécifiques du corps humain arrivent à subir cette modification.
Dans certains cas c'est un dépôt de pigment sanguin qui infiltre les parties
élémentaires et principalement les cellules épithéliales des poumons, des
^andes lymphatiques, de la rate et du foie, les cellules nerveuses du cer-
veau, les ganglions du grand sympathique.
Les éléments histologiques enfin s'imprègnent parfois de sels cal-
caires, phosphate ou carbonate de chaux, ce qui les rend rigides et
m^ obstacle à leur fonctionnement. La conséquence de ces modi-
fications se manifeste dans les organes par un changement de colo-
(1) Les principales causes de la vieillesse prématurée sont Tabus des boissons alcoo-
liques, les excès de tout genre, principalement ceux de la table, le défaut d'exercice
muscolaire; en un mot, tout ce qui tend à diminuer les combustions contribue à bâter
cette période de la fie. H est possible aussi que certaines influences héréditaires y contri-
Iment également.
hO ANATOMIK PATHOLOGIQUE.
ration des tissus, qui revêtent généralement une teinte grisàti*e (dégéné-
rescence dite amyloïde), jaunâtre (dégénérescence graisseuse), ou noirâtre
(altération pigmentaire), en dernier Heu, par une atrophie qui tend à se
généraliser(l) et qui a pour conséquence une diminution du poids total
du corps.
Ce serait une erreur de croire que cette atrophie frappe indistincte-
ment toutes les parties élémentaires d'un même organe. Les éléments
propres ou spécifiques sont généralement les plus affectés ; la trame qui
en constitue le squelette ne participe pas au même degré à ce travail de
destruction lente, on la voit même dans certains viscères tels que le foie,
les reins et le cer>'eau, prédominer sur les éléments spécifiques. Mais
c'est là sans doute le résultat de l'oblitération ou de Taltération des petits
vaisseaux qui la parcourent. De même, tous les organes sont loin de pré-
senter un état de décrépitude également avancée; souvent celle-ci se
manifeste d'une foçon plus spéciale sur tel ou tel autre système suivant
la nature des influences extérieures subies par Torganisme. Ainsi, le sys-
tème digestif se modifie plutôt chez les gros mangeurs, les systèmes ner-
veux et circulatoire chez les individus à passions vives. Mais il ne faut
pas oublier qu'en raison de l'intime solidarité qui réunit tous les actes de
l'organisme, le trouble développé dans l'un de ces systèmes ne tarde pas
à se répercuter sur tous les autres et à généraliser ses efliets. Toutefois, si
les excès sont nuisibles, il importe d'ajouter qu'un exercice modéré des
organes est utile à la santé; c'est ainsi qu'un exercice continu et bien
entendu des facultés intellectuelles conduit presque toujours à une longue
et belle vieillesse.
Des modifications chimiques correspondent aux changements morpho-
logiques subis par les tissus organiques ; elles mériteraient une étude
plus complète que celle qui en a été faite jusqu'ici. On sait d'une façoD
générale que la quantité d'eau diminue avec Tàge , tandis que les
substances minérales augmentent ; les cendres qui, chez le fœtus, consti-
tuent 1 0 0 du poids du corps, forment plus tard chez l'adulte 3,5 et 6 0/9
de ce même poids, et cette proportion augmente encore à un âge plos
avancé.
La composition du sang offre des différences dans les âges extrêmes de
la vie ; chez le fœtus, d'après Denis, le sang aurait la même composîtioi
que le sang placentaire fourni par le cordon. Andral et Gavarrel oat
(1) D'après Quetelet, l'homme aUeint son maximum de poids >ers qvarmole aai; '
commence à diminuer à soixante ans, et à quatre-nngts ans il a perdu 6 IdlafriH**
en moyenne. Chex la femme, le maximum de poids existe à cinquante ans. (A. QmHà^
Swr t homme et le développement de ses facultés, Paris, 1835.)
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRA LBS. Ui
prouvé que dans le sang des nouveau-nés il y a prédominance des
globules, qui tendent à diminuer peu après la naissance, tandis qu'il
se produit un accroissement du sérum. Dans la vieillesse, la propor-
tion d'eau augmente, les quantités de globules et de fibrine diminuent,
et il y a élévation progressive du chiffre de la cholestérine (Becquerel).
Ces résultats généraux ne nous Tout connaître aucun des change-
ments chimiques qui se pi'oduisent dans chaque organe envisagé en
particulier, et nos connaissances sur ce point sont fort incomplètes. Pour-
tant, d'après les recherches de Bibra, confirmées par celles de Schloss-
berger, les matières gi*asses qui entrent dans la constitution du cerveau
éprouvent avec l'âge une diminution notable, tandis que la proportion de
l'eau et celle du phosphore s'accroissent. Dans les os la quantité d'eau et
la proportion des matières organiques diminuent, lorsque la graisse et
les matières minérales augmentent.
Ces changements de la structure et de la composition chimique des par^
ties élémentaires donnent lieu à des modifications importantes dans l'as-
pect des difierents organes. La peau porte d'wie façon toute particulière
l'empreinte des modifications amenées par l'âge, elle devient terne, d'un
{nis mat, perd son élasticité, se ride, s'atrophie, se dégarnit de poils. Sa
couche cornée est sèche et rigide, quelquefois fendillée, épaissie ; au con-
traire, les cellules du réseau de Malpighi sont amincies, ratatinées, infil-
trées de pigment. Le derme subit des dégénérescences diverses (colloïde,
pigmentaire, etc.); ses papilles s'atcpphient , ses fibres musculaires
lisses s'infiltrent de dépôts granuleux abondants, et de là, sans doute,
la cause de la diminution de leur contractilité. Les vaisseaux sont les
uns rétrécis, oblitérés par une infiltration hyaline, les autres dilatés ;
les nerfs sont aussi modifiés. Les glandes sébacées, ou tendent à dispa-
raître ou se transforment en poches kystiques aux endroits où il n'existe
que des poils de duvet. Aux endroits couverts de poils solides, ces
glandes, dilatées, conservent leur structure acineuse et renferment un
smegma normal ou brunâtre. Les glandes sudoripares, élargies dans
quelques cas, ont leurs conduits fortement sinueux, elles renferment
souvent des amas d'une matière brunâtre ou jaunâtre, provenant de leur
sécrétion. Dans ces conditions anormales, la peau est exposée à des
altérations diverses, à des excroissances vemiqueuses, à des hyper-
plasies épidermiques , notamment à l'épithéliome qui ne s'observe
jamais dans le jeune âge. Le tissu adipo-cutané est souvent atrophié,
s'il n'a disparu ; mais dans quelques cas la graisse persiste, augmente
môme, et de là deux catégories de vieillards, le vieillard maigre et le
vieillard gras.
42 ANATOMIE PATHOLOGIQUB.
Le système lympliatique n'échappe pas à ces changements; ses vais-
seaux s'oblitèrent, la rate et les glandes lymphatiques s'atrophient H
cessent en partie leurs fonctions. Le système sanguin y prend une put
active; les artères sont le siège d'un dépôt graisseux, d'un épais-
sissement avec ou sans infiltration calcaire qui modifie leur élasticité
et leur contractibilité. Le réseau des capillaires sanguins s*appaiivrit
progressivement dans les viscères, la peau, les muqueuses. Les veines
s'altèrent relativement moins que les artères, cependant leurs parois
s'amincissent assez généralement et leur calibre s'élargit. Le cœur, par
contre, subit des modifications importantes. Il revêt assez généralement
une teinte jaunâtre due à l'altération granulo-graisseuse des fibres muscu-
laires qui le constituent. Ses parois, devenues friables, s'amincissent
à droite, tandis qu'à gauche elles s'bypertrophient souvent tant à caose
de la résistance apportée par le système artériel dont l'élasticité est dimi-
nuée, que par suite d'un certain degré d'anémie, et de l'épaississement
des valvules. La masse du sang diminue quelquefois d'une façon notable,
d'où, une capacité ventriculaire moindre, un resserrement des parois du
cœur qui ont à tort fait croire à une atrophie ou encore à une hypertro*
phie concentrique de l'organe.
Des modifications importantes surviennent dans le tube digestif tout
entier. Non-seulement les glandes, mais les villosités intestinales tendent
à l'atrophie,, et les tuniques intestinales elles-mêmes diminuent d'épais-
seur et deviennent plus transparentes; le foie et le pancréas diminuent
également de volume par le fait de la modification de leurs éléments glan-
dulaires. Les reins offrent une surface en général irrégulière, bosselée, gra-
nuleuse, ils sont petits, fermes, indurés; les parois vasculaires et souvent
aussi la trame conjonctive sont épaissies, tandis que l'élément sécréteur
est atrophié ; aussi la couche de substance corticale est-elle le plus souvent
amincie. Les poumons sont peu vasculaires et plus légers (1), leurs vési-
cules sont dilatées; ils sont le siège d'un certain degré d'emphysème qui
nécessairement met obstacle à l'hématose. Les organes génitaux se modi-
fient et s'atrophient chez la femme vers l'âge de cinquante ans ; chei
l'homme sobre au contraire ils ne subissent de changements que beau-
coup plus tard.
Les muscles de la vie animale sont généralement peu colorés, leurs
(1) Chex une femme morte de pneumonie à l'âge de quatre-yingt-dix-sept ans, Im
▼ésicules pulmonaires étaient infiltrées de masses amyloïdes grisâtres semi-transparentes.
Des deux poumons, le droit, qui était enflammé, pesait 590 grammes, le gauche seule-
ment 230; le rein droit pesait àb grammes^ le gauche, 50 grammes; le ccenr,
210 grammes; le foie, 680 grammes, et la rate, 20 grammes.
rONStDËRinONS CBNBBALES. '
tlt'menls sonl pûles, de petite dimension , quelquerois iufihrés de graiiu-
lilions graisseuses ; les muscles de la vie organique sout amincis et dé-
colorés. Le système nerveux jiarticipe à ce désordre général, el cela d'une
(içon tellement sensible que te volume, le poids et la densité de la masse
nerveuse sont presque toujours diminués.
Le système osseux présente des modifications constantes qu'il est im-
possible de nier, attendu qu'elles se traduisent invariablement par une
dimînutîan de poids et de densité. Crlli'-d, qui t'st, suivant Tourdes {Gaz.
wid. de Strasbourg, \" mai 1871), de 1,736 dans l'âge moyen, tombe à
l,S36 dans l'Age avancé. 11 serait intéressant de montrer les parties de co
Ijslème qui sont les plus exposées à l'atrophie sénile et les conséquences
decettealropbie sur les dimensions des cavités naturelles, le bassinet
lecrtne, par exemple, si nous ne devions nous borner à des indications
générales. Les eartifages ai'ticulaires forment une coucbe moins épaisse
et moins régulière que dans l'Age adulte, toujours par suite de l'alrophi*'
lie leurs éléments cellulaires dont les rapsuli's sont au conlraiii! (larfois
it|«iissies.
Deb troubles fonctionnels plus ou moins accusés l'époudenl à ces im-
{■ortanles modifications. La fonclion respii-atoire est amoindrie dans sou
nsetnblo, ce qui s'exprime par la diminution de la quantité d'acide car-
Imiquc exhalé et par l'augmentation du nombre des respirations. De
que l'acide carbonique, l'unie rendue dons les vingt-quatre heures
en quantité moins considérable chez le vieillard que chez l'adulte ; la
des sécrétions s'amoindrissent, el particulièrement les sécrétions
\ spermatique et sudorale ; l'absorption diminue, et comme d'auti'e
les globulrs sanguins se modifient et tendent ii se détruire, il en
Ile que la masse sanguine est moins considérable ; d'où la fréqueno!
JB la circulation, l'hypertrophie relative du cœur, etc., l'alTaiblissement
ieU locomotion el des facultés intellectuelles. Le vieillard tremble, il a
nue marche chaucelaute, hésitante, une physionomie caraclérislique.
Chez lui tout converge vers un même résultat, la régularité el la soli-
<linlé fonctionnelles sont troublées, les causes morbiJiques ont un accès
fadlr, les lésions matérielles son! communes, et il n'est pas toujours
racik- de distinguer ce qui est malade de ce qui est sain, .\insi les solides
suai d'abord altérés, le sang ne larde pas à se modilier, et l'individu assez
beun'ux pour arriver à cette phase de l'existence tombe bientôt dans un
«Tcje vicieux d'où il ne peut se tirer.
En résumé, avec l'&ge, le contenu dea parties élémentaires ou mieux
le protoplasma perd peu à peu sa transparence, il devient grenu, s'in-
filtre de pigment; l'albumine qui s'y trouve renfermée offre une len-
hh ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
dauce de plus en plus grande à se transformer en graisse ou en d*autres
substances ; il résulte de ces modifications que peu à peu les éléments cel-
lulaires tendent à se désagi*éger ; c'est déjà un commencement de h
dissolution générale et le passage de la matière organisée à une autre
forme. Le corps, selon lexpression de BufTon, meurt peu à peu par pw-
ties, son mouvement diminue par degrés, la vie s'éteint par nuanm
successives et la mort n'est que le dernier terme de cette suite de degrés, ^
la dernière nuance de la vie.
L'organisme alors, cette individualité admirable, cette unité cellulaire ;
dont nous venons de suivre la merveilleuse évolution, ne s'appartioil
plus. Les germes atmosphériques s'en emparent, il devient leur proie; ^
abandonné à lui-même, il subit sous leur influence, au contact de Tlni*
midité et de l'oxygène de l'air, une série de modifications connues sooi
le nom générique de putréfaction. Cette désorganisation a pour effet <k ■
transformer les composés chimiques les plus complexes en corps de 1
plus en plus simples destinés à servir à leur tour à la nutrition de cequi viL i
La mort dans ces conditions, c'est-à-dire en tant que conséquence »• '
turelle et forcée de l'évolution physiologique, est en quelque sorte Tidéil;
en effet elle est rare. Lorsqu'elle survient, les éléments anatomiques pcff-
tent les traces d'une dégénérescence plus ou moins avancée, et c'est à
coup sûr cette dégénérescence qui, s'augmentant sans cesse par sa pro|rre
influence sur la formation des milieux intérieurs (sang, etc.), est la cause
prochaine de l'arrêt de la vie, par cessation de quelque propriété de
premier ordre, comme la contractibilité ou la neurilité (1). Mais les
désordres apportés par l'âge sont loin d'avoir toujours une évolution
aussi complète; souvent ils ne font que prédisposera des lésions ma-
térielles qui deviennent incompatibles avec l'existence et finissent pir
entraîner une mort prématurée. La stéatose cardiaque, la rigidité des vais-
seaux, deviennent ainsi le point de départ de congestions ou d'héIno^
rhagies. La nutrition modifiée dans les organes les prédispose aux is*
flammations, aux néoplasies et à beaucoup d'autres désoi*dres. Dans ces
conditions, la résistance aux causes morbifiques est moindre, d'où k
mort avant le temps.
(1) Il y a Heu de se demander si les éléments anatomiques ont une mort néceniiie
comme les individus, ou si leur mort n'est pas seulement la conséquence de l'adiia
prolongée des milieux yiciés qui peuvent modifier leurs propriétés pti78ico-chiiiii9*e**
La transplantation permettrait de répondre à cette question. Il suffirait, à Texempli^
Bort, de transplanter successivement sur plusieurs jeunes rats la queue d*ua rat ^
âgé, et si cette queue continuait de vivre, il deviendrait clair que c*ett le mitiee M
non l'élément lui-même qui conduit à la mort.
CONSIDERATIONS GÉNÈiULSS. &5
IJI. — Nous venons de voir que les éléments histoiogiques définitifs
naissent, se développent et s altèrent enfin avec Tàgc de façon à pro-
duire tôt ou tard des désordres fonctionnels incompatibles avec l'exis-
tence. Cet état de l'être humain dont rien ne vient troubler l'évolution
normale est loin d'être constant ; un grand nombre de causes peuvent
amener des désordres matériels variables suivant l'âge de l'individu
chez lequel elles agiront. Qu'en vertu de circonstances particulières,
la naissance ou le développement complet des parties élémentaires
ou des oignes se trouve empêché, retardé, ou exagéré, il se produit
tout un groupe de modifications plus ou moins générales, justement
connues sous le nom d*anomaites de formation et de développement . Il
est facile de comprendre tout de suite combien diverses seront ces alté-
rations, suivant que le désordre portera sur le germe, l'embryon ou
le fœtus : aussi devons-nous admettre d'importantes divisions dans cette
première classe des déviations anatomo-pathologiques. Dun autre côté,
le milieu dans lequel nous vivons, les aliments dont nous nous servons,
certaines qualités innées ou héréditaires, sont autant de conditions qui
peuvent modifier même chez les individus entièrement développés
le fonctionnement nutritif régulier des parties élémentaires, par consé-
quent des tissus et des organes. De là une seconde classe d'altérations que
nous désignerons sous la dénomination d'anomalies de nutrition. Or, ces
anomalies ne peuvent avoir lieu que par excès ou par défaut ; produites
par excès, elles se traduisent par des modifications opérées suivant les
lois qui président à l'accroissement physiologique, et de même que ce-
hii-ci se fait de deux façons, par accroissement et par multiplication de
l'élément histologique, de même les modifications pathologiques de cett(*
pr^mère catégorie se traduisent par l'augmentation ou la diminution de
volume des parties élémentaires : ce sont les hypertrophiée et les atro-
phia; ou par multiplication de ces mêmes parties : ce sont les hyperplasies.
Au contraire, la diminution de l'activité nutritive se révèle par des modi-
fications élémentaires identiques avec celles que déterminent les progrès
de Tàge, modifications auxquelles, pour ce motif, nous donnons le nom
Hhypoplasien. Ainsi le mode suivant lequel les parties élémentaires
de l'organisme s'altèrent, ne diffère pas essentiellement du mode suivant
lequel ces mêmes parties se forment, se développent ou meurent. Acôt<'»
de ces deux grandes classes d'altérations, il en est une troisième qui
intéresse d'une façon spéciale l'appareil de la circulation et le liquide san-
guin, et que nous appelons anomalies de circulation. Viennent enfin deux
groupes de lésions purement accidentelles et locales, déterminées les
unes par des agents chimiques, physiques ou mécaniques, les autres par des
&6 AKATOMIE PATHOLOGIQUE.
parasites tant animaux que végétaux. Nous désignons le premier de ces
groupes sous le nom de traumatisme^ le seconde sous celui de /xirosi-
tisme.
Cette classification des lésions morbides est représenté par le tableau
ci-dessous qui permet d'en suivre Tenchalnement.
CLASSKS
I. — Anomalies
de
formation
et de
développement.
II. — Anomalies
de
nutrition.
SOUS-GLASSES
ORDRES
Monstruosités.
I
Malformations.
/ Hypertrophies et atrophies.
I Hyperplasies
Hypoplasies.
m. — Anomalies de circulation.
IV. — Anomalies accidentelles.
f Monstres omphalosites.
Monstres doubles antositaires.
Monstres doubles parasitaires;
Monstres triples.
Monstres inclus.
Tumeurs cong^énitales enkystées.
f Malformations du système céré-
bro-spinal.
1 Malformations de la face et dn
I cou.
1 Malformations du thorax et de
l'abdomen.
Malformations de Tappareil nro-
génital et de l'anus.
Malformations des membres et
des doigts.
Nanisme et géantisme.
Hétérotaxies.
Phlegmasies«
Néoplasies.
Stéatoses.
Leucomatoses.
Chromatoses.
Galcioses.
Gangrènes et nécroses.
Anémies.
Hypérémies.
Hémorrhagics.
Thromboses et embolies.
Hydropisies.
Lésions parasitaires ou parasi-
tisme.
Lésions traumatiijnes ou trau-
matisme.
(
CONSmiRATIONS GtHBRALIS. &7
L'étude générale de ces classes et de leurs divisions, tel est le but
que nous nous proposons d'atteindre dans une première partie de ce
travail, ou partie générale.
La seconde partie de cet ouvrage, ou partie spéciale, sera consacrée à
I étude, dans chaque appareil organique, de ces mêmes groupes de lésions
et des espèces qui s*y rattachent, c est-à-dire des formes d'altération tou-
jours développées sous Tinfluence d'un état morbide spécial ou par faction
d'agents morbifiques déterminés (1).
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tanaiomie et de la physioloyû' de V homme, etc, t. I, 186/i. — Weisiiann, Die
(1) La claatification des altérations pathologiques a jusqu'ici peu préoccupé les auteurs,
lesdivinons proposées sont d'ailleurs fort di?ergentes. Quoique nous n'ayons pas à faire
l'historique des tendances suivies à ce propos ; cependant nous ne pouvons passer sous
lilence les opinions de J. Cruireilhier. Ce professeur, en effet, n'hésite pas à admettre
l'existence d'espèces anatomi-pathologiques, à l'instar des espèces xoologiques, mais la
âfniflcation qu'il donne à cette expression est très-différente de celle que nous lui
concédons. Les espèces anatomiques morbides, pour ce savant, sont des groupes de lésions
qoi se ressemblent par leurs caractères fondamentaux et qui ne diffèrent les uns des
uitres que par leur caractère secondaire; mais agir de la sorte c'est accorder a l'espèce,
le type le mieux défini, une idée par trop vagu^^ et la confondre avec le genre. A notre
ivb, ce qui en anatomie pathologique caractérise l'espèce, c'est son mode de production,
tt genèse; de même qu'en loologie c*est la faculté de reproduire des individus semblables.
Toatefots^ contrairement aux espèces soologiques, nos espèces anatomo-pathologiques,
ioiyours relativement peu considérables pour un lieu donné, sont illimitées, puisqu'il
luffit qu'un agent nouveau vienne influencer l'organisme pour en augmenter le nombre.
Aa contraire, de même que les espèces zoologiques, nos espèces ont des caractères
constants, identiques, et si parfois les circonstances au milieu desquelles elles se pro-
duisent, comme le climat, l'àge^ le sexe, les professions, peuvent les modifier, il est cer*
tÛB que cet circonstances ne parviennent jamais à les dénaturer ou à les transformer.
us ANATOMIB PATHOLOGIQUE.
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PARTIE GÉNÉRALE
LIVRE PREMIER
IK«n«LIES DE PORnATION E¥ DK DËVELOPPEnENT
Considéi'éos comme des jeux ou des écarts de la nature, comme des
chltimeDts de la puissance divine, les anomalies de l'organisme humain ne
liireDt longtemps connues (|ue par des observations superficielles ou iu-
Moplètes, et les imaginations effrayées, séduites par des ressemblances
iltasoircs et grossières, se plurent à les rapporter à une foule de types
ânnges, honteux ou ridicules. Cet état d'enfance d'une branche irapor-
bolede la biologie se prolongea jusqu'au, commencement du xvjii* siècle.
A partir de cette époque, les anomalies de l'organisation humaine,
mieui décrites, sont soumises à des théories plus natui'eiles et plus
philosophiques. Haller et Morgagni les attribuent à des causes acci-
dentelles ou à des maladies fœtales. Dès le commencement de ce siècle,
Sœnmierring, Meekel, Tiedmann, les deux Geoffroy Saint-llilaire, Serres,
Brescbct, Cruveilhier et beaucoup d'autres auteurs s'appliquent à rap-
porter les anomalies de l'organisation aux lois qui président à la formation
successive des divers organes et appareils ; ils fondent la tératologie sur
ionbnrogénic. Dans son très-remarquable ouvrage, véritable progrès
itilique, is. GfolTroy Saint-Ililaîre démontre que les anomalies de
lismese rattachent à un petitnombrc de types déterminahles, sinon
Cependant, malgré les expériences intéressantes entre-
tucuuui. — Truli d'Anat. \. — U
I
52 ANATOmS PATHOLOGIQUE.
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ANOMALIES DE FORMATION. 53
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ANOMALIES DE FORMATION. 55
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CHAPITRE PREMIER
DES MONSTRUOSITÉS
Is. Geoffroy Saint-Hilaire définit les monstruosités a des déviations *du
type spécifique, complexes, très-graves, vicieuses, apparentes à Texté-
rieur et congénitales, fondées sur Tétat acquis de l'anomalie dont le point
de départ resté oublié i> . A cette définition vague et flottante qui ne précise
ni l'étendue de la monstruosité, ni son origine, ni sa distinction des autres
anomalies de l'organisme, il nous paraît utile de substituer la suivante,
plus rigoureuse : La monstruosité est une déviation du type spécifique,
constituée par l'union plus ou moins intime de produits jumeaux sortis
d'un ovule vicieusement conformé.
Ainsi, des produits jumeaux, ou, en d'autres termes, une grossesse
gémellaire, telle est la condition nécessaire à la formation des monstres.
Il importe donc de bien connaître les conditions de formation et de déve-
loppement de ces produits, puisque c'est de leur anomalie commune que
résulte la monstruosité.
Les individus jumeaux tantôt proviennent de deux ovules, ils sont
alors distincts et contenus chacun dans un chorion particulier ; tantôt
résultent delà fécondation d'un seul ovule, et ils ont un chorion commun,
un ou deux amnios, deux cordons ombilicaux isolés ou réunis sur un
placenta commun. Toujours de même sexe, ces derniers sont générale-
ment normaux et indépendants. Toutefois, à côté des cas où les deux
jumeaux provenant d'un seul œuf sont bien conformés et arrivent à une
complète maturité, il en est d'autres où le développement normal troublé
conduit à la formation d'une monstruosité. Que les allantoïdes, nées des
extrémités inférieures du corps des embryons, viennent à se mettre en
contact de façon à amener l'anastomose des vaisseaux ombilicaux, l'un
des deux fœtus s'atrophiera, et l'on aura une famille de monstres dé-
pourvus de cœur ou acardiaques. Que deux embryons renfermés dans
un amnios commun se rapprochent et se touchent, ils se fusionneront
au niveau des points de contact, et les produits offriront une duplicité
plus ou moins complète, ce qui constituera l'importante famille des
monstres composés. Enfin, que par un phénomène plus rare, mais possible.
MONSTRUOSITÉS. 57
y ait pénétration d'un embryon dans un antre embryon, on oinslatera
!tte anomalie étrange d'un Tœtus dans les tissus ou les organes d'un
Litre individu (fœtus iu fœtu), anomalie qui a reçu le nom d'inclusion
xiale. De là trois grandes classes de monstruosilvs : ■
1» Les monstres acardiaques ou monstres unitaires (imphalosites de
i. Geoffroy Saînt-Hilaire ;
l Les roonsti-es composés, doubles nu triples ;
► Les monstres inclus, desquels nous rapprocherons diverses tumeurs
kûtales enkystées et les kystes dermoïdes.
§ 1-
■ MONSTRES 0MPDA1.0SITES OIJ MONSTRES SIMPLES.
Ile classe cximprend les anomalies les plus graves. Les monstres
ilosiles n'ont pour ainsi dire aucune forme humaine; si quelqucs-
ïïm possèdent des parties reconnais sables, les autres soni ù peu près
ujiL<juement constitués par une masse informe et des organes incom-
[Aîls. Tous vivent d'une vie imparfaite, pour ainsi dire parasitaire, enlrc-
aeulement par la communication avec la mère, et qui cesse dès quu
Ion ombilical est rompu.
conformation exlérieui-e de ces monstres a pour caractères, outre l'nb-
générale de la tête, un défaut de symétrie du corps et un état impar-
membres. L'extrémité supérieure du corps, en général arrondie et
iverte de téguments, ne présente aucune trace de destruction ou
dt cicatrice. Au contraire, il n'est pas rare d'y apercevoir quelques
poils qu'on peut considérer conmie de véritables cheveux, et comme
iporties ^Taiment céphalîques, puisqu'ils correspondent à des osselets
imcDlaires, sous-cutanés, vestiges informes du crâne. Les membres
dques existent dans le tiers environ des cas; ils sont ou rudimen-
1, ou assez développés, mais contournés et difformes. Les membres
Dinaux présentent aussi des imperfections diverses ; rarement i-udi-
aires, ils sont le plus souvent mal proportionnés, inégaux, contour-
tt surtout terminés par des pieds l>ots. Les doigts des membres sont
que toujours mal conformés et courts, quelquefois réunis et privés
^fs; leur nombre est variable, généralement diminué. Les organes
mes de la génération sont dans un état d'imperfection telle que soû-
le sexe ne peut être déterminé.
I grand nombre d'organes font défaut à celte famille de monstres,
Bux qui existent sont ou imparfaits ou même seulement élwuchés.
Oerveau et le cteur manquent souvent ou sont atrophiés ; il en est
Wme des ponmone et de qiiplques viscères abdominaux, le foie, la
I
58 ANATOMIB PATHOLOGIQUE.
rate, le pancréas, clc. Bien qu'isolés à leur sortie de l'utérus, ces
monstres se rencontrent uniquement dans les cas de grossesse gémel-
laire, et à côté d'un fœtus bien conformé, viable. Ils ont toujours le
même sexe que ce dernier. Presque toujours ces jumeaux sont du
sexe féminin. Renfermés dans un même chorion, ils ont un placenta
commun, tantôt un seul, tantôt deux amnios, et un double cordon ombi-
lical ; mais, tandis que les vaisseaux ombilicaux du fœtus bien conformé
se distribuent normalement dans le placenta, ceux de Tomphalosite
débouchent dans ces deiniers. Cette disposition produit chez le fœtos
monstrueux une circulation toute spéciale : le sang qui lui vient, sous la
pression du cœur du fœtus bien conformé, l'alimente par l'intermédiaire
d'une artère ombilicale toujours unique dans le cordon ; puis, après avoir
traversé son système capillaire, il va se déverser par la veine ombilicale
dans la veine ombilicale de ce même fœtus, pour de là se répandre de
nouveau dans les diiïérentes parties de son corps. Ainsi, les omphalo-
sites reçoivent pour leur nutrition un sang qui a servi au fœtus normal,
et qui n'a pu aller se renouveler dans le système capillaire du placenta;
de là sans doute la prédominance du tissu cellulaire chez la plupart de
ces monstres.
Ce renversement de l'appareil circulatoire, que beaucoup d'analo-
mistes ont décrit chez les monstres omphalosites, et qui consiste en œ
que les veines jouent le rôle d'artères et les artères le rôle de veines,
peut rendre compte de la conformation particulière des omphalo-
sites. Suivant Claudius, deux embr\'ons commenceraient à se déve-
lopper normalement dans un seul œuf, mais après la formation de
Tallantoïde surviendrait l'anastomose des vaisseaux ombilicaux, qui,
produisant un courant en sens inverse dans les artères ombilicales, fini-
rait par amener la stase puis l'arrêt du sang dans le cœur du fœlus le
plus faible. Cet organe, ne recevant plus de sang des artères coronaires,
s'atrophierait, et en même temps les poumons. Le défaut d'impulsion
sanguine déterminerait la gêne circulatoire, le retrait, l'oblitération d'an
certain nombre d'artères les plus voisines et l'atrophie des organes aux-
quels elles se distribuent. Dans cette hypothèse, l'oblitération du tronc
cœliaque et de la veine porte rendrait compte de l'absence du foie, de h
rate, du pancréas et de l'estomac. Au contraire, la disposition de l'artère
ombilicale par rapport aux artères iliaques faciliterait l'accès du sangdans
lesextrémités inférieures et les organes du bassin, ce qui permettrait à ces
parties de se nourrir et de pouvoir se développer. De même, les artères q^*
se rendent à la colonne vertébrale, celles qui alimentent les reins, '^
artères mésentériques supérieure et inférieure, conduisent la plupart ^^
MONSTRUOSITÉS. 59
temps une quantité de sang suffisante à la nutrition de ces parties.
L'aorte ascendante recevant son sang du coeur, il est facile de comprendre
que les artères carotides restent vides et s atrophient; ainsi s'explique
l'acéphalie et se trouve constituée la famille des acéphaliens {ace-
phaluSy acardiacus). C'est de la même façon que se fonnent les monstres
paracéphaliens, très-voisins de ceux-ci, dont ils se distinguent par une
tête plus ou moins rudimentaire. Que les branches collatérales de Taorte
s'oblit^nt en même temps, le tronc ne pourra se développer, et il en
résultera un monstre sans tronc (acojuius), réduit à l'extrémité supérieure
ou aux deux extrémités inférieui*es. Si enfin les artères qui émanent de la
partie supérieure et de la partie inférieure de laorte subissent le même
sort, le monstre alors n*a plus aucune forme ; il a reçu le nom de monsti'e
amorphe {amorphta, Gurlt ), monstre anide (Is. Geoffroy Saint-llilaire) (1).
Nous allons examiner chacune de ces divisions, et en même temps
nous indiquerons la division correspondante de la classification de
Is. Geoffroy Saint-llilaire.
I. — Monstres amorphes ou anidiens (2).
Ce groupe comprend les formes les plus dégradées des monstruosités
unitaires. Les monstres anidiens sont des masses plus ou moins
globuleuses, recouvertes d'une peau bien conformée, avec des glandes
ou même des poils ; ces masses sont constituées par un tissu cellulo-adi-
peux, des poches contenant un liquide séreux, des fragments d'os ou des
rudiments de colonne vertébrale et des branches vasculaires aboutissant
(1) C. Dareste rapporte à plusieurs types les différentes formes de la monstruosité
omphalosite qu'il attribue, comme il suit, à des arrêts de développement frappant
l'embryon pendant les premiers moments de la vie.
1* Type des anides. Arrêt de développement du disque embryonnaire avant la forma-
tion de la gouttière primitive. — 2° Type des céphalides. Production d'une tète rudimen-
taire sur un disque rudimentaire complètement arrêté dans la première période de son
eiistence. — 3* Type des héiéroides. Production d'une tête rudimentaire sur un disque
embryonnaire qui continue à s'accroître, malgré l'absence de la gouttière primitive.
— h? Type ies mylacéphales. Formation d'un membre postérieur ou des deux membres
postérieurs sur un disque embryonnaire privé de la gouttière primitive. — 5<> Type des
peracéphales. Formation de la gouttière primitive dans la région postérieure seulement ;
formation des membres postérieurs ; reploiement des lames viscérales. — 6<^ Type des
fKéphales, Formation complète de la gouttière primitive; production des membres antc-
rieun et des membres postérieurs ; reploiement des lames viscérales. — 7° Type des
poracéphaiiens. Mêmes faits que pour le type précédent, avec la formation d'une tète
plus ou moins rudimentaire.
(2) «y privatif, sl^oc, forme.
60 ANATOHIE PATHOLOfifOUE.
ù un cordon ombilicnl composé d'une arltTo cl d'une veine (fig. 1.). Le
corps du monstre n'est parfois qu'une bourse cutanée dont on aurait
peine à déterminer la nature sans
lo cordon ombilical à l'extrémité du-
i]uel celle masse est suspendue
D^ns quelques cas on a Iroure (si
même temps de la substance n«r-
\euse, des muscles irrégulièrement
disposes et un rudiment d'mleslm
circonstance loul à fait propw à
montrer I analogie qui existe entre
Cfs monstres, les monstres idcIiu,
et certaines tumeurs congénitales
enkystées.
FiG, ]. — Hanalre anide. c. Cordon
ombilical ; o, rudiment d'areille.
[ Deisia du professeur Depul. )
(!)■
Ces monslrps fort rares sont com-
posés presque uniquement d'une
tête plus ou moins rudimentaiiti
portant au lieu de cou et de Irow
un appendice en forme de sac, arec
des pièces osseuses d'une forme indéterminée et des viscères nidimcn-
taires. Cet appendice donne insertion au cordon ombilical. I^c crâneetk
cerveau sont incomplètement développés ou rudimentaires. La face ps^
mieux conformée, quoique défectueuse. La moelle épinière est Irfe*'
courte si elle ne fait absolument défaut. Les yeux et les oreilles so**
rudiracntaires. La langue est généralement bien développée. Il exis*
des Imces du larynx, do la trachée, de l'œsophage, et quelquefois
canal intestinal. L'arlére et la veine du cordon ombilical s'annstomosnies~w
dans un c.is, la première avec une espèce de carotide, la seconde av
une sorte de jugulaire.
m, — Munilros acéphaliens (S) et puracéphalicni (3),
Ces monstres, les plus nombreux des omphalosilcs, sont divisés f»
isidorc Geoffroy Sainl-HilaiiT en trois genres, désignés sous les n
(1) i privitlf et «fiio;, Iront.
(2) à privatif et xiçoXA, ttte.
(3) De sv^pà, à cûti^ de, pmqop, i
d'ùJfoXsf, ncfphHlfl,
M
de acéphale,piraeipltak et mylaciphale (fràXn, môle, faux germe, avorton).
Le moDStre mylacëphale (1) a un corps non-seulemeDt irrégulier, mais
eotièremenl dérormé et méconnaissable, terminé supérieurement par une
émiuence rugueuse glabre couverte de poils, et inférieurement par des
prolongements inégaux en volume, mais pouvant présenter quelques ves-
tiges des doigts. Entre ces prolongements existent quelquefois une ouver-
ture allongée, ia vuive et l'anus à l'étal rudimentaire ou même bien con-
formés. En même temps on rencontre des vertèbres, des cales, on même
des rudiments des os des extrémités inférieures, du crAne et de la face;
souvent aussi un certain nombi*» de viscères abdominaux, un canal
intestinal imparfait, des reins, des uretères,
une vessie, un utérus, un vagin, etc. Com-
parés aux monstres des deux divisions précé-
dentes, ceux- ci rappellent davantage la forme
d'un fœtus.
Le monstre péracéphale (2) constitue une des
divisions les plus étendues de la série tératolo-'
gique; il consiste, dons sa forme la plus infé-
rieure, en un tronçon pelvien, avec un ou deux
membres auxquels s'ajoutent quelquefois des
rudiments de pied. Ses organes génitaux sont
incomplètement développés, s'ils ne font défaut.
Dans une forme plus élevée, le bassin, une
partie de la colonne vertébrale et du thorax
eiistent, avec un ou deux membres inférieurs ;
les membres supérieurs font défaut.
Le monstre acéphale est composé d'un corps
privé uniquement de la tête et des organes qui manquent généralement avec
El]e(Gg. 2.).0utre le bassin et les membres inférieurs, il existe chez lui un
thorax surmonté de une ou plusieurs vertèbres cervicales nidimentaires et
)uquel se trouvent attachas un ou deux membres supérieurs. Ceux-ci
(1) C. Dareale, qai & bit coanaitre l'eiiilence dei moDitre* omphalniile* chei IM
nuiu, remarque qu'un tjpe au moini de cci monitrea «'; produil lrèi-fr«qaemmeiit,
ulni de* m jltcéphale*. Tontefoi), }u lieu d'être dittinct comme cbri le* mammirèrei, le
iii]licé^ule dei ou«aax *e trouve uni à ion frère jumeau, par le Tail que Ici oiicaux ne
K léplTent point de leur Titellul, taadii que lei mammiFèreg le léparciit de la tciicule
ombilicale. En effet, forcément eutniaé par le retrait du Titellui dam la cnvilé abdo-
■nule de iod frère jumeau, le mjlacéphale de> oiieaui Tient l'itnptanter dans la i;ral»o
■bdominale de l'indiTidu complet, «toc le tqueletle duquel il ne contracte aucune adhi-
mce, contrairement à ce qui eiiite pour le monilre pjgomèlo proprement dit.
(!) De â»iy«U{ et de Kifo, au delà, outre mcaore.
c, t^rdoo ombilical ;
(Oepaul.}
62 ÀNATOMIE PATHOLOGIQUE. '*
sont la plupart du temps incomplets, et les doigts sont presque toujours
en nombre inférieur.
Les monstres paracéphaliens (paracéphale, omacéphale et hémiacéphale
(Is. Geoffroy Saint-Hilaire) se distinguent des monstres précédents par
une tête imparfaite, plus ou moins atrophiée , offrant un crâne nidi-
mentaire dont la cavité, lorsqu'elle existe, est remplie d'une masse de
tissu conjonctif ou de sérosité. Les membres sont toujours imparfaits et
plus ou moins contournés, les pieds et les mains sont presque toujours
incomplets quant aux doigts.
BiBUOGRAPHiE. — Meckel, Hundbuch dei' path, Atmtomie^ 1. 1, p. 140. —
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pi. IX. — Al. MoREAU, Bull, de la Soc. anat., 1860, p. 146. — Fonssagrive* ^
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{Compt, rend. Aead. des scienrrs, 18 avril, et Gaz. méd., 1864, p. 471). ^
C. Dareste, Sur Voriginv et h' mode d*' dèvelopprmmt des monstres omphakis^^
{Comptes rend. Acad, des sciences, l. LXl, 1865, p. 491). — Ld même, Nom^'
recherch, sur Vorig, et le mode de déeeloppemeni des monstres omphalosites [Comf^^^
MOHSTBUOliETÊS. M
nnrf. AtoA. étâ aeCmcft, 25 od. 1873, et Gtii. méd.,fiZT). — Cornil et Camit.
(il '.as df monstre taiidien (SocUté de biologie el Ga:. mfd., 1866, p. 388). —
Biuntin llicEs el J, Banraht. Dixsect. of aefphalous monsten tvitliout kcnd, liem-t,
'unoi, of liitr (Guy'» Honp. Reportx, sdr. III, vol. Xlll, 1868, p. Ù56). — Oain,
Df.' maischiiche Miimtjcburlen (Afvhiv fur piithol. Amtt. und Physiol., p. 492,
1,111,1872. — GwPAT, BhH. de la Soc. ««,((., l. XVII, 1872).
§2.
■ MUNSTHES COMPOSKS.
Appelés tour il tour monstres par excès, monstres doubles ou triple»,
di|ilogenèsPs, etc., les monstres composés sont des êtres dans les([uels ou
Iruuvt niuiiis les éléments, soit eomplets, soit incomplets, de deux ou
plusieurs sujets.
ùi nionsti-es n'ont jamais qu'un seul chorion et un seul placenta,
uuspul amnios, un ou deux «niions ombilicaux. Leur sexe est toujours
liniiHnc, masculin ou féminin; le sexe rëminîn se rencontre le plus
fn-ijucmnient, puisque, sur un chiffre de 295 cas relevés par A, Puech,
il y a 203 sujets féminins pour 92 sujets masculins. A peu près aussi
cniiiumns chez Thorame que chez les animaux, ils se montrent chez l'un
^la les autres avec des caractères semblables. Disons cependant que
les variétés rencontrées chez Itiommc n'ont pus été trouvées encore
lies animaux, et inversement.
LUftissauce des monstres composes, du moins des plus complexes, a
lent lieu vers le huitième mois de la gestation, et ce fait, qui est
celui des grossesses doubles normales, est quelqu'efois une
de mort pour le produit. Toutefois, il est digne de remarque que
c^lti! anomalie n'exclut (las absolument la possibilité d'un accouchement
■Mil naturel, soit manuel.
W^ trè»-petit nombre des monstres composés sont capables de vivre el
Hwcnir à l'âge adulte; ce sont ceux qui ont une organisation parfais
KtDl binaire et deux vies distinctes, et ceux dont l'organisation est
Wiitaire el la vie simple, comme lorsque l'un des individus étant Ji peu
prés normal, l'autre se trouve réduità l'état d'atrophie el n'est plus qu'une
inerte greffée sur son frère. On conçoit la possibilité de l'existence
deux extrémités de la série oii l'organisation se trouve ramenée
'pe voisin du type unitaire normal. Quand, au contraire, les deux
Gomposimls, d'un dtfveloppeinenl assez égal, sont tellement
lus qu'un certain nombre d'organes sont communs, la viabilité
surtout de l'état du lœur. Si les deux appareils circulatoires
dislincts, la vie est en effet possible, et même s'il n'existe qu'un
6& ANATOMIB PATHOLOGIQUE.
seul cœur de composition normale, centre unique de l'impulsion du
sang , elle peut encore se prolonger après la naissance ; tel est le cas
d'un monstre bien connu, Rita Cristina. Mais si le cœur, unique en
apparence, est un organe complexe, il n'y a, à proprement parler, ni un
seul, ni deux agents d'impulsion pour le sang, il n'y a qu'un organe anor-
mal, dont les diverses parties ne peuvent agir harmoniquement, et pour
peu que d'autres viscères, le cerveau notamment, présentent de sem-
blables anomalies physiologiques, il est facile de comprendre que la
vie n'est plus possible, d'où la mort si prompte des monstres doubles in-
férieurement et simples supérieurement. Ainsi la viabilité des êtres mons-
trueux se trouve subordonnée à l'état d'intégrité plus ou moins complète du
cœur et du cerveau. La mort de l'un des composants est toujours la
conséquence de la mort de l'autre, ce qu'explique facilement le mélange
des deux sangs. Ce mélange, du reste, rend également compte de la trans-
mission réciproque des maladies générales.
Les fonctions physiologiques sont en rapport avec l'organisation phy-
sique ; le monstre double a toujours plus qu'une vie unitaire et moins
de deux vies , mais sa double vie peut se rapprocher davantage ou de
l'unité ou de la dualité. C'est pourquoi un monstre composé de deux
individus presque complets est double moralement comme physiquement.
Chaque individu a sa volonté et sa sensibilité, dont les effets s'étendent
sur son propre corps; et de même qu'il est un point du double corps
placé sur la limite des individus composants et propre à tous deux,
de même il est des phénomènes physiques qui leur sont communs. Ainsi
les impressions faites sur la région d'union à son centre principal sont
perçues par les deux cerveaux, et tous deux peuvent de même réagir sur
elle. D'un autre côté, malgré les inconvénients qui s'attachent à leur
réunion, les monstres doubles ont presque toujours entre eux un accord
de sentiments et de désirs, et un attachement réciproque tel, qu'ils
finissent par devenir un besoin l'un pour lautre. Lorsqu'il n'existe pour
deux têtes qu'un seul corps, l'analyse anatomique démontre que dans de
tels êtres chaque individu possède en propre un côté de l'unique corps et
l'une des deux jambes, et l'observation des phénomènes physiologiques
et psychologiques confirme pleinement ce singulier résultat.
Un petit nombre seulement de monstres composés sont aptes à la repro-
duction : ce sont ceux dont les organes reproducteurs sont complets. Or, il
est digne de remarque que, dans les quelques cas connus de reproduction,
la transmission héréditaire de la monstruosité n'a jamais été observée. Is.
Geoffroy Saint-Hilaire rapporte que le monstre hétéradelphe de Buxtorff a
eu quatre enfants et que tous étaient parfaitement normaux. Le croisement
MONSTRUOSITÉS. 65
d'un taureau notomèle avec une vache affectée de la même monstruosité
a lui-même donné un produit eiempt de toute anomalie.
L'origine des monstres composés a suscité des théories diverses
qui, pour la plupart, sont tombées en désuétude. L'hypothèse de la
préexistence des germes monstrueux, malgré l'appui qu elle a reçu de
Winslow, Haller et Meckel, est une pure abstraction qui ne peut nous
arrêter. La doctrine de la soudure des embryons développc'^s sur des vi-
tellus distincts ne résiste pas à l'observation. D'abord la réunion habi*
tuelle par des parties similaires des monstres composés ne donne aucune
(séance à l'hypothèse d'une réunion par pression, comme l'entendait
Lémery, et n'est expliquée ni par l'attraction mutuelle des parties
similaires, telle que le voulait Et. Geoffroy Sainl-Iïilaire, ni par une
orientation virtuelle et primitive du germe , comme l'entend Davaine.
Ensuite, si l'on examine ce qui se passe dans la série animale, où les
monstruosités ne diffèrent pas sensiblement de celles de l'homme, on
reconnaît, comme l'ont appris les expériences de Panum, que les œufs
doubles de poule ou d'oie qui arrivent à produire des embryons anor-
maux engendrent seulement des anomalies simples, et que la soudure
des deux embryons est impossible, puisque tout développement s'ar-
rête au point de contact des deux jaunes. Il est constaté d'autre part
que la monstruosité duplicitaire provient de l'union de deux embryons
développés sur un jaune unique. Ce fait, indiqué par Wolff au siècle
dernier, puis dans celui-ci par Baer et Allen Thomson, a été reconnu
exact par les recherches de Valentin, Coste, Lereboullet, Panum, Da-
resle et la plupart des observateurs modernes. Ainsi se trouve détenni-
née une condition importante de la formation des monstres composés.
Mais l'existence de deux embrjons sur un seul vitellus n'entraîne pas
nécessairement la formation d'un monstre double. Suivant Dareste, la
production de deux embryons sur un jaune unique tient à deux causes :
l'existence de deux cicatricules ou l'existence d une cicatricule unique.
Dans le premier cas, il y a primitivement deux blastodermes et deux aires
vasculaires distinctes, qui finissent, il est vrai, par se souder, comme il y
a aussi deux amnios. Les deux embryons se développent alors isolément.
Dans le second cas, les deux embryons n'ont qu'un seul blastodennc,
qu'une seule aire transparente, qu'un seul amnios. C'est alors seulement
que la monstruosité double peut se montrer. Celle-ci exige donc, pour se
produire, la naissance de deux embrjons non-seulement sur un vitellus
nnique, mais encore sur une aire transparente unique, ou en d'autres
termes sur un blastoderme provenant d'une cicatricule uniaue.
UHGCBCAiJX. — Traité d'Anat. i — 5
66 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
C*est ici que se pose une question plus générale, celle de la consiU
tution de l'œuf. Cette cicatricule unique, qui donne naissance tantôt
à des embrj^ons séparés, tantôt à des embrjons réunis, est-elle simple
et complètement semblable aux cicatricules ordinaires, ou bien ré-
sulte-t-elle de la fusion précoce de deux cicatricules ou de deux germes
primitivement distincts? Les recherches intéressantes de Balbiani (1) sur
la constitution du germe dans Tœuf animal avant la fécondation con-
duisent à penser que certains ovules peuvent bien contenir une cicatri-
cule qui, simple en apparence, soit formée par la fusion de deux germes
primitivement distincts, et du reste la coexistence de deux germes dans
un seul ovule est complètement prouvée par la coexistence de deux cica-
tricules séparées siur un vitellus unique. Ainsi, rien n'empêche d'ad-
mettre que dans Tespèce humaine, où Balbiani (1) a reconnu, ainsi que
chez un certain nombre d'animaux, l'existence d'un germe ou celluk
embryogène indépendant de la vésicule germinative ou de Purkinje , les
monstres composés soient la conséquence d'une constitution primiti-
vement anormale de l'ovule qui renfermerait deux germes distincts
réunis sur un même point. Une circonstance qui viendrait à l'appui
de cette manière de voir, c'est l'impossibilité où sont les expérimen-
tateurs (2) de produire des monstres doubles en faisant intervenir l'ac-
tion des agents extérieurs. Néanmoins cette théorie de l'origine des
monstres composés attend encore des preuves directes, et conséquemment
elle ne peut être définitivement acceptée.
Une théorie peut-être moins séduisante, mais qui compte de nombreux
partisans, consiste à rapporter la monstruosité duplicitaire à un désordre
se produisant au sein du germe fécondé et en voie d'évolution. Elle s'appuie
principalement sur les recherches de Valentin, recherches faites sur des
œufs de poisson, mais peu concluantes. Par contre, les observations de Le-
reboullet sont d'un grand intérêt : après avoir constaté que, dans les cas
ordinaires, un blastoderme unique constitue d'abord autour du vitellus une
sorte de bourse qui produit ensuite sur son bord un bourrelet embryogène,
ne donnant naissance qu'à un seul tubercule destiné à devenir l'embryon
du jeune poisson , cet auteur a observée que, dans les cas tératologiques, deux
ou quelquefois même trois bourgeons surgissent du blastoderme. Par
(1) Balbiani, Compt. rendus de CAcad, des sciences f2Smàn et à avril 1864, 8 déc 1873.
(2) LerebouUet (Gazette médicale, 1862) et Dareste affirment n'avoir pu parvenir
à produire des monstres doubles, tandis qu*il leur étail possible, par certains procédés,
d*arriver à faire naître des monstres simples. Les recherches si souvent invoquées de
Valentin touchant la duplicité monstrueuse ne prouvent nullement que la scission arti-
ficielle du blastoderme puisse engendrer cette anomalie.
MONSTRUOSITÉS. 67
suite de leur développement , ces tubercules embryogènes venant à se
rencontrer par leur base s'y confondent entre eux, tandis que leurs som-
mets restent libres dans une étendue plus ou moins considérable. Là où
les bourgeons conservent leur individualité , ils produisent les parties
correspondantes d'autant d'embryons distincts ; mais là où ils sont unis,
ils ne donnent chacun naissance qu'à une portion de la région correspon-
dante de l'organisme, et ces portions d'origine différente se soudent de
façon à donner en dernier résultat un corps unique en continuité physio-
logique avec deux ou trois tètes distinctes. Les différences qui existent
chez ces monstres dépendent principalement de l'étendue de la soudure
des bourgeons embryogènes. Selon celte manière de voir, la duplicité
monslraeuse consisterait uniquement en ce que, au lieu d engendrer
toujours un embryon unique, le blastoderme aurait la propriété, à la
façon des êtres inférieurs, d'émettre des bourgeons pouvant produire
deux ou plusieurs corps qui, en grandissant, se souderaient entre
eux et constitueraient de la sorte des monstres doubles ou triples dans la
portion de l'organisme où cette fusion n'aurait pas eu lieu, mais simples
là où elle se serait opérée de bonne heure. La théorie de la scission, d'a-
près laquelle le blastoderme se diviserait de façon à donner lieu à des
parties doubles, ne diffère de celle-ci que par une interprétation. Dans
cette théorie, les parties dédoublées seraient appelées à subir parfois
iMerolatioii sur leur axe, de façon à se faire vis-à-vis par leur côté ven-
tolou par leur côté dorsal. D'autres théories ont encore été émises, mais
il est inutile de s'en occuper.
En résumé, deux grandes théories tendent à expliquer la pathogénie
^es monstres composés: l'une fait remonter l'origine de ces monstres à
^e anomalie de l'œuf, qui, bien qu'unique, serait composé de deux ou
plusieurs germes ; l'autre attribue la monstruosité à un bourgeonnement,
i une sorte de végétation du blastoderme en vertu de laquelle s'opérer^t
^duplicité plus ou moins complète et étendue de l'embryon. La première
^eces théories, à laquelle paraissent adhérer Panum et Dareste, rend assez
«ien compte de la plupart des monstruosités, excepté de celles qui, doubles
^ triples supérieurement, sont tout à fait simples inférieurement, et vice
*^; elle permet de comprendre ce fait important, savoir l'impuissance
^expérimentateurs à produire jusqu'ici la monstruosité duplicitaire, et
^ autre fait que la monstruosité duplicitaire n'est pas transmissible
^ hérédité. La seconde, qui a pour principaux partisans Valentin,
'^boullet,Coste, Bruch, Broca, etc., explique mieux la duplicité des par-
ties supérieures ou inférieures sur un tronc unique; elle permet de faire
entrer dans imc même loi toutes les anomalies par excès, depuis la
68 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
polydactylie jusqu'à la monstruosité duplicitaire. Cependant elle ne rend
pas compte de la cause du dédoublement et laisse subsister la question
du double germe. En somme, il est difficile, dans Tétai actuel de la
science, de se prononcer affinnativement sur Tune ou l'autre de ces
théories; mais si chacune d'elles renferme une partie de la vérité,
c'est seulement quand on ne sépare pas les monstruosités des malforma-
tions. Dans le cas contraire, il nous paraît que la première est surtout
applicable aux monstruosités, la seconde, à quelques malformations.
Les monstres composés sont ordinairement doubles, très-rarement
triples. Nous étudierons successivement : 1® les monstres dont les deux
composants sont sensiblement égaux ou monstres doubles autosi-
laires ; 2° les monstres dont l'un des composants est rudimentaire ou
monstres doubles* parasitaires ; 3° les monstres triples. Ces différentes
familles ont la même origine et se développent selon les mêmes règles;
les formes parasitaires ne sont que le résultat du dépérissement de l'un des
deux individus, soit par arrêt de développement, soit par régression.
Bibliographie. — J, F. Meckel, De dupKcitate monstrosa comm. Halœ, 1815.
— Barkow, Monstra animalium dupliddj etc. Lipsio}, 1828, 1836. — Laurent,
Essai sur les monstruosités doubles, etc. {Aun, d*anat et dephysioLy Paris, 1839,
p. 210. — E, Serres, Théorie des formatiom et des déformations organiq. appii-
qiiée à Vanatomie de Rita-Cristina, et de la duplicité monstiixeuse, Paris, 1832,
— Comptes rend, Acad. des se,, 2 et 9 juin 1856. — J. Thomson, Monthlff
Journal f 184^. — Baer, Mém, de l'Académie des sciences de Saint-Péters^
bourg, 1845, p. 79, pi. L — Ueber doppellcibige Missgeb, Petersburg et
Leipzig, 1845. — Vrolik, N. Verh, d, I KL von het KoninkL NederL Ifist,
Amsterdam, 1846. — Edward Dalton, De monstrorum duplidum origine atque
evolutione commentatio, in-4°. Halis Saxonum, 1849. — Valentin, Surledéve-
loppement des monstres doubles (Archiv f.physiolog. Hetlkwuîe, Stuttgard, 1851;
anal. Gaz. méd., 1852, p. 612). — Montgomery, Dublin quart. Joum., 1852,
p.«258. — SciiuLTZE, Archiv. f. path. Anat. und Physiol., etc., VII, p. 679,
1855; anal. Gaz. méd.y 1856, 387. — Rittgen, Arch. f. path. Awa*.,VIII, 1856.
— CosTE.SurV origine delà monstruosité double chez les poissons osseux {Compt. rend*
Acad. des se, 23 avril 1855, t. XL, p. 868-931). — De Quatrefages, Ibid. — Le-
REBOULLET, Rech, sur Ics monstr. doubles des poissons {Compt. rend. Acad. des $c.^
1855,t.L,p. 854-916 ; 1861, t. LUI, p. 957; 1862, t. LIV, p. 761, et Gaz. méd.,
même année, p. 247). — Kidd, Dublinhosp. Gaz., 1856, n° 6. — Knatz, Ueber
Do^ppclmissbildungen Diss. Marburg, 1857. — - C. Davaine, Mémoire sur les ano-
malies de l'œuf (Comptes rendus et mémoires de la Société de biologie, 3, t. II, .
p, 204, 1860). — SciiMiDT, Ovis bicoi^poris descriptio. Dorpat, 1858. —
H Fr. MuLLER, Diss. inaug. Kiliœ, 4859; anal. Gaz. méd., 657. — Guill.
Kaestner, Dissert, inaug. Kiliœ, 1860. — P. L. Panum, Untersuchung. etc.
MONSTRUOSITÉS. 69
Berlin, 1860; anal. Gaz. méd,^ 1861, p. Mil, — Dôxitz, Description des
monstruosités douCles, etc, Archiv f, AnatomiCy Physiolog. und wissenschafil,
Uedicin, 1866; anal, dans Gaz. méd., p. 32. Pans, 1869). — Brlch, Sur la
formaHon des monstruosités doubles {Wurzbttrg, med. Zeitschr,, t. VII, 1866-67;
anal, dans Gaz, méd., p. 336, 1869). — E. Kormann, Ueber lebende Doppel-
missbildungen der Neuzeit {Schmidt's Jahrb,, t. CXLIII, p. 280, 1869). —
J.J.Philups etN. Dalton, Guy' s kospital Reports, sér. 3, 1871, pi. XVI, p. 455.
I. — Monstres doubles autositaires.
Ces monstres présentent des formes extrêmement nombreuses, depuis
une duplicité presque complète jusqu'à celle où deux corps sont unis seu-
lement par un point très-limité. Les variétés en pareil cas sont à peu près
indéfinies, et notre prétention ne peut être de les faire connaître toutes ;
c'est pourquoi il ne sera question que des types les plus communs. Deux
lois générales président à la formation de ces types : 1-union par les faces
bomologues des deux corps, la disposition plus ou moins symétrique des
organes des deux côtés de la ligne ou du plan suivant lequel se fait cette
union. Ces lois sont invariables, que la duplicité ait lieu dans la moitié
supérieure, dans la moitié inférieure, ou aux deux extrémités des corps
du monstre composé.
1. — DUPLICITÉ DE LA MOITIÉ SUPÉRIEURE DU CORPS.
Celte duplicité plus ou moins étendue présente une série de transitions,
«fepuis la simple scission de la face et du crâne jusqu'à la séparation
P^^ue complète de deux corps dont la moitié inférieure est simple.
Ihtplicité de la face, Diprosopus (Barkow, Gurlt). — Cette anomalie est
^viable : la séparation des deux faces commence en avîiiit et n'atteint
1^ le crâne ou ne s'y étend que d'une manière incomplète. Ce groupe
^rend les genres iniodyme et opodyme de Is. Geoffroy Saiut-Hilaire.
I^ monstres iniodjTues (Kg. 3) ont les deux tètes unies à l'occiput,
^ suivant que cette union n'atteint pas ou dépasse la portion auricu-
•^re du temporal, le nombre des oreilles peut être très-variable. Les
'ïionstres opodymes sont caractérisés par une duplicité de la face qui
^*sse aux os zygomatiques ; le crâne est simple, (|uoique le cer-
ceau soit ordinairement double. En général les deux cerveaux sont
^mpletset séparés par une cloison membraneuse formée par l'adossement
^l l'union des méninges des deux sujets composants; mais il n'existe
qu'un seul cervelet, double, il est vrai, dans quelques-unes de ses par-
^*^^»et une seule moelle allongée, qui se continue avec la moelle épi-
ï^ïère à travers un trou occipital de forme régulière.
10 ANATOMIE PATBOLOGIQCB.
BiBUOCBAPBiE. — Sœmmehhinc, Mecrel, Orro, Is, GEormoy Saikt^Hilaire,
h'holik, d'Alton, loc. dt. — Pesialozzi, Joum. de Phys., 17-79, — Horssteik,
Ephem. nat. cur. dec. II, ann. 3, obs.
156. — Ledel, Ibid., ann. 6, p. 152.
— NooOT, Spec, Anat. path, de mmtstr,
quodhum, Schoonhow, 1839, — Asch,
Zeickmtng, von Missgeb. der Moskauer.
Sammlung, n' 2. — Depaul, Bazftte
hebdomadaire, 1856, n" 27. — Meigs,
The arna-, Joum, ofmvd. science, 1857,
p. U.
Duplicité de toute la tète. Dicepha-
lui (Barkow, Gurlt). — La tête en-
tière est double, la pai'lie supérieure
du rachis l'est aussi plus ou moins,
ta poitrine et le ventre sont simples
extérieurement. La colonne verté-
brale présente tous les intermédiai-
res depuis la simplicité jusqu'à la
dupli(rité complète ; la poitrine est
ordinairement simple, il eu est de
même des organes thoraciques et'
des viscères abdominaux, sî ce
n'est dans le cas où la duplicité
vertébrale est le plus prononcée.
Ceoiïroy Saint-Hilaire distingue les
deux genres suivants : 1» le genre allodyme, où les deux têtes repo-
sent sur un seul cou, la duplicité ne s'étendant pas au delà de l'atlas;
2" le genre dérodyme [iupit ou itpu col), où la duplicité comprend
aussi le cou. La poitrine, simple à l'extérieur, oITre un seul ster-
num avec un rachis double, le plus souvent simple dans la région
sacrée.
Un intervalle Irès-étroit.existe entre ces rachis; de là une disposition
très-anomale des cdtes. Chaque vertèbre dorsale porte du côté externe
une ci'ite normalement conformée, aboutissant à un sternum également
de conformation normale; mais du côté de l'union il n'existe plus
qu'une côte très-courte iiidimenlaire, dont l'extrémité rencontre celle de
la côte correspondante de l'autre individu et se soude avec elle au milieu
(1) D'après un dessin de M. le professeur Depaul.
Fie. 3. — BtonalreiiiÎDdyme dont les deux
oreilles du cdlé de l'union tout cou-
fondues en une seule (1).
MOJiSTBUOSiTÉS. 71
l'clroil inlcnallo des deux racliis, précisément sur l'axe d'union : do
surteque, tu en avant, le squelette d'uu dérodyme paraît appartenir à
un iiidiTidu régulier; vu en arriére, à un
înilividu double et certainement mon-
slnicui (fig. 4. ). Les quatre membres sont
namiaux, mais quelquefois il s'y ajoute
n membre nidiuieiitaire sn|>érieur ou
inférieur commun.
Les organes du cou et le thymus sont
iloubli-s, et il côtt! de deux poumons nor-
maux se rencontrent généralement deux
îutws petits poumons placés en arrière et
™ (Mans. De chaque paire de poumons,
composée d'un grand et d'un petit, nuit
'lue trachée-artère. Les deux co-urs sont
fi^emment fusionnés en un seul. Dans
(|iiclijues cas [le foie offre deux vésî-
f^lts : le pancréas et l'estomac peuvent
^tr* doubles, les organes pelviens sont
■Uuques.
ftlBuoctupniE. — Ailodjnu:. White, Duliliii
_ m. Pr«w, 1839. — tivw, The L-mc-t, ii° 6,
^^56, — KoLLEH, WiVn. mal. WMhcMrlir.,
"• a2. 1856.
B«r»cl7n*e- — Sardicort, Mus. itiiat,,
fU 121,122. — W*LïE«,3fHs.(Ui(ii.,n'163.>,
û" 299Û. — pBw:iiA3K*, ^rfnoi. acud., fasc. 1,
P- â7, pl.l. — Ono, d'Alton, B4BK0W, (oc, cil, — Is. Geoffboï Saint-Hilaire, Hiei,
^^^ÂHûtn.del'org.,t.in,p. 175, avec bibliogr. — Gkvbf.r, Anitt. eines Monstr .
^ÊÈoup. Prag., iSliU. Mém. de fAcad. de Saint-Pétenb., sine YII, t. Il, n< 2,
^^PlS9.— Lapoui^iiKi Joum. de Toulouse, mars 1856. — Alb. Pufko, Étude mir
^^Ê^tmautre double compliqué de deux autres moTWtruosUés. Montpellier, 1856, et
^KrcAb. de mid., 1857.— A. Forsteh, me Missbild., etc., p. 23.
^^ Dt^lkitè de la tête, fiu cou et des meTnbre/ supérieurs. Xipàodt/me {Is. Geoi-
tWiïSaint-Hilaire)./)[cepA(i/us(e(rafo^cA(M(A.Forster).— Les deux thorax,
'tuulquefois distincts dans leur portion supérieure, foi'ment une vaste cavité
'■onmimie par suite de la fusion de leur partie inférieure. Ils portent quatre
loinnbrcs et sont supportés par une colonne vertébrale double. Les organes
'Iwraciques sont doubles, mais le foie est ordinairement unique, pourvu de
I
t But
ANATOXIB PATHOLOGIQUE.
72
deux vésicules; la rate.le pancréas, lesreins, l'estomac, sont le plus souvent
doubles; l'intestin, simple inférieurement, est double supérieuremçnl.
Quelquefois il existe un second utérus très-imparfait et imperforé a^-ec ses
trompes et ses ovaires, appartenant les uns au fœtus de gauche, les autres au
fœtus dedroitc.Tel était le cas de Rita CristJna, née le 1 2 mars 1829 à Sassari,
enSardaigne,etmortelamtoe
annéeàParis,6D novembre. Le
squelette de ce monstre (lig. 5)
est des plus intéressants à con-
naître pour arriver à saisir la
loi qui préside aux différentes
monstruosités. Ici, en efT^t,
les deux colonnes vertébrales,
séparées dans toute leur lon-
gueur , comprennent entre
elles,dansla région pelvienne,
un bassin rudimenlaire b,
formé d'une seule pièce et
directement opposé au bas-
sin principal. Celui-ci, porté
sur deux membres pelviens
normaux, offre une compo-
sition normale, mais une
forme insolite. Les deux os
coxaux a, a, très-écartés en
anicrc l'un de l'autre, lais-
sent entre eux un large in-
tervalle comprenant les sa-
crums des doux rachis, et, au
milieu, sur l'axe d'union, Tos pelvien représentant le bassin mdimentaire.
Lorsqu'il existe, ce qui a lieu dans la plupart des cas, un troisième
membre inférieur rudimcntaire, il est attaché sur la ligne médiane de l'os
pelvien [Dieephalus telrabracldus Iripus). Dans quelques cas, au lieu de
quatre membres supérieurs, il n'en existe que trois par suite de la réunion
de deux d'entre eux {Dieephalus tribrackim).
BibLiooHApHiE. — RioLAN, De mmsli: nat. Lutet, Paris, 1605. -
Diss. sistais fat. bkep, Strasbourg, 1672. — Blciiser, Ael. ac.
(1) Ce ileiiin a été prii sur un iqueletle qui appartient au Uuwuin d'hi
relie ; je le dou à la bienveillance de M. le profeiiear P. Ueriais.
Cmllnaj (1). a
- Squelette de m
BnDMEn,
MONSTRUOSITÉS. 73
vol. II, p. 217, pi. V. — Bland, Philosoph. Trans., vol. LXXI, p. 362, pi. XVII.
— Zdtmer, Phys. Untersuch, ûber Missgeb. , pi. V. — Barkow, Monstra an,
(fup/., etc,, t. I, p. 17, pi. III, Vig, 1. — Serres, Bech. dCanat, trcmscmd, et
pathoï^. Paris, 1832, et Mém. de VAcad, des se, t. XI (Rila-Cristina). —
J. A. Pereira, Edinb. med. and surg, Joum,, 1844, t. VI, p. 58. — W. F.
MosrcoiŒRY, Cas remarq. de monstruosité suivi de réflexions ( The DulL quart,
Jwm. of med. science, 1853, et Gaz. méd., 1854, p. 100). — Is. Geoffroy
Sâot-Hilaire, Note sur un monstre xiphodyme comm. à V Institut, sëance du
18 octobre 1858, et Gaz. méd,, 1859, p. 105. — Bœrster, Cas de naissance
wMmeuse {The amer. Joum. of the med. se, 1855, et Gaz. médicale, 1856,
^i01).
Duplicité de la tête et de la poitrine. Gastrodidymus (Gurll). Pso-
di/mells. Geoffroy Saint-Hilaire). — Cette forme diffère de la précédente
par la séparation complète des deux thorax ; les alxlomens restent confon-
dus, les membres inférieurs sont simples, quelquefois pourtant il existe
un Iroislème membre pelvien rudimentaire, inséré, par Tintermédiaire de
ligaments, dans Tangle d*union des deux colonnes vertébrales. Il y a
ordinairement un seul appareil sexuel, un seul anus.
BiBuoGRAPHiE. — TcLPius, Obscr i\ med., Wh. III, cap. xxxvii. — Walteb, 06sen;.
«ow^jp. 1. — Otto, loc, cit., n® 348. — Serres, Mém. de VAcad. des sciences,
^olXI, p. 20. — Ascn, Zeichnungen, t. I, 2. — Laurin, Philosophical Transact,:,
Toi. 32, p. 346. — Staur, Pr. Ver. Zeit., 1856, 2.
2. — DUPLICITÉ DE LA MOITIÉ INFÉRIEURE DU CORPS, DONT LA MOITIÉ
SUPÉRIEURE EST PLUS OU MOINS SIMPLE.
Celle seconde série de monstruosités présente des variétés moins nom-
bi'eases que la précédente.
l^ipj/gus ou monadelphus (Gurlt). T/ioradelphe (Isidore Geoffroy
Sainl-Hilaire). — La duplicité s étend ici du bas du corps jus-
Itt'à l'ombilic. La tête, le cou et la poitrine sont simples. Ce cas
ûe paraît pas avoir été rencontré chez l'homme, mais seulement chez les
animaux.
Octopus biauritus (Gurlt). Déradelphe (Is. Geoffroy Saint-Hilaire). — Les
parties postérieures de la tête, Tocciput et le sphénoïde sont seuls dou-
bles et soudés. Le cou est volumineux et composé de doubles éléments.
Lesdeux thorax sont réunis en un seul à deux sternums latéraux et oppor
ses. Les membres sont au nombre de huit ou de sept, lorsqu'il y a fusion
sur l'axe d'union des deux membres thoraciques. Les parties infifiricures
7& ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
sont séparées et opposées face à face. Rare chez l'homme, ce genre <
plus commun chez les animaux.
Bibliographie. — Pestau)zzi, Jourru de Physiq,, 1779, t. XIV, p. 122.
Walter, Muséum anaL, n«* 2991, 2993. — Lavagna, Giomale di fisica deBr
gjiatolli, 1810, t III, p. 324. — Is. Geoffroy Saint-Hilaire, loc. cit.j t. I
p. l/iO. — D'Alton, loc. cit,, n' 9. — Asca, Zcichnungen, pi. V. — ëhrma>
Gaz, méd. de StrasbotirOf 1858, n® 4. — Depaul, Bull., Académie de médecù
6 nov. 1860, et Gazette médicale, 1860, p. 703 et 732.
Octopus janus {Gixrli), janîceps et iniope (Is. Geoffroy Saint-Hilair
— Le haut du corps est double, mais réuni ; les deux corps infériei
seuls sont séparés. Les deux faces sont plus ou moins complètes,
diamétralement opposées. La moitié droite de la tète de chacun c
sujets composants est séparée de la gauche, et les demi-faces se
écartées Tune de l'autre et renversées latéralement, la partie postériei
n'ayant pas été déplacée, à peu près comme deux feuillets d'un livre
séparent et s'écartent l'un de l'autre, le dos du livre restant en place,
même chose arrivant aux deux sujets, la demi-face droite d'un sujet vi<
correspondre à la demi-face de l'autre et s'unir avec elle, et réciproqi
ment, de manière à former deux faces qui sont, par rapport à l'ensem!
de Tétre double, l'une antérieure, l'autre postérieure, mais qui, parrapp
à chacun des individus composants, sont tout à fait latérales (tig. 6). Ai
se rencontre, de chaque côté de la tête, une face dont la moitié apparti(
à un sujet, l'autre moitié à un autre, et qui, à cela près de sa largeur p
grande, est presque complètement normale. Le col est proportionnel
ment plus large encore que la double tête et la double poitrine qi
sépare. Celle-ci a deux faces stemales placées de chaque cùU'î au-dess(
des deux visages et composées de la même façon. Un ombilic est co
mun; au-dessous, deux corps séparés ayant chacun une dispositi
normale; deux colonnes vertébrales directement opposées aux par
abdominales et non aux parois thoraciques antérieures, devenues la
raies; deux occiputs normaux comme les deux rachis avec lesquels
se continuent. Enfin, huit membres régulièrement conformés : telle
l'organisation générale des janiceps, abstraction faite des complicati^
diverses auxquelles ces monstres sont exposés.
Les monstres iniopes ne diffèrent des janiceps que par un de leurs col
ils joignent à deux corps intimement unis au-dessus de l'ombilic une 1
incomplètement double, ayant d'un côté une face complète et de l'aul
un œil imparfait et une ou deux oreilles (fig. 7).
HossTRrosnts. 75
(kioimquadriaurUm (Gurlt). Synùle{\5. Geoffmy Saint-Hilaire). — Les
dcuv corps sont inlimeineiit unis au-dessus de l'ombilic commun ; la t^te,
iucom|ilélement double, a d'un cûlé une face el de l'aulre deux oreilles
ti^rapprochées ou soudées , rudiments d'une seconde face; les parlies
iiiliirimn's restent séparées (Mg. 8).
Les viscères, chez ces divers monstres qui com{K>sent la famille des
, Ik. Q. — MoDiLre jaaicepB (communiqué
pu le professeur Depaul],
niODitrcs syc*^phaliciis de Is. Gi'offroy Saint-Hilain-, sont giîuéi'alemenl
JuuMes : il «liste qualru poumons, comme il existe quatre séries de
f'Hes, et entre eux se trouvent placés deux cœurs ou un double cœur.
L« deuï foies sont, comme les deux «Eurs, ti-ès-rareraeiit réunis.
"^'IMrà, ils sont ordinaii'emeul inégaux, et parfois le plus petit ne
l^i^-^di! pas de vésicule biliaire. La (lisposition du canal alimentaire
'[ assez constante. Double inférieurement à partir des caïcums, ([uel-
^wîm du milieu ou de la lin des iléons, l'uiteslin est unique supé-
'i«iirtmiu[)i, et il n'existe de môme qu'un seul estomac , placé au-
FiG. 9. — Enctphnlt de ijnote composé
d'un cerveau unique et de deux cer-
*ele(4. Les pairoi nerTeuiei sont dé-
signée* par des chiffre». (Tiré de
l'alLu de Fdnier.)
76 ASATOMIE PATHOLOGIQUE.
dessus d'un pancréas unique et enlre deux rates. Un seul œsopba^
\i s'ouvrir dans un pharynx unique, qui reçoit en outre les extré
mités supérieures de deux larjux.
existe deux encéphales distincts en pai
tie ou en totalité. Ces encéphales, a
moins pour les parties qui sont sépa
rées, appartiennent en propre à chacti
des individus composants, loin d'éti
formés, comme la face, d'organes fou
nis par moitié pour chaque sujet. I
même qu'ils ont deux visages, les jan
ceps ont deux encéphales complets <
presque complets; les iniopes ont I
hémisphères cérébraux communs
deux cervelets, des lobes optiques Ai:
tincts et séparés. Chez les synotes, toi
les les parties de l'encéphale sont confondues jusqu'aux cervelets, qi
restent séparés et doubles. Les appareils nasal, oculaire et auditif soi
bien conformés, isolés ou réunis, ou seulement h l'état rudimentaire.
Bibliographie. — LicONnASUNE, Histoire de l'Acndémie des sciences, 17îi
p. 300, pi. XVlll. — BoRDENAVE, Mém. de fAcad. des se., t776, p. 69'
pi. .\XXHI et XXXIV. — Waltem, Mm. anat., n" 2996, 3019. — Mecie
Soiist. dupl., p. 67. — ZscnoRKE, fie Jaiiis, 1827. — Bahkuw, Ioc. cit., p. Il
— 1)Alto.-i, loc. cit., n" 6-8. — - Sehhes, Mém. de l'Ar-idém. des si:, L 5
pi. XTTl et XVI. — ZiifMER, Missi/eburt. pi. IV. — Vrolik, Tah. nd iUwt. embi
pi. XC\1. — Bosn-ANSKT, Lehrb. d.path. Amt. p. 33, 34.— Cai.ori, Gas.mi
de Pfiris, n" 31, t856. — Hoiel, Desrripl. de troix monstres syeépU'diti
{Itém, delà Hoc. île bîoluij., série 2, t. IV, 1858, p. 302), — Fo-nssaghio
Deseripliwt anatomique d'un monstre humnin sycépliatien syiiolc (Archivis gi
de méd., série 5, t. Xlll, 1859, p. 677).
3. — DUPLICITÉ S'ÉTESDAST SIHtTLTA^ËUENT AUX EXTRÈMITliS SLPÉIIIEC
ET l>FÉIUEURE DB DEUX CORPS CONFONDUS ENSEMBLE DANS LEUR MU.IEU.
Diprosopus dihypogaHricta (Barkow). — I-a duplicité s'étend m haut
la face, en bas à i'hypogaslre ; il y a toujours qualii; membres pelvien
Dicoryphus rfiAy^jai/rw [Barkow). Hétnipage {h. Geoffroy Saint-II
lairo. — La duplicité et la séparation sétendeiit en haut au vertex, eu bs
aux parties situées au-dessous de l'ombilic. La réunion est latérale, e.
a lieu sur toute l'étendue du thorax, du cou et de la ]H>rlion inférieu
des doux faces. La plupart des organes thoraciques et alidominaux so
«ONSTBt'OSlTÉS. 77
I ieiMcs, ou du moins il l'sL possible de constalcr les éléments de leur du-
||ieité. La colotme vertébrale est double. Il oxisle quatre membres supe-
rs fl quatre membres iiifcrieurs.
iiLir>r,RAPius. — HiHTL-sG, Ad. ml. cw:, 1737, l. IV, obs. 761, p. 297. —
"CsEisraL, Epkem. wU, cur,, dec. I, ann. 1, obs, 55. — AH^oLD, ,Voi(i act., VI,
|.,195.— PusQUE, BibI, rfemU,!, i>. 218.— O'Donovan, Brift/in Jowii., Xli,û82.
Thoracodidymus (Gurlt). iiernopags et ectopage (Is. Geoll'roy Saiut-
llàire). — La tête et le cou en haut, la moitié inférieure du corps à partir
1< rnmbilic en bas, sout doubles et séparés. La fusion comprend In
tmilnnuet la région sus-ombiticale
I de l'abdomen; l'tmion so fait non
I pu pu ta face antérieure des deux
îlemnms. mais par les moitiés de
'hiLiui d'eus. Ccllps-«i, comme les
1 Kifresdcs monstres janiceps, large-
nKnlouverlesà la façon des feuillets
J UTi liïre, ont été tout d'abord reje-
iirs latéralement, et, rencontrant les
ili'ui mcittiés semblablement dis-
\K»i^ du sternum de l'autre indi-
iiilu. dies se sont réunies avec elles,
•■l 'lu cette union résultent deu:^
'l'Hiiims lutér;iux et communs aux
Jw sujets du reste ré|{uiièrement
confunnés (lig. 10), De cette dispo-
iili'on résulte la fusion des deux
tatili^s thoraci(|ues en ime seule*
ffliiii très-vaste cavité qui renfenue
•|uatre poumons, deux péricardes
^"itfotidus on un seul et vaste péri-
><nlL' où sont contenus soit duuy
"i'Ui'Scontigus, soit un double co^ur
"Ndanl de l'un des sternums fi
'sulif, et résultant manifestement
^•' l'union plus ou moins intimn
^ Cceurs de l'un cl de l'autre des sujets composants. Un double dia-
ptingnie, fusionné, sépare le thorax de l'abdomen ; le foie s'étend de
'une des parois alHtominales à l'autre , il possède deux vésicules
wliaires; il esiste deux estomacs et deux rates.
FiG. 10. — Squelette île stcrnopa^-e dontl
membres supérieurs d'un cùlc ont 6
vraisemblablement égarés. ( Mutée i
U Maternité.)
78 ANATOMIE PATBOLOGIQDB.
Is. Geoffroy Saint-Hilairc partage ce groupe en deux genres. Les ectopagt
dont la coalition latérale par suite de l'inégalité des deux parois coslo-sl(
nales du double thorax, l'une d'elles étant imparfaitement développée. 1
plupartd(rleursorganessontdoublcs,et le cœur seul est tantôtdouble, tant
simple. Lessiemopage$,doïith coalition est antérieure, et qui sont caracl
risés par l'association de dei
individus joints face à face.
J'ai eu la bonne forlune i
pouvoir étudier récemmeo
grùce à labienveîltance dupt
fesseur Broca, on monstre
ce genre qui, rapproché d
stemopages connus, m'a a>
vaincu de la constance des t
pcs dans les anomalies les pi
complexes. Il s'agit d'un moi
tre femelle, néà terme, et de
l'un des composants, comi
c'est la règle, est plus petit q
l'autre (Hg. H). L'union s
tend de la partie supérieure «
deux sternums à l'ombilic,
existe une exomphale; Icsp
ties supérieures et iuférieix
sont complètement doubi
Sans parier ici de tous
muscles de ce monstre, lï
la description détaillée sera publiée, disons qu'il existait en a\'ant et
arriére deux muscles pectoraux parfaitement développés et iuscn'>s
chacun des sternums, et que les muscles droits de l'abdomen s'écartaie»
partir de l'ombilic pour gagner chacun des pubis, laissant cntn^ *
un vaste espace triangulaire fermé par une toile fibreuse. A l'ouvert,
de l'abdomen, on constate l'existence de deyx foies ff (fig. i2] séparés
bas par la masse intestinale, mais réunis ii leur partie supérieure*
possédant chacun une vésicule biliaire. Ces organes, placés en arrî
de chacun des deux appendices xiphoïdes , occupent l'axe d'uni
des deux fœtus et sont opposés l'un à l'autre. Le premier, mainte
au diaphragme par un ligament falciforme, reçoit la veine ombilica
il est parcouru en avant par un long sillon, et vers son milieu se troui
couchée en avant, la vésicule biliaire. Le second a la forme et le volui
Fig. 11. — Monstre ilcrnopage, arec
ombilical et un placenta (communiqué par le
profeiteur Broca, et deiùné par le docteur
Martin).
MONSTRUOSITÉS, 79
d'une grasse lanfrue ; renflé à son extrémilé libre, il s'aplalit bicnUH el
M' divise en deux branches qui vont s'insérer au diaphragme, où il se met
- Cavité abdominale du monitre Eternopaf;c reprtUenté flj. ] 1 .
'. duodûDuins : li, inletlint grélei ; aa, appendices vermiromieB ;
iTiCocDiri ; gg, cOlons; h, umpoule inleElinak' sllui^e à la rencontre des deux intestins
«foRDint hernie; r, raie:
iioramunication avec le premier; sur la face inférieure repose la vési-
ttï. — Iflomae etinleslin provenant d'un mon«lrc stemopage (d'après Cruvcilhicr.)
p (C, (MophageF, E E', cdotnac*. IC IC, •luadfnumi^ DIG, si^paralion dci deux
JlWiiii grilei. IG el IC, AV AV, appendices vermiculaires. C(E CUi', cœcumg,
KO, cAIdm,
H biliaire. D esisie deux œsophages ee suivis de deux estomacs aux-
'Ms sucement deuxduodéuums(/(/; mais, tandis que l'estomac du sujet
80 AXATOMIE PATnOLOGlonE.
de gaurhe est rL'gulîÈreinent situé, celui du sujet di; droite, renversa, t,
la roncontro du précédent. Il résulte de laque les deux intestins seréuii
seul vers l'axe d'union des deux composants en un canal unique Irt
« terminant dans une ampoule qui fait partie de l'cxomphale el i
Fin. li. — Caur et poumon du i
pp, poumon»; ((,lracUe*io,i),areiltelteB
iternopage repréicnté Rg. 11.
Bunculei II VI, vcjaesoavwtupérinita
laquelle partent deux intestins iléons ayant chacun un mésentère 1 1. Ct
intestins vont ahoutir chacun de lem* côté à un caïcuni muni de m
appendice; mais, tandis que le ctecum du fœtus d(^ gauche est situé dai
la fosse iliaque droite, celui du fœtus de droite occupe la fosse tliaqi
gauche, el l'S iliaque par cela môme se trouve dans la fossf iliaque droit
Cette disposition est identiqueavec celle d'un monstre slernopa^e obscr
par Cruveilhier (voy. lig. 13). La rate, le pancréas, les organes urinairc
les organes génitaux et leurs annexes sont doubles,
I<e diaphragme est simple, il possède deux centres aponévroliqtH
sî>parés ]iar des fibres changes, et provenant de la fusion de de*
diaphragmes. La cavité thomcique renferme deux Ihjmus, deux V
chées, deu\ paires de poumons et un cœur unique foimé par la réuni
do deux opurs contenus dans une seule cavité |)éricardiquc. Ce œ
(fîg. ih), aplati, occupe la ligne d'union: il s'étend d'un sternuiU
l'autre, de sorte qu'il se trouve renfermé dans une cage limitée su|
rieurement par la n'-union des deux sternums, inférieun'ment pir
diaphnigme, latéralement par deux poumons; 11 est libre el allorï
transversalement à sa partie antérn-inférieure, mince et adhérent par*
réflexion du ptViearde en arrière et en haut. Il ivçoit deux vi'Îdps vzr
MONSTRUOSITES. 81
supérieures et deux veines caves inférieures, émet deux artères pulmo-
naires et deux aortes recourbées Tune et l'autre à droite ; il est formé
d'une première cavité divisée en deux moitiés, Tune supérieure, Tautre
inférieure, par une cloison horizontale incomplète, et cette cavité, qui est
(vimmune aux oreillettes, communique avec les ventricules. Ceux-ci,
au nombre de deux, sont à la fois aortiques et pulmonaires ; les
parties aortiques se trouvent séparées par une cloison incomplète des
parties pulmonaires ; et cette disposition, qui donne lieu à une circulation
ventriculaire distincte, place ce monstre dans les conditions circulatoires
es poissons.
Xiphopage (Is. Geoffroy Saint-Hilaire). — La duplicité et la séparation des
deux corps sont presque complètes, la fusion n'existe qu'à Tépigastre. Dans
ce groupe peu commun et compatible avec Texistence, se rangent les frères
siamois, morts tout récemment en Amérique, à Tilixe de soixante-trois ans.
L'autopsie qui en a été faite a montré que la bande qui réunissait ces deux
jumeaux, d'une longueur d'environ quatre pouces et de huit pouces de
circonférence, se composait de la peau et du tissu conjonctif, de cartilages
fournis par les appendices xiphoïdes qui formaient entre eux une sorte
de pseudarthrose, et de trois prolongements péritonéaux. Une communi-
cation vasculaire unissait les deux foies.
BiBLioGUAPiiiK. — Ectopa|;e. — Hoffmann, Ephtm, nnt, cur., Dec. II,
ann.6,obs. 152. — AumEcnT, Xor. nrt. uni, ciu\, 1761, t. II, obs. 73, p. 272.
^ Otto, /oc. rit,, n° 290. — Dirston-, Philosoph. Tramnct,, t. LXV. — Is.
^«EOFFROY Saint-IIilaire, t. m, p. 98, avec bibliographie, p. 103.
Sitmopa^e. — Is. Gf-offroy Saint-Hilaire, t. IIÏ, p. 93, avec bibliogiaphic.
"^J. Cruveiliiier, Anat. path, (j('n,, livr. XXV, pi. 5 et 6.
liphopagc. — Is. Geoffroy Saint-IIilaire, t. III, p. 80-93. — Vrolik,
Toi. flrf m, emb.f pi. 98. — A. Forster, Die Missbild, d, Menschen, p. 35.
^éna, 1865. — A. Després, ^avue sdentifque, 21 mars 1874, p. 901.
Pygodidi/mus (Gurlt). Pygopnge (Is. Geoffroy Saint-IIilaire).— La dupli-
cité est presque complète, et les deux corps, ayant chacun un ombilic
distinct, ne sont unis que par un point plus ou moins étendu des vertèbres
'ombaires, dusaciiim ou du coccyx. Un exemple célèbre de cette anomalie
^ celui d*Héiène et Judith, monstre né en 1701 dans la Hongrie, et
mort à l'âge de vingt -deux ans, après avoir attiré l'attention des savants
^u dernier siècle.
In exemple non moins remarquable de cette monstruosité est celui de
^illieetChristine,que nous avons visitées. Agées aujourd'hui de vingt-deux
^îis,œsdeux jumelles, nées dans la Caroline du sud, d'un nègi'c et d'une
i.vxcEREArx. — Traité d'Anat. 1. — 6
82 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
mulâtresse, se trouvent réunies, suivant un angle de 90 degrés environ, au
niveau desdeux dernières vertèbres lombaires, du sacrum et du coccyx, très-
vraisemblablement par les lames vertébrales Elles ont deux bassins distincts
munis chacun de deux tubérosilés ischialiques ; mais elles ne possèdenl
qu'une seule ouverture anale, une seule vulve avec deux hymens et deux
clitoris, et très-probablement deux vagins et deux utérus (1). 11 existe
deux méats et deux vessies, la miction a lieu en commun, mais celle
fonction pourrait être satisfaite séparément par chacune d'elles; les
règles viennent régulièrement tous les mois. Il y a deux intelligences
qui sont complètement distinctes ; seulement les deux caractères sont
très-semblables et les deux sœurs vivent dans la meilleure entente, ce
qui n'existait pas chez Hélène et Judith. Il est curieux de noter qu'elles
ont parfois le même rêve, mais presque toujours il s'agit d'un cauchemar
qui pourrait avoir son point de départ dans le sang ou dans une excita-
tion des nerfs sensibles de la partie inférieure du tronc. Il existe, en effet,
une communauté de la sensibilité aux membres inférieurs ; mais la per-
ception de la sensation n'est pas la même chez chacune d'elles : normale
chez l'une, elle est confuse et légère chez rautre. Ailleurs la sensibilité
est distincte.
Bibliographie. — Treyling, Act. acad, naU cw\, t. V, p. û45, obs. 133. —
ToRKOS, Philosoph, Tratisact,, vol. L. — Buffon, SitppL, IV, p. 578. — Wolff.
Acta Acad. scient. Petvoj)oL, 1778. — Walter, Musetun anaLy 1, n* 2997. —
Normand, Bull, de la faculté de méd.^ 1818. — Barrow, Monstra an, dupL, etc. I,
pi. I. — Ramsbotham, Med, Times and Gaz., 1855, n" 274. — Vircïiow, Ber/w.
klin. Wochenschr,, 3 mars 1873, n** 9. — Bert, Gaz, méd,, 6 décembre, 1873.
— Tardieu et Broca, Bull, de VAcad, de méd., 13 janvier 1874. — N. JorxY
et Péyrat, ibid.y 20 janvier, p. 52.
Dans les cas de monstruosité qui viennent d'être passés en revue,
tous les organes sont rarement doubles ; dans ceux qui suivent, au con-
traire, les deux individus sont toujours complets, et leur union a lieu,
soit par l'extrémité céphalique, soit par l'extrémité pelvienne.
(1) Ces indications nous sont fournies par \o. docteur Ramsbolham ; car il nous a été
impossible, malgré notre vif désir, de faire un examen complet de ce monstre. Hélène
et Judith n'avaient également qu'un seul anus, formé par la réunion des deux intestinii,
et un seul orifice vulvaire, situé entre les quatre cuisses. Les organes sexuels externes
qlTraient des traces de duplicité, et le vagin, d'abord unique, ne tardait pas i se diviser en
deux vagins distincts ; tout le reste de l'appareil sexuel était double. Semblable disposi-
tion existait chez un monstre présenté tout récemment à l'Académie de médecine
ptr MM, Joly et Peyrat. Ici encore se retrouve la constance du type.
MONSTRUOSITES.
83
!i, — DIPLICITÊ DE DEl'X TRONCS CONFONDIS PAR LEl RS EXTRÉMITÉS.
\
Céphalopage et métopage (Is. Geoffroy Saint-Ililaire). Didt/nws si/m-
pkiocephalvs (Barkow). — La duplicité est presque
complète et les deux corps ne sont unis que par
un point limité de la tête; ils ont chacun un ombilic
distinct.
Ce groupe comprend les deux genres décrits par Is.
Geoffroy Sainl-Hilaire sous les noms de céphalopago
et de métopage. Dans le premier, les deux tètes sont
unies par l'occiput ou le vertex; dans le second,
par le front. Si les monstres mélopages sont très-
rares, les céphalopages le sont un peu moins. L'un
des plus curieux, observé à Paris par le docteur
Villeneuve et par Is. Geoffroy Saint-lIilaire, était
composé de deux fœtus mules, placés bout à bout,
presque exactement en ligne droite, et généralement
bien conformés, sauf la région syncipitale [fig. 15).
L'union se faisait par presque toute Fétendue de la
face supérieure de la tête, et les limites des tètes de
l'un et l'autre sujet n'étaient indiquées à l'extérieur
que par une légère dépression. La peau enlevée, on
trouva que les os frontaux, pariétaux et occipitaux
ne se réunissaient point entre eux chez chacun des
sujets composants pour former la voûte du cn\ne,
mais étaient écartés et correspondaient par leurs
bonds aux os crâniens de l'autre sujet, savoir : les
pariétaux aux pariétaux, les occipitaux aux frontaux.
tes deux crânes se trouvaient ainsi associés et
i^unis en un seul crâne double, mais à l'intérieur
les deux encéphales, de fonne normale, étaient com-
plètement séparés par les dures-mères. Dans d'au-
tres cas, les individus composants, toujours bout à
bout, sont tournés dans le même sens, et les os de
mkne nom se correspondent par moitié, ainsi que
nous l'avons vu pour le sternum. Chez les mélo-
pages, les deux sujets sont placés parallèlement l'un à l'autre et opposés
front à front, face à face, ventre à ventre.
Fig. 15. — Monstre
céphalopage.
Sh
anatomie patiiolociole.
UiBLiiHiHAniiE. — ALBiiEtiiT, Cûinm. lit. yrb., ann. 1736, ser. 3. ~ hca,
Mrd.-chi,\ Zcitiiiiii, 1799, 11, \>. 272. — Sannie, Veihtmdl. wn Haarlm. IV,
p. 376. — Ono, lif. rit , n" 297. — IIaiikow, Comm. amt. phys. de mmOr,
'liii>t. vtrti'-ih. iiitir se jmirth. Lipsiie, 1821. — Uccelli, Aiiho di •■Unim i».
Fii-cnze, 1823, p. 227. — Kakh, Mnn. d-l'Acad. de Saint-Péteisb., VI' wr. «r.
nul. , t. IV, pi. VI et VU. — Villeneuve, Ikscript. d'un momtn: Parii,
1831. — Is. GEOFFnoY Siint-IIii.aiti:;, Uist. dfn Anoin., t. III, p. 58. —M
Lit. husulaiid'!, 1855, n" 17.
Hypogasti-odidymus (Gurlt). hchiopage (Is, GeolTioy Saint-llilairt'}.— U
duplicité s'él(!ii(i h pii^squf tout le rorps, rmiion a lieu par la rt'fîion pet-
KjG. 1 G. — ttonslre iichiopage dont deux des mombrea inférieiiri
Le pieJ commun a tin orleils. L'un d«i composants est .illcînt de bcc-ile
une [•liotogTBpliic du professeur Depaiil.)
virniif. Les deux individus à ombilic commun sont réunis bout Ji bout et
^nsiiim jKisition similaiiv, c'cst-à-dirc la face loumiJo du même coté
^ig. 16), On |>ourrait croire, si Ion s'en tenait .i iVxamon extérieur "l*
ces moiisti-es, ((uc les deux bassins sont placés à la suite l'un àe
l'itutn; et unis entre eux Imrd à boni pr leur portion iiiférieun.'; mais
il n'en est rien, Lrur réunion sopèriî h peu près comme celit' ile*
slernopages, <''est-iWirc que cbacune des deux moitiés du bassin dcluD
de.s sujets composants vient se souder aux moitiés du bassin de l'ault*
8UJel.coninierindi(iue[afigure17,el eomme le montraient déjà undcssiC
Jaisst- par Duverney et un autre do Palfyn. Cotte disposition rend compt*
de la situation rcs|M.Ttive des deux nppai-eils sexuels sur les cotés, au»
UOKSTKUOSITÉS.
85
exlrémilés droilc et gauche d'une ligne tmnsversalc au milieu do laquctli>
se trouve l'ombilic commun : vn d'autres termes, au point où cette ligne,
qui n'est autre chose ijue l'ave d'union, rencontre les axes individuels ou
axes vertébraux de chacun des sujets composants. Du i-este, de mi^me
qu'il existe deus appareils sexuels, l'un droit, l'autre gauche, formés de
moitié par chacun des deux conijKisants, de nn>ine il y a doux paires de
membres rejelés aussi tout à fait latéralement dont chacune est foniuk- du
ni4'm1)iv droit do l'un des sujets composants ol du gauche de l'autre.
Dans quelques cas deux de ces membres sont ivuiiis et iiu'omplétement
développés ' lig. 16). Ih'ux
vessies cori'es|>ondenl aux
deui symphyses pubiennes;
elli'S sont latérales, lo plus
souveni unies et en commu-
nicaliûii. Ijuand elles sont
doubles elles appartiennent
chacune pour moitié, ainsi
quf li's organes génitaux,
auideux sujets composants.
Chaque vessie reçoit deux
uréliirps, mais l'un et l'autre
pniïieniienl d'un sujet diffé-
it-nl. Les organes 'Je la partie
IKJSiérieure de la caviti'r pel-
'■ieiiue éprouvent aussi qucl-
<IUe$inodilications. Les deux
intestins, plus courts que dans l'état noi-mnl, se réunissent en un rectum
wmmun qui s'ouvre ordinairement à l'extérieur, sur la ligne d'union
des tacis postérieures de l'un et de l'autre compo.siint, mais quelquefois
1 aussi, quand les deux vessies sont conjointes, dans la porhc commune
H"! résulte de leur réunion.
BisuooRAPHiE. — DUVERNEY, Met», lie l' Ariidi-mie '(i-s sHinces, 1706, p. i18,
i'« planches. — I'alfï.n, Uesciipt. ih dt-nx nifunts momtr. l^yde, 17l)i.
- Is. G. Sii^-HiLAinE, Juwii. <:<,m\>Umtnt. du hict. rfc.v «c. wrf., t. .\X.VVI1,
« m. da An., t. 111, p. 69. — Retzius, llyaka, vol. XIII. — Dubrecii,, Méni.
''"Sm. ihùt. ma., t. XV, p, 245.— Gehi-incî, Uypouiistrudiilynuv, di<s. iifwj.
'•"burg, 18(|5. — SEIIHE.S, Principes d'embryiujéitie, etc. [iS'm. de l'Anid. de^
«w«, t. XXV, p. 660, 1859).— A. Fukster, Dk ]àisshild. d. Mitift^h.,
P-36.Wna, 1865. — LEXOtx, Comptvs midus dr lu S:-i-icl'' '!■■ liuUjijk, 1863,
flfirt:.mM.,1863, p. Û63.
- It.issiii d'iscliiapnge ; Ic^ ileuï
eDccjgiennei tant sauiJoei entre elles. '
pp, pubis. (Huiéum de Parti.)
86 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
II. — Monstres doubles parasitaires.
Celle série de monstres est caractérisée par Tassociation de deux in
vidus bien développés, l'un vivant activement et par lui-même, l'aul
implanté sur son frère et rudimentaire, vivant à ses dépens, l'un (w
«iVe, l'autre parasite.
Ces monstres naissent généralement à terme, et l'accouchement
termine presque toujours d'une manière heureuse en raison de la [h
tesse de volume de l'un des composants ; ils sont bi-mt\les ou bi-femell
le plus souvent bi-màles. Non-seulement ils donnent en naissant i
signes de vie, mais l'expérience a appris qu'ils peuvent parvenir jusq
Tàge adulte. On connaît un hétéradelphe qui est devenu père de plusie
enfants bien conformés. La présence d'un parasite n'est pas toutel
sans gêner quelque fonction et sans abréger l'existence du sujet b
conformé; et à cet égard le siège de l'implantation n'est pas indiiïérc
D'après ce siège, les parasites sont généralement distingués en paras
crâniens, maxillaires et ombilicaux (!}.
Les parasites crâniens sont constitués par une tête surnumén
portée par son sommet sur le sommet de la tête principale. Cette fon
décrite sous le nom A'épicome par Is. Geoffroy Saint- Hilaire, est assez ra
un cas a été raconté par Kverard Home et un autre a été publié par Vott(
de Liège. L'épicome de Home naquit en 1783, au Bengale, de pan
indiens jeunes et bien portants ; il mourut dans sa cinquième ani
des suites d'une morsure d'une vipère à lunettes. Le corps était l
conformé dans toutes ses parties et la léle principale elle-même n'oD
rien d'anormal , si ce n*est dans la région pariétale où ses tégum(
se continuaient avec ceux de la tête accessoire. Celle-ci, adhén
par son sommet, et par conséquent renversée sur la précédente, ofl
(i) Is. G. Saiot-Hilaire divise les monstres doubles parasitaires en trois tribus,
première comprend ceux des monstres parasitaires qui se rapprochent le plus
autositaires ; le parasite implanté extérieurement est reconnaissable pnr son o
nisation complexe; cette tribu se divise en deux familles, les monstres doi
hétérotypiens et les monstres doubles hétéraliens. Dans la deuxième tribu, Ti
vidu accessoire est, comme dans la première, inséré à l'extérieur ; mais il est tellei
confondu avec l'individu principal, qu'il est difficile au premier aspect de ne pas prêt
celui-ci pour un être unitaire portant quelques parties surnuméraires. Cette tribo
également divisée en deux familles : les monstres doubles & mâchoires muUipïei
polygnat biens f les monstres doubles & membres multiples ou polyméliens, La troisi
tribu ne comprend qu'une seule famiUe, celle des monstres doubles inclus ou end
mien^, ( Hist. dcsa*tom^ de inorganisation y t. III, p. 207 et suiv.)
Ietairi
kill
deU
lIOSSTni'OSITES.
ma direction oblique en haut et en arrière. A [lart celte tête d'une
iFormation qui neloit pas tout à Tait iioiinale, l'appai'eil An la
ciiTulalion el tout le reste de iétre se trouvaient coniplélenienl atrophiés ;
■•a L'ffel, à la suite de cette lôte accessoire venait un cou mal conformé,
[Kiiîuue tumeur arrondie compai'éc à une péehe. Les deux encéphales
etaicnl séparés comme il a été dil à propos des céphalopagcs ; cepeu-
la télé accessoii'o semblait participer aux joies et surtout aux chagrins
de U l(*le principale. D'un autre cOlé, loi-sque l'enfant tclJiit, la physiti-
nomie de la tête accessoire prenait une expression de aatisraction, el la
hitucbe laissait échapper beaucoup de salive. Dans le monstre de Vottem,
l'i'jicêphale du parasite était rudinienlaire ; les muscles consistaient en
àiRltre^ disséminées; il existait des rudiments du larynx, des poumons
<l du cœur, des vaisseaux lymphatiques et des nerfs ganglionnaires, une
|H>lili; raie, un segment d'intestin, elc. Lo système artériel faisait défaut.
Il n'ï avait pas trace de cordon ombilical.
DiBUOGiiiPuiG. — Houe, l'hilosopkical Ti-ansacl., ann. 1790, vol. L\X\,
)). 396. — VoTiEU, Descrii>tion de deux fatiu réunis par la tète, Liège, lS2i.
Les parasites maxillaires (monsti'es doubles ])olygnathiens) sont formés
jw l'adhérence d'un être rudimenlaire ou même simplement d'os maxil-
hires rudimentaires aux mâchoires d'un fœtus bien constitué d'ailleurs.
KCeolfroy Saint-Hikire divise ces monstres en trois genres, qui sont les
?i tires épignathe, hy/zognalhe et augnathe, dont le premier seulement aurait
* observé dans l'espèce humaine (1). La l'eiation qu'il donne du genre
'{iignalhe, chez l'homme, repose sur un fait rapporté par Hoffmann ; il
^«iitd'im fif lus femelle qui naquit en 168/t avant terme, ne vécut que peu
li iii&lanta, et chez lequel existait une tête supplémentaii'e aiïectée de plu-
sieurs vices de conformation. Le nez de ce fœtus était déprimé, l'œil droit
'Tnié, el la bouche formait une énorme fente de laquelle sortail une masse
• viKUse cl charnue attachée au palais, et laissant voir manifestement l'é-
iiiiciie d'une seconde tête. Un second cas a été étudié par Kidd ; la tumeur
'Uit loh(^, recouverte d'une peau bien conformée ; elle renfeiinait des
Listes séparés par un tissu solide et fibreux, des cartilages, des fragments
"1 fis, une portion de c<ecum et de mésentère, un doigt, un orteil, des pha-
inages avec des ongles rudimentaires. Lu fait assez semblable a été vu à la
^iilemltéde Paris, où le modèle est conservé. De la bouche d'un fœtus s'é-
■iiappcune masse informe se terminant par une jambe et un pied à quatre
Ij J« tien* d'apprendre qu'un monstre humniu tivpognate a lîlc prétcnti!, e
l>S»ciéU de chirurgie, pur M. Faucon, d'Ainicni
à
os anatuuie patholouiuue.
doigts lout à fait reconnaissables (fig. 18 et 19). Il nous a été malheureuse-
meiil impossible d'avoir des reiiseigiieinenls sur ce Tail intéressant dont le
modèle a servi à notre dessin. Au musée Dupuyti-eu se rencontre, sous ie
11° 37 (arm. 77), lemodèle en cire d'un fœtus de lai>uuclic duquel s'échappe
une substance fongueuse qui n'est vraisemblablement aussi qu'un fœtus,
rudimenlairc. Comme les bypognatbes,
les monsties épignalbes sont plus com-
muns chez les animaux.
UiuLioGRiiiEiii! — HofFMANs, Epkeinri;
nat. viir., 1867, dec. II, ann. 6, obs. 165.
— PoKLMANN, Bull, de la Soc. de mid. de
6m,d, 1855, p. 10. — Kim, Dublin hespil.
Gaz., 1856, n" 6, — Is. Geoffhov Sai.vt-
HiLiinK, HM. des aiiom., 1. 111, p. 250. —
Le nièuiG, Sur un nouveau genre de momtres
doubles jwrasitaires de la famille des luAy-
FiG. 18. — Honitre épignslhe.
IJiie maiie se lermiiuiiit par une jambe
et un pied bien conrormé prend son
InierLion lur le maxillaire gupé-
rieur gauche, et ïortparlalMiuche.
(Mutée de U Hatemilê.)
Fic- 19. — La bouche enlr'ouverle du
monstre précédenl laisse voir le point
d'implantation du paraiiie sur le food
du sinus maxillaire supérieur gauche.
c, cloison nasale déjelée ■ droite.
gnathiem. [Comptes rendus Actd. des sciences, 20 février 1851, et Ou:, tnèd.,
1851, p. IS-'i). — DiHEsiE, yotesiir un monstre npparteniinln un nouveau type de
la famille des polyfjnnihieiis [l'omptcs rend. Soc. Itiol. et Gaz. tnèd., 1859,
p. 300, 390 cl £i69). — Goubaix, Sur tui inoititre double parasitaire de la famUle
des polj/gniithieiis et du 'jenre ipi'jmithe {Compl. rend. .icad. dvs sciences, 3 août
1863, cl Gaz. méd., 1863, p. 558). — 1'. Beni, yvtesurun monstre double aulo-
sitaire de li famille des Monusomicns (Soc. de biologie ni Gaz. mèd.,\86U,]>. 182).
Les parasites ombilicaux naissent do la légion épigaslrique ou sus-
MONSTRUOSITÉS. 89
ombilicale du fœtus porteur ; ils présentent des différences, suivant que
le sujet accessoire est complet, c est-à-dire pourvu de toutes les parties
constituantes du corps, ou suivant qu'il est incomplet, c'est-à-dire
dépoun-u de télé, de thorax, de membres pelviens, ou bien réduit à une
télé poilée pai* Tintermédiaire d'un col et d'un thomx rudimentaires.
Is.Geoffroy Saint-Hilaire divise ces monstres en trois genres :
{' Les héiéropages, où le second individu a une tête distincte et au moins
des rudiments de membres inférieurs, de sorte qu'il est presque com-
plet. C'est à ce genre que se rapporte un monstre observé d'abord
par Pincet qui en envoya la description et le dessin à Licetus, et
plus tard, à Tàge de vingt-deux ans, par Bartholîn. Ce monstre jouis-
sait alors d'une très-bonne santé, et lorsque le parasite se trouvait enve-
loppé dans le manteau de lautosite, rien ne pouvait indiquer chez ce der-
nier un être monstrueux. Le parasite mâle, comme le sujet autosite,
offrait tous les caractères extérieurs des monstres unitaires paracépha-
liens. Sa tête était grosse mais mal conformée; abandonnée à son propre
poids, elle avait fini par se renverser en aiTière. Sa bouche toujours béante
laissait échapper continuellement de la salive, ses yeux n'étaient pas
ouverts, ses membres supérieurs, courts et contournés, n'avaient l'un et
laulre que trois doigts. Les organes génitaux n'étaient qu'ébauchés et
il n'existait qu'un seul membre pelvien. Cet être incomplet était presque
entièrement dépourvu de mouvement, incapable de se nourrir par lui-
raème et vivant uniquement des aliments pris par le sujet principal.
BiBuoGRAPHiE. — LicETus, /oc. ciY., p. 111, 117. — Mùmc cas dans Bar-
^ouHy Historia anat. rariar.y cent. I, obs. 66, p. 105. Amstclodami, 1659.
*- Is. Geoffroy Saint-Hilaire, t. III, p. 212. — Vrolik, Ou. dubl. missQ,y
P- 50, Mus, petroj)olUan. I, p. 307. — IIesse, Moiistr, bicep. descr. anat,
Berlin, 1823. — WiRTENëOHN, Duor, monstr, htiin, chscr, anat. Berlin, 1825,
P Hj pi. 111 et V. — LoscHER, PragvrVierteljahrschr.^ 185^, M,
2' Les hétéradelphes, où le parasite ne consiste qu'en une moitié infé-
neure du corps sans tète et quelquefois aussi sans thorax; c'est l'union
^l'un acéphale à un fœtus régulièrement conformé (fig. 20). Ces monstres
sont les plus fréquents des monstres parasitaires et ceux qui ont le plus
«aptitude à vivre. Sur trente-cinq cas réunis par Forster, vingt-trois
usaient mention du sexe masculin chez l'individu normal. Le parasite
offre toujours un appareil générateur plus ou moins atrophié, un sexe
souvent douteux ; lanus est imperforé ; les membres, mal conformés,
diversement contournés, sont le plus souvent incomplets, et les doigts
92 ANATOMIE PATHOLOGIQL'E.
niveau de- l'airade pubienne, peiidail entn- les deux cuisses, où il l'esLi
s<.'mi-l1i'-chi.En même temps ce garçon était porteur de deux pénis parall
lement disposés à quelques centimètres de distance et pouvant ronctionn
simultanément. Il possédiiit deux scrotums bien conformés, avec rapb
mais ne logi'nnt cliacun qu'un seul testicule. Il présentait enfin un anus ui
que, et sur le parasite, on constatait l'existence d'un anus rudiroentait
In nionsli-i- qui rentre dans ce même tn^upe a été récemment préseï:
à l'Académie de médecine, par
proresseur Dcpaul. Ce monstre, q
nous avons pu examiner avec tout
soin désimble, aujourd'hui âgé
cinq ans, est robuste et du sesc fêii
nin. Il est né dans le départenu
de l'Aisne, de parents bien portan
Produit d'une quatrième grosses.'
il vint au monde sans dilliculté;
frère qui l'a pi-écédé est morlau bout
dis jours, il étaitattoint despina bilic
Toute la partie supérieure du cui
est bien conformée, la partie infériei;
seulement est le siège de l'anom
lie (ftg. 23). Euti'e deux jambes e
liércment normales il existe de
jamiies parasitaires , faisant sail
en avant, et jouant l'une et Tau
dans deux articulations coxo-féni
raies situées sur un bassin rut
menlaii-e soudé ou réuni à la p
lie nntéi'o- inférieure du Ixissin pr
cipal au niveau des os pubis, i
lesquels il peut vaciller. Très-cbi
nues au voisinage de l'articulati
c-ox<>-fémorale , les membres parasitaires s'amincissent notablemt
à purtii' des genoux ; elles sont inégales et terminées par des extr
mités de petit volume affectées de pied bot vainis. Le quatrième
le <'ini[uième orteil de chaque pied sont réunis par une membi'n
inlerdigitaire, et le gros orteil du pied gaucbe présente un dédo
blement inromplet. Les articulations fémoro-tibiaies et phalangiem
sont plus ou moins complètement ankylosées ; les deux jambes fi
avec la misse, ù droite, un angle presque droit, à gauche, un aii:
onilrc polymùlien (|)ygomclc).
MON'STlilOrilTKS,
93
ilessîni-s; aux Jambes surtout, ils sont alro-
Wi, el le tissu adipeux pai-aU prédominer.
U |M»U est d'autant mieux nourrie i{u'oii l'exumine sur un point plus
ipproché du bassin; ù la piiitif iiifi'ri^-urt^ des cuisses, où elle est plus
fus», on aperçoit quelques poik liÎL'n nourris, plus lon|!s que wus du
ij(!l nulosite. La sensibilité h In douleur, au chatouillement ot an froid,
oMl', TnaisTnihleinent. \ii nivcnu chi point d'union d(?s memln-es, deux
dépressions opposées ; l'une, plus
profonde et i|ui parait être anlé-
l'iinire, laisse suinter par momentî<
1111 liquide senieux et fétide; l'autre,
pijstérieui-e, plus superliràelle, cor-
i-es|)ond à l'extrémité d'un os qui a
de grandes analogies avec le coccyit.
l'onr re motif eelte diïpi'essinii sem-
blerait éti-e un rudiment d'anus, tan-
dis f]ue la pi-emièri' poiin-ait (^Ire un
hs. îï. — Mnriïtre polyrafilisn. Fw. 23. — Partie postérit
", nillEacnt il« vulve dii p.irasilf!. représonti; flg. 22. «, cun»! do l"ar6lhre
du mjet priniipal ; h, rudiment d'anus
du parai lie.
it de vulve, iji siège nViproquc de eliacuiie de ces dépressions
Tiîl faire croire ijue la partie postérieure du parasite-, contraîremciil il
[Jl ^ni'jrale des monstmosités doubles, ri'garde la partie antérieure
fcfaulosile; mais ec n'est Ift qu'une apparence i-é.sullant de l'inversion
» mranbres.
ras occupe rhcz le sujet aulosite son siège ordinaire, puis vient un
inn peu étendu et un espace Hmilé par des IM-res peu développées, ludi-
laires {fig. 23). Le fond de cet espace est ronslitiié par une membrni
I
92
ANATOMIB PATHOLOGIQUE.
niveitu de l'arcade puhieiiiiu, pendait entre les deux cuisses, où il i
-'sla
semi-fléclit. En même temps ce garçon était porteur de deux pénîs parall
loment disposés à quelques centimètres de distance et |>ouvaut ronctiontir
simultanément. Il possédait deux scrotums bien conformés, avec rapht
mais ne logeiuit chacun qu'un seul testicule. Il présentait cnfm un anus uui
(|ue, et sur le parasite, on constatait rexisteiice d'un anus rudinientaire.
In monstre rjui rentre dans ce même grou|MJ a été i-écenmieiit préseul
à l'Académie de médecine, par l
professeur Dcpaul. Ce monstre, qu
nous avons pu examiner avec tout 1
soin désiiable, aujoui-d'hui âgé d
cinq ans, est robuste et du sexe réni
nin. 11 est né dans le départemei
de l'Aisne, de parents iiien poilant
Produit d'une quatrième {pïissessi
il vint au monde sans difticulté;
frère cjui l'a précédé est mort au boult
dîxjours, ilélaitatteiritdespinabitid:
Toute la partie supérieure du cuq
est bien conformée, la partie inférieui
seulement est le siège de Taiiomi
lie (fig. 22). Entre deux jambes ei
tièrement noiinales il existe deii
jambes parasitaires , faisant saill
en avant, et jouant l'une et l'auti
dans deux artieulalions coxn-fénit
raies situées sur un bassin rud
mentaii'e soudé ou réuni it la p.i
tie an téro- inférieure du Ixissin pri"
cipal au niveau des os pubis, s-
lesqucls il peut vaciller. Très-cba
nues au voisinage de l'artieulatit
coxo-fémorale , les membres parasitaires s'amincissent notabicme
à partir des genoux ; elles sont inégales et terminées par des extn
mités de petit volume alTectées de pied bot varus. Le quatrième
le cinquième orteil de chaque pied sont réunis par une membiai
interdigitaire, et le gros orteil du pied gauche présente un dédoi
blement incomplet. Les articulations fimioro-tibialcs et phalangienm
sont plus ou moins complètement ankylosées ; les deux jambes (a
avec la cuisse, à droite, un angle presque droit, à gauche, un ang
Fic.31.— Moiitlre|)Oljaivliei){p]rgamèlc].
IIOSSTBIOSITES, 93
rsoiit mal ili'ssinés ; au\ jambes surtout, ils sont alro-
ÉiVs, Ht le (is8U adipeux parait prédominer.
If la |M'au CAl d autant mieux nourrie qu'on l'examine sur un point plus
iclié du bassin; à la piirtie iuri'ripure des cuisses, oit «lie est plus
^sse, on aperçoit quelques poil.s Iiieii nourris, plus longs que ceux du
)jrt autos ile. La sensibilité ii la douleur, au clialouillement et au froid,
te*, mais fjildi'Tucnl. An niveau du puiiit d'union des inemhres, deux
(Icpri'ssions opposées : Tmie, plus
pmfdnde e[ qui paraît être anté-
rieurL', laisse suinter par moments
un liquide sanieux et Tétide; l'autre,
pcistérieuru, plus superliciellt!, cor-
respond l't l'extrémilé d'un os qui a
de lirundes analogies avec le coccyx,
l'our re motif celte dépression sem-
lilerait être un rudiment d'anus, tan-
dis (|ue lit première pourrait ^tre un
l'ii;. 23. — Partie poBlériuui-e du monslre
te[iTisenlitig. 32. n, cmal <le Turèltire
du lujBt i>nnclpa] ; A, rudïmenl d'anus
du parasite.
Bll de vulve. Le sié^e réciproque de cliacune de ces dépressions
T^t Tsire croire que la partie postérieure du parasite, conti-aii'emenl a
H générale des monstruosités doubles, ri'jîarde la partie anterlf-ure
Pantogiti! ; mais ce n'est là qu'une apparence résultant de l'inversion
[ iiteinbr<>s.
!i^mi8 occupe riiez le sujet autosilc son siège ordinaire, puis vient un
" i peu étendu et un espace limité par des IMres peu développées, iiidî-
ibiires (Bg. 23), Le fond de cet espace est nmstilué par une membrane
J
92 ANATOSIIE PATHOLOGIQUE.
niveau lie l'arcade putiieime, pendait enlre los deux cuisses, où il tvsUû
semi-lli'-cbî. En même temps ce garçon était poileur de dcu\ pénis parallt
lement disposés k quelques centimètres de distance et pouvant Tonctionne
simullaHément. Il possfklait deux scrotums lijen conTormés, avec rapb*
mais no logeant chacun qu'un seul testicule. II présentait cnfm un anus uu:
que, et sur lu pai'asite, on eonstalaît l'existence d'un anus rudinientairc.
r» monstre qui rentre dans ce même grouirc a été l'écemmenl présent
à l'Académie de médecine, par I
professeur Dcpaul. Ce monstre, (]u<
nous avons pu examiner avec tout h
soin désirable, aujourd'hui ïigé d<
cinq ans, est robuste et du sexe fénii
nin. Il est né dans le départenitii
de l'Aisne, de pai'cnls bien portants
froduit d'une quatrième grossesse
il vint au monde sans difficulté; l<
frère qui l'a pi'écédé est mort au bout d<
dix jours, iictaitattcint despina bifida
Toute la partie supt'tricure du curp
est bien confonnéi', la partie inférioui-'
seulement est le siège de l'anoma
lie {fig. 22). Entre deux jambes en
tièrement normales il existe di-u
jambes parasitaires, faisant sailli
en avant, et jouant l'une et l'autr
dans deux articulations coxo-fénio
raies situées sur un bassin rudi-
mentaire soudé ou réuni a la piii
tic an léw- inférieure du bassin prin
cipal au niveau des os pubis, su
lesquels il peut vaciller. Très-char
° ' nues au voismage de I articulatm
coxo-fémorale , les membres parasitaires s'amincissent notabteiiiei!
à partir des genoux ; elles sont inégales et terminées par des extré
mités de petit volume alTeclées de pied bot varus. Le quatrième <
le cinquième orteil de chaque pied sont réunis pur une membran
inlerdigitaire, et le gras oileil du pied gauche présente un di'^dou
blement incomplet. Les articulations fémoro-tibialcs et phalangienne
sont plus ou moins complètement ankylosées ; les deux jambes fon
avec la cuisse, à droite, un angle presque droit, à gauche, un angl
lIONSTHLOSirES.
93
«des sonl mal deiisiiirs ; aux jambes surtout, ils sont atro-
^iés, pt le tissu adipeux parait prédomiiici-.
i U peau est d'autant mieux nourrie qu'on i'examim^ sur un point plus
ppptnehé du bassin ; u la partie iuréneure des cuisses, où elle t^sl plus , J
n aperçoit quelques poils bien nourris, plus lon^s que ceux du
■jfl autosite. La sensibilitt*' il la douleur, un chatuuillcm<\int et au froid,
teste, mnîs fiiihlfini'iit. An niviau ilit puinl d'union des memln-es, deux
'li'pressions opposées : l'une, plus
profonde et qui pniTilt éti* anté-
j'ic'uiv, laisse suinter par moments
un liquide sanieus et fétide; l'autre,
posttïrieure, plus superlicioHe, eor-
respond il l'extréniilé d'un os qui a
lie ^L-andes analo^îeâ avec le coccyx,
l'our re motif cette dépression sera-
lilerail être no rudiment d'anus, tan-
rlis (jue In première pourrait i^lre un
j
>J
W
I P». 22. — Hanslre poljmélien. l'i''.. 23. — ParUs poslérii
. radlmcnt de vulve du prasile. reprisenlù llg, 22. a, c.inal de l'urtlhra
ilu «ujet principal ; b, rudïmeiiL d'anus
du pïrnsïte.
(OtdevulYC- Le siège ii-ciproque de chacune de ces dépressiuiis
Défaire croire ([ue la partie postérieure du [iarasile, contrairement à
"rijénéraledes monstruosités doubles, ivgarde la partie anlériemv
■FaniiMito; mais ce n'est là qu'une apparence résultant de l'inversion
* iMmbres.
f Vians occupe ehcz le sujet autosite sou siège ordinaire, puis vient uu
" é peo étendu et un espace limité par des lèvres peu développées, nidî-
AÙK% (fig. 23]. Le fond de cet espace fst ronslitué par une memhram
I
ANATOSIi; PATUOI-UOIQLe.
niveau iIb l'arcade pubienne, {leiidail entn- les deux cuis
âomi-Ht'chi. En mèmn temps ce gat\'oii élitil pui-l(?ur de deux piîiiis psnll6-
leinenl ilispusi^M ii(]uel(|ue5 cenliniMi-es de distance el (louvaiit ronctionner
siraullaniVmcnt. Il possùdnït deux scrolums bien conformés, avec mpbé.
iiinis lie logeant chacun qu'un seul lesticule.il présenlail cnlin un anusunî-
<|ue, el sur le itaiTisite, on constatail l'cj^isUMiiH^ d'un anus rudimenlaîw.
In nionslrr i|ui iviilredans ce même groupe a été l'écerainent priiscu^é
k l'Acailéniie do médecîtie, par lu
profosseur Lle|)aul. (À> monsti'e, que
nous avuns pu exaniiue.ravL>c tout \v
soin rlosifablu , aujouixlliui iigé it
r\ni\ ans, est i-ol)uste et du sexe fémi-
nin. II est né dans le déparienienl
de l'Aisne, de pai-enls bien portants,
l'i'oduil d'une c(uali'i(!ine grossusM,
il vint au inonde sans dillicullé; !«
fn'-i-iMiui l'a précédé est mort au boutdr
dixjciui-s, ilêtailalli'intdespinabifida.
Toute la partie sug^'i-ieure du cocpt
esl Itiiii coiiToni , l.i partie inrérieuffi
seulemeul est le siège de l'urumia-
lie (lig. 23). Entit- deux jambes ea-
lièremcnt uonnnles il esistu dmu
jambes paras i tjt i res , faisaiil !iai)ll<
eu HvanI, et jouant l'une el l'aiilr-
dans deux articulations eu)
raies situées
nicnlaire soudé ou réuni
tie a ntéro- inférieure dn
eipal au niv<>au des <M
^^ lesquels il peut vacîUwi
FiG.21. — Monilrc l'alvmi'lieu (iiviFonièioj, . .
' ' "■** ' iiu»!s au voisinage
coxo-fiTuorale , les membres parasitaires s'amincit
à partir des (lenouK; elles sont inégales et terminéoft'
mités de [letît vobnne alTeclik's de pied liot vanis. Le <|i
le <'Jii{|uiènie orteil de eliut|uo pied sont r«;uuis par niii*
inlerdigitaiii!. d lu gros arttU du pied gtuuhi' préi
lilemenl incomplet. ' - - - -
sont pins ou ]
it;ii. I."'s iHUSclos ~ .:
iliii'i. il le lissii aùiin
1.1 |ii'aii *>sl d']t:ituL
aiipriKlié du biis-;t:.
■piisse, iiii ajuT-iii; m
.iijH iniUisitf. Li >-ui.-
isTiii-k--:.
..m- di-s
I II II soul
u.iil iittus-
iiUsiiupli's;
■ iLiii's vei-lû-
I (li'ux sa-
^oiisimoailôs
.;iiriiuii tcelus
,>.ii':isili- inclus
. un voisinait'
iiiiina Atliènos,
cas, <>tu(lio |iai'
|inr {luérir après
iiicn. On voit pjn-
• '/ l'homme, mais
■ liss. Parme, 1815, —
l-ll'i Aeead'vt. Gif-ai'i,
. lllst. des anom., t. III,
■.iinsitf humaine ]nii- iii'-hi-
. Aimi., t. XXlll, p. 'i2«,
Mniatre hiimnin tripk \>ai-
p. ;Vi6).
doubles oiidocYoïiens
^ lie deux individus livs-iui!-
1 11' plus petit ou lo pai'asile,
iiiili-, s(i trouve i-enrcniu' l'I
,1. ■l'Ile lilii'cuscjdus ou moins
II-, (loitl les uns, adlim-nls à
i'l>>iinti'cs,sansadlii'Ti'iici's,
iiMii. ^'allri'ont fatalcnicitt pl
'<i i du contuot de Tair. Ainsi
91 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
mince, rougeâtre ; limité sur le côté par les lèvres, il laisse voir à la partie
postérieure le canal de Turèthre, qui, bien conformé, se trouve à 2 cen-
timètres de lanus^ et en avant l'insertion du parasite, de sorte que la
menstruation parait devoir rencontrer des difticultés, comme aussi le
rapprochement sexuel.
Bibliographie. — Chabelard, Mém, deVAcad. des sciences, i7^i6. — Ammox,
Die Amjeb, chir, Krankh,, pi. XXXIV, fig. i, 2. — Orro,^ loc, dt., n** fi\5. —
Fleischmanx, Der Fœtus in Fœtu, \SUô, — Acton, Med,chir, Tr(tnsact.,\o\. XXIV,
18^i6. — PiTHA, Prag. VicHeIjahrschr., 1850, VII, I. — Hesselacu, Beschreib,
d. Wurzb. Pràp., p. 237. — Weber, Archiv fur path. Anat. und PhysioL,
*. VI, p. 520. — Fr. Béer, Beitrùge zu der Lfihre von den Missgeb, In. diss,
Zurich, 1850. — E. Vidal, Monst. double parasit., genre pygoméle, famille
des polyméliens (Soc, de biologie et Gaz, méd., 1861, p. 2^5-516). — Fôrster,
Die Missbild.y p. 27. — Bulletin général de thérapeutique, t. LXIX, p. kU, 1865.
— Hervieux, Bm//. dcVAcad, de mé(i., 6 janvier 187/i,p. 20.
111. — Monstres triples.
Ces monstres sont peu communs ; la science en possède à peine quel-
ques exemples, ce qui ne peut surprendre, lorsqu'on sait la rareté des ac-
couchements triples. Effectivement, sur un relevé de 37 hki accouche-
ments, Dugès {Revue méd., année 1826, t. I, p. 3/i9) n'a trouvé à la Mater-
nité de Paris que cinq accouchements triples. Dans les grossesses triples
plusieurs cas peuvent se présenter : les trois jumeaux sont isolés, c'est le
cas ordinaire; ils sont soudés à deux, le troisième étant libre; enfin la
réunion des trois sujets en un seul constitue le cas de beaucoup le plus
rare. On connaît jusqu'ici seulement quatre cas bien authentiques de tri-
plicité monstrueuse chez l'homme.
Le plus important de ces cas est rapporté par les docteurs Reina et Galva-
gni, de Catane, qui firent eux-mêmes la difficile extraction du monstre.
Sur un tronc unique et volumineux, s'élevaient deux cous, l'un gauche,
de forme normale, l'autre droit, très-gros, nianifesleinent double. Le
premier portait une tête de conformation régulière ; le second était la
base commune de deux têtes distinctes, presque aussi bien conformées
que la première. Les membres étaient au nombre de cinq, deux thora-
ciques régulièrement disposés, un troisième thoracique placé postérieu-
rement, et deux abdominaux. L'appareil générateur, de sexe masculin,
était unique de même que l'ombilic, de sorte que ce monstre était triple
dans la région céphalique, double en apparence dans le cou et la partie
sup<»rieure du thorax, et simple dans la moitié sous-ombilicale. 11 existait
MOSSTItUOSlTÉS. 95
ï'seiileraeiit deus tmchét^s-arli-res ; de même il y avail
sniKieurement trois œsophages, dont le droil et rinteiTnédiaiie se ooii-
rniidiiient plus bas en un si>ut. On trouvait deux cœurs, deux péricardes
A m^io deux paires (le poumous, placées chacune dans l'une des
iiiiiiliés d'un unique el ample thorax, à deux rangs de câtcs et à un seul
slirnum antcrieur. L'estomac et le duodénum étaient uniques, mais il
»itlail deux jéjunums et deux iléons ; à partir du ciecum le canal inte&-
lÎDtl redevenait unique. Les autres viscères ùp. l'ahdomen étaient simples;
il n'y avait qu'un seul rein. Cependant il existait deux colonnes verte-
timli'S complètes, bien que réunies sur (quelques points, et deux sa-
les Autres cas de monstres triples otit trait à des munslruosilés
par inclusion. L'un d'eux, publié par Bettoliet Fattori,estrelatifàun fœtus
ff'inclle de sept mois, bien développé, qui presenlait un parasite inclus
(Ilins la région du ventre et un autre dans la région anale, au voisinage
lii^l'inleslin. Dans un autre cas rapporté parAretaeos, médecin à Atbènes,
il l'iigissail encore d'un Tœtus de sept mois. Un dernier cas, étudié par
'iactana .\ocito, est celui d'un bomnie adulte qui linil |>ar guérir après
>Vlre débarrassé de deux Tœtus inclus dans son abdomen. On voit |>ar
<'i^i Tails que la triplicité monstrueuse est possible chez l'homme, mais
'yii: k plus souvent cette inonstruosilé est parasilaiie.
liiRior.RAPiuE. — Kattobi, Be'ffti ckt- ruechiudom fetî, diss. Parme, 1815. —
(tiii [[ (;iLVA(isi, Snprn na feto umann trii:ef<ilo (Atti delta Aecndem. Givfnia.
iMIl, p. 203, 1832). — Is. Geoffroy Siiht-Hilaibe, Hitt. des anom., t. 111,
p. î!T. — GAtTAKo NociTo, Uém. sur an eas df monstruosité humaine pnr inebi-
■û»'. Girgenti, 18.ÎU. —Th. AiitTAEoa, Anh. f. pnth. 4wri., t. XXUI. p. 'i2a,
"*î, et Gaz. mM., 1863, p. 81ù. — Philipèaux, Monsirr humnin Iriph par
'■"flwOTi (Soc; de biologie et Gaz. tard, de Paris, 1S73, p. ;»Û6),
5^'— HOHSTRESDorBLEs p,\R INCLUSION. — Monstres doubles ciidocymiens
(Is. GcofTroy Saint-Hilatre}.
îS monstres par inclusion soûl composés de deux individus très-iné-
U en volume et en développement, et dont le plus petit ou le pai-asile,
1 d'*lre greffé sur l'individu qui le porte, se trouve renfermé et
e emboîté dans celui-ci. Isolé par une poche tibi-euse plus ou moins
e parasite est Tonné de débris de fœtus, dont les uns, adhérents à
oche, vivent d'une vie végétative, tandis (|ue les autres, sans adhérences,
mrvus de toute vitalité et de toute nutrition, s'altèrent fatalement et
it uue décomposition sponttuiée fi l'abri du contact de l'air. Ainsi
96 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
<!cs tumeurs congénitales peuvent s'accroître, rester inertes et inoffensives,
mais quelquefois aussi, par suite de leur décomposition, elles devien-
nent, à la façon des corps étrangers, le point de départ d'un travail
inflammatoire qui a pour consé(iuence Télimination de leur contenu
et un danger réel pour l'individu qui en est atteint. Cette monstruo-
sité se rencontre dans différents points de Torganc; mais comme on
Tobserve le plus souvent sous la peau ou dans des cavités viscérales, on
distingue des parasites inclus superficiels ou sous-cutanés et des parasites
viscéraux.
Les /jfirasiti's sous-cutanés occupent généralement la partie postérieure et
inférieure du tronc, les nagions sacro-périnéale et scrotale où ils forment des
tumeurs Iiémisphériques plus ou moins régulières, de la grosseur d'une
tête de fœtus normal, quel(|uefois assez volumineuses quand une certaine
quantité de sérosité vient s'ajouter au contenu de la poche qui les ren-
ferm(» pour desccMidre jusqu'aux jarrets du sujet autosite. Celui-ci n'est
pas toujours bien conformé dans la région inférieure du tronc ; assez sou-
vent l'anus est mal placé, rejeté lat('*ralement ou l)i(*n placé immédiate-
ment diM-rièn» le scrotum ou la vulve ; il peut être imperforé. Les organes
sexuels, dans quelques cas, offrent d::s anomalies de position; la moelle
é|)inière enfin peut se terminer inférieurement d'une manière insolite, par
extMuple sans queui* de cheval, et l'on a vu la portion sacro-coccygienne
affectée de fissure spinah». Le» fœtus inclus a une conformation très-varia-
bl(\ analogue à celle des derniers omphalosites ; il n'est pas entouré de ses
membranes connue dans l'utérus : la peau, une membrane fibreuse et une
membrane muqueuse, telles sont les parties (jui entrent dans la consti-
tution habituelle des enveloppes (jui le circonscrivent. La peau est ten-
due, parcourue [)ar des vaisseaux dilatés, la membrani» fibreuse est plus
ou moins éï)aisse, et dans certains cas exc(»ptionnels, où une tumeur in-
tra-abdominale estajouti'e à la tumeur sous-cutanée, elle se |)rolonge d'un
kyste à l'autre. La membrane mutiueuse, lisse, tapissée d'un épithélium
pavinK^nteux, donne attache au fœtus parasitaire qui lui adhère au moyen
de brides fibro-cellulaires.
lïes parties liquides et des |)arti(»s solides forment généralement
le contenu de ces tumeurs. Le liquide est une sérosité claire, ren-
fermant de Teau, d«* l'albumine, du chlorure de sodium, des débris épithé-
liaux v\ des globules sanguins. Dans un cas rapporté par Himiy, la
composition de ce liquide était analogue à celle de Teau de lamnios;
quelqu(»fois enfin, W li(|uide séro-albumineux faisant défaut, les parties
solides sont recouvertes de graisse et de cellules épithéliah^s. Ces })arties
conq)rennenl des portions |)lus ou moins considérables de membres, tan-
HONSTRUUSITKS.
lÛ garnis (le leurs ijssus ei complets, tan tât réduits à l'étal rudimeiitah'e.
linsi l'on rencontre quelquefois , isolés ou rounis , un bras , une jambe,
unemuin, etc.; le plus souvent on trouve des os ou des rraginents d'os,
quîTexamen fait reconnaître appartenir aux os des membres. Dans d'au-
iKSCas, ces lumeui's renferment des rudiments de squelette du crâne et
de la colonne vertébrale, ou même des masses intestinales plus ou moins
ïilongées et quelquerois munies d'un mésentère avec ses artères , ses
rdncs, ses nerfs et même ses vaisseaux et ses ganglions lymphatiques.
Cu certain nombi'e de ces tumeurs présentent enfin des [)artics muscu-
laifes et nerveuses ; on y trouve des niasses plus ou moins aualogues au
(«rvcau et au cenelet, mais qui ont rai-cmcnt la structure anatomique
de la substance cérébrale. D'ailleurs, les rudiments de viscères sont
^éralement rares dans ces inclusions : les organes glandulaires sont
ceux qui y font le plus souvent défaut; les éléments du foie ne
^missent pas avoir jamais été rencontrés dans ces kystes. Cette moindre
Eriquence des tissus mous par rapport aux tissus durs et résistants
comme les os, tient sans doute à une plus grande facilité de transfor-
Wlion et de désagrégation niolcculaire. Pourtant ces tumeurs parasi-
I brresne sont pas sans se noun-ir dans une certaine mesure ; elles reçoivent
^Hbrindîvidu autosite des vaisseaux provenant des branches artérielles
^Hpucipaies de la région qu'elles occupent. Dans la région scrotale,
^KdJK sont alimentées par lus vaisseaux du scrotum, tandis que dans la
' région sacro-pcriuéale ce sont généralement des rameaux émanés de
'artère sacrée moyenne qui s'y distribuent.
k description qui précède se rapporte à des faits où l'origine et la ua-
'ure fuetalcs de la tumeur ne sauraient faire l'ombi'è d'un doute. A côté
4e ces cas, il en est d'autres dans lesquels on ne trouve plus d'organes,
luis simplement des fiagments des tissus constituants du fœtus, tissu
coùjoncUr, cartilage, os, fibres musculaires lisses et striées, en môme temps
que des kystes multiples. t*s tumeurs, qu'il est impossible de séparer
&tKolumentdesinctusions sous-cutanées dont elles se rapprochent par une
*«iedc faits intermédiaires, ont été généralement désignées sous les noms
*eCTStosarcomes ou tumeurs embryoplastiques ; elles seront étudiées plus
^Hbnsous la dénomination de tumeurs congénitales enkystées.
^■'Lesj^onui't» viscéraux ont pour siège ordinaire la cavité abdominale,
^HpiU occupent, soit le sac péritonéal, soit le mésoci'ilon Iransversc (cas
^^UDupuytren, Youiig); ils se retrouvent aussi dans le médiastin antérieur
^P (lîwdon. etc.% On a également signalé leur présence dans les ovaires,
lii tu&iicules (Verneuil) ; mais il se peut que dans ces organes il s'agisse
URUlun. — TtÛlÉ d'Anal. !■ — '
98 ANATOMIB PATHOLOGIQUE.
simplement de kystes dennoïdes. Entouré d'une forte capsule, le parasile
est toujours rudimentaire, le plus souvent acéphale, tantôt libre, tantAl
relié à la capsule qui Tentoure par des faisceaux fibreux, des vaisseaux,
ou même par une sorte de cordon ombilical. Il présente rarement des
organes complets, à part quelques portions d'intestin ; mais souvent il
offre des extrémités avec leurs parties molles, des pieds, des mains avec
les doigts, des os, etc. Ce parasite n'a pas d'organes vasculaires propres,
et sa nutrition ne peut s'effectuer que par l'intermédiaire des vaisseaux
de l'autosite. Dans la cavité abdominale, par exemple, cette nutrition
s'opère aux dépens des branches des vaisseaux mésentériques.
La présence d'un parasite inclus peut ne déterminer aucun accident
local ; cependant au sein du péritoine elle n'est pas toujours sans danger.
Il aiTive, en effet, que la tumeur parasitaire, se comportant à la façond'un
corps étranger, donne lieu à une péritonite, ou produise une perforation
intestinale ; ainsi elle peut se faire jour à l'extérieur et se déverser au dehors.
Différentes théories ont été proposées dans le but d'expliquer l'inclu-
sion fœtale, mais deux de ces théories seulement méritent notre examen.
L'une d'elles fait provenir l'embryon inclus du sujet principal dont il ne
serait qu'un produit. Présentée par Meckel, cette hypothèse est formelle
ment conti^edite par tous les cas dans lesquels on trouve l'embrjon inclus
très-développé ou même complet, et par l'intime analogie qui lie ces cas
avec ceux dans lesquels le sujet inclus est réduit à quelques parties amor-
phes. L'autre considère Tembrjon inclus, non plus comme le descendant,
mais comme le frère du sujet qui le renferme, conçu dans le même acte
générateur. Cette dernière explication, qui rapproche les monstres par
inclusion fœtale des parasites par implantation et des monstres ompba-
losites, est celle qui s'accorde le mieux avec les données scientifiques.
BiBiJOGRAPHiE. — Dltl'ytren, BiiU. fie la faculté de médecine de Paris, 1. 1'
an XIII. — YouNG, Med, ehirurg. Transact., 1809, t. I, p. 23^. — Procha^m»
CEsterr, med, Jnhrh.^ II. Wien, 1814. — Highmore, London med, ReposiMi
1814, vol. II. — Philips, Med, vhir, Transact., 1815, t. II. — Capadose, Di». ^
fœtu intrafœtum, Lugd. Batav., 1818. — Gordon, Med. ehir. Tram., t. XlUt
p. 12, 1825. — Laciiéze, Delà diiplirité monstrueuse par incluxion, thèse àc
Paris, 1823. — Lvj^wwge, Mêm. sur la monstruosité dite par inclusion. CaeO»
1829. — Le môme, Bull, de l'Aead. méd., 20 janvier 1852. — HiMLti
(ieschichte des Fœtus in Fœtu, Hannovcr, 1831, avec le relevé de la plupart d^
faits connus. — Ciiakvet, Arrh. (jèn. de méd., sér. 3, t. III, p. 265, 1838. -^
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Ueilkundp, 1847, et Gaz. mid., 1847, p. 830). — Ollivier d'Angers, Mém. ^'^
Vinclmion, {Archives tjénér. de méd., p. 355 et 539, t. XV, 1827). — Is. Gex?»''"
MONSTRUOSITES. 99
FROY Saint-Hilaire, Uistoife des anomalies de Corganisaiion, t. III. Paris,
1836. — ScHAUMAMN, Diss. tist. cas. mr, fœtus in fœtu, Berlin, 1839. — Stan-
LET, OnœngenUal tttmorsofthe pelvis (Med* chir. Transaci,^ t. XXIV, p. 230,
18M). — ViGifÉ, Bull de la Société anat., 21* année, 1846, p. 196. —
Fldschmaxn, Der Faim in Fœtu. Nuremberg , 18/»5. — Cruveilhier, Traité
d^anat. path. générale, t. I, p. 371, 1869. — V. Ammon, Die anyebor. cW-
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1850. — DiouicsoN, Med. Times and Gaz, July 1850. — Lebert, Mém. de la
Société de biologie, t. FV, p. 203, 1852. — Suukowski, Monstruosité par
Mclunon, rapport par Danyau {Gaz. méd., 1851, p. 743). — Verneuil,
Mém, sur Vinckision scrotale et testiculaire {Archives générales de médecine,
1855, t. I, p. 641, et t. II. — ScHUH, Wieti. med. Wochenschr., 1855,
n'51. — Reixer, Ibid,, 1858, 31-33. — Schwartz, Beitr. zur Geschichte des
Ffrtm in Fa^. Marburg, 1860. -* Moussaud, I)es inclusions fœtales, tbèse de
Paris, 1861. — Aug. Furster, Die Misshildunqen des Menschen. léna, 1865,
p. 40, pi. V, fig. 17. — Constantin Paul, Étude pour servira V histoire des
monstruosités parasitaires {Archiv. génér, de médecine, t. I, p. 641, et t. II.
Paris, 1862). — Danyau, Rapport sur une obseixation de superfét. congénit. d'une
imefUe de quatorze ans (Acad, de méd,, 18 nov. 1851, et Gaz, méd,, 1869,
p. 68). — Braune, Die Doppelbildungcn wid angeboren. GeschwiJÀste der Krenz-
f^egend, Leipzig, 1862. — Bbrend, Berlin, klin. Wochenschrift, 1864,
n* 24. — Breslau et Rindfleisch, Archiv f. path. Anat. tmd Physiol., t. XXX,
p. 406, 1864, et Gaz. méd., 1866. — Preuss, Archiv fur Anat. Physiol. wid
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ViRCHow, Berl, klin, Wochenschr., VI, 19; mai 1869. — Bohm, Zur Castiistik
der fùtaien Inclusion, in Steissbeingeschw. {Berlin, klin, Wochenschr., n^ 5,
1872). — MoRiTZ Freyer, Zur Casuistik der Kreubeingeschujùlste mit Fœtalem
{Archiv f. path. Aiwt, und Physiol., i. LVIII, p. 509, 1873).
§ A. — TUMEURS CONGÉNITALES ENKYSTÉES.
Par cette dénomination, nous désignons des productions congénitales
solides, liquides ou semi-liquides entièrement liées à la formation ou au
développement de Tétre humain. Bien qu'on ne soit pas absolument ii\(''
sur l'origine de ces tumeurs, le moment de leur apparition et la nature
des parties qui les composent tendent à les faire rattacher à un vice de
Torganisation, et, pour ce motif, elles se placent naturellement à côté des
moDstmosités; elles constituent deux gi'oupes distincts quant à leur
origine : 1"^ les tumeurs sarcomateuses, cystosarcomateuses et kystiques;
!2* les tumeurs dermoides.
I. — Tumeurs sarcomateuses kystiques.
Ces tumeurs ont pour siège spécial Texcavation pelvienne, la partie
antérieure du sacrum et du coccyx, les parties postérieures et inférieures
10»
ji.miiyuE.
du tronc, exceptioiinellemenl les parties supérieui'es <^t aatûriei
sont les unes solides, les autres complètement liquides ; néanmoins
n'offrent pas une dilTérence aussi constdéi'able qu'on serait tenté de II
supposer de prime nbord, car il existe entre ces deux limites extrènei
toute une série de tumeurs intermédiaires, c'est-à-dire de tumeurs solidd
dans lesquelles se sont développées un plus ou moins gi-and aai
du poches kystiques de forme allongée et d'un volume qui varie ilepuil
la grosseur d'un œuf jusqu'à celle d'une t^le de fœtus à terme.
Les tumeurs sacrées congénitales reposent en arrière sur le saoni
et le coccyx ; en avant, elles se coiffent du rectum et refoulent l't
et les organes génitaux externes au-dessous de la symphyse pubien»
en haut et en arrière, elles sont limitées par le bord inférieur di
muscles fessiers; en bas, par la peau de la région du jiérinée. D
côté du bassin, les limites sont moins constontes : tantilt la tumet
est arrêtée dans son développement par le releveur de l'anus, tsnld
écarlaul les libi-esde ce mui
de. elle remonte dans la ci
vitiWlu petit Itassin et se tnnil
située entre le sacrum et I
recluni; dans quelques M
i-tilin, fi-anchissant les limif
supérieures du bassin, ellei
iliwloppe dans la cavité bMi
iiiiiiale. Les tumeurs coce]
jKiines ont des insertio
moins profondes et sont pU
accessibles au chirurgien.
lÀ's productions présenta
ptusieui's enveloppes : d'abiK
la peau iionuale. quelquttElii
amincie, violact*, glabre 4
recouverte, sur un point,
poils (tig. M), ensuite une couche celluleuse et une membriute Ûbreol
plus ou moins épaisse qui peuvent les fixer au sacrum ou au coccv:
Leur contenu, de cousislance ordinairement molle.ou semi-fluctuante,!
coloFatiou grisâtre ou rosée, est friable, quelquefois gêlatiaîtomw
parsemé de vacuoles remplies d'un liquide visqueux diaphane (Db)imI
Leur structure n'a pas toujours été suffisamment étudiée: (uirtabu
leurs se bornent à dire que ces tumeurs sont solides, sarcoi
quelques autres, reconnaissant leur gi-aude analogie avec le»i
MONSTRUOSITÉS. 101
cyslosarcomateuses qui se développent dans d'autres régions du corps,
et notamment dans les ovaires, les ont appelées du nom de cystosarco-
mes. Elles sont généralement composées, en proportion variable, de
parties solides et de kystes plus ou moins volumineux, remplis d'un
liquide séreux, quelquefois sanguinolent. Ces kystes, ordinairement
petits et nombreux , ne communiquent pas les uns avec les autres ;
ils ont des parois minces et tapissées d*un épithélium pavimenteux,
et renferment quelquefois des poils ou une matière sébacée. La masse
solide de la tumeur est formée de petites cellules rondes disséminées au
milieu d'un stroma connectif très-riche en vaisseaux, et, au sein de cette
masse connective embryonnaire, on peut le plus souvent voir les éléments
des différents organes, sinon des fragments de ces organes ; c est ainsi qu'on
ya rencontré des fragments d'os isolés ou soudés entre eux, des masses car-
tilagineuses, des parcelles de tissu musculaire lisse et strié, des rudiments
d'intestin (Depaul). On y a trouvé encore des éléments semblables à ceux que
Ton observe dans les couches superficielles de la substance grise du cerve-
let; mais je ne sache pas que jusqu'ici on ait observé des cellules ou des
tuhes nen'eux dans ces productions si complexes, quoique, selon toute
naisemblance, ces éléments paraissent devoir s'y rencontrer. 11 y a lieu
dépenser, en effet, que la constitution de ces tumeurs n'est pas extrême-
ment différente, et que souvent, faute d'un examen histologique suffisant,
certains tissus n*y sont point signalés. On peut croii*e aussi que les simples
kystes congénitaux observés dans la région sacrée ne sont, dans plusieurs
cas du moins, que les mêmes tumeurs dans lesquelles l'élément kystique a
fini par prédominer aux dé|)ens des parties solides (1 ). Des vaisseaux nom-
breux se distribuent à ces tumeurs ; ils proviennent de l'artère sacrée
moyenne qui, souvent augmentée de volume, pénètre et se termine dans
leur épaisseur ; il n'est pas rare de voir s'y rendre aussi des branches des
«rtères fessières et ischiatiques. Les dernières ramifications du grand
sympathique, et quelques-uns des filets du ganglion coccygien se répan-
dent quelquefois à leur surface. Les tumeurs congénitales des parties supé-
ncqres du tronc ont pour siège ordinaire la base du crâne ou les os maxil-
(1) Voyei les obseryations de Rlebt, Giraldès, etc. Outre ces tumeurs il existe dans la
D^SHnittcro-coccygieiuie des lipomes congénitaux dont Molk a pu réunir cinq cas. Appen-
'mi à l'extrémité du coccyx ou placées en avant de cet os, ces productions^ susceptibles
''•cqoérir un Yolume considérable, sont composées d'un feutrage de tissu connectir, très-
riche en tissu adipeux. Après l'étude que nous avons Taitc des monstres simples dans
l^^oels le tissu adipeux est toujours prédominant, n'y aurait-il pas lieu de se demander
^ tel tumeurs ne sont pas aussi reflet d'un vice d'organisation, d'une anomalie
™<Miitnieuse?
102 ANATOMIB PATH0L06IQUB.
laires; elles font saillie dans la bouche et diffèrent peu quant à leur
structure de celles de la région sacrée. Un fœtus d'environ six mois pré-
senta à Breslau et RindOeisch une tumeur de consistance diverse, multilo-
culaire, dont une partie occupait la cavité crânienne, tandis que l'autre
partie, qui sortait par la bouche, communiquait avec la précédente par un
pédicule traversant le trou de la selle turcique. La tumeur interne qui
parut offrir des ébauches d'une face et de plusieurs membres renfermait
un fragment d'intestin; mais, en somme, elle était surtout composée
d'une masse connective embryonnaire au sein de laquelle se rencontraient
clair-semés et comme par hasard des amas de tissus cartilagineux, osseux,
musculaires, nerveux et glandulaires.
Une opinion qui a eu longtemps cours dans la science rapporte
l'origine des tumeurs sacro-coccygiennes à une hernie ancienne de la
moelle épinière et des méninges, soit à travers un spina bifida, soit à tra-
vers rhiatus du canal sacré. Or, d'une part, le spina bifida affecte très-
rarement le sacrum, il n'existe pas au coccyx ; d'autre part, la hernie de
la moelle et de ses enveloppes à travers l'hiatus du canal sacré n'a été
observée que dans un très-petit nombre de cas ; par conséquent, il est lo-
gique de conclure du peu de fréquence de ces lésions primitives à la nir
reté d'une semblable origine, sauf en ce qui concerne les tumeurs de la
région postérieure du sacrum.
Le siège habituel de ces tumeurs à la partie inférieure de la colonne
vertébrale est un fait qu'il importe de noter, d'autant plus qu'il arrive
d'observer, à l'extrémité supérieure du canal rachidien, des productions
analogues ou semblables à celles de la région sacrée. Mais l'existence de
tissus et d'organes complets au sein de ces tumeurs nous parait suffisante
pour rejeter l'opinion des auteurs qui chercheraient, à l'exemple de H. Mul-
1er et de Klebs, etc., à faire provenir ces tumeurs persistantes d'une végéta*
tion spéciale de la partie supérieure ou inférieure de la corde dorsale ; il est
beaucoup plus rationnel d'y voir des anomalies se rapprochant des monstres
épignathes ou ischiopages. L'hypothèse émise par Luschkaet défendue par
Perrin (1), hypothèse d'après laquelle la plupart des tumeurs sacro-péri-
néales, indépendantes du canal rachidien, doivent être rapportées à
des dégénérescences de la glande coccygienne, n'est pas acceptable, puis-
que cette glande a été, dans quelques cas, trouvée intacte à côté de la
tumeur.
(1) De la glande coccygienne et des tumeurs dont elle peut être le siège. Thèse de
Strasbourg, 1860. — Comparez : Legros, Étwfe sur la glande périnéale, ses divers états
pnthologiqttes, thèse de Paris, 1873.
■ HOCJSTRL'OSiTÎS. 409
k nature al le mode pathogéDique des tumeurs congénitales enkystées
sonlc4!rlainpiUi<nt difficiles à délerminerà l'aide des faits existants, pour la
pJapiirt tncoiuplels, du moins on ce qui concenie l'examen histologique.
Cependant, si l'on remai-que que ces productions ne- se. rencontrent gu^re
qwcbez des individus du se\e féminin, quelles sont enkystées, qu'on
I IrauTt^ tantôt les éléments des dilTérents tissus , tantôt des masses
pisseuses, des poils, des kystes à parois tapissées d'épithêliura, on
«r» tenté de rapprocher leur composition de celle des derniers monstres
(UDphalosites et de les rapporter à un vice de l'orgaiiisntion. Les tumeurs
»cro-coccygiennes ont, en eiïel, la plus
fnain ressemblance avec les monslruo-
iilés zoomyles; conune elles, elles sont
quelquerois couvertes de cheveux sur une
de leurs parties (fig. 24), et cette partie est
{irfcisénient celle qui se trouve à leur ex-
iPÉmil*' libre (Hg. 2lx et 25). Oti peut donc
cmire qu'il s'agit . dans les cas de ce genre,
dt moiulret iloublet ischiopagrs dont l'un
itt compomnd s'est [rauvé an-élé dés
lu prtmièret phases de son déoeloppe-
imt. Le siège s{)éciBl de ces tumeurs
ijipuic encore cette opinion, puisqu'il se
Irouve en un point où se produit généru-
iwnent l'ischiopagie (voy. iig. ! 6 et 17), cl F'o- sa. — Tumeur congénlUlesacro-
oiilon voit mrement se produire des lu- ïl " l
meurs en dehors de l'état fietal. Du reste, dans un cas que j'ai pu obser-
ver récemment avec M. le docteur de Soyre, u la clinique de M. Depaul,
II tomeur congénitale se trouvait appendue à l'extrémité du coccyx,
wr son bord gauche et un peu sur sa face antérieure (fig. 26). Cette
tnmear, formée d'une masse mugeAtre, molle, .s'écrasant sous le doigt,
rt de kystes, n'avait de ressemblance réelle avec aucune production
plhologique. Ajoutons que l'absence de récidive après une opéi-ation
lient encore à l'appui de notre manière de voir qui s'applique également
■ai tumeurs de la pai-tie supérieure du tronc.
U transition pour ainsi dire insensible qui existe entre ces diffé-
ninlcs tumeurs nous fait penser que , malgré leurs dénominations
direraes. elles ont pour la plupart une même origine. 11 n'est pas
pwiible, en effet, de cmire k l'existence de productions carcinoma-
I taises à cet ftge de la vie, et certainement les tumeurs d'aspect mé-
Hstlaire auxquelles on a accordé cette êpilhélE' ne dilTéraient pas de
ANATOMIK PaTROLOCIQUE.
i aulcui's I
l désignées
i le nom de ;
celles que certains — - — ^, -
ou cystosarcomes; de sorte que, à pari quelques tumeurs
dales, véritables appendices coce
pions, il y a lieu d'admettre que I
productions enkjstécs des régions s
crées et maxillaires ne sont que i^
anomalies de Tormation. Il est diCT-
elle, du reste, de séparer quelquo
unes de ces tumeurs des inclusions
fœtales L est pourquoi il nous a para
logique de rapprocher leur étude de
celle des monstruosités parasitnires,
comme aussi de celle des kysli>ft
deimoides, quoique l'origine de ces
dernii rs nous paraisse différente,
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11.
' Kystes dermoiJeB.
^H Cetl« dénominalioii sert à désigner, depuis Leberl, des tumeurs kys-
^pftpies ayant une structure qui se rapproche beaucoup de celle de la peau
et dont le contenu, composé de cellule^ épiderniiques, de graisse ou
Tnfme de poils, peut renfermer des os et des deiils. A cause de la na-
1 tjnr spéciale de leur contenu, ces tumeurs sont décrites dans divers
*"«ueils sous les noms de kt/stes dermofdes, Ifijxles pileux, kystes grats-
**fvi. etc. Elles ont été trouvées dans les diverses régions du corps
nain, mais on les i-eucontre le plus souvent dans les ovaires, les lesti-
; et dans divers points du lissu cellulo-adipeux sou&-cutané, prin-
I voisinage de lorbilc, du souixiil , dans les paupières,
odis que chez les animaux leur siège de prédilection parait être le
0 conjoticlif inlerinusculaîre de l'encolure.
' ' Bbus leur forme la plus simple ces productions se composent d'une enve-
Ti)|H(e peu différente de la peau et d'un contenu. L'enveloppe est con-
<iluée par une toile fibreuse ouderniiijue plus ou moins résistante, for-
Kit de tissu conjonclif et de fibres élastiques, tapissée à sa surface
■iilirne par des lamelles épidermiques dont les plus centrales sont
liUlies, cornées, taiidi.s que les plus extérieures possèdent tous les carac-
iiTPs des jeunes cellules êpithélialcs. Le contenu est composé de cellules
(■fitlidiales plus ou moins altérées, de gouttelettes et de cellules grais-
Wues mêlées à des cristaux de cUolesIérine, ce qui donne à toute la
noMe l'aspect d'une bouillie et ii valu k ces tumeurs la dénomination d'à-
""'Mines. Diins uni' l'orini- plu^^ complexe, l'enveloppe, par sa face in-
100 ANATOMIE PATUOLOr.iQUE.
birtiL', iloiHi» naissance à des poils plus ou moins lonps, de coulmir va-
riable, soiiveiil dilTm'iits d^ la couleur des poils de l'individu qui porlc3
le kyste, l'ourvus de bulbes, eiitourêa d'une fiaîne distiucle el fréquenii
accompagnés do deus glandes sfiba<;i;cs. ces poils sont ou disséminés
dans la puioi, ou iHiplaiilés sur un pédicule distinct (Tig. 37). KùUikera
trouvé des ^laudes sudoripares el des papilles dans un kyste dermoïde du
poumon. Cellules ûpilhéliBlcs, matière grasse, cristaux de cholestériuc,
poils déhiscents ûu implantés sur la parul, telles sont les parties qui
forment le contenu de celle seconde variété kvstique. Une troisième
vwîété se trouve constituée par l'existence, il la surface interne de la
poche, de verrues, de coudylomes et même do jiroduclions cornées.
La forme la plus complexe de ces kystes ivuTerme enfin des dents et des
. fragments osseux. Ces
!';«
Fie. 3S. — a, cant}omtni dn denu aa tein d'une lorte
cin lifsu ginitival; b. utip irai ulTranl ù eiin cotkl une
cavilé prudutte imr li couroane d'ane autre deal;
F et d, deuil plu» pctitei el ptiin jcuneo.
à cent el mtMne nu delfi dans les kvslesde 1'.
dents (fig. 28), plus flë-
({uemmentobservées dans
les kystes de l'ovaire el
dans le voisinage des itlA-
choires, se rencontrent
encore en d'autres poînis.
Elles sont en nombre Ta-
xable de une à vingt dans
les kystes non ovarieos ;
elles peuvent être portiers
vaire ; elles sont libres ou
implaiiléuh daua lis parois du kvale. sur des fnigmcnls osseux. Leur
MONSTRUOSITÉS.
Hipement ne se rapproche pas de la dentition noitnale ; mais leur
I ri leur siruclure sont identiques avec celles des dents ordi-
pjres; quelques-unes peuvent manquer de i-aciues. Les os qu'on
■que dans ces kystes n'ont en général que peu de ressemblance
c le squelette d'un fœtus, Us sont plus ou moins aplatis, de forme ir-
pilièire, tantôt libi-es, lanti^tincruslêsdansla paroi du kyste; s'ils coexis-
it arec des dents, ils se rapprochent davantage des os du fœtus cl sont
HUnairemeut nombreux : en tout cas leur structure demanderait à tftre
X connue. Ou prétend avoir rencontré, dans des tumeurs de ce genre,
H tragmentsde cartilages hyalins elmëme des fibres musculaires, des fibres
rreuses elde la substance gi'ise médullaire ; mais alors il s'agissait vraï-
iblablemeiit d'une inclusion fœtale. C'est qu'en elîet il existe entre l'tn-
lUion la plus complète et le simple kyste pileux une série de faits intermé-
disires, qui rendent la transition presque insensible elle diaguuslicdi ITêren-
M diriicile. La plus ou moins grande déroimation des os ou même leur
abspuce ne prouve pas absolument contre l'inclusion, attendu que des os
lit' petit volume, privésde toute vitalité, sontsusceplibtes d'être moditiés ou
même résorbés, comme cela s'observe dans les grossesses extra-utérines.
Toutefois l'existence d'une grande abondance de dents et de cheveux nous
[«raU séparer nettement les kystes demioïdes des inclusions fœtales.
i#s kystes demioides s'accroissent peu à peu comme les organes,
liais d'une fa^ron moins régulière. Lorsqu'on ne les confond pas avec les
iystes des glandes sébacées, on remarque qu'ils s'obser\'ent générale-
meut chez dus individus jeunes ou adultes, et si quelquefois ils se ren-
entrent chez des personnes âgées, il est toujours possible de s'assurer,
l"rs<iu'ils sont superficiellement situés, qu'ils existaient dès les pre-
niiiTK jours de la ^ie ou du moins qu'on en a reconnu la présence de
Irès-bonne heure. Ces kystes, en conséquence, se lient nécessairement à
lin vice do formation et de développement, et tout porte a croire qu'ils
ronontenl aux premiers temps de l'évolution embryonnaire, car, selon la
^^Uicieuse remarque de llroca, ils occupent de préférence la tête, le cou
^^m le tronc, rarement ou jamais les membres, dont la formation est
PBIai tardive. Ajoutons qu'ils siègent daiis les organes nés aux dépens
' 4fts feuillets extenie et interne du blastoderme, et qu'ils en sont vrai-
wmblabtemcnt des produits. En effet, l'hypothèse (pli rattache ces kystes à
J^grossesse extra-utérine n'est pas discutable; celle qui leur accorde
T origine une inclusion fœtale n'est pas beaucoup plus admissible,
I les fœtus inclus n'ont pas de dents, et d'ailleurs, s'ils en
BDl, on se demande pour(|uoi celles-ci dépasseraient le chiffre nor-
ll iif façon à pouvoir se compter par reiitaines. L'opinion de Meckel
108 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
qui voulait voir dans ces kystes des produits incomplets, des conceptions
sans cohabitation {Lvcinasine rance/^tVti), après avoir été considérée conune
une pure fantaisie, est remise en honneur, du moins en ce qui conclue
les kystes dermoïdes de l'ovaire et du testicule, depuis les recherches de
Waldeyer sur l'ovaire et sur Tœuf ( 1 ) . Ces recherches ayant montré que les
ovaires et les testicules sont, à une certaine période de leur évolution fœ-
tale, des organes semblables et que l'ovule se produit par suite du déve-
loppement d'une cellule de Tépithélium superKciel de l'ovaire, il devenait
naturel d'expliquer la formation des kystes dermoldes par parthénogenèse,
c'est-à-dire par le développement spontané d'un ovule. Mais cette théorie
ingénieuse ne parvient pas à rendre compte de la présence des kystes
dermoîdes dans certains organes, tels que le cer\'eau, les poumons, etc.
Avant de l'accepter, il serait donc essentiel de prouver que ces kystes dif-
fèrent de ceux qui siègent dans les ovaires et dans les testicules.
En résumé rien ne prouve que les kystes dermoîdes soient des inclu-
sions fœtales ou des accidents de parthénogenèse; nous croyons plus ra-
tionnel de les considérer avec le professeur Broca comme le résultat d'une
hétérotopie embryogénique, surtout depuis les recherches de Legros et Mi
gitot sur le développement des dents chez les mammifères. Effectivement ^^
ces recherches ayant montré que la première ébauche des follicules den —
taires apparaît par un cordon émanant de la couche épithéliale de la mxk. -~
queuse gingivale, l'hypothèse de la formation de dents et môme de chc —
veux dans les tissus et les organes nés aux dépens des feuillets interne ou
extenie du blastoderme, par suite de la pénétration d'éléments jépithéliauc»
est chose très-acceptable. Les tumeurs qui en résultent n'ont pas, du
reste, tout d'abord le volume qu'elles auront plus tard, elles sont suscep-
tibles d'accroissement, ce qui porte à croire que les parties qui les com-
posent ont, comme les organes normaux, leur évolution. Par conséquent
ce qui constituedans l'origine les kystes dermoîdes, ce n est pas l'existence
des os, des dents ou de tout autre organe, mais celle d'éléments généra-
teurs de ces organes, dont le développement peut être plus précoce ou
plus tardif qu'il ne l'est dans les organes normaux analogues du même
fœtus ; ainsi s'explique ce fait que des dents toutes formées et volumi
neuses aient été rencontrées dans des kvstes chez des nouveau-nés do?
les dents normales étaient encore en voie de formation.
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MON.STBl.'OSITICS.
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I, et$ehmiVJj'iJ(ifti'sb.,t. CXXVII, p. 156, ia65).~Giiui.Des, Note sur le«
■* dmfoîdes da erûite [Gai. indrf,, 1866, p. 670). — W. Tuhneb, Cuse of
mial cyst. containiiuj hair (St-Bartlwloitmi''s Hospilul Ikports, fol. II,
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<k mrdl. Thèse de Paris, 1869. — Collenbehg, Zur Enttiiiekduiig der Der-
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— Ch. Legbos et MAGitoT, Origine et formation du follicule dentaire c/ie; les
>s {Journal de l'Anat. et de la Physiol., sept. Cl ocl. 1873).
CHAPITRE II
DES MALFORMATIONS
Sous cette dénomination empruntée à la langue anglaise, nous groupons
des déviations simples du type spécifique, développées pendant le cours
de la vie embryonnaire ou fœtale.
Absolument différentes, quant à Torigine, des anomalies que nous ve-
nons d'étudier, ces déviations très-diverses, toujours composées des élé-
ments plus ou moins complets d'un seul individu, ont pour caractères la
petitesse ou labsence d'un organe, le défaut d'union de certaines parties,
la fusion de quelques autres, la petitesse ou la grandeur démesurée de
l'être tout entier. Elles commencent , les unes de très-bonne heure
dans cette période de la vie où l'embryon est à l'état d'ébauche, où les
tissus et les organes n'ont aucune forme déterminée, avant l'appari-
tion des éléments histologiques définitifs ; les autres, à un âge plus avancé,
et par le fait, celles-ci sont beaucoup moins graves.
La fréquence de ces anomalies est gi'ande, et le serait sans doute plus
encore si on les cherchait avec plus de soin et si elles étaient nettement
séparées des monstres composés. Faute de s'entendre sur ce point, on eu
arrive, en ce qui concerne le rapport des monstruosités à la mortalité
générale, à des statistiques dont les résultats, variables comme les
chiffres al, (Funck, SchmiWs Jahrsb., t. LXXI, p. 226, 1850), jh (Sickel,
Schm. Jahresb,, t. LXXXVllI, p. 116;, 3'^ (Forster), ne peuvent fournir
aucune donnée certaine, et pourtant il y aurait intérêt, au point de vue
étiologique surtout, à être renseigné sur la fréquence de ces anomalies
chez les divers peuples (i) et dans les différentes races.
Contrairement aux monstres doubles qui la plupart du temps sont du
sexe féminin, les individus affectés de malformation sont à peu près
(i) Consultez, sur la frcqueuce des monstruosités et des malformations, les tableaui
staUstiques de A. Puecli, De.ç anomalies de l'homme et de leur fréquence relative,
Paris, 1871.
UAI.njHHATIONii. 111
les ou ri'nipljps. Certains vices de cuiij'ormutioii du
'iFurel de la vessie seraient m^nie plus freqaenls dans le sexe mâle.
i>s individus naissent ordinairement à tennc, mais un grand nomlire
«IVnire eux, privés des organes indispenssbies à l'entretien de la vie ex-
it^rieare. sont futaleinent destinés à périr peu de temps après leur nais-
•^MC. Deux, au contraire, dont l'organisation peut s'harmoniser avec les
«iri'on stances de la vie extérieure, entrent, mais non complètement, dans
les conditions dcs'éti-es normaux, et leur mort l'st l'elTetdes causes qui
Dou» menacent, modifiées dans leur action par l'anomalie dont l'in-
nnenco est parfois très-faible ou nulle.
I/'s causes des mairorruations sont peu connues ; pourtant, si l'on tient
ciwplt' des données acquises par l'ubser^'atîon et de celles que fournit
('•'ipérimentation chez les oiseaux, on n^ tarde pas îi se convaincre que
•^ii causes ne sont pas plus mystérieuses que celles qui plus lard agissent
sur Tt^lre adulte. Ce sont toujours des influences physiques ou mèca-
"iques, et des influences patliolo(îiques.
I.'obsi'n'alion ne donne que peu de rensdgnemcnts relatifs à l'action des
"Seuls physiques sur ces anomalies; heureusement l'expérimentation
«Plwrte quelques données h ce sujet. Panuni est paiTonu it s'assurer
'in'uu refroidissement lent et progressif des tpufs d'oiseuux en état
'iricubatiou nuisait plus qu'un ahaissenicnt nipidc de températuri;, et
l'i une élévation anormaK' était plus mauvaise encore que l'abaissement
' t ue pouvait pas fitrc supportée aussi longtemps. De même, Camille Da-
MMIe ■ observé l'anencéphalic chez des embryons provenant d'œufs pla-
^Hl dans une couveuse artificielle et qui n'étaient en ccmiact avec la
*'^urcc de chaleur que par un point de leur surface. Ces embryons se
i -aient remarquer par un état d'anémie des plus prononcés, par l'hjdro-
I • I nii- de l'axe cérébro-spinal avec hydiiipisie de l'amuios et du faux amnios.
(ieoiïro} Saint-ininire et Vulenlin ont montré que des œufs de poule
Itonmis â certaines actions mécaniques pendant l'incubation ne se
iiveloppent pas d'une façon régulière et qu'ils sont exposés â des
anomalies diverses. Il est reconnu d'ailleurs que les coups, les chutes
pendant le premier mois de la Ri-nssesse, entraînent certains vices de
kf-'iilûmiation , comme fhémicéphniie. Les chocs si communs dans
'l's lmup«aux de brebis, toujours faciles il elTi-ayer, sont pour cer-
luDs vËlérinaires la cause de la fréquence des anomalies chez ces
viiniaux. Certaines lésions des trompes et de l'utérus, pouvant inlluen-
Wle produit de la conception, n'agissent sans doute pas autrement ; on
Joiten dire autant des tumeurs de ces organes ou de leur voisinagtr.
Hfin !h fréquence j-elalive dus anomalies dun^ les grossesses doubles
à
112 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
OU triples prouve assez que la compression et riiisudisance de Tespa
peuvent produire des vices de conformation.
Chez les oiseaux, Dareste a manifestement constaté que l'arrêt de d
veloppement de Tamnios peut produire d'une façon toute mécaoi(|
un certain nombre d'anomalies consistant tantôt dans des changemei
de position, tantôt dans le défaut plus ou moins complet du dé\
loppement de certains organes, rexencéphalie, par exemple. Il a obseï
que la monstruosité symélienne se produit toutes les Sois que la par
supérieure de Tamnios (capuchon caudal) éprouve un retard dans st
développement et qu'elle reste appuyée sur la partie postérieure (
corps au lieu de s'en éloigner par l'interposition du liquide anmi<
tique. Les membres postérieurs, qui apparaissent comme des bourgeoi
sur les côtés de l'extrémité postérieure du corps, nécessairement renvers)
au moment de leur accroissement, viennent s'appliquer l'un conti
l'autre par leurs faces externes, et si leur accroissement marche pit
rapidement que celui de la cavité amniotique, les deux membres se pré
sent l'un contre l'autre et finissent par s'unir en formant une véritabi
greffe par approche. Chez l'homme enfin, une section plus ou moin
complète des membres a été observée à la suite d'une striction circulaii
produite par l'enroulement du cordon ombilical ou par des brides placen
taires.
L'action des causes pathologiques sur le produit de la conception a él
fort peu étudiée ; ces causes, en tout cas, sont mal connues. A peine troi
ve-t-on quelques faits auxquels on puisse accorder de la valeur. Demeaux
rapporté plusieurs observations destinées à montrer que la copulaliû
pendant l'état d'ivresse d'un seul ou des deux conjoints peut, dans cei
tains cas, engendrer des produits monstrueux ou mieux des vices de coi
formation. S'il est vrai que l'induction tirée de ces faits soit juste, il y a à i
demander si c'est à l'état d'ivresse et non au désordre général résultai
d'un abus prolongé des alcooliques qu'il convient d'attribuer l'anomalii
nous avons remarqué, en effet, que l'alcoolisme chronique est ui
cause incontestable de modifications plus ou moins anomales du produ
de la cx>nception s'excrçant de préférence sur le système nerveux. 1
.syphilis héréditaire, dont la tendance est d'affecter lenfant dès le se
maternel, est aussi dans quelques cas une cause de malformation, i
l'apporté dans mon Traité de la syphilis quelques faits qui mettent ce^
influence hors de contestation. La plupart des maladies héréditaires so
dans le même cas : par leur localisation sur un organe non dévelop
elles déterminent un arrêt de développement, d'où une anomalie plus
moins accusée.
Le Mie de l'bârâdJté dans la production des vices de conrormalion est
incoulcstable. Les exemples de Iransniission de ces vices, soit par le
p*ri!, soil par la mèie. sont relalivemenl fréquenls et nombreux, si l'on
scdonne la peine de les chercher. Les doigts surnuméraires, les pieds
bi>l», se traiismetlenl le plus souvent de celle fanion, quelquefois même
l'vlroiuélie ne paraît pas reconnaître d'autre cause ; mais si personne ne
cuiileste celle action, il reste à chercher comment elle s'exerce, à déter-
miner les genres d'anomalies où elle s'observe le plus souvent.
Li'i influences morales, (jui passaient autrefois pour avoir une grande
imprlance dans la production des anomalies de l'organisme, sont au-
lounl'lmi rclûguées parmi tes causes secondaires ou incertaines ; du
nsli', nucuu fait précis n'indiigue qu'elles aient une action réelle et incon-
li-'iuble dans la genèse des malform,ilious.
L'élude pathogéiiiquo des malformations est des plus intfîressantes,
Li-s autopsies pratiquées tant sur des Tœlus humains que sur des
Mus d'oiseaux soumis à l'expérimenlatiou , ont montré que le plus sou-
TOil ces dévialions sont le résultat d'adhérences, de soudures de cer-
iws parties, d'épaiicbements sémux, d'atraphies diverses, lésions la
l'Iiiparl du temps consécutives à un processus phlegmasique pouvant
■' [iruduire, comme l'a vu Paimm, avant l'apparition du système
'Hiilaire, dans des tissus dépourvus de vaisseaux, Cependant, certains
'i«acbements séreux des cavilés naturelles ne peuvent être rapportés
jw processus et paraissent tenir à un simple trouble oirculaloîre. Da-
f^slï atlribue à un arrêt de développement de l'aire vasculaire i'accumu-
''Hioii de séi-osilé qui dans le luberaédullaii'e contribue à produire l'anen-
"-[ihalie ; mais, si cet airét de développement existe, il est diflficilc de le
'''nisidorer comme un fail primitif, il paraît beaucoup plus logique de le
''lliicber à unvmodilieulioQ matérielle survenue dans l'aire vasculaire.
^^ mAuie que les é))anchemenls séreux, les alropbies qui président à
"naines luulforinations sont sulrordonnées ou à un processus phleg-
"■■■"siquc, ou à un trouble ciraulaloire. Suivant l'anum, le travail
'^imphie eiubryouuairu serait primitif dans la plupart des cas, et
''Wuce de vaisseaux serait l'effet et non la cause de ce travail. Cet
^ultiir admet, comme fait très-imporlanl pour l'explimlion de ces atro-
l'Iiif», l'existence des adhérent^^s et des soudures qui los accompagnent
t'^ae toujours. En somme, deux olcmenls contribuent à la genèse des
'"'llurmalions. C'est en premier lieu un trouble matériel de nutrition,
" «coud lieu un arrêt de dévclop|ietncnt i|ui lui est nécessairement
^"iiiinloimê.
'^ijisi, vésicule blastodenniquc, embryon ou fitlu^, l'élre humain n'é-
luicnBiint. — Tmilé ^'AiiaL I. — 8
lift ànatomie pathologique.
chappe pas aux influences morbifiques ; mais aussi les effets résultant
de ces influences diffèrent suivant Tinstant où elles s'exercent. Tant
qu'il n'existe qu'un blastème cellulaire, c'est-à-dire pendant le cours de
la période embryonnaire, tout trouble survenant au sein de la substance
organisée amène un changement connexe plus ou moins considé—
rable, une anomalie dans la configuration d'une partie ou de la totalité
du produit formé, et cette anomalie qui agit fatalement sur le développe-
nient consécutif est une déviation complexe et grave du type spécifique,
peu en rapport avec l'existence, c'est pour Geoffroy «Saint-Hilaire la
monstruosité simple. Au contraire, quand les organes sont formés et que
le nouvel être n'a plus qu'à se développer (période fœtale), les désordres
nutritifs n'ont généralement pas de conséquences sérieuses pour la
vie de l'individu.
Les malformations sont, en somme, d'autant moins graves qu'elles se
produisent à une période plus avancée de l'évolution fœtale. Mais, en
vertu de la solidarité qui unit les différentes parties de l'organisme, un
premier désordre peut être le point de départ de désordres secondaires
susceptibles d'amener de nouvelles déviations organiques. Ainsi, les
pieds bots se rattachent quelquefois à une anomalie des centres ner-
veux, et par conséquent il y aurait lieu d'admettre une classe d'ano-
malies consécutives, si ces dernières ne pouvaient rentrer dans l'un ou
l'autre des principaux groupes de notre division.
Une classification méthodique et naturelle des malformations n'a qu'une
valeur peu importante dans un travail du genre de celui qui nous occupe.
Au contraire il y a tout intérêt à rapprocher les lésions ou les anomalies
propres à une même région, c'est le moyen de mieux saisir leurs rapports
avec le développement embryonnaire ou fœtal. Pour ce motif, nous allons
successivement passer en revue les anomalies de la tête et du caùal ver-
tébral, celles de la face, du cou, du thorax, du ventre, des organes géni-
taux extérieurs et des membres. Quant aux vices de conformation des
viscères, il me parait naturel de les étudier en même temps que les
altérations pathologiques ; ainsi ils auront leur place dans la seconde
partie de cet ouvrage.
§ 1. — MALFORMATIONS DU CRANE ET DE LA COLONNE VERTÉBRALE.
La colonne vertébrale, pivot du système osseux et du squelette tout en-
tier, a pour premier rudiment la corde dorsale qui a pris naissance au-
dessous de fa ligne primitive du blastoderme. De chaque côté de cet àxe,sé
développent dans les premières semaines de la vie intra-utérine de petites
fihijiieï quadrilatères séparées les unes des aulres par un étroit intervalle,
il qui apparaissent d'abord vers le milieu de la future région ihoi-acique,
ensuite vers le haut et vers le bas. Peu ii peu ces plaques vertébrales vont
1 la reucontre les unes des autres en avant et eu arrière de la corde dor-
uie, se soudent deux Ji deux et constituent le corps vertébral. La corde
ddpsiili' disparaît, et il n'en reste de traces qu'tutre les corps vertébraux
Qti elle forme le rudiment des ligaments intervertébraux. En même temps
tesarcs vertébraux, lames et masses a|tophysaires, commencent fi paraître ;
ils se développent par deux points latéraux qui viennent se rejoindre sur
la \isf>e médiane, tandis que les apophyses épineuses et transverses nais-
wul par des points complémentaires. Le crâne apparaît chez l'embrion
suus rnppareuce d'uue vésicule membraneuse qui surmonte la ligne ver-
Lrbnile. Son ossification, pour certains auteurs, procède de la base à la
Mie; selon d'autres, elle débute par les os de la voilto, mais vrai-
semblablement en diiïérents points dans le même moment. La base, quoi
<)n'il en soit, est h la naissance complètement ossifiée, tandis que la voûte
et le} parties latérales conservent longtemps des espaces membraneux
ou fontanelles dont l'ossification commence seulement après la première
année de l'existence.
Us Hnomnlies de la colonne vertébrale el du criVne, quelquefois simul-
I>nee$, M)nt l'elTet ordinaiie d'une inildinmalion ou d'une hydrupisie
fc centres nerveux ou do leurs enveloppes; exceptiounellomeul elles
"ni leur origiiK' dans une altération de nutrition du squelette de ces
fMm. Elles prennent, en généi'al, naissance dès les premiers temps
^1 développement embryonnaire, et sont d'autant plus graves qu'elles
"i"'ien lient à une période moins avancée de ce développement. Elles sont
"wimpBtibles avec l'existruce, ou du moins avec une puissance intel-
IwJuelle et une fort» musculaire normales, lorsqu'il y a atrophie plus
"a moins considérable des centres nerveux; mais elles ne meticnl pas la
'ieep dangi-T immédiat, si la déviation consiste simplement dans le dé-
pl>iM![n«i]t de ces centres. Nous étudierons d'abord celles de ces anomalies
lul se localisent h la télé, et ensuite celles qui affectent la colonne verte-
""île et ses enveloppes.
^U I. — CyclocépbnliCi
•wsiioms de r>/clocf/)holiet cyclopie. monoptie, mortophlhalmie, servent
n iislinguer des anomalies caractérisées par la fusion médiane ou le
""iple rapprochement des deux yeux avec atrophie plus ou moins com-
pTOila l'appareil nasal.
L Geflcc de conformation présente un certain nombre de degrés, dont
116 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Is. Geoffroy Saint-Hilaire a fait autant de genres de monstres auxquels il
a donné des noms particuliers. Un premier groupe, dans lequel les deux
fosses orbitaires existent, mais très-rapprochées Tune de Tautre, com-
prend deux genres : 1° le genre eihmocéphale^ caractérisé par deux yeux
rapprochés, mais distincts, un appareil nasal atrophié, ayant ses rudi-
ments apparents à l'extérieur sous la forme d'une trompe au-dessus des
orbites; 2*^ le genre cébocéphale^ qui possède encore deux yeux très-rappro-
cbés et distincts, un appareil nasal atrophié, mais qui est dépourvu de
trompe. Un second groupe, où il n'existe plus qu'une seule cavité
orbitaire, est composé comme il suit : 1° un genre rhinocéphaley ca-
ractérisé par deux yeux contigus ou un œil double occupant la ligne
médiane et un appareil nasal atrophié formant une trompe ; 2» un genre
cyclocéphale, différent du précédent par
l'absence de trompe ; 3° un genre sfO'
viaiocéphale, qui aux caractères du genre
rhinocéphale joint des mâchoires ru-
dimentaires, une bouche imparfaite ou
nulle.
Les anomalies cyclocéphaliennes pré-
sentent de la sorte autant de degrés qui
conduisent, par nuances presque insen-
sibles, depuis l'existence de deux yeux
distincts, contenus dans le même orbite,
jusqu'à celle d'un seul œil presque aussi
simple qu*un a'il normal, ou même dans
quelques cas jusqu'à l'atrophie et la dis-
parition de cet œil. Un premier degré est
caractérisé par la duplicité et la symétrie
de deux yeux placés l'un à côté de l'autre
et par l'exislencc de quatre paupières.
Dans un second degré, non-seulement
les cavités orbiliiires, mais les deux veux
sont unis et ne forment plus qu'un seul
est asymétrique (d'après une photo- globe renfermant en lui les éléments plus
graphie du professeur Depaul). ^^ ^^i^^ complets de deux globes ocu-
laires normaux (Hg. 29). C<»t <ril composé, ordinain^nonl plus volu-
mineux qu'un œil ordinaire, plus él(Midu transversalement que verti-
calement, représente plutôt un ellipsoïde qu'une sphère. 11 renfenne
deux cornées tantôt réunies en unt; seule cornée très-large et dtî fonnc
ovale, tantôt, ce qui est plus rare, entièrement séparées et complètes ;
Fie. 29. — Cyclocéphale dont le corps
VALPORMATIONS. 117
ces cornées se présentent à rexlérieiir sous Taspoct do deux cercles
tangents ou même séparés par un intenalle linéaire. Au travers de ces cor-
nées ou de cette double c^irnée on aperçoit un double iris, de forme ovale,
deux pupilles, tantôt réunies en une seule ouverture, tantôt rx)mpléte-
meut distinctes, et un double cristallin ou même deux cristallins, dont
chacun correspond à Tune des pupilles. Le corps vitré, la choroïde et
la rétine, aussi bien que la sclérotique, sont en général plus intimement
réunis, si ce n'est quelquefois dans leur portion postérieure, et leur
étendue plus considérable atteste presque seule leur état complexe. Dans
un troisième degré, il n'existe plus qu'une seule pupille et un seul
cristallin qui s'aperçoit à travers une cornée également unique. La dupli-
cité toutefois est encore nettement indiqu«'*e par le volume considérable
de l'œil, par la forme ovale et non circulaire de la cornée, de Tiris et du
cristallin. Dans un quatrième degré, les deux cornées, les deux iris,
les deux cristallins, sont confondus en une seule cornée, un seul iris, un
seul cristallin; les contours de l'œil sont sensiblement circulaires, et des
différences de forme et d'étendue indiquent seules la duplicité. L'œil
enfin peut se trouver réduit à quelques membranes, la sclérotique par
exemple; il arrive même qu'on n'en trouve plus aucune trace.
Les modiTications des organes accessoires de l'œil sont en rapport avec
œlles du globe oculaire lui-même. Dans les cas où les deux globes sont
complètement séparés, les paupières, les appareils lacrymaux, les' vais-
seaux, les nerfs, les muscles de chacun d'eux sont distincts; seulement
dans quelques cas il y a réunion d'une portion des nerfs optiques et des
muscles obliques intenies. Quand l'œil est unique, mais presque com-
plètement double, les parties accessoires sont aussi doubles pour la plu-
part; quand l'œil devient simple, les parties accessoires se simpliFient de
même, et Ton ne trouve plus doubles que les parties placées au côté externe
de l'œil.
Les modifications du système osseux sont en rapport avec celles du
globe oculaire. L'orbite, quand il existe deux yeux ou un œil complète-
ment double, est de forme ovale et beaucoup plus large qu'à l'ordinaire.
Sa circonférence est fonnée supérieurement par les frontaux réunis en
on frontal unique ; la portion orbitairc du sphénoïde se trouve souvent
soudée avec la portion orbitaire du frontal, et tandis que les os de la pa-
roi externe sont doubles, ceux de la paroi interne, les unguis et l'ethmoïde
manquent ou ne sont représentés que par des rudiments ; un espace mem-
braneux en marque généralement la place. Des modifications de même
ordre aiïectent aussi le système nerveux. Les deux hémisphères céré-
braux sont, du moins dans leur portion antérieure, soudés et réunis en
118 ANATOMIE MTHOLOGIQUE.
un seul, comme les deux frontaux en un seul coronal ; les deux ventri-
cules latéraux se confondent en un seul ventricule médian, ordinaire-
ment non distinct du quatrième ventricule. Celte réunion des hémi-
sphères cérébraux est compliquée d'atrophie du cerveau, d'absence du
corps calleux ou même des circonvolutions cérébrales. Sauf les cas excep-
tionnels où les yeux manquent, les nerfs optiques existent confondus, au
moins dans une portion de leur trajet. Les nerfs olfactifs font défaut de
même que la lame criblée de Tethmoïde, et c'est de la cinquième paire
que viennent les nerfs qui se distribuent à la trompe, qui n'est que l'ap-
pareil nasal déformé. Quant aux nerfs moteurs des yeux, leur dispo-
sition est en rapport avec celle des muscles auxquels ils se distribuent.
Les cyclocéphales sont fréquemment alleinls de polydactylie ; ils
naissent ordinairement vivants, mais leur vie est très-imparfaite, et
leur mort très-prompte est, sans aucun doute, le résultat de l'état rudi-
mentaire ou du développement incomplet du cerveau. La cause de la
cyclocéphalie nous est jusqu'ici peu connue; Caradec aurait observé
cette anomalie deux fois dans une famille où le père et la mère
s'adonnaient à des excès alcooliques.
BiBuoGRAPHiE. — Haller, Op. min. y III, p. 38. — Speer, De Cyclopia,
Halle, 1819. — Ullersperger, Beschreib. zweyer Missgeburten^ inaug. diss.
Wûrzburg, 1822. — L\RiHmE, Essai d'anatomie pathol sur les momtruositéa de la
face. Paris, lîi23. — Tiedemann, Zeitschrift fur Phys. l, iSiU. — Is. Geof-
froy Saint-Hilaire, Hist. des ajiom.y t. II, p. 375. — Cruveilhier, Anat, path.^
livr. 33, pi. VI. — Meckel, Arch. f. Anat. und Physiol.^ 1826, 238. — Raddatz,
De cyclopia. Berlin, 1829. — Billard, Précis d' anat. path, deVœil (Suppléui. à
latrad. des Maladies des yeux de Laurence. Paris, 1830). — Huschke, MeckeVs
Aro/itu, 1832. — Seiler, Ueber Cyclopie. Dresden, 1833. — Jourdan, Thèse
de Pans, 18.53, n» 203. — HtssEi.BAcn, Beschreib. d. Wùrzb. Pràp., 236-238.
— Vrolik, Over d. aard enoorsprong der Cyclopie. Amsterdam, 1834. — Ficx,
Ueber Cyclopie, 18/iO, 13. — Cornaz, Des anomalies congénit. des yeux. Lau-
sanne, 1848. — Davaine et Robin, Gaz. méd., 1849, p. 903. — Gossdjn^
Compt. rend, de la SociéU de biologie, 1853, p. 27. — Rosenstein, De cyclopia.
Berlin, 1854. Depaul, Gaz. hebd., n° 25. Paris, 1856. — Gaddi, Gaz. méd,
italienne, n* 21, 1855. — Gintrac, Joum. de méd. Bordeaux, avril 1H60. —
Sappey, Cas de cyclopie [Soc, de biologie et Gaz. méd., 1859, p. 393). — Caradec^
Monstre cyclocéphale anopse {Gaz. méd., 1867, p. 42).
II. — Otocéphalic.
Cette anomalie, dont Is. Geoffroy Saint-Hilaire a fait une classe de
monstres qu'il appelle otocéphaliens , est très-voisine de la cyclocé-
)l.tl.F0RHjlT10Mâ. 119
phalie: les individus qui en sont alTecti-s ne pi'ésentent qu'un seul
rsil médiaD. Ce qui caractérisu leur vin» de formation, c'est le rap-
prochement ou la réunion médiane des deux oreilles que complique
loujoiirs unf ali-ophi<- plus ou moins niarqiif^ de la région inrérieure
du ciioe . souvent aussi l'absence di>s mAchoires et d'une gronde
partie de la face. La bouche, par conséquent, est Irès-petile ou
abstiitc; les deux oreilles sont rapprochées ou réunies sous le crftne,
Plies deux appaieils auditifs ne présentent plus qu'un seul conduit,
t|uunii seule caisse et même qu'une seule conque. La cavité auri-
culaire commune qui résulte de ces niodiGcations communique quel-
'gui'lois profondément avec l'entrée de l'œsophage et celle du Iaryn\;
àia\Ks fois elle s*; termine par un cui-de-sac. Cette grave anomalie
iiciil a nu défaut do développement des parties de la face et de
lll))ai<.^du crAne, de celles surtout qui procèdent du premier arc viscéral.
BtB-io&nAPins. — Is. Gi»rrnov Saini-Hilaibe, Hw(. des anom., t. II, p. 1x2(1.
-BmiTs, Wmier ZeiUebr. , 1855, XI, p. H. — Paul, Bail, du la Soc, demid.
J'fiatrf. Itïr. 1857.
l'apnuopie, ou atrophie congénitale de lu l'ace, eât une anomalie qui se
nipjrruche de la prcccdenle. Beaucoup plus commune chez les animaux
*liit' chez l'homme, l'aprosopie a été étudiée par Otto, Is. Geoffroy Saint-
'iilnire, GuHt, Vrolik et quelques autres observateurs. Dans un cas rap-
ixirlè par Vigla {Archiver générales de médccinat k* série, t. XX, p. 25), la
^-■w.e manquait entièrement et avec elle tous les os qui la constituent :
'"aiillajre supérieur, os palatins, malaïres, nasaux, unguis, cornets
'''férieurs, vomer, maxillaire inférieur. Les appareils olfactif, visuel et
PUsIalif faisant défaut, la léte se trouvalL réduite à un petit renflement
^>fcm)idal que la peau révélait partout uniformément.
I
III. — An^ncéphnlie.
Sous le nom d'imencép/ioUe, Is. GeofTi-oy Sainl-Ililaire déaijine une fa-
■nîUe de monstres dont la tête se fait remarquer par l'absence complète de
*'eniiJphaIe.Cettefaniille, suivant l'illustre aiHmr àas Ammaltes de Corga -
twn, comprend deux genres : l' les monstres aneficéphales qui n'ont
trace de cerveau ni de moelle épinière, le crflne et lecaiialrachidien
largement ouverts; T les monstres rferenc^/>Afi/M, qui manquent
étalement d'encéphale, mais dont la moelle épinière ne fait défaut que
•1**» In région cervicale et dont la partie supérieure du canal racbidJen est
**tIi! ouverte (fig. 30) . Dans ces deux genres, les os de la vortle du crine sont
f"(liiilsii des pièces rudi mental rcs, déjetées latéralement; tes occipitaux
120 ANAT0M1B PATHOLOGIQUE.
externes et supi^rieurs sont dans le m^me cas, et par suite le trou occi-
pital disparaît, perdu dans la vaste ouverture céphalique. La base du
FiG. 31< — Le raSmo vi
FlG. 30, — DérencéphalA vu en ■^
crùnc, devenue extérieure, ne présente aucun vestige d'encéphale ; elle est
le plus souvent tapissée d'une membrane fibreuse rougeàtre ou couverte
FiG. 32. — Foie et terminaison de l'intettin du
monalre précèdent, a, artère ombilicale; h. ar-
tère iliaque ; c, cordon ombilical; i/, veine um-
bilicale; v, vâsicule biliaire; e, portion termi-
nale lie l'inlPilin ; u, rudiment des organes
génilo-urinairet.
d'une poche séreuse. Le canal vertébral, largement ouvert dans toute
son étendue ou seulement dans sa partie supérieure, est changé en une
FiG. 33. — (Esor^age et trachée.
1. pharjnx: h, riln^cissement in
l'iEnophaee accalô à Vt trachée / ; ^, e*-
tomac ; d, duodénum; I, langue;
y, paumant.
MÀLFOnMATIONS.
13*.
RKflIf^re très-Iai^, sans prorondeur, et In moelle épïnîëre fait déritiit
ilamU>uIfsl<'srt''gions ou seulcmeiildans la région supérieure (l),t/apartîu
{Kuti^rioure rt médiane du tronc est privée «le téguments que remplace
nanl la naissanco une vaste tumeur hydiviracliique. Malgré la destruction
rmiipIMede l'encéphale et d'une partie, sinon de la totalité de In moelle
fpiiim, les nerfs existent, lantâtnvec un c-alilne un peu inférieur à celui
de I.Hi[ normal, tantiM aussi gros qu'il l'état ordinaii-e ; ils s'insfrrent sur
iii dure-inère là où le centre nerveux fait défaut.
li's déformations considéraliles donnent aux monstres anencéphaliens
uiii' pitjrsjonoraie assez particulière. Leurs jeux sont volumineux, saillants
(<) la ngUHs 3(1 cl 31, que je doîi à l'nbli^urtire de MM. Tarnicr et Pinard, ni>u«
nMlnnt ud enfant ni^ K Icnne, d'une mère igée d« vingt ant, Tet enhnl, qui ne vdcut
im dn minutei, prcscnluit les parliculsritéi auiianles : abacnce de cerveau, do cer-
"l'I «dp mitelle lipimèrc; le crilne, ouvert dniii louie aa largeur, olTre àsabiweune
iiuMurtuculniredi-'IogroMeurd'une ooit. I,e tanal lacliitlien est largement ouvert, et
Il luur» apinnle^ te prolonge juique dans la région lombaire. Loi lanies des verttbrei
•«Ht dlijDiatei, ccartécK et rcnvenées lat^ralemenl. Leur «nsemble te pn^aenteioiula
Ud'nnesurnicc triangulaire à baie dirigée en haut, et dont le milieu «at creusé
Htnatli^rc longitudinale peu profonde, seul veatige du canal vertébral. On ne trouve
■cdtf réiioa nucnne trarc de tumeur vasculatre. La peau n'arrive ps> au fonlact
ifc» «la région dorsale n'eit pour aîniii dire recouverte que par les méninges.
• pu de front, lafaee eat Irèi-dévploppée ; lea cheveux, aiseï abondauti, sont
et noirs el cachent presque complètement la tumeur vasculaïre par leur diiposilion
e, Ln jeu», «iliantî, occupent presque le sommet de la tête. Le nei, large clépalô,
V un buurgeon ; il f n un liec-de-lièvre double (iu complètement repréienté) avec
^Kfialitlne. Le» nreîllet sont déformées el les conques, courbées presque horûon-
HeQL sur les épaulei. Du'cAlé gauclie un remarque troia petits bourgeons
01 qui s'enfoncent dans le conduit audilif. Le cou n'eiUle pasA proprement parler.
'■^ miini el les pieds sont bots, La main gauche, soudée il angle droit sur ravant-bms,
"' pnrtF que quatre doigts ; le pouce manque. Les phalanges unguéales son! parfaite-
'>ieniit,>ivluppéesani pieds et aui mains; il f a clni| doigts à la mnin droite. I.e pied droit
^^le sept orteils; tes deux surnuméraire!, reliés CD dedans du pouce, sont plus longs
^BcIrianlTH. Les organes génitaux eilemca manquent complètement; pas de sexe, par
'"■•iqneat. Aucun orincc dans la région périnéalc; on observe setileiiient une plus
^^^lile production de peau, qui est froncée et qui vient s'adoseer pour former une saillie
^^■'^nlc, p'ossiËremcnt il est vrai, un clitoris.
^HBbBlOplie, présence du diaphragme, cœur normal, foie très- volumineux, poumons et
^^piniu bien développés. L'extrémité inférieure du tube digestif se termine eu pointe
^•""Ifliiiu cellulaire de la région peKiennc (flp. 32). Gros inleslin rempli de méconium,
**liiinu normal, cesophages'erillanl, se transformant en cnriton llbreux qui vient s'n ce otcr
* '■jnnii postérieure de la tracliécà un centimètre au-dessus de sa bifurcation (fig. 33).
ci>mp1^le des reins, des uretères, île la vessie; pas d'organes génitaux internes. Il
Xeidmlaan-dcuonsdu tnieun petit corps glandulaire de la grosseur d'une lentille;
retorpsieroblablefe rencontre dans le bassin. Ce dernier n'existe pas improprement
. -. .- sont incurvés, rachitiqucs. (Pinard, Bull, de la Soc. anal., 6= série,
lïVllI. p. 688.)
i22 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
et placés au point le plus élevé de la tête, par suite de l'absence du frontal.
La tète est enfoncée entre les épaules au point que les oreilles reposent
sur celles-ci et le menton sur la poitrine.
Les complications les plus ordinaires de Tanencéphalie sont des incurva-
tions du racbis, la soudure de plusieurs ccHes, la soudure ouméme Tabscnce
de plusieurs vertèbres, labsence des phalanges unguéales ou même dea
secondes phalanges, le pied bot, Tim perforation de l'anus (fig. 32) et sur-
tout Téventration. Cette anomalie est pour ainsi dire spéciale à l'espèce
humaine ; les individus qui en sont atteints naissent le plus souvent danf
le cours du huitième mois et ne vivent que quelques minutes ou tout
au plus quelques heures. Leur mort rapide doit être attribuée au désordre
apporté dans leur organisme par la rupture subite et l'évacuation
rapide de la poche hydro-rachique ; mais d'ailleurs leur organisation,
coordonnée avec les conditions de la vie intra-utérine, ne l'est plus ave(
la vie libre et indépendante de l'individu dont les appareils organiques
sont bien conformés.
L'éliologie de l'anencéphalie a été jusqu'ici peu étudiée. Demeaux a ob-
servé deux fois cette anomalie chez des fœtus dont la conception aurait
eu lieu pendant l'état d'ivresse, et depuis lors quelques faits du même
genre ont été rapportés. Mais ces faits ne sont pas assez nombreux poui
qu'il soit possible d'admettre une liaison causale entre l'abus des alcoo-
liques et l'anencéphalie. Pourtant, si l'on consulte les observations les
plus récentes d'anomalies encéphaliques, on est conduit à penser que les
excès de liqueurs fortes jouent un certain rôle dans leur production.
La pathogénie de cette anomalie, d'après les intéressantes recherches
de Dareste, serait due à l'hydropisie des vésicules qui constituent l'étal
primitif des organes encéphaliques. Cette hydropisie, que Ton retrouve
dans l'amnios et quelquefois dans toute l'épaisseur des tissus, a été consta-
tée par Bruncel chez un anencéphale humain qui avait à la fois une ascitc
et un hydrothorax. Elle résulte, suivant Dareste, d'un état particulier du
sang qui, chez les oiseaux, est complètement incolore et ne contient que
très-peu de globules. Le point de départ de celte absence de globules dans
le sang serait un arrêt de développement de l'aire vasculairo, imparfaite-
ment canalisée et laissant les globules sanguins emprisonnés dans les
îles de Wolff.
Bibliographie. — Sandifort, Anat, inf. cerebro dcstitutL Lugd. Batav.,
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tion des monstres anencépkales (Compt, rend, Acad, des sciences, 10 sept. 1866,
et 6a;. méd.yQil).
IV. — Pseudencéphalie.
Upseudencépbalie(l) tient le milieu entre lanencéphalie et Texencé-
pbalie; elle est caractérisée par l'absence de la voûte crânienne et la sub-
stitution à la masse nerveuse de Tencéphale d'une substance molle, spon^
gieuse et vasculaire.
Cette anomalie, relativement fréquente chez l'bomme, est au contraire
très-rare cbez les animaux. Elle présente des modifications crâniennes
et cérébrales. Les os du crâne ne l'ont pas défaut, mais ils sont arrêtés
dans leur développement; la peau, les téguments, les tissus sous-cutanés,
la dure-mère, s arrêtent là où cessent les os. Une substance un peu molle
se montre à l'extérieur sous la forme d'une tumeur d'un rouge foncé repo-
sant sur la voûte du crâne. Cette tumeur, plus volumineuse parfois qu'un
ceneau normal, souvent beaucoup moindre, recouverte seulement par une
membrane transparente comparable à I arachnoïde, se compose ordi-
nairement de plusieurs lobes, dans lesquels on trouve quelquefois de la
sérosité, et qui par leur position et leur forme simulent souvent les hémi-
sphères cérébraux. Elle est constituée par un lacis de petits vaisseaux
gorgés de sang, des faisceaux de tissu conjonctif, émanation de la pie-
mère; mais c'est avec peine qu'on y observe des parcelles de substance
nerveuse entièrement organisée. La moelle épinière est petite, atrophiée,
ou, comme l'encéphale, transformée en une masse vasculaire.
Un fœtus femelle, né à terme et mort peu de temps après sa naissance,
(i) La pteudeiicéphalie constitue, dam la classification de Is. Geoffroy Saint-Hilaire,
^ttmiUe des monstres pseudencépbaiiens. Cette famille, selon la plus ou moins grande
étendue des fissures crânienne et rachidienne, se trouve divisée en trois genres de monstres
^^^fnh sons les noms de nosencépbales, thllpsencépbales et pseudencéphales.
céphale.
124 ANATOMIB PATHOLOCIQtIB.
ni'n piijsenté ces différents caractères. La route osseuse de la région
froijlale se trouvait soudée aux voûtes orbilaires, de sorte que la cavité
crilnienno représentait une dilatation de rextréniité supérieure du canal
racliidieii. A l'exlrémitc de cette dilatation la voûte crânienne, perforée
vers sa partie médiane, un peu plus à droite qu'à gauche, livrait passa^eà
une niasse ou tumeur rougefttrc du volume d'un
gros marron (fig. Su). Celle tumeur, anY>ndie,
légi'rement déprimée ii son sommet, est entiè-
f renient glabre, tandis quit la peau du voisinage,
avec laquelle elle se continue par l'inlermédiaire
d'une riiemhrane très-mince, est couverte de
cheveux, l'ne incision médiane anléro-posté-
rieure permet de constater que cette tumeur
île. a" iiHileu" '^"' '^^^ divisée en trois parties ou lobes, l'un anté-
rieur, l'autre moyen, le troisième postérieur
(fig. 35). De ces lobes partent une première membrane qui va gagner
le cuir chevelu et une autre membrane plus mince qui, en avant, se
perd entre les lames osseuses de la base et de la voûte du crâne, et qui
en arrière va rejoindre la pie-mère
spinale, après avoir tapissé une masse
pulpeuse qui n'est peut-être qu'un
1/ rudiment de cervelet. Chacun de ces
lolies est constitué par nn tissu rou-
geiitre assez homogène, et compos»i
surtout de faisceaux de tissu conjonc-
tif et de vaisseaux. Le l)ord osseux
qui limite cette tumeur est arrondi et
KiG. 35.— Li RiAmetéteTue d'en iiautGi reçoit, du moins en bas, l'insertion
pi,.iiq„e »i roupie «n d««x mBi.iéi de ^^ '» durc-mère; Il est croise par une
façonà monirerifsiroijlobei.n ei /-re- membrane trausprento qui n'est
perdre dans le péricràne ou le lissu
sous cutané du cuir chevelu. Le canal rnchidieii est normal et la moelle
épinière paraît saine à partir du trou occipital. Le fcctus n'offre d'ailleurs
rien d'anomal, si ce n'est un pied bt)l; à droite son tissu cellulo-adipeux
est abondant.
La tète du pseudencéphale est sans frontct sans vertes, enfoncée entre
les épaules et surmontée d'une tumeur sanguinolente. La face est livide,
très-dé veloppée ; les cheveux sont rares, mais longs et disposés en cercle
autour de la base de la tumeur; le nez est large, épaté; la bouche est
MALFORMATIONS. 125
eiitr'ou verte ; les veux, volumineux et saillants, occu|)ent le sommet de
la léte ; les oreilles sont déformées et tombantes.
Toutes ces circonstances réunies donnent à la physionomie quelque
chose de hideux et de repoussant. Le tronc est en général régulier et bien
conformé, les membres sont bien laits, et souvent le fœtus pseudencépha-
lieD surpasse par sa taille et surtout par son embonpoint les fœtus nor-
maux du même âge, ce qui explique la difticullé de laccouchement en
pareille circonstance.
Ce fœtus est peut-être plus souvent mâle que femelle; il naît ordinaire-
ment vivant, tantôt avant terme, tantôt lorsque le temps de la grossesse est
écoulé. La mort suit immtMiiatemont la naissance dans le plus grand nombre
des cas; cependant, plusieurs anencéphales ont vécu de six à sept heures,
quelques-uns n'ont péri qu après un, deux ou trois jours. Leurs mouve-
ments sont lents, leurs cris sont faibles et la déglutition leur esta |)eu pràs
impossible. La pathogénie de ce vice de confornialion est ignorée, mais
il y a des raisons qui portent à la rattacher à une altération de la pie-
mère avec arrêt de développement consécutif du crâne et de Tencéphale.
BiBLioGRApniE. — Is. GEOFFROY Saint-IIilaire, Ilist. dcs iuiom, ^ t. II, i>. 317,
Wbl., p. 325. — JoLY et Guitard, Monstre îiosencéphaley {Xcad, (1rs se, 11 iiov.
1850, et Ga:. méd.^ 828). — Ad. Richard, Sur la composition de la tumeur des
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M(m$lre de la famille des pseudenc&phali(us genre nosencèphak (Soc, de biolog,
tiGaz. méd,y 1866, p. 90). — E. Hamy, Le 7ioscncépliale jdeurosome de Vondi-
chéry {Journal de Robin, 187^, p. 294).
V. — Exenccphalie (i) {Hydrencéphaiocèle ci enc>iphahcè/e),
L'exencéphalie est un vice de conformation caractérisé par la heniie plus
ou moins complète du cer>eau ou simplement de ses enveloppes, à travers
(1) Sous le nom d'excnccphalicns, Is. Geoiïroy Saint-IIilaire désiVnc une famille de
ooDstres caractérisés par un cerveau mal conrormé, plus ou moins incomplet et placé,
u moios en partie, hors de la cavité crânienne, elle-même très-imparfaite. CeUe
funiile est divisée de la manière suivante :
t' Notencéphale (vûtc;, dos^ i^xcçxXc;, encéphale), région occipitale fendue, ccr-
'8*0 situé en grande partie hors du cn\ne, derrière la tôte, sur le dos; 2® proencc-
l^e, Kisiion au front, le cerveau, en pjande partie au dehors, est placé sur le devant
dû crâne; 3<* podencéphale, crâne incomplet à la paroi supérieure, et le cerveau, en
pinde partie hors de sa cavité, est situé au-dessus do lui ; 4° hyperencéphale, absence
^Ule de la voûte du crâne, cerveau â nu dans une grande étendue. Le mémo savant
i^pportc encore ici deux genres qui sont caractérisés par la prcseiice simultanée d'une
Kiiiioo au tube rachidien: i^ iniencéphale (tvîcv, occiput), cer\eau en grande partie
^ le crâne, mais en partie aussi en dehors, par derrière et un peu an-dessous du
126 anàtomie pathologique.
un orifice accidentel du crâne. Quelques auteurs font usage des mots h;
drencéphalocèle et encéphalocèle pour désigner Tissue au dehors d'ui
portion circonscrite du cerveau avec ou sans sérosité, tandis que le m
exencéphalie leur sert à dénommer la hernie de presque toute la masj
cérébrale, et le nom de méningocèle des tumeurs uniquement formel
par la hernie des membranes cérébrales. Mais ces désignations basée
sur le symptôme sont sans importance. Que la hernie soit un peu plus oi
un peu moins considérable, qu'il y ait ou non épanchement de sérosité
le processus n'en est pas moins le même. La triple hernie des membrane
mériterait seule de faire une classe à part, mais son existence n'est pa
suffisamment établie.
L'exencéphalie est une anomalie relativement fréquente. Son siég
se limite à quelques-unes des régions crâniennes, et ces régions son
précisément celles qui correspondent à des hydropisies partielles de
cavités encéphaliques (Spring). Ainsi l'hydropisie des cornes cérébrale
postérieures formerait la hernie sous-occipitale, celle des cornes anlé
rieures la fronto-nasale ou lorbitaire, et celle de Thypophyse ou corn
d'Ammon, la sphénoïdale. Quant à la hernie latérale ou temporale, i
n'est pas bien sûr qu'elle existe, attendu que les auteurs ont souveu
pris pour une affection de ce genre ce qui n'était qu'un simple hématome
L'encéphalocèle occipitale ou postérieure est la plus fréquente des anc
malies qui nous occupent; il en existe près de soixante observations
dont cinquante-trois ont été rassemblées par Laurence. L'ouvertui
herniaire ne siège pas toujours dans le môme lieu, et les parties end
phaliques comprises dans la hernie ne sont pas toujours les même:
Tantôt celle-ci est sus-occipitale et renferme les lobes postérieurs d
cerveau, tantôt elle est sous-occipilale et contient le cervelet, enli
elle peut occuper à la fois les deux régions sus- et sous-occipitale
et, la perforation du crâne étant beaucoup plus large, la tumei
contient à la fois la partie postérieure des lobes cérébraux et le cer\d
(Bg. 36).
L'exencéphalie antérieure (genre pro-encéphale de Is. Geoffroy Sair
tlilaire) est moins fréquente que la postérieure. Laurence n'a pu en n
crâne, qui est fendu à la région occipitale; 2^ excncéphale, ccfveau en grande pt
bon du crâne et en arrière, la paroi supérieure du crâne manque presque en
rement.
Les anomalies résultant du défaut de réunion des vertèbres ou spina-bifida, quoi
très- voisines des précédentes, sont à tort rangées par Is. Geoffroy Saint-Hilaire pa
les hémitéries; nous pensons qu'il est préférable de les rapprocher des anomalies cor
pondantes du crâne*
MàLPOBMàTIONS.
127
sembler que dix-sept cas (1). L'ouverture qui donne passage aux parties
herniées est due le plus souvent à Tunion du frontal avec les os nasaux,
quelquefois le pédicule de la heniie est plus élevé et se trouve creusé
dans le coronal lui-même près de la ligne médiane.
L'encéphalocèle inférieure, que certains auteurs ne séparent pas de l'en-
céphalie antérieure, se produit au
niveau du sphénoïde, et la hernie
souvent fait saillie dans la cavité
orbilaire. L'encéphalocèle supé-
rieure est extrêmement rare ; l'ab-
sence des pariétaux en effet donne
lieu à une ouverture très-large, et
presque toujours le cerveau fait
défaut (anencéphalie).
L'exencéphalocèle latérale est
contestée par Houel, mais acceptée
par d'autres auteurs; Laurence
en a réuni cinq cas. Dans cette
variété Touverture herniaire a lieu
sur les côtés de la tète, soit en
avant, soit en arrière de l'oreille;
elle est produite par l'absence
d'une partie de la portion écail- Fig. 36. — Exencfphale, genre nolcncéphale
leuse du temporal et des os voisins. ^® '*• Geoffroy Saim-Hiiaire.
Quel que soit son siège, l'encéphalocèle présente à étudier d'une part le
cerveau hernie et ses enveloppes, d'autre part la boîte crânienne. La peau
qui recouvre cette hernie est glabre ou couverte de cheveux, plus ou
moins distendue et amincie, suivant le volume de la tumeur, quelquefois
enflammée, excoriée ou ulcérée. Au-dessous de ce tégument le tissu cel-
lulaire est aminci, et dans quelques cas il est le siège de kystes dévelop-
pés par suite de frottements exercés à la surface de la tumeur. L'aponé-
^ose épicrânienne vient ensuite, et puis les membranes cérébrales,
dure-mère et arachnoïde, entre lesquelles s'épanche quelquefois une séro-
sité transparente susceptible de s'enkyster. Los centres nerveux occu-
pent presque toujours le milieu de la tumeur. Ils sont formés, suivant
'e siège de la hernie, par les cornes antérieures du cerveau, l'hypophyse,
licornes postérieures, le cervelet. Le plus souvent la portion herniée
(t) Sur 93 cas d'encéphalocèle ou de méningocèlc qu'il a analyses, Houel en
compte 68 pour la région occipitale, 16 pour la région fronto-nasalc et 0 pour la baM
•lu crâne.
JACeuiT
128 ANkTOUI PATHOLOGIQUB.
est dilatée «n ampoule dans la tumeur, pressée qu'elle est par la séros^^â)
ventriculaire, et si la subslance nerveuse, réduite à une simple lame |]
appliquée sur les membranes, vient à se rompre, le liquide ventricula^nâr
s'échappe, et les centres nerveux, revenus sur eux-mêmes, se présent(=ii,
à l'ouverture qui leur a livre passage sous forme d'un moignon ratatiEr^sé.
D'autres fois la subslance nerveuse est ramollie et transformée en ik. se
bouillie plus ou moins épaisse qui nage en flacons dans la sérosité. X«
cerveau est rarement tout à Tait sain ; sur quarante-quatre cas où il ^st
question de l'état de cet organe, il est alléré trente-neuf Tois (Laurence^.
Dans quelques rares circoiislances la masse cérébrale fait seule hernie et
l'encéphalocèlc parait tenir à une hypertrophie de celle masse (hype—
rencéphalic de is. Geoffroy Sainl-IHIaire).
Le cn\nc est plus ou moins profondément modifié ; tantât l'ouverture
anormale de sa cavité, produite pr l'atrophie d'une partie de la vofkte,
se préscnle
la rornie d'ui
.' simple perforation ; tantôt, par suite
d'un défaut de développement de
sa portion supérieure, la boite encé-
phalique est ouveile dans la pres-
que lolaljtc de son étendue. Enfin,
les os de la partie supérieure du
crâne, considérablement réduite,
ne forment plus, dans certains cas,
qu'une série de petites pièces reje-
tf^es sur les câtés et entourant la-
léralement la base de l'encéphale,
au lieu de la recouvrir et de l'en-
velopper supérieurement.
L'exencéphalie est sujette à de
nombreuses complications : l'une
des plus communes est la fissure
spinale (spina hifida.). La face,
remai'quable par son obliquité,
est quctiiuefois alleinte d'anoma-
FiG. 3'. — Exenc^phale sUeini d'cvenlralîan lies dont la plus fréquente est le
■s.tzs::T:i::z^:-^ iKc-de.iicv„. iom. „„ i„^„,
aajimiati\%et. (Huiûc Dupujtren.) de la voùlc palatine. Les pieds ou
l'un d'eux sont souvent mal lails cl plus ou moins renversés. Le tronc lui-
mémo n'écliappc pas toujours à ces vices originels; celui qu'on y obsenc
le plus fr<'!(|uenmu-nl, la célosomie, est une monslruosili- qui consiste dans
le déplacement herniaire du cœur cl des viscères digestifs [fig. 37,^
*
^^^^^^^^^ 139
Les csUMB de l'exenc^phalie sont obscures; par contre, ses conditions
paliogèniques sont mieux connues. Cette anomalie se renconlranl
riUL'Iqu^^fois chez dos fœtus atteints d'évpntration avec brièveté du cordon
imbilical et adhérences de ce cordon aux méninges cérébrales (fig. 37),
1 y a lieu de croire que cette disposition n'est pas sans influence sur sa
produclion. Daresle attribue, d'ailleurs, la genèse de celte malformation à
vnirrètde développement de l'amnîos pouvant exercer une compression
iur les vésicules cérébrales, de façon h les déprimer el h les aplatir.
Ainsi pressées, ces vésicules s'élargissent latéralement de manière à
constituer un rebord saillant qui s'élend sur les cAtés de la télé dont il
esl Béparé par un sillon plus ou moins profond. lorsque l'ossification du
crue commence, elle s'étend sur toute la partie de la lôte qui esl infé-
liture ï c« sillon, mais elle ne peut remonter au-dessus. Après avoir
conjlilé ce fait pour les hernies totales de l'encéphale, ce savant distin-
gua a pu observer plusieurs exencéphalies partielles en voie de forroa-
tionets'aâsurer qu'elles se forment de la même manière que les exen-
c^lifs totales. Cette interprétation, basée sur une observation attentive
h développement erabrjonnaire, nous parait fort admissible ; pourtant
UconTient de faire remarquer qu'elle ne rend pas bien compte du siège
^lèdal, pour aiusi dira, de l'esencéphalie et qu'elle ne l'explique pas.
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130 anàtomis pathologique.
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VI. — Hydromyélie (spina-bifida).
Le spina-bifida est caractérisé par la division ou l'absence congénitak
d*uu ou de plusieurs des arcs postérieurs des vertèbres permettant à un<
partie ou à la totalité du contenu du canal rachidien de faire hernie à la
partie postérieure du rachis.
Cette maiforination a son siège habituel sur la ligne médiane et en
arrière du rachis, et si elle a été quelquefois signalée en avant (1), c'est
dans des circonstances tout à fait exceptionnelles. Elle a été observée sur
tous les points de la colonne vertébro-sacrce, mais la région lombaire
est, pour ainsi dire, son siège d'élection, par ce fait que Tare postérieur
des vertèbres de cette région est le dernier à se souder. D'après un
certain nombre de relevés, le spina-biiida occuperait la région des lombes
dans les deux tiers des cas environ, la région sacrée dans un cinquième
seulement. Les régions dorsale et cervicale seraient beaucoup plus rare-
ment affectées, puisque, sur cinquante-sept cas relevés par Bevalet, dix
seulement font mention du spina-bifida de ces régions.
L'étendue du spina-bifida est variable ; tantôt limité à deux ou trois
arcs vertébraux, il occupe d'autres fois toute la longueur du canal
rachidien. Simple dans le plus grand nombre des cas, il est quel-
quefois double dans une même région, le plus souvent dans deux régions
différentes. Le volume de la partie hemiée est variable; habituelle-
ment de la grosseur d'un œuf de poule, cette hernie peut acquérir des
dimensions capables de mettre obstacle à raccouchemcnt ; arrondie
ou piriformc, quelquefois très-petite au moment de la naissance, elle ne
manque guère de s'accroître ensuite. Le plus souvent régulière, cette tu-
meur présente dans quelques cas, principalement chez l'adulte, un as-
(1) Dans un cas rapporté par Bryant, où Tagcnésie rachidiennc occupait la partie
antérieure du sacrum {Gaz, méd,, 1838^ p. 10). Dans un autre cas, présenté en 1855
à la Société anatomiquc, par Depaul, le spina-bifida était à la fois antérieur et postérieur.
Voyez aussi CruTeilhier, liv. VI, pi. 3, fig. 3-â. Houel a rapporté (Buil, de la Soc. anat.,
1850 et 1851) deux cas de spina-bifida latéral.
MALFORMATIONS. 131
péri lolwW produit par le cloisomieiueiit de la poche et sa rétraction
daus certains points. Elle est consliluéo par ano accumulation de sérosité
limilée piu' des membranes qui sont, en procédant de dehors en dedans, la
jw«ii distendue et amincie, la couche celliilo-graisseuse sous-jacente, el
au-dessous de rette couche qui ne fait jamais défaut, si ce n'est dans quel-
ques cas où le spina-bifida est de grande étendue, par une seconde enve-
lii|i|)e (ieuse el résistante qui est la dure-mtre rachîdienne [fig, 38). Cette
mmlffanc pi-ésenle souvent des reliefs plusou moins irréguliers, produits
par des filaments ner\'eux perdus dans ses parois, et delà l'explication de
i'iinc«li)^sie H de la paralysie de quelques-unes des parties situées au-dus-
souidi'h tumeur. Celte des
mplioni'appliqucàrhjdro-
ntchi> bmiioire externe, ou
piiracMiDUlalioii de sérosité
cniR les méninges. L'hydro-
raobii interne cystique, ou
hjdromyélocèle, ne diffère
R par rexistence d'une
e de substance médul-
> b la lace interne des
'* wnrteDu de la tumeur
' «< on liquide séreux, inco-
lore, transparent, a. part le
ct> d'inflammation, où il
devient quelquefois jaunâ-
Ire, Oocunneux ou même
iui^inaletil. Ce liquide a
^uiinalremenl la mCme com-
ttitioa que celui du canal raihidien avec lequel U communique, ce qui
Iflique comment dans certaines positions il est possible, à l'aide de pres-
u bien dirigées, de faire diminuer momentanément la poche herniaire.
H rinléricur de cette poche baignent un certain nombre de filaments
IX, ou plus rarement la moelle épinière qui, après s'être coudée et
e en arrière, s'étale en membrane sur ses parois, d'où elle peut
T dans le canal l'achidieu. La poche du spina-bifida de la région
tobo-Bacrée présente souvent une dépression en forme d'entonnoir,
Odiute par l'adhérence de l'exlrémilé de la moelle. Les nerfs qui s'y
enl, comparés aux racines nerveuses supérieures , ne sont pas
miemcnt très-allongés, mais aussi très-épaissîs dans certains cas,
Fio. 3H. — Spina-bknda. a. tronçon du ci>rp» Jes der-
iiièrei vertèbres dorialei ; bb, dure-mère rnchidianne
qui ya doubler l'enveloppe cuUtièe da la lunicur g;
(■, moelle è^iiiière; e, hiatus «rlèbral rétréci parle
repli de la dure-mère ; /■/", lames vertébrale» incisées;
t, llsiu soDS-culBné et peau.
132 ànàtomib pathologique.
comme s'ils avaient subi une espèce d'hypertrophie. Disons, au point
de vue des procédés opératoires, que les cas sont relativement rares
dans lesquels ces parties n'entrent point dans ia composition de la tumeur;
en sorte qu'il faut s'attendre à voir l'opération souvent suivie des dé-
sordres les plus graves.
L'ouverture par laquelle se produit la hernie est le plus souvent
oblongue et d'un diamètre variable, suivant l'absence plus ou moins
étendue des apophyses épineuses et des lames vertébrales. Son calibre
le plus ordinaire n'est pas très-considérable, il permet à peine le passage
de l'extrémité du petit doigt; aussi peut-il diminuer par les progrès
de l'âge ou même s'oblitérer consécutivement à l'inflammation des
membranes de la poche. Les exemples de ce genre de terminaison,
quoique très-rares, conduisent à penser que certains kystes, situés
à la partie postérieure du rachis, entre la dure-mère et la pie-mère,
peuvent avoir été primitivement des spina-bifida dont l'orifice se serait
oblitéré (1). Remarquons que ce phénomène ne se présente qu'autant que
la moelle ne participe pas à l'altération, c'est-à-dire à peu près uniquement
dans les formes de spina-bifida situés à l'extrémité inférieure de la moelle
épinière, puisque les spina-bifida cervical et dorsal sont bien plutôt
des hydromyélocèles que des hydroméningocèles. Un mode de guérisoD
que l'on constate quelquefois pour ces dernières tumeurs est la perfora-
tion de la poche, au niveau de laquelle se produit une sorte de bourrelet
cicatriciel. Les ponctions, les injections simples ou iodées, les liga-
tures, etc., peuvent conduire au même résultat favorable.
Le spina-bifida est quelquefois accompagné de vices de conformation
qui sont, les uns indépendants de la tumeur rachidicnne, tandis que les
autres, comme la célosomie, sont l'effet des mêmes influences ou lui sont
consécutifs. Un exemple de ces derniers s'observe dans le spina-bifida
de la région sacrée, où le sacrum, au lieu d'être concave en avant, pré-
sente une convexité dans ce dernier sens. La cavité du petit bassin et la
partie inférieure de l'abdomen sont rétrécies, la partie inférieure du tube
digestif, ainsi que les voies urinaires, ne trouvent plus à se loger dans la
cavité abdominale et se projettent en avant, d'où une exstrophie de vessie
avec célosomie et souvent absence d'une grande partie de l'extrémité infé-
rieure de l'intestin.
(i) CruTeilhier décrit sous le nom de kystes arachnoîdicns congénitaux de la région
sacrée des cas qui paraissent se rattacher à ce mode de terminaison. Voyez Traité (tAnaU
pathog, Paris, 1856, t. III^ p. A5i. Spring, d'un autre côté, considère comme de«
hydroméningocèles dont le pédicule s'est étranglé certaines poches séreuses de la nuque.
Loc, cit , p. 26.
MALFORMATIONS. 13S
L'hydromélien'a pas toujours le même mode pathogéniqne. Si quelque*
fois elle est l'effet d'une hydropisie enkystée du canal central de la moelle
épinière, dans d'autres circonstances elle semble pouvoir être rapportée
à l'hydropisie de la cavité arachnoîdienne. Les causes de cette anomalie
sont, en somme, peu connues. L'état de santé de la mère a paru quel-
quefois y prédisposer; la scrofulose, la syphilis, les cachexies, n'y sont
peut-être pas étrangères, et on l'a vue se montrer sur divers enfants de
b même famille ou de la même mère. Certains pays semblent exposés
à sa production. Suivant Gintrac, elle serait plus fréquente en Hollande
qu'en Italie.
BiBuoGRAPHTE. — MoRGAGNi, De sêdib, et cous. mor6., ep. IX-XII. — Portal,
Anat, méd.^ U 11, p. 306. — Sanoiport, Obs. anat. path.y lib. IH, cap. i, p. 10.
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dttUque de pathol. interne, t. VI, p. 211. Paris, 1868. — Consultez : Comptes
rendus de la Soc. de biologie et Bull, de la Soc, anatomiqm,
§ 2. — MALFORMATIONS DE LA FACE ET DU COU.
Les parties constituantes de la face, notamment celles qui doivent for-
m^ la bouche , se dessinent chez Tembryon humain dès le vingtième
jour. Leur développement se fait à Taide de productions ou lamelles
isolées qui partent de lextrémité supérieure de la colonne vertébrale ru-
dimentaire pour se réunir vers la ligne médiane. Ces lamelles, qui ont
été appelées arcs branchiaux (Rathke) et plus tard arcs viscéraux
(Reichert), laissent entre elles des espaces connus sous le nom de
fSi ànàtomie pathologique.
fentes branchiales ou viseéraks. Les trois premières de ces lames com-
mencent sous forme de prolongements appliqués contre la face interne
des parois latérales du capuchon céphalique, pour de là s'avancer Ters la
ligne médiane de la même manière que les prolongements costaux. Cest
aux dépens du premier arc que la bouche et ses dépendances, le nez, les
deux mâchoires, le palais et son voile, sont produits. En effet, du renfle-
ment cérébral supporté par cet arc descendent un bourgeon médian oa
frontal et deux bourgeons latéraux ou maxillaires, tandis que deux antres
appendices latéraux, prenant naissance un peu plus bas, se portent en
avant, vers la ligne médiane. La réunion de toutes ces parties constitoe
l'ouverture buccale. Mais, tandis que les deux bourgeons inférieurs appelés
à former la mâchoire inférieure se fusionnent vers le vingt-huitième jour,
ceux qui représentent la mâchoire supérieure ne se réunissent que plus
tard et par l'intermédiaire du bourgeon frontal qui, vers le vingt-cinquième
joiu*, s'échancre un peu à sa partie moyenne et se partage en deux bour-
geons plus petits, les bourgeons incisifs ou intermaxillaires (Coste). Ceux-ci
vont en divergeant à la rencontre des bourgeons maxillaii'es supérieurs,
et leur contact, qui a lieu vers le trente-cinquième jour, ne laisse de cha-
que côté, entre les deux lamelles, qu'un petit sillon qui s'oblitère un peu
plus tard. Dès la fin du premier mois, la bouche existe donc, mais elle fonue
avec les fosses nasales une cavité commune limitée par les bourgeoDS
mentionnés. Du bourgeon médian descend verticalement un feuillet asseï
épais qui formera la cloison des fosses nasales, pendant que des bour-
geons maxillaires supérieurs émanent deux lames horizontales qui, se
rencontrant avec la première, séparent complètement de la bouche te
fosses nasales déjà distinctes l'une de l'autre, en sorte que chez un em-
bryon de soixante jours on ne trouve plus de trace de communication
entre les fosses nasales et la bouche.
La première fente branchiale sert à la formation des conduits et (kî
cavités de l'oreille. Le second arc branchial n a qu'un rôle secondaire, ^
la seconde fente s'oblitère de très-bonne heure. Le troisième arc doniH
naissance à l'épiglottc et à l'os hyoïde ; la troisième fente tarde peu, aprfe
la seconde, à se remplir sans donner naissance à aucune partie perntf
nente spéciale. Il en est de môme du quatrième arc viscéral et de la qû>
trième branche branchiale, située entre celui-ci et le tronc. Toutefois
de la masse qui les constitue, comme de celle qiii se dépose à la régio
des arcs viscéraux supérieurs , proviennent plus tard les parties ©olk
du cou, muscles, Vaisseaux, etc. Que, par une circonstance quelconque
ce travail de développement régulier se trouve entravé dans les os 0
dans les parties molles, il en résulte une anomalie qui consiste, en fi
MALFORMATIONS, 435
décompta, dRns on défaul île réunion ou fissure ayant son tiége ordi-
naire, pour la faœ, sur la ligne modiane; pour le cou, sur les côtés.
Ëtodions maintenant ces anomalies.
I. — Fissures Inbiales ou bec-dc-lièyre,
fissures congénitales de la face sbnt beaucoup plus communes à
Jèrre supérieuie qu'à la lèvre inférieure. Connues sous la dénn-
lion de l)ec-de-lièTre, gueule-dc-Ioup, etc., elles sont simples ou
ileies, selon que les pallies molles seulement ou les tissus plus
nds, c'esl-à-dire la cloison osseuse hucco-nasale, participent h leur
fPiuure labiale ou bec-de-lièvre simple. — Ce vice de conformation
lutuper toutes les paities de l'orifice buccal qui sont un point df
akiD des éléments formateurs de cet nrifîce. On l'a obsen'é k la partie
urne de la lèvre inférieure, en divers points de la lèvre supérieure ei
Igle des lèvres.
(e par quelques auteurs, la fissure de la lèvre inférieure, justement
liée par d*autres, est toujours médiane. Un petit nombre de faits seu-
U établissent son existence et montrent qu'elle n'affecte qu'une
JMrtie de l'étendue de la lèvre ; dans l'un d'eux, rapporté par Bouîsson.
'*ltc tissure comprend bien toute l'épaisseur du bord libre de la lèviT,
maiselle se prolonge à peine sur ses faces, qui ont peu de hauteur. Cette
aDumiJie, ft^nant» pour la mastication, doit évidemment sa rareté à la
prwocité du développement de l'arc buccal inférieur.
U fissure labiale supérieure est rarement médiane; le plus souvent
l'Ilo est latérale et correspond h l'articulation de l'os incisif avec le maxil-
laire supérieur. Cette fissure est simple ou double. Simple, elle se mani -
(«Ui: de préférence à gauche dans le point d'union de la dépression
'wiwiasale avec le reste de ta lèvre. En ce point existe une fente dont les
lords plus ou moins wart^s circonscrivent un espace en forme de V ren-
Wïé, à direction oblique de haut en has et de dedans en dehors, do telle
nunière que le btird externe est un peu plus long que l'interne. Cette
Swiifc présente des différences suivant que la lèvre est affectée partiel-
Ifineni ou en tolalilé, et qu'il y a ou non écarlcment des os corresiion-
■luils. Quelquefois bonièe au bord libre de la lèvre, elle en alleinl
"f'Mtres fois le milieu ou h hauteur, plus souvent enfin elle en occupe la
^^Wti-, et l'itn^le sup^icur n'est séparé de la narine que par un faible
'nlCTvalle; elle se prolonge enfin jusque dans la narine correspondante et
tnez un aspect épaté. Dans quelques cas, cette fissui-e se ren-
J
1S6 '"^ ànàtomis pathologique.
contre des deux côtés, ce qui constitue le bec-de-lièvre bilatéral, dont le
lobule médian est dermo-musculaire.
La fissure génienne ou commissurale , aussi rare que le bec^de-lièTTe
médian, consiste en un prolongement de Touverture buccale, soit dansk
sens transversal, soit dans une direction oblique en haut et en dehors.
L'ouverture buccale, dans la première variété, peut s'étendre d'une oreille
à l'autre, conmie l'ont vu Muralfet Otto. Prolongée à droite et à gancbe
dans l'intervalle des os maxillaires et aux dépens des buccinat^irs, cette
anomalie produit une difformité horrible, appelée par quelques anteon
du nom de gueule-de-lion. La seconde variété coïncide ordinaironeit
avec des anomalies profondes intéressant la plupart des parties consti-
tuantes de la face, et consiste en une fente qui, partie de l'angle des lèvres,
se dirige vers la ponmiette, et quelquefois s étend jusqu'à l'angle externe
de l'œil, laissant à découvert l'arcade dentaire et la bouche. Dansœcis,
le canal de Sténon correspond au dessous de la fissure, tandis que, dans
le premier cas, il aboutit au voisinage du bord supérieur de la fèole trans-
versale et donne lieu à un écoulement incessant de salive.
2* Fissure labiale ou bec- de-lièvre complexe. — Le vice de conlbnnatioo
qui constitue cette variété ne reste pas limité aux parties molles, il affecte
les parties les plus profondes de la face, qui sont atrophiées, séparées oa
divisées à des degrés divers.
Lié à peu près exclusivement aux fissures labiales supérieures, et,
conune ces dernières, unilatéral ou bilatéral, le bec-de-lièvre complexe
s'étend à des profondeurs variables, depuis le rebord alvéolaire josqa'to
voile du palais, qui lui-même participe quelquefois à ces énormes fentes
antéro-postérieures de la voûte de la bouche : de là une fissure laUo-
alvéolaire et une fissure labio-palatine.
La fissure labio-alvéolaire consiste dans le prolongement de la fente jus*
qu'au trou incisif seulement; elle est unique ou bilatérale et correspond
à la ligne de séparation de l'incisive externe et de la canine. Par excep-
tion, cette fissure ne porte pas sur la ligne de jonction de l'os incisif et dv
maxillaire; elle se rencontre (Tenon, Meckel, Nicati). entre les deux mû-
sives, comme si l'os intermaxillaire primitivement formé de deux noyant
était susceptible de subir entre ces deux points une fissure. Si la fissuP
est simple, la difformité, beaucoup plus accusée qu'avec une sfanp*
fente de la lèvre, est cependant peu marquée relativement à ce qui
lieu lorsqu'elle est double. Dans ce dernier cas , les os intermaxillaires
dégagés, isolés des maxillaires supérieurs, sont proéminents en atanl
ainsi que les dents au nombre de deux ou quatre, suivant que lesdeu
noyaux des os incisifs existent ou que l'un d'eux fait défaut.
MALFORMATIONS.
137
^^
La fissure labio-palatine, le plus souvent unique, existe ordinairement
à gaache et représente une brèche antéro-postérieure qui comprend la
lèTre et la voûte palatine, faisant communiquer entre elles la bouche et la
fosse nasale du côté affecté. Soudés dans ce cas à Tos sus-maxillaire
droit, dont ils augmentent la masse, les os incisifs déterminent un défaut
de symétrie très-prononcé des deux moitiés de la face. Dans les cas plus
rares où cette fissure est double (fig. 39), la disposition qui précède s'ob-
senre des deux côtés, et la communication agran-
die de la bouche avec les fosses nasales entraîne
le plus habituellement comme conséquence la
fente du voile du palais. Le bord inférieur du
Yomer, libre au milieu de la fente maxillaire,
touche la face supérieure de la langue sur la-
quelle il se creuse un sillon ; et si labsence Fie. 39.— Bee-d©-li*Yre dou-
des apophyses palatmes vient à compliquer
cette difibrmité, celle-ci peut être compromettante pour la vie. Les os
intermaxillaires , dans ces conditions, tiennent en général par une
espèce d'isthme au vomer^ à Textrémité antérieure duquel ils sont conmie
suspendus ; irréguliers et plus ou moins volumi-
neux, ils sont fortement déviés en avant et repré-
sentent une sorte de trompe plus ou moins dé-
nudée (fig. iiO). La succion est impossible, le '
rire, les cris, Tétemument n'aboutissent qu'à :
produire des grimaces et à rendre le faciès re- (f,
poussant et des plus désagréables. ^
Quelques auteurs parlent d'une fissure mé- Fie. AO. — Bec-de-lièvre eom'
diane accompagnant les fissures latérales, mais ^i^* mTdîré^cTrt^^^
les bits rapportés à cet égard demanderaient voûte palatine et du voile du
à être mieux établis. Dans quelques cas enfin P*^* (Musée Dupuytren.)
les os intermaxillaires sont atrophiés en partie ou en totalité, s'ils ne font
complètement défaut. L'absence de ces os, constatée par Vrolik, Meckel,
Leukart et Bouisson, produit un vice de conformation des plus affreux,
ordinairement désigné sous le nom de gueule-de-loup.
Les recherches embryogéniques récentes, celles de Coste en particu-
lier, ayant montré que les différentes variétés du bec-de-lièvre ne sont
que des états permanents d'une époque déterminée et peu avancée de la
YÎe intra-utérine, il y a lieu de considérer ces anomalies comme liées à
un arrêt du développement des parties affectées. Mais cet arrêt de déve-
loppement a nécessairement sa cause, et celle-ci n'est sans doute pas
U)ojours identique. L'imperfection du système nerveux, invoquée par
/
138 anàtomie pathologique.
quelques auteurs, semble jouer un certain rôle dans cette genèse, si Ton
tient compte de la fréquente coïncidence du bec-de-lièvre avec les anoma-
lies des centres cérébro-spinaux; d'un autre côté, il y a lieu de ooire
que certaines lésions locales peuvent suspendre le travail de dévelo|>pe-
ment, du moins si Ton s'en rapporte à certains faits où les tissus consti-
tuant les limites de Tanomalie avaient une consistance cicatricielle oa
fibreuse.
Dans quelques circonstances c'est la partie supérieure de la bouche, le
voile du palais, qui est seule affectée de fissure. Celle-ci, ordinairement
médiane, s'étend de la voûte palatine à l'extrémité de la luette. Les deux
parties séparées ont des bords arrondis, et, par suite de la rétraclioii des
muscles, elles sont écartées, laissant entre elles un espace plus ou moins
•considérable.
L'occlusion congénitale de la bouche est une anomalie extrêmement
rare, et dont il existe fort peu d'exemples. L'exiguïté anormale de la
bouche est une difformité qui, pour éti*e plus commune, est assez rare.
Décrite sous le nom de tnicrostoma congénital, d'atrésie buccale, elle
tient surtout à une anomalie de l'accroissement ou du développement de
la mâchoire inférieure et des muscles.
BiBUOGRAPHiE. — Bcc-de-llèvre simple. — Muralt, Ephem, act. n. c,
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II. — Fistules coDgvnitiles du cou.
Cn anomalies, comme celles de la face, sont i'effel ordinaire d'un dé-
cile réunion de parties séparées dans le cours de la vie intra-utérine,
d ûsi elles sout constituées le plus souvent par un éUit fœtal devenu
|WBB(nl. Elles tiennent, soit à une occlusion iueomplète des fentes
neUUea, soil it un défaut de réuuioDdes trois derniers arcs branchiaux,
âpilées pour la première fois {}ar Dzondi, les 6stules congéui-
» ia cou, relativement rares, sont simples ou doubles, complètes
I iueomptèles. L'orifice externe occupe un des points de l'espace
Bpris entre la mâchoire inférieure et le slemum, et siège le plus
■nul à droite. Sur A6 cas analysés par lleusinger, il existe : â
«île, SI fois; ii gauche, 12 fois; sur la partie médiane antérieure,
'Ut; sans indication, 1 fois; des deux tiàlés du cou, 8 fois. Cet
fS» de petite dimension ne permet la plupart du temps que l'intpoduc-
■ iTitne sonde très-fine ou même d'une simple soie ; ses bords sont en
tuméfiés, roufies, quelquefois saillants à la façon d'une bouton-
'- Une petite quantité de mucus s'en écoule spontanément ou à la
d'un effort de toux, et lorsque la &stulc communique avec le pha-
ou les voies aériennes, des liquides et des bulles d'air parviennent à
T. Un trajet fistuleux étroit fait suite à l'orifice externe; il se
igo obliquement en haut vers les organes intérieurs, mais il les atteint
naenl et se termine le plus souvent dans le tissu cellulaire du cou par
! extrémité encul-de-sac plus ou moins renflée (fistule incomplète).
A
140 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Dans un certain nombre de cas, ce trajet fistuleux se continue jusque dans
la cavité du pharyiix: 12 fois sur U6 cas; beaucoup plus rarement il
s'ouvre dans les voies aériennes. Lorsque la fistule est complète, Torifice
interne est en général tellement étroit qu'il permet difficilement la
pénétration des substances liquides et des bulles d*air: il occupe dans le
pharynx les parties latérales. Dans un cas rapporté par Neuhôfer, où il
fut possible de constater à Tœil le siège exact des orifices internes ; les
deux conduits fistuleux présentaient chacun une dilatation ampuilairc
analogue à celle que Ton observe quelquefois à l'extrémité des fistules
incomplètes, circonstance très-importante, puisqu'elle nous initie au
mode de formation des kystes congénitaux du cou. Le canal de li
fistule est tapissé par une membrane analogue aux membranes mu-
queuses, au-dessous de laquelle existe une membrane fibreuse. Il n'y t
pas de faits bien authentiques de fistule borgne interne, mais il y a lieu d<
considérer comme tels quelques cas où il est fait mention d'un diverti-
culum de l'œsophage.
Les fistules congénitales du cou ont une pathogénie des plus nettes:
elles sont produites par le défaut de réunion des 3* et U* fentes bran-
chiales, ou, lorsque leur orifice externe est médian, par l'absence de jonc-
tion des 3* et k* arcs branchiaux sur la ligne médiane. Ces fistules n*onl
d'autre inconvénient qu'un léger écoulement muqueux ou puriforme;
elles sont sans danger pour l'existence et guérissent souvent à la suiU
d'une opération. Leurs causes sont fort obscures. Cependant l'hérédité
semble jouer ici un certain rôle, puisque sur 66 cas cette influence es*
mentionnée 9 fois d'une façon certaine; 10 fois elle faisait absolument
défaut, dans le reste des cas elle était douteuse. Sur ce même nombn
on comptait 2U femmes et 22 hommes.
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zur pathoL Anatomie, Bonn, 1852, p. 787. — Noll, Deutsche Klinik^ 1852^
n» 27. — Mayr, Jahrb. d. Kinderheilk.^ vol. IV, p. 209, 1861.— Heusinger, HaU-
Kiemen-Fisteln, etc. {Archiv fur pathol. AncUom., vol. XXIX, p. 358, 1864,
et Gaz, méd.^ 1866, p. 402). — Rud. Yircbow, Arehiv. f. path. anat.^ t. XXX,
p. 221, 1864; t. XXXII, p. 518, et t. XXXV, p. 208.— A. Faucon, Sur deux ca$dt
fistules bi-achiales, Soc. de chir. , 27 avril 1874 et Gaz. des hôpiL, p. 427, 1874.
MALFORIUTIONS. 141
111. — Cystoroes congénitaux da cou*
La région du cou n'est pas seulement le siège de fistules congénitales ;
on y observe encore, pendant la période fœtale et au moment de la nais-
sance, des tumeurs de diverse nature. Ce sont des inclusions fœtales (!},
des kystes dermoîdes (2), des cystosarcomes (3) ou enfin des kystes sim-
plement séreux ou séro-sanguinolents. Comme il a déjà été question des
premières de ces tumeurs, nous ne parlerons ici que des dernières.
Lésions relativement rares, les kystes congénitaux du cou ont leur siège
ordinaire à la partie antérieure de cette région. Limités sur les côtés par les
muscles stemo-mastoîdiens, ils le sont en haut par le maxillaire inférieur;
quelquefois ils anticipent sur la face, d autres fois sur le thorax, ou se
prolongent jusque dans Taisselle. Plus rarement ils occupent la région
postérieure du cou, cas dans lequel ils, se présentent chez des enfants nés
avant terme et s'accompagnent d'autres vices de conformation. Ces kystes
sont simples ou composés.
Les kystes simples , très-rares, puisqu'il en existe seulement quel-
ques observations, sont des tumeurs lisses, de consistance variable,
ordinairement sous-cutanées et qui occupent le côté gauche de préférence
au côté droit. Ils sont formés par une poche unique, divisée quelquefois
intérieurement par des trabècules et constituée par une membrane fibro-
celluleuse doublée, d'après un cas de Wemher, d'une membrane lisse
analogue à une membrane séreuse ou muqueuse. Leur contenu est une
sérosité claire ou jaunâtre, formée d'eau, d'albumine et de sels alcalins.
Les kystes composés, lésions toujours congénitales, occupent en
général les parties antéro-latérales du cou, plus rarement ils sont situés
à la région postérieure, de chaque côté de la colonne vertébrale. Les
kystes antérieurs siègent indifféremment à droite ou à gauche, souvent
des deux côtés, et occupent tout l'espace compris entre les deux sterno-
(i) Danbenton, cas de Morand, dans Histoire naturelle de Buffon^ 1766^ t. IV,
p. 381. — Jùahe,Hist, de TAcad. roy, des sciences^ 1754, p. 62, in-4*. — GiUes,
^lofgromatiê cysticis congenitis^ Bonn, 1852, p. 11, 14, tab. II.
) (2) A notre aTis^Ia plupart des faits publiés dans la thèse de M. Dumoulin (De quelques
Productions hétérotopiques de muqueuses à épithélium prismatique ciliée Paris, 1866) ont
^tà des lésions qui résultent vraisemblablement de la persistance des fentes branchiales,
tt rentrent ainsi dans notre description. Quelques-uns seulement peuvent ôtre regardes
(^me le rapportant à des productions muqueuses analogues aux kystes dermoîdes.
(3) L'existence de tissus cartilagineux et osseux dans quelques kystes du cou, Tappa-
rence encéphaloîde de quelques autres, tendent à faire admettre que des formations du
genre des tumeurs sacro-coccygiennes qui ont reçu le nom de cystosarcomes peuvent
<nKlqnefois siéger à la région du cou. La présence des kystes dermoîdes, en ce point
pent s'expliquer par la pénétration de l'élément cutané au niveau d'une fente branchiale.
142 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
mnstoidît^ns (fig. ùl.)- l's lonl au-dessous de la mâchoire inférieure rat*
saillie plus ou moins volumineuse, pouvant atteindre la grosseur de li
tùte du fœtus. Leur direction, qu'il n'est pas sans întërât de men-
tionner, est généralement oblique de haut eu bas et d'arrière en vimL
Ces kystes sont superficiels el sous-culaués ou proronds el disséminée
dans les interstices musculaires. Assez souvent le même kyste occupées
dilTérenls siég:os et s'étend de l'apophjse basilaire jusqu'à la peau de
la partie antérieuie du cou, contournant le pharynx ou l'œsopliige;
beaucoup plus rarement ils siègent à la région postérieure du coa,
de chaciue cdté de la colonne vertébrale. Leur forme habituelle ni
celle d'une tumeur unique, constituée
(var la jusLtaposiliond'un plus ou nioms
grand nombre de petits kystes : lauUA,
au nombre de trois ou quatn-, ils
aiïectent une disposition parsllèli' ;
d'autres fois, moins régulit^remeiil dis-
posés, ils peuvent selever k une cen-
taine (Lomn). Le volume deceakystfs
est variable, non-seulejnent dans il<is
tumeurs diverses, mais dans la tafas
tumeur. U vaiie depuis la (grosseur d'u
O'ur de poule jusqu'à celle d'une noii
ou d'une noisette; assez j^ênéralement, il est en raison inverse du
nombre des kystes qui, vus en musse, oiTrent souvent l'asped de
lippes de raisin. Itenfermés dans une sorte d'enveloppe fibreuse oon-
mune, ces kystes sont constitués par deux membranes, une «xleno
fibreuse ou cclluleuse, une mlerne de natui'e séreuse ou muqueaK.
la première quelquefois lrès-minc« et complètement transparente, 1>
se<?aude aréolaire piutAl que lisse à sa fuc* interne, lis sont
chés les uns des autres ou séparés par des cloisons plus ou
épaisses ; leur contenu, très-variable, consiste en une sérosité avec M
sans mélange de sang, el si dans quelques cas on y a trouvé de la gnisM
des cartilages et des os, c'est «jue vraisemblablement il s'agissait de ^
, ductions dilTéi-entes de celles ((ui nous intéressent. Celte sérosité est cWl*!
l>'JatiiiAtrc ou verdàtre, comme si elle tenait en sus|>ensiou la matière oolo-
■ Tante de la bile; quelquefois elle est sanguinolente, de teinte
chocolatée ; une fois , un fragment cartilagineux s'y ti'ouVHit mâUop
(Gira)dës). Ces modiGcalioiis divi^Tses, observées dans les pare*
d'une mi>me tumeur, sont causées par des exsudais sanguins pi'
«u moins abondants. Vu au niicruscopi-, le contenu de la plupart de ctfl
MALFORMATIOIfS. 14S
tystes présente des globules sanguins, des cristaux d'hématoïdine, aux-
quels s'ajoutent des plaques épithéliales et des globules graisseux. L'ana-
lyse chimique de la sérosité, dans un cas rapporté par Giraldès, fournit
le résultat suivant: eau, 93,86; albumine, 6,90; sels alcalins, 0,2/i sur
1 00 parties. Une analyse faite par Bergmann a donné un peu plus d'albu-
niioe, 11 pour 100 (Gilles). Les muscles voisins de ces kystes sont gêné-
ralem^t amincis ; la peau et les aponévroses sont distendues, les glandes
salivaires sont souvent déformées et déviées de leur position normale,
soit que la tumeur, s'étende jusqu'à la parotide, soit qu'elle fasse saillie
au niveau du plancher de la bouche, où elle a quelquefois été prise pour
une grenouiUette. Ce siège profond indique assez qu'il convient ici de
proscrire toute opération sanglante.
L'étiologie des kystes congénitaux du cou n'est pas connue ; on sait
néanmoins que ces tumeurs apparaissent à un âge peu avancé du déve-
loppement fœtal, puisqu'elles ont été rencontrées au quatrième mois de
la grossesse. Leur pathogénie toujours obscure a reçu des interprétations
différentes. L'hypothèse qui considère ces formations comme des produits
pseudo-plastiques (Wemher) et celle qui les fait naître dans les glandes
salivaires, en leur attribuant une origine analogue à celle de la grenouil-
lette, peuvent être passées sous silence. Au contraire, les opinions qui
suivent méritent notre attention : l*" Les vaisseaux du cou ont été regardés
comme le point de départ de ces tumeurs (Coote). Dans cette hypothèse,
ces organes, les veines surtout, s'isoleraient peu à peu, en formant
des kystes analogues à ceux qui surviennent quelquefois au sein des
naevi ; mais cette origine vasculaire, qui rend assez bien compte de la
situation des kystes et de leur contenu sanguinolent, n'est nullement
démontrée. 2* Les kystes congénitaux, à l'instar des kystes périnéaux
qui naissent dans la glande coccygienne, auraient leur origine dans
le ganglion intercarolidien (Arnold). Ainsi ces tumeurs proviendraient
d*un organe transitoire formé de vésicules agglomérées, anatomique-
ment modifiées et persistantes; mais cette manière de voir n'est pas
mieux prouvée que la précédente, et l'on discute encore s\xt l'existence
de la glande en question. 3* Les kystes congénitaux du cou ne seraient
que des anomalies de formation^ et comme tels ils résulteraient d'une
modification survenue dans le développement des arcs ou des espaces
branchiaux. Cette explication, donnée par Heusinger, semble déjà en
accord avec un certain nombre de faits où se rencontrent plusieurs kystes
disposés parallèlement à la mâchoire inférieure; mais, après 1 étude
que nous avons faite des fistules congénitales du cou, il y a tout
lieu de croire que ces kystes sont produits par la dilatation et l'oblitéra-
iUk ANATOMn PATHOLOGIQUE.
lion du trajet fistuleux ; ils ne seraient ainsi que des kystes par retenu
Quant aux kystes de la région postérieure du cou, on peut pense
cause de leur forme et de leur disposition, qu'ils sont simplement
spina-bifida.
Nous ne ferons que mentionner ici les kystes congénitaux de Tais»
ces tumeurs, susceptibles d'acquérir un volume considérable, débor
quelquefois Taisselle et peuvent s'étaler sur toute la moitié corres|
dante de la poitrine. Leur surface est lisse ou bosselée; elles sont fon
de kystes multiples avec parois épaisses et un contenu séreux ou colk
quelquefois coloré.
BiBUOGRAPHiE. — 1® WLjwâem dn «on. *- Reobzïbacher^ De ranula tM
spedali cum casu congenito. Munich, 1828. — Ebermayer^ Casper Woche/m
fûrdieQes. Heilkde, 1836, n» 13. — Wurtzer, Ibid., nM7. — Vol
Ibid,, 1837, n* /iû. — Droste, Holscher's Hannov. Ann., 1839, p. 29'
Ch. Hawkins, London med. chir, Transad.j 1839, t. XXII. — Ad. Wer5
Die angeboreru Kysten-Hygrome. Giessen, 18/i3. — J. Gilles^ De Hygrot
cysticis congeniHs^ etc. Bonn, 1852 ; anal. Arch. méd.y p. 81, p. 231, 185i
ViRLET, Kystes congénitaux du cou. Thèse de Paris, 185/i. — Cruyeilhier, 7
d^ancUomie pathologique générale, 1 111, p. U9U. Paiis, 1856. — Lorain, K
congénitaux du cou (Gaz^ méd., 1853, p. 507; même journal, 1855^ p. 1
— GiRALDÉs, Bull, de la Soc, de chirurgie^ 1859, t. X^ p. 221 (discussionj
Le même. Gaz, des hôpitaux, p. 13, 1860. — Gurlt, Ueber die CysU
chwùlst des Halses, Berlin, 1855. — W. Scholz, Angebome Halscyste^
{Wien. med. Wochensch. Xlll, 39, 40, 1863. — Debout, Bull, gén. deThéra^
tique, t.LXl, 1856. — Blachez, Bull, de la Soc. anat., 1856, t. XXXI, p. 2W
Heusinger, Arc^tv f. path. Anal., t. XXIX, p. 358; t. XXXIII, p. 177 etWl
J. Arnold, Même recueil, t. XXXIII, p. 209, avec bibliographie; anal, danst
méd., 1866. — J. Birkett, Med. ch. Transact., t. XLI, p. 185, 1863.— Swi
Ueber das angebor. Hygrom des Halses {Joum. fur Kinderkr., t. XXXVIl, p.
1861). — Thomas Smith, On congénital cystic tumours {St-Bartholom
Hospital ReportSy voL II, p. 16, 1866). — P. Boucher, Étude sur les kystes (
génitaux du cou. Thèse de Paris, 1868. — J. Hardie, the Lancet, p. 267, i
1872. — Trendelenburg, Archiv f, hlin. Chirurg,, t. XIIÏ, p. UOU.
2° Kystes de l*aisseUe. — Sandifort, 06s. anat, path,, lib. IV, cap.
p. 21. — Hawkins, Lotid, med. chir. Transact,, voL XXII, p. 236. — Verki
Bull, de la Société anatomique, 11 août, 1856.
§ 3. — MALFORMATIONS DU THORAX ET DE L* ABDOMEN.
Dès les premières semaines de la vie embryonnaire apparaissent,
tour de la corde dorsale, des lames qui affectent une direction converg
vers le bas et qui s*insiuuent dans les lames viscérales. Ces rayoïmem
B^^ra^inraaccroissemGnt limité dans la région correspondante à
Hl cavité abdominale, ne s'y séparent pas des anni^ux des corps veilé-
■nui el deviennent apophyses transverses. Au contraire , dans la Tuture
Irtpaii pectorale, ils s'accroissent, convergent d'un cûlé à l'autre et linis-
MDt par se réunir sur la ligne médiane et former les eûtes par un travail
Bfe cartilaginirication et d'ossiBcation. Dans leur point de rencontre,
Bw nivounements produisent le sternum, qui résulte ainsi de deux
boitiés laténiles soudées ensemble. Les parois abdominales suivent
u développement du tborax; elles se rapprochent latéralement, et de baut
Bn bis, en convergeant vers le futur ombilic, en sorte que dans le troï-
KiiinH mois de la rie intra-utérine, le tube digestif se trouve presque com-
' plétement renfenné dans la cavité, sauf quelques circonvolutions de
l'iuleslin grêle, qui souvent encore à la naissance sont contenues dans la
baseducordon. Ces quelques notions peuvent nous donner laclefdela
plupart des malformations du thorax et de l'abdomen. Effectivement,
CTsmalformatiiins consistent en des divisions qui se présentent avec tous
les caractères d'un arrêt de développement, et qui tantôt affectent une
ITïnde partie de la paroi antérieure du tronc, et tantt^t se limitent à l'une
Mdcui cavités thoracique ou abdominale. Ces anomalies constituent,
lUoslaclassitication dels. Gcoffi-oy Sainl-Ililaire, la famille des monstres
(élosomîens (1).
1. — Fissures goslro-lliornciques.
les divisions qui portent sur la poitrine et l'abdomen sont les plus
^v», et celles aussi qui se développent a l'âge le plus rapproché du
moment de la conception, à une époque où la paroi antérieure du corps *
m encore très-incomplèle et où presque tous les viscères sont logés dans
b base du cordon ombilical. Dans le degré le plus élevé de ces anomalies,
lu fissure existe depuis la partie supérieure du sternum jusqu'à l'om-
bilic, ou même jusqu'à la symphyse pubienne; elle livre passage à un
plus Liu moins grand nombre de viscères. Les parois antéiieui-es du
'")nc, incomplètement développées, se continuent par leurs bords avec
''smiiios. Les organes iiflernes ont quitté leurs cavités respectives et font
bemie, rarement ils restent renfermés dans les cavités pleurales et péri-
lODéale. En même temps que sa gatne contient une grande partie des
viscères et forme une poche considérable, le cordon ombilical s'éloigne
lie l'état régulier par une brièveté extrême, quelquefois mémo il est
(Ij L« tamiUe des niQiiBlrcs cûlosomiena etl divisée par le. Geoffroy Sainl-
W (enri», qui sont ; Ips genres asjiolosomc, sBénénoiome ou igèoe,
•, pleurosonie, célosome (Hisl. ilesanom., t. 11, |i. SGtJ.
-Trailé d'Anal.
_ (witotnint, pleuro
il-Hiliire en ^^|
À
1&6 ànàtomib pathologique.
entièrement effacé. Le placenta, très-rapproché des organes digestib,
auxquels il adhère dans quelques cas par Tintermédiaire des membranes,
ne forme souvent avec eux qu'une seule et même masse, ce qui rend
très-difficiles et peu étendus les mouvements du fœtus. Quelquefois le
défaut de réunion a lieu sur les côtés, et la fissure, presque toujours
accompagnée d'une perte de substance des parties molles ou même des
cdtes, a son siège habituel à droite, disposition qu'expliquent assez
bien les rapports existant entre le foie et le placenta par Tintermédiaire
de la veine ombilicale.
Les fissures gastro-thoraciques sont rarement isolées, le plus souv^t
elles sont accompagnées d'exstrophie vésicale, de fissures ou de courbures
spinales, d'arrêt de développement des organes génitaux, des membres, de^
orteils, de déviation des membres inférieurs, de pied bot, d'ex^cépha —
lie, etc. La vie est difGcilement compatible avec des désordres aussi graves^ .
et les individus atteints de ces anomalies succombent habituellement daa 2
les premiers jours de leur existence, principalement à cause de la gén^
respiratoire provenant de Tétat imparfait des muscles de Tabdomen.
La brièveté du cordon ombilical, son adhérence ou celle du placenta ^
différentes parties du corps, notamment aux méninges (voy. fig. 37], l
courbures de la colonne vertébrale, sont les conditions anatomiques q
président le plus ordinairement à la formation de ces anomalies, les un.
en mettant obstacle à la soudure des parois abdominales, les autres en
cis sant la cavitédu veiitre, qui ne peut plus recevoir la masse des viscère».
BiBUOGRAPHiE. — G. Fleischmann, De vit, cong, circa thoracem et abdcm^^n.
Erlangœ^ 1819, pi. 1, fig. 1. — Is. Geoffroy Saint-Hilaire, Hist, des anom., t. B,
p. 279 (genre pleurosome et célosome). — Reil, Hl. med, Zdt,^ 1855, t 'MB,
p. 183. Consultez la bibliographie des pages 1^7 et 150.
II. — Fissures thoraciques. — Ectopie cardiaque.
Ce vice de conformation est simple ou compliqué d'ectopie cardiaqiie.
S'il est compliqué, ou bien le sternum, séparé en deux moitiés qui reçoi-
vent chacune l'insertion des côtes, laisse un vide à travers lequel le oceor
fait hernie, ou bien une moitié seulement du sternum est normale sinon
rudimentaire, tandis que l'autre moitié fait défaut avec les cartilages
costaux et une portion des côtes dont les extrémités sont libres ( pteuro-
some, Is. Geoffroy Saint-Hilaire). La fissure, enfin, peut n'envahir cjue b
dernière portion du sternum et se continuer jusqu'à Tombilic.
La fissure stemale simple se limite au sternum et n'atteint pas le^ pa^
ties molles qui parviennent à se constituer. Elle occupe toute la loxiguetit
H MALFORMATIONS. 12|7
msteroum ou seulement sa partie supérieure, et les deux bords de la
fente sont réunis par une toile fibreuse recouverte de la peau. Dans le
premier cas, le sternum fait quelquefois défaut et les c6tes sont réunies
entre elles à la façon des fausses ciites ; dans l'autre, elles sont articulées
avw; les pièces stcmales. Cette anomalie n'apporte aucun obstacle sérieux
k l'ciislencc.
La fissure stemale accompagnée d'ectopie cardiaque est, au con-
Iraire, un vice de conforaiation des plus graves, et qui est suivi de
mort peu de temps après la naissance. Les parties molles sont affec-
\m en même temps que le sternum, qui est alors, comme chez le
jeime embryon, séparé en ileu\ moitiés latérales ; il fait défaut dans sa
moitié inférieure ou dans toute son étendue, quelquefois en mâme temps
qu'une ou plusieurs côtes. Le cœui' laissé à découvert, entièrement à
nu ou emeloppé par le péricarde, fait hernie b. travers la (issure et vient
» pker au devant de la poitrine, sa pointe dirigée en bas, en avant ou
■Dàneoi haut. Cet organe, le plus souvent, présente des anomalies dans
u confùrmaLion ou dans sa structure ; souvent aussi son déplacement
^t accompagné d'une semblable anomalie de l'encéphale.
BnuMutBiE. — Sandifobt, Musctim anaiomieiun, t. III, p. 393. —
"lewjifw, Ueber das fcMendc BruslMn, 1794. — Cullebieb, Joarn. génér. de
'Wrfuftie.t. LIXIV, p. 305. — CnAUSSim, Bull, delà Fitcullé de médecine de
i\»t, — Veése, Dp cordis ectopia. Berlin, 1819. — BiiEsaifT, Répcrl. ff^.
^'aimt.ttitphysiol., t. Il, p. 12. — Bbmnett, Monthly JoiiriL ofmeâ., oct. 1651.
— Aracrrr, Got. des hùjntaux, 1852. — STHumEBs, Monlkhj Journ. ofmed., oct.
Ï8i3,293,— Gnoui, HssKrasrmiicOTiffmfu.Hamburg, 1859. — Allen TnoupsoN,
"tlvlHiamw med. Journ., 1858, et Gat. méd., 1859, 386, — FMcKiiôifEii, Archiv
fw pathol. Anitt. mut Phys., t. X, p. hlU. — Raxvikb, Sciaswe du itemian,
<«u|jie du cœur, deux veines caves stip, cher un fœtus de huit mois {Ga^. méd.,
*W3, p. 778). — Otto Obeumeier, Eine mivollst'lndige Bmstbeinspalt [Anhiv
/■pat*. Anat. md Pkysiol., vol. XLVl, p. 209).
lit. — Fasnres abdominales. — Eiilropliie yëricale.
Ces fissures, accompagnées ou non d'un vice de conformation du dia-
phragme, présentent des degrés variables, suivant qu'elles occupent toute
U longueur de la paroi abdominale ou une portion seulement de cette
paroi,
Êlenduo de l'appendice xiphoïde ît la symphyse pubienne ou même au
(i*Ià,Ia fissure abdominale ou ûventration est constituée par un espace vide,
hmiii par les parois du ventre, se continuant avec l'amnios. Les viscères
abdominaux, plus ou moins rapprochés les uns des autres et disposés en
ikH ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
une sorte de paquet, forment par leur réunion une tumeur volumînea^^^^
pendant au devant de la cavité abdominale et recouverte seulement pard^^^^
membranes fines et transparentes, qui ne sont autre chose que la gain- ^^
du cordon ombilical excessivement distendu. Ce désordre coexiste
quemment avec d'autres anomalies, Texstrophie de la vessie, l'existen
d'un cloaque et l'absence des parties génitales extérieures, un cordo
ombilical très-court ou complètement effacé. Il est grave, car la plu
des nouveau-nés qui en sont atteints meurent dans les quelques jo
qui suivent leur naissance.
Limitée à la région ombilicale, la fissure abdominale, connue sous le
d'exomphalc, se présente sous la forme d'un anneau, des bords duque
émane la membrane amniotique, de sorte que c'est véritablement dans 1
base du cordon ombilical que sont contenus les organes déplacés, à savoi
une portion de l'intestin grêle, soit seule, soit accompagnée de quelque
autres viscères. L'exomphale est peu compatible avec l'existence; elle n
Test mémepas du tout lorsqu'elle est volumineuse. Cette anomalie, ycoro—
pris l'évenlration, est beaucoup plus fréquente chez l'homme que chez les
animaux.
Dans l'exomphale comme dans l'éventration, les parties déplacées,
occupent donc la base du cordon ombilical, et ces deux variétés de dépl
cément des viscères abdominaux ne constituent, en réalité, qu'une seul
et même anomalie dont l'exomphale offre le premier degré, et l'éventra
tion le second. Ces vices de conformation résultent de la persistance d-^
conditions appartenant à l'état embryonnaire, l'éventration réalisant les
conditions de l'une des premières périodes de la vie intra-utérine, rexoii>-
phale celles d'une époque postérieure. Chez l'embryon humain, en effet,
jusque vers le commencement du troisième mois, les intestins, rassem-
blés et comme flottant au-devant de la cavité abdominale, forment udc
sorte de paquet renfermé dans la gaine alors extrêmement ample el
étendue du cordon ombilical. C'est la persistance de ces conditions em-
bryonnaires chez le fœtus qui constitue l'anomalie appelée éventration,
dans laquelle la fissure abdominale est à peu près complète. L'exomphale,
au contraire, est due à la persistance de ce degré plus avancé de l'orga-
nisation où les viscères digestifs sont rentrés dans la cavité de l'abdomen,
fermée alors antérieurement aussi bien que sur ses parties latérales, ne
communiquant plus avec l'intérieur que par l'ouverture de l'ombilic. Le
segment inférieur de l'intestin grêle étant de toutes les portions du canal
alimentaire celle qui rentre la dernière dans la cavité abdominale, est
aussi celle qui, dans le cas d'cxomphale, s^ rouve le plus souvent com-
prise dans la tumeur herniaire.
Umiléek la région înréri<?ure du venlre et accompagnée de fissure de
la vessie, du clitoris ou du pénis, la lissure abdominale est désignée
sous les noms de prolapsus, d'extroversion ou d'e\slrophie de la
vessie. C'est qu'en elTet, par suite de la fusion des bords de la vessie
aiïf ceux de la peau, la vessie se renverse, et, faisant hernie à travers
ks muscles droits, elle vient combler la fente abdominale. Le dévelop-
(lement de cet organe est, du reste, assez incomplet, sa forme est
Cïllt: d'une lame, et sa membrane muqueuse, par le fait du renverse-
H,iiail,sc trouve constituer sa face extérieure; l'urèlhre fait souvent défaut
^■kila femme et chez l'homme, il est atteint d'épispadias.
^^tlàns ces conditions, la vessie se présente au dehors sous la forme
~ ÎHni; tumeur un peu saillante, molle, rougeâtre, placée au devant de la
imrlii: supérieure de la symphyse pubieime ou un peu au-dessus, et, i
la surface de laquelle, vers la partie inférieure, on voit l'urine suinter
piïsijne conlinucllement par deux trous percés au centre de deux émi-
nenws en forme de mamelon, et qui ne sont que les orifices des uretères.
Ct'lle tumeur office un volume variabk', très-faible chez l'enfant nouveau-
té, beaucoup plus considérable chez l'adulte ; elle est lisse et comme
ditisée en deux lobes, inégale et bosselée si elle est peu saillante. L'om-
Wlic, très-rap proche de la symphyse pubienne chez le fœtus, se trouve
pUcé immédiatement au-dessus de c^tte tumeur ; quelquefois même l'ex-
triinité sapérieure de la vessie remonte jusqu'au delà de l'ombilic et le
Wcbeentièrement, d'où l'erreur de quelques auteui-s touchant l'absence
d'ombilic en pareil cas. Quelquefois enfin la vessie ne fait plus saillie à
l*«(^rieur; placée entre les deux pubis et les muscles droits abdominaux
simplement écartés, elle se montre sous la forme d'une tumeur sous-
t^ulanée occupant la région pubienne.
Plusieurs anomalies peuvent coïncider avec l'exstrophie de la vessie,
toiammenl l'absence plus ou moins complète des organes génitaux, l'im-
(Kirforalion de l'anus, l'imperfection de l'tntestin et la division médiane,
«àldu sacrum, soit des apophyses épineuses de quelques vertèbres lom-
(Wua fréquente chez l'homme que chez la femme, k peu près inconnue
z les animaux, l'extroversion de la vessie est un vice de conformation
BUx il cause de l'Incontinence d'urine qui en est la conséquence et de
piéforaiatîon plus ou moins marquée des organes génitaux. Cependant
Illico de conformation, plus grave cbez l'homme, qu'il rend souvent
int, que chez la femme, dont les organes génitaux sont toujours
ins modifiés, n'empêche aucune des fonctions nécessaires à la vie, et
' '»Tiabililé doit toujours être déclarée, s'il est indépendant de toute com-
150 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
plication grave. Celle anomalie, résullal d'un arrél de dévek
de l*allantoïde, parail devoir élre rapportée à une accumnlalion
silé qui mellanl obstacle à la Iransformalion de Touraque el de
rendrait impossible Tunion des parois du venlre. L'ouraque, d
côlé, au lieu de s'oblitérer, peut rester canaliculé, continuer à
les liquides contenus dans la vessie et les conduire au dehors pa
lie, d'où les fistules urinaires congénitales ombilicales, qui cons
plus faible degré des malformations de ce genre.
BiBLioGRAPHiE. — Ëveiitration. — Ed. Sandifort, De hernia unibil
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H--
«CAUOBJIATIOKS DE LAPPABEIL URO-GÉSITAL EXTERNE ET DB L'aSUS.
Vers la cinquit-nie semaine de la vie embryonnaire commencont à
spparallre les premiers linéaments des organes génitaux extérieurs.
Swjs lo feuillet externe du blastoderme s'accumule une substance au sein
de Isqudlc se produit une fente linéaire longitudinale commune aux
otganes génitaux urinaires el à l'appareil défécaleur. Cette fente antéro-
postérimre ou cloaque se creuse de plus en plus et se porte à la rencon-
Iredu cul-de-sac que fonne, d'autre part, de dedans en dehors, vers
l'eib^tnilè caudale, le feuillet intestinal. De chaque cûlé s'élèvent bientôt
deux ^inences arrondies, origine des corps caverneux , el au-dessous
d'elles deux saillies destinées k constituer lo scrotum chez l'homme, les
KTïndes lèvres chez la femme. Les deux éminences supérieures, après
'V'tre allongées, se réunissent par leur partie supérieure, de manière à
pniduire inrérieurement une gouttière longitudinale qui faîl suite au cloa-
que. Celle gouttière, dans le sexe masculin , disparaît insensiblement par
Iieiapprochemenl de ses bords pour former le pénis, mais chez la femme
lUtfiersiâte et constitue la séparation des petites lèvres au-dessous des
Kvp) caverneux du clitoris. Quant i) la fissure médiane , elle subit un res-
Wrcraent qui la divise en deux portions : l'une, postérieure, qui s'arron-
dilel ronstituc l'ouverture anale; l'autre, antérieure, toujoui-s allongée,
'induit dans une cavité où viendront aboutir les canaux excréteurs des
»piQ« génitaux et urinaires internes (orifice uro-gênilal) . Chez l'homme,
'i ivuniun des deux éminences scrotales amène la réunion de la portion
illïrii'ure de celte fissure, située au-dessous d'elles, d'où leraphépéri-
"•«1 médian ; chez la femme, au contraire, la disposition persiste, et les
<l''ui conduits, urinaire et vaginal, continuent à s'unir dans le cloaque
ii'j-Séiiital, qui prend le nom de vulve. Ainsi, à une certaine période de
'*iistence embrj onnaîre, les organes génitaux externes de l'homme offrent
^ plus grande analogie avec ceux de la femme, et l'on comprend que, si
'•■■ déïiJoppemeHt vient à s'an-éter el que les deux lèvres de la fente uro-
^oitile cessent de se rapprocher, il y aura, au-dessous d'une verge plus
"^U moins atrophiée, un cul-de-sac plus ou moins profond dont l'ouver-
^»e, bordée de chaque côté par les scrotums divisés, simulera plus ou
153 llfATOHIB PATBOLOCIQDB.
moins parraitement l'ouverture vulvo-vagîtiale de la femme. Ce vice de
confonnation, désigné sous le nom d'hermaphrodisme, n'est, en réalilé,
qu'un hermaphrodisme faux. Quant à l'hermaphrodisme vrai, étal qoe
caractérise la présence des deux sexes sur le même individu, il eit
le résullat d'un vice de développement des org:anes génitaux intemes,
et, partant, il sera étudié dans la seconde partie de ce travail. Ici, nous
nous occuperons de la persistance du cloaque, du faux hermaphrodisnc
et de l'imperforation anale.
I. — PeraiiUnce da clonque.
La persistance du cloaque ou vestibule commun k l'intestin A m
organes génito-urinaires a élé plusieurs fois rencontrée dans l'espète
humaine chez les nouveau-nés où elle est souvent accompagnée de fisniie
abdominale et d'exstrophie vésicale. Celte anomalie consiste en une cavité
plus ou moins distincte, communiquant au dehors par une taàe oarer-
ture et recevant intérieurement les orifices des voies urinaires, de l'ippa-
reil générateur et du rectum. L'ouverture commune de l'antudde
la vulve représente assez bien'ces deux orifices, réunis par unedéchimre
du périnée. Dans quelques circonstances, on ne trouve plus im vestibule
tw. 13. — îinperroratinn il« l'anua «tcammunkaliondel'inteitinavcclecanalde l'oritE^
a, abouchtfmenl du rectum dam l'urèllire, pti) du col da la Teiiie ; b, rectum ; r, tcc^'
de cet intettin; d, vessie.
commun aux organes génito-uriimiros et à l'anus, mais la communicat^
de deux de ces parties entre elles. C'est ainsi qu'on a pu constater V^^
bouchure des uretères, soit dans te vagin, soit dans l'anus, celle du vii^t
MALFORMATIONS. 153
OU du col de Tutérus dans la vessie ou dans le rectum, et enfin celle du
rectum dans le vagin, la vessie ou l'urèthre.
La première de ces dispositions, la moins fâcheuse de toutes, est aussi
fort rare ; T^fnbouchure du vagin ou du col de Tutérus dans le rectum est
beaucoup plus fréquente. Il existe alors, comme dans l'état normal,
deux ouvertures : Tune, celle de Turèthre, est propre aux organes
urinaires ; l'autre est commune à Texcrétion des matières fécales et aux
fonctions génératrices. Quelque grave que soit ce vice de conformation, il
n'est point une cause nécessaire de stérilité pour les femmes qui en sont
affectées. Des observations authenli(|ues montrent môme qu un accou-
chement a pu se terminen heureusement dans ces conditions, Touverture
anale s'étant agrandie parla déchirure plus ou moins complète du périnée.
L^embouchure de l'intestin dans la vessie, au niveau de son col, ou dans
Turèthre (fig. 42) , est une anomalie plusieurs fois observée, principalement
chez les enfants mâles; l'expulsion, par l'urèthre, d'urines mêlées de mé-
conium en est l'indice certain. L'orifice de l'intestin, sorte d'anus in-
terne, est alors très-petit et pennet seulement le passage de la partie la
plus liquide du méconium et des matières fécales. L'ouverture de l'intestin
dans le vagin est un vice de conformation analogue, mais beaucoup
moins grave, parce que ce canal a des dimensions plus considérables
que celles de l'urèthre. Souvent, dans ces conditions, l'inteslin est imper-
foré, et ces cas, qui ne sont que des abouchements anormaux du rectum , ont
été quelquefois décrits comme des rétrécissements ou atrésies de l'intestin.
BiBuoGRAPHiE. — VoisiN, Joum. géfi. de méd. de Sédillot, t. XXI, p. 357. —
LiTTRE, Mém. del'Acad. dessciences, 1709, p. 9.— J.-L Petït, I6id., 1716, p. lU,
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dam, 1822.— W. Vrolik, Handb., 1, p. i!il2; Tabulœ,p\. 31 et 22, etc.— Jung,
^mb.addoctr. de vitiiscirca abdom. congerdt. Bonn, 1815. — Haag, De cloaca,
Diss. Tarici, 1837. — Gruber, Mém. des savants ctrang, Pétersbourg, 1849. —
Awiox, Angrfr. chir. Krankheiten, taf. 9, fig. 6; taf. 16, fig. 11, etc. — Orro,
Monstr, sexcent. desor.Nr., 535. — Cruveilhier, A/ia/. path., liv. ï, pi. v, fig. 6-8,
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- Nagel, ibid., 1855, n« 51 .— Depaul, Union médicale, 1855, p. 135.— Fried-
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— Pdecb, C(mpt€8 rendus de l'Acad. des sciences, 1857, 18 nov. — A. Fôrster,
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i5& ANATOMIB PATHOLOGIQUE.
avec Vappdreil itrmaire. Thèse de Paris, 1872. — Pinard, BuUetin de la Sot
anaiomiquej année 1873, p. 682.
II. — Hermaphrodisme faux ou hermaphrodisme externe.
Cet hermaphrodisme, qui n'est qu'apparent, puisque l'appareil sex
est uniquey présente dans quelques-unes de ses parties les caractères d
appareil màle, dans quelques autres les caractères d un appareil feme
Néanmoins, il est masculin ou féminin.
L'hermaphrodisme masculin, de beaucoup le plus fréquent, est t
jours le résultat d'un arrêt de développement qui diminue la di
rence existant normalement entre les caractères de l'appareil rep
ducteur de l'un et de l'autre sexe. , Il est constitué par la persista
de la fissure du périnée et du scrotum, accompagnée d'une fiss
uréthrale inférieure ou hypospadias, de diverses déformations du péni^
en même temps d'une position généralement anormale des lesticul
Non-seulement le pénis est plus ou moins modifié dans sa forme et d
volume inférieur à celui de l'état normal, mais le gland est imperforé
prépuce mal conformé et l'urèthre changé dans une partie de son étei»
en un simple sillon peu ou point distinct. La région du scrotum prése
une fente plus ou moins profonde, simulant une vulve, avec les lèvres
laquelle le pénis est plus ou moins adhérent par sa face inférieure,
sorte que c'est ordinairement dans la partie la plus voisine de l'anus (;
se trouve l'orifice externe de l'urèthre. Pour peu que la fente scrotale s
profonde, elle forme une cavité aveugle souvent prise pour un vag
comme la fissure pour une véritable vulve ; l'individu atteint de ce vice
conformation a donc des organes sexuels externes qui présentent l'ap
rence de ceux de la femme, et plusieurs fois il en est résulté des mépri
regrettables. Ajoutons, pour compléter la ressemblance, que les testicu-
de structure, de forme ou même de volume ordinaires, ont en général i
position anormale. Le plus souvent renfermés dans la cavité abdomin;
ils n'en sortent qu'à l'époque de la puberté pour se fixer dans la fat
vulve, au niveau des anneaux inguinaux ou un peu au-dessous; a-
situés sur les côtés du pubis, ils ont quelquefois été pris par des chii
giens inexpérimentés pour des tumeurs herniaires, et traités comme!
Dans ces conditions, la sécrétion du sperme est souvent possible;
émission peut avoir lieu, mais l'état incomplet de l'urèthre et son aJ
rence avec les lèvres de la fissure scrotale rendent imparfaite l'éjacula'
de la liqueur séminale et mettent obstacle à la fécondation, qui n'est to
fois pas absolument impossible.
En même temps que les organes sexuels externes se rapprochent de
rcui de la femme, l'organisalion tout entière se modifie et prend en
quelque sorte l'empreinte de l'organisation féminine. Le larjus est peu
saillBut, la voix peu grave, la barbe est rare ou fait défaut ; la peau, douce,
peu velue, recouverte par un tissu adipeux développé, recouvre des
niiisclcs peu saillants. Les membres sont petits, la poitrine est étroite et
11' bassin élargi. Les mamelles arrondies, plus ou moins volumineuses,
IKiurvucs de mamelons prononcés, viennent compléter une ressemblance
ipii s'iîlend souvent jusqu'au moral. Ces caractères s'obsen-enl encore
diiis certains cas où, malgré la réunion complète des lèvres de la fente
smtale, les testicules et le pénis sont imparfaitement développés.
Le plus faible degré des anomalies de ce genre chez l'homme est l'hypo-
spïdiïs, qui consiste dans l'ouverture de l'urèlhre, au-dessous de la verge,
itunedistanceplusou moins éloignée du gland. Si le scrotum, quand cette
our*rIure est située près de la racine de la verge, est en même temps
divisé sur la ligne médiane, il on résulte un orifice avec des replis simu-
lant uue \Tilve ; ainsi, on comprend qu'il existe entre l'hypospadias et
ItenDaphrodisme masculin le plus complet toute une série d'états
intermédiaires. Du reste, comme la persistance de la fente scrolale, l'hy-
pospadias est le résultat d^m arrêt de développement survenu h ime
i^lHique plus ou moins avancée de la grossesse.
L'hemiaphrodisme Féminin est caractérisé par l'hypertrophie simple du
clilons, par l'occlusion plus ou moins complète de la vulve ou par la réu-
nm de ces deux anomalies; de même que l'hermaphrodisme masculin,
il offre de nombreuses variétés. Dans son degré le plus avancé, celte
snomalie se traduit par l'existence d'un clitoris très- volumineux, ayant
* a partie inférieure un canal plus ou moins complet duquel s' échap-
pait les urines et le flux menstruel. Non-seulement cette disposition
'iuinle chez la femme le volume et la forme du pénis avec un urèthre
Presque complet ou affecté d'hypospadias , et un canal sexuel constam-
liHit imperforé ou rétréci ; mais il convient d'ajouter que l'influence d'un
'p| hermaphrodisme réagit sur l'ensemble de la constitution physique, et
m^-me d'une manière très-manifeste sur les penchants moraux. A tous ces
•caractères masculins s'ajoute encore, dans quelques cas, une autre ano-
Tnalie, la descente des ovaires et l'issue de ces organes à travers tes an-
Qeaui inguinaux , ou simplement le développement de petites pelotes
gtaisseuses, dont le siège dans la région inguinale peut faire croire à l'exis-
tence de lenticules. l'ourtant, il est facile de ne pas se laisser abuser, si,
pw un toucher allcnlîf, on a soin du s'assurer de l'absence des épididymes
fet des canaux déférents. Nous bornerons ii cette description l'élude des
156 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
anomalies des parties externes de la génération. Ailleurs, il sera qucstioi
des anomalies des organes internes et de leurs relations avec les vices d
conformation des organes externes.
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tomique, 1864, p. 481. — Éd. Cruveilhier, Ibid., 1865, p. 468. — Dodeu
Ibid., p. 473. — Thomas Bryant, Cases of malposition ofthe testis and ofm*
formation of the maie and female urino^enital ùrgans (Guy's Hospital Repor
série 3, vol. XIII, p. 419, 1868].
III. — Imperforation de l'anus.
De même qu'il est des abouchements anormaux de l'intestin résulti
de la persistance du cloaque interne, de même il existe des anomalies
Fanus qui sont produites par la persistance du cloaque externe. Que
cause indéterminée qui trouble le travail organo-plastique agisse av*
(jue le cloaque externe ait été pourvu de ses séparations naturelles, Toi
verture anale fera défaut; elle se confondra avec le sillon uro-génital <
l'intestin se terminera, soit à la fourchette vulvaire ou au commencemei
du vagin, soit vers la partie pénienne de Turèthre. Que l'anus, a
contraire, se soit régulièrement établi, mais que la jonction avec le rectui
ail été défectueuse, il existera, suivant le degré, un rétrécissement o
une imperforation ano-rcctale, et celle-ci sera très-mince ou très-épais»
selon que le rectum sera régulièrement conformé ou qu'il fera défaut dai
une partie de son étendue.
Le rétrécissement congénital de l'anus et de la partie inférieure i
rectum a été plusieurs fois obser\é; Ammon et Vrolik en ont figuré*
exemples. Son siège ordinaire est le point d'union de l'anus et <
M.\[,FUnMATIO\S. 157
l'intestin, c'est dire qu'il se rencontre i\ 1 ou 2 centimètres de l'ori-
Uo-anal. L'î m perforât ion de l'anus est susceptible de nombreuses varié-
lés. Dans quelques cas, l'anus oITre les apparences d'une disposition
rPjuliÈre, et son orifice est simplement fermé par une membrane mince
qui laisse tran s paraître le méconîum au-dessus d'elle. D'autres Fois,
iiDiu, moins complètement développé, consiste en un petit infundibu-
lam à bords Iran^és ; la membrane obturatrice est épaisse, et, dans cer-
laius cas même, il existe une obi itérât ion solide et dense de plusieurs
centimètres de hauteur, constituée par toutes les tuniques ano-rectales.
(jadquelûis enlin rim|>erforalion anale «t constituée par un cordon
Unux ou musculaire qui, du point où devait exister l'anus, s'étend vers
le cuVdft-sac du rectum. Ce cordon venant à manquer complètement, il
yanonplus une imperroratiou, mais une absence partielle du rectum.
Le chÎTOrgien doit êlre bien pénétré de l'existence de toutes ces variétés
el lie se décider à une opération qu'à la suite d'un dia^ostic précis.
Dan* le plus gi-ajid nombre des cas, le cul-de-sac rectal est considérable-
m-'iil distendu par le méconîuni liquide, et cette distension est un
moyen de diagnostic important el presque l'assurance d'une manœuvre
iipiiraloire heureuse.
I.'tbscnce totale de l'anus coïncide le plus souvent avec un abou
l'Iifinsnl anormal de l'intestin, quelquefois avec l'absence du rectum.
Uiiii CK conditions, la peau se eontinue d'une fesse à l'autre sans dépres-
sion, plis ou trace quelconque d'un orifice ; parfois même les deux tubé-
ro>ilirîde l'isebion sont rappmcbées l'une de l'autre el le détroit inférieur
i<i bassin se trouve plus ou moins rétréci.
BiiiUf»GRjipBiK, — Albucmis, Chiriiruie, cbap. lxxis, p. 187 (De Vimperfo-
""wfl ik Viinat.], trad. du l'aralie par M. le docteur Lcclére, mëdccin-niajor.
l'im, 1861. — Bknivkjsh», Libei. df ahd. iwro». aemir. morbor. caims, cap. S6.
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I -■•«, vus. El TT/f
158 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
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De ani intestinorumque atresia. PI. Trajecti ad Rhen., 1819. — Gavenne, Ok
d^une imperforation de Vanus chez un garçon^ avec ouverture de tintestm dans k
vessie {Arch. gén. de méd., 1" série, t. V, p. 63, 1824). — Miriel, Vices coih
génitaux de conformation de V extrémité inférieure du tube digestif. Thèse de
Paris, 1835, d? 82. — J. A. Amhon, Die angeborenen chirurgischen Krankhek-
ten, etc., pi. x et xi. Berlin, 1842. — J. GRUVEiLHiERy Anat. patkoi. du corps
humain, V* livr., pi. vi. — J. S. Roux, De V imperforation de Vamu. Thèse de
Montp., 1844, n^ 96. — A. Bérard, Anus anormal s' ouvrant damlawmms'
sure postérieure de la vulve chez une jeune fUle, établissement d^un amu artifciel
dam la région anale (Gaz. des hôp., 1844, p. 286). — W. GoasE, CongenM
absence of anus (lo/id. med. Gaz,, t. XLI, p. 17, 1848). — E. F. BounsoN, Jks
vices de conformation de Vanus et du rectum. Thèse de concours. Paris, 1851. —
Debout, De Vétai de la thérapeutique concernant les vices de conformation; impff-
foration de Vanus et du rectum {Bull, de thérap., t. XLIX, p. 11, 105, 1855).—
C. LoBUGEOis, De l'oblitération congénitale des intestins. Thèse de Paris, 1856,
n® 259. — H. Friedberg, Becherches cliniques et critiques sur Vanus artifeid
{Arch. gén. de méd., 5" série, t. IX, p. 565, 701, et t. X, p. 42, 1857). -
T. B. CuRUNG, Inquiry into the Treatment of congénital imperfections ofthertfr
tum by opération, founded on an Analysis of one hundred cases, etc. (Med.'Ckir,
Transact., t. XLIII, p. 271, 1860).— W. Bodenhammer, A prac^ica^ IVeatàe»
the Etiology, Pathology and Treatment of the congénital malformations of ihe
rectum and anus. New-York, 1860. — G. Goyrand, Études pratiques sur
Vatrésie et les malformations du rectum^ etc. ( Gaz. méd. de Paris, 1856,
p. 509, 524, 538, 601, 639). — Le même, Note sur Vatrésie de Vanus (M
de la Soc. dechir., t. VII, p. 407, 1857). — Gay, Becords ofthe Boston Socii^
for médical improvement, vol. III, p. 156. Boston, 1859. — Healy, A Ccseof
congénital malformation of the rectum {Dublin med. Press, 2* série, t. lï»
p. 217, 1864). — LiTTLE, Case of imper f orale anus (Edinb. médical Jùvmd,
1867, March). — Rizzoli (de Bologne), De Vatrésie de Vanus avec une ouvertiff
du rectum dans la vulve. Rapport lu à la Société de médecine de Strasboorg,
dans la séance du 2 mai, par le professeur Stoltz {Gaz. méd. de Strasb(09i
1867). — Warren, Imper forated anus and rectum. Surgical observations, p. 1^'
Boston, 1867. — Holmes, The surgical treatment of the diseuses of infancy c'^
childhood, p. 207 ; traduction de Larcher, Paris, 1870, p. 208.
MALFORMATIONS. 1 59
§ 5. — MALFORMATIONS DES MEMBRES ET DES DOIGTS.
Lorsque les rudiments du système vertébral de la tète et du tronc ont
pris naissance et que les organes qu'il doit protéger ont commencé à se
dérelopper, on remarque les premières traces des extrémités sous la
forme de deux languettes étroites qui s'élèvent le long des surfaces laté-
rales de Tembryon. Stationnaires vers leur partie moyenne, ces languettes
continuent de croître à leurs extrémités et affectent la forme d'une palette
abord libre. La plaque de cette palette est le rudiment de la main et du
pied, le pédicule celui du bras et de lavant-bras ou de la cuisse et de la
jambe. Quelque temps après il se produit au bord arrondi de l'extrémité
de la palette quatre légères échancrures, indices de la séparation des
doigts et des orteils. Ceux-ci, jusqu'au troisième mois de la vie embryon-
naire, se trouvent réunis par une lame mince, membraneuse, analogue à
la membrane qui existe entre les doigts des cétacés et des oiseaux palmi-
pèdes. Tout d'abord, ces extrémités diffèrent assez peu l'une de l'autre ;
ravant4>ras et la jambe ne sont pas encore distincts, quand déjà les pièces
destméfâ à opérer la jonction avec le tronc, la clavicule, l'omoplate et les
os pelviens commencent à se développer. Bientôt après il se produit dans
la portion de l'extrémité la plus voisine du tronc une inflexion, indice de
la séparation de l'avant-bras et du bras, de la jambe et de la cuisse.
Ces appendices ne consistent d'abord qu'en un amas de cellules à peu
pr^ complètement homogènes ; les premières parties qui paraissent en-
suite sont les vaisseaux et le sang qui les parcourt, puis viennent les car-
tilages et les parties qui doivent s'ossifier, enfin les nerfs et les muscles.
Les vices de conformation des membres et des doi^s sont intimement
liés au développement, et relativement communs ; d'un côté, les parties
qui constituent les extrémités peuvent augmenter de nombre; d'un autre
côté, ces mêmes parties ou seulement un certain nombre d'entre elles
sont susceptibles de faire défaut. Nous étudierons successivement les
aoomalies des membres et celles des doigts.
1. — MalformaUon det membres.
Ces malformations offrent des variétés qui rappellent dans une certaine
mesure les diverses phases du développement embryonnaire ou fœtal ;
elles se divisent naturellement en deux groupes : les anomalies par défaut
et les anomaltespar fusion (1).
i\) QueUpiei antenrs ont cru de?oir ijouter à cet deux groupes une troisième di?i-
»<m qoi consisterait dans la présence de membres surnuméraires ches des indiTidus
160
ANATOMIB PATDOLOGIQUB.
i' Les anomalies par défaut, monstres ecfroméliens de Geoffroy Saiirz:
Kilairc, présentent, suivant que l'absence des membres estcomplète oui
complète, des différences qui permettent de les grouper sous plusieurs cbe- A
L'absence complète ou presque complète d'un ou de plusieurs raembr-«
caractérise l'une de ces variétés; cette anomalie {genre eclroméle, Is. Ge>ojC
froy Saint-Ililaire), la plus complexe et la plus grave, est en même temps Ji
plus commune ; ordinairement elle est synte-
trique (fig. Ui). Les membres le plus souveol
affectés sont ceux du thorax, vient ensuite
l'ectromélie biabdominale, puis l'ectromélje
tboracique unilatérale. L'absence d'un »al
membre abdominal est rare; elle n'aguèreété
constatée, si ce n'est chez des monstres affecta
en même temps d'éventralion. Les membres
inférieurs sont représentés en géoénil pir
des moignons très-courts, hémbphériques,
assez semblables au sein d'une femme. Dam
ces moignons se rencontrent des os nidi-
mentaires auxquels s'insèrent des muscles
qui les rendent mobiles à volonté, et quelqu»-
fois des excroissances en forme de doigtt
recouvertes d'une substance cornée vienneol
s'y ajouter. Les épaules et les hanches sont
généralement bien conformées, à part quel-
ques cas exceptionnels. Leurs cavités articulaires sont ou plates et très-
petites, ou comblées par du tissu conjonclif. Los muscles, les nerfs et les
vaisseaux voisins sont en général normaux. La composition anatomique de
la tète, de la poitrine, du ventre et des parties génitales ne laisse lieD
à désirer, d'où la faculté des individus affectés de cette anomalie de poa-
voir prvenir quelquefois à un âge avancé.
Dans une autre variété, les membres sont remplacés par des moignoo^'
plus ou moins courts, privés de tout vestige de main ou de pied, le phi^
souvent terminés paromou plusieurs doigts imparfaits et rudimenlure^
[genre hémimèle de is. Geoffroy Saint-IIilaire) . 11 est rare qu'un seul n
soit atteint de cette anomalie ; ordinairement ces organes sont a
nombre de deux, de trois, ou même tous les quatre en même temps.
simples. Uais les ttiti de ce genre renconlTc» chei l'hoinnie aont extrêmement nrc*^
ili n'ont été obterYé* qu'aux membrei inférieun, et lorsqu'on prend li peine de ti«
snaljier, on reconnatt qu'ils ne lont pcut-£lrc pis indépendinti d'osé duplicitfl
' moDttrueose.
MA.LFORHATIO?>S. l(t| '
râriété enfin consisie dans l'alrophic ou la disparition '
in se^enls des tnembies autres que le segment terminal, qui se rap-
proche peu à peu du tronc et souvent même semble s'y insérer directe-
ment. Cetl(? anomalie, qui fait ressembler l'toe humain à certains
aiiimauï aciuatîques, est désignée par Is. Geoffroy Saint-Hilaire sous le
mmie phocomélie. Les deux membres
abdominaux seuls, nu bien les deux
Ihoraciques, ou bien les quatre mem-
ijTMipcuventêlreaffectésàlaroisdepho-
comélie {6g. hU); rarement un seul
meiiiba' présente cette anomalie. En pa-
reil cas, les os du bras, de la cuisse, de
lavant-bras et de la jambe font défaut
iHi sont rudimentaires; les muscles
il't membres existent le plus souvent,
mais ils sont peu développés et vicieu-
«menl insérés. A part les organes
ï^'iiéraleups, quelquefois retardés ou
arrêtés dans leur développement en
Bifime temps que les deux jambes,
l'aile malformation des membres est le
plus univent isoli'-e, cl comme les par-
li« qu'elle afTectc ne sont pas esseii-
lii^llesè la vie, elle est compatible avec
'^lislence. Les individus qui en sont
lUeints parviennent généralement à
i agi; adulte, en faisant un usage remar-
(jnible des lron(:ons de membres qui
'MJil à leur disposition. Ainsi, ou voit
l(^ sujets aiïectés d'Iiémimélie ou d'ec-
immélic bithoracique convertir leurs
mi'inbrcs inférieurs en instmments de
liréhension ot acquérir avec le pied, par le pouvoir de l'habitude, toute
lu diiKlêrité d'une main, exécutant les actes les plus complexes ou les
|)Iu^ délicats de la pn-bension, tandis que chez les individus affectés
<''' phocomélie ou d'ectromélie biabdominale, les membres supérieura
Icvirancnt les organes de la locomotion ; le mode de progression des
'lU^de-Jalte est bien cannu.
L'iitiologie de ces anomalies nous est inconnue; leur patbogénîc
iM des plus obscures. Serres, Tiedemann el Gurlt ont sifpialé la coïncï-
LtNCEHBACX. — TraîlÉ d'Anal,
Fie. m. — Sqndcl!e de phocon
(Muiée Dupuytreu.)
inic j
162 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
dence d'une altération des centres nerveux, d'une atrophie des renfle-
ments de la moelle épinière avec Tavortement des membres. Plus récem-
ment, Troisicr, dans un cas d'hémimélie unithoracique du côté droit, a
constaté une diminution de volume de la moitié droite du renflement
cervical do la moelle épinière par agénésie d'un certain nombre de cellules
nerveuses. Est-ce là une simple coïncidence, ou bien y a-t-il lieu de voir
une relation de cause à eiïet entre certaines modifications de la moelle
épinière et l'absence plus ou moins complète dbs membres? quelle est la
cause, quel est l'effet? Les recherches de Vulpian nous ayant appris que Ut
section des nerfs d'un membre détermine l'atrophie de la région de la
moelle épinière qui leur donne origine, il y a à se demander si la lésion
médullaire, dans les cas en question, n'est pas consécutive à l'ano-
malie des membres. D'un autre côté, il est naturel de penser que Tavor-
tement des membres peut être subordonné à l'agénésie ou à une modifi-
cation des cellules de la moelle épinière à l'état fœtal , puisque cette
altération, survenant dès les premières années de la vie, est suivie de
l'atrophie des membres. C'est donc une question à l'étude, et si l'agénésie
ou l'altération des cellules des cornes antérieures peut quelquefois pré-
sider à l'arrêt du développement des membres, néanmoins, pour mériter
créance, cette manière de voir exigerait de nouvelles observations et une
étude plus complète du problème. Il importerait aussi de tenir compte
de l'état du svstème vasculaire des membres.
BiBLiOGRAPHiF. — Ectromélie, hémlmélle. — Bucuner, Acta nat, eur.,
l. V, p. 180. — Albrecht, ibid., 17/iO, dec. 5, obs. 22. — Dupuïtren, Bull.
(le la Soc, philom.y t. lïï, p. 126. — Hastings, Tramact, ofthe med of
Edinburgh,, t. II, p. 39, 1826. — Tikdemann, Zeitschr, f. PhysioL, t. III, p. 1.
pi 1, 1829. — Otto, Dcscr, monstr,, n« 230, pi. XIV, fig. 1. — Veiel, VersucA
ùber mangelh. Bild. der Extremit,, 1829. — Broca, Bull, de laSoc. anat.^ 1852,
p. 275 et 390. — Maclauglin, Med, Times and Gaz., déc. 1853. — Lecadre
et FoLLiN, Soc, de biolog. et Gaz, méd,, 1852, p. 162. — Schuller, Zeitschr.
d. Wien, Aerzte, déc. 1853. — Blachez, Bull, de la Soc. anat., 1856, p. 281.
— GouRiET, Gaz, des hôpit,, 1857, n® ^. — A. Golbaux, De Vectromélie et de
Vamputntion spontanée des membres chez ks animaux domestiques {Gaz. mid,,
1865, p. 207 et 223).
Membres supérieurs, — Barthoun, Ilist, anat, rar.y cent. II, hîst. hh ;
cent VI, bist. 39. — Vrolik, loc, cit., pi. 76, fig. l-/i. — Braun, Zeitschr. d.
Ges, d, Wien, Aerzte, 1854. — Greenwood, Assoc. Journ., 185/i, p. 53. —
Nagel, Deutsche Klinik, 1855, n* 52. — Priesti.ey, Med. Tim, and Gaz., i856,
n» 15. — SiLVESTER, iUd,, déc. 1856.— Koster, Nederl. Weckbl. von Geneesk.^
1856,nM3, l/i.
MALFimiUTIOSS.
163
Mmhm mfèriiurs. — Hiszstsi, Ad. Acad.iuit.ao:, 1742, VI, obs. 10. —
Diiïts, PriiKipes de phgsioL, 1800, l. IN, p. 105. — BKEacnEr, Bull, de la Pac.
ifofi., l, IV, p. 325. — Saitobph, Gunammelte S-^hriften de Schcel. Copeii-
higuï, 1803, pari, i, p. 31'i. — HEHrioLur, Beichr. stoAs mensckl. Misag,,
p.î9, pL 10, H. — VnoLiK, Tab. ad illiulr. tmbr., pi. 63, flg. 1, U;
pi. 76, flg, 3. — Sehres, Annl. compnr. du centau, t. I, p. 108. — Behgeb
d Ba'SNGER, BtricM von d. Antropol. Anst. z. Wnnhurg, 1826, I, p. 53,
flA — FjtBEit, Duw. manstr. hum. desrr. anat., 1827. — Meckel, Handb.
i.t^.t 75U. — Fi.eiscHuAXN , Bilduii'jshcrnmmtgeit, 265. — Is. Geoffrov
Siin-HlUtRE, BUt. des unomnl., t. Il, p. 206. — Biiaiin, Zeitschr. d. Ges, der
ffk. AtrOt. 1854. — E[.us, Med. Mr. Trnm., t. XXXVI, p. Ù39. — Mont-
umm, DttbI. quart. Joum., mai e[ août 18.'i6.
Fhfiéll». — Bouchard, Eph. nal. car., dec, 1, ann, 3, obs. 13, —
Ra.KiiiiT, Écartf de la naliirc, pL XXXI. — Fi.AcnsnNn, Ote. anat., p. l'i,
Ikisidl, 1800. — DiUËRiL, BuH. dr la Soc. jihilomal.. t. 111, an ii, p. 122.
— BitsatT, Bull, lie lit Faculté du méd. , L Vil, p. 33. — TdiEbaui.t, Juurtt. de
"ini, ikhùttx, 1. XV, p. 135. — DUMAS, Principes de physiologie, t. III, p. 165,
ISI)0.-|î.OEorKBOTSAiNT.HiL»mE, Jlisi. des oitowai, t. Il, p. 208. — Retïris,
B-ricU ibir d. nllg. Entbildungf'hemm. Stockholm, 1850. — «artin Saint-
Ami, flfWTfjrrf, d'un fœtus hiiintân, etc. (phocomèle) (Acnd. des se., 10 dëc.
IMttlCu:. Aflftrf., 825). — DuBRErir., Bull.de la Sv. nn-jt,, 1862, p. 40S.
î' Lus anomalies par fusion sonlessL'iitiellemeiilcaraclérisées par la ri'u-
"'OQ miiliune des deux membres abdominaux avoc absence d'u
P'u ou moins considérable de l'un et di? l'autre
''^ ces membres. Ces anomalies se pi'ésentcnt sous
'"ois formes distinctes : la sirénomélie, l'uromélie,
'* tymélie {Isïd. Geoffroy Suint- llilaire).
La iirénomélie est caraclérisée par la i-éunioii
'■'' membres abdominaux extrêmement incom-
t'iHs, tcmiinés en moignon ou en pointe sans pied
'''stinot. La moitié sus-ombilicale du corps est bien
'onrormée, mais la moitié sous-ombilicale s'atté-
fiie d« plus eu plus vei-s son extrémité (îl semble
"'i^lre qu'un prolongement caudifonue du tronc,
l'rolon^t^ment dont la longueur est ordinairement
' nile au tiers ou nus deux cinquièmes de la lon-
-ueiu- totale [lig. kh). Ce pmloniremenl repi-éseiitc Fio. 45. — sirénomilic-
,. . . ,. . . ■ ■ . (D'nprèï Cruïcilliicr.)
■'""ï uieii un cilne régulier, dont le sommet est
UBlût aigu, lantdl obtus. La rotule, le plus souvent unique, avec des
'nwa plus ou moins manifestes de duplicité, csl placée en arrière,
— Rqai montre que le membre composé est retourné, l'n os unique,
164 ànàtomie pathologique.
ordinairement médian , analogue au tibia, court, de forme conique,
constitue la jambe presque à lui seul ; il reçoit les insertions de
quelques faisceaux musculaires qui ont leur attache supérieure sur
le fémur. Celui-ci est unique, médian, et, par ses formes comme
par son volume, il parait plus développé qu'un fémur ordinaire,
deux moitiés d'un bassin très-incomplet , et beaucoup plus étroit que
dans l'état normal, sont venues se joindre sur la ligne médiane, de telle
façon que les deux cavités cotyloïdes sont ou très-voisines ou confondues
en une seule. Les orifices de l'intestin et des voies urinaires, les organes
sexuels externes font complètement défaut ou ne sont représentés que
par de petites saillies ou des rides plus ou moins profondes. Les organes
sexuels internes manquent complètement ou existent d'un seul côté à
l'état rudimentaire. La vessie est rare, et le plus souvent l'un des reins,
sinon ces deux organes, fait défaut. Le canal intestinal est en général
mal conformé à partir du cœcum, et presque toujours la dernière portion
du côlon et le rectum manquent ou sont très-imparfaits. Cette dernière
anomalie se rattache à l'absence constatée, dans plusieurs cas, de l'artère
mésentérique inférieure.
Uuromélie a pour caractère la soudure des membres abdominaux que
termine un pied simple, presque toujours imparfait, et dont la plante
est tournée en avant. L'existence de ce pied constitue, pour ainsi dire,
toute la différence entre l'uromélie et la sirénomélie. La jambe est bien
dans quelques cas composée de deux os, mais les deux fémurs sont tou-
jours intimement réunis, le bassin est en même temps très-étroit, très-
incomplet, et les organes qu'il renferme ne diffèrent pas de ceux qui se
rencontrent dans la sirénomélie.
La symélie est produite par Tunion de deux membres abdominaux
presque complets et terminés par un pied double dont la plante est
tournée en avant. Le segment supérieur ou fémoral de ces membres,
presque aussi large en haut que la portion inférieure de l'abdomen, est
beaucoup plus étroit en bas, où il s'articule avec le segment qui repré-
sente les deux jambes réunies. Le pied, beaucoup plus large que la partie
inférieure de la jambe, laisse voir sa duplicité. Le nombre des doigts qui
le terminent est, en effet, de dix, quelquefois de neuf, de huit, de sept,
ou au contraire de onze. Ce pied forme avec la jambe un angle obtus ;
de plus il est renversé de telle sorte que les bords soudés sont ceux
qui, dans l'état normal, devaient être externes, et que les petits orteils
sont au milieu, tandis que les gros sont en dehors. Tout ce qui de^-ai'
être antérieur est devenu postérieur, et réciproquement; la plante di
pied est en avant et la face dorsale en arrière. Le bassin , déformé c
^P MALFORMATIONS. 165
allongé, esl toujours plus ou moins élroit et leUemenl imparrait que les
ravilés colyloïrtes el par suite les fémurs sont rapprochés l'un de l'autre,
(quelquefois continus ou réunis entre eux. La face antérieure de. ces os
iWkM externe et les rotules sont placées eu dehors. La jambe contient
lanti!it quatre, tantôt seulement trois os distincts par suite de la soudure
i!<-silcux péronés devenus internes. Les os externes du tarse, ramenés
01 dedans, sont ordinairement soudés avec leurs congénères , comme
luui les métatarsiens et les phalanges des petits orteils droit et gauche,
Idf E^on à former un doigt médian reconnaissable à son plus gi-and
ydiitne. Certains muscles se réunissent également à leurs congénères
sur la ligne médiane, et les nerfs sciatiques quelquefois aussi sur un
point de leur trajet. Le l)assin étant rétréci, les organes urinaires sont le
pliu souvent incomplets, la vessie manque ou est mal conformée, les
uretères s'ouvrent dans l'intestin, et les reins font défaut tandis que les
■^■ipsul» surrénales peuvent être augmentées de volume. Les organes
seiuels sont en général rudimentaires, et les canaux qui en naissent se
Parlent, soit directement dans l'intestin, soit indirectement en se réunis-
'^«l avec les uretères.
Les individus affectés de ces diverses malformations ont ordinairement
Une naissance prématurée et ne tardent pas à succomber, ce qui est faci-
J^tnent explicable par les anomalies multipliées de leur organisation.
Les OHiditions étiologiques des malformations par fusion des membres
^^'Ol peu connues; il n'est pas prouvé qu'un traumatisme, chez une femme,
^** état de gestation, ait jamais produit ces anomalies. Plusieurs observa-
'tirs se sont appliqués h rechercher la palhogénie de ces désordres oon-
Sônitsiux. Laissant de cAté les opinions de Meckel et de fs. GeofTroy Saint-
'"'iUiire, disons que Cruveilhier attribuait la symélie à deux Torces agissant
**o»ullaDémeut ou successivement dans les premiers temps de la vie, l'une
P*>ar imprimer aux membres inférieurs ud mouvement de i-otalioncnsens
apposé sur leur axe, l'autre pour rappi-ocher et fusionner ces membres.
*W<>sle, par ses études sur la production artificielle des monstruosités, est
"^Tivé à ce résultat que l'inversion et la fusion des membres postérieurs
***ox dues k une pression latérale, et que ce fait se produit toutes les fois que
^ partie supérieure da l'amnios ou capuchon caudal a éprouvé un relard
*)%tH son développement et reste appliquée sur la partie postérieure du
*•*!)«, au lieu de s'en éloigner par l'interposition du liquide amniotique.
*Uui, un défaut de parallélisme entre le développement de la partie posté-
"cure de t'amnios et le développement de la partie postérieure du corps
•^ l'embrjon suffirait pour produire l'un des vices de conformation les
■pis graves parmi ceux qui alTectent un seul être. L'inversion des mem-
166 àNATOUIE PàTHOLOGIUUE.
bres, pour le même auteur, existerait normalement dès le principe, ^■
la fusion serait la cause de sa persistance.
BiBUOGRAPHiE. — K. BoF.ntiAAVE, Hist. aitat. infantis, etc. Petropol., 175^^
— DiBCKERnoFF, De monopodia. Halle, 1819. — Mecsbl, Anhivf. AmU.v^^
Ph^sioL, 1826, p. 273, et Descriptio mmtstror, nonntUl,, pi. V, flg. 5.
Bebh, De monopodibus. Berlin, 1827. — Kœbleb, Dûi. si$t. deseript. momt—^.
hum. tnonopod. lëna, 1831. — LEvt, De nympodia. HavDis, 1833. — ■
Is. Geoffroy S^inr-lliLAinE, Hist. des amm. deform., t. Il, p. 237. — Crdtu^^
BJEH, Anal. patlioL, livr. 33, pL V, V] ; livr. fiO, pi. VL — HoEStea, De rita^
tj/ngeneticis. Graphite, 18ùt. — D4N«, Tke Lancet, 18i4, 1. 1, p. 6. — Lmc- =
DORF, De sympodia. Heidelberg, 18^6. — Eurmakn, Musée d'anat. pathol. .«
Strasbourg, 1852. — Gehrabd, Monthly Jour»., avril 1855. — A, Fohstch, F~^
liissbild. d. Menschen. lëna, 1865. — C. Dareste, Note sur U mode de fom^t^ ^
tion des monstres syméliens (Compt. rend. Acad. dis se, 27 janvier 1868). — _
Jul. Jensek, Beilrag zur patkol. Efdu:klKluHgiig'-si:hkhte {Arcfm, f, pall» w.
Atiai., l. XLII. p. 236, 1868). — Juluard, Cmises de lu symélie {Gat. mid. de
Pom, p. 199 et 212, 1869).
IL -
Mairormatioii) des doigit.
Les matrormations des doigts, comme celles des membres, peuv«-iil
ie grouper sous plusieurs chefs ; nous «'tudierons successivement les b.kic»-
innlies par excès ou polydactylic, les niioinaties par défaut ou ectrc
lylie, et les anomalies par fusion ou syndactylie.
(1) Cette ngare et Ici tcpt qui luiveRt lont empruntées à U 1Ii«k de U. le d
Furl lur lei iice« de contormition de) doîgtt.
p des Romains, présente
lesi'ariètês suivantes: 1' les doigts surnuméraires, situés aux extré-
fliilés ou au milieu des doigts, prolongent la série ; 2' its résultent de
la bifurcation du pouce ; 3° ils sont situés sur le bord cubital de ta
iDaJD ; W its sont séparés par une bifurcation plus ou moins proFonde de
Umain.
t> Les doigts qui prolongent ta série se rencunlrt'iit lo plus souvent aun
nlréniilés et sont rarement intercalés. D'une analogie frappante avec les
doigts normaux, its s'articulent en général avec un métacarpien particu-
lier nm s'insère aux os du carpe {(ig. 46 et ti7) ; quelquefois aussi
ils s'articulent avec te doigt voisin sur ta tête grossie du même méta-
fOrpieD ou sur un point quelcontjuc de sa longueur (lig. /|8 et 49}.
fit. 18, _ Doigt surnuiii.
cubital de la m.iï
^nn-seulement les métacarpiens et les métatarsiens, mais les os du carpe
'■du tarse augmentent parfois en nombre; ainsi une pièce du musée
''«pujlren, portant te n° 27, présente huit orteils, huit métacarpiens et
'■jiiq cunéiformes. Les doigts surnuméraires ne reçoivent le plus sou-
'eni que des divisions des tendons du voisinage ; ils sont ordinal i-emenl
Phisou moins atrophiés, privés d'une ou de plusieurs phalanges. Entîn,
'*s doigls et les orteils, en plus d'un cûté, peuvent faii* défaut du ciité
"pposé.
î'La polydactylie par bifurcation du pouce n'est pas très-rare. Ptac-
'Ur le bord externe de la main, le pouce supplémentaire, résultat d'une
^^rtf de biltdîté, s'insère sur les métacarpiens ou sur ta piemièr
lUnge (fig. 50 et 51). Dans quelques cas d'insertion près d'une
une sur- ^1
168 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
face articulaire, la synoviale de rarticulation surnuméraire communi-
que avec la synoviale normale, même lorsque le pouce surnuméraire
est à une certaine distance du pouce normal. Broca a vu deux fob k
communication entre les synoviales se faire par un conduit étroit; inutile
Fie. 50. — Pouce surnuméraire. Fie. 51. — Pouce bifurfié.
de faire remarquer Timportance de cette disposition au point de vue
opératoire.
3*» Placés sur le bord cubital de la main, les doigts surnuméraires occu-
pent un seul côté ou les deux ; ils peuvent siéger sur toute la longueur
du cinquième métatarsien, depuis Tos crochu jusqu'à la première pha-
lange du petit doigt. Tantôt rudimentaires et semblables à des tumeurs
érectiles, ils sont d'autres fois aussi développés que les doigts de la
série normale; entre ces extrêmes se rencontrent tous les intermédiaires
possibles. Les doigts surnuméraires les plus développés présentent un
squelette à deux phalanges articulées avec la tète du cinquième métacar-
pien ou avec une apophyse du bord interne de cet os (fig. US) ; ils possè-
dent en général des tendons, des vaisseaux et des nerfs. Les plus rudimen-
taires sont dépourvus de squelette et formés à peu près exclusivement par
une masse charnue, graisseuse et cutanée, recevant quelques vaisseaux
et pouvant contenir des noyaux cartilagineux.
/io La polydactylie par bifurcation ou par duplicité de la main est rela-
tivement rare ; on en connaît seulement quelques cas. Deux de ces cas,
publiés Tun par Murray, l'autre par Giraldès, présentaient une bifidite
qui s'étendait jusqu'au niveau du carpe ; le pouce faisait défaut (fig. 55)*
Chaque portion de la main double possédait des muscles et des tendons
qui permettaient aux deux mains de se fermer Tune sur l'autre et de
remplir leurs fonctions.
Les causes de la polydactylie sont obscures comme toutes cell«*
qui président à la formation des parties surnuméraires de l'org»'
MALFORMATIONS. 1 69
nûiae. l^pendanl il est reconnu que l'Iiérédité exei-cc une iofluencc mar-
(]uw sur le déTeloppenienl de cette anomalie. Celle influence incontestable,
qui .sVst quelquefois maniTestéc chez cinq à six générations successives, a
OMiJuit leprofesseur de Quatrefages à penser qu'il ne s<rrail peut-être pas ira-
possible d'arriver, en .s'ai-
iniil (le la sélection natu-
relle, k constituer, pur son
inlmnédiaire, une variété
I l'espèce humaine. Les
riilions physiques ou
)logiques susceptibles
fe provoquer celle malfor-
maliou nous sont îacon-
nups; du reste, îl n'e\isle
que des hypothèses:
pslbgénie de cette ano-
iuli«,
inlmnec
Je l'esp*
bdilioi
polog
Ttprovo
%*, 1770
al.
BAPBie. — HOHAND,
tAead. des sciences.
1770- — Meceel, Ioc.
- I*. Geoffroï Saint-
liuuï, Sist. des anom, di-
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Oecft, etc., U II,
OttOj ioo', dt. —
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<Heribourg, t XV et XVI, et Méhtnges biolug., 1. VII, 1870. — Ces.
jKAUJ, Ami. uiàEcrs., CCXYI, p. 305. Milan, 1871.
Ktylie. — Caractérisée par l'absence totale ou partielle d'un ou
uieurs doigts, l'cctrodactylie, moins fréquente que la polydactylie,
Kplas souvent que cette dernière observée chez les individus affectés
Ms de conformation. Elle occupe tantôt les deux mains tantôt
Min droite ou la main fauche seulement, ou même elle siège
I
170 ANATOMiE PATHOLOGIQUE.
aux pieds. Quelquefois un seul doigt fait défaut (fig. 53) , plus souvent il ya
absence simultanée de plusieurs doigts. Bien plus, le métacarpe peut ètie
atrophié ou manquer, et même parfois il y a absence de quelques-uns des os
du carpe. Dans certains cas où le pouce et Tauriculaire, placés aux deux ex-
trémités de la série, sont seuls restants, la main offre un certain degré
d'analogie avec une pince, d'où le nom de jmt
de homaf*d donné à cette anomalie. Le pouœ
manque plus souvent que la plupart des autres
doigts, surtout le doigt auriculaire. Otto, Dft-
vaine et d'autres auteurs ont publié des faits
d absence congénitale du pouce et de son méta-
carpien, due à labsence du radius; cependant
les cinq doigts se rencontraient dans un cas de
W. Gruber (1), où cet os faisait défaut, et dans
un autre cas rapporté par Dolbeau, il y avait an
pouce flottant fixé par un pédicule.
L'hérédité de Tectrodactylie , plus rare que
Fie. 53. — Ecirodaciyie. ^.qWq j^ j^ polyductylie, ne s'observe pas moins
quelquefois dans plusieurs générations. Nous ignorons conunent agit
cette influence, mais il y a lieu dans certains cas de rapporter Tectro-
dactylie à un trouble survenu dans l'évolution normale, à un arrêt
de développement qui, à cause de l'influence héréditaire, semblerait
sous la dépendance du système nerveux. D'autres fois, c'est au con-
traire à l'action d'une cause mécanique qu'il convient de rattacher
l'ectrodactylie. De même que l'ectromélie est quelquefois le résultat d'une
amputation, soit par des brides vicieuses, soit par le cordon ombilical, de
même l'ectrodactylie peut être l'eflet d'une amputation congénitale
produite par les mêmes causes ; c'est du moins ce que semble dé-
montrer un fait rapporté par W. Gruber, où l'on rencontre à côté
d'un doigt ectrodactyle deux autres doigts offrant chacun une coih
striction circulaire, comme s'ils avaient été étranglés par un lien. Les
doigts dans l'ectrodactylie sont agiles et souples, ce qui ne peut sur-
prendre après ce que nous savons des cctromèles.
Bibliographie. — Kfxlie, T!ic Edinb. med. and sury. Journ., 1808, p. 252.
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pathol, Anat. und Phys,, l. XL, p. 427, 1867).
P MALfonjunoNs. . 171
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>ilui/g {Xed. cAir. TruiLvicl., l. XLI, p. 73, 18j8). — Debolt, Vices de confor-
Mt. des membres. Paris, 1863. — FotiT, Des difformités congénitales et ncquists
to^'tftf. Thèse d'agrégation. Pans, 1869. — LëgEe, Essai sw la di^ormilê
■rtei/s, Ihèsede Paris, 1870. — Renalt, Bu», de (a Soc. ano(., p. 22i, 1870.
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HfomEU Grubeh, Ueber Mistbild. der Finger an bdden Hànden eincs L^bendi'ii
■Hfe f. pnlh. Anat, und PhijsioL, vol. 'il, p. 303].
^ipxtactylie. — Caractérisée par la coaliiscence des doigts, la syiidui-
tjlie uoexislo avec l'une des iiialfoininlions précédentes ou se renconlii-
U'Élat d'isolement. Elle alTecte plus souvent les mains que les pieds.
s parfois aussi elle atteint c^s dt^ux: parties à la Tois. La syndactylii-
Heomplète ou incomplète. Elle est complète lorsque les doigts sont
■nemeut unis dans toute leur longueur et que leurs parties consti-
es, reliées par une enveloppe eutnnée commune et séparées uniqui'-
8 par un léger sillon, sont plus ou mnîns confondues. Cette fusion
BalTecter jusqu'aux ongles, eu sorte que le nit^mbre se termino (nii'
m seul appendice recouvert d'un ongle gigantesque. La sjndactylic e.st
imximplète quand deux ou plusieurs doigts sont réunis par une mcni-
lirone, un repli culané, une paimaturc analogue à la membrane intoi-di-
^ildc qu'on obseiTe chez les oiseaux aquatiques. Ce repli cutané, plu^
ou moins étendu, se poi'te de la racine des doigts à leur extrémité; il
n'ealen dérinitive qu'un prolongement du repli cutané qu'on trouve dans
inlerdigital. Ce repH est transparent, et quelquefois il est facile,
bprenant entre le pouce et l'index, de faire mouvoir l'un sur l'aulrc
feus feuillets cutanés qui le constîlucul. Avec ces feuillets ordinaire-
tt dépourvus de poils, il entre dans la composition de la membrano
idigitale une couche de tissu conjonctif, des vaisseaux et des nerfs.
<dilé joue dans la production de k syndactylie un rùle tout
i important que celui qu'elle a dans la polydactylie. Berigny (1) a
naniqué â l'Académie des sciences un fait de syndactylie qui avait
^îslé dans cinq générations successives. A part l'influence de l'bérédité.
l^liologie de la syndactylie est ignorée. Cette anomalie, en somme, n'est
<|Uo la persistance d'un état fœlal.
s compléterons l'étude des malformations des doigts pur l'iudica-
lide quelques autres diiïormités particulières à ces appendices.
Il brackydaclytie est une anomalie caractérisée par un i-accourcisso-
U plus ou moins considérable des doigts, causé par l'absence d'une
B] Bmiic;>y, t'ai de palwidaclylisme (Compt. rend. Acail. des jc, 3 ooi. 1863, ri
Atf.» 11.745, 1863).
t72 ■ ànatohie pathologique.
ou de deux phalanges (lig. 5ù et 55). Celte anomalie, relativement nn,
peut aiïecter tous les doigts ou seulement quelques-uns d'entre eoi;
elle parait susceptible de se transmettre par hérédité. Les doigts ani-
FiG. SA. — Bracbïdactjlifl,
face palmaire , main faucha.
quels il manque des phalanges sont plus courts, mais leurs mouvements
sont normaux.
La macrodactylie, autre vice de conformation, caractérisée par l'aug-
mentation du nombre des phalanges d'un ou de plusieurs doigts, est un
fait rare et qui mérite peu de nous arrêter. La mégalodactylie ou hyper»
trophie congénitale des doigts est plus commune. Les doigts médians tsa
sont le siège le plus habituel, et assez souvent celte difformité s'étend i
une certaine portion ou à la totalité du membre, de telle sorte que celui-
ci s'allongequetquefois considérablement. Toutes les parties constituantes
du doigt participent à cet accroissement de volume, qui sera étudié lorsque
nous traiterons des hypertrophies.
m. — Picdi boti coDgdoitaui.
Le nom générique de pied bot sert à désigner toute dilTorraité du pied
caractérisée par une déviation permanente de sa face plantaire, quelles
qu'en soient la nature et l'origine.
On reconnaît généralement quatre variétés principales de pied bot : le
pied bol varus, que caractérise une adduction forcée avec déviation de la
plante en dedans ; le pied bot valgus, qui est produit par une abduc-
tion forcée et une déviation de la plante en dehors ; le pied bot équîn,
causé par une extension forcée avec déviation de la plante en arrière ; le
pied bot talus ou calcanéeo, que détermine une Hexion forcée avec
déviation de la plante en avant. Ces dilTérentes variétés sont susceptibles
de se combiner deux à deux, et l'on comprend qu'elle.s peuvent donnw
M,\LFOnMATIONS. 175
dterormês mixtes plus ou moins nombreuses ; ^ênérateraeul
ennis s'associe à l'équiD, le vaigns au talus.
U-pied bol peut être congénital ou acquis. Le pied bot congitnital, qui
doit seul nous occupe^ici, n'est point un vice très-rare. La statistique
des nnissanccs faites à la Maternité de Paris, de 1858 à 1867, donne un
pipdbol sur 1903 naissances. Lo pied bol rarus constitue la variété de
Iteaiicoup la plus fréquente. Sur 76& cas de pied bot congénital observés
i IhApilal orthopédique de Londres, Tamplin comptait :
V
double
' droit H vilgui gnucbe
I gaucliii cl v«lgu» lirait
(l'un pied et lalui de l'sDtre,..
compJiqui* d'nutrci dilTormitéi des membrei.
Tilni 19
l«s modifications anatomiques i-encontrées chez les individus affectés
lit (lied Iwt portent sur divers appareils qu'il nous faut envisager suc-
<%ivement; ce- sont les appareils osseux, musculaire et nerveux.
Ih allérations du squelette sont constantes et se présentent sous des
«pedï différents suivant la variété de pied bot.
Dans le pied bot varus congénital, la dérormation est caractérisée par l'ad-
iluclron di- l'avant-iiied, Vélévalion du bord inlerae du pied avec renver-
I
Fie. 57. AilTBgnlc d'un pind bot varuB acquii.
Allât d'nnaiomie pathologique.
'^""■XA de sa plante en dedans, l'extension dt- l'arrière-pied avec élévation
'" Islon. A cette déformation correspondent des déviations articulaires et
^'^ dtifarmations osseuses toujours les mêmes. L'astragale est dans la
''''" (trandc extension possible sur les os de la jambe , la partie posté-
\lll ANATOIIIE PATHOLOGIQUE.
rieure seule de sa poulie se trouve en rapport avec le tibia, comme i
arrive d'ailleurs dans le pied bot varus acquis (fîg. 57). Généralemeitf
la partie externe de la poulie astragalienne est articulaire, tandis que II
partie interne est séparée du tibia et de sa inaHéole par un ligameiK
interosseux interposé entre les surfaces articulaires. La face posté-
rieure de cet os est aplatie, réduite à un bord; son col est fortem^t in-
cliné en bas et en dedans, et sa facette scaphoîdienne, au lieu d'éCre
terminale, est devenue latérale et regarde en dedans et en arrière.
Le calcanéum présente une double incurvation ; il est comme torda sur
lui-même. Sa tubérosité est portée en haut et en dehors, d'où élévation et
raccourcissement du talon. Sa face interne est devenue concave et décrit
une courbe regardant en haut et en dedans. Sa face externe est convexe,
et par sa partie antérieure elle appuie sur le sol. En même temps, son
grand axe est devenu transversal par rapport à Taxe de la jambe.
Ces déformations ne se produisent pas sans amener de notables modi-
fications dans la configuration de l'articulation sous-astragalienne.
Celle-ci présente, du côté de l'astragale, une surface fortement concave
d'avant en arrière , oblique de haut en bas et de dehors en dedans,
continuée en dehors par deux facettes formées aux dépens de la malléole
externe et du bord inférieur de la face postérieure du tibia; du côté do
calcanéum, une surface convexe d'avant en arrière, oblique aussi mi bis
et en dedans, est formée aux dépens de la face interne de cet os, detemif
supérieure, tandis que sa facxi supérieure est devenue antérieure. Ce n'est
qu'en arrière, en haut et un peu en avant, que ces os se correspondent
par des surfaces cartilagineuses; en avant, ils sont reliés par un ligament
interosseux résistant. Signalons une nouvelle cavité articulaire, limitée
en dehors et en avant par la facette scaphoîdienne de l'astragale, en haut
et en dedans par une facette de nouvelle formation, creusée aux dépens
de la malléole tibiale. Entre ces deux facettes est une dépression où s'in-
sèrent des ligaments qui divisent en deux parties cette cavité qui reçoit
le sc^phoîde devenu longitudinal. Dans les cas graves, une articula-
tion supplémentaire se trouve* encore entre le sommet de la malléole et
le premier cunéiforme.
La déviation du calcanéum ayant pour effet de porter eu dedans la
facette cuboîdienne , au lieu de la porter en avant , le cuboîde se
trouve dirigé d<^ dehors en dedans, et sa face dorsale est devenue anté-
rieure et même inférieure. Les cunéiformes, le métatarse et les phalanges
n'ont que leur direction déviée ; leur forme est absolument nonnate*
Néanmoins, dans le plus grand nombre des cas, ces os ou les cartilages
qui les représentent sont moins développés que sur un pied sain du même
MALPORMATIONS.
175
ige. L'atrophie, et cette remarqne s'applique aussi au cuboîde, semble
porter sur leur face plantaire plutôt que sur leur face dorsale, ce qui
s'accorde avec la moindre largeur et la convexité généralement plus
prononcée de la plante du pied.
Chez l'individu qui a marché, on constate en outre une subluxation
du cuboîde sur le calcanéum, accompagnée de la torsion de cet os, d'aug-
mentation de la convexité de sa face dorsale, dc^venue externe et inférieure.
L'articulation du cinquième métatarsien est reportée en bas et en amère,
sur un plan postérieur à celui des autres métatarsiens. Dans les cas gra-
ves, U en est de même, mais à un moindre degré, de l'articulation du
quatrième métatarsien : d'où augmentation de la courbure transversale
de la voûte plantaire. Le pied bot varus congénital, plus ou moins plat
ckez le nouveau-né, devient pied creux chez l'adulte.
Les cartilages articulaires, dans les points où les os ne se correspondent
plus, se modifient et disparaissent peu à peu avec les progrès de Tàge.
Les ligaments affectent une disposition conforme aux nouveaux rapports
que les os ont contractés entre eux. Les ligaments de la face dorsale du
pied, ceux de la partie antérieure de la capsule tibio-tarsienne, les
ligaments dorsaux du tarse, sont allongés ; mais les ligaments postérieurs
€t internes qui maintiennent le calcanéum relevé contre les os de la
jambe, les ligaments plantaires sont plus serrés et plus résistants que sur
un pied bien conformé du même âge ; ils sont les principaux obstacles à
la réduction. L'aponévrose plantaire, chez le nouveau-né atteint de pied
bot congénital, esi généralement raccourcie par suite du rapprochement
de ses insertions, mais amincie et atrophiée comme les autres parties
de la plante. Chez l'adulte, elle est, au contraire, solide, épaisse, for-
tement tendue.
Le squelette de la jambe présente des déformations peu sensibles
<Mi même nulles à la naissance, plus prononcées chez l'individu qui a
nuirché. C'est une torsion du tibia, pouvant aller jusqu'à près de 80«, par
laquelle la malléole interne se porte en avant, le bord antérieur de la
nxHtaise en dehors. Le péroné, très-gréle, suit ce mouvement, sa mal-
léole tend à devenir postérieure. En môme temps, cet os s'incurve en
isiansy s^applique contre le tibia, de manière à rétrécir considérable-
ment l'espace interosseux. M. Cruveilhier a signalé dans ces cas des
déformations du genou^ l'usure des cartilages des condyles externes du
^ur et du tibia, du cartilage semi-lunaire interposé et même des cou-
<Acs osseuses sous-jacentes.
Dans le valgus congénital, les déformations osseuses sont moins
accosées que dans le varus ; la tubérosité calcanéenne est généra-
176 ANATOMIB PATHOLOGIQUE.
lement élevée, mais l'incurvation du calcanéum est moins prononcée.
L'astragale est étendu sur la jambe ; il semble projeté en bas et en
avant ; la partie antérieure de sa poulie n'est plus en rapport avec la
mortaise jambière, et sa tète proémine au côté interne de la face dorsale i
du pied. Le scaphoïde a subi un mouvement de rotation de dehors en
dedans ; son extrémité supérieure s'est élevée, sa tubérosité est descen- j
due, entraînant avec elle le bord interne du pied. Le cuboîde a épranvé |
une torsion analogue, ayant pour eiïet de relever sa face externe. Les cu-
néiformes et les métatarsiens bien conformés, examinés individuellement,
prennent la direction qui leur est imposée par les déviations des os de
Tarrière-pied. Ces déviations ont pour effet de diriger la plante en dehcov
et en même temps d'effacer la concavité de la voûte plantaire ; bien plus*
la cojicavité longitudinale normale est remplacée par une convexité, tl
est rare que la déviation se borne à faire regarder la plante en dehors; 1^
plus souvent, il s'y joint une flexion du pied, surtout de sa partie anté--^
rieure, sur la jambe. Du reste, les ligaments calcanéo-scapholdién e^
astragalo-scaphoïdien et les ligaments plantaires du tarse sont généra—-*
lement allongés. Le valgus congénital se complique fréquemment d(r^
l'absence de quelques parties du squelette, notamment d'un ou de plu-—
sieurs orteils et de leurs métatarsiens.
Le pied bot équin est la variété que l'on observe le plus fréquemm^t-
parmi les pieds bots acquis, pied bot équin pur ou pied bot équin varos.
Son existence au moment de la naissance a été mise en doute par plu —
sieurs médecins ; cependant on en trouve dans les auteurs quelques exem--^
pies qu'il est difficile de récuser. Dans ces cas, le calcanéum n'est
élevé en masse, sa tubérosité forme un angle droit avec l'axe de
jambe, et l'astragale est dans la plus grande extension possible. I^ partii
antérieure de la poulie de cet os est en avant des os de la jambe, son_
col incliné directement en bas. Ainsi déplacé, il comprime, il écraser
pour ainsi dire le calcanéum, dont l'extrémité antérieure devient obliquer
au lieu de regarder directement en avant. Les os de la seconder"
rangée du tarse sont fléchis sur ceux de la première, les métatarsien^
sur ceux de cette seconde rangée. Avec cette disposition concorde une:
élongation des ligaments dorsaux, un raccourcissement des ligaments
plantaires.
Le pied bot équin présente divers degrés, et c'est de son degrmm
extrême, décrit d'abord par Stolz, que Duval a voulu faire une espèce s3
part, sous le nom de strephypopodie, ou déviation du pied en dessous»
Dans cette variété, le pied est complètement retourné; le malade marcl^
sur la face dorsale du pied, tandis que les orteils sont relevés, leur fa
MALFORMATIONS. i 77
plantaire appliquée contri; la face postérieure de la jambe. L'astragale est
subluxé sur la jambe, placé dans la plus grande extension possible ; le
scaphoîde et le cuboîde sont luxés sur l'astragale et le calcanéum, et c'est
surtout leur face dorsale qui constitue la base de sustentation du tronc
Dans le pied bot talus congénital , les os sont déviés plutôt qu altérés.
L'astragale est fléchi sur la jambe; la partie antérieure de sa poulie est
aplatie contre la mortaise tibio-péronière ; la partie postérieure, élargie,
dépasse beaucoup cette mortaise en arrière. Le calcanéum semble
avoir glissé d'avant en arrière sous l'astragale, sans modification de sa
fntne. Il en est de même des os de l'avant-pied, qui ont conser\'é leurs
rapports normaux entre eux et avec les os de la première rangée du
tarse. Mentionnons enfin certains cas exceptionnels de pieds bots dans
lesquels le vice de conformation existait avec l'absence totale ou partielle
du tibia et du péroné, d'un ou plusieurs os du tarse, du métatarse, d'un
ou plusieurs orteils.
Les altérations musculaires sont importantes à noter, en pareil cas, en
raison de l'influence pathogénique qui leur a été attribuée. Ces altérations
uesont ni constantes, ni toujours identiques; elles consistent le plus
souvent dans une simple atrophie, qui, du reste, s'observe en général
dans tous les organes d'un membre alîecté de pied bot. Outre cette atro-
phie, il existe, mais plus rarement, une dégénérescence granulo-grais-
seuse ou simplement graisseuse des muscles. Dans les cas où ces organes
étaient modifiés, l'altération poilait sur tous les muscles de la jambe
ou seulement sur quelques-uns d'entre eux, et alors la lésion frappait
tantôt ceux qui, par une augmentation de leur énergie, auraient pu pro-
voquer la production de ladifformité, tantôtceux qui s'y seraient opposés.
Remarquons qu'il s'agit seulement ici des pieds bots examinés à la nais-
sance, non de ceux que l'on a pu observer chez l'adulte.
Le système vasculaii'e des membres alTectés, de pied bot n'offre aucune
altération.
Le système nerveux nous présente deux ordres de faits. Fréquemment
fe pied bot accompagne certaines malformations des centres nerveux :
acéphalie, anencéphalie , dérenct'phalie , spina-biGda, etc.; mais il faut
remarquer que si, dans les cas de malfonnation grave telle que l'aa'î-
phalie, par exemple, cette coïncidence est la règle», il n'en est plus
de même dans les autres ; il y a au moins autant de cas de spina-bifida
^8 pied bot qu'avec pied lK)t. D'autres fois, il n'existe aucune malfor-
ïûalion, appréciable à l'œil nu, du système nerveux. La moelle épi-
nicre dans ces conditions a été examinée trois fois au microscope.
^ïdans deux cas (obser>'. de Coyne et Troisier, Archiv, de physîol.,
LAMcniEAUX. — Traité d'Ânat. !. — 12
178 ANATOMiE PATHOLOGIQUE.
1872 ; Thorens, thèse de Paris, 1873), il n'a été constaté aucune iésiou
nen'euse centrale ; dans un seul (Michaud, Archiv. de Physiol,, 1870),
il a été trouvé deu?c foyers de myélite scléreuse, Tun dorsal, Fautre
lombaire, qui (mt été pris pour des lésions congénitales, mais qui
9
pourraient bien n'être que des artifices de préparation. Etant donnés
ces faits, il est difficile d'accepter l'opinion suivant laquelle le pied bol
congénital serait refl*et d'une rétraction musculaire consécutive à une
lésion intra-utérine du système ner\'eux. S'il en est ainsi dans quelques
cas, il faut admettre que ces cas sont au moins rares. D'un autre
côté, l'inconstance de l'altération musculaire ne permet pas davantage
d'attribuer le pied bot congénital à une paralysie de certains groupes de
muscles de la jambe. Par conséquent, on se trouve conduit à invoquer,
pour expliquer la genèse du pied bot, une pression subie par le fœtus
dans le sein maternel, pression résultant de l'action de la paroi utérine ou
d'une mauvaise position prise par le fœtus, telle que certaines parties
généraient le développement normal de certaines auti*es. Il est des bits
favorables à cette théorie; mais là où elle est insuffisante, il faut, suivant
Thorens, en venir à l'idée d'une malformation primitive du squeldte,
inconnue dans sa nature intime, existant par elle-même, indépendam-
ment de toute autre lésion.
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taJipedibtLs varis. Tubingue, 1798. — Scarpa, Mem. chir, sut piedi tortim-
génitif etc. Pavia, 1803; trad. franc, par Léveillé. Paris, 180^. — Pâtissier,
art. Pied bot du Dict, des se. méd, — Paletta, Exeixitationes pathologicœ. Blilan,
1820. — Delpech, Traité de Vorthomorphie, Paris, 1827. — Dcpuytren, LeçcM
orales de clinique chirwyicale, t. III, 1833. — Stromeyer, Archives général(^if
méd., t. IV, 1834 ; ihid., t. V, 1835. — Cruveiliiieb. Atlas d'anat. path. d*
corps humain, t. I, livr. 2. Paris, 1830-42 ; Traite d\mat, path, génér, Paris,
1849. — CuASSAiGNAc, BtUl. de la Soc. anat.^ 1834, 1836. — Held, Disseti.
sur le pied bot. Thèse de Strasbourg, 1836. ^- Little, Treatise on the nature (f
club foot, Londres, 1839. — Jules Guérin, Mém, sur Vètiologie du pied ôo^co»-
génital. Paris, 1838 ; Hém. sur les diff, variétés de pied bot congén.^ etc. PariSi
1839. Voy. aussi BulL de VAradémie de méd., 1838-1842; Gaz. médMe Pnrv^,
pnssim. — H. Bouvier, art. Pied bot, dans Dirt, de méd. rt de chinirg. pratiquei^
1836, et Mém. de VAcad. dp méd», t. VII. — V. Dr val, Traité pratique du
pied bot. Paris, 1839; 3" édit. Paris, 1859. — Jaojuemin, Variétés du pifd M
varus. Thèse de Paris, 1842. — Petit-Jean, Du pied bot. Thèse de Paris,
1843. — KoLESiNSKY, Des principales variétés dr pied équin. Paris, 1843. —
r.nAPPELAiN, Des principales causes et des principales espèces connues de pit-d M.
Thèse de Paris, 1844. ^ Morhissu.n, Essai sur les pieds bots. Thèse àe
»«■
MALFORMATIONS. 179
Paris, 18/i7. — Bun, BtdbUn (le la Société nnatom, , 1852, 376. — HRf»cA,
IhM,, 390. — RoMBEAU, Ibid.j fiiU, Main bot radiale. — Kulenbijhg, Urber
Mttskcl Paralysie als Ursacha der (iclenkverkrùmmuwjen {Àrchiv fur path.
inat., etc., t. L\, 1855). — Michaux, Sur le^t pinds bots {Bull, de VAcadém, de
méd. (teBc/(/t^î/p, 1856).— Yerneuil, Bull, de la Sot-, auat., 1858. — Tampun,
^ritish med. Journ.j 1860. — Giraldês, Levons cliniques sur les mala^
dies chinoy, des enfants, Paris, 1866. — Lanneloncîue, Du pied bot œntjém'tal.
Thèse d'agrégation. Paris, 1869. —Bouvier, art. Main bot, dans Dirt, emycUypéd.
'ies sciences médicales. Paris, 1871. — \V. Adams, Club foot : ils causes, patlio-
logy and treatment, l'« édît,i86/i, 2- 4îdit Londres, 1873. — J. H. Tiiokexs,
l>upied bot varus congénital. Thèse de Paris, 1873.
§ 6. — .NANISME ET (;É\NTISME.
!• — Le nanisme est une anomalie de lYHrc humain, earaclérisée
P»r une diminution de volume de toutes les parties du corps et par l'exi-
Suîté de la taille. Les nains sont rarement jumeaux, ils naissent à teime
^^ mères bien conformées, d'une taille ordinaire ou môme élevée, et très-
fécondes ; très-souvent la même mère a domié le jour k deux ou à plu-
î^îeurs nains. Ceux-ci sont généralement très-petits k leur naiss4ince ; mais
quelquefois aussi on voit des enfants nés avec des dimensions ordinaires
s'arrêter dans leur développ(»ment et rester nains. On a enfin observé des
enfants nains qui, vers Tape de quinze ans, (;'est-k-dire à l'époque de la
puberté, se sont développés i-apidement ; Tanomalie n'était alors que tem-
poraire. I^a taille des nains varie entre» 60 c«Mitimètres et 1 mètre 20 cen-
Viinètres ; leur tête est proportionnellement volumineuse, leurs jambes sont
courtes et souvent présentent des traces de rachitisme. Cesêtres sont en gé-
liéral impuissants avec des individus de taille ordinaire et même entre
«ux, comme le prouvent les expériences tentét»s par Catherine de Médicis
ci par l'électeur de Brandebourg. Ils supportent difticilement les plaisirs
4e Tamour, sont irascibles, vifs et turbulents, cx)mme les hommes de
Petite taille, lis se rencontrent dans tous les pays, notamment dans ceux
dont les habitants sont |)etits (1).
(l) Hérodote a signalé Tcxistencc d'un peuple nain que le voyageur allemand
SchweinfurUi prétend avoir retrouve en Afrique, et dont il fait le portrait suivant :
«'Ce qui frappe dans la tribu des Akka ou Tikku-Tikki, c'est, en même temps que le
centre proéminent et pendant, l'extrême ténuité des membres comparativement ù la
longaenrde la partie supérieure du corps, ténuité jointe à une étroitesse et une petitesse
fpmarqnable des articulations de la main et' du pied. Le thorax, trop ouvert en bas, est,
^Qtre les épaules, extrêmement plat et comprimé ; le dos est creux, les jambes sont arquées
^t les tibias ployét en dedans. Le cr&ne présente le type le plus complet du prognathisme
180 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Les anciens attribuaient le nanisme à un défaut de qualité de la liqueur
séminale, mais les modernes en ont donné une explication plus satisfai-
sante en le rattachant à un obstacle apporté à la nutrition et au dévelop-
pement du fœtus, soit par une mauvaise conformation de la mère, soil
surtout par une maladie survenant dans le cours de la vie embn'onnaire
ou fœtale. Cependant on s'explique peu sur la nature de cette maladie, et
beaucoup de femmes, mères de nains, ayant eu des enfants bien confor-
més, il est difficile de trouver dans Tutérus la cause du nanisme. L'expé-
rimentation a tenté à cet égard des recherches qui demandent à être
continuées. Et. GeofTrov Saint-Hilaire, avant secoué dans le sens de Taxe
des œufs qu'il plaçait ensuite sous la poule, a obtenu des poulets bien
conformés dans tout leur corps, mais offrant un arrêt général et très-
marqué d'évolution qui permettait de les assimiler à des nains. Darestea
observé, sur des œufs de poule soumis à une incubation artificielle,
qu'une élévation anormale de la température pendant la première période
du développement de l'embryon, tout en hâtant le travail, tend à diminuer
la taille finale des individus et à produire des nains. Suivant cet habile
expérimentateur, il existerait une certaine relation entre la précocité du
développement embryonnaire et le nanisme.
Bibliographie. — Halleu, fJèm, phys.^ t. VIII, pi. II, p. U5. — BuFFWtt
Ilist, nat.y suppl., IV, p. 600. — Ploucquet, Repertoriitm, art. Pygmaceos-
— Jaucourt, art. Nains de VEncydopidie. — Virey, Ilist. nnt. du yenreh»-
maiHy t. II. — CiiANGEux, Journ. de phys., suppl., 1778, t. XIIL — Diputthes.
BulL de la Ftic. de méd,^ t. 1 et IL — Ciiaussier et Adeix)n, Dict. des se. fnàl.^
t. XXXIV, p. 210. — Jaeger, Vergleich. eùwjcr Kinder und Zwciye, 1821.—
yuETELET, Lettres sur la théorie des probabilités et BulL de l'Acad, de Bnwe//rf.
1'* série, t. XVII, 1850. — Is. (Geoffroy Saint-IIilaire, Histoire desanomilie^
fh roryanisation, t. 1, p. 1/jO. — Daueste, Noir sur une série de rech. exfén'
ment, rclat. à la térat, [Ann. des se. nat.y 5' série, 1868, t.X, p. 131).
II. — L'anomalie désignée sous le nom de géantisme est caractérisée
par un accroissement de volume et de taille qui dépasse de beaucoup le$
dimensions moyennes de l'espèce, dimensions que Ton peut évaluer ao
et aiïectc In forme spliériquc. Los lèvres sont très-longues et l'obliquité du menton Itfbi^
paraître d'autant plus proéminentes. La peau est d'un rouge de cuivre ainsi qa<^ tff
cheveux, très-crépus, courts et peu abondants, assez semblables à de l'éloupe fW*
dronnée. » — La taille des Akka est de 1 m. 30 à 1 m. 50 ; celle des Obongos, lutfenw
africaine pigmée, découverte par Duchailu, dans les régions du Gabon, mesure tu miV'
mum 1 m. 506, au miuimum 1 m. 306. Au-dessous de ces races se trouTcnt enfin i'^
Mincopies (maximum 1 m. h^O, minimum 1 m. 370) et les Bocbismcn (vùmsxba^
1 m. 445, minimum 1 m. là).
MALFORMATIONS. 181
niîixiinum pour Thomme à 6 ou 7 pieds. Les fîéanls onl en général 7 à
S pieds, très-rareraenl 8 1/2 ou 9 ; ils sont lymphatiques, peu robustes et
délicats, souvent même ils sont mal conformés et surtout mal propor-
lîoBnés. L'accroissement de leur volume se manifeste dès la naissance
ou seulement pendant Tenfance ; il est très-rapide, mais en général le corps
ïi "atteint son plus haut degré de développement qu'après la puberté. Le cn\ne
ae dépasse pas les limites noi-males, et les os crâniens seulement acquiè-
rent parfois un épaississement extraordinaire. Im, tète est relativement
petite, et les extrémités inférieures ont la prépondérance dans l'accroisse-
ment de la taille; mais quelquefois aussi le thorax et les extrémités supé-
rieures se font remarquer par un volume (!onsidérable. Les viscères
thoraciques et abdominaux peuvent prendre part à l'augmentation de
volume des autres parties, mais jamais le cerveau. Les géants, du
i"este, ont une intelligence très-bornée, et quelques-uns même sont presque
idiots. Malgré Taccroissement des os et des muscles, ils ont un tissu cel-
iulo^dipeux abondant ; ils sont sans activité, sans énergie, peu résistants
à la fatigue, et, de même que les nains, ils sont ordinairement impuissants
^l Irès-promptement énervés par les plaisirs de l'amour. Les deux sex(»s
sont à peu près également prédisposés au géantisme, mais cette anomalie
^st toujours moins accusée chez la femme que chez l'homme. Lt^ géan-
**sii)e s'observe chez tous les peuples de la terre, de préférence chez ceux
^lUi ont une grande taille ; il est très-rare chez les animaux. Les géants,
^Omme les nains, meurent de bonne heure, mais par des raisons diffé-
**^iites : ils périssent épuisés, pour ainsi dire, après avoir achevé leur
^*apide croissance et quelquefois même avant de l'avoir tenninée.
Le mode de production du géantisme nous est inconnu. La plupart du
^mps les parents des géants ont une taille ordinaire, et dans de rares cas
Seulement tous les enfants d'une même famille sont affectés de celle con-
formation vicieuse. Le cas de l'évêque Berkeley, qui serait parvenu à
déterminer artificiellement cette anomalie chez un jeune garçon (Mac-
Grath), ne peut être accepté ; il tendrait à prouver que le géantisme, con-
irairenient à ce que Ton sait, peut se produire pendant l'enfance et qu'il
n'est pas forcément le résultat d'un vice particulier aux premières phases
du développement.
Bibliographie. — Is. Geoffroy Saint-Hilaire, part. 2, livr. I, chap. i. —
Hauer, Êlém. phys., t. VIII, 2, p. ^»0. — Buffon, Hist, wit., suppl., IV, p. 397.
' — ViREY, [Hct. des se. mêd., (ifiANTs. — Ciiaî'ssif.r et Adelon, Ibvl., MoNSTumsi-
'"^. "- Gaetaxo d'Ancora, Mrm, délia Soc. itai , 1792, t, VI. — Quetelet, Ld-
'»^ siif la théorie des probabilités.
ANATOMIE lVVTilÛ1.0l,H}l'E,
S 7. — nÉTiiririT.vxiEs.
Los héléroUlxies conslituoiil un pruupe d'anomnlies cnrnck-riMyt>» pM
il^B cliaiigL'nieiits iluus la silimtioa des organes, sans altération de l>
|>OBÎtion relative et des connexions.
Ces aiiomalies peuvent aDccter le corps tout «'iilier de l'i^tre ou sculc-
ment les vîscèrrs lhorBn(|ues et abdominaux. L'inversion générale m se
renuoiltn.^ que ehei; des êtres dont la Forme n'est pas symétrique, comme
certaines espèces de poissons «tde mollusques. Ainsi il n'est pa.<inirpde
rencontriT des poissons pleurmiecles, comme le turbot, portant du tOii
droit leurs deux jeux, qui normalement se trouvent du cùté gau(^,iH
encore des escargots dont In coquille tourne en sens inverse ; c'est YM
normal dans un miroir.
L'invei-sion splanchnique s'obseiTo au contraire chez l'homme, mo-
ment chez les mammiTères. La transposition dos viscères chez rboDunti
été rpncontréc Ji des iigcs difTt^ntt te
la vie, dans l'enfance et ju.'tque dant
la vieillesse; quelquefois die n's ^
I découverte que pr hasard et i l'iu-
lopsie chez des personnes qui n'svaifnl
pas paru en soulfrir. Cctii.' aiioniillt
l»ar conséquent est tout II fait wffl-
palible avec l'existence. Elle conii(f
dans un changement de lieu des ris-
cèi-es ihoi-aciques et abdominaut, eu
vertu duquel les organes situés du»
le cùlé droit se trouvent du cS*
^'auclie, et réciproquement , linfe
que les organes médians oat inl*
un mouvement de rotation d'api^
lequel leurs parties droites se rcnwn-
Ireiit à gauche et inversement (lig. S8l-
Ainsi le |>oumon gauche jkiss^p Iiw^
lobes, tandis que le poumon droit n'w
a que deux. Le ca-ur a sa pointe tournée à droite, et sa face postèriinii''
est devenue antérieure. Les veines caves se déversent dans les rati"*
gauches, d'où émane l'artèrti pulnionairt\ Les veines pulmonain^ *
rendent dans les cavités droites qui donnent Daissunceii l'anrt«.
Kl<S. 5S. — Tnntpoailiou géiitTide <\et
vjieèrH(d'»pr6*uncraqui«du(locL£ur
Beaunii). n cieur, b fuie. r inte, il ap-
pundico verniiturnie.
MALFORMATIONS. 183
vaisseau se porte d'abord do droite à gauche, croise l'artère pulmonaire,
dont la direction est inverse, et descend à droite de la colonne vertébrale
el de l'œsophage. Dans la cavité abdominale, le foie occupe Thypochondre
^s^aucbe, son lobe gauche a la forme et le volume d'un lobe droit normal,
il porte la vésicule biliaire, reçoit les vaisseaux, et son lobe droit est sem-
blable au lobe gauche du foie ordinaire. La grosse tubérosité de l'estomac,
le cardia et la rate sont situés dans l'hypocbondre droit; le duodénum,
à partir du pylore, est dirigé vers la gauche; le jéjunum occupe surtout le
c^té droit et l'iléon le côté gauche; le cœcum et le colon ascendant sont
placés à gauche, tandis que le côlon descendant et le rectum sont à droite.
Cette transposition avec conser^'ation des rapports réciproques ne déter-
mine aucun trouble fonctionnel. Peu fn^quente chez l'homme, elle est plus
rare encore chez les mammifères ; Goubaux l'a observée une fois chez le
cheval.
L'inversion des viscères a été pendant longtemps l'un des plus
forts arguments en faveur de la doctrine de la monstruosité originelle
soutenue par Winslow, Haller et Meckel. Serres a essayé d'expliquer les
hêtérotaxies par le développement inégal des deux lobes du foie primiti-
vement égaux : le lobe gauche, se développant plus que le lobe droit,
entraînerait la transposition des viscères; mais cette explication est
insuffisante. Suivant Dareste, l'inversion des viscères ne commence
^ se manifester qu'à une certaine époque de la vie embryonnaire, au
nrioment où le cœur, d'abord placé au-dessous de la tète, vient faire
î^illie, sous la forme d'une anse contractile, au côté droit de l'embrjon
*^ncore couché à plat sur le vitellus. Elle résulte de l'inégalité de déve-
loppements des deux blastèmes cardiaques qui précèdent la formation du
cceur. Dans l'état normal, le blastème cardiaque droit se développe plus
que le gauche et détermine ultérieurement l'incurvation de l'anse car-
diaque à la droite de l'embt^on, puis le retournement de l'embryon sur
le côté gauche. Dans l'inversion des viscères, le blastème cardiaque gauche
se développe plus que le droit, d'où résultent l'incurvation de l'anse car-
diaque à la gauche de l'embryon, et le retournement de celui-ci sur le
eVjié droit.
L'inversion des viscères peut être du reste artificiellement produite
chez des embryons de poule. Pour cela, Dareste place des œufs de façon
que leur axe soit dans une situation oblique par rapport à Taxe des tuyaux
de chauffe d'une couveuse artificielle, et que leur pôle aigu soit plus élevé
que leur pôle obtus; puis, la température du point de chauffe étant main-
tenue entre /il* et /i2% et cellr de la pièce où se fait l'incubation subissant
^ne oscillation de 12" à Uy\ il parvient à produire un excès de dévelop-
18& ANATOMIB PATBOLOGIQUE.
pement à la gauche do l'embryon, et par suite une inversion organiqu
Mais, dans cette expérience, les poulets sont toujours bydrapiques et V
n'a pu jusqu'ici les faire éclore ; néanmoins cette pathogénie ooncoiA
h faire rentrer les hétérotaxies dans la classe des malformations.
BiBUOGRAPHiB. — J. RioLAN, Opuscidu vurtu et iiova^ 1652."— Morand, Histo^^ /^
de VAcad. des sciences, t. II, 1688. — M. Baillib, Phihsophical Transact,, 17B -9,
— Meckel, Hand dcr pathol. Anat.y 1816. — Béclard^ Bull, de la Soc. phUomc^mt.
Paris, 1817. — Fournier, art. Cas rares, du Dict. des se méd., i. IV, 1813.
PouuN, art. Transposition du même Dictionnaire, t. LV. — Wette, De
piscertnn inverso y diss. Berlin, 1827, — Herholdt, Beschreib. 6 mensch. Missge
i830. — Baer, Entwickelwigsgesch. der Thiere^ I, p. 51. — Ls. Geoffroy Sau
Pilaire, Hist. des anom. de Vorg,, t. Il, p. 3. — Valentix, Eepertorium^ 18^S7,
p. 173. — Bally, Gaz. méd. de Paris, 1835. — Pétrequin, ibid., 1837. —
Géby, Bull, de VAcad. de méd., t. VIF, 1842, p. 509. — Delens, Bévue i?i«?
eept. 18/i2. — Cambrelin, Bull, de la Svc, de méd. de Gafid, voL XXV, 1
— Charvet, Archiv. gén. de méd,, fëvr. 1848. — Chapun, The Lancei, n ^t.
1854. — Graiiner, Beschreib. ein. Fall., etc. Wûrzburg, 1854. — Legro «ji,
Gaz. des hopitauyi, 1856. — Wilde, Disq. qiiœd. de visceitim intersione htem^^al,
Dorpat, 1856. — Weudmueller, Schweitzer Zeitschr. f. Med., 1856, (ieisc— 3.
-^ Steinhausser, Dissert, inuwj. Giesscn, 1860. — Goubaux, Comptes re^^id.
de la Eoc, de biologie, 1854, p. 28, et Gaz. médicale, 1854, p. 418. —
ScnuLTZE, Arch. f. pathol. Anat., t. XXU, 1861. — C. Dareste, Gaz, méd^ de
Paris, 1859, p. 165, Compt. rend. Acad. des se, t. LIV, 1862; t LV, ift^S,
et séances du 24 avril 1868, du 4 avril 1870. — Mayer, A^xh. f. p^^th.
Anat., t XXIX, 1864, p. 389. — W. Griber, Archiv f. Anatomvvon Beicfm^^rt,
1865, p. 379, avec bibliographie. — Nixon, Transpositions des viscères th^z^Ta-
ciques et abdominaux {Brit, mcd. Journ., 31 mai 1873). — Secchi, Ca^ de
transposition des viscères (Berlin, klin. Wochemchr., n°20, 1873). -— Beal' ^=^*'^
Bemarques sur un cas de transposition générale des viscères {Bévue médicalfr^ de
ÏEst, janvier et février 1874, avec une bibliographie do la plupart des r^^^it»
connus). — Consultez de plus : les Bulletins de la Société dc biologie et c ^sm
de la Société anatomique.
LIVRE II
AlVeSALIE» BE IVVTRITieK
Celte grande classe d'altémlions, dont l'étude se place naturelleinont
^ Uk suite des anomalies de formation et de développement, n'a pas été
^aus fixer depuis longtemps Tattcntion des anatoinistes et des médecins,
fui ont eu, du moins sur l'inflammation, des id(^e$ plus ou moins justes.
^^nmoins c'est seulement depuis la (in du xviii* siècle et le commence-
'■leiit du XIX* que les lésions matérielles résultant de désordres nutritifs
*ont l'objet de recherches suivies, qui permettront sans doute d arriver un
lour ou l'autre à en saisir le mécanisme intime. Maljîré l'intérêt qu'il y
aurait à faire connaître les opinions qui ont eu cours sur cette matière,
■^oire but n'est pas de donner des détails historiques, qui trouveront leur
place ailleurs. Il nous parait beaucoup plus important pour l'étude de ces
altérations de dire quelques mots de la fonction de nutrition.
Echafaudage et agrégat d'éléments histolugiques, l'organisme humain
ïiiet en jeu, pour sa nutrition, trois ordres de facteurs : des éléments pro-
pres (cellules hépatiques, nerveuses, libres musculaires, etc.], le sang
^l les nerfs. L'élément propre, ou cellule, est la partie qui se noumt ; le
sang est le vecteur des matériaux de nutrition ; le nerf est le régulateur
de la fonction.
La cellule, qui est autonome, emprunte au sang certains matériaux
qu'elle s'assimile, et lui en rend d'autres, impropres à sa vie végétative ;
c'est ce qu'on nomme le mouvement d'assimilation et de désassimilation.
^ sang, milieu intérieur, reçoit du dehors les matériaux destinés à Ten-
Irelien de la cellule. Le systcîme nerveux domine ces deux facteurs, pro-
duit leur conflit et régularise la fonction. L'intégrité de chacun de ces
facteurs est donc indispensable à l'accomplissement ivgulier df la nutri-
tion.
Ouesi, par une cause quelconque, ces conditions d'intégrité fonction-
186 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
nelle se trouvent modifiées, la nutrition est troublée ; un désordre maté-
riel en résulte, par augmentation, diminution ou perversion de la fonc-
tion. Qu'une quantité de sang plus abondante que dans les conditions
ordinaires vienne à baigner les éléments cellulaires, ceux-ci augmentent
de volume ; ils diminuent, au contraire, s'ils reçoivent une trop faible
quantité de liquide nourricier. De même, 1^ cellule, directement irritée
par un agent physique ou par une substance étrangère introduite dans
le sang, s'infiltre de liquides, accumule des matériaux en plus grande
abondance, et, sous cette influence, passe quelquefois de l'état adulte
à l'état embrvonnaire donnant ainsi naissance à de nouveaux éléments.
Tel est le mode de Formation des lésions phlegmasiques et notamment
des inflammations scléreuses des buveurs. L'alcool passé dans le sang
irrite les parties élémentaires des organes qu'il traverse tout d'abord, et
produit une multiplication de jeunes éléments dont l'organisation plus
ou moins complète finit par amener l'induration et le retrait de l'organe
tout entier.
D'un autre côté, certaines substances jouissant de la propriété de s'op-
poser à l'absorption de quelques matériaux essentiels à la nutrition,
l'oxygène de l'air, par exemple, mettent obstacle à l'oxydation des tissus,
et, de la sorte, peuvent produire non plus le retour à l'état embryonnaire
des éléments cellulaires, mais bien leur vieillesse anticipée. Ainsi l'alcool,
le phosphore, l'arsenic et beaucoup d'autres substances, en diminuant
l'excrétion de l'acide carbonique et de l'urée, amènent la dégénérescence
graisseuse d'un gi*and nombre de cellules. L'action irrégulière du système
nerveux sur la nutrition conduit à des résultats peu différents de ceux
que nous venons de décrire : après la section d'un nerf, l'équilibre nu-
tritif n'existant plus, une plus grande activité formatrice a lieu, ou inver-
sc»menl.
Trois facteurs contribuent donc à la production des anomalies de nutri-
tion, t*t il importe de rechercher la part plus ou moins active que chacui^
lieux y pivnd, et leur influence réciproque dans les différentes fonn^*^
de ces anomalies. L'influence exercée par le sang à l'état normal consii»**^
dans un apport plus ou moins considérable de matériaux ; les désordre*
4|ui en résultent sont ou des hypertrophies ou des atrophies. Au conlraif**^'
les modifit^ations que subit la cellule de la part des agents extérieim ^•
«»u intérieurs introduits dans le sang peuvent être de deux ordre ^=='
II* ivlour à l'état embryonnaire, un étal de déirénérescence ou d»' vieilles^ ^
anticipée. L'influence nutritive du système nerveux, s'exerçant à la f* ^'
sur le système vasculain* et sur la cellule, a pour eonstkjuence tantôt i*"^
hyptTlniphie ou une atrophie des organes auxquels il se distril^ *
ANOMALIES DE NFIRITION. 187
(seî-ction OU irritation du sympathique au cou), tanUH une hyperplasie ou
une dégénérescence de ces mômes parties (irritation ou section des raci-
nes motrices).
Ainsi, quel que soit leur point de départ, les anomalies de nutrition se
divisent naturellement en trois groupes, et chacun de ces gi*oupes corres-
pond à un type de la nutrition normale.
i* Les hypertrophies et les atrophies, engendrées par un processus
nutritif ne différant de celui de Tàge adulte que par une activité plus ou
moins grande.
2^ Les hyperplasies, que produisent des processus de nutrition analo*
gués ou semblables à ceux qui président aux phénomènes de formation et
de développement embryonnaire.
3* Les hypoplasies eniin, processus passifs, comparables à ceux que
déterminent les modifications rétrogrades de la vieillesse.
Aucun des tissus de l'organisme humain n'échappe à ces désordres
nutritifs. Mais tandis que les hypertrophies, comme les atrophies, affec-
tent assez indistinctement tous les tissus de lorganisme, les hyperpla-
sies ont une tendance marquée à envahir les tissus végétatifs, et les hypo-
plasies, les tissus animaux.
CHAPITRE PREMIER
DES HYPERTROPHIES ET DES ATROPHIES
Les hypertrophies (ÛTrcp, sur, rpo-f^' nourrilure) sont des anomalies de
nutrition caractérisées surtout par Taugmentation de volume des part. îes
élémentaires des organes, dont la forme et la structure sont cons^f"
vées (1).
Les atrophies, (à privatif, Tpo<pî, noiuTiture) sont des anomalies de
même ordre, caractérisées par un défaut de développement ou la dimîr» n-
tion de volume des mêmes éléments, sans modification de forme et de
structure (2).
(1) Le mot hypertrophie a été dénnitivemcnt introduit dans le lanf^e médical ^er^^ 1*
commencement de ce siècle. L'un des •premiers, Dupuytrcn a fait une étude gétié .».~>1*
des hypertrophies, qu'il range dans la grande classe des irritations, sous le titre d'in^^^-**"
tions nutritives. Toutefois Hunterse servaitdéjîi d'une périphrase, développement hypcr^^"^
phique, pour <ié6igner une sorte de monstruosité diffuse ou circonscrite des organes, t^™*
tard, Cruveilhier donna pour caractère essentiel des hypertrophies raugmentalios^ "*
poids et de volume des organes, sans altération de leur texture ; mais de celte f*»- ^^^^
il comprenait sous la même dénomination des états différents. Virchow ( Pa^ ^^
logie cellulaire ) distingue une hypertrophie qui consiste dans raugmentalion
volume des éléments anatomiques, mieux nourris (hypertrophie simple), et une hyf^^"*^
trophie numérique, caractérisée par l'augmentation en nombre de ces mêmes part-^^
Certains auteurs n'ont pas hésité à faire une étude commune de ces deux états; mais c*^B^** t
suivant nous, une confusion regrettable. L'hypertrophie caractérisée par l'augmentation
^ de
volume des éléments ne peut être assimilée à l'hypertrophie numérique, qui résulta '
l'accroissement de leur nombre. En effet, tandis que l'hvpertrophie simple est une mo^ ^»**'
flcation élémentalri*, nécessaire à la conservation et à l'intégrité d'une fonction, rhjp£3^
trophie numérique est ordmairement un état pathologique plus ou moins sérieux. Lorsqo» ^^
par suite d'une activité exagérée, les éléments accroissent leur volume, les organes iC^ ^
conservent pas moins leur forme, leur consistance, leur texture intime; la fonctio ^-^ ,
seulement est augmentée, comme il est possible de s'en assurer pour le cœur et pour I-^ ^
rein hypertrophiés. Aussi les organes hypertrophiés continuent-ils de se nourrir et de vivr^""^
comme dans l'état ordinaire.
(2) Contrairement à l'opinion d'un grand nombre d'auteurs, j'écarte de ce groupr^
anatomo-pathologique les altérations connues sous le nom de dégéoéresceiice», et dan^
lesquelles la réduction de volume est toujours reffet «l'une modificalion anaUmiiqoe^^^^
nVI'KUTIliil'IlIliS Kf ATKunilEï'
S 1-
- LVPERTHOI'HIES.
ibios nppartieiiiient aux lroubl€S de la nulriliuii sui-Iail
la (léliiiiilalinn (lesquels il est le plus diflicile de s'enteiitire, «tl
fat pai' ce qu'on oublie de rapprocher ces processus des processus "
^ues auxquels ils resseiublenlet dont ils no sont pour ainsi dire
Sation. Dans le but d'évilp.r la conTusion qui rè^e à ce sujet,
laî tout d'abord les changcmi^Tits qui se produisent dans l'utérus
b cours de la grossesse; w sera le moyen le plus sûr d'arriver à
K idée claire du processus hypertrophtque.
ts en état de gcstalîon acquiert une masse vingt -quativ fois plus
pic par le seul Tait de I cpaississement de ses parois. Celles-ci
bit jusqu'au cinquième mois de la vie inlra-ulêrine ; à parlîr de
jue, le développement de l'utérus a li«u pai* la dilatation de sa
|ueuse ouvre la marche ; huit jours aprf-s la conception, elle est
JËpatsse et plus molle ; ses plis sont plus saillants et lu limite ([ui
{ du tissu musculau'e est plus distincte. Bîenlùt api>ès les Viiis-
eetle membrane si^ dilatent, et les glandes ulriculaires prennent
leions beaucoup plus considérables.
que musculeuse oiïre des changements non moins importants,
I cellules deviennent environ sept k onie fois pins longues et'
^t Tois plus larges. Une multitud(> de jeunes cellules présentant^ J
t formes transitoires aux libres cellules s'observent dans lefl*!
Btcrnes de la paroi musculaire et quelquefois même dans :
^jliiilogiqueincnt, lu difTérciicc entre c«s groupes rat des miel» (rnnchéci :
iâe, 1m propriéléB physiques, cliinJîques et bioli^qucB des tissus fODlinuont
L bien que nolftlilvmcot amoindrirs; dnna les déuénéresccncM, ccspropriéU*
lipnnittrc. Ainsi comprise, l'alrnphie e»l un phi^DOinèDe tantôt physiologique,.'
Dgiqtie. L'ilrnphîe plijtiulogiqtie est lu propre des urpnes, tth que iB 1
MpMll«i nuTfnales et nutres dont les tonclioD« nint lemporaires. L'organe,
9 i^lémcnti se réduiaetil peu il pi-u ; il perd de xun polde cl do t
, quelquetoi» même il dispuait complètemcnl. pourvu qu'une nltératioa i
l'ajouter A l'iitropbie. CerCaini organes, coiame les testicules, \ei
I et 1m mamelle», après avoir élu soumis A une grande activité fooctii
le alrnphie de leurs éléments et la diminulion générale de leur
k Imr poids. L'individu loul entier, «u terme de son existence, est appelé i
)i naturelle ; l'orgaDlsme, après avoir psrcouru diins sou développement une
^antc, éprouic un mouvement en sens inverse, qui se traduit en masse par
p du poids rt r.ibaiisement de la taille. Les parties élémeotiiirea des lisius
d de volume, mais souvent plus lard elles s'infiltrent de gruuulet grais-
», du telle sorte que l'atrophie est rarement pure.
k
ANATOHIE PATHOLOGIQUE,
couches exlcrnes, du moins pondant les cinq premii-n
mois de la grossesse, de toile sorte qu'à l'accroisse-
ment des éléments préexistants s'ajouleraîl la fonn»-
lion d'éléments nouvcau\ (fig. 59). Le lissu coït-
jonctif qui unit les éléments musculaires participe i
cet excès de nutrition, car on y trouve vers la fin de la
grossesse des fibrilles parfailement distinctes.
La séreuse elle-même subit un certain degré d'épais-
sissement ; les ligaments utérins et les ligaments
ronds, en particulier, augmentent de volume surtout
par l'effet d'une modification de leurs fibres muscu-
laires. Les nerfs s'accroissent également, et s'il ne s'y
développe aucun tube nerveux nouveau, du moins la
tubes existants augmentent de largeur et de longueur,
et leurs contours foncés s'étendent plus loin dans lé-
paisseurdela substance de l'utérus. Semblable cbaih
gcmenl, moins accusé toutefois, se produit dans l'uléns
qui se contracte sur des corps fibreux ou sur le sauf
nienstrue! retenu dans sa cavité.
De ce type d'hypertrophie fonctionnelle se rapprocbf
naturellement l'hypertrophie du cœur, l'un des organe*
le plus exposés ë ce genn; do modification.
L'hypertrophie cardiaque e^l générale ou partielle,
et, dans ce dernier cas, elle siège toujoui's sur le*
parois de la cavité la plus voisine de l'obstacle malérirl
apporté à la circulation. Ix'S parois hypertrophiées, ffi-
néralement fermes et colorées, diiïèrenl des parois 1
l'élat noiinal surtout par leur épaisseur, qui ui-iive à 'Hre
double, triple ou quadruple. Les fibres musculaires, dont
le volume, selon llcpp, peut filre ii Ci'lui dos faiscvaux
normaux comme ù : 1 , devraient leur épaiasisseioent
à une augmentation du nombre de leurs fibrilles. Le
tissu conjoiiclif qui réunit ces éléments, les wi»-
seaux et les norfs subissent également un accro'*"
sèment de volume. Lu question do savoir s'il se pnKl**'
(les fibres urnsculniros nouvojles est diversement ré='*'
hc. ti9. — a, fibre cclluif musculaire d'un iiliruï grandi au tixièiiic moîi; A. p*r*-*°'
mojenne d'une mime flbre Iraitée par l'acide acilique el muntranl une opp»!"^ *!!
d'enTclopiic ; f, f, nojaux de ces fibres ; c, e, une fibre ceUule ronnalrice el uoa j^
c<llule ; (/, flbre cellale ûtnk-f^ (i'aprii Kftlliker).
HYPERTROPHIES ET ATROPHIES. 191
lue^ mais le fait d'une nouvelle fonnation ne peut paraître invraisem-
blable après ce que nous savons de l'hypertrophie utérine. L'hypertrophie
vraie de certains muscles tout entiers a été signalée par Friedreich dans
quelques cas d'atrophie musculaire progressive [Ueber progressive Muskel
atrophie^ Berlin, 1873).
L'hypertrophie des parois du tube digestif, généralement liée à un
obstacle apporté au cours des matières alimentaires ou intestinales, oc-
cupe des points différents suivant le siège de Tobstacle derrière lequel
elle est toujotu*s située. Toutes les tuniques prennent part au processus,
mais principalement la tunique musculeuse^ qui se colore davantage et
dont les éléments propres acquièrent iin volume double, triple ou même
plus considérable. Les vaisseaux sont le siège d'un accroissement pro-
portionnel et vraisemblablement aussi les nerfs. De même, la vessie,
toutes les fois qu'il existe un rétrécissement de l'urèthre, une tumeur de
la prostate ou tout autre empêchement à l'émission des urines, devient
le siège d'un excès de nutrition qui porte plus spécialement sur l'élément
musculaire. Les faisceaux musculaires hyiieilrophiés forment en |mreil
cas des bandes volumineuses et saillantes sous la muqueuse; c'est la
vessie à colonnes.
D'autres organes que les organes creux peuvent s'hypertrophier lorsque
leur fonction vient à s'exagérer. Les glandes lymphatiques, dans les-
quelles l'hyperplaSie est si commune, sont aussi sujettes à l'hypertrophie ;
c'est ainsi qu'à la suite de l'extirpation de la rate, par exemple, elles
augmentent de volume, sans doute parce que leur fonction est accrue.
Suivant quelques expérimentateurs, le système nerveux ne serait pas
SUIS influence sur l'hypertrophie de ces glandes. Mantegazza (1) fait
ïïienlion de l'hypertrophie des glandes inguinales et Brown-Séquard ^2)
Bote l'hypertrophie des capsules sun*énales comme faisant suite à certaines
feions de la moelle épinière.
Us organes développés aux dépens des feuillets intenie et extenic du
lïlastoderme sont, comme les précédents, exposés à l'hypertrophie. Robin
i vu des culs-de-sac glandulaires huit à dix fois plus grands qu'à l'état
normal, tapissés d'épithélium ayant subi un accroissement proportionnel
'c volume. Vemeuil a déposé au musée Dupuytren une masse du volume
^J on œuf constituée par des glandes sudori pares provenant de la i*égion ster-
oaleantérieure, et doutThypertrophiene |)eut être mise en doute». Ce genre
'l hypertrophie est facile à constater surtout pour les organes doubles, les
'1) MantcgaiM, Gaz. lombarde^ 1867.
())BrowQ-Séqaard, Comptes rendus de la Société de biologie, 1870, p. 27.
192 ANA70HIE P.ïTHOLOGIOITB.
reins par cxemple.où l'alisence, sinon l'atrophie d'un seul, s'accomi
^lini'ralenient (le l'hypertrophie compensatrice de l'autre. Le rein hjp
phié conserve sa coloration et sa consistance, mais ac<)uierl un v«
pni-rois double de son volume primilir. A l'examen microscopiqui
canaux tortueux cl leurs épiihéliums sont manifestement plus volum
([ue ceux d'un rein normal, comme l'indiquent les figures 60 et 6
représentent à un mt^nic firossissenient les éléments d'un reîn non
ceux d'un rein presque doublé de volume par suite de la disparition i
congénère. Les canaux droits et leurs épiihéliums cylindriques, les tu
Flu. 60. — Coupe microïuopique d'un Fic. 6t. — Cvup« mierMCOpîque i't
rtiDDornul provenaDt d'unldulle. hypertrophié par atropbied«ioaMii|é
Ifenle sont peu modifiés, mais les ^lomérules de Malpighi, contrair
à l'opinion de quelques auteurs, nous ont paru participer à l'hypertn
ainsi que l'élément conjonctivo-vasculaire.
Semblable phénomène se produit dans les organes simples dont un
tion cesse de fonctionner. J'ai été à même de constatera plusieurs re
rhyporirophic de l'un des lobes du foie dont l'autre lobe avait été tj
par une infiltration gommeuse. Les cellules propres du foie, le tissi
jonctifcl les vaisseaux de la portion ri'slanlo de cet organe étaient If
d'un accroissement de volume maniresie et faisaient plus ou moins ce
tement compensalionàla portion do substance hépatiquedétruite.Der
il la suile de roblttémlion d'une branche artérielle et de la nécrosi
tielle qui en ivsulte, le parenchyme de la rate subit une augmentât]
volume. l'eul-on dire que les centi-es nerv<ii>: se coin|K>rtent de la
faton et que la destruction d'une partie plus ou moins étendue de cr
tn'S soit suivie de l'hypertrophie d'une autre partie? A notre avis, c'e
queslion qui jusqu'ici n'est pas jnjïéc. (In sait que la masse encéph
[Kirait quelquefois difllcilcnienl coiilenue dans la boite crAnienne
(1) l'a eu do ce genre vientd'ôtrc publié par L.Ljiniloui]r(vtij.Ga:.)nM.,187t,|
HlPtilITHUPElItiS ET ATKOPUIHS. 11)3
Ginddèsn'héMtepasàsttrihuei' â une liypertropliie des cii-couvolutions cérê-
liralc; certaines dépressions conslalées à la face interne des os d'un crAne
pppsenlé par lui à la Société d'anthi-opologie [séance du 1" février 1872);
iiuis dans ce cas, où l'examen hislologiquc fait déraul, il peut arriver que
b rriodincation analnmique affectf aulanl et peut-être plus le crâne que
IVncèphale. L' hypertrophie des ganglious et des cordons nerveux n'est pas
mieux établie ; cependaut il y a lieu de la. soupçonner dans certains Faits
(l'idiolisiDe où Von a rencontré l'augmentation dt" volume de quelques-
uns des ganglions lymphatiques et des nerfs périphériques (1).
\u lii'u d'un organe plus ou moins complet, un seul élément est
itUflquefoiii le siège de l'hypertrophie. Dans l'ectropion, le prolapsus du
iwlum ou de l'ulénis, la couche épilhéliale subit un épaississement qui
resiiile de l'accroîsseraenl de volume des épithéliums. Les papilles de la .
luigue chez le fumeur, les filandes de l'estomac chez l'alcoolique sont éga-
lement exposées à shyperlrophier. On a attrihué à l'hypertrophie laug-
tiii'ntation de volume des cellules et des tuhes neiveux compris dans un
[iner d'inflammation o^rébmle; mais comme il n'est pas certain que 1er
reJlules nerveuse s^ lumédées et granuleuses, puissent en pareil cas con-
iiiiner de se nourrir et de vivre, il y a lieu de douter qu'elles soient le
^ii'Re d'uu processus hypcrlrophique, nous croyons plutùt à lem- inllam-
Mtion. Le même doute existe & l'égard des tubes nerveux qui se rencoo-
ttundausdesenihlablescondilions, ou encore dans les taches blanches de
krélinitebrightique. Ces tubes, augmentés de volume, quelquefois même
pnemés de siries, avec des cylindres-axes volumineux , bosselés,
»mmo rariqueux, pourvus, suivant Rolh, d'un noyau au niveau de la
ixirlinn renflée, sont sans doute aussi destinés à périr ou h reprendre leur
'ypetiunnal, et par conséquent ne sont pas hypertrophiés. Cependant,
loin de moi l'idée de nier l'hypertrophie isolée des éléments nerveux.
iWle hypertrophie, sans doute, peut se produire aussi bien que l'hyper-
iniptiie des éléments épi théliaux , mais il importerait de connaître ses
'^riclères exacts et les cin:onstances dans lesquelles elle se développe.
\pr(^ avoir passé en revue l'hypertrophie d'un organe complot ou
«ulwaent de l'un de ses éléments, il nous reste à parler des hypertm-
l'hiia afTeclant une portion plus ou moins étendue du tronc ou des
tniimbres. Suivant qu'elles se praduisenl avant ou après la naissance, ces
liypwtrophies sont dites congénitales ou acquises.
L'hypertrophie acquise d'une partie mi de la totalité d'un meminr
F It|Hnïi, XouwviHy.Jur/ia/ lie "liiiecin
"fcdthri., 1828.
. — 1 iBité d'Anal.
t 1819, — i:nïre, Em
19^1 INATOHIE PATBOLOGIQL'E.
,a élé éludiée par divers obsenateurs. Henri el Broca oui
existence dans l'anévrysme arlérioso-veineuv. La commutiii
veine el de l'artère principale d'un membre qui donne lieu
sanguine avec élévation de tempéralure, est en elTet générale
de l'accroissement exagéré des poils, de l'allongement hypertr
os, et sans doute aussi d'une hypertrophie des muscles et d
vasculaires. De même, la stase prolongée du sanj; au\ ext
doigts dans les aiïeelions du cœur et des poumons linit ;
l'hypertrophie de ces extrémités, bien connues sous la Ai
de doigls en baguettes de tambour 'Hg. 62]. D'autre part,
porte le fait d'
FiG. 63. — Uirpcrli aphie des extréniilei Ji^iUl.
chnuD j«uDc liumme iITtclé de dilatalioii bronchique
supérieurs ; lan
bras droit offrait un volume en rapport ;nec celui de hi jaml
LMUche avait une circouféi-ence de plusieurs ceiiliniMics en
hnis droit, il était mauireslenient plus Mduinnieux. (lelle aui'm
volume se faisait reniai-quer, iion-scuieuK'Ul >ur iij masses u
du bras cl de l'avanl-bras, mais encore sur la tniiiii l'i lis
main était d'ailleurs le siège d'une rouj;iur et dune congestion
feste par i-apport ii celle du coli- «'pp.'M-. I.e nialad.' iillribuu
Iropbic de son bras à une chulc fait.' sur I épaule el ipii aui-ail
clavicule ; il se plaignait en outre d'accès douloureux ilu geu
(jui caraclérisi'ut l'angine de poiliine.
l/hypertrophie congénitale est le plus souvent partiilli' !}: s
;l> lut biporlrupbiei
HÏI'KHTllOnilK» ÏT M'II«il-Hlf9i'
Is, ireulîiii^Suiiil-llilaiitiellenélébienéludiéepai'Trdalet Muiiod.Syinê-
liiqueou asymétrique, celle hypertrophie s'c'lend,en général, Ji une nioilir
ilu lorps ou st'ulemeut à une [lartie, surtout ù une moitié ilc la face ou de lu
\i-k, à un membre, à la main ou ii ijuelques doigts, La région hypertro-
pliirépirde des proportions régulières, rhat-un des tissus pi'end une part ii
iicu près égale au processus, de sorte que c'est uniquement l'examen coni-
|Lirulifdes parties semblables qui révèle leur disproportion. Les membres
iiifi'riears sont les points où ce processus se manifeste le plus clairement.
I.iiii des nifmbres apjiaratt plus volumineux et en même temps plus
I iiji qui- son congénère. Les malléoles et les genouK n'occu{>ent plus
I' mMc nivi'au, et l'épine iliaqui' est ordinairement plus élevée du
I <ilr h} pertrophié. La fesse, par suite du développement des muscles,
•t plus saillante en anièro et comme remontée; le pli fessier du membre
Itipurtrophié est à la fois plus élevé et plus profond, l'ne ascension du
titlc du bassin et uu défaut d'aplomb du ironc sur les deux jauilies
i<'sull«nt ainsi de l'accroissemenL i-n longueur du membre hypertrophié,
l'iBune te prouve une mensuration bien faite en montrant que cet accrois-
WDent, qui {>eut atleindiv jusqu'à 19 centirnèti'cs, est, en moyenne, di'
I )i 3 centimètres (Trelatet Monod).
Uu^nentation en épaisseur est plus dirticile à vérifier, surtout dans
li'nifmbre infériem-, k cause de la possibilité d'une inliltintion œdé-
inal«-u«n ; mais la gnmde épaisseur des muscles et par-dessus tout la
iiïiisunition ne laissent pas de doute sur son existence. Cette hyper-
■fophie est toujours également répartie ; dans un cas rapporté i«ii'
fridbcrg. la différence entre les segments des membres était de plus
"1 plus grande, an fnr et à mesure qu'on se rapprochait des pieds,
I "Il die attei^'nait 13 centimètres, au lieu de 5 qu'elle présentait ii
u^ «tisse. Les doigts et les orteils des membres hypertrophiés sont
nlonent augmentés en longueur et en épaisseur, mais pas toujours
' façon égale, et |)arfois il n'en est qu'un certain nombre qui
Wueill part au processus, llans un cas rapporté par Devousges, tous
» doigts du pied droit étaient hypertrophiés, les trois pmnieps il un
" Inilt degré que les deux autres ; de plus, les trois premiers doigt»
' M gauche (côté sain) étaient aussi anoi-malflment développés.
mtation dans les dimensions d'un membre correspond unliiiiii-
'°°' "fw. Voici findiMlion de (li>u\ (Mils cit le sisttmc naeu\ e*l iinrliculicrïuiïiil
"■ï(*:-_F,l(l,Bgic;Li, Hypcroslofe 'Ui gvmmmUii ikeMlet {Ari:hiv f. palhologitcl,'-
'•'^'«nie uad Phyriologir, l. XUU, p. 83).— Ix)MiiOBO, Fnll voU ailgeM. Hypert.
t'I, p. ^53 l't GiDiiiak Uni. il'He mnlatie vMei:, clc.
IW AKaTuSIE PjlTIUUH.IQn.
nrmmt à une aujiçiiKiitation de sa force relalîv«r. b'ailleuK. quoiqn
jJupart d»n cas observé» l'aienl êlé chez des individos vÏTanU, et q
à port unElHpuUif-parFrîedFeicfa.îl n'y ail pasea d'examen analoaû;
r^^pendanl il e»! reronnu que les systèmes osseas el musenUire prou
utiH large part à l'eicés de nulrilîon. Il serait à désirer que l'hisltrfi
vint riou» reiisei^er eiaclemenl sur l'état de ces parties.
Le plus souvent peu visible au tronc, rh}-perlropbie congénitale est bt
nmp plus manifeste à la face. La moitié de la joue est saillante, le
(léplao;, les rebords alvéolaires sont épaissis, et les dents plus volu
lieuses, plus longues et plus larges <|ue celles du càté opposé : de m
les poiU sont quelquefois augmentés dans toutes leurs dimensions : qi
il la langue, elle i;st quelquefois plus volumineuse dans la moitié cor
]K>ndant au côté hypertrophié.
IjCh centres nerveux, dans ces différents cas, ont toujours paru coi
ver leur volume normal. Les nerfs des jiarlies hypertrophiées ont été
étudiés, mais les vaisseaux sont fréquemincnt dilatés. Les veines s<
cutan<'»B nutonmicnt constituent de véritables \'iirices, et les capilU
de lu peau présentent la forme de ukvus, par suite vraisemblablei
(l'une circulation plus active. Du reste, une élévation de leinpératnn
hc. t>3 . — . Hjpcrlrophie coucéniUlo i9e plusieun doifU dct main»
■l'une jfiiiie rtlle agit de quinic int «d'âpre l'.urliag).
iwrties h\pTln»plii.H\s a été pius.itHirs lors constat<v à laide du iher
nuMft> <m sifmaltv |»ir le malade Ini-nu'nic.
l.'hj pcrimphie roni»>nil.-ilo limitiv «u\ doiiils affecte tanlM un ou 1
>ieurs ilnijils dnn Si>ul oilr, lanti^t ini on plusieurs doigt.« des deus "1
notannueut l'indicalenr i-l K' ui«liii>(li^. 63). (-.nniie li-s membres.
HYPERTROPHIES ET ATROPHIES. 197
doigts sont le siège d'un accroissement qui s'opère dans tous les sens, aussi
bien dans l'épaisseur que dans la longueur, qui peut doubler, et auquel
participent tous les éléments constituants. Les différentes parties
du doigt conservent leurs proportions respectives, leur forme, souvent
aussi leurs mouvements ordinaires et leur force. Dans quelques cas
seulement, le doigt hypertrophié est déformé par le développement
excessif des surfaces articulaires, ce qui peut amener la déviation ou la
luxation des phalanges; beaucoup plus rarement, la déformation est
produite par des excroissances graisseuses plus ou moins étendues. Une
légère élévation de température est signalée dans un fait de Curling.
L'hypertrophie congénitale est progressive; et Friedberg, dans un cas
(I*hémihypertrophie, ayant mesuré les membres à deux ans d(» dislance,
put constater que laccroissement proportionnel était notablement
plus considérable du côté hypertrophié, en d'autres termes, que le déve-
loppement marchait plus vite d'un coté que de l'autre.
£^tiologie et patliogénie. — Les causes des hypertrophies sont nom-
breuses et variées ; par contre, leurs conditions pathogéniques peuvent
être ramenées à un même fait physiologique : une plus grande acti-
vité circulatoire. Les hypertrophies compensatrices des viscères sont
évidemment dans ce cas : un rein dont le congénère a disparu offre une
circulation plus active ; ses éléments excités assimilent une plus forte
proportion de matériaux alibiles et subissent un degré d'hypertrophie
**ii rapport avec l'activité plus grande de la fonction. Semblable phéno-
mène se passe dans tous les organes glandulaires doubles qui peuvent
èlre suppléés. L'hypertrophie d'un poumon à la suite de pleurésies an-
ciennes, de la compression ou de l'atrophie du poumon opposé, reconnaît
le même mécanisme. Sans doute les hémisphères c<'?rébraux ne se com-
lK)rlent pas autrement, mais le fait exige une élude plus complète,
^^^'est encore sous la même influence que se produit l'hypertrophie d'un
organe simple partiellement détruit, celle du foie atteint de syphilis.
Mais c'est principalement sur les organes médians et vasculaires
^ut ont pour fonction l'expulsion d'un produit que l'hypertrophie se fait
•^ plus souvent remarquer. Le cœur, l'estomac et la vessie .sont dans ces
conditions. Qu'il existe un obstacle à la circulation capillaire artérielle
f»u cardiaque, le cœur, pour vaincre cet obstacle, se contracte plus énergi-
H^^^nient, reçoit une plus grande quantité d(^ sang, se nourrit mieux et
•"^"gniente de volume. Ainsi se produisent l'hypertrophie du cœur du vieil-
lard dont l'aorte est altérée, celle des ventricules et des oreillettes situés
'laitière le rétrécissement d'un orilire ou un obstacle quelconque à la
198 ANATOMIE PATHOI.O(iIQlTK.
grande ou àla petite circulation. De mémo, l'obstruction des canaux biliaires
détermine l'hypertrophie de la vésicule du foie, et tout empôchement à l'é-
coulement de l'urine, soit par la prostate hypertrophiée, soit par les rétré-
cissements de l'urèthre, accroît le volume des différentes couches des
parois vésicales, surtout de la couche musculeuse. Dans un cas rapports
par Hunter, cette couche présentait un épaississement de près d'ui
demi-pouce, les faisceaux étaient si forts qu'ils formaient des crête
saillantes à la surface de la cavité ; on avait cru à une maladie de l
vessie, mais les parties musculeuses étaient saines et très-distinctes, elk
avaient seulement augmenté do volume en proportion de la force (ju'elli
avaient à exercer. Les parois de l'œsophage, celles de l'estomac et i
tube intestinal s'hypertrophient également derrière un rétrécissement <
un obstacle quelconque au passage des aliments ou des matières fécale
Les muscles volontaires s'hypertrophient plus rarement que les rauscl
de la vie organique. La raison de ce fait, toute physiologique, a déjà t
signalée par Ilunter, qui reconnaît que dans les muscles involontaii
la puissance doit tendre constamment à sunnonter la résistance, pui
([u'elle accomplit toujours quelque acte naturel et nécessaire. On s
néanmoins que les muscles du mollet chez les danseurs, les muscles c
bras et notamment le biceps chez les lutteurs et les boulangers, se U
remarquer par un volume disproportionné par rapport à celui de lei
rongénères. Les os suivent les muscles dans leur accroissement et se fo
lient à mesure que les muscles auxquels ils donnent attache aoquièr
plus de force et d'énergie. Paget prétend même que si l'os d'un mem
se trouve raccourci par suite d'une lésion morbide, un autre os
même côté s'hypci trophie en longueur pour combler le déficit qui s'
suit dans la diminution totale du membre.
L'hypertrophie des épithéliums au contact de l'air extérieur, du ta
ou de l'alcool, est de même le résultat de l'excitation de ces élément
d'une activité plus grande de la circulation. D'un autre côté, l'hypertrof
qui sunient dans les ciis d'anévrysme arlérioso- veineux, de variées, d'
stiniction veineuse, etc., tient encore à la prestance d'une plus grande alv
(lance de sang au sein des tissus dont les éléments excités sont en nu
temps plus aptes à s'assimiler les matériaux du sang. Dans ces cor
tions, un certain degré d'atrophie peut succéder à l'hypertrophie.
Les hypertrophies consécutives à un désordre du système nerv
trouvent leur explication dans la célèbre expérience de Cl. Rernaixl su
grand sympathique. Après la section de ce nerf au cou, il se proc
comme on sait une rougeur rongeslive des tissus avec élévation de te
pérature dans l'étendue du domaine des vaisseaux soumis à Tindue
ili' ce nprf. (Ir, rw jihôiioiiièni>R sont précisément ceux que l'on consl^ili',
iimi pus scukmoiit dans ks hyperimphics liées ji une contusion ou ii mi
ili-jopdre pniliculifr du système nerveux, mais eneore dans les hj^per-
ifOjihies congénitales, qui par cela même sont dépendantes du système
iicrïeuï. Toutes ces hypertrophies sont donc l'prfcl d'une parésie vaso-
iiiolrice prolongée. .Manl<>gazza, du reste, est parvenu à augmenter du
4ïinme de son |>oids la langue de la gicnouille qu'il congestionnait orli-
ficicHcmenl à i'aide d'irritations mêr»iniques ou chimiques (voy. séance
df l'Académie des sciences, 18 juillet ise^i). Sehi(T(^l), d'un autre crtté,
inWné l'hyperli-ophie des os chez des animaux auxquels il avait pra-
tiqui"! la section des nerfs vaso-moteurs qui s'y rendent (2). Depuis
Iwigtemps, j'ai moi-même constaté l'augmentation de volume du foie,
voire même de quelques auti'cs organes de l'ahdomen, et notamment des
fins, chez des individus dont les nerfs Irisplanchniques se trouvaient
tomprimés ou profondément altérés par le fait d'une pleurésie séreuse
«u membraneuse ancienne
Hiii.i>x-.iiÀpiiiE. — Hypcrtrophlti en géuéfl. — HUNTER, Des mnladieit
•frettqwi, (JEuïrcs coniplélcs, chap. \y, p. 61û ; Irad. franc, de Riclielot,
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200 ANATOMIE PATHOLOCiigUK.
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d'une inégalité des deux moitiés du corj^s (Ibid., p. 332). — Friedreich, Hyper-
trophie congénitale et unilatérale de la tête {Archiv fùrpathol, Anatom., t. XXYIU,
p. UlUy 1863, et Arch, de méd., I86/4). — Passauer, Arvhiv f,pathol, Anatm,
ttnd PhysioL, t. XXXVII, p. 410. — Busch, Arch, fur klin. Chirurg., 1866,
p. 178. — H. Friedberg, Reisetnvuchs des rechten Beines {Archiv fur path. Awrf.
wid Physiol.^i, XL, p. 353, 1867). — U. Trélat et A. Monod, De V hypertrophie
unilatérale partielle ou totale du corps (Arch, génér. de méd. , série Vï, t XIII,
p. 536, 1869). Douze observations, empruntéesà difTdrents auteurs, sont rap-
portées à la fin de ce mémoire. — J. A. Fort, Des difformités congénUokt ef
acquises des doigts. Thèse de Paris, 1869, p. 71. — T. Holmes, Thérapeutiq, da
malad. chirurgicales des enfants; trad. franc, par 0. Larcher, p. 294. Pari*,
1870. — W. Gruber, Uebereinen Fall von Macrodactylie beieinemLel>enden(ATfk.
fiirpathol. Anat, und PhysioL^i, LYI, p. 416, 1872), 2 pi.— Ewald, Angeèome
und fortschreitende Hypertrophie der Unken Hand, (IfttVf. , p. 421, 1872).—
Tilbury Fox, Clinieal Society, 9 mai 1873, et Med. Times and Gr/:, 14 juin
1873, p. 642.
î5 2. — ATROPHIES.
Os anomalies de la nutrition, aussi fréquentes que les hypertrophies,
sont, comme ces dernières, l'effet d'un acte physiologique ou la consé-
quence d'un état patholog:ique. Inséparables du développement normal,
les atrophies physiologiques se produisent dans les mamelles, les ovaires
et l'utérus à partir de la ménopause. Ces organes, par l'amincissement àf
leurs éléments, peixlent de leur volume et de leur poids, sans présent^ï
de changements importants dans leur structure.
Les atrophies jmlhologiques se rencontrent à tous les âges, depUt^
la naissance jusqu'à la vieillesse la plus avancée ; contrairem^**^
aux hypertmphies, elles sont plus fréquentes à cette dernière époi|^^
de la vie, où elles tendent à se confondre avec les hypoplasies. Pend^
la période d'acci'oissomenl des organes, l'atrophie s'accuse davant^^
parce fait que le trouble nutritif retentit sur le développement: 111^**
cette différence, ([ui a été pour quelques auteurs le |)oint de dépail d'U»*
distinction spéciale (1 , a peu d'importance, et nous croyons inutile J <*'
tenir ct^^pt^^
(i) Brcsi'hol (li$tiii{riio do l'atrophie proprement dite le défaut de développement "**'
appareils organique» dans leur périmie d'évolution primitive, et lui donne le nom d'^S^^
nésie ; mais ce désonire ne diffère on réalité du processus atrophique que par l'àpe <**
il se proiiuit.
HYPERTROPHIES ET ATROPHIES. 201
I^ 'atrophie affecte tantôt un ou plusieurs organes, tantôt une partie
>lus ou moins étendue du corps. Uans ce dernier cas, si elle n'est con-
génitale, elle se développe le plus souvent après la naissance, ou avant
'achèvement complet du développement. Les organes les plus exposés à
^tte anomalie de la nutrition sont généralement ceux qu'alimente un
oui vaisseau, comme la rate, les reins, ou encore le foie. Le simple rétré-
cissement de ce vaisseau suffit pour diminuer l'afflux sanguin, et afl'aiblir
a nutrition d'une partie ou de la totalité de Torgane. Partielle ou gêné-
■aie, l'atrophie des viscères se traduit par une diminution de volume des
ïléments, qui entraîne celle du parenchyme dont la surface devient
parfois inégale et bosselée.
Les os, les muscles et la peau sont affectés isolément ou simultanément.
U'atrophie limitée des os n'est pas très-rare, surtout au crâne, où ces
organes sont quelquefois réduits à une simple lamelle transparente. Cette
altération, malheureusement peu étudiée si ce n'est dans la vieillesse, où
Tos disparaît molécule à molécule, à l'état d'élément osseux et non cal-
caire, mériterait d'être mieux connue. J'ai pu voir au must^e anato-
mîque de Leyde, grâce à l'obligeance du professeuj Boogard, un certain
nombre de crânes, affectés de celte lésion. La base de ces crânes particu-
Hèreraent lésée, était transparente, mince, ou plutôt réduite à l'épaisseur
d'une feuille de papier.
L'atrophie isolée des muscles a lieu lout(»s les fois que ces organes se
trouvent séparés de leurs troncs nerveux, ou que les cellules nerveuses
centrales qui excitent ces derniers sont altérées, sinon détruites. Elle con-
siste en une diminution de volume, pure et simple, sans modilication de
la striation et de la couleur. Produite dans certains cas pjir la dispari-
tion de quelques fibrilles, cette diminution de volume est accompagnée,
tantôt d'un dépôt abondant de vésicules graisseuses, disposées par séries
entre les fibres musculaires, quelquefois d'une» modilication irritative du
tissu conjonctif interstitiel (alruphie musculaire plombique • .
Les cellules nerveuses s'atrophient isolément sous Tinfluence d'une
irritation phicgmasique ; mais cettc^ atrophie secondaire ne peut nous
^^uper ici, pas plus que l'atrophie des tubes nerv(»ux consécutive à la
flestruction des cellules nerveuses avec lesquelh.'s ils sont en ccmnexion.
i- atrophie vraie et isolée de ces éléments, comme celle des cellules
**Pilhéliales, est encore peu connue.
L atrophie partielle de la peau consiste dans l'existence de stries
ou de bandes circonscrites, plus ou moins nombreuses, offi*ant un
^»^t velouté ou satiné. Ces bandes, qui occupent surtout la face ou les
nombres, suivent généralement le trajet des filets nerveux. A leur niveau.
202 ANATOMIK PATHOLOCIQUE.
la peau est làrhe, flasque, plus ou moins insensible, déprimée, soi
décolorée, et l'épithélium qui la recouvre est génémiement an
Dubarrj% dans une thèse qui a pour titre : Atrophie de Vépithélium i
(Strasbourg, 1869), décrit une altération qui n'est pas sans analo^rie
Talrophie de la peau. Cette altération, qui s'observe à la bouche, au
du palais et au pharynx, se traduit par Taspect lisse de la muqucu
disparition des papilles, la production de sillons crevassés et quelq
squameux dans ces diverses régions. Dans Tatrophie du tissu adi
les cellules graisseuses s'entourent d'une zone claire vers laquelle s*(
leur contenu, qui disparaît progressivement sous l'influence de lan
lion.
L'atrophie simultanée de la peau, des muscles et des os est comn
la face, où elle se localise généralement à un seul côté. L'hémiati
faciale a été décrite sous des dénominations diverses : trophont
faciale, aplasie lamineuse, etc. Limitée à un seul côté, cette anom;
nutrition occupe une plus ou moins grande étendue de la face sai
passer jamais la ligne médiane. Les lieux d'élection, sorte de cen
myonnement du travail atrophique, sont les points d'émergence des
ches du nerf trijumeau. La peau, le tissu cellulaire, les os et les m
sont la plupart du temps simultanément afl'ectés. Le processus (
d'ordinaire par des taches de coloration difl'érente qui s'étendent, se
irnent de façon à former des taches de plus grande étendue* (jue la ré
d'autres taches agrandit encore. Au front l'allération revêt (juelq
l'aspect d'une cicatrice obliquement dirigée suivant le parcours di
frontal. La peau s'amincit et se ride, les papilles et les bulbes pile
minuent de volume, les poils blanchissent ou tombent. Le tissu cell
est plus ou moins atrophié et réduit (aplasie lamineuse de Land(
plupart des muscles de la face, notamment le masséter et le tem
participent à ce processus ; leurs fibres diminuent de volume, mai
eiMiservent leurs propriétés électro-contractiles. Le système osseux
nMuarquer par son faible développement ; le maxillaire inférieur <
jugal sont ceux des os de la face qui prennent la plus large part à ce
ble de la nutrition.
dette atrophie afl'ecte assez inégalement les diverses parties de I
front, crâne, cavité buccale^ et chacun des tissus qui constituent a
lies. Klle s'accompagn(» quelquefois de pâleur di» la face, d abseï
>ueurs, d abaissement de la température et de faibh^sse relative du
carotidien dans le coté afl'ecte. Ces caractères s'observent fivqueii
aussi dans les atrophies qui précèdent l'achèvement complet du dé
p<»ment.
HYPERTROPHIES ET ATROPHIES. 20*^
Les âU*ophie$ congénitales tiennent le premier rang parmi ces dt»niières.
elles se limitent en général à un seul côté du corps. L'hémiatrophie congé-
nitale a moins frappé l'attention des observateurs que l'hémiliypertrophie,
sans doute parce qu'une inégalité peu prononcée entre les membres
d'un côté et ceux de Tautre côté peut passer inaperçue, et parce qu'il est
parfois difficile de savoir si Ion a affaire à une atrophie d'un côté plutôt
qu'à une hypertrophie du côté op])Osé 1 . dette difficulté existait dans un
cas d'atrophie congénitale observée par Ihoca sur toute la moitié droite
du corps. L'œil gauche était plus ouvert que l'œil droit, et la com-
missure externe des paupières s'écartait moins de la ligne médiane
du nez à droite qu'à' gauche, la différence était de près de :J milli-
mètres. La ligne abaissée verticalement de cette commissure sur le
bord inférieur de la mâchoire inférieure était à gauche d(^ 8,5, à droite,
seulement de 7,6; la moitié droite de la langue était plus petite».
Les arcades dentaires supérieures et inférieures décrivaient une courbe
plus longue à gauche qu a droite, et les dents de ce dernier côté étaient
irrégulièrement implantées faute d'espace. La moitié droite du crâne était
moins développée que la gauche ; il en était de mênïe de la moitié
droite du tronc. Les membres étaient inégaux, celui de droite était
raccourci de 5 centimètres, et cette diminution de longueur coïncidait
avec une diminution proportionnelle de volume. La sensibilité générale
paraissait moins développée sur les membres droits que sur les membres
gauches.
Il nous a été donné de voir trois cas de ce genre, dont deux sont en
ce moment soumis à notre examen. L'atrophie, un peu moins mani-
t&ste que dans le fait du professeur Broca, occupe la face et les membres
gauches. Les deux femmes (jui en sont atteintes, Agées l'une de vingt,
l'autre de vingt-six ans, jouissent de leurs facultés intellectuelles et d'une
excellente santé.
tn jeune homme de vingt-six ans, qui passa plusieurs mois dans mon
service à l'hôpital Saint-Antoine, présentait une atrophie très-accus«'»e
de toute la moitié gauche du corps. Les membres de ce côté, beaucoup
plus minces, étaient en même temps plus courts; la marche était facile,
H il y avait très-peu de claudication. Cette infinnité existait depuis l'eii-
lance chez ce jeune garçon, dont la mère avait été accouchée au for-
(I) Notre intention n'est pas de parler ici de ces anomalies apparentes seulement à
l'ail exercé du peintre, du sculpteur ou de l'anatomiste, et dont l'influence physiologique
est entièrement nulle. Ces variétés sont communes surtout à la télé. Voltaire présentait
me moiUé gauche du crâne un peu plus développée que la moitié droite : Bichat était
dans les mèmefl conditions, ainsi que beaucoup d'autres personnes.
20& AHATOMiB FATHULOfilOUE,
cegis (1). Les facultés inlellecluelles éluient intactes, mais faililos,
membres atrophiés simplement un peu moins forts que leurs congéi
D'autre part, il existe un certain nombre de faits d'atrophie unili
l'emontaut à la première enfance, et qui sont accompagnés de l'ati
d'une partie ou'de la totalité de l'hémisphère cérébral du côté o|
avec faiblesse intellectuelle. La plupart de ces faite sont roni
dans l'excellente thèse du docteur Colard.
Une femme. Agée de trente-cinq ans, observée par moi, oITrail
une atrophie de la moitié gauche du corps surtout marquée au bra:
faiblesse intellectuelle et des attaques épileptiformes. Viiie autre U
que j'ai soi^méc en 1873 à IHfltel-Dieu, présenta dès l'Age di'. deux
lu faiblesse du hi-as droit «t de In main droite, dont l'attitude était sei
rliio. Ce mcmbif, moins volumineux que son confrénèri', élail en
temps jilus court (le plusieurs cenlimètres ; tontes ses parlif-; cIi
liiircs, muscles, os, etc., étaient iilrophii'fs. I,« jambe était aussi u
(1) J'»i nliierté imirconJ ra» d'hiiminlropliii' c\m. un jriin<> firi:nn ilnntUmî'
M igii\«mcnl accniicliée au fnrrrpi.
la SaiptMrii'rc, dnns lo
UÏPBHTHUPUies ET ATHUI'HIES. 205
moins voluiniiit'usc à dixiitc qu'il gauche. La iiiurt l'Ut lieu ù Yiifu- de
s()iïïDte-si<i ans, et l'hémisphère gauche du ceneau, iiianirestemenl
ilimiiiué de \oIuiue, comme l'indique la liguiv GU, oiïrail ui)e atrophie
Irés-marquée de la plupart des circonvokitious, de relies du lobe iiioYrn,
nolammuiil.
lue jeune personne (1) que j'ai ohserviV
siTvicc du docteur Delasiauve, est encoi-e
)ilus rtniarquable (li^. 65j ; elle présente une
hémiplégie avec atrophie des membres ii
droit? et atrophie de la face ii gauehe. Elle
l'St aujourd'hui âg(<c de quinze ans et hien
parlante, mais à peu prés complète ment dé-
pourvue des Tacullés intellectuelles.
\ cdté de ces Taits, il en est d'aulivs uù
l'fièiiiiatrophie, respectiuit la faiîe, se limite
aui deux membres ou à un seul, et survient
l'pticment dans les |)remièivs années de
It'xislence. Cette atrophie se traduit toujours
pvune diminulioii du volume et de la lon-
|!ueur des membres ; mais au lieu d'être en
rapport avec une aiïection cérébrale, elle
awumpagiic une affection médullaire. Les
faits de ce genre ne sont pas extrêmement
nm. j'ai pu en voir plusieurs, un entiv
Mm dans lei|Uel le bras et la jambe du
«Hé }(auche étaient de U centiniêtii;s plus
fliiirts que leurs congénères. Cette atmphie
[leul sunenir plus tardivenu-nl ; elle aurait dé-
buté k la suite d'une fièvre typhoïde c:hez une
jeune fille âgée de neuf ans,et aurait conmiencé
vers l'âge de dix-sept ans chez un jeune
homme que j'ai soigné h l'hi^pilal Saiiit-An-
'iG. <ij. — JeiitiefllIedequiiiZK
an* ajanl utw liémiatrophie <lc
la face h gauchi el une liémi-
plé(ic avec atruphie ilu troue
el dea menibrci i droite.
(1) Cl..., admiie i la Salpt-lricre le 2Î juin 1869, e«t ilteînte depuis ion entaiiL-C
d'une hémiplégie aiec atrophie du cùtc droit, caoronnalion (Ivfi^ctuEuir de la IHe,
imbécillité et aUaqaei épileptiquei. Aujourd'hui [man 187i) cette liite, Igëc de
^■ue an», répond atKi justement aux question», maia elle manque abtolumenl de
mémoire, ignare ton âge et sait n peine cpeler. Elle oITre une diipraporlion mar-
quée eulre le côté droit et le rùlê gauche du Irone. La partie droite de la poitrine
cat moini uillante que la ninitié gauche. La cireontérence meiurée un peu au-dCESOUi
de* leim e*t, à droite, de 36, â, à gauche de 39. Semblable diaproporlioii eiiitc pour
les membre*, et l'arrêt de développement porte aniai bien lur let oi que lur Ie« partie»
206 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
toine, et qui attribuait à un travail exagéré Tatrophie des membres
droits. Consécutive à des phénomènes fébriles d'apparence typhoïde,
molles, comme le prouTent les différences de longueur. Les membres droits sont beau-
coup plus courts et plus grêles que les membres gauches. Les membres sapérieon
mesurent :
ceiitiin. centim.
De Tacromion à Tépicondylc à droite 28 à gauche 29
Circonférence à la partie moyenne du bras 2â 26
Diamètre transversc de Tépicondyle à Tépitrochlcc . A, 7 5,3
Longueur du cubitus 21,5 22,7
— du radius i 8,5 19,5
l)iamètre transv. des deux apophyses styloïdcs 3,8 A «3
Circonférence du poignet lA 15
Longueur du bord cubital de la main 12,5 13,5
Diam. transv. au niveau de la tète des métacarpiens . 6,5 7^2
Longueur de Tauriculaire 6 6,5
— de l'annulaire H, 6 9
— du médius 0,2 9,5
— de l'index H 8,5
— du pouce. 5,6 6
Une disproportion à peu près égale existe entre les membres inférieurs :
ronUm. coiilim.
Du grand trochanter à la malléole externe à droite 70 à gauche 72
Circonférence à la partie moyenne de la cuisse . . àà à7
— du genou 30 31
Diamètre des condyles du fémur 7,5 7,5
— au niveau de la tête du péroné 6^5 7,15
Circonférence de la jambe à sa partie moyenne. 28 30
Diamètre des malléoles. 5,5 6
Longueur du pied (étendu sur la règle) 20^5 21^5
Diamètre transVcrsc du pied au niveau du tuber-
cule du cinquième métatarsien 7 6,5
De la malléole interne à l'extrémité du gius orteil 15,5 17,5
De l'inégalité des deu\ jambes résultent l'inclinaison du tronc en n\ant et à droite
dans la station terticale, et une claudication très-marquée, l^a marche est en outre assci
difficile, la jambe droite, projetée en avant, retombe lourdement. Le bassin est incliné
à droite, toutes les articulations sont normales.
La face est également le siège d'un vice de iiroportion entre ses deui moitiés, maî«,
l'Ontrairement aux memb^e6^ c'est à gauche qu'elle est atrophiée j elle mesure }
rentlni. rciiUni.
De l'apophyse mastoïde au milieu du front ù droite 17 à gauche 16,8
— ù la racine du nez yà,b 13,8
— au bord externe de l'orbite 10,3 9,5
— à la sous-cloison du nez. . là 13,2
— ù la symphyse du menton 15,2 14,4
La région de la jolie gnliclie est très-déprimée ; le cùté gauche du maxillaire inférieur
HYPERTKOPHIES ET ATROPHIES. 207
l'atiophie, dans ce dernier cas, était sans doute liée à une altération des
cellules nerveuses médullaires.
In caractère commun à tous ces faits, c est une faiblesse* relative des
membres atrophiés sans modification appréciable de la sensibilité.
Les diverses parties des membres particip(*nt en général au processus
alrophique (fig. 65). Non-seulement les os sont plus courts, ainsi qu'on
|)eut s'en assurer par lexamen de la figure 66 qui représente les radius
d'un même individu dont tout un côté était alTeclé d'atrophie infantile ,
mais ils sont encore moins épais, sans que leur structure soit not^ible-
ment modifiée. Les faisceaux musculaires offrent une réduction pro-
est moins saiHant que le côté droit. Les mesures suivantes ont été prises de l'anfrlc
du maiiilaire intérieur de chaque coté :
ccntiiii. centim.
De l'anfrie du maxiUaire inférieur à la racine du nex à droite 42,3 à gauche H, H
— n la symphyse du menton 9,2 8,4
— au condjfle du maxillaire inréricur 4,7 4.3
Diamètre, d'un angle à l'autre du maxiUaire inférieur 0^5
Le!f arcades dentaires du côté gauche sont manifestement moins développées que
celles du côté droit. Les dents paraissent également plus petites. La circonférence des
arcades, prise à l'aide d'un fU de Ter qui contourne les dents au niveau de leur collet,
depuis la dernière molaire jusqu'à l'intervaUe qui sépare les deux incisives médianes,
est de :
cimtiiii. rtMitiiii.
Pour le matill&irc supérieur à droite 6,4 à gauche 5,7
Pour le maxillaire inférieur 6,3 5,5
La \oiite palatine est rétrécie et profondément exca>ée, mais les dents sont implantées
à peu près régulièrement. Le voile du palais a tous ses mouvements. La luette est très-
mince, elle se courbe brusquement ù la partie moyenne, de telle sorte que son extré-
mité se dirige horizontalement et même un peu en haut; à droite et en avant.
ijO. Ic'tc est très*volumineuse, elle présente les diamètres suivants :
Du milieu du front à la protubérance occipitale 20^3
Du menton au sommet de la tête 24,5
Diamètre transverse au-dessus du conduit auditif 15
Du bord interne de l'orbite au côté oppoM> 11
Diamètre bipariétal 16
Le front est un peu couvert, les arcadcssourciliëressontégalementsuillantes, les bosses
frontales volumineuses. Les deux orbites ont les mêmes dimensions. Les deux pupilles
•ont également dilatées, l'acuité visuelle paraît identique pour les deux yeux; cependant^
reafiiot dit apercevoir plus nettement les- objets de l'œil droit. La commissure labiale
droite est un peu inclinée en bas, surtout lorsque l'enf'int rit. La langue n'est pas
dériée, ses deux côtés sont égaux ; les sensations gustatives sont perçues des deux côtés.
La sensibilité a la douleur et à la température semble un peu plus ralenUe à droite.
IjÊ. températwe des aisselles, mesurée plusieurs fois à l'aide du thermomètre, n'a pas
fonmi de différence bien appréciable dans les deux côtés.
208 ANATUHIE rATHULOUIttUIE.
givssive de leur volume, ils conservent leurs siries et leur coloralioii soi
venl jusque dans les derniers temps, ainsi qu'il est facile de s'on assun
|iar l'examen de lilfres musculaires doi
une ))ortion seulement u disparu. L<
tubes nerveux, en raison sans doute (
leur composition chimique, ont une pit
jcrande tendance a devenir granuleux. U
artères sont diminuées de calibre, et
(leau est uianifeslemenl amincie.
Éliologie et pathogénie. — Lescaust
des atrophies sont des désordres qi
portent sur le système circulatoire c
sur le système nerveux. Les trouM
circulatoires générateurs de l'alropb
sont locaux ou généraux. Parmi I
désordres locaux, il convient de cil
la ligature, l'obslruclion, la iwmpre
sion prolongée d'un tronc arlériei prfi
cipal, si la circulation ne se rétal
pas complètement par les vaissea
collatéraux. Les membres inTérieurs ■
viennent plus grêles chez les mala.»
dont l'aorlo est oblitérée. Uarth a
l'atrophie du foio produite par la co
)iression d'un ganglion volumineux '
l'artère hépati<|ue. De mém<< la corapi
siou des artères carotides, d'après q^
<|ues auteurs, contribuerait à atropfc
chez les crétins la partie antérieure-
l'encépliale. La compression dos v£
cbviirères, colle du canal tborucia*
ÏK. 66. — Deux humcrus provenant ..." .. ,, i i j i ■
dun métn. injiviju. Uplu. peiii, I "bstruction d un Canal glandulaire, S*
inaiiir«Bteineni atrophié, «iégeail du des conditions qui agissent sans dL>'
cfllé atteclé île p;iraljsie infanlile. j i , T j- ■ —
dans le même sens : les uuesdimina*
la quantité des matériaux nutritifs ; les autres, la quantitc- de sang née
saire à la nutrition des organes. L'atrophie du pied des Chinoises
ivconnatt pas d'autre cause.
Le repos trop absolu tend également à diminuer la nutrition et à pi
duire l'atrophie. Les nerfs optiques diminuent de volume lorsque la céC
HYPERTROPaiES ET ATBOPBIES. 209
esl complète et prolongée, tes muscles destinés à mouvoir un membre
ankylosé ne tardent pas h s'amincir; la portion d'inteslin située au-des-
sous d'un anus contre nature se rétrécit et s'atrophie plus ou moins com-
plétenient. L'inanition ne produit guère l'atrophie simple; elle déter-
mine plutôt une sorte de régression des éléments, avec atrophie consé-
cutive.
Les désordres du système nerveux qui eittralnent l'atrophie a leur
suite affectent les centres cérébro-spinaux ou les nerfs. La moelle épi-
hc. S7. — Coiipe treoiverMle de la moelle ^pini^ra à Is région «rricale. La corna
"l^rieure gauche de lubilance Elite 0*1 al raphia et lei cellules nerveuiei ont en franda
paHJeditparu. Le membre correipondnntitrnphiêaaonradiui repntaenté fig. 66.
niére, plus souvent que les hémisphères oTÙbiaux, en esl le point de
<léptrt. Cet organe tient sous sa dépendance la parahsie alrophique de
leoraoce, l'atrophie musculaire progressive, et peut-être aussi l'atrophie
piombique, enlin les atrophies musculaires qui accompagnent ta pani-
plégie. Dans ces circonstances, l'atrophie, comme le prouvent les
Bgures 67 et fiSqui représentent des c<>U|ies d'une moelle dans la paralysie
infantile, coexiste avec une altération plus ou moins étendue des cellules
des cornes antérieures, et par conséquent il est difficile de nier qu'elle
LUKOUFi. — Trailé d'Anal. ( — It
210 ANATOMIE PATËOLOGIQUE.
ne lui soit subordonnée (1) ; le plus souvent unilatérale, elle s'êteud
quelquefois aux deux côtés du corps, atteint ou respecte des parties très-
(1) Paralysie infantile spinale avec atrophie des membres, — M...^ employé de
commerce^ âgé de dix-huit ans, se dit atteint depuis l'âge de deux ou trois ans d'uoe
paralysie du bras gauche sans avoir jamais recouvré l'intégrité du mouvement. Ce
membre, dont la sensibilité est conservée, offre une attitude spéciale qni tient i
la flexion permanente des doigts, l'index seul ayant conservé, à un faible degré, le mou-
vement d'extension. En outre, quand le malade essaye d'imprimer un mouTemeot
brusque à son bras gauche, il se produit une luxation de la tète de rbumcnu, qoi
abandonne la cavité glénoïde pour venir se placer à la partie supérieure du bord axil-
lairc de l'omoplate. Aujourd'hui (mars 1871), il existe une atrophie manireste dec«
membre, comme le prouvent les chifTres suivants :
Circonrércnce à l'insertion du deltoïde, membre gauche 0,080, membre droit 0,165
— à la partie moyenne du bras — 0,080 — 0,175
— à la partie moyenne de l'avant-bros — 0,10 — 0,18
Longueur de la tète de l'humérus à
l'épitrochlée — 0,30 — 0,33
— de la trochlce à l'apophyse
styloïde du cubitus — 0,24 — 0,26
— du doigt médius — 0,095 — 0,105
Par contre, la jambe droite est plus mince et plus courte que la jambe gauche diD$
l es proportions que voici :
Circonférence de la cuisse à sa partie moyenne, membre g. 0,36, membre dr. 0,3S
— à la hauteur des mollets -— 0,28 — 0,27
La longueur diffère peu d'un côté à l'autre.
Ce malade, atteint de phthisic pulmonaire depuis plusieurs mois, meurt, le S a^ril
1871, d'un pneumothorax. On constate à l'autopsie, outre l'altération des pounions, i<
tuméfaction des glandes méscntériques et des glandes intestinales au voisinage de b
valvule iléo-caecale, et un état gras du foie.
Le bras droit est normal, mais le bras gauche oifrc des modifications aaatomiqitts
importantes. Le deltoïde gauche a presque complètement disparu; le triceps brachiale^
moins atrophié, mais le biceps est relativement plus mince que ce dernier. Les muscles
de la région postérieure de l'avant-bras du môme côté, l'extenseur commun prindpi-
lement, sont réduits à l'état de bandelettes minces et transparentes, à peu près comme le
feuillet du mésentère. L'extenseur propre de l'index est seul un peu coloré. I.ies flédif-
scurs conservent également un léger degré de coloration, mais leur volume est tit*-
petit relativement ù celui de leurs congénères. Les os du bras gauche sont plus courts et
plus minces que ceux du bras droit. Le radius gauche mesure 23 cent. 1/2, le droit, 26c.
f^voyeztig. 66).
Les muscles do la cuisse droite sont moins colores et plus minces que ceux de la csisfC
gauche tout à fait normaux. La ditîcrencc est moins accusée à la jambe. A la face, kf
muscles du côté gauche sont moins volumineux que ceux du côté opposé. An troaCt
les muscles pectoraux sont également plus minces et moins colorés à gauche qu'i<M&
Le grand dentelé gauche est atrophié et les muscles intercostaux internes et externes di
même côté sont moins colorés que ceux du côté droit. Les muscles abdominaux dacôt^
gauche sont, par rapport à leurs congénères, encore moins moilifiés que les précédeots.
Le cerveau est partout ferme et semble normal. L'hémisphère gauche du cervelet pin^
moins \olumineux que le droit, mais In différence est peu sensible. On ne cot^
IIVPtnrROI'BIES ET VTROPBIES. 211
foines. Les alrophîes congénitales rcviMent surkiut la forme hmiplfi-
■ux membres supérieur et iiifiirieur ou
'; ullesse loculiseiit ù la face, i
IhkC. 68. — Coape tr«nsvenalG de la moelle praliquéa à U ti^ion \oaib*in-. L'.-illératiuii
' pwte nFluiivemiMit lur le gn)u|M iii6dUn ou inlLTo-eileTne det cellulM nerveuus >1«
It nruc «nlirieure drolle ; t\lt dlmt Accompagné iI'ud léger degré d'iljophje da meiiilire
inliikat du mime cdtA.
toes diverses parties à lu fois, et cetU^ localisation, \wv diiïéretiti! de
Belle des atrophies résullanl de l'emploi du forceps, de l'alti'^ralioii d'un
■riUlcu» aucune nltémllon de In lubstnncc prnprc Je fcI iir^oc. l* duro-roère spi-
nale, ilpaiHie A h partii? gnp^rïenrc, est opaline lians prc«(ue tonte too ûtenduc ; li
(lic^mère n'a riva d« ip^cial, et Ici racinei posIÉricnrea •ont normalvi. Lei racinei anl^-
rifurri ili> ta premt^rt et de ta demiéme poire tout plus niincea ilu ciilé (tanche. La
[r»itirmi? paire du mfmi' colc pat ninniFestement Blr'ipliiée ; lea quatrième, cinquième,
liiièmc et •epti^me puirei ^auchea «anl auisi diminuéea de tulume, cl le» tiibea nerveui
i|iii [tu conalltuent panlsaent moins nombreux qu'a droite. A partir de la liullii'me paire,
l>-> radoM aont égalet. Lu région doraale et la réfion lombaire n'olTrent pat de dilté-
rfDce de •alnme bien appréciable. Une ineiaioti Iranateraalr, ijraliquée un peu au-deuu*
du nnllrmaul i-ertical, montre qn'il e:tljle une dliïcrcncc leniiblr entre Ica tli'ui eornea
Fjt la tobatance grîie. La corne droite e<l à peu prèi oominle, tandia iiue li tourne gnuche
^Hk atrophiée et diminiiilie d'environ un tien dani non iliami'lre trnnavertal. Cnc incîtlnn
HpMl^iiée an ol'Eaa dn reonement lombaire montre uno dilTémnee peu aenalble ; la
^'ceme droite parait plut petit'' que h\ iruiicbi'.
L'eianwB mlctoacopiiiui' <li' lu uKielle uni fuit par M, Hcrrel. Sur une pri'micrtf
212 ANATOMIE PATHOLOGIOUE.
hémisphère cérébral, ou de l'absence d'une portion de la moelle épiDière
et des nerfs qui en émanent (Schrœder van der Koik), indique manifeste-
ment une influence nerveuse.
Les atrophies consécutives à l'altération d*un tronc nerveux sont de
deux sortes, les unes résultent de la séparation d'un nerf moteur de son
centre d action, les autres de l'amputation d'un membre ou de la dispari-
tion d'un tronc nerveux sensitif. Dans le premier cas, l'atrophie se pro-
duit dans le tronc nerveux situé au-dessous du point lésé et dans le;
muscles animés par ce tronc ; dans le second cas, elle a lieu dans le nerf
au-dessus de la partie retranchée ou excisée, et dans la portion correspon
dante de la moelle épinière. L'atrophie, tantôt descendante, se propafç
aux muscles, tantôt ascendante^ gagne la moelle épinière (1). Cepro
cessus, enfin, est quelquefois l'eiïet d'une action réflexe ; un cas rapport
par Fabrice de Hilden semble rentrer dans cette catégorie à laquelle 5
cuupe occupant l'espace compris entre la deuxième et la troisième paire cervicale^ on cm
State que la corne antérieure, normale à droite, est, à g^auche, rétrccie dans tous ses di
mètres, et que les cellules y sont en grande partie disparues (Ag. 67). 11 en reste bi
quelques-unes dans la partie antéro-inteme, mais elles sont entourées d'un tissu d'ipi)
rence Abroîde dense, fortement coloré par le carmin et dans lequel on ne retrouve plus
cylindres d'axe. Ces cellules, plus petites que celles du côté opposé, ont perdu leurs pi
longements et paraissent contenir un plus grand nombre de granulations. De Is pé
pbérie de la substance grise partent des tractus cclluleux épaissis qui donnent aux psrt
(les faisceaux latéraux des points avoisinants un véritable aspect fibreux. Celte dispositi
est remarquable surtout au niveau de l'angle antéro->externe qui correspond au gros
du tractus intermédio-laléral, lequel a disparu complètement de ce côté. Les cornes pof
rieures, non atrophiées, ont tous les caractères de l'état normal.
Une seconde coupe^ pratiquée vers la quatrième ou la cinquième racine, offre la mé
altération, car on y compte à peine deux ou trois cellules ratatinées dans un tissu ext
mement dense et rouge, surtout au niveau antéro-externe. Les cordons latéraux ne si
pas altérés.
A la partie supérieure du renflement lombaire, la substance grise apparaît au mie
scope privée de quelques-uns de ses noyaux ganglionnaires, et les points où se troa«e ce
altération présentent un certain degré de condensation que le carmin fait apparaître «
la forme de petits ilôts sensiblement placés dans les points où l'on rencontre ordinaireo*
les agglomérations cellulaires. Un de ces ilôts se remarque au niveau du groupe tatà
antérieur: il est parfaitement limité, et de forme ovoïde (flg. 68). Vers la partie moyei
de la même région^ l'œil nu constate rexistencc d'une atrophie manifeste portaat
toutes les dimensions de la substance grise dont la forme générale est conservée,
agrégats de cellules ne contiennent qu'nn petit nombre d'éléments plus ou moins dimii
de volume. La condensation scléreuse du tissu est surtout manifeste pour le noyau ant
externe qui constitue la partie la plus altérée de la corne. Dans la partie inférieur
renflement lombaire, les noyaux ganglionnaires sont très-apparents et contiennent
cellules pourvues de leurs prolongements. La substance grise postérieure est saine,
cordons latéraux sont exempts de sclérose.
(1) Vulpian, Archiva de physiologie, années 1868 et 1869.
343
[.iliuclit^iil au moins i|Lii>!qiies-uiies ile:> ali'(i|iJiie!> ijui suocèdciil aux
iii'ïi".ilgîes il).
Ctrlai Des atrophies linêaii'es et circonscrites de lu pi'au ne reconnais-
s^al pas d'autre origine qu'une altération nerveuse, mais celte alléra-
lioii mëritemit d'âtre mieux étudJBo. Ftoinberg atlriiiue, à raltéralioii
liu tronc du gi-and sympathique un cas d' hémiatrophie faciale sucré-
iknl, chez une femme de vnigt-huil ans, u une vaste suppuration qui.
ilu cûte gauche du cou s'étendait jusqu'à l'amygdale correspondante:
11' un, les ti'vres et les joues, aussi bien que la moitié gauche de ia
liiti^ijc et de ia voûte palatine étaient plus petits que les mêmes parties
(lucitté opposera), les^n^lions du grand sympathique nul d ailleurs sur
linalrition une influence qui, pour n'être pas bien connue, n'en est
pu moins nielle, mnlgn' le peu de rondement de ce ({ui a été dit de
Il production de l'atrophie musculaii'c par l'allénition de ces ganglions.
De ces considérations il ressort ce fait incontestable, à savoir qu'il
'liste, à cdtê des atrophies litres il un désoitire mécanique de la circulation,
in ilrophies soumises à l'influence du système nerveu.v. Si les premières
deces atrophies .sont faciles il expliquer, il est plus difficile de savoir
1k1 est li; mode de production des dernières. A cet égard plusieurs bypo-
lli*»«s peuvent être laites :ou bien l'aftlusdu sang est diminué par la cx3n-
Inelion active des vaisseauv sous l'influence nerveuse; nu bien le sang
(irciile comme à l'ordinaire dans les vaisseaux, mais le tissu ne l'emploie
l^n* dans les proportions normales pour sa nutrition.
U pAleur ûes parties atrophiées dans quelques cas d'bémialrophie.
I abeiswmenl relatif di' la température et l'absence de sueurs dansées
'ohnvs parties, semhlei-nient indiquer qu'à l'iiiveree des hypertrophies U
«Ides atrophies résultant de la contraction nerveuse des vaisseaux. I^s
fienccs de Cl. Ilemard prouvent, en effet, que si, après In section du
itliique, il j a accélération du cours du sang, le contraire a Heu à la
de la galvanisation de ce nerf. On comprend qu'une excitation pro-
du svmpatliique soit de nature îi produiii- ini retjait des vaisseaux
n
UliU. Kolhniisclj'Jrophm'it Stui-ungrn M Neural.jien <A<vh. f. Psychmtfa, l, 11.
t, 1899. ASchmidCa Jtxhtih., I. CSLIV, p. 156(.
^ C»»t uni doute ftuni à une léiion nerveuse qu'il convient d'attribuer un ras
Ulrapliie de lu («ce, ubM-rvêe p«r te docleup PniiM {Soc. île ehirwiji', 5 mai \V.f><i]
Ikmwdliidnde lingt-cinq aniqui, àl'Age dcdit ani, a'étiiiirraclaré U partie R^uctii'
fc Bâchaïrc infprÎL'ure. Non-seulement le maiillairc inférieur, mais encoi'o l'oi iïgo-
«, le niMilltireiupérieur H l'arcade orbitnJredumëmecûliJaYaicnt lubi un ïrrrldi
(wloppemenl, de tcllenorteqiic'lninoilii'itniii-tiedelflface clnil aplatie et le ne) dûri^iï
^Wi Ir ui^mc U'ns.
\
21& ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
et une atrophie consécutive ; mais s'il en est ainsi dans un certain norol^x^
de t^as où 1 atrophie simultanée de différents tissus n'est accompagi:^^
d'aucun trouble appréciable, il y a lieu de croire que, dans d'autres ci^*-
constances, le désordre nerveux, point de départ de l'atrophie, agit cle
préférence sur les éléments des tissus dont il modifie la nutrition. C'esV <3u
moins ce qui parait exister pour l'hémiatrophie faciale, limitée à quelq^ja^^s-
unes des régions animées par le nerf de la cinquième paire.
BiBUOGRApniE. — Atrophie ea i^éaéral. — Fr. Hoffmann, Disserta de
atrophia. Halle, 1702. — Hasse, Diss, de atrophia membrorwn particutliM^.
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Atrophie. Paris, 1829. — Lobstein, Traité d'anatomie patholog. Paris, 182^>
t. I, p. 60. — Carswell, III, oftheelem. fo/t*ms of disease^ 1836. — Cnoss^*-'^'
Recherches expérim, sur l'inanition. Paris, 18/i3. — Paget, Lectures on surgiCT'^
Pathology. London, 1853. — Ch. Robin, Atrophie des éléments anatomiq\^^^
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p. 198. — BouTiN DE Beauregard, Des cames qui peuvent amener V atrophie et
moyens de la combattre. Thèse de Paris, 1853. — Virchow, Handb. der
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niques. Bordeaux, 1842. — P. Broca, Inégalité congénitale des deux moitiéi
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f atrophie aiguè de*i cellules motnc.es [Parnlysio infantile spinale. Paralysie spinal
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gesammt. von llenoch. Berlin, 1846. — Bergson, De Prosopodysmorphia, Diss^^^
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tielle de la face {Archives génér. de médecine, série IV, t. XXIX, p. 72, 1852).
P. GuTrtiANN, Ueber eitiseitige Gesichtsatrophie durch den Einfluss trophiscl
Nerven (Archiv f. Psychiatrie et Schmidt's Jahrb., t. CXXXVHl, p. 296, 1868)
— Fr. Barwinkel, Zw Lehre von den neuroiischen Gesichtsatrophie {Archiv d
lleilkxmde, t. IX, p. 312, 1868). — L. Lande, Essai sur Vaplasie lumineuse .
de Paris, 1870, et Archives génér. de méd., mars 1870, p. 315. — Eulenburg- -»
Ilemiatrophia facialis progressiva [Lehrb. d, funct. yervcnker. Berlin, 1871^ -
— H. Fremy, Étude critique sur In trophonévrosc faciale. Thèse de Paris -»•
1872.
r.HAI'ITRK II
DES HYPERPr,ASlES
L Sous le nom d'iiyperplnsies [de Wif, en excès, el kôXoohv, former) nous
isigDoiis des altérations qui oui (lour origine l'aclivité nutritive exag*'-
taou déréglée de cei'tains tissus, et pour principal caractère la foi-mn-
m d'élémeats iiistologiques nouve-aux.
Ces altf^Uons constituent le groupe le plus important des désordres nu-
IriliTs; elles se produisent suivant les lois (luipn^siileiitk la formation et au
I ilévduppemcnt lies tissus organiques. (Quelquefois les tissus qui en sont
èpoinl de départ se tuméfient, leurs éléments absorbent d'abondants
iriaux.el se multiplient comme il an'ivepour les tissus qui s'nccrois-
I; loul{> la différence consiste dans l'anomalie du pht-nomëne, qui est
^, ou qui survient à une époque où il ne doit pas avoir lieu, Le plus
NiTfïit, ces (issus subissent une modification en vertu de laquelle appa-
raît de nombreuses cellules et se produit uit tissu semblable au lissu
w b nurfaoe des plaies, ou tissu des bourgeons charnus, O tissu indiiïé-
"SbI, titsu embrj'onnairi' de quelques auteurs, composé de cellules
1, arrondies, constituées par un noyau rond, entouré d'une faible
■{utntitu de protoplasma, est le substralum qui sert â former les élé-
'Beois déHiiitifs de la plupart des fayperplasies, à peu près comme on voit
1*1 tissus les plus divers de l'organisme naître au sein des éléments
cwittitutifs de l'embryon.
Us hyperplasies oflrent des difTéreiices résultant de la vitalité plus ou
"loiDi grande de leurs produits et des phénomènes généraux qui accom-
lugieDt leur formation. Tenant compte de ces différences, nous les
^<iupcrons sous les chefs qui suivent : 1" les phlegmasies qui ca-
'^lérisent des produits généralement limités et transitoires: 2° les
'"^plaKies qui constituent des tissus durables et envahissants.
216 ANATOMIE PATHOLOGIQUE,
ARTICLE I". — DES PHLEGMASIES.
Les mots phlegmasie (çXiyw, je brûle) et inflammation (inflommare^
flammer) , connus dès les temps les plus anciens de la médecine, tirent
aucun doute leur origine de l'élévation de température et de la rougeu r
propres aux phénomènes qu'ils servaient primitivement à désigner. Avec 1 ^
temps, la signification de ces mots a varié, et quand à certaines époques o «
en vint à identifier la lésion avec la maladie, ils furent considérés comir:^®
des termes spécifiques. Aujourd'hui le mot phlegmasie, ainsi que le mc:^
fièvre, n'est plus employé, avec raison, que comme une expression gène
rique s'appliquant à des modalités anatomiques et à des formes phénomè
nales diverses, dont le point de départ commun est l'irritation nutritive
Mon intention n'est pas de donner l'historique de ces variations, pa;
plus que de faire connaître les nombreuses définitions qui ont eu coui
dans la science au sujet du processus phlegmasique. Ce processus repré- — ^^
sentait pour Celse l'ensemble des symptômes suivants : tumor^ rubor^ caloi\
dolor; mais ces symptômes cardinaux de l'inflammation, qui ont eu long-
temps le privilège de figurer dans les définitions, font en partie défaut danf
certains états qu'il est impossible de ne pas considérer comme inflamma-
toires, et par conséquent ne peuvent servir de base à une définition. Se pla-
çant à un point de vue purement anatomique, quelques auteurs, principa-
lement l'école de Tienne dans ces derniers temps, ont défini l'inflam-
mation a un travail morbide qui débute par la stase et aboutit à l'exsudé
lion ». Mais cette définition est vague et incomplète, vague parce que 1 -^
sens exact du mot exsudât n'est pas indiqué, incomplète parce qu'elle ik- -o
semble pas tenir compte de 1 inflammation des tissus sans vaisseaik. '^
rouges, tels que les cartilages et la cornée. D'ailleurs, pour avoir uneid^^?"^
juste du processus phlegmasique, il importe, à l'exemple de Bichat ^e?t
d'Andral, de se préoccuper à la fois et de la cause génératrice de ^cre
procossus et dos lésions anatomiques qui en sont le résultat. Aussi, tenû"■^t
compte do cos doux ordres do faits, nous définirons rinflammation : & «"
trouble local do la nutrition ayant pour point do départ l'irritation (I «^'^
éléments histologiquos, et pour consé(juonco la production d'un exsucW ^^
fibrino-albumineux, d'un liquide purulent, ou enfin la formation limifc^*^
d'un tissu ombryonnain» qui est résoibé ou éliminé, s'il ne s'organise ^^^
tissu cicatriciel.
p]n pratique, la délimitation des phlogmasies n'est pas toujours far? i^^
il établir; mais l'activité dos phénomènes qui^ leur sont propres, la rapid ^^^
de leur évolution, les caractères transitoires de leurs produits,
HÏPERPL*SIKS.
uiujuum destinés ii élivi résorbés ou êliiititiés, soiil aulaiii de cii'Coiis lancer
i|ui fnul lies lésions inOiimniatoîres un groupe a natomo-patlio logique par-
ticulier, quoique des plus complexes.
Tuus les élémenls nnatomiques n'ont pas une égale tendance à prendre
part aux processus |)hle^asiques, et s'il en esl, comme les éléments des
liwus COnjonctifs, qui en sont le siège ordinaire, d'autivs, au contraire,
tris que les rellulcs nei-veuses, y restent le plus souvent étrangers, ou
M sont que secondairement affectés. Du reste, comme les divers tissus ne
^ comportent pas de la même façon sous l'influence de l'irritation phleg-
iiiiisique, nous étudierons séparément l'tnilamniationdes tissus nés du
iMiillet moyeu du blastoderme, ou tissus de substance conjonctive, et celle
da tissus développés aux dépens des feuillets interne et externe, ou tissus
. épithéliauiL et ner\'eux.
ri4s propriétés spéciales et le mode de nutrition particulier des tissus
Ivrenant de cesdivers feuillets sont de nature à légilinier cette division qui,
I importance philosophique et pratique, permettra de montrer les
lllopîps d'altération existant d'une part dans les différentes espèces de
lu conjonctif, d'autre part entre les épiihéliums et les ojdiules nerveuses.
BmrMAAPnie. — V*cci, De mpajnmiitionia morbosm, 'tniir m hiun. rm-p,
Auftiru, cauriN, fffectibu» rt curatiom. Viot., 1765, — Bmammilla, Ti'atlatu
«WmrjKO-pniIico sopra il lletntmiiie. Milan, 1777. — J. HupfiER, Oit Ihe blood,
iffmmiaion and gumhot, London, 1795; li'sd, franc, par Ricbelol, Œanrs
mfiiiea, t. UI. l'aris, 18^2. — Buhnï', Oùsirtalioii on inltamm-aion. Glas-
Ww, 1800. — Bboussajs, Uistfiin den phleginasief e.lu-oniquex, Paris, 1802,
1836. — PeiiRET, Aperçu »w les phèiwiiwies gfnivnuj: du l'inflammation, const-
*W(*uM/es différents Sjfntémes. Paris, an m. — Joi.i.y, Phlegmaties drs organes
f'fie.hiimaleuj:. Paris, 1812. — J. TuuusaK, LKttire.i on inflammaliim. Edin-
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la;.tftW..1873.p. 16 et 88).
SI. — PIILEGMASIKS DES TISSUS PROVESA^T DU FErtîrXET MOYEN
DU BLASTODEBMK, rBLBdMASIES CONJONCTIVES,
1 U dénomination de tissus (le substance miijniictive s'applique ii tin
tnbie de tissus qui, maigri* certaines difTërences histoloffiques et chi-
Ucs, sunt intimement unis par leur origine, le feuillet mnyon du
le, et par leuriî Tonctions, la circulation et la nutrition. Consti-
tués k leur point de départ par des cellules arrondies, sans enveloppe, à
"toïsm vésiculeux, ces tissus subissent avec l'Age des modiliralioiis en
*'e'jtu desquelles ils finissent par s'écarter les uns des autres, tant par leurs
'-iUCtÀres anatomiques que par leur composition chimique. ElTective-
"iMit.fnlre les cellules primitives se déviiiluppe une substance iotercj^llu-
'■liiT molle, homogène, formée de raaliPre.s albuniinoîdes, et que l'on peut
'■•wsiilérer comme un produit de la cellulp, ou comme une partie transfur-
■■Kw du corps cellulaire lui-in^me. TanliU cette substance fondomeulale
*^li' uinoi'phe, semî-transparenU; et plus ou moins molle; tanti'rt elle
pnod uu aapect réticulé, rilirillaire oit strié, et se décompose même en
^'«rilaliles fibrilles ; lanlût enlin elle est euvaliie par des sels de chaux, et
*«bit une transformation calcaire. Ces transformations diverses s'nc«om-
P^nent de métamorphoses chimiques; formée au début par des sub-
sUfices pi-otéiques analogues ou identiques û la mucine, la substance
''mdamentalo du lissu conjonctif renferme plus tai-d des substances
collopèiies, de la glutine, plus rarement de la chondrine ; elle .se trans-
'wTui' encore en matière élastique, tandis que le proloplasma des cidlutes
Pnit se charger de graisse ou de pigment, ce qui constitue autant de
*Vi);i(!s de tissus conjonctifs.
(* n'est pas ici le lieu di' rappeler les diiTérentes opinions qui ont cours
'"uchant la structure de cliacun de ces tissus, .le dirai simplement que le
L
220 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
tissu conjoiictir oitlinaire oiïre une grande analogie de texture avec
membranes séreuses; formé de faisceaux fibrillaires, il est criblé, com
Font montré les recherches de Ranvier^ de lacunes tapissées de celh
plates semblables aux cellules endothéliales, et dans ces lacunes exist
de petites cellules arrondies identiques avec les leucocytes.
Los tissus de substance conjonctive se substituent très-souvent les i
aux autres dans la série animale (Leydigj ; de même, ils se transfonn
quelquefois chez un même individu. Là où il y avait du tissu muqu<
dans la période embryonnaire, il se forme du tissu conjonctif ou
tissu adipeux ; le cartilage se transforme en tissu osseux. Cette analoj
ou mieux cette parenté des tissus de substance conjonctive s'obse
également à Tétat pathologique ; c'est un fait qu'il ne faut pas oubi
Tous ces tissus ont d'ailleurs la plus grande aptitude à se reprodui
conmie aussi la plus grande tendance à végéter ; de la sorte, ils soni
point de départ de la plupart des phlegmasies et des néoplasies.
Les phlegmasies des tissus conjonctifs sont fréquentes, non-seulem
en raison de la grande extension de ces tissus, mais encore à ca
de la facile multiplication de leurs éléments sous l'influence des ag(
irritants. Leur étude, complexe et difficile, peut être simplifiées! l'onj
le processus inflammatoire, d'abord dans les tissus non vasculaires, ai
quels, en vertu de théories spéciales, on a refusé à tort la propriété
s'enflammer, ensuite dans les tissus vasculaires, où les modalités divei
du produit phlegmasiquc nous conduiront à l'élude des difl'érents gei
de phlegmasies.
1** Tissus non vasculaires. — Les phlegmasies des tissus non vas
laires sont particulièrement connues depuis les recherches de Goo
et de Redfern sur les cartilages diarthrodiaux , et c^'lles de Sti
et de lîis sur la cornée. Dans les cartilages, les résultats com
dants de l'observation et de l'expérimentation nous apprennent que
irritants mécaniques ou de cause interne déterminent un afflux de liq
nutritif qui a nécessairement sa source dans les vaisseaux voisins,
ce fait, les cellules cartilagineuses se troublent et se tuméfient, I
noyaux se divisent, elles se multiplient, et les cellules nouvelles soi
de la capsule distendue ; quelquefois ces éléments s'entourent de cap?
nouvelles, mais le plus souvent, lorsque l'irritation est un peu fortt
continuent à se diviser et forment un tissu embryonnaire que finis
par envahir des vaisseaux sanguins nés des parties voisines.
Pendant ce t(;mps, la substance fondamentale intermédiaire se
uïullit, se resserre et diminue de volume ; puis le tissu embryoni
FlVf'Eltn.ASIKS. J51
sMl aam iofiltralioii graisseuse et se ti-ouve résorbé, ou bien il est le
pûint de départ d'une furmation osseuse ou fibreuse. Les cellules cartîla-
^ini-uscs multipliées pourraient eiilin se iransFortuer en globules de pus.
Il, Weber, billroth, Cornil et Rauvier afTiPinenl avoir constaté ia pi-ésence
ilu pus diins des cellules de cartilages traiisfonnées en cavités et com-
iquant entre elles.
Eessus pblegnmsique de la cornée ost un peu plus complexe ; lu
1 est dans la slniclure moins élémeiiLiire de cette membrane qui
h des nerfs seiisitifs capableis ia modilïer par action réflexe les l'ais-
ofiiix situés â SR circonférence. En effet, lorsqu'on vient à blesser le centre
df la comée, les vaisseaux se dilatent et forment k la circonférence un
riTrlcvBSculaire. Quand au contraire un point excentrique est lésé, l'in-
i^nioii se limite il un simple espace Irianpulaire ; mais si les nerfs sont
iiicaiMibles de ti-ansraeKre l'impression pi-oduite pai" la blessure, comme
"Il peut arriver chez les vieillards el dans le glaucome aigu, alors cellc-
I isle localisée H ne produit aucun phénomène réflexe. Dans tous ces
■1', les espaces à contenu liquide de la cornée se troublent, s'ii^raii-
liiiwnl, pl les corpuscules qui y sonl renfermés se multiplient, aupmeti-
Init de iiomlii-e h tel point que His a pu compter, dix-huit heures après
l'irrilalion de cette memlirnne, jusqu'à vingt et Irenlc cellules dans l'un
Je (¥Bespaces qui. auparavant, ne logenil qu'un seul corpuscule. Les pro-
l™ti?!nents de ces es|>ace9 se remplissent bienidt de noyaux et de granu-
s graisseuses pi-ovenant de la moi^ilication de e*s éléments. Si
llation est plus vive, comme par exemple après une cautérisation
iedu crayon de niti-ate d'arpent, les éléments embryonnaires ont peu
ndance ù s'organiser, la substance intercellulaire se ramollit, les
HUX de la conjonctive émettent des prolongements qui gagnent la
te blessée de la cornée, et il survient une suppuration plus ou moins
I el dangereuse. Kniin lorsque, comme Leber, on inocule sur la
Sed'uii lapin le L-ptollirLchnccalin, il se produit un kérato-hypopyon
Intense qui parait dahoixl localisé au point inoculé et présente une
« tendance a, se propager aux autres parties de l'ceil.
1 de ces étals se comporte uu peu différemment jKir i'ii])port ii
frison, bans les parties simplement troublées jtar un dépi^t granuleux
1 riche en nouvelles cellules, la résorption a lien H la trauspa-
It reparaît. Lorsqu'il existe d'alnindanles cellules, eelles-ci se traiis-
1 nn lissu fibreux qui, dans certains cas, peut acquérir les
s normales du tissu cornéen; mais en général, du moins chez
Hie, il reste au niveau du point lésé une pelile masse blanche, peu
is IransparenlP et juTsisInnle, tandis que les vaisseaux disparaissent
222 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
enlièrenicnt. La suppuration enfin amène une destruction plus ou moins
étendue de la cornée.
Le corps vitré et le cristallin ne se comportent pas ûuti'ement que la
coniée, sous l'influence des irritants mécaniques. Par conséquent, les
tissus non vasculaires soumis à Faction d'agents mécaniques ou influen-
cés par des causes internes opposent une réaction qui se traduit princi*
paiement par la division de leurs éléments normaux et la formation
d'éléments embryonnaires d'une vitalité plus ou moins grande. Dans ces
conditions^ l'inflammation ne dépend pas directement des vaisseaux ou
des nerfs, elle consiste essentiellement dans la végétation des éléments
cellulaires irrités.
Cependant, si l'élément cellulaire a le principal rôle dans le processus
phlegmasique, ce serait un tort de vouloir déshériter complètement les
vaisseaux de leur participation à l'inflammation des tissus non vas-
culaires. De llecklinghausen parvint à montrer, par imprégnation
de la cornée à l'aide du nitrate d'argent, que les corpuscules ren-
fermés dans les espaces de cette membrane étaient doués de mouve-
ments spontanés, qu'ils pouvaient cheminer d'un espace à l'autre pour
venir s'accunmler sous forme de cellules embryonnaires ou corpus-
cules de pus. Cohnhein, ayant répété les expériences de Reckling-
hausen, a émis l'hypothèse que ces éléments provenaient, non des
cellules plasinati(|ues, mais des globules blancs du sang. Pour le dé-
montrer, il a injecté dans des veinc^s de grenouilles un liquide
tenant en suspension de très-fines molécules de bleu d'aniline : les
globules blîincs du sang veineux, pénétrés par ces granulations, prést»n-
tèrent des molécules d'aniline. Puis, ayant trouvé dans les éléments
cellulaires nouveaux de la cornée enflannnée artificiellement les mêmes
gi'anulations bleues, cet expérimentateur en a conclu que les corpus-
cules colorés dans la cornée hypérémié(» n'étaient autres que dea
globules blancs du sang. Mais ces conclusions ne sont pas à l'abri
de toute objection, car, comme la cornée irritée s'infiltre de liquides
provenant du sang, il n'est pas impossible (|ue les particules colorées de
bleu d'aniline mises en contact avec les corpuscules d(» pus nés dans la
cornée» puissent pénétrer dans leur intérieur. De nouvelles expériences
faites depuis lors n'ont pu donner une solution définitive aux pro-
positicms formulées à cet égard par (lohnheini, et si les Unes leur
sont favorables, les autres sont contradictoires. Ainsi, tandis que les
recherches expérimentales de Key et Wallis tendent à e^mfiriner
(W tous points la Ihéorie d(* Cohnheim, des expériences n^m moins con-
cluaiil(»s, pratiquées par Morcl (de Strasbourg), Strauss et Du val, Pui'sor,
fiYt^ERPLASlES. 22S
Pfuugeu, Strickcr, out donné des résultats opposés. Ces deniiei^s auteurs,
saus nier absolument la diapédèse des globules blancs, s'accordent à
admettre la prolifération des cellules fixes de la cornée. Le moment n'est
pasencorevenu de se prononcer dans ce débat ; mais quoi qu'il en soit
des recherches de Cohnheim, elles ne peuvent modifier notablement le
résultat des expériences précédemment rapp<'lées. Effectivement, dans
rhypothèse même où les globules blancs produiraient non-seulement la
suppuration, mais contribueraient encore |>ar leur organisation à con-
stituer les néoplasmes de l'inflammation, le fiiit de la nmltiplication cel-
lulaire n'en existerait pas moins.
2* Tissus vasculatres, — I^irmi les tissus vasculaires, il en est un cer-
tain nombre?, tels que les cordages tendineux du «eur, la dure-mère, I«»n
aponévroses, qui ne jouissent que d'une faible vascularité et dans lesquels
le processus phlegmasique ne diffère pas sensiblement de celui que nous
venons de suivre. Dans ces tissus enflammés, on ainstate encore la mul-
tiplication des éléments cellulaires, la formation d'un tissu embryonnaire,
la transformation de ce tissu en tissu fibreux et même en globules de pus.
Les tissus conjonctifs plus riches en vaisseaux ne s<^ com|)ortent pas au-
tnnnent. L'inflammation qui s'y développe ne change pas de nature |wr
cela seul qu'ils sont plus vasculaires, elle est simplement un phénomène
plus complexe. Nous indiquerons successivement les modifications qu(*
présentent les deux principatlx éléments de ces tissus, les cellules et les
Vaisseaux.
L'étude de Tinflammation des membranes séreuses est des plus pro-
pres à nous renseigner sur les modifications subies par Télément cellu
laire, puisque nous savons que le tissu conjonctif ordinaire est criblé
d'espaa»s ayant la plus grande ressemblance avin; ceux d(*s (!avités
séreuses, et, comme ces dernières, tapissés de cellules. Or, (|uel-
ques heures après une injection irritante prati(|u«V, dans le péritoine,
les cellules endothéliales se tuméfient, perdent leur forme plut(» et
deviennent globuleuses ; le noyau grossit et se divise de telle sorte que
chaque cellule en contient souvent deux ou |)lusieurs. Les nouvelles
cellules sont constitU('»es par une masse de» protoplasma mou, granu-
Iwix, susceptible de prendre des fonnes variées et de donner naissance
à des prolongements qui peuvent les maint<*nir attachées aux travées
fibreuses. Pourtant elles tend<'nt à m» détacher (W ces lravé«»s et
tombent fréquemment dans la cavité périlcméah», où elles peuvent encore
vivre et se multiplier. Mêlées à IVxsudat fibrineux» ces cellules entrent
dans la constitution des flocons (|ui nagent dans le li(|iiide épnché, etcon-
>'
S2& ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
tribueiit à la formation des fausses membranes si variées des séreuses. Si
l'imtation vient à cesser, quelques-unes de ces cellules, dont TactiTité
n'est pas détruite, s'appliquent de nouveau sur la séreuse, y contracteot
des adhérences et reprennent leur aspect primitif de plaques à contoim
réguliers, tandis que celles dont la vitalité a été profondément atteinte,
ne pouvant s'organiser, subissent une métamorphose graisseuse qui en
amène la résorption. Mais si les phénomènes de multiplication se
continuent, il se produit un tissu embryonnaire qui, en s'organisant,
donne naissance à des membranes plus ou moins résistantes, sinonàane
suppuration plus ou moins étendue. Semblables phénomènes peuvent le
passer dans la couche endothéliale des capillaires des veines et des artères.
Au sein des capillaires, ils contribuent à expliquer les dilatations iir^*
lières, les déchirures des parois par désunion des cellules qui les consti-
tuent, les hémorrhagies et surtout la possibilité du passage des leucocytes.
Le tissu conjonctif sous-cutané artificiellement irrité ne se coinporte
pas différemment en ce qui concerne les cellules plates qui tapissent les
espaces hmphatiques. En outre, les cellules adipeuses sont le siège d'ooe
prolifération plus ou moins active, leur protoplasma s'accuse davanta;^
et leur noyau se divise ; mais en même temps la graisse disparaît ou se
transforme en une autre substance, et au bout d'un certain temps une
partie des vésicules adipeuses sont remplies de cellules embrjonnaires
'Cornil et Ranvier) ; tous les observateurs s'accordent à reconnaître qw
ces vésicules disparaissent sous l'action d'un processus phlegmasique.
Vient-on à pratiquer une incision dans le tissu conjonctif ordinaire, il
se produit une hémorrhagie légère qui ne tarde pas à s'arrêter par la coagU'
lation du sang dans les capillaires ; il survient en même temps de la rou*
geur et de la tuméfaction des pai*ties voisines de la plaie, tenant d'une
part à l'excitation des nerfs, et d'autre part à l'irritabilité des éléments
cellulaires, car l'adage vhi stcnndus^ ibi afflvxm est toujours vrai l»"
suc imrticulier mêlé au sang épanché ne tarde pas à retenir en conU«î*
•
les parties divisées, et, au bout d'une heure, on aperçoit chez les aW"
•
maux une modification sensible du tissu conjonctif, modification <|Ui
consiste en ce que, au niveau des surfaces mêmes de la plaie et aulo»'
d'elle, dans une étendue qui varie d'un quart de ligne à deux lignes, k*
espaces conjonctifs offrent d'abord mi agrandissement, puis la tuniéliK-
tion de leurs éléments cellulaires dont le noyau et le protoplasma sf
divisent. Les cellules nouvellement formées, contractiles, émettcul i^
prolongements et sont même douées d'une locomotion individurB<
•
(Recklinghausen) ; elles se séparent rapidement les unes des autres, pui'
chacune se divise à son tour; h» simple partage en deux des noyaux e
HYPERPLASIES. 225
es cellules prédomine dans ce cas (Billroth). Une substance com-
acle ei homogène réunit ces éléments en même temps qu'elle infiltre
« bords de la plaie, et cette substance, issue du sérum transsudé et du
ssu conjonctif ramolli, se condense rapidement, prend les caractères de
t fibrine et maintient l'adhérence des surfaces. Ces cellules, tout d'abord
e forme arrondie et de la dimension des corpuscules blancs du sang,
vec un noyau très-grand comparativement à la cellule elle-même, pren-
ant peu à peu une configuration fusiforme, tandis que la substance inter-
[lédiaire acquiert plus de solidité. Plus tard, ces éléments, serrés les uns
ontre les autres s'aplatissent, diminuent de volume, et beaucoup péris-
ient si bien qu'il en résulte une substance intercellulaire fibreuse ayant
kmt à fait le caractère du tissu conjonctif fibro-tendineux. Pendant ce
temps, les cellules fusiformes en rapport avec les extrémités des bouts
obturés des vaisseaux se groupent pour former des canaux cylindriques
(jai s'anastomosent entre eux et avec les anses vasculaires de formation
nouvelle des bords opposés de la plaie. Des vaisseaux lymphatiques et
même des nerfs peuvent apparaître dans ce néoplasme, qui se comporte
comme un véritable tissu embryonnaire. Les choses ne se passent pas
lutrement dans les tissus réticulés ou adénoïdes, si ce n'est que les cellules
propres de ces tissus se multiplient et prennent part au processus phleg-
masique simultanément avec la trame aréolaire. Remarquons que le
traumatisme a généralement peu d'action sur ces tissus, qui sont au con-
traire facilement influencés par la plupart des agents infectieux.
Le tissu osseux, soumis à l'influence d'une irritation traumatique,
devient en quelques jours le siège d'une prolifération à laquelle prennent
part tous ses éléments cellulaires (Comil et Ranvier). Les médullocèles
revêtent bientôt les caractères des cellules embryonnaires, auxquelles
filles ressemblent beaucoup, et se multiplient. Les myéloplaxcs, con-
stitués à letat normal par une plaque mince de protoplasma contenant
incertain nombre de noyaux, se gonflent, deviennent granuleux,
eurs noyaux se multiplient et la masse solide se divise ou pousse des
bourgeons qui se séparent. Les vésicules adipeuses se remplissent de
«mes cellules , tandis que la graisse qu'elles renferment est rem-
placée par un liquide albumineux ; les cellules endothéliales des vais-
eaox participent à ce processus, de sorte qu'au bout d'un certain
emps la moelle jaune est passée à l'état de moelle rouge, par suite de la
ubstitulion d'éléments embryonnaires, d'un véritable tissu jeune au
ssu préexistant. Or ce nouveau tissu ne tai-de pas à s'organiscT en tissu
$seux, à moins que ses éléments, incapables d'un semblable déve-
ppement, ne se transforment en globules de pus. En même temps, il y
LAMCEftiADX. — Traité d'Anat. 1.-15
226 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
a tendance à la destruction ; les lamelles osseuses voisines de la partie
enflammée se résorbent, el cette disparition de la substance fondamen-
tale, provenant sans doute de la pression exercée ]>ar les éléments nou-
veaux, doit être rapprochée de celle qui s'observe aussi dans le cartila^
et le tissu conjonctif.
Des expériences pratiquées par Wywodzoff, sur des langues de chien,
ont conduit cet auteur à penser que Tirritation des fibres musculaires
peut déterminer un trouble nutritif qui finit par amener la formation
de nouvelles fibres sur les bouts des muscles sectionnés. Leidesdorf
et Stricker (1) ont trouvé qu'une section pratiquée sur le cerveiQ
d'une jeune poule présentait, après vingt-quatre heures, des cellules
contractiles qui ne tardèrent pas à se transformer en un véritable
stroma fibreux. Ilayem a reconnu, après Tirritation du cerveau, des phé-
nomènes de prolifération ayant leur siège dans les cellules de la névroglie,
dans Tendothélium des capillaires et surtout dans les éléments de la
paroi adventive des vaisseaux. Quant aux éléments nerveux, incapables
de proliférer, ils subissent une désorganisation plus ou moins complète.
Holm -,2), après avoir blessé le foie d'un lapin, a constaté l'exislena
de jeunes cellules qu'il fait provenir des cellules conjonctives cl aussi de
la prolifération des cellules hépatiques ; mais ce dernier point demande
une grande réserve. Tous ces faits ne tendent pas moins à montrer
que le processus phlegmasique artificiellement développé se comporte à
peu près (le la même façon dans tous les tissus de substance conjonctive,
puis(|ue nous voyons partout les éléments cellulaires se multiplier et
constituer un tissu jeune qui peu à peu se substitue au tissu ancien. Ils
sont de la |)lns «grande utilité pour la connaissance des inflammations
s|>ontan*'H's exsudatives et adhésives. L'étude des plaies par réunion médiate
ou par seconde intention peut de la même façon aider à comprendre les
phK'^masies suppuratives.
Dans les premières vingt-cjuatre heures, la surface d'une plaie qui doit
su|)pur<'r n'a pas encore subi de jrrands changements, mais déjà ses bords
sont rouges ei gonflés ; le second jour, elle revêt une teinte gris i-ouj^'et
se couvre d'un licpiide jaunâtre; hî troisième jour, elle secrète un
liquide plus épais, d'un jaune plus pur, et élimine parfois des pa^1^le>
de tissus grisâtres et mortifiés, au-dessous desquelles ap|mraisseut de
petites nodosités rouges de la grosseur d'un grain de millet: ce sont ks
(1) Siizgsber, d, Wiener Akndem. uaturw. TA/sa-^ 1866, séance du 17 novembre 186a-
(2) Sitzgsbcr, der Wien, Akad. noturwtss. Classe, t. LV, p. 493, 1867.
HYPERPLASIES. 227
graimlatious ou bourgeons charnus. Ces bourgeons, pendant les joui*s
qui suivent, prennent un dévelopi)en)ent plus consid^^rable et forment
enlin une surface d*un rouge brillant, la surface Iiourgeonnante.
Le liquide qui s*écouIe de cette surface, de plus en plus épais, jaune et
d'une consistance crémeuse, constitue le pus de bonne nature. Peu à peu,
si la sécrétion du pus continue, les bourgeons s élèvent de plus en plus,
arrivent jusqu'à ta hauteur du plan cutané quand la p(>au est intéressée,
ou même le dépassent, et restent souvent fort longtemps dans cet état.
Après un certain temps, la surface se rétracte de plus en plus à sa limite
entre la peau et les granulations, la sécrétion du pus tarit peu à peu ;
bientôt, à ce même niveau, il se fonne par le dévtîloppement de l'épiderme
an limbe sec et rouge; plus tard, il sVn ajoute un second et nu troi-
sième jusiju'à ce que la surface bourgeonnante soit entièrement nvou-
verte. La jeune cicatrice reste rouge pendant un certain temps, puis
elle se rétract»», devient plus pale, plus mobile, et conserve sou-
vent pendant la vie entière une teinte blanche au niveau de la jH'au.
Tels sont les phénomènes constatés à I'omI nu; les modilieations plus
intimes que rèvèle l'examen microscopique» n<» diffèrent pas notablement
de celles qui ont lieu dans une plaie dont les bords ont été réunis.
Vn grand nombre déjeunes cellules se développent, et connue il n'y a
pas une surface opposée avec laquelle ces éléments puissent se fusion-
ner pour se transformer eu tissu conjonctif, ils persistent sans change-
ïnent à la surface de la plaie. Une substance fibrineuse molle et gélati-
neuse sert de moyen de cohésion à ces jeunes e(»IIules qui continuent à se
multiplier ; des vaisseaux pourvus de parois très-minces et ordinairement
disposés en anses viennent les traverser, de sorte que le tissu iKiurgcon-
nantn'esi qu'un tissu inOammatoiii» jeune et vascularisé. Mai.; peu à peu
la substance intercellulaire gélatineuse se licjuélie (»t forme à la surface
de ce tissu une couche molle incapable de retenir les cellules; cette coucbe,
qui s'écoule sans cesse et qui se renouvelle aux déjXMis du tissu l)ourgeon-
nant, est le pus. Toutefois le pus, qui n'est ainsi qu'un néoplasme in-
flammatoire liquéfié, peut encore provenir, comme semblent le montrer
fe observations de (k)hnheim et de plusieurs «expérimentateurs, d'une
citravasation de globules blancs à travers les parois des vaisseaux des
bourgeons charnus. Par constkfuent toute surface bourgeonnante» serait en
outre un foyer d'où émigreraieut sans cesse une quantité de cellules
(iepus, ce qui établit une analogie entixicc^lte sécrétion et celle des mem-
branes muqueuses. Après un certain temps, le tissu des bourgeons charnus
se modifie, les cellules de pus cessent d«» se produire, quel(|ues-unes sont
désagrégées et résorbées ; la couche liourgeonnantc s'amincit, les c^^llules
228 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
restantes prennent une configuration fusiforme, la substance gélatineuse
intercellulaire se consolide peu à peu en tissu conjonctif fibreux par b
perte continue et croissante des parties aqueuses (fig. 69)). S'il s agit de b
peau, répiderme commence à se développer à la périphérie de la snrlaop
bourgeonnante et gagne peu à peu les parties centrales. Les vaisseam
s'oblitèrent et la cicatrice est constituée.
L'élément vasculaire, qui a paru aux premiers expérimentateurs jouer
le rôle principal dans le processus phlegmasique , sans doute parée
que la rougeur des parties enflammées précède généralement IooIp
modification appréciable à l'œil, est aujourd'hui relégué au second pho
par quelques pathologistes , tandis que suivant d'autres il tiendiail
toujours le premier rang. En réalité, le désordre qu'on obsen'c dans
les vaisseaux est intimement lié à celui des cellules et lui est pour ainsi
dire connexe.
Cest à Wilson Philip, Thompson, Ch. Hastings , Kaltenbninner,
et plus récemment à Lebert et Robin, que nous devons les ^eclle^
ches les plus importantes sur ce sujet. I^tiquées sur des roembfaDes
transparentes, pattes de grenouilles, ailes de chauves-souris, oe$
recherches ont montré qu'au début de l'inflammation il se produit un
resserrement tonique des petites artères qui amènent le sang dans la
partie lésée, quelquefois aussi des veines correspondantes, et que
peu à peu la circulation, d abord rapide, se ralentit, les globules de-
viennent oscillants dans les capillaires, puis ces vaisseaux se remplissent
d^éléments sanguins, augmentent de volume, subissent une distension
inégale qui leur donne une apparence tortueuse ou monilifoime. Estor
et Saint-Pierre ont trouvé, en outre, que les veines contiennent, à leur
sortie des parties enflammées, plus d'oxygène qu'à l'état ordinaire. Ainsi,
le sang artériel ne se transformei*ait plus en sang veineux dans ces
parties, les combustions locales ne s'eflectueraient plus d'une manièie
complète ; à la plus gmnde quantité de sang, qui déjà rend compte de la
rougeur inflammatoire, il faudrait ajouter cette circonstance d'un saDgplQ>^
artérialisé. Ralentissement de la circulation, dilatation et allongement
des capillaires, accumulation de globules sanguins, oscillation de ces glo-
bules qui perdent peu à peu leurs propriétés oxydantes, tels sont les
premiers désordres que l'irritation phlegmasique produit au sein des
vaisseaux. A ces troubles dynamiques s'ajoutent bientôt des altérations
plus accusées; à l'oscillation du liquide sanguin et à la stase succède la
transsudation du plasma sanguin ou mieux d'un suc nutritif. Ce dernier
phénomène est connu sous le nom d'exsudation.
HYPERPLASIES. 229
L'exsudation phicgmasiquc , principale cause, avec la congestion.
(^ l'augmentation de volume des parties enflammées, consiste dans
extravasation au sein des tissus, et dans leurs interstices, d'un liquide
out les caractères tiennent à la fois des parties qu'il infiltre et du sang
,*où il provient. Liée en partie à Tactivité exagérée des éléments cellu-
aii*es des tissus, l'exsudation a une durée variable qui n'est pas
brcément subordonnée à celle de la congestion : tantùt elle est passagère
et atteint tout à coup son maximum d'intensité; tantôt, plus persistante,
die se produit peu à peu et accomplit lentement son évolution. Ce phé-
Domène se distingue de la transsudation par la nature du produit
exsudé, qui est non pas un simple liquide albumineux, mais un liquide
libriuo-albumineux, et par les conditions purement dynamiques dans
lesquelles il se manifeste. En outre des matières (ibrino-albumineuses
qu'il renferme, le liquide exsudé, ou exsudât, contient des globules
Uancs et des globules rouges extravasés des vaisseaux. La présence
de ces éléments au sein de ce liquide a été l'objet de discussions nom-
breuses que nous nous contenterons d'indiquer. Dès 18/i6, A. Waller
signala la diapédèse des globules sanguins. Examinant le mésentère
du crapaud et la langue de la grenouille, cet auteur remai*qua que
les globules blancs et les globules riouges du sang peuvent s'ouvrir
un passage au travers des parois non lésées des vaisseaux, et dans
un second travail il chercha à établir l'identité des corpuscules de mu( us
H de pus et des globules blancs du sang. Plus récemment, Cohnheim
institua, en opérant sur la cornée et le mésentère, une série d'expé-
riences qui, suivant lui, tendent à établir d'une manière indubitable
'émigration des globules blancs du sang. Sur une grenouille cura-
risée, il met l'intestin et le mésentère à nu, et étale ce dernier sur
Qoe plaque de licge percée d'un trou, afin de pouvoir l'examiner au
nûcroscope. La simple exposition à l'air suffit pour provoquer une
ifllamniation, et au liout de deux heures cette membrane est le siège
lie DKMlifications notables. Le premier phénomène est la dilatation des
vtérioles, déjà apparente dix ou quinze minutes après le début de Fexpé-
noioe sans avoir été précédée d'une constriction. En même temps, les
Uttres s'allongent et deviennent plus flexueuses, les veines se dilatent
iussi, mais plus lentement; le mouvement du sang se ralentit, la
ipidité du courant diminue, et dans les veines surtout la zone péri-
bérique se remplit de nombreux globules blancs qui s'arrêtent et
accumulent au contact des parois en fonnant une sorte de manchon au
mtrc duquel circulent encore les globules rouges. Puis, les globules
uics envoient au travers de cette paroi un prolongement qui se gonfle
230 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
au dehoi*s, grossit, se p«?(liculise et finit par se séparer du vaisseau,
de telle sorte que peu à peu, et comme passant à la lilière, toute h
substance du globule blanc traverse la paroi vasculaire et s'en dégage.
Les mêmes phénomènes ont lieu dans les capillaires, mais de plus il y
a issue d\in ciTtain nombre de globules rouges. Sur les points particu-
lièrement irrités, cette émigration se produit avec Tactivité la plus grande;
quant aux globules émigrés, ils suivent dans le tissu conjonctifladim;-
tion où ils éprouvent la moindre ]*ésistànce. Tout d abord Cohnheim pensa
que cette émigration se produisait à travers des ouvertures situées entre les
cellules endothéliales des vaisseaux, en vertu de la cqntractilité spoutanée
des globules blancs et de la dilatation de ces sortes de stomates pendant h
dilatation des veines; mais aujourd'hui il attribue à une altération des pa-
rois vasculaires Textravasation des globules blancs et la diapt*dèse des glo-
bules rouges ; toutefois il n'indique cette altération, qu'il regarde comme
le phénomène primordial du processus inflammatoire, que d'une focon
tout hypothétique, et il suppose que les parois deviennent plus poreuses
qu'à l'état nonnal, par suite d'un changement dans leur état moléculaire.
Les expériences de Cohnheim sur le mésentère ont été plusieurs fois
n>pétées, et si quelques observateurs distingués, tels que Vulpian et Hayem.
ont cm devoir en accepter les conclusions, il en est bon nombre d'autresqui
ont été conduits à les rejeter. A notre avis, on s'est beaucoup troppréoc-
cupé de ces expériences, et du point de départ des leucocytes rencon-
trés dans les parties enflammées. iSi en efletle tissu conjonctif tout entier,
comme c(»la s'aftirnie de plus en plus, n'est qu'un tissu vasculaire, n'y
îi-t-il pas des raisons sérieuses de croire que les leucocytes de l'inOanï-
mation provi(»nnent à la fois de ce tissu et des vaisseaux? La qoeslio»'
•
essentielle est donc de savoir pourcjuoi et comment, dans certaines cir-
constances, il se produit un nombre si considérable de globules blancs '!)•
Mais alors c'est à la physiologie au moins autant qu'à la pathologie de noïP
donner la solution de cette question en nous faisant connaître la genèse des
leucocytes. En d'autres termes, les leucocytes de la suppuration naissenl-il*
dans un blastème , connue le prétend le professeur Robin : sont-il*
l'elTet de la multiplication d autres éléments et notamment des cellules
endothéliales? tel est le problème qui s'impose et qu'il impoilerail de
résoudre tout d'abord. Ouoi qu'il en soit, lorsque l'irritation phleffna-
sique vient à cesser, les coagulums des petits vaisseaux se dissocieDl^
et leurs produits liquéfiés sont emportés par le courant sanguin, qo*
(1) Malasscz {Bull, de la Soc. A nnt,, 1 873) ,1 constaté, dans quelques cas de supparatioa,
une augmentation du nombre des globules blancs, une véritable leacémie de suppuntioa.
i
HITERPLASIES. 231
se rétablit partout où il était interroni|m. Tels sont les principaux
désordres observés dans la circulation dos parties enflammées ; ils diffîTent
notablement de ceux delà congestion simple, qui ne détenninc ni slaso,
iii obstruction, ni transsudation de liquide coa^lablc. Il nous reste à
dire quelques mots des altérations des liquides ac^^ompagnant les pro-
cessus phlegmasiques.
Suivant Bouisson {Compt. rend, de VAcnd. de tnéd.y s(*ance du 25 mars
18&5), la lymphe contenue dans les vaisseaux qui [Kirtent d'un organe
enflammé se modifie dans sa composition, admet do la mati«*re colo-
rante rouge et se charge d'une plus grande ])roportion de Hbrine. Ce
liquide augmente en outre de quantité : do là le gonflement des gan-
glions auxquels aboutit la lymphe; de là les dép<Hs plastiques qui
ont Heu dans les voies que la lymphe parcourt, et qui deviennent ({uel-
quefois cause de leur oblitération. Killroth, d'autre part, signale l'obli-
tération des vaisseaux lymphatiques dans les plaies et dans les parties
enflammées.
Ces données nous laissent ignorer les modifications intimes subies
par la lymphe; ici, comme dans beaucoup d'autres circonstances,
les l'eeherches cliniques exactes et comparatives de Tétat sain et de l'état
morbide font encore défaut. Nous ne sommes pas beaucoup mieux î*en-
seignés surIesmo<lifications subies par le sang, et sur les altérations corivs-
pondantes des urines. Les travaux d'Andral et davarret ont établi que le
sang éprouve, dans les phlegmasies, des changements notables, consis-
tant surtout dans une augmentation de la quantité relative de la fibrine
concrète qui, au lieu de 3 millièmes, ])eut atteindre le chifl're de 7, 8,
iO millièmes, et au delà, suivant la localisation de laflection dans tel ou
tel organe. C'est dans le rhumatisme articulaire aigu et dans les plih^g-
masies des séreuses que la fibrine subit le plus haut degré d'inflam-
mation, elle atteint en movenne le chifl'œ 5 dans les inflannnations
chirurgicales.
Zimmermann, dans une étude expérimentale faite sur le chien et
sur le cheval, a toujours vu qu'à la suite d'une blessure ou d'une
inflammation locale déterminée par l'application du tartn' stibié, la pro-
portion de fibrine augmente. Quelque temps apn's, elle diminue, mais
sans redescendre au taux nonnal pendant la àmw de la phl(*^niasie. La
proportion des globules diminue en même lemps^ et le sérum est très-
chargé de matières grasses. Robert Latour et Collignon ont vu aussi la
inroportion de fibrine augmenter dans le sang des animaux chez lesquels
ils avaient déterminé une péripneumonie en injectant un li(iuide irritant
2 32 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
dans la plèvre [Comptes rend, de l'Acad, des sciences, 184&, t. XIX, p. 933 .
Becquerel et Uodieront nettement établi par leurs recherches la diminu-
tion de la proportion des corpuscules sanguins. Ils ont montré de plus que
Taugmentation de fibrine est ordinairement accompagnée d'une dimi-
nution correspondante dans la proportion de Talbuminc du plasma, et
que souvent Texcès de fibrine correspond à peu près au déficit de l'albu-
mine. Ces données sont en partie confirmées par les recherches de Denis
de Commercy. Suivant cet autour, la fibrine n'est pas toute formée dans
le sang, elle nest qu'un dérivé de la plasmine, par dédoublement ou
par toute autre action moléculaire; c'est de la plasmine concrescible.
Quand une plus grande quantité de plasmine se dédouble, il y i
hyperinose, c'est-à-dire excès dans la fibrine ou plasmine concrescible.
Il n'y a pas pour cela augmentation de l'un des principes plasmatiques,
car la fibrine se fait aux dépens de la plasmine liquide qui dimimie
d'autant. On ne peut donc identifier l'inflammation avec l'hyperinose,
puis(|ue cet état n'explique qu'un fait corrélatif, c'est-à-dire une trans-
formation de la plasmine ou fibrine dissoute en fibrine concrète. A
plus forte raison ne saurait-on considérer l'excès de fibrine comme
la (^luse dr rinflammation ; du reste, il n'y a aucune preuve établissant
que cette substance soit augmentée avant le développement de l'étal
inflammatoire.
Andral et Gavarret ont clairement démontré que ces deux phénomènes
sont connexes, (jue la fibrine concrète s'ac<5roït avec les progrès de la
phleginasie, mais {|ue jamais cette production exagérée ne précède la mani-
festation des phénomènes locaux inflammatoires, et ainsi ils ont été con-
duits à admettre (|ue Taugmentation de la fibrine est le fait de la résorption
dr l'exsudat inflammatoire. Virchow, plus tard, a émis l'idée que ci^tle
substan( e pn»nait naissimce dans les tissus eux-mêmes, par suite de
la (it'struction de certains éléments hislologiques, dont les déchets
donneraient lieu à une substance fibrinogène. Il a cherché à expliquer
la proportion relative de la quantité de fibrine dans les organes parleur
richesse lyinphati(|ue, en faisant remarquer que, plus le système lympha-
liqu«' est riche, plus facilement s'opère la résorption de la matièn* fibri-
nogène, «t plus grande est la {|uanlité de cette substance. Quoiqw^
cette hypothèse rendt; diffi(îil(Mnent compte de la pro|)ortion énorme do
fibrine dans l'inflammation de certains tissus pi»u riches en vaisseaux
lymphatiques, c(»pendant l'hyperinose pourrait bien èiw en partie
l'efl'et du processus phlegmasiquc. Mais, en raison du rapport existant
entn' l'au^Mnentation de la fibrine (^t la diminution de ralbumiue,
il va lim de croire que la première de ces substances peut encore s**
HYPERPLASIES. 233
produire sous Tinfluence d'une modification particulière subie par le san^.
Les autres principes du plasma sanguin ont été moins étudiés. On
sait néanmoins que les matières grasses s accroissent sous Tinflucnce
de tout processus inflammatoire, suilout quand celui-ci s'accompagne de
phénomènes généraux. L*urée, assez généralement, augmente dans
le sang des individus atteints d'inflammations aigurs. Au contraiiv, le
chlorure de sodium diminue (Reale], ce (|ui tient à ce qu'une grande
quantité de ce sel s'accumule dans les néoformations et les exsudais. L<'
chiffire des globules rouges s'abaissu quel(|ue peu dans le cours des in-
Sammations, mais cet abaissement doit être attribué surtout à Tabsti-
nence, quel(|uefois aussi aux moyens de traitement employés, au sié^e
et à la nature de l'inflammation (rhumatisme). Les globules blancs, par
contre, augmenteraient de nombre, et il se produirait un certain degré
de leucooytose, du moins dans les inflanimationssuppuratives.
Les changements apportés dans la composition des urines par les pro-
cessus phlegmasiques sont encore ù Tétude. Ouoiqu(; variables, ces chan-
gements se traduisent assez généralement par la diminution des urin(*s, la
forroation d'une plus grande quantité d'urée et d'acide urique, la dispa-
rition plus ou moins complète du chlorure de sodium, substance histo-
génique nécessaire au processus inflammatoire (Ileller, Hedlcnbacher).
Ils sont analogues à ceux qu'on trouve dans toutes les fièvres.
En résumé, deux ordres d'éléments sont mis en jeu dans Tinflamma-
tion, la cellule et le vaisseau. Les modifications cellulaires sont carartt'*-
risées par la tuméfaction du noyau, l'augmentation, puis la division du
protoplasma, la destruction de la membrane seccmdaire et de la substance
fondamentale, que remplacée un tissu jeune, embryonnaire, avec ten-
dance à l'organisation. Les modifications vasculaires se traduisent par des
nK)uvements oscillatoires du sang, la sliisi^ l'altération du la paroi des
vaisseaux, l'exsudation. Le sang et les humeurs sont secondairement alté-
rés. Or, selon que les modifications relatives à l'un ou à l'autre de ces élé-
iBents sont prédominantes, le phtcessus phlegmasique dilTère, et comme
ces différences sont dans une certaine mesure subordonnées à la nature
^ à l'intensité d'actipn de l'agent incitant, il en résulte la possibilité do
diviser les phlegmasies en plusieurs groupes ou genres distincts quant
^Qx caractères anatomiques, aux conditions étiologiques et pulhogéniques.
^, nous étudierons successivement les phlcgmasùs exsudatives, suppu-
^ice$ et proUferatives ou adhésioes.
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bryun de poulet (\Vi*/i. Acad. Zifzunqsbcr., LXIII, iii Centralblatt. 1872, n*
— (1. RnidET, Sur le dfh'rlnppfutndy la strueture et les in'Opriètés physiohigifi
des capillaires sanguins et lymphatiques [Archives de physiobtgie nvrm^
\"dh,y 1873, p. 603). Voyez en outre les bihliographies des pages 217 el 2'
y
HTPEBPLASIES. 235
Le Miac ûamm riallaiiiiiiatioB. — Andral et Gavarret, Essai d'hémato^
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I. — Phlegmasies cxsudalivcs.
Nous appelons de ce nom les inflammations dans lesquelles il y a pré-
dominance de Texsudat séro-albumineux ou fibrineux, par rapport au
tissu embryonnaire et aux globules de pus.
liCS tissus conjonctifs les plus h\ches, c'est-à-dire ceux qui présentent les
espaces les plus étendus, comme les membranes séreuses, le tissu sous-
arachnoïdien, les alvéoles pulmonaires, et, dans certains endroits, le tissu
coDJonctif sous-cutané et sous-séreux, tels sont les points les plus exposés
àce genre d'inflammation. Les parties constituées par un tissu fibreux et
résistant, comme le derme cutané et le derme muqueux, ne donnent en
général qu'un faible exsudât, mais par contre elles peuvent être le siège
d'une congestion intense et persistante, qui a valu I epithète de congestive
à l'inflammation qui s'y développe. Caractérisées au début par une
rougeur plus ou moins vive et uniforme, avec ou sans tuméfaction drs
tissus, les phlegmasies congestives sont représentées, après un temps plus
ou moins long, par une teinte jaunâtre ou noirâtre des parties en flanmiées,
^t ces divers changements sont dus, d'une part, à l'allongement et à la
dilatation des vaisseaux, que remplit un sang plus oxygéné que dans
l'état normal ; d'autre part, à la transsudation de la matière colorante et
'un certain nombre de globules rouges qui peu à peu se transforment en
Poules pigmentaires. Les phlegmasies exsudatives présentent ces mêmes
symptômes, mais elles sont remarquables, en outre, par une extravasa-
^n plus considérable de plasma sanguin.
Le liquide extravasé est connu sous le nom d'exsudat^ terme qui n'est
pts absolument exact, puisqu'il semble indiquer que ce liquide possède
toutes les qualités du sérum du sang, tandis qu'il en difl*ère par plusieurs
points, et surtout par la présence d'une plus forte proportion de fibrine.
Hunter, l'un des premiers, a fixé l'attention sur l'importance de Texsu-
i»t inflammatoire, qu'il appelait lymphe coagidable, en faisant observer
^\\ se produit à la surface d'une plaie récente, quelques heures après la
236 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
blessure, un liquide blanc ou rosé, transparent, filant, qui se coagule et
agglutine les lèvres de la plaie, quand elles ont pu être maintenues en
contact. Mais ce grand observateur eut le tort de croire que cette lymphe
s'organisait directement et se transformait en tissu de cicatrice. Depuis
Hunter, l'exsudat n'a pas manqué de jouer un rôle considérable dans Tin-
Oammation, tellement qu'il a été pendant longtemps, pour l'école de
Vienne, la caractéristique du processus phlegmasique. C'est avec raison
qu'il nest plus considéré aujourd'hui que comme l'un des effets de l'irri-
tation inflammatoire.
Li confusion établie entre les phlegmasies épithéliales et conjonctives
a conduit la plupart des auteurs h décrire diverses sortes d'cxsudats, les
uns nmqueux, les autres séreux, etc. La séparation de ces phlegmasies
nous évite ces divisions inutiles. Une seule espèce d'exsudat appartient
en rt'iiilité aux phlegmasies conjonctives, car la plus ou moins grande
proportion de fibrine ou de globules sanguins qui y est contenue ne
|)eut constituer des espèces distinctes, mais de simples variétés dont il
importe pourtant de tenir compte au point de vue de la gravité du pro-
nostic.
Le liquide qui constitue l'exsudat se rapproche du sérum du sang, au-
quel se seraient ajoutés de la fibrine et des éléments histologiques diTers,
leuco<\\tes, cellules embryonnaires, endothéliales, etc. Il se présentesous
ras|MH't d'un liquide alailin, jaunâtre, visqueux, incolore, d'une dowil^
de KOlô à 1,018. Il pnk'ipite par la chaleur, à cause de l'albumine qui
.s'y trouvt» contenue ; il tient en suspension des flocons fibrineux, il est
spontanément coagulable. Cette coagulation de l'exsudat est due à ce que
la substance principale qui le forme, dissoute, comme dans lesang|À
l'état de plasmine, se concrète bientôt en fibrine sous l'influence d'une
substance agissant comme ferment. La globuline des corpuscules rouges,
les cellules, tous les tissus d ailleurs, peuvent être les agents de cette coa-
gulation, et ainsi s'explique connnent, dans un épanchement pleurélique
|KU* exemple, on trouve des flocons plus nombreux au contact des parois
pleurales. (>mii)oseà l'état frais de fibrilles de fibrine qui, en général, re-
tieiuient dans leui*s mailles des leucocytes et des globules rouges, le coa-
guluin de l'exsudat se nnluil plus tard en une mass»* homogène et grenue,
dans laquelle abondent des granulations graisseuses. C'est sous celte
f«»nne qu'après un temps plus ou moins long, s'il n'est rejeté au dehors,
(H>mnu» dans la pneumonie franche, il est résorbt» en même temps que le
sérum dans lequel il baigne. Cette n»sorption. incomplète dans quelques
cas, laisse |H»rsist«M* tant«*»t une niasst* cas^vuse, fonnée de granules nudé-
culain's. tantôt une lK>uillie calcaire, d'autres fois enfin une substance
HYPERPLASIES. 237
jaunâtre, presque entièrement formée de cristaux de cholestérinc
el circonscrite par des fausses membranes (1).
Fortement séreux dans quelques cas, Texsudat est d'autres fois
presque entièrement fibrineux et se présente sous forme d'une masse
molle, élastique. C'est sous cet aspect qu'on l'observe dans le phlegmon
diffus, et parfois même à la surface de la plèvre et du péritoine. Dans cer-
taines circonstances enfin, une plus ou moins grande quantité de sang se
mêle à l'exsudat, y détermine tout d'abord une teinte rouge, et plus tard,
quand les globules viennent à s'altérer, une coloration café aii lait. La
première de ces teintes est due aux globules sanguins non encoi*e altérés ;
la dernière résulte de la présence de la matière colorante mise en liberté
sous forme de granules pigmentai res, ou encore de cristaux d'héma-
toîdine, ainsi qu'on l'a observé dans quelques cas de pleurésie où ces
cristaux ont pu être expectorés ; dans la goutte, il contient de l'urate de
soude. L'exsudat est tantôt libre, comme dans les cavités séreuses, tantôt
retenu entre les mailles du tissu conjonctif, comme dans les parenchymes.
Dans ce dernier cas, il est dit interstitiel, il renferme une moins grande
quantité de sérosité, sans doute à cause de la résistance qu'il rencontre de
la part des mailles de ce tissu; de là une composition variable suivant la
nature du tissu affecté. Ajoutons que, toutes choses égales d'ailleurs,
l'intensité d'action de l'agent irritant parait contribuer à modifier l'exsudat,
car les inflammations dites fibrineuses représentent en général un degré
plus élevé d'iiTitation que les phlegmasies séreuses.
Le liquide sanguin est sans aucun doute la principale source de l'exsu-
dat ; mais il n'est pas vraisemblable que ce produit de l'inflammation
préexiste dans le sang, et qu'il transsude au travers des vaisseaux avec
toutes ses qualités, par un simple phénomène d'exosmose. Ce qui sort des
^sseaux à la suite d'un obstacle à la circulation, par exemple, ne contient
pas de fibrine, et ne peut être assimilé à l'exsudat inflammatoire. Il faut
donc admettre que les tissus enflammés, s'ils ne sont pas la source d'une
partie de la fibrine, ont du moins la propriété de faire subir à la sérosité
menant des vaisseaux une modification en vertu de laquelle il se produit
^ne certaine quantité de plasmine concrescible ou fibrine. Cette propriété
fibrinogène serait due, suivant Chalvet, au processus de dénutrition qui
succède au stade d'irritation cellulaire, c'est-à-dire aux matériaux de
déchet des tissus conjonctifs enflammés.
(1) C'ctt à UD exsudât inflammatoire enkysté et transformé qu'il confient sans doute
^nttacher certains kystes cholestériques de La plèvre. (Voyez mon Atlas d*anatomie
P^ohgique, p. 315).
238 ANATOMIE PATHOLOUIQUE.
En présence de l'exsudat , et par suite du processus phlegmasîque, les tra-
vées conjonctives ou osseuses sont d abord refoulées, puis elles subisst'ut
une nioditication nutritive, une sorte de raniollissemeut eu vertu duquel
elles s'amincissent et môme disparaissent. C'est ainsi que les deux lènei
d'une plaie se modifient si profondément dans leur texture, que toute
ti*ace de fibrilles conjonctives y disparaît dans une épaisseur de plusieurs
millimètres, et que le derme enilannné, au lieu du feutrage fibreui com-
pacte qui le constitue, présente un réseau très-ténu de mailles remplies
par le liquide exsudé et des cellules embryonnaires.
L'rxsudat provient en somme du plasma sanguin, mais ce plasma
transsudé subit, de la part des tissus enflammés, une élaboraticm qui
engendre la fibrine ; bistologiquement il est constitué par un liquide où
<'ette substance se rencontre avec des éléments figurés divers. Ces élé-
ments et toutes les parties solides de Texsudat subissent, au buut d'un
certain temps, une modification granulo-graisseuse en vertu de laquelle
ils peuvent être résorbés en même temps que le liquide qui les baigne,
soit jKir les tissus du voisinage, soit par des fausses membranes. Cette
|)ossibilité de la ivsoq)tion de Texsudat, qui a lieu tantôt plus tôt, tantôt
plus tard, selon la nature de Tirritation et certaines conditions indiTi-
duelles, rend les phlegmasics exsudatives moins sérieuses que les autres,
(^es pblegmasies disparaissent sans laisser de trace de leur passage.
Etiologie at pathogénie. — Des causes nombreuses peuvent donner
naissance aux phlegmasies exsudatives, elles sont les unes extenies,
pli\si(|ues ou Iraumatiques, les autres internes, c'est-à-dire liées à un vice
originel ou acquis. \:iw plaie simple, une brûlure superficielle, l'imprvs-
sion subite du froid, sont les circonstances extérieures qui développent
connnunénient ces phlegmasies. Le rhumatisme articulaire aigu, U
goutte, sont les maladi(^s où elles s'observent généralement.
Nous savons qu'une des conditions pathogéniques des phlegniasie>
exsudatives (»st une irritation de moyenne intensité ; ajoutons que ces
alt«M"ations se produisent principalement chez les individus dont les con-
ditions hygiéni(iues sont relativement bonnes, car les individus sunnenês
font de préftMUMice des phlegmasies suppuratives.
IJ1KL10..11A1111K. — Bknnett, Exsudât, ses causes et son dt^vehjypemnnt iO'i'-
mM, ib Paris, 1K'ï7, 867). — Mo.nxeklt, Des phlegmasies exsudatives (B«tw
mut. rhirunj. de Paris, mars 1853). — Muni:, Etude sur les Wjuidrs tiMifl^'
dans h plnrr (Arrhins mnaalrs dr médecinr, 1872, t. I, p. 6û1, et t. H,
p. ri6).
HYPBHPLASIBS.
• PhlegDiatic» tuppuratitet.
Les phlcgmasies suppuratives sont caractérisées par une prédomiuance
marquée dans la production des leucocytes.
Ce^ phlegmasies s'observent dans tous les tissus de substance con-
jonctive, même dans les tissus non vasculaires, mais leur degré de fvé-
quence et d'intensité relatives est généralement en raison directe de la
rascularité du tissu enHammé. Noimalement, les leucocytes font partie
du sang, du mucus et du liquide des séreuses, où ils se ivnconti'eut dans
dM proportions très-minimes. Seule l'inHammalion est susceptible de
multiplier ces éléments de façon à amener la formation du pus.
IVodait à la surface des plaies ou d'une membrane dont l'une des
faces est libre, le pus est éliminé au fur et à mesure qu'il natt. Quand
aucoDlraiiv il se forme dans l'épaisseur des tissus, ce liquide, d'abord
iiilillré daus les tissus, séparé par des cloisonnements nombreux
(infiltration purulente], donne lieu à une tuméfaction plus ou moins
prononcée, avec œdème des parties voisines, l'ius tard, les cloisons
disparaissant, il se trouve amassé sur un point; c'est alors qu'il con-
stitue la tumeur connue sous le nom d'abcès. Cette tumeur presse les
parties voisines, les enflamme, les ulcère, les amincit, et tend à se faire
i<Mir à l'extérieur. L'inflammation qu'elle détennine du ctité des mem-
'"'aiitti séreuses produit heureusement des adhérences des feuillets de ces
■uembranes. qui favorisent l'expulsion du pus vers un autre point, de
sorte que c'est le plus souvent ii
'a surface de la peau el des mem-
■tranes muigueuses que s'ouvrent
'^s collections purulentes. Lorsque
f^elles-ci se sont vidées, leurs pa-
''oîs, dans lesquelles existent de
jeunes cellules, de nombreux vais-
^;iux, un tissu exactement sem-
l»lablo, sous le rapport anatomi- - ~-^-
qUï, au tissu de granulation {Kg. f„ gg _ Dourgoonneme„l dune mcmbr^n^
6û,, s'organisent, se rétractent pyoginique. a, cellulrs embryoïmairoi ;
r, > . . . . A, iranirarmulion de ces éléments cil cellule*
peu à peu, se juxtaposent et se f,„irorme, « en nfarille. da li«u .onjonctif.
^udenteDAn après un temps plus (OljecUf oculaire de Verick.)
■^umoins long, suivant l'étendue du foyer et la nature de la suppuration cl
^ tissus lésés. Une légère induration persiste encore, mais elle disparaît
■tienlât \Ka a peu par la fonte et la résorption des cellules intillrées, par la
240 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
transformation de la substance intercellulaire. Pourtant, chez les individiis
débilités ou atteints de vices constitutionnels, les parois des abcès peuveol
continuer à suppurer pendant un temps fort long; ce sont les abcès froids,
que constitue un pus clair et peu lié^ assez différent de celui des abcès
phlegmoneux. Il impoile de faire connaître les diverses propriétés du pus.
Propriétés physico-chimiques, — Le pus est un liquide opaque, blan-
châtre ou jaunfitre, doux au toucher, de consistance crémeuse, de sarenr
douceâtre, un peu saline, d'une odeur fade et d'une densité qui Tarie
entre 1,020 et 1,040 (Robin]. Abandonné dans un vase long et étroit, il
ne se coagule que par exception, et se sépare en deux couches distinctes:
Tune, supérieure, transparente, ou partie liquide, est le sérum, principak»-
ment fonné d'eau, tenant en dissolution de l'albumine et des sels alcalins;
l'autre, inférieure et opaque, en partie solide, est composée de leucocjles,
ou globules de pus, auxquels s'ajoutent parfois des éléments accessoires,
cellules épithéliales, flocons fibrineux^ cristaux de cholestérine ou de phos-
phate ammoniaco-magnésien.
Les leucocytes ou cléments figurés du pus représentent le quart on le
cinquième des parties constituantes du pus, auquel ils donnent sa cou-
leur et sa consistance. Ils sont constitués par une masse de protoplasma,
renfermant un ou plusieurs noyaux, sans membrane cellulaire distincte.
A l'état frais, ils se présentent sous forme de petits corps sphériques, ou à
contours un peu irréguliers, en partie imprégnés, en partie comme saupou-
drés de fines granulations, de sorte qu'on ne voit pas d'ordinaire les noyaux
renfermés dans leur intérieur (lig. 70 a'). Notons que la forme arrondie
appartient uniquement aux cellules mortes, car si on observe ces éléments
dans un milieu humide sur un porte-objet chauffé^ on remarque qu'ik
_^ ^.. . sont munis de prolongements multiples, cl
a^ S'(^) .i>-^^o^ animés de mouvements amiboïdes(fig.'Of.
^J Si Ton traite les leucocytes par l'acide acé
^^^^^^^^\^. tique, ces granulations disparaissent, elles
w >Wà2^ \^ noyaux se montrent brillants, rarement uni-
fie. 70. — Globules purulents, ques, Ic plus SOU vent au nombre de Irois OU
«', d'un abcès de bonne nalure; ^^tre ((ig. 7U a). Ccs noyaux multipKho-
a, les mêmes, traites par 1 acide » >> cr / j r
acéiique dilué ; b, corpuscules mogènos, quelquefois in*éguliers, se rt*n-
aliéréi d'une iarie osseuse; c, cor- contrent également dans les leucoc^tesdu
puscules migratoires. ^^
sang, et c est à tort qu'on a voulu en fair**
la caractéristique des globules de pus. Le volume de ces globules est
variable; ils ont un diamètre qui oscille entre O^^jOOSet 0"",012, et lors-
(lu'ils font partie d'un pus très-fluide, comme celui qui provient d'os cariés.
a.
HYPERPLASIES. 2^1
ils peuvent atteindre un diamètre de 0"'"',01/j ou se résoudre en granula-
tions irrégulières (Gg. 70 b). Au contraire, dans le mucus frais, dans lasalive
et dans Turine non altérées par le contact de Tair, ces éléments sont tou-
jours moins volumineux. D'ailleurs^ en présence de Teau, ils se gonflent et
leurs granulations deviennent plus distinctes; par conséquent, lanaturedes
liquides organiques dans lesquels les globules de pus se rencontrent peut
modifier ces éléments; mais sans les détruire. L alcool et l'éther les laissent
intacts, les alcalis caustiques les convertissent en masses mucilagineuses,
Tammoniaque surtout les change en un magma gélatineux qui peut servir
à différencier le pus du mucus.
L'histoire chimique du pus date des travaux de Gueterbock. C'est un
liquide ordinairement alcalin, par la présence de carbonates et de
phosphates basiques, quelquefois neutre, plus mrement acide, par
la mise en liberté d'un acide organique existant à l'état de sel neutre
dans les conditions ordinaires (acide pyique de Delorej. Le sérum
renferme de l'albumine, assez souvent de la mucine, des matières
crasses (cholestérine, séroline, etc.), des sels alcalins. Les corpuscules
de pus sont formés d'eau, d'albumine, de graisses (lécithine, cérébrine,
oléine, margarine, etc.), de sels divers. Pour savoir si la composition
de ces globules était identique avec celle des leucocytes du sang, lioppe-
Seiler a introduit dans la cavité péritonéale, chez des chiens, des cristal-
lins frais de bœufs, qui bientôt s'infiltrèrent de corpuscules blancs. De la
sorte cet auteur a pu constater que ces éléments renfermaient de la matière
glycogène, et qu'au moment où ils perdaient leurs mouvements amœboï-
des et devenaient rigides, on y trouvait du sucre. Comme d'autre part lu
matière glycogène n'a pu être trouvée dans le pus provenant d'abcès in-
flammatoires ou de plaies, Iloppe-Seiler en a conclu que la matière glyco-
gène est un moyen de distinguer entre eux les globules blancs et les cor-
puscules de pus, bien que ces derniers proviennent du sang. Dans ces
conditions, c'est-à-dire après avoir perdu leur propriété glycogénique, les
globules blancs se transformeraient en graisse, par un excès d'oxygénation.
Ces caractères physiques et chimiques sont ceux du pus de bonne
oature, ou pus louable des anciens. Ce liquide, pendant quelque temps,
jouit d un certain degré de vitalité ; après quoi, il se modifie et subit des
transformations diverses dont la plus commune est la transformation grais-
seuse. Les granulations des globules purulents augmentent ; ceux-ci se
chargent de petites gouttelettes brillantes qui masquent le noyau et se
dissolvent le plus souvent dans l'éther, ils augmentent de volume et se
pésentent sous la forme d'une masse sphéroïdale, plus obscure au centre
qu'à la périphérie. Composées de granulations très-réfringentes, les cel-
LA!fCKBiADX. — Traité d'Anat. ï- — ^^
2/»2 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Iules de pus, devenues méconnaissables, ont été désignées sous le nom
de corpuscules de Gluge , de globules pyoïdes. Dans ces conditions,
elles ne tardent pas à se desagréger ; les granules graisseux doviennenl
libres dans le sérum, et bientôt il ne reste plus qu'une substance émulsive,
un liquide lactescent, renfermant quelques lamelles de cholestérine.
C'est la forme sous laquelle la résorption complète du pus est possible.
La transformation caséeuse n'est pas suivie d'un effet aussi favorable.
Cette modification, qui s'observe toutes les fois que le pus a séjouné
longtemps dans un abcès ou dans une cavité naturelle, est produite par
la résorption du liquide du pus indépendamment des globules, d'oo
un épaississement du pus ou pus concret, inspissation. Lies globules,
privés de leur liquide, desséchés et ratatinés, forment alors par leur
agglomération des masses ps\teuses, jaunâtres ou blanchâtres, long-
temps prises pour du tubercule. Cette transformation a principale-
ment lieu dans les abcès froids, dans les inflammations suppuratives
chroniques des os et des articulations (mal vertébral, tumeur blanche).
Le pus ainsi desséché peut s'encroûter de sels de chaux, et la masse qu'il
forme, devenue étrangère à l'organisme, provoque quelquefois après un
temps plus ou- moins long une inflammation éliminatrice. Toute diffé-
rente est la transfoimation séreuse, dans laquelle le pus devient clair, plus
ou moins semblable à du petit-lait. Cette modification, d'après Comil et
Ranvier, serait due à la formation d acide lactique, dont la présence au
sein (lu foyer purulent aurait pour effet de gonfler les globules et d'en
dissoudre le protoplasma, mettant ainsi les noyaux en liberté. Il est boO
d'ajouter qu(^ le liquide purulent, en pareil cas, n'est pas toujoure primiti-^
vement épais et bien lié.
Quels que soient le lieu où il se développe et la cause qui lui donne'
naissance, le pus ne présente pas de différences manifestes, malgré"
des propriétés quehjuefois fort dissemblables. Il importei*ait donc de
faire une étude plus approfondie de ce liquide tant au point de ^iie anato-
mique qu'au jmint dt» vue physiologique. Les recherches les plus n'îcentes
sur les virus devraient tout au moins encourager les efforts déjà tentés dans
cette voie. Mais à côté de différences pour ainsi dire primitives, il en est
d'autres (jui sont l'effet d'altérations particulières du liquide purulent, et
qui proviennent du mélange de ce li(|uidc avec d'autres substances, ou
(le son contact av(*c l'air extérieur.
Le voisinaû:e d'un foyer de suppuration avec les cavités naturelles, la
l>ouehe, l'intestin, le vagin, donne au pus une fétidité repoussante due
à l'endosmose gazeuse qui s'efl'ectue de la cavité naturelle vers celle
de l'abctîs ; Je pus qui provient d'une infiltration d'urine a une odeur
HYPERPLASIES. 2Û3
mraoniacale résultant de la décomposition de Turée mélangée au
lucus; celui qu'envahit la bile revêt une couleur jaune ou verdâtre.
'il renferme une certaine quantité de sang, ce liquide, au lieu de sa cou-
îur blanc jaunâtre, offre des teintes variées, dues aux diverses modiii-
ations que peut subir la matière colorante des globules rouges. D'abord
implement rougeàtre ou lie de vin, il devient plus tard jaune safran
)u couleur d'ocre par la présence de l'hémalosine ou de cristaux d'hé-
natoldine. D'autres fois, il prend une teinte noirâtre : c'est lorsque, par sa
lécomposition, il s'y est ajouté du sulfhydrate d'ammoniaque, dont Tac-
lion sur rhématosine est bien connue.
Des diverses colorations du pus, la plus importante est la colora-
lion bleue (pus bleu), qui a depuis longtemps fixé l'attention et provoqué
des discussions parmi les chirurgiens et les chimistes. Ces derniers ont
voulu rattacher cette modification du pus à un composé chimique nou-
veau, mais celte opinion a rencontré une vive opposition. Sédillot a fait
voir qu'il n'y avait pas h proprement parler de suppuration bleue, mais
que, sous l'influence d'une température de 26 h 30 degrés, la sérosité du
sang et du pus subissait une réaction particulière, qui donnait lieu à la
matière colorante bleue. Cette malière, solide et jouissant d'une
grande résistance à l'action d acides énergiques, a été enfin considérée par
Hepp et Roucher comme étant de nature et d'origine végétales. Depuis
lors, il a été reconnu que la coloration bleue étail due à un parasite
animal microscopique [Monas iineoln) , et Lucke affirme qu'il a toujours
trouvé cette coloration liée à la présence de vibrions. Ces vibrions sont
visibles à un grossissement de /lOO diamètres ; mais il est préférable, pour
'^ éludier, de se ser\'ir d'un grossissement plus fort. Ils se présentent
généralement sous la forme d'un petit cylindre à extrémités renflées, ce qui
leur donne une certaine analogie avec les cristaux en forme de clepsydre
J'oxalate de chaux. Quelques-uns paraissent avoir une forme moins sim-
ple, ou du moins il semble que deux ou plusieurs vibrions soient juxta-
posés bout à bout. D'une dimension movenne de 0,003 de millimètre
aviron, ils exécutent fréquemment un mouvement d'inflexion latérale,
^ lequel les deux renflements terminaux se trouvent rapprochés l'un de
*^ulre, et quelques mouvements variés de déplacement très-différents du
fïïouvement brownien. Ils ont une grande analogie avec les vibrions du
'^il bleu (1) et avec ceux qui se produisent parfois dans le pain altéré. L'al-
^1, les acides et les alcalis font périr ces parasites, tandis qu'ils vivent fort
i^îen dans le sérum du pus ou du sang, dans une solution d'albumine ou
(1) Le Penkillum glaucum.
264 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
de sucre. La dessiccation ne les tue pas , mais les plonge seulement dans un
état de mort apparente, d'où ils sortent si on les humecte avec de la séro-
sité du pus ou une solution albumineuse. En pareil cas on oonçoit que lelé-
valion de température soit nécessaire pour amener la suppuration bleiw,
et que celle suppuration s'observe de préférence chez les individus de mau-
vaise constitution et dont les plaies versent un pus séreux. 11 serait intéres-
sant de savoir quels accidents pourrait produire la résorption d'un tel pus.
Dans un travail récent, Longuet observe non sans raison que la diver-
gence d'opinions sur la suppuration bleue vient de ce que l'on a considéré
cette suppuration comme identique dans tous les cas, tandis qu'elle peut
être l'effet de causes multiples. 11 admet trois espèces décoloration bleue:
La première, formée au sein même des tissus, est caractérisée par la présence
de sels biliaires ou hématiques, isolables par des réactions chimiques ap-
propriées ; elle est l'analogue des colorations bleues de quelques autres
liquides, urines, sueurs, etc., à l'abri du contact de l'air, et dont le poini
de départ évident est une modification des humeurs (Sédiliot, Robin). La
seconde, qui n'est pas à vrai dire de la suppuration bleue, apparaît loin
des plaies (|uand les linges à pansement ne sont pas renouvelés fréquem-
ment; elle est due à la présence de moisissures. Enfin, la troisième espèce
de suppuration bleue, toujours inconnue dans sa nature, est celle dont
Fordoz désigne le principe sous le nom impropre de />yocyflni«e, car elle
n a aucun rapport avec le pus et la suppuration.
Les altérations du pus au contact de Tair extérieur, nombreuses el
variées, mériteraient d'être mieux connues. A côté de la suppuration
bleue, il existe un certain nombre de modifications dans lesquelles
les microphytos jouent sans doute un rôle plus ou moins impor-
tant. La formation d'hydrogène sulfuré, de sulfhydrale et de carbonate
d'ammoniaque, succédant à l'ouverture des abcès froids, n'est-elle pas due
à une fermentation produite par des organismes inférieurs? Le liquide
puriforme. provenant de ces foyers contient en effet des leucocytes peu
nombreux, pâles et gonflés, ou même simplement des granulations molé-
culaires, et renferme une grande quantité de vibrions; il exerce uneaclion
des plus défavombles sur l'organisme, en produisant un empoisonnement
seplique depuis longtemps connu sous le nom A" infection putride, iMaisce
n'est pas seulement pour l'individu (jui en est porteur que ce foyer d'in-
fection a des conséquences funestes ; les chiiTirgiens savent que cette
suppuration de mauvaise nature n'est pas toujours sans inconvénient pour
les blessés d'un ser\ice d'hôpital.
Bien d'autres modifications du pus ont lieu au contact de l'air el sont
vraisemblablement produites parles proto-organismes qui se trouvent ren-
HYPERPLASIES. 245
fermés dans l'atmosphère. Depuis les recherches intéressantes de Pasteur
sur la fermentation et la putréfaction, la tendance générale, tant en France
qu'à l'étranger, est de chercher partout où il y a contagion ou infection un
ferment organique ou organisé. Cette tendance est du moins celle des phy-
siologistes et des médecins qui, dans ces derniers temps, se sont occupés de
rinfection par le pus ; si quelques-uns d'entre eux ont cru devoir attri-
buer cette infection à un principe chimique de décomposition, la plu|)art,
il faut le reconnaître, ont essavé de la rattacher à l'existence de micro-
coccus, de vibrions et de bactéries.
En réalité nous connaissons peu l'agent infectieux renfermé dans le pus ;
mais il n'y a pas lieu d'en être surpris, si l'on tient compte de l'état des
connaissances relatives aux organismes tout à fait inférieurs. Cette
question est sans doute plus complexe qu'on ne se l'imagine générale-
ment, si l'on prend en considération les eiïets différents prcKluits par le
pus chez l'homme, effets qui constituent les propriétés physiologico-pa-
thologiques de ce liquide. L'étude de ces propriétés vient comphHer l'état
de nos connaissances sur la suppuration.
Propriétés physiologico-pathologiques du pus. Pyémie, — Si Ion injecte
dans le tissu cellulaire, dans une veine, dans une séreuse d'un animal,
une certaine quantité de pus, môme sain, on voit se développer en gé-
néral deux ordres de phénomènes : les uns, locaux, sont des sjmptômes
d'inflammation plus ou moins vive; les autres, généraux, consistent
en un mouvement fébrile d'une intensiU'î variable. On ai)pelle propriétés
phlogogènes du pus celles en veilu desquelles se produisent les pi*emiers
phénomènes, propriétés pyrogènes celles qui sont la cause des seconds.
Gaspard, l'un des premiers, a fait connaître par des expériences les pro-
priétés phlogogènes du pus, car, en injectant ce liquide à l'état frais dans
le péritoine, dans la plèvre et le tissu cellulaire de jeunes chiens, il parvint
à produire des inflammations suppuratives de ces différentes parties.
Des injections de pus dans les veines lui fîrent constater la formation
de foyers purulents dans les poumons. Ces expériences, reprises par bon
nombre d'auteurs, Gûnther, d'Arcet, Castelneau et Ducrest, Sédillot, ont
donné des résultats assez semblables que sont venues confirmer les ihî-
cherches intéressantes de Chauveau. Un premier fait particulièrement
DÛS en lumière par les observations de ce dernier auteur, c'est que le
pus phlegmoneux, frais et sain, étendu dans deux fois son volume d'eau,
€l injecté dans le tissu cellulaire d'un cheval, produit un phlegmon aigu
<piise termine en cinq ou six jours par un abcès assez volumineux.
Traité par des lavages et filtré de façon à séparer ses différents éléments,
266 ANATOMIE PATHOLOGK^UE.
le pus se comporte de diverses façons : séparé des globules, mais non des
éléments granuliformes qu'il renferme, le sérum possède encore des pro-
priétés phlogogènes, mais bien moins actives que celles du pus comptel;
ordinairement il ne produit pas de suppuration. Absolument pur, cesi-
à-dire ne contenant aucun élément solide, ce môme sérum n'a pas d*aclioD
phlogogène sensible, tandis que Tinjection des éléments solides du pus
isolé du sérum produit le même eiïet phlogogène que le pus lui-même.
Ainsi cVst aux éléments solides qu'il contient que le pus doit son activité
phlogogène ; et cette action est spéciale, puisque ni les injections de sang,
ni celles de cellules des glandes lymphatiques, ni celles de substances miné-
rales réduites en poudre fine, ne produisent les mêmes résultats. D'autiepart
la quantité de pus injectée n'est pasindiiïérente : plus elle est grande, plus
rindannnation est vive ; bien plus, l'activité intrinsèque de ce liquide >'arie
avec l'intensité du processus inflammatoire, elle est d'autant plus grande
que le phlegmon d'où provient le pus qui sert à Tinjection est plus aigu.
Le pus putride non encore putréfié (1 ) possède une activité exception-
nelle ; injecté sans mélange d'eau, il provoque des phlegmons gangréneui,
à marche envahissante et mortelle, dans lesquels il existe peu de globules
purulents et des bactéries. Étendu de six fois son poids d'eau, il produit
un phlegmon franc, avec pus sain, comme le fait une injection de pus
ordinaire . Étendu de quarante parties d'eau, il ne détermine qu'une in-
flammation modérée qui se résout sans suppuration. Il résulte de ces faits
que le pus |)utri(le est plus dangereux que le pus sain, et que c'est surtout
la dose de ce liquide qui fait la din*érence d'intensité de son action. Le pus
virulent, dont les propriétés physiques et chimiques ne difl<èrent pasd<*
celles du pus qui succède à une inflammation simple, jouit, comme on
sait, de la propriété de reproduire les manifestations de la maladie qui lui
donne naissance.
En résumé, le pus possède le pouvoir de provoquer des inflamnialiaii>
sup|)uralives ; mais ces inflammations peuvent difl'érer suivant wrtaiu*^
qualités spéciales, que l'expérimentation physiologique révèle beaucoup
mieux (|ue l'examen physico-chimique. Des inflammations de ce genre n^
manquent pas de se |)roduire chez l'homme toutes les fois qu'un fovCT à^'
suppuration se trouve dans les conditions favorables au mélange d'ui»**
partie de son contenu avec le sang, soit qu'un abcès se déverse dans "^
circulation, ou que les vaisseaux sanguins et lymphatiques soient ***
siège d'un processus suppuralif. Mais à côté de ces inflammations il *^^
est d'autres qui sont le fait d'une simple résorption et qui vraisembli*'
(1) Chauveau s'est servi, pour ses expériences, du pus provenant de %éions rcccnti.
^^^^^^^■^ «rrERFLASiEs. 847
WemeDl tiioin&Ql à des modifications parliculiêres du liquide puruleul.
Elles survieunent daus dilTéreiiU orgnoes el dans dilT<'-rojils tissus, mais
priocipalfiiieat daus les puunions cl le Toie, qui sont les centras où alrau-
iLsscnl les deus systèmes veineux de l'économie, et présentent une pliy-
'iDuomiv assez spéciale. Tout d'aliord on aperçoit des taches ecchymo-
ii<)ues, des indurations firconscrîtes, oITrant a la couper une colortitioii
duu brun foncé qui, jieu à peu, se modifie, passe au gris jaunâtre, et enfin
,ui jaune ; puis ce changement de culoiation s'accompagne d'un i-amollis-
■ment central qui finît par atteindre la totalité de l'induratiou. Les nbcès
:ii>iu>n.slitués sont connus sous le nom iVahcès niélaslnligues, et généra-
' [lient situés il la périphérie des organes, ils sont arrondis et de petit vo-
Imiie. ci; qui a permis de les conrundiv longtemps avec des tubercules.
(lutre ces abcès, on rencontre quelquefois des suppurations des cavili':^
Mi"»^ 71. .
ir ii'Lii] |u'i>iiii>ii niii^['t<: lie pnciimonti'' diir mél.iilAlique ouembo-
e brnnclie de t'urli.'re pulmonairo pirliellemeiil obitruée psr un
■ni lie pus ; e el il, poinli pi.eumoniqut» suppur*» ; i et '', «ïcn-
ippuration. Absence co[n[ilèle de léiinn» lubereulcuiBi.
■"■■■puses, et surtout des cavités articulnires, pleurales et niéningîennes, ou
''">m»^des inllamniatioiis dillusi-s des pai-enchymes, notamment des pou-
'»*oiis comme le montre la figure 7 1 (1 J.Tous ces foyers de suppuration ren-
ni) Cette Bgurt, Binti que U H^ii» 72, proiiennenl il'i
Hi[iii,deuiitieî*a]irt«un afcnucliL'iiifnt, succomba .iii\n
***< Finbulit^) pulmonairoi et tuppurnitoQ d'un puiiiuoii.
,c femme kgie rtc »inKl-iieo(
CE d'une phlébite puertiérole
2&8 àNATOMIE PATaOLOGlQOB.
rennont des leucocytes souvent granuleux, dérormés parfois, des {ilolmlH
muges, et desprolo-organisinessurla nature desquels il a été jusqu'ici im-
possible de s'entendredéfinitivejnent. Certains auteurs prétendentn'y avoir
trouvé que des monades, tandis que d'iiutre^ y
auraient vu le Aficixaporon seplicum, dos barié-
ries, etc. Cette divergence d'opinions ne peut sur
prendre, vu l'incertitude des caractères distinctib
de ces protoK>rganismes qui, d'ailleurs, peut'eit
fort bien n'être pas toujours identiques dsDi I»
abws mé Instatique s, dont l'identité est loind'^
CMUSiantc. Eiïectivement, il est des cas oùl'oii
ne constate que des ecchymoses, et, à ciltéd'ri»-
CCS mélastatiques tout à fait inodores et ron*
stitués par un pus en apparence bien lié, il s'en
trouve qui répandent une odeur repoussante,
comme les abcès du cerveau survenant chra les
Fifi. 72. — Us dcui iliaque* individus atteints de bronchite fétide f I).
rierr"'l't"viine''c!!vJ"ot ^^"^ question toujours débattue est celle de
tirufeapiiriinbouchonnbri- savoir quel est l'élément du pus qui jouit plus pv-
Ce"bo»rhon a"aéi«">ourcè t'culièrcment de la propriété de provoquer des in-
dei caillots renconirûa dans flammations suppuniUres. A Cet égard. Ies«|)*-
rarièrepuimonaire(ng.7i). ^jg^^g^ ^^ Chauveau sont des plus inléressnnles;
flics nous ont appris que le principe infectieux est la granulation molécu-
laire contenue dans le liquide purulent et plus spécialement fixé*' aax î-V
Imics, et clle.s mettent à néant une opinion qui s'est fait jouren Alieiuagne,
et qui consiste à altribiier l'infection purulente à une substance chimique
(t) Je poisèUc plusicura faits du c
ic coDtenterai de donnizr un ibKf
TliL-Y..., Iioinnicilc iii'ine, né 1 Paris, étnit depuis plasieun anniïci atteint irune l«u*<
i|ui, clinquL' hiier, pronnit une intensité plus grande, quand, le 6 octobre IST'i, te tri»*^
vant plus malade depuis une quiuinine de jours, il demande son admiuion à lliàpit^
Saînt-Antoini>. Il tousso, se plainl de dispnée, eipcelore dci crachats jaunes, abooilarf^
rétjdes. Toutefois, la percussion permet de constater qu'il v a partout de la (ononlé, ^
rauBCultallon dévoile siiaplcmcnl l'eiistence de nombreux Hilet sonorei et muqueut.
Le 4 novembre, ce malade se plaint d'une douleur de tête, qui le lendemain m t^-
sentir avec ur.c vite inlensilc au niveaudu sinciput. Ce mfmejour, en revenant d^
cabinets, il va se coucher dans le Ut de ion Toisin; puis il est pris d'un acc«i'^
frisson. Le G, la céplialalgic persiste, le malade ne peut se lever de ton lit, ni saisir 1^
objets qu'un lui présente, et cependant il les connaît très- bien et peut K-s déiiitner p^
leurs noms, l'upilles cfules, mais dilatées, quelques mouvements carpliolngiques; tai^
bilité à peu près normale; application d'un vésicatoire i la nnque. Les jour» suiiant^
7 et 3, lus désordres intellectuels s' accent ucnl, plalnlet presque iaceuantes. parole soi^
2^9
»ale (sepsine). Mais il resteàsavoir ce que sont ces ^nnuklionset s'il
possible de les nnserdans la classe des ferments, sont-elles dos fer-
its organisés on simplement des ferments orpiniques? Des observ;»-
s récentes tendraient à en bire des ferments on»nisês, puisque des
looi^anismes vibrions, bactéries, etc.'. ont été rencontiés dans k plu-
;des liquides purulents exposés à rair, comme nous Tavions constaté
uis longtemps. D'ailleors la pyémie et la septicémie sont dans une
aine mesure subordonnées au!c saisons et à la températun\ Dans
latitudes élevées, où ces infections surviennent souvent pt^udant les
ODS froides, on les voit diminuer de fréquence pendant les mois
iids. Rares dans les régions tropicales, elles sont beaucoup plus ci>ni-
les dans les climats tempérés. L'Europe, la Turquie, IWmérique du
il sont les contrées où elles paraissent exercer les plus ' grands
iges. Reconnaissons qu*ii est diflicile de se prononcer dansoedèktt,
ue de nouvelles recherches sont nécessaires pour rélucidalioii coin-
c du problème ; mais il y a lieu de croire que la voie acluelleiuent
ie conduira à une solution définitive. Enfin, si Ton remarque que
aines infections purulentes peuvent avoir leur point de départ dans un
Tde suppuration placé à Tabri du contact de Tair, que les plaies
osées à l'influence de cet agent sont beaucoup plus prédisposées à
cler l'organisme, il semble rationnel d admettre les deux hypothèses,
e cette façon on parviendra sans doute un jour ou Taulre i\ s'expli-
r les difl'érences présentées par les abcès mélastatiques.
inintelligible , puis contracture du membre supérieur droit, hémiplégie du cùtô
be, peau chaude, 81 pulsations. Le 9, abolition de la plupart des actes réfloxcs,
tes continuelles, somnolence, 96 pulsations. Le 10, 104 pulsations, lo pincement
iflerents points du corps ne détermine qu'une seule petite grimace, résolution dos
bres et coma ; mort le 1 1 , à sept heures du matin.
I poumons et le cerveau sont les seuls organes affectés ; les grosses et surtout les
!S bronches droites sont, dans leur plus grande étendue, le siège d'une dilatation plus
Dios considérable et d'une vive injection de la muqueuse; m^me altération dos
hes gauches, dont un certain nombre sont remplies par un liquide épais, lie de vin ;
d'elles communique avec un foyer purulent limité par la plèvre épaissie et le paren-
e pulmonaire. Des deux côtés, pleurésie ancienne avec fausses membranes épaisses,
tes des glandes bronchiques; cœur un peu gras. Une certaine quantité do pus
lie des méninges pendant le décollement du cerveau. L'hémisphère droit est lo siégo
mx foyers de suppuration ayant chacun le volume d'un œuf et situés à sa péri-
ï, l'un à la partie moyenne, l'autre au niveau de la corne occipitale; d'autres abcès
io moins volumineux se rencontrent dans la profondeur do ce monie hémisphère
icbe on constate également l'existence de plusieurs abcès, un peu moins volumineux
» précédents. Tous ces abcès renferment un pus sale, verdâtre, d'une odeur fétide ;
»nt circonscrits par la substance nerveuse œdématisée et ramollie. Le cervelet
io.
250 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
L'extension de rinHammation suppurative se fait par propagation aux
vaisseaux, principalement aux vaisseaux lymphatiques, et par imbibition.
La propagation de l'inflammation aux vaisseaux et aux glandes lymphati-
ques est trop connue pour que nous nous y arrêtions. Elle s'observe de
prérérence là où ces vaisseaux sont le plus abondants. Elle est Tuo des
modes de la propagation des inflammations de l'utérus au péritoine (1), et
de celles des poumons à la plèvre. L'imbibition des produits purulents
s'opère comme toute imbibition, avec d'autant plus de facilité que les
tissus ont une textui^ plus lâche (2). Les produits infiltrés dans les tissus
provoquent, par leur présence, la suppuration des organes, à peu près
comme le ferait une injection ; il importe donc de chercher à limiter
autant que possible l'extension des inflammations suppuratives, ce à quoi
certains observateurs ont prétendu arriver, les uns à l'aide de collodion.
les autres par l'intermédiaire d'autres substances, mais sans qu'il soit
bien prouvé qu'ils aient jamais réussi.
Étiologie et pathogénie. — L'étude des propriétés phlogogènes du pus
nous a renseignés sur l'une des conditions les plus importantes de la sup-
puration, la contamination par un produit purulent ou septique. Que le
contact de o^s produits avec les tissus de l'organisme soit artificiel, comm^
dans les expériences tentées sur les animaux, ou naturel, comme dans cer-
taines métastases purulentes, il en résulte nécessairement un foyer d'ia—
flaminatio!! suppurative. De plus, on sait que les individus aO'ectés de plaie^
suppurantes, les femmes dans I état puerpéral, les convalescents de tièvr*^
typhoïde, etc., ont la plus grande tendance à suppurer, sous l'inflaencr^
d'une cause occasionnelle quelconque, contusion d'un tissu, d'une article- '
lation ; or, dans ces conditions, il paraît évident que la cause de 1-^
suppuration réside dans le sang, modifié par la résorption opém* a»^
niveau d'un foyer primitif de suppuration, et par conséquent, c'est encore
au pus, ou du moins à ses éléments, que la suppuration doit être attribuée
Dans tous ces cas, la suppuration est secondaire; il importe dt^
rechercher les causes premières de ce processus. Nous diviserons ces^
causes en deux classes, les causes locales et les causes générales. Aux^
causes locales appartiennent des agents de nature septique. Ainsi, un^
observe souvent chez les vendeurs de poisson des panaris graves^
des phlegmons de la main, résultant de piqûres produites à l'aide^
(1) Lucas Championnicre , Lymphatiques utérins et lymphangite utérine. Thèse d«^
Paris, 1870.
(2) Marc Sce, De Vimbibition et de son rôle en pathologie (Comptes rend, de la Soc,
chirurgie j 5 déc. 1866).
HYPERPLASIES. 251
de brins d'osier composant les manncttes dans lesquelles les poissons
sont transportés. Or ces brins d'osier sont généralement couverts de proto-
organismes, et c est à ces agents, sans aucun doute, que la suppuration
doit être rapportée. D'un autre côté, si les plaies qui sont à Tabri de l'air
ne suppurent jamais, à moins de conditions spéciales, tandis que celles
qui y sont exposées suppurent presque toujours, n'y a-l-il pas lieu d'attri-
buer celte différence d'effet, non pas à l'action du gaz azote et oxygène,
mais à la présence des germes nombreux que renfenne l'atmosphère?
On ne peut donc trop louer les efforts des chirurgiens qui cherchent
à soustraire les plaies à l'influence de ces germes. Lorsque le conteim de
certaines cavités naturelles communiquant avec rextérieur s'inliltre dans
les tissus, ou se trouve résorbé, il en résulte généralement des phlegma-
sies suppuratives très-graves, qui vraisemblablement n'ont d'autre ciiuse
que la présence de germes semblables. C'est ainsi seulement (|u'il est
possible d'expliquer les abcès du foie consécutifs à de simples ulcérations
de Testomac ou de l'intestin, les phlegmons par infiltration urineuse et
certaines pleurésies suppurées consécutives à des lésions pulmonaires.
Dans toutes ces conditions, il semble que la suppuration s^oit liée à la pré-
ssence de ferments organisés, sinon organiques, et ce qui vient à l'appui
de cette manière de voir, c'est la rareté même de la suppuration dans les
organes qui, comme le cerveau et les méninges, sont coniplélement
soustraits à l'action de l'air extérieur. Effectivement, à part les cas de carie
du rocher et de suppuration de l'oreille, où l'action des microphj tes peut
encore être invoquée, le cerveau ne suppure guère, à moins de métastases
puiiilentes ou de maladies générales. Celles de ces maladies qui pro-
duisent fatalement pour ainsi dire la suppuration chez l'homme, sont la
méningite cérébro-spinale, la mor^•e (voy. lig. 73), certains érysipèh's (1).
Or ces maladies générales étant toujours contagieuses, il y a encore
lieu de croire que les phlegmasies suppuratives qui en sont la mani-
festation se lient à l'action exercée sur les tissus par des germes ani-
més ou des fennents organiques. Mais est-ce à dire qu'il en soit
toujours ainsi? Il serait téméraire de l'aflirmer. Certains agents, l'alcool
par exemple, qui, à l'état de dilution, ne produisent jamais que des phlet:-
masies adhésives, peuvent, à l'état de concentration, développer d(\s phleg-
masies suppuratives. A la vérité il y aurait à rechercher si en pareil cas
toutes les autres conditions, celle de l'agent irritant exceptée, sont bien
identiques. Quoi qu'il en soit, il est incontestable qu'une imtation forte
peut produire d'emblée la suppuration.
(1) U eit digne de remarque que la morve entraîne fatalement la suppuration chez
l'homme, ce qui n'arrive pas chez lo cheval.
252 ANATOMIE PATnOLOGlOtIK.
I.a suppuration a As la. loiidancc à survenir chez les individus sui
iiiciii-s, iimtiilii^s, chez les vieiliai-ds, les aleooli(|ut:s, en un mot chei
lous les individus vivant dans de mauvaise» condîlions hy^néniques—
Suivant des otiservnlf;urs de inéiilc, Ii'S phli-gmasies morveuses
— Fac-iimUv de U iHe d'uti jeune iii\o de i'Éeole il'&irorl morl il« li morre.
La race eil cuutcrlu de puilu'et. (Mutde d'Airort.)
développent chez le iheval (]uci l'on surnunie : mais alors il iiifit pa»
déraisonnable de soupçonner lactioii dajîcnts spéciaux pemiunt &urtili
terrain préparé. Le plus souvent, les individus mal nourris oui acquis
pour la suppuration une prédisposition que fait éclater le moindre désaidn»
phvsiologique.Les causes prédispnsantesgéaénilessont, de la sorte, i|iid-
■{uerois aidrâs par des circonstances locales ; ti ce point de tnie, il est înlc-
HYPERPLASIES. 253
nessanl de connaître l'influence exercée par certains troubles vaso-mo-
teurs. Voici ce qu'écrit à cet égard le professeur Cl. Bernard :
« Un animal qui a subi la section d'un des rameaux du grand sympa-
thique présente, pendant un temps assez long, di's phénomènes spéciaux
dans la partie correspondante du corps. Une circulation accélérée, une
température plus élevée, une absorption, une nutrition plus actives : tels
sont les résultats ordinaires de l'opération ; et cet état peut durer plusieurs
mois sans amener aucun trouble de la santé générale, lorsque lanimal est
maintenu dans de bonnes conditions. Mais aussitôt qu'il est soumis à Tin-
Quence d'une cause morbide génémle^ ou simplement à une abstinence
prolongée, on voit des phénomènes inflannnatoires se manifester dans
les organes privés de leur innervation habituelle ; si c'est le filet cervical
sj'mpathique qui a été coupé, la muqueuse nasale et la muqueuse oculaire
deviennent le siège d'une suppuration abondante; les poumons, la plèvre,
les principaux viscères peuvent également devenir le siège de ces affec-
tions, lorsque l'opération a été pratiquée sur les nerfs splanchniques qui
leur sont plus particulièrement destinés. ■ Or, semblables phéno-
mènes se passent chez l'homme : on sait que les pneumonies qui se pro-
duisent du côté paralysé, dans les cas d'hémiplégie, sont presque toujours
suppuratives et mortelles. On ne |)eut donc tenir un trop grand compte (*e
Vétat de l'innervation d'un organe atteint d'inflammation et des conditions
hygiéni((ues de l'individu soumis à cet état pathologique.
En résumé, la suppuration est subordonnée à des causes multiples, les
unes prédisposantes, les autres efficientes. Les causes prédisposantes sont
générales ou locales. Les causes prédisposantes générales sont toutes
celles qui tendent à débiliter l'organisme, car non-seulement les individus
surmenés ou débilités par une mauvaise hygiène sont exposés à des
pblegmasies suppuratives, mais encore ceux qui sont affaiblis par une
maladie générale, comme les scrofuleux, les alcooliques, les syphiliti-
ques, etc. Les causes prédisposantes locales sont celles dont l'action tend à
modifler la nutrition d'une partie du corps ou d'un organe, telle est la
section des nerfs vaso-moteurs. Les causes eflicientes sont des agents in'i-
laats spéciaux, souvent des proto-organismes, des fermenls, qui, parleur
présence, modifient directement les éléments des tissus, et plus particu-
lièrement ceux des vaisseaux. Ces agents, dans le plus grand nombre des
cas, viennent de Textérieur ; quelquefois pourtant ils semblent pouvoir se
former à Tintérieur même de l'organisme : ainsi la rupture de certains
kystes de l'ovaire détermine une péritonite suppurée, rapidement mortelle,
et l'endocardite ulcéreuse peut infecter l'organisme et produire des suppu-
rations.
25U AXATOMIE PATHOLOGIQUE.
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hïperplasies.
Plilcgmatiei prolitérnliv
■ Ces phleginasies ( phlegmasies adhésives de HuiiUt) oui pnur principiti
caractère de donner naissance k un tissu semblable h relui de Tem-
liryon, avec celle différence qu'il est desliné h périr ou h se transformer
en tissu de cicatrice.
Désiré sous les noms de phlogome (Kiiss), granulome ou tissu de gra-
imlattou (Virchow), néoplasme inflammatoire (Ëillrotli), le produit de ces
phleginasies présente une disposition et des aspects variés, suivant qu'il
se développe à la surface d'une plaie, sur une membrane séreuse ou dajis
l'épuisseur même des organes. Au niveau d'une plaie, ce tissu prend la
rimiu de petits bourgeons rosés, de volume variable, qui. piirlenr dévelnp-
— Miin<- de tissu ijiflamma-
t embryonnaire déposé sur
Il bM cxtemedelailure-niëred'iin
ubdeitteinl il'oslùito viiik-brale.
m croieop que a traveri lu
redeUngureTi Cetii
furmé de cellule* embryonnaires el de nbrillM ;
ri. vaisseau dont la tunique inlinic esl en voie
de végélBlLon. (GrosiisKement '-^.)
iwinent, tendent à combler la perte de substance. A la surface des_ mem-
branes séreuses, il selale en couches membraneuses plus ou moins
ïpaisses cl régulières, Dans la profondeur des orjjanes, il existe par points
mgendre des productions iiodulaires, ou bien il si.> disséraine
URCEREALI. —Traité O'Aiial. I. — 17
258 ' ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
et produit des traînées ou tractus (fig. 7/i), sinon une infiltration gén«
raie ; mais, quel que soit son siège, ce néoplasme n'offre pas de diffi
renées notables, il est primitivement constitué par des cellules ass
semblables aux cellules lymphatiques (cellules embryonnaires) et p
des vaisseaux plus ou moins nombreux (fig. 75). Les cellules ei
bryonnaires sont des éléments sphériques ou légèrement anguleui, •
petit volume (environ 0"",010 à 0"",012), pourvus d'un noyau ass
gros comparativement à la masse de protoplasma qui l'enveloppe,
noyau, peu foncé et réfringent, contient un nucléole petit et brillant;
masse de protoplasma, peu abondante et légèrement granuleuse, pr
sente quelquefois des mouvements amœboïdes. Ces éléments sont jun
posés et en contact presque immédiat, séparés seulement par une couc
mince de matière unissante, amorphe et molle, qui permet facilement
dissociation.
L'apparition de ces cellules au niveau des tissus irrités et en voie d'il
flammation ne fait de doute pour personne, mais leur origine est jusqi
ce jour lobjet de vives discussions. Ch. Robin et ses élèves les font naît
par génération spontanée au sein d'un blastème exsudé par les m
seaux sanguins sous l'influence de l'état phlegmasique. (}ohnheim 1
considère comme des globules blancs échappés des vaisseaux; ma
si nous nous en rapportons à l'étude que nous avons faite des cot
crétions fibrineuses des vaisseaux (1), où nous avons toujours ^
l'organisation commencer à la périphérie et se produire aux dépei
des cellules endolhéliales, nous sommes peu disposé à admettre cet
hypothèse, qui déjà est réfutée par la formation d éléments en
bryonnaires à distance des vaisseaux comme au sein de la substance lo
damentale du cartilage. D'ailleurs, si le tissu embryonnaire provenî
de l'organisation des globules blancs, il faudrait admettre que ceux-ci
produisent dans les espaces lymphatiques, et la question de la générati<
spontanée, comme celle de la multiplication cellulaire resterait tout e
tière. Virchow professe, après Kùss, que les éléments du tissu inflai
rnatoire dérivent des cellules préexistantes, et il les fait provenir du
division des corpuscules conjonctifs. Cette opinion trop exclusive est
même temps basée sur une connaissance incomplète du tissu conjonot
En effet, les cellules du cartilage, les cellules endothéliales, les cellule:
myéloplaxes, etc., imtées, paraissent manifestement se multiplia
soit par division de la cellule (cellules de cartilages, endothélium
soit par bourgeonnement, soit par formation endogène. Donc, s'il n'<
(1) Voyez Comptes rendtts de la Société de biologie et Gaz, méd,y 1«62, p. 684.
BVPEHPI.AS1ES. SSO
pu pcêsiUe de se prononcer avec assurnncc pour l'une ou pour l'autre
lit ces Ihéories, du moins il est rationnel d'accepter la dernière, avec
k modilî cations que comporte une élude plus approfondie du tissu
i»rijonclir, en raison surtout des nombreuses divisions présentées par les
plrrnmls conjonctifs en 11 an ira es.
Quelle que aoil l'origine des cellules embryonnaires, il se développe
Ahk leur musse des vaisseaux diversement disposés et dont le mode
de Tonnation est jusqu'ici vivement discuté. Deux opinions régnent k ce
(iijel : l'une fait naître ces vaisseaux directement dans le tissu înllamma-
lotre comme il an'ive primitivement dans le tissu de l'embryon ; l'autre
H rattache k un bourgeonnement des parois des capillaires préexistants.
SiiiTanl la première hypothèse il se produit, au sein des cellules embryon-
atÎKs, des tubes qui par leurs prolongements entrent en communication
avBc les vaisseaux les plus voisins, ou bien ce sont les réseaux de cellules
plasiuatiques qui s'abouchent avec les capillaires par leurs ramirications
i^aliculées dont l'élargissement progressif permet la pénétration des
^■iubiiles sanguins. La seeonde hypothèse, qui est celle à laquelle on se
rallaclie géDcralemenl aujourd'hui, attribue les vaisseaux nouveaux à
ia végétation des cellules des parois des vaisseaux préexistants. C'est
par leur multiplication que ces cellules fourniraient les éléments né-
HsstÎKs à la constitution des vaisseaux ; mais il est probable que les
CtUnles embryonnaires de t'inllammation prennent aussi part à cette
vguiisalion, en sorte que les deux opinions pourraient bien renfermer
chacune une partie de la vérité. Quant au sang qui occupe les réseaux
OpiUaires au moment de leur formation, il se constituerait dans leur
intérieur suivant Billroth, tandis que la plupart des auteurs pensent
qu'il y arrive au moment oii le réseau est mis en rapport avec le système
ïasculaire.
I<e tissu embryonnaire, une fois constitué, se transforme peu ù peu en
tissu conjonctirdélînitif; sinon, il subit des modifications qui arrêtent son
<lBïelopp<iment et donnent à ia partie enflammée des apparences diverses
dam l'une des plus communes est la transformation ou dégénérescence
dite rasêeuse. Nous appelons caséeuses les phlegmasies dans lesquelles
It tissu inflammatoire cesse de s'accroître et de vivre, et sdéreuses celles
dus lesquelle:i ce même tissu continue de se développer ; mais nous
nconnuissuos qu'il existe entre ces deux groupes une série de processus
intermédiaires qui rendent le passage de l'un à l'autre presque insensible.
l. — Les phlegmasies prolifératives caaéeuses sont celles dont les pro-
duits ne peuvent parvenir à une organisation définitive. Elles sont diffuses
À
M
258 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
et produit des traînées ou tractus (fig. 74), sinon une infiltration géné-
rale; mais, quel que soit son siège, ce néoplasme n'oiïre pas de diffé-
rences notables, il est primitivement constitué par des cellules assez
semblables aux cellules lymphatiques (cellules embryonnaires) et par
des vaisseaux plus ou moins nombreux (fig. 75). Les cellules em-
bryonnaires sont des éléments sphériques ou légèrement anguleux, de
petit volume (environ 0""",010 à 0"",012), pourvus d'un noyau assez
gros comparativement à la masse de protoplasma qui l'enveloppe. Le
noyau, peu foncé et réfringent, contient un nucléole petit et brillant; la
masse de protoplasma, peu abondante et légèrement granuleuse, pré-
sente quelquefois des mouvements amœboïdes. Ces éléments sont juxta-
posés et en contact presque immédiat, séparés seulement par une couche
mince de matière unissante, amorphe et molle, qui permet facilement la
dissociation.
L'apparition de ces cellules au niveau des tissus irrités et en voie d'in-
flammation ne fait de doute pour personne, mais leur origine est jusqu'à
ce jour Tobjet de vives discussions. Ch. Robin et ses élèves les font naître
par génération spontanée au sein d'un blastème exsudé par les vais-
seaux sanguins sous l'influence de l'état phlegmasique. Cohnheim les
considère comme des globules blancs échappés des vaisseaux; mais
si nous nous en rapportons à l'étude que nous avons faite des con-
crétions fibrineuses des vaisseaux (1), où nous avons toujours mi
l'organisation commencer à la périphérie et se produire aux dépens
des cellules endothéliales, nous sommes peu disposé à admettre cette
hypothèse, qui déjà est réfutée par la formation d'éléments em-
bryonnaires à distance des vaisseaux comme au sein de la substance fon-
damentale du cartilage. D'ailleurs, si le tissu embryonnaire provenait
de l'organisation des globules blancs, il faudrait admettre que ceux-ci se
produisent dans les espaces lymphatiques, et la question de la génération
spontanée, comme celle de la multiplication cellulaire resterait tout en-
tière. Virchow professe, après Kuss, que les éléments du tissu inflam-
matoire dérivent des (cellules préexistantes, et il les fait provenir d*une
division des corpuscules conjonctifs. Cette opinion trop exclusive est en
même temps basée sur une connaissance incomplète du tissu conjonctif.
En efl'et, les cellules du Ciirtilage, les cellules endothéliales, les cellules à
myéloplaxes, etc., irritées, paraissent manifestement se multiplier,
soit par division de la cellule (cellules de cartilages, endothéliums),
soit par bourgeonnement, soit par formation endogène. Donc, s'il n'est
(1) Voyez Comptes remhu de la Soctéié de biologie et Gaz. méd.y 1*^62, p. 684.
FIYPERPLASIES. 259
|ai possihie de se prononcer avec assurance pour l'une ou pour l'aulre
i|f ci's Uiêories, du moins il est rationael d'accej>[er la deniièro, avec
\fi modiricalious qmi comporte uno étude plus approfondie du lissu
foiijoiictif, en raison surtout des nombreuses divisions présentées par les
(■Ifinfnls conjonctifs enflanimi'ts.
t)ue!ie que soit l'origine des cellules embryonnaires, il se développe
dans leur masse des vaisseaux diversement disposés et dont le mode
il' fonnation est jusqu'ici vivement discuté. Deux opinions régnent k ce
iiijt'l : l'une fait naître ces vaisseaux directement dans le tissu inQamma-
loire comme iJ arrive primitivement dans le tissu de l'embi-yon ; l'autre
l's rattache à un bourgeonuement des pai*uis des capillaires préexistants.
Suirunt la première hypothèse il se produit, au sein des cellules embryon-
joires, des tubes qui par leurs prolongements entrent en communication
les vaisseaux les plus voisins, ou bien ce sont les réseaux de cellules
itiques qui s'abouchent avec les capillaires par leurs ramilications
liculées dont l'élargissement pro/içressif permet la pénétration des
lies sanguins. La seconde hypothèse, qui est celle à laquelle on se
généralement aujourd'hui, attribue les vaisseaux nouveaux à
végétation des cellules des parois des vaisseaux préexistants. C'est
leur multiplication que ces cellules roumiraient les éléments né-
ires à la constitution des vaisseaux ; mais il est probable que tes
wllules embryonnaires de l'inOammation prennent aussi part à cette
iirganisation, en sorte que les deux opinions pourraient bien renfermer
fiiacune une partie de la vérité. Quant au sang qui occupe les réseaux
capillaires au moment de leur formation, il se constituerait dans leur
intérieur suivant Billroth, tandis que la plupart des auteurs pensent
ffx"[\ y arrive au moment où le réseau est mis en rapport avec le système
vaseulaire.
Le tissu embryonnaire, une fois constitué, se transforme {«eu fi peu en
liisu conjonctif définitif; sinon, il subit des modifications qui arrêtent son
<léïelop|K^nient et donnent à la partie enflammée des apparences diverses
<loat l'une des plus communes est la transformation ou dégénérescence
caséeuse. Nous appelons caséeuses les phlegmasies dans lesquelles
in inflammatoire cesse de s'accroître et de vivre, et scléreuses celles
lesquelles ce même tissu continue de se développer ; mais nous
Xconnaissons qu'il existe entre ces deux groupes une série de processus
inlermédiaires qui rendent le passage de l'un à l'autre presque insensible.
fk
l. — Les phlegmasies prolifératives caséeuscs sont celles dont les pro-
nitKnepeuveut parvenir aune organisation définitive. Elles sont dill'uses
260 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
OU circonscrites, suivant que ces produits se présentent sous la forme de
masses disséminées ou sous la forme de nodosités (tubercule, gomme, etc.).
Les phlegmasies diffuses occupent de préférence les organes lympha-
tiques et les alvéoles pulmonaires ; elles s'observent aussi dans la peau,
le tissu conjonctif sous-cutané, dans les os et le tissu interstitiel des paren-
chymes. Les glandes lymphatiques s'injectent, augmentent de volume, de
façon à acquérir la grosseur d'un marron ; leur consistance diminue, leur
teinte, grisâtre ou rosée , est semée de stries rougeàtres. Vues au micro-
scope, elles présentent, en même temps qu'une dilatation des vaisseaux, un
accroissement et une multiplication de leurs éléments cellulaires. Âo
bout d*un temps plus ou moins long, et qui varie suivant la nature do
mal, les éléments nouveaux de ces glandes, ne pouvant continuer à se
nourrir et à vivre, ou bien subissent une métamorphose graisseuse, ou
bien se nécrosent. Dans le premier cas, le tissu de la glande pâlit; en
même temps, les éléments transformés rentrent peu à peu dans la circu-
lation, et Torgane peut revenir à son volume primitif: tel est letatdes
glandes mésentériques et de la rate dans la fièvre typhoïde. Dans le
second cas, on voit apparaître au sein de la glande de petits foyers
blanchâtres ou jaunâtres qui se réunissent et transforment peu à peu
tout Torgane en une masse blanche, sèche, friable, grumeleuse, com-
posée de cellules granuleuses, déformées, atrophiées, et dans laquelle
se rencontrent quelquefois des paillettes brillantes et des cristaux de
cholestérine. Celle masse mortifiée, au sein des tissus vivants, se com-
porte il la façon d'un corps étranger ; elle les irrite, les enflamme, les
ulcère, et de la sorte elle parvient, si elle n'est pas trop profondément
située, à se faire jour au dehors, laissant à sa suite une cicatrice plus ou
moins profonde : telles sont les glandes intestinales dans la fièvre
typhoïde, les *:landes maxillaires et cervicales dans la scrofulose. Sem-
blables phénomènes se passent dans la rate, les amygdales, qui sont aussi
des glandes lymphatiques, avec cette différence que la mortification du
tissu de nouvelle formation v est extrêmement rare.
La substance médullaire des os, considérée avec raison comme un ti^^u
lymphatique, subit les mêmes altérations. Dans la scrofulose nolam-
menl, les éléments cellulaires du tissu nuMlullaire se multiplient, fonnent
des masses qui, ne pouvant vivre, dépérissent peu à peu et se mortifient
^ostéite caséeuse). Le tissu conjonctif sous-cutané présente aussi tou-
jours, chez les scrofuleux, des lésions assez semblables ou du moins
fort peu différentes. Ce sont des tuméfactions molles ou llucluantes, con-
stituées par une substance visqueuse, transpai^enle, avec flocons blauchà-
Ires, ou par un licjuide blanc jaunâtre et d'aspect purulent. Les leucocytes,
HYPERPLASIES. 251
ordinairement nombreux dans ces formations, les ont fait considérer
comme des abcès froids ; mais si Ton tient compte de l'évolution de ces
lésions et de leur faible réaction sur Torganisme, phénomène peu ordi-
naire dans la suppuration, on est conduit à les rattacher plutôt à une
inflammation du genre de celle qui nous occupe. Les poumons, dont
les alvéoles peuvent être considérés comme des espaces lymphatiques,
sont souvent atteints de pneumonies lobulaires qui se terminent par
une dégénérescence caséeuse : telle est Tune des formes de la phthisie
pulmonaire.
Dans certains cas, au lieu d'une résolution complète par métamorphose
graisseuse, ou d'une sorte de nécrose qui aboutit à l'ulcération, le
produit exubérant de l'inflammation subit un ramollissement aigu,
une sorte de destruction moléculaire de ses parties constitutives : ainsi se
comportent les glandes lymphatiques dans la peste et dans quelques
autres maladies.
Les phlegmasies caséeuses se produisent dans le cours de maladies
générales, comme la fièvre typhoïde, le typhus, la peste, la dysente-
rie, etc. Fréquemment, ces altérations sont causées par des conditions
hygiéniques mauvaises : une alimentation exclusive, ou mal choisie,
peu appropriée à l'âge des individus, l'absorption d'un air humide,
vicié, le défaut d'exercice musculaire. Alors la moindre imtatiou des
glandes lymphatiques suffit pour amener une inflammation caséeuse ;
cest à cette prédisposition qu'on donne le nom de scrofulose. Remar-
quons que le siège de la localisation morbide aux glandes lympha-
tiques varie pour ainsi dire avec chaque cause spéciale : les glandes
lymphatiques sous-maxillaires sont plus particulièrement affectées dans
la scrofîilose, les glandes bronchiques dans la rougeole, les glandes
intestinales et mésentériquesdans la fièvre typhoïde, les glandes des aines
et des aisselles dans la peste. Outre ces différences de siège, il existe
pour chacune des altérations en question des différences de durée et d'évo-
lution assez appréciables pour leur constituer des caractères distinctifs.
Les phlegmasies qui se manifestent sous la forme de granulations ou de
nodosités ont été à tort rangées dans le groupe des tumeurs. Effective-
ment, si l'on remarque que ces granulations ou nodosités sont générale-
ment accompagnées de lésions diffuses, de tractus membraneux et de
néomembranes, dont elles ne diffèrent que par une plus grande tendance
à la destruclivité, on est porté à les faire rentrer dans la classe des
phlegmasies, dont elles n'auraient jamais dû être distraites, puisqu'elles
ont toujours^ comme les produits phlegmasiques, un accroissement limité.
262 ANATOMIE PATUOUICIOUE.
La plus commune de toutes les allt'rations de ce groupe, le fubertHle,
pst une production organisée, et non pas, comme le croyaient les anciens,
une masse plus ou moins jaune, ou encore un simple exsudât. C'est une
formation pathologique qui se pi'ësente sous l'apparence d'une iiodusvté
ferme, remarquable par son petit volume {fig, 78 ul 80}, rarement plus con_
sidcrabietjue celui d'un grain de millet,d'oùluiestvenu le nom de granu-
lation miliaire, cl par sa disséminai ion huliituelle, non -seulement dans un
seul organe, mais dans plusieurs organes k la fois. Par leur agglomération,
les j^ranulations miliaires doiiiicnl lieu à des nodosités plus volumi-
neuses, prises à tort pour des niasses homogènes, surtout quand elles
se rencontrent dans 1rs Icsiiculcs, les reins et le cerveau (fig. 76).
.« posli^ieure d'un himiiphire cértlir»! dont l'une d^t circootolulion*
est le iiiçe Je deux maiHs tuberculeuse» accolËei. Une icclion longiludinale » mis
cei maaiei à découTert, a, b.
Vues au microscope, les gninulaliuiis tulwculeuses oITreiil entre elles
des diiïérences en rapport avec leur durée, la nature des tissus qui ïeA
renferment et quelques autres circousinnces. A son début, la gi^nulatîm
est constituée par un tissu qui a la plus grande ressemblance avec 1«
tissu inflammatoire (granulome), et qui, comme lui, est composé de
petites cellules arrondies ou légèrement aplaties (lîg. 79), que coloni
le carmin après durcissement dans l'alcool, et que rend plus appa-
rentes l'action de l'acide acétique. Pressées les unes contre les iiulres
sur quelques points, ces cellules sont ailleurs séparées en groupes
linéaires par une substance brillante, réfrîngenl«, tantôt amorphe, tuilAl
irrégulièrement librillée (Urancber).A cAlé de ces éléments, il«xislr aswx
géncraltiinent des corps huit ou dix fois plus volumineux, et auxqut-U leC'
auteurs allemands ont donné le nom de cellules gigantesques {HiesfiKtllen),
sorte de cellules fi noyaux multiples, mais qui, suivant le» histulo^isl«*
français, seraient tantôt un simple acrolemenl de cellules d'abord indêpra-
dnntes, taaiùt des masses intia-canaliculaires ou intra-alvéolaires, de nalur«
HYPERPLASIBS. 263
fibriuo-albuinineuse, colorées ou non par la matière pigmentaire du
sang, et infiltrées, soit de globules blancs, soit de noyaux provenant des
endothéliums vasculaires. Les vaisseaux en petit nombre qui font partie
de la granulation tuberculeuse, ou qui s'y rendent, sont le plus souvent
oblitérés, et par là on explique les différences présentées par cette gra-
nulation suivant la période de son évolution.
La granulation miliaire est rosée ou grisâtre, semi - transparente ;
elle reste ainsi pendant un certain temps qui constitue sa première
phase ou période d'accroissement. Plus tard, cette granulation devient
opaque, blanchâtre, puis jaunâtre à son centre où les éléments ané-
miés s'infiltrent de granules graisseux, se déforment et s'atrophient, tandis
qu'à la périphérie ils continuent de se nourrir et de vivre : c'est la période
d'état du tubercule, celle qui est vraiment caractéristique. Dans une der-
nière phase enfin, la granulation miliaire revêt partout une teinte jaunâtre,
♦it forme une masse sèche, friable, caséeuse, composée de cellules défor-
mées, de granules moléculaires, de gouttelettes graisseuses, et parfois même
de cristaux de cholestérine. Arrivé à ce terme, le tubercule a cessé de vivre ;
il est devenu pour les tissus de son voisinage un corps étranjrer (|ui les
irrite, les enflamme et en amène la des-
truction. Ainsi se produisent les ulcé-
rations de la surface des membranes
muqueuses (fig. 77), et les excavations
plus ou moins étendues du parenchyme
puknonaire.
La granulation tuberculeuse n'est pas
hi |. Aé t j -A lî'iG. 77. — o, Pointe de la langue dont
seule forme que revête le produit ,« f.^e dorsale est le siège d'un ulcère
tuberculeux. Celui-ci existe encore à tuberculeux ; 6, coupe perpendiculaire
I»A#«» j»*-.cu** j-iT •! •ï" partie moyenne de l'ulcère au-
lelat dmfiltration diffuse, comme il dessous duquel on aperçoit plusieurs
€8t facile de s'en assurer dans la ménin- granulations tuberculeuses, c.
gite tuberculeuse, où l'on voit, à côté de granulations parfaitement ca-
ractérisées des masses membraneuses, grisâtres ou jaunâtres, composées
des mêmes éléments que l'on retrouve encore quelquefois dans la substance
injectée et ramollie des circonvolutions. Semblable disposition existe
dans les organes génitaux (Kg. 78) et urinaires, aussi aurions-nous mau-
vaise grâce de nier qu elle puisse se rencontrer dans les poumons, où
elle a été d'ailleurs nettement établie par quelques histologistcs français.
Grancher et Thaon ont montré en effet que les éléments tuberculeux
peuvent infiltrer le tissu des poumons, de façon à donner naissance à des
Dusses ayant tous les caractères de l'hépatisation.
Hais faut-il, à l'exemple de quelques observateurs, regarder toutes les
26& ANATOMIB P&TflOLOGIQtlE.
altérations nccrosiques ou caséeuses des poumons comme se rapportant
à la tuberculose? J'avoue avoir rencontré des Taits qui se prélent mal à
cette manière de voir. J'ai pu me convaincre, pendant le siège de Paris,
- ttliru» et trompet donlIamoqueuHailinflllrie dt granulation* lubcrculcuM».
La muqueuse Uu col utérin eat restée intacte.
(|u'un certain nombre de jeunes soldats, soulTrant de la fatigue et d'une
mauvaise alimentation, contractaient des pneumonies lobulaires qui,
loin de se résorber, se terminaient par la nécrose de l'exsudat. Cette alté-
i-ation engendrait dans le poumon des noyaux lenticulaires jauoAtres,
fi-iables, grenus b la coupe et ainsi Irès-diiïérents d'une infiltration tuber*
culeuse. J'ai également observé celle disposition chez de jeunes enTanls
mal soignés et mal nourris et chez des adolescents qui avaient pris
tout à coup un accroissement exagéré.
Les opinions les plus diverses et les plus contradictoires ont clé
émises, principalement en Allemagne, sur l'origine du tubercule; il est
sans intérêt de les mppeler. La composition du tissu conjonctif telle
que l'ont fait connaître les recherches de Ranvier permet peut-èlre
d'arriver à une solution. Nous savons que les faisceaux conjonctits
sont tapissés de vrais endothéliums, lout it fait comparables à l'endo*
thélium qui recouvre les séreuses et les alvéoles pulmonaires. Or, sur
un épiploon tuberculeux, il est facile de voir, dans le voisinage des granu-
lations, comme le remarque Grancher, des cellules détachées des faisceaux
et contenant un certain nombre de noyaux, qui ne sont que des cellules
gigantesques doii sortent probablement, par division successive , les
petites cellules constitutives de la granulation. L'épiihélium pulmonaire
et celui des gaines lymphatiques ayant la plus grande ressemblance avec
celui de la séreuse péritonéale, il devient ainsi facile de se rendre compte
■ RypEHPLASIES,
de la localisation du tubercule dans la
IraniP conjonctive des orgnnes, dans la
ami des vaisseaux (lig, 79) et dans cellf
iie!> alvéoles pulmoiiaii-es.
Les poumons sont les organes de prt^di-
|eiion du tubercule; viennent ensuite les
imbnnes séreuses, les glandes lympha-
., le cerveau, le foie, les reins, etc.
mis à une mêrne influence morbi-
i divers organes peuvent être
Kmuilanément atteints, mais quelque-
Ibis aussi certains d'entre eux sont alTec-
' té consécutivement et par propiigallon Fie
Jumnl.Ousaitdepuislongtemps, et mieux
rni-ore depuis les recherches de Lépine,
ijue les tubercules ont de la tendance a
s'''lïn(ire suivant le trajet des vaisseaux
Mn^iiins et lymphatiques ; la figure 60 est
lui exemple de cette disposition. Ce fnil,
i|iii rend corn plede la frequence des alléra-
liuiiscasêeuses des glandes hniphaliques
lians la tuberculose, a sans doute conduit
' ridée de l'infection tuberculeuse.
Vitltmiiin le mérite d'avoir appelé l'ai-
Icntioa des obser^ateui's sur la transmis-
wi expérimentale de la tuberculose;
mais, mal(!ré ses recherches cl celles qui
'iiilsuivi, les expériences de Chauveauno-
lammi-nt, le tubercule ne peut être consi-
Jm^ di-s à pnVscnl connue un produit vii-u-
l'iil. jinaloi,Tie au produit de la variole et
'l' l'i>^l^liLli$,etdanstecas où soninocu-
l;ilion relisait, il y a lieu de croire que
lnmaliêfc tuberculeuse a agi à titre de
sim|jliiinilanl sur un organisme débilité,
"I produisant un tissu inflammatoirtr,
"•mraele font beaucoup d'autres subslan-
<^<' L'iusuftisancede l'alimentation, de
''Sercice musculaire et surtout do l'air.
'oila la grande cause de la tuberculose.
— Pelileirlèremtaingienne
de labercuk. a, le «siueau ;
b, lei élémenU tuberculeux [pelilei
cclluUi rondu el quelques Eellulea
fuiironncB) distendent la K^Inc l*"i-
phalique.(D"aprésr.4(/(tïri'nita(oniic
pnthotogiqur de Lance renux el Lac-
kerbauer. (Grossissement 300.)
■11.. 80. — Vaiiie«ii>Liré»ontéiii|ues
dont les paroit «ont ■flecttei de gra-
nulalions taberculeu^ei ; a, {fan^lion
lyiii|ilialique.
266 &NATOHIE PATHOLOGIQUE.
Les gommes syphilitiques se développent, comme les tubercules, au sein
des tissus de substance conjonctive, tantât aux dépens des éléments cellu-
laires de ces tissus, tanWt aux dépens des éléments de la tunicf ue extemedes
vaisseaux et des parois des capillaires. Lapeau, le tissu cellulaire sous-cuta-
né, le périoste, tes os, les muscles, le testicule, le foie elles enveloppes du
système nerveux sont les parties où elles siègent le plus habituellement. Ce
sont, tantôt des nodosités arrondies ou semilunaires, souvent multiples,
isolées ou réunies (fig. 81), d'un volume qui varie entre la grosseur d'une
lentille ou celle d'un œuf, et composées d'une portion extérieure indurée,
^isàlre, et d'un noyau central jaunâtre;
tantôt des infiltmtions diffuses, peu éten-
dues, assez homogènes, le plus souvent
limitées à une portion d'organe. Variables
sous le rapport de la consistance et de la
coloration, les nodosités gommeuses sont
ordinairement fermes, grisâtres, lisses à la
/ j^ — ■>-\''l 'i coupe, humides, bien qu'ellesne contiennent
/ > \ 1 pas de suc; plus rarement elles sont molles,
1 f i JjA constituées par une masse incolore, vis-
'1 / I ' ■ <iueuse, analogue à une épaisse solution
L l \ J i Mm ^^ gomin«- Cette dernière forme, qui a valu
\ V \ T ^\ il aux produits syphilitiques leur dénomina-
^^S.jj' i 1 il ''"" f^'' P'"^ commune dans les oi^anes
^.^ • ^ \ 'I extérieurs, et surtout au voisinage des os
que dans les oi'ganes internes, n'est que le
résultat de la transformation muqueuse du
tissu gommcux.
Ces produits sont formés, dès le principe,
par l'apparition, au pourtourdes plus petits
vaisseaux et dans les vacuoles du tissu con-
joRCtif, de petites cellules arrondies, sem-
SlTJS";.'!.';'™*' ""■'I"» "" «"'"l"'' lïn>pha>iqu» ou col-
Iules embryonnaires et plus ou moins abon-
dantes. Les trabécules qui cireonscrivent ces vacuoles sont peu à peu
détruites, et les jeunes cellules forment des amas que réunît une gangue
plus ou moins fibrillaire et dont la partie centrale, mal nourrie, ne tarde pas
t'iG. 8t. — Hémisphère cérébral
gauclie s la |iarlîe antérieure du-
legomnMdéieloppée
(t) Tumores alboromattct, qui gummata vocantur, aisumpUt limititadine ab irboribns,
quoniaminDiorbogalUcDcrescunt tuberculaa'inulantiaguminaiarboruDi. (GRl>r. Fallope,
Demoi-bo gallico, Patavii, 1564, p. 193.
IIVPEKPLASlliS. 361
iï'infllirer de granules moléculaires qui lui donnpDtiuteapparence opaque
oujaiiiiiltre, tandis que la partie périphé-
rique, constituée par des éléments plus vi-
\itei, se transforme peu à peu en ua tissu
cunjaiiulir définitif, rétractile comme ie
làiucicatriciel((ig.82].Or, si le néoplasme
■Éâaléet peu nbondant , on compmnd t[\f'
Blénergîi; vitale puisse être suflisauli'
^Krlui permettre une transformation
psque complète, en tissu ambiant ; si, nu
iiHitraire, ce néoplasme circonscrit est dé-
postienuiasses plus considérables, il a par fio. 82. — Coupe micraicapique d'une
tméme une ,iWi,é „,oi„dr., rt l,ie„.ô, ::^ïiX TZ^Tr^lïJi
SCS parties centrales, peu vasculaires, su- l'nrfaniserenfrctàMdâtruireenai c
bi,,.t „„ ,r.v.il ôo. rép-cinn qui eu- « ,» X'r'J^nr.'KKt
iniînL' la destruction même des élémenls siW. (GroiBiiaeineni '-7^.)
propres delorgane affoclé. Ainsi, la spétiHcité de la gomme ne repose pas si
ir, jeune el lucuUirs
Fie. 85, — SurfBae de section anléro-
poîlérieurc clubullifletde la protubé-
rance rcprésonléi fij. 83. a, foyer
il' encéphalite ; c «l e', nodule» gora-
4ifl&reDCe notable entre son tissu et celui de tout auli-e néoplasme phleji;-
e.cHe consiste ptntiH en ce que dans un foyer de tissu embryonnaire
396 ANATUMIE PATHOLOGIQUE.
(le itouvelle fonnalion il so délimite un noyau centra] circonscrïl,
I moins spliùrique, diiïcrant par ses métamorphoses ultérieures du tissu au-
> bryonnaire environnant {Gg. S3 et 8â). Tandis que celui-ci se traiistoimc
I en un tissu fibreux qui se rétracte en donnant lieu à une cicatrice pli»
I ou moins accusée, celui-là subit une métamorphose muqueuse ou fpû^-
Iseuse qui favorise sa résorption ou qui en fait une sorte de corps étnmjri
Edesliné à être éliminé par les procédés ordinaires ((ig. 82).
On a prétendu avoir trouvé la caractérisliquedu produit sypliilitiquedaii
(les alvéoles particuliers au sein desquels seraient déposés les nùjmi
el les cellules embryonnaires ; mais si l'on ne peut nier l'existence de »
alvéoles, qui ne sont vraisemblablement que les espaces lynipbaUquesla
tissu conjonctif, admettre qu'ils permettent de reconnaître toujours l«t
tumeurs gommeuses, c'est leur attribuer une importance qu'ils n'tiBl
iV-ellement pas, puisqu'ils se rencontrentavecdescaraclèrespeu dilTérenl*
dans un grand nombre d'autres processus. Quelques histologistesonté^le-
mentohercbé.sans plus de succès, des CBraclèresspécifiqucsHUXtubcrculM-
Superficiellement situées, les productions gommeuses se nniA-
lissent tout d'abord du centre à la périphérie, irritent les parties voisines,
qui s'enflamment et finissent par s'ulcérer en un ou plusieurs points. !>
fond de l'ulcère, le néoplasme apparaît avec ses caractères particutiert.
tantiH mou et comme gélatineux, tantôt blanchiUre, lactescent ou au-
logue à une émulsion ; le plus souvent enfin, il est solide ou jaunàtiv.
semblable à un bourbillon, à un fragment do saumon desséché. Aprri
son élimination il laisse une cavité qui se recouvre de bourgeons diannu
cl donne lieu à ime cicatrice rélractile, froncée, indurée pendant unc«-
tain temps. Ces phénomènes d'élimination, IVéquents pour les goinint^
de la pt-au et du tissu cellulaire sous-cutané, se présentent quelquetnit
dans les organes prorondément situés. Les gommes des |K)uniuiu.
[lar exemple, s'éliminent par les bronches; je connais un fait où we
tumeur de ce genre a détruit l'endocarde, et ulcéré la surfai-e interne du
cœur. Dans un cas où je rencontrais une excavation étendue sur la tiR
convexe du foie, je fus conduit il soupçonner une lésion de niftw
nature, quoique le plus souvent les membranes séreuses s'opposent ï V
mécanisme par les adhérences qu'elles établissent avec les parties voi-
sines. Dans la profondeur des organes, les gommes syphilitiques dont I»
dégénérescence graisseuse est tente peuvent subsister longleuips:
mais, en général, elles sont peu à peu résorbées par les vaisseaux qui ^
entourent. Exceplionnellenienl elles s'incrustentdc sols calcaires, et, de 1*
sorte, elles peuvent séjourner indéfiniment au sein des organes et des tissus-
Celte évolution et, du reste, la plupart dos caractères propres «iï
BYFBRFLASIES. 269
tumeurs gommeuses établissent un certain degré de ressemblance entre
ces produits et le tubercule ; aussi la distinction de ces altérations n'est pas
toujours facile. Ce qui différencie la tumeur gommeuse, c'est un volume
^énémlement plus considérable que celui des tubercules, une Irame con -
jonctive abondante, surtout à la périphérie, où elle Tonne à la masse
jaune centrale une sorte de coque dont il est quelquefois possible de
l'énucléer, et enfin la présence d'éléments cellulaires et nucléaires qui
sout d'ordinaire plus volumineux, mieux nourris, moins atrophiés et
moins misérables que ceux des productions de la tuberculose.
Le virus syphilitique est la cause efficiente des productions gommeuses,
^nt l'apparition se trouveaidée par des causes occasionnelles multiples,
les unes traumatiques (contusion, action de l'air extérieur, etc.), les autres
physiologiques (grossesse, accouchement, etc.), les autres hygiéniques
(abus des boissons alcooliques, etc.]- l'a transmission héréditaire de la
syphilis et de ses manifestations n'est pas contestable.
^:^2i.
Les nodosités léprtuitê occupent de préférence le derme culani't, et la
peau du visage est leur siège de prédilection ; mais elles se localisent
«icore sur les membranes muqueuses des fosses nasales, de la langue, du
larynx, de la trachée et des bronches,
sur celles de l'intestin et de l'utérus. Cer-
tains organes, et surtout le foie, la rate,
les ganglions lymphatiques, les reins,
ea sont aussi a iïectés. Les poumons, au
contraire, sont rarement atteints par
€c$ lésions, qui, en cela, se distinguent
du tubercule avec lequel histologiquc-
nentelles ne manquent pas d'analogie.
Ce sont tout d'abord des taches peu
«tendues qui se développent dans l'é-
paisseur des parties exposées au con-
tact de l'air, et au niveau desquelles It:
lissu se tuméfie de Taçon îi produire des
tumeurs arrondies et circonscrites d'un ^ ' *^
volumequi varie entre la grosseur d'une Fie. 85. — Tète d'une jeune femmemi ne
I ,.„ . „ ,, ■ -„ I ■ • de ]s lèpre. Lipeau dmisseeed irrtgu-
lentille et celle d une noix, implantées ^^^,^J^^ (p,;;,,, p„ „„ ,i;,„ embryon-
sur une large base, ou des masses apla- mira de nouielle formation. (Murée du
lies, sorte d'infiltration diffuse, d'une '■"afifl S'im-i-ui»)
teintegrisàtreou blanchâtre {fig. 85). Ces masses, isolées ou agglomérées
sur des points particuliers, sont fermes, solides, brillantes, homogènes à la
270 ANATOMIK PATHOLOGIQUE.
coupe, non enkyslées. Plus tard, elles se ramollissent, acquièrent la
consistance d'une bouillie épaisse, irritent les tissus voisins, se cou-
vrent de croûtes sèches, brunâtres, au-dessous desquelles existent
des ulcérations plus ou moins profondes. Déposées à la surface de la
moelle épinière atrophiée, ou infiltrées dans le périnèvre et le névri-
lème, elles produisent la forme de lèpre désignée sous le nom de lèpre
anesthésique. Situées dans l'épaisseur du derme, ces nodosités détermi-
nent Tatrophie de 1 épidémie, des poils ou même des glandes sudoripares
et sébacées.
Les altérations de la lèpre sont composées d'une substance fondamentale
conjonctive, homogène, fibroïde, au sein de laquelle sont déposées des cel-
lules rondes granuleuses, analogues aux cellules lymphatiques, ou bien de
petits noyaux libres, semblables aux cytoblastions de Robin (tissu embryon-
naire) . Les vaisseaux lymphatiques sont généralement les premières parties
affectées par le processus de la lèpre, qui de ce point tend à rayonner dans
diverses directions. Ainsi s'explique l'extension si facile des produits de la
lèpre. C'est le plus souvent, en effet, dans la zone périvasculaire ou gatne
des vaisseaux sanguins qu'on voit apparaître l'accumulation cellulaire qui
fonne plus tard la nodosité lépreuse. L'évolution de ces produits diSière assez
peu de celle du tubercule et de la gomme. Ils tendent comme ceux-ci à
se ramollir, à s'ulcérer, et lorsqu'ils par\îennent à disparaître, ce qui n'est
pas commun, c'est en laissant à leur suite des cicatrices blanches fibreuses
et rayonnées. Dans certains cas, ils peuvent rester longtemps station-
naires, quelquefois même indéfiniment, et, de la sorte, ils se distin-
guent des gommes, qui n'ont ni la même durée, ni la même persistance.
Les conditions étiologiques et pathogéniques de la lèpre sont jusqu'ici
inconnues. Après avoir sévi dans l'Europe entière, cette maladie est aujour-
d'hui reléguée en Islande et en Norvège, où elle est connue sous le nom de
spedalskhed, dans les provinces occidentales de la Russie, sur quelques-
unes des côtes de la mer Caspienne et de la mer Méditerranée {i ) . Elle existe
en outre en Egypte, en Arabie, dans l'Asie Mineure, en Abyssinie, sur les
colesde l'Afrique, dans quelques contrées de Tlnde, au Mexique, dans l'Ainé-
rique du Sud et sur plusieurs points de l'Amérique du Nord. La lèpre est une
maladie certainement héréditaire, rarement congénitale, nullement con-
(i) On prétend généralement que la France et l'Angleterre sont entièrement exemptes
aujourd'hui de celte maladie ; mais cependant il y a lieu de se demander s'il en est réeUe-
ment ainsi en présence de certaines affections mal déterminées de la peau et du système
nerveux. Dans une discussion a la Société clinique de Londres (1873), un certain nombre
de membres convinrent qu'ils avaient observé des cas de lèpre chex des indiridus qui
n'avaient jamais quitté l'Angleterre.
^ËRieuf
Ij^usfl ; plie se dt-vpliippt! siidoiit dans Ips classes paurrfs, dans les pays
[ut* m inalaains, siliiMs au burtl ou diiiis [n voisinage de la mer. l/usaf;«-
(HJiistaiit ou fn^uont de poisson fortemcnl salé, souvent miVnii; ulk'it; ou
Ienii corrompu, est coiisidi^n}, dans a^rtains pays, comme i^laiit une
Be di^ celle maladie, en particulier aux Indes ucciduiitales, eu Crète,
oKou, au Cap do Bonne-Esi)érante, k Norvay, à (^Icutta et à(ieyl,an.
! la palbo^L^nie de certaines lésions lépreuses, de celles i{ui i^pondeiit
ictrment ii l'influence inorbiiique que l'on pourrait appeler pritnitive.
obscure, celle des lésions sctrondaires est mieux connue. Il n'y a |>as
te doute que ces lésions, qui alTectent surtout la piutu. ne soient sous la
ilépaidance d'une allêratioti préalable du système nerieus.
Le hipusest une altération voisine des lésions lépreuses et syphilitiques.
• 1 qui, dans certains cas, parait se raltacber à la scrofulose. Il est
l'iinstitué par la présence, dans les couches sapcrlîciplles du donne, de
pT'lîles cellules rondes ou elliptiques et de noyaux arrondis avec h)-per-
imphie et alténition des follicules sébacés. Au sein de ce processus, qui
M'tend progressivement en détruisant les tissus nonnaux, surviennent
après un certain temps des modifirations n!'çressivL-s qui déltmiiiienl
lii suppuration et l'ulcération.
II. — Les phlpgmasies prolifératives scléreuses produisent au sein
i» tissus de substance conjonctive un tissu peu dilTérent jur sa
composrlion de celui de In l'éfcimi où elles siègent. Dans les paren-
J. 88 n. — TiHuem- Fii;. 8(1 A. — f-e même Pk. 80 c— Lemtmelrtiu
jennaire pruvenonl ii*«u eii voie (la Iniurur- i une pbata un p«u pli»
«•actphalileieit- ninlion ItbrillBire. «vaDcèe el renrarnunl
« étandne. des libres nerveuMi.
S, OÙ elles sont connues sous le nom de pble^masies intei'slitietles
bniKm de leur localisation, et encore sous c«lui de acléroieg,k came de
1
272 aNatouie pathologioub,
l'induialion qu'elles détcrmiiioiil. Dans ces phlfgmusies, les celluWeil-
hrynnnaires, au lieu de cesser de s'accroître, de s'infiltrer de g/m-
lations graisseuses et de se détruii-c, eu un mut, conliiiumt ïk
développer ; à leur forme arrondie {fig. 86 a) succède une forme mpi-
leuse allongée comme dans le développement physiologique, puis elles i<?
■■éunisseiit par leurs prolongemenls de façon à conslitucr un réseau doBC
les mailles renfei-raent une suhsIancR amorphe, contenant toujoun quif
ques éléments ronds : c'est le tissu à cellules fusirornies, représenté pwdes
foisceaux de cellules, pi-cmière ébauche des fihnllesconionctives(fig, M ij.
Vraisemblablemi'iit, en effet, la matière protoplasmique, [iluWl tf"
la sulislanfe fondamentale intermédiaire, sert à la formation dcfïs
Kbvilles, tandis que les cellules conjonctives, situées entre ces faiMMuv,
deviennent définitives ou s'atrophient (fig. 86 cj. Ainsi fonné, ccLisiu.
d'abord assez mou, acquiert bientc^t une densité et une solidité de plus?»
plus considérables qui expliquent la rétraction dont il est le siège.
< A la surface des membranes séreuses, le tissu de nouvelle formaltun.
débarrassé de la couche de Hhrine qui le recouvre, s'étale sous la («no'
de toiles plus ou moins étendues, lamelleuscs, et qu'il est souvent |)<)»^>l^
de décomposer en plusieurs couches superposées et commis feulréw, r*«
loiles, ou néomembi-unes, sont généralement parcourues par des cat'iH"''^
nombreux, remarquables par la faiblesse de leurs parois et par h puis-
sance de leur calibre, qui contraste avec celui des vaisseaux de la mti'Um-
La disposition de ces capillaii-es, qui rappelle celle des réseaux adniinWe»
où la pression sanguine augmente proporliunuellement au voliinx' ilf '*
masse sanguine intei'posée entre le vaisseau afférent et le vaisseau i-fKw''
peut rendre compte des taches ecchymoliques cl des hémorrhagies qoi''
rencontrent dans l'épaisseur de ces produits phlegmasiques. Avec ^
temps, ces nouvelles forniatioiis prennent tous les caractères d'un li**"
conjonctif plus ou moins dense ; des vaisseaux lymphatiques s'y ivi^V"
pent (Schi-ùder van der Kolk, Robin, Lebert), et l'on y a signalé 11 |»^'
sence de lilets nerveux (Virchow, Lebert) et de fibres musculaires i>^^^'
niques (Ncumann). Daus quelques cas enfin, ces toiles pri-sentenl i''"'"
surface une couche de cellules eadolhéliales aplaties, analogues ieo^
qui reaiuvreiil la séreuse, et, comme cette dernière, elles peuvent ^^
envahies par des productions tuberculeuses ou cancéreuses.
Dans l'épaisseur du lissu conjonctif interstitiel des organes p*'**'
c&ymulcux, le tissu embryonnaire se vascularisc et s'organise eD ""
tissu qui a tous les caracléres du lissu cicatriciel. D'abord il rend •*
trame de ces organes plus épaisse, et, avec l'aide de rhvpéréuiie co'*'^
BïPEnrLASiES, 27s
^rartil«9, il pfMsesur les éléments pmpi-es, les comprime, les Tail saillir,
[»miuo(lans le foie, cl les modifie eii les privant des substances nécessaires
leur nutrition (lîg. 87]. Cette modiGciilion, qui conduit à l'atrophie ou
D^inc à Ih di'Slrocltou de l'élément propre (cellules nerveuses, cellules
ipilhéliales du toie ci des i-eins), poul compromettre la fonction de l'or-
içrtri€, c'est pourquoi ces plilegmasies sont des plus tenaces et des plus
in^vcs. Les organes qui en sont aiïectés s'iiidurenl, diminuent de volume,
se défonnenl el deviennent granuleux (cinlioses du foie et des reins), ou
Fm, 87. — Coupe iiiicruscopique perpendiculaire k ta «urfice d'un foie atleinl de
cirrlioie ou hèpstilo proliféra live. a, cspiule de CiUson épaissie; li, vaiaieaux;
c< lobule hépaliqiie ; d, jeunes cellules cl tiiiu Clbruïcle. (ti rassisse ment d'épris une
préparation de M. l'ierret.)
l>ii'iL comme il arrive dans la sclérose des centres nerveux, ils présentent
'1''^ plaques grisâtres et plus ou moins déprimées. Quelle que soit la forme
'[w revotent ces altérations, le tissu de nouvelle fonnalion qui les consti-
'"f, ^ênérulenieut vivace. n'a qu'une fdîble tendance à une i-égression
'nlurelle; aussi les agents thérapeutiques connus sont-ils impuissants à
«iraerson évolution et à amener sa résorption.
IWCBIIEAUI. — Traité d'Anal. l. — 18
^
274
lNATOMIE PATUOLOGIQltg,
r ^
H Le lUsu conjonctif suus-culaiiê no st- comporte pas difleremmeet; il
H devient, sous cerlames influences mal connues, le siège d'un pnx-ftssus if
I nouvelle Tonnation qui transfonne le tissu cellulo-adipcuxet um^pavli« h
H derme en un tissu dense, coriace, blanchâtre, ce qui constitue la sclém-
H derraie, ou encore l'élépliantiasis, si te membre AlT^ccte dt^ la resscm-
H blance avec un jiied d'éléphant (lîg. 88). Ce pi-occssus, suivant Ktismu*-
^B sen, pœseute doux périodes hi&lolo^que-
^M I ' ment caractérisées, la première pu: l'in-
^^^^^ K I jillration dans les ;;aln<-s vasculaires ie
^^^^^h ^^K ^ petites cellules lymphoïdes, la seconde
^^^^^P ^^^" ^> W '^ transformation de ans ci-Iluicsen
^^^^V ^^ 1 ''^^u conjonctif rétractile. La peau, dans
^^^^H \ la première dé ces périodes, rouf;il, se
^^^^H .-^_- . ^ a luméfie, devient douloureuse, à peu près
^^^^H vlÉl d^Êi^-- M comme s'il s'agissait d'un érjsipèle, A
^^^^^B ^l^^^t a^a^S-:"gj| (juelquefois même se recouvre d'une érup-
^^^^H ^^^^Sk ^hIhP lion huileuse. En général, ces phénooiéna
^^^^^B ^^^^^^g(f' 1^^^ dispai-aissent au bout d'un certaîn temps
^^^^^B ^V^^^HF^ ^^T ^t sont remplacés par une desquamatiiin
^^^^^1 ^^^^Hb, ."^ "^ épidennique, puis ils reparaissent vl lais-
^^^^^^^ ^^^ sent à leur suite un gonflement du tissu
^^■^^f* sous-cutané et de la peau, i[ui est rii
FiG.BS.— EtépiiantiaïUdGlAjambe même temps lisse, tendue, parchciiiinéc.
puche. Ugjjg mj pjjg ijg sclérodermie rapporlf p»
Rasmussen, le chorion, plus épais que dans l'état nortnaJ, ne reuli^niwl
qu'un petit nombre de fibres élastiques. Les espaces existant entre I»
mailles du tissu cellulaire étaient très-larges; mais ce qui (Irappait si^
tout, c'était un développement considérable de cellules autour ib*
vaisseaux de la peau et du tissu conjonctif sous-cutané, faisant parelC^
ceux-ci comme engatnês. Ces gaines, formées exclusivement de œllul«
fortement serrées, offraient au centre l'apparence de cellules dr Ijmpli*'
tandis qu'i'i la périphérie elles étaient plus oblongues, fusiformes H
sé|uirées par une substance homogène ou légèrement fibriltaire, «otuM'
dans l'acide ac^'tique ; elles couvraient complètement les vaisieaiil ''
apparaissaient à la coupe deux ou trois fois plus épaisses que les ^^'^
de ceux-ci. Vulpian a vu des lésions assez semblables dans un cas S^
plianliasis ; llanvier, dans un autre cas, a trouvé toute la masse d»
derme épaissi constituée par du tissu embryonnaire.
La seconde période est caractérisée par une induration parliculièredd*
peau et des tissus sous-culanés arrivant jusqu'à la consistance osseuse, ï*"^
^
575
rflraclimi rt relrail des parties Jilti^rt'-es. Lu p-'iiu ne pcnl iMw plissée. elle est
comme soudi^ nus pnrlJeK sous-jat^nles : dans los undroils où elle est
r^aliguëniiic os, elle s'amincit, devient luisante et prend l'aspect eica-
triciei (jui suit une brùlui-e, plus rai-enient elle présente des Assures et
des alcéralions. Pour peu que k-s apom'vroses participent au processus,
elles se fusionnent avec le tissu sous-cutaiii^ et la peau, de sorte que sur
une coupe on constate l'existence d'un tissu lardaci^, induré h la fois par
l'augmentation du volume et de la densité dos faisceaux conjonctifs résul-
inni sans doute de l'orgiinisation délinitive des étémeuls cellulaires de la
première période. Les vaisseaux lymphatiques et les vaisseaux sanguins,
iilués au sein de ce tissu fibreux de nouvelle formation, sont générale-
ment dilatés. Les faisceaux musculaires sont, au contraire, le plus sou-
vent atrophiés, tandis que les nerfs ont été friiqoemmenl trouvés intacts.
U couche [lapiUuire est la portion du derme qui conserve le plus long-
t
^Kklnp!( sou tjpt pinsiiiluffique; quant à l'épidcrmc, il a hypertrophie
^fe(^ Tonne k la surface du demie des squames plus ou moins épaisses;
^V^tUlres fois, il s'intiltre de granulations pigmentaires et coloro le derme.
^^ Cn processus semblable, sinon identique, coïneide av<>c certaines lé-
sions irrilatives du système nerveux. La peau, d'abord muge e
nk
276 ANATOSIIË PATHOLOGIQUE.
dans ranpot<iucite, s'épaissit el s'indurc ; plus tard elle s'ainphtv
lit devient lissp. EIIp est le siège d'èruplions vésiculeuscs ou biil-
leuscs. Les poils s'allongent; les ongles deviennent ralKili'Us, crustacés,
s'incurvent et tombent. Le tissu sous-cutané présente une tunitfec—
tion œdémateuse qui simule un phlegmon. Les articulations eiilïn
sont parrois le siège d'an gonllement douloureux qui disparaît, bî—
siint place à des tissus durs et à une ankylosc partielle. Ce pro-
cessus, dans un exemple qui m'est personnel, consistait en un«^
succession de poussées érythéinaleuses, quelquefois accompagnées de
huiles de pcmphigus, et toujours suivies de la production de .squames
■I>réi«n[finsurp SB.L'sIlin ^"*
ileriae ei formslîon de jqt*^^"*
avaDcèequecotledu plaJ.
lipidenniques [lig. 89 et 90), qui linirent par amener un certain i^/!^
d'iiiduralion de la peau (1).
(1) hne rpinine de Irentc-iept an», b!en contlitaée, d'ooc bonne km^é hnbitaelli!. *"
|)ri»e, en 1871, ik la suite d'une ïWe cmo ion morale, d'une hJn]i|)li>gJF droite, **"'
lii^rtc de (.■oiiiinisînni-e, m»i! suivit' d'apliisie. Après quelques mois, l'aphuîe d'ib*'''^'
HYPERPLASIBS.
Ètiologie et palhogénie. — Les plik'gmasies prolifératives scléreuses
prennent naissance sous l'influence d'une irrîlation plus ou moins pro-
It^n^èe des tissus, el sont l'ciïet de causes générales pIutAt que de causes
lt>o»les. Une de ces causes, les excès alcooliques, peut aider à com-
pE-«3iidre leur genèse. L'n individu, dont la vie est active, prend chaque
jour à jeun un verre de mauvaise eau-de-vie. Ce liquide irrilanl, absorlié
l>^r les ramificatîons de la veine porte et transporté jusque dans le fote,
ooKigestionne et irrite les capillaires de cet organe et les tissus du voîsi-
pials l'hémiplégie di>)Mnireat, ne laistant après ellci qu'un peu de raibleese musculaire ft
une ItgÈrc iltcriitiDndelBïue. Un an n^rh, »Uc remmc reiientit une très-tiie douleur en
leinture, m dIvësu de la régiou lombaire, bîentùL suiiie de douleurs inleoM» dont la cnn-
linuilc de* deux membres intérieurs, se rsiianl surtout sentir nu niveau de» genoui et
lies pieds, où elles ne tardèrent pas i s'urcompogner de détordrei nulritils de II penu iei
cxtréinitt'S. C'est dnne cet éUt que celte unlade entre, au mais de Tvirier 1B73, à
l'Hâtel-Dicu. Elle présente les tignes d'une paralysie de la troitième paire, et ic plaint
de «louk'urt sponlanèrs, vive», lancinanlet, dans les dent jambus ; die éprouie de
la ditOcullé à marcher. Partout la sensibilité luctile et U sensibilité k la douleur sont
En mime temps que ces sjmplômei il existe une altération des pieds, dont l'îii-
^Dsilé parait être en rapport avec les douleurs des jauibes. La peau de la plante
'' de 11 race dorsale des pieds, ù l'eiception d'une faible partie, est rouge, tendue
^t couverte de squames blancbcs, qui, de prime abord, font naître l'idée d'un psoriasis.
**» ongles sont allongés, i'épidemie de l'eilrcniilé des orteils a près d'un demi-mitli-
"i^tre d'épaisseur (Sg. H9), On trouTc, par places, de petites tentes recouvertes de croûtes
J^unilre», el deui fois j'ai pu apercevoir des bulles de pomphigus. L'altération es
^'iictrique, mais plus étendue à la jambe gauche qu'à la jambe droite. Celle dernière
^^nt bientât devenue le siège do nouvelles crises douloureuses ; on put constater que
* nltérstion cutanée prît sur elle un développement proporliouué. Mais ce qui (lia sur-
"^ut l'aiienlion, ce tut l'apparition, sur cette jambe, d'une plaque érflbémateusc, lisse,
*• Uii rnuge uniforme, accompagnée de tumétattion el de chaleur, douloureuse i la
pression, offrant, en un mol, les caractères d'un, érysipèle, ou mieux eeui d'une plaque
"•'«nfriulcucite. D'ailleurs, les ganglions inguinaux étaient tumi^fiés et douloureux. Cette
pliMfue disparut après trois semaines, loissant oprcs elle une teinte sale, grisâtre, de la
P«aa qui se couvrit de squames minces et resta épaissie cl indurée, feu de temps après
apparut, sur les cminences Ibénar et hypothénar et sur la face antérieure du poignet
droit, puis du poignet gimche, une éruption de plaques tout d'abord analogues à celles
'''Dppinriuis pilmaire sjpbililique, mais qui ne tardèrent pas âs'cleudre(&g. 90).
C<ltc tcmmc demeura dans cet état plusieurs mois pendant lesquels elle fut soumise i
un iraitemenl par le bromure de potassium, l'arséniate de fer et les injections au cblorbj-
'Iralt de morphine. Ces dernières, pratiquées it la jambe, turent suivies, au niveau de la
fKlEire, d'un nojau d'induration inllanimatoirc qui obligea de les supprimer ; ailleurs, il
ue K iiroduisit rien de semblable. L'altération des pieds cl des jambes continua de s'étendre ;
'-•^lle des mains, après avoir disparu, reparut et gagna les avant-bras. Les vaisseaux et les
'-UbAu limpbatiques participaient au processus morbide. Le 23 janiier 1878, à huit
'«"ureidu matin, cette malaile esl prise de phénomènes de contracture qui tendent A se
B*aénlii(r; elle succombe 4 quatre heuresdu soir ;ninllieureuBemenl il ne tut pas possible
'It fiife l'oulhpsie. (Vov, Sw:. méti. i/c» Ilôpitmix et l'won méit., 1873.)
278 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
lage. Tout d'abord rien d'anormal, mais, au bout d'un certain temps, les
éléments irrités du tissu interlobulaire , soumis à une nutrition plus
active, se tuméfient, se segmentent et donnent naissance à un Ussu
embryonnaire qui tend à s'organiser définitivement, et qui, peu à peu,
se rétracte, comprime les vaisseaux sanguins et les lobules hépatiques,
d'oùTascite et l'état granulé de l'organe. De même l'individu qui contracte
la syphilis absorbe un agent qui par sa multiplication et sa généralisation
en différents points du tissu conjonctif ou lymphatique, provoque l'irrita-
tion des éléments de ce tissu et détermine la formation d'un tissu
embryonnaire, histologiquement peu différent de celui qui résulte de
l'action de l'alcool. Ajoutons que les phlegmasies scléreuses de la lèpre
et del'éléphantiasis, que celles du saturnisme et de l'impaludisme ne se
produisent pas autrement. Il y a lieu de croire qu'elles sont, comme celles
de l'alcoolisme et de la syphilis, l'effet d'une irritation directe, peu in-
tense, mais longtemps continuée, des éléments conjonctifs, et nous sommes
ainsi conduit à admettre que la plupart des phlegmasies désignées sous le
nom de scléroses des centres nerveux reconnaissent aussi pour cause
une irritation prolongée de la névroglie dont jusqu'ici l'agent nous
est inconnu.
Dans quelques circonstances l'irritation ne porte plus directement sur
les éléments qui sont le siège du processus phlegmasique, mais plutôt siir
le système nerveux qui préside à la nutrition de ces éléments. L«^
lésions qui en résultent, malgré des aspects variés, offrent encore, ^^
moins à la peau, les caractères de la sclérose, en même temps que ^^^
modifications plus ou moins profondes de la couche épilhéliale. ^-^
phlegmasies secondaires, aujourd'hui à l'étude, sont cerlaincnient j>l^^
communes qu'on ne le suppose généralement; aussi méritent-elles to^^^'
l'attention des savants. Elles sont attribuées par les uns à un désoi"^'^
réflexe des nerfs vaso-moteurs; par les autres, h une inflammaâ^ ^^"
première des nerfs ou de la moelle épinière (névrite ou myélil^^)'
mais, en somme, on ne connaît qu'incomplètement leur mécanisme-^ ^'
qu'il est j)ossible d'affirmer, c'est qu elles accompagnent les lésions irri ^^'
tives des centres ou des cordons nerveux.
Si maintenant nous jetons un coup d'œil d'ensemble sur la dcscripL*^"
qui précède, il est un point digne de remarque et que ne peut laiï^^^'^
échapper un esprit philosophique, c'est la simplicité d'action de la nat*-*"*^'
dans le processus inflammatoire. Malgré les causes les plus varit**^**'
agents traumatiques ou toxiques, virus syphilitique, etc., TirritaU^"
phlegmasique du tissu conjonctif se traduit toujours par l'apparition d'e^'**'
ments analogues à ceux de l'état embryonnaire, et ce fait ne peut si-^ *"
HïPEBPLASIES.
pponilii- si Ton serappello que les procédés, pathologiques ne dilTèi-ent pas
(J«rs pi'oc<>dés physiologiques et que le tissu conjonclif n'a qu'un mode
unique (Je génération, Ce n'est donc pas l'élément histologîque qui par
lai-inéme est en mesure de caractériser tel ou tel processus phlegma-
siquc, mais plulût l'agencement des éléments, el surtout leur degré de
vitalité el leur mode d'évolution toujours en rapport avec la nature de
l'agent irritant. De cette fayon seulement on arrive à distinguer les
produits phle^nnasiques du traumatisme de ceux des maladies virulentes
(lU conElitutionnelles, el à reconnaître que chacun d'eus possède des
raraclèi'es évolutifs propres et pour ainsi dire spécifiques.
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? '.■ ~ phle(;kasieb des tissus provenant des feuillets interne et
evrkilnë du blastoderme. fblet;nasie5 épituél1ai.es et neiivelses.
Li-ais&us nés des reuillets interne et exlemedu blastoderme sont con-
iiiu-s pur deux ordres d'éléments, cellules épitbéliales el cellules
ii'n<'uses, surbonlonnées les unes et les auli'es aux tissus provenant du
l'iiillel moyen, snns lesquels ils ne pourraient vivre.
'<(i appelle {'Jsue^/^iMeVta/laooucbeplusou moins épaisse de cellules qui
-«[^ili- revêtement à la peau et aux membranes muqueuses, et les éléments
"Hdlaires des glandes annexées à ces téguments. Ces cellules sont des
' l'NiGTils pAles pourvusd'un noyau vésiculeux, homogène, quelquerois glo-
■l 'lis, d'un diamètre moyen de O^^-OûS â 0°"°,090 ; elles présentent des
■iil'-s de forme qui ont servi à leur division. Rarement, chez l'homine,
•Ifmeuts conservent la fofme spbérique, qui est leur forme primilive
iièiinenlaie ; le plus souvent ils sont aplalisou comprimés iatéralemenl.
"iilmxvariétésprincipates.l'épilhélium aplati ou paviraenteux, ell'épi-
"lium cylindrique. Dans quebiues circonstances enfin, la surface libre
<li les cellules se couvre de cils vibratiles; de là une Iroîsiëmc variété,
'•liithélium à cils vibratiles, qui, chez l'homme el les animaux supé-
"lurs, est toujours cylindrique. Ces éléments, les cellules cylindriques
284 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
exceptées, s'infiltrent quelquefois de granulations pigmentaires; telles
sont, chez l'homme et les mammifères, les cellules de la couche prolonde
de Tépiderme et les cellules épithéliales de la choroïde. Le tissu épilbélial
se caractérise surtout par l'indépendance de ses éléments qui, placés les
uns à côté des autres, ne sont jamais reliés par des prolongements pro-
loplasmiques et ne présentent pas de substance intercellulaire unissante
analogue du moins aux substances gélatineuse, cartilagineuse oa
libreuse. Il ne possède aucun vaisseau, mais quelques auteurs auraieol
vu des filets nerveux se rendre aux noyaux des cellules épithéliales des
glandes salivaires.
Les cellules épithéliales de la peau et des muqueuses renfemienl uoe
substance albuminoïde, et souvent aussi du mucus; mais si, dès le prin-
cipe, ces éléments possèdent des substances protéiques facilement soIb-
bles, plus tard ils se transfoiment, du moins en partie^ en une substance
dite cornée (kératine), plus ou moins réfractaire à Faction des alcalis «l
des acides. Les épithéliums glandulaires contiennent des substances par-
ticulières, telles que les éléments de la bile, de l'urine, du suc gastrique,
de la graisse, de la leucine, de la tyrosine, etc. Envisagés dans leur j
ensemble, les éléments épithéliaux jouent un rôle fonctionnel iuiportanl
chez l'individu, dont ils régularisent les phénomènes de transsudalioDjde
diffusion et de sécrétion. Ils ne remplissent pas un rôle moindre da»
l'espèce, car ce sont eux qui président à la formation des germes (1).
Les tissus épidermiques se nourrissent par l'inlennédiaire des vais-
seaux des couches conjonctives sous-jacentes ; aussi survient-il des modi-
Hcalions dans la circulation de ces vaisseaux toutes les fois que les
épithéliums viennent à s'altérer. Les phénomènes intimes de la nulrili(«i
de ces éléments nous échappent; mais il est certain que les cellules
jeunes les plus rapprochées des membranes conjonctives, couche profonde
ou de Malpighi, jouissent à cet égard d'une activité considérable, qw
explique pourquoi elles sont le siège des phénomènes pathologiques. Au
contraire, les cellules superficielles, transformées à l'état d'écaillés cor-
nées, sont à peu près dépourvues de tout mouvement nutritif, et, pour
ce motif, elles sont réfraclaires aux altérations pathologiques. Ces cellules
se détruisent en se dissolvant, ou bien sont entraînées mécaniquement
par desquamation.
Le mode de régénération des épithéliums est très-discuté. Pour cerlains
^1) Balbiani a montré que la cellule embryopène destinée à devenir plus tard le jren»
embryonnaire se forme aux dépens des cellules épithéliales de la vésicule de de tirail
{Comptes rendus de V Académie des sciences ^ 1874.)
hitol<>ftist«5, la formation des noiivoUea cellules épithélialesostdueii la scis-
iundescellulesancieiines ou ficelle di^s noyaux du lissucoiijonctil'; siiivanl
auln's (ibserva leurs, Robin el Arnold (1), v.fs éléments proviennent d'un
hsloderme granuleu]L qui se segmente, et au sein duquel appnraissent
l's iiovHUï. Quoi qu'il eu soit, répitliélium ne se régénère qu'en
menée de l 'épi I hélium, el lorsqu'il vient à se multiplier, il ne produit
irasis que des éléments identiques. 1] yaurait pour quelques auteurs une
:(»'plion à celte loi, et des corpuscules de mucus et de pus pourraient
iri'ridre naissance à l'intérieur même des cellules épithéliales el aux
lc[»ensdu protoplasnia. (Voyez Frey, Traité d'histologie, p. 178.)
I.e lii,su nerveux est conslilué par des cellules et des tubes conimuni-
(Uiinl entre eux. Placées dans la substance grise des centres nerveux, dans
«pinglioiis périphériques, les cellules nerveuses ont des dimensions qui
Kiivenl varier entre 0— ,09 à 0"",0i5 et même O-'-.OlS {Frey). Elles sont
iphèriques, ovales, fusiformesou éloilées, constituées par un noyau vési-
nili'UiL qui disparaît assez rapidement sous l'influence de l'acide acétique
MBcentré, et qui esl pourvu d'un nucléole arrondi. Dans quelques cas, on
mnstate l'esistence de deux nucléoles, plus rarement celle de deux
nnuux. Le contenu de la cejlule nerveuse apparglt sous fonne d'une
niasse pîtteuse, infiltrée de fines granulations grisâtres el de molécules
^i»seuses solubles dans l'alcMol el dans l'éther, très-souvent aussi de
nsnulations formées par un pigment Jaunâtre, brun ou noir, qui
iu;:inente avec Fâge. Des pralongements ou des expansions de divei'ses
urlf's relient entre elles ces cellules sur la nutrition desiguelles il
n'nistc jusqu'ici que des données vagues el incertaines. Quant aux
Inli^s nerveux, simples conducteurs par rapport aux cellules qui sont
louées d'une activité spéciale, ils ne doivent pas nous arrêter. Il
inflira de rappeler que les nerfs sectionnés cessent de remplir leurs
ondions, mais qu'ils les reprennent après un certain temps. Les
wiit s séparés se réunissent facilement, el, mÔme après l'excision d'un
irf dans une assez gi'ande étendue, les deux troncs se rejoignent par
intermédiaire d'un tissu de nouvelle formation.
I. — Phlci^naiies épi t lié I iules.
L'application d'un vésicatoire,'une brûlure superficielle, sonl les moyens
is en usage pour l'étude expérimentale de ces phlegmasies. La caatha-
;i) Ch.îli}hia,Journ,deratiat.ctdelapl.ysio!. P^'.s, 186Ael186H. — Jul. Aincilil,
tA. f.path. ÂJMt.mdPhyâul.,\. XLVl, Berlin, 1809. —Journal de Itobiii, 1S72,
L
286 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
ridine est surtout propre à ce genre de recherches, car, appliquée
peau, elle agit, non-seulement sur l'épiderme, mais quelquefois aus
absorption sur les épithéliums des reins et de la vessie qu'elle n
plus ou moins profondément. Au bout de quelques heures d'une a]
tion de vésicatoire, la peau rougit, et l'épiderme se sépare en
parties qui paraissent correspondre, l'une à la couche cornée, i'aut
couche de Malpighi. Puis un liquide transparent, citrin, s'épanche
ces deux couches, et forme ampoule. Ce liquide, fortement album
et qui, généralement, se coagule en partie au contact de l'air, n
ferme qu'un petit nombre d'éléments Ggurés, globules rouges et gl
blancs, qui, examinés à la température du corps, sont doués de n
ments amœboïdes. Si avec des pinces fines on cherche à soulever le f
la vésicule, on enlève une couche membraneuse assez épaisse, d'
gélatineux, au-dessous de laquelle apparaît le fond de l'ampoule, d
irrégulièrement coloré en rouge, offre des marbrures correspondai
distribution des papilles dont les capillaires apparaissent comme de
points rouges diversement groupés. Entre les papilles, l'épithi
resté adhérent, offre une teinte laiteuse et blanchâtre et ne contient
capillaire.
La pellicule qui constitue l'enveloppe n'est pas altérée à sa s
externe, mais sa face interne présente des amas de grosses cellules am
qu*à Fêtât normal on ne retrouve dans aucune couche de la peau. La
de ces ct*llules est un peu irrégulière, et leur union se fait par des
droites et non par des denlelui*es comme dans les cellules du rês<
Malpighi. Elles sont gonflées, troubles, infiltrées de fines granulatio
dissout Tacide acétique dilué. Mis en évidence par ce réactif, leur no]
gros, arrondi, à contour net et n»gulier, contrairement à ce qui s o
dans les cellules de la couche de Malpighi, dont les noyaux, ceux du
des parties supérieures, sont irrêguliei^s et finement granulés. Lors
bulle du vésicaloire est restée longtemps intacte, ces cellules modil
r^rouvenl dans le liquide, mais toujours plus rares que sous la pel
\jx membrane gelatiniforme qui recouvre le fond de la phlyctè
constituée par une ci^uche assez épaisse de fibrine, dans laqut^
englobée une grande quantité de leucocytes. Abandonnée à la surf
vésicatoin*, cette couche durcit à lair, se dessèche et tombe rep
par une nouvelle couche ci>niet^ formée sous elle. Si on TenK
se pnxiuit au contact de Tair extérieur une irritation nouvelle c
résultat est la suppuration. Le derme, examiné sur des coupes
ne présente pas d'altération, les papillt»^ rvvèiues de la cou
Molpi^faî sont alloD^Dees dans toute l'étendue de b phhctèoe, et
HYPERPLASIES. 287
quefois leur pointe s'avance jusque dans les couches supérieures de la
couche de Malpighi, et même dans la couche translucide (Voigt).
Ainsi, tuméfaction trouble des cellules épithéliales , exsudât formé
de sérosité albumino-fibrineuse et de leucocytes, injection des pa-
pilles, tels sont les phénomènes produits par l'application d'un vési-
catoire sur la peau. La présence des globules rouges et des leucocy-
tes se révélant surtout au voisinage des extrémités des papilles, il est
Traisemblable que ces éléments proviennent des vaisseaux capillaires de
ces parties, de sorte qu'à l'altération des cellules épithéliales s'ajoute
one modification de la circulation de la couche papillaire. Par conséquent,
lelément cellulaire et l'élément vasculaire paraissent contribuer simul-
tanément à ce processus phlegmasique.
Que la cause irritante soit interne au lieu d'être externe, les phénomènes
de l'inflammation épithéliale varient peu. Les épithéliums non vibratiles
se gonflent, leur protoplasma s'infiltre d'une substance granuleuse albu-
minoîde ; le réseau capillaire superficiel s'injecte, et il se produit un exsu-
dât fibrino-albumineux plus ou moins abondant. Les cellules épithéliales
vibratiles subissent des changements de même nature. Au début du coryza
ces éléments se tuméfient, leur protoplasma devient granuleux, leurs
noyaux se gonflent et se divisent, la membrane de la cellule se dissout,
et en même temps le plateau qui limite la surface libi'e, quoique les cils
persistent oitlinairement ( Ranvier).
Semblables phénomènes se passent dans les éléments épithéliaux des
glandes, dont l'altération varie depuis l'apparition d'un léger trouble pro-
duit par de fines granulations, sans augmentation de volume ni déforma-
tion des cellules, jusqu'à la production de granulations foncées, mas-
9iant entièrement les noyaux, et donnant aux éléments gonflés une
forme grossièrement arrondie. Solubles dans l'acide acétique, ces granu-
lations sont insolubles dans l'éther et le chloroforme, ce qui les dis-
^gue des granulations graisseuses. Après un certain temps, si la dissolu-
^n des granulations protéiques se fait attendre et ne permet pas aux
Pilules épithéliales de revenir à l'état normal, celles-ci subissent une
^^^sformation graisseuse, s'atrophient et sont plus ou moins rapidement
^truites.
En résumé, les inflammations des épithéliums sont caractérisées par
*« gonflement avec infiltration albuminoïde du protoplasma de ces
éléments, qui, suivant la plus ou moins grande acuité de l'irritation,
Pavent revenir à l'état normal, subir une altération graisseuse et se
iélmire ou bien suppurer. Contrairement aux éléments conjonctifs, les
éléments épithéliaux irrités ont peu de tendance à proliférer, et ne par-
288 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
viennent jamais à produire de néoplasme durable. Mais si les phlegmasies
épilhéliales ne sont pas prolifératives, elles peuvent être exsudatives,
diphthéritiques ou suppuralives.
Phlegmasies exsudatives. — Ces phlegmasies s'observent dans tous
les tissus épilhéliaux, mais les glandes sont les organes où elles
exercent les plus grands désordres, sans doute parce que les épithé-
liums glandulaires ne présentent pas comme Tépiderme une couche de
cellules jeunes pouvant au besoin les remplacer. Leurs caractères sont un
peu différents, suivant qu elles affectent une surface tégumentaire, une
glande tubuleuse, comme les reins, ou une glande non tubuleuse, comme
le foie.
Les épilhéliums tégumentaires se gonflent, s'infiltrent d'une substance
albumineuse contenant des [granulations proléiques, solubles dans l'acide
acétique (tuméfaction trouble). Dans cet état, les cellules de la couche de
Malpighi, maintenues par la couche cornée, meurent quelquefois à la
suite de l'altération concomitante de leur noyau, d'où la desquamation
épidermique; ou bien, comme dans le pemphigus, l'herpès, l'eczéma, ces
cellules deviennent hydropiques, se rompent, et le liquide qui s'en échappe,
s'accumulant sous la couche cornée de l'épidémie, contribue à la forma-
tion de la vésicule et de la phlyctène (Ranvier). Les cellules épithéliales
des membranes muqueuses, après avoir traversé la période de tuméfaction
trouble, se détachent du derme, se mêlent au mucus, et sont rejetées
avec lui en petit nombre, sous forme de lambeaux plus ou moins allongés;
sinon, leur protoplasma subit une métamorphose muqueuse qui concourt
également à leur destruction (catarrhe muqueux).
Les cellules épithéliales des glandes tubuleuses s'infiltrent également
d'un grand nombre de granulations foncées, très-fines, ce qui, d'une
part, accroît l'épaisseur totale du tube et rétrécit sa cavité, et d'autre
part augmente le volume de la glande. Puis ces cellules, peu à peu,
perdent leur forme, et leurs noyaux, quelquefois divisés, disparaissent
sous le nuage épais des fines granulations du protoplasma. Dans
cet étal, la résolution, c'est-à-dire la cessation du processus phlegma-
sique, et la disparition des granulations sont possibles. Mais lorsque ces
granulations, qui ne sont vraisemblablement autre chose que la matière
nutritive précipitée sous une forme solide, ne sont pas résorbées, on
voit apparaître, à côté des molécules albumineuses, des grains plus
foncés et plus gros, solubles dans l'alcool et dans l'éther (granula-
tions graisseuses) ; après quoi la cellule se détache de ses voisines,
cîevient libre dans le tube, et est éliminée dans un état de métamorphos
HYPERPLASIES. !:89
plus OU moins complet. Semblables modifications se rencontrent dans le
foie, où Ton voit les cellules des acini subir la tuméfaction trouble, puis
revenir à l'état normal, ainsi qu'il arrive dans un certain nombre de ma-
ladies infectieuses, sinon, être partiellement détruites, comme c'est le
cas pour Tatrophie jaune aiguë, affection dans laquelle les cellules
hépatiques sont à peu près entièrement transfonnées en masses granu-
leuses renfermant des gouttelettes graisseuses et çà et là des granules
pigmentaires. Cette destruction plus ou moins complète est la cause
probable de la diminution de volume de Torgane.
Les phlegmasies épithéliales exsudatives sont des affections com-
munes, déterminées par une irritation des cellules épithéliales qui a
le plus souvent son point de dépari dans le liquide sanguin. Ces
phlegmasies surviennent ordinairement dans le cours des maladies
infectieuses ou toxiques, et se rencontrent dans les fièvres variolique,
typhoïde, scarlatine, puerpérale, septicémique, etc., dans les empoison-
nements par les acides énergiques, les sels de mercure, et beaucoup
d'autres substances. Plus rarement, ces lésions sont l'effet d'une irritation
locale directe, produite par un agent mécanique ou physique. Leur mode
de terminaison parait tenir à la nature de l'agent irritant et aux condi-
tions particulières des individus malades.
Phlegmasies diphthérùiques. — Ces phlegmasies affectent de préférence
les membmnes muqueuses du pharynx, du larynx, de la trachée-artère et
des fosses nasales. Elles $e manifestent sous la forme de petits Ilots, d'un
blanc laiteux ou giisàtre, reposant sur un fond hyp^îrémié, notamment
au voile du palais, à la luette, à la surface des amygdales. Ces îlots ou
taches, élevés d'un millimètre tout au plus au-dessus du niveau de la
muqueuse, constituent des fausses membranes d'apparence fibrineuse,
mais à peu près impossibles à saisir à l'aide de pinces, tant elles sont
friables. Au bout d'un certain temps, c^s fausses membranes, dont les
bords sont soulevés par un exsudât sanguin ou purulent, se détachent et
tombent, et il reste une rougeur de la muqueuse qui disparaît peu à peu
Sans laisser de cicatrice. Après la mort, elles constituent une couche pul-
lacée, assez différente de ce qu'on observe pendant la vie. Plongées dans
Une solution de carmin légèrement ammoniacale, les fausses membranes
diphthéritiques se résolvent en blocs anguleux et réfringents, ou en élé-
ïnents ramifiés s'engrenant les uns dans les autres, et si, dans ces condi-
tions, elles sont lavées et examinées au microscope, on s'aperçoit, con-
trairement à ce qu'on pouvait croire, que, loin d'être formées de fibrine,
^Ues sont uniquement composées de cellules réunies entre elles et
LANCEREAUX. — Trailé d'Anal. L — 19
290 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
dont le protoplasina a subi une dégénérescence toute particulière. Cette
dégénérescence, étudiée par E. Wagner et considérée par lui comme
une dégénérescence librineuse, seraildue bien plutôt, suivant Comil et Ran-
vier, à cause de sa facilité à lixor le carmin, à Tintiltration d'une matière
se rapprochant de la mucine. Les cellules les plus profondes de la couche
épithéliale et les cellules épilhéliales superficielles sont généralement
épargnées par cette altération que caractérise tout d'abord Taugmen talion
du volume du proloplasma. Subissant bientôt une sorte de retrait,
celui-ci présenle des lignes ramifiées plus homogènes, qui réfractent forte-
ment la lumière et laissent entre elles des espaces clairs (fig. 91). Plustard^
le noyau disparait, et, de toute
la cellule, il ne reste plus
qu'un réseau délicat, dont la
forme rappelle la ramure du
cerf, et dont les ^prolonge-
ments, d'après Wagner, se
soudent aux prolongements
des cellules voisines pour con-
stituer le réseau de la mem-
brane diphthéritique que rem-
plissent des globules puru-
lents. En même temps, le
Fie. 91. — Cellules épilhéliales pavimenleuscspro- derme muquCUX, OU même
venant cTune fausse membrane diphthérilique |^ ^j^^^ S0US-mU(IueUX , est
(d après Wagnerj. , *
souvent infiltré de jeunes cel-
lules, de noyaux, ou même de globules rouges ; les vaisseaux sont élar-
gis, distendus par des globules blancs. Cette modification, qui représente» le
degré le plus élevé de l'exsudation croupale, est précédée d'une altération
dite calarrhale, qui, dans (|uelques cas, s'accompagne d'accidents assez
graves pour entraîner la mort.
L'inflammation diphthéritique se transmet par contagion. Dès lors,
il était naturel de chercher la présence d'un parasite : c'est ce que fit tout
d'abord Letzerich, qui prétend avoir rencontré un champignon {Zygo-
desmus fuscus?) dans la fausse membrane do la diphlhérite. Depuis lors,
quelques auteurs ont tenté d'inoculer sur des cornées d'animaux des
exsudais diphthéritiques provenant de l'homme, mais sans que, jusqu'ici,
leurs expériences aient produit un résultat certain (voyez notre thèse sur
la maladie expérimentale, p. 83, Paris, 1872). Cependant, si Ton remarque
que l'inflammation diphthéritique s'observe uniquement sur les mu-
queuses les plus exposées à l'action de lair extérieur, on sera tenté d*ad-
inettif avec nous iju'il y a hion queliiues présom plions pour l'attnhuer
;, an parasite, et un joui- peul-ûtrc Mie altôratioo devra être rangée
dans le groupe des affections parasilaires.
l'hlegmaaie» suppuratives. — Les plile^inasies t'-pjlh<>linl('s suppuralives
onl pour localisation prinei|uile les surfaces téj^unientahvs, trJ.'S-rare-
mrnt Ifs organes glandulaires; elles se traduisent à la pi'au par la prtv
wnec île foyers purulents arrondis, connus sous le nom de pustules, et
dU' les [ncmUranes niuqueiises par une formation exagérée de gloliules \
ili' piL4 et lie mucus, accompagnée de desquamation épithi^liale.
_. la suppuration qui se produit il la surfncu des menUu'anes muqueuses,
ral<>ment désignée sous le nom de catarrhe purulent, a pour princi-
ixcaractères la pnxiuction fxagéréo de leucocytes, l'hypc-rmie de ces
ranos et la chute de l'épithélinm. Hcnéralement roôlt's à des corpns-
a muqueus et à des cellules épi-
J
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mB^.
■—Vf© V,a,®/J
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fii;. 92, — CarpuaculM i\f. pu« el crllule)
èpillidiBlFi dans lin cas àe vnfiiiiile blen-
norrliagique. u, CeJliilo L^pitliûliala d'op-
jiBrcnco vitrPuieaveciiLi noyau vèiiculeux;
i, autre uUulfl uvee iiambreutes globulei
» altérées (Gg. 92), les leuco-
BS forment un liquide é|iais, blan-
K.juunàtre ou verdAtre, plus ou
s visqueux, suintant ù la sur-
luedu derme, qui est violacé on
rai^teàlre, et dont les petits l'aîsseaux
"01 dilatés et remplis de sang. Ces
déments, contrairement aux cellules
•^ithùliales et aux corpuscules n
i3oeus, sont, eji ce qui concerne leur
"rigine, l'objet de vives discussions.
''Quiidérês d'abord comme issus du
lissH ronjonctif sous-épithélial, ils se produiraicut, suivant les recheithes
ileKtniak, Buhl et Itindtlt^iseh, par voie eudogène dans les cellules épitlié-
l'aies superlicîelles ; mais aujourd'hui, surtout par suite des expériences
'fi" Cuhaheim, on tend à croire qu'ils proviennent des vaisseaux sanguins.
•■-Il somme, ils peuvent avoir des origines multiples.
U& phlegmasies pustuleuses se rencontrent au niveau de la peau et
''fs membranes muqueuses à épilhéllum stratifié; elles ont leur type dans
'^pustule variolique. Cette pustule apparaît sur un fond l'orleiueiU liypé-
^iv. sous la forme d'une papule constituée principalement par la tumé-
'wtioii des cellules qui composent la cuuche muqueuse de 1 épiderme.
i'ourvue d'une membrane qui se fait quelquefois remarquer par des canne- •
'"J"*» ùlé|ïamment dis|K)sées (H. Schultze),ccs cellules se gonflent, tendent
^pffinirc une forme sphéroïdale, il se dissocier, et ne pouvant répondre
M
292 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
rimtation inflammatoire par une division complète, elles sont, pour quel-
ques auteurs, le siège d'une formation cellulaire endogène ; en même
temps, une humeur claire, exsudée par le corps papillaire, soulève la
couche cornée de l'épiderme et pénètre entre ses lamelles qu'elle écarte.
Celle humeur renferme, suivant la période où on Texamine, des cellules
épidermiques plus ou moins granuleuses et ulcérées, des leucocjles
qui deviennent de plus en plus nombreux, et des cellules multinucléées
qui sont des cellules épidermiques dont le noyau primitif s'esl multiplié,
/sinon ces mêmes cellules inlillrées de leucocytes. La fonnalion du pus
commence dans les couches profondes de l'épiderme, et un liquide jau-
nâtre se substitue peu à peu à la lymphe transparente qui remplit les
vacuoles du sommet de la pustule. Si le processus se limite à cette sup-
puration purement épilhéliale, le pus se dessèche et le derme se recouvre
bient()t d'une couche épidermique nouvelle. Au contraire, le corps papil-
laire vient-il à suppurer en même temps que l'épithélium ? les vaisseaux
se remplissent de globules rouges et de nombreux globules blancs; le
tissu papillaire lui-même s'infiltre de ces derniersélémenls,d*où sa destruc-
tion partielle à laquelle font suite des cicatrices plus ou moins régulières.
La variole, la pyoliémii», et quelques autres maladies zymotiques, sont
la cause ordinaire des phlegmasies épilhéliales suppuratives. Au con-
traiiv, les plegmasies exsudalives sont l'elTet habituel d'une maladie
hérédilaireinenl transmissihie ou (•()nshluli()nn<'ile. La cause des phtaïa-
sies diphlhérili(jues nous êcliapjie encore.
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II. — Phlegmasies nencuses.
L'étude des altérations phle«nnasiqiios dos éléments nerveux porte
^ï^iquement sur les cellules; les tubes s'atrophient consécutivement.
"algré le grand intérêt qu'elles présentent, ces altérations ont peu fixé
^Uention des observateurs ; aussi sont-elles à peu près complètement
'^^connues : aujourd'hui même, beaucoup de médecins distingués ne pré-
^^ni qu'une faible attention à l'inflammation des cellules nerveuses, ou
^^^rne ils ne l'admettent pas. Il est cependant facile de reconnaître que
^ 'es cellules nerveuses irritt'îes ne se multiplient pas à la façon des élé-
^iits conjonctifs, elles subissent des modifications qui, par leur ressem-
■^tice avec celles que présentent les épithéliums enflammés, permettent
^ croire à leur phlegmasie. Ces modilications, qui se rencontrent dans
^^Iques états morbides, peuvent être produites expérimentalement.
Après rarrachement ou la simple résection du nerf sciatique chez le lapin
29Ù ANATOMiE PATH0LOr.lQUE,
H le coliayo, llavL'iii a vu se piïMluire une in lin mm al ion cicatriciellf , ^.
quelqucfoi» une myélite centrale généralisée. Dans ces condilions, If
proto|>1asma des cellules nerveuses perd son aspoct granuleux normal.
se tuniofio, devient plusn'^fringenl, comme vitreux, et souvent vil po-vési-
culeux. l'uis le noyau et le nucléole masqués et obscurcis disparaissent,
tandis que les pitilungomcnts de la cellule s'atrophient (lig. 93j ; au
contraire, les cylindres d'axe s'hypertropliicnt et revotent une appa-
rence vitreuse, lloliinson pi-étend avoir ol)sei-vé chez la grenouille la
multipliration des cellules ganglionnaires cnHammées. Après avoir incfsé
l'abdomen, cet auteur met à nu l'aorte, passe un fil à travers les tuniques
, replace les intestins, cl referme la proi abdominale «
l'aide d'une suture ; puis l'animal est sacrifié au bout de deux à sept jours.
L'aorte excisée est lavée par lechlomn'd'oret la glycérine. Les c<'llull'sne^
veu se s comprises dans la paroi plilogosée présentent une p roi itéra lionévi-
dentecl plus ou moins avanci'-e selon le moment de lamortdes anipimi.
U'aliord. elles perdent leur aspect granuleux, puis leur protoplusiiia y
segmente en paMieou en totalité, et les prolongements qui! nivoie
dans les expansions de la cellule subissent également la segnieiiialîou-
Ainsi, l'enveloppe de la cellule nerveuse primitive rerireruie linalemeol
un grand nombre do petites cellules qui ne lardent pas à la traverser
pour s'infiltrer dans le tissu voisin, et les cellules ganglionnaires eiiflaiU'
ini-es aboutiraient à la formation de nouveaux éléments tjc nature inip^'
toire. Ces re'sultats ne sont acceptables qu'avec ime grande resene ; ce i]iii
se multiplie en pareil cîis pourrait n'être pas la cellule nerveuse, mu*
bien l'éléinenl eonjonctif qui constitue son enveloppe. La multiplicalii*
des œllules nerveuses est li'ailleurs généralement niw, et si .Mejiiel*
et Kleischc prelendeiil avoir constaté la prolifération inflainmaloin' de*
cellules nerveuses e^'rébiales, d'autres observateurs ont pu douter de c^
fait. De nouvelles n'clierclics sont donc nécessaires pour admettre défini'
livemeiit eeU<^ proUrénilion à la suite d'une irritation pblegiiiasique.
IIYPERPLASIES. 295
Néanmoins, il nous paraît acquis que les cellules nerveuses de la moelle
épinière et des ganglions sympathiques subissent, sous l'action des irri-
tants, des modifications comparables à celles qui ont lieu au sein des
cellules épithéliales ; semblables modifications ont d'ailleurs été observées
dans les cellules de lencéphale.
L'étude clinique des altérations du système nerveux conduit à des résul-
tats peu différents de ceux que fournit roxpérimentation. On constate assez
généralement au sein de foyers inflammatoires la tuméfaction du proto-
plasma des cellules nerveuses, et celle du cylindre-axe. L'liyp<Mtr()phiede ces
éléments, décrite par Charcot, n est autre chose (jue la tuméfaction consti-
tuant le premier degré du processus phlegmasi(|ue. Dans un degré plus
avancé, leprotoplasma troublé et tuméfié devient vitreux, quelquefois pig-
menté et se désagrège; la cellule* diminue de volume, s'atrophie plus ou
moins complètement ou disparaît, tandis que les vaisseaux, d'abord chargés
de noyaux, s épaississent et subissent un certain degré de rétrécissement.
La question de savoir si, comme» dans les cellules épithéliales, les noyaux
descellules nerveuses peuvent se diviser, n'est pas encore résolue, quoique,
dans un cas rapporté par Charcot, on aurait pu croire à une multiplication du
noyau. En somme, les cellules nerveuses ont peu de tendance à proliférer et
ne paraissent pas aptes à suppurer, car le pus que Ton rencontre dans les
centres nerveux a sans doute pour origine le tissu conjonctivo-vasculaire.
Tuméfaction causée par l'indltration albuminoïde du protoplasma, modi-
fication de forme avec tendance à la destruction, tels sont donc les princi-
paux caractères du processus phlegmasique des cellules niTveuses.
Les noyaux de substance grise, notamment ceux de la moelle épinière,
6t surtout les cornes antérieures, sont les parties des centres nerveux les
plus prédisposées à l'inflammation. Celle-ci, quelquefois limitée à un ter-
ritoire restreint , s'étend d'autres fois par une marche progressive et
généralement ascendante à une plus ou moins grande partie de la sub-
stance grise de la moelle épinière. Les tubes nerveux, à l'exception de
ceux qui sont situés tout près du foyer inflammatoire et de ceux qui sont
€n rapport avec les cellules nerveuses, s'altèrent en général. L'alléra-
^on de ces tubes, toujours consécutive à celle des cellules, consiste
<lans une modification de la moelle, qui devient granuleuse et finit
par être résorbée, d'où l'atrophie du tube. Ce processus, assez semblable
'^ celui qui succède à la section des racines spinales, paraît se rattacher
surtout à la destruction des cellules nerveuses. Les éléments conjonctifs
^Ues vaisseaux participent le plus souvent à l'inflammation des éléments
'ïerveux; mais dans les cas qui nous occupent, cette participation est trop
'^ible pour n'être pas placée au second rang.
296 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
C'est pendant la période de développement, c'esl-à-dire au moment où
leur nutrition est le plus active, que les éléments nerveux ont le plus de
tendance n s'enflammer; Tenfant et Tadulte sont ainsi particulièremenl
prédisposés à cette altération à laquelle se rattachent notamment les
désordres de la paralysie infantile et ceux de l'atrophie musculaire pro-
gressive.
Bibliographie. — H. Hadlich, Ucber vari€Osc Hypertrophie d. Uauptnmm-
forts, det^ grossen Ganglienzellm der Kleinhirnrinde (Archiv f. path. Anat. i/àrf
Physiolog., t. XLVI, p. 218, 1869). — Lancereaux et Lackerbauer, Atlas d'am-
tomie pathologique, p. U5Z. Paris, 1871. — Ciiarcot, Sur la tuméfaction dts
cellules nerveuses motrices et des cylindres d'axe des tubes nerveux dans certaim
cas de myélite (Archiv. de Physiolog, norm, et path. , t. IV, p. 93, 1871-72).—
RoTH, Ueber varicose Hypertrophie der JNervenfasem des Gehinis [Archiv /.
pathol. Anat, und PhysioL, t. LVIII, p. 255, 1873). — A. Robinson, Veberdk
entzundl, Veranderung. der Ganglienzcllen des Sympathicus (Stricker Jahrbiicher^
1873, p. /!i38, 50/i). — (i. Hatem, Des altérations de moelle consécutives à l'arror
chement du nerf sciatique chez le lapin (Archives de physiologie , n® 5, 1873;
Comptes rendus Acad. des sciences^ 26 janvier \%lk), — Martineau, Sur mm
d'inflammation aiguè généralisée de la substance giise de la moelle épinière (Soc,
méd. des hôpitaux^ séance du 27 février 187/i),
ARTICLE II. — DES NKOPLASIES.
Celle déiiominalion nous sert à désigner toul un ordre de lésions
nutritives oaraclérisées par la formation de tissus nouveaux, plus ou
moins diiïérenls des tissus normaux, par leur texture et leur évolu-
tion (1).
DispOvSés It» plus souvent sous forme de masses circonscrites el plus ou
moins arrondies, appelées du nom de tumeurs^ les tissus consliluanlsdes
iiéoplasies, plus complets et plus durables que ceux des phlegmasies, on^
aussi plus que ces derniers la propriété d'envahir les tissus nonnauxeld*^
s'élendre. Par contre, il est impossible d'arriver à les produire artiticiell<*^
ment, el si certaines exosloses peuvent être l'effet d'une irritation mt'ca-^
(1) Le sens que nous donnons nu terme néoplosie est un peu dilTérenl de celui que luf
ont attribué les auteurs qui nous ont précédé ; mais nous pensons qu'on nous siura pv
de remplacer le mot tumeut\ dont la signilicalion est \ague et incertaine, par une eipres-
siou plus précise et plus scientifique.
HYPERPLASIES. 297
nique, c'est que ces lésions rentrent plutôt dans le groupe des pblegmasies
que dans celui des néoplasies.
L'élude des néoplasies a depuis longtemps fixé Taltention des obser-
vateurs. Comme toujours, on ne s'occupa d abord que de la forme exté-
rieure de ces altérations, et dans le groupe des tumeurs figurèrent toutes
sortes de tuméfactions solides, liquides ou même gazeuses. Les anciens,
tous ceux qui les ont suivis jusqu'à la Renaissance, et même bon nombre
d'auteurs du xvn' et du xviii' siècles, ont divisé les tumeurs en trois
^upes : tumores secundum naturûm^ supra naturam, prœter natvram{i).
Mais ils étaient loin de s'entendre sur la manière d'appliquer chacune de
ces dénominations. Après les découvertes anatomiques et physiologiques
du XVII* siècle, qui permirent d'acquérir des notions plus précises sur
les phénomènes de la nutrition, l'acception nosologique du mot tumeur se
restreignit peu à peu, et l'école de Boerhaave s'en servit uniquement pour
désigner les productions accidentelles surajoutées à l'organisme et carac-
térisées par la formation d'un tissu nouveau. Ce sens est encore celui
qu'accordent aujourd'hui au mot tumeur la plupart des médecins; il faut
en excepter le professeur Virchow qui, à l'exemple de^ anciens, décrit sous
cette dénomination les altérations les plus disparates; aussi, pour éviter
une semblable confusion , avons-nous cru devoir abandonner cette
expression.
Cependant, dès le xvni* siècle, on savait déjà que certaines tumeurs
Peuvent être formées par le développement anormal d'un tissu normal.
'^insi Littre, ayant montré à l'Académie des sciences, en 1706, une
'limeur de la cuisse constituée exclusivement par du tissu adipeux,
^oima quelques années plus tard (1709) le nom de lipomes aux tumeurs
de ce genre. FMus tai-d, Hunier rapporta tous les tissus de formation nou-
^^Ue à la sécrétion d'une substance plastique qui devient aussilcH le
siège d'un travail d'organisation, et annonça la diversité des aiïections
^^nfondues jusqu'alors sous le nom de cancer.
Laennec, inspiré par Bichat, donne pour la première (ois une classili-
^^tion anatomique des tissus accidentels, qu'il divise en deux grandes
^^légories : !•» ceux qui ont des analogues parmi les tissus naturels de
'économie animale; 2® ceux qui n'ont pas d'analogues parmi les tissus
Normaux. Ces deux grandes classes de tumeurs, qui répondaient en
Partie aux tumeurs bénignes et aux tumeurs malignes des anciens, ont
**tê depuis lors désignées sous les noms de tumeurs homologues et de tumeurs
(t) Consultez le Traité des tumeurs du profcMCur Broca, où se trouve un historique
fort bien fait de la question. Paris, 1866, t. 1, p. 1 et suivantes.
298 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
hétérologues. La première classe comprenait, pour ainsi dire, autant d'es-
pèces de tumem's homologues qu'il y a de tissus normaux; la seconde
classe se divisait, pour Laennec, en quatre espèces, savoir: les tubercules,
les squirrhes, l'encéphaloïde et la mélanose. Moins parfaite que la précé-
dente, cette dernière subdivision avait le tort de séparer des lésions sem-
blables, comme l'encéphaloïde et le squirrhe ; mais elle n'en était pas moins
un progrès. Vers la même époque, Abemethy, qui ne pouvait, comme
I^ennec, profiter des principes d'anatomie générale exposés par [Bichat,
abordait néanmoins la question obscure et difficile de la classification des
tumeurs qu'il divisa en trois genres : les sarcomes^ les tumeurs enkystées,
les tumeurs osseuses. Son travail donnait un appui à l'idée de Hunier
touchant la multiplicité de nature des tumeurs confondues sous le nom de
cancer ; il fut très-bien accepté des chirurgiens anglais.
A partir de cette époque, l'étude des néoplasies ne présenta rien de
bien important, jusqu'au moment où le microscope permit de pousser
plus loin l'analyse de ces produits pathologiques. L'application de cet
instrument à l'étude des néoplasies fut faite dès 1838, par J. Muller, qui,
lui aussi, divisa les tumeurs en deux groupes : tumeurs cancéreuses
ou malignes, et tumeurs non cancéreuses. Ce moyen d'investigation
ne tarda pas à être mis en usage ; mais, comme il arrive toujours en
pareille circonstance, les premiers pas dans cette nouvelle voie furent
souvent incertains; aujourd'hui même ils sont encore mal affennis, n'en
déplaise aux histologistes les plus éminenis, ce qui tient surtout à la
connaissance incomplète que nous avons des tissus normaux. Cette
connaissance est, en effet, la base sur laquelle doit se fonder l'étude
des néoplasies, qui ne sont que des végétations de ces tissus; autre-
ment on risque de comparer entre elles des altérations dissemblables et
de faire fausse route, (^'est pour éviter cette faute que les néoplasies
propres à chaque groupe de tissus seront successivement étudiées.
Nous examinerons : i° les néoplasies nées au sein des tissus formés
parle feuillet moyen du blastoderme; 2" les néoplasies développées aux
dépens des tissus provenant des feuillets interne et externe.
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^ Consultez les Bulletins des Soc. nnatomique et de biologie.
302 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
§ 4, — iNÉOPLASIES DES TISSUS PROVENANT DU FEUILLET MOYEN' DU
liLASTODEBME. — XÉOPLASIES CONJONCTIVES.
Les tissus de ce groupe ne sont pas seulement aptes à s'enflammer,
(voyez p. 219), ils ont encore la plus gi*ande tendance à donner nais-
sance à des produits qui, soit parleur simple présence, soit par kor
accroissement indéfini, peuvent engendrer des désordres sérieux dam
Torganisme. (les produits, ou tissus pathologiques, représentent pb
ou moins fidèlement les tissus physiologiques d'où ils proviennent,
et, pour ce motif, ils sont dits homologues ou hétérologues. Tan-
tôt, en effet, la ressemblance entre le tissu sain et le tissu pathologiqoe
est très-grande, l'homologie est parlîiite , la néoplasie est homoploitifÊt
ou tf/fjique; tantôt au contraire, la ressemblance est éloignée, et le tisn
pathologique, quoique composé des éléments plus ou moins modifiés
tissu normal, diffère notablement de ce dernier par sa texture et s
par son évolution, la néoplasie, du moins en ce qui concerne le
nostic, est hétéroplastique ou atypique. Semblables aux tissus normtnx,
les produits homoplastiques cessent de s'étendre après un certain t
et se limitent en général aux points directement irrités ; les autres
au contraire, ont souvent une extension indéfinie, et sont quelquefoi
infectieux (l).
Les néoplasies conjonctives se présentent sous la forme de masses
plus ou moins fermes, d'un volume qui varie depuis la grosseur dm
pois jusquà celle d'une tète d'adulte. Peu distinctes du tissu normal,
dans quelques cas, elles constituent d'autres fois des tumeurs bien délimi-
tées, ordinairement sphériques, arrondies ou lobulées, et dont la forme
peut être modifiée par la résislaiice (|u'opposent cerUiins tissus à leur
extension. Ainsi, on voit quelques-unes de ces tumeurs contourner ks
os, se mouler sur les tendons, sur les nerfs, et prendre un aspect bosselé,
irrégulier. La coloration de ces lésions est en rapport avec leur
vascularisation; leur consistance varie pour chaque espèce de tissu
conjonclif, mais, en général, elle est d'autant plus faible que le niH^plasmc
renferme plus de tissu embryonnaire, (les lésions, du reste, se nu>difienl
(1) Il importe do distiiipruer In ^généralisation de l'infection dans les tumeurs. I^s IcsioBS
dans la généralisation, s'ét«'ndent toujours à des tissus de même ordre; dans l'infectioi
au contraire, elles émanent d'un point unique, aiïectent indifréremment toute espèce d
tissu. Les néoplasies des tissus de substance conjonctive sont beaucoup plus eipo»m
la généralisation qu'à l'infection. C'est ainsi qu'on les voit envahir les méninges, k
plèvres, le péritoine, dans une plus ou moins grande étendue, tandis que toutes les autn
parties de l'organisme restent absolument saines.
IIYPEni'LASIES.
CaïM l'ilge; plus fermes dans le priiici|ir, elles perdent souvent de \ea^
1 consistance au fur et k mesure de leur diiveloppcmenl; néanmoins, clla|]
I «ni peu de tendance, malgré une végi!lation quelquefois excessive, à dé^ j
] tniire les tissus voisins ot à s'ulcérer.
U composition liistologique des tiiïoplasies conjonctives compivnd des^
s propres à l'une des espèces de tissus de substance conjonctive
M des vaisseaux. Les éléments de substance conjonctive ne diffèrent
I de ce qu'ils sont à l'état normal, du moins à l'une des périodes
r dévelopjiement ; dans quelques cas seulement, ils sont hyper- j
s ou légèrement modifiés dans leur forme. Les vaisseaux ont *
le très-grande ressemblance avec les vaisseaux normaux, ils sont diver-""
snt disposés et constituent un n;seau le plus souvent Irès-ricbe. I
L l'évolution du lîssu qu'ils parcourent ; c'est ainsi qu'ils ofTrenl
mh très-minces, simplement cellulaires, dans les néoplasies emor ^
s de tissu embryonnaire, comme certains libnimes, tandis qu'ils
t un développement complet dans la plupart des tumeurs fur-
des tissus adultes, comme les li|>omes, les ostéomes, etc. Ces '
gaus. comprennent des braiicties arliirielles quelquefois d'un assez gros
!, doimanl lieu à un réseau cxpiltairc très-riche, lequel constitue
n tour uu sjslème wineux remarquable par l'ectasic plus ou moins
muée de SCS branches. Celle ectasie et un certain degré de compression
it par la masse de nouvelle foiinatiiui exposent ces veines à s'oblitérer
r coagulation de liiur contenu, et de là un obstacle à la circulation
s désordres divers dans la nutrilîon de la tumeur. C'est pourquoi
ion que l'on pratique par ces vaisseaux réussit mal, tandis qu'elle
j si elle a Heu par les arlèi'es. Plusieurs observateurs ont signalé
ce de vaisseaux lyraphaliques dans quelques-unes de ces pro-
t qui paraissent également renfermer des filets nerveux de uou-
e fonnation.
s éiude chimique des néoplasies conjonctives à leurs différentes
ides d'évolution sérail du plus grand intéri^t; malhoui'cusement,
e est euUèremenl négligée, Lrs recherches de Kulme ont bien
I que les tissus pathologiques de formation récente renferment d<^
e glvcogène; mais personne jusqu'ici n'a eu l'idée de faire un
n chimique comparatif des formations conjonctives et des tumeurs
Jiéliales, qui, sans aucun doute, ne présentent pas ta même composi-
m. 'routefois, suivant Beneke [1 j , les néoplasies sont d'autant plus riches
: I ) Bea^ke, {Àrebiu f. i
». H6, ISC7).
■««. Reitkunde, It, 1860, aiSchmidl'» Jahrbùehrr. l. CXXXIV,
J
^OU ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
en myéline et en cholestérine qu'elles sont plus malignes; abondantes
dans les carcinomes, ces substances seraient au contraire très-rares dans
les fibromes, où Ton en trouve à peine des traces.
La genèse des néoplasies conjonctives présente les mêmes incertitudes
cjue la genèse des différentes variétés du tissu conjonctif normal ; nous
nous retrouvons ici en présence de la théorie du blastème et de la théorie
de la prolifération cellulaire. Quelle que soit celle de ces théories qu'on
adopte, on voit apparaître au sein du tissu physiologique des noyaux
arrondis, clairs, fortement réfringents, et en même temps des cellules
plus ou moins volumineuses, arrondies, étoilées, fusiformes, le tout ren-
fermé dans une gangue amorphe, uniforme, striée ou fibrillaire. Puis il
s'établit dans la nouvelle formation des différences notables en rapport
avec les conditions particulières de santé de l'individu malade et la nature
du tissu affecté. Dans certains cas, les jeunes éléments continuent leur
évolution de fa^on à constituer un tissu définitif (fibromes) ; d'autres fois,
leur multiplication est tellement rapide et luxuriante qu'ils s'aiTètent dans
leur développement (sarcomes). Bien évidemment, le nombre des vais-
seaux développés au sein du néoplasme n'est pas sans jouer un certain
rôle dans cette évolution ultérieure, mais il reste à savoir ce qui règle
cette vascularité avant de comprendre la cause de cette différence
d'évolution. Malheureusement nos connaissances sur ce point ne sont
pas plus avancées que celles que nous possédons sur un grand nombre
de maladies, la variole, par exemple, où les conditions de la suppuration m
et de la malignité nous sont complètement inconnues.
Les néoplasies conjonctives s'accroissent par la multiplication des ^=s
éléments du nodule primitif, quelquefois par la formation de nouveaux
nodules, souvent aussi par l'addition de zones nouvelles aux couches -j^^ -?■
anciennes. Effectivement les éléments centraux de ces néoplasies soni
toujours plus anciens que ceux de la périphérie, et, tandis que les.
premiers sont en voie de métamorphose rétrograde, les seconds sout^ ^
le plus ordinairement dans leur période d évolution ascendante. Bien^ m -
plus, les tissus voisins de ces productions sont souvent modifiés dans?3s ^^
une certaine étendue, et tout pn'|)arés à former une nouvelle zone:^^^
d'altération. C'est hi unt' disposition qu'il importe de ne jamais oublie*' -'j^
dans la pratique chirurgicale, si l'on ne veut s'exposer à voir apparaîlrtp^^^ -
une récidive sur place.
Los vaisseaux sanguins sont ordinairement resp(»clés par ces néoplasies-^^ 'ï^*
et si, dans quelques cas, les veines sont envahies par le bourgeonno-rj^ -•<
fnent des tumeurs, cest uni(|uenienl lorsque celles-ci sont embryoi»^ :^ ^
naires et luxuriantes. Dans ces conditions, il arrive que les parois di^ .^l^>
ycines Mîtit déliiiilcs et quf la végétation rempHl la cavité vusculaire
(Idhs une plus ou moins ^iraïKle éloniluc, d'où la poHsiliililé d'une
'Hibi}!]'', d'autant plus qu'un Ihi-umbus saufiuîn s'ajoute ordinairement
.\ lu niasse végétante. Les vaisseaux lymphatiques sont aussi quelquefois
'waWm par ces production s, surtout par les fibi'onics embryonnaires;
iimig leur altération, commit celle des Kan(;lions, est beaucoup plus
i.iri'ici que dajis les néoplasîes ("pilhéliales. el n'u pas lieu si lu tumeur
ijli-ntouréc d'une toile solide, libieuse.
I,a marche des néoplasics conjonclives est très-variable : la plupart ont
iiiH> évolution lente, arrivent à un complet développement et se modilient
peu |Gbrome&, lipomes]; quelques-unes ne peuvent acquérir ce même
dpvHlftppemenl, elles s'arrêtent dans leur évolution et manifestent la plus
grande tendance à dégénérer.
U's dégénérescences de u^s tissus pathologiques ne dilTêrenl pas de
itlles des tissus physiologiques. L'une des plus communes, la dêgéné-
l'pjict'iice graisseuse, s'observe plus spt^cialement dans les tumeurs
tllin^uses. et principalement dans celles de ces lunitursqui restent à
l'état embryonnaire el que l'on désigne sous li' nom de sai-comes.
Klle consiste en une infiltration des éléments cellulaires par des granu-
lations piiitéiques et graisseuses qui donnent à lii limieur une teinte
piiuiitre ou blanchâtre caséîforme. La déj^cnérescence amvioïde est
rareiiieiil observée au sein de ces nêopJastes; la dégénérascence mu-
4u«use, plus commune, est la principale cause des kystes qui s'y
(liii-eloppent, L'infiltration calcaire est le propre des tumeurs d'nrigine
'onjonctive , dans lesquelles peut même se pit^duire une véritable
"S'iificatinn. Ainsi, les tissus qui constituent les ni'dplasies conjonctives,
iimi -seulement vivent et se nourrissent comme les tissus normaux, ils
«ml encore soumis aux mêmes altérations que ces derniers.
Les tumeurs dépirmlantes de la série des tissus conjonctifs, quelque-
fni.smullqik's d'emblée, sont souvent solitaires. Les tumeurs multiples
% mji'ontrent onlinairement dans un même système de tissu, par
'M'raplir le» fibromes dans le système nerveux, les chondromes dans te
'«liiui' osseux. Les lunieui's solitaires accroissent leur nombre, tantôt,
l'imiiip dans les myuuies utérins, |Mir suite de la persistance de la pré-
li'iKisilion locale, lantiil par l'eliet dune véritable iiireclion émanant de
'■' luHicur primitive. Ce dernier mode de généi-alisalion s'opère {«r les
'tiK's mi par les valssrauv hmphatiques : par les veines lorsque la
'«lueur vient à végéter jusque dans leur profondeur et aidera la formn-
'"m lie roncrétions que le roulant sanguin transporte dans les organes ;
i*ir li's IviTiphaliques qiianil cette même forrimlion, envahis^^anl fcs
306 ANATOMIE PATHOLOGIQUB.
vaisseaux, vient y produire des coagulums susceptibles de s'étendre
plutôt que de se déplacer. 11 est d'autres modes de propagation plus
particulièremeiil propres aux néoplasies conjonctives embryonnaires ;
mais jusqu'ici leur mécanisme nous échappe.
La récidive des néoplasies conjonctives est commune, surtout quand il
s'agit de tissus jeunes, et, fait digne de remarque, la seconde formalionn'a
pas toujours les caractères de la première ; il n'est pas rare de voir un sar-
come se produire à la suite de l'ablation d'un fibrome, un myxorae là où
existait un lipome, et inversement ; en général, la tumeur récidivée est
composée par un tissu plus jeune que l'ancienne, c'est une donnée que le
chirurgien ne doit pas oublier.
Il importe pour le diagnostic de ces tumeurs de tenir compte de leur
point de dépari et de leur siège, comme aussi de leur faible tendance à
l'ulcération. Constituées par un tissu plus ou moins jeune, les néoplasies
conjonctives ont une grande ressemblance avec les phlegmasies prolifén-
lives; elles en diffèrent par le fait d'un accroissement indéfini, dune
faible tendîince à la régression. Leur pronostic est variable ; mais, en gé-
néral, moins une néoplasie conjonctive a d'aptitude à constituer un tissu
complet, plus elle a de tendance à s'étendre, à se généraliser et à réci-
diver; en d'autres termes, plus la végétation s'écarte du développement
normal, plus elle offre de danger pour l'organisme, et inversement. D'où
cette conséquence que, pour avoir une connaissance exacte de ces néo-
plasies, il ne suffit pas de connaître le tissu qui leur donne naissaiire:
il faut encore tenir compte de la manière dont s'effcTlue leur dévelop-
pement, (^est ainsi qu'une genèse lente du tissu (!oiijonclif arrive à
produirez un fibrome, tandis qu'une génération plus rapide des éléments
de ce tissu engendrera un sarcome encéphaloïde. Ajoutons (|ue la mali-
gnité de certaines tumeurs dépend en outre de la structure cl de lira*
poitance fonctionn(îlle de l'organe dans lequel elles se développent. Plu>
cet organe est vasculaire, plus l'extension est facile.
Ouoi(|ue nonibreus(»s et variées, les c^iuses des néoplasies conjonctives
peuvent se grouper sous trois chefs : influences physiques et mécaniques.
influences physiologiques, influences pathologiques.
Les influences physiques et mécani(|ues, si puissantes à engendrer i'i»'
flammalion, n'ont au contraire (|u'une faible tendance à produire desné(^-
plasies. (> n'est pas toutefois qu'il nian(|ue de faits où ces altération»^ S4ii*?"^
survenues à la suite d'un traumatisme. Un certain nombre de fibronie>
adultes ont été rencontrés sur le lobuh'de Toreille ; 1 ), au point même ou
(1) Saint- Vol, Gaz. des hôpitaux, i864, p. 8A.
I 1— il— lÉiMilih II
HYPERPLASIES, 307
siègent les anneaux ; des Kbromes embnonnairos ou sarcomes ont été
obsenés à la suite d'une fracture des os (1) ou dune simple contusion
du tissu conjonctif (2). Moutard-Martin (3) a publié un cas de gliome
cérébral chez un individu qui avait fait une chute sur le crâne. Les indi-
vidus qui portent habituellement des fardeaux ont quelquefois plusieurs
lipomes sur le dos. Un coup, un simple choc, une fracture, peuvent être
le point de départ d*un chondrome. Nélaton (6) cite Texempled^un homme
parfaitement guéri, au bout de deux mois, d'une fracture à la jambe, et
qui, cinq ans. plus tard, fut atteint d'une nouvelle fracture au même
endroit, où s'était développé un enchondrome. Enfin, un certain nombre
d'auteurs, dont quelques-uns sont cités pjir Virchow (5), ont également
publié des faits d'enchondrome survenu à la suite d'un traumatisme.
L'ostéome se rapproche à ce point de vue de l'enchondrome, il est pro-
duit quelquefois par la même influence. Par conséquent, il n'est pas
douteux (jue le traumatisme ne joue un certain rôle d^ms la genèse des
néoplasies conjonctives. Mais quel est ce rôle? Si le traumatisme produisait
ici, comme dans l'inflammation, des effets constants, il serait clair qu'il
agirait comme cause efficiente ; mais il n'en est rien, et ce n'est (ju'excep-
lionnellement (|U(» les altérations néoplasi(|ues des tissus conjonclifs lui
succt*dent. On est alors forcé de reconnaître qu'il existe une prédisposition
générale ou locale de l'organisme, et. de la sorte, le traumatisme n'a plus
que le rôle d(î cause occasionnelle. Vn portefaix a un épaississement ou
même un ulcère de la peau du dos, il est évident que ces lésions sont le
résultat de sa profession ; la preuve est qu'elles disparaissent s'il vient à la
cesser. Mais si ce même individu est aflecté d'une tumeur graisseuse qui,
malgi'é la cessaticm de Tirritation, continue de s'accroître, il est inq)os-
sible de mettre le traumatisme seul en cause, et il faut bien admettre
l'existence, dans le tissu, d'une prédisposition particulière pour telle
ou telle altération. Cette prédisposition, intimement liée à la nutrition
des tissus, la chimie plutôt que l'histologie est propre à en dévoiler
la nature par la connaissance de la composition exacte des déchets
nutritifs.
Les circonstances physiologiques qui influent sur la genèse des néo-
(1) Slich, Berlin, klin. Wochemchn/1 , 1873.
(2) H, Larrey, Uttion méd,, 1852, p. h3, — Seufllcbcu, Avchiv f, kl. Chirurg.
1, 118.
(3) Moutard-Martin, Union médicale^ n° 6G, 4 juin 18rt8. — Lanceroaux et Lickor-
^^er, Atlas d'anatomie pathologique^ p. 417.
(4) Nélaton, Gaz. des hôpitaux, 1855, n« G7.
(^) Virchow, Pathologie des tumeurSy t. I, p. 483.
308 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
plasics conjonctives sont la dentition, la puberté et la gestation, plus
rarement la ménopause, car ces formations, plus ou moins intimement
liées au développement normal des systèmes organiques, appartiennent
surtout aux périodes de croissance et d'état de l'être humain. De même
que le traumatisme, ces influences ne sont que de simples causes
occasionnelles et n'ont d'effet qu'autant qu'il existe au préalable une
prédisposition générale ou locale de l'organisme. Contrairement aux
phlegmasies, les néoplasies conjonctives ne sont jamais produites par
des agents virulents, du moins il n*est pas possible de citer un seul
exemple de transmission de ces lésions par inoculation. L'hérédité
n'est pas indifférente à leur formation ; elle se trahit quelquefois de
très-bonne heure, dès la naissance, par une série de petites tumeurs
désiiinées sous le nom de nœvi ; dans d'autres circonstances, elle ne
se révèle pas avant la fin de la période d'accroissement, pour les papil-
lomes et les fibromes, par exemple. Certaines familles de ma connais-
sance ont pour ces dernières lésions une disposition des plus mani-
festes, à tel point que la plupart de leurs membres présentent, à une
certaine époque de leur existence, des tumeurs semblables en des points
déterminés du corps (1), comme s'il s'agissait d'organes spéciaux.
C'est là une sorte d'anomalie de formation du genre de celle qui expose
toute une descendance à la sexdigitation, et sans doute un résultat de
sélection naturelle.
De même que les tissus conjonciifs physiologiques ont entre eux une
corrélation intime, en ce sens qu'ils sont susceptibles de se ti'ansformer
les uns en les autrefs, et qu'il n'y a pas toujours de limites tranchées
entre leurs diverses formes, de même les productions pathologiques de
ces tissus sont liées entre elles parle fait d'une coïncidence fréquente, de la
possibilité de leur transformation réciproque et de leur naissance dans
des tissus de forme différente (enchondrome du testicule, de la paro-
tide, osléome de la dure-mère, etc.). C'est à tort qu'on a admis qu'il
y avait en pareil cas hétéroplasie, et qu'on a voulu tirer de là des indi-
c>ations pronostiques d'une certaine gravité. Il convient, pour montrer
l'erreur commise à cet égard, de rapprocher la description des altéra-
tions néoplasiques conjonctives et de les séparer des formations épithé-
liales. Nous étudierons successivement les néoplasies des tissus de sub-
stance conjonctive celluleuse, réticulée, muqueuse, puis, celles des tissus
adipeux, cartilagineux, osseux, flbreux, vasculaire et musculaire.
(1) A pisis Pisones, ciceribus Cicérones, lentibiis Lentulos appellntos esse.
1. -N^oplaiies <tu tistu de Milistniiru cunjimi'livc simple nu celliilcuse.— KiiilatliélbirtM.
Ulissu de subslaiice conjonctive ct'Uuleusp es\ Tormé d'éléments in-
rip|)euilanl3, (;énifratemeiit aplatis, renfenijant peu de contenu, arrondis,
[xiljponaux ou fuBiforraes, quelquefois dentelés. Ces éléments, ou cel-
luJK, siinplemcnt accolés entre eux, soûl disposés bous forme de mem-
hnuei existant surtout à la surface des cavités closes ; ils constituent
IfsfiiuN êpilliéliums des cavités séreuses, des capsules articulaii-es, des
lnjurws muqueuses, etc., ceux du cii'ur et des vaisseaux, des parois des
fapillairi's et des plus petits espaces lymphatiques, les gaines des
diuleî !!an;;lionuaires et des libres nerveuses périphériques.
tiuoique privé de vaisseaux, ce tissu peut végéter : assez souvent il
fcrieiit le point de départ de formations spéciales, décrites sous des noms
Aim, tibrophytes de la dure-mére. tumeurs fibro- plastiques ou sarco-
naleuM^s de la dure-iuère (Cruveilhier), tumeurs sarcomateuses intra-
(rtnieuiies ( Lebert et quelques hislologistes), sarcomes angiolilhiques
(Corniletltanvier). Exagérant l'importance d'un caractère tout à fait secon-
iùn. t'inliltration ciil<aire d'une partie de leurs éléments, Virchow a
ippelé CCS productions du nom impi-opro de psammomes. Ch. Kobin,
ïpTKi avoir montré qu'elles proviennent de la couche épithéliale qui
lipisscla dure-mère et les séreuses en général, les a décrites sous le nom
d'éfHihélioma des séreuses.
Bton que mes reclierches personnelles m'aient depuis longtemps con-
Ml i partager la manière de voir de ce professeur distinjjué, quant à l'ori-
r'oede ces productions néoplasiqucs, il m'est cependant difficile de les
l'^^miler aux tumeurs épilhéliales dont elles diBTèrent au moins autant
'l"e les endothéliums différent des éptthéliums proprement dits. Effective-
'xenl, en dehors de leur structure, elles se distinguent des véritables épithé-
''"HH's, et par leur évolution, et par l'infillration calcaire dont elles sont
'p siège ; de plus, elles n'ont pas comme ces derniers le triste privi-
'cp d'infecttT l'organisme. C'est pourquoi, rattachant ces altération';
'lu tissu conjonctif qui leur donne naissance, il me parait naturel de
'*» désigner par le mot endolhéliotne.
f'tif.ription.—Les néoplasies cndottiéliaJes, dont le siège ordinain- est la
«'rface de la dure-mère cérébrale ou rachidienne, principalement la
Partie antérieure du cerveau ou de la moelle épinière, ont eneoiv étéren-
<m\Tivs sur le feuillet viscéral de l'arachnoïde et sur d'autres points de
'""■pHiisme. Ch. Ilobin tes a trouvées h k suifiice du péritoine et dans ta
J
310 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
veine iliaque interne ; Neumann, dans la cavité orbitaire : il n'est pas dou-
teux qu'une étude plus approfondie ne permette de les découvrir en d'au-
tres endroits (1). Ordinairement solitaires, ces néoplasies sont quelquefois
au nombre de deux et dépassent peu ce chiffre. D'un volume qui varie
entre la j^osseur d'une lentille et celle d'un petit œuf de poule, elles sont
ovoïdes, sphéroïdales, quelquefois aplaties par la résistance des tissus avoi-
sinants; le plus souvent elles sont sessiles, et, dans quelques cas,
on les trouve fixées par un court pédicule à la surface des séreuses.
Leur consistance est ferme ou même dure, et quand des sels de
chaux viennent à les incruster, elles crient sous le scalpel; néanmoins
elles ont, dans quelques cas, une friabilité très-grande, toute particu-
lière, et presque terreuse. Elles ne contiennent pas de suc ; leur colo-
ration, rosée et semée de points rouges dus à des extravasations
sanguines, est quelquefois grisâtre ou blanchâtre, surtout à la suite
d'une incrustation calcaire. Elles se détachent facilement de la membrane
qui leur donne origine et n'adhèrent pas aux membranes voisines.
Les endothéliomes sont essentiellement composés de cellules aplaties
ou fusifornies auxquelles sont ajoutés quelques noyaux ronds et des vais-
seaux plus ou moins nombreux. Ces éléments réunis agissent, du moins
dans la cavité crânienne, par la pression qu'ils exercent sur le cerveau ou
sur les nerfs, cl par conséquent leur situation, plutôt (|ue leur volume, dé-
cide de leur degré d'importance : il y a quelquefois de la pachyméningite à
leur voisinage. Les cellules ont les caractères des éléments endothéliaux
des vaisseaux artériels ou veineux, des membranes séreuses; elles sont
libres, accolées entre elles, ou concentriquement disposées en globes
semblables aux globes épidermiques. Libres, elles sont pâles, et quelque-
fois tellement minces que, malgré des dimensions colossales, il est difG-
cile de les voir, à moins d'un grossissement considérable. De forme irré-
gulièrement polygonale, ces cellules sont aplaties, assez semblables à un
voile plissé à un de ses angles, quelquefois allongées et effilées vers une
seule ou vers leurs deux extrémités (lig. 93). Entraînées parle liquide sous le
champ du microscope, elles se montrent tantôt avec leur forme lamelleuse
polygonale, tantôt sous la forme d'un fuseau. Vues de face, leur l)oi*d est
difficile à suivre tant il est mince; vues de profil, elles ressemblent à une
cellule fusiforme très-longue, dont le centre est occupé par le noyau.
(1) Je ne doute pas, pour mon compte, que ces tumeurs ne puissent se rencontrer
partout où existent des cellules endotliéiiales, et je suis porté à croire que bien souvent
elles ont été décrites sous le nom de sarcomes fibro-plasliques ou sarcomes fuso-cellu-
laires à grosses cellules. C'est du moins ce que me paraît avoir fait Virchow (voy. Pntho^
hyic f/es tumeurs, irad. franc., t. 11, p. 191).
UïPERPLASlES. 3H
b'its unes contre les aulros, elles ofTiviil une nppaifncefibiîllîiireou
Ifc qui peul tromper un observati-ui- peu alteulil (li^. ^Ii o). ICitfin
pws-unes de ces cellules, plus ou moins régulières ou fusirormes,
^t mesurer jusqu'à un ou deii:c
Ibwdemillimëtreen lonpicur:
(taedVIIes possède un ou deux
bsiLuésvers son centre, noyaux
p ou non d'un petit nucléole
E cellules , concentriquenienl
ES, forment des globes spliiï-
ft^, composés k leur centre ite
{teellules rondes et d'une masse
^Aeetgi'anuleuse, le plus sou-
focraslêe de sels calcaires. Au-
iece centre ou noyau globulaire,
hxlaposées des cellules plateset
ipes, qui, vues de champ, res-
lent k une bandelette fusî-
Klimitiie par des lignes Toncées.
H fiiil rouler sous le verre du
iicope CCS agrégats cellulaires
ft par la compression, on voit
Baies détachées conserver sur
nears côtés la forme courbée cl
^ (fig. 9â]. La plupart de ces globes sont simples, quelques-uns
fcenlsont composés, c'esl-ii-dire qu'ils présenlentdeuxou trois petits
H à leur centre ; ces derniers sont quelquefois ovoïdes ou allongés.
Bieu de ces globes cAlciliés se rencontrent quelquefois des bâtonnets
kiques ou acieulaires également incrustés de chaux, terminés par
ptrémité plus ou motus effilée, souvent mitre-croisés on diverses
bns cl donnant à la préparation uii aspect élégant (lïg. 9fi c).
nr les attribue à l'incrustatiou des faisceaux de tissu cunjonctif, mais
[possible, comme le prétend Itobin, qu'ils ne soient que des
fe cellules très-cohérentes et calciftées. Les grains calcaires se dis-
Klentement par l'acide chforhydrique, et dégagent de l'acide c^rbo-
Ited petite quantité; en sorte qu'il est probable qu'ils renferment
fé phosphate que de rarlmnate de chaux. Ils laissent après eux
Itague incolore ou grisâtre, Nnement grenue, conservant parfois la
Bts stries conwiilriques pi-ésentées par les ronerêlious calcaires.
Fig, 93. — a,rf,c«llDleiendalh£1iale> libres';
b, c, mâmee cellules coocenlriiiueineiit dis-
posées autour de ao<|aux centraux et for-
miinl des globes sjihdriques.
L
312 ANATOMIE PATaOLOOIQUE.
Entre ces parties oit observe des cellules et des noyaux libres avec ou
sans nucléole, et de minces traînées de tissu conjonctif parcourues par
des vaisseaux capillaires assez volumineux pour être aperçus à l'œil nu.
Kic. 9S. — Ëlc^menls provenant il'une tumeur d« rarnclinolile. a, cm élcmenl;, accolés
les uni aux antres, simulent uu lisau llbrillaire; b, cellules enlouraal de* nojiaui;
c, bâtonnets c y li nitriques; d, e, cellules libres ; /, cellules concenlriqiiement ilispaiêei
autour lie g1obe> jphériqucs ; in, ba^etti^s calcaires ; v, vaisseau calciQé ; JU, globe
cellulaire calciilci à son centre. Grosiissemenl, 150.
Ces vaisseaux, contrai rein en 1 aux globules calcifiés, sont plus abondants
dans les tumeurs du reutllel viscéral (]ue dans celles du feuillet pariétal de
l'arachnoïde, ce. qui porte ii croire que le siéiie n'est pas tout à fait sans
influence sur les caractiia-s de la nouvelle formation. I/îs ttniiques de ces
vaisseaux sont entièrement lonnées de cellules semblables à celles de la
masse entièi'e. Cornil et Itanvier rattachent à un bourgeonnement de ces
tuniques la fomiation des globes calcifiés, et ce processus serait pour eux
de tous points senildable aux modilicalions physiologiques des vaisseaux
du plexus choi'oïdc. Mais si cette dis|>osilion peut se rencontrer dans
quelques cas, il faut l'econnailre qu'elle est relativement rare.
Évolution. — Les endotbéliomes naissent à la surface des membranes
séreuses et pi'ennent naissance vraisemblablement aux dépens des cellules
endothcliales. La présence de jeunes éléments ronds au sein de ces tumeurs
porte à croire qu'elles proviennent d'un tissu embryonnaire et non d'une
simple division des éléments celluleux , leur siège et leur faible extension
indiquent qu'elles s'accroiss<'nt suilout aux dépens de leur propre mas-si-.
HYPERPLASIES. 313
^eur marche est généralement lente, autant du moins que la clinique per-
et d*en juger par les phénomènes de compression qu'elles déterminent.
'est peu à peu, au fur et à mesure de leur accroissement qu'il s'y forme
cl^sglobes cellulaires que viennent incruster des sels de chaux. Quoique
I #3ur présence soit en quelque sorte accidentelle, ces globes, lorsqu'ils
♦??3Lislent, n'en ont pas moins une valeur diîignostique des plus impor-
t^antes. En dehors de l'inlilt ration calcaire, les endothéliomes sont peu
<ï3iposés aux dégénérescences habituelles des néoplasies conjonctives.
Diagnostic et pronostic, — Les endothéliomes sont faciles à reconnaître
h istologiquement, car, indépendamment des globes cellulaires qu'on y
«•encontre, leurs cellules transpareiit(»s, diiïérentes de forme suivant
c|W['elles sont vues de face ou de côté, ne permettent pas de se tromper.
L#^s gommes syphilitiques et les agglomérations de tubercules qui, à l'œil
1111. leur ressemblent, sont tout à fait distinctes, pour l'œil armé du micro-
î5.oope, par le faible volume et la fonne arrondie de leurs éléments
c-^llulaires. Le pronostic de ces lésions est grave à cause de leur siège
liabituel qui les met à même de troubler les fonctions cérébrales ; il Test
encore par la ténacité et la persistance de ces tumeurs, qui n'ont aucune
tendance à être résorbées. Leurétiologie nous échappe à peu près entière-
ïïîenl, car s'il a été possible de les attribuer, dans quehiues cas, à un
traumatisme, on ne peut admettre que cette influence ait été leur seule
«t unique cause.
Bibliographie. — Cruveilhier, Armtomie pathol, du corps humain et Traité
d'anatom, pathol, générale, Paris, 1855, t. 111, p. 642. — Lebekt, Physiologv^
V^hologique. Paris, 1845, t. Il, p. 151. Traité des malad, caiicéreiuies. Paris,
1«51, p. 755, Traité d'anatom, pathol, Paris, 1861, t. H, p. 73, pi. lOi. —
Bouchard, Lacrousillk, Hayem, dans Bull, delà Société anat., 1874, sér. 2,
^ LX, p. 21, 62, 323, 444. — Prévost et Vulpian, Bull, de la Soc, anat.. 1865,
p. 38. — ViRCEiow, Pathologie dps tumntrs ; irad, fr. Paris, t. II, 1869, p. 105 et
p. 348. — J.-M. CiiARcxiT, Archives de physiologie normale et pathol.^ 1869,
Ml, p. 295. — Ch. KoBiN, Recherches anatomiques sur F épithélioma des séreuses
{imrnalde V anaiomie et de la phys,, etc. Paris, 1869, p. 239). — C. Gor.r.i, Sulla
^futturaesuHosviloppo degli psammomi, Pavia, 1869. — OiHNiLct Hanvikk, Man,
^hist pathol,, p. 238. Paris, 1869. — I.an<:krf.ai:x et Lackerhauer, Atlas d\ina'
imiepathol, Paris, 1870, p. lOS-110, pi. xlvi, Gg. 1 et 1', pi. xmi, lig. 4 et 4*.
^i.EBERTU, Archiv f. path. Anat, und Phys.^ 1870, t. XLIX, p. 51.— T. Neu-
"ANN, Uetnn'Sarcom mit endothelialen ZcUen[Arvhivd. IhilkundCy 1872, p. 305).
~-L. Sabatié, Étude sur les tumeurs des méninges encéphaliques. Thèse de Paris,
1873. — RusTizKY, Epithelialcarcinom der Dura-mater mit hyaliner Degenei^ation
('^h. f, pathol. Anatom, und PhysioL, LIX, p. 191 \
ANATOHIE PATBOLOGIQUE.
■ N'éaplBiiei de subslance canjoDctive riiticulée. — LjmpboDie*.
La subsUince conjonctive réticulée se présente sous la forme de cellules
éloilêes, atiaslomosées en réseau, ou de libres dérivées de ces cellules el
limilaril plus ou moins complélement des espaces comblés par des élé-
ments celiulnircs semblables à ceux du chyle ou de la huiphe; elle esl
parcourue par de nombreux capillaires qu'elle enveloppe, et auxquels
elle forme une sorle de gaine et de manchon (tig. 95]. Les libres qui
la constituent sont formées,
non d'une substance collogèoe
ou élastique, mais d'un com-
posé appartenant aux matières
proléiques, puisqu'il est inso*
luhle dans l'eau bouillante el
sotuble seulement dans lef
alcalis caustiques.
Très-répandu comme sub-
stance de protection et d'en-
veloppe, le tissu conjonctil
réticulé se trouve : 1' dans
n tuiiicuri! toutes les filandcs rolliculeuse^
j. a, vais- (glandes lymphatiques, rate,
pcit spnir i amygdales, thymus, follicule»
icule gaii- Je l'estouiac, de l'inlostin) el
dans certaines régions des
d phaiynx, du hrvn\ comme soutien
I mphoîdes ' d ins I eue* ph d»
uqu u
I jHire
oeil
)
I 1
Uul
I
I
u I co
I d
d |ro
)
j n r I
]u 1 po I
I pi
pour ainsi dire touti la trame;
l'iris; 3°inbn dans ceilaims glandes,
el d'envdoppi dts elemtnt'; ^hndu-
q I que soit l'organe ou il se rencontre,
] t végéter et donner naissance h des
upfT et d'éludier, comme le tissu aor-
p squ'elles constituent une famille ana-
urelles, malgré les noms divers sous
idénie, leucémie, tunphomc, lympha-
e, ^iiosarcome, sarcome glolra-cellu-
ulé sont des plus communes, ce qui tient
BlTEHPUSiES. SIS
luut à ht fats à la ^iide OKlinisiun de or lissu et k ses propriâlôs fiéné-
ratrict^ sp^-cialfs. Il eM prubable. wi i-ITot, que eo lissu dorinp naissaiict^
:iu\ jeunes (»illu!es n'iiffj'nR'cs dans ses mailles, et l'on coni|ircnd qu<> &ouk
l'îuDueniv d'une irriliition niOiiu- l'-^^ic la pmtlurliou tlt- ees ctilluW
deviijiiiK* plus iilH)iiilailt(<. (Juc les élimioiils (lu réseau se mulliplit^nt en
même temps, il survient des tumeurs [|ui mit pour rAractm>% rT>iiimunï>
d'être constituéi^s par uni* tninie rtiliculce, nu M^iu dr laquelle seront
accumulés eu plus ou rauiiis gmtido abuiidatice des éléments lymphoïdcs.
Ces tumeui's ouTéftélations Imphatiques sont, suivant le plan adopté
ilanscet ouvrage, désigtitfs sous li^ nom unique de li/mpimmea (t).
Descrifition. — Les lymphonies uni un volnme qui varie depuU
Il grossi^ur d'une (rraiiulutiuu miliaire jusipi'à celle d'une {lomme,
■<■•■ BS. — t,ei ganicliuii) Ijmplialiqiici de roiiicllp ilan) un cm dn leuc^[[iic. a, trière
OUhire. (B'ajirfa l'AKoi trarmlomir /"ilhulogiiine de Laiiri^reaiis yl Lsckerlinuer.'j
■iW (ininge, ou du poing d'un adulle. Itaremenl solitaires, ils
IWI le plus souvent multiples, toujours uiul limiti's nu sein des
t^guieB, Idlemeul que dans les (ilaiidcs lymphatiques , lorsqu'ils
"B toDl pas trop volumineux , ils passent facilement pour mio
Minplu hypertrophie (fig. 96). Us ont une apparence niéduUnire eoci-
(1) J'ni anlrrrois {AtlBa tTanulomit pnthaloQiqun) «ppclc du nom de lipnphomei Iw
*IUntiDn* gAnglinnrinirrs qui tr rBlUchrnl aujaurd'hui 1 rinllammallnn, UndU que le
^f^ia tant k nom dr liimpkaddiiinKt \vi lumcurn doni il ^«1 i''i i|iiPftion.
à
316 ANATOMIE PATBOLOGIQUE.
phaloïde, une consistance un peu molle, une teinte grisâtre, av«H
des points roup;eàtros correspondant à des dilatations vasculaires ou
à de petits foyers hémorrhagiques ; exceptionnellement ils préseiilenl
des parties opaques, lardacées, caséiformes; aussi n*ont-ils aucune ten-
dance il Tulcération. La pression en fait suinter un suc plus ou moins
abondant et lactescent, dont les caractères macroscopiques rappellent le suc
du carcinome. Ce suc est constitué par des cellules rondes, petites.
d'une dimension moyenne de 10 mill. de millimètre, ne contenant qu'un
seul noyau, et par des cellules plus volumineuses, moins abondantes, mesu-
rant 20 mill. demillim. ou même plus, et renfermant plusieurs noyaux. Au
niveau des points colorés, ces cellules contiennent du pigment sanguin â
différents degrés de coloration, connue il s'en rencontre dans la pulpe
splénique. On y trouve en outre des cellules aplaties, d'apparence fusi-
forme, contenant des noyaux ovalaires, et provenant de la paroi (b
vaisseaux, puis des globules rouges et des noyaux libres, résultant de h
déchirure des cellules qui les contenaient (Cornil et Ranvier).
Artificiellement durcies et examinées au microscope, ces produclious
sont constituées par une trame ou stroma très-caractéristique et par des
éléments cellulaires. Si, à l'aide d'un pinceau passé sur une coupe fine,
on vient îi isoler ce stroma, il se montre sous la forme d'un tissu réticuk'
(fui, partant des capillaires, présente au niveau des entre-croisements des
noyaux ovalaires. Les mailles de ce réseau emprisonnent les cellule>
lymphatiques ; elles sont parcourues par des vaisseaux plus ou inoin?
dilatés, contenant, soit des globules rouges, soit des globules blam?
(jue colore le carmin. Dans le premier cas, la composition du san|:n«'>
pas sensiblement modifiée, si ce n'est par une diminution générale di
nombre des globules rouges ; le lymphome est dit anomique, et la maladi»
à laquelle il se rapporte est décrite sous le nom iï'adénie, Dans !«' se
cond cas, les globules blancs se trouvent en grande abondance dan
le sang et dans les capillaires; le lymphome est dit /ez^rmiVywe, »'t'
maladie qui Ta |)roduit est connut; sous le nom de leucémie ou de /^wi
tythémie. Il semblerait de prime abord qu'une diflérence aussi gi*»!»^
dans la composition du li(iuide sanguin diit se rattacher à une dilTei-eW
non moins considérable dans la structure des tumeurs lymphatique'
mais jusqu'ici l'adénie et la leucémie paraissent être constituées par
mémc*s lésions essentielles, le tissu adénoïde en est la base princip*^
Cependant il est certain qu'une condition s|)éciale doit amener la leiiceit
et quelques auteurs ont prétendu avoir trouvé cette condition danr
destruction des vaisseaux de la néoplasie qui déverseraient les •
ments lymphatiques dans le sang. Mais nous croyons plutôt à la |.
nVPERPLASlES. 317
licipation de certains éléments, ceux des petits vaisseaux en particulier,
au processus morbide; ainsi, Deiters aurait trouvé dans un cas des traînées
de cellules fusiformes dont les couches extérieures contribuaient a former
la paroi des capillaires, tandis que les couches internes participaient à la
production des globules lymphatiques.
Les lyraphomes sont des végétations qui présentent de nombreuses
variétés. Ces variétés se rattachent, les unes à la prédominance de Tun
des éléments constitutifs, les autres à une influence topique.
Quelquefois les éléments cellulaires sont le siège d'une multiplication
luxuriante : peu à peu le tissu réticulé est étoulTé, il disparaît complé-
leraont, et l'organe tout entier se transforme en un amas de cellules
ijTnphaliques ; les vaisseaux se rompent et donnent naissance à des
héraorrhagies ; la néoplasie est molle et présente les apparences d'une
tumeur encéphaloïde ; tels sont les lymphomes anémique et leucémique.
D'autres fois, la végétation des éléments de la trame, ou tissu trabéculaire,
l'emporte sur celle des éléments lymphatiques, la capsule et les cloisons
de la glande sont épaissies, le réseau fin de l'intérieur du follicule devient
plus fort et se sclérose par places, en sorte que la glande an*ectée offre
un aspect fibreux ou squirrheux ; et, si ce tissu ne se développe pas
entièrement et reste à letat embryonnaire, la tumeur est plus molle et
en même temps plus dangereuse. La variété de lymphome ainsi carac-
térisée, est décrite par quelques auteurs sous le nom de iymphosarcarne.
Lestonsilles et les glandes lymphati(|ues du cou en sont le siège le plus
habituel ; de là cette altération s'étend, tantôt dans les aisselles, tantôt et
plus souvent dans le médiastin antérieur, comprimant la trachée, les
vaisseaux et les nerfs de cette région. Solitaires, ou le plus souvent
limitées à un groupe de glandes lymphatiques, les tumeurs dites lym-
phosarcomes peuvent se généraliser; le siège de prédilection de leurs
métastases est la rate, et elles auraient même récidivé après avoir été
extirpées. Quelques-unes des tumeurs ainsi dénommées peuvent, il est
vrai, appartenir aux fibromes que nous appelons embryonnaires ou
sarcomes.
Envisagés au point de vue de la région, les lymphomes offrent des diffé-
rences sensibles. Au sein des glandes lymphatiques, ils représentent des
tumeurs diffuses, mal limitées, facilement prises pour de simples hyper-
trophies ; car, malgré leur augmentation de volume, ces glandes con-
servent leur forme, leur colomtion, et parfois aussi leur consistance
(fig. 97). Toutefois, si l'accroissement de volume survient rapidement et
acquiert des proportions un peu considérables, les glandes incisées présen-
Nlun pointillé rougeàtre, produit par la dilatation des nombreux vaisseaux
I |k:,:
.•'.(»•
FlG.117.— H.iiiR^ijrigliaDnaireduMiFiieiilËreiJantiinc
(jT, glmiclci. {VifTiaVAflns ifauoloiaic pithologiq
^Wan est i-ii quelque soi-le rcMii()lacéo pnr la siihisUtiit» corlicalc, aflMb^ 1
tout à la fuis (l'hyperplusÎG ol (J'hypcilrophic. Ainsi, la partie médullam' '
8f. trouve (■ninmo efra«'«, et, sur une surriicn rie flortion, on n[H;r(.'oit Its
Tentes qui convspondent aux sinus lymphatiques eiiveloppaul les roltî-
iMiles. Suruno coupe microscopique pratiqui^ après durcissement et trnit^Vt
par le pinceau, le réticulumapparall rc]iéauxvaissi!uu\ capillaires remplis,
soit (le globules rouges, soit de plolmles blancs, tandis que les fibrilles du
réseau, beaucoup plus «épaisses qu'à l'élat nonnnl, montrenl sur quelques-
^
flIYPElIPl.iMK!). 318
lit leurs poînU d eiitre-citiisciucut des amas de nnyKux ovalaires,
Us l_v niphome^ à*', h mlc. â<mt dilTus ou circuiiM'iUs et rrssemlileiit à
une liypiTtmpbk- simple, à des tumeurs plus uu moins volumineuses, de
Udimifiiiiiflii d'uu pois, d'une noisetli', d'un marron (voy. mon Alla», pi. 60,
li^ 1). lUse développent dniis lu pul|wetiiu.'isidant<lescurpuseuli'sde Mat-
[ii^lii : ils oui uu Hsp^-cl roU^efiliv-, une densilê plus grande que celle du
\\is\l [lumial de la rate, et giinl composés de cellules lymphatiques et d'un
li»su rulicuU' épaissi. Dans un ca»i]ui m'est persoiuiel, lu rjle.iullu'-renleau
iJiaf)hni|:nie d'une luufnieurde 36 ci-utiniétn»( cl d'une largeur de "22 cen-
tiiridres, formait uue sorte- do gâti>au d'un poids de plus de 3 Lilo-
::raijirries(li^. W). Le thymusjurs niémequ'ilasuM uul^ atrophie pivMiiH'
"'iililélc.peuldeveuirlupoiut
ik' ileparl il'uiie production
lMii|itinmal4>us'!: aussi le voit-
un ivprcudn- cl noquéi'ir uu
iiiluTiie ilêmtsun'».
A In surface interne tlu luhe
ili;;rstif, partout où sf reu-
'iifilrL' le tissu adénoïde, dans
liAlomat^ et dans l'intestin,
l'^lynijihomeB se prùsuuleiil
iiiime des tumeurs bosselées,
^njùtrus ou rosËvs, molles, eu
l'urue àv circonvolution, ou
ii'ore comme des plaques
l'Iii^ ou ntoiiis épaisses et
tuillanles, iné|{ale£ ot parfois
tikérèen h leur centre. Cette
(liHible disposition peut si' rcii-
infriT sur les mêmes points
'usurdes parties difTérenles
'il lulx! iuleslinul. A u^té des
'iiides ni tulle, ronrciimmt
IN Lvutenu ffranuleux, on iipeivoit au iniei'OMnpe un tissu i
'if nouvelle formation, t-araclerisc |Nn- de laijies mailles,
'^111 cellulaire, et des Irabéculos épaissies; souvent mt>nie les glandes
l'pitlléliales ont disparu, il ne re.-ile que le tissu réticulé, doul les
■Bulles sont remplies de ct^'llules hniplialiques. Dans un cas que j'ai vu,
•pànieà vingt tumeurs grisâtres ou i-osées, hémispbérîques, iirégulimt-
inotamitidicseldu volume d'une |ietile noisette, faisaieul saillie A lusur-
KlO. «8. — La
orgaDi- présente sur «a aiirTsce rie «ecliDii d« nom-
branwï Uclies juunea duM ib doa hifaretui ditpo-
nt» tuiianl le Irajol ilc* valstcniix.
330 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
(ace de la muqueuse épaissie de Testomac Des tumeurs semblables, wm
plus volumineuses, existaient à la face interne du duodénum et de la piv
mière portion dujéjunum anormalement dilatée. Plus loin, une large plaqi
d'un centimètre d'épaisseur et de près de 10 centimètres de longueur cK-n
pait tout le pourtour de l'intestin. La surface extenie de cette plaque, uni
blanche et comme fibreuse, présentait quelques petites bosselures duv
lume d'un pois, tandis que sa lace interne, irrégulière, blanche et rosé<p
places, était le siège, sur l'un de ses points, d'un piqueté noir héinorrh
gique. Dans quelques cas, ces altérations se présentent sous forme
petites tumeurs acuminées, semblables aux fojlicules hyperplasiés de
fièvre typhoïde ou de la tuberculose, rarement déprimées ou ulcérées
leur centre. Constituées par les glandes de Lieberkùhn et un tissu nlin
de nouvelle formation se substituant au chorion muqueux, ces tumei
me paraissent plus communes qu'on ne le suppose généraleniei
L'atlas du professeur Cmveilhier renferme, malgré l'absence de tout e:
inen microscopique, un exemple non douteux de cette altération 1.
surface interne de l'estomac présente un grand nombre de replis sinue
affectant la disposition des circonvolutions cérébrales, et dirigés dv l'o
lice cardiaque vers l'orifice pylorique, à une petite distance duquel
s'arrêtent. Indépendamment de ces replis, la muqueuse épaissie de 1'
tomac offre une multitude de petites granulations plus ou moins saillaii
à sa surface; les membranes sous-jacentes sont intactes (fig. 99 . Lar
queusedc l'intestin grêle, grisâtre et de consistiince normale, est IutIs
de milliers de saillies, discrètes pour le plus grand nombre, conlhnnteî
quelques points : ce sont les follicules hypertrophiés et transf(uiné>
kystes par dégénérescence muqueuse. Os organes sont, les uns srs>i
aplatis, lenticulaires ; les autres, pédicules, ovoïdes, semblables à
petite v«*ssie,du volume d'un pois, de couleur rosée, avec de nonibn-i
ramilirations de vaisssaux capillaires. On ne peut distinguer d'oriliee
aucun, mais si on les ouvre avec le scalpel, il en sort un liquide viscpi
analogue à celui qui tapisse les parois de l'estomac. Ces follicules exisi
danstout(» l'étendue des deux intestins, ils sont nombreux surtout dau
première portion de l'intestin grêle. Les phupies de Peyer sont tuméli«
connue aussi les ganglions lymphatiques annexés aux diverses |)artieî
lubedigestif, les ganglions sous-niîixillaires et cervicaux, lesamygdalese
follicules clos de la base de la langue. Le foie et la rate sont très- volumim
Les. membranes séreuses, dépendances du tissu lymphatique, m
k s
(1) Cet exemple est emprunté au docteur Briquet, qui l'a public dans le jou
V Institut médical j u» du 15 juUlet 1839, sous le titre: Observation (C adénite chf^n
ai)€c altération spéciale de< follicules muqueux du tube ditjestif.
nvrERPi.AsiEs. 231
, 1-™. _je alteiiiles du lymplionie. Les deux plèvres, dans un cas
rB|i|wrU' par Neumanii, élaienl eoiniui! doublées par une ixjuche de lissu
roou. d'apparence mêdiillairo, fomianl un véritable coussinet aous-
t (tuodinum dont le» folliculei olo* el lo liasu .-idénaidc suu(<
le si^c (l'une hjpcrplaHe tonsiddrabk. n, inrisian iji-alinéu à moiiLriT
umeitl lie la muqueuse ; b, tumeur gangtiotiniira. Semblable alléralion cusie
la l'Ëltndue de rinleiiin griSIc el du grns Jnlciitia.
^''\i\, analogue à un piinnu-ulc adipeux. Ce lissu, sous forme de plaques
"soIms, eiivaJiissiiit eu arrière le périoste des corps vertébraux, en avant,
^^face poslérioure du steniuni, et ciivcijait des pixilongeiiients ii travers
^H UlKUEAUI. — Traité d'An.il. 1- — 31
M
S22 AN4T0MIK PATUOLOGIOUE.
les faisceaux du grand pectoral. D'une consistance semblable à celle
parenchyme des ganglions hypertrophiés, de teinte jaune pâle avec c
points irrégulièrement injectés et congestionnés, ce tissu, à la cou|
laissait échapper un suc abondant, blanchâtre, laiteux; il était cora|M
d*un réticulum serré, d'un réseau capillaire et de petits éléments rom
mats ou incolores. Dans les muscles envahis, les corpuscules lympl
tiques orxupaient le périmysium, les fibrilles musculaires priraiti
étaient «ibsolument intactes.
Développés dans les organes parenchymateux, les lymphomes onl
général l'apparence de petites tumeurs mal circonscrites, grisâtres
blanchâtres, dont le volume varie depuis la grosseur d'un pois jusq
celle d'un marron. C'est sous cette forme qu'ils se rencontrent dans
foie, les reins, et sans doute aussi dans les poumons. Toutefois, à côte
ces productions constituées comme celles du tube digestif par un liî
adénoïde réticulé, il existe quelquefois au sein de ces organes, com
l'ont vu Ollivier et Ranvier, dans un cas de leucémie, des noya
d apoplexie diiïuse de globules blancs, qu'il importe de ne pas confoni
avec les lymphomes vrais.
Il y a lieu d'être surpris que, malgré l'existence d'un tissu réticulé da
les centres nerveux, on n'ait jamais signalé la présence de turaei
lymphatiques dans ces centres; mais cette contradiction n'est sa
doute qu'apparente. Il est vraisemblable (ju'un certain nombre sin
la plupart des tumeurs décrites sous le nom de glionies doivent ronti
dans le groupe des lymphomes, dont elles ne diiïèrent que par u
structure un peu spéciale, en rapport avec la structure de la névn)|:l
La nature du tissu-mère détermine en eiïet, du moins au débul.
caractères de la formation nouvelle ; plus tard seulement, celle-ci pre
dans sa marche les allures d'une production indépendante. l)'aill«'U
de môme que les lymphomes, certains gliomes n'ont pas de lini
tranchée ; ils apparaissent h la convexité des hémisphères roinnie u
circonvolution d'un développement colossal (voyez mon Atlas d'Anatoi
pathologique, p. ^16 et pi. ^1, fig. 3, 3' et 3"), et ne se distinguent
tissu sain (|ue par une plus forte vascularisation. Ouelquefois (T|h
dant, ces productions revêtent une forme arrondie, sont nn'eux circc
scrites et constituent des tumeurs (jui peuvent acquérir le volume A
marron. Ces tumeurs, molles, blanchâtres, d'apparence nuHinlIai
avec des stries ou des points rougeàtres produits par des dilatalit
vasculaires ou des extravasals sanguins, sont composées de |K»ti
cellules rondes et de novaux analogues aux cellules et aux iiovaux
la lymphe, dispersés entre les capillaires dans une espèc^i de stronia
inrKiU'r.ïsiES. 353
(ifrfsffln iVïtrémprm'nt lin (lifr. IIIO). Ces TorDmlioiis ne s'plendeiil pi'iiii-
ralctiU'nl pas ru delà de la m^vroglie ; mais il est vrai de dire qite
li'>lymphnnies des glandes lymphatiques el ceux du lissu adénoïde de
l'intesliii reslcnl fréqucmmpnt limités à ces mêmes parties. Il y a par cnn-
ié([uent pour les néoplasies lympha-
liqufs, comme pour la plupart des
nouvellps formations des centres
nigionnux multiples.
Les os, organes rtehcs en tissu
adénoïde, sont aussi, dans certains
ns, lesié*;edeNniphomes. Cesnéo-
plïsies déterminent une augmen-
Ulion ^néraleet limilcft du volume
do l'os qui, à la coupe, présente
ilsns sa partie médullaii'c des points
im Ilots mugeâtres, souvent jau- l
nilires ou lardacés, s'élendant par-
ffi» jusque dans la substance compacte dont ils îimènenl la raréfac-
tion. Ui tissu osseux, au niveau de ces Ilots qui tranchent sur la partie
Mine du voisinage, est diminué de consistance, et, pressé entre les
iloifTls, il laisse généralement sourdre un suc abondant, blanchâtre,
li'fT^menl Hlanl. Une coupe line de ce tissu, lavée et examinée au mi-
Tisoipc, montre un stroma réticulé limitant des mailles plus ou moins
iHrnilues. dans lesquelles sont comprises quelques cellules arrondies,
ou iIps noyaux libres rev(^lus d'une mince couche de proloplasma. Les
parties rouges de c^ttc néoplasie sont constituées par un tissu lympha-
tique en voie de formation, et dont l'abondance contribue à amener la
f^rjilion graduelle de la substance osseuse, tandis que les portions
l»uncs sont dues à une dégénérescence graisseuse plus ou moins avancée
'1m éléments c«llulaires de ce même tissu. Cette altération, qui, îi l'œil nu,
""Mfimble assez à la suppuration osseuse, coexiste toujours avec des lym-
phitmes d'autres organes; néanmoins il y a lieu de se demander si quei-
'l'ifs sarcomes myêtogènes , isolés des os, n'ont pas leur place dans la
Fiande famille des lymphomes,
'^rtnines tumeurs de la peau, généralement décrites depuis Alibert sous
''' nom de mycosii fongotde, ont été rattachées il y a (juelques années
^ 1" lymphadénie cutanée. Nous n'avons aucune objection k faii-e à cette
'imnidrc de voir, sî ce n'est que jusqu'ici ces tumeurs se sont montrées
iniippeiidnntes de toute lésion de la rate et des glandes lymphatiques.
'^pendant, l'autorité de Hanvicr, qui n trouvé ces lunitnii's constituées
334 ANATOMIE PATUOLOGIQUE.
par le lissu lyniphalique ou adénoïde de His, ne doit laisser aucun
doulc sur leur nature, el nous n'hésitons pas à les faire reulrer
dans le groupe Jcs lymphomes. Ces tumeurs, saillantes à la surface
de In peau, du volume d'un pois ou d'une noix, sont dures, élasliquM,
rosées ou rouge violacé, ce qni les a fait comjHirer par Aliberl à des
lomali'S mùres(Ëg. lOlJ.
t^lk's sont isolées ou
cohérentes sur certains
{loinls, d'où l'aspect ma-
irii'lonnéde la niasse fon-
Ljiiïile; elles ne sont ja-
[jtais pédiculêes. Leur
accroissement est en gê-
né rai rapide, et lors-
(|u'elk's ont acijuis un
ccrlain volume, cllessar-
rétrnt dans leur dévclop-
penioni, les unes s'atro-
phient et peuvent dispa-
raître, tandis (|ue les au-
tres, habituellement les
plus grosses, se ramollis-
sent et s'ulcèrent.
Le san^, en vertu de
ses rapports intimes avec
le s\stéme lymphatique,
est toujours plusoumoins
modilié chez les indivi-
dus atteints de lymphu-
mes multiples. Cette mo-
i blancs, dont lu nombre
FiG. 101. — Troni; il'iini- mulail'' ntk'inti; du iiijcoiis
(roïdo(l]'niphDtiie i-u(aQË),(Le laviUn Tail parli« du m
(]« l'hdiiilal Saint-Loui»).
diGcalion porte spécialement sur les ^lobult
est en Ki^néral augmenté, et quelquefois dans une proportion con-
sidérable (leucémie). Les {{lobules rouges, nu contraire, sont dimi-
nués de nombre et souvent de volume, l'albumine et la fibrine sont
en faible proportion; le liquide séro-sau(i;uinolen1 retiré par mui de
la plèvn^ d'un leucémique ne se coagula nullement. Les matières grasses
et les matières extractives, liyposnnthiue, Icucine, etc., sont on plus
grande ubonduucc. &s modilications contribuent ii amener des fa^or-
rhagies, accidents fréquents dans la leucémie surtoul, oii elles se refï*
contrent jusque dujis les organes non uuvuliis par lu néuplasie. 1'
parla rupture ces capillaires, ces hémorrhagies surviennent d'autant
[ilus facilement que les vaisseaux renTennent plus de globules blancs. Il est
vraisemblable que le pouvoir adhésif do ces derniers favorise l'obslniclion
ïasfuiflire, augmente la teiisinn sanguine et détermine les ruptures.
Dans un cas qui m'est personnel, ratte ohsiniclion élait tellement pro-
nonce que tous les petits vaisseaux des hêmisphires cérébraux, remplis
ilv globules blancs, offraient les apparences de la plus l>elle injection
iiicrcurielle. Quelquefois l'obstructiou vas4^u1aire détermine la formation
dinbrrtus caractérisés par des Ilots blanchâtres, opaques, caséeux,
ayant la Btruclure du tissu adénoïde.
Émlvlimi. — Si nous connaissons exactement le point de départ
ilt's lyinphomes, par contre, nous savons moins comment ces tumeurs
prennent naissance. Sont-ellos l'effet direct d'une simple multiplica-
tion des éléments préexistants ; proviennent-elles du développement
pK'alable d'un tissu embryonnaire? L'observation est difficile pour les
lyinpiiomes des glandes lymphatiques, où tous les éléments cellulaires
paraissent végéter, les cellules lymphatiques dans l'intérieur des alvéoles,
les cellules de tissu conjoncttf dans les capsules, les trabécules et les ré-
seaux foi-mant les sinus ; mais elle est plus facile pour les autres or-
ganes. Coruil et Hanvier admettent que la première phase de développe-
nienl du lymphome des os consiste dans la production d'une masse
(1« tissu embnonnaire aux dépens de la moelle osseuse, tandis que ce
rt^ïeloppemont a pour point de départ, dans quel(]ucs autres organes, le
tissu conjonctif interstitiel. La seconde phase est représentée par la
fonnntion, aux dépens des cellules embryonnaires, de prolongements
qui, arrivés au contact les uns des autres, se soudent et composent le
lacis réticulé. Les cellules embryonnaires qui ne subissent pas ces modî-
litalions forment les cellules lymphatiques.
L'ancroissement des lymphomes, généralement uniforme et continu,
'"pire par la multiplication des éléments lymphatiques et par l'extension
^f l'altération aux parties voisines. Ces néoplasies ont fort peu de
''l'duice ù dégénérer; elles s'ulcèrent rarement, et n'arrivent jamais
i une résolution complète. D'un autre cdtt!, elles ne détcmnnenl aucune
'oi'tc purulente des parties affectérs.
Hingruulic el pronoslic. — Tumeurs mnl circonscrites ou diffuses, les
'ifiiiphonies sont facilement confondus avec les hyperplasies pblegmasi-
l^f»; ceux des glandes lymphatiques surtout ont, h leur début, une
Pïmie ressemblance avec les adénites ganglionnaires. Comme ces
J
326 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
dernières, ils consistent dans une formation cellulaire plus ou moins
abondante ; mais ils se distinguent par une consistance uniforme, un
certain degré de mobilité, et aussi par leur évolution. Effectivement,
tandis que la nouvelle formation de la lymphadénite est destinée à périr
par dégénérescence graisseuse, caséeuse, ou par fonte pumlente, celle
des lymphomes, continuant de vivre et de se développer, persiste à peu
près indéfiniment, et cela en dépit des traitements les mieux administrés.
Pour ce motif, le pronostic des lympbomes est sérieux ; néanmoins
il présente des degrés de gravité qui sont en rapport avec les nom-
breuses variétés des tumeurs lymphatiques. La variété dite lympho-sar-
come est redoutable en raison de sa tendance à l'infection et aux réci-
dives ; les autres variétés, moins malignes, sont le plus souvent fatales, par
leur tendance à la dissémination. La gravité du pronostic ou mieux de la
durée du mal se juge ordinairement d'après la rapidité de la croissance. En
général, on peut admettre que la maladie est d'autant plus dangereuse
qu'elle apparaît à un âge moins avancé, qu elle se développe avec plus de
rapidité, affecte un plus grand nombre d'organes et s accompagne d'une
altération plus profonde du liquide sanguin.
Étiologie et patkogénie. — Les lymphomes ne sont presque jamais
congénitaux; cependant ils se rencontrent depuis la première année
jusqu'à l'âge de quarante à cinquante ans ; plus tard, ils sont rares.
C'est entre huit et vingt ans que ces altérations ont leur plus gi*ande
fréquence, ce qui porte à croire qu'elles ne sont pas sans relation avec le
développement du système lymphatique. Ces tumeurs sont communes chez
les scrofuleux, les rachitiques, c'est-à-dire chez les individus où il y
a prédominance du tempérament lympliatique. On les voit apparaître quel-
quefois à la suite d'une intoxication maremmutique , mais trop rare-
ment pour que l'on puisse considérer cette intoxication comme une
cause efficiente. Mosler a observé un cas de leucémie après un trauma-
tisme de la rate ; mais, avant d'admettre l'influence de cette cause, il
serait nécessaire d'avoir des faits plus nombreux. En résumé, nous con-
naissons fort peu l'étiologie des lymphomes et nous ne sommes pas mieux
renseignés quant à présent sur les conditions pathogéniques de ces tumeui's.
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HYPERPLASIES. 329
IH. — Néoplasies de substance conjonctive muqueuse. — Myxomes.
Le lissu muqueux, ainsi dénommé à cause de sa consistance et de
sa composition chimique, où il entre de la mucine, est très-comm'un
chez les animaux inférieurs. Répandu chez le fœtus humain, il con-
stitue certaines masses embryonnaires destinées à disparaître. Moins
abondant chez l'adulte, où il se transforme d'ordinaire en tissu grais-
seux, excepté dans les parties génitales externes où il passe à l'état
de tissu sous-cutané lâche et forme le dartos, il se retrouve dans le
corps vitré, le bulbe dentaire, dans les parois et les valvules cardiaques,
et dans quelques autres endroits. Mais sous l'influence de certains états pa-
thologiques, il peut réapparaître au sein d'une des variétés du tissu con«
jonctif. On l'a vu se produire aux dépens du tissu adipeux du péricarde, de
celui du bile du rein , du tissu sous-jacent à la dure-mère, de celui de la
moelle osseuse, etc. Le tissu muqueux se développe encore pathologique-
ment dans quelques tissus dont la composition se rapproche de la sienne :
ainsi s'explique la fréquence relative des productions muqueuses dans la
névroglie dont la structure, en certains points, notamment au niveau du
calamus scriptorius, est des plus délicates et presque gélatiniforme.
Le tissu muqueux ou gélatineux est formé d'un réseau de cellules ou
de fibres séparées par une substance fondamentale homogène, molle ou
liquide, contenant de la mucine ou une substance analogue. Tout d'abord,
ces éléments cellulaires de forme arrondie sont plongés dans la masse inter-
cellulaire homogène ; mais cet état embryonnaire persiste rarement. Les
cellules deviennent fusiformes, étoilées, tendent à se souder par leurs
prolongements ; puis la substance fondamentale prend un aspect strié,
librillaire, en sorte que, peu à peu, la matière gélatineuse se trouve
renfermée dans un réseau aréolaire. Ces changements sont importants à
retenir, car ils permettent de bien comprendre les variétés des néoplasies
muqueuses, altérations décrites sous les noms de iameurs colloïdes ou
gélatineuses, collonémay myxomes.
Description, — Les myxomes s'observent quelquefois chez les nou-
veau-nés, où ils siègent principalement à l'insertion du cordon ombi-
lical. Chez l'adulte, ils se rencontrent dans des points préalablement
occupés par d'abondantes masses graisseuses, comme la cuisse, le cou ;
ou bien dans des points où existe le tissu h\che connu sous Tépithète de
darloïde, dans le sein, les grandes lèvres, le scrotum. On les trouve enfin
dans la moelle des os, à la surface du péritoine, de l'arachnoïde (fig. 102),
et dans l'épaisseur des substances neiTeuses, où ils ont pour point
lie départ la n^vroglie cl tt' pi-iiiiûvrc (iiévromo de crrtatiis auleun'i.
Ces tumeurs se présentent sous Is tonne de niasses mionipol diiïutn,
le plus souvent circonscrites, d'un volume variable, qui \»-ai alleindir
la grosseur du poing. Lisses, arrondies, souvent lobulêes ou |)^i-
culées (polypes muqueux), elles se font l'emarqner par leur consislaoc
[ pas u
-- Hyxomc àe l'artclinoldc! d^veloppA à la htse de U pralubérance. (, ImMr;
H II, nurfs Irijumeaux ; », (roue basilaire.
qui l'st ceik' d'une sulislanct? gélatineuse, mais qui pi'ut iMre plat M
moins ferme ; leur mollesse est quelquefois si grande qu'elles donneiilb
sensation de flnctualion. La pi-ession et le raclage en font sourdre, uOl
s un suc lactescenl, mais un liquide inr^lure ou lé^tèi-ement jauiiibr.
oiblable h une solution de ^onime arabique ou » du blanc d'sDf, it
e sorte que si l'on s'en lenait ii ce seul cxnnien, on pouiTait rmire»
un kyste. Ce liquide se conipnilc chimiiiiicMieiil comme le mucus, c'«l-
à-dire que, prtW;ipitc par l'idriinl iipiiiiiilri', il est redissous par l'adHilici
do l'eau, Il est bon de savoir que les lunicurs muqueuses, renfennaitl um'
certaine proportion de substance fondamenl.'ile fibreuse, sont susceptibles
de donner de lu gélatine par la coclion.
IlistologiquemenI , les myxomcs sont constitués par de grandes j
cellules allongées ou slellaires, qui s'anastomosent entn^ elles etfor~
ment un réseau dans les mailles duquel se trouve comprise la substanc*
intcnnédiaire, ti'ansparenlts et gélatiniforme. A ce réseau cellulaire, reai*
appai-ent par l'addition d'une solution d'iode ou de cariuinatt^ d'
niaque, s'ajoutent {lénéralemeut des ei'llules plus petites, arrondiel
isolées, c'est-ii-dire sans uueinic cimnexion .Tvec leurs '
HVPERPLASIKS. 331
sont situées au milieu àa liquide muquoux. Dans cerlains cas, au lieu
d'être cellulaii-e, le réseau se trouve rormé de véritables faisceaux de
Gbrilles conjonctives ou élastiques enfermant des espaces où se trouvent
contenues la substance muqueuse et les petites cellules rondes (fig. 103).
Les vaisseaux, relativement peu abondants,
sont logés dans les cloisons les plus épaisses ; . **/ l / f "^
ils contribuent ù former les mailles qui ren- i •/' ^f r-m^
ferment la substance fondamentale. l i ' 1' '^m -^
Lemyxomecompoiledes variélésasseznom- \%"\- f' '^'ï-^'r
breuses qui se rattachent, les unes à certaines | / A ,!; 1 J^^
modilicalions de ses éléments constituants, les : „.|'^(' ^^ ^F
autres à la nature même du tissu d'où il émane.
Les premières de ces variétés sont multiples.
Dans cerlains cas, les cellules qui consti-
tuent le myxome se chargent de graisse et se K... m._c«iiuie.e.nLrii«
transforment en véritables cellules adipeuses, conjonciivei proTenam, l»
la tumeur prend un aspect marbré et une "net, o, un mTiomn m
r r inutcwi, lu aulrsi, b, a un
teinte blanchâtre ou jaun&tre : c'est le myxome mjiomadtTelopp^iurlarBce
lipomateux. D'autres fois, la substance" inter- ;''.i*'j*'«J <•" ?<■•'"*""* \«"-
cellulaire est tout à fait molle, les cellules qui eiiiieoi dea amaf crisisiiim
la composent subissent une dégénérescence <i«ieucine.Cr«.s. 160.
muqueuse; il se produit dans la tumeur des points liquides, fluctuants,
qui constituent le myxome dit cystoîde. 11 arrive encore que la substance
intercellulain', abondante et riche en éléments Qbreux, forme des Iractus
résistants, qui rendent le myxome blanchâtre et opaque, et le- rappro-
chent du fibrome : c'est le myxome fibreux (tumeur ribitt-ccllulaiiv de
Paget). Si, enlin, l'élément vasculaire prédomine, et si les vaisseaux, mal
soutenus [lar la substance intermédiaire très-molle, viennent à se dilater
ou à se rompre, le myxome est appel)'; télangiectasique ou bémorrhafiiique.
Les secondes variétés compreiment avant tout les inyxomes des enve-
loppes du fœtus, du placenta notamment, pai-mi lesquels Virchow fait
rentrer la nulle hydatique. Cette altération, rare avec un accouchement
» terme, est au contraire très-commune dans l'œuf humain, lors d'un
ivortement. On obsen'e l'expulsion d'une grosse niasse qui semble con-
sister de prime abord en un mélange de sang et de vésicules de grandcuv
Variable; mais en enlevant les caillots, on reconnaît que les vésicules
ionl réunies en grappes et supportées chacune par un pédicule. Ces
grappes adhèrent par de gros pédicules au chorion ou bien seulement au
niveau de l'insertion plncenlaii'c, ou bien dans toute l'étendue du
placenta (lig. 104).
332 nNMovrr r.iTfînLor.iyctK.
C'est dans les Tillnsités foimées d'un tissu muqueux renrerruDl te
anses vasciilaires recouvei'tes d'épilhélium que, suivant Virchow, dflMk
raFTeclion par une mulltplication de noyaux ol de cellules qui sulnsal
ensuite la métamorphose mufiueuse. Le (issu muqueus compris i-nli*
le vaisseau central et l'épithélium augmente de volume el comlilat
des masses tniuspaicntes et gclatinifonnes, iiédrculées. et qui, U
FlO. lOA. — IHacenla dont tes col)lâdan»itteinl*d« mjxonie (brinenl de* |nWM
kjEliques, n, ca^ilé amnialique (uoileuUoii du docteur Pé^n).
se forment une ertaine quantité do [uirties tibrenses, conservent l'app*"
renée d'une Mmple hyperplasie (mysomo Hbreux), tandis que pirloot
où la substance interrailulaire est muqupuse, elles prennent i'nspwl *■
masses kystiques, lenfermanl un liquide lilaiil qui donne IfS W-iii'lii^'^
de la mucine.
Lorsqu'ils prennent naissance dans la peauel les muqueuses, les ni;»*'
iTiFs revëleal la Tornic papillaiie ou polypeuse. Bon nonilirù de luniciirs
connues sous le nom de pott/pes muqueuj:, surti>ul dans les fosses
nasales el l'utérus, ne sont que des niysoiues, quelquefois {lénétiés de
kystes. Toute la cavilé utérine, dans un cas qui mVst personnel, se trouvait
mie jiatholoijique
Wahie |>iir une néoplasie de ce genre (fig. i05). k lu surface du péritoine,
II? oivome rcvél souvent la forme papillaire ; c'est ainsi qu'un grand
■Kmbre de productions pédiculées, situées principalement au niveau
^ll^inenl largo el considérées comme des kystes, doivent être rappor-
^vi myjionie. tléveluppt^ au sein des muscles, cette tumeur altère et
lit le faïsc^iau musculaire ; dans les nerfs, elle étouiTe le tube nerveux,
do périiicvre, le myxoine gagne de proche f n proche tout le trajet
I cordon ou d'un réseuu neiTeux, à tel point que lorsqu'il suit un trajet
lant, il peut arriver jusque dans la boite rachidienne ou crânienne.
'''M l'encéphale, cette tumeur se localise de préférence sur l'ai'achnoïde ou
8)4 .iNArmiiL patui'I.oi.ioue-
la pie-inère, {irinci paiement a^u niveau des parois du qualrième vcniriralt.
J'ui observé un exemple de cette loculisatioii chez une jeune lîlleij
ans, atteinte de cécité. La lutneur, du volume d'un œuf de pi}!<X)n, omt-
pait la paroi supérieui-e du ventricule ; elle avait déterminé dea coimil-
sions, des vomissements, de la jçlycosune, et en dernier lieu du eoni».
/ïvolution. — Les m; xomcs proviennent d'un tissu embryoïuitîrf m
aux dépens des cellules du tissu muqueux ou d'une autre variété de tint
conjonclif; ils s'accroissent, soit par extension au tissu conjonctif voita
soit plutAl par la niultiplicalion des éléments de leur propre niassi:.
lutneurs évoluent lejitement, mais elles peuvent prendra' tout ii coup
marche rapide et presque aigué, surtout si elles sont le siège d'une r
vascularisalion et constituées par un tissu jeune. Peu exposées aux it
nérescences, elles s'enflamment facileiiment. Lorsqu'elles sié^ntàUj
uu dans son voisinaj^e, elles s'ukêi-enl parfois. Itai-ement elles s« ^énèi
lisent ou récidivent après l'ablalion ; en général, elles n« délerminnil
infection, ni cachexie
rtiagnostic et pronostic. — Si le diagnostic clinique du myxoHii'n'i
pas toujours sans difiicullé, pai* conti'e, sou dia^piostic anntnmiquo i
jçénéralement facile. Celle néoptasie est en effet trop distincte des wA
Ihéliomes et des lymphomea pour qu'il ne soit pas possible de l'en sêpm
D'un aulre cité, on ne saurait la confondre avec les kystes muqut^
dans lesquels le mucus entre, non plus e^mme partie constituante!
tissu, mais simplement comme produit si^erêté.
La tumeur muqueuse nVsl pas très-dan(|ereusc, si ce n*est par la g<
quelle peut apporter au fonctionnement d'organes importants, telsq
le cerveau. Dans quelques circonstances cependant, et surtout qiiandt
se localise aux troncs ner\'eux, elle a de la tendance à so généralisn*.
le plus souvent aussi elle esl l'occasion de vives douleurs. Toutes cbol
égales d'ailleurs, elle parait d'autant moins grave qu'elle renferme p
de tissu fibreux ou de tissu adipeux.
La cause intime du myxome nous échappe à peu près entièrement;
traumatisme n'est qu'une circonstance étiologique adjuvante. Nom
savons rien de la pathugénii^^ de cette tumeur, si ce n'est qu'elle esl ■
végétation du tissu muqueux, ou du moins du tissu conjonclif.
A c<ité des myxomes exdusivemeni composés de tissu muqueut <
myxomes primitifs, il est des tumeurs partiellemenl formées para- lio
ou myxomes secondaires. En génénil, ce sont des lipomes, de* rfto
drames on des fibromes, dont une portion plus ou moins étendiK »'n
transformée en tissu muqUeuK. Il en seraqueslioti plus loin.
^^^^^V 335
BnUocMpniR. — Mulleii, Aivhiv f. XuatomU uiid Physiologie, If^^G, I. CC.XIX.
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IV, ^ Néoptisici de tissu ndipC'U):. — Lipomes.
Lf lissii ailijK'iix est rormé de vésicules de 0'"',022 à «"'".OS de
diamrtrc, s|)iiérîques ou polyédriques par pression réciproque, munies
de Duvaux excentriques de 0'"",0't6 à 0'""',009 de dîatnèti-e, et con-
tenues dans un tissu conjonclif hiche, dont elles mcupent les mailles.
Ces cellules sont cireonscrites par une membrane Tort mince qui enve-
loppe une goutte de graisse, et qu'on peut voir après dissolution du
mnU'iiu par l'alcool ou parl'étlier. inégalement réparti dans les différents
{•jinls de I Wfianisme, le tissu adipeux se trouve principalement dans la
jN.tu, à l'état de pannicule graisseux, dans les grands ns longs, sous la
liinne de moelle jaune, dans la eavilé orbitaire, autour des reins, dans le
mê^enlM^ et les épiploons. autour des capsules nrliculaires, près des
iii-rls El des vaisseaux et dans les mus(:ies. Le développement de ce tissu
a lieu aux dépens des cellules du tissu coujonctif. dont le protoplasma se
rliange peu à peu on graisse,
L'alioudance du tissu adipeux v.irie au\ différentes périodes de l'exis-
It'iiw. Pendant l'adolescence, ce tissu est rare; plus développé entri-
*liiarante et soixante ans, il diminue k mesure qu'on se rapproche de In
nHlIfsse. Il est le signe ordinaire d'une bonne nutriliou et ne constitue
mil- maladie tpt 'autant qu'il devient une eimse de troubles Tonctiotmels
Imiir certains organes ou pour l'organisme tout entier (polysarcîe), ou qu'il
"■li.- point de départ de néopiasîes gi'aisseuses cii-conscrites (lipomes).
I<^ ptity.sarcie est produite pr un accroissement exagén'; du tissu adi-
iiv, tant sous la peau que dans les auti-es parties d u corps. I, 'abondance
''■ lY tissu varie avec les régions; en général, il est tr^s-a boudant s
M
336 ANATOMIE TATUOLOGIQUE.
niveau de la paroi abdominale, au pourtour des viscères abdominauii,
dont il peut géiier le fonctionnement. Localisées plus spécialement à
certains organes, les masses adipeuses sont décrites sous le nom de
lipomes capsulaires; elles ont été observées dans la cavité orbiuire
(Demarquay), dans le sein de la femme, au pourtour du cœur (Lanceroui'
et des reins (Godart). Dans tous ces points, la niasse adipeuse est diiFasc
(lipome diiïus], composée de cellules graisseuses et d'une faible quantité
de tissu conjonctif. Le développement anormal du tissu adipeux est en-
core commun entre les feuillets séreux du mésentère, dans les appendices
ôpiptoîques du péritoine, où se forment des tumeurs pédiculces, du vit-
lume d'une noisette, d'un marron ou d'une noix, pouvant se détacher H
devenir libres dans la cavité du ventre (fig. 106). Les appendices épi-
ploîques et les franges synoviales des articulations se
l'emplissent quelquefois aussi de tissu graisseux, et de là
des tumeurs multiples tenant à un pédicule commun
(lipome arborescent). Enfin, les cellules graisseuses pn--
existantes contiennent simplement une plus grande quan-
tité de graisse, la tuméfaction des lobules du tissu adipi'ui
est autant l'effet de l'hypertrophie que d'une vt^rilable
metrouvè libre hvperplasie graisseuse.
(Uns la cBïiti q^^ différentes lésions se distinguent par leur siège et
leur dissémination, des productions circonscrites ou lipo-
mes vrais, et se lupprochent de la polysarcie, désordre anatomique avec
lequel elles coexistent fréquemment. Elles reconnaissent à peu près le*
ménu's eauscs, qui sont une ulimealation particulièrement coni])osé<' de
substanci.'s grasses ou amylacées, l'usage de la bici'c et des liqueurs alcoo-
liques en excès. 11 n'est pas rai-e de rencontrer chez les buveurs qui ne
prennent qu'un faible exercic<t musculaii-e une couche de 6 à in ci-n-
limèta-s de tissu adipeux au niveau de la paroi abdominale aiitt^neiire,
en même temps que des ap|iendices épiploïques volumineux souvent
indurés, et des masses graisseuses considérables autour du ca-ur et ii<-'
reins. La genèse de ces amas graisseux est le résultat d'une diminution
dans la combustion des tissus : ainsi survient la polysarcie dans le euurs
de certaines affections cardiacpies avec gène de circulation, dans lemphj-
sènie pulmonaire où l'activité respiratoire est diminuée, et niAme dans
certaines affections nerveuses pouvant troubler les importantes fondions
de la respiration et de la combustion. Celte eircunslance rapproche l'in-
dividu obèse du vieillard ; l'obf'sité est l'indice de la caducité.
Oeicription. — Le lipome |iropreiuenl dit (inroî, graisse} «st une tumeur
hv{>erplusiqiiequi procède en gi-néral du tissu cellulo-adipeus préuxistanl ;
c'est, selon l'expression de Morgagiii, uni* vérilaliloexeroissanc* do la n
brane adipeuse. Ancienncinenleouronduesous le nom de loupe avec diff^ 1
n'iils kystes remptîsdf!matiêregrasse,cette tumeur a été ainsi di^uommifti
par Litlre en 1709, et, îi partir de celle époque, le groupe des loupes fut J
divisé en trois variétés : alhéromes ou mélicéris, lipomes et sléatomes. La. ^
premîèiv de ces variétés est constituée par un kyste graisseux, el la troi- 1
sîëiueest entièrement iinaginaim. Le tissu conjonctîf sous-cutané est le siège !
|r* |)lus habituel du lipome, notamment dans les points où la peau est
JJ4-U tdidue, par exemple aux alentnurs des aisselles et des épaules,
:iox ffuissos, etc. ; mais à la vérité, cette formation se rencontre dans
toutes les parties renrermanl de la graisse, et même en des endroits où il
ti'r-ii existe pas uutinalenienl, tels ({ue l'estomac, l'intestin, la tunique
\ngili»le, le sci-oluni (lig. 107), les i-eiiis, le reiveiiu.
L« lipome oITre un voluiue variable, depuis la ^r
- Traité d'Anal,
r dune noisette j
t.— 22 J
338 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
jusqu'à celle d'une tête d'adulte ; son poids varie comme son volume ; une
tumeur de ce genre, développée dans Tune des aisselles, et observée par
moî, au début de mes études, pesait 18 kilogrammes. La forme de cette
tumeur est ronde lobulée, ses bords sont diffus, mais nettement limités, de
sorte qu'elle se trouve séparée des tissus voisins par une couche condensée
de tissu conjonctif, et qu'il est facilede la détacherdes parties emironnantes.
8a consistance est molle et élastique, sa coloration jaunâtre ou blanchâtre.
La structure du lipome est semblable à celle du tissu adipeux normal,
elle comprend deux éléments principaux : des vésicules adipeuses et un
stroma conjonctif auquel s'ajoutent des vaisseaux et des nerfs. Les
vésicules adipeuses sont hypertrophiées et. comme l'a constaté Verneuil,
deux à trois fois plus grosses qu'à l'état normal; elles sont formées d'une
membrane mince et transparente et d'un contenu huileux, elles possèdent
un noyau refoulé à la périphérie et qui se voit seulement à l'aide de cer-
tains artifices. Le tissu conjonctif intercepte des aréoles à l'intérieur des-
quelles sont disposées les vésicules adipeuses. Le contenu de ces aréoles
forme autant de petits lobules qu'on désigne sous le nom de paquets adi-
peux. Ces lobules sont ordinairement plus gros dans le lipome que dans
le tissu adipeux normal, parce que les vésicules sont non-seulement hyper-
trophiées mais encore accumulées en plus grand nombre dans les aréoles
du tissu conjonctif. Des vaisseaux, relativement peu abondants, occupent
le stroma fibreux.
La prédominance marquée de l'un de ces éléments aux dépens des
deux autres est la c^uise des variétés du lipome. Dans certains cas où
l'élément adipeux est abondant, tandis que le tissu conjonctif et les vais-
seauxexistent à peine, le lipome est mou, flasque, presque fluctuant (lipome
mou ordinaire). Dans d'autres cas, le tissu conjonctif très-épais et très-
serré emprisonne des grains adipeux très-fins, la tumeur élastique et rési-
stante donne la sensation d'une grande dureté (lipome fibreux). L'élément
vasculaire peut enfin acquérir un grand développement sur (juelques
points, et prendre le pas sur l'élément conjonctif (lipome télangieclasique).
Le siège peut aussi, dans quelques cas, modifier les caractères du lipome.
Situées immédiatement au-dessous d'un tégument, ou dans les mailles d(»
sa couche profonde, les productions liponiateuses font généralement saillie
ou sont pédiculées, qu'elles aient leur |)(»int de départ dans le tissu- aréo-
laire du derme (fig. 108), un de leurs lieux d'élection, ou dans le tissu sous-
muqueux, un de leurs sièges les i)lus rares (1). De même les lipomes dé-
(1) L'existence des lipomes dans le lissu sous^muqueux ne peut nous surprendre,
quand nous savons que le tissu adipeux est une provenance du tissu conjonctir, et que
CtlII-fcHFU^IES. 339
du» \r tissu souâ-sêreii<t rcviHeiit ordinairement la roiiiic polv-
&H pcoTcnt devfiiir libres dans la caviU' s«-reuse par rupture de leur
te (fip. 106); les appendices épiploï((ues et les franges sjTioviales se
liputeol de celle fa^-ou. Contenues dans uu lissu cellulaire un pen
ie, ces lameurs graisseuses se déplacent quelquerois et se portent
noMiroit à un autre du Teutre, jusque dans le scrotum.
'lllipoines de^ os sont ti-ês-rares. teux des muscles sont lieaueoup
FiG. 109. — LijiDDie dila |>ar[ie profonde de
diit«n- l'avanl-bras; lei muscles et If nerf /lonl
reraul£s|iarla tumeur (-raisseuse I. (l'i.'ce
dépoiieparVerneuilau musée D u puylren . )
li fréqui-nts. œ qui ne doit pas surprendre, quand on sait que ces ur-
i^n-nrernieul du tissu adipeux disposé giarallèlementà leurs faisceaux.
'eloppt'-s eutre les faisceaux musculaires qu'ils refoulent (Bg, 109)
ija'ils respectent contrairement k la plupart des autres tumeurs, les
iTUi-sdes muscles peuvent acquérir des dimensions parfois considé-
'idui bifu nourr
Bill dn Umu tous
, le lipomt peut u dÉvelopprr. Ajoulnni que ehet les
, OD trouie gilncralemïnt des ct^llules de grailae eu dilTtrenls
miiqucut de l'estomac et de l'inleslin.
3&0 ANATOMIB PATHOLOGIQUE.
rables; Velpeau a vu un lipome intermusculaire de la cuisse qui pesait
16 kilogrammes (1). Les formations adipeuses des glandes acineuses
sont rarement circonscrites ; le plus souvent disposés autour des canaux
galactophores et des acini , les lipomes de la mamelle ne modifient pas
sensiblement la forme de Torgane, qui peut acquérir un volume et un
poids énormes.
Évolution. — Le lipome procède d'un tissu embryonnaire qui suit
toutes les phases de développement du tissu adipeux, ou bien il pro-
vient d'un tissu muqueux, dont les éléments cellulaires se remplissent
peu à peu de graisse, et atteignent un volume beaucoup plus considé-
rable que les ' cellules du tissu adipeux voisin. Il s'accroît lentement
par multiplication de ses éléments, et possède une résistance vitale consi-
dérable, indépendante dans une certaine mesure du reste de l'organisme.
Effectivement, un individu porteur d'un lipome et qui maigrit ne voit pas
sa tumeur diminuer de volume dans la même proportion que le tissu
adipeux, de sorte que, si l'on voulait faire disparaître un lipome par
la diète forcée, on amènerait l'extinction de l'individu tout entier.
Le lipome néanmoins est sujet à des modifications diverses, partielles
ou générales. Dans certaines dégénérescences partielles, les vésicules adi-
peuses se fragmentent en granulations fines, et au lieu de grosses cellules
remplies d'une seule gouttelette huileuse, on a des corps granuleux qui
rendent la tumeur opaque, grisâtre, et la font ressembler, pour la con-
sistance, au squirrhe en état de dégénérescence graisseuse. Une trans-
formation du même genre peut avoir lieu dans toute retendue de la
tumeur, si elle se trouve maintenue par un pédicule étroit^ à plus forte
raison lorsque ce pédicule vient à se rompre. La graisse alors se décom-
pose, les acides gras se dégagent de la cholestérine et se séparent
pendant que la capsule qui entourait la petite tumeur devient très-dense
et constitue l'enveloppe fibreuse du kyste qui renferme ces différentes sub-
stances. Les tumeurs de ce genre, lorsqu'elles occupent la cavité périto-
néale et qu'elles ont subi un degré d^altération avancé, sont quelquefois le
point de départ d'une péritonite ; j'en ai trouvé dans cette cavité tout à fait
saine. La transformation muqueuse du lipome est très-douteuse, ceque l'on
a considéré comme un lipome gélatineux n'est vraisemblablement qu'un
myxome dans les cellules duquel se dépose de la graisse. L'infiltration cal-
caire, rare dans les lipomes, se présente sous deux formes : ou bien elle
est le résultat de la combinaison d'acides gras avec la chaux et la soude,
(1) On peutToir le moule de cette tumeur au musée Dupuytren.
HTPERPLASIES. S&l
substances auxquelles s'ajoutent encore des phosphates terreux, ce qui
amène une sorte de mortier ou masse grumeleuse ; ou bien elle est pro-
duite par rinfiltration calcaire du stroma conjonctif de la tumeur qui
prend une dureté et une densité considérables et conserve un état sta«-
tionnaire ou môme diminue de volume.
Exposés à des pressions, à des traumatismes divers, les lipomes sont
dans quelques cas aiïectés d'inflammation. Le processus phlegmasique, ca-
ractérisé le plus souvent par une simple induration, est quelquefois aussi
suivi de suppuration; aussi, il n'est pas très-rare de rencontrer dans ces
néoplasies des abcès plus ou moins profonds, des ulcères, qui donnent à la
néoplosie la physionomie d'une tumeur maligne. J'ai vu un homme qui,
depuis plus de dix ans, portait à la racine du bras droit un lipome du vo-
lume d*une grosse tête d'adulte, parsemé d'ulcères sanieux, sanguinolents
et fétides. L'ablation qui en fut faite n'a jamais été suivie de récidive.
Diagnostic et pi^onostic. — Le lipome est d'un diagnostic facile, son état
lobule, sa consistance, sa coloration, sa ressemblance avec le tissu cellulo-
adipeux sous-cutané, permettent déjà de le reconnaître à l'œil nu; histo-
logiquement le tissu qui le compose est trop caractéristique pour être mé-
connu. Le pronostic de celle altération n'a de gravité qu autant que les
tumeurs adipeuses viennent à s'enflammer, à s'ulcérer ou à troubler par
leur volume des fonctions importantes ; c'est dans ces conditions qu'il
peut être prudent de les enlever. Ces tumeurs, le plus souvent uniques,
sont quelquefois multiples, et en nombre considérable. Les lipomes
multiples ont un développement tantôt simultané, tantôt successif, et
apparaissent en deux ou trois ans, ou même dans un intervalle de temps
plus long, comme chez un individu que j ai observé et qui présentait
plusieurs tumeurs de ce genre, symétriquement disposées de chaque
côté de la colonne vertébrale. On s'explique de la sorte qu'un nou-
veau lipome puisse se former après l'ablation d'un premier, sans qu'il
y ait pour cela d'infection générale.
Étiologie et pathogénie, — Le lipome se développe à tout âge ; on Fa ob-
servé chez des vieillards et chez de jeunes enfants ; on connaît même
des cas de lipomes congénitaux. Toutefois, c'est principalement à
partir de l'âge de trente ans' qu'il se rencontre, ce qui, selon toute vrai-
semblance, tient à l'accroissement que prend le tissu adipeux à cette
période de la vie. II n'est pas rare d'observer cette néoplasie sur les points
du corps exposés à des pressions prolongées, à la nuque par exemple chez
les portefaix, mais il n'est nullement prouvé qu'elle soit l'effet direct du trau-
'342 ANATOMIE PATHOLOGIOITK.
matisme, car si on voulait la produire artificiellement, ii est vraisemblable
qu*on ne réussirait pas. D'un autre côté, s*il est vrai que les lipomes mul-
tiples dépendent d'une modification générale de l'organisme, il faut bien
reconnaître que nous ne connaissons ni la nature de cette modification ni
sa cause : admettre rinfiuence d'un état diathésique, c'est faire aveu
d'ignorance. Cependant l'hérédité des tumeurs adipeuses serait peu con-
testable d'après quelques observations^ une de Murchison notamment, où
le père et ses deux filles présentaient des tumeurs de ce genre sur des par-
ties à peu près correspondantes; dans ce cas et dans quelques autres, il
est assurément difficile de nier l'influence d'une prédisposition transmise.
En résumé, il y a lieu de croire à l'intervention d'une cause locale et
d'une cause générale dans la production des lipomes, mais ces causes
et leur mode d'action sont à peu près inconnus.
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1709, Obs.anat^ 3. — Morgagni, De sedibus etcausis morboi',^ trad. fr. de Des-
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Mikroskopische Vntersuchungen ùber die Textur Entuicblung , Ruckbildung und
LebensfahigkeitdesFettgewebes [Arch,fùr Anat, undPhysiolog.ji, III, p. 289, 1866,
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Tri riii lie tumews HpomaUuses de l bicéphale, p. 209. — Descahps, Considifiir
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:i \i.ut. Lipome snus-pMtonéal [MoHlpelliei' mÉd,, février 187Û). — I. (!haspet,
Jfri'l. — Consultez de plus les Bulletins de Ui Société u/iutomique, de la Société
■Ir l'iolugic el les Tnmsrftioiis patliolagiijuvs de Lmtdrex.
UfWÊmm roNKénltana. — Walthkb, Die iitigefioreitm Fetthautyeschwûlite-
Lindsliut, 1814.— DAiiriBN, Obsm: i-hiiuru. sur um jimiie ^le, etc. Paris, 1822.
— Aicuorr, UeOcr Lipomatosis cuiioenitii {Miinat>'chr f. (iehMTUX. XXX, p. 339,
)8fi7, elScAmJrfCsJflftrd., t. I:XXXIX, p. 199),— J, Arnold EiiiFnH wnranfleii.
Immnan^eietz, Lipom der Zungi-'uiid desPkarynx, ek' . t. IV. p. /|H2. Sous
H litre, il s'agit bien plul6td'un monstre épignathe que d'un lipumc.
- NÉoptn^luB de tii
I cartilBgiii'eui. — Ctiondro
Ihir, élastique, de couleur bleuâtre, d'un hiauc laiteux ou jiiunùtri',
\t litisu e^rlila^ineux est liistolo^iquement rormê d'clémenls cellulaires
tl diine substance intermédiaire (1). Les cellules cartilagineuses, gèiié-
nl«iuenl rondes ou oblongues, sont, comme la plupart des cellules,
ranposées d'un protoplastna et d'un noyau; elles oITreut en outre, au
Iwul d'un certain tem|is, chez les inammitêrcs, une membrane distincte
su capsule de cartilage, couche résistante produite par une sécrétion du
fntoblaste qu'elle enveloppe étroitement H dont elle peut être séparée
puiliTers réaclifs susceptibles de coaguler et de ratatiner son contenu.
U sabslance rondamontalo est variable; muqueuse dans les disques
nltnébraux, elle est ailleurs lioinogène ou finement granulée. On In
liWrc enfin composée de tibics; les unes pilles et parallèles four-
Huwtit de la gélatine, les autres opaques et disposées en réseaux sont
BHisliluées par une substance élastique. Les caractèi'es chimiques des
nIhleE et de la substance inlenntkliaire homogène ne sont pas îdeii-
li(|iies : les premières ont une eompositinn qui les rapproche des sub-
slmtvsalbuminoïdes, la seconde est formée de chondrtne, du moins
i(iianj elle est homogène.
Ij II imitartc de Taire rciiiarijuiM
''°i;ilc paroDclijme ili> cuUules snni
''ntliligr lie In riirili' ilnranlc Ui^s
qtie, ilnni de mrcs ras, le carlilnge n'eit qu'un
subilani'» inlermédinire : li-la snnl.par «temple.
Sû/l ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Les cartilages se développent aux dépens des cellules primordiales de
l'embryon qui se triinsformenl en cellules de cartilage, tandis qu'une sub-
stance interstitielle qu'on peut faire dériver d'une exsudation des principes
constituants du sang s'inlerpose entre elles dans la plupart des cas
(Kôlliker). Or, suivant que cette substance reste homogène ou devient
fibrillaire, il se produit un cartilage hyalin, un fibro-cartilage ou un car-
tilage élastique. L'accroissement des cartilages est assez mal connu ; on sait
néanmoins qu'il a lieu, dans la généralité des cas, par multiplication
endogène des cellules primitivement formées, et par dépôt incessant de
substance intermédiaire entre ces cellules. Ces tissus sont dépourvus de
vaisseaux, si ce n'est à l'état pathologique, où ils peuvent se vasculariser.
Chez les individus avancés en âge, certains cartilages, notamment les
cartilages costaux et thyroïde, présentent fréquemment une infiltration
graisseuse ou amyloïde de leurs éléments cellulaires et quelquefois même
une dégénérescence muqueuse de leur substance fondamentale, d'où
résulte la formation de cavités anfractueuses remplies de matières mu-
queuses et de granules graisseux. Toutes ces modifications, nous les
retrouverons dans les néoplasies cartilagineuses.
Ces néoplasies étaient désignées autrefois sous les noms de tumeurs
cartilaginiformes ou cartilagineuses, de chondroïdes ; mais sous ces dé-
nominations on comprenait des productions diverses dont un certain
nombre seulement étaient constituées par du cartilage (1). L'application
du microscope à l'étude des tumeurs permit à J. Mûller de tracer une
ligne de délimitation plus nette du groupe des chondromes; c'est plus
tard et seulement dans ces dernières années que ces tumeurs ont été bien
étudiées par Lebert, Dolbeau, et quelques autres pathologistes.
Les néoplasies cartilagineuses sont des altérations d'une fréquence
moyenne, pouvant se développer, soit dans les os, soit dans les parties
molles; il est à remarquer qu'elles ne sont jîimais ni contiguës ni adhé-
rentes au tissu c^arlilagineux. Cependant il arrive que certains cartilages
irrités, subissant une sorte de travail hyperplasique, donnent naissance à
des productions cartilagineuses saillantes, analogues aux exostoses des os.
Formées aux dépens des cartilages permanents, et appelées ecchondroses
par Virchow, ces végétations ressemblentpeu à une véritable tumeur, mais
plutôt à une tuméfaction dilTuso du cartilage par accroissement d'une
partie plus ou moins étendue de sa périphérie. Elles sont vraisem-
(1) Ajoutons qu'un certain nombre do tumeurs osseuses désignées par les noms de
spina ventosa, ostéostéatome, ostéosnrcomc, etc., paraissent devoir rentrer dans le groupe
des chondromes.
IIVPERPI.*SIES.
S/iS
il produileiï par la ilirîsion des cdiules cai-libigineuaes prét'xis-
Uiiiles auxquelles s'ajoute une substance mt<>iv>i.^llulaii-e nouvi-lle; cesl un
|ilir-iionièiie cnmpanible h wlui d'un arbre qui, sur un de ses points, pio-
duit un nouveau liourj^eon. Ces productions s'observent gétiéraleraonl au
niveau des articulations malades, principalement de cellesqui sont atteintes
de rliuinalisinc chronique; elles se rencontrent encon^ sur les carlilaffes
coslaax, où on les voit former chez les rachitiques du petits n-Kluh-s lnul
particuliers, eiiHn sur le cartilage
lh\roîdi> el la trachée, où elles se
présentent sous l'appaiviiov de vc-
gctalions pisiformes occupant les
bordson la surfane interne des an-
neaux carlîlaj^ineux auxquels cilles
sont quelquefois raiblemeni adhéren-
li's,Desmodiiicalions diverses se pro-
duisent assez généralement au sein
de ces nouvelles ruminlions; la plu-
p!ut du temps, il s'y développe
une véritable ossification, d'où une
exoslosc qui procède d'un cartilage
(ti^. UO); quelquefois la néoplasie
subit une niétAmoi-]ibose régressive,
p-aissense ou nmylolde. Ces motles
(le tenninaisun et l'irritation qui généralement préside nu début de ces
nlléraltons conduisent n les rapprocher des inOammations et Aies éloigner
IV conséquent des véritables c^ondromes.
^BKriplion. — Les chondronjes sont imur quelques auteurs des nêopla-
sies héléroplastiques, ii cause de leur développement dans les organes
im il n'existe pas de cartilage à l'élut normal, comme les os, les glandes
lutlivaires, ta {uirotide, les tosticules.elc- Touterois, ces néoplasies, ujanl
toujours leur origine dans un tissu de la famille des tissus conjonetifa,
c'esl-â-dij-e dans un tissu qui a les plus grande.'^ aflinités avec le tissu car-
tilagineux, ne peuvent être considérées comme telles, au même titre du
aïoins qu'une tumeur épilhéliale appaniissant dans un os. Ainsi celte dis-
liuclion, k laquelle on a voulu attribuer une certaine importance, est sans
fiucune valeur. Lesctiondromes forment des tumeurs arrondies, lobulées,
IKiffai terne nt timitci's, d'un volume très-variable, car s'il en est qui n'ont
que la grosseur d'une noisette ou d'un petit œuf (fig. 111), on en
(|iii présenleiil un mélii' i-t plus de rirconférerice. Ces der-
Fia. IID. — Trachi^ rt g [hmu bronche»
dont la face înlarnc csl icm^x de potilei
Inmouri «nrlilugineutctoMîme!. La mem-
brane mnqucuio tUil le %ii%t il'ulreri'
lions tubareuleiiiei. (Pièce due à l'abll-
geancadu docteur Landrleux.)
uiiirtu sonl formt'(>!> de massifs distiiicles sépan'teN
plus ou moins spliériijucs et d'une (irossour îiié^le, ayuil les uuetli
volume d'urne lAlc à'è^afit,
les autres les dimeiisiiiii!
d'un Œur. IlHiis quelques ras,
il exisie, tii outre, an viij-
■iiiia^c de Ifi musse priuà-
pale, comme l'a vu IJulbrnu,
de petits Ilols ntrlilngiiieui
isolés, dont l'impcirtaticf h
doit plis échapper au chîruN
fiien. La eoiisislanco des lu-
iiieiirs cartilagineuses ed tin-
Uil dure, tantûl laolle. mi-
viint que l'élémeut cclIuUiR
ou la subslauiH^ îiitcniii^iun
im-dtjiuine. Entre ces ilcu'
• ^ I J / extil-mes on trouve tous K
inlennédiaires jiosïiibles. D'ailleurs la mollesse n'est souveut que
rt'sultat d'une niudilicalion de la tumeur primitive, qui est en gèaèt
fenne, rt^sislaiitt', élastique.
Les ehoiidromes, comme le cartilii^e iionnal, sont formes hisl
logiquement de deux |»a
ties : des cellules partie:
lières et une substaiicc ï
lerci^llulaire , roiiduuientn
Les cellules sont rondes et*
mecliez ruiibnuii.rusiroriii
ou êtoilées comme chez I
(lulle, souvent plus votuir
lieuses ou plus petites qi
les cellules du cartilage iioi
mal : mais elles sont le p'»
ordinairement comprises dan)
une capsule ( Ug. ll!j- L*
substance intei-collulaire f*l
variée, taiiiril IranspafenU-
w^. Dans la plupart d« «•
Fin. lis.— Coupe mkn)acD|)iquc il'ua rhondronir'
soui^u(«nû / 1. TnictiiB conjoiiclirs formant dns al-
véole* Ail *oiu deiqueig soiil tomprïeei le* capiulci
rio cnriilni;" c c, t^pnrùe» p.ir une substnncu iiitcr-
mAdUirii homo(*nc. (D'après l'.)I/n» rTaiiaLpalli.
de Lnncemaiixel Uckerbaucr.i
et homo^cène, lantùt libroïde ou (ibn
enfin, les noyaux cartilagineux sunl circonscrits [mr une im'aitim"
rtmjouclive ijui envoie dans la prurondeur ilc la luimur uni' tuo^
HVPE11PHSIE5,
am
de prokuipâraftnls filameoteux limitant des nlvéoles oit so trouve oon-
Irnue la substance cartilagiueuse disposée en forme de lolh^s.
Les chuiidromes n'ont |)as toujours rhonjof^ênéili; parrailo des cartilages
riumiaux, souvent la substance foiidainenlale qui appartient il une masse
(nrlilugineusi.^ dîiïèrc de celle d'un autv» groupe ; certains lobes en effet
formés par du cartilagefiyalin,d'aulrespardu cartilage muqueuse, par
libro-cM'tilago, du cartilage à cellules ramiliées; la plupart sont revêtus
iiiombrane fibreuse qui leur sert de périebondi-e et dans laquelle rant-
itdesvaisseaux qui servent ii leur nutrilion. Au-dessous de cette mem-
Imuie se rencontrent une couche di.> capsules lenlicuiaires aplaties daits
bsens de la suffacit, puis des capsules globuleuses, «l au centre esisleut
iv ):randes capsules contenant plusieurs générations de cellules, l^a
nombinaison du tissa cartilagineux avec les tissus qui composent
J'auln-s tumeurs plus ou moins malignes n'est pas exlrtimement rare:
Jus ces conditions, la uèopiasie cartilagineuse est toujours acces-
" l*s chondromes pi-ésentent des variétés nombreuses déterminées la
|)lu|iart par la (liSéi-encc de structure du tissu cartilagineux. Ces variétés
sunl aussi fréquentes que les formes du IJssu cartilagineux normal, et
imW plus rriîqnentes puisque certains cboiidronies ont leur type dans
lii'i larlilaaes propri's auï iiniiii;ni\ iiifiTienrs el qu'ils ne sr ri'ii-
f'tn. 113. — Chondrome de la base du c[
l'Àtbii irAnatomie palhotogique
e Lancereaux cl I.actier1iai
Jnlpas à l'état physiologique chez l'bomme. Au lieu d'être renfermées
< une capsule, les cellules cartilagineuses, comprises on pareil
■ dans une substance fondamentale bomo^ène, présentent des pro-
Igmients par lesquels elles s'anastomosent les unes avec les autres.
lin râëôânîn
A&8 ANATIIMIE PVTnO[.0(;iOtIE,
Exceptionnellement Tormé pur un seul lobule île earlilnge hyalin r
d'une memlirane fibreuse, le chonJpome esl d'ordinaire composé de noua
multiples reliées entre elles, aoil par un lissu ronjonctif (ii((. ilS], sait|Hr
«n filiro-<fflrlîlage vasculaire ; puis, dans quelques cas, à crtté d'Ilots cailili-
^ineux hion organisés, se trouvent des no\aux plus ou moins abonduilt,
de tissu embryonnaire mélangées de tissu (ibreux ou rarlilagincut. f»
dernières tumeurs ont été considén^s à tort comme des chondro-MN|
cornes; ce sont des cliondromes dont la trame se trouve formée de timli
conjonctif en voie de développement. Si par hasard la trame libreuse vient
à prédominer entre les lobules enililngineux, la variété de chondroiM
qui en résulte est connue sous le nom de ehnndrame fibreux. Plus rar»
ment on observe des ebondronies rétirulés el des ehondromes à cellules ra
miliées; enfin, il nest pas raiT de constater ta réunion de plusieurs variété
dans une même lumeul
Les cliondromes, envi
sa^és au point de vue d
leur topographie, présea
tent des différences seB
sibles. Dans le tissu ot
I scux (i), ils se dévelo-
' |H'nt presque toujou..
dans les premières an ni^
e k vie,cii'con8tunce i]
a pu porter ii leuralir
buer une origine cnrtilaja
neuse. i*eg os de la ma.
sont plus souvent nfTectB
que les autres, et eiigêm
rai plusieurs d*entre ea
sont simultanément m
p. nu- teints; lesosdupiedsov
beaucoup moins exposé
viennent ensuite les fémurs, les os du bassin, en dernier lieu les os de
face et de In télé. La plupart des cliondromes osseux ont leur point fl
départ dans le corps même de l'os; un petit nombre prennent naissan*
(1) Les M loot, de Inui lu; orgaiiei, ccui qui lont h iilus inuTent lUtinti ié chd
dmmei. Sur 36 cas de cboodromcs mpportéi ptr Uullcr, Ici ot figurent 33 Tob, I
piiiiei mullM seulement ï [oit. Sur ifS\ tniU r^unU pur Leb«rt, [et m tant «iMb
ma rois el Id» puHos moIlM 21. Enfin, 0. Webcr o trou»f 237ci
rotiuuK i|p< nr pimr (17 dcii pnrtii')> mnllc*.
I-'IG. lid. — Ctiondronie lie i*«\ti'£[nilé aufirifmeAe
ménii. V.el us esl le painl de dépari de la liin
(D'ipri-s un detsin oflcrl par Nélaton tu moite
pujlren,)
Hesat
HÏPERPLASIES.
U9
partie corticale ou dans le périoste (lig, lia), Les premiers ne se ré-
iêleot que tardivement, au moment où la tumeur devient proéminente à
la surface de l'os, tant par la dislension de la couche osseuse préexistante
que par la formation de couches osseuses nouvelles sous le périoste irrité.
Us seconds sont tout de suite apparents ; ils n'ont pas de coque osseuse.
Oapeut y distinguer trois couches différentes (Cruveilhier) : une couche
i\t«riie cai'tilagi lieuse, une couche moyenne crayeuse ou en voie d'ossi-
Mion;enûn une couche interne osseuse adhérant aussi solidement à
lai nue l'externe cartilagineuse adhère au périoste encore persistant.
Us chundromes des parties molles se R'aconlreiit dans tous les points oti
I
K. I|y — Cliandroriie de la parullde i),n , nal. ;, O^iliril de Ireiitc aiis. G repri'^nle une
^1" pofliou de la glande non erivaliie pni la nÉoplatiu. (Culleelion du docteur Pénn.)
'isli' uii lissu conjonctir ; ils ont leur siège de prédilection dans les glandes
■Il IHrticiilier dans la parotide [lig. 115) et le testicule, qu'ils cnvahis-
'" «rfinenl tout entiers, bien qu'ils acquiËrent iwrfois un volume
""'iJêrahlv. Le plus souvent la funnulioiL morbide se produit par
^^rihih
3^50 ANATOMIE PATHOLOGIQUE
nodules isolés et donne naissance à des masses multiples tantôt réunies,
tantôt solitaires et entre lesquelles on constate Texistence de culs-de-sac et
de conduits glandulaires dont les éléments se multiplient d'abord et dégé-
nèrent ensuite. Consécutive à une irritation de voisinage, cette altération
n'est pas spéciale au chondrome ; elle existe pour toute espèce de tumeur
glandulaire, notamment le fibrome, et par conséquent n'est en aucune
façon l'indice d'une tumeur de mauvaise nature. Les glandes, du reste, sont
généralement envahies par des chondromes mixtes et souvent très-com-
plexes où les différentes variétés de cette néoplasie se rencontrent à des
phases diverses d'évolution. La composition chimique intime du chon-
drome a été peu étudiée; soumise à une ébullition prolongée, cette
végétation, comme le tissu cartilagineux normal, fournit de la chondrine;
cependant quelques chondromes des parties molles semblent faire excep-
tion en donnant de la gélatine.
Evolution. — Le chondrome naît d'un tissu embryonnaire déve-
loppé aux dépens du tissu osseux ou du tissu conjonctif ordinaire.
Dans le tissu osseux, on observe d'abord, disent Corail et Hanvier,
des phénomènes semblables à ceux de l'ostéite; les cellules de la
lu moelle et les cellules adipeuses prolifèrent, puis les cellules embryon-
naires qui résultent de cette prolifération se séparent bientôt les unes des
autres par l'interposition d'une substaiice transparente. Les trabécules
osseuses voisines se présentent avec des échancrures dans lesquelles
végètent les éléments de nouvelle formation. Dans la portion la plus an-
cienne du tissu embnonnaire, les cellules, distantes les unes des autres,
séparées par la substance fondamentale transparente, arrivant peu à peu
à constituer un petit Ilot de cartilage au centre d'une cavité médullaire
agrandie. Autour de cette petite masse de cartilage, les cellules embryon-
naires végètent pendant que le travail de médullisation de l'os se com-
plète; en même temps, les trabécules osseuses se résorbent et les cavités
médullaires voisines s'ouvrent les unes dans les autres, de façon à con-
stituer une grande cxivité au centre de laquelle se trouve le nodule e^irti-
lagineux. Celui-ci s'agrandit par l'adjonction du tissu embryonnaire
qui l'entoure; mais plus tard ce tissu se transforme en tissu fibreux et
constitue à l'îlot cartilagineux un véritable périchondre. Alors les c^ipsules
périphériques de cet îlot deviennent lenticulaires, s'aplatissent sous Tin-
fluence de la jnession du tissu conjonctif, tandis que les cellules cartila-
gineuses centrales s'arrondissent ou se multiplient de manière à donner
naissance à des cellules et à des capsules secondaires dans l'intérieur des
grandes capsules primitives. Les mêmes phénomènes se produisent lorsque
velHUldmnw piwnd nnîssnnce diius k> (issu coiijuiictir, var on voil a|i])<t-
■aUrc des Ilols de i-elliilE;s embryonnaires aux dépens desquelles le carli-
lage naît suivant sou type ordinaire de développement. Dans eerlains cas.
lorsque lo mouvement formateur csl Irès-ieul, la substance fondameulaie
libmise persiste, les cellules s'entourent de capsules, et il se fiiil ainsi un
l'hni-parlilage.
K'croissemenl du chondrome a lien par l'au^entation des Ilots
'il.ii;iueu\ existants cl par la Fonnation de nouveaux Ilots. L'ac-
i->inent de l'Ilot on nodule priniitiT s'effeetue par la segmeuta-
' <iii noyau, puis du proloplasma des cellules cartilagineuses (|ui
■ uiiiipnt en même temps très-volumineuses; la croissance des
iiiuluL-s est toutefois limitée et non démesurée. En gt^néral, chaque
nodHli- ne dépasse pas beaucoup la grosseur d'un noyau de cerise, el
touveiil il reste plus petit. .\u pourtour d'un premier Ilot se forment donc
nnlissii embryonnaire, puis de nouveaux nodules qui, en «'appliquant aux
iWsdéjàPxistjinls, augmentent le volume de la tumeur, de telle sorte que
Ifciundrome volumineux, malgi-é une ccrlattie apparence d'unité, est en
a-Mim un pro'Juît multiple. I> mode d'accroissement permet de com-
piidre la généralisation de quelques chondronies, oar l'influence r[ai
pviiie il la rorinaliou de ces nodules peut bien donner lieu à l'apparition
df liiws indépendants dans les os voisins, et quelquefois même dans
•"larties molles environnanles. Ainsi s'explique l'existence de ehou-
*™ii's ilans plusieurs des os de la main et du pied, dans des exln^
"lili^ voisines l'une de l'autre, quoique séparées par une arlicula-
'""i; le fémur et le tibia sont particulièrement exposées h ce mode de
s^mlisalion.
I** tumeurs carlilagtneuses ont une marche lente et quelquefois
*fniillente; elles [>euvcnl séjourner dans les tissus pendant un
•""ji* très-long, vingt et trente ans, sans produin» de désordres sé-
"^n. Leur extension est toute locale, mais il n'en est pas moins vrai
T'niif tumeur qui siège primitivement dans l'os s'étend peu a peu
"n pdrties molles, tellement qu'on a quekiuefois vu les vaisseaux
<"iipiiis et lymphatiques dilatés et oht>trués par des végétations
""lilspiinrust-s ; les glandes lymphatiques correspondantes sont tou-
''*« rarement altérées, f'aget, examinant un chondrome placé au bas
''^ l» ïi'înp cave et développé dans le.s glandes lymphatiques, a observé
11" les vaisseaux de ces glandes étaient dilatés et remplis de car-
">»■ Yin-how, dans un cas de chondrome du scapulum se conlî-
""«il dans les |)arties molles, trouva une dégénérescence eaililagi-
*"» de» glandes hmphaliques du eou. L'infection ehondromiiteuse
352 ANATOMIK PATHOLOGIQUE.
que l'on ne doit pas confondre avec la généralisation qui naffecle
jamais qu'un seul système organique, parait devoir être admise bien
qu'elle ne repose que sur un petit nombre de faits. Au nombre de sepl
ou huit, ces faits présentent cette particularité tout à fait digne de re-
marque, à savoir que les poumons, à part un cas, ont toujours été le
siège de la métastase.
Le chondrome est soumis à des métamorphoses de diverses natures,
progressives ou régressives. La vascularisation et l'ossification consti-
tuent les métamorphoses progressives qui sont rares et toujours partielles.
Plus commune , la calcification ou incrustation calcaire est due à
un dépôt de sels de chaux dans les capsules des cellules cartilagi-
neuses ; elle détermine la formation de cercles solides autour des cellules
et une apparence de tissu osseux. Cette modification, qui d'abord affeclele
centre de la tumeur, n est pas toujours TelTet d'un processus passif;
elle a parfois une évolution comparable à celle de rossification elle-
même. Les cellules contenues dans les capsules prolifèrent, puis,
celles-ci s'ouvrent les unes dans les autres , et il se forme au centre du
tissu cartilagineux une cavité médullaire à laquelle le périchondrc
envoie ses vaisseaux. Dans cet état, la moelle embryonnaire peul
rester stationnaire, se transformer en tissu adipeux, donner nais-
sance à un tissu fibreux, s'infiltrer de sels de chaux ou produire dei
trabécules osseuses d'une existence temporaire.
Les métamorphoses régressives, le plus souvent graisseuse ou ainy
loïde, sont tantôt indépendantes, tantôt concomitantes et disséminéfî
sur des points différents d'une même tumeur. Un de leurs principaus
effets est d'arrêter le développement ultérieur de la tumeur. Dans quel-
ques cas, les cellules cartilagineuses subissent la métamorphose graisseuse
tandis que la substance intermédiaire, devenue Hbrillaire ou striée, fiw'
par se convertir eu une masse filante, gélatinilorme, qui renferme uu<
forte proportion de mucine et peut donner naissance à des kysle:
muqueux, ou même à des trajets fistuleux. Ainsi s'expliquent ce-
points fluctuants que présentent ceilains chondromes primitivement
durs dans toutes leurs parties. Un travail d'ulcération superficielle ^
remarque encore sur celles de ces tumeurs qui distendent la peau, sur-
tout quand ce tégument se trouve exposé à l'action des agents irri-
tants.
Diagnostic cl pronostic, — Le dia|j:n()stic anatomi(|ue du chondroi"*
est facile; sa forme lobulée, les îlots fermes, blanchâtres, brilla"^'
qui le constituent, ne peuvent permettre de le confondre avec 1^'
HYPBRPLASIBS. 553
néoplasies déjà étudiées. Le myxome seul pourrait prêter à Terreur, c'est
dans le cas où le chondrome a subi une transformation muqueuse ; mais
comme cette transformation n'est jamais complète, il en résulte qu'on
peut toujours arriver au diagnostic de la néoplasie cartilagineuse.
En dehors de son action locale , le chondrome pouvant entraîner dans
quelques cas l'infection de l'organisme offre un danger plus sérieux que
le myxome et le lipome. 0. Weber a vu un embolus cartilagineux trans-
porter jusque dans les poumons cette altération dont le degré de gravité
est par conséquent variable. Plus les éléments constitutifs de cette néo-
plasie sont jeunes et plus le développement de sa masse est rapide, plus
elle est maligne, c'est-à-dire plus elle tend à détruire localement et à
se généraliser. Au contraire, plus le développement des éléments d'un
chondrome est lent, plus ces éléments se rapprochent de l'âge adulte et
plus ils sont isolés par un tissu fibreux, moins la tumeur oiïre de danger.
Par conséquent, si au pourtour d'un chondrome qui vient d'éti^ extirpé
existent des traînées de tissu embryonnaire ou de cartilage en voie de
développement, s'il n'y a pas de périchondre fibreux il y a à craindre une
récidive sur place, où même la production de nouvelles tumeurs dans
divers organes. En d'autres termes^ les chondromes sont d'autant plus
malins, que, par la forme de leurs éléments, par leur évolution, etc., ils
s'éloignent plus du type physiologique.
Étiologie. — Les chondromes sont des lésions du jeune âge ou de l'âge
adulte, souvent ils apparaissent dans les premières années de la vie, ra-
rement dans la vieillesse. D'après une statistique dressée par 0. Weber
et comportant ^k cas de chondrome des os, le début du développement
de la tumeur remontait dans plus de la moitié des cas aux vingt premières
années de la vie, et dans un tiers environ à l'&ge de dix ans. Cette
altération est d'ailleurs quelquefois congénitale, et l'hérédité a paru
à quelques auteurs jouer un certain rôle dans sa production. Paget
raconte qu'un malade qui avait un chondrome du radius eut un fils qui
fut atteint d'un chondrome du même os ; 0. Weber cite un exemple où
l'influence héréditaire aurait été ressentie par toute une famille. L'opinion
de quelques auteurs (Lenoir, Virchow) tendant à mettre le chondrome sur
le compte du rachitisme ou d'une perversion dans le développement des
os (Mûller, Chassaignac) n'est pas suffisamment prouvée. Le traumatisme
a une action réelle, car le chondrome survient quelquefois à la suite
de fractures ou de contusions ; mais ce n'est là qu'une cause déter-
minante, vu la rareté des cas où cette néoplasie succède aux influences
mécaniques.
LANCKBCAUX. — Traité d'Ànat. I. — 23
35& ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
BiBLioGRÂraiE. — J. MuELLEB, UebcT dm feinem Bau und die Formen der Erml-
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[Chirurg. Erfahr., p. 300); Observations pour servir à V histoire des enchonân-
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de méd, et de chirurg,, 1866, p. 638). — Beneke, Archiv d. Ver. f, gem, Arb., V.,
p. 427 {Schmidt's Jahrh,, t. CX, p. 17). — Nélaton, Gaz, des hùpUaux,\zsxm
1855. — Paget, Med.'Chir, Transact., vol. XXXVIII, 1855, et Surgical Led. on
tumors. London, 1857. — Ricuet, Société de chirurgie, 1*' août 1855, et Go:,
des hôjh , 95, 1855. — Broca, Ibid., p. 161. — Volkmann, Deutsche Klin,, 1856
{Ibid,, p. 164). — Cruyeiluier, Anat, pathol. gèn,, livr. XXXIV, pi. 4 et 5;
Traité d'anat, pathol. gén., t. III, 1856. — Lebert, Traité d'anat, pathol,, t.l.
p. 216, 1855. — DoLBEAu, Mém, sur les tum. cartilag, des doigts [Archiv. gén. d*
méd., oct. 1858, p. 448, 669; Paris, 1858); Des tumeurs cartilag. de la parotide
{Gaz. hebdomad., 1858, 687), et Sur les tum, cartilag, du bassin. Paris, 1860,
extr. du Progrés. — Bœckej., Gaz. méd. de Strasbourg, 6, 1862. — Billroth.
Allg. Chirurgie, p. 607 ; trad. fr. Paris, 1868, 710. — Follix, Pathol. ext.,l l
p. 231. Paris, 1861. — Viucuow, Gcschwùlstc^i. I, p. 434, trad. fr. par Aronssohn.
— GuonK, yrtzknovpel Chondrom mit cont. Zellm (Archiv fur pnth. Aimt. "wi
Phys.,i. XXXII, p. 445). — J. ^ter^, De Enchondromatc. Inaug. diss. Vratisiavia*.
1865. — Ch. Legros, 'Reproduction des cartilages [Gaz. méd., 1867, p. 38,')). —
C. H<KSTEHMA.\N' , Euchondroma hœmatodrs. Inaug. diss., Bonn, 1868. ^
J. BiiiKETT, Cnrtilaginom and bony growtks (Guy s Hospital Reports, sér. H''
vol. XIII, p. 393, 1866, et vul. XlV, p. 475, 1869). — Lvnœrluv e\
LackehhaOek, Atlas d'anat. pathologique, p. 517, pi. LVH, fig. 6 et 7.
VI. — Néoplasics de tissu osseux. — Ostéomes.
Lf" tissu osseux consiste niorpholo«:iquement eu une suhslance foiida-
nieiilale et en un ^rand nomhre de petites cavités microscopicjues diss»*-
minées dans son intérieur. L:i substance fondamentale, dure et ri^nde. ''^^
blanche, homop'ne, granuleuse ou fibreuse, le plus souvent lamelleux*^
elle résulte de la combinaison intime d'une substance collo^ène, conifW^''
ment identique avec celledu tissu conjonctif, avec certains composés inor-
I
iiïPEnpi.ASies. 355
IM, parmi lesquels le phosphnte et le rnrbonnie dp cltntix tioniicnl
R premier ning. Les cavités osseuses ((H>r|tuscules osseux (le!< auteurs]
it de 0",013 à 0"",031 de loupieur et do 0-*',006 à fl'-,U15 d.^ largeur,
e forme généralement lenticulaire, elles conimuniqurnt les uties avw les
nires par un grand noin)iri< de tins prolongements ou ranalicules osseux ;
lelcfues-unes s'ouvrent, par l'intermédiairp de ces derniers, i la surface
Tie des os ou dans les espaces médullaires plus ou moins larges qui
xistcnt dans leur épaisseur. Chacune d'elles renferme une cellule éloilée,
tllule osseuse, avec une paroi propre, un noyau nvalnire, long tn
loyenne di! ((■■,006. Les os contiennent en outi-e des vaisseaux et des
1 accompag;nrs d'une substance |mrticuliéro qui les soutient , la
elle. Composée d'un tissu conjnnctif trf's-lftche, ayant dans ses mailles
) grand unmhrede petites cellules spéciales, appelées Hlules mt^ul-
!^s, et de rares cellules de ^^ïsse, la moelle remplit tes cavités de ta
ubstancc spongieuse des os, les canaiicules qui pnrconreiit In siilistance
Xwupacte et qtii s'ou-
Trent it la surface ex-
terne ou interne de l'os
(canaux vasculaires de
"laversj .
' L'os ne provient pa>
Ktemcnt des cellules
A i'emhryon, mais bien
l'un tissu cartilagineux
I d'un tissu fibreux
li redevient embrvon-
Hiirv pour se transfor-
' ensuite en tissu
Mseux. I.'accroiase-
taienl de l'os en lon-
ir s'effectue aux dé-
lens du cartilage ; son
roissemeiit en épais-
alieu|iarrintemié-
iaire du périoste, au-
lessous duquel existe
■ne couche de cellules
tondes ou polygonales {Uastkme unis-périoslai, Ollierj. semblable* à
tfeiles de la mw^lle wnhryonnaire et deslinùcs coiiuue elliis à se transfor-
[mer en tissu osseux. ■' • •"''! " ii""n-
FlC. 110. — (MÉome Uhht àe l'oi ninxilUire
tupérieur. iiui ■ luxé la uiiclioire îiifËricure.
{Muaâe Dui'Ujlren,!
'i5Q ANITOHIB PATHOLOGlQim.
Le tis5U osseux Tail parli<! de tous les os du squelette,
les osselets de l'ouïe, l'os hyoïde, les os du système musculaire ou os
sésamoldes ; il compose la croule osseuse ou cémenl di>s dents, et
à un âge avancé il remplace assez ordinal lemeiit les cartilages du larîTii.
Ca tissu est le siéf^e de végétations nombreuses, dont quelques-unes,
plus spéciales au grtiupe des phlegiiiasies, sont connues sous les iiums
d'exottae» et à'éwsloses, suivant qu'elles occupent la périphérie de l'os
ou sa ravilé médullaire. A la périphérie de l'os, où elles roriiient des
saillies plus ou moins volumineuses et irréjiulières, les exostoses ont une
:ilruclure semblable ù celle de l'os normal, avec celte diiïérence que les
cunuux de llavers qui entrent dans leur composilion ont une direction géué-
ralemenl perpendiculaii-e il celle des canaux de Havcrs de l'os ancien.
CetlQ disposition résulte de la dii-ection des vaisseaux osléo-pérîostiquM,
qui sont, commis on le sait, perpendii^ulaires k la surface de l'os «l qui,
lorsi|ne la moelle sous-péi-iosliqne se triuisfonne en tissu osseux, déter-
minent la direction des canaux de Davers et la disposition des lamelles.
Les éiiosloses qui prennent naissance dans l'épaisseur in<^ine de l'os
oiïi'ent cette même disposition : elles sont babiluelknicul formées par du
lissu compacle et comblent plus ou moins le canal nx^ullaire. l*f
Bl PSIIFUhieS.
MT
esostoscA sont les unes liées au iléveloppenieiil du tissu osseux (exostosea
ostéofu^iiiqui-»), les autre» produite par des niaiadies générales, telles
que la sjphilis, le riiuRi»lisin(f, ttlc. Je n'iiisisle pas sur I» de^criplioii de
ces lésiniis. qui auront leur place dans l'étude que nouB Teroiis plus loin
desallératiuiiâ du tissu osseux.
ÙtKriplioH. — Les osléomes propreuieiit dits sont des rormatiùiiR os-
seUM'S, ordiimi renient isoli-es et circonscrites, de fonne el de volume
familles. Le plus sou-
vent arrondies, ces pro-
dnctiuns sont quelque-
Ibis aplaties, lanicllaî-
ne, plus ou inoinii irré-
gnlières, et ces dilTéien-
eea sont rré(|uemment
niitoiilonnées au sié^
dm tumeurs, qui est lan-
tdt le tissu osseux, tan-
tAt le tissu cniijnnctir. La
composition histoingique
de (xs lumrurs est celle
du tissa osseux: on y
irouvc de lu substance
osseuse avec ses ostM-
plastcs, de la mot^Ile
osseuse et des vais»<:auv.
Toutes les vnriélês du
lissu osseux (com|Hicle.
spongieux, etc.) peuvent
«e rencontrer dans ces
tumeurs. L'oslwme ronipacte est une lunicur (ernie, plus ou moins
alliinj!^ et; aplatie, eonslituée par du tissu osseux rom|iiicle, avec ses
canaux de llavers el ses osli'ophstes. Li substance usst^use j cal dispostV
en lamelles concentriques enlourani les canaux vasculairt^s, i)ui n'uni
gétiémleinent pas la disposition réftutière et parallèle de In sulislance
dtaphysaire des os longs [lif;. 11ti el 117). l.'osttVtnie spongieux a l'aspect
d'une masse rougefllre très-vasculairi', rriahle. d'une dureté médiocre. Il
rat formé de lamelles ou d'aiguilles osseuses, avec des osl^oplasles con-
tenant (IiMis leurs inlennlles une moelle Ir^s-aboudanle, le pins souvent
einbrvonnaire. ^élatinifoi-nie, film^use ou adipeuse (lig. 118).
^L'ostêome éburnê forme des masses extrêmement dores cl plus ou
[.. H8. — ExIr^miU tupfrieur* du Itmiir tur le bord
irilenie duquel >p Iroute un oiLMnir >pnngi«ui o doul
le (laint de drparl rai U pArioaM ou 1rs lixui 1» |'lu>
^^F L'ostêomi
358 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
moins lisses. It se pix-scnlc quelquefois sur la face inlviii^iBa oft (
crâne, sous fonue de loniultes concentriques parallèles à )a surface de la
tumeur (Virchnw). Au milieu de ces lamelles existent des corpuscules
osseux dont les canalicules sont pour la plupart dirigés vers la péri-
phérie, comme dans le cément des dents; on n'y distingue point de
canaux vasculaires. Cette variété se ivli-ouve dans les cavités de la face,
où elle présente une remarquable analogie avec les calculs vêsîcaux à
rouelles concentriques, sauf cette diiïêrence que jamais les dépâls de
substance osseuse ne s'incrustent autour d'un uoyau de matîàre étran-
gère; sa vaseularisation est si faible qu'il semble que la tmneur se nour-
risse par imbibitiou de voisiuage.
Les variétés de siège des ostéomes sont d'autant plus nombreuses que
ces tumeurs peuvent se développer, nou-seulement dans le tissu osseux,
niais encore dans tous les tissus de substance conjonctive, principaiemimt
les aponévroses cl tes muscles, la dure-mère et l'œil. Au sein du lissa
Fic.llU. Oil«i>i>ie doublede la voulecrànicnne. n.aitteme «luii lur kpartioiii ,
g1 latérale KHUclie du TranUI ; b, ostéame plut petit lié^nl au niveau do l'anili
[Hitlérieur et supérieur il«s l'oriélaux. (Muiée Dupujrtrea.)
osseux, ces tumeurs sont disposées comme les corps tibi'eux dans les
parois de l'ulèrus, elles soulèvent les couches osseuses qui les roc^ouvrent
au fur et à mesure qu'elles se développent, les amincissent et tinissent
par les détruire (fig. 119). Les os du crAue et principalement la K-^uU
fronto-orbito-elhmoïdale, le maxillaire supérieur, sont les points île
leur localisation babitucUc ; Cruveilbier eji rapporte trois cas qui n'avairjil
pas d'autre siège. Quelquefois, on les observe à la surfucj? de l'os, et le-
périoste en est le point de départ.
, ^ji ,ps(|i^mes,.de^,|{)58es i^^^les et de.s 5iBU8^
' ^ HÏPElirLASIEâ.
ji'en out pas moins élé l'objel d'une ijtude attenlive. Ce sont des tumeui-s
isiiléps, habituellemeut ovoïdes, présenlaiit des sillons et des hosselurcs
aillanles. dont la surface lisse ne dépcisse guère 5 à 6 oentimëlres de
diimètre. Immobiles dans la cavité qu'elles remplissent plus ou moins
complètement, ces productions pai-aisseiit implanlpcs sur le squelette
''< reposer sur une base solide; cependant il est possible de lesêDuetèer,
cardies sont souvent libres et indépendantes. Dans quelques cas seule-
ment, il ouste un point d'implantation à l'os c-aractérisé par des
ni|tosités du sifuelelle et de In portion cori'cspondanle de la tumeur et par
l'absence d'une membrane lomenteuse; partout ailleurs la nouvelle
lonuation est recouverte d'une enveloppe.
Us ostéomes de la dure-mère ne sont pas extrêmement rares j ils se
développent principalement sur la fau\ cérébrale, oii ils Forment des
laïues de 1 à 3 cenlimèti-es de longueur et de plusieurs milHmèlres
'lépaisseur, comparables à des crêtes de coq (iig. 120), Dans un cas qui
m est personnel, cette végétation ne tenait Ji la dure-mère que par un
miucc lilamenl fibreux
Il iir?rnianlquelquts\ai^
•veau» Lis osteomes de
I arorhnoide , générale-
nx-nl multiples, revêtent
la lomii- de minces la-
melles, appliquée; à h
surface de cette mem-
brane Desembinblei Im
■nations ont étt qu !
*|urfois renconlrcLs d ui
'ail, ou elles uccupiieiil
■wtia cboroidi-, hoit le
«"fps^ilré.
Certains cartilages, no- Fic- 120, — Oaléomede la duro-mèrc. f, cuir chevelu;
«mment ceux du larynx, ^„ ,, „i ,,rÉMniant en « un o»I.!oiiib.
^ la trachée et des broii-
*kos, sont quelquefois atteints d'ossification, sous l'influence des
^jçrèsde l'âge. Les cellules cartilagineuses commencent par proliféi-er,
*• npsules primitives s'ou\Tent les unes dans les autres, les capsules
Onnidaires se dissolvent; il se fonne ainsi un tissu embryonnaire dont le
'•Moppement est exactement conforme ii celui de l'étal physiologique,
au sein de ce tissu apparaissent des trabécules dans lesquelles
Mllnles embryonnaires deviennent des corpuscules osseux. Un sem-
360 aNaTOMIE PATBOl.OClQtrE.
blable travail s'opère quclquorois à la surface iuleme des
cbéaux irrités par la présence de tubercules. La ti^re 110, p. Shi, esl
un exemple de ces productions ctiondro- osseuses.
Les osléome.s qui aOectent les tendons se nioiiti'ent ^iiérak>n)i>ul lu
voisinage des os, et seulemenl chez des individus jeunes; Us débulMt
par la portion adhérente à l'os et se prolongent sous forme de lonjnKi
ai^^illes ou stalactites dans la vonlinuitii de ces cordons libreux, jum|1ii-
dans les muscles. J'ai vu au musée analomique de Louvain un squelellr
dont la plupart des os étaient couverts d'osléomes en même temps iiu'uD
grand nnmbi'e de muscles, notamment ceux du cou et de l'épaulp; les
muscles adducteurs de la cuisse étaient transformés en tissu oswui.
Kokllansky signale l'existence assez fréquente d'un ostiiome dans le
biceps chez les fantassins, dans les adducteurs de la cuisse cliez li^ nu-
tiers de l'armée autrichienne.
Les ostéomes naissent, comme le tissu osseux, tantt^t aux dépens d'un
tissu cartilagineux préalablement formé, tantùt aux dépens d'un tissu
conjonclif embryonnaire, et par exinséquent leur développement s'opèit
suivant le mode physiologique.
Ces tumeurs ne peuvent être confondues analoiniquemenl avec aucune
autre tumeur; les tumeurs fibreuses, incrustées de sels de chaux, s'endi»*
tinguentpar l'absence de corpuscules etde canaux osseux. Le pronostic dt
ces lésions est tout entier dans les désordri's locaux qu'elles déterminntl '
l'usure des os, lacompi'essionet l'altération des tissus mous. .Si elles ton)
quelquefois multiples, ces tumeurs ne deviennent jamais infectieuses.
L'ostéome est une affection du jeune ilge plutôt que de la vieillesse. (T*^
enli-e quinze et ti-enteans qu'ont été observés la plupart des cas d'oaléoft*'
des sinus de la face, c'est-à-dire à une époque où la muqueuse de ces sisM
atteint son maximum de vitalité, cequi conduit à rattacher les ostéome*' ^
un phénomène de nutrition anonnal et non à un processus phlegmasiqs*'
La coexistence, dans quelques cas, de ces tumeurs avec des polypes n
queux ou libreux, semble indiquer qu'elles peuvent se développer sons l'i
fluence de modilications nutrilives de la muqueuse assez semblable»
celles qui président à la fomialion des myxomes ; cependant, il n*e8t p
démontré que les ostéomes ne soient que des polypes muqueuxossilïé&. '
traumatisme n'a ici, comme dans la plupart des cas de tumeurs conjor
tives, d'autre action que celle de cause déterminante; le c«l exubérant,
ostéomes développés au voisinage d'une fracture sont des preuves de
inlluence. Les formations osseuses sont du reste commmies partout
vient une irritation de l'os ou du|n''riosIe,au niveau des ulcèi-esd)
cariées ou retenues dans leurs alvéoles. La syphilis.
HYPEBPLàSIES. 361
matisme et toutes les maladies générales prédisposant aux exostoses sont
au contraire sans influence sur la production de l'ostéome.
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flg. 32; pi. CLXYII, fig. 3, 6, 5.— Bruns, Atlas, pi. Mil, fig, 6, 8, 9, 11, 16.
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p. 607. Paris, 1870. — L. Rty, Bull, de la Soc. anat., 1872, p. 213.
Vil. — Néoplasics de substance conjonctive fibrillaire. — Fibromes.
Très-répandu dans Torganisme, où il forme les tendons, les aponé-
vroses, le périoste, le derme cutané, le derme muqueux, les membranes
vascuiaires, etc., le tissu conjouctif fibrillaire ou tissu conjonctif ordi-
naire est constitué par une substance d'apparence fibrillaire disposée
362 ASATOMIE PATDOLOCIOUE.
SOUS forme de faisceaux, par des libres élastiques et par des élétnenls
cellulaires. Les Taisceaus, finement striés et ondulés suivant leur Iva-
gueur, ont un diamètre variable de 0""",005 à 0°"°,050 (llanvicr). Traite
par ie cannin, ils se colorent en rouge ; examinés dans l'eau ou la |dy«-
[ jfine additionnée dacide acétique ou Tormique, ils se. gonflent, sed^
b lorcnt et perdent leur aspect fibrillaire; (tu même temps, ils pn^senl»!
I des étranglemetils sous forme d'anneaux ou de spirales que semble inaitt-
[ tenir une sorte de filnf qui reste colorée en rouge. Placées à cùté de m
iàisceaux, les fibres élastiques sont caractérisées par une forte réfringcuN,
une forme cylindrique, des anastomoses nombreuses et la résistance i
l'action des acides ou même des alcalis. Les cellules sont de deux oràm:
les uues, situées le long des faisceaux du tissu conjunctif, sont gmixH
plates comme les cellules epitbéliales des séreuses, et contiennent >l
noyau ùgalement aplati avec un ou plusieurs nucléoles; les autres parus-
sent complètement libres, elles ont tous les caractères des globules blanti
I du sang ou cellules lympbaliques. En résumé, le tissu oonjonctlf td
■ formé de faisceaux tapissés par des cellules aplaties, glissant les unsurj
les autres et limitant des espaces dans lesquels se trouve un liquide <fi\
tient en suspension des cellules lymphatiques.
La sulBtance fondamentale et les faisceaux de tissu conjonctif duniieal:
par la coction une substance collogéne, à l'exception d« la cornée, <fi'
fournit de la cboudrine; les éléments élastiques renfennent il<! U mJ^--
stance élastique, la composition cbimiquc des cellules est inconnue. i|
l'état embryonnaire, le tissu conjonctif ne contient pas de gélatinf rt s>i
trouve vraisemblablement formé par une subsUince protéiqur. Arwi,
il faut a<lme(tre une transformation de la substance albuminoîif*'
I en substance collogène pendant l'intervalle qui sépare la période «n-
F bryonnairc du développement complet de ce tissu.
Dans la période embi-yoïiDaire, le lissu conjonctif est représenté pu i
des cellules arrondies h noyaux vésiculeux, dépourvues do nieœlinWi
réunies les unes aux autres par une petite quantité de substance ioW
cellulaire de nature albuminoïde. l'Ius tard apparaissent des séries loof^'
ludinales de cellules fusiformes constituées par un noyau mince ellon^'
et une masse de protoplasmn. Ces cellules se modifient peu k pMJ,*'
point de se terminer par des prolongements filifonnes, de perdre IW
[ proloptasma, tandis que le noyau persiste et que la substance fundain'''
tftle intercellulaire devient slriéi; et se transforme en faisceaux de EjbnD*
allongés et condensés. Le tissu élastique traverse h peu prt-s les mM**
phases de développement que le tissu fibreux, en ce sens qu'il
,Hnlé h ua cerlaio moment par des cellules embryonnaires,
res, plus ^^
■mSTUSIRS. 363
. A l'éUl paUtol(^que, le tissu conjODclif se itér»-
lopjic d'une bçon ideoUqne : uaU m \-«rtu de rirconâlances $pccîaJes. mal
ItHi-niùiKics, il s'arrête qurJquefi»s à la (io àr l'une de S4S phases à'ém-
lolioa d ne parrioit pas â son inMnplet <lévelop|ienienl. Noos appelons
^Mmi (vlrjamuiim louiez les formatioDs incomplèles de m tissu, qni
mit rtaaralentewt decrii*^ sous le noni de tareometti). et fibnmet
9 dans lesquelles le tissu pal)ioiugi()u<- aiicoiuplil toutes
ptoa érointîoa.
- Rbroaiej embr? oanaïm.
t fibromes embnoDiiaires rorment des tumeurs oroûtes ou romks.
|uebis ueUef&onI limilées tm même circonscrites par uue espèce de
lcfibn:use. le plus sourit diffuses et envahissantes. D'un Toliunetrè&-
le, tantiM un peu molles, taotiit dure.-^ et i-bsliques. ces tumeurs rrs-
t. non pas à la chair musculaire de l'homme, mais plulilil 1 celle
du lapin. Leur soriare de section, de teinte blanchâtre ou rougeitre, lisse,
brillanle, humide, donne peu de suc à la pression, excepté dans les parties
s molles qui se laissent Tacilement déchirer ou réduire en boutUie.
nid esseotiellemejil fbnnêes de cellules réunies par une substance
nèOMÔ* variable et interrompue par des \-aisseaux plus ou moins
daals. Ces œHoles ont des formés diverses, et de même que pour
r son déreloppenteat complet le tissu conjonctif passe par deux
I moffAolo^ques distincts, la cellule ronde ou o^-ale et la cellule Tusi-
B, de m^me les fibromes embryonnaires sont composés plus spéciale-
1, lauttVt de<vilulesammdies (fibrome embryonnaire ^lobo-cellolatre),
k de cellules fusifonnes 1 fibrome embryonnaire fuso-cellulaire'.
BiW gloào-etllulaire. Désignée par Ch. Itobin sous le
idc tomev anbiyo-pJastique, cette néc^lasie, encore connue sous les
imitions de sarcome à cellules rondes (Billrolh) et de sarcome enoé-
e aHB de mtcsoic Ih^. chiir) dÊsfiuit aotrefoû, d'«pr«i Galin, it* tvmran
met cktiaoc, ti jlm particulitTemMiI des tnBean polipewM. Aprà quel^Wi
Bcati opérai dui « ■gaiflealioa et on oubli umi oMiplet, oc awt « ra la boaac
4'lBcniAea hwatai Hafin Jn lîède Jenùer, et dui cet dersîm leaip U
dMKdeiBBean. Celle
IféHénlemml arttfté* ea Fnaee pe«r
IMfitr BBC trrit de lomuliMu {■■('■'■'«■fTque*. <)ui, f*r Irai IradiDce à !• féi'i >!»■
^)e npfTMbent ducarcinomr. Déjl aoiu mori Diimtré que reitaÎBe» Ifâww iDli
*fa MaUt* camne de> fwnwMi par la iiilcun clvôtiK* la |rlai (onpafh fhif)
MbiMcsmI tam de noatmailà paraatair» iitnei page 103 de n ««kwe}. U
l*ptadMBbiL de* noonin nrceouteiue* mtaBteiiio«panildei«rreMnrdaBib
ne loiii en effet i|ae dei i^êtaliao) dn ùmm piwjiinrttf
S6A
AKATUMIE FATHOLOGIOUE.
pbaloTde (Coruii et Itaiivier), se prtiseiil^ sous In forme àc ma
ned, jaunAti-es ou rougeâtres, molles, élastiques, semj-lranslucîd'-spld'iip-
parence méduUaii'e, ce qui lui a valu (t'i>tre confondue pendant lon)(leiii|i)
avec le cancer enc^phaloîde. D'un volume qui varie depuis la grosseur d'où
lentille jusqu'à celle du poin;:, ces masses, compnmèes ou l'ackrs.olFmil
tout d'abord un suc transparent, et plus tard, par suite (lt> la liqniïfacliaa
cadavérique de la substance Toadameiitale et parsuite de la mise en lib«V
des cellules, un suc blanchfllre, lactescent. Elles sont composf'-es à« celluli-t
réunies pnrune petite quantitéde substance intennédiaireraolle et anuH^,
et alimentées par des vaisseaux. Les cellules petites, globulaires, asseï régu-
lières, sont formées d'un noyau relativement volumineux, ti contour* bîaj
lrannlit%, muni de un à trois nucléoles, et d'un protoplasnia peu abondai,
sans membrane propre, qui devient manifeste après durcissement de bit-
meur et coloration de la préparation par le carmin Ainsi, ces élémeDb ail
la plus grande ressemblance avec ceux qui COBl-
posent les bourgeons cbnnms{fi)î.12I).Les na-
seaux sont volumineux, dilatés ou anévram-
tiques; leurs parois sont un peu plus épUMO
que celtes des vaisseaux du tissu de gnDUt>-
tion. Comme ces derniers, ils sont ctHMliloèi
par une simple coucbe de œllulesj aoMilnii
rupture facile donne souvent lieu à desndi;-
moses ou à des hémorrhagies dilTuses.
''"'■■ *^';~n^""' ""T"" Le lihromeembrvonnaire plobo-cellnIaiK est
piqued un flbrome embryon- . c
naire rapidement aévcloppé tantôt Solitaire, tantiU multiple d'enibl^.eldi^
d.n.len*li-.Unell.plévrB , j, j, j ^,.^jgj„^ poUVOfr *r
gauche, cneiun jeune homme r r ' ■
dedii-BEptani.LetiuunbriJ- généraliser, notamment dans les organttpol-
■ j:i,rT.Tir™ "."^t ■"«■■■■•!""■ « P™<1 naissance, le plu. Mu^r
btabiesauiiceUnlei ilesbour- au scin dcs membranes conjonctives, et prinn-
geons charnu.. Gr,,». ICI), paiement dans le périoste et dans les envelopp»
des centres nerveux: on te retrouve encore dans In peau et lelissuMi-
jonctif sous-cutané, les membranes muqueuses, les sî'reuses, les m,\^
I .^Duscles et même les glandes, surtout les mamelles et les testicules (!)•
I^n dévelop|KMuent est rapide, et quelquefois même il prend mi Uvs-pr<i
(l) Le fibrome embryonnaire du tetlicule peut compter parmi le* plui mallni.ein'*
M niaon *in* douts de la richi.'uc taiculaire de cet organe. Je me «ouYicnt <l'»t«ir «V*
I fnae alTeclion de ce genre, avec mon maitrc M. Michon, un Je mea «mit, i«UM Hf
I Bant igi de «ingt tm, chei lequel, malgré tous lei loina donnét à l'op^ralion, il ff*'
P «Viïil au lioul de peu de temps une réeidiie itnni les gnngiluna îl^o-lcimhittrf) ii"^
mire et dans les (munaona, qui Tut bientôt suivie de ninrl.
HYI-ERI-LISIE*. 505
, p«r suite dhêmorrhagies successives dans son éimisseur, un
accroissemenl considéi-aMe. C'est ce qui s'esl passé dans un cas riccnl,
obsenéparmoi, m un til)roim' jtlobo-eellukire développé au niveau du
bord inrèrieur du foie acquit en peu de temps le volume d'une grosse lôte
(i'adulle, à tel («int qu'il remplissait luule la cavité nMominale et |M>uvnil
être pris pour un k>sledo l'ovaire (lig, I2Î).
- Le foie lupartufacs conwiïe préMinle lur
m IxtrilinfËrieurun nbiomeeiJibrjorinairehtmnrrha-
K.pque (■ ae, parlJB de la lumeur noii envuliie par \'bé-
■vorrhagie; A,véiiculi MlUire rliilenilue [inrla péai-
^^ftiùa ilana u catité de U tubalanire Ju fibroine;
I droit et gauche du [uie; r, veioe cavni
[)ique d nb orne g ubo cellu-
I ro repriMinté As 122 b b,
portioni de lobulei hjpali-
qm» piitri Icsqueli te t rouie la
vég^tatiun ; c r, liMU fiil-
brjronii.iire ; n, i^lùtneiUs du
Abrome, GrussUienient, lUO.
pLes élémeuts cellulaires du (Ibrome enibryuiuiulre, au lieu de con-
fier à se développer, s'infiltrent, dans les points les plus ancienne^
mi Tonnés, de granulations graisseuses tines et de granulations plus
s el brillantes pouvant faire croîiv & une conversion des ceJlules
«matcuses en cellules graisseuses. VaH êlal de métamorphose donne
1
366 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
aux points envahis une coloration plus ou moins foncée et jaunâtre.
Quelquefois la tumeur est partiellement affectée d'une altération qui se ré-
vèle, à Tœil nu, par la transparence, la consistance gélatineuse et tremblo-
tante du tissu, au microscope, par la présence d'une abondante quantité de
substance fondamentale muqueuse : c'est la dégénérescence muqueuse.
Plus rarement, elle est le siège d'une infiltration calcaire ou pigmentaire.
Dans le premier cas, le néoplasme est parsemé de grains calcaires ; dans le
second, la tumeur est infiltrée, sur une plus ou moins grande étendue,
de granules de pigment qui lui donnent une teinte noirâtre.
Le diagnostic du fibrome globo-cellulaire n'est pas toujours sans diffi-
cultés : sa ressemblance avec le tissu des bourgeons charnus peut tromper,
mais on évitera Terreur en tenant compte de l'extension de la lésion et
de sa persistance à l'état embrjonnaire. En effet, tandis que le tissu
inflammatoire s'organise complètement ou dégénère, le tissu du fibrome
persiste à Tétat embryonnaire. Le lymphome, qui ressemble parfois au
fibrome globo-cellulaire, s'en distingue par la présence d'un réseau
intercellulaire très-délicat qui rappelle le réticulum des follicules hm-
phatiques de la muqueuse intestinale et que l'on découvre en prati-
quant sur la tumeur durcie une coupe très-fine, et en enlevant soi-
gneusement toutes les cellules avec le pinceau. Atteint par la dégéné-
rescence muqueuse, le fibrome globo-cellulaire ne sera pas confondu ave<-
le myxome, si Ton tient compte de l'existence des éléments embrjon-
naires dans les endroits non dégénérés.
Le pronoslicdu fibrome globo-cellulaireesl relativement grave en raison
de sa facile extension. Constituée par un tissu jeune qui tend à s'accroiln'
rapidement el à se généraliser, (îette altération est dans quelques cas le
point de départ d'une infection secondaire ; il n'est pas très-rare, après son
extirpation, de la voir récidiver surplace ou sur un point quelconque de
l'organisme, notamment dans les poumons. L'éliologie de cette affection est
peu connue; il est cependant (juelques faits où son développement parait
avoir succédé à un traumatisme ; elle est le propre des individus jeunes
el des organismes débilités.
Fibrome embryonnaire fuso-^ellulaîre. — Décrit par Lebert sous le nom
de tumeur fibro- plastique, h» fibrome embryonnaire fuso-cellulaire est
simple ou infiltré de granulations pigmentaires ; par cela même, il pré-
sent** deux variétés distinctes.
Le fibrome fuso-cellulaire simple forme des masses d'apparence charnue,
d'un volume variable pouvant atteindre la grosseur d'une tête d'enfant ou
d'adulte (fig. 12^). Ces masses, de coloration grisâtre, blanchâtre ou rosée,
consistantes, ordinairement fermes, sont, tantôt nettement délimitées,
I mi-ERPLASlES.
tanlM en partie confondues nve? Ii? tissu des organes (]uiei
Elles sont composiics de icHules allongées, réunies par une substance
inlcrniàiÎJiire , et de vaisseaux. Les cdlules consistent en un corp»
tt'llulnirt!. rende nu niveau du
riûjau, lerniiné à ses di'ux
alrémitfls par des prolonge-
méats uni({ues ou multiples
firim Irès-lonjss. Le corps
ivlluluire. linenient gi-aiiulé,
ii'esl limité par aucune mem-
linine; le iinyau est ovale,
ivfc ou sans nucléole. Ces
p|<ïnieDls sont régulîèpenient
diapost^s les uns à ctMé des au-
Irts, de telle sorte que l'angle
aipi, resté libre entre les
l'Slremilés amincies de deux
eh'ineiits voisins, se trouve
TfUpli par l'extrémité effdée
d'une ti-oisiènie cellule située
'■n iivanl ou en aiTiére. De
n*! arrangement résulte une
masse compacte de cellules
puslléles fonnanl de vérila-
hlcj Faisceaux qui ont à leur
'uiir ane disposition parallMe,
["■ri^ndiculaire, i-ayonnée ou
' ifiilnirc à partir d'un centre
"Jinrnun. On comprend que
'iif une coupe pratiquée dans
d<' si'inblnliles conditions on
■i|"Ti.'OÎve des tourbillons de
' 'llules séparés par des tractus
''Jiipjludinuux qui les eiilou-
nmt. Les tourbillons i-eprésen-
teni la section transvei-salc des
Kiceuux,les tractus interposés
i^ii«enlent leur section longitudinale (lig. 125). Les cellules allongées
W ta plus grande analogie avec celles qui constituent les cicatrices i-é-
*Me9; comme ces dernières, elles sont maintenues par une substance
567
1 sont le siège.
Fit:, lld. — Fibrome tuto-eeltulure. l,t, ftumeur
Hbro- plastique; développie à la partie poslétieure
du mollet, vraîMimblablenicnt dans l'aponéTroie
intcrosseuse et le périoite. Lt'.ollect. tlu D''Péan.)
i
368 jlKlTOMtS PATOOLOGigrE.
iutercellukire qui n'est qu'un cimeot aiaorphe et agglulinatir (Sf™
Dans quelques cns. priiK^ipalemeiil loi'sque l'altéraliou occupe les os, l«
mikhoires, cli;., ou tiouvc, iiilerposées eiilre Jes corps rusiroinittt dk J
FlG. 135. — Coupe microicopique d'un Hlirome
Alt o-cellu taire ; elle représeme des faist'eaux
de cellules fuiilbrinea ayaul, les uns par rap-
porL lui autres, uue direcUan perpendicu-
laire. GroMitiemenl, 22Q.
a. — Dessin
tie ruM-cellulsire
olutniDeutqueccuxdeUfif.ltt-
istemenl, 230.
cellules munies de Jeux à quinze ou vingt noyaux, et que le proresswt
Robin a appelées du nom de cellules à myéloplaxes (fig. 127); ce sont
des éléments jeunes provenant d'une multiplication exagérée de noviui
qui u'a pas été suivie d'une segmentation lorrespondante du prolopMu
Les vaisseaux, généralement nombreux, suivent ladireetion des Taiscesiu
cellulaires les plus considérables puinii)
se distribuent en réseaux comme duu
les parenchymes; c'est donc ï U"
qu'on a voulu leur attribuer la direc-
tion des Iratnées cellulaires. Ils mu-
quenl à peu pi-ès eoinplélemenl i^
paroi propre et se présentent sur d**
coupes comme des canaux creuses ivn
la substuuce du fibrome, avec cette dif^
rence que les cellules qui limitent le<u
lumière sont régulièrement d»p«to-
Ces vaisseaux peuvent étronombrcQic'
volumineux, dilatés et anêrrvtmili'
_ qut's, d'où la dénomination de fibro»"
1 ïmbrjVnnaïrê%ompoXde"'cBl- ruso-cellulairc téléangieclasique; M
luUs fusiforme. el de rellules à noyouï rupture est la cause d'hémorrhasie* ip"
mulliples. IHjélopliixesde Ch. Robin.) . ■ , ,
laissent h leur .suite une piginentatioD
porliellc, distincte de la pigmentation généralisée du fibrome mélaniqu'
copique d'u
nïPERPLlSIES. W9
"f^ertains autmrs dfVrivpnl comme une seconde forme de cnlte allé-
^lalinii une tumeur composée de cellules ullon^ées très-prniides, (surcomo
litaso-ccllulairc à grandes (cellules). Los
■Jléments cellulaires de celle forme, dont
Ifts dimensions peuvejit étm considénihlcs,
',11(0 en lonjrueur, 0"",032 en t-pius-
iKur, possMt-nl ou niveau de leur plus
Igrandu i^paîsseur un noyim volumineux,
■«valrft muni d'un Ducl^ilelirillant.Fermes
K«t fortement n-rringonts, ils sont simplo-
Imcnt iiccolcs, ou du moins ils ne parais-
llwnl pas être rounis |Hir un<^ substance in-
1,ienii^i»ire,ce qui les rapproche des cndo-
lùliums.ll estdonc permis dt! croire qn'un
^certain nomlire hu moins des tumeurs ainsi
Scrites, Qu lieu d'i^tre des sarcomes fuso-
' «Ihilaîros avec i^lémenls hypertrophiés,
sont simplement des endolliéliomes.
Le fibrome fiua^Hukire métmique t^l ne. I2B.— T*W «l [unie •upArlcore
nhis tiu'unc variété, c'est pour ainsi dire ''" ''''uinérui «tteini de ntarorao m*-
' ,. . .' , ... laniqueriiiO-i-ellulBÎrfl (l«velor>W^«ul
une espèce dislincti.', car il a la propriété jipen» du p*rioiie.
(tu se reproduire sur place ou loin de son
point de dt^part en conservant toujours les mtaies caractères; c'est une
néoplasîe constituée par des masses ou tumeurs noires,
le plussouvent multiples et disstïmim^ dans un %tam\
nombre d'organes. Du volume d'un grain de millet,
d'une lentille ou d'une amande, ces tumeurs (li^. 12H)
sont formées, comme les liliroines fuso-cellulaires, par
des cellules fusiformes, (|uelquefois arrondies, et par
une substance inlermédintrc variable; elles sont de
plus envahies par des ^anulalions noires pifnndtaîres, ^
réfractsires à l'acide sulfurique, ce qui leur donne un ^'
cachet lout particulier. Ces fn^nulotions, obtenues par
le raclage, sont libres, arrondies, n>frîngentes «t agi-
tées de mouvement brownien, ou bien elles sont agglu-
tinées par une substance ullminiiioïdesous la fonuede
petits blocs entourés par une zone claire [tip, 129). Sur
uiiecoûpfdela tumeur, on les trouveiiuelquefois libres,
mais le plus souvent disposées dans le protoplatmia des
cellules nutour du nojau qui, en fiéiiêrui. Huit pur
LANansAix, — Traiirj a'Aïui.
Fie. 13B. — CcllulM
ruaiformei |iigin«n-
iiuUlionsinéUniiiue*
iIltiTuiiie niùlaniiiue
rtu..'U';lIuUlri^),
A
370 anàtomib pathologique,
s'infiltrer; quelquefois enfin, ces granulations sont plongées dans la
substance intercellulaire, qui se trouve plus fortement pigmentée que
les cellules elles-mêmes.
Le globe oculaire, dont certaines membranes, Tiris et la choroïde,
présentent, à l'état normal, des cellules infiltrées de pigment, est l'organe
où débute le plus souvent le fibrome pigmenté ou mélanique. Cette alté-
ration peut toutefois se produire primitivement dans d'autres points
du corps ; et principalement dans le périoste (fig. 128). En pareil cas,
il semble bien que la pigmentation soit secondaire ; d'ailleurs toutes les
cellules d'une même tumeur sont loin d'être également imprégnées de
pigment: il existe parfois des zones de colorations variées, blanches,
grises, bronzées et ardoisées, ce qui n'arriverait pas si la mélanose était
primitive. Mais alors d'où provient le pigment? D'une part la tumeur
mélanique a généralement une coloration plus prononcée dans sa pro*
fondeur qu'à son pourtour, d'autre part les vaisseaux qui l'entourent on
souvent leurs parois colorées, et parfois même les cellules lymphoîdes
qu'ils renferment sont infiltrées d'un pigment qui du reste peut se ren-
contrer dans d'autres parties du système sanguin et jusque dans les
urines. 11 y a donc lieu d'attribuer à une précipitation de la matière
colorante du sang préalablement dissoute la formation de ce pigment, qui
serait fixé par certains éléments en vertu d'une attraction élective, dans
l'espèce, par des éléments de nouvelle formation ; mais il faut reconnaître
que rien n'est encore prouvé à cet égard.
Le fibrome mélanique est relativement rare chez l'homme; mon obser-
vation personnelle m'a appris, et en cela je suis entièrement d'accord
avec le professeur Robin, que la plupart des tumeurs pigmentaires qui lui
sont propres ont une origine épithéliale. Chez le cheval, au contraire, la
mélanose, qui est très-commune, est presque toujours fibreuse, ce qui
signifie que les tissus conjonctifs sont le siège de Tinfiltration pigmentaire.
On sait du reste, depuis les observations de Brugnone(1781), de Goletty-
Latoumelle, de Gohier,de Rigot, etc., que chez les animaux, contrairement
à ce qui s'observe sur l'homme, ce sont les chevaux blancs ou tachés
de blanc qui sont habituellement afl'ectés de tumeurs mélaniques. De là
vient qu'il est généralement admis, depuis Trousseau et Leblanc, que la
production des colorations et des tumeurs mélaniques conjonctives du
cheval est la conséquence de la non-production du pigment noir dans
les parties où il se produit normalement, telles que les poils.
»
Evolution, — Le lieu de développement du fibrome fuso-cellulaire parait
de nature à exercer une influence sur les caractères de cette altération. Nous
HÏPEBPUSIËS. 371
savons que, si eUeprend naissance dans l'œil, cette iiéoplasie est le plus sou-
TËQt infiltrée de pigment. Dans les glandes, elle s'accompagne presque tou-
jours de l'hyperlrophie des éléments êpilhéliaux, mais nous Terons observer
(|iie le fihrome embryonnaire de ces organes a été souvent confondu avec'
l'adénome. Dans la mamelle, la végétation de lissu conjonctir peut repous-
ser la paroi des canaux et des culs-de-sac glandulaires dont elle sccoiiïe, et
Taire saillie dans la cavité des conduits galactophores, qui sont toujours plus
DU moinsdilalés, ou même enkystés [adéno-sarcomc de Billrolh). Semblable
disposition a été rencontrée dans le testicule et dans d'autres glandes.
Le fibrome fuso-cellnlaire se rencontre dans tous les points du lissu
MDJonctif; mais il occupe de préréreuce le périoste (ftg. 130), les
"wmhmnes séreuses, les fascia, les gaines vasculaires et nerveuses, le
tissii conjonclif sous-culané et sous-mu queux. H commence par des
^lénieiils ronds qui s'allongent peu à peu et constituent les cellules
■iNibrmes, de telle sorte qu'il serait fibrome globo-cellulairo avant
M
"Wf* *- ANATOMIE PATliaLUGHJIJE.
d'elle fuso- cellulaire. Parvenu à celle seconde phase de son d^veloppr-
ment, ce fibrome s'arrôle et persiste ainsi, eïceplê en certains endroits ou il
arrive à pi'ésenler les caraclèrcs d'un tissu cicalriciel complet. L'accroisse-
menl des tibromes fuso-eeltulaîres se fait par leur propre masse et parlk
fomialion d'éléments nouveaux dans le voisinage des anciens; de la sorte
ils acquièrent rapidement un volume considérable. C'est alors que ces iwo-
plasiea sont exposées à une dégénérescence graisseuse qui, des parties wn-
Irales, gagne les parties périphériques. Il n'est pas rare d'y rencontrer d<?s
ecchymoses, de petites hémorrliagies, ou même des points dégéné^ et
transformés en kystes, Ces tumeurs peuvent se généraliser et aussi injwter
l'organisme, bien qu'il soit dîtiicile, lorsqu'elles sont multiples, de pouvoir
reconnaître la formation initiale. Leur récidive a été constatée plusieurs
fois ; elle est commune dans le cas de tumeurs mélaniques.
Diagnostic et pronostic. ~ Le diagnostic des fibromes fuso-celluiaire»,
indépendamment (les caractères anatomiques qui viennent d'être siïnal^.
est aidé par la connaissance du siège de la néoplasie et de l'Age de l'iiidinclu
malade. Végétation spéciale du tissu eonjonctif, le fibrome fusocellulBire
est essentiellement une aiïeclion du jeune âge ou de l'Age adulte, condition
importante à connaître quand il s'agit du fibrome pigmenté, souvent con-
fondu avec le caix:inome mélaiùque. L'endothéliome est l'une des lésion*
qui ont le plus de ressemblance avec le fibrome Tu so -cellulaire, à cau:)e d^
l'apparence fusiforme des cellules qui le composeut lorsqu'elles sont tU«*
de champ. Mais si, après avoir isolé ces éléments, on les fait rouler sous '*
verredumicroscope,oa reconnaît qu'ils sontoxtrémement larges et raînc«*i
que, de plus, ils ont la propriété de se grouper de façon à former des glot**^
analogues aux globes épidermiques. Les éléments cellulaires du fibraci>^
fuso-cellulaire, beaucoup plus petits, fusifonnesdans tous les cas, nesi?**'
jamais disposés en globes ; il est vraisemblable d'ailleurs que les réactio"'
chimiques de ces orgauites ne sont pas identiques,
Le pronostic de la néoplasie liliro- plastique est le plus souvent sérieiiS*
tant à cause de l'extension rapide de la lumeur que de la possibilité i'\tt*'
généralisation et d'une récidive, dont les jKiumons sont plus spécialem^'''
menacés. Dans (|uelques cas, ces tumeurs, ainsi que les ulcèri-s souveii'
fongueux ou atoniquesqui leur l'ont suite, peuvent être atteintes d'inflaiv*
raation ou même d'une inortiiication plus ou moins étendue.
Les conditions étiologiques ca|Kibles d'amener le développement ■'''
fibrome fuso-cellulaire sont obscures. L'adolescence est l'Age de pr^^'
leclion de cette tumeur, qui s'observe depuis l'époque de la denliti*'''
jusqu'à l'ûge de quarante ans. Le travail de seconde dentition favori*« *
localisation il lu bouche et dans les mâchoires, Une irritation locale <"'
BÏPERrtASIES. 375
I inramatisme ont paru lui donner naissance dnns quelques cas; mais,
que nous l'avons dil ailleurs, le traumatisme est simplement une
circoiislance occasionnelle qui exige une prédisposition préalable. L'in-
(uenee de l'hérédilé, douleuse cIipk l'honime, n'est pas conlestable chez
le cheval, du moins en ce qui concerne le filipome niélanique.
2" — Fibromes ailulles.
Les Sbromes adultes représenlent le développement le plus complet des
néci|)lasies du tissu conjonclir ordinaire ; leur type est le tissu cicatriciel par-
lait. Ils forment des tumeurs gi'isfltres, ou d'un blanc rougeâlre. ordinai-
«inenl du volume d'une noisette, d'une noix ou d'un œuf, plus ou moins
ré^ièrement arrondies, et d'une dureté (elle qu'elles crient sous le cou-
r leau, Tantôt ces tumeurs,
composées par un tissu
l'otijonclir Iftche, ondu-
''■Uï, blanchâtre, analogue
nu tissu du derme, sont
"lolles, extensibles, peu
élastiques et coriaces {tu-
lueura dennuïdes) ; tantôt,
fTniées par ud tissu plus
''ense,fculrê, parseméd'u»
Si'aiid nombra de nodules
''•Tondis, elles sont fermes,
'^nilcules, très-élasti(]ues
^-l d'un blanc nacré (tu-
■*»eursiibroïdes}(fig.l^1).
^Ilis sont, dans quelques
"^tis, constituées par des
ments très-aen-és, qui
FiG. 131. — Fibrome adulte lOUt-culanA cléviloppé i la
parlie aiiliïrieure de l'abdomen. La récidive de ceUe
tumeur eit rppréienlpe %.138.(Collecl. duD'Péan.j
leur donnent une dui-eté très-grande et une
iDcbeur translucide {tumeurs cbundroîdes).
s végétations sont composées par une masse fondamentale fîbrillaire,
>s éléments cellulaires et desTaisseaux.La substance fondamentale appe-
lait, sur une coupe fine et mince, aous la forme de faisceaux de fibres qui
^'enlrecrotsenl dans diverses directions, comme dans le derme, les uns
^^ivanl leur longueur, les autres suivant leur section transversale (fig. 133),
^Hiijui sont disposés en cercle autour de plusieurs centres qui ne sont que
^B| vaisseaux oblilên'is ou des norfs plus ou moins complètement détruits
^Koyez Allaa d'analomie }iol/mlaf)tque, pi. M.V. lip. ^i', par Lancereaux et
L[ickerl)auer).CIiacuQ(Je ces faisceaux est constitué par des fibrilles «trf-
uiement délicates serrées les unes contre les autres, cl qui, dissociées p>r
l'aiguille, foiineul un magnifique chevdu
où existent rarement des libres élastiques;
formés par une substance collogène, ils
jouent le râle de substance intercellulaire
fibreuse. Les cellules sont, les unfspf-
liles, arrondies, munies de noyiiux bril-
lants ; les autres, allongées, fusiformes ou
(itoilées : ces dernières tapissent les fais-
ceaux fibreux. Enfin, il nrrivedc rencontrer
dans quelques-unes de ces tumeurs (I«*s
petits foyers arrondis d'éléments embrjon-
encbùssés par-ci par-là entre les
faisceaux librcux; mais ces éléments iio
sont rraiscmblableniont qu'une fonuf
transitoire ((ig. 133).
La vascularité des fibromes est variable '■
les uns ne contiennent presque pas de vaï^'
seaux : les autrt^s, quoique peu vasculaires pi>
apparente renferment beaucoup de \'aisseaux artériels cl veineux, romi»^
le demontu ui c boni c injection. Le réseau veineux est môme tçllemen'
hrge dans quelques cas, qu'il est pouraî»'*'
dire caverneux. Les artères et tes veines con-
fondent leurs parois avec le tissu de la tumei^^'
souvent elles n'ont pas de tunique adventi<w:
aussi, si elles viennent à être entamées ]>ariA'"
blessure,elles ne peuvent se contracter ni scf I *"^
la longueur, ni selon la largeur, et leur I"^
mière restant béante, il en résulte une hén»*""
ihagie qui parfois nécessite l'intervention J"
chirurgien.
La proportion plus ou moins grande
chacun des éléments constitiiantsdes SbrorV^*^
peut donner lieu à autant de variétés; n»^*
il cùié de ces variétés, il en est d'autrvs. c^*™
moins nombreuses, qui dépendoit du sii^ff*
de lu nêoplasie.
riG. 132. — Couiifl niicroBcoptque i
Iravert un Hbrome. Une Hbra d
tUiucanjanctireitvueloiigiludina-
Jenicni; d'autres flbrei, |)erpenJi-
culaîremenl leclionnéi*, laïuenl
entre eilei de; espaces dan
quel* exrilent des nojaun e
enveloppe Étoilée qui temble for-
Biâe par leun parois, l GrOBsis£E-
menl ISO.)
Il r 1 j^ — (j]upa rr
p que d n polype a
rjngicn. Celte t£g#taiiun pre-
teule tu II tel le» lariitét di
veloppenieiit du liitu Itbr
Mvuir : Oei nosiaux t^mbr^fon
nxirei, dei celluUi alloDcÈes
et dei illirM BduUcE. (Groi
-. ICO.)
Celle-ci peut occuper tous les points où !
substance conjonrtive. Mais
■niité la |teaii et les membrane» i-*'"
HYPEHFLASIES. 375
isu cellulaire sous-cutané, les aponévroses, le périoslc, les
cordes vocales, les iierrs, la prostate, les ovttin^s sont les points de départ
les plus habituels des litu-omes. Or, selon qu'elles appartieiinenlà l'une ou
l'autre de ces ré^JoDs, ces tumeurs oiïrent souvent des diiïéreuces sensibles.
Développés au niveau dos parties superficielles du derme cutané, les fibro-
mes revêtent assez volontiers la forme pn|)illaire et sont connus sous le nom
de libromcs papitlairesou papillumes (Kg. 13ù.). Produits par l'hyperplasie
des éléments des papilles, d'où émanent des
bourgeons quidonnent naissance à des papil-
les secondaires, ils sont.tautrtt g;roupé&el re-
couverlsd'une couche commune de cellules
identiques à celles du corps muqueus et de
I épiderme cutané (verrues), tantAt isolés par
un revêtement épidermique propre il chaque
groupe (poireaux). Ces végétations comme
celles des muqueuses sont constituées par
un tissu conjonctif plus ou moins jeune,
dans lequel cheminent des vaisseaux lermi- P'"- '3*- - (ibmniet pipiiuirt
, „ ,.— , caiii6culit> a un ecièma chroni-
nés en anses, dune structure peu diffe- q^^ (Mûrie do l'hapital 8«iHi-
rente d& la structure normale. A ce tissu Loui».)
s'ajoute un revêtement épithélial coasistaut en cflllulos pavimentcuses ou
cyliudriques, formées, comme dans les cicatrices, par la conversion d'élé-
ments conjonclifs jeunes, au contact des cellules épithéliales (fijç. 136'
Les libromes paptilnires des muqueuses, quoique formés d'ordi-
naire aux dépens des villosités ou papilles de la muqueuse, peuvent
naître sur des parties qui n'ont pas de papilles, pur exemple dans les
ventricules du lannx et sur l'estomac Dans ce dcniier organe, comme
aussi dans l'intestin, ils sont frt'quennnent combinés avec des hypertro-
phies glandulaires et forment des tumeurs de petit volume appendues à
la muqueuse par un pédicule. A In surface des organes génitaux externes,
les fibromes papillaires, effet ordinain^ de la présence d'un liquide irritant,
pusblennorrhagique, sérosité des plaques muqueuses, révèlent l'apparence
de mûres, de framboises ou de choux-fleurs, el forment parfois des masses
très- volumineuses [fig. 136) qui ont une cerlftiae lenitanre il repulluler
après l'extirpation, si l'écoulemenl pathologique persislc. :^ur la muqueuse
de la vessie, les pnpillonies se présentent tout la forme de longs bourgeon-
nements villeux, riches en vaisseaux; ceux-ci, faiblement soutenus, se
dilatent et se rompent facilement, de \!i des hémorrhagies plus ou moins
abondantes, et quelquefois mortelles.
Nés dans la profondeur de la peau, les filiromes constituent des
H Nés d
J
376 aN\TUM1K PATUOLOOIQUR.
luiiiGurs II! [lias souvent pi<dîculées, «?l qui pondeiit ma
sutTace [mulluscum fibrosum]. formées d'éléments semblables Ji mit
Fil- 133. — Coupe microscopique â travers le^ Hbromel pipiltairH repréicoUa fi{oft III
n, roue lie épitliéliile cornre ; (. roiiche èpîlbclinle dile de Miilpif hi ; r, lUm flbrmïtw
niar<;nnanl de nombreux ék'menlj eolir^onnaïref ; d, vaissMui,. {GrM9i»«n>«a(, 1(1 1
ilu deniH-, ces luim'urs ccmstilueiil uue sorte d'h>perplasie partidkiibi
léjtument. avpc celte parliciilarilé que leur substance foiidaoïeatale ctl
itifillrée de sênisîlv, nmat
dans l'œdème. Dérektppt**
dans le tissu siius-oilaitf «i
»ious-mu(|ueux, leslumMin
Hltivuses sunl rt^prnMVlén
par drs mas^s smiudift
Iv piuï souTiuil ùiuclrâ-
blos. si ce u't^l à IrV
|>oinl d'iinpla»laliau,i!l|JB
ou moins mnlles, sainil
l'i^tf d<-s ékmnils tpi \f
constiturat Uuis h wt-
a du i^'^i '^ Cbranet flrf
[w. taiilVM dmuismu el 'mià
(fix. 131] ; tantttl diffus el arrouipojnios d'uov proliféntiaa <fe t^i^
lâua i]ut ta^Use k-s culs-do-sac et les l'oiMluil» de la jcUmIc.
' TUmvibci r'P'^''** '' '> '
HYPERPLASIES. 377
I^S flbromet^ périoste ont pour s-\égr habituel les os du crftne et de
la race, principalcmenl ta partie inférieure du sphénoïde. De ce dernier
point, ils s'L'le[idPDt sous forme de tumeurs poiy[>euses dnus les fossis
^Uksal<'» et iluus le pharynx, usant les os du voisinage', pi-oduisant des
i
. 137, — Fibrome ilouble si
ir Vtan.)
(li'furniulions. parfois ciinsidérablvs , el plus ou moins gênantes pour
\>:n fonctions de la respiration et de la déglutition. Quelques autres os,
le tihia et In clikvicule, donnent ({uelquefois naissance l'i des tumeurs
semblahles; celles-ci i>« ilévelop|K-nt encoi-o, mais plus rarement, dans
l'i-liaisseur du tissu osseu\, et surtout dans les milchoires. Les nerfs sont
enfin cxposL'3 à co genre de tumeurs, dt'critcs à tort sous le nom de
iK'vromes ; cell<?s-er afrectonl, par rapport aux faisceaux nerveux, uue
disposition lantiH moniliroinie, tantfU plexifonne. Le tissu nouveim
^jUVahil el emprisonne ces faisceaux qu'il tead à ali-ophier ; il acquiert un
^Bijiycloppement plus ou moins eomplel, souvent pai'fail.
Coniil et Itanvier décrivent comme espace h part une vaniitétb* libroine
à cellules aplaties et à substance fondamentale, qui comprend les épais-
Mssements globuleux, les plaques diffuses, translucides, plus ou moins
résistantes, qui recouvrent la face convexe do certains viscères abdomî-
riuuk, notamment de laratoet du foie. Disposées sous forme de lames pa-
rallèles, à peu prés comme les couches de fibrine dans l'intérieur d'uue
poche anévrjsmale, ces plaques ont une sti-uctnre qui les rapproche de
la cornée ; comme celte membrane, elles présentent des esftaees plasma-
liqnes communiquant les uns avec les autri.'s, mais leur substance fonda-
^Bneutale, qui est amorplic. diiïèn- de celle de lu cornée, qui contient dc'S
378 aSATOMIK PATHOLOGiyUE.
fibrilles. Cette altération qu'il n'est pas rare d'observer, nous semUtm-
Irer par ses caractères analoniico-pathologiques, au moins autant duu
le groupe des phlegiiiasies ijue dans celui des néoplasies.
Après avoir étudié te fibrome en tant quo néoplasie pure de tout raélinp,
nous ferons remarquer qu'il existe des tumeurs où le tissu conjonctific
trouve associé à des cellules graisseuses ou cartilagineuses. On com|HT[ul
qu'en pareil cas In dénomination de la tumeur ne doive pas chaniter,
si le tissu coujonctîf est prédominant. Il n'en t^stplusde mâmesif
tissu occupe le second rang, ou se trouve associé à un tissu plus éleré. 0
dernier doit alors servir à dénommer la tumeur.
Évolution. — Les fibromes n'étant qu'une l'orme évolutive avancée du
tissu conjonctif, leur développement s'opère suivant les mêmes lois et In-
verse tes mêmes phases que cului du tissu normal. La présence dons cm
tumeurs d'tlots de tissu embryonnaire semble indiquer que chacua dn
lobules qui les composent possède un développement autogène distiiirl.
Leur accroissement est lent et leur durée souvent ti-ès-Iongue; aussi, bini
qu'elles surviennent à un Age peu avancé, on les rencontre comrauuémail
chez des personnes figées. Ces tumeurs, une fois leur développement achevr,
n'éprouvent que peu de changemeuts ; elles sout peu accessibles ani A'-
généi-escences de la plupart des néoplasies. La métamorphose graissai»
qui les envahit est toujours partielle, c'est-à-dire qu'elle n'occupe jauni)
qu'un petit nombre de points, L'infiltration calcaire, qui s'en emparedioi
quelques cas, peut les transformer plus ou moins coraplélemenl m
masses pierreuses. Superficiellement situées, ces tumeurs sont esposNii
l'action des agents extérieurs, qui peuvent y déterminer des inflanuw-
tions de diverse nature et même des ulcérations.
Les tumeurs fibreuses sont isolées ou multiples, et dans ce dernier a*<
elles peuvent se montrer simultanément, ou les unes après les aulfW'
Mais, quel que soit leur nombre, elles ne sont jamais TefTel d'une infedioB
locale ou générale. Des fibromes adultes ayant été rencontrés avfcil'*
fibromes embryonnaires, c'est la preuve convaincante de la pareulî. <*
mieux de l'identité de nature de ces Tormations. En pareil cas, landisifii'
tes tumeurs primitives ont acquis un complet développement, les «utf*
sont constituées par un tissu embryonnaire. La récidive du fibronK"
adulte est chose rare; mais, lorsqu'elle a Heu, la nouvelle tudiflir
n'est pas nécessairement un fibrome adulte, elle peut être un fibroTO''
embryonnaire, ainsi qu'il a été constaté dans plusieurs circonstmc^'
et comme le montrent les figures llîl et 138.
Diagnostic et pronostic. — Le d ia^oslie anatomique des tumeun (ibww*
HYPERPLASIES.
S79
fraSiv pas de graudes difhcullés. Le modo d'implaulalion, la forme, la
Consistance de la tumeur permettent le plus souvent de lu reconnaître.
Çouterois, comme il n'y a de Tibi-omes vrais que les tumeurs composées
e tissu conjonctif el de vaisseaux, sans aucun autre élément, on com-
. 138. — Flbronw adiille lie l'abdonieii récidivé tout la Turme erobrïoniwire dite libro-
plutique. Vojet la tumeur iitimitive, flg. 131. iCulIciClioii ilu docteur PèBn.i
md la nécessité (l'un examen microscopique, dans les cas de tumeurs
ss, où le tissu fibreux est abondant. D'ailleurs, le fibrome adulte.
int le plus souvent une tumeur circonscrite, m- pénètre pas les tissus,
I en cela il se distingue des libromes embryonnaires; le fibrome des
k est un exemple de ce fait.
' Le pronostic du fibrome adulte n'est f;énénitoment pas grave, à
Mrt les cas où il arrive à gêner une grande fonction. Cette tumeur,
) plus souvent solitaire, n'a que fort peu de tendance à récidiver.
1 fibrome rélro-pharj ngien semble fain- exception à celle donnée;
mis avant df proclamer la gravité et la récidive de cette altéra-
il faudrait i^lre bien sûr qu'elle a été totalement enlevée. Le tîbp'ome
Idulte est de tuules les tumeurs conjonclives colle qui a le moins do
tavilé. ce qui est en rapport avec le développement plus complet du
Ksu fibreux.
, Élwlogie. ^- Les tumeurs fibreuses soûl des lésions de l'Age moyen de
e ; rarement elles se développent pendant la première jeunesse, plus
remeni encore dans un Age avaucé, et si elles sont quelquefois obser-
I dans le cours de la vieillesse, c'est qu'elles existent depui.s )ong-
inps. Congénitales dans certains cas, ces tumeurs se présentent sous la
Ibrme d'une hyperplasie diiïuse de la peau, ou sous la forme d'une tumeur
pédiculée [mofluscum fibrosum). L'hén-dîté ne parait pas .sans influence
sur leur production , bien que son action ait été contestée.
380 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
les fibromes papillaires ou condylomes des parties génitales surviennent
quelquefois à la suite d'un écoulement leucorrhéique, plus souvent au
contact d'un liquide syphilitique, comme celui des plaques muqueuses.
La présence du pus blennorrhagique à la surface des muqueuses et même
de la peau est une cause d'excitation et de désordre nutritif suffisante
pour donner naissance à des végétations pouvant couvrir toute retendue
des parties génitales externes, le périnée et même Tanus. Les coups et les
chutes ne jouent, comme dans toute tumeur conjonctive, d'autre rôle que
celui de causes adjuvantes.
L'étiologie du fibrome adulte ne diffère donc pas essentiellement de
celle des fibromes embryonnaires, et la cause de la différence d'évolution
semble résider surtout dans les conditions individuelles. Quant à la parenté
de ces tumeurs, elle ne doit pas nous échapper : non-seulement les diverses
formes de fibromes embryonnaires coexistent quelquefois chez le même
individu, mais il est encore possible de les voir associées au fibrome adulte.
Bien plus, l'ablation d'un fibrome adulte peut être suivie d'une récidive de
fibrome embryonnaire, et il existe des raisons sérieuses pour croire que
la proposition inverse est également vraie. Il est même possible, sur le
fibrome embryonnaire, de saisir le passage des éléments globo-cellulaires
aux éléments fuso-cellulaires ; de même la tumeur formée par ces derniers
éléments présente souvent des points où la transformation des cellules
allongées en tissu fibreux est manifeste. Par conséquent, les altérations
que nous groupons sous le terme générique de fibrome ont bien iin<'
affinité de nature, et méritaient à tous égards d'être rapprochées dans une
même élude.
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VIII. — Néoplasies vasculaires. — Angiomes.
Le tissu vasculaire comprend les systèmes artériel, veineux, lymphati-
que, capillaires sanguin et lymphatique. Les gros vaisseaux, artères,veines
et lymphatiques, quelquefois atteints d'une dilatation avec ou sans épais-
sissement de leurs parois, ne parviennent jamais à végéter; au contraire,
les systèmes capillaires sanguin et lymphatique, dont la composition est
infiniment plus simple, peuvent donner naissance à des formations
ftnoimales, connues sous les noms de ncevus et de tumeur érectUe,
Ces formations presque uniquement composées de vaisseaux réunis
par une faihle quantité He tissu conjonclif, suivant qu'elles appartiennent
au système sanguin ou au système lymphatique, se divisent en deux
groupes : les aimangiomes, ou tumeurs vasculaires sanguines, et les
lymphangiwnes, ou tumeurs vasculaires lymphatiques.
Aimangiomes. — Ces tumeurs offrent les différents types de transformation
du système artériel en svstème veineux. Cette transformation a lieu de deux
nvrEHi>[..vâiF.s. 38S
i, OU par l'intermédiaire de vaisseaux capillaires, ou par le moyen
[l'un système lacunaire, analogue au système caverneux des organes
precliles; de là deux variétps de tumeurs sanguines : les angiomes
simples, capillaires ou lélangiectasiques, et les angiomes caverneux. En
réililé, il n'y a pas de différence absolue entre ces deux formes : l'angiome
simple n'est le plus souvent que le premier degré de l'angiome caver-
nfui; mais comme il no subit pas toujours la transformation caverneuse,
il mérite une étude k part.
langiotne capillaire (nffivus vasculaire, télangiectasie, de T^lt, loin,
irfft'in, vaisseau, et hramt, dilatation], uniquement composé de capillaires
< 1 de petits vaisseaux dilatés et Hexueux, se montre sous la forme de
lumciir, d'une simple tache ou d'une rougeur dJiïuse, suivant que la pro-
duction des vaisseaux nouveaux on l'ectasie pure prédomine. Sa colora-
lion est d'un rouge cerise foncé ou d'un bleu d'acier, selon qu'il est plus
ou moins profondément situé dans la peau ou dans les organes. Son
volume \-aric depuis la grosseur d'une tête d'égjngle jusqu'il celle d'un grain
dechènevis, d'un pois ou d'une petite amande. La tumeur qu'il forme est
plaie, légèrement saillante ou polypeuse, tantôt afTaissée, tantât gonlléc ;
elle est de plus réductible, c'est-à-dire qu'elle se vide plus ou moins lente-
ment sous la pression, pour se remplir de nouveau d^s que la pression a
i^sé. Dans quelques cas ce-
{teadanl, elle persiste, du moins
fn partie: c'est lorsqu'un tissu
Mnjoiiclif ou même un tissu
graisseux un peu abondant en-
Irt dans la composition de la
tumeur. Située à la surface de
'î peau, celte tumeur siège
ilordinaire à la face, à l'orbite,
aiicoii, et laisse apercevoir, à
l'œil nu, à travers l'épiderme,
de petits vaisseaux dilatés et """«""•"•
flexucux. Après l'exlirpalion et lorsque le sang s'en est écoulé, elle ne
iirêjente presque rien d'anormal, à moins d'être un peu volumineuse,
Us dans lequel sa surface de section laisse voir une substance rouge pfile,
"nolle, composée de petits lobules. Si l'on y pousse une injection, on recon-
nallque cette configuration lol)ulée résulte de la végétation simultanée des
P<!lits systèmes vasculaires des glandes sudoripares, des glandes sébacées,
li^lolmles graisseux et den follicules pileux, si distincts les uns des autres.
lik anatomie pathologique.
Dans quelques cas, cks petites lutneurs sont acco
loppement considérable du système pileux, lequf! {taratl^tresousluilt^pïti-
dance de l'excès de sang baignant les follicules pileux. liuflbii arapporténn
exemple de ce genre d'Altération et nous eu a laissé un dessin. {Safplf-
mml, t. IV, p. 399,1878.) In spécimen (lig. lùOr'I1/i1)nO)i moins remv-
quablc a été présenté k h Société d'anthropologie par M. de Kanu, pour
M. Julieu, de Lyon, qui l'avait observé dans le service du docteur Dron.
L'angiunie ou nievus vnsculaire est constitué par des capilbir»
enlacés et contournes en méandres ou eu tiix'-l>our lions, plus rareuwm
^Tète et parlia anléro-
leenfa'it de quatre
■ni, ■llflirile d'uDgiume pileux {nre-
Mii piloms). La partie Eup6i
des meinbreiet la parlie antirieuro
ic prétenlent un épai
ment brunSlre de la peau qui est
couverte «ivpoilt. Sur la face et lur
iMexirèmîtéi inférieure* dei mem-
bre*, Gxiitent de petite* iBcheicafâ
■u Uil, de la dimeniion d'un gr.nîn
debeauli. dautquelijuea-unesieu-
lament pr£*enlanl des poils.
■lù. 111. — La même enbnt vue en «rriirr.
Lci poilt se dirigent preiqiie tous de hul •*
bai et de dehors en dedaiit; un* lun»'
cutsniic exislc entre les deux ipaulM, tl ^
région dm ressea oITre plusieur* peine* lun**'*
couverte* de poils
droits et parallèles. Ces capillaires présentent des dilatations rêgulièta<
ampullaires ou cirsoïdes; ils ont des parois tr^s-^paisses et néaDDoix^
passez transparentes, composées presque entièrement, selon Uœciu)l< ^
^•(letites cellules arrondies renfermant un noyau volumineux, circon-
stance <iui, jointe il la disposition contournée de ces vaisseaux, pourni'
HYPER PLASIES. 385
s croire ^n tissu glandulaire, n'était le san^ contenu dsns leur
•înlérieur.
Les vaisseaux, point de départ d^s angiomes, ont une structure trés-
timple; cv. sont des capillaires qui présentent d'nbord uncdilatalioncyliii-
lirîque bietilôt suivie d'un Iwur-
rf^nnement de leurs parois el de
la formation de nouveaux canaux.
Ainsi se développent, suivant
le type physiologique, des vais-
-waux capillaires aux dépens
'^es vaisseaux préexistants. Ces
ifianaux sont unis par un tissu
Gonjonctif de nouvelle forma-
"lion, avec ou sans pelotons adi-
peux. Plus tard, si des couches
•de cellules nouvelles viennent
k se déposer it leur pourtour,
Ils peuvent se transformer en
■«ines ou en artères.
Les angiomes capillaires ne dé-
passent généralement pas le tîssu
conjonclif sous-cutané; ce n'est
que par exception qu'ils s'avan-
cent dans les lis«us plus profonds,
'4es muscles ou les os. Ils s'accrnîs-
Knt non-seulement par leur c^n-
re, mais enroi-e par leur périplié-
ie; ils déti'uisent plus ou moins
irofondémeiit les organes qu'ils
ttvahissent, comme le^ glandes
idoripares ou sébacées, les pa-
*piHes cutam^s.
L'angiome cavei-neux {tumrur
rérectile, fongus hématode ou vas-
mlaircde la plupart des auteurs) F,c.u3.-T,on« eim^cnbrMd
'forme des tumeurs généralement porln un grand nombre de petites luineur*
«rrondies. du volume d'un grain f'?.'^'''^ 'r-""""^- ^"^ "f *=~. '•'"^""•
^ trè«-voluinineD*e, occupe la (ace interne de
de chènevis, d'un pois, d'une la jambe gauciie.
noisette ou d'un œuf, d'une teinl« rouge ou bleu pâle, élastiques et suscep-
Cdimiimcr sous l'influence d'une pression prolongéi^ (dg. 12û).
XHiAui. — Traili d'Anat. t. _ 35
386 ANATOMIB PATHOUIGIQtIB.
Ces tumeurs, qui peuvent se gonfler par l'effet d'une émotion ou de
l'exercice, ont aussi des pulsations plus ou moins nettes. Incisées,
elles s'alTaissent sur elles-mêmes et présentent assez exactement l'as-
pect du corps caverneux du pénis; leur tissu réticulé, blanc, dense,
résistant, renTemic quelquefois par places des caillots rouges, déco-
lorés, ou même de petites concrations rondes calci6ées (phlébolilhes].
Souvent délimité par une membrane fibreuse qui lui forme comme uce
poche kystique, l'angiome caverneux est d'autres fois confondu arer
les tissus a voisinants.
La structure de cette tumeur difTèrc peu de celle du tissu caverneux wdi-
nairc ; elle présente des ca viles ou lacunes communiquant les unes avec Im
antres, à peu près comme les alvéoles d'un lobule pulmonaire. Le sauf
circule dans le sjstèmeahéulaire qui tient lieu de système capillaire, silué
qu il eat entre les artères et les \t uies <ftg. Uti). Les cloisons qui circoo-
scrivent les cavités aréolaires so^lfu^
'' / ^''^ / mees d'un tissu fibreux plus ou raoins
»^^ 1 ("V dense pouvant contenir des fibres
f~. \y- cellules; elles possèdent quelquefois
^J des \aisseaux qui leur servent de vasa
•J
vasorum, «t dans un cas on yaurail
\u des filets nerveux. Tapissées d'uiK
couche de cellules aplaties, d'appi-
^ \ leucs (usiforme, semblables à IVudo-
thihumdes veines, ces caviU'S s«nl
umphes par un sang normal, qui
1 — Co\i| L n icroicopiuuc a tr , e ■ i
n angiomi. taverneun. e, espace» s CCOUlc lout entier par le fait «■■
leui laiiissés par de» telluloi en- Tincision, cl laisse un afl'aisscmeiil
dolhélialci; g, elobulet aanguini rem- , . - ■ . . ■ i i
pliiiant cea espaces. P'^s f"" mouis considérable de la
tumeur, suivant la proportion relative
du tissu vasculaire et du tissu fibreux. La prédominance de l'un ou if
l'autre de ces tissus dans les angiomes constitue des variétés dont il
est facile de se faire une idée, mais sur lesquelles nous ne croyons
pas devoir insister.
Les tumeurs sanguines caverneuses se rencontrent principalemenl dans
le tissu conjonclif sons-culanc, plus rarement dans la peau cl dans 1^
muscles, et presque jamais dans tes os. Au contraire, elles sont asseï
fréquentes dans le foie (1), surtout à la surface de cet organe; elles ont
(1) Dam toa eicelleni Tifiité des tumeurs, le proretteur Brocs coniidère rati^
Irèi-rarct à Paris les tumeurs caverneuses hépatiques. Je ne partage pat «>■< '
^m nVFERPLAS[ES. 387
%é observées aussi dans la rate et claiis les reins. Eu général elles
sont poiii' uii tissu donné d'autiiiit plus communes que ce tissu est plus
vasculaire ; c'est ainsi que i(^s tumeurs vasculaires de la peau sont plus fré-
((uentes à la léle que partout ailleui's.
Rokitansky admettait que le tissu aréolaire qui compose les tumeurs
caverneuses sanguines se développe primitivement en dehors du système
san(niin; maïs cette opinion, qui no repose sur aucun fait positif, est
aujourd'iiui abandonnée. Toute tumeur caverneuse débute par une for-
mation de capillaires qui se dilatent, se confondent avec le tissu fibreux
qui les entoure cl établissent entre eux, sur plusieurs points, après usure
du tissu inteiTnédiairc, do larges communications qui, finalement,
donnent lieu à un tissu aréolaire. Ces faits, sur lesquels Broca et Bœckel
insistent avec raison, conduisent à un résultat qui n'est pas sans impor-
tance : c'est que la tumeur caverneuse n'est pas une variété, mais bien un
SM<:ond degré du l'angiome capillaire simple ou télan^ectasie.
Un certain nombre de tumeurs caverneuses s'accroissent lenlemenl,
mais d'une manière continue : d'autres se maintiennent sans aucun chan-
gement pendant un grand nombre d'années, pour s'étendre ensuite, sans
cause connue ou par suite d'une irritation mécanique. Quelques-unes
périssent spontanément, presque toujours à la faveur d'un travail inllam-
uiatoire laissant à sa suite un tissu inodulaire dont le retrait déter-
mine le ratatinement de la tumeur. Ce ti-avail est généi'alement imité par
le^ cbirurgiens qui tentent de guérir les angiomes sanguins.
Ces angiomes sont exposés à subir des modifications diverses. A cùté
des concrétions sanguines et calcaires dont les parois des vaisseaux des
tumeurs caverneuses peuvent être le siège, il importe de signaler l'exis-
tence de kystes plus ou moins abondants, sur lesquels les cbirurgiens an-
glais Hawkins, Holmes Cootes et Uickersteth ont plus particulièrement
appelé l'attention. Ces kystes, que j'ai observés une fois dans un
nœvus de la face, et trois fois dans des tumeurs caverneuses hépa-
tiques, sont ordinairement multiples, sphérique.s, transparents, du vo-
lume d'un grain de chënevis ou d'un pois. Ils renfemient un liquide sé-
reux ou séro-sanguinolent, et sont tapissés d'une membrane mince, lisse
ft brillante, qui indique qu'ils ne sont qu<- des portions de veines ou des
lacunes transformées en cavités closes, et devenues le siège d'une absorp-
tion et d'une exhalation qui, peu à peu, modilient leur contenu.
Les tumeurs caverneuses sanguines n'ont pas plus que toutes les tu-
CËlte npinion, puisque depuis dii i
^cu.
I 1|]U!
388 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
meurs conjonctives de tendance à se transformer en tumeurs malignes ;
ce que Ton a dit de cette transformation est vraisemblablement le résultat
d'une en*eur qui a consisté à prendre pour des angiomes des fibromes
ayant des vaisseaux nombreux et dilatés. On sait en effet que les tumeurs
érectile des os, considérées autrefois comme très-fréquentes, parce qu'on
les confondait avec des cancers hématodes (fibromes embryomiaires
très-vasculaires), sont au contraire fort rares. Pour éviter semblable
erreur, il suffit de rechercher si dans la tumeur même ou à son pour-
tour existe un tissu nouveau possédant les caractères du fibrome em-
brvonnaire ou du carcinome.
Séparés des affections avec lesquelles on a pu les confondre, les an-
giomes sanguins ne sont aptes ni à se généraliser, ni à récidiver ; ce qu'on
a dit de leur transformation en mélanomes n'est pas prouvé, et par consé-
quent ces tumeurs n'ont d'autre gravité que celle qui résulte des désordres
locaux qu'elles déterminent, compression, atrophie des organes environ-
nants. Cependant les tumeurs diffuses peuvent s'étendre à un moment
donné et doivent être soumises à une grande surveillance (Broca).
Les angiomes sanguins s'observent à tous les âges, principalement
dans la jeunesse, et surtout dans le cours de la vie intra-utérine.
Le professeur Depaul estime que le tiers des enfants nés à la Clinique
d'accouchement de la Faculté ont des taches érectiles plus ou moins
larges, sans saillie ou très-légèrement saillantes, qui disparaissent pour la
plupart spontanément au bout de quelques jours ou de quelques mois.
Porta, sur un relevé de 151 cas d'angiomes, a trouvé que ces tumeurs
avaient été reconnues 65 fois au moment de la naissance, 32 fois dans le
courant de la première année, kU fois entre un et quatorze ans, et 10 fois
entre quatorze et quarante ans. L'apparition de l'angiome a donc lieu sur-
tout pendant les périodes de formation et d'accroissement du système
vasculaire, et ce fait porte à croire que le développement de ce système
joue un certain rôle dans la genèse de cette néoplasie.
La localisation de certains na^vi, de ceux notamment qui s'accom-
pagnent d'une hypertrophie papillaire et que pour cette raison on appelle
verruqueux, a paru plusieurs fois correspondre à la distribution des
cordons nerveux, ce qui a conduit quelques auteurs (1) à rattacher
leur présence à une influence nerveuse analogue à celle qui engendre le
zona et d'autres affections cutanées. Les faits sur lesquels on s'est appuyé
(1) Baercnsprung , Nœvus um'us lateralis {Anncien des Charité Krankenhauses^
t. lit, p. 91, 95. Berlin, 1863}. — Th. Simon de Hambourg, Archiv fur Dermatologie
undSyphiiù, n» 1, 1872.
HVFEnPUSIES. 3S9
pour admettre crtie relation, joMiu'ici pou uombreui. ne sont pas saiii
valeur; ils niériteiil au moins de lixer lallention des ob&ei'VAU>urs.
L'ètiologie des lumcui's vasculaires sanguines est eutièremeiil incon nui'
Les idées populaires qui allrîbtienl le Dtevuscongi^nilaibrimaginalion ma-
ternelle n'ont pas plus de valeur que celles qui lui atlrîbuent la fonnation
des monstruosités. Il n'est pas de conditions de santé ou d'hérédité aux-
quelles on puisse justiu'ii présent rattacher les angiomes congénitaux ; et
lorsque ces tumeurs surviennent après In naissance, c'est presque toujours
sponlaiiément. Dans les quelques cas où on les a vu«s se di'velopper il
la suite d'une contusion ou d'une irritation mécanique, il ï a lieu de croire
i[ue le traumatisme a été une simple cause dclenninnnie ; d'ailleurs, la
multiplicité des angiomes, chez certains individus, indique manifestemenl
l'etislence d'une prédisposition générale de In part du système san^niin.
J
F'K, m, — lljperjilaiie et dilalatlon Je viiiia^fiux Ijmphtliituoi J
inguinaux tepritenléi ilani la flfure lih. Lji fiiÈM, înjectÉe «u mercure, cililËpotée
.>u muijc Dupujtren.
i;iisseau), ou tumeur éreclîle lymphatique (1), est une tumeur caracté-
risée |(ar une nouvelle fonnaliou de vaisseaux lymphatiques. C'est seu-
[I) Ld tUTnears tnaculniret lyinplislii]iie» Kcinl eni'orr d^sig'néoi *nw 1«> nnin* ip
lymptmngierlaiù yiinglionnairr . lymphanévriimr, tidénolj/mphocè/r , lijmphadinectatie.
390 AnATOMIE FATHOLUGIQITE.
Icment depuis une douEaiui^ «raunées que l'attention a ét^ attirée isr
celte afleclion souvent dillicile ft séparer de la simple dttalatioii àts
vaisseaux lyrophati(]ues préexistants, el <iui présente deux variètra corres-
pondant aux variétés de l'angiome sanguin : le lymphanf;iome fitmpk,
ou des réseaux lymphatiques, et le lympbangiome caverneux.
Ltt 1} mpbangiome simple ou capillaire est une tumeur molle, élastiqur,
dépressible, grisâtre, quelquerois acmî-transparente lorsqu'elle estsuptf-
ficiellemeut située. Cette tumeur est constituée par des lacis do vaîsseaui
lymphatiques communiquant en général les uns avec les autres, et pou-
vant s'ouvrir à l'extérieur de façon ii laisser écouler de la lymphe, ùt
vaisseaux, ordinairement dilatés en chapelet, ont leurs parois èpissies et
liles |)ar un tissu lihreux (fig. Viù). Dans quelques cas il existe di
Fin. Ihb. — o, Glandes lymphuliques de l'aine, coniidérablcmenl augmentées devobM
par In dilslalion el rhjiJerpIaBin des vaiueaux el des linui Ijmphaliquet ; b, Mlfen
descflion d'une do ceigUndei; c, deuxpelilei concrélionsjaunltrei.
même temps une dilatation des réseaux formés par les esf»fc
phatiques, et même des cavités ou lacunes tapissées par un épith^Hm
en tout semblable à l'épithélium dus lymphatiques normaux ; mai«tt«
cavités caractérisent plus spécialement la tumeur lymphatique cuvei
Le lymphaiigiome caverneux occupe de préférence les glandes lyTophâ-
tiques. Il forme des tumeurs généralement recouvertes d'une almosphèrr
graisseuse et que, pour cette raison, il n'est pas impossible di- confondra
avec le lipome(fîg. 145). Ces tumeurs, qui pendant la vie laissent écouler
par l'incision un liquide possédnnt tous les caractères de la lymphe,
tr(''S-di Itèrent es d'aspect et de volunio suivant qu'elles sont i
sont renniMlfad
J
HYPERPLASiES. 591
gonflées par celte lymphe, ou vidées et aflaissées après la mort. Elles sont
entourées d'une enveloppe fibreuse qui envoie des cloisons dans leur
épaisseur, où s'observe tout un système de canaux et de lacunes, dispo-
sition qui rappelle à la coupe la texture des tissus érectiles. D'ailleurs les
vaisseaux lymphatiques, en pénétrant dans la glande, perdent subitement
leur tunique contractile, tandis que cette même tunique acquiert dans les
vaisseaux afférents et efférents une épaisseur considérable (Anger).
Dans certains organes non ganglionnaires, la langue en particulier,
la tumeur lymphatique caverneuse a la même structure anatomique
que la tumeur sanguine, avec celte difl'érence que dans les mailles se
rencontre, au lieu de sang, un sérum ressemblant à la lymphe.
Le lymphangiome peut être intra- ou extra-ganglionnaire, et quelque-
fois les deux variétés sont simultanées et en rapport l'une avec l'autre.
Le lymphangiome non ganglionnaire a un siège très-varié. On Ta
observé aux lèvres (macrochilie), à la langue (macroglossie), au cou, à
la région sacrée, sur quelques autres points du corps, où il occupe
tantôt les parties superficielles, tantôt les parties profondes. Les vis-
cères n'échappent pas à celte néoplasie, dont le rein semble être jus-
qu'ici le siège de prédilection, et cette circonstance est sans aucun doute
importante à connaître au point de vue de la pathogénie toujours obscure
de la chviurie.
Le développement des lymphangiomes a été peu étudié ; néanmoins
il paraît avoir la plus grande ressemblance avec celui des tumeurs
vasculaires sanguines, et se faire aux dépens d'éléments provenant de la
végétation des capillaires lymphatiques. Dans un cas rapporté par Georg-
jevie, il existait autour des vaisseaux lymphatiques un amas de tissu de
granulation dont la rétraction, agissant comme un tissu de cicatrice,
parut avoir produit la dilatation de ces vaisseaux et leur métamorphose
caverneuse. La croissance des tumeurs vasculaires lymphatiques est quel-
quefois rapide, mais souvent aussi elle est lente ou même s'arrête tout à
fait. Leur ablation est rarement suivie d'accidents, leur récidive a été obser-
vée (Virchow). On a pu ponctionner impunément le lymphangiome simple ;
mais il faut savoir que cette opération n'est pas toujours sans danger,
qu'elle a été suivie d'érysipèle, et qu'il est prudent de ne pas toucher
aux huiphangiomes ganglionnaires. De même que l'angiome sanguin,
le lymphangiome est quelquefois le point de départ de kystes multiples
plus ou moins volumineux, rencontrés jusqu'ici principalement au
cou et à la région sacrée. Dans certains cas aussi il s'accompagne
d'un épaississement fibreux qui peut le faire prendre pour un
fibrome.
392 anàtomie pathologique.
Le diagnostic anatomique du lymphangiome repose sur la compo-
sition chimique du liquide qu'il renferme et sur les caractères de
Tépithélium qui tapisse ses vaisseaux et ses lacunes. Son pronostic
n*est pas grave ; cependant nous ferons remarquer que les tumeurs gan-
glionnaires sont généralement accompagnées d'un certain degré d'ané-
mie qui a été comparée par Ânger à la cachexie des individus atteints
de lymphome. Solitaires ou multiples, ces tumeurs ne produisent jamais
rinfection de l'organisme.
Les tumeurs lymphatiques non ganglionnaires sont le plus souvent
congénitales, tels sont les lymphangiomes des lèvres, de la langue, do
cou, etc. Les tumeurs lymphatiques ganglionnaires apparaissent d'ordi-
naire dans le jeune âge, le plus souvent chez des individus soumis à l'ac-
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IX. — Néoplasies de tissu musculaire. — Myomes.
Le tissu musculaire comprend deux variétés de muscles, les uns à
fibres lisses, les autres à fibres striées. Le tissu musculaire à fibres lisses
est essentiellement constitué par des cellules contractiles, accolées entre
elles à Taide d'une matière homogène et réunies sous forme de faisceaux
par une enveloppe délicate de tissu conjonctif et de fibres élastiques.
394 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Généralement fusiformes, assez longues, cylindriques ou légèrement
aplaties, ces cellules, dont les extrémités sont quelquefois divisées, ont
une longueur moyenne de 0"""",044 à 0"",049, et une largeur de 0»",004
à O'^'BfOO?. Elles sont formées d'une substance en apparence homo-
gène, quelquefois granulée ou faiblement striée, au milieu de la-
quelle se trouve un noyau long et étroit, le plus souvent en forme de
baguette. La matière qui unit ces éléments échappe à l'observation ; le
tissu conjonctif qui les groupe en faisceaux est traversé par des vaisseaux
nombreux qui se distribuent aux faisceaux, et par un petit nombre de
nerfs. Le tissu musculaire à fibres lisses se développe par l'allongement
de cellules arrondies, dont le contenu tout entier se transforme en une
substance homogène et contractile. Il existe dans tout le canal digestif,
dans les parois des vaisseaux, surtout dans la couche moyenne, dans la
peau et dans tous les appareils sécréteurs et excréteurs.
Le tissu musculaire strié est composé de fibres ou faisceaux pri-
mitifs allongés, cylindriques, d'une longueur de 2,7 à U centimètres,
d'une largeur de 0,009 à 0,060 de millimètre, constitués par une
enveloppe homogène, fine, élastique, sarcolemme ou myolemme, et
des fibrilles très-fines, soudées entre elles par une substance interstitielle
homogène. Dans cette substance se rencontrent de nombreux corpuscules
transparents, disposés par séries entre les fibrilles, et un nombre considé-
rable de noyaux arrondis ou allongés sont situés à la face interne do
sarcolemme. Une trame conjonctive, des vaisseaux et des nerfs réunissent
ces éléments entre eux, et forment le tissu musculaire strié. Celui-ci se
rencontre dans les muscles du tronc et des membres, de l'œil et des oreilles";
dans la partie musculaire de certains viscères, le larynx, le pharynx,
l'œsophage, la langue, le rectum à sa terminaison, les organes génitaux
bulbo- et ischio-caverneux, les ligaments ronds; enfin, dans certaines
parties du système vasculaire, le cœur et les grosses veines.
On sait qu'après la destmction du tissu musculaire par des lésions
traumatiques il suiTÎent ordinairement une cicatrice fibreuse. Cepen-
dant les recherches modernes nous ont appris que ce tissu a la pro-
priété de se régénérer. On voit certaines dégénérescences de la
substance musculaire être suivies d'une régénération complète. Le
périmysium est le principal agent de cette régénération qui se pro-
duit d'après un mode assez mal connu, mais vraisemblablement
suivant les lois qui président à la formation normale des muscles;
lorsque la membrane enveloppante de la fibre musculaire n'existe
plus, la reproduction de la substance musculaire est difficile, sinon
impossible.
H YPERPLASIES. 395
Les formations pathologiques des muscles ont été à tort contestées
par certains observateurs; les deux variétés de tissu nmsculaire, le
tissu musculaire à fibres striées et le tissu musculaire à fibres lisses,
peuvent leur donner naissance. Ces formations sont connues sous
la dénomination générale de myomes : on appelle rhabdomyomes les néo-
plasies des muscles striés, et léiomyomes les néoplasies des muscles
lisses. Ajoutons que certaines tumeurs présentent des éléments de tran-
sition entre ces deux sortes de fibres.
^'^ Rhabdomyomes. — Les formations accidentelles dans lesquelles le
tissu musculaire à fibres striées entre comme élément principal et essen-
tiel, sont peu communes; on en connaît seulement quelques cas,
affectant le cœur ou la langue chez les enfants nouveau-nés. L'un de
ces cas, rapporté par Recklinghausen , est relatif à une tumeur du
volume d'un œuf de pigeon, faisant saillie tant à l'intérieur qu a Texte-
rieur du cœur. Deux autres cas ont été vus par Virchow. Un fœtus de
huit mois, mort-né, et un enfant nouveau-né, présentèrent Tun et l'autre
dans les parois du cœur de petites tumeurs arrondies et plus ou moins
saillantes, composées de fibres musculaires striées, plates, parsemées de
gros noyaux et d'éléments conjonctifs; la mort avait été le résultat de
lésions syphilitiques disséminées dans plusieurs organes. L'altération
congénitale de la langue connue sous le nom de macroglossie est
quelquefois formée par Thyperplasie des fibres musculaires de cet organe.
Le cœur et la langue sont jusqu'ici les seuls organes où Ton ait observé,
chez l'enfant, le myome à fibres striées; cette tumeur était congénitale.
Il n'est aucun fait absolument certain de myomes à fibres striées
chez l'adulte. Cependant Buhl aurait observé deux individus adultes
portant, l'un dans le muscle pectoral, l'autre dans un des muscles du
dos, des tumeurs composées de fibres musculaires jeunes; mais il
n'est pas prouvé qu'il n'y ait eu erreur sur la nature de ces élé-
ments, et que des fibres musculaires anciennes et atrophiées par la
présence d'une tumeur n'aient été prises pour des fibres jeunes et
en voie de développement. Reconnaissons toutefois que le tissu muscu-
laire strié peut entrer comme élément accessoire dans la composition
de tumeurs de diverse nature. Virchow a trouvé des fibres muscu-
laires striées de nouvelle formation dans le stroma fibreux d'un kyste
ovarien Rokitansky, Billroth et Senftieben, dans des tumeurs du testi-
cule ; LambI dans le stroma d'un carcinome du tibia ; Wolkmann dans une
tumeur de la cavité rachidienne d'un fœtus. J'ai de mon côté rencontré ces
mêmes fibres dans une énorme tumeur d'aspect encéphaloïde, située dans
396 ASATOMtE PATlIOI.nClO0B.
le cannl*racliidieii d'un nouvoau-né. Il n'en est pas moins vni quel
développement des lumeui's musculaires striées sur des points uùil
n'existe pas de muscles à l'éLit normal est un pbénonaène des plus
rares, car, à part les cas de tumeurs congénitales, les formations de film
musculaires striées n'ont été rencontrées que dans des altérations dea 1»
ticules et des ovaires.
i' Léiomyoïnes. — Le tissu musculaire k tihres lisses, comme letiHi
musculaire a fibres striées, peut faire partie de tumeurs congénilalei fr
verses, plus ou moins malignes, et, de même que ce dernier, ^jn fiii-
ment principal de certaines formations accidentelles. Os form&tioDi »
présentent sous l'apparence de tumeurs rondes ou ovales, lisses ou légè-
rement lobulées, d'un volume Irèa-varialile, souvent celui d'une DoiseUe
ou d'une noix, d'une consistance ferme, ou même cartilagineusu. Elle*
sont presque toujours circonscrites, entourées d'une capsule de tissu cou-
jonctif, plusrarementdiffuseset perdues au milieu des tissus voisins. Uur
surface de section est lisse, parsemée de traînées (ibrillatres.grisAIres.bm-
nittres ou blanchâtres, quelquefois disposées sous forme de cercles coDceB-
triques autour d'un noyau commun. Dans leur substance entre, en tném
temps que des libres musculaires lisses ou Hbres-celluies, une suImUdm
conjonctive lihrillairc, plus ou moins abondante. Fortement accolées eolre
elles, et très-difliciles k séparer, les Dbres-cel-
lules, de dimensions assez égales, munies d'un
ou deux noyaux allongés, forment des biscetu
^f^*i^i7Kr^-¥:2^a^ très-élégants, disposés au sein d'une InuW
tB^^l'ar^^i^ft libreusc plus ou moins épaisse (fi^t, 146). Dtt
V Tb^U^Ah^ vaia&eaux peu nombreux s'ajoutent à ces d^
'^fe "■ SS^mV ments, et leur dilatation, dans quelques M
^K4b hIk^V donne à la lumeuruneapparencedetissucsve^
,HK||K^ '{^V ^H neux (myome télangîectasique). Les organuiu
'/IWaMB^IBI'T]^, st'i" desquels se rencontrent ces tumeurs mata-
'" W^tlïi " ment toujours du tissu musculaire à fibi*s lisse».
''°,;"dwâ:S"''"ïï~ L«''plusin,[K,rl.nlss<,„ir™<.pbnge.l,.*mt,
tnuKulairediMCK. vuei dans l'intesLin, la prostate et surtout l'utérus. On
™™"7rïr;°r;:; '°i' «""" »» "■"■»'■• « dévd„pp,r «»,
», «rAoleideiiuucaiijonciif. la petiu, aux endroits OÙ existent des fibres
lisses, et notamment au niveau des dartos, dans les bourses chez l'homme
(fig. ilil) et les grandes lèvres chez la femme. Quelques auteurs, principa-
lement Billroth et Rindfleisch , se refusent à considérer comme des niyomes
les tumeurs décrites sous ce nom. Rindfleisch soutient que les
397
e libres-cellules ne sont qu'un degré dans la série
évolutive des cellules du tissu conjonclir lesquelles peuvent itstm sta
lionnaii'es ou se transformer en tissu conjonclil Mais si independam
menl Jps caractères propres des tumeurs on tient compte de leur
point de départ spécial dans les organes musculeuf on est naturelle
hi. IS7. — Wiomjome gênéraliii) cl» icrnlum. t'nc
principale, t, (, leiliciile». (D'après l'.K/as (foiinlo
cl Uckerliauer.) Le duain microacapique da eelte ti
externe et coupe de la tumeur
e pothnlogique de lADcercaiix
eur eil reprénentè flg. IdG.
iinril conduit à les considérer comme des végétations des muscles, tout
"I m^nnaissant qu'à calé des éléments musculaires il existe toujours
<i'^^l(:inents de tissu conjonctif jeunes ou adultes.
U développement des myoïnes n'est pas très-bien connu ; cependant il
^«> probable que ces tumeurs naissent d'un tissu embryonnaire dont les
<vllules se tniDsrorment en éléments coniractiles. Leur accroissemenl se
^il surtout aux dépens de la masse primitive, sans doute aussi par la for-
malion de masses nouvelles, ce que semblent indiquer les nombreux
Doduiesqui entrent dans la composition de ces tumeurs.
Les myomes à fibres lisses, uniques ou multiples, sont généralement
rah'slfl's, et ne se propagent guère au\ parties voisines; dans quelques
!■« cependant, ils paraissent pouvoir infecter l'organisme. Mon Alla»
d'matmnie pathologique renferme un fait qui vient à l'appui de cetlo
■e de voir. Ces tumeurs évoluent d'une façon lente et progressive ;
^UuiÈre de voir.
398 *X.lTOMIE l'ATIIOLOIilQUE.
et quelquerois, au lieu de continuer de s'accrotti'e, elles restent
naires. Elles ne disparaissent pas sponUmément, mais elles pmivtml vin
expulsées par les contractions de l'organe qui lea renferme (Bg. IftS). C*
fait n'est pas extri^menient rai-e pour les mysonies utérhis; le [dut
FiG. lAS. — Lciomyamc expulsé du v»tin d'une femme ilans U paroi su p£rl»an ihK>iri
il t'iaii vrEUMRiblablemenl divoloppâ, car une nslule véiit^o-vaginale tnitit ow
souvent on trouve ces tumeurs simplement engagées dans le museau de
tanche (lig. i/i9), d'où il est Tacile de les extraire. Les tumeurs musculaim
s ptîu do tendance k subir la dégénérescence graîssi-ose,
du moins dics ne sout qu^ tani^
vemont envahies par wttr d^
nérescence, qui leur fait prendre
uncleinic jaunâtre «I lesnunol-
lil. Quelqueroîs elles s'inRItrad.
de sols du chaux (dégénérescence
calcaire] ; c'est alors qu'elle»
constitueul ce qu'on n appela Im
piciTi'S (le l'uléms. Elit:* «»*
peu exposées k l'inflaramalioa
et à la gaugrf-ne ; du ntoins cm
' complications y ont été
ment constatées.
Les causes des myomcs muL
jusqu'ici peu connues; car dire que ces tumeurs se développent
l'inilueiice d'un étal diathésique, ce n'est rîen expliquer, puisqu'il
à chercher pourquoi et comment s'est produit cet état. Les phlegniRiita
chroniques des membranes muqueuses semblent jouer dans la prodi
tion do ces formations le nlle de cause déterminante. Comme la plupart
des tumeurs conjonctives, les myomes surviennent pendant l'Ageadulln;
ceux de l'utérus apparaissent au moment oii cet organe vient d'acquérir
son complet développement, plus encore qu'à l'époque de la
FlO. lùQ. — Lïiomjroma de l'utérus en i
imliion et taiianl saillie i traTenle m
tanthe.
nVPERPT-AStES.
399
, Vi)GEL, Traité d'miatomie palht/to-
"KlBLioGHArniE. -
•jique iiéiià-alr, trad. fr. de Jourdan. Paris, 1847, p. 168. — Zenkebi, Veher
die Veriindrraiig d. icUIkurtichen Miiskel im Tj/jihiis abdùmmalis. Leipzig,
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Allii d, mieroseap. palh. .inat., pi, IV, flg, 2-4. — LA^ceREAoïet Lacrehbaueb,
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fig. 1 et 2. — Vojezdaiisle second volume la bibliographie de» m'oplasies de
l'utéms et de la prostate.
§ 2. — Nboplasies bkb tissus pro^-enant des feuillets externe et
interne du blastoderue. — néuplasies épitiiéliales et nerveuses.
Les tissus épithéliaux, Tormés de cellules airondies, cylindriques du
polygonales, inlimcment unies entre elles (voy. p. 283), tapissent en cou-
ciies d'biéj;aie épaisseur les surfaces extérieure et intérieure du corps, les
culs-dc-sac glandulaii-es et leurs canaux excréteurs, c'est-à-dire la |)eau et
M« dépressions multiples, toutes les muqueuses du tube digeslil et leurs
ides, la surface interne des organes de la respiration jusqu'aux lobules
b.
lobules I
400 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
pulmonaires, la sur Face interne des organes génito-urinaires, et quelques
autres parties complètement séparées des précédentes, comme les ventri-
cules cérébraux, les cavités de Tœil et de Toreille. Les poils et les ongles,
appendices de Tépiderme, appartiennent encore à ce même groupe de
tissus, dont la grande extension fait déjà pressentir Timportance pathogé^
nique. Moins disposés que les tissus conjonctirs à se multiplier et à végé-
ter, les éléments des tissus épithéliaux sont néanmoins le point de départ
de formations ou tumeurs diverses, dont les unes restent toujours locales,
tandis que les autres ont la plus grande tendance à se généraliser et à
infecter Torganisme. Constituées par un tissu dont la structure ne difl^
pas sensiblement de celle du tissu normal, les premières sont dites
homologues, homoplastiques ou typiques. Formées par un tissu un peu
différent quant à Tarrangement et à l'évolution de ses éléments, les se-
condes sont dites hétérologues, hétéroplastiques ou atypiques; elles
comprennent toutes les affections véritablement cancéreuses. L'étude
intéressante de ces dernières fera suite à celle des tumeurs épithéliales
homoplastiques, puis viendra la description des néoplasies nerveuses.
I. — Néoplasies épithéiiales homoplastiques ou typiques.
Formations peu exubérantes et des plus bénignes, les néoplasies épithé-
iiales homoplastiques ne manifestent qu'une faible tendance à la destruc-
tion, et en cela elles se rapprochent des tissus normaux et diffèrent des
cancers. Aussi, avant d'arriver à Tétude de ces derniers, est-il rationnel de
parler tout d'abord de ces altérations, qui se divisent naturellement en deui
gi*oupes, suivant qu elles affectent le tissu épidermique ou le tissu glan-
dulaire.
i<* Néoplasies épidenniques [khthyoses^ kératoses, eic). — Les produc-
tions nombreuses qui appartiennent à ce groupe de lésions ont pour
point de départ Tépiderme proprement dit ou ses dépendances. Déve-
loppées au sein de l'épiderme, ces lésions sont les unes diffuses, lt*s
autres circonscrites. Les lésions diffuses forment l'ichthvose, affection
cutanée, souvent congénitale et héréditaire, caractérisée par la présence,
à la surface du derme, d 'écailles épidermiques nacrées, grisâtres ou
noirâtres, plus ou moins épaisses, et comme imbriquées. Assez peu
extensibles, ces écailles se rompent parfois à la suite de tiraillements, e!
de là des fissures profondes et douloureuses qui donnent un aspect parti-
culier à la peau. Dans ces conditions, la couche d'épiderme est toujours
plus épaisse, et l'on voit s'e'»chapper de la racine des poils une malien»
analogue à la matière sébacée.
OirrottFCriles, les attémlions épiderniiques liomoplnstiques sont connues
sous les noms de duritloiis, de cors aus pieds el de cornes cutanées. I-es
premières de ces altérations sont constituées par des couches superposées
de l'épideiinc corné, donnant lieu à un opaississcmenl peu étendu et
plus ou moins considérable. S'il présente h son centre un noyan dur qui
s'enfonce sous forme de pointe jusque dans le derme, qu'il comprime
et atrophie, cet épaississe ment porte plus spécialement le nom de
cor. En pareil cas, le tissu adipeux disparaît dans le point comprimé,
cl il se forme même parfois une bourse muqueuse dans le tissu cellu-
laire sous-cutané correspondant. Le pied est le siège exclusif de cette
altération, qui survient à la suite de pressions répétées ou d'actions irri-
lantes.
Les contes cutanées sont des excroissances d'une longueur variable el
d'une grande ressemblance avec les cornes des animaux. Fermes et
grisâtres, souvent recourbées en spirale, elles revêtent la forme d'un
prisme arrondi avec des cannelures lon^zitudinales et des renflements
qui correspondent chacun à une papille cutanée. La cflrne tout entière
a pour base un g;roupe de papilles; elle est d'ailleurs formée de cel-
lules épithéliales superposées, imbriquées et intimement soudées entre
elles.
La peau el les muqueuses sont le siège constant des productions cornées .
A la peau, les cornes occupent de pré-
férence le cuir chevelu, le front el la
région temporale^ plus rarement le
tronc et les membres (lig, 130). bans
quelques cas elles preiment naîssauci'
dans la couche épidermique qui revrt
la face interne d'un follicule sébar/'
hypertrophié, et deviennent saillantes
uprès l'ouverture de cotte cavité kysti-
que. Les membranes muqueuses où
ces lésions ont élé obser\ées sont la
conjonctive, la muqueuse de la langue,
ctrlles du prépuce et du gland.
Plus fréquentes chez la femme que
chez l'homme, les cornes cutanées
Mint ordinairement solitaires, mais
quelquefois aussi elles sont multiples
"l en assez grand nombre. r.omrae la plupart des formations épider-
mîques, elles se développent de préféi-ence à uu «fie avauc et sonl quel-
URCEK»». Trailc U'Anal. '■ — 26
Fie. 130. — Main droiu priseï
corne cuUinée dùielupiiée k la rtgioa
doratle lu niveau dei deux premien
mitMirpieni. (Jluiéc UupujiU^n.}
I
M2 %5iT0«K rtimmuaoïn.
ifo^tm.* hénrfitairits. fn eit* év* cas oà k
Imr appanljrjD
Ln ftofita. et partimBrTnBrat «ax dv pos ortoïL pearent Avie
»w^ d'aiK ahémioa qni D'<»t pas sans andogir avec les cons
de la p«ui. Phisienn (oâ fai mHnntré à la Salpttnère des feminn
ig««« 4tnH U* tm^a. neombéi, aTaieirt one (onne prismatique €l oh
iongOf^T i\ai, aa ftMtx. n'aiail pas beaocoop moins don décÛDètn en
Imguear et d'un ««ntini^tre en épaisseiir {6f. ISIi. Cet aocroissemait du
_. tissn des oncles est oonuaim du»
^9^ certains pays ; j'en ai tu |dii»eiin
^^^^^^^^k^ ^^B ^c'>*'>tî''(>i>' **■ mnsée anaton»-
^^^^^^^^^^Hl ^^^V palbolo^que de Leyde, où il rr-
^^^^^^^^H^^^B^^^V snllede la Acbensehabitudequ'oDl
^^^^^^^F^ ^^^^^^B les habitants de cette ville et d»
^^^^^K ^^^1 enriroDs d'oser de sabots sus
^X^^^V ^^^ bride. Decelte hyperpl^ie génénte
^^^^^^^ de l'uigle il convient de rap[ffo-
^^^^HA cher une formation limitée dn tisw
^^^^^^ onguéal. Chei an enfant qui per-
^^ dit l'ongle de l'un des doigts à U
suite d'nn panaris, le professeur
Broca vit npparallre un ongle dou-
veau, im;guliei- ft creusé dt- cannelures : mais en même temps il se
produisit cntitt la phalange et le bord postérieur de cet ongle une petite
tumeur mobile, dure, qui ayant la forme d'un pain de sucre soulevait rt
amincissait tn peau. Cette tumeur reposait sur une surface analofitie,
quant à l'aspect, \\ la matrice do l'ongle ; clic avait une structure iden-
tique avec celle du tissu unguéal.
Irfs cheveux et les poils, dont la nutrition et la reproduction se lientà
l'int^igrité du follicule pileux, sont quelquefois le siège d'un accroissemral
anormal en longueur et en épaisseur, chez la femme aussi bien que cbn
l'homme. L'accroissement exagéré de ces or^nes a lieu surtout au ditmi
des iiœvus (voy. lig. 118) ; mais il irost pas prouvé qu'il se produise n
ces endroits, non plus que sur d'autres jioints de la surface cutanée, do
cheveux vérilahicment nouveaux, quoique ces appendices cutanés H
dévelopi)ent fn-quemmu-nt à l'iiiléricur des kystes dermoTdes, et qu'oo l«
ail observes sur la conjonctive. Tout porte à croire que les prétendue
formations pileuses des muqueuses de la vessie, du vagin et de l'iole*!
ne sont le plus souvent que dus produits de kyste dermoïde ouvert i k <
surfjce de l'une de ces membranes.
UYPERPLASIES. /i05
Les dents, qu'il faut ranger parmi les forniations épithéliales, sont quel-
quefois produites de toutes pièces dans des conditions anormales ;
tantôt uniques elles ont été rencontrées dans la région temporale du
cheyal (anomalie hétérotopique)> tantôt multiples elles faisaient partie de
kystes dermoïdes (voy. fig. 27 et 28, page 106). D'autres fois une seule des
substances qui entrent dans la composition de ces organes venant à pro-
liférer, il en résulte des tumeurs dentaires diverses dont il sera question
dans la seconde partie de ce travail.
Les altérations que nous venons de passer en revue ont toutes une évo*
lution lente et progressive, sans aucune tendance vers une guérison
spontanée. Plusieurs fois des malades atteints de conies cutanées ont vu
la chute spontanée et en quelque sorte périodique de ces productions, qui
recommençaient à pousser presque aussitôt après comme les bois d'un
cerf. C'est pourquoi, malgré leur peu de gravité, ces dernières altérations
constituent une infirmité ennuyeuse, si Ton ne vient à les extraire ; d'un
autre côté, on voit quelquefois des cancroïdes se développer à la base de
ces formations anormales et aggraver leur pronostic. La cause de ces
diverses lésions est peu connue, on sait seulement que l'ichthyose et
les pi*oductions cornées peuvent être héréditaires.
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HYPERPLASIES. !l05
2" Néopldsies glandulaires^ adénomes. — L'adénome est une néoplasie
glandulaire homoplasiique ou typique, c'est-à-dire qui a la même
structure que les glandes et qui ne manifeste aucune tendance à l'ulcéra-
tion et à l'infection de Torganisme (1 j.
Toutes les glandes de l'économie sont exposées à cette altération, qui
présente naturellement deux types suivant qu'elle appartient aux
glandes acineuses (épithéliums polygonaux, sphériques),ou aux glandes à
épithélium cylindrique. Nous appelons le premier de ces types adénome
acineux; le second, adénome tubulé ou cylindrique.
Adénomes acineux. — Connus sous des noms divers par Astley Cooper,
Velpeau et Cruveilhier, les adénomes acineux ont été étudiés surtout par
Lebert, Ch. Robin, Vemeuil et Broca qui ont fait connaître leur sliiicture
semblable à celle des glandes. Leur siège habituel est la mamelle et les
glandes cutanées, plus rarement les glandes salivaires, buccales et pala-
tines. Ces dernières glandes et toutes celles qui ne sont composées que
d'un seul lobule sont envahies dans leur totalité ; au contraire, les glandes
volumineuses, comme la mamelle et la parotide, sont pai*tiellement
altérées et souvent dans un seul de leurs lobes.
La tumeur qui résulte de cette altération varie suivant la glande affectée
et rétendue de l'affection ; elle a généralement le volume d*une amande,
d'une noix ou même d'un œuf. Elle est ferme, élastique, lisse, bosselée,
quelquefois saillante ou même polypiforme à la surface de la peau, des
muqueuses buccale et palatine. Parfaitement délimitée dans certains
cas, elle se confond d'autres fois, dans les grosses glandes, la mamelle par
exemple, avec le tissu sain. Des éléments glandulaires et un stroma fibro-
vasculaire entrent dans sa composition. Les éléments glandulaires con-
sistent en une membrane hyaline très-nette, tapissée par une couche
épithéliale pavimenteuse régulière; ils sont connus sous le nom de culs-
de-sac glandulaires et renferment assez habituellement un liquide où
nagent quelques cellules granuleuses et détachées de la paroi. Le
stroma, interposé entre chacun de ces éléments, est formé de fais-
ceaux fibreux parcourus par des vaisseaux dont la disposition varie
généralement avec chaque glande spéciale ; quelquefois, dans des points
où la glande bourgeonne, il est constitué par un tissu conjonctif impar-
faitement développé. Malgré une structure assez semblable h la struc-
(1) Je m'absUens de parler ici dos hétérotopies glandulaires qui ne Mnt que des anoma-
lies de formation par in>agination de l'un des TcuilIcU externe ou interne du blasto-
derme.
406 ANATOMIE PATHOLOCIQUE.
lure normale, à part un certain degré d'hypertrophie de leurs éléments,
les tumeurs adénoïdes (adénomes) n*ont aucune fonction physiologique
déterminée, et pour ce fait elles rentrent naturellement dans la classe
des anomalies de nutrition.
Les variétés des adénomes acineux sont nombreuses, elles résultent de
la prédominance marquée de Tun ou l'autre des éléments constituants et du
siège de ces tumeurs, car les culs-de-sac glandulaires de Tadénome sont
toujours conformes à ceux de la glande affectée. Si l'élément glandulaire
est prédominant et que le stroma soit atrophié, ladénome ressemble au
carcinome, il est constitué par des tumeurs un peu molles et souvent assez
volumineuses. Quand au contraire c'est l'élément fibreux qui est en plus
forte proportion, l'adénome se rapproche du fibrome, avec lequel il est
facile de le confondre. Il forme des tumeurs fermes et dures qui n'ont
qu'une faible tendance à s'accroître quand le tissu conjonctif a acquis un
complet développement, mais qui peuvent rester molles et prendre un
volume plus considérable si ce même tissu est à l'état embryonnaire.
Les variétés qui résultent du siège seront étudiées à propos des altéra-
tions relatives à chaque glande en particulier^ et par conséquent nous
nous contenterons d'indiquer leurs principaux traits.
. Les adénomes mammaires sont les plus importants à connaître ; ils
affectent un seul ou quelques lobules, rarement la totalité de la glande.
Ils forment chez des jeunes personnes des tumeurs circonscrites fennes
qui s'accroissent avec lenteur et qui parfois donnent lieu à des douK'ur>
vives, lancinantes. Ces tumeurs sont constituées par une hyperplasi'
des éléments épithéliaux qui s'accumulent dans les culs-de-sac glan-
dulaires et les distendent (fig. 132); parfois elles subissent une dé;:»^-
nérescenco graisseuse ou muqueuse et donnent naissance à des kysl«*>
athéromateux ou muqueux. Le tissu interstitiel, souvent hypertrophié, e>i
quelquefois embryonnaire. Ces tumeurs, dont l'accroissement est central
refoulent les tissus de leur voisinage plutôt qu'elles ne les envahissent ; elles
ne déterminent jamais d'altération métastatique des glandes lymphatiques
Les adénomes des glandes sébacées et des glandes sudoripares ont été
particulièrement étudiés par Verneuil et Hroca. Ils donnent lieu à dt^
tumeurs superficielles fermes, bosselées, constituées par des culs-de-sai
glandulaires, d'un volume qui varie depuis la grosseur d'un pois jusquà
celle d'un marron ou d'un œuf. La prostate, la glande lacrymale, la paro-
tide, les glandes du palais et du pharynx sont exposées à ce même fieniv
d'altération, qui se rencontre encore dans le corps thyroïde, où il forme un
certain nombre de goitres, et dans les ovairc^s, où il engendre quelquefois
des kvsles.
nïPRRPLlSlES, 4ffT
L'ori-tinc des adénomes acinoux ost un poinl toujours obscur. Néan-
luuins il est ti*s-probaLli? que ces pioduclions ne sonl qu'un bourgeon-
nement qui se produit, sinon nu moment de In fonnalioii, du moins au
moment du développement des friandes acineuscs. A ce liourgeonnemenl
>:landulaire s'ajoute un lissu conjonctif nouveau dont le développement
l'-t eti quelque sorte sulrardoimê à ei^lui de réiément sécréteur; il est
fibn^ux dans certaines parties, embryonnaire dans d'autres points. L'ac-
croissement de ces tumeurs est lent, et d'habitude il cesse nu lioutd'un
certain temps, d'où un ét»t staliounaire. Leur général sat o a |>a.s été
observée; mais on a pensé qu'elles pouvaient se transFor er arci-
_l)omes. Cette hvpolhÈse, toutefois, n'est pas démontrée et 1 a I eu de
loim que les prétendues transfoi'mations d'adénome en carcnome taent
m le principe de véritables cjincers.
h<lin dégénérescence graisseuse des adénomes est peu commune et généra-
omplête; la déjîéuérescence colloidode ces tumeurs n'est [las rare .
B survient surtout dans le cas où le tisHii interslitiol est jeune et abon-
t'ii.- siihstaiiw lîfliilinifi.r iiilillir «l'iib.ini l<s fi-ilules èpithéliales
i
i!t08 ANATOMIB PATHOLOGIQUE.
des culs-de-sac glandulaires, et obstrue plus ou moins complètement leur
calibre (fjg. 132). Il en résulte la dilatation deces canaux, et, par suite deU
destruction des cellules, la formation de kystes d'après un mécanisme sem-
blable à celui qui préside à la genèse des kystes du rein.
L'hypertrophie simple des glandes, toujours accompagnée d'une exagé-
ration de sécrétion, ne peut être confondue avec Tadénome, dans lequel
toute fonction est éteinte. Les néoplasies conjonctives de ces mêmes orgs-
nés auxquelles s'ajoutent quelquefois une hypertrophie des culs-de-sac ei
des tubes excréteurs sont plus difficiles à distinguer; aussi certains auteurs,
pour se tirer d'embaiTas, ont-ils admis des adéno-sarcomes. A notre avis,
ces productions mixtes n'existeraient pas; une tumeur est primitivemenL
épithéliale ou conjonctive et toutes les fois que les épithéliums s'y rencon^
trent dans une certaine proportion, nous n'hésitons pas à la déclarer épi^
théliale en raison de l'aptitude relativement faible des éléments épitbéliaui
à la prolifération. D'ailleurs, les végétations conjonctives, loin défavoriser
'hypertrophie des épithéliums, finissent généralement par les étouffer.
Adénomes cylindriques. — Ces adénomes peuvent occuper les diffé-
rents points des membranes muqueuses à épithélium cylindrique, mais
on les observe de préférence sur les muqueuses de l'estomac et de Tintes-
tin, sur celles de l'utérus et des fosses nasales. Ce sont des tumeurs
molles, grisâtres, peu vasculaires, saillantes, et quelquefois appendues à
la surface de la muqueuse par un pédicule plus ou moins long, d'où la
dénomination de polype sous laquelle elles sont presque toujours de>i-
gnées. Incisées, ces tumeurs donnent à la pression un liquide simplenicnl
muqueux et non lactescent, dans lequel nagent des cellules cylindriques
Vues au microscope, elles diffèrent suivant qu'on examine des coupes lon-
gitudinales ou des coupes transversales. Les premières de ces coupes mon-
trent les tubes glandulaires dans toute leur longueur, offrant quelquefois
des bourgeons latéraux ou de véritables bifurcations dont les extrémiU'S
libres arrivent à la surface de la muqueuse, tandis que les culs-de-sac st'
terminent à des hauteurs diffenenles. Les secondes présentent ces mêmes
tubes sous forme de cercles bordés de cellules cylindriques, l)éaiilsou
obstrués par une masse réfringente colloïde. Généralement ces lulx?^
sont volumineux et dilatés, et leurs épithéliums hypertrophiés ren-
ferment des globes colloïdes. Le tissu conjonctif qui les réunit ^^
plus ou moins abondant : quelquefois il est tellement mince qu'on l'aperçois
à peine, et que les tubes semblent en contact les uns avec les autres ; d'au-
tres fois il est beaucoup plus épais, et l'adénoîne se rapproche du fibroiu<^-
Les vaisseaux qui le parcourent sont d'ordinaire peu nombreux.
nypEHPLAStKS. A(i9
Les adénomes cylindriques, en raison de leur siège sur une surface
muqueuse, sont le plus souvent pédicules, polypiformes, appendus
lantdtà la surface de l'estomac (lig. 133), tantôt à la surface des muqueuses
du gros intestin, de l'utérus, etc. llapprochées de l'anus , ces tumeurs, i-efou-
lées par les contractions de l'intestin, font quelquefois saillie au dehors;
d'où la transformation, au contact de l'air extérieur, des cellules cylin-
driques en cellules pavimenteuses. Do la même façon, certains adénomes
du col de l'utérus peuvent devenir pendants dans la cavité du vagin.
Les adénomes cylindriques naissent d'un bourgeonnement des
glandes à épithélium cylindrique. Coi-nil et Itanvier ont pu suivre
des bourgeons glandulaires qui, parlant de l'eslrémité terminale simple
des glandes intestinales, produisaient de nouveaux culs-de-sac, de telle
Fie. 1^3 — Eiiomac dont la
sorte qu une glande en tube simple finissait pai éli'e Iransfonnee en
une glande composée L accroissement de ces tumeursi a lieu surtout
par I fa^ perLrophie des cuU-de sac Du\quels s ajoutent un tissu con-
jonctif et parfois des formations papillaires il cesse en g« neral iu
bout d uu certain temps l'tu exposes i la degeneiescence graisseuse,
les éléments epitheliauv c\lindnques sinfiltient dune substance réfrin-
gente, gelalmiforme les tubes se dilatent et peu a peu il se forme, par
rétention du produit des k>sles remplis dune matière colloïde Vn
type pour ainsi dire ph\siologique de ces k\sles nous est fourni par
410 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
ce que l'on appelle les œuTs de Naboth ou altération colloïde des glande:
en tubes de la muqueuse utérine.
Les adénomes cylindriques ne peuvent être confondus avec le fibrome
qui est une végétation simplement fibreuse ; nous dirons plus loin «
quoi ils diffèrent du cancer épithélial. Le pronostic de ces tumeurs e^
presque toujours sans gravité, puisqu'elles s'arrêtent le plus soutm
dans leur évolution, et ne gênent aucune fonction importante. Ce n'ei
donc que dans des cas particuliers, comme celui d'un polype nasal o
encore d'un polype rectal sorti de l'anus, que le chirui^îen troaTer
l'occasion d'intervenir.
Je ne parle pas ici de l'adénome des glandes viscérales, telles que b
foie et les reins ; ce qui a été décrit sous ce nom se rapporte au carci-
nome, du moins la chose me parait claire pour l'altération du foie à
laquelle j'ai donné le nom d'hépato-adénome. L'âge où se développa
cette afTection, sa tendance à la généralisation et à l'envahissement do
système veineux ne me semblent laisser aucun doute à cet ëganL J'en
dirai autant de laltération décrite par certains auteurs sous le nom d'ad^'-
nome des ovaires.
Étiologie. — Acineux ou cylindriques, les adénomes sont des affeclions
spéciales à la jeunesse. On les observe pendant l'enfance ou Fadoles-
rence, principalement à Tépoquo do la puberté, quelquefois peu ^
temps après la naissance ; il y a des raisons de croire que, le plus sou-
vent, ces affections sont congénitales.
Un tableau statistique, consigné dans le Traité des tumeurs de Rroca.
met dans toute son évidence le fait du développement de l'adénon)''
acineux chez les personnes jeunes, puisque, sur quatre-vingt-dix ca>
vingt fois seulement ce développement a paru se faire après quarante
ans; encore peut-on douter que le diagnostic ait été toujoui's exact
Les adénomes cylindriques sont également des lésions du jeune àce;
on sait que l'adénome rectal se rencontre surtout chez renfaiil.Cefailt*^^
des plus significatifs ; non-seulement il montre que la genèse de l'adénoifl**
se lie à la formation ou au développement des glandes, mais encon^''
sépare celte affection du ciircinonie, qui, nous le dirons plus loin-
est avant tout une affection de l'âge de retour, de la période de déchéanc'
organique.
L'activité fonctionnelle semble prédisposer au développement de rad^**
nome, car on a vu plusieurs fois l'adénome des mamelles débuter pen-
dant la lactation, quelquefois rester stationnaire dans l'inten'alle (!*'>
grossesses , et prendre de nouveau un accroissement marqué pendaii' 1^
HYPERPLASIES. 411
geslalion et l'allailement. Le traumatisme, que l'on a accusé des mêmes
effets, n*a dans l'espèce qu'une importance médiocre ou nulle. On
sait que Velpeau avait basé sur cette étiologie la théorie des tumeurs
tibrineuses consécutives à des épanchements de sang.
Les adénomes sont le plus souvent uniques, excepté dans les mamelles,
où l'on a vu une seconde et même une troisième tumeur se produire
après plusieurs années, circonstance qui est dénature à expliquer les
récidives observées dans quelques cas. Ajoutons qu'aucun état général
ou diathésique ne parait présider à la formation de ces tumeurs. Ce
fait appuie Tidée qui consiste à les rattacher à un vice de conformation
ou de développement, sans exclure tout à fait la possibilité d'une transe-
mission héréditaire.
Bibliographie. — Adéaoïiics ««Ibmck. — Cu. Robin, Note sur quilques hyper*
trophies ylandulaires ^ broch. extr. de la Gaz, des hôpitaux^ 1852. — Levé,
Tum. gland, hypertroph. Thèse de Paris, 1852. — Vehneuil, Bulletins et Mém,
de la Soc, de biologie, V^ série, t. Y. Pai'is, 1853. — Le même, Archives
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Guy's Hospital Reports, 1855. — Rouget, Lebert et Folun, Comptes rendus de
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de Reichert et du Bois-Reymond, mai's 1864. — Cornil et Ranvier, Manuel
d'histologie pathoL, p. 295, 1869. — Lancereaux et Lackerbauer, Atlas, pi. i,
ûg. 3.
412 AXATOMIE PATflOLOGIQUE.
II* — Néoplasies épitbéliales iiéléroplastiques ou atypiques. — Épithéliomei.
Ces néoplasies, plus particulièrement désignées par les anciens soosh
dénomination générale de cancer, sont les mêmes que les modernes
appellent des noms (ïépithéliome et de carcinome ; aussi, tout en adoptant
le mot épUhéliome, qui indique leur origine, nous servirons^nous indis-
tinctement de ces diverses dénominations.
Les altérations de ce groupe sont des plus importantes à connaltiv
surtout à cause de la malignité qui leur est inhérente. Elles déter-
minent, à la surface des téguments, des tumeurs plus ou moins voiu*
mineuses, souvent disposées en forme de champignon, à l'intérieur
des parenchymes et dans la profondeur des glandes, des nodosités de
la forme et du volume d'un pois, d'une noisette, d'un marron ou dan
œuf. Leur coloration varie avec leur siège ; blanchâtres , lardacées ao
niveau du tégument externe, elles sont plus ou moins rouges et vascu-
laires dans les autres points de l'organisme. D'abord très-fermes et d'une
dureté ligneuse, elles se ramollissent ensuite par places, au bout d'un
certain temps, et ne tardent pas à s'ulcérer. Lorsque, après l'ablation,
on vient à les presser, elles laissent échapper soit un liquide lactescent
ou suc cancéreux, soit des grumeaux blanchâtres riziformes.
La coniposilion iiistologique de ces formations comprend : 1" d»^
éléments épilhéliaux ; 2° une trame ('onjonctive et des vaisseaux. I^*>
cellules épilhéliales représentent les diiïérentes variétés de répithéliuni
nonnal ; elles ont, par conséquent, des formes multiples, l'ondes, cylin-
driques, aplaties, polygonales, à angles mousses ou aigus. Elles rt^nf^r-
ment un ou plusieurs noyaux indépendants les uns des autres, n«*
sont jamais réunies par une substance intercellulaire, et, en cela, elle>
se distinguent nettement des éléments conjonclifs. Plus ou moins solide
ment unies par une substance imperceptible, ces cellules constituent
le suc cancéreux; agglomérées et soudées, disposées en couches concen-
triques, elles forment des masses globuleuses connues sous le nom de
g lobes êp iderm iqxipa .
Le tissu conjonctif parcouru par des vaisseaux constitue le sque-
lette ou slroma de la néoplasie épilhéliale alypiijue. Ce stroma est
constant, exce|)té dans quelques tumeurs épidenniques superlicielle>.
Pour le rendre apparent, on pratique des cou|)('s (inrs dans les diffén'utes
parties de la tumeur, et, une fois le suc enlevé à l'aide d'un pinceau,
on aperçoit unt» charpente de tissu conjcmctif dont les travé<*s <»"
isbéculea circonscrivent îles cspces ovalaires de dimensioDs varia-
lies, ft dniil i epaisseui' esl, jusqu'à un certain point, en rapport avec
« largeur des mailles. Dans ({uelques cas, et; stroma constitue lu
[iltis grande partie du cancer, et c'est ù peine si il l'examen mlcrosco-
;>ique on trouve quelques petites alvéoles remplies de cellules (squinhe
>o cancer libreux!. D'autres fois, le slroma el le suc cancéreux sont
sn proportions égales (cancer libro-médullaire) ; plus souvent, les
cellules l'emportent sur le stroma (l'ongus médullaire, cancer médul-
lairi'j. Il arrive enfin que le sLroniu manque presque complètement
'loiigus médullaire et épiihélioma ancien). Ce stroma présente toutes
les formes de développement du tissa conjonclif; il ison début, il
esl composé d« cellules rondes ou l'usiloi-mes, disposées comme celles
de certains libiximes einbryonuaii'os; plus lard, il est formé de libres
f^iijonclives qui, en général , constituent des travées d'autant plus
iltaîsses que la nouvelle formation est plus ancienne. Des vaisseaux
Il> pai'coureni, ils existent régulièremenl dans tontes les Irabécules,
il l'exception dos plus minces qui n'en renferment pas. Ces vaisseaux
proviennent du tissu primitif, ce sont les artères et les veines qui
f^ ren(»inlrent t la périphérie de la tumeur; un grand nombre sont
de nouvelle formation, tels sont les capillaires, qui se relient aux
bi'anches artérielles et veineuses, suivant le mode habituel. Dans
li's poumons et dans le foie, les vaisseaux du cancer ne communi-
*|uer»ienl, suivant certains auteurs, qu'avec les vaisseaux nutrilirs (bron-
(^hi(|ue et hi*-paliquej et non avec les vaisseaux fonctionnels ; mais cette
opinion semble un [>eu basardiH'. i\on-seulement des artères, des capil-
Idirps et des veines, se i-encontrent dans le slronia conjonctif; mais
"Il y trouve encore des vaisseaux lymphatiques (1), ei comme ce
-tiiinia esl généralement en rapport avec le siège de la tumeur, il en
ri'Mille que le système vasculaire des néoplasies épitliéliales est très-va-
ii)l)i(!. D'ailleurs, si l'un observe que les vaisseaux sont des parties secon-
rtiiireiaenl formées et pour ainsi dire accessoii-es, il devient facile de tym-
pitndn; qu'ils peuvent être plus ou moins abondants, et de s'expliquer
'sltTidance des néoplasies êpithélialesii l'ulcération.
U composition chimique des tumeurs épithéliales n'a pas été assez
Hiiilitie pour que nous ayons à en parler; er somme, elle est peu connue,
'■' ff que l'o» en sait n'a qu'un médiocre intérêt , par la raison qne
Ij titt l'aoïiili: iSil, 5i'liriEd(!r van Jer Kulh a iltliunntrii l'eiial^nto Je taiiMAUt
iTnphUiquFi done lu cancer [DI»«CTlBtion de L«*pioiHe). Depnii c«Ue époque plusieun
'"'run gnt cnnitatc' k inùiiit fait.
I
1
hiU ANATO^ilE PATHOLOGIQUE.
les auteurs n*ont pas fait jusqu'ici de distinction entre ces néoplasies
et celles des tissus conjonctifs (voy. page 303) (4).
Les néoplasies épithéliales peuvent amener Tépaississement des pirois
de certains organes creux, comme l'estomac, l'intestin, et quelquefois
donner lieu à des phlegmasies dos parties voisines. Elles sont habituelk-
ment accompagnées d'une altération générale des tissus, qui offre la phs
grande ressemblance avec les modifications que l'âge imprime à l'écono-
mie. Le cœur est chargé de graisse et ses fibres musculaires sont sooieil
altérées ; la tunique moyenne de laorte a subi la dégénérescence gnis-
seuse; les poumons sont pâles, emphysémateux; le cerveau est petit d
anémié ; les os, friables et raréfiés, se tranchent facilement avec k oooteai,
plus rarement ils sont sclérosés ; les muscles, lisses ou striés, sont pàlei
et amincis, parfois stéatosés ; la peau est fine, écailleuse, atrophiée. C»
altérations, à peu près constantes, s'observent chez des individus qui
parfois n'ont pas atteint la quarantaine ; elles semblent donc indiquer
que le cancer est l'une des expressions de la vieillesse prématurée.
Le sang n'échappe pas à l'influence fâcheuse des affections carcino-
mateuses sur l'organisme, car s'il n'est pas prouvé qu'il soit primitif^
ment affecté, comme l'ont pensé quelques auteurs, il est impossible de
nier qu'il le soit secondairement. Les modifications chimiques subies
par ce liquide sont cependant peu connues. La diminution des glo-
bules est des plus manifestes, elle se traduit par la décoloration des
téguments et par l'état des urines qui renferment souvent, en pareil cas.
une matière colorante anormale. Quinquaud, profitant , pour do>er
l'hémoglobine, de la faculté absorbante du sang par l'oxygène, esl
arrivé à reconnaître que le cancer est l'une des maladies qui abaissent k
plus le chiffre de l'hémoglobine. Le sang présente sans doute d'autre?
modifications ; mais nous nous contenterons de signaler celles qui favi>
risent la formation des cx)agulalions spontanées, dont la genèse est ju>-
(ju'ici restée à peu près inconnue.
Évolution. — Les tumeurs ou végétations épithéliales prennent toujou^
naissance au sein, ou dans le voisinage innnédiat d'un tissu épilhéliâl:
lorsqu'elles se rencontrent dans d'autres tissus, les tissus musculaire,
osseux, ganglionnaire, etc., ce n'est jamais que comme tumeurs secon-
daires (2). Ce fait, (|ue tendent à déniontrer les recherches de Waldeyer
(1) On trouvera dans le Traité du cancer de Lcheri la plupart des analyses clii«»<**
du tissu cancéreux.
(2) Assistant à l'une des séances de la Société anatomique dans le cwurtft *
l'année 1872, je fus surpris de voir présenter uu énorme (ranglion lymphati^ve dicw.
HYPERPLASIES. 615
et de quelques autres observateurs , est entièrement conforme à notre
observation, et considéré par nous depuis longtemps comme ayant force
de loi (1).
Les tumeurs épithéliales ont un mode de développement quelque peu va-
riable suivant leur siège. A la surface de la peau, il se produit tout d abord
une sorte de bourgeon épithélial, qui va en s'agrandissant par de nou-
velles cellules provenant de la multiplication des éléments primitive-
ment formés. Peu à peu, le nouveau tissu s'étend du corps muqueux de
Malpighi dans le fond des espaces interpapillaires, pour pénétrer ensuite,
d'une façon plus ou moins complète, dans le derme, et enfin dans les par-
ties plus profondes. Mais, au furet à mesure de son développement, le bour-
geon épithélial est pénétré par un tissu conjonctif embryonnaire, au sein
duquel se produisent des vaisseaux. Ce tissu, qui passe peu à peu à l'état
adulte, circonscrit les éléments épithéliaux dans des espaces en forme
d'alvéoles, et contribue en même temps, par les vaisseaux qu'il ren-
ferme, à entretenir leur nutrition. Semblables phénomènes ont lieu lors-
([ue la tumeur prend naissance dans les follicules pileux, les glandes
sébacées ou sudoripares, en un mot dans tous les organes glandu-*
laires, le foie, les reins, etc. Par exemple, Tépithélium contenu dans
le tube enroulé de la glande sudoripare se multiplie et s'hypertrophie ;
il remplit et dilate d'une façon irrégulière ce tube dont la lumière est
obstruée, et dont la paroi propre s'amincit et disparaît, laissant des
cylipdres pleins, formés d'épithélium pavimenteux. Ces cylindres ne
tardent pas à pousser des bourgeons dans tous les sens, en même temps
il se produit un tissu conjonctif de nouvelle formation qui bour«>
geonne à son tour et tend à pénétrer le tissu épithélial, de sorte que
le mode suivant lequel l'arrangement de ces tissus pathologiques a
lieu est en tout comparable à celui qui s'observe dans le cours du déve-
loppement normal (voy. page 37). Ainsi mises en rapport avec le tissU
conjonctivo^vasculaire, les masses épithéliales de nouvelle formation peu-'
vent vivre et continuer à s'accroître au lieu de dégénérer, ce qui arri-
verait fatalement si elles étaient privées des éléments de nutrition que ce
comme atteint primitivement d'épithélioma. Après l'inspection de cette pièce, j'affirmai
Teiistence d^une tumeur de la muqueuse de l'œsophage. Cet organe fut ouvert, il pré-
sentait sur sa face interne un épithéliome ulcéré.
(1) Un certain nombre d'histologistes des plus distingués, entre autres MM. Comil etRan-
vier(Jfan. d'anat, path., 1873, part. 11, p. 377), soutiennent qu'il existe des carcinomes
primitifs du tissu conjonctif et du (issu osseux. Que la néoplasie dite carcinomateuse se
puisse rencontrer dans tous les tissus, je l'admets; mais ce que je nie absolument, c'est
qu'elle apparaisse primitivement dans un tissu autre que le tissu épithélial.
/il 6 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
tissu leur fournit. On conçoit que cet accroissement sera d'autant plus diffi-
cile que le tissu conjonctif sera moins abondant et moins vasculaire; de là
l'explication de la destruction et de Tulcération si rapides des productions
épithéliales connues sous le nom de cancroïdes, toujours plus ou moins
complètement privées d'un stroma fibreux.
Les néoplasies épithéliales atypiques, au fur et à mesure de leur
accroissement, infiltrent et remplissent les lacunes lymphatiques, ce
qui a fait croire à tort qu'elles prenaient naissance dans ces espaces. La
principale conséquence de cet accroissement est la compression et la des-
truction des tissus normaux. Les faisceaux musculaires, d'abord sépa-
rés par un tissu conjonctif embryonnaire, s'atrophient peu à peu, au
fur et à mesure de leur envahissement par les cellules épithéliales;
semblable mécanisme existe pour les nerfs dont les tubes, séparés
par les éléments de nouvelle formation, finissent par subir la trans-
formation granulo- graisseuse. Dans le tissu osseux, les éléments épi-
théliaux apparaissent au sein d'une moelle embryonnaire, détruisent
les lamelles osseuses, agrandissent les cavités médullaires, et amè-
nent, en fin de compte, la nécrose moléculaire de l'os tout entier,
comme j'ai pu m'en assurer autrefois avec mon collègue et ami
Dubrueil. Les veines ne résistent pas mieux à l'envahissement des
masses cancéreuses. Le mécanisme de la destruction des parois vei-
neuses par le cancer a été l'objet d'une élude suivie de la part de
P. Bérard, Broca, P. Sick et Cornil. Ces parois augmentent d'épais-
seur, les plans de fibres conjonctives, élastiques et musculaires qui les
composent sont éloignés par l'interposition d'amas de noyaux et de cel-
lules de nouvelle formation. Il résulte de là une saillie du côté de
la lumière du vaisseau et un refoulement de la tunique interne, une
sorte de hernie tapissée par cette tunique; puis, peu à peu cette mem-
brane est détruite et le bourgeonnement a lieu jusque dans la cavité
du vaisseau. Le courant sanguin se trouve ainsi empêché, un coagii-
lum se fornie, l'obstruction ne tarde pas à devenir complète. Dans des
cas rares où le courant sanguin persiste malgré le bourgeonnement épi-
Ihélial, il peut arriver que le champignon intra-veineux soit emporté à
une distance plus ou moins grande de son point d'implantation, et quel-
quefois jusque dans le cœur droit ou l'artère pulmonaire (embolie cancé-
reuse). Chez une femme atteinte d'un cancer des poumons, avec péné-
tration de la masse cancéreuse dans les veines pulmonaires, j'ai trouvé
dans l'aorte une masse carcinomateuse arrondie, qui provenait incontes-
•tablement de la tumeur des poumons. (Bulletin de la Société anatomique,
1859.)
HYPERPLASIES. 647
Les artères ne se comportent pas autrement que les veines, si ce n*est
qu'elles résistent plus longtemps. Or, comme dans ces vaisseaux la coagu-
lation est beaucoup plus difficile que dans les veines, il survient quel-
quefois, au moment de la destruction, des hémorrhagies abondantes
et même mortelles. Ainsi, dar^s un cas d*épilhélioma de Tœsophage,
j'ai vu mourir sous mes yeux un malade dont Paorte avait été littérale-
ment perforée par la tumeur. En résumé, les néoplasies épithéliales, con-
trairement aux tumeurs formées d'éléments conjonctifs, sont peu arrêtées
dans leur extension par les tissus qu'elles rencontrent; seuls, les tissus
fibreux et élastique leur opposent une résistance momentanée. Les élé-
ments de ces tumeurs infiltrent toujours au delà de leurs limites présu-
mées les tissus qui les entourent, et cela dans une étendue qui varie
avec la richesse lymphatique de la région affectée. Ce point est des plus
importants à connaître pour le chirurgien ; il nous apprend qu'il ne faut
jamais hésiter à porter Tinstrument tranchant au delà du mal.
Outre la propriété d'envahir les tissus voisins, les tumeurs épithéliales
ont encore le triste privilège de se propager à distance, car la néoplasie
épithéliale est toujours primitivement solitaire, et c'est seulement au bout
d'un temps plus ou moins long que surviennent des tumeurs secondaires.
Cette propagation s'opère ou par l'intermédiaire du système lymphatique,
ou parle système veineux. Les glandes lymphatiques les plus rapprochées
• de la tumeur, puis de proche en proche les autres glandes du voisinage,
se tuméfient, s'indurent de plus en plus ; si on les examine au début de leur
altération, on constate que celle-ci est d'abord partielle, et qu'elle occupe
les travées conjonctives. Comme c'est sur le trajet parcouru par la
lymphe qui vient de la région malade que se montrent les tumeurs
ganglionnaires, il en résulte que cette lymphe, soit par elle-même, soit
par les substances qu'elle a puisées dans la tumeur primitive, est la cause
productrice de l'altération ganglionnaire. Si, en effet, les vaisseaux lym-
phatiques situés entre le ganglion et la tumeur sont quelquefois solides,
remplis d'éléments carcinomaleux, de sorte que le ganglion semblerait
affecté par voie de continuité, d'autres fois, au contraire, les vaisseaux
lymphatiques intermédiaires conservent toute leur intégrité, et c'est en
réalité à un agent irritant transporté par la lymphe qu'il convient de
rapporter la formation de la tumeur ganglionnaire. Cet agent n'est-il
autre qu'une cellule ou un noyau cancéreux qui n'aurait fait que tra-
verser le vaisseau lymphatique? n'est-il qu'un débris de ces éléments,
des granulations charriées par les cellules lymphatiques? C'est la même
question qui déjà s'est présentée à propos de l'infection purulente. Or, dans
l'un comme dans l'autre cas, que ce soit un noyau, une cellule, unegranu-
LA3ICCBIAIIX. — Traité d'Anal. I. — 27
418 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
lation, la chose importe médiocrement. Ce qu'il faut savoir, c'est que le
point de départ de l'altération secondaire est dans raffection primitive.
Cependant, si Ton prend en considération la difficulté de déplacement
des cellules épithéliales, qui comptent parmi les éléments les plus volu-
mineux, et si l'on remarque que ce n'est jamais qu'après un certain
temps d'existence de la tumeur initiale que se produit la propagation aux
ganglions lymphatiques, c'est-à-dire lorsque les éléments cancéreux sont
plus ou moins profondément modiGés, il y a des raisons de croire que cette
propagation est la conséquence des modifications subies par ces éléments.
Mais, comme l'une des plus communes et des plus importantes modifications
est la formation de granulations, on est conduit à penser que les granu-
lations sont les parties qui, semblables aux ferments, produisent sur place
des lésions de même nature et de même structure que celles d'où elles
proviennent. Emportées par le courant sanguin, les granulations auraient
la propriété d'irriter au loin les tissus conjonctifs, de les faire bour-
geonner, et de transformer leurs jeunes éléments en cellules épithéliales.
Ainsi, la rapide dissémination des tumeurs mélaniques s'explique par
l'abondance et la facile absorption des particules pigmentaires, dont j'ai
pu constater la présence dans le sang d'un individu mort avec de nom-
breuses tumeurs de ce genre.
L'infection ganglionnaire constitue le premier degré, la première étape,
en quelque sorte, de l'infection générale. Celle-ci est caractérisée par l'ap-
parition, dans difl'érents organes, de tumeurs identiques à la tumeur pri-
mitive. Ces nouvelles tumeurs, ou tumeurs secondaires, sont en général
multiples et disséminées dans plusieurs points, sans qu'il y ait ordinaire-
ment de rapport spécial de circulation entre ces organes et celui qui est
le siège primitif de raltération. Toutefois, les membranes séreuses des
(cavités viscérales, dont la communication avec le système lymphatique est
aujourd'hui bien connue, et les organes auxquels aboutissent les grands-
systèmes veineux, comme le foie et les poumons, sont les parties le plus
exposées à ces métastases ; le foie, lorsqu'il s'agit de lésions du tube digestif,
les poumons, quand les membres sont affectés. Ajoutons que les tumeuiv
carcinomaleuses secondaires ont d'autant plus de tendance à se produire-
que le tissu dans lequel la tumeur primitive a pris naissance est plus vascu-
laire, et que les éléments qui la constituent sont plus jeunes. Ces tumeurs-
ont un volume qui varie depuis la grosseur d'un pois jusqu'à celle d um"
noix, d'un marron ou d'un œuf; elles sont arrondies, avec ou sans de—
pression centrale, d'une forme quelquefois un peu différente de celle dt*
leur foyer d'origine. Histologiquement elles ne diffèrent pas du tissu df
la production mère; elles sont composées des mêmes éléments, niai=^
HYPERPLASIES. 419
ceux-ci peuvent être à une période moins avancée de leur évolution.
C'est au moment de leur apparition qu'en général la maladie change
d'allure et que l'état général du malade se modifle (dyscrasie).
L'infection par les capillaires et les veines est la conséquence de la pé-
nétration du cancer dans ces vaisseaux ; elle diffère de l'infection par les
lymphatiques en ce qu'elle se fait directement et sans altération ganglion-
naire préalable. Le mode suivant lequel s'opère celle infection offre une
grande ressemblance avec l'infection pyémique, et peut lui être comparé,
bien qu'il ne soit pas prouvé que l'inoculation d'un produit cancéreux
puisse produire des lésions cancéreuses, à l'instar du pus qui, introduit
dans les tissus, détermine leur suppuration.
I^a tendance des tumeurs épithéliales à l'extension et à la générali-
sation a pour conséquence nécessaire de faciliter la reproduction de ces
tumeurs après leur extirpation, c'est-à-dire d'en amener la récidive. La
récidive des néoplasies épithéliales est un fait des plus communs ; c'est
le caractère le plus important de leur malignité. Elle se produit, tantôt
sur place, tantôt dans l'un des ganglions en rapport avec la tumeur pri-
mitive, tantôt enfin à distance, dans différents organes. La récidive sur
place, au niveau ou dans le voisinage de la cicatrice, est de beaucoup la
plus fréquenle. Elle consiste dans la réapparition plus ou moins prompte
d'une production identique à la tumeur primitive ; elle est dite par conti-
nuation, si l'ablation du mal a été incomplète; par repullulation, si cetle
ablation a été complèle. En réalité, la différence entre ces deux modes est
moins grande qu'on ne pourrait le croire de prime abord, car si, dans le
premier cas, la tumeur continue simplement à se développer, dans
le second cas, supposé qu'il existe, puisqu'on n'est jamais certain
d'avoir enlevé complètement une tumeur maligne, la récidive se produit
très-vraisemblablement suivant le mode qui préside à la formation des
tumeurs secondaires; elle est le résultat^ non pas du transport à dislance,
mais de Timbibition, par des granulations, des tissus voisins de la tumeur
primitive. Une preuve à l'appui de cette manière de voir se trouve dans
l'identité de la tumeur récidivée, comme de la tumeur métastatique, avec
la tumeur initiale. La récidive dans les ganglions est beaucoup plus rare ;
elle se produit quelquefois dans les premières semaines qui suivent l'abla-
tion de la tumeur épilhéliaie ; elle est alors l'effet certain d'une infiltra-
tion cancéreuse qui a pu échapper. D'aulres fois, elle a lieu plus tard,
après un ou plusieurs mois, et sans doute par suite d'un transport de gra-
nulations. Pendant mon internat dans le service du professeur Laugier, j'ai
vu, plus de huit mois après l'extirpation d'un cancroïde de la lèvre in-
férieure, la récidive de cette tumeur dans une des glandes lymphatiques
620 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
sous-ina\illaires. Je sais que les partisans de la diathèse ne manqueraioit
pas d'invoquer ici une influence diathésique ; mais il est clair qoe
cette influence ne peut exister dans l'espèce, puisque l'on ne voit jamiis
de néoplasie épithélialc se développer primitivement ailleurs que dans un
tissu épithélial. Donc, si la récidive a lieu dans un ganglion lymphatique,
il est de toute évidence que la tumeur primitive a dû laisser quelque
chose dans ce ganglion. Cette explication s'applique nécessairement au
récidives à distance, dans des organes ne renfermant pas d'épithélium.
Ainsi comprise, la récidive à distance n'est qu'une métastase ayant lien
après la disparition du foyer cancéreux primitif.
Les néopiasies épithéliales primitives et secondaires, au fur et à mesure
de leur évolution, sont soumises à des modifications et à des dégénéres-
cences diverses. Il s'établit, entre le tissu conjonctif et le tissu épithélial,
une sorte de lutte au détriment de ce dernier; en eflet, le tissu épithélial,
qui est le premier à végéter, est aussi le premier à se détruire. Cette des-
truction, qui consiste en une sorte de désintégration ou de métamorphose
graisseuse des cellules épithéliales, commence par le centre de la tumeur,
et de là rayonne dans différentes directions. Mais tandis que les épithé-
liums se détruisent et disparaissent, le tissu conjonctif qui forme les
alvéoles s'épaissit et revient sur lui-même, d'où la rétraction centrale des
nodules carcinomateux. Commun à toutes les tumeurs cancéreuses, ce
mode d'évolution appartient plus spécialement à quelques-unes d entre
elles, les tumeurs glandulaires, et en particulier celles de la mamelle.
Dans le cancer de cet organe, l'altération des épithéliums est parfois
si complète, et la prédominance du tissu conjonctif si considérable, que
des auteurs expérimentés ont plusieurs fois été conduits à nier l'existence
de l'élément épithélial qu'ils ne retrouvaient plus, et à diagnostiquer an
fibrome diffus, quoique cette modification ne diffère pas de celle qui
s'effectue à l'état normal dans la mamelle (1). Ainsi Billroth décrit ce
genre d'altération sous le nom de cancer cicatrisant du tissu conjonctif-
La métamorphose graisseuse, inhérente à l'essence même du cancer, se
lie rarement à une oblitération vasculaire. Quelle que soit sa cause, riofil*
tration partielle ou générale des éléments épithéliaux par des granulations
moléculaires et graisseuses donne à la tumeur une teinte jaune ou blan-
châtre, une plus grande mollesse et une plus grande friabilité. Si àlainéu-
(1) Un fait de ce genre s*est préscnic à mon observation il y a quelques jours :iid<
femme, dont un sein avait été amputé pour un cancer, fut atteinte de cette mèine êi^-
tion i l'autre sein, qui se ratatina sans s'ulcérer. Cette dernière tumeur était cooftidie^
par un tiuu fibreux ; les éléments épithéliaux avaient à peu près entièrement difpsro.
HYPËRPLASIES. 421
morphosedes cellules s'ajoute celle du stroma et des vaisseaux, on voit se
produire dans quelques cas des foyers jaunâtres ayant la consistance d'une
bouillie plus ou moins épaisse, composée de granulations diverses de cris-
taux d'acides gras et de lamelles de cholestérine. Beaucoup plus rare que la
métamorphose graisseuse, la dégénérescence colloïde est caractérisée par la
présence, au sein de la masse carcinomateuse, d'une substance homogène
transparente et hyaline, qui change la coloration et la consistance de la
tumeur. Cette substance, déposée tantôt entre les éléments cellulaires ou
conjonctifs, tantôt dans I épaisseur même de ces éléments, n'altère pas
considérablement leur vitalité ; mais elle donne lieu, dans certains cas, à
la formation de kystes qui modifient la forme et la structure de la néoplasie.
La dégénérescence calcaire consiste dans l'incrustation, par des sels de
chaux, des éléments du stroma du cancer, plus rai'ement des cellules pro-
pres de cette production. Dans quelques circonstances, ce n'est plus une
simple incrustation qui se produit, mais une véritable ossiGcation, avec
formation de corpuscules osseux aux dépens des éléments conjonctifs (car-
cinome ossifiant). Cette disposition se rencontre surtout dans le squirrhe.
Les complications dont le carcinome peut devenir le siège sont de deux
ordres, les unes phlegmasiques; les autres gangreneuses. Les complications
phlegmasiques siègent à la surface, plutôt que dans la profondeur des
masses earcinomateuses, fréquemment elles se propagent aux vaisseaux
lymphatiques (1), et sont rarement suppuratives. La gangrène est
produite par des ferments, elle survient dans des tumeurs ulcérées ou en-
flammées, et présente les caractères de la gangrène humide ; ou bien elle
est due à une obstruction partielle ou totale des vaisseaux qui alimentent
la tumeur, et se comporte comme une gangrène sèche. La tumeur, en pa-
reil cas, subit une élimination plus ou moins complète; mais le malade
n'est pas pour cela définitivement guéri, car, dans les quelques cas de
cancer véritable où il a été assez heureux pour obtenir une cicatrisation,
il n a pas toujours été à l'abri d'une récidive. L hémorrhagie, complication
non moins sérieuse, a lieu dans l'épaisseur même de la tumeur, où se pro-
duisent successivement un plus ou moins grand nombre de foyers sanguins
qui en accroissent rapidement le volume. J'ai vu un carcinome du foie qui
prit en quelques semaines, par le fait d'hémorrhagies successives et abon-
dantes, le volume d'une grosse tête d'adulte. Dans ce cas, comme dans
beaucoup d'autres, la tumeur offre à la loupe un mélange de matière
(1) Troisier, thèse de Paris, 1874. — Debove, Progrès médicai, 7 février 1874. —
M. Rajnaud, Soc, des Hôpitaux et Union médicale^ 3* série, 1874. — V. Cornil, ibid.y
1874.
&22 ANATOMIB PATHOLOGIQUI.
cancéreuse et de foyers sanguins plus ou moins allérés. QudqoefMs
rhémorrhagie se produit à la surface de la tumeur, et le sang se déverse
soit à l'extérieur, soit dans une cavité naturelle, comme les cavités diges-
tives, pleurales, etc. Deux fois j'ai trouvé la cavité péritonéale remplie pv
du sang provenant de cancers du foie. Un résultat ordinaire de la dégéné-
rescence et des complications des tumeurs épithéliales^ est roloéntion.
Cette destruction est l'un des caractères les plus constants de ces tmoeuis,
un de ceux qui permettent le mieux de les distinguer des tumeurs coa-
jonctives. Subordonné au degré de vascularisation de la tumeur, ce phé-
nomène est commun dans les tumeurs épidermiques, ob la nutrition est
toujours imparfaite, surtout dans les parties centrales.
Ces considérations générales, rapprochées de celles que nous tTons
consacrées aux néoplasies conjonctives, permettent de montra toute h
distance qui sépare ces deux ordres de formation. Les tumeurs bisaot
partie de ces groupes diffèrent : 1** par leur origine; 2* parleur slnictiire:
S*" par leur évolution et leur mode de généralisation.
Il est inutile de rappeler que le point de départ des néoplasies épitké-
liales est un tissu épitbélial, tandis que celui des néoplasies conjondives
est toujours un tissu conjonctif ; mais l'importance pratique de ce bit sr
peut être passée sous silence. En effet, s'il en est ainsi, toute tumeur
primitivement développée dans un muscle, dans un os, dans la rite, oo
dans tout autre organe formé uniquement aux dépens du feuillet moy«
du blastoderme, c'est-à-dire dans un organe qui ne renferme pas d'épilbé-
Hum, ne peut être une production épithéliale, une tumeur cancéreuse.
Par contre, toute néoplasie née au sein d'un organe glandulaire, au voi-
sinage du derme cutané ou muqueux, a des chances sérieuses pour appar-
tenir à la classe des tumeurs épithéliales. Je pourrais donner plusieurs
preuves de ce que j'avance. En 1873, je reçus à THôtel-Dieu un roaW»'
qui se plaignait simplement d'une sciatique. H était en même temps pàl^*
anémié, et l'existence d'un ganglion fortement induré dans l'aine cor^
respondant au côté douloureux me fit penser qu'il s'agissait d'une sci»—
tique symptoniatique. Effectivement, l'os iliaque était tuméfié de ce m^©**
côté, et la palpation de la fosse iliaque donnait la sensation d'une inass'"
résistante. On aurait pu supposer qu'il s'agissait d'un simple chondroim*-
car ce genre de tumeur t»st, comme on le sait, Relativement fi'équent da»^
cet os; toutefois, l'induration ligneuse du ganglion inguinal me fitsoup*
conner l'existence d'un cancer, c'est-à-dire d'une tumeur ayant son poin'
de dépari dans un tissu l'^pithélial ; et, comme l'os iliaque ne renfenu*'
aucun épithélium, je fus conduit à diagnostiquer un cancer du rectufl'
ou de la vessie. Or, le toucher rectal ne révélant aucune altération. 1*'
HYPERPLASIES% &23
'Cancer vésical fut diagiiostiqué, malgré Tabsence de désordre appréciable
du côté de la fonction urinaire. Un mois plus tard environ, le malade
avait une hématurie; il succombait, quelques semaines après, au progrès
de son mal, et présentait dans la vessie une tumeur épithéliale du volume
d'un marron. Des tumeurs cancéreuses secondaires existaient en outre
dans les os iliaques, les corps vertébraux et les côtes ; elles avaient la
même composition que la tumeur vésicale.
La composition histologique des tumeurs conjonctives et des tumeurs
épithéliales offre les mêmes différences qui, dans les conditions normales,
•existent entre les tissus de substance conjonctive et les tissus épithéliaux.
Cependant, comme ces néoplasies sont fréquemment constituées par des
tissus jeunes, leurs éléments réciproques peuvent, à la rigueur, être
confondus. Le fibrome embryonnaire globo-cellulaire est peut-être,
parmi les tumeurs conjonctives, celle qui prête le plus à Terreur ; mais les
éléments de cette tumeur, toujours plus petits que les épithéliums, sont
séparés par une substance intermédiaire, et ne sont jamais contenus,
comme les cellules cancéreuses, dans un stroma à larges alvéoles, en
sorte qu'il est facile d'arriver à un diagnostic certain.
L'évolution des néoplasies conjonctives et celle des néoplasies épithé-
liales sont d'ailleurs fort distinctes. Les premières ont de la tendance à for-
mer des végétations de plus en plus volumineuses; les secondes, au con-
traire, ont pour principaux caractères la destruction et l'ulcération. Celles-ci
se produisent par la segmentation des cellules épithéliales; celles-là naissent
par l'intermédiaire d'un tissu embryonnaire. Les unes s'arrêtent quelque-
fois dans leur évolution ; les autres ont une extension pour ainsi dire
indéfinie. Au point de vue de la généralisation et de l'infection, ces néo-
plasies ne sont pas moins différentes. Les formations conjonctives, pri-
mitivement isolées, restent telles, et si elles se multiplient, c'est toujours
dans le même système de tissus, et non, comme les tumeurs épithéliales,
dans toute espèce de tissus; de sorte que leur multiplication, qui a lieu
par l'intermédiaire du sang, est plutôt une généralisation qu'une infection
proprement dite. Au contraire, les formations épithéliales, toujours soli-
taires à leur début, ne se multiplient jamais que par suite d'une infection
ayant son point de départ dans la tumeur primitive ; cette infection se
produit par l'intermédiaire du système lymphatique.
Le pronostic des néoplasies épithéliales atypiques est des plus sérieux,
car, même dans les cas où ces altérations restent stationnaires pendant
un certain temps, elles finissent en général par prendre, à un moment
donné, une activité nouvelle et quelquefois une marche rapide. La gra-
vité de ces néoplasies est l'effet de leur tendance à produire l'infection
62(i ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
de rorganisme, à s'ulcérer, et à récidiver. Malgré la difficulté d'établir à
cet égard une loi rigoureuse, on peut cependant avancer que ces tumeurs
sont d'autant plus redoutables qu'elles sont plus vasculaires, et que les
éléments qui les composent sont plus jeunes. Les cancers cutanés oa
cancroïdes, à peine vasculaires, et formés de cellules épidermiques, sont
en elTet moins à cmiudre que le cancer glandulaire (carcinome), composé
d'élémenls jeunes et dont la vascularité est parfois luxuriante. Compa-
rées aux tumeurs conjonctives, les néoplasies épithéliales sont dune
gi*avité infiniment plus grande. Elles sont, Texpression d'une maladie
qui conduit à la cachexie, et presque fatalement mortelle, tandis que cer-
taines tumeurs conjonctives peuvent persister indéfiniment sans altérer
la santé générale de ceux qui les portent.
L'étiologie des tumeurs épithéliales atypiques est, comme celle df
beaucoup d'autres altérations organiques, entourée d'obscurités qui
tiennent en partie à la difficulté de déterminer l'importance relative
de chacun de ses facteurs. Ceux-ci sont physiologiques ou méca-
niques. Parmi les premiers, Tàge paraît jouer un grand rôle, car si
ces tumeurs apparaissent quelquefois dans la période d'état de Torga-
nisme, le plus souvent elles surviennent à Tàge de retour, pendant la
période de déchéance organique. En elTet, elles ont leur plus grande fré-
(juence entre quarîinle et soixante-dix ans, et sont très-rarement obsenée»
avant l'à^^e de trente ans (1), ce qui porte à croire qu elles sont plus ou
moins intimement liées, non pas, comme les tumeurs conjonctives, à
racrroissemenl des tissus, mais aux modifications que ceux-ci subissent
par le fait des années, et au ralentissement des excrétions. H y a lieu d**
se demander si les changements qui, à partir d'une certaine époque de !•*
vie, s'opèrent dans l'organisme, no doimont pas naissance à des compo^
ses particuliers, sorte de ferments, capables d'irriter les tissus épith***
liaux et de les faire végéter, pour peu (|u'une c^iuse occasionnelle vienii*"
exciter leur activité nutritive. Une étude chimique des tissus aux diiïéreiit^
(1) Ce failost pour nous de la plus haute imporlancc; il montre que les néoplasies con-
jonctives, alTections spéciales au jeune âge, sont absolument distinctes des néoplasies ?;>*
tliéliales,et que la connaissance de l'âge est de nature à éclaircrie diagnostic clinique de a*
affections dans un grand nombre de cas. Consultez : S. Tanchou, Recherches sur le trci-
tcment médical des tumeurs cancéreuses. Paris, 1844, p. 258; — Farr, De la fréquencf
relative du cancer dans les divers ôfjes [Journ. de chirurg. de Malgaignc, t. I, p. 368.
1843, et Dublin Journal); — K'ng, Fréquence du cancer suivant les i)yes et It^ '^^^
ihmdon med. Gaz., 1845. et Gaz. méd-, 184G, p. 275, septembre 1843); — W. Sibley,
Contriljut. to the statistics of canrrr (Med.-chirurfj. Transactions^ vol. XLII, eitnil.
London 1859)
HYPERPLASIES. i^25
âges serait certainement des plus utiles pour l'élucidation du problème,
toujours si obscur, de la genèse des néoplasies en général et des néoplasies
épithéliales en particulier (1). Thiersch remarque dans son ouvrage sur le
cancer épithélial que dans la lèvre des vieillards le tissu conjonctif dis-
pamit au point que les organes épithéliaux prédominent et que leur nutri-
tion devient prépondérante. En vertu de cette disposition, l'irritation se
manifesterait principalement par la végétation des organes épilhéliaux
(glandes sébacées, sudoripares, etc.) ; mais Billrolh objecte avec raison à
cette théorie ingénieuse que Tinfluence de Tàge se fait sentir tout aussi
bien sur tout le corps que sur une région déterminée, et qu'ainsi il faut
admettre autre chose qu'une simple modification locale des tissus.
L'existence d'une prédisposition générale est donc absolument néces-
saire pour expliquer la formation des tumeurs épithéliales, et cette prédis-
position est forcément acquise ou héréditaire. Nous connaissons peu les
conditions qui peuvent l'engendrer ; mais, quelles que soient ces condi-
tions, il est vraisemblable, comme nous l'avons dit tout à l'heure, qu'elles
résultent de la formation par l'organisme tout entier de substances anor-
males capables d'exercer à une certaine période de la vie une action spé-
cifique sur les tissus épithéliaux, à peu près comme dans la goutte nous
voyons les sels d'acide urique modifier les tissus fibro-cartilagineux.
L'hérédité (2) du cancer, que personne ne met en doute, tend du reste
à prouver cette modification générale de Torganisme, comme elle prouve
la permanence des espèces. Toutes les néoplasies épithéliales sont héré-
ditaires et, réciproquement, transmissibies, comme le démontrent les ob-
servations de Broca et un tableau dressé par Baker, où Ton voit le cancer
épithélial des téguments, chez les ascendants, se montrer chez les des-
cendants dans des glandes diverses, la mamelle, le foie, etc. Ces
néoplasies appartiennent donc à une même famille et doivent être consi-
dérées comme des qualités constitutionnelles, c'est-à-dire inhérentes à
l'individu malade, puisqu'elles se transmettent avec lui ; l'individu qui
en hérite n'est plus un être physiologique normal, mais bien un être
dégénéré. Un fait remarquable dans l'hérédité du cancer, et qui vient
(i) Peut-t'tre la mamelle et Tutérus ne sont-ils si rréquenimcnt atteints par le cancer
que parce que ces organes subissent de bonne heure les modifications de l'âge de
retour.
(2) Voyez à ce sujet les intéressantes recherches consignées par Broca dans son Traité
des tumeursy t. I, p. 149; — J, Paget^ Med. Times and Gaz.y August 22, 1857; —
J.-M. Baker, Contributions to the statistics of cancer (Med,-chir. Tvansact., t. XLV,
p. 389, 1862) ; — le même, The inheriiance of cancef^ etc. {Saint-Bartholomew's Hosp,
Rep.^ t. Il, p. 129, 1866); — Friedreich, Beitrag zur PathoLdesKrehses{Arch,fùrpath.
Anat. wid Physiol., août 1866 (transmission du cancer d'une mère à son enTant).
&26 ANATOVIB PATH0L06IQUK.
à Tappai de Tidée d'un étal constitutionnel, d'une dégénéresoenoe, c'en
la santé parfaite dont jouissent pendant de longues années la|dapiit
des personnes qui apportent en naissant le germe de cette maladie. Les
Taits de ce genre ne peuvent être niés ; ils sont de pratique joumalière,
et se rappcNTtent non -seulement au cancer, mais encore k beanoouf
d autres maladies, ce qui doit nous conduire à admettre des races patko-
iogiques, les unes transmettant le cancer, les autres, d'antres manifesta-
tions locales, le tubercule par exemple.
Il résulte de statistiques nombreuses (1) que les tumeurs épithéliales ont
pour siège le plus habituel Tutérus et la mamelle chez la femme,
la face et les lèvres chez l'homme, enfin Testomac, le rectum, c'est-à-dire
les imrtics les plus exposées à l'action des agents extérieurs. Cependiol
il serait téméraire d'accuser le traumatisme de produire ces lésions, quand
on n'est jamais parvenu à les faire nattre par ce seul moyen. D*ail-
leurs, le nombre des individus qui voient le cancer succéder à un ooop
ou à une chute est relativement faible. Le traumatisme n'est donc id,
comme dans les néoplasies conjonctives, qu'un agent de localisation
morbide, une simple cause occasionnelle, c'est-à-dire qu'il ne peut rien
sans une prédisposition spéciale, individuelle, locale et générale. Soùr
seulement les agents traumatiques sont impuissants à produire le cancer,
mais l'inoculation ou l'injection d'un produit cancéreux sur un animil
de même espèce ou d'espèce différente ne réussit pas à engendrer cette
grave maladie.
La question de linoculation du cancer a depuis longtemps préooco|r
les esprits. PejTÎlhe, en 1773, introduisit sous la peau d'un chien environ
2 gros de matière oxpriniée d'une mamelle cancéreuse, mais il ne semble
pas qu'il ail observé d'autre effet qu'une gangrène et qu'une ulcératiofï
locale, sans reproduction de la tumeur. Dupuytren fit avaler à des chiens
des portions de tumeurs cancéreuses et pratiqua des injections de put-
cancéreux dans les veines, le tout sans reproduire de cancer, .\libcr*
essaya sur lui-même des inoculations cancéreuses, mais ses expérience^
n eurent heureusement aucun succès ; il en fut de même de celles de Bieit -
Lenoble cl Fayet. La question semblait résolue, lorsque des injections d»*
suc cancéreux, pratiquées dans les veines de plusieurs chiens, daborci
par Langenbeck et ensuite par Leberl et Follin, donnèrent à ces auteur=^
une apparence de réussite, en ce sens que les animaux injectés présen —
tèrent à l'autopsie, dans les poumons notamment, des productions qiB ■
(1) Voyei s, Tanchou, Hech. fiir le traitement méd, de* tum, cancéreuses, Piri*. 181 4 •
p. 258.
HYPERPLASIES. 427
ne manquaient pas d'analogie avec les tumeurs cancéreuses. Toutefois,
dans le fait de Langeubeck, les noyauK des poumons offraient plus de
ressemblance, d'après Virchow, avec les formes du cancer spontané, tel
qu'il existe chez le chien, qu'avec les éléments du cancer humain. L'exa-
men microscopique fit reconnaître l'existence de cellules cancéreuses
dans les tumeurs pulmonaires du cas de Lebert et Follin ; mais ce dernier
observateur remarque judicieusement qu'un seul fait, en pareil cas, ne
prouve rien, car il se pourrait parfaitement que le chien eût été cancéreux
auparavant. Quelques expériences de 0. Weber ne démontrent pas mieux
la transmissibililé du cancer de l'homme aux animaux. Billroth, à son
tour, essaya à plusieurs reprises de transporter aux animaux le sarcome
ou le cancer épithélial de l'homme, soit par injection de suc cancéreux
dans les veines, soit par inoculation, et n'eut également que des résultats
négatifs. Lebert et 0. Wyss n'ont pas été plus heureux avec l'injection des
sucs frais du carcinome, du sarcome et du cancroïde. Leur travail a servi
à montrer combien, dans des observations de ce genre, il était facile de
se tromper, en prenant pour des tumeurs reproduites ou greffées des
lésions dues à des phénomènes d'infection locale ou générale par des
éléments agissant comme corps étrangers ou substances septiques. Gou-
jon, dans des tentatives de greffe des tumeurs de l'homme sur des ani-
maux, observa chez un cochon d'Inde, au point d'inoculation d'une tu-
meur encéphaloîde de la mamelle, une tumeur bilobée, adhérente à la
peau, et qui lui parut formée de cellules épithéliales ; mais il n'y eut aucune
généralisation du produit, et on peut douter que la néoplasie ait été réelle-
ment greffée. Cet expérimentateur obtint un résultat plus remarquable
en greffant sur un cochon d'Inde une portion de cancer épithélial pro-
venant d'un animal de même espèce ; les meilleures conditions étaient
remplies, il ne s'agissait plus de tissus ou d'éléments appartenant à des
espèces différentes. A l'autopsie, on trouva une tumeur du volume d'une
amande au point d'inoculation, et, dans tous les viscères, des noyaux can-
céreux ; toutes ces tumeurs s'étaient développées en quinze jours. Cette ex-
périence, dans l'hypothèse où il n'y aurait pas d'erreur sur la nature des
tumeurs observées, semble démonstrative ; cependant, bien qu'un fait
négatif ne puisse jamais annihiler un fait positif, je dois dire que Doutre-
lepont, se plaçant dans des conditions assez semblables, n'a pu parvenir
à transmettre, soit par inoculation, soit par greffe, chez le cochon d'Inde,
le lapin ou même le chien, un cancer épithélial spontanément développé
dans la mamelle d'une chienne. Goujon pratiqua encore des inocula-
lions de matière mélanique provenant soit de tumeurs pathologiques,
soit de la choroïde, et le pigment, après avoir pénétré par infiltration
&28 ANàTOMIE PATHOLOGIQUE.
dans un grand nombre de ganglions, lui parut se généraliser, el dercnr
le point de départ d'un nouveau dépôt de pigment. Mais ces recherdMs,
qui peuvent rendre compte de ce que Ton observe dans certiiai
cas de mélanose de l*homme (voy. fig. 138), ne conduisent pas à des dé-
ductions sérieuses par rapport aux tumeurs cancéreuses. Les grannhtiov
pigmentaires ne représentent pas un élément anatomique figuré, et k
cancer mélanique, chez Thomme, ne parait pas devoir sa malignité i la
présence du pigment, mais aux éléments -épithéliaux ou sarcomatm
qui sont le siège de l'infiltration pigmentaire. D'ailleurs, Lebertct
0. Wyss, ayant injecté dans le tissu sous-cutané de la nuque de plu-
sieurs lapins du suc provenant de tumeurs mélaniques de la peau etd«
ganglions d'un cheval, trouvèrent chez l'un d'eux, sous le point d'inocs-
lation et dans le voisinage, des néoplasmes semblables à ceux de la tuba>-
culose. Ces néoplasmes, dont les uns renrermaient la matière mélaoiqiie
de l'inoculation, tandis que les autres n'en présentaient pas de trace, |
étaient formés par un tissu conjonctif proliférant, jeune; dans aucun cas
l'infection ne se propagea au loin. Enfin, Ilp-ert a pratiqué sans socoès
dix expériences de greffe et d'inoculation du cancer de l'homme au lnjai
Par conséquent, les tentatives faites dans le but de savoir si le cancer est
transiAissible aux animaux ont la plupart du temps échoué, et dans les
quelques cas où Ton put croire à une réussite, il est vraisemblable qu'on
a eu affaire à des néoplasmes inflammatoires ou à des tumeurs cancéreuses
spontanées, et cela d'autant plus que les chiens, sur lesquels les expériences
ont été le plus souvent pratiquées, sont, comme on sait, très-sujets aa
cancer. Quant à la transmissibilité du cancer de lanimal à un animal de
môme espèce, elle repose sur des faits qui ne sont ni assez nombreux,
ni assez précis pour qu'elle puisse être définitivement admise (1).
Une étude p:éographique du cancer envisagé dans ses rapports avec W*
climat, le genre d'alimentation et les coutumes des différents peuples^
serait certainement de nature à nous renseigner sur l'étiologie de cetl*?*
néoplasie. Malheureusement, nous possédons sur ce sujet des document^
fort incomplets, à peu près uniquement relatifs au cancer épithélial dc^
lèvres, et qui ne peuvent jeter qu'une faible lumière sur le problème.
Le cancer se rencontre chez la plupart des peuples qui habitent i^^
régions du Nord ; il a été observé au Groenland, et il est assez fn^queï*
^1) Le docteur Reinccke a publié deux cas de cancer abdominal, traités par la par^
centèse, terminés par la mort, et dans lesquels on a trouvé des tumeurs cancéreuses ^^
le trajet parcouru par le trocart. Ces tumeurs, il les attribue a la contagion directe, m <*-
il 7 a bien plutôt lieu de croire que cette localisation a été déterminée par le traun^ ^
iisme {Archiv f, pathoiog, Anat, und Physwlog , t, LI, p. 39i, 1870).
HYPERPLASIES. ^29
dans rAmérique anglaise, où on Tattribue à Thabilude de fumer (1). Son
existence est depuis longtemps signalée au Kamschatka (2) ; il se rencontre
en Suède, en Norwége et dans le Danemark. Au contraire, Panum (3) pré-
tend n*en avoir vu aucun cas dans les lies Féroé. Cette altération est com-
mune en Angleterre et en Allemagne. En France, elle existe avec un degré
de fréquence variable ; il est des départements, celui des Vosges (6) par
exemple, qui, sous ce rapport, sont malheureusement privilégies (5). Le
cancer se trouve dans plusieurs points de la Russie, notamment à Sa-
mara (6). Certaines contrées de l'Asie ne sont pas exemptes de cette affec-
lion : Day (7) et Turnell (8) signalent sa fréquence dans Tlnde. Cependant,
à Calcutta, jsur la côte de Malabar, le cancer serait, d'après Walshe,
relativement rare, comme aussi dans les hôpitaux de Ilobart-Town (Aus-
tralie). On sait qu'il est commun chez les Chinois, et Mondière (9)
dit l'avoir rencontrée chez les Annamites. Peu fréquent en Turquie, le can-
cer est très-rare en Arabie et en Egypte (10); il n'existerait pas en Abyssinie,
suivant le docteur 11. Blanc (il). Au contraire, Bertherand (12) l'aurait
observé chez les indigènes de l'Algérie. Girard et lluard (13) font men-
tion de son extrême rareté chez les nègres du Congo et au Sénégal ;
Livingstone(16) prétend qu'il est inconnu chez les Bechuinas. D'autre part,
Landry (15) ayant rencontré le cancer chez toutes les races qui habitent le
Canada, excepté chez les Indiens, on est conduit à attribuer la rareté de
cette affection à l'état sauvage de certains peuples. D'ailleurs, il est établi
que le cancer, parmi nous, est plus commun dans les villes que dans les
campagnes (16). Cette maladie serait enfin relativement rare dans l'Amé-
rique centrale, dans les Guyanes, au Mexique et au Pérou.
(i) Mcyer Ahrens, Vierte^j'afirschrift, t. LIV, p. 121.
(2) Annales des Voynge^^ t. XXV.
<3) Panum, Bibliotek for lAger, 1847, t. I, p. 311.
(4) Michel, de Strasbourg, Arch. génér. de mid.^ 1853, t. I, p. 501.
(5) Inutile de faire ressortir ici l'importance d'une étude géographique bien Taite des
maladies de notre pays.
(6) Ucke, UeberdasKîima unddie Krankheit. der Sladt Samara. Berlin, 1863, p. 212.
(7) Day, Madras Quart, joum, of Med,^ January 1862, p. 37.
(8» TurneU, ibid,, July 1863, p. 182.
(9) Mondière, Bulletin et Mémoires de la Société d'anthropologie^ 5 fév. 1874.
(40) Union médicale, 4 nov. 1869, p. 651.
(11) Gaz. hebdom, de méd. et de chirurgie, 1874, p. 331.
(12; Médecine et Hygiène des Arabes, p. 408, Paris 1855.
(18) Bulletin de la Soc, d'anthropologie, 1860, p. 524.
(14) Bulletin de la Soc, d'anthropologie, t. I, p. 237, 1860.
(15) Ibid,, t. Il, p. 16, 1861.
(16) S. Tanchou, Recherches xur le traitement médical des tumeurs cancéreuses du sein,
p. 261, Paris, 1844.
UO ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
En résumé, le cancer est beaucoup plus fréquent en Europe el ei
Asie qu'il ne Test en Afrique ; il est commun en Amérique^ eieqNé
chez les Indiens vivant à Tétat sauvage. De ces données, un point nàt
acquis : le cancer est, comme la phthisie, une maladie des peopb
civilisés, car sa fréquence paraît suivre les progrès de fat dvilin-
tion. On sait, du reste, que les animaux habitués à vivre à l'éU
sauvage, et que Ton vient à renfermer dans une ménagme, démi-
nent assez généralement phthisiques ou cancéreux. Sous l'infliMiitt
de la domesticité, d'un exercice musculaire insuffisant, d'un air imiNr,
la nutrition générale est troublée, et la maladie se développe. En outie,
il est digne de remarque que les peuples chez lesquels le cancer esteon»
mun sont précisément ceux qui se nourrissent de substances anléei
(poissons, viandes), tandis que ceux chez qui il est rare vivent plus spé-
cialement de substances carbonées (végétaux). L'alimentation semUmit
ainsi n'être pas entièrement indifférente à la production du cancer, d'to-
tant plus que certains vétérinaires, Leblanc (1) est de ce nombre, prétendeot
que le cancer est plus fréquent chez les carnivores que chez les herUvoics.
Néanmoins, il nous faut reconnaître que cette dernière opinion est cob-
battue, et que l'on voit des chiens n'ayant jamais mangé de viandedemir
cancéreux ; par conséquent, nous conclurons que la domesticité et ks
mauvaises conditions hygiéniques qui lui sont inhérentes , plus encore que
l'alimentation, doivent contribuer à la genèse des affections cancéreuses.
Constituées par l'hyperplasie déréglée et indéfinie des éléments épithé-
liaux, les néoplasies qui nous occupent présentent autant de formes
distinctes que ces éléments eux-mêmes ; il est donc naturel de les grouper,
suivant les caractères des épithéliums, sous trois chefs principaux •
1*^ les néoplasies à épithélium pavimenteux ; 2^ les néoplasies à épithê'
lium cylindrique ; 3^ les néoplasies à épithélium sphérique ounéoplasie>
glandulaires.
i" Néoplasies du (issu épithélial pavimenteux, Epithéliomes pavimentenr-
— Le tissu épithélial pavimenteux, quelquefois composé d'une seuU'^
couche de cellules polygonales (face interne de la choroïde et de Tiri»^
conduits glandulaires, conduits interlobulaires du foie, etc.), est le pla^
souvent formé de couches successives et plus ou moins épaisses de cellule^
disi)osées à la surface du derme cutané et de celui des muqueuses qu '
s'en rapprochent le plus, à savoir : la conjonctive oculaire^ la umqueus**"
des fosses nasales, celles de la cavité buccale, du pharynx, de l'œsopliap**
(1) Bulletin de tAcad, de tnéd, iSbb, discussion sur le cancer.
HYPERPLASIES. 431
des cordes vocales, des organes urinaires et des organes génitaux de la
femme. Les cellules qui reposent immédiatement sur le derme cutané
ou muqueux sont relativement petites, arrondies, quelquefois allongées,
ovalaires, de 0"",006 à 0"",015 de diamètre, avec un noyau vésiculaire
de O'"",005 et moins ; elles sont soudées entre elles sans substance inter-
médiaire, et quelques-unes renferment des granulations pigmentaires.
Ces cellules, en se développant, présentent des saillies ou dentelures qui
s'engrènent avec les saillies des cellules voisines, comme deux brosses
serrées l'une contre Tautre (iM. Schuitzej. Plus lard, elles se dessèchent,
s aplatissent, deviennent cornées, écailleuses, et mesurent de 0"'",022 à
0,065"". Si ces dernières cellules, qui constituent la couche cornée de
I epiderme, n'ont aucune tendance à végéter, il n'en est pas de même de
celles qui forment la couche profonde, ou réseau muqueux de Malpighi.
(>elies-ci sont, dans quelques circonstances, le point de départ de for-
mations pathologiques que nous désignons sous le nom d*épit/iéliome
pavimenteux (1).
L'épithéliome pavimenteux, l'une des formes les plus communes
de la carcinose, a été spécialement étudié depuis les recherches micro-
scopiques, et surtout depuis l'année 1844. Cette aiïection, qui peut siéger
imrtout où existent des cellules épithéliales pavimenteuses, se ren-
contre habituellement à la peau, au niveau du point où ce tégument
se continue avec les muqueuses (lèvre inférieure, pourtour de l'ori-
fice des narines, des paupières, de l'oreille, de l'anus et des organes
génitaux des deux sexes), plus rarement sur les muqueuses, où elle
affecte de préférence le col de l'utérus et l'œsophage. Elle débute par
une crevasse, une fente, une excoriation indurée, une sorte de verrue, lé-
sions en apparence insigniGante, mais qui, après un temps plus ou moins
long, s'étendent en largeur plutôt qu'en profondeur, et finissent par s' indu-
rer sur leurs bords. Par son développement ultérieur, cette végétation par-
vient à engendrer des saillies plus ou moins nettement limitées, ayant tan-
tôt une apparence papillaire, la forme d'un champignon et une surface
suintantes, tantôt la forme d'une induration bosselée au centre de laquelle
ne tarde pas à se produire un ulcère cratériformc, laissant échapper un suc
blanchâtre, mêlé ou non à des globules de pus. Cet ulcère, plus ou moins
étendu, se creuse peu à peu, reste grenu et conserve une teinte blanchâtre,
ou bien il se couvtc de granulations d'un rouge sombre ou grisâtre. En gé-
m
(1} Cette alTection a reçu des noms fort différents : Noli me tangere, chancre malin,
ulcère chancrcux, ulcère rongeur, cancer cutané, cancer faux (£cker)^ épithélioma
(Hannover), cancroïde (Lebert), cancer épithelial, etc.
/l32 AN.\TO»l[E PATnitl.OCIOI'E.
iitiral, il se fait remarquer par sos bords sinueux, indurés, aplalis ou nHrvib-
ses. souvent renversas pomme les bords d'un chappau [voy. Atlatd'mvl.
pttlhol., parLancereauxet Laciierbauer, pi. 56, tig. 3),TiU(iu tntlsurTiiin
un goiillemcnt des ganglions les plusrapprocbM
de la région malade, lesquels s'indurent et se fu-
sionnent entre eux ou môm>; avec la tumrar
primitive Puis la destruction locale ga^«i
prorondeur, alTecte les tissus sous-jaccnts ■ ti
peau et aux muqueuses, attaque les os, non-
seulement ceux du cn\ne el de la face, mti)
auss! ceux des membres (tig. i5ii}, el qorl-
qiit foib des vaisseaux volumineux, comnitie
I II Ml pour l'aorte, dans un cas d'^-pilh^lioRir
lU Iflpsophage (fip. 15d)ou encore les nerfs-
1 Naminée sur une coupe, cette produclioua
I ispeci d'un tissu blanc, mat, ^renu. bomo-
pi lie résistant, mais sans élasticité. Furl«fitnil
I (imprimée entre les doigts, elle laisse sourJir
un suc plus nu moins épais, une sorte de bonil-
lie lilancbAti'e et des cylindres ou gninMWH
M iniiculaires comme le sébum épaissi d'une
-I mile dilatée de la peau. Vue au mi4^ruMopr>
I I lt( bouillie est composée de grosses cetbl««
plates, de détritus moléculaires, quelquefois*'
irislauvdecbolestérineel, enfin, de globe* wl"
lulaires qui paraissent entourés de fibres rmi-
«■«ntriques [globes ^idermiques).
Ijl composition bistologique do celte iw»-
plasie comprend de.s cellules épilhi^lialesiMvi-
menleuses, plus ou moins volumineuses, et un
stroma à larges mailles. Soudées entre etif*. 1"
cellules forment desamas ou tlots, plusou nnii»
réguliers, allongés ou arrondis. Quelqiwf«'
petilrset cylindriques, sonvent un peu pîim«-
Fie. 154.— Parlio îiilériouPB ^ ,".,.., ... _^
d'un tibia cnvnhi et en partie ti^^ n la pénpberie, elles sont disposée* p«îpt^
détruit p»r on ^{tiiUliome djculairement au stroma, et renferment»»
cutané [0)l\. ou D' PÉnn;. n . ■ u
noyau manifeste ; celles qui vienurni jMIïUW
sont cul)iques, rbomboïdales, plus volumineuses que les précédcnl», ri.
eomme elles, munies d'un noyau apparent, avec un nucléole, l^wcelhil**
les plus intérieures, aplaties, (iliroïdes et souvent dé|H>nrvues de nojiw.
w
\\
HYPKRPI,\SIES. iS3
ponslîlwpnt enfin, dans quelnues cas, dos couches disposées conccnlri-
(|uempnt, h la façon des feuilles d'une liHe de chou, autour d'une pailie
^^ceatrale incolore, hotnogtne ou eonlcnniit des uoyaus (glolws épîdcr-
^■Éiquos) (Hg. 156}. Le stroma, peu abun-
^H^t, est constitué par des nojaux libres,
^^è petites cellules rondes et des vaissenut
ec {{encrai peu nombreux (tissu conjonctif
embryonnaire), ou par uu tissu conjonctif
scieulô et lîbrillaire. Tel est répilliélioiiK'
Idulte.
i Dans un certain nombre de cas, au lieu di'
irgescellulescornées.lestunKtursfiépitlir'-
i pavimenteux ne renferment que des
rilulos petites, jeunes, ayant au plus [c
e dfi répithélium qui tapisse les ca-
lux de l'urine. Ces cellules sont fornii}es
tlao noyau volumineux, entouré d'une
lible couche de protoplasma, et analogues
l celles qui forment la couche la plus
Inférieure du réseau de Malpij^hi. Soudées
eutrt! elles, sans substance intermédiaire,
elles forment des tratuécs plus oa moins
longues, et figurent des tubes cylindri-
ques lia forme acineuse ou gliiiidulaîre
. *>pithéliome tubulé). Le stroma conjonctif
qui limite ces tubes renferme des vais-
seaux peu abondants.
C^s deux formes de l'épithéliume pavi-
ttnteux ne différent en général que par l'Age des éléments. Elles peuvent,
me et l'antre, s'étendre aui ganglions, et quelquefois même aux
Iganes internes; mais l'épilhéliome embryonnaire ou tubulé est beau-
up plus apte à se généraliser que l'epithélrome adulte. Toutefois, ce
rait une erreur de croire que ce dernier est incapable de donner nais-
■ce à des tumeurs secondaii-es. Dans un cas de cancroîde ulcéré de la
B inférieure, de la face et de la partie supérieure du cou, observé par
ri| le diaphmgme contenait, prés de son centre phréuiquc, une petite
meur aplatie, du diamètre d'une pièce de un franc, composée de cellules
i^pilhélîales pour la plupart cornées et de globes épiderniîques.
A côté de ces formes purement anatoniiques nous placerons quelques
[étés h la fois cliniques et anatomo-palhologiques ; ce sont : l'êpilhé-
I.JUCCMEACI. — Trait* iIMniil. [, ^ 28
a. l&â. — £)iiihtiii)n)e de l'imu-
pliage. Cet oqgi'nv ce, oiivrrl en
vriâra <>', luItM voirtai' » tafe-
inlernc deux musoi i|>illièl laïcs
cp ilonl l'une eit travcmle par
Ir nerf récurrent lin itiei «talitti
nn' (Allai (fanal, piilli.).
ftSft ANATOMIB PAtHOLOGIQOB.
liome cicatrisant ou atrophique, le choléastome ou épithéliome perié,
le inélanome ou épithél iome inélanique. L'épithéliome cicatrisant occupe
habituel lement la peau de la Tace des vieillards et, comme la plupart des
néoplasies des personnes âgées, il se fait remarquer par ud accroisse-
cjlindfei I
ment lent et une régression rapide de ses éléments cellulaires à la-
quelle succède une sorte de cicatrice centrale Celte disposition qui se
retrouve dans l'épithéliome glandulaire, est pour ainsi dire caractcristiquf
du cancer ; elle est la conséquence de la dégénérescence plus complèle de»
cellules épithéliales au centre de la tumeur.
Le choléastome se présente à la coupe sous la Torme d'une tumeur en-
kystée ou lobulée, sèche, d'un blanc brillant ou miroitant; il est consti-
tué par des cellules très-délicales, aplaties, incolores, de forme ronde ou
polygonale, ordinairement dépourvues de noyaux, placées a)te à «ite
d'une manière très-régulière, et auxquelles s'ajoutent quelquefois des
cristaux de choleslérine. Un examen attentif de cetle altération conduil
à reconnaître qu'elle doit ses principaux caractères aux éléments épider-
miqucs, qui restent stationnaircs par suite de leur transformation en cel-
lules cornées. Entre les amas perlés, plus ou moins complètement séparés
les uns des autres, existe un tissu conjonctif dense, peu ou pas vasculaire.
L'épithéliome mélanique, beaucoup moins rare qu'on ne le croit généra-
lement parce qu'on le confond avec le fibrome mélanique, a pour point
de départ tanl6t la couche de cellules épithéliales qui constitue le
HÏPERPLASIES. ?l35
au de Malpighi, tantàt répithi-liuni pigmenlti de la fare interne du
yslème irido-choroïdicn. A la peau, celte altiTation prend jrpnéralemeni
aissaDw au nivenu dos calus, des verrues, ou des na-vi vaseulaires, cl
'observe surtout à la plante des pieds, au scrotum, à la face et aux pau-
lîères. Elle se présente sous la forme de tumeurs qui ont la consistance
le l'i^pilbélionie oniinaire, et qui luibitueltemeiit se ramollissent et s'ul-
Pèrenl avant d'avoir acquis un volume considérable (lift. 157). Hi' reinlc^
. — Épilhéliomo mélnnîqup de la région malaire propagÉ aux ganglions lymi^lia-
foiaîDB. L'obiortalion de ce fait, qui m'est pcrionnelle, te trouve rapportée dans
« du docteur Heurlaux. Le deigin a étË pris par le docteur Péan.
» OU sépia, CCS tumeurs sont composées de cellules épithéliales, les
I nucléées, les autres sans noyaux et rendues tout û fait opaques
Fdes granulations pipinenLiircs semblables au pilent qui infilire
W cellules du réseau de Malpi^hi. Quelquefois même, par suite de In des-
es cellules, les granulations sont libres au sein de lu tumeur,
légale répartition dans différents points donne h c«lle-ci un
t diversement coloré et marbré. Cette altération, qui commence
«tubercules saillants, durs et colorés en brun, ne larde pas h
ir les ganglions lynipbatiques et les organes intcrtics. Opendanl,
I ens f]ui m'est personnel, rinfectioti dépassait à peine les ^lande^
Utiques de la région, après une durée de six années ffîg. 157;,
â
A36 INATOUIE PATHOLOGIQUE.
Les tumeurs mélRiiiques épithcliales de i'œil sont inlra-oculaires, dkis
ont poui' point dt; départ les couches épithéliales de la choroïde ; par conUr.
les tumeurs pigineiKées qui naissent sur la face externe de cet orpw
sont des libronies embiyonnaires (sarcomes). Situé dans la proftmdev
de l'œil, répithéliome mélanique [carcinome mélanique dos auleon)
forme des saillies plus ou moins volumineuses, qui ont pour résultat de
décoller la rétine et de comprimer le corps vitré, laissant la choroidti
peu près intacte, à part le point d'implantation de la tumeur. Qaai
elle remplit la cavité oculaire, cette tumeur fait disparaître la rétine pu-
atrophie, repousse le cristallin vers la cornée, amincit et perfore la sclé-
rotique, et fait à l'extérieur une saillie en forme de champignon, souret
d'bémorrhagies fi'équentes; ou hien elle se propge par le nci^opliqnr,
du côté de ladure-mmetde la cavité crânienne (Robin). En somme, ar-
taines tumeurs mélaniques de la choroïde, que plusieurs auteurs font pro-
venir du tissu conjonctif et considèrent comme des sarcomes (fibrume
embnonnaires), sont envisagées avec raison par Ch. Itobin comme des
formations épithéliales. Elle sont composées, suivant ce professeur, de cel-
lules juxtaposées, bipyramidales, possédant un ou deux noyaux oTotiki.
clairs, non grenus, avec un ou deux nucléoles brillants, et disposées eu
forme de papilles.
Quelle que soit leur origine, les épithéliomcs mélaniques ont la plm
grande tendance à se généraliser. Ceux qui affectent la peau s'étendenl
tout d'abord aux glandes hmphaliqucs de la région, avant d■envahi^l'^
autres organes (fig. 157). Ceux de l'œil affectent indifféremnienl If
rappruchfes de la
foie, les reins, les poumons, le cœur, les vaisseaux, les glandes Ijmplu-
îiques, le tube digestif, les ovaii-es, etc. Chaque tumeur secondaire fK-
sente les caractùres de In tumeur primitive, c'est-ii-dire qu'elle est tonsliliWf
par des cellules épilhéliales, semblables à celles qui forment cette demiiw-
HYPERPLASIES. /i37
Quelquefois, cependant, les métastases de ces tumeurs sont uniquement
composées de granulations pigmentaires déposées dans les éléments nor-
maux des organes, comme le montre la figure 158. Sur cette figure on voit
une petite tumeur cutanée (r) de la région antérieure de la jambe, formée de
cellules épithéliales (b), et, à côté, une portion de lobule hépatique (a) dont
les cellules propres sont infiltrées de granules pigmentaires dans tout le
pourtour de la veine centrale. Des granulations semblables se rencontrent
encore dans les cellules hépatiques sur plusieurs points de la circonférence
des lobules (voy. Atlas d'anal, path., par Lancereaux et Lackerbauer, pi. 9,
fig. 3, 3' et 3"). Ranvier a communiqué un fait de ce genre à la Société
micrographique, et pour mon compte j'en ai observé deux autres. 11 est
bien évident, d'après ces faits, que certaines tumeurs mélaniques secon-
daires ne sont pas dues à un déplacement de cellules, mais simplement
à la fixation de granulations pigmentaires dans des éléments hislolo-
giques normaux. D'ailleurs, dans un cas observé en commun avec notre
ami Dubinieil, il nous a été possible de constater la présence de ces granu-
lations dans les vaisseaux lymphatiques de lajambed un homme qui por-
tait une tumeur mélanique au pied. Ces tumeurs, toutefois, ne sont pas
pour cela le simple effet d'un transport ; il est plus vraisemblable que les
granulations déplacées, comme celles que l'on injecte, à l'état frais, sous
la peau des animaux (1), sont susceptibles d'augmenter de quantité, de
façon à former des taches, sinon des tumeurs plus ou moins étendues.
Le mode suivant lequel se produit le pigment pathologique n'a pas man-
qué d'occuper l'esprit des observateurs, mais il importerait avant tout, si l'on
veut s'en faire une idée juste, d'être préalablement fixé sur le phénomène
physiologique, c'est-à-dire sur l'origine du pigment des cellules qui compo-
sent le réseau muqueux de iMalpighi, et des cellules choroïdiennes. Ce pig-
ment est-il une élaboration spéciale des cellules? Provient-il du sang? Les
observations depuis longtemps faites sur les chevaux paraissent indiquer
que, dans la mélanose conjonctiveau moins, il ne s'agit pas d'un phénomène
purement local, puisque ce sont presque toujours des chevaux blancs et
gris chez lesquels se développe cette affection. Cependant il est difficile de
tirer pour l'homme des conclusions de ce fait, car, dans nos climats, ce sont
(1) Goujon a trouvé qu'au bout d'un ou deux mois la quantité de matière noire ,
îflsoluble dans l'acide suirurique, peut être supérieure de dix fois au moins à celle
qui a été injectée. Tout d'abord , une ou plusieurs tumeurs mélaniques se produisent
au niveau du point injecté, et ensuite les ganglions lymphatiques voisins, puis ceux
qui sont éloignés, augmentent de volume et montrent des granules pigmentaires libres
ou contenus dans des cellules épithéliales. Comptes rend, et mém, de la Soc, de biologie,
juin 1867, et Gaz, des /top,, 25 juUlet 1867.
^38 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
les personnes brunes qui paraissent le plus souvent atteintes de cancer
mélanique, bien que cette affection ait été fort peu observée chez le nègre,
puisqu'il n*en existe jusqu'ici, à notre connaissance, qu'un seul cas au-
thentique. Eiselt ayant remarqué, chez les individus atteint de mélanose
Texistence d'une urine noire, ou tout au moins brunissant à Tair, ou par
l'addition d'acides, lloppe-Seiler a montré que cette urine était trës-ricbe
en indican, mais qu'elle présentait simplement la propriété de noircir k
un plus haut degré que l'urine ordinaire; eu d'autres termes, qu'elle
ne contenait pas de matière colorante spécifique. Il n'est donc pas pro-
bable, d'après cela, que la coloration de Turine ait une connexion
réelle avec la formation des tumeurs mélaniques ; et, du reste, Tideatité
de la matière colorante de l'urine et de la matière colorante de l'épithé-
liome mélanique n'a pas été constatée. D'un autre côté, comme il est de
règle de voir cet épithéliome prendre naissance au niveau et vraisemblable-
ment aux dépens d'éléments renfermant de la mélanine, il y a lieu de
croire que la formation de cette substance est, dans ces cas au moins,
la propriété de ces cellules.
Au point de vue de l'hérédité, les tumeurs mélaniques ne diffèrent pas de
toutes les autres tumeurs épithéliales. Il en est de même en ce qui concenif
les conditions d'âge, car elles sont spéciales à l'âge adulte et à la vieillesse.
Evolution, — L'évolution de l'épithéliome comprend plusieurs poinb
le mode d'apparition, l'accroissenient et les modifications ultérieures. Il
naît en général dans la couche profonde du corps niuqueux de Malpighi:
le cul-de-sac ou enfoncement interpapillaire s'agrandit et produit dt^
renflements en massue, qui s'avancent dans la profondeur, et pénètreul
dans le derme par l'apposition de nouvelles cellules épithéliales fonnêt'>
par la segmentation des cellules anciennes. En même temps que le>
éléments du tissu épithélial se multiplient, le tissu conjonctif du voisina^'e
passe à l'état embryonnaire, bourgeonne à son tour, de telle sorte quil
se produit entre ces tissus de nouvelle formation une pénétration réci-
proque, semblable à celle (jue l'on observe pendant le cours du dévelop-
pement embryonnaire. Ainsi se constituent des îlots de cellules épithéliale>.
circonscrits par des travées conjonctives, et se forme, non pasunsirapi'
tissu, mais une sorte d'organe complexe ayant son point de départ daii>
une anomalie de nutrition de l'épithélium. D'autres fois, les masses t'|>*'
Ihéliales naissent aux dépens des follicules pileux ; le poil tombe, la mt*^^^'
brane limitante du follicule disparaît et le tissu voisin dermo-papill^^ ^^
est envahi. Les tubes glandulaires sont, dans certains cas, le point de de^-^-^^''
de ce processus; ils s'allongent, s'élargissent et se déforment vers K*"
estrémitM bor^n^s, qui deTiennent bosselées; h membrane limitante dis-
paratl, cl, par suite d'un bourgeonnement simultané du tissu conjonctif,
il SR produit des tlols épilhéliau\.
LVpithéliome s'accroît aux dépens de sa propre masse, et sans doute
aussi par la formation d'ilotsnouveauxâ sa périphérie. Ces Itots ne sont-ils
que l'eiïeldu bourgeon ncm en t épi thé liai qui s'élcnd?Sont-ils produits aux
dépens d'un tissu conjonctif embryonnaire de nouvelle formation, qui , au
coDticI des épithéliums, se transformerait en tissu épithélial par une sorte
d'action de présence, comme il arrive dans une cicatrice ? La chose est dif-
licjle à précisi^r ; on sait seulement rju'il existe toujours du tissu embryon-
naire au pourtour des Ilots d'épilhélium : on sait encore que les muscles et
les os, avant d'être envahis par des éléments épithétiaux, présentent des
modifications assez semblables il celles qui caractérisent l'intlammation,
savuir, un ét<it congestif et la formation d'un tissu embryonnaire au sein
duquel apparaissent tes Ilots de cellules épiihéliales.
L'ac^-roissement progressif de l'épithéliome pavimenteux est l'une des
principales causes de sa destruction , car de cet accroissement résultent
des troubles de circulation et de nutrition dans les parties centrales,
qui sont les plus anciennes. Ces parties subissent peu h peu la dégé-
nérescence graisseuse, se transforment en une sorte de bouillie athém-
mateuse qui, déversée à la surface de la tumeur, fait place à un ulcère
plus ou moins profond et étendu ; dans ct^rtnins cas, elles peuvent éti'e
résorbées et laisser à leur suite un tissu conjonctif scléreux assez sem-
blable au tissu decicatrice. D'autres fois c'est une transformation muqueuse
qui intéresse la trame, les vaisseaux ou lea cellules. La transformation du
stroma en un liquide riche en mucine, renfermant des granulations et des
débris de cellules, produit l'épithéliome kystique de quelques auteurs. La
dégénérescence muqueuse des vaisseaux est caractérisée par un épaississe-
inenl de la paroi, qui est presque entièrement celluleuse et entourée
(l'une gatne formée de tissu muqueux à cellules élotlées. Envahies par cette
m^rne altération, les cdliiles épiihéliales deviennent claires, ou présentent
de fines granulations, puis perdent leur noyau et se détruisent : c'est
l'épithéliome muqueux, dont Kiirster fait une forme spéciale, mais à tort,
puisqu'il s'agit d'une altération secondaire. Cette modification, désignée
*oiis le nom de cylindrome f 1) par quelques auteurs allemands qui avaient
'^ voir là une altération spéciale, se présente sous la forme de masses.
''Jlindii(iues, fortement réfringentes, gél ait ni formes, occupant de prélé-
I') Nou) lerniii remarquer qu'on n rncore appclii de ci' niùme nom des lumeuri qui
** »"•'' que de» «ngioinc» Joui tei
ÉB*** C*oj. p. 195).
e [riDiCoroistian colloïde iMU'ti-
à
ktiO ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
rence la région de la face, disséminées au sein d'un tissu fibreux et mon-
trant à leur centre, de distance en distance, des corps réfringents, ovoïdes,
unis les uns aux autres par des prolongements enkystés. Ch. Robin fait
rentrer les productions atteintes de cette dégénérescence dans les tumeurs
qu'il appelle hétéradéniques, tandis qu'un de ses élèves, Ordonez, considère
les corps ovi formes comme des sporanges contenant quelquefois des spores
de champignon, et voit dans cette altération une affection parasitaire.
Diagnostic et pronostic. — Le diagnostic de Tépithéliome pavimenteux
est généralement facile, excepté à son début quand il revêt la forme
de papilles, de tubercules ou de squames. La difflculté est toutefois de peu
de durée, car bientôt survient un ulcère dont les bords indurés et retroussés
laissent peu de place au doute ; du reste, le volume et la forme des cellules
épithéliales, la présence de globes épidermiques, ne permettent pas de
méconnaître cette tumeur. A la vérité, les adénomes des glandes acineuses
pourraient quelquefois donner lieu à une erreur; mais ces affections se
produisent chez des personnes jeunes, mal menstruées, principalement
à 1 époque de la puberté, et, contrairement aux épitbéliomes, elles n'ont
aucune tendance à Tulcération. En outre, les parois propres des conduits
glandulaires, persistantes dans les adénomes, n'existent pas dans le eau-
croïde. L'épithéliome embryonnaire ou tubulé ne sera pas confondu
avec le fibrome embryonnaire, dont les éléments, réunis par une substance
intermédiaire, ne sont pas compris dans un stroma alvéolaire.
L'épithéliome pavimenteux qui, au fur et à mesure de son accroisse-
ment, détruit les tissus qu'il envahit, est une altération des plus graves;
cependant, en raison de la lenteur de son évolution et de son peu de ten-
dance à produire des métastiises, du moins au delà des glandes lyniplia-
t iques régional' s, il doit être regardé comme laltération la moins redou-
table du groupe des cancers. S'il est arrivé quelquefois de voir la guérisou
suivre la destruction complète de cette lésion, il faut reconnaître que le plu^
souvent dans le courant de l'année qui suit l'ablation, la cicatrice devient
le siège d'une tumeur analogue à Tancienne. Toutes choses égales d'ail-
leurs, le pronostic est d'autant plus grave que les éléments qui constituent
la tumeur ont moins de tendance à passer à l'état corné, et que celltMrî
occupe une région plus vasculaire et surtout plus riche en vaisseaux lym^
phatiques. L'épithéliome du nez et des joues progresse avec lenteur,
<'omme souvent aussi celui du tronc. L'épithéliome des lèvres a unf
marche plus envahissante; celui des paupières est beaucoup moins
grave. Le cancroïde de la langue et de la bouche, celui du museau de
tanche, sont peut-être les plus sérieux par leur tendance à s'étendre et à
HYPERPLASIES. kU\
détruire les parties qu'ils envahissent. Ainsi la topographie de cette affec-
tion importe non-seulement à son diagnostic, mais encore à son pronostic.
Étiologxe et pathogénie. — Le cancroïde appartient à la seconde moitié
de la vie; il a sa plus grande fréquence entre quarante et soixante ans;
mais si Ton tient compte de la diminution progressive de la population,
on reconnaît que l'aptitude à contracter celte affection, loin de s'affaiblir
avec Tàge, a de la tendance à augmenter. Le sexe ne parait pas sans
influence sur le siège de prédilection de cette néoplasie: le museau de
tanche est, chez la femme, l'organe particulièrement vulnérable; la
lèvre inférieure est, chez Thomme, la partie généralement affectée. Or,
si Ton tient compte des conditions spéciales de ces organes, on arrive à
reconnallre que ces déterminations locales sont sous la dépendance très-
vraisemblable de causes occasionnelles, comme l'action de fumer la pipe
chez l'homme, la fatigue et la malpropreté des organes génitaux chez la
femme. Du reste, on a depuis longtemps remarqué que le cancer épithé-
liai est surtout une affection des classes pauvres, et qu'il est relativement
commun chez les habitants des campagnes et chez les personnes
qui négligent les soins de propreté. L'hérédité, dont l'influence est
incontestable, montre bien la parenté existant entre les différentes affec-
tions épithéliales, car les ascendants des individus atteints de cancroîdes
sont quelquefois porteurs des cancers dit squinheux et encéphaloïde.
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nicgcl., sér. 2, (. VI. Voy. plus haut Fib)vme fwto-cellulatre rtiélaniqtto, p. 369.
I
i* Séoplasles du tissu èpiihélial nylinilnqve, — ÉpUkéUomes cylindriques,
— L'épilhélium rviindrique, seconde vaHùlé du tissu i^pithélial, tapisse
d'uiieninuièrccj)ntîimelclulH?di^estir(iepuisle cardia jusqu'au niveau de
l'anus, les canaux excréteurs des glandes qui s'ouvrent dans les intestins,
les canaux pancréatique et cholédoque, la cavité utérine, les conduits
mammaires, etc. Il forme à la surface interne de ces difTérentes parties
tme couclie simple de cellules minces, verticales, soudées les unes aux
autres, d'un diamètre égal dans toute leur étendue, ou plus larges
k leur extrémité libre. Ces cellules sont munies de noyaux arrondis, b
bords nets, pourvus d'un nucléole ; leur corps est généralemeut trouble
et granuleux. Sur quelques points du canal digestif de l'homme et des
mammifères, les cellules épithéliales cylindriques offrent à leur extrémité
libre un plateau traversé par des canalicules; sur d'autres points, les
voies re^piratoii-es, cette même extrémité est couverte de cils flottauls.
Adaptés it des fonctions spéciales, les épîtbéliums cylindriques canaliculés,
(4 surtout les cellules à cils vibratiles, pai-aisscut moins aptes à végéter que
les épilbéliunis cylindriques simples, qui, dans un certain nombre de cas,
sont la cause do tumeurs entraînant des désordres sérieux dans l'organisme.
Les néoplasies épithéliales cylindriques affectent toutes les membranes
iniu)ueuse« à épilbélimn cylindrique simple ou stratifié, mais elles se loca-
liscnl de préférence dans le canal digestiT, au niveau des parties rélrécies ou
tUenaux points de transition de revêtements épithétiaux différents, comme
lu coi de l'utérus, au pylore, etc. Il convient de rattacher k ces néoplasies
Certains cas de cancer du foie et du sein qui ont pour point de départ les
^ithéliums des conduits biliaires et des canaux galaclophores.
'• Ces formations se présentent à la surface des muqueuses, sous l'appa-
noce de saillies aiTondius nummulaires, fungiformes, érodées à leur centii-
élqnelquefois formées en grande partie de villosités (Mg. 159). Le plus sou-
vent elles infiltrent les tissus normaux ; parexception, elles sont entourées
d'nne toile line conjonctive, comme il m'est arrivé de l'observer pour un
^ihéliome utérin avec métastase dans l'mi des tibias. L'êpitbéliomecyliu-
[ue, d'une consistance variable, le plus souvent molle, présente une
ànte lilanchAtre, gris&tre ou rouge sombre. H donne à lu pi-essiou un suc
iiic, laiteux, abondant, composé de cellules épiihéliales cylindriques,
•s par leurs bords latéraux, et dont les bords libres sont situés sur une
le limitée par un double contour. Vusde prolil, ces épitbéliums
i
Uhl ANHOMEE PATBOI.nr.lQUE.
peuvenl offrir l'apparence d'élémeiils fusiformes, et dans certains cas pw-
senlerunedilalation vésit'uleuse, disposition imporlanle à connattrrpourli-
diagnostic. Au Imut d'un lemps plus ou moins lon^, suivant son sié^ e, l'épi-
Pic. 159. — rorlluii pjloriiiie do rcslomac préscnCanl une liitneur ipithélUIr? cjlindriiM:.
Le foie élail le mk^c de tunicura ini^Ualaliques histolDgiqueni«nt sctnbUblet.
théliome cylindrique change de physionomie, il se ramollit et lend h s'ul-
cérer; sa surrace, souvent viUeuse, présente peu à peu une dépression
centrale il fond blanchâtre et mollasse, riche en suc laiteux; ses bords
sont plus ou moins Fermes et iargen, suivant l'élenduc de l'altémlion.
Examiné au microscope après durcissement, l'épilhéliomu cyltndriiID^
présente, à un faible grossissement, des amas de cellules épithélnle^
contenues dans des alvéoles plus ou moins largos, formés de travée*
conjonctives parcourues par des vaisseaux. Ces alvéoles, dont la lordi^
varie suivant que la coupe est parallèle, perpcndîculture ou oblique'
par rapport à leur plus grand diamètre, sont tapissés d'une couche-
d'épithélium cylindrique perpendiculairement implanté, sans t'inler —
position d'une membrane propre hyaline, glandulaire, et n'était cetlf
dernière circonstance, les cnracU'irf'S de l'éplthéliome rylindriquc m-^
différeraient pour ainsi dire pas de ceux des glandes intestinales (fig. 100^-
I^s villosités et les papilles voisines de celle formation sont génén —
tement hypertrophiées, el, dans un certain nombre de ens. des ap— ■
pendices papillaires tapissés d'une couche épiihéliale cylindriqut^
donnent fi la partie In plus superliciellc de la lumeur l'aspect d'unv
nÛ^SÔîmante. Conunune à la surrace de l'esloinac où je i'aî obser-
11 ftniiid nombre dt- Fois, celti;
êialiuii était aulrefois cunroti-
, k cause du suc laiteux ijui
it Échappe, avec le C!u-ciiioiiii>
kluUaii'e. [.e stroma qui taaiii-
:t les (ilémctils tipitbéliaux est
1 abondant ; le [ilus souvent
nbryounaire, il l'euferniG des
isseaux peu nombreux et plus
Il moins développés.
L prédomi minci! dit l'un des
lémenla constitutifs Av. l'épithé- Fia, 100. — Cuupe microKopiiiDe d'un épiihù-
: I' . - j -. . . lioino cvliadriquc du rceluiD. // A cafilÉi des
lOme cylindrique pi-oduil aulaut ,^bc,; '. «IIuIm *piU.*li>l«. (Tir6 de moa
BTajîélés de cette luinour; IV- Ailot iFanafomù pathol-'jitiM).
■ Bbreux ou embryonnaire du slroma, In dilatation des vaisseaux et
1 hémonhagies qui
D sont la suite servent
r quelques au-
pes variétés de la niè-
e altératiuii.
sépilhéliuiiiesc\-
indriques ne rcspec-
|éiit aucun tissu. Com-
tes épitliéliumi's
tt'înienleux, ils en-
nihissent peu à peu
!ux qui les appro-
1 le plus. Leurs
mentft suivent, au
a des muscles et
nerfs, les inlcr-
sconjonctirs;dans
) arCOles ; dans le fm, jsi. — Coupe niicro»i.a)>ique du» ùpiilidiuina cjliD.
lo tissu înterlo- driquesecondaîie du foiu. r t e. Épiihélium» cylindriques
'. ' di»pueéscD toriie de lubei |;'<i"dulmre( : c, ceHvùat h£pa-
laire(rig. 161). Plus Uqueidelicircontereoi-ed'un lubuli^ ■pUliu al cumprimMs.
uar la iniiinre^- * '=*'*< *"'"" "" ^^l"* cilin'l'"i'li'e iwl<5 vu k un grusïîiM-
.-. j >"■"" P'"' 'Tl (400 dûiiiiél(«5). {Alla, tVwint. palltol.)
qu lis détcnni-
it, les cancers à épithf'liums cylindriques atrophient les fibres muscu-
hti6 ANATOMIB PATHOLOGIQUE.
laires et nerveuses, les cellules propres du foie, etc. Ces productions ne
se comportent pas diiïéremment par rapport aux vaisseaux ; elles perforent
les veines et même les artères, après une résistance plus ou moins pro-
longée de leurs tuniques, d'où résultent des hémorrhagies inquiétante»
ou même mortelles. Cette marche envahissante, dont le chirurgien doit se
pénétrer, mérite aussi d'être connue du médecin souvent appelé à soigner
ce genre d'altération. Au bout d'un temps plus ou moins long, les
glandes lymphatiques en connexion avec la région affectée se tuméfient,
s'indurent et deviennent le siège de productions épithéliales identiques
avec celles de la tumeur primitive. L'épithéliome cylindrique se généralise
dans les organes beaucoup plus souvent que le cancroïde. Cette géné-
ralisation, fréquente dans le foie, à la suite des lésions épithéliales de
l'estomac, de l'intestin ou même de l'utérus, débute dans le système des
canaux lymphatiques. Elle s'observe dans d'autres viscères, et je l'ai
rencontré jusque dans les os. Inutile d ajouter que les tumeurs secon-
daires ont toujours la même composition que l'altération primitive.
Évolution. — Les épithéliomes cylindriques des muqueuses et des
glandes intestinales débutent par le gonflement et la dilatation des tube>
glandulaires qui^ peu à peu, s'enfoncent plus profondément dans le
derme. La surface des cavités glandulaires se met bientôt à bourgeonner ;
il s'élève tout d abord, du fond des tubes, des excroissances acuminéesou
renflées, uni(|iiement formées de cellules épithéliales, et plus tard des [ui-
pilles richenn'iil arborisées se développent dans toutes les diredioii^
Eu même temps, la surface libre de la muqueuse participe au processif ^
morbide, se couvre de papilles plus ou moins exubérantes, de telle sor**'
que la tumeur, après avoir revêtu la forme d'une plaque, se préseu ^♦^
comme une excroissance fongueuse.
De même que le cancroïde, les épithéliomes cylindriques sont ex|)Os^ ^•
à subir des métamorphoses diverses et principalement les dégénen'^-^'
cences graisseuse et colloïde. Ces dégénérescences, qui afTectent réléiin'-» *'
épithélial de préférence à la trame conjonctive, consistent, la premièr«L*.
dans une infiltration de granules graisseux; la seconde, dans la translof —
mation des cellules épithéliales en vésicules transparentes (|ui se dé!;»"
chent de la paroi des tubes pour tomber dans leur cavité. Ces forniatioi»^
sont exposées à s'enflammer, ou même à se gangrener ; par con>c -^
quent, il y a lieu de se demander si, à l'exemple des épithéliomes de t*»
p<»au, elles peuvent quelcjuefois guérir spontanément. C'est à quoi auni»*
fait n'a encore répondu.
Diagnoatic et prouostic. — L'épithéliome cylindrique a de grand*?'-"
HYPERPLASIES. UUl
analogies de structure avec radénonie, dont il se distingue principalement
par sa marche envahissante. L'adénome, en effet, le plus souvent enkysté,
croit avec lenteur, ne dépasse pas les limites du tissu ou des organes qui
lui ont donné naissance, et ne détermine aucune affection ganglionnaire
ou métastatique ; en outre, il diffère histologiquement de Tépithéliome
par l'intégrité de la paroi du cul-de-sac glandulaire et du tissu qui
constitue sa trame, laquelle ne s'infiltre pas de cellules.
L'épithéliome à cellules cylindriques est une affection grave à cause de
son peu de tendance à la guérison, de Tinfection et de la cachexie qu'il dé-
termine. Sa gravité, proportionnelle à la richesse lymphatique de l'organe
affecté, est en raison inverse du développement auquel parviennent ses élé-
ments constituants ; c'est-à-dire que plus ces éléments sont développés,
moins cette altération a de tendance à se généraliser et à récidiver.
Cette affection survient généralement entre quarante et soixante ans;
plus tard elle est moins commune, sans doute à cause de la décroissance
de la population. Sa cause nous échappe, car les irritations mécaniques
ou chimiques auxquelles on a voulu rattacher la production de cette néo-
plasie ne sont que des conditions adjuvantes. L'influence héréditaire est
établie par quelques faits ; mais elle ne peut rendre compte du plus grand
nombre.
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siolog., t. XIV, p. 91, et Handb. der path, Anat, — E. Wagner, Archiv f,
physiolog. Heilkundc, 1858, 306, et Gaz, méd,, 1860, 208. — Friedreich, Gaz.
med., 1860, 2U1. — Gawriloff, Wurzburger medic. Zeitung, 1863, t. IV. —
CoRNiL, Mém. de VAcad, de méd., t. XXVH. Paris, 1866. — Lancerealx et
Lacrehbaiter, Atlas d'anatomie pathologique. Paris, 1871, pi. U et 9.
3*» Néoplasies du tissu glandulaire. Epithéliomes glandulaires. — Les
glandes sont constituées par des cellules épithéliales ou glandulaires qui
tapissent une membrane transparente, mince, sans structure (membrane
propre), et par un stroma conjonctivo-vasculaire qui remplit les espaces
compris entre ces éléments, en même temps qu'il sert à leur nutrition par
les sucs qu'il charrie et qu'il entretient la sécrétion. Les cellules épithé-
liales glandulaires sont les éléments essentiels, elles ont des formes va-
riables, le plus souvent cubiques, sphériqucs ou arrondies, contrairement
aux cellules qui tapissent les conduits excréteurs et qui sont, en général,
cylindriques ou aplaties comme les épithéliums du tégument auquel
aboutissent ces conduits ; de là sans doute, la différence dans la fonction,
liUS AN\TOMIE PATHOLOGIQUE.
comme aussi dans l'altération de ces diverses parties d'un môme organe.
Les cellules glandulaires renferment quelquefois des granulations de matière
colorante jaune ou brune, jamais de granulations de mélanine ; aussi ne
sont-elles jamais affectées de mélanose. Elles ont des dimensions varia-
bles : tandis que les cellules des follicules gastriques mesurent de 0**,02
à 0°"°,029, et celles du foie à peu près autant, les cellules qui tapissent
les capsules de Tovaire ont seulement de O^^jOOô à 0"",009 de diamètre;
les noyaux de ces éléments ont de O^^jOO^ à 0""",009.
Comme la plupart des organes, les glandes se modifient quelquefois
momentanément lorsque leur fonction est rendue plus active, et en gé-
néral au fur et à mesure de leur développement. Les cellules épithéliales
de certaines glandes paraissent appelées à se détruire, celles de la ma-
melle par exemple dans le cours de la lactation ; c'est un point de rap-
prochement avec les cellules épithéliales du tégument. Dans d'autres
glandes, ce fait est fort contestable : les cellules du foie et des reins sont
des éléments à peu près permanents. Chez les personnes âgées, lesépilhé-
liums glandulaires, ceux de la mamelle notamment, s'altèrent et dispa-
raissent, tandis que la charpente fibreuse persiste et s'épaissit; semblable
évolution appartient à la plupart des néoplasmes cancéreux. Ceux-ci ne
sont, par conséquent, pas sans analogie avec les organes glandulaires;
mais ils en diiïfèrent par un développement et une destruction rapides.
Tous les organes glandulaires ont de la tendance à végéter et à pro-
duire des néoplasies. Citons tout d'abord les glandes acineuses de la
peau et particulièrement les mamelles, puis les glandes du tube diges-
tif, surtout les glandes de l'estomac, enfin les glandes parenchyroa-
leuses, comme les testicules, les reins, le foie et les ovaires. Le sieiv
de la végétation étant la partie sécrétoire de la glande, c'e^t-à-din*
l'acinus, on s'explique comment un même organe glandulaire peut ètn
le point d(i départ de deux formes distinctes de cancer, quand il renfeniK
comme le foie des épithéliums d'espèce différente.
Par cela même, on cemprend que les épithéliums des glandes u Vlanl
pas identiques, les éléments qui entrent dans la composition du
cancer fi:landulaire ne sont pas toujours semblables. Ce cancer, d'ail-
leurs, composé tout à la fois d'éléments épilhéliaux et d'un stroma con-
jonctif, présente, suivant la prédominance de l'une ou de l'autre de c*^s
parties, des différences qui ont été considérées comme autant de
variétés.
Les tumeurs épithéliales glandulaires atypiques sont ordinairement
fermes, du moins à leur début, solidement fixées au tissu envahi, tantôt
lobulées, tantôt tubéreuses ou bosselées. Leur surface de section, de
llïl'EHn,A&IES. It'id
. (einle mufçe pâli?, laisse échapjicr, lurstjuoii lu cuiiiprimu ou qu'on y
Ipt&se le dos du scalpt;), une liouiUîe plus ou moins épaisse, trouble, lac-
kitesccnle. Celle bouillie, ou suc cancéreux, regardée à torl por ceilâiiis
Ejiuleurs comme caractéristique du cau<'>>r, est composée de cellules de
Hbrmes et de dimensions variables, mesurant, en diamètre, depuis 0*"'.O10
lu&qua O^'iOSO et même plus. Os cellules sont, les unes spliértques,
' B autivs polygonales, avec des angles plus ou moins aigus; quelques-
) représentent un fusL>au ou une raquette, c'esl-à-dire qu'elles ont
s d«ux extrémités eflilées ou une extrémité efliléu et une autre i-enflée ;
D somme, elles n'ont aucune forme s|)éciale, bleu qu'elles soient souvent
pliériques au début de la néoplasie, de telle sorte que c'est surtout par
lar volume que ces éléments peuvent éti'e recounus. Co sont de grosses
lollulcs qui renrprnient un ou plusieurs noyaui ovalaires ou sphériqucs,
idinuirement très-volumineux, lesquels contiennent tautdt un seul, tanlût
^usieurs gros rmclêoles d'appareno; vésiculeusc.
Sur une coupe minrc, apri>s durcissement dans l'ulcool ou dans
«iï'é--
. 162. — Cau|>e iiiicro(CDpii|UB d'ui
tn mrlut conjnnclift cireunicrltpnl
lei cellule» polvgonile* muiiies d'i
icide chromiquc, on constate que ces cellules Tormenl des amas cir-
wnscrils par des Iraclus conjouctifs entrecroisés de façon à constituer
s espaces ou alvéoles d'une étendue plus ou moins considérable, com-
uScrneAfX. — Tr.'iUA .rAinl, I. — Sfl
itbO ANATOMIE PATBOLOGIQUE.
muniquant les uns avec les autres comme s'il s'agissait d'un tissu ca-
verneux (fig. 162). La forme générale de ces alvéoles, ordinairement
ronde ou ovoïde, semble subordonnée, en partie du moins, à la com-
position spéciale de Torgane où siège la tumenr. Les alvéoles dW
tumeur carcinomateuse secondaire développée dans un tissu à coucbes
denses et parallèles comme le tissu fibreux sont en eiïet ovoïdes et
allongés parallèlement à la direction des couches de fibres, tandis qn*ils
sont bien plutôt sphériques dans certains organes mous, comme le foi<'.
Le stroma conjonctif est formé de fibrilles et de nombreuses cellules fosi*
formes, il renferme les vaisseaux sanguins. Ces vaisseaux, dont les dimen-
sions sont relativement considérables, donnent lieu à un réseau rêguliereo
rapport avec la disposition des alvéoles, ils sont plus ou moins abondants,
et d'une structure peu différente de celle des vaisseaux nonnaux. Souvent
ils sont dilatés et flexueux, et toujours ils communiquent avec les l'aiS'
seaux voisins de la région et le système général de la circulation. Leur
oblitération, qui n'est pas rare, a pour effet la production d'un foyer de
ramollissement au pourtour duquel s'établit un réseau vasculaire colla-
téral, aussi épais et serré qu'autour d'un abcès. Schrœder van der Kolk a
constaté, comme nous le savons, la présence de vaisseaux lymphatiques
dans les tumeurs carcinomateuses ; Krause est parvenu à injecter ces vais-
seaux qui accompagnent les vaisseaux sanguins dans l'épaisseur des
cloisons du stroma, où, suivant Rindfleisch, ils formeraient autour de
CCS derniers des gaines analogues à celles des vaisseaux des a'iiln'>
nerveux. L'innervation des carcinomes n'est nullement connue, niai;:
il est vraisemblable que ces produits pathologiques renferment, duiiioiii>
dans quelques cas, des filets nerveux.
Celte description s'applicjue aux tumeurs de date récente; les tuim'ur>
plus anciennes sont le siège de métamorphoses diverses qui en niodilient
plus ou moins la physionomie. Une niodilicalion des plus carac'c-
risliques est le ratatinement central de la nodosité carcinomateuse, qu»'
sembler produire une sorte de tissu de cicatrice, mais qui n'est en milil»
que le résultat de l'altération et de la résorption d'un certain iioiiibn' 1
des éléments cellulaires des alvéoles, ainsi qu'il arrive pour les ^'laiid*'^ |
normales dans leur période de déchéance organique. Une modilicalii'»
non moins importante est l'ulcérati^m qui résulte tout à la fois de rail»-
ration granulo-graisseuse des cellules et du stroma de la tumeur, cl tir
rinflammation conséeulive des j)arties légunifnlaires voisines. Le Icirii-
ment perforé, la masse végélaiile s'en^aue dans l'ouverture, sVHil
à Texlérieur et se gangrène en partie, d'où la formalion d'un uiaT^'
infundibuliforme^ sécrétant un liquide iclioixîux, nauséabond, et auiit
HYPErtPLASiES; t\5i
des bords indurés plus ou moins élevés au-dessus du niveau de la
peau. Dans les organes glandulaires internes la végétation se porte
plus spécialement du côte des veines, et souvent elle obstrue les vais-
seaux du foie et des reins.
L'épithéliome glandulaire présente des variétés nombreuses, déterminées
les unes par la prédominance des éléments épilhéliaux ou du stromacon-
jonctif, les autres *[)ar une influence purement topi(jue. Les premières
de ces variétés sont depuis longtemps connues sous les noms de carci-
horae encéphaloïde, squin'heux et colloïde; les secondes, trop négligées,
méritent toute notre attention.
Êpithéliome glandulaire mou [cancer médullaire ou encéphaloïde). — Ué-»
sultat de la prédominencedes cellules sur la trame fibreuse, cette variété
de Tépilhéliome glandulaire présente une grande mollesse et une teintd
blanche ou grisâtre qui donne au tissu morbide l'apparence de la sub-
stance cérébrale, d'où sa dénomination. Elle revêt, dans le principe, la
forme de masses diffuses qui ne tardent pas à prendre un accroissement
considérable, à se répandre en différents points de l'organisme, à gagner
la peau et à s'ulcérer, si elles se trouvent situées au voisinage de ce tégu-»
ment. Incisées, ces masses présentent fréquennnentdans leur épaisseur
des points ou des taches hémorrhagiques; elles s'affaissent comme une
bouillie un peu molle, et lorsqu'elles sont plus fermes, elles domieut
lieu, sous l'influence de la pression, au suintement d'un suc abondant.
Elles sont composées par un stroma très-mince et en même temps très-
vasculaire, qui circonscrit de larges alvéoles comblés par des cellules
volumineuses, prismatiques, sphériques ou polyédriques. Disposées sans
ordre et irrégulièrement implantées aux parois des alvéoles, ces cellules
se détachent facilement, car elles sont simplement soudées entre elles. Le
testicule, l'estomac, le foie, les reins, sont le siège habituel de celle
forme d'altération ([ui, en raison sans doute de l'abondance du suc
qu'elle renferme et de sa riche vascularité, a la plus grande tendance à in-
fecter l'organisme. C'est à elle que se rapporte le carcinome miliaire
ai^ru, qui se dissémine rapidement sur de grandes surfaces, envahit les
organes internes, les membranes séreuses, et produit un mouvement
fébrile et des phénomènes typhoïdes.
Le carcinome hémabide ou télangiectasique (fongus hémalode) est, dans
l'espèce, une sous- variété (|ui a pour caractère principal une formation
exagérée des vaisseaux capillaires, leur dilatation totale ou partielle. Les
tumeurs qui s'y rapportent, ordinairement volumineuses, d'une teinte
grisâtre ou rougeâtre, d'une consistance molle, laissent échapper en
hhi AtfAtOltlS ^AfAOLOGlQdS.
abondance, à la coupé, un suc mêlé de sang ou même da sang pur.
Leur mollesse est telle, dans quelques cas, qu'il suffit de les toudier pour
les réduire en un magma rougeàtre, analogue à du résiné ; c'esl que leur
trame est presque uniquement constituée par des vaisseaux qai présea-
tent des dilatations fusiformes ou moniliformes, de petits anéfiysmes
pariétaux, sphériques ou piriformes, dont la rupture facile donne liea à
des hémorrhagies dans l'épaisseur ou à la circonférence de la lamear.
Dans le foie, où cette forme d'altération n'est pas extrêmement rue, il
m'est arrivé de voir des hémorrhagies abondantes se produire au sein des
masses carcinomateuses, les rompre et faire irruption dans la cavité péri-
tonéale. Développées dans le tissu osseux, ces mêmes tumeurs donnent
lieu à des soufOes qui peuvent faire croire à de vrais anévrysmes ; mais
il faut reconnaître que fréquemment on a pris pour du cancer ce qui
n'était qu'un fibrome embryonnaire.
Epithiliome glandulaire dur ou squirrhe. — Cette variété, qui a doniié
lieu à la dénomination de cancer, à cause de l'analogie grossière de ses
prolongements rayonnes avec les pattes d'un crabe, se fait ronar-
quer par la prédominance de la trame fibreuse. Elle aOecte le seio
et l'estomac de préférence à tout autre organe, revêt la forme de plaques
dures, résistantes, ligneuses, et se dissémine par masses circonscrites
qui, à la peau, se rétractent, s'atrophient, et finissent quelquefois par
des ulcères à base indurée. Ces plaques, qui ne sont jamais limitéi's par
une capsule fibreuse, se tranchent difficilement et crient sous le couteau.
Leur surface de section, lisse, mate, grisâtre ou rosée, a Tapparenco d'um*
cicatrice fibreuse; elle laisse échapper, sous rinflueuce de la pression, uue
faible quantité d*un suc blanc, laiteux, miscible avec Teau. Lestracluscon-
jonctifs qui entrent dans la composition de cette forme d'altération, {:éiH'-
raicment épais, peu vasculaires en apparence, contiennent un fin rf:>t^"
de capillaires ; ils laissent entre eux des espaces longs ou ovaiaires, re^i'
fermant, à la périphérie, des cellules pâles, analogues à des élénieiil»
lymphatiques, et dans leur profondeur, des cellules plus volumineuses,
munies d'un gros noyau, disposées sans ordre et faciles à isoler. Tout a
fait au centre de la tumeur, on ne trouve souvent que des faisceaux d»*
tissu conjonctif, entrecroisés et accompagnés d'un grand nombre <!<'
fibres élastiques. Donc, au fur cl à mesure que cette altération s étend |«r
sa circonférence, les éléments cellulaires se désagrègent à son centre, où s*'
produit une sorte de cicatrice. On y distingue ainsi quatre zones qui cor-
respondent à autant de stades du processus cancéreux : ce sont les zones
du développement, de Tapogéc, de la métanior|)liose régressive et de la
PYPtiii'Ufiii;9. AS3
«Irisation. Maljrré «Ile disposilion en apparence favornble, le squirrhe
1 esl pas inoiiiâ une alTeclion envahissante et propressive qui ne peut
e rangée, comme le voudraient certains auteurs, dans ta classe des pro-
s phlegmasiques. I.a pi-éscnce d'un stroma épais et fibreux avec al-
kiles comblés par des cellules ordinairement volumineuses, voilà le
ractère qui distingue le squirrhe et le diiïéreiitie des productions sim-
iplement Dhieunes. Ce diagnostic n'est pas touteFois sans diflicullés lorsque
éléments collulaii'es sonl, pour la plupart, étouffés par la trame con-
mctive; en pareil cas, le cancer se reconnaît par son ratattnement spé~
I et par In présence habituelle dans son voisinage do nodules indurés
incomplètement altérés.
f Le squirrhe survient en général â un Age avancé, son dévetoppemciil
t lent, et sa gravité d'autant moindre qu-'il détermine un ralatinement
s rapide des parties envahies, il se propage aux vaisseaux lyniphali>
s, inTede les ganglions et se répand Ti'êquemmenl dans les organes,
totamment dans les vertèbres ; mais cette généralisation, comme les
Scidives qui suivent son ablalioii, n'est |ias constante, et lorsqu'elle
irvîent elle est oïdiiiairenicnl tardive, ce qui fait de cette variété une
)rme clinique relativement bénigne.
tpUbéliome glandulaire calhidn. — luette foi-rae rl'altération se rap-
A<)>1B3. — Epiltioliooie oti carcinome colUiMe de I ettomac. a a ,
înHllrAMdeaubstBiicecoUoïite; b b, d d, travées conjoDRlives; i
c ditpjtrilion dea cellules tpilhèlialea. Gronusemenl, 160.
whe des variétés précédentes par sa structure alvéolaire, mais elle sen
loigne par le cuirleiiu géhitinenx de ses alvéoles, résullant d'une mo-
à
m
PATfini.or,iot[E.
dilication des éléments ùpîllu'liniix. Elle sîugooi'diiiiiirenientdaïKiIctiN
conjonctif 5ous-iuuquou\ it sous-séreux de l'esloniac, de i'œsopblpM
du rectum, plus rarement dans le foie, les ovairi?3 et les roins. Lei
meurs qu'elle délermine sont tanlùt étalées et diffuses (estomac), lu
circonscrites et multiples, disséminées k la surface des memhnM
séreuses ou dans la profondeur des organes (tumeurs secondaires). Lu
plaques diffuses font paraître les organes comme inliltrês par tu»
semi-fluide, transparente, gélatiniformc o» muqueuse, dont la
tiun chimique est jusqu'ici
déterminée. Les nodosiliîs cir-
rangeritcs, ou tumeurs, dont I»
volume varie depuis la gmssoir
d'une lentille jusqu'il celle d'i
marron ou d'une pomme, a
une teinte grisiltrc, uire «mS-
guralion irrégulière,
une eonsîslance un peu mnIK
mais plus ferme que celle du
f^ircinome cncéphaloïde. Ltur
surface de section, lisse rt pr-
siUre, est parsemée de poînlt
transparents produits par Je ib^
piH de la substance colloîdi; i
l'intérieur des alvéoles donll»
parois sont formées d'un Hw
coujonclif lin, strié, contena^'
en plus ou moins grande «bi»
dance des cellules emhryoniui-
i-eset des vaisseaux. (>sal*wlf*
sont irréguliers, remplis i"
noyaux cl do cellules plus o»
moins altérées. Tout dabnni-
ces cellules sont intïltrées d'up*
matière homogène, colloïde, q"'
refoule le noyau à la périphérie; mais plus tard elles so modifient. df-
viennent plus volumineuses, sphén'ques, ou se transforment en vé!iiail<^
kystiques; souvent elles renferment plusieurs noyaux (six et huit) el d«
granulations moléculaii-es libres (fig. IfiS). On constate en méffit-temp*
l'existence de cellules incluses les unes dans les autres, do noyaux vc«*
Kuli'HX el di- délnis ('•'llninires qui se contractent cl diniinnent de vwlnnif
les blanchillreB ou gfLtilret TonncM por la
jiroUté ration in «llulm hépatiiUM, fili,
c, veine* obalruéei psr la titsu pulholoEiqiie.
arPERPtASiBs. &5S
sous l'iiinncnce de l'acide acélique. Le carcinome colloïde ne respecte
aucun tissu ; s'il siège dans l'estomac, il ne larde pas à gagner les tuniques
rausculcuse cl séreuse et à s'étendre de là au pancréas et nu foie ; lorsqu'il
occupe le rectum, il envahit bicntùt la vessie ou l'ulérus. Il est le point de
départ habituel de foyers métastatiqucs ; aussi n'est-il pas rare de voir le
péritoine affecté dans les cas de carcinome du rectum ou de l'estomac. La
marche de cette altération est ordinairement lente, sa graviEé est propor-
tionnelle à l'importance de la fonction troublée; pour oo motif, le carci-
nome de l'estomac est l'un des plus redoutables.
I>'organe au sein duquel se développa l'épithéltum glanduleii-e im-
prime ù cette lésion un cachet en quelque sorte spécial, ce qui no peut
surprendre puisque chaque organe glandulaire a des épithéliums diiïé-
rcnls et une circulation particulière. L'épithéliome des glandes acinouscs
(cplui de la mamelle, etc.) est caractérisé par la formation de cellules
semblables à celles des culs-de-sac glandulaires, avec celte diiïéreuce
qu'elles sont le plus souvent hypertrophiées et plus ou moins altérées. Il
s'étend par la voie des lymphatiques aux ganglions de la région corres-
pondante, rarement par la voie
des veines; sa généralisation est
fréquente, et souvent il est ac-
compagné de noyaux carcinoma-
leux secondaires offrant tous les
caractères de la nodosité pri-
mitive.
L'épithéliome des glandes pa-
renchymaleuses , telles que le
foie, les reins,' les testicules, est
cronstilué par la prolifération des p,, ^gj _ ceiiaiw h6p.t.que> pmenant
tjlémenlB propres de ces glandes ; du fwe reprteenié Dg laa Ce* cellule»,
. ... . contiilérablemcnt lifnBrlronhiiei, préien-
mais, contrairement aux epithe- lent une multipUcalion manifeita de hur.
liomes des glandes acineuses, il noïiux. CnnsiMemeni, 4bo.
a la plus grande tendance il envahir le système veineux. Six cas décrits
par nous sous le nom d'adénome hépatique ont trait il ce genre d'affection,
et cinq fois le néoplasme avait pénétré dans les branches de lu veine
porte et des veines sus-hépatiques qu'il obstruait plus ou moins
complètement (lig. Ifi'i). Une fois même la végétation s'était avancée jus-
que dans la veine cave, où elle formait une masse du volume d'un
œuf, constituée par du tissu conjonctif et des cellules hépatiques.
L'épithéliome des cellules hépatiques est formé de masses nodu-
Û56 ANATOlilE PATHOLOGIQUE
Inh'cs plus ûu moins volumineuses, souvent colorées par la bile, cira*
scriles par des traînées coiijonclives. Les élémfnls qui coiistitoeril rc
k
KiG 167 — (.oupe microecopiqufl Je la lumeur reprosrnlie flg lAfl A eiti
eulei unnirirM i*p»u prèi ums existent dei ciiialiculei allnnls d« m '
tiiicau >lp«iuc1a les ccllulei ^pilliclulci «onl nugiiienltei de volume et uri
etitrtcMy
UÏI'ERPLASIES.
457
ifaasses on cellules propres dii foie sont le plus souvent hyperli-ophiés,
Fteunis d'un ou plusieurs noyaux et frt'i]uemiiienl inliltrés de granula*
rtïons graisseuses (Tig. 165).
L'èpilhélîome dus reins se présente sous l'apparence d'une masse
Ionique ou de tumeurs niulliples lilanchôtres et d'un volume variable
F^fig. 166). Ces tumeurs sont constituées par les cellules ppolifêrées et
1 moins modifiées des canaliculea rénaux. Vus suivant leur lon-
|;neur, ces tubes sont toul d'abord dilatés et remplis |>ar des cellules épi-
théliales, volumineuses et irréfnjH^renienl dispost'cs (fig. 167); plus tard
leurs parois anbystes sont détruites, et Ifs épithéliunis se trouvent ren-
Termés dans des espaces limites par un tissu conjonctiT pliLi ou nmiiis
—llftrrail. Sur une coupe perpendiculaire, les tubes rénaut appamisscnl
II. 168. — Cuupe (ziicruscapitiuii de lu lumci
idiëret pcrppndiculiïreiuent teclionnéi sont
•lilpHéM %ian orilrfl. Lcun pirois Icndenl I
font irruption dins Ipb Isconn Ijrmphaliiuei
anjonetit èpiûiï Uoatta in éléments èpithéliBux
■ fppréiïiiitB Il(. 140. Lei canaliculei ur:-
cmplii da cellules tpUhélmtea voluminaunet
diipiir*1lrfl et d^jï lea cellule» épilhillalog
la parliu infirivuri' do la n|iire, le tiitu
iB de disparilion. Ora»iss., IGO.
('■largis et remplis de cellules épithéliales disposées sans ordre. A une
période avancée, les cellules épitliéliales altf'rées suiil couti.<nues dans
un tissu conjonctir d'autant plus épais que leur modilicaliun est plus
pitifunde (lig. 160). L'épiltiéliomc du rein se f^énéndisc assez fré-
quemment; dans uu cas qui m'est personnel, il formait des noyaux
mélttstatiques dans les poumons et sur la dure-mère spinule. t^>mmo le
cancer du fuie, le ciiiicer du rein pénétra fréquemment diuis les branches
d«t In veine rénale, <;t le plus souveut la végétation, loin de s'anijter à ce
aisseau, se cunliiiiie jusi|ii>- diiu^ l;i veine ciiVe, d'uu In lré(|ueiit<i rela-
458 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
llvc des embolies cancéreuses dans ce genre d'altération (voy. à cet
égard notre article Veine cave du Dictionnaire encyclopédique des sciences
médicales).
Le cancer du testicule prend également naissance au sein des canali*
cules séminifères, quoique cette origine soit parfois difficile à établir à
cause de la richesse de cette glande en vaisseaux lymphatiques. D'abord
renfermées dans les canalicules, les cellules qui le composent, volumi*
neuses, munies d*un gros noyau, plus ou moins infiltrées de graisse,
envahissent plus tard le stroma fibreux et les lacunes lymphatiques, ce
qui peut faire croire qu'il s'est développé dans le système de la lymphe.
Ce cancer a la plus grande tendance à se généraliser par suite, sans
doute, de la richesse lymphatique de l'organe. Les éléments des tumeurs
FiG. 169. — rt, cellules épilhélialcs provenant d'un cancer primilif du testicule; />, cel-
lules développées secondairement dans les ganglions lymphatiques ; c, cellules trouvées
dans les veines ; d, cellules provenant de tumeurs secondaires hépatiques ; e, cellules
des tumeurs du poumon ; /*, celhdes des tumeurs du rein.
secondaires ne diffèrent pas de ceux qui constituent la tumeur pri-
mitive (fig. 169).
évolution. — L'épithélionie glandulaire émane des éléments sécré-
toires des glandes; ceux-ci se multiplient à profusion ; les cavile'*s des
acini et des tubes se remplissent, et à leur place on voit des masses cel-
lulaires qui i)ourgeonnent dans toutes les directions et pénètrent dans les
lacunes lymphatiques et le tissu oonjonctif voisin. En même temps il se
produit dans ce tissu des modifications de la plus haute importance; ses
BYPERPLASIES. 459
éléments se multiplient à leur tour et forment un tissu jeune semblable
au tissu inflammatoire, qui envoie des bourgeonnements dans le tissu
épithélial de nouvelle formation. Ces deux tissus se pénètrent réciproque-
ment; c'est un phénomène semblable à celui de la formation des glandes
(voy. p. 37), moins régulier et sans but physiologique, II ne ressort pas
moins de ce fait que le cancer glandulaire doit être considéré, non pas
comme un simple tissu, mais comme un organe nouveau, la formation
la plus complexe et en même temps la plus grave de la série des néopl^-
sies épithéliales. D ailleurs il se modifie comme les glandes, en ce sens
que les épithéliums s'altèrent et disparaissent, tandis que le tissu conjonctif
augmente d'épaisseur.
De même que les épithéliomes cylindrique et pavimenteux, Tépithé-
liome glandulaire s'accroît surtout par sa propre masse, et s*étend
principalement par la voie des lymphatiques. Cette extension dans les
interstices et dans les vaisseaux lymphatiques a pu tromper certains
auteurs et leur faire croire que le cancer se développait aux dépens desen-
dothéliums du tissu conjonctivo-vasculaire. Donc, contrairement à Topinion
d'un certain nombre d'histologistes qui font naître le carcinome des glandes
aux dépens des travées fibreuses, nous pensons que le phénomène initial
de cette formation se passe dans Tépithélium et que la prolifération con-
jonctive est toujours secondaire.
La pénétration des éléments épithéliaux dans le réseau des sinus et dejs
vaisseaux lymphatiques des tissus voisins de la tumeur se révèle par
rinduration de ces vaisseaux, qui se présentent comme des canaux gor-
gés de cellules à aspect moniliforme dans lesquels l'endothélium périt
par dégénérescence graisseuse, Peu à peu l'altération gagne les glandes
lymphatiques de la région aflectée ; celles-ci, d abord tuméfiées, donnent
naissance à une formation semblable à celle de la tumeur initiale : la pre-
mière phase de l'infection générale est accomplie. Plus tard se produit la
seconde phase par un procédé analogue ou semblable.
Diagnostic et pronostic, — L'épithéliome glandulaire, néoplasie essen-
tiellement constituée par la végétation des épithéliums sécréteurs,
se distingue, en premier lieu, par les caractères particuliers des élé-
ments cellulaires qui le constituent, en second lieu, par la disposition
du stroma qui vient s'ajouter à ces éléments. Nous revenons ainsi à
l'opinion ancienne de Lebert et de l'école histologiste française qui
considérait la cellule comme étant la caractéristique du cancer, îivec
cette différence que nous regardons cette cellule, non pas comme un
élément d*une espèce à part, mais simplement comme un épithélium
/|30 ANATOMIK PATUOLO(iigUli.
qui ne dilTère do répithélium normal que par des modifications secon-
daires. Il importe donc, pour arriver au diagnostic du cancer, de bies
connaître les caractères physiques et micro-chimiques des cellales
cpithéliales, leur arrangement, et de savoir que ces éléments ne renfer-
ment pas de vaisseaux et ne présentent pas de substance intercellulaire î
la façon des éléments conjonctifs. Toutes les fois, en effet^que l'on setroaie
en présence de néoplasmes constitués par des éléments de ce genre n*a}^
plus la disposition régulière de Tétat physiologique et l'adaptation aune
fonction déterminée, on peut affirmer qu*il y a cancer. Il est bien évident
que ces éléments n*ont cette valeur pathognomonique qne dans la période
de leur complet développement; plus tard, lorsqu'ils viennent à dégéné-
rer et à disparaître^ le diagnostic est aussi plus difficile. C*est ce qui
arrive pour la forme de cancer connue sous le nom de squirrhe atro-
phique, cancer cicatrisant, h laquelle certains auteurs attribuent à tort
une origine conjonctive. A une certaine période, cette altération n'est
plus composée que par un tissu fibreux très-condensé; mais si l'on
vient à examiner la masse h sa périphérie, il est rare de ne pas y ren-
contrer des amas cellulaires non encore détruits et parfaitement recon-
naissables.
L'altération qui ressemble le plus à l'épithéliome glandulaire, est in-
contestablement l'adénome. Cette néoplasie est toutefois fort différente
du cancer, elle est une hyperplasie de Tacinus glandulaire, tandis que !f
cancer est une multiplication indéfinie des éléments épithéliaux de cclacinu^
avce destruction des culs-de-sac glandulaires. Dans l'adénome, lesépilhe-
liums maintenus par la paroi glandulaire restent toujours renfi*rmés dan>
les culs-de-sac de l'acinus, mais dans le carcinome, au contraire, celle paroi
étant détruite, les épithéliums sont contenus dans des alvéoles conjonctifs:
d'ailleurs l'âge où surviennentces néoplasies est Irès-dilTérent. Dans la «êrif
des néoplasies conjonctives, le chondroine et le fibrome embryonnain
sont les tumeurs qui se rapprochent le plus de l'épithéliome glandulain.
Le chondronie, dont les éléments cellulaires volumineux sont quelquefois
contenus dans un stroma alvéolaire peu différent du stroma cancéreux
(voy. fig. 112), se distiiigu(; parla nature de ses cellules i\»fringentesqu»'
réunit une substance intennédiaire, le (ihronie embryonnaii*e, par(i<'>
éléments de dimension relaliv^'uient faible, parcourus par des vaisseaux
et non contenus dans des alvéoles. Inutile, après ce que nous avons dit.
de rappeler les caractères diflerentiels des é|)ithèli()mes pavimenteiix el
cylindrifiue et de l'épithéliome glandulaire; ces altérations ne sont du
reste que des formes diverses des localisations spéciales d'un même éial
pathologique.
■ uvi<Ei<rLA.-;iEâ. USi
Éliohgie et patbogénie ~ L'étiolo<;i(! de ['éptht^-liome gliuidulaireestlout
nussi obscure que letiologic des épithéliomespavimenleuxel cylindrique.
Les divers genres d'initaliuii dans K-squels Virohow, 0. Welier et Hînd-
ileîscli ont voulu trouver le point de départ de la rormation caiduoma-
leuse tic sonl, en eiïet, qne des causes occasionnelles ou adjuvantes,
et non des causes eriicieiites. Un carcinome glnudulaiie qui survintit à
lu suite dun Iraumalismo ne peut être attribué uniquement k celle cause,
quuud. les nombreuses expériences pratiquées dans le but de produire
«l'tilicielleineul cette alTeclion par dos irritations mécaniques ou pbysiques
ont toujours échouéel n'ont jamais déterminé que des processus plilegnia-
Mques. Par conscquenl, s'il est vrai qu'un a^nl irritant ait la propriété
«l'cniiendrur le cancer, cet agent, que tout porterait à considérer comme
im prutluit de l'organisme, nous est jusqu'à ce jour absolument inconnu.
L'béréditê du cancer glandulaire ne peut étro mise eu doute, c'est du
snuiiis ce qui résulte des nombreuses observations rapportées |>ar les
nuleurs et des faits non moins intéressants que le professeur limca a
cdiisi^ués dans son Traité des tumeurs (t. I, p, 334). Mais avant d'être lié-
iwliluire, la careinosc a nécessairement dû être acquise. Ce sont donc les
cumiitions capables d'engendrer primiliveiuenl cette maladie qu'il importe-
rait de coiuialtre ; nous en avons parlé plus baut et nous n'avons pas fi y
■t'ictiir. Ajoutons simplement que la transmission réciproque de néopla-
''K'» i!pithé)iales atypiques est chose inliiiiment probable, c'est [ce que
^niMent établir les Taits statistiques apportés h l'appui de l'hérédité du
■'iiK'er; quelques-uns de ces faits nioutreiit, en eiïet, que des pei'sonnes
tiiiiiii<s de cancer du sein ou de l'utérus ont eu des enfants qui ont suc-
"mibé il des cancers de l'estomac ou d'autres organes, et inversement. En
'uul cas, le nombre des faits où une néoplasie conjonctive a paru snc-
'*dw à une néoplasie épilbéliale est tellement peu considérable qu'il est
ripjureuseiaeut impossible d'en tenir aucun compte, quand on suit
■^uibicn il est (acîle de laisser passer inaper^'ue la tumeur initiale.
BinMMiiipnie. — Voyei, plus liaut.à la page 298, tl les iiidlcalioiis tuî-
B«*elappcfucDi dti <!aNMr. — V. Colt.N'lL cl !.. Hanvifji, Voiitrihut. û
'■Siiilt lin ilixHojipi-mtnt histohijique da tumeurs épithtliales (^Jouiii. det'Aïui-
">"iir,\W4, 1(65, 1866, et Man. d'hUtohij palholog. Paris. 1869). —
" "tiKïeN, Zur Entwiditihoig d. Carcinome [Arehiv f. palholog, Anal, tmd
'h»hl., t. XLl, p. ii70, 1867, et 1. LV, p. 67, 1872). — n*N¥iKH. Btuik du
"'niiiome à t'aide dt l'imjaeanation d'argent [Archicea de phyeMogîc, 1868,
f- ÛM). — ^*u^l:<, Vvber EtUwiekeluns dei- heberkrebtc {Reiahert »nd du
^"f^lkymond'x Ardiiv, 1867). — I.anckiie.iux, Contribution -l fétade ik Vlujmto-
/|62 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
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TANSKv, (\uiciv (jcbitinciix [Avch. de ?//t'/., 1854, t. 11, 472, et (i<n. tnùl-,
1»S52, IV, 333). — S(:in:i-TZE, (\incrr (jrlatincuj- nlvculairc {Arrh. f. //«V/mv»!..
.1//'//., 1,4, p. 336). — Septinius \V. Simi.ly, On the structure and wiinn '!
sncallcdritlbùd cancre {M'^d.-rhir. Transact., vol. XXXIX, 259, 1856;. — E. ^V^-
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— Lanckheaix et La(.kkhuai:i:u, Atlas d'annt, pnth.^ Paris, 1871.
ÎII. ^ Néoplnsios (lu lissii ncr\oii\. — Né\romo8.
Des n^ch(T('hos précises ont mis hors de (lnut<' la proprirlé (pie po>M'-
(lent les nerfs de se ré'rénérer, dans certaines conditions, après avoir «l''
détruits. Philipeaux (»t Vulpian, dont les e\p<Tiences ont lar^icnient n»"*
HYPERPLASIEâ. 'lÔS
Iribuù à mcllre celte vérité en lumière, prétendent môme avoir trouvé des
libres nerveuses de nouvelle formation jusque dans une portion de nerf
(ju'ils avaient transplantée six mois auparavant. Si la régénération des gan-
glions nerveux, annoncée par Valentin et Waller, n*a pas été vériflée par
les recherches de Schrader et de Schiff, cependant Aniemann, Flourens,
Brown-Séquard ont constaté, chez les animaux, la réapparition du mou-
vement des membres après une section transversale de la moelle épinière.
Schill a vu également la réapparition de la fonction après la section de
certains points de Tencéphale, et Demme aurait trouvé, une fois, dans les
centres cérébraux des tubes nerveux nouvellement dév<îloppés au sein
d'une substance conjonctive. Par elles-mêmes, ces recherches portent
déjà à admettre la possibilité de formations accidentelles dans le tissu ner-
veux ; mais l'observation a parlé sur ce point, et la réalité de ces forma-
tions, tant dans les nerfs que dans les centres encéphaliques, est aujour-
d'hui incontestable. Avec Forster, nous donnerons aux unes le nom de
névrome fasciculaire, aux autres celui de névrome médullaire.
Le névrome fasckulaire^ formation composée principalement de fibres
nerveuses à simple ou à double contour, est une altération tout à fait
distincte des néoplasies muqueuses ou fibreuses développées sur le trajet
des nerfs, et qui, jusqu'ici, ont été désignées à tort sous le nom de né-
vromes. C'est une formation qui n'est pas extrêmement rare, elle se ren-
contre fréquemment, dans les moignons, aux extrémités des nerfs coupés,
et (juelquefois sur le trajet des cordons ou des branches nerveuses. Sous
forme d'un simple renflement, dune nodosité ronde ou ovale, du volume
d'une lentille, d'une noisette ou même d'une petite pomme, le névrome
fasciculaire est une tumeur ferme, solide, lisse à sa surface et très-nette-
ment circonscrite dans quelques cas. Il est constitué histologiquement
par des tubes nerveux semblables aux tubes nonnaux, diversement entre-
croisés et séparés les uns des autres par du tissu conjonctif plus ou moins
riche en éléments cellulaires. Or, suivant qu'ils renferment des tubes
nerveux à double contour, ou des libres de Uemak, les névromes fasci-
culaires ont été désignés par Virchovv sous les noms de névromes myéli-
nique» et de névwmes amyéliniques. Le même auteur admet en outre des
névromes purs, dans lesquels les éléments nerveux prédominent; des né-
vromes télangiectasiques où l'élément vasculaire est abondant, et, d'après
la nature du tissu interstitiel, des névromes fibreux, gliomateux et nm-
queux; mais ces divisions ne s'appliquent qu'à des variétés. Labhé et
I^gros ont observé des névromes caractérisés par Thypergénèse et
rhypertrophie des corpuscules terminaux des nerfs.
Le névrome fasciculaire, suivant Forster qui a étudié le développe-
lièk AN4T0H1B PATBOLOGIQUE.
ment de celte formatioii, prend naissance aux dépens du tissu conjonctiF.
Les fibres nerveuses proviennent de cellules fusiformes qui s'allongent,
s'anastomosent par leurs pointes et finissent par renfermer de la modie
nerveuse. Ce névroine est d'ordinaire unique, plus rarement multiple. Il
est localisé tantôt à un seul, tantôt à plusieurs nerfs. Son évolution est
lente, et souvent, au bout d'un certain temps, il cesse de s'accroître. C'est
uue aiïeclion en somme peu grave et qui parait avoir un traumatisme
pour point de départ babituel.
Le névrome médullaire a pour siège les ganglions, les centres ou les cor-
dons nerveux. Les névrouies ganglionnaires sont rares, du moins il n'ea
existe jusqu'ici que fort peu d'exemples.
Virchow avoue, dans son Trai/é det tu-
meurs, n'en connatlre que deux obser-
vations, encore n'en esl-il qu'uue qui
inérile créance. C'est un cas rapporté par
Gùnsburg, où le troisième et le qua-
Irif'Uie nerf sacré du cdté gaucbc se
terminaient chacun par un renOemeut
hlancliAtre, pisiforme, de 2 millimètres
de longueur, de 1 centimètre de largeur
etde 1/3 de centimètre d'épaisseur, tan-
dis que ceux du côté droit sortaient
d'un reiilleinent plus petit. Ces renfle-
ments étaient composés d'un feutrage
de libres nerveuses cl de tissu interstitiel,
avec de nombreuses cellules plaies,
transparentes, de 0°"°,1 à 0'°"°,13 dedia-
mètix". .\u rapport de Rindflcîsch {Ti-aitê
d'/iistiilugie pathologique, trad. franc, par
Cross, p. 160), Simon, de Francfort, au-
rait observé une tumeur de la grosseur
d'un œuf de poule, située dans l'angle
foimé par la paioi costale et la surlaco
aulérieuiH; de la colonne vei tébiale, la-
quelle se trouvait formée de libres nerveuses et de cellules ganglionnaires
de nouvelle formation. Toutefois, en raison du siège, l'idée de I'Iivikt-
irophie d'un ganglion du grand synipalbiquo ne peut être eutièrenieut
rejeiée.
l'n fait consigné dans mou Atlat d'auolumie patlioloi/içue me parait
avoir plus de valeur. Il s'agit d'un homme mort, à l'ùge de trente huit
FiG. 170. — Extiùjniia [uKrieuro <lc
is moelle épinière, et queue de che-
val sur Ic9 cordons nerveux du lu
quelle exiitent des rendemenli o
HïPEBPLASIES. 465 ^
ans, d'une nITeclîon syphilitique de la [irotiibérance niintilairc, à l'au-
topsie duquel il fut constaté que six des Taisccaux nerveux qui consti-
tuent la queue de cheval présentaient, >i 1 ou 2 centimètres de t'extré-
mité de la moelle, des renflements rusiformes grisAtrcs, assez semblables
aux ganglions spinaux, ayant depuis le volume d'un grain de blé jus-
qu'à ta grosseur d'un noyau de prune (Hg. 170). Sur une coupe microsco-
i
Fia. 171. — Coupe mieroicDpiqiiE del'i
odtuli'B avec nnyaiix (lUaËininiiei diini
cullitemcnl leclioaiiét.
!i des névronia* repréicntéi Og. 170. n, groutt
le itroiUB conjonctir, li, labet nerveux perpeadi-
je longitudinale, on reconnut la présence de tubes nen'eux disposés
s forme de faisceaux entre des amas de cellules ari'ondies ou ovoïdes,
[ pigmentées, en possession d'iin noyau très-volumineux. Une coupe
I transversate montra de la façon la plus nette que ces cellules étaient com-
l prises dans des espaces formés par les travées conjonctives ; et bien
■ ■lu'il fût djflîcile de leur trouver des prolongements, néanmoins elles
e [uinirerit devoir être considérées wtmme des cellules nerveuses
{ih 171).
Iln'y a pas, que je sache, d'observation de névTome vrai de la moelle
lanière ; ce qu'on a décrit sous ce nom n'est qu'une hyperplasie de la nè-
B'Voglie. Quant aux formations nerveuses signalées par Virchow dans les
m conf;énitales sacro-eoccygicnnes, elles ne peuvent être regardées
le des névromes vrais ; elles ne sont que le système nerveux nidi-
locataire d'une nionslmositti (voyez p. 103). Cependant, il existe des ob-
, — Trii lé d'Anal. I. — 'il
hdG ANAT0M1E PATHOLOGIQUE.
scrvatioiis do névrames de l'encéphale, dont quelques-uns sont ooB^éni-
taux. Rokilansky, Vtrchow, Griesinger, Tungei, Moschede, Merket H
Th. Simon ont rapporlé des eas où des masses de substance ^rUt^e^iisUiist
congéiiitalement au sein de la substance blanche de l'encéphale, au Toiti-
nage des circonvolutions ou des cavités des ventricules latéraux ; Biais,
dans tous ces Taits, il s'agit vraisemblablement, non pas d'une té»-
plasie, mais bien d'une malformation, d'une liétéiotopie <le la substanor
grise chez des individus présentant des désoitlres cérébraux et le plu
souvent épi le p tiques ou idiots.
Sous ]c. nom do cérébrotne, llayi'm a rappoilé un cas de tumeore^
fie. 1Î2. — bcllulfs ruaifurmei iloiléM pmtvoant d'une tameur développée danta
lubslancc blnnche d'un hémiiphèrc cérébral.
rébrate qui avait le volume d'une grosse orange, et qui occupait Ieiio;«
blanc de l'hémisphère droit du cerveau. Nettement circonscrite et éns-
cléablc, cette tumeur était creuséed'un kyste du volume d'un œuf de pnuk",
et Formée presque exclusivement par de jeunes éléments nerveux en iwf
EVPERPLASIES. â87 I
l^évolulion. J'ni observé, pour mon coinpte, dans la substance blanche '
s l'hémisphère cm-bral gauche, deux lumeurs voisines, composées de
rossescellulessphériques, éloiléesoufusifoi'mes, avec prolongemenls ru-
Bnés, muniesd'un seul ou de plusieurs iioyaux ovoTdes ou arrandis entou-
rés de granulations pigmentaires el TL'unïes par mifi gan^e amorphe et
QDe trame lîbrillaïre vascularisée (Gg. 17^]. Ces deux Taits pourraient porter
|1 admettre l'existence de névromes vrais de l'encéphale. Cependant, il ne
e semble pas absolument démontni que les éléments cellulaires observés
Lns mon cas soient bien réellement des cellules nerveuses ; ces éléments
e sont pas, en effet, dépourvus de ressf^mblance avec les cellules araî-
jHé^s de In névrogtie, lesquelles font partie du tissu conjonctif. Quant au
I fait rapporté par Hayem, il donne lieu à des objections non moins sérieuses,
i par conséquent il n'est pas possible, aujourd'hui, de considérer comme
laine l'existence d'un névrome vrai du cerveau, si l'on fait abstraction
d'hétérolopie ou de malformation de h substance nerveuse, qui
nppartiennmt pas au group<! des ntoplasies
L'ëtiologie du névrome est fort inceitauie, le truumntiMne et l'hérédité
I ,pu être regardés dans quelques cas comme la cauM d'un certain
nbre de né>Tomes fasciculaires ; quant au névrome médullaire, oit
bl dire que son origine nous est jusqu h ce jour nh^ohiment in-
BiBUor-RAPiiii!. — Bé«énérMl«a dra ■■«rflt. — Arnrmank, Versnrhi- vebcT
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médecine, 1861, série 5, t. XVIII, p. 540. — Vircqow, Pathologie des tumem,
t. III. Paris, 1869. — A. Genersich, Multiple Neurome {Archiv f, pathol. AnaL
und PhysioL, t. XLIX, p. 15). — L. Labbé et Ch. Legros, De trois cas de wé-
vromes {Jour, de Vcmatomie et delà physiologie^ 1871-72, p. 171).
Après une étude détaillée des lésions de nutrition ayant leur type dans
le développement physiologique des tissus de Torganisme, il importe de
montrer, autant que possible, les analogies et les différences que présen-
tent ces lésions entre elles, et celles de leurs produits avec les tissus nor-
maux. Certes, la limite entre les phlegmasies et les néoplasies est presque
insensible ; on comprend donc que les auteurs soient loin de s'entendre
sur ce point et que les uns fassent rentrer dans le groupe des néoplasies
ce que les autres attribuent aux phlegmasies, et inversement Cependant,
malgré la grande ressemblance qui existe à leur point de déprt, ces
lésions offrent des différences notables k leur point d'arrivée. D'ailleurs, si
nous sommes maîtres de produire, pour ainsi dire à volonté, la plupart
des phlegmasies, il nous est impossible d'arriver à faire naître la moindre
des néoplasies, celles-ci étant sous la dépendance de conditions éliolo-
giques absolument inconnues.
Les phlegmasies sont des affections de tous les âges, elles s'attaquent
également bien à l'enfance, à Page adulte et à la vieillesse ; les néopla-
sies, au contraire, s adressent plus spécialement aux âges extrêmes, et
surviennent, les unes, dans la période d'accroissement des organes, les
aulres, dans ta période de d'échéance organique. Les premières de <:es
alléralîons n'otil qu'une faible tendance b s'étendre au delii des parties
irrilées, c'est-à-dire soumises à l'inlluoace de l'agent morbirique, et les
désordres qu'elles engendrent sont ordinairement réparables. Les secondes
se limitent seulement dans quelques circonstances; le plus souvent elles
s'étendent d'une façon iadéiinie au sein des tissus qu'elles détruisent
I>eu à peu. Les produits phlegmasiques cessent de se développer au
boutd'un certain temps, après quoi ils restent stationnaires si leur accroîs-
»ment est complet, ou bien ils se métamorphosent et sont l'ésorbês.
Les produits néoplasiques ont pour la plupart une e.vtension illimitée,
et comme ils continuent St sa développer dans leurs parties périphériques,
t^indis que leurs parties centrales sont en voie de métamorphose ré-
gressive, il en résulte qu'ils donnent naissance à des ulcères d'une forme
souvent particulière.
Chacun de ces groupes comprend des tissus qui ont la plus grande
;emblance avec les tissus normaux, à eâté de tissus qui en dilTèi'ent
nsiblement, comme le tubercule, le fibrome embryonnaii-e, etc. Quel-
ques-unes seulement de ces altérations peuvent infecter l'économie, ce
sont les phleginasies suppuratives et les néoplnsies épithéliates atypiques
ou cancéreuses, qui, dans certains cas, déterminent des désordres secon-
daires plus ou moins éloignés, semblables à l'altération primitive. Les
phlegmasies, comme les néoplnsies, affectent plus spécialement tantât
les tissus conjonctifs, tantrtt les tissus êpithéliaux, et so comportent d'une
fîK'on fort différente, selon que les uns ou les autres de ces tissus sont le
siège de la localisation morbide. D'une façon générale, les altérations des
tissus de substance conjonctive sont moins graves que les altéra-
tions des épithéliums, ce qui tient, d'une part, à l'importance fonction-
nelle de ces derniers, d'autre part, h la difficulté ou même à l'impossi-
hilité de se régénérer, pour un certain nombre d'entre eux. L'inflamma-
tion des épithéliums est souvent la mort de ces éléments, il en est de
même de celle des cellules nerveuses ; au contraire, les phlegmasies
des tissus conjonctifs se traduisent presque toujours par une nouvelle for-
mation luxuriante. Dans les néoplasies, les éléments épithêliaux comme
les éléments conjonctifs se multiplient .sur une grande échelle, mais les
premiers ont plus que les demiei-s de la tendance à se détruire et à infec-
ter l'organisme, d'où l'indication d'opi'rcr plus tât les tumeurs épïthé-
|iialcs.
^taijes différences que nous venons de signaler entre les processus phleg-
^Buiques et néoplasiques ne sont pas seulement nnatomiques et physio-
Bwtiques, elles sont encore étiologiqurs. Nous savons di'-jîi que les causes
I
ANATOHtE PATHOLOGIQUE.
inlcgmasies et des iiéoplasies ne sont pas identiiiues ; ajonloiM quf
causes des plilegmasîes des tissus conjonctiTs ne sont jamais ceWes
'oduisent les phlegmasies des tissus épithéliaux, et inversement
telle sorte que chacun de ces tissus s'enflamme sous riiiDuetic^ (!•-
lises spéciales. Ce fait étant \Tai pour les phleginasîes, doit IVtn-
lement pour les mîoplasies; aussi, peut-on supposer que les néoplosies
•solives, déjà si différentes des néoplasies épilhéiiales, le sonl
au point de vue de leur origine. Malgré l'ignorance où niii!'<
s dt' cette origine, il nous est donc possible d'aflinner qu'elle-
as identique pour ces diverses altérations.
ima considérations qui précèdent touchant les hyperplasies, il résuld'
qu'il y a itutaiit de foi'mcs de tissus pathologiques qu'il existe de tissus
pliysiologiques.et que tout tissu normal peut végéter et donner naissance
il un néoplasme pathologique. Mais, contrairement aux tissus physiolo-
j^iques, les tissus pathologiques, nés, pour aiusi dire accidentellemenl H
saus but fonctionnel, ont une évolution irrégulière et déréglée. Plus (in
moins complètement subordotmés fi la vascularisation et à la facilité rfi'
^néralion des tissus normaux, les tissus pathologiques ont enfin d'ati-
n s do tendance à se généraliser et îi récidiver que leur pui»sa[ire
accmissement est plus faible et que leur développement est plus im-
larfait.
CHAPITRE III
DES HYPOPLASIES
Nous désignons sous ce nom des alléralions qui ont pour point de
départ l'affaiblissement de la nutrition des tissus, et pour caractère
l'inliltration des éléments histologiques par des substances qui troublent
et compromettent leurs fonctions.
Produites pour ainsi dire à rimage des désordres nutritifs amenés par
Tàge, ces altérations consistent moins dans un changement de texture
que dans une modification chimique des parties affectées, modification
en vertu de laquelle des substances diverses, la graisse, la cholestérine, la
chaux, l'albumine, etc., se substituent aux matières proléiques ou vien-
nent prendre leur place. Infiltrées de ces substances, les éléments
analomi(|ues perdent leur forme, leur réfringence normale, leur struc-
ture, ils s'atrophient et, par suite, les organes changent de colora-
tion, de consistance, et quelquefois de volume. La composition chi-
mi(iue de ces parties se modifie par cela même, de telle sorte que les
tissus présentent dans ces conditions des réactions différentes de celles
de l'état normal. L'évolution de ces lésions est toujours lente; rarement
les éléments histologiques se débarrassent des substances qui les infiltrent.
Si qnehjues-unes de ces substances, comme la graisse, peuvent être
résorbées, il en est d'autres, et la substance diteamyloïde(albuminoïde)
est de ce nombre, qui ne subissent aucun changement une fois déposées
dans les tissus ; ceux-ci cessent peu à peu de fonctionner, étouffés qu'ils
sont par la substance étrangère. Loin d'engendrer des formations nou-
velles, les hypoplasies conduisent donc à la destruction des tissus nor-
maux, ou du moins à la diminution de leurs fonctions. Ces lésions sont
d'autant plus sérieuses, que la thérapeutique est à peu près impuissante
à les combattre.
Des conditions pathogéniques assez semblables se retrouvent dans les hy-
poplasies ; elles concourent pour laplupart à diminuer l'activité formatrice.
hl2 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Ainsi voit-on se produire ces altérations chez les buveurs qui se donnait
peu de mouvement, chez les individus qui suppurent et qui prennent peu
d'exercice. Dans la plupart des cas, la fonction respiratoire est amoin-
drie, les oxydations sont ralenties, et le sang est presque toujours altéré;
malheureusement nous savons peu en quoi consistent les modifications
qu'il subit. Malgré des analogies assez nombreuses, les hypoplasies
offrent des différences résultant surtout de la nature des substances qui
infiltrent les tissus. Prenant ces différences pour base, nous étudierons
successivement les dégénérescences graisseuse, albuminoîde, colloïde oa
vitrée, calcaire et pigmentaire, après quoi nous aborderons l'étude des
nécroses et des gangrènes.
§ !•'. — INFILTRATION ET DÉGÉNÉRESCENCE GRAISSEUSES. ADIPOSK
ET STÉATOSE.
La plupart des tissus de l'organisme, en dehors de la graisse qui entre
dans leur composition normale, ont de la tendance à se charger des sub-
stances grasses qui circulent avec le sang. Ces substances se déposent de
préférence dans quelques tissus, notamment le tissu conjonctif sous-
cutané et le tissu du foie, où leur accumulation produit l'infiltration grais-
seuse de l'élément histologique (adipose). Dans quelques circonstances,
au lieu d'un simple dépôt de matières grasses sans autre altération de
l'organite, il se produit une sorte de transformation des principes albu-
inineux des parties élémentaires en substances grasses. Connue sous !♦*
nom de stéatose^ celte transformation a pour conséquence ordinaire d'a-
mener la destruction plus ou moins complète et la résorption des élé-
ments affectés. L'adipose et la sléatose diffèrent donc Tune de l'autre par
leur cause, leur nature et leurs consécjuences ; néanmoins elles coexistent
fréquemment, et il n'est pas toujours facile de les séparer.
1" Adipose. L'adipose ou iiilillration graisseuse pathologique est coii-
stit'iée par le dépôt, au sein des éléments histologiques, des matièrt»s
grasses devenues abondantes dans le sang, par suite ou d'un apport trop
considérable (alimentation riche en graisse) ou d'une élaboration insuffi-
sante, comme dans la vieillesse et l'inaction musculaire. Klle a son typf
physiologique dans le tissu graisseux sous-cutané et sous-séreux de
l'homme adulte, dans l'épithélium intestinal et les cellules du foie, au
moment de la digestion. Cette infiltration est de plus l'étal normal des
reins de quelques animaux adultes, les chats et les chiens nolainineni;
elle s'observe enfin dans ces mêmes organes, dans le cerveau et lt*>
poumons des animaux et de rhoinine, iinmédiatenient après la naissance-
HYPOPLASIES. 473
Entre ces états physiologiques et Tétat pathologique, la transition est le
plus souvent insensible.
L'infiltration graisseuse pathologique envahit les tissus conjonctifs, prin-
cipalement ceux qui enveloppent les glandes viscérales, comme aussi
les tissus épiihéliaux, et en particulier les éléments propres du foie et des
reins. La graisse que renferment ces tissus existe sous forme de gouttes peu
volumineuses, mais qui se fusionnent facilement, de façon à former des
gouttes plus grosses. Les éléments affectés conservent leurs propriétés vi-
tales et fonctionnelles normales, excepté lorsque le dépôt graisseux est très-
abondant, dans lequel cas ces propriétés peuvent être diminuées ou abo-
lies ; la graisse, toujours contenue dans les cellules, ne forme plus alors
qu'une goutte unique refoulant le noyau à la périphérie contre la mem-
brane. Dans ces conditions, les cellules épithéliaies, celles du foie, par
exemple, deviennent analogues aux cellules graisseuses du tissu conjonctif ;
mais il est probable qu'elles peuvent revenir encore à leur état noimal,
du moins il n'est pas démontré qu elles soient définitivement détruites par
l'infiltration graisseuse, même si leurs propriétés fonctionnelles sont plus
ou moins complètement éteintes. Modifiés de la sorte, les organes sont
mous, colorés en jaune clair, exsangues, parsemés de dessins divers, plus
ou moins fortement tuméfiés, et d'une densité qui est parfois moindre que
celle de l'eau. Ces caractères peuvent suffire au diagnostic de ces lésions;
mais, en général, ce n'est qu'à l'aide du microscope que l'on parvient à
reconnaître les degrés inférieurs de l'infiltration graisseuse.
Cette infiltration se rencontre chez les gros mangeurs, surtout quand
ils ne prennent qu'un faible exercice musculaire, et principalement chez
les personnes qui font un grand usage de substances grasses, de substances
amylacées et sucrées ; elle s'observe encore chez les individus qui font
des excès d'alcool; enfin, chez tous ceux dont la respiration et, par cela
même, la combustion des tissus sont incomplètes, comme les phthisiques
et toutes les personnes atteintes d'emphysème et de dilatation cardiaque
2* Stéaiose. La sféatose, comme l'infiltration graisseuse, est tantôt un état
physiologique, tantôt un état pathologique. Le type physiologique de cette
dégénérescence est le propre des épithéliums d'un certain nombre de
glandes. La matière sébacée, le lait, ne sont vraisemblablement que le ré-
sultat delà transformation graisseuse des cellules épithéliaies des glandes
cutanées et mammaires, quoique récemment on ait pu penser que ces sub-
stances formées en dehors des épithéliums glandulaires étaient excrétées
par la propriété contractile de ces éléments. La membrane granuleuse de
Graaf, un certain nombre de fibres utérines après la grossesse sont incon-
MU ànatomie pathologique.
testablement résorbées pai' le fait de cette métamorphose. Ja rédaction
de volume ou même la disparition de certains organes, dont le rôle est
transitoire, comme le thymus, a lieu, du reste, par le même mécanisme,
et la résorption des tissus morbides ne s'opère pas autrement. Dans toutes
ces circonstances, la stéatose est un fait dont bénéficie l'organisme. Bien
différents sont les effets de la stéatose à l'état pathologique.
Cette altération n'épargne aucun tissu, mais elle produit les plus
grands désordres dans les tissus épithéliaux, en raison de leur impo^
tance fonctionnelle. Le foie, les reins, les glandes du tube digestif,
sont les organes glandulaires particulièrement disposés à cette dégénéres-
cence. Ces organes pâlissent, revêtent une teinte jaunâtre d'autant plus
foncée que l'altération est plus considérable. Leur consistance se modifie
peu h peu, elle devient molle et onctueuse, leur volume augmente ; le
foie, par exemple, s'épaissit, ses bords s'arrondissent, sa capsule se tend
et sa forme change; d'autres fois, cet organe flasque et ridé diminue
de volume, par TefTet de la résorption d'une partie de ses éléments. Les
cellules épithéliales apparaissent au microscope, d'abord un peu troubles,
puis granuleuses, laissant apercevoir dans leur épaisseur de fines granu-
lations ou des gouttelettes graisseuses, remarquables par une forte
réfringence et un double contour (fig. 173). Ces granulations se mani-
festent dans le protoplasma, notamment au
pourtour du noyau , et même dans l'épais-
seur de ce dernier, circonstance qui montra
bien, comme le fait remarquer Paget, qu'il
s'agit d'une transformation sur place. Inso-
lubles dans l'acide acétique, la potasse à
Fig. 173. — Cellules hépatiques ^*0 pour 100 et à froid, ces granulations se
affectées de stéatose. dissolvent dans une grande quantité d'éther
et dans le sulfure de carbone ; elles se colorent en bmn par l'iode,
et en noir par l'acide hyperosmique (Schuitze); elles envahissent
peu à peu la cellule tout entière et voilent son noyau. Celle-ci aug-
mente de volume, prend une forme arrondie qui la fait ressembler
à un corps granuleux; le noyau se détruit et la masse se dissocie enfin
par la séparation des molécules qui la constituent (fig. 17^i). Si la a^lule
possède une membrane propre, ce phénomène est retardé, mais le
résultat est le même. Dans tous les cas, la désagrégation commenci*
à la périphérie ; la masse tout entière se divise d'abord en plusieurs agrégats
de gouttelettes, puis en gouttelettes isolées qui se répandent dans un liquide
alcalin, ce qui constitue le détritus granulo- graisseux. Ce détritus est
généralement résorbé tout entier, sinon il reste pendant quelque temps
by.puis il SG ded b
cristallise
[aies isolées ra n n
r d'un centre d m
lonne lieu à d ea
s très- fines bé
hk des reuil n eo
Inné Fomie d m
^trémetnent m d
1^ an^fles son qu
tr une échaii p
{MDcé appr q
i' le conçoit
kftrtielle, q
tonce en dan^ <l
îtocdestisSUSdeSubstance alteinl»dc.téalO»;fl,gl<.m*rdei,.lade.
H ne diffère pas de celle que nous menons de diciiie elle
■•pécialeineul dans la tuinque nileme de'^atU^<^,dalI^ le diniie
JDUiqueux, dans le^
BB libreuses et se-
ns la nùvroglie, le
ntiliel des glandes;
Bve encore dans les
£i cartilatces, des
t des muscles et
f
lltanique iiitcnie des
[vcette altération se
l'intérieur des cellu-
(.■sarlériolesetlesca-
41eaffecto lesmâines
Je préférence aux
Abg (fig. 175). Ce
important à con-
BB qu'il permet de
|- U sléatose des
IBBUX de l'inliltnition fiiaiSMUse qui se produit Jaus quel-
HlsUnces, le ramollissement cérébral, par exenipb
^e lympliatique. Les muscles stries et les muacles lisses
lîprès également pndisposis a In stealose Dins les muscles
Fie 17') — A e-iuclie, -itUnule de la moelle
èpiniÂre alteinte li» digénévetcence graitscua?.
A [Iroile, deux Dbrd muaculaires lutiissBni la
iiiéine Aé^LBatLicence , I alUralion débule au
puiirtoiir des nojaui el b» conlmue cnlra loi
nurilles
L
d
ft76 AHITOMIB PATHOLOGIQUE.
striés , cette altération commence an voisinage des noyaux ou dans leu
intérieur, et se continue ensuite entre les fibrilles, dans les sillons loii|t-
tndinaux qui représentent le protoplasme, jusqu'à ce que la libre tod
entière soit semée de gouttelettes de graisse qui se substituent peu à pa
à la syntonine (fig. 175). En même temps, la fibre musculaire perd loi
élasticité et sa contractilité. Semblables phénomènes se passent u
sein des fibres musculaires lisses, qui finissent par constituer des corp
granuleuK fusiformes; la dégénérescence de ces éléments est suirie de
la dilatation des cavités qu'ils circonscrivent. La stéatose des tubes
nerveax porte primitivement sur la moelle, qui se coagule, [nui b
sépare en fragments régulièrement cuboïdes. Ca
fragments, contigus d'abord, s'éloignent plus tMii
les uns des autres, leurs angles s'émoussent 4i
s'arrondissent, et l'on voit apparaître des goutlM
de graisse brillantes , qui se divisent et composât
à elles seules tout le contenu du tube nerveux, de
sorte que celui-ci se trouve constitué par une série
muniliforme de gouttes de graisse maintenues pv
la tunique externe (fig. 176). Le cylindre d'aie tA
la partie qui résiste le plus longtemps à cette
[' Méâtosi'i'det îteth transformation, il peut même lui échapper et rester
de la peau du braa d'un inlact; plusieurs observateurs prétendent l'a^tiir
'^ "'"*' trouvé envahi ou transformé par la métamor-
phose graisseuse. Les tissus pathologiques ne sont pas plus cpannHs
que les tissus physiologiques, car les élémenls qui les composent sont
généralement soumis à l'altéralion graisseuse.
Indépendamment des caractères particuliers aux organes directement
altérés, la stéalose, un peu étendue, surtout quand le foie est afleclé,
imprime un cachet particulier à l'économie entière. La peau se décolore,
et quelquefois il se produit un léger œdème du tissu coujonclil sous-
cutané, une tendance aux hémorrhugies, du moins à la production d'ec-
clnmoses sous-screuses ou sous-muqueuses. Ces phénomènes, indices
d'une altération du sang et d'une hématose imparlaite, peuvent détei^
miner, principalement chez les nouveau-nés et chez les femmes dans l'étal
puerpéral, une mort rapide avec des symptrimes peu différents de ceuï
que détermine la mort par sulTot-ation. La modification subie en pareil
cas per le liquide sanguin n'est pas très-bien connue; cependant, o» a
trouvé que ce liquide renfermait une proportion de graisse plus consi-
dérable que dans les conditions normales. Ménard a donné la preure
chimique de l'augmentation de la graisse dans le sang des chiens qu'il
Fie. 176. — Tubet n
HYPOPLASIES. 477
ivait préalablement intoxiqués par le phosphore. Ritter a constaté,
lans les empoisonnements par lemétique, le sulfure d'antimoine,
l'arsenic et le phosphore, en même temps qu'une altération du globule
sanguin, l'augmentation de la graisse, dont la quantité était en propor-
tion directe de la dose du toxique et de l'altération du globule. Certains
cas d'anémie progressive chez l'homme sont accompagnés également
l'une forte proportion de graisse dans le sang et de stéatose des organes.
Dans tous ces cas, la quantité d'azote et d'urée diminue dans les urines
[Ritter], l'acide urique augmente, quoique l'acidité de ce liquide diminue.
La stéatose est partielle ou générale, suivant qu'elle affecte une partie
^u la totalité d'un même organe. Le plus souvent, d abord partielle, elle
s'étend ensuite à tout un système de tissus, et même, si elle dépend d'une
cause générale, plusieurs tissus peuvent être simultanément atteints. La
rapidité d'évolution de cette dégénérescence varie avec la cause qui l'a pro-
duite; tandis que, dans l'empoisonnement par le phosphore, la stéatose
survient en quelques jours, elle met plusieurs mois ou des années à se
produire chez les buveurs d'alcool et chez les cancéreux. Cette évolution
parait se faire en trois temps : les éléments commencent par devenir trou-
bles, légèrement granuleux, puis le protoplasma se transforme en petites
granulations réfringentes solubles dans l'éther, ou gouttelettes graisseuses.
Ces granulations voilent tout d'abord le noyau qui persiste, puis elles
infiltrent l'élément tout entier, se désagrègent, et l'élément est détruit.
Diagnostic et pronostic. — La stéatose se reconnaît à l'œil nu par la
teinte jaunâtre partielle ou générale, la consistance un peu molle, et la
tuméfaction plus ou moins considérable que présentent les organes
afTectés de cette dégénérescence. Le microscope est d'absolue nécessité
pour le diagnostic de cette altération dans ses degrés les plus légers ;
il permet seul de reconnaître l'inGltration des éléments par des gout-
telettes graisseuses. Peu sérieux dans certains cas, le pronostic de
la stéatose est d'autres fois très-grave, à cause de la difficulté où sont
les tissus atteints par cette métamorphose de revenir à leur état
primitif et par conséquent de recouvrer leurs fonctions affaiblies ou
perdues. Elle est en raison directe de l'importance fonctionnelle de
l'organe affecté et des désordres matériels qui en résultent. Toutes choses
égales d'ailleurs, la stéatose des vaisseaux qui prédispose aux hémor-
rhagies, celle du foie qui produit l'anémie et l'hydropisie (1), celle des
(i) L'altération graisseuse du foie doit être comptée parmi les causes de l'hydropisie.
Celle-ci se produit toutes les Tois que la densité du parenchyme hépatique est moindre
que celle de l'eau. C'est un fait qui n'est pas douteux pour moi, car il s'appuie sur plus
de vin^ observations personnelles.
478 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
reins qui entratne à sa suite l'albuminurie, sont des altératimis certai-
nement plus dangereuses que la stéatose de quelques muscles.
Ètiologie et pathogénie. — I^ stéatose apparaît à tous les ftges de
la vie commune chez les vieillards, elle se rencontre aussi ches ks
très-jeunes enfants. Buhl et Hecker ont signalé Texistence de la stéatose
aiguë des viscères chez les nouveau-nés, et plusieurs fois, peodaot
mon clinicat à THôtel-Dieu, j'ai eu l'occasion de rencontrer cette même
dégénérescence, dont le docteur Parrot a fait une étude approfondie pour
le cerveau. Furstenberg et Roloiïont observé une altération analogue eha
de jeunes animaux domestiques, poulains, veaux, porcs, agneaux. Le
dernier de ces auteurs fait remarquer sa fréquence chez les petits des ani-
maux qui, comme le porc, restent constamment renfermés, en vue de Tea-
graissement^ et induit de là une transmission héréditaire. Un fait qui Im
paraît venir à l'appui de cette manière de voir, c'est que dans les haras
où les juments, uniquement destinées à la reproduction, sont bien now^
ries et ne prennent aucun exercice, il est commun d'observer cette
dégénérescence chez les jeunes poulains. Le défaut de soude dans l'ali-
mentation de ces animaux et une trop grande quantité de nitrate de
potasse sembleraient tout au moins les prédisposer à cette altération.
Les faits de ce genre aideront sans doute à éclairer l'étiologie de la stéa-
tose des enfants nouveau-nés ; cependant, le nombre des cas où cette
dégénérescence pourrait être attribuée à l'hérédité parait peu considérable,
et vraisemblablement les conditions étiologiqucs qui lui donnent naissance
sont multiples. Parrot, qui a observé un grand nombre de fois cette altéra-
tion, la rattache à une alimentation insuffisante ; mais, sans nier cette in-
fluence, on ne peut lui attribuer tous les cas de stéatose du nouveau-né,
puisque cette dégénérescence se rencontre chez des enfants bien nourris ;
moi-même je l'ai obser>'ée dans ces conditions. L'amidon et les farineui,
dont on fait malheureusement une consommation trop abondante pour les
jeunes enfants, sont certainement de nature à amener celte métamorphose
organique. L'amidon et le sucre, comme on sait, sontdes aliments qui ont
la propriété de produire de la graisse ; peut-être le défaut de certaines
substances dans l'alimentation conduirait-il au même résultat.
Les condilionsqui, chez l'adulte, donnent lieu à la stéatose, sont: l'abus
prolongé des liqueurs alcooliques, de l'élher, du chloroforme ou encore
l'absorption de certains carbures d'hydrogène, les intoxications aigués par
le phosphore, larsenic, l'antimoine. Quelques états physiologiques, la
grossesse, la la(;lation, un certain nombre de maladies graves, aigués ou
chroniques, les pyrexies et notamment la fièvre typhoïde, la variole hé-
HYPOPLASIfiS. U19
morrhagique, la scarlatine, la pyémie et la septicémie, déterminent des
altérations peu différentes; enfin, quelques maladies à longue échéance,
avec cachexie, comme la carcinose, la tuberculose, Timpaludisme, et
même la syphilis et le scorbut, peuvent engendrer Tinfiltration graisseuse
et la dégénérescence stéatosique d'un certain nombre de viscères, princi-
palement le foie, le cœur et les reins.
Avec des circonstances étiologiques aussi diverses, il importe de recher-
cher comment se produit la stéatose, et de se demander si cette
dégénérescence ne serait pas subordonnée à des conditions pathogé-
niques assez semblables. Je ne prendrai pas la peine de réfuter une opi-
nion qui a cours en Allemagne, et d'après laquelle la stéatose en général,
et celle de l'intoxication phosphorique en particulier, seraient dues à un
processus irritatif ou inflammatoire. Hanvier s'est parfaitement acquitté de
cette tache dans un travail où il montre que l'un des premiers effets de l'irri-
tation phlegmasique est la disparition de la graisse des éléments enflam-
més. Cette première opinion mise de côté, trois hypothèses sont en pré-
sence : 1° la graisse préformée dans le sang ne fait que se déposer dans
les tissus, et la stéatose n'est qu'une infiltration graisseuse; 2r la stéatose
est le résultat d'une transformation directe de la substance albuminoïde,
qui constitue le protoplasma des cellules, en substance grasse; 3^ cette
altération est l'effet d'un vice de nutrition, d'une combustion incomplète
qui isolerait des matières grasses combinées avec les matières albumi-
noîdes de certains éléments anatomiques.
L'hypothèse d'une infiltration graisseuse, exacte pour les altérations que
nous désignons sous le nom A'adipose^ dans lesquelles les éléments cel-
lulaires gonflés par de la graisse ne sont jamais détruits, ne l'est plus
quand il s'agit de stéatose, où la destruction et même la résorption de ces
éléments est pour ainsi dire la règle. Mais, du reste, la marche de ces
lésions est fort différente ; tandis que l'adipose se produit lentement, la
stéatose évolue quelquefois en peu de jours.
L'hypothèse d'une transformation des matières albuminoïdes des élé-
ments histologiques en substances grasses, est appuyée sur des expériences
nombreuses, comme l'engraissement sous l'influence d'une alimentation
composée de viande exempte de graisse et de sucre (Voit), la production de
la cire, substance chimiquement analogue aux corps gras, par les abeilles
nourries d'albumine et de sucre, et surtout la transplantation de portions
d'organes ou de tissus d'un animal dans la cavité abdominale d'un autre
animal. R. Wagner trouva que le testicule d'un coq introduit dans la ca-
vité abdominale d'une poule présentait, au bout d'un certain temps, l'as-
pect d'une masse graisseuse; de même il vit que le cristallin de l'œil,
Zi80 ANATOMIK PATHOLOGIQUE.
des morceaux d'albumine coagulée et d'autres corps analogues, qui ne
contiennent pas de matières grasses, en sont chargés et perdent en même
temps la meilleure partie de leurs principes azotés, lorsqu'ils ont été dé-
posés pendant quelques semaines dans le corps d'un animal vivant. Sem-
blables résultats ont été obtenus par Middeldorpf, qui, expérimentant sur
les os, a trouvé de la graisse dans les cavités osseuses, et par Donders, qui,
dans des recherches sur les tendons, la substance cornée et le cartilage,
en a rencontré dans les éléments cellulaires de ces parties. Pour rendre ces
faits plus probants, les fragments des tissus employés furent renfermés dans
des sachets imperméables ou dans des boites de verre, de façon à être mb
à l'abri du contact des liquides de l'organisme. Or, en examinant aa
microscope ces substances, après un séjour plus ou moins long dans l'in-
térieur du corps d'un animal vivant, on a cru y reconnaître l'existence
de graisses nouvelles ; mais ce résultat, à la vérité, ne fut pas établi ao
moyen de l'analyse chimique. D'un autre côté, F. W. Burdach a trouvé
que, si l'on dépose dans l'intérieur de l'économie animale un corps
étranger de texture poreuse, tel qu'un morceau de bois blanc, celui-ci
se charge de graisse à peu près comme le ferait un morceau de chair
musculaire ou de blanc d'œuf coagulé; qu'ainsi dans les expériences où
des substances al buminoïdes furent employées de la sorte, elles ne se char-
geaient pas de matières grasses lorsqu'elles étaient mises à l'abri du con-
tact des humeurs circonvoisines, mais que la graisse fournie par
Torganisme s'accumulait autour du corps étranger au lieu de le péné-
trer. Ces expériences contradictoires firent attribuer à une substitution
de substance ce que tout d'abord on avait considéré comme une
véritable transformation. Cependant les recherches de lioppe, ayant mon-
tré qu'il peut se produire, aux dépens du lait frais, en même temps
qu'une faible quantité d'oxygène et une quantité d'acide carbonique un peu
plus grande, une augmentation de la graisse, il semble qu'une transfor-
mation directe de substance albuminoïde en graisse puisse avoir lieu
en dehors de l'organisme. Toutefois, il reste à se demander si celte pré-
tendue transformation n'est pas simplement leiïet de la mise en liberté de
corps gras, faiblement combinés avec les substances protéiques, dans
des conditions déterminées, surtout lorsque le mouvement nutritif se
trouve ralenti. On comprend que, pour arriver à prouver cette hypothèse,
des analyses chimiques des tissus avant et après la transformation
graisseuse seraient absolument nécessaires.
Je ne m'airélerai pas à la théorie de Libermeister défendue par W. Legg
et plusieurs autres observateurs, théorie en vertu de laquelle la stéalose
des Gèvres est due à l'élévation delà température; évidemment, c'est voir
HYPOPLASIES. /|8i
une relation causale là où il n*y a qu'une simple coïncidence, et peut-
être même prendre la cause pour Tcffet, car il est possible que la transfor-
mation des matières albuminoïdes en matières grasses puisse développer
une élévation de la température générole du corps. En résumé, la condi-
tion pathogénique de la stéatose des tissus n'est pas encore bien connue;
mais quelle que soit la théorie vraie de cette dégénérescence, il y a
lieu de croire que le ralentissement de la nutrition y joue un rôle im-
portant. Ce ralentissement, qui est incontestable dans les tissus anémiés
par suite de Toblitération ou du rétrécissement d'un vaisseau artériel, ne
peut êlre mis en doute dans les diiïérents états morbides où l'on constate
l'existence de la stéatose. H est à remarquer que dans tous ces états, alcoo-
lisme, fièvre, carcinose, etc., l'excrétion de l'acide carbonique et de l'urée
est diminuée, et que les combustions organiques par cela même sont
moins actives.
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1873).
BÏPOPL*SIES.
M--
*œm:e ^lbi'min
- LBlCOMilTySE,
La leucoraatoso (1) esl une altcnilion caracléri»>ée par la pi-ésence, au
i des tissus, d'une substance homogène, brillauU;, tronspan^nte. pct<.
jifférente de l'albumine, et que colore en rougc-acajou l'eau Judée.
Cette altération, la plus commune des dô^jénérescences après la stéatosu,
pst, comme cette dernière, le fait d'un processus po&sir, d'un organisme
[uî déchoit ; c'est aussi une des nonibi-euses modilicalions i|ni sont l'apa-
tage de la vieillesse. A peu près constante à cet .Ige de la vie, la leuco-
latose peut aiïecter tous les tissus, mais elle envahit de pri^fûreDce les
cartilages articulaires, notiiiuinent
f^ceuxdes articulations sterno-clavicu-
kirc^t vertébrales, de la symphyse
llHibicnne. t'tc [hms l'iMat pntholo-
, celte dêgénérescena' , à la-
ii'lle aucun éli^nient anatomique
■n'('chapp« d'une fa^on absolue, a
tour sicgc de prédilection les parois
art<^rioles, et principalement
elles de la ml<^', du foie, des reins,
s friandes lymphatiques et de la
muqueuse di^cstive, puis les élé-
ments propres de ces mêmes parties;
i sorte qu'elle affoclc ii la fois les ^''- 1^'-
, , . - .- . I rein amjrluïile.
■sue substance conjonctive et les
■issus épitliéliausL fi)(. in>. I^s or-
plies de l'hémopoièse, plus que tous
i autres peiit-éti-e. sont espoa'îs à
Deltt^ alt4!'ration ; aussi est-il habi-
tuel de la voir aL'compa^née d'un état d'anémie plus ou moins prononce.
Ia leucomatose se nioniro tout d'abord dans des points limités, sous
nne de petits ilols, qui gii^ient peu à peu en étendue jusqu'à ce qu'elle
^t envalii tout un organe. Les organes aiïoctês présentent une teinte
! (1} La dJ^gnatiDD nouirellc dp leucoraalou, que nous propoioos à rante Ue «in
e [ïi'Àuiiii, blnnr A'tKul. Hlbtimin«), nom partit detoir èU-e ailoplée de préK-
t nprcuion» : dcgénérescemc tmj\tnde, digéaimtencF lirdacvc, circule,
Miole* [brique, qui repowal ou eiir unv «impie apparence de VaHinlioa od sur uni ant-
mplêle lie In aul^lanci' qui ititlltrc les liiiU) létë».
^
n tnîcratenpîque d'un
nche artérielle et
glomârulei de HalpiEhl; lea liintf|ueR
vatculairpï lanl <4pRi>si» par l'inllltra-
lian d'une tubstanre album iiioi Je. r r.
■ectian trannenulf de* lubuli n^nsux
doui la paroi amorpliea aubi ta mtmr
altérai iuii.
J
'«fiq AltATOHIE PATBOLOGIQDK.
qui varie du gris au jaune violacé, ils augmentent de Tolame tout en eonier-
vant leur forme et présentent des bords généralement épaissis. Contnirt-
ment à ce qui existe pour la stéatose, ils ont une densité plus considé-
rable que dans les conditions ordinaires, une consistance pâteuse, onc-
tueuse, un aspect lardacé ; ils sont assez fermes, mais friables, lisses rt
unis k leur surface, semés d'Ilots gris&tres ou bleuâtres, tnmslncidei d
parcourus par des vaisseaux qui se font remarquer par un épaîssissoMnl
notable. Ces caractères si tranchés permettent généralement de rccou-
nattre la leucomatose à l'œil nu. L'action des réactifs vient encore en aide
à ce diagnostic ; les tissus afTectés de cette dégénérescence rougissent soos
l 'action de l'iode, et bleuissent après addition d'acide sulfurîque. Pouriut
il n'en est pas toujours ainsi. A une période pou avancée de son évolulû»,
cette altération passerait inaperçue, sans ses caractères microscopiques et
chimiques, d'autant plus qu'elle coexiste asseï fréquemment avec la dégé-
nérescence graisseuse et d'autres altérations, qui peuvent en masquer U
physionomie.
Vues an microscope, les parties affectées de leucomatose présenteni
dans l'épaisseur de leurs éléments une substance ho-
mogène, translucide, qui détermine l'augmenlation de
leur volume. Dans les petites artères et les capillaïref
où elle a son maximum de fréquence, cette substance
envahit tout d'abord les éléments de la tunique inlome
ou de la luni(|uc moyenne, et, peu à peu, transforme les
cellules conjonctives de la première et les libres-cellul«
delasecondcencorps compactes qui perdent peu à peu
toute structure cellulaire (fig. 1 78\ Dans les phasesa\-an-
cées, la paroi vasculairc, totalement envahie et inlillréc
d'une substance brillante à la lumière rénéchic, appa-
raît sous forme d'un cylindre hyalin, ayant à son cenire
une ouverture plus ou moins étroite. Les capillatrcs.
afTeclés en même temps que les arlérioles, ou peu dr
Pic. 17H. — Branche temps après, pi'ésentent un épatssissement de leor
artérielle de U rate m^inlirane h\aline, tandis que leurs novaux sont prcs-
dont !■ tuniiiue m- ' ■ "...
terneiuriouieiiin- quc toujours in lacts. La leucomatose ne sclmiilepa'^
filtrée de bloc, plut exclusivement aux vaisseaux, comme le voudraienl
DU moins régulier) ,, i ■
d'une «ubtlanceiiea Certains hislologistes; le ]dus souvent elle s'étend i
diiTércme de r«l- d'autres parties et notamment aux éléments cellulaires
buDiine. '
de la rate, des glandes lymphatiques, du cartilage, etc.
Ces éléments augmentent de volume, deviennent granuleux, et ren-
ferment des parcelles d'une substance grise, transparente, qui, tout
■'ic. 179, — Coupe inïcraïCQ|Hque d'un foie
alTectË ie dégèn^re>c«rice albiiininû1fd«.
n, paroi nrtérîelle dant l*<!piiÏBieur de Ja-
quelle oii otMerve une iiLllIlralion de blitet
slbuminiiidea ; c, celluUs hopatiqu^l in-
flllrËCi de celle mime substance el plus
ou moin) votumincute.
HYPOPLASIES. 485. '
I, na roile pas leur noyau, puis entin des masses plus ou moins
^volumineuses, homogènes et Irans lucides. Les élémenls épilliéliau\ pré-
s changements assez semblaWes; les cellules propres du foie
el des reins, les épilhéliums de l'iulestiii, sont peu à peu envahis par ces
mêmes masses réfringentes qui trouhleiit leur fonctionnement (fig. 179),
Dun autre côté, le rétrécissement des
vaisseaux el leur pression sur les
parties voisines ne tardent pas à pro-
duire l'anémie de l'organe mala<le,
et (les troubles variables en rapport
aviHî la fonction des parties atleinles.
Dans (|ueli|ues cas, les vaisseaux
altérés se roiupeut, d'où la produe-
tion d'héiDorrhagies multiples plus
ou moins atmndantes.
Les cai-ictt^res chimiques de la leu-
comalose sont des plus importants.
L'nrganc qui en est alTe(^té ayant été
débarrassédu sang qu'il renferme par
un lavage appi-oprié, si l'on verse sur les points suspects de l'eau iodée ou
du chlorure de ïinc iodé, on voit apparaître une série de points ou de
lignes tirant sur le rouge sombre, et formant des dessins variables sui-
vant le degré plus ou moins avancé de l'allération. Au début, ces lignes
représentent simplement la distribution vascukire; mais plus tard, par
snite de l'extension de la lésion, des parties plus ou moins étendues du
parenchyme prennent la même coloration. Si la réaction paraissait dou-
teuse, il serait nécessaire, pour la produire, de renouveler le lavage à l'e^u
iodée; puis, en louchant légèrement les points qui ont subi l'action de
l'iode avec l'extrémité d'une baguette trempée dans l'acide sulfurique, on
voit survenir rapidement une coloration foncée, d'un violet pùle plus ou
moins intense. Cette dernière réacliou pourtant n'est pas conslante,
quand même on n'aurait employé qu'une faible quantité de liquide, sans
doute pnree que la composition de la substance étrangftre n'est pas tou-
jours identique aver elle-même. Les changements en question sont plus
L-ounifestcs sous le champ du microscope: il suRit pour les obtenir de
^Bbver au pinceau la coupe qui doit être examinée, et de l'imbiber de la
^Biubstancu iodée, qui colore rapidement en brun rougeâtit' les pallies
H^«ltérées, ou bîca de la tremper quelques secondes dans un liquide de son
^■'lAoix, et laver de nouvaiu.
^^ Virchow, à qui on doit la connaissance de la réaction iodo-sulfurique,
I
686 4NAT0MIB PATHOLOGIQUK.
ooDsidérait la matière qui constitue la leucomatose comme analogiie un
formations amylacées végétales , et pour ce motif il loi domia le nom de
matière amyloîde. Meckel rapprocha l'altération lardacée ou cireuse de
la dégénérescence graisseuse avec dépôts de cholestérine, à cause de k
coloration violette' ou pourpre que fait prendre à cette dernière substanoe
l'action de Tacide sulfurique. Ce fut Ch. Schmidt qui montra que la sub-
stance dite amyloîde n'avait rien de commun avec les substances glyoogé-
niques, et qu'elle renfermait une certaine quantité d'azote. Plus tard,
Friedreich et Kekulé établirent l'analogie de cette substance avecki
matières albuminoîdes ; enfin, Kuhne et Rudneff, usant d'un procédé basé
sur l'extraction successive et continue par l'eau froide, les acides dilués et
le suc gastrique artificiel, arrivèrent à isoler beaucoup mieux cette sub-
stance, dans laquelle ils trouvèrent, outre du carbone et de l'hydrogtee,
15,53 pour 100 d'azote, et 1,3 pour 100 de soufre. Marcet n'y aurait ren-
contré que 13 et 14 pour 100 d'albumine ; mais il n'est pas bien certain que
la substance sur laquelle il a opéré fût parfaitement pure. Par sa compo-
sition comme par ses réactions chimiques, cette substance présente donc
la plus grande ressemblance avec l'albumine; mais elle en diffère en ee
qu'elle n'est pas attaquée par le suc gastrique.
La leucomatose a une évolution lente et progressive. Elle présente trob
stades. Dans un premier stade, ses éléments se gonflent, prennent une
apparence finement grenue; dans un second stade, le protoplasma se
transfonne en grande partie en blocs vitreux homogènes, le noyau per-
siste encore; dans un troisième degré, enfin, le noyau disparaît, la cellule
se fragmente, devient anguleuse, change de forme, perd ses fonctions et
se détruit. Jointe à la tendance extensive des leucomatoses, cette évolu-
tion rend des plus gi*avcs le pronostic de la dégénérescence dite amy-
loîde. Mais ce qui ajoute à la gravité du pronostic, c'est la résistance' de li
substance allmminoïde aux agents chimiques, et l'absence de modifica-
tions pouvant en amener la disparition spontanée. La mort, qui en est b
conséquence, est l'effet d'un dépérissement graduel, d'anémie, de diar-
rhée, et quelquefois d'hémorrhagie. Le di.ignostic de cette dégénéresceuce
repose avant tout sur ses caractèri's microchiiniques.
Étiologie et pathogénie, — La leucomatose, qui est, dans la vieillesse,
un état pour ainsi dire physiologique, s'observe à tous les âges de la vif,
principalement dans la période de 20 à /lO ans. Liée à un trouble pro-
fond de la nutrition, cette dégénérescence <ipi)araU dans des cas où
l'organisme est affaibli par d(»s affections chroniques de longue durée, et
notamment dans les cachexies. La phthisie pulmonaire, la scrofulose. b
HYPOPLASIKS. 487
syphilis, l'hydrargjrisme, l*impaludisme, en sont les causes les plus ordi-
naires, surtout quand elles déterminent des suppurations chroni(|ues du
côté du système osseux. Sur quatre-vingt-seize faits de dégénérescence
dite amyloïde réunis par Wilks, la suppuration osseuse s*est rencontrée
soixante-huit fois; dix-sept fois elle avait existé antérieurement. Effet ordi-
naire de la scrofulose, cette dégénérescence est quelquefois liée à la tuber-
culose, mais rarement à un simple traumatisme, et presque jamais à la
suppuration des parties molles. La syphilis, arrivée à la période tertiaire,
est quelquefois accompagnée d'une dégénérescence albuminoïde, manifes-
tement liée à la cachexie, et qu'il faut bien se garder de considérer comme
une lésion directe de la syphilis , car ce serait refuser tout caractère spéci-
fique à cette maladie. L'apparition de la leucomatose dans la période
avancée des maladies montre bien que cette affection est le résultat d'un
trouble de nutrition général; mais comment survient cette altération,
d*où provient la substance albuminoïde qui infiltre les éléments des tis-
sus? Cette substance se forme-t-elle aux dépens des éléments; est-elle
apportée du dehors? Et, dans cette dernière hypothèse, a-t-elle son point
de départ dans le sang, ou bien ce liquide n'est-il chargé que de son
transport? Virchow, qu'une tendance exagérée porte à voir trop souvent
des processus semblables à ceux des embolies, pense que cette altération
est le résultat d'une modification du sang. Admettre, pour expliquer la
généralisation, cette infection du sang, qui aurait son point de départ dans
un foyer primitif d'altération, d'où elle s'étendrait ensuite dans les gan-
glions lymphatiques et les parties voisines, est une opinion qui n'est pas
toujours confonne avec l'observation. Donc, il n'est pas prouvé que la
leucomatose, malgré sa généralisation, soit le résultat direct d'une altéra-
lion primitive ou secondaire du liquide sanguin. Au contraire, il parait
vraiseniblable, dans l'état actuel de nos connaissances, que cette dégéné-
rescence se forme sur place, et, comme la stéatose, par suite d'un trouble
local de nutrition des parties affectées. Mais il faut avouer que nous
ignorons les changements que subissent les matières protéiques des élé-
ments histologiques pour arriver à produire la substance albuminoïde, qui
diffère de ces matières par sa résistance aux réactifs chimiques et à certains
agents destructeurs, tels que le suc gastrique. Dickinson prétend qu'il a pu,
eu désalcalisant de l'albumine et de la fibrine, obtenir une substance avant
les caractères chimiques de la matière dite amyloïde; il admet que la sup-
puration, qui entraîne avec elle une déperdition notable de sels de soude
et de potasse contenus à l'état normal dans le sang et les tissus, serait la
condition pathogénique par excellence de la dégénérescence albuminoïde ;
d'où il conclut à la nature dyscrasique de cette altération, et à sa formation
&88 ÀNATOMII PATHOLOGIQUE.
probable aux dépens des matériaux albuminoïdes du sang préalaUenieBl
désaicalisé. Malheureusement, cet auteur cite à l'appui de sa théorie, non
pas des analyses du sang, mais la simple constatation, dans le foie,d*iiBe
diminution notable des sels alcalins, et, par conséquent, sa théorie a
encore besoin de preuves.
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§ 3. — CORPS AMYLOÎDES ou amylacés. — AMYLOSE.
Sous le nom d amylose, de afiuXov, amidon, nous désignons une allé-
ration consistant dans Tinfiltration de ceilains organes par des corps
analogues aux corpuscules d amidon végétal. Cette altération se dis-
tingue de la leucoroatose, non-seulement par le siège et les caractères
physiques de la substance qui lui donne naissance, mais encore, comme
nous le dirons bientôt, par la nature même de cette substance.
Très-communs chez le vieillard, où ils constituent pour ainsi dire un
état physiologique, les corps amylacés occupent surtout la prostate, les
vésicules séminales et les épididymes, les couches superficielles des
parois des ventricules latéraux, quelquefois la moelle épinière et les
cartilages. Plus rares dans Tàge adulte, où ils sont l'indice d*un état
pathologique réel, ces mêmes corps se rencontrent dans un grand
nombre d'organes malades, et accompagnent fréquemment les inflam-
mations du cerveau, de la moelle épinière, la dégénérescence grise
surtout, les atrophies des nerfs, particulièrement celles du nerf opti-
que et de la rétine. Ils ont été trouvés dans les poumons, rarement dans
lesépithéliums des membranes muqueuses ou séreuses ; plus souvent dans
les cicatrices de la peau, l'ostéomalacie, et dans certaines productions
pathologiques (pus, cancer). Ce sont des corpuscules, de dimensions
variables, assez volumineux quelquefois pour être reconnus à l'œil nu et
qui, dans les centres nerveux, présentent de 0""',04 à 0"'",07 de diamètre.
Us sont ronds ou ovales, homogènes, formés d'une série de couches
concentriques régulièrement disposées autour d'un ou de plusieurs noyaux
granuleux qui paraissent leur servir de centre. L'analogie avec l'amidon^
0
MO ÀNiTOMIB PàTHOLOGIQUI.
comme on le voit, n'est pas complète, puisque rien ici ne nppdk k
bile extérieur du corpuscule de cette substance. Cependant, d'i^Nèi tmk
et Donders, la lumière polarisée développerait dans ces oarpaseQkt w
croix noire, comme dans les grains de fécule. Les modifications qu'ils n-
bissent sous l'influence des réactifs est du reste des plus remarquihio.
Une légère solution aqueuse d'iode développe une coloration Ueue, qa
varie des teintes légères au bleu foncé; et si l'on lyoute de l'acide solb-
rique en laissant la réaction se faire lentement, on obtient une ook-
ration d'un beau bleu. Quand l'acide est concentré, la coloraticm pssfe
du violet au brun rougeàtre ou noirâtre, tandis que les parties voisinei
des corpuscules sont jaunâtres. Les corpuscules rencontrés dans le liquide
prostatique et les canaux de répiii-
dyme diffèrent peu de ceux qui se
trouvent dans le cerveau, toutefoii,
ils sont beaucoup plus volumineoi,
puisqu'il en est qui peuvent it-
j^ Q teindre i millim. (fig. 180). Ils sont
^^ (y jaunâtres, ou brun rougeàlre, trus-
^ (J^ 0 ^-^ parents et renflés à leur centre ; ib
'^ ' sont colorés par une solution d'io-
^^^^ dure de potassium iodurée, en Jane
^^j verdàtre ou en vert : ceux qui sort
^^ brunâtres changent à peine de cou-
FiG. 180. — Corps amyloïdcs provenant , • • i« • . j r m.
dci canaux épididymaires d'un indi- '^ur; mais SI I on ajoute de 1 acide
vidu affecté de tuberculose. Grossisse- sulfuriquc, OU obtient une teinte jao-
' uàtreou pourpre (Paulicki, Rouget;.
L'acide sulfurique étendu donne une teinte bleue qui avec le temps devient
d'un bleu indigo obscur ou presque noir. Ce même acide dissout les cor-
puscules amyloïdes à chaud, la potasse agit de même si on prolonge lebul-
lition. Os réactifs qui, à froid, n*ont aucune action sur ces corpuscules,
font pourtant éclater les grains d amidon. Suivant Paulicki, les corpus-
cules de la prostate seraient entièrement constitués, du moins au
début, par la matière amylacée; mais cette matière serait peu à peu
i*emplacée par des substances azotws, calcaires, colorantes, etc., tf
qui modiliemit leur ivaction. Cet auteur n'en admet pas moins l'ideo-
tilé de ces corpuscules avec les grains d'amidon végétal; et il p*"
tend être! parvenu à obtenir leur fermentation en glycose, et à les chanf^
en sucre, à laide de la salive. Uouget est moins exclusif à ce sujet, car il
stMuble les considérer comme une fonne de transition entre les matière*
ternaires et azotées^ tandis que Ch. Ilobin admet leur nature franche^
' BVI'OI'LASIES.
fiiMil azotée (sympexions). Ce (jui tendrait à faire croire que ces petits
corps ne sont pas uoe simple Tormation amylacée, c'est la propriété
<|u'ils uni de se colorer en loupevifpar Te réactif de Millon; en outre,
trsilés par l'ammoniaque cl l'acide nitrique, ils prennent la teinte orangée
de l'acide xanthoprotéique.
l'iir leurs caractères physiques et chimiques, les corpuscules umyloïdes
~.' distinguent des substances grasses , et particulièremenl de la cho-
l<->l<'Tine, car cette substance, qui donne aussi avec l'acide suifuiique
mil- teinte violette, et avec l'iode une teinte bleuâtre, dilTèro des
.■.>i-]»s amyioîdes par sa ivtnarquahie solubilité dans l'élher et dans
l'alcool. Ces corps ne peuvent âtre confondus avec le sable cérébral,
diins lequel aucune réaction chimique ne découvre une matière amyla-
c*.e, [tas plus qu'avec les |ilobes concentriques épidermîques des can-
oroïdes. les corpuscules gélatineux ou colloïdes, les granules de leu-
< irii, etc. La pathogénie des corps amyioîdes est des plus obscures; on
i^r\\\ seulement qu'ils sont le produit d'une altération locale, contrairement
^i la leucomatose, qui est le fruit d'un désordre général. Ces corps
sixil déposés dans les tissus entre les éléments anatomiques, dont ils
pi'uvent déterminer l'atrophie par compression, ils constituent le désordre
iillimedecerlainesaltérations Par exemple, dans la sclérose dilTuse de la
uiiK'lle épinîére et de l'encéphale, ils ne se montrent pas comme lésion
principale, mais seulement comme éléments accessoires d'un désordre
priiiiitirdu tissu conjonctif.
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692 ANATOMIB PATHOLOGIQUE.
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§ 6. — DÉGÉNÉRESCENCE COLLOÏDE. — HYALIXOSE (1).
La dégénérescence colloïde consiste dans la métan)oi*phose des élé-
ments des tissus en une substance amorphe, homogène, incolore, Iraos-
parente, qui a la consistance d'une gelée, Taspect de la colle, et que »
modifient ni l'iode, ni lacide sulf'urique. Plus rare que la stéatose et li
leucomatose, cette dégénérescence a aussi moins de tendance à se geof-
raliser dans l'organisme. Comme ces dernières altérations, elle solh
serve surtout chez les personnes âgées, principalement dans les reins d
la glande thjTOïde, où l'on voit les cellules épithéliales s'infiltrer demi-
tière colloïde et donner naissance à des kystes plus ou moins nombreoi.
La dégénérescence colloïde aiïecte, outre la glande thyroïde, l«
glandes des lèvres et du pharynx, celles de l'estomac et des inle>tiD\
les glandes utérines, la couche épithéliale de la choroïde, les tutfc>
urinil'ères, les acini mammaires, les plexus choroïdes, les iiiu^l^
volontaires, etc. Ces parties, au fur et à mesure que l'altération ydfvr-
loppe, augmentent de volume et perdent de leur vascularllp. Tnjî
d'abord, elles présentent à la coupe un tissu pâle, infiltré d<' masysf*^
consistantes, molles, colloïdes, transparentes, ou plus fermes el aiu-
logues à la substance du cristallin (lig. 181). Plus tard, elles siinl creu>rt<
dv loges ou kystes résultant de la transformation de ces masses «
moIécul(»s graisseuses , en cristaux divers, et en un liquide plus o«
moins épais et visqueux. Telh» est la source d'une partie de ces fi»™»-
tions kystiques, accompagnées ou non d'épanchements sanguins, A^
le corps thyroïde, les mamelles et les reins sont parfois alTeclés.
Les épilhéliums et le tissu conjonctivo-vasculaire peuvent parti'Tptî
isolément ou simullanémenl à ce processus. Les cellules épilMol^
(1) J'emploie, pour désigner la iléjrénérescence colUnde, le mot hyahni^<e (ie '^^'
dont s'est déjà servi 0. Wcber; il a l'avantage de ressembler aux mots iteatote <ii**'
mato^e.
HVPOPI.A.StES. un
^ëvienneDl daires eii un uu plusieurs puinls de leur prolopbsma, puis
[)i!u à peu dans toute leur étendue par k- fait de ta tratisformeliuii de leur
subslauce granuleuse en une matière hyaline, homogène, demi-traiis-
parenle. Les uoyaux de ces cellules, refoulés el comptimés par le Tail de
cette transformation, s'alrupliient et se délruiscut en tuétia* U-'tnps que le
corps cellulaire tout entier. Plus rarement, la niétamorphase colloïde
commence par le noyau, qui grossit |>eu îi peu, devient clair, homogène,
et provoque lu destruction de la cellule. Mise en liberté, la matière col-
loïde se présente sous la forme de granulations et de grumeaux colloïdes
d'uu volume variablo, ordinairement aplatis, formantdcs masses analogues
k de la colle épaisse, homofïènes, arrondies, tout à fait irrégulières et
iiugeaul quelquefois diin.s un liquide. La dégénérescence colloùii^ du li^su
. — l'^upe microscopique du r.nrpi IhiroMicn aUcinl de dègfnfreicence coltoide.
u conjoncUf inural «Polaire ; ft, une al»êule laptuès de rellule» narnniee; i-, «1-
Inle* êpiUièlitlEi en voied'all^niliiini: ''(', ralliCBlei remplit el dittenduipsr un» matM
bialine Bt rtrringcnte icollDidel. CroiiUitiiiieiil, 130.
ijonctivo-vasculaire part géiiéraleinenl des vaisseaux, et selend au\
autres parties, élémeuls cellulaires el faisceaux libreus, qu'elle transforme
eu une masse homogène, semblable à de la gélatine coagulée. Us vais-
seaux, principalement les petites artères, se présentent sous l'aspecl d'une
bande brillante, d'un blanc nacn^ hyaline, dont les bords sont en quel-
ques endroits bosselés et inêgiilenient fendillés. Une coupe perpendicu-
h l'axe du vaisseau permet de voir roritice vasculaire et la paroi
U9U ANATOMEE FATDOLOGlQtlE.
qui le circonscrit épaissie [uir la dégénérescence qui oaâ^n
éléments cellulaires (Hg. 182).
CeVle dégénérescence, dans ct'rtains cas. envahît d'abord 1m enia-
théliuras des petites artères; tandis que, d'autres fuis, In tunique întmif
paraît repoussce, en forme d'anneau, dans la lumière du vaiss^an, qu'elle
réti-écit nécessairement, l^es muscles atleiots de défî^nérescx'nw collwlii--
Flo. 182, — Cdupe microiropiqiip île la »ulJstun(io eorlicate d'un r*i
rrscoiiire f ollcide. a a, vuisii^aux iloiil lei paroU tonl épiiiiïîct par i
'', glumérule do Malpighl «Biilemeiil iiiti'inl: ce, ciiinliculcw urînllîrei doiil Im ftiai
sont tpaisiieB cl réfriiiiçeriU, 1rs celluloi franuleutss ou ilèiruilts. Crouiuemenl, 209.
|)erderil Jour coloration rouge |)our revi'-lir une teinte pris bruti&lre rf
lilannhAtre, assez analogue ii la couleur de la rhair de poî<is«u, par suil<^
de la sntistitution dans le sarcolenime, d'une matière homogène et bril-
lante â la substance musculaire.
Les tissus pathologiques n'échappent )his à cette dégénérescence qui
présente dans ces parties des cîiractén's s<>mblnhles h ceux qu'air wnH
dans les tissus physiologiques. Les formulions épilhélîales sont partie»-
licreinrnt pi-édisposées à celte altération, et nous savons du reste qm*
I Uïie des foiTOes du cjincer glandulaire a reçu Tépithète de rolloide.
La substance colloide est insoluble dans l'alcool, l'éllier el le chhn>-
forme. Soumise k l'action du canniii, elle se colore en rouge iulense;
troiti'i' par l'acide nctHiqiie, elle se gonfle légèivment et ne devient jamais
grenue, caractère qui la sépare tout a la fois des matières albumineuse«
et du mucus. Conm»;, d'un autre cOté, elle n'éprouve aucun chaiigemenl
de couleur par l'aclion de l'acide sulfiirique et de l'iode, elle se distingw
de la substance alhumiuoïde de la leucomatose; mais de même que
cette substance, elle peut être dissoute il chaud par les alcalis caustiques.
Lu composition chimique de la substance colloïde est impai-failemeiil
HYPOPLASIES. 695
connue. Simple modification du mucus, d'après Eichwald (1), cette sub-
stance, suivant Scherer (2), se trouverait avec la mucine et la métalbu-
mine, dans le même rapport réciproque que la caséine, l'albumine et
la fibrine. Quelques auteurs, enfin, la considèrent comme de l'albumine
devenue insoluble dans l'acide acétique, à cause de la grande quantité
de sel marin qu'elle renferme.
La dégénérescence colloïde, le plus souvent localisée dans un seul
organe, ou un petit nombre, n a qu'une faible tendance à s'étendre
à d'autres. Elle se reconnaît par ses caractères physiques, mais suitout
par les réactions chimiques de la substance qui la compose. Les
principaux désordres résultant de cette dégénérescence sont d'abord
l'anémie, puis, pour les glandes acineuses et tubulées, des formations kys-
tiques dont le contenu est une substance visqueuse, transparente, sou-
vent mêlée de sang altéré ; pour les muscles, ce sont des ruptures et des
hémorrhagies plus ou moins abondantes. Son principal effet est la perte
de la fonction d'une partie ou de la totalité des organes affectés, avec ou
sans cachexie concomitante.
Étiologie et pathogénie. — L'étiologic de cette dégénérescence est un
point des plus obscurs. On sait qu'elle se manifeste quelquefois dans
des organes déjà atteints d'une irritation phlegmasique, comme les reins
dans la néphrite interstitielle, et qu elle est le mode de terminaison
le plus habituel du goîlre. Sa palhogénie n'est pas beaucoup mieux
connue ; cependant, dans le corps thyroïde, comme dans les canalicules
du rein, la substance colloïde naît aux dépens des cellules épithéliales.
Au bout d'un certain temps, ces cellules venant à se détruire, la sub-
stance colloïde, mise en liberté, s'accumule, distend les follicules glan-
dulaires, ou les tubes rénaux, qu'elle dilate, et transfomie en kystes
Comment se produit cette substance? par le dédoublement des parties
constituées des éléments affectés? par la mise en liberté de ces mômes
parties sous l'influence d'un désordre nutritif? ou par l'activité même de
la cellule? c'est là une question qui, pour être résolue, exigerait de
nouvelles recherches.
De la métamorphose colloïde se rapproche naturellement la dégéné-
rescence dite muqueuse, ainsi appelée à cause de la grande ressemblance
que présente, avec le mucus ou la synovie, la substance qui, par son
(1) Eichwald, Wûrzb. med, Zeitschrift, 1864, t. V, p. 270.
(2) Scbcrer, i6iV/, 1866, Vil, p. 6.
496 ANàTOMII PATHOLOGIQin.
infiltration dans les tissus, lui donne naissance. Cette subatanœ, assci
commune chez les vieillards dont elle remplit les cartilages, s'obserw
dans certaines inflanmiations catarrhales des membranes muqueuseï,
dans un grand nombre de productions pathologiques, principaieiMBt
les enchondromes et les carcinomes. Le plus souvent la dégéném-
cence muqueuse se localise dans les éléments cellulaires ; rarraient elle
envahit la substance fondamentale des tissus, celle du cartilage exceptée.
La partie lésée revêt une apparence homogteie, transparente, réfrin-
gente, ou bien présente des amas globuleux au pourtour des noyanx
rejetés à la périphérie. Traitée par Tacide acétique, la matière comprise
dans ces éléments donne lieu à un précipité blanc, filamenteux, qui ne se
redissout pas dans un excès d*acide; l'alcool forme un précipité qui ne se
redissout pas dans Teau. Ces précipités sont les seuls caractères pir
lesquels la dégénérescence muqueuse se sépare de la dégénérescence
colloïde. Mais il faut reconnaître que la distinction entre les substances
qui produisent ces deux états est difficile à établir; car, en définitive,
les matières muqueuse et colloïde ont de très-grandes analogies entn^
elles et avec les substances protéiques. De même que la matière colloïde*,
la substance muqueuse provient, dans les conditions normales, d une
élaboration des cellules des membranes muqueuses ou des membranes
séreuses; à l'état pathologique, elle est le résultat d'une élaboration des
éléments altérés, que ces éléments appartiennent à des tissus normaux
ou pathologiques.
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PhysioL, f. XLIII, p. 108, 1868). — A. Rudnew, Ibid., t. LUI, p. 455, lî<7l.
55 5. — DÉtiÉXÉRESCEXCE CALCAIRE. — CALCIOSE.
Les calcioses sont des lésions qui consistent dans Tinfillnition dos par-
lies vivantes par des st»ls de chaux et de ina*rnésie. Imprégnés de cessok,
les tissus ou les organes, à la fois durs, i'riables, et cassants, oui èlê
pendant longtemps considérés comme avant subi une véritable ossification'.
HVPOrLAStES. 497
raats la coDMirvatîon de la struclure primitive, n part riiililtration
calcaire, et luie combinaison l'himique différente de celle de la sub-
^taucv osseuse, séparent nettement les tissus calcifics des tissus ossi-
Kés, mï^nie lorsque la suhstanw conjonctive est en cause, cas daas lo-
que] les corpuscules étoiles ont une grande ressemblance microscopique
avec les corpuscules osseux.
La dégénérescence calcaire, commune dans la dernière période de
la vie, s'observe notamment dans les tuniques vasculaires, les valvules
du cœur, les cartilages, la cornée, le cristallin, les muscles, etc. Re-
mai'quables par leur vieillesse rapide, les néoplasmes pathologiques
n'échappent guère fi cette altération. Les fausses membranes des séreu-
ses, les'lumeurs Hbreuses et musculaires de l'utérus, les euchondromes
et les libromos y sont particulièrement prédisposés. Les parties mor-
I
liBéesqui séjournent dans l'économie s'intiltrent assez généralement de
ids de chaux; il en est ainsi des infarctus anciens, des masses ca-
lfea»s des poumons et des glandes lymphatiques (tig. 183J, du fœtus
"lomitié dans certains cas de grossesse extra-utérine, ou encore du sang
'■'ineréti- dans les vaisseaux (phlébolithes), et des produits de sécrétion
fpli'iius hors de leurs voies nntui-elles et dans des kystes accidentels.
tl. — Traité d'anït. pnlh.
(M ANATOMIK PÂnOLOGIQUB.
Les parties afledées de calciose augmentent de consistance, derin-
nent semblables à du plâtre gftcbé; le plus souvent elles acquièrent mx
dureté pierreuse, qui leur donne une grande analogie avec la snbslam
osseuse, revêtent une teinte grisâtre ou blanchâtre et perdent U plopiil
de \ean caractères normaux. Vus au microscope, les sds akaim
infiltrés dans les tissus se montrent sous forme de granulatims isoté»,
de corps globulaires à couches concentriques (6g. 18&), ou d'une ré
ritoble pétrification. Les granulations uni
arrondies ou anguleuses, fortement réfrio-
gentes ; superposées et nombreuses , elles ^
terminent une opacité considérable, l'ne la-
melle mince, lorsque la pétrificaiitiD esi
complète, donne au contraire des préparalîoia
transparentes dans lesquelles le microscope
montre des lacunes et des fentes en rapport
avec la structure du tissu primitif. Traités par
les acides énergiques, les sels calcaires qui infiltrent les tissus se dis-
solvent en dégageant des bulles d'acide carbonique. Les acides nitrique
et chlorhydrique font complètement disparaître ces sels, tandis que
l'acide sulfurique, en les dissolvant, détermine la production de crisUu
ou aiguilles de sulfote de chaux. Sous ces influences, le phosphate
trihasiquo se transforme en phosphate acide de chaux, qui est solublc.
et l'on aperçoit la trame des tissus ou gaiiguo alliuminoîde. qui nvèlail
les sels d'oxyde de calcium. Les os des individus affectés de calcin»'
étendue sont, le plus souvent moditiés et ramollis (1).
Les tissus ùpithéliaux, moins exposés (|ue les tissus conjonctifs à l'iii-
filtration calcaire, n'échappent cependant pas toujours à oottc dégénéres-
cence, l^es épilhéliums, il est vrai, en sont mn'mcnt alleinis. mais \^
éléments noneux, les cellules cérébrales surtout, sont quelquefois !»■ sit",!''
de celle altération. La science du moins poss4>de quelques faits où l'io-
cnistation de ces éléments par des sels de chaux est nellomcnl coiislalée,
La plupart ont été observés chez des individus de l'Age moyeu, all«Dk
d'aliénation mentale, uu chez dos vieillard.s. Les cellules nerveu»^
(1) Nom rerona rpmarquer que l'incriiitution calcaire de» tiuui coîneidt prapi
toitjouri aiec une altfralioa du syitèmc osseux. C'ett te qui ciiatnit chct II puNt
dont lei glundo méirnloriqura lonl représentée! flg. 103. Otte feminf, Igrc 'r
soiianlc ant, avait vu dam aiin eafance un mid ilc Polt, et au moment de mW*
elle préienlait un ramolliiacmcnt général du tisiu oiaeui; semblable altéraUso eùU^
encore chei ans Temine où je trouvai l'utérus et ses annciea en ^odr fi^'
calcinés.
iivporLksiES. 499
I sonl les unes transparcnles , munies d'un gros noyai
rond ou ovale, les aulics (oui à fnil opaques el elmrgées duoe ma-
tière calcaire, granuleuse, que l'acide clilorhydrique dissout immédia-
tement sans dégager de gaz. Leurs pralongements et les tubes nerveux
qui en êmauenk pcuveut même participerai l'altération, comme le montre
la iigiirel85.
- Cellules et tubes rieneuv calciflËs d'un enrant paralysé des ixtrËmï
Inférieures depuis deux an» (Fàrsler).
I
I
L'inlillralioii calcaire des tissus commence en général par la sulislance
fondamenlole pour ^a^er ensuite les éléments cellulaires, déjà atrophié»
par suite de l'entrave apportée à leur nutrition. Avec le temps, ces divers
éléments se fusionnent en une masse homogène, noire par transparence,
blanche par réfleicion. Les tissus iuliltrés, devenus méconnaissables,
seraient alors pris pour des og vêritahles, si l'on n'avait recours aux
léaclirs chimiques.
Le cartilage est t'un des tissus qu'envahit le plus souvent la dégéné-
rescence calcaii'c. Celle-ci se localise tantdt sur les cellules, lantât sur la
Basse fondamentate ; en fin de compte, les deux parties du tissu peuvent
Arc atteintes, bien que te processus tende à se localiser de préférence
dans la substance l'ondameiilale. Cette substance est envahie dans sa partie
la plus nippro<:hée des éléments cellulaires par des granulations déliées,
qui la rendent de plus en plus opaque. Dans les cellules, les molécules cal-
caires se déposent à la face interne de la capsule, ou dans la cavité cellu-
iuire elle-même; et, si la capsule est épaisse, elle s'imprègne seule de
granulations et la cellule proprement dite peut conserver toute sa mol-
lesse. Quand il y a des cellules lillea, on observe non-seulement une
(alrilicution de la capsule mère, mais encore une calcification des
capsules secondaires.
L'inliltration calcaire, qui n'atteint ordinairement qu'un petit nombre
500 MiTOIin PATHOLOCIQUE.
i'orguaea, a pour effet généml d'abolir les |)i-()]>i'ii'ti1s itcs tissas aflectH
et d'ammer la perte de )a fonction des oi^anes. Sun exisi^ii»' dans b urû-
tallin est une cause de cécité; dans les artères, elle délprioÎDe la perle dr
l'élasticité et prédispose à la rupture des parois ni-tériflles et à la rorau-
tion de concrétions sanguines. Pourtant, quand elle se produit au v^io
des tumeurs pathologiques, la calciose est quelquerois une lésion ulili',
en ce sens qu'elle peut arrêter l'évolution de res foimalions.
Étiologie et pathogénie. — Les conditions étiologiques de la
sont peu connues. Depuis longtemps l'&ge est invoqué coamie b
cause la plus commune de ce genre d'altéraUcm et prîndpatemeat des
incrustations vasculaires ; mais imi a trop oublié qu'un graod nmnbre de
vieillards, même très-ftgés, ne présentent aucune trace de ces inoustalkm.
Ce n'est donc pas seulement à l'ftge, mais à des inBuences mrabifiqiies
plus spéciales à la vieillesse, que doit être rapporté ce processus. Pumi
ces influences, le rhumatisme noueux tient certainement l'une des ftt-
mières places, la goutte et le rhumatisme articulaire viennent ensutle.
La calciose est parfois la conséquence d'une sorte de métastase, car
elle se rencontre fi-équemment chez les personnes atteintes de cariei
anciennes, d'ostéomalacie, ou de toute autre altération du sysièflK
osseus; elle est encore i'eflet d'un obstacle à l'excrMion des sds de
chaux par les urines, et dans ce cas, elle occupe surtout les pyrtmidn
des reins, la muqueuse de l'estomac ou celle de l'intestin. Enfin, celle
altération peut être soumise uniquement à des causes locales. Ainsi,
les tissus situés au pourtour d'os fracturés, d'arthrites chroniques, les
tendons et les muscles principalement, sont parfois infiltrés de sel&
calcaires, et la plupart des produits d'inflammation chronique ont de
la tendance à être envahis par les mêmes sels.
]m paihogénie de la dégénérescence calcaire est souvent difficile â
déterminer. Cependant, si l'on remarque que la plupart du temps cetl'
dégénérescence coïncide avec une lésion osseuse, cancer, carie, nécrosa*
ramollissement (ostéomaiacie), et qu'elle s'accompagne fréquemmef*
d'une altération des reins [néphrile parenchymaleuse), il est logique d^
supposer quf, dans un certain nombre de cas du moins, les sels calcaire^*
n'étant' plus fixés aux os et ne pouvant être éliminés par les rein^"
comme cela existait chez la fameuse femme Supiot, se déposent en difli^
rents points du corps où ils donnent lieu au désordre signalé.
Une altération qui se rappiviche de la calciose est linfillralion aro—
ligue. Dans l'étal physiologique, les urates existent à l'état solide dass^
les urines refroidies; en outre, on les observe quelquefois, sous forme <l«
HTPOPLASIES. 501
pelites lignes rouges, dans les tubes droits des reins. Dans Tétat patho-
logique, les urates peuvent se concréler comme les autres sels que ren-
ferme Turine et constituer des calculs des voies urinaires, ou • bien
s'inHItrer dans les tissus à la façon des sels de chaux. Les parties les plus
exposées à cette infiltration sont les cartilages, les os, les tendons, les reins,
les valvules cardiaques et la peau. Les éléments cellulaires de ces tissus ou
de ces organes sont le siège primitif du dépôt, le centre autour duquel se
produisent généralement des cristaux libres. Ces cristaux, en forme d ai-
guilles, sont accompagnés de fines granulations grisâtres disposées en amas
et qui figurent une sorte de nuage. La base de ces sels est quelquefois la
chaux ou la magnésie, habituellement la soude ; les acides, même faibles,
parviennent à les décomposer, et Tacide urique soluble à Tétat naissant
se concrète en cristaux rhomboédriques, en lames hexagonales, et enfin
sons les formes diverses qui lui sont spéciales. La quantité d'urates alcalins
rencontrés dans Torganisme peut être considérable; dans un cas de goutte
que j'ai observé à la Salpêtrière, toutes les articulations, petites et grosses,
avaient leurs cavités remplies et distendues par un magma blanc de lait,
liquide ou plus ferme et analogue à du plâtre gâché. Les synoviales arti-
culaires et tendineuses, les cartilages articulaires et intercostaux, ceux
du larynx et enfin les tendons et les valvules cardiaques étaient infil-
trés des mêmes sels, sous forme cristalline ou amorphe. (Voyez notre
Atlas d'anatomie pathologique^ p. 496, pi. 53 et 5fi.) Le résultat de cette
altération était la perte presque absolue de la fonction des articula-
tions, et l'obligation pour la malade de garder le lit. L'infiltration
uratique est le caractère le plus certain de la goutte ; quelques auteurs
même sont portés à admettre l'existence de cette maladie toutes les
fois que cette infiltration se rencontre dans une certaine mesure. Pour
mon compte, j'hésite à accepter celle manière de voir à propos de laquelle
j'ai déjà exprimé des doutes. Il n'est pas rare, en effet, de voir les car-
tilages articulaires infiltrés de dépôts uratiques, surtout quand les reins
sont atrophiés. A la vérité, les cas de ce genre ont pu être rattachés à la
goutte; mais c*est un point de vue qui n'est pas suffisamment prouvé.
En tout cas, il parait certain qu'une simple altération des reins avec ou
sans diminution de la sécrétion urinaire peut amener la rétention des
urates de soude dans le sang, et produire leur dépôt dans certains tissus,
notamment les cartilages. (Voyez notre Atlas d'anatomie pathologique,
pages 215 et 217.)
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Montpellier, 183/!i. — 0. Weber, Ueber das Vorkommen von krystaUinischen
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S98)^ — BsaiiAnN.JKAiti^. palA.Anat. midPhysiol.,\.. XV, p. 5â0.— UnHa,
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n* Al. — PiuucKi, Ueber pathotog. VartiiiIKungen {Wieii. medic. Wockeiuelirifl,
XVII, 102, 105, lOù). — J. DnciM, Dépôt cak.aire de la cornée (flri(i"«* md.
Journ., April 39, 1S71}. — Rots, Verkaikung d. Zellen d. Cerebctbim (.IrrA»
f. paJfcoI. Anat. vmd Phytiol., 1. LIII, p. 508, 1811). — Kûttnct, Eiti f<â
MM KaOcmetiatate {ArcMo f, }Nith. Atutf. \ind PhyHol., l. LIX, p. 520-534). |
Les cbromaloses (ji^;», couleur) sonl des altérations caractt-ri^
par la présence, dans les lissus, d'une substance colorée, amorphe ib^
matosine) ou crislalline (hématoldine).
Cette substance, qui provient de la niêiamorphose l'êgressive Aei f\«-
bules sanguins, légitime la place que nous donnons à l'élude des An»-
matoses. Ces altérations diffèrent naluielleiiicnl dps pîginentjiliwis
rencontrées à l'état normal dans les cellules épithéliales, nerveuses, etc.
et à l'éUkt pathologique dans les tissus de nouvelle fonnation (mélaDOsev
lesquelles, toujours localisées, sont plutôt le fait d'une élaboration pirti'
culière des éléments cellulaires que la conséquence d'une dissolution d(#
globules rouges (voyez p. bSÔ).
Les chromatoses peuvent être considérées comme des lésions if
vieillesse, car elles existent d'une façon pour ainsi dire constante ckn
les personnes ikgées. Les organes les plus vasculaires, comme la rate, b'
glandes lymphatiques, le foie, les poumons, les reins, le cerveau, sont iW
siège habituel. Ces organes présentent des teintes variables, jaunâbfV
rougeàlrt^s ou noires, dispersées de façon à foniier des figures irrépi-
lières et dos traînées suivant la direction des vaisseaux. Les prodoil*
phlegmasiques sonl aussi fréquemment atteints de chromatose; liosa
les néomembrancs de la pachyméningite et de la péritonite chroniqi*
peuvent être colorées par un pigment brunâtre ou noir.
Suivant les conditions dans lesquelles elle sur\'ien(, la substance iju'
produit tes chromatoses affecte une forme granuleuse ou cristalline. L^
granulations sont ordinairement petites, arrondies ou anguleuses, nrtte-
HÏPOPLASIES. 503
ment limitées ou enlourées par un liséré brunâtre ; généralement elles
înTiltrent les parois des vaisseauï et les éléments de leur voisinage
(fig. 186]. La plupart du temps ces granulations sont non pas isolées, mais
réunies en groupes au moyen d'une substance pfkie,
soluble dans l'acide acétique et dans les alcalis caus-
tiques; dans quelques cas, elles Forment des amas
cylindriques, comme si elles avaient pris naissance
dans la cavité des petits vaisseaux, dont elles repré-
sentent assez bien l'empreinte. La couleur de ces
granulationsestd'unjauned'ocre,plusrarementd'un
jaune rouge, souvent d'un noir Toncé, et chacune
de ces teintes n'est qu'un stade de transfoi-matiou _ ... „ _.
de l'bématosinc; ainsi, le même organe peut ren- craKnpiqued'unaraM
fermer des granulations pigmeutoires offrant ces nu'îi"oM"'"ni'ti'S^
diverses colorations. Généralement dispersées entre au voiiina^a des vail-
les éléments cellulaires et fibreux dont la structure est '**""■
le plus souvent intacte, ces granulations se rencontrent encore dans les dif-
férentes cellules, tantôt en petit nombre, tantôt en telle abondance qu'elles
paraissent en former tout le contenu, et qu'elles peuvent en amener peu
à peu la destruction (lig. 187). Dans le sang, les molécules du pigment
sont libres, ou infiltrées dans les glo-
bules blancs, ii côté desquels on trouve ^^ © W(K) é'
quelquefois des globules rouges en • '•©a" "Bl j.% (^
voie de destruction. I^es cristaux du *f^ -. oi ^^ {^
pigment revêtent la foiTOe de prismes # /? a ^^ 't- ^
rhomboïdaux, obliques, d'un rouge ^ '^ ^^
orange, et plus rarement de fines ai- „ ^"^ '?'
' Cellules Ijrmphalmue» de la raie et cellules
guiilesjaunc-orange(voy. notre Atlas endolliélal<-> dea alTiolea pul>^n'"r«*
tTanatomie pathologique, pi. iU, fig. 9" '"«'"^e» •!« p g^eni
el p\.li'2, fig. 7). Ils sont constitués par une substinLC (hematoidme) qui
suivant Ch. Robin, diffère de l'Iiémalosine par la substitution d un equi
valent d'eau à un équivalent de fer. Ils se montrent dans toutts les re
gions de l'économie, princi|>alemeiit au sein des concrLtions vascuhirei
au milieu ou dans le voisinage des épanchemtnts sanguins suitoutceu\
des ovaires et du cerveau, et impriment au tissu une teinte rou^i. safrané
Signalons enfin l'existence de cristaux noirs plus rares plus irregulitrs
et parfois plus volumineux que les précédents; et que l'on rencontre
presque exclusivement dans le pigment noir des poumons. Comme les
granulations, les cristaux sont tantôt isolés, tantôt renfermés dans les
éléments cellulaires, ils résistent il l'action de l'eau, de l'alcool, de l'éther,
UUIDm UTKUMIQtn. ^^^^^
», del'ftcideacéltquo, des acides minéraux dilués. IhiA sololiaa
concentrée d'ammoniaque les dissnut. en prenant une Iciiilc rougr «mt-
rant«, qiii devient bientôt d'un rouge sarrané et rougeâtre (Ch. RoblD).
La potasse el la soude les goiitlent, les rendillent, et an diasoh'ent iim
feihld pi'oportioQ ; la solution esl d'un rouge assez foncé. L'»dd<- chiof
liydriquL^, qui les dissoiil m pai-tii^, donne lieu k une solution d'un fioot
d'or, ou jaune rougeàlre; l'acide suUurique ne les allaque pas.
Les chroiiiatoses, si l'on eiccple les cas d'altération des hémati*^ paro
affent chimique particulier, ont une évolution assez semblable. U-glcbok
sanguin aiïeclé perd sa foi'me régulière, se hérisse do grnjiulalious roujoA
très ou noires, qui se séparent peu à pea an fur et à înesnv V"^
. ^obuline est résorbée. Le pigment se dissémine sous kmae de petiH
grains qui s'infiltrent dans les éléments des tissus, notanunent eau é
la rate et du foie, organes prédisposés à ce genre d'allératî<Hi, k canse k
leur grande vascularîté et de leurs congestions fréquentes. La
tion du sang ne s'observe que dans les cas où une grande
matière colorante est mise en liberté, par exemple à la saite d'une eitn-
vasation sanguine. Les oi^ianes qui en sont le siège offrent des efame-
mentsde teinte en rapport avec la durée de l'altération; d'abord janotti;
cette teinte est plus tard rougefttre et enfin noirâtre.
La dégénérescence pigmentaire ne sera confondue ni avecletUn-
mes ni avec les carcinomes mélaniques, qui sont des excroissiKa
des tissus; elle ne le sera pas davantage avec cerlaines pigmenbliou
localisées, résultant d'une élaboration cellulaire, telles que celles qd
se développent sous l'influence d'un trouble fonctionnel des ikA
sympathiques.
La présence d'une certaine quantité de pigment au sein des orguKS
peut être la cause de désordres nombreux ; les éléments cellulaire it'
GUrés de granulations subissent en effet des modifications de DOlri-
lion qui ont pour conséquence leur atrophie ou même leur destradio'-
Accumulées dans les capillaires du cerveau, ces granulations troublent b
circulation et sont quelquefois le point de départ de petites apoplexies, M
même de l'alrophie des circonvolutions ; leur séjour prolongé dans les ift-
nières ramilicalions de la veine porte est une cause d'irritation et d'atro*
phie pour le foie. Une diarrhée persistante, avec ou sans hvdropisie, rf
un phénomène presque inséparable de la pigmentation avaDrêe ^
oi^nnes abdominaux: enfin l'aglobulieesl le résultat forcé des cbran*-
toses étendues, puis(|ue ces dernières ne sont que l'eRet de la destnKtM'
d'un nombre plus ou moins grand de globules rouges. Pour lattes A^
raisons, la dégénérescence pigmentaire esl une aff'eclÎMi d'me «rtu*
HTPOPLASIES. 505
gravité, mais dont ia valeur pronostique varie avec l'étendue et Timpor-
tance fonctionnelle des organes affectés.
Étiologie et pathogénie , — Les chromatoses surviennent dans le cours d'un
grand nombre de maladies, parmi lesquelles il Tant compter, principalement
les intoxications paludéenne et alcoolique, quand surtout ces intoxications
affectent les organes hémopoiétiques, notamment le foie, la rate ou les
reins. Un grand nombre de maladies constitutionnelles avec cachexie,
comme la tuberculose, la carcinose, etc., peuvent aussi développer des
chromatoses ; une des maladies de ce groupe (maladie bronzée) tire même
son caractère spécifique de la pigmentation qui l'accompagne. Enfin, il est
des états cachectiques obscurs dont la cause a échappé jusqu'ici, et qui ne
présentent d'autres désordres qu'une pigmentation des principaux vis-
cères de labdomen et du thorax et une profonde anémie; ces états,
accompagnés de diarrhée, de vomissements, et souvent de stéatoses vis-
cérales sont généralement pris pour un cancer de l'estomac. Mon Atlas
d'anatomie pathologique renferme quelques faits de ce genre; néanmoins
c'est un sujet d'étude qui est loin d'être épuisé. Les maladies fébriles, sep-
tiques et pyohémiques, si fréquemment accompagnées d'adynamie, sont
encore des causes de pigmentation qui méritent au moins d'être men-
tionnées.
Les causes locales de la dégénérescence des globules rouges ont toutes
pour tendance de mettre obstacle à la libre circulation du sang, et de
produire des stases. Telles sont les affections cardiaques, les obstruc-
tions vasculaires, les phlegmasies, notamment celles qui affectent
les membranes muqueuses ou séreuses. Le pigment, dans tous ces cas,
est d'abord rougeàtre ou brunâtre et grenu, plus tard il devient com-
plètement noir. L'hémorrhagie est une autre source de chromatose cir-
conscrite; nous en avons des exemples fréquents dans les ovaires, après
la rupture de la vésicule de de Graaf, et dans le cerveau des vieillards dont
un des vaisseaux a été déchiré. Dans ces conditions comme dans les cas
où la gaine lymphatique des vaisseaux cérébraux est infiltrée, le pigment
granuleux et cristallin est le plus souvent de teinte rouge.
La palhogénie des chromatoses déterminées par une cause purement
locale est des plus simples. Les globules sanguins, sortis des vaisseaux
ou ralentis dans leur course, cessent de vivre, la matière colorante se
sépare de la globuline, s'extravase au sein des éléments du voisinage,
sous forme de matière liquide; et, transfonnée en granulations plus ou
moins fines, elle infiltre ces mêmes éléments. Les chromatoses liées
à une maladie générale semblent se produire d'après un mécanisme
$00 ANATOUa fk'mMBimE.
qui n'est peut-être pas trè$-cliirér€iit; aoi^eilt W iffiie^âBmMM
plement la conséquence des coQgestiws qu'^ofeiidiWti 0Qi
Rarement, toutefois, une cause unique est mise en jeu ; car, en gèaivrith
congestion est accompagnée d'une altération des §^oMAi ifvigipii,^
Certaines sui^tances, comme les pietates ukalips, «Mt^ M fi**
priété, lorsqu'elles sont introduites àms VmgBmmmf 4^^ ,4^^
hématies et de donner lieu à un ict^ aangmi- Is flbmtktm$ k
principe toxique de la fièvre jaune, cdui des fiè?iea ptthiab^ fuéh
sent avoir une action également directe sur ces iiémitKiÊ$. 0'aaiR
part, les expériences deMagendie et de^ Hartmann ajanlnioiitié fie
l'eau en excès dans le sang peut dissoudre les giobulea imigfss, m
doit se demander si, dans la chlorose et dans les cachexies avec ané-
mie, la destruction des hématies et la chromatose ne sopl pus son
la dépendance d'une trop grande quantité d'eau au sein de ee Ikfaik^
Quelques substances, l'hydrogène sulfuré par exemple» mises m V^
9enoe des globules rouges, déterminent non plus une métamorplMW
dégressive de ces éléments, mais une réaction chimique, en YeM é
laquelle se fait un précipité de sulfure de fer. Les parties affeeléei à
gangrène ou de suppuration fétide, la surface du canal intestinal, œOeli
foie et de la rate, sont des points où se rencontre quelquefoia autti#
genre d'altération. Dans ces conditions, les tissus présent^ut nneeoiflii**
tion noirâtre, ardoisée, produite par des granules pigmentaires de fom^
indétenninée, et qui, tantôt isolés, tantôt réunis, sont déposés en plosoi
moins grande quantité entre les éléments, plutôt que dans les cellules.
Au point de vue morphologique, les granulations qui se produisent en
pareil cas ont une grande ressemblance avec celles de la pigmentatioi
ordinaire. Cependant, d après J. Vogel, elles en diffèrent par la propriélé
qu'elles ont de se dissoudre dans les acides (acétique, azotique, etc.).
Bibliographie. — Heusinger, Untersuchungen ùher die anomale KoMenwfi
Pigmentbildung. Essen, 1823. — Bruch, Untersuchungen zur Kenntniss d.ltff
niger Pigments, 1844. — N. Guili.ot, Archiv. gén, de médecine. Paris, 1845.—
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1847, et Deutsche Klinik, 1850. — Sandrrson, Monthly Jowiu, sept eiàéc-
1851. — Remak, Mfdlers Archiv, 1852, p. 115. — Cn. Robin et Mercier, Jf«»- ^
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•
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HTPOPLASIES. S07
1857). — Zenker, Ueber die Beziehung des Blutfnrhsioffs zum Gallenfarhstoff
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und Physiol., t. XL, p. 305, 1867). — H. Meissner^ Beitrâge zvrLehrevon der
Addison'schen Kranhheit, sowie Pigmenthranhh. (Schmidt's Jahresber,, t. CLIV,
p. 29, 1872).
§ 7 . — NÉCROSES ET GANGRÈNES.
La plupart des auteurs accordent une synonymie pour ainsi dire par-
faite aux mois nécrose, mortification, sphacèie, gangrène, etc., et dési-
gnent sous ces dénominations des lésions souvent différentes au point
de vue de leur évolution, de leurs caractères et de leur pathogénie. Pour
être semblables à leur point d arrivée, ces lésions n'en sont pas moins
extrêmement différentes à leur point de départ, et celui-ci mérite bien
quelque considération. Fort de ce fait, je diviserai en deux grandes
classes les manifestations anatomiques comprises sous ces appellations :
1* les nécroses, dont le caractère essentiel est la mortification d'une partie
plus ou moins étendue des tissus ou des organes, par diminution ou sup-
pression des liquides nutritifs ; 2" les gangrènes (1), qui présentent le même
caractère fondamental, avec cette différence qu'elles sont l'effet d*un pro-
cessus assimilable à celui de la putréfaction.
Conséquence de la diminution ou de la suppression des sucs nutritifs
dans une partie limitée du corps, les nécroses sont des lésions circon-
scrites qui ont pour principaux caractères le ratatinement, le dessè-
chement, la métamorphose graisseuse, l'atrophie et la résorption plus
ou moins complète des tissus altérés. Les gangrènes, au contraire,
sont des lésions envahissantes, qui transforment les tissus, opèrent
des combinaisons nouvelles et donnent lieu à la formation de sub-
stances peu stables, de composition variable, et en définitive à des
produits moins complexes, tels que Tacide carbonique, l'ammoniaque et
l'eau. Dans Tune et dans l'autre affection, il va mort et dissolution de
l'organite ou élément histologique ; toute la différence des processus con-
siste dans le mode de décomposition et la nature des produits de cette
décomposition.
(1) Déjà SauTa^e a établi une division assez semblable. Voyez Nosologie méthodique,
tnduct. française par Nicolas, t. 111, p. àSh et 497. Paris, i775.
50S ANATOMa PATHOLOGIQDI.
I. — Néerofês.
Envisagées au point de vue de leur origine et de leur évotalwi, In
nécroses peuvent se diviser en deux groupes. Les unes en effetrésullaitè
la diminution ou de la suppression de la circulation dans une yiA
quelconque du corps, nous les appelons nécroies paihogémqum. Les aiM
sont dues à des actions chimiques qui coagulent le sang dans les vaiiiMi
et absorbent les liquides des tissus, ce sont \e^nécrinei phfïïko-'cUmifKL
1* Nécroses paihogéniques. — Ces lésions peuvent occupor les diKfnli
points du corps, mais elles ont pour siège habituel les extrémiléi Ai
membres, celles des membres inférieurs surtout, où elles coastftiial
l'altération connue sous le nom de gangrène sèdie ou spontanée; eUeift
rencontrent encore dans les viscères parenchymateux^ noUmmal
le cerveau, la rate et les reins, où elles ont été désignées soos le mm
assez impropre A'infarctus. Quel que soit leur siège, les nécroses pilto-
géniques ont des caractères assez semblables et suivent les mêmes phi»
d'évolution.
La première de ces phases se révèle par un stade d'anémie
cadavérisation, Cruveilhier), auquel succède, toutes les fois du
qu'un certain degré de circulation collatérale est possible, un iSaé
hypérémique. La partie affectée, d'abord paie, livide, froide, cdM-
reuse, insensible, revêt bientôt une teinte violacée, brunâtre, se tuméie,
s'indure et fail saillie à la surface de Torgane malade. Les vaisseaux q>
la parcourent, primitivement vides, sont peu à peu remplis et distendus
par du sang qui, ne pouvant continuer à circuler, se coagule et subit m
métamorphose régressive. Cette métamorphose, qui a pour terme la \xvDSr
formation graisseuse des tissus, caractérise la seconde phase. Les partiesil*
térécs changent de coloration, revêtent, dans les viscères, une teinte pu-
nàtre, pîirsemée de points rouges et noirs, dans les membres (gangrène
sèche), une teinte noirâtre, brun«^tre» accompagnée d une sorte de momifr
cation due à I evaporation incessante opérée au contact de l'air extérieur.
Les tissus, par suite de la destruction des globules, sont infiltrés de graDU-
lations pigmentaires, disséminées en amas irrégulièrement arrondis H
diversement colorés, plus rarement, de cristaux d'hématoîdine (voy.
Chromatoses), La transformation graisseuse des tissus, qui tout d aborl
n'est pas sans analogie avec la stéatose et Tatrophie ordinaire, s'êcaik
plus tard de ces processus. Les éléments anatomiques deviennent granu-
leux, se chargent de globules graisseux, et enfin se désagrègent plus on
moins rapidement suivant la nature des substances qui entrent dans leur
composition. Dans ce foyer de désagrégation cellulaire, les substances
asses abondent el jimYiemient ^Tuiseniblublemeiit du la Iranstor-
alioii des inalières albumînotdi's ou protéiijues ; en dpmÛT lieu, on y
nstate la présence de cristaux d'acides gras, des tablettes de cliolfsté-
ïe, des cristaux de phosphate de chaux el de phosphate ammoniaco-
ngnésien. Ainsi, les éléments cellulaires et tubuleuK du cerveau se
livrent rapidement de granulations graisseuses et se transforment en
' véritable éraulsion. Les cellules propres du foie, celles de la rate,
• -jiitbéJiums des canaux urinirères deviennent granuteui: et se dis-
cieut de la môme Tacon.
Les libres musculaires striées, devenues d'ahoitl rigides par la coagu-
tioudes principes aihumineux qui englobent le noyau et les granulations
rotoplasmatiques, se troublent et semblent imprégnées d'une line pous-
ère, piij.-i elles se réduisent en granulations relativement volumineuses,
UÎ ensuite disparaissent. Les tissus libreiix, cartilagineux et osseux,
9 désagrègent un peu moins rapidement, de sorte que la destruction
aralt en rapport direct avecla rapidité de rénovation des tissus; les
ISSUS dans lesquels In nutrition pamlt moins active sont en effet ceux
ai résistent le plus longtemps. En résumé, celte seconde phase aboutit à
K Iransfonnation des tissus en principes immédiats, susceptibles de
'■rier avec la composition chimique normale de la région, mais qui
onsislent principalement en subslnnces
arbonées et en matières grasses globu-
ïires ou crislalliites.
Ia troisième phase de ce processus
«l caractérisée, soit |)ar la résorption
l'une partie ou de la totalité du foyer
técrusique, soit par l'élimination de ce
f»jer. La n'sorplion complète est rare,
air elle n'est possible que pour des
nfxrulusde faible étendue. On l'observe
laas le cerveau, les reins, le foie et la
'Aie, oii elle détermine des dépressions
^irculatrcs et linéaires, analogues à des
'icatricos (lig. 188). Le plus souvent
'i'« dépressions, peu profondes, à peine
iiMn]uéos, laissent voir à leur niveau
l"" lissusallérés.jauniltres, non encore
< >iliés. L'élimination est le fait né-
:>aire cl constant des nécroses étendues des parties extérieurea. A la
nfércnce de ces parties s'établit plus ou moins vite, suivant l'inten-
riG. me.
— La raie, nie par sa fji
eniivEii
!■- celle face prèscnlp une cl'
réMrpti
.on d'un inferciuf.
nonfe
J
510 anàtomie pathologique.
site de l'irritation et le pouvoir de réaction du sujet malade, un léger
mouvement fluxionnaire qui détermine le gonflement et i'écbauffeoieiit
des tissus au pourtour de Teschare déprimée. Vers le troisième ou le qoMr
trième jom* apparaît en général une zone rouge, de largeur variable ; ven le
sixième jour, quelquefois plus tôt, on constate entre Teschare éi cette
zone des scissures qui, se réunissant les unes aux autres, finissent ptr
constituer un sillon chaque jour plus profond au-dessous de la partie
mortifiée, jusqu'à ce que celle-ci se trouve séparée des parties vivantes et
tombe, laissant à sa suite une surface rouge, granuleuse, apte à feire les
frais de la cicatrisation. Dans le cas de nécroses étendues, connue
celles qui résultent de loblitération de Tiliaque primitive ou de la partie
supérieure de l'artère fémorale, l'élimination est souvent au-dessus
des forces de l'organisme ou même n'est plus possible. Il n'est pas
rare de voir, surtout quand le membre n'est pas momifié, des gan-
grènes, véritables processus de putréfaction, se produire au pourtour
des parties nécrosées, aggraver la situation du malade et conduire à une
mort plus prompte.
Les conditions pathogéniques de ces désordres demandent à être exami-
nées dans les artères, les veines, les capillaires et le cœur. Tout ce qui
supprime la circulation artérielle ou Tentrave suspend la nutrition des
parties et donne lieu à la nécrose. Signalons la ligature des artères, la
compression de ces vaisseaux par une tumeur ; exemple, le fait observé
par Fabrice de Hilden où une tumeur squirrheuse 'placée entre les deui
reins comprimait l'aorte et avait fini par amener la nécrose des deai
jambes. L'altération athéromateuse ou calcaire, qui diminue réiasticilé
des parois vasculaires en rétrécissant ou en obstruant leur lumière,
agit dans le même sens. Mais l'une des causes les plus communes
des nécroses est l'obstruction artérielle par un bouchon de fibrine ou
de toute autre nature, que ce bouchon soit né sur place (voy. Thrùm-
bose) ou qu'il provienne d'un autre lieu (voy. Embolie). La cx)ndition
indispensable à la production de la nécrose dans tous ces cas est
évidemment le défaut de circulation collatérale ; aussi , tandis que
l'oblitération de l'une des carotides primitives n'est souvent suivie
d'aucun accident nécrosique, voit-on l'obstruction de lasylvienne en être
fatalement accx)mpagnée. Les altérations des vaisseaux capillaires sont
rarement suffisantes pour apporter un obstacle complet à la nutrition
des parties, et pour devenir le point de départ de la nécrose. Cependant,
lorsque ces vaisseaux sont soumis à une pression continue et durable, (*n
même tc^mps que les tissus dans lesquels ils se distribuent, on constalo
quelquefois l'altération nécrosique des parties saillantes du corps, comuK'
HYPOPLASIES. 511
les grands Irochanters, les épines iliaques, l'épine de Tomoplate, ie talon.
Les nécroses si communes au sein des productions pathologiques sont
aussi le plus souvent sous la dépendance de la compression ou de l'ob-
struction des capillaires qui les alimentent. Sans aucun doute, les nécroses
qui ont leur origine dans un désordre nerveux ont un mode pathogé-
nique semblable et sont dues à un rétrécissement vasculaire. Tels sont
les cas de mortification déterminée par Brown-Séquard chez les animaux
après certaines lésions de la moelle épinière et vraisemblablement aussi
<îeux que produit lergot de seigle; telle est encore l'altération des oreilles
qui succède à la lésion des corps restiformes.
Contrairement aux artères, les veines ne jouent en général aucun rôle
actif dans la pathogénie des nécroses. Aussi voit-on des obstructions com-
plètes de ces vaisseaux, et même des plus importants, n'être accompa-
^ées que d'un simple œdème. Ce fait lient évidemment à la grande
richesse anastomotique des veines^ qui rend difiicile ou impossible un
an*ét complet de la circulation ; pourtant il arrive, dans certaines hernies,
de constater la mortification d'anses intestinales dont la circulation vei-
neuse était seule arrêtée. L'influence qui revient au cœur dans la produc-
tion des nécroses n'est pas toujours facile à déterminer. Certes, la
faiblesse contractile de cet organe, qu'elle dépende d'une altération grais-
seuse de la fibre musculaire, d'une dilatation des cavités cardiaques
ou de toute autre cause, favorise le ralentissement de la circulation
«t la nécrose des extrémités; mais il n'est pas prouvé que cette
faiblesse puisse par elle-même engendrer cette altération, car, dans
la plupart des faits où elle a été observée, il existait en même temps
une modification plus ou moins profonde de tout l'organisme (ty-
phus), un état de misère générale. Ainsi, hormis les cas où elles donnent
naissance à des caillots emboliques, les lésions cardiaques ne sont guère
que des causes adjuvantes des processus nécrosiques, puisque, la plupart
du temps, il s'y ajoute quelque autre condition étiologique. Le mé-
canisme de ces processus est des plus simples, la mortification a lieu
parce que les parties vivantes ne reçoivent plus les matériaux né-
cessaires à leur nutrition, parce qu'elles manquent d'oxygène, de sang
en un mot.
2* Nécrùses physico-chimiques. — Les altérations des tissus qui carac-
térisesl ecs nécroses diffèrent de celles des nécroses pathogéniques par
un développement plus rapide, une soustraction subite de substances
liquides qui, dans certains cas, donne lieu à une véritable carbonisation
des parties vivantes. Les changements consécutifs qui s'effectuent au sein
512 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
des tissus mortifiés varient nécessairement selon le degré de ralténilioD
primitive ; plus cette altération est légère, plus les phénomènes qui la
caractérisent se rapprochent de ceux des nécroses pathogéniques.
Les nécroses physico-chimiques sont dues à l'action de certains agents
chimiques et physiques sur les tissus de l'économie vivante. Les substances
chimiques capables de les engendrer sont nombreuses : ce sont des acides
concentrés, tels que les acides sulfurique et nitrique, des alcalis puissants,
comme la potasse, la chaux, l'ammoniaque ou certains composés métalli-
ques, le chlorure d'antimoine, le chlorure de zinc, le nitrate acide de mer
cure, etc. Ces substances agissent, soit à l'état liquide, soit à Tétat solide;
mais un point intéressant à noter, c'est que chacune d'elles possède un mode
d'action spécial, et produit des eschares de couleur et de consistance dif-
férentes. Ainsi, l'acide nitrique donne lieu à une eschare jaune parche-
minée, circonscrite ; l'acide sulfurique a une eschare gris de fer deini-
coriacée, profonde, bien limitée ; l'acide chlorhydrique a une eschare
blanche et dure ; la potasse caustique a une eschare noirâtre et molle; le
nitrate acide de mercure a une eschare demi-molle, d'un rouge sanguin
sur l'épiderme, grisâtre sur les plaies, etc. Chacune de ces eschares esl
éliminée plus ou moins promptement et accompagnée d une suppuration
plus ou moins intense^ d où il résulte que chacune de ces mortifications
a pour ainsi dire sa physionomie propre.
Les agents physiques qui produisent la nécrose des tissus sont
multiples; il faut mentionner surtout la chaleur, le froid, l'électricité. Les
eschares dues à la chaleur portent le nom de brûlures ; elles sont en gé-
néral sèches pour peu que la brûlure soit profonde, dures, brunâtres ou
jaunâtres, déprimées et circonscrites par des plis rayonnes des tégu-
ments. Dans un degré plus avancé, elles sont noires, c'est une sorte 6e
torréfaction des parties de rorganisnie. Les eschares produites par l'élec-
Iricité, relativement peu communes, ne sont pas très -différentes des brû-
lures. Quant à celles qu'engendre le froid, elles sont le plus souvent
pâles et sèches ; le sang y est si bien coagulé que l'on peut ensuite
couper les parties altérées sans qu'il s'en écoule une goutte de sang.
Ces eschares occupent les extrémités, et principalement les orteils et
les pieds ; elles sont circonscrites par les tissus tuméfiés, infiltrés
de liquides, rougeâtres ou bleuâtres. La peau est à leur niveau noinUre,
dure et parcheminée; le tissu cellulaire sous-cutané esl rougeâtre, ses
aréoles sont affaissées ; les tissus aponévrotiques ont perdu leur coloration
nacrée, les muscles sont mous, jaunâtres, et leurs interstices celluleux,
comme» les gaines celluleuses des vaisseaux, sont imbibés de sérosité
rougeâtre. Les artères et les veines, dont le calibre est dimiimé, ne con-
HYPOPLASISS. 51 3
tiennent pas de caillots, mais un liquide rougeâtre. La myéline des nerfs est
coagulée; leur altération, suivant Tillaux, se rapprocherait de la dégéné-
rescence observée par Waller à la suite de leur séparation d'avec les centres
nerveux. Les parties ainsi mortifiées se dessèchent sans se putréfier, et
n'exhalent d'odeur qu'au niveau de la suppuration produite par le cercle
éliminatoire.
Les conditions pathogéniques des nécroses physico-chimiques sont
variables. Dans les brûlures où les tissus sont carbonisés, il est certain
que l'agent physique a modifié simultanément tous les éléments, et que
la mortification est surtout le résultat de la coagulation de l'albumine.
Toutefois les nécroses dues à l'action du froid se produisent d'après un
mécanisme qui se rapproche davantage de celui des nécroses patho*
géniques. Hunter, ayant fait geler dans de la glace l'oreille d'un
lapin vivant, remarqua qu'au bout d'une heure cette partie était roide et
De saignait point. Incisée à l'air libre, elle dégela peu à peu, reprit son
élasticité naturelle, et laissa couler du sang. Bientôt après elle devint
chaude, s'épaissit, s'enflamma, et au bout d'un certain temps elle était sem-
blable à l'oreille du côté opposé. Ce fait prouve que le froid ne détruit pas
les tissus, et qu'il a une influence sur la circulation au point de la suspendre
complètement. La mortification des extrémités par l'action du froid recon-
naît sans doute ce même mécanisme ; mais, il y a lieu de croire aussi qu'un
froid intense et prolongé peut altérer l'albumine du sang et des tissus.
Les nécroses, quelle que soit leur origine, n'ont aucune tendance à s'é-
tendre ou à se généraliser ; et si, dans quelques cas, ces altérations sont
accompagnées de foyers secondaires métastatiques, c'est uniquement lors-
qu'il s'est produit à la circonférence de l'eschare une gangrène qui en est la
complication. Les désordres qui résultent tant des nécroses pathogéniques
que des nécroses physico-chimiques varient avec les fonctions de l'organe,
ou de la portion d'organe altérée. Peu appréciables dans les cas d'infarctus
de la rate et des reins, à moins de lésions étendues, ces désordres, s'il s'agit
d'un infarctus cérébral, consistent ordinairement en des paralysies
subites qui revêtent la forme hémiplégique ; aux membres, ils déterminent
dans la partie intéressée l'abolition de toute fonction physiologique. De
même les nécroses physico-chimiques produisent des troubles en rapport
avec leur siège, leur étendue, et la fonction spéciale de l'organe affecté.
II. — Gangrènes.
Notablement différentes des nécroses, les gangrènes sont des pro-
cessus particuliers de fermentation ou de putréfaction de» tissus, et
Làrcebiaux. — Traité d'Anat palh. !• — 83
ûlû i^VTHWIIi l ATIlULO(il(H!E.
comme Icllps f\W> sunt subotdunnces niix conditions d'air,
lure.d liumidit»^, elr, que ictlaint nt les rermenls pour manifester Imr
lion Ces alteialionsseienconlrenl surles différents points du corps, rtra
partiruliei aui les parties qui sont en rapport avec l'air extérieur, «mniM
ia peau, la rauqueiist digesti\e, les poumons (fifr. 189), luténis, de,
Elles sont nu conlrairp fort
dans les or^anvs, Ic-ls que le foie A
liï cerveau, qui ne communiquent pu
avec le dehors. En somme, il «l
d'observation qu'elles ae se nwm>
lestent jamais primitivement à l'abri
du contact des agents ext<Hie4in.
Les gangrènes présentent dui
leur évolution symplomatiqae déni
périodes, l'une d'irritation d A
iliixinii, l'autre de murti fi cation <s
de décomposition. Les lissu^i tni
d'abord prennent une teinte nw»
liolacé, et se lumctieiit tant pw
l'i'lïet d'une hypérêmie vasculiifi'
<|iK' par l'infiltration dans kun
iii^iillcs de liquides séro-sanguino-
liiits. Pendant ce temps, les psrlK*
iilTectées se cou>Tent de Ucbn !!■
vides, de péléchies, et, si la peu
est atteinte, l'épiderme m wutfw
et donne lieu ii la fonnation d'uw
vésicule ou d'une ampoule «<"
tenant un liquide sanieui m»-
sittre. I^s [Nirlies afleclres perio'
leur consistant Tenoc , élira "
ramollissent et bientàt elles exhalent une odeur plus ou nuii»
fétide; c'est In seconde période qui commence. Les madi6cati4V
qui se produisent en pareil cas au sein des parties élémentaire^ aont hi^
logiquement peu différentes de celles que l'on obsem- daus Im b^
croses, bien qu'elles soient chimiquement distinctes. I.e s.ang est de Ih»
les tissus celui qui se décompose le plus rapidement :d'alH)rd les ^i'^iu'''
pi'nlfnt leur matière colorante, qui se dissout , imbibe et coliW ^
masse gangrenée, ou l'întiltn'^ sous forme de granulations: poi* I" p****"
pfasmii incolore se Konllc. se dissout cl disparaît k la vue. La fhf^
Vu; iS9 ^ Porlinn du loiic iiiC.
poumpn drait alWml de S'iiE'
extr^miiéi branihiqu«« a bronche de
second ordre . b. exlrémilé bronchique
déiruile pir la fiangrène. L* iilupnrt du
extrJmilis braochique* de <c làbe «ont
«ItérÉes lie la mAtiie b^on.
HYPOPLASIKS. 515
des éléments figurés présentent des modifications analogues. Les cel-
lules subissent une sorte de rigidité cadavérique, résultant de la
coagulation de leurs principes albumineux, les mouvements molécu-
laires des granulations s'arrêtent, l'élément devient trouble, semble
imprégné d'une fine poussière, et se réduit en granulations plus ou
moins volumineuses formant une masse appelée à disparaître plus tard.
Cette altération débute généralement par le noyau, et finit par la mem-
brane enveloppante lorsqu'elle existe.
Les fibres des tissus conjonctifs et élastiques sont, avec la charpente
osseuse, les parties qui résistent le mieux aux progrès de la gangrène.
Quant aux éléments cellulaires de ces parties, ils se détruisent aussi
rapidement que tous les autres. La graisse contenue dans les cellules
adipeuses abandonne ces éléments, se réunit en gouttelettes isolées qui
se répandent au loin et donnent à Tichor ou sanie gangreneuse l'appa-
rence d'une émulsion. Ces cellules néanmoins conservent jusqu'au mo-
ment de leur destruction une faible quantité de graisse, qui s'imprègne
facilement de la matière colorante du sang; et il n'est pas rare de voir de
magnifiques cristaux en aiguilles se déposer à leur intérieur, quoique ces
cristaux se rencontrent bien plus souvent dans la graisse libre.
Dans leur période avancée, les parties affectées de gangrène forment
des eschares molles, noires, verdàtres ou encore jaunâtres, sales, imbi-
bées d'un liquide sanieux et rougeâtre. Ce liquide rougit parfois le
papier de tournesol, donne avec l'acide nitrique une coloration rosée,
déjà rencontrée par Sherer et Buff (1) dans la putréfaction artificielle
de la fibrine, et contient des goullelelles graisseuses et des combi-
naisons albuminoïdes solubles. Il renferme de plus des granulations
pigmentaires, des cristaux noirs d'hémaloïdine, des masses irrégulières
noirâtres, ou brunâtres (mélanine), le tout provenant de la dissolution des
globules sanguins, enfin divers principes, tels que acides gras vola-
tils, acides butyrique, valérianique, sels de phosphate ammoniaco-ma-
gnésien, de valérianate d'ammoniaque, des composés transitoires mal
détemiinés et des gaz qui, par leur évaporation, donnent aux parties
mortifiées leur odeur spéciale, infiltrent les tissus de façon à les rendre
emphysémateux et crépitants, comme il arrive parfois à la suite d'un
traumatisme un peu considérable. Les plus fréquents parmi ces gaz sont
Fammoniaque, l'hydrogène sulfuré, le sulfure d ammonium, plus rare-
ment ce sont des hydrures de phosphore (Demme), des carbures d'hydro-
gène inflammables ( Joffroy , Gaz, hôp, 1845, n** 47). Des organismes vivants,
'l) Zeitschrif, fut ralionn. Mediciriy T. V. p. 237.
516 iNATomS PATBOL8GI0UE.
tels que vibrions, monades, algues (merismopœdia, cryptococcu*. trjilaihnn
es^iatetit isncore dans les parties affectées de gangrène ; une large esrW
de la région sacrée, étendue aux muscles lonibo-iliaques, m'a pniseiile on
grand nombre de sarcincs, qui in'onl paru donner à cos partie» uw
coloration vcrdàtre ; quelques champignons ( oidium ulhicaus, mucar an-
cedo, etc.) ont entin été rencontrés dans les tissus gaugrenùs, uti j'w 0»
fois trouvé de ncinilireuses bactéries mobiles (fig, 190). Ces urganii-
mos (IJ, dont les nécroses ne présentai
pas trace, existent au contraire d'unr
façon constante pour )n gangri^ne, ils m
sont, à vrai dire, la caractiTÎstique. Itiii
présence permet de comprendre com-
I > ment la sanie gangreneuse peut, i
^yji^n^ i'exemplc du pus, infecter rorgauiiiw
^ ' " ■ et donner lieu à des inéta&Uisft*. d»
moins chez les individus uOaiblîs ; d ail-
leurs des phénomènes généraux graw,
fièvre, utaiLie, adynaniie. accompa^ual
toujours, à cerlains moments, le proccc
sus morbide.
Malgré leur importance, les métailiui
gangreneuses ont été peu observées, cl j>
ne sache pas que depuis l'année 1863,011 je me suis oecujté dp leur étude (1),
il ait été publié de iiuavellcs observations sur ce sujet. Les foyers g»»
gréneux secondaires ne sont pas cependant d'une rarelé excessive; It»
viscères et surtout b-s poumons, la rate, le cerveau, le foie, sonlkor
siège le plus ordinaire; on les observe dans les poumons dwi i*
individus alTectés de gangrène de la bouche, d'épithélionies gangrena,
de noma, etc. Ils uci-upenl encore ces mêmes organes dans les p»-
grènes du sacrum, mais le plus souvent alors la gangi-j^ue secondui*
affecte la base du cerveau. Les foyers, situés principalement à la pcripbéfK
des organes, sont d'ordinaire multiples, peu étendus, diversement coloM
vcrdàtresoujaunàtivs; ils laissent échapper, comme leur foyer d'ori|^D'>
une odeur plus uu moins fétide. Cette odeur, dont ne sont pAsexcmp»
les viscères préservés de l'action de l'airexlérieur, comme le ce.rvtttu,eit.*
mon avis, une nouvelle preuve lie la différence des pi-ocessus nécrosiqW*
(1) n tfnH iat^rBMont de taire uai^ Élude pini compile de Ciw oi^nnianra, fiU iHl
loia d'être identiques dini le* ilînvrcnla cas de gniigrcDc, et de rcchrrchet ttw f*
■ont auK et ccnx qui «ont elTcl.
(3) l^nccrt'nui. Mt'moirfn ifiniiloinie palliolugmw. |i. 95. l'nrn, tS6t.
Pic. 1 90. — Snbitancea tt prnUuiti di-
vers rencontréi dsiu des rojert gun-
fréneux. n, cellulo graisseuse dont le
contenu est erisMlJiii^; hb. cHbIioi
lie graissa ; r, tyrotine ; li, Jencins ;
e, crislaui de phoBpliHle sDimoDidéo-
mugnésien ; f, sarcines ; g, vibrions ;
''■ granulations pigmentaires.
aYPOPLASlES. 5J7
fjangréneux, puisqu'elle ne s'observu ni dans |.' ramollisscmeul ciiréhnil
ni dans aucun des infarclus résultant d'unL' ohlitêraltoii arl«riello. Do
nif^me que t'otlt'ur, la couleur des métastases gangreneuses rappelle celle
du foyer primitif, de sorte qu'il n'y a pas dt- doute ijue ces lésions ne
soient, comme les Toyers nit^ta-
statiques purulents, le résultat
du transport dt> substances in-
fectantes.
h* Étiologie etpathogênie. — La
|VociucIion des gangrf-nes est
subordonnée fa deui ordres de
causes, les unes prédisposantes,
le» autres efficientes. L'afTal-
liltssement de la nutrition, l'hu-
niiditédes tissus, telles sont les
priucipalfs conditions qui favo-
rîspnl le développement des
frangr^nes. ElTeclivement, par-
tout ou existe un processus gan-
frrénwix, la pri-niitrc de ces con-
ditions poutétroconstnIéo.Ainsi,
^—Âllis les nécroses des membres
^Blbisécatives à une oblitémlîon
' «rlérielle, on voit la gangrène se
produire vers la limite des par-
lies restées saines, en un point
où la nutrition des tissus est
certainement troublée. Il résulte
de là qu'un membre primiti-
vement atteint de nécrose se
trouve frappé de gangrène sans
doute par suite de son contact
avec l'air ambiant, puisque sem-
blable altération ne vient ja-
mais compliquer les infarctus des viscères soustraits h l'action de cet
agent. Les eschares iiiil, chez les paralytiques, se pitxiuisent dans la
région sacrée sont de même prée^édées d'un désordre nutritif résultant de
Ja paralysie des voso-moteui-s; mais ce serait ini tort d'attribuer ô ce seul
^^Awnln* la gangrène propivmenl dite; celle-ci, quoique localisée
n
4
PlG. 191. — Ulcères conaËcu util àdai uchinu
développées, chez une jeunetemme paraplégi-
que, au niveau des régioni i.icro-coccïipeane
Irochantériennei, etc., c'esl-â-iliTe an niveau
despoinUparlieul)èreai«nlMuiiiiaàlBpreHlaD.
518 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
aux points comprimés (fig. 191) est ATaisemblablement subordonnée à la
présence de ferments organiques ou organisés. La gangrène qui chez les
enfants survient dans le cours des fièvres graves, de la diphthérite et celle
que Ton observe chez les diabétiques, etc. il) se produisent encore dans
les endroits où la nutrition est le moins active, comme aux extrémités, anx
grandes lèvres, dans la bouche (2) ; ces parties sont en même temps les
points les plus exposés à l'accumulation des organismes inférieurs. Les
contusions avec écrasement ou déchirure des tissus, les plaies d'armes à
feu, le traumatisme de laccouchement, sont aussi des conditions favorables
à la production de la gangrène, qui trouve là tous les éléments néces-
saires à son développement, savoir : désordre nutritif (3) et ferments orga-
nisés. L'humidité des tissus, les extravasats sanguins, aident de leur côté
à la production de la gangrène; dans un membre momifié, par exemple,
jamais la gangrène n'atteint la partie desséchée, elle attaque seule-
ment les points rapprochés des parties saines et conséquemment
humides. L'humidité est de même une condition nécessaire à la putréfa^
tion ; un cadavre desséché ne se putréfie pas. Les Égyptiens avec leurs
procédés d'embaumement ne produisaient que des nécroses ; ils empé*
chaient l'action des ferments qui causent la putréfaction.
L'observation clinique m'ayant conduit depuis longtemps à considérer
les gangrènes comme absolument subordonnées à l'action des agents
extérieurs, j'écrivais il y a trois ans : On ne possède pas encore la dé-
monstration expérimentale du fait, mais je ne doute pas qu'on n'ar-
rive à créer des gangrènes par le seul intermédiaire des ferments (.V.
Une expérience des plus remarquables est venue depuis lors vérifier la
justesse de cette proposition. Un habile expérimentateur, Chauveau, pra-
tique sur un bélier l'opération du bistouruage. Lelcslicule, séparé de ses
éléments de nutrition, à l'abri du contact de l'air et dans les conditions des
organes qui se nécrosent, subit une sorte de dégénérescence gi'aisseuse, et
disparaît plus ou moins complètement, sans présenter la moindre odeur
(1) Notons que dans ces diverses maladies on n'observe pas seulement des gangrcoes,
mais quelquefois aussi des nécroses par embolie artérielle.
(2) Peddie raconte que plusieurs membres d'une famille tombée dans la misère et
forcée de se nourrir de pommes de terre gelées et fermentées furent atteints de diarrhée,
d'hydropisie et de gangrène dans la bouche. (Journal des connaissances médico-chintrg.',
t. I, p. 20.)
(3) Certains états pathologiques de l'organisme, tels que ceux que créent le diabète,
l'alcoolisme, quelques fièvres graves, doivent être regardés comme des causes générales
favorisant la production de la gangrène.
(4) Voyez Lanccreaux, Nécroses et gangrènes, dans Gaz. méd, de Paru, 1872,
n<** 43 et 45.
HYPOPLASIBS, 519
putride. Puis, sur un autre bélier, le même observateur injecte dans la
ugulaire 10 centimètres cubes de matière putride(pus de séton, etc.) diluée
m cinquième : ce dernier souffre quelques heures, mais le lendemain il est
revenu à Tétat normal. Chauveau pratique enfin l'opération du bistoumage
inmiédiatement après une injection de matière putride ; Tanimal, après
nngt-quatre heures, est en bonne santé; mais si on le sacrifie quatre ou
;inq jours après, on trouve les testicules dans un état de gangrène humide.
Pour rendre Texpérience plus concluante, le bistoumage est pratiqué sur
m seul testicule, qui tombe en état de putridité, tandis que le congénère
reste sain ainsi que tous les autres organes. La conséquence à tirer de
zes ingénieuses recherches, c'est que le bistoumage qui détermine la
nécrose et la destruction des testicules ne peut produire la gangrène de
zes organes, et que cette dernière altération exige absolument la présence
d'agents fermentifères dans le sang ou à la surface d'une plaie. Mais ces
igents sont ordinairement multiples, et comme très-vraisemblablement
ils n'ont pas tous le même mode d'action, il y aurait lieu de se demander
quel est dans la production de la gangrène leur rôle réciproque. Sur ce
point nous devons avouer notre ignorance et reconnaître que des recher-
ches expérimentales seraient à cet égard d'un grand intérêt. D'abord, tous
les processus gangreneux sont-ils identiques ou seulement analogues?
Quand on voit la gangrène se produire dans la morve, dans le charbon, à
la suite de piqûres anatomiques, d'infiltration urineuse, après l'absorption
de substances animales ou végétales en voie de putréfaction (Gaspard),
et dans beaucoup d'autres circonstances, il y a lieu de se demander si c'est
bien le même agent qui exerce toujours son action nuisible.
Quoi qu'il en soit de ces questions que l'expérimentation parviendra
certainement à résoudre un jour, l'étude qui précède nous parait établir
nettement que les nécroses et les gangrènes sont des processus distincts
et qu'il n'est plus permis de confondre. La distinction de ces processus
n'a pas simplement un intérêt scientifique, elle a aussi son but pratique,
car elle conduit à traiter diversement ces lésions. Si donc l'expectation
est le seul moyen à opposer aux nécroses, une médication active, des
caustiques, des antiseptiques énergiques doivent être employés pour com-
battre et limiter les gangrènes.
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520 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
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HYP0PLAS1ES« 521
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r histoire de Vergotisme convulsif épidémique [Arch. de méd.^ mai 4857).
LIVRE III
ANOMALIES DE CIRCIJI.ATIOIV
Fonction des plus complexes et des plus importantes, la circulation
exige, pour s'accomplir normalement, le concours régulier des différentes
parties qui composent Tappareil circulatoire, à savoir le cœur et les vais-
seaux, le sang et le système nerveux. Le cœur et les vaisseaux sont les
organes qui impriment le mouvement au sang; le système nerveux régu-
larise ce mouvement par l'excitation qu'il donne au cœur et aux vais-
seaux. Le sang, d'un autre côté, est, par sa composition, un liquide qui
circule avec la plus grande facilité dans les tissus vivants. Mais, que sur-
vienne Taltération d'une ou de plusieurs de ces parties, il en résulte né-
cessairement des désordres plus ou moins sérieux de la circulation. Les
vaisseaux altérés entravent ou interrompent la circulation, et de là des
anémies, des hypérémies et surtout des hémorrhagies plus ou moins
abondantes. Un trouble de l'innervation vaso-motrice, qui détermine
soit une diminution, soit une augmentation dans la réplétion des petits
vaisseaux, suivant que ceux-ci sont contractés ou dilatés, devient la
cause d'extra vasats sanguins (hémorrhagies), ou simplement d'extrava-
sats séreux (hydropisies). Le sang altéré circule avec plus de difficulté,
produit des congestions ou des hémorrhagies; il se coagule même spon-
tanément dans certains cas, d'où les thromboses et leurs conséquences
graves, les embolies.
Ces diverses circonstances créent, de la sorte, autant de désordres ou
anomalies de circulation, que l'on peut grouper sous les chefs suivants :
les anémies ou hypémies, les hypérémies, les hémorrhagies, les throm-
boses et les embolies, enfin les hydropisies.
CHAPITRE PREMIER
DES HYPÉMIES
L'hypémie (uwo, au-dessous «T^ia, sang) ou anémie des auteurs (1), est un
état pathologique caractérisé par la diminution de toute la masse du saDg
ou de la quantité normale de ce liquide dans un département quelconque
du système vascuhiire. On appelle oligaimie (de ôXîyoç, peu, alfia, sang) la
diminution de la masse générale du sang, et ischémie (de Toxacfioç, qui
arrête le sang), la diminution de la quantité normale de ce liquide dans
une partie limitée de l'organisme.
Hypénde générale^ oliyaimie. — Constituée par la diminution de la
masse totale du sang^ l'oligaimie n'est en réalité qu'une altération de
ce liquide accompagnée de désordres circulatoires. Anatomiquement,
elle est caractérisée par la décoloration des téguments et de tous les
tissus dont la teinte propre tend à prédominer. Par exemple, les pou-
mons, dont le parenchyme est gris rougeàlro dans Tétat normal,
revêtent une coloration gris» blanchâtre ; l'intestin est pâle, les reins
deviennent un peu jaunâtres. Les organes, presque toujours diminués
de volume, ne laissent échapper de la coupe qu'une faible quantité de
sang, et les vaisseaux qui les traversent sont généralement vides et dimi-
nués de calibre. Le sang est moins dense, au rapport de la plupart des
auteurs, et la proportion relative des globules est diminuée; mais il y a
lieu de remarquer que les analyses du sang qui ont été faites jusqu'ici se
rapportent à des faits très-dissemblables où des états, tels que l'hydrémie
et l'aglobulie, se trouvent confondus avec l'anémie vraie. Les gros
vaisseaux sont revenus sur eux-mêmes ; mais un fait qui ressort de
l'examen des individus morts dans ces conditions, et qui prouve bien la
diminution de la masse sanguine, c'est la diminution de capacité des
(1) Nous préférons le mot hypémie à celui &' anémie, en quelque sorte consacré par
Tufage, à cause de son étymologie, qui signifie diminution et non privation de sang.
vn^^n^sur, le retrait du tissu inusculnire de cet orgaur qui rend
s parois plus épaisses, et le fait considérer à tort comme allfinl d'hyper-
>phie concentrique.
L'anémie générale a pour conséquence divers troubles de l'innervation,
rli^es, lipoth^'mies, etc., elle détermine des palpitations, de la dyspnée
r diminution des globules , un alTaiblissement de la nutrition et de la
jpart des fonctions; souvent elle est accompagnée d'un certain
gré de sléatose hépatique, et parfois d'une dégénérescence graisseuse
I cœur et de plusieurs autres organes. Tels sont les effets ordi-
ires de t'oligaimie; mats que chez un individu placé dans ces con-
lions spéciales de nutrition ut de vitalité survienne une maladie avec
iions phlegmasiques, comme une pneumonie, alors on observera les
'•iiomènes les plus lUcbeux: l'irrégularité dans l'accomplissement des
T<"'ionts actes de l'innervation, une prostration subite, une grande faci-
'■ ;i la production des hémorrhagies, une tendance rcmaujuablc aux
ppuralions et à la gangrène ; de lii, par conséquent, des indications thé-
ptuliques reposant sur l'état général du malade.
L'insuflisance de l'alimentation est la principale cause de l'oligatinie ;
ic pi'ut tenir à la quantité des aliments, à la diflicuUé de la digestion
I de l'absorption. Ainsi l'oligaiiuie est commune dans les villes assiè-
ges, dans les crèches où les enfants sont mal nourris, chez les individus
lemts de dyspepsie, de cancer de l'estomac, d'altération des glandes
êsentériqucs. Dans des conditions d'alimenlatioii ordinaires, un exercice
ïagéré peut encore produire ce désordre, il en est de môme des hémor-
tagies répétées et des déperditions abondantes physiologiques (urines)
J pathulogiques (pus).
Dans ces diverses circonstances, la patltogénie de l'anémie s'expli-
Oe par la privation où se trouve l'organisme de^ éléments nécessaires
la constitution du sang. Les recherches intéi'essanles de Panum ne
ous paraissent contredire en rien cette manière de voir, car si, dans
inauition complète, la niasse sanguine, ainsi que l'a démontré cet
spèrimentaleur, reste jusqu'à la fin dans un rapport constant avec la
ummo des parties solides de l'organisme, il n'en est pas moins vrai que
Mie masse a notablement diminué. Un autre mode palliogéniiiue tient
ruîscmblablement à une formation insufitsante des éléments du sang
ar la diminution de l'activité des organes auxquels est dévalue la fonc-
inu[»oiétiquc (1) (glandes mésentériqiies, etc.); mais nos coiniais-
ie l'slti^rntla
e Itmpa uflcM
I lies ginndrj IjiiipUoliiiuos reprcMtitée plui
.éc dolipiiniie; il <^ii litftil de iik'Iik.' de plu-
5i6 ANATOMIB PATHOLOGIQUE.
sances sur ce sujet sont encore trop incomplètes pour que nous {His-
sions nous y arrêter, qu'il nous suffise de signaler le fait.
Certaines influences atmosphériques, certaines professions, eomie
celle de mineur, sont également des causes d'oligaimie. Un grand nonbe
d'intoxications lentes, parmi lesquelles le saturnisme, l'hydnrgiriflK
et rimpaludisme occupent le premier rang, comptent encore au nonbe
de ces causes. Ajoutons qu'une vive frayeur et des impressions pémUo
peuvent aussi contribuer à produire une anémie parfois des plus nqiifah
comme je l'ai constaté dans plusieurs circonstances, notanmient ém
une femme diabétique et un jeune homme de vingt-cinq ans qui sQccxiaki
plus tard avec des taches de purpura.
Eypémie locale, ischémie. — Fort différente de l'anémie générale, l'anénii
locale ou d'une seule région coïncide toujours, nécessairement pour aiiî
dire, avec l'hypérémie d'un ou de plusieurs organes. Les parties afledés
sont tout d'abord pâles, décolorées, exsangues, soumises à un abti»
ment de température. Peu à peu, si cet état persiste et se prolonge, cN
mêmes parties présentent des altérations de nutrition caractérisées ptf
l'apparition au sein de leurs éléments de granulations fixes, réfringentOi
et par la diminution de volume ; quelquefois même elles subissent m
destruction plus ou moins complète. Les organes altérés sont mois»
flasques plutôt que turgescents, et leur surface de section, sèche oi
presque sèche, laisse suinter à peine quelques gouttes de sang.
L'hypérémie consécutive à rischémie établit une sorte de balancemerf
dans la circulation des organes, elle se manifeste tantôt dans Torgaue méoe
qui est affecté, tantcHdans des organes éloignés. Son extension est génén-
lement en rapport avec celle de l'hypéraie; si ce dernier désordre est
limité, la congestion Test aussi, tandis que si Tanémie est étendue à touteb
peau par exemple, l'hypérémie Test également et peut atteindre un ccrtiii
nombre ou la plupart des organes internes. L'hypérémie collatérale ei
artérielle ou veineuse suivant que le sang artériel afflue des branches qui
avoisinent la partie «inémiéc, ou que le sang veineux se déverse dans 1«
capillaires et dans les veines placées en arrière des artères rélrécirt
et dont la pression latérale est diminuée.
L'ischémie a pour conséquence des troubles qui varient avec lorgM^
sieurs malades qui nous ont présente des dégénérescences caséeuses des glu^
inésentériques et surtout de celles qui avoisinent le pancréas. En pareil cas le cffir
rétracté est toujours diminué de capacité el de volume et par cola même ses parois P^
raissent épaissies.
HYPÉMIES. 527
OU la portion d'organe affecté. L'anémie des muscles volontaires se
traduit par la diminution de la contractilité, de la rigidité et de la con-
tracture; Tanémie cérébrale produite un faible degré la lipothymie, à un
degré plus prononcé la perte de connaissance, Tabolition des mouvements
volontaires, enfin le ralentissement de la respiration, la dilatation des
pupilles et des convulsions.
Les effets de Tanémie limitée à une portion d'organe, à un organe en-
tier, retentissent en outre sur l'économie par le trouble qui résulte du
fonctionnement de la partie affectée; et, si cette anémie est éten-
due, on voit survenir l'augmentation de la tension artérielle, le ralentis-
sement des battements du cœur et des désordres divers de la circulation
sur lesquels nous n'avons pas à nous arrêter.
L'étiologie de l'ischémie est complexe, sa pathogénie est plus simple.
Cette altération peut se rattacher à une compression mécanique des
vaisseaux ou à un désordre fonctionnel du système nerveux. L'ané-
mie mécanique ou anémie passive survient à la suite d' un obstacle
apporté à la circulation artérielle ou capillaire par la compression d'un
vaisseau, par une ligature , ou par toute autre cause; elle résulte encore
de l'obstruction d'un vaisseau par un caillot autochthone ou embolique,
par un corps étranger : dans tous ces cas le désordre circulatoire est en
partie subordonné à la rapidité de la compression et à l'état plus ou
moins prononcé de l'obstruction. Un bandage trop serré, une tumeur
placée sur le trajet d'un vaisseau, comptent parmi les causes mécani-
ques les plus communes de l'ischémiel; un épanchement séreux abon-
dant, le météorisme intestinal, l'emphysème des poumons sont des con-
ditions pathologiques qui habituellement produisent cette altération
de la circulation. Tout ce qui tend à diminuer l'élasticité des artères
et la force musculaire du cœur agit enfin dans le même sens, comme
aussi les diverses altérations qui rétrécissent le calibre des vaisseaux. L'in-
fluence exercé par la pesanteur sur la circulation sanguine, peut aussi
déterminer une anémie locale. Cette influence se fait particulièrement
sentir chez les personnes débilités, à tension artérielle faible et chez les
convalescents.
L'hypémie par désordre nerveux vaso-moteur, anémie active ou spas-
modique, se lie à une activité fonctionnelle des vaisseaux, à une excita-
tion spéciale des nerfs qui les animent ; les agents capables de mettre en
jeu cette action sont le froid, l'électricité, plusieurs substances chimiques
ou médicamenteuses, enfin les émotions vives, un certain nombre d'actes
pathologiques. Le froid n'agit pas seulement sur les capillaires de la peau,
528 INATOMUt PATHQLOGIQDI.
il exerce encore son action suv ceux de la profondeur des membiei àld
point que, s'il est intense et persistant* il peut amener la mortificalMNi fa
extrémités . L'électricité détermine le resserrement des capillaires, omûs dk
ne parâtt jouer aucun rôle pathologique en dehors du laboratoire des pkj»
légistes. Les substances dites astringentes produisent d'une façonéfidoii
l'anémie des parties sur lesquelles on les applique ; les acides, le tmi^
l'acétate de plomb, l'alun et bien d'autres substances possèdeat cette pv^
priété qu'a encore l'ergotine employée intérieurement La frayeur, la eoiiR
déterminent également la contraction des capillaires de la peau« de celle à
visage notamment ; le frisson des fièvres, le refroidissemeat et Veogm*
dissement qui, chez les vieillards, les hystériques, les alcooliques etiiiPBi
personnes, apparaissent tout à coup à l'extrémité d'un doigt oudeosii
portion d'un membre, sont des phénomènes liés au même désordre fine*
tionnel. Dans tous ces cas, le désordre circulatoire peut ^re conaW
comme direct, mais quelquefois aussi il est réflexe. L'épilepsie eomàa-
tive à la présence de vers dans les intestins (1), la pâleur subite qoe ii
naître une douleur vive, le retrait des vaisseaux de la pie^nère suee^
dant à l'irritation des nerfs sensitifs périphériques, sont autant de phéa»*
mènes d'anémie réflexe. C'est à une anémie de ce genre, mais plus pff-
sistante et circonscrite dans quelques régions de la moelle épinière, qie
Brown-Séquard tend à rattacher un certain nombre de paraplégies fà
coexistent avec des altérations des reins, de la vessie, de la prostate d
de l'utérus; mais sans rejeter absolument la manière de voir de ce
savant physiologiste, nous pensons que des faits nouveaux seraient né
cessaîres pour la faire accepter définitivement. Nous en dirons autant (k
la variété d'amaurose que le môme auteur attribue à une plaie du sourd
avec lésion du nerf frontal.
biBLiOGRAPniE. — ReisELius. Miscellan, Cur. Dec. 2, obs. XlV, 16^)*
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— Sergeant, Considér, sur Vanémie, la chlorose et la cachexie, ThèM àe
(i) Il y a tout lieu de croire que les cpilepsies réflexes sont dues à ran^mieda W^
produite par la contraction des vaisseaux de cette partie de Tencéphale à la stiite i'*^
impretsioa partie de Tintestin ou d'un autre point du corps.
UYPÉMIES. 319
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and its conseq, dans Contrib, topract, med,, Edinburg, 1862. — Lancbreaux, De
la thrombose et de l'embolie cérébrales. Thèse de Paris, 1862. — Le même,
Atlas d'anatomie pathologique, p. 147, obs. XCIX. — Decrambre et Vulpian,
Gaz. hebd,, 186â, p. M 3. — G. Sée, Leçons de pathologie expérimentale du sang
et des anémies, Paris, 1866. — PoTAiif, Art. Anémie du Dictionn, eneyclopéd. des
sciences médicales, t. IV, p. 327, 1866. — Biermer, Correspondenzblatt /ttr
schweizer, Aerzte, II, 1872. — Immermann ctZENEER, De V anémie pernicieuse pro-^
gressive {Deutsches Archivf, klin, Medicin, 1874, p. 209, 348, et Gaz, hebdom.
de méd, et de chir., 1874, p. 439).
LANCEBEAUX. — Trailé d'Anal. I. — «^4
CHAPITRE II
DES HYPÉRÊMIES
L'hypérémie {\jmp, au-dessus, «^a, sang) est un désordre caractérisé
soit par 1 augmentation de la masse totale du sang, soit par la réplélion
sanguine exagérée des capillaires et des petits vaisseaux d'une partie
limitée de l'organisme.
L'hypérémie est dite générale lorsque le sang est partout trop abondant;
elle est locale quand Taugmcntation de la quantité de ce liquide se limite
à un organe ou à une région circonscrite du corps.
Hypérémie généi^ale^ pléthore sanguine^ polyémie, — L'hypérémie gé-
nérale est produite par une abondance exagérée de la masse sanguine
ou par Faugmentation de l'une des parties constituantes du sang, les
globules, l'eau, l'albumine, d'où les pléthores globulaire, séreuse, etc.
La pléthore vraie, ou par augmentation de tous les éléments du sang,
est difficile à établir, et jusqu'ici son existence repose uniquement sur la
dilatation du cœur et des vaisseaux et sur la coloration des surfaces
tégumenlaires. Il importerait d'ajouter à ces caractères ceux qui résul-
teraient d'une nuiriéralion bien faite des îilobules sanguins et d'une
analyse chimique du sang. Néanmoins, tout porte à croire qu'il se produit
dans quelques C4is un développement exagéré du système sanguin, comme
il y a dans d'autres cas prédominance d'un système de tissus, le système
lymphatique, le système musculaire, etc. C'est à ce développement exa-
géré que sont attribuées, avec |)lus ou moins de raison, certaines sécrt'-
tions abondantes et anormales, certains flux sanguins plus ou moins
périodiques, et même quehjues héinorrhagies membraneuses et pareu-
chymateuses.
Commune chez les Groënlandais (1), d'après Egede, la pléthore serait
également fréquente chez les Esquimaux de l'île de Winler et de Igloolik
(1) H. Epcdc, liesrhrcihun(j uiul Xntnrgeschichfp vo?i Gronlnnder^ trnd. aHemande
de Krunitz. Berlin, 17G3, p. \(\2. — Meyer Alirens , 7)/V,' UaukUeit*!n un hohen Sonien.
(Viertefjehr, fur der prnkt. Ileilkufuie, t. LIV, p. 118).
HTPÉRÉMIBS. 531
(Parry, Franklin), ce qui lient sans doute à la nourriture de ces peuples,
qui est presque exclusivement composée de graisse animale. Ce désordre,
au rapport de Panum, serait encore fréquent aux lies Féroé. L'hérédité
joue un rôle important dans la production des accidents pléthoriques.
Mais les personnes le plus exposées à ce genre d'altérations sont celles
qui se nourrissent beaucoup et qui perdent peu.
Byph'émie locale, — L'hypérémie locale, que caractérise la réplétioil
exagérée des vaisseaux d'un organe ou d'une partie du corps par le liquide
sanguin, est un phénomène tantôt physiologique, tantôt pathologique.
Phénomène physiologique, c'est-à-dire lié au fonctionnement régulier
des organes, l'hypérémie existe comme une condition du développe-
ment physiologique des organes : l'ovaire pendant l'ovulation, l'utérus
pendant la grossesse, les gencives pendant l'éruption des dents, en
sont des exemples frappants. Elle se montre dans les muscles à l'état
d'activité, à la surface de la muqueuse de l'estomac pendant la digestion,
dans l'utérus à l'époque menstruelle ; on l'observe enfin dans le foie, la
rate et le pancréas à certaines phases du travail de la digestion, et dans
les reins après l'ingestion de boissons abondantes. Phénomène patholo-
gique, 1 hypérémie accompagne révolution de la plupart des productions
morbides, elle est la caractéristique anatomique d'un certain nombre de
maladies, comme l'érysipèle, la scarlatine, la rougeole, etc., mais en
outre elle est un mode morbide isolé et particulier, et c'est à ce point
de vue surtout qu'elle mérite notre attention.
Des causes nombreuses et variées contribuent à la genèse des hypé-
rémies locales ; mais, si diverses que soient ces causes, elles influencent
les vaisseaux directement, ou indirectement et par l'intermédiaire du
système nerveux. De là deux classes distinctes d'hypérémies , qui sont :
1** Les hypérémies angiopathiques ou mécaniques ;
2** Les hypérémies névropathiques ou dynamiques.
Cette classification des hypérémies locales répond assez bien à la divi-
sion ancienne des congestions passives et des congestions actives ; elle a
de plus l'avantage de mieux préciser le point de départ du phénomène
congestif. Ce phénomène, qui a été l'objet de nombreuses controverses,
a donné lieu à des théories doctrinales qui ne manquent pas toujours
d'intérêt ; mais, comme il serait trop long de les rappeler ici, nous ren-
verrons le lecteur aux sources bibliographiques.
BiBUOGRAPHiE. — Pu3iicQL'ET, Littcratura medka digeêtUy t. I, p. 321. Tu-
bingue, 1808. Art. Congestio humorum^ smiguùm. — Uall&r, Opéra mviora^
532 ANATOMIE PATâOLOGIQUE.
p. 37/4. — Wëdemeyer, Untersuck. ùber d, Kreislauf d. BhUes imâ insbes. ùber
die Bewegung desselb. in dm Atierien und Haargefàssen. Hannover, 1828. —
AîiDKALj Précis d'anatomie pathologique, Paris, 1829, t. I, p. 11. — Dubois
d'Amiens, Préleçons de pathologie expérimentale sur Vhypéréithie capUlcM'e, Paris,
1841. — BuRRows, On disorders of the cérébral circulation. London, 18M. —
WoLKMANN, Die Hcemodynamik. Leipzig, 1850. — Kussmaul et Tennir, Unter-
such. Uber Ursprung und Wesen der fallsuchtartz, Zuckwigen bei der Verblutmig
sowie der Fallsuchtuberh, Frankfûrt, 1857. — Sccquet, Bulletin de V Académie de
médecine^ t. XXVI, p. 825. Juin 1861. — D'une circulation dérivative dans les
membres et dans la tête chez Vhomme. Paris, 1862. — Maurice Raynadd, Des
hypérémies non phlegmasiques. Thèse de concours. Paris, 1863. — Monneret,
De Vhypérémie en général {Archiv, de méd., t. I, p. 385. 1863). — N. Gvesekjj
de Musst, Leçons cliniques sur la congestion, {Gaz, des hôpitaux, 1868, p. 377,
381 et 397).
§ 1. — HYPEREMIES ANGIOPATHIQUES (hYPÉRÉUIES PASSIVES OU MÉCANIQUES,
HYPÉRÉMIES VEINEUSES, STASES SANGUINES).
Les hypérémies ainsi dénommées consistent dans l'augmentation de
la quantité du sang renfermé dans une partie de l'organisme, par suite
d'une modification mécanique de la circulation.
Déterminées le plus souvent par un obstacle à la circulation artérielle
ou veineuse, ces hypérémies se manifestent sous des aspects divers,
suivant le siège et la nature de cet obstacle. Tantôt limitées aux extré-
mités, elles sont d'autres fois localisées à un seul ou à plusieurs viscères
et se présentent avec une physionomie due en partie au mode de
distribution des vaisseaux. Toutefois, malgré ces divergences, les hypé-
rémies angiopalhiques ont pour caractère essentiel l'injection et la tumé-
faction des tissus ou des organes, dont les vaisseaux capillaires sont
remplis et distendus, non par un sang rouge et vivifié, mais par un
sang noir, chargé d'acide carbonique et non hématose; aussi, loin d'être
plus rouges que dans les conditions normales, les parties hypérémiées sont
au contraire violacées, cyanosées et presque noires. Comme ces parties
renferment peu d'oxygène et sont le- siège d'une circulation moins active,
leur nutrition est le plus souvent diminuée et leur température abaissée,
partant certains éléments histologiques régressent au lieu de s'hyper-
trophier, deviennent granuleux et souvent s'atrophient. Le tissu con-
Jonctif, au contraire, est parfois épaissi et sclèreux, si Thypérémie a
duré longtemps, et il n'est pas rare de rencontrer un léger degré d'hyper-
trophie des parois vasculaires dilatées, et même de certaines autres parties
HYPBREMIES. 533
de Torganismc ; c'est ainsi que l'on trouve les poils plus longs chez les
individus qui ont des varices aux jambes ou une oblitération ancienne
de la veine fémorale.
Des transsudations séreuses se produisent assez ordinairement au
niveau des parties h}7)érémiées, elles se présentent sous la forme
d'oedème dans les organes membraneux et les parenchymes, et sous
celle d'épanchement dans les cavités séreuses. En outre, pour peu que
les vaisseaux hypérémiés soient délicats et non protégés par les parties
voisines, il se fait des ruptures qui ont pour conséquence des hémor-
rhagies ordinairement peu abondantes. Mais il y a lieu de croire aussi à
l'exsudation des globules sanguins au travers des parois vasculaires.
Cohnheim a vu au microscope les globules rouges sortir de la membrane
natatoire de la grenouille après la ligature de la veine crurale, et ce
résultat a été vérifié par les nombreuses recherches d'Arnold. Aussitôt
après cette ligature, les vaisseaux capillaires se remplissent de globules
sanguins, qui arrivent immédiatement au contact de la paroi vasculaire.
Le* nombre de ces globules augmentant à chaque contraction systolique,
leur axe longitudinal se place, au débuts dans l'axe du courant, mais
bientôt ils lui opposent leur surface, puis en&n les globules rouges
sortent des parois vasculaires de la membrane natatoire. Deux jours au
plus tard après l'opération, on voit apparaître, à la périphérie des capil-
laires modérément dilatés et remplis d une masse rouge homogène
(globules rouges agglomérés), de petites saillies rondes de couleur
rouge^ isolées ou groupées, et constituées par des globules rouges
sortis des vaisseaux et déjà en voie de métamorphose graisseuse et
pigmentaire. Des phénomènes du même genre ont pu être produits
chez l'homme par des ligatures pratiquées sur les membres (Auspitz).
Les globules exsudés dans ces conditions ne tardent pas à devenir
granuleux; la matière colorante, séparée sous forme de granules
noirs, pigmentaires , infiltre les tissus et leur donne une coloration
ardoisée, brunâtre ou noirâtre.
Les fonctions des parties hypérémiées sont toujours plus ou moins
modifiées, et les troubles qui résultent de Thypérémie sont en rapport
avec la nature de ces fonctions. Ainsi les hypérémiés des centres nerveux
se traduisent principalement par des signes de dépression de l'intelligence,
du mouvement et de la sensibilité, des vertiges, tandis que celles des
membres donnent lieu à des sensations d'engourdissement, de fatigue et
de foiblesse aux extrémités, etc. ; celles des organes respiratoires engen-
drent de la dyspnée, même en l'absence de bronchite ; celles du foie et
des reins produisent le passage de l'albumine dans la bile et dans l'urine.
534 anàtomib pathologique.
Les hypérémies passives sont nécessairement subordonnées à la lésion
organique ou à la condition mécanique qui les produit. Or, les lésions du
cœur et des vaisseaux étant le plus souvent chroniques, il en résulte que
la marche de ces hypérémies est Jente, continue, et leur durée parfois
très-longue, excepté dans certains cas d oblitération vasculaire par im
corps étranger, et dans ceux de compression veineuse, ou d'aspiration
diminuant la pression atmosphérique comme peut le faire une ventouse,
et surtout la ventouse Junod. Dans ces cas, en effet, la cause venant à
cesser, la congestion disparaît rapidement.
Étiologie et pathogénie. — Les hypérémies passives se produisent dans
deux circonstances différentes, ou bien par augmentation des résistances
au retour du sang veineux vers le cœur, ou bien par diminution de la
pression sanguine.
Les hypérémies dues à Taugmentation des résistances locales, entiè-
rement passives et mécaniques, s'observent toutes les fois qu'un obstacle
vient entraver l'écoulement du sang veineux, et qu'il n'existe qu'une
circulation collatérale insuffisante. Or, cet obstacle peut exister à
l'extérieur ou à l'intérieur des vaisseaux veineux, et dans le cœur
lui-même. Les tumeurs abdominales, les brides, les cicatrices de la
cavité péritonéale, l'utérus gravide sont les causes ordinaires de la com*
pression des veines du bassin, de la veine cave et de la veine porte; d'où
la congestion des membres inférieurs, des parois et des viscères abdomi-
naux. Les tumeurs intra-thoraciques ou cervicales agissent de la même
façon sur les troncs veineux qui mmènent le sang des parties supérieures;
la congestion de l'encéphale peut en être la conséquence. Le^ causes
qui exercent une action inverse sont les obstructions veineuses, qu'elles
soient produites par des caillots, des masses cancéreuses ou tout autre
néoplasme, si elles intéressent une veine principale ; dans Je cas con-
traire, les anastomoses permettent toujours un rétablissement plus ou
moins complet de la circulation collatérale. Les hypérémies qui résul-
tent de rinfluence de ces causes varient nécessairement d'étendue sui-
vant l'importance du vaisseau obstrué.
Quand l'obstacle au cours du sang veineux existe dans le cœur, qu'il
s'agisse d'un rétrécissement ou d'une insuflisance de l'orifice mitral, il
se produit des hypérémies qui ne tardent pas à devenir générales.
D'abord le dégorgement des veines pulmonaires est entravé, puis, par l'in-
termédiaire de celles-ci, la stase se propage aux veines bronchiques, et,
parla voie des capillaires, à l'artère pulmonaire, au cœur droit, au foie et
à tout le système veineux abdominal, puis aux veines caves, et par consé-
HYPÉRÉMIES. 5S5
quent à la tête et aux membres. Dans ces conditions, l'appareil vaso*
moteur, mis en jeu, peut encore, dans une certaine mesure, contre-ba-
lancer ces accidents. En effet, lorsque les cavités droites du cœur, à la
suite d'un obstacle à la circulation pulmonaire ou d'une lésion du ven-
tricule gauche, ne peuvent plus se vider entièrement, il se produit une
impression particulière sur les extrémités endocardiques des nerfs dépres^
seurs, d'où résulte une action vaso-dilatatrice réflexe sur les vaisseaux des
diverses parties du corps, et principalement sur ceux des viscères de Tab*
domen, qui retiennent une plus grande quantité de sang et ne conduisent
plus à l'oreillette et au ventricule droits une masse aussi considérable de
fluide sanguin que dans l'état normal. Les parois du cœur peuvent alors
recouvrer momentanément leur énergie et prévenir les accidents éloignés
des affections cardio -pulmonaires. Mais, peu à peu, Faction de la
pesanteur venant augmenter les résistances locales, surtout chez les
personnes déjà atteintes d'un affaiblissement de la contractilité du cœur
et des vaisseaux , et cette cause s'ajoutant à celles que nous avons déjà
énumérées, l'hypérémie des poumons s'accompagne de Thypérémie pas-
sive du cœur droit à cause de la difficulté du dégorgement de l'oreillette
du même côté, puis surviennent, par le fait do la stase sanguine dans la
veine cave, des bypérémies du foie, des reins, et de tous les organes
baignés par le sang de la veine porte,
La diminution de la pression sanguine est l'effet d'une altération des
parois vasculaires, d'un affaiblissement de la musculature du cœur,
ou d'une résistance moindre apportée par les obstacles extérieurs aux
vaisseaux. La dégénérescence graisseuse et calcaire des artères et des
capillaires, les altérations phlegmasiques de ces mômes parties, en dimi-
nuant les propriétés élastiques et contractiles de ces vaisseaux, diminuent
la vis à tergo et favorisent la production de la stase sanguine des veines.
Le relâchement des parois vasculaires, dans certaines maladies fébriles
internes ou prolongées, notamment la fièvre typhoïde et la variole, joint
à un certain degré de dégénérescence graisseuse ou vitreuse du muscle
cardiaque, tend à produire les mêmes effets. De là, au cours de ces mala-
dies, l'existence d'hypérémies à la formation desquelles les qualités du
liquide sanguin ne sont peut-être pas toujours indifférentes (hypérémies
hjfpostasiques). Parmi les causes qui diminuent la résistance extérieure,
signalons l'application d'une ventouse, la disparition brusque d'un épan-
chement, un accouchement rapide, l'ablation d'une tumeur qui comprime
des vaisseaux. Dans tous ces cas, le sang afflue et stagne dans les vais«-
saaux momentanément impuissants à s'en débarrasser.
L'oblitération artérielle, en supprimant la force d'impulsion cardiaque
536 anàtomie pathologique.
dans un vaisseau important, est une autre cause d'hypérémie. La
pression sanguine, diminuée dans le vaisseau oblitéré, augmente dans les
rameaux vasculaires du voisinage, dans ceux surtout qui naissent le plus
près du point où siège l'obstacle. Ces rameaux sedilatent, et il s'établit une
congestion plus ou moins intense ou fluxion collatérale; mais les vais-
seaux capillaires et veineux situés derrière l'obstacle circulatoire, et
dans lesquels toute pression a disparu, communiquant avec les branches
collatérales soumises à une pression normale ou exagérée, le sang ne
tarde pas à s'y accumuler en plus ou moins grande quantité, et à y
séjourner [fluxion veineuse rétrograde). Il résulte de là que non-sea-
lement le pourtour de lHot d'organe dans lequel la circulation est arrêtée,
mais encore l'intérieur même de cet tlot, sont affectés d'une congestion
ordinairement accompagnée de transsudations séreuses et sanguines,
d'où une tuméfaction plus ou moins prononcée.
Une autre cause, toutefois, est mise en jeu dans la production de ces hypé-
rémies, du moins quand elles succèdent à une compression ou à une liga-
ture d'artère : c'est une influence nerveuse qui les rapproche des hypéré-
mies névropathiques.Vulpian, ayant remarqué que la congestion qui sur-
vient à la suite de la ligature de l'artère splénique n'a pas lieu, du moins avec
la même intensité, lorsqu'on prend soin d'isoler ce vaisseau de tous les filets
nerveux qui l'entourent et de le lier absolument seul, en a conclu que
l'hypérémie signalée par plusieurs auteurs dans la rate après la ligature de
l'artère qui s'y rend, et vraisemblablement aussi dans le rein à la suite de la
ligature de l'artère rénale, était due non-seulement aux eO^ets de la ligature,
mais aussi à l'écrasement des nerfs accolés aux vaisseaux. Les dernières
ramifications de l'artère splénique, pour ne parler que des expériences
relatives à la rate, étant paralysées par l'attrition des nerfs, comme aussi
les veinules et le tissu musculaire de cet organe, le tonus de ces parties est
aboli, et la pression que ce tonus exerce sur le sang des réseaux capillaires
de la rate venant à cesser complètement, la fluxion rétrograde veineuse
peut remplir et rendre turgides ces réseaux. Du reste, ainsi que Broca Ta
constaté, la ligature de l'artère principale d'un membre détermine une dé-
vation de températurede 1 à Sdegrés centigrades, et ce symptôme rapproche
encore les hypérémies consécutives aux ligatures d'artères chez l'homme
des hypérémies par troubles nerveux, et les éloigne des hypérémies pure-
ment mécaniques. Aussi Brown-Séquard, contrairement à Broca, n'hésite
pas à attribuer Télèvation de température qui se manifeste en pareil cas à
la dilatation vasculaire qui a lieu sous l'influence de la constriction des
nerfs vaso-moteurs accolés à l'artère; cette élévation s'observe en effet,
comme nous allons le voir, dans les hypérémies névropathiques.
nv?BRÉifiES. 537
Bibliographie. — Broca, Des anéiryRmes et de leur traitement, p. USU,
Paris, 1856. — J. Cohnheim, Ueber venose Stauwig (Archiv f. pathol. Anat,
und PhysioLj 1867, t. XL], p. 220). -^ J. Arnold, Ueber Diapedesis {Archiv f,
pcUh. Aiiat, und PhysioL, 1873, t. LVIII, p. 203). — A. Vulpian, Leçqns sur ï ap-
pareil vaso-moteur, p. UUl. Paris, 1875. — Voyez la bibliographie générale,
p. 531, et consultez^ au sujet de l'hypérémie mécanique, les principaux
traités sur les maladies du cœur^ les embolies, etc.
§ 2. — HYPÉRÉMIES NÉVROPATHIQUES (HYPÉRÉMIES ACTIVES OU FLUXIONNAIRES,
CONGESTIONS SANGUINES).
Ces hypérémies consistent dans une augmentation et souvent dans une
accélération simultanée de lafflux d'un sang oxygéné dans les artérioles
el les vaisseaux capillaires d'une pailie quelconque du corps (1).
Les hypérémies névropathiques revêtent un cachet toujours en rapport
avec le mode de distribution des petits vaisseaux, et comme ce mode varie
avec chaque organe, il en résulte qu'elles diffèrent d'un organe à Tautre.
Diffuses et étendues dans les organes où les vaisseaux s'anastomosent lar-
gement entre eux, elles sont au contraire circonscrites et limitées dans
certains viscères, tels que la rate et les reins, où le nombre des anasto*
moses des petits vaisseaux est relativement restreint. L'accumulation du
sang engendre une rougeur plus ou moins intense, qui, subordonnée à la
distribution des canaux vasculaires, se traduit par un simple pointillé,
à la peau lorsque les vaisseaux papillaires sont seuls atteints, et dans les
reins quand ce sont les glomérules; tandis que dans les muscles elle se
montre sous l'aspect de stries, et dans un grand nombre d'organes sôus
la forme de plaques plus ou moins étendues. Les petites artères et les
capillaires sont dilatés, et leurs parois, devenues plus perméables, se
laissent traverser par une plus grande quantité de plasma sanguin.
Les observations microscopiques pratiquées sur le mésentère des ani-
maux montrent que le sang circule d'abord plus rapidement parce qu'il
rencontre moins de résistance dans les artères dilatées ; mais si les petits
vaisseaux sont considérablement élargis, le cours de ce liquide se ralentit
àcausedel'ampliationdes voies qu'il parcourt. La tuméfaction des parties
hypérémiées est la conséquence de cette dilatation vasculaire et de la
transsudation séreuse ; elle est appréciable surtout à la peau et sur les mu-
queuses, elle se manifeste après la rougeur et persiste pendant un temps
(1) Sur le cadavre, il est généralemeut très-difficile de reconnaître Thypérémie,
surtout l'hypérémie active, qui peul disparaître complètement après la mort ; ce que
nous en dirons ici se rapporte plus particulièrement au% phénomènes observes pondant
la TÎc. ~"
538 ANATOMIB PATHOLOGIQUE.
plus OU moins long, même lorsque celle-ci a disparu. Contrairement ïct
qui arrive dans l'hypérémie mécanique, les globules sanguins sextn-
vasent peu dans ces conditions, et la pigmentation des tissus est chose rare.
La température, loin de s'abaisser, subit une élévation dont le malade
a la sensation subjective, et qui, objectivement appréciable, peut atteindre
de 1 il 3 degrés centigrades. Cette élévation de température ne se produi-
sant pas après la section du sympathique lorsqu'on vient à comprimer
ou à lier les vaisseaux de la région correspondant à cette section, il est
clair qu'elle est la conséquence de Tafllux sanguin.
Des battements se font sentir en même temps dans les parties hjT)éré-
miées, par suite de la diminution d'élasticité et de tonicité des vaisseaux.
Mais, en outre, si elle occupe des organes renfermant un tissu cellulaire
un peu lâche, la congestion engendre quelquefois de l'oedème; si die
affecte une membrane séreuse ou son voisinage, elle peut donner lieu à
un épanchement de sérosité dans les cavités limitées par cette membrane;
si c'est une muqueuse, elle provoque un catarrhe plus ou moins abondant
La fonction des parties hypérémiées est en général activée; les glandes
sécrètent davantage ; les membranes muqueuses se couvrent de mucus
et la peau devient le siège de sueurs plus ou moins abondantes ; la sen*
sibilité de ces mêmes parties est exagérée, et leur nutrition est souveiit
accrue. Aussi, loin de devenir granuleux et de s'atrophier, les tissus*
dans ces conditions, subissent plulol une augmentation de volume. Cer-
taines hyp(Mtrophies de la peau, des muscles, des os, des organes glan-
dulaires n'ont d'autre origine (|u'une hypérémie ancienne et !*ép*^l*^-
Schiff prétend éire parvenu à produire expérimentalement Thypertrophie
des os à la suite de l'hypérémie résultant de la section des nerfs sympa-
thiques qui s'y distribuent; mais il est h noter que les expériences de ce
genre réussissent mieux chez les jeunes animaux que chez les vieux.
Les désordres pathologiques présentés par les organes hypérémiés va-
rient suivant la nature de la fonction de ces organes. Les hypéi'énm'S
de INmcéphale déterminent des étourdissements, des bourdonnements
d'oreilles, des fourmillements aux extrémités ; celles des poumons, df
la dyspnée, une toux sèche, une expectoration spumeuse, rarement
sanguinolente. L'hypérémie de la peau est accompagnée d'ardeur, de pico-
tements, de démangeaison, de Tohlusion du tact et quelquelois de sueurs;
celle de l'intestin occasionne des coliques et des diarrhées séro-mu-
queuses. (les symptômes diflèrent, en général, de ceux de rhypérémie an-
giopathique. La sécrétion urinaire, pir exemple, est augmentée, et les urines
sont pùles dans l'hypérémie active du rein, tandis que celte sécrétion est
diminuée et les urines sont colorées dans l'hypérémie passive.
I
HYPKRÉMIES.
S90
La marche de l'hypérémie névmpntliique n'est pas toujours conlinue
et régulièn; coirinic celle <les liypéréniifs aitgjopatliiques; souvent elle
ost capricieuse, intemiilteiilfî ou périodiiiue commv lu plus grand
nombre des affections nen'eiise^ : ainsi ne comportent assee nrdinaife-
hH'Ul les hcmorrhoïdes et les nugmineii. Cotte hypérémîe vniie, du reste,
suivant la cause qui l'a produite ; si la cause est passagère, l'hypérémie l'est
aussi ; si au contraire elle est persistante, conune une lésion matérielle
des cordons ou des centres nerveux, l'hypérémie peut avoir une durée
trés-lougue. Ce mode pathologique se termine tanl(M par le retour à l'étal
normal, lanlAt par un désordre nutritif ou encoi'e par une hémorrhagie,
urtout si les vaisseaux congestionnés sont graisseux ou alhéromateux ,
lat dans lequel ils supportent difficilement les elTorla fluxiounaires.
1 nombre d'hémorrhagies sont précédées d'un mouvement congestif;
faist il esl facile de comprendre comment les moyens propres k eom-
fcrttre les bypérémies peuvent encoi-u entrer comme élément dans le
NÛteraent des hémorrhagics.
I ÈUologie et pathogénit. — Les conditions éliologiques qui président
n développement des hypérémies névropathiques peuvent se grouper
s trois chefs : inQueiices physiques, influences physiologiques et
iBuences palhologiqueg.
* les agents physiques, chaleur, froid, électrtdté, lumière, dont Tac-
circulation générale et sur les circulations locales esl
hien roiinue, sont des causes communes d'hypérémic. La chaleur amèno
directement la dilatation des petits vaisseaux. Le froid et l'électricité
pmvoquent tout d'atiord le rétrécissismonl des vaso-constricteurs,
l'I, si leur action se prolonge, ils en produisent la dilatation; de
plus, ces agents peuvent influencer cerlnius nerfs, dits nerfs modem-
leurs, et devenir, comme nous le verrons, la ciuise immédiate d'hypé-
rvimies plus ou moins vives.
OrlaineN fonctions physiologiques, la menstruation et la digestion par
'\ninple, ne sont pas seulement des causes d'afflux sanguin pour les
iij'ganes qui en sont le siège, elles déterminent encore nss«z fréquemment,
par l'intermédiniredu système nen-eux, des hypérémies dans des organes
èloif^é» ; ainsi, la rougeur île ta face chti les femmes pendant l'époque
laenstnielle, cette même rougeur et la somnolence chez les personnes
(|ai digèrent difficilement, révèlent l'existence d'hypérémies cutanée el
c^^brale. La suppression brusque du flux menstruel esl, comme on
&ail, une cause commune de congestion. D'un autre coté, il est des
^nb&tances alimentaires et des boissons, le thé, le café, et certains condi-
5A0 ANATOXa PATHOLOGIQUI.
ments épicés, qui peuvent amener des hypérémies. dn (<Âe^ des reins d
de plusieurs autres organes.
Les influences pathologiques jouent le rôle le plus inaporlant dus k
production des hypérémies. Les maladies toxiques et particaliènBial
celles que déterminent Talcool, le tabac, l'opium, etc., sont la womm
d'hypérémies nombreuses, pendant tout le cours de leur évcdotioa.
Les maladies miasmatiques se traduisent lé plus souvent, du moiai
à leur première période , par des hypérémies cutanée el visoàik,
dans lesquelles le système nerveux joue encore le principal hMe. Mm
ce sont surtout les maladies diathésiques qui méritent de fixer Faitah
tion, car elles se manifestent à peu près invariablemoit par des hypé-
rémies dont la signification reste le plus souvent méconnue. Si la
fluxions articulaires de la goutte et du rhumatisme sont bien ccmniM, i
par contre celles qui se rapportent à Therpétisme sont à peu pièi
ignorées, bien que cette maladie soit l'un des types les plus commnii
de la pratique civile. Il est, en effet, des personnes maigres et n^veoso;
le plus souvent hypochondriaques, atteintes de quelques plaques d*ecMi
sec et symétrique, et qui, pendant une grande partie de leur existiiio^
sont tourmentées par des accès de migraine, des hémorriioides, èi
diarrhées revenant à des époques déterminées de l'année et parfois d'ne
façon presque périodique, des fluxions diverses du côté dupharynid
des bronches. Or, ces accidents si variés et si nombreux, trop sou?efl(
regardés comme autant d'affections distinctes, sont dans tous les cas
l'expression d'un processus hypérémique de même nature, localisé dans
des sièges différents. Le goitre exophthalmique, l'ophthalmie intennittenie
sont aussi considérés par plusieurs auteurs comme l'expression de phéno-
mènes congestif dépendants d'un affaiblissement du grand sympathique.
Envisagées au point de vue de leur pathogénie, les hypérémies ném-
pathiques présentent deux groupes distincts, suivant qu'elles sont l'efet
d'une paralysie des nerfs vaso-constricteurs, ou d'une excitation des
nerfs vaso-dilatateurs ou modérateurs.
Les hypérémies consécutives à une paralysie des nerfs vaso-constri^
teurs sont connues seulement depuis les célèbres expériences de Cl. Be^
nard sur le système nerveux sympathique. Le type de ces hypérànies
nous est fourni par la section du cordon cervical du grand sympathique
et l'arrachement du ganglion cervical supérieur. Pratiquée sur le lapio,
cette section est suivie d'une congestion avec élévation de tempérttore
de la moitié correspondante de la face et de la tète. Ces mêmes ph^
nomènes accompagnent la section des autres branches du symp-
thique, conune aussi la section ou la ligature d'un certain nooibv
HYPÉKBMIES. 541
de nerfs mixtes, qui, à l'exemple du trijumeau et du sympathique,
renferment des fibres neiTeuses vaso-motrices. A. Moreau a montré que
la section de tous les nerfs qui se rendent à une anse intestinale préalable^
nient liée à ses deux extrémités est suivie d'une abondante sécrétion de
liquide à l'intérieur de cette anse. L'extirpation des ganglions du plexus
solaire donne lieu à des résultats semblables ; la ligature des vaisseaux
artériels sur lesquels rampent les nerfs vaso-moteurs est encore suivie
des mêmes effets.
De ces expériences, il est facile d'induire que toute altération qui com-
primera ou altérera les filets nerveux sympathiques ou leurs centres
d'origine sera suivie de phénomènes semblables à ceux qui résultent de
la section traumatique de ces mêmes parties : c'est ce que démontre
l'observation clinique. Plusieurs fois il m'est arrivé de constater
l'existence d'hypérémies du foie et des reins chez des personnes
atteintes de pleurésies anciennes, avec compression et altération des
nerfs splanchniques. Depuis quatre mois, je donne des soins à une
personne qui, à ce point de vue, présente les phénomènes les plus
remarquables. Il s'agit d'une femme âgée de soixante-dix ans, hémor-
rhoîdaire, un peu pAle, qui accusait des douleurs vives, pénibles, avec
sentiment de pression au niveau des articulations des épaules et dans
la continuité des membres, douleurs accompagnées d'un œdème pro-
noncé des doigts, du dos des mains et des avant-bras. Pensant que
ces phénomènes étaient sous la dépendance d'une altération des centres
d'origine des vaso-moteurs des membres supérieurs, je conseillai
remploi du bromure de potassium, de la morphine, et de quelques
pilules de nitrate d'argent. Au bout de deux mois de traitement,
il y avait une amélioration notable : les douleurs des épaules, que la
malade désignait par l'expression pittoresque de crampon^ C/Cssèrent à peu
près complètement, les douleurs des extrémités et l'oedème disparurent.
Mais, depuis quinze jours, cette malade est prise de souffrances vives et
intolérables dans toute la tête, notamment à la partie postérieure ; en
même temps elle présente de la rougeur des pommettes, une élévation
de température et un oedème manifeste de la face et du cuir chevelu,
avec rétrécissement des deux pupilles, c'est-à-dire un ensemble sympto-
matique assez semblable à celui de la section des deux sympathiques au
cou. Enfin, il s'est ajouté à ces symptômes une salivation assez gênante,
avec fétidité de Thaleine, et peu à peu la peau a pris une teinte jaune
saumonée au niveau des pommettes, comme s'il y avait en même temps
excitation de quelques nerfs vaso-dilatateurs.
Ainsi, après un ensemble de phénomènes qui annonçaient l'existence
542 ANATOMIB PATHOLOGIQUE.
d*un trouble vaso-moteur des membres supérieurs, cette malade noat
présente tous les symptômes d*un désordre des vaisseaux animés par les
nerfs sympathiques du cou et de la téte« Semblables hypérémies s'observent
dans les viscères, et je suis convaincu qu'un certain nombre de diarrhées
muco-sanguinolentes, pour ainsi dire périodiques, sont liées à une con-
gestion de la muqueuse intestinale et n'ont d'autre origine qu'une modifi-
cation des nerfs vaso-moteurs de cette muqueuse. A. Moreau, comme nous
l'avons dit, a trouvé cette muqueuse manifestement congestionnée et l'in-
testin rempli de matières liquides après la section des nerfs qui s'y rendit.
Les centres plutôt que les nerfs vaso-moteurs sont quelquefois le
siège du désordre nerveux qui engendre l'hypérémie. L'expérimentation
et l'observation clinique fournissent à cet égard des résultats concordants.
Les effets obtenus dans les membres par la section de la moelle épmière
ne diffèrent pas de ceux que produit la section des nerfs sympathiques.
Les altérations circonscrites de ce même organe déterminent encore des
symptômes semblables ou identiques. Si, dans quelques cas, les membres
atteints de paralysie sont paies, cyanoses et refroidis, souvent aussi ib
sont tuméfiés, plus colorés, plus chauds que dans Tétat normal, et cou-
verts de sueurs. Ces phénomènes ne sont pas seulement l'effet des lésions
matérielles du cordon médullaire, ils se montrent encore dans le cours
d'affections névrosiques, c'est-à-dire dans des cas où il n'existe aucune
altération appréciable de la moelle épinière. 11 est commun de les ren-
contrer tout à fait isolés chez des femmes hystériques ; mais, en général,
ils y sont accompagnés de désordres du mouvement et surtout de troubles
de la sensibilité, principalement de douleurs plus ou moins vives. Ils
sont également fréquents chez les alcooliciues, où ils occupent les extré-
mités et coexistent avec des picotements, des fourmillements et des élan-
cements douloureux.
Les altérations de l'encéphale sont, comme celles de la moelle épinière,
l'origine d'un certain nombre d'hypérémies. 11 est reconnu que les indi-
vidus frappés d'hémiplégie à la suite d'une héniorrhagie cérébrale ou d'un
ramollissement cmbolique de l'encéphale présenlent, quelques heures
après l'attaque, le plus souvent au bout de deux ou tmis jours, une colo-
ration plus prononcée de la peau ou même des parties profondes, avec
élévation de la température des membres paralysés. Cette congestion, qui
persiste ordinairement pendant plusieurs mois, varie d'intensité sui\'ant
le siège de l'altération cérébrale. Une de mes malades, atteinte d'héraor-
rhagie très-circonscrite de l'une des couches opticjues, présentait ces
divers phénomènes à un dogré beaucoup plus élevé que dans les cas
ordinaires où le corps strié est alti^ré. D'un autre côté, les lésions des
HYPÉRKMIBS. 543
pédoncules cérébraux et de la protubérance annulaire ont une action
évidente sur les vaisseaux des viscères thoraciques et abdominaux, et
les hypérémies qu'elles y déterminent soitt ordinairement très-vives.
Cl. Bernard a fait connaître les phénomènes de congestion vasculaire
qui surviennent dans la cavité abdominale, et en particulier dans le foie
et dans les reins, lorsque Ton pique le plancher du quatrième ventricule.
Des émotions de diverses sortes, la joie, la colère, la honte^ la pudeur,
Tintimidation^ etc., produisent des hypérémies passagères à la face qui
devient le siège d'une rougeur étendue, parfois accompagnée d*un senti*
raenl pénible de chaleur, ou môme de battements artériels. Semblables
hypérémies, communes chez les femmes nerveuses, émues ou intimidées^ se
montrent encore sur la partie antérieure et supérieure du thorax, rarement
sur Tabdomen, sous la forme de taches analogues à celles d'une roséole.
Le second groupe des hypérémies névropathiques comprend tous les
désordres congestifs produits par des irritations périphériques. Ces hypé-
rémies ont été considérées commie des effets d'action vaso-dilatatrice;
mais, en l'absence de fibres musculaires parallèles à l'axe des vaisseaux
ou dilatatrices, certains physiologistes les font dépendre, avec non moins
de raison, d'une influence nerveuse qu'ils appellent modératrice, et qu'ils
comparent à celle du nerf vague sur le cœur. De même que le pneumo-
gastrique peut ralentir les mouvements du cœur, de même les nerfs modé«
rateurs auraient le pouvoir de diminuer la puissance contractile des vaso-
moteurs proprement dits et de produire, sous l'influence d'une excitation,
la dilatation des vaisseaux. Cl. Bernard a démontré que l'excitation du nerf
lingual, ou mieux des filets de la corde du tympan, qui s'en détachent
pour se rendre à la glande sous-maxillaire, augmente aussitôt l'écoulement
de la salive et détermine un afflux considérable de sang dans les artériolcs^
dans les capillaires et jusque dans les veines qui i^nferment un sang
plus rouge et présentent des battements isochrones avec ceux des artères»
Vulpian a observé des phénomènes analogues après Télectrisation du
bout périphérique du glosso-pharyngien et du bout central du nerf au-'
riculo-temporal ; il a constaté, dans le premier cas, la dilatation des
vaisseaux de la langue, dans le second cas, celle des vaisseaux de l'oreille.
Une excitation produite sur la langue amène les mêmes effets que
l'excitation du nerf lingual ; l'impression qui en résulte est transmise par
l'intermédiaire du nerf lingual jusqu'au foyer d'origine du nerf trijumeau,
et de ce foyer part une incitation qui gagne le foyer d'origine du nerf
facial et met en jeu les libres de la corde du tympan. C'est là un type
d'action vaso-dilatatrice réflexe. Ce phénomène diffère des actions réflexes
qui donnent lieu à des mouvements musculaires en ce que l'excitation
^UU ANATOMIE PÂTHOLOGKiUE.
centrifuge vaso-dilatatrice ne se réfléchit pas directement sur les vaisseaux,
mais bien, suivant la théorie émise par Cl. Bernard, Rouget et Vulpian,
sur les ganglions placés sur le trajet des fibres vaso-constrictives qui se
distribuent aux parois vasculaires. De la soile, l'excitation du nerf soisitif
a pour eiïet, non de stimuler les amas ganglionnaires, d exagérer leur
action tonique, mais, au contraire, de suspendre leur activité el, par
suite, celle des fibres vaso-constrictives en relation avec ces centres
nerveux. Ajoutons que la fonction étant exagérée dans ces conditions, il
y a tendance à l'altération des éléments anatomiques.
Semblables hypérémies peuvent être produites par le méaie mécS'
nisme dans d'autres points du corps ; il suffit d'irriter un peu vivement la
peau ou une muqueuse pour voir une rougeur congestive apparaître
dans une région plus ou moins étendue, voisine du point irrité. Chef
une femme âgée de soixante-douze ans, observée par moi à la Salpé-
trière, et qui se plaignait de points névralgiques intercostaux, il suf-
fisait de pratiquer le pincement de la peau hyperesthésiée au niveau du
rebord costal gauche pour voir apparaître presque immédiatement une
rougeur diffuse de la partie supérieure du thorax, du cou, des oreilles^dn
front et de la face. Sur le devant du sternum et à la limite de cette rougeur
existaient des taches disséminées avec des intervalles de peau saine un
peu plus larges que dans la rougeole. Au bout d'un quart d'heure» cette
congestion disparaissait si on ne renouvelait pas le pincement. Vraisem-
blablement aussi dans ce cas, Thypérémie cutanée avait pour cause une
action réflexe modératrice sur les nerfs vasculaires de la peau.
Ce mécanisme est sans aucun doute celui qui préside aux hypérémies
concomitantes de certaines névralgies et à celles qui se développent au
pourtour des parties enflammées. Sur soixante et un cas de névralgie trifa-
ciale rassemblés par Notta, la rougeur de la conjonctive est notée trente-
quatre fois. Cette rougeur, toujours plus vive au moment des crises doulou-
reuses, s'étendait à une grande partie de la face, envahissait quelquefois
la muqueuse buccale, se montrait sur la joue, sur les gencives, sur la
langue et sur le plancher de la bouche ; elle était ordinairement accompa-
gnée d'une sécrétion plus abondante des muqueuses et de la peau de la
région an*ectée. Symptomatiques de l'excitation ner\'euse, ces phénomènes
congestifs ne sont nullement influencés par la cause de la névralgie; ils
se produisent également bien dans le cours des né>Talgies palustres et de
celles que détermine une lésion matérielle de la cinquième paire.
Les névralgies des autres parties du corps sont parfois aussi le
point de départ d'une hypérêmie plus ou moins tenace et étendue. J ai
en ce moment, dans mon service dhôpital, une femme sèche et oen'cuse,
HYPER£M1ES. 545
âgée de trente-huit ans, qui présente, à la base droite du thorax, une
demi-ceinture formée de taches rouges, violacées, un peu irrégulières, la
plupart de Tétendue d'une pièce de cinq francs, disposées par groupes
à la façon d'un zona. Cette éruption, qui persiste depuis plus d'un mois
sans qu'il se soit jamais montré de vésicules herpétiques sur les plaques,
se lie à l'existence d'une névralgie de l'une des dernières branches ner-
veuses intercostales. S'il arrive parfois qu'une éruption vésiculeuse se
produise sur des taches de ce genre, rarement, en pareil cas, la sécrétion
sudorale est augmentée.
L'hypérémie phlegmasique est due, comme nous l'avons déjà dit,
à une irritation des nerfs sensibles qui, transmise aux centres,
trouble et suspend plus ou moins complètement leur activité contractile,
d'où la cessation et la diminution du tonus des vaisseaux soumis à
ces centres, et leur dilatation plus ou moins considérable. La vive
rougeur des parties affectées, l'élévation de la température à leur niveau,
comme aussi la proportion plus considérable d'oxygène dans le sang
revenant d'un foyer d'inflammation que partout ailleurs (Estor et Saint
Pierre), sont autant de circonstances qui mettent hors de doute la nature
névropathique de l'hypérémie phlegmasique. Au reste, Vulpian, après
avoir sectionné le nerf auriculo-temporal et les nerfs cer\ico-auricu-
laires, et aboli en grande partie la sensibilité de l'une des deux oreilles
sur le lapin, a constaté que l'irritation phlegmasique des oreilles produite
par un fil de fer rougi dans la flamme d'une lampe à gaz était accom-
pagnée d'une congestion moins vive dans l'oreille dont les nerfs sensitifs
avaient été pour la plupart coupés, que dans l'oreille du côté opposé.
Quelques hypérémies de la peau ou même des parties plus profondes
subordonnées au fonctionnement ou à l'altération matérielle de certains
organes appartiennent encore au même groupe congestif. Telles sont les
congestions de la face chez les femmes, au moment de la période men-
struelle ou dans le cours d'une affection utérine; telle est la rougeur des
pommettes dans les cas de pneumonie, etc. C'est toujours dans cet ordre de
phénomènes morbides que paraissent devoir se placer les hypérémies
viscérales produites par Faction du froid, et celles qui succèdent à une
brûlure étendue. Le fait est expérimentalement prouvé pour ces dernières.
BrowTi-Séquard fait une section transversale de la moelle épinière, sur
un animal, au niveau de la troisième vertèbre lombaire, puis il plonge
un des membres postérieurs dans de l'eau bouillante et ne trouve
d'altération viscérale que dans la vessie, le rectum et les organes
voisins, tandis qu'il constate l'existence d'une vive congestion, d'inlil-
trations séreuses et sanguinolentes dans les viscères de l'abdomen
LANCERIAUX. — Traité d'Anat. path. L — 35
5Zi6 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
lorsqu'il pratique la section de la moelle au niveau de la troisième ver-
tèbre dorsale. Par contre, il ne se produit aucune congestion viscérale
dans les cas où le membre est brûlé jusqu'à carbonisation, comme aussi
chez les animaux auxquels ce savant a préalablement sectionné le nerf
sciatique et le nerf ci*urat le plus haut possible vers la racine do
membre.
Certaines hypérémies cutanées survenant dans le cours de la fièvn»
typhoïde et des fièvres éruptives pourraient encore se rattacher à ce même
groupe ; mais il importe de distinguer la congestion de la peau pendant la
période d'invasion et pendant la période d'éruption de ces fièvres. Si, dans
le premier cas, l'hypérémie, intimement liée à la fièvre, paraît dépendre
d'un affaiblissement des centres vaso-moteurs, auxquels sont soumis les
nerfs vaso-constricteurs de la peau, dans le second, elles sont dues bien
plutôt à l'excitation du tégument par l'agent morbifique.
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vaso-moteur, l. Il, p. kh2. I*aris, 1875. — W. Ebstein, Vebvr ein. path. .4/*'^
Befund am Jlalssympathirus bci halbscit, schueiss [Arch, f, path, Anat. nnl
Physiol, ,i, LXH, p.i!i3r), 1875).
L'élude ^x»nérale d<'s hypérémies, telle qu'elle vient dèlrc expoMV.
HYPÉRÉMIES. 547
conduit à des déductions pratiques du plus haut intérêt. Effectivement,
les hypérémies angiopathiques et les hypérémies névropathiques , si
différentes par leur origine, par leurs manifestations symptomatiques
et par leur évolution, ne peuvent répondre aux mêmes indications théra-
peutiques. Par exemple, les hypérémies angiopathiques du rein caractéri-
sées par une diminution de la quantité d'urine qui est colorée et plus
dense, ne peuvent être traitées de la même façon que Thypérémie névro-
pathique du même organe produisant de la polyurie et une diminution
de la densité du liquide urinaire, qui devient clair et limpide.
Si rhypérémie passive du rein est ordinairement subordonnée à une
altération cardiaque et dure aussi longtemps que cette altération, par
contre Thy pérémie dynamique ou active dépend d'un simple trouble fonc-
tionnel et peut disparaître rapidement, ou bien elle se lie à une lésion
raalérielle des centres nerveux ou des cordons sympathiques, et suit la
même marche que cette lésion. Ainsi s'explique comment certains agents
médicamenteux (sulfate de quinine, ergot de seigle, bromure de potas-
sium), très-utiles dans Thypérémie active, sont absolument nuls ou nui
sibles dans Thypérémie passive. Chacune de ces classes exige une théra-
peutique spéciale, qui doit tendre à modifier la circulation dans un cas,
à agir sur Tinnervation dans Tautre.
Jointe aux connaissances acquises touchant la suppuration, cette
étude nous permet de comprendre un fait signalé par Cl. Bernard, à
savoir la grande tendance à l'inflammation suppurative des tissus
soustraits à l'influence vaso-motrice du grand sympathique, pour peu
que l'animal dont le nerf est sectionné soit soumis à l'action de causes
morbides générales, ou simplement à une abstinence prolongée ; elle
nous rend compte de la facile suppuration du poumon correspondant
au côté paralysé dans les cas d'hémiplégie, et doit nous mettre eh garde
contre les opérations pratiquées sur des organes douloureux et hypé-
rémies. En pai-eil cas, il importe de calmer la douleur et de combattre la
fluxion avant d opérer.
CHAPITRE III
HÉMORRHAGIES
Le mot hémorrhagie (alfio, sang, priyvupic, je romps) sert à désigner té-
fusion d'une certaine quantité de sang (globules et sérosité) en dehois
de ses voies naturelles.
Désordre pathologique dans certains cas, Thémorrhagie est d'autres kk
un phénomène purement physiologique. Chez la femme, ce phéDomènc
est intimement lié à Tune des plus importantes fonctions, la génération:
ainsi l'état pathologique est souvent une reproduction ou mieux dm
déviation de l'état physiologique, qui est le véritable type. Les épaneb
ments sanguins du parenchyme des organes se comportent absolumoi
comme l'hémorrhagie qui se produit mensuellement dans la vésicukde
de Graaf; ceux qui ont lieu à la surface des membranes rauqueusesoil
dans un grand nombre de cas une ressemblance parfaite avec la mco»-
Iruation, et sont, comme elle, intermittents ou périodiques.
Enfermé dans un cercle sans issue, le sang ne peut s'écouler des m-
seaux qu'il deux conditions : ou bien parce que l'équilibre n'existant plfls
entre la tension de ce liquide et la résistance des parois vasculaires, celb-
ci se rompent; ou bien parce que, dans certaines conditions d'exagéralioB
de tension ou d'altération du sang, les globules sanguins et le sérum *
plus forte raison peuvent traverser les vaisseaux restés sains. Les bc-
morrhagies de ce dernier groupe ou hémorrhagies par diapédèse avaidtf
autrefois cours dans la science; mais comme leur existence ne reposai!
sur aucune preuve, elles ne lardèrent pas à élre rejetées. Remises tu
honneur dans ces derniers temps, où l'examen microscopique a penni>
de reconnaître que les globules rouges pouvaient, comme les globule
blancs, émigrer hors des vaisseaux sans rupture préalable de la paroi, (^
hémorrhagies ne sont plus contestées. Une telle difTérence dans le nio<l<*
de production ou la mécanique des hémorrhagies et dans un de leurs
effets essentiels pourrait servir de base à une division de ces affections;
mais il nous parait beaucoup plus pratique de classer ces lésions, aifl>'
que nous l'avons fait pour les congestions, d'après leurs conditions palln^"
HÉMORRHAGIBS. 549
géniques. Or ces conditions ne pouvant influencer que la paroi vasculaire,
le système nerveux ou le sang lui-même, les hémorrhagies se divisent
naturellement comme il suit :
1** Hémorrhagies par altération du système circulatoire ou hémorrha-
gies angiopathiques ;
2* Hémorrhagies par désordre du]système nerveux, ou hémon'hagies
névropathiques;
3** Hémorrhagies par altération du sang, ou hémorrhagies hémopa-
thiques.
Les divisions des hémorrhagies sont des plus nombreuses; les rap-
porter ici serait nous obliger à faire, sans grand profit, l'histoire des doc-
trines plus ou moins raisonnables qui ont eu cours sur ce point de la
science : nous préférons renvoyer le lecteur aux sources bibliographiques.
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cwraiionc ex principiis meclianicis, Halœ, 1697. — Stahl, Dissertatio de men-
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550 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
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De la pathogènie des hémorrhagies. Thèse d'agrégation. Paris, 1869.
^ 1. — HÊMORRHAGIES ANGIOPATHIQUES (HÉMORRHAGIES TRAUMATIQCES
ET MÊCAMOIES).
Les hémorrhagies de ce groupe sont constituées par des épanchemoti
ou des extra vasats sanguins consécutifs à une rupture vasculaire ob i
une gène circulatoire. Elles sont dites traumatiques lorsqu'elles reooi-
naissent pour origine l'action de corps étrangers, et mécauiques quul
elles sont produites par raltération spontanée, la compression ou Tok-
struction des vaisseaux.
Ces hémorrhagies peuvent occuper les différents points du syste
circulatoire, et se produin* dans le cœur, les artères, les veines ei b
capillaires: c'est pourquoi on distingue des hémorrhagies cardiûfm,
(irtêrieUes, veineuses eX capillaires. En outre, suivant que le sang s'écodeî
Textérieur, qu'il s épanche dans les cavités intérieures, ou qu'il se tèfd
dans les parenchymes, les hémorrhagies sont dites externes, intertm,^
IHireiichymuteuses, Les cai*aolèros que présentent ces accidents leur ool
éiralenient valu dos dèiiominalions différentes : connues sous le noœ
i\e*:chymos(s K>rsquo, peu ai)ond«inles, elles apparaissent comme destacbfr
livides, brunâtres ou noirâtres, les hémorrhagies prennent le nomd*'
/(ïrf/i/jf quand elles intiitreut lo [v;uvneh\ me des ori:anes. el celui de /^jf**
hnnorrhngique lorsque h* sani: é|Kinehé dt-tmil el rt-foule ce paivncbjw-
La quantité de s;uiir evtravast' est tK^-\ariable. Dans certains cas''
saui: déverse |ku* des vaisseaux volumineux s'e[>anehe on peu de l^'ï^?*
aviv une aUiiuianee telle, que la m«»rl arrive en quelques heures. D'auVi^
fois le sauii s.irti des jH'tits vaisseaux ne s écoule que iroulle à j:i>tttV*
c'est ce qui arrive en jit'neral [HUir les hémt»rrhajies des nieiubt^
mutjueuses. notamment celles du nez el de rinl»-slin.
IntillH' liaiis l«s tissus ou e|uiriclie sous forme de petite foyers. N' *
y xtravas<» ne it-v v»it |»îu> Tiiitluenee dii*eeîe df rt»\\::ènt" de l'air, il oe^"
\iviv et subît biehlôl une série d»- uioditieations qui amènent >a tr**^ '
malit.n et s*iei»!iipiel»*.li>{viîitii»n.Le s<ruîUt>ldirei*têment resorbe, I«^
buU s O'Ujit s oU hemaliv> se dt forment, !a malien- colorante ou henia *
akuidoîine rhemo-iK'bihf »l sttale s* us torme de line> granuk^- ^
d ak'fd roujieàlrt^s. ensuite jaunâtres oU vt-rdâtres. ci»mme l'indiqu*"^^
HKMOBRHAfilES.
changements de coloration subis par les ccchv
S5I
superGcielles. L'hé-
moglobine à son tour se transforme en molécules granulo-graisseuses
qui sont peu à peu résorbées avec les granules d'hémalosine, de sorte
*!«« si ihémorrhagie est peu considérable, il vient on moment où il ne
reste pas trace de l'extravasal sanguin. Quand l'inBltralion est abondante,
comme duns Vin/arctita, les tissus comprimés par le sang sont exposés ii
une altération granulo-graisseuse qui peut en amener la destruction, et
de là les dépressions
cicntricielles qui sont
((uelquerois la consé-
quence de ces infarctus.
Êjiancbé en plus grande
quantité dans les tissus,
le sang se coagule, de-
l'ieulnuir, puis ses par-
lii's solides subissent la
.série de modifications
ijui vient d'élre signa-
lée. Quant aux tissus
qui circonscrivent cet
éparichemenl, déchi-
rés d'une façon plus
•-(1 moins régulière
ii^. 192J, ils laissent f"||
i>'U apercevoir le vais-
seau altéré, abstrac-
tion Tuile des cas où de
gros troncs vasculaires, sinon des anévrjsuies, ont été rompus. Ils sont
ledématiés, teintés en jaune ou en rouge par la niatij;re coloranle intillrée
(iti par du sang accumulé dans les canaux lymphatiques.
IniK-fi par la présence du caillot sanguin, qui est devenu pour eux un
''"''l's étranger, les tissus s'enllamnieut, non de favon ii suppurer, à moins
- Foyer san(-u[
dsni la couche opltque droi
ehâ; g, g:1andB pjnéale;
c, corpi itrié» (IJ.
en voie de tranirormalioij
/; u, couche optique gau-
tubcrculei quadrijumeaux ;
(f) Cette figure rcpréiente une hénorrhagie du noyau externe de la cuucbc optique.
urojer tiêmarrhagiquv, rpinsrquabie par son petit toI urne, l'est eutore par aou siège
'' P*' lei ph^nomëiies ctiuiquct laïquels il a donné lieu, La mnlad^, une feinme igoi''
*"■*> nie- huit ans, rut subitement atlcinlc d'une bémiplégie incomplète du uiouTetneal
" *ctitiin(Dt du cûlé opposé à la Icsioii ; mais te qui me I^appa parti eulitrement, ce
' '^> troutilei vaio-motcurs qui survinrent dnns Ici membres paraljtés et surtout
'"' '<^ membre lupùrieur. Au bout de quelques jours ce membre rougit, se lumélia,
**«*1 le ifége d'une élévation de température, qui, i un certain moment, monta à
^■■'*« demi degré centigrade au-destus de celle du meu
5S3 ANATOUIE PATBOLOGIQUE.
(le putréfaction du caillot ou de conditions toutes spéciales, comme une
grande débilitation, la paralysie des nerfs Taso-moteurs, etc., msis de
Ta^on à donuer naissance à de jeunes éléments qui s'organisent et enkyi-
tent le Toyer hêmon'hagique. Mince, transparente et Tragile, la noaTeIk
membrane, formée d'une substance conjonctive fibriliaîre parcourue pv
des vaisseaux plus ou moins nombreux, favorise la résorption du caillotut
fur et k mesure de l'altération qu'il subit. A la fin elle reste imprégnée de
la matière colorante du sang à l'état amorpbe ou cristallin, signe important
))0ur le diagnostic rélrospectif des anciens foyors apoplectiques (fig. 191).
Son râle une fois accompli, elle peut corà-
nuer de se nourrir et de vivre commen
tissu normal, donner lieu à la transsud»-
tion d'un liquide séreux plus ou moins
abondant, et revêtir une apparence kysti-
que; plus souvent elle subit une méta-
morpbose graisseuse et disparaît en partie
ou en totalité, ne laissant qu'une simple
cicatrice au niveau du point où s'est pro-
duite l'hémon-hagte.
Fie. 193.— rf,M<mbranetl'cnveloppe L'effet le plus constant des hémontl-
d'un caillot hûmorrhagique ; n, hé- gies est une anémie pIuS OU moinS fflO-
nialoïdiiie cnilallisée en priimoi : , , . ■ , . . ..
h, la même >ubslanfe criiljlli»ée f""*"»' '^^ («"' SU'te les deSOrdreS dlVCTS
en aiguille* ;e,cri8taid-hén,ine. dont il a été question plus baut (voy.
flypéraies, p. 55A).
Quelle que soit leur origine, les hémorrhagies angiopalhiques peuvent
s'anvter spontanément, d'une part en vertu des propriétés rélractiles des
vaisseaux, d'auli'c pari à cause de la coagulation du sang, qui se produit
toujours dès que ce liquide abandonne ses voies nalurclle-s. Les tissus
l'nviron liants, mous et rétractiles, contribuent encore à l'obturation des
vaisseaux ouverts, tandis que les tissus rigides, comme les os spongieui.
les faisceaux tendineux, pcrjM'tuent l'hémorrhagie ; enfin, la cessation des
bémorrhagies peut élre favorisée par l'an-êt momentané des mouvements
du cœurou syncope. 11 importe d'ajouter que la diminution de la pression
produite par l'écoulement sanguin détermine, au niveau du point où
. s'opère cet écoulement, un affiux de lymphe et une plus grande quantité
de globules blancs qui vient augmenter la coagulabilité de la fibrine,
d'ailleurs subordonnée il la composition chimique du sang. En somme, il
.*e forme un caillot ou thronibus, qui obstrue le vaisseau ouvert, se pro-
longe jusqu'à la première collatérale, devient une cause d'irritation pourU
lunique vasculaire et l'occasion de la formation d'un tissu embryonnaire
BBEMOnnBAGIES. ."ijS
1 il peu en tissu défliiiliF, se rclracle, rapproche les |)arois
s en un cordon libreux solidu ol rùsislant. Seuiblatilc
i ne pouvant éliv obtenu dans les hémorrhagîes du cœur, des
I artères el des grosses veines, ces hcniorrhagies sont toujours
et le plus souvent Fatales.
)H sont les modiiicutions subies par le caillot kémorrhagique cl lus
qui l'entourent. L'organisation du sang cxtravasé, aulrerois admise
|reuve par quelques médecins rran<;ais, a été affimiée dans cesder-
lonps par la plupart des naturalistes d'oulre-llhin, qui considèrent
Ihiles blancs comme les éléments actifs de cette organisation. Cette
B| suivant nos propres recherches, n'est pas exacte ; ce ne sont pas
lilules blancs étoulTés au sein d'un caillot qui s'organisent, mais
éléments conjonctiTs prolifères de la paroi, par suite de l'irrila-
fkquelle donne Heu le sang exlruvasé.
feehé à l'intérieur des cavités séreuses, le sang subit des ntodilica-
pemblablefi à celles qu'il présente dans la profondeur des tissus :
teure d'une membrane de nouvelle foi-mation, qui favorise sa 11;-
et, dans certains cas, peut donner naissance à un kyste pei'sislant,
u lactescent ou séreux. A la surface des membranes muqueu-
mgne s'enkyste jamais, mais il est inodiKé par les produits de
I des glandes coulenues dans ces membranes: ainsi l'acide du suc
ne produit un sang noir, marc de café; l'acide sulfliydrique con-
]s l'intestin engendre le méléna. Dans quelques circonstances el
ilement au sein des néoplasies Irès-vasculaires, le sang épanché
L jaune et subit une sorte de métamorphose caséeuse; plus rare-
|Bi constate la erétilicatîon ou ta dégénérescence amyloide du cail-
irrhagique.
diaguostic clinique des bémotThagies intenies est quelquefois dif-
far contre le diagnostic anatomique de ces lésions est dos plus
,11 est cependant des cas où, par suite d'une altération du sang.
le se sépare de la globuline et s'extravase par exosmose. Ainsi
(aisent dos flux, des collections, des infiltrations d'une matière
présentant plus ou moins la coloration du sang, mais n'en possé-
da constitution anatomique, ni même la composition chimique,
lents, connus sous le nom de fausses hémoiThagies, ne sont pas
Dent rares 1 ils ont été constatés plus spécialement dans les reins
om de chromaturie, de mèlanurie ; on les obsei-ve encore dans le
> dans d'autres organes , dans les membranes tégumentaires.
distinguent par ce fait que le liquide épanché, diversement
{tardes granulations d'héniatosinc, ne renferme pas de globules
554 ànàtomie pathologique.
sanguins. Ces transsudations colorées, bien que formées par une substance
qui vient du sang, ne sont pas plus des hémorrhagies que les liquides
quelquefois teintés par le sang qui forment Fœdème au voisinagp
d'une piqûre de vipère, liquides dans lesquels Cheron et Goujon (1)
n'ont pu déterminer aucune coagulation par Tacide nitrique et la cht-
leur.
Étiologie et pathogénie. — Les causes des hémorrhagies angiopathiqnes
sont, les unes extérieures ou étrangères aux vaisseaux, les antres
intimement liées aux modifications subies par les parois vasculaires,
à l'exagération de la tension sanguine, ou encore à ces deux conditions
réunies. Les causes extérieures comprennent les plaies vasculaires
par instruments piquants, tranchants ou contondants, celles qui sont
reflet d'opérations diverses (calhétérisme, etc.), ou qui sont produites
par la présence d'un corps étranger (calcul vésical, vers intestinaux, etc.).
Les hémorrhagies qui succèdent à ces causes ont une pathogénie des
plus simples et qui n'exige aucune explication; le sang s'écoule parce
que le vaisseau est rompu.
Les hémorrhagies dépendantes d'une altération spontanée ont un méca-
nisme plus complexe, car il s'ajoute en général à la modification ana-
tomique de la paroi un certain degré d'augmen-
tation de la tension sanguine. Toutes les alté-
rations de texture originelles ou acquises des
vaisseaux contribuent à la genèse de ces hérao^
rhagies ; telles sont les ruptures du cœur dans
la myocardite , la stéatose cardiaque, les rup-
tures des artères consécutives à l'endartérite,
aux anévrysmes des gros et des petits vais-
seaux (fig. 194), aux dégénérescences graisseuse,
albuminoïdc et colloïde des tuniques des artères
cl des capillaires, ou encore les ruptures des
veines à la suite de varicosilés ou d'ulcération
de leurs parois.
Les vaisseaux de nouvelle formation, dont les
tuniques sont en général minces et peu résistantes, sont encore le siège
d'hémorrhagies ressortissant à ce groupe par un motif ou par un autre.
Leurs parois distendues cèdent facilement en effet à la pression de la
colonne sanguine qui les parcourt, d'où la fréquence des hémorrhagies
Fig. 194. — Artériole du
cerveau chargée d'ané-
vrysmes miliaircs et pro-
venant d'un garçon de
seize ans, tuberculeux.
(1) Chéron et Goujon, V Union mâiicale, 16 février 1369.
HÉMORRHAGIES. 555
chez les nouveau-nés et dans les tissus pathologiques. Telle est Tori-
gine d'un certain nombre d'hématomes de la dure-mèi*e, du péritoine, de
la tunique vaginale, comme aussi des épanchements sanguins du fibrome
embryonnaire, de l'épithéliome glandulaire et de plusieurs autres tumeurs.
Dans tous ces cas, la rupture vasculaire est généralement causée ou occa-
sionnée par un eiïort, par une des causes qui peuvent exagérer la
tension du sang dans les vaisseaux.
Les causes dont Faction spéciale sur l'appareil circulatoire peut mo*
difier la tension vasculaire de façon à provoquer un processus hémor-
rbagique, agissent soit en diminuant le champ artériel, soit en compri-
mant les troncs veineux, soit en abaissant la pression extérieure.
L'interruption du sang dans une partie du système artériel, comme
celle que détermine Toblitération ou la ligature de Tartère principale d'un
membre, de l'aorte à sa terminaison, remplit la première de ces condi-
tions. Hobinson (1) pratique l'ablation de l'un des reins et lie l'aorte au-
dessous de l'artère rénale du rein opposé. H oblige ainsi une quantité de
sang anormale à se porter sur cet organe, et il détermine la formation
d'ecchymoses dans sa substance et à sa surface. Cependant, l'hémorrhagie,
dans les circonstances de ce genre, est le plus souvent subordonnée à un
ensemble de causes. Ainsi, l'atrophie rénale qui s'oppose à l'écoulement
libre d'une notable portion du liquide sanguin coexiste ordinairement
avec une hypertrophie cardiaque qui imprime une forte impulsion au
sang, et avec une artério-sclérose des gros troncs artériels qui, devenus
rigides, n'amortissent plus le choc du cœur et amènent par saccades le
sang aux organes. Ces conditions, évidenwnent très-favorables à la rup-
ture des petits vaisseaux, sont celles qui se rencontrent dans le plus
grand nombre des cas d'hémorrhagie cérébrale.
Tout obstacle au libre écoulement du sang veineux dans un tronc
important ou dans le cœur élève la tension veineuse et produit parfois
des hémorrhagies même dans des cas où les vaisseaux sont sains. Les
petites hémorrhagies cérébrales qui succèdent à l'oblitération des sinus de
la dure-mèrë, celles qui se produisent dans les viscères abdominaux au
cours de la cirrhose ou d'une oblitération de la veine porte, dans la rate
ou dans l'estomac ii la suite de Tobstruction de fa veine splénique, en
sont autant d'exemples incontestables. Les affections cardiaques, et sur-
tout l'altération de l'orifice auriculo-ventriculaire, conduisent fréquem-
ment au même résultat. Les lésions de l'artère pulmonaire et du cœur
(1) G.^ohimon,Con{ribut.to thephjsioi. and pathoiog.ofthe circulât . ofthe blood,,
LondODy iSb7, p. 50 el 51.
556 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
droit, remphysènie des poumons, la dilatation bronchique, les compres-
sions et la diminution du thora.K, peuvent avoir les mêmes conséquences.
Les eiïorts violents, Téternuement, la toux, les convulsions éptep-
tiques, soit en interrompant momentanément la progression centripète
du sang veineux, soit en faisant refluer ce sang contre son cours habi-
tuel, augmentent la pression dans des points déterminés du système
sanguin et parviennent également à rompre la résistance des parok
vasculaires, principalement au niveau des surfaces libres où les pins
petits vaisseaux veineux n*ont qu'un appui insufflsant.
La diminution de la pression extérieure tend à déranger d'une autre
façon réquilibre établi entre la tension sanguine et la résistance des parois
vasculaires. Quand un réser\'oir dont les parois font subir une certaine
compression à son contenu vient à être ouvert, les vaisseaux, perdant
subitement une partie de la force concentrique qui les soutient, sont
exposés à se rupturer par le fait de l'augmentation relative de leur tension
intérieure. C'est ce qui arrive particulièrement pour les vaisseaux de la
rétine et des autres membranes de l'œil, à la suite de la paracentèse
oculaire. La raréfaction de l'air sur un point de la surface du corps,
l'application d'une ventouse Junod, amènent également une disten-
sion des capillaires, qui fmissent par se rompre d'autant plus facile-
ment qu'ils sont plus relâchés ou plus modifiés dans leur structure.
Le travail dans l'air comprimé, la décompression qui se produit à la suite
dans les conditions ordinaires de la pression atmosphérique, sont d autres
causes de rupture d'équilibre de la tension sanguine et d'hémorrhagies.
On peut en dire autant de l'ascension sur des lieux élevés ou dans des
ballons.
Produites par la simple augmentation de la tension du sang dans les
vaisseaux, les hémorrhagies reconnaissent deux modes différents. Si le
plus souvent le sang s'échappe par une ouverture artificielle de la paroi
vasculaire, quelquefois aussi il paraît traverser celte paroi sans la rompre:
l'hémorrhagiea lieu par diapédèse. Cohnheim, ayant lié la veine fémorale
d'une grenouille, observa ce qui se passait dans la membrane digitale
con*espondante, et vit qu'immédiatement après les premières oscillations
le cours du sang se ralentit dans les capillaires, et qu'ensuite les globules
rouges se pressent les uns contre les autres de façon à remplir tout le
calibre du vaisseau. L'abondance de ces éléments est telle, qu'ils semblent
former une masse uniforme où l'on ne peut distinguer aucun d'eux iso-
lénienl. Au bout de quarante-cinq minutes environ, sur le bord extern**
(lu vaisseau apparaît une petite saillie jaune et de tout point semblable
à la substance des globules roug<»s. Celle saillie grossit et parait se pédi-
HKMORRHAGIES. 557
culer sur le vaisseau ; enfin, au bout d'un temps quelquefois assez long,
l'isolement s'opère, la masse détachée parait être un globule rouge dé-
formé, car il est parfois possible d'en apercevoir le noyau, bien que dans
certains cas elle soit assez peu considérable pour faire croire que le glo-
bule est fragmenté. Cependant, avant comme après Tissue de cet élément,
aucune trace de déchirure ne se constate sur les membranes vasculaires.
Slricker et Arnold ont observé le même fait ; mais, tandis que le pre-
mier de ces auteurs considère la paroi des vaisseaux capillaires comme
formée d'une matière protoplasmatique qui absorbe le globule sanguin
pour le chasser ensuite, et voit dans l'émigration de.ce globule un phé-
nomène actif, le second, à l'exemple de Cohnheim, pense que ces parois,
constituées par des éléments cellulaires, présentent des ouvertures ou
stomates qui, dilatées par la pression sanguine, laisseraient passer les
globules sanguins.
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morphose des Blutpfropfes oder Thrombus in verletzteii Blutgefiissen, Eisenach^
183/4. — Samsox, Des hémorrhagies traumatiques. Thèse de concours. Paris,
1836. — P. Rayer, Observations sur les hémorrhagies veineuses du foie qui sur-
viennent à la suite de V hépatite ulcéreuse [Archives générales de médecine, sériel,
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558 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
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d' hémorrhagie sous-méningée {Gaz, méd.^ 1867). — Mrynert, AUgem. Wiem
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fur Dermatologie und Syphilis, 1874). — Voyez en outre les traités de chinufie
de B. Bell, Boyer, Velpeau, Billrolh, FoUin.
g 2. — Hèmorrhagies névropathiques.
Ces hèmorrhagies sont constituées par des écoulements ou des extn-
vasats sanguins survenant sous riiifluence d'un trouble des nerfs vistH
moteurs. Quoique signalées ou admises depuis longtemps par quelques
auteurs, ellrs ont été peu étudiées jusque dans ces derniers temps, où leur
existence est devenue indiscutable, grAce aux progrès de la physiologie.
Les hèmorrhagies névropathiques se produisent normalement chez h
femme, où elles se lient à la fonction de reproduction. A l'état patholo-
gique, elles se rencontrent dans les deux sexes, plus souvent peut-être
chez la ftMume; elles occupent différentes parties du corps, et siègent de
préférence à la peau et sur les membranes muqueuses, au niveau des points
de terminaison d(»s lilcts nerveux comme au voisinage des articulations.
Les parties qui doiv(^nt être afftTtées s'injectent d'abord, rougissent, se
tumèlienl, donnent lieu à un»? sensation de gène» et de pesanteur ; poi5,
au bout d'un espace de temps en* général très-court, elles laissent
échapper un liquide sanguinolent, variable quant à sa composition et
à sa quantité. Tantôt, en effet, ce liquide, presque entièrement com-
posé de sérosité, ne renferme qu'un petit nombre d'hématies et de
leucocytes, et colore peu les tissus ; tantôt, au contraire, il contient une
plus grande quantité de globules sanguins, forme sous la pe^u ou dans
les organes des taches foncées, et produit, dans les tissus un peu lâches,
des caillots noirâtres : on peut avancer d'une façon générale que. conirm*
(
HÉMORRHAGIES. 559
sang menstruel, il est moins riche en globules et plus riche en sérum
e le sang véritable.
La quantité de sang épanché est variable : dans les parenchymes, elle
une lieu à des foyers étendus ou forme des taches plus ou moins larges
pelées ecchymoses, purpura, etc. Extravasé au dehors, le sang atteint
rement des proportions considérables ; aussi est-il rare que la vie dans
s cas puisse courir un danger immédiat. Situées dans l'épaisseur
i tégument externe, les hémorrhagies névropathiques, faciles à suivre,
mX ordinairement accompagnées, dès leur début, d*un œdème ferme,
rconscrit au pourtour du foyer sanguin, ou bien plus étendu, comme
AS certains cas de purpura, et pouvant atteindre une partie ou la tota-
le d*un membre. Lorsqu'elles occupent les membranes muqueuses, ces
orrhagies sont en général accompagnées d*une sécrétion muqueuse
ou moins abondante. Les modifications que subit le sang épanché,
LUS tous ces cas, ne sont pas différentes de celles que présentent les
famorrhagies angiopathiques ; toutefois, Textravasat sanguin, en général
îîii abondant, disparaît avec une plus grande rapidité. *
les hémorrhagies névropathiques sont fréquemment précédées ou
îcompagnées de douleurs intenses, qui se font sentir tantôt au niveau
M point où Técoulement de sang a lieu, tantôt dans une autre région :
bnsi certaines hémorrhagies utérines sont quelquefois précédées de
fivralgies lombo -sacrées. Dans quelques cas, ces hémorrhagies ne
f^ntent aucun cortège douloureux, mais elles surviennent à la
■ùte d'attaques convulsives de formes variées, et le plus souvent dans
Kie partie de l'organisme atteinte de trouble nerveux, comme dans la
Mitié gauche du corps chez les hystériques. Les effets produits pai'
H accidents sont relativement peu accusés et souvent peu sérieux.
». écoulement de sang, d'ordinaire assez peu abondant, ne détermine
p'un léger degré d'anémie, les malades ne tardent pas à se rétablir.
0k^ récidive est le propre de ces hémorrhagies, fréquemment inter-
IMttentes ou même périodiques, malgré leur différence de siège.
Le$ hémorrhagies névropathiques se distinguent par les symptômes
ivxionnaires qui les précèdent, par leur marche mobile, intermittente
•apériodique. L'état général du malade, ses antécédents, les symptômes
^WK»mitanls de ces hémorrhagies, tels que douleurs névralgiques, gon-
B^ent œdémateux, etc., sont d'ailleurs autant de circonstances qui
^™onent en aide au diagnostic de ces accidents et qui permettent de les
•îftrencier des hémorrhagies angiopathiques.
^ pronostic des hémorrhagies d'origine nerveuse n'est pas toujours
••^ (langer; mais, si on l'envisage d'une façon générale, il est mani-
560 ÀNATOMIE PATHOLOGIQUE.
fcstement moins grave que celui des hcmorrhagies liées à une alténtkxi
vasculaire. Celles-ci sont le plus souvent mortelles lorsque des vaisseaux
volumineux sont aiïectés ; celles-là sont rarement fatales, et, du reste,
elles n'intéressent que des vaisseaux de petit volume. Enfin, dans un cer-
tain nombre de cas, elles peuvent être considérées comme un bienlut:
telles sont les hémorrhagies supplémentaires des règles, certains écoule-
ments hémorrhoïdaîres, etc.
Étiologtc et pathogénie, — Les hémorrhagies névropathiques se pro-
duisent sous des influences diverses, physiques, physiologiques ou patho-
logiques. L'impression du froid et de la chaleur, les émotions morales un
peu vives, les névroses et les diflerentes altérations des centres ou des
cordons nerveux, sont autant de circonstances étiologiques propres à
engendrer ces hémorrhagies.
L'action du froid produit sur les extrémités neri^euses scnsitivcs une
impression qui se réfléchit sur les centres, lesquels réagissent de façon i
amener la dilatation des vaisseaux et Thémorrhagie, à moins d'admettre,
ce qui paraît peu vraisemblable, une action contractile directe sur les
parois vasculaires à la périphérie, et par suite une augmentation de b
tension artérielle avec rupture des vaisseaux dans les parties délicates.
Exercée à la périphérie, cette action se réfléchit plus spécialement surks
viscères et les membranes muqueuses. Les voyageurs signalent des hé-
moptysies et des épislaxis chez les peuplades du nord de TAmérique, et
principalement les Groënlandais et les Esquimaux (1). La chaleur produit
aussi la dilatation des vaisseaux, tantôt directement, tantôt par action ner
veuse réflexe, et par cela même elle est dans certains cas une caust
d'hémorrhagie. Cl. Bernard a constaté sur des lapins morts à la suite
d'une élévation trop considérable de la température des taches ecchjTno-
liques à la surface des téguments.
L'ovulation, cet état physiologique périodique, est la cause de rhémor-
rhagie menstruelle présidée et réglée par le système nerveux. Loi*sque h
maturation d'une vésicule de Graaf arrive à son terme, il se produit un
trouble du système nerveux vaso-moteur correspondant qui retentit sur
toute l'économie, et particulièrement sur l'utérus. Les vaisseaux de la mem-
brane muqueuse de cet organe se congestionnent, se dilatent, subis-
sent des ruptures, ou plutôt se laissent traverser par les globules
(1) Bogorodsky note également l'existence des hcmorrhagies nasales au KtB>-
tschatka, lorsque daus l'hiver, sous Tinfluence d'un vent sec, le thermomètre descend
au-dessous de — 40* R.
BÊMORRHAGIES. 5M
rouges ((lia|)é(lès(»]. Quel que soit le mêciinisme de répanchement
Stiiiguin, il y a par le fait de lovulatiori une impression transmise
aux centres nerveux, et sus|)ension Irès-probable de Tactivité des parties
de ces centres qui régissent le tonus des vaisseaux de Tutérus ; la preuve
de Texistence d'actions nerveuses réflexes dans ces conditions, ce sont
les bruissements d'oreilles, la céphalée, les vertiges, Tétat d'énervement
général, les congestions de la face, etc., qui, chez la femme, accompagnent
l'écoulement menstruel. .Mais que, par un motif ou par un autre, cet écou-
lement n*ait pas lieu par sa voie naturelle, qui est Tutérus, il pourra se
produire dans d'autres points du corps, et principalement dans ceux où
la résistance des vaisseaux est moindre, comme les membranes mu-
queuses des fosses nasales, de Testomac, des voies respiratoires, des yeux,
ou encore par les alvéoles dentaires, etc. Telles sont les hémorrhagies com-
plémentaires et les hémorrhagies supplémentaires des règles, qui revien-
nent parfois avec une périodicité égale à celle de la mensti*uation, et
qui, comme celle-ci, sont précédées d'un malaise général et de troubles
nerveux variables, céphalée frontale plus ou moins intense, bouiïées
de chaleur au visage, nausées, coliques, etc. La quantité de sang
épanchée, n'est jamais très-abondante, et Thémorrhagie, une fois terminée,
est presque toujours suivie d'un véritable bien-être. Ainsi, ces hémorrhagies
sont, comme la menstruation elle-même, liées à un phénomène nerveux
vaso-moteur; la fonction physiologique, pour une cause ou pour une
autre, venant à se déplacer, il se produit ce qu'on a appelé des
règles déviées.
Une commotion morale un peu vive, une émotion subite, un sentiment
de colère ou de frayeur, toutes ces causes d'hypérémie fluxionnaire sont,
dans certaines circonstances, descauses d'hémorrhagie, ce symptôme n'é-
tant souvent qu'un degré avancé de ThypérémicLa colère, qui augmente
l'énergie du cœur et dilate les vaisseaux, ceux de la télé principalement ,
donne quelquefois lieu à des épislaxis, à du purpura, plus rarement
à une hémorrhagie cérébrale. Lordat raconte qu'une femme de mauvaise
vie, d'un caractère irascible, fut prise par les employés de la police et
conduite à la maison de force. Elle entra dans une colère aO'reuse, à la
suite de laquelle il lui survint une hémoirhagie par le nez et par la
bouche, et une éruption de taches pourprées qui couvrirent tout le corps,
et dont les plus grandes avaient un pouce de diamètre. Semblables acci-
dents peuvent être produits par ime vive frayem*. Indépendamment d'un
certain nombre de cas d'bématidrose survenus h la suite d'une frayeur
plus ou moins vive (voyez Parrol, p. ùT)), un fait qui m'est personnel
LvKCEREAi'X. — Traite U'Anat. patb. I — 36
552 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
met en évidence l'influence d'une vive émotion sur la production des
hémorrhagies (1).
(t) Uu jeune sculpteur, âgé de vingt-trois ans, des mieux constitués, n'ayant dau sa
ramiUe aucune maladie hêrëditnire , surtout pas d'hémophilie, passait une partie de
l'année à Paris et l'autre à Fontainebleau où il était occupé au cbàteao*
A la fin du mois de juillet 1861, ce jeune homme déménageait une bibliotb^v
d'un grand prix, qui faillit tomber et se briser. Dans l'efTort qu'il fit pour la reteair«
il reçut un coup assez léger a la tète; mais dans le même moment il éprooTi
une émotion très-vife, une commotion morale intense, causée par la crainte de Tob ce
meuble détruit. Le soir du même jour, il fut pris d'une épistnxis intense, la prenièR
qu'il se souvint d'avoir eue dans sa vie. Les jours suivants, cette hémorrhagie se reaoi*
vcla, puis bientôt les gencives et la bouche se mirent à saigner, de telle Jiorte qne
perdant chaque jour du sang, le malade finit par tomber dans une anémie profonde.
C'est alors, un mois environ après le début des accidents, que la peau présenti
quelques ecchymoses et un plus ou moins grand nombre de taches de purpura. Ces ac-
cidents persistaient, et il ne se passa presque pas un seul jour sans que le malade eût
des hémorrhagies.
Le 11 octobre 1861 , ce malade entrait à l'hôpital de la Pitié, salle Saint-Athanase, dans
un état d'anémie très-manifeste. Les téguments, décolores, sont jauni\tres, l'emboa-
point est conservé, les gencives sont boursouflées, à peine ramollies, néanmoioi
saignantes. Des taches ecchymotiques sont disséminées sur les membres, plus parti-
culièrement sur les bras, il en existe peu sur le tronc ; aucune douleur articulaire,
mais sentiment de faiblesse générale. Les fonctions digestives se font bien, les
battements du cœur sont énergiques, fréquents, l'impulsion cardiaque est forte, oi
constate l'existence d'un souffle doux à la région du cœur Je pouls est large. Le sang, va
au microscope, contient peu de globules blancs ; les globules rouges sont pâles, volanii-
neux, arrondis, ils ne lardent pa^ ù se déformer. Chaque soir ou dans la nuit survient
une cpistaxis, sinon une hcmorrhii<;ic des gencives. (Lim. citr.^ suc de cresson, vin anti-
scorbutique.)
Le 15 octobre à 5 heures du mutin, il s'écoule de 500 à 600 grammes de saug def
fosses nasales (tamponnement). L'état général s'aggrave, le pouls est fréquent, la respi-
ration plutôt ralentie; survient une sorte de torpeur qui augmente progressivement,
puis le malade, &onmoIent, est pris de délire, il tombe dans le coma et meurt.
Autopsie, Les taches de purpura persistent et un petit coaguliim se rencontre il
niveau de quelques-unes d'entre elles. Le tissu cellulo-adipeux est abondant, les rnnsck*
ont une coloration rouge très-intense. Le cerveau présente quelques taches ecchymo-
tiques de petite étendue à sa surface; ces taches sont abondantes au-dessous de la pie-
mère cérébelleuse, dans la substance grise et même dans la substance blanche du
cervelet. La surface de;* ventricules latéraux et même celle du troisième ventricule
offrent des taches semblables ; la substance nerveuse est partout décolorée. Les pou-
mons sont légèrement crdéniatiés à leur base ; les plèvres et le péricaBde renferment
une faible quantité d'un liquide sérci-sanguinolent. Le cœur contient en petite quan-
tité un sang noir et fluide, il est un peu hjpertrophié à gauche et semé de taches de
purpura ; ses orifices sont intacts.
Les organes du tube digestif ne sont pas sensiblement altérés. La rate, d'un volmne
normal, offre une consistance ferme et laisse voir à la coupe les corpuscules de
Malpighi comme un peu hjpertrophies. Le foie et les reins sont décoloré* ou jaunâtro,
leurs éléments ne présentent pas d'altéralicui manifeste.
HÉMORRHAGIES. 563
De ce fait on peut rapprocher le cas suivant, emprunté à Giliberl :
Un homme d*un î\ge mftr, robuste et plein de santé, fui arrêté, par
une méprise de pohce, durant le règne de la terreur. On lui rendit
bienl<U la liberté; mais en arrivant dans sa famille il s'aperçut
qu'il avait le corps couvert de taches rouges : les plus petites étaient
grandes comme des lentilles, et les plus considérables comme des pièces
de monnaie. Cet homme perdit quelques gouttes de sang par le nez, et,
deux jours après, il rendit par les selles une grande quantité dun sang
noir et coagulé. Celte héjnorrhagie alvine devint excessive en peu de
leîn]ïs, et le malade mourut tout à coup sur une chaise percée.
La maladie tachetée de Werlhoiï, ou purpura hémon'hagique, n*est
aussi, dans un grand nombre de cas, que l'effet d'un désordre nerveux,
une hémorrhagie névropalhique. Il y a lout au moins lieu d'intcrpréler
de la sorte les cas relativement nombreux où celte maladie succède à une
vive émotion morale.
Plusieurs des observations (II, IV) contenues datis un mémoire de
Mollière sur la nosographie du purpura font mention de secousses mo-
rales plus ou moins violentes, et d'ailleurs celle affection est souvent
uccompagnée de céphalalgie, de vertiges, d'éblouissements, et parfois
d'un œdème actif.
Les désordres pathologiques qui président aux hémorrhagies névro-
pathiques sont de deux sortes, les uns fonctionnels, les autres matériels.
L'hystérie, l'épilepsie, l'élat nerveux dit hypochondriaqùe, sont les
principaux élals pathologi(|ues où se rencontrent des hémorrhagies par
simple désordre fonctionnel, le plus souvent en rapport avec des troubles
divers de la sensibilité, hyperalgésie, hypereslhésie ou anesthésie. Les
hémorrhagies hystériques sont établies sur des faits nombreux, comme
on peut le voir par les traités de Latour et de Gendrin. Ces hémor-
rhagies allectenl des sièges divers et se montrent sous des formes variées,
tion*seulemenl chez des personnes différentes, mais encore chez la même
personne. Elles se localisent ordinairement dans les points où existent
les troubh^s nerveux, notamment dans le coté gauche, comme j'ai pu
le constater dernièrement encore chez une de mes malades. L'épanche-
înent de sang plus ou moins abondant a lieu tantôt à la surface
d*une membrane nmqueuse, tantôt à la surface de la peau, tantôt
enlin dans l'épaisseur même des téguments (purpura). Trop sou-
vent, sans aucun doute, on considère comme très-graves et liées à des
lésions matérielles des poumons ou de Testomac des hémoplysies ou
des hématémèses dues à un simi)le dérangement nerveux. L'hémali-
drose, si elle ne se rattache |>us toujours à l'hystérie^ iicn lient pas moins^
j6^ anatomie pathologique.
comme Parrol l'a si bien démontré, à un trouble de l'innervation. La
maladie de Charles IX n'avait sans doute d'autre origine qu'un désordre
de ce genre, et la jeune fille de Bois-d'Haine, qui intéresse si vivement le
monde médical depuis quelque temps, doit encore à Textase, à un sys-
tème nerveux très-troublé, les hémoiThagies périodiques qu'elle présente.
Wilksavu chez un homme, l'hématidrose compliquer un tétanos, et d'ail-
leurs il est devenu incontestable pour nous qu'un assez grand nombre decas
de purpura, d'éry thème noueux, d'éruptions constituées par Thypérémie
de la peau avec exsudation de sang et de sérosité, sont dépendants d'un
désordre de l'innervation. Les douleurs articulaires et Tœdème plus ou
moins prononcé, qui accompagnent quelquefois ces éruptions, ontpa
faire croire à une influence rhumatismale; mais cette influence n'est
le plus souvent qu'apparente, comme le prouve un fait récemment
observé par nous (1).
L'épilepsie est plus rarement peut-être la cause d'hémorrhagies.
Un homme, observé par Zacutus Lusitanus (voyez Latour, t. I, p. 297),
éprouvait tous les mois un vertige considérable pendant lequel tons
les objets paraissaient tourner autour de lui. En même temps, comme
s'il eût été frappé de la foudre, il restait couché sur son lit, les
yeux fermés, engourdi et sans connaissance. Ensuite il lui survenait
insensiblement par les angles des yeux une hémorrhagie de trois on
(1) C.-J.-M., àgce de vingt-six ans, journalière, est admise à l'hôpital de Lourcine U
28 janvier 4875 pour une vaginite et des plaques muqueuses; elle est en même tcmpi
hystérique : sensation de boule épigaslrique, attaques convulsives, hyperalgénie, etc
Le 5 février, état gastrique qui ne tarde pas à disparaître ; le 5 mars, à la suite d'ane
amygdalite qui a suppuré, la malade voit apparaître ses règles, après deux mois d'absence;
elle présente de l'hémianesthésic à gauche, ou du moins une diminution notable de li
sensibilité cutanée; en outre, Tavant-bras gauche est depuis la veille le siégre d'une
éruption caractérisée par des taches rouges violacées, de petite étendue, analogues au
taches de purpura, disposées les unes sous la forme de demi-cercles, les autres itous la forme
de cercles complets ayant les dimensions de pièces de 1 ou de 2 francs. L'articuUtioi
du coude, ou mieux son \oisinage, est le siège de douleurs, et le lendemain survie»!
un œdème dur qui recouvre toute la face dorsale de la main gauche; mais TarticulatioB
du poignet a conservé sa mobilité et n*est nullement douloureuse dans les mouvemeot),
ce qui prouve bien que cet œdème n'a rien à faire avec une lésion articulaire. Vwc
éruption semblable ù celle de Tuvant-bras ne tarde pas à se développer sur la cùsie
gauche, les taches sont toutefois un peu saillantes et ressemblent assez bien î à»
boutons d'urticaire au centre desquels le sang se serait exiravasé (sulfate de quinine).
Le 8 mars, les ecchymoses ont pâli; le 11, il se produit sur le bras gauche une non-
velle poussée de taches purpurines ayant les mêmes caractères que les précédentM. Le
13, l'éruption estabondante sur la partie postérieure et inférieure de l 'avant-bras fiucbe
et à la partie interne et inférieure du bras correspondant ; mais à côté de taches routes
et violacées il existe des taches jaunAtres ou verdAtres plus anciennes, en voie de transfor-
mation ; une large plaque se rencontre un peu en arrière du grand trochanter gavcbe.
HÉMORRHAGIES. 565
quatre onces de sang pur qui coulait comme deux petits ruisseaux,
durait deux jours et disparaissait. Rengade et Reynaud [Recherches
statistiques sur les accidents produits par l'accès épileptique) ont noté en
particulier Thémoptysie et rhématidrose s'eiïectuant par la paume des
mains et les parties génitales chez lesépileptiques à la suite de leurs accès.
Indépendamment des hystériques et des épileptiques, il est toute une
classe d'individus, secs, nerveux, hypochondriaques, souvent atteints
d'eczéma sec, d'angine granuleuse, tout particulièrement prédisposés aux
fluxions sanguines el aux hémorrhagies. Ces malades, que l'on a appelés
herpétiques, sont presque tous hémorrhoïdaires , mais ils ont encore
d autres hémorrhagies et surtout des hémoptysies. Ce syndrome qui,
dans l'espèce, |)eut être comparé à la déviation des règles chez la femme,
effraye orilinairement le médecin et le malade, qui se croit phthisique, et
pourtant il n'est en général que l'effet d'un trouble vaso-moteur du genre
de celui qui produit le flux sanguin hémorrhoîdaire, et, comme lui, pas*
sager, intermittent, et presque toujours accompagné de douleurs plus ou
moins vives.
L'hémophilie («Ifia' sang, (^ùtoc, amitié, penchant-), cette prédisposition
si singulière aux pertes de sang, me paraît rentrer encore dans la classe
des hémorrhagies nerveuses, tant h cause des caractères présentés par
Técoulement sanguin que de la constitution propre des personnes
atteintes de cette affection. Les hémorrhagies de l'hémophilie sont en
effet mobiles, capricieuses, intermittentes ou même périodiques, comme
toutes les hémorrhagies nerveuses. Spontanées, elles surviennent à la
suite d'une course ou d'une fatigue, d'un excès de table ou d'alcool,
d'une maladie inflammatoire, c'est-à-dire toutes les fois que le système
vaso-moteur a été troublé. Traumatiques, elles se produisent à la
suite de lésions insignifiantes, telles que la piqûre d'une aiguille ou
de quelques sangsues, l'application d'un vésicatoire, de quelques ven-
touses, après la vaccination, etc., c'est-à-dire plus spécialement dans
des cas où la sensibilité, mise en jeu, a pu réagir sur les centres vaso-
I^ température est normale, mais le pouls et la respiration sont accélérés, la nuit est
agitée. On continue le suKate de quinine. Le là, apparition sur la poitrine de taches
violacées surélevées, donnant la sensation du bourrelet de l'érysipèle. Le 15, l'énip-
tioa est en voie de décroissance excepte au niveau du sein; le 16, elle pAlit à ce même
lÛTeau, mais une nouvelle poussée de taches pourpres circulaircment disposées et ne
disparaissant pas sous In pression du doigt se montre sur la partie externe et supérieure
de la cuisse gauche et à la partie supérieure et interne du bras du même côté. A partir de
ce moment, il nesurvientplus aucune poussée éruptive, les taches se modiflcut et s'effa-
cent peu à peu. Le 7 avril, la malade quitte rhùpital, n'ayant plus^trace d'éruption, mais
conservant sa disposition hystérique, inutile de faire remarquer que cette éruption resta
localisée au côté gauche anesthésié, el qu'elle apparut au moment de l'époque menslrueUe.
566 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
moteurs de façon à paralyser le tonus vasculaire ; il est cligne de remarque,
en tout cas, que les héniorrhagies des plaies profondes donnent moins
de sang et sont plus faciles à arrêter que celles des plaies superficielleii.
Ces hémorrhagies sont d'ailleurs fré(|uennnent accompagnées de
douleurs plus ou moins vives des membres et des articulât ions, qui
deviemient parfois le siège d'une tuméfaction plus ou moins consi-
dérable, ce qui a conduit à pensi^r à tort à un vice goutteux ou rhmna-
tismal. Les personnes exposées à celle maladies accusent en outre des
palpitations, de la dyspnée, des bouffées de chaleur vers la tAle» elles
sont sujettes à des vertiges, même <^ des syncopes. L'hémophilie enfin
est une affection qui se transmet par hérédité, et cette circonstance con-
tribue encore à lui faire attribuer une origine nerveuse.
Les névralgies pt^uvent, dans certaines circonstances, entniluer à
leur suite des hémorrhagies de Futérus ou d'autres organes, et la
preuve que l'hémorrhagie qui accompagne parfois ces «ac<!idents eil
sous la dépendance du désordre nerveux, c'est qu'elle survient à la
suite de la névralgie, disparaît avec elle, et présente conimo cette der-
nière des périodes d'arrêt et d<? retour, des moments de calme et d exa-
cerbation (Marrotte).
C'est de la môme façon sans doute, et par Tintermédiaire du système
nerveux, que se produisent chez l'homme certains flux sanguin»
hémorrhoïdaires , précédés d un travail irrilalif plus ou moins dou-
loureux, d'une congestion vasculaire de plus en plus intense d<* la
membrane muqueuse anale, et qui ont lieu soit par rupture des vaisseaux
les plus supeiliciels, soit par diapédèse.
Les lésions matérielles du systèmr nerveux pouvant engendrer di*>
hémorrhagies sont en grand nombre; nous les étudierons dans les nerfs
et les centres nerveux. Les névrites et les névralgies Iraumatiques
ont été spécialement étudiées à w point de vue : Verneuil a niontréquo
ces dernières pouvaient donner lieu à dt^s congestions el à des hénlo^
rhagies secondaires. Les lésious des centres nerveux, j)rinci paiement
celles qui intéressent les ganglions cén'»braux, (hHerminenl d(»s accidents
du même genre dans diverses parties du corps, el surtout dans les viscères
thoraciques et abdominaux. L'expériiniMilation et l'observation diniqui'
s'accord(*nt pour témoigner de» ce fait ; SclnlTfl ' a observé sur des lapins
cliez lesqiu^ls il avait pratiqué une héniisection d(»s couches optiques iM
des pédoncules cérébraux, des taches ecciiunolicjues et \r rainollissenieul
de \i\ nu;mbran(^ nuiqueuse de l'eslomac, et ces résultats ont été conlir-
(O Schiir, U'Çfms sur la pliysiolnyir <//• la diiji'stuiu, t. II. Paris, 18CH,
HKMORRHACilKS. 567
mes par tous les pUysiologistes qui onl réptHé rexpérieiue. Ebsteiu(l)
a constaté (*n outi*e que des héinorrha^ios peuvent avoir lieu à lu suite
de Taltération des tubercules quadrijumeaux antérieurs, du labyrintheaudi-
tif, de rex(!ilalion du nerf sciatique, etc. Vulpian a fait voir que des congés*
lions extrêmement vioh^ntes avec hémorrhagie peuvent se produire dans
les intestins sous l'influence de lésions de l'isthme de renc>éphale. Krown-
Séquard (2) a reconnu que les lésions du pont de Varole, dans le voi-
sinage des pédoncules cérébelleux, donnent naissance à des ecchymoses
et même à d'abondantes effusions de sang, à de vraies apoplexies dans
les poumons, et que c^s hémorrhagies ne sont dues ni à une compression
bmsque des parois thoraciques, ni à une ocx^iusion spasmodique de la
glotte, c^ir elles ont encore lieu lorsqu'on a ouvert la cavité thoracique
avant de blesser l'isthme dé l'encéphale. Mais en outre ce n'est pas par
rintermédiaire des nerfs vagues, mais par la moelle épinière, que l'in-
fluence de cette blessure est transmise aux poumons, car les ecchymoses
et les hémorrhagies pulmonaires continuent à se produire lorsque les nerfs
pneumo-gastriques ont été préalablement sectionnés au milieu du cou, et
n'ont plus lieu quand^ chez un animal, la moelle aétécoupée transversale
meut en avant de la sixième ou de la septième paire rachidienne. Suivant
le même expérimentateur, c'est en suivant la moelle épinière et par
rintermédiaire des racines et des fibres nerveuses qui partent des premiers
ganglions sympathiques thoraciques que les blessures du pont de Varole
agiraient sur les poumons, \othnagel a vu de son côté des hémorrhagies'
pulmonaires produites par la blessure, à l'aide d'une épingle ou d'une
aiguille, du cerveau d'un lapin dans le voisinage du sillon médian.
Brown-S^quard a enfin observé que des lésions de la région dorsale de
la moelle épinière donnent souvent lieu, chez les cobayes, à des hémor-
rhagies des capsules surrénales ; il a de plus constaté la production d'hé-
morrhagies interstitielles dans le pavillon de l'oreille sur les mêmes ani-
maux souuHs à des lésions diverses : blessures des centres nerveux,
lésions des corps restiformes, section du cordon cervical du sympathique,
section du nerf sciatique.
D'autre part, de nombreuses observations cliniques ont montré rexia-
(1) Ebstein, Recherches expériment. sur la production *les exiritvas. du sang dans la
muqueuse de V estomac (Arch. /. exper. Pathologie^ 1874, t. U, p. 183, cl Gaz, méd.^
de Paris, 1874, p. 291).
(2) Brown-Séquord, On the production of hœmorragin^anœima^ œilema and emphy-
sema by injuries to the fjùse of the brain {The Lancet^ 187 4, t. 1, p. 6). — Comptes
rend, de la Soc, de biologie, année 1872, p. 13 et 180. — On ecchymose and other
effusioru of blootl caused by a nervous influence, (Atchiv ofscientipc and pract, med.
a t%0mt%
568 ànàtomie pathologique.
tence de taches ecrhymoliques ou même de foyers d'hémorrhagîe chei
rhomme, à la suite d'altérations spontanées de Tencéphale. Charcot a
trouve chez les apo|)lectiques des ecchymoses épicràniennes et cervicales,
des taches hémorrhagiques sur la plèvre, l'endocarde et la muqueuse d(t
Testomac. Ollivier cite plusieurs observations où, sous rinflnence d'ime
hémoiThagie cérébrale, il s*est développé dans le poumon correspondant
à rhémiplégie, c'est-à-dire du cùXé opposé à Taltération cérébrale, une
congestion plus ou moins intense, des épanchements sanguins sons-
pleuraux ou de véritables noyaux d'apoplexie pouvant envahir une plus
ou moins grande étendue. Dans ces cas, Taltération cérébmie sié-
geait plus spécialement à gauche, Tépanchement sanguin abondant,
comprimait la base de l'encéphale ; le sang avait ordinairement pénétré
dans Tarachnoïde et dans les mailles de la pie-mèiv. IMus laixl, le ménie
auteur rapporta plusieurs cas d'hémorrhagies survenues dans les reins
à la suite de l'apoplexie cérébrale. En présence de ces faits expérimentaux
et cliniques, le doute n'est pas possible, la classe des hémorrhagies névropa-
thiques doit être définitivement acceptée. Mais par quel mécanisme se pro-
duisent ces hémorrhagies? tel est le point qu'il nous reste à examiner.
L'accord qui règne sur l'origine nerveuse de l'hémonhagie n'existe
plus quand il s'agit du mode pathogénique de cet accident. Brown-
Séquard atlribue l'hémorrhagie, dans les cas par lui observés, à la con-
traction des artères et des veines, se propageant des rameaux vers les
capillaires, et accumulant ainsi le sang dans les derniers vaisseaux jusqu à
rupture, ou encore à une contraction des veinules seules. Ebstein admet
que les hémorrhagies qu'il a observées sont le résultat d'une élé-
vation de la pression sanguine produite par l'excitation des nerfs vaso-
moteurs. Vulpian se demande avec raison si ces accidents ne seraient pas
plutôt l'effet d'une paralysie réflexe, de quelques-uns des nerfs vaso-
moteurs destinés aux poumons ou aux autres parties dans lesquelles
on trouve des ecchymoses. Dans cette hypothèse, qui nous p^iralt la plus
admissible, la lésion des centres nerveux déterminerait une cessation
plus ou moins complèlc du tonus des vaisseaux, la dilatation de ces
organes, l'accumulation de globules sanguins dans leurs parois, qui,
sous l'influence de la pression, peuvent se laisser traverser (diap<Mitse)
si elles ne viennent à se rompre.
BiBLior.RAPHiE. — Fr. HoFFMAN, Opcra otnnia, (ierjeva\ 17/^8, t. Ill, sect. I,
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570 ANATOMIB PATHOLOGIQUE.
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§ 3. — HÉMORUHAGIES HÉMOPATHIQUES.
Les hémorrlmgies que nous appelons de ce nom sont toutes celles qui
ont leur point de départ dans une altération du liquide sanguin. Con-
sidérées autrefois comme très-communes, ces hémorrhagies sont au\im-
d*hui contestées ; mais la question de savoir s'il ne serait pas possible de
les faire rentrer dans l'un des groupes précédents n'ayant pas été
définitivement résolue, nous continuerons de les admettre jusqu'à preuw
du contraire.
Les régions les plus diiïérentes du corps sont le siège de ces accidenU,
principalement les surfaces libres, comme les membranes muqueuses et
surtout la pituitaire, les membranes séreuses et les tissus sous-jaceuts.
L'écoulement de sang survient sans congestion ou stase préalable; le
liquide» sanguin, tantôt s'échappe en nappe, comme à la surface de la
plupart des muqueuses, tantôt il infiltre simplement les mailles des tissuset
donne lieu à des ecchymoses ou à des taches plus ou moins étendues, peu
ou pas saillantes (scorbut, |)urpura, etc.), rarement à des foyers volumi-
neux. Le sang extravasé prés(»nte les colorations diverses que nous con-
naissons, l'héniatine se sépare de la glohuline qui s'altère (H rentre peu à
peu dans la circulation; on conslat^î diflicilement l'existence de ruptuivs
vasculaire.
Os hémorrhagies st» produisent rarement en une seule fois; d'ordinaire.
elles s(; manifestent i)ar intervalles irréguliers, affectent simultanément
plusieurs organes et se disséminent sur une plus ou moins grande éten-
due des surfaces tégumentaires; elles n'ont qu'une faible 't4'ndanc<^ ii
s'arrêter. Les njalades, d'ordinaire piïies, anémiés ou cacheitiques, ont
leur santé générale toujours plus ou moins compromise.
De ces i)articularilés résulte la possibilité, dans le plus grand nombre
des cas, de distinguer les accidents produits par les hémorrhagies ajigio-
pathiques de ceux ((u'engendrent les hémorrhagies névropathiques.
HKMOHRUA(;iES. 571
hUiulogieet pathogénie. — Les causes des liémorrhagies héruopathiqueâ,
quoique nombreuses et diverses, peuvent se grouper sous deux eliel's sui-»
vant qu'elles exercent leur action sur le sang ou sur les organes.
Les causes qui s'adressent direcleinent au liquide sanguin rentrent pour
\îi plupart dans le groupe des sul)st;mces toxiques ou septiques. Un
grand nombre de substances minérales, introduites dans l'organisme,
ont pour principal eiïet dt; déterminer des extravasations sanguines. Le
plus (unnnmnément, parmi ces substances, on rencontre le phosphore et
l'arsenic; mais on ignore encore si les hémorrhagies qui résultent de
l'ingestion de ces poisons sont l'effet d'une modification primitive ou
secondaire du liquide sanguin. On sait toutefois que lempoisonnemout
par le phosphore augmente la proportion de la graisse du sang et favo-
rise la formation, dans c(.^ liquide, de cristaux particuliers aciculaires qui
peuvent bien déterminer des arrêts de la circulation capillaire, concourir
Il la rupture des vaisseaux et à la production de I hémoiThagie. L'usage
prolongé des scOs alcalins ou des acides minéraux a été accusé d'être le
point de départ d'une sorte de diathèse hémorrhagique ; mais il importe
de faire remarquer qu'on a l)eaucx)up exagéré l'action nocive de
ces sels. L'iode exerce peut-être une influence moins contestable
sur certaines personnes; car, pris en petite quantité, celte substance
provoque parfois l'apparition d'exanthèmes ou d'hémorrhagies. Quelques
substances médicamenteuses, et particulièrement le sulfate de quinine,
ont pnxluit des accidents semblables. Enfin, les lièvres éruptives, la
lièvre typhoïde, le typhus, la peste, la fièvre jaune, le choléra, sont
avec quelques autres maladies, comme le scorbut, des causes d'hémor-
rhagies du même genre.
Le mécanisme de l'hémorrhagie qui survient dans ces conditions n'est
pas connu, peu de recherches ont d'ailleurs été faites dans le but de
l'expliquer. Frussak, ayant injecté de grandes quantités de sel marin,
chez des grenouilles et aussi chez des lapins, a observé que les glo-
bules rouges entiers ou divisés traversaient la paroi intacte des capil-
Jai)*es. Il y a des raisons de croire qu'un certain nombre d'hémorrhagies
de cause toxique ou miasmatique pourraient bien se produire de la même
façon : ce sont les hémorrhagies de l'empoisonnement par l'arsenic et
la plupart de celles qui survieiment dans le cours des lièvres éruptives.
Ces hémorrhagies, d'après les recherches de Wagner, auraient lieu
par diapédèse. Les hémorrhagies du typhus et de la peste ne diffèrent
vraisemblablement pas de ces dernières quant à leur mode pathogénique ;
elles consistent en des taches hémorrhagiques plus ou moins abondantes
de» membranes nmqueuses, des épanchements de sang dans l'intestin.
572 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
des ecchymoses pleurales et péritonéales, etc. Dans la fièvre jaune, où l'ex-
tra vasat sanguin est peut-être autant le fait de l'altération des organes qw
celui d'une action directe du principe morbifique sur le sang, rhémorrbagie
a surtout lieu à la surface des parties membraneuses.
Dans toutes ces maladies, si Ton connaît peu les agents extérieurs
dont rinfluence sur l'organisme parvient à produire Taltération da
liquide sanguin, il y a cependant des raisons sérieuses de rappro-
cher ces agents des ferments. L'action des substances putrides tendrait
du moins à le prouver. Gaspard tout d'abord, et plus tardStich, 0. Weber
et d'autres auteurs sont parvenus, par l'injection, dans la veine jugulaire
du chien, d'une eau dans laquelle avaient macéré des chairs putréfiées, à
produire des accidents mortels et des hémorrhagies. Ces accidents, il est
vrai, ont été attribués à l'effet toxique des produits gazeux de la fermenta-
tion putride, de l'hydrogène sulfuré ou de l'ammoniaque, mais l'élimiii^
tion de ces gaz, comme le fait remarquer Cl. Bernard, est trop facile et
trop prompte pour qu'on puisse les considérer comme la cause des phé-
nomènes morbides qui apparaissent dans ces circonstances ; ainsi il e$t
plus rationnel de rattacher ces phénomènes à un principe fermentescible.
Quoi qu'il en soit de ces interprétations, un fait reste acquis, c'est l'in-
toxication par les matières putrides portées dans le torrent circulatoire,
intoxication dans laquelle le sang devient noir, visqueux, perd la faculté
de se coaguler et de redevenir rutilant à l'air.
Les organes dont l'altération modifie plus spécialement la c(miposition
chimique du sang sont c(»ux qui, comme le foie et la rate, influen-
cent normalement ce liquide, et ceux qui sont chargés des grandes fonc-
tions d'absorption et d'élimination. La cirrhose du foie est, dans des cir-
constances jusqu'ici mal déterminées, le point de départ d 'hémorrhagies
qui peuvent mettre en danger les jours du malade. Ces hémorrhagies, qui
ont leur siège plus spécial dans le domaine de la veine porte, se pi'odui-
senl encore dans les fosses nasales, au voisinage des plaies, ce qui prouve
bien qu'elles ne sont pas le simph» effet d'une gène mécanique. D'ailleurs,
j'ai depuis longlenjps n^niarqué qu'elles survenaient principalement
dîins les cas de cirrhose avec augmentation du volume du foie et alté-
ration des cellules hépatiques, et dans ceux où, par suite d'une atn»-
phie considérable, ces mêmes éléments se trouvaient secondairement
modifiés. Kffectivemenl la simple ohliléralion des voies biliaires soit piir
un calcul, soit par un kyste hydalique ou par une tumeur de la tête du
pancréas est généralement suivie, au bout d'un certain temps, d'hémor-
rhagies graves qui persistent jusqu'à la mort. Mais quelle est la gem*s<'
de ces hémorrhagies; sont-elles liées, comme le pensent certains auteurs, à
HÉMORRHAGIES. 573
un aiïaiblissement du cœur, à une atonie et à une mauvaise nutrition des
vaisseaux; ne sont-elles pas plutôt l'effet d'une altération du liquide san-
guin produite par la rétention biliaire? Cette dernière hypothèse, sans être
prouvée, paraît du moins très-vraisemblable; il resterait à chercher la
modification que subit le sang en pareille circonstance.
Certaines altérations de la rate et notamment Thyperplasie exagérée de
cet organe sont, dans quelques cas, accompagnées d'épistaxis, d'hémor-
rhagies gingivales ou intestinales, d'ecchymoses diverses, non par le fait
d'une simple coïncidence, mais en vertu d'un rapport de cause à effet dont
la nature échappe encore. De même leshémorrhagiessurvenantdanslecours
d'une leucémie splénique on ganglionnaire sont jusqu'à un certain point
subordonnées à l'étendue de l'altération des parties lésées; elles sont en
général disséminées sous forme de petits foyers ou détaches ecchymotiques
tant dans la profondeur qu'à la surface des organes. Quelques hémorrhagies
sontenfm liées à unealtération des reins, la néphrite épithéliale par exem-
ple, sans qu'il soit possible de les attribuer à une hypertrophie concomi-
tante du cœur, ou à une lésion appréciable des vaisseaux, mais seulement
à une modification du liquide sanguin déterminée par la rétention des ma-
tières excrémenlitielles de l'urine. Toutes ces hémorrhagies, en somme, ont
besoin de nouvelles recherches, si l'on veut avoir une connaissance exacte
de leur pathogénie ; cependant il ne parait pas contestable que l'altération
secondaire du sang ne joue un certain rôle dans leur production.
L'étude générale qui précède conduit à des déductions pratiques. Subor-
données à des causes et à des conditions pathogéniques diverses, les hé-
morrhagies doivent être différemment traitées. Ainsi le bromure de potas-
sium, utile contre les hémorrhagies nerveuses, est sans effet dans les hémor-
rhagies consécutives à une lésion artérielle ou à une altération du sang;
au contraire les styptiques et les astringents trouvent ici leur indication.
Bibliographie. — Gaspard, Journal de physiologie de Ma^endie^ 1822-24, t. Il et
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les maladies du foie {Arch. gén. de méd,, juin 1854). — Leudet, Remarques
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CHAPITRE IV
DES HYDKOPISIES
(»ii appelle liydropisiefdeu'î'wp, eau, el S\j;cç, aspect) un processus patho-
ogique non inflamnialoin», constitué par raccumulation, dans le paren-
chyme des organes, dans les interstices du tissu conjonctîf, ou à rinlé-
rieur des cavités séro-membraneusos, d'un liquide semblable au sérum
du sang. Le mol œdème ou œd/^matie est plus spécialement réservé à Tin*
filtration séreuse des mailles du tissu conjonctif; celui d'atiasa^que à
rhydropisie généralisée, celui d*ascùe à lepancheînent séreux du |»éri-
loine; celui d'/ujdtvthorax h Tépanchemenl séreux de la plèvre, et enfin
celui A' hydrocéphale à l'épanchement des cavités cérébrales,
L'accumulation |de sérosité qui constitue Thydropisie n'est on
somme que l'exagération d'un phénomène naturel, en vertu duquel
les cavités séreuses et les mailles du tissu conjonctif sont le siéj:**
d'une li*anssudalion qui enlrrlient leur humidité el facilite les niouvf^
ments des organes. Or, cette Iranssudation, en supposant normaux l«
instruments anatomiques qui Topèrent, est subordonnée à rintégrilé par-
faite des vaisseaux ou du li(|uide sanguin, au fonctionnement régulier du
système nerveux, rt par consé(|uent, en dehors de toute lésion des tissus
où s'accomplit c<' phénomène, un désordre matériel ou simplement func-
tioimel des vaisseaux, du sang on du système nerv(Mix suffit pour prodiiin'
rhydropisie. Ainsi le groupe des hydro})isies se divise naturellement
comme il suit :
1° llydropisies consécutives à un désordre mécanique de hi circula-
tion, ou hydropisies angiopathiques;
2' llydropisies consécutives à un désordre primitif du système nt*r-
veux, ou hydropisies névropathiqu(»s;
3° llydropisies consécutives à une altération du sang^ ou hjdropisi'^s
hémopathi(iues.
dette division n'<*st pas seulement physiologique, elle est encore p;illto-
géni(|ue en ce sens que les vaisseaux, le système n(*rveux et le Miif:
HYDROPISIES. 575
répondent diiïéremment à 1 action des agents niorbiliques ; de plus, elle
roncoixle avec la clinique, car, suivant qu'elle appartient à l'un ou à
Tautrc de ces groupes, Thydropisie n'a ni les m^mes caractères, ni la
même évolution.
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§ 1. — UYDROPISIES AN(;iOPATHI0UES, HYDROPISIES MÉCANIQUES.
Ces hydropisies, résultai ordinaire d'un obstacle au retour du sang vei*
neux vers le cœur, plus rarement de la lymphe, varient suivant le point
où siège cet obstacle. Tantôt locales, elles sont limitées à une porlioD
de membre, à un membre tout entier, aux membres inrérieurs ou
supérieurs, à une partie ou à la totalité du tronc, et enfin à une (Ni
plusieurs cavités séreuses. Tantôt générales, elles occupent à la fois
le tissu sous-cutané, les cavités séreuses et même le tissu conjoiictifdes
organes.
Les mailles du tissu conjonctif, autrement dit les lacunes lymphatiques,
sont le siège de la sérosité qui constitue Thydropisie. Celle-ci se dissipe
complètement en effet par l'intermédiaire des vaisseaux lymphatiques,
Cîir si, comme l'a montré Ludwig, on entoure d'un cordon la lèvre supé-
rieure d'un chien, celle-ci devient œdémateuse; mais si on enlève la
ligature et que l'on ouvre un hmphatique du cou, on voit la lymphe
s'écouler abondamnieut par ce vaisseau et l'œdème diminuer à vue d œil.
D'ailleurs il est facile de reconnaître que la prédisposition à l'œdèiwc
dépend des conditions qui détenninent le passage de la lymphe des
racines dans les troncs lymphatiques, c'est-à-dire de l'élasticité des
parois des espaces lymphatiques, de leur contractilité et de la rési-
stance que rencontre le liquide sur son parcours; c'est pour celte rai.soii
que l'hydropisie se manifeste d'abord dans les parties déclives, aux points
où le tissu conjonctif est le plus Iî\che, et qu'elle épargne î\ \yo\x pré*
complètement les tissus fibreux, condensés.
Les parties affectées d'hydropisie se tuméiient, distendent la [M'au qui
devi(nit liss<% luisante, senii-trans|)arenle, en conservant plus ou ni<Mns
longtemps l'impression du doigt. Les cavités sérensrs se distendent ft
s'agrandissent d'une façon quelquefois déniesurée; elles sont le siep=
d'une fluctuation manifeste. Sur une coupe, le tissu conjonctif, lâche,
œdéiuatiè, offre l'apparence d'une masse gélatineuse, transparente, trera-
HYDROPISIES. 577
blante, semée de tractus minces, dllots jaunâtres adipeux et de traînées
rouges vascuiaires. Mais si Ton isole un fragment de ce tissu, les faisceaux
conjonctifs distendus et les fibres élastiques se rétractent et chassent la
sérosité; ainsi s'explique la persistance de l'écoulement du liquide séreux
après la piqûre de la peau des hydropiques.
Examinés au microscope, ces faisceaux sont isolés les uns des autres,
les cellules qui les tapissent, ou cellules fixes du tissu conjonctif, sont glo-
buleuses et infiltrées de granulations réfringentes; les espaces qu'ils inter-
ceptent renferment la sérosité qui contient des globules lymphatiques
en quantité plus considérable qu'à l'état physiologique, et, dans quelques
cas, un petit nombre de globules rouges.Les cellules adipeuses sont
assez généralement modifiées ; leur proloplasma, dans les oedèmes ar-
tificiels, devient granulo-graisseux, en sorte qu'au lieu d'être formées par
une masse réfringente unique, ces cellules montrent tout autour de la
goutte de graisse centrale une couronne de granulations (Ranvier).
Dans les oedèmes prolongés , la gouttelette graisseuse centrale est
soumise à une sorte d'émulsion , elle se divise en petites gouttelettes et
subit une résorption partielle ou totale. Isolés au milieu de la sérosité,
les vaisseaux sanguins sont injectés, distendus par des leucocytes et des
hématies. Les membranes séreuses présentent des modifications peu
différentes de celles du tissu conjonctif; leurs vaisseaux sont distendus,
et les cellules endothéliaies qui tapissent la face interne de ces mem-
branes sont ordinairement infiltrées de granulations.
La sérosité ou produit de transsudation est un liquide incolore ou légè-.
rement jaunâtre, clair et transparent, d'une saveur fade ou un peu salée,
alcalin et d'un poids spécifique moindre que celui du sérum du sang. Ce
liquide renferme peu d'éléments solides ; toutefois on y rencontre, avec
des globules lymphatiques, des cellules endothéliaies altérées, des glo-
bules graisseux, des cristaux de cholestérine et plus rarement des glo-
bules rouges. Sa composition se rapproche du sérum du sang; il s'en
distingue toutefois par une plus forte proportion d'eau et une moins
grande quantité de parties solides, conformément aux expériences
de Graham, qui nous ont appris que les membranes animales sont plus
facilement traversées par les dissolutions salines et les matières extracUves
du sang que par les substances protéiques.
La composition chimique du liquide hydropique, loin d'être toujours
identique, varie non-seulement avec les conditions pathogéniques, mais
encore avec la nature des tissus filtrants, la pression artérielle, etc. Si
jusqu'ici il a été tenu compte de ces dernières conditions, on s'est peu
préoccupé des premières, qui cependant ne manquent pas d'importance,
LAMCEREAux. — Trailé a'Anat, paih. I. — 37
578 ANATOMIE PATHOLOGIQliE.
car il n est pas douteux que cette composition ne diffère suivant qoe l'ky-
dropisie est TefTet d'une gène circulatoire, d'un désordre nerveux ou dW
altération du liquide sanguin. On sait toutefois que les liquides épanchtt
à la suite d'une gène mécanique do la circulation renferment une qQ»
tité d*eau qui est évaluée à 950 ou 970 parties environ pour 1000, une quan-
tité d'albumine (serine et hydropisine) qui varie entre 8 et 25, peuoapK
de plasmine coagulable, mais des matières extractives en quantité variahk;
des graisses et des sels solubles, chlorure de sodium, carbonates, fb»
phates et sulfates à base de soude ou de potasse, dans des proportion
à peu près égales à celles où ils se rencontrent dans le sérum du saof,
parfois enGn du sucre. Cette composition^ qui rapproche la sérosité
hydropique de la composition du liquide céphalo-rachidien, est en ostir
soumise aux conditions diverses suivant lesquelles s'opère la transsodt-
tion. En elTet, la sérosité épanchée est d'autant plus riche en alhnmhif
que le passage du sang dans les capillaires est plus relardé; d'une put
l'obstruction des veines abdominales par des tumeurs volumineuses Amiie
lieu à la transsudation de liquides contenant une proportion d'albuminephis
forte que celle qui s'observe lorsque le cours du sang est entravé daosie»
mêmes vaisseaux par des obstacles mécaniques moins considmbies;
d'autre part, si chaque système de vaisseaux capillaires fournit une séro-
sité dont la richesse en albumine vai*ie peu, il n'en est pas de même det
divers systèmes, et les vaisseaux de la plèvre sont ceux qui laissent
échapper le plus d'albumine.
Subordonnée à une ^ène circulatoire, à l'augmentation de la tension du
sang dans le système vasculaire, et principalement dans le système vei-
neux, riiydropisie mécani(|ue a une durée variable, toujours en rapport
avec la durée de l'obstacle sous l'influence duquel elle s'est produite.
Par consé(|uent son pronostic est soumis à l'intensité et à la persistance
de cet obstacle.
KtioloQie et pathogénie. — Toute entrave ou gêne sérieuse apport*^
à la circulation veineuse est une cause habituelle d'hydropisie. Or.
cette cause agit tantôt à lextérieur du système vasculaire qu'elle com-
prime, tantôt à Tinlérieur de ce même système qu'elle obsliTie.
Les causes t»xtérieures aux vaisseaux sont les tumeurs de toute natuiv-
les produits inflaniniatoires situés au voisinage d'une veine importanlt-
ou comprimant un grand nombre de petits vaisseaux, l'utérus pendaDt
la grossesse, l'application d'une bande, d'un appareil ou d'un lien quel-
conque autour d'un membre, si une pression uniforme n'est pas exercé» *
sur toute la longueur de ce men)bre. Entièrement subordonné à la corn-
HYDROPISIES. 579
pression des vaisseaux, Toedème, dans ces conditions, disparaît dès que
cette compression vient à cesser. De cet ordre de causes on peut rapprocher
la diminution de la contractilité cardiaque ou artérielle suivie, dans cer-
tains cas, d*un oedème des extrémités (œdème par diminution de la vis
a tergo), et enfin la diminution de pression d'un organe sur une cavité,
comme dans Thydrocéphalie par atrophie du cerveau, ou dans la repro-
duction rapide d'un épanchement pleural ou péritonéal à la suite d'une
ihoracentèse ou d'une paracentèse (hydropisie ex vacuo).
Les causes qui exercent leur action à l'intérieur du système veineux
sont nombreuses ; ce sont les altérations diverses des parois des veines,
dilatation, rétrécissement, les tumeurs ou les concrétions sanguines qui
peuvent se produire à l'intérieur de ces vaisseaux, et les altérations
propres à gêner la circulation cardiaque (i). Toutes ces causes ont pour
caractère de déterminer des hydropisies d'une étendue proportionnelle au
volume et à l'importance du vaisseau obstrué. Ainsi, l'obstruction de la
veine crurale amène généralement l'infiltration œdémateuse du membre
inférieur correspondant, celle de la veine cave est suivie de l'hydropisie
des membres abdominaux, du scrotum et de la partie inférieure du tronc,
celle de la veine porte engendre Tascite ou hydropisie péritonéale ; de même
l'oblitération ou la compression de la veine cave supérieure donne lieu à un
œdème de la face, du cou, de la région supérieure du tronc et des
membres thoraciques, et enfin une gène considérable dans la circulation
du cœur est souvent une cause d'anasarque générale.
La production de l'œdème dans ces conditions est un fait à peu près
constant, conmie on le sait depuis les recherches cliniques du profes-
seur Bouillaud, et si dans quelques cas l'hydropisie fait défaut malgré
Tobstruction d'une veine importante (2), c'est qu'il existe des conditions
particulières de circulation collatérale, car pour un obstacle donné
l'hydropisie diminue ordinairement ou même disparaît au fur et à mesure
de l'élargissement des voies collatérales.
(i) Les affections cardiaques accompagnées d'hydropisie sont toutes ceUes qui
parviennent à modifier l'action du cœur droit. Cette modification est la condition
nécessaire à la production de l'hydropisie d'origine cardiaque, à part quelques
cas où celte hydropisie est l'effet d'un affaiblissement de la contractilité duTentricule
ganche et, par conséquent, d'une diminution de la vis a tergo. En effet, dans le rétré-
cissement et Tinsuffisancel mitrale, l'hydropisie n'a pas lieu tant que le Tentricule droit
peut faire équilibre à la tension du sang dans le système capillaire des poumons; elle
survient seulement au moment où cet équilibre n'est plus possible, par suite d'une
altération ventriculaire ou d'une insuffisance tricuspide.
(2) Voyes HaUetl^ On the collatéral circulation in cases of oblitération or obstruction
ofthe venae cavae {Edinburgh med,, and surg. Journal^ 18A8, t. LIX, p. 269).
580 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Les nombreuses anastomoses des radicules de la lymphe rendent très-
difficile rhydropisie locale par thrombose ou altération des ganglions et des
vaisseaux lymphatiques. Quant à Thydropisie générale consécutive à 1*00-
ciusion du canal thoracique, elle est aussi fort rare. Honro et Dupuytreo
n*ont pu produire de transsudation séreuse par la ligature de ce canal, d
très-souvent son oblitération n*a été suivie d'aucune trace d'œdteie
(Laennec, Andral, Oppolzer, etc.) ; mais comme dans quelques cas (Scheib,
Nasse, Virchow, etc.) cette oblitération a donné lieu à de Tanasaïque,
il reste à déterminer la condition de ces faits exceptionnels.
L'expérimentation concorde avec l'observation clinique pour montrer
rinfluence de Tobstruction veineuse dans la genèse des hydropisies.
R. Lower, après TinteiTuption du cours du sang dans les veines jugulaires
d'un chien, vit un épanchement séreux se former rapidement dans le
tissu cellulaire sous-cutané des parties situées au-dessus des ligatures.
Magendie, témoin de faits de même ordre, en a déduit cette règle : toute
cause qui rend plus forte la pression que supporte le sang, accroît l'exha-
lation. La production de Thydropisie en pareil cas tient à une transso-
dation qui, suivant les lois de la diffusion, s'effectue au niveau des capil-
laires dont la tension est augmentée. Effectivement, si un obstacle existe
au cours du sang dans une veine importante, ce n'est pas au niveau de
cet obstacle que débute l'œdème, mais bien dans le système capillaire
correspondant à cette veine; le même fait se vérifie dans l'anasarque d'o-
rigine cardiaque.
Il était acquis que la simple obstruction veineuse suffisait pour produire
rhydropisie, lorsque Ranvier communiqua en 1869 à l'Académie des
sciences le résultat d'expériences intéressantes qui parurent tout d'abord
devoir modifier l'opinion reçue et conduire à regarder comme néces-
saire l'intervention du système nerveux dans la genèse de l'oedème par
obstacle mécanique à la circulation veineuse. Répétant les expériences de
Lower, cet observateur ne constata aucun des résultats annoncés par le
médecin anglais ; mais, après avoir lié la veine cave inférieure sur un chien,
il eut ridée de couper le nerf sciatique d'un seul côté, et il vit alors se
développer rapidement un œdème considérable dans le membre corres-
pondant au nerf sciatique coupé, tandis que le membre du côté opposé
n'offrait pas la moindre apparence d'infiltration séreuse. Si, au lieu de
couper le nerf sciatique, il sectionnait les racines de ce nerf dans le canal
vertébral, aucune infiltration séreuse ne se produisait dans le membre
postérieur du côté intéressé, pas plus que dans le membre du côté opposé.
La section de la moelle épinière elle-même au-dessus du renflement lom-
baire, après la ligature de la veine cave inférieure dans l'abdomen, ne de-
HYDROPISIES. 581
termina aucune trace d'oedème. De ces faits Ranvier crut devoir conclure
qae Tinfluence exercée par la section du nerf sciatique sur la production
(ie Toedème n'est pas due à la paralysie du mouvement et du sentiment
dans le membre correspondant, mais bien à la paralysie vaso-motrice,
car si la section des racines du nerf sciatique et celle de la moelle lom-
baire ne favorisent pas l'apparition de l'œdème après ligature de la veine
cave inférieure, c'est que, dans ces opérations on ne coupe pas en travers,
comme dans les cas de section du nerf sciatique, toutes les libres vaso-
motrices destinées aux vaisseaux des membres inférieurs.
D'un autre côté, le même observateur, après avoir appliqué au canal de
Wharton un manomètre à mercure, éleclrise le nerf tympanico-lingual du
côté correspondant et constate qu'au bout de quelques minutes la colonne
de mercure s'élève à 20 centimètres, c'est-à-dire à une hauteur supérieure
à celle de la pression intra-artérielle ; puis, continuant Télectrisation, il
observe bientôt un gonflement œdémateux de la glande analogue à celui
des parotides dans les oreillons. Pendant ce temps la circulation, loin d'être
arrêtée, est plus active que dans l'état normal, car le sang veineux glan-
dulaire est rouge, d'où Ranvier conclut que si on peut produire Tœdème
en activant la circulation, ce n'est pas la stase sanguine qui détermine
l'oedème; puis, rapprochant cette dernière expérience des précédentes, il
en arrive à formuler la même loi que Magendie, à savoir que Yœdème
mécanique est le résultat de V augmentation de la tension du sang dans les
vaisseaux capillaires.
Cette formule est exacte, la production de l'œdème mécanique est
subordonnée à une élévation de la tension du sang dans les capillaires ;
mais l'intervention du système nerveux est-elle absolument nécessaire,
ou bien seulement favorable à cette élévation de tension dans les cas
de gêne circulatoire? tel est le point à décider. Or, les expériences de Ran-
vier, plusieurs fois répétées, ont été suivies, dans le plus grand nombre des
cas, des résultats indiqués parcetauteur, et par conséquent la simple liga-
ture de la veine fémoi*ale ou de la veine cave ne détermine habituellement
pas d'œdème (1). Mais s'il en est ainsi, c'est sans doute parce que la
ligature appliquée sur une veine n'interrompt le cours du sang qu'au
niveau du point où le vaisseau est serré, et laisse libres, contrairement à ce
qui se passe dans les cas d'obstruction pathologique, toute la partie infé-
rieure du vaisseau et les branches collatérales, et alors, grâce aux anasto-
moses si nombreuses qu'ont les veines entre elles, le sang veineux trouve
(1) Vulpian a observé un chien chez lequel il s'était produit un œdème du membre
inférieur après la simple ligature de la veine fémorale du coté correspondant.
582 ANATOMIE PATnOLOGIQUE.
des voies largement ouvertes par lesquelles il peut rentrer dans la Teine
liée, ou du moins arriver par des voies collatérales jusqu'au cœur. La preuve
que cette explication est exacte, c'est que des expériences récentes de
Straus et Duval, de Rott, ont montré que la ligature de plusieurs troncs
veineux suffit, sans la participation d'aucun nerf, pour provoquer l'appa-
rition d'un œdème plus ou moins étendu. Par conséquent l'influeiice
vaso-motrice n'est pas une condition nécessaire, mais seulement une con-
dition favorable à la production de l'œdème mécanique, qui peut se pio-
duirc sans elle. Cette cause agit un peu comme une ligature veineuse
surajoutée ; en dilatant les artères, elle augmente la masse et la pression
du sang dans les capillaires. Quelque chose de semblable se passe dans
l'œdème consécutif à une thrombose veineuse ; alors, en effet, l'affaiblis-
sement de la contractilité du cœur et des vaisseaux peut favoriser i'aoco-
mulation du sang dans les capillaires et la formation de l'oedème.
Bibliographie. — Richard Lower, Tractatus de corde y item de motu et colore
sanguinù et chyli in eitm transita. Londlni, cdit. quarta, 1680. Tra-
duct. française, Paris, 1679. — Haller, Elemvnta physiolofjiœ. . . Lausaniue,
1757, p. 183. — Hales, Hémostatique, p. 94. — J.-P. Frank, Traité de méd.
pratique^ Irad. franc, par Goudareau, 18/i2, t. II, p. 35. — Bouuxaud, Be
Vohlit, des veines^ et de son influence sur les hydropisies partielles {Arch. gén, et
méd,y 1823, t. Il, p. 188). — Obsei'v, et considérât, nouv. sur l'obL des veines^ rtf.
[Arch. de méd,, 182^, t. V, p. 9li), — Magendik, Précis élémentaire de physifh
loqie, 1825, t. Il, p. /i^i8. — Reynaud, Des obstacles à la circulation du sang dans
le tronc de la veine porte et de leurs effets anatom. et j^hysioL {Journal hebdotm-
daire, l. IV, p. 137, 1829). — Er. Blasius {Journ, des progrès ^ 1828, t. \II,
p. 102). — CoRiUN, De VoUit, des veines comme caiis^ d'œdéme ou iVhydropisir
partielle (Arvhiv, gén, de mèd., 1831). — E. Leudet, Recherckes anat. et clin.
sur les hydropisies consicntivcs à la fièvre typhoïde {Arch, gèn, de méd,, 1858,
t. II, p. /i07). — Th. Rott, Icbv:' die Enistehung vonŒdem (Berliner klin, Wo-
chnisclmftj 187^1, n° 9). — Alh. Rhociïin, Contribution à rhistoire des hydn^-
pistes. Thèse de Paris, 187/|. — Voyez do plus la Bibliographie générale, p. 575.
v^ 2. — HYDROPISIES NÉVUOPATHIOUES.
Nous appelons de ce nom les hydropisies qui surviennent sous Tin-
lluence d'un désordre du svslème nerveux.
Ordinairement partielles, ces hydropisies affectent de préférence les
membres, la face, les poumons ou quelque autre viscère. Elles sont en
rapport, non plus comme les hydropisies angiopalhiques, avec la distri-
bution des vaisseaux, mais bien avec la répartition du système neneuï et
loiTnentdes espèces de districts limitées à laterminaisoades branches ner-
HTDROPISIES. 583
yeuses, parfois hémiplégiques ou paraplégiques. Rarement ces lésions
s'étendent à tout le système conjonctif sous-cutané, à moins qu'elles ne
reconnaissent pour cause Taction subite du froid.
Le gonflement œdémateux est peu considérable, mais en général d'au-
tant plus prononcé, que le tissu conjonctif est plus lâche : aussi est-il
très-manifeste à la face dorsale des mains et des pieds lorsqu'il est à
peine appréciable dans la continuité des membres. Les parties œdé-
mateuses, loin d*étre toujours pâles et décolorées, sont parfois rouges ou
rosées ; dans quelques cas, elles présentent une élévation de température,
etsontdouloureusesoumémehyperesthésiées. Relativement fermes et élas-
tiques, elles conservent peu l'impression du doigt, et ne laissent échapper
qu'une faible quantité de sérosité lorsqu'on vient à y pratiquer une piqûre
ou une incision.
Les faisceaux du tissu conjonctif apparaissent, sous le champ du mi-
croscope, écartés par un liquide transparent, dans lequel nagent des
leucocytes avec leurs excroissances [sarcodiques et quelques globules
rouges du sang. Les cellules fixes de ce tissu sont ordinairement globu-
leuses et infiltrées de granulations réfringentes; les cellules adipeuses
présentent parfois de fines granulations, tandis que les vaisseaux capil-
laires, les artérioles et les veinules sont distendus par du sang et tapissés
à leur face interne d'une couche de globules blancs. La sérosité infiltrée
présente une composition chimique peudiflerente decelle du sérum du sang,
bien qu'elle contienne une plus grande quantité d'eau et une moindre pro-
portion de substances protéiques. En réalité, il serait nécessaire d'en faire
une analyse exacte, et de cette façon peut-être arriverait-on à reconnaître
que cette sérosité n'est pas chimiquement identique avec la sérosité des
autres genres d'hydropisie.
Subordonnée à l'influence du système ner\'eux, l'hydropisie névro-
pathique suit la marche des altérations de ce système. Toutefois ce n'est
pas instantanément, mais plutôt quelques jours après le désordre de Tinner-
vation que se montre l'œdème névropathique. Un individu frappé d'apo-
plexie ou de ramollissement cérébral ne présente tout d'abord rien d'anor-
mal dans les membres paralysés ; mais au bout de quelques jours il survient
une élévation de température, une coloration rosée et un gonflement
œdémateux plus ou moins prononcé, suivant le siège el l'étendue de la
lésion. Cet œdème, qui an*ecte spécialement les membres du côté para-
lysé et surtout le membre supérieur, se localise de préférence aux extré -
mités et principalement à la face dorsale de la main ; il diminue et tend à
disparaître au bout de quelques mois, vraisemblablement lorsque l'irrita-
tion déterminée par la présence du caillot sanguin ou du foyer de ramollis-
584 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
sèment vient à cesser, c'est-à-direau moment de la cicatrisation de œ foyer.
Les altérations de la moelle épinière produisent dans quelques cas un
œdème des membres inférieurs qui ne se comporte pas différemment, et
certains désordres nerveuK purement fonctiomiels sont parfois aussi suivis
d un (Bdèmc partiel. Mais, qu'elle soit développée sous Finfluence d'une lé-
sion matérielle ou d'un simple trouble fonctionnel du système nerveux,
rhydropisie né\Topathique cesse en même temps que le désordre qui la
provoquée, et en cela elle se distingue nettement de Thydropisie angîopi-
thique, qui est subordonnée à une modification première de la circulatioK.
C'est pour ce motif que nous avons dû séparer ces hydropisies, bien certaÎB
que cette séparation devra conduire à des résultats pratiques importants.
Étiologie et pathogénie. — Les causes éloignées de l'hydropisie névro-
pathique se confondent avec les causes qui viennent troubler le fonction-
nement du système nerveux ; ses causes prochaines sont des désordres
matériels ou simplement fonctionnels portant, les uns sur le système
nerveux périphérique, les autres sur le système nerveux central.
11 est aujourd'hui démontré que les contusions et les blessures des nerfs
sont fréquemment suivies d'un gonflement œdémateux de la région à
laquelle ils se distribuent. Mougeot a rassemblé plusieurs exemples deœ
genre dans sa thèse inaugurale, et Nicaise en a rapporté quelques autres
dépendant d'une paralysie traumatique du nerf radial. J'ai moi-même
observé, pendant mon clinicat à l'Hôtel-Dieu, un fait des plus remarquaUes
à ce point de vue. Un homme atteint de paralysie des extenseurs dr
l'avanl-bras droit, après une luxation qui avait contusionne» le plexus bra-
chial, présenta quelques jours plus tard à la face dorsale de la main, au
poignet et aux doigts, un œdème ferme, élastique, et néanmoins très-mar-
qué, accompagné de sensations douloureuses aux extrémités des doi^>
et d'une légère élévation de la température de la main. Cet œdème per-
sista pendant plusieurs mois pour disparaître totalement.
Indépendamment des lésions traumaliques, certains désordres maU:Tit'l>
ou simplement fonctionnels du système nerveux peuvent produire k-^
mêmes efl'ets. Herbert Mayo, cité par Longet (Traité de physiologie^ t. III.
p. 686), aurait constaté le gonflement œdémateux d'une moitié de la fao-
dans un cas d'altération du nerf trijumeau correspondant. Des oedèuh^
partiels sont quehjuefois observés chez les femmes hystériques en deho^
de toute altération du sang ou des vaisseaux ; semblables désordres \xr
sont pas très-rares chez les personnes qui font abus de boissons alcooliques.
Depuis plusieurs années, j'appelle l'attention de mes élèves sur les carac-
tères de ces désordres intimement liés à l'innervation vaso-motrice. Onli-
\
HYDROPISIES. 585
nairement localisé aux. extrémités et de préférence à la face dorsale des
pieds ou des mains, Toedème des alcooliques, faiblement coloré et assez
ferme, conserve peu l'impression du doigt. Il est en général accompagné de
troubles nerveux divers, tels que fourmillements, picotements, élance-
ments douloureux, hyperesthésie et élévation de température. Rarement
j'ai vu ce symptôme coexister avec des sueurs froides, Tanesthésie et
la cyanose des parties affectées ; quelquefois, aux avant-bras, il faisait
cortège à un certain degré de parésie des nerfs extenseurs. La coïncidence
du gonflement œdémateux du dos des mains avec la paralysie saturnine
des extenseurs des avant-bras a été signalée par Nicaise ; pour mon
compte; j'ai constaté l'existence d'un œdème des pieds chez une femme
qui n'avait ni albuminurie, ni affection cardiaque, mais qui, peu de temps
auparavant, avait subi un empoisonnement par la vapeur de charbon (1).
Un certain nombre d'œdèmes peuvent être rapprochés de ceux qui pré-
cèdent : c'est tout d'abord l'œdème concomitant de l'érythème pella-
greux qui, comme on le sait, s'observe quelquefois chez les alcooliques ;
ce sont ensuite les œdèmes de la goutte et de certains purpuras (2). Ces
œdèmes ont en effet pour caractère à peu près constant d'être accompa-
gnés de sensations douloureuses, indices d'un désordre manifeste du sys-
tème nerveux. Enfin les œdèmes intermittents qui se produisent dans le
cours d'une intoxication palustre paraissent également n'avoir d'autre
origine qu'un désordre du système nerveux (3), et peut-être devrait-on
encore ranger dans ce groupe les œdèmes consécutifs à l'absorption d'un
venin, celui de la vipère et du serpent, par exemple.
Certaines névralgies, et principalement celle du nerf trijumeau lors-
qu'elle est occasionnée par une carie dentaire, peuvent être accompagnées
d'une inflltration œdémateuse de la région qui en est le siège; cette infll-
tration, qui est ordinairement un phénomène connexe d'un certain
degré d'hypérémie, est parfois suivie d'un véritable état phlegmasique.
(1) Je viens d'observer uq œdème du dos des mains chez un homme qui pendant huit
jours avait été occupé à tourner une meule et avait fatigué outre mesure ses avant-bras.
(2) Quelques substances toxiques ou médicamenteuses ont la propriété de développer
des œdèmes qui, le plus souvent, paraissent sous la dépendance du système nerveux.
L'étude de ces œdèmes serait d'un grand intérêt; je me contenterai de signaler celui
qui, dans certains cas, se produit aux paupières à la suite de l'administration de
riodure de potassium, l'œdème de la face plusieurs fois observé par moi chez des
malades qui, en ville, s'étaient appliqué un emplâtre dit de thapsia sur la poitrine,
enfin l'œdème de la face et du cou, rencontré par Duarte {Gaceta medica de Grenada,
vP 38, 1869-70), chez les individus qui respirent la poussière de canne à sucre.
(3) Voyez Griesinger, Traité des maladies infectueuseSt trad. franc, par Lemattre,
p. 59, Paris, 1868.
586 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
L'œdème consécutir à Taction du froid, en raison de la rapidité de
son apparition et de sa marche, rentre vraisemblablement ausii dm
la catégorie des œdèmes névropathiques; cependant la pathologie toi-
jours obscure de cette affection ne permet pas jusqu'ici de la considé*
rer, sans quelque témérité, comme simplement liée à un désordre ds
système nerveux.
Les altérations du grand sympathique ou de ses foyers d'origine pefr
vent devenir, comme celles des nerfs sensitifs et des nerfs mixtes, le point
de départ d œdèmes localisés. Ces œdèmes affectent non«seulement le tisn
conjonctif sous-cutané, mais encore le tissu conjonctif des visoëRS.
Leur étude expérimentale a été commencée par Brown-Séquard, CI. Bag-
nard etSchiff; leur étude clinique reste à faire. En voici un exemple inté-
ressant: Une dame de ma clientèle, peu de temps après un refroidissemat
survenu pendant le cours d'une sueur, fut prise de douleurs intenses
dans les épaules et la continuité des membres supérieurs, puis d'u
œdème de ces membres, surtout marqué à la face dorsale des mains. Cd
œdème ayant disparu au bout de cinq à six mois en môme temps que
les douleurs, notre malade fut prise trois mois plus tard, dans toute
la face et la partie supérieure du cou, d'un gonflement oedémateux
et de douleurs intolérables exacerbantes avec chaque battement
cardiaque ; puis à ces symptômes s'ajouta une salivation continuelle,
opiniâtre , et enfin une teinte jaunâtre éphélique de Tépiderme des
joues. Deux à trois mois plus tard, ces accidents, traités comme les
premiers par l'emploi de la morphine, disparaissaient complètement; les
douleurs si vives de la face et de la tête cessèrent tout d abord, en
même temps ([ue l'œdème qui leur faisait cortège, et enfin la salivation
survenue en dernier lieu, après avoir persisté pendant quelque temps. Or,
dans ce fait, qui est pourainsi dire une reproduction des expériences prati-
quées sur le grand sympathique, il est difficile de ne pas reconnaître un
désordre fonctionnel ou matériel de ce nerf(l). D'ailleurs ce n'est [las
seulement quand ce nerf est altéré que l'on voit apparaître de l'œdème;
ce phénomène se produit encore lorsque les centres nerveux sont eui-
mômes modifiés. Il est commun d'observer une infiltration œdémateuse
des membres inférieurs dans la para[)légie liée à la compression, et sur-
tout à des lésions profondes de la moelle épinière. L'œdème dans ces
conditions est, du moins à son début, assez généralement associé à un cer-
(1) Brown-Si'quard a \u de l'œdème se développer, chez des cobayes, dans un de*
poumoas, lorsqu'il lésait sans le détruire le ganglion tlioraciquc supérieur du cùtë
correspondant.
HYDROPISIES. 587
tain degré d'élévation de la température. De même, l'hémiplégie consécu-
tive à une altération des ganglions cérébraux, tels que les corps striés et
surtout la couche optique, est régulièrement accompagnée au bout de quel-
ques jours d'un gonflement œdémateux qui occupe de préférence les
extrémités et le membre supérieur. Telles sont les principales circon-
stances où se rencontrent les hydropisies névropathiques ; il reste à nous
rendre compte du mécanisme de ces hydropisies.
De même que tous les phénomènes subordonnés à une influence ner-
veuse, les hydropisies sont tantôt directes, tantôt réflexes. Elles sont
directes quand^ à la suite de la contusion ou de la blessure d'un nerf, elles
se limitent aux parties excitées par ce nerf, comme nous en avons cité plus
haut des exemples, et quand elles surviennent dans les parties paralysées
par l'altération des centres nerveux. Au contraire, elles sont réflexes lors-
que le gonflement oedémateux se produit dans une région qui n'a pas
de relation directe avec le rameau nerveux lésé. C'est le cas d'un malade
observé par Ilamilton (Mougeot, obs. XV), et qui, à la suite de la cica-
trisation d'une blessure faite avec la pointe d'un couteau à la partie
moyenne de la face antérieure et du bord interne du pouce, vit appa-
raître à la paume et au dos de la main une tuméfaction douloureuse,
d'abord pâle, ensuite rouge, qui dura plus de deux mois. C'est à ce
second mode que semblent encore se rattacher les œdèmes névralgiques,
du moins si l'on s'en rapporte aux expériences de Schiff (1), qui aurait sou-
vent constaté une dilatation réflexe durable des vaisseaux et une fluxion
cedémateuse à la suite de l'irritation prolongée des nerfs sensibles d'un
membre.
La condition nécessaire à la production des hydropisies réflexes est évi-
demment l'excitation plus ou moins prolongée des éléments nerveux, car
si Ton vient à détruire ces éléments ou à interrompre leur communication
avec les tissus, l'œdème n'a plus lieu. Ranvier a, du reste, montré que
rhydropisie nerveuse peut être un phénomène actif, puisqu'il est parvenu
à produire l'œdème de la glande sous-maxillaire en électrisant pendant
plusieurs heures le nerf tympanico-lingual correspondant. En pareil cas,
la circulation, loin de s'arrêter, continue; elle devient plus active que
dans l'état normal, ce que prouve la coloration du sang veineux glandu-
laire qui reste rouge. Ainsi il n'est pas douteux qu'il n'y ait des œdèmes
névropathiques qui soient le fait d'une dilatation active et de l'aug-
mentation de la tension du sang dans les vaisseaux. Mais n'existe-t-il pas
aussi des œdèmes produits par l'affaiblissement du tonus vasculaire, et
(1) SchifT, Leçons sur fa physiologie de la digestion, t. II, p. 213.
588 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
les œdèmes directs ne devraient-ils pas rentrer dans ce groupe ? L'afiî-
blissement des nerfs vaso-constricteurs, en amenant la dilatation des
petits vaisseaux munis d une tunique musculaire, entraînerait, dans œtt»
hypothèse, la réplétion des vaisseaux capillaires et une diminution dek
vis a tergoy d'où la stase du sang veineux et l'élévation de la presaioi
sanguine dans les capillaires et les veinules. Cette explication, admiie
par quelques auteurs, entre autres le professeur Vulpian, nous puik
acceptable ; mais en somme elle est moins bien prouvée que la précédente.
Bibliographie. — Portal, Observcd. surla nature et le traitement de Vhydrûptm^
p. 162. Paris, \S2U- — Budge et Waller, Recherches sur le syst. nervcu.
Weimar, 1851. — Thomas Laycock, De Vin/luence de certains centres nerwB
sur la production des hydropisies {The Lancet, 13 mai 1865^ anal, dans la Gk.
hebd, de mCd. et de chirurg., 1865, p. U^i). — Remak, CEsterr, ZeitsM/t
f, prakt, Ileilkunde, 1866, n® /Ï8. — Mougeot, Rech, sur quelques troMes et
nutrition consécutifs aux altér, des nerfs. Thèse de Paris^ 1867. — L. Raxtid,
Recherches expérimentales sur la production de V œdème (Comptes rendu ii
V Académie des sciences, 20 décembre 1869). — Vezeaux de Lavergne, Êtsè
critique sur la pathogénie des hydropisies aiguës a frigore, sans albumimtrk.
Thèse de Paris, 1873, n" 221. — Louradoux-Ponteil, Étude sur VêtûAoçk
et la pathogénie des hydropisies a frigore, sans albuminurie. Thèse de Paris,
1873. — Nicaise, Du gonflement du dos des maim chez les saUtni»
(Gaz. méd, de Paris, 1868, p. 281, 292, 583). — Le môme, Dm gonflemnt
du dos de la main consécutif à la paralysie traumatique du nerf radial ((ku
méd. de Pains, 1873, p. ^58). — A. Vulpian, Lcfwis sur V appareil w»-
moteur, t. II, p. 596. Paris, 1875.
§ 3. ~ HYDROPISIES HÉMOPATHIQUES.
Sous cette dénomination sont comprises les hydropisies qui ont pour
condition génératrice l'altération du liquide sanguin.
Relativement fréquentes et le plus souvent généralisées, ces hydropisies
apparaissent tout d'abord dans les points où le lissu conjonclif est Ir
plus lâche: les paupières, le scrotum, les grandes lèvres; plus tard,
elles se manifestent dans le reste de l'organisme. Les parties affectées,
pâles, décolorées et semi-lransparentes, molles ou pâteuses, présentent
une tuméfaction souvent considérable et qui conserve facilement lim-
pression du doigt. Au microscope, elles offrent des caractèn»s peu
différents de ceux que nous connaissons, avec cette particularité que la
sérosité qui infiltre les mailles du tissu conjonctif ne ivnfemie en gêné
rai aucun globule rouge et fort peu de globules blancs. Claire, limpide,
presque toujours alcaline et moins dense que le sérum du sang, celte
sérosité contient une beaucoup plus forte proportion d'eau que ce dernier.
HTDROPISIBS.
589
Dans un cas d*albuminurie analysé par Heller, elle renfermait environ 97
pour 100 d'eau, tandis que, dans le sérum défibriné, la proportion des ma-
tériaux solides s'élève à près de 9 pour 100, dont 8 pour 100 d'albumine.
Cette différence qui distingue le liquide hydropique du sérum sanguin
est constante, mais n'existe pas toujours au même degré. Elle tient d'une
part à la paroi vasculaire qui ne laisse passer que les éléments dissous du
sérum, et d'autre part à la capacité exosmotique des vaisseaux qui varie
pour les diverses substances et dans les différents systèmes de capillaires.
A ce point de vue, Talbumine (serine et hydropisine), qui forme la plus
grande partie du transsudat hydropique, est la substance qui présente
les plus grandes variations. Si nous faisons appel aux analyses qui ont
été faites par plusieurs auteurs dans des affections comparables, la maladie
de Bright par exemple, nous trouverons que C. Schmidt place, sous le
rapport de la richesse en albumine, le liquide de la cavité pleurale en
* première ligne, puis celui de la cavité péritonéale, et enfin le liquide
du tissu conjonctif sous-cutané. Hoppe a trouvé des rapports semblables ;
toutefois. Becquerel et Rodier ont obtenu des résultats un peu différents,
comme l'indique le tableau suivant :
Sérosité de la plèvre
— du péritoine
— du tissu conjonctif
sous-cutané ....
C. SCHMIOT
HOPPE.
BECQUEREL et RODIER
Albumine.
2.85 o/o
1,13
0,36
Albumine.
2,78
1,61
0,36
Albumine.
0,836 Vo
1,188
0,538
-
Ces chiffres prouvent néanmoins que les proportions d'albumine varient
dans les divers épanchements d'un même hydropique ; mais ce n'est pas
là, du reste, la seule variation propre à l'albumine : on a pu s'assurer que
la richesse. de cette substance diminue lorsque le sang devient plus pauvre
en albumine, comme dans les dernières périodes de la maladie de Bright,
et qu'elle augmente avec l'âge de l'épanchement, parce qu'une portion de
l'eau et des sels est reprise par absorption.
Les matières extractives, par contre, sont plus abondantes dans la séro-
sité des hydropisies que dans le sérum normal (Lehmann). La sérosité
transsudée des albuminuriques renferme généralement une plus forte pro-
portion d'urée, et quelquefois des matières ammoniacales. Les matières
590 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
grasses sapdnifiables ou saponifiées y sont également en plus grutl
abondance, et leur proportion varie encore avec le système ctpiUiiRé
s'opère la transsudation; du moins, on a reconnu que lestnmssriÉ
des capillaires des tuniques du cerveau, de la plèvre et du méseDlèfe^iV^
renferment peu. La cholestérine est relativement abondante, 8ait(Nitèir
Thydrocèle, Thydropéricarde, et principalement dans les transsniUBil
anciennes, qui en contiennent parfois des quantités considérables. Le i
a été également rencontré dans la sérosité des malades affectés létl
minurie. Bock a trouvé 0,04 pour 100 de cette substance dans uoaifcj
maladie de Bright ; mais il reconnaît que cette substance n'est ptsi
stantc^ sans qu'il lui soit possible de donner la raison de sa piéseaeei
de son absence. En résumé, les principes qui composent la sâPOsiléfel|
hydropisies dépendantes d'une altération du sang ne diffèrent gfink\
sérum de ce liquide que par une moindre proportion des principes oi|h{
niques, ce qui est un effet de la dialyse.
L'hydropisie hémopathiquc à une marche lente et progressive,
durée généralement longue et un pronostic toujours grave. Ellesefii'l
tingue de l'hydropisie nerveuse et aussi de l'hydropisie consécutive à
obstruction veineuse ou hydropisie mécanique, par son début imh'
parties les plus lâches du tissu conjonctif, par une extension et unefâS*
ralisation rapides, enfin par la décoloration plus ou moins prononcéeèEi
téguments, par l'absence de tout rapport avec les nerfs et les vaisseaL
Étiologie et pat/iogénie, — Les causes de l'hydropisie héraopalhi(|*
influencent directement ou indirectement le liquide sanguin. Celles (pi
exercent une action directe sur le sang sont une alimentation mauvaise»
insuffisante, des hémorrhagies répétées et abondantes. Il est reconnu q».
pendant les époques de misère et de disette, l'hydropisie règne quelquett
dune façon pour ainsi dire épidéraique. Grégoire de Tours (1) rapports
qu'en l'année 586 une grande famine désola presque toutes les Gaufes:
« Beaucoup de gens firent du pain avec des pépins de raisin, des fleoB
d'aveline et des racines de fougère desséchées et réduites en poudre, ony
mêlait un peu de farine ; d'autres firent de même avec du blé encore T*it^
il y en eut même beaucoup qui, manquant absolument de farine, cueil-
laient différentes herbes; quand ils en avaient mangé, ils enflaierf
et ne tardaient pas à mourir. » Gaspard a observé une véritable épKl^
mie d'hydropisie, pendant la famine de 1817, dans l'est et le centivik
(1) Grëg^oire de Tours et Frédégaire, Histoire des Francs, trad. de (luiiot. l '•
livre vu, p. 464, in-12, ëdit. de A. Jacohs.
HYDROPISIES. 59 1
la France. Les habitants qui mangeaient Therbedes champs présentèrent
de Tanasarque sans ascite et sans trace de lésion organique du foie ou
des autres viscères abdominaux. Cet état dura jusqu a la moisson de 1817
et disparut par le retour de bons aliments; certains individus conser-
vèrent de l'œdème pendant plusieurs mois et même plusieurs années.
L'hydropisie qui se produit pendant le cours du scorbut semble avoir aussi
son origine dans une modification du liquide sanguin, subordonnée à une
alimentation défectueuse. L'œdème qui survient parfois aux membres
inférieurs dans la convalescence des maladies aiguës de longue durée
n'est-il pas également, du moins dans certains cas, l'effet d'une ali-
mentation insuffisante? Ce qui semblerait le prouver, c'est que cet
œdème était plus fréquent autrefois qu aujoui*d'hui, où la diète est avec
raison beaucoup moins sévère.
Les hémorrhagies dans le cours desquelles s'observe l'hydropisie ne
sont pas celles qui se manifestent avec le plus de violence, mais celles dont
le retour est le plus fréquent, comme les flux [hémorrhoîdaux. Les sup-
purations prolongées, les flux diarrhéiques ou dysentériques, peuvent
fluissi entraîner à leur suite une hydropisie plus ou moins marquée;
mais fréquenmient on constate alors une dégénérescence albuminoîde
des vaisseaux et une augmentation de la tension intravasculaire.
Les affections organiques qui ont pour effet plus spécial de modifier
la composition du liquide sanguin sont celles qui intéressent les reins, et
dans quelques cas aussi le foie ou la rate. La plupart des lésions rénales
avec albuminurie, celles surtout qui portent sur l'épithélium des tubuli,
mmi de ce nombre. Ainsi les néphrites dites parenchymateuses, la stéatose
des épithéliums du rein, ont pour cortège ordinaire une anasarque
considérable; au contraire, les néphrites dites interstitielles ne pré-
sentent en général pas trace d'œdème, du moins dans les premières
|diases de leur évolution.
Indépendamment de la ciiThose, qui donne lieu à un épanchement péri-
tonéal mécanique, la stéatose du foie est ordinairement accompagnée
d*ane anasarque plus ou moins générale, lorsque le parenchyme de cet
oi^ne est devenu moins dense que l'eau ; c'est un fait que j*ai signalé
autrefois, après l'avoir constaté â plusieurs reprises. L'altération de la
rate parait être dans quelques cas une cause d'hydropisie, autant peut-être
par suite d'un obstacle à la circulation que d'une modification du sang.
Souvent du reste, les altérations de ces deux organes se combinent et
agissent simultanément dans la production de l'hydropisie.
Telles sont les principales causes de l'hydropisie hémopathique. Mais
quel est le mode d'action de ces causes dans la production de cet impor-
592 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
tant sjTnptôme ? En d'autres termes, quelle est la modification do sau
génératrice de l'hydropisie? La solution de cette question est tout entier
du ressort de la chimie pathologique; malheureusement cette branche i
la science médicale est jusqu'ici trop peu avancée pour nous renseiper
d'une façon positive. I^es analyses chimiques nous apprennent à la ?érik
que, dans l'hydropisie brightique, l'albumine est en moindre proportki
dans le sang, et que, par suite, la quantité d'eau est augmentée. Bet-
querel et Kodier, dans onze casd'hydropisieaigué, dontneursans allnni-
nurie, ont également constaté la diminution de l'albumine du sang; fa
autre côté, Andral s'est assuré que l'albumine du sérum du sang éUitcs
moindre proportion dans la cachexie avec infiltration séreuse des Ms
ovines, malgré la non-déperdition de cette substance par les uiiies.
Partant de ces données. Becquerel et Rodier admettent que l'hiibo-
pisie commence à apparaître lorsque le sang ne contient plus q»
67 parties d albumine pour 1000. Mais ces recherches, quelque préci»
qu'elles soient, ne prouvent pas que l'hydropisie soit uniquement bie
à la déperdition de l'albumine du sérum sanguin, car, dans un puà
nombre de cas d'albuminurie, comme, par exemple, dans la forme Ai
mal de Bright, désignée par nous sous le nom de néphrite conjonctive /n^
liférative (néphrite interstitielle des auteurs}^ l'anasarque fait le plus sou-
vent défaut, malgré l'albuminurie, et cela pendant des années.
Une autre condition que la diminution de la proportion de lalbamiD^
du sérum sanguin paraît donc nécessaire à la genèse de l'hydropL*
hémopathique. Cette condition serait-elle l'exagération de la propor-
tion d'eau contenue normalement dans le sang? A voir ce qui se pasî^
chez les albuminuriques, l'augmentation de l'eau dans le sangnesenil
pas sans action sur le symptôme hydropisie, car c'est précisément cha
les individus qui rendent le moins d'urine que l'œdème albuminuriqv
survient le plus rapidement, et qu'il est le plus persistant. Effective-
ment, dans la néphrite épithéliale, où les urines sont toujours raiVN
l'hydropisie est très-marquée, tandis qu'elle est nulle ou très-faible daih
la néphrite interstitielle, où l'urine est abondante. Ainsi il y a lanid'
croire qu'un excès d'eau dans le sang doit favoriser la productiun é*
l'hydropisie. Mais cette circonstance, qui nécessairement augmente i*
tension du sang dans les vaisseaux, peut-elle suffire à la genèse de et
symptôme? La chose est difficile à affirmer. D'une part, on rencontn» d^^
individus ayant tous les signes de l'hydrémie, et qui ne sont pasa-dén»-
liés; d'autre part, les animaux auxquels on injecte une grande (Jum-
tité d'eau offrent bien parfois de l'œdème du foie, de la rate W(/r
poumons, mais ils ne présentent ni infiltration œdémateuse du ^^^
QÏDROPISiES.
conjoneUr sous-cutané, ni épaticheinent dans les cavités séreuses du tho-
rax ou de l'abdomen (Cl. Dernoi'd, Lebert). Peut-tïU-e alors esl-il néces-
saire, comme le prétend Hialhe, qu'un certain degré d'allératiou de l'al-
bumine vienne s'ajouter à l'influence déterminée par l'exagération de ta
quantité d'eau contenue dans le sang.
Reconnaissons, on terminant, que s'il est des cas où l'hydropisie est
uniquement sous la dépendanced'un obstacle circulatoire, d'un désordre
nerveux ou d'une altération du sang, quelquefois aussi cet état pathologique
est amené par plusieurs de ces conditions réunies. Mais chacune de ces
conditions est loin d'avoir une influence égale, et parlant les hydropisies
ne peuvent être comhallues toutes de la même fai,'on. Il importe, eu
summe, de tenir compte de la pathogénie dans la thérapeutique des
cedèraes et de l'anasaque, aussi bien que dans le traitement des hyper-
4.*inies et des hémorrhagies.
BiBLirisBAPriE. — B. GiSPAnn, E/fats des aliments végftmtx kerbnds sur l'ico-
nomie himnine {Journal dt pliysiùloQÎe expérimentale de Hagendie, 1821, 1. I.
p. 2S7). — Macendik. Le^ns sur les phénomènes physiques de la vie, I. I.
p. 109. Paris, 1837. — Bright, Report on medieal cases. London. 1827. — Le
même, C<tsesand observât. {Guy's Hospitat reports, 1836). — Helleb, Patholog.
l'Itemie des Morhus Brightii {Archiv (. Phj/siol. Pathol. CItemie wid Microstu/iie,
IS/i/i. t. Il, p. ISA). — Cl. Dehnadd, fiyection d' eau dans k système naseulaire da
■ hien [Comptes rendus de la Soc. de biologie, 1869, et G as. méd., p. 98, 1850).
— Leseht, Note sur l'hydropisie produite artificieUement cfie; les unimtuai (Ibid.,
p. 172). — C. Uevilliehs et J. Rggnauud, Reclierches sur les hydropinies chat lus
femmes ejiceintes {Archives gén. de méd., juillet 1818). — Mialhe, De l'albu-
mine et de ses divers états [Union médicale, juillet 1852 ; eili-aît, Paris, 1852).
— Dbivon, Recherches sur l'analyse chimique et la composition des si'rositfs.
Uonipelliet-, 1869. — GevocHiN, Analyse de sérosités d'mtème et d'ascile duns
neasdt maladie de Bright (Gaz. mid., 187S, p. 258). — Vovei de plus la
hliographie gtaérale, p. 375.
LucnEAVX. — Traite d
CHAPITRE IV
THROMBOSES ET EMBOLIES.
La dénomination de thrombose s applique à l'obstruction sur place d'uo
point quelconque du système circulatoire par une concrétion sanguine on
un corps étranger quelconque ; celle H embolie est réservée à robstrucUoa
qui résulte de la migration de concrétions ou de masses de toute nature
dans le même système. Le mot thrombose est donc un terme général qui
embrasse toutes les obstructions vasculaires, tandis que le mol embolie,
au contraire, est un terme restreint qui désigne Tune des conséquences
possibles de la thrombose. Pareillement, on appelle thrombus le caillot oa
le corps étranger qui reste dans le point où il a pris naissance, et embolus
le thrombus détaché et entraîné par le courant sanguin loin de son siège
originel.
La connaissance de la thrombose ne pouvait échapper aux premiers
observateurs qui cherchèrent dans le cadavre la raison des désordres
constatés chez l'hoinme vivant. Bartholin (1), Bontius (2), au xvii* si^Vle:
Haller, Morgagiii au xmii% et depuis lors un grand nombre d'auteurs ont
rapporté des faits d'obstruction veineuse. Pourtant, c'est la thrombose car-
diaque qui, après la découverte de la circulation, fixa tout d'abord
l'attention des premiers analomo-pathologisles. Observées dès le xvi* siècle,
décrites plus tard, au xvii* siècle, sous la dénomination de polypt*sdu
cœur, les concrétions fibrineuses cardiaques ont été l'objet de nombreux
mémoires et de nombreuses controverses. En eiïet, tandis que certains
auteurs, avec Riolan, rangeaient ces concrétions polypcuses ])arnii N's
afl'ections les plus communes, d'autres, avec Kerckring, souteiiaienl
(jue le sang ne pouvait se coaguler dans les vaisseaux durant la vie, cl
que les prétendus polypes du cœur n'étaient autre chose que des caillots
développés pendant l'agonie ou après la mort. Th. Bonet (3) s'éleva conln'
ces vues exclusives en cherchant à montrer la différence des caillots n'-
cents cadavéricjues et des caillots anciens, les uns blanchâtres, denses.
(i) Obs\ Anal, cent. H, Hist. 35.
(2) Bontius, De Med. Indorum Observ.^ p. 251, 1652.
(3) Bonet, Sepulchretum, Geneva», edit. II, 1700, p. 530, lib. II, sect. I, obs. CIX.
\
THROMBOSES ET EMBOLIES. 595
résistants, riches en fibrine, les autres rouges, mollasses, et d'apparence
cruorique ; toutefois, il ne s'en tint pas là, car il ajoute : « Pour peu que
ces polypes (caillots anciens) soient fragiles, le courant sanguin peut les
arracher et les entraîner, soit dans le système aortîque vers le cerveau,
soit dans Tartère pulmonaire. Ainsi, la doctrine de lembolie se présenta
naturellement à Tesprit des observateurs au courant des connaissances phy •
siologiques, et c est avec raison qu'on a pu regarder cette doctrine comme
une conséquence médiate de la grande découverte de Harvey. D ailleurs,
en 168i!i, William Gould (1), dans un travail sur les concrétions poly-
penses du cœur, avançait que les fragments de ces concrétions pouvaient
bien quelquefois être propulsés dans l'arbre artériel, oblitérer les vais-
seaux et suspendre le travail de la nutrition dans les parties correspon-
dantes. Le passage suivant, extrait de Y Histoire de V Académie royale des
sciences de Paris, année 170ii, indique bien la croyance générale des
médecins de cette époque : « De petits corps blancs et mollasses, qui
paraissent souvent dans les saignées à l'ouverture de la veine, qui em-
pêchent le cours du sang, et que les chirurgiens prennent pour de petits
morceaux de graisse, et, quand ils sont assez longs, pour des vers, pour-
raient, selon la conjecture de M. Lemery, n'être que des parcelles de
quelque polype, qui se seraient rompues et auraient coulé avec le sang, » Sem-
blable opinion se retrouve encore dans plusieurs écrits du dernier siècle,
mais tous les auteurs sont loin d'y attacher la même importance (2).
Aussi, pour avoir une idée nette du phénomène de l'embolie, c'est
dans les œuvi'es de Van Swieten qu'il faut la chercher. Il résulte de plu-
sieurs observations, écrit le célèbre commentateur de Boerhaave,
que des polypes naissent quelquefois sur les colonnes charnues du
cœur, qu'ensuite ils en sont accidentellement séparés et chassés avec le
sang, soit dans l'artère pulmonaire, soit dans l'aorte et ses gros rameaux
qu'ils rétrécissent considérablement et qu'ils bouchent en entier. .. Lorsque
des masses polypeuses coagulées dans la grande cavité du cœur droit
sont poussées dans l'artère pulmonaire, c'en est fait de la vie. Ce médecin
célèbre ne signale pas seulement l'existence des embolies artérielles et des
embolies veineuses (3), il institue encore des expériences (li) dans le but
(1) W. Gould, Philosophkal Transact.,i(}7S, et 1684, vol. XIV, p. 22.
(2) Sauvages (t. II, p. 363, édit. franc., Paris, 4775) s'applique à réfuter Tapo-
plexie polypeuse, qu'il dit avoir été ^atuitement imaginée par Boerhaave. — Consultez
Gohl, Ex neglectis hceniorrhoidihus polypi cordis, etc. Berlin, 1710.
(3) Parlant des concrétions polypeuses, qu'il regarde comme des causes d'apoplexie.
Van Swieten écrit : <f Pluribus observationibus constitit polypos illos quandoque adnasci
cordis columnis cameis. » Aphorùm. in commenfar, Boerhaavii, etc., t. III, p. 259.
(4) Van Swieten, Aphorism, in comment. Bœrkaavii, t. I, p. 164.
596 ANATOMIE PATBOLOGIOCE,
d'en donner la démon stra lion rigoureuse, el lait connaître les (Mins^qiienm
plus ou moins fâcheuses des unes (1) et des autres (2) ; puis, fort de s»
expériences, il prévient des dangers qui peuvent résulter de l'applicslitn
d'un styptique puissant aux blessures qui intéressent de lotgos Iroi»
veineux. Ainsi Van Swieten comprenait toute l'importance i]e la mij^ralion
des caillots ou des concrétions sanguines, et envisageait l'embolie mhu
toutes ses faces. Cependant la docirine de l'embolie ne devait pas tw
sildt acceptée, malgré l'accurauJation d'éléments pouvant déjà servir a &■
solution délinitive.
Dans la première moitié de ce siècle, l'obstruction des vaisseaux va-
neux fixa tout particulièrement l'attention des obsei-vateurs l«s plus dit-
tiugués, tels que Bouillaud, Velpeau, Davis, Itobert Lee, Gruveilhicr,
Douchut, etc. Les obstructions artérielles furent étudiées par Dupar-
tren, Itoche, Alibcrt; les concrétions fibrineuses du cœur devinnnl
l'objet de recherches nouvelles de In part de Leroux. Lliiuillaod,
Andral, etc.; les obsti-uclions de l'artère pulmonaire furent observées
par Baron, Paget; celles des sinus de la dm-e-mère, par Toiinelé d
quelques autres médecins. Plusieurs auteurs, et notamment Legrom.
Bouillaud, Cruveilhier, Viclor François, n'étudient pas seulement ki
concrétions Tonnées sur place, ils admettent encore la possibilité d'un
déplacement el d'un transport de parcelles fibrineuses dans le sysUm»
cintulaloire; mais c'est principalement Virchon' qui vint ressusciter h
doctrine de l'embolie et l'appuvcr sur de nouvelles preuves, A l'exoD-
pie de Van Swiclen, cet anatomo-palhulogtsle eut pnncipalcinenl ncom
à l'expérimentation pour i-emettre en lumière cette doctrine uujount'hii
déhuitivement acceptée. Des fragments de caoutchouc qu'il introdniiil
dansles veines jugulaires ou fémorales d'animaux furent retrouvé» dans
l'artèrepulmonaire. (tonlilsobslruaicnt les diverses branches. Ces expé-
riences répétées donnèrent toujours les mêmes résultais, et comioe d'm
aulre côté l'observation clinique montmil que des concrétions fibriiwitMt
lie l'artère pulmonaire avaient parfois des caractères pemicUAnt éi
croire qu'elles s'étaient funuées dans les veines, il arri^'a à '
au déplacement de ces concrétions et à leur transport par le
circulatoire.
Virchow(3) reconnut de ]dus qu'un semblable dépincomeiit pouvailarair
lieu dans le système artériel, mais il étudia moins cette dernière qneslim
qui fut plus tard définitivement élucidée, d'abord par les ubscrvatiODf de
(I) Van SwiiUn, Aphoriim., I. 1, p. 166.
(i) Iileni. .IpW'tnn., I. I, p. 106 el «uiv. ; el plu» loin, t. Itl. p. SS9.
(3) r/iriimhote el Embolie, etc. Gesnmmclle Ahlmndtiin^cn ; Friukfurt, I K5a.
TDilOMBOSES ET EMBOLIES. 597
Seohouse-Kîrkes (1 ), puis par nos recherches clJniques(2 ), et eosuite pnr les
ux(iêrien<%s de Panum, de Prevosl et Colard. Le mérite de ces derniers
auteurs est d'avoir founii la preuve expérimentale de l'esislence des em-
tx^ies artérielles; le nùtre est d'avoir fait une étude clinique complète
des embolies cérébrale, splénique et rénale, d'avoir montré la simi-
litude, dans les divers organes, des lésions consécutives aux obstructions
artérielles, et fait connalti'e leur nature elleurcvolution. Jusqu'à notre tra-
vail, rinfarclus était considéré comme un dépdl Bbrineux et non comme
une portion d'organe en voie de nécrose, et les phases qu'il subît étaient
entièrement méconnues. C'est en étudiant le ramollissement cérébral par
oblitération artérielle que nous sommes arrivé à faire des ramollissements
roti^, jaune el blanc non pas trois lésions distinctes, mais les phases suc-
cessives d'un même processus. Le rapprochement que nous Hmes du ra-
mollissement el des inrarctus viscéraux nous conduisit à reconnaître que
ces lésions avaient même origine et même évolution.
Nous voyons par cet exposé que la question des embolies est double,
comme la circulation, et que les phénomènesqui résultent du déplacement
des concrétions sanguines sont fort différents, suivant que ce déplacement
a lieu dans le système veineux ou dans le système artériel. En consé-
quence, nous étudierons successivement les thromboses et les embolies
du système veineux, les thromboses et les embolies du système artériel,
ics thromboses et les eml>olies du système capillaire. Mais auparavant
nous dirons quelques mots des coagulations sanguines formées après la
mort, car la connaissance insufhsante de leurs caractères conduit
quelques esprits à douter encore de la doctrine de la thrombose et de
l'embolie.
DE L"ÉT,\T nu S*KC DASS LE CtEUIl ET LES VAISSEAUX APRÈS LA MORT.
Lorsque la mort a lieu, le sang, à cause du retrait des vaisseaux arté-
riels el veineux, se porte aux deux extrémités du système circulalojre,
dans les capillaires et dans le cœur. Or, l'état de ce liquide ayant été fort
peu étudié dans les capillaires, nous nous oamperons principalement dns
l'arRCtèrrs du sang renfermé dans le cœur et les gros vaisseaux.
Abandonné de la vie, le sang contenu dans le système circulatoire no
M Scnbouie-EitkM. Jfn/, chirtirg. Tmiitael., l. XXXV, p. 381.
(2) E. Lanrereaui, De la thrombose el lie femliolie (éiébraiei contiitirétt prÙKipa-
'niait dam leur» rappwlt avec U ramoUmanfiil ilu crriieau. Thèic de Parii, 1862.
598 ànatomib pathologique.
se comporte pas absolument comme s*il était à [l'air libre on dans une
palette ; les phénomènes de sa coagulation sont en somme très-omiplexes.
Maintenu au contact des parois vasculaires, il reste liquide penâul
quelque temps s'il n'est préalablement altéré, et dans certaines ctreon-
stances il offre, à l'ouverture du cadavre, des caractères physiques pea
diiïérents de ceux de l'état normal. Quelquefois ce liquide est noir, gnh
meleux ou poisseux, ou bien il présente des coagulums mi-partie cmo-
riques, mi-partie (ibrineux; d autres fois, enfin, le cœur est rempli de
concrétions fermes et fibrineuses se prolongeant jusque dans les gros
vaisseaux qu'elles obstruent. Ainsi peuvent être rapportés à un petit
nombre de types les différents états du sang après la mort.
La connaissance de ces étals, effets de conditions diverses soit dans k
composition chimique du liquide sanguin, soit dans le genre de mort,
importe à la fois au pathologiste qu'elle éclaire sur la cause et la nature
des concrétions sanguines^ et au médecin légiste qu'elle met à même de
discerner des genres de mort parfois très-dissemblables. Aussi nous a-t-il
paru nécessaire d'en donner un aperçu rapide avant de passer à l'étude de
la thrombose et de l'embolie.
L — Le sang renfermé dans les cavités cardiaques conserve sa fluidité,
il offre une coloration à peu près normale, brunâtre ou noire à gauche,
d'un rouge sombre à droite. Il est en petite quantité, plus abondant dans
les cavités droites que dans les cavités gauches, qui peuvent être presque
entièrement vides. Au contact de l'air, ce sang rougit et se coagule plu5
ou moins complètement, en sorte que ses propriétés physiques soûl peu
différentes de celles du sang qui vient d'être extrait de la veine d'an in-
dividu sain.
Cet état se rencontre ordinairement chez los personnes mortes subi-
tement, à la suite d'une chute d'un lieu élevé, d'une forte contusion à
la région de Testomac, d'une vive émotion et en général d'une syncope.
Il résulte vraisemblablement de l'intégi'ité du liquide sanguin au nï(>-
ment de la mort et de la persistance de son contact avec les parois vas-
culaires. Quant à la vacuité incomplète des cavités cardiaques, elle
semble prouver que la mort a eu lieu à la fin de la systole ou au coin-
mencement de la diastole. Mais ([ue Tair vienne à s'introduire dans la
circulation, le sang, d'abord fluide, ne tarde pas à se coaguler.
II. — Le sang est abondant dans les cavités cardiaques ; à droite, i'
remplit presque totalement ces cavités ; à gauche, il est en moindre quan-
tité, parfois le ventricule est presque vide. D'une coloration tout à fait
L TDltOMUOSEâ ET ElinOl.IES, 5H9
"Uoire, ce liquide conserve rarement toute sa lluidilé; en général, il forme
une maliÈre gnimeleuso, molle, analogue à de la gelée de groseille. Un li-
quide noir, peu ou pas coagulé, dislend les vaisseaux veineux qui viennent
s'aboucher dans le cœur droit; aussi le foie et les principaux organes de
l'abdomen sont-ils fortement congestionnés ; le cœur lui-même est sou-
vent distendu. Placé au contact de l'air, le sang rougit à la surface et reste
»ir dans la profondeur de sa masse.
Ces caractères sont propres au sang des individus morts lentement et
défaut d'oxygène. Que l'asphyxie ait lieu par sulToralionou par stran-
^lation, qu'elle soit l'effet d'un désordre grave du système nerveux ou de
toute autre circonstance, comme l'ac^umulalion de mucosités dans les
bronches, une altération de la circulation, on observe ce mfime état du
sang, pourvu qu'il n'existe aucun travail phlegmasique local.
Dans d'autres circonstances, le sang rencontré dans le cœur après la
mort est fluide ou à peine coagulé, exempt de eoncrélions fibrineuses. De
teinte noire sépia, poisseux ou visqueux, et parfois analogue h de la mé-
lasse, il est peu ou pas iniluencé par la présence de l'air, comme si les
hématies avaient entièrement perdu le pouvoir de fixer l'oxygène. Les
parois vasculaires ont une teinte vineuse due, sans doute, à riniillratioD
de la matière colorante du globule sanguin qui tend à se décomposer.
Cet êlat, l'un des plus graves que puisse présenter le liquide san-
guin, s'observe dans les lièvres malignes, et uolamment dans la variole
hémurrhagique, la scarlatine, la diphtbérie, la lièvre typhoïde, etc. Il se
rencontre encore dans le scorbut, l'iclère grave, dans les maladies pyémi-
ques ou septicémïques, et dans un grand nombre d'intoxications aiguës
ou chroniques (sels minéraux, narcotiques, alcooliques, piqi'ire de ser-
pents) ; on le trouve enfin chez les individus foudroyés, chez ceux qui ont
succombé à un excès de tempérnlure el dans plusieurs aul'-es drcon-
HfiUnces,
^^tll. — Le sang, presque liitalemeiit coagulé, laisse voir des caillots noii-s
«ïgrisfllres, mi-partie cruonques, mi-partie (ibrineux, généralement plus
volumineux dans le cœur droit que dans le cœur gauche, ("es caillots,
inégaux et irréguliers, ont des caractères assez semblables à ceux du
ssng extrait pendant la vie et refroidi dans une palette. Ils présentent
lieux portions distinctes, l'une située h la parlie déclive, noire el mollasse,
l'autre occupant la partie opposée, ferme, blancliùtnr. lihrineuse, plus
ou moins épaisse suivaul les cas. Peu ou pas modelés sur les parois
des organes, ces caillots constituent des masses sans forme déterminée,
tlans le cœur, el qui se proluTigenl rarement dans les raïs-
-800 .AHATOMIE PÀlHOLObtQtlE.
MtiOC adjacents. En raison de leur rormeet de leur analogie avw
aiUotds la laignéeO)! ces coa^culatious' paraissent sv former aprte U
fiDOTt ou du moins dans tes derniers instants de la vie, au moment Ae
l'agonie, dès que l'impulsion cardiaque commence à faiblir. Elles »oai
l'expression d'une modification du liquide sanguin plus voisine de IVui
normal que celle qui est caractérisée par un sang noir et Buide. ¥,n pan-ii
cas, en effet, le contenu du cœur conserve la propriété de se colorer oi
ide se coaguler à peu près de la même Façon que le san^ normal.
lies maladies auxquelles appartient cet état du sang sont eitr^meiiKol
Bombreuses; elles ont poui' caractère commun la présence d'un processu
(1) Le- méMBlme de It Coagulnlioa du Mttg hors det vniiseitiii n'eit pu own
conon Juqn'lci qne le* conditiong physique; ou chimiques qui dëtenniDcnl c<lli
CMSol*^o°- Ani^ tel théories qui (endcnl à l'eipliquïr loat'-clliM des ptni «oc-
brrolM.
D fut d'tbord idniii qne li. coa^latton du mag eilrnil de U veine étiil l'eDït^U
prtenu d'ane inlittaiiGe albuminoïilp, la librine, qui ne peut reiler à l'élut àr iIîh-
laUoii tp.'k caDdlUon de ttirt partie du stng en circulation dsni le corpi «iii.nl. Ait
M eo«cnl« dèi que le liqnide esl sorti des TBissenux. Mais des recherche* plut modnM
ont menlré qne ce phéoomi'ne est nioiua limple fl que les parties albumiooida li
phmu tu^n ne pement être considôrdei comme TonnÉei uniquement d'albnBiK
rt de fUtrine, En effet, mliant Dénia de Commerc;, les malières albuminoidn H
plume, qtii forment 7> pertiei tur 1000 de ceUe porlion du wag, «ereient cotopM
ilo S3 putlet de •{rine et de 3G parties de pletmine en diuolulion dini 931 ptrli*
d'eta. Or, ta plaunine arliBci elle ment séparée du sanf; est «oluble dans l'on, nôin
bout de quelques minules elle se sépire en deui parties, l'une qui se ctmcnle /î"
3 partiel), c'i:st la platmine ajoguinbie, l'autre qui reste eu solution (23 k 21 partinl.
t'est la platmine loluble. Pour Al. Scbmidl, la coagulation du ung lerail due niuf*
à l'action d'une substance tpantnncnicnt congulsblc, mais i aatmalière fibrinagn'V'
fe transformerait en fibriae nu contact d'une substance particutièrn fibrina-plailif
contenue dans les globules saji(-uins. Après la sortie du nang det Taisieeui, leegliMa
rangttlas (ubUteat un léger di'gri.- d'altération, ils eiaudent la matière fibriao-pbstl^
qui n'est peut-être que la glabuline. dont l'action sur la matière fJbrini^tne donneli*
11 une combinaison insoluble, qui n'est aulre que la Cbrinc cooguli^e; ainsi, U SM*
sernlt noD une suttstance coogulnble, mais bien une substance coagulée. Réumm'i'-
Mathieu et Urbain ont attribué la coagulation de le fibrine à le combinaiMw d« )'m><>
' carbonique cédé par le* globules rouges eitraïaaéi Mec l'une dei matièret ■!•*
minoldcs du plasma ; mais déji Gautier a montré que le plasma légèrement Mlé, ni><
par nn courant d'acide carbonique, saturé peu à peu de gaz, agile, laissé au repos, ■>
lionne lieu i aucun coagulum, qu'au contraire il laffirait de l'étendre d'eau p**''
voir se prendre en masse. En somme, te mécanisme suivant lequel le etng le cm|^
spontanément hors des vaieieaui nous échappe encore, et plus loin nous verraw C
la coagulation spontanée dans les vaisstaui n'est pas mieux connue. Quant à U («■(*-
labilile du sang après la mort, elle nous parait particulièrement subordonnée tvi ■•■'
fications que l'état morbide Taitiubir à ce liquide, puisque, suivant Glénaid, le Maf"
te coagule pas au contact de ta paroi vaiculaire qui le renferme, n celte pu«s ■"
foint altérée.
J
THROMBOSES ET EMBOLIES. 601
inflammatoire localisé dans un ou plusieurs organes, et c'est vraisembla*
blement ce processus qui modifie le liquide sanguin et lui imprime son
cachet.
IV. — Le sang rencontré après la mort se présente enfin sous la forme
de caillots fibrineux, solides, résistants, moulés sur les cavités qui le ren-
ferment. Le cœur droit est renflé, et, lorsqu'on vient à l'ouvrir, on constate
qu'il contient des coagulums blancs ou jaunAtres, élastiques, malléables,
et qui consistent surtout en fibrine concrète, à l'état fibrillaire, enserrant
un petit nombre de globules, surtout des globules blancs. Ces caillots occu-
pent à la fois l'oreillette et le ventricule, d'où ils envoient des prolonge-
ments dans les vaisseaux adjacents (voyez mon Atlas (Tanaiomie patholo-
gique, pi. XIX, fig. h). Aplatis et enchevêtrés dans les colonnes charnues
au niveau des ventricules, ils deviennent cylindriques dans les vaisseaux
artériels et présentent sur leur trajet le moule des valvules sigmoîdes.
Dans l'oreillette, ces coagulums offrent des stries transversales produites
par les colonnes charnues et sont quelquefois noirâtres ou cruoriques à
leur partie déclive. Le ventricule gauche renferme moins souvent que le
droit des concrétions de ce genre; celles-ci du reste, n'étant pas toujours
entièrement fibrineuses, sont en général moins fermes que celles du ven-
tricule droit et parfois baignées par un sang liquide. En même temps il
n'est pas rare de trouver dans les gros vaisseaux, et principalement dans
les sinus de la dure-mère, des caillots cylindriques amincis à leurs extré-
mités, blanchâtres, fermes et élastiques, d'une longueur de plusieurs cen-
timètres, ce qui les a fait prendre quelquefois pour des vers.
La question de savoir si ces concrétions se sont formées avant ou après
la mort ne serait pas tranchée, suivant certains auteurs. Cependant, si on
tient compte de leur foime et de leur composition histologique, on ne
peut douter qu'elles ne se soient produites durant la vie. Effectivement, si
elles s'étaient formées après la mort, elles ne pourraient porter l'empreinte
des valvules qui alors s'affaissent et s'appliquent à la paroi artérielle, et
d'un autre côté les globules sanguins n'y feraient pas aussi complètement
défaut. Au contraire, il est facile de comprendre que pendant la vie et dans
des conditions spéciales, le cœur et les artères pouvant exercer sur le
liquide sanguin une action analogue à celle d'une baguette avec laquelle
on le fouetterait, la fibrine se sépare seule, se coagule et forme des concré-
tions élastiques. Cette manière de voir est d'ailleurs confirmée par l'obser-
vation clinique, car les individus chez lesquels se rencontrent ces con-
crétions présentent ordinairement, dans les derniers jours de leur exis-
tence, un ensemble de phénomènes tout particuliers. Dyspnée croissante.
•602 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
anxiété exti'ôme, cyanose et lividité delà face, distension des veines jngp-
laires, petitesse et irrégularité du pouls, intermittences cardiaques, elpo^
fois syncopes, tels sont ces phénomènes indicateurs d'une mort à comte
-échéance.
Les conditions pathologiques qui président à la formation des conaé*
lions cardiaques seraient, d'après nos recherches personnelles, assez Tt-
riables, puisque les maladies dans lesquelles nous les avons rencontréei
•ont été, par ordre de fréquence :
Phthisies pulmoDaires, compliquées de pneumonie ou de pleurésie. 43
Pneumonies 7
Affections cardiaques ou valvulaircs 5
Broncho-pneumonies * à
Rhumatismes articulaires compliqués de pneumonies 2
Varioles compliquées 2
Diphthéries compliquées 2
Fièvres puerpérales 2
Erysipèle 1
Brûlure et pourriture d'hôpital 1
39
De cette énuinération il résulte que la genèse de c^s concrétions est
^subordonnée à deux conditions spéciales : en premier lieu une maladie
^iguë, en second lieu un désordre local du cœur ou des poumons; remai-
quons en outre que les maladies qui y prédisposent le plus ont une ori-
gine infeclueuse ou seplique.
Tels sont les principaux étals que présente le sang peu après la mort.
Ces étals, dont la description repose uniquement sur une obser\'ati(Mi
personnelle, mériteraient sans aucun doute une élude plus approfondie.
Celle qui précède aura tout au moins l'avantage de nous servir de
terme de comparaison pour distinguer les thromboses et les embolies
des caillots qui se forment un peu avant ou au moment de la mort.
Bibliographie. — Milne-Edwards, Leçons sur la physioloyie ^ etc. Paris,
1857, p. itiU, — Benjamin Ward Hichardson, The cause of the coagiilatv>fi of
the blood, London, 1858, avec bibliographie. — Cl. Behnaro, Leçons star les
liquides de V organisme, t. I, p. h\\ el/i39. Paris, 1859. — Denis de Commerct,
Mémoire sur lesuwj, Paris, 1859. — BrOcke, Ueber die Ursachvn der Geritmwtg
des Blutes (Archiv fur path. Anat, und Physiol., t. XI!, 1857). — Al. Scumidt,
ibid,, 1861, p. 565; 1862, p. ii2S cl 533. —Lister, On coagulation of the blood
{Lancetj 1863, t. 11). — Germain Sée, Du sang et des anémies. Paris, 1866.
— Ch. Robin, Leçons sur les humeurs, 2* cdit. Paris, 187/4, p. 186. — E. Lan-
^ntEAUX, Atlas dauitomie pathologique, Paris, 1871, p. 182. — Mathiei-
THHOMBOSES ET EMBOLIES. 603
«t Urbain, Causes et mécanisme de la œagulation du sang et des principales
matières albuminoides. Paris, 4875. — A. Gauthier, Sur la production de la
fibrine du sang {Comptes rendus Acad, des sciences, 31 mare 1875). — F. Glé-
NARD, Contribution à Vétude des causes de la coagulation spontanée du sang.
Thèse de Paris, 1875.
§ 1. — THROMBOSES ET EMBOLIES DU SYSTÈME CIRCULATOIRE A SANG NOIR.
THROMBOSES ET EMBOLIES VEINEUSES.
Le système circulatoire à sang noir s'étend des capillaires généraux
41UX capillaires des poumons, et, comme tel, il comprend les ramifications
et les troncs veineux, le cœur droit, Tarière pulmonaire et ses branches ;
il a pour dépendance le système porte qui, né des capillaires de l'intestin,
va aboutir aux capillaires du foie. Chacun de ces systèmes peut être
affecté de thrombose et d'embolie; mais le grand système veineux général
i'St beaucoup plus prédisposé à ces lésions que le système porte. Nous
examinerons tout d'abord les thromboses de ces systèmes; viendront
ensuite les embolies, qui sont, par rapport aux thromboses, des phéno-
mènes purement contingents.
I. — Thromboses veineuses.
• Les thromboses veineuses, c'est-à-dire les coagulations du sang pen-
•dant la vie à Tintérieur du système vasculaire à sang noir, sont des
phénomènes communs et variables selon les circonstances qui leur
Hlonnent naissance. Elles se groupent naturellement sous deux chefs,
suivant qu'elles sont l'effet d'un état général de cachexie ou de marasme,
ou qu'elles sont soumises à l'influence d'une cause locale mécani(|uo
ou pathologique.
1* Les thromboses cachectiques ou marasliques sont des épiphénomènes
propres à un certain nombre de maladies dans le cours desquelles le
rsang subit des modifications encore indéterminées. Une pareille subor-
•dinalion semblerait indiquer que ces thromboses sont des accidents
purement fortuits; il n'en est rien, et, de même que tous les phéno-
mènes morbides, elles sont soumises à des lois incontestables. Effective-
ment ces thromboses ne se produisent pas, comme on le croit assez
généralement, dans tous les points du système veineux : elles ne se ren-
-contrent jamais primitivement dans les petites veines, et les plus grosses
-en sont ordinairement exemptes. Les régions où elles prennent nais-
«sance sont invariablement celles de la partie supérieure des membres et
de la base du crâne. Les vaisseaux où elles se rencontrent sont, aux
6Qk ANATOHIE PATaOLOGtQOB.
membres inrérieurs, les veines Témorales dans la partie située au-dessos
des fémoi'ales prorondes, plus rarement les veines iliaques et les s^bioei
internes; aux membres supérieurs, les veines axîllaîres; dans le etbte,
les sinus de la dure-mère. Or, si l'on remarque que ces vaisseam
sont précisément situés au niveau des points où tes parois des Tetna
cessentd'adhérerauxtoilesJikreusÊS du voisinage, et par conséquent U «i
la force d'aspiration thoracique tend à diminuer et à disparaître, ou airin
à celte conclusion que la coagulation spontanée du sang est régiepir
une ioi purement physique, que nous énoncerons comme il suit : la
thromboses marasligua se . produisent toujowi au niveau dea potnft oit k
liquide sanguin a le plus de tendance à la itcae, c'est-à-dire à la limai
d'action des forces d'impidsion cardiaque el d'aspiration thoracique (1).
L'exactitude de cette loi est coi'roboréc par ce fait, que la veine fémonle
gauche, moins influencée que la droite, en raison de sa direction et dt
ses rapports, par la foive d'aspiration thoracique, est celle qui neuf Tob
sur dis se trouve primitivement atteinte de thrombose. Elle l'est encoR
par cet autre fait, depuis longtemps signalé par nous, que la coagulatiao
sanguine commence toujours ou au niveau d'un éperon, ou dans un toi
valvulaire, autrement dit là où le sang a te plus de tendance à la slsst^
Lorsqu'il a son origine au niveau d'un éperon, le thrombus est toot
d'abord une coagulation sanguine très-faible, qui s'accrott peu k peupir
Ldépdts successifs (fig. 195). Dans ces coD'
ditions, il revêt ta forme d'une pjTamidt
qui a sa base libre et son sommet adhé-
rent à l'éperon, quelquefois aussi cellr
d'un cylindre dont une partie se pro-
longe dans le vaisseau collatéral, et
l'autre partie dans le vaisseau principal
Le thrombus qui prend naissance aa
^' niveau d'une valvule se comporte an
peu diiîcremment. C'est tout d'ab«il
un coagulum sanguin de trës-pctilci
dimensions, occupant la profondeurdu
nid valvulaire, et qui, par suite du dé-
pi'it de nouvelles couches, remplit bim-
vilé interceptée par la valvule et la paroi, se prolonge sur cette
C. 195. —
L'o
Ërieure de
U veine cas
fermant u
llirombus
i»ara»tiquc
la division
de
«rl-iT"o
furmé par
lu (demi-
grandeur).
tilt In <
(t) CcUo loi a l'tû énoncée par nous des l'année 1862, dans une communication à U
Société médicale des hopitaui ; vo]'. Gazelle hebdumadaire de mtdeciae «t dt dti i rjit,
isea, p. 238.
1
THHdMIlOSES ET EMBOLIES. 605
rfpmi'rc du crtté dii cœur seulement, se soude parfois à un caillot développé
diins les valvules situées immédtnlemenl au-dessus, et aa|aierl ainsi peu h'
peu une lon^eurde plusieurs centimètres (fi^. 196). Ajnutons que, par sa
présence et l'obstruction rasculuire qu'il détermine,
ce thrombus peut être à son lour l'occasion d'un«' coa-
gulation sanguine, ou thrombus secondaire, s'éten-
danl vers l'eitrémité du vaisseau éloignée du avuv.
Moulé sur la paroi vasculaire, le thrombus
parti d'un nid valvutaire s'étend en général dans
les veines collatérales. De même que le thrombus t
développé au niveau d'un éperon, il arrive rare-
ment à occuper tout le calibre du vaisseau, et
semble ne pluss'aocroitre au bout d'uncerlain temps,
lin le voit i-evètir ordinairement une forme spé-
ciale importante à connaître, et sur laquelle je crois
avoir insisté le premier [voy. Compta rendus de la
Société de biologie et Gazette médiale de Part"», [
1861, |i. ôîiO). De ses deux estrémités, l'inrérieure
offre le moule d'un ou de deui goussets vasculaires,
la supérieure, au contraire, est arrondie ou couolde,
et s'il a des dimensions un peu considérables, il est vulâire duiu iici
commun d'observer sur sa partie moyenne des '""'pfcinie.
empreintes de valvules Hsses et très-nettes. L'une de ses faces, colle
qui repose sur la paroi, est jaunAtre ou marbrée, parfois semée de fines
stries transversales ; l'autre, ordinairement libre, baign«'!cpar le sang, est
brunâtre et grenue (fi!;. 196). Situé dans de gros vaisseaux, ce Ihiximbus
peut atteindre une longueur de plusieurs centimètres, et, s'il se développe
un peu rapidement, il est facilement emporté avant d'avoir aïeuls des
adhérences solides et transporté dans le cœur et l'artère pulmonaire, où
il peut devenir la cause de désordres gi-aveg. Ainsi se comporte le throm-
bus qui pre.nd naissance dans un vaisseau principal.
Lorsqu'il commence dans les nidsvalvulaires d'un vaisseau secondaire,
comme la veine saphène interne, la fémorale pmfonde, te thrombus obstrue
d'abordccs vaisseaux; puis, en grandissant, il se prolonge dans le vaisseau
principal, qu'il ne remplit jamais qu'incomplètement. De la sorte, il n'in-
tercepte pas le courant sanguin, et se trouve ainsi dans les conditions de
pouvoir être déplacé et de produire une embolie (ftg. 197). Cylindrique,
d'une longueur qui peut être de plusieurs centimètres, celte partie prolon-
gée, nécessairement liattue |>ar le courant sanguin, présente mie extré-
mité ordinairement libre, conuïde, quelquefois un peu renflée en forme
606 ANàTOHIE PATB01.0GIQDB.
de télé de serpent. Loin de se modifier par un dépAt successïr de cowèc*
iîbrineuses, cette disposition est pour ainsi dire constante au bout fn
certain temps. Elle constitue en quelque sorte la période d'état de cette
variété de ihiombose. Plus tard, le thrombus se modifie, subit peo à pei
une métamorphose régre^ive. semnol-
lit spontanément comme nous le dims
bientôt, et c'est alors que la partie pn-
longée dans le vaisseau principal Uai
à se désagréger partiellement, si eUt
n'est emportée tout d'un bloc.
Ces caractères appartiennent spéeii-
lemenl au thrombus des veines de h
racine des membres inrérieurs. Dans ks
a>Liliaires, le coagulum débute encore le
plus souvent dans les nids valvulaira,
s'allonge ensuite peu à peu, et ne diffin
pas sensiblement du thrombus des féimh
■aies. Il n'en est pas de même des throB-
tms des sinus de la dure-mère ; plats os
Fir.. VJl. — a, veine fémorale Iriangulaires.lissesougrenus, ils ne pié-
fQuclie i l'intérieur de laquelle sentent jamais d'empreintes valvulaires,
se prolongent dei caillais nés , ., . i .- .
dans les veines saphène tiiteine niais il est juste de dire que, VU lenr
et fémorale profonde. mreté et la difficulté de leur déplace-
ment, ils prédisposent peu ou pas à l'embolie. Tels sont les caractères
des dilTércnts thrombus; ajoutons qu'à l'aulopsieces thrombus sont ordi-
nairement entourés de caillots cruorîques mous et récents, formés au mo-
ment de la mort par la coagulntioii du sang en présence de la concn:lion
ancienne, dont il est Tacite de les séparer, llistologiquement, ils soDt
composés de leucocytes, d'hématies et d'une faible quantité de fibrine.
Au fur et ii mesure de son accroissemonl, le thrombus devient pour la
paroi veineuse un corps étranger qui rirriteeti'entlamme. EfTectiveracnt,
si l'on examine cette paroi au niveau d'un caillot même récent, on remar-
que d'abord la tuméfaction des endothéliums, et plus tard l'apparition,
vraisemblablement aux dépens des mêmes éléments, sinon de ceux du
tissu coiijonctif sous-jaceni, de cellules embryonnaires dont le déve-
loppement constitue en lin de compte une membrane conjonctive qni,
après avoir joué un rôle actif dans la résorption de la concrétion, peut
disparaître plus ou moins complètement. ^laîs en même temps que o*
travail a lieu au niveau de la paroi, il s'en fuit un autre dans l'épaisseur
même du thrombus.
THROMBOSES ET EMBOLIES, 607
3e coagnlum, consUtué par une portion du sang, se modilie, ainsi qu'il
iTP pour toutes les substances {iroléiques qui cessent de prendre pnrt
c échanges moléculaires, et cette modification consiste en une transfor-
ition ^nuleuse ahoutissani en dernier lieu îi une véritable émulsion
tisseuse. F.fTectiveraent, si dès l'abord ie thrombus maraslique se trouve
islituc par dos leucocytes et des hématies Irès-reeonnaissables, plustai'd
i éléments deviennent granuleux ou granulo-fn^isscux, se dissocient,
ta masse coagulée se ramollit en général du centre à la circonférence.
ns ces conditions, le thrombus se creuse d'une véritable cavité dans
[uelle on trouve une matière pulpeuse, lie do vin ou blanchâtre, de
isistance variable, parfois liquide, et toujours inférieure à celle des
rties périphériques. Au microscope, ootlc substance ramollie apparaît
Tuée de granulations liln-es, prolêiques ou graisseuses, au milieu dcs-
eîles se rencontrent, dans quelques cas rares, des cristaux d'héma-
dine. Ainsi transformé, le caillot fibrineux peut être facilement
Aire, s'il n'est intimement adhérent dans toute son étendue ; sa partie
Pt est emportée par le courant sanguin qui l'entraîne jusque dans les
inehes de l'artère pulmonaire. Quand, au contraire, le thrombus reste
r place, il se trouve peu h peu résorbé h l'élal d'émulsion par la mem-
>nc de nouvelle formation que sa présence a développée h la surface di'
paroi veineuse (1). Api'ès cette résorption la membrane de nouvelle
•mation revient sur elle-même, accole les deux faeps du vaisseau, qui
soudent entre elles et constituent une sorte de cordon fibreux géné-
lement persistant. Toutefois, dans dos cas rares, lorsqu'une partie
la cnncrélion a été emportée dans l'artère pulmonaire et que la partie
stante est peu considérable, la résorption de cette partie peut per-
E'Itre il la circulation de se rétablir dans le vaisseau. Heureusement les
ines collal^>rales suppléent après un certain temps au déficit de la circu-
Lion, et l'œdème qui s'était monli-é au début finit ordinairement par
il) 0(1 l'ctonntrn pcul-vlrc de me voir |inaser sdue silence In qui^sUon de l'orgnnûnllon
• iltinent* [irapreji du llirombus, lorsque celle nrganiralion eit admhe pur la plupart
4 huloln^alcB ollemaQits tt par quelque! Iiittologialct trangiii. Mail, outre qu'il c»l
ïu tiJmiiMtili! que lies êlémenU dans lei conilitious de vitalité des globules blaucs
ng ihrninliUB puiiti>nt proUrérer et produira un liMU organiié, je dirai qu'il est rai^ile
ua Mpril non pn'ieaa de conilaUT que la ptrai TaKuIaîre rsl, dana l'espère, le point
> iiftrt dei élt^meuls de nnutclle fnrmntion, lesquels penienl dans cerlninît eu, il eit
"■l. faire irrupliuu Jusque dans la profondeur du caillot. Ainsi, il me parait inutile
■Diiili^r ptua longuement sur ce point, à propos dili]uel je renverrai i un trataîl que
'I publia autrefois aur le mode de résorption des caillots sanguins A l'inli^rieur
* «einei et de l'artère pulmonaire : Complci rcndat de h Soriilé de Oiologir ;
^^ttt miiHeale, 1862, p. 681, el Rapport lur 1er embolies pnlmonai'f IBulM. 4a la
nalomiijiie. 1862, p. 284).
608 ANATOMIS PATHOLOGIQUE.
disparattrey même quand il s^agit de la thrombose d'une veine impoilinte
comme la fémorale.
Le plus souvent limitée aux veines des membres inCérieun, la throm-
bose marastique commence en général à gauche et apparat! ensoîle i
droite. Un œdème plus ou moins considérable est la oonséquena
habituelle de cette affection presque toujours douloureuse, et po«
<^ela désignée sous le nom de phlegmaitia dha dolem. Je n*aurais pu
à ni'arréter sur la douleur qui accompagne Cette thrombose, si eUe
n'avait donné lieu à une interprétation erronée. Considérant que ce
phénomène avait son siège habituel à la partie postérieure du mollet, mi
nombre d'observateurs l'ont attribué à la présence d'un thrombus da»
les veines superficielles de la jambe. Or, d'une part, plusieurs cenlaiiMS
d'autopsies d'individus atteints de cette thrombose m'ont appris que ces
veines étaient exceptionnellement affectées; d'autre part, m*étant auiié
que le simple pincement de la peau du mollet suffit en général pourdoms
à cette douleur une grande intensité, je pense qu'elle doit être attribace
à une excitation du nerf saphène interne provoquée, sans doute, ai
niveau du pli de l'aine par le bouchon veineux, et à la stase sangoiie
existant dans le mollet.
Il serait superflu d'insister ici sur le diagnostic de la thrombose mui»-
tique. Les caillots cruoriques ou fibrineux, plus ou moins allongés et ait
lement adhérents, rencontrés parfois dans les vaisseaux après la mort ne
peuvent être confondus avec les concrétions de la thrombose marastique
qui occupent des sièges spéciaux, adhèrent k la paroi vasculaire, son{
stratifiées et souvent ramollies à leur centre. Le pronostic de celte
thrombose est généralement grave. Survenant chez un malade eauo^
reux ou phthisique, cette affection indique une mort à courte échéiDce;
moins sérieuse dans la convalescence d'une maladie aigué ou de TéUl
puerpéral, elle est encore redoutable; dans ces conditions surtout, Sf
expose à une embolie qui peut <^lre rapidement mortelle.
Etiologie et pathogénie. — Les causes de la thrombose spontanée sool
extrêmement nombreuses; ce sont toutes les maladies qui, parleorui-
ture ou par leur durée, épuisent l'organisme et anéantissent ses forcf;!.
On peut s'en faire une idée par le tableau suivant, qui résume non pas
tous les faits où nous avons observé cette affection, mais ceux-là seukf-
ment où la thrombose est devenue le point de départ d'une embolie.
CarciDomes et épithéliomes 27
Tuberculose et scrofulose 12
Fibromes utérins h
A reporter â
THROMBOSES ET EMBOLIES.
tteporl 43
État puerpvrul 10
Cachetés divencs (taturniiio, ijphililiquc...) i
Purnplégie et érjaipèle )
CoaiileBcenc:; de pneumonie 2
— de Bêvre tjrphoïde 3
— de ïiriole 3
Dj'senlerie clirnnîque 3
Su|ipuntion auciennï.. ■ ■ ■ 1
AmputnlioDs 2
Endiirtcrilc gcniruliaéu cl caclieiiu 2
73
Ce tableau nous apprend que de tous les états pathologiques ceux qui
prédisposent le plus à la thrombos<- al n l'embolie sont incontestablement
la carcinose, puis la tuberculose et la puerpéralilé, et que certaines affec-
tions, comme les lésions organiques du cœur, les altérations des reins,
malgré une longue durée et la cacbeitie profonde qu'elles déterminent, ne
sont généralemeal pas accompagnées de thrombose. Mais de même que dans
les premières de ces maladies nous ne connaissons pas les conditions
génésiques de la coagulation spontanée du sang dans les vaisseaux, de
même dans les dernières nous ne connaissons pas exactement les cir-
constances qui peuvent s'opposer à celle coagulation. Prétendre que
la thrombose spontanée est due à un excès de tibrine (hypérlnose de
Yogel) ou à une augmentation de la coagulahililé de cette substance (ino-
pexie de Vogel), c'est faire une double hypothèse cl ne rien résoudre.
Au coQlraire, l'absence habituelle deconcrétions sanguines dans les veines
Ldiez les cardiaques, les cirrhotiques et les albuminuriques (1), en un mot
shez la plupart des individus atteints d'hydropisie mécanique ou par
iKtaclu circulatoire, étant toujours accompagnée de l'extravasation d'une
aine quantité de sérosité dans le tissu cellulaire, il y a Heu de
kijre que la coagulation spontanée du sang pendant la vie est la consé-
Knce d'un abaissement du chiffre des globules et d'une dispro-
rlion entre les hématies et l'eau du plasma, comme aussi d'un
hjblissement corrélatif de la conlractilité du cœur el des vaisseaux. Un
t <m elTet qu'il sufiit d'une faible quantité d'eau ajoutée au sang extrait
(Ij On pourrait luppoier que l'tbtviice de Ihrombnic ch» les ■lbiiminurii|u««
eit le réfiiltat de U préwnce d'une certaine quantité ilc curbonalc d'amninuiaqiic dans
le fug; ■"OÙ. )i k'ette lubiLance contribue â m«inlenir le lang liquide après l» mort,
il (buI reconnaître qu'elle n'eiitle jamnii qu'en bible proportion clin l'iDdiiridu vitjDt,
C!:llc ae peut jouer qu'un faible rAlc sur la fluidité du viog pendml la via.
ittKVX. — Traité d'Annt. pBlb. 1. — 3»
de la veine pour que ce liquide se pieime en niasse, el que la cosgulilioo
spontanée a d'autant plus de tendance à se produire qu'il existe une b-
■liesse plus gi'ande de la circulaliou et une diminullon plus cotisidi-rablr
de la tension vasculaire. Ainsi les individus donl le cœur est ^ni&srui
sont de préférence alteinls de thrombose, c'est un fait iiidénîabie surtimi
pour les coucrétions qui se produisent dans le cours des maladies aioia.
2* Les thromboses mécaniques sont, suivant nous, non-seulement iyII«
qui ont pour origine un obstacle niécauii;uK au cours du sang, nui>
encore celles qui proviennent d'une altération des parois vasculaires.
Ces thromboses n'ont pas, comme les thromboses niarasli([uf«, m
siège spécial, elles se produisent dans tous les points du système veinmi.
dans le cœur comme dans l'artère pulmonaire (lig. 198), partool, fn w
mol, où existe une lésion vasculaire, sinon une gène circulatoire.
Fie. ISS. — Throrabote inllunniBloire cl obslnidian complète de II brancbr dtwlc
rarlirepulmonaice.n', artère pulmDnnire;^, aorte; o,o,auriculu; a, branche de TM
ent remplie par un llironibii* ( qui w pralon^ jiuqn'M ''i-
La thrombose mécanique de l'artère pulmonaire mérite surtotit
attention, à cause de la possibilité qu'il y a de la confondre avec 1
de ce même vaisseau. Ce qui la dislingue de celle dernière, c'i>sl
eoexislenco constante avec une lésion qui comprime ou modifie Up>
vasculaire. La question de savoir si Tarière pulmonaire peul être le si*
d'une thrombose spontanée est toujours douteuse. Je crois peu à l'cxisto;:^^*
de celte thrombose, à moins qu^on ne désigne comme
ommc telle la coa^j^M
TDROHDOSES ET EMBOLIES. 611
<pii, ùtats quelques cas de stéalose et de dilatation cardiaque, ^observe
<laiis la phlébartère (voy. Gazette médicale de Parti, 1861), p. ;i69-7()).
La thrombose de la veine porte n'offre pas moins d'iiitén^l; elle se recon-
naît par l'altéralion matérielle de la paroi dece vaisseau et les produits mem-
hraiieuxquien émanent (voy.mon Atlas
danat.path. pi. XVII). Ces caractères sont
encore ceux qui distinguent les thrombo-
ses intlammaloires des autres veines. La
pylélhromboao commence par un faible
dépOt librineux et globulaire dans le point
où la vitesse du courant sanguin est
moindre, surtout là où l'endoilii'lium est
altéré ou fait défaut, et ce pi-emiercoagu-
lum, point de départ d'autres dépf^ls san-
guins, arrive peu à peu il oinslituer uu
tbrombusquidin'èreduthrombusmaras--
tique.à la fois parsonsiégcet par sa forme.
Plus rapidement que ce dernier, le
thrombus mécanique se fixe à la paroi
-vasculuire à l'aide d'un tissu de nouvelle
formation; mais, en même temps, se.s
parties centrales se métamorpbosent, et
se liquéiient. ('lus tard, ces parties .son t ré-
sorbées {parfois aussi, dans le cœur droit
|>ar exemple, elles fomicnl une soile de
^^b^te librineux dont la rupture et le mé-
^Hllgeavec le sang ne sont pas sans danger.
^V indépendamment deces désordres et de
ceux qui résult<;nt de l'obstruction plus
ou moins complète d'une veine impor-
tante (lig, 199), la tbitinibosc veineuse
mécanique, expose, comme la thrombose
marastique et peut-être plus, aux acci-
dents de l'embolie pulmonaire, et, pour ce
motif, elle doit être envisagée comme un
syinptiirae méritant la pi us grande atlen-
FiG. 109. -
iiilliinimatoire
tle diagnostic de cette thrombose est sans difficultés, puisqu'en deliors '
s caractères spéciaux du coagulum sanguin elle coexiste toujours avec '
s lésion matérielle, sinon avec une diminution ilu calibre du svstèmi>
612 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
circulatoire. Ces différents désordres seront longuement étudiés dans le
tome II de cet ouvrage,en même temps que la phlébite et la phlébarlériie.
Étiologie et pathogénie. — La thrombose mécanique des Teines est
une conséquence de la stase du sang ou de laltération des parois de ces
vaisseaux, et quelquefois de ces deux causes réunies. La compressioD
exercée par une tumeur ou par un corps étranger sur une veine détermiDe
tout d'abord le ralentissement du courant sanguin, et plus tard elle peut
amener la coagulation du sang au niveau et au-dessous de la partie com-
primée (thrombose par compression). Dans quelques cas la coagulatk»
s'opère non plus en deçà, mais au delà du point où existe la gène circo-
latoire : ainsi se produisent des thromboses dans les veines qui émergent
des organes anémiés, dans les veines rénales, à la suite d'une néphrite
parenchymateuse, etc. La ligature, la section et la déchirure des veines, h
présence d un corps étranger au sein de ces vaisseaux sont d'autres causes
de thromboses veineuses (thromboses traumatiques) auxquelles il faut
ajouter la dilatation variqueuse ou sacciforme des veines. D'un autre
côté le rétrécissement des orifices du cœur gauche, par la gène circo-
latoire qu'il détermine, provoque quelquefois, avec ou sans le secours
d'autres conditions morbides, la coagulation du sang dans les cavités
cardiaques, principalement à la pointe du ventricule droit et dans Yàn-
ricule du même côté. Enfin les altérations de la membrane interne de>
veines et du cœur droit sont autant de causes de thrombose, parmi les-
quelles la phlébite et le auicer sont les plus communes. Non-seuleraeDt
la phlébite externe et la mésophlébile primitive ou consécutive à \m^
lésion de voisinage peuvent amener ce résultat, mais encore rendophle-
bite, malgré l'opinion de quelcjuos auteurs. Dans tous ces cas, la coa^nJ-
lation du sang est Teffet de la modification subie par la paroi vasculairv,
la membrane interne surtout; elle est aussi en grande partie la codh*-
quence de la stase sanguine.
11. — Embolies veineuses.
L'embolie veineuse est un accident de la thrombose, et cet accideut
est comnmn, ou du moins, Ixaucoup plus frfHjuenl que ne le supposent
certains mtklecins qui voient dans l'embolie pulmonaire pn»sque uu
arrêt de mort. Depuis lon^itemps je me suis élevé contiv la manière de-
voir de ces auteurs, d'al>ord à la Société anatomique (vo\ . Bulletin, 1862.
p. !286), plus lard dans mon Atlas danatomie pathologique (voj. p. 79!.
où le groupement d'un grand nombre de faits personnels ma porte à
^^^^^^B THROMBOSES ET EMnOUES. 613
^Hmettre que l'embolioct ta Ihrombnse veineuses élaienl entreellesàpeu
^Bl<fes dans le rapport de cinq a six.
^B Le siège des embolies veineuses est peu variable : d'une part, le courant
^■li exisle dans les grosses veinps ne permet pas au caillot migratoire d'y
^H^urner ; d'autre part, la Torce coiitraclile du cœur expulse en général
^^p caillots qui s'y rendent, à moins qu'ils n'aient un volume eonsidé-
^■Me. Les poumons et le Toie, centres de convergence des deux systèmes
^^Hneus de l'économie, sont conséquemment les réceptacles oHinaires
^■kB concrétions éniigrées.
^VOs concrétions sont toutefois extrêmement rares dans le système porte,
^H^rt les cas d'embolies spécifiques et capillaires, dont il sera question plus
^H^. La thrombose marastique, comme nous le savons, n'affecte guère les
^Bknches originelles de ce système ; la thrombose mécanique de ces hran-
^Bes est loin d'être commune, car elle se rencontre seulement dans les cas
^^V tumeur abdominale; de cancer ou de lésions ulcéreuses de l'inlestin,
^^n>ératîons sur le rectum, et de varices des veines de cet organe. Etifin
^^^ causes du déplacement du llirombus sont ici presque nulles, el le plus
^Htavenl c'est par continuité que celui-ci atteint le tronc et les briinclies
^^niinales de la veine porte.
^BLes embolies de la veine porte sont rarement suivies d'alléi-alions
^BMiichymateuses, sans doute à cause des nombreuses anastomoses des
^^nnches de ce ^'aisseau avec l'artère hépatique, qui a pour fonction de pré-
^Bsr k la nutrition de l'organe. Le professeur Yulpîan n'a pu obtenir d'in-
^Hvtus bien nets en faisant dans les veines mésentériques des injections
^^graines de lycopode, de tabac, etc., tandis qu'il a pu en observer en
^«tsant passer ces corps inertes dans le cœur gauche el l'aorte. Donc
les embolies de la veine porte ne sont redoutables que si elles parvien-
nent à gêner la circulation de ce vaisseau et à produire de l'ascite, des
hypérémies du foie et des intestins, à moins que, jouissant de propriétés
spéciales, elles donnent lieu â des foyers de suppuration.
Les embolies du cœur droit sont peu fréquentes, mais tri-s-graves el
fatalement suivies d'une mort rapide, instantanée pour ainsi dire, ce qui
porte à croire qu'elles ont pour effet habituel de provac|Uer une sjncope.
J'ai observé trois cas de ce genre ; i'un chez une jeune personne de vingt-
trois ans qui se préparait à quitter l'hilpilaloti elle était entrée pour un léger
phlegmon d'une jamite, lorsqu'elle succomba presque instantanément
dans un accès de rire; l'autre chez une femme de quaraiile-sis ans,
qui, vers le dix-huitième jour d'une fièvre typhoïde des plus bénignes
en apparence, mourut tout à coup au moment oit, revenant des cjibinels,
I elle achevait de monter sur son lit ; le dernier cas est celui d'une femme
K die actievait
9ià AMATOHa I
1^ qui mourut ^gtlement tout i coup d'une embolie surveauê~â
de la convalescence d'une pneamonie. Or, dans ces trois cas, les «^mbuliu
•Dt présenté des canctèrca pour ainsi dire identiques, et partaul, faini
[vopres à entraîner la oonrictioa au sujet de l'embolie.
; CouTerts d'tme mince coa^ de fibrine coagulée au momeiil de M
mort, et qui, à la rigueur, pouviiit Ihire croire à des concrutioDs r^
eeates, ces «nboloa, une Ibis débarrassés de cette sorte de voile, appa-
eussaîent sous un aspect qui ne permettait pas de douter de leur origiiu^.
D'une longueur de 8 il iO centimètres, de forme cylindrique; un peu
aplalie, ils ofireient une extrémité lisse et conique, et une extréiait«^
tmninée par un ou deux mamelons séparés par un sillon d'une pro-
fondeur d'environ un demi-ceutimèlw
et rétrédB à leur base. De lenn ém.
bces, l'use Aait lisse, striâe OB tnrci^
Bormontée d'onpreintes 4e nlfolM»
tandis que l'antre élut aimplwrt
chagrioée tA plus oa moûts iaég^ii
iière (Bg. 300). Ces eatMtâns àffm^
bolus, en tout semUables àoeexte
thrombus qui prennent aaiMMiee dut
les nids nlvobûres, k la ptitie aa^érieo*
des veines fém(»«les (voy. fig. 198), ont,
au point de vue du phénomène emboli-
PiG. aoo. — Concriiioiis MDguine» que, il faut le reconnaître, une valeur
ir:t",Jl". ïil^ri" po^i'™. •« "">"' ^ » <«"• i« p»'
MnUniài-unedeMteitrèniitéiet fournir l'espérience la mieux réussie.
r "lEï; °B?"" Sr™ T»*f»i«. i=»i»i"» »« ^ ?-^<' p-
par lea deux ficu. l'une ipUUe constammentavec lesmémescaractëics;
vaivuiaires cxitient à l'uoe det porté par Velpeau, le caillot migraloiK
«Su^.?" '""""*'*"*'"''''''' était tortueux, pelotonné, et en IbniK
de sangsue.
Les embolies pulmonaires, beaucoup moins graves que l'embolie cu-
diaque, sont, dans quelques cas seulement, suivies d'une mort rapide,
puisque ce mode de terminaison ne s'est présenté que cinq Tois sv
soixante-dix cas d'embolie pulmonaire soumis à mon observati<Hi [!)■
(IjLm faitt (l'embolie cardiaque oopolmoDiireiuiTii de mort iDbite que j'ai)
sion d'obaener me pinineot oO'rir, an poiot de vue de la diagnose, aa fna
pratique. Sur huit cal, où tniii foi» l'erabolua l'était uttté dui le csnr droit,
tîottt-
THROMBOSES ET EHBOT.rES. 6t5
La Façon doiit la mort a lieu dans ces cas usi dinîcile à déterminer ; le
fait est qu'elle n'esl jamais instantanée, el qu'elle ne mut pas moins de
dix minutes à un quart d'heure à se produire, h partir du début de t'aeci-
denl. On jieul eroire avec Panum, qui a fait à cet égard de nombreuses ex-
périences, qu'elle est l'effet d'un afflu;; insuflisanttlu sang vers les centres
ner\'eux. ElTectivemenl, les branches de bifui-culton de l'artère pulmonaire
étant tout à coup obstruées, le cœur pauche ne reçoit plus le sanp des
poumons, el ne peut l'euvoyer à l'encéphale, d'où l'anémie cérébrale el
la mort. En réalité, la chose est plus complexe, car, en même t^mps que
l'anémie cérébrale, il survient une an/mie des poumons et du coiur.
Quoi qu'il en soit, l'embolus dans ces conditions est unique ou mul-
tiple ; il occupe le tronc ou l'une des branchies de division de l'artère pul-
itionaîre; il est libre, ordinairement recouvert d'nn coagulum cruorique
récent, et ne diffère pas, si ce n'esl par un volume plus petit, de l'embolus
•iaai le tronc ou Iï$ branchée <le divitiou de l'artère pulmonaire, k thrombose a vu il tou-
jours eu pour tiége lu %fine erurnk ou lei veinci iliaquvs; le plus aouvcut elle s'était
ilfteloppiL'C k 11 partie supérieure île lu veine fémorale et se continusil jiieque dscs
l'iliaque citerne. Les alTections Unns te «ours ilesquelles elle avait pris uaissuncc se
Pneumonie aî^tié 2
B Fièvre tïplinide 2
^L- É<»t puerpënl 2
^" Mïome ulértn 1
■ Phlêbile rémorale 1
Celle répartition est des plus curieuses; d'une part, elle noui innotre que iiihI^
la grande Trêquence de la Ihrambose dans les maladies chraniquei et cachectiques 'cai^
cinoie, tuberculose, etc.) la mort subite esl tout au moins très-rare, puisque je ne l'ai
pas reoconln^e une seule Tois dans plut de cent cinquante cas ; d'antre pari, elle noua
apprend que la thrombose mécanique et celle qui turvient dans le cours du mHladiei
aigav* soiU Ict seules pour ainsi dire qui prétlisposent à l'embolie. Tel est le tait pratique
qui nous paraît réiuller d'une élude altealive de la qufttion. Ce Tait lient, tans doute,
â ce que In thrombose de» cachexies l'opèri^ avec lenteur, comme il e*t fatile de s'en
assurer en suivant les progrès de t'œilèoie. De la sorte, les caillots ont tout te
umpi d'adhérer i la paroi veineuse avant d'avoir acquis un volome coniidâfable, et si,
plus tard, il» sont mobilisés, c'est par petites [jarlies qui vont se liur un* incoDVDnienl
Krieui (lani les bninches de l'nrlèrc pulmonaire, .^u contraire, les lhroml>oses des
maladies aii;uês se produisent rapidement, car on trouve des caillots il'une lon^eurde
plusicur* cenllmètres dans les veines, à une époque où il n'e liste presque pas il'wdèuie, et
qui-lquefois dis le siiième on le septième jour d'une pneumonie. Or. ces caillots vola-
niinubi, qui ne peuvent conlrnctiT de «uile des adhérences solides, sont Ciicilement dé-
places, surtout quand ils occupent la région inguinale, puisque, dans ces conditions, un
rllnrl, la ileiion de la cuîue sur le bassin sufllsenl pour les faire émigrcr. Ces rélleiionit
•'appliquent aui thromboses mécaniques, comme à toutes celles qui succèdent aux frac-
_^ tutu d«s membres (Velpeau, Atam), nolammenl aux fractures de jambe.
616
ANATO»IE FATD0I.0r,1(J[!K,
01, n); toutefois, ontre. les moules de valvuk i
cardiaque (voy,
présentait, dans un cas qui m'est personnel, un prolongi'nient cûllalm!
(voy. mon Atlas d'anatomie pathologique, p. 169, fig. 17). Mais, rOTnnm
un caillot émigré dnns l'artère pulmonaire était incapable, dès qu'il pr-
FlG. 301. — Le CŒur
branches de l'arlère
rdcenu el tibrct, Ici
s par leur (air, posiéricure. 1^ uonc «I 1m4k>
il obilrués par des caillai* einb«Uquca,Iwiin>>T'i
aiiFJeni el adhérenta.
vient il se loger dans une des branches de division de ce vaisseau, d'ww-
ner la mort subite, le plus souvent, lorsque ce genre d« mort a lies,
I l'embolus pulmonaire est multiple. Indépendamment d'un ou de |iluM<iin
Billots embolîques récents et libi-es, il existe des caillots iidbérenti «
|.]^us ou moins grand nombre dans les divisions de lartète pulniouaîn-
I preuve certaine que rémigration a eu lieu en plusieurs fois.
Il est commun d'ailleurs de rencontrer des embolus libres, ou Gl^i
liveau des éperons de bifurcation des branches de deuxinne el troîsibH
ordre de l'artère pulmonaii-e, chez des individus cachectiques, tuberculeH
ou cancércus, qui, pendant la vie, étaient atteints de thromb<^iscs desmeo-
bi-esou de l'oreillette droite. C'est au point que j'en suis arrivé jcansûlÂtr
comme un Taît exceptionnel l'absence d'embolies pulmonaires dames
conditions; mais il faut savoir que si ces emlnilies peuvent gêner ThéM-
tosc, du moins elles n'amènent pas ta mort subite. L'emlmlus uiïrc alorf
des caractères variables, suivant qu'il est libre et récent, ou qu'il estadlié-
rent, c'est-à-dire a
. Libre, il se présente sous des aspects.
edsjiiûmS'
TUItOUDOSES ET EMBOLIES. 617
penoeltent de remonter ii sa source. A part (|uelques cas où il esl pelotonna
(voyez fig. 201, m), ce bouchon revêt orditmircin«nt la Tonne d'un cylindre
bruniUre ou jaunfttn', marbré, dont l'une des extrémités est conique, tandis
que l'aiilre est déchirée, excavée ou même creusée; or, ces caractères
conduisent à penser qu'il provient d'un thrombus pmlonfcé d'une veine
colIat<!'rale dans une veine principale, et qu'il en est l'extrémité émigrée.
l'aulres fois, le caillot embolique est aplati, strié en traters, et porte en
(iueh|ue sorte l'empreinte des colonnes charnues de l'auricule (Kg. 202),
et par conséquent il y a lieu de croire qu'il vient du cœur {fip. 203).
Au l)outd'un certain temps, l'embolus. quelle que soit son origine, se
•
Fie. 202. — Thrcimbo»' des ravUiSs
iiriculairpi. Lct ileiix aurkulei n^nfermenl chac
iiFt projuilet |»r latlase rfu siiiig dam un ou
ti^IrtciKcmeiil mitral (CcUe (igurc
El UckcrL^uer.)
modifie et devient méconnaissable, D'un câté, il est le point de départ
d'une coagulation sanguine nouvelle OU caillot secondaire qui s'ajoute à son
extrt^mité la plus éluignét.' du co^ur ; de l'autre, agissant comme corps étran-
^.T sur la paroi vasculaire, il détermine par sa présence une irritation de
r.-tte paroi, en vertu de laquelle la couche endothétjalc et sans doute aussi
ks couches sous-jacentes prolifèrent et donnent naissance ù do jeunes
."■lêmenls qui peu à peu deviennent des corps allongés rusiformes, et, eu
fin de compte, se transforment en un tissu conjonctiriilirillaire (lig. 205).
Si, comme je l'ai fait, ou prend la peine de suivre ce travail, ou voit
que c'est tout d'abord au niveau du point de contact avocla paroi qu'appa-
raissent les éléments de nouvelle rormution, et qu'ensuite la végétation
s'étend à la périphérie pluliït que dans la profondeur du bouchon, auquel
elle forme une espèce de cupule, et plus lard une gatne complète. Au
bout d'un espace de temps qui n'est pas toujours très-long, l'embolus
pulniounire adhère sur quelques points (lig. 20^], et peu à peu il se trouve
ANATLH1IE PATiI0l.O*iI0l'E.
circonscril par une membrane organisa ou m/ïrae rasculairc. ioUt
période, il est dinicJlo, ou le cont^oît, de savoir si un coagulam mtcooiit
FiG^ !03. — C, branche et divUioni de t'arlère pulmonnire >irec concr^lioni mp
tirites en travers el provenant de l'surkule droite reprËteatrâ Qg. 103.
au sein de l'arlèrB pulmonaii'o esl aulochlhoue ou tuigratoiri^. Us swiio 1
raisons qu'on puisse alors jnvotjueren faveur de l'embolus, c'est la déTuv-l
talion du processus inûainmaloirc des tuniques artérielles à son voiun^ 1
et la coexistence d'une thrombose veineuse.
En même temps que se produit ce processus d'or^nisalton,le5i)i>- I
hules rouges contenus dans la concrétion se détruisent peu à pou; la ■
r
no. 203. — Une diviiion de l'arlùrc pulmonaito obslni
avec caillots «ecandoire*. Des adliéreiices mulliplee >t
l« paroi du vaissenu.
tière colorante les abandonne, imprègne les éléments de nouve-Ue fon»"
[ tion.s'innitro dans leurs interstices, où elle se présent*» sous la (bfiw*
f granulations uniorpties ou de cristaux rhomboïdaux (voy. Gg. 305, A^*
disparaît quelquefois, du moins en partie, soit par diiïusion, soit|i>r)r
sorplinn. Les globules blancs éprouvent des changements nnBlu^M:>>
deviennent granuleux el leurs granulations se désagrègent ensuite p"
il peu. De son càté, la fibrine subit des modilicalions non moi
TanOHBOSES ET EHBULIES.
61»
tantes; ses fibrilles prennent une teinle sombre, ^isàtre, se transforment
en granulations libres, protéiques ou graisseuses, qui se séparent et
forment en fin de compte une sorte d'émulsion. Cet état de désa-
grégation et de liquéfaction, en gé-
néral d'autant plus avancé que la
végétation vasculaire est plus an-
cienne et plus épaisse, ne persiste
pas; le détritus granuleux qui en
provient est peu à peu repris par
ia membrane de nouvelle forma-
tion et rentre dans le cercle circula-
toire. Celle membrane apparaît alors
comme ridée et revenue sur elle-
même, ou bien elle se montre sous
la forme d'un cjlindre creux, au soin
duquel existent encore des granula-
tions plus ou moins nombreuses, |
ou sous celle d'un cordon fibreux
formant comme une cravate autour
d'un éperon, ou bien comme un
pont au-dessus d'une division de l'ar-
tère pulmonaire (fig. 206, p.). Consti-
tuée par des cellules allongées et un tissu fibrillàire, elle renferme
quelquefois des vaisseaux, ainsi que j'ai pu m'en a$surer(fig. 207). En
pareil cas, il n'est guère douteux que le travail d'organisation, opéré par
la paroi au contact de l'embolus, ne soit le mojen naturel approprié à la
résorption du bouchon embolique. Par conséquent, la guérison de l'em-
bolie pulmonaire est cbose possible (1), et le processus de cette guérison
(!) t£ fuit luivant eit k ce poiut de tue dei plui démonitratift ; il ofTre d'ailleurs
nu autre intérêt, puiiqu'il nous Tait coauDitrE une Murce d'hémoptysie qui me me
parait pas aïoir été ligualéc jusqu'ici.
M. C, iigéc de lingt-trois aui, eit admise à l'Hôtel- Dieu, hUc Saint- Anloine, le
12 mai 1861. C'est uue peraoune forte et bien portante qui se dit enceiole de quatre
i cinq mois, et qui préieute uue thrombose veiueuie des deui membres intérieur!.
Ce* membres sont en effet le liége d'un goaQement œdémateux consitlérable qui ■' étend
jasqu'auigrandesIÈTrei.Lapeauquirccouvrecetœdènieeit pile, décolorée, et, en même
temp», elle est le siège d'une hjperesthcsie manircste surtout k la ré((ion des mollets;
un cordon dar et douloiureux se fait sentir dans le creux poplilé gauche. I.e c^pur est
Bonnal ; aucun oi^ane ne parait en EOuUrance. Le 29 ui
gers, cette malade est prise tout à coup, yen deux hrui
ment ineiprimable d'oppression et d'angoisse et de consiriction thoracique ; elle te sent
étouffer, ssi face derient cyaoïque et ses traits se décomposent. Puis, au bout de quelques
Ne. 20Ei. — n, cellalet allongées prot«-
nant da la végétation de la paroi de
l'srtére pulmonaire au contact d'un
caillot embolique ; à, largei cellules
renferinsnl des goulleleltes graisseuses
et des cristaux d'hématoldine ; d, cris-
taux d'hémaloidlDe; c. cristaux prismi-
liquei de phosphate de chaux.
r de la visilc des étran-
r après- midi, d'un senli-
620 ANATOMIE PATQOLOCIQUE.
ne diiïère pas <le celui qui détermine la résorption des csillots
épanchés dans la trame des organes, à la surface des membranes séreosK.
ou encore de celui qui amène la résorption des concrélions Tonnées t
l'intérieur des veines.
n n'est question jusqu'ici que de ta façon dont se comporte la pani
vasculairc en présence d'un simple caillot sanguin (thrombose a-
chectique ou mécanique). Lors-
qu'un caillot embolique, prove^
nant d'un foyer de suppuration oa
de gangrène, se trouve imprcjnié
(le sucs et de granulations septi-
(|HCS, les choses se passent autre-
ment : le point de l'artère en coo-
tari avec le bouchon, et surtod
le tissu pulmonaire correspon-
dant, suppurent ou se gangrè-
nent. Le parenchyme du poumna
est diversement modifié sdoa
les qualités de l'embolus, et les
désordres varies qu'on y con-
state sont en rapport avec le vo-
lume, le siège et les propriél«
e diviiion de l'urlère nuliiio- . . i ■
iL.unc fr*[.de partie de son spéciales dc ce corps étranger.
e fausae membrane, espèce de Celui-ci a un doublo mode d'ar-
K adhérent en b ; n,u, sorle de ,. ,, . ., _.
. ivam deVdi^isbn» "o» ^ ^ une part, il apporte un
I. (Àtlns tfaii. pain.) obstacle pi US ou moins prononor
à la circulation du sang dans l'artère puimonaii'e ; d'autre part, il exerc«
sur le vaisseau et sur le parenchyme du poumon une imtation qui peut
minutes, ces nccidents griives diBpnraiweiit et il ne reste qu'un sentîmcot |fûoiblc d'op-
pression. I.e 30 mai au malin, pnul« régulier mail inégnl, 113 puisaliont ; battem^tti
cardiaques éDergii|ue<, renforcement marqué du deuiième bruil, soume doni »a prt-
mier Icmps; nppreuiun et dvspnée comme >i la malade veniil de faire une codim,
bien qu'elle n'ait pas quitté snn lit ; contraction énergique de* muscle» inipirateun.
Le même jour au soir, 02 pulsations, pnul» à peu près égal. I.e 31 mai, »i pulsatin».
pauU régulier, impulsion cardiaque tnujnurs forte ; persistance du renforcement da
deuxième bruit du cœur, saufllc incertain nu premier temps; appétit bon, ni nauwfi.
ni vomi«)effleDlf.
Le 1" juin, vers sept heures du matin, cette malade, «euanl de pfi^ner tes rhovi'iii
et de se tourner dans le lit pour chercher un verre, est prise tout 1 coup d'une *itt
sensation d'élonlfemenl, d'une sorte d'accès de suffocation, moins liolenl louletoù qur
le précédent. En même temps, ses eilrémitcs se refroidissent et son corps «r rouirf
d'une sueur froide, l'nc heure plus tard environ, 125 pulsations, deuiicme bruit peu-
THROMBOSES ET EMBOLIES. 621
déterminer des lésions matérielies Irès-dissemblables. Ainsi les effets
de l'embolie sur l'organe pulmonaire sont de deux ordres : les uns méca-
niques, les autres irritatifs ou spécifiques.
Les effets mécaniqtus varient suivant que l'embolus occupe les grosses ou
les petites divisions de l'artère
pulmonaire. L'arrél d'une concré- 1
tionsanguinedanslespiusgrosses
branchesdece vaisseau, l'obstruc-
tion fùt-elle complète, ne modifie
jamais sensiblement la structure
du poumon, et c'est à peine si le
parenchyme de cet organe est
anémié. Je trouve la preuve de ce
fait dans l'observation de douze
cas d'obstruction complète et an-
cienne d'une ou de plusieurs des
principales divisions de l'artère
pulmonaire, dans lesquels le tissu
du poumon me parut toujours
normal sinon un peu pAte; on
comprend que, dans ces conditions, la circulation collatérale soit des plus
faciles en raison des anastomoses nombreuses des vaisseaux pulmo-
naires. Dans trois cas ou l'une des brancbes divisionnaires de l'artère était
entièrement bouchée (voy. lig. 196), le poumon correspondant était
Fie. 207. — CeUiilnaltDait«M,flbrilleieonjanc-
liiei cl vaiiama Mn^in provenant d'una
membrane de nouvelle fonnalion, développée
an pourtour d'un caillot emboiique.
forcé, ni ctiaieur, ni lont, ni Trinont, rcapirntioo aormile & l'auicullalion . Caïame
ta première Fois, potion itimulanle, linapiimes, etc. Le 2, lea jamliei lont manîresle-
ment moins luméfléea, Ttedème a preique lotajemeol disparu de l'une d'elles, l'opprcs-
lion peniite, la malade ne peut te mouvoir dans gon lit et, à plus Forte raison, ne pour-
rail le lever, uns être priae de suffocation. D'ailleurs, elle e*l encore reprise d'un nouvel
accès au moment où elle allait s'endormir nir le cdlé gaucbe; cette fois, la face pUit,
contrairement i ce qui avait en lieu anlérienrement.
A partir de ce moment, il ne survint plus d'accès d'oppreasiao et l'angoisie se dissipa,
le pouli resta Fréquent pendant plusieurs Jours, et le renrorcement du second bruit pertitta.
La marcbe était à peu près impossible à cause de l'oppression qui s'ensuivait ; quant i
l'œdème des jambei, il était à peine marqué. Cet état de ctiotei se continua jusqu'i
l'accouchemeul. qui eut lieu le 30 septembre, sans aucun incident. L'enfant, bien por-
tant, tut euvojé en nourrice et la malade quitta l'bôpilal le 20 octobre, allant bien,
sauf un certain iegré de dyspnée pendant la marche et un lé^r adèmc des pieds après
L'instantanéité des graves accidents survenus chez cette malade, le danger qui en est
K*uUé, la rapide disparition de ces mêmes accidents et leur réapparition sont de* cir-
coiwtaiccs donl la coïncidence avec la diminution de l'œdcme des Jnmbes ne permet
pai de donter de la migration de plusieurs caillots de* veine* Fémorales dans l'artËre
622 ANATOMIE PATHOLOGIQDï.
simplement anémié et affaissé. La déduction à tirer de ces laits,
c'est que Tarière pulmonaire n'est pas le vaisseau nourricier du pouimm,
puisque son obstruction n'entraîne aucune modification appréciable daiB
la structure de cet organe. Conséquemmenl, Topinion suivant laquelle
la gangrène du poumon serait un des effets mécaniques de robstmc-
•lion de l'artère pulmonaire n'est pas acceptable; d'ailleurs, il suffi
de consulter les observations des auteurs qui ont émis cette opinion pour
reconnaître leur erreur : on y trouve, en effet, la mention de foyers de
gangrène autres que celui du poumon, qui, sans aucun doute, reconnais-
sait une origine spécifique.
Contrairement à ce que l'on pourrait supposer, l'obstruction des petites
divisions de l'artère pulmonaire a des effets mécaniques plus marqués sur
\e poumon que celle des plus grosses. Ces effets consistent en une infil-
tration sanguine du parenchyme, désignée sous le nom A^infarctus. L'in-
farctus embolique du poumon est une lésion toujours située à la périphérie
de l'organe, où elle fait, sous la plèvre, une saillie plus ou moins considé-
rable, de la dimension d'une pièce de deux ou de cinq francs. Ordinairement
•conoïde, à base périphérique, celte lésion présente à la coupe une surfaee
granuleuse et marbœe de taches noires produites par l'extravasation do
sang dans les alvéoles et les interstices conjonctifs du parenchyme pulmo-
naire. Le sang ainsi extravasé ne tarde pas à se modifier ; mais, en géné-
ral, l'infarctus pulmonaire n'est pas suivi de la nécrose du parenchjme,
probablement à cause des anastomoses persistantes des branches de l'ar-
tère pulmonaire avec les artères bronchiques. Les conditions généralnces
de cet infarctus sont déterminées par le siège de l'embolus : toutes les fois
que celui-ci repose sur un point derrière lequel existe encore une branche
anastomotique, une circulation collatérale s'établit, et il n'y a pas d'extra-
pulmonaire. A notre sens, il y a eu embolie pulmonaire dans ce cas ; joutons que k
renforcement du second bruit, indice d'une tension plus élevée du sang dans ï\TÙn
pulmonaire^ vient à Tappui de cette manière de voir, qui est encore confirmée pir
l'observation ultérieure.
En elTet, la malade, qui me demanda de lui continuer des soins après sa sortie de
rhùpital, conserva de l'cssouniement auquel s'egoutaient parfois des palpitations, et de
1865 à d867 elle eut, à différentes reprises, de huit à dix hémoptysies, chacsM
d'environ un verre de sang. Elle fut en outre, pendant tout ce temps, dans l'iB-
possibilité de dormil* sur le côté gauche ou même sur un plan horizontal ; elle éuit
obligée, pour avoir un sommeil calme, de faire reposer sa tête sur deux ou trou
oreillers. Les veines superficielles des Jambes se sont peu à peu développées, mw
toujours rœdcme continua d'apparaître au niveau des malléoles vers le soir après uoe mir-
che un peu longue. Depuis quatre ans, la situation de santé de cette malade parait s'ètK
améliorée, en ce sens qu'elle éprouve moins d'oppression et qu'elle n'a pas eu d'hémop-
tysies. Aujourd'hui, elle est employée comme infirmière dans Tun de nos grands hôpitiai.
I THROMBOSES ET EMBOLIES. ()23
lion siinguine. Au contraire, lorsque la branche obstruée se capillansc
sieineiit sans anastomose pi-éalable, il se Tait une circulation pu retour
iM' l'obstacle, et rinfai'ctus a lieu. Cette lésion se produit en somme
condition que le bouchon embolique obturera une artériole terminale,
: me servir d'une expression employée par Cobnbeim, qui a étudié
■rimentalemenl ce processus.
ssplus petites concrétions einboliques étant celles qui engendrent lin-
LUS du poumon, on s'explique comment cet infarctus se renconti'e le
souront lorsque ces concrétions ont leur origine dans l'auricule droite,
observe presque toujours d'ailleurs dans des cas d'aiïectiou du cceur
Ail, comme s'il était nécessaire qu'un ceplaîn degré d'élévation de la
iioD du sang dans l'artère pulmonaire vint s'ajouter à l'obstruction vas-
lire pour produire ce phénomène. Maintenant, allons-nous onuclurede là
tous les noyaux d'apoplexie du poumon soient des infarctus emlMili-
s?N'ullemcnt. Je suis depuis longtemps cou vaincu qu'un certain nombre
las d'bémoiThagie pulmonaiiv ont une autre origine : ce quidistîngue
cas, ce sont les caractères du foyerapoplectiquequi est, en général, rela-
ment volumineux et qui peut occuper les différents points de l'organe,
es eiïets spécifiques de l'erabolus de l'artère pulmonaire sont des
irdres d'un tout autre genre. Au lieu d'être la conséquence d'un arrêt
a circulation dans une branche vasculnire, ils sont dus h une action
nique exercée par des parlinules dont se trouve imprégné le bouchon
ratoirc. Deux ordres d'altération se rencontrent en pareil cas : ce
Ibntût (les pneumonies suppurées et des abcès du poumon (voyez
71, p, 3't7), tanti^t des pneumonies gajigréneuses, suivant la nature
bjeroù le caillot embolique a puisé ses propriétés spéclliques. Je n'in-
'! pas ici sur les caractères de ces lésions, dont il sera question à propos
embolies capillaires.
es embolies cancéreuses, sans avoir des propriétés aussi actives que
embolies septicémîques, ont cependant paru contribuer quelquefois k la
oalion d'un cancer métastatiquc du poumon. Des produits chondro-
«ux auraient de la même façon été transportés jusque dans le poumon
Weber), et même des bydatides s'y seraient on quelque sorte gi'eiïées.
si lesmodibcations pulmonaires déterminées par un embolus sont très-
iabies, et toujour!> intimement liées à la nature du corps migratoire,
es diverses considérations relatives, les unes au trouble fonctionne)
-niiiué par la migration de caillots dans le système cardio-vasrulaire à
? noir, les autres aux désordres anatomiqiies engendrés par ces caillots,
s expliquent les conséquences si diverses et la marche si variable des
lolies pulmonaires. Tandis qu'un volumineux bouchon venant A s'ar-
k
626 ànàtomib pàthologiqub.
réter dans le cœur ou dans le tronc de l'artère pulmonaire ne tarde pis à
amener la mort, au contraire, une ou même plusieurs ooncrétions su-
guines émigréesdans les branches de second^de troisième ou de quatriise
ordre de ce vaisseau, ne déterminent le plus souvent d'autre désordre qa'n
léger degré de dyspnée, à moins que ces concrétions ne soient nombressa
et n'occupent plusieui'S divisions de l'artère pulmonaire dans l'unetrantn
poumon, cas dans lequel, comme je l'ai vu, la mort subite peut surveniri
la suite d'efforts plus ou moins violents. Hais si le bouchon emboUqv
provient d'un foyer de suppuration ou de gangrène, le tissu du poumoiie
manque pas de s'altérer, et les modifications dont il est le siège finisiail
en général par amener la mort au bout d'un certain temps. En somme, le
pronostic de l'embolie pulmonaire, entièrement bénin dans certains cas, est
au contraire de la plus grande, gravité dans plusieurs autres circonstances.
Éttologie et pathogénie. — La condition nécessaire à la productin
de l'embolie veineuse est la présence d'une concrétion sanguine ou da
corps étranger, des hydatides hépatiques principalement (Frerichs), dais
un point du système veineux. (Voy. Thrcmboses.)
Les causes prédisposantes de cette embolie tiennent au siège du thron-
bus, qui est d'autant plus facile à déplacer qu'il est plus exposé à VuSm
du courant sanguin, qu'il est plus ramolli, et qu'il adhère moins intime-
ment à la paroi veineuse.
Les causes déterminantes sont les émotions vives, les mouvements piv^
cipités du malade, les efforts de défécation, de toux, etc., les changemeDb
brusques de position, et surtout Taction de monter sur un lit ; enfin, b
friction ou la compression exercée sur les vaisseaux atteints de thrombo^r,
lapplication d*un appareil contentif, etc. Ces deniières conditions étioltv
criques sont des plus importantes à connaître, car elles indiquent à Tbomnir
de lart la conduite à tenir pour éviter le déplacement d'un thrombus H
l'accident souvent redoutable de lembolie veineuse.
I/attention des médecins et des chirurgiens ne peut <>tre trop vio-
lante sur ce point. Les premiers doivent avoir présents à l'esprit ie5
effets st'rieux de la thrombose, notamment à la fin d^une maladie aigur
et dans IVtat puerpt^ral; en conséquence, ils prendront les mesures
nécessaires pour prévenir les efforts, les émotions, et tout ce qui ton-
drait à déplacer le caillot veineux. Les seconds n'oublieront pas qu'uiK
obstruction veineuse est un obstacle à lapplication d'un appareil con-
tentif, et que les opi^rations pratiquées sur les veines, les varices rti-
flaniniees. etc., peuvent dans certaines conditions compromettre IVïi>-
tenoe de leurs malades.
ET ]':MH0L1ES.
623
- BouiLLAUD, Rechenhts cliniques pour servir à l'histoire de la
^^Ikl'itr {Arcli.de médecine, t. Il, p. 192, 1823, el Remw médicale, 1835, t. II,
^^L 80). — CfluvEiLDitin, article Phlébite du Dictioimaire de mid. et de chiivrg.
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par tmMis pulmonaire (Qaz. Ae&d. , 1874, p. 21b). j
,:|3. — THRQHBOSBRKTBIfBOUUDtlSTBlllISaiiaïUn^ASASOSINM:
TBROiraOSEa R EHBOUBS ASTÉUILUS.
lie système cardio-vasculaire à sang rouge, qui s'étend des capillatreailD
poumon aux capillaires généraux, est, comme le système à sang noir,
exposé à des obsli'ucUons de diverse nature. Ces obstructions sont en-
core produites, les unes par des caillots autochtfaones, thromboses arté-
rielles, les autres par des concrétions migratoires, embolies artérielles.
I. — Thrombotea artériellet.
Les thromboses artérielles, comme les thromboses veineuses, oni
pour origine soit une modification particulière du liquide sanguin, soil
une altération de la paroi vasculaire ; de là deux variétés de ces lésions :
les thromboses marastiques et les thromboses mécaniques.
1° Thrombose artérielle maratltqiLe. — La plupart des auteurs qui sf
sont occupés de l'étude générale des thromboses et des embolies ont cd
le tort de confondre dans une même description ces accidents toujours si
dissemblables, suivant qu'ils ont leur siège dans le système Teioeu^
ou dans le système artériel. Cette manière d'agir a été la cause il''
nombreuses lacunes, dont une des principales est l'oubli de la throm-
bose spontanée des artères. La question de savoir si cette thrombose peol
TaROMUUSKS ET EMHOLIES. 627
exister iii(té|>eiidaninicnt de toulft niodilicalion de la paroi vasculairc, el
]iai' le simple fuit Ouiil' altti'uliou du liquide ^nguin, mcrile donc
nuire allenlion.
Dejji, 011 1H63, j emeltais ropiiiioii que la coagulalJon spontanée da
-.;in{; dans les artères n'était pas dt^'inoiilrée (1). Le docteur Charcul (2),
tlepiiis lors cherchant à élucidin- celle question, an-iva à la eoncluâion
que, chez les sujets allciiits d'niïectioiis cancéreuses anciennes, Ig
thrombose arléricIJc sans altération prt'-alablc de la paroi du vaisseau,
pout se produire tout aussi hien quu la thrombose veineuse, quoique
o<'lle-ci soit inliiùiuent plus rréqueiile. Les preuves qu'il lournil
sont les suivantes : 1° quatre femmes, mortes de cancer utérin, présen-
téi-eut une oblitération absolue de l'une des artères sylvienues par un
<-ailliit dense, décoloré, formé de couches fibrineuses stratifiées, avec
ramullisscment des parties conespondanlesdu cerveau; 2° chez une autre
femme, toujours atteinte de cancer utérin, l'oblitération de l'une des ar-
tères fémorales par un thromhus produisit une paralysie subite et com-
plète des mouvements, ainsi qu'uiieuneslhésie cutanée A peu près absolue
du membre coiTespondant ; 3° chez deux autres malades, alTi'ctL'es l'une
de cancer gastrique, l'autre d'un va^^te cancer du sein, et plus tard d'imu
^ngréne sèche de plusieurs doigl5, le même observateur constata l'exis-
tonce d'une thrombose de l'artère huniéi-aie. Or, cbeï tous ces sujets, les
cavités du cœur gauche, les veines pulmonaires, l'aorte, explorées avec
soin, ne présentaient aucune trace de concrétions librineuses ayant pu
donner lieu à une embolie, et, d'un autre câté, les tuniques des ortèivs
nblitérécs paraissaient tout ii l'ait saines.
Ces faits, qui émanent d'un observateur distingué et des plus se-
vêifis, semblent tout d'aboiil ne devoir laisser aucun doute dans l'es-
prit ; et d'ailleurs, poui-([uoi la thi-ombose spontanée des artères n'existe-
(■it-elle pas aussi bien que la thromliose des veines, dès que l'alténition
^ qui présideà la coajnilation ne diffère pasdans les deux ordres de
kisseaux 'l Pourtant j'avoue u 'être pas convaincu, el, comme par le pass«,
B continue ii considérer l'obturation spontanée des artèi'es, ou thrombose
Itrastiqne, comme ù peu près impossible. En elTet, la thrombose vci-
lusn spontanée ne se produit pas au hasard; elle est subordonnée non-
mlemcut à unemodilication du liquide sanguin, maisencoreàna cnr-
D degré de stase sanguine. C'est ce que prouve, à mon sens, d'une faeun
(1} E. Lancereaui, De fa ihrom&oie el de fembolie etrébrales, Ihiic dil PirU, 1S62>
(3) J.-M. Charcot, Sur la thrombose orlérielle qui auriienl dans certaini cm de raocpr,
caamnnîcktion i la Société médicale des hôpitaui, *é«nce du 32 mari ll)6&. cl Vhvm
MMÈMb, BoiiT. tèric, I. XXVI, p. 16&, 1RS5.
628 ANATOIIIK PATHOLOGIQOB.
positive robservation des coagulums spontanés des veines, lesqudsserai-
oontrent toujours là oùie sang a le plus de tradanoe à la stase, c'eiU-
dire à la limite d'action des deux farces d'impulsion cardial(qeel d'aspin-
tion thoracique. Or peut-on admettre que, dans des cas rares à la véniel
cette loi soit mise en défaut, et que le système artériel, q[ai pobiède mot
tension toujours plus forte que le système veineux, paisse à certai»
moments être le siège de concrétions n'ayant d'autre cause qu'une
modification du liquide sanguin? Je ne le pense pas, car, s*il en était
ainsi, le système veineux tout entier devrait être affecté de thrombose,
ce qui n'existait pas dans les faits observés par M. Charcot« où il est simple-
ment question de l'oblitération, par des caillots décolorés, des veines
principales des membres inférieurs. Par conséquent il y a tout lieo
de supposer que l'obstruction des artères cérébrales dans ces faits re-
oonnaitssait ou une origine inflammatoire ou une origine embolique.
Sans vouloir rappeler que l'artérite survient quelquefois dans la cachexie
cancéreuse, et que, dans ces conditions, elle peut facilement échapper, je
ferai remarquer que l'absence de lésions du cœur et de coagulums dans ks
cavités de cet organe n'est pas une raison suffisante pour nier absolumoit
l'embolie ; nous verrons plus loin qu'on rencontre parfois dans les artères
cérébrales des bouchons véritablement emboliques, des productions ver*
ruqueuses par exemple, lorsque ni les valvules ni les cavités du cœur ne
présentent la plus faible trace de leur origine. Du reste, la paralysie subite
notée dans l'un des faits en question est beaucoup mieux en accord avec
ridée d'une embolie qu'avec rhypothèse d'une thrombose. Par consé-
quent, les faits à l'aide desquels on a cherché à établir l'existence d'une
thrombose cachectique du système artériel peuvent être différemment
mterprétés, et, comme ils sont en désaccord avec la loi générale suivant
laquelle se produisent les thromboses de cette nature, il faut bien recoo-
naitre que la possibilité de la coagulation du sang dans des artères saines
n'est nullement démontrée. Il en est autrement, comme nous allons le
voir, dans les cas où la paroi vasculaire est altérée.
2" Thromboses artérielles mécaniques. — Résultat habituel d^une atten-
tion des parois vasculaires, rarement produites par une simple compres-
sion ces thromboses s'observent dans les différentes parties du système i
sang rouge, depuis les veines pulmonaires jusqu'aux capillaires généraux;
mais on les rencontre le plus souvent dans le cœur et les gros troncs ar-
tériels. Constituées, dans les veines pulmonaires, par des bouchons san-
guins plus ou moins allongés, elles se présentent assez généralement dans
roreillette gauche, sous la forme de masses arrondies et adhérentes, ajaot
TUnOMBOl^ES ET EURULIES. 6S9
Jusqu'au volume d'une crusse noix et plus {voy. lig. 208), ou bien sous
celle iIl> concrétions moins volumineuses, moulées sur les replis ou les
colonnes charnues de l'aurioule (lig. 2lf2), disposition qui peut aider à les
i-cconnaltie lorsqu'elles viennent à émigrer. Communes au niveau des val-
vule» cardiaques, en raison des fréquentes altùralions de ces petits or^nes,
elles sont IVITet tantôt d'un processus plilegmasique en voie d'évolution^
lantâl de l'obstacle circulatoire déterminé par ce processus, et dans ces con -
1
■ll£rée,ell'oriace
, clonl l'uririlleUe gauche ouiertv en arrière, iRitw voir deux cancrf-
dfveloppéci à la face interne; a, t'auricule. La valvule mitrale m
orrra pondant, rËIréci, permet au plut l' introduction d'undoigid'earanl.
ditioiiselles sont tri's-variables dt! Tonne et de volume. Elles se rencontrent
encore dans le ventricule gauche dilaté ou enflammé, le plus souvt^ntsous
l'aspect de masses globuleuses plus ou moins fermes ; elles se trouvent enfin,
avec des caractères variables, dans l'aorte et dans la plupart des artères. En
somme, les conci-élious sanguines auloch thunes du syslème à sanjc rouge,
I ylindriques dans les branches de la veine pulmonaire et dans les troncs
.ii'tériels de petit calibre, se présentent sous forme de masses globuleuses ou
sphériques dans les cavités cardiaques et dans l'aorte, tandis qu'elles
siml disposéi-s par couches concentriques lorsqu'elles occupent un vaîs-
si-iiu dilata ou une poche auévrysmalique.
Ces concrétions, c^inmie celles des veines, sont, pour la paroi sur la-
i|uelle elles reposent, de véritables corps élrangers qui ne tardent pas
•M jn&nmiR rxirnoonioi.
krirritfiretàamenerlartHinattonde jeunet àUraiatt ocgldMklH. Le
caillot san^in de petit Tolame est ptn'é-feà mntkUflfé'iSSimialt
ambryoniiaires, oonlbiidus à tort avec Jas téonocytéa Ha aMi|^M^ |v
t«ur déTeloplpemeBt, peuvent hira àroim à rorglÉiii^HBM' 4b umk
masse ; le caillot vdoraÏBénx, plus: dîffidlemfUt «nfakt-pH«M^<lfBMBbi
se fixe.«a ftivéan du poiht en éoDlaot aTeoJapUoi'vMcailf^ taàM
oe temps, ies ^obules et la.fibrin6 se modifiait daiUila patiatcastiil»*
la concrétïoit, qui devient granuleuse, et se trensTnine en vue e^
d'émulsion griiisseusc, d'où résullt- une sorte de kyslc tibrineox. GmI
deux conditions mérileiit de nous airi^liT. I
Si le ttirombus est de petit volume, comme dans tes cas où il oo^ |
une artère de moyen cnlibre, les éirmeiits ou cellules ronrli-» >inbrj«-
naires do nouvelle rormation, développés loiil d'«W
JHM <-ntrc lu pntoi vasculaire et le caillot,
B9 peu il peu dans ce dernier, se ti-ansFormont m (afl
^^1 l'usironne, puis en un tissu fihrillaire qui par s<
Hy houclK* le ralibre du vaisseau. Ce processus, dm'
Wt cours duquel les éléments du caillot se ti-ounitf>
'' il pfiu réaorlx^s, est à tort regardé par quelqHt
209. — tcui^s (Rubiioiï) comme un processus d'orgsiùll
. (lu tlirombus, car ce ne sont pas les parties W
raie cinq jouri tuantes du caillotqui s'organisent, mais bien leséléiMot^
dS'cè vaJMMu! provenant de la végétation de la paroi vasculaire («!■
(Demi-nsture.) plusbaut, p. 617).
Le travail qui s'accomplit à la suite d'une ligature artérielle (to!"
lîg. 209) ne diflère pas de celui que détermine le simple coniid S*
boucbon Rbrineux, à moins de circonstances spéciales am^iul "
suppuration de la paroi artériellei Irritée par la ligature et par la [wésffl* 1
du coagulum sanguin, la membrane interne, et peut-être simpleme"!"'
coucbe endolbéliale, végète et donne naissance à de jeunes élémen»^
suivent les phases d'une orpnisatîon définitive, de sorte qu'il ïi»i*
moment où, par suite de l'altération et de la résorption de sa F"*^
centrale, le bouchon est transformé soit en un cylindre creux, cuJ^
sation du ibrombus, soit en un cordon fibreux qui rapproche les p"^
du vaisseau dont il diminue le calibre.
Si, au contraire, un tbrombus volumineux, situé dans le cœvr ooitf'
l'aorte, n'adhère que par un point à la paroi vasculaire, il se ^ùdai **
ce point un tissu d'organisation qui ne parvient pas toujours fc «it«Io|>P''{
complètement la concrétion. Celle-ci éprouve bientôt des modiSo''***
importantes, et ne tarde pas à subir une altération
TUnOMDUSËâ KT EMBOLIES. CM
«use qui, des parties centrales, gngnc peu & peu lu circonrérenctt.
*ar suite de cette altération, il se produit au centre du caillot d'aliord
lu ramullissement, puis une véritable liquéraction des couches les
iilus profondes que niaintienneut en place les couches les plus exté-
nt!ures. La troiisfurmation du thrombus en un kyste Olirineux, con-
Foudu pcndaut longtemps avec un abcès, n'est pas sans danger pour
l'organisme. Indt^pendamment de la géiie circulatoire qu'il déter-
taiiie, ce kyste peut se rompre dans les points où manque l'organi-
salion, et s<}n contenu, déversé dans le sang, produit des phénomènes
|j1us ou moins graves qui rappellent assez bien les symplAines de
l'iiirection purulente et des lésions locales qui semnt étudiées plus
loi» [vo\. p. 6Ù3). Telle est la marche de la thrombose artérielle,
que Umtôl elle aboutit à l'ohlitération complète, sinon au rétablisse-
mi-nt du calibre du vaisseau afTeclé, tnntt^t k la production d'un kyste
lihrineux qui peut rester slalionnaire, mais qui parfois aussi se rompi
•-■l iiifpcle l'organisme. Dans quelques circonstances cependant, et parti-
4:ulièrement lorsque la coagulation sanguine a lieu dans une poche
iinévrysmale, le thromhus, rornié de iibrîne disposée par couches con-
centriques, ne subit aucune modilicalion sensible. Ainsi la gravité de la
thruinbose ai'térielle mécanique dépend des conditions dans lesquelles
s« développe le thromhus, de son volume, de son siège, comme aussi de
I importance fonctionnelle de l'organe consécutivement altéré.
Ètiologie et pathogénie. — Les causes éloignées de la thrombose arté-
Tii^lli'soiit toutes les maladies qui localisent leurs effets sur le cœur gauche
''1 le système artériel : le rhumatisme, la goutte, le saturiiisnic, la
SîTliilis, etc. Les causes prochaines sont les lésions qui résultent de
l'îictionde ces maladies, l'endocardite, Inmyocardile, l'artérite et leurs con-
fluences diverees, les rétréoissenients des orifices du cœur, la dilatation
' '^rdiaque, les alhéromes, les anévrysmesdes artères, etc. L'une des plus
' ""munes parmi ces lésions est l'endocardite rhumatismale (1). qui déter-
mine l'altération de la valvule mitrale et amène le retrait de l'orihce du
"lémeiiom, condition favorable il la production des concrétions. Viennent
"■nsuile l'artérite et ses suites, l'athéromc artériel et les différentes variétés
u >névrysmes. La raison pour laquelle le sang se coagule dans tous cescas
'■s' son contact avec une surface dépolie, modiliée comme dans l'arlérita,
■"wrée comme dans l'alhérame, mais toujours dans un étal qui diffère
*'* lélal normal; c'est encore la tendance à la stase, comme dans les
") C«l« GDdocvdile est notée dnn)
s ma Thtsp inaugurale.
■j^nibl^ ilam m
n île» cai d'embolie cérébrale, (
632 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
anévrysmes, la myocardite et le rétrécissement des orifices cardiaques.
La calcification des artères agit dans le même sens ; de plus, elle tend à
produire la coagulation du sang par les rugosités et les saillies qu'elle déter-
mine à l'intérieur du vaisseau.
Les tissus pathologiques envahissent peu les artères, et partant ils sont
des causes relativement rares de la coagulation sanguine à rîntérieor de
ces vaisseaux. Le traumatisme est une cause plus commune, quelquefois
provoquée intentionnellement dans le but de mettre un terme à une bé-
morrhagie ou de diminuer les phénomènes de nutrition d'un organe. Ea
pareil cas, la thrombose est le résultat de l'obstacle apporté au cours
du sang et de Taltéralion de la tunique interne du vaisseau.
Certains corps étrangers, comme des aiguilles, des grains de plomb, des
esquilles ou des (ils, sont, dans quelques cas, l'origine d'une thrombose
artérielle (1). La coagulation, commençant autour du corps étranger,
se trouve ainsi dans des conditions peu favorables à son adhérence aiee
la paroi vasculaire, et partant elle a plus de tendance à émigrer.
Cette coagulation qui a lieu au contact d'un corps étranger solide intro-
duit dans le sang nous permet de comprendre le mode de formatioD des
concrétions sanguines, dans les cas d'altération de la paroi artériellf.
Toute modification ou destruction de la couche endothéliale étant pour
le sang une condition anormale qui le place pour ainsi dire en présence
d'un corps étranger, le défaut d'intégrité de la membrane interne panî!
être ainsi la principale cause de la thrombose inflammatoire; maison
peut ajouter qu'une gêne circulatoire vient somment en aide à cette cause,
puisque lalléralion des parois vasculaires est toujours une condition
fâcheuse de circulation.
H. — Embolies artérielles.
Les embolies du système cardio- vasculaire à sang rouge sont des acci-
dents pathologiques consistant dans l'obstruction d'un vaisseau artériel par
le déplacement d'une concrétion librineuse ou de tout autre coip
étranger.
Epiphénomènes d'un grand nombre de lésions du cœur ou du système
artériel, ces embolies peuvent occuper les différentes pailies de ce
système ; mais elles se rencontrent de préférence dans quelques orpine>.
Tiotamnient la rate, les reins et le cerveau. On les observe encore aux
(1) S. Luugier, Biiiietin de la Société anatomique, 1849, t. XXI V, p. 334.
EHDOLIES. 633
i, raniment dans le foie ot ios poumons. L'élude de ces accidents
comprend la description de l'embolus, celle de l'altéralion de la paroi
A son contact, et enfin l'étude des modilications subies par les tissus et
les organes dont l'artère noun-icière est obliléréc
Le corps migmloirc ou pinbulus est en général un caillot san-
guin , un thronibus déplacé ;
plus rarement il est consti-
tué par un tissu organisé, vé-
gétation papilliforme ou vemi-
queuse des valvules cardiaques
(voy. fip. 210). Une fois, Je l'ai
trouvé Tormé par un néoplasme
c;incéreux; «ne autre fois, il
consistait en une masse calci-
fiée du volume d'un gmin d'orge
(voy, ma Thèse inaugurale),
primitivement développée sur
la valvule mili-ale. Emporté par
le courant sanguin, ce Oflrps
s'arrête au point de bifurca-
tion des artères, ou bien à
l'endroit où (wlles-ci se réli-é-
cissent rapidement après avoir
Tourni des branches collatérales.
I..es gros bouchons chevauchent
parfois sur l'angle de bifur-
cation, et s'engagent dans les
deux ranittications ; mais ils
n'adhèrent pas tout d'abord
auv parois vasculaires, etils se
distinguent ainsi des thrombus
aulDchlliones. Lorsque, par ha-
sard, ces bouchons n'oblitèrent
|)as toute la lumière du vais-
seau, leur présence et l'en-
trave ipiila jipporlent à la
circulation déterminent la for-
mation de déplais sanguins,
qui ne lardent pas à rendre l'ubslrnction complète. Ces dépôts forment
bouchon migratoire une enveloppe qui le délîgiire, mais qui ne
Fie. '2\<l. — A, valvule mitrule potlanl un? v£-
gtUlinn verruqueuBe a, et préteatanl toul i
cAlâ une surtice dépolie et gnnoleuu, ùége
J'impliintattoii d'une semblable vigclntion dé-
tachée et IrHasportée ilini l'arKro Téfflortle ;
b, srlèic rémorale obstruée au-detiui del'éiie-
ron de la r£aiorale profonde par la tégélatioii
Tfllvulalrs déplacée, et. i>lu» bai. par de> eail-
IdIi McanJpire». D, arlËia ajlvîenne uuvene
de Cncon '^ montrer un liuuchun lerruqueux
provenant delà valiruts milrale; on trouve der-
rière ce bgucliDn dea cailluti secondaires e.
^M Aouchon
634 A5ATOMIE PAnOtdOQOL
peat empêcher de le reconiiaitre si Te* j prte «i peu d'attenlioiL ESec-
tÎTemeot, ce caillotoompléiDenlaire le plas âoiii«Ht ■ûiniire, esl,da moiss
dans le principe, bdle à séparer de TembûAB jaaggîp, qui est fénne,
arrondi, déchiré, et ordinairement de teâle jaunâtre. La chose est phi
simple encore lorsqu'il s'agit d'embohis iovaés et tissas organisés, de
masses calcaires, etc. Plos tard, le dtarwarOiCy qarâiae plus difficile, eâ
encore possible, sortoot pour ces derniers cas^
Indépendamment du caillot compléiii>wlaire^ il se lorme quelquefois ei
aTant de rembolus, jusqu'à la brandie coHatérate la plus prodie, coauBe
à la suite d*ane ligature, un caillot ou throoibas secondaire anténeur.Ufl
thrombus de même ordre, ou thrombus pûstérîeur, se produit plus soe-
Tent en arrière du bouchon primitif, et cela an boot de quelques jours,
par le (ait du rétablissement de la circulation cotktêrale < tôt. fig. 210) ;i).
Cest par suite de la connaissance que j'arais de ce caillot secondaire que,
dans ma thèse inaugurale 1 1862), j'ai le premier cherché Teiplication dt
rhémiplè^ survenant deux ou trois j«>urs après la ligature duoe des
artères carotides. Celte ligature interrompant toot à coup la ris à terft,
il se (ait dans la partie supérieure de ce vaisseau une circulalion ei
retour par le cercle de Willis, et le sang arrêté aiHiessiK du lien se coagule
Quelle que soit sa nature, Tembolus est pour la paroi artérielle ui
corps étranger dont ie contact l'irrite et renSamme^ Au niveau des points
irrités se montrent des éléments noov»^dax« qui peu a peu s'elend^^Dli
toutr- b cir N.nîVivnee du b«juchoo. ♦>> r-lr-œnts. pn>iuits par la vefifU-
tion A*^ tisiui de la paroi, probablemeul des en!d<>tiieliums, s*jnl d abuH
><riibUbIr-> aux cellules embnonnairv-s, puis iU s'alloujrent t-l devieniit'Dl
l'ii if •mies : c'est ainsi qu'ils se pn-sentriit urdiuairemeal a l'ubsenalioo.
Ils se transforment ontin en un tissu o^njouotif dbrillaire qui se vascul»-
ris*.', continue de vi\Te. et rend r«-»bslnjction permanente. Dans quelques
«as. I^s ch'jses s^f passent differemra*fnt : ou bien le tissu organisé c^isr
tir vi\T»-. ser r«rsorU*. et le calibre du vaisseau se rétablit en partie, conuû^
y- lai vu une fois p^jur l'artère de SUvîus, qui, après plusieurs années*
^Hail simpl^m^fnt rétreoie (dz. 21 1 : ou bien le n*»uveau produit adhère ^û^
une (aible * tendue de la paroi artérielle i^ui ne suit pas le caillot dans
retrait, et laisse libre une partie de sa lumière. Cnielquelois enfin leliss
organisé qui a remplacé le thrombus est tellement vascularisé, qui —
•i, L& p2apart des aateim ne porleat que da caillot «CDodaire intérieur. ct<
à-tlin? da caillot qui se produit quelqut^ftxs i T.^xtnîniiUî d« l embolns li plus ^om -
da C'Zor; qxiaiit ta caillot secondaire pi^stiîriear. ils n'en disent mot, ti c^pfOfl*^^
c'est celui que j li prc9(|ifee toajoars r»>occinrn>.
THROMBOSES ET EMBOLIES. 635
forme une sorte de tissu érectile dont les vaisseaux en contact se détrui-
sent peu à peu et se vident les uns dans les autres. Toutefois, le malade
ne tire, en général, aucun proGt du rétablissement de sa circulation,
car, pendant le temps qu'a duré l'oblitération, il s'est fait des lésions
irréparables dans les tissus desservis par les divisions de l'artère
obstruée. Lartérite consécutive à la présence d'un embolusest une artérite
Fi6. 211. — Le cercle artériel de Willis et les artères qui contribuent à le former. L'artère
sylvienne gauche, siège d'une embolie ancienne (7 ans environ), est diminuée de calibre,
mais libre ; les artères communicantes antérieure et postérieure du même côté sont filiformes.
localisée, circonscrite, proliférative ou adhésive ; il n'y a d exception à cette
règle que dans les cas où le bouchon embolique provient d'un foyer de
suppuration ou de gangrène. Cette dernière condition, dans laquelle Tem-
bolus exerce une action différente sur la paroi, provoque une artérite
suppurative ou gangreneuse.
Les effets de Tembolie ne se limitent pas à Tartère obstruée; ils
s'étendent au territoire organique alimenté par ce vaisseau, et accès-
soirement à la zone plus excentrique nourrie par les branches vas-
cataires chargées de la circulation en retour. Dans ces deux régions, les
effets immédiats de l'obstruction sont précisément inverses. Dans le terri-
toire qui correspond à l'artère obturée, c'est la diminution ou la suspen-
sion totale de l'afflux sanguin, l'immobilité de la colonne sanguine derrière
l'obstacle, Tischémie ou une anémie totale ; dans la zone circonvoi-
sine, c'est une fluxion compensatrice, avec dilatation ou même rupture
vasculaire déterminée par le vide qui s'est lait derrière l'arrêt circula-
toire produit par l'embolus. En somme, ces désordres dépendent de la
636 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
présence ou de Tabsence d'une anastomose artérielle au delà de Tob-
stacle. Si cette anastomose existe, le sang affluera bien vite par cette voie
collatérale dans la distribution périphérique de l'artère obstruée, et les
ciïets de Tembolie seront insignifiants. Que si, au contraire, l'artère
bouchée se capillarise directement, sans présenter d'anastomose préalable;
si, en un mot, elle constitue une artériole terminale, il y a absence to-
tale de circulation dans toute sa distribution capillaire, et même dans le
tronc veineux qui lui fait suite jusqu'au point où celui-ci s'anastomose
avec une autre veinule où la circulation se fait librement (1). Le sang re^
flue de ce point vers les capillaires, où la tension est presque nulle, et
détermine bientôt un engouement véritable du pinceau capillaire corres-
pondant à l'artériole oblitérée, et même de petites hémorrhagies, comme
on peut s'en assurer par l'e^Tpérimentation. Par conséquent, les phé-
nomènes ultérieurs à l'obstruction embolique d'une artère différent
selon qu'il s'établit ou non une circulation collatérale suffisante pour com-
penser aussitôt l'ischémie. Dans le premier cas, l'embolie n'a pas d'autre
suite anatomique que la lésion pariétale du vaisseau obturé ; mais si h
circulation compensatrice est insuffisante ou nulle, l'ischémie persiste
dans les parties alimentées par ce vaisseau, et entraîne à sa suite une
altération irréparable, qui présente à peu près partout les mêmes phases
d'évolution.
A l'ischémie succède bientôt la stase sanguine des vaisseaux situés
derrière l'obstacle. Les tissus en rapport avec ces vaisseaux se tumé-
fient, et font à la surface de l'organe, la rate par exemple, une saillie
plus ou moins considérable; ils sont infiltrés de sang, indurés,
et, à la coupe, semés de taches rouges ecchymotiques. La cause de
ces ecchymoses, diversement interprétée, a été attribuée par plusieurs
auteurs à une hypérémie collatérale; mais les recherches expérimentales
de Cohnheim ont montré qu'elles sont, ainsi que nous l'avons signalé
autrefois (Thèse inaug.)» '^ conséquence de l'altération de nutrition despa-
rois capillaires et des veinules sous l'influence de la suppression de la circu-
lation : telle est la lésion connue» sous le nom d'infarctus hémorrkogiqut
Plus tard, c'est-à-dire après environ quinze jours pour le cerveau, la
coloration rouge ou violacée fait place à une teinte jaune de plus en plus
(1) Les organes qui ont des artère» terminales sont : la rate, les reins, le cor-
veau, la rétine et les poumons dans leurs parties sous-pleurales. Aussi ces orgintt
sont-ils le siège ordinaire des lésions nécrosiques consécutives à l'oblitération arté-
rielle. Ce n'est pas que ces lésions ne puissent se produire dans d'autres régions Ja
corps munies d'artères anastomosées; mais alors, elles sont dues à des obturaUoos embo-
liques multipliées.
TiinininosES et iîmiioues. Gï7
^produite par l'alléralion granuleuse el la transformation grais-
ijfes éléments privés des sucs nutritiTs, et même des glo-
Inguins à lelatde slase et dont la matièra colorante peut cris-
i^voy. p. 508). La consistance Je i'infarctus, dnns cette seconde
rvaric suivant Tur^tàne atTecté; elle est en gt^néral d'autant plus
|De lu tissu fibreux est plus abondant et la trame organique plus
ttcellecirconstiincea valu Jk l'altération des dénominations diverses,
■celle d'induration javne, lorsqu'elle siège dans la rate, celle de
tttsement jaane, quand elle occupe le cerveau.
is une dernière phase enlin, les éléments des tissus transformés, ré-
pour ainsi dire à l'élal démulsion graisseuse, rarement iuliltrés de
ilcaires, sont peu à peu résorbés non- seulement par les tissus voi-
uiais encore par le développement â'une membrane de nouvelle
lion dans In zone voisine des tissus nécrosés. Alors se produisent
iprcssions, par suite de la disparition des éléments transformés et
rêtraclion des tissus (voy. (ig. IHS, p. 509). Ces dépressions, plus
ains profondes, donnent une physionomie et une forme toutes
IB il l'organe lésé , qui est ainsi couvert d'une ou plusicui-s cicatrices.
Iques cas où les éléments altérés forment une masse trop consi-
i^ur être résorbée, il se produit des foyers k contenu lactescent,
toujours confondus à lort avec des abcès, ou encore, comme je
Dur le cerveau, des sortes de poihes kystiques qui renferment une
^nlilé de sérosité (pi. XLIV, fig. 2, de mon Allas d'mialoniie
igue). Telle est pour les organes la succession des changements
ilifs à l'obstruction des artères; dans les membres, les choses se
ie la même façon, avec cette différence que le contact de
jélermine une sorte de momilication.
le de ces altérations est nécessairement en rapport avec le mode
ution de l'artère oblitérée ; elle représente dans la rate une zone
transversale et plus ou moins large ; dans le rein, un cùiu-
hase est à ta périphérie, etc. De même, leurs caractères extérieurs
Len raisonde la structure de l'organe alTecté et des conditions parti-
du milieu qui lui est propre. Le ranioLHssemenl si i-apide du cer-
ï ainsi l'elTet du peu de consistance decel organe, et les phénomènes
fication présentés par les membres sont certainement dus à l'éva-
ïncessante qui s'opère à leur surface. Quelle que soit leur pbysio-
Ite lésions organiques consécutives il l'embolie artérielle sont des
ta fiérieux, puisqu'elles aboutissent fatalement à la destruction
au. Toutes choses égales d'ailleurs, leur gravité est en raison
de leur étendue et de l'importance fonctionnelle de l'organe
638 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
altéré. C'est ainsi que les embolies des branches des artères splénique
et rénale sont en général peu redoutables, tandis que TeniboHe des artères
cérébrales constitue une affection grave, et que celle du tronc basilaire est
rapidement mortelle. L'embolie des artères des membres est à craindre
en raison de son étendue et de ses conséquences ; il n'est pas rare de voir
une gangrène compliquer la nécrose qui se produit en pareil cas.
Étiologie et pathogénie. — Les embolies artérielles ont pour origine des
concrétions sanguines détachées de leur point d'implantation, c'est^nlire
des thrombus des veines pulmonaires, du cœur ou de l'aorte. Rarement
alTectées de thrombose, les veines pulmonaires sont exceptionnellemeat
le point de départ des embolies artérielles. Le cœur, siège fréquent de con-
crétions, en est la source la plus commune, l'aorte vient ensuite. Celles
de ces concrétions qui ont le plus de tendance à la mobilisation sont
principalement celles qui occupent les valvules du cœur gauche, à cause
sans doute du choc qu'à chaque ondée sanguine éprouvent ces organes:
aussi l'embolie artérielle est-elle un fait commun chez les personnes qni
ont eu des attaques de rhumatisme articulaire aigu, maladie dans laquelle
les valvules du cœur gauche sont fréquemment atteintes (voyez ma Thèse
inaugurale, p. k^).
Indépendamment des concrétions sanguines, certaines végétations
organisées, et en forme de verrues, des valvules cardiaques peuvent éiw
emportées par le courant sanguin jusque dans une artère cérébrale, oo
dans une artère des membres, d'autant plus que ces végétations soiA
ordinairement implantées sur la valvule, à l'aide d'un pédicule assez
mince (fig. 210, a). Les embolies calcifiées ne sont que des végétations de
ce genre, ou des concrétions librineuses incrustées de sels de chaux (Thèse
inaug., obs. VI, p. 87). Des fragments de valvules cardiaques dans
certains cas, et principalement dans l'affection décrite sous le nomd'en^
cardite ulcéreuse, sont quelquefois transportés au loin, et peuvent obturer
des vaisseaux artériels importants; plus rarement enfin, ce sont des
masses cancéreuses qui constituent la matière de Tembolus, ainsi que
je l'ai vu dans un cas {Bull, de la Soc. anat,, 1859, p. 515). Lanatmv
de Tembolus dans ces faits est la meilleure preuve de la migration
du corps étranger; elle met certainement hors de doute l'existence
de l'embolie.
Le mécanisme de ce phénomène est facile à comprendre. Sous l'in-
fluence d'une émotion ou de toute autre cause susceptible d'activer la ci^
culation, une concrétion sanguine ramollie ou peu adhérente aux parois
vasculaires , une végétation ou toute autre production polypiforme battue
^^^^■^ TBRUItinilSES ET t.MBOLIES. 039
le «ouninl sanguin, est délachoe de son point d'iraplantalion, et Irnns-
[ée par ce courant, jusqu'il ce qu'un obstacle, on le «ililire du vais-
] dans lequel elle s'est engagée, la force à s'ari**!lpr. L'embolie arté-
II! niusi constituée est donc un phénomène toujours secondaire; en
. cas, elle est l'un des accidents les plus propres k mettre en évidence
jlidaritc des ncles pathologiques, l'n individu contracte un rhumatisme
culaire aigu, dans le cours duquel se développe une endocardite. La
BU de l'endocarde est le premier effet du désordre matériel général do
anomic ; mais bientôt celte lésion détermine la Tormalion de concrélion&
gniiies qui viennent augmenter le Irauble circulatoire; puis, à un
ain moment, ces concrétions modifiées ou ramollies sont détachées et
■sportées par le cours du sang jusque dans une branche artérielle ;
elles interceptent la circulation, puis les parties privées du liquide nu-
if se mortifient, deviennent des corps étrangers pour les tissus voisins
elles irritent; ceux-ci à leur tour s'enilammenl, et donnent naissance k
éléments nouveaux, qui, par leur organisation, contribuent lout à la
i ù la résorption des parties mortifiées el k la réparation en produisant
tissu de cicatrice.
IrELTOCBAPiiLE. — W, GoCLB, PliUosophkol TransiicUotts, 168!|, vol. XIV,
12. — HiJFFMAH, De judiciû sattgiùnis, Opéra omma. GenËvc, 17fiO, p. 167
168. — Th. BoNCT, Sepuhhretum, liv. lî, p. 430, obs. 92 el 93. —
> SwiETEN, Commentmia in Uermimni Boerhamii Âphorism. Pai'is, 175.>, t. If,
010. — J. CBOVEH-aiEB, Atlas ,ranut. pathûl., t 1, Uï. 2, pi. Il ct III, et
iî/f d'iaiat. fialh. gêtiérah, l. IV, p. 227 el 826, 18W. — C.-J. Legkoux,
hcrrhci sui- les concrétions sanguines dites polypiformes développées ptmdanl
>r. ThÈse de Paris, 1827. — Le mfme, Gai. hebd., 1860, p. 23, 56, 83.
\i iBEBT, Recherches sur une ocdiision peu connue âes viisseaia: iirtéricls con~
l'S comme caiisc de gangrène. Thèse de Paris, 1828. — Barth, Obsen\ (Ftme
itfration eimpHte de l'aorte alAominule {Arch. gén. de méd., série 2, t. VIII,
iS). — ScHHousE KmsES, On some of the principtil E/feets remlting front ihe
mùltment of fibrinouK deposits from the interior ùf the lieiirt, elc (Med. chimrg.
turf., 1852, t. XXXV, p. 281). — R. Vibchûw, .irchiv f. path. Amt. wid
4., t. 1, 1847, ct Gesamm. Abhandlung sur wissemchaftl. Medicin. Frank-
j856. — J.-M. CiiARcoT,Gfl;. méd. de Paris, 1859, p. 282- — II. Cuhn,
Ni der emiiolLichen GeftUskraiikheitm. Berlin, 1860. — E. La.sckhkai'ï,
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WdB, Des lésion-^ visc&alcs suite d'emhoHr. Thtse ilc Strasliourg, 1864. —
nUNR, Des lisi
6^0 ANATOMIB PATHOLOGIQUE.
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et CoTARD; Études physiologiques et pathologiques sur le rafnoUissement cérébrd
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logiques sur les infarctus viscéraux;. Thèse de Paris, 1867. — John-W. Ogle,
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Becherches sur quelques points de la gangrène spontanée. Thèse de Paris, 1867.
— Carviixe, Gaz, hebd., 1867, p. 3i!i2. — Meissner, dSLnsSchmidt's JàhrtAer.,
l. CXII, p. 339; t. CXVII, p. 209, et t. CXLIX, p. 37. — H. Gintrac, Jewm
de Bordeaux, série 3, 1. 111, 8 août 1868, p. 361. — Hallopeac, Sur deux faits
d* oblitérât, arténelle, disparition rapide des accidents {Gaz. méd. de Paris, 1870,
p. 295). — TscHAUsoFF, Ueber der Thrombus bei der Arterien ligatur {Archiv /.
klin. Chirurg,, t. XI, p. 184, 1869). — Cohnaeim, Untersuchungen ûber dit
cmbolischen Processe, Berlin, 1872, et Centralblatt, n~ 19 et 20, 1872.—
J. Lidell, On thrombosis of the arteiies of thc extremities {The American Jotimal
of the med. science, janv. 1873). — Le même. On thrombosis of the cérébral ar-
teries{ibid., avril 1873). — Ponfick, Ueber embolische Anewrysmen, nebst Be-
merkungen tiber dos acute Jlerzaneurysma {Archiv f. pathoU Anat. und Physiol,,
t. LVIII, p. 528, 1873). —A. Vulpian {l'École de méd., année 1874).
§ 3. — THROMBOSES ET EMBOLIES CAPILLAIRES.
Ces thromboses et ces embolies sont ainsi désignées parce qu'elles ont
leur sié^e dans les réseaux capillaires, ou du moins dans des vaisseaux
sanguins de petit volume.
La coagulation spontanée du liquide sanguin, ayant sa localisation dans
les grosses veines, les capillaires ne sont guère affectés de thrombose
marastique ; mais, par contre, ils sont très-souvent atteints de thrombose
mécanique. Or celte dernière, toujours intimement liée à un processus
pathologique (inflammation, cicatrisation, brûlure, etc.) dont elle n*est
que l'un des effets, ne peut être séparée de ce processus, et partant nous
n'avons pas à en donner une description spéciale (voy. p. 228). Nous
pourrions également laisser de côté les embolies capillaires, dont
l'action sur les tissus est plutôt chimique que mécanique, et dont les
manifestations font partie des processus de l'infection purulente, do IVn-
docardite ulcéreuse, etc. Cependant, comme ces embolies sont ordinairt»-
ment la source de désordres particuliers venant s'ajouter à ceux de la
lésion initiale, elles ne peuvent être passées sous silence. Tenant compte de
la nature des concrétions migratoires et de leur mode d'action sur les
tissus, nous diviserons ces embolies comme il suit :
THROMBOSES ET EMBOLIES. 641
l*" Embolies graisseuses ;
2** Embolies fibrineuses;
3** Embolies athéromateuses ;
U* Embolies purulentes ;
5* Embolies gangreneuses.
Nous ne parlerons pas de Tembolie des vaisseaux lymphatiques, qui a
été peu étudiée. Les particules étrangères qui suivent cette voie s'arrêtent
vraisemblablement dans les ganglions ; mais si ces particules ont quelque
chose de spécifique^ il est probable qu'elles détermineront dans les
points où elles se seront fixées des altérations de même nature, et que,
comme les embolies spécifiques du système sanguin, elles seront la source
de lésions généralisées. Ainsi Tembolie lymphatique joue sans doute un
rôle important dans la migration et dans la multiplication des produits
pathologiques (1), notamment le cancer (voy. p. 417).
!• Embolies graisseuses, — Produites par la migration de gouttelettes de
graisse dans les capillaires, les artérioles et les veinules, ces embolies
peuvent occuper les différentes parties du corps ; mais elles se rencontrent
surtout dans les organes qui, comme les poumons et le foie, sont l'abou-
tissant d'un système veineux. Leur présence modifie peu la physionomie
des organes ; toutefois la coloration de ces derniers est généralement plus
accusée sur quelques points où il existe une congestion manifeste, et même
une tuméfaction réelle , de petites taches ecchymotiques, et exception-
nellement, selon Wagner, des abcès métasta tiques. Certains organes peu-
vent être semés de taches jaunâtres ou blanchâtres ; ainsi les glomérules
et les vaisseaux des reins apparaissent dans quelques cas comme des
corpuscules et des stries d'un blanc opaque (voy. obs. CCV, p. 333, et
pi. 32 de mon Atlas (Tanatomie pathologique).
Sous le champ du microscope, les parties affectées, vues à un grossis-
sement faible, laissent voir des lignes sombres, grisâtres, et arborisées
comme les capillaires ; à un grossissement plus fort, ces lignes ou stries
grisâtres sont facilement reconnues pour être des capillaires ou des arté-
rioles remplis d'une plus ou moins grande quantité de gouttelettes inco-
lores, transparentes, et manifestement graisseuses lorsqu'on vient à les
traiter par les réactifs (fig. 212). Les tissus voisins de ces vaisseaux sont
généralement intacts, car les embolies de ce groupe, en raison des nom-
(1) Nous entendons ici sous le nom d'embolie le déplacement et le transport de
quelque choie de solide^ ce quelque chose ne fât-il qu'une granulation ou un Tibrion.
Larccrkaux. — Traité d*Anat. path. I. — 41
6A2 aNatohib pathologique.
breuses anastomoses des capillaires, ne déterminent aucune gène circa-
latoire, et ne causent pas de trouble important de la nutrition. Dani des
cas très-rares, les tissus du voisinage sont infiltrés de sang ou de
pus : c'est lorsque l'emliolus provient d'un foyer ancien de suppunUoi,
et celte circonstance tend à rapprocher les em-
bolies graisseuses des embolies purulentes.
L'extension des embolies graisseuses est très-
variable : limitées aux capillaires d'un seul
organe, ces lésions sont généralisées à la plu-
part des petits vaisseaux de l'organisme, et
dans ces conditions elles peuvent être fort
graves. En général, elles sont d'autant plus re-
rie. 312. — »(, Gmboiifl doutablesqu'ellesoccupent, dans une plus grande
groisMusedeicapillai™. étendue, un organe plus essentiel à l'existence,
du rein, provenant a un > □ r
jeune homme atteint de comme les poumons, le cœur et le cerveau ; aussi
l'lfbl''urinifèré''''"^* ' '' «^^'■^'"s auteurs pensent-ils qu'elles peuvent tuer
par asphyxie ou même par sjucope. L'embolie
graisseuse est l'effet d'un certain nombre d'altérations pathologiques ;
mais il y a lieu de remarquer qu'elle se rencontre surtout chez les per-
sonnes qui suppurent depuis longtemps et dont les os sont particuliè-
rement affectés, comme l'établit la statistique sui\-anle, qui repose sur
&3 faits réunis par Busch :
Fractures 21
Périostile aigut et ostéomyélite 3
Eiidométrile et mêlrophlébite i
Abcè» aigus dans les tissu» riches en graisse
Caries et abcès par conRCsLIon
Carie osseuse, rupture d'abcès dans le genou
Inllammation euppurative du genou
Urélhrite suppuréc
Rupture de l'estomac et du foie
Ramollissement cérébral avec abcès dans les muscles, le cŒur,
le foie et les reins'
Marasme sénile
Abcès de la jambe
Ce tableau met hors de doute l'existence d'une relation causale entre
certaines altérations du système osseux et l'embolie graisseuse, et montre
que celte embolie peut encore se produire dans certains cas de suppura-
tion non osseuse. Voulant contrùler ce résultat, Busch institua une série
d'expériences qui méritent d'être rapportées. La moelle d'un os long fut
THROMBOSES BT EMBOLIES. 643
détruite après trépanation, et les capillaires du poumon se trouvèrent
remplis de graisse dont Taspect était identique avec ce que Ton observe
chez rhomrae dans les cas d'embolies graisseuses survenant à la suite de
fracture. Puis, dans le but de connaître le mode de résorption de la
graisse et les vaisseaux par lesquels se fait cette résorption, Busch enleva
la moelle du canal médullaire, et injecta à sa place de Thuile colorée avec
du cinnabre. Auboutde quelque temps, il trouva des embolies graisseuses
dans le poumon, et de la sorte il parvint à reconnaître qu'en pareil cas
l'absorption s'opère principalement par les veines, accessoirement par
les lymphatiques. La graisse absorbée produit, suivant cet auteur, des
ec€hymoses et des apoplexies capillaires ; mais> contrairement à l'opinion
de Wagner, elle ne donne lieu à aucun abcès métastatique.
2** Embolies fibrineuses. — Ces embolies, qui ont de grandes analogies
avec Tembolie graisseuse, sont formées par des granulations diverses pro-
venant des caillots sanguins ramollis.
Les organes qui en sont le siège présentent ordinairement, à la simple
Tue, des congestions partielles avec ou sans pointillé hémorrhagique ; au
microscope, des capillaires remplis de sang à côté de capillaires injectés
de granulations protéiques et graisseuses, de parcelles de fibrine, de dé-
bris de globules sanguins et de cristaux aciculaires. Ces mêmes éléments
se retrouvent après la mort dans les caillots sanguins du cœur.
Les sources de ces embolies sont les concrétions fibrineuses des
veines ramollies et dont les particules sont emportées par le courant
sanguin, et principalement les concrétions, ou mieux les kystes fibri-
neux des cavités du cœur gauche et de Taorte. Chacune de ces sources
donne lieu à des accidents variables : peu accusés et ordinairement
insidieux lorsque les veines sont le point de départ du processus embo-
lique, ces accidents sont des plus sérieux, car ils plongent rapide-
ment le malade dans l'adynamie et dans le coma, quand un kyste
fibrineux vient h se rompre et à se déverser tout à coup dans la circula-
tion (Vulpian). A ces concrétions il convient d'ajouter celles qui se pro-
duisent à la suite de brûlures et de gelures plus ou moins étendues.
Michel (de Strasbourg), dans un cas de congélation des pieds, a constaté
l'existence d'embolies multiples des capillaires des poumons, ayant pour
point de départ des caillots des veines saphènes. D'autres faits de môme
genre ont été observés à la suite de brûlures; cependant j'hésite à
admettre, avec Wertheim, que les ulcères du duodénum, les infarctus
des poumons et des reins, etc., qui parfois compliquent les brûlures,
n'aient d'autre origine qu'un processus embolique.
6i?l AKATOMIK PATUOLOfilOUK.
3° Embolies athéromateuses. — Plus communes que les pi
embolies sont formées des délritus ou poussières provenant de In nécntte
des produits inllammaloires de l'eodocai'de ou de l'aorte. Elles peuvent
exister dans tes différentes parties du corps: mais on les trouve loplus
souvcul dans la raie, les reins et le cerveau. Ces organes, ordinairement
congcslîoniiés et tuméfiés, sont en même temps le siège de taches ecchj-
motiques plus ou moins étendues et d'altérations ijui peuvent être suivies
de dépressions superficielles {fig. 213). Un plus ou moins grand nombre
de capillaires sont remplis d'une matière
finement granuleuse, pulvéni lente, que ne
dissout ni l'acide acétique, ni l'âlher.
Des eiïets variés résultent de rél«Qdue do
ces lésions et rie la raprdîlé avec Isquttlte
elles se produisent. Lorsque la poussière
athéromaleuse se répand peu A peu dans ie
sang, ainsi qu'il arrive dans les cas iTul-
cères superficiels de l'endocarde oude l'aorte,
les troubles généraux sont peu accusé»,
mais il existe parfois des désordres iocaui
du plus grand intérêt. Ces désordres oon-
sistent en de petits Toycrs d'inllaniuiation,
qui laissent à leur suite des cicatrices pins
ou moins prolondes, ce qui finit par duooer
à l'organe un aspect granulé. J'ai depuis
Fie. 213. — Uti rpin Jo»! la sur- longtemps reconnu la fréquente coïncideiH»
r«e e«t semée de laclici ecchj- j „„ semblable état des reins avec les krsiei
moliiiiieïeLdeiielileidépreïiionB ,., . ,
cicairidelleii dans un cas d^en- ubrineuxet JesloyersatheromaleuxderaMW.
docarJiiB ulcéreuse. Quand, au contraire, les kystes o!i les Ui\en
nécrosiques des valvules cardiaques et de l'aorte viennejit il se rampreeti
déverser tout à coup leur contenu dans le sang, il survient des frissons,
et parfois des phénomènes typhoïdes ou adynamiques qui peuvent làift
croire â une fièvre paludéenne (voy. mon mémoire sur l'endoearéiu
ulcéreuse. Gazelle médicale de Pans, 181)3), et les malades succombent
avec des taches eccbymotiques dans la plupart des organes.
Les épipliénomènes de l'endocardite ulcéi-euseet de certaines endait^
rites propres aui: personnes âgées, les embolies albéromateuses M>Bl
subordonnées, comme les altérations dont elles dépendent, k rinllaeow
de conditions physiologiques et hygiéniques spéciales. Les cauaw ta
plus habituelles de ces altérations sont en effet l'état puerpéral, Timps-
TDROMBOSES ET EMBOLIES. 645
ludisme, les fatigues excessives, le saturnisme et la goutte. Primitivement
situés dans la couche profonde de la membrane interne, les foyers athéro-
mateux s'opposent à la nutrition de la couche endothéliale, qui se nécrose et
se déchire sous Faction du frottement du sang ; la bouillie athéromateuse,
alors emportée par le courant jusque dans les capillaires, est pour ces der-
niers une cause d'irritation qui détermine des inflammations multiples
prolifératives et exceptionnellement suppuratives. Dans certains cas pour-
tant, la fibrine se coagule au niveau de l'érosion; il se produit pour un
certain temps un caillot fibrineux, qui peut retarder les accidents d'infec^
lion du sang.
4° Embolies purulentes. — Ces embolies, ou embolies pyémiques, sont
constituées par le transport, à une distance plus ou moins grande de leur
point originel, d'un liquide purulent ou de concrétions sanguines infil-
trées de ce liquide.
Tous les organes du corps, et spécialement ceux qui sont l'aboutissant
d'un système vasculaire, peuvent être le siège de ces embolies. Obstrués
par des corpuscules du pus ou par des parcelles de fibrine, les arté-
rioles et les capillaires laissent extravaser un certain nombre de glo-
bules sanguiAs ; de là des taches multiples et des désordres peu dif-
férents de ceux des embolies graisseuses, lorsque le pus est exempt d'alté-
ration. Mais il n'en est pas toujours ainsi ; le plus souvent, modifié par la
présence de microphytes, le pus émigré détermine tout d'abord un petit
noyau d'induration, au centre duquel ne tarde pas à se produire une sup-
puration peu abondante. Ainsi apparaissent des abcès miliaires ou lenti-
culaires, en général peu volumineux, confondus à tort, autrefois, avec des
tubercules, coniques ou arrondis, et circonscrits par une zone rougeâtre ou
violacée. Ces abcès, désignés sous le nom à'abcès métastaiiques^ sont ordi-
nairement multiples et situés à la périphérie des organes ; limités
par une membrane séreuse, ils en déterminent quelquefois la suppu-
ration. Les abcès métastatiques sont formés de leucocytes, de glo-
bules rouges, de vibrions et de bactéries; la zone qui les circonscrit
est constituée par les tissus de la région infiltrée de globules san-
guins ; les artérioles et les capillaires qui s'y rendent contiennent
du pus, et les caillots trouvés dans le cœur après la mort renferment
généralement des concrétions miliaires blanchâtres, en grande partie
formées de leucocytes. Effet d'une infection génémle du sang, ces abcès
ont fort peu de tendance à la guérison ; leur existence est pour ainsi dire
un arrêt de moi*t.
Les causes de ces altérations sont de deux ordres : les unes éloignées,
(M ANATOmB PATHOLOOIQUI
les autres prochaines. Lescauses éloignées sont toutes les causes des pkkg-
masies suppuratives, auxquelles s'ajoutent certaines o(Hiditi0iis de miKeit
oomme la réunicm d'un giand nombre d'individus atteints de suppuntioa,
une aération incomplète, etc. Les causes prochaines sont la présenee,
au sein des tissus, d'agents (viMons, bactéries?) ayant la propriété de
modifier les parois vasculaires et de produire rextraTasilion d'nae
certaine quantité des parties solides du liquide sanguin. Chaque orgues
pour ainsi dire ses foyers initiaux d'infection : ainsi les pounums sontki
organes le plus souvent affectés à la suite des blessures des membres ; k
cerveau, dans les cas de lésions primitives des poumons ; et enfin le foie,
lorsque le désordre initial occupe l'intestin. Effectivement, la plupart da
abcès hépatiques observés dans notre climat ont pour origine des ukèn
de l'estomac ou des intestins, dans la dysenterie par exemple (voy. Mimmm
tAnat. pathoL , p. 55), et surtout des lésions de l'appendice iléo-oBoL
Broca rapporte (BulkL de laSoc. anat., t. XXIV, p. 36&} i'observatioD d^■
enfant qui succomba à un abcès du foie, et dans l'appendice vermiione
duquel on trouva une épingle. Aufrecht {Berlin, Klin. Wockemehr., %
30 juillet 1869), Malmsten et Axel Key ont vu des cas d'inflammilifli
de ce processus coïncider avec des abcès multiples dans le foie, fis j
fiiits, et beaucoup d'autres que je pourrais citar, montrent eombim i
importe d'examiner avec soin le tube digestif, si l'on veut comiiKff
l'origine des abcès hépatiques.
5* Embolies gangreneuses, — Ck)nstituées par le transport de grannli-
tiens ou de concrétions imbibées d*un suc gangreneux, ces embolies dé-
terminent des lésions spéciales connues sous la dénominatiou de put-
grènes métastatiques ou secondaires.
Ces lésions se rencontrent dans tous les points de Torganisme, mai^
elles ont leur siège le plus ordinaire dans les poumons et le cerveau.
Elles consistent en des foyers de petit volume, ordinairement multiples, ca-
ractérisés, à leur début, par une ecchymose livide, brunâtre ou noirâtre de»
tissus, au voisinage derembolus. Tout d'abord constitués par des extravasa-
tiens sanguines, ces foyers se ramollissent bientôt à leur centre, prenoei»*
une teinte grisâtre ou verdâtre (voy. mon Atlas danatomie patkologiqv^"
pi. /i^,fig. 6) et exhalent le plus souvent une odeur fétide caractérisliqo^
Les tissus qui les composent, examinés au microscope, présentent la sér»*
de modifications dont il a été question plus haut (voy. p. 51&); mais d*
plus on constate, dans les vaisseaux, Texistence d'une substance clr»**'
gère et granuleuse, ou de parcelles de fibrine altérée. Si, dans certu*"*
cas, les canaux vasculaires paraissent libres, il ne faut pas pour cda cc^*
THROMBOSES ET EMBOLIES. 64?
dure à la non-existence d'une embolie, surtout quand il s'agit d'un
organe à Tabri de Tair ambiant, puisqu'une condition nécessaire au
développement de la gangrène primitive est la présence de l'air exté-
rieur.
Les embolies gangreneuses ont pour origine un premier foyer de gan-
grène, et par conséquent leurs causes éloignées sont celles de ce foyer.
Leurs causes prochaines sont variables, c'est tantôt une concrétion
sanguine inGltrée de suc gangreneux (voy. ma thèse inaugurale,
obs. I, p. 111), tantôt le passage direct de détritus gangreneux dans les
veines, comme le prouvent les faits suivants : Un malade, atteint de
pneumonie chronique gangreneuse, a une hémoptysie, et peu de temps
après il présente de violents frissons, de la fièvre, et tout le cortège
d'une infection septicémique ; il succombe enfin avec des foyers de
gangrène métastatique dans plusieurs viscères. Un autre malade, auquel
on avait appliqué des flèches pour enlever un cancroïde à la partie supé-
rieure du cou, fut pris, au moment de la chute de l'eschare, d'une
hémorrhagie qui nécessita la ligature de la carotide ; quelques jours
plus tard, délire, coma et mort. L'autopsie révéla l'existence de deux
foyers de gangrène symétrique disposés dans les cornes occipitales du
cerveau (voy. Mém, d'anat. patholog., p. 38).
On peut discuter sur le mécanisme suivant lequel se développent les
gangrènes métastatiques ; mais il y a lieu de penser que le détritus gan-
greneux émigré est par lui-même, sinon par les vibrions qu'il renferme,
le point de départ d'une action chimique qui décompose les tissus en des
éléments de plus en plus simples.
BiBUOGRAPniE. — Embolies graisseoses^ athéromateascs et flbrlneoiiea.
— ViRCHOw, CapiUare Embolie (Arch, f. path. Anat,, 1856, p. 307, et Gaz,
tnéd.y 1857, 592). — S. Wilks, Guy*s Hospital Reports, sér. 3, t. VI, et Arch.
gén, deméd., mai 1861. — E.-B. Bergmann, Die Lehre von der FettemboUe.
Dorpat, 1863. — E. Lancereaux, Thèse inaugurale. Paris, 1862, p. 95.
Recherches cliniques pour servir a Vhist. de V endocardite suppurée et de V endocar-
dite ulcéreuse {Gaz, méd,^ et Mém, d^anat, path, Paris, 1863). — E. Wagner,
Lie CapUlarembolie, mit flùssigen Fettj ein Ursache der Pyaemie {Archiv d, Heil-
kunde, 1862, t. III, p. 2^1, et Gaz. med., 802, 1863). —Le même, Ibid.,
t. IV, p. l/i6, et Gaz. méd. de Paris, 1867, p. 125. — Uffelmann, Embolie
graisseuse des poumons (Henle und Pfeuffers Zeitschrift f. rat. Medicin, serin 3>
t. XXIII, p. 217, 1865). — BuscH, Veber Fettembolie {Arch. f. path. Anat. wid
Physiol, t. XXXV, 321, 1866). — Meissner, Emb. graiss. {Schmidfs Jahresb.y
cet. 1866, et Arch. gén, de méd., 1867, t. II, p. 98). — Vulpian, Kyste fibn-
neux {Union méd,, 1865, n« 18, et Bull, de la Soc. méd. des hôpitaux, p. 10.
6U
ANATOMie PATHOLOGIQUE.
I
Paris, 1866). — V. Feltz, Trailé clinique et erpÉrimeitlal dft «mbofia Mpd-
(«wres. Paris. 1867,2* édil., 1870. — le mtme. Gai. des hôpitaux, 1870. n'Sî.
p. 239. — Michel, Contribution à l'élude des embolies capillairm de tarUnfti-
monaire à la suite de la congélation des pieds {Gai. méd, de Stra«6oiirg, 1867,
n" 10 et 11, et Cas. kebd., 1867, p. 732). — G. Werthuii, Eluda
mentales sur les brûlures (Soc. des médecins de Yienne ut Gai. hebd.,
p. 670^. — Consultez les JilTi^rciils travaux relatifs à l'endocardile ulc^mut
dans le tome II de cet ouvrage.
Bmballeit pamlrntea cl gancrénenaes. ~ Voyez la bibliographie de 11
page 255; ajoutez : Vklpkau, Des altéralioTis du snng dions les m'tladirt(l
médicnle, 1826). — Bonset, De l'abforption et de la composition du jnH (te
méd. de Paris, 1837). — P. Duput, Théories de t infection piu-ulmU (Gai.
de Paris, 186ii, p. 235-263). — O. Webeh, £j^m7an,t. Sfud.™ ûin-ft*
mie, etc. {Deutsche Klinili, i, 8, 1865). — W.-S. Savobï, On thf rrlaHaiif
phUbitis and tiavmbosù to the Pyœmiti {St Bartholomew's Ihspital hrporti, i. t,
p. i6, 1866). — Le même, Some statistics ofPyœmia (Ibid,. l, III, p, 17^.
Malmstej^ et Axel Key, Cas de phlébite suppurative à la suiU de gangrène deT^fi»
dite verniirorme [Xord. Ued. ArHv, i, 2, n» 11, p. 20, tB6», et SdauXi
Jahresb, t. CXLIX, p. 171, 1871.)
LIVRE IV
AMOHALIES ACCIDENTELLES
Les désordres anatoniiques rangés sous cette dénomination ont pour
caractères d'être purement locaux et accidentels ; ils sont déterminés par
la présence d'êtres vivant à Tétat parasitaire ou par l'action d'agents phy-
siques, chimiques ou mécaniques, et partant ils se groupent sous deux
chefs : parasitisme et traumatisme.
SECTION I
PARASITISME
Le parasitisme est l'état ou la condition d'un être vivant sur un corps
organisé auquel il emprunte sa nourriture; c'est, en quelque sorte,
l'œuvre de destruction des animaux supérieurs, accx)mplie par des êtres
que placent dans des conditions particulières et leur petite taille et leur
organisation inférieure.
Les parasites sont des organismes qui habitent, d'une façon tem-
poraire ou permanente, sur des êtres vivants auxquels leur existence
est intimement liée. Ils appartiennent aux classes les plus inférieures
des règnes organisés, de sorte qu'il est parfois très-difHcile de les
rattacher à l'un plutôt qu'à l'autre de ces règnes. La nature de leurs
fonctions nutritives constitue leur principal caractère distinctif, car,
tandis que les parasites animaux se nourrissent des humeurs normales
dont ils déterminent une simple soustraction , les parasites végétaux
vivent aux dépens de quelques-uns des matériaux qui composent
ces humeurs, et, en s'en emparant^ ils donnent naissance à des altéra-
tions plus ou moins graves des tissus vivants. De ce mode d'action
différent résultent des conséquences variables ; aussi importe-t-il d'étudier
séparément les parasites animaux et les parasites végétaux. Ces parasites se
distinguent d'ailleurs par la nature des mouvements qui, chez les derniers,
s'accomplissent uniquement par l'action de cils vibratiles, chez les premiers
par la contraction du corps tout entier ou de certaines parties de sa masse.
CHAPITRE PREMIER
PARASITES ANIMAUX
De même que la plupart des animaux vertébrés, l'homme nourrit on
grand nombre d'espèces parasitaires. Ces espèces, au nombre de qui-
rante-cinq à cinquante, ont leur existence fatalement subordonnée à ce^
taines conditions de milieu, et, comme telles, elles sont inégalement ré-
parties, ainsi que Font remarqué Pline et Théophraste, dans les diffé-
rentes contrées du globe. D'une part, en effet, il est des parasites qui
appartiennent exclusivement à quelques contrées ; d'autre part, le nombre
des individus affectés de ces êtres est plus considérable dans certains pays
que dans d'autres.
La chique vit dans l'Amérique intertropicale ; le ver de Médine se ren-
contre seulement dans les régions tropicales; l'ancylostome duodénal
9
n'a encore été observé qu'en Italie et en Egypte ; le ténia nain et le distome
bématobie ont été trouvés uniquement dans ce dernier pays ; le bothriooé-
phale enfin n'existe d'une façon certaine qu'en Europe. Par contre, uo
grand nombre de vers, comme le ténia, Toxyure, l'ascaride lombricoîde,
ont été signalés chez tous les peuples, et sont ainsi cosmopolites.
La fréquence relative des parasites suivant les contrées n'est pas
moins remarquable. Les vers intestinaux sont des plus communs chez
les naturels des régions tropicales ; le ténia inerme est fréquent en
Abyssinie et en Égjpte ; le ténia anné, dans le nord de l'Allemagne ; l'échi-
nocoquo s'observe chez la plupart des Islandais, il est commun aussi
en Australie; le bothriocépbale se rencontre chez quehjues peuples
pêcheurs de la Suède, de la Russie et de la Suisse. Les saisons, à cet
égard, ne sont pas indifférentes : le lombric est plus fréquent en automne,
le ténia en été, et le ver de Médine dans la saison des pluies.
Indépendamment des conditions de milieu, les coutumes, les habitudes
et le genre de vie exercent une influence manifeste sur le développement
des parasites, car il importe de savoir que ces êtres pénètrent ordinaire-
ment dans l'organisme par les aliments et par les boissons. Les juifs et
les mahométans, par ce seul fait qu'ils ne mangent pas la chair de porc.
PARASITES ANIMAUX. €51
sont rarement atteints de ténia armé ; les enfants et les aliénés ont fré-
quemment des lombrics et des ascarides. La malpropreté, il faut bien
l'avouer, est .de toutes les conditions individuelles celle qui favorise le
mieux ce développement.
Les parasites animaux agissent sur l'organisme humain de trois ma-
nières différentes. En premier lieu, ils enlèvent à l'organisme les matériaux
nécessaires à leur nutrition. Ce mode d'action est en général peu dange-
reux : les parasites cutanés et le ténia déterminent des désordres insi-
gnifiants, ceux que produisent les lombrics ne sont appréciables
que si ces vers sont très-nombreux ; alors, se manifestent des signes
d'anémie et des symptômes nerveux. L'ancylostome duodénal, par
les soustractions de sang qu'il opère, et surtout par les hémor-
rbagies consécutives à ses morsures, occasionne la maladie dite chlo-
rose égyptienne. En second lieu, les parasites animaux apportent un
obstacle mécanique au libre jeu des organes. Sous ce rapport, il faut citer
les échinocoques et les cysticerques, notamment ceux du cerveau et de
l'œil , les trichines, etc. Ces parasites non-seulement troublent le fonc-
tionnement régulier de l'organe où ils se rencontrent ; fréquemment
aussi ils Tatrophient par compression, l'altèrent en rétrécissant ou en
obstruant les canaux vasculaires, ou les conduits excréteurs s'il s'agit
de glandes comme le foie et les reins. En dernier lieu, ces êtres se ren-
dent nuisibles par les mouvements et les migrations qu'ils exécutent,
occasionnant ainsi des douleurs diverses, des démangeaisons, des coliques,
ou même, chez les individus prédisposés, des phénomènes réflexes plus
ou moins sérieux du côté du système nerveux central (ténia, lombric,
oxyure) ; très-rarement ils déterminent des lésions matérielles : ulcères
ou perforations du tube digestif (lombrics, échinocoques). Ainsi les con-
séquences du parasitisme animal sur l'homme sont des plus variables ;
si quelques parasites n'éveillent en rien la susceptibilité de l'organisme,
il en est d'autres qui troublent ses fonctions, et d'autres enfin qui altèrent
plus ou moins profondément ses tissus.
Les espèces animales vivant à l'état parasitaire sur l'homme appar-
tiennent à trois grandes divisions du règne animal : les arthropodes, les
vers et les infusoires. Les vers fournissent le plus grand contingent, les
infasoires le plus petit. Les êtres faisant partie de ces deux divisions habi-
tent les tissus ou les organes : ce sont des entozoaires. Les arthropodes se
nourrissent pour la plupart à la surface ou dans l'épaisseur des téguments :
ils sont épizoaires.
652 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
ARTICLE I. — ARTHROPODES.
Les parasites qui font partie de cette première division sont des ani-
maux symétriques ayant un corps segmenté et pourvu d'appendices
articulés, un cerveau et une chaîne de ganglions abdominaux. Ces êtres
se rencontrent chez Thomme pour la plupart à la surface de la peau ou
dans son épaisseur; quelques-uns vivent accidentellement à la surface
des membranes muqueuses, et en particulier dans les sinus frontaux.
Ils sont l'occasion de désordres variables, ordinairement peu sérieux, et
qui consistent en un prurit plus ou moins insupportable, quelquefois en
des éruptions de diverse nature.
§ 1. — INSECTES.
Les insectes sont des arthropodes respirants, dont le corps est nette-
ment divisé en tête, corselet et abdomen, et muni de deux antennes à la
tête et de trois paires de pattes aux trois anneaux du corselet. Cette classe
d'animaux comprend plusieurs espèces parasites appartenant à différents
ordres.
I. — Aptères.
Pédiculides — A cette famille appartiennent les poux, qui consti-
tuent un genre particulier (Pediculus). Ce genre a pour caractères : des
antennes de la longueur du corselet ; un suçoir (rostre) en gaîne, inar-
ticulé, orné à son sommet de crochets rétractiles; deux yeux saillants; un
abdomen plus ou moins découpé sur ses bords, et six pieds marcheurs
(Moquin-ïandon).
On distingue trois espèces de poux : 1** le pou de la tête, qui a le corps
oblong, un corselet distinct, cendré et trilobé ; 2** le pou du corps, pou des
vêtements, pou des malades, qui diffère du précédent par un corselet
égalant en longueur plus de la moitié de l'abdomen, jaunâtre, trapézoïde,
et un abdomen lobé ou sinueux ; 3° le pou du pubis, qui a un corps
arrondi, à corselet confondu et très-court. Les quatre pattes postérieures
de ce deniier sont recourbées et disposées en forme de crochets; aussi
est-il difficile de lui faire lâcher prise.
Les pous sont ovipares; leurs œufs, désignés sous le nom de lentes,
sont agglutinés aux poils, ils sont oblongs, piriformes, blancs, et s ou-
vrent au sommet. Les petits éclosent au bout de cinq à six jours ; ils sont
d'un blanc de lait ou gris pale; après plusieurs mues et au bout do
dix-huit jours ils peuvent déjà se reproduire.
Les poux piquent et sucent le cuir chevelu à l'aide de leur rostre
PARASITES ANIMAUX. 653
(suçoir), ils déterminent des démangeaisons plus ou moins vives et in-
supportables. Le pou des malades, auquel est due la maladie dite pédicu'
laire ou phthiriase, semblerait s'éloigner un peu des habitudes des autres
poux en s'introduisant dans des ulcères cutanés et même dans des pus-
tules et des tumeurs (tumeurs pédiculaires), si Ton en croit les assertions
de quelques auteurs anciens.
BiBUOGRAPHiE. — J. SicHEL, Essat monogrophique sur le phthriase, Paris 1825.
— S. Rayek, Traité des maladies de la peau, i. II, p. 800. Paris 1835. — Landois,
Wiener med. Wochenschnft, 1865, n°« 17, 18 et 19.
II. — Diptères.
Les insectes de cet ordre rencontrés chez l'homme sont tantôt dans
leur état de complet développement, tantôt à l'état de larves ; un grand
nombre ne sont que des parasites temporaires.
Pulicides. Le genre puce (pulex), qui faisait autrefois partie de l'ordre
des suceurs ou sipkonaptères (La Treille), est aujourd'hui, malgré
l'absence d'ailes, rapproché des diptères; il offre pour caractères un
bec infléchi, étroit, renfermant deux lamelles ou lancettes et recouvert
à sa base par deux écailles, deux yeux peu saillants, un abdomen
comprimé, des pieds sauteurs, au nombre de six.
1* La puce ordinaire {pulex irritans Linné) présente un corps ovale,
comprimé, revêtu d'une peau cornée assez ferme, d'un beau marron
luisant. Le mâle est moitié plus petit que la femelle ; celle-ci pond au
hasard ses œufs, qui tombent à terre, ordinairement dans les fentes des
parquets, sur les vieux meubles, etc. A côté de ces œufs on trouve des
grains noirs, luisants, aplatis ou cylindriques, qui sont du sang desséché
et destiné à la nourriture des larves. Au bout de quatre à cinq jours en
été, onze jours en hiver, les larves éclosent sous forme de petits vers
allongés, cylindriques, divisés en treize anneaux garnis de poils. Onze à
quinze jours plus tard, ces larves s'enferment dans une coque soyeuse,
mince et blanchâtre, et s'y transforment en nymphes qui mettent de
douze à quinze jours pour devenir parfaites.
Les puces produisent une petite démangeaison désagréable en se
promenant sur les parties sensibles. La piqûre de ces insectes donne
naissance à une sensation plus vive ; elle laisse sur la peau une tache
circulaire rougeâtre, sans tuméfaction manifeste, vers le milieu de laquelle
se voit un point plus foncé.
Bibliographie. — Duméril, Art. Fuce {Dict,des se. nat.,, t. XLIV. Paris 1826).
— Moqdin-Tandon, Éléments de zoologie médicale^ p. 273. Paris 1860.
654 ANITOMIS PàTHOLOGIQDI.
2* La puce-chique {pulex pénétrons Lioné) habile l'Amériqiie ïbI
tropicale, particulièrement la Guyane et le Brésil. Elle se tient dam
bois, sur les buissons, les herbes sèches, etc. Plus petite que la pucei
dinaire, la chique présente une forme ovale, elle est aplatie, d'unecooli
lauve ou roussâtre, plus claire au thorax et à l'abdomen*
La femelle seulement attaque l'homme après avoir été fécondée,
dans le but de loger et d'alimenter ses petits, elle se porte sur les pia
se glisse entre la chair et les ongles ou sous la peau des talons, sur '
mains, rarement sur le scrotum et dans d'autres parties du corps.
Au moyen de son appareil buccal la chique s'introduit sous l'épidai
obliquement jusqu'à ce qu'elle soit arrivée au derme, où elle se atu
c:>
Fjg. 21&. — 1, face plantaire du pied gauclie montraiil en deux endroits la luint'tjclii*
qui rcaulle de la pénèlratîan du pulex peiistraris dans la pean; £, chique extraite dd fi"
eX Irèi-grosrie, vue par ss face postérieure ; c, chique vue par H ftce tnl^rM*''
f, chique fenicllc fécondée (grossissement. 2â diamètres), les dernier» anoeainu''
refoules vers l'anus; g, chique femelle fécondée au 3° jour de son introductJM d>Ml>
peau (gruisisscntent, 10 diamètres); d, e, œura grossis.
une loge qui augmciilera plus laid en propuriion du volume que preodn
l'abdomen. On constalc (l'tiboid rc.\i5tciice d'un point noir qui dispani^
peu à peu à mesure que l'insocte seiifoncc; l'épiderme se détacbe.
piriASiTES AMinux. 655
i elles paltes de lu puce, iiDmédialemeiit appliquées sur le
me , se trouvent cachées par l'abdoinen , qui a pris uii dévelop-
lent relatîvomciil considérable et qui apparaît comme une tache
ach&tre. Celle tache s'élargit chaque jour au point d'arriver au diamcitre
ne forte ienlJUe, Tormant une légère élevure au-dessus du niveau de la
u. Parvenu à ce terme, l'insecte présente l'aspect d'une grosse perle légè-
lenl dé[irimée, il ressemble au Truit du gui hianc, el dans le pays on le
[ime poche ou sac de chique {fig. 21(i). Ce sac, extrait de la peau sans
: blessé, est vivant, on le voit se contracter et se dilater alternativement;
résente deux Taces, une Tace interne ou dermique, comprenant la tête et
pallesenrapporldirectavee le derme; une face externe ou épidermique
rapport avec l'épiderme, et au centre de laquelle on trouve le cloaque,
reste en contact avec l'air extérieur pendant toute la durée de
il parasitaire. Les œufs, dont le volume est rolalivemcnt considérable,
tenl en sens inverse le sillon que l'insecte avait fiiil pour pénétrer
s l'épiderme, puis ils tombent sur le sot où ils éclosent. Vers la fin de
lonle, les contractions se ralentissent, l'action musculaire devient in-
isante, la chique essaye inutilement de meltre un dernier mnî au jour,
«ut mouvement s'arrête dans le sac, c'est le terme fatal de l'existence
Il insecte qui a accompli sa mission.
l'un des premiers elTels déterminés par l'invasion du parasite est
I sorte de chatouillement ou de démangeaison agréable plutôt que
Joureuse, intermittente comme le travail de l'animal. Cette période
e de vingt-quatre à trente-six heures; mais à mesure que la pucegran-
les tissus voisins, mécaniquement refoulés, sont comprimés, et la dé-
iigeaison fait place à une douleur de plus en plus intense; puis le sac,
isant h la manière d'un corps étranger, détermine l' inflammation des
lies avec lesquelles il est en contact. Tout autour de ce sac s'êpnnche une
isilé fluide et transparente, parfois purulente, qui agit de concert
c le parasite pour refouler les parois de la loge, et contraste avec la
leur blanche mate du sac, de sorte que la lésion il ce moment n'est pas
s analogie avec un bouton d'acné juvénile. Cette période inflamma-
«dure quatre à cinq jours.
i k cette époque on enlève le kyste avec soin, on observe à la place qu'il
apait une petite cupule arrondie, assez profonde, creusée aux dépens
derme, dont on aperçoit le fond rougeùtre enflammé, suintant; c'est une
iequi se dessèche et se cicatrise bientôt. Si, au contraire, la lésion est
Adonnée à elle-môme, l'épiderme qui la circonscrit, décollé par le pus,
lécbirc tout autour du kyste, qui se détache de lui-même et tombe i>n
Ipat à nu une petite plaie suppurante dont In guérison est des plus
656 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
rapides. Toutefois les choses ue sont pas toujours aussi simples ; Tin-
flammation, au lieu de se limiter, peut gagner les tissus ciroonvoisÎDs
et produire soit Tulcération, soit la gangrène de ces tissus. L'ulcé-
ration se manifeste surtout aux régions occupées par plusieurs insectes,
alors que toutes les plaies voisines se fondent en une plaie unique. L'uloèn
s'étend en largeur en même temps qu*il creuse, il a une marche phagédé-
nique. Ses bords sont ordinairement rouges, déchiquetés, taillés à pic ; soi
fond grisâtre laisse suinter un liquide sanieux et fétide. Cette lésioa est
commune surtout au pourtour des ongles des pieds ; la matrice est frappce
de mort, Tongle se détache : c'est là une onyxis ulcéreuse chronique spé-
ciale. L ulcère déterminé par la chique ne serait, suivant Bonnet, queœhii
qui a été décrit sous le nom d'ulcèt*e de la Guyane. La gangrène ne s'éteod
généralement pas, à moins que les tissus voisins de la plaie ne soient
frappés d'anesthésie ; cette complication, comme Tulcère, ne se mcotn
d'ailleurs que chez les individus malpropres et placés dans de mauvaises
conditions hygiéniques.
Bibliographie. — J. de Léry, Histoire d'un voyage fait en terre de BrésU, Uti
Amérique, etc., La Rochelle, 1578, 5* éd. Genève, 1611. — Sloane, A n)Sf«9e
to the Islands Madera, Barbadoes, etc. London, 1707. — J. B. Labat \Pè«
dominicain), Nouveau voyage aux ilcs de V Amérique, Paris, 1722 ; 2* éd., 1741
— M. Catesby, The natural history of Carolina, Florida and the Bahama w-
lands, t. II, append. , p. 10, fig. 3, London 17^3. — M. Dobrizhoffeb, Histom
de Abiponibus, vol. II, p. 3/i, ViennoD, 1784. — De Humboldt et BoNPUX^
Voyage au nouveau continent, t. VII, 1820, 1822. — PoHLet Kollar, Brasilkv
vorzugl. làstige Insecten, t. I, Wicn, 1832. — Aug. de Saint-Hilaire, Voyo'p
dans les provinces de Rio de Janeiro^ etc., t. I, p. 35, 1830. — Levacher, Guiéi
médical des Antilles et des régions intei^tropicales, p. 327, Paris 18(i0. — J. Goc
DOT, Ann, des se, nat., 3* sér., 1845. — J. Niéger, De la puce pénétrante rfff
pays chauds et des accidents qu'elle peut occasionner. Thèse de Strasbourg, 1858.
— VizY, Note sur la chique du Mexique et sur son action sur l'homme {Recueil à
mèm, de mèd., de chirurgie et de pharmacie milit.^ sér, 3 ; 1863, t. X, p. 306).—
H. Kahsten, Beitrag zur Kenntniss des Rhynchoprion penetrans [Archiv f. patk-
log, Anatom, uml Physiolog,, 1865, t. XXXII, p. 269, et Bull, de la Soc,dff
naturalistes de Moscou^ 1866, p. 72-156). — Brassac, Delà chique {pulex pent
tram); accidents produits chez V homme par ce parasite {Archives de mêdeoM
navale, 1865, t. IV, p. 510). — L. L. Gage-Lebas, Des aîiimaux nuisibles ^
Vhomme et en particulier du pulex penetrans, chique ou nigua. Thèse de PariSj
1867. — G. Bonnet, Mémoire sur la puce pénétrante ou chique (Archives i<
médecine navale, 1867, t. VIII, p. 19 et 81). — L. G. Guyon, Histoire naturdk
et médicale de la chique, insecte parasite des régions tropicales des deux Abk-
riques (Revue et Magasin de zoologie pure et appliquée de Guérin-Méneville, sër. 2,
PARASITES AMXACTX. 0S7
. XVII, IH65 ; tirage à part avec 5 planches, 1870). — A. LABouLstice, Arl.
Chique du Diclimn. encydop^il, des sdencet midknle», sér. \, l, XVI. p. 228 el
suiï., Paris, 1875.
(Extrides ou (E-fhrs. On di5signe sous ce nom une famille d'insectes dip-
tèi-«s ayant la forme de grosses mouches Irès-velues , distinctes des
Uio>is])arlu disposition de In bourhe, qui est constituée par trois luliercules
ou jutruiie trompe et des [lalpes rudiinenlaîres. Rarement les œstres se
trouvent ii l'ëlat parfnil, h cause de la brièveté du temps de leur appa-
rition et du petit nombi'e des lieux qu'il leur est donné d'habiter. Leurs
œufs sont déposés par la mère sous la peau qu'elle a divisée îi laide d'une
tarii'r^; les liir\'es, une fois écloses, se nourrissent de la matière puru-
lente il la production de laquelle leur présence donne lieu. Certaines
espèces déposent leurs œufs glutineux k l'extérieur, sur lo^ parties de la
peau accessibles ù la langue de l'animal, alin qu'en se léchaut il les
amt^ne dans sa bouche, les avale et les transporte ainsi dans le lieu qui
fsl le plus convenable à leur organisation. L'œstre du cheval, se balan-
çant dans l'air, pose de temps en temps ses œufs à la partie interne
des jambes, sur les épaules, etc., de cet animal. Les larves s'ar-
rêtent ordinairement dans l'estomac, autour du pylore, où elles se
tiennent en grand nombre, quinze, vingt, et quelquefois une cen-
taine, suspendues par grappes dont une plus considérable (lig. 215).
Elles vivent des humeurs sécrétées par la membrane muqueuse, et
sont par leur épiderme, comme certaines graines, préservées de l'action
d'un suc gastrique qui peut cependant digérer des grenouilles et des
poissons. Il est d'autres espèces dont les œufs sont placés par la mère
à l'entrée des cavités par où la larve doit pénétrer, et cela surtout chez
les rumi'nants, notamment le mouton, le cerf et le chameau. La larve
gagne les sinus frontaux et maxillaires, et se lixc à la membrane
inu<|ueuse qui les revêt au moyen de deux forts crochets dont sa
bouche Ë!<t armée. Les espèecs qui vivent sous In peau ne sont pas moins
communes, elles s'attachent aux animaux dans toutes les parties du
monde, depuis les latitudes glacées de la Laponie, où elles tourmentent
le renne, jusque sous l'équaleur, où le bœuf, le chien, le singe et l'homme
en deviennent les victimes (Colin). Une fois parvenues au terme de leur
accroissement, généralement fort long, de huit ft dix mois, les larves
parasites quittent leur demeure, celles-ci en se laissant tomber à terre,
l'i'lles-lii en suivant le canal intestinal et en s'échappant par l'anus avec
l'S déjections excrémentitielles.
La présence chez l'homme de larves Semblables à celles des œstres, re-
Lanceueadx. — Trailc d'Anal, palh. 1. ^ ùî-
^B Lanceuead
^B ANATOMIË PATQULOCilQltE.
connue depuis longlemps, fi i-té révuqucc pu doute par p'""" , , inii,
listes, CB raison des rensei(i;nenienls iiinnnplels dmit 1» plu)Kirl (ira luli
.^ro;^-.
Fio. ai 5 Eilomae île chpvnl coiUenanl im granJ n bra île
[Hus.^c del'Ecols vitÉriTmiro (l"Airorl.)
wnt mtourèsj^ AJBw on (i ^|«s d'jiiie Jfois allribué tes lanr
.st — .r *\.
PARASITES ANIMAUX. 659
lies dans des tumeurs sous-cutanées à la mouche commune, qui n*a
pas, comme certains œstres, d'instrument pour entamer Tépiderme;
mais une circonstance proprt^ à éclairer le diagnostic, c'est que Tœstre
ne dépose qu'un œuf à la fois, et qu'ainsi chaque larve possède sa loge à
part, tandis que la mouche en fournit plusieurs simultanément.
Les tumeurs cutanées produites par l'œstre ont été signalées par Hum-
boldt, qui a vu dans TAmérique méridionale des Tndiens dont l'abdomen en
était couvert. Howship a communiqué à la Société royale de Londres un
cas de tumeur du dos et un cas de tumeur du scrotum observés dans
cette partie de l'Amérique ; les larves furent gardées jusqu'à leur chan-
gement en œstres. Roulin eut l'occasion de voir à Mariquita (Colombie}
un honmie dont le scrotum était le siège d'une tumeur de deux pouces de
diamètre à sa base, rouge au sommet et percée d'une petite ouverture.
Après avoir agrandi cette ouverture à l'aide d'une lancette, il put en
extraire une larve blanche piriforme, offrant des rangées d'épines noires
dans la partie la plus renflée.
Bonnet a souvent obsei*vé à la Guyane française, dans le tissu sous-
cutané de l'homme, une larve piriforme d'un blanc grisâtre, d'une lon-
gueur de 20 à 27 millimètres, qu'il considère comme une larve d'œstride
connue sous le nom de ver macaque. Cette larve détermine par sa pré-
sence d'abord un simple fourmillement, puis un gonflement d'aspect
furonculaire avec douleur intermittente et périodique, surtout le matin
et le soir, au moment où l'animal fait agir ses crochets.
Semblables faits ont été observés sur la côte occidentale d'Afrique.
Coquerel et Mondière ont vu à Portudal, près de Corée, plusieurs
militaires présentant des tumeurs multiples, rougeàtres, dures, acu-
minées, perforées à leur sommet, et qui sous l'influence de la pression
laissaient sortir un corps blanchâtre, marqué de deux points d'un jaune
fauve [stigmates antérieurs). Les hommes atteints de cette affection
avaient éprouvé tout d^abord une sensation analogue à celle d'une piqûre
de moustique, bientôt suivie d'une légère saillie de la peau avec déman-
geaison. Le second jour, la tumeur était plus marquée rouge; puis elle aug-
mentait progressivement de volume jusqu'à atteindre la grosseur d'une pe-
tite noix : elle était alors acuminée et uniformément rouge. Le cinquième
jour, la peau s'amincissait et un orifice très-étroit se montrait au sommet
de la tumeur. Le sixième jour, l'orifice augmentait jusqu a présenter un
diamètre de 2 ou 3 millimètres, la pression en faisait sourdre un liquide
séro-sanguinolent. C'est alors qu'on apercevait la larve et qu'on pouvait
en obtenir facilement l'extraction. Cette larve, très-bien décrite par Co-
querel et Mondière, a une longueurde 1/»millimètrest une largeur de ftmil«
HO INATOMtG FATH0LO(;lQ[iK.
limètres, un corps cylindrique, légèrement contouré
segments, dont le premier, ou segment céphalique, présente dea\.
crochets noirs, très-aigus, qui servent k la larve à se User dans les lÎ!
de l'animal qui la porte. Les premiers se^cments sont cou^'ertsde
gces de petites épines noires, Irès-liues, ti'ès-aiguës ; les derniers sont
A l'extrémité du dernier on voit deux gros points d'un bruu (oucé.dï
smit les stigmates postérieurs. Lorsqu'un oriKce se montre au soininMd(
la tumeur, cest cette extrémité postérieure munie de ses gros slignuM
que l'on aperçoit- Cette larve, considérée parCoquereIct Mondière coniiM
appartenant au groupe des œstrides ciiticoles, s'éloignerait àes t&n»
connues de cette division, et conséquemmcnt l'insecte parfail fonuenil,
selon ces iiuleurs, un genre nouveau à placer près des hypoderme^.
C'est sans doute une larve du même genre, ou du moins très-voisinr,
qui a été observée par Bérenger-Féraud nu Sénégal, où elJc est coniw
sous le nom de ver de Cayor ou Bador, et qui, selon E. Bl.tnchxnl, afi|tr
tiendrait apparemment nu genre Ocliromgia de Mncquart.
RiBLiocRiPHiE. — RouLLN, ArMoles de la Société tntotnologique de Franct, ISI),
I. il, p. 518. — V. F. HoPE. Tkc Insects and tkeir larvet, occasionally /«mf a
the humait body (Tramiicl. of the Entomoloo- Soc. of Landun, ISfiO, ruL j.
p. 256), ^DuNCàN, De ta préscnautcddentelle des mstresehet J' homme (Erfûitafï
fcterinioT/ Review, jaa 1859, et Arch. géii. de mid , 1859, t. 2, p. 35SV-
CoQDEHKi,, Larves d'œstrides de l'homme (Magasin de zoùlof/ie de Guvria, n'S'
1859}, — Sphing, Larves tpŒslride {Bulletin de l'Académtn royale de Wp)"''
30 mars 18fi!, et Presse belge). — Colin, Sw les transformationt dtt hr»
d'œstres qui vivent dans l'eitomac et l'intestiji des solipédes {BuU. de la Sac. ^f-
et crntr. de mid. vétérinaire, 1882, sér. 2, t. Vil, p. 24). — Cogcotii BlMof
DiËBE, Larves d'asiridfi, développées dans des tumeurs d'iipparence fiovKnl'^
(Gai. kebdomad. de médecine et de chirurgie. 1862, p. lûtt). — Schibiv>
Rapport ïui- le prétendu «slrc de l'homme, etc. {Arch. f. jiiUhol, Anat. uni P*f
$iol., t. XXVI, p. 209). — LtiniET, Nouveau parusitt de l'homme [Behf^
horridus) {Joum. de mid. de Lyon el Gus hetid. , 1866, p, 75). — G. BoJ».
Contribiaion à l'étude du parasitisme. Thèse de MontpeUier, 1 870. — R. WUW
Cas de maladie parasitaire produite par lu larve de l'œstrus bovii (Brititk ma
Joum. cl -Ann. de dermatol. , I.IU, p. Ià3, lK70-7t)'— B^>'>^<>">-'^'hi>'|'''^
siir les larws de mouches qui se déveloiipent dans la peau de l'homme au SM^
(Comptes renias de l'Acad. des sciences, 1872, t. LXXV, n' 19, p. 1113^ p-
senlation par le tjavon Larrey, Anal, dans JIférn. de tnéd.. de ehir. il drfifi-
miW., scr. 3, t. XXVm,i). 622).
Museides. Cette lamille de diptères, à laquelle appartient la luaiui'
commune qui lui sert de t\ pe, est souvent, pour l'espèce humaine, l'iw*'
PARASITES ANIMAUX. 661
sîon de désordres qui ont été désignés par Hope sous le nom de myasis.
Les larves (6g. 216), principales causes de ces désordres, sont blanches,
apodes, obliquement tronquées à l'extrémité postérieure. Leur extrémité
antérieure, se termine en pointe; elle est armée de deux crochets cornés,
destinés à hacher les aliments, dont ces êtres activent la putréfaction.
On distingue trois genres dans la
famille des muscides : les lucilies, qui -^
sont ovipares et remarquables par leur
belle couleur d'un vert doré, compren-
nent la Lucilia hominivoraXy observée
surtout à Cayenne; les calliphores, qui
sont également ovipares, renferment la
grosse mouche bleue de la viande (Ca/- p^^ ^IS. - Larve de mouche caraas-
/ipAora e^omtVorta) ; les sarcophages, aux- sière. i4, larve; B, son extrémité
quelles appartient la mouche carnassière f^^:^ S^rï^eV.";. "SSmÏ
{Sarcophaga camaria), sont tisselées de (d'après Moquin-Tandon).
noir et de gris, à anus rouge, vivipares.
Les lucilies, qui ont reçu pour leurs teintes brillantes le nom de Muscidœ
metallices, et dont le type est la mouche dorée de la viande {Lucilia cœsar)^
se trouvent à l'état parfait sur les fleurs, et plus souvent encore sur les
matières animales décomposées ou près de l'être, auxquelles la femelle
confie ses œufs.
Ces mouches, dans nos contrées, ne sont nuisibles qu'accidentellement,
lorsqu'elles viennent à déposer leurs œufs, soit sur des plaies, soit sur
le corps de personnes malpropres et endormies. Plusieurs exemples de
larves de mouches trouvées dans ces conditions ont été rapportés par
Hope; mais dans les faits de ce genre, relativement communs dans le midi
de la France, en Algérie et en Crimée, il s'agit souvent autant de calli-
phores et de sarcophages que de lucilies. Il serait conséquemment de la
plus grande utilité de conserver la figure exacte de ces larves et de les
placer dans les conditions d'un développement complet pour arriver à les
rattacher avec certitude aux espèces connues.
Les lucilies de nos climats sont en général peu nuisibles; mais
il en est autrement d'une espèce de ce genre, dont la larve, à la
Guyane et au Mexique, envahit pailiculièrement les fosses nasales de
l'homme. Cette mouche, décrite par Ch. Coquerel sous le nom de Litci-
lia hominivorax, cause des accidents parfois redoutables. Les per-
sonnes atteintes éprouvent tout d'abord quelques fourmillements de
la muqueuse des fosses nasales, puis bientôt survient un gonflement
œdémateux de la région nasale qui s'étend ensuite aux parties voisines
663 ànàtomie pathologique.
de la face ; une douleur plus ou moins vive (sensation de barre) se lait
sentir dans la région sus-orbitaire, puis parfois il se produit des épistaiis
abondantes et difficiles à arrêter.
Dès cette période et plusieurs jours après le début, il s'échappe ordi-
nairement quelques larves qui sortent, soit par l'orifice des fosses nasft-
les^ soit par des ulcérations produites sur la peau, gonflée et violacée par
places, de la région supérieure du nez, tandis que les narines laissent
écouler une sérosité rougeàtre et fétide. Plus rarement les larves se
répandent dans le voile du palais, le pharynx, les orbites, les paupières oa
la cavité buccale. Des phénomènes généraux graves accompagnent parfois
les désordres locaux, qui peuvent s'étendre jusqu'aux méninges cérébra-
les ; c'est dans ces cas que l'on voit apparaître le délire et que survient U
mort. Si l'affection a duré quelques semaines, l'autopsie révèle une alté-
ration marquée des os de la région envahie. Sur UU cas relevés par le
docteur Maillard, 21 ont été suivis de mort; 35 ont été fournis par les
Européens condamnés, U par les Arabes, 2 par les coolies, 2 par les
noirs ; les fosses nasales étaient envahies par les larves 29 fois, le pha-
rynx l'était 4 fois, l'oreille 5 fois, les plaies 6 fois. Or, tandis que la lucilie
hominivore, logée dans les plaies découvertes, ne cause pas la mort, à
moins d'abandon complet du malade, au contraire, sur 38 cas où cette
larve a été observée dans des cavités, on compte 21 décès. Cette mortalité,
heureusement, a considérablement baissé depuis que des moyens de des-
truction presque infaillibles, comme le chloroforme, la benzine, l'acide pbé-
nique, etc., ont été employés pour combattre la présence de ce parasite.
Dans la plupart des cas observés, les mouches avaient profité du som-
meil des sujets pour y chercher un terrain favorable à leclosion de leurs
œufs; le meilleur moyen à prendre pour éviter les visites de la lucilia esl
de dormir protégé par un moustiquaire ou, à défaut de cet abri, dans les
grands bois, d'imiter les nègres et les Indiens qui boucanent, enfument
leurs cases ; enfin, d allumer des gi^nds feux dont la fumée incommode
et chasse les insectes.
Bibliographie. — Robineau-Desvoidy, Essai sur les myodaires, etc., 1830, p. 432.
— Cu. CoQUEREi., yole sur des larves appartenant à une espèce nouvelle dt dip-
tère {Lucilia hominivorax) ^ développées dans les sinus frontaud- de V homme n
Cayenne (Ann. de la Soc. entomolo(j. de France y 1858, p. 171, pi. IV). — Do
môme. Des larves de diptères développées dans hs sinus frontaux, etc. (Arrkirfn
fjé7i. de méd., 1858, sér. 5, t. XI, p. 513; et 1859, t XIIL p. 685). -
V. AunoiiT, Des lésions produites chez Vhovimf par la lanc de la Dtcili*^
hommivorax. Thèse de Paris, 186/i. — K. Lucas, Relation d'un cas de partisi-
tùime observé à Acapuko, etc. Thèse de Paris, 186/i, p. /i7. — J. El. Go.szaui*.
PARASITES A!<riMAOX. 663
Iai mosca haminivoray Diss. Monterey, 3 mars 1 865.— Jacob, Affection parasitaire
■ des fosses nasales, observée au Mexiqtte ; traitement par les injections chloroformées
{Mém. de méd., de chirurg. et depharm, milit,, 1866, sér. 3, t. XVII, p. 58).
— Weber, Joum, de Brux., XLV, p. 260, sept. 1867. — A. E. Layet, Quelqws
réflexions sur un point de zoologie médicale (Arehiv. de médecine na^mle, 1869, t. XI,
• p. 1 37). — A. Frantzius, Ueber dos Vorkommen von Fliegenlarven in der NasenhôMe
{Arch. f. path. Anat. undPhysioL 1868, t. XLIII, p. 98). — Mankiewicz, iWd. ,
t. XLIV,p. 375. — J. OïJLET^DelaLuciliakominivoraxàla Guyane française. Thkse
de Montpellier, 1 869. — G. Bonnet, Contribution à Vétude du parasitisme. Thèse
de Montpellier, 18 févr. 1870. — Oct. Maillard, De la Lucilia hominivorax.
Thèse de Montpellier, 31 ddc. 1870. — Al. Laboulbéne, Art. Lucilia hominivarax
dnlHct.encyclop. des sciences méd.y 1875, sér. 2, 1. 111, p. 166.
Les calliphores et les sarcophages, insectes très-répandus, et vivant or-
dinairement sur la viande en décomposition, sont nuisibles pour Thommie
seulement dans des circonstances spéciales.
Ces insectes déposent leurs œufs renfermant des larves presque for-
mées, ou bien les larves mêmes, dans les cavités muqueuses superficielles
(voies lacrymales, narines, vagin, conduit auditif externe, ombilic,
anus, etc.), sur des endroits excoriés, des blessures et des ulcères. Plus
rarement les larves parviennent dans l'estomac, où elles restent en vie
pendant quelques jours et occasionnent des vomissements, ou dans Tin»
t^stin, où elles donnent lieu à des coliques et à de la diarrhée. Déposées
dans les fosses nasales, elles occasionnent un corj-za et de Tozène ; dans le
conduit auditif externe, elles peuvent donner lieu à un écoulement, et chez
les jeunes enfants surtout éveiller des convulsions. Développées sous la
peau, ces larves causent quelquefois des accidents sérieux, lorsqu'elles sont
en gi'and nombre. J. Cloquet à vu chez un malade, qui, en état d'ivresse,
s'était couché sur un tas de charogne, le cuir chevelu couvert de larves
et baigné d'une humeur sanieuse et fétide, criblé de trous et soulevé en
' trois endroits par des larves qui y formaient des tumeurs volumineuses.
Les paupières étaient œdematiées, les yeux perforés, le cristallin gauche
était sorti par une large ouverture de la coniéc avec cinq ou six larves atla-
' chées à la membrane cristalline ; un certain nombre de larves se rencon-
traient dans les conduits auditifs, plusieurs s'étaient glissées entre le gland
' et le prépuce, dont elles avaient rongé une portion. Roulin a rapporté le
fait non moins curieux d'un paysan du Lincoinshire, qui, couché sous un
' arbre, pendant un temps très-chaud, fut bientôt couvert de laiTcs de
mouches qu'attira sans doute l'odeur d'un peu de viande qu'il portait avec
son pain sous sa chemise. Ces larves s'introduisirent sous la peau et
firent de tels ravages que ce malheureux expira au bout de peu de temps.
664 anàtomib pathologique.
Bibliographie. — Morgâgni, Becherches anaiomiques $ur le Hége et U$ eomrs
des maladies {Trad. franc, de Destouei^ première lettre, t. I, p. 2A» Pirôr.
1855). — RouuN, Annal, de la Hoc. entomolog. de France^ 1852, p. 510*
— J. Gloquet, Bull, de VAcad. de méd., nov. 1827. ^ Hopk» TrmuaU. if
entotnol Soc. of London, vol. 11, p. 256. 18&0. — Routh, Larves dans leemiiBà
auditif {Musca canaria) {Dublin med. Press, 18&9, et Gai. méd.^ 1850, p. Si).
— J. Dubois, Sur des larves de muscides^ rendues dans les maUéres des umisse'
ments et dans les selles par une femme. Examen de ces larves par Laboulbéne et
Ch. Robin (Compt. rend, de la Soc. de biologie^ janvier^ 1856). -Frahçois, JVofe
sur Vexistence pendant plusieurs mois de larves d*une espèce particuHère de
mouche dans les voies digestives d'utie jeune femme {Presse méd. belge, 1861,
et Gaz. méd., 1862, p. 636). — Fr. Meeschede, Ein Fall von Erkrankung à«r-
vorgerufen durch verschluckte und lebend im Magen verweilende Maden {Arekit .
f. path. Anat. und Physiol. 1866, t. XXXVI, p. 300). — Van Peteshem, S»
des larves de diptères rendues par un tuberculeux {Bull. méd. du Nord y 1873,
t. XIll,p. 362). — Henocque^ Larves de diptères rendues vivantes dans les ma-
tières fécales {Compt. rend, de la Soc. de biologie, 24 avril, 1875).
III. — Lépidoptères
Les larves de cet ordre d'insectes ont été peu rencontrées dans l'orga-
nisme humain, mais assez fréquemment toutefois pour qu*on ait donné
aux accidents qu'elles déterminent le nom de Scolechiasù.
Le genre Âglosse a fourni la plupai*t des faits connus ; il est carac-
térisé par une trompe rudimentaire ou à peine visible, et par des
ailes formant avec le corps un triangle presque horizontal. On en distingue
deux espèces, dont les chenilles vivent de substances animales; une de ces
deux espèces seulement a été jusqu'ici rencontrée dans le corps humain,
c'est celle de VAglossa pingutnalis. Celte larve, qui vit ordinairement dans
le lard, la graisse, le beurre, etc., ou dans les matières animales conser-
vées, se rencontre fréquemment dans les cuisines et chez les marchands de
comestibles ; on la vue aussi dans le tube digestif de l'homme où elle déter-
mine des accidents quelquefois assez graves, principalement caractérisés
par des diarrhées plus ou moins abondantes. Linné en a indiqué l'existence
dans l'estomac de l'homme, Hope a relaté deux exemples semblables, et
plusieurs autres faits sont signalés dans divers recueils de médecine. Dans
un cas rapporté par Lunel, un homme fut pris d'accidents cholériformes
très-graves à la suite de repas faits exclusivement avec du gras et de la
couenne de jambon, conservés depuis plus d'une année. L'examen de
l'aliment permit d'y reconnaître une petite chenille glabre, portant
seulement quelques poils disséminés, ayant huit paires de pattes et tous
les caractères de VAglossa pinguinalis.
PARASITES ANINAl'X. M5
Pour être cumplel, J'ajouterai que plusieurs auteurs, et notamraeat
Forestus, Tulpîus, Liiim's Thomson, Balemaii, oui obseivé des acci-
dents produits par des coléoptères ou par leurs larves. Ces accidents,
appelés par Hope du nom de carUhariasû, résultaient de l'envahissement
des voies digestlves, plus rarement des narines, du conduit auditif, des
voies lacrymales par certaines espèces Taisaul partie de cet ordre, surtout
le gphodre leucophlhaime, le dijlique borde, laj;ipore Kuleirain, le pédève
allongé, le vermesle du lard, le géolrupe prinianier, le blept porte-malheur,
le (énébrion de la fariiw, les perct-oreilUs grands et petits, etc.
BiBMOGHtPiiiR. — Cah, [JN^E, iVojï. itaect. dmertal., Stockholm. 1752, el
Kmamilatefi Academ., vol. lit. — Vos Siebold, Arl. Parasite» dans Jlud. —
Wagnkh HiNDWOHTEnM, DePh'jiiol.,\o\. Il, p. 683-685. — W. F. Hope, On
infects n/id their larves oixtmonally faund tu Ihe human body {Transact. uf the
iiitmoioy. Sw. of Lmdoit, IBAd, vol. 11, p. 250 et 26j]. — B. Lunei., AbeilU
aiilkale, 22 Juillet 1861, et Gai. hebd., IKfil, p. 55'i. — Al. Labdiilbëne,
Arl. Aglosse du Wel. tiicyel<ypéd. des sciences mH., 1865, t. Il, p. 190.
îî 2. — ABACllMiltS,
Les nrachnides sontdesarlhropodes organisés comme les insectes pour
vivre dans l'air, et qui ont quatre paires de pattes, la tête confondue avec
It^ tliorax et dépourvue d'antennes. Cette classe comprend un petit nombre
dVspiws parasites.
1. Ixodet, 1° Les Tiques ou Ixodcs sont des arachnides dont les pal|K-s
roniient avec le suçoir une sorte de l>ee saillant, coui't, tronqué et un
peu dilaté à son extrémité. Elles habitent tes bois, s'accrochent aux
végétaux peu élevés, et de lii se Jettent sur l'homme, plus souvent sur les
chiens, les moutons, les bœufs, les chevaux, et se fixent k leur peau, dans
laquelle elles enfoncent le bec à la façon d'un trocart. Les petits crochets
qui garnissent la surface du suçoir l'empêchent de sortir du point où il a
pénétré, de sorte qu'on ne peut le détacher qu'avec force et en arrachant
uae portion de la peau qui y adhère. Les principales espèces de tiques
connues sont : 1" h'Ixades riciaus, qui s'attache aux chiens ; 2° VUodes
rtliatlatus, qui attaque les mamnârères domestiques; 3" Xlxodat ameri-
cmaa; (j" \'/xodes limninis.
1-1 tique s'accmche ù la peau et y enfonce son extrémité niandibuhiire
3'''^ une telle subtilité qu'on ne senl pas la piqûre. La douleur se montre
BMuknient après plusieurs jours, et en examinant le point où on l'éprouve
tpi
666 ANATOMIB PATHOLOGli)UB.
^on est tout étonné d'y voir la tique gorgée de sang. Si on cherche k l'ex-
traire, on sent une résistance considérable, due à l'implantation 4es cr»-
«chets qu'il ne faut pas briser, autant que possible, car leur présence dans
'les tissus cutanés prolonge Jes accidents inflammatoires et détennine
' souvent une sorte de durillon qui ne se résorbe ou disparaît qu'après des
mois.
2^ Les Argas sont des arachnides voisins des tiques, dont ils dif-
fèrent par leur bouche inférieure et par leurs palpes libres, coniques et
composées de quatre articles. Deux espèces principales méritent notre
attention, VArgaspersicus qui, dit-on, inquiète de préférence les étran-
gers, et VArgas chinche, qui habite la Colombie. Gerslœcker signala en
outre VArgas reflexm (Dermanyssm avtum de Bory), qui vit ordinairement
sur les pigeons et les oiseaux de basse-cour, mais qui, dans quelques
circonstances, se fixe sur notre espèce et y détermine des accidents ana-
logues à ceux que provoque Targas de Perse. Les piqûres, extrêmement
«douloureuses, peuvent, dans certains cas, dit-on, amener la raort par
épuisement. Il est très-difficile de se dêbaiTasser de ces hôtes incom-
modes ; mais comme ils redoutent la lumière, le meilleur procédé pour
éviter leur atteinte est de coucher dans des chambres bien éclairées.
Bibliographie. — BosaiuLXE, Archit f. path. Anat, und Physiolog., t. XVIII,
p. 55/i. — A. Gebst-fxker, Argas rcflexus {Archiv f. pathol, AnaL und PAy-
siolog., 1860, t. XIX, p. U51, et Gaz. hebd., 1860, p. 772).
II. Tromhidides. — Le JKongeX {Leptus autumnalis) est un acarîen à l'état
de larve, et comme tel ne présente que six pattes ; il est reconnu pour
être la larve d'un trombidion. Cet arachnide se tient sur les tiges dfs
graminées, dans les guérets et les bois, etc. ; il fait généralement sentir
sa présence sur l'homme du milieu de juillet au milieu de septenibre;
il s'insinue dans la peau, à la racine des poils, et préfère le ventre,
le r,;T0lum et la partie interne des cuisses des personnes qui ont la peau
délicate.
Heiberg a eu l'occasion d'étudier une sorte d'épidémie de ce parasite à
Tristed, petite ville de Danemark, où il règne tous les ans dans la seconde
moitié de l'été. L'éruption qu'il produit, et qui est fréquente surtout cher
les individus qui travaillent dans les jardins, est désignée vulgairement
sous le nom de bouton d'aont. Celte éruption se caractérise par un exanthème
d'abord papuleux, puis vésiculeux et même pustuleux, acconijMignéde
démangeaison très-vive. Le pamsite se laisse voir au milieu des boutous
PARASITES ANtMAtrit. (Kt)
SOUS romne d'un ppint rouge. Le (railement consiste en lotions avec l'ex-
trait alcoolique des fleurs de Pyrethrum Caueaticum.
BtBUuâHAPHiB . — GuDDEN, Uebn' eitie Invasion von Leptus aidumnalis {Arehiv
fur patholog. Anatom. taid Phyuidog., t. LU, p. 255,'1871)- — V. Heibeiig,
Leplua autumiialU (NordisU med, Arhiv, I. V|, n° 23; Analyse, dans fin:, fiet-
111. Amrides. — On désiime sous ce nom des acariens parasites qui
vivent dans la peau des mammifères, principalement dans celle du
mouton, du cheval et du bœuf. L'une des espèces de celte famille,
appartenant an genre sarcopte, est plus spéciale à l'homme {Sarcopta
tcttbiei, Latreille).
Le sarcopte de la gale est un petit animal punctiforme, visible cepen-
dant à rœil nu, mou, luisant, un peu transparent, de teinte laiteuse; il
.1 un rostre petit, étroit, ovoïde, à la naissance duquel oii observa
deux poils (fig. 217). Ses membres sont disposés par paires, on en
no. 317. A, sareoptemlle (bec tentralejp«n.lOO; B, urcopte teinell«(tMe dorstle),
■nêrae RroMiissinent : a. (Euf.
trouve deux paires en avant et deux palpes en arrière, asscK éloignées des
précédentes. Les mâles sont plus petits et moins nombreux que les
femelles. Les œuls sont relativement très-volumineux, car ils ont au
moment de la ponte près du tiers de la longueur de l'animal.
Les sarcoptes ont h leur naissance et à l'étal de larves sis pattes au
lieu de huit; ces larges, très-agiles, s'abritent sous des follicules d'épi-
derme soulevé, où elles s'engourdissent pendant quelques Jours; leur peau
668 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
se plisse, se dessèche et tombe, une nouvelle paire de pattes se développe
et ranimai arrive à l'état parfait.
Le sarcopte est un animal fouisseur; à l'aide de ses mandiirales,
il entame Tépiderme, s* y creuse une sorte de terrier, qui apparat! à k
surface de la peau sous la forme d'un sillon légèrement courbé ou sinueoL
Les attaques réitérées des mandibules du sarcopte sur la surface villopt-
pillaire donnent lieu, dans ces sillons ou galeries à un trajet oblique on*
tourné ou festonné, à une sécrétion abondante d'humeurs dont ce pan-
site se nourrit. Ce sont ces humeurs et celles qui résultent dm
travail inflammatoire consécutif qui s'accumulent quelquefois sous l'épi-
derme et constituent à l'extrémité du sillon une vésicule miliaire tnnspt-
rente ou éruption vésiculaire de la gale. Ajoutons que des débris de
cellules épidermiques et d'acares morts, desséchés, sont ordinairen[ieDl
attirés à l'ouverture de ce terrier, où ils forment à la surface de la peau une
croûte plus ou moins épaisse.
Le prurit si incommode qui accompagne la présence de l'acare chei
l'homme est attribué aux mœurs de cet insecte, qui vers le soir et dans
la nuit se mettrait particulièrement au travail ; mais il n'est pas prouvé
qu'il ne tienne aussi en partie à un liquide venimeux venant irriter les
papilles nerveuses. Delafond et Bourguignon ont en effet montré que les
humeurs qui circulent dans le tissu sarcodique des acares sont douées
d'un principe d'irritation énergique^ car, ayant inoculé à l'homme et au
chien du jus provenant de sarcoptes écrasés, ils ont remarqué que la
partie lésée et les parties environnantes devenaient le siège d'une
éruption avec prurit insupportable le soir, la nuit et le matin.
Le sarcopte de l'homme fait particulièrement choix, pour tracer ses
sillons, vivre et pulluler, des régions pourvues d'un épiderme souple,
abondant, sillonné de plis, tel que celui de la peau des doigts, de l'inter-
valle des phalanges, des poignets, des organes de la génération chez
l'homme et du voisinage du bout des seins chez la femme. Chez les ani-
maux, les acariens préfèrent généralement habiter la partie supérieure de
l'encolure du dos, la région des reins et de la base de la queue; chex le
porc ils semblent rechercher les humein*s retirées de la face externe des
oreilles. Ce n'est que dans les cas où la colonie acarienne est devenue
trop considérable que la peuplade malfaisante émigré des lieux que nous
venons de citer, pour s'établir dans le voisinage et ainsi successivement
dans des lieux plus éloignés. Ajoutons que ces animalcules préfèrent
les humeurs saines ou morbides des individus maigres, débiles et
affaiblis par une mauvaise nourriture, ou dont la constitution est déla-
brée par un excès de travail, les privations, la misère, la malproprelé.
PARASITES ANIMAUX. 669
aux humeurs de ceux qui sont placés dans des conditions hygiéniques
et physiologiques opposées.
Les sarcoptes des mammifères diffèrent peu de celui de Thomme ; il est
établi qu'un certain nombre au moins d'entre eux et principalement ceux
du cheval, du chameau, du bœuf, du chien et du chat, peuvent se déve-
lopper sur l'homme et lui donner une maladie analogue à celle où l'ani-
malcule a pris naissance. D'ailleurs le sarcopte de la gale humaine a
été rencontré chez le porc et le lama (Lanquetin, Robin).
Un animalcule qui peut être rapproché de l'acare de. la gale est l'a-
caropse de Méricourt {Tyrogliphus JUericourti, Laboulbène, Acaropsis
Mencourti, Moquin -Tandon). C'est un acarien long de 1x5 millimèlres,
ovoïde, sans yeux, et dont le corselet se confond avec l'abdomen. Il a été
observé par Leroy de Méricourt sur un officier de marine, atteint d'une
otite, à Terre-Neuve. Trois de ces petits arachnides ont été recueillis avec
le pus qui se trouvait dans le conduit auditif. Le Sarcoptes cynotU et le
Sarcoptes hypopodes^ rencontrés, l'un sur des ulcérations de l'intérieur des
oreilles des chiens, l'autre sur les bords d'un cancer du pied d'un cheval
mort, ne sont sans doute pas différents de l'acaropse de Méricourt. J'en
dirai autant d'un sarcopte que j'ai rencontré sur les ulcères pulmonaires
d'un tuberculeux.
BiBuoGRApRiE. — Renucci, Sur la décofwerte de V insecte qui produit la conta»
gion de la gale, etc. Thèse de Paris, 1835. — Dugés, Note sur le sarcopte de la
gale humaine {Annai, des sciences natur,, 1835, t. III). — Aube, Considérations
générales sur la gale et V insecte qui la produit. Thèse de Paris; 1836. —
Hering, Die Krœtzemilben der Thiere und einige verwandte Arten {Nova acta
physico-med. naturœ curiosorum, Vratislaviœ et Bonnœ, 1838). — P. Gervais,
dans Walckenaer, Histoire naturelle des insectes aptères, Paris, 18^^, t. IV. —
Bourguignon, Traité entomologique et pathologique de la gale de thomme,
Paris, 1852. — Dei.afond et Bourguignon, Recherches sur les animcUcules de la
gale des animaux et sur la transmission de la gale, des animaux à t homme (Ar^
chives gén. de médecine, 1858, sér. 5, t XI, p. 18). — Gerlach, Kraetie und
Baeude, Berlin, 1857. — Lanquetin^ Annales des maladies de la peau et de la
syphilis, Paris, octobre 1851. — Le même. Notices sur la gale et sur l'animal-
cule qui la produit, Paris, 1859. — Reynal et Lanquetin, Maladie parasitaire
des oiseaux de bassê-cour, transmissible à V homme et au cheval (Comm. à VAcad.
de méd.^ séance du 21 juin 1859). — Ch. Robin, Recherches stir le sarcopte de
Ut gale humaine (Mém. de la Soc. de biologie, sér. 3, t. 1, p. 21, année 1859^
Paris 1860]. — Le même, Mém. sur diverses espèces d'acariens de la famille des
ioreopHdes, Moscou, 1860. — FuKsrmBEhG, Die Krdtzmilben der Menschen und
Thiere^ 1861. — A. Hirsch, Handb. d. historÎKh^eogr. Pathologie. Erlaogen,
i662-186&, p. 522.
I^VI
670 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
IV; Dermatophiks. — Le Demodex {Demodex foUicùlorum^ Owrn,
Acarus folliculorum, Simon) est un arachnide digrade, à forme hel-
minthoïde, long de 0""°,3 à 0°^,6, dont la tète, confondue avec le cor-
selet, forme un céphalo-thorax oblong (fig, 218) ; il a un rostre composé
de deux palpes latéraux avec un suçoir intermédiaire.
Ce parasite se rencontre dans les conduits normaui
ou dilatés des glandes sébacées, particulièrement ceui
des ailes du nez, où il est mêlé à la matière sécrétée, fl
v;t généralement en petite société, plusieurs demodex
occupent le même follicule, où ils se tiemient parallèle-
ment à Taxe, la tête tournée contre le fond du sac. Reb-
tivement rare chez l'homme, où il a été contesté qu'il pro-
duisit des accidents, ce parasite est beaucoup plus commoD
FiG. 210. ^^^^ '^^ chiens, où il détermine quelquefois des désordres
Demodex folii- sérieux.
CM ^^'JJJJ^^J^ r Sparks a récemment observé trois chiens qui, par suite de
cette affection, périrent après avoir perdu une partie de
leurs poils ; les follicules pileux et les glandes sébacées, énormémeDl
dilatées, renfermaient des débris épithéliaux et des acares. S'appuyant
sur ces faits, cet auteur pense que certains cas d'acné de l'homme peuvent
bien être, dus à l'irritation déterminée par la présence du demodex.
Bibliographie. — G. Simqn, Mùller's ArchiVy 4868, et Die Hautkrankh. dvrrk
anat, Ujiiersuchimg erlàutei'ty Berlin, 1851, p. 312. — Gruby, Compt. rend.di
VAcad. des sciences, mars 1865, t. XX, p. 569, et Edinb. monthly Jowti. of thu
med, scienc,^ nov. 1866. — Er. Wh^jn, On diseases of the skin, London, 1847.
— P. Gervais, Hist. nat, des insectes apth'es^ t. III, p. 282, pi. 35, (îg. 6. —
G. Wedl, Zeitschr. d, Gcsellsch. d. Aerztc zu Wien, 1867, t. IV, p. 177. -
Edw. Sparks, On a diseuse of the skin produced by the acarus foUicuhritm^ek.
{MedicO'Chirurg. Transactions, t. LVII, p. 239, 1876). — Darin, Lettre $vr h
demodex on acarus des follicules {Gaz. des hôpitaux, Paris, 1*- sept. 1876).
§ 3. — CRUSTACÉS.
Pentnsiomes. — Considérés autrefois comme des vers intestinaux, le>
pentastomes sont aujourd'hui rapprochés avec raison des crustacés, à
cause de l'analogie évidente de leurs embryons avec ceux des leniéides.
Ces animalcules ont un corps allongé, aplati , plissé transversalement,
subarliculé, plus large en avant qu'en arrière (lig. 219). La bouchf
est antérieure, inférieure, avec deux paires de crochets rétractile>;
rorilice anal est à l'autre extrémité, l'intestin est simple, les membr?5
PARASITES ANIMAUX.
671
font défaut. Le système nerveux est constitué par un ganglion sous-œso-
phagien volumineux. L'appareil génital du m&le se compose d'un long
testicule cylindrique; celui de la femelle, d'un long ovaire également
cylindrique, divisé en deux branches entourant l'intestin
ci se réunissant en un oviducte unique.
Communs au Brésil, les pentastomes se i*encontrent
eu Europe, et ne sont pas rares dans le centre de la
France ; ils s'observent sur plusieurs animaux, notam-
ment le chien, le loup, le cheval, le bœuf et le mou-
ton. Sur 630 chiens ouverts par Colin à Alfort, en deux
ans et pendant toutes les saisons, 6U en ont offert de
1 j usqu'à 1 i , en tout 146. Les pentastomes vivent non pas,
comme on l'a prétendu, dans les sinus frontaux ou les
cavités ethmoîdales, mais bien dans les cavités nasales
proprement dites, enti*e les volutes, entre les cornets, ou
au fond des méats (Colin). C'est seulement après la mort
de leurs hôtes qu'ils vont quelquefois se promener dans
l'arrière-bouche et à l'entrée du larynx. A l'aide des cro-
chets mobiles et acérés qui garnissent lepourtour de leur
bouche, ces petits êtres s'implantent sur la pituitairesibien
que par une traction violente on arrache leurs crochets
plutôt que de leur faire lâcher prise ; aussi comprend-on
qu'ils restent solidement cramponnés malgré les éter-
numents les plus violents. Le mucus semble leur seul
aliment avec le produit de la glande qui tapisse l'antre
du méat moyen. C'est alors que les sexes se développent
et que la femelle pond dans le mucus de la pituitairé
des œufs capables de donner naissance à une nouvelle
génération. Ces œufs, expulsés avec les mucosités
nasales, résistent pendant quelque temps aux influences atmosphé*'
riques; après quoi, faute d'un milieu convenable, ils sont perdus.
Or ce milieu est le corps d'un animal; aussi lorsque, tombés sur l'herbej'
ils viennent à être avalés avec les fourrages par un bœuf ou une brebis
par exemple, ils se développent dans le corps de cet animal et passent à
i'élat de larve comme l'ont montré les expériences de Leuckart et celles
non moins intéressantes de Colin.
- Ce dernier expérimentateur Kt avaler des œufs de pentastome lénioïdc
mêlés avec de la farine à deux chevreaux. L'un de ces animaux, conservé'
et sacrifié au bout de quatre mois, pendant lesquels il était resté maigre,
présenta des ganglions mésentértques ramollis ou détruits, renfermant
FiG. 219. — Pen*
tastome ténioïde
|>rovenant d'un'
chien; les cir-
conYolutions de
l'oviducto appa-
raissent à l'inté-
rieur. Grandeur
naturelle. (D'a-
près Davaine.)
672 ANiTOMU PiTBOLOGIQOB.
an plus ou moins grand nombre de pentasiomes a^unes MinHahla i
ceux que l'on trouve chez le mouton, le bœuf, le dromadure, ele. liw
après avoir pullulé dans les glandes mésentériques, lea penlailoiiMt oflt
fini par s*y trouver mal à l'aise et ont fiut irruption de Unia eAlés pov
chercher des moyens d'existence. Ils se scmt répandua dana répaiMard
sur les deux Taces du foie, dans les poumons, etc. , et, à Taide dés pctib
croche qui entourent leur bouche, ih se sont eremè dea logea arroDdia,
irrégulières, les unes closes, les autres en eommunication avec la cavilé
du péritoine ou celle des plèvres. Ces loges renfermenl le penlasUHae
denticulé, qui est la larve du pentastome ténioTde.
Or, voici ce qui s'est passé dans ce cas : les œufa arrÎTéa à resliNaie
y sont éclos ; il en est sorti de petits vers pourvus de pattes aiticuléei
et d'un stylet protractile à la tête. De l'estomac ils ont passé diai
l'intestin et attaqué le tissu délicat des villosités. Une foia dans le onal
chylifère, ils ont pu gagner à la nage les ganglions méaentériqoes, oi
ils ont fait élection de domicile. Là, les pattes et le stylet, devenus ias-
tiles, sont tombés; l'helminthe a quitté sa forme globuleoae, s'est alloué
et aplati ; son corps s'est segmenté et hérissé de piquants, sa bouche sM
garnie de quatre crochets propres à attaquer les tissus; en un mot, 3i
pris sa seconde forme, celle de pentastome denUoulé.
Enfin, si le mouton ou le bœuf porteur de oMe larve oontinne de
vivre, celle-ci^ condamnée à une détention perpétuelle, peut passer
des années entières sans éprouver le moindre accroissement et en res-
tant privée d'organes sexuels. Pour qu'elle puisse arriver à l'état com-
plet, il faut nécessairement que Tétre sur lequel elle s'est développée tombe
sous la dent d'un animal carnassier, car alors, se fixant à sa lèvre, sur
sa bouche, etc., elle va faire élection de domicile dans les fosses nasales,
où elle achève son développement, et devient sexuée; toutefois la postérilf
ne pourra se continuer dans ces conditions qu'autant qu'un mftle et
une femelle se rencontreront chez le même camivore.
Telles sont les métamorphoses du genre pentastome. Les espèces
qui s'y rapportent sont aujourd'hui peu nombreuses; le pentastome
lancéolé, découvert par Chabert, et auquel Rudolphi a donné le nom de
pentastome téniuîde, est la seule espèce que l'on connaisse à la fois à
l'état de larve et à l'état adulte. Une autre larve a été trouvée en Égyptf,
c'est le pentastome étreint.
1" Le pentastome ténioîde [Pentastoma tœnioides^ Rudolphi) a le corps
déprimé, lancéolé, plissé transversalement, une bouche presque orbica-
laire, des crochets rangés en demi-cercle. Le mâle est blanc, long de
18 millimètres, large en avant de 2"",5, en arrière de (^""«AS; la femelle
PARASITES AMMAl'X. 67S
t plus voluminpuse (iig. 219). O parasite vit dans les fosses nasales,
lout chez le chien et le loup.
\ Le penlastome denliculé (Pentastoma dcnliculatum, lludolpht), qui est
i larve du précédent, a un corps mou, blanc, lancéolé, aplati, long
B (i à 6 millimètres, large de 1 millimètre à 1 millimètre et demi, beau-
ns large en arrière, strié ou ridé transversalement, denttculé sur
les bords en avant et armé de lamelles ou épines implantées sur le tégu-
ment au moyen d'un pédicule tubuleux (fig. 220).L'estrémîté obtuse pré-
sente on dessous une bouche elliptique portant de
chaque calé une paire de crochets un peu
mégaus, dirigés d'avant en arrière.
Cette larve se rencontre dans des kystes des
organes parenchymateux, et surtout dans le fnie
et les poumons chez certains animaux herbivores,
et notamment le bœuf, le mouton, la chèvre le
lapin, etc. Dans ces dernières années elle a tli
trouvée assez fréquemment chez t'bomnie, le phi^
souvent à la surface de la glande hépatique (Z( ti
ker), mais quelquefois aussi à la surface des ^enl^
ou de la rate, dans le tissu sous-muqueux de
rintt^stin grêle (E. Wagner). Ordinairemont situé
dans le foie, au voisinage du ligament suspen
seur et dans le péritoine, ce parasite est con-
tenu dans une capsule fibreuse, résistante, qui
se présente sous la forme d'un tubercule de
a°",25 il 3'°"',37, ordinairement rempli d'un dé-
pôt calcaire. Celte capsule, qu'il est facile de
détacher du parenchyme, renferme l'animal
recourbé sur lui-même, incrusté de substance
calcaire et si fortement uni k son enveloppe qu'on éprouve de ta peine
à l'en séparer. Au moyen de l'acide chlorbydrique alTaibll on parvient
à le débarrasser des sels calcaires et k préciser les caractères du pa-
rasite, qui en général ne détennine aucun accident sérieux. Le pen-
tastome denticulé ne parait pas rare en Allemagne, puisque Zenker l'a
trouvé 9 fois sur 168 autopsies à Dresde, Ileschl 5 fois sur 20 à Vienne,
Wagner 1 fois sur 10 à LeipiTig. On ne sait pas exactement comment
il pénètre dans les organes de l'homme, mais il est probable que c'est
par des œufs ingérés, soit dans les boissons, soit avec de la salade mal
Heltoyée.
2* Le pentastome étreint [Pentastoma ctnalricium, Siebod;, a un
LANCIHEALX. —Traité d'Anal p:(h. I. - dS
fiG. 320. — PcnUilomB
denticulé, furtemenl gro*-
ti. Un traii placé ii cdl£
niirque la grandeur nalu-
relle (d'apréa Zenker).
61 U ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
corps allongé, cylindrique, long de 13 millimètres, large de 3 millimètres,
anneléen apparence par des constrictions transversales; son dos est con-
vexe, son ventre est aplati, ses téguments n'ont pas d'épines.
Cette espèce parasitaire a été trouvée à l'état de larve, en Egypte, par
Pruner, chez la girafe et chez deux nègres, dont l'un était mort d'une péri*
tonite, l'autre d'une colite. Les pentastomes, vivants chez . l'un de es»
nègres, étaient morts chez l'autre; ils se trouvaient situés dans des kystei
de la dimension d'un kreutzor, plus elliptiques que ronds, saillants à k
surface du foie ; chez l'un d'eux, le parasite avait quitté son kyste pour
s'engager dans le duodénum. Bilharz a également rencontré le pentas-
tome étreint en Egypte, à la surface du foie chez des nègres.
Bibliographie. — F. Prunkr, Die Krankheiten des Orients ^ p. 2û9, EfriaDgea,
1867. — SiEBOLD, Zeitschrift f. wissenschaftL Zoologie, t. IV, p. 63. — ZEinnu
Sur un nouveau parasite de l'homme y peniastomum denticuiatum, {Henle et Pfoh
fer)^ Zeitschnft fur ration. Med., i85!i, t. V, p. 22k. — Leuckart, jBou Mtf
Entwickelung der Peniastomenj etc., Leipzig et Heidelberg, 1860. — Goui,
Recherches sur une maladie vermineuse du mouton, due à la présence d'une Hth
çjuatule dans les gangUons mésentériques (Bullet. de médecine vétérinaire, 1861,
sër. 2, t. V), p. 125. — Le même, Communication sur le dévtiloppement de h
linguatule des ganglions mésentériques {Ibid,, t. VII, p. 22). Eecherches sur k
pentastome des cavités nasales du chien (Ibid., t. VIII, p. 108). — E. Wagneb,
Peniastomum dentùmlatum in der Niere {Archiv f, physiolog. Heilkunde, 1856^
p. 561). — Le même, Pentastome denticulé de la rate (Archiv d. Heilkunâe,
t. m, 1862. — Sp. Gobbold, Entozoa, etc.» London, 1866, p. 393.
i
ARTICLE II. — VERS.
Un certain nombre de vers intestinaux étaient connus des anciens:
mais c*est en réalité du commencement de ce siècle que datent l'étude |^
scientifique de ces parasites et la possession des données positives sur leur
structure et leurs mœurs. Ces derniers temps surtout ont été riches d'oin
servations et de recherches sur Thelminthologie ; des connaissances plos
approfondies sur révolution et les transformations des vers ont eo pour
résultat de diminuer le nombre des espèces et de simplifier leur étude.
Les vers intestinaux helminthes sont des animaux invertébrés, sus
membres et sans organes respiratoires, ayant pour caractère commao (k
se loger dans le corps de Thomme pendant une partie notable de kor
existence ou pendant toute leur vie.
Solitaires ou réunis en nombre variable, ces parasites se renoontreot 1 ^
PARASITES ANIMAUX. 675
dans les différentes parlies de l'organisme. On les trouve dans le cerveau,
les yeux, et jusque dans les os, mais il importe de faire remarquer que
dans ces organes ils ne dépassent jamais Tétat de larves. Un certain nom-
bre d'entre eux ont un siège d'élection spécial ; ainsi la trichine occupe les
muscles, le cœnure a pour habitation le système nerveux central, l'asca-
ride lombricoide, le taenia solium, le bothriocéphale large, vivent dans
l'intestin grêle, Toxyure se loge dans le rectum, le distome hépatique
dans les voies biliaires, le strongle géant dans les voies urinaires.
De la présence de parasites dans des organes où il semblait que leur
pénétration fût impossible, naquit la doctrine de la génération sponta-
née. Cette doctrine, qui eut de la vogue jusqu'à Swaramerdam , fut plus
tard contestée; elle est reconnue complètement fausse, depuis les recher-
ches faites dans ces trente dernières années sur les métamorphoses et les
migrations des entozoaires. Ces êtres subissent effectivement dans le cours
de leur existence des transformations successives, non pas sur un même
animal et dans un même milieu, mais sur des animaux divers et dans des
milieux différents (génération alternante). Leurs œufs se développent le plus
souvent hors le corps de Tanimal habité par le parasite, ou bien, s'ils éclosent
dans l'animal lui-même, les vers en sortent et changent de place pour
s'installer ailleurs : témoin les trichines qui atteignent leur complet déve-
loppement dans l'intestin où elles produisent des petits vivants qui vont aus-
sitôt gagner les muscles pour s'y loger et y subir une phase de leur existence.
Rejetés au dehors, les œufs de ces animaux ont besoin pour se conser-
ver d'un certain degré d'humidité ; la dessiccation tue la plupart d'entre
eux, à l'exception des œufs de nématodes qui, d'après les expériences de
Leuckart, peuvent supporter la dessiccation pendant un temps assez long
sans périr. L'air humide ou la terre humide sont les conditions les plus
fovorables à leur développement; car on voit les pluies prolongées, dans
les climats tropicaux donner lieu à de véritables épidémies de dragon-
neau. Ainsi s'explique comment l'état atmosphérique normal ou anormal
de la saison, la différence des années, peuvent avoir une action marquée
sur l'apparition, la fréquence ou la disparition de certains entozoaires.
Du grand nombre de ces parasites sont libres dans leur jeune âge et pas-
sent ce temps dans l'eau ou dans la terre humide^ jusqu'à ce qu'ils aient
trouvé ranimai qui leur convient ; ils l'envahissent alors, perdant leur
liberté pour commencer la vie parasitaire.
Ordinairement les œufs ou les larves sont introduits par les aliments ou
par les boissons, ils s'arrêtent dans le tube digestif ou bien voyagent dans
le corps transportés par le sang des vaisseaux, et se portent dans les ré-
guma . les plus diverses. Une fois au repos, ils s'accroissent et se préparent
676 ANATOMIB PaHOLOGIOUE,
à des luélamorpho&es uUérîeuies; s'il s'agit d'un parenchyme, il* «Vg-
kj'sleiit fi lumnnière de tous les corps étrangers, puis au Imut duaccTtan
temps, l'animal se fixe et quelquefois jusqu'à sa mort, s'il n'est transpocv
dans un hôte diOTérent. On peut établir <^m[nerègl€ que la vie dm puniiln
se partage entre deux hiMes. dont l'un sert d'habitation au jeune panak
et l'autre au môme animal à l'état de maturité. Souvent ces deui biîls
appartiennent à des familles et même à des ordres zooiogiques'diffén-nl)
ainsi le tœnia solium del'humme, pendant son jeuue &ge, habite le pan.
le tîenia crassicolis du chat se trouve dans la soui'is.
La plupart des entozoaires nous viennent des animaux de bouclii-mM
des animaux domestiques, qui nous les fournissent à l'état jeune. LetHm
solium, qui forme te cysticerque, et la trichine, ver musculaii? cfr
kyste, proviennent l'un et l'autre du porc; le Isnia mediocanHiatt iKn
vient de la viande du bœuf, tandis que certains animaux domralîqun, k
chat et le chien par exemple, produisent des pentastomes ou des eohiao-
co(|ues par l'introduction des œufs de ces parasites adultes dans tcj> mui
qui servent à nos boissons; c'est encore l'eau teniint en suspcusion drt
U!ufs d'ascarides lombricoïdes et d'oxyures qui est la source ordinaire dr
ces vers chez l'homme.
A part certaines conditions d'âge qui prédisposent plus ou tuoiu*a
d<iveloppement des parasites, la réceptivité des individus pour le panii-
tisme parait jusqu'il un certain point subordonnée àrappauvrissenienld'-
l'économie ; c'est de celte favon qn'il est possible d'expliquer la fn-
quence des ascarides lomhrieoides plus grande chez les enfants débil«rf
scrofuleux que chez ceux qui se portent bien. Les hydatides s'obserini
plus communément chez les personnes prédisposées à la phthîsie ou ii^
atteintes par cette maladie.
L'influence des helminthes sur l'économie animale a étédiversctiiri>l>^
terprétée et quelquefois exagérée ; on a tropsouvent oubliéqueleurm»-
tence est pour ainsi dire normale dans un très-grand nombre d'«s)ita»
sauvages, et que même chez l'homme leur présence n'est pas toujoor^
incompatible avec l'élal de santé. Néanmoins, il importe de savoir qa^
ces parasites [>euvent nuire dans de nombreuses circonstances. Les uib»—
comme le tœnia, leccenure etia trichine, parviennent, par une reproduit
IJon excessive, h amener une mort r-nplde, à peu près comme le fi-raili**
poison. Il en est d'autres qui, sans causer la mort, déterminent des lO»-"
dents plus ou moins graves (filaire de Médine, oxyure venniculuR]> ^
enfin il s'en trouve qui ne nuisent qu'accidentellement, et surtout p*^
leur présence dans des organes nobles; letssont, par exemple, lesécàinw
coques. En résumé, les parasites agissent d'une manière très-équimqn^
PARASITES AXISIAliX. 877
(l'nprès leur taille, leur manière de vivre et les organes qu'ils habilent; lan-
UM ils nuisent en vivant aux dépens de leur hôte (ancyhsiome duodénal) ,
laiitiU en exerçant une pression sur les tissus, ou en bouchant des canaux,
lantOt encore par leurs mouvements qui provoquent des actions réflexes
(convulsions éptteptiques choréi formes), ou même engendrent des inflam-
mations, des ulcères et des perforations.
■{appelons que certains entozoaircs de l'homme sont endémiques dans
plusieurs pays, par exemple les èchinocoques en Islande, le tœnia inerme
en Abyssinie, le Uenia armé en Allemagne, en Hollande, le bothrioce-
pliale en Suisse et en Russie, etc., et que la connaissance de ces endé-
mies parasitaires doit intéresser au plus haut point l'hygiène publique.
Les helminthes offrent des formes variées que l'on peut réduire à un
[telit nombre de types. Leur corps strié transversalement et nettement
articulé, plus souvent allongé et cylindrique, donne aux uns de la res-
S(-inblance avec un Gl, aux autres une forme qui se rapproche de celle
d'un ruban ou d'une petite feuille. Tenant compte de ces formes, les
auteurs ont divisé ces animaux parasites en trois groupes qui sont :
1° Les vers nématoïdesounématodes;
i' Les vers trématoïdes ou trénialodes ;
3* Les vers cesloïdes ou eestodes.
BiBUiMiRÂiiuiE TéËnëiulc. — pLoicijLET, Littéi'iitwe mèdii-titû, t. IV, p. 310,
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— J. C. Zedeh, Anlcit. zur Nnlurgesch. d, Einaewetdcwurm., Bamberg, 180!,
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— Lir.S!ir.r.,iKm.sur'lesters, etc. [j1I*»i. de l/iSoc. deméd.,iS2h). — Rubol-
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'"■'nme (trad. tr. parGrundler, Paris, 1826, avec bibliographie]. — J. U. Barby,
'" "'e origiii of intestiniil wnrms, particularly the «seins vcrtnicuhris {Trum. «f
'■ JMociaiion of Physinans in Ireliind, t. H, p. 383, 1818).— EscnBicifT. Iii-
'"""'«, expérimental imd pMIompkieal, coneertniii/ thcorigin of ùilestiaal ivorms
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li-iu.;, l. Xl!l, p. 326, i'aris, iS-li.
- NEHATODES.
On appelle iiéinalodes (vnfia, iil) dus vers qui onl le corps alloogé, Q-
litidrique ou filiforme, une liouche et un canal intestinal.
Le corps de ces helmiiilhes est revélu d'un tégument rug;ueus, réâ
tant, souvent ridé en travers, sous lequel existe une couche musculain
puissante, longitudinalemenl disposée en quatre ou huit bandes. Dmi
stries latérales et longitudinales coiTespondent àdes canaux qui s'ouvtwU
non loin de la bouche, à la face ventrale, et représentent sans doute on
appareil excréteur. Située à la partie antérieure du corps, la bouche, iiufi
quelques cas, est entourée de papilles ou bien armée de poînU's H if
crochets; elle aboutit ii un œsophage étroit qui, ordinairement, se diliu
pour former un pharynx musculcux ; l'intestin qui fait suite est génénlc^
nient droit et revêtu intérieurement d'un épithélium cylindriqu'' : il
s'ouvre à la face ventrale du corps, non loin de l'extrémilé posléri^urr.
L'appareil respiratoire n'a pu élre déterminé chex aucun de ces animauv
^B PARASITES AMMAUK. fllil
n!e système circulatoire y est toujours ruJ imentaire, le système nerveux
nVst pas encore connu.
Les m&les se distinguent des femelles par un volume moindre et l'en-
roulemt'nt de leur extrémité postérieure. Les sexes, séparés, sont consti'
Uiés sur un type uniforme. Ils consistent en des tubes allongés, simples
ou doubles qui offrent à leur partie supérieure les testicules ou les ovaires,
el dans leur partie inférieure, les conduits et les réceptacles. Les tubes
ovariques , souvent pairs, surmontent un vagin commun, court, qui
s'ouvre par un oriGce très-petit ou vulve situé sur la face ventrale
dans le milieu du corps ou bien dans le voisinage de l'une de ses extré-
mités. L'orilice sex uel mAle siège à la part ie postérieure du corps ; les or- .
jçaues de copulation se composent de deux pièces ciintées ou spicules
aplatis, un peu courbés et contenus dans une gaine musculaire ; un seul
de ces spicules est creux et constitue réellement le pénis.
Les némalodes sont lanlût ovipares, tanlAl vivipares. Les œufs se déve-
loppent généralement par segmentation. L'embryon estréduit au tubediges-
tif; mais la bouche n'est pas encore munied'un appareilspécial comme cbez
rsduUe;raiius est rarement visible, il n'existe aucune trace d'organes géni-
taux externes ou internes; les erabnons mules et femelles ne sont nulle-
ment distincts.
Les nématodes fomicnl un très-grand nombre d'espèces qui, pour la
plupart, vivent en parasites, soit dans les organes creux, soit dans les tissus
des animaux vertébrés ou invertébrés. Quelques-unes seulement ha-
bitent à l'état libre dans les eaux douces ou salées, sur la terre, dans les
mousses, le blé, la colle de Tarine, le vinaigre (Davaîne), Le mode de
Irausmission et de propagation de ces vers n'est connu que pour un petit
nombre d'entre eux; cbez les uns, les embryons se développent à côté
de leurs parents, dans l'endroit où ceux-ci ont déposé leurs œufs; cbez
les autres, ils se développent au dehors et doivent, pour atteindre l'état
parfait, rentrer dans leur séjour naturel, à l'état d'embryon renfermé dans
l'œuf ou de larve libre ; dans ce cas, la larve jouit quelquefois de proprié-
lés vitales distinctes de celles de l'adulte; elle résiste à l'action d'agents
qui font rapidement périr ce dernier.
*la famille des ascarides comprend plusieurs genres et un très-grand
□ombres d'espèces qui, presque toutes, habitent les intestins des verté-
brés des différentes classes.
jft' Axaride lombikoîde.— Ceile espèce, l'une des plus commuuesetdes
i
/.
680 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
plus aiiciennemont connues, prés-unte une télé nue, une bouclie pe^lt.
pourvue de trois renflements ou valves disposées en trèfle et fin^mm
denttculées en dedans, un corps cylindrique, strié transversalement m
légèrement atténué à ses deux extrémités (lig. 221). L'aous, son» (atm
de fente transversale, est situé tout près d** l'«-
trémité postérieure de l'antmal. Le niàle, plut
petit i]ue la Teinelle, a une longueur d<; t5 i
17 centimètres, une extrémité caudale inllédw,
deux spicules courts, aigus, lég<<nm)unt anjun.
Longue de 20 à 25 centimètres, la reroclle ak
vutvc! située en avant du milieu du curps. dmi
ovaires tiliTormcs, des œufs longs de «"".Oîi,
larges de 0,058, it cwgue mince, lisse, recooi'oti
d'une enveloppe transparente, blanche.
L'œuf ne se développe pas dans l'inleatip, il
est expulsé avec les garderobes, traverse I'm-
tomne et l'hiver avant que la segmenlalita
commence, el peut rester un an dans l'elal tir
nertie. En été, rembrjon se développe, îam
très-lentement, il peut vivre plus d'un ao àm
l'œuf, en sorte que dans certains cas il s'^onV
quelquefois plus de deux ans entre la pontfctir
terme de lii vie embryonnaire. Davarne rmil
pouvoir établir, par des observations etdesrv
périences faites sur le cbien, que l'embrjon A(
l'ascaride lombricoïde reste renfenné dai» k
coque jusqu'à ce que l'isuf soit rapporté dut
l'intestin, et que, ramollie par l'action ilcs sua
intestinaux, cette coque est alors percii' pi»
l'cmbiTon, qui, se trouvant dans un tiJÎIieti
approprié, ne tarde pas à atleiiidre l'éKi
adulte.
Les ascarides lombricoîdes appartienoenl k
tous les pays, et c'est à tort qu'on a atlrilNi^
au climat uneinfluence sur la propagation deo»
parasites; ils ont été fréquemment obsenéscn
Allemagne, en Angleterre, en France, en Belgique
et en Hollande. Ils sont communs sous les tro-
piques (Bajon, Pouppé-Desportes, Sigaud , Levacher), dans la Syrie, »
Egypte (PiTiner) et en Suède (Magnus liuss). L'automne et le printemp*
Fie. 221 .— a, ABcaridsIom-
bricolde (i^aiid. nal.); b.
extrémité céplialique ^oi'
«ie «vecles Irais nodulea et
la bouche ; c. extrémité
caudale du mâle avec les
deux ipicutei; </, élran-
glemeol gÉailil de la re~
mellesvecrarinceiexuei;
«, auCfroui 100 tois.
PARASITES ANIUAVX.
sont les saisons où on les observe le plus communément, c
pluies abondanlesdeces saisons, enlratnanl dans les mares et dansles puits
un grand nombre d'œufs, favorisaient leur propagation. L'eau semble
èlre,en effet, teprincipalagent du transport de l'embryon du lombricdans
le tube digestif de l'homme. S'il en est ainsi, l'importance du filtrage des
oaus de boisson n'échappera k personne. Ajoutons que les lombrics sont
beaucoup plus rares à Paris qu'à la campagne, et que cette rareté relative
existe principalement depuis l'emploi de l'eau filtrée dans la Capitale (Oa-
raine). Autrel'ois, et jusque dans le siècle dernier, ces vers étaient très-com-
muns, ainsi qu'on peuts'en assurer en consultant les recueils périodiques
de médecine où Tounnillcnt des épidémies de lièvres vermineuses et des
maladies compliquées de .vers.
Quelques naturalistes pensent que l'ascnride lombncoide, semblable en
cela à un grand nombre de vers, la trichine, par exemple, ne rentre pas
directement dans le corps de l'homme et qu'il habite préalablement un
autre séjour. Enefi'et, Mosler aurait administré sans résultat à plusieurs en-
fants des œuFs développés, et Leuckart a lente la même expérience sans
plus de succès. Néanmoins, malgré des recherches multipliées, on ignore
'Micore le séjour intermédiaire de l'embryon de l'ascaride lombricoïde.
Les ascarides lombricoïdes se trouvent fréquemment chez les enfants
iiues le seïrage, plus rarement chez l'adulte et presque jamais chez le
^K'illard. Ils sont en nombre variable; mais comme ces vers ne se repro-
ilujsent pas dans le tube digestif de l'homme, et qu'ils viennent tous du
dehors, ils ne dépassent guère le nombre de huit & dix, du moins
il Paris; pourtant j'en ai vu plus de quarante chez une femme
morte à la Salpëtrière, et il n'est pas rare do les compter par centaines
dans les pays où ils sont communs : ce nombre est toujours en rapport
avec les circonstances accidentelles qui conservent ou qui transportent
leurs leufs. Ces parasites se tiennent dans les intestins grêles, acciden-
lellement dans d'autres organes en communication avec ces derniers,
par exemple dans lestomac, dans l'œsophage, dans les fosses nasales,
dans les voies respiratoires. Leur présence dans le larjnx et dans la tra-
chée peut avoir des inconvénients sérieux et même déterminer la mort
P^r sulfocatîon. Dans quelques cas. on les rencontre dans le péritoine;
je les y ai trouvés une fois, sans qu'il y eût de péritonite, et partant leur
P^élration dans ce sac avait sans doute eu lieu après la mort. Les voies
P»Bcréatiques sont rarement envahies par ces vers, qui s'engagent assez
*f"ivent dans les conduits biliaires pour que certains auteurs aient pu
{*f|*er qu'ils se développaient dans les canaux excréteurs de la bîle.
^1 rou de désordres anatomiques résultent de la présence des lombrics
682 A>-.vrUHIE CATllOLOGIQDE.
dans los itileiilîns; Itillîet et Bnrthez ont constalé simplement une 10]»'
tion vascuiaire de la membrane muqueuse de la région occupée pircn
vers chez les enrants. Divers auteurs ont trouvé l'inlestin intact <Uii»ils
cas où les ascarides se comptaient par centaines ; aussi doit-an croire ip»
ces parasites sont dans l'impossibilité d'ulcérer, à plus forte raison It
perrorer les parois de l'intestin, à moins que celles-ci ne soient pwtidt
ment détruites et fortemonl amincies comme, par exemple, dans U
typhoïde. D'ailleurs, l'appareil buccal des lombrics, amié de denUoiks
situées en dedans de la marge des valves qui le composent, ne
s'exercer sur un objet placé en avant, mais seulement sur des sub-
stances introduites dans l'orilice de la bouche. D'un uutre cAlè, ta
vers que l'on a accusés de pouvoir s'insinuer entre les fibres des parois
intestinales, de les écarter et do les perforer, exécutent simplement dA
mouvements d'inilexion et de redressement analogues s ceux des sa-
pents, en tout cas Irés-différeiits de ceux du ver de terre qui b'»
fonce dans le sol. La plupart des auteurs, et Davaine QOtammeiit, wot
aujourd'hui d'avis que les lombrics ne peuvent, en aucun cas, prodiun
la perforation de l'intestin, pas même lorsque ces vers sont r^uuti tn
paquet, ce qui n'arrive qu'autant qu'ils sont engourdis par le froid ia
cadavre ou aiïaihlis par une substance toxique, et dans ces condîtiuns ila
ne tardent pas a être expulsés. Sur quarante-sept cas rassemblés ffkM
Davaine, la perforation des partiis abdominales avec expulsion de Io^p-
brics a eu lieu quarante fois dans les lieux d'élection des hernies, et
expulsion a été relativement plus fréquente k l'ombilic tJiez les enha
dans les aines chez l'adulte ; par conséquent , tout porte k croirt l
c'est aux hernies et non aux vers qu'il faut rapporter les perfot^l
mises sur le compte de ces parasites. Les tumeurs qui pnr^^eul
perforations sont d'ailleurs des abcès à l'ouverluce desquels il s'écoola
du pus de bonne nature, puis un ou plusieurs lombrics et point de m
tièR's slercorales. Dans les cas oii l'on manque d'examen cadavériqur,
y a lieu de soupçonner que l'ascaride, engagé dans une ulcération de l'i
testin, est arrivé sous la peau par un trajet très-oblique. Lorsqu'elles c
leur siège à l'aine ou à l'oiabilic. ces tumeurs sont en générai doutuO-
reuses et accompagnées des symptômes de la hernie étranglée ; pu!
escbare se forme au sommet et par l'ouverture artilicielle un itpouUD'*
il s'échappe du pus, des malières intestinales et enfin t<H ou tard des veT)
lombrics. Dans quelques cas, enfin,- une tistuledes parois nbdomiuaJ''
donne issue k ces vers, sans qu'ils aient pris la moindre part à
mntion de cette fistule,
Di'S troubles fonctionnels peuvent être pour divers organes la
lomiuaJ''
à iiib^ Jn
PARASITES ANIMAUX. 685
quence de la présence des ascarides lombricoïdes dans les intestins ; ils s'ob-
servent particulièrement chez les individus qui ont unegrandesusceptibilité
nerveuse. Les plus communs sont des attaques convulsives qui, par leurs
caractères, se rapprochent de Tépilepsie, de la catalepsie, du tétanos ou de
rh\ stérie. Il y a quelques mois, j'étais appelé pour un jeune enfant de sept
ans, qui, à la suite de son déjeuner, fut pris, pour la première fois, d'accès
convulsifs suivis d'un état de pâleur et de mort apparente, avec arrêt de
la respiration. Après avoir réveillé cette fonction à l'aide d'excitants, je
pratiquai la respiration artificielle, grâce à laquelle ce jeune malade resta
pendant deux heures dans des alternatives de crises convulsives et d'un
état de mort apparente. Convaincu enfin que cet enfant n'avait que des con-
vulsions réflexes, jelui injectai, en deux fois, 0,012 milligr. de chlorhydrate
de morphine, quiamenèrent un sommeil narcotique et firent cesser instan-
tanément les convulsions. La santonine fut administrée le lendemain et les
jours suivants. Le quatrième jour, ce jeune malade rendait deux vers lom-
brics.
BiBuoGRAPUiE. — J. Church, On Ascaris lombricoïdes {Mem, med. Soc, of
London, vol. Il, 1789). — Hooper, Ibid., vol. V. — J. Cloquet, Anat. des vers
intestinaux. Paris, 182/i. — îi. Dufour, I^otice sur V ascaride lombricoide et sur
les maladies dites vermineuses {Journal de Sédillot, t. XCII, p. 332. Paris, 1825)*
— E. Blanchard, Recherches sur l'organisation des vers [Ann, des se, natur.
Paris, 1847). — J.-B. Mondiêre, Recherches pour servir à V histoire de la perfo-
ration des intestins par les vers ascarides et les tumeurs vermineuses des parois
abdominales {Journal V Expérience^ t. II, p. 65. Paris, 1838). — Combes, Asca-
rides lombricoïdes sortis par un abcès situé à la cuisse (Bull, de thérapeutique ^
t. XXVII, p. 227, iStiU), — EscHRicHT, Inquiries expérimental and philosophical
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lombricode (Comptes rendus des séances de f Académie des sciences y t. XLVI,
21 juin 1858, et Joum. de la physiolog. de Vhomme et des animaux^ 1859,
t. II, p. 295). — Traité des entozoaires, 1860, et art. Lombrics du Dictionn.
encyclopédique des se. méd,, sër. 2, 1. 111, p. 87, 1869. — Pisano, Lombricoïdes
ayant pendant la vie pénétré dans Vintérienr du foie {Union méd, de la Gironde^
12 dëc. 1858, extr. de la Qazetta degli ospedali{de Gènes), 1858). — Tisseirb,
Perforât, mortelle de l'intestin grêle due à des ascarides lombricoïdes {Gaz. méd.
de r Algérie^ 25 avril 1858). — Bourguet (de Rodez), Perforation de fintestin
(grêle par des lombrics (Gaz. méd, de Montpellier, U XXIH, p. 16, 1859). —
DesGRÀNGES, Accidents verminetix (Soc. méd, de Bordeaux^ 25 mars 1861 , et Union
méd. de la Gironde, n\ 6, juin 1861). — Sandwith, Présence des lombrics dans
la cavité abdominale {British med. Journ,, 1861, et Gaz, méd. de Paris 1862,
p. 373). — Ani. DwozAK, Singulier cas de tumettr produite par des vei*s intes-
tinaux {Revue de méd. prat. de Vienne et Monit, des se, méd. etpharm,^ p. 180,
68/i ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
1862). — H. Roger, Des ascarides Umbrieoldes et du r^ qu*iU jcvetU dmnk
pathol. humaine {Revue tnéd. franc, et Urœngére, i86&t p. 678)« — G. Rb/-
LizzARi, D) sedid vemd lombriœidi penetrati nei conéotH biHmie nd fe§eis
durante la vita deU'infermo {BoUettino del nm^o e délia scuola d^anat, paÊoL éi
Firenze. Genni^o 186/i). — BIeissner, Seimidt's Jahrhuck.j t. CXUV, p. 75,
1869. — HuRER, (Archiv A klin. Medic., U VU, p. &50^ 1870, et Mm-
vement méd., 1871» n® 6, p. 66). — Fidbun, Des aeddenU picoâmU ptar la
ascarides lombricoides et les oxyures vermkulaùres. Thèse de Paris, 1873. —
Vital, Abcès du péritoine avec issue de lombric {Gazette médMcale dé Paris, p. S5S,
1874). — A. VuLPiAN, Pérityphlite suppuréey expulsion de lombrics dans Us
selles (Arch. gén, de méd.^ août 1875), p. 225. — Voyez de plus les tnitéi
d'helminthologie de Rudolphi, Brera, Bremser, Dajardîn, Kûchenmeister,
Gervais et Van Beneden, Davaine, Gobbold, Leuckail, Baillet, etc.
2* Aicaris mysiax^ Zeder. — Cet helminthe a une tête infléchie pomme
de deux ailes membraneuses semi-OVales, les valves de la bouche amw-
dies et petites. Le mâle est long de 3 à 6 centimètres, la femelle de 5 à
10 centimètres. Cette dernière présente une vulve située vers le quart
antérieur, deux oviductes et des ovaires ; ses œufs sont presque globuleux
et revêtus d'une zone de substance réticulée.
Ce ver habite l'intestin grêle du chat domestique, du lynx, etc. ; quel-
ques faits semblent indiquer qu'il peut se rencontrer aussi dans le tube
digestif de Thomme. Dans un de ces faits dû à Pickells (1), les parasites
avaient été rendus à plusieurs reprises et en assez grand nombre par une
jeune femme avec plusieurs ascarides lombricoides. Un second cas publié
par Bellingham (2) est celui d un ver provenant des évacuations d'un
enfant ; la description qu'en donne cet auteur ne diflère pas de celle de
Tascaris mystax. Un troisième et dernier fait est rapporté par Cob-
bold (3) qui trouva tous les caractères de l'ascaris mystax à des ascarides
rencontrés dans les selles d'un enfant. Ce petit malade, âgé de treize mois,
avait présenté de la diarrhée et de l'agitation quelques jours avant ré\t-
cuation de ces vers. Cobbold fait remarquer que la nourrice de cet eniant
lui avait donné l'habitude de mâcher des tiges de céleri ; il est donc pos-
sible qu'il ait avalé des œufs d'ascaris portés sur les plantes par l'eau avec
laquelle on les arrosait.
3» Oxyurevermiculaire Bremser {Ascaris vermiculan's, Linné). Cette
(1) Transactions of the associations of feliows and licenciâtes of the King and
Queen's collège of physicians in Ireland, t. IV el V.
(2) Annals of natural hystory, 1839, t. Xlll.
(3) Sur la présence de l* ascaris mystax dans l'économie humaine (The Loncet, 1863,
et Gaz. hebdom.y 186A).
PARASITES ANIMAUX.
685
à
espèce d'helminthe, assez semblable au vibrion de la colle de farine, est
constituée par un animal blanchâtre qui a la tôte ailée, c*estr-à-dire mu-
nie de deux renflements latéraux vésiculeux du tégument, un œso-
phage en massue, une cavité stomacale revêtue d'une armure pliée an-
gulairement. Le mâle est long de 2 à 3''",3, à queue enroulée en
spirale, à pénis simple, recourbé en hameçon
vers le sommet. La femelle, longue de 9 à
10 millimètres, large de O^k à 0"o>,5, a le corps
très-aminci postérieurement en forme de
queue, des œufs lisses, oblongs, non symétri-
ques (fig. 222).
Quoique très-communs et souvent très-
nombreux, les oxyures, à cause de leur
siège dans les parties inférieures du rectum,
au voisinage de Tanus, sont généralement en-
traînés par les matières fécales, à la surface
desquelles on les voit en plus ou moins grand
nombre se tordre, s'agiter et mourir aussitôt
que ces matières sont refroidies. Les oxyures,
qui se multiplient abondamment, remontent
rintestin et passent quelquefois dans le cœ-
cum. Les individus atteints de ces parasites
sont sujets à de nombreuses récidives; ils
en souffrent quelquefois pendant dix et quinze ans.
La présence de ces vers chez l'homme détermine une irritation
sourde, des douleurs lancinantes, duténesme rectal et ordinairement une
sensation prurigineuse plus ou mojns vive qui, de la région anale, se
propage quelquefois aux organes génito-urinaires, et dont la régularité
quotidienne a pu, dans quelques cas, faire croire à une affection pa-
lustre. Par l'excitation qu'elle produit aux organes génitaux, cette sensa-
tion est quelquefois chez les enfants une cause d'onanisme ou de pertes
séminales. La pénétration de ces vers dans la vulve et jusque 4Ans leva-
gin chez la femme, et surtout chez les petites filles, est la cause d'un
prurit insupportable, d'un écoulement leucorrhéique plus ou moins in-
tense, ou même d'accès de nymphomanie. Quelques auteurs prétendent
que ces vers ont pu parfois s'introduire et vivre dans la vessie et dans
l'utérus ; mais les faits à cet égard sont peu probants.
Les oxyures vermiculaires se rencontrent dans toutes les contrées de
l'Europe ; ils sont très-communs en Syrie , en Egypte, dans l'Amé-
rique du Nord, en Islande et au Groenland. Les enfants, plutôt que
^
Fig. 222. — Oxyure vermi-
Gulaire. a, individu mâle ;
&, femelle (grand, nat ) ;
c, extrémité céphalique,
fortem. grossie; d, extré-
mité caudale du mâle, gros-
sie; e, extrémité caudale de
la femelle ; /, œuf, grossi
70 fois.
686 ANATOMIB PATHOLOGIQOI.
les adultes et les vieillards, sont exposés aux atteintes de ces {MurasHes;
leur siège est le gros intestin et principatoment le rectnm.
Ces helminthes se rencontrent plus spécialement dans les localités oè
on ne filtre pas Teau qui sert à la boisson. Ainsi, ils $(m% plus communs
à la campagne que dans les villes. Un jeune garçon de dix-hiiH ans, qw
j'eus à soigner pour des oxyures qu*il rapportait d'Angleterre où il tormi*
nait ses études, m'apprit que dans le pensionnat qu'il venait de quitter,
ces parasites étaient communs ; mais, Tait digne de remarque, ils exiataieul
presque exclusivement sur les Français et quelques autres étrangers, ks
Anglais en étaient exempts. Or, le régime auquel étaient soumis lesdèfes
du pensionnat différait uniquement en ce que les premiers bavaient de
Teau non filtrée, provenant d'un puits, tandis que les derniers buvaient
de la bière. Une femme de Bagnolet, que j'ai eu l'occasion de soigna ao
Bureau central des hôpitaux, était atteinte d'oxyures ainsi que ses trois
en%nts et son mari ; tous se servaient de la même eau. Barry a rapporté
un exemple frappant de la propagation des oxyures dans toute une famille,
tant qu'elle but l'eau d'une môme source.
C'est une opinion assez généralement répandue que les fruits vorts et
non lavés sont de nature à propager ces vers. Leuckart est d'avis que
cette croyance populaire mérite l'attention des savants, et il pense quecer-
tains végétaux que l'on a l'habitude de manger sans être cuits, comme h
salade, les artichauts, etc., peuvent renfermer les germes de ces pa-
rasites ; il croit, en outre, que la farine avec laquelle les boulangers
saupoudrent le pain et les pâtisseries n'est pas toujours exempte de ces
mêmes germes, qui, apportés par le grain de blé, ont pu résister au
battage et à la mouture. D'un autre cêté, Cobbold prétend avoir adminis-
tré sans succès, à divers animaux, des œufs d'oxyures contenant déjeunes
embrvons.
Quelques observations portent à admettre qu'il est possible de gagner
ces parasites p>ar la cohabitation avec un individu infecté. Situés, pour
ainsi dire, à l'extérieur du corps, ces vers peuvent être transportés par des
échanges de vêtements, passer d'un individu à un autre, surtout lorsqu'on
partage le même lit, et cela d'autant plus facilement que les oxyures sont
actifs le soir, comme l'indiquent les démangeaisons incommodes éprou-
vées par les malades à ce moment de la journée.
Bibliographie. — Brera, Ijoc. cU, (voyez bibliographie générale, p. 677).
— Bremser, Traité sur les vers intesHnatix de rhomme, trad. fr. par Grundler.
Paris, 1826, p. \li9, avec bibliographie et indications de figures. — ' J. Mujfu
Barry, On the origin of iniestinal warmsj particularly the Ascom vwmkmlah»
^^^^^H p*[<aS[tes ammauk. SST
[STmaa^r tke Association of physiciaiiK in Ireland, ^ol. n, p. 583. Oublin,
1818). — J. CauvT.iLa[r.n, ari. EiUomaires, Oiet. de méd. et de ehirurg. pra-
tiques, t. VU, p. 337. — L*LLKiiANtt, Des perles gémiitales involontaires, t. III.
Paris, 18Û2. — Mahchand, Ghî. des hàpitatai, l. IX, 18Ù7. — Bilhahz et
V. SiEDoLD, Ein Beitriin zur HeimiUhoffi-aphia kumauu, clc. leitsrhr. f. wit-
senek. Zoologie, t. IV, p. 50, Leipûg, 1853.) — Gros, fins, rfes Adpitoua;,
n'135, 1865. — Hervieux, Union méd., 1859, 60. — Davaine, Traili des
enlo:ottires, p. 209. Paris, 1860. — Strickeb, (Arehie f. putkol. Anal, und
fhysioL, t. XXI, p. 360, 1861). — Sp. Cobbolc, On entozm, p. 362. Lon-
don, 186'i. — B. Leuckaht, Die mensehlichen Piirasiten , I. II, p. 287,
Leipzig et Heidelberg, 1868.
|[. — Slrongjlïdes.
Les slroiigylps se reiicoiilvenl cht^z les mammifères, [ilus raremenl
chez les oiseaux et les reptiles ; ils sont caractérisés par un corps allongé,
cylindrique, atténué posléneuremenl, une bouche à si.\ nodules, une
queue simple chez la femelle et terminée chez le mille par une capsule
au milieu de laquelle se trouvent les spicules.
r Strongle géant. {Strongy/us gigns, Rudolphi ; Eustrimgijlus gigaa, Die-
sinp), — Vulgairement appelé ver du rein, le strongle géan l a un corps
généralement rou^e, cylindrique, Irés-long, un peu aminci à ses extrémi-
té, Kirié transversalement et longitutlinulement; sa bouche est petite,
orbiculaire, entourée de six nodules ou papilles planes. Le mâle, long de
Mi à fiO centimètres, large de & à 6 millimètres, a la queue terminée par
ont bourse membraneuse, d'oii sort un spicule simple, très-gréle. La
femelle, longue de 2 décimètres à 1 mètre, a la queue obtuse, légèrement
recourbée. L'anus, situé sous l'extrémilé caudale, est triangulaire et
oblorig, la vulve est placée en avant du milieu de la lon^eur du corps,
l'ovaire est simple, en forme de tube et d'une longueur excessive. L'œuf,
ovoïde el hruniltre, commence dans l'ulérus de la femelle son dévelop-
pement, qui ne s'achève qu'après son expulsion du corps de l'hôte
^ son contact avec l'eau ou la terre humide (Balbiani).
U siroagle géant, le plus grand des vers némalodes, existe chez le
t^fval, le bœuf, le chien, le loup, la martre, et quelques autres cami-
™res ; il habite ordinairement le rein, la vessie ou le tissu cellulaire
^us-périlonéal. Certains faits paraissent établir qu'il se rencontre
^"ssi chez l'homme où il détermine la dîlation, l'hémoiThagie des
'•assineis, l'altération du parenchyme rénal, enfin, un ensemble sympto-
■"sliquc assez semblable à celui qui résulte de la présence de corps élran^
i
ANAl'UMIE l'ATHOLUlJIQl'K.
I dans ces parties. Ou i^oie son orij^iiie; niais il «omble élablitq-
ifl'huî que la FUaria cptica (Itudulphi) est la larviî d'un slroD|Je.
■..■^B„.(„i!. — Rayer, Tmité dei malaii. de» niai. X. III, p. 7W.— 1.
irorigfr géant dun» les vows winairei de l'homme {Arth. gén. ie mH.
[1. 666; 1839) — Davaine, TAiift» dru eiUoioairei, p. 276, Paris, IBM.-
ckart, lot. ci!. — Cobbold, Ent ozoa,p. 358. — Rulbum, li«cA«nAci «w Ir
fmenl ri le mode de pmpitijatiaii du etrûngle 'jfttnt (Jourr». rfe ToM
Paris, 1870).
î» Strongle à long fourreau (SlivHyi/lta longceaginaOu, Diesîag) l*
sirongio fi longue gahie, a le corps droit, d'un blanc bruiiAtre ; sa Mf
est cnnique el Ironqiiée ; la bouche présente de quatre h six noduU^. U
mâle e&l long de 1 3 àl5niilliinêtres;so»citmiiiV
caudale est infléchie, et b pahiv du p^oîs est (ar-
mée de deux parties Irès-Iongucs et linéiiirr>»,atui
presque la moitié de la longueur du corps. Lalf
raelle, longue de 26 millimètres, est amincie*»
deux extrémités, sa queue est mucruné<- et un
orilicc génital est situé au-dessus de l'eilrtoi'
caudale. Ce ver a été trouvé une fois dans le f*-
ivnchymedu poumon d'un enranl.
'i° Ancylmlome duodénat {Ancfiifhtiûmum 4»
il'.-ndlf, Dnhini) (Dorhmins ou Slrongtjlui i/m-
dcnalis). Liécouvert à Milan parDubini en l8ïS.«l
hi'Iminihe a été oliservé quelques année* pi»
lanl en Egypte, où il est très-commun, d'abn^
parPruneret, plus tard, par Iliiharz et Grit^în^.
EschrtclU l'ft rencontré en Islande.
L'ancylostome duodénal a le corps cytiodn-
que, presque droit ou légèrement courbé, Ina^
parent dans sa partie antérieure, jaunàtir ibB
sa partie postérieure. Sa bouche, dont l'ourertun
i ampoule urhiculaire tournée vers la liR
dorsale, forme comme une capsule cernée, arnw.
du cflté supérieur, de quatre forts appendices i^
1 crochets i-ecourbés vers leur ccniff;
elle oiïre du vôU: inférieur quatre petites rmi-
Pie. 323, — Ancïlo-
ilome duodéual
nwlle fortement gros-
■ie. a, cavilé buccale;
6, anu«i e, ouverlurB forme C
commuDe aux urennes
d'eicrilion;
nenccs coniques qui sont probablement de* «-
ganes lacliles. Le nitkte, aminci en avant, d um
longueur de 6 à SmillimHres, est pourvu d'un spicule très-long et doubir,
d'une extrémité caudale inflécliie; lu femelle, un peu plus gmnde qatk
PilUSITES ANIUAUX. 689
iftie, a de 9 il 13 minimëlres de long, une épaisseur de0'",25 ; elle oiïre
une exti^mité anale terminée en pointe conique et une vulve située vers
le quart postérieur [fig. 223).
L'ancylostome habite le duodénum et le commencement du jéjunum,
s'attachant comme une sangsue à la membrane muqueuse de ces
organes, dans l'épaisseur de laquelle il pénètre quelquefois et atteint le
tissu sous-muqueux. Le point sur lequel ce ver est fixé se reconnaît par
la présence d'une ecchymose de la dimension d'une lentille, circonscri-
vant uue tache Llanche au centre de laquelle existe une ouverture de
l'étendue d'un trou d'aiguille, ce qui lui donne l'apparence d'une mor-
sure de sangsue. Par cette ouverture, le sang parait se répandre libre-
ment dans l'intestin qui contient parfois une notable quantité de ce
liquide. Logé dans la cavité même où s'est épanché le sang dont il se
ni>urrit, ce ver, pai' de petites saignées incessamment renouvelées,
détermine peu à peu l'anémie des individus i]ui le portent. Cette anémie,
désignée par Griesingei' sous le nom de chlorose d'Egypte, alTcclerait à un
degré plus ou moins gitive le quart de la population égyptienne. Elle est
caractérisée symplomatiquement parla pAleur générale des téguments,
des bruits de souffle vasculaires, des palpitations, un pouls fréquent, des
lassitudes des membres, des dérangements de digestion, et quelquefois
aussi par de l'amaigrissement, de l'œdème des extrémités inférieures et
des paupières, de l'apathie et un alfaiblissement général des forces. Les
caractères anatomiques sont eu dehors des intillrations séreuses de diffé-
rentes régions, la mollesse et la décoloration des muscles, l'anémie de
tous tes organes, l'altération graisseuse du cceur et l'atrophie du foie.
D'un autre cdté, Grcnet et Moneslier à Mayolte, Wucherer au Brésil, ont
également observé l'ancylostome duodénal, et se sont appliqués à mon-
trer que \'hiji)4mie interlropieale ou mal d'es/omac, mal de cœur,
cachexie afrîmine, malaria, chlorose, géophagie, etc., devait être at-
tribuée à la présence, dans l'intestin, de cet entozoaire qui se nourrit de
lliBuoGHApuiR, — DoBiNi, dsns Omadei Annal, univers, di medic. di Milano,
t. CV[, p. 5-13, iShi, et Eiilozoografla nmiim. Milano, 1851). — Pruner,
èirankheiten des Orients, p. 2âf|, Erlangen 18^7. — Bildahz, Zeitsehrift far
teissnxrhaflUehe Zoologie, t. IV, p. 55 ; Leipxig, 1853. et Vierordl'» Archiv
fur physioloQ. Ueilk., XIII, p. â%h ; anal. Gaz. hebd., 13 avril 1855.—
r,nF,%n- l'I Lekoï de MEbiciïiirt, ArcMcea de méd. mvate, t. VUl, p. 71, 1867.
— T. lu RucDA, Uvber die Anchr/losromenkrankheit in Itrasilien ( Arcktv
'l'-r lleiikimde, p. 178, 1668.) — 0. Wccrekeii, Veber die AnchiflusUtmenkrank-
(. — At
690 ANATOIIIB PATHOLOGIQUE.
heii, trapische Chlorose oder tropische Hypoœmie (Deuttches ArcMv fur kUnùdu
Medicm, vol. X, p. 378, sept. 1872). — Kundrat, Veher einm fna*m6rdigm
pathologisch-anatomischen Befund (Œsterr. Zeitschr. f. prakt fleitt., n» 2,
lOjanv. 1873).
III. — Sclérostomes.
ScUrostome armé (Sclerostoma armatum^ Dujardin). Ce ver a le corps
cylindrique , gris rougeâtre, la tête globuleuse, tronquée en avant, la
bouche ouverte, bordée par un ou plusieurs anneaux garnis de dente-
lures fines ou de franges convergentes, Tintestin entouré d'une sob-
slance bmnâtre. Le mâle, long de 27 à 30 millimètres, présente une
bourse caudale étalée et deux spicules longs et grêles; la femelle, longue
de 35 ou ^0 millimètres, a un anus non terminal, un utérus bicorne,
des ovaires longs enroulés autour de l'intestin et des œufs elliptiques.
Le sclérostome armé habite l'intestin (caecum et côlon), aux parois duquel
il se fixe par son appareil buccal. S'il n'a pas été observé chez l'homme, il
est cependant important de le connaître, à cause des désordres qu'il
détermine chez les animaux et de la ressemblance frappante de quelques-
uns de ces désordres avec certaines altérations pathologiques trouvées
dans l'espèce humaine.
Une variété de ce parasite, et peut-être une espèce particulière (jc/ê-
rostome armé anévrysmatique, Diesing), ne se rencontre plus dans l'intes-
tin, mais bien dans des tumeurs anévrysmatiques ; elle se distingue par
ses faibles dimensions, car le mâle est long seulement de 1/i à 16 milli-
mètres, et la femelle de 18 à 20 millimètres. Une particularité de ces
sclérostomes, c'est qu'ils subissent une succession de mues en vertu
desquelles une armure buccale plus simple est toujours remplacée par
une armure plus complexe.
Le cheval, l'âne et le mulet sont les principaux animaux sur lesquels on
observe l'anévrysme vermineux. L artère mésentériquc antérieure est
le siège presque constant de cet anévrysme, qui n'a jamais été rencontré
dans les artères de la poitrine, de la tête ou des membres. Ce vaisseau
présente une dilatation fusiforme ou globuleuse, avec hypertrophie de »es
parois ; il est par conséquent le siège d'une altération semblable à celle
de lanévrysme vrai de l'homme, dont il diffère par la présence, dans sa
cavité, d'un caillot adhérent. Les tuniques artérielles sont épaissies* et
principalement la membrane interne, qui est manifestement hypertro-
phiée ; quant aux sclérostomes, ils sont, les uns à peu près libres dans
la cavité de l'artère, les autres, en plus grand nombre, enfouis dans le
caillot fibrineux. Les sclérostomes se rencx)ntrent encore dans les pou-
^^^^^^^ PARASITES aNIHAL'X. 091
nions de plusieurs animaux, notainmeitt dans ceux du mouton, où ils
peuvent simuler des [uticrcules.
BiBuoGBAPHiE. — Hkring, Sur les iinévryumei inl, du cheval {Ret. de méd.
vélirin. P&rts, 1830, p. 443). — Rayer, Sur Canà^rysmevermînetix et le Siroa-
gylus minor [Archive* de médce. comparée, 1842, p, 1). — Ehcolani, Gim-n.
.(. veterinari't. Torlno, 1852. — Coun, Mén. sur le développement et Ut
mtyralions des selérostomes, Paris, 1864. — Baillbt, Note sot les UrongyHens
et les sekrostomieiis de l'appareil digestif des bétes ovines. Paris 1668.
IV. — Tricholrachélides,
Les espèces peu nombreuses qui constilucnl celte Taraille vivent pour
la plupart dans le ciccum ou dans le gros intestin, plus rarement dans
l'intestin grêle de l'homme et des mammiTëres ; elles sont inconnues dans
les autres classes de vertébrés. Leur extrémité inférieure est ordinaire-
metit engsj^ée dans la substance même de la muqueuse intestinale, tandis
que le reste du corps paraît libre au milieu des mucosités.
!• Trichocèphale de l'homme [Trichocephalvs dUpar, Itudolph!}. Ce ver,
cylindrique, strié transversalement, blanchâtre ou jaunâtre , a le corps
allongé, grêle, formé de deux parties, l'une antérieure, capillaire, l'autre
postérieure, plus é[)aisse. La première
de CCS parties, termina en pointe et dé-
pourvue de tout renflement céphalique,
contient l'œsophage et une faible portion
de l'intestin, la seconde, dont l'extrémité
est obtuse, renferme le reste de l'intestin
et les organes génitaux. L'anus est h l'ex-
Irémité qui finit en pointe obtuse. Le mâle, FiG.sit.—Trichocéplialede l'homme,
long de 37 millimètres, a sa partie posté- "■ '"*"'> B'»"^- ""■; t'J'Tl''
rieure enroulée, il possède un spiculecon- ijque, grostie; tf, exlréiniU cau-
lenu dans une gaine cylindrique, renflée '"^■"' ""*'«■ «'"""■ "™ 'P'^"'*
° ■ . p , lenninal; e, œuf groMi 80 foi»,
et Tésiculeuse k 1 extrémité (ng. 224).
La femelle, longue de Zli à 50 millimètres, a la queue en pointe
mousse ; son ccuf est long de 0'°",053, large de 0,024 (Davaine) ; il se
trouve dans les matières évacuées, et pailant il peut servir au diagnostic
du ver. De même que les œufs d'ascarides, les œufs de trichocèphale
pondus dans l'intestin sont évacués avec les fèces et ne se développent
qu'api«s plusieurs mois. L'embryon reste longtemps enfermé dans la
coque et vivant; il est mis eu liberté à la condition que l'œuf, apporté par
les aliments ou les boissons, i-entre dans l'intestin de l'homme . Le déve
I
692 *N*TOMIK PATUOLOGIQllK.
loppement du trichocéphale el sa propagation oot par conséqueulbi^
f.'raiide ressemblance avec le développement et la propagalioii del'aia
ride lombneoîde.
Ce ver n'est pas rare en France ; je l'ai, pour mn pari, observé dans le
CiBcum de plusieurs cadavres, uolammeiil pendant le siège de Paris. Il k
rencontre rréquemnient en Allemagne et en Angleterre. On le trou^T a
Italie (Thibault), aux Etats-Unis (Leidy), et, selon Pnuier et Bilhnix, il
sérail commun chez les enfants en Egypte el en Syrie.
BtBLtooHAPHiE. — Rœderkb etWACLETi, Troct. ik morbo miieoso, édil. A. Wr»
berg, Gœtting, 1783. — Mebat, Dkt. des se. méd., art, TEiiciiQctpiLu.i. —
BELLfMiniiH, Dublin Journal, 1838, et Archiv. gHi. de méd., 3' n'rie. I. It-
p. mil. — C. Davaine, loc. cit., p. 205.
2° Trichine de l'homme [Tricluria spiralin, Owen). Logé dans le svsIëiik
musculaire pendant le jeune âge, cet helminthe habile l'iiileslin lorsqu'il
est adulte. La trichine adulte a le corps cylindrique, rexlrcmité cépbi-
lique amincie, l'extrémité caudale mousse et arrondie. Le tube intestinal
est droit, l'anus est terminal. La moitié postérieure de l'animal préseolt,
à cûlé du tube digestif, les organes sexuels qui, chez la femelle, s'ouvnni
vers le milieu du corps, et chez le mâle k côté de l'anus. La tricbinA Ht
vivipare ; le m^le est long de 1 millimètre 1/2, la femelle de 3 & 3 millî-
mèlres.
Les organes génitaux se développent dès l'arrivée de la larve dans fift-
teslln; des œufs se produisent en grand nombre ; l'accouplement • Un
au bout de deux à trois jours, el, wrs le
cinquième ou le sixième jour, des vto-
bryons liliformes, longs de O''°,08à 0"".13.
sortent de k vulve. Ceux-ci perforeol
les parois intestinales, pénètrent daoi
le tissu cellulaire ou dans le sang, et dt
là dans les muscles volontaires. Au boul
de dix jours environ, ils comnieueeul
à s'enkyster dans l'intérieur du raiscnn
primitif (fi;;. 225). Ce faisceau change
d'aspect autour du ver qui occupe le
centre; les slries disparaissent, le con-
Fie. 225.— TrichinescnkyiiéeiJans lenu se décompose en lùics moléculei
"" '"""^ ^' accumulées autour des noyaux tnastn-
laires cous id érable me ni multipliés. Alors le ver se roule en spï|
r.\n.lSITES ANIMAUX,
693
sVnveloppe d'une vésicule ovule ou elliptique, de sorte qu'il présente
deus enveloppes, l'une produite par le kyste, l'autre par le sarco-
lemme; il continuelle jrrandir et peut atteindre une longueur de O""",? îi
i millimètre; il n'a d'autre organe inlesme qu'un canal intestinal, sauf
parfois des rudiments d'organes génitaux. Plus tard, au bout de
quatre- vingts jours chez le lapin et de cent jours chez le porc, les
parfis du kyste s'encroûtent de molécules calcaires, et le parasite suc-
combe, s'il n'est transporté dans l'intestin d'un autre animal.
Les trichines se rencontrent dans tous les muscles, le cœur excepté;
leur enkystement débute en général par le diaphragme, les muscles in-
tercostaux, ceux de la langue; dans les membres, elles ont leur lieu d'élec-
tion dans le point le plus rapproché de l'insertion tendineuse ; plus com-
muns dans les muscles superficiels que dans les muscles profonds, elles
se rencontrent jusque dans les muscles de l'œil, du lympn, du larynx.
Leur présence en grand nombre au milieu des muscles qui ont un rrtle
fonctionnel important produit des accidents quelquefois sérieux ou môme
mortels. Dans les cas graves surviennent, au cours de la première
semaine qui suit l'infection, des troubles digestifs plus ou moins pro-
nonces; dans la seconde semaine, apparaissent des désordres du sysl(?me
musculaire, contracture, douleur à la pression, enrouement, dyspnée,
ou encore de la fièvre, de l'oedème, etc. Ces accidents étaient confondus
soit avec la fièvre typhoïde, soit avec le rhumatisme, la pleurésie, etc.,
jusqu'au moment oii Zenker parvint à en démontrer la nature.
L'origine des trichines est connue depuis qu'on a trouvé ces parasites
dansune foule d'animaux (rats, souris, campagnols, etc.), dont les porcs,
en particulier, mangent les débris. La viande du lapin, sans élreaussi dan-
gereuse pour l'homme que celle du porc, n'est pas toujours d'une parfaite
sécurité; la putréfaction n'altère pas les trichines musculaires, mais
celles-ci périssent à une température de 58 à 60° R,
Les trichines se rencontrent en Europe et en Amérique; elles ont
lear plus grande fréquence en Allemagne cl en Angleterre ; elles sont
rares en France, où Cruveilhier est à peu près le seul auteur qui en ait
fait mention. L'usage de la viande de porc est la cause ordinaire de la tri-
chinose ; c'est un fait aujourd'hui acquis par l'observation et pat l'expéri-
mentalion. Il suffit de faire avaler à un lapin de la viande contenant des
trichines pour voir se dérouler tous les phénomènes de cette affection.
L'animal en expérience maigrit; au bout de trois à quatre semaines il
perd ses forces, et il meiirl vers la cinquième ou sixième semaine. Dans
B conditions, les muscles, le cipur excepté, sont remplis de millions
Ltfe trichines qui conduisent à la mort par l'atrophie et l'altération du sys-
99ftH AMTOIflE PATBOLORIQUE.
UanB moBColùre. Tous let animaux ne sont pas également sajets àtxtt»
. i^iection; tandis que le lapin, le cochon d'Inde se prêtent Tort bien i in-
périmentaiion, le chat et le dlien permettent peu sa réussite. Ch« et
deniier animal, on suit tràs-i>ien le développement des trichines ims
l'mtestin; maïs les embryons ne passent pas dans les muscles, peiiti^tn
puoe que les sucs digestib du chien sont nuisibles h l'évolution et aui
nlgntions du pansiie.
BouMuran. — Hiltok, dans London mti- Qat., Fefar. 1633, p. M5. -
Ownr, dans IVa^Mutton^ ofthe toolog. Soc., t. Il, partie tr, p. 715. — Bpcaan,
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PARASITES ANIMAUX. 1
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méii. ijPlérinairf., sër. 3, 1, 11, p. 260. — G, Colis, Elude expfrim. sur iw
trichines et In trichinose (Comptes rendus de l'Acad. des sdenees, 1" juin 1868).
— Félix ScHAAN, FMide sur la trichine. Thèse de Paris, 1871-1872. — Bo-
BKLL, Ztv Trichiimse {Arehie f. path. Anat. und Pkyml., t. LXV, p. 399).
V. — Filaridt*.
Les filaires sont des vers blancs jaunâtres ou rouges , filiformes, qui
se trouvent chez les animaux vertébrés, principalement chez les mam-
miTères ol les oiseaux, plus rarement chez les reptiles; ils se rencontrent
dans des organes très-di (Térents, à l'exception du lanal digestif.
1° Filai're de Médine ou dragonneau. [Filaria Medinensis, Gmelin). —
Onnue dès la plus haute antiquité (Moïse, Agalharchilde, Plutarquc,
Aélius, Paul d'Egine), la lilaii-e de Médine existe dans l'Arabie Pétrée, le
Sénégal, le Congo, sur les eûtes d'Angola, en Perse, dans l'Inde, dans
les Antilles, notamment à Curaçao, et cnlin dans l'Amérique méridionale.
Elle s'observe rarement en Europe, et lorsqu'on l'y a rencontrée, elle avait
été apportée depuis peu de temps.
Le mâle de la lilaire de Médine est relativement petit et peu connu ; la
Temelle est longue de 50 centimètres et plus, large d'un millimètre au
moins, fililorme, un peu amincie en arrière, blanche avec deux lignes
longitudinales opposées, correspondant à l'intervalle de deux masses
musculaires longitudinales; la bouche est orbiculaire, la queue est
subaiguë, recourbée en rrochet. Les œufs éeloseot h l'intérieurdu corps de
la mère, où l'on peut voir les petits presque tous enroulés, tanlAt avec la
quelle saillante au dehors, tanliHavec celle-ci entortillée; ils ont un peu
avant la naissaiiw um^ longueur de 0''~,75. Leur extrémité antérieure,
légi^remenl amincie, est terminée par une bouche fi trois nodules; l'anus
est viftible à la naissaneo de la queue qui est longue et très-eflilée. Ces
jeunes animaux vivent pluaiom-s jours dans l'eau h la température ordi-
naire (Jacobson, Maisonneuvej ; privés du ce liquide, ils restent sans mou-
vement et reprennent leur agilité par addition d'eau après six à douie
heures (Ch. Hobtn). Maissi la dessiccation a été complète, la vie ne repa-
ntt plus.
i La filaire de Médine, k l'état de larve, envahit rhei l'homme les extré-
ftltës inréricures, les pieds, les jamb^^t 1^^ cuifiSes, le scrotum, plliii
696 ANATONIK PATHOLOGIQUE.
rarement les extrémités supérieures, le cou et Is tèie [i). Elle se lop!
sous la peau, dans le tissu cellulaire sous-cutané, entre les mnsdes, met
à se développer un temps qui varie de deux mois à un an, et donne lien
à une tumeur semblable à une veine variqueuse et qui se termine par nu
petit abcès, en même temps que survient un prurit insupportable. Pelo-
tonné dans cette tumeur, le ver parfois sort en totalité avec le pus ; mais
d'autres fois il n'apparatt pas et sort plus tard en donnant lieu k un
nouvel abcès si l'on n'a soin de l'extraire (Hg. 226).
Le sié^'c ordiimiro de la lilaire dans les parois du tronc, et principale-
ment (l.ins les menibiTS inférieurs, conduit à penser que ce ver a dû
pénétrer dans les tissus npràs avoir acquis un certain de^ de déve-
loppement. On sait aujourd'hui que ce parasite alTectc les personnes qui
séjournent les jambes nues dans des eaux stagnantes oîi les jeunes filaires
peuvent vivre très-longtemps, et celles qui se couchent sur la terre les
pieds et les bras nus ; un a d'ailleurs observé dans l'Inde que les hommes
qui portent l'eau sur leur dos, dans des sacs de cuir, sont souvent
alTi'ctés du ver de Guinée dans les parties mises en contact avec om
sacs, l'ar conséquent, il n'est pas douteux que ce parasite ne se trans-
mette par l'eau, et, du reste, c'est une opinion accréditée <|uc la
lilaire, dans la plupart des contrées où elle règne, se j^ngne par l'eau ap-
pliquée à l'extérieur ou ingérée dans l'estomac. Les nègres, dans !<'
(1) F, Pruner (Oie KrrmkheUen des Orients. Erlangen, 1847, p, 250) n une senlf
fois rencontré ce parasite sur le ciuluvrc d'un Jeune nègre, en arrière dj fuie, calre kt
reuiUeU du méientère ; c'est là un Tail unique.
PARASITES ANIMAl'X 697
Scheradi, gagrnent la filaîre en se baifrnanl dans le Nil ; au Sénégal, en se
plongeant dans Teau du fleuve. Les personnes le plus généralement affec-
tées du dragonneau, dans les provinces du Sennaar et du Cordofan, sont
précisément celles qui se baignent dans les eaux stagnantes qui couvrent
le sol du pays, ou qui s'abreuvent de ces mêmes eaux (Ferrari). L'influence
des pluies et de Thumidité sur la propagation de ce ver est d'ailleurs bien
connue partout où il se rencontre; celle de la chaleur ne l'est pas moins;
aussi est-ce dans les contrées chaudes, pendant les années humides ou à
la suite de pluies abondantes, que l'on voit sévir ce parasite avec une fré-
quence tellement grande dans certains cas, qu'il serait possible de croire
à une véritable épidémie. On peut penser, dans ces conditions, que la
larve desséchée, et revenue à la vie par l'action de l'eau, acquiert un déve-
loppement rapide sous l'influence de la chaleur, et partant cherche à
pénétrer dans les tissus de l'homme, où elle arrive à son complet déve-
loppement, puisqu'elle en sort pour rejeter ses petits au dehors. La ques-
tion de savoir comment cette larve pénètre dans les tissus n'est pas encore
jugée ; mais il y a lieu de croire qu'en raison de sa petitesse, un cen-
tième de millimètre d'épaisseur environ, elle parvient à s'introduire dans
le conduit excréteur d'une glande sudoripare ou dans la gatne d'un poil,
et qu'elle arrive par ces canaux jusque sous le derme.
La contagion de la filaire, reconnue par plusieurs médecins, n'est pas
absolument impossible ; on comprend qu'elle puisse avoir lieu par le
fait d'un contact un peu prolongé. D'après Clotbey, le docteur Dussap
aurait été atteint de cette affection après avoir pansé un grand nombre
d'indivfdus qui en étaient affectés. Nous ferons remarquer qu'une fois in-
troduite dans les tissus, la filaire ne cherche guère à en sortir, et par con-
séquent, s'il est vrai que ce parasite se transmette par contagion, le fait
est au moins très-rare.
Bibliographie. — Vrlschius, Exercitatio de vena medinensi, seu de dracunculis
veterum, etc. p. 312-315, Augustœ Vindelic, \62U. — Kampfer, AmcmitcUes
^iot. politico-physico-fnedic,, fasc. 3, p. 5?^i. Lempgo, 1712. — Bajon, Mémoires
pour servir à V histoire de Cayenne et de la Guyane française, etc. Paris, 1777 ;
*nal. dans Journal de médecine ^ chirurgie, pharmacie, etc., 1778, p. 385. —
^L'CHsiDs, Commentatio historico-medica de dracunculo Persarum, etc. léna et
Strasbourg, 1785. — Th. Heato, Observ, on the générât. ofGuinea worm [Ediiib,
''•^d, and surg. Journ., vol. XII, p. 120, 1816.) — Clotbey, Aperçu sur le
^^^^ dragonneau observé en Egypte. Marseille. 1830, p. 30. — C. Morehead,
^Onsact. of the médical and physkal Society of Calcutta, vol. Vï, p. ^i20, 1833,
^^ 1836, p. /|2, t. VIII. — Bremser, Traité zoologique et physiologique sur les
^^6^8 intesHnaux de Vhomme, trad. par Gnindler, p. 198, 1837. — Mac Cleland,
698 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Rem, on Bramnculus {The Calcutta Journ, ofnat, hist,^ t I, p. 359, iSlil). —
Maisonnruve, Note sur un dragonnenu observé à Paris {Archives gén. de médecm^
4* série, t. VI, p./i72, 184'4). — Ch. Robin, Comptes rend, de la Soc. dshûÀ.,
2» série, t. II, p. 35, 1855, et Gaz. méd. de Paris, n' 23, 1865, p. 365. -
Vautrin, Bull, de la Société anat., t. XXIX, p. 689, 185&. — Benoit, Duânr
gonneau {Montpellier médical, juin 1857). — J. Balfour, Note on the ùUMbatiim
of Guinea worm (Edinburgh med. Journal, vol. IV, p. Û62, 1858). — Cebus,
Observations sur le dragonneau. Thèse de Paris, 1858. — Davaine, 2Voif^ Ai
entozoaires, etc., p. 696, 1860. — Mbissner, FHaria Medmensis {Sehmiàti
Jahrbûcher, t. CXIX, p. 51, 1863). — Bastian, On the structure and mtm
ofjhe Dracunculus {Transact. of the Ltnn. Soc,t. XXIV, p. 101, 1863).—
HiRSCH, Handb. der hùitorisch-geograph. PathoL, p. 523. Erlangen, 1862-1864.
— FoLLiN, Traité de pathologie ext., t. II, p. 108. Paris. 1863. — Gcto5,
Comptes rendus de ÏAcad. des sciences, 7 nov. 186l!i, et Gaz, hebdom,, p. 791
1866. — JoLUFFE TuFiNELL, DubHu Joum., XLVIII, p. 65, 1869. — Clardhx
CooPF.R, Med, Times and Gaz., mai 1871. — Fedschenko, Protocole des am
des sciences naturelles (en russe) Moscou, 1869, p. 71, et 1876, p. 50.—
Leuckart, loc, cit., t. II, p. 666.
2® Pilaire oculaire {Filaria lentis, Diesing) Cette variété ou espèce de
filaire a été trouvée trois fois dans l'humeur de Morgagni, chez des individos
aiïectés de cataracte ; elle a le corps filiforme, blanc ou rougeâtre, U
bouche inerme, Fanus distinct et terminal, la vulve située à rextrémité
caudale. Le mâle n'est pas connu.
Plusieurs auteurs conservent du doute sur Fexistence de celle espèce
qui n*a pas été retrouvée depuis Nordmann et Gescheidt ; par conséquent
il serait nécessaire d'avoir de nouvelles observations avant de l'admetlre
définitivement.
Bibliographie. — Gescheidt, Die Entozoen des Auges, eine naturhisi, Ophthalm.
8kizze{Zeitschrift f. die Ophthalmologie, etc., von F. -A. Hammon, t. lïï, p. 435.
1833). — A. DE Nordmann, Micrograph. Beitràge, elc. Berlin, 1832, p. 1 à 51
— P. Rayer, Note additionn. sur les vers observés dans Vœil ou dans Vorbite «J^
animaux vertébrés [Archiv, de méd. comparée, fasc. 2, p. 113. Paris, 1S63).
Filaire des bronches {Filaria hronchialis Rud. — Hamularia lymphaticL
Treutler). Ce ver, espèce peu différente de la précédente, cylindrique**
d'une longueur de 27 millimètres, aurait été rencontré une seule fois par
Treutler dans les ganglions bronchiques d'un homme épuisé et phthisiqiie;
mais il y a lieu de douter aussi de son existence. (Treutler, Devermihtf
fdiformis in glandulis conglobatis bronchiorum repertis, d^ns Obferv, patk-
anat., etc. Lipsiae, 1793, p. 11).
Z"" Filaire de Torbite if ilaria ha, Guyoi). C'ogl un ver blanc cylindrique
PARASITES ANIMAUX. 699
plus petit que la filairedeThonime; d'unelongueurde30à32 millimètres,
il a une grosseur un peu moindre que celle d'une chanterelle de violon ;
son extrémité postérieure est pointue, tandis que Tantérieure est obtuse ;
la bouche est énorme.
Cette filaire existe sous la conjonctive des nègres, ainsi que Ta observé
Guyot, chirurgien français, dans plusieurs voyages qu'il fit il y a cent ans
à la côte d'Angola où ne règne point la filaire de Médine. Plus récemment
Lestrille a eu l'occasion de rencontrer ce parasite dans l'œil d'un nègre
du Gabon qui présentait les phénomènes suivants : clignotement fré-
quent, sensation d'un corps étranger gênant les mouvements de la pau-
pière supérieure, injection des vaisseaux de la choroïde et larmoiement.
A la partie supéro-antérieure du globe de l'œil, vers l'angle externe, la
conjonctive était soulevée par un corps allongé flexueux qui s'étendait
dans le sens transversal. Ce corps à la première vue ne paraissait pas se
mouvoir; mais en soulevant avec une pince à dissection la conjonctive
qui était décollée dans une assez grande étendue, on aperçut aisément
des mouvements de réflexion. Une incision ayant été faite à la conjonc-
tive avec des ciseaux, le ver put êire saisi à l'aide de pinces.
Bibliographie. — Guyot, Mém,, dissert, et observ. de chirurgie, par Arrachart.
Paris, 1805, p. 228. — Rayer, Archiv. de méd. comparée. Paris, 18/|3, p. 113.
— Lestrille, dans Gervais et Van Beneden, Zoologie médicale. Paris, 1859,
t. Il, p. 143. — GuYON, Gaz. méd. de PariSy 184.1, p. 106. — Le même.
Comptes rendus de VAcad. des sciences^ 1865, t. LIX, p. 743.
k^ Filaire labiale ( Filaria labialis). Ver filiforme de 30 millimètres
qui a la tète allongée et la bouche entourée de quatre papilles. La
femelle offre une vulve située à 3 millimètres de l'extrémité caudale,
à 2 millimètres et demi de l'anus. Ce ver a été observé une fois à
Naples chez un étudiant en médecine dont il occupait la lèvre supé-
rieure ; celle-ci devint le siège de sensations de prurit et de fourmil-
teipent3 bientôt suivis d'une pustule acuminée renfermant le ver dans sa
profondeur. (Pane, Nota su 4i un elminte henMtQide^ dans Annali deW
Aeadm* degli û$pirQntinatuPalisti, Napoli, 1864, ser. S, vol. IV.)
5* Fihire di$ sang de V homme [Filaria sanguinis hominis). Cette déno-
iliiiiation 1^ été donnée par Lewis à des larves rencontrées dans le sang
de rhonime at provenant d'individus non encore spécifiés. Le corps de
Q» larvea est long de 0,f""* 35, épais de 0,009; la tête est arrondie, la
quelle lennipée en pointa; Fcesophage et l'intestin sont peu déve-
700 ANATOMIB PA-raOLOGIQIJE.
Ces parasites envahissent le réseau vasculaire tout entier, «t d« eiflt
façon ils peuvent être obtenus par la piqûre des extrémités des doigtsoa fa
orteils. On les voit sous le champ du microscope se mouvoir dans tous la
sens avec l'apidilé et contiguïté, écartant les globules du sang et s'iui-
nuant entre eux. Le sang n'est pas le seul milieu où l'on trouve ces ven,
ils ont été encore rencontrés par Lewis dans les urines chyleuses. Lot
Fie. 237, — . Pilaires du aang hamain (d'après Lew>«>.
accumulation sur certains points peut amener une rupture et leur issu'
au dehors avec le sang ou la lymphe; c'est li'i ce qui explique leur pré-
sence dans les urines. Leur nombre est quelquefois considérable; Lenisi
observé chez des malades atteints de chylurie plusieurs de ces entozoïiM
dans une seule goutte de sang ; il a pu, dans certains cas, les évalua ■■
chilTre approximatif de 1£|0 000 pour la totalité du fluide sanguin.
Les ultcrations déterminées parla présence de ces vers et leur passsfl
k travers les organes n'offrent rien de bien appréciable à l'œil uu. T*
tcfois, à l'examen microscopique, on constate que la substance corti»''
et la substance tubuleuse des reins renferment de nombreux vers, conlw'i'
principalement dans les parois de l'artère rénale et de ses plus fines braB-
cbes. On ignore jusqu'ici si ces vers que l'on peut trouver avec le ^"f
dans l'urine traversent exclusivement les corpuscules de Mnipighi.
Lessymplilmesqui traduisent l'existencede ces vers sontdepuisioiigiwit*
connus, mais ils n'ont été rattachés à leur véritable cause que daosfW
derniers temps : ce sont ceux qui caractérisent l'affection désignée soasir
PARASITES AMMAUK. 701
m i'Mmùturie chyîeuse nu A' hématurie graisseuse des pays chauds. Après
sJtjiies tlêsordres du côlé des ronflions diffostives, survient en général
état fébrile accompagué de doiiltiiirs ii la région des reins, avec irra-
Aîons le long des uretères vers le scrotum et les cuisses ; puis les urines
mneitl une coloration rou^e due à la présence d'un grand nombre
jématies au milieu desquelles ou apt^rçoit quelques globules blancâ
rviron 1 pour 300, Crevaus) et de très-fines gouttelettes de graisse tenues
suspension dans l'urine et qui se séparent de ce liquide lorsqu'un vient
3 traiter à plusieurs reprises par l'étber sulfurique.
La chylurie s'observe eu Amérique depuis le 30' degré de latitude
rd jusqu'au 35' degi'é latitude sud. C'est au Brésil qu'elle sévitavecle
ftfi d'intensité. Juvenot l'a rencontrée jusque sur les rives de laPlalaetde
i aniuents. En Afrique, cette maladie a été signalée dans les colonies du
pet deNatal, à Madagascar et surtout aux Des Bourbon et Maunce;
» existence est nellcmeiit établie en Asie, surtout à Calcutta (Lewis), à
Kcbay (Carter), à Saigon (CrevauK).
., De l'hématurie intvrtropkale obieniie au Brésil {Arokives de mide-
« navuk, t. XIII, février 1870 ; Giiieta medim da Bahia, 5 déuembre 186H
30 septembre 1S69). — Chevaux, De l'hématarie chyleme ou grameusv des
tft vbauds. Thèse de l'aris, 1672, et ArcA. de méd. nau., 1. XXII, p. 165,
>leuibre 1874. — Lewis, On a haernatozoon in humiin blood, its relation lo
ifbiria and other diseuses. Calcutta, 1872 ; 2' édil. 1874. — Le mdme, The
tholoijical siynificaitce of jiematode haeraatoioa. Calcutta, 187Ù- — Ch. Rouin,
"offé des kumeurs normales et morbides du corps de l'homme, 2* édit. Paris,
Hù, p. 185.
Acanlbocéplmlcs.
î»us ce nom sont désignés des vers ronds en forme de tube, ii sexes sé-
fcré$, ovipares, munis d'une trompe propulsive année de crocbets, dé{>our-
ou de boucbe et d'intestin et se nourrissajit par absorption. Bien que cou-
itu&ut uugroupeparliculier, cesvurssont néanmoins rares dans l'espèce
Omaine. Nous les plaçons à la suite des vers nématodes, avec lesquels
■ ont une grande ressemblance de forme.
Ces vers forment un genre unique {Ec/iiitorhynchus, Millier) qui com-
nad un grand nombre d'espèces vivant chez les animaux vertébrés
ttis l'intestin desquels ils habitent, solidement fixés aux païuis pur leur
Fvnipe: quelquefois, niuîs rarement, ils se rencontrent dans des bystes
lu mésentère.
L'échiuorhynque a été trouvé exceptionnellement chez rhoiiime; tou-
efoij sa présence y est attestée pai- les lails suivants :
702 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Un garçon de neuf ans mourut d'une leucémie à Prague, et l'autopàe
qui en fut faite révéla rexistencedansTintestin grêle d*un échinorhynqie :
femelle (Echynorhynchtu hominis, Lambl), long de 5,6, large de 0,6 mil-
limètres. Ce ver avait une trompe petite, presque globuleuse, armée
de huit rangées longitudinales de crochets disposés par séries taauh
versales alternantes de chacune six. Incomplètement développé, i
avait sans doute pénétré peu avant la mort dans son hôte définitif, oàl
avait été introduit d'une façon accidentelle vraisemblablement par T
renfermant Thôle intermédiaire.
Chez un soldat qui avait longtemps séjourné dans l'Inde, et qui mourë
en Angleterre, Welch trouva, à Tautopsie, sous la muqueuse du jéjoDom,
enveloppé dans une couche de tissu transparent, un ver de très-petite
dimension, que Ton reconnut être un échinorhynque enkysté. Rien
pendant la vie n'avait pu faire supposer sa présence.
Bibliographie. — Lambl, Prager Vierteljahrschriftj 1859, !•' févr., pi. IV,
— Welcii, The présence of an encysted echinorhynckus in mon (The Lanod^
16 nov. 1872). — Leuckart^ Die menschl, ParasUen, t. II, p. 725 et 801.
§ 2. — TRÉMATODES.
Le nom de trcmatodes (rp^f^a, pertuis) sert à désigner, depuis Rudolphi.
un ordre de vers solitaires, inarticulés, plats, munis d'une bouche, d'us
canal intestinal, et pourvus d'un ou plusieurs organes d'adhérence oa
ventouses.
Le tégument de ces vers est mou, non revêtu de cils vibratiles ; l'ouver-
ture buccale est à l'extrémité antérieure du corps et située ordinairemeDt
au fond d'une petite ventouse, elleconduit dans un pharynx musculeui cl
dans un œsophage aboutissant à un canal intestinal terminé en cul-de-sac.
L'appareil excréteur se compose d'un réseau de vaisseaux déliés etdedeai
grosses branches latérales s'ouvrant à l'extrémité postérieure ; le système
nerveux est représenté par une masse centrale et deux cordons latérani;
lappareil circulatoire fait défaut»
Les organes sexuels mâles et femelles sont ordinairement réunis
chez le môme individu, et leur orifice siège dans le voisinage de la ligne
médiane à la parlie antérieure de la face abdominale. Les testicules sont
multiples; les oviductes et l'utérus sont tubuleux, très- longs; les œufis,
elliptiques et pourvus d'un opercule, se développent en grande partie dans
l'oviducte.
Les trémalodes offrent deux types secondaires : 1^ les polystomides, qui
PARASITES ANIMAUX. 705
ont un développement direct, et dont l'embryon, nu et sans cils au mo-
ment de Téclosion, possède déjà la forme de Tadulte ; tous les membres
de cette division vivent en parasites externes sur la peau et les branchies
des animaux aquatiques, les poissons principalement, et comme tels ils
ne doivent pas nous occuper; 2° les distomides, qui ont un développe-
ment indirect, en ce sens que Fembryon ne ressemble nullement au gé-
nérateur ; ils vivent à Tétat adulte en parasites internes des animaux
vertébrés.
Les distomides sont ovipares, et les jeunes passent par une génération
alternante compliquée de métamorphose. Les œufs, éclos le plus sou-
vent dans Teau, donnent naissance à des embryons petits et contractiles,
nus ou plus souvent pourvus de cils vibratiles, et qui, par cheminement
spontané, cherchent un nouvel habitat dans un animal, qui est ordinaire-
ment un mollusque et le plus souvent Fescargot; ils pénètrent dans l'inté-
rieur de cet animal, perdent leurs cils, continuent leur développement et se
transforment en utricules germinatifs qui produisent la génération des
cercaires ; ces dernières, munies d'une queue directrice, abandonnent Tu tri-
cule mère qui se rompt, et le corps de l'animal qui les porte, pour ramper
ou nager librement dans Teau. La cercaire cherche alors un nouvel hôte,
pénètre, au moyen de son armature buccale, à travers les téguments d'un
animal aquatique, larve d'insecte, poisson ou mollusque principalement,
perd sa queue dans le passage et s'enveloppe aussitôt d'un kyste; là elle
revêt la forme d'un distomide parfait, mais elle n'acquiert point d'organes
génitaux, et c'est seulement lorsque l'hôte devient la proie d'un vertébré
que le jeune distome, parvenu dans l'organe et chez l'animal qui lui con-
vient, acquiert définitivement les attributs de l'adulte de son espèce.
Ainsi il y a ordinairement trois animaux porteurs différents, dont les or-
ganes logent le distome à ses divers stades de développement.
Les distomides adultes se trouvent principalement dans le tube digestif,
les cavités respiratoires et les canaux biliaires des animaux vertébrés ; ex-
traits des organes et placés dans l'eau, ils se décomposent et périssent
très-vite. Ces vers se distinguent par le siège et le nombre de leurs ven-
touses, ils constituent ainsi quatre genres. Deux de ces genres sont carac-
térisés par l'existence d'une seule ventouse (monostome et amphistome);
lés deux autres genres (distome et holostome) ont chacun une ventouse
antérieure buccale et une ventouse abdominale*
Il -^ DislofUeSi
tiés distomes fonnent un gfoupe naturel de pdnisites qui^ à l'état par-
704 AN.VTUMIË rATUOLOGlQL'B.
fait, se rcnconlreiit chez lus animaux composant les quatre classes des
vertébrés .
1° Distome kèpaligue [Distonium hepaticum). — Le dislome ou doufe
hépatique est un ver d'un blanc grisâtre, long de 20 à 30 millimèlres,
large de 6 à ÎU millim,, ovale, arrondi en avant où il se resserre brus-
quement d'où résullo une sorte de cou conique, rétréci en arrière H
aplati en forme de feuille. Son extrémité antérieure présente une cupuk
de forme triangulaire, obliquement dirigée en dessous et dans laquelle
se trouve l'orifice buccal (fig. 228). Vers le tiers antérieur du ventre, il
existe une autre cupule, sorte de ventouse qui n'est
vraiseniblublement qu'un organe d'adhérence. Dn
suçoir buccal part un œsophage qui se divise bien-
tôt eu deux bi-anches grêles formant un intestin
ramttié qui se termine à l'extrémité postérieure par
un orifice béant. Les sexes sont réunis, et les ori-
fices génitaux , conligus, sont situés au milieu de
l'intervalle des deux ventouses; le pénis est cjliu-
drique, saillant, contoumi; en spirale; les ovaires
sont ramiiiés ; l'oviducte contient des œufs jaunâtres
pourvusd'un opercule et longs de 0""", 13 à 0"", 14.
Le distome hépatique se rencontre chez des ani-
maux très-divers, particulièrement chez les rumi-
nants, le mouton surtout ; il habite en général les
0~ conduits et la vésicule biliaire, sans en faire un sé-
jour exclusif. Quelques faits li'moignent de sa pré-
Fig 228 — n Distonie ^^'"^*^ '^''"^ '^^ ™'^^ biliaires de l'homme; mais
hépatique. A. œuf )p?ossi dans aucuii d'eux il n'est fait mention des désordres
;i« l'.";iT»i- '"'"'"^''^ p.Plover,i, pan louletois le cas n,p-
vainej. porté par V. Franli, d'une jeune fille de huit ans
qui mourut épuisée et amaigrie au milieu de convulsions, après une
longue diarrhée et de vives douleurs dans la région du fuie. Plus ra-
rement CCS entozoaires ont été rencontrés dans l'intestin ou rendu»
par le vomissement. Duval eu a trouvé une fois cinq d-nns la veiuc
porte.
L'étiologie du distome hépatique de l'homme est encore obscure ; mais
il est vi-aisemblabic que cet animal arrive à l'état de coixaire dans
l'intestin et qu'il passe de là dans les voies biliaires. 11 parait d'aillours
qu'il peut se développt'r dans le tissu cellulaire sous-cutané; Gieskc:
trouva dans une tumeur de la plante du pied deux vers parasites qu<'
Frey et du Siehold reconnurent pour être des distomes hépatiques.
PARASITES AiSIMAUX. 705
BiBuuGHAPui)^. — Pali.as, Wm. de infcH. i-irenlibus hitrn vfventia. Lugd,
itaïor., 1760,'p. 5. — J.Kkank, beoinindisbom. morlisepitome.Weouœ.iSlO,
V. — Meuus, Obaerv. annl. de dislomata hepatico et lartceohto. GœUiiiguo,
825, p. GS. — DuvAL, Nuta sur un cas de diilorae hipa'.iiiiu {Gai. méd. de
U)42, p. 76'J). — Fmeï, ilittheil. dtn- Nulurforsch. Geseilschaft in Zurich,
B50, t. Il, p. 89. — Davaine, Ioc cit., p. 250 et 315. — Leickaut, Die
Bchlichai Piu-asitcn, t. I, p. 5lii, 1863. — Bierver, Distomum hepaticum
iMenschen [Schireiio-ii'chc Zeilschrift fwHeilkunde, t. Il, 18G3). — 0. Wyss,
Fill von bistoinum hrjiaticum bcim Ucnschen [Archiv der Ihilkunde, 9' an-
téc, 1868, p. 172).
2' Dislome lanct-olé (Distomum fanceolatum). — Ce ver est plus petit
t plus rarr que le (iislome hépati(|iie. Son coips, long seulement de 6 à
milliro., large tle 2 millim., est très-aplnlî, lancéolé, deini-transpareut
L blancliâlm. Ses deux cupules ou ventouses sont circulaires et situées
or La ligne médi-iiie. L'intestin est droit et sans ramifications; les œufs se
ieiità travers les téguments, et, suivant leur développement, ils sont
mus ounoirùlres.
Le distome lancéolé croit comme lo dîslomc hépatique, et souvent avec
i, dons les cJiuaui biliaires, mais parfois aussi dans la vésicule hi-
lirc et duiis l'intestin, chez le mouton, le bœuf, le lapin, le porc, et trùâ-
irenicnt chez l'homme. Les distomes observés par Buchbolc (Jôrdens,
'ntom, unrlffelm. d. memchen Korpers, 1802, p. 65) el Chaberl ((tuclolphî,
'ist.nat., l, I, p. 327) appartiennent à cette espèce. Ceux qu'arencontrés
usk, non dans les canaux liiliaircs, mais dans le duodénum d'un matelot
^iginaire de l'Inde, doivent également y être rapportés (liudd, DUeates af \
c /icer, London, 1852).
Diilome h^lérop/iye {Dîilomum hetevophics, de Sîebold). — Cette douve a
é trouvée deux fois, en très-grand nonnbre, en Egypte, par Bilharz, dans '
nlestin grélc de l'homme, où elle n'avait produitaucun phénomène par-
:ulier. Elle est longue de 1 millimèti'e environ, large de 0'"',5. Son corpfl
ttovalaire, un peu plus dilaté en arrière qu'en avant, déprimé el de coultur '
lugeàtre. Il présente une cupule buccale petite, en entonnoir, ut une
ipule abdominute douze fois plus grande que cctie dernière. La bourse
du pénis, qui ressemble il une veutousi-, est couronnée par un cercle j
incoiupleldc 72 soies coniécs. Les testicules sont eu arrière. Les œub
•oui rouges.
y ùittimeophthaimobie{nhlomumofihllialmùbium,Aeh\ei\\\^. — C'est un 1
Terpeudifrérentderespèccquipi*écède,!laétéIrouvépurGescheidt(Z«7scAf,
f. Ophlh. von .'lintnon, 1833), entre le cristallin et sa cupule dans un cas de
LA^ccKI&ux. — Trûl6 d'oiut. palti. I- — 4â
7U6 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
cataracte congénitale. Il s'agissait d'un enfant de cinq mois qui portait
quatre distomes.
4* Distome hématohie[Dhtomum hœmatohium^ Bilharz). — Ce distomeaété
trouvé en Egypte par Biliiarz, et pour ce motif il a été désigné par Cobbold
sous le nom de Bilharzia hœmcUobia, C'est un entozoaire allongé, mou, lisse
et blanchâtre, bisexué, mais dont les deux sexes sont tellement dissembla-
bles et par la taille et par la forme, qu'on serait tenté de les considérer
comme des animaux très-diiïérents. Le mâle, long de 8 à 10 millimèCm.
présente une partie antérieure ou tronc comme déprimée et lancéolée,
un peu convexe en dessus, plane ou concave en dessous, et une partie pos-
térieure (queue) cylindrique, huit ou neuf fois plus longue que le troDc
FlG. 229. — Dislomes hémalobies mâle et fe-
melle, fortement grossis d'après Bilharz. a^ ^,
c, la femelle, en partie contenue dans le ca-
nal gynécophonî ; r/, son corps vu par trans-
parence dans le canal ; i, /;, //, le mâle.
ef, canal gynécophore entr'ouvert en
avant et en arrière de la femelle qui a
été en partie extraite de ce canal ; </, //,
limite vers le dos de la dépression de la face
ventrale constituant le canal ; {, ventouse
buccale; /:, ventouse ventrale; entre i et
h le tronc ; en arrière de A, la queue.
FiG, 230. — Œufs du distome Iiulj-
tobie ; ^, ces œufs renferrrés dans un
mucus épais ( 50 diamètres ) ; /n M
mêmes œufs contenus dans l'uriu.
(100 diamètres) (d*après Harley): ,
embryons libres ciliés (d'après Robert- .
(fig. 229). Tout à lail en avant, dans la région céplialique, on romanju»
une sorte de cupule un peu inférieure et à peu près triangulaire. En d«-5-
sous du Iroiic, on voit une autre cupule de la même grandeur quo la
précédente, mais orbiculaire. A partir de celte dernière, e\isl<* une rainur»'
longitudinale (canal g\ nécophore) , dans laquelle se trouve logtf la
femelle, comme une épée dans son fourreau, montrant la partie céphaliquf
' — PARASITES AMMAL
k avatil et la queue eu arrière entièrement libre. Le pore génilnl lUiïle
tiilué eiilie la rainure et re\tréinité caudak.
La femelle est beaucoup plus petite que le mule, surtout plus grêle, effilée
l légèrement transpartnle. Sou corps, d'apparence nibanée, diffère de
ni du nulle en ce qu'il u'est pas formé de deux parties nettement
islinctes ; sa queue n'a point de rainures. Les œufs sont ovales, prolongés
1 pointe d'un o^té; l'embryon est mou et couvert de cils vibratiles il
f sortie de Tueur (fig. 230).
i^t entozoaini habite, chez l'homme, les branches du systëme de la
me porte et les veines des bassinets, des uretères et de In vessie. Il ne
irstt point occasionner de désordres dans les troncs principaux de ces
kisseaux, mais il en détermine dans les capillaires et les membranes
■uqoeuses des voies urinaires et digestives, non pas en Europe, où il
!\iste pas, mais au Cap de Bonne-Espérauce et en Égjple. fl est telle-
tei]t fréquent dans ce dernier pays, que sur 363 autopsies (îriesinger l'a
Q 1 17 fois. Il pai'alt plus commun de juin à août, et plus rare de sep-
libre à janvier.
I Les désordres les plus sérieux que détermine ce parasite ont leur siège
ms les voies urinaires. La membrane muqueuse vésicale présente, à sa ■
■nie postérieure surtout, des taches plus ou moins ci ■■consentes, dont
h dimensions varient depuis l'étendue d'un grain de cliènevis jusqu'à
île d'une pièce de un franc. Formées par une hy perhémie ti-ès-forle et un
Biravasat sanguin, ces taches se recouvrent d'un mucus épais ou d'une
lalière gris jauiiiUre qui renferme des œufs de distome ; dans quelques
cas elles sont surmontées d'une croilte calcaire constituée par ces mêmes
u-ufs et les sels de l'urine. D'autres fois, ce sont des excroissances ou des
vé^n'Iations isolées ou agglomérées, de la grosseur d'un pois h celle d'un
haricot, jauu&trea etecchvraosées, verruqueuses ou fongueuses, h fortnes
variées et compambles aux condylonies. Ces excroissances, dont le sîéfto
est le tissu sous-muqueux, laissent In membrane muqueuse à peu près in-
tacte ou simplement épaissie; k leur base existent des dislomeshématobieB
avec leurs n-ufs. Semblables altérations se rencontrent sur la membrane
muqueuse des un-tèros et sur celle des bassinets. Ce sont toujours des
plaques saillantes, d'un gris jauniUre, i-ecouveiles d'une couche de gra-
viers, d'un noir foncé, constituée par une agglomération d'œufs de
distonies, vides ou contenant un embryon, par des globules san-
guins et des cristaux d'acide urlqne. L'uretère, dont la muqueuse est
épaissie, se trouve en même temps rétri'ci, d'où In rétention de l'urine et la
dilatation plus ou moins considérable de ce canal et du bassinet, l'altéra-
tion secondaire des reins et quelquefois la suppuration de ces diverses
b^
708 ANATOMIK PATUOLOGIQUE.
parties. Dans certains cas enfin, les œufs du distome hématobic coosli-
tuent le noyau de véritables pierres dont les couches extérieures sont
formées d'acide urique. Cette circonstance est sans doute la cause de b
fréquence des calculs urinaires en Egypte.
Ces désordres des voies urinaires retentissent généralement peu sur l'or-
ganisme. Malgré l'existence d'une douleur plus ou moins vive dans h rf-
gion rénale, surtout quand il y a des hémorrhagies, le malade digère et
conserve les apparences de la santé; pourtant il devient apathique, pares-
seux, et tombe dans une anémie plus ou moins prononcée. Plusraremeiit,
il survient, comme l'a vu Griesinger, une altération grave de la santé, etea
dernier lieu la mort à la suite d'une pneumonie, d'une dysenterie ou d'une
maladie aiguë à forme typhoïde. En tout cas, les individus porteurs de
distome hémalobie sont affectés de fréquentes hématuries. Tenant compte
de la répétition de ce symptôme, Griesinger a été conduit à émettre l'opi-
nion que l'hématurie endémique des pays chauds pouvait tenir à la pré-
sence du parasite dans les voies urinaires. Cette hypothèse fut plus
tard confirmée par Tétudeque fit John Ilarley de trois malades atteints, Too
de l'hématurie endémique du Cap de Bonne-Espérance, les deux autres de
la javelle consécutive à cette affection. Dans Turine de ces malades,
examinée au microscope, l'observateur anglais découvrit un grand nombre
d*œufs de distome hématobie, dont quelques-uns renfermaient un em-
bryon, enchevêtrés dans des cylindres ou filaments muqueux, et de plib
des corpuscules sanguins, des cristaux d'acide uri(jue et des urates.
tîiBLioGHAPiiiE. — Bii.iLVRZ, Zcitschrift fur ivtsscnschaftl, Zoolojie, t. IV. —
(iiiiE-siNGEii, Archœ der physioLlldlkunde^ t. Xfll, p. 571, 1866. — Du même,
Archivdevlh'ilkunde^t Vif, p. 96, 1866. — Davaixe, Traité des en*ozofiirc<,c\c. 1
Paris, 1860, p. 312. — J. Hauley, Endémie llvmaturin of the Vupt r,f ihpyi I
Hope {Mcd. chirurg. transacl., t. XLVIl, p. 15, 186.'i, 1. LU, ]). 379 . — Ki»-
BEurs, On urinari/ and rénal diseases, London, 1872, p. 582- — LEuawi'.
CoBUOLi), , /oc. cit,
II. — Monostome>.
Le geiH'e nionostonie se dislingue du genre distome parrexisteiiced'uiK
seule ventouse; il comprend plusieurs espèces qui se trouvent principiil^
nienl chez les oiseaux, les reptiles et les poissons, dans l'inlestin eldan^
d'autres organes ; une seul(» de ces espèces a été rencontrée chez rhonim»*-
Le monostonie de riioniuie (Momstomwn Icntis) a le corps déprimé; i^
est long de 0°»°, 21. Nordmann l'a trouvé dans un cristallin aiïecté decaU-
racte. Ce cristallin, qui provenait d'une femme Agée, renfermait huit moQO-
stomes logés dans les couches superficielles de la substance de la leullH**-
rARASlTES ANni.MfX.
m § 3. — CESTODES.
Kes cesloldes («ito:, r.eiiiture, Lwnbriei des anciens auleure, vers
Ks, vers rulmnês des auteurs modernes) sont des vers r|ui, ù loulcs les
■iodes de leur existence, hnliileiil enparasiU'sdansJcs lissus ou dans les
KU^s dos organes, chpit les animaux vcrléhrés ou inverlt':ln-és, A Icliit
Barve, ils ont lu plus ordinairement la foiinR vésiculaire, el oecupcnt
I lissus ou les parenchymes qu'ils compriment; ii l'i^lnt adulte, ils
Innent la Forme rubanée et vivent exclusivement dans l'intestin giéle
■Animaux vertébrés. Dans cedernier étal, ils présentent un corps aplati et
Bclé, aminci vers une de leurs extrémités, laquelle est fixéedans In paroi
R'inteslin, tandis que par l'autre extrémité ces vers (loltenl librement,
Bgés d'avant en arrière dans le sens du cours des matières intestinales.
P*Vxtrémité amincie se termine par un petit renflement ou t^le munie
n quatre ventouses ou fossettes musculaires contractiles, et souvent
■ne trompe armée de crochets ou inerme. Le corps esl composé d'ar-
les agréfîés ou spfïmenis nombreux, pourvus d'organes génitaux, mftio
Blemelle, d'autant plus considérables qu'ils sont plus éloignés de la
b. Les segments postérieurs, qui chez beaucoup d'espèces peuvent se
parer et vivre pendant quelque temps, à l'état de liberté, dans la cavité
■Klînale, sont désignés depuis les temps les plus anciens sous le nom
meucurbititu. Los naturalistes modernes ont donné aux diverses portions
■cestoîdes, qui représentent autant de pbases successives de développe-
Mat, des dénominations nouvelles : la (été est appelée scolex, le corps
bAi'/c, le segment libre prog^.ottii (Van Beneden).
BUlien qui réunit ces pbases de développement est aujourd'hui bien
■inu : chaque article du ver plat ou ténia est h, la fuis mftle et remelle.
Hrépo(|ue de la génération, les ovaires se gonflent et se remplissent d'une
pomic quantité d'œufs ; les articles se désagrègent, se séparent el devien-
■it indépendants. Entraînés par les matières fécales, ces articles ou cucur-
Kfls se désorganisent, elles œuTs qui les distendent sont ainsi disséminés.
pKeufs conservent longtemps leur propriété genninalive; ils résistent à
■évBtionet à l'abaissement de la température, à l'action de la sécberesse et
Kitedel'humiditc, il celle de l'eau et même à celle de l'alcool. Si, par hasard,
■Mnt introdnits par Icsalimcnts ou par les boissons dans la cavitédigestive
■ l'homme ou de certains animaux , l'embryon qu'ils i-enfcrmenl devient
B|K par la dissolution des enveloppes, il perCore la muqueuse digestive,
Kmit directement, soit par l'intermédiaire du courant sanguin ou lym-
■■lique, il est transporté dans un parenchyme quelconque ou dans
Ph membrane séreuse, dans le tissu conjpnclif. en un mot. \M, cette es-
710 ANATOMIB PATHOLOGÏQOE.
pèce de larve inidimentaire devient, ou pour mieux dire engendre par roîe
agame^ un nouvel individu engatné dans sa propre mère, lequel s'en-
kyste dans le sujet infecté, comme une chenille dans le cocon où elle doit
se transformer en chrysalide (Van Beneden). Cette seconde larve présente
une tête avec quatre suçoirs, une double couronne de crochets et un ooo
médiocrement long, lequel se termine par une ampoule membraneuse,
immense phlyctène à parois délicates, remplie de sérosité, dans laquelle le
jeune animal peut, en se contractant, s'enfermer et s'abriler. Il vil ainsi an
sein de son kyste, comme un cynips dans sa noix de galle ; il est alors connu
sous le nom de ver vésiculaireou hydatique; sous cette forme il a quelque
foisla propriété de produire par gemmiparité des individus semblables à loi.
Si cette larve et sa lignée ne peuvent sortir du parenchyme dans lequrf
elles sont enkystées, leur évolution ne dépasse pas Tétat de ver vésicu-
(aire ou hydatique. Mais que celte larve soit introduite par les aliments
ou par les boissons dans le tube digestif de Thomme ou d'un autre ani-
mal, elle s'attache (avec ses crochets et ses oscules) aux parois de la mu-
queuse; bientôt elle perd son ampoule qui s'aiïaisse par exosmose et prend
l'aspect d'un appendice aplati. L'animal devient plus transparent.allongé,
rubané, et produit une multitude d'articulations successives, d'organismes
particuliers, situés bout à bout et vivant d'une vie commune, quoique
pourvus chacun de tous les éléments indispensables à son individualiti*.
Celle chaîne de zoonilcs, qui peut être regardée comme un autre mode d''
reproduction, constitue l'état parfait de lanimal, celui de la reproduction.
Or ces différents états se rencontrent quelquefois chez Thomme, etpir-
lant, nous étudierons les cestodes et les désordres qu'ils occasioiinciil
dans les deux grandes étapes de leur développement, à l'état complet H i
l'étal de larve. Ces parasites forment deux grandes familles qui prennoul
leurs noms des principaux individus qui les composent : la famille d'*^
léniadées et la famille des bolhriocéphalidées.
Biiujor.RAPiiiKGi'NÉRALE. — VoN SiKBOLD, Vchev Bdiid und Blasenvurmer, lS.>i.
— P.-J. Van BnNROKN, Les vers cestoidcs, Bruxelles, 1850. — Sur les rerf ùit'<-
tinauœ. Paris, 1858. — fiEiivAis cl Van Bkneden, Zoologie médicale. Parûi, 1S3?
— G. Waoener, Etitwickelimg d. Ccstoden, Breslau, \S5li, — KNtxin, U-^-r
die Verhreitung d, inenschlichen Ccstoden au f demContiîienteWestertropasBftli'i.
klin, Wochenschrift, 30, 32, 186^). — Uwllet, Expêr. sur F Ofy animation (t r,
reproduction des ccstoides du genre taniia [Ann, des se, nahirellef^ 6' sork*.
t. X, 1858, et llist nat. des helminthes drs principaux animaux dom'sti'i" <
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13 mai 1872, et Journ. de Vanaf. de Robin, 1872). — Ch. Davaine, Les (>-
PAHASITES ANIMAl'X.
(DW. («eyctop. des se. méd., t XIV, p. 547, 1873). — Voyez les Iraittîa
b Hudciplu, Bremscr, Dujardin, Kûchenineisler, Davaine, Leuckrul.
I. — Famille dea ti^nmiiéei.
I Les esptos qui composent celte raïuille ont la tête pirirorme ou sphé-
tque, munie de quatre ventouses arrondies, fortement musculées. Entre
B ventouses on voit ordinairement une ou plusieurs rangées circulaires
^crochets recouibt^s, soutenus et mis en mouvement par un appareil
iculaire ou rostre qui peut se pmjnter en avant et se retirer vers l'in-
feeur. Les progloltis sont dislinclement séparés les uns des autres;
leur étal de maturilé, ils sont plus longs que larges, el haliituellemenl
omis d'ouvertures sexuelles latérales.
l'homme. — Cjslicprqiip ladriquc el ladrerie.
I A. — Le téniade l'homme {Tœmasoliutn, Linné) est un ver aplati, étroit,
aibliibleà mirulian, composé d'articles ajoutés bouta bout et unis entre
bx avoc plus ou moins de solidité. Ce ver, d'une longueur dilïicile h dé-
liner, mesure en moyenne do fi à 5 mètres. Il se réli'écit inseasible-
int d'arrière en avant et finit par devenir tout à fait filirormc ; ainsi il
6sente il peine vers son extrémité antérieure 0""°,66 de largeur, tandis
evers sa partie postérieure il offre souvent Sel 12 millimètres. Son ex-
mité antérieure, de forme ovoïde, renllée et communément désignée
s le Dom de tète, porte qualre mamelons arrondis, équidîstants, op-
sés, et comme croisés, ayant chacun k son centre un suçoir circulaire
aie, bothrie) entouré d'un bourrelet de nature vraisemblablement libro-
iculaire. Au milieu de ces oscules parait, en avant, une protubérance
0ivexe plus ou moins élevée, sorte do trompe rudimcntaire, mais non
vrorée iprobaicide, rostetle], sur laquelle se trouve une double couronna
i crochets, les uns extérieurs plus longs, les autres intérieurs plus pe-
., alternant avec les précédents (tig. 231 ). Au nombre de i'2 a \Si h cba-
B rangée, ces crochets, de nalui'e cornée , sont composés d'un support
I manche formant à peu près la moitié de leur longueur, d'une grille
■uée et pointue, d'une garde, sorte de talon plus ou moins saillant,
6 à la jonction du support elde la partie arqmie,
t tête est portée par un cou grêle et court, déprimé, sans articulations ;
mnenl ensuite les articles (proglottis) qui forment une chaîne d'élé-
Wnt« uniaériés. Les premiers sont toujours plus courts que larges ; k
mesure qu'ils grandissent, leur longueur augmente proportionnellement
beaucoup plusque leurlargeur; aussi soDt-ils d'autant plusallongés qu'ils
sont plus éloignés de la tête; peu à peu ils deviennent quadrangulaires,
oblongs, et leur longueur finit par égaler deux fois leur diamètre trans-
712 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
versai. Chacun de ces articles adultes présente un double appareil génital
dont un orifice placé sur le bord constitue le pore sexuel. Ce pore existe,
tantôt d'un côlé, tantôt de Tautre, sans alternance bien régulière ; il est
percé dans une saillie mamelonnée , eV très-apparent dans les articula-
tions du milieu ; vu à la loupe, il ressemble à
une cupule déprimée et présente vers son centre
une ouverture punctiforme par où sort quel-
quefois un spicule court. Cette ouverture se
rend dans un canal horizontal (canal déférent]
entortillé qui conduit au testicule situé vers le mi-
lieu de Tarliculation. En arrière de rorifice mas»
culin et souvent confondue avec lui, on voit dans
la cupule Touverlure de l'autre partie sexuelle.
Cette ouvej'turc communique avec un canal
(vagin) parallèle au canal déférent , mais plus
long, qui se dirige vers un organe multilobé
ressemblant à une grappe dendritiforme que
Ton peut regarder comme élant Tovaire.
Le ténia de Thomme estovipare, il pond desœuFs
pourvus de plusieurs enveloppes et qui laissent
voir par transparence un embryon dont la tiHe
présente trois paires de crochets de la même
forme que ceux de l'adulte, mais proportionnelle-
ment plus grands. L'embryon ne se développe
(|u'à la condition d'être transporté dans un en-
droit convenable, ce qui a lieu lorsque des cucur-
bilinsse trouvent mêlés aux aliments du porc ou
à ceux de l'homme ; alors il passeà létat decysli-
cerque de la ccllulosilé {Cysticei^cus cellulosce) .Ou*»
le ténia puisse quelquefois remonter de l'intestin
jusque dans l'estomac, la chose est possible. Or,
dans ces conditions, si les articles viennent à ren-
fermer des œufs mûrs, il peut arriver que le suc
gastricjue , dont l'action est plus énergique que
celle du suc intestinal, en dissolve l'enveloppa,
et que les embryons devenus libres, s'ils se
trouvent dans un milieu favorable, se transforment dans le même animal
en vers cystiques : telle est probablement la cause de l'apparition simul-
tanée du TœniasoUum et du Cysticercus ceUulosœ chez un même individu.
Le taenia solium est unentozoaire propre à l'homme; il habite l'intestin
Fie. 231, — Tœnia solium
ou ténia armé ; Tragmenls
pris de distance en dis-
tance à partir de la tôte.
a^ tête armée de sa cou-
ronne de crochets grossir,
environ 15 fuis. 6, œuf
grossi 300 foi?; les cro-
chets de l'embryon sont
trop apparents.
PAIUSITES A.MMAUX, 713;
^e, la l^te dirigée en iintil, comme on le saiL (lepuis longtemps, mnis
tout depuis les ouverlurcs cadavériques pratiquées en Egypte par Pm-
iir les nègres qui, dnns ce pays, oui pour la plupart des ténias. Sa
X fixée à In paroi înlcstiiialp, et celle disposition explique comment
I n'esl pour ainsi dire jamais expulsée par les stiuls efforts de l'in-
I, lorsque des portions considérables de l'animal séparées de In tôte
rendues spontanément. Ce ver est ordinairement solitaire, et
%lii sa dénomination ; toulcfois, un grand nombre de Taits prouvent que,
E riiommc comme chez les animaux, plusieurs ténias peuvent se ren-
JDtrer simultanément dnns le tube digestif. Pruner trouva, en ouvrant
adavre d'un nègre, cinq de ces entozoaires mesurant ensemble environ
X cents aunes de longueur, ils occupaient tout l'intestin grêle, qui en
raissait comme rembourré; Vaillant et beaucoup d'autres auteurs ont
Btlement trouvé des ténias multiples. Les désordres déterminés par la
Mence de ces helminthes snnt très- variables, suivant la susceptibilité des
jdividus; mais en général les dérangemcnisde la santé sont peu marqués :
s quelques cas seulement on constate du malaise, de l'anxiété, des
villes plus ou moins persistantsdanslesphénomênesdeladigestion, de
Knutrilîon ou du système nerveux ; pourtant le parasite n'est reconnu
le dans les Cjis où (les cucurbitins viennent à s'échapper de l'intestin.
e lœnia solium est observé en Kurnpe, en Algérie, en Egypte, dans
bide, dans l'Amérique du Nord et, en un mot, partout oit on fait usage
■ la viande du porc ; il est digne de remarque que dans l'Inde il s'étend
nme l'usage de cetle viande. Tous les âges y prédisposent, car on l'a vu
z des enfants h la mamelle et chez des vieillards, mais c'est dans l'àgc
|0ltc qu'il est le plus commun ; les femmes, d'un autre ci^té, y sont plus
(ettes que les hommes, et ces différences ont leur origine, sans aucun
laie, dnns le genre de vie de chacun ; pour ces mêmes raisons ce ver est
mmanchez les charcutiers, tes cuisiniers, etc.
L'analogiedc forme et de constitution do la tête du taenia solium aveccello
Beysttcerqueladriqueconduisitloutd'ahordieshelminthologistes à penser
e ce dernier n'était que la larve du premier. Plus tard l'expérimentation
lit confirmer cette vue de l'esprit cl établir dêlinilivement que le
mia solium est engendré chez l'homme par l'usage de la viande d'ani-
maux renfermant des cyslicerques et surtout par l'usage delà viande de
porc. Les expériences de Kûchcnmeister, Leuckart et Humhert ont montré
i]uc les personnes auxquelles on faisait avaler des cysticerques de la cel-
lulosilé ne tardaient pas ii être atteintes de ténia ; or ces expériences, dont
quelques-unes seraient à la rigueur ri'cusables, envisagées dan.s leur cn-
M-mble, ne laissent aucun doute dans rcspriltoucliaril la gemSe du twiiia
71^ ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
solium. D'ailleurs on sait depuis longtemps que les juifs sont exempts
de ténia et que ce ver est commun surtout chez les individus qui mangent
de la viande crue de porc.
Bibliographie. — Nicolas Andry, Traité de la génération des vers. Paris, 1700.
— Ch. Bonnet, Diss, «wr le ténia {Œuires compl, y U 11, p. 65. Neufch&lel, 1779].
— De Thomas, Observ, sur le ver solitaire (Joum, de méd.j de chintrgiey etc.,
t. XXIII, p. 68. Paris, 1765). — Robin, Lettre sur le ver solitaire {Ibid., t XXY,
p. 222, 1766). — Pastfx de Franciére, Observation stir le ver ténia (Jount d*
méd., de chinirg., t. XVHI, p. /il6, Paris, 1763, et t. XXVI, p. 415, 17671.
— Debky, Sur le ténia humain, th. n** 75, p. 11. Paris, 1817. — F.-V. Mérat,
Du téîiia ou ver solitaire et de sa cure radicale par Vécorce de la racine de grena-
dier. Paris, 1832, p. l/i5. — Brasseur, Rap]'* deRaikem{BulL de TAcad. royi/f
de méd, de Belgique, l. IX, p. 210. Bruxelles, 1850). — F.-L. Lecexdw.
Obsen\ propres à éclairer les sympt, nerveux que détermine le tcenia (ArcK Q^n.
de méd., /i* série, t. XXIII. Paris, 1850). — Le même. Note à propos de^h-
sieurs cas de ver solitaire observés j^endant l'enfance (Ibid., 1856, l. IV, p. 642';.
— Bertolus, Dùisei't, stir les métamorphoses des cestoides. Thèse de Montpellier,
n» 106, décembre 1856. — Da vaine. Traité des entozoaires^ p. 79 et 93.
Paris, 1860. — F, Kuchenmfjster, Wiener Medicin, Wochenschrift^ 1855, nM,
et Nouvelle expérience sur la métamoi^hose du cysticercus cellulosœ en taenia «o/iXm
de Vhomme (Deutsche Klinik, n° 20, 19 mai 1860, et Gaz. hebd. de méd. ^tlf
chirurgie, 1860, p. 83^). — R. Lkuckart, Die menschlirhni ParfisitttK t. 1.
p. 228. LeipzipT, 1868. — M.-R. Levi, Liguriœ med., XVI, p. 152, a>nl IST^i
— Vauxant, Ttrnid multiple chez l'hummv (Soc. de biol., p. 50. 1870, rt fi:.
méd. y 1870, p. 5'i4). — .\o/'? sur un tœuia monstrueux [Ibid,, p. 168). —
LABO[LBi%Nr:, Ohscvvfit. physiolog, sur le Prnia solium Mim. dt la Sor. d* bi^ln'^
série 5, t. II, p. 109, 1870). — Le même. Gai, méd. de Pmis, p. 'ii)7, 1S72.
et Bull, rièncnilde thérapeutique, 1873, t. LXXXV, p. 206 — CAivEr, y^U <"
le ta'nia nhjêrien [Ann. des sciences mitnrcUes, 1873). — Cn.LiNr.woiiTEi. \
remarkahle spécimen of tapeirorm (tœnia lophosotna) (Med. Ttmes mvl 'i'»:..
13 (Iccombre 1873, et Rev. des se. méd., 1. IV. p. 157, 187/i). — nrMA>. > r
cas de tœnia à la suite de V usage de la viajiâe crue; fréquence relative de 't »•» '
Celte {Montpellier 7nêdieal, juillet 1875).
R. — Le c\s{\cori\uo hdv\(\uo {Cf/sficercus ceiiulosœ, Rudolphi), oularx-
(lu lîenia solium est le parasite qui enirendre raiïeclion décrite sous b» n«»!ii
de ladrerie. Ce parasite présent<uine tète pres(jue tétra^one qui a la fonii'
et le volume de la lôte du taenia solium (fi^. 232) ; elb' est garnie dequalr-'
suvoirs, couronnée par deux rangs de quinze à seize crocht^s allôni:e>,
et terminée par une trompe obtuse, cylindroïde et imperforée (fig. 233,
pauasitus \KiM.atx. 715
H). Le corps de CG parasite, qui renrorme de nombreux corpuscules cal-
j, eslcylindrique, plus1on^(|ue]avésicule<lansla()ucl]c il eslconlenu.
Pliptique et saDs appendice extérieur hîibituel, c^tle vésicule, d'undia-
'^,
\
Fie. 232. — Tfle da tystU-eriiiLe Imifiqne do l'hotnma Fie. 233. — o, grand crochet;
£rauio 80 roii: cette lète eil orii^e de 14 {•raciils cro- h, p«lit crochet (370 dia-
chcti longi At ^"'",^1°! et de 15 petits erocliel* longs mitr»).
■".OIS. — Spécimen extrait pur miii pendant le
>ieat dcïiiniSp&rÙnii Vnillnal (SO dinmAtres).
h '9
Fie, 2:14. — Cïslkerque ladri-
qiio du porc (grandeur nulu-
rell«). o, l<Me, cul el cnrpa
«orlii ds la lèsicule ; b, c««
■n^mei pirlict canton ofs dani
la vésicule (d'après Davainc).
ii-edc6à1(lmilliméti'cs, est blancliiMre, ovoïde, remplie de liquide, per-
le sur un de ses cfllés d'un pertuis étroit qui donne naissance 6 une vésï-
inteme pisiTorme^ plongeant dans le
iiide. C'est au Tond de celle vésicule in-
né que l'animal se trouve fixé par un pédî-
J|le ; plissé quand il est rétracté sur lui-na^me,
■•remplîl exactement cette poche, et sa talc est
1 rapport avec le perluis de la grande vési-
■le (fig. 23fi). Cette tlemière est généralement
tltourée d'un kyste adventif qui souvent prë-
lOleuuc petite cicatrice blanche, entourée de
vaisseaux correspondant ii l'ouverture de sortie ducyslicerque (Gh, Robin).
Le cysticerque ladriqnc subit avec l'ftge des modilicatiuns profondes :
un pigment noir envahit les ventouses cl If msire qui durcit ; les crochels
tombent ou sont détruits, le perluis de la vésicule se rétrécit ou se ferme
toutù fait; celle-ci sii déforme, acquiert un volume anormal, se seg-
mente ou même se dédouble, mais elle ne produit point de nouvelles tites
Ldecysticerques. Ce cysticerque a été rencontré chez le singe, le chien , l'ours,
716 ANATOMIE PATnOLOGIQUE.
le chat, le chevreuil el le porc. Assez fréquemment on le rencontre chez
l'homme, où sa présence est le point de départ d'une maladie analogue a
celle qui, chez le porc, est depuis longtemps désignée sous le nom de/o-
drerie.
Connue d'Aristote (1) qui la considérait comme une aiïection des plus
communes chez le porc, la ladrerie a été rattachée, au xvii* siècle, à la pré-
sence d'un ver vésiculaire, d'ahord par Hartmann deKœnigsberg, elpeude
temps après par Malpighi. Relativement rare chez rhomme, la ladrerie
parait avoir été observée pour la première fois par Wharlon, qui, sous le
titre de : De glandai is sanis varias corporis parti s occupant ibus in milite,
en rapporte un fait peu douteux et dun intérêt réel, puisqu'il a trait à m
individu vivant. Boneta consigné ce fait dans son Sepulchretum (2), mais
pas plus que Wharton il n'a connu l'identité de ces prétendues glandes
avec l'altération qui constitue la ladrerie du porc. Il faut arriver jusqu'à
Werner(3), en 1786, pour avoir une observation authentique de ladrerie
chez l'homme. A l'autopsie d'un militaire Agé de 60 ans, qui s'élait noyé et
qui avait séjourné pendant deux semaines dans une eau glacée, cet obser-
vateur trouva les muscles farcis de vers vésiculaires. D'autre part, Masca-
gni [Ix], Losché (5), llimly (6), Flormann (7), Laennec (8), Dupuytren (9),
Grève (10) ont trouvé le Cyslicercus cellulosœ dans les muscles el dans
le tissu conjonclif sous-cutané. Rudolphi rapporte que, de son temps,
on rencontrait dans les autopsies à Berlin, une fois sur cinquante, «n
nombre |)lus ou moins considérable de cyslicerqucs ladriques, silurs
le plus souvent dans les muscles fessiers , les muscles pscas ilia-
ques, les muscles extenseurs de la cuisse, el plus rarement dans I»'
cerveau. Geilach (11), \Vymann (12), Haikem (13), Demarcjuay et Tifr-
(1) Nous (lirons plus loin que les Kgyptiens connaissaient déjà la ladrerie, du rawnî
celle du bœuf.
(2) Bonetus, S^/^m/c/^/t^/w. Cioncvae, 1G70, p. 1541.
(3) Werner, Verni, inlest. (ontinuaiiOy t. II, p. 7. Leipzipr, 1786.
(4) Brera, Lezïoui merf. prntt.j etc. Creuia, 1802, p. 153.
(5) Steinbach, Comment, do tœnin ht/fiat, anom. Erlangen. 1802.
(G) HufeiamPs Journ., t. XXIX, p. 116, 1809.
(7) Rudolpbi, Entozoar. f:tjnopsïs. Berlin, 1819, p. 020.
(8) Laennec, Mém, de la Sor. de mvd.^ an XII,
(9j Dupuytren, Ijeçons or nies ^ t. III, p. 367,
(iO; Grève, Erfahr. und Beohncht. ûher die Krnnhh. dcr flausthiere. OKIenbu t'-
1818, c. XVIII.
(11) Voyez Gnz. dea hôpit., 4 8.'i4. p. 596.
(12) Jackson, A descn'jit. eafn/or/. of the anni, muséum of the B'^slon S^r. n>5tf''.
1847, no 904.
(13) Raikem, i)f///. detAcad, royale de méd. de Belgique, 18ô3, p. 199.
PAHASITES AMMAIX. 717
vais (1), Slich (2), elc. ont également vu de nombreux cysticerques
dans les muscles. Rudolphi (3), Ferrai (/j), Âiidral (5), Leudet ((>), el
quelques autres auteurs ont noté la présence de ces parasites dans les
parois du cœur. Griesinger, après avoir rencontré deux fois des cysti-
cerques dans les centres nerveux, a rassemblé cinquante à soixante
cas semblables, et depuis la découverte de Tophlbalmoscope ce parasite
a été plusieurs fois observé dans Tœil pendant la vie. Les poumons
(flimly, Demarquay et Gervais), le foie, les reins et les glandes lym-
phatiques sont quelquefois aussi affectés de ladrerie; mais chez Thomme
comme chez les animaux, cette maladie semble se localiser de préfé-
rence dans le tissu cellulaire sous-cutané et dans les muscles (7).
Le nombre des cysticerques trouvés dans l'organisme humain varie
depuis un jusqu^à cinq cents ou même jusqu'à mille et plus. Dans un cas
rapporté par Bonhomme , on put évaluer après la mort à deux mille le
nombre de ces vers contenus dans le tissu conjonctif sous-cutané, sous-
aponé\TOtique et intermusculaire. Principalement situées au niveau des
points d'insertion des fibres musculaires, les vésicules qui les renfermaient
avaient leur plus grand diamètre parallèle à ces fibres qu'ils écartaient
sans les détruire. Les centres nerveux contenaient dans le môme cas cent
onze cysticerques dont vingt-deux dans les méninges, quatre-vingt-quatre
dans le cerveau, quatre dans le cervelet et un dans la moelle allongée.
Chez unede mes malades, où pour la pi'emière fois Taffection fut diagnos-
tiquée à l'aide du microscope, on pouvait compter sous la peau plus de
trois cents cysticerques occupant le tissu conjonctif et les muscles, où
ils donnaient lieu à la présence de petites tumeurs olLvaires, élastiques,
légèrement saillantes. Le tronc et les membres étaient également affec-
tés; les tumeurs étaient en assez grand nombre sous les mâ-
choires, et l'une d'elles, faisant saillie sur le plancher de la bouche,
à gauche de la langue, rappelait toute l'importance attachée ancienne-
ment à ce siège chez le porc, d'où la fonction des jurés langueyeurs.
Ces tumeurs (Gg. 235), dont il me fut facile de déterminer la nature à l'aide
d'une ponction et de l'examen microscopique, avaient leur grand diamètre
(1) Joum. de ttmtiiuiy 1845, 2'« sect., p. 16, et Bull, de la Soc, anat. de Parts, 1845.
(2) Slicby Constates Jahresb,, 1855, t. IV, p. 339, et Ann. de la Chanté de Berlin.
(3) Rudolpbi, Entozoai^m synopsis ^ p. 546.
(4) Ferrall, Dublin Joum, of med, science, Joly 1839.
(5) Andnil, Anat. path., t. H, p. 322.
(6) Leadet, Bull, delà Soc^ anat.y XXVIP année, p. 469. Paris, 1852.
(7) On trouvera l'analyse de la plupart de ces observations dans le remarquable ou*
Trage du docteur Da vaine.
718 ANATOMIE rATBOLOGIQUB.
parallèle n la diivclïondes muscles qui conservaient teurappareticenonnale.
Ces organes, coiiime d'ailleurs les vistèrcs qui renfennent les mâDes
parasites sont en général peu allérés, et pour celle raison le cjslicCTqoe
lndri<iue peul séjourner longtemps dans l'organisme ; mais souvent il Gnil
Cjriticcrques.
: il.uiie Tcii me atteinle de Udrcnc II existe tojs la peau du lliurai
[lOJiibrc de tumeurs oUiaires Tormées par Jft kjiiles reolcrmaul <i
\>M- subir des initditirations qui eutratur-nt sa mort. Dans ces condilions
le kvsle rovieul sur lui-même, il s'incrusle de sels de chaux , et par *un
volume, comme par sa forme, il revêt l'aspeetd'un grain d'orge, rei|iii-
j'ai pu constnlcr à |>lusicurs reprises dans les umsclos du llioras, nulain-
ment chez des individus morts de plilliisie pulmonaire.
Le fiiilile volume des vésicules du cjsliccrque ladriqne rend ces larves
ordinairement inoffensives pour les parties qu'elles occupent, ù nioiii*
qu'elles ne soient en très-grand iionibi-e, ce qni donne lieu aux pliéni"-
mènes de la ladrerie. Dans ce cas même il n'exisie parfois aucun
désordre sérieux, comme j'ai pu le voir (liez une malade qu'il m'a rtc
possihic de suivre pendant deux années successives; j'ajouterai qitau
bout de ce temps, les tumeurs cysli<|Ues m'ont paru avoir diminué do
volume, de sorte que les cysticcrques semblaient se oalcîfter. Pourtaul il
PARASITES ANIMAUX. 719
est des organes, comme le cerveau et l'œil, dans lesquels la présence
d'un seul cysticerque surfit pour produire des accidents quelquefois très-
graves ; par conséquent, ce n'est pas tant le nombre que le siège spécial de
ces parasites qui les rend dangereux pour Tôlre sur lequel ils se sonl fixés ;
ces accidents, bien entendu, diiïèrent suivant la fonction de l'organe lésé.
Le cysticerque ladrique de l'homme, comme celui du porc, a été
observé dans des contrées et dans des climats divers : en Italie, en
France, en Angleterre, en Allemagne, en Suède, etc. Il se trouve dans les
deux sexes et à tous les âges, mais il est manifestement plus commun dans
les classes pauvres et chez les personnes malpropres que dans les classes
aisées, chez les personnes qui donnent tous les soins nécessaires à la pré^
paration de leurs aliments et qui filtrent l'eau de boisson.
L'identité du cysticerque ladrique avec le scolex du taenia solium con-
duisit plusieurs observateurs, notamment Van Beneden,Kùchenmeister et
Haubner, à faire des expériences complémentaires de celles qui consistent
à transformer le cysticerque en tœnia solium. Cesauteurs, ayant fait avaler
à des porcs des œufs et des anneaux de taenia solium, trouvèrent, dansuncer^
tain nombre de cas, un plus ou moins grand nombre de cysticerques cellu*
leux dans les muscles de ces animaux. Or, celix-ci étant placés dans des
conditions qui permettaient de penser qu'ils n'étaient pas atteints de ladre-
rie, on peut admettre que les cysticerques avaient pour origine les œufs
ingérés, et partant il y a lieu de croire que chez l'homme le cysticerque
ladrique provient également de l'ingestion d'œufs de lienia solium qui,
faute de soins suffisants de propreté, se trouvent mélangés aux aliments
ou aux boissons.
BiBUOGRAPUiE. — G. Gulliver, Obscnations on the structure of the entozoa
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Vantiquité {Ann. d'hygiène et de méd. légale, p. 454, t. XXill). — Kucfien-
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p. 73; t. CLII, p. 118). — Cesare Lombroso, Riv, clin,, VI, 8. Agoslo 1867.
— BEœuLET et GiRAUD, Note sur le cysticerque du ceiveau (Ann. mùd, psycholo-
giqueSy nov. 1872). — E. Langereaux, iVo^e sur la ladrerie chez l'homme (Ar-
chives générales de médecine, novembre 1872^ p. 543).
720 ANATUMIE PATUOLUGItiCE.
Tu.'nia incdiocancllaln (KûcbcnmeigUr) ou ténU iuerme.
Ce ténia, plus large et plus l'^pais que le Isenia solJuni, a aussi aut
ti^tû plus volumiucusc. D'une largeur de 2 millimètres, celte télé «I
pigmeiilée, noii'ùli'c, semée de corpuscules calcjiirea, et inclinée surim
cou ti-ès-court; elle no présente ni crochets, ni proboscide (lîg. 2J6!.
Les suçoirs de ce parasite sont tris-
grands; lesarticIcsquisedétacheDl
avec facilité sont très-vivaces ri
sortent souvent d'eux-méraes de
l'anus dans l'intervalle des ganle-
robes. Les pores génilaui sont
irrégulièrement alternés ; les ovai-
res consistent en un long cani)
duquel partent laléi-alcmcat un
grand nombre de branches paral-
lèles (jusqu'à 60) simples ou bifur-
quées et jamais arliorisécs. L«
œufs sont ellipsoïdes; plus lis«s
et plus clairs que ceux du \xm
solium, ils laissent mieux vuir
leur embryon hexacanliie.
Lelœniamediocanellata se trouve
eu Kurope, mais on l'observe Jans
certaines contrées où les habilanL'
se nourrissent principlemcut àr
viande crue de bœur, comme en
Ahyssinie ; il est fréquent en Kg^ pli;
cten Algérie. Tandis que le taenia so-
lium devient de plus en plus rari'
chez nous, au contraire le Ltuia
niediocaneliata est de plus en plus
commun ce qui tient sans doule
à l'habitude conlmclée de inaii^rr
de la viande de bœuf crue. Ji' l'ai
observé trois fois en inoins dun an,
à riiiipilol Saiut-Aiitoino.
I,a larve du ténia inermc a été trouvée dans les muscles et les organo>
du bœuf, le cœur surtout ; elle offre de l'analogie avec le cystieerque la-
drique, mais elle est plus petite et se distingue par une tête plus volumi-
Fie. 236, — Ticnia mediocflnoll.il
iiierme de l'Iiomme (grandeur naturelle),
fragnienls pris de distance en distance à
]iarUr de la lÉte. o, lôli; grossie ;
çrpsii 300 foiJ.
l
; tMMtiA. 731r j
, itierme, avec des ventouses Irès-giaiides. Qucl(|uefois ti'ës-répandue
ins les muscles, cette larve peut donuer Heu à des phénomènes fébriles ; elle
résente sous forme de petits nodules qui, k un examen superficiel, pour-
lenlôlpeprispourdes tubercules (Kg. 237); elle ne
mttpasavoirétéjusqu'ici observée chez l'bomme.
■Les expériences faites par Leiicknrl et plusré-
Oiment par Saint-Cyr ont d'ailleurs montré que
l'on fait prendre à de jeunes veaux des œufs ou
■ pro^lotlides du t^nia mtidioc^nellata, il se dc-
blnppe dans le tissu cellulaire, dans les muscles
ExtifTérenls orgues de ces animaux, des cysti- pig. 237, _ poriion >!«
rqiies oITmnt, dans leur disposition c^phaliuue, ""usple "e bœuf ajoni
' 11 i*^"' '"" i!pai*seiir de*
S ritractercs do troncature el d'alisence de cro- urvM de lemia mcdioca*
|els de In Ifttc du lénia inerme (mediocanel- ueiiaiafd-aprèiUuckari),
b). Ainsi se trouve produite l'alîeclioii pai-asilaîre si commune chez le
^uf dans quelques contrées, principalement en Ahyssinie, avec cette
BiTéreuce qu'au lieu d'une maladie bénigne on peut arriver à produire
■enialadiedesplus{^ave.setqui se termine [Ktr la mort (1). Les muscles
1 btcuf atteint de cette sorte de ladrerie étant ingérés par l'homme, le
r vésiculaire est alors placé dans les conditions d'accomplir sa dernière
■nélnmorphose et le cycle du ténia inerme se trouve complété.
ItiiiLiooRApuiE. — tiÔTZE, Eingetceiilewùrmer, etc.. p. 269. — BtiEJisEn,
KifcBKMiEiSTEB, Davaihe, It. Leuckaiit, Uk, cit. — JoBtiiT, iVotc xtir l'étialo-
'jie et la fré'iMnoe du ttguiit medioauieUiUa. Thèse de Sti-a-^bourg, 1869. — De-
NOïKH, Le ténia Épidémtque en Syfit (Bec. de mèd. mitit., 1863, sûr. 3, t. Vil.
p. i07). — Uesmahesi, Ibid., p. ti\5. — Saint-Cyb, Exiiér. sur le sculex du tœnia
mrdioctmellata {Comptes rend, de i'Acad. des $cieaee», 25 acût 1873).
Tiunla nani, île Siebuld.
Ce ténia est de petite taille, long de 13 à 20 millimétrés ; quoique Irès-
miiice, il a une tête relativement grosse, obtuse, antérieurement
pourvue d'un i-ostcllum armé d'une couronne de crochets hilides (2ik2't)
(I) tl lemble que les aiicient Ëï!ptii>iiaaicnl cnnnu In IniJrerie du biEuf, ainsi qu'il
r«MOTt tlu puiBgc luîvanl : 11 11) (i[it,opiniiin que Ict lia^uft npiHirlïunnïiit à Eiioiihu*. et
par ce, ils va tonl réprcu«e en cette manièrF. S'ils leur Irnuttul un poil noir, <U lei
liennenl pour immonde >. A Taire (elle lipreuvc eal dfpuU; un des pri'tres ijnj lanf^eic la'
bi^le, puis deboul, puis couchée, le lenlre deiaun, sBn de conoaitre si clic cat saine el-
nf ne det marques que je dirniennutrepaEMge (/Tùfoit'eii/'f/^roi/Dffjtrad. de P, Salitt,i
E. Talbot. Paris, 1S61, p, 130).
Lakcchkak. — TraiW d'Anat. palh, I. - H
722 anàtomib pathologique.
et portée par un long cou. Les oscules de cet entozoaire sont
saillants, ses articles sont beaucoup plus larges que longs, et les pores
génitaux, situés du même côté, sont pourvus d*une coque épaisse,
lisse et jaunâtre à travers laquelle se voient distinctement les trois paires
de crochets de lembryon.
Les migrations de cette espèce sont encore inconnues ; toutefois elle a
été observée en 1851, en Egypte, chez un jeune garçon mort de méningite,
dont rintestin renfermait un assez grand nombre de ténias nains.
II y a lieu de parler ici d'un cestoîde décrit et figuré par MM. Grenet
et Davaine, ténia un peu plus long que le précédent, et qui en difl^re
encore par certaines paiticularités de structure ; aussi a-t-il été désigné sons
le nom de tœnia Madagascariensis (Davaine); jusqu'ici il n'a été observé
que deux fois à Mayotte (Comores), sur deux enfants âgés l'un de dix-
huit mois, l'autre de deux ans.
Bibliographie. — Siebold et Bilharz, TLeitschrift f, wissensckaftl. Zoologie,
t. iV, p. 66, pi. 5, Og. 18. — Grenet et Davaine, Arehines de médecine mnale,
1870, Xm, p. 134.
Tœnia elliptica, Batsch.
Le ténia elliptique est long de 15 à 20 centimètres, il a une télé
obtuse, une trompe en massue armée de petits crochets disposés en plu-
sieurs rangées. Les premiers articles sont très-courts, les suivants
presque carrés, puis arrondis, puis elliptiques; les derniers sont deux
à trois fois aussi longs que larges. Deux pores génitaux sont opposés ù
chaque article, les œufs sont globuleux, à deux enveloppes.
Ce ver habite généralement l'intestin du chat, où il est très-commun.
Quelques faits permettent d'établir sa présence chez l'homme, au moins
chez les jeunes enfants, où il a été rencontré par Weinland, Kusteret
Krabbe, sans doute à la suite de l'usage de la viande crue.
Bibliographie. — Weinland, loc, ciï.,t. I, p. 402, et t. II, p. 862. — Cobbou-,
EntozoGy p. 245. London, 1864.
Tœnia flavo-punctat^, Weinland.
Cet helminthe ou ténia à tache jaune a été découvert en 1842 par
Palmer dans le Massachussets, où il avait été rendu par un enfant de neuf
mois bien portant, sevré depuis trois mois et nourri à la manière habi-
tuelle. Il a •iO à 30 centimètres de longueur et présente une couleur
jblanchàtre avec une tache jaune très-apparente sur le milieu de chaque
PAttASlTES ANIMAUX. 73S
licle; mois son caraclère le plus remarquable est la situalion de tous
les orilicns sexuels sur l<< même câté. Ses œufs sont sphéi-iques, transpa-
rents, avec une tache jaune vers le centre. La tête et le cjslicerque de te
cestoîde sont encore inconnus.
BinuonniPHii
1858, p. 1,9.
- Weislanc, Ah cssay on tke lapetvo7-ms of man. Cambridge,
Téi:nia niarginnts. Batte li.
Ce ténia s'observe chez le chien et le loup, en même temps que
<l*autres espèces dont il se distingue parla longueur et le volume des
progtoltis.
La larve de cet helminthe, ou eysticerque ténuicol (cysticercus tenui>
collis), vil particulièrement dans la plèvre, le péritoine, le foie des i-umi-
«ants et du porc, et quelquefois aussi chez l'homme, dans les niâmes par
lies, où elle est connue sous ladénomination de c\-s(icerque viscéral. Coite
larve a pour caraclère un cou élroil, térète et rugueus ; l'ampoule qui la
ren Ferme est ovale, peu volumineuse chez l'homme et parfois énorme chez
les animaux.
BiBLioGHAPBiE. — Rose, Anatomy inut jihysiul'fjy of cysUca-aa UmukoUis
{Meilko-ckinirgiwl Traimct., t. XXXI, p. 215, 1848). — KûcoEKKEieTEii,
l'ebtr die Ttfaia e Cysticerco tentUi-olIi, ihren Fiimeniiistand wid die Wandtruiig
(ihrtr Brut (Moleschotfg Vntcnuchwtgejt zw Xulnrlehre, l. I, p. 356. Frankfurt,
; '
«(H
Tsnia (cyilict
„)w
, WciDlnnd.
La lar\'c seule de ce ténia ou cyslicerque triaimé est aujourd'hui
^'4»nnue. Comme le cysticerque ladrique auquel elle ressemble, cette larve
se rencontre dans les muscles et le cerveau de l'homme. Elle est caracté-
risée par trois sortes de crochets disposés sur 11*015 rangs, quatorze à
^.haque rang; les suçoirs sont visibles à l'œil nu et le cou est arllculé.
Je m'abstiendrai de parler ici du cénure {cyiticaws cœimrus), larve
provenant du ttftiia canurus du chien et qui se rencontre chez les herbi-
vores, en particulier chez les jeunes agneaux où il engendre la maladie
• oiuiuc sous le nom de loumis. En eiïet, il y a lieu de croire que les pri!'-
lenduR faits de cénure observés chez l'homme ne soni que des cas d'é-
chinocoques du cerveau.
- Wei
UiOff,
. Comliridgi^,
nu
ANATOHIB PATHOLOGIQUE.
Ticilia ecMuococcii», ds Sicbolil. — EcUnocoquei et malidie hjdaliine.
A. — I.e ténia écliinocoque est un animal presque microscopiqne, d'une
lODgneurdo 3 i) 6 millimètres; il a une létc armée de trente-huit crochets
alternativement grands et petits el remarquables par la Torte saillie de la
garde, il présente deux ou trois articulations dont
la dernière est seule pourvue d'organes génilaui
(lig. 238). Le pénis est situé sur le calé, en arrière
du milieu de l'article fertile; l'ovaire est grand
et sinueux, les œufs sont sphériques. Après leur
séparation, les cucurhitins sont aussi volumineux
que le ténia tout entier.
Cet eutozoairc vil ordinairement dans le canal
intestinal du chien ; il se rencontre encore chez
le singe, le moulou, le chevreuil, le cheval, le cha-
meau, le porc, et en général chez les herbivores;
il a été trouvé une fois seulement chez les oiseaux;
il est rare chez l'homme, mais par contre sa lane y
est assez commune.
II. — Les métamorphoses suhicspar le lénia érlii-
nocoque sont multiples. L'œuf parvenu dans l'eslo-
mac humain est attaque par le suc gastrii)ue ; sa
membrane extérieure est dissoute, et remhnnii.
devenu libre, pénètre dans k's tissus ; là, il wl
charrié par lo liquide sanguin jusque dans un
organe voisin de l'estomac, où il se Iransfonm-
en une vésicule cnnnue sous le nom d'hydatidr
— Tœnb {acéplialocj sle de Laennec). Cette vésicule, goné-
'*ifg"*"j„. ralement sphérique ou ovoïde, d'un vrdnme qui
sirubiir: com|)lci mon- varie entre lu grosseur d'une télé d'épingle el celle
miuiic' nrdi n se lU w- "' ""L' l'-'*' "^ luitus u Icnoe, l'enferme un liquidi-
rhcr. Le i>Biiis Tait Hiupide, nou albumincux, OU du moins excoptiou-
saiiiie iur le cùU: ^^f;^^(,,n^,^^^ coagulablc (I) ; elle a des parois égales,
non contraetiles , constituées par nue substance boniugène, élastique,
transparente, hlancliàlre, sans libres ou cellules, ayant la consistance du
blanc d'œuf coagulé, disposée pur lames slratiliées, semblables entre
elles el d'une épaisseur de 0'"",002, à 0™,003. Celte membrane produit
[Kir gemmation, à sa surface interne, dans son épaisscui' ou à sa surface
(1 , cv.
t lurtque les lijdatidos loiil mo
A signalé tiulilcr, Jeiicnl albutniaL-ux,
:i que le contenu liquide du
PAIIASITES ASIMACX.
725
me, des rejetons ou vésicules semblables, qui acitiiiéi'cnt plus ou
■oins de volume el se reproduisent à leur tour de In même manière,
k. Ur si, dans le cas de pi'oduclion exogène, la vésicule reste simple,
dans le cas contraire elle se remplit de vésicules filles qui, k leur tour pro-
duisant de nouvelles vésicules, donnent lieu k une ttmieur kystique qui
peut devenir Irès-voluminouse (Mg. 239). Il résulte de Ih qu'il y nlieu
<i'ndmeltredeux formes d'hydalides, lliydatide simple et l'hydalide com|)o-
âée. Pnrlaiil de cette doimêe, quelques lielmintholoftisles ont admis aussi
deus espèces d'échiiiocoquesj'écbinocoque des bêles de somme(ecAinoo>c-
cus velerinorum) et l'échiiiocoque de Tbomme [ec/iinococcux liorninis) ;
mais il e^t reconnu aujoui'd'bui que ces édiinocuques sont identiques.
FiG. m. — liLiJrui poi'l:int sur 'un fund un kytlo hjdalique h, d(-ia1oppé &ur le
l>irilDÎn« et ouvert Ae S-n\\-ta .î nionirer Irs vtiicules Dlles qui >'; trouvent reiiri>rui6i-« ;
c, r, c, sulrei tumeurs ilu mûme genre, relièei entra ellea pur dei pédicules niembrunoux.
L'ne troisième forme d'hydatide, désignée sous le nom A'hjdulitk mut-
tUoculaire, sedistii)gue|uir l'existence d'un grand nombre de vésicules peu
susceptibles de s'accroître et rapprochées les unes des autres de Ta^un il
piésenter àla coupe l'aspect d'unetumeur colloïde alvéolaire. Cette forme
i-j<t-elle le l'ésultat de l' immigration de toute une colonie d'embryons, ou
de ([uelques-uns seulement qui, par leur développement, produisent une
quantitt' considérable de vésicules? C'est là une question qui n'est jms
encore décidée, mais In dernière hypothèse est celle qui paraît la plus
vraisemblable.
La vésicule hydntique, en se dévelop[>anl, donne naissance ù une
nii.-mbrane qui la revêt Jntérieuremcnl, ou membrane gcrminate, la-
quelle est foniiée d'un slraluni librillaire, inlitlré de granulations élémeii-
laires sans couches distinctes et bien di iréreiilos du lissu hydaliquc.
Ï26 A54T0Sire PlTBOLOCtQCT.
Plus OD moins apparente dans certiîiKS régions de la vi^kole, MU»
tnemlH^ne, lorsqu'elle fait défaai. condamne Ihydalide à U stniliir,
Car c'est dans son épaisseur ou pluldl dans ses eipansioDS i|i» »
dé^-eloppenl les échinoooques. Ceui-ci iiaj$î«nt plusieurs t^iiMtiuble ei
reslenl unis à la membrane terminale jusqu'à l«ur complet Aètvlopfr-
ment, après quoi It^ funicole se rompt ou se détache, et les érjuuo-
eoques, libres dans la cavité de l'hydalide, Dollmt daii« le lîifuidf
qui s'y trouve cootenu, sous foniie de petits gnins blanctiAtres spbproi-
daui, analogues à des grains de saMe. Vus au microscope dans ces con-
di'.îons, leséchinocoques sont ou libresouadhéreDlsauDombrededeyia
vingt par un pédicule à un reste de membrane rerlile.grisAtre, ^nuialeu>f,
duquel ils s'énulent eu différcnls sens, cumi:
les rayons H
Ap"
au mi
ment ovu
c«rcleoud'uiiespbère(fig.UOJ.
ble il Tu^l nu, Téchiiiocoque. «n
, présente un corps uTCguliin-
3iig de O'^'iî, large de 0~,lt m-
vircn, séparé en deui parties par un ■•ln)n^l>>-
ment circulaire plus on moins prononcé. Ij
partie antérieure, c'est-à-dire la tête ou scaki.
Wtc. 240. - CchmocHia» est poun^ue d'un rostre et munie d'uiir douhl.
A(£> pir un fonieule wr la couronne de crochets au nombre de qturaub-
lirée de moo AUas d'anai. laires contracliles. I^ partie postért«ire od
P""'"')- tronc, plus lai^qne raulérieore, déprimée ai
arrière où s'insère un funicule caduc, est formée d'une envel(q>pe épaisse,
transparente, homogène et d'une substance amorphe qui renfenoe des cor-
puscules de carbonate calcaire arrondis ou ovoïJes. Dans le plus grand
nombre des cas, la tête se voit invaginée dans la vésicule caudale, et l'écbi-
nocoque est régulièrement ovoïde; le rostre, comme un doigt de gaul
retourné, est en outre invaginé entre les ventouses, de telle sorte que l«
crochets se trouvent en arrière de celles-ci. Les échÎDOCoques ne se ren-
contrent pas dans toutes les vésicules hydatiques; ils font défaut Jorsqw
la membrane germinale ne s'est pas développée, et comme après un certain
temps cette membrane se détruit, il arrive que ces parasites disparaissent
à leur tour, marquant leur passage par la persistance de leurs crochets.
Les hydatiques ne se développent ni dans les tissus épithéliaux ni dus
les cavités revêtues par ces tissas, mais uniquementdans le tissu conjooctif
des organes, et pour ce motifelles sont toujours renfermées dans un krsir
formé à leur contact. Les kystes hydatiques peuvent siéger dans les diffiêfrali
organes du corps, mais on les trouve plus particulièrement dans le foie, \t
PARASITES AHrUAI^X. 727 1
Sritoine, les poumons, la raie, les reins, les muscles, le cerveau, le cœur
Iles os. Ordinairement ccutenusdnns les viscères à la surface desquels
B sont plus ou moins saillants, ces kystes, lorsqu'ils viennent à se déve-
ipper sous une membrane séreuse, peuvent flotter en liberté dans lacavité
ipissée par cette membrane (fig. 2/il). Les vésicules hydatiques sont
brs le plus souvent stériles, comme j'ai pu le voir dans un fait observé ré-
lenl, lorsque j étais chargé de la clinique à Thùpital de la Charité (!)•
. L'action des kystes hydatiques est toute mécanique, ce qui ne les
Kic. 241. — A. Pelila porlion d'inleilin grèlt i laigoelle adhère en li une lumeur hyila-
tjqae, et en lune autre lumeur plui pcliU- mfliniBnua par un loiiE p 'ilicule ; m. méien-
**«■ ^ B. Portion <lu gros inleilin chargée d'un Irèî-cranJ nombre de lumeuri hyd«li-
, h, A, et de quelques nutrei tumeurs p'"' petites et porléci «ut des pfdieu Im
I (, (; m, m, mésentère,
îche pas dans quelques circonstnnccs d'amener la destruction pres-
B complète, ou la suppuration de certains organes, principalement
iqu'ils viennent à se rompre (fig. 242). La toile fibreuse qui circonscrit
(1) Ce CM est celui d'une femme ûgée de 29 an«, admise i l'hApital de !■ Chirité. wr-
TÎce de la clinique. If 1" décembre 1875, pour une affection tuberculeuse d et deui pou-
BWiu, et de l'auile. La palper abdominal révèle t'eiiitence dans la cavité péritonéale de
'inégal volume atseï Icmiei. libre» ';t iliHéminées; le touclier t«)çiniil donne la
II
728 ANATOMIE PATDOLOGIQDlJ
les hydallques s'oppose paiTols à leur développement, ù MUlOOld
à s'incruster d(! sels calcaii'es. En pareil cas, lesticliiiiocoquessuccumhoil 1
ordinaireniciil, les vésicuks perdent leur liquide, se flétrissent, fonuat I
Fie. 2S2. — Foie vu par si l'jco jiMliro-inrériBura, L« lobe droit ftlro^hM oonIkÉl ■
kytie hydRtique en partie vidé d.ins le canal chalAdoqiiï. n, », lobe faucha bjfBlM
et pnrtcmé da nombreux abcès biliaire!, conséquence d'une chokcjmlile ; A, canal cM
Uaquuoaverlclremplipardes liydalide>iléjânélriet*,c, mc^mliraBP hydatlquefalatali
uu niveau <le l'srnpoule de ^Dllior; il, ouicrluie du li}sl< dîna le e.
X, membrane li)ilaliquc soulevée par une (rj^-ne.
une bouillie jiiun:\tre où domine la t;raissG et la cholvslérin*^ ; \v V)H*
revieiit sur lui-mCme cl n'oiïni plus nucun danger (Knir l'iiidindii i|ui
en est affeclé : c'est la guérison spontanée.
le tumour volumineuse arrondie, située- k l> p.irlie poïti-ripuro d
qu'elle refoule en nvnnt. Elnsllque cl peu résîitante, cette lumeurnous icinhle
kystique ; quant nui tirmcur* |ii.-riloaêalcf , elles éveillèrent l'ùkc de létinns
ou sarcumaleuavi j lu pensée d'une ultéralidii parasitaire ne le priaentapoialiriV'i'
et an nf|;lifea de provoquer le rrémissement hydatique.
Culte in a lad >■ succombe le 31 décembre 1875 aux progrès i)e la phUiiilc. L'
indépendiimment des tulicrculcs pulnii>nnires, la présence de tumeurs hydalH|ue«:
PARASITES ANIMAUX. 729
On ne sait pas sûrement de quelle manière les hydatides viennent à se
développer dans l'organisme humain, mais on suppose avec beaucoup
de vraisemblance que c'est par Tingestion des œufs du ténia échino-
coque. En effet, Leuckart a réussi à obtenir des échinocoques chez des
porcs en leur donnant des œufs de ce ténia. Ces œufs peuvent donc être
regardés, en Islande et ailleurs, comme les germes des échinoco(|ues de
l'homme et des animaux domestiques phytophages. D*un autre côté,
il faut admettre que c'est principalement des hydatides du bétail que
les ténias du chien tirent leur origine, ce dernier n'ayant que Irès-ra-
rement l'occasion d'avaler des échinocoques de l'homme. Ki*abbe a
d'ailleurs démontré que la fréquence de l'échinocoque en Islande tenait
à la cohabitation des habitants de cette île avec leurs chiens et à l'absence
des soins de propreté; j'ai moi-même observé, à Paris, des faits confir-
matifs de cette opinion (1).
Bibliographie. — Hartmann (P-J.), Ephem, Govman,^ ann. /i, déc. 2, t. Il,
obs. 73, p. 152, 1685. — Tyson, PhilosoiMcal Transactions, ann. 1691, vol. III,
p. /i/i5. — Pallas (P.-S.), Beischreibung derer haiiptsachlinh un Vnterleibi
wiedorkaneuder ihiere atuyiit rejlenden hydatiden oder wasssrblascn (Stralsund
Jiagazin, p. 81, 1767). — Gœze (J.-A.-E), Versucheiner yaturgesrX drr einge-
weidetcùrmer thierischer Â'orper, p. 258-266, 1782. — Zeder, Erster Nachtruy
daos la cavité abdominale. Cos tumeurs, disséminées et pour la plupart appendues soit aux
intestins, soit aux autres organes de Tubdomen, à l'aide de pédicules plus ou moins
inongés, rappellent par leur ensemble les plombs d'un épervier ; c'est une véritable
péritonite hydatique. Agglomérées dans le flanc droir, elles forment des masses qui font
idhcrer entre elles plusieurs nnses intestinales; semblable disposition existe encore en
l'an ires points. Développées dans le tissu conjonctif sous-péritonéal, ces tumeur;:, dont le
rolume varie depuis la grosseur d'un poisjusqu'à celle d'une noix ou d'une petite pomme,
»nt pour la plupart chassé le péritoine devant elles et se sont coiflces de cette membrane
lui est hypérémiée. Quelques-unes sont maintenues par des pédicules très-longs^ et le
naème pédicule supporte parfois deux kystes disposés à la suite l'un de l'autre comme
les grains d'un chapelet (Og. 241). Presque toutes ces tumeurs sont appenduesà l'intestin,
un petit nombre siègent dans les mésentères ou les épiploons. Le bassiu est rempli par
on kyste de la grosseur d'une tète de fœtus à terme, et qui se trouve situé entre le
rectum et l'utérus qu'il refoule eu avant et en haut; contrairement aux autres kystes,
celui-ci renferme, avec des hydatides flétries, un liquide albumineux. L'utérus pré-
sente lui-même sursonfond une tumeur hydatique du volumcd'un œuf de canard (flg. 239);
d'autres tumeurs de même genre sont appendues au même organe par des pédicules qui
ont de 7 à 8 centimètres de longueur. I^ foie est, lui aussi, le siège d'un kyste hydatique
volumineux. L'examen de ces difTérents kystes nous apprend que ceux d'entre eux qui sont
maintenus par de longs pédicules ne renferment pas d'échinocoques, en d'autres termes^
leurs vésicules sont stériles.
(1) Voici un de ces faits qui prouve manifestement les inconvénients de la cohabitation
avec le chien, au point de vue de la genèse des kystes hydatiques. Tandis que je faisais la
730 ANATOIIIE PATHOLOGIQUE.
sur Naiurge$ch. der eingewMewûrmer, p. 508, 1800. — RunoLrai (WÏ0«lampiii*«
Archiv fur Zoologie wid Zootomie, H). Braunsweig, 1801. — Mougiot, linai
zoologique et médical sur les hydatides, an XI, 1801, p. /i2. — Lainicec (Thëop.),
Mémoire sur les vers vésiculaircs, et priiwipalemefU sur ceux qui $e trouvaU dan
le corps humain j lu à la séance du 26 pluviôse an XII (180&) {BUmoùts dek
Faculté de médecine de FariSy p. 81, 1812). — Rbndiorp, Dûferlolio dt k^éQàt
dibus prœsertim in cerebro humano repertis, cap. 10, p. 22. BeroliDiy 1822. —
G.-B. RosE^ On the vesicular entozoa and particularly hydaUdm {Médiat
Gaz., t. XIII, p. 204, octobre 1833). — Gurliiig, Lectures on the eniosûê 9r
internai parasites of the human body {London med. Gaz,, new séries, vol. U,
p. 520, 1837-38). ^- J. Gruveilhikr, Anntomie pathologique du eorp
humain. Paris, 1835-42. liv. 3, pi. V ; liv. 19, pi. I et II ; IW. 35, pi. I et VI;
liv. 36, pi. II ; liv. 37, pi. IV. — Livois, Recherches sur les écMnoooques ^n
Vhomme et chez les animaux. Thèse de Paris, 1843, n* 185, avec bibliographie.
— Er. WiLsoN, Classification, structure and developement of the echinoeoeau
(Mcd. chirurg. Tratisact., t. XXVIII, p. 21, 1845). — Wundsrlich, Archic fur
physiologische Beilkunde, t. II, p. 283, 1858. — fikVJiYKy EntuHckelung desEAi'
nococcus {Archiv fur Anat., Physiol. und wissensch. Med., 1862, p. 612 ; 18(i3,
p. 412). — Lebert, Anat. path., t. II, p. 270. — Habran (J.), De UtbUeetde
l'hématoidine dans les kystes hydatiques. Thèse de Paris, 1869, n* 138.—
J. SoMMERBRODT, Archiv fur pathoL Anat. und Physiol. ^ t. XXXVl, p. 272, 1866.
— H. Kkabbe, Recherches helminihologiques en Danemark et en Islande. Paris,
1866, p. 41. — Rasmussen, Echinocoques développés chez Vhomme {Arch. gén.
de méd.y t. I, p. 344, 1869). — J. Finsen, Les Echinocoques en Islande (Anh.
gén. de méd., t. I, p. 23-46, 1869). — Laboulbène, Corpuscules calcaires rfc^
echinocoques (Mém. de la Soc. de biologie, sér. 5, l. II, p. 57, 1870 . —
suppléance de la chaire de clinique à riiùpital de la Charité, il entra dans mon tenice
(2A novembre i 875) une femme âgée de 55 ans qui portait une énorme tumeur dan>
rhypochondre droit. Cette tumeur élastique, fluctuante, faisant saillie sur le rebord coftil,
appartenait évidemment au foie qui était augmenté de volume, et comme la malade n'avait
eu ni diarrhée ni dysenterie, et qu'elle ne présentait d'ailleurs aucun phénomène fébrik,
je diagnostiquai un kyste hydalique, cl ce diagnostic ne tarda pas à être vérifié par nue
ponction ospiratrice qui permit de retirer de la poche un liquide transparent non albu-
mineux. La paroi abdominale ayant suppuré à la suite de cette ponction, il se produisit
un large abcès qui fut incisé, et trois semaines plus tard, le kyste du foie s*étant ouvert
dans cet abcès, il s'en échappa dans l'espace de quinze jours plusieurs centaines d'bydt-
tides. L'état général restait bon, à la suite d'injections multipliées. Cependant la matade
ne put résister à la longue suppuration d'une poche liydatique aussi considérable, elk*
finit par mourir d'épuisement. Désireux de connaître la cause de cette affection, j'apprb
à plusieurs reprises de ma malade qu'elle habitait avec ses enfants une petite chambre,
et que pendant quatre années successives elle avait conservé chex elle, i la façon de»
Islandais, un chien terrier qui quittait peu cette chambre dans laquelle il déposait fe>
ordures. Or cet animal était mort depuis quelques mois seulement lorsque la malade entn
dans notre service.
PAR*SITES AKIMAl'X. 7S1
<(. H«beitsHOTf, Some «rwes of hydntiil disease (Gtij"» kospital reports, sér. 3,
vol. VI, p, nii, et vol. XVIll, p. 373, 187Ï). — Mussner, Schmidt's Jahrb»-
eher, l. CXL1V, p. 61 ; 1. CLII, p. 96.
Tamcur hydatlqoc ni «Claire. — Zeli.eb, AlveolarcoUoid der Leber, iimiig,
At,h.imU. Tritiineen, 1S5ii. — Bui.ii, Ztschr. f. rat. Sed. N. F., IV, p. 356,
I8r>û. — Viiicaow, \Vu>-J.. Va-li-mdl. Vi, p. 8Ù, 1856. ~ BOmiiEH, Areh.
f. Anal, iind Phys., t. XV, p. 356, 185S. — Ghiesingeh, Archiv d. Heilk., 1, p.
372, 1860. — UccKART, IHememria. Porns., 1863, (, p. 372.— Ehisman, Beiïr.
zw Casuiitik d. Lt^berkrankh. Inuug. diss, Zunch, 1864, p. 6. — rniEDHEiCH,
t7ftirr malliloculâre Lefiereehtnocoixui {Archiv f. patktil. Aiial. imd Pkynioi. ,
l. XXXIII, p. 16, 1865). — i. CARt»t.nE, De lu lutiiPiir hydatitiue ahfolaire.
Thèse de Paris, 1868. — Ducelueh, Etude elinviiie mr les ttunfun à éclàno-
ctH/itfs mulliloealaire». Thèse de Paris, 1868, et Gai. htbdom,, 1858, p- 7%.
— Hueew, Velier SchimKocruimultil(iculitris{Arch. f^rprithol. Anat. uadPhysiol.,
L IJV, p. 265, 1871). — Haffteb, Echiivxoqttn multilonaliàre du foie (Arrkiv d.
Htilkuii'lt, fasc. fi, 1875. Anal, dans Arch. géii. de mfd.,iS15, t. 11, p. 101).
11. — Bothriocépbalidée*.
Celle tribu est formée de cestoïdes ayant une tâte sans crochets, avec
des fossettes latérales au lieu de ventouses, et un corps très-long composé
d'un •^nuid noinlire d'anneaux présentant sur la ligne médiane de l'une
de leurs faces des organes sexuels.
1* Sothriocep/ialus /afus, Breniser. Cet entozoaire, signalé dès 1603 par
f laler, est le plus grand de tous les vers qui vivent chez l'homme : il a
une longueur de six k vingt métrés (Dujardin) ; liliformo en avant, il a en
arrière une largeur qui va jusqu'à 27 millimètres; sa roulour est foncée
ou grisâtre ; la tête, lri>s-petite, ohlongue, lancéolée ou ellipsoïde, présenti;
sur les cdtés deux dépressions ou fossettes latémles, oppostVs et alloii-
iiéea; le rou est presque nul, ridé; lesarlîclessonld'abord presquecarrés,
mais bient«)t ils deviennent plus larges et plus longs, de sorte que, dans
les parties postérieures, le diamètre transversal l'emporte de beaucoup^
sur le diamètre longitudinal (fig. 2/i3). Eschricht a compté dans un seul
iMlhriocépliale jusqu'à 10,000 articles, dilTérentsde œuxdu ténia, surtout
parce qu'ils ne se séparent pas en cucurhilins.
La face supérieure de ces articles présente, vers le milieu, un mamelon
uvoïde iiu conoïde, percé d'un pore jter letguul suri un petit corps grélo^
un peu pointu, regardé comme le spiculc. Denière cet organe se voit un
autre pore plus petit, sans mamelon, qui est l'oriliee. de 'la vulve. Le
spicule, muni d'une gaine, communique avec un canal déférent assez
licHig, replié sur lui-même et terminé par une vésicule séminale sacci-
hMB
733 ANATOMIE PATHOI^GIQUE.
forme. La testicule, formé de gi'auulatious blaiicliAlrus, a des
trës-gpréles qui aboutissant k celte vésicuk-. Les ovaire sont voluniinflu,
oMongg; l'oviducle estsiiiueiix, ciilorlillé surloiit au momt'iit île la
turation des œufs; l'utérus est constitué par deus pocbcs divi
Les œafs du l]nlhrioc/>plial(; sont tt^-oorobreit,
puisque, selon Eschricht. chaque individu m fiMk
10 millions; ces (i>ufs ont un« runii« 4-I)i)i«uidr if
sont minus d'un opercnio ; ils sV*rhappeiitocdiiui-
remenl par lii ruplurc des parois de la
L'embryon est muni de six crochcls et cilié, ccqri
lui perijiel de ;mger dans l'eau après sas.ali«^
l'a'ur. Eii eiïel, des recherches expérimentale? ïiia
simultanément ii Saiiil-Fctursbuurg par Kmicli il.
Genève par Berthoius ont prouvt^ quv crt emlinM
vit d.ins les eaux douces, ni qu'il ne subît iii>dfn>-
loppemeot coinplel (|u'uprt.'s i^lrc arriva dnni lia-
tesiin propre fi lui servird'haltilalion. Kiiudi
'■ ^'j tri! déplus que les emlii^ODs du bolliriocêpIialeUr^,
^^T-" inlroduils dans lecanal intestinal du chien, nVSw-
Iflenl pas de migration dAns divers urganesdpl'uK
mal en expérience, que par consûquont ils ne s*»-
kyslent pus à l'élal de cyslic^i-ques CAmme le»
bryons des lénias après leur inli-oductioii, niMi.*')
se développent directement dans le canal int<-»iiiiil
do ce même animal |Kïur se Iransfomier d'alKirl en
bolhriocéphales In('X)mpIêtemont développés, funn
individus adultes. Knocli déduit de là queloem-
bnons de ce ver arrivent immédiat entent et il um
manière [lasstvc, avecles buissons, dans l'inleslio it
leur iK^le délinilif. Cependant les faits invoqu'-^pr
col nuteur ne soni pas Ji l'abri de tout TypTCchi-.
attendu que les liothriocêphnles |»puvent normale
ment se rencontrer dans l'espèce canine. Bertiolo»
pense d'ailleurs que l'embrjon s'enkyste dans t*
tissu cellulaire d'un animal aquatique pour y continuer son de'^
loppement; il cile la liguln nWosa jlludolplti), qui vit enkysta (Un*
le tissu conjonclif de quelques es)>éces du genre mIhio. comme giw-
vnnt être le scolex du boltirlocépiiale large, il s'e^t en elTet assuré i|u«
cet animal est un scolex (Kmt l;i partie réphalique, profondémeulrtiroicinrr
dans une portion caudale Irés-élroile et lrè»-longue, préscute ODcamli)*
s
FiG. 2)3. — Bothrioci'
pbale largo, n. la lAt<
Kruiiia envîroa huî
tais. A, œuf grossi (No
quio-Tandon.
PARASITES ANIMAUX. 733
de complèle de formes et de dimensions avec Tappareil de fixation du
tK>ihriocéphale. Il est vrai que la confirmation expérimentale decette opi-
nion manque encore ; mais il résulte d'observations anciennes que c'est
mr les habitants des côtes, sur les riverains de certains lacs et de quelques
fleuves que cette espèce est commune, et, par conséquent, les eaux ou leurs
habitants peuvent jouer un rôle dans la propagation de cet animal (1). On
le trouve d'ailleurs en Europe, suitout à l'ouest de la Suisse, au nord et au
Aord-ouest de la Russie, en Pologne et dans la Suède, plus rarement à
l'est de la Prusse, en Poméranie, à Hambourg, Berlin, en Angleterre et en
France ; il aurait été observé à Cevian.
Le bolhriooéphale large habite l'intestin de l'homme, où il acquiert son
somplet développement; il se trouve quelquefois aussi chez le chien; en
|;énéral, il est commun là où le ténia est rare, et réciproquement.
2** Bothriocephalus cordatus, Leuckarl. Ce cestoïde est beaucoup plus
«til et plus ramassé que le précédent, auquel il ressemble par la struc-
ure de ses articles. Sa tète, élargie en arrière avec des bords plus ou moins
aillants, ressemble soit à un cœur de carte à jouer, soit à un fer de lance.
.e corps s'élargit rapidement pour atteindre toute sa largeur, qui estd'en-
iron 7 à 8 millimètres. Les articles mûrs ont une longueur de 3 à 6 mil-
tmètres. Les derniers sont généralement plus longs et peuvent avoir 5 à
millimètres. Les œufs, de même forme que ceux du bolhriocéphalc
irge, ont un grand diamètre de 0"™,075.
Le bothriocéphale cordé se rencontre au Groenland chez l'homme et sur-
3Ut chez le chien ; il se trouve encore chez le phoque barbu et le morse ;
I existe habituellement plusieurs individus sur un mémo sujet.
Bibliographie, — Bremser, loc, cit. — Escuricut, Atiat. phys. Untersuch.
'ber die Bothriocephalus {Nova acta Academiœ nat. curios,, 1860, t. IX, suppl.).
— Magxus Huss, Ueber die endemischen Krankheiten Schivedens, Breuien, 185/i,
tt Arch, gén, de méd.y 1855, t. I, p. 516. — Bektholus, Sur le développemetit
bi bothriocéphale de Vhomme {Comptes rendus de l'Acad, des sciemes, 1863,
. LVIÏ, p. 569). — Knoch, Sur le mode de développement dubothnocéphale lanje
Gaz. méd.y 1863, p. 815; Journal de Robin, i. \I, p. UO, 1869, et t. VU,
>. i, 1870). — Le même, Mém, de l'Acad. des sciences de Saint-Pétersbourg ,
}• série, t. V, et Gaz, méd., 1863, 815. — Frazer, Un cas de bothriocephalus
Mus observé en Irlande (Gaz. hebd. de méd, et de chirurg,, 1867, p. 319). —
CUuvfT, Note sur les bothriocéphales de Vhomme {Mémoires de médecine et de
chirurgie mUit., t. XVlil, p. 398, 1867). — Mosler, Ueber Lebensdaua^ und
(1) Magnus Huss fait la remarque que ce ver se rencontre toujours à l'embouchure
4et fleuTes dont les riverains se nourrissent principalement de saumon.
73/i ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Renitenz des Bothnocephaliis latus {Archiv f. patholog. Anat. und PkysMogiej
t. LVII, p. 529).
ARTICLE III. ~ PROTOZOAIRES
Ces êtres inférieurs, généralement connus sous le nom d'infusoires, sont
des animaux microscopiques dont les divers systèmes et les organes ne
sont pas en général nettement séparés, et dont l'organisation est réduc-
tible au type de la cellule, excepté chez un petit nombre où existent des
organes extrêmement simples.
Les téguments des protozoaires, tantôt mous et contractiles, tantôt dors
et cornés, sont ordinairement pourvus d'appendices variés ou cils qoi
servent à la préhension des aliments, à la locomotion, etc. Le paren-
chyme du corps est une substance molle, diffluente, transparente et con-
tractile (sarcode), qui dans certains cas seulement présente un tube diges-
tif plus ou moins complet et une cavité pulsatile ou système circulatoire
rudimentaire. La génération s'accomplit par fissiparité, par gemmiparité
ou par des organes sexuels. Ceux-ci, toujours très-simples, sont constitués
par des vésicules distinctes dans lesquelles se développent les spermato-
zoïdes ou les ovules.
Les protozoaires sont extrêmement répandus ; ils existent dans les eaux
stagnantes ou courantes, douces ou salées, dans l'humus, etc. Ils appa-
raissent rapidement dans les matières végétales ou animales en décompo-
sition, se rencontrent sur les téguments des animaux qui vivent dans
Teau, dans divers organes des animaux à sang froid et même chez les ani-
maux à sang chaud, où ils occupent surtout la surface des plaies, les mu-
cosités intestinales ou vaginales. Les infusoires qui vivent dans les or-
ganes des animaux sont de véritables entozoaires, car ils périsseni
promptement lorsqu'on les retire de ces organes, et, d'autre part, les in-
fusoires libres succombent lorsqu'on les introduit dans un organisme
animal. Peu connus chez les animaux domestiques, ces parasites ont éU»
mieux étudiés chez Thomme ; ils appartiennent à plusieurs familles donl
voici les principales :
§ 1. — MONADIENS.
P Cercomonas hominis, Da vaine. Cercomonas intestinalis Lambl. l>l
animalcule, découvert ennorabreconsidérabledansles déjections rêconh-i
des malades atteints du choléra, a le corps piriforme, long de 0"",'H
^^P PARASITES ANIMAUX.
A0'"*,!2. Son eslrémilé postérieure, amincii
' meut caudal aussi long ([ue le corps; son extrémité aniérieure, obtuse,
présente un lilamenl vibratrle très-long el flexucus diffiitle à voir; soi;
(ffnimenl pst mou et lilniicliillre (lig. 2ltti). Les cercomoiiades sont trés-
735
se termine par un fila-
Fie. 2td. — Ccrcomonu inleitinnlis, petite cl grosse variétés (Dar
agik's, ee qui rend diflicile 1 oliscrvalion de leui's caractères ; quelquefois
suspendus par l'agglutînaliou de leur filament caudal aux corps environ'
Daiits. ces animalcules oscillent comme la lentille du pendule autour de sa
tigfi', ils ne laixlent pas ù périr lorsque les matières qui tes renferment se
refroidissent, ce qui prouve que leur formation n'est pas due h b dé-
GOtnposition de ces matières. Ce sont donc de véritables parasites qui
vivent dans l'intestin de l'homme, lorsqu'ils y trouvent certaines condi-
tions qui leur sont indispensables(l)avainc).
Vue seconde espèce de cercomonade, ptus petite que la précédente , a
'■h- rencontrée parDavainechezunjeunehommealteiuldefièvre typhoïde.
[liituor.iiApniE. — Davaine, TroiUi des enfosoi
I' •jrJop^.d. defsc.miiL, arL Ifoiuiiieiis, p. 12J. -
S,'>9, t. I. p. fiO.
:, p. 3, Puris, 1860, et iikt.
Vin., Prifjet- Viertelj'ihrsrhr.,
J" Cercomonas urinarius, llassall. Celle espèce, dont les caractères ne sonl
'^ suflisamment déterminés, a été observée |)ar llassall dans l'urine des
■ iiolériques, quelquefois aussi dans des urines alcalines ou albumineuses.
Klle a le corps granuleux, nu, une forme arrandie ou oblongue, un,
ilru\ ou trois filaments Hagelli formes, un mouvement vacillaut.
BiBUOGRApntE. — A.-H. Hassai.l, The Lanctt, nov. 1859.
3° Trichommuu vaginalis, Donné. Découverte par Donné dans les muco-
sités vaginales de la femme, la trichomonas vaginale a lo corps d'une
longueur de 0 millîm. 01, subglobuleux, ovoïde ou piriforme, légè-
r>-ment granulé, glutineux, transparent, blaiichiUre ou grisfttre. Elle
porte à lune de ses extrémilés un iilament flagelliforme plus long nue te
ps, quelquefois deux, rarement trois (Kolliker) ; cinq ou six cils vibra-
is assez courts accompagnent ces filaments, ils sont situés à la base en
L.
736 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
séries. L autre extrémité offre un prolongement épais et fixe; un mott-
vement vacillant est déterminé par les filaments flagelliformes (fig. 2ft5;.
Les trichomonades du vagin se trouvent dans le
mucus vaginal chez la femme, où elles sont souvent
réunies par groupes de cinq ou six individus el même
plus, dans lesquels on ne distingue que quelques ap-
pendices flagelliformes. Le mucus qui les renferme est
généralement altéré et contient des bulles d'air qui lui
donnent un aspect écumeux. Quand ce mucus est re-
froidi, les protozoaires ne tardent pas à disparaître.
J'ai rencontré la trichomonas vaginale avec un seul
FiG. 245.— Tricho- filament flagelliforme chez la plupart des femmes
monas vaginale atteintes de blennoirhagie que j'ai soignées pendant
l'espace de deux ans à Thôpital de Lourcine ; pour un
instant, j'avais pensé à faire de cet infusoire la caractéristique du pus
blennorrhagique, mais je n'ai pas tardé à reconnaître qu'il existait chez
des femmes ayant une simple leucorrhée. Davaiiie a observé cet animal-
cule dans l'urine de femmes atteintes d'écoulement leucoiThéique abondant.
Bini-ior.RAPiiiE. — Donné, Uecherches microscopiques sur la nature du mums
et la matière des divers écoulements chez l'homme et chez la femme. Paris, 1837.
— Le même, Cours de microscopie, Paris, iSlili^ p. 157, pi. IX, fîg. 33. —
i.\oGEiAco^ES^ Ilist. pathol., pi. IX, fig. 9, elAnat.path, génér.^ tr. fr., Paris.
18^7, p. 39. — ScANzoM et Kôlliker, Scanzonis Beiti'agen fur Gehurtskwol'',
1855, t. II, p. 131, pi. 111, fig. 2, et Gaz, ?néd, de Paris, 1855, p. 315.—
DiKsixG, lievision der Prothelmintheny p. 61, Wicn, 1861. — Danaine, art.
Monadiens duDict, encyclopùd, des se. méd., p. 129.
§ 2. — PAnAMÉCIENS.
Paramecium coli^ Malnisten. Cet infusoire est ovoïde, aminci m
avant, long de U°"",1 environ, couvert de cils sen'és, disposés en séries
obliques. 11 a une bouche anléro-latérale, munie de cils plus luiii:>
que les précédents, un œsophage légèrement élargi et recourl)é, uu
anus situé en arrière, à la face abdominale, plus ou moins saillant et
distinct, deux vésicules contractiles, variables, l'une plus petite, subrou-
Irale, l'autre située près de l'anus (fig. 2^6). Les paramécies, doutvs
d'une mobilité et d'une vivacité assez grandes, se rencontrent aunoiulm*
de vingt à vingt-cinq dans une seule gouttelette de mucus. Elles meun'ul
très-vite hors de l'intestin.
PARASITES ASIM.VU.V. 7W
i paramécie de l'honmie a été trouvi'e par Malmslcti, en même
nps que des cellules de pus cl des globules de saiijr, dans deux
irrliét; licnlérique. La mort ayant eu lieu dans l'un
bces cas, on put consluterqucles inTusoiies élareiil
■ plus ^rand nombre sut- tes points où la membrane
nqueuse du côlon cl du cœcum était peu affectée.
e dans les endroits où l'altération était niniiireste l'I i
ms le pus qui en piovenail.
" Treille eut l'occasion d'observer six fois, surneufraa-
tdes atteints de ladjsentenede Cochinchme, la pam- j
kiedu ailon dans les dejet lions intestinales; il fait f"'""''/i(Mii]id«ten).
■quer que la présence de ctt infusoiie a coïncidé pour ainsi dire
iclemeutavec I hemonlia^'K
^ BiBLiocHApncF.. — SIalhsten, Arffhtv f. patkol. Awil. uiiii Phy$ioi., 1657|
. XII, p. 30J-S09, pi. X, — LuiiwiG SnECii, An-hw fur pathol. Annt. tiiid
ky«t(./., clc, 1866, t. XXXVI, p. 285. — G. Theille, _Vo(e sur le parutiuvitm
to observé dans ht dysentaie de CochmcMne {Archives de niiiIcciDi' ttavalf, 187S,
, p. 129-133). — Leuckaht, Die metiscldicheit Parasiten, t. 11, ji. 8&5.
^pzig, 1876.
§ 3. — GrHUAHINRS Bf PsCiROSl'EliMIES,
l.es ffrégarines {Gregarina; L. Dufour) sont des organismes cellulaires
mirent dans les viscères des animaux inrérieurs, beaucoup
fais rarement dans les organes de l'homme. Dès leur premier Age, ces .
ftites se présentent sous la forme de corps globulaires qui se meuvent
I toussens (amibes). Libres dans l'intestin ouréunisen séries, ils peuvent
nmett'ls être confondus avec des globules de pus. Plus tard ils prennent
B forme elliptique ou ovalaîre aplatie , s'entourent d'une membrane h
tbie contour, sans ouverture et sans structure, sous Inquelle on dis-
Iguc une couche transparente, contractile. La cavité cii-oouscritc par
Ile membrane renTerme un liquide visqueux, transparent, des granulo-
018 arrondies et l'éfrin fientes, contenant dans leur épaisseur un noyau
ipléoléi de forme ellipsoïdale régulière (grégarines). Après enkystemeut
tA la suite d'une sorte de fractioanemeiil du tioyau et do ta masse
inuleuse, la grégnrine se change en petites vésicules qui, suivant
^ques auteurs, donnent naissance aux //soroupeimics on fuendo-nam-
m. Ces dernières sont formées d'une membrane exlérreure composée do
Idx \'ntves qui s'app1i([uent exactemciit par leurs Iwrds, et d'une cavité
Laxcemeacx. — TraiLo d'Anal, path. I. — A7
738 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
intérieure, contenant plusieurs petits organes vésiculeax, brillants, situés
à Tune des extrémités, et une masse glutineuse centrale (i). Enfin lamtsse
centrale devient granuleuse et se condense, il se produit un gros noyau oa
globule sarcodique, Tenveloppe se détache et ce globale prend sa liberté
pour devenir amibe sphérique, et finalement grégarine (Lieberkûhn).
Les grégarines siègent habituellement dans les cellules épithâiales de
rintestin ; c'est là qu*elles se transforment en psorospermies. Relativeinent
Fréquentes chez la souris, le lapin et le chien, elles ont âé vues dans les
épithéliums intestinaux de Thomme. De l'intestin elles gagnent asseï or-
dinairement le foie et d'autres organes, ces derniers sans doute par l'in-
termédiaire du système lymphatique ; aussi les a-t-on trouvées dans les
reins, dans les valvules et dans le système musculaire du cœur (Linde-
mann). Leur présence et leur agglomération au sein des tissus ne tardent
pas à déterminer une irritation avec genèse d'éléments conjonctifs et uiie
transformation caséeuseplus ou moins étendue. Que cette altération, à la-
quelle s'ajoute dans l'intestin la destruction des cellules épithéliales, s'é-
tende au foie et à d'autres organes, il peut en résulter des conséquences
fâcheuses ou même la mort de l'individu affecté : ce sont des cas de ce
genre observés chez des mammifères y compris l'homme qui ont été dé-
signés par Eimer sous le nom de grégarinose. On ne connaît pas jusqu'ici
l'origine des grégarines. Suivant Lindemann, ces parasites proviendraient
de la vermine des femmes d'où on tire les faux chignons et se fixeraient
aux cheveux de celles qui portent cette parure, où elles se transformeraient
en psorospermies ; mais cette opinion n'est nullement confirmée.
BiBuoGRAPHiE. — Hake, A treutise on varkose capillarieSy as constitutvvj tk
structure of carcinome of the hepatic ducts,, etc. London, 1839. — J. Mûller,
Ueber eine eigenth. krankh, parasitiscf^ Bildwig^ etc. (Mutkr's Archiv. 1841,
p. 477). — Cm. Robin, Hist, nat. des végét, parasites, etc. Paris, 1853, p. 201.
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pathol. Anat. und PhysioL, 1867, t. XL, p. 435). — Balbiani, Sur rorganm-
(i) Balbiani, dans une étude très-bien faite des psorospermies chex les poi«son«.
considère ces organismes comme des êtres faisant partie du règne végétal; déjà aupara-
vant Ch. Robin les avait classées parmi les algues.
PARASITES ANIMAUX. 739
iion et la nature des psorospermies {Comptes rendus de la Soc, de biologie, 1863,
p. 111, et Gaz, méd. de Paris, 186/i, p. 146). — Étude et Mém. sur la maladie
jiscrospermique des vers à soie {Comptes rendus des séances de la Soc. de bioL, 1867,
p. 103, série U, t. IV). — Lindemann, Bull, de la Soc. impér, des naturalistes de
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méd. de Paris, 1870, p. 86). — Knoch, Joum. d. Eussischen Kriegs départements,
t. XCV, 1866. — EiMER, Ueber die Ei oder kulgelformigen sogenannten Psoro-
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argctnique de nature parasitaire chez le poulet {Assoc. française pour Cavancement
lies sciences, 1873, et Gaz, hebdomad,, 1873, p. 574). — Cu. Robin, Traité du
microscope, Paris, 1871, p. 785 et 941.
CHAPITRE II
PAKASITES VÉGÉTAUX
L'élude scienliBque du parasitisme végétal ne remonte pas au delà de
la découverte du champignon de la maladie dos vers à soie par liassi et
de celui de la teigne par Schœnlein. Vulgarisée par le remarquable ou-
vrage du professeur Ch. Robin, cette étude a reçu tout dernièrement uw
impulsion nouvelle grâce aux curieuses recherches de Pasteur résumées
dcins cet axiome : « Sans parasites pas de fermentation, pas de putréfaction •,
et aux travaux non moins intéressants de Davaine sur les bactéridies des
maladies charbonneuses. A partir de ce moment, les parasites végétaux
sont devenus pour les observateurs et pour les médecins en particulier
l'objet d'une attention spéciale, et dès lors l'opinion ancienne qui con-
sistait à attribuer la plupart des maladies à des agents parasitaires ne
tarda pas à être remise en honneur : les parasites végétaux fuRul
généralement considérés, à tort ou à raison, comme les agents aclif>
<le la contagion, h^s générateurs des épidémies. Cette manière de voir ♦•>!
sans doute exagérée; mais il y a lieu de croire (|u'une connaissance plus
^approfondie du sujet arrivera à répandre la lumière sur Tétiologie il la
pathogénie d'un grand nombre de maladies.
Les parasites végétaux que l'on observe chez Ihomnie appartiemionl
à la classe des cryptogames, et spécialement à la famille des chanjp:-
gnons, car il est aujourd'hui reconnu qu'un grand nombre d'entre eux,
rangés autrefois pai'ini les algues, sont en réalité des champignons a Ifur
premier degré de di'veloppement ; la sarcine seule ferait peut-étiv excep-
tion. Les cryptogames sont des végétaux (|ui se reproduisent par le nio\tn
<le cellules simples ou composées nonnnées spores, soit immédiateinrut,
soit en passant par une forme intermj'diaire. Ceux qui nous inléivs>»*i:t
sont des plantes cellulaires, dépourvues de chlorophylle, qui >c nour-
rissent d'une substance préalablement organisée, absorbent de roxysii''
-et exhalent de l'acide carbonique ; ils sont formés de deux parties jnii-
cipales : l'une qui végète et absorbe les principes nutritifs, myct'un.i
PARASITES VEGETAUX. 741
OU rhtzopodium, l'autre qui porte les organes de la reproduction ou
réeeptacie.
Le mycélium des champignons qui vivent sur l'homme est formé de
filaments cylindriques simples ou ramifiés, quelquefois cloisonnés ou ar-
ticulés. Ces filaments sont tantôt lâchement entre-croisés (mycélium fila-
menteux), tantôt plus serrés et en quelque sorte confondus de façon à
former une membrane plus ou moins épaisse (mycélium membraneux).
Ils ne présentent aucune particularité distinctive qui permette de les
rapporter, quand ils sont stériles, à une espèce déterminée. Indispen-
sable à la vie des champignons qu'il peut reproduire, le mycélium s'étend
graduellement d'un point central où il a pris naissance par un accroisse-
ment périphérique rayonnant, d'où la disposition en cercles des épi-
phytes de l'homme ; il change d'aspect selon les conditions d'humidité,
de sécheresse ou de lumière dans lesquelles il se développe.
Les réceptacles sont formés de filaments simples ou complexes ; ils
naissent du mycélium, produisent et supportent les organes de la repro-
duction. Ceux-ci se composent de cellules (spores, conidies) destinées à
devenir de nouveaux individus, et de cellules mères leur donnant nais-
sance (sporanges, hasidies, etc.).
Contrairement à l'opinion de quelques .auteurs, la reproduction des
champignons n'a jamais lieu par génération spontanée, mais par géné-
ration sexuelle ou asexuelle. Ce dernier mode nous intéresse d'une façon
plus spéciale; les spores se développent de trois façons différentes : !• par
formation cellulaire libre dans des cellules mères appelées asques, thèques,
tubes sporifères; 2" par bourgeonnement, et la cellule mère s'appelle alors
baside ; 3" par segmentation ou gemn^ation de cellules mères nommées
sporanges.
Arrivées à l'état de maturité, les spores sont mobiles (zoospores) ou
stables. Les spores mobiles n'appartiennent qu'à un petit nombre de
champignons, ce sont des corpuscules protoplasmatiques dépourvus de
membrane cellulosique manifeste et donnant le plus souvent naissance
à leur surface h deux cils vibratiles. Toutes les autres spores sont privées
de mouvement spontané; elles possèdent une membrane vésiculaire so-
lide formée d'un feuillet externe (exospore) et d'un feuillet interne (en-
dospore). Cette membrane se distingue par une grande force de résis-
tance contre la décomposition et les réactifs puissants, surtout contre les
acides minéraux concentrés. Le contenu de ces spores consiste en une
masse protoplasmatique homogène, ou infiltrée d'un nombre variable de
granulations ou de gouttelettes de graisse; il est ordinairement dépourvu
de noyau. A l'état frais, il est très-riche en parties aqueuses; desséché, il
7^2 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
attire rhumidité du milieu ambiant. La forme des spores est ovoïde ou sphé-
rique , rarement anguleuse ou en fuseau ; leur consistance est ferme, leur co-
loration jaunâtre, giise, d*un blanc plus ou moins éclatant à la lumière réié
chie. Traitées par Tacide sulfurique et la teinture d'iode, les spores prennent
une coloration bleue due à laction de ces substances sur la membrane exté-
rieure foimée de cellulose (Ch. Robin). Les acides concentrés coagulent k
liquide intérieur; mais Téther, le chloroforme, la solution de potasse,
Tammoniaque, Tacide acétique ne le modifient pas, et comme telles ces
substances sont les réactifs qui permettent le mieux de distinguer la
spores des éléments de l'organisme et des corps étrangers.
Les spores étant très-abondantes, c'est par leur intermédiaire que s'ef-
fectue la grande dispersion des champignons. En raison de leur petitesse
(^ à 5 millièmes de millimètre) et de leur légèreté, elles sont transportées
partout avec les liquides et même avec Tair. En examinant la poussière
atmosphérique, les sécrétions et les excrétions animales répandues dans
l'air, comme l'ont fait Pasteur et quelques autres observateurs, on arrive
à la démonstration de ce fait qu'il existe partout des spores de champignon
susceptibles de développement (1). La dureté et la nature de leurs enve-
loppes permettent à ces parties élémentaires de se conserver pendant des
années malgré le froid et la sécheresse, et cela sans perdre leur faculté ge^
minative qu'une température trop élevée peut seule détruire.
Une température modérée de 0° à UO'' centigr., de l'humidité, un peu
d'oxygène, un air rarement renouvelé et la présence d'une substance or-
ganique, telles sont les conditions les plus favorables à la germination
des spores et au développement des champignons. Or ces conditions se
rencontrent chez Thomme, et partant un certain nombre de s|)ores cryplo-
gamiques, apportées par lair ou autrement, arrivent à se fixer et à germer
à la surface de la peau ou des membranes muqueuses et même jusque
dans la profondeur des organes, car, de même que les corps solides, les
spores déposées dans les tissus sont quelquefois absorbées (2).
On aurait tort toutefois de croire que des spores soient aptes à germer
sur tous les organismes, il faut pour cela un terrain préparé, des tissus
peu vivaces, modifiés ou altérés dans leur nutrition ; un certain état de
(1) Le docteur Cunningham, à la suite d'expériences pratiquées à ce sii^^t dans
rindc, établit que des spores se rencontrent constamment dans Tair en nombre coofi-
•dérable et qu'elles sont prêtes à entrer en développement dès qu'elles rencontrent un
milieu favorable. {Microscopic examinations of the atr, Ninth annual Report of tke *fl-
nitary commissionner. Calcutta, 1872.)
(2) Voyez Davaine, Sur V absorption des corps solides déposés dans les tissus (AecMi
de méd. vétérinaire, liv. 5, t. VII, p. 633).
PARASITES ÏÉI3ÉTAUX. 743"
e ou de maladie est nrâessnire au développemenl du parasitisme
igétal chez l'homme. Un fait vient mettre cetti^ prédisposition hoi's de
ntc : sur un certain nombre d'individusau\quels on inocule une espèce
lelconquedc chainpi^ioii, l'Achorion Sclitenleinii par exemple, les uns
rissent rapidement et spontanément tandis (|ue les autres permettent le
tveloppemenl complet du végétal, sa reproduction, et ne peuvent être
^s que par l'intervention de l'art. A la vérité, la cause de cette pré-
ItposilioD nous échappe, mais il y a lieu de croire qu'elle n'est pas impos-
fb\e à trouver. On sait que les sporules du Botrytis Basiiann se développent
r le simple fait de la neutralité ou de l'acidité du sang du ver à soie.
Il conséquemment semblable état du sang de l'homme, ou toute autre
•dificalion encore inconnue des liquides ou des solides, peut bien pré~
user aux maladies déterminées par des végétaux. parasites ; c'est ainsi
i les individus adonnés aux boissons alcooliques ont en général une
mde aptitude à contracter les maladies contagieuses, telles que la va-
|Dle et le choléra, qui passent aujourd'hui pour avoir une origine para-
laire. On sait, du l'esté, que certaines altérations des produits de sécré-
ï peuvent contribuer au développement du parasitisme; ainsi un mucus
ide, des productions membraneuses dans lesquelles le mouvement nu-
lif est très-lent, sont les conditions au milieu desquelles apparaissent
I général les productions cryptogamiques. Le milieu acide et la dimi-
itîon de l'activité vitale des tissus, quoique favorables au dévelop-
ment des végétaux jiarasites, n'ont toutefois qu'une importanoe
l&live, car on voit, chez certains animaux herbivores, des parasites
ijgétaux se montrer sur des parties qui donnent une réaction neutre ou
e alcaline.
■Les parasites ne sont mis en l'apport avec l'organisme que d'une ma-
passive : l'air, comme nous le savons, peut les déposer sur la peau
B sur les muqueuses; l'eau ou les aliments sont quelquefois aussi leur
■Djeu de transport, c'est par leurintermédiairequecertains parasites, tels
elasarcinc, sont introduits jusque dans l'estomac. Les objets qui, chaque
-, servent à l'homme (habits, linges, coiffures, peignes), les instruments
ntil fait usage (rasoirs, etc.), sontdans quelques cas des agents de trans-
jbission cryptogamiqiie. Certaines professions conduisent à un semblable
résultat : les fabricants d'amadou, les brosseurs sont quelquefois atteints
d'accidents parasitaires. Enlin la contagion s'effectue de l'homme à
l'homme et le plus souvent des animaux domestiques à l'homme ; ce
dernier cas s'observe surtout pour l'herpès parasitaire.
Les effets des végétaux parasites sur l'organisme humain sont de deux
ordres : les uns mécaniques, les autres chimiques, Les effets tnécaniquM
lllh * ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
sont les moins dangereux, on les observe principalement lorsque ces
végétaux se développent à la surface de la peau. Par son accumulation,
Tachorion de la teigne comprime le derme, l'amincit et en amène la résorp-
tion partielle, d'où les cicatrices qui lui font suite. Grâce à leur petit
volume et à Ténergie de leur développement, les spores et les filaments
cryptogamiques croissent et se multiplient principalement dans l'inter-
valle des cellules épithéliales, celles de la couche moyenne surtout, dans
les follicules pileux, entre les éléments des cheveux et des ongles qu'ils
disjoignent et dont ils déterminent l'atrophie et la chute.
Le cryptogame s'arrête habituellement dans les couches profondes de
l'épiderme, à la surface du derme cutané ou muqueux; dans les tissas de
ces parties, il provoque une forte hyperhémie et quelquefois une inflamma-
tion proliférative ou même ulcérative pouvant retentir jusque sur le sys-
tème lymphatique ; il ne pénèti^e pas ordinairement dans les vaisseaux de ce
système, pas plus que dans les vaisseaux sanguins; pourtant Zenker pré-
tend avoir constaté la présence de champignons jusque dans le cerveau
chez une personne dont la langue et le pharynx étaient recouverts de
plaques de muguet. Dans la plupart des circonstances, les nerfs de la sen-
sibilité sont irrités par la présence du parasite, et ainsi se développent
fréquemment de vives démangeaisons, comme dans le pityriasis versi-
color, ou un sentiment de brûlure, comme dans le muguet.
Les effets chimiques produits par les champignons sont de plusieurs
ordres. D'abord les recherches récentes et notî\mment celles de Pasteur
ont établi que ces végétaux sont la cause de fennentations diverses, telles
que les fermentations acétique, alcoolique, lactique, butyrique, etc. i>r
ces fermeiilalions constituent quelquefois un étal pathologique, cVsl
lorsqu'elles se prcKhiisenl dans des cavités nmqueuses comme celles (h* l es-
tomac, de la vessie, etc. Les organismes qui, en pareil cas, jouent le rôlod»*
ferment, sont hahitnellementia levure, la sarcine, les bactéries et les vi-
brions. Ils oci'asionnenl le plus souvent de légères incitations, mais quelque-
fois aussi (lesinllammalions graves de la muqueuse qui sans doute provien-
nent des décompositions o[)érées par le champignon plutôt que d'une
action directe de vv dernier. En second lieu, les champignons peuvent
amener la déconip(»siti<>n des matières organiques par une oxydation qui
donne naissance à de l'eau, de l'acide carbonique, de l'ammoniaque et de-^
composés organiques plus simples que les matières primitives. Une quan-
tité relativement petite (h; ces matières sert d'aliment au champignon
qui, suivant l'espèce, détermine un mode de décomposition variée dans unr
même substance. Ainsi agissent les cryptogames dans la putréfaction et
dans la gangrène, car bien qu'on n'ait pas la preuve directe de l'ai-
PARASITES VÉGÉTAUX. 7A5
lion de ces organismes dans la genèse de ce dernier processus, cependant
la fraiigrène est caractérisée par une décomposition des tissus si complète
que Ton ne peut considérer la présence des champignons au sein des
parties atteintes comme purement accidentelle, et cela d'autant plus
qu'un foyer gangreneux ne s'établit jamais à Tabri du contact de l'air
extérieur (1), ce que je me suis eiïorcé de démontrer à maintes reprises.
(Voyez mon Atlas d*Anatomie pathologique).
Certains champignons sont enfin la cause très-probable des maladies
contagieuses ; ce qui porte à le croire, c'est la marche définie de ces affec-
tions, qui présente de l'analogie avec la manière dont se développent, se
propagent et disparaissent les organismes inférieurs, leur incubation,
indice d'une multiplication des germes organiques fournis par la conta-
gion avant l'apparition des troubles essentiels (2) , la présence de para-
sites dans les évacuations des malades et les propriétés contagieuses, au
bout d'un certain temps, de quelques-unes des matières évacuées.
Les parasites végétaux, comme les parasites animaux, accomplissent
quelquefois leur évolution, non pas sur un seul être, mais sur plusieurs
butes successifs, et subissent autant de métamorphoses pendant les-
quelles ils ont des moyens différents de reproduction. Un exemple
de ce polymorphisme nous est fourni par la puccinie des graminées qui, à
l'état parfait ou de puccinie, vit sur le seigle et sur le blé, et qui, dans
une phase moins avancée, c'est-à-dire à l'état d'yEcidium, se rencontre sur
les feuilles de l'épine-vinette. Dans le premier état, ce champignon possède
deux sortes de spores : 1** des urédospores qui le reproduisent constam-
ment chez les graminées (ces spores seraient les analogues de nos bou-
(1) Les expériences instituées d*abord par Spallanzani et poursoivies avec tant desuccès
par Pasteur ont démontré que les substances organiques abandonnées à eUes-mémea
tombent aisément en putréfaction si des champignons peuvent arriver à leur contact,
tandis qu'elles restent intactes si on les expose à une température qui tue les spores, ou
bien si elles sont placées dans une atmosphère dont les germes organiques ont été préa-
lablement enlerés en faisant passer l'air a travers une solution de potasse ou d'acide
tnlfurique, en l'exposant à une chaleur rouge ou en le faisant filtrer à travers l'ouate
désinfectée ou une Tessie sèche.
(2) Dans cette théorie, on doit supposer que les spores d'un champignon, pénétrant
dans l'organisme à travers les bronches ou les voies digestives, se multiplient extraordi-
nairement en un laps de temps variable, mais déterminé pour chaque espèce de maladie,
et provoquent l'explosion des symptômes. Ceux-ci sont la conséquence des conditions
mécaniques ou physiques de la muqueuse, ou bien ils résultent de ce que le
cryptogame, pour se nourrir et se multiplier, enlève certaines substances nécessaires au
corps; ils peuTént être dus i La décomposition des produits axotés en eau, en acide car-
boniqoe et en ammoniaque, ou encore i la production d'une matière nuisible i l'orga-
nism*.
7/i6 ANAT0M1E PATHOLOGIQUE.
tures) ; 2<' des téleutosporcs ou spores d'arriëre-saison qui, après le sommeil
hibernal, pénètrent dans les feuilles de l'épine-vinette et y développent an
mycélium produisant le champignon appelé /Eeidium berberidi$. Gel
yffcidium porte aussi des spores qui , transportées sur des feailles de seigle,
y germent et se transforment en urédos caractéristiques de la puccinie des
graminées et sont susceptibles de se propager sous cette Tonne. Quelques
autresmétamorphosesdumémegenreontétébienétudiées; mais ilimporte
de savoir que Tétude des générations alternantes des champignons est à
peine ébauchée, et que les recherches les plus récentes foites dans cette
voie laissent souvent à désirer.
La culture artificielle est le grand moyen d'étudier les métamorphoses
des champignons ; elle a déjà donné d'excellents résultats et ne manquera
pas de conduire à une détermination plus exacte des espèces. Toutefois
cette étude synthétique est trop peu avancée pour qu'il soit possible de
classer scientiKquement les espèces végétales parasitaires ; aussi nous con-
tenterons-nous de donner une description abrégée des principales formes
de microphytes observées chez Thomme, sans nous appesantir sur les
caractères des groupes de champignons auxquels elles paraissent devoir
être rapportées.
Ces groupes sont d'ailleurs vraisemblablement peu nombreux ; la plupirt
des parasites végétaux qui se développent sur l'homme peuvent être rap-
portés à deux chefs: les hyphomycètes, qui comprennent les mucédinées
et les mucorinées, en un mot la plupart des champignons dits moinssures,
et les schizomycètes, dans lesquels se rangent le plus grand nombre des fer-
ments organisés. Cette division est pour nous d'autant plus légitime que
les champignons du premier groupe n'ont guère que des effets mécaniques
sur les tissus, tandis que ceux du second groupe exercent plutôt sur les
mêmes parties ou sur le contenu des organes une action chimique.
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méd, de Paris, 1875),
§ 1. — UYPIIOMYCÈTES.
Les chonipignons de ce groupe, communément désignés sous le nom
de moisissures, ont un système végétatif composé de cellules allongées,
tubuleuses, disposées en séries linéaires, et constituant des filaments ra-
mifiés de forme régulière, élégante, sur lesquels natt le fruit. Les spores
prennent naissance dans Tintérieur ou à l'extrémité des rameaux filamen-
teux, et s'en détachent à Tépoque de la maturité (1).
Ces champignons se montrent, chez l'homme, sur les parties des sur-
faces extérieures ou intérieures du corps dont la nutrition est plus ou
moins modifiée; mremont ils envahissent les organes profonds, à cause
sans doute de la difficulté qu'ils éprouvent à pénétrer dans ces parties.
Ils se présentent sous des formes variables, les unes parfaites et que Ton
observe en dehors de l'organisme humain, les autres imparfaites, aux-
quelles se rattachent la plupart des cryptogames qui constituent les affec-
tions parasitaires de la peau et des membranes muqueuses; nous étudierons
séparément ces formes.
I
1^ Pénicillium. — Le ^enrc pénicillium est caractérisé par un mycélium
rampant, qui donne naissance à des filaments dressés, cloisonnés, si'
terminant en un pinceau de rameaux, dont les extrémités portent des cha-
pelets de spores simples et nues (fig. 2^7). Les organes de fructification,
du moins ceux du Pénicillium glaucum type du genre, sont complexes:
ce champignon a tout à la fois une reproduction asexuée ol une repn>-
ductioii sexuée dont les organes sont contenus dans un sclêrote.
Les Pénicilliums coiistituoul la plus grande partie des moisissures qui
s'observent sur les matières végétales en décomposition (pain, fruit , «t
plus rarement sur les matières animales. Ils n'ont pas été vus ch»'X
(1) Le groupe des hypliomicètcs, anciennement Tormc, est tous les jours déineinbri\
les plantes qui le composaient n'étant souvent que l'état de reproduction infcrieur lo»-
nidien) de champig^nons d'un ordre supérieur 'yThccasporés ou Basidiosporés) . l.es dcui
premiers genres dont il est question ci-après sont dans ce cas; mais comme les fructifi-
cations de l'ordre le plus élevé ne se rencontrent pas à l'état de parasite chei rhommc ou
les animaux, il est plus simple de conserver la classification primitive, toutes réserws
faites sur sa valeur botanique. •
PenkMHm
PARASITES VKiikTAlX. 749
rbomme, du moins ii l't'lal de complet développement; mais on t^roit
assez finiit^ralemenl que certains fiaïasites cutanés ne sont que des furnies
interniédiaii'es de ces végi'laux.
L'action du Peniallium tflaueiim a è\ê expéri-
PKtiléesur des animaux vivants. VVerthcim, ayant
injeclû dans In veiiieju}:ulaiiv de plusieurs chiens
8 ou 10 centimètres cubes d'eau distillée tenant en
suspension dits débris de ce végi^lnt, vit apparaître
sur lus |>atles de ces animaux, vingt-quatre heui-es
après l'oitération, de petites tumeurs rouges
phlegmasii)ues dont \vs eaiwX^nii objectifs rap-
pelaient ceux ci une éruption psoriasique; en
m^nie temps, il retrouvait les éléments du tlinni-
fugiion dans les parties malades et constatait
l'obstruction des capiliain's. Cet auteur conclut
de ))> que les spores du Prn/c////mni7/uucur/i iiitru- >''"^- !47-
duiles dans le sanii par nne voie quelconque, na- a LmnTnu'ii'''"'* "^ °'""'"'
tui'clle on artifieielle, sont suspeptjlilcs de sar-
n>ter dans les vaisseaux de la périphérie et d'y produire une nndiidie de lii
pettu analogue ou identique au psoriasis. Leplat et Juillard, pour vérilier
ces faits intéressants, délay(>rent des spores du Pénicillium glaucum
dans de petites quantités d'eau distillée, et, les ayant injectées dans le<
veines de quatre chiens, n'obtim-ent aucun résultat positif ; du moins ils
■l'observèrejit aucune éruption.
ttiHt.ioi-.RApiiii':. — Consultez lu parlic liolaiiiqiie de la bibliograpliie );i'-néra]e.
— Wr.iiTiiKia, Communieatioii li la Société impîrîalc de li"nji*, 11 di-uenibrc
1863. — Lkput et J.tiu^tnr, Aeiiott du Pe/âcillium et <h l'OnUum Tiuktri
tiir rreonamie imim<ile (r,iiz, île* HApiUmx, 186â, p. 399j. — 0^;tn BiiKFEi.n,
B"lan, Vntcriueh, ubir Sehimmtlpihr, T |i;ti'lic,dV Enlwkhelitna von Pi^nialUiim ,
mil 8 lilb. Taf. LeipiJK, 186/|.
2" Aip/rgillii*. — l.c genre Asper^ille {.\spcrgiltas Michelî) est ronstilué
par un mycélium épais, ramilié, incolore et formé de filaments minces,
les uns déliés, simples, non articulés, les autres tubulés et articulés. Les
p^-dicules, généralement inarticulés et presque perpnndiciiliu'i'es au
mycélium, s'élargissent fi leur extrémité libre et se rendent en une sorte
d<r petite léte globuleuse dont la surface est couverte de cellules on
spores dis|>osé(^s en chapelets et dont l'ensemble produit un petit ca|iitul<'
d'un vi'il WemUre. Les organes de reproduction sont de deux ordres, des
conidies et des conceptacles d'Furolium ;fig. 2â8, c et b).
750 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Les diverses espèces d'aspergille, très-répandues principalement sur
le vieux bois, se rencontrent encore sur les substances animales dessé-
chées ou il demi putréfiées et placées dans un milieu humide. Ces
cryptogames peuvent exister chez les animaux ; ils ont été observés d'aboid
sur les sacs aériens des oiseaux, puis dans les cavernes pulmonaires, le»
bronches des phthisiques, dans la cavité pleurale des malades atteints de
pneumo-thorax, etc. Développés sur des surfaces libres et à une certaine
période de leur évolution, ils forment tantôt des plaques isolées et bien
limitées, tantôt un enduit irrégulier, diffus, de couleur blanchâtre ou vert
grisâtre, sale, et rappellent les moisissures par leur aspect. Les organes
les plus exposés à la végétation de l'aspergille chez Thomme sont le con-
duit auditif externe, les ongles et les poumons.
Dans le conduit auditif externe,
Taspergille s'observe à Tétat de par-
fait développement, avec mycélium
formé de filaments fertiles ou récep-
taculaires, et des spores libres. Le my-
célium consiste en un lacis com-
plexe, embrouillé, de filaments stéri-
les, fins, noueux, diversement tordus
et ramifiés. Transparents et incolores,
ces [filaments renferment à leur extré-
mité un plasma finement granulé,
et dans leur continuité une substance
limpide, homogène. Les filaments les
plus larges ont leur contenu souvent
interrompu par des vacuoles ; les plus
fins permettent seulement de distin-
guer un contour simple et l'absence
de toute articulation, tandis qu'avec
l'accroissement de la largeur on re-
marque l'apparition de contours dou-
FiG,2àS,— a, Aspergilius ghucu6;b, COU' \^\q^ qI d'articulations produites par
ceptacle d'Eurotium; c, conidies sur '^ n i •
leur ceUuiemère ou sporopliore (d'après ocs cloisons transversales cellulaires.
G. Cookc). Les filaments fertiles (réceptacu-
laircs) sont des tubes cylindriques simples dressés à angle droit par
rapport aux filaments du mycélium qu'ils surpassent toujours en gros-
seur et en largeur. Ces tubes rigides, transparents, sont quelquefois par-
tagés par des cloisons cellulaires transversales. L'extrémité libre de ces
filaments est formée par un renflement en sphère ou en ovale oblong ou
■■.viiAziiiËâ véi;ktaux. 75( l
isversal (tig. 2fii>}. La suilace est couverte de cellules qui produisent
V pelit chapelel de spores dunt l'ensemble furme un capituled'un
l bleu&tre. Rangées eu l'orme de lils de perle, ces spores, répandues eu
lyons dans toutes les directions, sont de jietites cellules spliérîques, d'un
^niètre de 0""002 à 0°'"003, qui, nées de a'Uules Imsules, entourent le
Seplacie. Elles Tormont des chaînes voisines les unes des autres et se
lersent par le moindre attouchement.
U'aspergitle du conduit auditif exleriio se développe principalement sur
— Aspergillux nigTkans, Wr., ïigélanl dnn» le oéruinen do l'oreille; l'un det
f eapilulea b montre la dispogilion ries cellules s po repli ores, — a. Spores â un plus fort
ment monlrsnl la même slruclure qui- celle de VAsptrgilhii glaucus, Lk.
4'iprèiuu dMiin de H. deSeynes).
Itnembranedii tympan, è la surface (Je laquelle il forme comme une
sse membrane, épaisse de 1 h 3 millimètres, consistant en un tissu
menleux , lardacé, blanc et luisant, friable et couvert en plusieurs en-
Oits de taches jaunes brunâtres {Aspergitlttâ flavescens), ou de taches noi-
■tres (AspergilCas niyncuiiî); toutefois cette diiïérenced<> coloration u'in-
Eque pas des espèces diiïéreiites, mais des variétés de YAspergitlus
ucug, comme Wreden semble l'avoir prouvé.
F Au\ ongles, l'aspergille ne se produit guère qu'après une exfoliation
kilable de la couche épidermique; il commence à ta racine pour
pétendre ensuite en dessous de l'ongle qui s'épaîssit, et donne lieu à des
Jaques d'un blanc jaunâtre, soit dans toute l'étendue de l'organe, soit k
I partie antérieure ou latérale. Dans les poumons, ce parasite se développe
r des parties dont la nutrition est préalablement modifiée sur d<^ ulcères
752 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
tuberculeux, au niveau de foyers inflammatoires ou gangreneux, princi-
palement chez les diabétiques. Il se présente sous la forme de petites
masses gris verdàtre ou brunâtre, sans odeur, villeuses et comme écail-
ieuses, sales, d'aspect velouté, et nettement distinctes des tissus qui leur
servent de support.
Si une certaine modification des tissus est nécessaire au développement
de Taspergille, il n'en est pas moins vrai que ce cryptogame ne manque pàs
de produire l'altération des tissus sur lesquels il vit(1). Les conditions de
son développement sont les suivantes : un terrain spécial, apte à la ger-
mination du végétal comme des tissus en voie d'altération, une atmosphère
particulière contenant des spores d'aspergille, puis un certain degré d'hu-
midité et de température.
Bibliographie. — Pacini, Sopra una muffa parasita {mucedo) nel comidlo
auditivo estemo. Firenzc, ISfl, p. 7. — Mayer, Archiv f, Anat. und Physi*}!.
de J. Mùllct\ p. /i84, t. X, 18/i^i. — xMeissnkr, Vierordt's Archiv, 1853, t. Xll,
l>. 193. — ViRCHOw, Vcrlunuil, d. phi/sikal med, Gesellschaft zii Wùrifctm^
t. V, 1854, p. 102. — Le même, Archiv f, pathoL Anat, und PhysioL, etc.,
t. IX, p. 557-593, pi. IV, 1856. — V. l)iîscnctPAGENSTECKER,Aspergii/itfj)i4/i»<r-
7ium homims(Arch,gén. demèd,^ t. J, p. 738, 1858). — May-Figueira, Cryptotj.
développé dans le poumon humain {Gazeta med. de Lisboa, 1862, p. 625). —
J. PuHSER, Deux cas d'onychomycosis (Dublin quarterly Joum. of med. scien^-t,
nov. 1865, p. 353). — A. Collas, Note sur la teigne des ofigles (Arch, de mrd.
navale^ t. VllI, p. .'i.")3. Paris, 1867). — Ludwig Stieda, Ueber Pneumonomy-
coaifi asperfjellina bn Voijcln (Archiv f, pathoL Anat. und Phi/siol., t. XXXVI,
p. '276, 1866). — R. Wki:di:n, Sur une nouvelle forme de maladie d'ontlU
jyroduite par le développement de deux espèces de champignons parasites dut^s /».
tissu de la membrane du tympan Congrès méd. international de Parl^^ auùt
1867. Paris, 1868). — A. Laboilbéni:, art. Aspcrgille du Dict. encyclop. dts :?(,
mèd.^ t. VI, p. 577. Paris, 1867. — P. ?m\\^\\\'sc.^}^^ Beobacht.iibtr Lunginmij-
cose beim Menschen {Archiv. f. pathoL Anat. und PhysioL, t. LXVI, p. 330;. —
J. i»i£ Seynks, Soc. philomatique de Paris y séance du 13 mai 1876, et V Institut,
ïlmai\Sl(y.
3" Mucor. — Le genre de ctiampignon ainsi désigné par Micheli osl
formé d'un mycélium qui se répand à la surface ou dans l'intérieur du
suhstratum nourricier et donne naissance à des filaments dressés pn>-
duisanl des touffes veloutées. Chaque filament se termine par une petit*'
(1) Muhlenbcck, de Mulhouse, a observe un cas d'enipoisonnemeni de deux t«nnolifr>
par VAsperyi/ius ylaucus, et Grolie, en injectant des nspergilles, a pu donuer lieu à une
infection générale.
PAriASirEs vKiiKTAUS. 75J
jfcère membmneuse ou Sjioi-aiigc, qui ainlicut d<;s corps rt^producteurs
1 spores d'ori^'Jno a^me (lig. 1250). Un mode de reproduclioii agamudes
1 lieu par des cotiidies qui se dévoloppetit à l'intérieur des lila-
ats inycéliens ; mais il est eucore poiir ce champignon des organes île
Kluction appelés zygosporas qui se formenl |>ar conjugaison de deux
ments semblables en contact par une de leurs extrémités, germent au
lenl S|)orangiréro
n certain temps de repos et produisent
^s donner nai&sance à un mycélium. Le sys-
pie végétatif ne provenant jamais que d'une
i d'une conidie, il en résulte une véri-
Ue alternance de génération,
tes mucors se reuconlrent communément
■ les substances organiques ou les excré-
snts des animaux. Une des espèces les plus
laudues du genre, le Mucar mucedo \l.\nné),
s trouvée par LilKinann et Eiclistaedt dans
t excavation gangreneuse du poumon. Ce
uiie se présentait sous forme d'une masse
e formée do filaments parsemés de globules
poodis, adbérenis aux parois de la caveiiic
^terminés par un n^illenienl couronné d'une
ede cellules ovali's ; mais il nVsl pjis cer-
t que, dans ce cjis rapporlé pur Sluylep , il
|J5'>^tisse pas autant d'un Ai/ieri/illuimue d'un Mucor. Dans un travail
, Kurbringer a douué le dessin d'un Mucor mucedo qui occupil
1 hi-uncliioles pulmonaires d'un malade mort de ciincer de l'esloniac et
s poumons.
^BiRi.iOGit.iriuE. — Sr.L'YTEii, Du a''jflabilil'its oiytutixmi animalis 'parasitU, Ben>>
, lK/i7, p. 1fi-2!), lig. I. — Ch, Robin, Uisi. naî. âct vigttaux parasites.
Iris, 18Ô3, p. 611. — Vin TioinEu et G. Leuonnier, Comptes raid. Acad,
Wgdmces, 15 avril 1872, et Revut des eoitrs seicntif., n' Û3, p. 1028. Paris,
f72. — J.uëSeynes, arl.Miicoii, duDi'ct. mcyclop. de» Se, méd. Paris, 1S71. —
TruBHiNCKn, Beoh'Khtvng aber Ltmijeamymft beim .Vrnsehm ^Arrhirf, pnlhol,
mdPhjml.. I. I,XV|. p. 330.)
hC 350. — 1. Muc'ir mu-
ceiio avec Iraïi spnrBnges
(Cunke). b. Aulre Mucor
mw:edu, un Mul sporange.
t" C/iioiii/p/ie Carleri (Berkeley). PlEi) de M.lUU.U, — Ia' cliamplgnutl
dt'couvert i-écennnent par Carier dans le pied de Madur.t, it qui a reçu
LfcïeEriEAiix. — TrJilf cl'An.il. puUi, I, — 48
e^l
75Ï ANATOUIE FATaOLOGIQUE.
(le Berkeley le nom de Chionypbe Carteri, est une moisissure rouge de
la famille des mucorinées, voisine par sa forine de certains cbampignous
aquatiques, mats dont l'Iiabitat est encore inconnu.
Ce champignon est composé d'un mycélium formé de tubes cloisonnés,
plus ou moins cylindriques et ramiliés , de cellules allongées, rondes ou
irrégulières sans noyaux (lîg. 251). Les tubes émanent d'une masse
centrale cylindrique; ils offrent, les uns, une transparence parfaite, les
autres, une teinte sombre onmge ou sépia qui semble avoir son princi-
pal siège dans la paroi. Lestnbes
a colorés sont en général de
■ faibles dimensions tandis que
les tubes coloies sont pluslar
et ont souve it d s parois Uw
epnisses C est u la présence i
ces derniers et a la matière in
len lediaire qui les sépare qur
ont dues les teiules di^ersn
pie entées par les corpuscules
ou masses provenant des Iraj Is
iistuleux du pied de Madura l'n
certain nombre de tubes offreni
il ureUiemit de iinllemenl
cellulniies ronds ou o\ales qu<
l'on a pu considéror coiiinn'
i la produclioii dos spores (Tilbury Fox). Cellos-ci sont lê^én--
menl fusifornirs.
Le Chioi)iji)lie Caderi péiu'itre et s'i^lcnd dans les tissus de l'homme ii la
façon des parasites végétaux (|ui envahissent les phuitos ligneuses. L'alTci--
tion qu'il détenniiio occupe ordinaircnu'nt U^s pieds cl les mains, r.ireiiu'Jil
ollf s'élfiid au delà du cou-de-pied ou du poiguol, clic laisse Irsdoigli
intacts (1). Après une période d'incuhalion et une durée rncoro indclfr-
inînée, elle s'aunonci! lantùl par une petite Induration livide et indiilenlr.
tantôt par une vésicule, un abcès, une bulle. La main quelquefois, plus
souvent le pied conniicnce à mifler, devient globuleux, aa|uiert un
volume triple ou quiidniple; les creux s'effacent, puis des ouvertures
fongueuses se produisent, il survient une suppui-ation abondaiili-
1 (Tilburj Fuxj.
destin
(Il Unr alU'ration du iiciiillaire inrùrii
iVKputie ijravp, Scrail, suivant qiioUiUf
iltcrilc sous k' iium de pieil de Madura,
r observée dans l'Inde et di-si);née sous le b«w
médecins, de uièiiic nature que l'altérdliui
piB.vsiTEs vÉGÉrarx. '"fêS '
■ «qui sp rnnlinue pendant des années, jusqu'à l'èpiiisement complel
(Iti malade : ainsi cette aiïeclioii (fig. 233) a de la r<'«senibianiH'
avoc certaines luanifestatiuns scrofuleuses. Le pus, lénu, sanieus ou
siTO-purulent, tient en suspension dus corpuscules ou masses com-
parées à des grains de poudre, k de petites ^ines, celles du pavot, par
lemple, noirfttres ou rougefktres el-dans le fait absolument caracléris-
[ues. Quand le mal est iiucien, le pied est sillonné dans tous tes sens
t (les canaux sinueux, reliés entre eu\ par des anastomoses et p>^ni'ti-ant
, qui sont altéi-és, excavés, nécrosés. Souvent, dans leur
Mjel ou à leur extrémité profonde, ces canaux forment une sorte de
kystique; ils sont tapissés par une membrane plus ou moins
taissp, velvétique, friable, pftle, non
jcuiaire, et renferment k leur inté-
!Ur des parcelles noîivs (variété
Henolde) ou des masses d'un rougo
toine (variété ochroïdc) formées,
e l^-s corpuscules qui s'en écbap-
., par le champignon ou pin- ses
kris (Carter).
î pied de Madura, alTeclion endé-
e dans quelques parties de l'Inde,
tncontre dans les contrées du
de la pivsidence de Madras,
[ principalement dans les envi-
ps de Aladras, de Pondichérj' et
ou-2. On le trouve encore à Di- f"-- 252- — Pi
sur les frontières du Pendjab,
s les déserts de l'Inde, ainsi que dans les États de Itadjaslnn, à flissnr
rvince de Deibi), puis à Kutch, dans le Guzerat et le Sindh ; il n'a pas
signalé dans la province du Bengale, et n'esl connu que dans les
Tîcls Nord-Ouest de la présidence do Rombay.
rtte affection a pu être rapportée au sol, et l'on a accusé le leiTuin nui-
1 ou dolomitiquc [CoUon Mil) de la produire. C'est lit une opinion
S parait plausible, si l'on réfléchit que les terres îi colon, en vertu de
' constitution physique, présentent toujours un très-haut degré
htimtdtté, même pendant la saison sèche, et que par suite elles sont
npres au développement des fonnes inférieures de la vie végétale
Btis il faut avouer que jusqu'ici oUe ne- repose pas sur des dumn'-es
■ttaquables. Ln question de savoir comment des spores de cbampi-
BoRs peuvent s'iirlroduire ri se lixer dans les tissus n'est nuUenit-iiI ré-
lu docteur Collas).
756 ANATOHie PATHOLOGIQUE.
solue^ mais il y a lieu de remarquer que le pied de Madura atteint ordi-
nairement les hommes de vingt à vingt-cinq ans, qu'il n'est guère ob-
servé que sur les natifs et particulièrement sur les Hindous, circonstance
d autant plus importante que les individus qui portent des chaussures,
comme la plupart des Européens vivant dans Tlnde, sont presque
tous à labri de ce mal. Or si Ton considère que TafTection se dé-
veloppe spécialement au^c extrémités inférieures et de préférence aux
pieds, on peut concevoir facilement Tinti'oduction de spores provenant du
sol ou de tout autre corps mis en contact avec les pieds, comme par
exemple les plantes. Cela serait d autant plus vraisemblable que le pied de
Madura a pu être attribué aux piqûres causées par les épines d*uue
espèce de Mimosa fort commune à Madura (Colebrooke), et, dans ces con-
ditions, on arrive à se demander si 1 opiphv te n'a pas quelque relation de
coexistence avec celte Mimosa.
Les connaissances que nous avons du pied de Madura, quoique fortin-
complètes, doivent cependant conduire à rechercher si plusieurs affections
analogues, telles que \es boutons d'Alep, de Biskra (!}, la plaie de rVémen,
les ulcères de Mozambique^ de Delhi, de Cochinchine, etc., ne sont pas sous
la dépendance d'un parasite animal ou végétal. L'idée que ces diverses
affections sont de nature parasitaire est d'autant plus admissible que leur
extension géographique est moins grande; mais d'ailleurs il semble re-
connu que quelques-unes d'entre elles, les boutons d'Alep, par exemple,
tiennent aux qualités nuisibles des eaux de la localité.
IJinLioGRAPiiiE. Pied de Madura. — Kakmpker, Amœnit. exoiicrr, p. .*»6i.
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Bombay, 1855, 273. — Cdllas, Lcçom sur la dê'jé né ration endémique </»>
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India. Bombay, 1861; Patholoij. transnct., sér. 2, t. XXIV, pL 5, p. 169. —
Le même, Brit. and foi\ mcd. chimnj. Rev. XXXII, p. 198, 1863, et 0/<
Myceloma or the fuwjus diseasc of India, London, 187Zi. — Biddie, Madras
quart. Journ. of mvd. science, apiil 1862, p. 222. — Aug. Hiksch, Arch.
f. path. Anat. und PhysiuL, t. XXVII, p. 98, 1863, trad. fr. dans Arch^
deméd. navale, t. II, p. 6S. Paris, 186^4. — Berkeley, Transact. ofthemed.
and phys. Society of Bombay, n° 6. — Ch. Coouerel, Sur l'examen viicrosc)-
({) Au moment où nous écrivons ces lignes, nous avons connaissance d'un travail de K.
Webcr, itititulc : Etudes sur te bouton de Biskra (Recueil de mcm. de chirur^. et de
pharm. milit.,i. XXXU, p. .'il, 187C), «lans lequel cet auteur soutient la nature conlagieu-v'
«lu bouton (If Diskra, et rapporte que Carter a trouvé d'une manière certaine, à l'examon
d'une pièce anatomique qu'il lui avait adressée, un véritable cryptogame dermoph} le, m
cupant les petits canaux lymphatiques de la peau. Ce dermopbytc s'est montré souslaspeii
de petits lilamenls entrelacés et fournissa-it des spores (conidies) à leurs cxtrémitcs libres.
PAIUSITES VK(;ÉT\CX.
757
4 def liifoia que l'on oliserr.r. Jojm VaffeetioJi connue sous les noms de pèrkal,
i de Htadura {Comptes rendui dri stunces et Mém. de la Soc. de biologie,
, avec planche}. — T. Fok, VtiiiQUs-foot of India {Tiiuisart. ofthe patkol.
L ofLomlon, t. XXII. p. 32(1, 1871). — L. Vinceni, AitAimï de médecwie
ie, l. XXIV,p. 157. 1875.
iouton d'Alcii. — Lkhoï pe Mebicolut, ail. Bouton d'Alfj) du Did. eney-
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née notmelle, ou dermatose ulcércime observée à Biikra. Thèse de Puris, 1847.
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2° Achorioa ScMnleinii [Rcmak].TEii;;«E faveuse. — Le mycélium de ce
cliampi^iion se composi' de tubes cylio-
driques, llexueux, ramilles, s&a» articles ou
cloisons, vides ou contenant de rares gi'a-
nales moléculaires. Ces tubes domteiit
naissance un\ l'éceptacles qui contiennent ^
des filaments articulés et remplis de spores
(lifî. 253). Celles-ci sont de grosses cellules
larges de 0,005 h 0,007 mm. rondes ou f,c 253. - Tube myriiiend*!'-!-
ovales, libres ou articulées bout à buutavec cAorionScftœn/niiiiaexueui.iup-
j .- 1 ,- . porlanl des lUamenU arlicul^.i
resserrement au niveau des articulations et ^„, vdiumin^uT. rcmplii <l« tpo-
sans apparence de membrane enveloppante "'• «' «p^fes librci ou nj rfgée».
_. , .- . , ,1 . (500 dinmiirci».
commune. Irès-refringentes, nullomenlmo-
difiées par l'action de l'eau ou de l'acide ncélique, ces spores présentent
k
w
FiG. 231. — Coupe microicopique de U peau »a niveaa d'an c<idel f«TÏqn
detiin do Ch. Remy). A, couche granuleuse formée par ralUration du r^
el de la partie lapurHcielle du derme ; B, lubei fiai, parallèles et verlic
mictlieni; C, spores el tubes spurifères; n, papille ; //, taisseva san^
papilles hypertrophiée! ; c, couche épilhéliale iiterpapillaire respecta
favique; d, Taiiseau lymphatique el pi-ri'li'mphangitc (150 diamètics).
sillon des ongles, où il s'inorulo quciquel'ois par le grattage.
occti]>e les couches profondes de l'épidémie, iiolamnienl la
rieure du conduit épidermique du poil, où îl semble prendre
de là il s'étend, d'une part, au pourtour du cheveu, dont il
chute, d'autre part sous tn couche cornée qu'il détruit ; il i
jusqu'à la couche papillaire qu'il niodiRe, comme j'ai pu I
P0[ASI1E!Î VÉr,ÉT*lx. 75»
idc rarinccirculaii'c, ou (liiïuHp cl étendue. Les |)nils devicnnonl
i, perdent leur couleur et se laissent racilcment armclter; dans
Ks circonstniii'i;s, um'. éruption putitiileusp disnriHc prée^de ra|i-
des godets fnviques. Plus tard ]<■ cliampjjinoii apparaît extéiieti-
Ifioiis forme de <»iicri;tions jauitfttrcs, frialiles, Tnciles ii réduire en
kre par la prcssinu ; les clicvtius s'altiirent davantage, mais le hiillx'
0e encoro de sécréter les élé-
I nécessaires ii leur nutrition,
pd enfin l'nltûration îles am-
flifôres d'où résulte une calville
trr, et le onrasite, au I)oul d'un
I temps, ne trouvant plus à la
t cnlinminée du dcrino les élé-
Inécessaires (t sa nutrition, pé-
lest alors que des cicatrices
les plus ou moins irréguliëres
lui succMeiit.
I&nt le cours de cellei-volution.
présenlr (les earactères objec-
lez diffL-iviits pour que les im-
lient èlé conduits fi lui recuii-
Irois vai'iétésdc forme : le faoug
•e ou Tavus iivolé dissémine en
le fm-iis fevlifi)rvu ou Tavus
nulaire en écu, en amieauic, en
i, et le fariix fquiirit'ij: ou Tavus
en t^illies iiii Trac tueuses,
enfant représenté ligui
l sur le tronc une masse favique
ndue d'une pièce d'un Iranc.
l'crherches récentes tendent îi
(jiie le Pénicillium glnucum est
If du favus. Hallier, ayant
y Arliari'in Scliœnltiriii avec du
e citron dans un appareil à isolement, vit les rnnidies de ;c
ipnon fiermcr et pi-oduiits le pénicillium ; d'un antre rrtté, ce même
iK-ntnIeur, aprc^s avnir di'')H)sédes spores de pénicillium sur In peuu
imme, produisit une éruption analogue h celle du premier dejtré
loppemenl du favus. Hnumgarteii prétenrl aussi avoir pu pi-oduii*
nillium par la culture de l'achorion sur de la colle d'amidon ; mais
Fir,. 255. — Enfant Usé <ie in
leinl (l'un Futut tcutifarm» occiiiiant h
!■ TuU l« iranc i>l la Itlt. n, tmtttf ravjqtip
titillée un peu su-dcMOiu du ni*m«lun:
n', crtlc maiM! grouis nflVe l'iislii^rt ilii
\Atttt lin menniie «mpilrpt ri iln pin*
i^R t>lu« pctilo*. Dn maun lemblablr»
la l«te.
758
ANATOUIE PATHOLOGIQUE.
(laus leur inlérleur une Hne pousbière de granules luoléculaii'es doué»
d'un mouvement brownien Irès-vif se produisant après l'action de l'eau.
L'achorioli de Schœnlein se développe chez rbommeparticulièremenl
sur le cuir chevelu, mais il peut se rencontrer sur toutes les parties du
corps, la face, le conduit auditif, le Ironc (Hg. 355} et surtout au niveaudn
FiG. 25S. — Coupe microscopique de la peau au niveau d'un godel TaTiquc (d'après un
dessin de Ch. Remy). A. rouclie granuleuse farmée par l'allération du réieau muqueu\
et de Li parlie superftcicHe du derme ; H, lube» fins, parallèles et verlicau* ou tubts
myoï'tiens; C, spores et lubes sporifére); », pnpillt ; />, vaisseau Efin|;uin Mali dfi
papillei liypcrtropliiées; r, couclie 6pilhËliale ïnterpapillaire respectée par le p>dfl
favique ; (/, vaisseau lymphatique el pi'^ri-lyniphaiigitc (l&O diamètrea).
sillon des ongles, où il s'iiiociilp quelquefois par le grattage. Ce ))ai-asili-
occupe les couches profondes de l'épiderine, notamment la parlie iiifi'-
rîonre du conduit épideniii<|ue du poil, où il semble prendre naissance;
de là il s'étend, d'une pari, au pourtour du cheveu, dont il amène la
chute, d'antre part sous la couche cornée qu'il détruit; il arrive enliii
jusqu'à ia couche papilhiire qu'il niodilio, comme j'ai pu le voir avtv
mon interne, .M. C.li. Ilcmy (fig. 254). La dépression centrale et la dispo-
sition en forme de godets des petites masses hémispliériques d'un jauiK'
soufré, à la surface dn cuir chevelu ou de la peau, cormucs sous la déni>-
minalion de godets faviqnes, est due au dépérissement du champignon
bien plus qu'à son adhérence an poil.
Le favus commence par une rougeur érylhémateuse peu vive, circoii-
^x
- 'italUSRIS VÉGÉTADX. 761
<5onlPe à tout âge chez l'homme, maïs il est plus
* chez les individus lymphatiques ou scrofuieux.
•e cette affection chez deux enfants débilités
• récemment entrés dans mon service
étaient en nourrice ; chacun d'eux
♦. La malpropreté et la misère
<^. Mitres circonstances y pré-
<>, *■<; '^ .<, 'squ'ici, en effet, il est
V *'',., ''^,. y-y^ ■' _. ^nrs individus s'ar-
• ' ■* » '■< # ^
V "''.y'^-^ts •-*:4 '^'•V, *>, «V ''es autres, ou
•^^ '% V V* A
'H *•?. >^ "Sx
'"^^"'^ .. - ^2, pi. m, fig. 5.
•4 * . 72, 309 et 338. —
jlonthly Joum. of mcd. se.
^81-295, pi. XV, fig. 7, 8, 9.
umj, Berlin, 1845. — Lebkrt,
i^ÉvEiLLÉ, Dict. univers, d'histoire nat,
., Arch, f. physioL Heilkunde, XI, p. 24û,
^eméd. de Belgique, 1853, p. 'J27-2r)5. —
,ité, VI. — Bazin, Uech. sur la nat. et le trait.
.1 Affect. cutanées parasitaires. Paris, 1858, p. 81.
tifit. des végétaux parasites. Paris, 1853. — Th. Stark
Misch Ztschr. f. Med. u. Naturw. H, 2, 1865, et Schmidt's
.'. XXX. — Bergeron, Etude sur la géographie et la prophylaxie
iU. d^hygiène et de mèd. légale^ série 2, t. XXIII, p. 5, 1865). —
, Fams duixh llcrpes tonsurans erzeugt {Arch. d. Heilkunde, VII, 1866,
- G. Baumgarten, St Louis med. and surg. Jouni., p. 27-31, 1868.
>R, liecherches expérimentales sur la transmission de la teigne de
IX animaux et réciproquement {Extrait des Comptes rendus de VAcad.
i de Paris, 1808 et 1869). — Horand, De la transmission du favus
t et un rat [Lyon médical, n* 21, 1873). — Ch. Remy, Bull, de la
nique. 1875, série 3, t. X, p. 379.
ophyton tonsurans (Malmsten). Teigne toxsurante. — Ce champi-
se déterminante de Therpès circiné, de la teigne tonsurante
lentagre, se compose de filaments articulés constitués par des
ichatnées en filaments nioniliformes qui se développent dans
r de la substance des poils en suivant la direction de leur
(fig. 256). Ces spores sont rondes ou ovales, transparentes,
, à surface lisse, d'un diamètre qui varie entre 0,003 et 0,006;
unes offrent une tache distincte ou un noyau mal circonscrit,
760 ANATOHIE PATHOLOGIQUE.
d'aulrcs expérimentateurs n'ont pas obtenu les mêmes résultats, de sorte
que ces données, pour être acceptées, demandent à être confirmées parde
nouvelles recherches.
Le chien et ie chat, mais surtout la souris et le rat, sont des animaux sujds
à TalTection qui nous occupe. On trouve chez ces animaux, dans certaines
régions, principalement aux pattes et à la naissance de Tongle, des croûtes
épaisses, cassantes, d'une couleur jaune soufre ou gris terne ; elles af-
fectent, grâce à une dépression centrale et à une élévation des bords, la
forme d*un godet dont le diamètre varie depuis un à deux millimètres
jusqu'à un centimètre. Par la suite, les godets faviques se multiplient,
s'étendent en surface et se réunissent.
Éliologie, — Le favus nous vient quelquefois de nos semblables, le plus
souvent des animaux, et ainsi s'explique le fait de la plus grande fré-
quence de cette affection dans les campagnes et de sa rareté excessive
à Paris. Bazin et son élève Deffis ont démontré la transmissibilité du favus
par inoculation de l'homme à Thomme. Saint-Cyr, après avoir répanda
sur la tète d'un chat épilé à l'aide d'un épispastique de la poussière faveuse
provenant d'un autre chat, et fixé pendant deux jours cette poussière parun
emplâtre de diachylon, a vu apparaître sur la surface dénudée un ou plu-
sieurs tubercules grisâtres, très-petits, doux au toucher, ayant à leur
centre une dépression traversée par un ou plusieurs poils. D'abord grise,
la croule prit ensuite une teinte soufrée, d'autres godets se formèrent
au voisinage du premier, puis ils s'agrandirent, se rencontrèrent et linirenl
par se confondre. Le même expérimentateur, après s'être assun» que
la teigne du chat se communique au chat, inocula à cet animal la leiime
de l'enfant et obtint les mêmes résultats. Ainsi, la teigne de Thonmie est
transmissible aux animaux ; la réciproque est également vraie, car Tn|n<T
de Lyon, s'étant inoculé au bras la teigne de la souris, a obtenu deux godets
bien caractérisés. Conséquemment, il y a lieu de croire que ce sont les
animaux les plus inférieurs qui, en raison de leur genre dévie, contradcnl
le favus qu'ils transmettent aux animaux domestiques plus élevés, lesquels
le communiquent à l'homme. D'un autre côté, si la transmission du favus
a lieu par inoculation, on comprend qu'elle puisse se produire par un contad
médiat ou immédiat, principalement sur une partie privée d'épithéliuïn; la
contagion par l'air est à notre sens fort douteuse, bien qu'admise par Bazin.
Indépendamment de ces conditions absolument nécessaires à la trans-
mission du favus, il est des circonstances plus ou moins favorables au
développement de cette affection. La contagion, facile à produire chez k*s
jeunes animaux, présente des diflicultés chez les animaux adultes. Le
P.UnslTES VÉCÉTAUS. 78!
rus, il est vrai, se rencontre h tout flpe cliez l'IiomniP, mais il csl plus
Dimun dans t'enfance et chez les individus lymphatiques ou scrofuleux.
e moment mftme, j'observe celte aiTection chez deux enfants débilités
r une mauvaise alimenlalioii et récemment entrés dans mon senice
r retour de la o.impagiie, où ils étaient en nourrice; chacun d'eux
kôait habituellement avec un jeune chat. La malpropreté et la misère
porisent le développement de l'achorion ; d'autres circonstances y pré-
iposent, mai heureusement nous les ignorons. Jusfiu'ici, en effet, il est
iépossiblede dire ]>our(|uoi le Tavus inoculé k plusieurs individus s'ar-
e chez quelques-uns, continue de croître chez quelques autres, ou
Wrae ne peut germer.
ïtMJOcnApniE. — ScLiŒsi-EiN, Mullers Archie, 1838, p. 82, pt. III, fig. 5.
^{iiivm.Comi.tesreiiil. de l'Institut, iéAl, 1. XIII, |). 7'^, S09 et 33B. —
llg, Benheit, O/i ihe tegetabie «al. o/Tineafavosa (Mo/ii/i/i/ Joum. o/ med. «.
Ida). — Haskovcb, Milliers Arcbiv, ISdî, p. 281-29r), pi. XV, lig. 7. 8, 9.
» fteuAK, DiaQii. wtit jiatho^en. Viilersitchwiti. Berlin, 18ûS. — Lebebt,
\fiawl. pathoL, t. II. Paris, 1845. — Lëvehj^ë, Dicl. unioirs. d'histoire rtat.
^ris, 18(i7, t, VIII, p. afil — CitDi>EN, Arth.rphysiol. HHlkmide, XI, p. 2(ii,
" - UitKJT, hall, rfr l'Acad. de mcd. de Belgii/uc, 1853, p. 257-2.Î5. —
îBENSPnuNc, Annal, d. Charité, VI, — Bazih, I\fc.h. sur ta nal. et te trait,
k teignt». Paris, 1853, cl Affect. adaiiéesporiaitairct. Paris, 1858, p. 81.
I^Ch. nouiN. Hintoiiv H'tt. des vfijétaaj! parnsites. Paris, 1853. — Th. Stahk
Cn.fsT HAt.Lisn, lenaiseh Ztsehr. f. Ued. u. Katunv. Il, 2, 1865, et Si^hmidtU
b., p. 37, I. n.XXX. — Bergeiion, Btade sur lu géogmphie et la prophyliij:ie
f teigim (Ah», d'hyijiéne et de m6d. légale, série 2, 1. XXItl. p. 5, 1865). —
LyiMtiEn.Favitsdurchlicvpes\oaMmasefieugt{Arch.d.HrilkvnJe,\'\\, 1866,
L/i72). — G. lUuuuAnrES, St Louis med. and surg. Jaum., p. 37-31, 1868.
• Saikt-Cïr, îieckerekes cxpérimentnics «tir la traramUsion de la teigne de
mme aux animnujs et riâpToqiiement {Extrait des Comptes rendus de VAciid.
^ idenees de Paris, 18UB et 1869). — Uoiunp, De la transmission du favui
n ehit et un rat {Lyan médicjl. ii« 21, 1873). — CU. Bemt, Bu/1, de la
i. analomiqite. 1875, sifric 3, t. X. p. 379. I
^3' Trkhophijlon (wiïMrans(iM,ilmsteit), Teicne TOssimANTB, — Cechampi-
, cause déterminante de l'herpt's circiné, de la lei^e tonsuranle '
K<dc la raeutagi-e, se compose de tltaineitts articulés constitués par des
ichatnées en filaments nioniliTormes qui se développent dans
wisseur de la substance des poils en suivant la direction de leur
mgueur (fip. 256). Ces spores sont rondes ou ovali's, traiisparenles,
(incolores, à surface lisse, d'un diamètre qui varie entre 0,0(13 et 0,006;
• quelques-unes oiïrent une tache distincte ou un noyau mal circonscrit,
702 ANATOHIË PATDOLOGIQUE.
rl'aulros sont élraiiglées vers leur milieu (Ch. Robin). Ce champignon, si
l'on en croit liai lier et Pick, appartiendrait h une végélalion inférieure
du Pénicillium glaucum.
Le trychophyton siège de préréreuce sur les régions couvcrtesde poils:
mais il ne parait pas que le euir chevelu soit un milieu qui en favorisr
I cxtciisioii. car il s'y nmltjplie peu. Les coraclères objectirs de l'alTeclii»!
qu'il détermine varient avec la région lésée et diiïèreni notablement
suivant que le cuir chevelu, la face ou le troucsont le siège de la Io4^m-
tion. Le tricliophylon prend naissance, au cuir chevelu, à l'intérieur des
cheveux sous forme d'un petit amas de spores arrondies. Au fur et
à mesure que le cheveu s'accroît, le
cryptogame pousse de son wité ; mais
une fois que la {tnrtie envahie est
arrivée à dcu\ ou trois millimètres nu-
dcssuï; du niveau de l'épidorme, le
cheveu se brise. Ainsilaprésencedece
végéta! détermine la rupture des potb,
d'uù calvitie plus ou moins étendae:
en outre, elle provoque dans quelques
cas la formation d'clevures et de
ci-oùles qui recouvrent les parties ton-
suH'es. Sur la face on voit apparaître
deii points rouges légèrement saillants,
ou de véritables t!>chesêrylhémaleuses
circulaires, dont les dimitnsions va-
rient depuis l'étendue d'une pÎMedc
vingt cpnlimes jusqu'à celle d'une
])im' de deux francs. Ces plaijues,
(]U('li|uerois il peine surélevées, soni
d'autres fois saillantes, du moins k
Vm 2riC. — Tisc dt f lieveu h cnssiii au leur circonférciice où existe un bour-
nivcau ,1e la re»,i c çt si,onla..ùnicn. j j^.,,^;!,!^ ^ c^.n „u ^.^ .,„ j^jg,
rompuo il ijunlqucs niillim6lri!s »u-Jes- "-"-' ■■■" " c
sus II. CeUe lige csi inDItrùu iio chitines (érvtliènie.clrciné et mar^'iné)- -^u ''^^
de -porcs (rr/.W%(o« /™«<™,s), j. • I j. (.,.,.,.!,. ^ri, hé-
ccartint BPS fibres Innjîiludiiiales. v. uni, |»i.ii|ui
mateux, un cerele vésicuteiix à exten-
sion progressive trahit quelquefois, au tronc iiu ii la face, surtout à une
période un peu plus avancée, la présence du elianipignoii ; il arrive aussi
de voir plusieurs cereles vésiculeux coneentrique.s (herpès iris), l'os érup-
tions pustuleuses signalent encore dans certains caslcdébutderafreclion.
principalement lorsqu'elle occupe la face ; plus rarement ce sont des le-
^^H PARASITES VEClETAlt\. 753
^GSSs papiileuses, surtout si le Jos île la main et le poignet sont le sîép i^ du
chain|>i^iiun. el pailois iJes darln's furruracées. Ainsi ce parasite, |;erm.iiil
dans le tissu cutané, y joue comme l'aclinrion le pflle d'un corps étnia|^>r,
d ime épiiii', l'I provoqui^ des éruptioits qui varient suivant son siège, ta
I uiistitulion du sujet, et proImMeiuent aussi suivant d'autres cii'constnni'X's
(juc nous ne (louvons encore apprécier. En même temps, le poil change
'>■ rouleur, il deviunt terne, sec, friablo, et (iuit par se «isser a quelques
illiiiièlres de la surfact^ lêgu mental re.
A une période avanci^, le champignon se montre tout n la fois sur
It-s |K>ils lirisés et à la surface de l'épiderme. Sur les poils, il prend In l'oimi)
d'une gaine amiaiilncêc d'un Idanc mat. complète ou incomplète; à In
Mii-rat-e de l'êpiilenne, il donne lieu ù une substance IdanctiAtrc f)o-
Miiieuse ou lameileusi' de teinte lilaiielie, de sorte que l'ensemble
■ m simuler une surinco couverte de gelée blanche. Eu dernitT lieu,
i" Iricliophyton qui a cnvnlii le follicule pileux détruit la capsule et le
timitnn, arrive jusqu'à l'organe sécréteur du pnii et ronilanime; de
nouvelles éruptions syinptoma tiques se manifestent, et l'inllammalion.
iixôe dans des parties plus profondément &ituée5,a une duive pins longue
et dus caractères dilTéi'cnls de ceux qui appartiennent aux ('ruptions
primitives. Dans quelques cas enfin, il n'existe plus que ûes, pustules
,h<ii>m|>.igiièes ou suivies d'induration profonde, des nodosités, de véri-
itbles tubercules cutanés ou sous-cutanés : c'est alors que le végétal
li'truit {>ar le pus disparaît de la gatiie du poil et que la guerison spon-
lajiêe peut avoir lieu; autrement, il faut pratiquer l'épilalinn et faln-
litige d'un agent pnrasiliclde.
l.a leigne tnnsuranle n'existe pas seulement chez l'honime, elle se
rencontre encore chez un certain nombre d'animaux et princi|>nlemenl
Hiez le liœuf, le cheval, le chien et le chat, t> fait, des plus impor-
tants h connaître, nous renseigne sur les conditions éttologiques de
rafTccliou trichophylique de l'homme. Les observations de Revnal, Bae-
rcHsprung, Vinccns, et les nAtrcs, ont en effet démontré d'une laçou po-
sitive que te trichophyton est transmissible des animaux à l'homme;
aussi, je ne doute pas que le plus souvent nous recevions cette
affection des animaux domestiques. J'ai soigné trois enfants qui étaient
nfliectés d'herpès circiiié it la fuce, au cou et aux mains pour avoir
ioné. avec de jeunes chats trouvés par hasard dans un grenier. L'affection
dont cluicuu d'eux était atteint correspondait parfaitement au\ points qui
«ont ordinairement touchés lorsiju'on vient à porter un jeune chat sur
«on t'paule et à le caresser- l'ne autre fois j'ai été consulté par un soldat
«l'un régiment de chasseurs ii cheval, qui présentait sur les bourses et sur
76i!i anàtomik pathologique.
ravant-bras des plaques d*herpès circiné* Or l'avant-bras malade était
précisément le gauche, c'est-à-dire celui qu'on a Thabitude d'appliqaer
sur la peau du cheval que Ton panse ; quant à l'affection du scrotum,
elle provenait sans aucun doute du contact des ongles.
La cause efficiente des affections produites par le Trichophyton Am-
9urans est par conséquent la transmission de ce parasite d'un animal à
rhomme, ou de ce dernier à son semblable ; mais il faut ajouter que,
pour germer et se développer, le trichophyton a besoin, comme l'acbo-
rion, d'un terrain approprié, et qu'il a surtout de la tendance à se pro-
duira chez les jeunes gens et sur les personnes lymphatiques.
BiBLioGRAPniE. — Gruby, Comptes rend, Acad, des scienceSy t. XVII et XVni,
\SUli, — Malmstein, Arch. f. Anat. u. Physiol. von J. Mûller^ 1868. -
Malherbe et Letenneur, Etudes cliniques sur f herpès tonsurant. Nantes. i852.
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11g. 2 et 6, et Aff.cut.parasit., p. 161 . — Ch. Robin, IJist. nat. desvègét. yaraUL
Paris, 1853, p. 608. — Kœbner, Aixh, f, path. Anat, und PhysioL, t. XXIJ,
p. 372, 1861. — ZiEHSsEs^Dermatolog. Jahrb, Grdfsxoaldmed, Beitr., U, p.99,
1863, et Sc/tmidt's,ya/ir6., 298,1. CXXIIL— HALLiEB,DïeP/lan-/icfc^/ide»m«fiicW.
Kwpers, Leipzig, 1 866. — J. -F. Pick, Unters, ùberdie pfl. Ilautparasiien, Verkanil
lier K, K. geologisch-botan, Gesellsch, XV. Wicn, 1865). — W, Forster, Transp.
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i 865, et Schmidt*s Jahrb, t. CXXX, 338. — Lafont Gouzi, Transmission à rhcmm
(l'un herpès tonsurmit de V espèce bovine. Toulouse, 1866. — Ch. BuuaiARD, Sw
V identité de V herpès circiné et de lliei^pès t07isurant. Lyon, 1860. — Ratml,
Dartre tonsurante du cheval et du bœuf, contagieuse de ces animaux à V homme
[Mém, deTAcad. de mèd., t. XXII, p. 603). — Mahaux, Recherches sur le Tricho-
phyton tonsuraiis et sur les affections cutanées qiiil détermine, Paris, 1870. —
ViNCENS, Rech. expér. sur V herpès tonsuraiit chez les animaux. Paris, 1876.—
E. Lancereaix, Note sur la transmission de Vherpès circiné du chat à Vhitmm^
(Bull, et mém. de la tioc. des hôpitaux de Paris, série 2, l. XI, p. 1*26, 1874).
— P. Mu:nELSON, Transmission à Vhomme d'herpès tonsurant provenant fCun
animal à la fois trichophytigue et galeux [Berlin, klin, Wochenschrift, mars et
août 1876). — Halberg, J6ic/., 27 sept. 1875.
6* Mia^osporon furfur, Cii. Robin. Pityriasis versicolor. — Ce cham-
pij2:non, encore désigné sous le nom de Mijcoderma Eichstadtii, secompos»'
d'un mycélium formé de (ilaments ondulés, transparents, courts et inar-
ticulés, sorte de cellules étroites et allongées, dépourvues de granult»s
intérieurs, quelquefois bifurquées, formant avec leurs branches um*
couche II Tex-térieur de la quelle sont les spores (fig. 257). 011es-<i
réunies en groupes ou amas situés entre les filaments, à contours siinpK^
PARASITES VÉGÉTAUX. 765
OU doubles, réfractent rortemenl la lumière ; elles mesurent de O"",004 à
0"-,006 de diamètre, sont sphériques, transparentes et dépourvues,
comme les lilamenls, de f^nules intérieurs.
Le Mia-OÊporon furfar est la cause du pityriasis versicolor, du pitvria-
sis iiigra, de quelques éphélides lenticulaires, etc. Il vit aux dépens de
l'épiderme dont il habile la couche cornée, mais il ne semble pas
pénétrer jusqu'au corps muqueux de Malpighi ; il se développe sur toutes
les parties du corps, et principalement sur les régions du thorax et do
labdomen. Ce parasite donne lieu à la
formation de taches cutanées dont
la couleur varie du jaune pille h un
jaune verdàtre foncé et pi-esque noir.
Ces lâches sont plus ou moins larges,
diversement configurées : ici, ce sont
des points isolés; là, de larges pla-
ques arrondies, à boiyis réguliers ou
légèrenienl festonnés; ailleurs, de
vastes surfaces continues qui li'é-
tendent à toute une région. Elles Fie. 2a7. — Tub«t vjdei et iporM acRlo^
sont le siège, au bout d'un certain ">*;*" ^"«'"■"^;»;°'- Z-^-. obienw
^ par la r>cla|;i> de la peau au niiean
temps , lorsque le champignon a d'une iKhe de pityriasis venkolor (150
rompu la lamelle extrêmement mince diamètre»).
qui le recouvrait, d'une cxfoliation furfuracée, formée tout à la fois de
débris épidenniques et de matière parasitaire.
il n'est pas prouvé jusqu'ici que le Microsporon furfar nous vienne
des animaux comme l'achorion et le trichophytoii. Manifestement trans-
raissiblc de l'homme à l'homme, ce |>arasile peut se propager par la
dispersion de ses spoi'cs dans l'air ; j'ai été victime de ce dernier
mode de propagation. Voulant placer dans mon Atlas d'anatomie patho-
logique un dessin microscopique du Microsporon furfur, je nie rendis à
rbdpilal Saint-Louis où Je recueillis sur une feuille de papier ce cham-
pignon que j'avais gratté à la surface de la peau d'un malade; puis je
mis cette feuille de papier dans la poche de mon gilet, et j'eus la
maladresse de l'y laisser pendant plusieurs jours. Or environ un mois
plus tard, ma femme me lit remarquer qu'elle portait sur la poitrine
des taches qu'elle n'avait jamais vues et qui n'étaient autres qu'une
éruption de pityriasis versicolor ; m'élant alors examiné moi-même,
je me trouvai porteur de la même aiïeclion qui , sans aucun doute,
m'avait été communiquée par les spores du champignon rapporté de
l'hôpital Saint-Louis.
71)6 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
On ne sait pas mieux l'origine du Micrcsporon furfvr que celle de
racliorion et du trichophy ton . Ce champignon, suivant Hallier, ne sérail
que Tune des formes (forme achorion) de VAspergillus glaucus qui végé-
terait et produirait des conidies entre les cellules épidermiques ; mais les
recherches sur lesquelles s*appuie cet auteur n'ayant pas été confirmées par
d autres observateurs, son opinion ne peut être définitivement acceptée.
HiBLioGUAPniE. — EiciisTAEDT ^ Fronep's iVo<*2cn, 4846, vol. XXXIX, p. 270.
— Sliyter, De vegetah. organismi iinimaL parasit. Berol. 4847, p. 25, fig. 2
et 3. — GuDDEN, Arch, f, ph, HeilkundCj XI!, p. 496-506, 1853. — Ch Rob«,
Hist, liât, des paras, règ.^ etc. Paris, 1853, p. 436. — Wedl, Grtmdz. der
path. Histologie, Wien, 1853. — Hallier, Die pflanzl. Parasiten, etc., vol. III,
lîg. 47. Leipzig, 1866. — Bazin, Loc. cit., et art. Micuosporon du Did. ency-
clopédique des se. mcd,f série 2, t. \1I, p. 608.
5° Microsporon Audoutnt. Teigne pelade. — Ainsi dénommé par Gruby.
qui l'a découvert en 1843 dans la forme de teigne qu'on appelait alors le
Porrlgo decalvans, ce champignon fut regardé comme la cause de celtt*
affection que Bazin, plus tard, désigna sous le nom de pelade. Toute-
fois, la plupart des microgi^aphes et des demiatologistes n'ayant pu
retrouver le microsporon d'Audoin, on en vint à douter de son existence.
Uécemment, Courréges et iMalassez ont de nouveau signalé la présence
de ce cryptogame dans les pellicules que Ton obtient en raclant légèrement
le cuir chevelu au niveau des plaques de pelade, bien plutôt que dans les
cheveux de la périphérie de ces plaques. A la vérité, on peut douter qu'un
cryptogame aussi superficiellement placé parvienne à produire les désoi-dn'S
anatomiques de la pelade, et par conséquent une élude nouvelle de ir
champignon dans les difl'érentes phases de cette alTection semble encore
nécessaire.
Le Microsporon Andoinnf\ qui, suivant Grr.by, connnence son dével(»p|K'-
nient à la surface des cheveux, à un ou deux millimètres de répidernie.''>t
composé (le branches, de tiges et de sporules. Bazin admet qu'il est formé de
filaments ondulés, quelquefois bifurques, auxquels font suite des sjK)res
globuleuses, petites, d'environ 0,003 millimètres; qu'il entoure, à sa sorti»'
du bulbe, le cheveu qui se rende ou se brise; qu'enfin il se prop^rt'
dans le follicule pileux jusiju'au bulbe et déracine le poil, d'où la calvitif
Pour Malassez, ce cryptogame est uni(juement constitué par des spons
sphériques, très-petites, d'un volume qui varie de 0,00*2 à 0,005 iiiilii-
mètres, et qui forment parfois de petits chapelets de cinq à six spores ou pluv
Bien qu'arcidentellement rencontré sur les cheveux, ce champignon vA
rapproché du trichophyton par tous les observateurs.
PARASITES VÉ(;ÉTAL'X. 767
Ces données divergentes, qui ont sans doute leur explication dans des
éludes faites à des périodes diverses du mal, ne sauraient lever tous
les doutes relativement à la nature de la pelade; pourtant, la marche
clinique de cette aiïection ne différant pas de celle des lésions cutanées
produites par des cryptogames, on peut, jusqu'à preuve du contraire, lui
attribuer une origine parasitaire. Bazin lui-même admet qu'elle n'est sou-
vent (ju'une variété de la teigne tonsurante. En tout cas, les poils offrent
d'abord un aspect sale et terne; ils se décolorent, puis ils tombent en gmnd
nombre, et l'on voit se dessiner des tonsures de l'étendue d'une pièce de deux
ou de cinq francs, ordinairement ovalaires et remarquables parla décolora-
tion du tégument à leur niveau. Le nombre de ces plaques d'un blanc de lait
est variable : on peut en compter jusqu'à quinze et vingt, dispersées sur
le cuir chevelu. La décoloration de la peau témoigne d'une action spéciale
exercée sur la matière pigmentaire ; mais il nous est difGcile d'attribuer,
comme certains auteurs, la disparition de cette matière à son absorption
par le parasite, quand nous voyons la plupart des lésions parasitaires
produire des colorations variées à la surface de la peau.
En présence de la divergence d'opinions sur le caractère du parasite
dans la pelade , on est tenté de croire que sous celte dénomination sont
comprises des affections diverses dont quelques-unes, peut-être, seraient
parasitaires, tandis que les autres auraient une tout autre nature. Dans
des expériences récentes, Ilorand tenta d'inoculer la pelade non traitée à
des jeunes chiens sans avoir jamais pu réussir; il n'eut pas plus de succès
sur un jeune enfant. Aussi ce pathologiste pense-t-il, avec d'autres
observateurs, que la pelade n'est qu'une atrophie cutanée d'origine
nerveuse.
Bibliographie. — Griby, Comptes rend. Acad, des sciences, 1843, t. XVII,
p, 301, et \SliUy p. 585. — Bazix, liechercheb sur la mit. et le traitement des
teignes. Paris, 1853. — Le même, Lrrons sur les maladies cutanées parasitaires.
Paris, 1858, et Diet. encyclopèdiq. desSc.méd., art. Microsporon, 1873. — Ch.
Robin, Hist. nat. des vèijèt. parasites. Paris, 1853, p. U26. — Couruéges, Etude
sur la pelade. Thèse de l^aris, 187/i. — Malassez, Note sur le champignon de la
pelade (Archives de physiol. normale et pathoL, 1874, p. 203). — Hohand,
Considérations sur la nature et le traitement de la pelade {Annales de dermato-
logie et de syphiliographie, l. VI, n* 6, et t. Vil, n® 1).
6** Oïdium albicans (Ch. Robin). Ml'<;uet. — Le champignon du muguet
est constitué par des filaments tubuleux , sporifères, et par des spores
globuleuses ou ovoïdes. Les filaments sont cylindriques, allongés, droits
748 ASAToiiti MnoLwaoïrK.
ou iaconrés en dirers sens, largra de 0,001 k 0,04& mîIIîinÈIre» tar 1r9
k ir"M de loogneur, H mitw: plus, suivuit b période de lenr di^(4o^
menl. Us sont netlement délimités, cIuisoiiik^ d'c>|Hi<.-e «^n u»iian-«l furiM
de nlluics oliougé^A, articulées bout à boni, i-t sihituoI sepaniet pr i»
étnngktneats ; à l'cUt adulk-, it& sont ramifiés, «t les ramificatioM lai
ComposéM de cdloles plus coarles que celk-s drs Glatiimls. Os dit
cellules renferment ordioaîrvuieal
quf-s granulatioD^ moleculairv» dei
foncée , el souveut douées At i
vcment brownieu. LV^trêmilé d'an-
giuc ou adhémile des filamuiU ed
chée au centre de s|K>rf^ î»iiléei m
mâli'es avi;c di» rtJiuli-s cfittiirbala,
tandis que l'e M rem i té libtv on sparilat
est simplement arrondie ou se Utmm
par uue ou |>lusi«urs «pon» fraie
et ovales, dis(>»sées en sérii' liwaor.
renfermant des granulations (%. ^t
Le» spores sont spbériqucs un onfet,
I Imrd net ou foncé; clins r^tdat
fortement la lumière cl cootioiUMil M
tine poussière douée de raonvoDAt
brownien. Elles adhérent pour b plu-
part aux cellules épiihéiiales de b db-
({ueuse buccale
' '' Ci; champignon germe et se déTebpfr
principalement sur les membranes muqueuses de la bouche, de la^or^.dt
l'œsophage, même sur celle de l'estomac, où il est sans doute IraiispiiiV
par la salive. Plusieurs fois il m'est arrivé de constater sa présence «or b
muqueuse gastrique, pendant mon clinicatà l'Hâtel-Dicu, chez des #iibiU>
morts d'inanition ou par suite d'une alimentation nou appi-opriée à kv
âge. [I est quelquefois transmis nu mamelon des nourrices, et on peull'ob-
server h l'anus, au:^ grandes lèvres et jusque dans le vagin (H&us$niuuil.
Dans un cas rapporté par Zenker. il existait dans le cerveau, en m^iv
temps qu'un muguet de la bouche, du pharynx et de l'œsophage, des pois»
purulents qui i-enferinaient , outre des globules de pus, des liiament^ Is-
bulcuv parusitaii-es ayant, selon toute vraisemblance, leur origine dans b
boucheou l'œsophage d'oii ils avaient été transportés par les vaisseaui 1/
champignon du muguet a été trouvé par Parrut sur l'épiglolte, les oonkî
vocales inférieures, et jusque dans les alvéoles pulmonaires : par conl»
UWWKK'
FiC. 258. — Ccllulei épiUiéliilu,
6fanHHllt cl (pares du ma^el.
Lï« tubtlilu cbampignan, régolji-
(l*ï granule* moltculairea dans
Itar cmIU L'ealcimilé d'origins
ni Mchéc liant des amat de spore;
fI iI« Ixncllef r[t;ih«]ja!ei, Taulrc
PARASITES VÉGÉTAUX. 769
obsefTateur ne l'a pas reiicoiitit; dans la Iracbée, et ae pense pas qu'il
sse se fixer sur les épithéliums vibrntiles.
ja membrane muqueuse de la bouche ost celle qui permet le mieux
suivre l'évolution du muguet. D'abord cette membrane rougit à l'extré-
léde la langue, etbientât la rougeur, de plus en plus vive, s'élend à toute
nuqueuse buccale ; puis on voilpoindre sur cette muqueuse comme un
lis de taches blanches plus ou motus rapprochées les unes des autres, qui
argisseni el se rejoignent pour former de petites lames mamelonnées,
tes-cî se montrent sur la langue, à la face interne des joues el des
res, enfin sur la voûte palatine et les gencives. Elles forment peu ii
L des masses d'un bluuc de neige éclatant, qui par leur réunion peuvent
ulopper une partie ou la totalité de la langue et de la muqueuse des
es. En vieillissant, ces masses s'épaississent, perdent leur brillant, re-
font une teinte jaune ou brunAtre, à moins qu'il n'y ait une évolution
k-rapîde, auquel cas tout l'intérieur de la bouche peut apparaître
ame recouvert de couches de lait concret. Les cellules épithéliales de
KMiche se tuméfient, s'obscurcissent, s'infiltrent de granulations pro-
lues, et plus lard de granulations graisseuses ; elles sont te siège d'un
Stable processus phle^masique qui se [u-opage jusqu'aux glandes,
•e muguet se voit principalement chez les nourrissons qui éprouvent
la ilifticullé ù prendiis le sein et qui font des tentatives infructueuses
^ccion, chez les jeunes enfants insuflisamraent alimentés et afTaiblis,
B les adultes dans le cours ou h la fin des fièvres graves, uotamment
lèvre typho'ide. Le dernier stade delà tuberculose et de la carcinose
^maladies cachectiques en général prédisposent il cette affection. L'ne
I conditions qui favorisent la gei-mination et le développement du mu-
ttdans ces diverses maladies, est, comme l'a montré Gubler, l'ncidité
I produits de sécrétion muqueuse, el sans doute aussi une mauvaise
Irition des épithéliums. Le champignon du muguet se nourrit dans la
iche, surtout aux dépens de la salive; sa transmissibilité est fort con-
jable.
tuivant des recherches récentes (Hallier), le champignon du muguet ne
jurerait pas de VOidium lactis, champignon de la fermentation lactique,
erait produit par le développement du leplothrix, ainsi que cela aurait
I en dehors de l'organisme quand on laisse le lait s'acidifier. Ces re-
ircbes ont besoin de confirmation avant d'i^tre définitivement acceptées.
Bebg, hygien, 18)12, et Ufber die Srhwam'nehm ton Kîn~
i, traduit du suiîdois en allemand par Busch, 18'-i8. — Grubï, t'umples
L de l'Acad. des scinicfs, 18fi2, 1. XiV, p. 63f|, cl 18&4, l. X\'11I, p. 585.
UNCEntAL'.t. — Traité d'Anal, patli. 1. — 99
770-
ANATOHIE PATHOLOGIQUE.
— Aimâtes (fanai, et de physiot. palàot., 18Ù6, p: 286. — Vogel, Go:, méd.
e Paris, 1842, p. 23ii. kones palh. histol., 18Ù3, pi. XXI, 1-3. — Gl-ileb.
-Voie «()■ le mtigaet {Ùas. méd. de Paris, 1862, p. Ù12). — Le même, Bwfc»
sur l'origine et les conditions de développement delà mucédiitée du muguet {Oiimfa
albicans) Miim. lu à. l'Acad. de médecine, séance du Ziaoût 1657. Paris, 1858.
— Cti. RoBi:i, nistoire ualurelle des parasites végétma:. Paris, 1853, p. 50,
et pL I. — Bazin, Recherclies siir la miture et le traitement des teignes. Paris,
18.')3, p. 12, pi. m, fig. 2. — Eupis, Elude de la diphthérite (Arch. gin. de
méd., 1850, t. XXII, p. 281). — KucnEsMmsTBB, Parasiten, t H, p. 110, 1855.
— Reuboli), Arckio f. path. Anal, und Physiol., 1854, 1. Vil, p. 76. — Ihn-
CEiAnDT, Aimalen d. Berlùier Charité, XII, 1, p. 1, 186Ù, el Sckmidt'i Jahrim-
cker, l. CXXV, p. 190, — Quinquaid, Archives de physiologie jiorm. et pathol..
1868, t. I, p. 290-305, pi. VIII. — i. Parhot, IM muguet gastrique et de i»'!-
'lites autres localisations de ce parasite. Ibid., p. 50& el 599.
:;ryptogame diiïérent du champignon du muguet s'oliserve quelquefois
sur ta membrane muqueuse de ta lan-
gue,àlaquelle il donne une coloration
noire toute particulière. Signalé par
Maurice Ra^naud, qui a fait connaître
ses principaux caractères, ce parasitea
été retrouve par nous à la surface di-
la tangue d'un homme âgé de cin-
quante-neuf ans, et dont une |iarenl>'
fut plus tiud atteinte de la nitime affec-
tion. Quoique jouissant d'une bonii''
santé, cet homme était iricommodép.ir
une sensation de gène légi^re, et surtoul
fort inquiet do l'état de sa langue.
(|u'il examinait plusieurs fois dans le
cours de la même journée. t>lle-ci pré-
sentiiit une coloration noire tii's-pr(i-
noncée, comme si on l'eût l>arbouillei'
avec de l'encre. Celle colonilion. qui
e montra tout d'abord vers hi partie
moyenne de l'organe el on avant du \
lingual, s'étendit peu ii peu, de fa^iiii
h atteindre toute la face dorsale de la langue et A laisser seulement les bunî-
intacts et rosés (lig. 259]. Elle formait une large plaque nianifesteiiKii:
saitliinte et tout ti fait noire, plus allongée dans le sens de lav d''
Kiii. ^.'iS. — Langue couverte d'une aorlo
(le iliiict uiiirâlre liniiti: à sa (ace ilor-
f.lk el l'Dnslitul'^ par îles i
<'-|>i<liéliaux inlillri-s de îjiorcs.
PARASITES VÉGÉTAUX. 771
l'organe que dans le sens transversal, et neltemenl circonscrile sur s
bonis. Celle plaque tomenlouse, ou mieux villeuse, représente une sorte
do gazon louffu, et semble ronsliluée par de fins cheveux, les uns entre-
croisés, les aulres n^gulièi-emenl disposés principalement vers la pointe de
l'organe où il existe par momenls comme une raie médiane. Une
spatule promenée à la surface de la langue ramène un magma noir,
abondant, qui, agile dans l'eau, laisse voir un grand nombre de lilamenls
semblables A des poils de difTérente grandeur, pouvant atteindre jusqu'à
un centimètre de longueur.
Placés sous le champ du microscope et vus par transparence, ces Hla-
ments apparaissent sous la forme de petits oylindi'es d'uu jaune ocreui,
offrant une partie centrale plus claire, bordée de chaque càté par une bande
plus foncée, Ils sont formés d'éléments épithéliaujcfortemenl tassés les uns
contre les autres, aplatis et souvent difliciles à reeonnatlre; leurs bords
sont hérissés de lamelles épilhéliales adhérentes par une extrémité, libres
[lar l'autre, et assez régulièrement étagées à la manière des barbes d'une
plume (lig. 260). Traités par la potasse, ils oiïreutiniestruclureépithéliale
Fie. SIJO. — CylindfF ^pilhâliiil ji
lie iporei, a; aulru cjrlintlre sain
Iratiun, /i. (100 diimèlreB).
Fie. se I . — Tubei et (pores ubtcnii» p«r
le raclage de la langue repréunlte
%. 2M (350 diamclrci).
encore plus nette, qui ne manque pas d'une certaine analogie de struclure
aVec les poils ou encore avec les ongles (M. Raynaud). Ces cylindres qui;
K avec
772 ANATOMIK PATHOLOGIQUE.
en somme, ne sont que le revêtement épithélial hypertrophié et allongé
des papilles filiformes de la langue, offrent, sinon tous, du moins un
certain nombre, comme incrustés à leur surface des corps cellulaires
très-réfringents, insolubles dans Téther, ordinairement disposés en
amas, et qui sont manifestement des spores. Ces spores, sphériques,
plus rarement ovoïdes, ont un diamètre qui varie entre 0,004 et
0^0U5 millimètres; elles sont réunies en petits amas plutôt que disposées
en chapelet; ordinairement attachées aux cylindres épithéliaux, elles sont
quelquefois libres ou fixées sur des cellules épithéliales isolées (fig. 261).
Il existait en outre, chez mon malade, des tubes sporifères, ondulés,
ramifiés, comme l'indique la figure 261. Toutefois ces tubes n'ont peuL
être pas une existence constante, car après les avoir trouvés une premi^
fois en compagnie de nombreuses spores , il m'a été impossible de les
rencontrer une autre fois, alors que les spores étaient d ailleurs moins
abondantes; mais il est juste de dire qu'à cette époque le malade était
depuis près d'un mois soumis à un traitement par le chlorate de potasse
et le bicarbonate de soude.
L'impossibilité d'avoir sous la main le malade porteur de cette affection
ne m'a pas permis de faire une étude suivie du végétal dont il est ici
question. Néanmoins j'ai tenu à en donner un dessin, lequel, je Tespère,
pourra servir à des observations ultérieures. L'hypertrophie épithéliale et
la présence d'un champignon sont évidemment la cause de la coloration si
particulière de la langue; mais lequel de ces deux éléments joue ici. le
principal rôle? II me serait difficile de le dire ; je n'oserai toutefois avancer
avec Maurice Raynaud que c'est l'épilhélium d'abord Iransfonné en
cylindre filiforme, car si parfois on ne trouve pas de spores, il n'est pas
certain que celles-ci n'aient pas existé au préalable.
BiHLioGRAPniE. — Edlenberg, Eîti schivarzer Zungenbeleg (Archiv f. physiol,
Hcilkuniie, t. XII, p. 1x90, Stuttgart, 1853). — Maurice Raynaud, Note sur
une îiouvelle affection j)arasitaire de la muqueuse linguale (Mém. lu à la Soc.
nicd. des hôpitaux le 26 février 1869, et Union méd,, sér. 3, t. VIII,
p. 3, 1869). — E. Lancereaux, Société méd. des hôpitaux, 1876.
§ 2. — SCHIZOMYCÈTES (NaGELI). FERMENTS.
Le nom de schizomycètes (o^tCo, diviser, pjxv?; champignon), qui est
de date récente, sert à désigner un groupe de champignons composés de
PARASITES VÉOKTAUX.
778
fllules incolorc^s, de forines divei'ses, le plus souvent sphêriques ou
vides, isolées ou réunies en chalneltes par l'inlermédiaire d'une gangue
hitineuse, et susceptibles de se multiplier par division.
ILgs diampignons de ce groupe vivant à l'état parasitaire ne déter-
unent aucun elTel mécanique; ils absorlient, au contraire, pour vivre une
rtion des substances organiques solides ou liquides en présence des-
lelles ils se trouvent, et partant ils exercent sur ces substances une
gtion chimique en vertu de laquelle elles sont dédoublées ou décompo-
n principes de plus en plus simples, d'où le nom de ferment donné
ces cryptogames. C'est de cette Taçou que ces êtres inférieurs peuvent
e les désordres les plus considérables, tantdt sur les tissus, tantôt
r le sang des animaux sur lesquels ils viennent à se développer, Or si
bD tient compte de l'évolution délinie et de la contagion de la plupart
i maladies épidémiques, il est au moins raisonnable d'admettre lu
tsibilité de l'influence de ces agents dans la genèse de ces maladies.
I Ces parasites présentent des formes et des propriétés très>diverses ;
<yous-nous devoir séparer leur étude en deux pailies : la première
mprendra les organismes dont les formes végétales sont nettement dé-
minées ; la seconde renfermera ceux qui , en raison de leur faible vo-
!, de leurs formes et de leurs propriétés spéciales, ne sont pas encore
ftinitivement rangés dans le règne végétal.
• Sarcina ventriculi (Goodsir), Uerismopœdia vtnlricuU (Ch, Robin),
f La sarcine est un végétal qui, chez l'homme, se pi-ésente sous la forme
^ masses généralement cubiques ou prismatiques, avec des angles quel-
|iefois arrondis ou irréguliers. Plus lourdes que l'eau, ces masses se dé-
cent au fond des matières vomies et des liquides ; elles sont incolores
I transparentes, ou bien légèrement brunâtres et peu réfringentes, lein-
brun ou en jaune foncé. Elles sont formées de cellules cubi-
les rarement allongées, prismatiques, à angles mousses, et plus ou
tuins irrégulières, qui ont en moyenne 0'°'',008 de cûté, et qui pré-
mtent vers le milieu de chaque face une légère dépression d'où partent.
I s'écarlant h angle droit, quatre silluns donnant lieu sur chaque face
f quatre petites saillies arrondies {(ig. I&'î). Situées les unes à cdlé des
jntres au nombre de quatre, huit, douze, seize, trente-deux, etc,,ce9 |
ellules hont maintenues par simple contact ou ù l'aide d'une petite 1
[Uantilé de matière mucilagineuse susceptible d'être gonflée ou détruite I
}^ ANATlIHIE rATnOLOGIQUE.
pnr les alcalis et les acides ctCDdus, sans modification nuci
ment figuré. Chacune d'elles est composée d'une masse Itoi
noyau ni granulations, ou bien renfenne de deux à quatru
souvent trois. Prismatiques, allongés, à angles arrondis, les
ont une teinte qui varie du brun jaunftlre au hnin clair. I.«s
se mulliplieut d'une manière continue par division ou segmcntaliW
quadruple, eu donnant naissance à des cellules d'abord ai-rondi^«. pitt
lourdes que l'eau, qui tombent au fond des liquides.
Le milieu dans lequel se rencontrent ces parasites est ordinaireHieiil
contenu liquide de l'estomac, dans certaines conditions niurbid»; d
dans ce liquide qu'ils ont été découverts. Lesi
missemenis qui les renTerment sont de c>>iil(
brunâtre ou verdàlre, de la consistance fi
crème, acides avec une odeur ajgre très-pffîDN
cée; ils contiennent des acides divers, acéti^llt
lactique, chlorhydriquc, ele. Cliez une femme i
quarante ans n'ayant aucune lésion matiïrwi
l'estomac, que j'ai pu suivie pendant plusieurs mois à la consulta-
tion de riIûtel-Diou et du Bureau central, les vomisse meuls sanv-
naient principalement dans la nuit, sous une forme tout ii fait iiA^
mitt«nte. Au contraire, chez un homme âgé de cinquante-cinq ltQi{
observé ù l'hApital de la Pitié, ils avaient lieu de préférence |iend:uil ic
jour. Dans ces deux cas, ils étaient abondants, mais surtout chez le der-
nier malade, qui avait l'estomac manifestement dilaté et probableniciil
cancéreux (1). La sarcinc a encore été observée dans les fèces (BeniMfl):
Heller l'a trouvée dans les matières fécales d'un individu atteint d'un cancff
du rectum, dans les sédiments de l'urine d'une jeune fille ; VinJio* t»
vue dans un abcès gangreneux du poumon, et moi. dans un to^eté
gangrène qui, du sacrum, avait gagné la région lombo- iliaque. Ce put-
site a pour effet très-vraisemblable, dans l'estomac, d'amener la fermci*
talion du contenu, dans les poumons et dans certains tissus, de fai'orés
le développement de la gangrène. Son origine n'est pas encore bin
connue; toutefois, suivant Itzigsohn, la sarcine dériverait de l'uoe da
espèces d'oscillatoires que l'on observe dans les sources.
BiuuoGRAPHrK. — Juhn and Ilarry Gooiscb, Aimtomical tind palhùhgkd
Obsen-a'hiis. ^dinburg, 1861-45. — Uelleh, Aixkiv f. yhj/siuton, Htrtibaidtt
(1) Le nombre des earcinei coalcnufs dani lei TomUsement« de cet deui miliM
éltit eilrèmemcDt considérable; ellei apparaluaicut, tous le cbimp du microscopr, «M
la forme de pivét formant de« Uoli plui ou moins éLeodiu.
^F PARASITES VE«KTAl!\. 775
18^6, pari. I, cl Arehiv f. yki/siul. uiiU patltol. Chemie und Microscopte, )852,
p. SU. — Bl'sk, Microsco}iiciil Journal, 18Û3. — H. Vibi:how, San-.ina {Archii-
f. iHttkol. Aimt. unii Pliyatoi., etc., 18j!i7, I. I, p. 264). — ScflLossBOTGKB,
Wurtimieiy CorrespondauM. , 18A6, n" 36, Arehiv f. physiolog, Heiltuiuie,
t. V, p. 7!i7, 18Û7. — G.-W. Simon, De Sarcina veittriculi, Oissert. imiu^.
Halle, 18i7. — I,EnM*s\, Lrlirb. dtr phj/sioloy. Ckcmk. Leipzig, 1850, II,
|>. 128. — Hasse, Bcuftflr/itunB. iiber dit Sarcina venlrimli{Kitthàlifng, d, Zuriich.
yaturforscfi. Gcsdlsch., 1847, p. 951. — Ch. Robin, HUt, nnt. desrég. para-
*(itji. Paris, 1853, p. 331-345; atlas, pi. l,fig. 8, eipI.XII, fig. 7. — Iwiomiik.
Arch. f. pnlh. Atiai., t. XIII, 541, 1858. — Ebrhtii, Ibid., t. XIII, 522. —
HoasMANs, Ibid., t. XIV, 393. — W. Jennct, Jferf. chir. Rerino, ocL 1853,
p. 329, London. — H. ««ball, The lancel, April, p. 338. LoudoQ, 1853. —
R. Nëale, Med. Times anrl Gaxette, Juii} 1853, p. 1)23, London. — Biim, On
the org. diseases and fmicl. disorders af Ihe slomaeh. London, 1855, p. 233. —
Wi.Mu.Ml, Vcber Hamsnrcim (Arckiv f.palhol. Anai. wid Physiol., t. Wll,
p. .^70, 1861), — IttALE, Vet-y minute sarcina« {Anhiv of mediciii, n, 8,
p. 285, 1861J. ~ Oppoukh, Erweiteruug des Magms, mit Erbrechea von Sarcina
{8pitah~Zlg., 4 et 11 april, 1863, cl Sckmidfii Jnhrb., t. CXIX, 396). — Su-
nixr.AR, La S/irdne de l'estomac, recherches sur la nature nfgélah, la siruetwr
anaiomiiuc rt tus lois qui présidetit au dnvlop^ment de ces organismes. Leyde,
Anal, dans Giu. Itebd. de mid. el dechirur^., p. 110, 1866. — E. Lanckiiul'I,
Atlas d'anitt. patholog., p. 30 cl (1Ù9. — Bud. Wei^e, Stircina ventricttli
(GoodBir) [Bm-lin. Ktin. Wocheaschrirt., l. VII, 34). ~ J. M.mK, On the
Sarcùia] ventriculi ot Gooàstr {The Lancet, 4j(uiïier 1873, el hevue de Huj/em,
t. l, 62'*).
S" Cryplococcus cerevisiœ. Synonymie : Torula cerevuiœ (Tiirpio). —
Aulrefois range pamii les algues, ce cryptogame est aujourd'hui consi-
lërà comme un champignon, i^ a a
cmnpose de ceilutes de O'°°',004
It tt"",007 de diamètre, rondes ou
orales, incolores, avec un ou deux
corpuscules nucléaires, d'appa-
rence graisseuse à leur intérieur
[fig. 263). Ces cellules en engen-
drent de nouvelles par bourgeon-
nement, et celles-ci se multiplient
de la même manière ou par seg-
Dientation, de sorte qu'il se produit de^ séries de cellules (3 h S) adhé-
rentes les unes ans autres, mais non disposées en filaments.
I.r Cri/plococcus cerevisicF a été plusieurs fois renconlré chez l'homme;
Fie. aBS. — A. Cryploeoceut cmvMte,
provenaal di l'eilomnc el rendu par vo-
mîuemvn's ; B, lo mJiRc chnrnpignan,
tiri de la bi6ie.
776 AMâTOHIE PATHOUMÎIQnE.
il se développe dans les liquides de h bouche, de l'oesophage, de
restomac et de l'intestin (enduit de la langue, vomissements, sdies
diarrhéiques). Dans ces différenls cas, il est souvent introduit par h
bière. Lebert a constaté la présence de ce végétal dans la bouche d'une
femme atteinte d'une affection chronique de l'utérus ; des faits analogues
ont été rapportés par d'autres observateurs. Vogel l'a rencontré diDs
l'urine des diabétiques, ce qui n'est pas pour cela un signe certain de
l'existence du sucre, car on Tobserve dans des urines non sucrées; j'ti
moi-même constaté sa. présence dans les urines de personnes affectées
de diabète.
Ce cryptogame se développe rapidement toutes les fois qu'il trouve ud
milieu acide et une température convenable, surtout dans les liquides da
tube digestif et les urines. Sa signification pathologique est toujours dou-
teuse ; il n'aurait, suivant quelques auteurs, aucune action nuisible sur
l'animal dans les humeurs duquel il se développe ; sa présence ne serait
qu'un épiphénomène, une suite de l'altération des humeurs et non la
cause de celte altération.
Bibliographie. — Yogel, Icônes histoL pathoU lipsiaB, i8ft3^ p. 93. — Ban-
NOVER, Ueber Entophyten auf dm ScMeimhauten des todten und lebendeii Men-
$chen {Muller'8 Archw f. Anat. und PhysioL, 18^i2, p. 281, tab. XV, fig. 1-4).
— Gruby, Comptes rendus de l'Académie royale des sciences de PariSj 18W,
t. XVIII, p. 586. — Ch. Robin, Des fermentations. Paris, 18&7. — Le même,
Histoire naturelle des végétaux parasites, Paris, 1853, p. 322-327; Atlas, pi. II,
fig. 10, pi. IV, fig. 3 et U, pi. VI, fig. 1. — P. ScHUTZENBERGER, JRecA<TcA^
sur la levure de bière (Bulletin de la Société chimique de Parts, t. XXI, p. 20û,
1875).
3* Leptothrix buccalis (Ch. Robin).- — Ce cryptogame est formé de fila-
ments tubuieux incolores, assez roides, droits ou courbés, quelquefois
coudés brusquement et en général sous un angle obtus à bords nets avei'
des extrémités brusquement arrondies et non effilées. Larges de O'"",0005,
longs de 0°"°,020 à 0""",100, ces filaments, non articulés et très-fragiles,
renferment quelquefois de très-petits granules ronds dans leur intérieur:
réunis par leur base à une gangue amorphe, granuleuse, ils forment des
touffes plus ou moins serrées à ccHé desquelles on aperçoit des filaments
isolés en forme de baguettes, des cellules épithéliales, des vibrions, elc
(fig. Wi). La manière dont se reproduit ce végétal n'est pas connue. Les
petits corps ronds qui se voient parfois à l'intérieur des filaments sont
peut-être des corps reproducteurs, mais rien n'est encore démontré à cet
égard.
htHASITEB VKGKTaUS.
r J,eptolkHx buccalis se rencontre constamment dans les matières en
omposilion de ta boucbe de l'hommir (sur la pointe des papilles lin-
rgûales, dans l'enduit des dents, le taitre, dans la cavité dos dents cariées);
de là il passe quelquefois dans les liquides de l'estomac et de l'intestin,
ou même dans ceux des voies aériennes. Ces liquides toutefois ne sem-
blent pas favorables au développement du leplothrix, car dans ces mi-
lieux les lubes sont généralement courts, isolés, très-rarement implantés
•ur un support, comme s'ils ne pouvaient atteindre leur complet déve-
loppement.
La plupart des auteurs s'accordent à reconnaître que le Leplothrix buccoli»
., 26â. — Purs
^ a, LepMhrix b
* eononai.
j^est pas nuisible à l'homme, qu'il n'a aucune signification pathologique;
s c'est là une opinion par trop favorable si je m'en rapporte Ji ma propre
nervation. Sans vouloir parler ici des cas de carie dentaire et de gan-
toe pulmonaire où il est fait mention de la présence de ce parasite, je
^sdire qu'il m'est arrivé plusieurs fois d'être conduit à lui attribuer
s dyspepsies acides ou Hatulentes qui ont cédé à l'emploi de l'hypo-
llfile (le soude et des pastilles de menthe. Dans un cas (l), ce végétal
(1) La nommée
a Lourcine dan» n
^ et <;ui a tau
, Viclorini;, tgée de TÎDgt nni, damcatlqup, idmiie i l'hôpiUI
jcrvice, le 18 jamier 1875. est une jeune penonne bien cnniU-
s joui d'une bonne santé. (Juiuie joun acant ion rnirée, elle
778 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
m*a paru jouer un rôle véritable dans la genèse d'une stomatite qui cessa
aussitôt après l'administration de l'agent parasiticide.
Bibliographie. — Ant. Leeuwenhoek, Arcana naturœ détecta. Lugd. Batavor.^
1722, t. XL, Og. A. — Mandl, Recherches microscopiques sur lu campoMm
du tartre et des enduits rrmqueux {Comptes rendus de VAcad. des «c., t. XVD,
p. 213). — Remak, Diagnost. und pathog, Untersuehungen, Berlin, i8à5. —
BowDicHT, Americoji Jowm, ofmed. sciences, April 1850, p. 362. — Ch.Rom,
Histoire naturelle des végétaux parasites. Paris, 1853, p. 3/i5-35^ ; Atlas, pi. 1,
fig. 1-2. — Wedl, Grundzùge der path. Histologie, trad. anglaise, par Busk,
p. 7^6.7/i9. — Ubiscii, Berlin, klin. Wochenschrift, 1875, p. 702.
Il
Bactéries et vibrions. — Les bactéries sont des êtres organisés tout à
fait inférieurs et qui apparaissent dans les matières organiques en voie
ressent au palais, à la langue et dans la gorge une douleur qu'elle compare à une sensa-
tion de feu. Huit jours plus tard elle perd l'appétit, se plaint de fièvre, céphalalgie et
courbature; mais ces symptômes nesontque passagers. Lors de notre examen, les ganglions
sous-maxiliaircs sont tuméfiés, douloureux et volumineux. Dans sou tiers antérieur li
langue est desquamée et d'un rouge vif, les papilles sont à nu. Vers la partie movcnne
de cet organe il existe, surtout à gauche, des plaques ovales, d'une étendue de 2 centi-
mètres, rougeîitres et entourées d'un épithélium blanchâtre contrastant avec lepi-
thélium vrai. La partie gauche du voile du palais, de la voûte palatine et de la face
interne de la joue, la lèvre supérieure surtout, sont le siège d'une rougeur framboisée*
limitée par un bord festonné, comme si l'on avait passé sur ces parties un pinceau enduit
de carmin ; dans le voisinage on aperçoit quelques taches rouges isolées. La face inférieure
de la langue^ le pharynx, la face interne de la joue droite sont intacts. Les am>gdales sont
volumineuses, d'une coloration normale. La face dorsale de la langue est raclée à l'aide
d'un scalpel; le produit examiné au microscope renferme : 1° des filaments de leptothrii
implantés sur une substance granuleuse, à la surface des cellules épithéliales altérées;
2° des bactéries et des vibrions en très-grand nombre; 3° des cercomonas (fig. 264).
Le 19 janvier, la rougeur a envahi la partie droite de la langue, avec les mêmes
caractères. Douleur à la gorge, déglutition difficile. Collutoire au chlorate de potasse.
Le 20, la rougeur persiste et envahit les trois quarts de la face dorsale de la langue,
la face inférieure reste intacte; la rougeur s'étend à une grande partie de la face
interne des lèvres et est toujours accompagnée de sensation de chaleur et de brûlure.
Le collutoire est continué.
Le 21, on ne trouve plus au microscope le Leptotrix buccaliSj les bactéries, les vibrion*
et les infusoircs. Le 25, la rougeur a disparu, et le lendemain la malade nous demande
sa sortie. (Obs. recueillie par Gh. Remy.)
PAKASITES VÉGÉTAUX. 779
de décomposition. Leurs faibles dimensions et la simplicité apparente
de leur organisation ne permettent pas jusqu'ici de distinguer d'une
manière certaine les unes des autres leurs diverses espèces. Sem-
blable difficulté se présente encore lorsqu'il s'agit de séparer ces petits
êtres d'avec les espèces appartenant à des genres voisins par leur orga-
nisation, les vibrions par exemple. Les bactéries et les vibrions font partie
d'un groupe d'êtres désignés en France sous le nom de vibrioniens, en
Allemagne sous celui de bactériens ; ils se produisent dans les mêmes
circonstances et suivant les mêmes lois, jouissent de propriétés sem-
blables ou analogues et exercent sur les milieux dans lesquels ils se déve-
loppent des efTels qui, pour être difTérents, n'en ont pas moins une grande
similitude. Tous ces corpuscules, contrairement aux infusoires animaux,
sont insolubles dans l'ammoniaque, quoique ce réactif arrête leurs mou-
vements. Ce caractère d'ordre chimique est considéré avec raison par
Ch. Robin comme l'un des plus propres à faire rentrer les bactéries et
les vibrions dans le règne végétal.
Les vibrioniens sont constitués d'après Cohn : l"" par une masse do
protoplasma creusée de vacuoles et animée de courants dans son milieu,
homogène et immobile vers sa périphérie; 2" par une fine membrane
cellulosique que met en évidence la teinture d'iode, qui la colore. Ajou-
tons qu'à leur intérieur se voient encore de petits corps granuleux qui sont
probablement de nature graisseuse. Après la mort des vibrioniens, la
substance contenue dans la membrane s'altère et occupe des espaces
variables, laissant des intervalles vides qui permettent de la reconnaître
facilement. C'est une particularité qu'il faut connaître, car ces vibrioniens
eau voie de décomposition, mêlés à d'autres encore vivants, peuvent fort
bien donner lieu à une méprise et faire croire à deux espèces distinctes.
D'un autre côté, l'aspect que ces êtres prennent en se desséchant sur une
plaque de verre a porté Ehrenberg à conclure que chaque filament est
composé d'une série d'animalcules à peine plus longs que larges et retenus
par une division spontanée imparfaite ; mais cette opinion n'est pas
justifiée.
La plupart des vibrioniens ont des mouvements variés; ils avancent,
reculent, oscillent ou pirouettent autour de leur centre ou de leur extré-
mité, comme des tiges rigides, se redressent ou s'infléchissent en ondu-
lant, comme le serpent. Toutefois ces mouvements ne sont pas constants;
il est facile de voir que ces infusoires sont généralement immobiles dans
la première période de leur développement et que cette période d'im-
mobilité dure quelquefois plusieurs jours (Davaine). Ils peuvent cesser de
se mouvoir, tomber dans un étal d'inertie qui n'est pas toujours leur
780 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
mort, puisqu'ils ne présentent aucune altération dans leur oonsUtution;
quelques-uns d'entre eux sont d'ailleurs toujours immobiles. Ces Mres se
nourrissent aux dépens des liquides au sein desquels ils sont plongés, d
sans doute par absorption endosmotique, comme le prouve la odorBlioi
rouge qu'ils revêtent au contact d'une larve rouge de mouebe. Ils res-
pireraient, suivant Pasteur, les uns l'oxygène libre (aérobies), les
autres l'oxygène combiné (anaérobies), mais cette opinion n'est ptf
généralement partagée; Grimm a constaté que l'air atmosphérique
était nécessaire à tous les bactériens, et Cobn a reconnu que ces étm
décomposent et réduisent l'acide carbonique comme tous les autm
végétaux.
Les vibrioniens ne se développent jamais que dans un milieu déter-
miné, au point que, pour les faire disparaître, il suffit de modifier k
liquide organique qui les renferme, de substituer une eau pure à une eu
corrompue, de l'eau de mer à de l'eau douce ou réciproquement Une
température trop basse ou trop élevée s'oppose à leur développ^neot,
celle qui leur est le plus favorable oscille entre 30 et 40 degrés; il en
est de môme d'une pression atmosphérique trop faible ou trop forte, car
P. Berta pu constater que sous une tension de 23 à 24 atmosphères toutes
les putréfactions liées au développement des vibrions cessent de se pro-
duire. La présence de phosphates et de substances azotées, de l'ammoniaqae
surtout, dans un liquide, favorise leur développement; par contre, cer-
tains agents tels que le chloroforme, l'acide salicylique, ne manquent pas
de les tuer. Quelques vibrioniens, la bactéridie du charbon par exemple,
peuvent subir une dessiccation complète sans perdre leur vitalité, et cela
pendant toute une année ; cependant ils ont perdu la faculté de s'inoculer,
c'est-à-dire qu'ils périssent dès qu'ils sont placés dans une certaine quan-
tité d'eau (Davaine).
Les vibrioniens n'ont qu'un seul mode de reproduction connu, c est la
scissiparité ; celle-ci se montre avant que ces infusoircs aient atteint leur
longueur ordinaire, et pour ainsi dire dès leur apparition, ce qui aug-
mente beaucoup leur faculté de propagation. Sur la ligne de division, le
protoplasma s'éclaircit, puis il se forme une cloison transversale qui sé-
pare le contenu en deux portions; la cloison, d'abord très-mince, acquiert
rapidement Tcpaisseur de la membrane cellulaire primitive qui se ra-
mollit et se liquéfie. Quelquefois les deux moitiés de la cellule, au lieu
de se séparer, restent en contact, tout en continuant à se multiplier indi-
viduellement, et de la sorte elles arrivent à former des chapelets. Dans
certaines conditions de milieu peu favorables au développement des bac-
téries, les deux portions de division de ces êtres s'enveloppent d'une
PARASITES VÉGÉTAUX. 78i
matière glutineuse commune, et si la division se répète un certain nombre
de fois, il se forme des groupes ou amas plus ou moins volumineux.
Avant Tapparition des vibrioniens dans les infusions artificielles et
d'ailleurs dans la plupart des circonstances, il se passe en général un cer-
tain temps, il y a comme une sorte d* incubation^ après quoi la multipli-
cation de ces êtres a lieu avec une prodigieuse rapidité. Ce moment d'hé-
sitation apparente tient surtout au milieu et à Timperfection de notre
examen, car si, par exemple, on place le vibrion ferment de Tacide tarlrique
droit dans une solution aqueuse de tartrate d'ammoniaque, on peut
prouver après quelques heures de contact qu'il y a du tartrate transformé.
L'absence d'incubation tient, dans l'espèce, à ce que nous possédons un
procédé pour reconnaître immédiatement le développement du vibrion
tartrique. Dans tout autre cas, la période d'incubation n'est sans doute
qu'apparente et la génération par scissiparité peut nous en donner la raison,
comme elle peut rendre compte ensuite de l'apparition rapide et presque
soudaine des vibrioniens. Semblables effets se rencontrent dans un cer-
tain nombre de maladies.
Malgré les nombreuses discussions auxquelles elle a donné lieu, l'ori-
gine des vibrioniens qui se rencontrent chez l'homme paraît aujourd'hui
nettement établie. Ces êtres, d'après les expériences concordantes de Pas-
teur, Lichtenstein, Douglas, Cunningham, Tyndall, etc., existent partout
dans l'atmosphère, et pénètrent l'organisme humain par lintermédiairede
Tair à peu près comme certains vers, cysticerques et échinocoques, y
sont introduits par l'eau. Effectivement, quel que soit l'endroit où on l'exa-
mine, l'air contient toujours un grand nombre d'infusoires, beaucoup
moins toutefois sur les hautes montagnes que dans les vallées. Mais
il suffit, comme le recommande Pasteur, de filtrer l'air à travers du coton
pour éviter les effets produits par la présence de ces organismes. Beaucoup
plus rarement, ces êtres sont apportés par l'eau; c'est là néanmoins un
second mode d'introduction dans l'organisme. On comprend ainsi qu'un
grand nombre de maladies aient été attribuées aux vibrioniens; il est à
remarquer qu'elles ont presque toutes leur localisation anatomique dans
Je système lymphatique.
La classification des vibrioniens doit reposer sur leurs caractères
extérieurs, mais c'est à la condition de ne pas oublier que ces êtres ont
pour cachet spécifique le milieu particulier dans lequel ils se développent,
autrement dit leur fonction physiologique. DéjàDavaineetCohn ont tenu
compte de ces différents caractères dans la classification qu'ils donnent
de ces organismes. Malheureusement, nos connaissances des formes di-
verses que peut revêtir un même individu sont très*insuffisantes, et par-
78Ï AM.VTÛMIE PATHOLOGIQUE.
tant ladifïculté d'isoler chaque espèce apporte la plus grandi
dans la détermination des vibrioniens qui nous întéressetit te plu. Ci
pourquoi nous ne parlerons ici que des types les mieux coanui il},
1° Bacterium. — Corps fUifonne, roide, devenant plus ou màm &
tinclcmenl articulé par suite d'une division spontanée;
cillant, non ondulatoire (Oujardin),
liaclfrium lermo (Dujardin). — Ce microphyte a la forme d'mi II
ment cylindrique un peu renflé au milieu; deux à cinq Tois urnsi lonffi
large, il mesure 0"°,002 à ((""".OOS en longueur et se trouve purd»»-
semblé avec un filament semblable résultant d'une division sjHiiiUun:
est animé d'un mouvement vacillant.
Celte bactérii^ l'un des êtres les plus petits du règne orguniqut',a{i(iii
au bout de très-peu de temps dans les matières animales en pulr«fai](&
elle se multiplie bientôt d'une laçon excessive pour disparaître nisuihi
mesure que d'autres espèces qui ne sont peut-être qu'une forme diflàot
viennent à se développer. Le Bacterium termo parait avoir été obM-r^tln
plusieurs maladies, la variole notamment: Cbauveau a cnnstat^çin
présence dans le sang d'un bélier bislourné favorise le dévelopjx'Tnal'i
la gangrène de l'organe pnvé de son aliment habituel. Cet ^trc lefi»
l'oxygène libre (Pasteur), s'empare de ce gaz dans les liquides qui
nenl des nmliôres organiques et périt ensuite, ou bien il continui'df w
à la surface, formant une pellicule qui protège les liquides conlri'
de l'air atmosphérique. Il possède encore la faculté de fixer ro:iyprt(i'
t'air sur certains produits organiques, et contribue ainsi à leur ilcsK»
tion complète.
Dujardin décrit encore un Bacterium catenula, ou en cbalnette: Eliw-
berga failconnattrcle fiQctot'um/)tincïMm;runet l'autre sonlpeudiiTiTali
Am Bacierium /^rmo. Davaine admet de plus l'existence d'un Baclfriim^-
(Il DavnLDB clone les vibrioQi comme il suit :
Filaments limita ou inflc- \ ,c mouvant epontanémciit ( rigides. .. Bailmrt
cliin, mais no» louriiés en > \ fleioeui . Vibiù
béliie ' immobiles ' Baclcni»
Filinicnls loiirntîs pii hûlice SpinU«& ■
Tels sont les genre?. Les etpèccs sont généralement iiaermitiëes d'l|>rt> le wÊU
qui leur convieot.
Coha a adopté lu classiDcation tuirante :
1° Spliicrobattéries (Kugelbaeterien) G. Micrococeu».
2° MicTobactérics G. Bacterium.
3° Desmnboclérie» 6. Bocillut, Vibrio.
à* Spirobactcries G. Spirillum. Spirocbxte.
PARASITES VÉCiTADX. 763'
tredinis dont il a éludJé les diiïérenles fonnes. Ce raîcrophyte détermine
dans les plantes une pourriture plus humide que celle qui est causée par
le mycélium des champignons.
2° BACTEBioruH (Davaine). — Corps filifonne, droit ou infléchi, plus
ou moins distinctement articulé, par suite d'une division spontanée im-
parfaite, toujours immobile.
Bactéridie charbnnntuse (Davaine). — Ce végétal a la forme de filaments
droits, roides, cylindriques, quelquefois composés de deux, trois et rare-
ment quatre segments, offrant des inflexions à angles obtus eu rapport avec
les arlides. Ces filaments sont très-minces relativement à leur longueur qui
va jusqu'à 0"'",01 et 0"'°,012 pour un seul article, et jusqu'à û"°,05 pour
UD filament composé. Ils mesurent 0~~,ni dans la pustule maligne, ils
sont moins longs dans le sang des gros vaisseaux; c'est dans la rate
qu'ils ont leur plus grande dimension. Si ces filaments sont quelque-
fois rares dans le sang du cœur, on les trouve en grande quantité dans les
concrétions librineuses placées entre tes colonnes charnues ou dans les
oreillettes (fig. 361) ; on les obsen'e encore dans le corps muqueux de
la peau de l'homme (pustule maligne). Leur développement, en rapport
avec leur âge, est en outre soumis h d'autres influences, car on les trouve
bemcoup plus courts chez certains individus que chez d'autres.
Les bactéridies se distinguent des cristaux en aiguilles, avec lesquels
elles ont (quelquefois une très-grande ressem-
blance de forme, par leur résistance à l'action
de la potasse caustique et de l'acide sulfu-
rique; elles se différencient des vihrioniens
qui se forment dans le sang putréfié, en ce
que ceux-ci sont doués de mouvements spon-
tanés ; ajoutons que les bactéridies charbon-
neuses sont détruites par la putréfaction.
Ces bactéridies se développenlchez l'homme,
chei le mouton, le bœuf, le cheval, le la-
pin, etc. ; elles ont une relation très-étroite
aveclamaladieconnuesousIenomdecAoï-fton. Fic. 2G5. — Bacleridiei cliar-
„ .1-11 bonneuusetamasde irlobulei
Par contre, la baclenuie charbonneuse ne se roiiiços pmyennnt du ung du
rencontre point chez le chien, le chat, les oi- «*""' 'l''"» malade mort d'une
. , , . , , -j n pustule maligne.
seaux, ni chez les animaux a sang froid. Ua-
vaine décrit en outre des bactéridies intestinales qui sont des filaments
droits avec espace clair médian, indice d'une segmentation binaire, quel-
quefois coudés en ce point.
784 ÀNATOMIB PATHOLOGIQUI.
3<» ViBRio (Mûller et Ehrenberg). — Corps filiforme, plus oo moins
distinctement articulé par suite d*uiie division spontanée imparfaite,
susceptible d'un mouvement ondulatoire comme celui d'un serpent
(Dujardin).
Vibrîo lineola (Mûller). — IjC Vibrio lineola ressemble beaucoup an
Bacterium iermo et se trouve souvent dans les mêmes infusions, de telle
sorte qu'il est difficile de savoir si Tun n'est pas le premier ftge de l'autre.
Il a le corps diaphane, cylindrique, deux ou trois fois plus long que
large; ses articles, assemblés au nombre de deux ou trois en une ligne
mince et fle^nieuse, ont une largeur de 0",0035, une épaisseur de
0"«,0012 à 0»",0003.
Vibrio rugula (Mûller). — Ce vibrion, dont le corps est diaphane, se
montre sous la forme de fils alternativement droits ou flexueux, l<Migs
de 0,008 à 0,013 et qui se meuvent avec vivacité en ondulant ou en
serpentant. La faculté que possède ce petit être de s'allonger et de rester
droit le distingue des 5/)iri7/tim, qui sont toujours plus ou moins enroulés.
Il se trouve dans les matières intestinales de l'homme et surtout dans les
déjections des cholériques.
Une autre espèce^ le vibrion-baguette [Vibrio Bacillus Mûller), n'a que
des mouvements d'inflexion ; il se distingue du vibrion rugule par une
longueur plus grande des articles; on le retrouve dans la matière
blanche du tartre qui s'amasse autour des dents. Tous ces vibrions sont
des agents de la putréfaction.
Pasteur décrit un vibrion lactique qui se rapproche beaucoup du
Bacterium termo^ et qui est formé d articles globuleux très-courts, un peu
l'enflés aux extrémités. Ce vibrion se développe dans les liquides sucrés
4ît détermine la formation de l'acide lactique. Le même savant admet en
outre l'existence d'un vibrion butyrique et d'un vibrion tartrique.
/*• Spirillum (Ehrenberg). — Corps filiforme, contourné en hélice, nou
extensible, quoique contractile (Dujardin).
Spirillum undulatum. — Ce microphyte a le corps filiforme, con-
tourné en hélice lâche à un tour et demi ou deux tours, déprimé dans le
sens de l'axe de l'hélice cl plus mince vers le contour; sa longueur totale
est de 0™'",008 à 0""S012, sa largeur de 0'"'°,005. Il ne s'étend jamais en
ligne droite, cl par là il se distingue du vibrion rugule. En repos, il re-
présente un V majuscule, en mouvement, la lettre M; il se développe
dans les infusions végétales et animales fétides. Une espèce parasitaire
appartenant au game Spirillum aurait été observée par Obermeyer (ûcrliiL
FARASITES VÉGÊTArX. "85
Wochenichrifl, 187J, il" 13, p. 1j2. el n* 33, p. 391) dujis 1» fièviv
nirente.
' MiCROCOCCus. — Ce genre, crét; par ilallier, rciifcnuc loulcs les bac-
Hes globuleuses : ce sont des corpuscules ronds ou ovales, rérriiigents,
DOtours nets, et animés d'un mouvi^nient oscillatoii'e lorsqu'ils sont
s dans un liquide étendu. Cnlm Tnil de ces bactéries, qui sont trës-
nbreuses , trois groupes ; les espèces simplement pignienlaires ;
I espèces pignientaires et zjmogënes; les espèces conla(;ieusos. Bill-
0, au contraire, admet comme probahlc l'opinion que vibrions, bâc-
les et micrococcus apparliouuent a un nii^me genre d'algues, les oscil-
pires. On voit par là combien on s'entend peu jusqu'if^i sur la dêtormi-
pion spécilique de ces êtres. D'un autre câté, on est loin de s'accorder
r leurs elTels au sein de l'organisme vivant ; car, s'ils sont considért^s -
f plusieurs auteurs comme pouvant èU-e h rause de désowlres patho-
Uques, il est encore des médecins qui ne leur attribuent aucune
pucnce nuisible. La vérité, à notre avis, est entre ces deux exlriîmes,
I mîci'opbyles ne se développent pas dans les lissus d'un individu
lissant de la plénitude de su santé ; mais ils ont la pins grande ten-
pce à envahir toutes les parties où la nutrition languit, et a plus
e raison celtes dans lesquelles se pi'oduisent des composés chimiques
rent servir it leur alimentation. C'est ainsi qu'on les voit u])|)ai'allre
p^aurface des plaies, et, par leur absorption, contribuer ii ta genèse de
HCction putride, de l'infection purulente (voy. p. 253) et de la gan-
ne, et, lorsqu'ils mit été injectés dans le sang ou qu'ils y ont pénétrê
me façon quelconque, localiser leurs elTets sur les parties dont la
trition est airalbiieou nulle, comme l'ont monli'é les expériences de
■uveau chez des béliers auxquels il avait préalablement pratiqué le
tournage. De cette Façon, on peut se rcndi'C compte des suppurations et
k gangrènes des parties génitales, de la ituucbe et des extrémités chez
■enfants ou tes adultes, a la suite de fièvres graves, puisque ces parties
t celles où lu nutrition est le moins active, et souvent aussi celles oii
ftmicropbytes ont le plus de tendance à séjourner lorsque malheui'eu-
lent on néglige les soins de propreté. En somme, la pi-ésence des
rophytes au sein de l'organisme se lie invuriablement ii une modib-
[on préaliible des solides ou des liquides; mais il n'en est pas moins
ii qu'elle devient ii son tour l'occasion de désoi'drcs tout à fait spéciaux
■s êtres qui en sont la cause. La conséquence pratique à tire-r
s données, c'est qu'il faut cbercber par tous les moyens à déIruFrc
I êtres si nuisibles fi l'organisme bumain.
LA%CCIIEAIII. — TrailÈ d'Aiiiil. |oUi. I. — SO
786 ANATOMIB PATHOLOGIQUE.
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PARASITES VÉGÉTAUX. 787
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TRAUMATISME
Le tra uitintisme est l'état qu'imprimu h 1 orgaiiisim; loiilc espèce dt
lésion Incale pruduile iiistantauément, soit par une violence exIérieiiR,
soit par un agent physique ou chimique puissanL
L'étude aimtomo-palliologique du liaumalisiueesl des plus iiistracliTB,
car, résullajit d'une action primitivement locale, c* dt'^sordire,
que tout autre, permet d'appi-éciei- les divers modes de réaction d« l'or-
^anisuK^ en présence des agents extérieurs et suivaAt les condîlroiu
de la nutrition génémle. En elTel, selon qu'il vil à IVlat sau\-age uu
l'étal civilisé, qu'il habile In rampagiie ou une grando ville, un paji
chaud ou un pays Troid, qu'il a une vie active ou une vit.- sédtmtain;
qu'il su nourrit de substances animales ou de substantt-'s vé^étdes.
.l'individu atteint par le Iraumalisme secompoi'te d'une f»i,-t>ii dilTprente.
Le cainpa^iard supporte mieux les opérations que l'Iiabilaiit des vilt»-.
la Temme à l'état sauvage, conlraîrement à la Temme vivant à l'éUtdf
civilisation, ne ronnalt pour ainsi dire pas les suites de raccouchciueni:
l'individu nourri de viandes voit la cicatrisation de ses plaies se priK
duire plus lot que l'individu qui a pour base de son alimentation da
pommes de terre, vie. Or, dans res conditions, il est faeîlf de ouinprrnilrp
l'inanité de la statistique chirurgicale, si elle ne s'applique à des individus
de même âge, de même sexe el vivant dans des conditions hygiéniques
semblables.
Les agents Iraumaliques ont d'ailleurs des effets très-dissemblablts
suivant leur mode d'action. Les uns modifient les tissus en les incisant,
en les déchirant ou en les broyant : ils agissent d'une Taçon purement
mécanique; les autres exercent sur ces parties une action simplement
physique ou chimique. Par conséquent, il y a lieu d'admettre, pour h
facilité de l'étude, un traumatisme mécanique, un traumatisme physique el
un traumaiitme chimique.
{
7
CHAPITRE PREMIER
TRAUMATISME MÉCANIQUE
Résultat d'une violence extérieure, le traumatisme mécanique se mani-
feste par des effets divers, au point de vue du symptôme et de l'indi-
cation thérapeutique, selon que les tissus intéressés se trouvent ou non
soumis à Faction de Tatmosphère. C'est pourquoi nous étudierons suc-
cessivement les plaies et les contusions, puis enfin les fractures et les rup-
tures, qui, à la rigueur, ne sont que des désordres annexes, pour ainsi
dire, des conlusions.
§ 1. — PLAIES.
La plaie est une solution de continuité produite par une violence
extérieure qui, agissant mécaniquement sur nos tissus, les divise plus
ou moins profondément Les corps extérieurs causes des plaies sont
généralement classés en instruments piquants, tranchants et conton-
dants, et partant on admet trois espèces de plaies, en rapport avec les
modes d'action de ces instruments, à savoir : les plaies par instruments
piquants, les plaies par instruments tranchants et les plaies par instru-
ments contondants. Mais, les conséquences plus ou moins fâcheuses
des plaies étant moins subordonnées à la forme de l'instrument qu'à la
lacération des parties et à l'action des substances dont cet instrument
peut être imprégné et qu'il dépose dans les tissus, nous étudierons suc-
cessivement : l' les plaies simples^ 2* les plaies contuses^ 3" les plaies
empoisonnées,
I. — Plaies 9iinples.
Ces plaies varient de forme et se comportent un peu différemment
suivant qu'elles ont été produites par un instrument qui a écarté ou
sectionné les tissus. Les premières déterminent un éloignement des
790 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
tissus qui ne tarde pas à disparaître, elles laissent écouler peu de sang
et se cicatrisent tapidemeut. Les secondes offrent un écartementen
rapport avec 1 élasticité des tissus intéressés et la contraction muscu-
laire, et laissent échapper au dehors une plus ou moins grande quantité
de sang.
L'action de Tair extérieur, la formation d'un caillot entre les lèvres de
la solution de continuité, telles sont les circonstances qui, dans les plaies de
peu d'étendue, favorisent la coagulation du sang dans les capillaires et
arrêtent ThémoiThagie. Mais cette coagulation, qui entrave la circula-
tion, devient le point de départ d'un accroissement de la pression sanguine
au voisinage de la plaie, d'où la dilatation des vaisseaux, l'établissement
d'une circulation collatérale, et en même temps la chaleur, la rougeur
et le gonflement des bords de la solution de continuité. Disons que
l'excitation inséparable de la section ou de la déchirure des tilels ner-
veux joue aussi un rôle important dans la production de ces deux
derniers phénomènes.
A ces premiers symptômes des plaies succèdent des phénomènes
qui varient avec la nature du tissu intéressé. Dans les tissus con-
jonctifs ces phénomènes diffèrent suivant que la plaie suppure ou
ne suppure pas. Une plaie qui se cicatrise sans suppurer (réunion
immédiate) manifeste un ensemble de phénomènes qui aboutit à la
formation d'un tissu formé de jeunes éléments cellulaires semblables
à ceux qui composent l'embryon, et à l'organisation dêliniîive de ce
tissu. Au bout de quelques heures, comme on peut s'en assurer iii
expérimentant sur les animaux, on aperçoit entre les bords de la plair
une matière glutineuse, transparente, masse comparable à de la colle
solide (lymphe plasticjue des auteurs). Or cette masse, qui déjà |>eut
maintenir réunies les lèvres de la plaie, renferme, en même temps
que de la fibrine et des globules sanguins provenant de la division
des vaisseaux, une (juantité innombrable de cellules destinét's à fain*
les frais de la cicatrisation. Ces cellules, petites, arrondies, légèrement
granuleuses, formées d'une faible quantité de protoplasma au sein
duquel on voit un ou plusieurs noyaux, ont une ori^iine disoult*e.
Ne sont-elles que les globules blancs du sang, comme le veuleul
certains auteurs depuis les recherches de Cohnbcini? Sont-elles le résul-
tat de la multiplication des cellules fixes ou des cellules mobiles des
espaces lymphatiques ? ('/est ce qu'il est difficile d'affirmer. L'opi-
nion qui me paraît la plus vraisemblable, est (ju'elles proviennent des
éléments fixes du tissu conjonctif. Quoi qu'il en soit, ces cellules pa-
raissent se multiplier par segmentation ; elles sont mobiles, contractiles,
TRAUMATISME MÉCANIQUE. 791
^metlent des prolongements; puis, au bout d'un certain temps, elles
prennent une configuration fusiforme, tandis que la substance qui les
réunit, ou substance intermédiaire, acquiert une plus grande solidité.
Plus tard ces éléments, serrés les uns contre les autres, s'aplatissent,
diminuent de volume, et beaucoup périssent; si bien qu'il en résulte une
substance inlercellulairc fibreuse, avant tout à fait le caractère du tissu
fibro-lendineux. Pendant ce temps les parois vasculaires végètent, en-
voient des prolongements qui s'anastomosent avec ceux des vaisseaux
opposés, de telle sorte (jue la circulation ne tarde pas à se rétablir entre
les deux lèvres de la plaie ; mais la vascularité, d'abord assez marquée,
diminue bientôt, car, au bout de quelques semaines, la cicatrice vascu-
larisée fait place à un tissu fibreux très-peu riche en vaisseaux et plus
résistant que les tissus voisins. Des vaisseaux lymphatiques apparaissent
dans ce néoplasme, qui n'est, en somme, qu'une régénération du tissu
conjonctif.
La réunion des parties molles, après une plaie simple, est donc tou-
jours suivie d'une cicatrice du tissu conjonctif; ce tissu qui existe par-
tout, ayant la plus grande facilité de reproduction, fait en cHet tous les
frais de la cicatrisation. C'est par lui qu'a lieu aussi la cicatrisation
des caitilages. Cependant le tissu osseux a la propriété de se repro-
duire à la suite de blessures, et le tissu musculaire, dont le pouvoir
régénérateur a été longtemps mis en doute, jouit du même avantage,
comme l'ont montré les reclit>'ches de Peremeschko, 0. Weber, etc.;
d'un autre côté, la régénération des troncs nerveux est depuis longtemps
connue. Les cellules nerveuses et les éléments glandulaires n'ont pas le
même privilège, et rien ne prouve jusqu'ici qu'ils soient c^iï)ables de se
reproduire ; il résulterait de là que la propriété de se régénérer appar-
tient exclusivement au groupe des tissus émanant du feuillet moyen du
blastoderme, et que pour cette raison sans doute on appelle encore tissus
végétatifs.
Si la plaie qui nest pas accompagnée de perte de substance peut se com-
porter comme nous venons de le dire, il en est autrement de la plaie avec
perte de substance : celle-ci suppure nécessairement au contact de l'atmo-
sphère. Dès la fin du deuxième jour, les lèvres de cette plaie se tuméfient ;
puis elles se couvrent d'une couche grisâtre plus ou moins épaisse, sorte
de couenne au-dessous de laquelle apparaissent de petites saillies rouges
et vasculaires, désignées sous le nom de bourgeons charnus (voyez
p. 226). Constitués |)ar de petites cellules rondes oucellulesembryonnaires
et par de nombreux vaisseaux capillaires, ces bourgeons varient d'aspect
suivant l'état général du sujet affecté et certaines conditions de localité.
?B2 ANiTOMlË PATHOLOGIQUE. ■
S'ils sonl petits, formes, coniques, rosés, ce qui sigiiifie qu'il* û[i!«Bjj^,|
grande tendance à la cicatrisation, on les dit de lionne nslunUilg^
vontrairc ils sont volumineux, violacés, mollasses, pâles ou hiaËd\hl|_|u
eondiiisent à une cicatrisation lente, et sont les bourgeon» ehamut Bw
niiiuvuisG nnlure. Dans ces conditions, ils sont exposés h de oonibnn mfn
désonires, et principalement à des ruptures vasculaires suivii^s d'aïk^Hp^
moscs ou de légères hémorrliagies, sous l'influence d'uiTutb «kl^^
pansements mal dirigés. L'u liquide plus ou moins épais, crèma^ 0 l^i^
jaunfkLre (pus de bonne nature], liquide sanieus, verdAtre ou bnilto Utà
[pus de mauvaise nature), s'échappe de la surf^ace des bourgeons àaf» ^Ll
ou membrane granuleuse. Ceux-ci s'élèvent peu à peu, puii^ils s'ucdaL ^Li
se fusionnent (réunion par seconde intention), ou bien, Inrsquoricnfc- Bu
ment n'est pas possible, ils tendent ii s'égaliser à la surface de U |Ub 1^
perdent de leur vascularitè, sécrètent une moindre quantité du ^obia M%
purulents, se couvrent enlin de pellicules blanches fanuées de c«41alis I
épidermiques, et la cicatrice est constituée. Brune, livide ou violacée, eellr I
cicatrice acquiert bientôt une certaine résistance, mais ensuite elle foi I
sa coloration pour prendre une teinte d'un blanc mal, qu'elle garde touk I
la vie, et qui ti-ancbe sur la coloration plus foncée des téguments. 1
La cicatrisation des plaies s'accomplit avec plus ou moins ie leuIW. l
suivant leur siège et les conditions de nutrition du sujet affecté. D'ok
façon génémle, elle est d'autant plus rapide, que les tissus inli-rfun
sont plus vasculaii-es : c'est ainsi que les plaies de la léte et relies de b
face guérissent plus promptement que celles de la plupart des autm
pallies du corps. De même l'inJividu jeune et bien nourri se Iiwiw,
sous ce rapport, dans des conditions beaucoup meilleures que l'individg
(Igé et mal nourri ; une alimentation animalisée, un esereice musruUiir
journalier, une vie active passée au grand air, une tenipéralurv iw-
dérée, sont autant de circonstances ravumliies ù lu cii;atrisatio]i do
plaies, et qui nous expliquent la plus ou moins grande fréquence de
succès opératoires, suivant le milieu dans lequel se trouve placé 1«
patient.
Les phénomènes généraux qui accompagnent les plaies consistent en
une lièvre plus ou moins intense et d'allures assez variées : cbn
les individus irritables, excités par quelque impression morale, ou adon-
nés aux boissons alcooliques, celle (ièvi'c se complique fréquemment d'un
délire plus ou moins aigu; chez les individus épuisés par la douleur ri
par la soulfrance, elle peut même revêtir un caractère ndynamique. l'a
grand nombre d'autres circonstances modifient parfois cet état généni
et souvent aussi l'état local des plaies. Ce sont tes maladies constiU-
TRAUMATISME MÉCANIQUE. 793
tionnelles, Taltération d'organes ayant une action manifeste sur la nu-
trition, tels que l'encéphale, la moelle épinière, le foie, les reins, etc.
Ajoutons que certaines influences physiologiques, la grossesse, par
exemple, et les conditions climatériques, peuvent imprimer un cachet
particulier aux solutions de continuité, ou même provoquer des accidents
généraux sérieux. Mais ce qui modifie les plaies, s'oppose à leur cicatrisa-
tion et détermine des accidents graves chez les opérés, c'est, avant tout, le
contact avec les tissus lésés d'instruments ou de liquides malpropres, d'un
air chargé de microphytes. C'est à ce contact qu'il convient de rattacher au-
jourd'hui la plupart des complications locales des plaies, telles que l'inflam-
mation, la pourriture d'hôpital, la gangrène, etc., et leurs conséquences
(infection purulente, résorption putride, etc.). Les succès des chirurgiens
qui savent se mettre à l'abri de ces influences nuisibles sont, en dehors
de l'observation directe, une preuve de la doctrine que nous défendons.
II. — Plaies conluses.
Ces plaies peuvent être considérées par la pensée comme le résultat
composé d'une solution de continuité par instrument tranchant, d'une
altération variable dans la texture des parties qui ont été frappées.
Elles représentent une solution de continuité dont les bords sont en
général inégaux et irréguliers, excepté dans quehiues cas où les
tissus mous surmontent un plan résistant, comme à l'angle orbitaire
externe. Ces plaies ont ceci de remarquable qu'elles ne sont pas en
général saignantes, ce qui s'explique par la lacération des parties et par
l'obturation des vaisseaux au niveau des couches désorganisées ; d'un
autre côté, elles sont très-variables quant à leur profondeur, leur étendue
et la désorganisation plus ou moins complète des tissus affectés.
Pour toutes ces raisons, on admet deux degrés dans les plaies contuses :
les unes oH'renl une altération si peu profonde des tissus, que la guérison
a lieu sans élimination ; les autres sont le siège d'une désorganisation
tellement considérable, que le travail de restauration a lieu seulement à
la suite de l'élimination des parties mortifiées : de là des complications
diverses, el surtout la gangrène.
Il résulte de ces données que si les plaies par instrument piquant et
par instrument tranchant ont une tendance naturelle à la réunion im-
médiate, les plaies contuses au contraire ne peuvent guérir qu'à la suite
d'un travail régénérateur dont les éléments sont : élimination ou expul-
sion, à la façon d'un corps étranger, des parties escharifiées ; inflammation
79ï ANATOMIB PATHOLOGIQUB.
suppurative des parties moins désorganisées. Par conséquent, toute plue
contuse suppure et ne devient le siège d'un travail de cicatrisation et
d'adhésion qu'autant qu'elle est ramenée à l'état de plaie par instrument
tranchant, qui suppure.
Je n'ai pas à m'occuper ici des complications de ces plaies. Pourtant
j'en dirai quelques mots, aGn de montrer que ces accidents sont tou-
jours subordonnés à des conditions spéciales à l'individu malade et
au milieu dans lequel il vit. Les plus importantes parmi ces complica-
tions, en dehors des désordres nerveux réflexes, tels que spasmes
musculaires, tétanos, etc., sont l'hémorrhagie, l'infection purulente, la
gangrène et la pourriture d'hôpital. L'hémoiThagie est artérielle, veineuse
ou capillaire, suivant la source d où elle provient, et partant plus ou
moins grave. En outre, suivant qu'elle survient au moment de la bles-
sure ou plus tard, elle est dite primitive ou consécutive ; dans tous \e:>
cas, elle est subordonnée à la disposition générale du sujet ou encon* à
certaines modifications des organes, notamment le foie, la raie et les
reins. Abondantes chez les hémophiles, les hémoiThagies truuniatiques
sont généralement fréquentes chez les albuminuriques, les cirrhotiques,
les impaludiques, etc. (Verneuil).
L'infection purulente, la gangrène et la pourriture d'hôpital sont des
complications que l'on observe suilout chez les individus placés dans de
mauvaises conditions morales et dont le svstème nerveux est ébranlé;
mais il importe de savoir (ju'elles ne se développent jamais (|ue dans
un milieu spécial, au conlact d'un principe so|)lique. Deux condi-
tions sont ainsi nécessaires à la production de cos acci(l«'nts n-duu-
tables dos plaies, savoir, un état général mauvais cl la présence à la sur-
face de la plaie de germes ou ferments délétères, qui, après s'éUv mul-
tipliés sur place, pénètrent dans l'organisme el rinfeclenl. (Test ainsi
que l'on explique aujourd'hui, avec raison selon nous, los phém>-
mènes de la pyohémie (voy. p. 239), des gangrènes (voy. p. 513) et au^^i
ceux de la pourriture d'hôpital (1).
BiBLiOGRAPniE. — John IIl.ntf.r, Œuvres conqûf'teSf Irad. on fraiirai> par
G. Richclot, t. Ilï, p. 274. l^aris, i8/i0. — John Bell, Disrourses on th.miUir*
(1) Voyez, pour la bibliogrnpliie de la pourriture d'hôpital : E. Folliii, Tnuif '/■
patholoijie externe. Paris, 1861, t. I, p. Û88, — Bonnard, lice. Je »um. //? mti.,
chir. et phann. milit , t. XVI, p. 302. — Pitlia et Billrotli, Hntulbuch fh:r »///y'.>w.
wid spec. Chirurgie^ vol. I, 1^ part., 1" fasc., livr. i, p. 187, art. Unspitiilhrnt'f,
par C. Heine. — E. WolfT, Recherches sur la pourriture tllo'*}tUttl^ thèse «le Pari*.
1875, — Nussbaum, Eine Mittheiluutj uher den Hospitalbrand iUingenbeth" s Atxhir j*tT
klin. Chirurgie, t. XVIII, p. 706).
TRAUMATISME MÉCANIQUE. 795
and cure of Wonnds, London, 1795; trad. franc, par Estor, Paris, 1825. —
DupuYTREN, Traité des plaies d'armes de guerre {Leçons cliniques, U V et VI,
183/i). — Parmf.ntier, Quelques recherches sur la cicatrice des plaies exposées
au contact de l'air, thèse de Paris, 1854. — Girouard, Cicatrisation des plaies
à Vair libre, thèse de Paris, 1858. — Ritzinger, De la cicatrisation en général
et de celle des plaies en particulier, thèse de Strasbourg, 1859, n"/i71. — Wal-
DEYER, Zur patholog. Anatomie der Wundkrankheiten (Archivf,pathol. Anat. und
Fhysiol,, 1867, t. XL, p. 879). — Wiwodzoff, Étude expérimentale des diffé-
rents phénomènes qui se passent dans la cicatrisation des plaies par première
intention {Journal de Vanatomie et de la physiologie norm, et path. de V homme
et des animaux, 1868, p. 130). — Consultez les principaux traités de chi-
eldes animaux, 1868, p. i30). — Edw. Klebs, Beitraege zur pathol, Anat, der
Srhusswandcn, Leipzig, 1872. — Consultez les principaux traités de chirurgie.
m. — Plaies empoi^nnécs.
On appelle plaies empoisonnées, des plaies qui sont accompagnées
de l'introduction d'un poison dans les tissus, et déterminent des phéno-
mènes locaux et généraux particuliers.
Les peuplades sauvages qui combattent à Tare empoisonnent à dessein
leurs flèches par des substances encore inconnues dans lem* nature,
mais dont les efl'cts sur l'organisme ont été bien étudiés dans ces der-
niers temps par plusieurs physiologistes, et surtout par le professeur
Cl. Bernard. Ces effets ayant trait à l'état général plutôt qu*à l'état
local de la personne qui est atteinte, je renverrai pour leur élude
aux différents travaux de ce savant, et particulièrement aux leçons qu'il
a publiées sur les substances toxiques et médicamenteuses (Paris, 1857).
Mais si les plaies de cette provenance sont peu différentes des plaies sim-
ples, il en est autrement des plaies imprégnées d'un principe septique ou
virulent ; celles-ci ont une physionomie à part, spécifique en quelque
sorte, quel que soit l'état général qui les accompagne : tels sont le tuber-
cule anatomi(|ue, le chancre, la pustule de la morve, etc. Il me suffira de
signaler ici ces lésions, fort bien décrites dans la plupart des traités de
pathologie, à l'exception toutefois des plaies produites par les dissections
cadavériques.
Le tubercule anatomique est une lésion oixiinairement superficielle
et de peu d'étendue, caractérisée par l'hyperplasie des papilles du denne,
qui forment à son pourtour une tuméfaction plus ou moins considérable.
Cette tuméfaction, violacée, indolente, quelquefois saignante, se divise en
une multitude d'élevures papillaires, au centre desquelles existe un
espace vide qui souvent laisse sourdre une gouttelette de pus. Tantôt
796 ANATOMIE PATHOLOGIQOI.
unique, le tubercule anatomique est d'autres fois multiple ; plusieurs lé-
sions de même genre sont alors groupées sur des crevasses, auniveindes
articulations métacarpo-phalangiennes, en forme de pléiade ou de demi-
cercle. Ce tubercule n'entratne en général aucun accident sérieux k si
suite; mais il n'en est pas ainsi des plaies anatomiques proprement dites.
Celles-ci, lorsqu'il s'agit d'une simple piqûre, se présentent sous h
forme d'une pustule à liquide trouble, assez semblable à une pustok
vaccinale ; elles ne tardent pas, en général, à être accompagnées, du moiitt
chez les individus débilités, de lymphangites et d'adénites presque tou-
jours suppurativesy et de phénomènes généraux des plus graves. Ces
phénomènes se produisent, tantôt après des recherches cadavériques
faites sur des personnes mortes depuis peu de temps, ils sont des plus sé-
rieux et paraissent tenir à une cause spécifique; tantôt k la suite de l'exa-
men d'organes en putréfaction, ils sont alors beaucoup moins dangereux.
Au groupe des plaies empoisonnées appartiennent les plaies envenimées,
c'est-à-dire celles que vient compliquer le dépôt d'un venin. Les venins
sont des produits de sécrétion normale propres 'à un certain nombre
d'animaux (|ui en usent comme moyen de défense. Les animaux veni-
meux les plus redoutables ont des dents ou des aiguillons qui leur per-
mettent de pratiquer à nos tissus des plaies au sein desquelles ils déposent
le poison ; ils appartiennent aux reptiles, aux insectes et aux arachnides. Ce
sont, parmi les premiers, la vipère et le crotale; parmi les seconds^ l'abeille^
la guêpe, le frelon, etc. ; parmi les derniers, le scorpion et la tarentule.
Les plaies produites par la piqûre de la vipère offrent Icmpreinte des
deux dents venimeuses ; elles saignent d'abord, rougissent et deviennent
le point de départ d'une tuméfaction œdémateuse qui bientôt s étend au
loin, gagne la totalité du membre lésé, et même le tronc. Ces plaies, dont
l'étude hislologique est à faire, laissent échapper une sérosité roussàtre.et
présentent dans leurs environs des phlyctènes, des taches livides erchymo-
tiques, violacées, noirâtres, et quelquefois gangreneuses. Les désordres
locaux ont été assez généralement attribués à laction du venin sur le
sang qui est noir et chargé d'acide carbonique, mais il peut se faire qu'ils
tiennent en partie aussi à une induence nerveuse locale ; en tout c^s, ils
sont rapidement suivis d'angoisse et de faiblesse générale, de petitesse du
f ouïs, de nausées, do vomissements, de suppression des urines, de co-
loration iclérique de la peau, etc., ensemble symptomatique indice d'uni*
modilication profonde du liquide sanguin et qui trop fréquemment con-
duit à la mort.
Les pi(jùre3 de serpents, assez communes dans la zone toiride, ont dos
caractères locaux peu différents de ceux des piqûres de la vi|>ère, si bien
TRAUMATISIIE MÉCANIQUE. 797
étudiées par mon ami le docteur Viaud Grand-Marais. Les membres
inférieurs en sont le siège habituel, plus rarement le cou, la tète. Le
bothrops lancéolé, ou serpent de la Martinique, détermine ordinairement
deux piqûres qui varient avec la force et la taille de l'animal ; ses dents
pénètrent, d'après Rufz, à un demi-pouce d'épaisseur, el ne traversent
pas les aponévroses du bras et de la cuisse; par conséquent, une eschare
d'un pouce de profondeur atteint le venin aussi loin qu'il a pu être
porté. Les phénomènes généraux consécutifs à ces piqûres tuent en géné-
ral plus rapidement que ceux qui sont produits par la piqûre de la vipère.
La piqûre des abeilles, des guêpes et des frelons a pour caractère une
rougeur vive et un gonflement limité au centre duquel est Taiguillon
formé de deux lames creusées en gouttière et juxtaposées ; les plaies de
cetle sorte, pour peu qu'elles soient nombreuses, sont accompagnées
parfois d'un gonflement considérable, d'abcès ou même de gangrène
partielle et de phénomènes généraux sérieux rapidement mortels.
La piqûre du scorpion fornie une tache rouge, qui s'agrandit, se gonfle
peu à peu, devient noire dans son cenlj'e et parfois entourée de phlyc-
tènes. Celle de la tarentule se présente sous la forme d'une enflure de
teinte livide qui se recouvre d'une croûte noirâtre. La piqûre de l'araignée
détermine aussi dans quelques cas une enflure livide el même une phlyc-
tène. En somme, ces diverses lésions, pour avoir quelques caractères
semblables, n'en offrent pas moins des difl'ércnces symplomaliques et
évolutives (jui peuvent permettre de les reconnaître dans la plupart des
cas. Le traitement des plaies empoisonnées comporte une indication qui
n'existe pas dans le traitement des plaies simples : c'est la destruction du
principe toxique ; aussi une prompte cautérisation doit-elle être employée
contre la plupart de ces plaies.
Bibliographie. — Tabercale anatomlfinc. — E. Follin, Traité de piitho-
hgie exteime^ t. I. Paris, 1861. — L.-Ch. Ciiouvet, De la piqûre anatomique,
thèse de Paris, 1865. — Pehnot, Étude sur les piqûres anat., thèse de Paris,
1868. — KiRRBEKCi, Gaz, hebd., 1870, p. 319.
PIqârea de vipère et de serpent. — Fontana, Traité sur le venin de la
vipère, sur les poisons américains, etc. Florence, 1781. — Paulet, Obscrvatiojis
sur la vipère de Fontainebleau, de. FoniBÂnchleau, 1805. — Mongim, Mém.
gur le venin de la vipère {Ann, de chimie et de physique, 1817, t. IV, p. 169). —
H.-O. Lenz, Schlangenkunde, avec allas. Gotha, 1832. — Brainard, Expér, sur
le venin des serpents à sonnettes {Gaz. méd., 1853, p. 790). — Creutzer, Wien.
Zeitschrift, 1853, ci Arch, méd., 1853, t. I. — J.-L. Soubeyran, De la vipère,
de son venin et de sa morsure Paris, 1855. — Alfr. Ferrier, Des morsures
798 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
de vipère, etc, thèse de Paris, 1858, n° iiiS. — E. Rufz, Enquête sur le snyai
de la Martinique, 2*' ëdit. Paris, 1859. — Viaud Ghand-Marais, Études méd,m
les $e}'pents de la Vendée et de la Loire-Inférieure. Nantes, 1860. — S.-Weir
MiTCHEix, Observ, uponthe Venom of the Raltlestiake. Wasiiingtony 1861. —Le
menie, Amencan Journ. of med. Science, 1870, p. 317. — Blanche, Sphaùkda
extrémités inférieures consécutives à une piqûre de vipère [Rec, de Mém. de nêdf
de chir. et de pharm, milit., sér. 3, 1864, t. XII, p. 396). — Boullet, Ûude
de la morsure de wipère, thèse de Paris, 1867. — L. Heinzel, Wien, mt4,
Wochenblatt, 1866, XII, 15-21. — A. Vulpian, Sur faction du venin du Coin
dicapello [Arch» de physiologie norm, et path,, 1869, t. II, p. 123). — Bnu,
Trois cas de morsures par seipents à sonnettes {Rec. deMém. demédm^ chir.etpkarm.
milit., 1869, p. 168). — Frédet, Gaz, des hôp,, 1872, n*» 106. — J. Fawe^
The Thanatophidia of îndia, etc. London, in-fol. 1872. — A. Charriez, De h
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Plc|ùrc» d*abellles, de çnépes* etc. — Carillet, Ohservations sur des acci-
dents produits par la piqûre de gui^yes (Journ. complém. dos sciences méd., t. XIV,
p. 87). — Zangolini, Empoisonnement par piqûres d'abeilles (Gaz. med,, Î857,
p. 14). — DrpuYTREN, Clin, chirwxi, t. V, p. 83. Paris, 1839. — E. J. &hai.-
LER, Recherches sur le venin de V araignée domestique, thèse, Strasbourg, 18^3.
— Philouze, Annales de la Société Linnéenne de Maine-et-Loire, t. IV, 1860.
— José G. Gaz ARES, el Siglo medico, 2 décembre 1860. — Sérastiant, Piq. '/*:
la scolopendre mordante {Gaz. des hùpit., 1870, p. 763). — Mararet w: Basi\,
Des accidents produits par la piqûre des hyménoptères porte-aiguillons, ihèso
de Paris, 1875.
Plcfùre de seorplon. — Vinso.n, Venin du scorpion {Gaz. mid., 1852.
p. 19U, ot 1863, p. 149). — GrvoN, Sur les accidents produits par le yev--
des scorpions sur les animaux à sang chaud [Séance de iAcad. des 5riV;iC'>\ 2 jan-
vier 1865, et Arch. gén. de méd., 1865, t. I, p. 243). — Le m?nu». 'r-
7néd., 1867, p. 344. — Posada Aranoo, Gaz. des hôpitaux, 1871, n' 121
p. 481.
g 2. — CONTUSIONS.
La contusion osji une solution do continuité des parties molles produit'
par une violence extérieure directe ou indirecte, sous-cutanée et Siin>
communication av(^c l'air <»xtérieur. Elle se distin«îue de la plaie coiiliL^
par Tabsence de d(''chirure du tégument, en sorte que tous les phénonièii»>
de réparation et de restauration se passent à Fahri de l'air extérieur.
Toute contusion comprend des désordres plus ou moins sérieux qui
ont été classés pour la facilité de l'élude. On distingue quatre deg:n»sdan>
les effets de cet accident, depuis Dupuytren : le premier degré est carac-
mé par In rupture de vaisseaux très-fins, sans altération lie la structure J
|rtîssiis;.le second, par la Tormation de foyers sanguins plus ou moins ]
bnnaissables ; le troisième oITre une altération plus proronde, des ]
ns, qui sont rompus dans une grande étendue; te quatrième présente I
Krêritable broiement des parties, dans lequel le sang et les tissus con-
ponnés forment une sorte de bouilliu livide. J
pa contusion la plus faible consiste anatomiquementeD un gonflement 1
fa étendu de la peau ou du tissu sous-jacent, avec ou sans ecchymose. 1
fan degré plus avancé, l'eccliymose est plus considérable, la douleur est
Bs vive, et le gonllemunt par cela même est plus marqué, d'où la pos&i-
Klé d'une inllamnialion phiegmonouse, qui linit par im abcès sanguin.
Biroïsième degré de la contusion, dont le caractère essentiel est la désoi^ j
bisBtion du tégument, laisse voir une eschare grise ou brunfitre, sèche, I
■Musible, qui est nécessairement éliminée i il peut être l'occasion de com- '
■Ulions sérieuses, telles que érysîpèle phlegmoneux, suppuration j
nue, etc. Dans le quatrième degré, les tissus, réduits à l'état de bouillie, '
K présentent plus qu'une masse infonne, plus ou moins molle. La
■IJe ainsi altérée, peu douloureuse, conduit parfois à une sécurité Irom-
■se; il faut en eiïet redouter les accidents consécutifs, phlegmon
pus, gangrène, empliysème traumalique.
Ehaquc tissu contusionné est l'origine de désordres spéciaux. Le tissu
KkjoDCtir, l'un des plus résistants, est le siège de petites accumulations de
paphe jaune. Le muscle ne laisse rien échapper ; les vaisseaux sont
boinl de départ d'hémorrfiagies qui se produisent, ou bien sous la forme
Bcchymoses, ou bien sous ta forme de foyers sanguins. Dues k l'infiltra-
■n du sang dans les mailles du tissu conjonctif, les ecchymoses survien-
■nlavec plus ou moins de rapidité, suivant la laxKé plus ou moins
pmâe de ce lissu ; de même elles s'étendent dans la direction où elles
picontrenl le moins de i-ésistance, comme aussi vers les parties les plus
■clives : aussi les voil-on, dans certains cas, former des taches ou des
Kndes des plus curieuses. La coloration de l'ecchymose varie avec les
ttverses transformations subies par le sang épanché dans les tissus, et
lirtout par le fait du changement de l'hémoglobine en hémalinf. Ainsi
Bcchj-mose la plus noire passe de la teinte ardoisée au bleu foncé, puis
■ bleu clair, enfin à la coloration jaune-paille, et eela des parties péri- ;
■ériques vers les parties centrales.
I Les épanchements traumatiques de sang s'observent, en généml, dans
■B parties où existe un tissu conjonctif lâche et extensible, peu abon*
luit. Ils sont connus sous le nom de bosse sangume, surtout quand dn
^ng infiltré autour de la partie liquide donne aux tissus une notable
800 ANATOMIR PATHOLOGIQUB.
fermeté. On les appelle dépôts sanguùu^ lorsque le sang est extravaséct
grande quantité, et qu*îl forme une vaste collection sous le$ tégumenift
ou dans la profondeur du tissu. I^e sang ainsi extravasé ne tarde pas à être
modifié : le sérum est rapidement résorbé ; rhémoglobine se sépare de
la globuline, qui subit une métamorphose granulo-graisseuse ; puis eik
se décompose, en donnant naissance à de l'hématine parfois mêlée à des
cristaux d'hématoïdinc. Tel est le mode d'altération du sang épanché,
que la partie inliltrée de ce sang disparaît d*abord, tandis que la partie
formant foyer persiste plus longtemps. La résorption est quelquefois ra-
pide.; mais, d'autres fois, le sang reste liquide pendant un temps consi-
démble, et peut sortir, rutilant et limpide, de la poche qui le renfemie.
Le plus souvent le liquide extravasé se concrète en caillots fibrineux,
se dépouille de son sérum, et forme ensuite unemasse poisseuse, compam*
avec liaison au raisiné. Dans ces conditions, la matière iibrineuse, lorsque
le caillot est considérable, peut acquérir une dureté très-grande et faire
croire h une exostose. Le sang épanché est une cause d'irritation des
tissus voisins, en vertu de laquelle se développe une membrane qui favo-
rise Tcibsorption du liquide, et ensuite donne naissance à des collectious
liquides dont la coloration varie de la teinte chocolat à la teinte jauue-
paille, suivant qu'une plus ou moins grande quantité de matière colo-
rante est encore contenue dans la poche. Ces modifications subies par le
sang hors des vaisseaux sont celles d'un tissu qui a cessé de vivre et qui
se trouve à l'abri de l'air extérieur ; par conséquent, il n'y a pas lieu de
croire aux prétendues transformations de ce liquide en tissu fibivux ou
cancéreux.
Au lieu de sang, c'est quelquefois de la sérosité qui s'accumule dans !♦-
tissu conjonctif sous-cutané, où elle forme des épanchements plus on
moins considérables. Ces épanchements apparaissent à la suite d'un dé-
collement cutané de grande étendue, comme en produit la pression
brusque d'une roue de voiture ; ils ont pour siège ordinaire le tissu sous-
cutané, rarement le tissu intermusculaire. Leur contenu est un liquid»'
limpide et légèrement citrin, dans lequel l'analyse microscopique révèl»*
l'existence d'un petit nombre de globules rouges du sang délorniés, df
leucocytes et de globules de graisse. Cette lésion résulte Irès-vmisomhla-
bleinent de la rupture des vaisseaux les plus fins, dont les extrémilés
froissées ne laissent échapper que le sérum du sang, ou encore de la
rupture des lymphatiques.
Les parties conlusiomiées se comportent d'une façon différente, suivant
la plus ou moins grande intensité du désordre anatomique. La réunion
des tissus divisés se fait en même temps que la résorption du san::
TKAHM.VTISME MÈCïNIQUE, 801
tans la contusion au premier et au deuxième dep'ê. Les parties plus
prafonilt-iiieiit altérées, ne pouvant rouniiv un travail de réparation, se
inui-ltricnt et sont éliminées au milieu du pus; une plaie conluse succède
ainsi à la contusion ; c'est ce qui arrive dans le troisième et surtout dans
le quatrième degré de la contusion, où les parties désorganisées sont sou-
vent séparées des parties restées saines.
Les c-iuses descontnsions, quoique ti-ès-nomhreuses, se groupent assez
naturellement sous deux chefs, suivant qu'elles agissent par pression ou
par pcrnission. Les preniièi-es sont toutes les masses plus ou moins lour-
des qui pressent sur les membi-es; les secondes sont les projectiles lancés
par la poudre k canon, la pression des roues de voitures, la chute d'un
lieu élevé, un conlre-coup.
BiiiLioGiuPiiiE. — Kui.-Chr. UEiitMi, Uktoriu cmUuiomim. diss. liSiift, 1726,
— J.-B, LousriiiN^U, De Contusionibiis, diss. inaug. Paris, 1753. — PEi.i.tTiN,
Mém. sur Ui ipaiiehemenls du Simy [CUniii. chirunj., 1810, I. Il, p. 98), —
RiF.ei, De l'etebymose, de tu sti^illiition, de ta eonlmim et de la meurfi-MSure.
Thè»c d(! Paris, 181'i, n* 63. — Raish^, De tayan'jrénecausôe par la contusioti.
Thfese de Palis, 1813, a" 67. — J. CHiveiLniEH, Des contusima. Paris, 1816,
el Trnilé d'anat. p-ithol, nénêrate. t. I, p. 77. Paris, 1819. — Velpeau, De la
eontamii dam tous les oiy>mc:i. Thèse de concours. Paris, 1834. — J.-J. Li-
whVME, Conddirotious diiiùjues mr la eoiituiiuii rfeï inemdres. Thèse de Paris,
18à6, n° fi5. — MoBEi.-I.AïALLÉE, Epanehmiients Iraumiiti'iaes dr sémite {Areh.
de meikcinv, i»\n 1853L
On appelle Tracture toute solution de continuité des os produite par une
iVÎolencc exlérieui'e directe ou indirecte. Les fractures sont aux parties
:s ce que les contusions sont aux parties molles; les unes et les autres
il produites par la même classe de corps vulnéranls; d'ailleurs, s'il y
^contusion sans fracture, il ne peut y avoir fracture sans contusiou, au
lins dans les cas où un choc direct en est la cause.
'ous les os de l'économie peuvent âtrc fracturés, mais les os longs, en
>n de leur usage et de leur conformation, le sont beaucoup plus
ivent que les os larges et les os courts, et pour ce motif ils doivent
ler nolns attention d'une façon plus spéciale. L'n os long peut, sous l'in-
iced'un choc direct, se rompre dans tons les points de sa longueur;
A n'en est pas de même lorsqu'il est soumis h un chocîndirect, car, à
ijexception du col du fémur et de rextrémil<i inférieure du radius el iUl J
■i'
L. psOi.
ji5iToiuz riraoutciooi.
brise à U miinièrc d'un hUon, au nÎTH
a^enne, ou plos exacletnciit sur le point U> moins volumin
n$ résislaul de la coarbe qu'il d^rrit. TouIk frnclurp t
jescondilioDsuc présente, en général, cjup di'iil trafaaflit*i m 1
-.iraire, les exlréniilés des os longs, coniposm-s do lissa rompulF (t
tissu spongieui.ofTrpnt une inégale résîslancedi^ kursdiverM^coocka.
1 fracture, quelle qu'en soit la cause, un clidc dîrrci ou un an/m-
.0, est presque toujours l'elîet d'un écras^mrnt rormé de tn^maSi
Ilipics, qui [Kirfoîs s'enronc«nl les uns dans les autrvs. Ou dm»
nom d'esquilles à ceux de ces fragments qui sont di-laches de lot
Les esquilles sont les unes adhérentes, ce qui signifie qu'elles tienne
encore suit au périoste, soil aux libres musculaires, les aulivs, fibn
OH compléteiueiit isiiltrs; s<'iulilabïes aux parties qui, après aniir«V j
sépartres du corps, ont pu s'y gretTer à nouveau, ces demièrv», esDlm- i
remcDt à ce que Ton pourrait penser tout d'abord, ]>eu%-enl se comportr,
is la consolidation dos os, comme les esquilles adht^reiito» eu )■& ivir
""\ autres Dr-"*-" "■'"•Hsps-
«I arrive quelquefois d'observer de
ces : elles apprlieniienl plus *p^
.auA ^nt les us longs, olli-^ se mi'
.enl de)F . > jeunes, dont les os. cd t-ertudr
.„jr flexiliiiilé, rêsis (i.u^ ...vilement. Os fractures, qui »V-l>'iiJ'til
parfois de la diaphyse jusque dans l'épipbyse et même jusque dans l'ar-
ticulation, sont ordinairement produites par l'action des projectiles dr
guerre; généralement uniques dans les os longs, elles sont souvent
multiples dans les os plats.
Ladireclion des fragments d'une fracture complète est un point imporUnl
de l'étude anatomo-pathologique de ces accidents. Quoique très-\-ariable<
à ce point de vue, les fractures sont babttuetlemcRt classées en transier-
sales, en obliques et en longitudinales. Les fractures transversales sont
rares, ellesn'intéressent que les extrémités spongieusesdes os. Les fractum
obliques, ou en bec de llùte, oITrent une obliquité transversale, le plu!
souvent an téro- postérieure, et qui parfois existe simultanément dans ce*
deux sens. La fracture longitudinale est celle dont la direction se rapproche
de celle de l'axe de l'os.
Si on excepte les cas où la rupture de l'os a lieu sans déchirure di
périoste, les fractures sont presque constamment accompagnées d'un
déplacement. Le déplacement estditenlraversouiuiranf rf^aisfmr.dam
lescas où, la fracture étant transversale, les surfaces fracturées se portent
ensens inverse, sansccsser toutefois de se correspondre; il porte lenoindr
THAUJUT1SHE MÈi;*MOUE. 803
placemeiU Hilicant la longueur ou âecheeauchemeut, iorsque It-s aire-
s fracturées glissent l'une sur l'autre, eu détertniuant le raccourcis-
nent du membre. Le déplacement suhant la direclioH est celui dans
[Délies fragnienlsse rencontrent en formant un angle saillant; le dépla-
bieat par rotation ou suivaat la ctrainférence est celui qui est dû à ce
a l'un des fragments tourne sur sonate, tandis que l'nulre reste immo-
le; le déplacement par pénélratiim a lieu lorsque l'un des Tra^ents
mfonce dans le fi-agmenl opposé; enfin, le déplacement j«ir l'carlement
kisiste dans l'étoignement l'un de l'auti-e des deux fragments. Les causes
J^ces déplacements sont de deux oi-di-cs, passives ou actives. Les pre-
■îères sont les causes déterminantes des fi-actures, la pression des corps
ries fragments de l'os brisé et les mouvements dcsoi'donués imprimés
I membre blessé. Les secondes se réduisent à une seule, l'action mus-
Celle-ci s'eiïcctue non-seulement au moment de l'accident
A SOUS l'inlluencc de la douleur, mais encore pendant toute la dui'ée du
traitement, et demande n être énergiquemenl combattue. Sachons, du
reste, que ce ne sont pas les muscles insérés aux deux fragments qui sout
les agents actifs de ce déplacement, mais bien ceux qui viennent d'un lieu
plus ou moins élevé pour s'insérer au fragment supérieur et surtout au
fragment inférieur : l'immobilité du membre fracturé, telle est donc l'in-
dication dominante.
Les parties molles qui entourent les fragments d'un os brisé si>tit ordi-
nairement le siège de désordres plus ou moins étendus, se rapportant k ta
contusion. Celtecontusion, toujours proportionnelle au déplncement qui
mesure pour ainsi dire la gravité de la fracture, est produite d'abord par
L'action directe de la cause fracturante, ensuite par le déplacement con-
;utif des fragments, qui, dans certains cas, détermine des désordres
OODsidérables. Le foyer d'une fracture, vingt-quatre lieui'es après l'acci-
dent, est composé des bouts des fragments osseux, entourés de sang coa-
gulé, et de la déchirure plus ou moins étendue des parties molles du voisi-
nage. La portion de cavité médullaire qui répond au bout des fragments
rst remplie de sang, le périoste est décollé dans une étendue plus ou moins
considérable, les muscles sont lacérés et infiltrés de sang quelquefois dans
toute leur épaisseur. Ces désordres des parties molles se comportent abso-
lotnent comme ceux d'une contusion ordinaire, c'est-i'i-dire que, s'il y a
immobilité absolue des fragments osseux, le sang se résorl)e peu à peu,
la cicatrisation des muscles et du tissu conjonclif s'o|>ère dans les Imit ou
premiers jours, ou plus tardivement, si ta fracture est compliquéû
ploie. D'un autre cùU; le travail de consolidation osseuse se comporte
me»
Ll'ac
Kéci
SOA ASATOMIE PATHOLOGIQUE. ■
égulcinoiit (l'une fnçondifTi'rentf' suivant que le fojer df la fravlurcnn-l
tnunit|ucuu non tivucl'air exlécieur.
Les Tractures non compliquées de plaies, iiidépcndammeni de l'eiln-
vasat stuigiiiii, présentent dès le Iroisième ou quatrième jour, du niniia
cbei los animaux, le tapin par exemple, une luméfactioii Je la pluparldo
parties divisées. Les muscles el les parties molles dans Ie»(|uffli<^s cam-
i]iinic« le travail (le nkirpiiisalion ont un aspect lardac*^- , et ils fanneal
autour eicscxtrémilés des rra^meiils une sorte de tum4>iir allon^<*e coa-
Stiluéo pnr rinPilti'alioii de Jeunes élémenls cellulaires. Sous \v périoste d
entre les deux fra^meuls, se voit une couche grisi^lre, pulpeuse, cniripixkrt
d'éléments ayant loult>s les variûlés de forme de la moelle osseuse em-
bryonuaire, petilt's cellules rondes, analo^es aux globulcsblancsduntif.
ctillules mères, etc. Vient-on à enlever cette couche pulpeu.'iii plus oo
moins épnisso suivant que le périoste est intact ou déchiré, oti apniuil
le» canau.x de Havers injectés, sous Forme de points ou do Iralixies routes,
comme dans l'osléile. A une |)ériode plus avancée, vers le liuîttt'rme ou k
dixiëm«jour. lo jmnilemenl rnsiTormedes parties molles a lasivect et la coo-
$istanc« du cartilage; maïs il a de plus la composition (lislologiquf du
lîssii cartilngineux euibnonDaire. Semblable tissu sh retrouve enourr
dans la cavité médullaire de l'os au voisinage de la fracture, tte «Ur
fiHon les Iniiinii'nl.'; oiseux, à un certain moment, sont enloun-s it
tissu cartilagineux, comme ils poorraienl l'être par de la cire à caekter,
si, apn>s avoir été plongés dans cette cire fondue, ils avaient étéadaptfs
l'un à l'autre. Du douzième au quinzième jour, le tissu cartilagineux de
nouvelle formalion est peu k peu envahi par une inGItration deselsde
chaux qui se montre sous forme d'tlots disséminés au voisinage de l'os
et pi-éscnte tous les caractères de l'ossification physiologique; ainsi
la consolidation des fractures n'est qu'une variété de la réunion immé-
dinle ou par première intention. A cette période, les extrémités des
fragments de l'os sont enfoncées dans un cal osseux, comine elles
étaient enfoncées auparavant dans un cal cartilagineux. Ce cal os-
seux, fonuu depuis Dupuytren sous le nom de cal provisoire, con-
siste en un tissu spongieux destiné à subir des modifications ultérieures;
de nit^me qu'une cicatrice des parties molles récemment formée, il n'est
un tissu véritablement stable qu'après plusieurs mois, ou même des années.
Tout d'abord la substance osseuse développée dans la cavité médnllairv
se résorbe, et une grande partie du cal extérieur dispanitt, tandis que,
entre les bords de la couche compacte divisée, il se iMme un tissu osseux
solide el K'sislanl ; puis la substance intermédiaire aux deux fragments
acquiert peu à peu la densité de l'os normal, si bien que le cal péripbé-
TltAtlHATISME MKCAMQOB. 805
^ue ayanl disparu, on a lie la peine ù soupçonner une ancienue Trac-
brc, pour peu <|iie le déphcement nît été insignlHanl- Au conlreire, les
nies molles, musHt's et tissu cunjonctif, qui concourent à la formation
t cal restent parfois altérées : on voit les faisceaux musculaires entre
iquels s'est développé le cal s'atrophier et disparaître peu ii |)eu.
f'Les fractures des os plais, ceux du crftnc notamment, se comporteul
■ peu diiïéremment de celtes des os longs, en ce sens que le cal provi-
pire y est Irês-peu considérable s'il ne fait défaut. La soudure d<is os
ingieux, cliez lesquels le déplacement est peu considéra liie, n'esl
lais accam|iaf;née d'un cal extérieur aussi épais que celui de^ os longs;
s espaces spongieux en contact immédiat avec la fractui'e se remplis-
sent d'une substance osseuse qui est plus lard résorbée.
Les phénomènes de In consolidation des fractures sont évideninient ,
plus compliqués toutes les fois que les extrémités osseuses éprouvent un
grand déplacement, et h plus forte raison lorsque des rragmctits sont
complètement séparés. Dans ces cas, le cal se forme en partie sur la sur-
face lies fragments disloqués et dans la cavité médullaire, en partie dans
les tissus mous qui se trouvent entre les fragments, de surlc qu'il
parvient oixlinairement, après un espace de temps plus ou moins long,
à entourer de substance osseuse les diiïérentcs portions d'os divisées et h
les souder solidement les unes aux autres.
lia consolidation des fractures des pluies ouvertes ou compliquées s'ac-
complit de différentes façons. La plaie cutanée et par cela même Tos frac-
turé peuvent guérir sans suppui'ulion, c'est-ii-dire suivant les procédés qui
viennent d'être étudiés, ou bien la plaie suppure jusiju'ii une certaine pro-
fondeur qui n'atteint pas les fragments osseux, et la guérison de l'os su
fait encore comme dans une fracture simple sous-eutanée ; enfin, la sup-
puration s'étend profondément et baigne les extrémités divisées de l'os.
Dans ce dernier cas, les pliénomèues observés, manifestenienl distincts de
ccu\ qui se passent dans une fracture sous-cutnnée, se rapprochent du
processus de l'ostéite suppurative. La moelle de l'os, elle périoste irrilétt
donnent naissance à de jeunes éléments nu moelle embryonnaire qui
iléterminenl l'agrandissement des canaux do llavers |>ar resorption
osseuse et concourent k former sur toute la surface de la solution de
c'onlinuiti'^ des l)ourgeons qui végètent et dont la réunion constitue un
tissu inflammatoire au milieu duquel des travées osseuses se développent
suivant le mode physiologique de l'ossi licalion. Ces tittvécs, qui partent
de l'os ancien, s'avani^eiil dans toutes les directions, se soudent avec leurs
voisines et avec les travées du fragment opjKjsé, en limitant des espaces
remplis de moelle embryonnaire, lesquels se rétrécissent peu à peu \K\r
808 ANiTOMIE PATBOLOGIOUK.
l'nJjonctioti (ic nouvelles conciles osseuses qui vienneiil reiirorOBr h
consolidalioii.
Dans ces coiidilions le travail de réparation varie en dun'e suivant fn'B
y A ou lion élimjnalion de lambeaux mortiliès ; d'ailleurs, il md twawoaf
[ilusd« temps il se lerrainer que celui des fractures sous-fulanées;e'(rt
ainsi que la giiérison par suppurnlion des plaies est plus lonfçue qwti
guérisoii par premièi'c inlentîon. D'un nuire cAté, au lieu d*iine ciobrr
osseuse, il ne se produit, dans certains cas, qu'une simple dalûx
fibreuse; ce mode de réunion est connu sous ié nom de pseudarlbiOK.
La palhogénic du cal, diversement iulerprélée par les auteors. a dov
lieu îi des Ihêories diverses dont les principales sont les suivantesM'h
théorie de Duhamel ; elle fait provenir le cal du périoste ; 2" la ihfemde
llaller; elle attribue le cal à un suc gélatineux qui suinte des extniinil^
do l'os et surtout de la moelle, et qui s'épaissit tout autour des fragmeoU;
S" enfin, la théorie de Troja, suivant lacjuellc la consolidaliou des fnc-
lures serait sembinhle à la cicatrisalion des os amputés ; les bouts de )'<»
(hicturé sont les agents de cette consolidation par la propriété qu'ils pos-
sèdent de donner naissance à des bourgeons charnus qui s'osMfirDi
ensuite. Toutes ces théories ont le tort d'élro par trop esclusiw-
S'appuyant tout à la fois sur l'ohsei'vation clinique et sur rexpérim«i-
talion, Cruveilhier a enfin montré que le cal est formé par l'ossiliotiuD
de toutes les parties molles lacérées qui entourent les fragments : pé-
rioste, tissu conjonctif, muscles, tendons, aponévroses, etc.; il a oublif
seulement d'y faire participer la moelle contenue dans le canal médul-
laire et dans les canaux de Ilavers. Ce sont, en elTet, les parties tnolk»
ou mieux le tissu lymphatico-conjonctif de ces parties et des os qui
font tous les frais de la réparation osseuse dans les fractures. En swnnK-
cette répration s'accomplit d'après les lois qui préstdentà la cicalrisatioo
des plaies des parties molles, car il y a, au début de chaque processus, for-
mation d'un tissu embryonnaire; la seule difTérence consiste en ce qiK
ce tissu dans les fractures subit la transformation osseuse, tandis qu'il
reste à l'état fibreux dans les autres cas. Nous savons que cette transfor-
mation a lieu d'après un double procédé, suivant que la consolidition
se produit sous la peau ou à l'air libre : dans le premier cas elle s'opèn-
par l'intermédiaii'e d'un tissu cartilagineux; dans le second, elle pro-
vient directement du tissu conjonctif de cicatrice.
l'ne lésion qui se rapproche tantiH de la fracture, tantAt de la nipturf,
est le décollement traumatiquc des cpiphyses. Signalé d'abord parCo-
lumbus, ce décollement qui s'observe seulement chez les jeunes sujet»,
avant la réunion des pièces d'ossification, est d'ailleurs un fait rare- H
THAHMITISIIE mÉCAMOUE. 807
e h plus souvent à rcxlrùmilé infénipure du radius et résulte soit
Putie (')iuti! sur la main, comme j'ai pu l'observei' chez mon pelit gardon
é de deux ans, soit d'une pression brusque exercée au niveau de celle
ktrémilé; viendraienl ensuite l'exlrémitt^ supérieure de l'humiirus où le
wllement épiphysaire a été quelquefois la conséquence de la mauvaise
ibitude qu'ont les nourrices de soulever les enfants par les bras, el enfm
Bos des membres inférieurs.
— Dlfiambl, Observ. sur (d riuii. dvs fracl. des os (Mhn. de
tad. dts sclenca, 1752-(|3). — J.-L. Petît, Tratlédes maladies des os. Paris,
. — DuTEBNKï, TmitA drs matitdies des os. Paiis, 1751. — Dprnu.EF, Dî»s.
n citlli geiienit. el ctiUi natunim perfritcla in aiiim'ilibus ruliiae radkf poBttt
I demonslralmn ejkibens. Gœltingue, 17S3. — Prucival Pott, Some fcw
teral Rmiarks on fr-ictures awl dislociitiom. I^ndon, 1765. — Trima, De
: oaium în inlegris mit mnximis, ob morbos, deperditionibiit, regena-aliom
Timentii. Paris, illlt. — J.-P. Kocn, Aihaiidlung v. Bànbntehen, etc.
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path. y.-,urnk, I. I, p. 100. Paris, 1849.
AN'ATOMIE rATnOLUGIQITB.
S II. — BCPTIBES.
-lies ruptures sonL lies solutions (le contiiiuilii résultant d'iino \nt6i»
ou d'une distension qui porte violemment les tissus an delà de Ifiir men-
sibililé Daturclle. Ces solutions de continuité, si la peau oat liKwrêe ni
même temps que les parties molles, prennent le nom de plaies par cm-
ehement; ces plaies sont à la rupture ce que la plaie contuae esta la «a-
tusioD'
Les ruptures se produisent dans des tissus sains ou dans des tissus di'ji
préalablement allcrés; celles <|ui ont lieu dans des tissus suins trouvoil
seules leur place ici ; les autres seront étudiées en même temps (fuc Islli'-
ration dont elles ne sont qu'une conséquence. .
Les ruptures sont délcrmiui-es soit par la distension brusqui- ou icnl*
des tissus et des organes, soit encore par la dilatation exagérée des oip-
neS creux :1a rupture a lieu par distension lorsqu'un effort muscubiKin :
une traction énergique viennent ii rompre des portions d'os ou drs ten- I
dons; elle a lieu par dilatation quand l'estomac, la vésiculo Itiliain-, li
vessie ou d'autres organes creux sont extraordinaireinent disleudus {lai
l'accumulation de substances liquides ou solides. Les effets des rjplur«
varient avec le rôle physiologique de l'organe affecté, il convient de les
examiner dans les organes Tascicutés, ligaments, tendons, muscles, nerfs,
puis dans les conduits et les réservoirs.
L'entorse et la luxation sont les circonstances traumatiques dans
lesquelles a généralement lieu la rupture des ligaments , des capsides
fibreuses et des tendons; ces derniers pourtant peuvent encore se rompre
b la suite d'une contraction brusque et violente des muscles dont ils soat
la terminaison. Dans tous ces cas, ît est à remai'qucr que la solutiou
de continuité n'a jamais lieu k l'endroit précis de l'attache du tendon à
l'os, mais bien sur son trajet, dans l'épaisseur même ou h la surface du
iQUScle ; elle est nette, dépourvue de dentelures prolongées, indice que U
rupture n'a pas lieu au niveau du point où les fibres tendineuses s'unis-
sent aux fibres charnues.
La réparation des ligaments ctdcs tendons rompusest fort peu connue.
L'occasion d'observer ce qui se passe en pareille circonstance n'a lieu que
dans des cas compliqués où on trouve les bouts déchirés séparés par
un épanchement sanguin plus ou moins considérable qui en général
^^P T[tAl!MATlSME Mf:i:AMIJLIE. 809
s'étend jusque sous le lé^uraoul. On peut croire que la réunion n'esl possible
qu'îi la condilion d'un rapprochement suffisant, car, dans lecns contraire, les
cxlrêniUés rompues contractent des adhérences avec les |)arUes voisines,
i-es pliênûniènes histologiques propres à la cicatrisation qui s'opùre
apn'^s la rupture des tendons et des ligaments sont aussi diUiciles à
observer, à moins de recourir à l'expérimenlalion : ce que l'on en sait se
dtkluit de l'examen clinique el de la comparaison entre la ruiitui'e et les
sections sous-culauées des toiles fibreuses et des cordages tendineux ;
partant il y a tout lieu de craire que ia cicatrisation s'opère par l'appari-
tion de prlites c<^llules rondes embryonnaires qui peu à peu se transfor-
ment en un lissu fibrillaire.
La rupture des muscles n'est pas rare dans les luxations, et principa-
lement dans celle de I "épaule ; elle se produitencoro sous l'iniluence d'une
violence extérieure, pendant la pénodederelàcliement et surtout de coii-
Iraetion musculaire ; elle a lieu cnlin pnr le seul fait d'une contraction
brusque et violente. C'est vraisemblablement à ta rupture de quelques
fibres charnues des muscles jumeaux plutAt qu'à celle du tendon du plan-
taire grille qu'est due la douleur si remai-quable connue sous le nom de
coup de fouet.
Les désordres anatomiqu es delà rupture musculaire ont été peu étudiés,
si ce n'est dans certains cas graves où on a vu \iea de temps après l'acci-
dent les faisceaux el les libres rompus séparés par un épanchement
sanguin plus ou moins abondant; plus tard, on a constaté dans le myo-
Icmme et dans le tissu conjoiictirintermuseulairo l'apparition de jeunes
cellules semblables à celles qui se pioduisent dans la myosile trau-
matique, puis la transformation de ces éléments en un tissu de
cicatrice.
Les nerfs, comme les tendons et les muscles, sont quelquefois déchirés
dans les luxations, jm' exemple le nerf axillaire dans les luxations de l'hu-
mérus et le nerf médian dans la luxation du coude. Ces organes peuvent
encore se i-omprc à la suite de tractions excessives pratiquées dans le but
de réduire une luxation, et, dans ces conditions, la rupture a pu s'opé-
rerau niveau des racines médullaires (Flaubert). L'élude hislologique de
ces ruptures est peu connue ; mais avancer que le processus de réparation
est semblable à celui qui fail -suite h la secltoii des nerfs, ce n'est {nis
s'écarter de la vérité.
La ru|iture des artères a également lieu ù la suite de luxation ou de
tractions exagérées sur un membre : colle rupture est celle des tissus
fibreux el musculaire ; toutefois, en raison de l'inégale résistance dt-s lu-
niques arlérielles, elle n'est pas ordinairement accompagnée d bémorrha-
810 ANATOMIE rATHOLOtlOUE.
^ie. Los veines, en raison de leur grande extensibilité, échappcol
ralement fi la rupture.
La ruptui'c des organes creux est rarement trauinaliquc, |>ourtint
vu l'intestin, la vessie et d'autres organes creux $o rompreà In suiled'a»
contusion ou d'une cliule sur l'abdomen. Le plus onlinairemral li
ruplure de.s organes creux csldue à unedistensionexagénéc d« cf^nrpDiS:.
mais comme presque toujours, en jui-cil cas, elle est eu màmboft-
sous la dépendance d'une lésion matérielle, il en résulLe quVIte »^ i
nous occuper ici. 11 y a touteroîs une exception à faire pour laniplse'
de l'estomac chez les animaux, à la suite de la distension rapide qui k-
sulte du développeincnl de gaz, La rupture est rare à la suite de la pvl»-
tion d'un liquide sécrélé, urine, hile, parce rait<|ue, sour riiifluenccdm
excès de pression dans un l'éscrvuir, la sràrétion diminitt; ou liril.
BjBLioGH.ii'hLE. — Sédillot, De rtipturn niusCM'ifri, PoHs, \7h&, el Snmt
sur la nqttiire mwculaire {Mém. et Prix lie la Soc. ite méd. de l'uriâ. Wu
p. 153). — lluuLiH, Du mi^eanisine des ruplvren mutevlairti (^Joum. dr. pSfiai'.
lie Atagfndiç, 1821, t. 1, p. 295). — l. CnuvEtLiiiEK, Traîne tranat.pctlBii.
génH^ih, I. 1, p. 105, l'aris, 18(i9. — SAtreoK, Rupture du biceps [(hti. '^
hùpitaux, 1B5Û, p. ÛC). — Bic^aABDsON, Amerivim Joum., 1857, et Co:. wA.
1958, p. 149> — I*. Fciitii.vAiRK, Note mr un cas de riif litre du fendau du Irhijt
fHnoral, etc. {Soe. méd. de Reims, hull. n° 13, p. 155. et Annal, de laSer.*
mùd. de Gond, aoi'il 1871!, p. 170). — C.-U.-F. Uni'i:. Zur KusuûlikfiUM'"-'
Rupturen der Muskelu und Sehnen {Archie f. kltn. Ckirurg., 18Ti, toI. XM.
p. 202). — C. )lAiin[tET, De la rupture da tendon du triceps fémoral att-dttsw
de la rotule. Tliiîse de Paris, 187û, n- 9.
y-
CHAPITRE II
TRAUMATISME PHYSIQUE
Ce genre de traumatisme comporte un certain nombre de divisions en
rapport avec la nature des agents physiques qui peuvent modifier les tissus
ou les organes. Le calorique, Télectricité et la lumière sont en effet la
cause de désordres distincts auxquels convient une étude séparée.
§ 1. — CALORIQUE.
Les accidents déterminés par le calorique se groupent naturellement
sous deux chefs suivant qu'ils sont produits par un foyer de chaleur arti-
ficielle ou par l'action de la chaleur solaire. Ainsi, la brûlure et l'insola-
tion seront tour à tour l'objet de notre examen; viendront ensuite les
froidures, qui sont dues au défaut de calorique.
I. — Brûlures.
On appelle brûlure toute lésion produite sur une partie vivante par l'ac-
tion plus ou moins prolongée du feu ou d'un corps fortement chauffé.
Cette lésion est très-variable, tant en profondeur qu'en étendue.
Depuis longtemps les chirurgiens se sont appliqués à distinguer des de-
grés divers dans la brûlure. Fabrice de llilden, le premier, en admit trois,
Hunier en reconnaissait quatre. Suivant Boyer, le premier degré de la
brûlure est une inflammation cutanée érvlhémateuse; le second est une
inflammation avec phlyclènes et érosion consécutive du derme, semblable
à celle que produit un vésic^toire ; le troisième enfin est caractérisé par
la présence d'une eschare. Dupuytren accepta les deux premières divisions
de Boyer, puis il fit rentrer dans un troisième degré la mortification super-
ficielle de la peau, et proposa d'admettre un quatrième degré pour la mor-
tification complète de ce tégument et du tissu conjonctif sous-cutané, un
cinquième degré pour la destruction de toutes les parties molles, y cora-
812 ANATOMIE PATHOLOGIQUI.
pris les aponévroses et les muscles, et enfln un sixième degré candèné
par la carbonisation de tout un membre.
En somme les deux premiers degrés de la brûilure, suivant Dnpa]ftm,
consistent en une simple inflammation du tégument dont les produits, m
bout d'Un certain temps, sont résorbés et disparaissent sans hisser de
traces. Caractérisés par la présence d'une escbare sèche, dure, de munee
noirâtre ou jaunâtre, insensible et plus ou moins profcMide, les quatre
derniers présentent un travail d'élimination et de cicatrisaticm. Au poiu^
tour de la partie mortifiée survient de la rougeur, puis de la suppuialkm
qui s'isole et détache l'eschare ; celle-ci tombe et laisse à sa place nae
plaie couverte de bourgeons charnus qui se cicatrise peu à peu. Etablie
sur une portion du derme restée intacte, la cicatrice, dans le troisième
degré, est lisse, résistante, peu rétractile et distincte des téguments voisins
par sa coloration blanchâtre; dans le quatrième degré au contraire, n'étant
plus retenue par la portion saine du tégument, elle se rétracte de liaçon
à amener des difTormités parfois considérables, surtout lorsque la brûlure
existe au niveau des articulations et dans le sens de la flexion. Dans le
cinquième degré, la chute de Teschare qui atteint des vaisseaux volumi-
neux est quelquefois troublée par des hémorrhagies intenses; lacicalrioe,
creuse et diflbnne, adhère aux tissus profonds. Dans le sixième degré,
cette chute se fait longtemps attendre, à cause de la profondeur de la
cicatrice et de l'élimination tardive de l'os ; la cicatrice est inégale et dif-
forme ; le malade reste privé d'un membre. Les membranes muqueuses,
celles de la bouche et du larynx principalement, peuvent éti*e le siège de
brûlures produites par laction de la vapeur ou de l'air surchauflë ; ces
brûlures ne diffèrent pas essentiellement de celles du tégument externe.
L'étude histologique de ces diverses lésions laisse à désirer ; on com-
prend que les tissus altérés doivent se présenter avec des caractères
différents suivant qu'ils sont simplement enflammés ou complètement
carbonisés.
A ces lésions, déteiminées par Taction du feu ou d'un corps forte-
ment chauffé, il s en ajoute ordinairement d'autres plus générales
déjà entrevues par Dupuytren, mais bien étudiées dans ces derniers
temps en Angleterre. Absolument dépendantes de la brûlure, ces der-
nières lésions, auxquelles a été réservée lepithète de sympathiques,
s'observent dans la plupart des organes. Elles consistent, chez les individus
qui succombent au bout de peu de jours, en des hypérémies du ceneau et
de ses membranes, des poumons et plus rarement des viscères abdo-
minaux. Ces hypérémies sont dans quelques cas accompagnées de points
ecchymotiques ou de taches purpurines constatés à la surface interne
H TllAL^HATISHli niYSfQtlE. 813
TCs bronches et dans la surface coiticalii des reins. A une |>ério(le plus
avancée el qui eori'espond II In ]>ériode d'élimination des eschares, ces lé-
sions présentent les carnclèros d'inflannnations plus ou moins étendues,
' des bronches, des poumons, des plèvres ou d'autres organes, parfois accom-
' pagnées d'obstruction des vaisseaux correspondants. Il est enfin une
lésion spéciale niai'qilée à son début par la congeslioii active de la mu-
queuse, et l'hypertrophie des glandes du duodénum, k sa dernière
période |iar l'ulcêi-atiou de cet intestin. L'ulcère duadénni, décril tout
li'nbord par Curling, se rencontre, en général, immédiatement au-des-
sons du pylore, il est indolent avec des buiils arrondis, unique ou mul-
tiple, car on rencoulre quelquerois Irois, quatre ou cinq ulcères réunis
i>u isolés et dans un étal de cicatrisation plus ou moins avancé. Ces
ulcères, ne diiïérant pas sensiblement de l'ulcère simple de l'estomac,
peuvent, comme ce dernier, amener la perroration de l'intestin el des
vaisseaux du voisinage.
Lu pjithogénic de ces ulcères esl diversement inlerprélée, toujours
obscure; pourlanl il semble que le début du processus, marqué par une
période de congestion de la membrane muqueuse, soil sous lu dépen-
dance d'un Iroublede l'innervation vaso-molrice; au contraire, la lin de ce
même processus, que caractérise un travail progressif de desiruclion, serait
liée itla présence du sucgaslrique, et de la sorte les ulcères duodénaux des
brrtlures ne dilTéreraienl pas des ulcères âimplcs d'origine nerveuse. Les
ecchymoses et les taches purpurines n'ont peul-élre d'autre origine qu'un
d<>sDrdre réflexe de l'innervation vaso-motrice ; ajoutons que ces lésions,
comme d'ailleurs les ulcères du duodénum, ont été attribuées k des
i-mbolies prenant leur source dans le foyer même de la brùlui'e {vo;oz
[>.6Ù3}.
HmuoLiuNiTE. — FABnicLiTS [Iilthm;s, De Amljustioiiibm. etc. Basilcic, 1608,
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— S. CniDii-Tos-, Jlcjiori ou IJurii» tind Scalds {Trausad. of Ihe iimvincial med.
'indsurg. Associatiun, 1851; vol. XVlll, p. 1). — Bbva», Sur la brùlim! du
l'injnx (lluUin qudrtnlijJotini.Jebr. 1860, vol. .XXIX; In. mt'rf,, 1860. U Vlll,
p. 40 et 8â). — S. WiE.Ks, Sur les cause* de ta mort u la suite dai bràian-s cUi
Us enfants [Guy's tlospit. Reports, sér. 3, t. VI, p. 146, el Arok. ginér. de
S\ll ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
méd. et de chirurg., 1861, sér. 5, t. XVII, p. 641). — Baraduc, Des MKies
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Union méd,, 1863, n. s., t. XVIII, p. 321. — Broca, Brûlure de la muquem
pulmonaire par un jet de vapeur {Gaz. des hôpitaux^ 1865, p. 380). — Lewt
DE Méhicourt, ifttd., p. 459. — Bonnefix, Des br(tlures spécialement étudiées m
point de vue de Vagent qui les a produites^ etc. Thèse de Paris, 1867, n* 107.
II. — Insolation.
Oii donne le nom d'insolation aux accidents produits par l'action delà
chaleur solaire sur l'organisme humain.
Ces accidents, communs sous les tropiques, sont plus rares dans ntt>
contrées, où ils font des victimes surtout parmi les armées en campagne;
ils sont locaux ou généraux. Les accidents locaux sont caractérisés par
l'apparition de plaques éry Ihémateuses plus ou moins étendues, s'effaçant
sous les doigts, et qui au bout d'un certain nombre de jours se desqua-
ment et disparaissent. Ces pla(iues, ordinairement douloureuses, onlélé
dans quelques cas comparées à l'eczéma et à l'érysipèle, affections
auxquelles elles ressemblent symptomatiquement, mais dont elles difTe
rent par l'évolution. L'étude histologique de ces lésions est encore à faire.
Les phénomènes généraux de l'insolation ne sont pas nécessairement ac-
compagnés d'accidents locaux; ils consistent en des hypérémies le?
principaux organes avec ou sans extravasations sanguines. Assez gnit-
ralement les enveloppes du cerveau et de la moelle épinière sont coiig<'>-
tionnées, les veines sont gorgées de sang (1), la sérosité ventriculaire fsl
colorée ; les poumons, perméables à l'air, sont le siège d'une hy|^»érémi«'
intense et même de points hémorrhagiciues, les bronches renferment um-
écume sanguinolente. Le péricarde, dans certains cas, contient de la st'nv
site plus ou moins colorée, les cavités du cœur sont gorgées d'un sunù
liquide et non (îoagulé. Ce sang, d'une teinte rouge violacée, a été trouva»
acide dans un cas; la proportion des leucocytes est généralement au^^-
menlée par suite de la dissolution d'une partie des globules rouges. L
foie, la rate et les reins sont souvent hypérémies; le tube digestif conlionl
un mucus ahon danl, et la membrane muqueuse de l'estomac ♦>!
congestionnée et parsemée de suffusions sanguines.
Tels sont les principaux désordres analomiques rencontrés chez K'S
individus atteints d'insolation. S'ils expliquent difficilement la mort
(1) Une véritable méningite peut être causée par une chaleur excessive ; c'est du
moins ce qui me paraît résulter de deux cas observés par moi chez des filles logées jou? !«
toils pendant les plus grandes chaleurs de l'été.
(TRAUMATISME PEIVSIOUE. 815
eus-mômes , ils permettent du moins d'en saisir le mérjinîsnie.
ctivement k's hypéréniles sîmullanéi's de divers organes, IVtat du
; dans les cavités cardiaques sont des circonstances qui indiquent
nReiblissement progressif d<: l'organe central de lu circulution, et
lent trës-probahle Diy polhèse de la mort par la paralysie de cet organe,
es enpi5riences d'Oberuier et celles de Vallin sur les animaux ont d'ail-
leurs montré qu'au moment de l'agonie de l'insolnlion le cœur secontmcte
h peine, tant il est difficile d'y apercevoir queli]ue.<i petits mouvements
rbytlmtés et lilirillaii'es. C'est h cet état que tiennent la petitesse du pouls
I la diminution de la sécrétion nrinaire. D'un autre câté, les recherches
•nieuses de Claude [toniard nous ont appris que les tissus pnrtit'uliè-
bient aiïeclés chez les animaux soumis fi une tempéralui-c élevée sont
ftiïssus musculaire et nerveux et que la mort a tien lantAl par la coa-
lation du suc musculaire du ventricule gauche, tantôt par allératiou
I système nerveux, suivant que l'échaufTement est rapide ou lent. Un
■nt ^ui dans l'espèce ne manque pas d'importance, c'est que les personnes
disposées aux accidents de l'insolation, celles que ces accidents font
■inatrement périr, sont précisémeitt les alcooliques, c'cst-ànlire les indi-
Bus dont les svstèmes musculaire et nerveux sont modifiés et vieillis.
- J.-J. Riisse[., London med. Gaz. 1836. Jour», des connais'
» m6d. ehirurg., 1836, l. IV, p. 160. — Payks, Relut, méd. de l'expidi-
» de TIemeen, ibid., 1 837. — Gi von, Hisl. méd. et ckir, de l'expedU. dirigée
V Constantine {lUe. de mém. de ehinirg. et île méd. nûUt., 1828, t. XLIV.
ifl). — Bennlt DowLKii, Solar Asphyxia {yeti>4)rleaHsmi'd. anditirg.Journ.,
Su, 18i5). — Al. MoBHis, Th<:mcd. Times and Gaz., 1846, et Gi'i. méd. d«
ia, laS?, p. 597. — HUMPHnEï Peakk. liorth-Amerimii mediro-ehiruru,
ktfew, sept. 1860, el Ghî. hAd. de méd. et ilt chii:, 1861, p. 77. —
; Wagn'eh, Zur Ketinlniss des fionnaistickg {Sekmûlt'» Jahresti., t. C.XXIX,
t592, 1866). — C.-P. BOITER, nuhlin iwit. Journ., 1. XLl, p. 122, febr.
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isEfi, Veher Todesfiille durch Insolation, etc. {Wien allgtm. milil.-ûrzt-Zeitana,
%-hti, 1867, cl ScAmWi's Jahresber. t. CXXXV, p. 16, 1867). — Thinn,
rgkmed. Journ., mars 1871, p. 780. — Vallin, BecA. expér.sur t'iiuth
n tt les accidenta jaodiiits par la chaleur {Archives gén. de médecine, Tiivrier
170). — tu. Beknard, Inflwnce ik la chaleur tur les animaiu: [tiev.scieiitifiqite,
R7I-72). — P. Hesiuls, Ëlude sur le coup de chaleur, tbcse de Paris, 1872. -
RtB. Abnii, Zur FiithoUyie des Hitzschlaije4 [Arehv) f. pntAol. Anat. laid Phy-
*«.(.. I, LXIV, p. 15). — 0. SoLTMANs, Trois cat tCinsolatiun (Jahrb, f. Kin*-' ]
dtrh., 1875, t. IX, 164).
816 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
III. — Froidures.
On désigne sous le nom de froidures les altérations directement pro-
duites par le froid.
Les désordres anatomiques occasionnés par le froid, comme ceux qm»
détermine la chaleur, sont locaux ou généraux suivant qu'ils intéressent
une partie du corps ou Torganisme tout entier. Les désordres locaux se
manifestent avec plus ou moins d'intensité ; ils ont été divisés en plusieurs
degrés. Le premier degré s^observe dans un grand nombre d'organes
et notamment à la surface des membranes muqueuses; certaines bron-
chites, conjonctivites, otites n'ont pas d'autre origine que l'action du
froid. Le tégument externe, sous la même influence, prend une coloration
rosée ou violacée qui disparaît sous la pression du doigt, pour reparaître
ensuite, et devient le siège de démange^iisons et de picotements au
contact de la chaleur. Ces phénomènes ne tardent pas à se dissiper,
excepté chez quelques personnes où ils se renouvellent à peu près tous
les hivers et constituent ce qu'on appelle des engelures. En somme,
ce degré consiste en une anémie bientôt suivie de l'hypérémie des
téguments et accompagnée, pour les membranes muqueuses, on pour-
rait dire aussi pour les membranes séreuses, de l'exagération de la sécré-
tion.
Le second degré des froidures se voit principalement h la peau ; il est
caractérisé par une coloration plus foncée, la tuméfaction de ce tégument,
la présence de phlyctènes constituées par une sérosité claire ou sanguino-
lente, au-dessous de laquelle existe un ulcère superficiel, ou encore par
des ulcérations étroites, petites, douloureuses, qu'on nomme des crevasses.
Le troisième degré a pour signe distinctif la mortification des tissus,
il se rencontre de préférence aux extrémités des membres et surtout aux
pieds, notamment aux orteils, ou encore aux oreilles, au nez, etc. Sur
vingt-cinq soldats entrés le même jour dans nos salles de l'hôpital de la
Charité annexe, pendant les tristes journées de janvier 1871, dix avaient
les pieds gelés. Les parties aiïectées, tantôt d'un rouge foncé violacé, un
peu molles, sont tantôt pâles, décolorées, sèches et dures. Les phéno-
mènes ultérieurs varient suivant que la circulation parvient à se rétablir
d'une façon plus ou moins complète. Aussi, dans quelques cas, voit-on
ces parties rougir, s échauffer, s'enflammer, après quoi tout rentre
dans l'ordre, tandis que, dans, d'autres cas, elles se ramollissent, se
tuméfient, deviennent livides et noirâtres, donnent naissance à des phljc-
'insiijiiE.
817
tènes au-dessftus dcstiiiclks sp produisent des points limités de peau
sphacélée, ou bieu elles mcui'ent et se pi-ésententavec les apparences so il
d'une gangrène sèche, soil d'une gangrène humide qui n'a que lardive-
ment l'odeur caracléri si i que.
Les e3{:hart!S, sous la forme de plaques d'un brun noirâtre, siègent de
préférence au niveau des parties osseuses saillanles, comme au gros orteil,
au talon, sur la Icledu pi-emiermétacarpieriietc; elles sontéliminéesavec
lenteur et laissent à leur suite des traînées de suppuration, des ulcères
fongueux, bourgeonnants, au fond desquels se trouve l'os généralement
lésé. Quelquefois l'altération envahit les tissus les plus profonds, et
l'extrémité tout entière d'un membre se dessèche, se momifie et finit par
être éliminée. C'est ih une véritable nécrose qui n'a aucune tendance à
rcnvahissemenl, à moins qu'une gangi-ène véritable ne vienne à se pro- _
(luire dans les tissus situés à latimito de la partie momifiée. L'étude hîsto-
logique des tissus ainsi mortifiés laisse u désirer ; cependant il y a tout
lieu de croire qncles modifications qui surviennent au sein de ces tissus
ne dilTiVent pas essentiellement de celles que l'on observe dmis la nécrose
[fîangrène sèche) et dans la gangrène proprement dite (vovm plus haut
p. 508 et 513J. ElTectivement, on a constaté la décoloration et la pâleur
des muscles du pied, la friabilité des os et l'agrandissement, de h-urs cavi-
tés aréolaires, 1 oblitération assez générale des vaisseaux et l'altération
granuleuse des fibrilles musculaires et de la- myéline des tnlres nerveux.
Les désordres analomiques généraux produits par le froid sont moins
bien connus que les altérations purement locales; ils ont été assimilés
au\ lésions de l'asphyxie, et la mort a été attribuée à la stase du sang
dans les organes centraux par suite d'une gône circulatoire périphérique.
Ainsi, il est fait mention, dans quelques cas réunis par Copland, de
(imgulunis lîbrineux des gros vaisseaux, d'hypérhémies des poumons,
du canal intestinal et de l'encéphale. Ogston a noté la couleur claire
fl pour ainsi dire normale du sang vivant, l'abondance de ce liquide,
iiprès la mort, dans les cavités cardiaques et les gros vaisseaux, en même
Icmps que son absence dans d'autres parties du corps, notamment dans
les parties périphériques. Ce dernier auteur signale enfin l'exislence d'une
écume muqueuse dans les voies aériennes. Des lésions visct>rale3 plus pro-
fondes n'ont pas été constatées, ît part l'ulcère duodénal observé par Adaoïs.
Les accidents dont il vient d'être question sont déterminés taulilt par
l'action continue d'un nir froid, tantf^t par le contact avec des corps dont
la température est très-basse ou avec de la glace. Larrey a vu ù Eylau des
pustules des doigts chez les soldats qui maniaient les canons glacés de
leurs fusils. On sait d'ailleurs que Hunier ayant soumh à l'action d*un .
Lahceneaii. — Traii^ U'An*l. puili, I. — £]
818 ANATOMIB PATHOLOGIQUE.
mélange réfrigérant, pendant une heure, Toreille d'un lapin vivant, celle
partie devint sèche, dure, et put être coupée sans qu'il s'écoulât une
goutte de sang. Les conditions générales qui exposent le plus à l'action
du froid sonl l'enfance, la vieillesse, un exercice musculaire insuffisant,
une mauvaise nourriture, la fatigue, la misère et surtout les excès alcoo-
liques. Le mode d action du froid sur l'organisme a été peu étudié, mais
il y a lieu de croire cependant que le système nerveux est Tun de
ceux dans lesquels se font le plus vivement sentir les désordres résultant
de celle action (1).
Bibliographie. — Desmoulins, Considérations mr la gangrène par congéla-
tion, etc. Thèse de Paris, 1815. — Larrky, Mém. deméd. et deckirurg. millt.,
t. IV. — Gerdy, Mém, sur V influence du froid sur V économie animale [Jounu
hebdom., 18.30, t. VIII). — Lacorbièrr, Traité du froid. Paris, 1839, 2* édit.»
1869. — A. Ladureau, De la gangrène par congélation, Lille, 1848. — Martini,
Ueber den Erfrierungstod (Deutsche Kl inik, n* 11, 1852). — Ogston, On <^*
morbid appearance in Death by Cold (British and foreign Medico-chirurg , Re^'icic,
1855, vol. XXXIl ; 1861, vol. LXII, ei Aiin, d'hygiène publique et de mH.
{égale, l. XXVI, série 2, p. 463). — Legouest, Des congélations observéùi à
Constant inople pendant V hiver de 1854 à 1855 (Mém, de méd,, de chirurgii- et
de pharm, milit., série 2, t. XVI, p. 275). — Valette, Ibid,y série 2. t. XIX,
p. 213. — J. CnoTARD, Des accidents de la congélation. Thèse de Paris, 1855,
ei Archiv. gén. deméd., 1857, t. I, p. 103. — Mvrteau, De la congélation da
extrémilêfi inférieures à f armée d'Orient. Thèse de Stras!)ourg, 1S67. —
S. Adams, A/?îer. mcd. Times, N. F. VI, 9 fchr. 1863, p. 28. — RiriiARn-<»v,
Infî. du froid extcr. sur 1rs fonctions du système nerveux [Med, Times and Guzttt',
1867, cl Gaz. hchd. de mid. et de chirurgie ^ 1867, p. 381). — F. -A. Purcnr.T,
Expir. sur la congélation des animaux {Compt. rend. Acad, 50., st?anco> de»;
13 et 20 novembre 1865). — L. de Crkcciiio, De la mort par le fnàd II M^r-
gagni, 1866). — A.-E.-L. Babald, Etude sur les gelures. Thèse de Paris, iS72.
§ 2. — ÉLECTinCITK. — ACCIDENTS DÉTERMINÉS PAR LA ForDRE.
Les ras de mort produits chez rhoinme par réleclricilô almosphêriquo
ne sonl pas extrêmement rares, puisqu'en France, de 1835 à 1864 inclu-
sivement, l'administration a relevé le décès de 2311 pers(mnes tuées |>ar
fulguration (Houdii)}. Les départements les plus mallrailés ont élé la
Lozère, les fiasses-Alpes, le Puy-de-Dôme ; les plus épai'imés ont él* lu
Manche, l'Orne, l'Eure, la Seine et le Calvados.
(l) M. Rosentlial, i'niersuchuogeu und Bcohachtunyen xtber Knlteeinïrirkung fu-f
sensitive und motonsche Scrven (Wiener Med, Halle, L V, i-4, 18G^).
TruUMATISlIE PUrSIQUK,
fndividus Trappi^s parla foudre conservenl souvenl l'altitude qu'ils
.ienlau moment de la mort; on les a trouvés debout ou dans la position
gens pi'cnanl leur repos. Quelquefois ils sont transportas loin du lieu
ils onl élô frappes, ou seulement leurs cheveux et leurs vêtements,
•es fois, les vêtements ont dispani ; sinon, ils sont partiellement ou
iplétement épargnés, tandis que les parties sous-jaccntes sont brûlées.
■Le corps des victimes est ordinairement roide et ressemble au cadavre
in individu congelé. Les désordres que l'on y constate sont Irès-varia-
les ongles sont parfois arraehés ; le corps est souvent dépouillé des
ils, el, fait curieux, on a vu, chez des animaux dont le pelage était diver-
lent coloré, les poiSsde même couleur être détruits, tandis que les au-
n'élatent pas touchés ; par exemple, chez un taureau pie blanc et rouge,
ippé par la foudi-e, les poils blancs Turent brûlés, les autres restèrent
icts. Un phénomène non moins remarquable est la pi-ésence sur la
peau d'images photo-électriques représentant des objets voisins du lieu de
l'accident. Un matelot tué fiar la foudre présenta sur le dos une traînée
jaune el noire qui partait du cou et se lemiinait aux reins, où se voyait
imprimé un fer à cheval parfaitement distinct et de même grandeur que
celui qui était cloué sur le m&t de misaine au pied duquel il avait été
frappé. La représentation d'arbres, de feuilles d'arbres, de meubles, etc.,
a été constatée dans plusieurs cas. On a observé enlin à la surface de
la peau les images les plus singulières produites par l'action directe du
lluide électrique. Analogues aux ligures connues en physique sous le nom
de figures de Lkhienberg, ces images forment de petits arbres, des fleurs
comme celles qu'on vnit sur des carreauK de verre couverts de gelée, des
éventails, des étoiles, etc. ; elles sont rouges ou noires, selon le degré d'al-
tération, qui peut varier depuis la simple rubéfaction jusqu'à la carbonisa-
tion de la peau ou même des tissus sous-jacents. On a pu constater en outre
soit des fractures, soit des mutilations fort graves, comme rarrachement
partiel ou total de la langue, l'enlèvement d'un membre, et eniia la
fêlure, la perforation des os du crâne ou même une fracture comminulive
de ces mêmes os, L'a accident plus fréquent est la déchirure et la perfo-
ration du la membrane du tympan; ajoutons que la rétine est quelque-
fois aussi altérée, d'où l'amaurose.
Le sang contenu dans les cavités cai-diuques est ordinairement noir el
diftluenl. à peine coagulé ; il a montré au speetroscope les raies nor-
males, dans un cas rapporté par le professeur Tourdes; le tissu du cœur
n'est pasmodilié. mais les poumons sont congestionnés, quelquefois même
ecchv-mofiés; la bouche renferme une écume sanguinolente. I^s organes
fcbdoniinauxsoulplus rai-emeutgorgés d'un sang liquide; les méninges
L UMO!
820 ANATOXIS FATHOLOQIQOl.
molles pi*éseDtent souvent de rhyperhémie ou des taches eodiymotiqoes,
tandis que la substance cérébrale est le siège d'un sablé très-fin de sang
noir. .Lorsque la mort n'a pas lieu, il persiste quelquefois, aux membres
inférieurs principalement, des paralysies du mouvement et de la sensibi-
lité qui indiquent manifestement Texistence d'une modification surve-
nue dans la moelle épinière ou les cordons nerveux.
Il serait superflu de parler ici des brûlures causées par TapidicatioD
des cautères galvaniques sur les tissus; ces brûlures ne difi%r»it pas
de celles qui sont produites par un fil métallique rougi ou chauK à
blanc. Pourtant je dirai quelques mots de lagalvanocaustique chimique ou
électrolyse. Lorsqu'on introduit dans les tissus des aiguilles inaltérables
que l'on fait communiquer aux pôles d'une pile, on détermine autour de
ces rhéophores la mise en liberté d'acides pour le pôle positif, d'alcalis pour
le pôle négatif; ces acides et ces bases agissent par action secondaire sur
les tissus voisins, et à la façon des cautères potentiels; ce sont eux
qui produisent Teflet principal, l'électricité ne ]oue qu'un rôle secondaire
ou nul. La preuve que les choses se passent ainsi, c'est, d'une part, les
caractères des eschares, d'autre part, leur action sur le papier de tournesol.
Au pôle positif, Teschare est dure et rétraclile, comme celles que causait
les acides énergiques ; au pôle négatif, elle est molle, non rétractile,
et ramène au bleu le papier de tournesol rougi par un acide. Enfin, si
Ton place au pôle positif du carbonate de soude, et dans les environs du
pôle négatif un acide faible, incapable de produire une action directe sur
les tissus^ on reconnatt que le passage du courant ne donne plus naissance
à des eschares ; il y a simplement un changement de transparence dans
les tissus ; les acides et les alcalis dégagés par 1 électrolyse ont agi sur les
corps basiques et acides déposés près des pôles, et non sur les tissus
(Onimus et Legros, Gariel).
Les accidents déterminés par un excès de lumière se limitent presque
exclusivement aux organes de la vue ; ils consistent d'ordinaire en des
lésions inflammatoires de la rétine et de la choroïde; ainsi la rétinite et
la choroïditc atrophiquc ne sont pas rares chez les bergers des Alpes,
soumis à l'aetion d'une lumière intense. Les astronomes, les microgra-
phes présentent quelquefois aussi des désordres visuels qui n'ont d'autre
origine que Taction de la lumière. Une lumière éclatante apparaissant
subitement, par exemple la lumièred'éclairagc,estégalementdangereuse:
le passage d'un endroit sombre dans un lieu fortement éclairé, conmie le
pratiquait, dit on, Denys de Syracuse sur ses prisonniers, peut aussi dé-
terminer des accidents graves de la vue. Certaines ophthalmies ont enGn
été attribuées à une réverbération trop intense de la lumière soit par la
TRAUMATISME PHYSIQUE. 821
neige des régions froides, soit par les sables du désert. Des faits de ce
genre ont été observés chez des soldats et quelquefois chez des marins.
Bibliographie. — Benj. Brodie, Lectures illustr, of varions subjects in Patho»
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tifiques, t. I. Paris, 1854. — Brown-Sêquard, Sur la mort par la foudre,
V électricité et le magnétisme {Gaz, méd,, 1849, p. 594). — Gabrielli, Nécropsie
d^un homme tué par la foudre {Gaz. méd. de Paris, 1853, p. 374). — Boudin,
Traité de géographie et de statistique méd., 1857, t. I, p. 467, et Mém. de mé-
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images photo-électriques de la foudre observées depuis T an Z60 de notre èrejusqiCen
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path, externe, t. I, p. 545. Paris, 1861. — W. Stricker, Die Wirkungdes Blitzes
aufd, menschl. Korpcr {Archiv f. path, Anat, und Physiol. , t. XX, p. /!i5 ; t. XXVIII,
p. 592, avec bibliographie). — S. Bront, The Lancet, 23 juin, p. 572, et 2 juil-
let, p. 49, 1861. — Th. Duncan, Ibid., 22 juin, p. 544. — Dan. Mackintosh,
Ibid.y 5 juillet 1864. — Sonrier, Note relative à des accidents produits par la
foudre {Mémoires de médecine et de chirurgie, série 3, t.XXllI, p. 489, 1869). —
Sestiek, Le la foudre et de ses effets, Paris, 1866, avec bibliographie. —
Tourdes, Accident occasionné par la foudre, au pont de Kehl, prés Strasbourg
{Comptes rejidus de V Académie des sciences, séance du 19 juillet 1869). —
Passot, Trois observations d'accidents produits par la foudre {Compt, rend, Acad, des
sciences, 7 juin 1875, présentation et réflexions par II. Larrey). — F.Vincent,
Contribution à V histoire médicale de la foudre, Paris, 1874. — Ellemiurg,
06s. d'hémiphlégie consécutive à un coup de foudre {Berlin, Klin, Wochenschi\ ,
20 avril 1875).
I
CHAPITRE III
TRAUMATISME CHIMIQUE
Nous appelons Iraumalisnie chimique le trauiiiaIi»iTie qui est i)ù à l'ic-
lion des agents chiiiik|ue5. Souvent produit avec l'intention à^ Aéinm
des tumeurs diverses, des ulcères, etc. , ce traumatisme est quclqucroi* t
foild'un accident, commo chez les personnes qui par méprise avalfut us
liquide corrosif, acides minéraux, alcalis caustiques ; plus rarement il i
lieu dans un but de suicide ou d'homicide. Quelles que soient K** condi-
tions dans lesquelles il se produit, ses eiïels sont toujours les mtmt
pour une ^substance donnée. Aussi devrions-nous passer en revue In
phénomènes propres à chaque agent chimique envisagé isolément. Uû
cette étude dépasserait de beaucoup les limites de notre travail, el partisl
nous grouperons sous deux chefs les effets produits par l'acliou des nib-
slances chimiques. En elfel, si l'on ne tient compteque de l'aclionsur k
sang, on reconuatt que certaines substances fluidifient la fibrine «•! t-xposdil
à des hémorrhagies au moment de la chute des eschares. que d'aiitfv*
4lélerminent la coagulation du sang et des liquides albuniincux, et sont
plus rarement suivies de ces accidents. Les premières de ces substances
sont dites liquéfiantes, les dernièresont été appelées coagulantes (Hialbe^
I. — Subst«ncet liqaëBantet.
Les substances caustiques liquéfiantes sont nombreuses ; celles dont
faction est le mieux connue sont la potasse, la soude, l'aniraoïiiaque el
leurs composés. Mises en contact avec la peau, ces substances déterminent
des altérations un peu dilTcrenles, ce qui motive la pi-éférence donnée à
l'une ou l'autre des préparations caustiques de ce groupe. L'allératioD
produite par la potasse caustique est rarement une inflammation pure et
simple, si ce n'est dans le cas où cette substance est très-diluée; ordinai-
rement elle se montre sous la forme d'une escharc molle, noirâtre, plus
ou moins profonde, suivant la quantité de substance employée, el tou-
jours plus étendue en surface que la substance elle-même. Cette eschare,
dont l'élude histologique n'a pas été faite, se dessèche peu à peu, eu même
temps qu'un travail phlegmasique éliminateur, caractérisé par uoe sup-
Tnil'ltATISMt CBIMIQtlE. 83)
ration abondaQle, a lieuù scn pourtour; elle lombe enlin, et lacica-
ïation s'elfectuc suivant les procédés ordinaires.
pLa soude a sur les tissus une action peu dilTérenle de celledela potasse;
issi les lésions qu'elle dé tenni no ont-elles la plus yrande ressemblance
ic celles que produit cette dernière substance. Introduites eu solution
e tube digestif, la potasse et la soude engendrent des désordres qui
rient depuis la simple inflammation avec desquamation épithétiale
iqu '6 la destruction plus ou moins compt(>te delà tunique muqueuse de
istomac ou même des tuniques sous-jacentes. Lesescharespi-oduites en
il cas ne différent pasdes escharos cutanées ; elles sont suivies, lorsque
pvie se continue, de cicatrices fibreuses rétractiles. 11 nous a été donné
é couslater, dans deux cas de ce ^enre (1 ), survenus k la suite de l'ingestion .
(1) Voidl'un de CM cal ;
L. D,, ASbds, hilt disioudre (lour 0,50 cent. île poUne d'Amérique ilaus (roii verrea
d'eau, el atale uu ycrre de ceUe JîiiolulioD en nutn ISUA. Ausiïlût il éprouve uno «eu-
ution de brûlure dans U bouche, puia duns la gorge et 1 l'é pilastre, et se trouve, pendant
plndeurs jour*, dans l'iniiiosilbililé iIï manger, lunl ta loulTrauce e>t grande. Troia
■emaiiiee emiroik après cet nccideot, il remarque dans nés garde-rnbe» une peau blan-
ctillre cl déchiquetée. Depuii cette époque juu|u 'au 18 avril 1865, date de ion entrée
i l'bûpîtal, il eitrorcéde vivre d'aliments liquides, et voit acs Torces diminuer chaque
Jour. L'irsophogc permet l'introductinu d'une tonde d'argent à petite olive, il est mani-
rvalemi'nlriHriScî; aussi In déglutition desalimenla solidet est-elle impossiblv. Au bout de
quelque teiups, il survient du liuquet, des vumisBenienls, et le malade épuisé succombe
Je 21 mai 18e&.
Autopsie. Le cadavre «il duns un étui de maigreur squelettique ; à U partie ïoFérieure
du phar^ni dilaté ciiate, au ulveau du cartilage cricoide, un uli:cre de la dimeniion et
Ao la Ibrnie d'une pi^cc d'un (rnne, circonscrit par un cercle nuirllro; légère djpreuion
cicatricielle au voisin-i|te. Le* parois de l'œsophage lont épaistïei dins toute leur étendue;
te MDol, iU'deisous du cartilage cricoide (premier point rétréci}, a 32 cenlimètros de
longueur et mesure 5 ceutiotélre* 23 uiillimètre* de circonrérence interne. A partir de
ce point, il s'éltu^il un peu jusqu'à sa partie lucyenne, où sa circonférence ctt de 25
mUlimitres, puiiil devient plus large jusqu'au cardia; sa membrane muqueuse, inégale,
vaiciiliire, labourée de cicatrices pour la plupirt longitudinales, adhère intimement uni
tuniques sous-jacentes (11g. 266). La membrane musculaire e>l partout hypertrophiée.
L'estomac, dont les pariiistont épaissie», mesure I3cunlimêtreietden>iducardia au pylore.
I^ muqueuse, sur tnule retendue de In petite courbure, présente deux larges bande* cica-
tricielle! blonchitrcB, et, dans la région pjrlorique, quelques petites cicatrices étoUécs,
L'oriSce pjloriquc, dur el rélraclé, permet à peine le passage d'un tuyau de plume
d'oie ; il a la millimètres do cireouférence. La muqueuse y cit remplacée par un Uisu
Abreui, blanchâtre, nacréj au-dessous duquel k trouve l'anneau musculaire épaitai.
Sur la muqueuse duodénale eiisteut des traces do cicatrices; plus bu, l'inteitin
généralement rétréci, anémié, est d'ailleurs intact. Otf «nea fénîlu-uriuaîres sain* ; Foia
K#t rate uormaui ; poumon très-ferme ; cœur un peu jaune et friable, avec plaque Ui-
] sur la lace antérieure. Quelques tubercules sont groupés aui sommets des deux
F .pDDOioD* ; quelques autres, en petit nombre ut colordt en ouïr, ionl ditséminëi daM
ilica iiirérieurs. Cerveau intact, mnis pAle.
ANATOHIB PITHOLOGIQUI.
d'une dîsMlalïon de potoiK
d'Amérique, indépendusmenl
d'un rétrécissemeut de l'cno-
phage, l'exiateuce d'une do-
trice allongée siégeant tn
niveau de la petite ooorinn
de l'estomac, et d'une on-
Irice circulaire occupant le
pylore, de telle sorte qu'il ;
avait tout à la fois un ré-
trécissement du pylwe et
une diminution du grand
diamètre de l'estomac (Gg.
266}.
L'ammoniaque liquideaune
action locale moins énergique
que celle de la potasse et de la
soude; néanmoins elle peut
être la cause de désordres ei-
trémement sérieux, en raison
d'une action plus maniresle
sur rorgnnismc tout entier,
lutroduile en [)elil(! quantité
et en solution peu concentrée
dans le larynx el la Iracliéo,
l'ammoninqup ne modilic pas
la slruclurc morfiliolo^ique
des couches superficielles do
la mcmbnmo muqueuse; ellf
ne produit qu'une inllamma-
lion superlicicile, calarrhalc.
En plus (fmndc quantité ou
diins une solution coiireii-
troc, cette substance amèm-
le gonflement et l'alténilioii
des épithéliunts, qui, perdant
leur vitalité, sont envahis
Fie- 266. — Of.'Ojiliîige *l eslomac ouverfj tn aitiire el Kirécis pir des bride» cicïlrt-
cicllcs a la suite de l'ingetlion d'une solution de poluse d'Anirique.
TRAIMITISUE CHIMIQUE. 835
■ des parasites, d'où une ceilaiiie analogie avec l'altOi'alioii diphtllé-'
kque [Meyer).
ADans un élat de plus grande coi lœiit ration, l'ammoniaiiiie détruit les
|sus et produit des esdiai-es iiuîràti-es, semblables à celles que dûtenni-
Dt la potasse et la soude cnus[i<|ucs, oi, comme elk>s, suivies de clca-
%s réil-acliles. Maïs, ouli-e sou action locale, l'ammoniaque est, dons
lelques cas, par le fait do son absorption, la cause de lésions viscérales,
pies que la stéalose du foie et la stéalose des reins (Potain).
Le mode d'action des alcalis caustiques sur les tissus s'explique par
rafBitité de ces subslimccs pour les acides et pour l'eau. Tout d'abord,
ils s'emparent de l'eau, dont ils sont très-avides, puis ils s'unissent aux
matières grasses pour former des savons, dédoublent enliu les matières
flzotées, et se combinant avec les acides organiques, ils forment des car-
bonates, acétates, pbosphales et lactales alcalins. Mélanj^és avec le sang,
ils empêchent sa coagulalinn l'n modiHaut la librine : ainsi s'expliquent
les hémorrhagies produites h la chute des eschares.
Dans la classe des caustiques fluidiliaiits se rangent encore le chlore
•■t les chlorures alcalins, dont l'action sur les tissus a été particulière-
ment tludiée par Bryk (de Cracovie). Ces corps, comme les chlorures
d'amnionium et de sodium, l'eau chlorée, elc. , ne parviennent pas à pro-
duire des destructions aussi considérables que les alcalis caustiques ; pour-
tant, s'ils sont déposés à lu surfacedes tissus, ils donnent lieu à des eschares
superficielles, grîsiUres ou blanchâtres, do consistance moite, lardacée,
qui, en se desséchant à l'air, revêtent l'aspect du cuir. Ces eschares,
examinées nu microscope, apparaissent constituées par les éléments des
tissus en étal de transformation graisseuse, plus particulièrement les épi-
ihéliums et les muscles.
- Substances coagiilui
Les substances chimiques capables de modifier les tissus par la
propriété qu'elles possèdent de coaguler le sang et les matières albumi-
noîdes font partie de deu\ catégories de corps, qui sont les acides caiistî-
cjues et les sels métalliques.
Les acides caustiques sont nombreux : citons principalement les acides
sulfurique, azotique, chlorhydrique, chroraique, pbénique, oxalique et
ncélique. Ordinairemeat employés à l'état liquide, ils produisent dos
lésions plus ou moins étonducs et souvent mal circonscrites. Os lésions
varient avec le degré de concentration de l'acide, et, si elles consistent
826 AN.VTOMII; l'ATHOUJlilQlTE.
parfois en une iriflnminalioii su|)t'rlicîclle, d'aulres fois elles soiil caructo
riséts par la com|ilèle lieslruclioii des tissus.
Les escharcs produites par les acides, m^iiie les plus énergifiues, ne
sont jamais considéitdiles, co qui lient sans doute à la diminution progres-
sive du degré de conc«nlnition de l'acide par l'absorption de l'eau conlenae
dans les tissus (lip. 267). Ces escliares, ordjnaîi-eiuent molle.s h la surfin'
Fie. 207. — Eslaniac auvcrl duns luutc sud Ëlciiduv Fl iitïinu'ie puitiuii ilii dmiiUnuiu
all/r^ l>ar l'eau-rorle (acide nitrique). La membrane iutt(]ii«uK, stomncale eoBMBWc
et de tciiile jaune dsns lu région pjlorique, est Iransfornite en escliaiei nuirlina <Ulu
le reste de ion étendue. La niuqueuie duodénalc est injfctde el vitetneut eoSamnét:
tes gleiulci sont tuméflées (cas du lervice de mon collègue le dmilenr ProualJ.
des membranes muqueuses, acquièrent la dureté de lu cbrne lorsqu'elles
sont exposées it l'air, el laissent voir par transparence les vaisseaux remplis
de sang coagulé. Elles onl une colofation variable, suivant la nature de
la substance caustique; ainsi l'acide sulfurique leur donne une teinle
noire, tandis que l'acide azotique les colore en jaune, l'acide chlaclijdriqui! J
en gi'is, l'acide cbromique en rouge, etc. Ces diversités de teiuUi d« doi- fl
venl pas être négligées du médecin légiste, qui peut en tirer prolil pour la 4
détermination de la nature de la substance employée dans un but cou-
pable.
L'altération produite par ces acides, et notamment par l'acide sulfariqne
dont les elTels oui été le mieux étudiés, n'est pas semblable pour tous les
tissus. Les cellules épitliéliales se tuméticnt tout d'abord, puis elles
s'alTaissont et se racornissent ensuite. Les éléments de tissu conjondiTl
deviennent gi'anuleux, puis so transforment en une masse gélntineuse,
dont une {>arlie, dissoute pni" l'acide sulfurique, produirait lu coloralion!
noirfttre (.Neyrencuf)- L'injection d'acide sulfurique dans le tii^su con-
^P rnAUUATISME CBIMIUUE. 627
jonclif sous-cutané et les masses musculaires ne détermine aucune trace
de suppuration ; mais, ainsi que l'ont constaté Nélalon et TJi. Anger, il
y a sa ponifi cation de la graisse et Tormalion de cristaux d'acide margari-
i|ue, dissolution et transformation gélatineuse du tissu coujoaclif, des-
truction des nerfs et mortification des Qbi-es musculaires. Le sang, en
tout cas, est coagulé dans les vaisseaux, d'où la suspension de la circula-
tion et parsuilc la mortîtication des tissus indépendamment des lésions
directement engendrées par la substance caustique.
Cette suspeusion de la circulation, absorption de l'eau des tissus, telles
^nwt les causes de la ressctmblancc des eschares produites par les acides
^Hwrgiques avec celtes de la gangrène sèche; ajoutons que le travail
^a*éIù«inalion ne dilTère pas dans ces diverses circonstances. Pourtant on
ne peut aflirmer que la mortification déterminée par les acides soit ia con-
séquence unique de la coagulation du sang, quand l'altération directe-
ment produite par ces substances siiflit è rendre impossible la continua-
lion de la vie cellulaire.
Les sels métalliques sont des causes rai'es de l'altération des éléments
de l'organisme, k moins qu'ils ne soient employés comme agents caus-
tiques, La plupart de ceux qui servent à cet usage sont des chlorures,
et notamment le bichlorurc de mercure, les chlorures de zinc, d'antimoine,
de brome, de platine, d'or, le sulfate de cuivre, le nitrate d'argent, etc.
Ëti solutions concentres ou incorporés k des pâles, les chlorures
métalliques produisent la mortification des tissus. Les escbares qu'ils dé-
terminent, oi'dinairement circonscrites, ont une consistance qui varie avec
la nature de l'agent caustique ; dures et cassantes, tout à fait sèches à la
suite de l'emploi des chlorures d'or, de platine, du sublimé, elles offrent
une consistance cireuse après l'action des chlorures de zinc, d'antimoine,
de brome. La coloration de ces escbares diffère également avec la sub-
stance employée; elle est d'un blanc jauoAtre (chlorure de platine et chlo-
rure de plomb), d'un blanc de cire [chlorure de zinc, sublimé), d'un brun
plus ou moins foncé (chlorure d'antimoine, chlorure de brome). Leur
épaisseur dépend non-seulement de la qualité et de la quantité du caus- .
tique, mais encore de la nature du tissu cautérisé. Le sublimé et le
chlorure de platine tiennent le premier rang au point de vue de la rapidité
et de la profondeur des oschures ; le chlorure de zinc et le chlorure d'an-
timoine agissent plus lentement et donnent lieu à des escbares mobis
profondes, llelativcment ii l'influence exercée par les tissus, on peut dire
d'une façon générale (|ue plus la substance caustique rencontre de tissus
différents, moins profondément elle agiL
Les tissus qui composent les eschares résultant de l'action des sels mé-
tiaiq»eaMi>leij«iP8iiii«ri8fa;lt««gfc»<li)iT«iiiqois'Td«trilweiit«l
cna^ulr.'dWcûaûb te piiiliti' ni nrfiiinw ■» ni am Af&de» pwliw nu»
Ufiétt doot I dimiialioD te fini ftôBemntaOi éTvat fiixt: k taaaa h»-
■'^Tfpy^.lntriiininmm-iri iiinptr«irBltfiwi'rtWi»rtlrni fiiithli iilmli
frtiamperfaâeU.^, présentcatmianiBtffli'iK'ii n,i,ini.friMMna(^
ooipaàMoMiiplèlFdirfpailinprofoBdaderfselnre. Le* ceBols ^ilhr-
Inks do corps muqneux d« Malpi^i. crlles des membranes iwqiirii
sool pinflrvs, aii^Tficiil^es 4l<* rolumf et reoiftlJes dr {^nuiuhtkwt |n»>
Kiises. Les mascles oui sabi tme liaïufanDatHjn ctiinpièle ; sïna. lan
flbriUosonl inlnronipoesçâet là pardesjunsgrmissBttx. Lesnllata^i 1
tissu coii)onf lif, b» relloW rarUbgbMaaet H fe* ceBoIr» oaKiiaeg |iwini-
lent k tattae Hat dt dé^Dêrpsc«icc. Celle sltrratian nspede ipiriqQdiiB
les parois Vïscalairn, â r<^\ct?pljon de bcaudic emlolbêl aie; d'onlm liû.
et le piuti «ouvml, ^Ikeiivaliil toutesIe»luiiM|ues, qu'elle nunolltt, d'an ii
posBibiliU: de Is deslraclùin ila Tvissean « b lunile du i.-ciaj;uiiuD isapaa
el d'une hémorrha^e consécalive k la châle de IVMrhan-, cuminvUiiil
monlré des expériences praUqnées par Brjk sur des lapins vnx k Mf
rare de brnme. Quant aux vaisseaux de l'escliare, iU -tout rvmplis <J<iii
CAillot brun, ^rauulcuxj dans lequel on peut rveonnollrc les globale' »"-
guins d'auLaiil plus adbércnls à la paroi que la cautôrisalion a Ht pim
énergiquR. Indépendninmenl de ces désordres, oa reiiconlre, ou lein in
tissn», di-i ilrp/iU nurlalliijues de forme el df volumi- dîvi-rs. princijMl-
ment sur la limile des dilTérents lissus el au niveau des parties qui avcu-
sînenl le silloi) d'élinni nation.
Introduits dans l'eàtomac en solution concentrée, les sels mêlalliqui^
produisent des escliares plus on moins profondes el nombreuses de<
membranes muqueuses de la bouche, du phar\n^, de l'œsopba^ el àt
l'estomac, assez semblables à celles que délenninenl les alcalis el kî
acides caustiques (fîg. 267). Ces escbares.quinediiïèrent pas de celles de
la peau, laissent à leur suite des cicatrices qui, dans certains cas, peu^enl
amener des rétrécissements et tous les désordres couséculirsà cesIésioDï.
BiiLiocRAPtiiE. — l'iBHic, Mém. sur l'tisage du sublimé corrosif {Mfm. J*
l'Académie de chirurgie, l. IV, p. 232, el in-8, 1819). - Bourgeois (d'Élampej'.
De la cautérisation par dilulion au moyen de la potasse caustique [Anhiies r-
nérates de médeciiii;, 1852, sûric ù, 1. XXVIII, p. 61). — Giroiard, Eladf pa
l'actimi du musti'im- de Vienne et du chlorvn de linc (Revue méd. chirurg. ■!■
Paris, 185'i, p. 27). — Lecroux, Cautérisation transcitrrenle avee l'acide salf'
rique (Société médicale des hôpitaux, 27 juin 1860, et Union médicale, 7 »oiii
1860). — PoTAiN, Empoisonnement par l'ammoniaque iiqiûde {Sociélé bwiUw''
des hôpitaux et Union médicale, N. S., t. XIII, p. 119, 1862). — Bhtk i<l<:
TRAUMATISME CHIMIQUE. 829
Zracovie), Die Contractwirkungen des Chlors auf die Getvehe(Archiv fûrpatholog,
tnatomie wid Physiologie, etc., t.XVllï,p.376-i!i37, 1860). — J.Neumann, Ueber
Ue Eintvirkung der Caboïsaùre auf organ. Geweoe (Wiener med. Wochenschrift,
L867, n® 35, p. 5/i9). — Alb. Lombart, Dunitrate d'argent j de son action locale^
ie son emploi en chirurgie. Thèse de Paris, 1868. — Th. Anger, De la cauté-
Hsation datis les maladies chirurgicales. Thèse d'agrégation. Paris, 1869. —
LJ. Trélat et Ch. Monod, art. Cautérisation du Dictionnaire encyclopédique des
sciences médicales, t. XXXIII, p. 432 et suiv.; bibliogr., p. 479. — Neyreneuf,
De V action de V acide sulfurique sur la peau, etc. Thèse de Paris, n* 278, 1872.
— H. Meyer, Ueber die morphologischen Veranderung in Trachea nnd Lungen
durch Ammoniac [A rchiv der Heilkunde, 1873, p. 512). Lambl, Archiv
f. pathoL Anat. und PhysioL, t. Vlll, p. 135. — J. Cohneim, Neue Untersu-
dang ùber die Entzùndung, p. 12, 1873.
Nous terminons ici l'étude générale des altérations pathologiques du
corps humain. Ces altérations, que nous avons pu grouper sous quelques
chefs, sont en somme peu nombreuses. Loin d'être l'effet de causes
mystérieuses, elles se produisent, ainsi qu'on apu levoir, sousTinfluence
d'agents matériels faciles à déterminer. La plupart d'entre elles, en effet,
ont leur origine soit dans l'air qui nous entoure, soit dans les aliments
et les boissons, c'est-à-dire dans ce qui est essentiellement nécessaire à
l'entretien de la vie. Inutile de rappeler les conditions diverses en vertu
desquelles l'air et les aliments parviennent à modifier les tissus de
l'organisme ; ce qu'il importe de remarquer, c'est que, pouvant changer
ces conditions, l'homme a par cela même le pouvoir d'éviter les alté-
rations organiques autres que celles qui sont dépendantes de son évolution
naturelle. Par une hygiène bien entendue, il parvient Tion-seulement
à se préserver des infirmités qui viennent trop souvent attrister son
existence, mais encore à se prémunir contre les lésions matérielles qui y
mettent fin avant le temps. Il est toutefois une série de désordres plus
difficiles à éviter, parce qu'ils ont non plus leur cause prochaine, mais
leur cause éloignée, dans le milieu ambiant; pour s'opposer à ces désor-
dres, expression d'une modification ancienne et profonde de l'organisme,
et qui s'appellent cancer, tubercule, etc., il fauta une hygiène sévère
et appropriée ajouter la pratique de la sélection sexuelle.
FIN DU TOME PREMIER.
TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS LE TOME PREMIER.
Préface v
DÉFIHm05 DU SUJET 1
Aperçu historique 3
Go5SiDiRATiox3 GéiTÉRALES : Oolution physiologique du corps humain et classifi-
cation (les altérations pathologiques 31
PARTIE GÉNÉRALE
LIVRE l'\ — ANOMALIES DE FORMATION ET DE DÉVELOPPEMENT àO
CHAPITRE I. — Bes MoiMlraosItéii 50
§ i . MONSTRES OMPIIALOSITES OU MONSTRES SIMPLES .57
I. — Monstres amorphes ou ani liens 50
II. — Monstres acormiens 60
III. — Monstres acéphaliens 60
§ 2. MONSTRES COMPOSÉS 63
I. — Monstres doubles autositaircs 69
l'^ Duplicité de la moitié supérieure du corps 60
2® Duplicité de la moitié inFérieure du corps, dont la moitié
supérieure est plus ou moins simple 73
3® Duplicité s'étendant simultanément aux extrémités supé-
rieures et inrérieures de deux corps confondus ensemble
dans leur milieu 76
à^ Duplicité des deux troncs confondus par leurs extrémités. ... 83
IL — Monstres doubles parasitaires 86
111. — Monstres triples 94
§ 3. MONSTRES DOUBLES PAR INCLUSION. — MONSTRES DOUBLES
ENDOCYMIENS 95
832 TABLE DES MATIÈRES.
S i. TUVEUIIS r-ONilÉNlTALES ENKVSTÉES 99
I, — Tumeurs sarcoiiialeuses k;«lique) ii
U. — Kysle» (fcfffloides 103
CHAPITRE 11. — De» «alformalloiM Ht
S 1. MALFÛHMATIONS DU CHANE ET DE LA nOLONNE VT.ItTKIlRALB Ht
I. — CïclocÉpLolio .- lis
II. — Otocépbiilie IIS
m.— Anencéphalie 119
:V. — PMudeiicfphalie 111
V. — EieocéphaUe I!S
\I. — Hïdromïélie (spina-fifliln) 1311
S 2. «ULrotlM AXIONS DR LA lArE ET DU COL" 131
I. — FuaureB labiolei ou bec-de-liéTR Itt
II. — PiitnlEs cangéaitalet du coq 139
III. — Cyslomet cDngénitiiui du cou lâl
g 3. MALFORMATIONS DU THORAX ET DE L'ABDOMEN lU
I, — FiuuKt gnstro-lhoraciquei I)!i
H. — FiMum IboraciquM. Ecto[Hc cardiaque Ilfi
III. — Finurei abdomiaaki. Eutrophie vésicale 1)7
g i. MALFORMATIONS DE L'APPAREIL DRO-GéHirALEXIERNB ET DE L'ANDS. 1M
I. — Persistance du cloaque IM
II. — Mermaphrodiimc faux ou henii^ibrodiiaie eiterne 151
III. — ImpcrroralioD de l'aQui I5<
. g 5. MALFORMATIONS DES MEMBRES ET DES DOIGTS 1S9
I. — M al formai ion des membrei 159
U, — Malformations des doiBls 168
111. — Pieds bols congénilBux I7Î
S 6. NANISME ET CÉANTISME 179
§ 7. HitTÉROTA\IES 18Ï
LIVRE II. — MOMALIES DE NUTRITION 18S
CHAPITRE I. — ÙCB HTpeHrapUnt e( «es «IrorUM 188
S i. IIVPERTBOPHIES 189
§ 2. ATROPHIES JOO
CHAPITRE II. — uv» Urpcrvla^en jl5
Amicli i. Des Phleijmaiies 216
§ 1. PHLEGMASIES DES TISSUS DÉRIVÉS DU FEUILLET MOVEN DU BLASTO-
DERME. — PHLEGMASIES CONJONCTIVES 219
TABLE DES MATIÈRES. 833
I. — Phlegrmasies exsudatives 235
II. — Phlegmasies suppuratives 239
III. — Pblegmasies proliférattves 257
§ 2. PHLEGMASIES DES TISSUS DÉRIVÉS DES FEUILLETS INTERNE ET
EXTERNE DU BLASTODERME. — PHLEGMASIES ÉPITIIÉUALES ET
NERVEUSES 283
I. — Phlegmasics cpithélialcs 285
II. — Pblegmasies nerveiises 293
Article IL Des fféoplasies 296
§ 1. NÉOPLASIES DES TISSUS PROVENANT DU FEUILLET MOYEN DU
BLASTODERME. — NÉOPLASIES CONJONCTIVES ET MUSCULAIRES . 302
] . — Néoplasies de substance conjonctive cellulcuse. — Endotbéliomes. 309
II. — Néoplasies de substance conjonctive réticulée. — Lympbomes. . 314
III. — Néoplasies de substance conjonctive muqueuse. — Myxomes. . 329
IV. — Néoplasies de tissu adipeux. — Lipomes 335
V. — Néoplasies de tissu cartilagineux. — Cbondromcs 343
VI. — Néoplasies de tissu osseux. — Ostéomes 354
VII. — Néoplasies de substance conjonctive fibrillaire. — Fibromes. . 361
1° Fibromes embryonnaires 363
20 Fibromes adultes 373
VUl. — Néoplasies vasculaires. — Angiomes . 382
IX. — Néoplasies de tissu musculaire. — Myomes ,• • • • 393
§ "i. NÉOPLASIES DES TISSUS DÉRIVÉS DES FEUILLETS EXTERNE KT
INTERNE DU BLASTODERME. — NKOPlASIES ÉPITIIÉUALES ET
NERVEUSES 399
I. — Néoplasies épitbéliales bomopiasliques ou typiques 400
1® Néoplasies épiderniiques. — Icbtbyosc?, kératoses 400
2° Néoplasies glandulaires. — Adénomes 405
II. — Néoplasies épitbéliales hétéroplasliqucs ou atypiques. — Épithé-
liomes 412
i° Néoplasies du tissu épitliélial pn>imenteux. — Kpitliéliomes
pavimenteux 430
2** Néoplasies du tissu épilhélial cylindrique. — Épithéliomes
cylindriques /|43
30 Néoplasies du tissu épithélial glandulaire. — Épithéliomes
glandulaires UU7
m. — Néoplasies nerveuses. — Névromcs 462
CHAPITRE IH. » Don Hypoplanle» 471
§ 1. I.N'FILTRATION ET DÉGÉNÉRESCENCE GRAISSEUSFIS. — ADIPOSE ET
STÉATOSE 472
§ 2. DÉGÉNÉRESCF^NCE ALBUMINOÏDE. — LEUCOM.ATOSE 483
§ 3. DÉGÉNÉRESCENCE AMYLOÏDE. — AMYLOSE 489
LANCER EAi'X. — Traité d'Anat. palh. 1.-53
8S& TABLB DIS MATltelS.
§ 4. DÉGÉNÉRESCENCE COLLOÏDE. — HTAUN08E â91
§ 5. DÉGÉNÉRESCENCE CALCAIRE. — CALCI08E. &96
6. DÉGÉNÉRESCENCE PIGMENTAIRE 501
7. NÉCROSES ET GANGRÈNES d07
LIVRE III. — âNOMâUES DE CIRCULâTION 513
«
CHAPITRE I. ^ Pm HypémlM 5M
Hypémia générale, oligaimie 51ft
Hypémie locale, ûcbémie 516
CHAP. IL — BM UjwéréÊmUm 5S0
§ 1. HYPÉRÉMIES ANGIOPATHiaUES 531
§ 2. HYPÉRÉMIES NÉVROPATHIQUES 537
GHAP. m. ^ BM HéaMrrlMislMi 518
§ 1. IlÉMORRHAGIES ANGIOPATHIQUES 550
§ 2. IlÉMORRHAGIES NÉVROPATHIQUES 558
§ 3. HÉMORRHAGIES HÉMOPATHIQUES 570
GHAP. IV. — Bm HydroplalM 571
§ i. HYDROPISIES ANGIOPATHIQUES» HYDROPISIES MÉCANIQUES 576
§ 2. HYDROPISIES NÉVROPATHIQUES 582
§ 3. HYDROPISIES HÉMOPATHIQUES 588
GHA P. V. — Dr* ThrombMM et de* entb^llMi 591
De rétat du sang dans le cœur et les raisseauz après la mort 597
§ 1. THROMBOSES ET EMBOUES DU SYSTÈME CIRCULATOIRE A SANG
NOIR. — THROMBOSES ET EMBOLIES VEINEUSES 603
I. — Thromboses veineuses 603
II. — Embolies veineuses 612
§ 2. THROMBOSES ET EMBOLIES DU SYSTÈME CIRCULATOIRE A SANG
ROUGE. THROMBOSES ET EMBOUES ARTÉRIELLES 626
I. — Tbromboses artérielles 626
II. — Embolies artérielles 632
§ 3. THROMBOSES ET EMBOLIES CAPUXAIRES 640
LIVRE IV. — ANOMALIES ACCIDENTELLES 649
Section I. — Parasitisme 649
CHAP. I. — ParamteB «nlniaax 650
Article I. — Arthropodes 650
§ 1. INSECTES 652
I. Aptères 652
II. Diptère? 653
m. Lépidoptères 66&
TABLE DES MATIÈRES. 835
§ 2. ARACHNIDES 665
§ 3. CRUSTACÉS 670
Article 11. — Vers 674
§ 1. NÉMATODES 678
I. — Ascarides 679
II. — Strongylides 687
III. — Sclérostomcs 690
IV. — Trichotrachélides 691
V. — Filaridcs 695
Acantliocéphales 701
§ 2. TRÉMATODES 702
I. — Distomcs 703
i*" Distome hépatique 704
2° Distome lancéolé 705
3" Distome ophthalmobie 705
il'* Distome hématobie 706
II. — Monostomes 708
§ 3. CESTODES 709
I. Familles des téniadées * 711
Taenia de l'homme. — Gysticerquc ladrique et ladrerie 711
Taenia mediocanellata ou ténia inerme 720
Tsnia nana 721
Ta?nia elliptica 722
Taenia flavo-punctata 722
Taenia marginata 723
Tuînia acanthotrias 723
Tœnia echinococcus. — Ëchinocoqucs et maladie hydatique 724
II. Famille des bothriocéphalidées 731
1^ Bothriocephalus latus 731
2^ Bothriocephalus cordatus 733
Article III. — Protozoaires 734
S 1. MOXADIENS , 734
1<^ Gercomonas hominis 734
2*^ Gercomonas urinarius 735
3® Trichomonas vaginalis 735
§ 2. PARAMÉCIENS 736
Paramccium coli 736
§ 3. GRÉGARI>IES ET PSOROSPERMIES 737
GHAP. II. — p«r«0ltefi végélaux 740
S 1. HYPHOMYCÈTES 748
836 TABLB DBS MATltlilS.
I. «• PenicîUium 748
20 AipergiUuB 749
3*» Mucor 75î
II. V Gbionypbe Carteri; pied de Madart 75S
2° Achorion Schœnleiiii .^ 756
3^ TricbophytoD tonsurans 761
40 Microsporon fkirfàr 764
ô** Microsporon Andouini 766
6<> Oïdium albictns 767
§ 2. SGHIZOMYCÊTES. — FERMENTS 77i
I. 1*» Sarcina vcntriculi 773
2^ Gryptococcus cereviti^e 775
3« Leptothrix buccalis * 776
II. Bactéries et vibrions 778
V Bacterimn 782
2» Bacteridium 783
3» Vibrio 784
4» SpiriUmn 784
50 Micrococcus 785
Section II. — Traumatisme 788
GHAP. L — TraunAlkHoie niéeaBteae 789
§ i . PLAIES 789
§ 2. CONTUSIONS 798
§ 3. FRACTURES 801
§ L RUPTURES 807
CHAP. 11. Traanuittoiiie physique 811
8 i. CALORIQUE 811
I. Brûlures .* 811
II. Insolation 814
m. Froidures 815
§ 2. ÉLECTRICITÉ. — ACCIDENTS DÉTERMINÉS PAR LA FOUDRE 818
CHAP. in . Tramnatltiiiie chimiqae 822
I. Substances liquéfiantes 822
II. Substances coagulantes 825
nN DE LA TABLE DES MATIÈRES DU TOME PREMIER.
PARIS. — IMPRIMERIK DE É. MARTINET. RUB MIGNON , i
ERRATA ET ADDENDA
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