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Full text of "Traité d'anatomie pathologique"

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TRAITÉ 


D'ANATOMIE  PATHOLOGIQUE 


PARIS.     -     IMPIIIMIHII    DB    K.     MARTIIIKT.     HUE    MIONON.    i. 


TRAITÉ 


D'ANATOMIE 


PATHOLOGIQUE 


PAR 


LE  D"  E.  LANCEREAUX 

PR0PI88IUR   AORÉaA   A   LA   FACULTE   DB   mAdBGINB   DB    PARIS 
MÉOBCIN    DB  L'HOPITAL    DB   LOORGINB 
BMBRB   DB   LA   80CIAt£   DB   BIOLOOIB,    DB   LA   80GléT<   ANATOMIQUB,    BTC. 


Avec    figures    dans    le    texte. 


TOME  PREMIER 


•  r>.'i    f-  ;î  / 


\ 


I 


PARIS 

ADRIEN  DELAHAYE,   LIBRAIRE-ÉDITEUR 

PLACB    DB    L'iCOLB-DB-MtDBCII>E 

1875 

Tout  droits  réterrés. 


PRÉFACE 


Ce  n'est  pas  sans  hésitation  qu'après  quinze  années  de  méditation  et 
de  travail,  pendant  lesquelles  j'ai  pu  observer  un  nombre  considérable 
de  faits  anatomo-pathologiques,  je  me  décide  à  offrir  cet  ouvrage  au 
public  médical.  Quoiqu'elle  soit  l'une  des  branches  les  plus  importantes 
et  les  plus  positives  de  la  médecine,  l'anatomie  pathologique  est  encore 
dans  la  période  empirique  que  traverse  nécessairement  toute  science 
à  son  point  de  départ.  Les  altérations  matérielles  des  organes  sont 
le  plus  souvent  étudiées  sans  esprit  de  suite  et  comme  au  hasard;  on 
ne  s'occupe  ni  des  circonstances  qui  leur  ont  donné  naissance,  ni  des 
rapports  si  intimes  qu'elles  présentent  avec  le  développement  du 
corps  humain.  Nombre  d'auteurs  s'appliquent  à  décrire  les  change- 
ments de  consistance  et  de  coloration  d'un  organe,  sans  remonter 
au  delà  de  ces  caractères.  Il  en  est  môme  qui  se  font  gloire  de  celte 
ignorance,  alléguant,  ce  qui  est  peu  scientifique,  que  la  cause  des 
désordres  matériels  nous  échappe,  comme  si  une  lésion  organique,  si 
légère  qu'elle  soit,  pouvait  naître  spontanément.  A  la  vérité,  l'analyse 
histologique,  en  fixant  d'une  façon  plus  précise  le  siège  des  lésions 
organiques,  a  permis,  dans  ces  derniers  temps,  de  faire  un  pas  en 
avant  ;  mais  il  ne  faut  pas  s'abuser  sur  la  valeur  du  progrès  accompli. 
Dire  qu'un  organe  est  sclérosé  parce  qu'il  a  une  consistance  plus  grande 
et  que  sa  trame  conjonctive  est  épaissie,  dire  qu'il  est  ramolli  parce 
qu'il  a  une  consistance  moindre  et  que  ses  éléments  sont  granuleux  et 
stéatosés,  c'est  toujours  de  Tempirisme  ;  ce  n'est  pas  encore  de  la 
science.  Pour  être  véritablement  scientifique,  l'anatomie  pathologique 
doit  arriver  à  déterminer  les  causes  et  les  conditions  de  formation 
des  lésions  aussi  bien  que  leur  état,  leur  évolution,  leurs  conséquences 
plus  ou  moins  immédiates. 

Toute  lésion  matérielle,  n'étant  jamais  qu'un  effet,  implique  néces- 
sairement la  connaissance  de  la  cause  qui  l'a  produite,  et  cette  con- 
naissance rend  l'anatomie  pathologique  fructueuse  et  féconde.  En 


YI  PRÉFACE. 

réalité,  les  agents  morbiflques  n'agissent  pas  au  hasard  sur  Torga- 
nisme,  ils  obéissent  à  des  lois  spéciales  et  constantes  ;  et  si ,  à 
la  façon  des  poisons,  ils  parviennent  à  modifier  les  éléments  histolo- 
giques,  comme  ces  derniers,  ils  localisent  primitivement  leurs  effets 
sur  l'un  ou  sur  l'autre  de  ces  éléments.  De  même  que  l'oxyde  de 
carbone  agit  sur  le  globule  sanguin  qu'il  paralyse  en  se  combinant 
avec  l'hémoglobine,  de  même  le  virus  syphilitique  n'altère  primitive- 
ment qu'un  seul  tissu,  le  tissu  conjonctivo-vasculaire;  de  même  encore 
le  poison  de  la  fièvre  typhoïde  se  localise  exclusivement  sur  quelques 
régions  du  système  lymphatique,  qu'il  modifie  d'une  façon  spéciale, 
tandis  que  certains  désordres  généraux,  comme  ceux  qui  président 
au  développement  des  lésions  cancéreuses,  affectent  exclusivement  les 
tissus  épithéliaux.  Or,  cette  localisation  si  particulière  des  lésions 
organiques  sur  les  éléments  anatomiques  suivant  leur  provenance, 
leur  composition  chimique  et  leurs  fonctions,  est  la  preuve  irrécusable 
de  la  spécificité  d'action  de»  agents  morbifiques,  des  rapports  qui 
existent  entre  la  lésion  matérielle  et  sa  cause  productrice,  et  de  la 
possibilité  d'arriver  à  déterminer  cette  dernière  par  l'étude  anatomo- 
pathologique. 

Le  mode  suivant  lequel  les  lésions  anatomiques  naissent  et  se  déve- 
loppent est  en  général  peu  connu;  celles-ci  sont  l'effet, tantôt  d'une 
action  dynamique  ou  mécanique,  tantôt  d'un  désordre  nutritif  ou 
d'une  combinaison  chimique.  L'observation  clinique,  quoique  si 
puissante  lorsqu'elle  est  rigoureuse,  est  cependant  peu  propre  à  nous 
révéler  ces  divers  modes  d'action;  mais  l'expérimentation  bien 
dirigée  est  appelée  à  nous  faire  connaître  le  mécanisme  intime  de 
la  production  des  lésions  matérielles  ;  malheureusement  il  ne  nous  a 
pas  été  possible  d'user  de  ce  moyen  d'investigation  comme  nous 
l'eussions  désiré. 

Les  lésions  matérielles  des  organes  ont  une  évolution  variable,  incon- 
testablement subordonnée  à  la  cause  qui  leura  donné  naissance.  L'hépa- 
tite gommeuse  et  l'hépatite  alcoolique  sont  l'une  et  l'autre  constituées 
par  l'apparition  de  petites  cellules  rondes,  embryonnaires;  mais  tandis 
que  ces  éléments  nés  sous  l'influence  du  virus  syphilitique  ont  une 
tendance  naturelle  à  la  transformation  graisseuse,  par  contre,  ils  ont 
une  grande  puissance  d'organisation  lorsqu'ils  sont  dé\eloppés  par 
l'action  de  l'alcool.  Semblable  réflexion  s'applique  à  l'altération  des 


PRÉFACE.  VII 

glandes  intestinales  dans  la  fièvre  typhoïde  et  dans  la  tuberculose. 
Connaître  la  cause  du  désordre  anatomique,  c'est  donc  par  cela  même 
connaître  son  mode  d'évolution. 
Si  toute   lésion  anatomique   suppose  une  cause  et  un  trouble 
de  nutrition  préalable,  elle  est  aussi  Toccasion  de  désordres  fonc- 
tionnels; mais  il  faut  avouer  que,  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas, 
elle  ne  peut  rendre  compte  de  tous  les  symptômes  de  la  maladie.  L'al- 
tération du  poumon  dans  la  pneumonie,  pas  plus  que  celle  de  la  peau 
dans  Térysipèle,  celle  de  l'intestin  dans  la  fièvre  typhoïde,  etc.,  ne  nous 
font  connaître  tous  les  troubles  fonctionnels  observés  pendant  la  vie. 
C'est  pourquoi  les  altérations  constatées  sur  les  cadavres  nous  parais- 
sent, comme  à  M.  Cl.  Bernard(l),  bien  plus  propres  à  classer  les  mala- 
dies qu'à  dévoiler  le  mécanisme  de  la  mort.  Aussi  ce  n'est  pas  seulement 
l'explication  du  symptôme  qu'il  faut  chercher  dans  la  lésion  organique, 
mais  encore  la  localisation  anatomique  d'un  désordre  dynamique  préa- 
lable, la  caractéristique  et  la  signature  de  la  maladie.  Nous  savons  du 
reste  que  c'est  en  se  fondant  sur  les  caractères  présentés  par  la  lésion 
anatomique  que  l'on  est  parvenu  à  grouper  sous  la  dénomination  de 
fièvre  typhoïde  un  plus  ou  moins  grand  nombre  de  fièvres  jusque-là 
décrites  séparément,  et  à  constituer  une  espèce  nosologique  par- 
faitement définie. 

De  même,  on  ne  peut  admettre  que  Thyperhémie  existant  dans 
un  certain  nombre  d'organes  chez  les  personnes  qui  succombent 
à  la  période  d'invasion  de  la  rougeole,  de  la  scarlatine  ou  de  la  variole, 
pas  plus  que  les  altérations  observées  chez  les  individus  tués  par  le 
choléra,  soient  les  véritables  causes  de  la  mort  dans  ces  maladies. 
Ce  qui,  dans  tous  ces  cas,  vient  intercepter  la  vie,  est  le  trouble  d'une 
grande  fonction  telle  que  Thématose,  l'innervation  ou  la  circulation. 
En  conséquence,  ne  négligeant  aucune  des  données  cliniques  que 
peut  fournir  l'anatomie  pathologique,  je  m'applique,  dans  ce  travail, 
à  chercher  des  caractères  propres  à  une  classification  étiologique  des 
maladies. 

Cet  ouvrage  est  divisé  en  deux  parties  :  anatomie  pathologique 
générale  et  anatomie  pathologique  spéciale.  La  première  partie  est 
destinée  à  faire  connaître  dans  leur  ensemble  les  anomalies  déforma- 

H)  Introduction  à  Vétude  de  la  médecine  expérimentale,  p.  98.  Paris,  1865. 


fis  PRÉFACE. 

dtïQ  et  les  grands  processus  morbides,  notamment  les  pblegmasies, 
les  o*^>piaiies,  les  anémies,  les  hyperhémies,  les  hémorrhagies,  les 
thrombose?,  les  embolies,  les  nécroses  et  les  gangrènes  ;  nous  y  avons 
ajooté  le  parasitisme  et  le  traumatisme.  La  seconde  servira  à  la  des- 
cription isolée  des  altérations  matérielles  dans  les  systèmes  et  les 
appareils  organiques. 

Le  plan  adopté  pour  la  première  partie  est  des  plus  simples.  Con- 
laincu  qu'il  est  impossible  do  séparer  l'histoire  des  altérations  deî 
tissus  et  des  organes  de  celle  de  leur  développement,  j'ai  cherché  l 
dasser  oys  altérations  d'après  les  données  acquises  touchant  Tévo 
lutîon  de  l'organisme  humain.  A  cet  eflet,  une  étude  générale  de 
phases  successives  que  traverse  le  corps  de  l'homme  depuis  la  naissance 
jusqu'à  la  mort,  sert  d'introduction  à  tout  l'ouvrage.  Destinée  i 
donner  une  idée  de  la  manière  dont  naissent,  se  forment  et  se  déve- 
loppent les  tissus  de  l'économie  vivante,  cette  étude  nous  renseigna 
encore  sur  les  modifications  organiques  résultant  de  l'âge;  de  la  sorte 
elle  sert  de  base  à  une  classification  naturelle  de  la  plupart  des  lésioni 
non  accidentelles,  c'est-à-dire  qui  ne  sont  le  fait  ni  du  traumatisme 
ni  du  parasitisme. 

Toutefois,  il  importait  de  séparer  dans  chacune  des  grandes  classe: 
les  choses  qui  n'ont  pas  la  même  origine.  Les  anomalies  de  formatior 
dont  le  point  de  départ  est  dans  l'œuf  nous  ont  ainsi  paru  constitue; 
un  groupe  à  part,  et  nous  avons  dû  ranger  parmi  les  malformation! 
les  monstruosités  simples  de  Isid.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  qui  ont  leui 
origine  dans  un  désordre  matériel  survenu  pendant  le  développe 
ment  embryonnaire  ou  fœtal.  De  même  les  pblegmasies  suppuratives 
considérées  à  tort  comme  un  mode  de  terminaison,  sont  séparées  de: 
pblegmasies  prolifératives  ou  adhésives,  en  raison  du  point  de  dépar 
différent  de  ces  processus. 

D'un  autre  côté,  les  éléments  de  l'organisme,  groupés  dès  h 
principe,  ainsi  que  l'a  montré  Remak,  en  trois  feuillets  qu'il  es 
possible  de  réduire  à  deux  en  réunissant  le  feuillet  interne  et  le  feuille 
externe  du  blastoderme,  n'ont  pas  seulement,  d'après  ce  simple  fait 
des  propriétés  et  des  fonctions  diverses,  mais  encore  des  aptitudes 
pathologiques  fort  différentes.  La  manière  dont  les  tissus  dérivés  de 
ces  feuillets  s'enflamment  et  végètent  n'est  nullement  identique 
(voyez  notre  Allas  (TAnalomic  pathologique)^  et  partant  nous  avons 


PRÉFACE.  IX 

dû)  pour  la  clarté  de  reJLposition,  étudier  séparément  les  processus 
phlegmasiques  et  néoplasiques,  d'abord  dans  les  tissus  et  les  organes 
nés  du  feuillet  moyen  ou  nutritif,  ensuite  dans  les  tissus  et  les  organes 
engendrés  par  les  feuillets  interne  et  externe  ou  feuillets  fonctionnels. 
Xon-seulement  l'altération  des  éléments  épithéliaux  et  glandulaires  ne 
se  comporte  pas  comme  celle  des  éléments  du  système  conjonctivo- 
vasculaire,  mais  elle  ne  se  produit  pas  non  plus  sous  l'influence  des 
mêmes  circonstances.  L'inflammation  des  tissus  épithéliaux,  infiltra- 
tion trouble  albuminoïde  avec  tuméfaction  cellulaire,  ne  peut  être 
comparée  à  l'inflammation  du  tissu  conjonctif,  qui  consiste  en  la 
formation  d'un   tissu  embryonnaire  susceptible  d'être  résorbé  ou 
de  s'organiser,   ni  à   l'infiltration    de  ce   tissu    par  des   globules 
de  pus. 

La  différence  des  altérations  des  tissus  épithéliaux  et  des  tissus  con- 
jonclifs  e^i  encore  plus  évidente  quand  il  s'agit  des  néoplasies.  Je  ne 
sais  si  je  m'abuse,  mais  il  me  semble  que  c'est  apporter  la  lumière 
dans  l'étude  du  groupe  toujours  si  obscur  des  tumeurs,  que  de  séparer 
ces  lésions,  selon  qu'elles  dérivent  des  tissus  nés  du  feuillet  interne- 
externe,   ou  du  feuillet  moyen  du  blastoderme. 

Les  premières,  que  nous  appelons  d'une  façon  générale  tumeurs 
épithéliales^  constituent  en  effet  un  groupe  à  part,  auquel  se  rattachent 
le  plus  grand  nombre  des  altérations  connues  sous  le  nom  de  cancer 
ou  carcinome.  Toujours  primitivement  développées  dans  un  tissu  épi- 
thélial,  ces  tumeurs  sont  caractérisées  par  la  présence  de  grosses  cel- 
lules munies  d'un  noyau  volumineux,  ainsi  quel'ont  depuis  longtemps 
indiqué  les  histologistes  français,  Ch.  Robin,  Lebert,  Verneuil , 
Broca  ,  etc.  Ces  éléments  sont  semblables  aux  épithéliums,  d'où 
ils  proviennent;  et,  si  la  plupart  du  temps  ils  sont  circonscrits  par 
des  travées  conjonctives  ou  alvéoles,  il  importe  de  remarquer  que  cette 
disposition  est  tout  à  fait  secondaire  et  ne  peut  les  caractériser  absolu- 
ment, comme  le  prétend  une  certaine  école.  Les  tumeurs  épithéliales 
ont  d'ailleurs  des  propriétés  toutes  particulières,  qui  sont  d'atrophier 
et  de  détruire  les  tissus  à  leur  contact,  de  pénétrer  dans  les  espaces 
lymphatiques  et  de  se  généraliser  par  infection.  Elles  ne  surviennent 
en  général  qu'après  la  période  d'accroissement  du  corps  humain  et 
sonj  variées  comme  les  tissus  épithéliaux  ;  la  peau,  le  sein,  l'estomac, 
lefoîe,les  reins,  dont  les  épithéliums  diffèrent,  sont  autant  d'organes 


X  PREFACE. 

point  de  départ  d'un  cancer  particulier  et  distinct,  ce  qui  peut  se 
formuler  de  la  façon  suivante  :  les  végétations  épithéliales  présenr 
tent  autajit  de  variétés  quil  y  a  de  variétés  d'épithéliums  à  F  état 
normal. 

Les  secondes,  c'est-à-dire  les  tumeurs  qui  prennent  leur  origine 
dans  les  tissus  nés  du  feuillet  moyen  du  blastoderme,  ou  tumeurs 
conjonctivo-vasculaires^  comprennent  les  nombreuses  néoplasies 
connues  sous  le  nom  de  sarcomes  (1),  myxomes,  fibromes,  ostéomes, 
angiomes,  myomes,  etc.  Constituées  par  des  éléments  variés  cellu- 
laires ou  fibrillaires,  ces  néoplasies  se  développent  principalement 
dans  le  jeune  âge,  tendent  peu  à  amener  la  destruction  des  tissus  de 
voisinage,  et  lorsqu'elles  se  généralisent,  c'est  par  un  procédé  diffé- 
rent de  celui  des  tumeurs  épithéliales  ;  elles  forment  ainsi  une  seconde 
famille  naturelle,  dont  un  des  principaux  genres  a  été  signalé  par  le 
professeur  Verneuil  (2).  Comme  les  néoplasies  épithéliales,  les  néo- 
plasies conjonctives  varient  suivant  le  tissu  où  elles  prennent  nais- 
sance, partant  elles  sont  aussi  nombreuses  que  les  tissus  nés  du 
feuillet  moyen  du  blastoderme,  d'où  la  conclusion  fort  simple  : 
les  végétations  co?ijonctives  présentent  autant  de  variétés  quil 
y  a  de  variétés  de  tissus  appartenant  au  groupe  des  tissus  con- 
jonc  tifs. 

Ne  voulant  pas  me  départirdu  principe  qui  consistée  ne  rapprocher 
que  des  lésions  comparables,  j'ai  divisé  les  hyperhémies,  les  hémor- 
rhagies  et  les  hydropisies  en  groupes  distincts,  suivant  que  chacun 
de  ces  processus  a  pour  point  de  départ  les  vaisseaux,  le  sang  ou 
les  nerfs,  et  j'ai  classé  les  thromboses  et  les  embolies  sous  deux 
chefs,  selon  qu'elles  intéressent  le  système  veineux  ou  le  système 
artériel.  Le  lecteur  appréciera,  je  l'espère,  l'importance  de  ces 
divisions. 

Les  affections  parasitaires  forment  deux  classes,  appartenant  l'une 
au  règne  animal,  l'autre  au  règne  végétal.  A  cette  division  se  rat- 
tachent d'ailleurs  des  désordres  anatomiques  très-différents.  Les  altéra- 

(1)  On  voit  que  nous  Taisons  ici  Tubandon  des  mois  carcinome  et  sarcome  ei  que  nous 
désignons  toutes  les  tumeurs  par  des  dénominations  empruntées  aux  (issus  normaux. 

(2)  A,  Verneuil.  Quelques  propositions  sur  les  fibromes  ou  tumeurs  formées  par  /ex 
éléments  du  tiisu  cellulairCy  avec  des  remarquer  sur  la  nomenclature  des  tumeurs,  Mém. 
lu  a  la  Soc.  de  Biologie  en  octobre  1855,  et  Gaz,  méd,  de  Paris  y  1856,  p.  50. 


►  tiûns  Iraumatiques  scint  disUngiiées  il'galement  en  deux  groupes,  sui- 
vant que  les  Ussus  divisés  sont  ou  non  mis  en  présence  de  l'air 
oténenr.  Nous  avons  de  la  sorte  les  plaies  et  les  contusions  qui 
raraprenneiit  les  fractures  et  les  ruptures. 
Un  point  essentiel  dans  l'i^tude  de  l'anatomie  pathologique  est  la 
«liordiiiaiion  des  lésions.  Celles-ci  ne  peuvent  être  placées  toutes  sur 
lii  même  plan  ;  les  unes  sont  causes,  les  autres  sont  effets,  et  comme 
lïUes,  elles  ont  chacune  une  valeur  différente.  Ainsi  il  est  commun 
de  reacontrer  avec  une  m^phrite  interstitielle  ou  atrophique  une  atté- 
niion  de  la  muqueuse  gastrique  et  un  certain  degré  d'hypertrophie 
cardiaque.  Or  ces  lésions,  auxquelles  on  pourrait  attribuer  une  même 
orifiine,  ont  cependant  des  causes  très-diverses  :  la  première,  ou  lésion 
rinale,  est  le  fait  habituel  d'une  intoxication  saturnine  ou  de  la 
goutte;  l'hypertrophie  du  cœur  est  la  consi-quence  de  la  diminution 
du  eliamp  vasculaire  amenée  par  l'altération  des  reins,  tandis  que 
Wration  de  l'estomac  est  due  à  l'iîli  mi  nation  par  cet  organe  de 
quelques-uns  des  principes  de  l'urine  qui  ne  peuvent  plus  s'échapper 
pirles  voies  naturelles.  Si  dans  les  cas  de  ce  genre,  qui  sont  loin 
d'être  rares,  on  ne  sait  démêler  ce  qui  est  primitif  de  ce  qui  est  secon- 
Wre,  il  en  résulte  que  les  lois  qui  président  &  la  localisation  des  dé- 
sordres anatomiques  échappent  entièrement,  et  la  confusion  surgit 
ftoii  la  lumière  pouvait  être  faite.  Nous  nous  sommes  efforcé  d'éviter 
celle  erreur  trop  commune,  comme  on  le  verra  dans  la  seconde  partie 
de  ce  travail. 

roiisaerée  à  l'élude  spéciale  des  altérations  pathologiques  des  or- 
pnes  pris  isolément,  cette  seconde  partie  doit  s'écarter  le  moins  pos- 
^ible(Ie  la  première  et  n'ôtre  que  l'application  des  données  générales 
de  celle-ci  ù  une  portion  déterminée  de  l'organisme.  Le  développe- 
ment et  l'évolution  physiologique  des  organes  seront  tout  d'abord 
eiaminés,  et  cet  examen  servira  de  hase  à  l'étude  des  lésions  anato- 
miques qui  leur  sont  propres  et  dont  la  liaison  avec  1q  mode  de  via- 
bilité et  de  iiutrilion  est  des  plus  intimes.  Puis,  comme  il  importe 
toujours  de  procéderdu  simple  au  composé,  les  organes  formés  unique- 
mentaux  dépens  du  feuillet  moyen  du  blastoderme,  à  savoir  tous  ceux 
qui  composent  les  systèmes  de  la  circulation  et  de  la  locomotion,  orga- 
nes absolument  exempts  d'éléments  épithèliaus,  seront  d'abord  l'objet 
de  notre  attention,  et  partant  il  nous  sera  facile  de  montrer  l'analogie 


I 


j 


Xfl  PRÉFACE. 

des  altérations  propres  aux  différentes  parties  de  ces  systèmes  orga- 
niques. Viendra  ensuite  l'étude  des  altérations  des  organes  plus  com- 
plexes développés  tout  à  la  fois  aux  dépens  du  feuillet  moyen  et  du 
feuillet  interne  ou  externe,  comme  les  téguments,  les  glandes  et  les 
centres  nerveux.  Ces  organes  renfermant  des  éléments  de  source 
différente,  nous  séparerons  l'étude  des  altérations  propres  à  chacun  de 
ces  éléments  en  suivant  les  divisions  adoptées  dans  la  partie  générale 
de  notre  travail.  Cette  méthode  d'analyse  nous  permettra  de  montrer 
la  simplicité  de  l'étude  anatorao-pathologique  d'appareils  organiques 
qui,  constitués  normalement  sur  un  même  plan,  ne  se  modifient 
jamais  que  suivant  les  mêmes  lois,  tellement  que  la  connaissance 
exacte  des  altérations  de  l'un  d'eux  peut  donner  l'idée  des  altérations 
de  tous  les  autres.  . 

En  somme,  étudier  les  altérations  pathologiques  du  corps  humain, 
en  prenant  pour  base  de  cette  étude  les  changements  que  subissent  les 
tissus  et  les  organes  aux  diverses  phases  de  l'existence,  montrer  que 
ces  altérations  se  produisent  d'après  les  lois  de  la  physiologie  nor- 
male, grouper  ces  désordres  suivant  leurs  conditions  pathogéniques 
et  étiologiques,  de  façon  à  poser  les  fondements  d'une  classification 
naterelle  des  maladies  et  à  asseoir  la  pratique  de  la  médecine  sur  des 
indications  pronostiques  et  thérapeutiques  invariables,  telle  est  la 
doctrine  générale  de  cet  ouvrage.  On  dira  peut-être  que  notre  manière 
de  voir  est  purement  systématique  ;  je  ne  le  crois  pas,  puisqu'elle  re- 
pose, non  pas,  comme  cela  se  fait  assez  généralement,  sur  le  simple 
examen  cadavérique,  mais  sur  l'observation  combinée  et  simultanée 
du  fait  clinique  et  du  fait  anatomique. 

Qu'il  me  soit  permis,  en  terminant,  de  remercier  mon  interne, 
M.  Ch.  Rémy,  du  bienveillant  concours  qu'il  m'a  prêté  pour  l'exécu- 
tion d'un  certain  nombre  de  figures,  et  M.  Karmansky  pour  le  soin 
qu'il  a  donné  à  cette  même  exécution. 

Paris,  le  1"  juin  1870. 

E.  Lancereaux. 


TRAITÉ 


D'ANATOMIE  PATHOLOGIQUE 


^ \'\  !"  .  « .         ^ 


.V  y-      - 


L*aiiatomie  pathologique  est  la  |>arli(*.  do  la  science  médicale  qui 
s'occupe  des  altérations  physiques  des  organes,  eu  recherche  Forigine  et 
les  conséquences  plus  ou  inoins  funestes  à  Torganisme.  Cette  branche  de 
la  médecine  a  par  conséquent  un  triple  objet  :  l""  présenter  une  descTip- 
lion  détaillée  des  changements  survenus  dans  la  position,  la  forme»  le 
volume,  kl  structure  intime  de  l'organe  malade,  et  considéi*er  cet  organe 
dans  ses  rapports  avec  les  autres  parties  du  corps  ;  T  rechercher  l'origine 
de  ces  changements  et  indi(|uer  la  manière  dont  ils  se  sont  o|HTés,  les 
influences  et  les  lois  qui  ont  présidé  à  leur  développ<'ment  (étiologie  et 
pathogénie)  ;  3"*  rapprocher  les  altérations  organiques  des  phénomènes 
qui  se  manifestent  dans  le  cours  d'une  maladie,  analyser  ces  phénomènes 
et  déterminer  leur  degré  de  subordination  par  rapport  à  ces  altérations 
(physiologie  pathologique). 

Ainsi  envisagée,  lanatomie  pathologique  n'est  plus  restreinte  à  la 
description  stérile  des  changements  de  structure,  isolée  des  phénomènes 
qui  ont  précédé  le  désordre  organique  et  de  ceux  que  ce  désordre  a  fait 
naître;  elle  comprend  à  la  fois  letude  de  la  lésion,  de  sa  cause,  de 
son  mode  de  production  et  de  ses  eiïets.  Ce  n*est  plus  l'organe  altéré, 
murij  que  Ton  étudie,  mais  bien  ce  même  organe  vivant,  agissant,  et  dans 
la  plénitude  de  ses  fonctions;  c'est  la  connaissance  de  la  vie  imthologique 
qui  se  substitue  à  la  contemplation  de  la  nature  morte. 

Tel  me  |>ardlt  éti'e  le  véritable  esprit  de  lanatomie  imthologique. Toute- 
fois, comme  ce  n'est  pas  ainsi  qu'elle  a  été  considérée  Jusqu'à  ce  jour,  il 

LANCikliEALX.  — Traîlé  d*Aiial.  I  —   1 


2  ÀNÀTOMIE  PATHOLOGIQUE. 

ne  sera  pas  inutile  d'entrer  dans  quelques  détails  historiques  pour  mon. 
trer  révolution  successive  de  cette  partie  de  la  médecine,  faire  saisir  le 
progrès  qu'elle  a  accomplis,  et  la  condition  de  ces  progrès  :  le  perfec 
tionnement  de  certains  instruments  de  physique,  celui  des  méthode 
d'analyse  chimique,  etc.,  etc. 


APERÇU   HISTORIQUE 


Née  du  désir  bien  naturel  qu  oui  toujours  eu  les  médecins  de  se 
i^eodre  compte  des  désordres  morbides  qui  ont  lieu  sous  leurs  yeux, 
'étude  de  Tanatomie  et  de  la  physiologie  pathologiques  a  passé  par  de 
Nombreuses  vicissitudes.  D'abord  entravée  dans  son  développement  par 
^  respect  exagéré  que  les  anciens  avaient  pour  leurs  morts,  elle  se 
iK)me  à  constater  et  à  décrire  les  altérations  matérielles  apparentes  à 
la  surface  du  corps.  Mais  lorsqu'une  civilisation  plus  avancée  et  plus 
hardie  vint  lever  l'interdit  qui  défendait  de  toucher  à  la  dépouille  mor- 
telle de  rhomme,  les  lésions  matérielles  des  organes  devinrent  Tob- 
ktdun  sérieux  examen,  et  dès  ce  jour  naquit  Tanatomie  pathologique 
descriptive.  Des  notions  plus  exactes  sur  la  structure  normale  des  tissus 
^l'application  du  microscope  à  Tétude  de  cette  structure  donnèrent  en- 
suite naissance  à  Tanatomie  pathologique  générale  et  à  Thistologie  pa- 
logique.  C'est  insensiblement  que  se  sont  opérés  ces  progrès  succes- 
^fs,  inséparables  du  développement  scientifique  ;  chacun  d'eux  faisant 
^ue  dans  l'histoire  de  Tanatomie  pathologique,  nous  diviserons  celle-ci 
^  trois  grandes  périodes  ou  époques. 

Epoque  ancienne.  —  Les  anciens  peuples  de  l'Orient  n'étudièrent  ni 
l'aoatomie  normale  ni  l'anatomie  pathologique.  Les  Babyloniens,  les  As- 
syriens, les  Perses  et  les  Chinois,  tnalgré  un  certain  degré  de  civilisation, 
ignoraient  le  siège  et  la  forme  des  principaux  viscères  ;  leur  physiologie 
et  leur  pathologie  étaient  purement  fantaisistes. 

Les  Égyptiens,  si  habiles  dans  l'art  d'embaumer  les  corps,  auraient  pu 
^r  de  cette  pintique  quelques  notions  anatomiques  exactes,  mais  ils  ne 
songèrent  jamais  à  faire  servir  «ces  ouvertures  à  l'étude  dô  l'anatomie 


4  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

pathologique.  Du  raste,  ils  ne  possédaient  aucune  connaissance  physiolo- 
gique ou  pathologique  précise. 

Le  peuple  juif,  dont  les  préceptes  d'hygiène  et  les  données  positives 
touchant  Tétiologie  de  quelques  maladies  sont  si  remarquables,  n'avait 
que  de  faibles  connaissances  anatomiques.  Pourtant,  d'après  Israëls 
{Tent,  histor.  med.  talmud.^  p.  57],  les  médecins  juifs  pratiquaient 
l'ouverture  de  cadavres  de  femmes^  ef  ces  ouvertures,  d'après  le  Talmud, 
pouvaient  quelquefois  être  faites  sur  la  demande  des  rabbins  et  de  la 
cour  de  justice  (Wundkrbar,  BibL  talmudische  Medicin.^1^  p.  21;  11,  p.. 5). 

C'est  dans  la  Grèce,  aussi  fertile  en  savants  qu'en  guerriers,  que  l'a- 
nalomie  prit  naissance.  Les  Asclépiades  disséquaient  des  animaux,  et 
quoiqu'ils  n'aient  eu  à  leur  disposition  aucun  cadavre  humain,  ils  n'é- 
taient pas  entièrement  ignorants  de  l'anatomre  de  l'homme.  Hippoci'ate 
hérita  de  leurs  connaissances  anatomiques,  qu'il  agrandit,  mais  le  respect 
des  anciens  pour  les  restes  mortels  de  l'homme  l'obligeai  à  se  contenter 
de  constater  les  altérations  matérielles  apparentes  à  la  surface  des  corps 
ou  dans  les  cavités  naturelles.  Dans  la  collection  de  ses  œuvres  on  trouve 
en  effet  la  dénomination  et  une  description  des  fistules,  des  hémorrhoïdes, 
des  carcinomes  (oxtppoç,  xopxivoc,  xopxtvwfia),  des  tubercules  (Y^u/Mcra),  des  po- 
lypes, des  ulcères,  des  abcès  et  de  beaucoup  d'autres  lésions  extérieures. 
Les  altérations  des  organes  internes  ne  s'y  rencontrent  pas  ;  néanmoins,  k 
cette  époque,  les  médecins  faisaient  servir  à  l'interprétation  des  maladies 
les  connaissances  anatomo-pathologiques  qu'ils  puisaient  dans  la  dissec- 
tion des  animaux.  Ainsi  l'auteur  de  la  maladie  sacrée  attribue  ce  mal  à 
une  espèce  d'hydropisie  du  cerveau,  «  comme  on  peut  s'en  convaincre, 
dit-il,  chez  les  animaux  devenus  épileptiques  et  principalement  sur  les 
chèvres  :  Hanm\  si  caput  secveris,  cerebrum  humidum  et  sudore  redun- 

dam deprehenderes,   »  Observateur  habile,   Hippocrate  se  borna  à 

décrire  les  lésions  anatomiques  ;  ses  disciples  l'imitèrent ,  mais  ils 
ajoutèrent  peu  à  ses  connaissances,  de  sorte  (ju'il  faut  arriver  à  l'école 
d'Alexandrie  pour  trouver  un  progrès  dans  la  science  anatomique. 

0 

Krasistrate  et  llérophile,  les  principaux  représentants  de  cette  école, 
imprimèrent  à  Tanatomie  un  degré  de  perfection  qu'elle  ne  devait  |)as 
dépasser  pendant  près  de  vingt  siècles.  Ils  s'appliquèrent  à  élucider  la 
connaissance  des  maladies  par  l'ouverture  des  C4idavres,  et  les  rois  d'E- 
gypte, au  rapport  de  Pline,  auraient  par  leur  exemple  encouragé  ces 
ri?cherches.  Malheureusement,  les  écrits  de  ces  médecins  ne  sont  pas 
arrivés  jusqu'à  nous,  et  les  auteurs  qui  en  ont  eu  connaissance  ne  nous 
ont  transmis  qut»  des  vestiges  de  leurs  précieuses  découvertes.  Les  dis- 
ciples de  ces  grands  anatomistes  ne  suivirent  |K)int  la  carrièi-e  qui  leur 


APERÇU   HISTORIQITR.  5 

était  ouveile.  Tout  en  consen'anl  le  renom  de  la  première  école  du 
monde,  Alexandri«^  perdit  peu  à  peu  les  avantages  qui  le  lui  avaient  mé- 
rité; les  dissections  des  cadavres  humains  v  devinrent  de  moins  en  moins 
fréquentes,  de  sorte  que  Tusafre  en  était  perdu  au  temps  de  Rufus 
d'Ephèse,  un  siècle  après  l'ère  chrétienne. 

Sans  doute  instruit  par  les  écrits  sortis  de  l'école  d'Alexandrie,  Arétée 
de  Cappadoce  (1)  signale  certaines  altérations  des  cavités  splanchniques. 
Il  attribue  quelques  vomiques  à  Tirruption  d'une  collection  purulente  de 
la  plèvre  à  travers  les  bronches,  et  fait  mention  de  l'ouverture  des  abcès 
du  foie  dans  l'intestin  ;  il  rattache  certains  ictères  à  lobstniction  des  crtn- 
duits  biliaires  par  un  squirrhe  ou  par  l'inflammation  de  ces  canaux,  et 
même  encore  à  l'inflammation  du  foie.  La  description  qu'il  donne  des 
ulcères  intestinaux  conduit  à  penser  qu'il  a  dû  puiser  ses  connaissances 
chez  des  médecins  qui  avaient  pratiqué  des  autopsies  ;  ce  qu'il  dit  de 
la  production  de  l'hémiplégie  d'un  côté  du  corps  par  la  lésion  de  l'hé- 
misphère opposé  du  cerveau,  et  de  l'hémiplégie  directe  par  lésion  médul- 
laire, vient  du  moins  à  l'appui  de  cette  manière  de  voir.  Ajoutons  que  ce 
médecin  décrivit  l'éléphantiasis  mieux  qu'on  ne  l'avait  fait  avant  lui,  et 
qu'il  signala,  après  Hippocrate,  les  tophus  des  goutteux. 

Celse  continua  à  mettre  en  lumière  les  faits  d'anatomie  pathologique 
appréciables  sur  le  vivant.  On  lui  doit  une  description  des  polypes  des 
fosses  nasales,  de  la  carie  des  os  du  nez,  du  gonflement  inflammatoire 
des  amygdales,  du  cancer  de  la  bouche  et  de  bien  d'autres  lésions.  Il  con- 
naissait les  hernies  inguinales  et  celles  de  l'ombilic,  et  fit  mention  d'une 
affection  qui  a  rapport  au  sarcocèle. 

Galien,  esprit  éminent  dont  l'œuvre  est  considérée  comme  le  point  cul- 
minant de  la  médecine  grecque,  proclame  en  principe  le  rapport  intime 
entre  le  trouble  fonctionnel  et  la  lésion  {acticnem  lœdi  necesse  enf,  imtru- 
mento  efficiente  tllam  quomodoUbet  lœso;  et  un  peu  plus  loin  ;  nullani  oc- 
tionem  iœdi  nisi  pars  qwp  illam  efficit,  afficiatur).  Comme  Hippocrate  et 
Celse,  il  ne  s'occupe  guère  que  des  lésions  accessibles  à  la  vue  et  au  tou- 
cher; il  attribue  néanmoins  certains  désordres  de  la  voix  à  une  modifica- 
tion du  nerf  récurrent  laryngé,  il  signale  les  érosions  intestinales  de  la 
dysenterie,  distingue  les  ulcères  des  poumons  de  ceux  de  la  trachée  et 
divise  les  anévrysmes  en  deux  groupes  répondant  à  notre  division  des 
anévrysmes  vrais  et  des  anémsmes  faux.  Imitant  en  cela  ses  prédéces- 
seurs, il  rapporte  aux  tumeurs  toutes  les  altérations  caractérisées  par 

(1)  Traité  des  signes,  des  causes  et  de  la  cure  des  maladies  aiguës  et  chroniques  y  trad, 
fraoç.,  parL.  ReBaml,  Paris,  1834. 


6  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

raagmentatîon  générale  du  volume  d'un  oi^ane,  et  décrit  ainsi  Tin- 
flammation,  1  erysipëie,  Therpès,  les  abcès,  Tanthrax,  le  furoncle,  h 
gangrène,  le  cancer,  le  squirrhe,  Téléphantiasis,  la  lèpre,  les  varices, 
l'athérome,  le  stéatome,  les  hernies,  le  sarcocèle,  Thydrocèle,  roedëme, 
Tascite,  la  hTnpanite,  etc. 

Les  auteurs  grecs  ^  hlins  qui  suivent  Galien  se  contentent  de  repro- 
duire les  connaissances  acquises;  on  ne  compte  guère  parmi  eux  que  des 
abréviateurs  et  des  copistes  ;  Oribase,  Fauteur  présumé  de  VIsagoge  anab- 
mka,  et  Aétius  d'Amide  sont  de  ce  nombre.  Il  faut  excepter  peut-être 
Alexandre  de  Tralles  qui  a  laissé  un  écrit  sur  les  vers  intestinaux,  et 
Paul  d'Égine  dont  les  œuvres  particulièrement  intéressantes  pour  le  chi- 
rurgien renferment  une  bonne  description  des  ulcères  des  parties  géni- 
tales. 

Vers  le  milieu  du  v*  siècle,  le  flambeau  des  sciences  s'éteignit  presque 
enti^iement  en  Occident  par  suite  des  invasions  réitérées  des  Huns,  des 
Vandales,  des  Goths,  des  Alains,  des  Suèves  et  des  Lombards,  et  de  cette 
époque  date  aussi  la  décadence  des  sciences  et  des  arts  en  Orient.  La  mé- 
decine, jadis  si  florissante  en  Grèce,  se  réduisit  peu  à  peu  à  un  empi- 
risme superstitieux,  et  c'est  dans  ces  conditions  que  le  sceptre  de  ce^ 
sdenœ  passa  entre  les  mains  des  Arabes.  L'anatomie  normale  ou  pa- 
thologique ne  fit  entre  leurs  mains  ou  sous  leur  direction  presque  aucun 
progrès,  ce  dont  on  ne  sera  pas  surpris,  si  Ton  songe  que  leur  religion 
leur  défendait  de  toucher  à  aucun  cadavre  humain.  Rhasès,  Ali,  Avicenne, 
n'avaient  d'autres  connaissances  que  celles  qui  leur  venaient  des  méde- 
cins grecs,  notamment  d'Aristote  et  de  Galien  ;  Albucasis  néanmoins  fit 
des  observations  judicieuses  sur  quelques  lésions  chirurgicales. 

Bientôt  la  culture  des  sciences  commença  à  s'affaiblir  parmi  les  Arabes, 
d'abord  en  Orient,  où  les  Turcs  détruisirent  la  plupart  des  califats  pour  y 
substituer  leur  gouvernement  despotique,  puis  en  Espagne  et  en  Afrique. 
Dès  lors  la  science  médicale  devint  forcément  le  partage  des  ecclésias- 
tiques qui  en  étaient  les  seuls  dépositaires.  Obligés  par  état  de  s'interdire 
toute  effusion  de  sang,  ils  n'acquirent  aucune  connaissance  anatomique  ; 
bien  plus,  malgré  l'éclat  jeté  par  l'école  de  Saleme,  malgré  l'illustration 
de  quelques  médecins  juifs  de  cette  époque,  l'art  médical  se  trouva  réduit 
à  de  simples  applications  topiques,  la  médecine  tomba  momentanément 
dans  un  grossier  empirisme. 

Ainsi  finit  cette  première  époque  qui  dura  près  de  deux  mille  ans. 
Comme  un  germe  qui,  faute  d'un  milieu  convenable,  ne  peut  se  dévelop- 
pa, l'anatomie  pathologique,  pendant  tout  ce  temps,  reste  sans  expan- 
sion. Le  respect  exagéré  des  anciens  pour  les  morts,  l'extrême  sévérité 


\PEHljU    ItlSTORIQCîE. 

:■  la(|udl<'  leurs  lois  en  punissaienl  la  piofanalion,  lelles  furent  les 


Blmes  qui  arrêtèrent  l'essor  médical  et  entravèrent  le  développement  de 
^bllr  iiran(-h<>  de  la  médecin*!.  Mais  il  est  juste  di-  reconnaître,  ii  la  ftloire 
^Bmnêdecîns  de  eette  longue  période,  qu'ils  s'efforcèrent  de  faire  tomber 
^»  préjugés  et  qu'ils  surent  tiiTr  prolit  du  peu  de  temps  pendant  lequel 
l'ouvertupe  des  cadaiTes  leur  fut  permise. 

l'anatomie  normale  et  pathologique  des  animaux  est.  dans  celte  pé- 
riode, un  objtft  d'étude  pour  un  grtind  nombre  de  naturalistes  et  de  méde- 
àn&  qui  en  font  des  applications  à  la  patbologie  humaine.  Nous  avons 
déjà  signalé  une  de  ces  applications  tirée  de  la  collection  hippocratique  ; 
ii)le4irs,  apportant  des  arguments  en  faveur  d'une  théorie  sur  les  bydro- 
pisifs  ie  poitrine  cher  l'homme,  le  père  de  ta  médecine  parle  de  l'exis- 
ifnee  dans  le.s  poumons  du  bœuf,  du  chien  et  du  porc,  de  tumeurs 
aqueuses  qui  ne  sont  vraisemblablement  que  des  kystes  hydaliques. 

Aristote  fait  mention  de  la  ladrerie  du  porc,  de  l'angine  et  de  la  rage 
Ju  chien,  de  la  morve  de  l'âne  et  du  cheval,  et  il  indique  l'existence  des 
lésions  pulmonaires  et  hépatiques  cher  plusieurs  de  c«s  animaux.  Pline 
donne  aussi,  dans  son  Histoire  naturelle,  quelques  notions  touchant  l'his- 
Imre  pathologique  des  animaux.  Si  l'ouvrage  de  Celse  sur  l'agriculture  a 
été  perdu,  par  contre,  celui  de  Gotumelle  {De  re  rustica),  qui  nous  est  con- 
t)Tvé,  renferme  l'indication  de  la  phthisie  pulmonaire.  Galien  rapporte 
qu'en  disséquant  des  animaux  il  a  trouvé  dans  le  péricarde  une  liumeui- 
ibcHidante  semblable  à  de  l'urine,  ou  une  tumeur  squirrheuse  qui  ressem- 
Uait  à  plusieurs  membranes  épaisses  superposées  (péricardile).  Long- 
temps après,  un  célèbre  hippiaire,  .\psyrtus  de  Prusc,  décrivait  la  morve 
et  beaucoup  d'autres  maladies  particulières  au  cheval.  Ainsi,  on  voit  que 
l'étude  des  lésions  organiques  chez  les  animaux  est  tout  au  moins  con- 
leuporaioe  de  celle  des  lésions  de  l'homme,  si  elle  ne  l'a  précédée. 

L'état  de  torpeur  intellectuelle  dans  lequel  tomba  l'humanité  au  moyen 
Ige  ne  pouvait  avoir  qu'un  temps.  Après  un  moment  de  repos,  l'esprit 
dlniliative  et  de  recherche  reparaît  ;  les  préjugés  s'effacent,  les  opinions 
ftligieuses  se  modifient,  et  la  levée  de  l'interdit  qui  pesait  depuis  long- 
i  sur  l'ouverture  des  cadavres  rend  enfin  possibles  l'étude  du  corps 
Il  et  la  recherche  des  altérations  qui  s'y  produisent.  La  médecine 
s'engage  dans  la  voie  d'un  progrès  auquel  elle  devra  de  plus  en  . 
B  d'être  une  science  exacte  et  positive, 

;  moïe:i(se.  —  Non  moins   brillante    pour   la   médecine    que 
ir  les  lettres  et  les  beaux-arts,  l'époque  de  la  renaissance  voit  s'ac- 
E  BHBplir  en  anatomie  I»  révolution  la  plus  remarquable  qu'une  science 


I 

I 


8  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

ait  jamais  subie.  Les  Ordonnances  de  Frédéric  II  ayant,  dès  le  xiii*  siècle, 
levé  rinterdit  qui  pesait  sur  louverture  des  corps  humains,  Mondini 
de  Luzzi  disséquait  en  1306  le  premier  cadavre  livré  depuis  les  temps 
anciens  au  scalpel  des  médecins.  Il  publia  bientôt  «près  un  ouvrage  d*ana- 
tomie  que  Ton  peut  considérer  comme  appartenant  à  Tanatomie  patho< 
logique,  car  il  a  fait  suivre  la  description  des  organes  de  celle  des  ma- 
ladies auxquelles  ils  sont  sujets  et  des  moyens  thérapeutiques  dirigés 
contre  elles.  Son  ouvrage,  qui  a  joui  d'une  grande  renommée,  a  eu  plu- 
sieurs éditions,  dont  la  dernière  en  15/4I.  Guy  de  Chauliac,  le  restaurateur 
de  la  chirurgie,  paratt  aussi  s'être  livré  à  quelques  dissections  qui  ne 
furent  pas  entièrement  stériles  pour  Tanatomie  pathologique  chirurgicale. 
Bartholomée  de  Montagnana,  professeur  de  Téçole  célèbre  de  Padoue, 
assure  avoir  fait  quatorze  ouvertures  de  cadavres,  chose  prodigieuse  en 
ce  temps-là  ;  mais  c'est  en  réalité  Antoine  Benevieni  à  Florence  et  Alexan- 
dre Benedetti  à  Venise  qui  ouvrirent  Tère  nouvelle  de  Tanatomie  patho- 
logique, le  premier  surtout  en  secouant  le  joug  des  théories  galéniques  et 
en  cherchant  dans  la  dissection  des  corps  la  cause  des  maladies  et  de  la 
mort.  Ainsi,  le  signal  de  l'indépendance  de  la  pensée  scientifique  partit 
d'une  chaire  d'anatomie  pour  retentir  plus  tard  dans  les  chaires  de  philoso- 
phie. Du  reste,  à  partir  de  cette  époque,  on  commence  à  connaître  la  valeur 
des  bits  ;  les  lésions  observées  après  la  mort  dans  les  principaux  viscères 
sont  notées  avec  soin.  J.  de  Vigo,  Bérenger  de  Carpi,  le  grand  Vésale  lui- 
même,  ne  dédaignent  pas  ce  genre  de  recherches  auquel  s'adonnèrent 
également  Fallope,  Ëustachi,  Ingrassias,  Riald,  Columbus,  J.  de  Wier, 
Coiter,  A.  Paré,  Dodoéns,  Salus  Diversus,  Marcel  Donatus,  Pierre  Forestus, 
Fabrice  de  Hilden,  Fabrice  d'Aquapendente  et  plusieurs  auteurs  contem- 
porains qui,  pour  la  plupart,  s'étaient  inspirés  de  leurs  études  dans  les 
écoles  florissantes  de  l'Italie. 

Schenck  de  Graefenberg,  dans  un  ouvrage  trop  peu  cité,  rassemble  la- 
borieusement les  matériaux  connus  de  son  temps,  et  les  ajoute  à  des  tra- 
vaux compulsés  jusque  dans  les  annales  les  plus  reculées  de  l'art  pour  en 
former  le  premier  ouvrage  important  sur  la  matière. 

Si  ces  premiers  travaux  ne  portèrent  pas  tout  le  fruit  qu'on  pouvait  en 
attendre,  c'est  que  les  h3rpothèses,  tour  à  tour  en  faveur,  vinrent  fasciner  les 
yeux  d'un  grand  nombre  d'auteurs  qui  trouvaient  plus  d'attraits  dans  des 
explications  toutes  faites  que  dans  les  secrets  qu'il  fallait  arracher  à  la 
mort.  Les  autopsies  n'étaient  d'ailleurs  pas  toujours  pratiquées  avec  un 
soin  suffisant  pour  renverser  des  faits  vus  à  travers  le  prisme  des  théories 
et  au  milieu  d'une  ignorance  fort  grande  des  lois  de  la  physiologie  posi- 
tive. Ajoutons  que  l'esprit  de  superstition  et  de  crédulité  qui  régnait  a 


IPRBIJU    HISTOIIIOI'K.  9 

Itépoqnp  ronduisit  Irop  souvent  Ji's  ùbst-rvali'urt,  à  s'atlarh^r  s|Mk'ia- 

ml  aux  cas  i-at-t>s,  i-\traordiaaires.  fabuleux  même,  dans  lesquels  ûs 

nient  on  aliment  à  ieur  amour  du  merveilleux,  sans  s'inquiéter  k 

peourent  d'en  vériBer  l'existence  ou  même  la  possibilité. 

ïnn  d'accrotire  le  mouvement  commencé,  texvn*  siècle,  à  son  aurore, 

Rl'élan  imprimé  aux  recherrhcsanatomtques  se  ralentir  tout  à  coup. 

Les  princes  de  l'Italie,  qui  avaient  d'abord  encouragé  r^s  recherches,  ces- 

HTOit  de  les  protéger,  et  il  devint  dîtlicile  de  s'y  procurer  des  cadavres, 

h  France,  les  hommesquiaiiraientdi'i  se  livrera  la  eulture  de  la  science, 

Rcins  etrhirurpiens,  partagés  en  deux  eorps  et  comme  l'n  deux  camps 

,  épuisaient  tous  leurs  eiïorts  en  des  disputes  aussi  acharnées 

B  ridicules.  Épuisén  par  la  guerre  de  trente  ans ,  l'Allemafaie  était 

rioe  pour  les  sciences,  Toutefois  le  siècle  dans  lequel  le  chancelier 

D  posa  les  principes  de  lu  philosophie  expérimentale  et  dans  lequel 

rfcnn^iil  les  plus  célèbres  académies   (Académie  des  curieux  de  la 

'  ;  Société  des  sciences  de  Londres,  1 658  ;  Académie  des  sciences  de 

n,  1664)  ne  fut  pas  sans  jeter  quelque  lumièn-  sur  l'objet  qui  nous 


ïey,  aidé  par  l'expérience,  fait  lonnaître  la  plus  importante  des 

i,  la  circulation  du  sang,  et  cette  découverte  est  bientôt  suivie  d^ 

s  des  vaisseaux  chylifères,  du  canal  thoracique  et  des  vaisseaux  lym- 

■tiques.  A  c^llé  de  Harvey  se  placent  Asclli,  Malpi^hi  et  Ruyseh,  les 

gnndes  lumières  de  l'anatomie  et  de  la  physiologie  fi  cette  époque  où 

liiri  commence  k  comprendre  l'importance  de  l'anatomie  pathologique 

puur  la  connaissance  exacte  des  maladies. 

kOurlques  auteurs,  comme  Schneider,  .Molinelti,  Willis,  J.  Wepffer, 
r,  Ben  net.  s'occupent  plus  spécialement  des  altérations  propres  à  un 
gine  ou  à  une  partie  détenninée  du  corps.  Un  prand  nombre  de  méde- 
àa%  t-ditent  des  centuries  d'observations;  tels  sont  ;  C.  Haillon, 
J'R,  Salznmnn.  Ph.  Salmuth,  N.  Fonteyn,  J.  D.  ilorst,  mais  surtout 
IWias  fiartbolin,  Mcolas  Tulplus,  Dominique  Paranoli,  Pemard  Ver- 
ascha,  G.  Rlasius,  Stalpart  Van  der  Wiel,  Hagedoni,  Plusieurs  auliv-'s, 
Sfrard  Rlasius,  J.  N,  Perhiin,  J.  .1.  Ilarder,  J.  C.  Peyer.  F.  Plaler, 
J-llelvig,  [{,  Morton,  J.  B.  l'antoni,  conlribuenl  par  leurs  ouvertures  cada- 
^Tiques  à  éclairer  la  nature  des  affections  observées  sur  le  vivant.  Enfin 
ipifiiciaes  auteurs,  comme  Marc-AuréleSeverin.G.  S.  Welsch.J.  Schrader, 
J-H.D.  Hoffmann,  Et.  Blancard.  mais  surtout  Th.  Ronnel  elJ.  J.  Manget, 
liMmblent  les  faits  épars  et  en  forment  de  vastes  collections,  riche 
f^pfrtoire  d'anatomie  pathologique, 
l-'un  (les  ooMTvges  les  plus  imporl.inls  de  ce  temps  est  celui  dans  lequel 


î%  KSkTOMS  PATIOLOGIOrC. 

botàuei  pas^  €D  replie  la  pluptit  des  maladies,  qu*iJ  ran^  dans  un  ordre 
anatomiqae.  Mettant  à  contribotioD  les  écrits  de  ses  oontempoimins  plntôi 
que  les  &its  puisés  dans  sa  propre  [H^alique,  cet  auteur  s'est  laissé  aller  à 
des  répétitions  fastidieuses  de  iaits  entièrement  oontrouvés  et  même  bbo- 
ieux,  et  souvent  il  considère  conmie  une  cause  morbifique  des  aodd^ts 
qui  n'ont  aucune  relation  avec  la  maladie. 

Au  xviir  siècle,  Tétude  de  l'anatomie  pathologique  est  plus  fidèle  et 
plus  impartiale.  Moins  influencés  par  rauiorité  des  anciens,  les  médecins 
d'alors  observait  avec  plus  de  justesse  et  d'exactitude  que  l^vs  prédéces- 
seurs. Leurs  observations  ne  sont  plus  des  faits  très-souvent  ocrfligés  pour 
la  curiosité,  mais  des  matériaux  amassés  dans  le  but  d'asseoir  la  méde- 
ctne  sur  une  base  solide  et  inébranlable.  Ainsi  Tillustre  élève  de  Valsaha, 
Morgagni,  arrange  et  coordonne  ses  observations  de  btçoiD  à  les  (aire 
servir  à  la  clinique,  il  s  attache  à  déterminer  les  rapports  des  altérations 
trouvées  après  la  mort  avec  les  troubles  fonctionnels  observés  durant  la 
vie,  et  de  la  sorte  il  vivifie  l'anatomie  pathologique  ei  crée  la  physiologie 
des  lésions  nûUérielles.  Si  son  grand  ouvrage  sur  la  cause  et  le  siège  des 
maladies  ne  présente  aucune  de  ces  idées  fécondes,  de  ces  aperçus  neufs 
qui  répandent  une  vive  lumière  sur  les  phénomènes  de  I  oi^çanisation,  il 
renferme  du  moins  une  masse  prodigieuse  de  bits  rigoureusement 
observés  et  judicieusement  expliqués  qui  constituent  un  véritable  pro- 
grès. 

L'Italie  reconquiert  pour  un  instant  le  sceptre  de  lanatomie  pathologique: 
mais  en  même  temps  s'élève  en  Hollande  une  école  qui  sera  bientôt  cél^ire. 
A  la  tète  de  cette  école  se  placent,  par  l'importance  de  leurs  recherches, 
.Ubinus  et  Sandifort,  qui  ont  laissé  des  observations  anatomo-patholo- 
giques  précieuses.  A  leur  suite  viennent  se  grouper,  dans  des  c^itres  dile- 
rents,  un  grand  nombre  d'auteurs,  notamment  J.  M.  Hoffmann,  Salimann, 
P.  Barrère,  Clossy,  Metzger,  P.  Camper,  Baader,  Cb.  G.  Lud^ig,Hautsierck. 
i.  C-  Walter,  Wemer,  Home,  Levelîng,  Monte^gia,  etc.,  dont  les  fiûts 
intéressants  sont  consultés  avec  fruit. 

Plus  encore  que  dans  le  siècle  précédent,  quelques  médecins  s*atlacfaent 
spécialement  à  l'étude  des  altérations  de  quelques  organes  isolés. 
Ainsi  l'anatomie  pathologique  du  cœur  est  cultivée  par  Lancisi,  Senac  el 
Meckel,  celle  du  foie  par  Bianchi,  celle  de  l'œsophage  par  Bleuland,  celle 
de  l'intestin  par  R(£derer  et  Wagler,  celle  du  cerveau  par  Gennari,  celle 
des  parties  génitales  par  de  Graaf,  Ph.  Bœhmer,  Schurig,  tandis  que  les 
lésions  osseuses  sont  principalement  étudiées  par  Cheselden,Trqpi,  Bonn, 
Wiedmann,  Van  Heckeren  et  Scarpa. 

lies  plus  grands  médecins  de  l'époque  comprennent  alors  l'importaoBoede 


Vft»eoHatïond«^l'anatoiiiiepiUhologiqueàlaL'liiHqup;Fr.  Hoiïiiiann  »  Hnlle, 
Henn.  Bwrhaave  à  Leyde,  de  Haen,  Sloll  à  Vienne,  Pringle  et  Fothergill 
en  Aagletarrc,  Borsieri  en  Italie,  Sauvage  et  Pinel  en  France  s'appliquèrent  k 
(lonn«r  à  leurs  observalions  eliniques  une  base  anatomique,  et  plusieurs 
d'entre  eux  furent  des  modèles  â  suivre  sur  In  manière  dont  il  faut  observer 
les  lésions  physiques  des  organes  internes,  Les  altérations  propres  au 
domaine  de  la  chirurgie  furent  principalement  étudiées  ])ar  Saviard . 
Mit,  lleisler,  Ledran  et  les  membres  de  la  fameuse  Académie  de  chi- 

E"  L  ;  puis  par  Sicbold,  lUcliter,  B,  Bell,  William  llunter,  .lobn  Hunter, 
[tesaull,  Berlrandi  et  Abenielhy.  Les  analoniistes  et  les  physiolo- 
eoutribuèrent  aussi  pour  leur  pari  nu  pragrf-s  de  t'nnatomie  patho- 
logique: tels  sont  :  Pallin,  Vallisnieri,  Prorhaschka,  Wrisberg,  les  Meckel, 
Sffmmerring  et  surtout  le  célèbre  llaller,  qui  a  embrassé  toutes  les  branches 
I      d»  sdeaces  médicales. 

^LUeutaud,  à  l'exemple  de  Bonnel  el  après  Moritz  lloiïmaim,  recueille 
^Bteane  excessive  concision  tous  les  faits  parvenus  fi  sa  connaissance;  il 
HteumMe  plus  de  trois  mille  observations,  constituant  autant  de  faits 
isolés,  qu'il  se  garde  d'analyser,  de  gi'ouper  el  de  lier  par  des  vues  phy- 
linlogiques  ou  pathologiques.  Ch,  F,  Ludwig  cherche  à  réduire  les  lésions 
■ironiques  eu  un  lableau  concis  ;  malheureusement  il  manque  aussi  de 
Tues  générales  el  il  ne  suit  d'autre  dislributiou  que  celle  de  l'ordre  anato- 
mique, Mathieu  ftaillie,  l'auteur  d'un  des  premiers  traités  d'anatomie 
[ntlholn^que,  se  préoccupe  déjà  de  la  structure  des  organes  malades  et 
ilrleur  physiologie. 'A.  F.  llecker  fait  paraître  un  essai  de  physiologie 
[nlhulogique  ;  mais  la  fin  de  son  livre  jie  répond  pas  au  commencement. 
'''Uiiradi  et  Voigtel  publient  des  ouvi'ages  uniquement  consacrés  à  l'ana- 
lonie  pathologique. 

Plus  important  que  ceux  qui  avaient  paru  jusqu'alors,  le  livre  de  ce 
deniipr  auleur  n'indique  pas  plus  que  ceux  de  ses  prédécesseurs  les  rap- 
ports qui  existent  entre  les  phénomènes  pathologiques  el  les  altérations 
drt  orgaues.  Néanmoins,  dès  celte  époque,  Vetter,  dans  l'introduclioii 
d'un  ouvrage  dont  il  n'existe  que  le  premier  volume,  s'élève  à  des  consi- 
Jiiralions  générales,  essaye  d'établir  une  classification  de  toutes  les  mala- 
(lifi  organiques,  de  remonter  au  mécanisme  el  il  la  cause  premièi'e  de 
'nus  les  changements  d'organisation,  qu'iÈ  rapporte  aux  intlammiitîons  el 
»  Ipurs  diverses  terminaisons. 

L'inipcirtance  de  l'anatomie  pathologique  une  fois  recx)nnue,  les  faits 
*""!  mieux  observés,  les  éléments  de  vulgarisation  se  multiplient,  des 
musiies  se  fondent  dans  plusieurs  centi-es  d'instruction,  à  Londres  [1780) , 
Hfnlam  (178!)),  îl  Leyde  (1793\  k  Berlin  (1796).  et  enfin  à  Halle, 


J 


12  ANATOMIE  PAtHOLOGIQUE. 

Vienne,  Pavie,  Florence,  Paris,  etc.,  oii,  grâce  aux  persévérants  efforls  et 
à  la  libéralité  d'horames  tels  que  J.  Hunter,  Bonn,  Sandifort,  Walter, 
Meckel,  Dupuytren,  ils  deviennent  de  vastes  champs  d'étude  où  sont  ras- 
semblées et  méthodiquement  disposées  les  pièces  naturelles  conservées  et 
des  productions  artificielles  en  cire  qui  permettent  d'embrasser  d'un  seul 
coup  d'œil  un  grand  nombre  d'altérations  des  plus  remarquables.  En 
outre,  de  vastes  collections  iconographiques  reproduisent,  par  la  gravure, 
les  lésions  les  plus  curieuses,  et  ces  illustrations,  en  rendant  l'étude  des 
modifications  pathologiques  des  organes  plus  attachante,  facilitent  l'intel- 
ligence des  textes  et  servent  quelquefois  à  rectifier  des  appréciations  erro- 
nées. Vater,  Bonn,  Sandifort,  Baillie  et  plusieurs  autres  médecins  s'en- 
gagent, après  Ruysch,  dans  cette  voie  qui  promet  d'être  féconde.  Enfin 
apparaissent  des  journaux  qui'  publient,  à  mesure  qu'ils  se  produisent, 
les  faits  les  plus  intéressants.  A  cet  égard,  le  journal  de  Vandermonde 
doit  être  cité  en  première  ligne. 

Les  institutions  cliniques  se  multiplient  peu  à  peu,  les  investigations 
faites  au  lit  des  malades  se  complètent  publiquement  par  des  investiga- 
tions anatomiques,  et  ce  contrôle,  en  donnant  une  plus  grande  certitude 
au  diagnostic,  développe  les  connaissances  d'anatomie  pathologique. 
Portai,  Prost,  Corvisart,  Baylc,  occupent  sous  ce  rapport,  avec  quelques 
autres,  un  rang  élevé. 

En  même  temps,  l'étude  de  la  pathologie  comparée,  entièrement  négli- 
gée au  xv«  et  au  xvi*  siècle,  à  peine  abordée  au  xvn*  par  l'essai  de  Lange, 
apporte  son  concours,  au  xvni*  siècle,  par  diverses  publications  inté- 
ressantes. Ehr.  Brunner,  dans  un  travail  intitulé  :  De  la  fréquence  re- 
lative des  maladies  de  V homme  et  de  celles  des  animaux^  passe  en  re- 
vue un  certain  nombre  de  lésions  observées  chez  ces  derniers  ;  Nebel, 
démontre  que  les  animaux  à  l'état  sauvage  sont  rarement  malades, 
contrairement  à  ce  qui  a  lieu  lorsqu'ils  vivent  à  l'état  de  domesticité. 
Puis,  en  1762,  l'école  vétérinaire  de  Lyon  se  fonde  sous  les  auspices 
de  Bourgelat,  exemple  que  ne  tardent  pas  à  imiter  Vienne,  Berlin  et 
les  principales  villes  d'Allemagne,  en  créant  des  établissements  ana- 
logues. 

Cependant,  malgré  de  nombreux  travaux  et  les  tentatives  généralisa- 
trices  de  quelques  observateurs,  les  archives  de  l'anatomie  pathologique 
ne  se  composent  encore  que  de  faits  plus  ou  moins  rigoureusement 
observés,  de  richesses  disséminées,  de  documents  épars  et  pour  ainsi  dire 
sans  lien.  Ce  sont  tout  au  plus  des  collections  de  lésions  distribuées  ou 
par  régions,  ou  par  appareils  et  par  organes,  en  un  mot  d'après  une  divi- 
sion anatomique.  Il  n'y  a  point  encore  de  dckluctions  dogmatiques,  de 


APIiR(;i'   HISIORIOLk-.  13 

Efâiénlisatioii  de  |>riuoi|KS,  et  jwi-Utul  poiiil  do  science  proprement  dile. 
I  Eu  ioniiue,  raualomie  palhulogique,  restée  jusqu'au  xV  siéclo  à  i  état  de 
le  iuréfxiQd,  prend  naissauce  à  pnrtirde  cette  épo<|ue;  mais  die  ne 
kvilevdoppe  en  réalité  qu'au  \ix°  sièck'. 


I 


tpwjïE  I|0I>ER^'E.  — C'est  à  Biehatqne  revient  l'Iiomieur  d'avoir  ouvert 

le  voie  plus  Féconde  à  cette  brandie  de  la  médecine;  son  génie  lui  im- 

ime  uu  nouvel  essor,  assure  sa  marche  et  nionlre  clairement  le  but  à 

lUeindre.  Créateur  du  l'anutomie  ^énéiule,  l'illusli'c  élève  de  Finel  est 

auDre,  par  ses  idées  et  par  sa  méthode,  l'iuspiruteur  des  progrès  accoDi- 

|li)ia  &IX*  siècle  dans  l'étude  des  lésions  pathologiques.  Non  content  de 

àmia,  dans  son  remarquable  traité,  une  description  détaillée  des  tissus 

el  des  systèmes  organiques,  Bicbat  a  soin  d'indiquer  les  principales  ulté- 

lUkois  que  comportent  ces  systèmes,  et  de  1b  sorte  il  rattache  l'élude  de 

Il  lésion  à  la  connaissance  de  l'organe  sain  et  vivant,  l'unde  l'anatomie 

pathologique  des  tissus,  qui  n'est  autre  chose  que  l'aiialomie  morbide 

générale,  et  met  ainsi  ses  sufxesseurs  sur  la  voie  qui  doit  les  eouduii-e  à 

Lh  pathologie  cellulaire.  Pour  lu  pi'eniiêi'e  Tois,  il  inscrit  en  tête  de  son 

nàtà  Mlle  importante  proposition  :  chaque  iiisu  a  ses  lésions  propres, 

iftiucipe  fécond  et  hardi,  qui  pouvait  étonner  â  une  époque  où  la  structure 

^organes  était  encore  incomplètement  connue,  mais  dont  le  temps  et 

Ifficunqaétes  de  la  science  devaient  démontrer  la  justesse.   Employant 

duË  ses  recherches  la  méthode  analytique  basée  sur  les  propriétés  phy- 

i,  chimiques  et  vitales  des  tissus,  il  ouvrait  une  carrière  nouvelle  il 

c«u\  qui  tenteraient  de  l'appliquer  dans  le  domaine  de  l'anatomie 

lologique.  Aussi  ses  éludes  eim^^nt-elles  Torcément  sur  ses  conlempo- 

tanl  en  France  qu'il  l'étranger,  une  influence  des  plus  manifestes 

Odes  plus  heureuses.  Chacun  comprit  qu'il  fallait  faiiv,  pour  les  tissus 

tulad(«  ce  que  liiebat  avait  l'ail  pour  les  tissus  sains,  et  l'on  se  mit  it 

l'œuïre. 

Tout  d'abord,  liuyle  et  Uupnylren,  ti~availlanl  en  comnturi,  publièrent 
{ilusicurs  mémoires  sur  les  productions  libreuses  et  sur  tes  productions 
luberculeuses.  Dans  le  même  moment  Laennec  coniposail  un  travail 
Wwrquabte  qu'il  lut  (décembre  ISOÙj  à  la  Société  de  la  Faculté  de  a\v- 
sous  le  titre  modeste  de  Note  sur  l'anatomie  palhologigue,  et  dans 
les  lésions  morbides  et  les  productions  accidentelles  en  particulier, 
auK  tissus  normaux,  se  trouvaient  divisées  et  classées  pour  la 
liète  fois  suivant  leur  nature  anatoinique,  alir^traclioii  fiiili'  de  leur 


I 


Bfriai'd,    de  Cruveilliirr,  d'Aiidriil,  i\v   Lobsteiii 


M 


1&  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

Bouillaud,  de  Gendrin  et  de  beaucoup  d'autres  auteurs  de  cette  époque^ 
furent  également  inspirés  par  le  même  génie.  L'histoire  anatomique  des 
inflammations,  publiée  en  1826  par  Gendrin,  est  le  reflet,  la  copie  pour 
ainsi  dire  de  VAnatomie  générale  de  Bichat,  avec  cette  différence  qu'au 
lieu  des  tissus  normaux  les  tissus  enflammés  y  sont  fort  bien  décrits. 
Deux  ans  après,  paraissait  à  Edimbourg  un  ouvrage  {Elefnents  of  gène- 
rai  and  pathological  Anatomy)  dans  lequel  David  Craigie  suivait  exacte- 
ment la  méthode  analytique  employée  par  Fauteur  de  VAnatomie 
générale. 

A  partir  de  ce  moment,  l'impulsion  est  donnée,  Tanatomie  patholo^ 
gique  est  considérée  comme  Tune  des  branches  les  plus  importantes  de 
la  science  médicale,  et  conmie  telle  elle  a  ses  traités  spéciaux.  Le  célèbre 
anatomiste  de  Halle,  J.  F.  Meckel,  publie  un  ouvrage  malheureusement 
resté  inachevé,  et  deux  ans  plus  tard  Otto  met  au  jour  le  sien. 

L*un  des  plus  grands  anatomo-pathologistes  de  ce  siècle,  J.  Cruveilhier, 
après  un  premier  essai  d'anatomie  pathologique,  entreprend  et  conduit 
à  bonne  fin  l'œuvre  la  plus  complète  et  la  plus  riche  de  toutes  celles  qui 
ont  été  publiées  jusqu'alors,  son  immortel  ouvrage  d'anatomie  patholo- 
gique du  corps  humain.  Vers  la  même  époque  parait  le  premier  exposé 
systématique  général  sur  la  matière,  le  précis  d'anatomie  pathologique  du 
professeur  Andral.  Albers  de  Bonn,  Hope,  Carswell,  Gluge,  livrent  à  la 
publicité  des  atlas  moins  importants  que  celui  de  Cruveilhier,  mais  néan- 
moins très-remarquables.  Les  ouvrages  spéciaux  se  multiplient  :  Masse  et 
Rokitansky  publient  presque  en  même  temps  des  traités  qui  ont  un  grand 
retentissement,  et  qui  contribuent  largement  à  vulgariser  les  connais- 
sances anatomo-pathologiques. 

Un  grand  nombre  d'auteurs  anatomistes  et  cliniciens  s'attachent  dès 
le  commencement  de  ce  siècle  à  l'étude  des  altérations  propres  à  certains 
organes.  Les  affections  du  cœur  ont  pour  interprètes  Corvisart  et  ensuite 
Bouillaud  qui  montre  leur  rapport  avec  le  rhumatisme  aigu,  celles  des 
poumons  doivent  un  progrès  considérable  àBayle,  à  Louis,  mais  surtout  à 
l'illustre  Laennec*  Les  affections  du  cerveau  sont  étudiées  par  Abercrom- 
bie  et  Lallemand,  les  lésions  des  reins  par  Bright  et  Rayer,  celles  du 
foie  par  Andral,  Budd  et  Frerichs.  L'anatomie  pathologique  chirurgicale 
est  représentée  par  A.  Cooper,  Dupuytren,  Langenbeck,  VelpeaUj  J.  Gué- 
rin,  Chassaignac,  Holmes,  etc.  Les  maladies  des  enfants  et  des  nouveau- 
nés  sont  suivies  par  Billard,  Bednar,  F.  Weber,  Rilliet  et  Barthez;  celles 
des  vieillards  par  Durand  Fardel  et  plus  tard  par  Charcot. 

Les  deux  Geoffroy  SaintrHilaire  impriment  un  progrès  réel  à  l'étude  des 
monstruosités  et  créent  la  tératologie.  En  même  temps  l'àilatomié  patholo- 


^H  APERÇU   BISTOKigilË.  15 

^^îque  est  publiqueineiit  enseignée,  elle  u  sa  cliuire  ufticielle  dans  les  prin- 
cipaux centres  universitaires  ;  des  sociétés  savantes  se  proposent  son  étude 
pourl>ut,  notamment  la  Société  imalomique  fondée  par  Dupuyli'en  et  la 
Société  pathologique  de  Londres.  Des  journaux  spéciaux  répandent  les 
coonaissances  aciguises  tant  en  France  qu'en  Allemagne  et  en  Angleterre  ; 
chaque  jour  enfin  cette  branche  de  la  science  des  maladies  prend  une 
importance  plus  grande  <-l  apporte  de  nouvelles  lumières. 

La  nécessité  de  pénétrer  plus  avant  dans  la  connaissance  de  la  structuiv 
ir&  pulit»  alTeclèes  si'  fit  ulors  sentir  iinpérieusenieut,  parce  que  des 
levons  anatoniiquL-s  appréciaiiles  aux  sens  raisaieut  défaut.  Forcés  d'ad- 
inet^ des  maladies  dites  essentielles,  les  esprits  rigoureux  comprirent  qu'il 
Plût  iodispensatile  de  poHer  l'investigalion  dans  les  parties  les  plus  éle- 
vii*s  de  l'organisme  où  siège  la  vie.  Le  microscope,  employé  au  svii'  siècle 
par  Leeuwenhoeck  avec  tant  de  succès,  puis  par  Malpighi,  Needham, 
Gniilhuisen,  va  fournir,  grâce  à  un  nouveau  perfectionnement,  le  moyen 
itëclairer  la  structure  intime  des  animaux  el  celle  des  végétaux,  Jean 
Mieren  fait  l'application  à  l'étude  des  productions  morbides,  et  par 
wn  Invoil  sur  les  tumeurs  il  crée  délinilivement  l'histologie  palhplo< 
giqne.  Il  a  bienlât  de  nombreux  imitateurs.  En  Allemagne,  ce  sont 
Henlc,  Gruby,  Gluge  et  J.  Vogel  qui  puhlie  le  premier  atlas  sur  la 
mlière,  puis  Virchow,  li'  célèbre  auteur  de  la  Pathologie  tvllulain- , 
Kolliker,  l'hîstologiste  habile,  WedI,  Billroth,  0.  Weber,  E.  Wagner, 
AKklinghausen,  Cohnheim,  Rindlleiscb,  Itud.  Maier  et  beaucoup  d'autres 
tb«rcbeui¥  uoii  moins  expérimentés  que  nous  aurons  l'occasion  de  citer 
floiieurs  fois  dans  le  com-s  de  nuli-e  travail  ;  en  France,  Lebert  qui 
publia  tout  d'abord  un  traité  de  physiologie  pathologique  bientôt  suivi 
i'uii  grand  atlas  où  l'histologie  commencti  à  trouver  place  à  cflté  de  l'anii- 
lomie  pathologique,  Ch.  Kobin,  l'auteur  d'un  traité  sur  les  végétatif 
FAtuiles,  très-remarquable  pour  l'époque,  d'un  traité  de  chimie  anu- 
lûinique  non  moins  important  el  d'un  grand  nombre  de  mémoires 
"Ihistologie  pathologique.  Bi-oca,  Kollin  et  Vemeuil  suivirent  les  traces 
i*ws  deux  maîtres  et  contribuèi'ent  par  des  mémoires  divcre  à  im- 
plïuter  chez  nous  l'étude  de  l'histologie  pathologique.  Enfin,  Ville- 
"lin.  Vulpian.  ChaiTot,  Comil,  Kanvier  et  beaucoup  d'autres  s'efforcent 
'^Mnndir  chaque  jour  le  champ  de  l'histologie  pathologique.  L'An- 
Eletwe  compte  prmi  ses  savants  qui  se  sont  les  premiers  engagés  sur 
le mémp  terrain,  Bennett,  Simon,  Paget,  Beale,Wilks,  etc.  L'Amérique 
«Peaslee,  la  Hollande  Schrœdèi"  van  der  Kolk.  Schrant,  Donders;  l'Italie 
■•MlaplSangalli. 
Ainsi,  prftee  au  développement  de  l'hislolugie  pathologique,  l'iuialysp 


16  ANATOMU   PATHOLOGIQUE. 

des  lésions  morbides  est  poussée  plus  loin,  leur  structure  est  mieux 
connue  ;  on  arrive  à  constater  non  plus  seulement  Taltération  du  tissu, 
mais  celle  de  l'élément  qui  le  constitue.  De  là  est  née  la  pathologie  cel- 
lulaire, dernière  expression  de  lanalyse  anatomique conmie  de  l'analyse 
physiologique.  Toutefois,  il  ne  suffit  pas  de  connaître  le  siège  intime  des 
lésions  morbides,  il  importe  encore  d'en  pénétrer  Torigine  et  d'en  pour- 
suivre révolution.  C'est  pourquoi  l'histologie  tend  de  plus  en  plus  à 
devenir  hislogénie.  Son  terrain  de  prédilection  pour  Tinstant  est  celle 
frontière  indécise  qui  sépare  le  tissu  sain  du  tissu  en  voie  d'altération,  là 
où  l'état  normal  confine  à  l'état  morbide  commençant.  On  peut  prévoir 
que  pendant  longtemps  encore  cette  partie  de  Tanatomie  pathologique 
soulèvera  d'ardentes  discussions;  mais  aussi  il  y  a  tout  lieu  de  croire 
qu'elle  conduira  à  une  intelligence  plus  complète  de  la  maladie  et  de 
ses  effets,  parlant  à  une  intervention  plus  rationnelle  de  l'art  de  guérir. 

L'anatomie  comparée,  dans  cette  dernière  époque,  suit  le  mou- 
vement imprimé  à  l'anatomie  pathologique  de  l'honnne.  Bergmann 
étudie  dans  sa  remarquable  dissertation  inaugurale  un  grand  nombre 
de  maladies  existant  chez  différents  animaux,  il  signale  entre  autres 
lésions  propres  aux  poissons  parvenus  à  un  certain  âge  l'oblitération 
des  vaisseaux  chargés  de  founiir  à  la  nutrition  des  écailles  et  le  rem- 
placement de  celles-ci  par  diverses  sortes  d'excroissances;  il  établit 
que  les  singes  sont  sujets  à  la  phlhisie  pulmonaire,  aux  scrofules  et 
autres  affections.  Plus  tard  Reynaudet  Rayer  étudient  également,  chacun 
de  leur  coté,  les  tubercules  pulmonaires  du  singe.  Rayer  publie  en 
1842  ses  Archives  de  médecine  comparée ^  recueil  précieux,  malheureu- 
sement abandonné,  mais  qui  mériterait  d'être  repris.  Heusinger,  dans  un 
ouvrage  paru  en  1844,  fait  un  parallèle  intéressant  des  diverses  mala- 
dies des  différents  appareils  chez  l'homme  et  chez  les  animaux,  et  donne 
des  indications  précieuses  sur  l'art  vétérinaire  chez  les  anciens.  Dupuy, 
Leblanc,  Bouley,  Delafond,  Reynal  et  Goubaux  en  France,  Gluge  et 
Thiemesse  en  Belgique,  Gurlt  et  Hertwig  à  Berlin,  Haubner  et  Leisering 
à  Dresde,  Gerlach  à  Hanovre,  Pillwax  et  Roell  à  Vienne,  chacun  de  leur 
côté,  contribuent  à  l'avancement  de  la  zootomie  vétérinaire. 

En  résumé,  l'finatomie  pathologique  ne  se  borne  plus,  comme  autrefois, 
à  collectionner  des  observations,  elle  ne  se  contente  |)as  davantage  de 
décrire  les  caractères  extérieurs  des  organes  altérés,  elle  cherche  à  pénétrer 
la  structure  intime  des  altérations,  leur  mécanisme  et  leur  mode  de  for- 
mation. L'élément  malade  est  devenu  pour  le  biologiste  ce  qu'est  le  corps 
simple  pour  le  chimiste,  le  but  suprême  de  l'analyse.  De  plus,  les  liquides 
de  Téeonomie  sont,  comme  les  solides,  l'objet  de  recherches  minutieuses 


^H  tPEna:  historiol'e.  17 

nuuties  de  la  |Hirt  de  [ilusii'urs  observiLteurs,  enlre  autres  Andral  et  Ga- 
tairrt.  Becquerel  et  Itodier,  Kohin  et  Vei-deil ,  tle.Toul  récemment  un  instru- 
menl  nouveau,  le  spectrosœpe,  est  venu  aider  h  ces  rechci-cbes  et  permellii'  ■ 
lie  hire  une  analyse  plus  approfondie  des  bumeurs  de  l'organisme. 

Après  avoir  été  une  science  de  pure  observation,   la  médecine  leiid 

rha(|ue  jour  à  devenir  en  même  temps   une  science  d'expérimentation, 

Ctltc  tendance  commence  à  se  i-évéler  dès  le  xvti"  siècle,  et  le  mouvement 

s'accentue  au  xviii"  et  au  siv'  siècle.  De  nos  jours  il  s'étend  du  domaine 

it  Upnthologic  et  de  la  thérapeutique  à  celui  de  l'anatomie  pikthologiiiuc. 

Us  recherches  expérimentales  de  .Mageudie,   de  Claude  Bernard  el  di' 

|iliuieuK  autres  pbysîologisles  conduisent  fi  faire  une  application  de  lu 

mèlbode  expérimentale  à  l'élude  de  la  genèse  des  lésions  matérielles  des 

urgaiies,i  Is  pathoicén ie.il  importe  de  chci-cher  l'i  ei'éer  artîSciellement  ces 

lésioas,  soit  pour  en  déterminer  la  cause,  soit  pour  en  saisir  le  inéca- 

HBMW  Téritable  ;  en  agissani  de  la  sorte  on  arrivera  à  rendre  l'anatomie 

HRurtiide  indépendante  et  on  la  Tera  servir  utilement  k  la  pathologie. 

^P  Des  loitalives  déjà  nombreuses  ont  été  faites  dausoe  sens;  les  unesoni 

,       eu  pour  but  de  conlinner  des  données  cliniques,  les  autres  d'expliquer 

l'étiologie  ou  la  genèse  de  certains  désordres  anatomîques.  Celte  voie  vei'.s 

laquelle  nos  recherches  pathologiques  pai-aisseul  avoir  conduit  quelques 

''ipériinentaleurs  promet  d'être  Téconde.  On  arrivera  de  la  sorte  il  prouvi'r 

11'  iju'enseignc  déjà  l'observation,  fi  savoir  que  les  altérations  patliolo- 

jiiijues  sont  toujours  subordonnées  à  l'action  d'un  agent  quelconque, 

iiu'elles  ont,  poui'  une  cause  déterminée,  des  caractères  constants,  el 

iju'il  est  par  conséquent  possible  de  les  léduire  à  un  certain  nombre 

ili'  tjjies  définis.  Ces  types  ou  espèces  seront  étudiés  dans  la  st>conde 

IMirtie  de  ce  travail,   la  première  sera  consaciée  à  la  description  des 

fcimiUes  et  des  genres. 

Ce  rapide  exposé  est  simplement  destiné  h  montrer  l'évolution  scieuli- 

^wie  l'anatomie  pathologique.  La  bibliographie  qui  va  suivre  ferarxm- 

•wUrcles  nombreux  travaux  qui  constituent  la  richesse  de  celte  science. 


BIBLIOGttAPHII-. 

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Dtwloliter,  seriptis Ulustrnrunt.  Londini,  ITlÔiin-S". Lugduni  Batavorum. 
■TîS,  in-B*.  —  Bauungeb  (.VifUM  M'iffusi»  /8r  Awite,  vol.  IX  et  X\l].  — 
§»$.  Vt.  IIkckkii  (Magaiin  fur  dir  palhoh>(iixhr  .iiuitomk  und  Physiologk). 
■  Traité  d'Anal.  1.-3 


)•  anàtoiiii  pathologique. 

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rapide  des  découvertes  faites  en  anatomie  pathologique  durant  les  trente  dernières 
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Margagnijusqu'ànoijours  {Mém.  de  fAond.  âe  méd.,  t  Tl,  p.  513,  18B7>,  — 
Gonsl.  SâociBorrB,  Sur  la  mène  quest.  (Mém.  ment,  toi.,  tècd.,  pw  MU*  -— 
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Sepulchretfon  anatomicum  seu  anaiomia  practioa  ex  cadoDeribiLS  morbo  denatis, 
Genevaî,  1679,  2  vol.  in-fol.  Edit.  aucLa  a  Mangelo.  Lugd.,  1700,  3  toI. 
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APERtjlf   UlSTaniUUE. 

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Ilirndbaek  iter  pntholiinischen  Avaloime.  LeipiifC,  1MI1~1K|8. 
3 mata  en  3  vol.  in-8°;  iraduct.  française  par  JouitkLa  et  BiL-srhel.  raris, 
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ivtonif.  aJ»  Arileituao '.um  Selbslstudiim  beaxbmtvt.  W\en,  18J3,  in-S".  — 
11-  fincBL,  Compeniiiam  der  allg.  und  spec  palholog.  Med.  Wiun,  18.îfi-1855. 
!»♦.  —  Pkaslle,  Humon  Uinlotog.  Pbiladclphia,  1857.  —  Aug.  FOusieb, 
i  der  ftiihologiscKe    Anatomie,  leao,    1830,    trad.    franc.,     P^^  H. 


20  ANATOMIE  PATBOLOGIQUE. 

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Leipzig,  1863-1865,  2  voL  —  G.  H.  Jones  and  E.  Sieveking,  A  Manmi 
of  pathological  Anatcmy.  London,  1856,  in-12.  —  Cari  Wedl,  Grundzûge 
der  paihoîogmhen  Histologie.  Wien,  1856,  in-8®.  —  C.  Kolb,  Grundriss 
der  patholog,  Anatomie.  Stuttgart,  1855,  in-8*.  —  H.  Lebert,  Physiologie 
pathologique  ou  Recherches  cliniques  expérimentales  et  microscopiques.  Paris, 
1865,  2  voL  in-8*.  —  Sam.  Wilks,  Lectures  on  pathological  Anatomy. 
London,  1859.  —  S.  D.  Gross,  Eléments  of  pathological  Anatomy,  3*  édit. 
Philadelphia,  1857,  in-8®.  —  Gh.  Houel,  Manuel  d' anatomie  pathologique 
générale  et  appliquée,  contenant  la  description  et  le  catalogue  du  Musée  Dupuytrett. 
Paris,  1857,  in-12,  2*  édit.  IMd.,  1862,  in-12.  —  Alex.  Winther,  Uhrbuch 
der  allgem.  patholog,  Anatomie  der  Gewebe  des  Menschen,  Giessen,  1860,  in-8". 

—  Paulicky,  Allgemeine  Pathologie,  Lissa,  1862.  —  P.  Broca,  Traité  des  tumeurs, 
Paris,  1866-69,  2  vol.  —  Rud.  Maier,  Lehrbuch  der  allgemeinen  pathologischen 
Anatomie,  Leipzig,  iSli. —E.Klebs,  Handb.  d.  patholog.  Anatomie.  Berlin, 
1868-1873,  6  fascicules.  —  Gornil  et  Ranvier,  Manuel  d'histolog.  pathol. 
Paris,  1869-73,  2  fasc  —Ed.  Rindfleisch,  Tf*aité  d'histolog.  patholog.^  traduit 
de  l'Allemand  par  Fr.  Gross,  Paris,  1873. 

111.  Collectloiis  d*olMierTatloii«.  —  xv'  et  xyi'  siècle.  —  Guy  de  Ghau- 
LiAc,  Chirurgiœ  tractatus  septem  cum  antidotariis.  Veneliis,  1670.  Parisiis, 
1516.  Basileœ,  1528.  Gollect.  medicinae.  Lugduni,  1506.— Bartbolom.  Monta- 
GNANA,  Consilia  medica.  Rothomagi,  1676.  —  Mundinus,  De  omnibus  humani 
corporis  membris  Anatomia.  Venet.,  1678. — Alexand.  Benedictus,  Anatomiaseii 
histonœ  corporis  humani  libr.  V.  Venet.,  1693.  — Anton.  Benevienus  (Bene- 
vieni),  De  abditis  nonnullis  etmirandis  morborum  et  sanationum  causis.  Florent.. 
1506.  Basil.,  1528.  Lugd.  BalaT.  edit.  Dodonœus,  1585.  — Giovanni  de  Vigo, 
Practica  in  arte  chiintrgica  copiosa.  Rom.,  1516.  —  Jac.  Berengario  de  Carpi, 
Commentaria  cum  amplissimis  additionibxtë  super  anat  Mwidini.  Bonon. ,  1 521 . 

—  NicoL  Massa,  Liber  introductorius  anatomiœ.  Venel.,  1536.  —  Andréas 
Vesalius,  De  corporis  humani  fabrica  libri  septem.  Basil.,  1563.  —  John  Phil. 
Lngrassia,  De  tumoribus  prœter  naturam.  Neapol.,  1552.  —  Jacques  Dubois, 
Isagoye  in  libros  Ilippocratis  et  Galeni  anatomicos.  Paris,  1555.  —  Reald  Colom- 
Bus,  De  re anatomica  libiH  XV.  Venet.,  1559.  —  Gabriele  Falloppia,  Observationes 
anatomicœ. \cnei. ,  1561 .  —  Du  même,  Libellidno,  aller  de  ulcer.,  aller  de  tumorib. 
Venet.,  1563.  —  Bartholomeo  Eustachio,  Opuscula  cuiatomica.  Venet,  1566. 
Lugd.  Bat.,  1707,  edit.  Boerhaave.  —  Tabulœ  anatomicœ,  edit.  Lancisi.  Romœ, 
nii.  — Joh.  Keutmann,  Calculorumin  corpor.  humati.  gênera  XII,  in  G.  Ges- 
ner.  De  omni  rerum  fossilium  génère.  Tigur.,  1565.  —  Joh.  Wierus,  Observa- 
tionum  rarar.  lib.  I.  Amstelod.,  1557.  Basil.,  1567.  Opéra  omnia.  Amstelod., 
1661.  —  V.  GoiTERus,  Externarumet  intemarum  principalium  humani  corpon.< 
partium  tabulœ  atque  anatomicœ  exerdtationes  observationesque  variœ  novts  ar 
artificiosissimis  figur.  illustr.  Norimbergœ,  1573.  —  Ambrosius  Paraeus,  Les 
œuvres  de  M,  A,  P.  avec  les  fig.  et  portraits,  etc.  Par.,  1575,  enlat  par  Guillc- 


APlilH,;!'    HISTilHlyL'K. 


21 


■nen.  huit,  1582.  —  Jul.  Caes.  Ahantiuï:,  De  htmoribus  prwter  imturam 
■viBKbm  loeo$  affectas  Hber.  Bologn.,  1579,  2'  édil..  1787.  —  Re«bebtcs 
IkMMscns,  ftbsçrvatimtiim  mediciruilium  exempta  rara.  Colon.,  1581.  Lugd. 
Ilil.,  I385>  —  ScBENCK  VON  Graefknbebg,  Observatioiium  tnedicanim  rararam, 
■uianatt,  a'tmirabilium  et  mùnitrostirum  voliimen;  lîb.  1,  Basil.,  1584,  lib,  II-VII, 
triburç.  l,i»ft-97,  Francof.,  1602. 

Mil*  5i£<xE.  —  MAHCELL13S  DoNATU",  De  medica  hislorta  mirabili  libr.  VI.  Maii- 

lu»,1586;  éd.  Greg.  Horel.,  e.  add-,  libr.   VII.   Francof.,  1613.  —  Ga=[aii 

HtmKUs,  Thealram  anatomicum.  Basil-,  1592.  —  Guil.  FAsmcius  Hildinls,  Di: 

•mjittni  tt  gphacclo.    Colon.,  IjSIS.  Gcncv.,  1598.  Observatiomim  et  curatio- 

im  eMnaipcanm  cetil.  Vf  :  1,  Basil.',  1606.   Il,  Genev.,  1611.    III,  Bas., 

\m.   IV,  Bas.,    1619.    V,    rrancof,,  1627  .  VI,  Lugd.,  16Û1.  Opéra  omnia 

l'raiiMit,.  IBÙ6.    —    PeliTifi  Kobestus,  Obienationum  et  cnrntioiiUJit  medicina- 

l'um  liifi  IXXII.  Lugd.  Balav.,  1593-1606.  Francof.,  1602-3Û.  —  Bailhé- 

IcJut  ùwwiL,  A/phabel  aaatomiiJte.  Tournon,  159i.  Genev.,  161Iù.—Riol'anu!, 

Iwtwjxflrapfcta.  Paris,  1618.—  Le  même,  Enekiridium  anatomicum  et  putholo- 

iCMa.  Puis,   I6i8.  —  J.  CniFFt.Ei,  Singularei  ex  autitwmibiu  et  eadiitmim 

•frtm^  obseroaliones,  Paris,  1611.  —  Kpipbanus  FERDiN*NDua,  Ceiitum  his- 

'"nutu  obuavat.  et  easus  mrdir,  omnea  (ère  medwxtvx  parte»  cwictosque  corpo- 

'>>hm.mi>rbûs continentes.  Venet.,  1611.— Hier.  FiBRiciusab  Acquapendcnle, 

"l^vcKirmyica,  Par.,  1613.  Palav.,  1617.  —  Félix  Plateh,  Observutiomim  in 

lofliéaffiiiibia  j^rrinqve  iibri  lit.  Basil..  1611.  —  Petr.  Potkwus,  Insignes 

"inSmset  singalaren  t-bsenatimes  cnitvm.  Venet.,  1615.  — Guill.  Lovseau, 

'**ïwSi«a  médic.  etchiniry.  Bordeaux,  1617  .  —  Cari  Piiso,  Selectiùrum  obser- 

•■1  iXmsitior.  tib.  Wig,  Ponla  ad  Houtic,  1618.— Anlon.  Sapobta,  De  tumo- 

*prartrT  nulur.  Iibri  1",  éd.  H.  Gras,  Lyon,  1621.  — Gregor  Hohst,  Ûbser- 

'«'"mm  tatdicinaliam  nlnualui-imn  Iibri  IV.  Ulni,  1625.  — William  Harvet, 

fj-nUatio  anal,  de  motu  mrdis,  Francof.,  1628.  Opéra  omniu.  Lond,,  1766. 

-Vaii:.  AuNCL,  SevEiiLtus,  De  absecssuionrecoudit.  natura.  Ncap.,  1632.  Lugd. 

Bflt-,  1724.  —  Guil-  Ballosius,  0|wrn  omnia.   Paris,  1635.    Venel.,  ITSû. 

—  Itmime,  Paradigmalatt  hi»tnTimmorb<irum.Va.T.,\%k^.  Consitior.  medir.. 

'ii-ri  W.  Par.,  1615-36.  —  Nicol,  Tuuius,  Obniroatiomim  medicnrum  Iibri  IV. 

\mà.,  1641.  1739.  —  Pctrus  Bohellus,  Historiar.  etobieraat.  medir.o-phgsic. 

'•"'. /V.  Casiris,  1652.  Francf.,  1670.  —  Thomas  Bahiuolinus,  Uhtoriarum 

•in^micamm  rar.  Mal.  I  et  II.  Hafnia?,  1654.  ill,  IV.  Ibid.,    1657.    V,   VI, 

1661 .—  Le  mSnie,  De  nniilome  practiea  ex  cadaveribtis  morbosis  adornanda  tiMi- 

'•'ùi«.  Hifn.,  1G7Û.  —  Dan.  Him-sr,  Ikem  ubservation.  et  epintolar.  nnatomira  ■ 

'«".Francof,,  1656,  —  Pelrua  Pawils,  Obfervationm  anatomir.  itelirtior.  car. 

Th.  Bartkoliitii.   tiufn,  1657.  — Jac.  Bostiks,  Oftscrrirffoneu  sito/ip  ex   disaec- 

■kw  rudooTum  ar.  autnpna  deaenplœ.  Amslelod.,  1658.  —  Joh,  Jac.  Wepfeb, 

"isfreortone*  mtatomictr  ex  eaduveiil/us  foriim,  quos  eitstvlit  apoplexia.  SchBlT- 

••Mii,  1658.  —  Paul  BABariTE.    Anotùmka  prartica.   Amstelod.,  1659.    — 

Vii.-mCaÂBUorf,Sxer':itatimies  palholoifiie.  LDndon,1661. — Joh.  Vesselikgii's. 


22  ANATOMIE   PATBOLOtiH}t'£. 

OhiervaHones  anatomkt  eiepisiol.  meéie.  Hafn.,  {664.  —  Petro  de  HAiirHErn5, 
ObservatHmum  med.  chir,  rwriorum  sylloge.  Paf&viae,  1664.  «—  Casp.  RMnmo- 
URus,  Ohaervationes  anatamiœ  et  epût:  med,  Hafb.,  1664.  *—  Thomas  Wiujs, 
Pathoiogia  eerebri.  ûxon.,  1667.  —  Rod.  Saubmaniv,  Vwtml  observoia  amU. 
Amsterd.,  1669.  —  Richard  Lowhr,  TmokHw  de  corde,  Lond.,  1699.  — 
Theodor  Kekkiung,  Spicileyium  anatomicum,  Ainst.,  1670.  -*  Justus  Seaiumii, 
Quatuor  décades  obgervatioH.  tmatomie,  medic.  Ainsi. ^  1674.  —  AntODio  Mou- 
Nirm,  Dissertationes  muUomico  ^thohgic»  Venet.,  1675.  —  Gérard  Blasius, 
Obserratûmes  medieœ  rariores,  Amstelod.,  1677.  —  Samuel  Collris,  A  90km 
of  anaUmy  of  tke  body  of  meiiy  birds,  beasts,  fishes  wtth  Us  àiseaaeSy  c&9m  mid 
cures.  London,  1680.  —  lob.  Coint.  Peyer,  Meihoâus  kistoriarHm  anatomk»' 
medicarum,  Paris,  1678.  —  Raimund  Vieusscns,  Nécrologie,  universalis.  L^on, 
1685.  —  IsBHAND  DB  DiBMCiiBaoECK,  ObservoHones  et  curât,  medieœ  G.  Ultra}., 
1685.  —  Marcello  Malpigdi,  Opéra  omma,  1686.  —  Stalpaart  var  d«i  Wtl, 
Observationes  rarwr.  medieœ  y  anatemicœ  et  chimrgioœ,  Lugd.  Bat,  1687.  — 
Joh.  MuRALT,  Anatomisehes  Cofhgmmy  etc.  Nûrnberg,  1689.  —  Priedr.  fttma, 
Observationum  anat,  chir,  cent.  Amsterd.,  i691  ;  Adversarior.  amoL  med, 
chir.,  Ibid.,  dec.  Jll,  1717-25  ;  Eptsio/.  aiiat.problemat.  Ibi-d  ,  1711.  —  Nicd 
PixiBLiN,  Obaervatiomim  physko-medicar.  lièri  III.  Hamburg,  1691.  —  J.  Jac. 
Manget,  Biblioiheca  medico-practica.  Genevae,  1695-98,  4  toI.  —  Le  même, 
Theatrum  anatomicum.  Genev.,  1716.  •—  Gowper,  Anatomy  of  haiman  body. 
Oxon.,  1697.  —  Jos.  Laîizoki,  Ammadwrsiones  ad  anat.  med.  chénarg.  fae.  Fer- 
rar.,  1698.  —  Joh.  Baftista  FiRTORinR,  Observationes  anat.  med.  sehetieres. 
Turin,  1699.  Venet.,1715. 

xvm*  SIÈCLE. — R.  M,  Graaf,  opéra  om»iia.  Amsterd.,  17^5.— Adam  Buenbël, 
Observationum  anatomicarum  decad.  lIl.  Wittenb.,  1706-18,  —  Giov.  Maria 
Lakcisi,  De  subitaneis  mortibus  Hbri  IL  Rom»,  1707.  —  Friedr.  RiYntAim,  tk 
anatomes  in  pinixi  medic.  luu.  Halle,  1707.  —  Godofr.  Bioloo,  ExerciM.  tmoL 
chirurg.  decitd.  11.  Leyden,  1708.  —  Joh.  Salzmann,  Spécimen  anatotmi/f 
curiosœ  et  utiHs.  Strasbourg,  1709.  —  De  ossifjoatiomb.  prœtematural.  Ibid, 
1720.  — J.  H.  BocLER,  Sjndmen  anaitmi.  cnriosœ  et  (f^i/i».  ArgeiHorati,  1709. — 
Martin  ScnuRiG,  Spermatohgia.  Francof.,  17*iO.  —  Sialologia.  Dresd.,  172S. 
Chytologia,  Ibid.,  1725.  Gynacotogia.  Ibid.,  1730.  —  A.  Gant,  Impeius  pHmi 
anatomici  ex  lustratis  eadaveribus  itati.  Lugd.  Bat,  1721,  avec  labiés.—^ 
B.  Albinus,  De  anatome  errores  detegentein  medicina  oratio.  Lti*echt,  1728.  — 
Doniin.  SANTORhM,  Observationes  auatomicœ.  Venct.,  1724.  —  Godfr.  Strnzbl, 
Anthropologia  ad  pathologiam  applicuta,  pnwjudiciîs  liberfita.  Viteb.,  1728.  — 
Hennc.  Bassius,  Observât,  anat.  chir.  medieœ.  Halle,  1731.  —  Antonio  Valus- 
mEM,  Opère  /isiro-medéche.  Venez.,  1733.  —  Job.  F.antomus,  OpusetUa  medioa 
tt  phyaiol.  Geneva,  1738.  —  Albert  von  Haller,  Commeniarii  ad  prœUctianes 
BœrhamAi  in  institution,  propr.  GOtting.,  1730-44,  voL  Vl.  —  Le  même, 
Opuscules  pathol.  l^usanne,  1755,  3  vol.  ;  Opéra,  aiuti.  minora.  Lausamne, 
1762-68;  Élém.  physi^l.  corp.  hum.  Lausanne,  1757-66.— ^ïioy.  Bott.  Biamcbi, 


iPERIjL'   BlâTOniQlTJv.  29 

miim-btmiiiueaemratioiui.Junnf  1741,  GeoevK,  1725. — Conr. 
P|Uof(  obsÊFviUiuiaim  au-it.  Helmsl.,  1739.  — iuan  ësnag,  Tt.  <U  In 
de  tvg  maiiidics.  Paris,  ilU9.  —  Ferd,  l^u- 
it  atuilonâaP:  l^iaacoU,  i7H.  —  I'.  liABnSnc, 
ÛlMmOioas  luuitimiquies  tinies  da  outxrtures  d'itagnind  mmln-g  de  avlawiis  firo- 
fra  AdttouKfif'  bs  ohmh  dm  malttdiet.  Purpignan,  17â1.-^  Ai(]i>l[>l)<2  Bi>f:iiiieh, 
I  titotruitûiK.  aitiUomiciif.  riaiar.  fisc.  I,  il.  Halle,  1753-56.  —  k.  Muru.er, 
de  itiHUaU  niuilmniiE  p-ui-ticw.  liiusiMjn,  17U3.  —  Pieli'C  Taurhanj, 
suiatmnkit.  Lucea,  1753.  —  Ji>li.  Ludw.  L<esEi>£,  Obairva- 
B  diii-ia-g.  nud.  noiM  »t  rurUn-cs.  Ber\.,  175^.— C.  (jianelu,  Son 
m  Mitoveritm  êtetianu  coUigi  pol^,  rixtiiiu'  avt  perf>«ram  iit  ewatio  tnur- 
ta.  PoUv.,  1755.  —  Cbarl.  Kkd.  Jenty,  A  aoitrse  of  awiomn- 
!  lerAuri^s.  Lond,,  17j7-(i5,  S  vol.  —  Anton,  du  Haen,  Mtio 
.  Viadcb.,  1758-73.  —  KaUm.  Stoiju-ji,  Amh>  laedicm.  1,  17<>ll. 
L  WÛJD.  —  Joli.  Jal^.  Hi'Bi:n.  ÙI,»-nMtimes  .««iiwiiae.  Coml>1.  1760.  — 
%  imalomkfe.ïb.,  1763.  —  P.C^upkb,  IknionstrutiMea  iiiuitonùf^-- 
w.  Aiiist.,  1760^3.  —  Josepli  BAiniïit,  QbtanKUiona  nuidicm  inciMn- 
aiutiomim  iUa»trutiv.  ï'i-jkurg,  1762.  —  S^iniutU  Ci>ismr, 
'  4liCTiolior(*  on  iome  of  tb,»  dùieosix  af  Umu'ui  bodg  (ojtM  fivm  Ihe  dis)eciiou3  «f 
wrM  budim.  l.<iiidun,  1763.  —  Pet.  Juh.  li4iiTiiAiiN,  Ptttgr.  Anaiom.  praetk. 
^ÊÊÀmt  n6«intU.  Frankliiil,  1763.  —  Jus.  Hicwenuri,  ObeervutiiM.  m»dim  qim 
tmlmui»  fuperutrmJŒ  nw;.,  Lucca,  1764-  —  Krans  Uiuui,  Obsorattioue»  muUii' 
«e«.  HaiUnd,  176.^), — HJch,  Brqwne  Ciieston,  J'iitholoaic  iiujuiivg  and  observ. 
kmjerjf  frvmthe  itisfeci.  <if  morliid  Wiûj!.  Glucesler,  17t)6.  —  Gas(>ai'  Forlani, 
iriaretofifenat.  medico'practioaet  miatoitiieai,\eaeU,  1769.  —  Chrisl.  Gatlti'. 
éantKR,  In  rieifii  J'ihrsH  guttimmelU  (inotoiitûc'te  Wi^triKkmuiiyea  Kûaigf- 
tei,  1760.  —  E  i''.  EsoiiuiBiCH,  Obserrata  ^luedam  mwtwnico-akwHrgiea- 
■riiM  rarûru.  ll<JSlock,  1769  ~  Cliriitt.  lîotlL  LiiDwie,  Adveraaria  meiUci'- 
JHHigK.  UpuK.  1769-73,  3  vol.  —  Juc  Fiicdr.  lECM'iAtf»,  Dr  ilt/'^cifi  in  «Amt- 
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fntUo» 'af'lîciria  admiuiaiJo.  Lugd.  liai.,  1772.  —  L.C  oïdme.  ObseroaiiiMes 
■iiiirMiii  jiifVfrji'r  -  Lugd.  Batav.,  1777-81.  —  Escrcitutiones  axudemkx. 
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liM*.Bdiub.,  l7KU.Enalleiuand.  Ltûiaù;,  1781.  —  Fr.  Cennaki,  Dn  jimitiiiri 
tnt»,  aenliri  nontmUùque  rjm  morbis.  Pa,rm.,  1872. — Andréas  B<inn,  DvKriptin 
Humai  om^wh  marbotortan  Hmùmi,  Amvtelod.,  1783,  —  [Uzu,  S^pecitKfi 
pathologicar.  Tuia,  178A.  —  Chr.  Gotil. 


2k  AN<iTOMIE  PATHOLOGIQUE. 

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de  1712,  cette  collectifm  prend  le  titre  :  Ephemèr.  s,  obs,  medieO'physicœy  in  X 
cxnt,;  après  1727,  celui  de  AeVi  physico-medien^  et  aprè.^  1757,  celui  de  Nova 
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•çais  le  tilrc  :  Histoire  de  VAcad,  des  sdences  et  heiles-h'ttres  de  Berlin  y  et  après 

1770,  celui  de  Notaremu:  mémoires, — Acta  medie..  Berolinenséum,  pari,  D.  Gohl. 
Berlin,  172^1722. —  Commentarii  academiœ  scient,  PetropoUtanee,  1726  — Corn-- 
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moires  «te  V Académie  de  chirurffie.  Paris,  1731.  —  Médical  Essat/s  and  obscr- 
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1S80,  10  vol.  —  Bidletitts  de  la  Société  anatomiqne,  1'*  série  de  1826  à  1855, 
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—  Trmisaciions  of  the  paiholog.  SfKiety  of  Ltmlon,  London,  18îi9.  (Se  conti- 
nue.) —  Rod.  ViRCHOW,  Archiv  fur  patholojivhe  Anatomieund  Physiolotfie,  etc. 
Berlin,  1847;  continue  de  paraître  depuis  cette  époque.  —  Comptes  rendus 
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2»  lérie,  1854-1858;  3*  série,  1859-1863;  4^  série,  à  partir  de  1864.  — 
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i't  des  animaux,  Paris,  1864.  —  Bi'own-Séquard,  Charcot  et  Vulpian,  Archives 
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mthalten  sind.  I  Abtheil.  Leipzig,  M9k.  — G.  H.  Thilow,  Beschreibung  pathol, 
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Skidei.,  Index  musei  anatomici  kîliensis,  Kiliœ,  1818.  —  L.  Cerutti,  Beschreibung 
der  pathologvtchen  Pràparate  des  anatomischen  Theaters  zu  Leipzig.  Leipzig, 
1819.  —  Fansago,  Memoria  sopra  alcuni  pezzi  morbosi  comervati  nel  gabinetto 
patologico  delV  I.  fi.  Université  di  Padova.  Padova,  1820,  in-Zi**.  — J.  F.  Lobstein^ 
Compte  rendu  sur  Vétat  de  son  musée  anatomique.  Strasbourg,  1820.  —  A.  Loder, 
Index  prœparatorum,  quœ  inMuseo  Univers.  Mosquensis  servantur,  Mosquœ,  1823. 

—  Ad.  Kasp.  Hesselbach,  Beschreibung  der  pathologisch,  Prdparati  welche  in  der 
anatom,  Anstalt  zu  Wùrzburg  aufbewahrt  werden.  Giessen,  1825.  —  A.  W.  Otto,* 
Verzeichniss  der  anatomisch.  Prûparaten  Sammlung  des  K.  Anat.  Institut  zu 
Breslau,  1826.  —  J.  Bleuland,  Descinptio  musei  anatomici  „.  Academiœ 
RhenO'Trajectinœ.  Ultrajecti,  1826,  —  A.  F.  J.  C,  Mayer,  Syst.  Catalog  der 
Pràparate  des  Anatom,  Muséums  der  Universitat  zu  Bonn.  Bonn,  1830.  — 
Bœmer,  Speciel.  Verzeichniss  der  Prœparate  der  Med.  Chirurg.  Josephs-Akade- 
mie.  Wien,  1837.  —  Th.  Hodgkin,  A  Catalogue  of  the  préparations  in  the  ana- 
tomical  Muséum  of  Guy's  Hospital,  London,  1830.  Nouvelle  édition,  revue  par 
Samuel  Wilks.  London,  1863,  2  vol.  —  Ch.  H.  Ehrmann,  Musée  anatomique 
de  la  faculté  de  médecine  de  Strasbourg  ou  Catalogue,  etc,  Strasbourg,  1837.  — 
Le  môme,  Nouveau  catalogue,  Ibid.,  1843;  Notice  sur  les  accroissem,  du 
musée,  etc.,  18/i6.  —  Accroissements,  etc,  Ibid.,  1857.  —  Muséum  d'anatomiv 
pathologique  de  la  Faculté  de  médecine  de  Paris  ou  musée  Dupuytren.  Paris» 
18i2.  —  Thibert,  Musée  d'anatomie  pathologique.  Paris,  18/i/i.  —  Descriptivf^ 
Catalogue  of  the  pathological  spécimens  contained  in  the  Muséum  of  the  Royal  Col" 
lege  of  Surgeons  of  England,  vol.  I.  London,  18^*6,  voL  II,  1867,  vol.  III, 
1868,  vol  IV  et  V,  Wa9.^  Catalogue  ofthe  Calculi,  2  vol.  London,  1862-65. 
Supplément,  I,  1863;  Supplément,  II,  Lésions  oculaires,  1864.  — DesaHptivr 
Catalogue  of  the  dermatological  spécimens,  par  Er.  Wilson.  London,  1870.  — 
Daseriptive  Catalogue  of  the  teratolog.  séries,  par  Th.Lowne.  London,  1872.  — 
St.vni.ey,  Paget,  Savory,  Catalogue  of  the  anatomical  Muséum  of  Saint-Bartho- 
lomew's  Hospital,  3  vol.  London,  1866,  1851,  1862.  —  J.  B.  S.  Jackson, 
A  descriptive  Catalogue  of  the  anatomical  Muséum  of  the  Boston  Society  for 
médical    improvement.    Boston,    1867.    —  Muséum    anatomicum    Hçlmiense, 


,\pBm;r  iiisthhkjie. 


29 


lliiliaiR,  IttSS.  — Job.  Toynaeb,  A  descriiith-''  Viitnl<yar  of  pr^paiiilions  Ulus- 

tmtkfeftfie  diseatts  ofthf  ear.  London,  18.17,  (Les  préparations  de  Toynbee 

wal  atgourd'hui  cxposëes  dans  le  Musée  du  collège  des  chirurgiens  à  Loii- 

^  Jkj.)—  Sïdseï  Jones,  Descriptive  Cafnlixjue  nf  thr  Pi-ejmratioits  in  the  Sttisemn 

^mt&éil-Tluiin<Li'!<  Hospital.  2  vol.  London,  ltl59.  —  J.  L.   Dlsseau,  Caialoam- 

^^bk  nUcrtimi  d'anatomie  humaine  compank  ri  puthulogique  du  muife  Vrolik. 

W  .tiMcrdam,  t865.  — J.  W.  Oole  et  T.  Holmes,  Cataloi/ue  <>f  the  pathoUyi'-'il 

ïsttim  of  St-George's  Hospital.  London,  1K(>6. 


>].  AdM.  —  Fr.  RuïstB,  r/i<aimrus  muituniifiis.  Amslelod.,  171)1-171.").  — 
Ed,  SuDiFOHT,  Mweum  anatimiicum  Acadaniie  LugdHiiu-S^lavie.  Lugd.  Batav., 
t.l4l,t7»,  in-roI.;l.  III,  a  Gerardo  Sandifart,  ibid.,  1827,  in-fol.  —  MallU. 
Bjjuji,  a  Stries  uf  Enyi-avings-  aecompanied  with  Kxpt'UuUions  lokieh  nre 
iiitidni  to  illustiule  fAt  morbitl  Aiiatomj/  of  ihr  human  Body,  tasc.  l-'i. 
LoDd,  1799,  in-V;  ibi'l.,  1802,  ïn-W.  —  J.  Fj:  Heckel,  Tabula  anu(otwù.-&- 
péukgica  modos  cmu-s,  guibus  parlium  eorpuiii  humani  omnium  forma  exteni'i 
'ilijw inlfnta  u  mrma  recedit,  exhibftUes,  fasc.  1-4.  Lipsiu;,  1816-182/i,  in-l'oL 
-  W.  W*on,  Illustratious  of  morbid  Awilumn.  Lond.,  182Ù,  in-li".  —  llii 
^fflioie,  AjuUamb-o-pathiitoijical  Draiviniis  London,  1826.  —  Houpeh,  The  morUil 
of  kumaii  Brain.  London,  1825,  in-d'.  —  R.  Mi'iin,RiT>ortof  médical 
■.London,  1827,  in-d°, — J.Bleuland,  Icônes  aiiatomim'palh.partiumcoriMirL'i 
i,  quœ  in  descripl.  mmei  incenimitur.  Traject.  ad  Rh.,  1827,  'm~li°,  — 
I B,  DE1.ESTBE,  tcoaoyr.  patholog. ,  uu  mlleetùm  de  faits  ratx-s  et  iittéretsaiilB.  Paris, 
lil3T,  lu  fol. —  i.  UoPE,  PritKiples and  illustratiùiis  vf  morbid  Anatamy .  London, 
IBM.  — Goltl.  Cr.UGe,  Atlas derpathotogischen.  AnaXomie.  IéDa,18'i3-30,  in-rol. 
rJ-CliuveiUltEn,  AmUornie  pathohgique  dti  eorpn  humain,  ou  Description,  etc., 
p.WU.l'aris,l830.18fi2,  in-fol.,  avecplancheï,coloriées.—J.Fr.  H.  Albehs. 
nmdevi  AtUtsie  lier  pntholog.-Anatomie.'^aa,  18D2-1862,  4  vol. 
Y,A  Allits  di»'  pathologischm  Aitatomie  fâr  praktische  Aerzte.  /|  toI.  in-foL— 
bi  CiKswELL,  Ulustrutioiis  ofthe  clemenUtry  fortus  of  diaewus,  London,  1838. 
bL,  pi.  coloriées.  — (jëurue,  AmUornicai  drawittgs  seUet  from  the  collection  uf 
i  Anatmns/ inllte army  médical  musewn  Malham.  London,  IS^L-^Oenox- 
I,  Munium  (fatiatamit  pathologique  de  lu  Paadté  de  médecine  de  Pari»,  on 
kOupii/tren.  Paris,  18'i2,  2  vol.  in-8°.  Allas  in-fol. — J.  Vogel, /cônes  ftû(<>- 
}lfpatKoloaicai,  tabula  pnlholoyiam  illustranles.  Lipeite,  IS'iS,  in-/i",  pi.  colo- 
—  /il.  Awssi-,  Selecta praxis  ftiedico-chirurgica;  </uam  Mmqwn  exercet,  typix 

It  expressa  Pariaiis,  modérante  Amb.  T<irdieu.  IUksiis  et  Mosuu*,   18,)1, 

io-fol,  —  K.  E,  Bock,  Atlas  dcr  jiatht^ogi^che  Anatomie.  Leipzig,  18Ji-55.  — 
Vturum  anatomicum  Holtniensr,  sect.pathol. ,  fascl.  llolmiee,  1835.  —  H.  Lcsejit, 
Trmii  d'anatomie  patbaloyique  générale  et  spéciale  ou  description  et  iconographie 
IfdhilogiijUf  desi'Uératioas  morbides  laiit  liquides  que  solides  obsei-vies,  etc.  Paris, 
IK55-ia60,  2  vol.  in-fol.  de  teite,  pi.  CC. — Aug.  FÔDSTea,  Atlas der  miUrosco- 
fitett-pathotofiitehen  Anatomie.  Leipiig,  185fi-59,  in-'4°.—  Li.m^gheaux  et  Laceeh- 


M 


10  ANATÛUIE    PATHOLOGIQUE. 

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Des  Ueux  affectés,  voyez  Œuvres  anatomiques,  physiologiques  et  médicales  dt 
Galien,  trad.  fr.  par  Ch.  Daremberg,  Paris,  1856,  t.  II,  p.  628.  —  Apsyhto* 
DE  Pruse,  dans  KurtSprengel,  Histoire  pragmatique  de  la  médecine,  t.  II,  p.  263, 
1810.  —  Carlo  Réuni,  DelVanaiomia  e  delVinfirmitù  del  cavallo.  Bologna, 
1589.  —  Lang  rus,  Disspr*.  de  différent  ils  inter,  hominum  morbos  cum  brutis 
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des  sciences,  t.  X,  p.  607,  1831.  —  Hurtrel  d'Arboval,  Diùt.  de  méâ.,. 
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cine  comparée,  Paris,  1842-43.  —  Gurlt,  Lehrb,  der  path,  Anatomie  der 
Hmusâûgethiere.  Berlin,  1831-32,  2  vol.  avec  Atlas.  Supplëment  an 
tome  I.  Berlin,  1849.  —  Ercolani,  Bicerche  storiconinalitice  sugli  maiUori 
di  veterinaria,  1851-54.  —  Heusinger,  hecherches  de  pathologie  comparée. 
Cassel,  1844-47,  2  vol.  —  Koudil,  Des  secours  que  V anatomie  comparée  peut 
fùumirà  t anatomie  pathologique,  Lyon,  1855.  —  Roell,  Lehrbuch  der  PMo- 
logieund  Thérapie  der  Hausthiere.  IVien,  1856,  2"  édition,  1860,  3*  édition, 
iWl;  Irad.  franc.  Bruxelles,  1869.  —  Fdcbs,  Pathologische  Anatomie  der 
Hauisàugethiere,  Leipzig,  1859.  —  Falck,  Die  Principicn  der  vergleickÊndm 
Pathologie.  Erlangen,  1860.  -^  Nouveau  dictionnaire  pratique  de  méd  ,  de  ddr^ 
et  éThyg,  yritèrina;ires.  Paris,  1863-1874,  et  Hecueil  de  médecine  vétérinaire,  sOQslli 
iirtction  de  R.  Bouley.  (Se  continuent.  )  —  Riynal,  Tr.de  la  PoUce  gonft.  d» 
cni^,  dom.  Paris,  1873. 


CONSIDÉRATIONS   GÉNÉRALES 


ÉYOLOnON  PÉTStOLOGIQUB  D0  CORK  HUMAIPr 
BT  CLASSIFICATION    DIS    ALTXRAIIONS    PAXHOLOeiQUXS. 


(.  —  Sovmis  à  une  évohitioii  spéciale,  Torgiiiisiiie  hiuttain  Isubit  I011I& 
une  série  de  transformatians  :  les  unes,  ascensionnelles,  le  oonduiaeni  à 
son  plas  parfait  développement  ;  les  autres,  rétrogrades,  aboutissent  à  la 
MKition  des  fonctions  et  à  la  mort.  Ces  changements,  image  des  lésions 
Borbides,  ne  peuii<ent  être  ignorés  de  l'anatomo-faibologiBte  auquel  la 
tomaissiBoe  approfondie  des  organes  aux  différents  âges  de  la  vie  est, 
et  plus,  îndtspeiisable  pour  l'appréciation  des  anomalies  et  des  lésions 
mlérieiles  engendrées  par  la  maladie.  C'est  pourquoi  il  convient  d'«i 
tener  un  aperçu  général. 

La  rencontre  et  (a  fctsion  intime  de  deux  germes,  tel  est  le  prunier 
pbàwBène  qui  commence  l'évolution  matérielle  de  l'éUre  humain, 
fanppégné  da  germe  mâle,  l'ovule  est  le  siège  d'une  première  opéra- 
tîoB  :  la  segmentation,  qui  consiste  en  un  fractionnement  progressif 
4e  cellules.  Le  noyau  primitif  de  l'oeuf  ou  vésicule  germinative  semble 
tiNft  d'abord  disparatti^  et  l'on  aperçoit  deux  points  transparents  qui 
awt  denx  noyaux  nouveaux  entourés  chacun  par  la  moitié  du  corps 
oeUdaire,  c'est-à-dire  par  la  moitié  du  viteilus.  Semblable  phénomène  de 
ttgmenlalion  s'accomplit  dans  les  deux  premières  cellules  et  dans  les 
eellales  qui  en  proviennent,  jusqu'à  ce  qu'enfin  la  capsule  de  l'œuf  enve- 
loppe un  grand  nombre  de  petites  cellules  globukuses  pourvues  de  noyaux 
lohnainenx.  Da  groupement  et  de  la  concentration  de  ces  éléments  résulte 
ne  vésicule  qui  prend  le  nom  de  véticuU  blmiodermique  ou  hlast^ 
ierme^  dwttnée  à  donner  naissance  à  toutes  les  parties  oonsiiluAivas  du 


32  .\NATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

nouvel  être.  Eiïectivement,  sur  un  point  de  cette  vésicule  apparaît 
bientôt  un  amas  de  cellules  ou  disque  biastodermiquey  cunuiius  proUgèrt, 
lequel  se  divise  en  feuillets  superposés,  point  de  départ  des  tissus  et  des 
organes.  Ces  feuillets,  au  nombre  de  trois,  d'après  Remak,  sont,  Tun 
externe  ou  feuillet  corné,  l'autre  interne  ou  feuillet  muqueux^  le  troisième 
est  intermédiaire  et  pour  cela  désigné  sous  le  nom  de  feuillet  moyen.  Le 
feuillet  corné,  encore  appelé  feuillet  sensoriel^  produit  les  épithéliums 
extérieurs  et  leurs  annexes,  les  ongles,  les  poils,  le  cristallin,  qui  est  uii 
organe  épithélial.  Les  glandes  de  la  peau,  les  mamelles,  les  glandes  lacn 
maies  se  développent  à  ses  dépens,  et  de  sa  partie  centrale  proviennent  le 
système  cérébro-spinal  et  les  organes  des  sens.  Ainsi  le  rôle  physiologique 
de  ce  feuillet  est  des  plus  étendus  et  des  plus  importants.  Le  feuillet  mu- 
queux  engendre  les  épithéliums  de lappareil  digestif,  les  éléments  cellu- 
laires des  glandes  stomacales  et  intestinales  et  de  toutes  celles  qui,  comme 
le  foie,  le  pancréas,  etc. ,  communiquent  avec  le  tube  digestif,  Vappareil 
trachéo-bronchique,  les  reins  ,  la  thyréoïde  et  le  thymus.  Le  feuillet 
moyen  produit  la  charpente  de  Torganisme,  à  savoir  tout  le  groupe  des 
tissus  de  substance  conjonctive,  la  lymphe  avec  son  système  compliqué 
de  canalicules,  enfin  les  glandes  lymphoïdes  ou  vasculaires  sanguines,  y 
compris  la  rate,  puis  les  vaisseaux,  le  sang  et  les  muscles. 

Quoique  généralement  acceptée  des  physiologistes,  cette  apprécialiou 
du  premier  développement  de  l'embryon  parait  devoir  être  notablemeut 
modifiée,  si  les  recherches  récentes  de  His  viennent  à  se  confirmer.  Cesre- 
cherches  tendent  à  établir  que  le  disque  proligère  (blastodermique),  auquel 
cet  auteur  donne  le  nom  d'archiblaste,  fournit  le  système  ner>'eux,  Tépi- 
derme  des  glandes,  les  muscles,  etc. ,  tandis  que  le  sang  et  toutes  les  parties 
appartenant  à  la  famille  des  tissus  connectifs  proviennent  d'un  parablaslc 
ou  vitellus  blanc  dont  les  éléments  cellulaires  ne  participent  pas  au  phéno- 
mène de  segmentation.  Dans  celte  manière  de  voir,  le  tissu  conjonctif  cl 
vasculaire,  sorte  de  gangue  au  sein  de  laquelle  reposent  les  éléments  de> 
autres  tissus,  serait  nettement  distinct  de  ces  derniers,  et,  par  suite,  dèsU 
période  prodromale  du  développement  on  constaterait  déjà  l'indépendanoe 
des  vaisseaux  et  du  parenchyme,  de  ce  qui  nourrit  et  de  ce  qui  est  nourri, 
(ielle  indépendance  existe  réellement  dès  que  le  système  vasculo-sanguin* 
Varea  vasculosa,  est  constitué,  car  sitôt  qu'un  nouvel  organe  se  dessine 
dans  la  masse  des  cellules  embryonnaires,  ou  qu'une  accumulation  d'élé- 
ments spécifiques  fait  pressentir  qu'un  muscle,  un  nerf,  une  glande,  etc., 
est  en  voie  de  se  former,  le  sj  stème  vasculaire  y  envoie  un  prolongement 
en  forme  d'anse  cl  s'eni|>are  en  quelque  sorte,  au  nom  de  tout  le  système, 
de  la  formation  nouvelle  ;  or,  chaque  nouvelle  fonnalion  vasculaire  prove- 


{'.ONSIDERATlONâ    r.KKKRlLBS.  3S 

"prèexislante,  il  <>ii  résulte  qu»  l'unilé  el  l'iiidépendancf! 
ilii  système  sont  gai-anties. 

'il  point  non  moins  sujet  û  contestation  parmi  les  hislologistes,  c'est 
[interprétation  du  mode  de  formation  des  tissus  définitifs  aux  dépens  des 
nltules  primitives  du  blasludorme  ou  cellules  embryonnaires.  Deux 
ilifories.  qui  n'ont  peut-être  d'autre  tort  que  d'tUre  par  trop  esclu- 
uves,  se  partaient  les  esprits  :  d'une  part  la  théorie  de  la  formation  libre 
des  cellules  ou  parties  élémentaires  (génération  équivoque)  ;  d'autre  part, 
la  théorie  de  la  génération  par  l'intermédiaire  de  cellules  préexistantes 
(^léralion  cellulaire).  La  premièi'e  de  ces  théories,  à  laquelle  se  rattache 
leoom  de  Schwann  (1],  trouve  un  appui  dans  les  recherches  embryolo- 
îiques  de  C.  Vogt  (18il  et  18/i2),  d'après  lesquelles  les  cellules  qui  se 
transfbmienlen  tissus  définitifs  naîtraient  ^es  détritus  des  sphères  de  seg- 
rariiialion  par  formation  libre,  comme  aussi  dans  Iiis  observations  plus  ré- 
'iiil^j  de  Ch.  Hobin  et  de  Weisniann.  Suivant  le  professeur  Itiibin,  cham- 
|Hfiii  résolu  de  cette  doctrine,  les  cellules  embn  onnaires  ont  pour  i-ôle  non 
|i.b  il<>  se  transformer,  mais  d'élaborer  les  matériaux  nécessaires  à  la  nais- 
MDce  des  éléments  déHnitifs  de  l'embryon.  Arrivées  au  dernier  terme  de 
liui'  évolution,  ces  cellules  passent  directement  pai-  liquéfaction  graduelle 
i  l'état  de  blastème,  et  c'est  dans  ce  blastème  que  naissent  peu  à  peu  les 
«léments  qui  doivent  persister  el  constituer  le  nouvel  être.  Kn  fait,  écrit 
tt  professeur,  «  ce  que  l'on  a  dit  du  rùlc  des  cellules  embrvonnaii-es, 
nMnme  point  de  départ  de  l'apparition  de  tous  les  éléments  anatomiques, 
im\  fire  rap[)orté  en  général  aux  noyaux  cinbr\'oplasliques,  avec  cette 
ptrticularité  que  ces  noyaux  ne  viennent  pas  des  cellules  embryonnaires 
eiqnc  ce  ne  sont  pas  eux  qui  se  métamorphosent  en  libres,  tubes,  etc., 
nmme  ou  le  disait  du  corps  des  cellules.  I  Is  ne  sont  pas  non  plus  le  point 
fcdépart  d'une  cellulequi  deviendrait  ensuite  fibre,  ou  tube,  ils  ne  sont 
i\K  le  centre  de  génération  de  tubes,  de  fibres,  chacune  de  ces  espèces 
ilelèmcnts  oITranI,  dès  l'origine,  des  caractères  qui  la  distinguent  de 
Imite  autre.  »  I^  seconde  de  ces  théories,  dont  Remak  est  l'auteur,  est 
soutenue  et  défendue  par  Virchow,  Kullilier,  Donders,  etc.  Parlant  de  cettr 
ïdiV' que  l'ovule  est  une  véritable  cellule  (2),  Remak  en  fait  dériver  par 

(1)  Scbwtim,  Microicap.  Vntfraicliuiigrn  ûbmiie  i'eberaailimniung  in  der  Slruckluy 
mJAm  Waehtthum  drr  Thitreund  P/tatizm.  Berlin,  1838-1839.  —  Rfchtrches  nir  la 
imfiinnili'  <fc  tlruclurt  et  d'aeeroùaetneni  den  aaunaui  el  des  planter.  (Ann.  te.  nul., 
tUX.t.XVII,p.  5.J 

(tj  Dcpni*  II*  inlfreuiintci  rccherchei  de  Balbiari  lur  ici  ovutea  de  diOïrcntra  eipicea 
■Àûltl.  ridcntilé  qu'on  ■  youIu  (établir  entre  l'otule  et  une  cellule  n'Mt  |itus  icccp- 
liMe;  néuiminni  U  thvorie  cellulaire  n'etl  pna  pour  cela  rentcncc  :  ce  qu'on  a  dit  de 
:'  ".  nie  poumil  en  effet  ('appliquer  ii  la  celtutc  embryogènc. 

Trail*  d'Anal,  I.  —  8 


I 

l!; 

fi 


Zà  ANATOMIS  PATHOLOGIQUB. 

phénomène  de  segmentation  toutes  les  cellules  de  Tembryon.  Loin  de 
réter  aux  cellules  du  blastoderme,  la  segmentation  se  continue  dan 
cellules  embryonnaires,  et  les  éléments  des  tissus  seraient  formé 
segmentation  cellulaire  au  lieu  d'apparaître  au  sein  d'un  blastème 
stitué  par  la  dissolution  des  cellules  blastodermiques.  Cette  multiplie 
s'opère  suivant  trois  modes,  par  scission  ou  scissiparité,  par  bourge< 
ment  et  par  formation  endogène  ;  mais  ces  modes  ne  sont  pas  esseni 
ment  distincts,  du  moins  si,  avec  Max  Schultze,  de  Recklingfaai 
Kuhne,  Beale,  on  considère  la  cellule  jeune  comme  une  masse  de  ( 
plasma  renfermant  un  noyau,  au  lieu  d'y  voir  une  membrane  d'envel< 
un  contenu  plus  ou  moins  liquide,  un  noyau  renfermant  un  ou  plus 
nucléoles.  La  cellule,  en  tout  cas,  est  Tunité  morphologique  essen 
de  l'organisme,  sa  partie  véritablement  active  ;  c'est  l'élément  qui  pr 
à  toutes  les  fonctions  et  qui  subit  spécialement  les  altérations.  Toul 
je  n'ai  pas  à  faire  connaître  la  composition  de  la  cellule,  la  différenc 
ses  formes  et  la  multiplicité  de  ses  fonctions  ;  on  trouvera  des  déta 
ce  sujet  dans  les  traités  d'histologie  normale. 

Le  groupement  régulier  et  la  métamorphose  des  cellules  constitue] 
tissus,  et  ceux-ci,  suivant  qu'ils  proviennent  du  feuillet  moyen  ou  des 
autres  feuillets,  se  divisent  en  deux  grands  groupes  :  \estiisus  végétât 
les  tium  araniatiXy  destinés,  les  premiers  aux  fonctions  de  la  vie  de  nutr 
oo  végétative,  les  seconds  aux  fonctions  de  la  vie  sensorielle  ou  anii 
Au  groupe  des  tissus  végétatifs  appailiennent  le  sang,  les  vaisseaux  et 
les  tissus  de  substance  conjonctive.  Placé  dans  un  ordre  hiérarchique 
élevé,  le  groupe  des  tissus  animaux  préside  aux  mouvements,  aux  se 
tions  et  aux  actes  intellectuels.  Ces  tissus  se  distinguent  par  la  préi 
de  fibres  ou  de  tubes  venant  s'ajouter  aux  éléments  cellulaires  qui 
ou  isolés  ou  réunis  par  une  substance  fondamentale  peu  abondante, 
posés  suivant  un  mode  particulier  et  adaptés  à  une  fonction  déterm 
les  tissus  constituent  les  organes,  et  ceux-ci,  groupés  à  leur  tour  de  I 
à  présider  aux  grands  actes  de  la  vie,  forment  les  appareils. 

La  structure  des  organes  est  généralement  peu  compliquée.  Les 
comme  le  corps  vitré,  ne  sont  composés  que  d'un  seul  tissu  ;  k«  tu 
formés  sur  un  modèle  commun,  renferment  un  tissu  propre*  en  qut 
sorte  spécifique,  ot  un  appareil  vaso-nutritif  consistant  en  une  < 
pente  conjonctive,  des  vaisseaux  H  des  nerfs.  Cette  compositioi 
la  plupart  des  viscères  est  importante  à  connaître,  car,  en  nous  moo 
des  éléments  communs  dans  des  organes  distincts,  elle  nous  pernM 
comprendre  comment  ces  organes  sont  susceptibles,  sons  Tînli 
d'une  même  cause,  de  subir  des  lésions  identiques. 


^^^^^^^^^['      COKSIDéRATIQNS   OÉKÉHALES.  36 

Le  mode  de  développement  des  organes»  il  faut  bien  l'avouer,  nous  est 
[ifi)  connu,  celui  des  os  excepté.  Cependant  il  importe  de  déterminer  le 
nlle  que  jouent,  à  i-e  point  de  vue,  d'une  part  les  éléments  analomiques 
sp^ifiques,  et  d'auti-e  part  le  sang,  les  vaisseaux  et  le  tissu  conJoncUf 
Jont  l'union  constitue  pour  ces  éléments  un  véritable  appareil  de  nutri- 
l»ii.  Les  vaisseaux,  qui  sont  les  organes  les  plus  importants  de  cet  appa-  " 
riil,  peuvent  se  fonner  de  trois  nianiêi-es  (Biltrotli).  ta  première  ou  for- 
mtiun  primaire  s'observe  dans  Im-ea  vasculosa  et  consiste  en  une  trans- 
turmatioD  des  cellules  du  tissu  enibrvonnaire  en  globules  sanguins  rouges 
pl  PU  éléments  constitulUs  des  parois.  Les  cellules  embr;  onnaires  se 
limupent.  dans  certaines  directions  déterminées,  en  cordons  épais;  celles 
i|ui  sont  dans  l'axe  se  colorent  en  rouge  et  deviennent  mobiles  dans  un 
liquide  dair  qui  s'accumule  autour  d'i-IJes,  tandis  que  celles  qui  sont  ■ 
simées  à  la  péripbi'rie  ne  deviennent  pas  mobiles  et  represenlenl  la  paroi 
vASculaire.  Le  c^nal  endothélial  constitué,  le  vaisseau  a  acquis  une  forme 
dÉliuitive,  et  Je  développement  d'une  nouvelle  anse  vasculaire  n'est  pos- 
sible que  par  un  refoulement  de  l'endolbélium.  On  voit  alors  en  certains 
pDdroits  les  capillaires  perméables  au  sang  se  couvrir  d'appendices  ter- 
minés en  cul-de-sac,  qui  augmentent  peu  à  ]wm  ,  s'infléchissent  et  se 
Muissent  deux  à  deux,  de  fa^-on  à  Former  une  nouvelle  anse  vasculaire. 

L*' tissu  conjonclir  n'est  tout  d'abord  que  le  tissu  embryonnaire  qui, 
[icnislant  entre  les  vaisseaux  sanguins  et  les  éléments  fonctionnels,  se 
tmuTe  en  plus  ou  moins  glande  abondance  dans  les  différents  organes. 
'^  peine  visible  dans  les  l'élus  et  les  testicules,  il  parait  faire  dé- 
k»l  dans  l'aciuus  hépatique,  où  les  parois  capillaires  en  tiemient  lieu. 
^  Ussu  enveloppe  les  vaisseaux  sanguins  comme  d'un  manteau  et  con- 
'inue  leurs  parois  dans  les  interstices  des  éléments  organiques  sp«''cifiques; 
Mini  au  système  vasculoso-sanguin,  il  forme  cette  charpente  complexe 
<iuis  laquelle  sont  enchâssés  tous  les  autres  éléments  du  corps.  Il  est 
gméralemenl  admis  que  chaque  nouvelle  pui-tion  de  tissu  conjonctif  qui 
**  forme  exige  une  certaine  quantité  de  tissu  embryonnaire  consistani  en 
fK'tiU-s  masses  de  proloplasma  munies  di'  noyau  et  dépourvues  de  mem- 
litane  pntpi-e.  et  que  ce  tissu  se  produit  partout  où  le  besoin  d'une  ainpli- 
^ralion  de  l'appareil  de  nutrition  se  fait  sentir,  à  tel  point  que  cet  apgm- 
"■il  Si'mblerait  engendi-er  lui-même  le  tissu  conjonclif  i-mbnuimaii-e, 
propriété  qui,  si  elle  était  réelle,  ne  manquerait  pas  d'imptirlauce  au 
[wiiil  di- »Tie  de  l'accroissement  des  tissus  pathologiques.  Les  vaisseaux 
lymphatiques  apparaissent  peu  après  les  vaisseaux  sanguins  et  sont  con- 
slilues  d'après  un  même  plan.  11  existe  peu  de  donuéi's  positives  sur  le 
développement  dos  glandes  Ijiophatiqueset  sur  celui  de  la  rate,  qui 


M 


36  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

rapproche  de  ces  glandes.  Constitué  par  ces  différentes  parties,  l'appareil 
vaso-nutritif  renferme  des  cellules  fixes  et  des  cellules  mobiles.  Les  pre- 
mières comprennent  les  cellules  endothéliales  des  vaisseaux  sanguins, 
des  vaisseaux  et  des  espaces  lymphatiques,  celles  des  cavités  séreuses,  les 
cellules  atiastomosées  et  étoilées  du  sinus  lymphatique  et  de  la  pulpe  splé- 
•  nique.  Les  secondes  sont  représentées  par  les  globules  rouges  et  les  glo- 
bules blancs  du  sang.  Ces  derniers,  en  traversant  les  parois  des  vaisseaui 
avec  le  liquide  nourricier,  constitueraient,  suivant  quelques  auteurs,  les 
cellules  migratiles  des  tissus  conjonctifs  et  se  mettraient  à  la  disposition 
des  organes  en  voie  d  accroissement  pour  leur  fournir  un  matériel  tout 
préparé,  ou  bien  retourneraient  dans  le  sang  par  les  vaisseaux  lympha- 
tiques (Uindfleisch).  Il  résulterait  de  là  que  les  cellules  fixes  provien- 
.  draient  des  cellules  mobiles^  lesquelles,  à  leur  tour,  auraient  vraiseraW*- 
blement  leur  origine  dans  les  cellules  fixes  parenchymateuses  des  glandes 
lymphatiques  et  de  la  rate,  ce  qui  constituerait  un  véritable  cercle  de  for- 
mation. 

Inutile  d'insister  sur  le  développement  de  toutes  les  formes  de  tissus 
conjonctifs  et  de  leurs  dérivés  ;  disons  toutefois  que  l'accroissement  des 
cartilages  se  fait,  en  partie  par  multiplication  cellulaire  intérieure,  en 
partie  par  formation  cellulaire  périphérique,  et  que  le  tissu  osseux,  forme 
tantôt  aux  dépens  du  cartilage  transfonné  en  tissu  embryonnaire,  lant<M 
aux  dépens  du  tissu  conjonctif,  s'accroît  par  l'intermédiaire  du  périoste, 
à  la  face  interne  duquel  se  produit  une  couche  de  tissu  conjonctif  jeune 
destiné  à  se  transformer  en  os. 

Les  fibres  musculaires  naissent  des  cellules  embr>onnaires  qui  se  trans- 
forment en  éléments  fusiformes  ou  rubanés,  tandis  que  leurs  noyaux 
prennent  la  forme  de  bâtonnets  allongés  ;  telles  sont  les  fibres-cellules 
contractiles.  Quant  aux  fibres  musculaires  striées,  elles  sont  formées  paf 
une  seule  cellule  qui  s'allonge  par  la  nmltipliaition  de  ses  noyaux  etb 
transformation  de  sa  substance  intérieure  (Kolliker).  Malgré  le  silence  des 
auteurs  sur  la  production  des  cellules  embryoïmaires  destinées  à  la  forma- 
tion de  nouveaux  tubes  primitifs,  et  le  doute  qui  plane  toujours  au  sujet 
de  la  régénération  des  fibres  musculaires  dans  les  sections  de  muscles,  il 
est  incontestable  que  celle  régénération  peut  avoir  lieu  à  l'état  patholo- 
gique et  qu'elle  se  produit  dans  la  myosite  typhique. 

Le  développement  du  tissu  nerveux  est  un  des  points  les  plus  obscui^ 
de  l'histologie.  Le  cerveau  et  la  moelle  épinière  se  développent  aux  dé- 
pens des  cellules  de  la  couche  supérieure  qui  limitent  l'axe  embrjon- 
naire.  Le  point  d'origine  des  nerfs  périphérique  est  inconnu;  après a^ 
cru  que  l'accroissement  des  fibres  nerveuses  se  fait  surtout  par  appositi<^ 


l 


cellules  embryonnaires,  on  a  cherché,  dans  ces  dernifirs  temps,  u 
établir  que  la  progression  des  branches  nerveuses  dans  les  parties 
du  corps  qui  s'accroissent,  el  l'allongement  qui  en  résulte,  tiennent  h  un 
BiC^roissement  des  exlrémités  sans  apposition  de  nouveaux  éléments. 
Itesser  soutient  que  toutes  les  cellules  ganglionnaires  qui  se  forment  ullé- 
wurenient  préexistent  comme  no>aux  de  la  neuroplii'  et  se  trouvent 
Ji'jâ  dans  l'organe  primitif. 

Li>  mode  dp  développement  el  de  renouvellement  des  épithéliums  est  un 
|irol)lèrae  qui  n'a  jias  encore  de  solulioii  exacte.  A  ce  point  de  vue  on 
peut  considérer  que  les  épithéliums  sont  formés  de  deux  couches  qui 
sVleiident  l'une  vers  l'extérieur,  l'autre  vers  l'intérieur.  La  première,  ou 
touche  cornée,  revôt  toute  In  surface  libre  extérieure  de  l'organisme  qu'elle 
fralêge  contre  les  influences  extérieures.  La  seconde  tapisse  les  cavités 
cfpiwées  dans  le  parenchyme  du  corps  :  c'est  elle  qui  forme  les  glandes. 
Sur  k  côté  du  feuillet  épithélial  tourné  vers  le  système  vaso-nutritif,  ap- 
paraissent des  bourgeons  cellulaires  qui  se  ramifient  vers  la  profondeur 
el  se  ci-eusenl  à  partir  de  leur  surface  libre.  Le  tissu  conjonclif  interstitiel, 
Ruisseaux  sanguins  et  lymphatiques,  affectent  une  disposition  en  rapport 
Hl  les  formes  des  tubes  glandulaires  qui  ont  le  rûle  actif,  .ailleurs,  au 
^hnire,  c'est  le  tissu  conjonclif  et  les  vaisseaux  qui  agissent  pour  pro- 
luire  les  papilles  et  qui  semblent  pnwider  à  l'accroissement,  l'épithélium 
in' constitue  qu'un  «induit  protecteur.  Les  cellules  épithétiales  nouvelles 
naissent  dans  la  partie  la  plus  rapprochée  du  tissu  conjonctif  el  sonl  en- 
suite repoussûes  vers  la  périphérie  par  les  cellules  qui  se  développent 
dprriére  elles.  Mais,  si  le  point  où  elles  ont  leur  origine  est  connu,  la 
question  de  savoir  si  ces  cellules  proviennent  de  la  division  des  cellules 
Buciennes.  ou  bien  si  elles  sortent  successivement  du  tissu  conjonctif,  est 
loin  d'être  résolue.  IVabord,  la  constatation  de  la  division  directe  des  cel- 
lules épithéliales  ne  peut  être  niéeniaffirm€»e;elleeslen  tout  cas  tW-s-rare. 
I>  un  autre  cùté,  on  ne  peut  méconnaître  que  les  jeunes  cellules  épithélialea 
'i'ïpparaiss<mt  que  lii  où  il  existe  déjà  des  éléments  épilhéliaux,  en  sorte 
qui',  si  l'accroissement  et  la  régénération  des  épithéliums  peut  se  produire 
>ui  dépens  des  éléments  conjonctifs,  il  faut  nécessairement  que  ces  élé- 
UK'nts  soient  mis  en  présence  des  épithéliums  et  subissent  une  soi'te 
d'influence  épîthélique,  comité  cela  paraît  exister  dans  la  gi-effe  épider- 

Ine  fois  constitués,  tissus  et  organes  se  nourrissant  et  continuent  leur 
TOroissemenl  par  l'augmentation  du  volume  des  jiarlies  étémeiilarres  et 
[«r  Ih  multiplication  de  ces  mêmes  parties.  Le  premier  de  ces  modes  est 
k  vérifier,  il  suffit  pour  cela  d'examiner  les  cellules  cartilagineuses  et 


^k- 


38  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

adipeuses,  les  tubes  nerveux  d'un  enfant  nouveau-né  et  d*un  adulte;  alors 
on  constate,  conune  Harting  s'en  est  assuré  depuis  longtemps,  une  diffé- 
rence marquée  de  volume  au  préjudice  de  Fenfant.  Le  second  mode  se 
révèle  facilement  aussi  par  Texamen  des  tissus  cartilagineux,  qui,  nous  le 
savons,  permettent  de  suivre  le  fractionnement  et  la  multiplication  des 
cellules  à  l'intérieur  des  capsules  du  cartilage.  Ainsi  l'accroissement  a 
lieu  de  deux  façons,  par  hypertrophié  et  par  hypergenèse. 

Les  organes  ne  s'accroissent  pas  tous  au  même  moment  et  dans  le 
même  espace  de  temps.  Quelques-uns ,  conune  le  thymus,  atteignent  le 
degré  le  plus  élevé  de  leur  développement  pendant  la  vie  fœtale  ;  d'autres, 
au  contraire,  à  l'état  rudimentaire  jusqu'à  la  puberté,  prennent  tout  à 
coup  un  accroissement  rapide  en  rapport  avec  une  fonction  déterminée, 
de  telle  sorte  que  la  durée  de  chaque  organe  est  en  réalité  suboixlonnée  à 
sa  fonction.  Ainsi  voit-on  chez  le  môme  individu  des  organes  à  des  phases 
diverses  d'évolution,  les  uns  en  voie  d'accroissement,  les  auti^es  en  état 
de  déchéance,  circonstance  qui  n'est  pas  sans  importance  au  point  de  vue 
pathologique,  car  elle  donne  la  raison  des  altérations  plus  spéciales  de  ces 
organes  à  des  époques  déteiminées  de  l'existence.  Le  développement  géné- 
ral de  l'individu  arrive  à  son  apogée  vers  l'âge  de  vingt-cinq  ans.  L'homme, 
à  cette  époque,  est  parvenu  à  une  période  de  statu  quo  qui  est  pour  lui  la 
phase  de  la  reproduction.  N'ayant  plus  à  accroître  son  organisme,  il  devient 
apte  à  la  conservation  de  l'espèce.  Les  parties  élémentaires  des  tissus  con- 
tinuent de  se  nourrir,  mais  elles  ne  subissent  plus  aucun  changement 
appréciable  par  nos  moyens  d*investigation,  la  plupart  des  forces  vives 
de  l'organisme  semblent  se  concentrer  vers  l'importante  fonction  du 
moment.  Cette  phase  de  l'existence  a  son  terme  :  les  matériaux,  conti- 
nuant toujours  à  affluer,  finissent  par  ne  plus  augmenter  que  la  masse, 
suivant  la  juste  remarque  de  Buffon;  alors  commence  une  série  de  méta- 
morphoses élémentaires  inverses  de  celles  qui  précèdent,  c'est  la  période 
(le  déchéance  ou  de  décroissance  organique. 

IL  — Les  modifications  propres  à  cette  dernière  phase  de  l'être  humain 
sont  soumises  à  deux  circonstances  spéciales,  l'âge  des  individus,  leurs 
conditions  d  existence  :  hygiène,  régime,  exercice,  maladies,  etc.  Si  l'âge 
seul  pouvait  exercer  ici  son  influence,  il  en  résulterait  que  les  caractères 
de  la  vieillesse  se  manifesteraient  constamment  à  la  même  époque  ;  mais 
il  est  loin  d'en  être  ainsi,  et  les  conditions  qui  viennent  d'être  signa- 
lées ne  manquent  pas  d'imprimer  à  l'organisme  des  modifications  qui 
apparaissent  à  des  âges  différents  de  la  vie,  beaucoup  plus  tôt,  par 
exemple,  chez  les  individus  qui  ont  fait  des  excès,  que  chez  les  individus 


C0N8IDÉIUTI0NS   GÉNilUUS.  39 

sobres,  en  sorte  qu'il  est  vrai  de  dire  que  la  vieillesse  (1)  est  toujours 
relative. 

Loin  d'avoir  des  caractères  identiques,  ces  changements  de  structure 
ont  plusieurs  modes,  ils  se  rattachent  à  des  types  assez  distincts  qui  sont 
isolés  ou  simultanés.  L'un  de  ces  modes  consiste  dans  l'infiltration  des 
cellules  par  des  gouttelettes  homogènes,  transparentes,  donnant  par  l'acide 
acétique  un  précipité  qui  ne  se  redissout  pas  dans  un  excès  d'acide 
(mucine)  :  le  corps  de  la  cellule  devient  trouble,  se  dissout  peu  à 
peu,  la  membrane,  quand  elle  existe,  peut  se  rompre  en  laissant  échap- 
per son  contenu  ;  les  cellules  épithéliales  et  les  globules  sanguins  sont 
particulièrement  exposés  à  ce  genre  de  modification  connue  sous  le  nom 
iedégénérescenee  muqueuse.  D'autres  bis,  la  substance  qui  apparaît  au  sein 
des  éléments  cellulaires,  également  homogène  et  réfringente,  mais  plus 
résistante  que  la  mucine,  ne  précipite  pas  par  l'acide  acétique  (substance 
collofde)  ;  les  cellules  conjonctives  des  plexus  choroïdes  et  les  éléments 
cellulaires  de  la  glande  th>Téoïde  sont  le  siège  ordinaire  de  cette  seconde 
forme  de  dégénérescence  dite  coUoide.  Dne  troisième  forme  consiste  dans  la 
présence  d'une  matière  homogène  albuminoîde  qui  possède  la  propriété 
de  se  colorer  en  rouge  acajou  par  l'eau  iodée.  Elle  se  rencontre  dans  les 
disques  intervertébraux,  la  symphyse  pubienne,  les  articulations  stemo- 
claviculaires,  les  artérioles  et  différents  viscères.  Une  quatrième  est  due  à 
l'infiltration  des  éléments  anatomiques  par  des  gouttelettes  ou  des  granu- 
lations graisseuses,  infiltration  en  vertu  de  laquelle  ces  éléments  augmen- 
tent de  volume,  se  déforment  et  plus  tard  s'atrophient  peu  à  peu  ;  non-seu- 
lement les  cellules  de  la  vésicule  de  de  Graaf,  organe  appelé  à  disparaître 
après  l'accomplissement  de  sa  fotiction,  mais  encore  la  plupart  des  éléments 
cellulaires  spécifiques  du  corps  humain  arrivent  à  subir  cette  modification. 
Dans  certains  cas  c'est  un  dépôt  de  pigment  sanguin  qui  infiltre  les  parties 
élémentaires  et  principalement  les  cellules  épithéliales  des  poumons,  des 
^andes  lymphatiques,  de  la  rate  et  du  foie,  les  cellules  nerveuses  du  cer- 
veau, les  ganglions  du  grand  sympathique. 

Les  éléments  histologiques  enfin  s'imprègnent  parfois  de  sels  cal- 
caires, phosphate  ou  carbonate  de  chaux,  ce  qui  les  rend  rigides  et 
m^  obstacle  à  leur  fonctionnement.  La  conséquence  de  ces  modi- 
fications se  manifeste  dans  les  organes  par  un  changement  de  colo- 

(1)  Les  principales  causes  de  la  vieillesse  prématurée  sont  Tabus  des  boissons  alcoo- 
liques, les  excès  de  tout  genre,  principalement  ceux  de  la  table,  le  défaut  d'exercice 
muscolaire;  en  un  mot,  tout  ce  qui  tend  à  diminuer  les  combustions  contribue  à  bâter 
cette  période  de  la  fie.  H  est  possible  aussi  que  certaines  influences  héréditaires  y  contri- 
Iment  également. 


hO  ANATOMIK    PATHOLOGIQUE. 

ration  des  tissus,  qui  revêtent  généralement  une  teinte  grisàti*e  (dégéné- 
rescence dite  amyloïde),  jaunâtre  (dégénérescence  graisseuse),  ou  noirâtre 
(altération  pigmentaire),  en  dernier  Heu,  par  une  atrophie  qui  tend  à  se 
généraliser(l)  et  qui  a  pour  conséquence  une  diminution  du  poids  total 
du  corps. 

Ce  serait  une  erreur  de  croire  que  cette  atrophie  frappe  indistincte- 
ment toutes  les  parties  élémentaires  d'un  même  organe.  Les  éléments 
propres  ou  spécifiques  sont  généralement  les  plus  affectés  ;  la  trame  qui 
en  constitue  le  squelette  ne  participe  pas  au  même  degré  à  ce  travail  de 
destruction  lente,  on  la  voit  même  dans  certains  viscères  tels  que  le  foie, 
les  reins  et  le  cer>'eau,  prédominer  sur  les  éléments  spécifiques.  Mais 
c'est  là  sans  doute  le  résultat  de  l'oblitération  ou  de  Taltération  des  petits 
vaisseaux  qui  la  parcourent.  De  même,  tous  les  organes  sont  loin  de  pré- 
senter un  état  de  décrépitude  également  avancée;  souvent  celle-ci  se 
manifeste  d'une  foçon  plus  spéciale  sur  tel  ou  tel  autre  système  suivant 
la  nature  des  influences  extérieures  subies  par  Torganisme.  Ainsi,  le  sys- 
tème digestif  se  modifie  plutôt  chez  les  gros  mangeurs,  les  systèmes  ner- 
veux et  circulatoire  chez  les  individus  à  passions  vives.  Mais  il  ne  faut 
pas  oublier  qu'en  raison  de  l'intime  solidarité  qui  réunit  tous  les  actes  de 
l'organisme,  le  trouble  développé  dans  l'un  de  ces  systèmes  ne  tarde  pas 
à  se  répercuter  sur  tous  les  autres  et  à  généraliser  ses  efliets.  Toutefois,  si 
les  excès  sont  nuisibles,  il  importe  d'ajouter  qu'un  exercice  modéré  des 
organes  est  utile  à  la  santé;  c'est  ainsi  qu'un  exercice  continu  et  bien 
entendu  des  facultés  intellectuelles  conduit  presque  toujours  à  une  longue 
et  belle  vieillesse. 

Des  modifications  chimiques  correspondent  aux  changements  morpho- 
logiques subis  par  les  tissus  organiques  ;  elles  mériteraient  une  étude 
plus  complète  que  celle  qui  en  a  été  faite  jusqu'ici.  On  sait  d'une  façoD 
générale  que  la  quantité  d'eau  diminue  avec  Tàge ,  tandis  que  les 
substances  minérales  augmentent  ;  les  cendres  qui,  chez  le  fœtus,  consti- 
tuent 1  0  0  du  poids  du  corps,  forment  plus  tard  chez  l'adulte  3,5  et  6  0/9 
de  ce  même  poids,  et  cette  proportion  augmente  encore  à  un  âge  plos 
avancé. 

La  composition  du  sang  offre  des  différences  dans  les  âges  extrêmes  de 
la  vie  ;  chez  le  fœtus,  d'après  Denis,  le  sang  aurait  la  même  composîtioi 
que  le  sang  placentaire  fourni   par  le  cordon.  Andral  et  Gavarrel  oat 

(1)  D'après  Quetelet,  l'homme  aUeint  son  maximum  de  poids  >ers  qvarmole  aai;  ' 
commence  à  diminuer  à  soixante  ans,  et  à  quatre-nngts  ans  il  a  perdu  6  IdlafriH** 
en  moyenne.  Chex  la  femme,  le  maximum  de  poids  existe  à  cinquante  ans.  (A.  QmHà^ 
Swr  t homme  et  le  développement  de  ses  facultés,  Paris,  1835.) 


CONSIDÉRATIONS    GÉNÉRA  LBS.  Ui 

prouvé  que  dans  le  sang  des  nouveau-nés  il  y  a  prédominance  des 
globules,  qui  tendent  à  diminuer  peu  après  la  naissance,  tandis  qu'il 
se  produit  un  accroissement  du  sérum.  Dans  la  vieillesse,  la  propor- 
tion d'eau  augmente,  les  quantités  de  globules  et  de  fibrine  diminuent, 
et  il  y  a  élévation  progressive  du  chiffre  de  la  cholestérine  (Becquerel). 

Ces  résultats  généraux  ne  nous  Tout  connaître  aucun  des  change- 
ments chimiques  qui  se  pi'oduisent  dans  chaque  organe  envisagé  en 
particulier,  et  nos  connaissances  sur  ce  point  sont  fort  incomplètes.  Pour- 
tant, d'après  les  recherches  de  Bibra,  confirmées  par  celles  de  Schloss- 
berger,  les  matières  gi*asses  qui  entrent  dans  la  constitution  du  cerveau 
éprouvent  avec  l'âge  une  diminution  notable,  tandis  que  la  proportion  de 
l'eau  et  celle  du  phosphore  s'accroissent.  Dans  les  os  la  quantité  d'eau  et 
la  proportion  des  matières  organiques  diminuent,  lorsque  la  graisse  et 
les  matières  minérales  augmentent. 

Ces  changements  de  la  structure  et  de  la  composition  chimique  des  par^ 
ties  élémentaires  donnent  lieu  à  des  modifications  importantes  dans  l'as- 
pect des  difierents  organes.  La  peau  porte  d'wie  façon  toute  particulière 
l'empreinte  des  modifications  amenées  par  l'âge,  elle  devient  terne,  d'un 
{nis  mat,  perd  son  élasticité,  se  ride,  s'atrophie,  se  dégarnit  de  poils.  Sa 
couche  cornée  est  sèche  et  rigide,  quelquefois  fendillée,  épaissie  ;  au  con- 
traire, les  cellules  du  réseau  de  Malpighi  sont  amincies,  ratatinées,  infil- 
trées de  pigment.  Le  derme  subit  des  dégénérescences  diverses  (colloïde, 
pigmentaire,  etc.);  ses  papilles  s'atcpphient ,  ses  fibres  musculaires 
lisses  s'infiltrent  de  dépôts  granuleux  abondants,  et  de  là,  sans  doute, 
la  cause  de  la  diminution  de  leur  contractilité.  Les  vaisseaux  sont  les 
uns  rétrécis,  oblitérés  par  une  infiltration  hyaline,  les  autres  dilatés  ; 
les  nerfs  sont  aussi  modifiés.  Les  glandes  sébacées,  ou  tendent  à  dispa- 
raître ou  se  transforment  en  poches  kystiques  aux  endroits  où  il  n'existe 
que  des  poils  de  duvet.  Aux  endroits  couverts  de  poils  solides,  ces 
glandes,  dilatées,  conservent  leur  structure  acineuse  et  renferment  un 
smegma  normal  ou  brunâtre.  Les  glandes  sudoripares,  élargies  dans 
quelques  cas,  ont  leurs  conduits  fortement  sinueux,  elles  renferment 
souvent  des  amas  d'une  matière  brunâtre  ou  jaunâtre,  provenant  de  leur 
sécrétion.  Dans  ces  conditions  anormales,  la  peau  est  exposée  à  des 
altérations  diverses,  à  des  excroissances  vemiqueuses,  à  des  hyper- 
plasies  épidermiques ,  notamment  à  l'épithéliome  qui  ne  s'observe 
jamais  dans  le  jeune  âge.  Le  tissu  adipo-cutané  est  souvent  atrophié, 
s'il  n'a  disparu  ;  mais  dans  quelques  cas  la  graisse  persiste,  augmente 
môme,  et  de  là  deux  catégories  de  vieillards,  le  vieillard  maigre  et  le 
vieillard  gras. 


42  ANATOMIE  PATHOLOGIQUB. 

Le  système  lympliatique  n'échappe  pas  à  ces  changements;  ses  vais- 
seaux s'oblitèrent,  la  rate  et  les  glandes  lymphatiques  s'atrophient  H 
cessent  en  partie  leurs  fonctions.  Le  système  sanguin  y  prend  une  put 
active;  les  artères  sont  le  siège  d'un  dépôt  graisseux,  d'un  épais- 
sissement  avec  ou  sans  infiltration  calcaire  qui  modifie  leur  élasticité 
et  leur  contractibilité.  Le  réseau  des  capillaires  sanguins  s*appaiivrit 
progressivement  dans  les  viscères,  la  peau,  les  muqueuses.  Les  veines 
s'altèrent  relativement  moins  que  les  artères,  cependant  leurs  parois 
s'amincissent  assez  généralement  et  leur  calibre  s'élargit.  Le  cœur,  par 
contre,  subit  des  modifications  importantes.  Il  revêt  assez  généralement 
une  teinte  jaunâtre  due  à  l'altération  granulo-graisseuse  des  fibres  muscu- 
laires qui  le  constituent.  Ses  parois,  devenues  friables,  s'amincissent 
à  droite,  tandis  qu'à  gauche  elles  s'bypertrophient  souvent  tant  à  caose 
de  la  résistance  apportée  par  le  système  artériel  dont  l'élasticité  est  dimi- 
nuée,  que  par  suite  d'un  certain  degré  d'anémie,  et  de  l'épaississement 
des  valvules.  La  masse  du  sang  diminue  quelquefois  d'une  façon  notable, 
d'où,  une  capacité  ventriculaire  moindre,  un  resserrement  des  parois  du 
cœur  qui  ont  à  tort  fait  croire  à  une  atrophie  ou  encore  à  une  hypertro* 
phie  concentrique  de  l'organe. 

Des  modifications  importantes  surviennent  dans  le  tube  digestif  tout 
entier.  Non-seulement  les  glandes,  mais  les  villosités  intestinales  tendent 
à  l'atrophie,,  et  les  tuniques  intestinales  elles-mêmes  diminuent  d'épais- 
seur et  deviennent  plus  transparentes;  le  foie  et  le  pancréas  diminuent 
également  de  volume  par  le  fait  de  la  modification  de  leurs  éléments  glan- 
dulaires. Les  reins  offrent  une  surface  en  général  irrégulière,  bosselée,  gra- 
nuleuse, ils  sont  petits,  fermes,  indurés;  les  parois  vasculaires  et  souvent 
aussi  la  trame  conjonctive  sont  épaissies,  tandis  que  l'élément  sécréteur 
est  atrophié  ;  aussi  la  couche  de  substance  corticale  est-elle  le  plus  souvent 
amincie.  Les  poumons  sont  peu  vasculaires  et  plus  légers  (1),  leurs  vési- 
cules sont  dilatées;  ils  sont  le  siège  d'un  certain  degré  d'emphysème  qui 
nécessairement  met  obstacle  à  l'hématose.  Les  organes  génitaux  se  modi- 
fient et  s'atrophient  chez  la  femme  vers  l'âge  de  cinquante  ans  ;  chei 
l'homme  sobre  au  contraire  ils  ne  subissent  de  changements  que  beau- 
coup plus  tard. 

Les  muscles  de  la  vie  animale  sont  généralement  peu  colorés,  leurs 

(1)  Chex  une  femme  morte  de  pneumonie  à  l'âge  de  quatre-yingt-dix-sept  ans,  Im 
▼ésicules  pulmonaires  étaient  infiltrées  de  masses  amyloïdes  grisâtres  semi-transparentes. 
Des  deux  poumons,  le  droit,  qui  était  enflammé,  pesait  590  grammes,  le  gauche  seule- 
ment 230;  le  rein  droit  pesait  àb  grammes^  le  gauche,  50  grammes;  le  ccenr, 
210  grammes;  le  foie,  680  grammes,  et  la  rate,  20  grammes. 


rONStDËRinONS  CBNBBALES.  ' 
tlt'menls  sonl  pûles,  de  petite  dimension ,  quelquerois  iufihrés  de  graiiu- 
lilions  graisseuses  ;  les  muscles  de  la  vie  organique  sout  amincis  et  dé- 
colorés. Le  système  nerveux  jiarticipe  à  ce  désordre  général,  el  cela  d'une 
(içon  tellement  sensible  que  te  volume,  le  poids  et  la  densité  de  la  masse 
nerveuse  sont  presque  toujours  diminués. 

Le  système  osseux  présente  des  modifications  constantes  qu'il  est  im- 
possible de  nier,  attendu  qu'elles  se  traduisent  invariablement  par  une 
dimînutîan  de  poids  et  de  densité.  Crlli'-d,  qui  t'st,  suivant  Tourdes  {Gaz. 
wid.  de  Strasbourg,  \"  mai  1871),  de  1,736  dans  l'âge  moyen,  tombe  à 
l,S36  dans  l'Age  avancé.  11  serait  intéressant  de  montrer  les  parties  de  co 
Ijslème  qui  sont  les  plus  exposées  à  l'atrophie  sénile  et  les  conséquences 
decettealropbie  sur  les  dimensions  des  cavités  naturelles,  le  bassinet 
lecrtne,  par  exemple,  si  nous  ne  devions  nous  borner  à  des  indications 
générales.  Les  eartifages  ai'ticulaires  forment  une  coucbe  moins  épaisse 
et  moins  régulière  que  dans  l'Age  adulte,  toujours  par  suite  de  l'alrophi*' 
lie  leurs  éléments  cellulaires  dont  les  rapsuli's  sont  au  conlraiii!  (larfois 
it|«iissies. 

Deb  troubles  fonctionnels  plus  ou  moins  accusés  l'époudenl  à  ces  im- 
{■ortanles  modifications.  La  fonclion  respii-atoire  est  amoindrie  dans  sou 
nsetnblo,  ce  qui  s'exprime  par  la  diminution  de  la  quantité  d'acide  car- 
Imiquc  exhalé  et  par  l'augmentation  du  nombre  des  respirations.  De 
que  l'acide  carbonique,  l'unie  rendue  dons  les  vingt-quatre  heures 
en  quantité  moins  considérable  chez  le  vieillard  que  chez  l'adulte  ;  la 
des  sécrétions  s'amoindrissent,  el  particulièrement  les  sécrétions 
\  spermatique  et  sudorale  ;  l'absorption  diminue,  et  comme  d'auti'e 
les  globulrs  sanguins  se  modifient  et  tendent  ii  se  détruire,  il  en 
Ile  que  la  masse  sanguine  est  moins  considérable  ;  d'où  la  fréqueno! 
JB  la  circulation,  l'hypertrophie  relative  du  cœur,  etc.,  l'alTaiblissement 
ieU  locomotion  el  des  facultés  intellectuelles.  Le  vieillard  tremble,  il  a 
nue  marche  chaucelaute,  hésitante,  une  physionomie  caraclérislique. 
Chez  lui  tout  converge  vers  un  même  résultat,  la  régularité  el  la  soli- 
<linlé  fonctionnelles  sont  troublées,  les  causes  morbiJiques  ont  un  accès 
fadlr,  les  lésions  matérielles  son!  communes,  et  il  n'est  pas  toujours 
racik-  de  distinguer  ce  qui  est  malade  de  ce  qui  est  sain,  .\insi  les  solides 
suai  d'abord  altérés,  le  sang  ne  larde  pas  à  se  modilier,  et  l'individu  assez 
beun'ux  pour  arriver  à  cette  phase  de  l'existence  tombe  bientôt  dans  un 
«Tcje  vicieux  d'où  il  ne  peut  se  tirer. 

En  résumé,  avec  l'&ge,  le  contenu  dea  parties  élémentaires  ou  mieux 
le  protoplasma  perd  peu  à  peu  sa  transparence,  il  devient  grenu,  s'in- 
filtre de  pigment;  l'albumine  qui  s'y  trouve  renfermée  offre  une  len- 


hh  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

dauce  de  plus  en  plus  grande  à  se  transformer  en  graisse  ou  en  d*autres 
substances  ;  il  résulte  de  ces  modifications  que  peu  à  peu  les  éléments  cel- 
lulaires tendent  à  se  désagi*éger  ;  c'est  déjà  un  commencement  de  h 
dissolution  générale  et  le  passage  de  la  matière  organisée  à  une  autre 
forme.  Le  corps,  selon  lexpression  de  BufTon,  meurt  peu  à  peu  par  pw- 
ties,  son  mouvement  diminue  par  degrés,  la  vie  s'éteint  par  nuanm 
successives  et  la  mort  n'est  que  le  dernier  terme  de  cette  suite  de  degrés,  ^ 
la  dernière  nuance  de  la  vie. 

L'organisme  alors,  cette  individualité  admirable,  cette  unité  cellulaire  ; 
dont  nous  venons  de  suivre  la  merveilleuse  évolution,  ne  s'appartioil 
plus.  Les  germes  atmosphériques  s'en  emparent,  il  devient  leur  proie;  ^ 
abandonné  à  lui-même,  il  subit  sous  leur  influence,  au  contact  de  Tlni* 
midité  et  de  l'oxygène  de  l'air,  une  série  de  modifications  connues  sooi 
le  nom  générique  de  putréfaction.  Cette  désorganisation  a  pour  effet  <k  ■ 
transformer  les  composés  chimiques  les  plus  complexes  en  corps  de  1 
plus  en  plus  simples  destinés  à  servir  à  leur  tour  à  la  nutrition  de  cequi  viL  i 

La  mort  dans  ces  conditions,  c'est-à-dire  en  tant  que  conséquence  »•  ' 
turelle  et  forcée  de  l'évolution  physiologique,  est  en  quelque  sorte  Tidéil; 
en  effet  elle  est  rare.  Lorsqu'elle  survient,  les  éléments  anatomiques  pcff- 
tent  les  traces  d'une  dégénérescence  plus  ou  moins  avancée,  et  c'est  à 
coup  sûr  cette  dégénérescence  qui,  s'augmentant  sans  cesse  par  sa  pro|rre 
influence  sur  la  formation  des  milieux  intérieurs  (sang,  etc.),  est  la  cause 
prochaine  de  l'arrêt  de  la  vie,  par  cessation  de  quelque  propriété  de 
premier  ordre,  comme  la  contractibilité  ou  la  neurilité  (1).  Mais  les 
désordres  apportés  par  l'âge  sont  loin  d'avoir  toujours  une  évolution 
aussi  complète;  souvent  ils  ne  font  que  prédisposera  des  lésions  ma- 
térielles qui  deviennent  incompatibles  avec  l'existence  et  finissent  pir 
entraîner  une  mort  prématurée.  La  stéatose  cardiaque,  la  rigidité  des  vais- 
seaux, deviennent  ainsi  le  point  de  départ  de  congestions  ou  d'héIno^ 
rhagies.  La  nutrition  modifiée  dans  les  organes  les  prédispose  aux  is* 
flammations,  aux  néoplasies  et  à  beaucoup  d'autres  désoi*dres.  Dans  ces 
conditions,  la  résistance  aux  causes  morbifiques  est  moindre,  d'où  k 
mort  avant  le  temps. 

(1)  Il  y  a  Heu  de  se  demander  si  les  éléments  anatomiques  ont  une  mort  néceniiie 
comme  les  individus,  ou  si  leur  mort  n'est  pas  seulement  la  conséquence  de  l'adiia 
prolongée  des  milieux  yiciés  qui  peuvent  modifier  leurs  propriétés  pti78ico-chiiiii9*e** 
La  transplantation  permettrait  de  répondre  à  cette  question.  Il  suffirait,  à  Texempli^ 
Bort,  de  transplanter  successivement  sur  plusieurs  jeunes  rats  la  queue  d*ua  rat  ^ 
âgé,  et  si  cette  queue  continuait  de  vivre,  il  deviendrait  clair  que  c*ett  le  mitiee  M 
non  l'élément  lui-même  qui  conduit  à  la  mort. 


CONSIDERATIONS    GÉNÈiULSS.  &5 

IJI.  —  Nous  venons  de  voir  que  les  éléments  histoiogiques  définitifs 
naissent,  se  développent  et  s  altèrent  enfin  avec  Tàgc  de  façon  à  pro- 
duire tôt  ou  tard  des  désordres  fonctionnels  incompatibles  avec  l'exis- 
tence. Cet  état  de  l'être  humain  dont  rien  ne  vient  troubler  l'évolution 
normale  est  loin  d'être  constant  ;  un  grand  nombre  de  causes  peuvent 
amener  des  désordres  matériels  variables  suivant  l'âge  de  l'individu 
chez  lequel  elles  agiront.  Qu'en  vertu  de  circonstances  particulières, 
la  naissance  ou  le  développement  complet  des  parties    élémentaires 
ou  des  oignes  se  trouve  empêché,  retardé,  ou  exagéré,  il  se  produit 
tout  un  groupe  de  modifications  plus  ou  moins  générales,  justement 
connues  sous  le  nom  d*anomaites  de  formation  et  de  développement .  Il 
est  facile  de  comprendre  tout  de  suite  combien  diverses  seront  ces  alté- 
rations, suivant  que  le  désordre  portera  sur  le  germe,  l'embryon  ou 
le  fœtus  :  aussi  devons-nous  admettre  d'importantes  divisions  dans  cette 
première  classe  des  déviations  anatomo-pathologiques.  Dun  autre  côté, 
le  milieu  dans  lequel  nous  vivons,  les  aliments  dont  nous  nous  servons, 
certaines  qualités  innées  ou  héréditaires,  sont  autant  de  conditions  qui 
peuvent  modifier   même  chez    les   individus   entièrement  développés 
le  fonctionnement  nutritif  régulier  des  parties  élémentaires,  par  consé- 
quent des  tissus  et  des  organes.  De  là  une  seconde  classe  d'altérations  que 
nous  désignerons  sous  la  dénomination  d'anomalies  de  nutrition.  Or,  ces 
anomalies  ne  peuvent  avoir  lieu  que  par  excès  ou  par  défaut  ;  produites 
par  excès,  elles  se  traduisent  par  des  modifications  opérées  suivant  les 
lois  qui  président  à  l'accroissement  physiologique,  et  de  même  que  ce- 
hii-ci  se  fait  de  deux  façons,  par  accroissement  et  par  multiplication  de 
l'élément  histologique,  de  même  les  modifications  pathologiques  de  cett(* 
pr^mère  catégorie  se  traduisent  par  l'augmentation  ou  la  diminution  de 
volume  des  parties  élémentaires  :  ce  sont  les  hypertrophiée  et  les  atro- 
phia; ou  par  multiplication  de  ces  mêmes  parties  :  ce  sont  les  hyperplasies. 
Au  contraire,  la  diminution  de  l'activité  nutritive  se  révèle  par  des  modi- 
fications élémentaires  identiques  avec  celles  que  déterminent  les  progrès 
de  Tàge,  modifications  auxquelles,  pour  ce  motif,  nous  donnons  le  nom 
Hhypoplasien.  Ainsi  le  mode  suivant  lequel    les  parties    élémentaires 
de  l'organisme  s'altèrent,  ne  diffère  pas  essentiellement  du  mode  suivant 
lequel  ces  mêmes  parties  se  forment,  se  développent  ou  meurent.  Acôt<'» 
de  ces  deux  grandes  classes  d'altérations,  il  en  est  une  troisième  qui 
intéresse  d'une  façon  spéciale  l'appareil  de  la  circulation  et  le  liquide  san- 
guin, et  que  nous  appelons  anomalies  de  circulation.  Viennent  enfin  deux 
groupes  de  lésions  purement  accidentelles  et  locales,  déterminées  les 
unes  par  des  agents  chimiques,  physiques  ou  mécaniques,  les  autres  par  des 


&6  AKATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

parasites  tant  animaux  que  végétaux.  Nous  désignons  le  premier  de  ces 
groupes  sous  le  nom  de  traumatisme^  le  seconde  sous  celui  de /xirosi- 
tisme. 

Cette  classification  des  lésions  morbides  est  représenté  par  le  tableau 
ci-dessous  qui  permet  d'en  suivre  Tenchalnement. 


CLASSKS 


I.  — Anomalies 

de 

formation 

et  de 

développement. 


II.  —  Anomalies 

de 

nutrition. 


SOUS-GLASSES 


ORDRES 


Monstruosités. 


I 


Malformations. 


/  Hypertrophies  et  atrophies. 
I  Hyperplasies 


Hypoplasies. 


m.  —  Anomalies  de  circulation. 


IV.  —  Anomalies  accidentelles. 


f   Monstres  omphalosites. 
Monstres  doubles  antositaires. 
Monstres  doubles  parasitaires; 
Monstres  triples. 
Monstres  inclus. 
Tumeurs  cong^énitales  enkystées. 
f  Malformations  du  système  céré- 
bro-spinal. 
1    Malformations  de  la  face  et  dn 
I       cou. 

1  Malformations  du  thorax  et  de 
l'abdomen. 
Malformations  de  Tappareil  nro- 

génital  et  de  l'anus. 
Malformations  des  membres  et 

des  doigts. 
Nanisme  et  géantisme. 
Hétérotaxies. 


Phlegmasies« 
Néoplasies. 
Stéatoses. 
Leucomatoses. 
Chromatoses. 
Galcioses. 

Gangrènes  et  nécroses. 
Anémies. 
Hypérémies. 
Hémorrhagics. 
Thromboses  et  embolies. 
Hydropisies. 

Lésions  parasitaires  ou  parasi- 
tisme. 
Lésions  traumatiijnes  ou  trau- 
matisme. 


( 


CONSmiRATIONS   GtHBRALIS.  &7 

L'étude  générale  de  ces  classes  et  de  leurs  divisions,  tel  est  le  but 
que  nous  nous  proposons  d'atteindre  dans  une  première  partie  de  ce 
travail,  ou  partie  générale. 

La  seconde  partie  de  cet  ouvrage,  ou  partie  spéciale,  sera  consacrée  à 
I  étude,  dans  chaque  appareil  organique,  de  ces  mêmes  groupes  de  lésions 
et  des  espèces  qui  s*y  rattachent,  c  est-à-dire  des  formes  d'altération  tou- 
jours développées  sous  Tinfluence  d'un  état  morbide  spécial  ou  par  faction 
d'agents  morbifiques  déterminés  (1). 

BiBUOGRAPHiE.  —  I.  Développcmem  de  rhoaune.  —  C.  F.  Wolft, 
Théoria  generaUoim.  Hallae,  1759.  —  Pander,  EntwkkelwiysgeschicfUe  dea 
Eùknchemim  Et.  Wurzbourg,  1817.  —  Baer,  dans  Burdack  Physiologie,  etc.; 
trad.  franc,  de  Jourdan.  Pari?,  1838,  t.  III.  —  Barry,  fiesea/ches  on  Embryo- 
logy  {Philosoph.  Trarmwi.,  1838,  1839, 18/iO).  —  Reichert,  Dos  EntwickeUmgs' 
leben  im  Wirbelthierreich.  Berlin,  18^0.  —  Bischoff,  Traité  du  dêveloppemnit 
deVhomme  et  des  mammifères;  trad.  de  Tallemand  par  Jourdan.  Paris,  18/!i3. 
—  GuNSBURG,  Vntersuchung.  ûber  die  erste  Entwickelwig ,  etc.  (Beckcrches  sur  le 
premier  dévelop.  des  diff.  tissus  du  vot^s  humain,  Breslau,  18;y4.  —  Erdl,  Die 
Entivickelung  des  Menschen  unddes  Hùhnchens  im  Ei.  Leipzig,  1846.  —  Remae, 
VrUersuch.  ûber  der  Entwickelung  der  Wirbelthiere.  Berlin,  1855.  —  BiLLRorn, 
Untersuch.  ûber  die  ErUwickeL  der  Blutye fasse.  Berlin,  1856.  —  Virchow, 
Wùrzburg.  Verhandl,^  Vil.  —  Coste,  Histoire  générale  et  particulière  du  rfêir- 
lappement  des  corps  organisés,  Paris,  18/47-1859.  —  Kolliker,  EntuHckelungs^ 
ge»i:hiclUe  des  Menschen  tmd  der  hôheren  Thiere,  Leipzig,  1861.  —  Donders, 
ïeitschr.  d,  wisscnsch,  Zoolog.,  vol.  111,  p.  ZUS,  —  Ch.  Hobin,  Journal  de 
tanaiomie  et  de  la  physioloyû'  de  V homme,  etc,  t.  I,  186/i.  —  Weisiiann,  Die 

(1)  La  claatification  des  altérations  pathologiques  a  jusqu'ici  peu  préoccupé  les  auteurs, 
lesdivinons  proposées  sont  d'ailleurs  fort  di?ergentes.  Quoique  nous  n'ayons  pas  à  faire 
l'historique  des  tendances  suivies  à  ce  propos  ;  cependant  nous  ne  pouvons  passer  sous 
lilence  les  opinions  de  J.  Cruireilhier.  Ce  professeur,  en  effet,  n'hésite  pas  à  admettre 
l'existence  d'espèces  anatomi-pathologiques,  à  l'instar  des  espèces  xoologiques,  mais  la 
âfniflcation  qu'il  donne  à  cette  expression  est  très-différente  de  celle  que  nous  lui 
concédons.  Les  espèces  anatomiques  morbides,  pour  ce  savant,  sont  des  groupes  de  lésions 
qoi  se  ressemblent  par  leurs  caractères  fondamentaux  et  qui  ne  diffèrent  les  uns  des 
uitres  que  par  leur  caractère  secondaire;  mais  agir  de  la  sorte  c'est  accorder  a  l'espèce, 
le  type  le  mieux  défini,  une  idée  par  trop  vagu^^  et  la  confondre  avec  le  genre.  A  notre 
ivb,  ce  qui  en  anatomie  pathologique  caractérise  l'espèce,  c'est  son  mode  de  production, 
tt  genèse;  de  même  qu'en  loologie  c*est  la  faculté  de  reproduire  des  individus  semblables. 
Toatefots^  contrairement  aux  espèces  soologiques,  nos  espèces  anatomo-pathologiques, 
ioiyours  relativement  peu  considérables  pour  un  lieu  donné,  sont  illimitées,  puisqu'il 
luffit  qu'un  agent  nouveau  vienne  influencer  l'organisme  pour  en  augmenter  le  nombre. 
Aa  contraire,  de  même  que  les  espèces  zoologiques,  nos  espèces  ont  des  caractères 
constants,  identiques,  et  si  parfois  les  circonstances  au  milieu  desquelles  elles  se  pro- 
duisent, comme  le  climat,  l'àge^  le  sexe,  les  professions,  peuvent  les  modifier,  il  est  cer* 
tÛB  que  cet  circonstances  ne  parviennent  jamais  à  les  dénaturer  ou  à  les  transformer. 


us  ANATOMIB  PATHOLOGIQUE. 

ErUwiekeL  der  IHpieren^  Leipzig,  186/i,  et  Zeitschr,  f,  wiss.  Zoologie,  t.  Xlll  cl 
XIV.  —  W.  His,  Ueber  die  erste  Anlage  des  Wirbelthierleibes,  —  Le  même,  Uie 
erste  ErUwickeU  der  Hùhnchen  im  Ei,  Leipzig,  1868. 

n.  ModlIleatioBS  anatoMilqacs  causées  par   TAse.   —  B.  G.    Seiler, 

Anatomiœ  corporis  humani  senilis  specimeti,  Erlangœ,  1800.  —  X.  Bichat,  Am- 
tomie  générale  appliquée  à  la  physiologie  et  à  la  médecine.  Paris,  1801.  — 
G.  H.  RiTTEK,  Dissertatio  de  naturali  organismi  humani  decremento.  Kiel,  1819. 

—  C.  A.  Phiutes,  De  decremento  altéra  hominum  œtatis  periodo,  seu  de  ma- 
rasmo  senili  in  specie.  Halle,  1808.  — A.  Henke,  Ueber  Entwichelungskrankh,  de$ 
menschl.  Organismes.  Nuremberg,  1814.  —  Ribes,  Observât,  sur  plusieurs 
altérations  qu'éprouve  le  tissu  des  animaux  par  les  progrés  de  Vàge  {Bulletin  de 
la  Société  de  la  facxdté  de  médecine,  Paris,  1820).  —  Kœnig,  dans  Nasse 
Zeitschrift  fur  jïsychische  Acrzte,  182/i,   IV,  p.  /!i06,  tibi),  —  Bbeschet,  Note 

.  sur  Vanatomie  des  vieillards  {Archives  gén,  de  médecine,  Paris,  1826).  —  Hour- 
MAXN  et  Deciiambre,  Recherches  cliniques  pour  servir  à  V histoire  des  maladies  des 
vieillards  (Archives  générales  de  médecine,  août  1835-36,  2*  série,  t.  VIII,  IX 
et  X).  —  Canstatt,  Die  Krankheiten  des  hohen  Alters  und  ihre  Heilung.  Erlan- 
gen,  18 39. —  J.  Bizot,  Recherches  sur  le  cœur  et  le  système  artériel  chez  V homme 
{Mémoires  de  la  Société  d'observation  de  Paris,  t.  I,  1836,  p.  262). —  Bolrcert, 
Considérations  philosophiques  sur  la  maladie  comparée  à  la  vieillesse.  {Gaz, 
méd.  de  Paris,  p.  379,  1844).  — Ch.  Robin,  Mém.  de  la  Société  de  biologie, 
t.  I,  p.  33,  1850.  —  Gillette,  art.  Vieillesse  du  Supplément  au  Dict.  des  dict, 
de  médecine.  Pari»,  1851.  —  Durand-Fahdel,  Traité  des  nudadies  des  vieillards, 
Paris,  1854.  —  Geist,  Klinik  der  Greisenkrankheiten.  Eriangen,  1860.  — 
D.  Maclachlaii,  a  practical  treatise  on  the  diseases  and  infrmities  of  avanced 
life.  London,  1863.  —  C.  Mettenheimer,  Beitràge  zur  der  Lehre  der  Greisen- 
krankheiten, Leipzig,  1863  ;  et  Memorabilien,  VIII,  1863,  et  IX,  1864.  — 
J.  Chrastina,  Beitràge  zur  Pathologie  des  Greisenalters  {CEsterreich,  Zeitschrift  f. 
prakt.  Heilkunde,  X,  13,  14,  16,  21,  1864.  Schm.  Jahrb,,  t.  CXXXI,  p.  94,  et 
Archives  génér.  de  méd.,  t.  I,  p.  478,  1867).  —  Lanxereaux,  art.  Alcoolisme 
du  Dictionn,  encyclop.  des  sciences  médicales;  et  Études  sur  l'altération  pro- 
duite  par  r abus  des  boissons  alcooliques  (Bull.  deVAcad,  de  méd.,  4  juillet  1865, 
et  Gaz.  hebd,,  p.  435  et  464,  1865).  —  J.  M.  Chabcot,  Leçons  cliniques 
sur  les  maladies  des  vieillards,  Paris,  1866.  —  J.  F.  Labcheb,  Contrib.  à  rhùd, 
de  V atrophie  sénile  du  système  osseux,  Paris,  1868.  —  J.  Fh^RAUD,  De  V altération 
du  système  vasculaire,  structure  et  physiologie  pathologique,  thèse  de  Paris, 
1869.  —  Sauvage,  Recherches  sur  l'état  sénile  du  crànc^  thèse  de  Paris,  1869. 

—  Is.  NeumaNn,  Sur  les  aUéraHons  de  la  peau  chez  le  vieillard,  {Acad.  des  se. 
de  Vienne,  t.  LIX)  ;  trad.  dans  Annales  de  dermatologie  et  de  syphiligraphie^ 
t.  IV,  1872-73,  p.  191. 


PARTIE  GÉNÉRALE 


LIVRE  PREMIER 


IK«n«LIES    DE    PORnATION    E¥  DK   DËVELOPPEnENT 


Considéi'éos  comme  des  jeux  ou  des  écarts  de  la  nature,  comme  des 
chltimeDts  de  la  puissance  divine,  les  anomalies  de  l'organisme  humain  ne 
liireDt  longtemps  connues  (|ue  par  des  observations  superficielles  ou  iu- 
Moplètes,  et  les  imaginations  effrayées,  séduites  par  des  ressemblances 
iltasoircs  et  grossières,  se  plurent  à  les  rapporter  à  une  foule  de  types 
ânnges,  honteux  ou  ridicules.  Cet  état  d'enfance  d'une  branche  irapor- 
bolede  la  biologie  se  prolongea  jusqu'au,  commencement  du  xvjii*  siècle. 
A  partir  de  cette  époque,   les  anomalies  de  l'organisation    humaine, 
mieui  décrites,  sont  soumises  à  des  théories  plus  natui'eiles  et  plus 
philosophiques.  Haller  et  Morgagni   les  attribuent  à  des  causes  acci- 
dentelles ou  à  des  maladies  fœtales.  Dès  le  commencement  de  ce  siècle, 
Sœnmierring,  Meekel,  Tiedmann,  les  deux  Geoffroy  Saint-llilaire,  Serres, 
Brescbct,  Cruveilhier  et  beaucoup  d'autres  auteurs  s'appliquent  à  rap- 
porter les  anomalies  de  l'organisation  aux  lois  qui  président  à  la  formation 
successive  des  divers  organes  et  appareils  ;  ils  fondent  la  tératologie  sur 
ionbnrogénic.  Dans  son   très-remarquable  ouvrage,  véritable   progrès 
itilique,  is.  GfolTroy  Saint-Ililaîre  démontre  que  les  anomalies  de 
lismese  rattachent  à  un  petitnombrc  de  types  déterminahles,  sinon 
Cependant,  malgré  les   expériences  intéressantes    entre- 
tucuuui.  —  Truli  d'Anat.  \.  —  U 


I 


52  ANATOmS  PATHOLOGIQUE. 

Bibliographie.  —  Jacob  Rueff,  De  conceptu  et  generatione  hominiSy  eU. 
Zurich,  155^.  —  Jobus  Fincelius,  Wunderzeichen,  lena  et  Frankfurt,  1556-66 
et  1567.  —  Lycosthénes,  Prodigiorum  ac  ostentonim  chroniœn.  Basil., 
1557.  —  GoLUMBus,  De  re  anatomica  libri  XV.  Venet.,  1559.  —  Sorbikus, 
Tractatm  de  monstris.  Paris,  1570.  —  Ambroise  Paré,  Deux  livres  de  chi- 
rurgie. I.  De  la  génération  de  Vhomme.  II.  Des  monstres  tant  terrestres  que  mariM 
m>ec  leurs  portraits.  Paris,  1573.  Œuvres  complètes.  Paris,  1575.  —  LaBTin. 
Lemnius,  Demiraculis  occultis  naturœ  libri  IV.  Antwerpiae,  1581. —  IrenjEcs, 
De  monstris,  158/!i.  -^  Mart.  Weinrichius,  De  ortu  monstrorum  comm.  Breslau, 
1595. 

rvu*  siècle.  —  Osten,  Diss,  de  natura  gêner,  et  causs,  monstror.  Wittenberg., 
1600.— Mkrcurio,  La  commareo  raccoglitrice.  Venet.,  1601.  —  Riolakus,!)^ 
monstro  LutetianOy  etc.  Paris,  1605.  -^  J.  G.  Schenk  toq  Gr^fenberg,  JCm- 
strorum  historia.  Francofurti,  1609.  —  Bauhinus,  De  hermaphr.  monstrorumqm 
part.  Oppenheim,  161^  —  Ligetus,  De  monstris.  Padua,  1616  ;  2*  éd.,  1634; 
3*   éd.  Amstelodami,    1665.    —    Uliss.  Aldrovandi,    Monstrorum   historia, 
Bononiœ,  i6lx2.  —  Th.  Bartholinus,  De  monstris  in  natura  et  medidna.  Basil, 
1645,  et    Historiarum   anatomicarum   centuriœ   VI.    Hafn.,    1654-1661.— 
Stengelius,  De  monstris  et  monstrosis,  quam  mirabilis,  bonus  et  justus  in  muiido 
administrando  sit  Deus,  monstrantibus.  Ingolstadt,  1647.  —  Harvet,  Exerdt. 
de  generatione  animalium.  London,  1651.    —  Eichstadius,  Diss.  de  generatkm 
imper f,  et  monstr,  Gedani,  1658. —  Gaspar  Schott,  Physica  curiosa  s.  mird&is 
naturœ  et  artis.  Herbipoli,  1667;  lib.  V,  De  mirabilibus  motistrorum.  —  BLOifDOf 
An  monstra  formatticis  peccata,   Paris,  1669.  —  Fortunatus  Fideus,  De  r^- 
tionibus  medicor.  libri  IV.  Palermcf,  1602.  Leipzig,  1674. — Schmuck,  Fatcir 
culus  admirandorum  naturœ.  Strasbourg,  1679.  —  Nicolas  Venetti,  De  la  géné- 
ration de  Vhomme.  Amsterdam,  1688. 

xvui*  siècle.  —  Palfyn,  Descript.  anat.  despart,  de  la  femme  qui  servent  à  la 
génération^  avec  un  traité  des  monstres,  etc.  Leyde,  1708.  —  Lemert,  Mém.  de 
V Académie  des  sciences,  Paris,  1724,  1738,  1740.  --  Hunaud,  Ibid.  Paris, 
1740.  —  WiNSLow,  Ibid.,  1733,  1734,  1740,  1742,  1743.  —  Taxoîï,  De 
monstris  commetit.  litterar.  Norimb.,  1733.  —  Martinius,  Epist.  de  monstr» 
générât.  Venetiis,  1738.  —  Superville,  Some  refl.  on  générât,  and  on  monsUn 
(Philosoph.  Transactions,  vol.  XLI.  London,  1740).  —  J.  B.  Bianchi,  De  Gent- 

roL   historia.    Turin,    1741 Nicolai,    Gedanken    von  der  Erzeugung  dtr 

Missgeburten  und  Mondkâlber.  Halle,  1749.  —  Huber,  065.  atque  oogM* 
wmn.  de  monstris.  Cassel,  1748.  —  Jan.  Plancus,  De  Monstris  epistola.  Vene- 
tiis, 1749,  avec  3  pi. — Rœdeher,  Commentar.  Soc.  sciefit.  reg.  Gœtting.,  1754.— 
C.  T.  WoLFF,  Theoria  generationis.  Haloe,  1759.  —  Van  Dœverex,  Spec.  obs. 
anatom.  ad  monstror.  histor.^  etc.  Groningen  et  Leyden,  1765.  — Zimmerxa5.x, 
De  notandis  circa  naturœ  lusus  in  machina  humana.  Rinteln,  1765.  — Albert 
de  H  ALLER,  Operum  anatomici  argumenti  minorum  Tomus  tertius.  Lausanns, 
1768.  —  Insfe!j>t,  De  lusibus  natwœ.  Leyden,  1772.  —  C  T.  Wolff,  iV'or. 


ANOMALIES  DE  FORMATION.  53 

CommentarU  Aead.  scknt.  imp,  Petropolit,,,  t.  XVII,  pro  ann.  1772.  Pelropoli, 
1773,  p.  549.  De  ortu  monstrùrum.  —  Regnault,  Les  écarts  de  la  nature  ou  Re- 
cueil des  princip.  monstruosités,  Paris,  1775.  —  Prooiaska,  Adnotat,  acad, 
contin.  observât,  et  deseript,  anat,  III  Fdsdc,  Prag.,  1780-84.  —  Faust,  Anat. 
Besehreib.  zweir  Missgeb,,  etc.  Gotha,  1780.  —  Blumenbach,  Ueber  denBildung^ 
strieb,  Gôttingen,  1781.  «—  Le  même.  De  anomalis  et  vitiosis  qtnbusdam  nisus 
fcrmatioi  aberrat  GOtting.,  1813.  —  La  Condreniére,  Lettre  sur  tes  écarts  de  la 
naiure{Joum.  dePhysiol.,  SuppL,  p.  401.'  Paris,  1782.  —  Sômmering,  Abbil- 
dung  und  Besehreibung  einiger  Missgeburten,  mit  12  Taff,  Mainz,  1791.  — 
McTZGKR,  Diss.  de  monstris.  Regensburg,  1793.  —  Luce,  Ueber  die  Degeneration 
crganisirter  Kôrper,  Gottingen,  1794.  —  Eisenbeis,  Disp,  de  lactionibus  me- 
chamâs  simulacrisque  lœsionum  fœtui  in  utero  ncddentibus^  etc.  Tûbingen, 
1794.  —  AuTEifRiETH,  Additam,  ad  histor.  embryonis.  Tûbingen,  1797.  — 
Ottzks,  DeLusib.  natur.  Hardereg,  1799.  —  Bcffon,  Hist.  naturelle,  Suppl.  IV. 
Paris,  1800.  —  Jens.  Bang,  AbhandL  ùber  eine  Missgeb,,  etc.  Trad.  allem.  de 
Mendel.  Leipzig,  1801.  —  J.  Walter,  Observât,  Anatom,,  Berolini,  1775. 

XIX*  siÊa.E.  —  Malacarne,  Dei  monstri  umani,  etc.  {Memor,  délia  Societ,  ital., 
ToL  IX  et  XII.  Modena,  180?  et  1805).  —  Zimmer,  Physiologische  Untersu- 
dwngen  ùber  Missgeburten.  Rudolstadt,  1806.  —  Jouard,  Des  monstruosités  et 
bizarreries  de  la  nature.  Paris,  1807.  —  Wienholt,  Sieb.  Vorlesungen  ùber  die 
Entstehung  der  Missgeburten,  Bremen,  1807.  —  Moreau  de  la  Sarthe,  Deseript, 
des  princip,  monstruosités.  Paris,  1808.  —  Wiese,  Diss.  de  monstris  animal. 
Halle,  1812.  —  J.  F.  Meckel,  Handbuch  der  pathologischen  Anatomie,  Halle, 
1812-18. —  Tabulœ  anaiomo-pathol.  Lipsiœ,  1817-1826. — Tieoemann,  Anatomie 
der  kop/losen  Missgeburten.  I^ndshut,  1813.  — Zeitschr.  f,  Physiol,  I,  III,  1824- 
35.  —  Lawrence,  On  monstrous  productions  (Medico-chirurg.  Transact, ,  vol.  V, 
1814).  —  FiGULus,  De  monstr,  origine.  Breslau,  1816.  —  Kosticki,  De  monstr, 
mgine.  Berlin,  1819. — Chaussier  et  A delon.  Die/,  deméd.,  t.  XXXIV,  1819. — 
Wassermann,  De  mutalionibus  patkologicis  primitivarum  in  organismo  humanofor- 
matioman,  Padua,  1820.  —  Feiler,  Ueber  angeborene  Missbildungen,  Landshut, 
1820.—  G.  R.  Treviranus,  Biologie.  Bd.  III.  GOttingen,  1802-22.  —  Geoffroy 
Saint-Hilairk,  Philosophie  anatomique.  Paris,  1822,  t.  II.  — Béclard,  Leçons 
draks  sur  les  monstruosités.  Paris,  1822.*Jourdan,  ari.  Monstres,  du  Dict.  abrégé 
des  sciences  méd,,  t.  XI,  1824.  —  Heusner,  Descriptio  monstror.  mus,  Berol. 
Berlin,  1824.  —  A.  Meckel,  Ueber  die  Ursachen  d.  Missbild.  Bern,  1824.  — 
SnRDfGAR,  De  visu  formativo  ejusque  en^oribus,  Lugd.  Batav.,  1824. —  Rudolphi, 
Veberden  Wasserkopf  vor  d.  Geburt,  etc.  Berlin,  1826. — Charvet,  Rech.  pour 
ienir  à  Vhistoire  générale  de  la  monstruosité.  Paris,  1827.  —  Herttoldt, 
Betragter,  over  Misforst,  etc.  Kiobnhavn,  1828.  —  Baer,  Entuickelungsgeschichte 
der  TMere,  K6Digsberg,  1828.  —  Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire,  Sur  la  mons- 
tnosité.  Thèse  inaug.  Paris,  1829.  —  Breschet,  Essai  sur  les  monstres  hu- 
fMms.  Paris,  1829.  —  Déviation  organique,  dans  Dict.  de  méd.  en  15  vol.  — 
Anihul,  Anatomie  pathologique,  1. 1.  Paris,  1§29.  — Cruveilhier,  Anat.  patho- 


54  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

logique.  Paris,  1830-42.  —  Traité  d'anat.  path.  génér.  Paiis,  1849-1865.  - 
BoL'ViEK  elGERDY,  Gaz,  méd,  de  Paris,  17  juin  1831.  —  Gurlt,  Handbuch  der 
patholog.   Anatomie  der  Haussaugethiere,  Berlin,  1832.  —   Isidore  Geoffimii 
Saint-Hilaire,  Histoire  générale  et  pai%culiére  des  anomalies  de  l'organisatiùk 
chez  l'homme  et  les  animaux.  Paris,  1832-1837,  3  vol.  et  Atlas  avec  bibliogra- 
phie des  plus  complètes.  —  E.  Serres,  Recherches  d'anatom,  transcendante  d 
patholog.  Paris,   1832.  —  Mém,  de  ÏAcad,  des  sciences,  t.  XI.  —  Princtp» 
d'embryogénie, etc.  Paris,  1860.— 'Mém.  deVAcad.des  sciences,  t.  XXV,  1859.^ 
Fleischmann,  Bildungshemmungen  der  Menschen  und  Thiere,  Nûrnberg,  1853. 
—  M.  Fr.  Lautd,  Thèse  sur  les  diplogenéses.  Paris,  1834.  —  Bérard,  Causes  de 
la  monstruosité.  Thèse.  Paris,  1835.  —  Berger  de  Xivrey,   Traditions  térato- 
logiques.  Paris,  1836.  —  Grimaud  de  Caux  et  Martin  Saint-Ange,  Dict.  des  se. 
nat,,  1837.   —   Sch^fer,   Descript.    anatom.    pathol.   monstr.     cum    ewd. 
Bonn,  1837.  —  Montgommery,  art.  Fœtus  (Abnormal  anatomy),  dans  Todé^t 
Cyclopœdia,  vol.  I.  London,  1838.  —  Ammon,  Die  angeborenen  chirurgisdei^ 
Krankheiten  der  Menschen,  Berlin,  1840.  —  W.  Vrolik,  Handboch  der  Ziek- 
tekundige  ontlecdkunde  oder  de  memchehlijke  Vrucht  beschouwd  in  hare  regelm- 
tige  OtUwikheling,  Amsterdam,  1840,  1842.   —  TabiUœ  ad  illust.   embryog» 
hom.,  elc.   Amsterdam,  1849.  —  North,  Uebcr  Monstrositàten  {The  Lanut^ 
Marchl8(i0).  —  Otto,  Monstrorum  sexcentorum  descriptio  anatomica,  Breslau, 
1841,. avec  30  pL   —  Handb.    d.  pathol,  Anat,   Breslau,  1814.  —  I^^- 
dei'  path.   Anat,  des  Mensch,  und  d.  Thier.  Berlin,  1830.  —  Bischofp,  Art. 
Eniwickelungsgeschichte  mit  besonderer  BerOcksichtigung  der  Missbildungen,  dans 
Wagner's  Handwôrtcrbuch  der  Physiologie.  Braunschweig,  1842  ;  trad.  fr.  de 
Jourdan.  Paris,  1843.  —  J.  Vogel,   Pathologische  Anatomie  des  tnenschlichm 
Kôrpers.  Allgeîneiner  Theil.  Leipzig,  1845;  trad.  fr.  de  Jourdan.  Paris,  1846.— 
R.  Lf.uckart,  Demonstriseorumquecamisetortu.  Goettingen,  1845. — Rokitassiï» 
Handbuch  der  pathol.  Anatomie,  t.  I,  Wien,  1846;  3*  édit.,  Wien,  1855.  — 
Beneke,  Deortu  et  causis  monstrorum  disquisitio.  Diss,  Gotting.,  1845. — Flcbs, 
De  monstrorum  genesi,  diss.  Berlin,  1847.  —  Fr.  Béer,  Beitrùge  zu  der  Lehrevon 
den  Missgeburten.  Zurich,  1-850. — Hohl,  Die  Geburten  missgestaltcter,  krankervnd 
todter  Kinder,  Italie^  1850.  — Studiati,  Intorno  ad  alcuni  argomenti  di  fisidogio 
générale,  Pisa,   1850.  —  Dénucé,  Société  anat,,  p.  609,  1852  (rapport).  ^ 
A.  M.  Adam,  Contnbut.  to  Teratology  [Monthly  Journ.   March,  Mây.  LondoD, 
1854).  —  De  Quatrefages,  Ibid   —  Forster,  Handbuch  der  allgemeinen  pathO' 
logischen  Anatomie.   Leipzig,  1855;    trad.  fr.,  Paris,  1856.  —  Lehrbuch  der 
pathologischen  Anat.  léna,  1865,   p.  28-35.  — Die  Missbildungen  des  Menschen. 
léna,  1865.  —  Houel,  Mém,  sur  les  adh,  du  placenta  ou  de  ses  enveloppa  ^ 
cert,  part,   du  corps  du  fœtus  (Gaz.  méd,,  1858,  32).  —  W.  Gruber,  Mis-^^^ 
dungen.  Petersburg,  1859.  —  Mém.    de  l'Acad.  des  se,  de  Péteitb.,  série  7t 
t.   Il,   402.  —   Barkow,   Beitrdge  zur  patholog,  Entwickelungsgesch,  BresU^» 
1859.  —  Panum,  Untersuchung .  ùber  die  Entstehung  der  Missbildungen,  ^^^' 
Berlin,  1860.  —  Dareste,   Recherches  sur   la  prod.   artif.   des  monstruos^^ 


ANOMALIES  DE  FORMATION.  55 

(Compt.  rend,  Acad,  des  sciences^  12  août  1861). — Môme  recueil,  1863, 186/i, 
1865  et  1866,  et  Gaz,  méd.  de  PariSj  mêmes  années. —  Lereboullct,  Recher- 
thés  sur  les  monstruosités  du  Brochet,  observées  dam  l'œuf,  et  sur  leur  mode  de 
^ucHon  (Afin,  des  se,  nat.,  U*  série,  1861,  t.  XVI,  p.  359;  1863,  t.  XX, 
p.  129,  pi.  II  et  lïl).  —  ScHRonE,  Untcrsuch.  ùber  d,  Einfluss  mechanisch.  Ver-- 
letzungen  ouf  die  Entwickel.  des  Emhryo.  Giessen,  1862.  —  Joly,  Gaz,  méd,  de. 
Parts,  1866,  p.  372  et  669.— J.  Guérin,  Ibid.,  p.  363,  670,  473.— Thompson 
LowNE,  Descriptive  Catalogue  of  the  teratological  séries  in  the  Muséum  of  the  royal 
eoUege  of  surgeons  of  England .  London ,  1 87  2. 


CHAPITRE    PREMIER 


DES  MONSTRUOSITÉS 

Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire  définit  les  monstruosités  a  des  déviations  *du 
type  spécifique,  complexes,  très-graves,  vicieuses,  apparentes  à  Texté- 
rieur  et  congénitales,  fondées  sur  Tétat  acquis  de  l'anomalie  dont  le  point 
de  départ  resté  oublié  i> .  A  cette  définition  vague  et  flottante  qui  ne  précise 
ni  l'étendue  de  la  monstruosité,  ni  son  origine,  ni  sa  distinction  des  autres 
anomalies  de  l'organisme,  il  nous  paraît  utile  de  substituer  la  suivante, 
plus  rigoureuse  :  La  monstruosité  est  une  déviation  du  type  spécifique, 
constituée  par  l'union  plus  ou  moins  intime  de  produits  jumeaux  sortis 
d'un  ovule  vicieusement  conformé. 

Ainsi,  des  produits  jumeaux,  ou,  en  d'autres  termes,  une  grossesse 
gémellaire,  telle  est  la  condition  nécessaire  à  la  formation  des  monstres. 
Il  importe  donc  de  bien  connaître  les  conditions  de  formation  et  de  déve- 
loppement de  ces  produits,  puisque  c'est  de  leur  anomalie  commune  que 
résulte  la  monstruosité. 

Les  individus  jumeaux  tantôt  proviennent  de  deux  ovules,  ils  sont 
alors  distincts  et  contenus  chacun  dans  un  chorion  particulier  ;  tantôt 
résultent  delà  fécondation  d'un  seul  ovule,  et  ils  ont  un  chorion  commun, 
un  ou  deux  amnios,  deux  cordons  ombilicaux  isolés  ou  réunis  sur  un 
placenta  commun.  Toujours  de  même  sexe,  ces  derniers  sont  générale- 
ment normaux  et  indépendants.  Toutefois,  à  côté  des  cas  où  les  deux 
jumeaux  provenant  d'un  seul  œuf  sont  bien  conformés  et  arrivent  à  une 
complète  maturité,  il  en  est  d'autres  où  le  développement  normal  troublé 
conduit  à  la  formation  d'une  monstruosité.  Que  les  allantoïdes,  nées  des 
extrémités  inférieures  du  corps  des  embryons,  viennent  à  se  mettre  en 
contact  de  façon  à  amener  l'anastomose  des  vaisseaux  ombilicaux,  l'un 
des  deux  fœtus  s'atrophiera,  et  l'on  aura  une  famille  de  monstres  dé- 
pourvus de  cœur  ou  acardiaques.  Que  deux  embryons  renfermés  dans 
un  amnios  commun  se  rapprochent  et  se  touchent,  ils  se  fusionneront 
au  niveau  des  points  de  contact,  et  les  produits  offriront  une  duplicité 
plus  ou  moins  complète,  ce  qui  constituera  l'importante  famille  des 
monstres  composés.  Enfin,  que  par  un  phénomène  plus  rare,  mais  possible. 


MONSTRUOSITÉS.  57 

y  ait  pénétration  d'un  embryon  dans  un  antre  embryon,  on  oinslatera 
!tte  anomalie  étrange  d'un  Tœtus  dans  les  tissus  ou  les  organes  d'un 
Litre  individu  (fœtus  iu   fœtu),  anomalie  qui  a  reçu  le  nom  d'inclusion 
xiale.  De  là  trois  grandes  classes  de  monstruosilvs  :  ■ 
1»  Les  monstres  acardiaques  ou  monstres  unitaires  (imphalosites  de 
i.  Geoffroy  Saînt-Hilaire  ; 
l  Les  roonsti-es  composés,  doubles  nu  triples  ; 
►  Les  monstres  inclus,  desquels  nous  rapprocherons  diverses  tumeurs 
kûtales  enkystées  et  les  kystes  dermoïdes. 


§  1- 


■    MONSTRES   0MPDA1.0SITES   OIJ    MONSTRES   SIMPLES. 


Ile  classe  cximprend  les  anomalies  les  plus  graves.  Les  monstres 
ilosiles  n'ont  pour  ainsi  dire  aucune  forme  humaine;  si  quelqucs- 
ïïm  possèdent  des  parties  reconnais  sables,  les  autres  soni  ù  peu  près 
ujiL<juement  constitués  par  une  masse  informe  et  des  organes  incom- 
[Aîls.  Tous  vivent  d'une  vie  imparfaite,  pour  ainsi  dire  parasitaire,  enlrc- 
aeulement  par  la  communication  avec  la  mère,  et  qui  cesse  dès  quu 
Ion  ombilical  est  rompu. 

conformation  exlérieui-e  de  ces  monstres  a  pour  caractères,  outre  l'nb- 
générale  de  la  tête,  un  défaut  de  symétrie  du  corps  et  un  état  impar- 
membres.  L'extrémité  supérieure  du  corps,  en  général  arrondie  et 
iverte  de  téguments,  ne  présente  aucune  trace  de  destruction  ou 
dt  cicatrice.   Au  contraire,  il  n'est  pas  rare   d'y  apercevoir  quelques 
poils  qu'on  peut  considérer  conmie  de  véritables  cheveux,  et  comme 
iporties  ^Taiment  céphalîques,  puisqu'ils  correspondent  à  des  osselets 
imcDlaires,  sous-cutanés,  vestiges  informes  du  crâne.  Les  membres 
dques  existent  dans  le  tiers  environ  des  cas;  ils  sont  ou  rudimen- 
1,  ou  assez  développés,  mais  contournés  et  difformes.  Les  membres 
Dinaux  présentent  aussi  des  imperfections  diverses  ;  rarement  i-udi- 
aires,  ils  sont  le  plus  souvent  mal  proportionnés,  inégaux,  contour- 
tt  surtout  terminés  par  des  pieds  l>ots.  Les  doigts  des  membres  sont 
que  toujours  mal  conformés  et  courts,  quelquefois  réunis  et  privés 
^fs;  leur  nombre  est  variable,  généralement  diminué.  Les  organes 
mes  de  la  génération  sont  dans  un  état  d'imperfection  telle  que  soû- 
le sexe  ne  peut  être  déterminé. 

I  grand  nombre  d'organes  font  défaut  à  celte  famille  de  monstres, 
Bux  qui  existent  sont  ou  imparfaits  ou  même  seulement  élwuchés. 
Oerveau  et  le  cteur  manquent  souvent  ou  sont  atrophiés  ;  il  en  est 
Wme  des  ponmone  et  de  qiiplques  viscères  abdominaux,  le  foie,  la 


I 


58  ANATOMIB  PATHOLOGIQUE. 

rate,  le  pancréas,  clc.  Bien  qu'isolés  à  leur  sortie  de  l'utérus,  ces 
monstres  se  rencontrent  uniquement  dans  les  cas  de  grossesse  gémel- 
laire, et  à  côté  d'un  fœtus  bien  conformé,  viable.  Ils  ont  toujours  le 
même  sexe  que  ce  dernier.  Presque  toujours  ces  jumeaux  sont  du 
sexe  féminin.  Renfermés  dans  un  même  chorion,  ils  ont  un  placenta 
commun,  tantôt  un  seul,  tantôt  deux  amnios,  et  un  double  cordon  ombi- 
lical ;  mais,  tandis  que  les  vaisseaux  ombilicaux  du  fœtus  bien  conformé 
se  distribuent  normalement  dans  le  placenta,  ceux  de  Tomphalosite 
débouchent  dans  ces  deiniers.  Cette  disposition  produit  chez  le  fœtos 
monstrueux  une  circulation  toute  spéciale  :  le  sang  qui  lui  vient,  sous  la 
pression  du  cœur  du  fœtus  bien  conformé,  l'alimente  par  l'intermédiaire 
d'une  artère  ombilicale  toujours  unique  dans  le  cordon  ;  puis,  après  avoir 
traversé  son  système  capillaire,  il  va  se  déverser  par  la  veine  ombilicale 
dans  la  veine  ombilicale  de  ce  même  fœtus,  pour  de  là  se  répandre  de 
nouveau  dans  les  diiïérentes  parties  de  son  corps.  Ainsi,  les  omphalo- 
sites  reçoivent  pour  leur  nutrition  un  sang  qui  a  servi  au  fœtus  normal, 
et  qui  n'a  pu  aller  se  renouveler  dans  le  système  capillaire  du  placenta; 
de  là  sans  doute  la  prédominance  du  tissu  cellulaire  chez  la  plupart  de 
ces  monstres. 

Ce  renversement  de  l'appareil  circulatoire,  que  beaucoup  d'analo- 
mistes  ont  décrit  chez  les  monstres  omphalosites,  et  qui  consiste  en  œ 
que  les  veines  jouent  le  rôle  d'artères  et  les  artères  le  rôle  de  veines, 
peut  rendre  compte  de  la  conformation  particulière  des  omphalo- 
sites. Suivant  Claudius,  deux  embr\'ons  commenceraient  à  se  déve- 
lopper  normalement  dans  un  seul  œuf,  mais  après  la  formation  de 
Tallantoïde  surviendrait  l'anastomose  des  vaisseaux  ombilicaux,  qui, 
produisant  un  courant  en  sens  inverse  dans  les  artères  ombilicales,  fini- 
rait par  amener  la  stase  puis  l'arrêt  du  sang  dans  le  cœur  du  fœlus  le 
plus  faible.  Cet  organe,  ne  recevant  plus  de  sang  des  artères  coronaires, 
s'atrophierait,  et  en  même  temps  les  poumons.  Le  défaut  d'impulsion 
sanguine  déterminerait  la  gêne  circulatoire,  le  retrait,  l'oblitération  d'an 
certain  nombre  d'artères  les  plus  voisines  et  l'atrophie  des  organes  aux- 
quels elles  se  distribuent.  Dans  cette  hypothèse,  l'oblitération  du  tronc 
cœliaque  et  de  la  veine  porte  rendrait  compte  de  l'absence  du  foie,  de  h 
rate,  du  pancréas  et  de  l'estomac.  Au  contraire,  la  disposition  de  l'artère 
ombilicale  par  rapport  aux  artères  iliaques  faciliterait  l'accès  du  sangdans 
lesextrémités  inférieures  et  les  organes  du  bassin,  ce  qui  permettrait  à  ces 
parties  de  se  nourrir  et  de  pouvoir  se  développer.  De  même,  les  artères  q^* 
se  rendent  à  la  colonne  vertébrale,  celles  qui  alimentent  les  reins,  '^ 
artères  mésentériques  supérieure  et  inférieure,  conduisent  la  plupart  ^^ 


MONSTRUOSITÉS.  59 

temps  une  quantité  de  sang  suffisante  à  la  nutrition  de  ces  parties. 
L'aorte  ascendante  recevant  son  sang  du  coeur,  il  est  facile  de  comprendre 
que  les  artères  carotides  restent  vides  et  s  atrophient;  ainsi  s'explique 
l'acéphalie  et  se  trouve  constituée  la  famille  des  acéphaliens  {ace- 
phaluSy  acardiacus).  C'est  de  la  même  façon  que  se  fonnent  les  monstres 
paracéphaliens,  très-voisins  de  ceux-ci,  dont  ils  se  distinguent  par  une 
tête  plus  ou  moins  rudimentaire.  Que  les  branches  collatérales  de  Taorte 
s'oblit^nt  en  même  temps,  le  tronc  ne  pourra  se  développer,  et  il  en 
résultera  un  monstre  sans  tronc  (acojuius),  réduit  à  l'extrémité  supérieure 
ou  aux  deux  extrémités  inférieui*es.  Si  enfin  les  artères  qui  émanent  de  la 
partie  supérieure  et  de  la  partie  inférieure  de  laorte  subissent  le  même 
sort,  le  monstre  alors  n*a  plus  aucune  forme  ;  il  a  reçu  le  nom  de  monsti'e 
amorphe  {amorphta,  Gurlt  ),  monstre  anide  (Is.  Geoffroy  Saint-llilaire)  (1). 
Nous  allons  examiner  chacune  de  ces  divisions,  et  en  même  temps 
nous  indiquerons  la  division  correspondante  de  la  classification  de 
Is.  Geoffroy  Saint-llilaire. 

I.  —  Monstres  amorphes  ou  anidiens  (2). 

Ce  groupe  comprend  les  formes  les  plus  dégradées  des  monstruosités 
unitaires.  Les  monstres  anidiens  sont  des  masses  plus  ou  moins 
globuleuses,  recouvertes  d'une  peau  bien  conformée,  avec  des  glandes 
ou  même  des  poils  ;  ces  masses  sont  constituées  par  un  tissu  cellulo-adi- 
peux,  des  poches  contenant  un  liquide  séreux,  des  fragments  d'os  ou  des 
rudiments  de  colonne  vertébrale  et  des  branches  vasculaires  aboutissant 


(1)  C.  Dareste  rapporte  à  plusieurs  types  les  différentes  formes  de  la  monstruosité 
omphalosite  qu'il  attribue,  comme  il  suit,  à  des  arrêts  de  développement  frappant 
l'embryon  pendant  les  premiers  moments  de  la  vie. 

1*  Type  des  anides.  Arrêt  de  développement  du  disque  embryonnaire  avant  la  forma- 
tion de  la  gouttière  primitive.  —  2°  Type  des  céphalides.  Production  d'une  tète  rudimen- 
taire sur  un  disque  rudimentaire  complètement  arrêté  dans  la  première  période  de  son 
eiistence.  —  3*  Type  des  héiéroides.  Production  d'une  tête  rudimentaire  sur  un  disque 
embryonnaire  qui  continue  à  s'accroître,  malgré  l'absence  de  la  gouttière  primitive. 
—  h?  Type  ies  mylacéphales.  Formation  d'un  membre  postérieur  ou  des  deux  membres 
postérieurs  sur  un  disque  embryonnaire  privé  de  la  gouttière  primitive.  —  5<>  Type  des 
peracéphales.  Formation  de  la  gouttière  primitive  dans  la  région  postérieure  seulement  ; 
formation  des  membres  postérieurs  ;  reploiement  des  lames  viscérales.  —  6<^  Type  des 
fKéphales,  Formation  complète  de  la  gouttière  primitive;  production  des  membres  antc- 
rieun  et  des  membres  postérieurs  ;  reploiement  des  lames  viscérales.  —  7°  Type  des 
poracéphaiiens.  Mêmes  faits  que  pour  le  type  précédent,  avec  la  formation  d'une  tète 
plus  ou  moins  rudimentaire. 

(2)  «y  privatif,  sl^oc,  forme. 


60  ANATOHIE  PATHOLOfifOUE. 

ù  un  cordon  ombilicnl  composé  d'une  arltTo  cl  d'une  veine  (fig.  1.).  Le 
corps  du  monstre  n'est  parfois  qu'une  bourse  cutanée  dont  on  aurait 
peine  à  déterminer  la  nature  sans 
lo  cordon  ombilical  à  l'extrémité du- 
i]uel  celle  masse  est  suspendue 
D^ns  quelques  cas  on  a  Iroure  (si 
même  temps  de  la  substance  n«r- 
\euse,  des  muscles  irrégulièrement 
disposes  et  un  rudiment  d'mleslm 
circonstance  loul  à  fait  propw  à 
montrer  I  analogie  qui  existe  entre 
Cfs  monstres,  les  monstres  idcIiu, 
et  certaines  tumeurs  congénitales 
enkystées. 


FiG,  ].  —  Hanalre  anide.  c.  Cordon 

ombilical  ;  o,  rudiment  d'areille. 
[  Deisia   du  professeur  Depul.  ) 


(!)■ 

Ces  monslrps  fort  rares  sont  com- 
posés presque    uniquement   d'une 
tête  plus  ou  moins  rudimentaiiti 
portant  au  lieu  de  cou  et  de  Irow 
un  appendice  en  forme  de  sac,  arec 
des  pièces  osseuses  d'une  forme  indéterminée  et  des  viscères  nidimcn- 
taires.  Cet  appendice  donne  insertion  au  cordon  ombilical.  I^c  crâneetk 
cerveau  sont  incomplètement  développés  ou  rudimentaires.  La  face  ps^ 
mieux  conformée,  quoique  défectueuse.  La  moelle  épinière  est  Irfe*' 
courte  si  elle  ne  fait  absolument  défaut.  Les  yeux  et  les  oreilles  so** 
rudiracntaires.  La  langue  est  généralement  bien  développée.  Il  exis* 
des  Imces  du  larynx,  do  la  trachée,  de  l'œsophage,   et  quelquefois 
canal  intestinal.  L'arlére  et  la  veine  du  cordon  ombilical  s'annstomosnies~w 
dans  un  c.is,  la  première  avec  une  espèce  de  carotide,  la  seconde  av 
une  sorte  de  jugulaire. 

m,  —  Munilros  acéphaliens  (S)  et  puracéphalicni  (3), 

Ces  monstres,  les  plus  nombreux  des  omphalosilcs,  sont  divisés  f» 
isidorc  Geoffroy  Sainl-HilaiiT  en  trois  genres,  désignés  sous  les  n 


(1)  i  privitlf  et  «fiio;,  Iront. 

(2)  à  privatif  et  xiçoXA,  ttte. 

(3)  De  sv^pà,  à  cûti^  de,  pmqop,  i 


d'ùJfoXsf,  ncfphHlfl, 


M 

de  acéphale,piraeipltak  et  mylaciphale  (fràXn,  môle,  faux  germe,  avorton). 
Le  moDStre  mylacëphale  (1)  a  un  corps  non-seulemeDt  irrégulier,  mais 
eotièremenl  dérormé  et  méconnaissable,  terminé  supérieurement  par  une 
émiuence  rugueuse  glabre  couverte  de  poils,  et  inférieurement  par  des 
prolongements  inégaux  en  volume,  mais  pouvant  présenter  quelques  ves- 
tiges des  doigts.  Entre  ces  prolongements  existent  quelquefois  une  ouver- 
ture allongée,  ia  vuive  et  l'anus  à  l'étal  rudimentaire  ou  même  bien  con- 
formés. En  même  temps  on  rencontre  des  vertèbres,  des  cales,  on  même 
des  rudiments  des  os  des  extrémités  inférieures,  du  crAne  et  de  la  face; 
souvent  aussi  un  certain  nombi*»  de  viscères  abdominaux,  un  canal 
intestinal  imparfait,  des  reins,  des  uretères, 
une  vessie,  un  utérus,  un  vagin,  etc.  Com- 
parés aux  monstres  des  deux  divisions  précé- 
dentes, ceux-  ci  rappellent  davantage  la  forme 
d'un  fœtus. 

Le  monstre  péracéphale  (2)  constitue  une  des 
divisions  les  plus  étendues  de  la  série  tératolo-' 
gique;  il  consiste,  dons  sa  forme  la  plus  infé- 
rieure, en  un  tronçon  pelvien,  avec  un  ou  deux 
membres  auxquels  s'ajoutent  quelquefois  des 

rudiments  de  pied.  Ses  organes  génitaux  sont 

incomplètement  développés,  s'ils  ne  font  défaut. 

Dans  une  forme  plus  élevée,   le  bassin,  une 

partie  de  la  colonne  vertébrale  et  du  thorax 

eiistent,  avec  un  ou  deux  membres  inférieurs  ; 

les  membres  supérieurs  font  défaut. 
Le  monstre  acéphale  est  composé  d'un  corps 

privé  uniquement  de  la  tête  et  des  organes  qui  manquent  généralement  avec 

El]e(Gg.  2.).0utre  le  bassin  et  les  membres  inférieurs,  il  existe  chez  lui  un 

thorax  surmonté  de  une  ou  plusieurs  vertèbres  cervicales  nidimentaires  et 

)uquel  se  trouvent  attachas  un  ou  deux  membres  supérieurs.  Ceux-ci 

(1)  C.  Dareale,  qai  &  bit  coanaitre  l'eiiilence  dei  moDitre*  omphalniile*  chei  IM 
nuiu,  remarque  qu'un  tjpe  au  moini  de  cci  monitrea  «';  produil  lrèi-fr«qaemmeiit, 
ulni  de*  m  jltcéphale*.  Tontefoi),  }u  lieu  d'être  dittinct  comme  cbri  le*  mammirèrei,  le 
iii]licé^ule  dei  ou«aax  *e  trouve  uni  à  ion  frère  jumeau,  par  le  Tail  que  Ici  oiicaux  ne 
K  léplTent  point  de  leur  Titellul,  taadii  que  lei  mammiFèreg  le  léparciit  de  la  tciicule 
ombilicale.  En  effet,  forcément  eutniaé  par  le  retrait  du  Titellui  dam  la  cnvilé  abdo- 
■nule  de  iod  frère  jumeau,  le  mjlacéphale  de>  oiieaui  Tient  l'itnptanter  dans  la  i;ral»o 
■bdominale  de  l'indiTidu  complet,  «toc  le  tqueletle  duquel  il  ne  contracte  aucune  adhi- 
mce,  contrairement  à  ce  qui  eiiite  pour  le  monilre  pjgomèlo  proprement  dit. 

(!)  De  â»iy«U{  et  de  Kifo,  au  delà,  outre  mcaore. 


c,  t^rdoo  ombilical  ; 
(Oepaul.} 


62  ÀNATOMIE   PATHOLOGIQUE.  '* 

sont  la  plupart  du  temps  incomplets,  et  les  doigts  sont  presque  toujours 
en  nombre  inférieur. 

Les  monstres  paracéphaliens  (paracéphale,  omacéphale  et  hémiacéphale 
(Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire)  se  distinguent  des  monstres  précédents  par 
une  tête  imparfaite,  plus  ou  moins  atrophiée ,  offrant  un  crâne  nidi- 
mentaire  dont  la  cavité,  lorsqu'elle  existe,  est  remplie  d'une  masse  de 
tissu  conjonctif  ou  de  sérosité.  Les  membres  sont  toujours  imparfaits  et 
plus  ou  moins  contournés,  les  pieds  et  les  mains  sont  presque  toujours 
incomplets  quant  aux  doigts. 

BiBUOGRAPHiE.  —  Meckel,  Hundbuch  dei'  path,  Atmtomie^  1. 1,  p.  140.  — 
Delamarre,  Joum,  deméd,^  de  chir,^  e^c,  1770,  t.  XXXIII,  p.  515.  —  Buîîd,  j 
Philosophkal  Transact.,  vol.  LXXI,  p.  363,  pi.  XVIU.  —  Clarke,  fWd.,  1793, 
vol.  LXXXIII,  p.  \5U.  —  Tiedemann,  Anatomie  der  kopflosen  Missgeburten. 
Landshut^  1813.  —  Béclard,  Bull,  de  la  Faculté  de  méd,,  t.  IV,  part,  i,  1815, 
no«  9  et  10,  et  t.  V,  IX  et  X,  1817.  —  Rudolphi,  Ahhandl,  der  Berlin.  Acad., 
1816,  p.  99.  —  Elben,  De  acephalis  sive  monstris  corde  carerUibus,  Bcrolin., 
1821.  —  Geoffrov   Saint-Pilaire,  Philosophie  anatomique,  t.  II,  p.  8,  etc. 

—  Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  lîist,  des  anomalies^  etc»^  t.  II,  p.  /i37-il64. — 
Verniére,  Bépei^.  gènér.  d'amit.  et  de  physioL  path,^  t.  III,  p.  4.  —  Breschet, 
art»   Acéphalie  {Dict.  de  méd.j  1821,  t.  II).  —  Nicholson,  Milliers  Archà, 

•  1857,  p.  328.  —  HoLLANi),  Edinh,  med,   and  sury.  Journal,  18/i^,  t.  LU,  p.  156. 

—  Héue,  Joum.  du  dép,  de  la  Loire  et  Gaz,  mcd.,  18^/i,  578. —  Rumphou,  ft 
monstris  tninco  carent,,  Halle,  I8/48.  —  Hempel,  De  monstris  acephalis.  HafniflB, 
1850.  —  H.  Meckel,  Mùller's  Archiv,  1850.  —  Barkow,  Ueber  Pseudokormus- 
Breslau,  185/i. —  Vrolik,  Handbock  (/.,  etc.,  t.  I,  p.  536.  Tabul,  ad  ill.  embr.y 
pi.  47,  50  et  52.  —  A.  RumAnn,  Arch,  génér.  de  méd.,  juin  1852,  p.  16^» 
--  Glaser,  Ein  Amotphus  globosu^.  Giesscn,  1852.  —  Cazeaux,  Mém.  de  la  Soc» 
de  biologie,  t.  HT,  p.  211,  et  Gaz.  méd.,  1853,  p.  422.— Gurlt,  Handb.  d.  pdt^ 
Anat,  d.  Uaussdugethiere^i.  1,  p.  59.  —  Adam,  Monthly  Joum,,  1854.  —    ^^ 
Filippi,  Gaz.  hebd.j  1855,  n"  30.  —  Luton,  Mém.  de  la  Soc.  de  biologie,  183^» 
p.  315.  —  Depaul,  Bull,  de  la  Soc.  anat.,  1857,  p.  29.    Mouvement  médixT^^ 
1873,    p.    121.   —   Atlee,  Amer.  Joum,    of  med.  science,  April   1858.      "^ 
Dela(X)ur,  Gai,  des  hôpitaux,  oct.  1858.  —  Claudius,  Die   Entwickelung   ^^ 
herzlosen    Missgeburten,    Kiel,    1859.    —   Spliedt,    Momtri   acardiaci    de^^^ 
anat.   Kiliee,    1859.   —  Serres,   Mém:   de   VAcadém.  des   sciences,    t.    X!^^ 
1859,  tab.  n-vii.  —  A.  Forster,  Die  Missbildwigen  des  Menschen,  p.  56;  atL^^ 
pi.  IX.  —  Al.  MoREAU,  Bull,  de  la  Soc.  anat.,  1860,  p.  146.  —  Fonssagrive*    ^ 
Gallerand,    Desctipt.    anatom,    d'un   monstre   humain    anêphalien  péracéph^* 
{Compt,  rend.  Aead.  des  scienrrs,  18  avril,  et  Gaz.  méd.,  1864,   p.    471).    ^ 
C.  Dareste,  Sur  Voriginv  et  h'  mode  d*'  dèvelopprmmt  des  monstres  omphakis^^ 
{Comptes  rend.  Acad,  des  sciences,  l.  LXl,  1865,  p.  491).  —  Ld  même,  Nom^' 
recherch,  sur  Vorig,  et  le  mode  de  déeeloppemeni  des  monstres  omphalosites  [Comf^^^ 


MOHSTBUOliETÊS.  M 

nnrf.  AtoA.  étâ  aeCmcft,  25  od.  1873,  et  Gtii.  méd.,fiZT). —  Cornil  et  Camit. 
(il  '.as  df  monstre  taiidien  (SocUté  de  biologie  el  Ga:.  mfd.,  1866,  p.  388).  — 
Biuntin  llicEs  el  J,  Banraht.  Dixsect.  of  aefphalous  monsten  tvitliout  kcnd,  liem-t, 
'unoi,  of  liitr  (Guy'»  Honp.  Reportx,  sdr.  III,  vol.  Xlll,  1868,  p.  Ù56).  —  Oain, 
Df.'  maischiiche  Miimtjcburlen  (Afvhiv  fur  piithol.  Amtt.  und  Physiol.,  p.  492, 
1,111,1872.  — GwPAT,  BhH.  de  la  Soc.  ««,((.,  l.  XVII,  1872). 


§2. 


■   MUNSTHES  COMPOSKS. 


Appelés  tour  il  tour  monstres  par  excès,  monstres  doubles  ou  triple», 
di|ilogenèsPs,  etc.,  les  monstres  composés  sont  des  êtres  dans  les([uels  ou 
Iruuvt  niuiiis  les  éléments,  soit  eomplets,  soit  incomplets,  de  deux  ou 
plusieurs  sujets. 

ùi  nionsti-es  n'ont  jamais  qu'un  seul  chorion  et  un  seul  placenta, 
uuspul  amnios,  un  ou  deux  «niions  ombilicaux.  Leur  sexe  est  toujours 
liniiHnc,  masculin  ou  féminin;  le  sexe  rëminîn  se  rencontre  le  plus 
fn-ijucmnient,  puisque,  sur  un  chiffre  de  295  cas  relevés  par  A,  Puech, 
il  y  a  203  sujets  féminins  pour  92  sujets  masculins.  A  peu  près  aussi 
cniiiumns  chez  Thorame  que  chez  les  animaux,  ils  se  montrent  chez  l'un 
^la  les  autres  avec  des  caractères  semblables.  Disons  cependant  que 
les  variétés  rencontrées  chez  Itiommc  n'ont  pus  été  trouvées  encore 
lies  animaux,  et  inversement. 

LUftissauce  des  monstres  composes,  du  moins  des  plus  complexes,  a 
lent  lieu  vers  le  huitième  mois  de  la  gestation,  et  ce  fait,  qui  est 
celui  des  grossesses  doubles  normales,  est  quelqu'efois  une 
de  mort  pour  le  produit.  Toutefois,  il  est  digne  de  remarque  que 
c^lti!  anomalie  n'exclut  (las  absolument  la  possibilité  d'un  accouchement 
■Mil  naturel,  soit  manuel. 

W^  trè»-petit  nombre  des  monstres  composés  sont  capables  de  vivre  el 
Hwcnir  à  l'âge  adulte;  ce  sont  ceux  qui  ont  une  organisation  parfais 
KtDl  binaire  et  deux  vies  distinctes,  et  ceux  dont  l'organisation  est 
Wiitaire  el  la  vie  simple,  comme  lorsque  l'un  des  individus  étant  Ji  peu 
prés  normal,  l'autre  se  trouve  réduità  l'état  d'atrophie  el  n'est  plus  qu'une 
inerte  greffée  sur  son  frère.  On  conçoit  la  possibilité  de  l'existence 
deux  extrémités  de  la  série  oii  l'organisation  se  trouve  ramenée 
'pe  voisin  du  type  unitaire  normal.  Quand,  au  contraire,  les  deux 
Gomposimls,  d'un  dtfveloppeinenl  assez  égal,  sont  tellement 
lus  qu'un  certain  nombre  d'organes  sont  communs,  la  viabilité 
surtout  de  l'état  du  lœur.  Si  les  deux  appareils  circulatoires 
dislincts,  la  vie  est  en  effet  possible,  et  même  s'il  n'existe  qu'un 


6&  ANATOMIB  PATHOLOGIQUE. 

seul  cœur  de  composition  normale,  centre  unique  de  l'impulsion  du 
sang ,  elle  peut  encore  se  prolonger  après  la  naissance  ;  tel  est  le  cas 
d'un  monstre  bien  connu,  Rita  Cristina.  Mais  si  le  cœur,  unique  en 
apparence,  est  un  organe  complexe,  il  n'y  a,  à  proprement  parler,  ni  un 
seul,  ni  deux  agents  d'impulsion  pour  le  sang,  il  n'y  a  qu'un  organe  anor- 
mal, dont  les  diverses  parties  ne  peuvent  agir  harmoniquement,  et  pour 
peu  que  d'autres  viscères,  le  cerveau  notamment,  présentent  de  sem- 
blables anomalies  physiologiques,  il  est  facile  de  comprendre  que  la 
vie  n'est  plus  possible,  d'où  la  mort  si  prompte  des  monstres  doubles  in- 
férieurement  et  simples  supérieurement.  Ainsi  la  viabilité  des  êtres  mons- 
trueux se  trouve  subordonnée  à  l'état  d'intégrité  plus  ou  moins  complète  du 
cœur  et  du  cerveau.  La  mort  de  l'un  des  composants  est  toujours  la 
conséquence  de  la  mort  de  l'autre,  ce  qu'explique  facilement  le  mélange 
des  deux  sangs.  Ce  mélange,  du  reste,  rend  également  compte  de  la  trans- 
mission réciproque  des  maladies  générales. 

Les  fonctions  physiologiques  sont  en  rapport  avec  l'organisation  phy- 
sique ;  le  monstre  double  a  toujours  plus  qu'une  vie  unitaire  et  moins 
de  deux  vies ,  mais  sa  double  vie  peut  se  rapprocher  davantage  ou  de 
l'unité  ou  de  la  dualité.  C'est  pourquoi  un  monstre  composé  de  deux 
individus  presque  complets  est  double  moralement  comme  physiquement. 
Chaque  individu  a  sa  volonté  et  sa  sensibilité,  dont  les  effets  s'étendent 
sur  son  propre  corps;  et  de  même  qu'il  est  un  point  du  double  corps 
placé  sur  la  limite  des  individus  composants  et  propre  à  tous  deux, 
de  même  il  est  des  phénomènes  physiques  qui  leur  sont  communs.  Ainsi 
les  impressions  faites  sur  la  région  d'union  à  son  centre  principal  sont 
perçues  par  les  deux  cerveaux,  et  tous  deux  peuvent  de  même  réagir  sur 
elle.  D'un  autre  côté,  malgré  les  inconvénients  qui  s'attachent  à  leur 
réunion,  les  monstres  doubles  ont  presque  toujours  entre  eux  un  accord 
de  sentiments  et  de  désirs,  et  un  attachement  réciproque  tel,  qu'ils 
finissent  par  devenir  un  besoin  l'un  pour  lautre.  Lorsqu'il  n'existe  pour 
deux  têtes  qu'un  seul  corps,  l'analyse  anatomique  démontre  que  dans  de 
tels  êtres  chaque  individu  possède  en  propre  un  côté  de  l'unique  corps  et 
l'une  des  deux  jambes,  et  l'observation  des  phénomènes  physiologiques 
et  psychologiques  confirme  pleinement  ce  singulier  résultat. 

Un  petit  nombre  seulement  de  monstres  composés  sont  aptes  à  la  repro- 
duction :  ce  sont  ceux  dont  les  organes  reproducteurs  sont  complets.  Or,  il 
est  digne  de  remarque  que,  dans  les  quelques  cas  connus  de  reproduction, 
la  transmission  héréditaire  de  la  monstruosité  n'a  jamais  été  observée.  Is. 
Geoffroy  Saint-Hilaire  rapporte  que  le  monstre  hétéradelphe  de  Buxtorff  a 
eu  quatre  enfants  et  que  tous  étaient  parfaitement  normaux.  Le  croisement 


MONSTRUOSITÉS.  65 

d'un  taureau  notomèle  avec  une  vache  affectée  de  la  même  monstruosité 
a  lui-même  donné  un  produit  eiempt  de  toute  anomalie. 

L'origine  des  monstres  composés   a    suscité   des    théories  diverses 
qui,  pour  la  plupart,  sont  tombées  en  désuétude.  L'hypothèse  de  la 
préexistence  des  germes  monstrueux,  malgré  l'appui  qu  elle  a  reçu  de 
Winslow,  Haller  et  Meckel,  est  une  pure  abstraction  qui  ne  peut  nous 
arrêter.  La  doctrine  de  la  soudure  des  embryons  développc'^s  sur  des  vi- 
tellus  distincts  ne  résiste  pas  à  l'observation.  D'abord  la  réunion  habi* 
tuelle  par  des  parties  similaires  des  monstres  composés  ne  donne  aucune 
(séance  à  l'hypothèse  d'une  réunion  par  pression,  comme  l'entendait 
Lémery,  et  n'est  expliquée  ni   par  l'attraction  mutuelle   des    parties 
similaires,  telle  que  le  voulait  Et.  Geoffroy  Sainl-Iïilaire,  ni  par  une 
orientation  virtuelle  et  primitive  du  germe ,  comme  l'entend  Davaine. 
Ensuite,  si  l'on  examine  ce  qui  se  passe  dans  la  série  animale,  où  les 
monstruosités  ne  diffèrent  pas  sensiblement  de  celles  de  l'homme,  on 
reconnaît,  comme  l'ont  appris  les  expériences  de  Panum,  que  les  œufs 
doubles  de  poule  ou  d'oie  qui  arrivent  à  produire  des  embryons  anor- 
maux engendrent  seulement  des  anomalies  simples,  et  que  la  soudure 
des  deux  embryons  est  impossible,  puisque  tout  développement  s'ar- 
rête au  point  de  contact  des  deux  jaunes.  Il  est  constaté  d'autre  part 
que  la  monstruosité  duplicitaire  provient  de  l'union  de  deux  embryons 
développés  sur  un  jaune  unique.  Ce  fait,  indiqué  par  Wolff  au  siècle 
dernier,  puis  dans  celui-ci   par  Baer  et  Allen  Thomson,  a  été  reconnu 
exact  par  les  recherches  de  Valentin,  Coste,  Lereboullet,  Panum,    Da- 
resle  et  la  plupart  des  observateurs  modernes.  Ainsi  se  trouve  détenni- 
née  une  condition  importante  de  la  formation  des  monstres  composés. 
Mais  l'existence  de  deux  embrjons  sur  un  seul  vitellus  n'entraîne  pas 
nécessairement  la  formation  d'un  monstre  double.  Suivant  Dareste,  la 
production  de  deux  embryons  sur  un  jaune  unique  tient  à  deux  causes  : 
l'existence  de  deux  cicatricules  ou  l'existence  d  une  cicatricule  unique. 
Dans  le  premier  cas,  il  y  a  primitivement  deux  blastodermes  et  deux  aires 
vasculaires distinctes,  qui  finissent,  il  est  vrai,  par  se  souder,  comme  il  y 
a  aussi  deux  amnios.  Les  deux  embryons  se  développent  alors  isolément. 
Dans  le  second  cas,  les  deux  embryons  n'ont  qu'un  seul  blastodennc, 
qu'une  seule  aire  transparente,  qu'un  seul  amnios.  C'est  alors  seulement 
que  la  monstruosité  double  peut  se  montrer.  Celle-ci  exige  donc,  pour  se 
produire,  la  naissance  de  deux  embrjons  non-seulement  sur  un  vitellus 
nnique,  mais  encore  sur  une  aire  transparente  unique,  ou  en  d'autres 
termes  sur  un  blastoderme  provenant  d'une  cicatricule  uniaue. 

UHGCBCAiJX.  —  Traité  d'Anat.  i  —  5 


66  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

C*est  ici  que  se  pose  une  question  plus  générale,  celle  de  la  consiU 
tution  de  l'œuf.  Cette  cicatricule  unique,  qui  donne  naissance  tantôt 
à  des  embrj^ons  séparés,  tantôt  à  des  embrjons  réunis,  est-elle  simple 
et  complètement  semblable  aux  cicatricules  ordinaires,  ou  bien  ré- 
sulte-t-elle  de  la  fusion  précoce  de  deux  cicatricules  ou  de  deux  germes 
primitivement  distincts?  Les  recherches  intéressantes  de  Balbiani  (1)  sur 
la  constitution  du  germe  dans  Tœuf  animal  avant  la  fécondation  con- 
duisent à  penser  que  certains  ovules  peuvent  bien  contenir  une  cicatri- 
cule qui,  simple  en  apparence,  soit  formée  par  la  fusion  de  deux  germes 
primitivement  distincts,  et  du  reste  la  coexistence  de  deux  germes  dans 
un  seul  ovule  est  complètement  prouvée  par  la  coexistence  de  deux  cica- 
tricules séparées  siur  un  vitellus  unique.  Ainsi,  rien  n'empêche  d'ad- 
mettre que  dans  Tespèce  humaine,  où  Balbiani  (1)  a  reconnu,  ainsi  que 
chez  un  certain  nombre  d'animaux,  l'existence  d'un  germe  ou  celluk 
embryogène  indépendant  de  la  vésicule  germinative  ou  de  Purkinje ,  les 
monstres  composés  soient  la  conséquence  d'une  constitution  primiti- 
vement anormale  de  l'ovule  qui  renfermerait  deux  germes  distincts 
réunis  sur  un  même  point.  Une  circonstance  qui  viendrait  à  l'appui 
de  cette  manière  de  voir,  c'est  l'impossibilité  où  sont  les  expérimen- 
tateurs (2)  de  produire  des  monstres  doubles  en  faisant  intervenir  l'ac- 
tion des  agents  extérieurs.  Néanmoins  cette  théorie  de  l'origine  des 
monstres  composés  attend  encore  des  preuves  directes,  et  conséquemment 
elle  ne  peut  être  définitivement  acceptée. 

Une  théorie  peut-être  moins  séduisante,  mais  qui  compte  de  nombreux 
partisans,  consiste  à  rapporter  la  monstruosité  duplicitaire  à  un  désordre 
se  produisant  au  sein  du  germe  fécondé  et  en  voie  d'évolution.  Elle  s'appuie 
principalement  sur  les  recherches  de  Valentin,  recherches  faites  sur  des 
œufs  de  poisson,  mais  peu  concluantes.  Par  contre,  les  observations  de  Le- 
reboullet  sont  d'un  grand  intérêt  :  après  avoir  constaté  que,  dans  les  cas 
ordinaires,  un  blastoderme  unique  constitue  d'abord  autour  du  vitellus  une 
sorte  de  bourse  qui  produit  ensuite  sur  son  bord  un  bourrelet  embryogène, 
ne  donnant  naissance  qu'à  un  seul  tubercule  destiné  à  devenir  l'embryon 
du  jeune  poisson ,  cet  auteur  a  observée  que,  dans  les  cas  tératologiques,  deux 
ou  quelquefois  même  trois  bourgeons  surgissent  du  blastoderme.   Par 

(1)  Balbiani,  Compt.  rendus  de  CAcad,  des  sciences f2Smàn  et  à  avril  1864, 8  déc  1873. 

(2)  LerebouUet  (Gazette  médicale,  1862)  et  Dareste  affirment  n'avoir  pu  parvenir 
à  produire  des  monstres  doubles,  tandis  qu*il  leur  étail  possible,  par  certains  procédés, 
d*arriver  à  faire  naître  des  monstres  simples.  Les  recherches  si  souvent  invoquées  de 
Valentin  touchant  la  duplicité  monstrueuse  ne  prouvent  nullement  que  la  scission  arti- 
ficielle du  blastoderme  puisse  engendrer  cette  anomalie. 


MONSTRUOSITÉS.  67 

suite  de  leur  développement ,  ces  tubercules  embryogènes  venant  à  se 
rencontrer  par  leur  base  s'y  confondent  entre  eux,  tandis  que  leurs  som- 
mets restent  libres  dans  une  étendue  plus  ou  moins  considérable.  Là  où 
les  bourgeons  conservent  leur  individualité ,  ils  produisent  les  parties 
correspondantes  d'autant  d'embryons  distincts  ;  mais  là  où  ils  sont  unis, 
ils  ne  donnent  chacun  naissance  qu'à  une  portion  de  la  région  correspon- 
dante de  l'organisme,  et  ces  portions  d'origine  différente  se  soudent  de 
façon  à  donner  en  dernier  résultat  un  corps  unique  en  continuité  physio- 
logique avec  deux  ou  trois  tètes  distinctes.  Les  différences  qui  existent 
chez  ces  monstres  dépendent  principalement  de  l'étendue  de  la  soudure 
des  bourgeons  embryogènes.  Selon  celte  manière  de  voir,  la  duplicité 
monslraeuse  consisterait  uniquement  en   ce  que,  au  lieu  d  engendrer 
toujours  un  embryon  unique,  le  blastoderme  aurait  la  propriété,  à  la 
façon  des  êtres  inférieurs,  d'émettre    des  bourgeons  pouvant  produire 
deux  ou    plusieurs  corps  qui,  en  grandissant,    se   souderaient  entre 
eux  et  constitueraient  de  la  sorte  des  monstres  doubles  ou  triples  dans  la 
portion  de  l'organisme  où  cette  fusion  n'aurait  pas  eu  lieu,  mais  simples 
là  où  elle  se  serait  opérée  de  bonne  heure.  La  théorie  de  la  scission,  d'a- 
près laquelle  le  blastoderme  se  diviserait  de  façon  à  donner  lieu  à  des 
parties  doubles,  ne  diffère  de  celle-ci  que  par  une  interprétation.  Dans 
cette  théorie,   les  parties  dédoublées  seraient  appelées  à  subir  parfois 
iMerolatioii  sur  leur  axe,  de  façon  à  se  faire  vis-à-vis  par  leur  côté  ven- 
tolou  par  leur  côté  dorsal.  D'autres  théories  ont  encore  été  émises,  mais 
il  est  inutile  de  s'en  occuper. 

En  résumé,  deux  grandes  théories  tendent  à  expliquer  la  pathogénie 
^es monstres  composés:  l'une  fait  remonter  l'origine  de  ces  monstres  à 
^e  anomalie  de  l'œuf,  qui,  bien  qu'unique,  serait  composé  de  deux  ou 
plusieurs  germes  ;  l'autre  attribue  la  monstruosité  à  un  bourgeonnement, 
i  une  sorte  de  végétation  du  blastoderme  en  vertu  de  laquelle  s'opérer^t 
^duplicité  plus  ou  moins  complète  et  étendue  de  l'embryon.  La  première 
^eces  théories,  à  laquelle  paraissent  adhérer  Panum  et  Dareste,  rend  assez 
«ien compte  de  la  plupart  des  monstruosités,  excepté  de  celles  qui,  doubles 
^  triples  supérieurement,  sont  tout  à  fait  simples  inférieurement,  et  vice 
*^;  elle  permet  de  comprendre  ce  fait  important,  savoir  l'impuissance 
^expérimentateurs  à  produire  jusqu'ici  la  monstruosité  duplicitaire,  et 
^  autre  fait  que  la  monstruosité  duplicitaire  n'est  pas  transmissible 
^  hérédité.  La  seconde,  qui  a  pour  principaux  partisans  Valentin, 
'^boullet,Coste,  Bruch,  Broca,  etc.,  explique  mieux  la  duplicité  des  par- 
ties  supérieures  ou  inférieures  sur  un  tronc  unique;  elle  permet  de  faire 
entrer  dans  imc  même  loi  toutes  les  anomalies  par  excès,  depuis  la 


68  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

polydactylie  jusqu'à  la  monstruosité  duplicitaire.  Cependant  elle  ne  rend 
pas  compte  de  la  cause  du  dédoublement  et  laisse  subsister  la  question 
du  double  germe.  En  somme,  il  est  difficile,  dans  Tétai  actuel  de  la 
science,  de  se  prononcer  affinnativement  sur  Tune  ou  l'autre  de  ces 
théories;  mais  si  chacune  d'elles  renferme  une  partie  de  la  vérité, 
c'est  seulement  quand  on  ne  sépare  pas  les  monstruosités  des  malforma- 
tions. Dans  le  cas  contraire,  il  nous  paraît  que  la  première  est  surtout 
applicable  aux  monstruosités,  la  seconde,  à  quelques  malformations. 

Les  monstres  composés  sont  ordinairement  doubles,  très-rarement 
triples.  Nous  étudierons  successivement  :  1®  les  monstres  dont  les  deux 
composants  sont  sensiblement  égaux  ou  monstres  doubles  autosi- 
laires  ;  2°  les  monstres  dont  l'un  des  composants  est  rudimentaire  ou 
monstres  doubles*  parasitaires  ;  3°  les  monstres  triples.  Ces  différentes 
familles  ont  la  même  origine  et  se  développent  selon  les  mêmes  règles; 
les  formes  parasitaires  ne  sont  que  le  résultat  du  dépérissement  de  l'un  des 
deux  individus,  soit  par  arrêt  de  développement,  soit  par  régression. 

Bibliographie.  —  J,  F.  Meckel,  De  dupKcitate  monstrosa  comm.  Halœ,  1815. 

—  Barkow,  Monstra  animalium  dupliddj  etc.  Lipsio},  1828,  1836.  —  Laurent, 
Essai  sur  les  monstruosités  doubles,  etc.  {Aun,  d*anat  et  dephysioLy  Paris,  1839, 
p.  210.  —  E,  Serres,  Théorie  des  formatiom  et  des  déformations  organiq.  appii- 
qiiée  à  Vanatomie  de  Rita-Cristina,  et  de  la  duplicité  monstiixeuse,  Paris,  1832, 

—  Comptes  rend,  Acad.  des  se,,  2  et  9  juin  1856.  —  J.  Thomson,  Monthlff 
Journal f  184^.  —  Baer,  Mém,  de  l'Académie  des  sciences  de  Saint-Péters^ 
bourg,  1845,  p.  79,  pi.  L  —  Ueber  doppellcibige  Missgeb,  Petersburg  et 
Leipzig,  1845.  —  Vrolik,  N.  Verh,  d,  I  KL  von  het  KoninkL  NederL  Ifist, 
Amsterdam,  1846.  —  Edward  Dalton,  De  monstrorum  duplidum  origine  atque 
evolutione  commentatio,  in-4°.  Halis  Saxonum,  1849.  —  Valentin,  Surledéve- 
loppement  des  monstres  doubles  (Archiv  f.physiolog.  Hetlkwuîe,  Stuttgard,  1851; 
anal.  Gaz.  méd.,  1852,  p.  612).  — Montgomery,  Dublin  quart.  Joum.,  1852, 
p.«258.  — SciiuLTZE,  Archiv.  f.  path.  Anat.  und  Physiol.,  etc.,  VII,  p.  679, 
1855;  anal.  Gaz.  méd.y  1856,  387.  —  Rittgen,  Arch.  f.  path.  Awa*.,VIII,  1856. 
— CosTE.SurV origine  delà  monstruosité  double  chez  les  poissons  osseux {Compt.  rend* 
Acad.  des  se,  23  avril  1855,  t.  XL,  p.  868-931). — De Quatrefages,  Ibid.  —  Le- 
REBOULLET,  Rech,  sur  Ics  monstr.  doubles  des  poissons  {Compt.  rend.  Acad.  des  $c.^ 
1855,t.L,p.  854-916  ;  1861,  t.  LUI,  p.  957;  1862,  t.  LIV,  p.  761, et  Gaz.  méd., 
même  année,  p.  247).  —  Kidd,  Dublinhosp.  Gaz.,  1856,  n°  6. —  Knatz,  Ueber 
Do^ppclmissbildungen  Diss.  Marburg,  1857.  — -  C.  Davaine,  Mémoire  sur  les  ano- 
malies de  l'œuf  (Comptes  rendus  et  mémoires  de  la  Société  de  biologie,  3,  t.  II, . 
p,  204,  1860).  —  SciiMiDT,  Ovis  bicoi^poris  descriptio.  Dorpat,  1858.  — 
H  Fr.  MuLLER,  Diss.  inaug.  Kiliœ,  4859;  anal.  Gaz.  méd.,  657.  —  Guill. 
Kaestner,  Dissert,  inaug.  Kiliœ,  1860.  —  P.  L.  Panum,  Untersuchung.  etc. 


MONSTRUOSITÉS.  69 

Berlin,  1860;  anal.  Gaz.  méd,^  1861,  p.  Mil,  —  Dôxitz,  Description  des 
monstruosités  douCles,  etc,  Archiv  f,  AnatomiCy  Physiolog.  und  wissenschafil, 
Uedicin,  1866;  anal,  dans  Gaz.  méd.,  p.  32.  Pans,  1869).  —  Brlch,  Sur  la 
formaHon  des  monstruosités  doubles  {Wurzbttrg,  med.  Zeitschr,,  t.  VII,  1866-67; 
anal,  dans  Gaz,  méd.,  p.  336,  1869).  —  E.  Kormann,  Ueber  lebende  Doppel- 
missbildungen  der  Neuzeit  {Schmidt's  Jahrb,,  t.  CXLIII,  p.  280,  1869).  — 
J.J.Philups  etN.  Dalton,  Guy' s  kospital  Reports,  sér.  3,  1871,  pi.  XVI,  p.  455. 

I.  —  Monstres  doubles  autositaires. 

Ces  monstres  présentent  des  formes  extrêmement  nombreuses,  depuis 
une  duplicité  presque  complète  jusqu'à  celle  où  deux  corps  sont  unis  seu- 
lement par  un  point  très-limité.  Les  variétés  en  pareil  cas  sont  à  peu  près 
indéfinies,  et  notre  prétention  ne  peut  être  de  les  faire  connaître  toutes  ; 
c'est  pourquoi  il  ne  sera  question  que  des  types  les  plus  communs.  Deux 
lois  générales  président  à  la  formation  de  ces  types  :  1-union  par  les  faces 
bomologues  des  deux  corps,  la  disposition  plus  ou  moins  symétrique  des 
organes  des  deux  côtés  de  la  ligne  ou  du  plan  suivant  lequel  se  fait  cette 
union.  Ces  lois  sont  invariables,  que  la  duplicité  ait  lieu  dans  la  moitié 
supérieure,  dans  la  moitié  inférieure,  ou  aux  deux  extrémités  des  corps 
du  monstre  composé. 

1.  —  DUPLICITÉ  DE   LA   MOITIÉ   SUPÉRIEURE  DU    CORPS. 

Celte  duplicité  plus  ou  moins  étendue  présente  une  série  de  transitions, 
«fepuis  la  simple  scission  de  la  face  et  du  crâne  jusqu'à  la  séparation 
P^^ue  complète  de  deux  corps  dont  la  moitié  inférieure  est  simple. 

Ihtplicité  de  la  face,  Diprosopus  (Barkow,  Gurlt). —  Cette  anomalie  est 
^viable  :  la  séparation  des  deux  faces  commence  en  avîiiit  et  n'atteint 
1^  le  crâne  ou  ne  s'y  étend  que  d'une  manière  incomplète.  Ce  groupe 
^rend  les  genres  iniodyme  et  opodyme  de  Is.  Geoffroy  Saiut-Hilaire. 
I^  monstres  iniodjTues  (Kg.  3)  ont  les  deux  tètes  unies  à  l'occiput, 
^  suivant  que  cette  union  n'atteint  pas  ou  dépasse  la  portion  auricu- 
•^re  du  temporal,  le  nombre  des  oreilles  peut  être  très-variable.  Les 
'ïionstres  opodymes  sont  caractérisés  par  une  duplicité  de  la  face  qui 
^*sse  aux  os  zygomatiques  ;  le  crâne  est  simple,  (|uoique  le  cer- 
ceau soit  ordinairement  double.  En  général  les  deux  cerveaux  sont 
^mpletset  séparés  par  une  cloison  membraneuse  formée  par  l'adossement 
^l l'union  des  méninges  des  deux  sujets  composants;  mais  il  n'existe 
qu'un  seul  cervelet,  double,  il  est  vrai,  dans  quelques-unes  de  ses  par- 
^*^^»et  une  seule  moelle  allongée,  qui  se  continue  avec  la  moelle  épi- 
ï^ïère  à  travers  un  trou  occipital  de  forme  régulière. 


10  ANATOMIE  PATBOLOGIQCB. 

BiBUOCBAPBiE.  —  Sœmmehhinc,    Mecrel,  Orro,  Is,    GEormoy  Saikt^Hilaire, 

h'holik,  d'Alton,  loc.  dt.  —  Pesialozzi,  Joum.  de  Phys.,  17-79,  —  Horssteik, 
Ephem.  nat.  cur.  dec.  II,  ann.  3,  obs. 
156.  —  Ledel,  Ibid.,  ann.  6,  p.  152. 
—  NooOT,  Spec,  Anat.  path,  de  mmtstr, 
quodhum,  Schoonhow,  1839,  —  Asch, 
Zeickmtng,  von  Missgeb.  der  Moskauer. 
Sammlung,  n'  2.  —  Depaul,  Bazftte 
hebdomadaire,  1856,  n"  27.  —  Meigs, 
The arna-,  Joum,  ofmvd.  science,  1857, 
p.  U. 

Duplicité  de  toute  la  tète.  Dicepha- 
lui  (Barkow,  Gurlt).  —  La  tête  en- 
tière est  double,  la  pai'lie  supérieure 
du  rachis  l'est  aussi  plus  ou  moins, 
ta  poitrine  et  le  ventre  sont  simples 
extérieurement.  La  colonne  verté- 
brale présente  tous  les  intermédiai- 
res depuis  la  simplicité  jusqu'à  la 
dupli(rité  complète  ;  la  poitrine  est 
ordinairement  simple,  il  eu  est  de 
même  des  organes  thoraciques  et' 
des  viscères  abdominaux,  sî  ce 
n'est  dans  le  cas  où  la  duplicité 
vertébrale  est  le  plus  prononcée. 
Ceoiïroy  Saint-Hilaire  distingue  les 
deux  genres  suivants  :  1»  le  genre  allodyme,  où  les  deux  têtes  repo- 
sent sur  un  seul  cou,  la  duplicité  ne  s'étendant  pas  au  delà  de  l'atlas; 
2"  le  genre  dérodyme  [iupit  ou  itpu  col),  où  la  duplicité  comprend 
aussi  le  cou.  La  poitrine,  simple  à  l'extérieur,  oITre  un  seul  ster- 
num avec  un  rachis  double,  le  plus  souvent  simple  dans  la  région 
sacrée. 

Un  intervalle  Irès-étroit.existe  entre  ces  rachis;  de  là  une  disposition 
très-anomale  des  cdtes.  Chaque  vertèbre  dorsale  porte  du  côté  externe 
une  ci'ite  normalement  conformée,  aboutissant  à  un  sternum  également 
de  conformation  normale;  mais  du  côté  de  l'union  il  n'existe  plus 
qu'une  côte  très-courte  iiidimenlaire,  dont  l'extrémité  rencontre  celle  de 
la  côte  correspondante  de  l'autre  individu  et  se  soude  avec  elle  au  milieu 

(1)  D'après  un  dessin  de  M.  le  professeur  Depaul. 


Fie.  3.  — BtonalreiiiÎDdyme  dont  les  deux 
oreilles  du  cdlé  de  l'union  tout  cou- 
fondues  en  une  seule  (1). 


MOJiSTBUOSiTÉS.  71 

l'clroil  inlcnallo  des  deux  racliis,  précisément  sur  l'axe  d'union  :  do 
surteque,  tu  en  avant,  le  squelette  d'uu  dérodyme  paraît  appartenir  à 
un  iiidiTidu  régulier;  vu  en  arriére,  à  un 
înilividu  double  et  certainement  mon- 
slnicui  (fig.  4.  ).  Les  quatre  membres  sont 
namiaux,  mais  quelquefois  il  s'y  ajoute 
n  membre  nidiuieiitaire  sn|>érieur  ou 
inférieur  commun. 

Les  organes  du  cou   et  le  thymus  sont 
iloubli-s,  et  il  côtt!  de  deux  poumons  nor- 
maux se  rencontrent  généralement  deux 
îutws  petits  poumons  placés  en  arrière  et 
™  (Mans.  De  chaque  paire  de  poumons, 
composée  d'un  grand  et  d'un  petit,  nuit 
'lue  trachée-artère.  Les  deux  co-urs  sont 
fi^emment  fusionnés  en  un  seul.  Dans 
(|iiclijues    cas  [le   foie    offre   deux  vésî- 
f^lts  :  le  pancréas  et  l'estomac  peuvent 
^tr*  doubles,  les   organes   pelviens  sont 
■Uuques. 

ftlBuoctupniE. — Ailodjnu:.  White,  Duliliii 
_    m.  Pr«w,  1839.  —  tivw,  The  L-mc-t,  ii°  6, 
^^56,  —  KoLLEH,  WiVn.  mal.    WMhcMrlir., 
"•  a2.  1856. 

B«r»cl7n*e-  —  Sardicort,  Mus.  itiiat,, 
fU  121,122.  — W*LïE«,3fHs.(Ui(ii.,n'163.>, 
û"  299Û.  —  pBw:iiA3K*,  ^rfnoi.  acud.,  fasc.  1, 

P-  â7,  pl.l. — Ono,  d'Alton,  B4BK0W,  (oc,  cil, — Is.  Geoffboï  Saint-Hilaire,  Hiei, 
^^^ÂHûtn.del'org.,t.in,p.  175,  avec  bibliogr.  —  Gkvbf.r,  Anitt.  eines Monstr . 
^ÊÈoup.  Prag.,  iSliU.  Mém.  de  fAcad.  de  Saint-Pétenb.,  sine  YII,  t.  Il,  n<  2, 
^^PlS9.—  Lapoui^iiKi  Joum.  de  Toulouse,  mars  1856.  —  Alb.  Pufko,  Étude  mir 
^^Ê^tmautre  double  compliqué  de  deux  autres  moTWtruosUés.  Montpellier,  1856,  et 
^KrcAb.  de  mid.,  1857.—  A.  Forsteh,  me  Missbild.,  etc.,  p.  23. 

^^  Dt^lkitè  de  la  tête,  fiu  cou  et  des  meTnbre/  supérieurs.  Xipàodt/me  {Is.  Geoi- 
tWiïSaint-Hilaire)./)[cepA(i/us(e(rafo^cA(M(A.Forster).— Les  deux  thorax, 
'tuulquefois  distincts  dans  leur  portion  supérieure,  foi'ment  une  vaste  cavité 
'■onmimie  par  suite  de  la  fusion  de  leur  partie  inférieure.  Ils  portent  quatre 
loinnbrcs  et  sont  supportés  par  une  colonne  vertébrale  double.  Les  organes 
'Iwraciques  sont  doubles,  mais  le  foie  est  ordinairement  unique,  pourvu  de 


I 


t     But 


ANATOXIB   PATHOLOGIQUE. 


72 

deux  vésicules;  la  rate.le  pancréas,  lesreins,  l'estomac,  sont  le  plus  souvent 
doubles;  l'intestin,  simple  inférieurement,  est  double  supérieuremçnl. 
Quelquefois  il  existe  un  second  utérus  très-imparfait  et  imperforé  a^-ec  ses 
trompes  et  ses  ovaires,  appartenant  les  uns  au  fœtus  de  gauche,  les  autres  au 
fœtus  dedroitc.Tel  était  le  cas  de  Rita  CristJna,  née  le  1 2  mars  1829  à  Sassari, 
enSardaigne,etmortelamtoe 
annéeàParis,6D  novembre.  Le 
squelette  de  ce  monstre  (lig.  5) 
est  des  plus  intéressants  à  con- 
naître pour  arriver  à  saisir  la 
loi  qui  préside  aux  différentes 
monstruosités.  Ici,  en  efT^t, 
les  deux  colonnes  vertébrales, 
séparées  dans  toute  leur  lon- 
gueur ,  comprennent  entre 
elles,dansla  région  pelvienne, 
un  bassin  rudimenlaire  b, 
formé  d'une  seule  pièce  et 
directement  opposé  au  bas- 
sin principal.  Celui-ci,  porté 
sur  deux  membres  pelviens 
normaux,  offre  une  compo- 
sition normale,  mais  une 
forme  insolite.  Les  deux  os 
coxaux  a,  a,  très-écartés  en 
anicrc  l'un  de  l'autre,  lais- 
sent entre  eux  un  large  in- 
tervalle comprenant  les  sa- 
crums des  doux  rachis,  et,  au 
milieu,  sur  l'axe  d'union,  Tos  pelvien  représentant  le  bassin  mdimentaire. 
Lorsqu'il  existe,  ce  qui  a  lieu  dans  la  plupart  des  cas,  un  troisième 
membre  inférieur  rudimcntaire,  il  est  attaché  sur  la  ligne  médiane  de  l'os 
pelvien  [Dieephalus  telrabracldus  Iripus).  Dans  quelques  cas,  au  lieu  de 
quatre  membres  supérieurs,  il  n'en  existe  que  trois  par  suite  de  la  réunion 
de  deux  d'entre  eux  {Dieephalus  tribrackim). 

BibLiooHApHiE.  —  RioLAN,  De  mmsli:  nat.  Lutet,  Paris,  1605.  - 
Diss.  sistais  fat.    bkep,  Strasbourg,  1672.  —  Blciiser,  Ael.  ac. 

(1)  Ce  ileiiin  a  été  prii  sur  un  iqueletle  qui  appartient  au  Uuwuin  d'hi 
relie  ;  je  le  dou  à  la  bienveillance  de  M.  le  profeiiear  P.  Ueriais. 


Cmllnaj  (1).  a 


-  Squelette  de  m 


BnDMEn, 


MONSTRUOSITÉS.  73 

vol.  II,  p.  217,  pi.  V.  —  Bland,  Philosoph.  Trans.,  vol.  LXXI,  p.  362,  pi.  XVII. 
—  Zdtmer,  Phys.  Untersuch,  ûber  Missgeb. ,  pi.  V.  —  Barkow,  Monstra  an, 
(fup/.,  etc,,  t.  I,  p.  17,  pi.  III,  Vig,  1.  —  Serres,  Bech.  dCanat,  trcmscmd,  et 
pathoï^.  Paris,  1832,  et  Mém.  de  VAcad,  des  se,  t.  XI  (Rila-Cristina).  — 
J.  A.  Pereira,  Edinb.  med.  and  surg,  Joum,,  1844,  t.  VI,  p.  58.  —  W.  F. 
MosrcoiŒRY,  Cas  remarq.  de  monstruosité  suivi  de  réflexions  (  The  DulL  quart, 
Jwm.  of  med.  science,  1853,  et  Gaz.  méd.,  1854,  p.  100).  —  Is.  Geoffroy 
Sâot-Hilaire,  Note  sur  un  monstre  xiphodyme  comm.  à  V Institut,  sëance  du 
18  octobre  1858,  et  Gaz.  méd,,  1859,  p.  105.  — Bœrster,  Cas  de  naissance 
wMmeuse  {The  amer.  Joum.  of  the  med.  se,  1855,  et  Gaz.  médicale,  1856, 
^i01). 

Duplicité  de  la  tête  et  de  la  poitrine.  Gastrodidymus  (Gurll).  Pso- 
di/mells.  Geoffroy  Saint-Hilaire).  —  Cette  forme  diffère  de  la  précédente 
par  la  séparation  complète  des  deux  thorax  ;  les  alxlomens  restent  confon- 
dus, les  membres  inférieurs  sont  simples,  quelquefois  pourtant  il  existe 
un  Iroislème  membre  pelvien  rudimentaire,  inséré,  par  Tintermédiaire  de 
ligaments,  dans  Tangle  d*union  des  deux  colonnes  vertébrales.  Il  y  a 
ordinairement  un  seul  appareil  sexuel,  un  seul  anus. 

BiBuoGRAPHiE.  —  TcLPius,  Obscr i\ med.,  Wh.  III,  cap.  xxxvii. — Walteb, 06sen;. 
«ow^jp.  1.  —  Otto,  loc,  cit.,  n®  348.  —  Serres,  Mém.  de  VAcad.  des  sciences, 
^olXI,  p.  20.  —  Ascn,  Zeichnungen,  t.  I,  2. —  Laurin,  Philosophical  Transact,:, 
Toi.  32,  p.  346.  —  Staur,  Pr.  Ver.  Zeit.,  1856,  2. 


2.  —  DUPLICITÉ  DE  LA  MOITIÉ  INFÉRIEURE  DU  CORPS,   DONT  LA   MOITIÉ 
SUPÉRIEURE  EST  PLUS  OU  MOINS  SIMPLE. 

Celle  seconde  série  de  monstruosités  présente  des  variétés  moins  nom- 
bi'eases  que  la  précédente. 

l^ipj/gus  ou  monadelphus  (Gurlt).  T/ioradelphe  (Isidore  Geoffroy 
Sainl-Hilaire).  —  La  duplicité  s  étend  ici  du  bas  du  corps  jus- 
Itt'à  l'ombilic.  La  tête,  le  cou  et  la  poitrine  sont  simples.  Ce  cas 
ûe  paraît  pas  avoir  été  rencontré  chez  l'homme,  mais  seulement  chez  les 
animaux. 

Octopus  biauritus  (Gurlt).  Déradelphe  (Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire).  —  Les 
parties  postérieures  de  la  tête,  Tocciput  et  le  sphénoïde  sont  seuls  dou- 
bles et  soudés.  Le  cou  est  volumineux  et  composé  de  doubles  éléments. 
Lesdeux  thorax  sont  réunis  en  un  seul  à  deux  sternums  latéraux  et  oppor 
ses.  Les  membres  sont  au  nombre  de  huit  ou  de  sept,  lorsqu'il  y  a  fusion 
sur  l'axe  d'union  des  deux  membres  thoraciques.  Les  parties  infifiricures 


7&  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

sont  séparées  et  opposées  face  à  face.  Rare  chez  l'homme,  ce  genre  < 
plus  commun  chez  les  animaux. 

Bibliographie.  —  Pestau)zzi,  Jourru  de  Physiq,,  1779,  t.  XIV,  p.  122. 
Walter,  Muséum  anaL,  n«*  2991,  2993.  —  Lavagna,  Giomale  di  fisica  deBr 
gjiatolli,  1810,  t  III,  p.  324.  —  Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  loc.  cit.j  t.  I 
p.  l/iO.  —  D'Alton,  loc.  cit,,  n'  9.  —  Asca,  Zcichnungen,  pi.  V.  —  ëhrma> 
Gaz,  méd.  de  StrasbotirOf  1858,  n®  4. —  Depaul,  Bull.,  Académie  de  médecù 
6  nov.  1860,  et  Gazette  médicale,  1860,  p.  703  et  732. 

Octopus  janus  {Gixrli),  janîceps  et  iniope  (Is.  Geoffroy  Saint-Hilair 
—  Le  haut  du  corps  est  double,  mais  réuni  ;  les  deux  corps  infériei 
seuls  sont  séparés.  Les  deux  faces  sont  plus  ou  moins  complètes, 
diamétralement  opposées.  La  moitié  droite  de  la  tète  de  chacun  c 
sujets  composants  est  séparée  de  la  gauche,  et  les  demi-faces  se 
écartées  Tune  de  l'autre  et  renversées  latéralement,  la  partie  postériei 
n'ayant  pas  été  déplacée,  à  peu  près  comme  deux  feuillets  d'un  livre 
séparent  et  s'écartent  l'un  de  l'autre,  le  dos  du  livre  restant  en  place, 
même  chose  arrivant  aux  deux  sujets,  la  demi-face  droite  d'un  sujet  vi< 
correspondre  à  la  demi-face  de  l'autre  et  s'unir  avec  elle,  et  réciproqi 
ment,  de  manière  à  former  deux  faces  qui  sont,  par  rapport  à  l'ensem! 
de  Tétre  double,  l'une  antérieure,  l'autre  postérieure,  mais  qui,  parrapp 
à  chacun  des  individus  composants,  sont  tout  à  fait  latérales  (tig.  6).  Ai 
se  rencontre,  de  chaque  côté  de  la  tête,  une  face  dont  la  moitié  apparti( 
à  un  sujet,  l'autre  moitié  à  un  autre,  et  qui,  à  cela  près  de  sa  largeur  p 
grande,  est  presque  complètement  normale.  Le  col  est  proportionnel 
ment  plus  large  encore  que  la  double  tête  et  la  double  poitrine  qi 
sépare.  Celle-ci  a  deux  faces  stemales  placées  de  chaque  cùU'î  au-dess( 
des  deux  visages  et  composées  de  la  même  façon.  Un  ombilic  est  co 
mun;  au-dessous,  deux  corps  séparés  ayant  chacun  une  dispositi 
normale;  deux  colonnes  vertébrales  directement  opposées  aux  par 
abdominales  et  non  aux  parois  thoraciques  antérieures,  devenues  la 
raies;  deux  occiputs  normaux  comme  les  deux  rachis  avec  lesquels 
se  continuent.  Enfin,  huit  membres  régulièrement  conformés  :  telle 
l'organisation  générale  des  janiceps,  abstraction  faite  des  complicati^ 
diverses  auxquelles  ces  monstres  sont  exposés. 

Les  monstres  iniopes  ne  diffèrent  des  janiceps  que  par  un  de  leurs  col 
ils  joignent  à  deux  corps  intimement  unis  au-dessus  de  l'ombilic  une  1 
incomplètement  double,  ayant  d'un  côté  une  face  complète  et  de  l'aul 
un  œil  imparfait  et  une  ou  deux  oreilles  (fig.  7). 


HossTRrosnts.  75 

(kioimquadriaurUm  (Gurlt).  Synùle{\5.  Geoffmy  Saint-Hilaire).  —  Les 
dcuv  corps  sont  inlimeineiit  unis  au-dessus  de  l'ombilic  commun  ;  la  t^te, 
iucom|ilélement  double,  a  d'un  cûlé  une  face  el  de  l'aulre  deux  oreilles 
ti^rapprochées  ou  soudées ,  rudiments  d'une  seconde  face;  les  parlies 
iiiliirimn's  restent  séparées  (Mg.  8). 
Les  viscères,  chez  ces  divers  monstres  qui  com{K>sent  la  famille  des 


,   Ik.  Q. — MoDiLre  jaaicepB  (communiqué 
pu  le  professeur  Depaul], 

niODitrcs  syc*^phaliciis  de  Is.  Gi'offroy  Saint-Hilain-,  sont  giîuéi'alemenl 
JuuMes  :  il  «liste  qualru  poumons,  comme  il  existe  quatre  séries  de 
f'Hes,  et  entre  eux  se  trouvent  placés  deux  cœurs  ou  un  double  cœur. 
L«  deuï  foies  sont,  comme  les  deux  «Eurs,  ti-ès-rareraeiit  réunis. 
"^'IMrà,  ils  sont  ordinaii'emeul  inégaux,  et  parfois  le  plus  petit  ne 
l^i^-^di!  pas  de  vésicule  biliaire.  La  (lisposition  du  canal  alimentaire 
'[  assez  constante.  Double  inférieurement  à  partir  des  caïcums,  ([uel- 
^wîm  du  milieu  ou  de  la  lin  des  iléons,  l'uiteslin  est  unique  supé- 
'i«iirtmiu[)i,  et   il  n'existe  de  môme   qu'un  seul  estomac ,    placé  au- 


FiG.  9.  — Enctphnlt  de  ijnote  composé 
d'un  cerveau  unique  et  de  deux  cer- 
*ele(4.  Les  pairoi  nerTeuiei  sont  dé- 
signée* par  des  chiffre».  (Tiré  de 
l'alLu  de  Fdnier.) 


76  ASATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

dessus  d'un  pancréas  unique  et  enlre  deux  rates.  Un  seul  œsopba^ 
\i  s'ouvrir  dans  un  pharynx  unique,  qui  reçoit  en  outre  les  extré 
mités  supérieures  de  deux  larjux. 
existe  deux  encéphales  distincts  en  pai 
tie  ou  en  totalité.  Ces  encéphales,  a 
moins  pour  les  parties  qui  sont  sépa 
rées,  appartiennent  en  propre  à  chacti 
des  individus  composants,  loin  d'éti 
formés,  comme  la  face,  d'organes  fou 
nis  par  moitié  pour  chaque  sujet.  I 
même  qu'ils  ont  deux  visages,  les  jan 
ceps  ont  deux  encéphales  complets  < 
presque  complets;  les  iniopes  ont  I 
hémisphères  cérébraux  communs 
deux  cervelets,  des  lobes  optiques  Ai: 
tincts  et  séparés.  Chez  les  synotes,  toi 
les  les  parties  de  l'encéphale  sont  confondues  jusqu'aux  cervelets,  qi 
restent  séparés  et  doubles.  Les  appareils  nasal,  oculaire  et  auditif  soi 
bien  conformés,  isolés  ou  réunis,  ou  seulement  h  l'état  rudimentaire. 

Bibliographie.  —  LicONnASUNE,  Histoire  de  l'Acndémie  des  sciences,  17îi 
p.  300,  pi.  XVlll.  —  BoRDENAVE,  Mém.  de  fAcad.  des  se.,  t776,  p.  69' 
pi.  .\XXHI  et  XXXIV.  —  Waltem,  Mm.  anat.,  n"  2996,  3019.  —  Mecie 
Soiist.  dupl.,  p.  67.  —  ZscnoRKE,  fie  Jaiiis,  1827.  —  Bahkuw,  Ioc.  cit.,  p.  Il 
—  1)Alto.-i,  loc.  cit.,  n"  6-8.  — -  Sehhes,  Mém.  de  l'Ar-idém.  des  si:,  L  5 
pi.  XTTl  et  XVI.  —  ZiifMER,  Missi/eburt.  pi.  IV.  —  Vrolik,  Tah.  nd  iUwt.  embi 
pi.  XC\1.  —  Bosn-ANSKT,  Lehrb.  d.path.  Amt.  p.  33,  34.— Cai.ori,  Gas.mi 
de  Pfiris,  n"  31,  t856.  —  Hoiel,  Desrripl.  de  troix  monstres  syeépU'diti 
{Itém,  delà  Hoc.  île  bîoluij.,  série  2,  t.  IV,  1858,  p.  302),  —  Fo-nssaghio 
Deseripliwt  anatomique  d'un  monstre  humnin  sycépliatien  syiiolc  (Archivis  gi 
de  méd.,  série  5,  t.  Xlll,  1859,  p.  677). 

3.    —    DUPLICITÉ    S'ÉTESDAST    SIHtTLTA^ËUENT     AUX    EXTRÈMITliS    SLPÉIIIEC 
ET  l>FÉIUEURE  DB  DEUX  CORPS  CONFONDUS  ENSEMBLE  DANS  LEUR  MU.IEU. 

Diprosopus  dihypogaHricta  (Barkow).  —  I-a  duplicité  s'étend  m  haut 
la  face,  en  bas  à  i'hypogaslre  ;  il  y  a  toujours  qualii;  membres  pelvien 

Dicoryphus  rfiAy^jai/rw  [Barkow).  Hétnipage  {h.  Geoffroy  Saint-II 
lairo.  —  La  duplicité  et  la  séparation  sétendeiit  en  haut  au  vertex,  eu  bs 
aux  parties  situées  au-dessous  de  l'ombilic.  La  réunion  est  latérale,  e. 
a  lieu  sur  toute  l'étendue  du  thorax,  du  cou  et  de  la  ]H>rlion  inférieu 
des  doux  faces.  La  plupart  des  organes  thoraciques  et  alidominaux  so 


«ONSTBt'OSlTÉS.  77 

I  ieiMcs,  ou  du  moins  il  l'sL  possible  de  constalcr  les  éléments  de  leur  du- 
||ieité.  La  colotme  vertébrale  est  double.  Il  oxisle  quatre  membres  supe- 
rs fl  quatre  membres  iiifcrieurs. 

iiLir>r,RAPius.  —  HiHTL-sG,  Ad.  ml.  cw:,  1737,  l.  IV,  obs.  761, p.  297. — 
"CsEisraL,  Epkem.  wU,  cur,,  dec.  I,  ann.  1,  obs,  55.  —  AH^oLD,  ,Voi(i  act.,  VI, 
|.,195.— PusQUE,  BibI,  rfemU,!,  i>.  218.— O'Donovan,  Brift/in  Jowii.,  Xli,û82. 

Thoracodidymus  (Gurlt).  iiernopags  et  ectopage  (Is.   Geoll'roy  Saiut- 

llàire). — La  tête  et  le  cou  en  haut,  la  moitié  inférieure  du  corps  à  partir 
1<  rnmbilic  en  bas,  sout  doubles  et  séparés.  La  fusion  comprend  In 

tmilnnuet  la  région  sus-ombiticale 
I  de  l'abdomen;  l'tmion  so  fait  non 
I    pu  pu  ta  face  antérieure  des  deux 

îlemnms.  mais  par  les  moitiés  de 

'hiLiui  d'eus.  Ccllps-«i,  comme  les 

1  Kifresdcs  monstres  janiceps,  large- 

nKnlouverlesà  la  façon  des  feuillets 

J  UTi  liïre,  ont  été  tout  d'abord  reje- 

iirs latéralement,  et,  rencontrant  les 

ili'ui  mcittiés   semblablement   dis- 

\K»i^  du  sternum  de  l'autre  indi- 

iiilu.  dies  se  sont  réunies  avec  elles, 

•■l  'lu  cette   union   résultent  deu:^ 

'l'Hiiims  lutér;iux  et  communs  aux 

Jw  sujets  du  reste  ré|{uiièrement 

confunnés  (lig.  10),  De  cette  dispo- 

iili'on  résulte   la  fusion  des  deux 

tatili^s  thoraci(|ues   en   ime  seule* 

ffliiii  très-vaste  cavité  qui  renfenue 

•|uatre  poumons,  deux  péricardes 

^"itfotidus  on  un  seul  et  vaste  péri- 

><nlL'  où  sont  contenus  soit  duuy 

"i'Ui'Scontigus,  soit  un  double  co^ur 

"Ndanl  de  l'un  des  sternums  fi 

'sulif,  et  résultant  manifestement 

^•'  l'union   plus  ou  moins  intimn 

^  Cceurs  de  l'un  cl  de  l'autre  des  sujets  composants.  Un  double  dia- 

ptingnie,  fusionné,  sépare  le  thorax  de  l'abdomen  ;   le   foie  s'étend   de 

'une  des   parois  alHtominales  à    l'autre ,   il    possède   deux   vésicules 

wliaires;  il  esiste  deux  estomacs  et  deux  rates. 


FiG.  10. —  Squelette  île  stcrnopa^-e  dontl 
membres  supérieurs  d'un  cùlc  ont  6 
vraisemblablement  égarés.  (  Mutée  i 
U  Maternité.) 


78  ANATOMIE   PATBOLOGIQDB. 

Is.  Geoffroy  Saint-Hilairc  partage  ce  groupe  en  deux  genres.  Les  ectopagt 
dont  la  coalition  latérale  par  suite  de  l'inégalité  des  deux  parois  coslo-sl( 
nales  du  double  thorax,  l'une  d'elles  étant  imparfaitement  développée.  1 
plupartd(rleursorganessontdoublcs,et  le  cœur  seul  est  tantôtdouble,  tant 
simple.  Lessiemopage$,doïith  coalition  est  antérieure,  et  qui  sont  caracl 
risés  par  l'association  de  dei 
individus  joints  face  à  face. 
J'ai  eu  la  bonne  forlune  i 
pouvoir  étudier  récemmeo 
grùce  à  labienveîltance  dupt 
fesseur  Broca,  on  monstre 
ce  genre  qui,  rapproché  d 
stemopages  connus,  m'a  a> 
vaincu  de  la  constance  des  t 
pcs  dans  les  anomalies  les  pi 
complexes.  Il  s'agit  d'un  moi 
tre  femelle,  néà  terme,  et  de 
l'un  des  composants,  comi 
c'est  la  règle,  est  plus  petit  q 
l'autre  (Hg.  H).  L'union  s 
tend  de  la  partie  supérieure  « 
deux  sternums  à  l'ombilic, 
existe  une  exomphale;  Icsp 
ties  supérieures  et  iuférieix 
sont  complètement  doubi 
Sans  parier  ici  de  tous 
muscles  de  ce  monstre,  lï 
la  description  détaillée  sera  publiée,  disons  qu'il  existait  en  a\'ant  et 
arriére  deux  muscles  pectoraux  parfaitement  développés  et  iuscn'>s 
chacun  des  sternums,  et  que  les  muscles  droits  de  l'abdomen  s'écartaie» 
partir  de  l'ombilic  pour  gagner  chacun  des  pubis,  laissant  cntn^  * 
un  vaste  espace  triangulaire  fermé  par  une  toile  fibreuse.  A  l'ouvert, 
de  l'abdomen,  on  constate  l'existence  de  deyx  foies  ff  (fig.  i2]  séparés 
bas  par  la  masse  intestinale,  mais  réunis  ii  leur  partie  supérieure* 
possédant  chacun  une  vésicule  biliaire.  Ces  organes,  placés  en  arrî 
de  chacun  des  deux  appendices  xiphoïdes ,  occupent  l'axe  d'uni 
des  deux  fœtus  et  sont  opposés  l'un  à  l'autre.  Le  premier,  mainte 
au  diaphragme  par  un  ligament  falciforme,  reçoit  la  veine  ombilica 
il  est  parcouru  en  avant  par  un  long  sillon,  et  vers  son  milieu  se  troui 
couchée  en  avant,  la  vésicule  biliaire.  Le  second  a  la  forme  et  le  volui 


Fig.  11.  —  Monstre  ilcrnopage,  arec 
ombilical  et  un  placenta  (communiqué  par  le 
profeiteur  Broca,  et  deiùné  par  le  docteur 
Martin). 


MONSTRUOSITÉS,  79 

d'une  grasse  lanfrue  ;  renflé  à  son  extrémilé  libre,  il  s'aplalit  bicnUH  el 
M' divise  en  deux  branches  qui  vont  s'insérer  au  diaphragme,  où  il  se  met 


-  Cavité  abdominale  du  monitre  Eternopaf;c  reprtUenté  flj.  ]  1 . 

'.  duodûDuins  :  li,  inletlint  grélei  ;  aa,  appendices  vermiromieB  ; 
iTiCocDiri  ;  gg,  cOlons;  h,  umpoule  inleElinak'  sllui^e  à  la  rencontre  des  deux  intestins 
«foRDint hernie;  r,  raie: 


iioramunication  avec  le  premier;  sur  la  face  inférieure  repose  la  vési- 


ttï.  —  Iflomae  etinleslin  provenant  d'un  mon«lrc  stemopage  (d'après  Cruvcilhicr.) 
p  (C,  (MophageF,  E  E',  cdotnac*.  IC  IC,  •luadfnumi^  DIG,  si^paralion  dci  deux 
JlWiiii  grilei.  IG  el  IC,  AV  AV,  appendices  vermiculaires.  C(E  CUi',  cœcumg, 
KO,  cAIdm, 

H  biliaire.  D  esisie  deux  œsophages  ee  suivis  de  deux  estomacs  aux- 
'Ms  sucement  deuxduodéuums(/(/;  mais,  tandis  que  l'estomac  du  sujet 


80  AXATOMIE   PATnOLOGlonE. 

de  gaurhe  est  rL'gulîÈreinent  situé,  celui  du  sujet  di;  droite,  renversa,  t, 
la  roncontro  du  précédent.  Il  résulte  de  laque  les  deux  intestins  seréuii 
seul  vers  l'axe  d'union  des  deux  composants  en  un  canal  unique  Irt 
«  terminant  dans  une  ampoule  qui  fait  partie  de  l'cxomphale  el  i 


Fin.  li.  —  Caur  et  poumon  du  i 
pp,  poumon»;  ((,lracUe*io,i),areiltelteB 


iternopage  repréicnté  Rg.  11. 
Bunculei  II  VI, vcjaesoavwtupérinita 


laquelle  partent  deux  intestins  iléons  ayant  chacun  un  mésentère  1 1.  Ct 
intestins  vont  ahoutir  chacun  de  lem*  côté  à  un  caïcuni  muni  de  m 
appendice;  mais,  tandis  que  le  ctecum  du  fœtus  d(^  gauche  est  situé  dai 
la  fosse  iliaque  droite,  celui  du  fœtus  de  droite  occupe  la  fosse  tliaqi 
gauche,  el  l'S  iliaque  par  cela  môme  se  trouve  dans  la  fossf  iliaque  droit 
Cette  disposition  est  identiqueavec  celle  d'un  monstre  slernopa^e  obscr 
par  Cruveilhier  (voy.  lig.  13).  La  rate,  le  pancréas,  les  organes  urinairc 
les  organes  génitaux  et  leurs  annexes  sont  doubles, 

I<e  diaphragme  est  simple,  il  possède  deux  centres  aponévroliqtH 
sî>parés  ]iar  des  fibres  changes,  et  provenant  de  la  fusion  de  de* 
diaphragmes.  La  cavité  thomcique  renferme  deux  Ihjmus,  deux  V 
chées,  deu\  paires  de  poumons  et  un  cœur  unique  foimé  par  la  réuni 
do  deux  opurs  contenus  dans  une  seule  cavité  |)éricardiquc.  Ce  œ 
(fîg.  ih),  aplati,  occupe  la  ligne  d'union:  il  s'étend  d'un  sternuiU 
l'autre,  de  sorte  qu'il  se  trouve  renfermé  dans  une  cage  limitée  su| 
rieurement  par  la  n'-union  des  deux  sternums,  inférieun'ment  pir 
diaphnigme,  latéralement  par  deux  poumons;  11  est  libre  el  allorï 
transversalement  à  sa  partie  antérn-inférieure,  mince  et  adhérent  par* 
réflexion  du  ptViearde  en  arrière  et  en  haut.  Il  ivçoit  deux  vi'Îdps  vzr 


MONSTRUOSITES.  81 

supérieures  et  deux  veines  caves  inférieures,  émet  deux  artères  pulmo- 
naires et  deux  aortes  recourbées  Tune  et  l'autre  à  droite  ;  il  est  formé 
d'une  première  cavité  divisée  en  deux  moitiés,  Tune  supérieure,  Tautre 
inférieure,  par  une  cloison  horizontale  incomplète,  et  cette  cavité,  qui  est 
(vimmune  aux  oreillettes,  communique  avec  les  ventricules.  Ceux-ci, 
au  nombre  de  deux,  sont  à  la  fois  aortiques  et  pulmonaires  ;  les 
parties  aortiques  se  trouvent  séparées  par  une  cloison  incomplète  des 
parties  pulmonaires  ;  et  cette  disposition,  qui  donne  lieu  à  une  circulation 
ventriculaire  distincte,  place  ce  monstre  dans  les  conditions  circulatoires 
es  poissons. 

Xiphopage  (Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire). — La  duplicité  et  la  séparation  des 
deux  corps  sont  presque  complètes,  la  fusion  n'existe  qu'à  Tépigastre.  Dans 
ce  groupe  peu  commun  et  compatible  avec  Texistence,  se  rangent  les  frères 
siamois,  morts  tout  récemment  en  Amérique,  à  Tilixe  de  soixante-trois  ans. 
L'autopsie  qui  en  a  été  faite  a  montré  que  la  bande  qui  réunissait  ces  deux 
jumeaux,  d'une  longueur  d'environ  quatre  pouces  et  de  huit  pouces  de 
circonférence,  se  composait  de  la  peau  et  du  tissu  conjonctif,  de  cartilages 
fournis  par  les  appendices  xiphoïdes  qui  formaient  entre  eux  une  sorte 
de  pseudarthrose,  et  de  trois  prolongements  péritonéaux.  Une  communi- 
cation vasculaire  unissait  les  deux  foies. 

BiBLioGUAPiiiK.  —  Ectopa|;e.  —  Hoffmann,  Ephtm,  nnt,  cur.,  Dec.  II, 
ann.6,obs.  152.  —  AumEcnT,  Xor.  nrt.  uni,  ciu\,  1761,  t.  II,  obs.  73,  p.  272. 
^  Otto,  /oc.  rit,,  n°  290.  —  Dirston-,  Philosoph.  Tramnct,,  t.  LXV.  —  Is. 
^«EOFFROY  Saint-IIilaire,  t.  m,  p.  98,   avec  bibliographie,  p.  103. 

Sitmopa^e.  —  Is.  Gf-offroy  Saint-Hilaire,  t.  IIÏ,  p.  93,  avec  bibliogiaphic. 
"^J.  Cruveiliiier,  Anat.  path,  (j('n,,  livr.  XXV,  pi.  5  et  6. 

liphopagc.  —  Is.  Geoffroy  Saint-IIilaire,  t.  III,  p.  80-93.  —  Vrolik, 
Toi.  flrf  m,  emb.f  pi.  98.  —  A.  Forster,  Die  Missbild,  d,  Menschen,  p.  35. 
^éna,  1865.  —  A.  Després,  ^avue  sdentifque,  21  mars  1874,  p.  901. 

Pygodidi/mus  (Gurlt).  Pygopnge  (Is.  Geoffroy  Saint-IIilaire).—  La  dupli- 
cité est  presque  complète,  et  les  deux  corps,  ayant  chacun  un  ombilic 
distinct,  ne  sont  unis  que  par  un  point  plus  ou  moins  étendu  des  vertèbres 
'ombaires,  dusaciiim  ou  du  coccyx.  Un  exemple  célèbre  de  cette  anomalie 
^  celui  d*Héiène  et  Judith,  monstre  né  en  1701  dans  la  Hongrie,  et 
mort  à  l'âge  de  vingt -deux  ans,  après  avoir  attiré  l'attention  des  savants 
^u  dernier  siècle. 

In  exemple  non  moins  remarquable  de  cette  monstruosité  est  celui  de 
^illieetChristine,que  nous  avons  visitées.  Agées  aujourd'hui  de  vingt-deux 
^îis,œsdeux  jumelles,  nées  dans  la  Caroline  du  sud,  d'un  nègi'c  et  d'une 

i.vxcEREArx.  —  Traité  d'Anat.  1.   —  6 


82  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

mulâtresse,  se  trouvent  réunies,  suivant  un  angle  de  90  degrés  environ,  au 
niveau  desdeux  dernières  vertèbres  lombaires,  du  sacrum  et  du  coccyx,  très- 
vraisemblablement  par  les  lames  vertébrales  Elles  ont  deux  bassins  distincts 
munis  chacun  de  deux  tubérosilés  ischialiques  ;  mais  elles  ne  possèdenl 
qu'une  seule  ouverture  anale,  une  seule  vulve  avec  deux  hymens  et  deux 
clitoris,  et  très-probablement  deux  vagins  et  deux  utérus  (1).  11  existe 
deux  méats  et  deux  vessies,  la  miction  a  lieu  en  commun,  mais  celle 
fonction  pourrait  être  satisfaite  séparément  par  chacune  d'elles;  les 
règles  viennent  régulièrement  tous  les  mois.  Il  y  a  deux  intelligences 
qui  sont  complètement  distinctes  ;  seulement  les  deux  caractères  sont 
très-semblables  et  les  deux  sœurs  vivent  dans  la  meilleure  entente,  ce 
qui  n'existait  pas  chez  Hélène  et  Judith.  Il  est  curieux  de  noter  qu'elles 
ont  parfois  le  même  rêve,  mais  presque  toujours  il  s'agit  d'un  cauchemar 
qui  pourrait  avoir  son  point  de  départ  dans  le  sang  ou  dans  une  excita- 
tion des  nerfs  sensibles  de  la  partie  inférieure  du  tronc.  Il  existe,  en  effet, 
une  communauté  de  la  sensibilité  aux  membres  inférieurs  ;  mais  la  per- 
ception de  la  sensation  n'est  pas  la  même  chez  chacune  d'elles  :  normale 
chez  l'une,  elle  est  confuse  et  légère  chez  rautre.  Ailleurs  la  sensibilité 
est  distincte. 

Bibliographie.  —  Treyling,  Act.  acad,  naU  cw\,  t.  V,  p.  û45,  obs.  133.  — 
ToRKOS,  Philosoph,  Tratisact,,  vol.  L.  —  Buffon,  SitppL,  IV,  p.  578.  — Wolff. 
Acta  Acad.  scient.  Petvoj)oL,  1778.  —  Walter,  Musetun  anaLy  1,  n*  2997.  — 
Normand,  Bull,  de  la  faculté  de  méd.^  1818.  —  Barrow,  Monstra  an,  dupL,  etc.  I, 
pi.  I.  —  Ramsbotham,  Med,  Times  and  Gaz.,  1855,  n"  274.  —  Vircïiow,  Ber/w. 
klin.  Wochenschr,,  3  mars  1873,  n**  9. —  Bert,  Gaz,  méd,,  6  décembre,  1873. 
—  Tardieu  et  Broca,  Bull,  de  VAcad,  de  méd.,  13  janvier  1874.  —  N.  JorxY 
et  Péyrat,  ibid.y  20  janvier,  p.  52. 

Dans  les  cas  de  monstruosité  qui  viennent  d'être  passés  en  revue, 
tous  les  organes  sont  rarement  doubles  ;  dans  ceux  qui  suivent,  au  con- 
traire, les  deux  individus  sont  toujours  complets,  et  leur  union  a  lieu, 
soit  par  l'extrémité  céphalique,  soit  par  l'extrémité  pelvienne. 

(1)  Ces  indications  nous  sont  fournies  par  \o.  docteur  Ramsbolham  ;  car  il  nous  a  été 
impossible,  malgré  notre  vif  désir,  de  faire  un  examen  complet  de  ce  monstre.  Hélène 
et  Judith  n'avaient  également  qu'un  seul  anus,  formé  par  la  réunion  des  deux  intestinii, 
et  un  seul  orifice  vulvaire,  situé  entre  les  quatre  cuisses.  Les  organes  sexuels  externes 
qlTraient  des  traces  de  duplicité,  et  le  vagin,  d'abord  unique,  ne  tardait  pas  i  se  diviser  en 
deux  vagins  distincts  ;  tout  le  reste  de  l'appareil  sexuel  était  double.  Semblable  disposi- 
tion existait  chez  un  monstre  présenté  tout  récemment  à  l'Académie  de  médecine 
ptr   MM,  Joly  et  Peyrat.  Ici  encore  se  retrouve  la  constance  du  type. 


MONSTRUOSITES. 


83 


!i,  —  DIPLICITÊ  DE  DEl'X  TRONCS  CONFONDIS  PAR  LEl  RS  EXTRÉMITÉS. 


\ 


Céphalopage  et  métopage  (Is.  Geoffroy  Saint-Ililaire).  Didt/nws  si/m- 

pkiocephalvs  (Barkow).  —  La  duplicité  est   presque 

complète  et  les  deux  corps  ne  sont  unis  que  par 

un  point  limité  de  la  tête;  ils  ont  chacun  un  ombilic 

distinct. 
Ce  groupe  comprend  les  deux  genres  décrits  par  Is. 

Geoffroy  Sainl-Hilaire  sous  les  noms  de  céphalopago 

et  de  métopage.  Dans  le  premier,  les  deux  tètes  sont 

unies  par  l'occiput  ou  le  vertex;  dans  le  second, 

par  le  front.  Si  les  monstres  mélopages    sont  très- 
rares,  les  céphalopages  le  sont  un  peu  moins.  L'un 

des  plus  curieux,  observé  à  Paris   par  le  docteur 

Villeneuve  et  par  Is.    Geoffroy   Saint-lIilaire,   était 

composé  de  deux  fœtus  mules,  placés  bout  à  bout, 

presque  exactement  en  ligne  droite,  et  généralement 

bien  conformés,  sauf  la  région  syncipitale  [fig.  15). 

L'union  se  faisait  par  presque  toute  Fétendue  de  la 

face  supérieure  de  la  tête,  et  les  limites  des  tètes  de 

l'un  et  l'autre  sujet  n'étaient  indiquées  à  l'extérieur 

que  par  une  légère  dépression.  La  peau  enlevée,  on 

trouva  que  les  os  frontaux,    pariétaux  et  occipitaux 

ne  se  réunissaient  point  entre  eux  chez  chacun  des 

sujets  composants  pour  former  la  voûte  du  cn\ne, 

mais  étaient  écartés  et   correspondaient  par   leurs 

bonds  aux  os  crâniens  de  l'autre  sujet,  savoir  :  les 

pariétaux  aux  pariétaux,  les  occipitaux  aux  frontaux. 

tes  deux  crânes    se    trouvaient   ainsi   associés   et 
i^unis  en  un  seul  crâne  double,  mais  à  l'intérieur 
les  deux  encéphales,  de  fonne  normale,  étaient  com- 
plètement séparés  par  les  dures-mères.   Dans  d'au- 
tres cas,  les  individus  composants,  toujours  bout  à 
bout,  sont  tournés  dans  le  même  sens,  et  les  os  de 
mkne  nom  se  correspondent  par  moitié,  ainsi  que 
nous  l'avons  vu  pour   le  sternum.  Chez  les  mélo- 
pages, les  deux  sujets  sont  placés  parallèlement  l'un  à  l'autre  et  opposés 
front  à  front,  face  à  face,  ventre  à  ventre. 


Fig.  15.  —  Monstre 
céphalopage. 


Sh 


anatomie  patiiolociole. 


UiBLiiHiHAniiE.  —  ALBiiEtiiT,  Cûinm.  lit.  yrb.,  ann.  1736,  ser.  3.  ~  hca, 
Mrd.-chi,\  Zcitiiiiii,  1799,  11,  \>.  272.  —  Sannie,  Veihtmdl.  wn  Haarlm.  IV, 
p.  376.  — Ono,  lif.  rit  ,  n"  297.  —  IIaiikow,  Comm.  amt.  phys.  de  mmOr, 
'liii>t.  vtrti'-ih.  iiitir  se  jmirth.  Lipsiie,  1821.  —  Uccelli,  Aiiho  di  •■Unim  i». 
Fii-cnze,  1823,  p.  227.  —  Kakh,  Mnn.  d-l'Acad.  de  Saint-Péteisb.,  VI' wr.  «r. 
nul. ,  t.  IV,  pi.  VI  et  VU.  —  Villeneuve,  Ikscript.  d'un  momtn:  Parii, 
1831.  —  Is.  GEOFFnoY  Siint-IIii.aiti:;,  Uist.  dfn  Anoin.,  t.  III,  p.  58.  —M 
Lit.  husulaiid'!,  1855,  n"  17. 

Hypogasti-odidymus  (Gurlt).  hchiopage  (Is,  GeolTioy  Saint-llilairt'}.— U 
duplicité  s'él(!ii(i  h  pii^squf  tout  le  rorps,  rmiion  a  lieu  par  la  rt'fîion  pet- 


KjG.  1  G.  —  ttonslre  iichiopage  dont  deux  des  mombrea  inférieiiri 
Le  pieJ  commun  a  tin  orleils.  L'un  d«i  composants  est  .illcînt  de  bcc-ile 
une  [•liotogTBpliic  du  professeur  Depaiil.) 


virniif.  Les  deux  individus  à  ombilic  commun  sont  réunis  bout  Ji  bout  et 
^nsiiim  jKisition  similaiiv,  c'cst-à-dirc  la  face  loumiJo  du  même  coté 
^ig.  16),  On  |>ourrait  croire,  si  Ion  s'en  tenait  .i  iVxamon  extérieur  "l* 
ces  moiisti-es,  ((uc  les  deux  bassins  sont  placés  à  la  suite  l'un  àe 
l'itutn;  et  unis  entre  eux  Imrd  à  boni  pr  leur  portion  iiiférieun.';  mais 
il  n'en  est  rien,  Lrur  réunion  sopèriî  h  peu  près  comme  celit'  ile* 
slernopages,  <''est-iWirc  que  cbacune  des  deux  moitiés  du  bassin  dcluD 
de.s  sujets  composants  vient  se  souder  aux  moitiés  du  bassin  de  l'ault* 
8UJel.coninierindi(iue[afigure17,el  eomme  le  montraient  déjà  undcssiC 
Jaisst-  par  Duverney  et  un  autre  do  Palfyn.  Cotte  disposition  rend  compt* 
de  la  situation  rcs|M.Ttive  des  deux  nppai-eils  sexuels  sur  les  cotés,  au» 


UOKSTKUOSITÉS. 


85 


exlrémilés  droilc  et  gauche  d'une  ligne  tmnsversalc  au  milieu  do  laquctli> 
se  trouve  l'ombilic  commun  :  vn  d'autres  termes,  au  point  où  cette  ligne, 
qui  n'est  autre  chose  ijue  l'ave  d'union,  rencontre  les  axes  individuels  ou 
axes  vertébraux  de  chacun  des  sujets  composants.  Du  i-este,  de  mi^me 
qu'il  existe  deus  appareils  sexuels,  l'un  droit,  l'autre  gauche,  formés  de 
moitié  par  chacun  des  deux  conijKisants,  de  nn>ine  il  y  a  doux  paires  de 
membres  rejelés  aussi  tout  à  fait  latéralement  dont  chacune  est  foniuk-  du 
ni4'm1)iv  droit  do  l'un  des  sujets  composants  ol  du  gauche  de  l'autre. 
Dans  quelques  cas  deux  de  ces  membres  sont  ivuiiis  et  iiu'omplétement 
développés  '  lig.  16).  Ih'ux 
vessies  cori'es|>ondenl  aux 
deui symphyses  pubiennes; 
elli'S  sont  latérales,  lo  plus 
souveni  unies  et  en  commu- 
nicaliûii.  Ijuand  elles  sont 
doubles  elles  appartiennent 

chacune  pour  moitié,  ainsi 

quf  li's   organes  génitaux, 

auideux  sujets  composants. 

Chaque  vessie  reçoit   deux 

uréliirps,  mais  l'un  et  l'autre 

pniïieniienl  d'un  sujet  diffé- 

it-nl.  Les  organes 'Je  la  partie 

IKJSiérieure  de  la  caviti'r  pel- 

'■ieiiue éprouvent  aussi  qucl- 

<IUe$inodilications.  Les  deux 

intestins,  plus  courts  que  dans  l'état  noi-mnl,  se  réunissent  en  un  rectum 

wmmun  qui  s'ouvre  ordinairement  à  l'extérieur,   sur  la  ligne  d'union 

des  tacis  postérieures  de  l'un  et  de  l'autre  compo.siint,  mais  quelquefois 
1      aussi,  quand  les  deux  vessies  sont   conjointes,  dans  la  porhc  commune 

H"!  résulte  de  leur  réunion. 

BisuooRAPHiE.  —  DUVERNEY,  Met»,  lie  l' Ariidi-mie  '(i-s  sHinces,  1706,  p.  i18, 
i'«  planches.  —  I'alfï.n,  Uesciipt.  ih  dt-nx  nifunts  momtr.  l^yde,  17l)i. 
-  Is.  G.  Sii^-HiLAinE,  Juwii.  <:<,m\>Umtnt.  du  hict.  rfc.v  «c.  wrf.,  t.  .\X.VVI1, 
«  m.  da  An.,  t.  111,  p.  69.  —  Retzius,  llyaka,  vol.  XIII.  —  Dubrecii,,  Méni. 
''"Sm.  ihùt.  ma.,  t.  XV,  p,  245.—  Gehi-incî,  Uypouiistrudiilynuv,  di<s.  iifwj. 
'•"burg,  18(|5.  —  SEIIHE.S,  Principes  d'embryiujéitie,  etc.  [iS'm.  de  l'Anid.  de^ 
«w«,  t.  XXV,  p.  660,  1859).—  A.  Fukster,  Dk  ]àisshild.  d.  Mitift^h., 
P-36.Wna,  1865.  —  LEXOtx,  Comptvs  midus  dr  lu  S:-i-icl''  '!■■  liuUjijk,  1863, 
flfirt:.mM.,1863,  p.  Û63. 


-  It.issiii  d'iscliiapnge  ;  Ic^  ileuï 
eDccjgiennei  tant  sauiJoei  entre  elles.  ' 
pp,  pubis.  (Huiéum  de  Parti.) 


86  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 


II.  —  Monstres  doubles  parasitaires. 

Celle  série  de  monstres  est  caractérisée  par  Tassociation  de  deux  in 
vidus  bien  développés,  l'un  vivant  activement  et  par  lui-même,  l'aul 
implanté  sur  son  frère  et  rudimentaire,  vivant  à  ses  dépens,  l'un  (w 
«iVe,  l'autre  parasite. 

Ces  monstres  naissent  généralement  à  terme,  et  l'accouchement 
termine  presque  toujours  d'une  manière  heureuse  en  raison  de  la  [h 
tesse  de  volume  de  l'un  des  composants  ;  ils  sont  bi-mt\les  ou  bi-femell 
le  plus  souvent  bi-màles.  Non-seulement  ils  donnent  en  naissant  i 
signes  de  vie,  mais  l'expérience  a  appris  qu'ils  peuvent  parvenir  jusq 
Tàge  adulte.  On  connaît  un  hétéradelphe  qui  est  devenu  père  de  plusie 
enfants  bien  conformés.  La  présence  d'un  parasite  n'est  pas  toutel 
sans  gêner  quelque  fonction  et  sans  abréger  l'existence  du  sujet  b 
conformé;  et  à  cet  égard  le  siège  de  l'implantation  n'est  pas  indiiïérc 
D'après  ce  siège,  les  parasites  sont  généralement  distingués  en  paras 
crâniens,  maxillaires  et  ombilicaux  (!}. 

Les  parasites  crâniens  sont  constitués  par  une  tête  surnumén 
portée  par  son  sommet  sur  le  sommet  de  la  tête  principale.  Cette  fon 
décrite  sous  le  nom  A'épicome  par  Is.  Geoffroy  Saint- Hilaire,  est  assez  ra 
un  cas  a  été  raconté  par  Kverard  Home  et  un  autre  a  été  publié  par  Vott( 
de  Liège.  L'épicome  de  Home  naquit  en  1783,  au  Bengale,  de  pan 
indiens  jeunes  et  bien  portants  ;  il  mourut  dans  sa  cinquième  ani 
des  suites  d'une  morsure  d'une  vipère  à  lunettes.  Le  corps  était  l 
conformé  dans  toutes  ses  parties  et  la  léle  principale  elle-même  n'oD 
rien  d'anormal ,  si  ce  n*est  dans  la  région  pariétale  où  ses  tégum( 
se  continuaient  avec  ceux  de  la  tête  accessoire.  Celle-ci,  adhén 
par  son  sommet,  et  par  conséquent  renversée  sur  la  précédente,  ofl 

(i)  Is.  G.  Saiot-Hilaire  divise  les  monstres  doubles  parasitaires  en  trois  tribus, 
première  comprend  ceux  des  monstres  parasitaires  qui  se  rapprochent  le  plus 
autositaires  ;  le  parasite  implanté  extérieurement  est  reconnaissable  pnr  son  o 
nisation  complexe;  cette  tribu  se  divise  en  deux  familles,  les  monstres  doi 
hétérotypiens  et  les  monstres  doubles  hétéraliens.  Dans  la  deuxième  tribu,  Ti 
vidu  accessoire  est,  comme  dans  la  première,  inséré  à  l'extérieur  ;  mais  il  est  tellei 
confondu  avec  l'individu  principal,  qu'il  est  difficile  au  premier  aspect  de  ne  pas  prêt 
celui-ci  pour  un  être  unitaire  portant  quelques  parties  surnuméraires.  Cette  tribo 
également  divisée  en  deux  familles  :  les  monstres  doubles  &  mâchoires  muUipïei 
polygnat biens f  les  monstres  doubles  &  membres  multiples  ou  polyméliens,  La  troisi 
tribu  ne  comprend  qu'une  seule  famiUe,  celle  des  monstres  doubles  inclus  ou  end 
mien^,  (  Hist.  dcsa*tom^  de  inorganisation  y  t.  III,  p.  207  et  suiv.) 


Ietairi 
kill 
deU 


lIOSSTni'OSITES. 

ma  direction  oblique  en  haut  et  en  arrière.  A  [lart  celte  tête  d'une 
iFormation  qui  neloit  pas  tout  à  Tait  iioiinale,  l'appai'eil  An  la 
ciiTulalion  el  tout  le  reste  de  iétre  se  trouvaient  coniplélenienl  atrophiés  ; 
■•a  L'ffel,  à  la  suite  de  cette  lôte  accessoire  venait  un  cou  mal  conformé, 
[Kiiîuue  tumeur  arrondie  compai'éc  à  une  péehe.  Les  deux  encéphales 
etaicnl  séparés  comme  il  a  été  dil  à  propos  des  céphalopagcs  ;  cepeu- 
la  télé  accessoii'o  semblait  participer  aux  joies  et  surtout  aux  chagrins 
de  U  l(*le  principale.  D'un  autre  cOlé,  loi-sque  l'enfant  tclJiit,  la  physiti- 
nomie  de  la  tête  accessoire  prenait  une  expression  de  aatisraction,  el  la 
hitucbe  laissait  échapper  beaucoup  de  salive.  Dans  le  monstre  de  Vottem, 
l'i'jicêphale  du  parasite  était  rudinienlaire  ;  les  muscles  consistaient  en 
àiRltre^  disséminées;  il  existait  des  rudiments  du  larynx,  des  poumons 
<l  du  cœur,  des  vaisseaux  lymphatiques  et  des  nerfs  ganglionnaires,  une 
|H>lili;  raie,  un  segment  d'intestin,  elc.  Lo  système  artériel  faisait  défaut. 
Il  n'ï  avait  pas  trace  de  cordon  ombilical. 

DiBUOGiiiPuiG.  —  Houe,  l'hilosopkical  Ti-ansacl.,  ann.  1790,  vol.  L\X\, 
)).  396.  — VoTiEU,  Descrii>tion  de  deux  fatiu  réunis  par  la  tète,  Liège,  lS2i. 

Les  parasites  maxillaires  (monsti'es  doubles  ])olygnathiens)  sont  formés 
jw  l'adhérence  d'un  être  rudimenlaire  ou  même  simplement  d'os  maxil- 
hires  rudimentaires  aux  mâchoires  d'un  fœtus  bien  constitué  d'ailleurs. 
KCeolfroy  Saint-Hikire  divise  ces  monstres  en  trois  genres,  qui  sont  les 
?i  tires  épignathe,  hy/zognalhe  et  augnathe,  dont  le  premier  seulement  aurait 

*  observé  dans  l'espèce  humaine  (1).  La  l'eiation  qu'il  donne  du  genre 
'{iignalhe,  chez  l'homme,  repose  sur  un  fait  rapporté  par  Hoffmann  ;  il 
^«iitd'im  fif  lus  femelle  qui  naquit  en  168/t  avant  terme,  ne  vécut  que  peu 
li  iii&lanta,  et  chez  lequel  existait  une  tête  supplémentaii'e  aiïectée  de  plu- 
sieurs vices  de  conformation.  Le  nez  de  ce  fœtus  était  déprimé,  l'œil  droit 
'Tnié,  el  la  bouche  formait  une  énorme  fente  de  laquelle  sortail  une  masse 

•  viKUse  cl  charnue  attachée  au  palais,  et  laissant  voir  manifestement  l'é- 
iiiiciie  d'une  seconde  tête.  Un  second  cas  a  été  étudié  par  Kidd  ;  la  tumeur 
'Uit  loh(^,  recouverte  d'une  peau  bien  conformée  ;  elle  renfeiinait  des 
Listes  séparés  par  un  tissu  solide  et  fibreux,  des  cartilages,  des  fragments 
"1  fis,  une  portion  de c<ecum  et  de  mésentère,  un  doigt,  un  orteil,  des  pha- 
inages  avec  des  ongles  rudimentaires.  Lu  fait  assez  semblable  a  été  vu  à  la 
^iilemltéde  Paris,  où  le  modèle  est  conservé.  De  la  bouche  d'un  fœtus  s'é- 
■iiappcune  masse  informe  se  terminant  par  une  jambe  et  un  pied  à  quatre 

Ij  J«  tien*  d'apprendre  qu'un  monstre  humniu  tivpognate  a  lîlc  prétcnti!,  e 
l>S»ciéU  de  chirurgie,  pur  M.  Faucon,  d'Ainicni 


à 


os  anatuuie  patholouiuue. 

doigts  lout  à  fait  reconnaissables  (fig.  18  et  19).  Il  nous  a  été  malheureuse- 
meiil  impossible  d'avoir  des  reiiseigiieinenls  sur  ce  Tail  intéressant  dont  le 
modèle  a  servi  à  notre  dessin.  Au  musée  Dupuyti-eu  se  rencontre,  sous  ie 
11°  37  (arm.  77),  lemodèle  en  cire  d'un  fœtus  de  lai>uuclic  duquel  s'échappe 
une  substance  fongueuse  qui  n'est  vraisemblablement  aussi  qu'un  fœtus, 
rudimenlairc.  Comme  les  bypognatbes, 
les  monsties  épignalbes  sont  plus  com- 
muns chez  les  animaux. 

UiuLioGRiiiEiii!  —  HofFMANs,  Epkeinri; 
nat.  viir.,  1867,  dec.  II,  ann.  6,  obs.  165. 
—  PoKLMANN,  Bull,  de  la  Soc.  de  mid.  de 
6m,d,  1855,  p.  10.  —  Kim,  Dublin  hespil. 
Gaz.,  1856,  n"  6,  — Is.  Geoffhov  Sai.vt- 
HiLiinK,  HM.  des  aiiom.,  1. 111,  p.  250.  — 
Le  nièuiG,  Sur  un  nouveau  genre  de  momtres 
doubles  jwrasitaires  de  la  famille  des  luAy- 


FiG.  18.  —  Honitre  épignslhe. 
IJiie  maiie  se  lermiiuiiit  par  une  jambe 
et  un  pied  bien  conrormé  prend  son 
InierLion  lur  le  maxillaire  gupé- 
rieur  gauche,  et  ïortparlalMiuche. 
(Mutée  de  U  Hatemilê.) 


Fic-  19.  —  La  bouche  enlr'ouverle  du 
monstre  précédenl  laisse  voir  le  point 
d'implantation  du  paraiiie  sur  le  food 
du  sinus  maxillaire  supérieur  gauche. 
c,  cloison  nasale  déjelée  ■  droite. 


gnathiem.  [Comptes  rendus  Actd.  des  sciences,  20  février  1851,  et  Ou:,  tnèd., 
1851,  p.  IS-'i).  —  DiHEsiE,  yotesiir  un  monstre  npparteniinln  un  nouveau  type  de 
la  famille  des  polyfjnnihieiis  [l'omptcs  rend.  Soc.  Itiol.  et  Gaz.  tnèd.,  1859, 
p.  300,  390  cl  £i69).  —  Goubaix,  Sur  tui  inoititre  double  parasitaire  de  la  famUle 
des  polj/gniithieiis  et  du  'jenre  ipi'jmithe  {Compl.  rend.  .icad.  dvs  sciences,  3  août 
1863,  cl  Gaz.  méd.,  1863,  p.  558). —  1'.  Beni,  yvtesurun  monstre  double  aulo- 
sitaire  de  li  famille  des  Monusomicns  (Soc.  de  biologie  ni  Gaz.  mèd.,\86U,]>.  182). 


Les  parasites  ombilicaux  naissent  do  la  légion  épigaslrique  ou  sus- 


MONSTRUOSITÉS.  89 

ombilicale  du  fœtus  porteur  ;  ils  présentent  des  différences,  suivant  que 

le  sujet  accessoire  est  complet,  c  est-à-dire  pourvu  de  toutes  les  parties 

constituantes  du  corps,   ou  suivant  qu'il  est  incomplet,    c'est-à-dire 

dépoun-u  de  télé,  de  thorax,  de  membres  pelviens,  ou  bien  réduit  à  une 

télé  poilée  pai*  Tintermédiaire  d'un  col  et  d'un  thomx   rudimentaires. 

Is.Geoffroy  Saint-Hilaire  divise  ces  monstres  en  trois  genres  : 

{'  Les  héiéropages,  où  le  second  individu  a  une  tête  distincte  et  au  moins 
des  rudiments  de  membres  inférieurs,  de  sorte  qu'il  est  presque  com- 
plet. C'est  à  ce  genre  que  se  rapporte  un  monstre  observé  d'abord 
par  Pincet  qui  en  envoya  la  description  et  le  dessin  à  Licetus,  et 
plus  tard,  à  Tàge  de  vingt-deux  ans,  par  Bartholîn.  Ce  monstre  jouis- 
sait alors  d'une  très-bonne  santé,  et  lorsque  le  parasite  se  trouvait  enve- 
loppé dans  le  manteau  de  lautosite,  rien  ne  pouvait  indiquer  chez  ce  der- 
nier un  être  monstrueux.  Le  parasite  mâle,  comme  le  sujet  autosite, 
offrait  tous  les  caractères  extérieurs  des  monstres  unitaires  paracépha- 
liens.  Sa  tête  était  grosse  mais  mal  conformée;  abandonnée  à  son  propre 
poids,  elle  avait  fini  par  se  renverser  en  aiTière.  Sa  bouche  toujours  béante 
laissait  échapper  continuellement  de  la  salive,  ses  yeux  n'étaient  pas 
ouverts,  ses  membres  supérieurs,  courts  et  contournés,  n'avaient  l'un  et 
laulre  que  trois  doigts.  Les  organes  génitaux  n'étaient  qu'ébauchés  et 
il  n'existait  qu'un  seul  membre  pelvien.  Cet  être  incomplet  était  presque 
entièrement  dépourvu  de  mouvement,  incapable  de  se  nourrir  par  lui- 
raème  et  vivant  uniquement  des  aliments  pris  par  le  sujet  principal. 

BiBuoGRAPHiE.  —  LicETus,  /oc.  ciY.,  p.  111,  117.  — Mùmc  cas  dans  Bar- 
^ouHy  Historia  anat.  rariar.y  cent.  I,  obs.  66,  p.  105.  Amstclodami,  1659. 
*- Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  t.  III,  p.  212.  —  Vrolik,  Ou.  dubl.  missQ,y 
P-  50,  Mus,  petroj)olUan.  I,  p.  307.  —  IIesse,  Moiistr,  bicep.  descr.  anat, 
Berlin,  1823.  —  WiRTENëOHN,  Duor,  monstr,  htiin,  chscr,  anat.  Berlin,  1825, 
P  Hj  pi.  111  et  V.  —  LoscHER,  PragvrVierteljahrschr.^  185^,  M, 

2'  Les  hétéradelphes,  où  le  parasite  ne  consiste  qu'en  une  moitié  infé- 
neure du  corps  sans  tète  et  quelquefois  aussi  sans  thorax;  c'est  l'union 
^l'un  acéphale  à  un  fœtus  régulièrement  conformé  (fig.  20).  Ces  monstres 
sont  les  plus  fréquents  des  monstres  parasitaires  et  ceux  qui  ont  le  plus 
«aptitude  à  vivre.  Sur  trente-cinq  cas  réunis  par  Forster,  vingt-trois 
usaient  mention  du  sexe  masculin  chez  l'individu  normal.  Le  parasite 
offre  toujours  un  appareil  générateur  plus  ou  moins  atrophié,  un  sexe 
souvent  douteux  ;  lanus  est  imperforé  ;  les  membres,  mal  conformés, 
diversement  contournés,  sont  le  plus  souvent  incomplets,  et  les  doigts 


92  ANATOMIE   PATHOLOGIQL'E. 

niveau  de-  l'airade  pubienne,  peiidail  entn-  les  deux  cuisses,  où  il  l'esLi 
s<.'mi-l1i'-chi.En  même  temps  ce  garçon  était  porteur  de  deux  pénis  parall 
lement  disposés  à  quelques  centimètres  de  distance  et  pouvant  ronctionn 
simultanément.  Il  possédiiit  deux  scrotums  bien  conformés,  avec  rapb 
mais  ne  logi'nnt  cliacun  qu'un  seul  testicule.  Il  présentait  enfin  un  anus  ui 
que,  et  sur  le  parasite,  on  constatait  l'existence  d'un  anus  rudiroentait 
In  nionsli-i-  qui  rentre  dans  ce  même  tn^upe  a  été  récemment  préseï: 
à  l'Académie  de  médecine,  par 
proresseur  Dcpaul.  Ce  monstre,  q 
nous  avons  pu  examiner  avec  tout 
soin  désimble,  aujourd'hui  âgé 
cinq  ans,  est  robuste  et  du  sesc  fêii 
nin.  Il  est  né  dans  le  départenu 
de  l'Aisne,  de  parents  bien  portan 
Produit  d'une  quatrième  grosses.' 
il  vint  au  monde  sans  dilliculté; 
frère  qui  l'a  pi-écédé  est  morlau  bout 
dis  jours,  il  étaitattoint  despina  bilic 
Toute  la  partie  supérieure  du  cui 
est  bien  conformée,  la  partie  infériei; 
seulement  est  le  siège  de  l'anom 
lie  (ftg.  23).  Euti'e  deux  jambes  e 
liércment  normales  il  existe  de 
jamiies  parasitaires ,  faisant  sail 
en  avant,  et  jouant  l'une  et  Tau 
dans  deux  articulations  coxo-féni 
raies  situées  sur  un  bassin  rut 
menlaii-e  soudé  ou  réuni  à  la  p 
lie  nntéi'o- inférieure  du  Ixissin  pr 
cipal  au  niveau  des  os  pubis,  i 
lesquels  il  peut  vaciller.  Très-cbi 
nues  au  voisinage  de  l'articulati 
c-ox<>-fémorale ,  les  membres  parasitaires  s'amincissent  notablemt 
à  purtii'  des  genoux  ;  elles  sont  inégales  et  terminées  par  des  extr 
mités  de  petit  volume  affectées  de  pied  bot  vainis.  Le  quatrième 
le  <'ini[uième  orteil  de  chaque  pied  sont  réunis  par  une  membi'n 
inlerdigitaire,  et  le  gros  orteil  du  pied  gaucbe  présente  un  dédo 
blement  inromplet.  Les  articulations  fémoro-tibiaies  et  phalangiem 
sont  plus  ou  moins  complètement  ankylosées  ;  les  deux  jambes  fi 
avec   la  misse,  ù  droite,  un  angle  presque  droit,  à  gauche,  un  aii: 


onilrc  polymùlien  (|)ygomclc). 


MON'STlilOrilTKS, 


93 


ilessîni-s;  aux  Jambes  surtout,  ils  sont  alro- 
Wi,  el  le  tissu  adipeux  pai-aU  prédominer. 

U  |M»U  est  d'autant  mieux  nourrie  i{u'oii  l'exumine  sur  un  point  plus 
ipproché  du  bassin;  ù  la  piiitif  iiifi'ri^-urt^  des  cuisses,  où  elle  est  plus 
fus»,  on  aperçoit  quelques  poik  liÎL'n  nourris,  plus  lon|!s  que  wus  du 
ij(!l  nulosite.  La  sensibilité  h  In  douleur,  au  chatouillement  ot  an  froid, 
oMl',  TnaisTnihleinent.  \ii  nivcnu  chi  point  d'union  d(?s  memln-es,  deux 
dépressions  opposées  ;  l'une,  plus 
profonde  et  i|ui  parait  être  anlé- 
l'iinire,  laisse  suinter  par  momentî< 
1111  liquide  senieux  et  fétide;  l'autre, 
pijstérieui-e,  plus  superliràelle,  cor- 
i-es|)ond  à  l'extrémité  d'un  os  qui  a 
de  grandes  analogies  avec  le  coccyit. 
l'onr  re  motif  eelte  diïpi'essinii  sem- 
blerait éti-e  un  rudiment  d'anus,  tan- 
dis f]ue  la  pi-emièri'  poiin-ait  (^Ire  un 


hs.  îï.  —  Mnriïtre  polyrafilisn.  Fw.  23.  —  Partie  postérit 

",  nillEacnt  il«  vulve  dii   p.irasilf!.  représonti;  flg.  22.  «,  cun»!  do  l"ar6lhre 

du  mjet  priniipal  ;  h,  rudiment  d'anus 
du  parai  lie. 

it  de  vulve,  iji  siège  nViproquc   de  eliacuiie  de  ces  dépressions 

Tiîl  faire  croire  ijue  la  partie  postérieure  du  parasite-,  contraîremciil  il 

[Jl  ^ni'jrale  des  monstmosités  doubles,  ri'garde  la  partie  antérieure 

fcfaulosile;  mais  ec  n'est  Ift  qu'une  apparence  i-é.sullant  de  l'inversion 

»  mranbres. 

ras  occupe  rhcz  le  sujet  aulosite  son  siège  ordinaire,  puis  vient  un 
inn  peu  étendu  et  un  espace  Hmilé  par  des  IM-res  peu  développées,  ludi- 
laires  {fig.  23).  Le  fond  de  cet  espace  est  ronslitiié  par  une  membrni 


I 


92 


ANATOMIB   PATHOLOGIQUE. 

niveitu  de  l'arcade  puhieiiiiu,  pendait  entre  les  deux  cuisses,  où  il  i 


-'sla 


semi-fléclit.  En  même  temps  ce  garçon  était  porteur  de  deux  pénîs  parall 
loment  disposés  à  quelques  centimètres  de  distance  et  |>ouvaut  ronctiontir 
simultanément.  Il  possédait  deux  scrotums  bien  conformés,  avec  rapht 
mais  ne  logeiuit  chacun  qu'un  seul  testicule.  Il  présentait  cnfm  un  anus  uui 
(|ue,  et  sur  le  parasite,  on  constatait  rexisteiice  d'un  anus  rudinientaire. 
In  monstre  rjui  rentre  dans  ce  même  grou|MJ  a  été  i-écenmieiit  préseul 
à  l'Académie  de  médecine,  par  l 
professeur  Dcpaul.  Ce  monstre,  qu 
nous  avons  pu  examiner  avec  tout  1 
soin  désiiable,  aujoui-d'hui  âgé  d 
cinq  ans,  est  robuste  et  du  sexe  réni 
nin.  11  est  né  dans  le  départemei 
de  l'Aisne,  de  parents  iiien  poilant 
Produit  d'une  quatrième  {pïissessi 
il  vint  au  monde  sans  difticulté; 
frère  cjui  l'a  précédé  est  mort  au  boult 
dîxjours,  ilélaitatteiritdespinabitid: 
Toute  la  partie  supérieure  du  cuq 
est  bien  conformée,  la  partie  inférieui 
seulement  est  le  siège  de  Taiiomi 
lie  (fig.  22).  Entre  deux  jambes  ei 
tièrement  noiinales  il  existe  deii 
jambes  parasitaires ,  faisant  saill 
en  avant,  et  jouant  l'une  et  l'auti 
dans  deux  artieulalions  coxn-fénit 
raies  situées  sur  un  bassin  rud 
mentaii'e  soudé  ou  réuni  it  la  p.i 
tie  an téro- inférieure  du  Ixissin  pri" 
cipal  au  niveau  des  os  pubis,  s- 
lesqucls  il  peut  vaciller.  Très-cba 
nues  au  voisinage  de  l'artieulatit 
coxo-fémorale ,  les  membres  parasitaires  s'amincissent  notabicme 
à  partir  des  genoux  ;  elles  sont  inégales  et  terminées  par  des  extn 
mités  de  petit  volume  alTectées  de  pied  bot  varus.  Le  quatrième 
le  cinquième  orteil  de  chaque  pied  sont  réunis  par  une  membiai 
interdigitaire,  et  le  gros  orteil  du  pied  gauche  présente  un  dédoi 
blement  incomplet.  Les  articulations  fimioro-tibialcs  et  phalangienm 
sont  plus  ou  moins  complètement  ankylosées  ;  les  deux  jambes  (a 
avec   la  cuisse,  à  droite,  un  angle   presque  droit,  à  gauche,  un  ang 


Fic.31.— Moiitlre|)Oljaivliei){p]rgamèlc]. 


IIOSSTBIOSITES,  93 

rsoiit  mal  ili'ssinés  ;  au\  jambes  surtout,  ils  sont  alro- 
ÉiVs,  Ht  le  (is8U  adipeux  parait  prédominer. 

If  la  |M'au  CAl  d  autant  mieux  nourrie  qu'on  l'examine  sur  un  point  plus 
iclié  du  bassin;  à  la  piirtie  iuri'ripure  des  cuisses,  oit  «lie  est  plus 
^sse,  on  aperçoit  quelques  poil.s  Iiieii  nourris,  plus  longs  que  ceux  du 
)jrt  autos ile.  La  sensibilité  ii  la  douleur,  au  clialouillement  et  au  froid, 
te*,  mais  fjildi'Tucnl.  An  niveau  du  puiiit  d'union  des  inemhres,  deux 
(Icpri'ssions  opposées  :  Tmie,  plus 
pmfdnde  e[  qui  paraît  être  anté- 
rieurL',  laisse  suinter  par  moments 
un  liquide  sanieux  et  Tétide;  l'autre, 
pcistérieuru,  plus  superliciellt!,  cor- 
respond l't  l'extrémilé  d'un  os  qui  a 
de  lirundes  analogies  avec  le  coccyx, 
l'our  re  motif  celte  dépression  sem- 
lilerait  être  un  rudiment  d'anus,  tan- 
dis (|ue  lit  première  pourrait  ^tre  un 


l'ii;.  23. —  Partie  poBlériuui-e  du  monslre 
te[iTisenlitig.  32.  n,  cmal  <le  Turèltire 
du  lujBt  i>nnclpa]  ;  A,  rudïmenl  d'anus 
du  parasite. 

Bll  de  vulve.  Le  sié^e  réciproque  de  cliacune  de  ces  dépressions 
T^t  Tsire  croire  que  la  partie  postérieure  du  parasite,  conti-aii'emenl  a 
H  générale  des  monstruosités  doubles,  ri'jîarde  la  partie  anterlf-ure 
Pantogiti!  ;  mais  ce  n'est  là  qu'une  apparence  résultant  de  l'inversion 
[  iiteinbr<>s. 

!i^mi8  occupe  riiez  le  sujet  autosilc  son  siège  ordinaire,  puis  vient  un 
"  i  peu  étendu  et  un  espace  limité  par  des  IMres  peu  développées,  iiidî- 
ibiires  (Bg.  23),  Le  fond  de  cet  espace  est  nmstilué  par  une  membrane 


J 


92  ANATOSIIE   PATHOLOGIQUE. 

niveau  lie  l'arcade  putiieime,  pendait  enlre  los  deux  cuisses,  où  il  tvsUû 
semi-lli'-cbî.  En  même  temps  ce  garçon  était  poileur  de  dcu\  pénis  parallt 
lement  disposés  k  quelques  centimètres  de  distance  et  pouvant  Tonctionne 
simullaHément.  Il  possfklait  deux  scrotums  lijen  conTormés,  avec  rapb* 
mais  no  logeant  chacun  qu'un  seul  testicule.  II  présentait  cnfm  un  anus  uu: 
que,  et  sur  lu  pai'asite,  on  eonstalaît  l'existence  d'un  anus  rudinientairc. 
r»  monstre  qui  rentre  dans  ce  même  grouirc  a  été  l'écemmenl  présent 
à  l'Académie  de  médecine,  par  I 
professeur  Dcpaul.  Ce  monstre,  (]u< 
nous  avons  pu  examiner  avec  tout  h 
soin  désirable,  aujourd'hui  ïigé  d< 
cinq  ans,  est  robuste  et  du  sexe  fénii 
nin.  Il  est  né  dans  le  départenitii 
de  l'Aisne,  de  pai'cnls  bien  portants 
froduit  d'une  quatrième  grossesse 
il  vint  au  monde  sans  difficulté;  l< 
frère  qui  l'a  pi'écédé  est  mort  au  bout  d< 
dix  jours,  iictaitattcint  despina  bifida 
Toute  la  partie  supt'tricure  du  curp 
est  bien  confonnéi',  la  partie  inférioui-' 
seulement  est  le  siège  de  l'anoma 
lie  {fig.  22).  Entre  deux  jambes  en 
tièrement  normales  il  existe  di-u 
jambes  parasitaires,  faisant  sailli 
en  avant,  et  jouant  l'une  et  l'autr 
dans  deux  articulations  coxo-fénio 
raies  situées  sur  un  bassin  rudi- 
mentaire  soudé  ou  réuni  a  la  piii 
tic  an léw- inférieure  du  bassin  prin 
cipal  au  niveau  des  os  pubis,  su 
lesquels  il  peut  vaciller.  Très-char 
°  '  nues  au  voismage  de  I  articulatm 
coxo-fémorale ,  les  membres  parasitaires  s'amincissent  notabteiiiei! 
à  partir  des  genoux  ;  elles  sont  inégales  et  terminées  par  des  extré 
mités  de  petit  volume  alTeclées  de  pied  bot  varus.  Le  quatrième  < 
le  cinquième  orteil  de  chaque  pied  sont  réunis  pur  une  membran 
inlerdigitaire,  et  le  gras  oileil  du  pied  gauche  présente  un  di'^dou 
blement  incomplet.  Les  articulations  fémoro-tibialcs  et  phalangienne 
sont  plus  ou  moins  complètement  ankylosées  ;  les  deux  jambes  fon 
avec   la  cuisse,  à  droite,  un  angle   presque  droit,  à  gauche,  un  angl 


lIONSTHLOSirES. 


93 


«des  sonl  mal  deiisiiirs  ;  aux  jambes  surtout,  ils  sont  atro- 
^iés,  pt  le  tissu  adipeux  parait  prédomiiici-. 

i  U  peau  est  d'autant  mieux  nourrie  qu'on  i'examim^  sur  un  point  plus 
ppptnehé  du  bassin  ;  u  la  partie  iuréneure  des  cuisses,  où  elle  t^sl  plus    ,  J 

n  aperçoit  quelques  poils  bien  nourris,  plus  lon^s  que  ceux  du 
■jfl autosite.  La  sensibilitt*'  il  la  douleur,  un  chatuuillcm<\int  et  au  froid, 
teste,  mnîs fiiihlfini'iit.  An  niviau  ilit  puinl d'union  des  memln-es,  deux 
'li'pressions  opposées  :  l'une,  plus 
profonde  et  qui  pniTilt  éti*  anté- 
j'ic'uiv,  laisse  suinter  par  moments 
un  liquide  sanieus  et  fétide;  l'autre, 
posttïrieure,  plus  superlicioHe,  eor- 
respond  il  l'extréniilé  d'un  os  qui  a 
lie  ^L-andes  analo^îeâ  avec  le  coccyx, 
l'our  re  motif  cette  dépression  sera- 
lilerail  être  no  rudiment  d'anus,  tan- 
rlis  (jue  In  première  pourrait  i^lre  un 


j 


>J 


W 


I   P».  22.  —  Hanslre  poljmélien.  l'i''..  23.  —  ParUs  poslérii 

.  radlmcnt  de  vulve  du   prasile.  reprisenlù  llg,  22.  a,  c.inal  de  l'urtlhra 

ilu  «ujet  principal  ;  b,  rudïmeiiL  d'anus 
du  pïrnsïte. 

(OtdevulYC-  Le  siège  ii-ciproque   de  chacune  de  ces  dépressiuiis 

Défaire  croire  ([ue  la  partie  postérieure  du  [iarasile,  contrairement  à 

"rijénéraledes  monstruosités  doubles,  ivgarde  la  partie  anlériemv 

■FaniiMito;  mais  ce  n'est  là  qu'une  apparence  résultant  de  l'inversion 

*  iMmbres. 

f  Vians  occupe  ehcz  le  sujet  autosite  sou  siège  ordinaire,  puis  vient  uu 

"  é  peo  étendu  et  un  espace  limité  par  des  lèvres  peu  développées,  nidî- 

AÙK%  (fig.  23].  Le  fond  de  cet  espace  fst  ronslitué  par  une  memhram 


I 


ANATOSIi;    PATUOI-UOIQLe. 

niveau  iIb  l'arcade  pubienne,  {leiidail  entn-  les  deux  cuis 
âomi-Ht'chi.  En  mèmn  temps  ce  gat\'oii  élitil  pui-l(?ur  de  deux  piîiiis  psnll6- 
leinenl  ilispusi^M  ii(]uel(|ue5  cenliniMi-es  de  distance  el  (louvaiit  ronctionner 
siraullaniVmcnt.  Il  possùdnït  deux  scrolums  bien  conformés,  avec  mpbé. 
iiinis  lie  logeant  chacun  qu'un  seul  lesticule.il  présenlail  cnlin  un  anusunî- 
<|ue,  el  sur  le  itaiTisite,  on  constatail  l'cj^isUMiiH^  d'un  anus  rudimenlaîw. 
In  nionslrr  i|ui  iviilredans  ce  même  groupe  a  été  l'écerainent  priiscu^é 
k  l'Acailéniie  do  médecîtie,  par  lu 
profosseur  Lle|)aul.  (À>  monsti'e,  que 
nous  avuns  pu  exaniiue.ravL>c  tout  \v 
soin  rlosifablu ,  aujouixlliui  iigé  it 
r\ni\  ans,  est  i-ol)uste  et  du  sexe  fémi- 
nin. II  est  né  dans  le  déparienienl 
de  l'Aisne,  de  pai-enls  bien  portants, 
l'i'oduil  d'une  c(uali'i(!ine  grossusM, 
il  vint  au  inonde  sans  dillicullé;  !« 
fn'-i-iMiui  l'a  précédé  est  mort  au  boutdr 
dixjciui-s,  ilêtailalli'intdespinabifida. 
Toute  la  partie  sug^'i-ieure  du  cocpt 

esl  Itiiii coiiToni , l.i partie inrérieuffi 

seulemeul  est  le  siège  de  l'urumia- 
lie  (lig.  23).  Entit-  deux  jambes  ea- 
lièremcnt  uonnnles  il  esistu  dmu 
jambes  paras i tjt i res ,  faisaiil  !iai)ll< 
eu  HvanI,  et  jouant  l'une  el  l'aiilr- 
dans  deux  articulations  eu) 
raies   situées 

nicnlaire  soudé  ou  réuni 
tie   a ntéro- inférieure  dn 
eipal    au   niv<>au  des  <M 
^^  lesquels  il   peut  vacîUwi 

FiG.21. —  Monilrc  l'alvmi'lieu  (iiviFonièioj,  .  . 

'   '  "■**        '     iiu»!s  au  voisinage 

coxo-fiTuorale ,    les    membres  parasitaires    s'amincit 
à  partir  des  (lenouK;  elles  sont   inégales  et  terminéoft' 
mités  de   [letît   vobnne  alTeclik's  de   pied  liot   vanis.  Le  <|i 
le  <'Jii{|uiènie  orteil  de  eliut|uo   pied  sont   r«;uuis  par  niii* 
inlerdigitaiii!.   d  lu  gros  arttU  du  pied  gtuuhi'  préi 
lilemenl   incomplet.    '  -     -    -        - 

sont  pins  ou  ] 


it;ii.  I."'s  iHUSclos  ~ .: 
iliii'i.  il  le  lissii  aùiin 
1.1  |ii'aii  *>sl  d']t:ituL 
aiipriKlié  du  biis-;t:. 
■piisse,  iiii  ajuT-iii;  m 
.iijH  iniUisitf.  Li  >-ui.- 
isTiii-k--:. 


..m-  di-s 
I  II  II  soul 

u.iil  iittus- 
iiUsiiupli's; 
■  iLiii's  vei-lû- 
I   (li'ux   sa- 

^oiisimoailôs 

.;iiriiuii  tcelus 

,>.ii':isili-  inclus 

.  un  voisinait' 

iiiiina  Atliènos, 

cas,  <>tu(lio  |iai' 

|inr  {luérir  après 

iiicn.  On  voit  pjn- 

•  '/  l'homme,  mais 


■  liss.  Parme,  1815,  — 
l-ll'i  Aeead'vt.  Gif-ai'i, 
.  lllst.  des  anom.,  t.  III, 
■.iinsitf  humaine  ]nii- iii'-hi- 
.  Aimi.,  t.  XXlll,  p.  'i2«, 
Mniatre  hiimnin  tripk  \>ai- 
p.  ;Vi6). 

doubles  oiidocYoïiens 


^  lie  deux  individus  livs-iui!- 
1  11'  plus  petit  ou  lo  pai'asile, 
iiiili-,  s(i  trouve  i-enrcniu'  l'I 
,1. ■l'Ile  lilii'cuscjdus  ou  moins 
II-,  (loitl  les  uns,  adlim-nls  à 
i'l>>iinti'cs,sansadlii'Ti'iici's, 
iiMii.  ^'allri'ont  fatalcnicitt pl 
'<i  i  du  contuot  de  Tair.  Ainsi 


91  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

mince,  rougeâtre  ;  limité  sur  le  côté  par  les  lèvres,  il  laisse  voir  à  la  partie 
postérieure  le  canal  de  Turèthre,  qui,  bien  conformé,  se  trouve  à  2  cen- 
timètres de  lanus^  et  en  avant  l'insertion  du  parasite,  de  sorte  que  la 
menstruation  parait  devoir  rencontrer  des  difticultés,  comme  aussi  le 
rapprochement  sexuel. 

Bibliographie.  —  Chabelard,  Mém,  deVAcad.  des  sciences,  i7^i6.  —  Ammox, 
Die  Amjeb,  chir,  Krankh,,  pi.  XXXIV,  fig.  i,  2.  —  Orro,^  loc,  dt.,  n**  fi\5.  — 
Fleischmanx,  Der  Fœtus  in  Fœtu,  \SUô, — Acton,  Med,chir,  Tr(tnsact.,\o\.  XXIV, 
18^i6.  — PiTHA,  Prag.  VicHeIjahrschr.,  1850,  VII,  I.  — Hesselacu,  Beschreib, 
d.  Wurzb.  Pràp.,  p.  237.  —  Weber,  Archiv  fur  path.  Anat.  und  PhysioL, 
*.  VI,  p.  520.  —  Fr.  Béer,  Beitrùge  zu  der  Lfihre  von  den  Missgeb,  In.  diss, 
Zurich,  1850.  —  E.  Vidal,  Monst.  double  parasit.,  genre  pygoméle,  famille 
des  polyméliens  (Soc,  de  biologie  et  Gaz,  méd.,  1861,  p.  2^5-516).  —  Fôrster, 
Die  Missbild.y  p.  27.  —  Bulletin  général  de  thérapeutique,  t.  LXIX,  p.  kU,  1865. 
—  Hervieux,  Bm//.  dcVAcad,  de  mé(i.,  6  janvier  187/i,p.  20. 

111.  —  Monstres  triples. 

Ces  monstres  sont  peu  communs  ;  la  science  en  possède  à  peine  quel- 
ques exemples,  ce  qui  ne  peut  surprendre,  lorsqu'on  sait  la  rareté  des  ac- 
couchements triples.  Effectivement,  sur  un  relevé  de  37  hki  accouche- 
ments, Dugès  {Revue  méd.,  année  1826,  t.  I,  p.  3/i9)  n'a  trouvé  à  la  Mater- 
nité de  Paris  que  cinq  accouchements  triples.  Dans  les  grossesses  triples 
plusieurs  cas  peuvent  se  présenter  :  les  trois  jumeaux  sont  isolés,  c'est  le 
cas  ordinaire;  ils  sont  soudés  à  deux,  le  troisième  étant  libre;  enfin  la 
réunion  des  trois  sujets  en  un  seul  constitue  le  cas  de  beaucoup  le  plus 
rare.  On  connaît  jusqu'ici  seulement  quatre  cas  bien  authentiques  de  tri- 
plicité  monstrueuse  chez  l'homme. 

Le  plus  important  de  ces  cas  est  rapporté  par  les  docteurs  Reina  et  Galva- 
gni,  de  Catane,  qui  firent  eux-mêmes  la  difficile  extraction  du  monstre. 
Sur  un  tronc  unique  et  volumineux,  s'élevaient  deux  cous,  l'un  gauche, 
de  forme  normale,  l'autre  droit,  très-gros,  nianifesleinent  double.  Le 
premier  portait  une  tête  de  conformation  régulière  ;  le  second  était  la 
base  commune  de  deux  têtes  distinctes,  presque  aussi  bien  conformées 
que  la  première.  Les  membres  étaient  au  nombre  de  cinq,  deux  thora- 
ciques  régulièrement  disposés,  un  troisième  thoracique  placé  postérieu- 
rement, et  deux  abdominaux.  L'appareil  générateur,  de  sexe  masculin, 
était  unique  de  même  que  l'ombilic,  de  sorte  que  ce  monstre  était  triple 
dans  la  région  céphalique,  double  en  apparence  dans  le  cou  et  la  partie 
sup<»rieure  du  thorax,  et  simple  dans  la  moitié  sous-ombilicale.  11  existait 


MOSSTItUOSlTÉS.  95 

ï'seiileraeiit  deus  tmchét^s-arli-res ;  de  même  il  y  avail 
sniKieurement  trois  œsophages,  dont  le  droil  et  rinteiTnédiaiie  se  ooii- 
rniidiiient  plus  bas  en  un  si>ut.  On  trouvait  deux  cœurs,  deux  péricardes 
A  m^io  deux  paires  (le  poumous,  placées  chacune  dans  l'une  des 
iiiiiiliés  d'un  unique  el  ample  thorax,  à  deux  rangs  de  câtcs  et  à  un  seul 
slirnum  antcrieur.  L'estomac  et  le  duodénum  étaient  uniques,  mais  il 
»itlail  deux  jéjunums  et  deux  iléons  ;  à  partir  du  ciecum  le  canal  inte&- 
lÎDtl  redevenait  unique.  Les  autres  viscères  ùp.  l'ahdomen  étaient  simples; 
il  n'y  avait  qu'un  seul  rein.  Cependant  il  existait  deux  colonnes  verte- 
timli'S  complètes,  bien  que  réunies  sur  (quelques  points,  et  deux    sa- 


les Autres  cas  de  monstres  triples  otit  trait  à  des  munslruosilés 
par  inclusion.  L'un  d'eux,  publié  par  Bettoliet  Fattori,estrelatifàun  fœtus 
ff'inclle  de  sept  mois,  bien  développé,  qui  presenlait  un  parasite  inclus 
(Ilins  la  région  du  ventre  et  un  autre  dans  la  région  anale,  au  voisinage 
lii^l'inleslin.  Dans  un  autre  cas  rapporté  parAretaeos,  médecin  à  Atbènes, 
il  l'iigissail  encore  d'un  Tœtus  de  sept  mois.  Un  dernier  cas,  étudié  par 
'iactana  .\ocito,  est  celui  d'un  bomnie  adulte  qui  linil  |>ar  guérir  après 
>Vlre  débarrassé  de  deux  Tœtus  inclus  dans  son  abdomen.  On  voit  |>ar 
<'i^i  Tails  que  la  triplicité  monstrueuse  est  possible  chez  l'homme,  mais 
'yii: k  plus  souvent  cette  inonstruosilé  est  parasilaiie. 

liiRior.RAPiuE.  — Kattobi,  Be'ffti  ckt-  ruechiudom  fetî,  diss.  Parme,  1815.  — 
(tiii  [[  (;iLVA(isi,  Snprn  na  feto  umann  trii:ef<ilo  (Atti  delta  Aecndem.  Givfnia. 
iMIl,  p.  203,  1832).  —  Is.  Geoffroy  Siiht-Hilaibe,  Hitt.  des  anom.,  t.  111, 
p.  î!T.  —  GAtTAKo  NociTo,  Uém.  sur  an  eas  df  monstruosité  humaine  pnr  inebi- 
■û»'. Girgenti,  18.ÎU.  —Th.  AiitTAEoa,  Anh.  f.  pnth.  4wri.,  t.  XXUI.  p.  'i2a, 
"*î,  et  Gaz.  mM.,  1863,  p.  81ù.  — Philipèaux,  Monsirr  humnin  Iriph  par 
'■"flwOTi  (Soc;  de  biologie  et  Gaz.  tard,  de  Paris,  1S73,  p.  ;»Û6), 

5^'— HOHSTRESDorBLEs  p,\R  INCLUSION.  —  Monstres  doubles  ciidocymiens 
(Is.  GcofTroy  Saint-Hilatre}. 

îS  monstres  par  inclusion  soûl  composés  de  deux  individus  très-iné- 

U  en  volume  et  en  développement,  et  dont  le  plus  petit  ou  le  pai-asile, 

1  d'*lre  greffé  sur  l'individu  qui  le  porte,  se  trouve  renfermé  et 

e  emboîté  dans  celui-ci.  Isolé  par  une  poche  tibi-euse  plus  ou  moins 

e  parasite  est  Tonné  de  débris  de  fœtus,  dont  les  uns,  adhérents  à 

oche,  vivent  d'une  vie  végétative,  tandis  (|ue  les  autres,  sans  adhérences, 

mrvus  de  toute  vitalité  et  de  toute  nutrition,  s'altèrent  fatalement  et 

it  uue décomposition  sponttuiée  fi  l'abri  du  contact  de  l'air.  Ainsi 


96  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

<!cs  tumeurs  congénitales  peuvent  s'accroître,  rester  inertes  et  inoffensives, 
mais  quelquefois  aussi,  par  suite  de  leur  décomposition,  elles  devien- 
nent, à  la  façon  des  corps  étrangers,  le  point  de  départ  d'un  travail 
inflammatoire  qui  a  pour  consé(iuence  Télimination  de  leur  contenu 
et  un  danger  réel  pour  l'individu  qui  en  est  atteint.  Cette  monstruo- 
sité se  rencontre  dans  différents  points  de  Torganc;  mais  comme  on 
Tobserve  le  plus  souvent  sous  la  peau  ou  dans  des  cavités  viscérales,  on 
distingue  des  parasites  inclus  superficiels  ou  sous-cutanés  et  des  parasites 
viscéraux. 

Les  /jfirasiti's  sous-cutanés  occupent  généralement  la  partie  postérieure  et 
inférieure  du  tronc,  les  nagions  sacro-périnéale  et  scrotale  où  ils  forment  des 
tumeurs  Iiémisphériques  plus  ou  moins  régulières,  de  la  grosseur  d'une 
tête  de  fœtus  normal,  quel(|uefois  assez  volumineuses  quand  une  certaine 
quantité  de  sérosité  vient  s'ajouter  au  contenu  de  la  poche  qui  les  ren- 
ferm(»  pour  desccMidre  jusqu'aux  jarrets  du  sujet  autosite.  Celui-ci  n'est 
pas  toujours  bien  conformé  dans  la  région  inférieure  du  tronc  ;  assez  sou- 
vent l'anus  est  mal  placé,  rejeté  lat('*ralement  ou  l)i(*n  placé  immédiate- 
ment diM-rièn»  le  scrotum  ou  la  vulve  ;  il  peut  être  imperforé.  Les  organes 
sexuels,  dans  quelques  cas,  offrent  d::s  anomalies  de  position;  la  moelle 
é|)inière  enfin  peut  se  terminer  inférieurement  d'une  manière  insolite,  par 
extMuple  sans  queui*  de  cheval,  et  l'on  a  vu  la  portion  sacro-coccygienne 
affectée  de  fissure  spinah».  Le»  fœtus  inclus  a  une  conformation  très-varia- 
bl(\  analogue  à  celle  des  derniers  omphalosites  ;  il  n'est  pas  entouré  de  ses 
membranes  connue  dans  l'utérus  :  la  peau,  une  membrane  fibreuse  et  une 
membrane  muqueuse,  telles  sont  les  parties  (jui  entrent  dans  la  consti- 
tution habituelle  des  enveloppes  (jui  le  circonscrivent.  La  peau  est  ten- 
due, parcourue  [)ar  des  vaisseaux  dilatés,  la  membrani»  fibreuse  est  plus 
ou  moins  éï)aisse,  et  dans  certains  cas  exc(»ptionnels,  où  une  tumeur  in- 
tra-abdominale  estajouti'e  à  la  tumeur  sous-cutanée,  elle  se  |)rolonge  d'un 
kyste  à  l'autre.  La  membrane  mutiueuse,  lisse,  tapissée  d'un  épithélium 
pavinK^nteux,  donne  attache  au  fœtus  parasitaire  qui  lui  adhère  au  moyen 
de  brides  fibro-cellulaires. 

lïes  parties  liquides  et  des  |)arti(»s  solides  forment  généralement 
le  contenu  de  ces  tumeurs.  Le  liquide  est  une  sérosité  claire,  ren- 
fermant de  Teau,  d«*  l'albumine,  du  chlorure  de  sodium,  des  débris  épithé- 
liaux  v\  des  globules  sanguins.  Dans  un  cas  rapporté  par  Himiy,  la 
composition  de  ce  liquide  était  analogue  à  celle  de  Teau  de  lamnios; 
quelqu(»fois  enfin,  W  li(|uide  séro-albumineux  faisant  défaut,  les  parties 
solides  sont  recouvertes  de  graisse  et  de  cellules  épithéliah^s.  Ces  })arties 
conq)rennenl  des  portions  |)lus  ou  moins  considérables  de  membres,  tan- 


HONSTRUUSITKS. 

lÛ  garnis  (le  leurs  ijssus  ei  complets,  tan tât  réduits  à  l'étal  rudimeiitah'e. 

linsi  l'on  rencontre  quelquefois ,  isolés  ou  rounis ,  un  bras ,  une  jambe, 

unemuin,  etc.;  le  plus  souvent  on  trouve  des  os  ou  des  rraginents  d'os, 

quîTexamen  fait  reconnaître  appartenir  aux  os  des  membres.  Dans  d'au- 

iKSCas,  ces  lumeui's  renferment  des  rudiments  de  squelette  du  crâne  et 

de  la  colonne  vertébrale,  ou  même  des  masses  intestinales  plus  ou  moins 

ïilongées  et  quelquerois  munies  d'un  mésentère  avec  ses  artères ,  ses 

rdncs,  ses  nerfs  et  même  ses  vaisseaux  et  ses  ganglions  lymphatiques. 

Cu  certain  nombi'e  de  ces  tumeurs  présentent  enfin  des  [)artics  muscu- 

laifes  et  nerveuses  ;  on  y  trouve  des  niasses  plus  ou  moins  aualogues  au 

(«rvcau  et  au  cenelet,  mais  qui  ont  rai-cmcnt  la  structure  anatomique 

de  la  substance  cérébrale.  D'ailleurs,   les  rudiments  de  viscères  sont 

^éralement  rares  dans  ces  inclusions  :  les  organes  glandulaires  sont 

ceux  qui  y  font  le   plus  souvent   défaut;    les    éléments   du    foie    ne 

^missent  pas  avoir  jamais  été  rencontrés  dans  ces  kystes.  Cette  moindre 

Eriquence   des   tissus  mous  par  rapport  aux  tissus  durs  et  résistants 

comme  les  os,  tient  sans  doute  à  une  plus  grande  facilité  de  transfor- 

Wlion  et  de  désagrégation  niolcculaire.  Pourtant  ces  tumeurs  parasi- 

I    brresne  sont  pas  sans  se  noun-ir  dans  une  certaine  mesure  ;  elles  reçoivent 

^Hbrindîvidu  autosite  des  vaisseaux  provenant  des  branches  artérielles 

^Hpucipaies  de  la  région   qu'elles  occupent.   Dans  la  région  scrotale, 

^KdJK  sont  alimentées  par  lus  vaisseaux  du  scrotum,  tandis  que  dans  la 

'    région  sacro-pcriuéale  ce  sont  généralement  des  rameaux  émanés  de 

'artère  sacrée  moyenne  qui  s'y  distribuent. 

k  description  qui  précède  se  rapporte  à  des  faits  où  l'origine  et  la  ua- 
'ure  fuetalcs  de  la  tumeur  ne  sauraient  faire  l'ombi'è  d'un  doute.  A  côté 
4e  ces  cas,  il  en  est  d'autres  dans  lesquels  on  ne  trouve  plus  d'organes, 
luis  simplement  des  fiagments  des  tissus  constituants  du  fœtus,  tissu 
coùjoncUr,  cartilage,  os,  fibres  musculaires  lisses  et  striées,  en  môme  temps 
que  des  kystes  multiples.  t*s  tumeurs,  qu'il  est  impossible  de  séparer 
&tKolumentdesinctusions  sous-cutanées  dont  elles  se  rapprochent  par  une 
*«iedc  faits  intermédiaires,  ont  été  généralement  désignées  sous  les  noms 

*eCTStosarcomes  ou  tumeurs  embryoplastiques  ;  elles  seront  étudiées  plus 

^Hbnsous  la  dénomination  de  tumeurs  congénitales  enkystées. 

^■'Lesj^onui't»  viscéraux  ont  pour  siège  ordinaire  la  cavité  abdominale, 
^HpiU occupent,  soit  le  sac  péritonéal,  soit  le  mésoci'ilon  Iransversc  (cas 
^^UDupuytren,  Youiig);  ils  se  retrouvent  aussi  dans  le  médiastin  antérieur 
^P  (lîwdon.  etc.%  On  a  également  signalé  leur  présence  dans  les  ovaires, 
lii  tu&iicules  (Verneuil)  ;  mais  il  se  peut  que  dans  ces  organes  il  s'agisse 
URUlun.  —  TtÛlÉ  d'Anal.  !■  —  ' 


98  ANATOMIB  PATHOLOGIQUE. 

simplement  de  kystes  dennoïdes.  Entouré  d'une  forte  capsule,  le  parasile 
est  toujours  rudimentaire,  le  plus  souvent  acéphale,  tantôt  libre,  tantAl 
relié  à  la  capsule  qui  Tentoure  par  des  faisceaux  fibreux,  des  vaisseaux, 
ou  même  par  une  sorte  de  cordon  ombilical.  Il  présente  rarement  des 
organes  complets,  à  part  quelques  portions  d'intestin  ;  mais  souvent  il 
offre  des  extrémités  avec  leurs  parties  molles,  des  pieds,  des  mains  avec 
les  doigts,  des  os,  etc.  Ce  parasite  n'a  pas  d'organes  vasculaires  propres, 
et  sa  nutrition  ne  peut  s'effectuer  que  par  l'intermédiaire  des  vaisseaux 
de  l'autosite.  Dans  la  cavité  abdominale,  par  exemple,  cette  nutrition 
s'opère  aux  dépens  des  branches  des  vaisseaux  mésentériques. 

La  présence  d'un  parasite  inclus  peut  ne  déterminer  aucun  accident 
local  ;  cependant  au  sein  du  péritoine  elle  n'est  pas  toujours  sans  danger. 
Il  aiTive,  en  effet,  que  la  tumeur  parasitaire,  se  comportant  à  la  façond'un 
corps  étranger,  donne  lieu  à  une  péritonite,  ou  produise  une  perforation 
intestinale  ;  ainsi  elle  peut  se  faire  jour  à  l'extérieur  et  se  déverser  au  dehors. 

Différentes  théories  ont  été  proposées  dans  le  but  d'expliquer  l'inclu- 
sion fœtale,  mais  deux  de  ces  théories  seulement  méritent  notre  examen. 
L'une  d'elles  fait  provenir  l'embryon  inclus  du  sujet  principal  dont  il  ne 
serait  qu'un  produit.  Présentée  par  Meckel,  cette  hypothèse  est  formelle 
ment  conti^edite  par  tous  les  cas  dans  lesquels  on  trouve  l'embrjon  inclus 
très-développé  ou  même  complet,  et  par  l'intime  analogie  qui  lie  ces  cas 
avec  ceux  dans  lesquels  le  sujet  inclus  est  réduit  à  quelques  parties  amor- 
phes. L'autre  considère  Tembrjon  inclus,  non  plus  comme  le  descendant, 
mais  comme  le  frère  du  sujet  qui  le  renferme,  conçu  dans  le  même  acte 
générateur.  Cette  dernière  explication,  qui  rapproche  les  monstres  par 
inclusion  fœtale  des  parasites  par  implantation  et  des  monstres  ompba- 
losites,  est  celle  qui  s'accorde  le  mieux  avec  les  données  scientifiques. 

BiBiJOGRAPHiE.  —  Dltl'ytren,  BiiU.  fie  la  faculté  de  médecine  de  Paris,  1. 1' 
an  XIII.  —  YouNG,  Med,  ehirurg.  Transact.,  1809,  t.  I,  p.  23^.  —  Procha^m» 
CEsterr,  med,  Jnhrh.^  II.  Wien,   1814.  —  Highmore,   London  med,  ReposiMi 
1814,  vol.  II.  —  Philips,  Med,  vhir,  Transact.,  1815,  t.  II.  —  Capadose,  Di».  ^ 
fœtu  intrafœtum,  Lugd.  Batav.,  1818.  —  Gordon,  Med.  ehir.  Tram.,  t.  XlUt 
p.   12,  1825.  —  Laciiéze,  Delà  diiplirité  monstrueuse  par  incluxion,  thèse  àc 
Paris,  1823.  —  Lvj^wwge,  Mêm.  sur  la  monstruosité  dite  par  inclusion.  CaeO» 
1829.  —   Le  môme,   Bull,    de  l'Aead.  méd.,  20  janvier   1852.   —  HiMLti 
(ieschichte  des  Fœtus  in  Fœtu,  Hannovcr,  1831,  avec  le  relevé  de  la  plupart  d^ 
faits  connus.  —  Ciiakvet,  Arrh.  (jèn.  de  méd.,  sér.  3,  t.  III,  p.  265,  1838.  -^ 
SzoKALSKi,  Ibid.^  t.  VII,  p. '307.  —  Emmerich,  Fœtus  in  Fœtu  (Areh.  fur  physio^' 
Ueilkundp,  1847,  et  Gaz.  mid.,  1847,  p.  830).  —  Ollivier  d'Angers,  Mém.  ^'^ 
Vinclmion,  {Archives  tjénér.  de  méd.,  p.  355  et  539,  t.  XV,  1827).  —  Is.  Gex?»''" 


MONSTRUOSITES.  99 

FROY  Saint-Hilaire,  Uistoife  des  anomalies  de  Corganisaiion,  t.  III.  Paris, 
1836.  —  ScHAUMAMN,  Diss.  tist.  cas.  mr,  fœtus  in  fœtu,  Berlin,  1839.  —  Stan- 
LET,  OnœngenUal  tttmorsofthe  pelvis  (Med*  chir.  Transaci,^  t.  XXIV,  p.  230, 
18M).  —  ViGifÉ,  Bull  de  la  Société  anat.,  21*  année,  1846,  p.  196.  — 
Fldschmaxn,  Der  Faim  in  Fœtu.  Nuremberg  ,  18/»5.  —  Cruveilhier,  Traité 
d^anat.  path.  générale,  t.  I,  p.  371,  1869.  —  V.  Ammon,  Die  anyebor.  cW- 
nsrg.  Krankhtit.  Berlin,  \SU2.  —  Hoiie,  Geburtcn  missgestalteter  Kinder,  Halle, 
1850.  —  DiouicsoN,  Med.  Times  and  Gaz,  July  1850.  —  Lebert,  Mém.  de  la 
Société  de  biologie,  t.  FV,  p.  203,  1852.  —  Suukowski,  Monstruosité  par 
Mclunon,  rapport  par  Danyau  {Gaz.  méd.,  1851,  p.  743).  —  Verneuil, 
Mém,  sur  Vinckision  scrotale  et  testiculaire  {Archives  générales  de  médecine, 
1855,  t.  I,  p.  641,  et  t.  II.  —  ScHUH,  Wieti.  med.  Wochenschr.,  1855, 
n'51.  —  Reixer,  Ibid,,  1858,  31-33.  —  Schwartz,  Beitr.  zur  Geschichte  des 
Ffrtm  in  Fa^.  Marburg,  1860.  -*  Moussaud,  I)es  inclusions  fœtales,  tbèse  de 
Paris,  1861.  —  Aug.  Furster,  Die  Misshildunqen  des  Menschen.  léna,  1865, 
p.  40,  pi.  V,  fig.  17. —  Constantin  Paul,  Étude  pour  servira  V  histoire  des 
monstruosités  parasitaires  {Archiv.  génér,  de  médecine,  t.  I,  p.  641,  et  t.  II. 
Paris,  1862). —  Danyau,  Rapport  sur  une  obseixation  de  superfét.  congénit.  d'une 
imefUe  de  quatorze  ans  (Acad,  de  méd,,  18  nov.  1851,  et  Gaz,  méd,,  1869, 
p.  68).  —  Braune,  Die  Doppelbildungcn  wid  angeboren.  GeschwiJÀste  der  Krenz- 
f^egend,  Leipzig,  1862.  —  Bbrend,  Berlin,  klin.  Wochenschrift,  1864, 
n*  24.  —  Breslau  et  Rindfleisch,  Archiv  f.  path.  Anat.  tmd  Physiol.,  t.  XXX, 
p.  406,  1864,  et  Gaz.  méd.,  1866.  —  Preuss,  Archiv  fur  Anat.  Physiol.  wid 
wismschaft.  Medicin,  fasc.  2,  1869;  anal,  dans  Gaz.  méd.,  1870,  p.  371. 
ViRCHow,  Berl,  klin,  Wochenschr.,  VI,  19;  mai  1869.  —  Bohm,  Zur  Castiistik 
der  fùtaien  Inclusion,  in  Steissbeingeschw.  {Berlin,  klin,  Wochenschr.,  n^  5, 
1872).  —  MoRiTZ  Freyer,  Zur  Casuistik  der  Kreubeingeschujùlste  mit  Fœtalem 
{Archiv  f.  path.  Aiwt,  und  Physiol.,  i.  LVIII,  p.  509,  1873). 

§  A.  —  TUMEURS  CONGÉNITALES  ENKYSTÉES. 

Par  cette  dénomination,  nous  désignons  des  productions  congénitales 
solides,  liquides  ou  semi-liquides  entièrement  liées  à  la  formation  ou  au 
développement  de  Tétre  humain.  Bien  qu'on  ne  soit  pas  absolument  ii\('' 
sur  l'origine  de  ces  tumeurs,  le  moment  de  leur  apparition  et  la  nature 
des  parties  qui  les  composent  tendent  à  les  faire  rattacher  à  un  vice  de 
Torganisation,  et,  pour  ce  motif,  elles  se  placent  naturellement  à  côté  des 
moDstmosités;  elles  constituent  deux  gi'oupes  distincts  quant  à  leur 
origine  :  1"^  les  tumeurs  sarcomateuses,  cystosarcomateuses  et  kystiques; 
!2*  les  tumeurs  dermoides. 

I.  —  Tumeurs  sarcomateuses  kystiques. 

Ces  tumeurs  ont  pour  siège  spécial  Texcavation  pelvienne,  la  partie 
antérieure  du  sacrum  et  du  coccyx,  les  parties  postérieures  et  inférieures 


10» 


ji.miiyuE. 


du  tronc,  exceptioiinellemenl  les  parties  supérieui'es  <^t  aatûriei 
sont  les  unes  solides,  les  autres  complètement  liquides  ;  néanmoins 
n'offrent  pas  une  dilTérence  aussi  constdéi'able  qu'on  serait  tenté  de  II 
supposer  de  prime  nbord,  car  il  existe  entre  ces  deux  limites  extrènei 
toute  une  série  de  tumeurs  intermédiaires,  c'est-à-dire  de  tumeurs  solidd 
dans  lesquelles  se  sont  développées  un  plus  ou  moins  gi-and  aai 
du  poches  kystiques  de  forme  allongée  et  d'un  volume  qui  varie  ilepuil 
la  grosseur  d'un  œuf  jusqu'à  celle  d'une  t^le  de  fœtus  à  terme. 

Les  tumeurs  sacrées  congénitales  reposent  en  arrière  sur  le  saoni 
et  le  coccyx  ;  en  avant,  elles  se  coiffent  du  rectum  et  refoulent  l't 
et  les  organes  génitaux  externes  au-dessous  de  la  symphyse  pubien» 
en  haut  et  en  arrière,  elles  sont  limitées  par  le  bord  inférieur  di 
muscles  fessiers;  en  bas,  par  la  peau  de  la  région  du  jiérinée.  D 
côté  du  bassin,  les  limites  sont  moins  constontes  :  tantilt  la  tumet 
est  arrêtée  dans  son  développement  par  le  releveur  de  l'anus,  tsnld 
écarlaul  les  libi-esde  ce  mui 
de.  elle  remonte  dans  la  ci 
vitiWlu  petit  Itassin  et  se  tnnil 
située  entre  le  sacrum  et  I 
recluni;  dans  quelques  M 
i-tilin,  fi-anchissant  les  limif 
supérieures  du  bassin,  ellei 
iliwloppe  dans  la  cavité bMi 
iiiiiiale.  Les  tumeurs  coce] 
jKiines  ont  des  insertio 
moins  profondes  et  sont  pU 
accessibles  au  chirurgien. 

lÀ's  productions  présenta 
ptusieui's  enveloppes  :  d'abiK 
la  peau  iionuale.  quelquttElii 
amincie,  violact*,  glabre  4 
recouverte,  sur  un  point, 
poils  (tig.  M),  ensuite  une  couche  celluleuse  et  une  membriute  Ûbreol 
plus  ou  moins  épaisse  qui  peuvent  les  fixer  au  sacrum  ou  au  coccv: 
Leur  contenu,  de  cousislance  ordinairement  molle.ou  semi-fluctuante,! 
coloFatiou  grisâtre  ou  rosée,  est  friable,  quelquefois  gêlatiaîtomw 
parsemé  de  vacuoles  remplies  d'un  liquide  visqueux  diaphane  (Db)imI 
Leur  structure  n'a  pas  toujours  été  suffisamment  étudiée:  (uirtabu 
leurs  se  bornent  à  dire  que  ces  tumeurs  sont  solides,  sarcoi 
quelques  autres,  reconnaissant  leur  gi-aude  analogie  avec  le»i 


MONSTRUOSITÉS.  101 

cyslosarcomateuses  qui  se  développent  dans  d'autres  régions  du  corps, 
et  notamment  dans  les  ovaires,  les  ont  appelées  du  nom  de  cystosarco- 
mes.  Elles  sont  généralement  composées,  en  proportion  variable,  de 
parties  solides  et  de  kystes  plus  ou  moins  volumineux,  remplis  d'un 
liquide  séreux,  quelquefois  sanguinolent.  Ces  kystes,  ordinairement 
petits  et  nombreux ,  ne  communiquent  pas  les  uns  avec  les  autres  ; 
ils  ont  des  parois  minces  et  tapissées  d*un  épithélium  pavimenteux, 
et  renferment  quelquefois  des  poils  ou  une  matière  sébacée.  La  masse 
solide  de  la  tumeur  est  formée  de  petites  cellules  rondes  disséminées  au 
milieu  d'un  stroma  connectif  très-riche  en  vaisseaux,  et,  au  sein  de  cette 
masse  connective  embryonnaire,  on  peut  le  plus  souvent  voir  les  éléments 
des  différents  organes,  sinon  des  fragments  de  ces  organes  ;  c  est  ainsi  qu'on 
ya  rencontré  des  fragments  d'os  isolés  ou  soudés  entre  eux,  des  masses  car- 
tilagineuses, des  parcelles  de  tissu  musculaire  lisse  et  strié,  des  rudiments 
d'intestin  (Depaul).  On  y  a  trouvé  encore  des  éléments  semblables  à  ceux  que 
Ton  observe  dans  les  couches  superficielles  de  la  substance  grise  du  cerve- 
let; mais  je  ne  sache  pas  que  jusqu'ici  on  ait  observé  des  cellules  ou  des 
tuhes nen'eux  dans  ces  productions  si  complexes,  quoique,  selon  toute 
naisemblance,  ces  éléments  paraissent  devoir  s'y  rencontrer.  11  y  a  lieu 
dépenser,  en  effet,  que  la  constitution  de  ces  tumeurs  n'est  pas  extrême- 
ment différente,  et  que  souvent,  faute  d'un  examen  histologique  suffisant, 
certains  tissus  n*y  sont  point  signalés.  On  peut  croii*e  aussi  que  les  simples 
kystes  congénitaux  observés  dans  la  région  sacrée  ne  sont,  dans  plusieurs 
cas  du  moins,  que  les  mêmes  tumeurs  dans  lesquelles  l'élément  kystique  a 
fini  par  prédominer  aux  dé|)ens  des  parties  solides  (1  ).  Des  vaisseaux  nom- 
breux se  distribuent  à  ces  tumeurs  ;  ils  proviennent  de  l'artère  sacrée 
moyenne  qui,  souvent  augmentée  de  volume,  pénètre  et  se  termine  dans 
leur  épaisseur  ;  il  n'est  pas  rare  de  voir  s'y  rendre  aussi  des  branches  des 
«rtères  fessières  et  ischiatiques.  Les  dernières  ramifications  du  grand 
sympathique,  et  quelques-uns  des  filets  du  ganglion  coccygien  se  répan- 
dent quelquefois  à  leur  surface.  Les  tumeurs  congénitales  des  parties  supé- 
ncqres  du  tronc  ont  pour  siège  ordinaire  la  base  du  crâne  ou  les  os  maxil- 

(1)  Voyei  les  obseryations  de  Rlebt,  Giraldès,  etc.  Outre  ces  tumeurs  il  existe  dans  la 
D^SHnittcro-coccygieiuie  des  lipomes  congénitaux  dont  Molk  a  pu  réunir  cinq  cas.  Appen- 
'mi  à  l'extrémité  du  coccyx  ou  placées  en  avant  de  cet  os,  ces  productions^  susceptibles 
''•cqoérir  un  Yolume  considérable,  sont  composées  d'un  feutrage  de  tissu  connectir,  très- 
riche  en  tissu  adipeux.  Après  l'étude  que  nous  avons  Taitc  des  monstres  simples  dans 
l^^oels  le  tissu  adipeux  est  toujours  prédominant,  n'y  aurait-il  pas  lieu  de  se  demander 
^  tel  tumeurs  ne  sont  pas  aussi  reflet  d'un  vice  d'organisation,  d'une  anomalie 
™<Miitnieuse? 


102  ANATOMIB  PATH0L06IQUB. 

laires;  elles  font  saillie  dans  la  bouche  et  diffèrent  peu  quant  à  leur 
structure  de  celles  de  la  région  sacrée.  Un  fœtus  d'environ  six  mois  pré- 
senta à  Breslau  et  RindOeisch  une  tumeur  de  consistance  diverse,  multilo- 
culaire,  dont  une  partie  occupait  la  cavité  crânienne,  tandis  que  l'autre 
partie,  qui  sortait  par  la  bouche,  communiquait  avec  la  précédente  par  un 
pédicule  traversant  le  trou  de  la  selle  turcique.  La  tumeur  interne  qui 
parut  offrir  des  ébauches  d'une  face  et  de  plusieurs  membres  renfermait 
un  fragment  d'intestin;  mais,  en  somme,  elle  était  surtout  composée 
d'une  masse  connective  embryonnaire  au  sein  de  laquelle  se  rencontraient 
clair-semés  et  comme  par  hasard  des  amas  de  tissus  cartilagineux,  osseux, 
musculaires,  nerveux  et  glandulaires. 

Une  opinion  qui  a  eu  longtemps  cours  dans  la  science  rapporte 
l'origine  des  tumeurs  sacro-coccygiennes  à  une  hernie  ancienne  de  la 
moelle  épinière  et  des  méninges,  soit  à  travers  un  spina  bifida,  soit  à  tra- 
vers rhiatus  du  canal  sacré.  Or,  d'une  part,  le  spina  bifida  affecte  très- 
rarement  le  sacrum,  il  n'existe  pas  au  coccyx  ;  d'autre  part,  la  hernie  de 
la  moelle  et  de  ses  enveloppes  à  travers  l'hiatus  du  canal  sacré  n'a  été 
observée  que  dans  un  très-petit  nombre  de  cas  ;  par  conséquent,  il  est  lo- 
gique de  conclure  du  peu  de  fréquence  de  ces  lésions  primitives  à  la  nir 
reté  d'une  semblable  origine,  sauf  en  ce  qui  concerne  les  tumeurs  de  la 
région  postérieure  du  sacrum. 

Le  siège  habituel  de  ces  tumeurs  à  la  partie  inférieure  de  la  colonne 
vertébrale  est  un  fait  qu'il  importe  de  noter,  d'autant  plus  qu'il  arrive 
d'observer,  à  l'extrémité  supérieure  du  canal  rachidien,  des  productions 
analogues  ou  semblables  à  celles  de  la  région  sacrée.  Mais  l'existence  de 
tissus  et  d'organes  complets  au  sein  de  ces  tumeurs  nous  parait  suffisante 
pour  rejeter  l'opinion  des  auteurs  qui  chercheraient,  à  l'exemple  de  H.  Mul- 
1er  et  de  Klebs,  etc.,  à  faire  provenir  ces  tumeurs  persistantes  d'une  végéta* 
tion  spéciale  de  la  partie  supérieure  ou  inférieure  de  la  corde  dorsale  ;  il  est 
beaucoup  plus  rationnel  d'y  voir  des  anomalies  se  rapprochant  des  monstres 
épignathes  ou  ischiopages.  L'hypothèse  émise  par  Luschkaet  défendue  par 
Perrin  (1),  hypothèse  d'après  laquelle  la  plupart  des  tumeurs  sacro-péri- 
néales,  indépendantes  du  canal  rachidien,  doivent  être  rapportées  à 
des  dégénérescences  de  la  glande  coccygienne,  n'est  pas  acceptable,  puis- 
que cette  glande  a  été,  dans  quelques  cas,  trouvée  intacte  à  côté  de  la 
tumeur. 

(1)  De  la  glande  coccygienne  et  des  tumeurs  dont  elle  peut  être  le  siège.  Thèse  de 
Strasbourg,  1860.  —  Comparez  :  Legros,  Étwfe  sur  la  glande  périnéale,  ses  divers  états 
pnthologiqttes,  thèse  de  Paris,  1873. 


■  HOCJSTRL'OSiTÎS.  409 

k  nature  al  le  mode  pathogéDique  des  tumeurs  congénitales  enkystées 
sonlc4!rlainpiUi<nt  difficiles  à  délerminerà  l'aide  des  faits  existants,  pour  la 
pJapiirt  tncoiuplels,  du  moins  on  ce  qui  concenie  l'examen  histologique. 
Cependant,  si  l'on  remai-que  que  ces  productions  ne-  se.  rencontrent  gu^re 
qwcbez  des  individus  du  se\e  féminin,  quelles  sont  enkystées,  qu'on 

I  IrauTt^  tantôt  les  éléments  des  dilTérents  tissus ,  tantôt  des  masses 
pisseuses,  des  poils,  des  kystes  à  parois  tapissées  d'épithêliura,  on 
«r»  tenté  de  rapprocher  leur  composition  de  celle  des  derniers  monstres 
(UDphalosites  et  de  les  rapporter  à  un  vice  de  l'orgaiiisntion.  Les  tumeurs 
»cro-coccygiennes  ont,  en  eiïel,  la  plus 
fnain  ressemblance  avec  les  monslruo- 
iilés  zoomyles;  conune  elles,  elles  sont 
quelquerois  couvertes  de  cheveux  sur  une 
de  leurs  parties  (fig.  24),  et  cette  partie  est 
{irfcisénient  celle  qui  se  trouve  à  leur  ex- 
iPÉmil*'  libre  (Hg.  2lx  et  25).  Oti  peut  donc 
cmire  qu'il  s'agit .  dans  les  cas  de  ce  genre, 
dt  moiulret  iloublet  ischiopagrs  dont  l'un 
itt  compomnd  s'est  [rauvé  an-élé  dés 
lu  prtmièret  phases  de  son  déoeloppe- 
imt.  Le  siège  s{)éciBl  de  ces  tumeurs 
ijipuic  encore  cette  opinion,  puisqu'il  se 
Irouve  en  un  point  où  se  produit  généru- 
iwnent  l'ischiopagie  (voy.  iig.  ! 6 et  17),  cl  F'o-  sa.  — Tumeur  congénlUlesacro- 
oiilon  voit  mrement  se  produire  des  lu-  ïl     "   l 

meurs  en  dehors  de  l'état  fietal.  Du  reste,  dans  un  cas  que  j'ai  pu  obser- 
ver récemment  avec  M.  le  docteur  de  Soyre,  u  la  clinique  de  M.  Depaul, 

II  tomeur  congénitale  se  trouvait  appendue  à  l'extrémité  du  coccyx, 
wr  son  bord  gauche  et  un  peu  sur  sa  face  antérieure  (fig.  26).  Cette 
tnmear,  formée  d'une  masse  mugeAtre,  molle,  .s'écrasant  sous  le  doigt, 
rt  de  kystes,  n'avait  de  ressemblance  réelle  avec  aucune  production 
plhologique.  Ajoutons  que  l'absence  de  récidive  après  une  opéi-ation 
lient  encore  à  l'appui  de  notre  manière  de  voir  qui  s'applique  également 
■ai  tumeurs  de  la  pai-tie  supérieure  du  tronc. 

U  transition  pour  ainsi  dire  insensible  qui  existe  entre  ces  diffé- 

ninlcs  tumeurs   nous    fait   penser  que ,   malgré   leurs  dénominations 

direraes.   elles  ont  pour  la  plupart  une   même  origine.  11   n'est  pas 

pwiible,  en  effet,   de  cmire  k  l'existence  de  productions  carcinoma- 

I   taises  à  cet  ftge  de  la  vie,  et  certainement  les  tumeurs  d'aspect  mé- 

Hstlaire  auxquelles  on  a  accordé  cette   êpilhélE'  ne  dilTéraient  pas  de 


ANATOMIK    PaTROLOCIQUE. 


i  aulcui's  I 


l  désignées 


i  le  nom  de  ; 


celles  que  certains  — -  — ^, - 

ou   cystosarcomes;    de    sorte    que,   à   pari    quelques    tumeurs 

dales,    véritables  appendices  coce 
pions,  il  y  a  lieu  d'admettre  que  I 
productions  enkjstécs  des  régions  s 
crées  et  maxillaires  ne  sont  que  i^ 
anomalies  de  Tormation.  Il  est  diCT- 
elle,  du  reste,  de  séparer  quelquo 
unes  de  ces  tumeurs  des  inclusions 
fœtales  L  est  pourquoi  il  nous  a  para 
logique  de  rapprocher  leur  étude  de 
celle  des  monstruosités  parasitnires, 
comme    aussi  de    celle   des    kysli>ft 
deimoides,  quoique  l'origine  de  ces 
dernii  rs  nous  paraisse  différente, 


BiiiuooHApniE,  —  Htmly,  Gi'schichte  ilr- 
Fœtus  in  Talu,  HannovGr,1831 .  — Anww 
Die mgeti.chir.  Knmkh. , pi.XI.  —  SiANlir 
On  congénital  ttonaurs  of  (A«  Pelrii  (IW 
cbir.  ri«iwuc(.,  t-  XXIV,  p.  231 ,  1841).- 
Orro,  Monslr.  sexe,  ilescr.  nnat.  Bie^a 
1841.  —  WKnNBen,  Die angi-fmrm.  cj/tà>m 
Hygrome.  Giesscn,  18ù3.  —  Fleiscbuasm 
Der  Pietux  in  FtEtu.  Nuremberg,  1845.— 
Velinu,    Essai  siir  ka   lumeitn  en/tynlées  de  Cmslrmitê  infér.  du  Imnc  fato^* 
Strasbourg,  1946.  —  Gili^s,  Ite  UnuTomUi*  eyttieis  amgmiilis.   liis».  Bonti^ 
1852.   —  Maltuneb.  Ankiv  f.    ■phyiiol.    Heilh.,  t.  XI,  p.    lui,    1653.    — 
Knopf,    Hygroma   cyslifum    congen.    nacrule    (DeuUrhe    Ktinik,    p.    li^i,    » 
Comtatt    Jahrb.,    1853).  —  Vebl,    GrundiUijv  der    palh.  Hiitologie,  p.    53^ 
Wien,  1853,  —  Laugieh,  Comptes  rendit»  Acad.  des  siienres,  1b  avril  183^ 
et  Gaz.  rnt!(j.,1855,  p,2S2. —  BsBABni,  BdreosWorrmprfirorfiFnno,  Kvr.  185Bi 
cl  BuU.  de  Iherap.,  juin,  1856.  p.  5«l.  — GLesER,  Ai-ehiv  f.  path.  Anat. 
Phj/s.,  I.    XIII,    p.    187.   18.'i8.  —  LoTZBEcK,   Die  migeb.   ficKftio.  d. 
KrruzlMing-vend.  Mûnth,  1858.—  II.  MuLLEn,  tlenlf  ii.  Pfcuf.Zeitschr,  sér.  lil„ 
\ùi.  II.  —  (leLi.KD,  Dis»,  de  bim.  eoceyg.  firttu  rudim.  conlin.  Bonn,  185(1.  — 
LriAciHii,  ftrr  Hirnanhong  vnd  die  Steisidriuie !  bertin.  186».  —  iltstuiL,  JUfoIr 
fiir  un  c(w  d'hgpfrtf.  dû  lii  glande  de  limhka  iOni.  hebd. ,  1860.  p.  620».  — 
liiHALDÈs.  Biill.  df  In  Soc    de  rhiruiy.,  24    nov.    1860,    27  mare  1861.  - 
,  Die  Dijipilbiliiuiigen  wtd  aitgvbormen  GetthwUIsle  dei-  Hriuzbeittg^nm. 
il.i.,  Cciinptrs  rendus 


MONSTRUOSITES. 

Paris.  186Ù.  —  A,  Foehstbr,  Die  Missbttd.,  elc,  p.  28,  pi.  V,  (ig.  H  el  12. 
—  DepiUL,  Bull,  de  la  Soc.  de  chirurgit,  annëus  1865,  1867,  1869,  et  Gm. 
Jiv  kàp.,  mêmes  années.  —  Klebs,  Cystoma  sticrale  oongeiiitum  {Archiv  f. 
path.  Anoi.,  (.  XXXVIII.  p,  186.  1867;  anal,  dans  Gui.  AeM.,'1867.  p.  283).— 
M'AS,  Dm  tumeurs  congénitulps  d'-  l'pxlrémitf  irtfériaim  du  tronc.  Thèse  de 
Strasbourg,  1866.  avec  planch.  et  bibliographie.  —  Holmes,  The  stUT/icat 
Trvatmna  of  thf  disenset  of  infmwy  and  childhood.  London,  1868.  —  Simon 
Oi'HuT,  iJcs  tumeurs  congéiritalet  dr  lu  région  sacro-coceygienne  (Arehite»  gMr. 
/•  mède'ini;  I.  Il,p,  723,  1868).  —  PoiNcin«f;,  Tumeurs  Kongénitalei  du  pàinée 
i,'i;.  mèit..  1870,  p.  578).  —  P.tmsoi,  Sti^m,  ft  Bull,  de  In  Sw.  de  méderme  de 
\i'iry.  1869. —  L.  t'L'EUST,  FiiU  von  aiigebor.  saeral  Hygnm  (Jakrb.  f.  Kitidpr- 

IUilt.,  fol.  Il,  p.  215,  1872).  —  Bi:M.tN,  Ueiwr  ubsm\  pour  servir  à  l'kist. 
dn  (um,  cong,  de  la  région  uno-eoceygù-ime  {htdl.  de  lu  Soeiété  méd.  de  lu 
Sulm  rvmimdp,  juillet  1872). —  De  Soïre,  De»  tumeun  cnngénitales  <U  In  région 
fOtn-eonygieime  (Archives  de  iocologic,  parDcpaul,  mavsl87fi,  p.  136.) 


11. 


'  Kystes  dermoiJeB. 


^H   Cetl«  dénominalioii  sert  à  désigner,  depuis  Leberl,  des  tumeurs  kys- 

^pftpies  ayant  une  structure  qui  se  rapproche  beaucoup  de  celle  de  la  peau 

et  dont  le  contenu,  composé  de  cellule^  épiderniiques,  de  graisse  ou 

Tnfme  de  poils,  peut  renfermer  des  os  et  des  deiils.  A  cause  de  la  na- 

1  tjnr  spéciale  de  leur  contenu,  ces  tumeurs  sont  décrites  dans  divers 

*"«ueils  sous  les  noms  de  kt/stes  dermofdes,  Ifijxles  pileux,  kystes  grats- 

**fvi.  etc.   Elles  ont  été   trouvées  dans  les  diverses  régions  du  corps 

nain,  mais  on  les  i-eucontre  le  plus  souvent  dans  les  ovaires,  les  lesti- 

;  et  dans  divers  points  du  lissu  cellulo-adipeux   sou&-cutané,  prin- 

I  voisinage  de  lorbilc,  du  souixiil ,  dans  les  paupières, 

odis  que  chez  les  animaux  leur  siège  de  prédilection  parait  être   le 

0  conjoticlif  inlerinusculaîre  de  l'encolure. 

'  '  Bbus  leur  forme  la  plus  simple  ces  productions  se  composent  d'une  enve- 

Ti)|H(e  peu  différente  de  la  peau  et  d'un  contenu.  L'enveloppe  est  con- 

<iluée  par  une  toile  fibreuse  ouderniiijue  plus  ou  moins  résistante,  for- 

Kit  de  tissu  conjonclif  et  de  fibres  élastiques,  tapissée  à  sa  surface 

■iilirne  par  des   lamelles    épidermiques   dont  les  plus  centrales  sont 

liUlies, cornées,  taiidi.s  que  les  plus  extérieures  possèdent  tous  les  carac- 

iiTPs  des  jeunes  cellules  êpithélialcs.  Le  contenu  est  composé  de  cellules 

(■fitlidiales  plus  ou  moins  altérées,  de  gouttelettes  et  de  cellules  grais- 
Wues  mêlées  à  des  cristaux  de  cUolesIérine,  ce  qui  donne  à  toute  la 
noMe  l'aspect  d'une  bouillie  et  ii  valu  k  ces  tumeurs  la  dénomination  d'à- 
""'Mines.  Diins   uni'    l'orini-  plu^^  complexe,  l'enveloppe,  par  sa  face  in- 


100  ANATOMIE  PATUOLOr.iQUE. 

birtiL',  iloiHi»  naissance  à  des  poils  plus  ou  moins  lonps,  de  coulmir  va- 
riable,  soiiveiil  dilTm'iits  d^  la  couleur  des  poils  de  l'individu  qui  porlc3 
le  kyste,  l'ourvus  de  bulbes,  eiitourêa  d'une  fiaîne  distiucle  el  fréquenii 


accompagnés  do  deus  glandes  sfiba<;i;cs.  ces  poils  sont  ou  disséminés 
dans  la  puioi,  ou  iHiplaiilés  sur  un  pédicule  distinct  (Tig.  37).  KùUikera 
trouvé  des  ^laudes  sudoripares  el  des  papilles  dans  un  kyste  dermoïde  du 
poumon.  Cellules  ûpilhéliBlcs,  matière  grasse,  cristaux  de  cholestériuc, 
poils  déhiscents  ûu  implantés  sur  la  parul,  telles  sont  les  parties  qui 
forment  le  contenu  de  celle  seconde  variété  kvstique.  Une  troisième 
vwîété  se  trouve  constituée  par  l'existence,  il  la  surface  interne  de  la 
poche,  de  verrues,  de  coudylomes  et  même  do  jiroduclions  cornées. 
La  forme  la  plus  complexe  de  ces  kystes  ivuTerme  enfin  des  dents  et  des 
.  fragments    osseux.    Ces 


!';« 


Fie.  3S.  —  a,  cant}omtni  dn  denu  aa  tein  d'une  lorte 
cin  lifsu  ginitival;  b.  utip  irai  ulTranl  ù  eiin  cotkl  une 
cavilé  prudutte  imr  li  couroane  d'ane  autre  deal; 
F  et  d,  deuil  plu»  pctitei  el  ptiin  jcuneo. 

à  cent  el   mtMne  nu  delfi  dans  les  kvslesde  1'. 


dents  (fig.  28),  plus  flë- 
({uemmentobservées  dans 
les  kystes  de  l'ovaire  el 
dans  le  voisinage  des  itlA- 
choires,  se  rencontrent 
encore  en  d'autres  poînis. 
Elles  sont  en  nombre  Ta- 
xable de  une  à  vingt  dans 
les  kystes  non  ovarieos  ; 
elles  peuvent  être  portiers 
vaire  ;  elles  sont  libres  ou 


implaiiléuh  daua  lis  parois  du   kvale.  sur  des  fnigmcnls  osseux.  Leur 


MONSTRUOSITÉS. 
Hipement  ne  se  rapproche  pas  de  la  dentition  noitnale  ;  mais  leur 
I  ri  leur  siruclure  sont  identiques  avec  celles  des  dents  ordi- 
pjres;  quelques-unes  peuvent  manquer  de  i-aciues.  Les  os  qu'on 
■que  dans  ces  kystes  n'ont  en  général  que  peu  de  ressemblance 
c  le  squelette  d'un  fœtus,  Us  sont  plus  ou  moins  aplatis,  de  forme  ir- 
pilièire,  tantôt libi-es,  lanti^tincruslêsdansla  paroi  du  kyste;  s'ils coexis- 
it  arec  des  dents,  ils  se  rapprochent  davantage  des  os  du  fœtus  cl  sont 
HUnairemeut  nombreux  :  en  tout  cas  leur  structure  demanderait  à  tftre 
X  connue.  Ou  prétend  avoir  rencontré,  dans  des  tumeurs  de  ce  genre, 
H  tragmentsde  cartilages  hyalins  elmëme  des  fibres  musculaires,  des  fibres 
rreuses  elde  la  substance  gi'ise  médullaire  ;  mais  alors  il  s'agissait  vraï- 
iblablemeiit  d'une  inclusion  fœtale.  C'est  qu'en  elîet  il  existe  entre  l'tn- 
lUion  la  plus  complète  et  le  simple  kyste  pileux  une  série  de  faits  intermé- 
disires,  qui  rendent  la  transition  presque  insensible  elle  diaguuslicdi  ITêren- 
M  diriicile.  La  plus  ou  moins  grande  déroimation  des  os  ou  même  leur 
abspuce  ne  prouve  pas  absolument  contre  l'inclusion,  attendu  que  des  os 
lit' petit  volume,  privésde  toute  vitalité, sontsusceplibtes d'être  moditiés ou 
même  résorbés,  comme  cela  s'observe  dans  les  grossesses  extra-utérines. 
Toutefois  l'existence  d'une  grande  abondance  de  dents  et  de  cheveux  nous 
[«raU  séparer  nettement  les  kystes  demioïdes  des  inclusions  fœtales. 

i#s  kystes  demioides  s'accroissent  peu  à  peu  comme  les  organes, 

liais  d'une  fa^ron  moins  régulière.  Lorsqu'on  ne  les  confond  pas  avec  les 

iystes  des  glandes  sébacées,  on  remarque  qu'ils  s'obser\'ent  générale- 

meut  chez  dus  individus  jeunes  ou  adultes,  et  si  quelquefois  ils  se  ren- 

entrent  chez  des  personnes  âgées,  il  est  toujours  possible  de  s'assurer, 

l"rs<iu'ils  sont  superficiellement   situés,  qu'ils  existaient  dès  les  pre- 

niiiTK  jours  de  la  ^ie  ou  du  moins  qu'on  en  a  reconnu  la  présence  de 

Irès-bonne  heure.  Ces  kystes,  en  conséquence,  se  lient  nécessairement  à 

lin  vice  do  formation  et  de  développement,  et  tout  porte  a  croire  qu'ils 

ronontenl  aux  premiers  temps  de  l'évolution  embryonnaire,  car,  selon  la 

^^Uicieuse  remarque  de  llroca,  ils  occupent  de  préférence  la  tête,  le  cou 

^^m  le  tronc,  rarement  ou  jamais  les  membres,   dont  la  formation  est 

PBIai  tardive.   Ajoutons  qu'ils  siègent  daiis  les  organes  nés  aux  dépens 

'      4fts  feuillets  extenie  et  interne  du  blastoderme,  et  qu'ils  en  sont  vrai- 

wmblabtemcnt  des  produits.  En  effet,  l'hypothèse  (pli  rattache  ces  kystes  à 

J^grossesse  extra-utérine  n'est  pas  discutable;  celle  qui  leur  accorde 

T  origine  une  inclusion  fœtale  n'est  pas  beaucoup  plus  admissible, 

I  les  fœtus  inclus   n'ont   pas  de   dents,  et  d'ailleurs,  s'ils  en 

BDl,  on  se  demande  pour(|uoi  celles-ci  dépasseraient  le  chiffre  nor- 

ll  iif  façon  à  pouvoir  se  compter  par  reiitaines.   L'opinion  de  Meckel 


108  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

qui  voulait  voir  dans  ces  kystes  des  produits  incomplets,  des  conceptions 
sans  cohabitation  {Lvcinasine  rance/^tVti),  après  avoir  été  considérée  conune 
une  pure  fantaisie,  est  remise  en  honneur,  du  moins  en  ce  qui  conclue 
les  kystes  dermoïdes  de  l'ovaire  et  du  testicule,  depuis  les  recherches  de 
Waldeyer  sur  l'ovaire  et  sur  Tœuf  (  1  ) .  Ces  recherches  ayant  montré  que  les 
ovaires  et  les  testicules  sont,  à  une  certaine  période  de  leur  évolution  fœ- 
tale, des  organes  semblables  et  que  l'ovule  se  produit  par  suite  du  déve- 
loppement d'une  cellule  de  Tépithélium  superKciel  de  l'ovaire,  il  devenait 
naturel  d'expliquer  la  formation  des  kystes  dermoldes  par  parthénogenèse, 
c'est-à-dire  par  le  développement  spontané  d'un  ovule.  Mais  cette  théorie 
ingénieuse  ne  parvient  pas  à  rendre  compte  de  la  présence  des  kystes 
dermoîdes  dans  certains  organes,  tels  que  le  cer\'eau,  les  poumons,  etc. 
Avant  de  l'accepter,  il  serait  donc  essentiel  de  prouver  que  ces  kystes  dif- 
fèrent de  ceux  qui  siègent  dans  les  ovaires  et  dans  les  testicules. 

En  résumé  rien  ne  prouve  que  les  kystes  dermoîdes  soient  des  inclu- 
sions fœtales  ou  des  accidents  de  parthénogenèse;  nous  croyons  plus  ra- 
tionnel de  les  considérer  avec  le  professeur  Broca  comme  le  résultat  d'une 
hétérotopie  embryogénique,  surtout  depuis  les  recherches  de  Legros  et  Mi 
gitot  sur  le  développement  des  dents  chez  les  mammifères.  Effectivement  ^^ 
ces  recherches  ayant  montré  que  la  première  ébauche  des  follicules  den  — 
taires  apparaît  par  un  cordon  émanant  de  la  couche  épithéliale  de  la  mxk.  -~ 
queuse  gingivale,  l'hypothèse  de  la  formation  de  dents  et  môme  de  chc — 
veux  dans  les  tissus  et  les  organes  nés  aux  dépens  des  feuillets  interne  ou 
extenie  du  blastoderme,  par  suite  de  la  pénétration  d'éléments jépithéliauc» 
est  chose  très-acceptable.  Les  tumeurs  qui  en  résultent  n'ont  pas,  du 
reste,  tout  d'abord  le  volume  qu'elles  auront  plus  tard,  elles  sont  suscep- 
tibles d'accroissement,  ce  qui  porte  à  croire  que  les  parties  qui  les  com- 
posent ont,  comme  les  organes  normaux,  leur  évolution.  Par  conséquent 
ce  qui  constituedans  l'origine  les  kystes  dermoîdes,  ce  n  est  pas  l'existence 
des  os,  des  dents  ou  de  tout  autre  organe,  mais  celle  d'éléments  généra- 
teurs de  ces  organes,  dont  le  développement  peut  être  plus  précoce  ou 
plus  tardif  qu'il  ne  l'est  dans  les  organes  normaux  analogues  du  même 
fœtus  ;  ainsi  s'explique  ce  fait  que  des  dents  toutes  formées  et  volumi 
neuses  aient  été  rencontrées  dans  des  kvstes  chez  des  nouveau-nés  do? 
les  dents  normales  étaient  encore  en  voie  de  formation. 

Bibliographie.  —  N.  F.  CauvEiLniER,  Essai  sur  l'amitom.  patholoy., 
327,  1816.  —  Meckel,  reb(r  regel widrûjt'  Uaar  und  ZnhnhUdumjtni  [Sur 
formations  anormales    de    chneux  et   de  drnts).    Mrrkrl's  Ànhir^    IHl.*!,  ' 

(1)  \W Moy er y  Eierstftrk  und  Kf.  Leipti^,  1870. 


MON.STBl.'OSITICS. 


loi) 


p.  549,  el  Journnt  rompl<mentiiire  îles  scienre»  médicales,  t.  IV,  p.  122-217. 

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ZOrkr.  f.r'd.Med.,i.  IX,  1850;  anal,  dans  Gni.mM.,  même  annëc,  p.  360).— 

^BIi*tMiH£n,  Areh.f,  palk.Aitat.,  VIII,  p.  221. — L^cm,  Ika  kystes  deivioides  et  de 

t)t<^ie  phistiqtieen  géiénU  {Mémoires  lit  la  Société  de  biologie,  1"  série,  1852, 

llï,  et  Gai.  méd.,  1853,  122,  180,  222).  —  Vebneuil,  De  Cindusion  srrotnh- 

glMiailaire  [Arehirra  demidecine,  185.)).  —  Zelssi,,  Wicti  med.  Woehenschi:, 

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I.  Zoo%, ,  II,   281.   —  Dehocque,   Des  kystes  pileux  de  l'ovaire.  Tiiése  de 

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E-Vounua»,  (6i(i.,    t.    XIII,  p.   Ù6.  —  LoTSflECK,  ifcid.,    t.  XV,    p.  363.— 

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;,  UVllI,    p.    36).   —  Pëlikan,  Sehmidfs   Jahresb.,    t.    CXIV,  p.    179.    — 

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—  Bbaune.  bie  Iloppclbildunijen  und  angeboren,  Geschimilsle  der  Kreuibeiiigc- 

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I,  et$ehmiVJj'iJ(ifti'sb.,t.  CXXVII,  p.  156,  ia65).~Giiui.Des,  Note  sur  le« 

■*  dmfoîdes  da  erûite  [Gai.  indrf,,  1866,  p.  670).  —  W.  Tuhneb,  Cuse  of 

mial  cyst.  containiiuj  hair   (St-Bartlwloitmi''s  Hospilul  Ikports,  fol.  II, 

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Ttiiie,  t.  X,  juillet  1867).  —  Broca,    Trnité  des  tumeurs,  t.  Il,  1"  partie, 

9.  127.  Paris,  1869.  —  Recnieh,  Stade  sur  les  kyites  dermoides  de  la  queue 

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une,  liiaiig.  diss,  Breslau,  1869.  —  Gluge,  Élimination  spontanée  par 

if  un  kyste  dermoide  avec  des  eheretix  [Schm.  Jahr.,  t.  CI.IX,  1871, 

5).  —  Ed.  Lanc,  £ûi  Beitrag  ziu-  Kennlniss  sog.  Dermoidcysten  [Arckiv  f. 

!0B.   Anut.,  clc,  LUI,  p.  128,  1871).  —  Cari  Frieulmoem,  Ein  Fall  vofi 

m.  Dermmd  des  Ovarium  {Archir,  f,  palh.  Anat.  und  Phys.,  l.  LVI, 

— Ch.  Legbos  et  MAGitoT,  Origine  et  formation  du  follicule  dentaire  c/ie;  les 

>s  {Journal  de  l'Anat.  et  de  la  Physiol.,  sept.  Cl  ocl.  1873). 


CHAPITRE  II 


DES   MALFORMATIONS 


Sous  cette  dénomination  empruntée  à  la  langue  anglaise,  nous  groupons 
des  déviations  simples  du  type  spécifique,  développées  pendant  le  cours 
de  la  vie  embryonnaire  ou  fœtale. 

Absolument  différentes,  quant  à  Torigine,  des  anomalies  que  nous  ve- 
nons d'étudier,  ces  déviations  très-diverses,  toujours  composées  des  élé- 
ments plus  ou  moins  complets  d'un  seul  individu,  ont  pour  caractères  la 
petitesse  ou  labsence  d'un  organe,  le  défaut  d'union  de  certaines  parties, 
la  fusion  de  quelques  autres,  la  petitesse  ou  la  grandeur  démesurée  de 
l'être  tout  entier.  Elles  commencent ,  les  unes  de  très-bonne  heure 
dans  cette  période  de  la  vie  où  l'embryon  est  à  l'état  d'ébauche,  où  les 
tissus  et  les  organes  n'ont  aucune  forme  déterminée,  avant  l'appari- 
tion des  éléments  histologiques  définitifs  ;  les  autres,  à  un  âge  plus  avancé, 
et  par  le  fait,  celles-ci  sont  beaucoup  moins  graves. 

La  fréquence  de  ces  anomalies  est  gi'ande,  et  le  serait  sans  doute  plus 
encore  si  on  les  cherchait  avec  plus  de  soin  et  si  elles  étaient  nettement 
séparées  des  monstres  composés.  Faute  de  s'entendre  sur  ce  point,  on  eu 
arrive,  en  ce  qui  concerne  le  rapport  des  monstruosités  à  la  mortalité 
générale,  à  des  statistiques  dont  les  résultats,  variables  comme  les 
chiffres  al,  (Funck,  SchmiWs  Jahrsb.,  t.  LXXI,  p.  226, 1850),  jh  (Sickel, 
Schm.  Jahresb,,  t.  LXXXVllI,  p.  116;,  3'^  (Forster),  ne  peuvent  fournir 
aucune  donnée  certaine,  et  pourtant  il  y  aurait  intérêt,  au  point  de  vue 
étiologique  surtout,  à  être  renseigné  sur  la  fréquence  de  ces  anomalies 
chez  les  divers  peuples  (i)  et  dans  les  différentes  races. 

Contrairement  aux  monstres  doubles  qui  la  plupart  du  temps  sont  du 
sexe  féminin,  les  individus  affectés  de  malformation  sont  à  peu  près 

(i)  Consultez,  sur  la  frcqueuce  des  monstruosités  et  des  malformations,  les  tableaui 
staUstiques  de  A.  Puecli,  De.ç  anomalies  de  l'homme  et  de  leur  fréquence  relative, 
Paris,  1871. 


UAI.njHHATIONii.  111 

les  ou  ri'nipljps.  Certains  vices  de  cuiij'ormutioii  du 
'iFurel  de  la  vessie  seraient  m^nie  plus  freqaenls  dans  le  sexe  mâle. 
i>s  individus  naissent  ordinairement  à  tennc,  mais  un  grand  nomlire 
«IVnire  eux,  privés  des  organes  indispenssbies  à  l'entretien  de  la  vie  ex- 
it^rieare.  sont  futaleinent  destinés  à  périr  peu  de  temps  après  leur  nais- 
•^MC.  Deux,  au  contraire,  dont  l'organisation  peut  s'harmoniser  avec  les 
«iri'on stances  de  la  vie  extérieure,  entrent,  mais  non  complètement,  dans 
les  conditions  dcs'éti-es  normaux,  et  leur  mort  l'st  l'elTetdes  causes  qui 
Dou»  menacent,  modifiées  dans  leur  action  par  l'anomalie  dont  l'in- 
nnenco  est  parfois  très-faible  ou  nulle. 

I/'s  causes  des  mairorruations  sont  peu  connues  ;  pourtant,  si  l'on  tient 
ciwplt'  des  données  acquises  par  l'ubser^'atîon  et  de  celles  que  fournit 
('•'ipérimentation  chez  les  oiseaux,  on  n^  tarde  pas  îi  se  convaincre  que 
•^ii  causes  ne  sont  pas  plus  mystérieuses  que  celles  qui  plus  lard  agissent 
sur  Tt^lre  adulte.  Ce  sont  toujours  des  influences  physiques  ou  mèca- 
"iques,  et  des  influences  patliolo(îiques. 

I.'obsi'n'alion  ne  donne  que  peu  de  rensdgnemcnts  relatifs  à  l'action  des 

"Seuls  physiques  sur  ces  anomalies;   heureusement  l'expérimentation 

«Plwrte  quelques  données  h  ce  sujet.   Panuni  est  paiTonu  it  s'assurer 

'in'uu    refroidissement  lent  et  progressif  des  tpufs   d'oiseuux  en  état 

'iricubatiou  nuisait  plus  qu'un  ahaissenicnt  nipidc  de  températuri;,  et 

l'i  une  élévation  anormaK'  était  plus  mauvaise  encore  que  l'abaissement 

'  t  ue  pouvait  pas  fitrc  supportée  aussi  longtemps.  De  même,  Camille  Da- 

MMIe  ■  observé  l'anencéphalic  chez  des  embryons  provenant  d'œufs  pla- 

^Hl  dans  une  couveuse  artificielle  et  qui  n'étaient  en  ccmiact  avec  la 

*'^urcc  de  chaleur  que  par  un  point  de   leur  surface.  Ces  embryons  se 

i -aient  remarquer  par  un  état  d'anémie  des  plus  prononcés,  par  l'hjdro- 

I  •  I  nii-  de  l'axe  cérébro-spinal  avec  hydiiipisie  de  l'amuios  et  du  faux  amnios. 

(ieoiïro}  Saint-ininire  et  Vulenlin  ont  montré  que  des  œufs  de  poule 

Itonmis  â  certaines  actions  mécaniques  pendant  l'incubation  ne  se 
iiveloppent  pas  d'une  façon  régulière  et  qu'ils  sont  exposés  â  des 
anomalies  diverses.  Il  est  reconnu  d'ailleurs  que  les  coups,  les  chutes 
pendant  le  premier  mois  de  la  Ri-nssesse,  entraînent  certains  vices  de 

kf-'iilûmiation ,  comme  fhémicéphniie.  Les  chocs  si  communs  dans 
'l's  lmup«aux  de  brebis,  toujours  faciles  il  elTi-ayer,  sont  pour  cer- 
luDs  vËlérinaires  la  cause  de  la  fréquence  des  anomalies  chez  ces 
viiniaux.  Certaines  lésions  des  trompes  et  de  l'utérus,  pouvant  inlluen- 
Wle  produit  de  la  conception,  n'agissent  sans  doute  pas  autrement  ;  on 
Joiten  dire  autant  des  tumeurs  de  ces  organes  ou  de  leur  voisinagtr. 
Hfin  !h  fréquence  j-elalive  dus  anomalies  dun^   les  grossesses  doubles 


à 


112  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

OU  triples  prouve  assez  que  la  compression  et  riiisudisance  de  Tespa 
peuvent  produire  des  vices  de  conformation. 

Chez  les  oiseaux,  Dareste  a  manifestement  constaté  que  l'arrêt  de  d 
veloppement  de  Tamnios  peut  produire  d'une  façon  toute  mécaoi(| 
un  certain  nombre  d'anomalies  consistant  tantôt  dans  des  changemei 
de  position,  tantôt  dans  le  défaut  plus  ou  moins  complet  du  dé\ 
loppement  de  certains  organes,  rexencéphalie,  par  exemple.  Il  a  obseï 
que  la  monstruosité  symélienne  se  produit  toutes  les  Sois  que  la  par 
supérieure  de  Tamnios  (capuchon  caudal)  éprouve  un  retard  dans  st 
développement  et  qu'elle  reste  appuyée  sur  la  partie  postérieure  ( 
corps  au  lieu  de  s'en  éloigner  par  l'interposition  du  liquide  anmi< 
tique.  Les  membres  postérieurs,  qui  apparaissent  comme  des  bourgeoi 
sur  les  côtés  de  l'extrémité  postérieure  du  corps,  nécessairement  renvers) 
au  moment  de  leur  accroissement,  viennent  s'appliquer  l'un  conti 
l'autre  par  leurs  faces  externes,  et  si  leur  accroissement  marche  pit 
rapidement  que  celui  de  la  cavité  amniotique,  les  deux  membres  se  pré 
sent  l'un  contre  l'autre  et  finissent  par  s'unir  en  formant  une  véritabi 
greffe  par  approche.  Chez  l'homme  enfin,  une  section  plus  ou  moin 
complète  des  membres  a  été  observée  à  la  suite  d'une  striction  circulaii 
produite  par  l'enroulement  du  cordon  ombilical  ou  par  des  brides  placen 
taires. 

L'action  des  causes  pathologiques  sur  le  produit  de  la  conception  a  él 
fort  peu  étudiée  ;  ces  causes,  en  tout  cas,  sont  mal  connues.  A  peine  troi 
ve-t-on  quelques  faits  auxquels  on  puisse  accorder  de  la  valeur.  Demeaux 
rapporté  plusieurs  observations  destinées  à  montrer  que  la  copulaliû 
pendant  l'état  d'ivresse  d'un  seul  ou  des  deux  conjoints  peut,  dans  cei 
tains  cas,  engendrer  des  produits  monstrueux  ou  mieux  des  vices  de  coi 
formation.  S'il  est  vrai  que  l'induction  tirée  de  ces  faits  soit  juste,  il  y  a  à  i 
demander  si  c'est  à  l'état  d'ivresse  et  non  au  désordre  général  résultai 
d'un  abus  prolongé  des  alcooliques  qu'il  convient  d'attribuer  l'anomalii 
nous  avons  remarqué,  en  effet,  que  l'alcoolisme  chronique  est  ui 
cause  incontestable  de  modifications  plus  ou  moins  anomales  du  produ 
de  la  cx>nception  s'excrçant  de  préférence  sur  le  système  nerveux.  1 
.syphilis  héréditaire,  dont  la  tendance  est  d'affecter  lenfant  dès  le  se 
maternel,  est  aussi  dans  quelques  cas  une  cause  de  malformation,  i 
l'apporté  dans  mon  Traité  de  la  syphilis  quelques  faits  qui  mettent  ce^ 
influence  hors  de  contestation.  La  plupart  des  maladies  héréditaires  so 
dans  le  même  cas  :  par  leur  localisation  sur  un  organe  non  dévelop 
elles  déterminent  un  arrêt  de  développement,  d'où  une  anomalie  plus 
moins  accusée. 


Le  Mie  de  l'bârâdJté  dans  la  production  des  vices  de  conrormalion  est 
incoulcstable.  Les  exemples  de  Iransniission  de  ces  vices,  soit  par  le 
p*ri!,  soil  par  la  mèie.  sont  relalivemenl  fréquenls  et  nombreux,  si  l'on 
scdonne  la  peine  de  les  chercher.  Les  doigts  surnuméraires,  les  pieds 
bi>l»,  se  traiismetlenl  le  plus  souvent  de  celle  fanion,  quelquefois  même 
l'vlroiuélie  ne  paraît  pas  reconnaître  d'autre  cause  ;  mais  si  personne  ne 
cuiileste  celle  action,  il  reste  à  chercher  comment  elle  s'exerce,  à  déter- 
miner les  genres  d'anomalies  où  elle  s'observe  le  plus  souvent. 

Li'i  influences  morales,  (jui  passaient  autrefois  pour  avoir  une  grande 
imprlance  dans  la  production  des  anomalies  de  l'organisme,  sont  au- 
lounl'lmi  rclûguées  parmi  tes  causes  secondaires  ou  incertaines  ;  du 
nsli',  nucuu  fait  précis  n'indiigue  qu'elles  aient  une  action  réelle  et  incon- 
li-'iuble  dans  la  genèse  des  malform,ilious. 

L'élude  pathogéiiiquo  des  malformations  est  des  plus  intfîressantes, 
Li-s  autopsies  pratiquées  tant  sur  des  Tœlus  humains  que  sur  des 
Mus  d'oiseaux  soumis  à  l'expérimenlatiou ,  ont  montré  que  le  plus  sou- 
TOil  ces  dévialions  sont  le  résultat  d'adhérences,  de  soudures  de  cer- 
iws  parties,  d'épaiicbements  sémux,  d'atraphies  diverses,  lésions  la 
l'Iiiparl  du  temps  consécutives  à  un  processus  phlegmasique  pouvant 
■'  [iruduire,  comme  l'a  vu  Paimm,  avant  l'apparition  du  système 
'Hiilaire,  dans  des  tissus  dépourvus  de  vaisseaux,  Cependant,  certains 
'i«acbements  séreux  des  cavilés  naturelles  ne  peuvent  être  rapportés 
jw  processus  et  paraissent  tenir  à  un  simple  trouble  oirculaloîre.  Da- 
f^slï  atlribue  à  un  arrêt  de  développement  de  l'aire  vasculaire  i'accumu- 
''Hioii  de  séi-osilé  qui  dans  le  luberaédullaii'e contribue  à  produire  l'anen- 
"-[ihalie  ;  mais,  si  cet  airét  de  développement  existe,  il  est  diflficilc  de  le 
'''nisidorer  comme  un  fail  primitif,  il  paraît  beaucoup  plus  logique  de  le 
''lliicber  à  unvmodilieulioQ  matérielle  survenue  dans  l'aire  vasculaire. 
^^  mAuie  que  les  é))anchemenls  séreux,  les  alropbies  qui  président  à 
"naines  luulforinations  sont  sulrordonnées  ou  à  un  processus  phleg- 
"■■■"siquc,  ou  à  un  trouble  ciraulaloire.  Suivant  l'anum,  le  travail 
'^imphie  eiubryouuairu  serait  primitif  dans  la  plupart  des  cas,  et 
''Wuce  de  vaisseaux  serait  l'effet  et  non  la  cause  de  ce  travail.  Cet 
^ultiir  admet,  comme  fait  très-imporlanl  pour  l'explimlion  de  ces  atro- 
l'Iiif»,  l'existence  des  adhérent^^s  et  des  soudures  qui  los  accompagnent 
t'^ae  toujours.  En  somme,  deux  olcmenls  contribuent  à  la  genèse  des 
'"'llurmalions.  C'est  en  premier  lieu  un  trouble  matériel  de  nutrition, 
"  «coud  lieu  un  arrêt  de  dévclop|ietncnt  i|ui  lui  est  nécessairement 
^"iiiinloimê. 
'^ijisi,  vésicule  blastodenniquc,  embryon  ou  fitlu^,  l'élre  humain  n'é- 
luicnBiint.  —  Tmilé  ^'AiiaL  I.  —   8 


lift  ànatomie  pathologique. 

chappe  pas  aux  influences  morbifiques  ;  mais  aussi  les  effets  résultant 
de  ces  influences  diffèrent  suivant  Tinstant  où  elles  s'exercent.  Tant 
qu'il  n'existe  qu'un  blastème  cellulaire,  c'est-à-dire  pendant  le  cours  de 
la  période  embryonnaire,  tout  trouble  survenant  au  sein  de  la  substance 
organisée  amène   un    changement  connexe  plus  ou   moins   considé— 
rable,  une  anomalie  dans  la  configuration  d'une  partie  ou  de  la  totalité 
du  produit  formé,  et  cette  anomalie  qui  agit  fatalement  sur  le  développe- 
nient  consécutif  est  une  déviation  complexe  et  grave  du  type  spécifique, 
peu  en  rapport  avec  l'existence,  c'est  pour   Geoffroy  «Saint-Hilaire  la 
monstruosité  simple.  Au  contraire,  quand  les  organes  sont  formés  et  que 
le  nouvel  être  n'a  plus  qu'à  se  développer  (période  fœtale),  les  désordres 
nutritifs  n'ont  généralement  pas  de  conséquences  sérieuses    pour    la 
vie  de  l'individu. 

Les  malformations  sont,  en  somme,  d'autant  moins  graves  qu'elles  se 
produisent  à  une  période  plus  avancée  de  l'évolution  fœtale.  Mais,  en 
vertu  de  la  solidarité  qui  unit  les  différentes  parties  de  l'organisme,  un 
premier  désordre  peut  être  le  point  de  départ  de  désordres  secondaires 
susceptibles  d'amener  de  nouvelles  déviations  organiques.  Ainsi,  les 
pieds  bots  se  rattachent  quelquefois  à  une  anomalie  des  centres  ner- 
veux, et  par  conséquent  il  y  aurait  lieu  d'admettre  une  classe  d'ano- 
malies consécutives,  si  ces  dernières  ne  pouvaient  rentrer  dans  l'un  ou 
l'autre  des  principaux  groupes  de  notre  division. 

Une  classification  méthodique  et  naturelle  des  malformations  n'a  qu'une 
valeur  peu  importante  dans  un  travail  du  genre  de  celui  qui  nous  occupe. 
Au  contraire  il  y  a  tout  intérêt  à  rapprocher  les  lésions  ou  les  anomalies 
propres  à  une  même  région,  c'est  le  moyen  de  mieux  saisir  leurs  rapports 
avec  le  développement  embryonnaire  ou  fœtal.  Pour  ce  motif,  nous  allons 
successivement  passer  en  revue  les  anomalies  de  la  tête  et  du  caùal  ver- 
tébral, celles  de  la  face,  du  cou,  du  thorax,  du  ventre,  des  organes  géni- 
taux extérieurs  et  des  membres.  Quant  aux  vices  de  conformation  des 
viscères,  il  me  parait  naturel  de  les  étudier  en  même  temps  que  les 
altérations  pathologiques  ;  ainsi  ils  auront  leur  place  dans  la  seconde 
partie  de  cet  ouvrage. 

§   1.   —  MALFORMATIONS  DU  CRANE  ET  DE  LA  COLONNE  VERTÉBRALE. 

La  colonne  vertébrale,  pivot  du  système  osseux  et  du  squelette  tout  en- 
tier, a  pour  premier  rudiment  la  corde  dorsale  qui  a  pris  naissance  au- 
dessous  de  fa  ligne  primitive  du  blastoderme.  De  chaque  côté  de  cet  àxe,sé 
développent  dans  les  premières  semaines  de  la  vie  intra-utérine  de  petites 


fihijiieï  quadrilatères  séparées  les  unes  des  aulres  par  un  étroit  intervalle, 
il  qui  apparaissent  d'abord  vers  le  milieu  de  la  future  région  ihoi-acique, 
ensuite  vers  le  haut  et  vers  le  bas.  Peu  ii  peu  ces  plaques  vertébrales  vont 
1  la  reucontre  les  unes  des  autres  en  avant  et  eu  arrière  de  la  corde  dor- 
uie,  se  soudent  deux  Ji  deux  et  constituent  le  corps  vertébral.  La  corde 
ddpsiili'  disparaît,  et  il  n'en  reste  de  traces  qu'tutre  les  corps  vertébraux 
Qti  elle  forme  le  rudiment  des  ligaments  intervertébraux.  En  même  temps 
tesarcs  vertébraux,  lames  et  masses  a|tophysaires,  commencent  fi  paraître  ; 
ils  se  développent  par  deux  points  latéraux  qui  viennent  se  rejoindre  sur 
la  \isf>e  médiane,  tandis  que  les  apophyses  épineuses  et  transverses  nais- 
wul  par  des  points  complémentaires.  Le  crâne  apparaît  chez  l'embrion 
suus  rnppareuce  d'uue  vésicule  membraneuse  qui  surmonte  la  ligne  ver- 
Lrbnile.  Son  ossification,  pour  certains  auteurs,  procède  de  la  base  à  la 
Mie;  selon  d'autres,  elle  débute  par  les  os  de  la  voilto,  mais  vrai- 
semblablement en  diiïérents  points  dans  le  même  moment.  La  base,  quoi 
<)n'il  en  soit,  est  h  la  naissance  complètement  ossifiée,  tandis  que  la  voûte 
et  le}  parties  latérales  conservent  longtemps  des  espaces  membraneux 
ou  fontanelles  dont  l'ossification  commence  seulement  après  la  première 
année  de  l'existence. 

Us  Hnomnlies  de  la  colonne  vertébrale  el  du  criVne,  quelquefois  simul- 
I>nee$,  M)nt  l'elTet  ordinaiie  d'une  inildinmalion  ou  d'une  hydrupisie 
fc  centres  nerveux  ou  do  leurs  enveloppes;  exceptiounellomeul  elles 
"ni  leur  origiiK'  dans  une  altération  de  nutrition  du  squelette  de  ces 
fMm.  Elles  prennent,  en  généi'al,  naissance  dès  les  premiers  temps 
^1  développement  embryonnaire,  et  sont  d'autant  plus  graves  qu'elles 
"i"'ien lient  à  une  période  moins  avancée  de  ce  développement.  Elles  sont 
"wimpBtibles  avec  l'existruce,  ou  du  moins  avec  une  puissance  intel- 
IwJuelle  et  une  fort»  musculaire  normales,  lorsqu'il  y  a  atrophie  plus 
"a moins  considérable  des  centres  nerveux;  mais  elles  ne  meticnl  pas  la 
'ieep  dangi-T  immédiat,  si  la  déviation  consiste  simplement  dans  le  dé- 
pl>iM![n«i]t  de  ces  centres.  Nous  étudierons  d'abord  celles  de  ces  anomalies 
lul  se  localisent  h  la  télé,  et  ensuite  celles  qui  affectent  la  colonne  verte- 
""île  et  ses  enveloppes. 

^U  I.  —  CyclocépbnliCi 

•wsiioms  de  r>/clocf/)holiet  cyclopie.  monoptie,  mortophlhalmie,  servent 
n  iislinguer  des  anomalies  caractérisées  par  la   fusion   médiane  ou  le 

""iple  rapprochement  des  deux  yeux  avec  atrophie  plus  ou  moins  com- 

pTOila  l'appareil  nasal. 
L  Geflcc  de  conformation  présente  un  certain  nombre  de  degrés,  dont 


116  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire  a  fait  autant  de  genres  de  monstres  auxquels  il 
a  donné  des  noms  particuliers.  Un  premier  groupe,  dans  lequel  les  deux 
fosses  orbitaires  existent,  mais  très-rapprochées  Tune  de  Tautre,  com- 
prend deux  genres  :  1°  le  genre  eihmocéphale^  caractérisé  par  deux  yeux 
rapprochés,  mais  distincts,  un  appareil  nasal  atrophié,  ayant  ses  rudi- 
ments apparents  à  l'extérieur  sous  la  forme  d'une  trompe  au-dessus  des 
orbites;  2*^  le  genre  cébocéphale^  qui  possède  encore  deux  yeux  très-rappro- 
cbés  et  distincts,  un  appareil  nasal  atrophié,  mais  qui  est  dépourvu  de 
trompe.  Un  second  groupe,  où  il  n'existe  plus  qu'une  seule  cavité 
orbitaire,  est  composé  comme  il  suit  :  1°  un  genre  rhinocéphaley  ca- 
ractérisé par  deux  yeux  contigus  ou  un  œil  double  occupant  la  ligne 
médiane  et  un  appareil  nasal  atrophié  formant  une  trompe  ;  2»  un  genre 

cyclocéphale,  différent  du  précédent  par 
l'absence  de  trompe  ;  3°  un  genre  sfO' 
viaiocéphale,  qui  aux  caractères  du  genre 
rhinocéphale  joint  des  mâchoires  ru- 
dimentaires,  une  bouche  imparfaite  ou 
nulle. 

Les  anomalies  cyclocéphaliennes  pré- 
sentent de  la  sorte  autant  de  degrés  qui 
conduisent,  par  nuances  presque  insen- 
sibles, depuis  l'existence  de  deux  yeux 
distincts,  contenus  dans  le  même  orbite, 
jusqu'à  celle  d'un  seul  œil  presque  aussi 
simple  qu*un  a'il  normal,  ou  même  dans 
quelques  cas  jusqu'à  l'atrophie  et  la  dis- 
parition de  cet  œil.  Un  premier  degré  est 
caractérisé  par  la  duplicité  et  la  symétrie 
de  deux  yeux  placés  l'un  à  côté  de  l'autre 
et  par  l'exislencc  de  quatre  paupières. 
Dans  un  second  degré,  non-seulement 
les  cavités  orbiliiires,  mais  les  deux  veux 
sont  unis  et  ne  forment  plus  qu'un  seul 

est  asymétrique  (d'après  une  photo-  globe  renfermant  en  lui  les  éléments  plus 
graphie  du  professeur  Depaul).  ^^  ^^i^^  complets  de  deux  globes  ocu- 

laires normaux  (Hg.  29).  C<»t  <ril  composé,  ordinain^nonl  plus  volu- 
mineux qu'un  œil  ordinaire,  plus  él(Midu  transversalement  que  verti- 
calement, représente  plutôt  un  ellipsoïde  qu'une  sphère.  11  renfenne 
deux  cornées  tantôt  réunies  en  unt;  seule  cornée  très-large  et  dtî  fonnc 
ovale,  tantôt,  ce  qui  est  plus  rare,  entièrement  séparées  et  complètes  ; 


Fie.  29.  —  Cyclocéphale  dont  le  corps 


VALPORMATIONS.  117 

ces  cornées  se  présentent  à  rexlérieiir  sous  Taspoct  do  deux  cercles 
tangents  ou  même  séparés  par  un  intenalle  linéaire.  Au  travers  de  ces  cor- 
nées ou  de  cette  double  c^irnée  on  aperçoit  un  double  iris,  de  forme  ovale, 
deux  pupilles,  tantôt  réunies  en  une  seule  ouverture,  tantôt  rx)mpléte- 
meut  distinctes,  et  un  double  cristallin  ou  même  deux  cristallins,  dont 
chacun  correspond  à  Tune  des  pupilles.  Le  corps  vitré,  la  choroïde  et 
la  rétine,  aussi  bien  que  la  sclérotique,  sont  en  général  plus  intimement 
réunis,  si  ce  n'est  quelquefois  dans  leur  portion  postérieure,  et  leur 
étendue  plus  considérable  atteste  presque  seule  leur  état  complexe.  Dans 
un  troisième  degré,  il  n'existe  plus  qu'une  seule  pupille  et  un  seul 
cristallin  qui  s'aperçoit  à  travers  une  cornée  également  unique.  La  dupli- 
cité toutefois  est  encore  nettement  indiqu«'*e  par  le  volume  considérable 
de  l'œil,  par  la  forme  ovale  et  non  circulaire  de  la  cornée,  de  Tiris  et  du 
cristallin.  Dans  un  quatrième  degré,  les  deux  cornées,  les  deux  iris, 
les  deux  cristallins,  sont  confondus  en  une  seule  cornée,  un  seul  iris,  un 
seul  cristallin;  les  contours  de  l'œil  sont  sensiblement  circulaires,  et  des 
différences  de  forme  et  d'étendue  indiquent  seules  la  duplicité.  L'œil 
enfin  peut  se  trouver  réduit  à  quelques  membranes,  la  sclérotique  par 
exemple;  il  arrive  même  qu'on  n'en  trouve  plus  aucune  trace. 

Les  modiTications  des  organes  accessoires  de  l'œil  sont  en  rapport  avec 
œlles  du  globe  oculaire  lui-même.  Dans  les  cas  où  les  deux  globes  sont 
complètement  séparés,  les  paupières,  les  appareils  lacrymaux,  les' vais- 
seaux, les  nerfs,  les  muscles  de  chacun  d'eux  sont  distincts;  seulement 
dans  quelques  cas  il  y  a  réunion  d'une  portion  des  nerfs  optiques  et  des 
muscles  obliques  intenies.  Quand  l'œil  est  unique,  mais  presque  com- 
plètement double,  les  parties  accessoires  sont  aussi  doubles  pour  la  plu- 
part; quand  l'œil  devient  simple,  les  parties  accessoires  se  simpliFient  de 
même,  et  Ton  ne  trouve  plus  doubles  que  les  parties  placées  au  côté  externe 
de  l'œil. 

Les  modifications  du  système  osseux  sont  en  rapport  avec  celles  du 
globe  oculaire.  L'orbite,  quand  il  existe  deux  yeux  ou  un  œil  complète- 
ment double,  est  de  forme  ovale  et  beaucoup  plus  large  qu'à  l'ordinaire. 
Sa  circonférence  est  fonnée  supérieurement  par  les  frontaux  réunis  en 
on  frontal  unique  ;  la  portion  orbitairc  du  sphénoïde  se  trouve  souvent 
soudée  avec  la  portion  orbitaire  du  frontal,  et  tandis  que  les  os  de  la  pa- 
roi externe  sont  doubles,  ceux  de  la  paroi  interne,  les  unguis  et  l'ethmoïde 
manquent  ou  ne  sont  représentés  que  par  des  rudiments  ;  un  espace  mem- 
braneux en  marque  généralement  la  place.  Des  modifications  de  même 
ordre  aiïectent  aussi  le  système  nerveux.  Les  deux  hémisphères  céré- 
braux sont,  du  moins  dans  leur  portion  antérieure,  soudés  et  réunis  en 


118  ANATOMIE  MTHOLOGIQUE. 

un  seul,  comme  les  deux  frontaux  en  un  seul  coronal  ;  les  deux  ventri- 
cules latéraux  se  confondent  en  un  seul  ventricule  médian,  ordinaire- 
ment  non  distinct  du  quatrième  ventricule.  Celte  réunion  des  hémi- 
sphères cérébraux  est  compliquée  d'atrophie  du  cerveau,  d'absence  du 
corps  calleux  ou  même  des  circonvolutions  cérébrales.  Sauf  les  cas  excep- 
tionnels où  les  yeux  manquent,  les  nerfs  optiques  existent  confondus,  au 
moins  dans  une  portion  de  leur  trajet.  Les  nerfs  olfactifs  font  défaut  de 
même  que  la  lame  criblée  de  Tethmoïde,  et  c'est  de  la  cinquième  paire 
que  viennent  les  nerfs  qui  se  distribuent  à  la  trompe,  qui  n'est  que  l'ap- 
pareil nasal  déformé.  Quant  aux  nerfs  moteurs  des  yeux,  leur  dispo- 
sition est  en  rapport  avec  celle  des  muscles  auxquels  ils  se  distribuent. 

Les  cyclocéphales  sont  fréquemment  alleinls  de  polydactylie  ;  ils 
naissent  ordinairement  vivants,  mais  leur  vie  est  très-imparfaite,  et 
leur  mort  très-prompte  est,  sans  aucun  doute,  le  résultat  de  l'état  rudi- 
mentaire  ou  du  développement  incomplet  du  cerveau.  La  cause  de  la 
cyclocéphalie  nous  est  jusqu'ici  peu  connue;  Caradec  aurait  observé 
cette  anomalie  deux  fois  dans  une  famille  où  le  père  et  la  mère 
s'adonnaient  à  des  excès  alcooliques. 

BiBuoGRAPHiE.  —  Haller,  Op.  min. y  III,  p.  38.  —  Speer,  De  Cyclopia, 
Halle,  1819.  —  Ullersperger,  Beschreib.  zweyer  Missgeburten^  inaug.  diss. 
Wûrzburg,  1822.  —  L\RiHmE,  Essai  d'anatomie  pathol  sur  les  momtruositéa  de  la 
face.  Paris,  lîi23.  — Tiedemann,  Zeitschrift  fur  Phys.  l,  iSiU.  —  Is.  Geof- 
froy Saint-Hilaire,  Hist.  des  ajiom.y  t.  II,  p.  375.  —  Cruveilhier,  Anat,  path.^ 
livr.  33,  pi.  VI. — Meckel,  Arch.  f.  Anat.  und  Physiol.^  1826,  238.  —  Raddatz, 
De  cyclopia.  Berlin,  1829.  —  Billard,  Précis  d' anat.  path,  deVœil  (Suppléui.  à 
latrad.  des  Maladies  des  yeux  de  Laurence.  Paris,  1830).  —  Huschke,  MeckeVs 
Aro/itu,  1832.  —  Seiler,  Ueber  Cyclopie.  Dresden,  1833.  —  Jourdan,  Thèse 
de  Pans,  18.53,  n»  203.  —  HtssEi.BAcn,  Beschreib.  d.  Wùrzb.  Pràp.,  236-238. 
—  Vrolik,  Over  d.  aard  enoorsprong  der  Cyclopie.  Amsterdam,  1834.  —  Ficx, 
Ueber  Cyclopie,  18/iO,  13.  —  Cornaz,  Des  anomalies  congénit.  des  yeux.  Lau- 
sanne, 1848.  —  Davaine  et  Robin,  Gaz.  méd.,  1849,  p.  903.  —  Gossdjn^ 
Compt.  rend,  de  la  SociéU  de  biologie,  1853,  p.  27.  —  Rosenstein,  De  cyclopia. 
Berlin,  1854.  Depaul,  Gaz.  hebd.,  n°  25.  Paris,  1856.  —  Gaddi,  Gaz.  méd, 
italienne,  n*  21,  1855.  —  Gintrac,  Joum.  de  méd.  Bordeaux,  avril  1H60.  — 
Sappey,  Cas  de  cyclopie  [Soc,  de  biologie  et  Gaz.  méd.,  1859,  p.  393).  —  Caradec^ 
Monstre  cyclocéphale  anopse  {Gaz.  méd.,  1867,  p.  42). 

II.  —  Otocéphalic. 

Cette  anomalie,  dont  Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire  a  fait  une  classe  de 
monstres  qu'il  appelle  otocéphaliens ,  est   très-voisine  de  la  cyclocé- 


)l.tl.F0RHjlT10Mâ.  119 

phalie:  les  individus  qui  en  sont  alTecti-s  ne  pi'ésentent  qu'un  seul 
rsil  médiaD.  Ce  qui  caractérisu  leur  vin»  de  formation,  c'est  le  rap- 
prochement ou  la  réunion  médiane  des  deux  oreilles  que  complique 
loujoiirs  unf  ali-ophi<-  plus  ou  moins  niarqiif^  de  la  région  inrérieure 
du  ciioe .  souvent  aussi  l'absence  di>s  mAchoires  et  d'une  gronde 
partie  de  la  face.  La  bouche,  par  conséquent,  est  Irès-petile  ou 
abstiitc;  les  deux  oreilles  sont  rapprochées  ou  réunies  sous  le  crftne, 
Plies  deux  appaieils  auditifs  ne  présentent  plus  qu'un  seul  conduit, 
t|uunii  seule  caisse  et  même  qu'une  seule  conque.  La  cavité  auri- 
culaire commune  qui  résulte  de  ces  niodiGcations  communique  quel- 
'gui'lois  profondément  avec  l'entrée  de  l'œsophage  et  celle  du  Iaryn\; 
àia\Ks  fois  elle  s*;  termine  par  un  cui-de-sac.  Cette  grave  anomalie 
iiciil  a  nu  défaut  do  développement  des  parties  de  la  face  et  de 
lll))ai<.^du  crAne,  de  celles  surtout  qui  procèdent  du  premier  arc  viscéral. 

BtB-io&nAPins.  —  Is.  Gi»rrnov  Saini-Hilaibe,  Hw(.  des  anom.,  t.  II,  p.  1x2(1. 
-BmiTs,  Wmier  ZeiUebr. ,  1855,  XI,  p.  H.  —  Paul,  Bail,  du  la  Soc,  demid. 
J'fiatrf.  Itïr.  1857. 

l'apnuopie,  ou  atrophie  congénitale  de  lu  l'ace,  eât  une  anomalie  qui  se 
nipjrruche  de  la  prcccdenle.  Beaucoup  plus  commune  chez  les  animaux 
*liit'  chez  l'homme,  l'aprosopie  a  été  étudiée  par  Otto,  Is.  Geoffroy  Saint- 
'iilnire,  GuHt,  Vrolik  et  quelques  autres  observateurs.  Dans  un  cas  rap- 
ixirlè  par  Vigla  {Archiver  générales  de  médccinat  k*  série,  t.  XX,  p.  25),  la 
^-■w.e  manquait  entièrement  et  avec  elle  tous  les  os  qui  la  constituent  : 
'"aiillajre  supérieur,  os  palatins,  malaïres,  nasaux,  unguis,  cornets 
'''férieurs,  vomer,  maxillaire  inférieur.  Les  appareils  olfactif,  visuel  et 
PUsIalif  faisant  défaut,  la  léte  se  trouvalL  réduite  à  un  petit  renflement 
^>fcm)idal  que  la  peau  révélait  partout  uniformément. 


I 


III.  —  An^ncéphnlie. 


Sous  le  nom  d'imencép/ioUe,  Is.  GeofTi-oy  Sainl-Ililaire  déaijine  une  fa- 
■nîUe  de  monstres  dont  la  tête  se  fait  remarquer  par  l'absence  complète  de 
*'eniiJphaIe.Cettefaniille,  suivant  l'illustre  aiHmr  àas  Ammaltes  de  Corga - 
twn,  comprend  deux  genres  :  l' les  monstres  aneficéphales  qui  n'ont 
trace  de  cerveau  ni  de  moelle  épinière,  le  crflne  et  lecaiialrachidien 
largement  ouverts;  T  les  monstres  rferenc^/>Afi/M,  qui  manquent 
étalement  d'encéphale,  mais  dont  la  moelle  épinière  ne  fait  défaut  que 
•1**»  In  région  cervicale  et  dont  la  partie  supérieure  du  canal  racbidJen  est 
**tIi!  ouverte  (fig.  30) .  Dans  ces  deux  genres,  les  os  de  la  vortle  du  crine  sont 
f"(liiilsii  des  pièces  rudi  mental  rcs,  déjetées  latéralement;  tes  occipitaux 


120  ANAT0M1B  PATHOLOGIQUE. 

externes  et  supi^rieurs  sont  dans  le  m^me  cas,  et  par  suite  le  trou  occi- 
pital disparaît,  perdu  dans  la  vaste  ouverture  céphalique.  La  base  du 


FiG.  31<  —  Le  raSmo  vi 


FlG.  30,  —  DérencéphalA  vu  en  ■^ 

crùnc,  devenue  extérieure,  ne  présente  aucun  vestige  d'encéphale  ;  elle  est 
le  plus  souvent  tapissée  d'une  membrane  fibreuse  rougeàtre  ou  couverte 


FiG.  32.  —  Foie  et  terminaison  de  l'intettin  du 
monalre précèdent,  a,  artère  ombilicale;  h.  ar- 
tère iliaque  ;  c,  cordon  ombilical;  i/, veine  um- 
bilicale;  v,  vâsicule  biliaire;  e,  portion  termi- 
nale lie  l'inlPilin  ;  u,  rudiment  des  organes 
génilo-urinairet. 


d'une  poche  séreuse.  Le  canal  vertébral,  largement  ouvert  dans   toute 
son  étendue  ou  seulement  dans  sa  partie   supérieure,  est  changé  en  une 


FiG.  33.  —  (Esor^age  et  trachée. 
1.  pharjnx:  h,  riln^cissement  in 
l'iEnophaee  accalô  à  Vt  trachée  /  ;  ^,  e*- 
tomac  ;  d,    duodénum;    I,    langue; 

y,  paumant. 


MÀLFOnMATIONS. 


13*. 


RKflIf^re  très-Iai^,  sans  prorondeur,  et  In  moelle  épïnîëre  fait  déritiit 
ilamU>uIfsl<'srt''gions  ou  seulcmeiildans  la  région  supérieure  (l),t/apartîu 
{Kuti^rioure  rt  médiane  du  tronc  est  privée  «le  téguments  que  remplace 
nanl  la  naissanco  une  vaste  tumeur  hydiviracliique.  Malgré  la  destruction 
rmiipIMede  l'encéphale  et  d'une  partie,  sinon  de  la  totalité  de  In  moelle 
fpiiim,  les  nerfs  existent,  lantâtnvec  un  c-alilne  un  peu  inférieur  à  celui 
de  I.Hi[  normal,  tantiM  aussi  gros  qu'il  l'état  ordinaii-e  ;  ils  s'insfrrent  sur 
iii  dure-inère  là  où  le  centre  nerveux  fait  défaut. 

li's déformations  considéraliles  donnent  aux  monstres  anencéphaliens 
uiii' pitjrsjonoraie  assez  particulière.  Leurs  jeux  sont  volumineux,  saillants 


(<)  la  ngUHs  3(1  cl  31,  que  je  doîi  à  l'nbli^urtire  de  MM.  Tarnicr  et  Pinard,  ni>u« 
nMlnnt  ud  enfant  ni^  K  Icnne,  d'une  mère  igée  d«  vingt  ant,  Tet  enhnl,  qui  ne  vdcut 
im  dn  minutei,  prcscnluit  les  parliculsritéi  auiianles  :  abacnce  de  cerveau,  do  cer- 
"l'I «dp  mitelle  lipimèrc;  le  crilne,  ouvert  dniii  louie  aa  largeur,  olTre  àsabiweune 
iiuMurtuculniredi-'IogroMeurd'une  ooit.  I,e  tanal  lacliitlien  est  largement  ouvert,  et 
Il  luur»  apinnle^  te  prolonge  juique  dans  la  région  lombaire.  Loi  lanies  des  verttbrei 
•«Ht dlijDiatei,  ccartécK  et  rcnvenées  lat^ralemenl.  Leur  «nsemble  te  pn^aenteioiula 
Ud'nnesurnicc  triangulaire  à  baie  dirigée  en  haut,  et  dont  le  milieu  «at  creusé 
Htnatli^rc  longitudinale  peu  profonde,  seul  veatige  du  canal  vertébral.  On  ne  trouve 
■cdtf  réiioa  nucnne  trarc  de  tumeur  vasculatre.  La  peau  n'arrive  ps>  au  fonlact 
ifc»  «la  région  dorsale  n'eit  pour  aîniii  dire  recouverte  que  par  les  méninges. 
•  pu  de  front,  lafaee  eat  Irèi-dévploppée ;  lea  cheveux,  aiseï  abondauti,  sont 
et  noirs  el  cachent  presque  complètement  la  tumeur  vasculaïre  par  leur  diiposilion 
e,  Ln  jeu»,  «iliantî,  occupent  presque  le  sommet  de  la  tête.  Le  nei,  large  clépalô, 
V  un  buurgeon  ;  il  f  n  un  liec-de-lièvre  double  (iu complètement  repréienté)  avec 
^Kfialitlne.  Le»  nreîllet  sont  déformées  el  les  conques,  courbées  presque  horûon- 
HeQL  sur  les  épaulei.  Du'cAlé  gauclie  un  remarque  troia  petits  bourgeons 
01  qui  s'enfoncent  dans  le  conduit  audilif.  Le  cou  n'eiUle  pasA  proprement  parler. 
'■^  miini  el  les  pieds  sont  bots,  La  main  gauche,  soudée  il  angle  droit  sur  ravant-bms, 
"'  pnrtF  que  quatre  doigts  ;  le  pouce  manque.  Les  phalanges  unguéales  son!  parfaite- 
'>ieniit,>ivluppéesani  pieds  et  aui  mains;  il  f  a  clni|  doigts  à  la  mnin  droite.  I.e  pied  droit 
^^le  sept  orteils;  tes  deux  surnuméraire!,  reliés  CD  dedans  du  pouce,  sont  plus  longs 
^BcIrianlTH.  Les  organes  génitaux  eilemca  manquent  complètement;  pas  de  sexe,  par 
'"■•iqneat.  Aucun  orincc  dans  la  région  périnéalc;  on  observe  setileiiient  une  plus 
^^^lile  production  de  peau,  qui  est  froncée  et  qui  vient  s'adoseer  pour  former  une  saillie 
^^■'^nlc,  p'ossiËremcnt  il  est  vrai,  un  clitoris. 

^HBbBlOplie,  présence  du  diaphragme,  cœur  normal,  foie  très- volumineux,  poumons  et 

^^piniu  bien  développés.  L'extrémité  inférieure  du  tube  digestif  se  termine  eu  pointe 

^•""Ifliiiu  cellulaire  de  la  région  peKiennc  (flp.  32).  Gros  inleslin  rempli  de  méconium, 

**liiinu  normal,  cesophages'erillanl,  se  transformant  en  cnriton  llbreux  qui  vient  s'n ce otcr 

*  '■jnnii postérieure  de  la  tracliécà  un  centimètre  au-dessus  de  sa  bifurcation  (fig.  33). 

ci>mp1^le  des  reins,  des  uretères,  île  la  vessie;  pas  d'organes  génitaux  internes.  Il 

Xeidmlaan-dcuonsdu  tnieun  petit  corps  glandulaire  de  la  grosseur  d'une  lentille; 

retorpsieroblablefe  rencontre  dans  le  bassin.  Ce  dernier  n'existe  pas  improprement 

.   -.  .-  sont  incurvés,  rachitiqucs.    (Pinard,   Bull,  de  la   Soc.  anal.,  6=  série, 

lïVllI.  p.  688.) 


i22  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

et  placés  au  point  le  plus  élevé  de  la  tête,  par  suite  de  l'absence  du  frontal. 
La  tète  est  enfoncée  entre  les  épaules  au  point  que  les  oreilles  reposent 
sur  celles-ci  et  le  menton  sur  la  poitrine. 

Les  complications  les  plus  ordinaires  de  Tanencéphalie  sont  des  incurva- 
tions du  racbis,  la  soudure  de  plusieurs  ccHes,  la  soudure  ouméme  Tabscnce 
de  plusieurs  vertèbres,  labsence  des  phalanges  unguéales  ou  même  dea 
secondes  phalanges,  le  pied  bot,  Tim perforation  de  l'anus  (fig.  32)  et  sur- 
tout Téventration.  Cette  anomalie  est  pour  ainsi  dire  spéciale  à  l'espèce 
humaine  ;  les  individus  qui  en  sont  atteints  naissent  le  plus  souvent  danf 
le  cours  du  huitième  mois  et  ne  vivent  que  quelques  minutes  ou  tout 
au  plus  quelques  heures.  Leur  mort  rapide  doit  être  attribuée  au  désordre 
apporté  dans  leur  organisme  par  la  rupture  subite  et  l'évacuation 
rapide  de  la  poche  hydro-rachique  ;  mais  d'ailleurs  leur  organisation, 
coordonnée  avec  les  conditions  de  la  vie  intra-utérine,  ne  l'est  plus  ave( 
la  vie  libre  et  indépendante  de  l'individu  dont  les  appareils  organiques 
sont  bien  conformés. 

L'éliologie  de  l'anencéphalie  a  été  jusqu'ici  peu  étudiée.  Demeaux  a  ob- 
servé deux  fois  cette  anomalie  chez  des  fœtus  dont  la  conception  aurait 
eu  lieu  pendant  l'état  d'ivresse,  et  depuis  lors  quelques  faits  du  même 
genre  ont  été  rapportés.  Mais  ces  faits  ne  sont  pas  assez  nombreux  poui 
qu'il  soit  possible  d'admettre  une  liaison  causale  entre  l'abus  des  alcoo- 
liques et  l'anencéphalie.  Pourtant,  si  l'on  consulte  les  observations  les 
plus  récentes  d'anomalies  encéphaliques,  on  est  conduit  à  penser  que  les 
excès  de  liqueurs  fortes  jouent  un  certain  rôle  dans  leur  production. 

La  pathogénie  de  cette  anomalie,  d'après  les  intéressantes  recherches 
de  Dareste,  serait  due  à  l'hydropisie  des  vésicules  qui  constituent  l'étal 
primitif  des  organes  encéphaliques.  Cette  hydropisie,  que  Ton  retrouve 
dans  l'amnios  et  quelquefois  dans  toute  l'épaisseur  des  tissus,  a  été  consta- 
tée par  Bruncel  chez  un  anencéphale  humain  qui  avait  à  la  fois  une  ascitc 
et  un  hydrothorax.  Elle  résulte,  suivant  Dareste,  d'un  état  particulier  du 
sang  qui,  chez  les  oiseaux,  est  complètement  incolore  et  ne  contient  que 
très-peu  de  globules.  Le  point  de  départ  de  celte  absence  de  globules  dans 
le  sang  serait  un  arrêt  de  développement  de  l'aire  vasculairo,  imparfaite- 
ment canalisée  et  laissant  les  globules  sanguins  emprisonnés  dans  les 
îles  de  Wolff. 

Bibliographie.  —  Sandifort,  Anat,  inf.  cerebro  dcstitutL  Lugd.  Batav., 
1784.  —  SÔMMERRiNG,  Abb.  u,  Beschreib.  einiger  Missgeb,^  1791,  p.  9. —  Mon- 
GAGm^  De  sed,  et  caus.  morb,,  epist.,  Xll,  XLVllI.  —  Meckel,  Ilandb.  d.  path, 
Anat.,  t.  I,  p.  195-260.  —  DescripL  monstr,  nonnulL,  pi.  V,  fig.  2,  et  Afiol.- 
physiol.  Beob.  Halle,  1822,  p.  79.  — Geoffroy  Saint-Hilaire,  PhUosoph,  anat., 


MALFORMATIONS.  123 

1822,  t  n,  p.  125.  — Spezza,  Gaz.  méd,,  janvier  1833.  —  Is.  Geoffroy  Satnt- 
HiLAiRE,  Hist.  des  anom.y  t.  II,  351.  —  Mattersik)rf,  De  anencephalia.  Berlin, 
1836.  —  Yrouk,  Handb,  I,  ^55-i!i96.  —  Schroder  van  der  Kolk,  Verh.  d, 
eentehl,  v  h.  nederL  inst.^  1852,  p.  61.  —  Hensche,  De  amncephalia.  Halle, 
IS.')/».  —  Brdncel,  Tnns  monstres  anencépkales  mis  au  momie  par  la  même  mère 
[Amaks  delà  Soc.  de  méd.  de  Bruges,  1854;  Gaz,  méd.,  1855,  p.  12).  — 
Rayer,  Sur  un  monstre  anencéphalien  dont  une  partie  du  cuir  chevelu  a'ihére  à 
l*mmos  dans  un  point  correspondant  au  placenta  {Société  de  biologie  et  Gaz. 
méi,,  1855,  p.  701).  —  Virchow,  Unters.  ùber  die  Entwickel.  d.  Schddelgr. 
Berlin,  1857,  p.  103,  pi,  \\,  flg.  12.  —  Alp.  Maukicet,  Soc.  de  biolog.  eiGaz, 
méd ,  1862,  p  653.  —  Demeau,  Monstre  de  la  famille  des  anencépkales  {Compt. 
rendus  Acad.  des  se,  V  février  1864).  — ^"C.  Dareste,  Sur  le  mode  de  forma- 
tion des  monstres  anencépkales  (Compt,  rend,  Acad,  des  sciences,  10  sept.  1866, 
et 6a;.  méd.yQil). 

IV.  —  Pseudencéphalie. 

Upseudencépbalie(l)  tient  le  milieu  entre  lanencéphalie  et  Texencé- 
pbalie;  elle  est  caractérisée  par  l'absence  de  la  voûte  crânienne  et  la  sub- 
stitution à  la  masse  nerveuse  de  Tencéphale  d'une  substance  molle,  spon^ 
gieuse  et  vasculaire. 

Cette  anomalie,  relativement  fréquente  chez  l'bomme,  est  au  contraire 
très-rare  cbez  les  animaux.  Elle  présente  des  modifications  crâniennes 
et  cérébrales.  Les  os  du  crâne  ne  l'ont  pas  défaut,  mais  ils  sont  arrêtés 
dans  leur  développement;  la  peau,  les  téguments,  les  tissus  sous-cutanés, 
la  dure-mère,  s  arrêtent  là  où  cessent  les  os.  Une  substance  un  peu  molle 
se  montre  à  l'extérieur  sous  la  forme  d'une  tumeur  d'un  rouge  foncé  repo- 
sant sur  la  voûte  du  crâne.  Cette  tumeur,  plus  volumineuse  parfois  qu'un 
ceneau  normal,  souvent  beaucoup  moindre,  recouverte  seulement  par  une 
membrane  transparente  comparable  à  I  arachnoïde,  se  compose  ordi- 
nairement de  plusieurs  lobes,  dans  lesquels  on  trouve  quelquefois  de  la 
sérosité,  et  qui  par  leur  position  et  leur  forme  simulent  souvent  les  hémi- 
sphères cérébraux.  Elle  est  constituée  par  un  lacis  de  petits  vaisseaux 
gorgés  de  sang,  des  faisceaux  de  tissu  conjonctif,  émanation  de  la  pie- 
mère;  mais  c'est  avec  peine  qu'on  y  observe  des  parcelles  de  substance 
nerveuse  entièrement  organisée.  La  moelle  épinière  est  petite,  atrophiée, 
ou,  comme  l'encéphale,  transformée  en  une  masse  vasculaire. 

Un  fœtus  femelle,  né  à  terme  et  mort  peu  de  temps  après  sa  naissance, 

(i)  La  pteudeiicéphalie  constitue,  dam  la  classification  de  Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire, 
^ttmiUe  des  monstres  pseudencépbaiiens.  Cette  famille,  selon  la  plus  ou  moins  grande 
étendue  des  fissures  crânienne  et  rachidienne,  se  trouve  divisée  en  trois  genres  de  monstres 
^^^fnh  sons  les  noms  de  nosencépbales,  thllpsencépbales  et  pseudencéphales. 


céphale. 


124  ANATOMIB  PATHOLOCIQtIB. 

ni'n  piijsenté  ces  différents  caractères.  La  route  osseuse  de  la  région 
froijlale  se  trouvait  soudée  aux  voûtes  orbilaires,  de  sorte  que  la  cavité 
crilnienno  représentait  une  dilatation  de  rextréniité  supérieure  du  canal 
racliidieii.  A  l'exlrémitc  de  cette  dilatation  la  voûte  crânienne,  perforée 
vers  sa  partie  médiane,  un  peu  plus  à  droite  qu'à  gauche,  livrait  passa^eà 
une  niasse  ou  tumeur  rougefttrc  du  volume  d'un 
gros  marron  (fig.  Su).  Celle  tumeur,  anY>ndie, 
légi'rement  déprimée  ii  son  sommet,  est  entiè- 
f  renient  glabre,  tandis  quit  la  peau  du  voisinage, 
avec  laquelle  elle  se  continue  par  l'inlermédiaire 
d'une  riiemhrane  très-mince,  est  couverte  de 
cheveux,  l'ne  incision  médiane  anléro-posté- 
rieure  permet  de  constater  que  cette  tumeur 
île.  a"  iiHileu"  '^"'  '^^^  divisée  en  trois  parties  ou  lobes,  l'un  anté- 
rieur, l'autre  moyen,  le  troisième  postérieur 
(fig.  35).  De  ces  lobes  partent  une  première  membrane  qui  va  gagner 
le  cuir  chevelu  et  une  autre  membrane  plus  mince  qui,  en  avant,  se 
perd  entre  les  lames  osseuses  de  la  base  et  de  la  voûte  du  crâne,  et  qui 
en  arrière  va  rejoindre  la  pie-mère 
spinale,  après  avoir  tapissé  une  masse 
pulpeuse  qui  n'est  peut-être  qu'un 
1/  rudiment  de  cervelet.  Chacun  de  ces 
lolies  est  constitué  par  nn  tissu  rou- 
geiitre  assez  homogène,  et  compos»i 
surtout  de  faisceaux  de  tissu  conjonc- 
tif  et  de  vaisseaux.  Le  l)ord  osseux 
qui  limite  cette  tumeur  est  arrondi  et 
KiG.  35.— Li  RiAmetéteTue  d'en  iiautGi  reçoit,  du  moins  en  bas,  l'insertion 
pi,.iiq„e  »i  roupie  «n  d««x  mBi.iéi  de  ^^  '»  durc-mère;  Il  est  croise  par  une 
façonà  monirerifsiroijlobei.n  ei /-re-  membrane    trausprento    qui     n'est 

perdre  dans  le  péricràne  ou  le  lissu 
sous  cutané  du  cuir  chevelu.  Le  canal  rnchidieii  est  normal  et  la  moelle 
épinière  paraît  saine  à  partir  du  trou  occipital.  Le  fcctus  n'offre  d'ailleurs 
rien  d'anomal,  si  ce  n'est  un  pied  bt)l;  à  droite  son  tissu  cellulo-adipeux 
est  abondant. 

La  tète  du  pseudencéphale  est  sans  frontct  sans  vertes,  enfoncée  entre 
les  épaules  et  surmontée  d'une  tumeur  sanguinolente.  La  face  est  livide, 
très-dé veloppée  ;  les  cheveux  sont  rares,  mais  longs  et  disposés  en  cercle 
autour  de  la  base  de  la  tumeur;  le  nez  est  large,  épaté;  la  bouche  est 


MALFORMATIONS.  125 

eiitr'ou verte  ;  les  veux,  volumineux  et  saillants,  occu|)ent  le  sommet  de 
la  léte  ;  les  oreilles  sont  déformées  et  tombantes. 

Toutes  ces  circonstances  réunies  donnent  à  la  physionomie  quelque 
chose  de  hideux  et  de  repoussant.  Le  tronc  est  en  général  régulier  et  bien 
conformé,  les  membres  sont  bien  laits,  et  souvent  le  fœtus  pseudencépha- 
lieD  surpasse  par  sa  taille  et  surtout  par  son  embonpoint  les  fœtus  nor- 
maux du  même  âge,  ce  qui  explique  la  difticullé  de  laccouchement  en 
pareille  circonstance. 

Ce  fœtus  est  peut-être  plus  souvent  mâle  que  femelle;  il  naît  ordinaire- 
ment vivant,  tantôt  avant  terme,  tantôt  lorsque  le  temps  de  la  grossesse  est 
écoulé.  La  mort  suit  immtMiiatemont  la  naissance  dans  le  plus  grand  nombre 
des  cas;  cependant,  plusieurs  anencéphales  ont  vécu  de  six  à  sept  heures, 
quelques-uns  n'ont  péri  qu  après  un,  deux  ou  trois  jours.  Leurs  mouve- 
ments sont  lents,  leurs  cris  sont  faibles  et  la  déglutition  leur  esta  |)eu  pràs 
impossible.  La  pathogénie  de  ce  vice  de  confornialion  est  ignorée,  mais 
il  y  a  des  raisons  qui  portent  à  la  rattacher  à  une  altération  de  la  pie- 
mère  avec  arrêt  de  développement  consécutif  du  crâne  et  de  Tencéphale. 

BiBLioGRApniE. — Is.  GEOFFROY  Saint-IIilaire,  Ilist.  dcs  iuiom, ^  t.  II,  i>.  317, 
Wbl.,  p.  325.  —  JoLY  et  Guitard,  Monstre  îiosencéphaley  {Xcad,  (1rs  se,  11  iiov. 
1850,  et  Ga:.  méd.^  828).  — Ad.  Richard,  Sur  la  composition  de  la  tumeur  des 
l^mdencéphaliefis  (Société  de  biologie  et  Gaz,  mêd,,  1851,  p.  ^75).  —  IIoukl, 
M(m$lre  de  la  famille  des  pseudenc&phali(us  genre  nosencèphak  (Soc,  de  biolog, 
tiGaz.  méd,y  1866,  p.  90).  —  E.  Hamy,  Le  7ioscncépliale  jdeurosome  de  Vondi- 
chéry  {Journal  de  Robin,  187^,  p.  294). 

V.  —  Exenccphalie  (i)  {Hydrencéphaiocèle  ci  enc>iphahcè/e), 

L'exencéphalie  est  un  vice  de  conformation  caractérisé  par  la  heniie  plus 
ou  moins  complète  du  cer>eau  ou  simplement  de  ses  enveloppes,  à  travers 

(1)  Sous  le  nom  d'excnccphalicns,  Is.  Geoiïroy  Saint-IIilaire  désiVnc  une  famille  de 
ooDstres caractérisés  par  un  cerveau  mal  conrormé,  plus  ou  moins  incomplet  et  placé, 
u  moios  en  partie,  hors  de  la  cavité  crânienne,  elle-même  très-imparfaite.  CeUe 
funiile  est  divisée  de  la  manière  suivante  : 

t'  Notencéphale  (vûtc;,  dos^  i^xcçxXc;,  encéphale),  région  occipitale  fendue,  ccr- 
'8*0  situé  en  grande  partie  hors  du  cn\ne,  derrière  la  tôte,  sur  le  dos;  2®  proencc- 
l^e,  Kisiion  au  front,  le  cerveau,  en  pjande  partie  au  dehors,  est  placé  sur  le  devant 
dû  crâne;  3<*  podencéphale,  crâne  incomplet  à  la  paroi  supérieure,  et  le  cerveau,  en 
pinde  partie  hors  de  sa  cavité,  est  situé  au-dessus  do  lui  ;  4°  hyperencéphale,  absence 
^Ule  de  la  voûte  du  crâne,  cerveau  â  nu  dans  une  grande  étendue.  Le  mémo  savant 
i^pportc  encore  ici  deux  genres  qui  sont  caractérisés  par  la  prcseiice  simultanée  d'une 
Kiiiioo  au  tube  rachidien:  i^  iniencéphale  (tvîcv,  occiput),  cer\eau  en  grande  partie 
^  le  crâne,  mais  en  partie  aussi  en  dehors,  par  derrière  et  un  peu  an-dessous  du 


126  anàtomie  pathologique. 

un  orifice  accidentel  du  crâne.  Quelques  auteurs  font  usage  des  mots  h; 
drencéphalocèle  et  encéphalocèle  pour  désigner  Tissue  au  dehors  d'ui 
portion  circonscrite  du  cerveau  avec  ou  sans  sérosité,  tandis  que  le  m 
exencéphalie  leur  sert  à  dénommer  la  hernie  de  presque  toute  la  masj 
cérébrale,  et  le  nom  de  méningocèle  des  tumeurs  uniquement  formel 
par  la  hernie  des  membranes  cérébrales.  Mais  ces  désignations  basée 
sur  le  symptôme  sont  sans  importance.  Que  la  hernie  soit  un  peu  plus  oi 
un  peu  moins  considérable,  qu'il  y  ait  ou  non  épanchement  de  sérosité 
le  processus  n'en  est  pas  moins  le  même.  La  triple  hernie  des  membrane 
mériterait  seule  de  faire  une  classe  à  part,  mais  son  existence  n'est  pa 
suffisamment  établie. 

L'exencéphalie  est  une  anomalie  relativement  fréquente.  Son  siég 
se  limite  à  quelques-unes  des  régions  crâniennes,  et  ces  régions  son 
précisément  celles  qui  correspondent  à  des  hydropisies  partielles  de 
cavités  encéphaliques  (Spring).  Ainsi  l'hydropisie  des  cornes  cérébrale 
postérieures  formerait  la  hernie  sous-occipitale,  celle  des  cornes  anlé 
rieures  la  fronto-nasale  ou  lorbitaire,  et  celle  de  Thypophyse  ou  corn 
d'Ammon,  la  sphénoïdale.  Quant  à  la  hernie  latérale  ou  temporale,  i 
n'est  pas  bien  sûr  qu'elle  existe,  attendu  que  les  auteurs  ont  souveu 
pris  pour  une  affection  de  ce  genre  ce  qui  n'était  qu'un  simple  hématome 

L'encéphalocèle  occipitale  ou  postérieure  est  la  plus  fréquente  des  anc 
malies  qui  nous  occupent;  il  en  existe  près  de  soixante  observations 
dont  cinquante-trois  ont  été  rassemblées  par  Laurence.  L'ouvertui 
herniaire  ne  siège  pas  toujours  dans  le  môme  lieu,  et  les  parties  end 
phaliques  comprises  dans  la  hernie  ne  sont  pas  toujours  les  même: 
Tantôt  celle-ci  est  sus-occipitale  et  renferme  les  lobes  postérieurs  d 
cerveau,  tantôt  elle  est  sous-occipilale  et  contient  le  cervelet,  enli 
elle  peut  occuper  à  la  fois  les  deux  régions  sus-  et  sous-occipitale 
et,  la  perforation  du  crâne  étant  beaucoup  plus  large,  la  tumei 
contient  à  la  fois  la  partie  postérieure  des  lobes  cérébraux  et  le  cer\d 
(Bg.  36). 

L'exencéphalie  antérieure  (genre  pro-encéphale  de  Is.  Geoffroy  Sair 
tlilaire)  est  moins  fréquente  que  la  postérieure.  Laurence  n'a  pu  en  n 

crâne,  qui  est  fendu  à  la  région  occipitale;  2^  excncéphale,  ccfveau  en  grande  pt 
bon  du  crâne  et  en  arrière,  la  paroi  supérieure  du  crâne  manque  presque  en 
rement. 

Les  anomalies  résultant  du  défaut  de  réunion  des  vertèbres  ou  spina-bifida,  quoi 
très- voisines  des  précédentes,  sont  à  tort  rangées  par  Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire  pa 
les  hémitéries;  nous  pensons  qu'il  est  préférable  de  les  rapprocher  des  anomalies  cor 
pondantes  du  crâne* 


MàLPOBMàTIONS. 


127 


sembler  que  dix-sept  cas  (1).  L'ouverture  qui  donne  passage  aux  parties 
herniées  est  due  le  plus  souvent  à  Tunion  du  frontal  avec  les  os  nasaux, 
quelquefois  le  pédicule  de  la  heniie  est  plus  élevé  et  se  trouve  creusé 
dans  le  coronal  lui-même  près  de  la  ligne  médiane. 

L'encéphalocèle  inférieure,  que  certains  auteurs  ne  séparent  pas  de  l'en- 
céphalie  antérieure,  se  produit  au 
niveau  du  sphénoïde,  et  la  hernie 
souvent  fait  saillie  dans  la  cavité 
orbilaire.  L'encéphalocèle  supé- 
rieure est  extrêmement  rare  ;  l'ab- 
sence des  pariétaux  en  effet  donne 
lieu  à  une  ouverture  très-large,  et 
presque  toujours  le  cerveau  fait 
défaut  (anencéphalie). 

L'exencéphalocèle  latérale  est 
contestée  par  Houel,  mais  acceptée 
par  d'autres  auteurs;  Laurence 
en  a  réuni  cinq  cas.  Dans  cette 
variété  Touverture  herniaire  a  lieu 
sur  les  côtés  de  la  tète,  soit  en 
avant,  soit  en  arrière  de  l'oreille; 
elle  est  produite    par    l'absence 

d'une  partie  de  la  portion    écail-  Fig.  36.  —  Exencfphale,  genre  nolcncéphale 

leuse  du  temporal  et  des  os  voisins.  ^®  '*•  Geoffroy  Saim-Hiiaire. 

Quel  que  soit  son  siège,  l'encéphalocèle  présente  à  étudier  d'une  part  le 
cerveau  hernie  et  ses  enveloppes,  d'autre  part  la  boîte  crânienne.  La  peau 
qui  recouvre  cette  hernie  est  glabre  ou  couverte  de  cheveux,  plus  ou 
moins  distendue  et  amincie,  suivant  le  volume  de  la  tumeur,  quelquefois 
enflammée,  excoriée  ou  ulcérée.  Au-dessous  de  ce  tégument  le  tissu  cel- 
lulaire est  aminci,  et  dans  quelques  cas  il  est  le  siège  de  kystes  dévelop- 
pés par  suite  de  frottements  exercés  à  la  surface  de  la  tumeur.  L'aponé- 
^ose  épicrânienne  vient  ensuite,  et  puis  les  membranes  cérébrales, 
dure-mère  et  arachnoïde,  entre  lesquelles  s'épanche  quelquefois  une  séro- 
sité transparente  susceptible  de  s'enkyster.  Los  centres  nerveux  occu- 
pent presque  toujours  le  milieu  de  la  tumeur.  Ils  sont  formés,  suivant 
'e  siège  de  la  hernie,  par  les  cornes  antérieures  du  cerveau,  l'hypophyse, 
licornes  postérieures,  le  cervelet.  Le  plus  souvent  la  portion  herniée 

(t)  Sur  93  cas  d'encéphalocèle  ou  de  méningocèlc  qu'il  a  analyses,  Houel  en 
compte  68  pour  la  région  occipitale,  16  pour  la  région  fronto-nasalc  et  0  pour  la  baM 
•lu  crâne. 


JACeuiT 


128  ANkTOUI  PATHOLOGIQUB. 

est  dilatée  «n  ampoule  dans  la  tumeur,  pressée  qu'elle  est  par  la  séros^^â) 
ventriculaire,  et  si  la  subslance  nerveuse,  réduite  à  une  simple  lame        |] 
appliquée  sur  les  membranes,  vient  à  se  rompre,  le  liquide  ventricula^nâr 
s'échappe,  et  les  centres  nerveux,  revenus  sur  eux-mêmes,  se  présent(=ii, 
à  l'ouverture  qui  leur  a  livre  passage  sous  forme  d'un  moignon  ratatiEr^sé. 
D'autres  fois  la  subslance  nerveuse  est  ramollie  et  transformée  en  ik.  se 
bouillie  plus  ou  moins  épaisse  qui  nage  en  flacons  dans  la  sérosité.    X« 
cerveau  est  rarement  tout  à  Tait  sain  ;  sur  quarante-quatre  cas  où  il  ^st 
question  de  l'état  de  cet  organe,  il  est  alléré  trente-neuf  Tois  (Laurence^. 
Dans  quelques  rares  circoiislances  la  masse  cérébrale  fait  seule  hernie  et 
l'encéphalocèlc  parait  tenir  à  une  hypertrophie  de  celle  masse  (hype— 
rencéphalic  de  is.  Geoffroy  Sainl-IHIaire). 

Le  cn\nc  est  plus  ou  moins  profondément  modifié  ;  tantât  l'ouverture 
anormale  de  sa  cavité,  produite  pr  l'atrophie  d'une  partie  de  la  vofkte, 


se  préscnle 


la  rornie  d'ui 


.'  simple  perforation  ;  tantôt,  par  suite 
d'un  défaut  de  développement  de 
sa  portion  supérieure,  la  boite  encé- 
phalique est  ouveile  dans  la  pres- 
que lolaljtc  de  son  étendue.  Enfin, 
les  os  de  la  partie  supérieure  du 
crâne,  considérablement  réduite, 
ne  forment  plus,  dans  certains  cas, 
qu'une  série  de  petites  pièces  reje- 
tf^es  sur  les  câtés  et  entourant  la- 
léralement  la  base  de  l'encéphale, 
au  lieu  de  la  recouvrir  et  de  l'en- 
velopper supérieurement. 

L'exencéphalie  est  sujette  à  de 
nombreuses  complications  :  l'une 
des  plus  communes  est  la  fissure 
spinale  (spina  hifida.).  La  face, 
remai'quable  par  son  obliquité, 
est  quctiiuefois  alleinte  d'anoma- 
FiG.  3'.  —  Exenc^phale  sUeini  d'cvenlralîan    lies  dont  la  plus  fréquente  est    le 

■s.tzs::T:i::z^:-^  iKc-de.iicv„.  iom.  „„  i„^„, 

aajimiati\%et.  (Huiûc  Dupujtren.)  de  la  voùlc  palatine.  Les  pieds  ou 

l'un  d'eux  sont  souvent  mal  lails  cl  plus  ou  moins  renversés.  Le  tronc  lui- 
mémo  n'écliappc  pas  toujours  à  ces  vices  originels;  celui  qu'on  y  obsenc 
le  plus  fr<'!(|uenmu-nl,  la  célosomie,  est  une  monslruosili-  qui  consiste  dans 
le  déplacement  herniaire  du  cœur  cl  des  viscères  digestifs  [fig.  37,^ 


* 


^^^^^^^^^  139 

Les csUMB de  l'exenc^phalie sont  obscures;  par  contre,  ses  conditions 
paliogèniques  sont  mieux  connues.  Cette  anomalie  se  renconlranl 
riUL'Iqu^^fois  chez  dos  fœtus  atteints  d'évpntration  avec  brièveté  du  cordon 
imbilical  et  adhérences  de  ce  cordon  aux  méninges  cérébrales  (fig.  37), 
1  y  a  lieu  de  croire  que  cette  disposition  n'est  pas  sans  influence  sur  sa 
produclion.  Daresle  attribue,  d'ailleurs,  la  genèse  de  celte  malformation  à 
vnirrètde  développement  de  l'amnîos  pouvant  exercer  une  compression 
iur  les  vésicules  cérébrales,  de  façon  h  les  déprimer  el  h  les  aplatir. 
Ainsi  pressées,  ces  vésicules  s'élargissent  latéralement  de  manière  à 
constituer  un  rebord  saillant  qui  s'élend  sur  les  cAtés  de  la  télé  dont  il 
esl  Béparé  par  un  sillon  plus  ou  moins  profond.  lorsque  l'ossification  du 
crue  commence,  elle  s'étend  sur  toute  la  partie  de  la  lôte  qui  esl  infé- 
liture  ï  c«  sillon,  mais  elle  ne  peut  remonter  au-dessus.  Après  avoir 
conjlilé  ce  fait  pour  les  hernies  totales  de  l'encéphale,  ce  savant  distin- 
gua a  pu  observer  plusieurs  exencéphalies  partielles  en  voie  de  forroa- 
tionets'aâsurer  qu'elles  se  forment  de  la  même  manière  que  les  exen- 
c^lifs  totales.  Cette  interprétation,  basée  sur  une  observation  attentive 
h  développement  erabrjonnaire,  nous  parait  fort  admissible  ;  pourtant 
UconTient  de  faire  remarquer  qu'elle  ne  rend  pas  bien  compte  du  siège 
^lèdal,  pour  aiusi  dira,  de  l'esencéphalie  et  qu'elle  ne  l'explique  pas. 

BnuieB&FRiE.  —  Febiund,  Mém,  de  l'Académie  de  chirurg.,  t.  V,  p.  60.  — 

BteLOD,  BttUetin  de  la  Faadti  de  médiane,    t.  III,  an  9,   p.   292.  —  Ono, 

Bm&.der  puth.  Anal.,  t.  I,  p.  ùlÛ,  el  Descript.  monslr.   sexcenl.,  a"  fi6, 

73i  80  el  81.  —  Fleischmann,  Bildwtgshemm.  d,  Maische»,  p.  170.  Nûrnberg, 

iïM.  —  Mecïel,  llandb.,  t.  I,  p.  301.  —  NiEGiui,  Uufeland's  Jouni.,   mai 

18!2, —  Geoffroy  S*iNT-HiLAinEj  Archiv,   génér.   de  mid.,  juillet  1827.  — 

Is.  Geoffroy  Sii»T-Hii.MHE,  Hist.  desanom.,  t.  Il,  p.  293. — Niemeïeu,  De  hemia 

^'TrbnmtigmUa.  Halœ,  1833,  —  Ncïet,  Arohiv.  de  méd.,  3'siir.,  t.  III,  [j. /|10, 

1838,  —  Bglhomiie,  EncéphalocéU  cotigênitale  {Aead,  deiscietices,  juillet  lBii6: 

'•t:.  m^ij.,  552).  —  Sphinc,  Monographie  de  la  hernie  du  cerveau.  Braxelles, 

1853.  _j.  Z.  Ijlhence,  Med.  chirurg.  Transact-,  vol.  XXXK,  p.  307,  1856. 

—  RiDEL,  Mfmtiire  sur  l'encéphaiocéh  congénitale  {Archiva  ginér.  de  méd.,  séries  5 

^*  ik,  p.  609.  Paris,  1859.  —  Le  même,  Mém.  sw  les  adh.  du  placenta  m  des 

***»el.  â  eert  part,  du  corps  du  fœtus  {Gai.  mid.,  1858,  p.  32).  —  Dabeste, 

i.  mtd.,  1859.  —  Giitnic,L'hydroméningocéle. Qordeaux,  1860. — Le  même, 

nonsire  exencéphale  (pleurencéphak)  {Ga:.  méd..  1856,  p.  388,  et 

nthforique  Hpr(aiqM  de  pathologie  interne,  p.  162  et  suiv.  Paris,  1868).  — 

ïi,  Moskauer  medicin.  Zeituwj,  1866,  n"  38  el  Ù3.  —  Jolï,  Eludes 

*  VA  vumMre  humain  affecté  (outdia  fois  tPexeneéphaliCf  de  pied  bot,  depuly- 

*ïlfc,  d'hermiiphrodiime  et  d'inversion  splanchnique  générale  (Gai.  méd.  dt 

'^'rù,lS66,p.372).— ViRCHûw,  Patliol.  ,/is  (ums»i-s,  1. 1,  p.  167;  1.  H,  p.  662, 

LUiGtBKADx.  —  Tnkilé  d'ADst.  1'  —  9 


130  anàtomis  pathologique. 

Paris,  1867-71.)  —  Ém.  Lëriche,  Du  spùta-bi/ida  crânietu  Thèse  de  Paris 
1871.  —  Lecourtojb,  Encéphaloeéle  congénUak  {BulL  de  la  Soc.  anat,^  1870 
p.  352  et  UUi)»  -—  Jos.  Talko,  Ud)er  angehome  Himherrden  {Archiv  f,  pathol 
Anat.  xmd  PhysioU^  t.  L,  p.  517,  1870).  —  Holmes,  McUad,  chirurg.  des  enfants 
trad.  franc,  par  Larcher.  Paris,  1870.  —  Giraldès,  Leçons  sur  les  malad 
chir*  des  enfants.  Paris,  1870.  —  Suckung,  Med.  Times  and  Gaz.  y  25  janviei 
1873,  p.  85.  —  EL  Hamy,  Gaz.  méd.y  1876,  p.  193. 

VI.  —  Hydromyélie  (spina-bifida). 

Le  spina-bifida  est  caractérisé  par  la  division  ou  l'absence  congénitak 
d*uu  ou  de  plusieurs  des  arcs  postérieurs  des  vertèbres  permettant  à  un< 
partie  ou  à  la  totalité  du  contenu  du  canal  rachidien  de  faire  hernie  à  la 
partie  postérieure  du  rachis. 

Cette  maiforination  a  son  siège  habituel  sur  la  ligne  médiane  et  en 
arrière  du  rachis,  et  si  elle  a  été  quelquefois  signalée  en  avant  (1),  c'est 
dans  des  circonstances  tout  à  fait  exceptionnelles.  Elle  a  été  observée  sur 
tous  les  points  de  la  colonne  vertébro-sacrce,  mais  la  région  lombaire 
est,  pour  ainsi  dire,  son  siège  d'élection,  par  ce  fait  que  Tare  postérieur 
des  vertèbres  de  cette  région  est  le  dernier  à  se  souder.  D'après  un 
certain  nombre  de  relevés,  le  spina-biiida  occuperait  la  région  des  lombes 
dans  les  deux  tiers  des  cas  environ,  la  région  sacrée  dans  un  cinquième 
seulement.  Les  régions  dorsale  et  cervicale  seraient  beaucoup  plus  rare- 
ment affectées,  puisque,  sur  cinquante-sept  cas  relevés  par  Bevalet,  dix 
seulement  font  mention  du  spina-bifida  de  ces  régions. 

L'étendue  du  spina-bifida  est  variable  ;  tantôt  limité  à  deux  ou  trois 
arcs  vertébraux,  il  occupe  d'autres  fois  toute  la  longueur  du  canal 
rachidien.  Simple  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  il  est  quel- 
quefois double  dans  une  même  région,  le  plus  souvent  dans  deux  régions 
différentes.  Le  volume  de  la  partie  hemiée  est  variable;  habituelle- 
ment de  la  grosseur  d'un  œuf  de  poule,  cette  hernie  peut  acquérir  des 
dimensions  capables  de  mettre  obstacle  à  raccouchemcnt  ;  arrondie 
ou  piriformc,  quelquefois  très-petite  au  moment  de  la  naissance,  elle  ne 
manque  guère  de  s'accroître  ensuite.  Le  plus  souvent  régulière,  cette  tu- 
meur présente  dans  quelques  cas,  principalement  chez  l'adulte,  un  as- 

(1)  Dans  un  cas  rapporté  par  Bryant,  où  Tagcnésie  rachidiennc  occupait  la  partie 
antérieure  du  sacrum  {Gaz,  méd,,  1838^  p.  10).  Dans  un  autre  cas,  présenté  en  1855 
à  la  Société  anatomiquc,  par  Depaul,  le  spina-bifida  était  à  la  fois  antérieur  et  postérieur. 
Voyez  aussi  CruTeilhier,  liv.  VI,  pi.  3,  fig.  3-â.  Houel  a  rapporté  (Buil,  de  la  Soc.  anat., 
1850  et  1851)  deux  cas  de  spina-bifida  latéral. 


MALFORMATIONS.  131 

péri  lolwW  produit  par  le  cloisomieiueiit  de  la  poche  et  sa  rétraction 
daus certains  points.  Elle  est  consliluéo  par  ano  accumulation  de  sérosité 
limilée  piu'  des  membranes  qui  sont,  en  procédant  de  dehors  en  dedans,  la 
jw«ii  distendue  et  amincie,  la  couche  celliilo-graisseuse  sous-jacente,  el 
au-dessous  de  rette  couche  qui  ne  fait  jamais  défaut,  si  ce  n'est  dans  quel- 
ques cas  où  le  spina-bifida  est  de  grande  étendue,  par  une  seconde  enve- 
lii|i|)e  (ieuse  el  résistante  qui  est  la  dure-mtre  rachîdienne  [fig,  38).  Cette 
mmlffanc  pi-ésenle  souvent  des  reliefs  plusou  moins  irréguliers,  produits 
par  des  filaments  ner\'eux  perdus  dans  ses  parois,  et  delà  l'explication  de 
i'iinc«li)^sie  H  de  la  paralysie  de  quelques-unes  des  parties  situées  au-dus- 
souidi'h  tumeur.  Celte  des 
mplioni'appliqucàrhjdro- 
ntchi>  bmiioire  externe,  ou 
piiracMiDUlalioii  de  sérosité 
cniR  les  méninges.  L'hydro- 
raobii  interne  cystique,  ou 
hjdromyélocèle,  ne  diffère 
R  par  rexistence  d'une 
e  de  substance  médul- 
>  b  la  lace  interne  des 

'*  wnrteDu  de  la  tumeur 
'  «<  on  liquide  séreux,  inco- 
lore, transparent,  a.  part  le 
ct>  d'inflammation,    où  il 
devient  quelquefois  jaunâ- 
Ire,  Oocunneux   ou   même 
iui^inaletil.   Ce   liquide  a 
^uiinalremenl  la  mCme  com- 
ttitioa  que  celui  du  canal  raihidien  avec  lequel  U  communique,  ce  qui 
Iflique  comment  dans  certaines  positions  il  est  possible,  à  l'aide  de  pres- 
u  bien  dirigées,  de  faire  diminuer  momentanément  la  poche  herniaire. 
H  rinléricur  de  cette  poche  baignent  un  certain  nombre  de  filaments 
IX,  ou  plus  rarement  la  moelle  épinière  qui,  après  s'être  coudée  et 
e  en  arrière,  s'étale  en  membrane  sur  ses  parois,  d'où  elle  peut 
T  dans  le  canal  l'achidieu.  La  poche  du  spina-bifida  de  la  région 
tobo-Bacrée  présente  souvent  une  dépression  en  forme  d'entonnoir, 
Odiute  par  l'adhérence  de  l'exlrémilé  de  la  moelle.   Les  nerfs  qui  s'y 
enl,  comparés  aux  racines  nerveuses  supérieures ,    ne  sont   pas 
miemcnt    très-allongés,   mais    aussi  très-épaissîs  dans  certains  cas, 


Fio.  3H.  —  Spina-bknda.  a.  tronçon  du  ci>rp»  Jes  der- 
iiièrei  vertèbres  dorialei  ;  bb,  dure-mère  rnchidianne 
qui  ya  doubler  l'enveloppe  cuUtièe  da  la  lunicur  g; 
(■,  moelle  è^iiiière;  e,  hiatus «rlèbral  rétréci  parle 
repli  de  la  dure-mère  ;  /■/",  lames  vertébrale» incisées; 
t,  llsiu  soDS-culBné  et  peau. 


132  ànàtomib  pathologique. 

comme  s'ils  avaient  subi  une  espèce  d'hypertrophie.  Disons,  au  point 
de  vue  des  procédés  opératoires,  que  les  cas  sont  relativement  rares 
dans  lesquels  ces  parties  n'entrent  point  dans  ia  composition  de  la  tumeur; 
en  sorte  qu'il  faut  s'attendre  à  voir  l'opération  souvent  suivie  des  dé- 
sordres les  plus  graves. 

L'ouverture  par  laquelle  se  produit  la  hernie  est  le  plus  souvent 
oblongue  et  d'un  diamètre  variable,  suivant  l'absence  plus  ou  moins 
étendue  des  apophyses  épineuses  et  des  lames  vertébrales.  Son  calibre 
le  plus  ordinaire  n'est  pas  très-considérable,  il  permet  à  peine  le  passage 
de  l'extrémité  du  petit  doigt;  aussi  peut-il  diminuer  par    les  progrès 
de  l'âge  ou  même  s'oblitérer  consécutivement   à  l'inflammation  des 
membranes  de  la  poche.  Les  exemples  de  ce  genre  de  terminaison, 
quoique    très-rares,   conduisent  à  penser  que  certains  kystes,   situés 
à  la  partie  postérieure  du  rachis,  entre  la  dure-mère  et  la  pie-mère, 
peuvent  avoir  été  primitivement  des  spina-bifida  dont  l'orifice  se  serait 
oblitéré  (1).  Remarquons  que  ce  phénomène  ne  se  présente  qu'autant  que 
la  moelle  ne  participe  pas  à  l'altération,  c'est-à-dire  à  peu  près  uniquement 
dans  les  formes  de  spina-bifida  situés  à  l'extrémité  inférieure  de  la  moelle 
épinière,  puisque  les  spina-bifida  cervical  et  dorsal  sont  bien  plutôt 
des  hydromyélocèles  que  des  hydroméningocèles.  Un  mode  de  guérisoD 
que  l'on  constate  quelquefois  pour  ces  dernières  tumeurs  est  la  perfora- 
tion de  la  poche,  au  niveau  de  laquelle  se  produit  une  sorte  de  bourrelet 
cicatriciel.  Les  ponctions,  les  injections  simples  ou   iodées,  les  liga- 
tures, etc.,  peuvent  conduire  au  même  résultat  favorable. 

Le  spina-bifida  est  quelquefois  accompagné  de  vices  de  conformation 
qui  sont,  les  uns  indépendants  de  la  tumeur  rachidicnne,  tandis  que  les 
autres,  comme  la  célosomie,  sont  l'effet  des  mêmes  influences  ou  lui  sont 
consécutifs.  Un  exemple  de  ces  derniers  s'observe  dans  le  spina-bifida 
de  la  région  sacrée,  où  le  sacrum,  au  lieu  d'être  concave  en  avant,  pré- 
sente une  convexité  dans  ce  dernier  sens.  La  cavité  du  petit  bassin  et  la 
partie  inférieure  de  l'abdomen  sont  rétrécies,  la  partie  inférieure  du  tube 
digestif,  ainsi  que  les  voies  urinaires,  ne  trouvent  plus  à  se  loger  dans  la 
cavité  abdominale  et  se  projettent  en  avant,  d'où  une  exstrophie  de  vessie 
avec  célosomie  et  souvent  absence  d'une  grande  partie  de  l'extrémité  infé- 
rieure de  l'intestin. 

(i)  CruTeilhier  décrit  sous  le  nom  de  kystes  arachnoîdicns  congénitaux  de  la  région 
sacrée  des  cas  qui  paraissent  se  rattacher  à  ce  mode  de  terminaison.  Voyez  Traité  (tAnaU 
pathog,  Paris,  1856,  t.  III^  p.  A5i.  Spring,  d'un  autre  côté,  considère  comme  de« 
hydroméningocèles  dont  le  pédicule  s'est  étranglé  certaines  poches  séreuses  de  la  nuque. 
Loc,  cit  ,  p.  26. 


MALFORMATIONS.  13S 

L'hydromélien'a  pas  toujours  le  même  mode  pathogéniqne.  Si  quelque* 
fois  elle  est  l'effet  d'une  hydropisie  enkystée  du  canal  central  de  la  moelle 
épinière,  dans  d'autres  circonstances  elle  semble  pouvoir  être  rapportée 
à  l'hydropisie  de  la  cavité  arachnoîdienne.  Les  causes  de  cette  anomalie 
sont,  en  somme,  peu  connues.  L'état  de  santé  de  la  mère  a  paru  quel- 
quefois y  prédisposer;  la  scrofulose,  la  syphilis,  les  cachexies,  n'y  sont 
peut-être  pas  étrangères,  et  on  l'a  vue  se  montrer  sur  divers  enfants  de 
b  même  famille  ou  de  la  même  mère.  Certains  pays  semblent  exposés 
à  sa  production.  Suivant  Gintrac,  elle  serait  plus  fréquente  en  Hollande 
qu'en  Italie. 

BiBuoGRAPHTE.  —  MoRGAGNi,  De  sêdib,  et  cous.  mor6.,  ep.  IX-XII.  —  Portal, 
Anat,  méd.^  U  11,  p.  306. — Sanoiport,  Obs.  anat.  path.y  lib.  IH,  cap.  i,  p.  10. 

—  Mecxel,  Handb.,  t.  I,  p.  356.  —  Arm.  Bodix^  thèse  de  Paris,  an  ix,  1800. 

—  OiTO,  Eandb.,  t.  I,  p.  201,  UUS,  —  Henke,  De  tum,  fœt.  cyst.,   diss.  in. 

Halle,  1819.  —  Fleischmann,  Bildungshemm,  d,  Mensch.  imd  Thiere^  Nûmberg, 

1833.  —  BicLAKD,  Leçons  or.  sur  les  monstruosités.  Paris,  1822.  —  Geoffroy 

Saint-Hilairb,  Philosophie  anatom.  Paris,  1822.  —  Is.  Geoffroy  Saint- Hilaire^ 

Eist,  des  anomal.,  t.  I,  p.  615.  —  Cruveilhier,  Anat.  path,,  livr.  6,  pi.  3  ; 

liTr.16,  pi.  4;  livr.  19,  pi.  5,  6;  livr.  39,  pi.  U.  —  Albers,  Atlas  der  path. 

^.  I,  pi.  51.  —  Vrouk,  Handb.,  I,  p.  496.  —  Ollaier,  Traité  des  malad. 

delamodk  épin.  Paris,  t.  I,  1837,  —  Kûstkr,  Diss,  in.  Gryphiœ,  1862.  — 

Anderseci,  D,  in.  Vratislaviae^  1862.  —  Hewett,  London  med,  Gas.,  Jiily  1866. 

— Behreïid,  Joum.  f.  Kinderkr. ,  sept,  et  ocl.  1869.— -Fleck,  Diss.  inaug.  Breslau, 

i856.— ScHiNDLER,  Deutsche  KHnik,  1853,  n<>  19. — Boas,  Diss.  in.  Berlin,  1857. 

—  WœiDT,  Diss.  inaug.  Berlin,  1858.  —  Decourt,  thèse  de  Paris,  1853. —  Be\'a- 

LET,  thèse  de  Paris,  1857.  —  L.  Robin,  thèse  de  Paris,  1858.  —  Virchow, 

Verh.  d.  Ges.  e.  Geburtsh.  Berlin,  1858,  t.  X.  —  Aug.  Morillon,  thèse  de 

Paris,  1865.  —  Coun,  thèse  de  Paris,  1868.  —  E.  Gintrac,  Cours  théorique  et 

dttUque  de  pathol.  interne,  t.  VI,  p.  211.  Paris,  1868.  —  Consultez  :  Comptes 

rendus  de  la  Soc.  de  biologie  et  Bull,  de  la  Soc,  anatomiqm, 

§  2.  —  MALFORMATIONS   DE  LA  FACE  ET  DU  COU. 

Les  parties  constituantes  de  la  face,  notamment  celles  qui  doivent  for- 
m^  la  bouche ,  se  dessinent  chez  Tembryon  humain  dès  le  vingtième 
jour.  Leur  développement  se  fait  à  Taide  de  productions  ou  lamelles 
isolées  qui  partent  de  lextrémité  supérieure  de  la  colonne  vertébrale  ru- 
dimentaire  pour  se  réunir  vers  la  ligne  médiane.  Ces  lamelles,  qui  ont 
été  appelées  arcs  branchiaux  (Rathke)  et  plus  tard  arcs  viscéraux 
(Reichert),  laissent  entre  elles  des  espaces   connus  sous  le  nom  de 


fSi  ànàtomie  pathologique. 

fentes  branchiales  ou  viseéraks.  Les  trois  premières  de  ces  lames  com- 
mencent sous  forme  de  prolongements  appliqués  contre  la  face  interne 
des  parois  latérales  du  capuchon  céphalique,  pour  de  là  s'avancer  Ters  la 
ligne  médiane  de  la  même  manière  que  les  prolongements  costaux.  Cest 
aux  dépens  du  premier  arc  que  la  bouche  et  ses  dépendances,  le  nez,  les 
deux  mâchoires,  le  palais  et  son  voile,  sont  produits.  En  effet,  du  renfle- 
ment cérébral  supporté  par  cet  arc  descendent  un  bourgeon  médian  oa 
frontal  et  deux  bourgeons  latéraux  ou  maxillaires,  tandis  que  deux  antres 
appendices  latéraux,  prenant  naissance  un  peu  plus  bas,  se  portent  en 
avant,  vers  la  ligne  médiane.  La  réunion  de  toutes  ces  parties  constitoe 
l'ouverture  buccale.  Mais,  tandis  que  les  deux  bourgeons  inférieurs  appelés 
à  former  la  mâchoire  inférieure  se  fusionnent  vers  le  vingt-huitième  jour, 
ceux  qui  représentent  la  mâchoire  supérieure  ne  se  réunissent  que  plus 
tard  et  par  l'intermédiaire  du  bourgeon  frontal  qui,  vers  le  vingt-cinquième 
joiu*,  s'échancre  un  peu  à  sa  partie  moyenne  et  se  partage  en  deux  bour- 
geons plus  petits,  les  bourgeons  incisifs  ou  intermaxillaires  (Coste). Ceux-ci 
vont  en  divergeant  à  la  rencontre  des  bourgeons  maxillaii'es  supérieurs, 
et  leur  contact,  qui  a  lieu  vers  le  trente-cinquième  jour,  ne  laisse  de  cha- 
que côté,  entre  les  deux  lamelles,  qu'un  petit  sillon  qui  s'oblitère  un  peu 
plus  tard.  Dès  la  fin  du  premier  mois,  la  bouche  existe  donc,  mais  elle  fonue 
avec  les  fosses  nasales  une  cavité  commune  limitée  par  les  bourgeoDS 
mentionnés.  Du  bourgeon  médian  descend  verticalement  un  feuillet  asseï 
épais  qui  formera  la  cloison  des  fosses  nasales,  pendant  que  des  bour- 
geons maxillaires  supérieurs  émanent  deux  lames  horizontales  qui,  se 
rencontrant  avec  la  première,  séparent  complètement  de  la  bouche  te 
fosses  nasales  déjà  distinctes  l'une  de  l'autre,  en  sorte  que  chez  un  em- 
bryon de  soixante  jours  on  ne  trouve  plus  de  trace  de  communication 
entre  les  fosses  nasales  et  la  bouche. 

La  première  fente  branchiale  sert  à  la  formation  des  conduits  et  (kî 
cavités  de  l'oreille.  Le  second  arc  branchial  n  a  qu'un  rôle  secondaire,  ^ 
la  seconde  fente  s'oblitère  de  très-bonne  heure.  Le  troisième  arc  doniH 
naissance  à  l'épiglottc  et  à  l'os  hyoïde  ;  la  troisième  fente  tarde  peu,  aprfe 
la  seconde,  à  se  remplir  sans  donner  naissance  à  aucune  partie  perntf 
nente  spéciale.  Il  en  est  de  môme  du  quatrième  arc  viscéral  et  de  la  qû> 
trième  branche  branchiale,  située  entre  celui-ci  et  le  tronc.  Toutefois 
de  la  masse  qui  les  constitue,  comme  de  celle  qiii  se  dépose  à  la  régio 
des  arcs  viscéraux  supérieurs ,  proviennent  plus  tard  les  parties  ©olk 
du  cou,  muscles,  Vaisseaux,  etc.  Que,  par  une  circonstance  quelconque 
ce  travail  de  développement  régulier  se  trouve  entravé  dans  les  os  0 
dans  les  parties  molles,  il  en  résulte  une  anomalie  qui  consiste,  en  fi 


MALFORMATIONS,  435 

décompta,  dRns  on  défaul  île  réunion  ou  fissure  ayant  son  tiége  ordi- 
naire, pour  la  faœ,  sur  la  ligne  modiane;  pour  le  cou,  sur  les  côtés. 
Ëtodions  maintenant  ces  anomalies. 


I.  —  Fissures  Inbiales  ou  bec-dc-lièyre, 

fissures  congénitales  de  la  face  sbnt  beaucoup  plus  communes  à 
Jèrre  supérieuie  qu'à  la  lèvre  inférieure.  Connues  sous  la  dénn- 
lion  de  l)ec-de-lièTre,  gueule-dc-Ioup,  etc.,  elles  sont  simples  ou 
ileies,  selon  que  les  pallies  molles  seulement  ou  les  tissus  plus 
nds,  c'esl-à-dire  la  cloison  osseuse  hucco-nasale,  participent  h  leur 


fPiuure  labiale  ou  bec-de-lièvre  simple.  —  Ce  vice  de  conformation 
lutuper  toutes  les  paities  de  l'orifice  buccal  qui  sont  un  point  df 
akiD  des  éléments  formateurs  de  cet  nrifîce.  On  l'a  obsen'é  k  la  partie 
urne  de  la  lèvre  inférieure,  en  divers  points  de  la  lèvre  supérieure  ei 
Igle  des  lèvres. 

(e  par  quelques  auteurs,  la  fissure  de  la  lèvre  inférieure,  justement 
liée  par  d*autres,  est  toujours  médiane.  Un  petit  nombre  de  faits  seu- 
U  établissent  son  existence  et  montrent  qu'elle  n'affecte  qu'une 
JMrtie  de  l'étendue  de  la  lèvre  ;  dans  l'un  d'eux,  rapporté  par  Bouîsson. 
'*ltc  tissure  comprend  bien  toute  l'épaisseur  du  bord  libre  de  la  lèviT, 
maiselle  se  prolonge  à  peine  sur  ses  faces,  qui  ont  peu  de  hauteur.  Cette 
aDumiJie,  ft^nant»  pour  la  mastication,  doit  évidemment  sa  rareté  à  la 
prwocité  du  développement  de  l'arc  buccal  inférieur. 

U  fissure  labiale  supérieure  est  rarement  médiane;  le  plus  souvent 
l'Ilo  est  latérale  et  correspond  h  l'articulation  de  l'os  incisif  avec  le  maxil- 
laire supérieur.  Cette  fissure  est  simple  ou  double.  Simple,  elle  se  mani  - 
(«Ui:  de  préférence  à  gauche  dans  le  point  d'union  de  la  dépression 
'wiwiasale  avec  le  reste  de  ta  lèvre.  En  ce  point  existe  une  fente  dont  les 
lords  plus  ou  moins  wart^s  circonscrivent  un  espace  en  forme  de  V  ren- 
Wïé,  à  direction  oblique  de  haut  en  has  et  de  dedans  en  dehors,  do  telle 
nunière  que  le  btird  externe  est  un  peu  plus  long  que  l'interne.  Cette 
Swiifc  présente  des  différences  suivant  que  la  lèvre  est  affectée  partiel- 
Ifineni  ou  en  tolalilé,  et  qu'il  y  a  ou  non  écarlcment  des  os  corresiion- 
■luils.  Quelquefois  bonièe  au  bord  libre  de  la  lèvre,  elle  en  alleinl 
"f'Mtres  fois  le  milieu  ou  h  hauteur,  plus  souvent  enfin  elle  en  occupe  la 
^^Wti-,  et  l'itn^le  sup^icur  n'est  séparé  de  la  narine  que  par  un  faible 
'nlCTvalle;  elle  se  prolonge  enfin  jusque  dans  la  narine  correspondante  et 

tnez  un  aspect  épaté.  Dans  quelques  cas,  cette  fissui-e  se  ren- 


J 


1S6  '"^  ànàtomis  pathologique. 

contre  des  deux  côtés,  ce  qui  constitue  le  bec-de-lièvre  bilatéral,  dont  le 
lobule  médian  est  dermo-musculaire. 

La  fissure  génienne  ou  commissurale ,  aussi  rare  que  le  bec^de-lièTTe 
médian,  consiste  en  un  prolongement  de  Touverture  buccale,  soit  dansk 
sens  transversal,  soit  dans  une  direction  oblique  en  haut  et  en  dehors. 
L'ouverture  buccale,  dans  la  première  variété,  peut  s'étendre  d'une  oreille 
à  l'autre,  conmie  l'ont  vu  Muralfet  Otto.  Prolongée  à  droite  et  à  gancbe 
dans  l'intervalle  des  os  maxillaires  et  aux  dépens  des  buccinat^irs,  cette 
anomalie  produit  une  difformité  horrible,  appelée  par  quelques  anteon 
du  nom  de  gueule-de-lion.  La  seconde  variété  coïncide  ordinaironeit 
avec  des  anomalies  profondes  intéressant  la  plupart  des  parties  consti- 
tuantes de  la  face,  et  consiste  en  une  fente  qui,  partie  de  l'angle  des  lèvres, 
se  dirige  vers  la  ponmiette,  et  quelquefois  s  étend  jusqu'à  l'angle  externe 
de  l'œil,  laissant  à  découvert  l'arcade  dentaire  et  la  bouche.  Dansœcis, 
le  canal  de  Sténon  correspond  au  dessous  de  la  fissure,  tandis  que,  dans 
le  premier  cas,  il  aboutit  au  voisinage  du  bord  supérieur  de  la  fèole  trans- 
versale et  donne  lieu  à  un  écoulement  incessant  de  salive. 

2*  Fissure  labiale  ou  bec- de-lièvre  complexe.  —  Le  vice  de  conlbnnatioo 
qui  constitue  cette  variété  ne  reste  pas  limité  aux  parties  molles,  il  affecte 
les  parties  les  plus  profondes  de  la  face,  qui  sont  atrophiées,  séparées  oa 
divisées  à  des  degrés  divers. 

Lié  à  peu  près  exclusivement  aux  fissures  labiales  supérieures,  et, 
conune  ces  dernières,  unilatéral  ou  bilatéral,  le  bec-de-lièvre  complexe 
s'étend  à  des  profondeurs  variables,  depuis  le  rebord  alvéolaire  josqa'to 
voile  du  palais,  qui  lui-même  participe  quelquefois  à  ces  énormes  fentes 
antéro-postérieures  de  la  voûte  de  la  bouche  :  de  là  une  fissure  laUo- 
alvéolaire  et  une  fissure  labio-palatine. 

La  fissure  labio-alvéolaire  consiste  dans  le  prolongement  de  la  fente  jus* 
qu'au  trou  incisif  seulement;  elle  est  unique  ou  bilatérale  et  correspond 
à  la  ligne  de  séparation  de  l'incisive  externe  et  de  la  canine.  Par  excep- 
tion, cette  fissure  ne  porte  pas  sur  la  ligne  de  jonction  de  l'os  incisif  et  dv 
maxillaire;  elle  se  rencontre  (Tenon,  Meckel,  Nicati). entre  les  deux  mû- 
sives,  comme  si  l'os  intermaxillaire  primitivement  formé  de  deux  noyant 
était  susceptible  de  subir  entre  ces  deux  points  une  fissure.  Si  la  fissuP 
est  simple,  la  difformité,  beaucoup  plus  accusée  qu'avec  une  sfanp* 
fente  de  la  lèvre,  est  cependant  peu  marquée  relativement  à  ce  qui 
lieu  lorsqu'elle  est  double.  Dans  ce  dernier  cas ,  les  os  intermaxillaires 
dégagés,  isolés  des  maxillaires  supérieurs,  sont  proéminents  en  atanl 
ainsi  que  les  dents  au  nombre  de  deux  ou  quatre,  suivant  que  lesdeu 
noyaux  des  os  incisifs  existent  ou  que  l'un  d'eux  fait  défaut. 


MALFORMATIONS. 


137 


^^ 


La  fissure  labio-palatine,  le  plus  souvent  unique,  existe  ordinairement 
à  gaache  et  représente  une  brèche  antéro-postérieure  qui  comprend  la 
lèTre  et  la  voûte  palatine,  faisant  communiquer  entre  elles  la  bouche  et  la 
fosse  nasale  du  côté  affecté.  Soudés  dans  ce  cas  à  Tos  sus-maxillaire 
droit,  dont  ils  augmentent  la  masse,  les  os  incisifs  déterminent  un  défaut 
de  symétrie  très-prononcé  des  deux  moitiés  de  la  face.  Dans  les  cas  plus 
rares  où  cette  fissure  est  double  (fig.  39),  la  disposition  qui  précède  s'ob- 
senre  des  deux  côtés,  et  la  communication  agran- 
die de  la  bouche  avec  les  fosses  nasales  entraîne 
le  plus  habituellement  comme  conséquence  la 
fente  du  voile  du  palais.  Le  bord  inférieur  du 
Yomer,  libre  au  milieu  de  la  fente  maxillaire, 
touche  la  face  supérieure  de  la  langue  sur  la- 
quelle il  se  creuse  un  sillon  ;  et  si  labsence  Fie.  39.— Bee-d©-li*Yre  dou- 
des  apophyses   palatmes   vient    à   compliquer 

cette  difibrmité,  celle-ci  peut  être  compromettante  pour  la  vie.  Les  os 
intermaxillaires ,   dans   ces   conditions,  tiennent  en  général  par  une 
espèce  d'isthme  au  vomer^  à  Textrémité  antérieure  duquel  ils  sont  conmie 
suspendus  ;  irréguliers  et  plus  ou  moins  volumi- 
neux, ils  sont  fortement  déviés  en  avant  et  repré- 
sentent une  sorte  de  trompe  plus  ou  moins  dé- 
nudée (fig.  iiO).  La  succion  est  impossible,  le    ' 
rire,  les  cris,  Tétemument  n'aboutissent  qu'à  : 
produire  des  grimaces  et  à  rendre  le  faciès  re-  (f, 
poussant  et  des  plus  désagréables.  ^ 

Quelques  auteurs  parlent  d'une  fissure  mé-  Fie.  AO.  —  Bec-de-lièvre  eom' 
diane  accompagnant  les  fissures  latérales,  mais  ^i^*  mTdîré^cTrt^^^ 
les  bits  rapportés  à  cet  égard  demanderaient  voûte  palatine  et  du  voile  du 
à  être  mieux  établis.  Dans  quelques  cas  enfin  P*^*  (Musée Dupuytren.) 
les  os  intermaxillaires  sont  atrophiés  en  partie  ou  en  totalité,  s'ils  ne  font 
complètement  défaut.  L'absence  de  ces  os,  constatée  par  Vrolik,  Meckel, 
Leukart  et  Bouisson,  produit  un  vice  de  conformation  des  plus  affreux, 
ordinairement  désigné  sous  le  nom  de  gueule-de-loup. 

Les  recherches  embryogéniques  récentes,  celles  de  Coste  en  particu- 
lier, ayant  montré  que  les  différentes  variétés  du  bec-de-lièvre  ne  sont 
que  des  états  permanents  d'une  époque  déterminée  et  peu  avancée  de  la 
YÎe  intra-utérine,  il  y  a  lieu  de  considérer  ces  anomalies  comme  liées  à 
un  arrêt  du  développement  des  parties  affectées.  Mais  cet  arrêt  de  déve- 
loppement a  nécessairement  sa  cause,  et  celle-ci  n'est  sans  doute  pas 
U)ojours  identique.  L'imperfection  du  système  nerveux,  invoquée  par 


/ 


138  anàtomie  pathologique. 

quelques  auteurs,  semble  jouer  un  certain  rôle  dans  cette  genèse,  si  Ton 
tient  compte  de  la  fréquente  coïncidence  du  bec-de-lièvre  avec  les  anoma- 
lies des  centres  cérébro-spinaux;  d'un  autre  côté,  il  y  a  lieu  de  ooire 
que  certaines  lésions  locales  peuvent  suspendre  le  travail  de  dévelo|>pe- 
ment,  du  moins  si  Ton  s'en  rapporte  à  certains  faits  où  les  tissus  consti- 
tuant les  limites  de  Tanomalie  avaient  une  consistance  cicatricielle  oa 
fibreuse. 

Dans  quelques  circonstances  c'est  la  partie  supérieure  de  la  bouche,  le 
voile  du  palais,  qui  est  seule  affectée  de  fissure.  Celle-ci,  ordinairement 
médiane,  s'étend  de  la  voûte  palatine  à  l'extrémité  de  la  luette.  Les  deux 
parties  séparées  ont  des  bords  arrondis,  et,  par  suite  de  la  rétraclioii  des 
muscles,  elles  sont  écartées,  laissant  entre  elles  un  espace  plus  ou  moins 
•considérable. 

L'occlusion  congénitale  de  la  bouche  est  une  anomalie  extrêmement 
rare,  et  dont  il  existe  fort  peu  d'exemples.  L'exiguïté  anormale  de  la 
bouche  est  une  difformité  qui,  pour  éti*e  plus  commune,  est  assez  rare. 
Décrite  sous  le  nom  de  tnicrostoma  congénital,  d'atrésie  buccale,  elle 
tient  surtout  à  une  anomalie  de  l'accroissement  ou  du  développement  de 
la  mâchoire  inférieure  et  des  muscles. 

BiBUOGRAPHiE.  —  Bcc-de-llèvre  simple.  —  Muralt,  Ephem,  act.  n.  c, 
1715,  cent.  3  et  6,  observ.  iZU.  —  Ammon,  loc,  cit.,  pi.  8,  fig.  I.  —  Largen- 
BECK,  Neue  Bibl.  f.  die  Chir,  u.  Opth,  Hanover,  1827.  —  Butcher,  Quarterty 
Joum.  of  Dublin,  1860.  —  Gdersant,  Bull,  de  la  Soc,  de  chirurgie,  1861.  — 
BouissoN,  Tribut  à  la  chirunjie^  t.  II.  —  Debout,  Bull  de  thérapeut.y  1862.  — 
Pelvet,  Mém.  sur  les  fissures  congénitales  des  joues  (  Gaz»  tnéd. ,  186&>  p.  &17, 
<ei  Mém.  de  la  Société  de  biologie,  sér.  7,  t.  V,  p.  181.  Paris,  186ii). 

Bee-de-llèwre  complexe.  —  L.  Heister^  De  labio  leporino,  Helmst,  17U. 
—  Haller,  Opéra  minora,  III,  p.  36. —  Autenrietu,  Suppl.  ad  histar.  embryanii 
humani.  Tubingen,  1797.  —  Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  Hist.  des  anomal,  de 
Vorga^Uy  t.  I,  p.  581,  597.  —  Nicati,  Spec.  anat,  path.  de  labU  leporimnai.  et 
origine.  Utrecht  et  Amsterdam,  1822.  —  Laroche,  Essai  d*anat.  patkol.  sur  les 
monstruosités  de  la  face.  Paiîs,  1823.— P.  Gratiolet,  Des  scissures  anormales  de  la 
paroi  super,  de  la  bowihe  et  du  bec-de-liévre  en  particulier  {Ann.  fr.  ei  éfr. 
d'anat.  et  de  physiologie,  t.  llï,  p.  193.  Paris,  1839).  —  Le  même.  De  Vos 
intermaxillnire  dans  V homme  [Ibid.,  p.  206).  —  Leuckart,  Untersuchungen  ùber 
dus  Zwischenhieferbein  des  Menschen.  Stuttgard,  1860.  —Ad.  Richard,  Archwes 
générales  de  médecine j  avril,  1851.  —  Lammers,  Ueber  das  Zwischenhieferbein  der 
Menschen  und  sein  Verhalten  zur  Uasemcharte.  Erlangen,  1853.  —  Axmox,  Die 
angeb.  chir.  Kranhh.j  Taf.  6  et  7.—  Denonvilliers,  Micuon,  Guersant,  Verxeuil, 
Chassaignac,  dans  Bull,  de  la  Soc^  de  chirurgie,  1856-1857,  1859.  —  Ricoet, 
Depaul,  Ibid.y  1861.  —  Debout,  Bull,  de  thérapeutique,  1862.  —  Botiuer,  Du 


MALFORMATIONS.  Î39 

ir-Âr-Hrm,  tan  tmat.  piilh.  et  son  étiolog.  Thèse  de  Parts,  1859.  —  Gavait), 
M.él'i Suc.  ifanthropolog.,  sér.  2,  1.  Ul,  p.  153,  1868.  — Virchow,  Uebe$- 
Manié,  ara  Ohr  undein  Berciche  d.  erst,  Kiemrafxf/ens  (ArcAiv  f.  palA.  Anot,, 
tm,  Sîl,  I86i  ;  t,  ÏXXII,  p.  518).  —  Lahoieh,  Joum.  dû  l'anal,  et  de  la 
jl^ittXmme  et  det  animaux,  p.  167.  Paris,  1868.  —  DuBBEua,  Ibid,, 
p.  1)8.—  BiitiKON,  art.  BEc-DE-uevBE,  biclionn.  cncT/clopéd.  dessciences  méd., 
i^m.p.ôfiO,  1868. —  GiBALBÈs,  Leçons  sur  les  malad.  ckirurg.  des  enfants. 
hn,  1868.  —  Haut,  L'ûs  intermuxillaire  de  Chamme  à  l'état  normal  et  pathol. 
Tiffc  lie  Paris,  1868.  —  Galles oeb,  Pk&osophicat  Transaet.  London,  1869. 

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iflnt  tUr.  Trmis.,  vol.  XXXIX,  p.  71,  1836.  —  Field,  On  fissure  of  the  hard 
tùÉi(}U.  Times,  1856,  toI.  XIII,  p.  190).  — Hllke,  Ibid.,  ii  aoûH861.— 
buno,  Futures  congHiitales  de  ta  voàle  palatine  et  lettr  trailetnent.  ThËse 

■atatorallsDs  et  ntrimlt».  — Heckel,  Handb,  d.  path.  Anot.  — Klei- 
sauji, BiUiiii(;s/«Twmun9f7i,  p.  33- — Al.  GîtEsai,  Des  imperforations  et  atrésies 
«V^^tsdili  foKt.  Thèse  de  Paris,  1857. 

II.  —  Fistules  coDgvnitiles  du  cou. 

Cn anomalies,  comme  celles  de  la  face,  sont  i'effel  ordinaire  d'un  dé- 
cile réunion  de  parties  séparées  dans  le  cours  de  la  vie  intra-utérine, 
d  ûsi  elles  sout  constituées  le  plus  souvent  par  un  éUit  fœtal  devenu 
|WBB(nl.  Elles  tiennent,  soit  à  une  occlusion  iueomplète  des  fentes 
neUUea,  soil  it  un  défaut  de  réuuioDdes  trois  derniers  arcs  branchiaux, 
âpilées  pour  la  première  fois  {}ar  Dzondi,  les  6stules  congéui- 
»  ia  cou,  relativement  rares,  sont  simples  ou  doubles,  complètes 
I  iueomptèles.  L'orifice  externe  occupe  un  des  points  de  l'espace 
Bpris  entre  la  mâchoire  inférieure  et  le  slemum,  et  siège  le  plus 
■nul  à  droite.  Sur  A6  cas  analysés  par  lleusinger,  il  existe  :  â 
«île,  SI  fois;  ii  gauche,  12  fois;  sur  la  partie  médiane  antérieure, 
'Ut;  sans  indication,  1  fois;  des  deux  tiàlés  du  cou,  8  fois.  Cet 
fS»  de  petite  dimension  ne  permet  la  plupart  du  temps  que  l'intpoduc- 
■  iTitne  sonde  très-fine  ou  même  d'une  simple  soie  ;  ses  bords  sont  en 
tuméfiés,  roufies,  quelquefois  saillants  à  la  façon  d'une  bouton- 
'-  Une  petite  quantité  de  mucus  s'en  écoule  spontanément  ou  à  la 
d'un  effort  de  toux,  et  lorsque  la  &stulc  communique  avec  le  pha- 
ou  les  voies  aériennes,  des  liquides  et  des  bulles  d'air  parviennent  à 
T.  Un  trajet  fistuleux  étroit  fait  suite  à  l'orifice  externe;  il  se 
igo  obliquement  en  haut  vers  les  organes  intérieurs,  mais  il  les  atteint 
naenl  et  se  termine  le  plus  souvent  dans  le  tissu  cellulaire  du  cou  par 
!  extrémité  encul-de-sac  plus  ou  moins  renflée  (fistule  incomplète). 


A 


140  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

Dans  un  certain  nombre  de  cas,  ce  trajet  fistuleux  se  continue  jusque  dans 
la  cavité  du  pharyiix:  12  fois  sur  U6  cas;  beaucoup  plus  rarement  il 
s'ouvre  dans  les  voies  aériennes.  Lorsque  la  fistule  est  complète,  Torifice 
interne  est  en  général  tellement  étroit  qu'il  permet  difficilement  la 
pénétration  des  substances  liquides  et  des  bulles  d*air:  il  occupe  dans  le 
pharynx  les  parties  latérales.  Dans  un  cas  rapporté  par  Neuhôfer,  où  il 
fut  possible  de  constater  à  Tœil  le  siège  exact  des  orifices  internes  ;  les 
deux  conduits  fistuleux  présentaient  chacun  une  dilatation  ampuilairc 
analogue  à  celle  que  Ton  observe  quelquefois  à  l'extrémité  des  fistules 
incomplètes,  circonstance  très-importante,  puisqu'elle  nous  initie  au 
mode  de  formation  des  kystes  congénitaux  du  cou.  Le  canal  de  li 
fistule  est  tapissé  par  une  membrane  analogue  aux  membranes  mu- 
queuses, au-dessous  de  laquelle  existe  une  membrane  fibreuse.  Il  n'y  t 
pas  de  faits  bien  authentiques  de  fistule  borgne  interne,  mais  il  y  a  lieu  d< 
considérer  comme  tels  quelques  cas  où  il  est  fait  mention  d'un  diverti- 
culum  de  l'œsophage. 

Les  fistules  congénitales  du  cou  ont  une  pathogénie  des  plus  nettes: 
elles  sont  produites  par  le  défaut  de  réunion  des  3*  et  U*  fentes  bran- 
chiales, ou,  lorsque  leur  orifice  externe  est  médian,  par  l'absence  de  jonc- 
tion des  3*  et  k*  arcs  branchiaux  sur  la  ligne  médiane.  Ces  fistules  n*onl 
d'autre  inconvénient  qu'un  léger  écoulement  muqueux  ou  puriforme; 
elles  sont  sans  danger  pour  l'existence  et  guérissent  souvent  à  la  suiU 
d'une  opération.  Leurs  causes  sont  fort  obscures.  Cependant  l'hérédité 
semble  jouer  ici  un  certain  rôle,  puisque  sur  66  cas  cette  influence  es* 
mentionnée  9  fois  d'une  façon  certaine;  10  fois  elle  faisait  absolument 
défaut,  dans  le  reste  des  cas  elle  était  douteuse.  Sur  ce  même  nombn 
on  comptait  2U  femmes  et  22  hommes. 

Bibliographie.  —  Dzondi,  De  fisMis  tracheœ  congenUis»  Halle^  1829.  — 
AscHERSON,  De  fistulis  colli  œngenitis,  Berlin,  1832.  —  Duncan,  dise  of  6raii- 
chia  fistula  {Edinb,  med,  Joum.^  vol.  I,  p.  Ii26).  —  L.  Kersten,  Comment  dé 
fisttiîis  colli  congeniHs.  Magdebourg^  1835.  —  J.  Heine^  Dissertatio  de  ftstak 
colli  congenita.  Hamburg,  18/iO.  —  Muncumeyer,  Hannoversche  Annaleny  IS/Uii^ 
Hft.  I.  —  M.  Neuhôfer^  Ueber  die  angeborene  Halsfistel,  Munich,  18&7.  — 
Bednor,  Die  Krankh.  der  Neugeborenen.  Wien,  1850,  p.  121.— Meinel,  Beitrâgt 
zur  pathoL  Anatomie,  Bonn,  1852,  p.  787.  —  Noll,  Deutsche  Klinik^  1852^ 
n»  27.  — Mayr,  Jahrb. d.  Kinderheilk.^  vol.  IV,  p.  209, 1861.—  Heusinger,  HaU- 
Kiemen-Fisteln,  etc.  {Archiv  fur  pathol.  AncUom.,  vol.  XXIX,  p.  358,  1864, 
et  Gaz,  méd.^  1866,  p.  402).  —  Rud.  Yircbow,  Arehiv.  f.  path.  anat.^  t.  XXX, 
p.  221, 1864;  t.  XXXII,  p.  518,  et  t.  XXXV,  p.  208.— A.  Faucon,  Sur  deux ca$dt 
fistules  bi-achiales,  Soc.  de  chir. ,  27  avril  1874  et  Gaz.  des  hôpiL,  p.  427,  1874. 


MALFORIUTIONS.  141 

111.  —  Cystoroes  congénitaux  da  cou* 

La  région  du  cou  n'est  pas  seulement  le  siège  de  fistules  congénitales  ; 
on  y  observe  encore,  pendant  la  période  fœtale  et  au  moment  de  la  nais- 
sance, des  tumeurs  de  diverse  nature.  Ce  sont  des  inclusions  fœtales  (!}, 
des  kystes  dermoîdes  (2),  des  cystosarcomes  (3)  ou  enfin  des  kystes  sim- 
plement séreux  ou  séro-sanguinolents.  Comme  il  a  déjà  été  question  des 
premières  de  ces  tumeurs,  nous  ne  parlerons  ici  que  des  dernières. 

Lésions  relativement  rares,  les  kystes  congénitaux  du  cou  ont  leur  siège 
ordinaire  à  la  partie  antérieure  de  cette  région.  Limités  sur  les  côtés  par  les 
muscles  stemo-mastoîdiens,  ils  le  sont  en  haut  par  le  maxillaire  inférieur; 
quelquefois  ils  anticipent  sur  la  face,  d  autres  fois  sur  le  thorax,  ou  se 
prolongent  jusque  dans  Taisselle.  Plus  rarement  ils  occupent  la  région 
postérieure  du  cou,  cas  dans  lequel  ils,  se  présentent  chez  des  enfants  nés 
avant  terme  et  s'accompagnent  d'autres  vices  de  conformation.  Ces  kystes 
sont  simples  ou  composés. 

Les  kystes  simples ,  très-rares,  puisqu'il  en  existe  seulement  quel- 
ques observations,  sont  des  tumeurs  lisses,  de  consistance  variable, 
ordinairement  sous-cutanées  et  qui  occupent  le  côté  gauche  de  préférence 
au  côté  droit.  Ils  sont  formés  par  une  poche  unique,  divisée  quelquefois 
intérieurement  par  des  trabècules  et  constituée  par  une  membrane  fibro- 
celluleuse  doublée,  d'après  un  cas  de  Wemher,  d'une  membrane  lisse 
analogue  à  une  membrane  séreuse  ou  muqueuse.  Leur  contenu  est  une 
sérosité  claire  ou  jaunâtre,  formée  d'eau,  d'albumine  et  de  sels  alcalins. 
Les  kystes  composés,  lésions  toujours  congénitales,  occupent  en 
général  les  parties  antéro-latérales  du  cou,  plus  rarement  ils  sont  situés 
à  la  région  postérieure,  de  chaque  côté  de  la  colonne  vertébrale.  Les 
kystes  antérieurs  siègent  indifféremment  à  droite  ou  à  gauche,  souvent 
des  deux  côtés,  et  occupent  tout  l'espace  compris  entre  les  deux  sterno- 

(i)  Danbenton,  cas  de  Morand,  dans  Histoire  naturelle  de  Buffon^  1766^  t.  IV, 
p.  381. — Jùahe,Hist,  de  TAcad.  roy,  des  sciences^  1754,  p.  62,  in-4*.  — GiUes, 
^lofgromatiê  cysticis  congenitis^  Bonn,  1852,  p.  11, 14,  tab.  II. 
)  (2)  A  notre  aTis^Ia  plupart  des  faits  publiés  dans  la  thèse  de  M.  Dumoulin  (De  quelques 
Productions  hétérotopiques  de  muqueuses  à  épithélium  prismatique  ciliée  Paris,  1866)  ont 
^tà  des  lésions  qui  résultent  vraisemblablement  de  la  persistance  des  fentes  branchiales, 
tt rentrent  ainsi  dans  notre  description.  Quelques-uns  seulement  peuvent  ôtre  regardes 
(^me  le  rapportant  à  des  productions  muqueuses  analogues  aux  kystes  dermoîdes. 

(3)  L'existence  de  tissus  cartilagineux  et  osseux  dans  quelques  kystes  du  cou,  Tappa- 
rence  encéphaloîde  de  quelques  autres,  tendent  à  faire  admettre  que  des  formations  du 
genre  des  tumeurs  sacro-coccygiennes  qui  ont  reçu  le  nom  de  cystosarcomes  peuvent 
<nKlqnefois  siéger  à  la  région  du  cou.  La  présence  des  kystes  dermoîdes,  en  ce  point 
pent s'expliquer  par  la  pénétration  de  l'élément  cutané  au  niveau  d'une  fente  branchiale. 


142  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

mnstoidît^ns  (fig.  ùl.)-  l's  lonl  au-dessous  de  la  mâchoire  inférieure  rat* 
saillie  plus  ou  moins  volumineuse,  pouvant  atteindre  la  grosseur  de  li 
tùte  du  fœtus.  Leur  direction,  qu'il  n'est  pas  sans  întërât  de  men- 
tionner, est  généralement  oblique  de  haut  eu  bas  et  d'arrière  en  vimL 
Ces  kystes  sont  superficiels  el  sous-culaués  ou  proronds  el  disséminée 
dans  les  interstices  musculaires.  Assez  souvent  le  même  kyste  occupées 
dilTérenls  siég:os  et  s'étend  de  l'apophjse  basilaire  jusqu'à  la  peau  de 
la  partie  antérieuie  du  cou,  contournant  le  pharynx  ou  l'œsopliige; 
beaucoup  plus  rarement  ils  siègent  à  la  région  postérieure  du  coa, 
de  chaciue  cdté  de  la  colonne  vertébrale.  Leur  forme  habituelle  ni 
celle  d'une  tumeur  unique,  constituée 
(var  la  jusLtaposiliond'un  plus  ou  nioms 
grand  nombre  de  petits  kystes  :  lauUA, 
au  nombre  de  trois  ou  quatn-,  ils 
aiïectent  une  disposition  parsllèli'  ; 
d'autres  fois,  moins  régulit^remeiil dis- 
posés, ils  peuvent  selever  k  une  cen- 
taine (Lomn).  Le  volume  deceakystfs 
est  variable,  non-seulejnent  dans  il<is 
tumeurs  diverses,  mais  dans  la  tafas 
tumeur.  U  vaiie  depuis  la  (grosseur  d'u 
O'ur  de  poule  jusqu'à  celle  d'une  noii 
ou  d'une  noisette;  assez  j^ênéralement,  il  est  en  raison  inverse  du 
nombre  des  kystes  qui,  vus  en  musse,  oiTrent  souvent  l'asped  de 
lippes  de  raisin.  Itenfermés  dans  une  sorte  d'enveloppe  fibreuse  oon- 
mune,  ces  kystes  sont  constitués  par  deux  membranes,  une  «xleno 
fibreuse  ou  cclluleuse,  une  mlerne  de  natui'e  séreuse  ou  muqueaK. 
la  première  quelquefois  lrès-minc«  et  complètement  transparente,  1> 
se<?aude  aréolaire  piutAl  que  lisse  à  sa  fuc*  interne,  lis  sont 
chés  les  uns  des  autres  ou  séparés  par  des  cloisons  plus  ou 
épaisses  ;  leur  contenu,  très-variable,  consiste  en  une  sérosité  avec  M 
sans  mélange  de  sang,  el  si  dans  quelques  cas  on  y  a  trouvé  de  la  gnisM 
des  cartilages  et  des  os,  c'est  «jue  vraisemblablement  il  s'agissait  de  ^ 
,  ductions  dilTéi-entes  de  celles  ((ui  nous  intéressent.  Celte  sérosité  est  cWl*! 
l>'JatiiiAtrc  ou  verdàtre,  comme  si  elle  tenait  en  sus|>ensiou  la  matière  oolo- 
■  Tante  de  la  bile;  quelquefois  elle  est  sanguinolente,  de  teinte 
chocolatée  ;  une  fois ,  un  fragment  cartilagineux  s'y  ti'ouVHit  mâUop 
(Gira)dës).  Ces  modiGcalioiis  divi^Tses,  observées  dans  les  pare* 
d'une  mi>me  tumeur,  sont  causées  par  des  exsudais  sanguins  pi' 
«u  moins  abondants.  Vu  au  niicruscopi-,  le  contenu  de  la  plupart  de  ctfl 


MALFORMATIOIfS.  14S 

tystes  présente  des  globules  sanguins,  des  cristaux  d'hématoïdine,  aux- 
quels s'ajoutent  des  plaques  épithéliales  et  des  globules  graisseux.  L'ana- 
lyse chimique  de  la  sérosité,  dans  un  cas  rapporté  par  Giraldès,  fournit 
le  résultat  suivant:  eau,  93,86;  albumine,  6,90;  sels  alcalins,  0,2/i  sur 
1 00  parties.  Une  analyse  faite  par  Bergmann  a  donné  un  peu  plus  d'albu- 
niioe,  11  pour  100  (Gilles).  Les  muscles  voisins  de  ces  kystes  sont  gêné- 
ralem^t  amincis  ;  la  peau  et  les  aponévroses  sont  distendues,  les  glandes 
salivaires  sont  souvent  déformées  et  déviées  de  leur  position  normale, 
soit  que  la  tumeur,  s'étende  jusqu'à  la  parotide,  soit  qu'elle  fasse  saillie 
au  niveau  du  plancher  de  la  bouche,  où  elle  a  quelquefois  été  prise  pour 
une  grenouiUette.  Ce  siège  profond  indique  assez  qu'il  convient  ici  de 
proscrire  toute  opération  sanglante. 

L'étiologie  des  kystes  congénitaux  du  cou  n'est  pas  connue  ;  on  sait 
néanmoins  que  ces  tumeurs  apparaissent  à  un  âge  peu  avancé  du  déve- 
loppement fœtal,  puisqu'elles  ont  été  rencontrées  au  quatrième  mois  de 
la  grossesse.  Leur  pathogénie  toujours  obscure  a  reçu  des  interprétations 
différentes.  L'hypothèse  qui  considère  ces  formations  comme  des  produits 
pseudo-plastiques  (Wemher)  et  celle  qui  les  fait  naître  dans  les  glandes 
salivaires,  en  leur  attribuant  une  origine  analogue  à  celle  de  la  grenouil- 
lette,  peuvent  être  passées  sous  silence.  Au  contraire,  les  opinions  qui 
suivent  méritent  notre  attention  :  l*"  Les  vaisseaux  du  cou  ont  été  regardés 
comme  le  point  de  départ  de  ces  tumeurs  (Coote).  Dans  cette  hypothèse, 
ces  organes,  les  veines  surtout,  s'isoleraient  peu  à  peu,  en  formant 
des  kystes  analogues  à  ceux  qui  surviennent  quelquefois  au  sein  des 
naevi  ;  mais  cette  origine  vasculaire,  qui  rend  assez  bien  compte  de  la 
situation  des  kystes  et  de  leur  contenu  sanguinolent,  n'est  nullement 
démontrée.  2*  Les  kystes  congénitaux,  à  l'instar  des  kystes  périnéaux 
qui  naissent  dans  la  glande  coccygienne,  auraient  leur  origine  dans 
le  ganglion  intercarolidien  (Arnold).  Ainsi  ces  tumeurs  proviendraient 
d*un  organe  transitoire  formé  de  vésicules  agglomérées,  anatomique- 
ment  modifiées  et  persistantes;  mais  cette  manière  de  voir  n'est  pas 
mieux  prouvée  que  la  précédente,  et  l'on  discute  encore  s\xt  l'existence 
de  la  glande  en  question.  3*  Les  kystes  congénitaux  du  cou  ne  seraient 
que  des  anomalies  de  formation^  et  comme  tels  ils  résulteraient  d'une 
modification  survenue  dans  le  développement  des  arcs  ou  des  espaces 
branchiaux.  Cette  explication,  donnée  par  Heusinger,  semble  déjà  en 
accord  avec  un  certain  nombre  de  faits  où  se  rencontrent  plusieurs  kystes 
disposés  parallèlement  à  la  mâchoire  inférieure;  mais,  après  1  étude 
que  nous  avons  faite  des  fistules  congénitales  du  cou,  il  y  a  tout 
lieu  de  croire  que  ces  kystes  sont  produits  par  la  dilatation  et  l'oblitéra- 


iUk  ANATOMn  PATHOLOGIQUE. 

lion  du  trajet  fistuleux  ;  ils  ne  seraient  ainsi  que  des  kystes  par  retenu 
Quant  aux  kystes  de  la  région  postérieure  du  cou,  on  peut  pense 
cause  de  leur  forme  et  de  leur  disposition,  qu'ils  sont  simplement 
spina-bifida. 

Nous  ne  ferons  que  mentionner  ici  les  kystes  congénitaux  de  Tais» 
ces  tumeurs,  susceptibles  d'acquérir  un  volume  considérable,  débor 
quelquefois  Taisselle  et  peuvent  s'étaler  sur  toute  la  moitié  corres| 
dante  de  la  poitrine.  Leur  surface  est  lisse  ou  bosselée;  elles  sont  fon 
de  kystes  multiples  avec  parois  épaisses  et  un  contenu  séreux  ou  colk 
quelquefois  coloré. 

BiBUOGRAPHiE.  —  1®  WLjwâem  dn  «on.  *-  Reobzïbacher^  De  ranula  tM 
spedali  cum  casu  congenito.  Munich,  1828.  — Ebermayer^  Casper  Woche/m 
fûrdieQes.  Heilkde,  1836,  n»  13.  —  Wurtzer,  Ibid.,  nM7.  —  Vol 
Ibid,,  1837,  n*  /iû.  —  Droste,  Holscher's  Hannov.  Ann.,  1839,  p.  29' 
Ch.  Hawkins,  London  med.  chir,  Transad.j  1839,  t.  XXII.  —  Ad.  Wer5 
Die  angeboreru  Kysten-Hygrome.  Giessen,  18/i3.  —  J.  Gilles^  De  Hygrot 
cysticis  congeniHs^  etc.  Bonn,  1852  ;  anal.  Arch.  méd.y  p.  81,  p.  231, 185i 
ViRLET,  Kystes  congénitaux  du  cou.  Thèse  de  Paris,  185/i. — Cruyeilhier,  7 
d^ancUomie  pathologique  générale,  1 111,  p.  U9U.  Paiis,  1856.  —  Lorain,  K 
congénitaux  du  cou  (Gaz^  méd.,  1853,  p.  507;  même  journal,  1855^  p.  1 
—  GiRALDÉs,  Bull,  de  la  Soc,  de  chirurgie^  1859,  t.  X^  p.  221  (discussionj 
Le  même.  Gaz,  des  hôpitaux,  p.  13,  1860.  —  Gurlt,  Ueber  die  CysU 
chwùlst  des  Halses,  Berlin,  1855.  —  W.  Scholz,  Angebome  Halscyste^ 
{Wien.  med.  Wochensch.  Xlll,  39,  40,  1863.  — Debout,  Bull,  gén.  deThéra^ 
tique,  t.LXl,  1856.  —  Blachez,  Bull,  de  la  Soc.  anat.,  1856,  t.  XXXI,  p.  2W 
Heusinger,  Arc^tv  f.  path.  Anal.,  t.  XXIX,  p.  358;  t.  XXXIII,  p.  177  etWl 
J.  Arnold, Même  recueil,  t.  XXXIII,  p.  209,  avec  bibliographie;  anal,  danst 
méd.,  1866.  —  J.  Birkett,  Med.  ch.  Transact.,  t.  XLI,  p.  185, 1863.—  Swi 
Ueber  das  angebor.  Hygrom  des  Halses  {Joum.  fur  Kinderkr.,  t.  XXXVIl,  p. 
1861).  —  Thomas  Smith,  On  congénital  cystic  tumours  {St-Bartholom 
Hospital  ReportSy  voL  II,  p.  16, 1866).  —  P.  Boucher,  Étude  sur  les  kystes  ( 
génitaux  du  cou.  Thèse  de  Paris,  1868.  —  J.  Hardie,  the  Lancet,  p.  267,  i 
1872.  —  Trendelenburg,  Archiv  f,  hlin.  Chirurg,,  t.  XIIÏ,  p.  UOU. 

2°  Kystes  de  l*aisseUe.  —  Sandifort,  06s.  anat,  path,,  lib.  IV,  cap. 
p.  21.  —  Hawkins,  Lotid,  med.  chir.  Transact,,  voL  XXII,  p.  236. —  Verki 
Bull,  de  la  Société  anatomique,  11  août,  1856. 

§  3.  —  MALFORMATIONS  DU  THORAX  ET  DE  L* ABDOMEN. 

Dès  les  premières  semaines  de  la  vie  embryonnaire  apparaissent, 
tour  de  la  corde  dorsale,  des  lames  qui  affectent  une  direction  converg 
vers  le  bas  et  qui  s*insiuuent  dans  les  lames  viscérales.  Ces  rayoïmem 


B^^ra^inraaccroissemGnt  limité  dans  la  région  correspondante  à 

Hl cavité  abdominale,  ne  s'y  séparent  pas  des  anni^ux  des  corps  veilé- 

■nui  el  deviennent  apophyses  transverses.  Au  contraire ,  dans  la  Tuture 

Irtpaii  pectorale,  ils  s'accroissent,  convergent  d'un  cûlé  à  l'autre  et  linis- 

MDt  par  se  réunir  sur  la  ligne  médiane  et  former  les  eûtes  par  un  travail 

Bfe  cartilaginirication  et  d'ossiBcation.  Dans  leur  point  de  rencontre, 

Bw  nivounements   produisent  le  sternum,   qui  résulte  ainsi  de  deux 

boitiés  laténiles   soudées  ensemble.   Les  parois    abdominales  suivent 

u développement  du  tborax;  elles  se  rapprochent  latéralement,  et  de  baut 

Bn bis,  en  convergeant  vers  le  futur  ombilic,  en  sorte  que  dans  le  troï- 

KiiinH  mois  de  la  rie  intra-utérine,  le  tube  digestif  se  trouve  presque  com- 

'  plétement  renfenné  dans  la  cavité,  sauf  quelques  circonvolutions  de 

l'iuleslin  grêle,  qui  souvent  encore  à  la  naissance  sont  contenues  dans  la 

baseducordon.  Ces  quelques  notions  peuvent  nous  donner  laclefdela 

plupart  des  malformations  du   thorax  et  de  l'abdomen.  Effectivement, 

CTsmalformatiiins  consistent  en  des  divisions  qui  se  présentent  avec  tous 

les  caractères  d'un  arrêt  de  développement,  et  qui  tantôt  affectent  une 

ITïnde  partie  de  la  paroi  antérieure  du  tronc,  et  tantt^t  se  limitent  à  l'une 

Mdcui  cavités  thoracique  ou  abdominale.  Ces  anomalies  constituent, 

lUoslaclassitication  dels.  Gcoffi-oy  Sainl-Ililaire,  la  famille  des  monstres 

(élosomîens  (1). 

1.  —  Fissures  goslro-lliornciques. 

les  divisions  qui  portent  sur  la  poitrine  et  l'abdomen  sont  les  plus 
^v»,  et  celles  aussi  qui  se  développent  a  l'âge  le  plus  rapproché  du 
moment  de  la  conception,  à  une  époque  où  la  paroi  antérieure  du  corps  * 
m  encore  très-incomplèle  et  où  presque  tous  les  viscères  sont  logés  dans 
b  base  du  cordon  ombilical.  Dans  le  degré  le  plus  élevé  de  ces  anomalies, 
lu  fissure  existe  depuis  la  partie  supérieure  du  sternum  jusqu'à  l'om- 
bilic, ou  même  jusqu'à  la  symphyse  pubienne;  elle  livre  passage  à  un 
plus  Liu  moins  grand  nombre  de  viscères.  Les  parois  antéiieui-es  du 
'")nc,  incomplètement  développées,  se  continuent  par  leurs  bords  avec 
''smiiios.  Les  organes  iiflernes  ont  quitté  leurs  cavités  respectives  et  font 
bemie,  rarement  ils  restent  renfermés  dans  les  cavités  pleurales  et  péri- 
lODéale.  En  même  temps  que  sa  gatne  contient  une  grande  partie  des 
viscères  et  forme  une  poche  considérable,  le  cordon  ombilical  s'éloigne 
lie  l'état  régulier  par  une  brièveté  extrême,  quelquefois  mémo  il  est 

(Ij  L«  tamiUe  des  niQiiBlrcs  cûlosomiena  etl  divisée  par  le.   Geoffroy  Sainl- 
W  (enri»,    qui   sont  ;  Ips    genres  asjiolosomc,    sBénénoiome    ou   igèoe, 
•,  pleurosonie,  célosome  (Hisl.  ilesanom.,  t.  11,  |i.  SGtJ. 
-Trailé  d'Anal. 


_  (witotnint,  pleuro 


il-Hiliire  en       ^^| 

À 


1&6  ànàtomib  pathologique. 

entièrement  effacé.  Le  placenta,  très-rapproché  des  organes  digestib, 
auxquels  il  adhère  dans  quelques  cas  par  Tintermédiaire  des  membranes, 
ne  forme  souvent  avec  eux  qu'une  seule  et  même  masse,  ce  qui  rend 
très-difficiles  et  peu  étendus  les  mouvements  du  fœtus.  Quelquefois  le 
défaut  de  réunion  a  lieu  sur  les  côtés,  et  la  fissure,  presque   toujours 
accompagnée  d'une  perte  de  substance  des  parties  molles  ou  même  des 
cdtes,  a  son  siège  habituel  à  droite,  disposition  qu'expliquent  assez 
bien  les  rapports  existant  entre  le  foie  et  le  placenta  par  Tintermédiaire 
de  la  veine  ombilicale. 

Les  fissures  gastro-thoraciques  sont  rarement  isolées,  le  plus  souv^t 
elles  sont  accompagnées  d'exstrophie  vésicale,  de  fissures  ou  de  courbures 
spinales,  d'arrêt  de  développement  des  organes  génitaux,  des  membres,  de^ 
orteils,  de  déviation  des  membres  inférieurs,  de  pied  bot,  d'ex^cépha — 
lie,  etc.  La  vie  est  difGcilement  compatible  avec  des  désordres  aussi  graves^ . 
et  les  individus  atteints  de  ces  anomalies  succombent  habituellement  daa  2 
les  premiers  jours  de  leur  existence,  principalement  à  cause  de  la  gén^ 
respiratoire  provenant  de  Tétat  imparfait  des  muscles  de  Tabdomen. 

La  brièveté  du  cordon  ombilical,  son  adhérence  ou  celle  du  placenta     ^ 
différentes  parties  du  corps,  notamment  aux  méninges  (voy.  fig.  37],  l 
courbures  de  la  colonne  vertébrale,  sont  les  conditions  anatomiques  q 
président  le  plus  ordinairement  à  la  formation  de  ces  anomalies,  les  un. 
en  mettant  obstacle  à  la  soudure  des  parois  abdominales,  les  autres  en 
cis  sant  la  cavitédu  veiitre,  qui  ne  peut  plus  recevoir  la  masse  des  viscère». 

BiBUOGRAPHiE.  —  G.  Fleischmann,  De  vit,  cong,  circa  thoracem  et  abdcm^^n. 
Erlangœ^  1819,  pi.  1,  fig.  1. — Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  Hist,  des  anom.,  t.  B, 
p.  279  (genre  pleurosome  et  célosome).  —  Reil,  Hl.  med,  Zdt,^  1855,  t  'MB, 
p.  183.  Consultez  la  bibliographie  des  pages  1^7  et  150. 

II.  —  Fissures  thoraciques.  —  Ectopie  cardiaque. 

Ce  vice  de  conformation  est  simple  ou  compliqué  d'ectopie  cardiaqiie. 
S'il  est  compliqué,  ou  bien  le  sternum,  séparé  en  deux  moitiés  qui  reçoi- 
vent chacune  l'insertion  des  côtes,  laisse  un  vide  à  travers  lequel  le  oceor 
fait  hernie,  ou  bien  une  moitié  seulement  du  sternum  est  normale  sinon 
rudimentaire,  tandis  que  l'autre  moitié  fait  défaut  avec  les  cartilages 
costaux  et  une  portion  des  côtes  dont  les  extrémités  sont  libres  (  pteuro- 
some,  Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire).  La  fissure,  enfin,  peut  n'envahir  cjue  b 
dernière  portion  du  sternum  et  se  continuer  jusqu'à  Tombilic. 

La  fissure  stemale  simple  se  limite  au  sternum  et  n'atteint  pas  le^  pa^ 
ties  molles  qui  parviennent  à  se  constituer.  Elle  occupe  toute  la  loxiguetit 


H  MALFORMATIONS.  12|7 

msteroum  ou  seulement  sa  partie  supérieure,  et  les  deux  bords  de  la 
fente  sont  réunis  par  une  toile  fibreuse  recouverte  de  la  peau.  Dans  le 
premier  cas,  le  sternum  fait  quelquefois  défaut  et  les  c6tes  sont  réunies 
entre  elles  à  la  façon  des  fausses  ciites  ;  dans  l'autre,  elles  sont  articulées 
avw;  les  pièces  stcmales.  Cette  anomalie  n'apporte  aucun  obstacle  sérieux 
k  l'ciislencc. 

La  fissure  stemale  accompagnée  d'ectopie  cardiaque  est,  au  con- 
Iraire,  un  vice  de  conforaiation  des  plus  graves,  et  qui  est  suivi  de 
mort  peu  de  temps  après  la  naissance.  Les  parties  molles  sont  affec- 
\m  en  même  temps  que  le  sternum,  qui  est  alors,  comme  chez  le 
jeime  embryon,  séparé  en  ileu\  moitiés  latérales  ;  il  fait  défaut  dans  sa 
moitié  inférieure  ou  dans  toute  son  étendue,  quelquefois  en  mâme  temps 
qu'une  ou  plusieurs  côtes.  Le  cœui'  laissé  à  découvert,  entièrement  à 
nu  ou  emeloppé  par  le  péricarde,  fait  hernie  b.  travers  la  (issure  et  vient 
»  pker  au  devant  de  la  poitrine,  sa  pointe  dirigée  en  bas,  en  avant  ou 
■Dàneoi  haut.  Cet  organe,  le  plus  souvent,  présente  des  anomalies  dans 
u  confùrmaLion  ou  dans  sa  structure  ;  souvent  aussi  son  déplacement 
^t  accompagné  d'une  semblable  anomalie  de  l'encéphale. 

BnuMutBiE.  —  Sandifobt,  Musctim  anaiomieiun,  t.  III,  p.  393.  — 
"lewjifw,  Ueber  das  fcMendc  BruslMn,  1794.  —  Cullebieb,  Joarn.  génér.  de 
'Wrfuftie.t.  LIXIV,  p.  305.  —  CnAUSSim,  Bull,  delà  Fitcullé  de  médecine  de 
i\»t,  — Veése,  Dp  cordis  ectopia.  Berlin,  1819. — BiiEsaifT,  Répcrl.  ff^. 
^'aimt.ttitphysiol.,  t.  Il,  p.  12.  —  Bbmnett,  Monthly  JoiiriL  ofmeâ.,  oct.  1651. 
—  Aracrrr,  Got.  des  hùjntaux,  1852.  —  STHumEBs,  Monlkhj  Journ.  ofmed.,  oct. 
Ï8i3,293,— Gnoui,  HssKrasrmiicOTiffmfu.Hamburg,  1859. — Allen TnoupsoN, 
"tlvlHiamw  med.  Journ.,  1858,  et  Gat.  méd.,  1859,  386,  — FMcKiiôifEii,  Archiv 
fw  pathol.  Anitt.  mut  Phys.,  t.  X,  p.  hlU.  —  Raxvikb,  Sciaswe  du  itemian, 
<«u|jie  du  cœur,  deux  veines  caves  stip,  cher  un  fœtus  de  huit  mois  {Ga^.  méd., 
*W3,  p.  778).  —  Otto  Obeumeier,  Eine  mivollst'lndige  Bmstbeinspalt  [Anhiv 
/■pat*.  Anat.  md  Pkysiol.,  vol.  XLVl,  p.  209). 

lit.  —  Fasnres  abdominales.  —  Eiilropliie  yëricale. 

Ces  fissures,  accompagnées  ou  non  d'un  vice  de  conformation  du  dia- 
phragme, présentent  des  degrés  variables,  suivant  qu'elles  occupent  toute 
U  longueur  de  la  paroi  abdominale  ou  une  portion  seulement  de  cette 
paroi, 

Êlenduo  de  l'appendice  xiphoïde  ît  la  symphyse  pubienne  ou  même  au 
(i*Ià,Ia fissure  abdominale  ou  ûventration  est  constituée  par  un  espace  vide, 
hmiii  par  les  parois  du  ventre,  se  continuant  avec  l'amnios.  Les  viscères 
abdominaux,  plus  ou  moins  rapprochés  les  uns  des  autres  et  disposés  en 


ikH  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

une  sorte  de  paquet,  forment  par  leur  réunion  une  tumeur  volumînea^^^^ 
pendant  au  devant  de  la  cavité  abdominale  et  recouverte  seulement  pard^^^^ 
membranes  fines  et  transparentes,  qui  ne  sont  autre  chose  que  la  gain-     ^^ 
du  cordon  ombilical  excessivement  distendu.  Ce  désordre  coexiste 
quemment  avec  d'autres  anomalies,  Texstrophie  de  la  vessie,  l'existen 
d'un  cloaque  et  l'absence  des  parties  génitales  extérieures,  un  cordo 
ombilical  très-court  ou  complètement  effacé.  Il  est  grave,  car  la  plu 
des  nouveau-nés  qui  en  sont  atteints  meurent  dans  les  quelques  jo 
qui  suivent  leur  naissance. 

Limitée  à  la  région  ombilicale,  la  fissure  abdominale,  connue  sous  le 
d'exomphalc,  se  présente  sous  la  forme  d'un  anneau,  des  bords  duque 
émane  la  membrane  amniotique,  de  sorte  que  c'est  véritablement  dans  1 
base  du  cordon  ombilical  que  sont  contenus  les  organes  déplacés,  à  savoi 
une  portion  de  l'intestin  grêle,  soit  seule,  soit  accompagnée  de  quelque 
autres  viscères.  L'exomphale  est  peu  compatible  avec  l'existence;  elle  n 
Test  mémepas  du  tout  lorsqu'elle  est  volumineuse.  Cette  anomalie,  ycoro— 
pris  l'évenlration,  est  beaucoup  plus  fréquente  chez  l'homme  que  chez  les 
animaux. 

Dans  l'exomphale  comme  dans  l'éventration,  les  parties  déplacées, 
occupent  donc  la  base  du  cordon  ombilical,  et  ces  deux  variétés  de  dépl 
cément  des  viscères  abdominaux  ne  constituent,  en  réalité,  qu'une  seul 
et  même  anomalie  dont  l'exomphale  offre  le  premier  degré,  et  l'éventra 
tion  le  second.  Ces  vices  de  conformation  résultent  de  la  persistance  d-^ 
conditions  appartenant  à  l'état  embryonnaire,  l'éventration  réalisant  les 
conditions  de  l'une  des  premières  périodes  de  la  vie  intra-utérine,  rexoii>- 
phale  celles  d'une  époque  postérieure.  Chez  l'embryon  humain,  en  effet, 
jusque  vers  le  commencement  du  troisième  mois,  les  intestins,  rassem- 
blés et  comme  flottant  au-devant  de  la  cavité  abdominale,  forment  udc 
sorte  de  paquet  renfermé  dans  la  gaine  alors  extrêmement  ample  el 
étendue  du  cordon  ombilical.  C'est  la  persistance  de  ces  conditions  em- 
bryonnaires chez  le  fœtus  qui  constitue  l'anomalie  appelée  éventration, 
dans  laquelle  la  fissure  abdominale  est  à  peu  près  complète.  L'exomphale, 
au  contraire,  est  due  à  la  persistance  de  ce  degré  plus  avancé  de  l'orga- 
nisation où  les  viscères  digestifs  sont  rentrés  dans  la  cavité  de  l'abdomen, 
fermée  alors  antérieurement  aussi  bien  que  sur  ses  parties  latérales,  ne 
communiquant  plus  avec  l'intérieur  que  par  l'ouverture  de  l'ombilic.  Le 
segment  inférieur  de  l'intestin  grêle  étant  de  toutes  les  portions  du  canal 
alimentaire  celle  qui  rentre  la  dernière  dans  la  cavité  abdominale,  est 
aussi  celle  qui,  dans  le  cas  d'cxomphale,  s^   rouve  le  plus  souvent  com- 
prise dans  la  tumeur  herniaire. 


Umiléek  la  région  înréri<?ure  du  venlre  et  accompagnée  de  fissure  de 
la  vessie,  du  clitoris  ou  du  pénis,  la  lissure  abdominale  est  désignée 
sous  les  noms  de  prolapsus,  d'extroversion  ou  d'e\slrophie  de  la 
vessie.  C'est  qu'en  elTet,  par  suite  de  la  fusion  des  bords  de  la  vessie 
aiïf  ceux  de  la  peau,  la  vessie  se  renverse,  et,  faisant  hernie  à  travers 
ks  muscles  droits,  elle  vient  combler  la  fente  abdominale.  Le  dévelop- 
(lement  de  cet  organe  est,  du  reste,  assez  incomplet,  sa  forme  est 
Cïllt:  d'une  lame,  et  sa  membrane  muqueuse,  par  le  fait  du  renverse- 
H,iiail,sc  trouve  constituer  sa  face  extérieure;  l'urèlhre  fait  souvent  défaut 
^■kila  femme  et  chez  l'homme,  il  est  atteint  d'épispadias. 
^^tlàns  ces  conditions,  la  vessie  se  présente  au  dehors  sous  la  forme 
~  ÎHni;  tumeur  un  peu  saillante,  molle,  rougeâtre,  placée  au  devant  de  la 
imrlii:  supérieure  de  la  symphyse  pubieime  ou  un  peu  au-dessus,  et,  i 
la  surface  de  laquelle,  vers  la  partie  inférieure,  on  voit  l'urine  suinter 
piïsijne  conlinucllement  par  deux  trous  percés  au  centre  de  deux  émi- 
nenws  en  forme  de  mamelon,  et  qui  ne  sont  que  les  orifices  des  uretères. 
Ct'lle  tumeur  office  un  volume  variabk',  très-faible  chez  l'enfant  nouveau- 
té, beaucoup  plus  considérable  chez  l'adulte  ;  elle  est  lisse  et  comme 
ditisée  en  deux  lobes,  inégale  et  bosselée  si  elle  est  peu  saillante.  L'om- 
Wlic,  très-rap proche  de  la  symphyse  pubienne  chez  le  fœtus,  se  trouve 
pUcé  immédiatement  au-dessus  de  c^tte  tumeur  ;  quelquefois  même  l'ex- 
triinité  sapérieure  de  la  vessie  remonte  jusqu'au  delà  de  l'ombilic  et  le 
Wcbeentièrement,  d'où  l'erreur  de  quelques  auteui-s  touchant  l'absence 
d'ombilic  en  pareil  cas.  Quelquefois  enfin  la  vessie  ne  fait  plus  saillie  à 
l*«(^rieur;  placée  entre  les  deux  pubis  et  les  muscles  droits  abdominaux 
simplement  écartés,  elle  se  montre  sous  la  forme  d'une  tumeur  sous- 
t^ulanée  occupant  la  région  pubienne. 

Plusieurs  anomalies  peuvent  coïncider  avec  l'exstrophie  de  la  vessie, 
toiammenl  l'absence  plus  ou  moins  complète  des  organes  génitaux,  l'im- 
(Kirforalion  de  l'anus,  l'imperfection  de  l'tntestin  et  la  division  médiane, 
«àldu  sacrum,  soit  des  apophyses  épineuses  de  quelques  vertèbres  lom- 


(Wua  fréquente  chez  l'homme  que  chez  la  femme,  k  peu  près  inconnue 

z  les  animaux,  l'extroversion  de  la  vessie  est  un  vice  de  conformation 

BUx  il  cause  de  l'Incontinence  d'urine  qui  en  est  la  conséquence  et  de 

piéforaiatîon  plus  ou  moins  marquée  des  organes  génitaux.  Cependant 

Illico  de  conformation,   plus  grave  cbez  l'homme,  qu'il  rend  souvent 

int,  que  chez  la  femme,  dont  les  organes  génitaux  sont  toujours 

ins  modifiés,  n'empêche  aucune  des  fonctions  nécessaires  à  la  vie,  et 

'  '»Tiabililé  doit  toujours  être  déclarée,  s'il  est  indépendant  de  toute  com- 


150  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

plication  grave.  Celle  anomalie,  résullal  d'un  arrél  de  dévek 
de  l*allantoïde,  parail  devoir  élre  rapportée  à  une  accumnlalion 
silé  qui  mellanl  obstacle  à  la  Iransformalion  de  Touraque  el  de 
rendrait  impossible  Tunion  des  parois  du  venlre.  L'ouraque,  d 
côlé,  au  lieu  de  s'oblitérer,  peut  rester  canaliculé,  continuer  à 
les  liquides  contenus  dans  la  vessie  et  les  conduire  au  dehors  pa 
lie,  d'où  les  fistules  urinaires  congénitales  ombilicales,  qui  cons 
plus  faible  degré  des  malformations  de  ce  genre. 

BiBLioGRAPHiE.  —  Ëveiitration.  —  Ed.  Sandifort,  De  hernia  unibil 
dans  Observ,  anaiomico-path, ,  lib.  III,  cap.  i,  1779.  —  ScHAEFER,J[>e8( 
path.  monstri  cum  eventrat,  Bonnœ^  1837.  —  Is.  Geoffroy  Saint-Hil 
des  anomal.,  t.  II,  p.  282.  Paris,  1836.  —  Vrolik,  Tabul.  ad  illustr. 
pi.  21-23. — Otto,  Monstr,  seœcent.  descr,  anat.,  pi.  II,  n«*  5U\-5UU,— 
Mém.  sur  Vectop.  de  la  circulât.  {Rép.  d'Anat.  et  de  Physiol.,  t.  Il,  p. 
1826).  — Wedel,  Monstr.  hum.  rar.  descr,  léna,  1830. — Fleischmim 
congenUis  circa  thorac.,  pi.  2.  —  Ulrich,  Dissert,  de  format,  fœtus  h 
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Houel,  Mém.  de  la  Soc.  de  biologie,  1851,  p.  107,  et  Gaz,  méd.,  p. 
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1852,  p.  229.  —  Schnabel,  Wurtemb.  Corresp,-Blatt.,  1856.  —  Féli 
BtUlet,  de  la  Soc.  anatomique,  nov.  1858,  p.  173.  —  Pelvet,  JV 
fœtus  célosomien  (Gaz.  méd.,  1866,  p.  63).  —  More,  Monstre  agéi 
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célosomien  avec  spina-bifida,  etc.  (Gaz.  méd.,  1869,  p.  966).  — Sappi 
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"-  BILFORHATIONS.  ISl 

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A.FôitsiEB,  Die  Slissbild.  dur  Maischen.  Icna,  1S65,  p.  113. 


H-- 


«CAUOBJIATIOKS  DE    LAPPABEIL   URO-GÉSITAL  EXTERNE  ET  DB   L'aSUS. 


Vers  la  cinquit-nie  semaine  de  la  vie  embryonnaire  commencont  à 
spparallre  les  premiers  linéaments  des  organes  génitaux  extérieurs. 
Swjs  lo  feuillet  externe  du  blastoderme  s'accumule  une  substance  au  sein 
de  Isqudlc  se  produit  une  fente  linéaire  longitudinale  commune  aux 
otganes  génitaux  urinaires  el  à  l'appareil  défécaleur.  Cette  fente  antéro- 
postérimre  ou  cloaque  se  creuse  de  plus  en  plus  et  se  porte  à  la  rencon- 
Iredu  cul-de-sac  que  fonne,  d'autre  part,  de  dedans  en  dehors,  vers 
l'eib^tnilè  caudale,  le  feuillet  intestinal.  De  chaque  cûlé  s'élèvent  bientôt 
deux  ^inences  arrondies,  origine  des  corps  caverneux ,  el  au-dessous 
d'elles  deux  saillies  destinées  k  constituer  lo  scrotum  chez  l'homme,  les 
KTïndes  lèvres  chez  la  femme.  Les  deux  éminences  supérieures,  après 
'V'tre  allongées,  se  réunissent  par  leur  partie  supérieure,  de  manière  à 
pniduire  inrérieurement  une  gouttière  longitudinale  qui  faîl  suite  au  cloa- 
que. Celle  gouttière,  dans  le  sexe  masculin ,  disparaît  insensiblement  par 
Iieiapprochemenl  de  ses  bords  pour  former  le  pénis,  mais  chez  la  femme 
lUtfiersiâte  et  constitue  la  séparation  des  petites  lèvres  au-dessous  des 
Kvp)  caverneux  du  clitoris.  Quant  i)  la  fissure  médiane ,  elle  subit  un  res- 
Wrcraent  qui  la  divise  en  deux  portions  :  l'une,  postérieure,  qui  s'arron- 
dilel  ronstituc  l'ouverture  anale;  l'autre,  antérieure,  toujoui-s  allongée, 
'induit  dans  une  cavité  où  viendront  aboutir  les  canaux  excréteurs  des 
»piQ«  génitaux  et  urinaires  internes  (orifice  uro-gênilal) .  Chez  l'homme, 
'i  ivuniun  des  deux  éminences  scrotales  amène  la  réunion  de  la  portion 
illïrii'ure  de  celte  fissure,  située  au-dessous  d'elles,  d'où  leraphépéri- 
"•«1  médian  ;  chez  la  femme,  au  contraire,  la  disposition  persiste,  et  les 
<l''ui  conduits,  urinaire  et  vaginal,  continuent  à  s'unir  dans  le  cloaque 
ii'j-Séiiital,  qui  prend  le  nom  de  vulve.  Ainsi,  à  une  certaine  période  de 
'*iistence  embrj  onnaîre,  les  organes  génitaux  externes  de  l'homme  offrent 
^  plus  grande  analogie  avec  ceux  de  la  femme,  et  l'on  comprend  que,  si 
'•■■  déïiJoppemeHt  vient  à  s'an-éter  el  que  les  deux  lèvres  de  la  fente  uro- 
^oitile  cessent  de  se  rapprocher,  il  y  aura,  au-dessous  d'une  verge  plus 
"^U  moins  atrophiée,  un  cul-de-sac  plus  ou  moins  profond  dont  l'ouver- 
^»e,  bordée  de  chaque  côté  par  les  scrotums  divisés,  simulera  plus  ou 


153  llfATOHIB  PATBOLOCIQDB. 

moins  parraitement  l'ouverture  vulvo-vagîtiale  de  la  femme.  Ce  vice  de 
confonnation,  désigné  sous  le  nom  d'hermaphrodisme,  n'est,  en  réalilé, 
qu'un  hermaphrodisme  faux.  Quant  à  l'hermaphrodisme  vrai,  étal  qoe 
caractérise  la  présence  des  deux  sexes  sur  le  même  individu,  il  eit 
le  résullat  d'un  vice  de  développement  des  org:anes  génitaux  intemes, 
et,  partant,  il  sera  étudié  dans  la  seconde  partie  de  ce  travail.  Ici,  nous 
nous  occuperons  de  la  persistance  du  cloaque,  du  faux  hermaphrodisnc 
et  de  l'imperforation  anale. 

I.  —  PeraiiUnce  da  clonque. 

La  persistance  du  cloaque  ou  vestibule  commun  k  l'intestin  A  m 
organes  génito-urinaires  a  élé  plusieurs  fois  rencontrée  dans  l'espète 
humaine  chez  les  nouveau-nés  où  elle  est  souvent  accompagnée  de  fisniie 
abdominale  et  d'exstrophie  vésicale.  Celte  anomalie  consiste  en  une  cavité 
plus  ou  moins  distincte,  communiquant  au  dehors  par  une  taàe  oarer- 
ture  et  recevant  intérieurement  les  orifices  des  voies  urinaires,  de  l'ippa- 
reil  générateur  et  du  rectum.  L'ouverture  commune  de  l'antudde 
la  vulve  représente  assez  bien'ces  deux  orifices,  réunis  par  unedéchimre 
du  périnée.  Dans  quelques  circonstances,  on  ne  trouve  plus  im  vestibule 


tw.  13.  —  îinperroratinn il«  l'anua  «tcammunkaliondel'inteitinavcclecanalde  l'oritE^ 
a,  abouchtfmenl  du  rectum  dam  l'urèllire,  pti)  du  col  da  la  Teiiie  ;  b,  rectum  ;  r,  tcc^' 
de  cet  intettin;  d,  vessie. 

commun  aux  organes  génito-uriimiros  et  à  l'anus,  mais  la  communicat^ 
de  deux  de  ces  parties  entre  elles.  C'est  ainsi  qu'on  a  pu  constater  V^^ 
bouchure  des  uretères,  soit  dans  te  vagin,  soit  dans  l'anus,  celle  du  vii^t 


MALFORMATIONS.  153 

OU  du  col  de  Tutérus  dans  la  vessie  ou  dans  le  rectum,  et  enfin  celle  du 
rectum  dans  le  vagin,  la  vessie  ou  l'urèthre. 

La  première  de  ces  dispositions,  la  moins  fâcheuse  de  toutes,  est  aussi 
fort  rare  ;  T^fnbouchure  du  vagin  ou  du  col  de  Tutérus  dans  le  rectum  est 
beaucoup  plus  fréquente.   Il   existe  alors,  comme  dans  l'état  normal, 
deux  ouvertures  :   Tune,  celle  de  Turèthre,  est  propre  aux  organes 
urinaires  ;  l'autre  est  commune  à  Texcrétion  des  matières  fécales  et  aux 
fonctions  génératrices.  Quelque  grave  que  soit  ce  vice  de  conformation,  il 
n'est  point  une  cause  nécessaire  de  stérilité  pour  les  femmes  qui  en  sont 
affectées.  Des  observations  authenli(|ues  montrent  môme  qu  un  accou- 
chement a  pu  se  terminen heureusement  dans  ces  conditions,  Touverture 
anale  s'étant  agrandie  parla  déchirure  plus  ou  moins  complète  du  périnée. 
L^embouchure  de  l'intestin  dans  la  vessie,  au  niveau  de  son  col,  ou  dans 
Turèthre  (fig.  42) ,  est  une  anomalie  plusieurs  fois  observée,  principalement 
chez  les  enfants  mâles;  l'expulsion,  par  l'urèthre,  d'urines  mêlées  de  mé- 
conium  en  est  l'indice  certain.  L'orifice  de  l'intestin,  sorte  d'anus  in- 
terne, est  alors  très-petit  et  pennet  seulement  le  passage  de  la  partie  la 
plus  liquide  du  méconium  et  des  matières  fécales.  L'ouverture  de  l'intestin 
dans  le  vagin  est  un  vice  de  conformation  analogue,  mais   beaucoup 
moins  grave,  parce  que  ce  canal  a  des  dimensions  plus  considérables 
que  celles  de  l'urèthre.  Souvent,  dans  ces  conditions,  l'inteslin  est  imper- 
foré, et  ces  cas,  qui  ne  sont  que  des  abouchements  anormaux  du  rectum ,  ont 
été  quelquefois  décrits  comme  des  rétrécissements  ou  atrésies  de  l'intestin. 

BiBuoGRAPHiE.  —  VoisiN,  Joum.  géfi.  de  méd.  de  Sédillot,  t.  XXI,  p.  357.  — 
LiTTRE, Mém.  del'Acad.  dessciences,  1709,  p.  9.— J.-L  Petït, I6id.,  1716,  p.  lU, 
^21. —  Mért,  Ibid,j  p.  184.  — TnAMM,De  fjenit.  sex.  seq.  var.  Halac,  1799. — 
J.-Fr.  Mbckel,  ReiVs  Archiv,  t.  IX,  fasc.  1.  —    Ilandb.  t.  1,  p.  707.  —  Burns, 
Mnb.  med,  Joum.,  1805.  —  G.  Vrolik,  Mém.  sur  quelques  sujets  intéi\  Amster- 
dam, 1822.— W.  Vrolik,  Handb.,  1,  p.  i!il2;  Tabulœ,p\.  31  et  22,  etc.— Jung, 
^mb.addoctr.  de  vitiiscirca  abdom.  congerdt.  Bonn,  1815.  —  Haag,  De  cloaca, 
Diss.  Tarici,  1837.  — Gruber,  Mém.  des  savants  ctrang,  Pétersbourg,  1849.  — 
Awiox,  Angrfr.  chir.  Krankheiten,  taf.  9,  fig.  6;  taf.  16,  fig.  11,  etc.  — Orro, 
Monstr,  sexcent.  desor.Nr.,  535. — Cruveilhier,  A/ia/.  path.,  liv.  ï,  pi.  v,  fig. 6-8, 
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-  Nagel,  ibid.,  1855,  n«  51 .— Depaul,  Union  médicale,  1855,  p.  135.—  Fried- 
LAî'«>ER,  Verk.  der  Ges.  f.  Geburst  in  Berlin,  1856,  VII,  p.  243,  taf.  2.  —  Reuss, 
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—  Pdecb,  C(mpt€8  rendus  de  l'Acad.  des  sciences,  1857,  18  nov.  —  A.  Fôrster, 
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^.  inaug.  Halle,  1867.  —  Favier,  De  la  communication  congénitale  du  reaàm 


i5&  ANATOMIB  PATHOLOGIQUE. 

avec  Vappdreil  itrmaire.  Thèse  de  Paris,  1872.  —  Pinard,  BuUetin  de  la  Sot 
anaiomiquej  année  1873,  p.  682. 

II.  —  Hermaphrodisme  faux  ou  hermaphrodisme  externe. 

Cet  hermaphrodisme,  qui  n'est  qu'apparent,  puisque  l'appareil  sex 
est  uniquey  présente  dans  quelques-unes  de  ses  parties  les  caractères  d 
appareil  màle,  dans  quelques  autres  les  caractères  d  un  appareil  feme 
Néanmoins,  il  est  masculin  ou  féminin. 

L'hermaphrodisme  masculin,  de  beaucoup  le  plus  fréquent,  est  t 
jours  le  résultat  d'un  arrêt  de  développement  qui  diminue  la  di 
rence  existant  normalement  entre  les  caractères  de  l'appareil  rep 
ducteur  de  l'un  et  de  l'autre  sexe. ,  Il  est  constitué  par  la  persista 
de  la  fissure  du  périnée  et  du  scrotum,  accompagnée  d'une  fiss 
uréthrale  inférieure  ou  hypospadias,  de  diverses  déformations  du  péni^ 
en  même  temps  d'une  position  généralement  anormale  des  lesticul 
Non-seulement  le  pénis  est  plus  ou  moins  modifié  dans  sa  forme  et  d 
volume  inférieur  à  celui  de  l'état  normal,  mais  le  gland  est  imperforé 
prépuce  mal  conformé  et  l'urèthre  changé  dans  une  partie  de  son  étei» 
en  un  simple  sillon  peu  ou  point  distinct.  La  région  du  scrotum  prése 
une  fente  plus  ou  moins  profonde,  simulant  une  vulve,  avec  les  lèvres 
laquelle  le  pénis  est  plus  ou  moins  adhérent  par  sa  face  inférieure, 
sorte  que  c'est  ordinairement  dans  la  partie  la  plus  voisine  de  l'anus  (; 
se  trouve  l'orifice  externe  de  l'urèthre.  Pour  peu  que  la  fente  scrotale  s 
profonde,  elle  forme  une  cavité  aveugle  souvent  prise  pour  un  vag 
comme  la  fissure  pour  une  véritable  vulve  ;  l'individu  atteint  de  ce  vice 
conformation  a  donc  des  organes  sexuels  externes  qui  présentent  l'ap 
rence  de  ceux  de  la  femme,  et  plusieurs  fois  il  en  est  résulté  des  mépri 
regrettables.  Ajoutons,  pour  compléter  la  ressemblance,  que  les  testicu- 
de  structure,  de  forme  ou  même  de  volume  ordinaires,  ont  en  général  i 
position  anormale.  Le  plus  souvent  renfermés  dans  la  cavité  abdomin; 
ils  n'en  sortent  qu'à  l'époque  de  la  puberté  pour  se  fixer  dans  la  fat 
vulve,  au  niveau  des  anneaux  inguinaux  ou  un  peu  au-dessous;  a- 
situés  sur  les  côtés  du  pubis,  ils  ont  quelquefois  été  pris  par  des  chii 
giens  inexpérimentés  pour  des  tumeurs  herniaires,  et  traités  comme! 
Dans  ces  conditions,  la  sécrétion  du  sperme  est  souvent  possible; 
émission  peut  avoir  lieu,  mais  l'état  incomplet  de  l'urèthre  et  son  aJ 
rence  avec  les  lèvres  de  la  fissure  scrotale  rendent  imparfaite  l'éjacula' 
de  la  liqueur  séminale  et  mettent  obstacle  à  la  fécondation,  qui  n'est  to 
fois  pas  absolument  impossible. 


En  même  temps  que  les  organes  sexuels  externes  se  rapprochent  de 
rcui  de  la  femme,  l'organisalion  tout  entière  se  modifie  et  prend  en 
quelque  sorte  l'empreinte  de  l'organisation  féminine.  Le  larjus  est  peu 
saillBut,  la  voix  peu  grave,  la  barbe  est  rare  ou  fait  défaut  ;  la  peau,  douce, 
peu  velue,  recouverte  par  un  tissu  adipeux  développé,  recouvre  des 
niiisclcs  peu  saillants.  Les  membres  sont  petits,  la  poitrine  est  étroite  et 
11'  bassin  élargi.  Les  mamelles  arrondies,  plus  ou  moins  volumineuses, 
IKiurvucs  de  mamelons  prononcés,  viennent  compléter  une  ressemblance 
ipii  s'iîlend  souvent  jusqu'au  moral.  Ces  caractères  s'obsen-enl  encore 
diiis  certains  cas  où,  malgré  la  réunion  complète  des  lèvres  de  la  fente 
smtale,  les  testicules  et  le  pénis  sont  imparfaitement  développés. 

Le  plus  faible  degré  des  anomalies  de  ce  genre  chez  l'homme  est  l'hypo- 
spïdiïs,  qui  consiste  dans  l'ouverture  de  l'urèlhre,  au-dessous  de  la  verge, 
itunedistanceplusou  moins  éloignée  du  gland.  Si  le  scrotum,  quand  cette 
our*rIure  est  située  près  de  la  racine  de  la  verge,  est  en  même  temps 
divisé  sur  la  ligne  médiane,  il  on  résulte  un  orifice  avec  des  replis  simu- 
lant uue  \Tilve  ;  ainsi,  on  comprend  qu'il  existe  entre  l'hypospadias  et 
ItenDaphrodisme  masculin  le  plus  complet  toute  une  série  d'états 
intermédiaires.  Du  reste,  comme  la  persistance  de  la  fente  scrolale,  l'hy- 
pospadias  est  le  résultat  d^m  arrêt  de  développement  survenu  h  ime 
i^lHique  plus  ou  moins  avancée  de  la  grossesse. 

L'hemiaphrodisme  Féminin  est  caractérisé  par  l'hypertrophie  simple  du 
clilons,  par  l'occlusion  plus  ou  moins  complète  de  la  vulve  ou  par  la  réu- 
nm  de  ces  deux  anomalies;  de  même  que  l'hermaphrodisme  masculin, 
il  offre  de  nombreuses  variétés.  Dans  son  degré  le  plus  avancé,  celte 
snomalie  se  traduit  par  l'existence  d'un  clitoris  très- volumineux,  ayant 
*  a  partie  inférieure  un  canal  plus  ou  moins  complet  duquel  s' échap- 
pait les  urines  et  le  flux  menstruel.  Non-seulement  cette  disposition 
'iuinle  chez  la  femme  le  volume  et  la  forme  du  pénis  avec  un  urèthre 
Presque  complet  ou  affecté  d'hypospadias ,  et  un  canal  sexuel  constam- 
liHit  imperforé  ou  rétréci  ;  mais  il  convient  d'ajouter  que  l'influence  d'un 
'p|  hermaphrodisme  réagit  sur  l'ensemble  de  la  constitution  physique,  et 
m^-me  d'une  manière  très-manifeste  sur  les  penchants  moraux.  A  tous  ces 
•caractères  masculins  s'ajoute  encore,  dans  quelques  cas,  une  autre  ano- 
Tnalie,  la  descente  des  ovaires  et  l'issue  de  ces  organes  à  travers  tes  an- 
Qeaui  inguinaux ,  ou  simplement  le  développement  de  petites  pelotes 
gtaisseuses,  dont  le  siège  dans  la  région  inguinale  peut  faire  croire  à  l'exis- 
tence de  lenticules.   l'ourtant,  il  est  facile  de  ne  pas  se  laisser  abuser,  si, 
pw  un  toucher  allcnlîf,  on  a  soin  du  s'assurer  de  l'absence  des  épididymes 
fet  des  canaux  déférents.  Nous  bornerons  ii  cette  description  l'élude  des 


156  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

anomalies  des  parties  externes  de  la  génération.  Ailleurs,  il  sera  qucstioi 
des  anomalies  des  organes  internes  et  de  leurs  relations  avec  les  vices  d 
conformation  des  organes  externes. 

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vier  1855.  —  Morrisson,  Gaz,  hebd,,  1856,  n«  13.  —  Huette,  Gaz.  méd. 
Paris,  1856,  p.  141.  —  Dufocr,  Bull,  de  la  Soc.  anat.  de  Paris,  1856.  • 
Parisot,  Gaz,  des  hôpitaux,  1856,  n"  79.  —  Huguier,  Gaz.  des  hôpitaux,  185 

—  Verneuil,  Ibid.  —  Heweft,  British  med.  Joum,,  1857,  n®  35.  —  PiaRDi 
Rech^  sur  les  anom.  congénit.  du  canal  de  Vurèthre.  Thèse  de  Paris,  1858.  - 
GiRowooD,  The  Lancet,  2li  déc.  1859.  —  DAœROGNA,  Bull,  de  la  SocUté  ca* 
tomique,  1864,  p.  481.  —  Éd.  Cruveilhier,  Ibid.,  1865,  p.  468.  —  Dodeu 
Ibid.,  p.  473.  —  Thomas  Bryant,  Cases  of  malposition  ofthe  testis  and  ofm* 
formation  of  the  maie  and  female  urino^enital  ùrgans  (Guy's  Hospital  Repor 
série  3,  vol.  XIII,  p.  419,  1868]. 

III.  —  Imperforation  de  l'anus. 

De  même  qu'il  est  des  abouchements  anormaux  de  l'intestin  résulti 
de  la  persistance  du  cloaque  interne,  de  même  il  existe  des  anomalies 
Fanus  qui  sont  produites  par  la  persistance  du  cloaque  externe.  Que 
cause  indéterminée  qui  trouble  le  travail  organo-plastique  agisse  av* 
(jue  le  cloaque  externe  ait  été  pourvu  de  ses  séparations  naturelles,  Toi 
verture  anale  fera  défaut;  elle  se  confondra  avec  le  sillon  uro-génital  < 
l'intestin  se  terminera,  soit  à  la  fourchette  vulvaire  ou  au  commencemei 
du  vagin,  soit  vers  la  partie  pénienne  de  Turèthre.  Que  l'anus,  a 
contraire,  se  soit  régulièrement  établi,  mais  que  la  jonction  avec  le  rectui 
ail  été  défectueuse,  il  existera,  suivant  le  degré,  un  rétrécissement  o 
une  imperforation  ano-rcctale,  et  celle-ci  sera  très-mince  ou  très-épais» 
selon  que  le  rectum  sera  régulièrement  conformé  ou  qu'il  fera  défaut  dai 
une  partie  de  son  étendue. 

Le  rétrécissement  congénital  de  l'anus  et  de  la  partie  inférieure  i 
rectum  a  été  plusieurs  fois  obser\é;  Ammon  et  Vrolik  en  ont  figuré* 
exemples.   Son    siège  ordinaire  est  le  point  d'union  de  l'anus  et  < 


M.\[,FUnMATIO\S.  157 

l'intestin,  c'est  dire  qu'il  se  rencontre  i\  1  ou  2  centimètres  de  l'ori- 
Uo-anal.  L'î  m  perforât  ion  de  l'anus  est  susceptible  de  nombreuses  varié- 
lés.  Dans  quelques  cas,  l'anus  oITre  les  apparences  d'une  disposition 
rPjuliÈre,  et  son  orifice  est  simplement  fermé  par  une  membrane  mince 
qui  laisse  tran  s  paraître  le  méconîum  au-dessus  d'elle.  D'autres  Fois, 
iiDiu,  moins  complètement  développé,  consiste  en  un  petit  infundibu- 
lam  à  bords  Iran^és  ;  la  membrane  obturatrice  est  épaisse,  et,  dans  cer- 
laius  cas  même,  il  existe  une  obi  itérât  ion  solide  et  dense  de  plusieurs 
centimètres  de  hauteur,  constituée  par  toutes  les  tuniques  ano-rectales. 
(jadquelûis  enlin  rim|>erforalion  anale  «t  constituée  par  un  cordon 
Unux  ou  musculaire  qui,  du  point  où  devait  exister  l'anus,  s'étend  vers 
le  cuVdft-sac  du  rectum.  Ce  cordon  venant  à  manquer  complètement,  il 
yanonplus  une  imperroratiou,  mais  une  absence  partielle  du  rectum. 
Le  chÎTOrgien  doit  êlre  bien  pénétré  de  l'existence  de  toutes  ces  variétés 
el  lie  se  décider  à  une  opération  qu'à  la  suite  d'un  dia^ostic  précis. 
Dan*  le  plus  gi-ajid  nombre  des  cas,  le  cul-de-sac  rectal  est  considérable- 
m-'iil  distendu  par  le  méconîuni  liquide,  et  cette  distension  est  un 
moyen  de  diagnostic  important  el  presque  l'assurance  d'une  manœuvre 
iipiiraloire  heureuse. 

I.'tbscnce  totale  de  l'anus  coïncide  le  plus  souvent  avec  un  abou 
l'Iifinsnl  anormal  de  l'intestin,  quelquefois  avec  l'absence  du  rectum. 
Uiiii  CK  conditions,  la  peau  se  eontinue  d'une  fesse  à  l'autre  sans  dépres- 
sion, plis  ou  trace  quelconque  d'un  orifice  ;  parfois  même  les  deux  tubé- 
ro>ilirîde  l'isebion  sont  rappmcbées  l'une  de  l'autre  el  le  détroit  inférieur 
i<i  bassin  se  trouve  plus  ou  moins  rétréci. 

BiiiUf»GRjipBiK,  —  Albucmis,  Chiriiruie,  cbap.  lxxis,  p.  187  (De  Vimperfo- 
""wfl  ik  Viinat.],  trad.  du  l'aralie  par  M.  le  docteur  Lcclére,  mëdccin-niajor. 
l'im,  1861. —  Bknivkjsh»,  Libei.  df  ahd.  iwro».  aemir.  morbor. caims,  cap.  S6. 
Hobiicc,  1503.  —  LiTtiiE,  Lh-encs  oiserv.  anataini<iun  {Hist.  de  l'Aead.  des 
«i'n«W,  Paris,  171U  p.  36).  —  J.-L.  Vmn,  Remarquin  sur  diffén-nta  tnces  de 
«"fumalùin  (Mém.  dt'ÏAcad.  de  cAiV.,  I,  I,  p.  317.  l'aris,  1743).  —  Behtin, 
JCrn.  tur  les  eafaulx  ']ui  naifsenl  ïUfU  un  eiritabh  anus  IMém.  de  l'Acad.  des 
""irM,  1771,  p.  A72).  —  WiirsHEBc,  Du  pralemntiirali  et  rmv  intcstini  recli 
""■enicfi  ttrinmia  roalitu,  cl  iii'Je  pciideiite  ani  defectu.  GœUin^e ,  1779. — 
fifPDiwiiij'F,  De  ano  infantium  impnrforuto.  PI.  Lugd.  Balav.  1781.  —  Too- 
'wi  Dv.  BuuHiuiABD,  Sur  un  enfant  ni  à  terme  et  sans  amis  (Jourii.  Je  méd.  et 
^'hir.,  t.  UCVI,  p.  9(1,  1786).  —  ItocHiRD,  Obs.  sarune  espèce d'imim-ftralion 
■'  !'anw  {Journ.  de  tutd.  et  de  eftir.,  t.  L\X.\V,  p.  252,  1790).  —  E.  Fobd, 
'  -  "f  imperfurate  rectum  (Merf.  Pacts  and  Obs.,  t.  I,  p.  102,  1791).  —  C -L. 
i,  Obs.  et  r^ltexiom  sur  une  imperforation  de  l'anus  (Jo^m.  fl*n,  de  méd., 


I      -■•«,    vus.     El  TT/f 


158  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

t.  III,  p.  ti6y  an  v).  —  Allan,  Rapp.  sur  le  mém.  précédeitt  (Ibid.^  p.  123).— 
Martin  (jeune),  Rapp.  sur  une  obs,  d'imperforation  d'anus  {Bec.  des  actes  delà 
Soc.  desanté  de  Lyon^  t.  1,  p.  180.  Lyon,  1798).  —  Callisen,  Imperforatvm 
ani  {Systema  chirurgiœ  hodiemœ^  t.  II,  p.  688.  Hafnise,  1800).  — F.-V. 
Bravais,  Imperforation  de  l'anus  avec  sortie  des  excréments  par  la  verge  (Bet 
des  actes  de  la  Soc.  de  santé  de  Lyon,  t.  II,  p.  97,  1801).  —  F.  Voibin,  S» 
une  imperforation  extraordinaire  de  Vanus  chez  un  nouveaunné  {Jounu  de  méd., 
t.  XXXI^  p.  333,  1805).  —  Fournier,  Dict.  des  se.  méd.  en  60  toI.,  art  Cas 
RARES,  t.  rv,  p.  155  et  156,  1813.  —  P.  Sérand,  Dm.  sur  quelques  vices  deeoR- 
formationde  fanus  et  du  rectum.  Thèse  de  Montp.,  1814,  u?  103. — HASEUUicr, 
De  ani  intestinorumque  atresia.  PI.  Trajecti  ad  Rhen.,  1819.  —  Gavenne,  Ok 
d^une  imperforation  de  Vanus  chez  un  garçon^  avec  ouverture  de  tintestm  dans  k 
vessie  {Arch.  gén.  de  méd.,  1"  série,  t.  V,  p.  63,  1824).  —  Miriel,  Vices  coih 
génitaux  de  conformation  de  V  extrémité  inférieure  du  tube  digestif.  Thèse  de 
Paris,  1835,  d?  82.  —  J.  A.  Amhon,  Die  angeborenen  chirurgischen  Krankhek- 
ten,  etc.,  pi.  x  et  xi.  Berlin,  1842.  —  J.  GRUVEiLHiERy  Anat.  patkoi.  du  corps 
humain,  V*  livr.,  pi.  vi.  —  J.  S.  Roux,  De  V imperforation  de  Vamu.  Thèse  de 
Montp.,  1844,  n^  96. —  A.  Bérard,  Anus  anormal  s' ouvrant  damlawmms' 
sure  postérieure  de  la  vulve  chez  une  jeune  fUle,  établissement  d^un  amu  artifciel 
dam  la  région  anale  (Gaz.  des  hôp.,  1844,  p.  286).  —  W.  GoasE,  CongenM 
absence  of  anus  (lo/id.  med.  Gaz,,  t.  XLI,  p.  17,  1848).  —  E.  F.  BounsoN,  Jks 
vices  de  conformation  de  Vanus  et  du  rectum.  Thèse  de  concours.  Paris,  1851.  — 
Debout,  De  Vétai  de  la  thérapeutique  concernant  les  vices  de  conformation;  impff- 
foration  de  Vanus  et  du  rectum  {Bull,  de  thérap.,  t.  XLIX,  p.  11,  105, 1855).— 
C.  LoBUGEOis,  De  l'oblitération  congénitale  des  intestins.  Thèse  de  Paris,  1856, 
n®  259.  —  H.  Friedberg,  Becherches  cliniques  et  critiques  sur  Vanus  artifeid 
{Arch.  gén.  de  méd.,  5"  série,  t.  IX,  p.  565,  701,  et  t.  X,  p.  42,  1857).  - 
T.  B.  CuRUNG,  Inquiry  into  the  Treatment  of  congénital  imperfections  ofthertfr 
tum  by  opération,  founded  on  an  Analysis  of  one  hundred  cases,  etc.  (Med.'Ckir, 
Transact.,  t.  XLIII,  p.  271,  1860).—  W.  Bodenhammer,  A  prac^ica^  IVeatàe» 
the  Etiology,  Pathology  and  Treatment  of  the  congénital  malformations  of  ihe 
rectum  and  anus.  New-York,  1860.  —  G.  Goyrand,  Études  pratiques  sur 
Vatrésie  et  les  malformations  du  rectum^  etc.  (  Gaz.  méd.  de  Paris,  1856, 
p.  509,  524,  538,  601,  639).  —  Le  même,  Note  sur  Vatrésie  de  Vanus  (M 
de  la  Soc.  dechir.,  t.  VII,  p.  407,  1857).  —  Gay,  Becords  ofthe  Boston  Socii^ 
for  médical  improvement,  vol.  III,  p.  156.  Boston,  1859.  —  Healy,  A  Ccseof 
congénital  malformation  of  the  rectum  {Dublin  med.  Press,  2*  série,  t.  lï» 
p.  217,  1864).  —  LiTTLE,  Case  of  imper f orale  anus  (Edinb.  médical  Jùvmd, 
1867,  March).  —  Rizzoli  (de  Bologne),  De  Vatrésie  de  Vanus  avec  une  ouvertiff 
du  rectum  dans  la  vulve.  Rapport  lu  à  la  Société  de  médecine  de  Strasboorg, 
dans  la  séance  du  2  mai,  par  le  professeur  Stoltz  {Gaz.  méd.  de  Strasb(09i 
1867).  —  Warren,  Imper forated  anus  and  rectum.  Surgical  observations,  p.  1^' 
Boston,  1867.  —  Holmes,  The  surgical  treatment  of  the  diseuses  of  infancy  c'^ 
childhood,  p.  207  ;  traduction  de  Larcher,  Paris,  1870,  p.  208. 


MALFORMATIONS.  1 59 

§  5.    —  MALFORMATIONS  DES  MEMBRES  ET  DES  DOIGTS. 

Lorsque  les  rudiments  du  système  vertébral  de  la  tète  et  du  tronc  ont 
pris  naissance  et  que  les  organes  qu'il  doit  protéger  ont  commencé  à  se 
dérelopper,  on  remarque  les  premières  traces  des  extrémités  sous  la 
forme  de  deux  languettes  étroites  qui  s'élèvent  le  long  des  surfaces  laté- 
rales de  Tembryon.  Stationnaires  vers  leur  partie  moyenne,  ces  languettes 
continuent  de  croître  à  leurs  extrémités  et  affectent  la  forme  d'une  palette 
abord  libre.  La  plaque  de  cette  palette  est  le  rudiment  de  la  main  et  du 
pied,  le  pédicule  celui  du  bras  et  de  lavant-bras  ou  de  la  cuisse  et  de  la 
jambe.  Quelque  temps  après  il  se  produit  au  bord  arrondi  de  l'extrémité 
de  la  palette  quatre  légères  échancrures,  indices  de  la  séparation  des 
doigts  et  des  orteils.  Ceux-ci,  jusqu'au  troisième  mois  de  la  vie  embryon- 
naire, se  trouvent  réunis  par  une  lame  mince,  membraneuse,  analogue  à 
la  membrane  qui  existe  entre  les  doigts  des  cétacés  et  des  oiseaux  palmi- 
pèdes. Tout  d'abord,  ces  extrémités  diffèrent  assez  peu  l'une  de  l'autre  ; 
ravant4>ras  et  la  jambe  ne  sont  pas  encore  distincts,  quand  déjà  les  pièces 
destméfâ  à  opérer  la  jonction  avec  le  tronc,  la  clavicule,  l'omoplate  et  les 
os  pelviens  commencent  à  se  développer.  Bientôt  après  il  se  produit  dans 
la  portion  de  l'extrémité  la  plus  voisine  du  tronc  une  inflexion,  indice  de 
la  séparation  de  l'avant-bras  et  du  bras,  de  la  jambe  et  de  la  cuisse. 

Ces  appendices  ne  consistent  d'abord  qu'en  un  amas  de  cellules  à  peu 
pr^  complètement  homogènes  ;  les  premières  parties  qui  paraissent  en- 
suite sont  les  vaisseaux  et  le  sang  qui  les  parcourt,  puis  viennent  les  car- 
tilages et  les  parties  qui  doivent  s'ossifier,  enfin  les  nerfs  et  les  muscles. 
Les  vices  de  conformation  des  membres  et  des  doi^s  sont  intimement 
liés  au  développement,  et  relativement  communs  ;  d'un  côté,  les  parties 
qui  constituent  les  extrémités  peuvent  augmenter  de  nombre;  d'un  autre 
côté,  ces  mêmes  parties  ou  seulement  un  certain  nombre  d'entre  elles 
sont  susceptibles  de  faire  défaut.  Nous  étudierons  successivement  les 
aoomalies  des  membres  et  celles  des  doigts. 

1.  —  MalformaUon  det  membres. 

Ces  malformations  offrent  des  variétés  qui  rappellent  dans  une  certaine 
mesure  les  diverses  phases  du  développement  embryonnaire  ou  fœtal  ; 
elles  se  divisent  naturellement  en  deux  groupes  :  les  anomalies  par  défaut 
et  les  anomaltespar  fusion  (1). 

i\)  QueUpiei  antenrs  ont  cru  de?oir  ijouter  à  cet  deux  groupes  une  troisième  di?i- 
»<m  qoi  consisterait  dans  la  présence  de  membres  surnuméraires  ches  des  indiTidus 


160 


ANATOMIB    PATDOLOGIQUB. 


i'  Les  anomalies  par  défaut,  monstres  ecfroméliens  de  Geoffroy  Saiirz: 
Kilairc,  présentent,  suivant  que  l'absence  des  membres  estcomplète  oui 
complète,  des  différences  qui  permettent  de  les  grouper  sous  plusieurs  cbe-  A 
L'absence  complète  ou  presque  complète  d'un  ou  de  plusieurs  raembr-« 
caractérise  l'une  de  ces  variétés;  cette  anomalie  {genre  eclroméle,  Is.  Ge>ojC 
froy  Saint-Ililaire),  la  plus  complexe  et  la  plus  grave,  est  en  même  temps  Ji 
plus  commune  ;  ordinairement  elle  est  synte- 
trique  (fig.  Ui).  Les  membres  le  plus  souveol 
affectés  sont  ceux  du  thorax,  vient  ensuite 
l'ectromélie  biabdominale,  puis  l'ectromélje 
tboracique  unilatérale.  L'absence  d'un  »al 
membre  abdominal  est  rare;  elle  n'aguèreété 
constatée,  si  ce  n'est  chez  des  monstres  affecta 
en  même  temps  d'éventralion.  Les  membres 
inférieurs  sont  représentés  en  géoénil  pir 
des  moignons  très-courts,  hémbphériques, 
assez  semblables  au  sein  d'une  femme.  Dam 
ces  moignons  se  rencontrent  des  os  nidi- 
mentaires  auxquels  s'insèrent  des  muscles 
qui  les  rendent  mobiles  à  volonté,  et  quelqu»- 
fois  des  excroissances  en    forme  de  doigtt 
recouvertes  d'une  substance  cornée  vienneol 
s'y  ajouter.   Les  épaules  et  les  hanches  sont 
généralement  bien  conformées,  à  part  quel- 
ques cas  exceptionnels.  Leurs  cavités  articulaires  sont  ou  plates  et  très- 
petites,  ou  comblées  par  du  tissu  conjonclif.  Los  muscles,  les  nerfs  et  les 
vaisseaux  voisins  sont  en  général  normaux.  La  composition  anatomique  de 
la  tète,  de  la  poitrine,  du  ventre  et  des  parties  génitales  ne  laisse  lieD 
à  désirer,  d'où  la  faculté  des  individus  affectés  de  cette  anomalie  de  poa- 
voir  prvenir  quelquefois  à  un  âge  avancé. 

Dans  une  autre  variété,  les  membres  sont  remplacés  par  des  moignoo^' 
plus  ou  moins  courts,  privés  de  tout  vestige  de  main  ou  de  pied,  le  phi^ 
souvent  terminés  paromou  plusieurs  doigts  imparfaits  et  rudimenlure^ 
[genre  hémimèle  de  is.  Geoffroy  Saint-IIilaire) .  11  est  rare  qu'un  seul  n 
soit  atteint  de  cette  anomalie  ;  ordinairement  ces  organes  sont  a 
nombre  de  deux,  de  trois,  ou  même  tous  les  quatre  en  même  temps. 

simples.  Uais  les  ttiti  de  ce  genre  renconlTc»  chei  l'hoinnie  aont  extrêmement  nrc*^ 
ili  n'ont  été  obterYé*  qu'aux  membrei  inférieun,  et  lorsqu'on  prend  li  peine  de  ti« 
snaljier,  on  reconnatt  qu'ils  ne  lont  pcut-£lrc  pis  indépendinti  d'osé  duplicitfl 
'  moDttrueose. 


MA.LFORHATIO?>S.  l(t|  ' 

râriété  enfin  consisie  dans  l'alrophic  ou  la  disparition  ' 
in se^enls  des  tnembies  autres  que  le  segment  terminal,  qui  se  rap- 
proche peu  à  peu  du  tronc  et  souvent  même  semble  s'y  insérer  directe- 
ment.  Cetl(?  anomalie,  qui  fait  ressembler  l'toe  humain  à  certains 
aiiimauï  aciuatîques,  est  désignée  par  Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire  sous  le 
mmie  phocomélie.  Les  deux  membres 
abdominaux  seuls,  nu  bien  les  deux 
Ihoraciques,  ou  bien  les  quatre  mem- 
ijTMipcuventêlreaffectésàlaroisdepho- 
comélie  {6g.  hU);  rarement  un  seul 
meiiiba' présente  cette  anomalie.  En  pa- 
reil cas,  les  os  du  bras,  de  la  cuisse,  de 

lavant-bras  et  de  la  jambe  font  défaut 

iHi  sont  rudimentaires;    les  muscles 

il't  membres  existent  le  plus  souvent, 

mais  ils  sont  peu  développés  et  vicieu- 

«menl  insérés.    A   part   les  organes 

ï^'iiéraleups,  quelquefois   retardés    ou 

arrêtés  dans   leur  développement  en 

Bifime  temps  que   les  deux  jambes, 

l'aile  malformation  des  membres  est  le 

plus  univent  isoli'-e,  cl  comme  les  par- 

li«  qu'elle  afTectc  ne  sont  pas  esseii- 

lii^llesè  la  vie,  elle  est  compatible  avec 

'^lislence.  Les   individus  qui  en  sont 

lUeints  parviennent    généralement  à 

i  agi;  adulte,  en  faisant  un  usage  remar- 

(jnible  des  lron(:ons   de  membres  qui 

'MJil  à  leur  disposition.  Ainsi,  ou  voit 

l(^  sujets  aiïectés  d'Iiémimélie  ou  d'ec- 

immélic  bithoracique  convertir  leurs 

mi'inbrcs  inférieurs  en  instmments  de 

liréhension  ot  acquérir  avec  le  pied,  par  le  pouvoir  de  l'habitude,  toute 

lu diiKlêrité  d'une  main,  exécutant  les  actes  les  plus  complexes  ou  les 

|)Iu^  délicats  de  la  pn-bension,  tandis  que  chez  les  individus   affectés 

<'''  phocomélie  ou  d'ectromélie  biabdominale,  les  membres  supérieura 

Icvirancnt  les  organes  de  la  locomotion  ;   le  mode  de   progression   des 

'lU^de-Jalte  est  bien  cannu. 

L'iitiologie  de  ces  anomalies  nous   est  inconnue;    leur   patbogénîc 
iM  des  plus  obscures.  Serres,  Tiedemann  el  Gurlt  ont  sifpialé  la  coïncï- 
LtNCEHBACX.  —  TraîlÉ  d'Anal, 


Fie.  m.  —  Sqndcl!e  de  phocon 
(Muiée  Dupuytreu.) 


inic  j 


162  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

dence  d'une  altération  des  centres  nerveux,  d'une  atrophie  des  renfle- 
ments de  la  moelle  épinière  avec  Tavortement  des  membres.  Plus  récem- 
ment, Troisicr,  dans  un  cas  d'hémimélie  unithoracique  du  côté  droit,  a 
constaté  une  diminution  de  volume  de  la  moitié  droite  du  renflement 
cervical  do  la  moelle  épinière  par  agénésie  d'un  certain  nombre  de  cellules 
nerveuses.  Est-ce  là  une  simple  coïncidence,  ou  bien  y  a-t-il  lieu  de  voir 
une  relation  de  cause  à  eiïet  entre  certaines  modifications  de  la  moelle 
épinière  et  l'absence  plus  ou  moins  complète  dbs  membres?  quelle  est  la 
cause,  quel  est  l'effet?  Les  recherches  de  Vulpian  nous  ayant  appris  que  Ut 
section  des  nerfs  d'un  membre  détermine  l'atrophie  de  la  région  de  la 
moelle  épinière  qui  leur  donne  origine,  il  y  a  à  se  demander  si  la  lésion 
médullaire,  dans  les  cas  en  question,  n'est  pas  consécutive  à  l'ano- 
malie des  membres.  D'un  autre  côté,  il  est  naturel  de  penser  que  Tavor- 
tement  des  membres  peut  être  subordonné  à  l'agénésie  ou  à  une  modifi- 
cation des  cellules  de  la  moelle  épinière  à  l'état  fœtal ,  puisque  cette 
altération,  survenant  dès  les  premières  années  de  la  vie,  est  suivie  de 
l'atrophie  des  membres.  C'est  donc  une  question  à  l'étude,  et  si  l'agénésie 
ou  l'altération  des  cellules  des  cornes  antérieures  peut  quelquefois  pré- 
sider à  l'arrêt  du  développement  des  membres,  néanmoins,  pour  mériter 
créance,  cette  manière  de  voir  exigerait  de  nouvelles  observations  et  une 
étude  plus  complète  du  problème.  Il  importerait  aussi  de  tenir  compte 
de  l'état  du  svstème  vasculaire  des  membres. 


BiBLiOGRAPHiF.   —  Ectromélie,    hémlmélle.  —  Bucuner,  Acta  nat,  eur., 
l.  V,  p.  180.  —  Albrecht,  ibid.,  17/iO,  dec.  5,  obs.  22.  —  Dupuïtren,  Bull. 

(le  la  Soc,  philom.y  t.  lïï,  p.  126.  —  Hastings,  Tramact,  ofthe  med of 

Edinburgh,,  t.  II,  p.  39, 1826.  —  Tikdemann,  Zeitschr,  f.  PhysioL,  t.  III,  p.  1. 
pi  1, 1829.  —  Otto,  Dcscr,  monstr,,  n«  230,  pi.  XIV,  fig.  1.  —  Veiel,  VersucA 
ùber  mangelh.  Bild.  der  Extremit,,  1829.  —  Broca,  Bull,  de  laSoc.  anat.^  1852, 
p.  275  et  390.  —  Maclauglin,  Med,  Times  and  Gaz.,  déc.  1853.  —  Lecadre 
et  FoLLiN,  Soc,  de  biolog.  et  Gaz,  méd,,  1852,  p.  162.  —  Schuller,  Zeitschr. 
d.  Wien,  Aerzte,  déc.  1853.  —  Blachez,  Bull,  de  la  Soc.  anat.,  1856,  p.  281. 
—  GouRiET,  Gaz,  des  hôpit,,  1857,  n®  ^.  —  A.  Golbaux,  De  Vectromélie  et  de 
Vamputntion  spontanée  des  membres  chez  ks  animaux  domestiques  {Gaz.  mid,, 
1865,  p.  207  et  223). 

Membres  supérieurs,  —  Barthoun,  Ilist,  anat,  rar.y  cent.  II,  hîst.  hh  ; 
cent  VI,  bist.  39.  —  Vrolik,  loc,  cit.,  pi.  76,  fig.  l-/i.  —  Braun,  Zeitschr.  d. 
Ges,  d,  Wien,  Aerzte,  1854.  —  Greenwood,  Assoc.  Journ.,  185/i,  p.  53.  — 
Nagel,  Deutsche  Klinik,  1855,  n*  52.  —  Priesti.ey,  Med.  Tim,  and  Gaz.,  i856, 
n»  15.  —  SiLVESTER,  iUd,,  déc.  1856.—  Koster,  Nederl.  Weckbl.  von  Geneesk.^ 
1856,nM3,  l/i. 


MALFimiUTIOSS. 


163 


Mmhm  mfèriiurs.  —  Hiszstsi,  Ad.  Acad.iuit.ao:,  1742,  VI,  obs.  10.  — 
Diiïts,  PriiKipes  de phgsioL,  1800,  l.  IN,  p.  105.  —  BKEacnEr,  Bull,  de  la  Pac. 
ifofi.,  l,  IV,  p.  325.  —  Saitobph,  Gunammelte  S-^hriften  de  Schcel.  Copeii- 
higuï,  1803,  pari,  i,  p.  31'i.  —  HEHrioLur,  Beichr.  stoAs  mensckl.  Misag,, 
p.î9,  pL  10,  H.  —  VnoLiK,  Tab.  ad  illiulr.  tmbr.,  pi.  63,  flg.  1,  U; 
pi.  76,  flg,  3.  —  Sehres,  Annl.  compnr.  du  centau,  t.  I,  p.  108.  —  Behgeb 
d  Ba'SNGER,  BtricM  von  d.  Antropol.  Anst.  z.  Wnnhurg,  1826,  I,  p.  53, 
flA  — FjtBEit,  Duw.  manstr.  hum.  desrr.  anat.,  1827.  —  Meckel,  Handb. 
i.t^.t  75U.  —  Fi.eiscHuAXN  ,  Bilduii'jshcrnmmtgeit,  265.  —  Is.  Geoffrov 
Siin-HlUtRE,  BUt.  des  unomnl.,  t.  Il,  p.  206.  —  Biiaiin,  Zeitschr.  d.  Ges,  der 
ffk.  AtrOt.  1854.  —  E[.us,  Med.  Mr.  Trnm.,  t.  XXXVI,  p.  Ù39.  —  Mont- 
umm,  DttbI.  quart.  Joum.,  mai  e[  août  18.'i6. 

Fhfiéll».  —  Bouchard,  Eph.  nal.  car.,  dec,  1,  ann,  3,  obs.  13,  — 
Ra.KiiiiT,  Écartf  de  la  naliirc,  pL  XXXI.  —  Fi.AcnsnNn,  Ote.  anat.,  p.  l'i, 
Ikisidl,  1800.  —  DiUËRiL,  BuH.  dr  la  Soc.  jihilomal..  t.  111,  an  ii,  p.  122. 
—  BitsatT,  Bull,  lie  lit  Faculté  du  méd. ,  L  Vil,  p.  33.  —  TdiEbaui.t,  Juurtt.  de 
"ini,  ikhùttx,  1.  XV,  p.  135.  —  DUMAS,  Principes  de  physiologie,  t.  III,  p.  165, 
ISI)0.-|î.OEorKBOTSAiNT.HiL»mE,  Jlisi.  des  oitowai,  t.  Il,  p.  208.  —  Retïris, 
B-ricU  ibir  d.  nllg.  Entbildungf'hemm.  Stockholm,  1850.  —  «artin  Saint- 
Ami,  flfWTfjrrf,  d'un  fœtus  hiiintân,  etc.  (phocomèle)  (Acnd.  des  se.,  10  dëc. 
IMttlCu:.  Aflftrf.,  825).  —  DuBRErir.,  Bull.de  la  Sv.  nn-jt,,  1862,  p.  40S. 

î' Lus  anomalies  par  fusion  sonlessL'iitiellemeiilcaraclérisées  par  la  ri'u- 
"'OQ  miiliune  des  deux  membres  abdominaux  avoc  absence  d'u 
P'u  ou  moins  considérable  de  l'un  et  di?  l'autre 
''^  ces  membres.  Ces  anomalies  se  pi'ésentcnt  sous 
'"ois  formes  distinctes  :  la  sirénomélie,  l'uromélie, 
'*  tymélie  {Isïd.  Geoffroy  Suint- llilaire). 

La  iirénomélie  est  caraclérisée  par  la  i-éunioii 
'■''  membres  abdominaux  extrêmement  incom- 
t'iHs,  tcmiinés  en  moignon  ou  en  pointe  sans  pied 
'''stinot.  La  moitié  sus-ombilicale  du  corps  est  bien 
'onrormée,  mais  la  moitié  sous-ombilicale  s'atté- 
fiie  d«  plus  eu  plus  vei-s  son  extrémité  (îl  semble 
"'i^lre  qu'un  prolongement  caudifonue  du  tronc, 
l'rolon^t^ment  dont  la  longueur  est  ordinairement 
'  nile  au  tiers  ou  nus  deux  cinquièmes  de  la  lon- 
-ueiu- totale  [lig.  kh).  Ce  pmloniremenl  repi-éseiitc   Fio.  45.  —  sirénomilic- 

,.  .  .      ,.  .      .    ■  ■      .        (D'nprèï  Cruïcilliicr.) 

■'""ï  uieii  un  cilne  régulier,  dont  le  sommet  est 

UBlût  aigu,  lantdl  obtus.  La  rotule,  le  plus  souvent  unique,    avec  des 

'nwa  plus  ou   moins  manifestes  de  duplicité,   csl   placée  en  arrière, 

— Rqai  montre  que   le  membre  composé  est  retourné,  l'n  os  unique, 


164  ànàtomie  pathologique. 

ordinairement  médian ,  analogue  au  tibia,  court,  de  forme  conique, 
constitue  la  jambe  presque  à  lui  seul  ;  il  reçoit  les  insertions  de 
quelques  faisceaux  musculaires  qui  ont  leur  attache  supérieure  sur 
le  fémur.  Celui-ci  est  unique,  médian,  et,  par  ses  formes  comme 
par  son  volume,  il  parait  plus  développé  qu'un  fémur  ordinaire, 
deux  moitiés  d'un  bassin  très-incomplet ,  et  beaucoup  plus  étroit  que 
dans  l'état  normal,  sont  venues  se  joindre  sur  la  ligne  médiane,  de  telle 
façon  que  les  deux  cavités  cotyloïdes  sont  ou  très-voisines  ou  confondues 
en  une  seule.  Les  orifices  de  l'intestin  et  des  voies  urinaires,  les  organes 
sexuels  externes  font  complètement  défaut  ou  ne  sont  représentés  que 
par  de  petites  saillies  ou  des  rides  plus  ou  moins  profondes.  Les  organes 
sexuels  internes  manquent  complètement  ou  existent  d'un  seul  côté  à 
l'état  rudimentaire.  La  vessie  est  rare,  et  le  plus  souvent  l'un  des  reins, 
sinon  ces  deux  organes,  fait  défaut.  Le  canal  intestinal  est  en  général 
mal  conformé  à  partir  du  cœcum,  et  presque  toujours  la  dernière  portion 
du  côlon  et  le  rectum  manquent  ou  sont  très-imparfaits.  Cette  dernière 
anomalie  se  rattache  à  l'absence  constatée,  dans  plusieurs  cas,  de  l'artère 
mésentérique  inférieure. 

Uuromélie  a  pour  caractère  la  soudure  des  membres  abdominaux  que 
termine  un  pied  simple,  presque  toujours  imparfait,  et  dont  la  plante 
est  tournée  en  avant.  L'existence  de  ce  pied  constitue,  pour  ainsi  dire, 
toute  la  différence  entre  l'uromélie  et  la  sirénomélie.  La  jambe  est  bien 
dans  quelques  cas  composée  de  deux  os,  mais  les  deux  fémurs  sont  tou- 
jours intimement  réunis,  le  bassin  est  en  même  temps  très-étroit,  très- 
incomplet,  et  les  organes  qu'il  renferme  ne  diffèrent  pas  de  ceux  qui  se 
rencontrent  dans  la  sirénomélie. 

La  symélie  est  produite  par  Tunion  de  deux  membres  abdominaux 
presque  complets  et  terminés  par  un  pied  double  dont  la  plante  est 
tournée  en  avant.  Le  segment  supérieur  ou  fémoral  de  ces  membres, 
presque  aussi  large  en  haut  que  la  portion  inférieure  de  l'abdomen,  est 
beaucoup  plus  étroit  en  bas,  où  il  s'articule  avec  le  segment  qui  repré- 
sente les  deux  jambes  réunies.  Le  pied,  beaucoup  plus  large  que  la  partie 
inférieure  de  la  jambe,  laisse  voir  sa  duplicité.  Le  nombre  des  doigts  qui 
le  terminent  est,  en  effet,  de  dix,  quelquefois  de  neuf,  de  huit,  de  sept, 
ou  au  contraire  de  onze.  Ce  pied  forme  avec  la  jambe  un  angle  obtus  ; 
de  plus  il  est  renversé  de  telle  sorte  que  les  bords  soudés  sont  ceux 
qui,  dans  l'état  normal,  devaient  être  externes,  et  que  les  petits  orteils 
sont  au  milieu,  tandis  que  les  gros  sont  en  dehors.  Tout  ce  qui  de^-ai' 
être  antérieur  est  devenu  postérieur,  et  réciproquement;  la  plante  di 
pied  est  en  avant  et  la  face  dorsale  en  arrière.  Le  bassin ,  déformé  c 


^P  MALFORMATIONS.  165 

allongé,  esl  toujours  plus  ou  moins  élroit  et  leUemenl  imparrait  que  les 
ravilés  colyloïrtes  el  par  suite  les  fémurs  sont  rapprochés  l'un  de  l'autre, 
(quelquefois  continus  ou  réunis  entre  eux.  La  face  antérieure  de.  ces  os 
iWkM  externe  et  les  rotules  sont  placées  eu  dehors.  La  jambe  contient 
lanti!it  quatre,  tantôt  seulement  trois  os  distincts  par  suite  de  la  soudure 
i!<-silcux  péronés  devenus  internes.  Les  os  externes  du  tarse,  ramenés 
01  dedans,  sont  ordinairement  soudés  avec  leurs  congénères ,  comme 
luui  les  métatarsiens  et  les  phalanges  des  petits  orteils  droit  et  gauche, 

Idf  E^on  à  former  un  doigt  médian  reconnaissable  à  son  plus  gi-and 
ydiitne.  Certains  muscles  se  réunissent  également  à  leurs  congénères 
sur  la  ligne  médiane,  et  les  nerfs  sciatiques  quelquefois  aussi  sur  un 
point  de  leur  trajet.  Le  l)assin  étant  rétréci,  les  organes  urinaires  sont  le 
pliu  souvent  incomplets,  la  vessie  manque  ou  est  mal  conformée,  les 
uretères  s'ouvrent  dans  l'intestin,  et  les  reins  font  défaut  tandis  que  les 
■^■ipsul»  surrénales  peuvent  être  augmentées  de  volume.  Les  organes 
seiuels  sont  en  général  rudimentaires,  et  les  canaux  qui  en  naissent  se 
Parlent,  soit  directement  dans  l'intestin,  soit  indirectement  en  se  réunis- 
'^«l  avec  les  uretères. 

Les  individus  affectés  de  ces  diverses  malformations  ont  ordinairement 
Une  naissance  prématurée  et  ne  tardent  pas  à  succomber,  ce  qui  est  faci- 
J^tnent  explicable  par  les  anomalies  multipliées  de  leur  organisation. 
Les  OHiditions  étiologiques  des  malformations  par  fusion  des  membres 
^^'Ol  peu  connues;  il  n'est  pas  prouvé  qu'un  traumatisme,  chez  une  femme, 
^**  état  de  gestation,  ait  jamais  produit  ces  anomalies.  Plusieurs  observa- 
'tirs  se  sont  appliqués  h  rechercher  la  palhogénie  de  ces  désordres  oon- 
Sônitsiux.  Laissant  de  cAté  les  opinions  de  Meckel  et  de  fs.  GeofTroy  Saint- 
'"'iUiire,  disons  que  Cruveilhier  attribuait  la  symélie  à  deux  Torces  agissant 
**o»ullaDémeut  ou  successivement  dans  les  premiers  temps  de  la  vie,  l'une 
P*>ar  imprimer  aux  membres  inférieurs  ud  mouvement  de  i-otalioncnsens 
apposé  sur  leur  axe,  l'autre  pour  rappi-ocher  et  fusionner  ces  membres. 
*W<>sle,  par  ses  études  sur  la  production  artificielle  des  monstruosités,  est 
"^Tivé  à  ce  résultat  que  l'inversion  et  la  fusion  des  membres  postérieurs 
***ox  dues  k  une  pression  latérale,  et  que  ce  fait  se  produit  toutes  les  fois  que 
^  partie  supérieure  da  l'amnios  ou  capuchon  caudal  a  éprouvé  un  relard 
*)%tH  son  développement  et  reste  appliquée  sur  la  partie  postérieure  du 
*•*!)«,  au  lieu  de  s'en  éloigner  par  l'interposition  du  liquide  amniotique. 
*Uui,  un  défaut  de  parallélisme  entre  le  développement  de  la  partie  posté- 
"cure  de  t'amnios  et  le  développement  de  la  partie  postérieure  du  corps 
•^  l'embrjon  suffirait  pour  produire  l'un  des  vices  de  conformation  les 
■pis  graves  parmi  ceux  qui  alTectent  un  seul  être.  L'inversion  des  mem- 


166  àNATOUIE    PàTHOLOGIUUE. 

bres,  pour  le  même  auteur,  existerait  normalement  dès  le  principe,  ^■ 
la  fusion  serait  la  cause  de  sa  persistance. 

BiBUOGRAPHiE.  —  K.  BoF.ntiAAVE,  Hist.  aitat.  infantis,  etc.  Petropol.,  175^^ 
—  DiBCKERnoFF,  De  monopodia.  Halle,  1819.  —  Mecsbl,  Anhivf.  AmU.v^^ 

Ph^sioL,    1826,  p.  273,  et  Descriptio  mmtstror,   nonntUl,,  pi.  V,  flg.  5.  

Bebh,  De  monopodibus.  Berlin,  1827.  —  Kœbleb,  Dûi.  si$t.  deseript.  momt—^. 
hum.  tnonopod.  lëna,  1831.  —  LEvt,  De  nympodia.  HavDis,  1833.  —  ■ 
Is.  Geoffroy  S^inr-lliLAinE,  Hist.  des  amm.  deform.,  t.  Il,  p.  237.  —  Crdtu^^ 
BJEH,  Anal.  patlioL,  livr.  33,  pL  V,  V]  ;  livr.  fiO,  pi.  VL  —  HoEStea,  De  rita^ 
tj/ngeneticis.  Graphite,  18ùt.  —  D4N«,  Tke  Lancet,  18i4,  1. 1,  p.  6.  —  Lmc-  = 
DORF,  De  sympodia.  Heidelberg,  18^6.  —  Eurmakn,  Musée  d'anat.  pathol.  .« 
Strasbourg,  1852.  —  Gehrabd,  Monthly  Jour».,  avril  1855.  —  A,  Fohstch,  F~^ 
liissbild.  d.  Menschen.  lëna,  1865.  —  C.  Dareste,  Note  sur  U  mode  de  fom^t^  ^ 
tion  des  monstres  syméliens  (Compt.  rend.  Acad.  dis  se,  27  janvier  1868).  — _ 
Jul.  Jensek,  Beilrag  zur  patkol.  Efdu:klKluHgiig'-si:hkhte  {Arcfm,  f,  pall»  w. 
Atiai.,  l.  XLII.  p.  236,  1868).  —  Juluard,  Cmises  de  lu  symélie  {Gat.  mid.  de 
Pom,  p.  199  et  212, 1869). 


IL  - 


Mairormatioii)  des  doigit. 


Les  matrormations  des  doigts,  comme  celles  des  membres,  peuv«-iil 
ie  grouper  sous  plusieurs  chefs  ;  nous  «'tudierons  successivement  les  b.kic»- 


innlies  par  excès  ou  polydactylic,  les  niioinaties  par  défaut  ou  ectrc 
lylie,  et  les  anomalies  par  fusion  ou  syndactylie. 

(1)  Cette  ngare  et  Ici  tcpt  qui  luiveRt  lont  empruntées  à  U  1Ii«k  de  U.  le  d 
Furl  lur  lei  iice«  de  contormition  de)  doîgtt. 


p  des  Romains,  présente 
lesi'ariètês  suivantes:  1'  les  doigts  surnuméraires,  situés  aux  extré- 
fliilés  ou  au  milieu  des  doigts,  prolongent  la  série  ;  2'  its  résultent  de 
la  bifurcation  du  pouce  ;  3°  ils  sont  situés  sur  le  bord  cubital  de  ta 
iDaJD  ;  W  its  sont  séparés  par  une  bifurcation  plus  ou  moins  proFonde  de 
Umain. 

t>  Les  doigts  qui  prolongent  ta  série  se  rencunlrt'iit  lo  plus  souvent  aun 
nlréniilés  et  sont  rarement  intercalés.  D'une  analogie  frappante  avec  les 
doigts  normaux,  its  s'articulent  en  général  avec  un  métacarpien  particu- 
lier nm  s'insère  aux  os  du  carpe  {(ig.  46  et  ti7)  ;  quelquefois  aussi 
ils  s'articulent  avec  te  doigt  voisin  sur  ta  tête  grossie  du  même  méta- 
fOrpieD  ou  sur  un  point  quelcontjuc  de  sa  longueur  (lig.  /|8   et  49}. 


fit.  18,  _  Doigt  surnuiii. 
cubital  de  la  m.iï 

^nn-seulement  les  métacarpiens  et  les  métatarsiens,  mais  les  os  du  carpe 
'■du tarse  augmentent  parfois  en  nombre;  ainsi  une  pièce  du  musée 
''«pujlren,  portant  te  n°  27,  présente  huit  orteils,  huit  métacarpiens  et 
'■jiiq  cunéiformes.  Les  doigts  surnuméraires  ne  reçoivent  le  plus  sou- 
'eni  que  des  divisions  des  tendons  du  voisinage  ;  ils  sont  ordinal i-emenl 
Phisou  moins  atrophiés,  privés  d'une  ou  de  plusieurs  phalanges.  Entîn, 
'*s  doigls  et  les  orteils,  en  plus  d'un  cûté,  peuvent  faii*  défaut  du  ciité 
"pposé. 

î'La  polydactylie  par  bifurcation  du  pouce  n'est  pas  très-rare.  Ptac- 
'Ur  le  bord  externe  de  la  main,  le  pouce  supplémentaire,  résultat  d'une 
^^rtf  de  biltdîté,  s'insère  sur  les  métacarpiens  ou  sur  ta  piemièr 
lUnge  (fig.  50  et  51).   Dans  quelques  cas  d'insertion  près  d'une 


une  sur-  ^1 


168  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

face  articulaire,  la  synoviale  de  rarticulation  surnuméraire  communi- 
que avec  la  synoviale  normale,  même  lorsque  le  pouce  surnuméraire 
est  à  une  certaine  distance  du  pouce  normal.  Broca  a  vu  deux  fob  k 
communication  entre  les  synoviales  se  faire  par  un  conduit  étroit;  inutile 


Fie.  50.  —  Pouce  surnuméraire.  Fie.  51.  —  Pouce  bifurfié. 

de  faire  remarquer  Timportance  de  cette  disposition  au  point  de  vue 
opératoire. 

3*»  Placés  sur  le  bord  cubital  de  la  main,  les  doigts  surnuméraires  occu- 
pent un  seul  côté  ou  les  deux  ;  ils  peuvent  siéger  sur  toute  la  longueur 
du  cinquième  métatarsien,  depuis  Tos  crochu  jusqu'à  la  première  pha- 
lange du  petit  doigt.  Tantôt  rudimentaires  et  semblables  à  des  tumeurs 
érectiles,  ils  sont  d'autres  fois  aussi  développés  que  les  doigts  de  la 
série  normale;  entre  ces  extrêmes  se  rencontrent  tous  les  intermédiaires 
possibles.  Les  doigts  surnuméraires  les  plus  développés  présentent  un 
squelette  à  deux  phalanges  articulées  avec  la  tète  du  cinquième  métacar- 
pien ou  avec  une  apophyse  du  bord  interne  de  cet  os  (fig.  US)  ;  ils  possè- 
dent en  général  des  tendons,  des  vaisseaux  et  des  nerfs.  Les  plus  rudimen- 
taires sont  dépourvus  de  squelette  et  formés  à  peu  près  exclusivement  par 
une  masse  charnue,  graisseuse  et  cutanée,  recevant  quelques  vaisseaux 
et  pouvant  contenir  des  noyaux  cartilagineux. 

/io  La  polydactylie  par  bifurcation  ou  par  duplicité  de  la  main  est  rela- 
tivement rare  ;  on  en  connaît  seulement  quelques  cas.  Deux  de  ces  cas, 
publiés  Tun  par  Murray,  l'autre  par  Giraldès,  présentaient  une  bifidite 
qui  s'étendait  jusqu'au  niveau  du  carpe  ;  le  pouce  faisait  défaut  (fig.  55)* 
Chaque  portion  de  la  main  double  possédait  des  muscles  et  des  tendons 
qui  permettaient  aux  deux  mains  de  se  fermer  Tune  sur  l'autre  et  de 
remplir  leurs  fonctions. 

Les  causes  de  la  polydactylie  sont  obscures  comme  toutes  cell«* 
qui  président  à  la  formation  des   parties  surnuméraires    de  l'org»' 


MALFORMATIONS.  1 69 

nûiae.  l^pendanl  il  est  reconnu  que  l'Iiérédité  exei-cc  une  iofluencc  mar- 
(]uw  sur  le  déTeloppenienl  de  cette  anomalie.  Celle  influence  incontestable, 
qui  .sVst  quelquefois  maniTestéc  chez  cinq  à  six  générations  successives,  a 
OMiJuit  leprofesseur  de  Quatrefages  à  penser  qu'il  ne  s<rrail  peut-être  pas  ira- 
possible  d'arriver,  en  .s'ai- 
iniil  (le  la  sélection  natu- 
relle, k  constituer,  pur  son 

inlmnédiaire,  une  variété 

I  l'espèce  humaine.  Les 

riilions  physiques   ou 

)logiques  susceptibles 

fe  provoquer  celle  malfor- 

maliou  nous  sont  îacon- 

nups;  du  reste,  îl  n'e\isle 

que  des  hypothèses: 

pslbgénie  de  cette  ano- 

iuli«, 


inlmnec 
Je  l'esp* 
bdilioi 
polog 

Ttprovo 


%*,  1770 


al. 


BAPBie.  —  HOHAND, 

tAead.  des  sciences. 
1770-  —  Meceel,  Ioc. 
-  I*.  Geoffroï  Saint- 
liuuï,  Sist.  des  anom,  di- 
I,  p.  687.  — 
Oecft,   etc.,    U    II, 
OttOj  ioo',  dt. — 
I,  Veberangebor.  Veneachs,  u. 
Qtielques  toiwidérat. 
Sociité  de  chirurgie,  ocl. 
XLyi.  p.  29,    1863. 


KiG.  53.  — Miin^biliirqiiée. 

UebeTzahlderFingeruitdZehen.KreÛ!ia,iB2S. 

sur  ht  polydactylie.  Strasbourg,  185Ù.  — 

■J.-J,  Ml'braï,  Med.  chir.  Ti-ansact., 

Annandale,  Tke  malform.  of  fingers  and  toes. 


Kialiurg,  1865.  —  Gehalbès,  Malad.  chirurg.  des  enfants.  Paris,  1865- 
1M9.  —  l.-.K.   Fonr,    Des  diffùrmités  congên.  et  acquises  des  doigts.  Thèse 

rëgation.  Paris,  1869,  —  Ghuber,  BuH.  de  VAaid.  impér.  des  se.  de 
<Heribourg,  t   XV  et  XVI,   et  Méhtnges  biolug.,  1.  VII,  1870.  —  Ces. 

jKAUJ,  Ami.  uiàEcrs.,  CCXYI,  p.  305.  Milan,  1871. 


Ktylie.  —  Caractérisée  par  l'absence  totale  ou  partielle  d'un  ou 

uieurs  doigts,  l'cctrodactylie,  moins  fréquente  que  la  polydactylie, 

Kplas  souvent  que  cette  dernière  observée  chez  les  individus  affectés 

Ms  de  conformation.  Elle  occupe  tantôt  les  deux  mains    tantôt 

Min  droite  ou  la   main  fauche   seulement,  ou  même   elle  siège 


I 


170  ANATOMiE  PATHOLOGIQUE. 

aux  pieds.  Quelquefois  un  seul  doigt  fait  défaut  (fig.  53) ,  plus  souvent  il  ya 
absence  simultanée  de  plusieurs  doigts.  Bien  plus,  le  métacarpe  peut  ètie 
atrophié  ou  manquer,  et  même  parfois  il  y  a  absence  de  quelques-uns  des  os 
du  carpe.  Dans  certains  cas  où  le  pouce  et  Tauriculaire,  placés  aux  deux  ex- 
trémités de  la  série,  sont  seuls  restants,  la  main  offre  un  certain  degré 

d'analogie  avec  une  pince,  d'où  le  nom  de  jmt 
de   homaf*d  donné  à  cette  anomalie.   Le  pouœ 
manque  plus  souvent  que  la  plupart  des  autres 
doigts,   surtout  le  doigt  auriculaire.  Otto,  Dft- 
vaine  et  d'autres   auteurs  ont  publié  des  faits 
d  absence  congénitale  du  pouce  et  de  son  méta- 
carpien, due  à  labsence  du  radius;  cependant 
les  cinq  doigts  se  rencontraient  dans  un  cas  de 
W.  Gruber  (1),  où  cet  os  faisait  défaut,  et  dans 
un  autre  cas  rapporté  par  Dolbeau,  il  y  avait  an 
pouce  flottant  fixé  par  un  pédicule. 
L'hérédité  de   Tectrodactylie ,   plus  rare  que 
Fie.  53.  —  Ecirodaciyie.    ^.qWq  j^  j^  polyductylie,  ne  s'observe  pas  moins 

quelquefois  dans  plusieurs  générations.  Nous  ignorons  conunent  agit 
cette  influence,  mais  il  y  a  lieu  dans  certains  cas  de  rapporter  Tectro- 
dactylie  à  un  trouble  survenu  dans  l'évolution  normale,  à  un  arrêt 
de  développement  qui,  à  cause  de  l'influence  héréditaire,  semblerait 
sous  la  dépendance  du  système  nerveux.  D'autres  fois,  c'est  au  con- 
traire à  l'action  d'une  cause  mécanique  qu'il  convient  de  rattacher 
l'ectrodactylie.  De  même  que  l'ectromélie  est  quelquefois  le  résultat  d'une 
amputation,  soit  par  des  brides  vicieuses,  soit  par  le  cordon  ombilical,  de 
même  l'ectrodactylie  peut  être  l'eflet  d'une  amputation  congénitale 
produite  par  les  mêmes  causes  ;  c'est  du  moins  ce  que  semble  dé- 
montrer un  fait  rapporté  par  W.  Gruber,  où  l'on  rencontre  à  côté 
d'un  doigt  ectrodactyle  deux  autres  doigts  offrant  chacun  une  coih 
striction  circulaire,  comme  s'ils  avaient  été  étranglés  par  un  lien.  Les 
doigts  dans  l'ectrodactylie  sont  agiles  et  souples,  ce  qui  ne  peut  sur- 
prendre après  ce  que  nous  savons  des  cctromèles. 


Bibliographie.  —  Kfxlie,  T!ic  Edinb.  med.  and  sury.  Journ.,  1808,  p.  252. 
—  Otto,  Seltene  Bcobacht,  zùr  Anat.,  Phys,  und  Pathoî,  Brcslau,  1816.  — 
J.  F.  Béchet,  Essai  sur  les  monstruosités  humaines.  Thèse  de  Paris,  1829.  — 
P.  Dubois,  Amput.  spontanée  chez  un  nouveau-né  [Acad.  de  méd,^  26  mars  1848, 


(1)  Wenzel  Gruber,   Ueber  congenitalen  unvolsiandigen    Radiusmangtl  (Archiv  /. 
pathol,  Anat.  und  Phys,,  l.  XL,  p.  427,  1867). 


P  MALfonjunoNs.  .  171 

TSia.  mid.,  18Ù7,  227).  —  H.  Sïlïesteb,  Contribution  (o  Ihe  meiKc.  of  tera- 
>ilui/g  {Xed.  cAir.  TruiLvicl.,  l.  XLI,  p.  73,  18j8).  —  Debolt,  Vices  de  confor- 
Mt.  des  membres.  Paris,  1863.  —  FotiT,  Des  difformités  congénitales  et  ncquists 
to^'tftf.  Thèse  d'agrégation.  Pans,  1869.  —  LëgEe,  Essai  sw  la  di^ormilê 
■rtei/s,  Ihèsede  Paris,  1870.  — Renalt,  Bu»,  de  (a  Soc.  ano(.,  p.  22i,  1870. 
^kf  Ovriay,  AmpatiitiiDis  eoiiyèiiitaks  (Diet.  earyelop.  des  se.  méd.,  t.  IV,  p.  1). 
HfomEU  Grubeh,  Ueber  Mistbild.  der  Finger  an  bdden  Hànden  eincs  L^bendi'ii 
■Hfe  f.  pnlh.  Anat,  und  PhijsioL,  vol.  'il,  p.  303]. 

^ipxtactylie.  —  Caractérisée  par  la  coaliiscence  des  doigts,  la  syiidui- 
tjlie  uoexislo  avec  l'une  des  iiialfoininlions  précédentes  ou  se  renconlii- 
U'Élat  d'isolement.  Elle  alTecte  plus  souvent  les  mains  que  les  pieds. 
s  parfois  aussi  elle  atteint  c^s  dt^ux:  parties  à  la  Tois.  La  syndactylii- 
Heomplète  ou  incomplète.  Elle  est  complète  lorsque  les  doigts  sont 
■nemeut  unis  dans  toute  leur  longueur  et  que  leurs  parties  consti- 
es,  reliées  par  une  enveloppe  eutnnée  commune  et  séparées  uniqui'- 
8  par  un  léger  sillon,  sont  plus  ou  mnîns  confondues.  Cette  fusion 
BalTecter  jusqu'aux  ongles,  eu  sorte  que  le  nit^mbre  se  termino  (nii' 
m  seul  appendice  recouvert  d'un  ongle  gigantesque.  La  sjndactylic  e.st 
imximplète  quand  deux  ou  plusieurs  doigts  sont  réunis  par  une  mcni- 
lirone,  un  repli  culané,  une  paimaturc  analogue  à  la  membrane  intoi-di- 
^ildc  qu'on  obseiTe  chez  les  oiseaux  aquatiques.  Ce  repli  cutané,  plu^ 
ou  moins  étendu,  se  poi'te  de  la  racine  des  doigts  à  leur  extrémité;  il 
n'ealen  dérinitive  qu'un  prolongement  du  repli  cutané  qu'on  trouve  dans 
inlerdigital.  Ce  repH  est  transparent,  et  quelquefois  il  est  facile, 
bprenant  entre  le  pouce  et  l'index,  de  faire  mouvoir  l'un  sur  l'aulrc 
feus  feuillets  cutanés  qui  le  constîlucul.  Avec  ces  feuillets  ordinaire- 
tt  dépourvus  de  poils,  il  entre  dans  la  composition  de  la  membrano 
idigitale  une  couche  de  tissu  conjonctif,  des  vaisseaux  et  des  nerfs. 

<dilé  joue  dans  la  production  de  k  syndactylie  un  rùle  tout 
i  important  que  celui  qu'elle  a  dans  la  polydactylie.  Berigny  (1)  a 
naniqué  â  l'Académie  des  sciences  un  fait  de  syndactylie  qui  avait 
^îslé  dans  cinq  générations  successives.  A  part  l'influence  de  l'bérédité. 
l^liologie  de  la  syndactylie  est  ignorée.  Cette  anomalie,  en  somme,  n'est 
<|Uo  la  persistance  d'un  état  fœlal. 

s  compléterons  l'étude  des  malformations  des  doigts  pur  l'iudica- 
lide quelques  autres  diiïormités  particulières  à  ces  appendices. 
Il  brackydaclytie  est  une  anomalie  caractérisée  par  un  i-accourcisso- 
U  plus  ou  moins  considérable  des  doigts,  causé  par  l'absence  d'une 
B]  Bmiic;>y,  t'ai  de  palwidaclylisme  (Compt.  rend.  Acail.  des  jc,  3  ooi.  1863,  ri 
Atf.»  11.745, 1863). 


t72  ■       ànatohie  pathologique. 

ou  de  deux  phalanges  (lig.  5ù  et  55).  Celte  anomalie,  relativement  nn, 
peut  aiïecter  tous  les  doigts  ou  seulement  quelques-uns  d'entre  eoi; 
elle  parait  susceptible  de  se  transmettre  par  hérédité.  Les  doigts  ani- 


FiG.  SA.  —  Bracbïdactjlifl, 
face  palmaire ,    main  faucha. 

quels  il  manque  des  phalanges  sont  plus  courts,  mais  leurs  mouvements 
sont  normaux. 

La  macrodactylie,  autre  vice  de  conformation,  caractérisée  par  l'aug- 
mentation du  nombre  des  phalanges  d'un  ou  de  plusieurs  doigts,  est  un 
fait  rare  et  qui  mérite  peu  de  nous  arrêter.  La  mégalodactylie  ou  hyper» 
trophie  congénitale  des  doigts  est  plus  commune.  Les  doigts  médians  tsa 
sont  le  siège  le  plus  habituel,  et  assez  souvent  celte  difformité  s'étend  i 
une  certaine  portion  ou  à  la  totalité  du  membre,  de  telle  sorte  que  celui- 
ci  s'allongequetquefois  considérablement.  Toutes  les  parties  constituantes 
du  doigt  participent  à  cet  accroissement  de  volume,  qui  sera  étudié  lorsque 
nous  traiterons  des  hypertrophies. 

m. —  Picdi  boti  coDgdoitaui. 

Le  nom  générique  de  pied  bot  sert  à  désigner  toute  dilTorraité  du  pied 
caractérisée  par  une  déviation  permanente  de  sa  face  plantaire,  quelles 
qu'en  soient  la  nature  et  l'origine. 

On  reconnaît  généralement  quatre  variétés  principales  de  pied  bot  :  le 
pied  bol  varus,  que  caractérise  une  adduction  forcée  avec  déviation  de  la 
plante  en  dedans  ;  le  pied  bot  valgus,  qui  est  produit  par  une  abduc- 
tion forcée  et  une  déviation  de  la  plante  en  dehors  ;  le  pied  bot  équîn, 
causé  par  une  extension  forcée  avec  déviation  de  la  plante  en  arrière  ;  le 
pied  bot  talus  ou  calcanéeo,  que  détermine  une  Hexion  forcée  avec 
déviation  de  la  plante  en  avant.  Ces  dilTérentes  variétés  sont  susceptibles 
de  se  combiner  deux  à  deux,  et  l'on  comprend  qu'elle.s  peuvent  donnw 


M,\LFOnMATIONS.  175 

dterormês  mixtes  plus  ou  moins  nombreuses  ;  ^ênérateraeul 
ennis  s'associe  à  l'équiD,  le  vaigns  au  talus. 

U-pied  bol  peut  être  congénital  ou  acquis.  Le  pied  bot  congitnital,  qui 
doit  seul  nous  occupe^ici,  n'est  point  un  vice  très-rare.  La  statistique 
des nnissanccs  faites  à  la  Maternité  de  Paris,  de  1858  à  1867,  donne  un 
pipdbol  sur  1903  naissances.  Lo  pied  bol  rarus  constitue  la  variété  de 
Iteaiicoup  la  plus  fréquente.  Sur  76&  cas  de  pied  bot  congénital  observés 

i  IhApilal  orthopédique  de  Londres,  Tamplin  comptait  : 


V 


double 

'    droit  H  vilgui  gnucbe 

I    gaucliii  cl  v«lgu»  lirait 

(l'un  pied  et  lalui  de  l'sDtre,.. 

compJiqui*  d'nutrci  dilTormitéi  des  membrei. 


Tilni 19 

l«s modifications  anatomiques  i-encontrées  chez  les  individus  affectés 
lit  (lied  Iwt  portent  sur  divers  appareils  qu'il  nous  faut  envisager  suc- 
<%ivement;  ce-  sont  les  appareils  osseux,  musculaire  et  nerveux. 

Ih  allérations  du  squelette  sont  constantes  et  se  présentent  sous  des 
«pedï différents  suivant  la  variété  de  pied  bot. 

Dans  le  pied  bot  varus  congénital,  la  dérormation  est  caractérisée  par  l'ad- 
iluclron  di-  l'avant-iiied,  Vélévalion  du  bord  inlerae  du  pied  avec  renver- 


I 


Fie.   57.  AilTBgnlc  d'un  pind  bot  varuB  acquii. 
Allât  d'nnaiomie  pathologique. 

'^""■XA  de  sa  plante  en  dedans,  l'extension  dt-  l'arrière-pied  avec  élévation 
'"  Islon.  A  cette  déformation  correspondent  des  déviations  articulaires  et 
^'^  dtifarmations  osseuses  toujours  les  mêmes.  L'astragale  est  dans  la 
''''"  (trandc  extension  possible  sur  les  os  de  la  jambe ,  la  partie  posté- 


\lll  ANATOIIIE  PATHOLOGIQUE. 

rieure  seule  de  sa  poulie  se  trouve  en  rapport  avec  le  tibia,  comme  i 
arrive  d'ailleurs  dans  le  pied  bot  varus  acquis  (fîg.  57).  Généralemeitf 
la  partie  externe  de  la  poulie  astragalienne  est  articulaire,  tandis  que  II 
partie  interne  est  séparée  du  tibia  et  de  sa  inaHéole  par  un  ligameiK 
interosseux  interposé  entre  les  surfaces  articulaires.  La  face  posté- 
rieure de  cet  os  est  aplatie,  réduite  à  un  bord;  son  col  est  fortem^t in- 
cliné en  bas  et  en  dedans,  et  sa  facette  scaphoîdienne,  au  lieu  d'éCre 
terminale,  est  devenue  latérale  et  regarde  en  dedans  et  en  arrière. 

Le  calcanéum  présente  une  double  incurvation  ;  il  est  comme  torda  sur 
lui-même.  Sa  tubérosité  est  portée  en  haut  et  en  dehors,  d'où  élévation  et 
raccourcissement  du  talon.  Sa  face  interne  est  devenue  concave  et  décrit 
une  courbe  regardant  en  haut  et  en  dedans.  Sa  face  externe  est  convexe, 
et  par  sa  partie  antérieure  elle  appuie  sur  le  sol.  En  même  temps,  son 
grand  axe  est  devenu  transversal  par  rapport  à  Taxe  de  la  jambe. 

Ces  déformations  ne  se  produisent  pas  sans  amener  de  notables  modi- 
fications dans  la  configuration  de  l'articulation  sous-astragalienne. 
Celle-ci  présente,  du  côté  de  l'astragale,  une  surface  fortement  concave 
d'avant  en  arrière ,  oblique  de  haut  en  bas  et  de  dehors  en  dedans, 
continuée  en  dehors  par  deux  facettes  formées  aux  dépens  de  la  malléole 
externe  et  du  bord  inférieur  de  la  face  postérieure  du  tibia;  du  côté  do 
calcanéum,  une  surface  convexe  d'avant  en  arrière,  oblique  aussi  mi  bis 
et  en  dedans,  est  formée  aux  dépens  de  la  face  interne  de  cet  os,  detemif 
supérieure,  tandis  que  sa  facxi  supérieure  est  devenue  antérieure.  Ce  n'est 
qu'en  arrière,  en  haut  et  un  peu  en  avant,  que  ces  os  se  correspondent 
par  des  surfaces  cartilagineuses;  en  avant,  ils  sont  reliés  par  un  ligament 
interosseux  résistant.  Signalons  une  nouvelle  cavité  articulaire,  limitée 
en  dehors  et  en  avant  par  la  facette  scaphoîdienne  de  l'astragale,  en  haut 
et  en  dedans  par  une  facette  de  nouvelle  formation,  creusée  aux  dépens 
de  la  malléole  tibiale.  Entre  ces  deux  facettes  est  une  dépression  où  s'in- 
sèrent des  ligaments  qui  divisent  en  deux  parties  cette  cavité  qui  reçoit 
le  sc^phoîde  devenu  longitudinal.  Dans  les  cas  graves,  une  articula- 
tion supplémentaire  se  trouve*  encore  entre  le  sommet  de  la  malléole  et 
le  premier  cunéiforme. 

La  déviation  du  calcanéum  ayant  pour  effet  de  porter  eu  dedans  la 
facette  cuboîdienne ,  au  lieu  de  la  porter  en  avant ,  le  cuboîde  se 
trouve  dirigé  d<^  dehors  en  dedans,  et  sa  face  dorsale  est  devenue  anté- 
rieure et  même  inférieure.  Les  cunéiformes,  le  métatarse  et  les  phalanges 
n'ont  que  leur  direction  déviée  ;  leur  forme  est  absolument  nonnate* 
Néanmoins,  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  ces  os  ou  les  cartilages 
qui  les  représentent  sont  moins  développés  que  sur  un  pied  sain  du  même 


MALPORMATIONS. 


175 


ige.  L'atrophie,  et  cette  remarqne  s'applique  aussi  au  cuboîde,  semble 
porter  sur  leur  face  plantaire  plutôt  que  sur  leur  face  dorsale,  ce  qui 
s'accorde  avec  la  moindre  largeur  et  la  convexité  généralement  plus 
prononcée  de  la  plante  du  pied. 

Chez  l'individu  qui  a  marché,  on  constate  en  outre  une  subluxation 
du  cuboîde  sur  le  calcanéum,  accompagnée  de  la  torsion  de  cet  os,  d'aug- 
mentation de  la  convexité  de  sa  face  dorsale,  dc^venue  externe  et  inférieure. 
L'articulation  du  cinquième  métatarsien  est  reportée  en  bas  et  en  amère, 
sur  un  plan  postérieur  à  celui  des  autres  métatarsiens.  Dans  les  cas  gra- 
ves, U  en  est  de  même,  mais  à  un  moindre  degré,  de  l'articulation  du 
quatrième  métatarsien  :  d'où  augmentation  de  la  courbure  transversale 
de  la  voûte  plantaire.  Le  pied  bot  varus  congénital,  plus  ou  moins  plat 
ckez  le  nouveau-né,  devient  pied  creux  chez  l'adulte. 

Les  cartilages  articulaires,  dans  les  points  où  les  os  ne  se  correspondent 
plus,  se  modifient  et  disparaissent  peu  à  peu  avec  les  progrès  de  Tàge. 
Les  ligaments  affectent  une  disposition  conforme  aux  nouveaux  rapports 
que  les  os  ont  contractés  entre  eux.  Les  ligaments  de  la  face  dorsale  du 
pied,  ceux  de  la  partie  antérieure  de  la  capsule  tibio-tarsienne,  les 
ligaments  dorsaux  du  tarse,  sont  allongés  ;  mais  les  ligaments  postérieurs 
€t  internes  qui  maintiennent  le  calcanéum  relevé  contre  les  os  de  la 
jambe,  les  ligaments  plantaires  sont  plus  serrés  et  plus  résistants  que  sur 
un  pied  bien  conformé  du  même  âge  ;  ils  sont  les  principaux  obstacles  à 
la  réduction.  L'aponévrose  plantaire,  chez  le  nouveau-né  atteint  de  pied 
bot  congénital,  esi  généralement  raccourcie  par  suite  du  rapprochement 
de  ses  insertions,  mais  amincie  et  atrophiée  comme  les  autres  parties 
de  la  plante.  Chez  l'adulte,  elle  est,  au  contraire,  solide,  épaisse,  for- 
tement tendue. 

Le  squelette  de  la  jambe  présente  des  déformations  peu  sensibles 
<Mi  même  nulles  à  la  naissance,  plus  prononcées  chez  l'individu  qui  a 
nuirché.  C'est  une  torsion  du  tibia,  pouvant  aller  jusqu'à  près  de  80«,  par 
laquelle  la  malléole  interne  se  porte  en  avant,  le  bord  antérieur  de  la 
nxHtaise  en  dehors.  Le  péroné,  très-gréle,  suit  ce  mouvement,  sa  mal- 
léole tend  à  devenir  postérieure.  En  môme  temps,  cet  os  s'incurve  en 
isiansy  s^applique  contre  le  tibia,  de  manière  à  rétrécir  considérable- 
ment l'espace  interosseux.  M.  Cruveilhier  a  signalé  dans  ces  cas  des 
déformations  du  genou^  l'usure  des  cartilages  des  condyles  externes  du 
^ur  et  du  tibia,  du  cartilage  semi-lunaire  interposé  et  même  des  cou- 
<Acs  osseuses  sous-jacentes. 

Dans  le  valgus  congénital,  les  déformations  osseuses  sont  moins 
accosées  que   dans  le  varus  ;   la  tubérosité  calcanéenne   est  généra- 


176  ANATOMIB    PATHOLOGIQUE. 

lement  élevée,  mais  l'incurvation  du  calcanéum  est  moins  prononcée. 
L'astragale  est  étendu  sur  la  jambe  ;  il  semble  projeté  en  bas  et  en 
avant  ;  la  partie  antérieure  de  sa  poulie  n'est  plus  en  rapport  avec  la 
mortaise  jambière,  et  sa  tète  proémine  au  côté  interne  de  la  face  dorsale     i 
du  pied.  Le  scaphoïde  a  subi  un  mouvement  de  rotation  de  dehors  en 
dedans  ;  son  extrémité  supérieure  s'est  élevée,  sa  tubérosité  est  descen-     j 
due,  entraînant  avec  elle  le  bord  interne  du  pied.  Le  cuboîde  a  épranvé     | 
une  torsion  analogue,  ayant  pour  eiïet  de  relever  sa  face  externe.  Les  cu- 
néiformes et  les  métatarsiens  bien  conformés,  examinés  individuellement, 
prennent  la  direction  qui  leur  est  imposée  par  les  déviations  des  os  de 
Tarrière-pied.  Ces  déviations  ont  pour  effet  de  diriger  la  plante  en  dehcov 
et  en  même  temps  d'effacer  la  concavité  de  la  voûte  plantaire  ;  bien  plus* 
la  cojicavité  longitudinale  normale  est  remplacée  par  une  convexité,  tl 
est  rare  que  la  déviation  se  borne  à  faire  regarder  la  plante  en  dehors;  1^ 
plus  souvent,  il  s'y  joint  une  flexion  du  pied,  surtout  de  sa  partie  anté--^ 
rieure,  sur  la  jambe.  Du  reste,  les  ligaments  calcanéo-scapholdién  e^ 
astragalo-scaphoïdien  et  les  ligaments  plantaires  du  tarse  sont  généra—-* 
lement  allongés.  Le  valgus  congénital  se  complique  fréquemment  d(r^ 
l'absence  de  quelques  parties  du  squelette,  notamment  d'un  ou  de  plu-— 
sieurs  orteils  et  de  leurs  métatarsiens. 

Le  pied  bot  équin  est  la  variété  que  l'on  observe  le  plus  fréquemm^t- 
parmi  les  pieds  bots  acquis,  pied  bot  équin  pur  ou  pied  bot  équin  varos. 
Son  existence  au  moment  de  la  naissance  a  été  mise  en  doute  par  plu — 
sieurs  médecins  ;  cependant  on  en  trouve  dans  les  auteurs  quelques  exem--^ 
pies  qu'il  est  difficile  de  récuser.  Dans  ces  cas,  le  calcanéum  n'est 
élevé  en  masse,  sa  tubérosité  forme  un  angle  droit  avec  l'axe  de 
jambe,  et  l'astragale  est  dans  la  plus  grande  extension  possible.  I^  partii 
antérieure  de  la  poulie  de  cet  os  est  en  avant  des  os  de  la  jambe,  son_ 
col  incliné  directement  en  bas.  Ainsi  déplacé,  il  comprime,  il  écraser 
pour  ainsi  dire  le  calcanéum,  dont  l'extrémité  antérieure  devient  obliquer 
au   lieu   de   regarder  directement    en  avant.    Les  os  de    la  seconder" 
rangée  du  tarse  sont  fléchis  sur  ceux  de  la  première,  les  métatarsien^ 
sur  ceux  de  cette  seconde  rangée.  Avec  cette  disposition  concorde  une: 
élongation  des  ligaments  dorsaux,  un  raccourcissement  des  ligaments 
plantaires. 

Le    pied    bot   équin  présente  divers  degrés,   et  c'est  de  son  degrmm 
extrême,  décrit  d'abord  par  Stolz,  que  Duval  a  voulu  faire  une  espèce  s3 
part,  sous  le  nom  de  strephypopodie,  ou  déviation  du  pied  en  dessous» 
Dans  cette  variété,  le  pied  est  complètement  retourné;  le  malade  marcl^ 
sur  la  face  dorsale  du  pied,  tandis  que  les  orteils  sont  relevés,  leur  fa 


MALFORMATIONS.  i  77 

plantaire  appliquée  contri;  la  face  postérieure  de  la  jambe.  L'astragale  est 
subluxé  sur  la  jambe,  placé  dans  la  plus  grande  extension  possible  ;  le 
scaphoîde  et  le  cuboîde  sont  luxés  sur  l'astragale  et  le  calcanéum,  et  c'est 
surtout  leur  face  dorsale  qui  constitue  la  base  de  sustentation  du  tronc 

Dans  le  pied  bot  talus  congénital ,  les  os  sont  déviés  plutôt  qu  altérés. 

L'astragale  est  fléchi  sur  la  jambe;  la  partie  antérieure  de  sa  poulie  est 

aplatie  contre  la  mortaise  tibio-péronière  ;  la  partie  postérieure,  élargie, 

dépasse  beaucoup  cette   mortaise   en    arrière.   Le  calcanéum    semble 

avoir  glissé  d'avant  en  arrière  sous  l'astragale,  sans  modification  de  sa 

fntne.  Il  en  est  de  même  des  os  de  l'avant-pied,  qui  ont  conser\'é  leurs 

rapports  normaux  entre  eux  et  avec  les  os  de  la  première  rangée  du 

tarse.  Mentionnons  enfin  certains  cas  exceptionnels  de  pieds  bots  dans 

lesquels  le  vice  de  conformation  existait  avec  l'absence  totale  ou  partielle 

du  tibia  et  du  péroné,  d'un  ou  plusieurs  os  du  tarse,  du  métatarse,  d'un 

ou  plusieurs  orteils. 

Les  altérations  musculaires  sont  importantes  à  noter,  en  pareil  cas,  en 
raison  de  l'influence  pathogénique  qui  leur  a  été  attribuée.  Ces  altérations 
uesont  ni  constantes,  ni  toujours  identiques;  elles  consistent  le  plus 
souvent  dans  une  simple  atrophie,  qui,  du  reste,  s'observe  en  général 
dans  tous  les  organes  d'un  membre  alîecté  de  pied  bot.  Outre  cette  atro- 
phie, il  existe,  mais  plus  rarement,  une  dégénérescence  granulo-grais- 
seuse  ou  simplement  graisseuse  des  muscles.  Dans  les  cas  où  ces  organes 
étaient  modifiés,  l'altération  poilait  sur  tous  les  muscles  de  la  jambe 
ou  seulement  sur  quelques-uns  d'entre  eux,  et  alors  la  lésion  frappait 
tantôt  ceux  qui,  par  une  augmentation  de  leur  énergie,  auraient  pu  pro- 
voquer la  production  de  ladifformité,  tantôtceux  qui  s'y  seraient  opposés. 
Remarquons  qu'il  s'agit  seulement  ici  des  pieds  bots  examinés  à  la  nais- 
sance, non  de  ceux  que  l'on  a  pu  observer  chez  l'adulte. 

Le  système  vasculaii'e  des  membres  alTectés, de  pied  bot  n'offre  aucune 
altération. 

Le  système  nerveux  nous  présente  deux  ordres  de  faits.  Fréquemment 

fe  pied  bot  accompagne  certaines  malformations  des  centres  nerveux  : 

acéphalie,  anencéphalie ,  dérenct'phalie ,  spina-biGda,  etc.;  mais  il  faut 

remarquer  que  si,  dans  les  cas  de  malfonnation  grave  telle  que  l'aa'î- 

phalie,   par  exemple,  cette  coïncidence  est  la  règle»,  il  n'en  est  plus 

de  même  dans  les  autres  ;  il  y  a  au  moins  autant  de  cas  de  spina-bifida 

^8  pied  bot  qu'avec  pied  lK)t.  D'autres  fois,  il  n'existe  aucune  malfor- 

ïûalion,  appréciable  à  l'œil  nu,  du  système  nerveux.  La  moelle  épi- 

nicre  dans  ces  conditions  a  été  examinée  trois  fois  au  microscope. 

^ïdans  deux  cas  (obser>'.  de  Coyne  et  Troisier,   Archiv,  de  physîol., 

LAMcniEAUX.  —  Traité  d'Ânat.  !.  —  12 


178  ANATOMiE  PATHOLOGIQUE. 

1872  ;  Thorens,  thèse  de  Paris,  1873),  il  n'a  été  constaté  aucune  iésiou 
nen'euse  centrale  ;  dans  un  seul  (Michaud,  Archiv.  de  Physiol,,  1870), 
il  a  été  trouvé  deu?c  foyers  de  myélite  scléreuse,  Tun  dorsal,  Fautre 
lombaire,  qui  (mt  été  pris  pour  des   lésions  congénitales,  mais  qui 

9 

pourraient  bien  n'être  que  des  artifices  de  préparation.  Etant  donnés 
ces  faits,  il  est  difficile  d'accepter  l'opinion  suivant  laquelle  le  pied  bol 
congénital  serait  refl*et  d'une  rétraction  musculaire  consécutive  à  une 
lésion  intra-utérine  du  système  ner\'eux.  S'il  en  est  ainsi  dans  quelques 
cas,  il  faut  admettre  que  ces  cas  sont  au  moins  rares.  D'un  autre 
côté,  l'inconstance  de  l'altération  musculaire  ne  permet  pas  davantage 
d'attribuer  le  pied  bot  congénital  à  une  paralysie  de  certains  groupes  de 
muscles  de  la  jambe.  Par  conséquent,  on  se  trouve  conduit  à  invoquer, 
pour  expliquer  la  genèse  du  pied  bot,  une  pression  subie  par  le  fœtus 
dans  le  sein  maternel,  pression  résultant  de  l'action  de  la  paroi  utérine  ou 
d'une  mauvaise  position  prise  par  le  fœtus,  telle  que  certaines  parties 
généraient  le  développement  normal  de  certaines  auti*es.  Il  est  des  bits 
favorables  à  cette  théorie;  mais  là  où  elle  est  insuffisante,  il  faut,  suivant 
Thorens,  en  venir  à  l'idée  d'une  malformation  primitive  du  squeldte, 
inconnue  dans  sa  nature  intime,  existant  par  elle-même,  indépendam- 
ment de  toute  autre  lésion. 

Bibliographie.  —  Sheldrare,  Pract.  essay  on  the  club  foot  and  other  distorsOm 
in  thc  legs  and  feet  ofchildren.  Londres,  1798.  —  Wenzel,  Diss.  inawj,  meâ,di 
taJipedibtLs  varis.  Tubingue,  1798.  —  Scarpa,  Mem.  chir,  sut  piedi  tortim- 
génitif  etc.  Pavia,  1803;  trad.  franc,  par  Léveillé.  Paris,  180^.  —  Pâtissier, 
art.  Pied  bot  du  Dict,  des  se.  méd,  —  Paletta,  Exeixitationes  pathologicœ.  Blilan, 
1820.  —  Delpech,  Traité  de  Vorthomorphie,  Paris,  1827.  —  Dcpuytren,  LeçcM 
orales  de  clinique  chirwyicale,  t.  III,  1833.  —  Stromeyer,  Archives  général(^if 
méd.,  t.  IV,  1834  ;  ihid.,  t.   V,  1835.  —  Cruveiliiieb.  Atlas  d'anat.  path.  d* 
corps  humain,  t.  I,  livr.  2.  Paris,  1830-42  ;  Traite  d\mat,  path,  génér,  Paris, 
1849.  —  CuASSAiGNAc,  BtUl.  de  la  Soc.  anat.^  1834,  1836.  —  Held,  Disseti. 
sur  le  pied  bot.  Thèse  de  Strasbourg,  1836.  ^-  Little,  Treatise  on  the  nature  (f 
club  foot,  Londres,  1839.  —  Jules  Guérin,  Mém,  sur  Vètiologie  du  pied  ôo^co»- 
génital.  Paris,  1838  ;  Hém.  sur  les  diff,  variétés  de  pied  bot  congén.^  etc.  PariSi 
1839.  Voy.  aussi  BulL  de  VAradémie  de  méd.,  1838-1842;  Gaz.  médMe  Pnrv^, 
pnssim.  —  H.  Bouvier,  art.  Pied  bot,  dans  Dirt,  de  méd.  rt  de  chinirg.  pratiquei^ 
1836,  et  Mém.  de  VAcad.  dp  méd»,  t.  VII.  —  V.  Dr  val,  Traité  pratique  du 
pied  bot.  Paris,  1839;  3"  édit.  Paris,  1859.  —  Jaojuemin,  Variétés  du  pifd  M 
varus.  Thèse  de  Paris,  1842.   —  Petit-Jean,   Du  pied  bot.  Thèse  de  Paris, 
1843.  —  KoLESiNSKY,  Des  principales  variétés  dr  pied  équin.   Paris,  1843.  — 
r.nAPPELAiN,  Des  principales  causes  et  des  principales  espèces  connues  de  pit-d  M. 
Thèse  de   Paris,    1844.   ^   Morhissu.n,    Essai  sur  les  pieds  bots.    Thèse  àe 


»«■ 


MALFORMATIONS.  179 

Paris,  18/i7.  —  Bun,  BtdbUn  (le  la  Société  nnatom, ,  1852,  376.  —  HRf»cA, 
IhM,,  390.  —  RoMBEAU,  Ibid.j  fiiU,  Main  bot  radiale.  —  Kulenbijhg,  Urber 
Mttskcl  Paralysie  als  Ursacha  der  (iclenkverkrùmmuwjen  {Àrchiv  fur  path. 
inat.,  etc.,  t.  L\,  1855).  —  Michaux,  Sur  le^t  pinds  bots  {Bull,  de  VAcadém,  de 
méd.  (teBc/(/t^î/p,  1856).—  Yerneuil,  Bull,  de  la  Sot-,  auat.,  1858.  —  Tampun, 
^ritish  med.  Journ.j  1860.  —  Giraldês,  Levons  cliniques  sur  les  mala^ 
dies  chinoy,  des  enfants,  Paris,  1866.  —  Lanneloncîue,  Du  pied  bot  œntjém'tal. 
Thèse  d'agrégation.  Paris,  1869. —Bouvier,  art.  Main  bot,  dans  Dirt,  emycUypéd. 
'ies  sciences  médicales.  Paris,  1871.  —  \V.  Adams,  Club  foot  :  ils  causes,  patlio- 
logy  and  treatment,  l'«  édît,i86/i,  2-  4îdit  Londres,  1873.  —  J.  H.  Tiiokexs, 
l>upied  bot  varus  congénital.  Thèse  de  Paris,  1873. 

§  6.  —   .NANISME   ET  (;É\NTISME. 

!•  — Le  nanisme  est  une  anomalie  de    lYHrc  humain,    earaclérisée 
P»r  une  diminution  de  volume  de  toutes  les  parties  du  corps  et  par  l'exi- 
Suîté  de  la  taille.  Les  nains  sont  rarement  jumeaux,  ils  naissent  à  teime 
^^  mères  bien  conformées,  d'une  taille  ordinaire  ou  môme  élevée,  et  très- 
fécondes  ;  très-souvent  la  même  mère  a  domié  le  jour  k  deux  ou  à  plu- 
î^îeurs  nains.  Ceux-ci  sont  généralement  très-petits  k  leur  naiss4ince  ;  mais 
quelquefois  aussi  on  voit  des  enfants  nés  avec  des  dimensions  ordinaires 
s'arrêter  dans  leur  développ(»ment  et  rester  nains.  On  a  enfin  observé  des 
enfants  nains  qui,  vers  Tape  de  quinze  ans,  (;'est-k-dire  à  l'époque  de  la 
puberté,  se  sont  développés  i-apidement  ;  Tanomalie  n'était  alors  que  tem- 
poraire. I^a  taille  des  nains  varie  entre»  60  c«Mitimètres  et  1  mètre  20  cen- 
Viinètres  ;  leur  tête  est  proportionnellement  volumineuse,  leurs  jambes  sont 
courtes  et  souvent  présentent  des  traces  de  rachitisme.  Cesêtres  sont  en  gé- 
liéral  impuissants  avec  des  individus  de  taille  ordinaire  et  même  entre 
«ux,  comme  le  prouvent  les  expériences  tentét»s  par  Catherine  de  Médicis 
ci  par  l'électeur  de  Brandebourg.  Ils  supportent  difticilement  les  plaisirs 
4e  Tamour,  sont  irascibles,   vifs  et  turbulents,   cx)mme  les  hommes  de 
Petite  taille,  lis  se  rencontrent  dans  tous  les  pays,  notamment  dans  ceux 
dont  les  habitants  sont  |)etits  (1). 

(l)  Hérodote  a  signalé  Tcxistencc  d'un  peuple  nain  que  le  voyageur  allemand 
SchweinfurUi  prétend  avoir  retrouve  en  Afrique,  et  dont  il  fait  le  portrait  suivant  : 

«'Ce  qui  frappe  dans  la  tribu  des  Akka  ou  Tikku-Tikki,  c'est,  en  même  temps  que  le 
centre  proéminent  et  pendant,  l'extrême  ténuité  des  membres  comparativement  ù  la 
longaenrde  la  partie  supérieure  du  corps,  ténuité  jointe  à  une  étroitesse  et  une  petitesse 
fpmarqnable  des  articulations  de  la  main  et' du  pied.  Le  thorax,  trop  ouvert  en  bas,  est, 
^Qtre  les  épaules,  extrêmement  plat  et  comprimé  ;  le  dos  est  creux,  les  jambes  sont  arquées 
^t  les  tibias  ployét  en  dedans.  Le  cr&ne  présente  le  type  le  plus  complet  du  prognathisme 


180  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

Les  anciens  attribuaient  le  nanisme  à  un  défaut  de  qualité  de  la  liqueur 
séminale,  mais  les  modernes  en  ont  donné  une  explication  plus  satisfai- 
sante en  le  rattachant  à  un  obstacle  apporté  à  la  nutrition  et  au  dévelop- 
pement du  fœtus,  soit  par  une  mauvaise  conformation  de  la  mère,  soil 
surtout  par  une  maladie  survenant  dans  le  cours  de  la  vie  embn'onnaire 
ou  fœtale.  Cependant  on  s'explique  peu  sur  la  nature  de  cette  maladie,  et 
beaucoup  de  femmes,  mères  de  nains,  ayant  eu  des  enfants  bien  confor- 
més, il  est  difficile  de  trouver  dans  Tutérus  la  cause  du  nanisme.  L'expé- 
rimentation a  tenté  à  cet  égard  des  recherches  qui  demandent  à  être 
continuées.  Et.  GeofTrov  Saint-Hilaire,  avant  secoué  dans  le  sens  de  Taxe 
des  œufs  qu'il  plaçait  ensuite  sous  la  poule,  a  obtenu  des  poulets  bien 
conformés  dans  tout  leur  corps,  mais  offrant  un  arrêt  général  et  très- 
marqué  d'évolution  qui  permettait  de  les  assimiler  à  des  nains.  Darestea 
observé,  sur  des  œufs  de  poule  soumis  à  une  incubation  artificielle, 
qu'une  élévation  anormale  de  la  température  pendant  la  première  période 
du  développement  de  l'embryon,  tout  en  hâtant  le  travail,  tend  à  diminuer 
la  taille  finale  des  individus  et  à  produire  des  nains.  Suivant  cet  habile 
expérimentateur,  il  existerait  une  certaine  relation  entre  la  précocité  du 
développement  embryonnaire  et  le  nanisme. 

Bibliographie.  —  Halleu,  fJèm,  phys.^  t.  VIII,  pi.  II,  p.  U5.  —  BuFFWtt 
Ilist,  nat.y  suppl.,  IV,  p.  600.  —  Ploucquet,  Repertoriitm,  art.  Pygmaceos- 
—  Jaucourt,  art.  Nains  de  VEncydopidie.  —  Virey,  Ilist.  nnt.  du  yenreh»- 
maiHy  t.  II.  — CiiANGEux,  Journ.  de  phys.,  suppl.,  1778,  t.  XIIL  —  Diputthes. 
BulL  de  la  Ftic.  de  méd,^  t.  1  et  IL  —  Ciiaussier  et  Adeix)n,  Dict.  des  se.  fnàl.^ 
t.  XXXIV,  p.  210.  —  Jaeger,  Vergleich.  eùwjcr  Kinder  und  Zwciye,  1821.— 
yuETELET,  Lettres  sur  la  théorie  des  probabilités  et  BulL  de  l'Acad,  de  Bnwe//rf. 
1'*  série,  t.  XVII,  1850.  —  Is.  (Geoffroy  Saint-IIilaire,  Histoire  desanomilie^ 
fh  roryanisation,  t.  1,  p.  1/jO.  —  Daueste,  Noir  sur  une  série  de  rech.  exfén' 
ment,  rclat.  à  la  térat,  [Ann.  des  se.  nat.y  5' série,  1868,  t.X,  p.  131). 

II.  —  L'anomalie  désignée  sous  le  nom  de  géantisme  est  caractérisée 
par  un  accroissement  de  volume  et  de  taille  qui  dépasse  de  beaucoup  le$ 
dimensions  moyennes  de  l'espèce,  dimensions  que  Ton  peut  évaluer  ao 

et  aiïectc  In  forme  spliériquc.  Los  lèvres  sont  très-longues  et  l'obliquité  du  menton  Itfbi^ 
paraître  d'autant  plus  proéminentes.  La  peau  est  d'un  rouge  de  cuivre  ainsi  qa<^  tff 
cheveux,  très-crépus,  courts  et  peu  abondants,  assez  semblables  à  de  l'éloupe  fW* 
dronnée.  » —  La  taille  des  Akka  est  de  1  m.  30  à  1  m.  50  ;  celle  des  Obongos,  lutfenw 
africaine  pigmée,  découverte  par  Duchailu,  dans  les  régions  du  Gabon,  mesure  tu  miV' 
mum  1  m.  506,  au  miuimum  1  m.  306.  Au-dessous  de  ces  races  se  trouTcnt  enfin  i'^ 
Mincopies  (maximum  1  m.  h^O,  minimum  1  m.  370)  et  les  Bocbismcn  (vùmsxba^ 
1  m.  445,  minimum  1  m.  là). 


MALFORMATIONS.  181 

niîixiinum  pour  Thomme  à  6  ou  7  pieds.  Les  fîéanls  onl  en  général  7  à 
S   pieds,  très-rareraenl  8  1/2  ou  9  ;  ils  sont  lymphatiques,  peu  robustes  et 
délicats,  souvent  même  ils  sont  mal  conformés  et  surtout  mal  propor- 
lîoBnés.  L'accroissement  de  leur  volume  se  manifeste  dès  la  naissance 
ou  seulement  pendant  Tenfance  ;  il  est  très-rapide,  mais  en  général  le  corps 
ïi  "atteint  son  plus  haut  degré  de  développement  qu'après  la  puberté.  Le  cn\ne 
ae  dépasse  pas  les  limites  noi-males,  et  les  os  crâniens  seulement  acquiè- 
rent parfois  un  épaississement  extraordinaire.  Im,  tète  est  relativement 
petite,  et  les  extrémités  inférieures  ont  la  prépondérance  dans  l'accroisse- 
ment de  la  taille;  mais  quelquefois  aussi  le  thorax  et  les  extrémités  supé- 
rieures se  font  remarquer  par  un  volume  (!onsidérable.  Les  viscères 
thoraciques  et  abdominaux  peuvent  prendre  part  à  l'augmentation  de 
volume   des  autres  parties,  mais  jamais  le  cerveau.  Les  géants,  du 
i"este,  ont  une  intelligence  très-bornée,  et  quelques-uns  même  sont  presque 
idiots.  Malgré  Taccroissement  des  os  et  des  muscles,  ils  ont  un  tissu  cel- 
iulo^dipeux  abondant  ;  ils  sont  sans  activité,  sans  énergie,  peu  résistants 
à  la  fatigue,  et,  de  même  que  les  nains,  ils  sont  ordinairement  impuissants 
^l  Irès-promptement  énervés  par  les  plaisirs  de  l'amour.  Les  deux  sex(»s 
sont  à  peu  près  également  prédisposés  au  géantisme,  mais  cette  anomalie 
^st  toujours  moins  accusée  chez  la  femme  que  chez  l'homme.  Lt^  géan- 
**sii)e  s'observe  chez  tous  les  peuples  de  la  terre,  de  préférence  chez  ceux 
^lUi  ont  une  grande  taille  ;  il  est  très-rare  chez  les  animaux.  Les  géants, 
^Omme  les  nains,  meurent  de  bonne  heure,  mais  par  des  raisons  diffé- 
**^iites  :  ils  périssent  épuisés,  pour  ainsi  dire,  après  avoir  achevé  leur 
^*apide  croissance  et  quelquefois  même  avant  de  l'avoir  tenninée. 

Le  mode  de  production  du  géantisme  nous  est  inconnu.  La  plupart  du 
^mps  les  parents  des  géants  ont  une  taille  ordinaire,  et  dans  de  rares  cas 
Seulement  tous  les  enfants  d'une  même  famille  sont  affectés  de  celle  con- 
formation vicieuse.  Le  cas  de  l'évêque  Berkeley,  qui  serait  parvenu  à 
déterminer  artificiellement  cette  anomalie  chez  un  jeune  garçon  (Mac- 
Grath),  ne  peut  être  accepté  ;  il  tendrait  à  prouver  que  le  géantisme,  con- 
irairenient  à  ce  que  Ton  sait,  peut  se  produire  pendant  l'enfance  et  qu'il 
n'est  pas  forcément  le  résultat  d'un  vice  particulier  aux  premières  phases 
du  développement. 

Bibliographie.  —  Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  part.  2,  livr.  I,  chap.  i.  — 
Hauer,  Êlém.  phys.,  t.  VIII,  2,  p.  ^»0. —  Buffon,  Hist,  wit.,  suppl.,  IV,  p.  397. 
' —  ViREY,  [Hct.  des  se.  mêd.,  (ifiANTs. —  Ciiaî'ssif.r  et  Adelon,  Ibvl.,  MoNSTumsi- 

'"^.  "-  Gaetaxo  d'Ancora,  Mrm,  délia  Soc.  itai ,  1792,  t,  VI.  —  Quetelet,  Ld- 

'»^  siif  la  théorie  des  probabilités. 


ANATOMIE   lVVTilÛ1.0l,H}l'E, 


S  7.  —  nÉTiiririT.vxiEs. 

Los  héléroUlxies  conslituoiil  un  pruupe  d'anomnlies  cnrnck-riMyt>»  pM 
il^B  cliaiigL'nieiits  iluus  la  silimtioa  des  organes,  sans  altération  de l> 
|>OBÎtion  relative  et  des  connexions. 

Ces  aiiomalies  peuvent  aDccter  le  corps  tout  «'iilier  de  l'i^tre  ou  sculc- 
ment  les  vîscèrrs  lhorBn(|ues  et  abdominaux.  L'inversion  générale  m  se 
renuoiltn.^  que  ehei;  des  êtres  dont  la  Forme  n'est  pas  symétrique,  comme 
certaines  espèces  de  poissons  «tde  mollusques.  Ainsi  il  n'est  pa.<inirpde 
rencontriT  des  poissons  pleurmiecles,  comme  le  turbot,  portant  du  tOii 
droit  leurs  deux  jeux,  qui  normalement  se  trouvent  du  cùté  gau(^,iH 
encore  des  escargots  dont  In  coquille  tourne  en  sens  inverse  ;  c'est  YM 
normal  dans  un  miroir. 

L'invei-sion  splanchnique  s'obseiTo  au  contraire  chez  l'homme,  mo- 
ment chez  les  mammiTères.  La  transposition  dos  viscères  chez  rboDunti 
été  rpncontréc  Ji  des  iigcs  difTt^ntt  te 
la  vie,  dans  l'enfance  et  ju.'tque  dant 
la  vieillesse;  quelquefois  die  n's ^ 
I  découverte  que  pr  hasard  et  i  l'iu- 
lopsie  chez  des  personnes  qui  n'svaifnl 
pas  paru  en  soulfrir.  Cctii.'  aiioniillt 
l»ar  conséquent  est  tout  II  fait  wffl- 
palible  avec  l'existence.  Elle  conii(f 
dans  un  changement  de  lieu  des  ris- 
cèi-es  ihoi-aciques  et  abdominaut,  eu 
vertu  duquel  les  organes  situés  du» 
le  cùlé  droit  se  trouvent  du  cS* 
^'auclie,  et  réciproquement ,  linfe 
que  les  organes  médians  oat  inl* 
un  mouvement  de  rotation  d'api^ 
lequel  leurs  parties  droites  se  rcnwn- 
Ireiit  à  gauche  et  inversement  (lig.  S8l- 
Ainsi  le  |>oumon  gauche  jkiss^p  Iiw^ 
lobes,  tandis  que  le  poumon  droit  n'w 
a  que  deux.  Le  ca-ur  a  sa  pointe  tournée  à  droite,  et  sa  face  postèriinii'' 
est  devenue  antérieure.  Les  veines  caves  se  déversent  dans  les  rati"* 
gauches,  d'où  émane  l'artèrti  pulnionairt\  Les  veines  pulmonain^  * 
rendent  dans  les  cavités  droites  qui  donnent  Daissunceii  l'anrt«. 


Kl<S.  5S.  —  Tnntpoailiou  géiitTide  <\et 
vjieèrH(d'»pr6*uncraqui«du(locL£ur 
Beaunii).  n  cieur, b fuie. r inte, il ap- 
pundico  verniiturnie. 


MALFORMATIONS.  183 

vaisseau  se  porte  d'abord  do  droite  à  gauche,  croise  l'artère  pulmonaire, 
dont  la  direction  est  inverse,  et  descend  à  droite  de  la  colonne  vertébrale 
el  de  l'œsophage.  Dans  la  cavité  abdominale,  le  foie  occupe  Thypochondre 
^s^aucbe,  son  lobe  gauche  a  la  forme  et  le  volume  d'un  lobe  droit  normal, 
il  porte  la  vésicule  biliaire,  reçoit  les  vaisseaux,  et  son  lobe  droit  est  sem- 
blable au  lobe  gauche  du  foie  ordinaire.  La  grosse  tubérosité  de  l'estomac, 
le  cardia  et  la  rate  sont  situés  dans  l'hypocbondre  droit;  le  duodénum, 
à  partir  du  pylore,  est  dirigé  vers  la  gauche;  le  jéjunum  occupe  surtout  le 
c^té  droit  et  l'iléon  le  côté  gauche;  le  cœcum  et  le  colon  ascendant  sont 
placés  à  gauche,  tandis  que  le  côlon  descendant  et  le  rectum  sont  à  droite. 
Cette  transposition  avec  conser^'ation  des  rapports  réciproques  ne  déter- 
mine aucun  trouble  fonctionnel.  Peu  fn^quente  chez  l'homme,  elle  est  plus 
rare  encore  chez  les  mammifères  ;  Goubaux  l'a  observée  une  fois  chez  le 
cheval. 

L'inversion  des  viscères  a  été  pendant  longtemps  l'un  des  plus 
forts  arguments  en  faveur  de  la  doctrine  de  la  monstruosité  originelle 
soutenue  par  Winslow,  Haller  et  Meckel.  Serres  a  essayé  d'expliquer  les 
hêtérotaxies  par  le  développement  inégal  des  deux  lobes  du  foie  primiti- 
vement égaux  :  le  lobe  gauche,  se  développant  plus  que  le  lobe  droit, 
entraînerait  la  transposition  des  viscères;  mais  cette  explication  est 
insuffisante.  Suivant  Dareste,  l'inversion  des  viscères  ne  commence 
^  se  manifester  qu'à  une  certaine  époque  de  la  vie  embryonnaire,  au 
nrioment  où  le  cœur,  d'abord  placé  au-dessous  de  la  tète,  vient  faire 
î^illie,  sous  la  forme  d'une  anse  contractile,  au  côté  droit  de  l'embrjon 
*^ncore  couché  à  plat  sur  le  vitellus.  Elle  résulte  de  l'inégalité  de  déve- 
loppements des  deux  blastèmes  cardiaques  qui  précèdent  la  formation  du 
cceur.  Dans  l'état  normal,  le  blastème  cardiaque  droit  se  développe  plus 
que  le  gauche  et  détermine  ultérieurement  l'incurvation  de  l'anse  car- 
diaque à  la  droite  de  l'embt^on,  puis  le  retournement  de  l'embryon  sur 
le  côté  gauche.  Dans  l'inversion  des  viscères,  le  blastème  cardiaque  gauche 
se  développe  plus  que  le  droit,  d'où  résultent  l'incurvation  de  l'anse  car- 
diaque à  la  gauche  de  l'embryon,  et  le  retournement  de  celui-ci  sur  le 
eVjié  droit. 

L'inversion  des  viscères  peut  être  du  reste  artificiellement  produite 
chez  des  embryons  de  poule.  Pour  cela,  Dareste  place  des  œufs  de  façon 
que  leur  axe  soit  dans  une  situation  oblique  par  rapport  à  Taxe  des  tuyaux 
de  chauffe  d'une  couveuse  artificielle,  et  que  leur  pôle  aigu  soit  plus  élevé 
que  leur  pôle  obtus;  puis,  la  température  du  point  de  chauffe  étant  main- 
tenue entre  /il*  et  /i2%  et  cellr  de  la  pièce  où  se  fait  l'incubation  subissant 
^ne  oscillation  de  12"  à  Uy\  il  parvient  à  produire  un  excès  de  dévelop- 


18&  ANATOMIB  PATBOLOGIQUE. 

pement  à  la  gauche  do  l'embryon,  et  par  suite  une  inversion  organiqu 
Mais,  dans  cette  expérience,  les  poulets  sont  toujours  bydrapiques  et  V 
n'a  pu  jusqu'ici  les  faire  éclore  ;  néanmoins  cette  pathogénie  ooncoiA 
h  faire  rentrer  les  hétérotaxies  dans  la  classe  des  malformations. 

BiBUOGRAPHiB.  —  J.  RioLAN,  Opuscidu  vurtu  et  iiova^  1652."— Morand,  Histo^^  /^ 
de  VAcad.  des  sciences,  t.  II,  1688.  — M.  Baillib,  Phihsophical  Transact,,  17B  -9, 
—  Meckel,  Hand  dcr  pathol.  Anat.y  1816.  —  Béclard^  Bull,  de  la  Soc.  phUomc^mt. 

Paris,  1817.  —  Fournier,  art.  Cas  rares,  du  Dict.  des  se  méd.,  i.  IV,  1813. 

PouuN,  art.  Transposition  du  même  Dictionnaire,  t.  LV.  —  Wette,  De 
piscertnn  inverso  y  diss.  Berlin,  1827,  —  Herholdt,  Beschreib.  6  mensch.  Missge 


i830.  — Baer,  Entwickelwigsgesch.  der  Thiere^  I,  p.  51.  —  Ls.  Geoffroy  Sau 
Pilaire,  Hist.  des  anom.  de  Vorg,,  t.  Il,  p.  3.  — Valentix,  Eepertorium^  18^S7, 
p.  173.  — Bally,  Gaz.  méd.  de  Paris,  1835.  —  Pétrequin,  ibid.,   1837.         — 
Géby,  Bull,  de  VAcad.  de  méd.,  t.  VIF,  1842,  p.  509.  —  Delens,  Bévue  i?i«? 
eept.  18/i2.  —  Cambrelin,  Bull,  de  la  Svc,  de  méd.  de  Gafid,  voL  XXV,  1 
—  Charvet,  Archiv.  gén.  de  méd,,  fëvr.  1848.  —  Chapun,  The  Lancei,  n  ^t. 
1854.  —  Graiiner,  Beschreib.  ein.  Fall.,  etc.  Wûrzburg,  1854.  —  Legro  «ji, 
Gaz.  des  hopitauyi,  1856.  —  Wilde,  Disq.  qiiœd.  de  visceitim  intersione  htem^^al, 
Dorpat,  1856.  —  Weudmueller,  Schweitzer  Zeitschr.  f.  Med.,  1856,  (ieisc—    3. 
-^  Steinhausser,  Dissert,  inuwj.  Giesscn,  1860.  —  Goubaux,  Comptes   re^^id. 
de  la  Eoc,  de  biologie,  1854,  p.  28,  et  Gaz.  médicale,    1854,  p.  418.        — 
ScnuLTZE,  Arch.  f.  pathol.  Anat.,  t.  XXU,  1861.  —  C.  Dareste,  Gaz,  méd^     de 
Paris,  1859,  p.  165,  Compt.  rend.  Acad.  des  se,  t.  LIV,  1862;   t   LV,  ift^S, 
et  séances  du  24  avril  1868,  du  4  avril  1870.  —  Mayer,   A^xh.  f.  p^^th. 
Anat.,  t  XXIX,  1864,  p.  389.  —  W.  Griber,  Archiv  f.  Anatomvvon  Beicfm^^rt, 
1865,  p.  379,  avec  bibliographie.  —  Nixon,  Transpositions  des  viscères  th^z^Ta- 
ciques  et  abdominaux  {Brit,  mcd.  Journ.,  31  mai  1873).  —  Secchi,  Ca^  de 
transposition  des  viscères  (Berlin,  klin.  Wochemchr.,  n°20,  1873).  -—  Beal'  ^=^*'^ 
Bemarques  sur  un  cas  de  transposition  générale  des  viscères  {Bévue  médicalfr^    de 
ÏEst,  janvier  et  février  1874,  avec  une  bibliographie  do  la  plupart  des  r^^^it» 
connus).  —  Consultez  de  plus  :  les  Bulletins  de  la  Société  dc  biologie  et  c  ^sm 
de  la  Société  anatomique. 


LIVRE  II 


AlVeSALIE»   BE   IVVTRITieK 


Celte  grande  classe  d'altémlions,  dont  l'étude  se  place  naturelleinont 
^  Uk  suite  des  anomalies  de  formation  et  de  développement,  n'a  pas  été 
^aus  fixer  depuis  longtemps  Tattcntion  des  anatoinistes  et  des  médecins, 
fui  ont  eu,  du  moins  sur  l'inflammation,  des  id(^e$  plus  ou  moins  justes. 
^^nmoins  c'est  seulement  depuis  la  (in  du  xviii*  siècle  et  le  commence- 
'■leiit  du  XIX*  que  les  lésions  matérielles  résultant  de  désordres  nutritifs 
*ont  l'objet  de  recherches  suivies,  qui  permettront  sans  doute  d  arriver  un 
lour  ou  l'autre  à  en  saisir  le  mécanisme  intime.  Maljîré  l'intérêt  qu'il  y 
aurait  à  faire  connaître  les  opinions  qui  ont  eu  cours  sur  cette  matière, 
■^oire  but  n'est  pas  de  donner  des  détails  historiques,  qui  trouveront  leur 
place  ailleurs.  Il  nous  parait  beaucoup  plus  important  pour  l'étude  de  ces 
altérations  de  dire  quelques  mots  de  la  fonction  de  nutrition. 

Echafaudage  et  agrégat  d'éléments  histolugiques,  l'organisme  humain 
ïiiet  en  jeu,  pour  sa  nutrition,  trois  ordres  de  facteurs  :  des  éléments  pro- 
pres (cellules  hépatiques,  nerveuses,  libres  musculaires,  etc.],  le  sang 
^l  les  nerfs.  L'élément  propre,  ou  cellule,  est  la  partie  qui  se  noumt  ;  le 
sang  est  le  vecteur  des  matériaux  de  nutrition  ;  le  nerf  est  le  régulateur 
de  la  fonction. 

La  cellule,  qui  est  autonome,  emprunte  au  sang  certains  matériaux 
qu'elle  s'assimile,  et  lui  en  rend  d'autres,  impropres  à  sa  vie  végétative  ; 
c'est  ce  qu'on  nomme  le  mouvement  d'assimilation  et  de  désassimilation. 
^  sang,  milieu  intérieur,  reçoit  du  dehors  les  matériaux  destinés  à  Ten- 
Irelien  de  la  cellule.  Le  systcîme  nerveux  domine  ces  deux  facteurs,  pro- 
duit leur  conflit  et  régularise  la  fonction.  L'intégrité  de  chacun  de  ces 

facteurs  est  donc  indispensable  à  l'accomplissement  ivgulier  df  la  nutri- 
tion. 

Ouesi,  par  une  cause  quelconque,  ces  conditions  d'intégrité  fonction- 


186  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

nelle  se  trouvent  modifiées,  la  nutrition  est  troublée  ;  un  désordre  maté- 
riel en  résulte,  par  augmentation,  diminution  ou  perversion  de  la  fonc- 
tion. Qu'une  quantité  de  sang  plus  abondante  que  dans  les  conditions 
ordinaires  vienne  à  baigner  les  éléments  cellulaires,  ceux-ci  augmentent 
de  volume  ;  ils  diminuent,  au  contraire,  s'ils  reçoivent  une  trop  faible 
quantité  de  liquide  nourricier.  De  même,  1^  cellule,  directement  irritée 
par  un  agent  physique  ou  par  une  substance  étrangère  introduite  dans 
le  sang,  s'infiltre  de  liquides,  accumule  des  matériaux  en  plus  grande 
abondance,  et,  sous  cette  influence,  passe  quelquefois  de  l'état  adulte 
à  l'état  embrvonnaire  donnant  ainsi  naissance  à  de  nouveaux  éléments. 
Tel  est  le  mode  de  Formation  des  lésions  phlegmasiques  et  notamment 
des  inflammations  scléreuses  des  buveurs.  L'alcool  passé  dans  le  sang 
irrite  les  parties  élémentaires  des  organes  qu'il  traverse  tout  d'abord,  et 
produit  une  multiplication  de  jeunes  éléments  dont  l'organisation  plus 
ou  moins  complète  finit  par  amener  l'induration  et  le  retrait  de  l'organe 
tout  entier. 

D'un  autre  côté,  certaines  substances  jouissant  de  la  propriété  de  s'op- 
poser à  l'absorption  de  quelques  matériaux  essentiels  à  la  nutrition, 
l'oxygène  de  l'air,  par  exemple,  mettent  obstacle  à  l'oxydation  des  tissus, 
et,  de  la  sorte,  peuvent  produire  non  plus  le  retour  à  l'état  embryonnaire 
des  éléments  cellulaires,  mais  bien  leur  vieillesse  anticipée.  Ainsi  l'alcool, 
le  phosphore,  l'arsenic  et  beaucoup  d'autres  substances,  en  diminuant 
l'excrétion  de  l'acide  carbonique  et  de  l'urée,  amènent  la  dégénérescence 
graisseuse  d'un  gi*and  nombre  de  cellules.  L'action  irrégulière  du  système 
nerveux  sur  la  nutrition  conduit  à  des  résultats  peu  différents  de  ceux 
que  nous  venons  de  décrire  :  après  la  section  d'un  nerf,  l'équilibre  nu- 
tritif n'existant  plus,  une  plus  grande  activité  formatrice  a  lieu,  ou  inver- 
sc»menl. 

Trois  facteurs  contribuent  donc  à  la  production  des  anomalies  de  nutri- 
tion, t*t  il  importe  de  rechercher  la  part  plus  ou  moins  active  que  chacui^ 
lieux  y  pivnd,  et  leur  influence  réciproque  dans  les  différentes  fonn^*^ 
de  ces  anomalies.  L'influence  exercée  par  le  sang  à  l'état  normal  consii»**^ 
dans  un  apport  plus  ou  moins  considérable  de  matériaux  ;  les  désordre* 
4|ui  en  résultent  sont  ou  des  hypertrophies  ou  des  atrophies.  Au  conlraif**^' 
les  modifit^ations  que     subit  la  cellule  de  la  part  des  agents  extérieim  ^• 
«»u  intérieurs   introduits  dans  le  sang   peuvent  être  de   deux  ordre ^==' 
II*  ivlour  à  l'état  embryonnaire,  un  étal  de  déirénérescence  ou  d»' vieilles^  ^ 
anticipée.  L'influence  nutritive  du  système  nerveux,  s'exerçant  à  la  f*  ^' 
sur  le  système  vasculain*  et  sur  la  cellule,  a  pour  eonstkjuence  tantôt  i*"^ 
hyptTlniphie  ou  une  atrophie  des   organes  auxquels   il   se  distril^  * 


ANOMALIES  DE  NFIRITION.  187 

(seî-ction  OU  irritation  du  sympathique  au  cou),  tanUH  une  hyperplasie  ou 
une  dégénérescence  de  ces  mômes  parties  (irritation  ou  section  des  raci- 
nes motrices). 

Ainsi,  quel  que  soit  leur  point  de  départ,  les  anomalies  de  nutrition  se 
divisent  naturellement  en  trois  groupes,  et  chacun  de  ces  gi*oupes  corres- 
pond à  un  type  de  la  nutrition  normale. 

i*  Les  hypertrophies  et  les  atrophies,  engendrées  par  un  processus 
nutritif  ne  différant  de  celui  de  Tàge  adulte  que  par  une  activité  plus  ou 
moins  grande. 

2^  Les  hyperplasies,  que  produisent  des  processus  de  nutrition  analo* 
gués  ou  semblables  à  ceux  qui  président  aux  phénomènes  de  formation  et 
de  développement  embryonnaire. 

3*  Les  hypoplasies  eniin,  processus  passifs,  comparables  à  ceux  que 
déterminent  les  modifications  rétrogrades  de  la  vieillesse. 

Aucun  des  tissus  de  l'organisme  humain  n'échappe  à  ces  désordres 
nutritifs.  Mais  tandis  que  les  hypertrophies,  comme  les  atrophies,  affec- 
tent assez  indistinctement  tous  les  tissus  de  lorganisme,  les  hyperpla- 
sies ont  une  tendance  marquée  à  envahir  les  tissus  végétatifs,  et  les  hypo- 
plasies, les  tissus  animaux. 


CHAPITRE  PREMIER 


DES    HYPERTROPHIES    ET   DES    ATROPHIES 


Les  hypertrophies  (ÛTrcp,  sur,  rpo-f^'  nourrilure)  sont  des  anomalies  de 
nutrition  caractérisées  surtout  par  Taugmentation  de  volume  des  part. îes 
élémentaires  des  organes,  dont  la  forme  et  la  structure  sont  cons^f" 
vées  (1). 

Les  atrophies,  (à  privatif,  Tpo<pî,  noiuTiture)  sont  des  anomalies  de 
même  ordre,  caractérisées  par  un  défaut  de  développement  ou  la  dimîr»  n- 
tion  de  volume  des  mêmes  éléments,  sans  modification  de  forme  et  de 
structure  (2). 

(1)  Le  mot  hypertrophie  a  été  dénnitivemcnt  introduit  dans  le  lanf^e  médical  ^er^^  1* 
commencement  de  ce  siècle.  L'un  des  •premiers,  Dupuytrcn  a  fait  une  étude  gétié  .».~>1* 
des  hypertrophies,  qu'il  range  dans  la  grande  classe  des  irritations,  sous  le  titre  d'in^^^-**" 
tions  nutritives.  Toutefois  Hunterse  servaitdéjîi  d'une  périphrase,  développement  hypcr^^"^ 
phique,  pour  <ié6igner  une  sorte  de  monstruosité  diffuse  ou  circonscrite  des  organes,    t^™* 
tard,  Cruveilhier  donna  pour  caractère  essentiel  des  hypertrophies  raugmentalios^       "* 
poids  et  de  volume  des  organes,  sans  altération  de  leur  texture  ;  mais  de   celte   f*»-  ^^^^ 
il   comprenait    sous    la    même    dénomination   des  états  différents.  Virchow  (  Pa^  ^^ 
logie  cellulaire  )    distingue    une    hypertrophie  qui    consiste   dans   raugmentalion 
volume  des  éléments  anatomiques,  mieux  nourris  (hypertrophie  simple),  et  une  hyf^^"*^ 
trophie  numérique,  caractérisée  par  l'augmentation  en  nombre  de  ces  mêmes  part-^^ 
Certains  auteurs  n'ont  pas  hésité  à  faire  une  étude  commune  de  ces  deux  états;  mais  c*^B^**  t 

suivant  nous,  une  confusion  regrettable.  L'hypertrophie  caractérisée  par  l'augmentation 

^  de 
volume  des  éléments  ne  peut  être  assimilée  à  l'hypertrophie  numérique,  qui  résulta         ' 

l'accroissement  de  leur  nombre.  En  effet,  tandis  que  l'hvpertrophie  simple  est  une  mo^  ^»**' 

flcation  élémentalri*,  nécessaire  à  la  conservation  et  à  l'intégrité  d'une  fonction,  rhjp£3^ 

trophie  numérique  est  ordmairement  un  état  pathologique  plus  ou  moins  sérieux.  Lorsqo»  ^^ 

par  suite  d'une  activité  exagérée,  les  éléments  accroissent  leur  volume,  les  organes  iC^     ^ 

conservent  pas  moins  leur  forme,   leur  consistance,  leur  texture   intime;  la  fonctio  ^-^      , 

seulement  est  augmentée,  comme  il  est  possible  de  s'en  assurer  pour  le  cœur  et  pour  I-^     ^ 

rein  hypertrophiés.  Aussi  les  organes  hypertrophiés  continuent-ils  de  se  nourrir  et  de  vivr^""^ 

comme  dans  l'état  ordinaire. 

(2)  Contrairement  à  l'opinion  d'un  grand  nombre  d'auteurs,  j'écarte  de  ce  groupr^ 
anatomo-pathologique  les  altérations  connues  sous  le  nom  de  dégéoéresceiice»,  et  dan^ 
lesquelles  la  réduction  de  volume  est  toujours   reffet  «l'une  modificalion  anaUmiiqoe^^^^ 


nVI'KUTIliil'IlIliS  Kf    ATKunilEï' 


S    1- 


-    LVPERTHOI'HIES. 


ibios  nppartieiiiient  aux  lroubl€S  de  la  nulriliuii  sui-Iail 
la  (léliiiiilalinn  (lesquels  il  est  le  plus  diflicile  de  s'enteiitire,  «tl 
fat  pai'  ce  qu'on  oublie  de  rapprocher  ces  processus  des  processus  " 
^ues  auxquels  ils  resseiublenlet  dont  ils  no  sont  pour  ainsi  dire 
Sation.   Dans  le  but  d'évilp.r  la  conTusion  qui  rè^e  à  ce  sujet, 
laî  tout  d'abord  les  changcmi^Tits  qui  se  produisent  dans  l'utérus 
b  cours  de  la  grossesse;  w  sera  le  moyen  le  plus  sûr  d'arriver  à 
K  idée  claire  du  processus  hypertrophtque. 
ts  en  état  de  gcstalîon  acquiert  une  masse  vingt -quativ  fois  plus 
pic  par  le  seul  Tait  de  I  cpaississement  de  ses  parois.  Celles-ci 
bit  jusqu'au  cinquième  mois  de  la  vie  inlra-ulêrine  ;  à  parlîr  de 
jue,  le  développement  de  l'utérus  a  li«u  pai*  la  dilatation  de  sa 

|ueuse  ouvre  la  marche  ;  huit  jours  aprf-s  la  conception,  elle  est 
JËpatsse  et  plus  molle  ;  ses  plis  sont  plus  saillants  et  lu  limite  ([ui 
{  du  tissu  musculau'e  est  plus  distincte.  Bîenlùt  api>ès  les  Viiis- 
eetle  membrane  si^  dilatent,  et  les  glandes  ulriculaires  prennent 
leions  beaucoup  plus  considérables. 

que  musculeuse  oiïre  des  changements  non  moins  importants, 
I  cellules  deviennent  environ  sept  k  onie  fois  pins  longues  et' 
^t  Tois  plus  larges.  Une  multitud(>  de  jeunes  cellules  présentant^  J 
t   formes  transitoires  aux  libres  cellules  s'observent  dans  lefl*! 
Btcrnes  de  la  paroi  musculaire  et  quelquefois  même  dans  : 

^jliiilogiqueincnt,  lu  difTérciicc  entre  c«s  groupes  rat  des  miel»  (rnnchéci  : 
iâe,  1m  propriéléB  physiques,  cliinJîques  et  bioli^qucB  des  tissus  fODlinuont 
L  bien  que  nolftlilvmcot  amoindrirs;  dnna  les  déuénéresccncM,  ccspropriéU* 
lipnnittrc.  Ainsi  comprise,  l'alrnphie  e»l  un  phi^DOinèDe  tantôt  physiologique,.' 
Dgiqtie.  L'ilrnphîe  plijtiulogiqtie  est  lu  propre  des  urpnes,  tth  que  iB  1 
MpMll«i  nuTfnales  et  nutres  dont  les  tonclioD«  nint  lemporaires.  L'organe, 

9  i^lémcnti  se  réduiaetil  peu  il  pi-u  ;  il  perd  de  xun  polde  cl   do  t 
,  quelquetoi»  même  il  dispuait  complètemcnl.  pourvu  qu'une   nltératioa  i 
l'ajouter   A  l'iitropbie.   CerCaini   organes,  coiame  les  testicules,   \ei 
I  et  1m  mamelle»,  après  avoir  élu  soumis  A  une  grande  activité  fooctii 

le  alrnphie  de  leurs  éléments  et  la  diminulion  générale  de  leur 
k  Imr  poids.  L'individu  loul  entier,  «u  terme  de  son  existence,  est  appelé  i 
)i  naturelle  ;  l'orgaDlsme,  après  avoir  psrcouru  diins  sou  développement  une 
^antc,  éprouic  un  mouvement  en  sens  inverse,  qui  se  traduit  en  masse  par 
p  du  poids  rt  r.ibaiisement  de  la  taille.  Les  parties  élémeotiiirea  des  lisius 
d  de  volume,  mais  souvent  plus  lard  elles  s'infiltrent  de  gruuulet  grais- 
»,  du  telle  sorte  que  l'atrophie  est  rarement  pure. 


k 


ANATOHIE  PATHOLOGIQUE, 
couches  exlcrnes,  du  moins  pondant  les  cinq  premii-n 
mois  de  la  grossesse,  de  toile  sorte  qu'à  l'accroisse- 
ment  des  éléments  préexistants  s'ajouleraîl  la  fonn»- 
lion  d'éléments  nouvcau\  (fig.  59).  Le  lissu  coït- 
jonctif  qui  unit  les  éléments  musculaires  participe  i 
cet  excès  de  nutrition,  car  on  y  trouve  vers  la  fin  de  la 
grossesse  des  fibrilles  parfailement  distinctes. 

La  séreuse  elle-même  subit  un  certain  degré  d'épais- 
sissement  ;  les  ligaments  utérins  et  les  ligaments 
ronds,  en  particulier,  augmentent  de  volume  surtout 
par  l'effet  d'une  modification  de  leurs  fibres  muscu- 
laires. Les  nerfs  s'accroissent  également,  et  s'il  ne  s'y 
développe  aucun  tube  nerveux  nouveau,  du  moins  la 
tubes  existants  augmentent  de  largeur  et  de  longueur, 
et  leurs  contours  foncés  s'étendent  plus  loin  dans  lé- 
paisseurdela  substance  de  l'utérus.  Semblable  cbaih 
gcmenl,  moins  accusé  toutefois,  se  produit  dans  l'uléns 
qui  se  contracte  sur  des  corps  fibreux  ou  sur  le  sauf 
nienstrue!  retenu  dans  sa  cavité. 

De  ce  type  d'hypertrophie  fonctionnelle  se  rapprocbf 
naturellement  l'hypertrophie  du  cœur,  l'un  des  organe* 
le  plus  exposés  ë  ce  genn;  do  modification. 

L'hypertrophie  cardiaque  e^l  générale  ou  partielle, 
et,  dans  ce  dernier  cas,  elle  siège  toujoui's  sur  le* 
parois  de  la  cavité  la  plus  voisine  de  l'obstacle  malérirl 
apporté  à  la  circulation.  Ix'S  parois  hypertrophiées,  ffi- 
néralement  fermes  et  colorées,  diiïèrenl  des  parois  1 
l'élat  noiinal  surtout  par  leur  épaisseur,  qui  ui-iive  à  'Hre 
double,  triple  ou  quadruple.  Les  fibres  musculaires,  dont 
le  volume,  selon  llcpp,  peut  filre  ii  Ci'lui  dos  faiscvaux 
normaux  comme  ù  :  1 ,  devraient  leur  épaiasisseioent 
à  une  augmentation  du  nombre  de  leurs  fibrilles.  Le 
tissu  conjoiiclif  qui  réunit  ces  éléments,  les  wi»- 
seaux  et  les  norfs  subissent  également  un  accro'*" 
sèment  de  volume.  Lu  question  do  savoir  s'il  se  pnKl**' 
(les  fibres  urnsculniros  nouvojles  est  diversement  ré='*' 

hc.  ti9.  —   a,  fibre  cclluif  musculaire  d'un  iiliruï  grandi  au  tixièiiic   moîi;  A.  p*r*-*°' 
mojenne  d'une    mime  flbre  Iraitée   par  l'acide  acilique  el   muntranl  une  opp»!"^  *!! 
d'enTclopiic  ;  f,  f,  nojaux  de  ces  fibres  ;    c,  e,  une  fibre  ceUule  ronnalrice  el  uoa  j^ 
c<llule ;  (/,  flbre  cellale  ûtnk-f^  (i'aprii  Kftlliker). 


HYPERTROPHIES  ET  ATROPHIES.  191 

lue^  mais  le  fait  d'une  nouvelle  fonnation  ne  peut  paraître  invraisem- 
blable après  ce  que  nous  savons  de  l'hypertrophie  utérine.  L'hypertrophie 
vraie  de  certains  muscles  tout  entiers  a  été  signalée  par  Friedreich  dans 
quelques  cas  d'atrophie  musculaire  progressive  [Ueber  progressive  Muskel 
atrophie^  Berlin,  1873). 

L'hypertrophie  des  parois  du  tube  digestif,  généralement  liée  à  un 
obstacle  apporté  au  cours  des  matières  alimentaires  ou  intestinales,  oc- 
cupe des  points  différents  suivant  le  siège  de  Tobstacle  derrière  lequel 
elle  est  toujotu*s  située.  Toutes  les  tuniques  prennent  part  au  processus, 
mais  principalement  la  tunique  musculeuse^  qui  se  colore  davantage  et 
dont  les  éléments  propres  acquièrent  iin  volume  double,  triple  ou  même 
plus  considérable.  Les  vaisseaux  sont  le  siège  d'un  accroissement  pro- 
portionnel et  vraisemblablement  aussi  les  nerfs.  De  même,  la  vessie, 
toutes  les  fois  qu'il  existe  un  rétrécissement  de  l'urèthre,  une  tumeur  de 
la  prostate  ou  tout  autre  empêchement  à  l'émission  des  urines,  devient 
le  siège  d'un  excès  de  nutrition  qui  porte  plus  spécialement  sur  l'élément 
musculaire.  Les  faisceaux  musculaires  hyiieilrophiés  forment  en  |mreil 
cas  des  bandes  volumineuses  et  saillantes  sous  la  muqueuse;  c'est  la 
vessie  à  colonnes. 

D'autres  organes  que  les  organes  creux  peuvent  s'hypertrophier  lorsque 
leur  fonction  vient  à  s'exagérer.  Les  glandes  lymphatiques,  dans  les- 
quelles l'hyperplaSie  est  si  commune,  sont  aussi  sujettes  à  l'hypertrophie  ; 
c'est  ainsi  qu'à  la  suite  de  l'extirpation  de  la  rate,  par  exemple,  elles 
augmentent  de  volume,  sans  doute  parce  que  leur  fonction  est  accrue. 
Suivant  quelques  expérimentateurs,  le  système  nerveux  ne  serait  pas 
SUIS  influence  sur  l'hypertrophie  de  ces  glandes.  Mantegazza  (1)  fait 
ïïienlion  de  l'hypertrophie  des  glandes  inguinales  et  Brown-Séquard  ^2) 
Bote  l'hypertrophie  des  capsules  sun*énales  comme  faisant  suite  à  certaines 
feions  de  la  moelle  épinière. 

Us  organes  développés  aux  dépens  des  feuillets  intenie  et  extenic  du 
lïlastoderme  sont,  comme  les  précédents,  exposés  à  l'hypertrophie.  Robin 
i  vu  des  culs-de-sac  glandulaires  huit  à  dix  fois  plus  grands  qu'à  l'état 
normal,  tapissés  d'épithélium  ayant  subi  un  accroissement  proportionnel 
'c  volume.  Vemeuil  a  déposé  au  musée  Dupuytren  une  masse  du  volume 
^J  on  œuf  constituée  par  des  glandes  sudori  pares  provenant  de  la  i*égion  ster- 
oaleantérieure,  et  doutThypertrophiene  |)eut  être  mise  en  doute».  Ce  genre 
'l  hypertrophie  est  facile  à  constater  surtout  pour  les  organes  doubles,  les 

'1)  MantcgaiM,  Gaz.  lombarde^  1867. 

())BrowQ-Séqaard,  Comptes  rendus  de  la  Société  de  biologie,  1870,  p.  27. 


192  ANA70HIE    P.ïTHOLOGIOITB. 

reins  par  cxemple.où  l'alisence,  sinon  l'atrophie  d'un  seul,  s'accomi 
^lini'ralenient  (le  l'hypertrophie  compensatrice  de  l'autre.  Le  rein  hjp 
phié  conserve  sa  coloration  et  sa  consistance,  mais  ac<)uierl  un  v« 
pni-rois  double  de  son  volume  primilir.  A  l'examen  microscopiqui 
canaux  tortueux  cl  leurs  épiihéliums  sont  manifestement  plus  volum 
([ue  ceux  d'un  rein  normal,  comme  l'indiquent  les  figures  60  et  6 
représentent  à  un  mt^nic  firossissenient  les  éléments  d'un  reîn  non 
ceux  d'un  rein  presque  doublé  de  volume  par  suite  de  la  disparition  i 
congénère.  Les  canaux  droits  et  leurs  épiihéliums  cylindriques,  les  tu 


Flu.  60.  —  Coupe  microïuopique  d'un  Fic.   6t.  — Cvup«  mierMCOpîque  i't 

rtiDDornul  provenaDt  d'unldulle.  hypertrophié  par  atropbied«ioaMii|é 

Ifenle  sont  peu  modifiés,  mais  les  ^lomérules  de  Malpighi,  contrair 
à  l'opinion  de  quelques  auteurs,  nous  ont  paru  participer  à  l'hypertn 
ainsi  que  l'élément  conjonctivo-vasculaire. 

Semblable  phénomène  se  produit  dans  les  organes  simples  dont  un 
tion  cesse  de  fonctionner.  J'ai  été  à  même  de  constatera  plusieurs re 
rhyporirophic  de  l'un  des  lobes  du  foie  dont  l'autre  lobe  avait  été  tj 
par  une  infiltration  gommeuse.  Les  cellules  propres  du  foie,  le  tissi 
jonctifcl  les  vaisseaux  de  la  portion  ri'slanlo  de  cet  organe  étaient  If 
d'un  accroissement  de  volume  maniresie  et  faisaient  plus  ou  moins  ce 
tement  compensalionàla  portion  do  substance  hépatiquedétruite.Der 
il  la  suile  de  roblttémlion  d'une  branche  artérielle  et  de  la  nécrosi 
tielle  qui  en  ivsulte,  le  parenchyme  de  la  rate  subit  une  augmentât] 
volume.  l'eul-on  dire  que  les  centi-es  nerv<ii>:  se  coin|K>rtent  de  la 
faton  et  que  la  destruction  d'une  partie  plus  ou  moins  étendue  de  cr 
tn'S  soit  suivie  de  l'hypertrophie  d'une  autre  partie?  A  notre  avis,  c'e 
queslion  qui  jusqu'ici  n'est  pas  jnjïéc.  (In  sait  que  la  masse  encéph 
[Kirait  quelquefois  difllcilcnienl  coiilenue  dans  la  boite  crAnienne 

(1)  l'a  eu  do  ce  genre  vientd'ôtrc  publié  par  L.Ljiniloui]r(vtij.Ga:.)nM.,187t,| 


HlPtilITHUPElItiS   ET   ATKOPUIHS.  11)3 

Ginddèsn'héMtepasàsttrihuei'  â  une  liypertropliie  des  cii-couvolutions  cérê- 
liralc;  certaines  dépressions  conslalées  à  la  face  interne  des  os  d'un  crAne 
pppsenlé  par  lui  à  la  Société  d'anthi-opologie  [séance  du  1"  février  1872); 
iiuis  dans  ce  cas,  où  l'examen  hislologiquc  fait  déraul,  il  peut  arriver  que 
b  rriodincation  analnmique  affectf  aulanl  et  peut-être  plus  le  crâne  que 
IVncèphale.  L' hypertrophie  des  ganglious  et  des  cordons  nerveux  n'est  pas 
mieux  établie  ;  cependaut  il  y  a  lieu  de  la.  soupçonner  dans  certains  Faits 
(l'idiolisiDe  où  Von  a  rencontré  l'augmentation  dt"  volume  de  quelques- 
uns  des  ganglions  lymphatiques  et  des  nerfs  périphériques  (1). 

\u  lii'u  d'un  organe  plus  ou  moins  complet,  un  seul  élément  est 
itUflquefoiii  le  siège  de  l'hypertrophie.  Dans  l'ectropion,  le  prolapsus  du 
iwlum  ou  de  l'ulénis,  la  couche  épilhéliale  subit  un  épaississement  qui 
resiiile  de  l'accroîsseraenl  de  volume  des  épithéliums.  Les  papilles  de  la  . 
luigue  chez  le  fumeur,  les  filandes  de  l'estomac  chez  l'alcoolique  sont  éga- 
lement exposées  à  shyperlrophier.  On  a  attrihué  à  l'hypertrophie  laug- 
tiii'ntation  de  volume  des  cellules  et  des  tuhes  neiveux  compris  dans  un 
[iner  d'inflammation  o^rébmle;  mais  comme  il  n'est  pas  certain  que  1er 
reJlules  nerveuse s^ lumédées  et  granuleuses,  puissent  en  pareil  cas  con- 
iiiiner  de  se  nourrir  et  de  vivre,  il  y  a  lieu  de  douter  qu'elles  soient  le 
^ii'Re  d'uu  processus  hypcrlrophique,  nous  croyons  plutùt  à  lem-  inllam- 
Mtion.  Le  même  doute  existe  &  l'égard  des  tubes  nerveux  qui  se  rencoo- 
ttundausdesenihlablescondilions,  ou  encore  dans  les  taches  blanches  de 
krélinitebrightique.  Ces  tubes,  augmentés  de  volume,  quelquefois  même 
pnemés  de  siries,  avec  des  cylindres-axes  volumineux ,  bosselés, 
»mmo  rariqueux,  pourvus,  suivant  Rolh,  d'un  noyau  au  niveau  de  la 
ixirlinn  renflée,  sont  sans  doute  aussi  destinés  à  périr  ou  h  reprendre  leur 
'ypetiunnal,  et  par  conséquent  ne  sont  pas  hypertrophiés.  Cependant, 
loin  de  moi  l'idée  de  nier  l'hypertrophie  isolée  des  éléments  nerveux. 
iWle  hypertrophie,  sans  doute,  peut  se  produire  aussi  bien  que  l'hyper- 
iniptiie  des  éléments  épi théliaux ,  mais  il  importerait  de  connaître  ses 
'^riclères  exacts  et  les  cin:onstances  dans  lesquelles  elle  se  développe. 

\pr(^  avoir  passé  en  revue  l'hypertrophie  d'un  organe  complot  ou 
«ulwaent  de  l'un  de  ses  éléments,  il  nous  reste  à  parler  des  hypertm- 
l'hiia  afTeclant  une  portion  plus  ou  moins  étendue  du  tronc  ou  des 
tniimbres.  Suivant  qu'elles  se  praduisenl  avant  ou  après  la  naissance,  ces 
liypwtrophies  sont  dites  congénitales  ou  acquises. 

L'hypertrophie  acquise  d'une  partie  mi  de  la  totalité  d'un  meminr 


F  It|Hnïi,  XouwviHy.Jur/ia/  lie  "liiiecin 
"fcdthri.,  1828. 

.  —  1  iBité  d'Anal. 


t  1819,  —   i:nïre,  Em 


19^1  INATOHIE   PATBOLOGIQL'E. 

,a  élé  éludiée  par  divers  obsenateurs.  Henri  el  Broca  oui 
existence  dans  l'anévrysme  arlérioso-veineuv.  La  commutiii 
veine  el  de  l'artère  principale  d'un  membre  qui  donne  lieu 
sanguine  avec  élévation  de  tempéralure,  est  en  elTet  générale 
de  l'accroissement  exagéré  des  poils,  de  l'allongement  hypertr 
os,  et  sans  doute  aussi  d'une  hypertrophie  des  muscles  et  d 
vasculaires.  De  même,  la  stase  prolongée  du  sanj;  au\  ext 
doigts  dans  les  aiïeelions  du  cœur  et  des  poumons  linit  ; 
l'hypertrophie  de  ces  extrémités,  bien  connues  sous  la  Ai 
de  doigls  en  baguettes  de  tambour  'Hg.  62].  D'autre  part, 
porte  le  fait  d' 


FiG.  63.  —  Uirpcrli  aphie   des  extréniilei   Ji^iUl. 
chnuD  j«uDc  liumme  iITtclé  de  dilatalioii  bronchique 

supérieurs  ;  lan 
bras  droit  offrait  un  volume  en  rapport  ;nec  celui  de  hi  jaml 
LMUche  avait  une  circouféi-ence  de  plusieurs  ceiiliniMics  en 
hnis  droit,  il  était  mauireslenient  plus  Mduinnieux.  (lelle  aui'm 
volume  se  faisait  reniai-quer,  iion-scuieuK'Ul  >ur  iij  masses  u 
du  bras  cl  de  l'avanl-bras,  mais  encore  sur  la  tniiiii  l'i  lis 
main  était  d'ailleurs  le  siège  d'une  rouj;iur  et  dune  congestion 
feste  par  i-apport  ii  celle  du  coli- «'pp.'M-.  I.e  nialad.' iillribuu 
Iropbic  de  son  bras  à  une  chulc  fait.'  sur  I  épaule  el  ipii  aui-ail 
clavicule  ;  il  se  plaignait  en  outre  d'accès  douloureux  ilu  geu 
(jui  caraclérisi'ut  l'angine  de  poiliine. 
l/hypertrophie  congénitale  est  le  plus  souvent  partiilli'   !}:  s 


;l>   lut   biporlrupbiei 


HÏI'KHTllOnilK»   ÏT    M'II«il-Hlf9i' 

Is,  ireulîiii^Suiiil-llilaiitiellenélébienéludiéepai'Trdalet  Muiiod.Syinê- 
liiqueou  asymétrique,  celle  hypertrophie  s'c'lend,en  général,  Ji  une  nioilir 
ilu  lorps  ou  st'ulemeut  à  une  [lartie,  surtout  ù  une  moitié  ilc  la  face  ou  de  lu 
\i-k,  à  un  membre,  à  la  main  ou  ii  ijuelques  doigts,  La  région  hypertro- 
pliirépirde  des  proportions  régulières,  rhat-un  des  tissus  pi'end  une  part  ii 
iicu  près  égale  au  processus,  de  sorte  que  c'est  uniquement  l'examen  coni- 
|Lirulifdes  parties  semblables  qui  révèle  leur  disproportion.  Les  membres 
iiifi'riears  sont  les  points  où  ce  processus  se  manifeste  le  plus  clairement. 
I.iiii  des  nifmbres  apjiaratt  plus  volumineux  et  en  même  temps  plus 
I  iiji  qui-  son  congénère.  Les  malléoles  et  les  genouK  n'occu{>ent  plus 
I'  mMc  nivi'au,  et  l'épine  iliaqui'  est  ordinairement  plus  élevée  du 
I <ilr h} pertrophié.  La  fesse,  par  suite  du  développement  des  muscles, 
•t  plus  saillante  en  anièro  et  comme  remontée;  le  pli  fessier  du  membre 
Itipurtrophié  est  à  la  fois  plus  élevé  et  plus  profond,  l'ne  ascension  du 
titlc  du  bassin  et  uu  défaut  d'aplomb  du  ironc  sur  les  deux  jauilies 
i<'sull«nt  ainsi  de  l'accroissemenL  i-n  longueur  du  membre  hypertrophié, 
l'iBune  te  prouve  une  mensuration  bien  faite  en  montrant  que  cet  accrois- 
WDent,  qui  {>eut  atleindiv  jusqu'à  19  centirnèti'cs,  est,  en  moyenne,  di' 
I  )i  3  centimètres  (Trelatet  Monod). 

Uu^nentation  en  épaisseur  est  plus  dirticile  à  vérifier,  surtout  dans 

li'nifmbre  infériem-,  k  cause  de  la  possibilité  d'une  inliltintion  œdé- 

inal«-u«n  ;  mais  la  gnmde  épaisseur  des  muscles  et  par-dessus  tout  la 

iiïiisunition  ne  laissent  pas  de  doute  sur  son  existence.  Cette  hyper- 

■fophie  est  toujours   également  répartie  ;   dans   un   cas  rapporté  i«ii' 

fridbcrg.  la  différence  entre  les  segments  des  membres  était  de  plus 

"1  plus  grande,  an  fnr  et  à  mesure  qu'on   se  rapprochait   des   pieds, 

I  "Il  die  attei^'nait  13  centimètres,  au   lieu  de  5  qu'elle  présentait   ii 

u^  «tisse.  Les  doigts  et  les   orteils  des  membres  hypertrophiés  sont 

nlonent  augmentés  en  longueur  et  en  épaisseur,  mais  pas  toujours 

'  façon  égale,  et  |)arfois  il   n'en  est   qu'un   certain   nombre   qui 

Wueill  part  au  processus,  llans  un  cas  rapporté  par  Devousges,  tous 

»  doigts  du  pied  droit  étaient  hypertrophiés,  les  trois  pmnieps  il  un 

"  Inilt  degré  que  les  deux  autres  ;  de  plus,  les  trois  premiers  doigt» 

'  M  gauche   (côté   sain)  étaient  aussi    anoi-malflment    développés. 

mtation  dans  les  dimensions  d'un  membre  correspond  unliiiiii- 

'°°' "fw.  Voici  findiMlion  de  (li>u\  (Mils  cit  le  sisttmc  naeu\  e*l  iinrliculicrïuiïiil 
"■ï(*:-_F,l(l,Bgic;Li,  Hypcroslofe  'Ui  gvmmmUii  ikeMlet  {Ari:hiv  f.  palhologitcl,'- 
'•'^'«nie  uad Phyriologir,  l.  XUU,  p.  83).—  Ix)MiiOBO,  Fnll  voU  ailgeM.  Hypert. 
t'I,  p.  ^53  l't   GiDiiiak  Uni.   il'He  mnlatie  vMei:,   clc. 


IW  AKaTuSIE  PjlTIUUH.IQn. 

nrmmt  à  une  aujiçiiKiitation  de  sa  force  relalîv«r.  b'ailleuK.  quoiqn 
jJupart  d»n  cas  observé»  l'aienl  êlé  chez  des  individos  vÏTanU,  et  q 
à  port  unElHpuUif-parFrîedFeicfa.îl  n'y  ail  pasea d'examen analoaû; 
r^^pendanl  il  e»!  reronnu  que  les  systèmes  osseas  el  musenUire  prou 
utiH  large  part  à  l'eicés  de  nulrilîon.  Il  serait  à  désirer  que  l'hisltrfi 
vint  riou»  reiisei^er  eiaclemenl  sur  l'état  de  ces  parties. 

Le  plus  souvent  peu  visible  au  tronc,  rh}-perlropbie  congénitale  est  bt 
nmp  plus  manifeste  à  la  face.  La  moitié  de  la  joue  est  saillante,  le 
(léplao;,  les  rebords  alvéolaires  sont  épaissis,  et  les  dents  plus  volu 
lieuses,  plus  longues  et  plus  larges  <|ue  celles  du  càté  opposé  :  de  m 
les  poiU  sont  quelquefois  augmentés  dans  toutes  leurs  dimensions  :  qi 
il  la  langue,  elle  i;st  quelquefois  plus  volumineuse  dans  la  moitié  cor 
]K>ndant  au  côté  hypertrophié. 

IjCh  centres  nerveux,  dans  ces  différents  cas,  ont  toujours  paru  coi 
ver  leur  volume  normal.  Les  nerfs  des  jiarlies  hypertrophiées  ont  été 
étudiés,  mais  les  vaisseaux  sont  fréquemincnt  dilatés.  Les  veines  s< 
cutan<'»B  nutonmicnt  constituent  de  véritables  \'iirices,  et  les  capilU 
de  lu  peau  présentent  la  forme  de  ukvus,  par  suite  vraisemblablei 
(l'une  circulation  plus  active.  Du  reste,  une  élévation  de  leinpératnn 


hc.  t>3 .  — .  Hjpcrlrophie  coucéniUlo  i9e  plusieun  doifU  dct  main» 
■l'une  jfiiiie  rtlle  agit  de  quinic  int  «d'âpre  l'.urliag). 

iwrties  h\pTln»plii.H\s  a  été  pius.itHirs  lors constat<v  à  laide  du  iher 
nuMft>  <m  sifmaltv  |»ir  le  malade  Ini-nu'nic. 

l.'hj  pcrimphie  roni»>nil.-ilo  limitiv  «u\  doiiils  affecte  tanlM  un  ou  1 
>ieurs  ilnijils  dnn  Si>ul  oilr,  lanti^t  ini  on  plusieurs  doigt.«  des  deus  "1 
notannueut  l'indicalenr  i-l  K'  ui«liii>(li^.  63).  (-.nniie  li-s  membres. 


HYPERTROPHIES  ET  ATROPHIES.  197 

doigts  sont  le  siège  d'un  accroissement  qui  s'opère  dans  tous  les  sens,  aussi 
bien  dans  l'épaisseur  que  dans  la  longueur,  qui  peut  doubler,  et  auquel 
participent  tous  les  éléments  constituants.  Les  différentes  parties 
du  doigt  conservent  leurs  proportions  respectives,  leur  forme,  souvent 
aussi  leurs  mouvements  ordinaires  et  leur  force.  Dans  quelques  cas 
seulement,  le  doigt  hypertrophié  est  déformé  par  le  développement 
excessif  des  surfaces  articulaires,  ce  qui  peut  amener  la  déviation  ou  la 
luxation  des  phalanges;  beaucoup  plus  rarement,  la  déformation  est 
produite  par  des  excroissances  graisseuses  plus  ou  moins  étendues.  Une 
légère  élévation  de  température  est  signalée  dans  un  fait  de  Curling. 
L'hypertrophie  congénitale  est  progressive;  et  Friedberg,  dans  un  cas 
(I*hémihypertrophie,  ayant  mesuré  les  membres  à  deux  ans  d(»  dislance, 
put  constater  que  laccroissement  proportionnel  était  notablement 
plus  considérable  du  côté  hypertrophié,  en  d'autres  termes,  que  le  déve- 
loppement marchait  plus  vite  d'un  coté  que  de  l'autre. 

£^tiologie  et  patliogénie.  —  Les  causes  des  hypertrophies   sont  nom- 
breuses et  variées  ;  par  contre,  leurs  conditions  pathogéniques  peuvent 
être   ramenées  à  un  même  fait  physiologique  :  une  plus  grande  acti- 
vité   circulatoire.    Les   hypertrophies  compensatrices  des   viscères  sont 
évidemment  dans  ce  cas  :  un  rein  dont  le  congénère  a  disparu  offre  une 
circulation  plus  active  ;  ses  éléments  excités  assimilent  une  plus  forte 
proportion  de  matériaux  alibiles  et  subissent  un  degré  d'hypertrophie 
**ii   rapport  avec  l'activité  plus  grande  de  la  fonction.  Semblable  phéno- 
mène se  passe  dans  tous  les  organes  glandulaires  doubles  qui  peuvent 
èlre  suppléés.  L'hypertrophie  d'un  poumon  à  la  suite  de  pleurésies  an- 
ciennes, de  la  compression  ou  de  l'atrophie  du  poumon  opposé,  reconnaît 
le  même  mécanisme.  Sans  doute  les  hémisphères  c<'?rébraux  ne  se  com- 
lK)rlent  pas  autrement,   mais  le   fait  exige   une  élude   plus  complète, 
^^^'est  encore  sous  la  même  influence  que  se  produit  l'hypertrophie  d'un 
organe  simple  partiellement  détruit,  celle  du  foie  atteint  de  syphilis. 

Mais  c'est  principalement  sur  les  organes  médians  et  vasculaires 
^ut  ont  pour  fonction  l'expulsion  d'un  produit  que  l'hypertrophie  se  fait 
•^  plus  souvent  remarquer.  Le  cœur,  l'estomac  et  la  vessie  .sont  dans  ces 
conditions.  Qu'il  existe  un  obstacle  à  la  circulation  capillaire  artérielle 
f»u  cardiaque,  le  cœur,  pour  vaincre  cet  obstacle,  se  contracte  plus  énergi- 
H^^^nient,  reçoit  une  plus  grande  quantité  d(^  sang,  se  nourrit  mieux  et 
•"^"gniente  de  volume.  Ainsi  se  produisent  l'hypertrophie  du  cœur  du  vieil- 
lard dont  l'aorte  est  altérée,  celle  des  ventricules  et  des  oreillettes  situés 
'laitière  le  rétrécissement  d'un  orilire  ou  un  obstacle  quelconque  à  la 


198  ANATOMIE   PATHOI.O(iIQlTK. 

grande  ou  àla  petite  circulation.  De  mémo,  l'obstruction  des  canaux  biliaires 
détermine  l'hypertrophie  de  la  vésicule  du  foie,  et  tout  empôchement  à  l'é- 
coulement de  l'urine,  soit  par  la  prostate  hypertrophiée,  soit  par  les  rétré- 
cissements de  l'urèthre,  accroît  le  volume  des  différentes  couches  des 
parois  vésicales,  surtout  de  la  couche  musculeuse.  Dans  un  cas  rapports 
par  Hunter,  cette   couche  présentait  un  épaississement  de  près  d'ui 
demi-pouce,  les  faisceaux  étaient  si  forts  qu'ils  formaient  des  crête 
saillantes  à  la  surface  de  la  cavité  ;  on  avait  cru  à  une  maladie  de  l 
vessie,  mais  les  parties  musculeuses  étaient  saines  et  très-distinctes,  elk 
avaient  seulement  augmenté  do  volume  en  proportion  de  la  force  (ju'elli 
avaient  à  exercer.  Les  parois  de  l'œsophage,  celles  de  l'estomac  et  i 
tube  intestinal  s'hypertrophient  également  derrière  un  rétrécissement  < 
un  obstacle  quelconque  au  passage  des  aliments  ou  des  matières  fécale 
Les  muscles  volontaires  s'hypertrophient  plus  rarement  que  les  rauscl 
de  la  vie  organique.  La  raison  de  ce  fait,  toute  physiologique,  a  déjà  t 
signalée  par  Ilunter,  qui  reconnaît  que  dans  les  muscles  involontaii 
la  puissance  doit  tendre  constamment  à  sunnonter  la  résistance,  pui 
([u'elle  accomplit  toujours  quelque  acte  naturel  et  nécessaire.  On  s 
néanmoins  que  les  muscles  du  mollet  chez  les  danseurs,  les  muscles  c 
bras  et  notamment  le  biceps  chez  les  lutteurs  et  les  boulangers,  se  U 
remarquer  par  un  volume  disproportionné  par  rapport  à  celui  de  lei 
rongénères.  Les  os  suivent  les  muscles  dans  leur  accroissement  et  se  fo 
lient  à  mesure  que  les  muscles  auxquels  ils  donnent  attache  aoquièr 
plus  de  force  et  d'énergie.  Paget  prétend  même  que  si  l'os  d'un  mem 
se  trouve  raccourci  par  suite  d'une   lésion   morbide,  un  autre  os 
même  côté  s'hypci  trophie  en  longueur  pour  combler  le  déficit  qui  s' 
suit  dans  la  diminution  totale  du  membre. 

L'hypertrophie  des  épithéliums  au  contact  de  l'air  extérieur,  du  ta 
ou  de  l'alcool,  est  de  même  le  résultat  de  l'excitation  de  ces  élément 
d'une  activité  plus  grande  de  la  circulation.  D'un  autre  côté,  l'hypertrof 
qui  sunient  dans  les  ciis  d'anévrysme  arlérioso- veineux,  de  variées,  d' 
stiniction  veineuse,  etc.,  tient  encore  à  la  prestance  d'une  plus  grande  alv 
(lance  de  sang  au  sein  des  tissus  dont  les  éléments  excités  sont  en  nu 
temps  plus  aptes  à  s'assimiler  les  matériaux  du  sang.  Dans  ces  cor 
tions,  un  certain  degré  d'atrophie  peut  succéder  à  l'hypertrophie. 

Les  hypertrophies  consécutives  à  un  désordre  du  système  nerv 
trouvent  leur  explication  dans  la  célèbre  expérience  de  Cl.  Rernaixl  su 
grand  sympathique.  Après  la  section  de  ce  nerf  au  cou,  il  se  proc 
comme  on  sait  une  rougeur  rongeslive  des  tissus  avec  élévation  de  te 
pérature  dans  l'étendue  du  domaine  des  vaisseaux  soumis  à  Tindue 


ili'  ce  nprf.  (Ir,  rw  jihôiioiiièni>R  sont  précisément  ceux  que  l'on  consl^ili', 
iimi  pus  scukmoiit  dans  ks  hyperimphics  liées  ji  une  contusion  ou  ii  mi 
ili-jopdre  pniliculifr  du  système  nerveux,  mais  eneore  dans  les  hj^per- 
ifOjihies  congénitales,  qui  par  cela  même  sont  dépendantes  du  système 
iicrïeuï.  Toutes  ces  hypertrophies  sont  donc  l'prfcl  d'une  parésie  vaso- 
iiiolrice  prolongée.  .Manl<>gazza,  du  reste,  est  parvenu  à  augmenter  du 
4ïinme  de  son  |>oids  la  langue  de  la  gicnouille  qu'il  congestionnait  orli- 
ficicHcmenl  à  i'aide  d'irritations  mêr»iniques  ou  chimiques  (voy.  séance 
df  l'Académie  des  sciences,  18  juillet  ise^i).  Sehi(T(^l),  d'un  autre  crtté, 
inWné  l'hyperli-ophie  des  os  chez  des  animaux  auxquels  il  avait  pra- 
tiqui"!  la  section  des  nerfs  vaso-moteurs  qui  s'y  rendent  (2).  Depuis 
Iwigtemps,  j'ai  moi-même  constaté  l'augmentation  de  volume  du  foie, 
voire  même  de  quelques  auti'cs  organes  de  l'ahdomen,  et  notamment  des 
fins,  chez  des  individus  dont  les  nerfs  Irisplanchniques  se  trouvaient 
tomprimés  ou  profondément  altérés  par  le  fait  d'une  pleurésie  séreuse 
«u  membraneuse  ancienne 

Hiii.i>x-.iiÀpiiiE.  —  Hypcrtrophlti  en  géuéfl.  —  HUNTER,  Des  mnladieit 
•frettqwi,  (JEuïrcs  coniplélcs,  chap.  \y,  p.  61û  ;  Irad.  franc,  de  Riclielot, 
[•«rii,  iM^iî,  —  CnivEiLmeH.  art.  HïPEHTiinpiiiE,  Dii:tionn.  de  mcdeàne  ft  de 
liirirn.  pnit.,  t.  X,  p.  3)8, 1833. — Cahswell,  Pdtholog.  wiatomy  illuslratium. 
Ijiniloa,  \S3h.  —  Picbé,  Bulktin  du  la  Soa'Hi  amtomiqw,  21"  année.  Paris, 
l&ifi,  —  PiGET,  Lecturi^s  nn  aiTgirtil  patho!ogij.  London,  1853,  p.  1^. 
— BuiN  Di5  CoBMiEHs,  fltrAercftcs nm  lin  ciiiises  qui  président  im  développeinmit  de 
^^pTtnphie.  Tlièse  d'agrégaliun.  Pnris,  1853.  —  Ltacnen,  Anhiv.  ghifr.  di' 
"*'.,  l^r.  V.  t.  XIU,  p.  291, 1859.  —  Vutcnnw,  Pathologie  celluUiire;  irad.  franc. 
WP.  Picard.  Paris  1860.  —  Jik  hwikhaftm  Geschwulste,  vol.  I,  1863.— 
l"Ht»,  Siepathotoaischm  Verandenmgen  dur  Muahelfaser in  diss,;  Zurîfti,1863. 
-Qi.  RouiB,  Ifotemi-  l'k>/perlrophi€{Gaz.  méd.,  1  (i53,  n*  51 ,  p.  802). — Lebeht. 
ï^  dWitomie  piilhoiogique.  Paris,  1857,  l,  I.  —  Fhiediiekh,  Kiankh.  il. 
*=«M,  Erlangen,  1861.— VEBNaEB,  Handb.  d.  iiIIq.  u.  spec.  Chir.,\ol.  1, 1862, 
Ï'ÎS.  —  BAnr>Ki.KBE\,  AiWi.  f.  pnth.  Ainl.,  I.  p.  Wl  ;  UhrbuQh  der  Chir.  vnd 
^^mimfh-hr-:  1863.  t.  I,  p.  337. 

^Tpvruraplile  eonctnllale.  —  l^\tiEi.Li,  De  muiistris,  quasi  tnomlris  et 
"""^tii,  dans  Philosophiml  Tramiirl.,  t.  .\.\V.  n"  307.  p  2266.  —  T. 
"■  Crausfi,  (•,«,.  „^  rrm'irk'ibie  lit/pirlrophy  uf  Uie  fiiKias  m  a  j/trJ  (Med. 
'**'■  Tmttaa.,  t.  XXVlil.  p.  337.  1845).  —  ïoLLnEn,  Bull  de  la  Soc. 
**.ivri]  1850.  —  Adam,  The  monlhli/  Joue.i.  of  med  ,  %ol  \X.  Edinb., 
'*5â,  p.    J7Q_  —    Dkvouûis.    Bulletin  dv   la    Svwte  uiialumi<jiie     28    aviil 

')  ^blfT,  Complet  rmd.  Aead.  dti  sciences,  tSîili. 

'')  AihlnHDn  (Je  Dorpiit)  fiiil  mrntioa  chn  le  cIicïhI,  à  la  »oit«  'Im  lu  «eclioii  du 
"'fflitiùii,  ii'unc  hypertrophie  <lu  snhil.  Rnur  tciriitifi'/ui,  3  murs  1S72. 


200  ANATOMIE   PATHOLOCiigUK. 

1858.  —  Wui.FF,  Petersburg.  tned,  Zdtschr.,  t.  I,  1861  >  p.  281.  —  Buw,ct, 
Sur  une  inégalité  congén.  dea  deux  moitiés  du  corps  {Compt,  rend,  de  k 
Soc,  des  se,  méd.  de  Lyon,  t.  I,  p.  225.  Lyon,  1861-62).  —  Perroud,  Obsmat. 
d'une  inégalité  des  deux  moitiés  du  corj^s  (Ibid.,  p.  332).  —  Friedreich,  Hyper- 
trophie  congénitale  et  unilatérale  de  la  tête  {Archiv  fùrpathol,  Anatom.,  t.  XXYIU, 
p.  UlUy  1863,  et  Arch,  de  méd.,  I86/4). —  Passauer,  Arvhiv  f,pathol,  Anatm, 
ttnd  PhysioL,  t.  XXXVII,  p.  410.  —  Busch,  Arch,  fur  klin.  Chirurg.,  1866, 
p.  178.  —  H.  Friedberg,  Reisetnvuchs  des  rechten  Beines  {Archiv  fur  path.  Awrf. 
wid  Physiol.^i,  XL,  p.  353, 1867).  — U.  Trélat  et  A.  Monod,  De V hypertrophie 
unilatérale  partielle  ou  totale  du  corps  (Arch,  génér.  de  méd. ,  série  Vï,  t  XIII, 
p.  536, 1869).  Douze  observations,  empruntéesà  difTdrents  auteurs,  sont  rap- 
portées à  la  fin  de  ce  mémoire.  —  J.  A.  Fort,  Des  difformités  congénUokt ef 
acquises  des  doigts.  Thèse  de  Paris,  1869,  p.  71. —  T.  Holmes,  Thérapeutiq,  da 
malad.  chirurgicales  des  enfants;  trad.  franc,  par  0.  Larcher,  p.  294.  Pari*, 
1870. — W.  Gruber,  Uebereinen  Fall  von  Macrodactylie  beieinemLel>enden(ATfk. 
fiirpathol.  Anat,  und  PhysioL^i,  LYI,  p.  416,  1872),  2  pi.— Ewald,  Angeèome 
und  fortschreitende  Hypertrophie  der  Unken  Hand,  (IfttVf. ,  p.  421,  1872).— 
Tilbury  Fox,  Clinieal  Society,  9  mai  1873,  et  Med.  Times  and  Gr/:,  14  juin 
1873,  p.  642. 

î5   2.    —    ATROPHIES. 

Os  anomalies  de  la  nutrition,  aussi  fréquentes  que  les  hypertrophies, 
sont,  comme  ces  dernières,  l'effet  d'un  acte  physiologique  ou  la  consé- 
quence d'un  état  patholog:ique.  Inséparables  du  développement  normal, 
les  atrophies  physiologiques  se  produisent  dans  les  mamelles,  les  ovaires 
et  l'utérus  à  partir  de  la  ménopause.  Ces  organes,  par  l'amincissement  àf 
leurs  éléments,  peixlent  de  leur  volume  et  de  leur  poids,  sans  présent^ï 
de  changements  importants  dans  leur  structure. 

Les  atrophies  jmlhologiques  se  rencontrent  à  tous  les  âges,  depUt^ 
la  naissance  jusqu'à  la  vieillesse  la  plus  avancée  ;  contrairem^**^ 
aux  hypertmphies,  elles  sont  plus  fréquentes  à  cette  dernière  époi|^^ 
de  la  vie,  où  elles  tendent  à  se  confondre  avec  les  hypoplasies.  Pend^ 
la  période  d'acci'oissomenl  des  organes,  l'atrophie  s'accuse  davant^^ 
parce  fait  que  le  trouble  nutritif  retentit  sur  le  développement:  111^** 
cette  différence,  ([ui  a  été  pour  quelques  auteurs  le  |)oint  de  dépail  d'U»* 
distinction  spéciale  (1  ,  a  peu  d'importance,  et  nous  croyons  inutile  J  <*' 
tenir  ct^^pt^^ 

(i)  Brcsi'hol  (li$tiii{riio  do  l'atrophie  proprement  dite  le  défaut  de  développement  "**' 
appareils  organique»  dans  leur  périmie  d'évolution  primitive,  et  lui  donne  le  nom  d'^S^^ 
nésie  ;  mais  ce  désonire  ne  diffère  on  réalité  du  processus  atrophique  que  par  l'àpe  <** 
il  se  proiiuit. 


HYPERTROPHIES  ET  ATROPHIES.  201 

I^ 'atrophie  affecte  tantôt  un  ou  plusieurs  organes,  tantôt  une  partie 
>lus  ou  moins  étendue  du  corps.  Uans  ce  dernier  cas,  si  elle  n'est  con- 
génitale, elle  se  développe  le  plus  souvent  après  la  naissance,  ou  avant 
'achèvement  complet  du  développement.  Les  organes  les  plus  exposés  à 
^tte  anomalie  de  la  nutrition  sont  généralement  ceux  qu'alimente  un 
oui  vaisseau,  comme  la  rate,  les  reins,  ou  encore  le  foie.  Le  simple  rétré- 
cissement de  ce  vaisseau  suffit  pour  diminuer  l'afflux  sanguin,  et  afl'aiblir 
a  nutrition  d'une  partie  ou  de  la  totalité  de  Torgane.  Partielle  ou  gêné- 
■aie,  l'atrophie  des  viscères  se  traduit  par  une  diminution  de  volume  des 
ïléments,  qui  entraîne  celle  du  parenchyme  dont  la  surface  devient 
parfois  inégale  et  bosselée. 

Les  os,  les  muscles  et  la  peau  sont  affectés  isolément  ou  simultanément. 
U'atrophie  limitée  des  os  n'est  pas  très-rare,  surtout  au  crâne,  où  ces 
organes  sont  quelquefois  réduits  à  une  simple  lamelle  transparente.  Cette 
altération,  malheureusement  peu  étudiée  si  ce  n'est  dans  la  vieillesse,  où 
Tos  disparaît  molécule  à  molécule,  à  l'état  d'élément  osseux  et  non  cal- 
caire, mériterait  d'être  mieux  connue.  J'ai  pu  voir  au  must^e  anato- 
mîque  de  Leyde,  grâce  à  l'obligeance  du  professeuj  Boogard,  un  certain 
nombre  de  crânes,  affectés  de  celte  lésion.  La  base  de  ces  crânes  particu- 
Hèreraent  lésée,  était  transparente,  mince,  ou  plutôt  réduite  à  l'épaisseur 
d'une  feuille  de  papier. 

L'atrophie  isolée  des  muscles  a  lieu  lout(»s  les  fois  que  ces  organes  se 
trouvent  séparés  de  leurs  troncs  nerveux,  ou  que  les  cellules  nerveuses 
centrales  qui  excitent  ces  derniers  sont  altérées,  sinon  détruites.  Elle  con- 
siste en  une  diminution  de  volume,  pure  et  simple,  sans  modilication  de 
la  striation  et  de  la  couleur.  Produite  dans  certains  cas  pjir  la  dispari- 
tion de  quelques  fibrilles,  cette  diminution  de  volume  est  accompagnée, 
tantôt  d'un  dépôt  abondant  de  vésicules  graisseuses,  disposées  par  séries 
entre  les  fibres  musculaires,  quelquefois  d'une»  modilication  irritative  du 
tissu  conjonctif  interstitiel  (alruphie  musculaire  plombique  • . 

Les  cellules  nerveuses  s'atrophient  isolément  sous  Tinfluence  d'une 
irritation  phicgmasique  ;  mais  cettc^  atrophie  secondaire  ne  peut  nous 
^^uper  ici,  pas  plus  que  l'atrophie  des  tubes  nerv(»ux  consécutive  à  la 
flestruction  des  cellules  nerveuses  avec  lesquelh.'s  ils  sont  en  ccmnexion. 
i- atrophie  vraie  et  isolée  de  ces  éléments,  comme  celle  des  cellules 
**Pilhéliales,  est  encore  peu  connue. 

L atrophie  partielle  de  la  peau  consiste  dans  l'existence  de  stries 
ou  de  bandes  circonscrites,  plus  ou  moins  nombreuses,  offi*ant  un 
^»^t  velouté  ou  satiné.  Ces  bandes,  qui  occupent  surtout  la  face  ou  les 
nombres,  suivent  généralement  le  trajet  des  filets  nerveux.  A  leur  niveau. 


202  ANATOMIK   PATHOLOCIQUE. 

la  peau  est  làrhe,  flasque,  plus  ou  moins  insensible,  déprimée,  soi 
décolorée,  et  l'épithélium  qui  la  recouvre  est  génémiement  an 
Dubarrj%  dans  une  thèse  qui  a  pour  titre  :  Atrophie  de  Vépithélium  i 
(Strasbourg,  1869),  décrit  une  altération  qui  n'est  pas  sans  analo^rie 
Talrophie  de  la  peau.  Cette  altération,  qui  s'observe  à  la  bouche,  au 
du  palais  et  au  pharynx,  se  traduit  par  Taspect  lisse  de  la  muqucu 
disparition  des  papilles,  la  production  de  sillons  crevassés  et  quelq 
squameux  dans  ces  diverses  régions.  Dans  Tatrophie  du  tissu  adi 
les  cellules  graisseuses  s'entourent  d'une  zone  claire  vers  laquelle  s*( 
leur  contenu,  qui  disparaît  progressivement  sous  l'influence  de  lan 
lion. 

L'atrophie  simultanée  de  la  peau,  des  muscles  et  des  os  est  comn 
la  face,  où  elle  se  localise  généralement  à  un  seul  côté.  L'hémiati 
faciale  a  été  décrite  sous  des  dénominations  diverses  :  trophont 
faciale,  aplasie  lamineuse,  etc.  Limitée  à  un  seul  côté,  cette  anom; 
nutrition  occupe  une  plus  ou  moins  grande  étendue  de  la  face  sai 
passer  jamais  la  ligne  médiane.  Les  lieux  d'élection,  sorte  de  cen 
myonnement  du  travail  atrophique,  sont  les  points  d'émergence  des 
ches  du  nerf  trijumeau.  La  peau,  le  tissu  cellulaire,  les  os  et  les  m 
sont  la  plupart  du  temps  simultanément  afl'ectés.  Le  processus  ( 
d'ordinaire  par  des  taches  de  coloration  difl'érente  qui  s'étendent,  se 
irnent  de  façon  à  former  des  taches  de  plus  grande  étendue*  (jue  la  ré 
d'autres  taches  agrandit  encore.  Au  front  l'allération  revêt  (juelq 
l'aspect  d'une  cicatrice  obliquement  dirigée  suivant  le  parcours  di 
frontal.  La  peau  s'amincit  et  se  ride,  les  papilles  et  les  bulbes  pile 
minuent  de  volume,  les  poils  blanchissent  ou  tombent.  Le  tissu  cell 
est  plus  ou  moins  atrophié  et  réduit  (aplasie  lamineuse  de  Land( 
plupart  des  muscles  de  la  face,  notamment  le  masséter  et  le  tem 
participent  à  ce  processus  ;  leurs  fibres  diminuent  de  volume,  mai 
eiMiservent  leurs  propriétés  électro-contractiles.  Le  système  osseux 
nMuarquer  par  son  faible  développement  ;  le  maxillaire  inférieur  < 
jugal  sont  ceux  des  os  de  la  face  qui  prennent  la  plus  large  part  à  ce 
ble  de  la  nutrition. 

dette  atrophie  afl'ecte  assez  inégalement  les  diverses  parties  de  I 
front,  crâne,  cavité  buccale^  et  chacun  des  tissus  qui  constituent  a 
lies.  Klle  s'accompagn(»  quelquefois  de  pâleur  di»  la  face,  d  abseï 
>ueurs,  d  abaissement  de  la  température  et  de  faibh^sse  relative  du 
carotidien  dans  le  coté  afl'ecte.  Ces  caractères  s'observent  fivqueii 
aussi  dans  les  atrophies  qui  précèdent  l'achèvement  complet  du  dé 
p<»ment. 


HYPERTROPHIES   ET   ATROPHIES.  20*^ 

Les  âU*ophie$  congénitales  tiennent  le  premier  rang  parmi  ces  dt»niières. 
elles  se  limitent  en  général  à  un  seul  côté  du  corps.  L'hémiatrophie  congé- 
nitale a  moins  frappé  l'attention  des  observateurs  que  l'hémiliypertrophie, 
sans  doute  parce  qu'une  inégalité  peu  prononcée  entre   les  membres 
d'un  côté  et  ceux  de  Tautre  côté  peut  passer  inaperçue,  et  parce  qu'il  est 
parfois  difficile  de  savoir  si  Ion  a  affaire  à  une  atrophie  d'un  côté  plutôt 
qu'à  une  hypertrophie  du  côté  op])Osé    1  .  dette  difficulté  existait  dans  un 
cas  d'atrophie  congénitale  observée  par  Ihoca  sur  toute  la  moitié  droite 
du  corps.   L'œil  gauche  était  plus  ouvert  que  l'œil  droit,  et  la  com- 
missure externe  des  paupières  s'écartait    moins  de   la  ligne  médiane 
du  nez  à  droite  qu'à'  gauche,  la  différence  était  de  près  de  :J   milli- 
mètres. La  ligne  abaissée  verticalement  de  cette  commissure   sur  le 
bord  inférieur  de  la  mâchoire  inférieure  était  à  gauche  d(^  8,5,  à  droite, 
seulement  de   7,6;    la  moitié  droite    de  la  langue  était   plus  petite». 
Les  arcades  dentaires  supérieures  et  inférieures  décrivaient  une  courbe 
plus  longue  à  gauche  qu  a  droite,  et  les  dents  de  ce  dernier  côté  étaient 
irrégulièrement  implantées  faute  d'espace.  La  moitié  droite  du  crâne  était 
moins  développée  que  la  gauche  ;   il  en  était   de  mênïe  de  la  moitié 
droite  du    tronc.    Les  membres  étaient  inégaux,  celui  de  droite  était 
raccourci  de  5  centimètres,  et  cette  diminution  de  longueur  coïncidait 
avec  une  diminution  proportionnelle  de  volume.  La  sensibilité  générale 
paraissait  moins  développée  sur  les  membres  droits  que  sur  les  membres 
gauches. 

Il  nous  a  été  donné  de  voir  trois  cas  de  ce  genre,  dont  deux   sont  en 

ce  moment  soumis  à  notre  examen.  L'atrophie,   un  peu  moins  mani- 

t&ste  que  dans  le  fait  du  professeur  Broca,  occupe  la  face  et  les  membres 

gauches.  Les  deux  femmes  (jui  en  sont  atteintes,  Agées  l'une  de  vingt, 

l'autre  de  vingt-six  ans,  jouissent  de  leurs  facultés  intellectuelles  et  d'une 

excellente  santé. 

tn  jeune  homme  de  vingt-six  ans,  qui  passa  plusieurs  mois  dans  mon 
service  à  l'hôpital  Saint-Antoine,  présentait  une  atrophie  très-accus«'»e 
de  toute  la  moitié  gauche  du  corps.  Les  membres  de  ce  côté,  beaucoup 
plus  minces,  étaient  en  même  temps  plus  courts;  la  marche  était  facile, 
H  il  y  avait  très-peu  de  claudication.  Cette  infinnité  existait  depuis  l'eii- 
lance  chez  ce  jeune  garçon,  dont  la  mère  avait  été  accouchée  au  for- 

(I)  Notre  intention  n'est  pas  de  parler  ici  de  ces  anomalies  apparentes  seulement  à 

l'ail  exercé  du  peintre,  du  sculpteur  ou  de  l'anatomiste,  et  dont  l'influence  physiologique 

est  entièrement  nulle.  Ces  variétés  sont  communes  surtout  à  la  télé.  Voltaire  présentait 

me  moiUé  gauche  du  crâne  un  peu  plus  développée  que  la  moitié  droite  :  Bichat  était 

dans  les  mèmefl  conditions,  ainsi  que  beaucoup  d'autres  personnes. 


20&  AHATOMiB    FATHULOfilOUE, 

cegis  (1).  Les  facultés  inlellecluelles  éluient  intactes,  mais  faililos, 
membres  atrophiés  simplement  un  peu  moins  forts  que  leurs  congéi 
D'autre  part,  il  existe  un  certain  nombre  de  faits  d'atrophie  unili 
l'emontaut  à  la  première  enfance,  et  qui  sont  accompagnés  de  l'ati 
d'une  partie  ou'de  la  totalité  de  l'hémisphère  cérébral  du  côté  o| 
avec  faiblesse  intellectuelle.  La  plupart  de  ces  faite  sont  roni 
dans  l'excellente  thèse  du  docteur  Colard. 

Une  femme.  Agée  de  trente-cinq  ans,  observée  par  moi,  oITrail 
une  atrophie  de  la  moitié  gauche  du  corps  surtout  marquée  au  bra: 
faiblesse  intellectuelle  et  des  attaques  épileptiformes.  Viiie  autre  U 
que  j'ai  soi^méc  en  1873  à  IHfltel-Dieu,  présenta  dès  l'Age  di'.  deux 
lu  faiblesse  du  hi-as  droit  «t  de  In  main  droite,  dont  l'attitude  était  sei 


rliio.  Ce  mcmbif,  moins  volumineux  que  son  confrénèri',  élail  en 
temps  jilus  court  (le  plusieurs  cenlimètres  ;  tontes  ses  parlif-;  cIi 
liiircs,  muscles,  os,  etc.,  étaient  iilrophii'fs.  I,«  jambe  était  aussi  u 

(1)  J'»i  nliierté  imirconJ  ra» d'hiiminlropliii'  c\m.  un  jriin<>  firi:nn  ilnntUmî' 
M  igii\«mcnl  accniicliée  au  fnrrrpi. 


la  SaiptMrii'rc,  dnns  lo 


UÏPBHTHUPUies   ET   ATHUI'HIES.  205 

moins  voluiniiit'usc  à  dixiitc  qu'il  gauche.  La  iiiurt  l'Ut  lieu  ù  Yiifu-  de 

s()iïïDte-si<i  ans,  et  l'hémisphère   gauche  du   ceneau,   iiianirestemenl 

ilimiiiué  de  \oIuiue,  comme  l'indique  la  liguiv  GU,  oiïrail  ui)e  atrophie 

Irés-marquée  de  la  plupart  des  circonvokitious,  de  relies  du  lobe  iiioYrn, 

nolammuiil. 
lue  jeune  personne  (1)  que  j'ai  ohserviV 

siTvicc  du  docteur   Delasiauve,   est   encoi-e 

)ilus  rtniarquable  (li^.  65j  ;  elle  présente  une 

hémiplégie    avec  atrophie    des    membres    ii 

droit?  et  atrophie  de  la  face  ii  gauehe.  Elle 

l'St  aujourd'hui  âg(<c  de  quinze  ans  et  hien 

parlante,  mais  à  peu  prés  complète  ment  dé- 
pourvue des  Tacullés  intellectuelles. 
\  cdté  de  ces  Taits,  il  en  est  d'aulivs  uù 

l'fièiiiiatrophie,  respectiuit   la  faiîe,  se  limite 

aui  deux  membres  ou  à  un  seul,  et  survient 

l'pticment    dans    les   |)remièivs    années    de 

It'xislence.  Cette  atrophie  se  traduit  toujours 

pvune  diminulioii  du  volume  et  de   la  lon- 

|!ueur  des  membres  ;   mais  au  lieu  d'être  en 

rapport  avec  une  aiïection  cérébrale,    elle 

awumpagiic  une   affection    médullaire.   Les 

faits  de  ce  genre  ne  sont  pas   extrêmement 

nm.  j'ai   pu   en  voir  plusieurs,   un  entiv 

Mm  dans   lei|Uel    le   bras  et   la  jambe  du 

«Hé  }(auche  étaient  de  U  centiniêtii;s  plus 
fliiirts  que  leurs  congénères.  Cette  atmphie 
[leul  sunenir  plus  tardivenu-nl  ;  elle  aurait  dé- 
buté k  la  suite  d'une  fièvre  typhoïde  c:hez  une 
jeune  fille  âgée  de  neuf  ans,et  aurait  conmiencé 
vers  l'âge  de  dix-sept  ans  chez  un  jeune 
homme  que  j'ai   soigné  h  l'hi^pilal  Saiiit-An- 


'iG.  <ij.  —  JeiitiefllIedequiiiZK 
an*  ajanl  utw  liémiatrophie  <lc 
la  face  h  gauchi  el  une  liémi- 
plé(ic  avec  atruphie  ilu  troue 
el  dea  menibrci  i  droite. 


(1)  Cl...,  admiie  i  la  Salpt-lricre  le  2Î  juin  1869,  e«t  ilteînte  depuis  ion  entaiiL-C 
d'une  hémiplégie  aiec  atrophie  du  cùtc  droit,  caoronnalion  (Ivfi^ctuEuir  de  la  IHe, 
imbécillité  et  aUaqaei  épileptiquei.  Aujourd'hui  [man  187i)  cette  liite,  Igëc  de 
^■ue  an»,  répond  atKi  justement  aux  question»,  maia  elle  manque  abtolumenl  de 
mémoire,  ignare  ton  âge  et  sait  n  peine  cpeler.  Elle  oITre  une  diipraporlion  mar- 
quée eulre  le  côté  droit  et  le  rùlê  gauche  du  Irone.  La  partie  droite  de  la  poitrine 
cat  moini  uillante  que  la  ninitié  gauche.  La  cireontérence  meiurée  un  peu  au-dCESOUi 
de*  leim  e*t,  à  droite,  de  36, â,  à  gauche  de  39.  Semblable  diaproporlioii  eiiitc  pour 
les  membre*,  et  l'arrêt  de  développement  porte  aniai  bien  lur  let  oi  que  lur  Ie«  partie» 


206  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

toine,  et  qui  attribuait  à  un  travail  exagéré  Tatrophie  des  membres 
droits.  Consécutive  à  des  phénomènes  fébriles  d'apparence  typhoïde, 

molles,  comme  le  prouTent  les  différences  de  longueur.  Les  membres  droits  sont  beau- 
coup plus  courts  et  plus  grêles  que  les  membres  gauches.  Les  membres  sapérieon 
mesurent  : 

ceiitiin.  centim. 

De  Tacromion  à  Tépicondylc à  droite  28      à  gauche  29 

Circonférence  à  la  partie  moyenne  du  bras 2â  26 

Diamètre  transversc  de  Tépicondyle  à  Tépitrochlcc .  A, 7  5,3 

Longueur  du  cubitus 21,5  22,7 

—  du  radius i  8,5  19,5 

l)iamètre  transv.  des  deux  apophyses  styloïdcs 3,8  A  «3 

Circonférence  du  poignet lA  15 

Longueur  du  bord  cubital  de  la  main 12,5  13,5 

Diam.  transv.  au  niveau  de  la  tète  des  métacarpiens .  6,5  7^2 

Longueur  de  Tauriculaire 6  6,5 

—  de  l'annulaire H, 6  9 

—  du  médius 0,2  9,5 

—  de  l'index H  8,5 

—  du  pouce. 5,6  6 

Une  disproportion  à  peu  près  égale  existe  entre  les  membres  inférieurs  : 

ronUm.  coiilim. 

Du  grand  trochanter  à  la  malléole  externe à  droite  70      à  gauche  72 

Circonférence  à  la  partie  moyenne  de  la  cuisse . .  àà  à7 

—           du  genou 30  31 

Diamètre  des  condyles  du  fémur 7,5  7,5 

—       au  niveau  de  la  tête  du  péroné 6^5  7,15 

Circonférence  de  la  jambe  à  sa  partie  moyenne.  28  30 

Diamètre  des  malléoles. 5,5  6 

Longueur  du  pied  (étendu  sur  la  règle) 20^5  21^5 

Diamètre  transVcrsc  du  pied  au  niveau  du  tuber- 
cule du  cinquième  métatarsien 7  6,5 

De  la  malléole  interne  à  l'extrémité  du  gius  orteil  15,5  17,5 

De  l'inégalité  des  deu\  jambes  résultent  l'inclinaison  du  tronc  en  n\ant  et  à  droite 
dans  la  station  terticale,  et  une  claudication  très-marquée,  l^a  marche  est  en  outre  assci 
difficile,  la  jambe  droite,  projetée  en  avant,  retombe  lourdement.  Le  bassin  est  incliné 
à  droite,  toutes  les  articulations  sont  normales. 

La  face  est  également  le  siège  d'un  vice  de  iiroportion  entre  ses  deui  moitiés,  maî«, 
l'Ontrairement  aux  memb^e6^  c'est  à  gauche  qu'elle  est  atrophiée  j  elle  mesure } 

rentlni.  rciiUni. 

De  l'apophyse  mastoïde  au  milieu  du  front ù  droite  17      à  gauche  16,8 

—  ù  la  racine  du  nez yà,b  13,8 

—  au  bord  externe  de  l'orbite  10,3  9,5 

—  à  la  sous-cloison  du  nez. .  là  13,2 

—  ù  la  symphyse  du  menton  15,2  14,4 

La  région  de  la  jolie  gnliclie  est  très-déprimée  ;  le  cùté  gauche  du  maxillaire  inférieur 


HYPERTKOPHIES   ET   ATROPHIES.  207 

l'atiophie,  dans  ce  dernier  cas,  était  sans  doute  liée  à  une  altération  des 
cellules  nerveuses  médullaires. 

In  caractère  commun  à  tous  ces  faits,  c  est  une  faiblesse*  relative  des 
membres  atrophiés  sans  modification  appréciable  de  la  sensibilité. 
Les  diverses  parties  des  membres  particip(*nt  en  général  au  processus 
alrophique  (fig.  65).  Non-seulement  les  os  sont  plus  courts,  ainsi  qu'on 
|)eut  s'en  assurer  par  lexamen  de  la  figure  66  qui  représente  les  radius 
d'un  même  individu  dont  tout  un  côté  était  alTeclé  d'atrophie  infantile , 
mais  ils  sont  encore  moins  épais,  sans  que  leur  structure  soit  not^ible- 
ment  modifiée.   Les  faisceaux  musculaires  offrent   une  réduction   pro- 


est  moins  saiHant  que  le  côté  droit.  Les  mesures  suivantes  ont  été  prises  de  l'anfrlc 
du  maiiilaire  intérieur  de  chaque  coté  : 

ccntiiii.  centim. 
De  l'anfrie  du  maxiUaire  inférieur  à  la  racine  du  nex     à  droite  42,3  à  gauche  H, H 

—  n  la  symphyse  du  menton 9,2  8,4 

—  au  condjfle  du  maxillaire  inréricur                    4,7  4.3 
Diamètre,  d'un  angle  à  l'autre  du  maxiUaire  inférieur  0^5 

Le!f  arcades  dentaires  du  côté  gauche  sont  manifestement  moins  développées  que 
celles  du  côté  droit.  Les  dents  paraissent  également  plus  petites.  La  circonférence  des 
arcades,  prise  à  l'aide  d'un  fU  de  Ter  qui  contourne  les  dents  au  niveau  de  leur  collet, 
depuis  la  dernière  molaire  jusqu'à  l'intervaUe  qui  sépare  les  deux  incisives  médianes, 
est  de  : 

cimtiiii.  rtMitiiii. 

Pour  le  matill&irc  supérieur à  droite  6,4  à  gauche  5,7 

Pour  le  maxillaire  inférieur 6,3  5,5 

La  \oiite  palatine  est  rétrécie  et  profondément  exca>ée,  mais  les  dents  sont  implantées 
à  peu  près  régulièrement.  Le  voile  du  palais  a  tous  ses  mouvements.  La  luette  est  très- 
mince,  elle  se  courbe  brusquement  ù  la  partie  moyenne,  de  telle  sorte  que  son  extré- 
mité se  dirige  horizontalement  et  même  un  peu  en  haut;  à  droite  et  en  avant. 

ijO.  Ic'tc  est  très*volumineuse,  elle  présente  les  diamètres  suivants  : 

Du  milieu  du  front  à  la  protubérance  occipitale 20^3 

Du  menton  au  sommet  de  la  tête 24,5 

Diamètre  transverse  au-dessus  du  conduit  auditif 15 

Du  bord  interne  de  l'orbite  au  côté  oppoM> 11 

Diamètre  bipariétal 16 

Le  front  est  un  peu  couvert,  les  arcadcssourciliëressontégalementsuillantes,  les  bosses 
frontales  volumineuses.  Les  deux  orbites  ont  les  mêmes  dimensions.  Les  deux  pupilles 
•ont  également  dilatées,  l'acuité  visuelle  paraît  identique  pour  les  deux  yeux;  cependant^ 
reafiiot  dit  apercevoir  plus  nettement  les-  objets  de  l'œil  droit.  La  commissure  labiale 
droite  est  un  peu  inclinée  en  bas,  surtout  lorsque  l'enf'int  rit.  La  langue  n'est  pas 
dériée,  ses  deux  côtés  sont  égaux  ;  les  sensations  gustatives  sont  perçues  des  deux  côtés. 
La  sensibilité  a  la  douleur  et  à  la  température  semble  un  peu  plus  ralenUe  à  droite. 
IjÊ.  températwe  des  aisselles,  mesurée  plusieurs  fois  à  l'aide  du  thermomètre,  n'a  pas 
fonmi  de  différence  bien  appréciable  dans  les  deux  côtés. 


208  ANATUHIE   rATHULOUIttUIE. 

givssive  de  leur  volume,  ils  conservent  leurs  siries  et  leur  coloralioii  soi 
venl  jusque  dans  les  derniers  temps,  ainsi  qu'il  est  facile  de  s'on  assun 
|iar  l'examen  de  lilfres  musculaires  doi 
une  ))ortion  seulement  u  disparu.  L< 
tubes  nerveux,  en  raison  sans  doute  ( 
leur  composition  chimique,  ont  une  pit 
jcrande  tendance  a  devenir  granuleux.  U 
artères  sont  diminuées  de  calibre,  et 
(leau  est  uianifeslemenl  amincie. 

Éliologie  et  pathogénie.  —  Lescaust 
des  atrophies  sont  des  désordres  qi 
portent  sur  le  système  circulatoire  c 
sur  le  système  nerveux.  Les  trouM 
circulatoires  générateurs  de  l'alropb 
sont  locaux  ou  généraux.  Parmi  I 
désordres  locaux,  il  convient  de  cil 
la  ligature,  l'obslruclion,  la  iwmpre 
sion  prolongée  d'un  tronc  arlériei  prfi 
cipal,  si  la  circulation  ne  se  rétal 
pas  complètement  par  les  vaissea 
collatéraux.  Les  membres  inTérieurs  ■ 
viennent  plus  grêles  chez  les  mala.» 
dont  l'aorlo  est  oblitérée.  Uarth  a 
l'atrophie  du  foio  produite  par  la  co 
)iression  d'un  ganglion  volumineux  ' 
l'artère  hépati<|ue.  De  mém<<  la  corapi 
siou  des  artères  carotides,  d'après  q^ 
<|ues  auteurs,  contribuerait  à  atropfc 
chez  les  crétins  la  partie  antérieure- 
l'encépliale.   La  compression  dos  v£ 

cbviirères,  colle  du  canal  tborucia* 

ÏK.  66.  —  Deux  humcrus  provenant   ..."  ..        ,,  i    i      j    i   ■ 

dun  métn.  injiviju.  Uplu.  peiii,   I  "bstruction  d  un  Canal  glandulaire,  S* 

inaiiir«Bteineni  atrophié,  «iégeail  du  des    conditions  qui  agissent  sans  dL>' 

cfllé  atteclé  île  p;iraljsie  infanlile.        j  i         ,  T  j-     ■   — 

dans  le  même  sens  :  les  uuesdimina* 

la  quantité  des  matériaux  nutritifs  ;  les  autres,  la  quantitc-  de  sang  née 
saire  à  la  nutrition  des  organes.  L'atrophie  du  pied   des  Chinoises 
ivconnatt  pas  d'autre  cause. 

Le  repos  trop  absolu  tend  également  à  diminuer  la  nutrition  et  à  pi 
duire  l'atrophie.  Les  nerfs  optiques  diminuent  de  volume  lorsque  la  céC 


HYPERTROPaiES  ET   ATBOPBIES.  209 

esl  complète  et  prolongée,  tes  muscles  destinés  à  mouvoir  un  membre 
ankylosé  ne  tardent  pas  h  s'amincir;  la  portion  d'inteslin  située  au-des- 
sous d'un  anus  contre  nature  se  rétrécit  et  s'atrophie  plus  ou  moins  com- 
plétenient.  L'inanition  ne  produit  guère  l'atrophie  simple;  elle  déter- 
mine plutôt  une  sorte  de  régression  des  éléments,  avec  atrophie  consé- 
cutive. 

Les  désordres  du  système  nerveux  qui  eittralnent  l'atrophie  a  leur 
suite  affectent  les  centres  cérébro-spinaux  ou  les  nerfs.   La  moelle  épi- 


hc.  S7.  —  Coiipe  treoiverMle  de  la  moelle  ^pini^ra  à  Is  région  «rricale.  La  corna 
"l^rieure  gauche  de  lubilance  Elite  0*1  al  raphia  et  lei  cellules  nerveuiei  ont  en  franda 
paHJeditparu.  Le  membre  correipondnntitrnphiêaaonradiui  repntaenté  fig.  66. 


niére,  plus  souvent  que  les  hémisphères  oTÙbiaux,  en  esl  le  point  de 
<léptrt.  Cet  organe  tient  sous  sa  dépendance  la  parahsie  alrophique  de 
leoraoce,  l'atrophie  musculaire  progressive,  et  peut-être  aussi  l'atrophie 
piombique,  enlin  les  atrophies  musculaires  qui  accompagnent  ta  pani- 
plégie.  Dans  ces  circonstances,  l'atrophie,  comme  le  prouvent  les 
Bgures  67  et  fiSqui  représentent  des  c<>U|ies  d'une  moelle  dans  la  paralysie 
infantile,  coexiste  avec  une  altération  plus  ou  moins  étendue  des  cellules 
des  cornes  antérieures,  et  par  conséquent  il  est  difficile  de  nier  qu'elle 
LUKOUFi.  —  Trailé  d'Anal.  (  —  It 


210  ANATOMIE  PATËOLOGIQUE. 

ne  lui  soit  subordonnée  (1)  ;  le   plus  souvent  unilatérale,  elle  s'êteud 
quelquefois  aux  deux  côtés  du  corps,  atteint  ou  respecte  des  parties  très- 

(1)  Paralysie  infantile  spinale  avec  atrophie  des  membres,  — M...^  employé  de 
commerce^  âgé  de  dix-huit  ans,  se  dit  atteint  depuis  l'âge  de  deux  ou  trois  ans  d'uoe 
paralysie  du  bras  gauche  sans  avoir  jamais  recouvré  l'intégrité  du  mouvement.  Ce 
membre,  dont  la  sensibilité  est  conservée,  offre  une  attitude  spéciale  qni  tient  i 
la  flexion  permanente  des  doigts,  l'index  seul  ayant  conservé,  à  un  faible  degré,  le  mou- 
vement d'extension.  En  outre,  quand  le  malade  essaye  d'imprimer  un  mouTemeot 
brusque  à  son  bras  gauche,  il  se  produit  une  luxation  de  la  tète  de  rbumcnu,  qoi 
abandonne  la  cavité  glénoïde  pour  venir  se  placer  à  la  partie  supérieure  du  bord  axil- 
lairc  de  l'omoplate.  Aujourd'hui  (mars  1871),  il  existe  une  atrophie  manireste  dec« 
membre,  comme  le  prouvent  les  chifTres  suivants  : 

Circonrércnce  à  l'insertion  du  deltoïde,  membre  gauche  0,080,  membre  droit  0,165 

—  à  la  partie  moyenne  du  bras —  0,080  —  0,175 

—  à  la  partie  moyenne  de  l'avant-bros  —  0,10  —  0,18 
Longueur  de  la  tète  de  l'humérus  à 

l'épitrochlée —  0,30  —  0,33 

—  de  la  trochlce  à  l'apophyse 

styloïde  du  cubitus —  0,24  —  0,26 

—  du  doigt  médius —  0,095  —  0,105 

Par  contre,  la  jambe  droite  est  plus  mince  et  plus  courte  que  la  jambe  gauche  diD$ 

l  es  proportions  que  voici  : 
Circonférence  de  la  cuisse  à  sa  partie  moyenne,   membre  g.  0,36,  membre  dr.  0,3S 

—         à  la  hauteur  des  mollets -—  0,28  —         0,27 

La  longueur  diffère  peu  d'un  côté  à  l'autre. 

Ce  malade,  atteint  de  phthisic  pulmonaire  depuis  plusieurs  mois,  meurt,  le  S  a^ril 
1871,  d'un  pneumothorax.  On  constate  à  l'autopsie,  outre  l'altération  des  pounions,  i< 
tuméfaction  des  glandes  méscntériques  et  des  glandes  intestinales  au  voisinage  de  b 
valvule  iléo-caecale,  et  un  état  gras  du  foie. 

Le  bras  droit  est  normal,  mais  le  bras  gauche  oifrc  des  modifications  aaatomiqitts 
importantes.  Le  deltoïde  gauche  a  presque  complètement  disparu;  le  triceps  brachiale^ 
moins  atrophié,  mais  le  biceps  est  relativement  plus  mince  que  ce  dernier.  Les  muscles 
de  la  région  postérieure  de  l'avant-bras  du  môme  côté,  l'extenseur  commun  prindpi- 
lement,  sont  réduits  à  l'état  de  bandelettes  minces  et  transparentes,  à  peu  près  comme  le 
feuillet  du  mésentère.  L'extenseur  propre  de  l'index  est  seul  un  peu  coloré.  I.ies  flédif- 
scurs  conservent  également  un  léger  degré  de  coloration,  mais  leur  volume  est  tit*- 
petit  relativement  ù  celui  de  leurs  congénères.  Les  os  du  bras  gauche  sont  plus  courts  et 
plus  minces  que  ceux  du  bras  droit.  Le  radius  gauche  mesure  23  cent.  1/2,  le  droit,  26c. 
f^voyeztig.  66). 

Les  muscles  do  la  cuisse  droite  sont  moins  colores  et  plus  minces  que  ceux  de  la  csisfC 
gauche  tout  à  fait  normaux.  La  ditîcrencc  est  moins  accusée  à  la  jambe.  A  la  face,  kf 
muscles  du  côté  gauche  sont  moins  volumineux  que  ceux  du  côté  opposé.  An  troaCt 
les  muscles  pectoraux  sont  également  plus  minces  et  moins  colorés  à  gauche  qu'i<M& 
Le  grand  dentelé  gauche  est  atrophié  et  les  muscles  intercostaux  internes  et  externes  di 
même  côté  sont  moins  colorés  que  ceux  du  côté  droit.  Les  muscles  abdominaux  dacôt^ 
gauche  sont,  par  rapport  à  leurs  congénères,  encore  moins  moilifiés  que  les  précédeots. 

Le  cerveau  est  partout  ferme  et  semble  normal.  L'hémisphère  gauche  du  cervelet  pin^ 
moins  \olumineux  que  le  droit,  mais  In  différence  est  peu  sensible.  On  ne  cot^ 


IIVPtnrROI'BIES   ET    VTROPBIES.  211 

foines.  Les  alrophîes  congénitales  rcviMent  surkiut  la  forme  hmiplfi- 
■ux  membres  supérieur  et  iiifiirieur  ou 


';  ullesse  loculiseiit  ù  la  face,  i 


IhkC.  68.  —  Coape  tr«nsvenalG  de  la  moelle  praliquéa  à  U  ti^ion  \oaib*in-.  L'.-illératiuii 
'  pwte  nFluiivemiMit  lur  le  gn)u|M  iii6dUn  ou  inlLTo-eileTne  det  cellulM  nerveuus  >1« 
It  nruc  «nlirieure  drolle  ;  t\lt  dlmt  Accompagné  iI'ud  léger  degré  d'iljophje  da  meiiilire 
inliikat  du  mime  cdtA. 
toes  diverses  parties  à  lu  fois,  et  cetU^  localisation,  \wv  diiïéretiti!  de 
Belle  des  atrophies  résullanl  de  l'emploi  du  forceps,  de  l'alti'^ralioii  d'un 

■riUlcu»  aucune  nltémllon  de  In  lubstnncc  prnprc  Je   fcI  iir^oc.  l*  duro-roère   spi- 
nale, ilpaiHie  A  h   partii?  gnp^rïenrc,   est  opaline  lians  prc«(ue  tonte  too  ûtenduc  ;  li 
(lic^mère  n'a  riva  d«  ip^cial,  et  Ici  racinei  posIÉricnrea  •ont  normalvi.  Lei  racinei  anl^- 
rifurri   ili>  ta  premt^rt  et  de  ta  demiéme  poire  tout  plus  niincea  ilu  ciilé   (tanche.  La 
[r»itirmi?  paire  du  mfmi'  colc  pat  ninniFestement  Blr'ipliiée  ;  lea  quatrième,  cinquième, 
liiièmc  et  •epti^me  puirei  ^auchea  «anl  auisi  diminuéea  de  tulume,  cl  le»  tiibea  nerveui 
i|iii  [tu  conalltuent  panlsaent  moins  nombreux  qu'a  droite.  A  partir  de  la  liullii'me  paire, 
l>->  radoM  aont  égalet.  Lu  région  doraale  et  la  réfion  lombaire  n'olTrent  pat  de  dilté- 
rfDce  de  •alnme  bien  appréciable.  Une  ineiaioti  Iranateraalr,  ijraliquée  un  peu  au-deuu* 
du  nnllrmaul  i-ertical,  montre  qn'il  e:tljle  une  dliïcrcncc  leniiblr  entre  Ica  tli'ui  eornea 
Fjt  la  tobatance  grîie.  La  corne  droite  e<l  à  peu  prèi  oominle,  tandia  iiue  li  tourne  gnuche 
^Hk  atrophiée  et  diminiiilie  d'environ  un  tien  dani  non  iliami'lre  trnnavertal.  Cnc  incîtlnn 
HpMl^iiée  an  ol'Eaa  dn  reonement  lombaire  montre  uno  dilTémnee  peu  aenalble  ;  la 
^'ceme  droite  parait  plut  petit''  que  h\  iruiicbi'. 

L'eianwB   mlctoacopiiiui'   <li'  lu  uKielle  uni  fuit  par   M,   Hcrrel.   Sur   une   pri'micrtf 


212  ANATOMIE   PATHOLOGIOUE. 

hémisphère  cérébral,  ou  de  l'absence  d'une  portion  de  la  moelle  épiDière 
et  des  nerfs  qui  en  émanent  (Schrœder  van  der  Koik),  indique  manifeste- 
ment  une  influence  nerveuse. 

Les  atrophies  consécutives  à  l'altération  d*un  tronc  nerveux  sont  de 
deux  sortes,  les  unes  résultent  de  la  séparation  d'un  nerf  moteur  de  son 
centre  d  action,  les  autres  de  l'amputation  d'un  membre  ou  de  la  dispari- 
tion d'un  tronc  nerveux  sensitif.  Dans  le  premier  cas,  l'atrophie  se  pro- 
duit dans  le  tronc  nerveux  situé  au-dessous  du  point  lésé  et  dans  le; 
muscles  animés  par  ce  tronc  ;  dans  le  second  cas,  elle  a  lieu  dans  le  nerf 
au-dessus  de  la  partie  retranchée  ou  excisée,  et  dans  la  portion  correspon 
dante  de  la  moelle  épinière.  L'atrophie,  tantôt  descendante,  se  propafç 
aux  muscles,  tantôt  ascendante^  gagne  la  moelle  épinière  (1).  Cepro 
cessus,  enfin,  est  quelquefois  l'eiïet  d'une  action  réflexe  ;  un  cas  rapport 
par  Fabrice  de  Hilden  semble  rentrer  dans  cette  catégorie  à  laquelle  5 

cuupe  occupant  l'espace  compris  entre  la  deuxième  et  la  troisième  paire  cervicale^  on  cm 
State  que  la  corne  antérieure,  normale  à  droite,  est,  à  g^auche,  rétrccie  dans  tous  ses  di 
mètres,  et  que  les  cellules  y  sont  en  grande  partie  disparues  (Ag.  67).  11  en  reste  bi 
quelques-unes  dans  la  partie  antéro-inteme,  mais  elles  sont  entourées  d'un  tissu  d'ipi) 
rence  Abroîde  dense,  fortement  coloré  par  le  carmin  et  dans  lequel  on  ne  retrouve  plus 
cylindres  d'axe.  Ces  cellules,  plus  petites  que  celles  du  côté  opposé,  ont  perdu  leurs  pi 
longements  et  paraissent  contenir  un  plus  grand  nombre  de  granulations.  De  Is  pé 
pbérie  de  la  substance  grise  partent  des  tractus  cclluleux  épaissis  qui  donnent  aux  psrt 
(les  faisceaux  latéraux  des  points  avoisinants  un  véritable  aspect  fibreux.  Celte  dispositi 
est  remarquable  surtout  au  niveau  de  l'angle  antéro->externe  qui  correspond  au  gros 
du  tractus  intermédio-laléral,  lequel  a  disparu  complètement  de  ce  côté.  Les  cornes  pof 
rieures,  non  atrophiées,  ont  tous  les  caractères  de  l'état  normal. 

Une  seconde  coupe^  pratiquée  vers  la  quatrième  ou  la  cinquième  racine,  offre  la  mé 
altération,  car  on  y  compte  à  peine  deux  ou  trois  cellules  ratatinées  dans  un  tissu  ext 
mement  dense  et  rouge,  surtout  au  niveau  antéro-externe.  Les  cordons  latéraux  ne  si 
pas  altérés. 

A  la  partie  supérieure  du  renflement  lombaire,  la  substance  grise  apparaît  au  mie 
scope  privée  de  quelques-uns  de  ses  noyaux  ganglionnaires,  et  les  points  où  se  troa«e  ce 
altération  présentent  un  certain  degré  de  condensation  que  le  carmin  fait  apparaître  « 
la  forme  de  petits  ilôts  sensiblement  placés  dans  les  points  où  l'on  rencontre  ordinaireo* 
les  agglomérations  cellulaires.  Un  de  ces  ilôts  se  remarque  au  niveau  du  groupe  tatà 
antérieur:  il  est  parfaitement  limité,  et  de  forme  ovoïde  (flg.  68).  Vers  la  partie  moyei 
de  la  même  région^  l'œil  nu  constate  rexistencc  d'une  atrophie  manifeste  portaat 
toutes  les  dimensions  de  la  substance  grise  dont  la  forme  générale  est  conservée, 
agrégats  de  cellules  ne  contiennent  qu'nn  petit  nombre  d'éléments  plus  ou  moins  dimii 
de  volume.  La  condensation  scléreuse  du  tissu  est  surtout  manifeste  pour  le  noyau  ant 
externe  qui  constitue  la  partie  la  plus  altérée  de  la  corne.  Dans  la  partie  inférieur 
renflement  lombaire,  les  noyaux  ganglionnaires  sont  très-apparents  et  contiennent 
cellules  pourvues  de  leurs  prolongements.  La  substance  grise  postérieure  est  saine, 
cordons  latéraux  sont  exempts  de  sclérose. 

(1)  Vulpian,  Archiva  de  physiologie,  années  1868  et  1869. 


343 

[.iliuclit^iil  au   moins  i|Lii>!qiies-uiies   ile:>   ali'(i|iJiie!>  ijui   suocèdciil  aux 
iii'ïi".ilgîes  il). 

Ctrlai Des  atrophies  linêaii'es  et  circonscrites  de  lu  pi'au  ne  reconnais- 
s^al  pas  d'autre  origine  qu'une  altération  nerveuse,  mais  celte  alléra- 
lioii  mëritemit  d'âtre  mieux  étudJBo.  Ftoinberg  atlriiiue,  à  raltéralioii 
liu  tronc  du  gi-and  sympathique  un  cas  d' hémiatrophie  faciale  sucré- 
iknl,  chez  une  femme  de  vnigt-huil  ans,  u  une  vaste  suppuration  qui. 
ilu  cûte  gauche  du  cou  s'étendait  jusqu'à  l'amygdale  correspondante: 
11'  un,  les  ti'vres  et  les  joues,  aussi  bien  que  la  moitié  gauche  de  ia 
liiti^ijc  et  de  ia  voûte  palatine  étaient  plus  petits  que  les  mêmes  parties 
(lucitté  opposera),  les^n^lions  du  grand  sympathique  nul  d  ailleurs  sur 
linalrition  une  influence  qui,  pour  n'être  pas  bien  connue,  n'en  est 
pu  moins  nielle,  mnlgn'  le  peu  de  rondement  de  ce  ({ui  a  été  dit  de 
Il  production  de  l'atrophie  musculaii'c  par  l'allénition  de  ces  ganglions. 

De  ces  considérations  il  ressort  ce  fait  incontestable,  à  savoir  qu'il 
'liste,  à  cdtê  des  atrophies  litres  il  un  désoitire  mécanique  de  la  circulation, 
in  ilrophies  soumises  à  l'influence  du  système  nerveu.v.  Si  les  premières 
deces  atrophies  .sont  faciles  il  expliquer,  il  est  plus  difficile  de  savoir 
1k1  est  li;  mode  de  production  des  dernières.  A  cet  égard  plusieurs  bypo- 
lli*»«s  peuvent  être  laites  :ou  bien  l'aftlusdu  sang  est  diminué  par  la  cx3n- 
Inelion  active  des  vaisseauv  sous  l'influence  nerveuse;  nu  bien  le  sang 
(irciile  comme  à  l'ordinaire  dans  les  vaisseaux,  mais  le  tissu  ne  l'emploie 
l^n*  dans  les  proportions  normales  pour  sa  nutrition. 

U  pAleur  ûes  parties  atrophiées  dans  quelques  cas  d'bémialrophie. 
I  abeiswmenl  relatif  di'  la  température  et  l'absence  de  sueurs  dansées 
'ohnvs  parties,  semhlei-nient  indiquer  qu'à  l'iiiveree  des  hypertrophies  U 
«Ides  atrophies  résultant  de  la  contraction  nerveuse  des  vaisseaux.  I^s 
fienccs  de  Cl.  Ilemard  prouvent,  en  effet,  que  si,  après  In  section  du 
itliique,  il  j  a  accélération  du  cours  du  sang,  le  contraire  a  Heu  à  la 
de  la  galvanisation  de  ce  nerf.  On  comprend  qu'une  excitation  pro- 
du  svmpatliique  soit  de  nature  îi  produiii-  ini  retjait  des  vaisseaux 


n 


UliU.  Kolhniisclj'Jrophm'it  Stui-ungrn  M  Neural.jien   <A<vh.  f.  Psychmtfa,  l,  11. 
t,  1899.  ASchmidCa  Jtxhtih.,  I.  CSLIV,  p.  156(. 

^  C»»t  uni  doute  ftuni  à  une  léiion  nerveuse  qu'il  convient  d'attribuer  un  ras 
Ulrapliie  de  lu  («ce,  ubM-rvêe  p«r  te  docleup  PniiM  {Soc.  île  ehirwiji',  5  mai  \V.f><i] 
Ikmwdliidnde  lingt-cinq  aniqui,  àl'Age  dcdit  ani,  a'étiiiirraclaré  U  partie  R^uctii' 
fc  Bâchaïrc  infprÎL'ure.  Non-seulement  le  maiillairc  inférieur,  mais  encoi'o  l'oi  iïgo- 
«,  le  niMilltireiupérieur H  l'arcade  orbitnJredumëmecûliJaYaicnt  lubi  un  ïrrrldi 
(wloppemenl,  de  tcllenorteqiic'lninoilii'itniii-tiedelflface  clnil  aplatie  et  le  ne)  dûri^iï 
^Wi  Ir  ui^mc  U'ns. 


\ 


21&  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

et  une  atrophie  consécutive  ;  mais  s'il  en  est  ainsi  dans  un  certain  norol^x^ 
de  t^as  où  1  atrophie  simultanée  de  différents  tissus  n'est  accompagi:^^ 
d'aucun  trouble  appréciable,  il  y  a  lieu  de  croire  que,  dans  d'autres  ci^*- 
constances,  le  désordre  nerveux,  point  de  départ  de  l'atrophie,  agit  cle 
préférence  sur  les  éléments  des  tissus  dont  il  modifie  la  nutrition.  C'esV  <3u 
moins  ce  qui  parait  exister  pour  l'hémiatrophie  faciale,  limitée  à  quelq^ja^^s- 
unes  des  régions  animées  par  le  nerf  de  la  cinquième  paire. 

BiBUOGRApniE.  —  Atrophie  ea  i^éaéral.  —  Fr.  Hoffmann,  Disserta  de 
atrophia.  Halle,  1702.  —  Hasse,  Diss,  de  atrophia  membrorwn  particutliM^. 
Tubingen,  1813.  —  Bouillaud,  Dict,  de  méd,  et  de  ehirurg.  pratiq.^  ^tit 
Atrophie.  Paris,  1829.  —  Lobstein,  Traité  d'anatomie  patholog.  Paris,  182^> 
t.  I,  p.  60.  —  Carswell,  III,  oftheelem.  fo/t*ms  of  disease^  1836.  —  Cnoss^*-'^' 
Recherches  expérim,  sur  l'inanition.  Paris,  18/i3.  —  Paget,  Lectures  on  surgiCT'^ 
Pathology.  London,  1853.  —  Ch.  Robin,  Atrophie  des  éléments  anatomiq\^^^ 
{Gaz,  méd.,  1854,  420).  —  Fôrster,  Archiv  f,  path,  Anat,  u.  Physiol.y  t  XT        ^ 


p.  198.  —  BouTiN  DE  Beauregard,  Des  cames  qui  peuvent  amener  V atrophie  et 
moyens  de  la  combattre.  Thèse  de  Paris,  1853.  —  Virchow,  Handb.  der 
Path.  und  Thérapie,   art.  Atrophie,  t.  I.  Erlangen,  1854.  —  B.  Ball,  art 
Atrophie,  Dictiomiaire  des  sciences  médicales,  t.  VH,  p.  179.  Paris,  1867. 

Atrophie  congénitale  ou    Infantile.  —  MouuNiÉ,    Becueil  de  faits  cli- 
niques. Bordeaux,  1842.  —  P.  Broca,  Inégalité  congénitale  des  deux  moitiéi 
corps  (fiaz.  méd.  de  Pam,  1859,  p.  445).  —  J.  Cotard,  Étude  sur  C atrophier 
partielle  du  cen^cau.  Thèse  de  Paris,  1868.  —  Alf.  Petitfils,  Considérât, 
f  atrophie  aiguè  de*i  cellules  motnc.es  [Parnlysio  infantile  spinale.  Paralysie  spinal 
aigitè  de  l'adulte).  Thèse  de  Paris,  1873.  —  Comparez  les  nombreux  travaux 
mr  la  paralysie  infantile  et  Tatrophie  musculaire  progressive. 

Atrophie  nenro^paraljtlqne   de    l*adnlte.    —   Romberg,   Klin.   Ergebn,^^ 
gesammt.  von  llenoch.  Berlin,  1846.  —  Bergson,  De  Prosopodysmorphia,  Diss^^^ 
inaug.  Berlin,  1837.  —  0.  Huter,  Singularis  cujusdam  atrophiœ  causœ  nonnuil,^^ 
Diss.  inaug.  Marburg,  1848.  —  Cn.  Lasègue,  Sur  ttne  forme  d^ atrophie  par -^^ 
tielle  de  la  face  {Archives  génér.  de  médecine,  série  IV,  t.  XXIX,  p.  72, 1852). 
P.  GuTrtiANN,  Ueber  eitiseitige  Gesichtsatrophie  durch  den  Einfluss  trophiscl 
Nerven  (Archiv  f.  Psychiatrie  et  Schmidt's  Jahrb.,  t.  CXXXVHl,  p.  296,  1868) 

—  Fr.  Barwinkel,  Zw  Lehre  von  den  neuroiischen  Gesichtsatrophie  {Archiv  d 
lleilkxmde,  t.  IX,  p.  312, 1868).  — L.  Lande,  Essai  sur  Vaplasie  lumineuse . 
de  Paris,  1870,  et  Archives  génér.  de  méd.,  mars  1870,  p.  315.  — Eulenburg-     -» 
Ilemiatrophia  facialis  progressiva  [Lehrb.  d,  funct.  yervcnker.  Berlin,   1871^  - 

—  H.   Fremy,   Étude  critique  sur  In  trophonévrosc  faciale.  Thèse   de   Paris  -»• 
1872. 


r.HAI'ITRK  II 


DES   HYPERPr,ASlES 


L  Sous  le  nom  d'iiyperplnsies  [de  Wif,  en  excès,  el  kôXoohv,  former)  nous 
isigDoiis  des  altérations  qui  oui  (lour  origine  l'aclivité  nutritive  exag*'- 
taou  déréglée  de  cei'tains  tissus,  et  pour  principal  caractère  la  foi-mn- 
m  d'élémeats  iiistologiques  nouve-aux. 
Ces  altf^Uons  constituent  le  groupe  le  plus  important  des  désordres  nu- 
IriliTs;  elles  se  produisent  suivant  les  lois  (luipn^siileiitk  la  formation  et  au 
I  ilévduppemcnt  lies  tissus  organiques.  (Quelquefois  les  tissus  qui  en  sont 
èpoinl  de  départ  se  tuméfient,   leurs  éléments  absorbent  d'abondants 
iriaux.el  se  multiplient  comme  il  an'ivepour  les  tissus  qui  s'nccrois- 
I;  loul{>  la  différence  consiste  dans  l'anomalie  du  pht-nomëne,  qui  est 
^,  ou  qui  survient  à  une  époque  où  il  ne  doit  pas  avoir  lieu,  Le  plus 
NiTfïit,  ces  (issus  subissent  une  modification  en  vertu  de  laquelle  appa- 
raît de  nombreuses  cellules  et  se  produit  uit  tissu  semblable  au  lissu 
w  b  nurfaoe  des  plaies,  ou  tissu  des  bourgeons  charnus,  O  tissu  indiiïé- 
"SbI,  titsu  embrj'onnairi'  de  quelques  auteurs,    composé  de  cellules 
1,  arrondies,  constituées  par  un  noyau  rond,  entouré  d'une  faible 
■{utntitu  de  protoplasma,  est  le  substralum  qui  sert  â  former  les  élé- 
'Beois  déHiiitifs  de  la  plupart  des  fayperplasies,  à  peu  près  comme  on  voit 
1*1  tissus  les  plus  divers  de  l'organisme  naître  au  sein  des  éléments 
cwittitutifs  de  l'embryon. 

Us  hyperplasies  oflrent  des  difTéreiices  résultant  de  la  vitalité  plus  ou 
"loiDi  grande  de  leurs  produits  et  des  phénomènes  généraux  qui  accom- 
lugieDt  leur  formation.  Tenant  compte  de  ces  différences,  nous  les 
^<iupcrons  sous  les  chefs  qui  suivent  :  1"  les  phlegmasies  qui  ca- 
'^lérisent  des  produits  généralement  limités  et  transitoires:  2°  les 
'"^plaKies  qui  constituent  des  tissus  durables  et  envahissants. 


216  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE, 

ARTICLE   I".    —    DES    PHLEGMASIES. 

Les  mots  phlegmasie  (çXiyw,  je  brûle)  et  inflammation  (inflommare^ 
flammer) ,  connus  dès  les  temps  les  plus  anciens  de  la  médecine,  tirent 
aucun  doute  leur  origine  de  l'élévation  de  température  et  de  la  rougeu  r 
propres  aux  phénomènes  qu'ils  servaient  primitivement  à  désigner.  Avec  1  ^ 
temps,  la  signification  de  ces  mots  a  varié,  et  quand  à  certaines  époques  o  « 
en  vint  à  identifier  la  lésion  avec  la  maladie,  ils  furent  considérés  comir:^® 
des  termes  spécifiques.  Aujourd'hui  le  mot  phlegmasie,  ainsi  que  le  mc:^ 
fièvre,  n'est  plus  employé,  avec  raison,  que  comme  une  expression  gène 
rique  s'appliquant  à  des  modalités  anatomiques  et  à  des  formes  phénomè 
nales  diverses,  dont  le  point  de  départ  commun  est  l'irritation  nutritive 

Mon  intention  n'est  pas  de  donner  l'historique  de  ces  variations,  pa; 
plus  que  de  faire  connaître  les  nombreuses  définitions  qui  ont  eu  coui 
dans  la  science  au  sujet  du  processus  phlegmasique.  Ce  processus  repré- — ^^ 
sentait  pour  Celse  l'ensemble  des  symptômes  suivants  :  tumor^  rubor^  caloi\ 
dolor;  mais  ces  symptômes  cardinaux  de  l'inflammation,  qui  ont  eu  long- 
temps le  privilège  de  figurer  dans  les  définitions,  font  en  partie  défaut  danf 
certains  états  qu'il  est  impossible  de  ne  pas  considérer  comme  inflamma- 
toires, et  par  conséquent  ne  peuvent  servir  de  base  à  une  définition.  Se  pla- 
çant à  un  point  de  vue  purement  anatomique,  quelques  auteurs,  principa- 
lement l'école  de  Tienne  dans  ces  derniers  temps,  ont  défini  l'inflam- 
mation a  un  travail  morbide  qui  débute  par  la  stase  et  aboutit  à  l'exsudé 
lion  ».  Mais  cette  définition  est  vague  et  incomplète,  vague  parce  que  1  -^ 
sens  exact  du  mot  exsudât  n'est  pas  indiqué,  incomplète  parce  qu'elle  ik-  -o 
semble  pas  tenir  compte  de  1  inflammation  des  tissus  sans  vaisseaik.     '^ 
rouges,  tels  que  les  cartilages  et  la  cornée.  D'ailleurs,  pour  avoir  uneid^^?"^ 
juste  du  processus  phlegmasique,  il  importe,  à  l'exemple  de  Bichat  ^e?t 
d'Andral,  de  se  préoccuper   à  la  fois  et  de  la  cause  génératrice  de  ^cre 
procossus  et  dos  lésions  anatomiques  qui  en  sont  le  résultat.  Aussi,  tenû"■^t 
compte  do  cos  doux  ordres  do  faits,  nous  définirons  rinflammation  :  &  «" 
trouble  local  do  la  nutrition  ayant  pour  point  do  départ  l'irritation  (I  «^'^ 
éléments  histologiquos,  et  pour  consé(juonco  la  production  d'un  exsucW  ^^ 
fibrino-albumineux,  d'un  liquide  purulent,  ou  enfin  la  formation  limifc^*^ 
d'un  tissu  ombryonnain»  qui  est  résoibé  ou  éliminé,  s'il  ne  s'organise    ^^^ 
tissu  cicatriciel. 

p]n  pratique,  la  délimitation  des  phlogmasies  n'est  pas  toujours  far?  i^^ 
il  établir;  mais  l'activité  dos  phénomènes  qui^  leur  sont  propres,  la  rapid  ^^^ 
de  leur  évolution,  les  caractères  transitoires  de  leurs  produits, 


HÏPERPL*SIKS. 

uiujuum  destinés  ii  élivi  résorbés  ou  êliiititiés,  soiil  aulaiii  de  cii'Coiis lancer 
i|ui  fnul  lies  lésions  inOiimniatoîres  un  groupe  a natomo-patlio logique  par- 
ticulier, quoique  des  plus  complexes. 

Tuus  les  élémenls  nnatomiques  n'ont  pas  une  égale  tendance  à  prendre 
part  aux  processus  |)hle^asiques,  et  s'il  en  esl,  comme  les  éléments  des 
liwus  COnjonctifs,  qui  en  sont  le  siège  ordinaire,  d'autivs,  au  contraire, 
tris  que  les  rellulcs  nei-veuses,  y  restent  le  plus  souvent  étrangers,  ou 
M  sont  que  secondairement  affectés.  Du  reste,  comme  les  divers  tissus  ne 
^  comportent  pas  de  la  même  façon  sous  l'influence  de  l'irritation  phleg- 
iiiiisique,  nous  étudierons  séparément  l'tnilamniationdes  tissus  nés  du 
iMiillet  moyeu  du  blastoderme,  ou  tissus  de  substance  conjonctive,  et  celle 
da  tissus  développés  aux  dépens  des  feuillets  interne  et  externe,  ou  tissus 
.  épithéliauiL  et  ner\'eux. 
ri4s  propriétés  spéciales  et  le  mode  de  nutrition  particulier  des  tissus 
Ivrenant  de  cesdivers  feuillets  sont  de  nature  à  légilinier  cette  division  qui, 
I  importance  philosophique  et  pratique,  permettra  de  montrer  les 
lllopîps  d'altération  existant  d'une  part  dans  les  différentes  espèces  de 
lu  conjonctif,  d'autre  part  entre  les  épiihéliums  et  les  ojdiules  nerveuses. 


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"«  thi-  piirticular  nntiire  attd  tiralmeiit  iiftlf  di/fireiU  «pecie»  "f  intlnmifilv-n. 
I"!"!.,  1821.  —  Luws,  Oh  tlu- piiiwiple*  of  inpiimmoHon.  l.und,,  1821.  — 
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218  ANATOlflE  PATHOLOGIQUE. 

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jSaianiation;  thèse  de  concours.  Paris,  1869.  —  Hi:i.i.eb,  ViUersueh.  ûber  dw 

Imir.    Vorgnnge   bfi   da-  Entiândun'j-    Erlan^'en,    1869.  —   Heï,   Hygim, 

Mil.  SSX.  —  Klou,    l'eber  die  soyaiannte  chroiiische  Entiùniiuna  (Wifliw  med, 

i'r'JM,  1869).   —  h'LEUHirJG,    Veber  das  subciit,  Bindegetvelie  und  aein  Verkalt. 

"Ji  ZvtiùTuiaiujshemîen  {AitUiv  f.  path.  Aiiiil.  imd  Pkysiol.,  t.  LVI,  p.  Iù6, 

|iS72).  —  H.  HaiiFF,  Ue  l'iitflammatifiH  et  île  ta  àrmUitiun  ;  \xa.à.   de  l'italien 

r  Guichard  de  Clioisilj,  Paria,    1873,   — Ghasbbt,  Iksphénom.  histol.  de 

Il  d'une  nouvelle  tliHitie  baséi'  sur  la  iiiimulafion  molfmiairv 

la;.tftW..1873.p.  16  et  88). 

SI.   —   PIILEGMASIKS    DES    TISSUS  PROVESA^T    DU  FErtîrXET  MOYEN 
DU  BLASTODEBMK,    rBLBdMASIES  CONJONCTIVES, 


1 U  dénomination  de  tissus  (le  substance  miijniictive  s'applique  ii  tin 
tnbie  de  tissus  qui,  maigri*  certaines  difTërences  histoloffiques  et  chi- 
Ucs,  sunt  intimement  unis  par  leur  origine,  le  feuillet  mnyon  du 
le,  et  par  leuriî  Tonctions,  la  circulation  et  la  nutrition.  Consti- 
tués k  leur  point  de  départ  par  des  cellules  arrondies,  sans  enveloppe,  à 
"toïsm  vésiculeux,  ces  tissus  subissent  avec  l'Age  des  modiliralioiis  en 
*'e'jtu  desquelles  ils  finissent  par  s'écarter  les  uns  des  autres,  tant  par  leurs 
'-iUCtÀres  anatomiques  que  par  leur  composition  chimique.  ElTective- 
"iMit.fnlre  les  cellules  primitives  se  déviiiluppe  une  substance  iotercj^llu- 
'■liiT  molle,  homogène,  formée  de  raaliPre.s  albuniinoîdes,  et  que  l'on  peut 
'■•wsiilérer  comme  un  produit  de  la  cellulp,  ou  comme  une  partie  transfur- 
■■Kw  du  corps  cellulaire  lui-in^me.  TanliU  cette  substance  fondomeulale 
*^li' uinoi'phe,  semî-transparenU;  et  plus  ou  moins  molle;  tanti'rt  elle 
pnod  uu  aapect  réticulé,  rilirillaire  oit  strié,  et  se  décompose  même  en 
^'«rilaliles  fibrilles  ;  lanlût  enlin  elle  est  euvaliie  par  des  sels  de  chaux,  et 
*«bit  une  transformation  calcaire.  Ces  transformations  diverses  s'nc«om- 
P^nent  de  métamorphoses  chimiques;  formée  au  début  par  des  sub- 
sUfices  pi-otéiques  analogues  ou  identiques  û  la  mucine,  la  substance 
''mdamentalo  du  lissu  conjonctif  renferme  plus  tai-d  des  substances 
collopèiies,  de  la  glutine,  plus  rarement  de  la  chondrine  ;  elle  .se  trans- 
'wTui'  encore  en  matière  élastique,  tandis  que  le  proloplasma  des  cidlutes 
Pnit  se  charger  de  graisse  ou  de  pigment,  ce  qui  constitue  autant  de 
*Vi);i(!s  de  tissus  conjonctifs. 

(*  n'est  pas  ici  le  lieu  di'  rappeler  les  diiTérentes  opinions  qui  ont  cours 
'"uchant  la  structure  de  cliacun  de  ces  tissus,  .le  dirai  simplement  que  le 


L 


220  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

tissu  conjoiictir  oitlinaire  oiïre  une  grande  analogie  de  texture  avec 
membranes  séreuses;  formé  de  faisceaux  fibrillaires,  il  est  criblé,  com 
Font  montré  les  recherches  de  Ranvier^  de  lacunes  tapissées  de  celh 
plates  semblables  aux  cellules  endothéliales,  et  dans  ces  lacunes  exist 
de  petites  cellules  arrondies  identiques  avec  les  leucocytes. 

Los  tissus  de  substance  conjonctive  se  substituent  très-souvent  les  i 
aux  autres  dans  la  série  animale  (Leydigj  ;  de  même,  ils  se  transfonn 
quelquefois  chez  un  même  individu.  Là  où  il  y  avait  du  tissu  muqu< 
dans  la  période  embryonnaire,  il  se  forme  du  tissu  conjonctif  ou 
tissu  adipeux  ;  le  cartilage  se  transforme  en  tissu  osseux.  Cette  analoj 
ou  mieux  cette  parenté  des  tissus  de  substance  conjonctive  s'obse 
également  à  Tétat  pathologique  ;  c'est  un  fait  qu'il  ne  faut  pas  oubi 
Tous  ces  tissus  ont  d'ailleurs  la  plus  grande  aptitude  à  se  reprodui 
conmie  aussi  la  plus  grande  tendance  à  végéter  ;  de  la  sorte,  ils  soni 
point  de  départ  de  la  plupart  des  phlegmasies  et  des  néoplasies. 

Les  phlegmasies  des  tissus  conjonctifs  sont  fréquentes,  non-seulem 
en  raison  de  la  grande  extension  de  ces  tissus,  mais  encore  à  ca 
de  la  facile  multiplication  de  leurs  éléments  sous  l'influence  des  ag( 
irritants.  Leur  étude,  complexe  et  difficile,  peut  être  simplifiées!  l'onj 
le  processus  inflammatoire,  d'abord  dans  les  tissus  non  vasculaires,  ai 
quels,  en  vertu  de  théories  spéciales,  on  a  refusé  à  tort  la  propriété 
s'enflammer,  ensuite  dans  les  tissus  vasculaires,  où  les  modalités  divei 
du  produit  phlegmasiquc  nous  conduiront  à  l'élude  des  difl'érents  gei 
de  phlegmasies. 

1**  Tissus  non  vasculaires.  —  Les  phlegmasies  des  tissus  non  vas 
laires  sont  particulièrement  connues  depuis  les  recherches  de  Goo 
et  de  Redfern  sur  les  cartilages  diarthrodiaux ,  et  c^'lles  de  Sti 
et  de  lîis  sur  la  cornée.  Dans  les  cartilages,  les  résultats  com 
dants  de  l'observation  et  de  l'expérimentation  nous  apprennent  que 
irritants  mécaniques  ou  de  cause  interne  déterminent  un  afflux  de  liq 
nutritif  qui  a  nécessairement  sa  source  dans  les  vaisseaux  voisins, 
ce  fait,  les  cellules  cartilagineuses  se  troublent  et  se  tuméfient,  I 
noyaux  se  divisent,  elles  se  multiplient,  et  les  cellules  nouvelles  soi 
de  la  capsule  distendue  ;  quelquefois  ces  éléments  s'entourent  de  cap? 
nouvelles,  mais  le  plus  souvent,  lorsque  l'irritation  est  un  peu  fortt 
continuent  à  se  diviser  et  forment  un  tissu  embryonnaire  que  finis 
par  envahir  des  vaisseaux  sanguins  nés  des  parties  voisines. 

Pendant  ce  t(;mps,  la  substance  fondamentale  intermédiaire  se 
uïullit,  se  resserre  et  diminue  de  volume  ;  puis  le  tissu  embryoni 


FlVf'Eltn.ASIKS.  J51 

sMl  aam  iofiltralioii  graisseuse  et  se  ti-ouve  résorbé,  ou  bien  il  est  le 
pûint  de  départ  d'une  furmation  osseuse  ou  fibreuse.  Les  cellules  cartîla- 
^ini-uscs  multipliées  pourraient  eiilin  se  iransFortuer  en  globules  de  pus. 
Il,  Weber,  billroth,  Cornil  et  Rauvier  afTiPinenl  avoir  constaté  ia  pi-ésence 
ilu  pus  diins  des  cellules  de  cartilages  traiisfonnées  en  cavités  et  com- 
iquant  entre  elles. 

Eessus  pblegnmsique  de  la  cornée  ost  un  peu  plus  complexe  ;  lu 
1  est  dans  la  slniclure  moins  élémeiiLiire  de  cette  membrane  qui 
h  des  nerfs  seiisitifs  capableis  ia  modilïer  par  action  réflexe  les  l'ais- 
ofiiix  situés  â  SR  circonférence.  En  effet,  lorsqu'on  vient  à  blesser  le  centre 
df  la  comée,  les  vaisseaux  se  dilatent  et  forment  k  la  circonférence  un 
riTrlcvBSculaire.  Quand  au  contraire  un  point  excentrique  est  lésé,  l'in- 
i^nioii  se  limite  il  un  simple  espace  Irianpulaire  ;  mais  si  les  nerfs  sont 
iiicaiMibles  de  ti-ansraeKre  l'impression  pi-oduite  pai"  la  blessure,  comme 
"Il  peut  arriver  chez  les  vieillards el  dans  le  glaucome  aigu,  alors  cellc- 
I isle  localisée  H  ne  produit  aucun  phénomène  réflexe.  Dans  tous  ces 
■1',  les  espaces  à  contenu  liquide  de  la  cornée  se  troublent,  s'ii^raii- 
liiiwnl,  pl  les  corpuscules  qui  y  sonl  renfermés  se  multiplient,  aupmeti- 
Init  de  iiomlii-e  h  tel  point  que  His  a  pu  compter,  dix-huit  heures  après 
l'irrilalion  de  cette  memlirnne,  jusqu'à  vingt  et  Irenlc  cellules  dans  l'un 
Je  (¥Bespaces  qui.  auparavant,  ne  logenil  qu'un  seul  corpuscule.  Les  pro- 
l™ti?!nents  de  ces  es|>ace9  se  remplissent  bienidt  de  noyaux  et  de  granu- 
s  graisseuses  pi-ovenant  de  la  moi^ilication  de  e*s  éléments.  Si 
llation  est  plus  vive,  comme  par  exemple  après  une  cautérisation 
iedu  crayon  de  niti-ate  d'arpent,  les  éléments  embryonnaires  ont  peu 
ndance  ù  s'organiser,  la  substance  intercellulaire  se  ramollit,  les 
HUX  de  la  conjonctive  émettent  des  prolongements  qui  gagnent  la 
te  blessée  de  la  cornée,  et  il  survient  une  suppuration  plus  ou  moins 
I  el  dangereuse.  Kniin  lorsque,  comme  Leber,  on  inocule  sur  la 
Sed'uii  lapin  le  L-ptollirLchnccalin,  il  se  produit  un  kérato-hypopyon 
Intense  qui  parait  dahoixl  localisé  au  point  inoculé  et  présente  une 
«  tendance  a,  se  propager  aux  autres  parties  de  l'ceil. 

1  de  ces  étals  se  comporte  uu  peu  différemment  jKir  i'ii])port  ii 

frison,  bans  les  parties  simplement  troublées  jtar  un  dépi^t  granuleux 

1  riche  en  nouvelles  cellules,  la  résorption  a  lien  H  la  trauspa- 

It  reparaît.  Lorsqu'il  existe  d'alnindanles  cellules,  eelles-ci  se  traiis- 

1  nn   lissu  fibreux  qui,  dans  certains  cas,   peut  acquérir  les 

s  normales  du  tissu  cornéen;  mais  en  général,  du  moins  chez 

Hie,  il  reste  au  niveau  du  point  lésé  une  pelile  masse  blanche,  peu 

is  IransparenlP  et  juTsisInnle,  tandis  que  les  vaisseaux  disparaissent 


222  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

enlièrenicnt.  La  suppuration  enfin  amène  une  destruction  plus  ou  moins 
étendue  de  la  cornée. 

Le  corps  vitré  et  le  cristallin  ne  se  comportent  pas  ûuti'ement  que  la 
coniée,  sous  l'influence  des  irritants  mécaniques.  Par  conséquent,  les 
tissus  non  vasculaires  soumis  à  Faction  d'agents  mécaniques  ou  influen- 
cés par  des  causes  internes  opposent  une  réaction  qui  se  traduit  princi* 
paiement  par  la  division  de  leurs  éléments  normaux  et  la  formation 
d'éléments  embryonnaires  d'une  vitalité  plus  ou  moins  grande.  Dans  ces 
conditions^  l'inflammation  ne  dépend  pas  directement  des  vaisseaux  ou 
des  nerfs,  elle  consiste  essentiellement  dans  la  végétation  des  éléments 
cellulaires  irrités. 

Cependant,  si  l'élément  cellulaire  a  le  principal  rôle  dans  le  processus 
phlegmasique,  ce  serait  un  tort  de  vouloir  déshériter  complètement  les 
vaisseaux  de  leur  participation  à  l'inflammation  des  tissus  non  vas- 
culaires. De  llecklinghausen  parvint  à  montrer,  par  imprégnation 
de  la  cornée  à  l'aide  du  nitrate  d'argent,  que  les  corpuscules  ren- 
fermés dans  les  espaces  de  cette  membrane  étaient  doués  de  mouve- 
ments spontanés,  qu'ils  pouvaient  cheminer  d'un  espace  à  l'autre  pour 
venir  s'accunmler  sous  forme  de  cellules  embryonnaires  ou  corpus- 
cules de  pus.  Cohnhein,  ayant  répété  les  expériences  de  Reckling- 
hausen,  a  émis  l'hypothèse  que  ces  éléments  provenaient,  non  des 
cellules  plasinati(|ues,  mais  des  globules  blancs  du  sang.  Pour  le  dé- 
montrer, il  a  injecté  dans  des  veinc^s  de  grenouilles  un  liquide 
tenant  en  suspension  de  très-fines  molécules  de  bleu  d'aniline  :  les 
globules  blîincs  du  sang  veineux,  pénétrés  par  ces  granulations,  prést»n- 
tèrent  des  molécules  d'aniline.  Puis,  ayant  trouvé  dans  les  éléments 
cellulaires  nouveaux  de  la  cornée  enflannnée  artificiellement  les  mêmes 
gi'anulations  bleues,  cet  expérimentateur  en  a  conclu  que  les  corpus- 
cules colorés  dans  la  cornée  hypérémié(»  n'étaient  autres  que  dea 
globules  blancs  du  sang.  Mais  ces  conclusions  ne  sont  pas  à  l'abri 
de  toute  objection,  car,  comme  la  cornée  irritée  s'infiltre  de  liquides 
provenant  du  sang,  il  n'est  pas  impossible  (|ue  les  particules  colorées  de 
bleu  d'aniline  mises  en  contact  avec  les  corpuscules  d(»  pus  nés  dans  la 
cornée»  puissent  pénétrer  dans  leur  intérieur.  De  nouvelles  expériences 
faites  depuis  lors  n'ont  pu  donner  une  solution  définitive  aux  pro- 
positicms  formulées  à  cet  égard  par  (lohnheini,  et  si  les  Unes  leur 
sont  favorables,  les  autres  sont  contradictoires.  Ainsi,  tandis  que  les 
recherches  expérimentales  de  Key  et  Wallis  tendent  à  e^mfiriner 
(W  tous  points  la  Ihéorie  d(*  Cohnheim,  des  expériences  n^m  moins  con- 
cluaiil(»s,  pratiquées  par  Morcl  (de  Strasbourg),  Strauss  et  Du  val,  Pui'sor, 


fiYt^ERPLASlES.  22S 

Pfuugeu,  Strickcr,  out  donné  des  résultats  opposés.  Ces  deniiei^s  auteurs, 
saus  nier  absolument  la  diapédèse  des  globules  blancs,  s'accordent  à 
admettre  la  prolifération  des  cellules  fixes  de  la  cornée.  Le  moment  n'est 
pasencorevenu  de  se  prononcer  dans  ce  débat  ;  mais  quoi  qu'il  en  soit 
des  recherches  de  Cohnheim,  elles  ne  peuvent  modifier  notablement  le 
résultat  des  expériences  précédemment  rapp<'lées.  Effectivement,  dans 
rhypothèse  même  où  les  globules  blancs  produiraient  non-seulement  la 
suppuration,  mais  contribueraient  encore  |>ar  leur  organisation  à  con- 
stituer les  néoplasmes  de  l'inflammation,  le  fiiit  de  la  nmltiplication  cel- 
lulaire n'en  existerait  pas  moins. 

2*  Tissus  vasculatres,  —  I^irmi  les  tissus  vasculaires,  il  en  est  un  cer- 
tain nombre?,  tels  que  les  cordages  tendineux  du  «eur,  la  dure-mère,  I«»n 
aponévroses,  qui  ne  jouissent  que  d'une  faible  vascularité  et  dans  lesquels 
le  processus  phlegmasique  ne  diffère  pas  sensiblement  de  celui  que  nous 
venons  de  suivre.  Dans  ces  tissus  enflammés,  on  ainstate  encore  la  mul- 
tiplication des  éléments  cellulaires,  la  formation  d'un  tissu  embryonnaire, 
la  transformation  de  ce  tissu  en  tissu  fibreux  et  même  en  globules  de  pus. 
Les  tissus  conjonctifs  plus  riches  en  vaisseaux  ne  s<^  com|)ortent  pas  au- 
tnnnent.  L'inflammation  qui  s'y  développe  ne  change  pas  de  nature  |wr 
cela  seul  qu'ils  sont  plus  vasculaires,  elle  est  simplement  un  phénomène 
plus  complexe.  Nous  indiquerons  successivement  les  modifications  qu(* 
présentent  les  deux  principatlx  éléments  de  ces  tissus,  les  cellules  et  les 
Vaisseaux. 

L'étude  de  Tinflammation  des  membranes  séreuses  est  des  plus  pro- 
pres à  nous  renseigner  sur  les  modifications  subies  par  Télément  cellu 
laire,  puisque  nous  savons  que  le  tissu  conjonctif  ordinaire  est  criblé 
d'espaa»s  ayant  la   plus  grande  ressemblance  avin;  ceux  d(*s  (!avités 
séreuses,  et,   comme  ces  dernières,  tapissés  de  cellules.    Or,    (|uel- 
ques  heures  après  une  injection  irritante  prati(|u«V,  dans  le  péritoine, 
les  cellules  endothéliales  se   tuméfient,   perdent   leur   forme  plut(»  et 
deviennent  globuleuses  ;  le  noyau  grossit  et  se  divise  de  telle  sorte  que 
chaque  cellule  en  contient   souvent  deux  ou  |)lusieurs.  Les  nouvelles 
cellules  sont  constitU('»es  par  une  masse  de»  protoplasma  mou,  granu- 
Iwix,  susceptible  de  prendre  des  fonnes  variées  et  de  donner  naissance 
à  des  prolongements  qui  peuvent  les  maint<*nir  attachées  aux  travées 
fibreuses.    Pourtant   elles  tend<'nt   à  m»    détacher  (W    ces    lravé«»s    et 
tombent  fréquemment  dans  la  cavité  périlcméah»,  où  elles  peuvent  encore 
vivre  et  se  multiplier.  Mêlées  à  IVxsudat  fibrineux»  ces  cellules  entrent 
dans  la  constitution  des  flocons  (|ui  nagent  dans  le  li(|iiide  épnché,  etcon- 


>' 


S2&  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

tribueiit  à  la  formation  des  fausses  membranes  si  variées  des  séreuses.  Si 
l'imtation  vient  à  cesser,  quelques-unes  de  ces  cellules,  dont  TactiTité 
n'est  pas  détruite,  s'appliquent  de  nouveau  sur  la  séreuse,  y  contracteot 
des  adhérences  et  reprennent  leur  aspect  primitif  de  plaques  à  contoim 
réguliers,  tandis  que  celles  dont  la  vitalité  a  été  profondément  atteinte, 
ne  pouvant  s'organiser,  subissent  une  métamorphose  graisseuse  qui  en 
amène  la  résorption.  Mais  si  les  phénomènes  de  multiplication  se 
continuent,  il  se  produit  un  tissu  embryonnaire  qui,  en  s'organisant, 
donne  naissance  à  des  membranes  plus  ou  moins  résistantes,  sinonàane 
suppuration  plus  ou  moins  étendue.  Semblables  phénomènes  peuvent  le 
passer  dans  la  couche  endothéliale  des  capillaires  des  veines  et  des  artères. 
Au  sein  des  capillaires,  ils  contribuent  à  expliquer  les  dilatations  iir^* 
lières,  les  déchirures  des  parois  par  désunion  des  cellules  qui  les  consti- 
tuent, les  hémorrhagies  et  surtout  la  possibilité  du  passage  des  leucocytes. 

Le  tissu  conjonctif  sous-cutané  artificiellement  irrité  ne  se  coinporte 
pas  différemment  en  ce  qui  concerne  les  cellules  plates  qui  tapissent  les 
espaces  hmphatiques.  En  outre,  les  cellules  adipeuses  sont  le  siège  d'ooe 
prolifération  plus  ou  moins  active,  leur  protoplasma  s'accuse  davanta;^ 
et  leur  noyau  se  divise  ;  mais  en  même  temps  la  graisse  disparaît  ou  se 
transforme  en  une  autre  substance,  et  au  bout  d'un  certain  temps  une 
partie  des  vésicules  adipeuses  sont  remplies  de  cellules  embrjonnaires 
'Cornil  et  Ranvier)  ;  tous  les  observateurs  s'accordent  à  reconnaître  qw 
ces  vésicules  disparaissent  sous  l'action  d'un  processus  phlegmasique. 

Vient-on  à  pratiquer  une  incision  dans  le  tissu  conjonctif  ordinaire,  il 
se  produit  une  hémorrhagie  légère  qui  ne  tarde  pas  à  s'arrêter  par  la  coagU' 
lation  du  sang  dans  les  capillaires  ;  il  survient  en  même  temps  de  la  rou* 
geur  et  de  la  tuméfaction  des  pai*ties  voisines  de  la  plaie,  tenant  d'une 
part  à  l'excitation  des  nerfs,  et  d'autre  part  à  l'irritabilité  des  éléments 
cellulaires,  car  l'adage  vhi  stcnndus^  ibi  afflvxm  est  toujours  vrai  l»" 
suc  imrticulier  mêlé  au  sang  épanché  ne  tarde  pas  à  retenir  en  conU«î* 

• 

les  parties  divisées,  et,  au  bout  d'une  heure,  on  aperçoit  chez  les  aW" 

• 

maux  une  modification  sensible  du  tissu  conjonctif,  modification  <|Ui 
consiste  en  ce  que,  au  niveau  des  surfaces  mêmes  de  la  plaie  et  aulo»' 
d'elle,  dans  une  étendue  qui  varie  d'un  quart  de  ligne  à  deux  lignes,  k* 
espaces  conjonctifs  offrent  d'abord  mi  agrandissement,  puis  la  tuniéliK- 
tion  de  leurs  éléments  cellulaires  dont  le  noyau  et  le  protoplasma  sf 
divisent.  Les  cellules  nouvellement  formées,  contractiles,  émettcul  i^ 
prolongements   et  sont    même   douées   d'une    locomotion  individurB< 

• 

(Recklinghausen)  ;  elles  se  séparent  rapidement  les  unes  des  autres,  pui' 
chacune  se  divise  à  son  tour;  h»  simple  partage  en  deux  des  noyaux e 


HYPERPLASIES.  225 

es  cellules  prédomine  dans  ce  cas  (Billroth).  Une  substance  com- 
acle  ei  homogène  réunit  ces  éléments  en  même  temps  qu'elle  infiltre 
«  bords  de  la  plaie,  et  cette  substance,  issue  du  sérum  transsudé  et  du 
ssu  conjonctif  ramolli,  se  condense  rapidement,  prend  les  caractères  de 
t  fibrine  et  maintient  l'adhérence  des  surfaces.  Ces  cellules,  tout  d'abord 
e  forme  arrondie  et  de  la  dimension  des  corpuscules  blancs  du  sang, 
vec  un  noyau  très-grand  comparativement  à  la  cellule  elle-même,  pren- 
ant peu  à  peu  une  configuration  fusiforme,  tandis  que  la  substance  inter- 
[lédiaire  acquiert  plus  de  solidité.  Plus  tard,  ces  éléments,  serrés  les  uns 
ontre  les  autres  s'aplatissent,  diminuent  de  volume,  et  beaucoup  péris- 
ient  si  bien  qu'il  en  résulte  une  substance  intercellulaire  fibreuse  ayant 
kmt  à  fait  le  caractère  du  tissu  conjonctif  fibro-tendineux.  Pendant  ce 
temps,  les  cellules  fusiformes  en  rapport  avec  les  extrémités  des  bouts 
obturés  des  vaisseaux  se  groupent  pour  former  des  canaux  cylindriques 
(jai  s'anastomosent  entre  eux  et  avec  les  anses  vasculaires  de  formation 
nouvelle  des  bords  opposés  de  la  plaie.  Des  vaisseaux  lymphatiques  et 
même  des  nerfs  peuvent  apparaître  dans  ce  néoplasme,  qui  se  comporte 
comme  un  véritable  tissu  embryonnaire.  Les  choses  ne  se  passent  pas 
lutrement  dans  les  tissus  réticulés  ou  adénoïdes,  si  ce  n'est  que  les  cellules 
propres  de  ces  tissus  se  multiplient  et  prennent  part  au  processus  phleg- 
masique  simultanément  avec  la  trame  aréolaire.  Remarquons  que  le 
traumatisme  a  généralement  peu  d'action  sur  ces  tissus,  qui  sont  au  con- 
traire facilement  influencés  par  la  plupart  des  agents  infectieux. 

Le  tissu  osseux,  soumis  à  l'influence  d'une  irritation  traumatique, 
devient  en  quelques  jours  le  siège  d'une  prolifération  à  laquelle  prennent 
part  tous  ses  éléments  cellulaires  (Comil  et  Ranvier).  Les  médullocèles 
revêtent  bientôt  les  caractères  des  cellules  embryonnaires,  auxquelles 
filles  ressemblent  beaucoup,  et  se  multiplient.  Les  myéloplaxcs,  con- 
stitués à  letat  normal  par  une  plaque  mince  de  protoplasma  contenant 
incertain  nombre  de  noyaux,  se  gonflent,  deviennent  granuleux, 
eurs  noyaux  se  multiplient  et  la  masse  solide  se  divise  ou  pousse  des 
bourgeons  qui  se  séparent.  Les  vésicules  adipeuses  se  remplissent  de 
«mes  cellules ,  tandis  que  la  graisse  qu'elles  renferment  est  rem- 
placée par  un  liquide  albumineux  ;  les  cellules  endothéliales  des  vais- 
eaox  participent  à  ce  processus,  de  sorte  qu'au  bout  d'un  certain 
emps  la  moelle  jaune  est  passée  à  l'état  de  moelle  rouge,  par  suite  de  la 
ubstitulion  d'éléments  embryonnaires,  d'un  véritable  tissu  jeune  au 
ssu  préexistant.  Or  ce  nouveau  tissu  ne  tai-de  pas  à  s'organiscT  en  tissu 
$seux,  à  moins  que  ses  éléments,  incapables  d'un  semblable  déve- 
ppement,  ne  se  transforment  en  globules  de  pus.  En  même  temps,  il  y 

LAMCEftiADX.  —  Traité  d'Anat.  1.-15 


226  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

a  tendance  à  la  destruction  ;  les  lamelles  osseuses  voisines  de  la  partie 
enflammée  se  résorbent,  el  cette  disparition  de  la  substance  fondamen- 
tale, provenant  sans  doute  de  la  pression  exercée  ]>ar  les  éléments  nou- 
veaux, doit  être  rapprochée  de  celle  qui  s'observe  aussi  dans  le  cartila^ 
et  le  tissu  conjonctif. 

Des  expériences  pratiquées  par  Wywodzoff,  sur  des  langues  de  chien, 
ont  conduit  cet  auteur  à  penser  que  Tirritation  des  fibres  musculaires 
peut  déterminer  un  trouble  nutritif  qui  finit  par  amener  la  formation 
de  nouvelles  fibres  sur  les  bouts  des  muscles  sectionnés.  Leidesdorf 
et  Stricker  (1)  ont  trouvé  qu'une  section  pratiquée  sur  le  cerveiQ 
d'une  jeune  poule  présentait,  après  vingt-quatre  heures,  des  cellules 
contractiles  qui  ne  tardèrent  pas  à  se  transformer  en  un  véritable 
stroma  fibreux.  Ilayem  a  reconnu,  après  Tirritation  du  cerveau,  des  phé- 
nomènes de  prolifération  ayant  leur  siège  dans  les  cellules  de  la  névroglie, 
dans  Tendothélium  des  capillaires  et  surtout  dans  les  éléments  de  la 
paroi  adventive  des  vaisseaux.  Quant  aux  éléments  nerveux,  incapables 
de  proliférer,  ils  subissent  une  désorganisation  plus  ou  moins  complète. 

Holm  -,2),  après  avoir  blessé  le  foie  d'un  lapin,  a  constaté  l'exislena 
de  jeunes  cellules  qu'il  fait  provenir  des  cellules  conjonctives  cl  aussi  de 
la  prolifération  des  cellules  hépatiques  ;  mais  ce  dernier  point  demande 
une  grande  réserve.  Tous  ces  faits  ne  tendent  pas  moins  à  montrer 
que  le  processus  phlegmasique  artificiellement  développé  se  comporte  à 
peu  près  (le  la  même  façon  dans  tous  les  tissus  de  substance  conjonctive, 
puis(|ue  nous  voyons  partout  les  éléments  cellulaires  se  multiplier  et 
constituer  un  tissu  jeune  qui  peu  à  peu  se  substitue  au  tissu  ancien.  Ils 
sont  de  la  |)lns  «grande  utilité  pour  la  connaissance  des  inflammations 
s|>ontan*'H's  exsudatives  et  adhésives.  L'étude  des  plaies  par  réunion  médiate 
ou  par  seconde  intention  peut  de  la  même  façon  aider  à  comprendre  les 
phK'^masies  suppuratives. 

Dans  les  premières  vingt-cjuatre  heures,  la  surface  d'une  plaie  qui  doit 
su|)pur<'r  n'a  pas  encore  subi  de  jrrands  changements,  mais  déjà  ses  bords 
sont  rouges  ei  gonflés  ;  le  second  jour,  elle  revêt  une  teinte  gris  i-ouj^'et 
se  couvre  d'un  licpiide  jaunâtre;  hî  troisième  jour,  elle  secrète  un 
liquide  plus  épais,  d'un  jaune  plus  pur,  et  élimine  parfois  des  pa^1^le> 
de  tissus  grisâtres  et  mortifiés,  au-dessous  desquelles  ap|mraisseut  de 
petites  nodosités  rouges  de  la  grosseur  d'un  grain  de  millet:  ce  sont  ks 

(1)  Siizgsber,  d,  Wiener  Akndem.  uaturw.  TA/sa-^  1866,  séance  du  17  novembre  186a- 

(2)  Sitzgsbcr,  der  Wien,  Akad.  noturwtss.  Classe,  t.  LV,  p.  493,  1867. 


HYPERPLASIES.  227 

graimlatious  ou  bourgeons  charnus.  Ces  bourgeons,  pendant  les  joui*s 
qui  suivent,  prennent  un  dévelopi)en)ent  plus  consid^^rable  et  forment 
enlin  une  surface  d*un  rouge  brillant,  la  surface  Iiourgeonnante. 

Le  liquide  qui  s*écouIe  de  cette  surface,  de  plus  en  plus  épais,  jaune  et 
d'une  consistance  crémeuse,  constitue  le  pus  de  bonne  nature.  Peu  à  peu, 
si  la  sécrétion  du  pus  continue,  les  bourgeons  s  élèvent  de  plus  en  plus, 
arrivent  jusqu'à  ta  hauteur  du  plan  cutané  quand  la  p(>au  est  intéressée, 
ou  même  le  dépassent,  et  restent  souvent  fort  longtemps  dans  cet  état. 
Après  un  certain  temps,  la  surface  se  rétracte  de  plus  en  plus  à  sa  limite 
entre  la  peau  et  les  granulations,  la  sécrétion  du  pus  tarit  peu  à  peu  ; 
bientôt,  à  ce  même  niveau,  il  se  fonne  par  le  dévtîloppement  de  l'épiderme 
an  limbe  sec  et  rouge;  plus  tard,   il  sVn  ajoute  un  second  et  nu  troi- 
sième jusiju'à  ce  que  la  surface  bourgeonnante  soit  entièrement  nvou- 
verte.  La  jeune  cicatrice  reste   rouge  pendant  un  certain  temps,    puis 
elle  se  rétract»»,  devient  plus  pale,    plus   mobile,    et    conserve    sou- 
vent pendant  la  vie  entière  une  teinte  blanche  au  niveau  de  la  jH'au. 
Tels  sont  les   phénomènes  constatés  à  I'omI  nu;  les  modilieations  plus 
intimes  que  rèvèle  l'examen  microscopique»  n<»  diffèrent  pas  notablement 
de  celles  qui  ont  lieu  dans  une  plaie  dont  les  bords  ont  été  réunis. 

Vn  grand  nombre  déjeunes  cellules  se  développent,  et  connue  il  n'y  a 
pas  une  surface  opposée  avec  laquelle  ces  éléments  puissent  se  fusion- 
ner pour  se  transformer  eu  tissu  conjonctif,  ils  persistent  sans  change- 
ïnent  à  la  surface  de  la  plaie.  Une  substance  fibrineuse  molle  et  gélati- 
neuse sert  de  moyen  de  cohésion  à  ces  jeunes  e(»IIules  qui  continuent  à  se 
multiplier  ;  des  vaisseaux  pourvus  de  parois  très-minces  et  ordinairement 
disposés  en  anses  viennent  les  traverser,  de  sorte  que  le  tissu  iKiurgcon- 
nantn'esi  qu'un  tissu  inOammatoiii»  jeune  et  vascularisé.  Mai.;  peu  à  peu 
la  substance  intercellulaire  gélatineuse  se  licjuélie  (»t  forme  à  la  surface 
de  ce  tissu  une  couche  molle  incapable  de  retenir  les  cellules;  cette  coucbe, 
qui  s'écoule  sans  cesse  et  qui  se  renouvelle  aux  déjXMis  du  tissu  l)ourgeon- 
nant,  est  le  pus.  Toutefois  le  pus,  qui  n'est  ainsi  qu'un  néoplasme  in- 
flammatoire liquéfié,  peut  encore  provenir,  comme  semblent  le  montrer 
fe  observations  de  (k)hnheim  et  de  plusieurs  «expérimentateurs,  d'une 
citravasation  de  globules  blancs  à  travers  les  parois  des  vaisseaux  des 
bourgeons  charnus.  Par  constkfuent  toute  surface  bourgeonnante»  serait  en 
outre  un  foyer  d'où  émigreraieut  sans  cesse  une  quantité  de  cellules 
(iepus,  ce  qui  établit  une  analogie  entixicc^lte  sécrétion  et  celle  des  mem- 
branes muqueuses.  Après  un  certain  temps,  le  tissu  des  bourgeons  charnus 
se  modifie,  les  cellules  de  pus  cessent  d«»  se  produire,  quel(|ues-unes  sont 
désagrégées  et  résorbées  ;  la  couche  liourgeonnantc  s'amincit,  les  c^^llules 


228  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

restantes  prennent  une  configuration  fusiforme,  la  substance  gélatineuse 
intercellulaire  se  consolide  peu  à  peu  en  tissu  conjonctif  fibreux  par  b 
perte  continue  et  croissante  des  parties  aqueuses  (fig.  69)).  S'il  s  agit  de  b 
peau,  répiderme  commence  à  se  développer  à  la  périphérie  de  la  snrlaop 
bourgeonnante  et  gagne  peu  à  peu  les  parties  centrales.  Les  vaisseam 
s'oblitèrent  et  la  cicatrice  est  constituée. 

L'élément  vasculaire,  qui  a  paru  aux  premiers  expérimentateurs  jouer 
le  rôle  principal  dans  le  processus  phlegmasique ,  sans  doute  parée 
que  la  rougeur  des  parties  enflammées  précède  généralement  IooIp 
modification  appréciable  à  l'œil,  est  aujourd'hui  relégué  au  second  pho 
par  quelques  pathologistes ,  tandis  que  suivant  d'autres  il  tiendiail 
toujours  le  premier  rang.  En  réalité,  le  désordre  qu'on  obsen'c  dans 
les  vaisseaux  est  intimement  lié  à  celui  des  cellules  et  lui  est  pour  ainsi 
dire  connexe. 

Cest  à  Wilson  Philip,  Thompson,  Ch.  Hastings  ,  Kaltenbninner, 
et  plus  récemment  à  Lebert  et  Robin,  que  nous  devons  les  ^eclle^ 
ches  les  plus  importantes  sur  ce  sujet.  I^tiquées  sur  des  roembfaDes 
transparentes,  pattes  de  grenouilles,  ailes  de  chauves-souris,  oe$ 
recherches  ont  montré  qu'au  début  de  l'inflammation  il  se  produit  un 
resserrement  tonique  des  petites  artères  qui  amènent  le  sang  dans  la 
partie  lésée,  quelquefois  aussi  des  veines  correspondantes,  et  que 
peu  à  peu  la  circulation,  d  abord  rapide,  se  ralentit,  les  globules  de- 
viennent oscillants  dans  les  capillaires,  puis  ces  vaisseaux  se  remplissent 
d^éléments  sanguins,  augmentent  de  volume,  subissent  une  distension 
inégale  qui  leur  donne  une  apparence  tortueuse  ou  monilifoime.  Estor 
et  Saint-Pierre  ont  trouvé,  en  outre,  que  les  veines  contiennent,  à  leur 
sortie  des  parties  enflammées,  plus  d'oxygène  qu'à  l'état  ordinaire.  Ainsi, 
le  sang  artériel  ne  se  transformei*ait  plus  en  sang  veineux  dans  ces 
parties,  les  combustions  locales  ne  s'eflectueraient  plus  d'une  manièie 
complète  ;  à  la  plus  gmnde  quantité  de  sang,  qui  déjà  rend  compte  de  la 
rougeur  inflammatoire,  il  faudrait  ajouter  cette  circonstance  d'un  saDgplQ>^ 
artérialisé.  Ralentissement  de  la  circulation,  dilatation  et  allongement 
des  capillaires,  accumulation  de  globules  sanguins,  oscillation  de  ces  glo- 
bules qui  perdent  peu  à  peu  leurs  propriétés  oxydantes,  tels  sont  les 
premiers  désordres  que  l'irritation  phlegmasique  produit  au  sein  des 
vaisseaux.  A  ces  troubles  dynamiques  s'ajoutent  bientôt  des  altérations 
plus  accusées;  à  l'oscillation  du  liquide  sanguin  et  à  la  stase  succède  la 
transsudation  du  plasma  sanguin  ou  mieux  d'un  suc  nutritif.  Ce  dernier 
phénomène  est  connu  sous  le  nom  d'exsudation. 


HYPERPLASIES.  229 

L'exsudation  phicgmasiquc ,  principale  cause,  avec  la  congestion. 
(^  l'augmentation  de  volume  des  parties  enflammées,  consiste  dans 
extravasation  au  sein  des  tissus,  et  dans  leurs  interstices,  d'un  liquide 
out  les  caractères  tiennent  à  la  fois  des  parties  qu'il  infiltre  et  du  sang 
,*où  il  provient.  Liée  en  partie  à  Tactivité  exagérée  des  éléments  cellu- 
aii*es  des  tissus,  l'exsudation  a  une  durée  variable  qui  n'est  pas 
brcément  subordonnée  à  celle  de  la  congestion  :  tantùt  elle  est  passagère 
et  atteint  tout  à  coup  son  maximum  d'intensité;  tantôt,  plus  persistante, 
die  se  produit  peu  à  peu  et  accomplit  lentement  son  évolution.  Ce  phé- 
Domène  se  distingue  de  la  transsudation  par  la  nature  du  produit 
exsudé,  qui  est  non  pas  un  simple  liquide  albumineux,  mais  un  liquide 
libriuo-albumineux,  et  par  les  conditions  purement  dynamiques  dans 
lesquelles  il  se  manifeste.  En  outre  des  matières  (ibrino-albumineuses 
qu'il  renferme,  le  liquide  exsudé,  ou  exsudât,  contient  des  globules 
Uancs  et  des  globules  rouges  extravasés  des  vaisseaux.  La  présence 
de  ces  éléments  au  sein  de  ce  liquide  a  été  l'objet  de  discussions  nom- 
breuses que  nous  nous  contenterons  d'indiquer.  Dès  18/i6,  A.  Waller 
signala  la  diapédèse  des  globules  sanguins.  Examinant  le  mésentère 
du  crapaud  et  la  langue  de  la  grenouille,  cet  auteur  remai*qua  que 
les  globules  blancs  et  les  globules  riouges  du  sang  peuvent  s'ouvrir 
un  passage  au  travers  des  parois  non  lésées  des  vaisseaux,  et  dans 
un  second  travail  il  chercha  à  établir  l'identité  des  corpuscules  de  mu(  us 
H  de  pus  et  des  globules  blancs  du  sang.  Plus  récemment,  Cohnheim 
institua,  en  opérant  sur  la  cornée  et  le  mésentère,  une  série  d'expé- 
riences qui,  suivant  lui,  tendent  à  établir  d'une  manière  indubitable 
'émigration  des  globules  blancs  du  sang.  Sur  une  grenouille  cura- 
risée,  il  met  l'intestin  et  le  mésentère  à  nu,  et  étale  ce  dernier  sur 
Qoe  plaque  de  licge  percée  d'un  trou,  afin  de  pouvoir  l'examiner  au 
nûcroscope.  La  simple  exposition  à  l'air  suffit  pour  provoquer  une 
ifllamniation,  et  au  liout  de  deux  heures  cette  membrane  est  le  siège 
lie  DKMlifications  notables.  Le  premier  phénomène  est  la  dilatation  des 
vtérioles,  déjà  apparente  dix  ou  quinze  minutes  après  le  début  de  Fexpé- 
noioe  sans  avoir  été  précédée  d'une  constriction.  En  même  temps,  les 
Uttres  s'allongent  et  deviennent  plus  flexueuses,  les  veines  se  dilatent 
iussi,  mais  plus  lentement;  le  mouvement  du  sang  se  ralentit,  la 
ipidité  du  courant  diminue,  et  dans  les  veines  surtout  la  zone  péri- 
bérique  se  remplit  de  nombreux  globules  blancs  qui  s'arrêtent  et 
accumulent  au  contact  des  parois  en  fonnant  une  sorte  de  manchon  au 
mtrc  duquel  circulent  encore  les  globules  rouges.  Puis,  les  globules 
uics  envoient  au  travers  de  cette  paroi  un  prolongement  qui  se  gonfle 


230  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

au  dehoi*s,  grossit,  se  p«?(liculise  et  finit  par  se  séparer  du  vaisseau, 
de  telle  sorte  que  peu  à  peu,  et  comme  passant  à  la  lilière,  toute  h 
substance  du  globule  blanc  traverse  la  paroi  vasculaire  et  s'en  dégage. 
Les  mêmes  phénomènes  ont  lieu  dans  les  capillaires,  mais  de  plus  il  y 
a  issue  d\in  ciTtain  nombre  de  globules  rouges.  Sur  les  points  particu- 
lièrement irrités,  cette  émigration  se  produit  avec  Tactivité  la  plus  grande; 
quant  aux  globules  émigrés,  ils  suivent  dans  le  tissu  conjonctifladim;- 
tion  où  ils  éprouvent  la  moindre  ]*ésistànce.  Tout  d  abord  Cohnheim  pensa 
que  cette  émigration  se  produisait  à  travers  des  ouvertures  situées  entre  les 
cellules  endothéliales  des  vaisseaux,  en  vertu  de  la  cqntractilité  spoutanée 
des  globules  blancs  et  de  la  dilatation  de  ces  sortes  de  stomates  pendant  h 
dilatation  des  veines;  mais  aujourd'hui  il  attribue  à  une  altération  des  pa- 
rois vasculaires  Textravasation  des  globules  blancs  et  la  diapt*dèse  des  glo- 
bules rouges  ;  toutefois  il  n'indique  cette  altération,  qu'il  regarde  comme 
le  phénomène  primordial  du  processus  inflammatoire,  que  d'une  focon 
tout  hypothétique,  et  il  suppose  que  les  parois  deviennent  plus  poreuses 
qu'à  l'état  nonnal,  par  suite  d'un  changement  dans  leur  état  moléculaire. 
Les  expériences  de  Cohnheim  sur  le  mésentère  ont  été  plusieurs  fois 
n>pétées,  et  si  quelques  observateurs  distingués,  tels  que  Vulpian  et  Hayem. 
ont  cm  devoir  en  accepter  les  conclusions,  il  en  est  bon  nombre  d'autresqui 
ont  été  conduits  à  les  rejeter.  A  notre  avis,  on  s'est  beaucoup  troppréoc- 
cupé  de  ces  expériences,  et  du  point  de  départ  des  leucocytes  rencon- 
trés dans  les  parties  enflammées.  iSi  en  efletle  tissu  conjonctif  tout  entier, 
comme  c(»la  s'aftirnie  de  plus  en  plus,  n'est  qu'un  tissu  vasculaire,  n'y 
îi-t-il  pas  des  raisons  sérieuses  de  croire  que  les  leucocytes  de  l'inOanï- 
mation  provi(»nnent  à  la  fois  de  ce  tissu  et  des  vaisseaux?  La  qoeslio»' 

• 

essentielle  est  donc  de  savoir  pourcjuoi  et  comment,  dans  certaines  cir- 
constances, il  se  produit  un  nombre  si  considérable  de  globules  blancs '!)• 
Mais  alors  c'est  à  la  physiologie  au  moins  autant  qu'à  la  pathologie  de  noïP 
donner  la  solution  de  cette  question  en  nous  faisant  connaître  la  genèse  des 
leucocytes.  En  d'autres  termes,  les  leucocytes  de  la  suppuration  naissenl-il* 
dans  un  blastème ,  connue  le  prétend  le  professeur  Robin  :  sont-il* 
l'elTet  de  la  multiplication  d  autres  éléments  et  notamment  des  cellules 
endothéliales?  tel  est  le  problème  qui  s'impose  et  qu'il  impoilerail de 
résoudre  tout  d'abord.  Ouoi  qu'il  en  soit,  lorsque  l'irritation  phleffna- 
sique  vient  à  cesser,  les  coagulums  des  petits  vaisseaux  se  dissocieDl^ 
et  leurs  produits  liquéfiés  sont  emportés  par  le  courant  sanguin,  qo* 

(1)  Malasscz  {Bull,  de  la  Soc.  A  nnt,,  1 873)  ,1  constaté,  dans  quelques  cas  de  supparatioa, 
une  augmentation  du  nombre  des  globules  blancs,  une  véritable  leacémie  de  suppuntioa. 


i 


HITERPLASIES.  231 

se  rétablit  partout  où  il  était  interroni|m.  Tels  sont  les  principaux 
désordres  observés  dans  la  circulation  dos  parties  enflammées  ;  ils  diffîTent 
notablement  de  ceux  delà  congestion  simple,  qui  ne  détenninc  ni  slaso, 
iii  obstruction,  ni  transsudation  de  liquide  coa^lablc.  Il  nous  reste  à 
dire  quelques  mots  des  altérations  des  liquides  ac^^ompagnant  les  pro- 
cessus phlegmasiques. 

Suivant  Bouisson  {Compt.  rend,  de  VAcnd.  de  tnéd.y  s(*ance  du  25  mars 
18&5),  la  lymphe  contenue  dans  les  vaisseaux  qui  [Kirtent  d'un  organe 
enflammé  se  modifie  dans  sa  composition,  admet  do  la  mati«*re  colo- 
rante rouge  et  se  charge  d'une  plus  grande  ])roportion  de  Hbrine.  Ce 
liquide  augmente  en  outre  de  quantité  :  do  là  le  gonflement  des  gan- 
glions auxquels  aboutit  la  lymphe;  de  là  les  dép<Hs  plastiques  qui 
ont  Heu  dans  les  voies  que  la  lymphe  parcourt,  et  qui  deviennent  ({uel- 
quefois  cause  de  leur  oblitération.  Killroth,  d'autre  part,  signale  l'obli- 
tération des  vaisseaux  lymphatiques  dans  les  plaies  et  dans  les  parties 
enflammées. 

Ces  données  nous  laissent  ignorer  les  modifications  intimes  subies 
par  la  lymphe;  ici,  comme  dans  beaucoup  d'autres  circonstances, 
les  l'eeherches  cliniques  exactes  et  comparatives  de  Tétat  sain  et  de  l'état 
morbide  font  encore  défaut.  Nous  ne  sommes  pas  beaucoup  mieux  î*en- 
seignés  surIesmo<lifications  subies  par  le  sang,  et  sur  les  altérations  corivs- 
pondantes  des  urines.  Les  travaux  d'Andral  et  davarret  ont  établi  que  le 
sang  éprouve,  dans  les  phlegmasies,  des  changements  notables,  consis- 
tant surtout  dans  une  augmentation  de  la  quantité  relative  de  la  fibrine 
concrète  qui,  au  lieu  de  3  millièmes,  ])eut  atteindre  le  chifl're  de  7,  8, 
iO  millièmes,  et  au  delà,  suivant  la  localisation  de  laflection  dans  tel  ou 
tel  organe.  C'est  dans  le  rhumatisme  articulaire  aigu  et  dans  les  plih^g- 
masies  des  séreuses  que  la  fibrine  subit  le  plus  haut  degré  d'inflam- 
mation, elle  atteint  en  movenne  le  chifl'œ  5  dans  les  inflannnations 
chirurgicales. 

Zimmermann,   dans  une  étude  expérimentale  faite  sur  le  chien  et 
sur   le  cheval,  a  toujours  vu   qu'à  la  suite  d'une  blessure  ou  d'une 
inflammation  locale  déterminée  par  l'application  du  tartn'  stibié,  la  pro- 
portion de  fibrine  augmente.  Quelque  temps  apn's,  elle  diminue,  mais 
sans  redescendre  au  taux  nonnal  pendant  la  àmw  de  la  phl(*^niasie.  La 
proportion  des  globules  diminue  en  même  lemps^  et  le  sérum  est  très- 
chargé  de  matières  grasses.  Robert  Latour  et  Collignon  ont  vu  aussi  la 
inroportion  de  fibrine  augmenter  dans  le  sang  des  animaux  chez  lesquels 
ils  avaient  déterminé  une  péripneumonie  en  injectant  un  li(iuide  irritant 


2  32  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

dans  la  plèvre  [Comptes  rend,  de  l'Acad,  des  sciences,  184&,  t.  XIX,  p.  933  . 
Becquerel  et  Uodieront  nettement  établi  par  leurs  recherches  la  diminu- 
tion de  la  proportion  des  corpuscules  sanguins.  Ils  ont  montré  de  plus  que 
Taugmentation  de  fibrine  est  ordinairement  accompagnée  d'une  dimi- 
nution correspondante  dans  la  proportion  de  Talbuminc  du  plasma,  et 
que  souvent  Texcès  de  fibrine  correspond  à  peu  près  au  déficit  de  l'albu- 
mine. Ces  données  sont  en  partie  confirmées  par  les  recherches  de  Denis 
de  Commercy.  Suivant  cet  autour,  la  fibrine  n'est  pas  toute  formée  dans 
le  sang,  elle  nest  qu'un  dérivé  de  la  plasmine,  par  dédoublement  ou 
par  toute  autre  action  moléculaire;  c'est  de  la  plasmine  concrescible. 
Quand   une   plus   grande   quantité  de  plasmine   se  dédouble,   il  y  i 
hyperinose,  c'est-à-dire  excès  dans  la  fibrine  ou  plasmine  concrescible. 
Il  n'y  a  pas  pour  cela  augmentation  de  l'un  des  principes  plasmatiques, 
car  la  fibrine  se  fait  aux  dépens  de  la  plasmine  liquide  qui  dimimie 
d'autant.  On  ne  peut  donc  identifier  l'inflammation  avec  l'hyperinose, 
puis(|ue  cet  état  n'explique  qu'un  fait  corrélatif,  c'est-à-dire  une  trans- 
formation de  la  plasmine  ou  fibrine  dissoute  en  fibrine  concrète.  A 
plus  forte  raison   ne   saurait-on  considérer  l'excès  de  fibrine  comme 
la  (^luse  dr  rinflammation  ;  du  reste,  il  n'y  a  aucune  preuve  établissant 
que   cette  substance  soit  augmentée  avant  le  développement  de  l'étal 
inflammatoire. 

Andral  et  Gavarret  ont  clairement  démontré  que  ces  deux  phénomènes 
sont  connexes,  (jue  la   fibrine  concrète  s'ac<5roït  avec  les  progrès  de  la 
phleginasie,  mais  {|ue  jamais  cette  production  exagérée  ne  précède  la  mani- 
festation des  phénomènes  locaux  inflammatoires,  et  ainsi  ils  ont  été  con- 
duits à  admettre  (|ue  Taugmentation  de  la  fibrine  est  le  fait  de  la  résorption 
dr  l'exsudat  inflammatoire.  Virchow,  plus  tard,  a  émis  l'idée  que  ci^tle 
substan(  e  pn»nait  naissimce  dans  les  tissus  eux-mêmes,   par  suite  de 
la  (it'struction   de  certains  éléments   hislologiques,    dont    les   déchets 
donneraient  lieu  à  une  substance  fibrinogène.  Il  a  cherché  à  expliquer 
la  proportion  relative  de  la  quantité  de  fibrine  dans  les  organes  parleur 
richesse  lyinphati(|ue,  en  faisant  remarquer  que,  plus  le  système  lympha- 
liqu«'  est  riche,  plus  facilement  s'opère  la  résorption  de  la  matièn*  fibri- 
nogène, «t  plus  grande  est  la   {|uanlité  de   cette   substance.   Quoiqw^ 
cette  hypothèse  rendt;  diffi(îil(Mnent  compte  de  la  pro|)ortion  énorme  do 
fibrine  dans  l'inflammation  de  certains  tissus  pi»u  riches  en  vaisseaux 
lymphatiques,     c(»pendant    l'hyperinose    pourrait    bien  èiw  en  partie 
l'efl'et  du  processus  phlegmasiquc.  Mais,  en  raison  du  rapport  existant 
entn'   l'au^Mnentation    de    la  fibrine   (^t    la  diminution  de  ralbumiue, 
il  va  lim  de   croire  que  la  première  de  ces  substances  peut  encore  s** 


HYPERPLASIES.  233 

produire  sous  Tinfluence  d'une  modification  particulière  subie  par  le  san^. 

Les  autres  principes  du  plasma  sanguin  ont  été  moins  étudiés.  On 
sait  néanmoins  que  les  matières  grasses  s  accroissent  sous  Tinflucnce 
de  tout  processus  inflammatoire,  suilout  quand  celui-ci  s'accompagne  de 
phénomènes  généraux.  L*urée,  assez  généralement,  augmente  dans 
le  sang  des  individus  atteints  d'inflammations  aigurs.  Au  contraiiv,  le 
chlorure  de  sodium  diminue  (Reale],  ce  (|ui  tient  à  ce  qu'une  grande 
quantité  de  ce  sel  s'accumule  dans  les  néoformations  et  les  exsudais.  L<' 
chiffire  des  globules  rouges  s'abaissu  quel(|ue  peu  dans  le  cours  des  in- 
Sammations,  mais  cet  abaissement  doit  être  attribué  surtout  à  Tabsti- 
nence,  quel(|uefois  aussi  aux  moyens  de  traitement  employés,  au  sié^e 
et  à  la  nature  de  l'inflammation  (rhumatisme).  Les  globules  blancs,  par 
contre,  augmenteraient  de  nombre,  et  il  se  produirait  un  certain  degré 
de  leucooytose,  du  moins  dans  les  inflanimationssuppuratives. 

Les  changements  apportés  dans  la  composition  des  urines  par  les  pro- 
cessus phlegmasiques  sont  encore  ù  Tétude.  Ouoiqu(;  variables,  ces  chan- 
gements se  traduisent  assez  généralement  par  la  diminution  des  urin(*s,  la 
forroation  d'une  plus  grande  quantité  d'urée  et  d'acide  urique,  la  dispa- 
rition plus  ou  moins  complète  du  chlorure  de  sodium,  substance  histo- 
génique  nécessaire  au  processus  inflammatoire  (Ileller,  Hedlcnbacher). 
Ils  sont  analogues  à  ceux  qu'on  trouve  dans  toutes  les  fièvres. 

En  résumé,  deux  ordres  d'éléments  sont  mis  en  jeu  dans  Tinflamma- 
tion,  la  cellule  et  le  vaisseau.  Les  modifications  cellulaires  sont  carartt'*- 
risées  par  la  tuméfaction  du  noyau,  l'augmentation,  puis  la  division  du 
protoplasma,  la  destruction  de  la  membrane  seccmdaire  et  de  la  substance 
fondamentale,  que  remplacée  un  tissu  jeune,  embryonnaire,  avec  ten- 
dance à  l'organisation.  Les  modifications  vasculaires  se  traduisent  par  des 
nK)uvements  oscillatoires  du  sang,  la  sliisi^  l'altération  du  la  paroi  des 
vaisseaux,  l'exsudation.  Le  sang  et  les  humeurs  sont  secondairement  alté- 
rés. Or,  selon  que  les  modifications  relatives  à  l'un  ou  à  l'autre  de  ces  élé- 
iBents  sont  prédominantes,  le  phtcessus  phlegmasique  dilTère,  et  comme 
ces  différences  sont  dans  une  certaine  mesure  subordonnées  à  la  nature 
^  à  l'intensité  d'actipn  de  l'agent  incitant,  il  en  résulte  la  possibilité  do 
diviser  les  phlegmasies  en  plusieurs  groupes  ou  genres  distincts  quant 
^Qx  caractères anatomiques,  aux  conditions  étiologiques  et  pulhogéniques. 
^,  nous  étudierons  successivement  les  phlcgmasùs  exsudatives,  suppu- 
^ice$  et  proUferatives  ou  adhésioes. 

^LiOGRAPnie.  —  TIflMw  BOB  vAscolalrcs.  —  TovNDnE,  Rescmrhes  tewlùig 
^jmt  the  non  vascularity  et  c.  of  certain  animal  tissus  {Philos.  Transact.,  1841 , 


23^  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

et  Gaz.  mtkl.  de  Pnria^  p.  38ft,  i8/i/i).  — J.  Goodsir,  Anat.andjikith,  obscnatk/rMr  * 
18/1,"). —  HF.i»FEnN*,  On  anormal  mit nt ion  in  articuhir  cartilages,  Edinb.,  1849,  c^  V 

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Histologie  der  Cor  nea,  Bascl.,  IHôG.— 0.  Weber,  reberYminderungeu  dpr  irii»ryw=J 
in  Gclmkrankhiiiicn  (Arch.  f.  patlml.  Anat.,  t.  Mil,  p.  7/i).  —  Ziir  Entwicklungi^=^ri' 
gesch.  des  FMvrs.  (Ibid,,  XV). — Whvvdon  B'iu  des  GlaskOrpcrs  und  die  etUzùndr^^^, 
Vertinderungcn  (lhid.yX\\,oi  Gaz,  mêd.,  1801,  763).— Coccius,  Vtber  Glaucom^^i, 
Entzitndung,  etc.  Leipzig,  1859.  —  A.  Mœhs,  De  lontis  inflammatione  piindmt>^  ^^/j 
diss,  Bonn.,  186/|.  — A.  Hoffmann-,  l'dnr  Etterbildung  in  der  Coniea  {Atrhiv  f^^f, 
path.  Anat,  und  rhysinh^g.^  t.  XLlî,  p.  206,  1868).  —  Oi.livieh  cl  Ranview»  mi. 
Gaz.  médicale^  1866,  p.  212. — Con.viLct  Ranvier,  Manuel  d'histologie  patholrr:^  o- 
gifiuc,  p.  72.  Paris,  1869. — Axel  KEvet  C.  Wali.is,  Recherches  expérimentales  si^  -^r 
r inflammation  de  la  curnée  {Xord.  Med.  Arch.j  1871,  t.  III,  n"  16,  et  Art:/^^^ft. 
f.  path,  Anat.  und  Physiol.,  1872,  t.  LV,  p.  296).  —  A.  RœrraiER,  Slj^  ur 
le  dheloppemcnt  de  la  kératite  traumatique  (Dorpater  mod.  ZeitsrJiriff ,  t.  1^^^^', 
1873).  —  PunsEn,  On  suppuration  in  the  eornca  [The  Dublin  Journ.  of  mcd»  sc-zrm., 
iiov.  1872).  —  R.  V.  Pfingen,  Stud.  ùher  Entzùnd.d.  frosch  Cornea  [Stricka  -^  r** 
med,  Jahrb.,  1873,  p.  80,  95).  —  R.  II.  TIi.  Leber,  De  Vinflamm.  de  la  comv^^r  kc 
par  infvcVon  septiquc  [Ccntralblatt,  ii°  9,  1873,  p.  129). 

Tissas  vascnlalres. — Koli.iker,  Élrniejits  d'histologie  humaine.  Paris,  185»    ^d6. 

—  MaîîSe,  De  la  cicatrisation  dans  lis  différ.  tissus.  Thèse  de  Montpellîcszi^Nnr, 
1866.  —  Bii-LUOTH,  Éléments  de  pathol.  chirurg.  générale,  Paris,  1868.  —  — 
STHifiKER,  Di'S  recherches  sur  la  genèse  et  la  structure  des  capillaires;  an^c  ^al. 
par  O.NiMrs  [Journ.  de  l'anat.  et  de  la  physiol.,  ete.  1867,  p-  652).  -  — 
\Vy\NODzoFF,  Etude  expérimentale  drs  différents  phénomènes  qià  se  passait  dans  ^n^h 
eicatiisation  des  plavs  [Ibid.,  1868,  p.  136,  vi  Annales  dcméd.  de  la  Suc.  im}j^  -Pé- 
riale  des  mcdcrins  de  Yienney  1867,  vol.  XIII).  —  Ch.  Robin,  ai1.  Tissus  la^t  -^mi- 
NEL'x,  Did.  encyclop.  drs  se.  méd.,  sér.  2,  t.  I,  p.  2l\t\.  — J.  Meykb,  Uiier  <»  di( 
Xeubildungen  ion  Blutgrf'ass.  in  plastisch.  Exsudât,  seroser  Mrntbr.  und  *« 
JlautwUnd.  {Annal,  des  t'haritekrankrnhauscs,  Jalirg.  IV,  t.  I,  160  .  —  \.  L-^"  Le- 
vHAi:i),  Et  a  (le  sur  lu  décelnpprmmt  des  ntiss.  capill.  sanguins  dans  les  tissus  '^ss  dt 
nonveilt'  ftirmation.  Thèse  de  Paris,  1868.  —  J.  Aiinold,  Experiment.  l'ntersu^  "^  'f^ 
ti^tr  die  Entnickelung  der  lilutcapilhhen  [Archiv  f.  pathol.  Anat.  und  Physice:^:^'^'^^' 
1871,  l.  LUI,  p.  70  ;  t.  MV,  p.  1  et  608,  1872).— <;.  Saviotti,  Vber  Verander.  m.  de 
hlntgrfussr  bridir  Entzandung.  ihid,,  t.  L,  p.  592,  1870.  —  J.  LEvt>^:m3f,  Dé^v»  ^i '' 
loppcment  des  vaisseaaj:  dans  le  tissu  ftssfux  des  nouceau-ms  (Melangts  biuliigiq -^^^^^ 
tirés  du  Bnlf.  île  VAcad.  impér.  des  srit-nces  de  Saint-Vétersbourgj  1871,  VI -M  ^ 
Centralblatt y  1872,  n**  15).  —  E.  Klein,  Dérdoppum.  des  premiers  eaisseum 
des  globules  sanguins,  aux  dépens  du  feuillet  moyen  du  blastoderme^  dans  Vt 
bryun  de  poulet  (\Vi*/i.   Acad.  Zifzunqsbcr.,  LXIII,  iii  Centralblatt.  1872,  n* 

—  (1.  RnidET,  Sur  le  dfh'rlnppfutndy  la  strueture  et  les  in'Opriètés  physiohigifi 
des  capillaires  sanguins  et  lymphatiques  [Archives  de  physiobtgie  nvrm^ 
\"dh,y  1873,  p.  603).  Voyez  en  outre  les  bihliographies  des  pages  217  el  2' 


y 


HTPEBPLASIES.  235 

Le  Miac  ûamm  riallaiiiiiiatioB.  —  Andral  et  Gavarret,  Essai  d'hémato^ 
logie  patkoi.  Paris,  1843.  —  Alf.  Becquerel  et  A.  Rodier,  Rech.  sur  la  corn- 
po$itwndu  sang  dans  l'état  de  santé  et  dans  VHat  de  maladie.  Paris^  1866; 
Traité  de  chimie  pathologique,  p.  103.  Paris,  185  îi. — Zimmermann,  Ueber  die 
Verander.  welche  das  Blut  aussere  Verletz.  erleidet,  etc.  {Arch.  fur  physiol. 
Heilkunde,  1868,  t.  VII,  1869).  —  P.  S.  Denis,  Compt.  rend.  Acad.  des  se. 
Paris,  1856  et  1858.  —  Mémoire  sur  le  sang.  Paris,  1859.  —  Schmidi,  Ueber 

de»  fasserstoff  {Archiv.  f.  path.  Anat.  und  physioL,  186i).  —  Estor  et  Saixt- 

PiERRE,  Journal  de  VAnatomie,  i.  I,  p.  603,  1866. 

I.  —  Phlegmasies  cxsudalivcs. 

Nous  appelons  de  ce  nom  les  inflammations  dans  lesquelles  il  y  a  pré- 
dominance de  Texsudat  séro-albumineux  ou  fibrineux,  par  rapport  au 
tissu  embryonnaire  et  aux  globules  de  pus. 

liCS  tissus  conjonctifs  les  plus  h\ches,  c'est-à-dire  ceux  qui  présentent  les 
espaces  les  plus  étendus,  comme  les  membranes  séreuses,  le  tissu  sous- 
arachnoïdien,  les  alvéoles  pulmonaires,  et,  dans  certains  endroits,  le  tissu 
coDJonctif  sous-cutané  et  sous-séreux,  tels  sont  les  points  les  plus  exposés 
àce  genre  d'inflammation.  Les  parties  constituées  par  un  tissu  fibreux  et 
résistant,  comme  le  derme  cutané  et  le  derme  muqueux,  ne  donnent  en 
général  qu'un  faible  exsudât,  mais  par  contre  elles  peuvent  être  le  siège 
d'une  congestion  intense  et  persistante,  qui  a  valu  I  epithète  de  congestive 
à  l'inflammation  qui  s'y  développe.  Caractérisées  au  début  par  une 
rougeur  plus  ou  moins  vive  et  uniforme,  avec  ou  sans  tuméfaction  drs 
tissus,  les  phlegmasies  congestives  sont  représentées,  après  un  temps  plus 
ou  moins  long,  par  une  teinte  jaunâtre  ou  noirâtre  des  parties  en flanmiées, 
^t  ces  divers  changements  sont  dus,  d'une  part,  à  l'allongement  et  à  la 
dilatation  des  vaisseaux,  que  remplit  un  sang  plus  oxygéné  que  dans 
l'état  normal  ;  d'autre  part,  à  la  transsudation  de  la  matière  colorante  et 
'un  certain  nombre  de  globules  rouges  qui  peu  à  peu  se  transforment  en 
Poules  pigmentaires.  Les  phlegmasies  exsudatives  présentent  ces  mêmes 
symptômes,  mais  elles  sont  remarquables,  en  outre,  par  une  extravasa- 
^n  plus  considérable  de  plasma  sanguin. 

Le  liquide  extravasé  est  connu  sous  le  nom  d'exsudat^  terme  qui  n'est 
pts  absolument  exact,  puisqu'il  semble  indiquer  que  ce  liquide  possède 
toutes  les  qualités  du  sérum  du  sang,  tandis  qu'il  en  difl*ère  par  plusieurs 
points,  et  surtout  par  la  présence  d'une  plus  forte  proportion  de  fibrine. 

Hunter,  l'un  des  premiers,  a  fixé  l'attention  sur  l'importance  de  Texsu- 
i»t  inflammatoire,  qu'il  appelait  lymphe  coagidable,  en  faisant  observer 
^\\  se  produit  à  la  surface  d'une  plaie  récente,  quelques  heures  après  la 


236  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

blessure,  un  liquide  blanc  ou  rosé,  transparent,  filant,  qui  se  coagule  et 
agglutine  les  lèvres  de  la  plaie,  quand  elles  ont  pu  être  maintenues  en 
contact.  Mais  ce  grand  observateur  eut  le  tort  de  croire  que  cette  lymphe 
s'organisait  directement  et  se  transformait  en  tissu  de  cicatrice.  Depuis 
Hunter,  l'exsudat  n'a  pas  manqué  de  jouer  un  rôle  considérable  dans  Tin- 
Oammation,  tellement  qu'il  a  été  pendant  longtemps,  pour  l'école  de 
Vienne,  la  caractéristique  du  processus  phlegmasique.  C'est  avec  raison 
qu'il  nest  plus  considéré  aujourd'hui  que  comme  l'un  des  effets  de  l'irri- 
tation inflammatoire. 

Li  confusion  établie  entre  les  phlegmasies  épithéliales  et  conjonctives 
a  conduit  la  plupart  des  auteurs  h  décrire  diverses  sortes  d'cxsudats,  les 
uns  nmqueux,  les  autres  séreux,  etc.  La  séparation  de  ces  phlegmasies 
nous  évite  ces  divisions  inutiles.  Une  seule  espèce  d'exsudat  appartient 
en  rt'iiilité  aux  phlegmasies  conjonctives,  car  la  plus  ou  moins  grande 
proportion  de  fibrine  ou  de  globules  sanguins  qui  y  est  contenue  ne 
|)eut  constituer  des  espèces  distinctes,  mais  de  simples  variétés  dont  il 
importe  pourtant  de  tenir  compte  au  point  de  vue  de  la  gravité  du  pro- 
nostic. 

Le  liquide  qui  constitue  l'exsudat  se  rapproche  du  sérum  du  sang,  au- 
quel se  seraient  ajoutés  de  la  fibrine  et  des  éléments  histologiques diTers, 
leuco<\\tes,  cellules  embryonnaires,  endothéliales,  etc.  Il  se  présentesous 
ras|MH't  d'un  liquide  alailin,  jaunâtre,  visqueux,  incolore,  d'une  dowil^ 
de  KOlô  à  1,018.  Il  pnk'ipite  par  la  chaleur,  à  cause  de  l'albumine  qui 
.s'y  trouvt»  contenue  ;  il  tient  en  suspension  des  flocons  fibrineux,  il  est 
spontanément  coagulable.  Cette  coagulation  de  l'exsudat  est  due  à  ce  que 
la  substance  principale  qui   le  forme,  dissoute,  comme  dans  lesang|À 
l'état  de  plasmine,  se  concrète  bientôt  en  fibrine  sous  l'influence  d'une 
substance  agissant  comme  ferment.  La  globuline  des  corpuscules  rouges, 
les  cellules,  tous  les  tissus  d  ailleurs,  peuvent  être  les  agents  de  cette  coa- 
gulation, et  ainsi  s'explique  connnent,  dans  un  épanchement  pleurélique 
|KU*  exemple,  on  trouve  des  flocons  plus  nombreux  au  contact  des  parois 
pleurales.  (>mii)oseà  l'état  frais  de  fibrilles  de  fibrine  qui,  en  général,  re- 
tieiuient  dans  leui*s  mailles  des  leucocytes  et  des  globules  rouges,  le  coa- 
guluin  de  l'exsudat  se  nnluil  plus  tard  en  une  mass»*  homogène  et  grenue, 
dans  laquelle  abondent  des  granulations  graisseuses.  C'est  sous  celte 
f«»nne  qu'après  un  temps  plus  ou  moins  long,  s'il  n'est  rejeté  au  dehors, 
(H>mnu»  dans  la  pneumonie  franche,  il  est  résorbt»  en  même  temps  que  le 
sérum  dans  lequel  il  baigne.  Cette  n»sorption.  incomplète  dans  quelques 
cas,  laisse  |H»rsist«M*  tant«*»t  une  niasst*  cas^vuse,  fonnée  de  granules  nudé- 
culain's.  tantôt  une  lK>uillie  calcaire,   d'autres  fois  enfin  une  substance 


HYPERPLASIES.  237 

jaunâtre,  presque   entièrement   formée    de    cristaux    de  cholestérinc 
el  circonscrite  par  des  fausses  membranes  (1). 

Fortement    séreux    dans    quelques  cas,  Texsudat  est   d'autres  fois 
presque  entièrement  fibrineux  et  se  présente  sous  forme  d'une  masse 
molle,  élastique.  C'est  sous  cet  aspect  qu'on  l'observe  dans  le  phlegmon 
diffus,  et  parfois  même  à  la  surface  de  la  plèvre  et  du  péritoine.  Dans  cer- 
taines circonstances  enfin,  une  plus  ou  moins  grande  quantité  de  sang  se 
mêle  à  l'exsudat,  y  détermine  tout  d'abord  une  teinte  rouge,  et  plus  tard, 
quand  les  globules  viennent  à  s'altérer,  une  coloration  café  aii  lait.  La 
première  de  ces  teintes  est  due  aux  globules  sanguins  non  encoi*e  altérés  ; 
la  dernière  résulte  de  la  présence  de  la  matière  colorante  mise  en  liberté 
sous  forme  de  granules  pigmentai res,  ou  encore  de  cristaux  d'héma- 
toîdine,  ainsi  qu'on  l'a  observé  dans  quelques  cas  de  pleurésie  où  ces 
cristaux  ont  pu  être  expectorés  ;  dans  la  goutte,  il  contient  de  l'urate  de 
soude.  L'exsudat  est  tantôt  libre,  comme  dans  les  cavités  séreuses,  tantôt 
retenu  entre  les  mailles  du  tissu conjonctif,  comme  dans  les  parenchymes. 
Dans  ce  dernier  cas,  il  est  dit  interstitiel,  il  renferme  une  moins  grande 
quantité  de  sérosité,  sans  doute  à  cause  de  la  résistance  qu'il  rencontre  de 
la  part  des  mailles  de  ce  tissu;  de  là  une  composition  variable  suivant  la 
nature  du  tissu  affecté.  Ajoutons  que,  toutes  choses  égales  d'ailleurs, 
l'intensité  d'action  de  l'agent  irritant  parait  contribuer  à  modifier  l'exsudat, 
car  les  inflammations  dites  fibrineuses  représentent  en  général  un  degré 
plus  élevé  d'iiTitation  que  les  phlegmasies  séreuses. 

Le  liquide  sanguin  est  sans  aucun  doute  la  principale  source  de  l'exsu- 
dat ;  mais  il  n'est  pas  vraisemblable  que  ce  produit  de  l'inflammation 
préexiste  dans  le  sang,  et  qu'il  transsude  au  travers  des  vaisseaux  avec 
toutes  ses  qualités,  par  un  simple  phénomène  d'exosmose.  Ce  qui  sort  des 
^sseaux  à  la  suite  d'un  obstacle  à  la  circulation,  par  exemple,  ne  contient 
pas  de  fibrine,  et  ne  peut  être  assimilé  à  l'exsudat  inflammatoire.  Il  faut 
donc  admettre  que  les  tissus  enflammés,  s'ils  ne  sont  pas  la  source  d'une 
partie  de  la  fibrine,  ont  du  moins  la  propriété  de  faire  subir  à  la  sérosité 
menant  des  vaisseaux  une  modification  en  vertu  de  laquelle  il  se  produit 
^ne  certaine  quantité  de  plasmine  concrescible  ou  fibrine.  Cette  propriété 
fibrinogène  serait  due,  suivant  Chalvet,  au  processus  de  dénutrition  qui 
succède  au  stade  d'irritation  cellulaire,  c'est-à-dire  aux  matériaux  de 
déchet  des  tissus  conjonctifs  enflammés. 


(1)  C'ctt  à  UD  exsudât  inflammatoire  enkysté  et  transformé  qu'il  confient  sans  doute 
^nttacher  certains  kystes  cholestériques  de  La  plèvre.  (Voyez  mon  Atlas  d*anatomie 
P^ohgique,  p.  315). 


238  ANATOMIE    PATHOLOUIQUE. 

En  présence  de  l'exsudat ,  et  par  suite  du  processus  phlegmasîque,  les  tra- 
vées conjonctives  ou  osseuses  sont  d  abord  refoulées,  puis  elles  subisst'ut 
une  nioditication  nutritive,  une  sorte  de  raniollissemeut  eu  vertu  duquel 
elles  s'amincissent  et  môme  disparaissent.  C'est  ainsi  que  les  deux  lènei 
d'une  plaie  se  modifient  si  profondément  dans  leur  texture,  que  toute 
ti*ace  de  fibrilles  conjonctives  y  disparaît  dans  une  épaisseur  de  plusieurs 
millimètres,  et  que  le  derme  enilannné,  au  lieu  du  feutrage  fibreui  com- 
pacte qui  le  constitue,  présente  un  réseau  très-ténu  de  mailles  remplies 
par  le  liquide  exsudé  et  des  cellules  embryonnaires. 

L'rxsudat  provient  en  somme  du  plasma  sanguin,  mais  ce  plasma 
transsudé  subit,  de  la  part  des  tissus  enflammés,  une  élaboraticm  qui 
engendre  la  fibrine  ;  bistologiquement  il  est  constitué  par  un  liquide  où 
<'ette  substance  se  rencontre  avec  des  éléments  figurés  divers.  Ces  élé- 
ments et  toutes  les  parties  solides  de  Texsudat  subissent,  au  buut  d'un 
certain  temps,  une  modification  granulo-graisseuse  en  vertu  de  laquelle 
ils  peuvent  être  résorbés  en  même  temps  que  le  liquide  qui  les  baigne, 
soit  jKir  les  tissus  du  voisinage,  soit  par  des  fausses  membranes.  Cette 
|)ossibilité  de  la  ivsoq)tion  de  Texsudat,  qui  a  lieu  tantôt  plus  tôt,  tantôt 
plus  tard,  selon  la  nature  de  Tirritation  et  certaines  conditions  indiTi- 
duelles,  rend  les  phlegmasics  exsudatives  moins  sérieuses  que  les  autres, 
(^es  pblegmasies  disparaissent  sans  laisser  de  trace  de  leur  passage. 

Etiologie  at  pathogénie.  —  Des  causes  nombreuses  peuvent  donner 
naissance  aux  phlegmasies  exsudatives,  elles  sont  les  unes  extenies, 
pli\si(|ues  ou  Iraumatiques,  les  autres  internes,  c'est-à-dire  liées  à  un  vice 
originel  ou  acquis.  \:iw  plaie  simple,  une  brûlure  superficielle,  l'imprvs- 
sion  subite  du  froid,  sont  les  circonstances  extérieures  qui  développent 
connnunénient  ces  phlegmasies.  Le  rhumatisme  articulaire  aigu,  U 
goutte,  sont  les  maladi(^s  où  elles  s'observent  généralement. 

Nous  savons  qu'une  des  conditions  pathogéniques  des  phlegniasie> 
exsudatives  (»st  une  irritation  de  moyenne  intensité  ;  ajoutons  que  ces 
alt«M"ations  se  produisent  principalement  chez  les  individus  dont  les  con- 
ditions hygiéni(iues  sont  relativement  bonnes,  car  les  individus  sunnenês 
font  de  préftMUMice  des  phlegmasies  suppuratives. 

IJ1KL10..11A1111K.  —  Bknnett,  Exsudât,  ses  causes  et  son  dt^vehjypemnnt  iO'i'- 
mM,  ib  Paris,  1K'ï7,  867).  —  Mo.nxeklt,  Des  phlegmasies  exsudatives  (B«tw 
mut.  rhirunj.  de  Paris,  mars  1853).  —  Muni:,  Etude  sur  les  Wjuidrs  tiMifl^' 
dans  h  plnrr  (Arrhins  mnaalrs  dr  médecinr,  1872,   t.  I,   p.  6û1,  et  t.  H, 

p.  ri6). 


HYPBHPLASIBS. 


•  PhlegDiatic»  tuppuratitet. 


Les  phlcgmasies  suppuratives  sont  caractérisées  par  une  prédomiuance 
marquée  dans  la  production  des  leucocytes. 

Ce^  phlegmasies  s'observent  dans  tous  les  tissus  de  substance  con- 
jonctive, même  dans  les  tissus  non  vasculaires,  mais  leur  degré  de  fvé- 
quence  et  d'intensité  relatives  est  généralement  en  raison  directe  de  la 
rascularité  du  tissu  enHammé.  Noimalement,  les  leucocytes  font  partie 
du  sang,  du  mucus  et  du  liquide  des  séreuses,  où  ils  se  ivnconti'eut  dans 
dM  proportions  très-minimes.  Seule  l'inHammalion  est  susceptible  de 
multiplier  ces  éléments  de  façon  à  amener  la  formation  du  pus. 

IVodait  à  la  surface  des  plaies  ou  d'une  membrane  dont  l'une  des 
faces  est  libre,  le  pus  est  éliminé  au  fur  et  à  mesure  qu'il  natt.  Quand 
aucoDlraiiv  il  se  forme  dans  l'épaisseur  des  tissus,  ce  liquide,  d'abord 
iiilillré  daus  les  tissus,  séparé  par  des  cloisonnements  nombreux 
(infiltration  purulente],  donne  lieu  à  une  tuméfaction  plus  ou  moins 
prononcée,  avec  œdème  des  parties  voisines,  l'ius  tard,  les  cloisons 
disparaissant,  il  se  trouve  amassé  sur  un  point;  c'est  alors  qu'il  con- 
stitue la  tumeur  connue  sous  le  nom  d'abcès.  Cette  tumeur  presse  les 
parties  voisines,  les  enflamme,  les  ulcère,  les  amincit,  et  tend  à  se  faire 
i<Mir  à  l'extérieur.  L'inflammation  qu'elle  détennine  du  ctité  des  mem- 
'"'aiitti  séreuses  produit  heureusement  des  adhérences  des  feuillets  de  ces 
■uembranes.  qui  favorisent  l'expulsion  du  pus  vers  un  autre  point,  de 
sorte  que  c'est  le  plus  souvent  ii 
'a  surface  de  la  peau  el  des  mem- 
■tranes  muigueuses  que  s'ouvrent 
'^s  collections  purulentes.  Lorsque 
f^elles-ci  se  sont  vidées,  leurs  pa- 
''oîs,  dans  lesquelles  existent  de 
jeunes  cellules,  de  nombreux  vais- 
^;iux,  un  tissu  exactement  sem- 
l»lablo,  sous  le  rapport  anatomi-  -  ~-^- 

qUï,  au  tissu  de  granulation  {Kg.    f„    gg  _ Dourgoonneme„l  dune mcmbr^n^ 
6û,,     s'organisent,     se    rétractent         pyoginique.    a,     cellulrs    embryoïmairoi  ; 

r, >  .      .  .     .  A,  iranirarmulion  de  ces  éléments  cil  cellule* 

peu  à  peu,    se  juxtaposent  et    se        f,„irorme,  «  en  nfarille.  da  li«u  .onjonctif. 
^udenteDAn  après  un  temps  plus       (OljecUf  oculaire  de  Verick.) 
■^umoins  long,  suivant  l'étendue  du  foyer  et  la  nature  de  la  suppuration  cl 
^  tissus  lésés.  Une  légère  induration  persiste  encore,  mais  elle  disparaît 
■tienlât  \Ka  a  peu  par  la  fonte  et  la  résorption  des  cellules  intillrées,  par  la 


240  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

transformation  de  la  substance  intercellulaire.  Pourtant,  chez  les  individiis 
débilités  ou  atteints  de  vices  constitutionnels,  les  parois  des  abcès  peuveol 
continuer  à  suppurer  pendant  un  temps  fort  long;  ce  sont  les  abcès  froids, 
que  constitue  un  pus  clair  et  peu  lié^  assez  différent  de  celui  des  abcès 
phlegmoneux.  Il  impoile  de  faire  connaître  les  diverses  propriétés  du  pus. 

Propriétés  physico-chimiques,  —  Le  pus  est  un  liquide  opaque,  blan- 
châtre ou  jaunfitre,  doux  au  toucher,  de  consistance  crémeuse,  de  sarenr 
douceâtre,  un  peu  saline,  d'une  odeur  fade  et  d'une  densité  qui  Tarie 
entre  1,020  et  1,040  (Robin].  Abandonné  dans  un  vase  long  et  étroit,  il 
ne  se  coagule  que  par  exception,  et  se  sépare  en  deux  couches  distinctes: 
Tune,  supérieure,  transparente,  ou  partie  liquide,  est  le  sérum,  principak»- 
ment  fonné  d'eau,  tenant  en  dissolution  de  l'albumine  et  des  sels  alcalins; 
l'autre,  inférieure  et  opaque,  en  partie  solide,  est  composée  de  leucocjles, 
ou  globules  de  pus,  auxquels  s'ajoutent  parfois  des  éléments  accessoires, 
cellules  épithéliales,  flocons  fibrineux^  cristaux  de  cholestérine  ou  de  phos- 
phate ammoniaco-magnésien. 

Les  leucocytes  ou  cléments  figurés  du  pus  représentent  le  quart  on  le 
cinquième  des  parties  constituantes  du  pus,  auquel  ils  donnent  sa  cou- 
leur et  sa  consistance.  Ils  sont  constitués  par  une  masse  de  protoplasma, 
renfermant  un  ou  plusieurs  noyaux,  sans  membrane  cellulaire  distincte. 
A  l'état  frais,  ils  se  présentent  sous  forme  de  petits  corps  sphériques,  ou  à 
contours  un  peu  irréguliers,  en  partie  imprégnés,  en  partie  comme  saupou- 
drés de  fines  granulations,  de  sorte  qu'on  ne  voit  pas  d'ordinaire  les  noyaux 
renfermés  dans  leur  intérieur  (lig.  70  a').  Notons  que  la  forme  arrondie 
appartient  uniquement  aux  cellules  mortes,  car  si  on  observe  ces  éléments 
dans  un  milieu  humide  sur  un  porte-objet  chauffé^  on  remarque  qu'ik 
_^  ^..    .        sont  munis  de  prolongements  multiples,  cl 

a^       S'(^)        .i>-^^o^     animés  de  mouvements  amiboïdes(fig.'Of. 

^J  Si  Ton  traite  les  leucocytes  par  l'acide  acé 

^^^^^^^^\^.  tique,  ces  granulations  disparaissent,  elles 

w  >Wà2^      \^         noyaux  se  montrent  brillants,  rarement  uni- 

fie. 70.   —  Globules  purulents,   ques,  Ic  plus  SOU vent  au  nombre  de  Irois OU 

«',  d'un  abcès  de  bonne  nalure;         ^^tre  ((ig.  7U  a).  Ccs  noyaux  multipKho- 
a,  les  mêmes,  traites  par  1  acide     »  >>  cr  /  j  r 

acéiique  dilué  ;    b,  corpuscules  mogènos,  quelquefois  in*éguliers,  se  rt*n- 
aliéréi d'une iarie osseuse; c, cor-  contrent  également  dans  les  leucoc^tesdu 

puscules  migratoires.  ^^ 

sang,  et  c  est  à  tort  qu'on  a  voulu  en  fair** 
la  caractéristique  des  globules  de  pus.  Le  volume  de  ces  globules  est 
variable;  ils  ont  un  diamètre  qui  oscille  entre  O^^jOOSet  0"",012,  et  lors- 
(lu'ils  font  partie  d'un  pus  très-fluide,  comme  celui  qui  provient  d'os  cariés. 


a. 


HYPERPLASIES.  2^1 

ils  peuvent  atteindre  un  diamètre  de  0"'"',01/j  ou  se  résoudre  en  granula- 
tions irrégulières (Gg.  70  b).  Au  contraire,  dans  le  mucus  frais,  dans  lasalive 
et  dans  Turine  non  altérées  par  le  contact  de  Tair,  ces  éléments  sont  tou- 
jours moins  volumineux.  D'ailleurs^  en  présence  de  Teau,  ils  se  gonflent  et 
leurs  granulations  deviennent  plus  distinctes;  par  conséquent,  lanaturedes 
liquides  organiques  dans  lesquels  les  globules  de  pus  se  rencontrent  peut 
modifier  ces  éléments;  mais  sans  les  détruire.  L  alcool  et  l'éther  les  laissent 
intacts,  les  alcalis  caustiques  les  convertissent  en  masses  mucilagineuses, 
Tammoniaque  surtout  les  change  en  un  magma  gélatineux  qui  peut  servir 
à  différencier  le  pus  du  mucus. 

L'histoire  chimique  du  pus  date  des  travaux  de  Gueterbock.  C'est  un 
liquide  ordinairement  alcalin,  par  la   présence  de  carbonates   et   de 
phosphates  basiques,    quelquefois  neutre,   plus  mrement  acide,   par 
la  mise  en  liberté  d'un  acide  organique  existant  à  l'état  de  sel  neutre 
dans  les   conditions   ordinaires   (acide   pyique  de  Delorej.  Le  sérum 
renferme  de   l'albumine,   assez  souvent  de  la  mucine,   des   matières 
crasses  (cholestérine,  séroline,  etc.),  des  sels  alcalins.  Les  corpuscules 
de  pus  sont  formés  d'eau,  d'albumine,  de  graisses  (lécithine,  cérébrine, 
oléine,  margarine,  etc.),  de  sels  divers.  Pour  savoir  si  la  composition 
de  ces  globules  était  identique  avec  celle  des  leucocytes  du  sang,  lioppe- 
Seiler  a  introduit  dans  la  cavité  péritonéale,  chez  des  chiens,  des  cristal- 
lins frais  de  bœufs,  qui  bientôt  s'infiltrèrent  de  corpuscules  blancs.  De  la 
sorte  cet  auteur  a  pu  constater  que  ces  éléments  renfermaient  de  la  matière 
glycogène,  et  qu'au  moment  où  ils  perdaient  leurs  mouvements  amœboï- 
des  et  devenaient  rigides,  on  y  trouvait  du  sucre.  Comme  d'autre  part  lu 
matière  glycogène  n'a  pu  être  trouvée  dans  le  pus  provenant  d'abcès  in- 
flammatoires ou  de  plaies,  Iloppe-Seiler  en  a  conclu  que  la  matière  glyco- 
gène est  un  moyen  de  distinguer  entre  eux  les  globules  blancs  et  les  cor- 
puscules de  pus,  bien  que  ces  derniers  proviennent  du  sang.  Dans  ces 
conditions,  c'est-à-dire  après  avoir  perdu  leur  propriété  glycogénique,  les 
globules  blancs  se  transformeraient  en  graisse,  par  un  excès  d'oxygénation. 
Ces  caractères  physiques  et  chimiques  sont  ceux  du  pus  de  bonne 
oature,  ou  pus  louable  des  anciens.  Ce  liquide,  pendant  quelque  temps, 
jouit  d  un  certain  degré  de  vitalité  ;  après  quoi,  il  se  modifie  et  subit  des 
transformations  diverses  dont  la  plus  commune  est  la  transformation  grais- 
seuse. Les  granulations  des  globules  purulents  augmentent  ;  ceux-ci  se 
chargent  de  petites  gouttelettes  brillantes  qui  masquent  le  noyau  et  se 
dissolvent  le  plus  souvent  dans  l'éther,  ils  augmentent  de  volume  et  se 
pésentent  sous  la  forme  d'une  masse  sphéroïdale,  plus  obscure  au  centre 
qu'à  la  périphérie.  Composées  de  granulations  très-réfringentes,  les  cel- 

LA!fCKBiADX.  —  Traité  d'Anat.  ï-  —  ^^ 


2/»2  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

Iules  de  pus,  devenues  méconnaissables,  ont  été  désignées  sous  le  nom 
de  corpuscules  de  Gluge ,  de  globules  pyoïdes.  Dans  ces  conditions, 
elles  ne  tardent  pas  à  se  desagréger  ;  les  granules  graisseux  doviennenl 
libres  dans  le  sérum,  et  bientôt  il  ne  reste  plus  qu'une  substance  émulsive, 
un  liquide  lactescent,  renfermant  quelques  lamelles  de  cholestérine. 
C'est  la  forme  sous  laquelle  la  résorption  complète  du  pus  est  possible. 

La  transformation  caséeuse  n'est  pas  suivie  d'un  effet  aussi  favorable. 
Cette  modification,  qui  s'observe  toutes  les  fois  que  le  pus  a  séjouné 
longtemps  dans  un  abcès  ou  dans  une  cavité  naturelle,  est  produite  par 
la  résorption  du  liquide  du  pus  indépendamment  des  globules,   d'oo 
un  épaississement  du  pus  ou  pus  concret,  inspissation.  Lies  globules, 
privés  de  leur  liquide,  desséchés  et  ratatinés,  forment  alors  par  leur 
agglomération  des  masses  ps\teuses,  jaunâtres   ou  blanchâtres,  long- 
temps  prises  pour  du    tubercule.    Cette  transformation  a  principale- 
ment lieu  dans  les  abcès  froids,  dans  les  inflammations  suppuratives 
chroniques  des  os  et  des  articulations  (mal  vertébral,  tumeur  blanche). 
Le  pus  ainsi  desséché  peut  s'encroûter  de  sels  de  chaux,  et  la  masse  qu'il 
forme,  devenue  étrangère  à  l'organisme,  provoque  quelquefois  après  un 
temps  plus  ou-  moins  long  une  inflammation  éliminatrice.  Toute  diffé- 
rente est  la  transfoimation  séreuse,  dans  laquelle  le  pus  devient  clair,  plus 
ou  moins  semblable  à  du  petit-lait.  Cette  modification,  d'après  Comil  et 
Ranvier,  serait  due  à  la  formation  d  acide  lactique,  dont  la  présence  au 
sein  (lu  foyer  purulent  aurait  pour  effet  de  gonfler  les  globules  et  d'en 
dissoudre  le  protoplasma,  mettant  ainsi  les  noyaux  en  liberté.  Il  est  boO 
d'ajouter  qu(^  le  liquide  purulent,  en  pareil  cas,  n'est  pas  toujoure  primiti-^ 
vement  épais  et  bien  lié. 

Quels  que  soient  le  lieu  où  il  se  développe  et  la  cause  qui  lui  donne' 
naissance,  le  pus  ne  présente  pas  de  différences  manifestes,  malgré" 
des  propriétés  quehjuefois  fort  dissemblables.  Il  importei*ait  donc  de 
faire  une  étude  plus  approfondie  de  ce  liquide  tant  au  point  de  ^iie  anato- 
mique  qu'au  jmint  dt»  vue  physiologique.  Les  recherches  les  plus  n'îcentes 
sur  les  virus  devraient  tout  au  moins  encourager  les  efforts  déjà  tentés  dans 
cette  voie.  Mais  à  côté  de  différences  pour  ainsi  dire  primitives,  il  en  est 
d'autres  (jui  sont  l'effet  d'altérations  particulières  du  liquide  purulent,  et 
qui  proviennent  du  mélange  de  ce  li(|uidc  avec  d'autres  substances,  ou 
(le  son  contact  av(*c  l'air  extérieur. 

Le  voisinaû:e  d'un  foyer  de  suppuration  avec  les  cavités  naturelles,  la 
l>ouehe,  l'intestin,  le  vagin,  donne  au  pus  une  fétidité  repoussante  due 
à  l'endosmose  gazeuse  qui  s'efl'ectue  de  la  cavité  naturelle  vers  celle 
de  l'abctîs  ;  Je  pus  qui  provient  d'une  infiltration  d'urine  a  une  odeur 


HYPERPLASIES.  2Û3 

mraoniacale  résultant  de  la  décomposition  de  Turée  mélangée  au 
lucus;  celui  qu'envahit  la  bile  revêt  une  couleur  jaune  ou  verdâtre. 
'il  renferme  une  certaine  quantité  de  sang,  ce  liquide,  au  lieu  de  sa  cou- 
îur  blanc  jaunâtre,  offre  des  teintes  variées,  dues  aux  diverses  modiii- 
ations  que  peut  subir  la  matière  colorante  des  globules  rouges.  D'abord 
implement  rougeàtre  ou  lie  de  vin,  il  devient  plus  tard  jaune  safran 
)u  couleur  d'ocre  par  la  présence  de  l'hémalosine  ou  de  cristaux  d'hé- 
natoldine.  D'autres  fois,  il  prend  une  teinte  noirâtre  :  c'est  lorsque,  par  sa 
lécomposition,  il  s'y  est  ajouté  du  sulfhydrate  d'ammoniaque,  dont  Tac- 
lion  sur  rhématosine  est  bien  connue. 

Des  diverses  colorations  du  pus,  la  plus  importante  est  la  colora- 
lion  bleue  (pus  bleu),  qui  a  depuis  longtemps  fixé  l'attention  et  provoqué 
des  discussions  parmi  les  chirurgiens  et  les  chimistes.  Ces  derniers  ont 
voulu  rattacher  cette  modification  du  pus  à  un  composé  chimique  nou- 
veau, mais  celte  opinion  a  rencontré  une  vive  opposition.  Sédillot  a  fait 
voir  qu'il  n'y  avait  pas  h  proprement  parler  de  suppuration  bleue,  mais 
que,  sous  l'influence  d'une  température  de  26  h  30  degrés,  la  sérosité  du 
sang  et  du  pus  subissait  une  réaction  particulière,  qui  donnait  lieu  à  la 
matière  colorante  bleue.  Cette  malière,  solide  et  jouissant  d'une 
grande  résistance  à  l'action  d  acides  énergiques,  a  été  enfin  considérée  par 
Hepp  et  Roucher  comme  étant  de  nature  et  d'origine  végétales.  Depuis 
lors,  il  a  été  reconnu  que  la  coloration  bleue  étail  due  à  un  parasite 
animal  microscopique  [Monas  iineoln) ,  et  Lucke  affirme  qu'il  a  toujours 
trouvé  cette  coloration  liée  à  la  présence  de  vibrions.  Ces  vibrions  sont 
visibles  à  un  grossissement  de  /lOO  diamètres  ;  mais  il  est  préférable,  pour 
'^  éludier,  de  se  ser\'ir  d'un  grossissement  plus  fort.  Ils  se  présentent 
généralement  sous  la  forme  d'un  petit  cylindre  à  extrémités  renflées,  ce  qui 
leur  donne  une  certaine  analogie  avec  les  cristaux  en  forme  de  clepsydre 
J'oxalate  de  chaux.  Quelques-uns  paraissent  avoir  une  forme  moins  sim- 
ple, ou  du  moins  il  semble  que  deux  ou  plusieurs  vibrions  soient  juxta- 
posés bout  à  bout.  D'une  dimension  movenne  de  0,003  de  millimètre 
aviron,  ils  exécutent  fréquemment  un  mouvement  d'inflexion  latérale, 
^  lequel  les  deux  renflements  terminaux  se  trouvent  rapprochés  l'un  de 
*^ulre,  et  quelques  mouvements  variés  de  déplacement  très-différents  du 
fïïouvement  brownien.  Ils  ont  une  grande  analogie  avec  les  vibrions  du 
'^il  bleu  (1)  et  avec  ceux  qui  se  produisent  parfois  dans  le  pain  altéré.  L'al- 
^1,  les  acides  et  les  alcalis  font  périr  ces  parasites,  tandis  qu'ils  vivent  fort 
i^îen  dans  le  sérum  du  pus  ou  du  sang,  dans  une  solution  d'albumine  ou 

(1)  Le  Penkillum  glaucum. 


264  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

de  sucre.  La  dessiccation  ne  les  tue  pas ,  mais  les  plonge  seulement  dans  un 
état  de  mort  apparente,  d'où  ils  sortent  si  on  les  humecte  avec  de  la  séro- 
sité du  pus  ou  une  solution  albumineuse.  En  pareil  cas  on  oonçoit  que  lelé- 
valion  de  température  soit  nécessaire  pour  amener  la  suppuration  bleiw, 
et  que  celle  suppuration  s'observe  de  préférence  chez  les  individus  de  mau- 
vaise constitution  et  dont  les  plaies  versent  un  pus  séreux.  11  serait  intéres- 
sant de  savoir  quels  accidents  pourrait  produire  la  résorption  d'un  tel  pus. 

Dans  un  travail  récent,  Longuet  observe  non  sans  raison  que  la  diver- 
gence d'opinions  sur  la  suppuration  bleue  vient  de  ce  que  l'on  a  considéré 
cette  suppuration  comme  identique  dans  tous  les  cas,  tandis  qu'elle  peut 
être  l'effet  de  causes  multiples.  11  admet  trois  espèces  décoloration  bleue: 
La  première,  formée  au  sein  même  des  tissus,  est  caractérisée  par  la  présence 
de  sels  biliaires  ou  hématiques,  isolables  par  des  réactions  chimiques  ap- 
propriées ;  elle  est  l'analogue  des  colorations  bleues  de  quelques  autres 
liquides,  urines,  sueurs,  etc.,  à  l'abri  du  contact  de  l'air,  et  dont  le  poini 
de  départ  évident  est  une  modification  des  humeurs  (Sédiliot,  Robin).  La 
seconde,  qui  n'est  pas  à  vrai  dire  de  la  suppuration  bleue,  apparaît  loin 
des  plaies  (|uand  les  linges  à  pansement  ne  sont  pas  renouvelés  fréquem- 
ment; elle  est  due  à  la  présence  de  moisissures.  Enfin,  la  troisième  espèce 
de  suppuration  bleue,  toujours  inconnue  dans  sa  nature,  est  celle  dont 
Fordoz  désigne  le  principe  sous  le  nom  impropre  de />yocyflni«e,  car  elle 
n  a  aucun  rapport  avec  le  pus  et  la  suppuration. 

Les  altérations  du  pus  au  contact  de  Tair  extérieur,  nombreuses  el 
variées,  mériteraient  d'être  mieux  connues.  A  côté  de  la  suppuration 
bleue,  il  existe  un  certain  nombre  de  modifications  dans  lesquelles 
les  microphytos  jouent  sans  doute  un  rôle  plus  ou  moins  impor- 
tant. La  formation  d'hydrogène  sulfuré,  de  sulfhydrale  et  de  carbonate 
d'ammoniaque,  succédant  à  l'ouverture  des  abcès  froids,  n'est-elle  pas  due 
à  une  fermentation  produite  par  des  organismes  inférieurs?  Le  liquide 
puriforme.  provenant  de  ces  foyers  contient  en  effet  des  leucocytes  peu 
nombreux,  pâles  et  gonflés,  ou  même  simplement  des  granulations  molé- 
culaires, et  renferme  une  grande  quantité  de  vibrions;  il  exerce  uneaclion 
des  plus  défavombles  sur  l'organisme,  en  produisant  un  empoisonnement 
seplique  depuis  longtemps  connu  sous  le  nom  A" infection  putride,  iMaisce 
n'est  pas  seulement  pour  l'individu  (jui  en  est  porteur  que  ce  foyer  d'in- 
fection a  des  conséquences  funestes  ;  les  chiiTirgiens  savent  que  cette 
suppuration  de  mauvaise  nature  n'est  pas  toujours  sans  inconvénient  pour 
les  blessés  d'un  ser\ice  d'hôpital. 

Bien  d'autres  modifications  du  pus  ont  lieu  au  contact  de  l'air  el  sont 
vraisemblablement  produites  parles  proto-organismes  qui  se  trouvent  ren- 


HYPERPLASIES.  245 

fermés  dans  l'atmosphère.  Depuis  les  recherches  intéressantes  de  Pasteur 
sur  la  fermentation  et  la  putréfaction,  la  tendance  générale,  tant  en  France 
qu'à  l'étranger,  est  de  chercher  partout  où  il  y  a  contagion  ou  infection  un 
ferment  organique  ou  organisé.  Cette  tendance  est  du  moins  celle  des  phy- 
siologistes et  des  médecins  qui,  dans  ces  derniers  temps,  se  sont  occupés  de 
rinfection  par  le  pus  ;  si  quelques-uns  d'entre  eux  ont  cru  devoir  attri- 
buer  cette  infection  à  un  principe  chimique  de  décomposition,  la  plu|)art, 
il  faut  le  reconnaître,  ont  essavé  de  la  rattacher  à  l'existence  de  micro- 
coccus,  de  vibrions  et  de  bactéries. 

En  réalité  nous  connaissons  peu  l'agent  infectieux  renfermé  dans  le  pus  ; 
mais  il  n'y  a  pas  lieu  d'en  être  surpris,  si  l'on  tient  compte  de  l'état  des 
connaissances  relatives  aux  organismes  tout  à  fait  inférieurs.  Cette 
question  est  sans  doute  plus  complexe  qu'on  ne  se  l'imagine  générale- 
ment, si  l'on  prend  en  considération  les  eiïets  différents  prcKluits  par  le 
pus  chez  l'homme,  effets  qui  constituent  les  propriétés  physiologico-pa- 
thologiques  de  ce  liquide.  L'étude  de  ces  propriétés  vient  comphHer  l'état 
de  nos  connaissances  sur  la  suppuration. 

Propriétés  physiologico-pathologiques  du  pus.  Pyémie,  —  Si  Ion  injecte 
dans  le  tissu  cellulaire,  dans  une  veine,  dans  une  séreuse  d'un  animal, 
une  certaine  quantité  de  pus,  môme  sain,  on  voit  se  développer  en  gé- 
néral deux  ordres  de  phénomènes  :  les  uns,  locaux,  sont  des  sjmptômes 
d'inflammation  plus  ou  moins  vive;  les  autres,  généraux,  consistent 
en  un  mouvement  fébrile  d'une  intensiU'î  variable.  On  ai)pelle  propriétés 
phlogogènes  du  pus  celles  en  veilu  desquelles  se  produisent  les  pi*emiers 
phénomènes,  propriétés  pyrogènes  celles  qui  sont  la  cause  des  seconds. 

Gaspard,  l'un  des  premiers,  a  fait  connaître  par  des  expériences  les  pro- 
priétés phlogogènes  du  pus,  car,  en  injectant  ce  liquide  à  l'état  frais  dans 
le  péritoine,  dans  la  plèvre  et  le  tissu  cellulaire  de  jeunes  chiens,  il  parvint 
à  produire  des  inflammations  suppuratives  de  ces  différentes  parties. 
Des  injections  de  pus  dans  les  veines  lui  fîrent  constater  la  formation 
de  foyers  purulents  dans  les  poumons.  Ces  expériences,  reprises  par  bon 
nombre  d'auteurs,  Gûnther,  d'Arcet,  Castelneau  et  Ducrest,  Sédillot,  ont 
donné  des  résultats  assez  semblables  que  sont  venues  confirmer  les  ihî- 
cherches  intéressantes  de  Chauveau.  Un  premier  fait  particulièrement 
DÛS  en  lumière  par  les  observations  de  ce  dernier  auteur,  c'est  que  le 
pus  phlegmoneux,  frais  et  sain,  étendu  dans  deux  fois  son  volume  d'eau, 
€l  injecté  dans  le  tissu  cellulaire  d'un  cheval,  produit  un  phlegmon  aigu 
<piise  termine  en  cinq  ou  six  jours  par  un  abcès  assez  volumineux. 

Traité  par  des  lavages  et  filtré  de  façon  à  séparer  ses  différents  éléments, 


266  ANATOMIE   PATHOLOGK^UE. 

le  pus  se  comporte  de  diverses  façons  :  séparé  des  globules,  mais  non  des 
éléments  granuliformes  qu'il  renferme,  le  sérum  possède  encore  des  pro- 
priétés phlogogènes,  mais  bien  moins  actives  que  celles  du  pus  comptel; 
ordinairement  il  ne  produit  pas  de  suppuration.  Absolument  pur,  cesi- 
à-dire  ne  contenant  aucun  élément  solide,  ce  môme  sérum  n'a  pas  d*aclioD 
phlogogène  sensible,  tandis  que  Tinjection  des  éléments  solides  du  pus 
isolé  du  sérum  produit  le  même  eiïet  phlogogène  que  le  pus  lui-même. 
Ainsi  cVst  aux  éléments  solides  qu'il  contient  que  le  pus  doit  son  activité 
phlogogène  ;  et  cette  action  est  spéciale,  puisque  ni  les  injections  de  sang, 
ni  celles  de  cellules  des  glandes  lymphatiques,  ni  celles  de  substances  miné- 
rales réduites  en  poudre  fine,  ne  produisent  les  mêmes  résultats.  D'autiepart 
la  quantité  de  pus  injectée  n'est  pasindiiïérente  :  plus  elle  est  grande,  plus 
rindannnation  est  vive  ;  bien  plus,  l'activité  intrinsèque  de  ce  liquide  >'arie 
avec  l'intensité  du  processus  inflammatoire,  elle  est  d'autant  plus  grande 
que  le  phlegmon  d'où  provient  le  pus  qui  sert  à  Tinjection  est  plus  aigu. 

Le  pus  putride  non  encore  putréfié  (1  )  possède  une  activité  exception- 
nelle ;  injecté  sans  mélange  d'eau,  il  provoque  des  phlegmons  gangréneui, 
à  marche  envahissante  et  mortelle,  dans  lesquels  il  existe  peu  de  globules 
purulents  et  des  bactéries.  Étendu  de  six  fois  son  poids  d'eau,  il  produit 
un  phlegmon  franc,  avec  pus  sain,  comme  le  fait  une  injection  de  pus 
ordinaire  .  Étendu  de  quarante  parties  d'eau,  il  ne  détermine  qu'une  in- 
flammation modérée  qui  se  résout  sans  suppuration.  Il  résulte  de  ces  faits 
que  le  pus  |)utri(le  est  plus  dangereux  que  le  pus  sain,  et  que  c'est  surtout 
la  dose  de  ce  liquide  qui  fait  la  din*érence  d'intensité  de  son  action.  Le  pus 
virulent,  dont  les  propriétés  physiques  et  chimiques  ne  difl<èrent  pasd<* 
celles  du  pus  qui  succède  à  une  inflammation  simple,  jouit,  comme  on 
sait,  de  la  propriété  de  reproduire  les  manifestations  de  la  maladie  qui  lui 
donne  naissance. 

En  résumé,  le  pus  possède  le  pouvoir  de  provoquer  des  inflamnialiaii> 
sup|)uralives  ;  mais  ces  inflammations  peuvent  difl'érer  suivant  wrtaiu*^ 
qualités  spéciales,  que  l'expérimentation  physiologique  révèle  beaucoup 
mieux  (|ue  l'examen  physico-chimique.  Des  inflammations  de  ce  genre  n^ 
manquent  pas  de  se  |)roduire  chez  l'homme  toutes  les  fois  qu'un  fovCT  à^' 
suppuration  se  trouve  dans  les  conditions  favorables  au  mélange  d'ui»** 
partie  de  son  contenu  avec  le  sang,  soit  qu'un  abcès  se  déverse  dans  "^ 
circulation,  ou  que  les  vaisseaux  sanguins  et  lymphatiques  soient  *** 
siège  d'un  processus  suppuralif.  Mais  à  côté  de  ces  inflammations  il  *^^ 
est  d'autres  qui  sont  le  fait  d'une  simple  résorption  et  qui  vraisembli*' 

(1)  Chauveau  s'est  servi,  pour  ses  expériences,  du  pus  provenant  de  %éions  rcccnti. 


^^^^^^^■^  «rrERFLASiEs.  847 

WemeDl  tiioin&Ql  à  des  modifications  parliculiêres  du  liquide  puruleul. 

Elles  survieunent  daus  dilTéreiiU  orgnoes  el  dans  dilT<'-rojils  tissus,  mais 

priocipalfiiieat  daus  les  puunions  cl  le  Toie,  qui  sont  les  centras  où  alrau- 

iLsscnl  les  deus  systèmes  veineux  de  l'économie,  et  présentent  une  pliy- 

'iDuomiv  assez  spéciale.  Tout  d'aliord  on  aperçoit  des  taches  ecchymo- 

ii<)ues,  des  indurations  firconscrîtes,  oITrant  a  la  couper  une  colortitioii 

duu  brun  foncé  qui,  jieu  à  peu,  se  modifie,  passe  au  gris  jaunâtre,  et  enfin 

,ui  jaune  ;  puis  ce  changement  de  culoiation  s'accompagne  d'un  i-amollis- 

■ment  central  qui  finît  par  atteindre  la  totalité  de  l'induratiou.  Les  nbcès 

:ii>iu>n.slitués  sont  connus  sous  le  nom  iVahcès  niélaslnligues,  et  généra- 

'  [lient  situés  il  la  périphérie  des  organes,  ils  sont  arrondis  et  de  petit  vo- 

Imiie.  ci;  qui  a  permis  de  les  conrundiv  longtemps  avec  des  tubercules. 

(lutre  ces  abcès,  on  rencontre  quelquefois  des  suppurations  des  cavili':^ 


Mi"»^  71.  . 


ir  ii'Lii]  |u'i>iiii>ii  niii^['t<:  lie  pnciimonti'' diir  mél.iilAlique  ouembo- 
e  brnnclie  de  t'urli.'re  pulmonairo  pirliellemeiil  obitruée  psr  un 
■ni  lie  pus  ;  e  el  il,  poinli  pi.eumoniqut»  suppur*»  ;  i  et  '',  «ïcn- 
ippuration.  Absence  co[n[ilèle  de  léiinn»  lubereulcuiBi. 

■"■■■puses,  et  surtout  des  cavités  articulnires,  pleurales  et  niéningîennes,  ou 
''">m»^des  inllamniatioiis  dillusi-s  des  pai-enchymes,  notamment  des  pou- 
'»*oiis  comme  le  montre  la  figure  7 1  (1  J.Tous  ces  foyers  de  suppuration  ren- 


ni)  Cette  Bgurt,  Binti  que  U  H^ii»  72,  proiiennenl  il'i 
Hi[iii,deuiitieî*a]irt«un  afcnucliL'iiifnt,  succomba  .iii\n 

***< Finbulit^)  pulmonairoi  et  tuppurnitoQ  d'un  puiiiuoii. 


,c  femme  kgie  rtc  »inKl-iieo( 
CE  d'une  phlébite  puertiérole 


2&8  àNATOMIE  PATaOLOGlQOB. 

rennont  des  leucocytes  souvent  granuleux,  dérormés  parfois,  des  {ilolmlH 
muges,  et  desprolo-organisinessurla  nature  desquels  il  a  été  jusqu'ici  im- 
possible de  s'entendredéfinitivejnent. Certains  auteurs  prétendentn'y  avoir 
trouvé  que  des  monades,  tandis  que  d'iiutre^  y 
auraient  vu  le  Aficixaporon  seplicum,  dos  barié- 
ries,  etc.  Cette  divergence  d'opinions  ne  peut  sur 
prendre,  vu  l'incertitude  des  caractères  distinctib 
de  ces  protoK>rganismes  qui,  d'ailleurs,  peut'eit 
fort  bien  n'être  pas  toujours  identiques  dsDi  I» 
abws  mé  Instatique  s,  dont  l'identité  est  loind'^ 
CMUSiantc.  Eiïectivement,  il  est  des  cas  oùl'oii 
ne  constate  que  des  ecchymoses,  et,  à  ciltéd'ri»- 
CCS  mélastatiques  tout  à  fait  inodores  et  ron* 
stitués  par  un  pus  en  apparence  bien  lié,  il  s'en 
trouve  qui  répandent  une  odeur  repoussante, 
comme  les  abcès  du  cerveau  survenant  chra  les 
Fifi.  72.  —  Us  dcui  iliaque*  individus  atteints  de  bronchite  fétide  f  I). 
rierr"'l't"viine''c!!vJ"ot  ^^"^  question  toujours  débattue  est  celle  de 
tirufeapiiriinbouchonnbri-  savoir  quel  est  l'élément  du  pus  qui  jouit  plus  pv- 
Ce"bo»rhon  a"aéi«">ourcè  t'culièrcment  de  la  propriété  de  provoquer  des  in- 
dei  caillots  renconirûa  dans  flammations  suppuniUres.  A  Cet  égard.  Ies«|)*- 
rarièrepuimonaire(ng.7i).  ^jg^^g^  ^^  Chauveau  sont  des  plus  inléressnnles; 
flics  nous  ont  appris  que  le  principe  infectieux  est  la  granulation  molécu- 
laire contenue  dans  le  liquide  purulent  et  plus  spécialement  fixé*'  aax  î-V 
Imics,  et  clle.s  mettent  à  néant  une  opinion  qui  s'est  fait  jouren  Alieiuagne, 
et  qui  consiste  à  altribiier  l'infection  purulente  à  une  substance  chimique 


(t)  Je  poisèUc  plusicura  faits  du  c 


ic  coDtenterai  de  donnizr  un  ibKf 


TliL-Y...,  Iioinnicilc  iii'ine,  né  1  Paris,  étnit  depuis  plasieun  anniïci  atteint  irune  l«u*< 
i|ui,  clinquL'  hiier,  pronnit  une  intensité  plus  grande,  quand,  le  6  octobre  IST'i,  te  tri»*^ 
vant  plus  malade  depuis  une  quiuinine  de  jours,  il  demande  son  admiuion  à  lliàpit^ 
Saînt-Antoini>.  Il  tousso,  se  plainl  de  dispnée,  eipcelore  dci  crachats  jaunes,  abooilarf^ 
rétjdes.  Toutefois,  la  percussion  permet  de  constater  qu'il  v  a  partout  de  la  (ononlé,  ^ 
rauBCultallon  dévoile  siiaplcmcnl  l'eiistence  de  nombreux  Hilet  sonorei  et  muqueut. 

Le  4  novembre,  ce  malade  se  plaint  d'une  douleur  de  tête,  qui  le  lendemain  m  t^- 
sentir  avec  ur.c  vite  inlensilc  au  niveaudu  sinciput.  Ce  mfmejour,  en  revenant d^ 
cabinets,  il  va  se  coucher  dans  le  Ut  de  ion  Toisin;  puis  il  est  pris  d'un  acc«i'^ 
frisson.  Le  G,  la  céplialalgic  persiste,  le  malade  ne  peut  se  lever  de  ton  lit,  ni  saisir  1^ 
objets  qu'un  lui  présente,  et  cependant  il  les  connaît  très-  bien  et  peut  K-s  déiiitner  p^ 
leurs  noms,  l'upilles  cfules,  mais  dilatées,  quelques  mouvements  carpliolngiques;  tai^ 
bilité  à  peu  près  normale;  application  d'un  vésicatoire  i  la  nnque.  Les  jour»  suiiant^ 
7  et  3,  lus  désordres  intellectuels  s' accent ucnl,  plalnlet  presque  iaceuantes.  parole  soi^ 


2^9 

»ale  (sepsine).  Mais  il  resteàsavoir  ce  que  sont  ces  ^nnuklionset  s'il 
possible  de  les  nnserdans  la  classe  des  ferments,  sont-elles  dos  fer- 
its  organisés  on  simplement  des  ferments  orpiniques?  Des  observ;»- 
s  récentes  tendraient  à  en  bire  des  ferments  on»nisês,  puisque  des 
looi^anismes  vibrions,  bactéries,  etc.'.  ont  été  rencontiés  dans  k  plu- 
;des  liquides  purulents  exposés  à  rair,  comme  nous  Tavions  constaté 
uis  longtemps.  D'ailleors  la  pyémie  et  la  septicémie  sont  dans  une 
aine  mesure  subordonnées  au!c  saisons  et  à  la  températun\  Dans 
latitudes  élevées,  où  ces  infections  surviennent  souvent  pt^udant  les 
ODS  froides,  on  les  voit  diminuer  de  fréquence  pendant  les  mois 
iids.  Rares  dans  les  régions  tropicales,  elles  sont  beaucoup  plus  ci>ni- 
les  dans  les  climats  tempérés.  L'Europe,  la  Turquie,  IWmérique  du 
il  sont  les  contrées  où  elles  paraissent  exercer  les  plus  '  grands 
iges.  Reconnaissons  qu*ii  est  diflicile  de  se  prononcer  dansoedèktt, 
ue  de  nouvelles  recherches  sont  nécessaires  pour  rélucidalioii  coin- 
c  du  problème  ;  mais  il  y  a  lieu  de  croire  que  la  voie  acluelleiuent 
ie  conduira  à  une  solution  définitive.  Enfin,  si  Ton  remarque  que 
aines  infections  purulentes  peuvent  avoir  leur  point  de  départ  dans  un 
Tde  suppuration  placé  à  Tabri  du  contact  de  Tair,  que  les  plaies 
osées  à  l'influence  de  cet  agent  sont  beaucoup  plus  prédisposées  à 
cler  l'organisme,  il  semble  rationnel  d  admettre  les  deux  hypothèses, 
e  cette  façon  on  parviendra  sans  doute  un  jour  ou  Taulre  i\  s'expli- 
r  les  difl'érences  présentées  par  les  abcès  mélastatiques. 

inintelligible ,  puis  contracture  du  membre  supérieur  droit,  hémiplégie  du  cùtô 
be,  peau  chaude,  81  pulsations.  Le  9,  abolition  de  la  plupart  des  actes  réfloxcs, 
tes  continuelles,  somnolence,  96  pulsations.  Le  10,  104  pulsations,  lo  pincement 
iflerents  points  du  corps  ne  détermine  qu'une  seule  petite  grimace,  résolution  dos 
bres  et  coma  ;  mort  le  1 1 ,  à  sept  heures  du  matin. 

I  poumons  et  le  cerveau  sont  les  seuls  organes  affectés  ;  les  grosses  et  surtout  les 
!S  bronches  droites  sont,  dans  leur  plus  grande  étendue,  le  siège  d'une  dilatation  plus 
Dios  considérable  et  d'une  vive  injection  de  la  muqueuse;  m^me  altération  dos 
hes  gauches,  dont  un  certain  nombre  sont  remplies  par  un  liquide  épais,  lie  de  vin  ; 
d'elles  communique  avec  un  foyer  purulent  limité  par  la  plèvre  épaissie  et  le  paren- 
e  pulmonaire.  Des  deux  côtés,  pleurésie  ancienne  avec  fausses  membranes  épaisses, 
tes  des  glandes  bronchiques;  cœur  un  peu  gras.  Une  certaine  quantité  do  pus 
lie  des  méninges  pendant  le  décollement  du  cerveau.  L'hémisphère  droit  est  lo  siégo 
mx  foyers  de  suppuration  ayant  chacun  le  volume  d'un  œuf  et  situés  à  sa  péri- 
ï,  l'un  à  la  partie  moyenne,  l'autre  au  niveau  de  la  corne  occipitale;  d'autres  abcès 
io  moins  volumineux  se  rencontrent  dans  la  profondeur  do  ce  monie  hémisphère 
icbe  on  constate  également  l'existence  de  plusieurs  abcès,  un  peu  moins  volumineux 
»  précédents.  Tous  ces  abcès  renferment  un  pus  sale,  verdâtre,  d'une  odeur  fétide  ; 
»nt  circonscrits  par  la  substance  nerveuse  œdématisée  et  ramollie.  Le  cervelet 
io. 


250  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

L'extension  de  rinHammation  suppurative  se  fait  par  propagation  aux 
vaisseaux,  principalement  aux  vaisseaux  lymphatiques,  et  par  imbibition. 
La  propagation  de  l'inflammation  aux  vaisseaux  et  aux  glandes  lymphati- 
ques est  trop  connue  pour  que  nous  nous  y  arrêtions.  Elle  s'observe  de 
prérérence  là  où  ces  vaisseaux  sont  le  plus  abondants.  Elle  est  Tuo  des 
modes  de  la  propagation  des  inflammations  de  l'utérus  au  péritoine  (1),  et 
de  celles  des  poumons  à  la  plèvre.  L'imbibition  des  produits  purulents 
s'opère  comme  toute  imbibition,  avec  d'autant  plus  de  facilité  que  les 
tissus  ont  une  textui^  plus  lâche  (2).  Les  produits  infiltrés  dans  les  tissus 
provoquent,  par  leur  présence,  la  suppuration  des  organes,  à  peu  près 
comme  le  ferait  une  injection  ;  il  importe  donc  de  chercher  à  limiter 
autant  que  possible  l'extension  des  inflammations  suppuratives,  ce  à  quoi 
certains  observateurs  ont  prétendu  arriver,  les  uns  à  l'aide  de  collodion. 
les  autres  par  l'intermédiaire  d'autres  substances,  mais  sans  qu'il  soit 
bien  prouvé  qu'ils  aient  jamais  réussi. 

Étiologie  et  pathogénie.  —  L'étude  des  propriétés  phlogogènes  du  pus 
nous  a  renseignés  sur  l'une  des  conditions  les  plus  importantes  de  la  sup- 
puration, la  contamination  par  un  produit  purulent  ou  septique.  Que  le 
contact  de  o^s  produits  avec  les  tissus  de  l'organisme  soit  artificiel,  comm^ 
dans  les  expériences  tentées  sur  les  animaux,  ou  naturel,  comme  dans  cer- 
taines métastases  purulentes,  il  en  résulte  nécessairement  un  foyer  d'ia— 
flaminatio!!  suppurative.  De  plus,  on  sait  que  les  individus aO'ectés  de  plaie^ 
suppurantes,  les  femmes  dans  I  état  puerpéral,  les  convalescents  de  tièvr*^ 
typhoïde,  etc.,  ont  la  plus  grande  tendance  à  suppurer,  sous  l'inflaencr^ 
d'une  cause  occasionnelle  quelconque,  contusion  d'un  tissu,  d'une  article-  ' 
lation  ;  or,   dans  ces  conditions,  il  paraît  évident  que  la  cause  de  1-^ 
suppuration  réside  dans  le  sang,  modifié  par  la  résorption  opém*  a»^ 
niveau  d'un  foyer  primitif  de  suppuration,  et  par  conséquent,  c'est  encore 
au  pus,  ou  du  moins  à  ses  éléments,  que  la  suppuration  doit  être  attribuée 

Dans  tous  ces  cas,  la  suppuration  est  secondaire;  il  importe  dt^ 
rechercher  les  causes  premières  de  ce  processus.  Nous  diviserons  ces^ 
causes  en  deux  classes,  les  causes  locales  et  les  causes  générales.  Aux^ 
causes  locales  appartiennent  des  agents  de  nature  septique.  Ainsi,  un^ 
observe  souvent  chez  les  vendeurs  de  poisson  des  panaris  graves^ 
des  phlegmons  de  la  main,  résultant  de  piqûres   produites   à    l'aide^ 

(1)  Lucas  Championnicre ,  Lymphatiques  utérins  et  lymphangite  utérine.  Thèse  d«^ 
Paris,  1870. 

(2)  Marc  Sce,  De  Vimbibition  et  de  son  rôle  en  pathologie  (Comptes  rend,  de  la  Soc, 
chirurgie j  5  déc.  1866). 


HYPERPLASIES.  251 

de  brins  d'osier  composant  les  manncttes  dans  lesquelles  les  poissons 
sont  transportés.  Or  ces  brins  d'osier  sont  généralement  couverts  de  proto- 
organismes, et  c  est  à  ces  agents,  sans  aucun  doute,  que  la  suppuration 
doit  être  rapportée.  D'un  autre  côté,  si  les  plaies  qui  sont  à  Tabri  de  l'air 
ne  suppurent  jamais,  à  moins  de  conditions  spéciales,  tandis  que  celles 
qui  y  sont  exposées  suppurent  presque  toujours,  n'y  a-l-il  pas  lieu  d'attri- 
buer celte  différence  d'effet,  non  pas  à  l'action  du  gaz  azote  et  oxygène, 
mais  à  la  présence  des  germes  nombreux  que  renfenne  l'atmosphère? 
On  ne  peut  donc  trop  louer  les  efforts  des  chirurgiens  qui  cherchent 
à  soustraire  les  plaies  à  l'influence  de  ces  germes.  Lorsque  le  conteim  de 
certaines  cavités  naturelles  communiquant  avec  rextérieur  s'inliltre  dans 
les  tissus,  ou  se  trouve  résorbé,  il  en  résulte  généralement  des  phlegma- 
sies  suppuratives  très-graves,  qui  vraisemblablement  n'ont  d'autre  ciiuse 
que  la  présence  de  germes  semblables.  C'est  ainsi  seulement  (|u'il  est 
possible  d'expliquer  les  abcès  du  foie  consécutifs  à  de  simples  ulcérations 
de  Testomac  ou  de  l'intestin,  les  phlegmons  par  infiltration  urineuse  et 
certaines  pleurésies  suppurées  consécutives  à  des  lésions  pulmonaires. 
Dans  toutes  ces  conditions,  il  semble  que  la  suppuration  s^oit  liée  à  la  pré- 
ssence  de  ferments  organisés,  sinon  organiques,  et  ce  qui  vient  à  l'appui 
de  cette  manière  de  voir,  c'est  la  rareté  même  de  la  suppuration  dans  les 
organes  qui,  comme  le  cerveau  et  les  méninges,   sont  coniplélement 
soustraits  à  l'action  de  l'air  extérieur.  Effectivement,  à  part  les  cas  de  carie 
du  rocher  et  de  suppuration  de  l'oreille,  où  l'action  des  microphj  tes  peut 
encore  être  invoquée,  le  cerveau  ne  suppure  guère,  à  moins  de  métastases 
puiiilentes  ou  de  maladies  générales.  Celles  de  ces  maladies  qui  pro- 
duisent fatalement  pour  ainsi  dire  la  suppuration  chez  l'homme,  sont  la 
méningite  cérébro-spinale,  la  mor^•e  (voy.  lig.  73),  certains  érysipèh's  (1). 
Or  ces  maladies  générales  étant  toujours  contagieuses,  il  y  a  encore 
lieu  de  croire  que  les  phlegmasies  suppuratives  qui  en  sont  la  mani- 
festation se  lient  à  l'action  exercée  sur  les  tissus  par  des  germes  ani- 
més ou    des    fennents  organiques.   Mais   est-ce  à   dire  qu'il    en  soit 
toujours  ainsi?  Il  serait  téméraire  de  l'aflirmer.  Certains  agents,  l'alcool 
par  exemple,  qui,  à  l'état  de  dilution,  ne  produisent  jamais  que  des  phlet:- 
masies  adhésives,  peuvent,  à  l'état  de  concentration, développer  d(\s  phleg- 
masies suppuratives.  A  la  vérité  il  y  aurait  à  rechercher  si  en  pareil  cas 
toutes  les  autres  conditions,  celle  de  l'agent  irritant  exceptée,   sont  bien 
identiques.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  incontestable  qu'une  imtation  forte 
peut  produire  d'emblée  la  suppuration. 

(1)  U  eit  digne  de  remarque  que  la  morve  entraîne  fatalement  la  suppuration  chez 
l'homme,  ce  qui  n'arrive  pas  chez  lo  cheval. 


252  ANATOMIE    PATnOLOGlOtIK. 

I.a  suppuration  a  As  la.  loiidancc  à  survenir  chez  les  individus  sui 
iiiciii-s,  iimtiilii^s,  chez  les  vieiliai-ds,  les  aleooli(|ut:s,  en  un  mot  chei 
lous  les   individus  vivant  dans  de  mauvaise»  condîlions  hy^néniques— 
Suivant    des  otiservnlf;urs    de  inéiilc,  Ii'S  phli-gmasies  morveuses 


—  Fac-iimUv  de  U  iHe  d'uti  jeune  iii\o  de  i'Éeole  il'&irorl  morl  il«  li  morre. 
La  race  eil  cuutcrlu  de  puilu'et.  (Mutde  d'Airort.) 


développent  chez  le  iheval  (]uci  l'on  surnunie  :  mais  alors  il  iiifit  pa» 
déraisonnable  de  soupçonner  lactioii  dajîcnts  spéciaux  pemiunt  &urtili 
terrain  préparé.  Le  plus  souvent,  les  individus  mal  nourris  oui  acquis 
pour  la  suppuration  une  prédisposition  que  fait  éclater  le  moindre  désaidn» 
phvsiologique.Les  causes  prédispnsantesgéaénilessont,  de  la  sorte,  i|iid- 
■{uerois  aidrâs  par  des  circonstances  locales  ;  ti  ce  point  de  tnie,  il  est  înlc- 


HYPERPLASIES.  253 

nessanl  de  connaître  l'influence  exercée  par  certains  troubles  vaso-mo- 
teurs. Voici  ce  qu'écrit  à  cet  égard  le  professeur  Cl.  Bernard  : 

«  Un  animal  qui  a  subi  la  section  d'un  des  rameaux  du  grand  sympa- 
thique présente,  pendant  un  temps  assez  long,  di's  phénomènes  spéciaux 
dans  la  partie  correspondante  du  corps.  Une  circulation  accélérée,  une 
température  plus  élevée,  une  absorption,  une  nutrition  plus  actives  :  tels 
sont  les  résultats  ordinaires  de  l'opération  ;  et  cet  état  peut  durer  plusieurs 
mois  sans  amener  aucun  trouble  de  la  santé  générale,  lorsque  lanimal  est 
maintenu  dans  de  bonnes  conditions.  Mais  aussitôt  qu'il  est  soumis  à  Tin- 
Quence  d'une  cause  morbide  génémle^  ou  simplement  à  une  abstinence 
prolongée,  on  voit  des  phénomènes  inflannnatoires  se  manifester  dans 
les  organes  privés  de  leur  innervation  habituelle  ;  si  c'est  le  filet  cervical 
sj'mpathique  qui  a  été  coupé,  la  muqueuse  nasale  et  la  muqueuse  oculaire 
deviennent  le  siège  d'une  suppuration  abondante;  les  poumons,  la  plèvre, 
les  principaux  viscères  peuvent  également  devenir  le  siège  de  ces  affec- 
tions, lorsque  l'opération  a  été  pratiquée  sur  les  nerfs  splanchniques  qui 
leur  sont    plus   particulièrement   destinés.  ■    Or,    semblables    phéno- 
mènes se  passent  chez  l'homme  :  on  sait  que  les  pneumonies  qui  se  pro- 
duisent du  côté  paralysé,  dans  les  cas  d'hémiplégie,  sont  presque  toujours 
suppuratives  et  mortelles.  On  ne  |)eut  donc  tenir  un  trop  grand  compte  (*e 
Vétat  de  l'innervation  d'un  organe  atteint  d'inflammation  et  des  conditions 
hygiéni((ues  de  l'individu  soumis  à  cet  état  pathologique. 

En  résumé,  la  suppuration  est  subordonnée  à  des  causes  multiples,  les 
unes  prédisposantes,  les  autres  efficientes.  Les  causes  prédisposantes  sont 
générales  ou  locales.  Les  causes  prédisposantes  générales  sont  toutes 
celles  qui  tendent  à  débiliter  l'organisme,  car  non-seulement  les  individus 
surmenés  ou  débilités  par  une  mauvaise  hygiène  sont  exposés  à  des 
pblegmasies  suppuratives,  mais  encore  ceux  qui  sont  affaiblis  par  une 
maladie  générale,  comme  les  scrofuleux,  les  alcooliques,  les  syphiliti- 
ques, etc.  Les  causes  prédisposantes  locales  sont  celles  dont  l'action  tend  à 
modifler  la  nutrition  d'une  partie  du  corps  ou  d'un  organe,  telle  est  la 
section  des  nerfs  vaso-moteurs.  Les  causes  eflicientes  sont  des  agents  in'i- 
laats  spéciaux,  souvent  des  proto-organismes,  des  fermenls,  qui,  parleur 
présence,  modifient  directement  les  éléments  des  tissus,  et  plus  particu- 
lièrement ceux  des  vaisseaux.  Ces  agents,  dans  le  plus  grand  nombre  des 
cas,  viennent  de  Textérieur  ;  quelquefois  pourtant  ils  semblent  pouvoir  se 
former  à  Tintérieur  même  de  l'organisme  :  ainsi  la  rupture  de  certains 
kystes  de  l'ovaire  détermine  une  péritonite  suppurée,  rapidement  mortelle, 
et  l'endocardite  ulcéreuse  peut  infecter  l'organisme  et  produire  des  suppu- 
rations. 


25U  AXATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

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MEYER,   Abh,    von  Extcr^  etc.   GOtlingcn,    1790.  —  Garswei.l,  Pci<A.    Jiuit. 
London,  183/i.    —  Gûterbock,   De  pure  et  granulaiione.  Berlin,   1837.  — 
P.  Bérard,  Dictionnaire  en  30  volumes,  art.  Pus.  —  Lebert,  PhysioL  pathol,, 
t.  I,  p.  UOj  ci  Traité  d'anntomie  pathohgiquc  générale  y  1. 1,  p.  /i3.-*H.  LuscHKif 
Enttciokelungsgcsch.  dcr  Formbcstandtheile  des    Eiters  und  der  GranulationeH, 
Frciburg,  18^5  {Histoire  du  développement  des  parties  constituantes  du  pus  et 
des  granulations).  —  H.  Zimuermaxn^  In  der  Eiterfrage  {Sur  la  question  du  pm. 
Medic.   Vcreinsztg.,  1852,  n"  50-51;  1853,  n"  16-17).  —Xavier  Delore, 
Quelques  recherches  sur  le  pus.  Thèse  de  Paris,  1854;  anal.  Arch,  de  méd,^ 
1855,  t.  I,  p.  588.  —  Lauth,  De  la  suppuration  et  de  ses  rapports  avec  la  cicfl- 
trisation.  Thèse  de  Strasbourg,  1857.  —  Virchow,  Archiv  f,  patK  Annt.,  I, 
1867,  IV,  V,  etc.,  et  Pathologie  cellulaire,  trad.  franc.  Pans,  1859.  —  Cbas- 
SAiGNAc,    Traité  pratique  de  la  suppuration  et  du  drainage,  Paris,  1859.  — 
0.  Weber,  Archiv  f.  pathol,  Anat,,  t.  XIII,  p.  74;  t.  XV,  p.  465.  —  Fôrsteb, 
Wurzb,  mcd.  Ztschr.,  t.  I,  p.  113^  1860;  anal,  dans  Gaz.,  1861,475.  — Ki^b, 
Wochenbl.  d.  Ztschr.  d.  Wien.  Aerzte,  1861,  n®  28. —  Nehiiann,  Eiterbildung 
auf  schleim-  und  aei'os.  Ilauten  {Archiv  f.  path.   Anat.  und  PhysioL,  t.  XXIV, 
202,  1862). — V.  Recklinguausen,  Veber  Eiter  und  Bindegeweskôrperchen  [Ibid.^ 
t.  XXVIII,  p.  157,  1863).  —  ViRcnow,  Ibid.,  237.  —  Onimds,  Expériences  sur 
la  genèse  rf^s  leucocytes  {Journal  de  VAnatomie  et  de  lu  Physiologie.  Paris,  1867> 
p.  50  et  suiv.;  Ibid.,  1868,  p.  593).  —  Ch.  Robin,  Leçons  sur  les  humeurs  nor- 
males et  morbides  du  corps  deVhomme,  Paris,  1867,  p.  284.  —  Le  môme,  Dict. 
des  sciences  médicales,  2*  série,  art.  Lamineux,  Leucocytes.  —  CoHNnEiM,  Ueber 
Entzùndung  und  Eiterung  {Archiv  f.  pathol.  Amitom.  undPhysiolog.,  t.  XL,  p.  1; 
t.  XLV,  1868,  p.  333, 1867  ;  anal.  Archiv.  de  Physiolog.,  L  I,  p.  535.  —  -Vaie 
Untersurhung.  iiber  die  Entzwnduntj.  Berlin,  1873.  — Kolomax  Balogh,  Archiv 
f.  pathol.  Anat.  und  Physiol.,  t.  XLV,  p.  19. — Lortet,  Expériences  sur  la  genéMdes 
leucocytes  «  a^ttte  médicale  de  Lyon,  juillet  1868,  et  Annales  des  sciences  natu- 
relles, Zoologie,  1868,  p.  93-99).  —  E.  Wexzei.,  Bvitr.  z.  Lehre  von  d.  Entzùnd, 
und  Eiterung  {Schmidt^s  Jaltresb.,  t.  141,  p.  214,  1869J.  —  S.  Strickeh,  Stu- 
dicn  aus  dem  Inst.  f,  exper.  Patholog.  Wien,  1870.  —  Vclpian,  Compt.  rend. 
de  VAcad.  de  méd.,  séance  dul5  janvier  1870. — G.  Hayem ,  ArcAir.  de  physiut.^ 
t.   I,  p.  401.  Paris,  1868.  —  I6tW.,  1869,  777.  —  Note  sur  la  suppuration 
étudiée  sur  le  mésentère,  la  langue  et  h  poumon  de  la  grenouille  {Gaz.  méd.^  1870, 
p.  41).  —  Etude  sur  le  mécanisme  de  la  suppuration,  Paris,  1870.  —  M.  Duval 
et  Strauss,  Rei:h.  expér.  sur  Vinflammat.  {Gaz.  méd.  de  Strasbourg,  p.   153  et 
165,  1870).  —  V.  Fetz,  Rech,  cx^H-r.  sur  le  passage  des  lewiocytes  à  travers  le* 
parois  vascul.  {Journal  de  VAnat.,  p.  33.  Paris,  1870).  —Rech.  exp.  sur  /'in/I. 
du  péritoine  {Ibid.,  mars  et  avril  1873).  —  Picot  (de  Tours),  Rech.  expier,  sur 
Vinfl.  suppurative,  etc.  (Journ.  de l' Anat.,  t.  VII,  465, 1870-1871).— M.  Duval, 
Rerh.  expér,  sur  les  rapports  d*origine  entre  les  globes  de  pus  et  les  globuhs  blancs 
du  sang  dans  l'infl.  {Archiv.  de  Physiologie,  p.  168.  Paris,  1872).  —  Km,  Leri- 


HYPBRPLASISS.  255 

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256  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

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83  et  103,  13,  20  et  27  juillet  et  3  août  1872).  —  J.  Buodon  Sandersojï,  On 
the  infectivc  product  ofacute  inflammation  {Med.  chirurg.  Transact.^  t.  LVI,  1873). 
—  DiRcii-Hinsr.HFELD,  Vntersuch.  ùber  Pyaemie  {Archiv  d,  Jleilkundey  1873, 
et  CtntralbhUt,  1873,  p.  609).  —  Consultez  les  Bulletins  de  rAcadémie  de 
médecine,  et  notamment  le  volume  de  l'anuce  1873. 

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rican Journ.  of  science  y  vol.  VI,  1850.  —  Sédillot,  Mém.  de  la  Société  de  biolog,. 
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Bévue  med.,  février  1852.  —  Kiiembs,  Bayerischcs  aerztl.  Intelligenzblatt , 
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n**  95).  —  ScniFF,  Liebig's  Armai. ,  avril  1858.  —  Fordos,  Recherches  sur  la 
matière  colorante  des  suppurations  bleues  (Pyocyanine)  (Gaz.  méd.,  p.  533, 
1860  ;  Acad.  des  sciences,  6  août  1860).  —  Licke,  Archiv  f.  hlinische  Chirurgie, 
t.  II,  1862;  anal,  dans  Archiv.  demêd.,  1863,  t.  1,  p.  Zti5>  —  Cdalvet, 
Bechcrchts  sur  la  coloration  bleue  et  verte  qu'on  observe  au  voisinage  des  plaies  et 
qu'on  a  souvent  confondue  avec  la  véritable  suppuration  bleue  des  auteui*s  [Bulletin 
de  la  Société  anatomiqtie  de  Paris ,  1860,  p.  225).  —  Ed.  Schwarz,  Veber  der 
sogen.  blauen  FAter  {Wien  med.  Press ,  XI,  l/i).  —  C.  J.  Eberth,  Schwarzer  Eiter 
(Archiv  f.  path.  Anatom.  und  Physiolog.y  t.  LI,  p.  l/i5,  1870).  —  Longuet, 
Mém.  2wur  servir  àThist.  delà  coloration  bleue  des  linges  à  pansement  (Archiv. 
gén.  de  méd.^  p.  656,  décembre  18"/ 3,  et  p.  38,  janvier  1874). 

Compoitliion  rhlmlque  du  pos.  —  Guetehbock,,  loc.  cit,  —  Alf.  Becque- 
rel et  RoniER,  Traité  de  chimie  pathologique.  Paris,  1854.  —  Delore,  Quelques 
recherches  sur  le  pus.  Thèse  de  Paris,  1854.  —  Ch.  Robin,  Lecom  sur  les  hu- 
meurs normales  et  morbides  du  corps  de  l'homme.  Paris,  1867;  2*  cdit. ,  1874  — 
RoYiDA,  Sur  la  composition  chimique  des  cellules  douées  de  mouvements  amiboides 
{Gaz.  méd.  ital.  lomb.,  n**  18,  mai  1869  ;  anal,  dans  Gaz.  hebdom.  demvd,  et  de 
chirurg.,  1869,  p.  477).  —  Zuelzer  et  Sonnenscoein,  Sur  l'a  présence  d'un  alca- 
luide  dans  les  liquides  putndes  [Berliner  klinische  Wochenschn'ft,  1869,  n'12; 
anal,  dans  Gaz.  hebd.  de  méd.  etdechir.,  1869,  p.  £i93).  —  Mies4:ker  et  HorPE- 
Seiler,  Composition  chimique  du  pus  et  des  corpuscules  du  pus  (  IIoppe-Seiler's 
Med.  chem.  Untersuchung,  1871,  p.  441,  486).  — S.  Samuel,  Action  locale  du 
pus  et  des  substances  putrides  (Med.  central  Zeit.,  ci  Allgcm.  Wien.  mediz.  Zeit.^ 
août  1871  ;  anal,  dans  Gaz.  hebd,  de  med.  et  de  chirurg. ,  1871,  p.  600). 


hïperplasies. 


Plilcgmatiei  prolitérnliv 


■  Ces  phleginasies  ( phlegmasies  adhésives  de  HuiiUt)  oui  pnur  principiti 
caractère  de  donner  naissance  k  un  tissu  semblable  h  relui  de  Tem- 
liryon,  avec  celle  différence  qu'il  est  desliné  h  périr  ou  h  se  transformer 
en  tissu  de  cicatrice. 

Désiré  sous  les  noms  de  phlogome  (Kiiss),  granulome  ou  tissu  de  gra- 
imlattou  (Virchow),  néoplasme  inflammatoire  (Ëillrotli),  le  produit  de  ces 
phleginasies  présente  une  disposition  et  des  aspects  variés,  suivant  qu'il 
se  développe  à  la  surface  d'une  plaie,  sur  une  membrane  séreuse  ou  dajis 
l'épuisseur  même  des  organes.  Au  niveau  d'une  plaie,  ce  tissu  prend  la 
rimiu  de  petits  bourgeons  rosés,  de  volume  variable,  qui.  piirlenr  dévelnp- 


—  Miin<-  de  tissu  ijiflamma- 
t  embryonnaire  déposé  sur 
Il  bM  cxtemedelailure-niëred'iin 
ubdeitteinl  il'oslùito  viiik-brale. 


m  croieop  que  a  traveri  lu 
redeUngureTi  Cetii 
furmé  de  cellule*  embryonnaires  el  de  nbrillM  ; 
ri.  vaisseau  dont  la  tunique  inlinic  esl  en  voie 
de  végélBlLon.  (GrosiisKement  '-^.) 


iwinent,  tendent  à  combler  la  perte  de  substance.  A  la  surface  des_ mem- 
branes séreuses,  il  selale  en  couches  membraneuses  plus  ou  moins 
ïpaisses  cl  régulières,  Dans  la  profondeur  des  orjjanes,  il  existe  par  points 
mgendre  des  productions  iiodulaires,  ou  bien  il  si.>  disséraine 

URCEREALI.  —Traité  O'Aiial.  I.  —  17 


258       '  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

et  produit  des  traînées  ou  tractus  (fig.  7/i),  sinon  une  infiltration  gén« 
raie  ;  mais,  quel  que  soit  son  siège,  ce  néoplasme  n'offre  pas  de  diffi 
renées  notables,  il  est  primitivement  constitué  par  des  cellules  ass 
semblables  aux  cellules  lymphatiques  (cellules  embryonnaires)  et  p 
des  vaisseaux  plus  ou  moins  nombreux  (fig.  75).  Les  cellules  ei 
bryonnaires  sont  des  éléments  sphériques  ou  légèrement  anguleui,  • 
petit  volume  (environ  0"",010  à  0"",012),  pourvus  d'un  noyau  ass 
gros  comparativement  à  la  masse  de  protoplasma  qui  l'enveloppe, 
noyau,  peu  foncé  et  réfringent,  contient  un  nucléole  petit  et  brillant; 
masse  de  protoplasma,  peu  abondante  et  légèrement  granuleuse,  pr 
sente  quelquefois  des  mouvements  amœboïdes.  Ces  éléments  sont  jun 
posés  et  en  contact  presque  immédiat,  séparés  seulement  par  une  couc 
mince  de  matière  unissante,  amorphe  et  molle,  qui  permet  facilement 
dissociation. 

L'apparition  de  ces  cellules  au  niveau  des  tissus  irrités  et  en  voie  d'il 
flammation  ne  fait  de  doute  pour  personne,  mais  leur  origine  est  jusqi 
ce  jour  lobjet  de  vives  discussions.  Ch.  Robin  et  ses  élèves  les  font  naît 
par  génération  spontanée  au  sein  d'un  blastème  exsudé  par  les  m 
seaux  sanguins  sous  l'influence  de  l'état  phlegmasique.  (}ohnheim  1 
considère  comme  des  globules  blancs  échappés  des  vaisseaux;  ma 
si  nous  nous  en  rapportons  à  l'étude  que  nous  avons  faite  des  cot 
crétions  fibrineuses  des  vaisseaux  (1),  où  nous  avons  toujours  ^ 
l'organisation  commencer  à  la  périphérie  et  se  produire  aux  dépei 
des  cellules  endolhéliales,  nous  sommes  peu  disposé  à  admettre  cet 
hypothèse,  qui  déjà  est  réfutée  par  la  formation  d  éléments  en 
bryonnaires  à  distance  des  vaisseaux  comme  au  sein  de  la  substance  lo 
damentale  du  cartilage.  D'ailleurs,  si  le  tissu  embryonnaire  provenî 
de  l'organisation  des  globules  blancs,  il  faudrait  admettre  que  ceux-ci 
produisent  dans  les  espaces  lymphatiques,  et  la  question  de  la  générati< 
spontanée,  comme  celle  de  la  multiplication  cellulaire  resterait  tout  e 
tière.  Virchow  professe,  après  Kùss,  que  les  éléments  du  tissu  inflai 
rnatoire  dérivent  des  cellules  préexistantes,  et  il  les  fait  provenir  du 
division  des  corpuscules  conjonctifs.  Cette  opinion  trop  exclusive  est 
même  temps  basée  sur  une  connaissance  incomplète  du  tissu  conjonot 
En  effet,  les  cellules  du  cartilage,  les  cellules  endothéliales,  les  cellule: 
myéloplaxes,  etc.,  imtées,  paraissent  manifestement  se  multiplia 
soit  par  division  de  la  cellule  (cellules  de  cartilages,  endothélium 
soit  par  bourgeonnement,  soit  par  formation  endogène.  Donc,  s'il  n'< 

(1)  Voyez  Comptes  rendtts  de  la  Société  de  biologie  et  Gaz,  méd,y  1«62,  p.  684. 


BVPEHPI.AS1ES.  SSO 

pu  pcêsiUe  de  se  prononcer  avec  assurnncc  pour  l'une  ou  pour  l'autre 
lit  ces  Ihéories,  du  moins  il  est  rationnel  d'accepter  la  dernière,  avec 
k  modilî cations  que  comporte  une  élude  plus  approfondie  du  tissu 
i»rijonclir,  en  raison  surtout  des  nombreuses  divisions  présentées  par  les 
plrrnmls  conjonctifs  en  11  an  ira  es. 

Quelle  que  aoil  l'origine  des  cellules  embryonnaires,  il  se  développe 
Ahk  leur  musse  des  vaisseaux  diversement  disposés  et  dont  le  mode 
de  Tonnation  est  jusqu'ici  vivement  discuté.  Deux  opinions  régnent  k  ce 
(iijel  :  l'une  fait  naître  ces  vaisseaux  directement  dans  le  tissu  înllamma- 
lotre  comme  il  an'ive  primitivement  dans  le  tissu  de  l'embryon  ;  l'autre 
H  rattache  k  un  bourgeonnement  des  parois  des  capillaires  préexistants. 
SiiiTanl  la  première  hypothèse  il  se  produit,  au  sein  des  cellules  embryon- 
atÎKs,  des  tubes  qui  par  leurs  prolongements  entrent  en  communication 
avBc  les  vaisseaux  les  plus  voisins,  ou  bien  ce  sont  les  réseaux  de  cellules 
plasiuatiques  qui  s'abouchent  avec  les  capillaires  par  leurs  ramirications 
i^aliculées  dont  l'élargissement  progressif  permet  la  pénétration  des 
^■iubiiles  sanguins.  La  seeonde  hypothèse,  qui  est  celle  à  laquelle  on  se 
rallaclie  géDcralemenl  aujourd'hui,  attribue  les  vaisseaux  nouveaux  à 
ia  végétation  des  cellules  des  parois  des  vaisseaux  préexistants.  C'est 
par  leur  multiplication  que  ces  cellules  fourniraient  les  éléments  né- 
HsstÎKs  à  la  constitution  des  vaisseaux  ;  mais  il  est  probable  que  les 
CtUnles  embryonnaires  de  t'inllammation  prennent  aussi  part  à  cette 
vguiisalion,  en  sorte  que  les  deux  opinions  pourraient  bien  renfermer 
chacune  une  partie  de  la  vérité.  Quant  au  sang  qui  occupe  les  réseaux 
OpiUaires  au  moment  de  leur  formation,  il  se  constituerait  dans  leur 
intérieur  suivant  Billroth,  tandis  que  la  plupart  des  auteurs  pensent 
qu'il  y  arrive  au  moment  oii  le  réseau  est  mis  en  rapport  avec  le  système 
ïasculaire. 

I<e  tissu  embryonnaire,  une  fois  constitué,  se  transforme  peu  ù  peu  en 
tissu  conjonctirdélînitif;  sinon,  il  subit  des  modifications  qui  arrêtent  son 
<lBïelopp<iment  et  donnent  à  ia  partie  enflammée  des  apparences  diverses 
dam  l'une  des  plus  communes  est  la  transformation  ou  dégénérescence 
dite  rasêeuse.  Nous  appelons  caséeuses  les  phlegmasies  dans  lesquelles 
It  tissu  inflammatoire  cesse  de  s'accroître  et  de  vivre,  et  sdéreuses  celles 
dus  lesquelle:i  ce  même  tissu  continue  de  se  développer  ;  mais  nous 
nconnuissuos  qu'il  existe  entre  ces  deux  groupes  une  série  de  processus 
intermédiaires  qui  rendent  le  passage  de  l'un  à  l'autre  presque  insensible. 

l.  —  Les  phlegmasies  prolifératives  caaéeuses  sont  celles  dont  les  pro- 
duits ne  peuvent  parvenir  à  une  organisation  définitive.  Elles  sont  diffuses 


À 


M 


258  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

et  produit  des  traînées  ou  tractus  (fig.  74),  sinon  une  infiltration  géné- 
rale; mais,  quel  que  soit  son  siège,  ce  néoplasme  n'oiïre  pas  de  diffé- 
rences notables,  il  est  primitivement  constitué  par  des  cellules  assez 
semblables  aux  cellules  lymphatiques  (cellules  embryonnaires)  et  par 
des  vaisseaux  plus  ou  moins  nombreux  (fig.  75).  Les  cellules  em- 
bryonnaires sont  des  éléments  sphériques  ou  légèrement  anguleux,  de 
petit  volume  (environ  0""",010  à  0"",012),  pourvus  d'un  noyau  assez 
gros  comparativement  à  la  masse  de  protoplasma  qui  l'enveloppe.  Le 
noyau,  peu  foncé  et  réfringent,  contient  un  nucléole  petit  et  brillant;  la 
masse  de  protoplasma,  peu  abondante  et  légèrement  granuleuse,  pré- 
sente quelquefois  des  mouvements  amœboïdes.  Ces  éléments  sont  juxta- 
posés et  en  contact  presque  immédiat,  séparés  seulement  par  une  couche 
mince  de  matière  unissante,  amorphe  et  molle,  qui  permet  facilement  la 
dissociation. 

L'apparition  de  ces  cellules  au  niveau  des  tissus  irrités  et  en  voie  d'in- 
flammation ne  fait  de  doute  pour  personne,  mais  leur  origine  est  jusqu'à 
ce  jour  Tobjet  de  vives  discussions.  Ch.  Robin  et  ses  élèves  les  font  naître 
par  génération  spontanée  au  sein  d'un  blastème  exsudé  par  les  vais- 
seaux sanguins  sous  l'influence  de  l'état  phlegmasique.  Cohnheim  les 
considère  comme  des  globules  blancs  échappés  des  vaisseaux;  mais 
si  nous  nous  en  rapportons  à  l'étude  que  nous  avons  faite  des  con- 
crétions fibrineuses  des  vaisseaux  (1),  où  nous  avons  toujours  mi 
l'organisation  commencer  à  la  périphérie  et  se  produire  aux  dépens 
des  cellules  endothéliales,  nous  sommes  peu  disposé  à  admettre  cette 
hypothèse,  qui  déjà  est  réfutée  par  la  formation  d'éléments  em- 
bryonnaires à  distance  des  vaisseaux  comme  au  sein  de  la  substance  fon- 
damentale du  cartilage.  D'ailleurs,  si  le  tissu  embryonnaire  provenait 
de  l'organisation  des  globules  blancs,  il  faudrait  admettre  que  ceux-ci  se 
produisent  dans  les  espaces  lymphatiques,  et  la  question  de  la  génération 
spontanée,  comme  celle  de  la  multiplication  cellulaire  resterait  tout  en- 
tière. Virchow  professe,  après  Kuss,  que  les  éléments  du  tissu  inflam- 
matoire dérivent  des  (cellules  préexistantes,  et  il  les  fait  provenir  d*une 
division  des  corpuscules  conjonctifs.  Cette  opinion  trop  exclusive  est  en 
même  temps  basée  sur  une  connaissance  incomplète  du  tissu  conjonctif. 
En  efl'et,  les  cellules  du  Ciirtilage,  les  cellules  endothéliales,  les  cellules  à 
myéloplaxes,  etc.,  irritées,  paraissent  manifestement  se  multiplier, 
soit  par  division  de  la  cellule  (cellules  de  cartilages,  endothéliums), 
soit  par  bourgeonnement,  soit  par  formation  endogène.  Donc,  s'il  n'est 

(1)  Voyez  Comptes  remhu  de  la  Soctéié  de  biologie  et  Gaz.  méd.y  1*^62,  p.  684. 


FIYPERPLASIES.  259 

|ai  possihie  de  se  prononcer  avec  assurance  pour  l'une  ou  pour  l'aulre 
i|f  ci's  Uiêories,  du  moins  il  est  rationael  d'accej>[er  la  deniièro,  avec 
\fi  modiricalious  qmi  comporte  uno  étude  plus  approfondie  du  lissu 
foiijoiictif,  en  raison  surtout  des  nombreuses  divisions  présentées  par  les 
(■Ifinfnls  conjonctifs  enflanimi'ts. 

t)ue!ie  que  soit  l'origine  des  cellules  embryonnaires,  il  se  développe 
dans  leur  masse  des  vaisseaux  diversement  disposés  et  dont  le  mode 
il' fonnation  est  jusqu'ici  vivement  discuté.  Deux  opinions  régnent  k  ce 
iiijt'l  :  l'une  fait  naître  ces  vaisseaux  directement  dans  le  tissu  inQamma- 
loire  comme  iJ  arrive  primitivement  dans  le  tissu  de  l'embi-yon  ;  l'autre 
l's  rattache  à  un  bourgeonuement  des  pai*uis  des  capillaires  préexistants. 
Suirunt  la  première  hypothèse  il  se  produit,  au  sein  des  cellules  embryon- 
joires,  des  tubes  qui  par  leurs  prolongements  entrent  en  communication 
les  vaisseaux  les  plus  voisins,  ou  bien  ce  sont  les  réseaux  de  cellules 
itiques  qui  s'abouchent  avec  les  capillaires  par  leurs  ramilications 
liculées  dont  l'élargissement  pro/içressif  permet  la  pénétration  des 
lies  sanguins.  La  seconde  hypothèse,  qui  est  celle  à  laquelle  on  se 
généralement  aujourd'hui,  attribue   les  vaisseaux    nouveaux  à 
végétation  des  cellules  des  parois  des  vaisseaux  préexistants.  C'est 
leur  multiplication  que  ces  cellules   roumiraient  les  éléments  né- 
ires  à  la  constitution  des  vaisseaux  ;  mais  il  est  probable  que  tes 
wllules  embryonnaires  de  l'inOammation  prennent  aussi  part  à  cette 
iirganisation,  en  sorte  que  les  deux  opinions  pourraient  bien  renfermer 
fiiacune  une  partie  de  la  vérité.  Quant  au  sang  qui  occupe  les  réseaux 
capillaires  au  moment  de  leur  formation,  il  se  constituerait  dans  leur 
intérieur  suivant  Billroth,  tandis  que  la   plupart   des  auteurs  pensent 
ffx"[\  y  arrive  au  moment  où  le  réseau  est  mis  en  rapport  avec  le  système 
vaseulaire. 

Le  tissu  embryonnaire,  une  fois  constitué,  se  transforme  {«eu  fi  peu  en 
liisu  conjonctif  définitif;  sinon,  il  subit  des  modifications  qui  arrêtent  son 
<léïelop|K^nient  et  donnent  à  la  partie  enflammée  des  apparences  diverses 
<loat  l'une  des  plus  communes  est  la  transformation  ou  dégénérescence 
caséeuse.  Nous  appelons  caséeuses  les  phlegmasies  dans  lesquelles 
in  inflammatoire  cesse  de  s'accroître  et  de  vivre,  et  scléreuses  celles 
lesquelles  ce  même  tissu  continue  de  se  développer  ;  mais  nous 
Xconnaissons  qu'il  existe  entre  ces  deux  groupes  une  série  de  processus 
inlermédiaires  qui  rendent  le  passage  de  l'un  à  l'autre  presque  insensible. 


fk 


l.  —  Les  phlegmasies  prolifératives  caséeuscs  sont  celles  dont  les  pro- 
nitKnepeuveut  parvenir  aune  organisation  définitive.  Elles  sont  dill'uses 


260  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

OU  circonscrites,  suivant  que  ces  produits  se  présentent  sous  la  forme  de 
masses  disséminées  ou  sous  la  forme  de  nodosités  (tubercule,  gomme,  etc.). 

Les  phlegmasies  diffuses  occupent  de  préférence  les  organes  lympha- 
tiques et  les  alvéoles  pulmonaires  ;  elles  s'observent  aussi  dans  la  peau, 
le  tissu  conjonctif  sous-cutané,  dans  les  os  et  le  tissu  interstitiel  des  paren- 
chymes. Les  glandes  lymphatiques  s'injectent,  augmentent  de  volume,  de 
façon  à  acquérir  la  grosseur  d'un  marron  ;  leur  consistance  diminue,  leur 
teinte,  grisâtre  ou  rosée ,  est  semée  de  stries  rougeàtres.  Vues  au  micro- 
scope, elles  présentent,  en  même  temps  qu'une  dilatation  des  vaisseaux,  un 
accroissement  et  une  multiplication  de  leurs  éléments  cellulaires.  Âo 
bout  d*un  temps  plus  ou  moins  long,  et  qui  varie  suivant  la  nature  do 
mal,  les  éléments  nouveaux  de  ces  glandes,  ne  pouvant  continuer  à  se 
nourrir  et  à  vivre,  ou  bien  subissent  une  métamorphose  graisseuse,  ou 
bien  se  nécrosent.  Dans  le  premier  cas,  le  tissu  de  la  glande  pâlit;  en 
même  temps,  les  éléments  transformés  rentrent  peu  à  peu  dans  la  circu- 
lation, et  Torgane  peut  revenir  à  son  volume  primitif:  tel  est  letatdes 
glandes  mésentériques  et  de  la  rate  dans  la  fièvre  typhoïde.  Dans  le 
second  cas,  on  voit  apparaître  au  sein  de  la  glande  de  petits  foyers 
blanchâtres  ou  jaunâtres  qui  se  réunissent  et  transforment  peu  à  peu 
tout  Torgane  en  une  masse  blanche,  sèche,  friable,  grumeleuse,  com- 
posée de  cellules  granuleuses,  déformées,  atrophiées,  et  dans  laquelle 
se  rencontrent  quelquefois  des  paillettes  brillantes  et  des  cristaux  de 
cholestérine.  Celle  masse  mortifiée,  au  sein  des  tissus  vivants,  se  com- 
porte il  la  façon  d'un  corps  étranger  ;  elle  les  irrite,   les  enflamme,  les 
ulcère,  et  de  la  sorte  elle  parvient,  si  elle  n'est  pas  trop  profondément 
située,  à  se  faire  jour  au  dehors,  laissant  à  sa  suite  une  cicatrice  plus  ou 
moins  profonde  :  telles   sont   les  glandes   intestinales   dans  la   fièvre 
typhoïde,   les  *:landes  maxillaires  et  cervicales  dans  la  scrofulose.  Sem- 
blables phénomènes  se  passent  dans  la  rate,  les  amygdales,  qui  sont  aussi 
des  glandes  lymphatiques,  avec  cette  différence  que  la  mortification  du 
tissu  de  nouvelle  formation  v  est  extrêmement  rare. 

La  substance  médullaire  des  os,  considérée  avec  raison  comme  un  ti^^u 
lymphatique,  subit  les  mêmes  altérations.  Dans  la  scrofulose  nolam- 
menl,  les  éléments  cellulaires  du  tissu  nuMlullaire  se  multiplient,  fonnent 
des  masses  qui,  ne  pouvant  vivre,  dépérissent  peu  à  peu  et  se  mortifient 
^ostéite  caséeuse).  Le  tissu  conjonctif  sous-cutané  présente  aussi  tou- 
jours, chez  les  scrofuleux,  des  lésions  assez  semblables  ou  du  moins 
fort  peu  différentes.  Ce  sont  des  tuméfactions  molles  ou  llucluantes,  con- 
stituées par  une  substance  visqueuse,  transpai^enle,  avec  flocons  blauchà- 
Ires,  ou  par  un  licjuide  blanc  jaunâtre  et  d'aspect  purulent.  Les  leucocytes, 


HYPERPLASIES.  251 

ordinairement  nombreux  dans  ces  formations,  les  ont  fait  considérer 
comme  des  abcès  froids  ;  mais  si  Ton  tient  compte  de  l'évolution  de  ces 
lésions  et  de  leur  faible  réaction  sur  Torganisme,  phénomène  peu  ordi- 
naire dans  la  suppuration,  on  est  conduit  à  les  rattacher  plutôt  à  une 
inflammation  du  genre  de  celle  qui  nous  occupe.  Les  poumons,  dont 
les  alvéoles  peuvent  être  considérés  comme  des  espaces  lymphatiques, 
sont  souvent  atteints  de  pneumonies  lobulaires  qui  se  terminent  par 
une  dégénérescence  caséeuse  :  telle  est  Tune  des  formes  de  la  phthisie 
pulmonaire. 

Dans  certains  cas,  au  lieu  d'une  résolution  complète  par  métamorphose 
graisseuse,  ou  d'une  sorte  de  nécrose  qui  aboutit  à  l'ulcération,  le 
produit  exubérant  de  l'inflammation  subit  un  ramollissement  aigu, 
une  sorte  de  destruction  moléculaire  de  ses  parties  constitutives  :  ainsi  se 
comportent  les  glandes  lymphatiques  dans  la  peste  et  dans  quelques 
autres  maladies. 

Les  phlegmasies  caséeuses  se  produisent  dans  le  cours  de  maladies 
générales,  comme  la  fièvre  typhoïde,  le  typhus,  la  peste,  la  dysente- 
rie, etc.  Fréquemment,  ces  altérations  sont  causées  par  des  conditions 
hygiéniques  mauvaises  :  une  alimentation  exclusive,  ou  mal  choisie, 
peu  appropriée  à  l'âge  des  individus,  l'absorption  d'un  air  humide, 
vicié,  le  défaut  d'exercice  musculaire.  Alors  la  moindre  imtatiou  des 
glandes  lymphatiques  suffit  pour  amener  une  inflammation  caséeuse  ; 
cest  à  cette  prédisposition  qu'on  donne  le  nom  de  scrofulose.  Remar- 
quons que  le  siège  de  la  localisation  morbide  aux  glandes  lympha- 
tiques varie  pour  ainsi  dire  avec  chaque  cause  spéciale  :  les  glandes 
lymphatiques  sous-maxillaires  sont  plus  particulièrement  affectées  dans 
la  scrofîilose,  les  glandes  bronchiques  dans  la  rougeole,  les  glandes 
intestinales  et  mésentériquesdans  la  fièvre  typhoïde,  les  glandes  des  aines 
et  des  aisselles  dans  la  peste.  Outre  ces  différences  de  siège,  il  existe 
pour  chacune  des  altérations  en  question  des  différences  de  durée  et  d'évo- 
lution assez  appréciables  pour  leur  constituer  des  caractères  distinctifs. 

Les  phlegmasies  qui  se  manifestent  sous  la  forme  de  granulations  ou  de 
nodosités  ont  été  à  tort  rangées  dans  le  groupe  des  tumeurs.  Effective- 
ment, si  l'on  remarque  que  ces  granulations  ou  nodosités  sont  générale- 
ment accompagnées  de  lésions  diffuses,  de  tractus  membraneux  et  de 
néomembranes,  dont  elles  ne  diffèrent  que  par  une  plus  grande  tendance 
à  la  destruclivité,  on  est  porté  à  les  faire  rentrer  dans  la  classe  des 
phlegmasies,  dont  elles  n'auraient  jamais  dû  être  distraites,  puisqu'elles 
ont  toujours^  comme  les  produits  phlegmasiques,  un  accroissement  limité. 


262  ANATOMIE   PATUOUICIOUE. 

La  plus  commune  de  toutes  les  allt'rations  de  ce  groupe,  le  fubertHle, 
pst  une  production  organisée,  et  non  pas,  comme  le  croyaient  les  anciens, 
une  masse  plus  ou  moins  jaune,  ou  encore  un  simple  exsudât.  C'est  une 
formation  pathologique  qui  se  pi'ësente  sous  l'apparence  d'une  iiodusvté 
ferme,  remarquable  par  son  petit  volume  {fig,  78  ul  80},  rarement  plus  con_ 
sidcrabietjue  celui  d'un  grain  de  millet,d'oùluiestvenu  le  nom  de  granu- 
lation miliaire,  cl  par  sa  disséminai  ion  huliituelle,  non -seulement  dans  un 
seul  organe,  mais  dans  plusieurs  organes  k  la  fois.  Par  leur  agglomération, 
les  j^ranulations  miliaires  doiiiicnl  lieu  à  des  nodosités  plus  volumi- 
neuses, prises  à  tort  pour  des  niasses  homogènes,  surtout  quand  elles 
se  rencontrent  dans  1rs  Icsiiculcs,   les  reins   et   le  cerveau   (fig.   76). 


.«  posli^ieure  d'un  himiiphire  cértlir»!  dont  l'une  d^t  circootolulion* 
est  le  iiiçe  Je  deux  maiHs  tuberculeuse»  accolËei.  Une  icclion  longiludinale  »  mis 
cei  maaiei  à  découTert,  a,  b. 

Vues  au  microscope,  les  gninulaliuiis  tulwculeuses  oITreiil  entre  elles 
des  diiïérences  en  rapport  avec  leur  durée,  la  nature  des  tissus  qui  ïeA 
renferment  et  quelques  autres  circousinnces.  A  son  début,  la  gi^nulatîm 
est  constituée  par  un  tissu  qui  a  la  plus  grande  ressemblance  avec  1« 
tissu  inflammatoire  (granulome),  et  qui,  comme  lui,  est  composé  de 
petites  cellules  arrondies  ou  légèrement  aplaties  (lîg.  79),  que  coloni 
le  carmin  après  durcissement  dans  l'alcool,  et  que  rend  plus  appa- 
rentes l'action  de  l'acide  acétique.  Pressées  les  unes  contre  les  iiulres 
sur  quelques  points,  ces  cellules  sont  ailleurs  séparées  en  groupes 
linéaires  par  une  substance  brillante,  réfrîngenl«,  tantôt  amorphe,  tuilAl 
irrégulièrement  librillée  (Urancber).A  cAlé  de  ces  éléments,  il«xislr  aswx 
géncraltiinent  des  corps  huit  ou  dix  fois  plus  volumineux,  et  auxqut-U  leC' 
auteurs  allemands  ont  donné  le  nom  de  cellules  gigantesques  {HiesfiKtllen), 
sorte  de  cellules  fi  noyaux  multiples,  mais  qui,  suivant  le»  histulo^isl«* 
français,  seraient  tantôt  un  simple  acrolemenl  de  cellules  d'abord  indêpra- 
dnntes,  taaiùt  des  masses  intia-canaliculaires  ou  intra-alvéolaires,  de  nalur« 


HYPERPLASIBS.  263 

fibriuo-albuinineuse,  colorées  ou  non  par  la  matière  pigmentaire  du 
sang,  et  infiltrées,  soit  de  globules  blancs,  soit  de  noyaux  provenant  des 
endothéliums  vasculaires.  Les  vaisseaux  en  petit  nombre  qui  font  partie 
de  la  granulation  tuberculeuse,  ou  qui  s'y  rendent,  sont  le  plus  souvent 
oblitérés,  et  par  là  on  explique  les  différences  présentées  par  cette  gra- 
nulation suivant  la  période  de  son  évolution. 

La  granulation  miliaire  est  rosée  ou  grisâtre,  semi  -  transparente  ; 
elle  reste  ainsi  pendant  un  certain  temps  qui  constitue  sa  première 
phase  ou  période  d'accroissement.  Plus  tard,  cette  granulation  devient 
opaque,  blanchâtre,  puis  jaunâtre  à  son  centre  où  les  éléments  ané- 
miés s'infiltrent  de  granules  graisseux,  se  déforment  et  s'atrophient,  tandis 
qu'à  la  périphérie  ils  continuent  de  se  nourrir  et  de  vivre  :  c'est  la  période 
d'état  du  tubercule,  celle  qui  est  vraiment  caractéristique.  Dans  une  der- 
nière phase  enfin,  la  granulation  miliaire  revêt  partout  une  teinte  jaunâtre, 
♦it  forme  une  masse  sèche,  friable,  caséeuse,  composée  de  cellules  défor- 
mées, de  granules  moléculaires,  de  gouttelettes  graisseuses,  et  parfois  même 
de  cristaux  de  cholestérine.  Arrivé  à  ce  terme,  le  tubercule  a  cessé  de  vivre  ; 
il  est  devenu  pour  les  tissus  de  son  voisinage  un  corps  étranjrer  (|ui  les 
irrite,  les  enflamme  et  en  amène  la  des- 
truction. Ainsi  se  produisent  les  ulcé- 
rations de  la  surface  des  membranes 
muqueuses  (fig.  77),  et  les  excavations 
plus  ou  moins  étendues  du  parenchyme 
puknonaire. 

La  granulation  tuberculeuse  n'est  pas 

hi     |. Aé      t  j    -A     lî'iG.  77.  —  o,  Pointe  de  la  langue  dont 

seule  forme  que  revête   le   produit      ,«  f.^e  dorsale  est  le  siège  d'un  ulcère 

tuberculeux.  Celui-ci    existe    encore  à       tuberculeux  ;  6,  coupe  perpendiculaire 
I»A#«»    j»*-.cu**         j-iT  •!       •ï"  partie  moyenne  de  l'ulcère  au- 

lelat   dmfiltration    diffuse,    comme    il       dessous  duquel  on  aperçoit  plusieurs 

€8t  facile  de  s'en  assurer  dans  la  ménin-  granulations  tuberculeuses,  c. 
gite  tuberculeuse,  où  l'on  voit,  à  côté  de  granulations  parfaitement  ca- 
ractérisées des  masses  membraneuses,  grisâtres  ou  jaunâtres,  composées 
des  mêmes  éléments  que  l'on  retrouve  encore  quelquefois  dans  la  substance 
injectée  et  ramollie  des  circonvolutions.  Semblable  disposition  existe 
dans  les  organes  génitaux  (Kg.  78)  et  urinaires,  aussi  aurions-nous  mau- 
vaise grâce  de  nier  qu  elle  puisse  se  rencontrer  dans  les  poumons,  où 
elle  a  été  d'ailleurs  nettement  établie  par  quelques  histologistcs  français. 
Grancher  et  Thaon  ont  montré  en  effet  que  les  éléments  tuberculeux 
peuvent  infiltrer  le  tissu  des  poumons,  de  façon  à  donner  naissance  à  des 
Dusses  ayant  tous  les  caractères  de  l'hépatisation. 
Hais  faut-il,  à  l'exemple  de  quelques  observateurs,  regarder  toutes  les 


26&  ANATOMIB  P&TflOLOGIQtlE. 

altérations  nccrosiques  ou  caséeuses  des  poumons  comme  se  rapportant 
à  la  tuberculose?  J'avoue  avoir  rencontré  des  Taits  qui  se  prélent  mal  à 
cette  manière  de  voir.  J'ai  pu  me  convaincre,  pendant  le  siège  de  Paris, 


-  ttliru»  et  trompet  donlIamoqueuHailinflllrie  dt  granulation*  lubcrculcuM». 
La  muqueuse  Uu  col  utérin  eat  restée  intacte. 


(|u'un  certain  nombre  de  jeunes  soldats,  soulTrant  de  la  fatigue  et  d'une 
mauvaise  alimentation,  contractaient  des  pneumonies  lobulaires  qui, 
loin  de  se  résorber,  se  terminaient  par  la  nécrose  de  l'exsudat.  Cette  alté- 
i-ation  engendrait  dans  le  poumon  des  noyaux  lenticulaires  jauoAtres, 
fi-iables,  grenus  b  la  coupe  et  ainsi  Irès-diiïérents  d'une  infiltration  tuber* 
culeuse.  J'ai  également  observé  celle  disposition  chez  de  jeunes  enTanls 
mal  soignés  et  mal  nourris  et  chez  des  adolescents  qui  avaient  pris 
tout  à  coup  un  accroissement  exagéré. 

Les  opinions  les  plus  diverses  et  les  plus  contradictoires  ont  clé 
émises,  principalement  en  Allemagne,  sur  l'origine  du  tubercule;  il  est 
sans  intérêt  de  les  mppeler.  La  composition  du  tissu  conjonctif  telle 
que  l'ont  fait  connaître  les  recherches  de  Ranvier  permet  peut-èlre 
d'arriver  à  une  solution.  Nous  savons  que  les  faisceaux  conjonctits 
sont  tapissés  de  vrais  endothéliums,  lout  it  fait  comparables  à  l'endo* 
thélium  qui  recouvre  les  séreuses  et  les  alvéoles  pulmonaires.  Or,  sur 
un  épiploon  tuberculeux,  il  est  facile  de  voir,  dans  le  voisinage  des  granu- 
lations, comme  le  remarque  Grancher,  des  cellules  détachées  des  faisceaux 
et  contenant  un  certain  nombre  de  noyaux,  qui  ne  sont  que  des  cellules 
gigantesques  doii  sortent  probablement,  par  division  successive ,  les 
petites  cellules  constitutives  de  la  granulation.  L'épiihélium  pulmonaire 
et  celui  des  gaines  lymphatiques  ayant  la  plus  grande  ressemblance  avec 
celui  de  la  séreuse  péritonéale,  il  devient  ainsi  facile  de  se  rendre  compte 


■    RypEHPLASIES, 

de  la  localisation  du  tubercule  dans  la 
IraniP  conjonctive  des  orgnnes,  dans  la 
ami  des  vaisseaux  (lig,  79)  et  dans  cellf 
iie!>  alvéoles  pulmoiiaii-es. 

Les  poumons  sont  les  organes  de  prt^di- 
|eiion  du  tubercule;  viennent  ensuite  les 

imbnnes  séreuses,  les  glandes  lympha- 
.,  le  cerveau,  le  foie,  les  reins,  etc. 
mis  à  une  mêrne  influence  morbi- 
i  divers  organes  peuvent  être 
Kmuilanément  atteints,  mais  quelque- 
Ibis  aussi  certains  d'entre  eux  sont  alTec- 
'  té  consécutivement  et  par  propiigallon  Fie 
Jumnl.Ousaitdepuislongtemps,  et  mieux 
rni-ore  depuis  les  recherches  de  Lépine, 
ijue  les  tubercules  ont  de  la  tendance  a 
s'''lïn(ire  suivant  le  trajet  des  vaisseaux 
Mn^iiins  et  lymphatiques  ;  la  figure  60  est 
lui  exemple  de  cette  disposition.  Ce  fnil, 
i|iii  rend  corn plede  la  frequence  des  alléra- 
liuiiscasêeuses  des  glandes  hniphaliques 
lians  la  tuberculose,  a  sans  doute  conduit 
'  ridée  de  l'infection  tuberculeuse. 

Vitltmiiin  le  mérite  d'avoir  appelé  l'ai- 
Icntioa  des  obser^ateui's  sur  la  transmis- 
wi  expérimentale  de  la  tuberculose; 
mais,  mal(!ré  ses  recherches  cl  celles  qui 
'iiilsuivi,  les  expériences  de  Chauveauno- 
lammi-nt,  le  tubercule  ne  peut  être  consi- 
Jm^  di-s  à  pnVscnl  connue  un  produit  vii-u- 
l'iil.  jinaloi,Tie  au  produit  de  la  variole  et 
'l'  l'i>^l^liLli$,etdanstecas  où  soninocu- 
l;ilion  relisait,  il  y  a  lieu  de  croire  que 
lnmaliêfc  tuberculeuse  a  agi  à  titre  de 
sim|jliiinilanl  sur  un  organisme  débilité, 
"I  produisant  un  tissu  inflammatoirtr, 
"•mraele  font  beaucoup  d'autres  subslan- 
<^<' L'iusuftisancede  l'alimentation,  de 
''Sercice  musculaire  et  surtout  do  l'air. 
'oila  la  grande  cause  de  la  tuberculose. 


—  Pelileirlèremtaingienne 
de  labercuk.  a,  le  «siueau  ; 
b,  lei  élémenU  tuberculeux  [pelilei 
cclluUi  rondu  el  quelques  Eellulea 
fuiironncB)  distendent  la  K^Inc  l*"i- 
phalique.(D"aprésr.4(/(tïri'nita(oniic 
pnthotogiqur  de  Lance renux  el  Lac- 
kerbauer.  (Grossissement  300.) 


■11..  80.  — Vaiiie«ii>Liré»ontéiii|ues 
dont  les  paroit  «ont  ■flecttei  de  gra- 
nulalions  taberculeu^ei  ;  a,  {fan^lion 
lyiii|ilialique. 


266  &NATOHIE  PATHOLOGIQUE. 

Les  gommes  syphilitiques  se  développent,  comme  les  tubercules,  au  sein 
des  tissus  de  substance  conjonctive,  tantât  aux  dépens  des  éléments  cellu- 
laires de  ces  tissus,  tanWt  aux  dépens  des  éléments  de  la  tunicf  ue  extemedes 
vaisseaux  et  des  parois  des  capillaires.  Lapeau,  le  tissu  cellulaire  sous-cuta- 
né, le  périoste,  tes  os,  les  muscles,  le  testicule,  le  foie  elles  enveloppes  du 
système  nerveux  sont  les  parties  où  elles  siègent  le  plus  habituellement.  Ce 
sont,  tantôt  des  nodosités  arrondies  ou  semilunaires,  souvent  multiples, 
isolées  ou  réunies  (fig.  81),  d'un  volume  qui  varie  entre  la  grosseur  d'une 
lentille  ou  celle  d'un  œuf,  et  composées  d'une  portion  extérieure  indurée, 
^isàlre,  et  d'un  noyau  central  jaunâtre; 
tantôt  des  infiltmtions  diffuses,  peu  éten- 
dues, assez  homogènes,  le  plus  souvent 
limitées  à  une  portion  d'organe.  Variables 
sous  le  rapport  de  la  consistance  et  de  la 
coloration,  les  nodosités  gommeuses  sont 
ordinairement  fermes,  grisâtres,  lisses  à  la 
/  j^ — ■>-\''l  'i  coupe,  humides,  bien  qu'ellesne  contiennent 
/  >  \  1  pas  de  suc;  plus  rarement  elles  sont  molles, 
1  f  i  JjA  constituées  par  une  masse  incolore,  vis- 
'1  /  I  '  ■  <iueuse,  analogue  à  une  épaisse  solution 
L  l  \  J  i  Mm  ^^  gomin«-  Cette  dernière  forme,  qui  a  valu 
\  V  \  T  ^\  il  aux  produits  syphilitiques  leur  dénomina- 
^^S.jj'  i  1  il  ''""  f^''  P'"^  commune  dans  les  oi^anes 
^.^  •  ^  \  'I  extérieurs,  et  surtout  au  voisinage  des  os 
que  dans  les  oi'ganes  internes,  n'est  que  le 
résultat  de  la  transformation  muqueuse  du 
tissu  gommcux. 

Ces  produits  sont  formés,  dès  le  principe, 
par  l'apparition,  au  pourtourdes  plus  petits 
vaisseaux  et  dans  les  vacuoles  du  tissu  con- 
joRCtif,  de  petites  cellules  arrondies,  sem- 

SlTJS";.'!.';'™*'  ""■'I"»  ""  «"'"l"''  lïn>pha>iqu»  ou  col- 
Iules  embryonnaires  et  plus  ou  moins  abon- 
dantes. Les  trabécules  qui  cireonscrivent  ces  vacuoles  sont  peu  à  peu 
détruites,  et  les  jeunes  cellules  forment  des  amas  que  réunît  une  gangue 
plus  ou  moins  fibrillaire  et  dont  la  partie  centrale,  mal  nourrie,  ne  tarde  pas 


t'iG.  8t.  —  Hémisphère  cérébral 
gauclie  s  la  |iarlîe  antérieure  du- 
legomnMdéieloppée 


(t)  Tumores  alboromattct,  qui  gummata  vocantur,  aisumpUt  limititadine  ab  irboribns, 
quoniaminDiorbogalUcDcrescunt  tuberculaa'inulantiaguminaiarboruDi.  (GRl>r.  Fallope, 
Demoi-bo  gallico,  Patavii,  1564,  p.  193. 


IIVPEKPLASlliS.  361 

iï'infllirer  de  granules  moléculaires  qui  lui  donnpDtiuteapparence  opaque 
oujaiiiiiltre,  tandis  que  la  partie  périphé- 
rique, constituée  par  des  éléments  plus  vi- 
\itei,  se  transforme  peu  à  peu  en  ua  tissu 
cunjaiiulir  définitif,  rétractile  comme  ie 
làiucicatriciel((ig.82].Or,  si  le  néoplasme 

■Éâaléet  peu  nbondant ,  on  compmnd  t[\f' 

Blénergîi;  vitale  puisse  être  suflisauli' 

^Krlui  permettre  une  transformation 
psque complète,  en  tissu  ambiant  ;  si,  nu 
iiHitraire,  ce  néoplasme  circonscrit  est  dé- 
postienuiasses  plus  considérables,  il  a  par  fio.  82. — Coupe  micraicapique  d'une 
tméme  une  ,iWi,é  „,oi„dr.,  rt  l,ie„.ô,  ::^ïiX TZ^Tr^lïJi 
SCS  parties  centrales,  peu  vasculaires,  su-  l'nrfaniserenfrctàMdâtruireenai  c 
bi,,.t  „„  ,r.v.il  ôo.  rép-cinn  qui  eu-  « ,»  X'r'J^nr.'KKt 
iniînL'  la  destruction  même  des  élémenls     siW.  (GroiBiiaeineni  '-7^.) 


propres  delorgane  affoclé.  Ainsi,  la  spétiHcité  de  la  gomme  ne  repose  pas  si 


ir,  jeune  el  lucuUirs 


Fie.  85,  —  SurfBae  de  section  anléro- 
poîlérieurc  clubullifletde  la  protubé- 
rance rcprésonléi  fij.  83.  a,  foyer 
il' encéphalite  ;  c  «l  e',  nodule»  gora- 


4ifl&reDCe  notable  entre  son  tissu  et  celui  de  tout  auli-e  néoplasme  phleji;- 
e.cHe  consiste  ptntiH  en  ce  que  dans  un  foyer  de  tissu  embryonnaire 


396  ANATUMIE   PATHOLOGIQUE. 

(le  itouvelle  fonnalion  il  so  délimite  un  noyau  centra]  circonscrïl, 
I  moins  spliùrique,  diiïcrant  par  ses  métamorphoses  ultérieures  du  tissu  au- 
>  bryonnaire  environnant  {Gg.  S3  et  8â).  Tandis  que  celui-ci  se  traiistoimc 
I  en  un  tissu  fibreux  qui  se  rétracte  en  donnant  lieu  à  une  cicatrice  pli» 
I  ou  moins  accusée,  celui-là  subit  une  métamorphose  muqueuse  ou  fpû^- 
Iseuse  qui  favorise  sa  résorption  ou  qui  en  fait  une  sorte  de  corps  étnmjri 
Edesliné  à  être  éliminé  par  les  procédés  ordinaires  ((ig.  82). 

On  a  prétendu  avoir  trouvé  la  caractérisliquedu  produit  sypliilitiquedaii 
(les  alvéoles  particuliers  au  sein  desquels  seraient  déposés  les  nùjmi 
el  les  cellules  embryonnaires  ;  mais  si  l'on  ne  peut  nier  l'existence  de  » 
alvéoles,  qui  ne  sont  vraisemblablement  que  les  espaces  lynipbaUquesla 
tissu  conjonctif,  admettre  qu'ils  permettent  de  reconnaître  toujours  l«t 
tumeurs  gommeuses,  c'est  leur  attribuer  une  importance  qu'ils  n'tiBl 
iV-ellement  pas,  puisqu'ils  se  rencontrentavecdescaraclèrespeu  dilTérenl* 
dans  un  grand  nombre  d'autres  processus.  Quelques  histologistesonté^le- 
mentohercbé.sans  plus  de  succès,  des CBraclèresspécifiqucsHUXtubcrculM- 
Superficiellement  situées,  les  productions  gommeuses  se  nniA- 
lissent  tout  d'abord  du  centre  à  la  périphérie,  irritent  les  parties  voisines, 
qui  s'enflamment  et  finissent  par  s'ulcérer  en  un  ou  plusieurs  points.  !> 
fond  de  l'ulcère,  le  néoplasme  apparaît  avec  ses  caractères  particutiert. 
tantiH  mou  et  comme  gélatineux,  tantôt  blanchiUre,  lactescent  ou  au- 
logue  à  une  émulsion  ;  le  plus  souvent  enfin,  il  est  solide  ou  jaunàtiv. 
semblable  à  un  bourbillon,  à  un  fragment  do  saumon  desséché.  Aprri 
son  élimination  il  laisse  une  cavité  qui  se  recouvre  de  bourgeons  diannu 
cl  donne  lieu  à  ime  cicatrice  rélractile,  froncée,  indurée  pendant  unc«- 
tain  temps.  Ces  phénomènes  d'élimination,  IVéquents  pour  les  goinint^ 
de  la  pt-au  et  du  tissu  cellulaire  sous-cutané,  se  présentent  quelquetnit 
dans  les  organes  prorondément  situés.  Les  gommes  des  |K)uniuiu. 
[lar  exemple,  s'éliminent  par  les  bronches;  je  connais  un  fait  où  we 
tumeur  de  ce  genre  a  détruit  l'endocarde,  et  ulcéré  la  surfai-e  interne  du 
cœur.  Dans  un  cas  où  je  rencontrais  une  excavation  étendue  sur  la  tiR 
convexe  du  foie,  je  fus  conduit  il  soupçonner  une  lésion  de  niftw 
nature,  quoique  le  plus  souvent  les  membranes  séreuses  s'opposent  ï  V 
mécanisme  par  les  adhérences  qu'elles  établissent  avec  les  parties  voi- 
sines. Dans  la  profondeur  des  organes,  les  gommes  syphilitiques  dont  I» 
dégénérescence  graisseuse  est  tente  peuvent  subsister  longleuips: 
mais,  en  général,  elles  sont  peu  à  peu  résorbées  par  les  vaisseaux  qui  ^ 
entourent.  Exceplionnellenienl  elles  s'incrustentdc  sols  calcaires,  et,  de  1* 
sorte,  elles  peuvent  séjourner  indéfiniment  au  sein  des  organes  et  des  tissus- 
Celte  évolution  et,  du  reste,  la  plupart  dos  caractères   propres  «iï 


BYFBRFLASIES.  269 

tumeurs  gommeuses  établissent  un  certain  degré  de  ressemblance  entre 
ces  produits  et  le  tubercule  ;  aussi  la  distinction  de  ces  altérations  n'est  pas 
toujours  facile.  Ce  qui  différencie  la  tumeur  gommeuse,  c'est  un  volume 
^énémlement  plus  considérable  que  celui  des  tubercules,  une  Irame  con  - 
jonctive  abondante,  surtout  à  la  périphérie,  où  elle  Tonne  à  la  masse 
jaune  centrale  une  sorte  de  coque  dont  il  est  quelquefois  possible  de 
l'énucléer,  et  enfin  la  présence  d'éléments  cellulaires  et  nucléaires  qui 
sout  d'ordinaire  plus  volumineux,  mieux  nourris,  moins  atrophiés  et 
moins  misérables  que  ceux  des  productions  de  la  tuberculose. 

Le  virus  syphilitique  est  la  cause  efficiente  des  productions  gommeuses, 
^nt  l'apparition  se  trouveaidée  par  des  causes  occasionnelles  multiples, 
les  unes  traumatiques  (contusion,  action  de  l'air  extérieur,  etc.),  les  autres 
physiologiques  (grossesse,  accouchement,  etc.),  les  autres  hygiéniques 
(abus  des  boissons  alcooliques,  etc.]-  l'a  transmission  héréditaire  de  la 
syphilis  et  de  ses  manifestations  n'est  pas  contestable. 


^:^2i. 


Les  nodosités  léprtuitê  occupent  de  préférence  le  derme  culani't,  et  la 
peau  du  visage  est  leur  siège  de  prédilection  ;  mais  elles  se  localisent 
«icore  sur  les  membranes  muqueuses  des  fosses  nasales,  de  la  langue,  du 
larynx,  de  la  trachée  et  des  bronches, 
sur  celles  de  l'intestin  et  de  l'utérus.  Cer- 
tains organes,  et  surtout  le  foie,  la  rate, 
les  ganglions  lymphatiques,  les  reins, 
ea  sont  aussi  a iïectés.  Les  poumons,  au 
contraire,  sont  rarement  atteints  par 
€c$  lésions,  qui,  en  cela,  se  distinguent 
du  tubercule  avec  lequel  histologiquc- 
nentelles  ne  manquent  pas  d'analogie. 

Ce  sont  tout  d'abord  des  taches  peu 
«tendues  qui  se  développent  dans  l'é- 
paisseur des  parties  exposées  au  con- 
tact de  l'air,  et  au  niveau  desquelles  It: 
lissu  se  tuméfie  de  Taçon  îi  produire  des 
tumeurs  arrondies  et  circonscrites  d'un  ^    '  *^ 

volumequi  varie  entre  la  grosseur  d'une  Fie.  85.  —  Tète  d'une  jeune  femmemi  ne 
I    ,.„      .       „      ,,  ■       -„    I      ■  •  de ]s  lèpre.  Lipeau  dmisseeed  irrtgu- 

lentille  et  celle  d  une  noix,  implantées     ^^^,^J^^ (p,;;,,, p„  „„  ,i;,„  embryon- 
sur  une  large  base,  ou  des  masses  apla-      mira  de  nouielle  formation.  (Murée  du 
lies,  sorte  d'infiltration  diffuse,  d'une     '■"afifl S'im-i-ui») 
teintegrisàtreou  blanchâtre  {fig.  85).  Ces  masses,  isolées  ou  agglomérées 
sur  des  points  particuliers,  sont  fermes,  solides,  brillantes,  homogènes  à  la 


270  ANATOMIK   PATHOLOGIQUE. 

coupe,  non  enkyslées.  Plus  tard,  elles  se  ramollissent,  acquièrent  la 
consistance  d'une  bouillie  épaisse,  irritent  les  tissus  voisins,  se  cou- 
vrent de  croûtes  sèches,  brunâtres,  au-dessous  desquelles  existent 
des  ulcérations  plus  ou  moins  profondes.  Déposées  à  la  surface  de  la 
moelle  épinière  atrophiée,  ou  infiltrées  dans  le  périnèvre  et  le  névri- 
lème,  elles  produisent  la  forme  de  lèpre  désignée  sous  le  nom  de  lèpre 
anesthésique.  Situées  dans  l'épaisseur  du  derme,  ces  nodosités  détermi- 
nent Tatrophie  de  1  épidémie,  des  poils  ou  même  des  glandes  sudoripares 
et  sébacées. 

Les  altérations  de  la  lèpre  sont  composées  d'une  substance  fondamentale 
conjonctive,  homogène,  fibroïde,  au  sein  de  laquelle  sont  déposées  des  cel- 
lules rondes  granuleuses,  analogues  aux  cellules  lymphatiques,  ou  bien  de 
petits  noyaux  libres,  semblables  aux  cytoblastions  de  Robin  (tissu  embryon- 
naire) .  Les  vaisseaux  lymphatiques  sont  généralement  les  premières  parties 
affectées  par  le  processus  de  la  lèpre,  qui  de  ce  point  tend  à  rayonner  dans 
diverses  directions.  Ainsi  s'explique  l'extension  si  facile  des  produits  de  la 
lèpre.  C'est  le  plus  souvent,  en  effet,  dans  la  zone  périvasculaire  ou  gatne 
des  vaisseaux  sanguins  qu'on  voit  apparaître  l'accumulation  cellulaire  qui 
fonne  plus  tard  la  nodosité  lépreuse.  L'évolution  de  ces  produits  diSière  assez 
peu  de  celle  du  tubercule  et  de  la  gomme.  Ils  tendent  comme  ceux-ci  à 
se  ramollir,  à  s'ulcérer,  et  lorsqu'ils  par\îennent  à  disparaître,  ce  qui  n'est 
pas  commun,  c'est  en  laissant  à  leur  suite  des  cicatrices  blanches  fibreuses 
et  rayonnées.  Dans  certains  cas,  ils  peuvent  rester  longtemps  station- 
naires,  quelquefois  même  indéfiniment,  et,  de  la  sorte,  ils  se  distin- 
guent des  gommes,  qui  n'ont  ni  la  même  durée,  ni  la  même  persistance. 

Les  conditions  étiologiques  et  pathogéniques  de  la  lèpre  sont  jusqu'ici 
inconnues.  Après  avoir  sévi  dans  l'Europe  entière,  cette  maladie  est  aujour- 
d'hui reléguée  en  Islande  et  en  Norvège,  où  elle  est  connue  sous  le  nom  de 
spedalskhed,  dans  les  provinces  occidentales  de  la  Russie,  sur  quelques- 
unes  des  côtes  de  la  mer  Caspienne  et  de  la  mer  Méditerranée  {i  ) .  Elle  existe 
en  outre  en  Egypte,  en  Arabie,  dans  l'Asie  Mineure,  en  Abyssinie,  sur  les 
colesde  l'Afrique,  dans  quelques  contrées  de  Tlnde,  au  Mexique,  dans  l'Ainé- 
rique  du  Sud  et  sur  plusieurs  points  de  l'Amérique  du  Nord.  La  lèpre  est  une 
maladie  certainement  héréditaire,  rarement  congénitale,  nullement  con- 

(i)  On  prétend  généralement  que  la  France  et  l'Angleterre  sont  entièrement  exemptes 
aujourd'hui  de  celte  maladie  ;  mais  cependant  il  y  a  lieu  de  se  demander  s'il  en  est  réeUe- 
ment  ainsi  en  présence  de  certaines  affections  mal  déterminées  de  la  peau  et  du  système 
nerveux.  Dans  une  discussion  a  la  Société  clinique  de  Londres  (1873),  un  certain  nombre 
de  membres  convinrent  qu'ils  avaient  observé  des  cas  de  lèpre  chex  des  indiridus  qui 
n'avaient  jamais  quitté  l'Angleterre. 


^ËRieuf 


Ij^usfl  ;  plie  se  dt-vpliippt!  siidoiit  dans  Ips  classes  paurrfs,  dans  les  pays 
[ut*  m  inalaains,  siliiMs  au  burtl  ou  diiiis  [n  voisinage  de  la  mer.  l/usaf;«- 
(HJiistaiit  ou  fn^uont  de  poisson  fortemcnl  salé,  souvent  miVnii;  ulk'it;  ou 

Ienii  corrompu,  est  coiisidi^n},  dans  a^rtains  pays,  comme  i^laiit  une 
Be  di^  celle  maladie,  en  particulier  aux  Indes  ucciduiitales,  eu  Crète, 
oKou,  au  Cap  do  Bonne-Esi)érante,  k  Norvay,  à  (^Icutta  et  à(ieyl,an. 
!  la  palbo^L^nie  de  certaines  lésions  lépreuses,  de  celles  i{ui  i^pondeiit 
ictrment  ii  l'influence  inorbiiique  que  l'on  pourrait  appeler  pritnitive. 
obscure,  celle  des  lésions  sctrondaires  est  mieux  connue.  Il  n'y  a  |>as 
te  doute  que  ces  lésions,  qui  alTectent  surtout  la  piutu.  ne  soient  sous  la 
ilépaidance  d'une  allêratioti  préalable  du  système  nerieus. 

Le  hipusest  une  altération  voisine  des  lésions  lépreuses  et  syphilitiques. 
•  1  qui,  dans  certains  cas,  parait  se  raltacber  à  la  scrofulose.  Il  est 
l'iinstitué  par  la  présence,  dans  les  couches  sapcrlîciplles  du  donne,  de 
pT'lîles  cellules  rondes  ou  elliptiques  et  de  noyaux  arrondis  avec  h)-per- 
imphie  et  alténition  des  follicules  sébacés.  Au  sein  de  ce  processus,  qui 
M'tend  progressivement  en  détruisant  les  tissus  nonnaux,  surviennent 
après  un  certain  temps  des  modifirations  n!'çressivL-s  qui  déltmiiiienl 
lii  suppuration  et  l'ulcération. 

II.  —  Les  phlpgmasies  prolifératives  scléreuses  produisent  au  sein 
i»  tissus  de  substance  conjonctive  un  tissu  peu  dilTérent  jur  sa 
composrlion  de  celui  de  In  l'éfcimi  où  elles  siègent.   Dans  les  paren- 


J.  88  n.  —  TiHuem-  Fii;.  8(1   A.    —  f-e    même  Pk.  80  c— Lemtmelrtiu 

jennaire    pruvenonl  ii*«u  eii  voie  (la  Iniurur-  i  une  pbata  un  p«u  pli» 

«•actphalileieit-  ninlion  ItbrillBire.  «vaDcèe   el    renrarnunl 

«  étandne.  des  libres  nerveuMi. 

S, OÙ  elles  sont  connues  sous  le  nom  de  pble^masies  intei'slitietles 
bniKm  de  leur  localisation,  et  encore  sous  c«lui  de  acléroieg,k  came  de 


1 


272  aNatouie  pathologioub, 

l'induialion  qu'elles  détcrmiiioiil.  Dans  ces  phlfgmusies,  les  celluWeil- 
hrynnnaires,  au  lieu  de  cesser  de  s'accroître,  de  s'infiltrer  de  g/m- 
lations  graisseuses  et  de  se  détruii-c,  eu  un  mut,  conliiiumt  ïk 
développer  ;  à  leur  forme  arrondie  {fig.  86  a)  succède  une  forme  mpi- 
leuse  allongée  comme  dans  le  développement  physiologique,  puis  elles  i<? 
■■éunisseiit  par  leurs  prolongemenls  de  façon  à  conslitucr  un  réseau  doBC 
les  mailles  renfei-raent  une  suhsIancR  amorphe,  contenant  toujoun  quif 
ques  éléments  ronds  :  c'est  le  tissu  à  cellules  fusirornies,  représenté  pwdes 
foisceaux  de  cellules,  pi-cmière  ébauche  des  fihnllesconionctives(fig,  M  ij. 
Vraisemblablemi'iit,  en  effet,  la  matière  protoplasmique,  [iluWl  tf" 
la  sulislanfe  fondamentale  intermédiaire,  sert  à  la  formation  dcfïs 
Kbvilles,  tandis  que  les  cellules  conjonctives,  situées  entre  ces  faiMMuv, 
deviennent  définitives  ou  s'atrophient  (fig.  86  cj.  Ainsi  fonné,  ccLisiu. 
d'abord  assez  mou,  acquiert  bientc^t  une  densité  et  une  solidité  de  plus?» 
plus  considérables  qui  expliquent  la  rétraction  dont  il  est  le  siège. 
<  A  la  surface  des  membranes  séreuses,  le  tissu  de  nouvelle  formaltun. 
débarrassé  de  la  couche  de  Hhrine  qui  le  recouvre,  s'étale  sous  la  («no' 
de  toiles  plus  ou  moins  étendues,  lamelleuscs,  et  qu'il  est  souvent  |)<)»^>l^ 
de  décomposer  en  plusieurs  couches  superposées  et  commis  feulréw,  r*« 
loiles,  ou  néomembi-unes,  sont  généralement  parcourues  par  des  cat'iH"''^ 
nombreux,  remarquables  par  la  faiblesse  de  leurs  parois  et  par  h  puis- 
sance de  leur  calibre,  qui  contraste  avec  celui  des  vaisseaux  de  la  mti'Um- 
La  disposition  de  ces  capillaii-es,  qui  rappelle  celle  des  réseaux  adniinWe» 
où  la  pression  sanguine  augmente  proporliunuellement  au  voliinx'  ilf  '* 
masse  sanguine  intei'posée  entre  le  vaisseau  afférent  et  le  vaisseau  i-fKw'' 
peut  rendre  compte  des  taches  ecchymoliques  cl  des  hémorrhagies  qoi'' 
rencontrent  dans  l'épaisseur  de  ces  produits  phlegmasiques.  Avec  ^ 
temps,  ces  nouvelles  forniatioiis  prennent  tous  les  caractères  d'un  li**" 
conjonctif  plus  ou  moins  dense  ;  des  vaisseaux  lymphatiques  s'y  ivi^V" 
pent  (Schi-ùder  van  der  Kolk,  Robin,  Lebert),  et  l'on  y  a  signalé  11  |»^' 
sence  de  lilets  nerveux  (Virchow,  Lebert)  et  de  fibres  musculaires  i>^^^' 
niques  (Ncumann).  Daus  quelques  cas  enfin,  ces  toiles  pri-sentenl  i''"'" 
surface  une  couche  de  cellules  eadolhéliales  aplaties,  analogues  ieo^ 
qui  reaiuvreiil  la  séreuse,  et,  comme  cette  dernière,  elles  peuvent  ^^ 
envahies  par  des  productions  tuberculeuses  ou  cancéreuses. 

Dans  l'épaisseur  du  lissu  conjonctif  interstitiel  des  organes  p*'**' 
c&ymulcux,  le  tissu  embryonnaire  se  vascularisc  et  s'organise  eD  "" 
tissu  qui  a  tous  les  caracléres  du  lissu  cicatriciel.  D'abord  il  rend  •* 
trame  de  ces  organes  plus  épaisse,  et,  avec  l'aide  de  rhvpéréuiie  co'*'^ 


BïPEnrLASiES,  27s 

^rartil«9,  il  pfMsesur  les  éléments  pmpi-es,  les  comprime,  les  Tail  saillir, 
[»miuo(lans  le  foie,  cl  les  modifie  eii  les  privant  des  substances  nécessaires 

leur  nutrition  (lîg.  87].  Cette  modiGciilion,  qui  conduit  à  l'atrophie  ou 
D^inc  à  Ih  di'Slrocltou  de  l'élément  propre  (cellules  nerveuses,  cellules 
ipilhéliales  du  toie  ci  des  i-eins),  poul  compromettre  la  fonction  de  l'or- 
içrtri€,  c'est  pourquoi  ces  plilegmasies  sont  des  plus  tenaces  et  des  plus 
in^vcs.  Les  organes  qui  en  sont  aiïectés  s'iiidurenl,  diminuent  de  volume, 

se  défonnenl  el  deviennent  granuleux  (cinlioses  du  foie  et  des  reins),  ou 


Fm,  87.  —  Coupe  iiiicruscopique  perpendiculaire  k  ta  «urfice  d'un  foie  atleinl  de 
cirrlioie  ou  hèpstilo  proliféra live.  a,  cspiule  de  CiUson  épaissie;  li,  vaiaieaux; 
c<  lobule  hépaliqiie  ;  d,  jeunes  cellules  cl  tiiiu  Clbruïcle.  (ti  rassisse  ment  d'épris  une 
préparation  de  M.  l'ierret.) 

l>ii'iL  comme  il  arrive  dans  la  sclérose  des  centres  nerveux,  ils  présentent 
'1''^ plaques  grisâtres  et  plus  ou  moins  déprimées.  Quelle  que  soit  la  forme 
'[w  revotent  ces  altérations,  le  tissu  de  nouvelle  fonnalion  qui  les  consti- 
'"f,  ^ênérulenieut  vivace.  n'a  qu'une  fdîble  tendance  à  une  i-égression 
'nlurelle;  aussi  les  agents  thérapeutiques  connus  sont-ils  impuissants  à 
«iraerson  évolution  et  à  amener  sa  résorption. 

IWCBIIEAUI.  —  Traité  d'Anal.  l.  —   18 


^ 


274 


lNATOMIE    PATUOLOGIQltg, 


r       ^ 

H  Le  lUsu  conjonctif  suus-culaiiê  no  st-  comporte  pas  difleremmeet;  il 

H  devient,  sous  cerlames  influences  mal  connues,  le  siège  d'un  pnx-ftssus  if 

I  nouvelle  Tonnation  qui  transfonne  le  tissu  cellulo-adipcuxet  um^pavli«  h 

H  derme  en  un  tissu  dense,  coriace,  blanchâtre,  ce  qui  constitue  la  sclém- 

H  derraie,  ou  encore  l'élépliantiasis,  si  te  membre  AlT^ccte  dt^  la  resscm- 

H  blance  avec  un  jiied  d'éléphant  (lîg.  88).  Ce  pi-occssus,  suivant  Ktismu*- 

^B  sen,  pœseute  doux  périodes  hi&lolo^que- 

^M  I  '  ment  caractérisées,  la  première  pu:  l'in- 

^^^^^  K  I  jillration  dans  les  ;;aln<-s  vasculaires  ie 

^^^^^h  ^^K  ^  petites  cellules  lymphoïdes,  la  seconde 

^^^^^P         ^^^"  ^>  W  '^  transformation  de  ans  ci-Iluicsen 

^^^^V  ^^  1  ''^^u  conjonctif  rétractile.   La  peau,  dans 

^^^^H  \        la  première  dé  ces  périodes,   rouf;il,  se 

^^^^H  .-^_-  .        ^         a       luméfie,  devient  douloureuse,  à  peu  près 

^^^^H  vlÉl  d^Êi^--  M  comme  s'il  s'agissait  d'un  érjsipèle,  A 
^^^^^B  ^l^^^t  a^a^S-:"gj|  (juelquefois  même  se  recouvre  d'une  érup- 
^^^^H  ^^^^Sk  ^hIhP  lion  huileuse.  En  général,  ces  phénooiéna 
^^^^^B  ^^^^^^g(f'  1^^^  dispai-aissent  au  bout  d'un  certaîn  temps 
^^^^^B     ^V^^^HF^  ^^T  ^t  sont  remplacés  par  une  desquamatiiin 

^^^^^1  ^^^^Hb,  ."^   "^  épidennique,  puis  ils  reparaissent  vl  lais- 

^^^^^^^  ^^^    sent  à  leur  suite  un  gonflement  du  tissu 
^^■^^f*    sous-cutané   et  de  la  peau,  i[ui  est  rii 
FiG.BS.— EtépiiantiaïUdGlAjambe   même  temps  lisse,  tendue,  parchciiiinéc. 
puche.  Ugjjg  mj  pjjg  ijg  sclérodermie  rapporlf  p» 

Rasmussen,  le  chorion,  plus  épais  que  dans  l'état  nortnaJ,  ne  reuli^niwl 
qu'un  petit  nombre  de  fibres  élastiques.  Les  espaces  existant  entre  I» 
mailles  du  tissu  cellulaire  étaient  très-larges;  mais  ce  qui  (Irappait  si^ 
tout,  c'était  un  développement  considérable  de  cellules  autour  ib* 
vaisseaux  de  la  peau  et  du  tissu  conjonctif  sous-cutané,  faisant  parelC^ 
ceux-ci  comme  engatnês.  Ces  gaines,  formées  exclusivement  de  œllul« 
fortement  serrées,  offraient  au  centre  l'apparence  de  cellules  dr  Ijmpli*' 
tandis  qu'i'i  la  périphérie  elles  étaient  plus  oblongues,  fusiformes  H 
sé|uirées  par  une  substance  homogène  ou  légèrement  fibriltaire,  «otuM' 
dans  l'acide  ac^'tique  ;  elles  couvraient  complètement  les  vaisieaiil  '' 
apparaissaient  à  la  coupe  deux  ou  trois  fois  plus  épaisses  que  les  ^^'^ 
de  ceux-ci.  Vulpian  a  vu  des  lésions  assez  semblables  dans  un  cas  S^ 
plianliasis  ;  llanvier,  dans  un  autre  cas,  a  trouvé  toute  la  masse  d» 
derme  épaissi  constituée  par  du  tissu  embryonnaire. 

La  seconde  période  est  caractérisée  par  une  induration  parliculièredd* 
peau  et  des  tissus  sous-culanés  arrivant  jusqu'à  la  consistance  osseuse,  ï*"^ 


^ 


575 

rflraclimi rt  relrail des  parties  Jilti^rt'-es.  Lu  p-'iiu  ne  pcnl  iMw  plissée.  elle  est 
comme  soudi^  nus  pnrlJeK  sous-jat^nles  :  dans  los  undroils  où  elle  est 
r^aliguëniiic  os,  elle  s'amincit,  devient  luisante  et  prend  l'aspect  eica- 
triciei  (jui  suit  une  brùlui-e,  plus  rai-enient  elle  présente  des  Assures  et 
des  alcéralions.  Pour  peu  que  k-s  apom'vroses  participent  au  processus, 
elles  se  fusionnent  avec  le  tissu  sous-cutaiii^  et  la  peau,  de  sorte  que  sur 
une  coupe  on  constate  l'existence  d'un  tissu  lardaci^,  induré  h  la  fois  par 
l'augmentation  du  volume  et  de  la  densité  dos  faisceaux  conjonctifs  résul- 
inni  sans  doute  de  l'orgiinisation  délinitive  des  étémeuls  cellulaires  de  la 
première  période.  Les  vaisseaux  lymphatiques  et  les  vaisseaux  sanguins, 
iilués  au  sein  de  ce  tissu  fibreux  de  nouvelle  formation,  sont  générale- 
ment dilatés.  Les  faisceaux  musculaires  sont,  au  contraire,  le  plus  sou- 
vent atrophiés,  tandis  que  les  nerfs  ont  été  friiqoemmenl  trouvés  intacts. 
U  couche  [lapiUuire  est  la  portion  du  derme  qui  conserve  le  plus  long- 


t 

^Kklnp!(  sou  tjpt  pinsiiiluffique;  quant  à  l'épidcrmc,  il  a  hypertrophie 
^fe(^  Tonne  k  la  surface  du  demie  des  squames  plus  ou  moins  épaisses; 
^V^tUlres  fois,  il  s'intiltre  de  granulations  pigmentaires  et  coloro  le  derme. 
^^  Cn  processus  semblable,  sinon  identique,  coïneide  av<>c  certaines  lé- 
sions  irrilatives  du  système  nerveux.   La  peau,  d'abord   muge  e 


nk 


276  ANATOSIIË    PATHOLOGIQUE. 

dans  ranpot<iucite,   s'épaissit  el   s'indurc  ;   plus    tard    elle    s'ainphtv 
lit    devient    lissp.    EIIp  est    le  siège  d'èruplions  vésiculeuscs  ou  biil- 
leuscs.  Les  poils  s'allongent;  les  ongles  deviennent  ralKili'Us,  crustacés, 
s'incurvent  et   tombent.  Le  tissu  sous-cutané  présente    une  tunitfec— 
tion    œdémateuse   qui   simule   un    phlegmon.   Les  articulations  eiilïn 
sont  parrois  le   siège  d'an  gonllement  douloureux  qui  disparaît,  bî— 
siint   place  à  des   tissus  durs   et   à   une    ankylosc  partielle.  Ce  pro- 
cessus,   dans  un    exemple  qui    m'est   personnel,   consistait   en   un«^ 
succession  de  poussées  érythéinaleuses,  quelquefois  accompagnées  de 
huiles  de  pcmphigus,  et  toujours  suivies  de  la  production  de  .squames 


■I>réi«n[finsurp  SB.L'sIlin    ^"* 

ileriae  ei  formslîon  de  jqt*^^"* 
avaDcèequecotledu  plaJ. 

lipidenniques  [lig.  89  et  90),  qui   linirent  par  amener  un  certain  i^/!^ 
d'iiiduralion  de  la  peau  (1). 

(1)  hne  rpinine  de  Irentc-iept  an»,  b!en  contlitaée,  d'ooc  bonne  km^é  hnbitaelli!.  *" 
|)ri»e,  en  1871,  ik  la  suite  d'une  ïWe  cmo  ion  morale,  d'une  hJn]i|)li>gJF  droite,  **"' 
lii^rtc  de   (.■oiiiinisînni-e,  m»i!  suivit'  d'apliisie.  Après  quelques  mois,  l'aphuîe  d'ib*'''^' 


HYPERPLASIBS. 

Ètiologie  et  palhogénie.  —  Les  plik'gmasies  prolifératives  scléreuses 
prennent  naissance  sous  l'influence  d'une  irrîlation  plus  ou  moins  pro- 
It^n^èe  des  tissus,  el  sont  l'ciïet  de  causes  générales  pIutAt  que  de  causes 
lt>o»les.  Une  de  ces  causes,  les  excès  alcooliques,  peut  aider  à  com- 
pE-«3iidre  leur  genèse.  L'n  individu,  dont  la  vie  est  active,  prend  chaque 
jour  à  jeun  un  verre  de  mauvaise  eau-de-vie.  Ce  liquide  irrilanl,  absorlié 
l>^r  les  ramificatîons  de  la  veine  porte  et  transporté  jusque  dans  le  fote, 
ooKigestionne  et  irrite  les  capillaires  de  cet  organe  et  les  tissus  du  voîsi- 

pials  l'hémiplégie  di>)Mnireat,  ne  laistant  après  ellci  qu'un  peu  de  raibleese  musculaire  ft 
une  ItgÈrc  iltcriitiDndelBïue.  Un  an  n^rh,  »Uc  remmc  reiientit  une  très-tiie  douleur  en 
leinture, m  dIvësu  de  la régiou  lombaire,  bîentùL  suiiie  de  douleurs  inleoM»  dont  la  cnn- 
linuilc  de*  deux  membres  intérieurs,  se  rsiianl  surtout  sentir  nu  niveau  de»  genoui  et 
lies  pieds,  où  elles  ne  tardèrent  pas  i  s'urcompogner  de  détordrei  nulritils  de  II  penu  iei 
cxtréinitt'S.  C'est  dnne  cet  éUt  que  celte  unlade  entre,  au  mais  de  Tvirier  1B73,  à 
l'Hâtel-Dicu.  Elle  présente  les  tignes  d'une  paralysie  de  la  troitième  paire,  et  ic  plaint 
de  «louk'urt  sponlanèrs,  vive»,  lancinanlet,  dans  les  dent  jambus  ;  die  éprouie  de 
la   ditOcullé  à  marcher.  Partout  la  sensibilité  luctile  et  U  sensibilité  k  la  douleur  sont 

En  mime  temps  que  ces  sjmplômei  il  existe  une  altération  des  pieds,  dont  l'îii- 
^Dsilé  parait  être  en  rapport  avec  les  douleurs  des  jauibes.  La  peau  de  la  plante 
''  de  11  race  dorsale  des  pieds,  ù  l'eiception  d'une  faible  partie,  est  rouge,  tendue 
^t  couverte  de  squames  blancbcs,  qui,  de  prime  abord,  font  naître  l'idée  d'un  psoriasis. 
**»  ongles  sont  allongés,  i'épidemie  de  l'eilrcniilé  des  orteils  a  près  d'un  demi-mitli- 
"i^tre  d'épaisseur  (Sg.  H9),  On  trouTc,  par  places,  de  petites  tentes  recouvertes  de  croûtes 
J^unilre»,  el  deui  fois  j'ai  pu  apercevoir  des  bulles  de  pomphigus.  L'altération  es 
^'iictrique,  mais  plus  étendue  à  la  jambe  gauche  qu'à  la  jambe  droite.  Celle  dernière 
^^nt  bientât  devenue  le  siège  do  nouvelles  crises  douloureuses  ;  on  put  constater  que 
*  nltérstion  cutanée  prît  sur  elle  un  développement  proporliouué.  Mais  ce  qui  (lia  sur- 
"^ut  l'aiienlion,  ce  tut  l'apparition,  sur  cette  jambe,  d'une  plaque  érflbémateusc,  lisse, 
*•  Uii  rnuge  uniforme,  accompagnée  de  tumétattion  el  de  chaleur,  douloureuse  i  la 
pression,  offrant,  en  un  mol,  les  caractères  d'un,  érysipèle,  ou  mieux  eeui  d'une  plaque 
"•'«nfriulcucite.  D'ailleurs,  les  ganglions  inguinaux  étaient  tumi^fiés  et  douloureux.  Cette 
pliMfue  disparut  après  trois  semaines,  loissant  oprcs  elle  une  teinte  sale,  grisâtre,  de  la 
P«aa  qui  se  couvrit  de  squames  minces  et  resta  épaissie  cl  indurée,  feu  de  temps  après 
apparut,  sur  les  cminences  Ibénar  et  hypothénar  et  sur  la  face  antérieure  du  poignet 
droit,  puis  du  poignet  gimche,  une  éruption  de  plaques  tout  d'abord  analogues  à  celles 
'''Dppinriuis  pilmaire  sjpbililique,  mais  qui  ne  tardèrent  pas  âs'cleudre(&g.  90). 

C<ltc  tcmmc  demeura  dans  cet  état  plusieurs  mois  pendant  lesquels  elle  fut  soumise  i 
un  iraitemenl  par  le  bromure  de  potassium,  l'arséniate  de  fer  et  les  injections  au  cblorbj- 
'Iralt  de  morphine.  Ces  dernières,  pratiquées  it  la  jambe,  turent  suivies,  au  niveau  de  la 
fKlEire,  d'un  nojau  d'induration  inllanimatoirc  qui  obligea  de  les  supprimer  ;  ailleurs,  il 
ue  K  iiroduisit  rien  de  semblable.  L'altération  des  pieds  cl  des  jambes  continua  de  s'étendre  ; 
'-•^lle  des  mains,  après  avoir  disparu,  reparut  et  gagna  les  avant-bras.  Les  vaisseaux  et  les 
'-UbAu  limpbatiques  participaient  au  processus  morbide.  Le  23  janiier  1878,  à  huit 
'«"ureidu  matin,  cette  malaile  esl  prise  de  phénomènes  de  contracture  qui  tendent  A  se 
B*aénlii(r;  elle  succombe  4  quatre  heuresdu  soir  ;ninllieureuBemenl  il  ne  tut  pas  possible 
'It  fiife  l'oulhpsie.  (Vov,  Sw:.  méti.  i/c»  Ilôpitmix  et  l'won  méit.,  1873.) 


278  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

lage.  Tout  d'abord  rien  d'anormal,  mais,  au  bout  d'un  certain  temps,  les 
éléments  irrités  du  tissu  interlobulaire ,  soumis  à  une  nutrition  plus 
active,  se  tuméfient,  se  segmentent  et  donnent  naissance  à  un  Ussu 
embryonnaire  qui  tend  à  s'organiser  définitivement,  et  qui,  peu  à  peu, 
se  rétracte,  comprime  les  vaisseaux  sanguins  et  les  lobules  hépatiques, 
d'oùTascite  et  l'état  granulé  de  l'organe.  De  même  l'individu  qui  contracte 
la  syphilis  absorbe  un  agent  qui  par  sa  multiplication  et  sa  généralisation 
en  différents  points  du  tissu  conjonctif  ou  lymphatique,  provoque  l'irrita- 
tion des  éléments  de  ce  tissu  et  détermine  la  formation  d'un  tissu 
embryonnaire,  histologiquement  peu  différent  de  celui  qui  résulte  de 
l'action  de  l'alcool.  Ajoutons  que  les  phlegmasies  scléreuses  de  la  lèpre 
et  del'éléphantiasis,  que  celles  du  saturnisme  et  de  l'impaludisme  ne  se 
produisent  pas  autrement.  Il  y  a  lieu  de  croire  qu'elles  sont,  comme  celles 
de  l'alcoolisme  et  de  la  syphilis,  l'effet  d'une  irritation  directe,  peu  in- 
tense, mais  longtemps  continuée,  des  éléments  conjonctifs,  et  nous  sommes 
ainsi  conduit  à  admettre  que  la  plupart  des  phlegmasies  désignées  sous  le 
nom  de  scléroses  des  centres  nerveux  reconnaissent  aussi  pour  cause 
une  irritation  prolongée  de  la  névroglie  dont  jusqu'ici  l'agent  nous 
est  inconnu. 

Dans  quelques  circonstances  l'irritation  ne  porte  plus  directement  sur 
les  éléments  qui  sont  le  siège  du  processus  phlegmasique,  mais  plutôt  siir 
le  système  nerveux  qui  préside  à  la  nutrition  de  ces   éléments.  L«^ 
lésions  qui  en  résultent,  malgré  des  aspects  variés,  offrent  encore,    ^^ 
moins  à  la  peau,  les  caractères  de  la  sclérose,  en  même  temps  que  ^^^ 
modifications  plus  ou  moins  profondes  de  la  couche  épilhéliale.    ^-^ 
phlegmasies  secondaires,  aujourd'hui  à  l'étude,  sont  cerlaincnient  j>l^^ 
communes  qu'on  ne  le  suppose  généralement;  aussi  méritent-elles  to^^^' 
l'attention  des  savants.  Elles  sont  attribuées  par  les  uns  à  un  désoi"^'^ 
réflexe  des  nerfs  vaso-moteurs;   par  les  autres,   h    une   inflammaâ^  ^^" 
première  des   nerfs  ou  de  la  moelle    épinière  (névrite  ou  myélil^^)' 
mais,  en  somme,  on  ne  connaît  qu'incomplètement  leur  mécanisme-^    ^' 
qu'il  est  j)ossible  d'affirmer,  c'est  qu  elles  accompagnent  les  lésions  irri  ^^' 
tives  des  centres  ou  des  cordons  nerveux. 

Si  maintenant  nous  jetons  un  coup  d'œil  d'ensemble  sur  la  dcscripL*^" 
qui  précède,  il  est  un  point  digne  de  remarque  et  que  ne  peut  laiï^^^'^ 
échapper  un  esprit  philosophique,  c'est  la  simplicité  d'action  de  la  nat*-*"*^' 
dans  le  processus  inflammatoire.  Malgré  les  causes  les  plus  varit**^**' 
agents  traumatiques  ou  toxiques,  virus  syphilitique,  etc.,  TirritaU^" 
phlegmasique  du  tissu  conjonctif  se  traduit  toujours  par  l'apparition  d'e^'**' 
ments  analogues  à  ceux  de  l'état  embryonnaire,  et  ce  fait  ne  peut  si-^  *" 


HïPEBPLASIES. 

pponilii-  si  Ton  serappello  que  les  procédés,  pathologiques  ne  dilTèi-ent  pas 
(J«rs  pi'oc<>dés  physiologiques  et  que  le  tissu  conjonclif  n'a  qu'un  mode 
unique  (Je  génération,  Ce  n'est  donc  pas  l'élément  histologîque  qui  par 
lai-inéme  est  en  mesure  de  caractériser  tel  ou  tel  processus  phlegma- 
siquc,  mais  plulût  l'agencement  des  éléments,  el  surtout  leur  degré  de 
vitalité  el  leur  mode  d'évolution  toujours  en  rapport  avec  la  nature  de 
l'agent  irritant.  De  cette  fayon  seulement  on  arrive  à  distinguer  les 
produits  phle^nnasiques  du  traumatisme  de  ceux  des  maladies  virulentes 
(lU  conElitutionnelles,  el  à  reconnaître  que  chacun  d'eus  possède  des 
raraclèi'es  évolutifs  propres  et  pour  ainsi  dire  spécifiques. 

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280  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

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n^TERPI.ASEES.  28S 

IV.  Dus.  Berol.,  1852.  —  Toaus,  Arthiv.  fur  path.  Anat. 
^I^iiiilog.,  XAIV,  p.  578.  —  Wunut,  VertUfhe  aber  den  Vagus  (Mùlter'» 
E,  1855,  p.  296).  —  ScuiFF,  Untersucli.  iiber  d.  Physiol.  des  JVertiensys- 
Frankrurl,  1855.  —  Nouvelles  rech^-ches  relatives  à  l'inlluetice  du 
fijOrme  nenetu:  sur  la  tmlnhofi.  Paris  et  Rerne,  1851*.  —  Snellëh,  Experim. 
Vskrittchungen  âber  den  Einfliiss  der  JVcttjëh  uiif  den  Entzûndwiii  Process 
(.Ijï*.  f.  d.  hall.  Beitriigc,  18S7,  I,  p.  206).  —  S«ui)iiL,  Uebf^  den  Eiiiftuss  der 
Smm  auf  cl.  £nt;HW((un9Sj>roc.  {Mnigsberg.  Beitrôge,  I,  p.  21,  et  237; 
Hrmti'i  inhrb.,  1859,  H,  p.  22ù,  die  trophischen  Nervert,  Leipzig,  1860], 
—  BoiiiiAERT,  Yeràitdmwtgen  in  den  Lungen  nach  Durehsclaieiduttij  des  Vagus 
(Jusra.  ,1.  Phjsiol.,  1862,  V,  p.  1,1x2).  —  0.  Weber,  Centralbl.  d.  med. 
fiKMech,  Bcrl.,  18Sâ,  Nr.  10.  —  Hutchjnson,  Observations  on  the  resulls 
tikkfoUow  the  section  ofnerve  trunhs  (Londnn  hospital  Reports,  l.  III,  p.  305, 
timùc  1866).  —  S.  WsfH  Mitoiell,  Hurheouse  et  Keen,  Des  lisions  tnut- 
imliiiiits  (Us  na-fs  el  de  leur  intluence  sur  la  nutrition.  Philadelpliie.  1864; 
wjI.  dans  Archiv,  gén.  de  méd.,  1865,  l.  1,  p.  186.  —  J.  B,  Mougkot, 
trlurches  sur  quelques  troubles  de  nutrition  consécutifs  aux  affeetions  des 
»Tf>.  E'aris,  1867.  —  J.  M.  Cbarcdi',  Le^nssur  les  maladies  du  sysléine  nerveusi. 
I''n-,  1872-1873.  —  E.  ni!  Parades,  Élude  sur  les  lésions  tmumaliques  des  nerfs 
•■■■'"'  siiito.  Thèsu  de  Paris,  1873. 


?  '.■  ~  phle(;kasieb  des  tissus   provenant  des  feuillets  interne   et 
evrkilnë  du  blastoderme.  fblet;nasie5  épituél1ai.es  et  neiivelses. 

Li-ais&us  nés  des  reuillets  interne  et  exlemedu  blastoderme  sont  con- 
iiiu-s  pur  deux  ordres  d'éléments,  cellules  épitbéliales  el  cellules 
ii'n<'uses,  surbonlonnées  les  unes  et  les  auli'es  aux  tissus  provenant  du 
l'iiillel  moyen,  snns  lesquels  ils  ne  pourraient  vivre. 
'<(i  appelle  {'Jsue^/^iMeVta/laooucbeplusou  moins  épaisse  de  cellules  qui 
-«[^ili- revêtement  à  la  peau  et  aux  membranes  muqueuses,  et  les  éléments 
"Hdlaires  des  glandes  annexées  à  ces  téguments.  Ces  cellules  sont  des 
' l'NiGTils pAles  pourvusd'un  noyau  vésiculeux,  homogène,  quelquerois  glo- 
■l 'lis,  d'un  diamètre  moyen  de  O^^-OûS  â  0°"°,090 ;  elles  présentent  des 
■iil'-s  de  forme  qui  ont  servi  à  leur  division.  Rarement,  chez  l'homine, 
•Ifmeuts  conservent  la  fofme  spbérique,  qui  est  leur  forme  primilive 
iièiinenlaie  ;  le  plus  souvent  ils  sont  aplalisou  comprimés  iatéralemenl. 
"iilmxvariétésprincipates.l'épilhélium  aplati  ou  paviraenteux,  ell'épi- 
"lium  cylindrique.  Dans  quebiues  circonstances  enfin,  la  surface  libre 
<li  les  cellules  se  couvre  de  cils  vibratiles;  de  là  une  Iroîsiëmc  variété, 
'•liithélium  à  cils  vibratiles,  qui,  chez  l'homme  el  les  animaux  supé- 
"lurs,  est  toujours  cylindrique.  Ces  éléments,  les  cellules  cylindriques 


284  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

exceptées,  s'infiltrent  quelquefois  de  granulations  pigmentaires;  telles 
sont,  chez  l'homme  et  les  mammifères,  les  cellules  de  la  couche  prolonde 
de  Tépiderme  et  les  cellules  épithéliales  de  la  choroïde.  Le  tissu  épilbélial 
se  caractérise  surtout  par  l'indépendance  de  ses  éléments  qui,  placés  les 
uns  à  côté  des  autres,  ne  sont  jamais  reliés  par  des  prolongements  pro- 
loplasmiques  et  ne  présentent  pas  de  substance  intercellulaire  unissante 
analogue  du  moins  aux  substances  gélatineuse,  cartilagineuse  oa 
libreuse.  Il  ne  possède  aucun  vaisseau,  mais  quelques  auteurs  auraieol 
vu  des  filets  nerveux  se  rendre  aux  noyaux  des  cellules  épithéliales  des 
glandes  salivaires. 

Les  cellules  épithéliales  de  la  peau  et  des  muqueuses  renfemienl  uoe 
substance  albuminoïde,  et  souvent  aussi  du  mucus;  mais  si,  dès  le  prin- 
cipe, ces  éléments  possèdent  des  substances  protéiques  facilement  soIb- 
bles,  plus  tard  ils  se  transfoiment,  du  moins  en  partie^  en  une  substance 
dite  cornée  (kératine),  plus  ou  moins  réfractaire  à  Faction  des  alcalis  «l 
des  acides.  Les  épithéliums  glandulaires  contiennent  des  substances  par- 
ticulières, telles  que  les  éléments  de  la  bile,  de  l'urine,  du  suc  gastrique, 
de  la  graisse,  de  la  leucine,  de  la  tyrosine,  etc.  Envisagés  dans  leur  j 
ensemble,  les  éléments  épithéliaux  jouent  un  rôle  fonctionnel  iuiportanl 
chez  l'individu,  dont  ils  régularisent  les  phénomènes  de  transsudalioDjde 
diffusion  et  de  sécrétion.  Ils  ne  remplissent  pas  un  rôle  moindre  da» 
l'espèce,  car  ce  sont  eux  qui  président  à  la  formation  des  germes  (1). 

Les  tissus  épidermiques  se  nourrissent  par  l'inlennédiaire  des  vais- 
seaux des  couches  conjonctives  sous-jacentes  ;  aussi  survient-il  des  modi- 
Hcalions   dans  la  circulation  de  ces  vaisseaux   toutes  les  fois  que  les 
épithéliums  viennent  à  s'altérer.  Les  phénomènes  intimes  de  la  nulrili(«i 
de  ces  éléments  nous  échappent;  mais  il  est  certain  que  les  cellules 
jeunes  les  plus  rapprochées  des  membranes  conjonctives,  couche  profonde 
ou  de  Malpighi,  jouissent  à  cet  égard   d'une  activité  considérable,  qw 
explique  pourquoi  elles  sont  le  siège  des  phénomènes  pathologiques.  Au 
contraire,  les  cellules  superficielles,  transformées  à  l'état  d'écaillés  cor- 
nées, sont  à  peu  près  dépourvues  de  tout  mouvement  nutritif,  et,  pour 
ce  motif,  elles  sont  réfraclaires  aux  altérations  pathologiques.  Ces  cellules 
se  détruisent  en  se  dissolvant,  ou  bien  sont  entraînées  mécaniquement 
par  desquamation. 

Le  mode  de  régénération  des  épithéliums  est  très-discuté.  Pour  cerlains 


^1)  Balbiani  a  montré  que  la  cellule  embryopène  destinée  à  devenir  plus  tard  le  jren» 
embryonnaire  se  forme  aux  dépens  des  cellules  épithéliales  de  la  vésicule  de  de  tirail 
{Comptes  rendus  de  V Académie  des  sciences ^  1874.) 


hitol<>ftist«5,  la  formation  des  noiivoUea  cellules  épithélialesostdueii  la  scis- 
iundescellulesancieiines  ou  ficelle  di^s  noyaux  du  lissucoiijonctil';  siiivanl 
auln's  (ibserva leurs,  Robin  el  Arnold  (1),  v.fs  éléments  proviennent  d'un 
hsloderme  granuleu]L  qui  se  segmente,  et  au  sein  duquel  appnraissent 
l's  iiovHUï.  Quoi  qu'il  eu  soit,  répitliélium  ne  se  régénère  qu'en 
menée  de  l 'épi I hélium,  el  lorsqu'il  vient  à  se  multiplier,  il  ne  produit 
irasis  que  des  éléments  identiques.  1]  yaurait  pour  quelques  auteurs  une 
:(»'plion  à  celte  loi,  et  des  corpuscules  de  mucus  et  de  pus  pourraient 
iri'ridre  naissance  à  l'intérieur  même  des  cellules  épithéliales  el  aux 
lc[»ensdu  protoplasnia.  (Voyez  Frey,  Traité  d'histologie,  p.  178.) 

I.e  lii,su  nerveux  est  conslilué  par  des  cellules  et  des  tubes  conimuni- 
(Uiinl  entre  eux.  Placées  dans  la  substance  grise  des  centres  nerveux,  dans 
«pinglioiis  périphériques,  les  cellules  nerveuses  ont  des  dimensions  qui 
Kiivenl  varier  entre  0— ,09  à  0"",0i5  et  même  O-'-.OlS  {Frey).  Elles  sont 
iphèriques,  ovales,  fusiformesou  éloilées,  constituées  par  un  noyau  vési- 
nili'UiL  qui  disparaît  assez  rapidement  sous  l'influence  de  l'acide  acétique 
MBcentré,  et  qui  esl  pourvu  d'un  nucléole  arrondi.  Dans  quelques  cas,  on 
mnstate  l'esistence  de  deux  nucléoles,  plus  rarement  celle  de  deux 
nnuux.  Le  contenu  de  la  cejlule  nerveuse  apparglt  sous  fonne  d'une 
niasse  pîtteuse,  infiltrée  de  fines  granulations  grisâtres  el  de  molécules 
^i»seuses  solubles  dans  l'alcMol  el  dans  l'éther,  très-souvent  aussi  de 
nsnulations  formées  par  un  pigment  Jaunâtre,  brun  ou  noir,  qui 
iu;:inente  avec  Fâge.  Des  pralongements  ou  des  expansions  de  divei'ses 
urlf's  relient  entre  elles  ces  cellules  sur  la  nutrition  desiguelles  il 
n'nistc  jusqu'ici  que  des  données  vagues  el  incertaines.  Quant  aux 
Inli^s  nerveux,  simples  conducteurs  par  rapport  aux  cellules  qui  sont 
louées  d'une  activité  spéciale,  ils  ne  doivent  pas  nous  arrêter.  Il 
inflira  de  rappeler  que  les  nerfs  sectionnés  cessent  de  remplir  leurs 
ondions,  mais  qu'ils  les  reprennent  après  un  certain  temps.  Les 
wiit s  séparés  se  réunissent  facilement,  el,  mÔme  après  l'excision  d'un 
irf  dans  une  assez  gi'ande  étendue,  les  deux  troncs  se  rejoignent  par 
intermédiaire  d'un  tissu  de  nouvelle  formation. 

I.  —  Phlci^naiies  épi t lié I iules. 

L'application  d'un  vésicatoire,'une  brûlure  superficielle,  sonl  les  moyens 
is  en  usage  pour  l'étude  expérimentale  de  ces  phlegmasies.  La  caatha- 

;i)  Ch.îli}hia,Journ,deratiat.ctdelapl.ysio!.  P^'.s,  186Ael186H.  —  Jul.  Aincilil, 
tA.  f.path.  ÂJMt.mdPhyâul.,\.  XLVl, Berlin,    1809.  —Journal de  Itobiii,  1S72, 


L 


286  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

ridine  est  surtout  propre  à  ce  genre  de  recherches,  car,  appliquée 
peau,  elle  agit,  non-seulement  sur  l'épiderme,  mais  quelquefois  aus 
absorption  sur  les  épithéliums  des  reins  et  de  la  vessie  qu'elle  n 
plus  ou  moins  profondément.  Au  bout  de  quelques  heures  d'une  a] 
tion  de  vésicatoire,  la  peau  rougit,  et  l'épiderme  se  sépare  en 
parties  qui  paraissent  correspondre,  l'une  à  la  couche  cornée,  i'aut 
couche  de  Malpighi.  Puis  un  liquide  transparent,  citrin,  s'épanche 
ces  deux  couches,  et  forme  ampoule.  Ce  liquide,  fortement  album 
et  qui,  généralement,  se  coagule  en  partie  au  contact  de  l'air,  n 
ferme  qu'un  petit  nombre  d'éléments  Ggurés,  globules  rouges  et  gl 
blancs,  qui,  examinés  à  la  température  du  corps,  sont  doués  de  n 
ments  amœboïdes.  Si  avec  des  pinces  fines  on  cherche  à  soulever  le  f 
la  vésicule,  on  enlève  une  couche  membraneuse  assez  épaisse,  d' 
gélatineux,  au-dessous  de  laquelle  apparaît  le  fond  de  l'ampoule,  d 
irrégulièrement  coloré  en  rouge,  offre  des  marbrures  correspondai 
distribution  des  papilles  dont  les  capillaires  apparaissent  comme  de 
points  rouges  diversement  groupés.  Entre  les  papilles,  l'épithi 
resté  adhérent,  offre  une  teinte  laiteuse  et  blanchâtre  et  ne  contient 
capillaire. 

La  pellicule  qui  constitue  l'enveloppe  n'est  pas  altérée  à  sa  s 
externe,  mais  sa  face  interne  présente  des  amas  de  grosses  cellules  am 
qu*à  Fêtât  normal  on  ne  retrouve  dans  aucune  couche  de  la  peau.  La 
de  ces  ct*llules  est  un  peu  irrégulière,  et  leur  union  se  fait  par  des 
droites  et  non  par  des  denlelui*es  comme  dans  les  cellules  du  rês< 
Malpighi.  Elles  sont  gonflées,  troubles,  infiltrées  de  fines  granulatio 
dissout  Tacide  acétique  dilué.  Mis  en  évidence  par  ce  réactif,  leur  no] 
gros,  arrondi,  à  contour  net  et  n»gulier,  contrairement  à  ce  qui  s  o 
dans  les  cellules  de  la  couche  de  Malpighi,  dont  les  noyaux,  ceux  du 
des  parties  supérieures,  sont  irrêguliei^s  et  finement  granulés.  Lors 
bulle  du  vésicaloire  est  restée  longtemps  intacte,  ces  cellules  modil 
r^rouvenl  dans  le  liquide,  mais  toujours  plus  rares  que  sous  la  pel 
\jx  membrane  gelatiniforme  qui  recouvre  le  fond  de  la  phlyctè 
constituée  par  une  ci^uche  assez  épaisse  de  fibrine,  dans  laqut^ 
englobée  une  grande  quantité  de  leucocytes.  Abandonnée  à  la  surf 
vésicatoin*,  cette  couche  durcit  à  lair,  se  dessèche  et  tombe  rep 
par  une  nouvelle  couche  ci>niet^  formée  sous  elle.  Si  on  TenK 
se  pnxiuit  au  contact  de  Tair  extérieur  une  irritation  nouvelle  c 
résultat  est  la  suppuration.  Le  derme,  examiné  sur  des  coupes 
ne  présente  pas  d'altération,  les  papillt»^  rvvèiues  de  la  cou 
Molpi^faî  sont  alloD^Dees  dans  toute  l'étendue  de  b  phhctèoe,  et 


HYPERPLASIES.  287 

quefois  leur  pointe  s'avance  jusque  dans  les  couches  supérieures  de  la 
couche  de  Malpighi,  et  même  dans  la  couche  translucide  (Voigt). 

Ainsi,  tuméfaction  trouble  des  cellules  épithéliales ,  exsudât  formé 
de  sérosité  albumino-fibrineuse  et  de  leucocytes,  injection  des  pa- 
pilles, tels  sont  les  phénomènes  produits  par  l'application  d'un  vési- 
catoire  sur  la  peau.  La  présence  des  globules  rouges  et  des  leucocy- 
tes se  révélant  surtout  au  voisinage  des  extrémités  des  papilles,  il  est 
Traisemblable  que  ces  éléments  proviennent  des  vaisseaux  capillaires  de 
ces  parties,  de  sorte  qu'à  l'altération  des  cellules  épithéliales  s'ajoute 
one  modification  de  la  circulation  de  la  couche  papillaire.  Par  conséquent, 
lelément  cellulaire  et  l'élément  vasculaire  paraissent  contribuer  simul- 
tanément à  ce  processus  phlegmasique. 

Que  la  cause  irritante  soit  interne  au  lieu  d'être  externe,  les  phénomènes 
de  l'inflammation  épithéliale  varient  peu.  Les  épithéliums  non  vibratiles 
se  gonflent,  leur  protoplasma  s'infiltre  d'une  substance  granuleuse  albu- 
minoîde  ;  le  réseau  capillaire  superficiel  s'injecte,  et  il  se  produit  un  exsu- 
dât fibrino-albumineux  plus  ou  moins  abondant.  Les  cellules  épithéliales 
vibratiles  subissent  des  changements  de  même  nature.  Au  début  du  coryza 
ces  éléments  se  tuméfient,  leur  protoplasma  devient  granuleux,  leurs 
noyaux  se  gonflent  et  se  divisent,  la  membrane  de  la  cellule  se  dissout, 
et  en  même  temps  le  plateau  qui  limite  la  surface  libi'e,  quoique  les  cils 
persistent  oitlinairement  (  Ranvier). 

Semblables  phénomènes  se  passent  dans  les  éléments  épithéliaux  des 
glandes,  dont  l'altération  varie  depuis  l'apparition  d'un  léger  trouble  pro- 
duit par  de  fines  granulations,  sans  augmentation  de  volume  ni  déforma- 
tion des  cellules,  jusqu'à  la  production  de  granulations  foncées,  mas- 
9iant  entièrement  les  noyaux,  et  donnant  aux  éléments  gonflés  une 
forme  grossièrement  arrondie.  Solubles  dans  l'acide  acétique,  ces  granu- 
lations sont  insolubles  dans  l'éther  et  le  chloroforme,  ce  qui  les  dis- 
^gue  des  granulations  graisseuses.  Après  un  certain  temps,  si  la  dissolu- 
^n  des  granulations  protéiques  se  fait  attendre  et  ne  permet  pas  aux 
Pilules  épithéliales  de  revenir  à  l'état  normal,   celles-ci  subissent  une 
^^^sformation  graisseuse,  s'atrophient  et  sont  plus  ou  moins  rapidement 
^truites. 

En  résumé,  les  inflammations  des  épithéliums  sont  caractérisées  par 

*«  gonflement  avec   infiltration    albuminoïde  du   protoplasma  de   ces 

éléments,  qui,  suivant  la  plus  ou  moins  grande  acuité  de  l'irritation, 

Pavent  revenir  à  l'état  normal,  subir  une  altération  graisseuse  et  se 

iélmire  ou  bien  suppurer.  Contrairement  aux  éléments  conjonctifs,  les 

éléments  épithéliaux  irrités  ont  peu  de  tendance  à  proliférer,  et  ne  par- 


288  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

viennent  jamais  à  produire  de  néoplasme  durable.  Mais  si  les  phlegmasies 
épilhéliales  ne  sont  pas  prolifératives,  elles  peuvent  être  exsudatives, 
diphthéritiques  ou  suppuralives. 

Phlegmasies  exsudatives.  —  Ces  phlegmasies  s'observent  dans  tous 
les  tissus  épilhéliaux,  mais  les  glandes  sont  les  organes  où  elles 
exercent  les  plus  grands  désordres,  sans  doute  parce  que  les  épithé- 
liums  glandulaires  ne  présentent  pas  comme  Tépiderme  une  couche  de 
cellules  jeunes  pouvant  au  besoin  les  remplacer.  Leurs  caractères  sont  un 
peu  différents,  suivant  qu  elles  affectent  une  surface  tégumentaire,  une 
glande  tubuleuse,  comme  les  reins,  ou  une  glande  non  tubuleuse,  comme 
le  foie. 

Les  épilhéliums  tégumentaires  se  gonflent,  s'infiltrent  d'une  substance 
albumineuse  contenant  des  [granulations  proléiques,  solubles  dans  l'acide 
acétique  (tuméfaction  trouble).  Dans  cet  état,  les  cellules  de  la  couche  de 
Malpighi,  maintenues  par  la  couche  cornée,  meurent  quelquefois  à  la 
suite  de  l'altération  concomitante  de  leur  noyau,  d'où  la  desquamation 
épidermique;  ou  bien,  comme  dans  le  pemphigus,  l'herpès,  l'eczéma,  ces 
cellules  deviennent  hydropiques,  se  rompent,  et  le  liquide  qui  s'en  échappe, 
s'accumulant  sous  la  couche  cornée  de  l'épidémie,  contribue  à  la  forma- 
tion de  la  vésicule  et  de  la  phlyctène  (Ranvier).  Les  cellules  épithéliales 
des  membranes  muqueuses,  après  avoir  traversé  la  période  de  tuméfaction 
trouble,  se  détachent  du  derme,  se  mêlent  au  mucus,  et  sont  rejetées 
avec  lui  en  petit  nombre,  sous  forme  de  lambeaux  plus  ou  moins  allongés; 
sinon,  leur  protoplasma  subit  une  métamorphose  muqueuse  qui  concourt 
également  à  leur  destruction  (catarrhe  muqueux). 

Les  cellules  épithéliales  des  glandes  tubuleuses  s'infiltrent  également 
d'un  grand  nombre  de  granulations  foncées,  très-fines,  ce  qui,  d'une 
part,  accroît  l'épaisseur  totale  du  tube  et  rétrécit  sa  cavité,  et  d'autre 
part  augmente  le  volume  de  la  glande.  Puis  ces  cellules,  peu  à  peu, 
perdent  leur  forme,  et  leurs  noyaux,  quelquefois  divisés,  disparaissent 
sous  le  nuage  épais  des  fines  granulations  du  protoplasma.  Dans 
cet  étal,  la  résolution,  c'est-à-dire  la  cessation  du  processus  phlegma- 
sique,  et  la  disparition  des  granulations  sont  possibles.  Mais  lorsque  ces 
granulations,  qui  ne  sont  vraisemblablement  autre  chose  que  la  matière 
nutritive  précipitée  sous  une  forme  solide,  ne  sont  pas  résorbées,  on 
voit  apparaître,  à  côté  des  molécules  albumineuses,  des  grains  plus 
foncés  et  plus  gros,  solubles  dans  l'alcool  et  dans  l'éther  (granula- 
tions graisseuses)  ;  après  quoi  la  cellule  se  détache  de  ses  voisines, 
cîevient  libre  dans  le  tube,  et  est  éliminée  dans  un  état  de  métamorphos 


HYPERPLASIES.  !:89 

plus  OU  moins  complet.  Semblables  modifications  se  rencontrent  dans  le 
foie,  où  Ton  voit  les  cellules  des  acini  subir  la  tuméfaction  trouble,  puis 
revenir  à  l'état  normal,  ainsi  qu'il  arrive  dans  un  certain  nombre  de  ma- 
ladies infectieuses,  sinon,  être  partiellement  détruites,  comme  c'est  le 
cas  pour  Tatrophie  jaune  aiguë,  affection  dans  laquelle  les  cellules 
hépatiques  sont  à  peu  près  entièrement  transfonnées  en  masses  granu- 
leuses renfermant  des  gouttelettes  graisseuses  et  çà  et  là  des  granules 
pigmentaires.  Cette  destruction  plus  ou  moins  complète  est  la  cause 
probable  de  la  diminution  de  volume  de  Torgane. 

Les  phlegmasies  épithéliales  exsudatives  sont  des  affections  com- 
munes, déterminées  par  une  irritation  des  cellules  épithéliales  qui  a 
le  plus  souvent  son  point  de  dépari  dans  le  liquide  sanguin.  Ces 
phlegmasies  surviennent  ordinairement  dans  le  cours  des  maladies 
infectieuses  ou  toxiques,  et  se  rencontrent  dans  les  fièvres  variolique, 
typhoïde,  scarlatine,  puerpérale,  septicémique,  etc.,  dans  les  empoison- 
nements par  les  acides  énergiques,  les  sels  de  mercure,  et  beaucoup 
d'autres  substances.  Plus  rarement,  ces  lésions  sont  l'effet  d'une  irritation 
locale  directe,  produite  par  un  agent  mécanique  ou  physique.  Leur  mode 
de  terminaison  parait  tenir  à  la  nature  de  l'agent  irritant  et  aux  condi- 
tions particulières  des  individus  malades. 

Phlegmasies  diphthérùiques.  —  Ces  phlegmasies  affectent  de  préférence 
les  membmnes  muqueuses  du  pharynx,  du  larynx,  de  la  trachée-artère  et 
des  fosses  nasales.  Elles  $e  manifestent  sous  la  forme  de  petits  Ilots,  d'un 
blanc  laiteux  ou  giisàtre,  reposant  sur  un  fond  hyp^îrémié,  notamment 
au  voile  du  palais,  à  la  luette,  à  la  surface  des  amygdales.  Ces  îlots  ou 
taches,  élevés  d'un  millimètre  tout  au  plus  au-dessus  du  niveau  de  la 
muqueuse,  constituent  des  fausses  membranes  d'apparence  fibrineuse, 
mais  à  peu  près  impossibles  à  saisir  à  l'aide  de  pinces,  tant  elles  sont 
friables.  Au  bout  d'un  certain  temps,  c^s  fausses  membranes,  dont  les 
bords  sont  soulevés  par  un  exsudât  sanguin  ou  purulent,  se  détachent  et 
tombent,  et  il  reste  une  rougeur  de  la  muqueuse  qui  disparaît  peu  à  peu 
Sans  laisser  de  cicatrice.  Après  la  mort,  elles  constituent  une  couche  pul- 
lacée,  assez  différente  de  ce  qu'on  observe  pendant  la  vie.  Plongées  dans 
Une  solution  de  carmin  légèrement  ammoniacale,  les  fausses  membranes 
diphthéritiques  se  résolvent  en  blocs  anguleux  et  réfringents,  ou  en  élé- 
ïnents  ramifiés  s'engrenant  les  uns  dans  les  autres,  et  si,  dans  ces  condi- 
tions, elles  sont  lavées  et  examinées  au  microscope,  on  s'aperçoit,  con- 
trairement à  ce  qu'on  pouvait  croire,  que,  loin  d'être  formées  de  fibrine, 
^Ues   sont  uniquement  composées  de  cellules   réunies  entre   elles  et 

LANCEREAUX.  —  Trailé  d'Anal.  L —  19 


290  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

dont  le  protoplasina  a  subi  une  dégénérescence  toute  particulière.  Cette 
dégénérescence,  étudiée  par  E.  Wagner  et  considérée  par  lui  comme 
une  dégénérescence  librineuse,  seraildue  bien  plutôt,  suivant  Comil  et  Ran- 
vier,  à  cause  de  sa  facilité  à  lixor  le  carmin,  à  Tintiltration  d'une  matière 
se  rapprochant  de  la  mucine.  Les  cellules  les  plus  profondes  de  la  couche 
épithéliale  et  les  cellules  épilhéliales  superficielles  sont  généralement 
épargnées  par  cette  altération  que  caractérise  tout  d'abord  Taugmen talion 
du  volume  du  proloplasma.  Subissant  bientôt  une  sorte  de  retrait, 
celui-ci  présenle  des  lignes  ramifiées  plus  homogènes,  qui  réfractent  forte- 
ment la  lumière  et  laissent  entre  elles  des  espaces  clairs  (fig.  91).  Plustard^ 

le  noyau  disparait,  et,  de  toute 
la  cellule,  il  ne  reste  plus 
qu'un  réseau  délicat,  dont  la 
forme  rappelle  la  ramure  du 
cerf,  et  dont  les  ^prolonge- 
ments, d'après  Wagner,  se 
soudent  aux  prolongements 
des  cellules  voisines  pour  con- 
stituer le  réseau  de  la  mem- 
brane diphthéritique  que  rem- 
plissent des  globules  puru- 
lents.   En   même   temps,    le 

Fie.  91.  —  Cellules  épilhéliales  pavimenleuscspro-  derme  muquCUX,  OU  même 
venant  cTune  fausse  membrane  diphthérilique  |^  ^j^^^  S0US-mU(IueUX ,  est 
(d  après  Wagnerj.  ,  * 

souvent  infiltré  de  jeunes  cel- 
lules, de  noyaux,  ou  même  de  globules  rouges  ;  les  vaisseaux  sont  élar- 
gis, distendus  par  des  globules  blancs.  Cette  modification,  qui  représente»  le 
degré  le  plus  élevé  de  l'exsudation  croupale,  est  précédée  d'une  altération 
dite  calarrhale,  qui,  dans  (|uelques  cas,  s'accompagne  d'accidents  assez 
graves  pour  entraîner  la  mort. 

L'inflammation  diphthéritique  se  transmet  par  contagion.  Dès  lors, 
il  était  naturel  de  chercher  la  présence  d'un  parasite  :  c'est  ce  que  fit  tout 
d'abord  Letzerich,  qui  prétend  avoir  rencontré  un  champignon  {Zygo- 
desmus  fuscus?)  dans  la  fausse  membrane  do  la  diphlhérite.  Depuis  lors, 
quelques  auteurs  ont  tenté  d'inoculer  sur  des  cornées  d'animaux  des 
exsudais  diphthéritiques  provenant  de  l'homme,  mais  sans  que,  jusqu'ici, 
leurs  expériences  aient  produit  un  résultat  certain  (voyez  notre  thèse  sur 
la  maladie  expérimentale,  p.  83,  Paris,  1872).  Cependant,  si  Ton  remarque 
que  l'inflammation  diphthéritique  s'observe  uniquement  sur  les  mu- 
queuses les  plus  exposées  à  l'action  de  lair  extérieur,  on  sera  tenté  d*ad- 


inettif  avec  nous  iju'il  y  a  hion  queliiues  présom plions  pour  l'attnhuer 
;,  an  parasite,  et  un  joui-  peul-ûtrc  Mie  altôratioo  devra  être  rangée 
dans  le  groupe  des  affections  parasilaires. 

l'hlegmaaie»  suppuratives.  —  Les  plile^inasies  t'-pjlh<>linl('s  suppuralives 
onl  pour  localisation  prinei|uile  les  surfaces  téj^unientahvs,  trJ.'S-rare- 
mrnt  Ifs  organes  glandulaires;  elles  se  traduisent  à  la  pi'au  par  la  prtv 
wnec  île  foyers  purulents  arrondis,  connus  sous  le  nom  de  pustules,  et 
dU' les  [ncmUranes  niuqueiises  par  une  formation  exagérée  de  gloliules  \ 
ili'  piL4  et  lie  mucus,  accompagnée  de  desquamation  épithi^liale. 
_.  la  suppuration  qui  se  produit  il  la  surfncu  des  menUu'anes  muqueuses, 
ral<>ment  désignée  sous  le  nom  de  catarrhe  purulent,  a  pour  princi- 
ixcaractères  la  pnxiuction  fxagéréo  de  leucocytes,  l'hypc-rmie  de  ces 
ranos  et  la  chute  de  l'épithélinm.  Hcnéralement  roôlt's  à  des  corpns- 
a  muqueus  et  à  des  cellules  épi- 


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fii;.  92,  —  CarpuaculM  i\f.  pu«  el  crllule) 
èpillidiBlFi  dans  lin  cas  àe  vnfiiiiile  blen- 
norrliagique.  u,  CeJliilo  L^pitliûliala  d'op- 
jiBrcnco  vitrPuieaveciiLi  noyau  vèiiculeux; 
i,  autre uUulfl  uvee  iiambreutes globulei 


»  altérées  (Gg.  92),  les  leuco- 
BS  forment  un  liquide  é|iais,  blan- 
K.juunàtre  ou  verdAtre,  plus  ou 
s  visqueux,  suintant  ù  la  sur- 

luedu  derme,   qui  est  violacé  on 

rai^teàlre,  et  dont  les  petits  l'aîsseaux 

"01  dilatés  et  remplis  de  sang.  Ces 

déments,  contrairement  aux  cellules 

•^ithùliales  et  aux  corpuscules  n 

i3oeus,  sont,  eji  ce  qui  concerne  leur 

"rigine,  l'objet  de  vives  discussions. 

''Quiidérês  d'abord  comme  issus  du 

lissH  ronjonctif  sous-épithélial,  ils  se  produiraicut,  suivant  les  recheithes 

ileKtniak,  Buhl  et  Itindtlt^iseh,  par  voie  eudogène  dans  les  cellules  épitlié- 

l'aies  superlicîelles  ;  mais  aujourd'hui,  surtout  par  suite  des  expériences 

'fi"  Cuhaheim,  on  tend  à  croire  qu'ils  proviennent  des  vaisseaux  sanguins. 

•■-Il  somme,  ils  peuvent  avoir  des  origines  multiples. 
U&  phlegmasies  pustuleuses  se  rencontrent  au  niveau  de  la  peau  et 

''fs  membranes  muqueuses  à  épilhéllum  stratifié;  elles  ont  leur  type  dans 
'^pustule  variolique.  Cette  pustule  apparaît  sur  un  fond  l'orleiueiU  liypé- 
^iv.  sous  la  forme  d'une  papule  constituée  principalement  par  la  tumé- 
'wtioii  des  cellules  qui  composent  la  cuuche  muqueuse  de  1  épiderme. 
i'ourvue  d'une  membrane  qui  se  fait  quelquefois  remarquer  par  des  canne-  • 
'"J"*»  ùlé|ïamment  dis|K)sées  (H.  Schultze),ccs  cellules  se  gonflent,  tendent 
^pffinirc  une  forme  sphéroïdale,  il  se  dissocier,  et  ne  pouvant  répondre 


M 


292  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

rimtation  inflammatoire  par  une  division  complète,  elles  sont,  pour  quel- 
ques auteurs,  le  siège  d'une  formation  cellulaire  endogène  ;  en  même 
temps,  une  humeur  claire,  exsudée  par  le  corps  papillaire,  soulève  la 
couche  cornée  de  l'épiderme  et  pénètre  entre  ses  lamelles  qu'elle  écarte. 
Celle  humeur  renferme,  suivant  la  période  où  on  Texamine,  des  cellules 
épidermiques  plus  ou   moins  granuleuses  et  ulcérées,  des  leucocjles 
qui  deviennent  de  plus  en  plus  nombreux,  et  des  cellules  multinucléées 
qui  sont  des  cellules  épidermiques  dont  le  noyau  primitif  s'esl  multiplié, 
/sinon  ces  mêmes  cellules  inlillrées  de  leucocytes.  La  fonnalion  du  pus 
commence  dans  les  couches  profondes  de  l'épiderme,  et  un  liquide  jau- 
nâtre se  substitue  peu  à  peu  à  la  lymphe  transparente  qui  remplit  les 
vacuoles  du  sommet  de  la  pustule.  Si  le  processus  se  limite  à  cette  sup- 
puration purement  épilhéliale,  le  pus  se  dessèche  et  le  derme  se  recouvre 
bient()t  d'une  couche  épidermique  nouvelle.  Au  contraire,  le  corps  papil- 
laire vient-il  à  suppurer  en  même  temps  que  l'épithélium  ?  les  vaisseaux 
se  remplissent  de  globules  rouges  et  de  nombreux  globules  blancs;  le 
tissu  papillaire  lui-même  s'infiltre  de  ces  derniersélémenls,d*où  sa  destruc- 
tion partielle  à  laquelle  font  suite  des  cicatrices  plus  ou  moins  régulières. 
La  variole,  la  pyoliémii»,  et  quelques  autres  maladies  zymotiques,  sont 
la  cause  ordinaire  des  phlegmasies  épilhéliales  suppuratives.  Au  con- 
traiiv,   les  plegmasies  exsudalives   sont  l'elTet  habituel   d'une  maladie 
hérédilaireinenl  transmissihie  ou  (•()nshluli()nn<'ile.  La  cause  des  phtaïa- 
sies  diphlhérili(jues  nous  êcliapjie  encore. 

BiBLioGHAPiiiK.  —  IIastimis,  A  tmitisc  on  thu  inflammation  of  th'  muro^t-^ 
mvmbi'unr  of  th' Lnnijn^  in-8",  1820.  —  J.  IIenle,  Vcber  Svhhim  uwJ  Eit»^- 
iildung  {Sur  la  formation  du  mucus  et  du  pus,  Hufeland's  Journ.  fur  i^rnkt. 
Heilkunde,  vol.  LXXXVI,  anal,  dans  Gaz.  fwéJ.,  p.  669,  1838-.  —  Le  uuoU' 
[Zeifschr,  f.  rat.  Med.,  Il,  18'i/4).  — C.  BunKiiAuni,  Dus  EpithoL  d.  horii'M' 
tvndcn  Wfijr  {Anhir  fur  pathol.  Anatom.  u.  PhysioL^  vol.  XVII,  p.  96,  1839  • 
—  KtMAK,  l'rbtr  endvij.  Entstchunn  r.  Eitcr  u.  Srlihim  [Arthiv  f,  path.  A/urf- 
u.  Physioi,  ><)!.  XX,  p.  198,  186Î,  et  Gaz,  //i<v/.,  1861,  p.  768  .  -  Bihl. 
Ibid.,  t.  XVI,  p.  168:  t.  XXI,  p.  680,  pi.  VII,  fig.  6,  1861.  —  tHtHiH. 
Ibid.,  i.  XXI,  p.  106,  et  (iaz.  mrd.,  1861,  p.  622.  —  nisoFLEis^ii,  i''»^" 
t.  XVII,  p.  2.9:  l.  XXI,  p.  686.  —  Jlnv.k,  Ibid,  t.  XXII,  p.  193.  —J.  Ar^oiJ'. 
Arch,  f.  path.  Annt.,  t.  XIAI,  p.  168,  1869.  —  O.  Bwf.h,  /M.,  IS^^- 
p.  566,  et  1869,  p.  136.  —  Th.  Hilluoth,  Medizinisrhc  Jahrfnirhr,  1d  î^cpt- 
1869.  —  il.  VoniT,  Pafhnln'fisrh-anaf.  Britraij  zur  Ktnntniss  des  Yrnicnti^^ 
(Archiv  d.  Ueilkundo,  p.  620,  1869).  —  Cuhnil  et  Uanvieb,  Man.  d'h»>tolog' 
patholo'j,  Paris,  1869.  —  Uvwiiu,  art.  Limtiiklilm,  t.  XIII.  du  Dût.  (/»»''"• 
'  t  de  t'hirurij.  pralvines. 


HYPERPLASI£S.  293 

Blphthérile.  —   Bretonneau,  Des  inflammations  spécifiques  des  membranes 

mitqueusesj  etc,  Paris,  1836.  —  Lab()1!lbi^.ne,  Rechcrrhes  cliniques  et  anatomiqttes 

sitr  Us  pseudo-membraneuses.  Paris,  1861.  —  E.  Wagnf.u,  Archiv  der  Ileilkunde, 

1866,  p.  481  ;  anal,  dans  Gaz,  mcd.  de  Paris,  1869,  p.  393. — Buiil,  Eihiyes  ùber 

Ut'phtherie  (Zeits,  f.  Biologie^  1867).  —  Hlktkr,  Pilzsjmnn  in  den  Geuehen  und 

in  Blute  bei  Gangrena  diphtheritica  {CetitralbUUt  f.  med.  Wisscnsch,,  1868).  — 

ToMMAsi    et   HuETER,    UebcT  IHphthentis   {Vnd.,    1868).    —    OERiti.,    Sludien 

ûhei'  hiphtheritis  {Bayer,  arztl.  Intell,  Blatt,  1868).  —  Sciimipt,  Uhs.  on  diphthe- 

rin  [y fu 'Orléans  Joum,  of  med,,  1868).  —  Letzerich,  Beitnnjc  zur  Kenntniss 

(Virchotvs  Archiv,  t.  XLV,   1869,  p.   327).   —   F.c  même,  IHphtheritis  und 

tHphtherie(Ibid.,  t.  LH,  1871,  p.  231,  et  t.  LUI,  p.  /493).  —  Nassiloff,   Ueber 

die  Diphtheritùi  (Virchow's  Archiv,  t.  L,  1870,  p.  550).  —  Fr.  Harmann,  Ueber 

^'roup  und  Diphtheritis  der  Rachenhohley  E.csudat  und  Kiterbildunij  {Ibid.,  t.  LU, 

1871,  p.   2'iO).  —  Classex,    Beitraye  zur  Kenntniss  drr  Ihphtherie  dfs  Rachens 

(Ibid.,  t  LU,  1871,  p.  260).  —  IL  Senatob,  l'cber  hiphthnie  [Arch.  fur  path. 

Xiiat.  undPhysiol.,  l.  LVI,   1882,  p.  56-82). 

Variole.  —  Llvs,  Contrib.  à  l'étude  des  pustulrs  x^atioliques  (Compt.  rend, 

et  mém,  de  la  Soc,  de  biohxjie^  sër.  Il,  t.  I,  p.  201,  1859).  —  Kobner,  Arc/t/r 

/".  path.  Anat.,  t.  XXII,  p.  372,  1861.  —  Auî^pnz  et  Bami,  Zur  AwU,  des  Blat- 

ternprocess  {Archiv  f.  path,  Anat,  und  PhysioL,  vol.  XXVllI,  p.  337,  1863).  — 

Erstein,   Ibid.,  t.    XXXIV,  p.  598,    1865.   —  Cornu..  Anaiom.  de  la  pustule 

''^riolique  (Joum,  de  ranat,  et  de  laphysioL,  1866).  —  Biesiadecki,  Sitzungsber, 

'f^f  k.  k.  Acad.,  LVI,  1867,  et  LVIII,  1868.  —  IIaiciit,  Jbid.,  186K,  23  avril. 

Neumann,  Ibid,,  18  juin  1868.  —  Pagensteciier,  Ibid.,    23  avril    1868.  — 

■^OHN,  Ibid,,  23  avril  1868.  —  Vi  lpian,  Bull,  dr  TAcad.  d*mêd.,   t.  XXXV, 

^5  févr.  1870,  et  XXXVI,  31  oct.  1871. 

II.  —  Phlegmasies  nencuses. 

L'étude  des  altérations  phle«nnasiqiios    dos  éléments  nerveux    porte 

^ï^iquement  sur  les   cellules;  les  tubes  s'atrophient  consécutivement. 

"algré  le  grand  intérêt  qu'elles  présentent,  ces  altérations  ont  peu  fixé 

^Uention  des  observateurs  ;   aussi  sont-elles  à  peu  près  complètement 

'^^connues  :  aujourd'hui  même,  beaucoup  de  médecins  distingués  ne  pré- 

^^ni  qu'une  faible  attention  à  l'inflammation  des  cellules  nerveuses,  ou 

^^^rne   ils  ne  l'admettent  pas.  Il  est  cependant  facile  de  reconnaître  que 

^  'es  cellules  nerveuses  irritt'îes  ne  se  multiplient  pas  à  la  façon  des  élé- 

^iits  conjonctifs,  elles  subissent  des  modifications  qui,  par  leur  ressem- 

■^tice  avec  celles  que  présentent  les  épithéliums  enflammés,  permettent 

^  croire  à  leur  phlegmasie.  Ces  modilications,  qui  se  rencontrent  dans 

^^Iques  états  morbides,   peuvent  être   produites  expérimentalement. 

Après  rarrachement  ou  la  simple  résection  du  nerf  sciatique  chez  le  lapin 


29Ù  ANATOMiE   PATH0LOr.lQUE, 

H  le  coliayo,  llavL'iii  a  vu  se  piïMluire  une  in  lin  mm  al  ion  cicatriciellf ,  ^. 
quelqucfoi»  une  myélite  centrale  généralisée.  Dans  ces  condilions,  If 
proto|>1asma  des  cellules  nerveuses  perd  son  aspoct  granuleux  normal. 
se  tuniofio,  devient  plusn'^fringenl,  comme  vitreux,  et  souvent  vil po-vési- 
culeux.  l'uis  le  noyau  et  le  nucléole  masqués  et  obscurcis  disparaissent, 
tandis  que  les  pitilungomcnts  de  la  cellule  s'atrophient  (lig.  93j  ;  au 
contraire,  les  cylindres  d'axe  s'hypertropliicnt  et  revotent  une  appa- 
rence vitreuse,  lloliinson  pi-étend  avoir  ol)sei-vé  chez  la  grenouille  la 
multipliration  des  cellules  ganglionnaires  cnHammées.  Après  avoir  incfsé 
l'abdomen,  cet  auteur  met  à  nu  l'aorte,  passe  un  fil  à  travers  les  tuniques 
,  replace  les  intestins,  cl  referme  la  proi  abdominale  « 


l'aide  d'une  suture  ;  puis  l'animal  est  sacrifié  au  bout  de  deux  à  sept  jours. 
L'aorte  excisée  est  lavée  par  lechlomn'd'oret  la  glycérine.  Les  c<'llull'sne^ 
veu  se  s  comprises  dans  la  paroi  plilogosée  présentent  une  p  roi  itéra  lionévi- 
dentecl  plus  ou  moins  avanci'-e  selon  le  moment  de  lamortdes  anipimi. 
U'aliord.  elles  perdent  leur  aspect  granuleux,  puis  leur  protoplusiiia  y 
segmente  en  paMieou  en  totalité,  et  les  prolongements  qui!  nivoie 
dans  les  expansions  de  la  cellule  subissent  également  la  segnieiiialîou- 
Ainsi,  l'enveloppe  de  la  cellule  nerveuse  primitive  rerireruie  linalemeol 
un  grand  nombre  do  petites  cellules  qui  ne  lardent  pas  à  la  traverser 
pour  s'infiltrer  dans  le  tissu  voisin,  et  les  cellules  ganglionnaires  eiiflaiU' 
ini-es  aboutiraient  à  la  formation  de  nouveaux  éléments  tjc  nature  inip^' 
toire.  Ces re'sultats  ne  sont  acceptables  qu'avec  ime  grande  resene ;  ce  i]iii 
se  multiplie  en  pareil  cîis  pourrait  n'être  pas  la  cellule  nerveuse,  mu* 
bien  l'éléinenl  eonjonctif  qui  constitue  son  enveloppe.  La  multiplicalii* 
des  œllules  nerveuses  est  li'ailleurs  généralement  niw,  et  si  .Mejiiel* 
et  Kleischc  prelendeiil  avoir  constaté  la  prolifération  inflainmaloin' de* 
cellules  nerveuses  e^'rébiales,  d'autres  observateurs  ont  pu  douter  de  c^ 
fait.  De  nouvelles  n'clierclics  sont  donc  nécessaires  pour  admettre  défini' 
livemeiit  eeU<^  proUrénilion  à  la  suite  d'une  irritation  pblegiiiasique. 


IIYPERPLASIES.  295 

Néanmoins,  il  nous  paraît  acquis  que  les  cellules  nerveuses  de  la  moelle 
épinière  et  des  ganglions  sympathiques  subissent,  sous  l'action  des  irri- 
tants, des  modifications  comparables  à  celles  qui  ont  lieu  au  sein  des 
cellules  épithéliales  ;  semblables  modifications  ont  d'ailleurs  été  observées 
dans  les  cellules  de  lencéphale. 

L'étude  clinique  des  altérations  du  système  nerveux  conduit  à  des  résul- 
tats peu  différents  de  ceux  que  fournit  roxpérimentation.  On  constate  assez 
généralement  au  sein  de  foyers  inflammatoires  la  tuméfaction  du  proto- 
plasma des  cellules  nerveuses,  et  celle  du  cylindre-axe.  L'liyp<Mtr()phiede  ces 
éléments,  décrite  par  Charcot,  n  est  autre  chose  (jue  la  tuméfaction  consti- 
tuant le  premier  degré  du  processus  phlegmasi(|ue.  Dans  un  degré  plus 
avancé,  leprotoplasma  troublé  et  tuméfié  devient  vitreux,  quelquefois  pig- 
menté et  se  désagrège;  la  cellule*  diminue  de  volume,  s'atrophie  plus  ou 
moins  complètement  ou  disparaît,  tandis  que  les  vaisseaux,  d'abord  chargés 
de  noyaux,  s  épaississent  et  subissent  un  certain  degré  de  rétrécissement. 
La  question  de  savoir  si,  comme»  dans  les  cellules  épithéliales,  les  noyaux 
descellules  nerveuses  peuvent  se  diviser,  n'est  pas  encore  résolue,  quoique, 
dans  un  cas  rapporté  par  Charcot,  on  aurait  pu  croire  à  une  multiplication  du 
noyau.  En  somme,  les  cellules  nerveuses  ont  peu  de  tendance  à  proliférer  et 
ne  paraissent  pas  aptes  à  suppurer,  car  le  pus  que  Ton  rencontre  dans  les 
centres  nerveux  a  sans  doute  pour  origine  le  tissu  conjonctivo-vasculaire. 
Tuméfaction  causée  par  l'indltration  albuminoïde  du  protoplasma,  modi- 
fication de  forme  avec  tendance  à  la  destruction,  tels  sont  donc  les  princi- 
paux caractères  du  processus  phlegmasique  des  cellules  niTveuses. 

Les  noyaux  de  substance  grise,  notamment  ceux  de  la  moelle  épinière, 
6t  surtout  les  cornes  antérieures,  sont  les  parties  des  centres  nerveux  les 
plus  prédisposées  à  l'inflammation.  Celle-ci,  quelquefois  limitée  à  un  ter- 
ritoire restreint ,  s'étend  d'autres  fois  par  une  marche  progressive  et 
généralement  ascendante  à  une  plus  ou  moins  grande  partie  de  la  sub- 
stance grise  de  la  moelle  épinière.  Les  tubes  nerveux,  à  l'exception  de 
ceux  qui  sont  situés  tout  près  du  foyer  inflammatoire  et  de  ceux  qui  sont 
€n  rapport  avec  les  cellules  nerveuses,  s'altèrent  en  général.  L'alléra- 
^on  de  ces  tubes,  toujours  consécutive  à  celle  des  cellules,  consiste 
<lans  une  modification  de  la  moelle,  qui  devient  granuleuse  et  finit 
par  être  résorbée,  d'où  l'atrophie  du  tube.  Ce  processus,  assez  semblable 
'^  celui  qui  succède  à  la  section  des  racines  spinales,  paraît  se  rattacher 
surtout  à  la  destruction  des  cellules  nerveuses.  Les  éléments  conjonctifs 
^Ues  vaisseaux  participent  le  plus  souvent  à  l'inflammation  des  éléments 
'ïerveux;  mais  dans  les  cas  qui  nous  occupent,  cette  participation  est  trop 
'^ible  pour  n'être  pas  placée  au  second  rang. 


296  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

C'est  pendant  la  période  de  développement,  c'esl-à-dire  au  moment  où 
leur  nutrition  est  le  plus  active,  que  les  éléments  nerveux  ont  le  plus  de 
tendance  n  s'enflammer;  Tenfant  et  Tadulte  sont  ainsi  particulièremenl 
prédisposés  à  cette  altération  à  laquelle  se  rattachent  notamment  les 
désordres  de  la  paralysie  infantile  et  ceux  de  l'atrophie  musculaire  pro- 


gressive. 


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chement  du  nerf  sciatique  chez  le  lapin  (Archives  de  physiologie ,  n®  5,  1873; 
Comptes  rendus  Acad.  des  sciences^  26  janvier  \%lk),  —  Martineau,  Sur  mm 
d'inflammation  aiguè  généralisée  de  la  substance  giise  de  la  moelle  épinière  (Soc, 
méd.  des  hôpitaux^  séance  du  27  février  187/i), 


ARTICLE    II.    —    DES    NKOPLASIES. 

Celle  déiiominalion  nous  sert  à  désigner  toul  un  ordre  de  lésions 
nutritives  oaraclérisées  par  la  formation  de  tissus  nouveaux,  plus  ou 
moins  diiïérenls  des  tissus  normaux,  par  leur  texture  et  leur  évolu- 
tion (1). 

DispOvSés  It»  plus  souvent  sous  forme  de  masses  circonscrites  el  plus  ou 
moins  arrondies,  appelées  du  nom  de  tumeurs^  les  tissus  consliluanlsdes 
iiéoplasies,  plus  complets  et  plus  durables  que  ceux  des  phlegmasies,  on^ 
aussi  plus  que  ces  derniers  la  propriété  d'envahir  les  tissus  nonnauxeld*^ 
s'élendre.  Par  contre,  il  est  impossible  d'arriver  à  les  produire  artiticiell<*^ 
ment,  el  si  certaines  exosloses  peuvent  être  l'effet  d'une  irritation  mt'ca-^ 

(1)  Le  sens  que  nous  donnons  nu  terme  néoplosie  est  un  peu  dilTérenl  de  celui  que  luf 
ont  attribué  les  auteurs  qui  nous  ont  précédé  ;  mais  nous  pensons  qu'on  nous  siura  pv 
de  remplacer  le  mot  tumeut\  dont  la  signilicalion  est  \ague  et  incertaine,  par  une  eipres- 
siou  plus  précise  et  plus  scientifique. 


HYPERPLASIES.  297 

nique,  c'est  que  ces  lésions  rentrent  plutôt  dans  le  groupe  des  pblegmasies 
que  dans  celui  des  néoplasies. 

L'élude  des  néoplasies  a  depuis  longtemps  fixé  Taltention  des  obser- 
vateurs. Comme  toujours,  on  ne  s'occupa  d  abord  que  de  la  forme  exté- 
rieure de  ces  altérations,  et  dans  le  groupe  des  tumeurs  figurèrent  toutes 
sortes  de  tuméfactions  solides,  liquides  ou  même  gazeuses.  Les  anciens, 
tous  ceux  qui  les  ont  suivis  jusqu'à  la  Renaissance,  et  même  bon  nombre 
d'auteurs  du  xvn'  et  du  xviii'  siècles,  ont  divisé  les  tumeurs  en  trois 
^upes  :  tumores  secundum  naturûm^  supra  naturam,  prœter  natvram{i). 
Mais  ils  étaient  loin  de  s'entendre  sur  la  manière  d'appliquer  chacune  de 
ces  dénominations.  Après  les  découvertes  anatomiques  et  physiologiques 
du  XVII*  siècle,  qui  permirent  d'acquérir  des  notions  plus  précises  sur 
les  phénomènes  de  la  nutrition,  l'acception  nosologique  du  mot  tumeur  se 
restreignit  peu  à  peu,  et  l'école  de  Boerhaave  s'en  servit  uniquement  pour 
désigner  les  productions  accidentelles  surajoutées  à  l'organisme  et  carac- 
térisées par  la  formation  d'un  tissu  nouveau.  Ce  sens  est  encore  celui 
qu'accordent  aujourd'hui  au  mot  tumeur  la  plupart  des  médecins;  il  faut 
en  excepter  le  professeur  Virchow  qui,  à  l'exemple  de^  anciens,  décrit  sous 
cette  dénomination  les  altérations  les  plus  disparates;  aussi,  pour  éviter 
une  semblable  confusion ,  avons-nous  cru  devoir  abandonner  cette 
expression. 

Cependant,  dès  le  xvni*  siècle,  on  savait  déjà  que  certaines  tumeurs 

Peuvent  être  formées  par  le  développement  anormal  d'un  tissu  normal. 

'^insi  Littre,  ayant  montré  à  l'Académie  des  sciences,  en  1706,  une 

'limeur  de  la  cuisse  constituée  exclusivement   par  du  tissu  adipeux, 

^oima  quelques  années  plus  tard  (1709)  le  nom  de  lipomes  aux  tumeurs 

de  ce  genre.  FMus  tai-d,  Hunier  rapporta  tous  les  tissus  de  formation  nou- 

^^Ue  à  la  sécrétion  d'une  substance  plastique  qui  devient  aussilcH   le 

siège  d'un  travail  d'organisation,  et  annonça  la  diversité  des  aiïections 

^^nfondues  jusqu'alors  sous  le  nom  de  cancer. 

Laennec,  inspiré  par  Bichat,  donne  pour  la  première  (ois  une  classili- 
^^tion  anatomique  des  tissus  accidentels,  qu'il  divise  en  deux  grandes 
^^légories  :  !•»  ceux  qui  ont  des  analogues  parmi  les  tissus  naturels  de 
'économie  animale;  2®  ceux  qui  n'ont  pas  d'analogues  parmi  les  tissus 
Normaux.  Ces  deux  grandes  classes  de  tumeurs,  qui  répondaient  en 
Partie  aux  tumeurs  bénignes  et  aux  tumeurs  malignes  des  anciens,  ont 
**tê  depuis  lors  désignées  sous  les  noms  de  tumeurs  homologues  et  de  tumeurs 

(t)  Consultez  le  Traité  des  tumeurs  du  profcMCur  Broca,  où  se  trouve  un  historique 
fort  bien  fait  de  la  question.  Paris,  1866,  t.  1,  p.  1  et  suivantes. 


298  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

hétérologues.  La  première  classe  comprenait,  pour  ainsi  dire,  autant  d'es- 
pèces de  tumem's  homologues  qu'il  y  a  de  tissus  normaux;  la  seconde 
classe  se  divisait,  pour  Laennec,  en  quatre  espèces, savoir:  les  tubercules, 
les  squirrhes,  l'encéphaloïde  et  la  mélanose.  Moins  parfaite  que  la  précé- 
dente, cette  dernière  subdivision  avait  le  tort  de  séparer  des  lésions  sem- 
blables, comme  l'encéphaloïde  et  le  squirrhe  ;  mais  elle  n'en  était  pas  moins 
un  progrès.  Vers  la  même  époque,  Abemethy,  qui  ne  pouvait,  comme 
I^ennec,  profiter  des  principes  d'anatomie  générale  exposés  par  [Bichat, 
abordait  néanmoins  la  question  obscure  et  difficile  de  la  classification  des 
tumeurs  qu'il  divisa  en  trois  genres  :  les  sarcomes^  les  tumeurs  enkystées, 
les  tumeurs  osseuses.  Son  travail  donnait  un  appui  à  l'idée  de  Hunier 
touchant  la  multiplicité  de  nature  des  tumeurs  confondues  sous  le  nom  de 
cancer  ;  il  fut  très-bien  accepté  des  chirurgiens  anglais. 

A  partir  de  cette  époque,  l'étude  des  néoplasies  ne  présenta  rien  de 
bien  important,  jusqu'au  moment  où  le  microscope  permit  de  pousser 
plus  loin  l'analyse  de  ces  produits  pathologiques.  L'application  de  cet 
instrument  à  l'étude  des  néoplasies  fut  faite  dès  1838,  par  J.  Muller,  qui, 
lui  aussi,  divisa  les  tumeurs  en  deux  groupes  :  tumeurs  cancéreuses 
ou  malignes,  et  tumeurs  non  cancéreuses.  Ce  moyen  d'investigation 
ne  tarda  pas  à  être  mis  en  usage  ;  mais,  comme  il  arrive  toujours  en 
pareille  circonstance,  les  premiers  pas  dans  cette  nouvelle  voie  furent 
souvent  incertains;  aujourd'hui  même  ils  sont  encore  mal  affennis,  n'en 
déplaise  aux  histologistes  les  plus  éminenis,  ce  qui  tient  surtout  à  la 
connaissance  incomplète  que  nous  avons  des  tissus  normaux.  Cette 
connaissance  est,  en  effet,  la  base  sur  laquelle  doit  se  fonder  l'étude 
des  néoplasies,  qui  ne  sont  que  des  végétations  de  ces  tissus;  autre- 
ment on  risque  de  comparer  entre  elles  des  altérations  dissemblables  et 
de  faire  fausse  route,  (^'est  pour  éviter  cette  faute  que  les  néoplasies 
propres  à  chaque  groupe  de  tissus  seront  successivement  étudiées. 
Nous  examinerons  :  i°  les  néoplasies  nées  au  sein  des  tissus  formés 
parle  feuillet  moyen  du  blastoderme;  2"  les  néoplasies  développées  aux 
dépens  des  tissus  provenant  des  feuillets  interne  et  externe. 

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HYPERPLASIES.  299 

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chirurgie  ritér,,  t.  iU,;  Traite  drs  tnmearsy  t.  VIL — Paget,  Lectures  on  tumofn^. 


UYPERPLASIES.  301 

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^  Consultez  les  Bulletins  des  Soc.  nnatomique  et  de  biologie. 


302  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

§   4,   —   iNÉOPLASIES   DES   TISSUS   PROVENANT   DU    FEUILLET  MOYEN'  DU 
liLASTODEBME.    —   XÉOPLASIES  CONJONCTIVES. 

Les  tissus  de  ce  groupe  ne  sont  pas  seulement  aptes  à  s'enflammer, 
(voyez  p.  219),  ils  ont  encore  la  plus  gi*ande  tendance  à  donner  nais- 
sance à  des  produits  qui,  soit  parleur  simple  présence,  soit  par  kor 
accroissement  indéfini,   peuvent  engendrer  des  désordres  sérieux  dam 
Torganisme.  (les   produits,   ou  tissus  pathologiques,   représentent  pb 
ou  moins   fidèlement   les  tissus   physiologiques  d'où   ils  proviennent, 
et,   pour  ce  motif,   ils   sont  dits  homologues    ou  hétérologues.  Tan- 
tôt, en  effet,  la  ressemblance  entre  le  tissu  sain  et  le  tissu  pathologiqoe 
est  très-grande,  l'homologie  est  parlîiite ,  la  néoplasie  est  homoploitifÊt 
ou  tf/fjique;  tantôt  au  contraire,  la  ressemblance  est  éloignée,  et  le  tisn 
pathologique,  quoique  composé  des  éléments  plus  ou  moins  modifiés 
tissu  normal,  diffère  notablement  de  ce  dernier  par  sa  texture  et  s 
par  son  évolution,  la  néoplasie,  du  moins  en  ce  qui  concerne  le 
nostic,  est  hétéroplastique  ou  atypique.  Semblables  aux  tissus  normtnx, 
les  produits  homoplastiques  cessent  de  s'étendre  après  un  certain  t 
et  se  limitent  en  général  aux  points  directement  irrités  ;    les  autres 
au  contraire,  ont  souvent  une  extension  indéfinie,  et  sont  quelquefoi 
infectieux  (l). 

Les  néoplasies  conjonctives  se  présentent  sous  la  forme  de  masses 
plus  ou  moins  fermes,  d'un  volume  qui  varie  depuis  la  grosseur  dm 
pois  jusquà  celle  d'une  tète  d'adulte.  Peu  distinctes  du  tissu  normal, 
dans  quelques  cas,  elles  constituent  d'autres  fois  des  tumeurs  bien  délimi- 
tées, ordinairement  sphériques,  arrondies  ou  lobulées,  et  dont  la  forme 
peut  être  modifiée  par  la  résislaiice  (|u'opposent  cerUiins  tissus  à  leur 
extension.  Ainsi,  on  voit  quelques-unes  de  ces  tumeurs  contourner  ks 
os,  se  mouler  sur  les  tendons,  sur  les  nerfs,  et  prendre  un  aspect  bosselé, 
irrégulier.  La  coloration  de  ces  lésions  est  en  rapport  avec  leur 
vascularisation;  leur  consistance  varie  pour  chaque  espèce  de  tissu 
conjonclif,  mais,  en  général,  elle  est  d'autant  plus  faible  que  le  niH^plasmc 
renferme  plus  de  tissu  embryonnaire,  (les  lésions,  du  reste,  se  nu>difienl 

(1)  Il  importe  do  distiiipruer  In  ^généralisation  de  l'infection  dans  les  tumeurs.  I^s  IcsioBS 
dans  la  généralisation,  s'ét«'ndent  toujours  à  des  tissus  de  même  ordre;  dans  l'infectioi 
au  contraire,  elles  émanent  d'un  point  unique,  aiïectent  indifréremment  toute  espèce  d 
tissu.  Les  néoplasies  des  tissus  de  substance  conjonctive  sont  beaucoup  plus  eipo»m 
la  généralisation  qu'à  l'infection.  C'est  ainsi  qu'on  les  voit  envahir  les  méninges,  k 
plèvres,  le  péritoine,  dans  une  plus  ou  moins  grande  étendue,  tandis  que  toutes  les  autn 
parties  de  l'organisme  restent  absolument  saines. 


IIYPEni'LASIES. 

CaïM  l'ilge;  plus  fermes  dans  le  priiici|ir,  elles  perdent  souvent  de  \ea^ 
1  consistance  au  fur  et  k  mesure  de  leur  diiveloppcmenl;  néanmoins,  clla|] 
I  «ni  peu  de  tendance,  malgré  une  végi!lation  quelquefois  excessive,  à  dé^ j 
]  tniire  les  tissus  voisins  ot  à  s'ulcérer. 

U  composition  liistologique  des  tiiïoplasies  conjonctives  compivnd  des^ 

s  propres  à  l'une  des  espèces  de  tissus  de  substance  conjonctive 

M  des  vaisseaux.  Les  éléments  de  substance   conjonctive  ne  diffèrent 

I  de  ce  qu'ils  sont  à  l'état  normal,  du  moins  à  l'une  des  périodes 

r  dévelopjiement  ;   dans  quelques  cas  seulement,  ils  sont  hyper-  j 

s  ou  légèrement  modifiés  dans  leur   forme.   Les  vaisseaux  ont  * 

le  très-grande  ressemblance  avec  les  vaisseaux  normaux,  ils  sont  diver-"" 

snt  disposés  et  constituent  un  n;seau  le  plus  souvent  Irès-ricbe.  I 

L  l'évolution  du  lîssu  qu'ils  parcourent  ;  c'est  ainsi  qu'ils  ofTrenl 

mh  très-minces,  simplement  cellulaires,  dans  les  néoplasies  emor  ^ 

s  de  tissu  embryonnaire,  comme  certains  libnimes,  tandis  qu'ils 

t  un  développement  complet  dans  la  plupart  des  tumeurs  fur- 

des  tissus  adultes,  comme  les  li|>omes,  les  ostéomes,  etc.  Ces  ' 

gaus.  comprennent  des  braiicties  arliirielles  quelquefois  d'un  assez  gros 

!,  doimanl  lieu  à  un  réseau  cxpiltairc  très-riche,  lequel  constitue 

n  tour  uu  sjslème  wineux  remarquable  par  l'ectasic  plus  ou  moins 

muée  de  SCS  branches.  Celle  ectasie  et  un  certain  degré  de  compression 

it  par  la  masse  de  nouvelle  foiinatiiui  exposent  ces  veines  à  s'oblitérer 

r  coagulation  de  liiur  contenu,  et  de  là  un  obstacle  à  la  circulation 

s  désordres  divers  dans  la  nutrilîon  de  la  tumeur.  C'est  pourquoi 

ion  que  l'on  pratique  par  ces  vaisseaux  réussit  mal,  tandis  qu'elle 

j  si  elle  a  Heu  par  les  arlèi'es.  Plusieurs  observateurs  ont  signalé 

ce  de  vaisseaux  lyraphaliques  dans  quelques-unes  de  ces   pro- 

t  qui  paraissent  également  renfermer  des  filets  nerveux  de  uou- 

e  fonnation. 

s  éiude  chimique  des  néoplasies   conjonctives  à  leurs  différentes 

ides  d'évolution  sérail  du  plus  grand  intéri^t;    malhoui'cusement, 

e  est  euUèremenl  négligée,  Lrs  recherches  de  Kulme  ont  bien 

I  que  les  tissus  pathologiques  de  formation  récente  renferment  d<^ 

e  glvcogène;  mais  personne  jusqu'ici  n'a  eu  l'idée  de  faire  un 

n  chimique  comparatif  des  formations  conjonctives  et  des  tumeurs 

Jiéliales,  qui,  sans  aucun  doute,  ne  présentent  pas  ta  même  composi- 

m.  'routefois,  suivant  Beneke  [1  j ,  les  néoplasies  sont  d'autant  plus  riches 


:  I  )  Bea^ke,  {Àrebiu  f.  i 
».  H6,  ISC7). 


■««.  Reitkunde,  It,  1860,  aiSchmidl'»  Jahrbùehrr.  l.  CXXXIV, 


J 


^OU  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

en  myéline  et  en  cholestérine  qu'elles  sont  plus  malignes;  abondantes 
dans  les  carcinomes,  ces  substances  seraient  au  contraire  très-rares  dans 
les  fibromes,  où  Ton  en  trouve  à  peine  des  traces. 

La  genèse  des  néoplasies  conjonctives  présente  les  mêmes  incertitudes 
cjue  la  genèse  des  différentes  variétés  du  tissu  conjonctif  normal  ;  nous 
nous  retrouvons  ici  en  présence  de  la  théorie  du  blastème  et  de  la  théorie 
de  la  prolifération  cellulaire.  Quelle  que  soit  celle  de  ces  théories  qu'on 
adopte,  on  voit  apparaître  au  sein  du  tissu  physiologique  des  noyaux 
arrondis,  clairs,  fortement  réfringents,  et  en  même  temps  des  cellules 
plus  ou  moins  volumineuses,  arrondies,  étoilées,  fusiformes,  le  tout  ren- 
fermé dans  une  gangue  amorphe,  uniforme,  striée  ou  fibrillaire.  Puis  il 
s'établit  dans  la  nouvelle  formation  des  différences  notables  en  rapport 
avec  les  conditions  particulières  de  santé  de  l'individu  malade  et  la  nature 
du  tissu  affecté.  Dans  certains  cas,  les  jeunes  éléments  continuent  leur 
évolution  de  fa^on  à  constituer  un  tissu  définitif  (fibromes)  ;  d'autres  fois, 
leur  multiplication  est  tellement  rapide  et  luxuriante  qu'ils  s'aiTètent  dans 
leur  développement  (sarcomes).  Bien  évidemment,  le  nombre  des  vais- 
seaux développés  au  sein  du  néoplasme  n'est  pas  sans  jouer  un  certain 
rôle  dans  cette  évolution  ultérieure,  mais  il  reste  à  savoir  ce  qui  règle 
cette  vascularité  avant  de  comprendre  la  cause  de  cette  différence 
d'évolution.  Malheureusement  nos  connaissances  sur  ce  point  ne  sont 
pas  plus  avancées  que  celles  que  nous  possédons  sur  un  grand  nombre 
de  maladies,  la  variole,  par  exemple,  où  les  conditions  de  la  suppuration  m 
et  de  la  malignité  nous  sont  complètement  inconnues. 

Les  néoplasies  conjonctives  s'accroissent  par  la  multiplication  des  ^=s 
éléments  du  nodule  primitif,  quelquefois  par  la  formation  de  nouveaux 
nodules,  souvent  aussi  par  l'addition  de  zones  nouvelles  aux  couches -j^^ -?■ 
anciennes.  Effectivement  les  éléments  centraux  de  ces  néoplasies  soni 
toujours  plus  anciens  que  ceux  de  la  périphérie,  et,  tandis  que  les. 
premiers  sont  en  voie  de  métamorphose  rétrograde,  les  seconds  sout^  ^ 
le  plus  ordinairement  dans  leur  période  d  évolution  ascendante.  Bien^  m  - 
plus,  les  tissus  voisins  de  ces  productions  sont  souvent  modifiés  dans?3s  ^^ 
une  certaine  étendue,  et  tout  pn'|)arés  à  former  une  nouvelle  zone:^^^ 
d'altération.  C'est  hi  unt'  disposition  qu'il  importe  de  ne  jamais  oublie*' -'j^ 
dans  la  pratique  chirurgicale,  si  l'on  ne  veut  s'exposer  à  voir  apparaîlrtp^^^ - 
une  récidive  sur  place. 

Los  vaisseaux  sanguins  sont  ordinairement  resp(»clés  par  ces néoplasies-^^ 'ï^* 
et  si,  dans  quelques  cas,  les  veines  sont  envahies  par  le  bourgeonno-rj^ -•< 
fnent  des  tumeurs,  cest  uni(|uenienl  lorsque  celles-ci  sont  embryoi»^ :^  ^ 
naires  et  luxuriantes.  Dans  ces  conditions,  il  arrive  que  les  parois  di^  .^l^> 


ycines  Mîtit  déliiiilcs  et  quf  la  végétation  rempHl  la  cavité  vusculaire 
(Idhs  une  plus  ou  moins  ^iraïKle  éloniluc,  d'où  la  poHsiliililé  d'une 
'Hibi}!]'',  d'autant  plus  qu'un  Ihi-umbus  saufiuîn  s'ajoute  ordinairement 
.\  lu  niasse  végétante.  Les  vaisseaux  lymphatiques  sont  aussi  quelquefois 
'waWm  par  ces  production  s,  surtout  par  les  fibi'onics  embryonnaires; 
iimig  leur  altération,  commit  celle  des  Kan(;lions,  est  beaucoup  plus 
i.iri'ici  que  dajis  les  néoplasîes  ("pilhéliales.  el  n'u  pas  lieu  si  lu  tumeur 
ijli-ntouréc  d'une  toile  solide,  libieuse. 

I,a  marche  des  néoplasics  conjonclives  est  très-variable  :  la  plupart  ont 
iiiH>  évolution  lente,  arrivent  à  un  complet  développement  et  se  modilient 
peu  |Gbrome&,  lipomes];  quelques-unes  ne  peuvent  acquérir  ce  même 
dpvHlftppemenl,  elles  s'arrêtent  dans  leur  évolution  et  manifestent  la  plus 
grande  tendance  à  dégénérer. 

U's  dégénérescences  de  u^s  tissus  pathologiques  ne  dilTêrenl  pas  de 
itlles  des  tissus  physiologiques.  L'une  des  plus  communes,  la  dêgéné- 
l'pjict'iice  graisseuse,  s'observe  plus  spt^cialement  dans  les  tumeurs 
tllin^uses.  et  principalement  dans  celles  de  ces  lunitursqui  restent  à 
l'état  embryonnaire  el  que  l'on  désigne  sous  li'  nom  de  sai-comes. 
Klle  consiste  en  une  infiltration  des  éléments  cellulaires  par  des  granu- 
lations piiitéiques  et  graisseuses  qui  donnent  à  lii  limieur  une  teinte 
piiuiitre  ou  blanchâtre  caséîforme.  La  déj^cnérescence  amvioïde  est 
rareiiieiil  observée  au  sein  de  ces  nêopJastes;  la  dégénérascence  mu- 
4u«use,  plus  commune,  est  la  principale  cause  des  kystes  qui  s'y 
(liii-eloppent,  L'infiltration  calcaire  est  le  propre  des  tumeurs  d'nrigine 
'onjonctive ,  dans  lesquelles  peut  même  se  pit^duire  une  véritable 
"S'iificatinn.  Ainsi,  les  tissus  qui  constituent  les  ni'dplasies  conjonctives, 
iimi -seulement  vivent  et  se  nourrissent  comme  les  tissus  normaux,  ils 
«ml  encore  soumis  aux  mêmes  altérations  que  ces  derniers. 

Les  tumeurs  dépirmlantes  de  la  série  des  tissus  conjonctifs,  quelque- 
fni.smullqik's  d'emblée,  sont  souvent  solitaires.  Les  tumeurs  multiples 
%  mji'ontrent  onlinairement  dans  un  même  système  de  tissu,  par 
'M'raplir  le»  fibromes  dans  le  système  nerveux,  les  chondromes  dans  te 
'«liiui'  osseux.  Les  lunieui's  solitaires  accroissent  leur  nombre,  tantôt, 
l'imiiip  dans  les  myuuies  utérins,  |Mir  suite  de  la  persistance  de  la  pré- 
li'iKisilion  locale,  lantiil  par  l'eliet  dune  véritable  iiireclion  émanant  de 
'■' luHicur  primitive.  Ce  dernier  mode  de  généi-alisalion  s'opère  {«r  les 
'tiK's  mi  par  les  valssrauv  hmphatiques  :  par  les  veines  lorsque  la 
'«lueur  vient  à  végéter  jusque  dans  leur  profondeur  et  aidera  la  formn- 
'"m  lie  roncrétions  que  le  roulant  sanguin  transporte  dans  les  organes  ; 
i*ir  li's  IviTiphaliques  qiianil    cette   même    forrimlion,  envahis^^anl    fcs 


306  ANATOMIE  PATHOLOGIQUB. 

vaisseaux,  vient  y  produire  des  coagulums  susceptibles  de  s'étendre 
plutôt  que  de  se  déplacer.  11  est  d'autres  modes  de  propagation  plus 
particulièremeiil  propres  aux  néoplasies  conjonctives  embryonnaires  ; 
mais  jusqu'ici  leur  mécanisme  nous  échappe. 

La  récidive  des  néoplasies  conjonctives  est  commune,  surtout  quand  il 
s'agit  de  tissus  jeunes,  et,  fait  digne  de  remarque,  la  seconde  formalionn'a 
pas  toujours  les  caractères  de  la  première  ;  il  n'est  pas  rare  de  voir  un  sar- 
come se  produire  à  la  suite  de  l'ablation  d'un  fibrome,  un  myxorae  là  où 
existait  un  lipome,  et  inversement  ;  en  général,  la  tumeur  récidivée  est 
composée  par  un  tissu  plus  jeune  que  l'ancienne,  c'est  une  donnée  que  le 
chirurgien  ne  doit  pas  oublier. 

Il  importe  pour  le  diagnostic  de  ces  tumeurs  de  tenir  compte  de  leur 
point  de  dépari  et  de  leur  siège,  comme  aussi  de  leur  faible  tendance  à 
l'ulcération.  Constituées  par  un  tissu  plus  ou  moins  jeune,  les  néoplasies 
conjonctives  ont  une  grande  ressemblance  avec  les  phlegmasies  prolifén- 
lives;  elles  en  diffèrent  par  le  fait  d'un  accroissement  indéfini,  dune 
faible  tendîince  à  la  régression.  Leur  pronostic  est  variable  ;  mais,  en  gé- 
néral, moins  une  néoplasie  conjonctive  a  d'aptitude  à  constituer  un  tissu 
complet,  plus  elle  a  de  tendance  à  s'étendre,  à  se  généraliser  et  à  réci- 
diver; en  d'autres  termes,  plus  la  végétation  s'écarte  du  développement 
normal,  plus  elle  offre  de  danger  pour  l'organisme,  et  inversement.  D'où 
cette  conséquence  que,  pour  avoir  une  connaissance  exacte  de  ces  néo- 
plasies, il  ne  suffit  pas  de  connaître  le  tissu  qui  leur  donne  naissaiire: 
il  faut  encore  tenir  compte  de  la  manière  dont  s'effcTlue  leur  dévelop- 
pement, (^est  ainsi  qu'une  genèse  lente  du  tissu  (!oiijonclif  arrive  à 
produirez  un  fibrome,  tandis  qu'une  génération  plus  rapide  des  éléments 
de  ce  tissu  engendrera  un  sarcome  encéphaloïde.  Ajoutons  (|ue  la  mali- 
gnité de  certaines  tumeurs  dépend  en  outre  de  la  structure  cl  de  lira* 
poitance  fonctionn(îlle  de  l'organe  dans  lequel  elles  se  développent.  Plu> 
cet  organe  est  vasculaire,  plus  l'extension  est  facile. 

Ouoi(|ue  nonibreus(»s  et  variées,  les  c^iuses  des  néoplasies  conjonctives 
peuvent  se  grouper  sous  trois  chefs  :  influences  physiques  et  mécaniques. 
influences  physiologiques,  influences  pathologiques. 

Les  influences  physiques  et  mécani(|ues,  si  puissantes  à  engendrer  i'i»' 
flammalion,  n'ont  au  contraire  (|u'une  faible  tendance  à  produire  desné(^- 
plasies.  (>  n'est  pas  toutefois  qu'il  nian(|ue  de  faits  où  ces  altération»^  S4ii*?"^ 
survenues  à  la  suite  d'un  traumatisme.  Un  certain  nombre  de  fibronie> 
adultes  ont  été  rencontrés  sur  le  lobuh'de  Toreille  ;  1  ),  au  point  même  ou 

(1)  Saint- Vol,  Gaz.  des  hôpitaux,   i864,  p.  8A. 


I  1— il— lÉiMilih  II 


HYPERPLASIES,  307 

siègent  les  anneaux  ;  des  Kbromes  embnonnairos  ou  sarcomes  ont  été 
obsenés  à  la  suite  d'une  fracture  des  os  (1)  ou  dune  simple  contusion 
du  tissu  conjonctif  (2).  Moutard-Martin   (3)   a  publié  un  cas  de  gliome 
cérébral  chez  un  individu  qui  avait  fait  une  chute  sur  le  crâne.  Les  indi- 
vidus qui  portent  habituellement  des  fardeaux  ont  quelquefois  plusieurs 
lipomes  sur  le  dos.  Un  coup,  un  simple  choc,  une  fracture,  peuvent  être 
le  point  de  départ  d*un  chondrome.  Nélaton  (6)  cite  Texempled^un  homme 
parfaitement  guéri,  au  bout  de  deux  mois,  d'une  fracture  à  la  jambe,  et 
qui,  cinq  ans.  plus  tard,  fut  atteint  d'une  nouvelle  fracture  au  même 
endroit,  où  s'était  développé  un  enchondrome.  Enfin,  un  certain  nombre 
d'auteurs,  dont  quelques-uns  sont  cités  pjir  Virchow  (5),  ont  également 
publié  des  faits  d'enchondrome  survenu  à  la  suite  d'un  traumatisme. 
L'ostéome  se  rapproche  à  ce  point  de  vue  de  l'enchondrome,  il  est  pro- 
duit quelquefois  par  la  même   influence.  Par  conséquent,  il  n'est  pas 
douteux  (jue  le  traumatisme  ne  joue  un  certain  rôle  d^ms  la  genèse  des 
néoplasies  conjonctives.  Mais  quel  est  ce  rôle?  Si  le  traumatisme  produisait 
ici,  comme  dans  l'inflammation,  des  effets  constants,  il  serait  clair  qu'il 
agirait  comme  cause  efficiente  ;  mais  il  n'en  est  rien,  et  ce  n'est  (ju'excep- 
lionnellement  (|U(»  les  altérations  néoplasi(|ues  des  tissus  conjonclifs  lui 
succt*dent.  On  est  alors  forcé  de  reconnaître  qu'il  existe  une  prédisposition 
générale  ou  locale  de  l'organisme,  et.  de  la  sorte,  le  traumatisme  n'a  plus 
que  le  rôle  d(î  cause  occasionnelle.  Vn  portefaix  a  un  épaississement  ou 
même  un  ulcère  de  la  peau  du  dos,  il  est  évident  que  ces  lésions  sont  le 
résultat  de  sa  profession  ;  la  preuve  est  qu'elles  disparaissent  s'il  vient  à  la 
cesser.  Mais  si  ce  même  individu  est  aflecté  d'une  tumeur  graisseuse  qui, 
malgi'é  la  cessaticm  de  Tirritation,  continue  de  s'accroître,  il  est  inq)os- 
sible  de  mettre  le  traumatisme  seul    en  cause,  et  il  faut  bien  admettre 
l'existence,    dans   le  tissu,  d'une  prédisposition   particulière  pour  telle 
ou  telle  altération.  Cette  prédisposition,  intimement  liée  à  la  nutrition 
des  tissus,  la  chimie  plutôt  que  l'histologie  est  propre  à  en  dévoiler 
la  nature  par  la  connaissance  de  la  composition  exacte  des  déchets 
nutritifs. 
Les  circonstances  physiologiques  qui  influent  sur  la  genèse  des  néo- 


(1)  Slich,  Berlin,  klin.  Wochemchn/1 ,  1873. 

(2)  H,  Larrey,  Uttion  méd,,  1852,  p.  h3,   —   Seufllcbcu,   Avchiv  f,   kl.   Chirurg. 
1, 118. 

(3)  Moutard-Martin,  Union  médicale^  n°  6G,  4  juin  18rt8.  —  Lanceroaux  et  Lickor- 
^^er,  Atlas  d'anatomie  pathologique^  p.  417. 

(4)  Nélaton,  Gaz.  des  hôpitaux,  1855,  n«  G7. 

(^)  Virchow,  Pathologie  des  tumeurSy  t.  I,  p.  483. 


308  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

plasics  conjonctives  sont  la  dentition,  la  puberté  et  la  gestation,  plus 
rarement  la  ménopause,  car  ces  formations,  plus  ou  moins  intimement 
liées  au  développement  normal  des  systèmes  organiques,  appartiennent 
surtout  aux  périodes  de  croissance  et  d'état  de  l'être  humain.  De  même 
que  le  traumatisme,  ces  influences  ne  sont  que  de  simples  causes 
occasionnelles  et  n'ont  d'effet  qu'autant  qu'il  existe  au  préalable  une 
prédisposition  générale  ou  locale  de  l'organisme.  Contrairement  aux 
phlegmasies,  les  néoplasies  conjonctives  ne  sont  jamais  produites  par 
des  agents  virulents,  du  moins  il  n*est  pas  possible  de  citer  un  seul 
exemple  de  transmission  de  ces  lésions  par  inoculation.  L'hérédité 
n'est  pas  indifférente  à  leur  formation  ;  elle  se  trahit  quelquefois  de 
très-bonne  heure,  dès  la  naissance,  par  une  série  de  petites  tumeurs 
désiiinées  sous  le  nom  de  nœvi  ;  dans  d'autres  circonstances,  elle  ne 
se  révèle  pas  avant  la  fin  de  la  période  d'accroissement,  pour  les  papil- 
lomes  et  les  fibromes,  par  exemple.  Certaines  familles  de  ma  connais- 
sance ont  pour  ces  dernières  lésions  une  disposition  des  plus  mani- 
festes, à  tel  point  que  la  plupart  de  leurs  membres  présentent,  à  une 
certaine  époque  de  leur  existence,  des  tumeurs  semblables  en  des  points 
déterminés  du  corps  (1),  comme  s'il  s'agissait  d'organes  spéciaux. 
C'est  là  une  sorte  d'anomalie  de  formation  du  genre  de  celle  qui  expose 
toute  une  descendance  à  la  sexdigitation,  et  sans  doute  un  résultat  de 
sélection  naturelle. 

De  même  que  les  tissus  conjonciifs  physiologiques  ont  entre  eux  une 
corrélation  intime,  en  ce  sens  qu'ils  sont  susceptibles  de  se  ti'ansformer 
les  uns  en  les  autrefs,  et  qu'il  n'y  a  pas  toujours  de  limites  tranchées 
entre  leurs  diverses  formes,  de  même  les  productions  pathologiques  de 
ces  tissus  sont  liées  entre  elles  parle  fait  d'une  coïncidence  fréquente,  de  la 
possibilité  de  leur  transformation  réciproque  et  de  leur  naissance  dans 
des  tissus  de  forme  différente  (enchondrome  du  testicule,  de  la  paro- 
tide, osléome  de  la  dure-mère,  etc.).  C'est  à  tort  qu'on  a  admis  qu'il 
y  avait  en  pareil  cas  hétéroplasie,  et  qu'on  a  voulu  tirer  de  là  des  indi- 
c>ations  pronostiques  d'une  certaine  gravité.  Il  convient,  pour  montrer 
l'erreur  commise  à  cet  égard,  de  rapprocher  la  description  des  altéra- 
tions néoplasiques  conjonctives  et  de  les  séparer  des  formations  épithé- 
liales.  Nous  étudierons  successivement  les  néoplasies  des  tissus  de  sub- 
stance conjonctive  celluleuse,  réticulée,  muqueuse,  puis,  celles  des  tissus 
adipeux,  cartilagineux,  osseux,  flbreux,  vasculaire  et  musculaire. 

(1)  A  pisis  Pisones,  ciceribus  Cicérones,  lentibiis  Lentulos  appellntos  esse. 


1.  -N^oplaiies  <tu  tistu  de  Milistniiru  cunjimi'livc simple  nu  celliilcuse.—  KiiilatliélbirtM. 

Ulissu  de  subslaiice  conjonctive  ct'Uuleusp  es\  Tormé  d'éléments  in- 
rip|)euilanl3,  (;énifratemeiit  aplatis,  renfenijant  peu  de  contenu,  arrondis, 
[xiljponaux  ou  fuBiforraes,  quelquefois  dentelés.  Ces  éléments,  ou  cel- 
luJK,  siinplemcnt  accolés  entre  eux,  soûl  disposés  bous  forme  de  mem- 
hnuei  existant  surtout  à  la  surface  des  cavités  closes  ;  ils  constituent 
IfsfiiuN  êpilliéliums  des  cavités  séreuses,  des  capsules  articulaii-es,  des 
lnjurws  muqueuses,  etc.,  ceux  du  cii'ur  et  des  vaisseaux,  des  parois  des 
fapillairi's  et  des  plus  petits  espaces  lymphatiques,  les  gaines  des 
diuleî  !!an;;lionuaires  et  des  libres  nerveuses  périphériques. 

tiuoique  privé  de  vaisseaux,  ce  tissu  peut  végéter  :  assez  souvent  il 
fcrieiit  le  point  de  départ  de  formations  spéciales,  décrites  sous  des  noms 
Aim,  tibrophytes  de  la  dure-mére.  tumeurs  fibro- plastiques  ou  sarco- 
naleuM^s  de  la  dure-iuère  (Cruveilhier),  tumeurs  sarcomateuses  intra- 
(rtnieuiies  (  Lebert  et  quelques  hislologistes),  sarcomes  angiolilhiques 
(Corniletltanvier).  Exagérant  l'importance  d'un  caractère  tout  à  fait  secon- 
iùn.  t'inliltration  ciil<aire  d'une  partie  de  leurs  éléments,  Virchow  a 
ippelé  CCS  productions  du  nom  impi-opro  de  psammomes.  Ch.  Kobin, 
ïpTKi  avoir  montré  qu'elles  proviennent  de  la  couche  épithéliale  qui 
lipisscla  dure-mère  et  les  séreuses  en  général,  les  a  décrites  sous  le  nom 
d'éfHihélioma  des  séreuses. 

Bton  que  mes  reclierches  personnelles  m'aient  depuis  longtemps  con- 
Ml i  partager  la  manière  de  voir  de  ce  professeur  distinjjué,  quant  à  l'ori- 
r'oede  ces  productions  néoplasiqucs,  il  m'est  cependant  difficile  de  les 
l'^^miler  aux  tumeurs  épilhéliales  dont  elles  diBTèrent  au  moins  autant 
'l"e  les  endothéliums  différent  des  éptthéliums  proprement  dits.  Effective- 
'xenl,  en  dehors  de  leur  structure,  elles  se  distinguent  des  véritables  épithé- 
''"HH's,  et  par  leur  évolution,  et  par  l'infillration  calcaire  dont  elles  sont 
'p  siège  ;  de  plus,  elles  n'ont  pas  comme  ces  derniers  le  triste  privi- 
'cp  d'infecttT  l'organisme.  C'est  pourquoi,  rattachant  ces  altération'; 
'lu  tissu  conjonctif  qui  leur  donne  naissance,  il  me  parait  naturel  de 
'*»  désigner  par  le  mot  endolhéliotne. 

f'tif.ription.—Les  néoplasies  cndottiéliaJes,  dont  le  siège  ordinain-  est  la 
«'rface  de  la  dure-mère  cérébrale  ou  rachidienne,  principalement  la 
Partie  antérieure  du  cerveau  ou  de  la  moelle  épinière,  ont  eneoiv  étéren- 
<m\Tivs  sur  le  feuillet  viscéral  de  l'arachnoïde  et  sur  d'autres  points  de 

'""■pHiisme.  Ch.  Ilobin  tes  a  trouvées  h  k  suifiice  du  péritoine  et  dans  ta 


J 


310  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

veine  iliaque  interne  ;  Neumann,  dans  la  cavité  orbitaire  :  il  n'est  pas  dou- 
teux qu'une  étude  plus  approfondie  ne  permette  de  les  découvrir  en  d'au- 
tres endroits  (1).  Ordinairement  solitaires,  ces  néoplasies  sont  quelquefois 
au  nombre  de  deux  et  dépassent  peu  ce  chiffre.  D'un  volume  qui  varie 
entre  la  j^osseur  d'une  lentille  et  celle  d'un  petit  œuf  de  poule,  elles  sont 
ovoïdes,  sphéroïdales,  quelquefois  aplaties  par  la  résistance  des  tissus  avoi- 
sinants;  le  plus  souvent  elles  sont  sessiles,  et,  dans  quelques  cas, 
on  les  trouve  fixées  par  un  court  pédicule  à  la  surface  des  séreuses. 
Leur  consistance  est  ferme  ou  même  dure,  et  quand  des  sels  de 
chaux  viennent  à  les  incruster,  elles  crient  sous  le  scalpel;  néanmoins 
elles  ont,  dans  quelques  cas,  une  friabilité  très-grande,  toute  particu- 
lière, et  presque  terreuse.  Elles  ne  contiennent  pas  de  suc  ;  leur  colo- 
ration, rosée  et  semée  de  points  rouges  dus  à  des  extravasations 
sanguines,  est  quelquefois  grisâtre  ou  blanchâtre,  surtout  à  la  suite 
d'une  incrustation  calcaire.  Elles  se  détachent  facilement  de  la  membrane 
qui  leur  donne  origine  et  n'adhèrent  pas  aux  membranes  voisines. 

Les  endothéliomes  sont  essentiellement  composés  de  cellules  aplaties 
ou  fusifornies  auxquelles  sont  ajoutés  quelques  noyaux  ronds  et  des  vais- 
seaux plus  ou  moins  nombreux.  Ces  éléments  réunis  agissent,  du  moins 
dans  la  cavité  crânienne,  par  la  pression  qu'ils  exercent  sur  le  cerveau  ou 
sur  les  nerfs,  cl  par  conséquent  leur  situation,  plutôt  (|ue  leur  volume,  dé- 
cide de  leur  degré  d'importance  :  il  y  a  quelquefois  de  la  pachyméningite  à 
leur  voisinage.  Les  cellules  ont  les  caractères  des  éléments  endothéliaux 
des  vaisseaux  artériels  ou  veineux,  des  membranes  séreuses;  elles  sont 
libres,  accolées  entre  elles,  ou  concentriquement  disposées  en  globes 
semblables  aux  globes  épidermiques.  Libres,  elles  sont  pâles,  et  quelque- 
fois tellement  minces  que,  malgré  des  dimensions  colossales,  il  est  difG- 
cile  de  les  voir,  à  moins  d'un  grossissement  considérable.  De  forme  irré- 
gulièrement polygonale,  ces  cellules  sont  aplaties,  assez  semblables  à  un 
voile  plissé  à  un  de  ses  angles,  quelquefois  allongées  et  effilées  vers  une 
seule  ou  vers  leurs  deux  extrémités  (lig.  93).  Entraînées  parle  liquide  sous  le 
champ  du  microscope,  elles  se  montrent  tantôt  avec  leur  forme  lamelleuse 
polygonale,  tantôt  sous  la  forme  d'un  fuseau.  Vues  de  face,  leur  l)oi*d  est 
difficile  à  suivre  tant  il  est  mince;  vues  de  profil,  elles  ressemblent  à  une 
cellule  fusiforme  très-longue,  dont  le  centre  est  occupé  par  le  noyau. 

(1)  Je  ne  doute  pas,  pour  mon  compte,  que  ces  tumeurs  ne  puissent  se  rencontrer 
partout  où  existent  des  cellules  endotliéiiales,  et  je  suis  porté  à  croire  que  bien  souvent 
elles  ont  été  décrites  sous  le  nom  de  sarcomes  fibro-plasliques  ou  sarcomes  fuso-cellu- 
laires  à  grosses  cellules.  C'est  du  moins  ce  que  me  paraît  avoir  fait  Virchow  (voy.  Pntho^ 
hyic  f/es  tumeurs,  irad.  franc.,  t.  11,  p.  191). 


UïPERPLASlES.  3H 

b'its  unes  contre  les  aulros,  elles  ofTiviil  une  nppaifncefibiîllîiireou 
Ifc  qui  peul  tromper  un  observati-ui-  peu  alteulil  (li^.  ^Ii  o).  ICitfin 
pws-unes  de  ces  cellules,  plus  ou  moins  régulières  ou  fusirormes, 
^t  mesurer  jusqu'à  un  ou  deii:c 
Ibwdemillimëtreen  lonpicur: 
(taedVIIes  possède  un  ou  deux 
bsiLuésvers  son  centre,  noyaux 
p  ou  non  d'un  petit  nucléole 

E cellules ,  concentriquenienl 
ES,  forment  des  globes  spliiï- 
ft^,  composés  k  leur  centre  ite 
{teellules  rondes  et  d'une  masse 
^Aeetgi'anuleuse,  le  plus  sou- 
focraslêe  de  sels  calcaires.  Au- 
iece  centre  ou  noyau  globulaire, 
hxlaposées  des  cellules  plateset 
ipes,  qui,  vues  de  champ,  res- 
lent  k  une  bandelette  fusî- 
Klimitiie  par  des  lignes  Toncées. 
H  fiiil  rouler  sous  le  verre  du 
iicope  CCS  agrégats  cellulaires 
ft  par  la  compression,  on  voit 
Baies  détachées  conserver  sur 
nears  côtés  la  forme  courbée  cl 
^  (fig.  9â].  La  plupart  de  ces  globes  sont  simples,  quelques-uns 
fcenlsont  composés,  c'esl-ii-dire qu'ils  présenlentdeuxou trois  petits 
H  à  leur  centre  ;  ces  derniers  sont  quelquefois  ovoïdes  ou  allongés. 
Bieu  de  ces  globes  cAlciliés  se  rencontrent  quelquefois  des  bâtonnets 
kiques  ou  acieulaires  également  incrustés  de  chaux,  terminés  par 
ptrémité  plus  ou  motus  effilée,  souvent  mitre-croisés  on  diverses 
bns  cl  donnant  à  la  préparation  uii  aspect  élégant  (lïg.  9fi  c). 
nr  les  attribue  à  l'incrustatiou  des  faisceaux  de  tissu  cunjonctif,  mais 
[possible,  comme  le  prétend  Itobin,  qu'ils  ne  soient  que  des 
fe  cellules  très-cohérentes  et  calciftées.  Les  grains  calcaires  se  dis- 
Klentement  par  l'acide  chforhydrique,  et  dégagent  de  l'acide  c^rbo- 
Ited  petite  quantité;  en  sorte  qu'il  est  probable  qu'ils  renferment 
fé  phosphate  que  de  rarlmnate  de  chaux.  Ils  laissent  après  eux 
Itague  incolore  ou  grisâtre,  Nnement  grenue,  conservant  parfois  la 
Bts  stries  conwiilriques  pi-ésentées  par  les  ronerêlious  calcaires. 


Fig,  93.  —  a,rf,c«llDleiendalh£1iale>  libres'; 
b,  c,  mâmee  cellules  coocenlriiiueineiit  dis- 
posées autour  de  ao<|aux  centraux  et  for- 
miinl  des  globes  sjihdriques. 


L 


312  ANATOMIE   PATaOLOOIQUE. 

Entre  ces  parties  oit  observe  des  cellules  et  des  noyaux  libres  avec  ou 
sans  nucléole,  et  de  minces  traînées  de  tissu  conjonctif  parcourues  par 
des  vaisseaux  capillaires  assez  volumineux  pour  être  aperçus  à  l'œil  nu. 


Kic.  9S.  —  Ëlc^menls  provenant  il'une  tumeur  d«  rarnclinolile.  a,  cm  élcmenl;,  accolés 
les  uni  aux  antres,  simulent  uu  lisau  llbrillaire;  b,  cellules  enlouraal  de*  nojiaui; 
c,  bâtonnets  c  y  li  nitriques;  d,  e,  cellules  libres  ;  /,  cellules  concenlriqiiement  ilispaiêei 
autour  lie  g1obe>  jphériqucs  ;  in,  ba^etti^s  calcaires  ;  v,  vaisseau  calciQé  ;  JU,  globe 
cellulaire  calciilci  à  son  centre.  Grosiissemenl,  150. 


Ces  vaisseaux,  contrai  rein  en  1  aux  globules  calcifiés,  sont  plus  abondants 
dans  les  tumeurs  du  reutllel  viscéral  (]ue  dans  celles  du  feuillet  pariétal  de 
l'arachnoïde,  ce.  qui  porte  ii  croire  que  le  siéiie  n'est  pas  tout  à  fait  sans 
influence  sur  les  caractiia-s  de  la  nouvelle  formation.  I/îs  ttniiques  de  ces 
vaisseaux  sont  entièrement  lonnées  de  cellules  semblables  à  celles  de  la 
masse  entièi'e.  Cornil  et  Itanvier  rattachent  à  un  bourgeonnement  de  ces 
tuniques  la  fomiation  des  globes  calcifiés,  et  ce  processus  serait  pour  eux 
de  tous  points  senildable  aux  modilicalions  physiologiques  des  vaisseaux 
du  plexus  choi'oïdc.  Mais  si  cette  dis|>osilion  peut  se  rencontrer  dans 
quelques  cas,  il  faut  l'econnailre  qu'elle  est  relativement  rare. 

Évolution.  —  Les  endotbéliomes  naissent  à  la  surface  des  membranes 
séreuses  et  pi'ennent  naissance  vraisemblablement  aux  dépens  des  cellules 
endothcliales.  La  présence  de  jeunes  éléments  ronds  au  sein  de  ces  tumeurs 
porte  à  croire  qu'elles  proviennent  d'un  tissu  embryonnaire  et  non  d'une 
simple  division  des  éléments  celluleux ,  leur  siège  et  leur  faible  extension 
indiquent  qu'elles  s'accroiss<'nt  suilout  aux  dépens  de  leur  propre  mas-si-. 


HYPERPLASIES.  313 

^eur  marche  est  généralement  lente,  autant  du  moins  que  la  clinique  per- 
et  d*en  juger  par  les  phénomènes  de  compression  qu'elles  déterminent. 
'est  peu  à  peu,  au  fur  et  à  mesure  de  leur  accroissement  qu'il  s'y  forme 
cl^sglobes  cellulaires  que  viennent  incruster  des  sels  de  chaux.  Quoique 
I  #3ur  présence  soit  en  quelque  sorte  accidentelle,  ces  globes,  lorsqu'ils 
♦??3Lislent,  n'en  ont  pas  moins  une  valeur  diîignostique  des  plus  impor- 
t^antes.  En  dehors  de  l'inlilt ration  calcaire,  les  endothéliomes  sont  peu 
<ï3iposés  aux  dégénérescences  habituelles  des  néoplasies  conjonctives. 

Diagnostic  et  pronostic,  —  Les  endothéliomes  sont  faciles  à  reconnaître 

h  istologiquement,  car,  indépendamment  des  globes  cellulaires  qu'on  y 

«•encontre,   leurs   cellules  transpareiit(»s,   diiïérentes    de  forme    suivant 

c|W['elles  sont  vues  de  face  ou  de  côté,  ne  permettent  pas  de  se  tromper. 

L#^s  gommes  syphilitiques  et  les  agglomérations  de  tubercules  qui,  à  l'œil 

1111.  leur  ressemblent,  sont  tout  à  fait  distinctes,  pour  l'œil  armé  du  micro- 

î5.oope,  par  le  faible  volume  et  la    fonne  arrondie   de  leurs  éléments 

c-^llulaires.  Le  pronostic  de  ces  lésions  est  grave  à  cause  de  leur  siège 

liabituel  qui  les  met  à  même  de  troubler  les  fonctions  cérébrales  ;  il  Test 

encore  par  la  ténacité  et  la  persistance  de  ces  tumeurs,  qui  n'ont  aucune 

tendance  à  être  résorbées.  Leurétiologie  nous  échappe  à  peu  près  entière- 

ïïîenl,  car  s'il  a  été  possible  de  les  attribuer,  dans  quehiues  cas,  à  un 

traumatisme,  on  ne  peut  admettre  que  cette  influence  ait  été  leur  seule 

«t  unique  cause. 

Bibliographie.  —  Cruveilhier,  Armtomie  pathol,  du  corps  humain  et  Traité 
d'anatom,  pathol,  générale,  Paris,  1855,  t.  111,  p.  642.  —  Lebekt,  Physiologv^ 
V^hologique.  Paris,  1845,  t.  Il,  p.  151.  Traité  des  malad,  caiicéreiuies.  Paris, 
1«51,  p.  755,  Traité  d'anatom,  pathol,  Paris,  1861,  t.  H,  p.  73,  pi.  lOi.  — 
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^  LX,  p.  21,  62,  323,  444.  —  Prévost  et  Vulpian,  Bull,  de  la  Soc,  anat..  1865, 
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{imrnalde  V anaiomie et  de  la  phys,,  etc.  Paris,  1869,  p.  239).  — C.  Gor.r.i,  Sulla 
^futturaesuHosviloppo  degli  psammomi,  Pavia,  1869. — OiHNiLct  Hanvikk,  Man, 
^hist  pathol,,  p.  238.  Paris,  1869. — I.an<:krf.ai:x  et  Lackerhauer,  Atlas  d\ina' 
imiepathol,  Paris,  1870,  p.  lOS-110,  pi.  xlvi,  Gg.  1  et  1',  pi.  xmi,  lig.  4  et  4*. 
^i.EBERTU,  Archiv  f.  path.  Anat,  und  Phys.^  1870,  t.  XLIX,  p.  51.— T.  Neu- 
"ANN,  Uetnn'Sarcom  mit  endothelialen  ZcUen[Arvhivd.  IhilkundCy  1872,  p.  305). 
~-L.  Sabatié,  Étude  sur  les  tumeurs  des  méninges  encéphaliques.  Thèse  de  Paris, 
1873. —  RusTizKY,  Epithelialcarcinom  der  Dura-mater  mit  hyaliner  Degenei^ation 
('^h.  f,  pathol.  Anatom,  und  PhysioL,  LIX,  p.  191  \ 


ANATOHIE   PATBOLOGIQUE. 


■  N'éaplBiiei  de  subslance  canjoDctive  riiticulée.  —  LjmpboDie*. 


La  subsUince  conjonctive  réticulée  se  présente  sous  la  forme  de  cellules 
éloilêes,  atiaslomosées  en  réseau,  ou  de  libres  dérivées  de  ces  cellules  el 
limilaril  plus  ou  moins  complélement  des  espaces  comblés  par  des  élé- 
ments celiulnircs  semblables  à  ceux  du  chyle  ou  de  la  huiphe;  elle  esl 
parcourue  par  de  nombreux  capillaires  qu'elle  enveloppe,  et  auxquels 
elle  forme  une  sorle  de  gaine  et  de  manchon  (tig.  95].  Les  libres  qui 
la  constituent  sont  formées, 
non  d'une  substance  collogèoe 
ou  élastique,  mais  d'un  com- 
posé appartenant  aux  matières 
proléiques,  puisqu'il  est  inso* 
luhle  dans  l'eau  bouillante  el 
sotuble  seulement  dans  lef 
alcalis  caustiques. 

Très-répandu  comme  sub- 
stance de  protection  et  d'en- 
veloppe,   le   tissu  conjonctil 
réticulé  se  trouve  :   1'  dans 
n  tuiiicuri!    toutes  les  filandcs  rolliculeuse^ 
j.  a,  vais-    (glandes  lymphatiques,  rate, 
pcit  spnir  i    amygdales,  thymus,  follicule» 
icule  gaii-    Je  l'estouiac,  de  l'inlostin)  el 
dans   certaines    régions   des 
d     phaiynx,   du   hrvn\     comme   soutien 
I  mphoîdes      '    d  ins  I  eue*  ph  d» 


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]u  1      po        I 


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pour  ainsi  dire  touti  la  trame; 
l'iris;  3°inbn  dans  ceilaims  glandes, 
el  d'envdoppi  dts  elemtnt';  ^hndu- 
q  I  que  soit  l'organe  ou  il  se  rencontre, 
]  t  végéter  et  donner  naissance  h  des 
upfT  et  d'éludier,  comme  le  tissu  aor- 
p  squ'elles  constituent  une  famille  ana- 
urelles,  malgré  les  noms  divers  sous 
idénie,  leucémie,  tunphomc,  lympha- 
e,  ^iiosarcome,   sarcome    glolra-cellu- 

ulé  sont  des  plus  communes,  ce  qui  tient 


BlTEHPUSiES.  SIS 

luut  à  ht  fats  à  la  ^iide  OKlinisiun  de  or  lissu  et  k  ses  propriâlôs  fiéné- 
ratrict^  sp^-cialfs.  Il  eM  prubable.  wi  i-ITot,  que  eo  lissu  dorinp  naissaiict^ 
:iu\  jeunes  (»illu!es  n'iiffj'nR'cs  dans  ses  mailles,  et  l'on  coni|ircnd  qu<>  &ouk 
l'îuDueniv  d'une  irriliition  niOiiu-  l'-^^ic  la  pmtlurliou  tlt-  ees  ctilluW 
deviijiiiK*  plus  iilH)iiilailt(<.  (Juc  les  élimioiils  (lu  réseau  se  mulliplit^nt  en 
même  temps,  il  survient  des  tumeurs  [|ui  mit  pour  rAractm>%  rT>iiimunï> 
d'être  constituéi^s  par  uni*  tninie  rtiliculce,  nu  M^iu  dr  laquelle  seront 
accumulés  eu  plus  ou  rauiiis  gmtido  abuiidatice  des  éléments  lymphoïdcs. 
Ces  tumeui's  ouTéftélations  Imphatiques  sont,  suivant  le  plan  adopté 
ilanscet  ouvrage,  désigtitfs sous  li^  nom  unique  de  li/mpimmea  (t). 

Descrifition.  —    Les  lymphonies  uni  un    volnme    qui   varie  depuU 
Il  grossi^ur  d'une  (rraiiulutiuu  miliaire   jusipi'à    celle   d'une   {lomme, 


■<■•■  BS.  —  t,ei  ganicliuii)  Ijmplialiqiici  de  roiiicllp  ilan)  un  cm  dn  leuc^[[iic.  a,  trière 
OUhire.  (B'ajirfa  l'AKoi  trarmlomir  /"ilhulogiiine  de  Laiiri^reaiis  yl  Lsckerlinuer.'j 

■iW  (ininge,  ou  du  poing  d'un  adulle.  Itaremenl  solitaires,  ils 
IWI  le  plus  souvent  multiples,  toujours  uiul  limiti's  nu  sein  des 
t^guieB,  Idlemeul  que  dans  les  (ilaiidcs  lymphatiques ,  lorsqu'ils 
"B  toDl  pas  trop  volumineux ,  ils  passent  facilement  pour  mio 
Minplu  hypertrophie  (fig.  96).  Us  ont   une  apparence  niéduUnire   eoci- 

(1)  J'ni  anlrrrois  {AtlBa  tTanulomit  pnthaloQiqun)  «ppclc  du  nom  de  lipnphomei  Iw 
*IUntiDn*  gAnglinnrinirrs  qui  tr  rBlUchrnl  aujaurd'hui  1  rinllammallnn,  UndU  que  le 
^f^ia  tant  k  nom  dr  liimpkaddiiinKt  \vi  lumcurn  doni  il  ^«1  i''i  i|iiPftion. 


à 


316  ANATOMIE  PATBOLOGIQUE. 

phaloïde,   une  consistance   un  peu  molle,    une  teinte  grisâtre,  av«H 
des   points  roup;eàtros  correspondant   à  des  dilatations  vasculaires  ou 
à  de   petits  foyers  hémorrhagiques  ;  exceptionnellement  ils  préseiilenl 
des  parties  opaques,  lardacées,  caséiformes;  aussi  n*ont-ils  aucune  ten- 
dance il  Tulcération.  La  pression  en  fait  suinter  un  suc  plus  ou  moins 
abondant  et  lactescent,  dont  les  caractères  macroscopiques  rappellent  le  suc 
du  carcinome.    Ce  suc  est  constitué  par  des  cellules  rondes,  petites. 
d'une  dimension  moyenne  de  10  mill.  de  millimètre,  ne  contenant  qu'un 
seul  noyau,  et  par  des  cellules  plus  volumineuses,  moins  abondantes,  mesu- 
rant 20  mill.  demillim.  ou  même  plus,  et  renfermant  plusieurs  noyaux.  Au 
niveau  des  points  colorés,  ces  cellules  contiennent  du  pigment  sanguin  â 
différents  degrés  de  coloration,  connue  il  s'en  rencontre  dans  la  pulpe 
splénique.  On  y  trouve  en  outre  des  cellules  aplaties,  d'apparence  fusi- 
forme,  contenant  des  noyaux  ovalaires,  et  provenant  de  la  paroi  (b 
vaisseaux,  puis  des  globules  rouges  et  des  noyaux  libres,  résultant  de  h 
déchirure  des  cellules  qui  les  contenaient  (Cornil  et  Ranvier). 

Artificiellement  durcies  et  examinées  au  microscope,  ces  produclious 
sont  constituées  par  une  trame  ou  stroma  très-caractéristique  et  par  des 
éléments  cellulaires.  Si,  à  l'aide  d'un  pinceau  passé  sur  une  coupe  fine, 
on  vient  îi  isoler  ce  stroma,  il  se  montre  sous  la  forme  d'un  tissu  réticuk' 
(fui,  partant  des  capillaires,  présente  au  niveau  des  entre-croisements  des 
noyaux  ovalaires.  Les  mailles  de  ce  réseau  emprisonnent  les  cellule> 
lymphatiques  ;  elles  sont  parcourues  par  des  vaisseaux  plus  ou  inoin? 
dilatés,  contenant,  soit  des  globules  rouges,  soit  des  globules  blam? 
(jue  colore  le  carmin.  Dans  le  premier  cas,  la  composition  du  san|:n«'> 
pas  sensiblement  modifiée,  si  ce  n'est  par  une  diminution  générale  di 
nombre  des  globules  rouges  ;  le  lymphome  est  dit  anomique,  et  la  maladi» 
à  laquelle  il  se  rapporte  est  décrite  sous  le  nom  iï'adénie,  Dans  !«'  se 
cond  cas,  les  globules  blancs  se  trouvent  en  grande  abondance  dan 
le  sang  et  dans  les  capillaires;  le  lymphome  est  dit /ez^rmiVywe,  »'t' 
maladie  qui  Ta  |)roduit  est  connut;  sous  le  nom  de  leucémie  ou  de  /^wi 
tythémie.  Il  semblerait  de  prime  abord  qu'une  diflérence  aussi  gi*»!»^ 
dans  la  composition  du  li(iuide  sanguin  diit  se  rattacher  à  une  dilTei-eW 
non  moins  considérable  dans  la  structure  des  tumeurs  lymphatique' 
mais  jusqu'ici  l'adénie  et  la  leucémie  paraissent  être  constituées  par 
mémc*s  lésions  essentielles,  le  tissu  adénoïde  en  est  la  base  princip*^ 
Cependant  il  est  certain  qu'une  condition  s|)éciale  doit  amener  la  leiiceit 
et  quelques  auteurs  ont  prétendu  avoir  trouvé  cette  condition  danr 
destruction  des  vaisseaux  de  la  néoplasie  qui  déverseraient  les  • 
ments   lymphatiques  dans   le  sang.   Mais  nous  croyons  plutôt  à  la  |. 


nVPERPLASlES.  317 

licipation  de  certains  éléments,  ceux  des  petits  vaisseaux  en  particulier, 
au  processus  morbide;  ainsi,  Deiters  aurait  trouvé  dans  un  cas  des  traînées 
de  cellules  fusiformes  dont  les  couches  extérieures  contribuaient  a  former 
la  paroi  des  capillaires,  tandis  que  les  couches  internes  participaient  à  la 
production  des  globules  lymphatiques. 

Les  lyraphomes  sont  des  végétations  qui  présentent  de  nombreuses 
variétés.  Ces  variétés  se  rattachent,  les  unes  à  la  prédominance  de  Tun 
des  éléments  constitutifs,  les  autres  à  une  influence  topique. 

Quelquefois  les  éléments  cellulaires  sont  le  siège  d'une  multiplication 
luxuriante  :  peu  à  peu  le  tissu  réticulé  est  étoulTé,  il  disparaît  complé- 
leraont,  et  l'organe  tout  entier  se  transforme  en  un  amas  de  cellules 
ijTnphaliques  ;  les  vaisseaux  se  rompent  et  donnent  naissance  à  des 
héraorrhagies  ;  la  néoplasie  est  molle  et  présente  les  apparences  d'une 
tumeur  encéphaloïde  ;  tels  sont  les  lymphomes  anémique  et  leucémique. 
D'autres  fois,  la  végétation  des  éléments  de  la  trame,  ou  tissu  trabéculaire, 
l'emporte  sur  celle  des  éléments  lymphatiques,  la  capsule  et  les  cloisons 
de  la  glande  sont  épaissies,  le  réseau  fin  de  l'intérieur  du  follicule  devient 
plus  fort  et  se  sclérose  par  places,  en  sorte  que  la  glande  an*ectée  offre 
un  aspect  fibreux  ou  squirrheux  ;  et,  si  ce  tissu  ne  se  développe  pas 
entièrement  et  reste  à  letat  embryonnaire,  la  tumeur  est  plus  molle  et 
en  même  temps  plus  dangereuse.  La  variété  de  lymphome  ainsi  carac- 
térisée, est  décrite  par  quelques  auteurs  sous  le  nom  de  iymphosarcarne. 
Lestonsilles  et  les  glandes  lymphati(|ues  du  cou  en  sont  le  siège  le  plus 
habituel  ;  de  là  cette  altération  s'étend,  tantôt  dans  les  aisselles,  tantôt  et 
plus  souvent  dans  le  médiastin  antérieur,  comprimant  la  trachée,  les 
vaisseaux  et  les  nerfs  de  cette  région.  Solitaires,  ou  le  plus  souvent 
limitées  à  un  groupe  de  glandes  lymphatiques,  les  tumeurs  dites  lym- 
phosarcomes  peuvent  se  généraliser;  le  siège  de  prédilection  de  leurs 
métastases  est  la  rate,  et  elles  auraient  même  récidivé  après  avoir  été 
extirpées.  Quelques-unes  des  tumeurs  ainsi  dénommées  peuvent,  il  est 
vrai,  appartenir  aux  fibromes  que  nous  appelons  embryonnaires  ou 
sarcomes. 

Envisagés  au  point  de  vue  de  la  région,  les  lymphomes  offrent  des  diffé- 
rences sensibles.  Au  sein  des  glandes  lymphatiques,  ils  représentent  des 
tumeurs  diffuses,  mal  limitées,  facilement  prises  pour  de  simples  hyper- 
trophies ;  car,  malgré  leur  augmentation  de  volume,  ces  glandes  con- 
servent leur  forme,  leur  colomtion,  et  parfois  aussi  leur  consistance 
(fig.  97).  Toutefois,  si  l'accroissement  de  volume  survient  rapidement  et 
acquiert  des  proportions  un  peu  considérables,  les  glandes  incisées  présen- 
Nlun  pointillé  rougeàtre,  produit  par  la  dilatation  des  nombreux  vaisseaux 


I  |k:,: 


.•'.(»• 


FlG.117.— H.iiiR^ijrigliaDnaireduMiFiieiilËreiJantiinc 
(jT,  glmiclci.  {VifTiaVAflns ifauoloiaic pithologiq 

^Wan  est  i-ii  quelque  soi-le  rcMii()lacéo  pnr  la  siihisUtiit»  corlicalc,  aflMb^  1 
tout  à  la  fuis  (l'hyperplusÎG  ol  (J'hypcilrophic.  Ainsi,  la  partie  médullam'  ' 
8f.  trouve  (■ninmo  efra«'«,  et,  sur  une  surriicn  rie  flortion,  on  n[H;r(.'oit  Its 
Tentes  qui  convspondent  aux  sinus  lymphatiques  eiiveloppaul  les  roltî- 
iMiles.  Suruno  coupe  microscopique  pratiqui^  après  durcissement  et  trnit^Vt 
par  le  pinceau,  le  réticulumapparall  rc]iéauxvaissi!uu\  capillaires  remplis, 
soit  (le  globules  rouges,  soit  de  plolmles  blancs,  tandis  que  les  fibrilles  du 
réseau, beaucoup  plus  «épaisses  qu'à  l'élat  nonnnl,  montrenl  sur  quelques- 


^ 


flIYPElIPl.iMK!).  318 

lit  leurs  poînU  d  eiitre-citiisciucut  des  amas  de  nnyKux  ovalaires, 

Us  l_v niphome^  à*',  h  mlc.  â<mt  dilTus  ou  circuiiM'iUs  et  rrssemlileiit  à 
une  liypiTtmpbk-  simple,  à  des  tumeurs  plus  uu  moins  volumineuses,  de 
Udimifiiiiiflii  d'uu  pois,  d'une  noisetli',  d'un  marron  (voy.  mon  Alla»,  pi.  60, 
li^  1).  lUse  développent  dniis  lu  pul|wetiiu.'isidant<lescurpuseuli'sde  Mat- 
[ii^lii  :  ils  oui  uu  Hsp^-cl  roU^efiliv-,  une  densilê  plus  grande  que  celle  du 
\\is\l  [lumial  de  la  rate,  et  giinl  composés  de  cellules  lymphatiques  et  d'un 
li»su  rulicuU' épaissi. Dans  un  ca»i]ui  m'est  persoiuiel,  lu  rjle.iullu'-renleau 
iJiaf)hni|:nie  d'une  luufnieurde  36  ci-utiniétn»(  cl  d'une  largeur  de  "22  cen- 
tiiridres,  formait  uue  sorte-  do  gâti>au  d'un  poids  de  plus  de  3  Lilo- 
::raijirries(li^.  W).  Le  thymusjurs  niémequ'ilasuM  uul^ atrophie pivMiiH' 
"'iililélc.peuldeveuirlupoiut 
ik'  ileparl  il'uiie  production 
lMii|itinmal4>us'!:  aussi  le  voit- 
un  ivprcudn-  cl  noquéi'ir  uu 
iiiluTiie  ilêmtsun'». 

A  In  surface  interne  tlu  luhe 
ili;;rstif,  partout  où  sf  reu- 
'iifilrL'  le  tissu  adénoïde,  dans 
liAlomat^  et  dans  l'intestin, 
l'^lynijihomeB  se  prùsuuleiil 

iiiime  des  tumeurs  bosselées, 
^njùtrus  ou  rosËvs,  molles,  eu 
l'urue  àv  circonvolution,  ou 

ii'ore  comme  des  plaques 
l'Iii^  ou    ntoiiis    épaisses   et 

tuillanles,  iné|{ale£  ot  parfois 
tikérèen  h  leur  centre.  Cette 
(liHible  disposition  peut  si'  rcii- 
infriT  sur  les  mêmes  points 
'usurdes  parties  difTérenles 
'il  lulx!  iuleslinul.  A  u^té  des 
'iiides  ni  tulle,  ronrciimmt 

IN  Lvutenu  ffranuleux,  on  iipeivoit  au  iniei'OMnpe  un  tissu  i 
'if  nouvelle  formation,  t-araclerisc  |Nn-  de  laijies  mailles, 
'^111  cellulaire,  et  des  Irabéculos  épaissies;  souvent  mt>nie  les  glandes 
l'pitlléliales  ont  disparu,  il  ne  re.-ile  que  le  tissu  réticulé,  doul  les 
■Bulles  sont  remplies  de  ct^'llules  hniplialiques.  Dans  un  cas  que  j'ai  vu, 
•pànieà  vingt  tumeurs  grisâtres  ou  i-osées,  hémispbérîques,  iirégulimt- 
inotamitidicseldu  volume  d'une  |ietile  noisette,  faisaieul  saillie  A  lusur- 


KlO.  «8.  —  La 
orgaDi-  présente  sur  «a  aiirTsce  rie  «ecliDii  d«  nom- 
branwï  Uclies  juunea  duM  ib  doa  hifaretui  ditpo- 
nt»  tuiianl  le  Irajol  ilc*  valstcniix. 


330  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

(ace  de  la  muqueuse  épaissie  de  Testomac  Des  tumeurs  semblables,  wm 
plus  volumineuses,  existaient  à  la  face  interne  du  duodénum  et  de  la  piv 
mière  portion  dujéjunum  anormalement  dilatée.  Plus  loin,  une  large  plaqi 
d'un  centimètre  d'épaisseur  et  de  près  de  10  centimètres  de  longueur  cK-n 
pait  tout  le  pourtour  de  l'intestin.  La  surface  extenie  de  cette  plaque,  uni 
blanche  et  comme  fibreuse,  présentait  quelques  petites  bosselures  duv 
lume  d'un  pois,  tandis  que  sa  lace  interne,  irrégulière,  blanche  et  rosé<p 
places,  était  le  siège,  sur  l'un  de  ses  points,  d'un  piqueté  noir  héinorrh 
gique.  Dans  quelques  cas,  ces  altérations  se  présentent  sous  forme 
petites  tumeurs  acuminées,  semblables  aux  fojlicules  hyperplasiés  de 
fièvre  typhoïde  ou  de  la  tuberculose,  rarement  déprimées  ou  ulcérées 
leur  centre.  Constituées  par  les  glandes  de  Lieberkùhn  et  un  tissu  nlin 
de  nouvelle  formation  se  substituant  au  chorion  muqueux,  ces  tumei 
me  paraissent  plus  communes  qu'on  ne  le  suppose  généraleniei 
L'atlas  du  professeur  Cmveilhier  renferme,  malgré  l'absence  de  tout  e: 
inen  microscopique,  un  exemple  non  douteux  de  cette  altération  1. 
surface  interne  de  l'estomac  présente  un  grand  nombre  de  replis  sinue 
affectant  la  disposition  des  circonvolutions  cérébrales,  et  dirigés  dv  l'o 
lice  cardiaque  vers  l'orifice  pylorique,  à  une  petite  distance  duquel 
s'arrêtent.  Indépendamment  de  ces  replis,  la  muqueuse  épaissie  de  1' 
tomac  offre  une  multitude  de  petites  granulations  plus  ou  moins  saillaii 
à  sa  surface;  les  membranes  sous-jacentes  sont  intactes  (fig.  99  .  Lar 
queusedc  l'intestin  grêle,  grisâtre  et  de  consistiince  normale,  est  IutIs 
de  milliers  de  saillies,  discrètes  pour  le  plus  grand  nombre,  conlhnnteî 
quelques  points  :  ce  sont  les  follicules  hypertrophiés  et  transf(uiné> 
kystes  par  dégénérescence  muqueuse.  Os  organes  sont,  les  uns  srs>i 
aplatis,  lenticulaires  ;  les  autres,  pédicules,  ovoïdes,  semblables  à 
petite  v«*ssie,du  volume  d'un  pois,  de  couleur  rosée,  avec  de  nonibn-i 
ramilirations  de  vaisssaux  capillaires.  On  ne  peut  distinguer  d'oriliee 
aucun,  mais  si  on  les  ouvre  avec  le  scalpel,  il  en  sort  un  liquide  viscpi 
analogue  à  celui  qui  tapisse  les  parois  de  l'estomac.  Ces  follicules  exisi 
danstout(»  l'étendue  des  deux  intestins,  ils  sont  nombreux  surtout  dau 
première  portion  de  l'intestin  grêle.  Les  phupies  de  Peyer  sont  tuméli« 
connue  aussi  les  ganglions  lymphatiques  annexés  aux  diverses  |)artieî 
lubedigestif,  les  ganglions  sous-niîixillaires  et  cervicaux,  lesamygdalese 
follicules  clos  de  la  base  de  la  langue.  Le  foie  et  la  rate  sont  très- volumim 
Les.  membranes  séreuses,  dépendances  du  tissu  lymphatique,  m 


k     s 


(1)  Cet  exemple  est  emprunté  au  docteur  Briquet,  qui  l'a  public  dans  le  jou 
V  Institut  médical  j  u»  du  15  juUlet  1839,  sous  le  titre:  Observation  (C  adénite  chf^n 
ai)€c  altération  spéciale  de<  follicules  muqueux  du  tube  ditjestif. 


nvrERPi.AsiEs.  231 

, 1-™.  _je  alteiiiles  du  lymplionie.  Les  deux  plèvres,  dans  un  cas 

rB|i|wrU'  par  Neumanii,  élaienl  eoiniui!  doublées  par  une  ixjuche  de  lissu 
roou.  d'apparence  mêdiillairo,  fomianl   un  véritable   coussinet  aous- 


t  (tuodinum  dont  le»  folliculei  olo*  el  lo  liasu  .-idénaidc  suu(< 
le  si^c  (l'une  hjpcrplaHe  tonsiddrabk.  n,  inrisian  iji-alinéu  à  moiiLriT 
umeitl  lie  la  muqueuse  ;  b,  tumeur  gangtiotiniira.  Semblable  alléralion  cusie 
la  l'Ëltndue  de  rinleiiin  griSIc  el  du  grns  Jnlciitia. 

^''\i\,  analogue  à  un  piinnu-ulc  adipeux.  Ce  lissu,  sous  forme  de  plaques 

"soIms,  eiivaJiissiiit  eu  arrière  le  périoste  des  corps  vertébraux,  en  avant, 

^^face  poslérioure  du  steniuni,  et  ciivcijait  des  pixilongeiiients  ii  travers 

^H      UlKUEAUI.  —  Traité  d'An.il.  1-   —  31 


M 


S22  AN4T0MIK    PATUOLOGIOUE. 

les  faisceaux  du  grand  pectoral.  D'une  consistance  semblable  à  celle 
parenchyme  des  ganglions  hypertrophiés,  de  teinte  jaune  pâle  avec  c 
points  irrégulièrement  injectés  et  congestionnés,  ce  tissu,  à  la  cou| 
laissait  échapper  un  suc  abondant,  blanchâtre,  laiteux;  il  était  cora|M 
d*un  réticulum  serré,  d'un  réseau  capillaire  et  de  petits  éléments  rom 
mats  ou  incolores.  Dans  les  muscles  envahis,  les  corpuscules  lympl 
tiques  orxupaient  le  périmysium,  les  fibrilles  musculaires  priraiti 
étaient  «ibsolument  intactes. 

Développés  dans  les  organes  parenchymateux,  les  lymphomes  onl 
général  l'apparence  de  petites  tumeurs  mal  circonscrites,  grisâtres 
blanchâtres,  dont  le  volume  varie  depuis  la  grosseur  d'un  pois  jusq 
celle  d'un  marron.  C'est  sous  cette  forme  qu'ils  se  rencontrent  dans 
foie,  les  reins,  et  sans  doute  aussi  dans  les  poumons.  Toutefois,  à  côte 
ces  productions  constituées  comme  celles  du  tube  digestif  par  un  liî 
adénoïde  réticulé,  il  existe  quelquefois  au  sein  de  ces  organes,  com 
l'ont  vu  Ollivier  et  Ranvier,  dans  un  cas  de  leucémie,  des  noya 
d  apoplexie  diiïuse  de  globules  blancs,  qu'il  importe  de  ne  pas  confoni 
avec  les  lymphomes  vrais. 

Il  y  a  lieu  d'être  surpris  que,  malgré  l'existence  d'un  tissu  réticulé  da 
les  centres  nerveux,  on  n'ait  jamais  signalé  la  présence  de  turaei 
lymphatiques  dans  ces  centres;  mais  cette  contradiction  n'est  sa 
doute  qu'apparente.  Il  est  vraisemblable  (ju'un  certain  nombre  sin 
la  plupart  des  tumeurs  décrites  sous  le  nom  de  glionies  doivent  ronti 
dans  le  groupe  des  lymphomes,  dont  elles  ne  diiïèrent  que  par  u 
structure  un  peu  spéciale,  en  rapport  avec  la  structure  de  la  névn)|:l 
La  nature  du  tissu-mère  détermine  en  eiïet,  du  moins  au  débul. 
caractères  de  la  formation  nouvelle  ;  plus  tard  seulement,  celle-ci  pre 
dans  sa  marche  les  allures  d'une  production  indépendante.  l)'aill«'U 
de  môme  que  les  lymphomes,  certains  gliomes  n'ont  pas  de  lini 
tranchée  ;  ils  apparaissent  h  la  convexité  des  hémisphères  roinnie  u 
circonvolution  d'un  développement  colossal  (voyez  mon  Atlas  d'Anatoi 
pathologique,  p.  ^16  et  pi.  ^1,  fig.  3,  3' et  3"),  et  ne  se  distinguent 
tissu  sain  (|ue  par  une  plus  forte  vascularisation.  Ouelquefois  (T|h 
dant,  ces  productions  revêtent  une  forme  arrondie,  sont  nn'eux  circc 
scrites  et  constituent  des  tumeurs  (jui  peuvent  acquérir  le  volume  A 
marron.  Ces  tumeurs,  molles,  blanchâtres,  d'apparence  nuHinlIai 
avec  des  stries  ou  des  points  rougeàtres  produits  par  des  dilatalit 
vasculaires  ou  des  extravasals  sanguins,  sont  composées  de  |K»ti 
cellules  rondes  et  de  novaux  analogues  aux  cellules  et  aux  iiovaux 
la  lymphe,  dispersés  entre  les  capillaires  dans  une  espèc^i  de  stronia 


inrKiU'r.ïsiES.  353 

(ifrfsffln  iVïtrémprm'nt  lin  (lifr.  IIIO).  Ces  TorDmlioiis  ne  s'plendeiil  pi'iiii- 
ralctiU'nl  pas  ru  delà  de  la  m^vroglie  ;  mais  il  est  vrai  de  dire  qite 
li'>lymphnnies  des  glandes  lymphatiques  el  ceux  du  lissu  adénoïde  de 
l'intesliii  reslcnl  fréqucmmpnt  limités  à  ces  mêmes  parties.  Il  y  a  par  cnn- 
ié([uent  pour  les  néoplasies  lympha- 
liqufs,  comme  pour  la  plupart  des 
nouvellps  formations  des  centres 
nigionnux  multiples. 

Les  os,  organes  rtehcs  en  tissu 
adénoïde,  sont  aussi,  dans  certains 
ns,  lesié*;edeNniphomes.  Cesnéo- 
plïsies  déterminent  une  augmen- 
Ulion  ^néraleet  limilcft  du  volume 
do  l'os  qui,  à  la  coupe,  présente 
ilsns  sa  partie  médullaii'c  des  points 
im  Ilots  mugeâtres,  souvent  jau-  l 
nilires  ou  lardacés,  s'élendant  par- 
ffi»  jusque  dans  la  substance  compacte  dont  ils  îimènenl  la  raréfac- 
tion. Ui  tissu  osseux,  au  niveau  de  ces  Ilots  qui  tranchent  sur  la  partie 
Mine  du  voisinage,  est  diminué  de  consistance,  et,  pressé  entre  les 
iloifTls,  il  laisse  généralement  sourdre  un  suc  abondant,  blanchâtre, 
li'fT^menl  Hlanl.  Une  coupe  line  de  ce  tissu,  lavée  et  examinée  au  mi- 
Tisoipc,  montre  un  stroma  réticulé  limitant  des  mailles  plus  ou  moins 
iHrnilues.  dans  lesquelles  sont  comprises  quelques  cellules  arrondies, 
ou  iIps  noyaux  libres  rev(^lus  d'une  mince  couche  de  proloplasma.  Les 
parties  rouges  de  c^ttc  néoplasie  sont  constituées  par  un  tissu  lympha- 
tique en  voie  de  formation,  et  dont  l'abondance  contribue  à  amener  la 
f^rjilion  graduelle  de  la  substance  osseuse,  tandis  que  les  portions 
l»uncs  sont  dues  à  une  dégénérescence  graisseuse  plus  ou  moins  avancée 
'1m éléments  c«llulaires  de  ce  même  tissu.  Cette  altération, qui,  îi  l'œil  nu, 
""Mfimble  assez  à  la  suppuration  osseuse,  coexiste  toujours  avec  des  lym- 
phitmes  d'autres  organes;  néanmoins  il  y  a  lieu  de  se  demander  si  quei- 
'l'ifs  sarcomes  myêtogènes ,  isolés  des  os,  n'ont  pas  leur  place  dans  la 
Fiande  famille  des  lymphomes, 

'^rtnines  tumeurs  de  la  peau,  généralement  décrites  depuis  Alibert  sous 
'''  nom  de  mycosii  fongotde,  ont  été  rattachées  il  y  a  (juelques  années 
^  1"  lymphadénie  cutanée.  Nous  n'avons  aucune  objection  k  faii-e  à  cette 
'imnidrc  de  voir,  sî  ce  n'est  que  jusqu'ici  ces  tumeurs  se  sont  montrées 
iniippeiidnntes  de  toute  lésion  de  la  rate  et  des  glandes  lymphatiques. 
'^pendant,   l'autorité  de  Hanvicr,  qui  n  trouvé  ces  lunitnii's  constituées 


334  ANATOMIE   PATUOLOGIQUE. 

par  le  lissu  lyniphalique  ou  adénoïde  de  His,  ne  doit  laisser  aucun 
doulc  sur  leur  nature,  el  nous  n'hésitons  pas  à  les  faire  reulrer 
dans  le  groupe  Jcs  lymphomes.  Ces  tumeurs,  saillantes  à  la  surface 
de  In  peau,  du  volume  d'un  pois  ou  d'une  noix,  sont  dures,  élasliquM, 
rosées  ou  rouge  violacé,  ce  qni  les  a  fait  comjHirer  par  Aliberl  à  des 
lomali'S  mùres(Ëg.  lOlJ. 
t^lk's  sont  isolées  ou 
cohérentes  sur  certains 
{loinls,  d'où  l'aspect  ma- 
irii'lonnéde  la  niasse  fon- 
Ljiiïile;  elles  ne  sont ja- 
[jtais  pédiculêes.  Leur 
accroissement  est  en  gê- 
né rai  rapide,  et  lors- 
(|u'elk's  ont  acijuis  un 
ccrlain  volume,  cllessar- 
rétrnt  dans  leur  dévclop- 
penioni,  les  unes  s'atro- 
phient et  peuvent  dispa- 
raître, tandis  (|ue  les  au- 
tres, habituellement  les 
plus  grosses,  se  ramollis- 
sent et  s'ulcèrent. 

Le  san^,  en  vertu  de 
ses  rapports  intimes  avec 
le  s\stéme  lymphatique, 
est  toujours  plusoumoins 
modilié  chez  les  indivi- 
dus atteints  de  lymphu- 
mes  multiples.  Cette  mo- 
i  blancs,  dont  lu  nombre 


FiG.  101.  —  Troni;  il'iini-  mulail''  ntk'inti;  du  iiijcoiis 
(roïdo(l]'niphDtiie  i-u(aQË),(Le  laviUn  Tail  parli«  du  m 
(]«  l'hdiiilal  Saint-Loui»). 


diGcalion  porte  spécialement  sur  les  ^lobult 
est  en  Ki^néral  augmenté,  et  quelquefois  dans  une  proportion  con- 
sidérable (leucémie).  Les  {{lobules  rouges,  nu  contraire,  sont  dimi- 
nués de  nombre  et  souvent  de  volume,  l'albumine  et  la  fibrine  sont 
en  faible  proportion;  le  liquide  séro-sau(i;uinolen1  retiré  par  mui  de 
la  plèvn^  d'un  leucémique  ne  se  coagula  nullement.  Les  matières  grasses 
et  les  matières  extractives,  liyposnnthiue,  Icucine,  etc.,  sont  on  plus 
grande  ubonduucc.  &s  modilications  contribuent  ii  amener  des  fa^or- 
rhagies,  accidents  fréquents  dans  la  leucémie  surtoul,  oii  elles  se  refï* 
contrent  jusque  dujis  les  organes  non  uuvuliis  par  lu  néuplasie.  1' 


parla  rupture  ces  capillaires,  ces  hémorrhagies  surviennent  d'autant 
[ilus  facilement  que  les  vaisseaux  renTennent  plus  de  globules  blancs.  Il  est 
vraisemblable  que  le  pouvoir  adhésif  do  ces  derniers  favorise  l'obslniclion 
ïasfuiflire,  augmente  la  teiisinn  sanguine  et  détermine  les  ruptures. 
Dans  un  cas  qui  m'est  personnel,  ratte  ohsiniclion  élait  tellement  pro- 
nonce que  tous  les  petits  vaisseaux  des  hêmisphires  cérébraux,  remplis 
ilv  globules  blancs,  offraient  les  apparences  de  la  plus  l>elle  injection 
iiicrcurielle.  Quelquefois  l'obstructiou  vas4^u1aire  détermine  la  formation 
dinbrrtus  caractérisés  par  des  Ilots  blanchâtres,  opaques,  caséeux, 
ayant  la  Btruclure  du  tissu  adénoïde. 

Émlvlimi.  —  Si  nous  connaissons  exactement  le  point  de  départ 
ilt's  lyinphomes,  par  contre,  nous  savons  moins  comment  ces  tumeurs 
prennent  naissance.  Sont-ellos  l'effet  direct  d'une  simple  multiplica- 
tion des  éléments  préexistants  ;  proviennent-elles  du  développement 
pK'alable  d'un  tissu  embryonnaire?  L'observation  est  difficile  pour  les 
lyinpiiomes  des  glandes  lymphatiques,  où  tous  les  éléments  cellulaires 
paraissent  végéter,  les  cellules  lymphatiques  dans  l'intérieur  des  alvéoles, 
les  cellules  de  tissu  conjoncttf  dans  les  capsules,  les  trabécules  et  les  ré- 
seaux foi-mant  les  sinus  ;  mais  elle  est  plus  facile  pour  les  autres  or- 
ganes. Coruil  et  Hanvier  admettent  que  la  première  phase  de  développe- 
nienl  du  lymphome  des  os  consiste  dans  la  production  d'une  masse 
(1«  tissu  embnonnaire  aux  dépens  de  la  moelle  osseuse,  tandis  que  ce 
rt^ïeloppemont  a  pour  point  de  départ,  dans  quel(]ucs  autres  organes,  le 
tissu  conjonctif  interstitiel.  La  seconde  phase  est  représentée  par  la 
fonnntion,  aux  dépens  des  cellules  embryonnaires,  de  prolongements 
qui,  arrivés  au  contact  les  uns  des  autres,  se  soudent  et  composent  le 
lacis  réticulé.  Les  cellules  embryonnaires  qui  ne  subissent  pas  ces  modî- 
litalions  forment  les  cellules  lymphatiques. 

L'ancroissement  des  lymphomes,  généralement  uniforme  et  continu, 
'"pire  par  la  multiplication  des  éléments  lymphatiques  et  par  l'extension 
^f  l'altération  aux  parties  voisines.  Ces  néoplasies  ont  fort  peu  de 
''l'duice  ù  dégénérer;  elles  s'ulcèrent  rarement,  et  n'arrivent  jamais 
i  une  résolution  complète.  D'un  autre  cdtt!,  elles  ne  détcmnnenl  aucune 
'oi'tc  purulente  des  parties  affectérs. 

Hingruulic  el  pronoslic.  —  Tumeurs  mnl  circonscrites  ou  diffuses,  les 
'ifiiiphonies  sont  facilement  confondus  avec  les  hyperplasies  pblegmasi- 
l^f»;  ceux  des  glandes  lymphatiques  surtout  ont,  h  leur  début,  une 
Pïmie  ressemblance   avec   les  adénites    ganglionnaires.   Comme   ces 


J 


326  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

dernières,  ils  consistent  dans  une  formation  cellulaire  plus  ou  moins 
abondante  ;  mais  ils  se  distinguent  par  une  consistance  uniforme,  un 
certain  degré  de  mobilité,  et  aussi  par  leur  évolution.  Effectivement, 
tandis  que  la  nouvelle  formation  de  la  lymphadénite  est  destinée  à  périr 
par  dégénérescence  graisseuse,  caséeuse,  ou  par  fonte  pumlente,  celle 
des  lymphomes,  continuant  de  vivre  et  de  se  développer,  persiste  à  peu 
près  indéfiniment,  et  cela  en  dépit  des  traitements  les  mieux  administrés. 
Pour  ce  motif,  le  pronostic  des  lympbomes  est  sérieux  ;  néanmoins 
il  présente  des  degrés  de  gravité  qui  sont  en  rapport  avec  les  nom- 
breuses variétés  des  tumeurs  lymphatiques.  La  variété  dite  lympho-sar- 
come  est  redoutable  en  raison  de  sa  tendance  à  l'infection  et  aux  réci- 
dives ;  les  autres  variétés,  moins  malignes,  sont  le  plus  souvent  fatales,  par 
leur  tendance  à  la  dissémination.  La  gravité  du  pronostic  ou  mieux  de  la 
durée  du  mal  se  juge  ordinairement  d'après  la  rapidité  de  la  croissance.  En 
général,  on  peut  admettre  que  la  maladie  est  d'autant  plus  dangereuse 
qu'elle  apparaît  à  un  âge  moins  avancé,  qu  elle  se  développe  avec  plus  de 
rapidité,  affecte  un  plus  grand  nombre  d'organes  et  s  accompagne  d'une 
altération  plus  profonde  du  liquide  sanguin. 

Étiologie  et  patkogénie.  —  Les  lymphomes  ne  sont  presque  jamais 
congénitaux;  cependant  ils  se  rencontrent  depuis  la  première  année 
jusqu'à  l'âge  de  quarante  à  cinquante  ans  ;  plus  tard,  ils  sont  rares. 
C'est  entre  huit  et  vingt  ans  que  ces  altérations  ont  leur  plus  gi*ande 
fréquence,  ce  qui  porte  à  croire  qu'elles  ne  sont  pas  sans  relation  avec  le 
développement  du  système  lymphatique.  Ces  tumeurs  sont  communes  chez 
les  scrofuleux,  les  rachitiques,  c'est-à-dire  chez  les  individus  où  il  y 
a  prédominance  du  tempérament  lympliatique.  On  les  voit  apparaître  quel- 
quefois à  la  suite  d'une  intoxication  maremmutique ,  mais  trop  rare- 
ment pour  que  l'on  puisse  considérer  cette  intoxication  comme  une 
cause  efficiente.  Mosler  a  observé  un  cas  de  leucémie  après  un  trauma- 
tisme de  la  rate  ;  mais,  avant  d'admettre  l'influence  de  cette  cause,  il 
serait  nécessaire  d'avoir  des  faits  plus  nombreux.  En  résumé,  nous  con- 
naissons fort  peu  l'étiologie  des  lymphomes  et  nous  ne  sommes  pas  mieux 
renseignés  quant  à  présent  sur  les  conditions  pathogéniques  de  ces  tumeui's. 

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bert,  Mém,  de  la  Soc,  de  biologie,  1856,  série  2.  — Vidal,  Ibid.,  1856,  p.  10?i, 
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sér.  3,  t.  I).  —  BiJVCBE,  Note  sur  tmcas  de  leiicémie  splénique  {Bull,  de  VAcad.  à 
méd,,  1856,  t.  XXI,  p.  398). — Krtbren,  Deleuccemia,  diss.  inaug.  Berol.,  1857.— 
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32.  —  G.  Weioenbaum,  De  Leucœmia,  diss.  inaug.  Dorpal,  1859.  —  E.  Wagner, 
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1866.  —  Behier,  Leucémie  intestinale  {Union  méd.,  août  1863,  99).  —  Olli- 
vjer  et  Ranvier,  Compt.  rend,  et  Mém,  de  la  Soc.  de  biologie,  1866,  série  /i,t.  111- 
p.  266.  Nouv.  Observ.  pour  servir  à  C  histoire  de  In  leucocythémie  (Archives  de  phy- 
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kamie  {Archiv  f,  pathoL  Anat.  und  PhysioL,  t.  61,  p.  399,  1870).  —  NeimaSI*^ 
Arch.  d,  Heilkunde,  1870,  p.  1.  Neurr  F(dl  von  Lmkœmie,  mit  Erkrauk,  tl^ 
Knochenmarkes  [Ibid.,  1872,  p.  502).  — Mosler,   Zur  Mtiologie  der  Leuhiff^^ 
(Archiv  f,  pathol .  Anat.  und  PhysioL,  t.  LVl,  p.  16,  1872).  — Mosler,  J6k'-' 
t.  LVII,  p.  532.  Die  Path.  und  Thérapie  dcr  Leuknmie.  Berlin,  1872.  —  0.  Bo*-* 
LiNGER,  Ueber  Leukiïmie  bei  den  Hausthieren  [Archiv  f.  path.  Anat.  und  Physio^  ' 
t.  LIX,  p.  361).  —  Meissneh,  Srhmidt's  Jahresb.,  t.  CXXXVI,  p.  29;t.aLl^ 
p.  166  ;  t. CL,  p.  273;  t.  CLV,  p.  313,  \  SI  2.  — \ii\cuo\v,  Pathologie  des  tumeur^' 
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p.  526,  cl  Archiv,  gén,  demèd.,  1866,  p.  619.  —  Sevesthe,  Bull,  de  la  St^^ 
anatom.,  1872,  p.  529. 

T.  LANGfiANs,  Das  maligne  Lymphosarcom  (Anhiv.  f.  pathoL  Anat.  und  Vh^ 
siolog.,  vol.  LIV,  p.  509,  et  Arch.  med.,  juillet  1872).  —  Ul.  TrRlat,  fkslyi^ 
phosarcomes  {Soc.  de  chirurgieoX  Gaz.  des  hôpitaux,  \  SI 2,  p.  653  et  660). — Pana^ 
Ibid.,  925. —  Audineati,  Du  lymphosarconir.  Thcsc  de  Paris,  lb72. —  LK(iAi.u»i:==^ 
Lymphadénome  du  cou.  Thèse  de  Paris,  1873,  —  Lasè«jle,  Archiv.  gén.  de  mvd — 
avril  1876,  p.  686.  —  Pasturald,  Bull,  de  la  Soc.  anat.,  1876,  p.  132. 


HYPERPLASIES.  329 

IH.  —  Néoplasies  de  substance  conjonctive  muqueuse.  —  Myxomes. 

Le  lissu  muqueux,  ainsi  dénommé  à  cause  de  sa  consistance  et  de 
sa  composition  chimique,  où  il  entre  de  la  mucine,  est  très-comm'un 
chez  les  animaux  inférieurs.  Répandu  chez  le  fœtus  humain,  il  con- 
stitue certaines  masses  embryonnaires  destinées  à  disparaître.  Moins 
abondant  chez  l'adulte,  où  il  se  transforme  d'ordinaire  en  tissu  grais- 
seux, excepté  dans  les  parties  génitales  externes  où  il  passe  à  l'état 
de  tissu  sous-cutané  lâche  et  forme  le  dartos,  il  se  retrouve  dans  le 
corps  vitré,  le  bulbe  dentaire,  dans  les  parois  et  les  valvules  cardiaques, 
et  dans  quelques  autres  endroits.  Mais  sous  l'influence  de  certains  états  pa- 
thologiques, il  peut  réapparaître  au  sein  d'une  des  variétés  du  tissu  con« 
jonctif.  On  l'a  vu  se  produire  aux  dépens  du  tissu  adipeux  du  péricarde,  de 
celui  du  bile  du  rein ,  du  tissu  sous-jacent  à  la  dure-mère,  de  celui  de  la 
moelle  osseuse,  etc.  Le  tissu  muqueux  se  développe  encore  pathologique- 
ment  dans  quelques  tissus  dont  la  composition  se  rapproche  de  la  sienne  : 
ainsi  s'explique  la  fréquence  relative  des  productions  muqueuses  dans  la 
névroglie  dont  la  structure,  en  certains  points,  notamment  au  niveau  du 
calamus  scriptorius,  est  des  plus  délicates  et  presque  gélatiniforme. 

Le  tissu  muqueux  ou  gélatineux  est  formé  d'un  réseau  de  cellules  ou 
de  fibres  séparées  par  une  substance  fondamentale  homogène,  molle  ou 
liquide,  contenant  de  la  mucine  ou  une  substance  analogue.  Tout  d'abord, 
ces  éléments  cellulaires  de  forme  arrondie  sont  plongés  dans  la  masse  inter- 
cellulaire homogène  ;  mais  cet  état  embryonnaire  persiste  rarement.  Les 
cellules  deviennent  fusiformes,  étoilées,  tendent  à  se  souder  par  leurs 
prolongements  ;  puis  la  substance  fondamentale  prend  un  aspect  strié, 
librillaire,  en  sorte  que,  peu  à  peu,  la  matière  gélatineuse  se  trouve 
renfermée  dans  un  réseau  aréolaire.  Ces  changements  sont  importants  à 
retenir,  car  ils  permettent  de  bien  comprendre  les  variétés  des  néoplasies 
muqueuses,  altérations  décrites  sous  les  noms  de  iameurs  colloïdes  ou 
gélatineuses,  collonémay  myxomes. 

Description,  —  Les  myxomes  s'observent  quelquefois  chez  les  nou- 
veau-nés, où  ils  siègent  principalement  à  l'insertion  du  cordon  ombi- 
lical. Chez  l'adulte,  ils  se  rencontrent  dans  des  points  préalablement 
occupés  par  d'abondantes  masses  graisseuses,  comme  la  cuisse,  le  cou  ; 
ou  bien  dans  des  points  où  existe  le  tissu  h\che  connu  sous  Tépithète  de 
darloïde,  dans  le  sein,  les  grandes  lèvres,  le  scrotum.  On  les  trouve  enfin 
dans  la  moelle  des  os,  à  la  surface  du  péritoine,  de  l'arachnoïde  (fig.  102), 
et  dans  l'épaisseur  des  substances  neiTeuses,   où   ils  ont  pour  point 


lie  départ  la  n^vroglie  cl  tt'  pi-iiiiûvrc  (iiévromo  de  crrtatiis  auleun'i. 
Ces  tumeurs  se  présentent  sous  Is  tonne  de  niasses  mionipol  diiïutn, 
le  plus  souvent  circonscrites,  d'un  volume  variable,  qui  \»-ai  alleindir 
la  grosseur  du  poing.  Lisses,  arrondies,  souvent  lobulêes  ou  |)^i- 
culées  (polypes  muqueux),  elles  se  font  l'emarqner  par  leur  consislaoc 


[  pas  u 


--  Hyxomc  àe  l'artclinoldc!  d^veloppA  à  la  htse  de  U  pralubérance.  (,  ImMr; 
H  II,  nurfs  Irijumeaux  ;  »,  (roue  basilaire. 

qui  l'st  ceik'  d'une  sulislanct?  gélatineuse,  mais  qui  pi'ut  iMre  plat  M 
moins  ferme  ;  leur  mollesse  est  quelquefois  si  grande  qu'elles  donneiilb 
sensation  de  flnctualion.  La  pi-ession  et  le  raclage  en  font  sourdre,  uOl 

s  un  suc  lactescenl,  mais  un  liquide  inr^lure  ou  lé^tèi-ement  jauiiibr. 

oiblable  h  une  solution  de  ^onime  arabique  ou  »  du  blanc  d'sDf,  it 
e  sorte  que  si  l'on  s'en  lenait  ii  ce  seul  cxnnien,  on  pouiTait  rmire» 
un  kyste.  Ce  liquide  se  conipnilc  chimiiiiicMieiil  comme  le  mucus, c'«l- 
à-dire  que,  prtW;ipitc  par  l'idriinl  iipiiiiiilri',  il  est  redissous  par  l'adHilici 
do  l'eau,  Il  est  bon  de  savoir  que  les  lunicurs  muqueuses,  renfennaitl  um' 
certaine  proportion  de  substance  fondamenl.'ile  fibreuse,  sont  susceptibles 
de  donner  de  lu  gélatine  par  la  coclion. 

IlistologiquemenI ,    les  myxomcs   sont  constitués   par   de    grandes  j 
cellules  allongées  ou  slellaires,  qui  s'anastomosent  entn^  elles  etfor~ 
ment  un  réseau  dans  les  mailles  duquel  se  trouve  comprise  la  substanc* 
intcnnédiaire,  ti'ansparenlts  et  gélatiniforme.  A  ce  réseau  cellulaire,  reai* 
appai-ent  par  l'addition  d'une  solution  d'iode  ou  de  cariuinatt^  d' 
niaque,  s'ajoutent  {lénéralemeut  des  ei'llules  plus  petites,  arrondiel 
isolées,  c'est-ii-dire  sans  uueinic  cimnexion  .Tvec  leurs  ' 


HVPERPLASIKS.  331 

sont  situées  au  milieu  àa  liquide  muquoux.  Dans  cerlains  cas,  au  lieu 
d'être  cellulaii-e,  le  réseau  se  trouve  rormé  de  véritables  faisceaux  de 
Gbrilles  conjonctives  ou  élastiques  enfermant  des  espaces  où  se  trouvent 
contenues  la  substance  muqueuse  et  les  petites  cellules  rondes  (fig.  103). 
Les  vaisseaux,  relativement  peu  abondants, 
sont  logés  dans  les  cloisons  les  plus  épaisses  ;  .    **/    l  /  f  "^ 

ils  contribuent   ù  former  les  mailles  qui  ren-  i  •/'   ^f  r-m^ 

ferment  la  substance  fondamentale.  l    i  '  1'  '^m  -^ 

Lemyxomecompoiledes variélésasseznom-         \%"\-  f'  '^'ï-^'r 


breuses  qui  se  rattachent,  les  unes  à  certaines  |   /   A   ,!;  1 J^^ 

modilicalions  de  ses  éléments  constituants,  les  :  „.|'^('  ^^  ^F 


autres  à  la  nature  même  du  tissu  d'où  il  émane. 
Les  premières  de  ces  variétés  sont  multiples. 
Dans  cerlains  cas,  les  cellules  qui  consti- 
tuent le  myxome  se  chargent  de  graisse  et  se  K...  m._c«iiuie.e.nLrii« 
transforment  en  véritables  cellules  adipeuses,  conjonciivei  proTenam,  l» 
la  tumeur  prend  un  aspect  marbré  et  une  "net,  o,  un  mTiomn  m 
r  r  inutcwi,  lu  aulrsi,  b,  a  un 

teinte  blanchâtre  ou  jaun&tre  :  c'est  le  myxome  mjiomadtTelopp^iurlarBce 
lipomateux.  D'autres  fois,  la  substance"  inter-  ;''.i*'j*'«J  <•"  ?<■•'"*""*  \«"- 
cellulaire  est  tout  à  fait  molle,  les  cellules  qui  eiiiieoi  dea  amaf  crisisiiim 
la  composent  subissent  une  dégénérescence  <i«ieucine.Cr«.s.  160. 
muqueuse;  il  se  produit  dans  la  tumeur  des  points  liquides,  fluctuants, 
qui  constituent  le  myxome  dit  cystoîde.  11  arrive  encore  que  la  substance 
intercellulain',  abondante  et  riche  en  éléments  Qbreux,  forme  des  Iractus 
résistants,  qui  rendent  le  myxome  blanchâtre  et  opaque,  et  le-  rappro- 
chent du  fibrome  :  c'est  le  myxome  fibreux  (tumeur  ribitt-ccllulaiiv  de 
Paget).  Si,  enlin,  l'élément  vasculaire  prédomine,  et  si  les  vaisseaux,  mal 
soutenus  [lar  la  substance  intermédiaire  très-molle,  viennent  à  se  dilater 
ou  à  se  rompre,  le  myxome  est  appel)';  télangiectasique  ou  bémorrhafiiique. 
Les  secondes  variétés  compreiment  avant  tout  les  inyxomes  des  enve- 
loppes du  fœtus,  du  placenta  notamment,  pai-mi  lesquels  Virchow  fait 
rentrer  la  nulle  hydatique.  Cette  altération,  rare  avec  un  accouchement 
»  terme,  est  au  contraire  très-commune  dans  l'œuf  humain,  lors  d'un 
ivortement.  On  obsen'e  l'expulsion  d'une  grosse  niasse  qui  semble  con- 
sister de  prime  abord  en  un  mélange  de  sang  et  de  vésicules  de  grandcuv 
Variable;  mais  en  enlevant  les  caillots,  on  reconnaît  que  les  vésicules 
ionl  réunies  en  grappes  et  supportées  chacune  par  un  pédicule.  Ces 
grappes  adhèrent  par  de  gros  pédicules  au  chorion  ou  bien  seulement  au 
niveau  de  l'insertion  plncenlaii'c,  ou  bien  dans  toute  l'étendue  du 
placenta  (lig.  104). 


332  nNMovrr  r.iTfînLor.iyctK. 

C'est  dans  les  Tillnsités  foimées  d'un  tissu  muqueux  renrerruDl  te 
anses  vasciilaires  recouvei'tes  d'épilhélium  que,  suivant  Virchow,  dflMk 
raFTeclion  par  une  mulltplication  de  noyaux  ol  de  cellules  qui  sulnsal 
ensuite  la  métamorphose  mufiueuse.  Le  (issu  muqueus  compris  i-nli* 
le  vaisseau  central  et  l'épithélium  augmente  de  volume  el  comlilat 
des  masses  tniuspaicntes  et  gclatinifonnes,   iiédrculées.  et  qui,  U 


FlO.  lOA.  —  IHacenla dont  tes  col)lâdan»itteinl*d«  mjxonie  (brinenl de*  |nWM 
kjEliques,  n,  ca^ilé  amnialique  (uoileuUoii  du  docteur  Pé^n). 

se  forment  une  ertaine  quantité  do  [uirties  tibrenses,  conservent  l'app*" 
renée  d'une  Mmple  hyperplasie  (mysomo  Hbreux),  tandis  que  pirloot 
où  la  substance  interrailulaire  est  muqupuse,  elles  prennent  i'nspwl  *■ 
masses  kystiques,  lenfermanl  un  liquide  lilaiil  qui  donne  IfS  W-iii'lii^'^ 
de  la  mucine. 

Lorsqu'ils  prennent  naissance  dans  la  peauel  les  muqueuses,  les  ni;»*' 


iTiFs  revëleal  la  Tornic  papillaiie  ou  polypeuse.  Bon  nonilirù  de  luniciirs 
connues  sous  le  nom  de  pott/pes  muqueuj:,  surti>ul  dans  les  fosses 
nasales  el  l'utérus,  ne  sont  que  des  niysoiues,  quelquefois  {lénétiés  de 
kystes.  Toute  la  cavilé  utérine,  dans  un  cas  qui  mVst  personnel,  se  trouvait 


mie  jiatholoijique 

Wahie  |>iir  une  néoplasie  de  ce  genre  (fig.  i05).  k  lu  surface  du  péritoine, 
II?  oivome  rcvél  souvent  la  forme  papillaire  ;  c'est  ainsi  qu'un  grand 
■Kmbre  de  productions  pédiculées,  situées  principalement  au  niveau 
^ll^inenl  largo  el  considérées  comme  des  kystes,  doivent  être  rappor- 
^vi  myjionie.  tléveluppt^  au  sein  des  muscles,  cette  tumeur  altère  et 
lit  le  faïsc^iau  musculaire  ;  dans  les  nerfs,  elle  étouiTe  le  tube  nerveux, 
do  périiicvre,  le  myxoine  gagne  de  proche  f  n  proche  tout  le  trajet 
I  cordon  ou  d'un  réseuu  neiTeux,  à  tel  point  que  lorsqu'il  suit  un  trajet 
lant,  il  peut  arriver  jusque  dans  la  boite  rachidienne  ou  crânienne. 
'''M l'encéphale,  cette  tumeur  se  localise  de  préférence  sur  l'ai'achnoïde  ou 


8)4  .iNArmiiL  patui'I.oi.ioue- 

la  pie-inère,  {irinci paiement  a^u  niveau  des  parois  du  qualrième  vcniriralt. 
J'ui  observé  un  exemple  de  cette  loculisatioii  chez  une  jeune  lîlleij 
ans,  atteinte  de  cécité.  La  lutneur,  du  volume  d'un  œuf  de  pi}!<X)n,  omt- 
pait  la  paroi  supérieui-e  du  ventricule  ;  elle  avait  déterminé  dea  coimil- 
sions,  des  vomissements,  de  la  jçlycosune,  et  en  dernier  lieu  du  eoni». 

/ïvolution.  —  Les  m;  xomcs  proviennent  d'un  tissu  embryoïuitîrf  m 
aux  dépens  des  cellules  du  tissu  muqueux  ou  d'une  autre  variété  de  tint 
conjonclif;  ils  s'accroissent,  soit  par  extension  au  tissu  conjonctif  voita 
soit  plutAl  par  la  niultiplicalion  des  éléments  de  leur  propre  niassi:. 
lutneurs  évoluent  lejitement,  mais  elles  peuvent  prendra'  tout  ii  coup 
marche  rapide  et  presque  aigué,  surtout  si  elles  sont  le  siège  d'une  r 
vascularisalion  et  constituées  par  un  tissu  jeune.  Peu  exposées  aux  it 
nérescences,  elles  s'enflamment  facileiiment.  Lorsqu'elles  sié^ntàUj 
uu  dans  son  voisinaj^e,  elles  s'ukêi-enl  parfois.  Itai-ement  elles  s«  ^énèi 
lisent  ou  récidivent  après  l'ablalion  ;  en  général,  elles  n«  délerminnil 
infection,  ni  cachexie 

rtiagnostic  et  pronostic. —  Si  le  diagnostic  clinique  du  myxoHii'n'i 
pas  toujours  sans  difiicullé,  pai*  conti'e,  sou  dia^piostic  anntnmiquo  i 
jçénéralement  facile.  Celle  néoptasie  est  en  effet  trop  distincte  des  wA 
Ihéliomes  et  des  lymphomea  pour  qu'il  ne  soit  pas  possible  de  l'en  sêpm 
D'un  aulre  cité,  on  ne  saurait  la  confondre  avec  les  kystes  muqut^ 
dans  lesquels  le  mucus  entre,  non  plus  e^mme  partie  constituante! 
tissu,  mais  simplement  comme  produit  si^erêté. 

La  tumeur  muqueuse  nVsl  pas  très-dan(|ereusc,  si  ce  n*est  par  la  g< 
quelle  peut  apporter  au  fonctionnement  d'organes  importants,  telsq 
le  cerveau.  Dans  quelques  circonstances  cependant,  et  surtout  qiiandt 
se  localise  aux  troncs  ner\'eux,  elle  a  de  la  tendance  à  so  généralisn*. 
le  plus  souvent  aussi  elle  esl  l'occasion  de  vives  douleurs.  Toutes  cbol 
égales  d'ailleurs,  elle  parait  d'autant  moins  grave  qu'elle  renferme  p 
de  tissu  fibreux  ou  de  tissu  adipeux. 

La  cause  intime  du  myxome  nous  échappe  à  peu  près  entièrement; 
traumatisme  n'est  qu'une  circonstance  étiologique  adjuvante.  Nom 
savons  rien  de  la  pathugénii^^  de  cette  tumeur,  si  ce  n'est  qu'elle  esl  ■ 
végétation  du  tissu  muqueux,  ou  du  moins  du  tissu  conjonclif. 

A  c<ité  des  myxomes  exdusivemeni  composés  de  tissu  muqueut  < 
myxomes  primitifs,  il  est  des  tumeurs  partiellemenl  formées  para- lio 
ou  myxomes  secondaires.  En  génénil,  ce  sont  des  lipomes,  de*  rfto 
drames  on  des  fibromes,  dont  une  portion  plus  ou  moins  étendiK  »'n 
transformée  en  tissu  muqUeuK.  Il  en  seraqueslioti  plus  loin. 


^^^^^V  335 

BnUocMpniR.  — Mulleii,  Aivhiv  f.  XuatomU  uiid  Physiologie,  If^^G,  I.  CC.XIX. 

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—  A.  TriRsTËR,  HandbMher  allgem  patti'il.  Amt.,  l.  II,  1865.  —  Hui.re,  Moil, 
Tmu3  .lad  Qoi.,  1865,  p.  790.  —  Olliek,  Gm.  int'rf.  ile'Lyon,  1866,  ii"  16.  — 
WiLLETEM,  Archiv.f.pi<thol.Amil.,l.  XXXII,  p.  543.  —  ViRcnow, /iiii.,  345, 

—  llrTTK.i,  md ,  l.  XXXVI,  p.  591.  —  Bi'now.  Ibid.,  I.  XXXVIII,  p.  565.  — 
It.  KuBE,  Myxo-chondro  Siircoma  Kj/slicitm  der  Oberkifferhùhk ,  DisF.  inaug. 
Hn'-lau,  18fi9.  —  Lancëhiuux,  Atlns  d'nnatomie  pntholouiiw,  p-    378,  1870. 

—  J.  Ckv,  TrimmicUons  of  Ihe  patholog.  Sodetu  of  Londoii,  1871,  toI.  XXU, 
p,  Ï69.  —  Weiciiariral-u,  Archio  f.  patholty-  Auat.  und  PkgMftj.,  t.  IJV, 
11.166.  1872.  —  UonNii.  p.l  Cxï.ius,  Myxomv du  fme (Gia.  méd.,  1872,  p.  528). 

IV,  ^  Néoptisici  de  tissu  ndipC'U):.  —  Lipomes. 

Lf  lissii  ailijK'iix  est  rormé  de  vésicules  de  0'"',022  à  «"'".OS  de 
diamrtrc,  s|)iiérîques  ou  polyédriques  par  pression  réciproque,  munies 
de  Duvaux  excentriques  de  0'"",0't6  à  0'""',009  de  dîatnèti-e,  et  con- 
tenues dans  un  tissu  conjonclif  hiche,  dont  elles  mcupent  les  mailles. 
Ces  cellules  sont  cireonscrites  par  une  membrane  Tort  mince  qui  enve- 
loppe une  goutte  de  graisse,  et  qu'on  peut  voir  après  dissolution  du 
mnU'iiu  par  l'alcool  ou  parl'étlier.  inégalement  réparti  dans  les  différents 
{•jinls  de  I  Wfianisme,  le  tissu  adipeux  se  trouve  principalement  dans  la 
jN.tu,  à  l'état  de  pannicule  graisseux,  dans  les  grands  ns  longs,  sous  la 
liinne  de  moelle  jaune,  dans  la  eavilé  orbitaire,  autour  des  reins,  dans  le 
mê^enlM^  et  les  épiploons.  autour  des  capsules  nrliculaires,  près  des 
iii-rls  El  des  vaisseaux  et  dans  les  mus(:ies.  Le  développement  de  ce  tissu 
a  lieu  aux  dépens  des  cellules  du  tissu  coujonctif.  dont  le  protoplasma  se 
rliange  peu  à  peu  on  graisse, 

L'alioudance  du  tissu  adipeux  v.irie  au\  différentes  périodes  de  l'exis- 

It'iiw.  Pendant    l'adolescence,  ce  tissu  est   rare;  plus  développé  entri- 

*liiarante  et  soixante  ans,  il  diminue  k  mesure  qu'on  se  rapproche  de  In 

nHlIfsse.  Il  est  le  signe  ordinaire  d'une  bonne  nutriliou  et  ne  constitue 

mil-  maladie  tpt 'autant  qu'il  devient  une  eimse  de  troubles  Tonctiotmels 

Imiir  certains  organes  ou  pour  l'organisme  tout  entier  (polysarcîe),  ou  qu'il 

"■li.-  point  de  départ  de  néopiasîes  gi'aisseuses  cii-conscrites  (lipomes). 

I<^  ptity.sarcie  est  produite  pr  un  accroissement  exagén';  du  tissu  adi- 

iiv,  tant  sous  la  peau  que  dans  les  auti-es  parties  d  u  corps.  I, 'abondance 

''■  lY tissu  varie  avec  les  régions;  en  général,  il  est  tr^s-a boudant  s 


M 


336  ANATOMIE   TATUOLOGIQUE. 

niveau  de  la  paroi  abdominale,  au  pourtour  des  viscères  abdominauii, 
dont  il  peut  géiier  le   fonctionnement.    Localisées  plus  spécialement  à 
certains  organes,  les  masses  adipeuses  sont  décrites  sous  le  nom  de 
lipomes  capsulaires;  elles  ont  été  observées  dans   la   cavité  orbiuire 
(Demarquay),  dans  le  sein  de  la  femme,  au  pourtour  du  cœur  (Lanceroui' 
et  des  reins  (Godart).  Dans  tous  ces  points,  la  niasse  adipeuse  est  diiFasc 
(lipome  diiïus],  composée  de  cellules  graisseuses  et  d'une  faible  quantité 
de  tissu  conjonctif.  Le  développement  anormal  du  tissu  adipeux  est  en- 
core commun  entre  les  feuillets  séreux  du  mésentère,  dans  les  appendices 
ôpiptoîques  du  péritoine,  où  se  forment  des  tumeurs  pédiculces,  du  vit- 
lume  d'une  noisette,  d'un  marron  ou  d'une  noix,  pouvant  se  détacher  H 
devenir  libres  dans  la  cavité  du  ventre  (fig.  106).  Les  appendices  épi- 
ploîques  et   les  franges  synoviales  des  articulations  se 
l'emplissent  quelquefois  aussi  de  tissu  graisseux,  et  de  là 
des  tumeurs  multiples  tenant  à  un   pédicule  commun 
(lipome  arborescent).  Enfin,  les  cellules  graisseuses  pn-- 
existantes  contiennent  simplement  une  plus  grande  quan- 
tité de  graisse,  la  tuméfaction  des  lobules  du  tissu  adipi'ui 
est  autant  l'effet  de  l'hypertrophie  que    d'une   vt^rilable 
metrouvè  libre    hvperplasie  graisseuse. 

(Uns  la  cBïiti  q^^  différentes  lésions  se  distinguent  par  leur  siège  et 
leur  dissémination,  des  productions  circonscrites  ou  lipo- 
mes vrais,  et  se  lupprochent  de  la  polysarcie,  désordre  anatomique  avec 
lequel  elles  coexistent  fréquemment.  Elles  reconnaissent  à  peu  près  le* 
ménu's  eauscs,  qui  sont  une  ulimealation  particulièrement  coni])osé<'  de 
substanci.'s  grasses  ou  amylacées,  l'usage  de  la  bici'c  et  des  liqueurs  alcoo- 
liques en  excès.  11  n'est  pas  rai-e  de  rencontrer  chez  les  buveurs  qui  ne 
prennent  qu'un  faible  exercic<t  musculaii-e  une  couche  de  6  à  in  ci-n- 
limèta-s  de  tissu  adipeux  au  niveau  de  la  paroi  abdominale  aiitt^neiire, 
en  même  temps  que  des  ap|iendices  épiploïques  volumineux  souvent 
indurés,  et  des  masses  graisseuses  considérables  autour  du  ca-ur  et  ii<-' 
reins.  La  genèse  de  ces  amas  graisseux  est  le  résultat  d'une  diminution 
dans  la  combustion  des  tissus  :  ainsi  survient  la  polysarcie  dans  le  euurs 
de  certaines  affections  cardiacpies  avec  gène  de  circulation,  dans  lemphj- 
sènie  pulmonaire  où  l'activité  respiratoire  est  diminuée,  et  niAme  dans 
certaines  affections  nerveuses  pouvant  troubler  les  importantes  fondions 
de  la  respiration  et  de  la  combustion.  Celte  eircunslance  rapproche  l'in- 
dividu obèse  du  vieillard  ;  l'obf'sité  est  l'indice  de  la  caducité. 

Oeicription.  —  Le  lipome  |iropreiuenl  dit  (inroî,  graisse}  «st  une  tumeur 


hv{>erplusiqiiequi  procède  en  gi-néral  du  tissu  cellulo-adipeus  préuxistanl  ; 
c'est,  selon  l'expression  de  Morgagiii,  uni*  vérilaliloexeroissanc*  do  la  n 
brane  adipeuse.  Ancienncinenleouronduesous  le  nom  de  loupe  avec  diff^  1 
n'iils  kystes  remptîsdf!matiêregrasse,cette  tumeur  a  été  ainsi  di^uommifti 
par  Litlre  en  1709,  et,  îi  partir  de  celle  époque,  le  groupe  des  loupes  fut  J 
divisé  en  trois  variétés  :  alhéromes  ou  mélicéris,  lipomes  et  sléatomes.  La.  ^ 
premîèiv  de  ces  variétés  est  constituée  par  un  kyste  graisseux,  el  la  troi-  1 
sîëiueest  entièrement  iinaginaim.  Le  tissu  conjonctîf  sous-cutané  est  le  siège  ! 


|r*  |)lus  habituel  du  lipome,  notamment  dans  les  points  où  la  peau  est 
JJ4-U  tdidue,  par  exemple  aux  alentnurs  des  aisselles  et  des  épaules, 
:iox  ffuissos,  etc.  ;  mais  à  la  vérité,  cette  formation  se  rencontre  dans 
toutes  les  parties  renrermanl  de  la  graisse,  et  même  en  des  endroits  où  il 
ti'r-ii  existe  pas  uutinalenienl,  tels  ({ue  l'estomac,  l'intestin,  la  tunique 
\ngili»le,  le  sci-oluni  (lig.  107),  les  i-eiiis,  le  reiveiiu. 
L«  lipome  oITre  un  voluiue  variable,  depuis  la  ^r 
-  Traité  d'Anal, 


r dune  noisette  j 

t.—  22  J 


338  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

jusqu'à  celle  d'une  tête  d'adulte  ;  son  poids  varie  comme  son  volume  ;  une 
tumeur  de  ce  genre,  développée  dans  Tune  des  aisselles,  et  observée  par 
moî,  au  début  de  mes  études,  pesait  18  kilogrammes.  La  forme  de  cette 
tumeur  est  ronde  lobulée,  ses  bords  sont  diffus,  mais  nettement  limités,  de 
sorte  qu'elle  se  trouve  séparée  des  tissus  voisins  par  une  couche  condensée 
de  tissu  conjonctif,  et  qu'il  est  facilede  la  détacherdes  parties emironnantes. 
8a  consistance  est  molle  et  élastique,  sa  coloration  jaunâtre  ou  blanchâtre. 

La  structure  du  lipome  est  semblable  à  celle  du  tissu  adipeux  normal, 
elle  comprend  deux  éléments  principaux  :  des  vésicules  adipeuses  et  un 
stroma  conjonctif  auquel  s'ajoutent  des  vaisseaux  et  des  nerfs.  Les 
vésicules  adipeuses  sont  hypertrophiées  et.  comme  l'a  constaté  Verneuil, 
deux  à  trois  fois  plus  grosses  qu'à  l'état  normal;  elles  sont  formées  d'une 
membrane  mince  et  transparente  et  d'un  contenu  huileux,  elles  possèdent 
un  noyau  refoulé  à  la  périphérie  et  qui  se  voit  seulement  à  l'aide  de  cer- 
tains artifices.  Le  tissu  conjonctif  intercepte  des  aréoles  à  l'intérieur  des- 
quelles sont  disposées  les  vésicules  adipeuses.  Le  contenu  de  ces  aréoles 
forme  autant  de  petits  lobules  qu'on  désigne  sous  le  nom  de  paquets  adi- 
peux. Ces  lobules  sont  ordinairement  plus  gros  dans  le  lipome  que  dans 
le  tissu  adipeux  normal,  parce  que  les  vésicules  sont  non-seulement  hyper- 
trophiées mais  encore  accumulées  en  plus  grand  nombre  dans  les  aréoles 
du  tissu  conjonctif.  Des  vaisseaux,  relativement  peu  abondants,  occupent 
le  stroma  fibreux. 

La  prédominance  marquée  de  l'un  de  ces  éléments  aux  dépens  des 
deux  autres  est  la  c^uise  des  variétés  du  lipome.  Dans  certains  cas  où 
l'élément  adipeux  est  abondant,  tandis  que  le  tissu  conjonctif  et  les  vais- 
seauxexistent  à  peine,  le  lipome  est  mou,  flasque,  presque  fluctuant  (lipome 
mou  ordinaire).  Dans  d'autres  cas,  le  tissu  conjonctif  très-épais  et  très- 
serré  emprisonne  des  grains  adipeux  très-fins,  la  tumeur  élastique  et  rési- 
stante donne  la  sensation  d'une  grande  dureté  (lipome  fibreux).  L'élément 
vasculaire  peut  enfin  acquérir  un  grand  développement  sur  (juelques 
points,  et  prendre  le  pas  sur  l'élément  conjonctif  (lipome  télangieclasique). 

Le  siège  peut  aussi,  dans  quelques  cas,  modifier  les  caractères  du  lipome. 
Situées  immédiatement  au-dessous  d'un  tégument,  ou  dans  les  mailles  d(» 
sa  couche  profonde,  les  productions  liponiateuses  font  généralement  saillie 
ou  sont  pédiculées,  qu'elles  aient  leur  |)(»int  de  départ  dans  le  tissu- aréo- 
laire  du  derme  (fig.  108),  un  de  leurs  lieux  d'élection,  ou  dans  le  tissu  sous- 
muqueux,  un  de  leurs  sièges  les  i)lus  rares  (1).  De  même  les  lipomes  dé- 


(1)  L'existence  des  lipomes  dans  le   lissu  sous^muqueux  ne  peut  nous  surprendre, 
quand  nous  savons  que  le  tissu  adipeux  est  une  provenance  du  tissu  conjonctir,  et  que 


CtlII-fcHFU^IES.  339 

du»  \r  tissu  souâ-sêreii<t  rcviHeiit  ordinairement  la  roiiiic  polv- 
&H  pcoTcnt  devfiiir  libres  dans  la  caviU'  s«-reuse  par  rupture  de  leur 
te  (fip.  106);  les  appendices  épiploï((ues  et  les  franges  sjTioviales  se 
liputeol  de  celle  fa^-ou.  Contenues  dans  uu  lissu  cellulaire  un  pen 
ie,  ces  lameurs  graisseuses  se  déplacent  quelquerois  et  se  portent 
noMiroit  à  un  autre  du  Teutre,  jusque  dans  le  scrotum. 
'lllipoines  de^  os  sont  ti-ês-rares.  teux  des  muscles  sont  lieaueoup 


FiG.  109. — LijiDDie  dila  |>ar[ie  profonde  de 
diit«n-  l'avanl-bras;  lei  muscles  et  If  nerf /lonl 

reraul£s|iarla  tumeur  (-raisseuse  I.  (l'i.'ce 
dépoiieparVerneuilau  musée  D  u  puylren .  ) 


li  fréqui-nts.  œ  qui  ne  doit  pas  surprendre,  quand  on  sait  que  ces  ur- 
i^n-nrernieul  du  tissu  adipeux  disposé  giarallèlementà  leurs  faisceaux. 
'eloppt'-s  eutre  les  faisceaux  musculaires  qu'ils  refoulent  (Bg,  109) 
ija'ils  respectent  contrairement  k  la  plupart  des  autres  tumeurs,  les 
iTUi-sdes  muscles  peuvent  acquérir  des  dimensions  parfois  considé- 


'idui  bifu  nourr 
Bill  dn  Umu  tous 


,  le  lipomt  peut  u  dÉvelopprr.  Ajoulnni  que  ehet  les 
,  OD  trouie  gilncralemïnt  des  ct^llules  de  grailae  eu  dilTtrenls 
miiqucut  de  l'estomac  et  de  l'inleslin. 


3&0  ANATOMIB  PATHOLOGIQUE. 

rables;  Velpeau  a  vu  un  lipome  intermusculaire  de  la  cuisse  qui  pesait 
16  kilogrammes  (1).  Les  formations  adipeuses  des  glandes  acineuses 
sont  rarement  circonscrites  ;  le  plus  souvent  disposés  autour  des  canaux 
galactophores  et  des  acini ,  les  lipomes  de  la  mamelle  ne  modifient  pas 
sensiblement  la  forme  de  Torgane,  qui  peut  acquérir  un  volume  et  un 
poids  énormes. 

Évolution.  —  Le  lipome  procède  d'un  tissu  embryonnaire  qui  suit 
toutes  les  phases  de  développement  du  tissu  adipeux,  ou  bien  il  pro- 
vient d'un  tissu  muqueux,  dont  les  éléments  cellulaires  se  remplissent 
peu  à  peu  de  graisse,  et  atteignent  un  volume  beaucoup  plus  considé- 
rable que  les  '  cellules  du  tissu  adipeux  voisin.  Il  s'accroît  lentement 
par  multiplication  de  ses  éléments,  et  possède  une  résistance  vitale  consi- 
dérable, indépendante  dans  une  certaine  mesure  du  reste  de  l'organisme. 
Effectivement,  un  individu  porteur  d'un  lipome  et  qui  maigrit  ne  voit  pas 
sa  tumeur  diminuer  de  volume  dans  la  même  proportion  que  le  tissu 
adipeux,  de  sorte  que,  si  l'on  voulait  faire  disparaître  un  lipome  par 
la  diète  forcée,  on  amènerait  l'extinction  de  l'individu  tout  entier. 

Le  lipome  néanmoins  est  sujet  à  des  modifications  diverses,  partielles 
ou  générales.  Dans  certaines  dégénérescences  partielles,  les  vésicules  adi- 
peuses se  fragmentent  en  granulations  fines,  et  au  lieu  de  grosses  cellules 
remplies  d'une  seule  gouttelette  huileuse,  on  a  des  corps  granuleux  qui 
rendent  la  tumeur  opaque,  grisâtre,  et  la  font  ressembler,  pour  la  con- 
sistance, au  squirrhe  en  état  de  dégénérescence  graisseuse.  Une  trans- 
formation du  même  genre  peut  avoir  lieu  dans  toute  retendue  de  la 
tumeur,  si  elle  se  trouve  maintenue  par  un  pédicule  étroit^  à  plus  forte 
raison  lorsque  ce  pédicule  vient  à  se  rompre.  La  graisse  alors  se  décom- 
pose, les  acides  gras  se  dégagent  de  la  cholestérine  et  se  séparent 
pendant  que  la  capsule  qui  entourait  la  petite  tumeur  devient  très-dense 
et  constitue  l'enveloppe  fibreuse  du  kyste  qui  renferme  ces  différentes  sub- 
stances. Les  tumeurs  de  ce  genre,  lorsqu'elles  occupent  la  cavité  périto- 
néale  et  qu'elles  ont  subi  un  degré  d^altération  avancé,  sont  quelquefois  le 
point  de  départ  d'une  péritonite  ;  j'en  ai  trouvé  dans  cette  cavité  tout  à  fait 
saine.  La  transformation  muqueuse  du  lipome  est  très-douteuse,  ceque  l'on 
a  considéré  comme  un  lipome  gélatineux  n'est  vraisemblablement  qu'un 
myxome  dans  les  cellules  duquel  se  dépose  de  la  graisse.  L'infiltration  cal- 
caire, rare  dans  les  lipomes,  se  présente  sous  deux  formes  :  ou  bien  elle 
est  le  résultat  de  la  combinaison  d'acides  gras  avec  la  chaux  et  la  soude, 

(1)  On  peutToir  le  moule  de  cette  tumeur  au  musée  Dupuytren. 


HTPERPLASIES.  S&l 

substances  auxquelles  s'ajoutent  encore  des  phosphates  terreux,  ce  qui 
amène  une  sorte  de  mortier  ou  masse  grumeleuse  ;  ou  bien  elle  est  pro- 
duite par  rinfiltration  calcaire  du  stroma  conjonctif  de  la  tumeur  qui 
prend  une  dureté  et  une  densité  considérables  et  conserve  un  état  sta«- 
tionnaire  ou  môme  diminue  de  volume. 

Exposés  à  des  pressions,  à  des  traumatismes  divers,  les  lipomes  sont 
dans  quelques  cas  aiïectés  d'inflammation.  Le  processus  phlegmasique,  ca- 
ractérisé le  plus  souvent  par  une  simple  induration,  est  quelquefois  aussi 
suivi  de  suppuration;  aussi,  il  n'est  pas  très-rare  de  rencontrer  dans  ces 
néoplasies  des  abcès  plus  ou  moins  profonds,  des  ulcères,  qui  donnent  à  la 
néoplosie  la  physionomie  d'une  tumeur  maligne.  J'ai  vu  un  homme  qui, 
depuis  plus  de  dix  ans,  portait  à  la  racine  du  bras  droit  un  lipome  du  vo- 
lume d*une  grosse  tête  d'adulte,  parsemé  d'ulcères  sanieux,  sanguinolents 
et  fétides.  L'ablation  qui  en  fut  faite  n'a  jamais  été  suivie  de  récidive. 

Diagnostic  et  pi^onostic.  —  Le  lipome  est  d'un  diagnostic  facile,  son  état 
lobule,  sa  consistance,  sa  coloration,  sa  ressemblance  avec  le  tissu  cellulo- 
adipeux  sous-cutané,  permettent  déjà  de  le  reconnaître  à  l'œil  nu;  histo- 
logiquement  le  tissu  qui  le  compose  est  trop  caractéristique  pour  être  mé- 
connu. Le  pronostic  de  celle  altération  n'a  de  gravité  qu  autant  que  les 
tumeurs  adipeuses  viennent  à  s'enflammer,  à  s'ulcérer  ou  à  troubler  par 
leur  volume  des  fonctions  importantes  ;  c'est  dans  ces  conditions  qu'il 
peut  être  prudent  de  les  enlever.  Ces  tumeurs,  le  plus  souvent  uniques, 
sont  quelquefois  multiples,  et  en  nombre  considérable.  Les  lipomes 
multiples  ont  un  développement  tantôt  simultané,  tantôt  successif,  et 
apparaissent  en  deux  ou  trois  ans,  ou  même  dans  un  intervalle  de  temps 
plus  long,  comme  chez  un  individu  que  j  ai  observé  et  qui  présentait 
plusieurs  tumeurs  de  ce  genre,  symétriquement  disposées  de  chaque 
côté  de  la  colonne  vertébrale.  On  s'explique  de  la  sorte  qu'un  nou- 
veau lipome  puisse  se  former  après  l'ablation  d'un  premier,  sans  qu'il 
y  ait  pour  cela  d'infection  générale. 

Étiologie  et  pathogénie,  —  Le  lipome  se  développe  à  tout  âge  ;  on  Fa  ob- 
servé chez  des  vieillards  et  chez  de  jeunes  enfants  ;  on  connaît  même 
des  cas  de  lipomes  congénitaux.  Toutefois,  c'est  principalement  à 
partir  de  l'âge  de  trente  ans' qu'il  se  rencontre,  ce  qui,  selon  toute  vrai- 
semblance, tient  à  l'accroissement  que  prend  le  tissu  adipeux  à  cette 
période  de  la  vie.  II  n'est  pas  rare  d'observer  cette  néoplasie  sur  les  points 
du  corps  exposés  à  des  pressions  prolongées,  à  la  nuque  par  exemple  chez 
les  portefaix,  mais  il  n'est  nullement  prouvé  qu'elle  soit  l'effet  direct  du  trau- 


'342  ANATOMIE   PATHOLOGIOITK. 

matisme,  car  si  on  voulait  la  produire  artificiellement,  ii  est  vraisemblable 
qu*on  ne  réussirait  pas.  D'un  autre  côté,  s*il  est  vrai  que  les  lipomes  mul- 
tiples dépendent  d'une  modification  générale  de  l'organisme,  il  faut  bien 
reconnaître  que  nous  ne  connaissons  ni  la  nature  de  cette  modification  ni 
sa  cause  :  admettre  rinfiuence  d'un  état  diathésique,  c'est  faire  aveu 
d'ignorance.  Cependant  l'hérédité  des  tumeurs  adipeuses  serait  peu  con- 
testable d'après  quelques  observations^  une  de  Murchison  notamment,  où 
le  père  et  ses  deux  filles  présentaient  des  tumeurs  de  ce  genre  sur  des  par- 
ties à  peu  près  correspondantes;  dans  ce  cas  et  dans  quelques  autres,  il 
est  assurément  difficile  de  nier  l'influence  d'une  prédisposition  transmise. 
En  résumé,  il  y  a  lieu  de  croire  à  l'intervention  d'une  cause  locale  et 
d'une  cause  générale  dans  la  production  des  lipomes,  mais  ces  causes 
et  leur  mode  d'action  sont  à  peu  près  inconnus. 

Bibliographie.  —  Litthe,    Histoire  de   l'Académie  royale  des  srimcPSy  année 
1709,  Obs.anat^  3. — Morgagni,  De  sedibus  etcausis  morboi',^  trad.  fr.  de  Des- 
touet^  liv.  IV,  lettre  6, art.  24,  25,  p.  204.  —  Bigot,  Tum.  graisseuse  du  péri- 
toine. Thèse  de  Paris,  1820.  —  A.  Cooper,  Loiid.med.'Surg,  Tram,,  vol.  XII.  — 
Gendrin,    Journ,  (/en,  de  médecine,  1828,    p.   210.   —   Brodie,  Med,    Times, 
février  1844.    —  Pautrier,    Essai  sur   les   lipomes.    Thèse   de   Paris,   1834. 
—   Heyfelder,    De  lipomate  et  de  steatomate  imprimis    mia'oscop,    indagattë 
nonnuUa.  Stuttgard,  1842.  —  Bernutz,  Recherches  sur  les  hernies  graù;seuses. 
Thèse  de  Paris,  1846. —  Hébert,  Sur  l'inflammation  du  lipome.  Thcso.  de  Paris, 
1849.  —  FuERSTENBERG,  Die  Fettgeschwùlste  der  Thiere  und  ikre  Métamorphose. 
Berlin,  1851.  —  Klein,  Zeitschr.  d.  Gesellsch,  d.  Aei'zte  zu    Wien,  1853.  — 
Paget,  Lectures  on  surgicxd  jyathoL,  t.  II,  p.  92.    London,  1853.  —  Verneuil, 
Note  sur  la  structure  intime  du  lipome j  suivie  de  quelques  remarques  sur  l'hyper- 
trophie  en  général  {Gaz  méd,  de  Pans,  1854,  p.  242  ;  Comptes  rendus  de  la  soc, 
hiolog.,  sér.  2,  t.  I,  p.  11).  —  Cruveilhier,   Traité  d'anatomie  génér,,  t.  111, 
p.  302,  1856. — Lebert,  Traité  d'amit.pathol,  gén,  et  spéciale,  i,  I,  p.  125,  pi.  XVI, 
fig.  1-2, 1855. — Murchison,  Kdinburghmed,  Journal, imn  1857. —  Perrotte,  Du 
lipome.  Thèse  de  Paris,  1857.  —  Prat,  Considératioris  sur   les  tumeurs  grais- 
seuses en  général  et  les  lipomes  en  particidier.  Thèse  de  Slrashourg,  1858.  — 
Sangalli,  Storia  clin,  ed  anatom,  dei  tumori,  1860,   vol.    II.  — Mestre,    Essai 
sur  le  lipome,  Montpellier,  1862.  —  Meyer,  Verkalkte  Lipome  (Archio  f,  pathoL 
Anat.    und   Physiol,   vol.    XXXII,  p.   395,    1865).    —    Virchow,    Pathol,  des 
tumeurs,  trad.    fr.  par  Aronssohn.  Paris,  1869,  t.  I,  p.   361.  —  Gzajewicz, 
Mikroskopische  Vntersuchungen  ùber  die  Textur  Entuicblung ,  Ruckbildung  und 
LebensfahigkeitdesFettgewebes  [Arch,fùr  Anat,  undPhysiolog.ji,  III,  p.  289, 1866, 
et  Schmidf s  Jahr bûcher,  t.  CXXXl  p.  279).  —  Fol'chkr,  Lipome  pédicule  {Gaz. 
des  hôpitaux,  p.  447,  1867). — Bœckel,  Ibid, ,  n°  8.  — E.  Gernet,  Fall  von  infect. 
Lipom  (Archivf.  Path.Aimt,  undphysiol,,  t.  XLI,  1867,  anal.,  Gaz,  hebd,,  p.  534, 


k>HYrEIII'Lk.S|£S. 

1^67). — BiicN^t,  Tfiiti  dvn  lummrs,  l.  III,  p.  375.  PaiU,  1869.  —  \i\niitf.,  Des 
Jifturua  et  de  la  dintyse  lipomatcusi'.  Thèse  de  Paris,  j8fiS. — Panas,  Lifome 
(mùiTi/f'  (fias,  kelid.,  1871,  p.  775),  — Ltxsit.R,  ComidérntiuM  suc  ies  lipomes. 
Tiiùsi!  Je  Paris,  1872.  —  Pahbut,  Sur  un  i-as  de  lipome  de  In  pie-méiv  cÉré- 
hnk  [Arrk.  rfc  physiot.  lutrm.  et  }mthot.,  1S69,  p-  643).  —  CiiotippE,  Note  sur 
Tri  riii  lie  tumews  HpomaUuses  de  l bicéphale,  p.  209.  —  Descahps,  Considifiir 
.'"jrHfur  te  siège  trf  fa  dassi/leatiun  des  lipomes.  Thfise  de  Paris,  1873.  —  Cauvï 
:i  \i.ut.  Lipome  snus-pMtonéal  [MoHlpelliei'  mÉd,,  février  187Û).  —  I.  (!haspet, 
Jfri'l.  —  Consultez  de  plus  les  Bulletins  de  Ui  Société  u/iutomique,  de  la  Société 
■Ir  l'iolugic  el  les  Tnmsrftioiis  patliolagiijuvs  de  Lmtdrex. 

UfWÊmm  roNKénltana. — Walthkb,  Die  iitigefioreitm  Fetthautyeschwûlite- 
Lindsliut,  1814.— DAiiriBN,  Obsm:  i-hiiuru.  sur  um  jimiie  ^le,  etc.  Paris,  1822. 
— Aicuorr,  UeOcr  Lipomatosis  cuiioenitii  {Miinat>'chr  f.  (iehMTUX.  XXX,  p.  339, 
)8fi7,  elScAmJrfCsJflftrd.,  t.  I:XXXIX,  p.  199),— J,  Arnold  EiiiFnH  wnranfleii. 
Immnan^eietz,  Lipom  der  Zungi-'uiid  desPkarynx,  ek'  .  t.  IV.  p.  /|H2.  Sous 
H  litre,  il  s'agit  bien  plul6td'un  monstre  épignathe  que  d'un  lipumc. 


-  NÉoptn^luB  de  tii 


I  cartilBgiii'eui.  —  Ctiondro 


Ihir,  élastique,  de  couleur  bleuâtre,  d'un  hiauc  laiteux  ou  jiiunùtri', 
\t  litisu  e^rlila^ineux  est  liistolo^iquement  rormê  d'clémenls  cellulaires 
tl  diine  substance  intermédiaire  (1).  Les  cellules  cartilagineuses,  gèiié- 
nl«iuenl  rondes  ou  oblongues,  sont,  comme  la  plupart  des  cellules, 
ranposées  d'un  protoplastna  et  d'un  noyau;  elles  oITreut  en  outre,  au 
Iwul  d'un  certain  tem|is,  chez  les  inammitêrcs,  une  membrane  distincte 
su  capsule  de  cartilage,  couche  résistante  produite  par  une  sécrétion  du 
fntoblaste  qu'elle  enveloppe  étroitement  H  dont  elle  peut  être  séparée 
puiliTers  réaclifs  susceptibles  de  coaguler  et  de  ratatiner  son  contenu. 
U  sabslance  rondamontalo  est  variable;  muqueuse  dans  les  disques 
nltnébraux,  elle  est  ailleurs  lioinogène  ou  finement  granulée.  On  In 
liWrc  enfin  composée  de  tibics;  les  unes  pilles  et  parallèles  four- 
Huwtit  de  la  gélatine,  les  autres  opaques  et  disposées  en  réseaux  sont 
BHisliluées  par  une  substance  élastique.  Les  caractèi'es  chimiques  des 
nIhleE  et  de  la  substance  inlenntkliaire  homogène  ne  sont  pas  îdeii- 
li(|iies  :  les  premières  ont  une  eompositinn  qui  les  rapproche  des  sub- 
slmtvsalbuminoïdes,  la  seconde  est  formée  de  chondrtne,  du  moins 
i(iianj  elle  est  homogène. 


Ij  II  imitartc  de  Taire  rciiiarijuiM 
''°i;ilc  paroDclijme  ili>  cuUules  snni 
''ntliligr  lie  In  riirili'  ilnranlc  Ui^s 


qtie,  ilnni  de  mrcs  ras,  le  carlilnge  n'eit  qu'un 
subilani'»  inlermédinire  :  li-la  snnl.par   «temple. 


Sû/l  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

Les  cartilages  se  développent  aux  dépens  des  cellules  primordiales  de 
l'embryon  qui  se  triinsformenl  en  cellules  de  cartilage,  tandis  qu'une  sub- 
stance interstitielle  qu'on  peut  faire  dériver  d'une  exsudation  des  principes 
constituants  du  sang  s'inlerpose  entre  elles  dans  la  plupart  des  cas 
(Kôlliker).  Or,  suivant  que  cette  substance  reste  homogène  ou  devient 
fibrillaire,  il  se  produit  un  cartilage  hyalin,  un  fibro-cartilage  ou  un  car- 
tilage élastique.  L'accroissement  des  cartilages  est  assez  mal  connu  ;  on  sait 
néanmoins  qu'il  a  lieu,  dans  la  généralité  des  cas,  par  multiplication 
endogène  des  cellules  primitivement  formées,  et  par  dépôt  incessant  de 
substance  intermédiaire  entre  ces  cellules.  Ces  tissus  sont  dépourvus  de 
vaisseaux,  si  ce  n'est  à  l'état  pathologique,  où  ils  peuvent  se  vasculariser. 
Chez  les  individus  avancés  en  âge,  certains  cartilages,  notamment  les 
cartilages  costaux  et  thyroïde,  présentent  fréquemment  une  infiltration 
graisseuse  ou  amyloïde  de  leurs  éléments  cellulaires  et  quelquefois  même 
une  dégénérescence  muqueuse  de  leur  substance  fondamentale,  d'où 
résulte  la  formation  de  cavités  anfractueuses  remplies  de  matières  mu- 
queuses et  de  granules  graisseux.  Toutes  ces  modifications,  nous  les 
retrouverons  dans  les  néoplasies  cartilagineuses. 

Ces  néoplasies  étaient  désignées  autrefois  sous  les  noms  de  tumeurs 
cartilaginiformes  ou  cartilagineuses,  de  chondroïdes  ;  mais  sous  ces  dé- 
nominations on  comprenait  des  productions  diverses  dont  un  certain 
nombre  seulement  étaient  constituées  par  du  cartilage  (1).  L'application 
du  microscope  à  l'étude  des  tumeurs  permit  à  J.  Mûller  de  tracer  une 
ligne  de  délimitation  plus  nette  du  groupe  des  chondromes;  c'est  plus 
tard  et  seulement  dans  ces  dernières  années  que  ces  tumeurs  ont  été  bien 
étudiées  par  Lebert,  Dolbeau,  et  quelques  autres  pathologistes. 

Les  néoplasies  cartilagineuses  sont  des  altérations  d'une  fréquence 
moyenne,  pouvant  se  développer,  soit  dans  les  os,  soit  dans  les  parties 
molles;  il  est  à  remarquer  qu'elles  ne  sont  jîimais  ni  contiguës  ni  adhé- 
rentes au  tissu  c^arlilagineux.  Cependant  il  arrive  que  certains  cartilages 
irrités,  subissant  une  sorte  de  travail  hyperplasique,  donnent  naissance  à 
des  productions  cartilagineuses  saillantes,  analogues  aux  exostoses  des  os. 
Formées  aux  dépens  des  cartilages  permanents,  et  appelées  ecchondroses 
par  Virchow,  ces  végétations  ressemblentpeu  à  une  véritable  tumeur,  mais 
plutôt  à  une  tuméfaction  dilTuso  du  cartilage  par  accroissement  d'une 
partie  plus  ou  moins   étendue  de  sa  périphérie.   Elles  sont  vraisem- 


(1)  Ajoutons  qu'un  certain  nombre  do  tumeurs  osseuses  désignées  par  les  noms  de 
spina  ventosa,  ostéostéatome,  ostéosnrcomc,  etc.,  paraissent  devoir  rentrer  dans  le  groupe 
des  chondromes. 


IIVPERPI.*SIES. 


S/iS 


il  produileiï  par  la  ilirîsion  des  cdiules  cai-libigineuaes  prét'xis- 
Uiiiles  auxquelles  s'ajoute  une  substance  mt<>iv>i.^llulaii-e  nouvi-lle;  cesl  un 
|ilir-iionièiie  cnmpanible  h  wlui  d'un  arbre  qui,  sur  un  de  ses  points,  pio- 
duit  un  nouveau  liourj^eon.  Ces  productions  s'observent  gétiéraleraonl  au 
niveau  des  articulations  malades,  principalement  de  cellesqui  sont  atteintes 
de  rliuinalisinc  chronique;  elles  se  rencontrent  encon^  sur  les  carlilaffes 
coslaax,  où  on  les  voit  former  chez  les  rachitiques  du  petits  n-Kluh-s  lnul 
particuliers,  eiiHn  sur  le  cartilage 
lh\roîdi>  el  la  trachée,  où  elles  se 
présentent  sous  l'appaiviiov  de  vc- 
gctalions  pisiformes  occupant  les 
bordson  la  surfane  interne  des  an- 
neaux carlîlaj^ineux  auxquels  cilles 
sont  quelquefois  raiblemeni  adhéren- 
li's,Desmodiiicalions  diverses  se  pro- 
duisent assez  généralement  au  sein 
de  ces  nouvelles  ruminlions;  la  plu- 
p!ut  du  temps,  il  s'y  développe 
une  véritable  ossification,  d'où  une 
exoslosc  qui  procède  d'un  cartilage 
(ti^.  UO);  quelquefois  la  néoplasie 
subit  une  niétAmoi-]ibose  régressive, 
p-aissense  ou  nmylolde.  Ces  motles 
(le  tenninaisun  et  l'irritation  qui  généralement  préside  nu  début  de  ces 
nlléraltons  conduisent  n  les  rapprocher  des  inOammations  et  Aies  éloigner 

IV  conséquent  des  véritables  c^ondromes. 
^BKriplion.  —  Les  chondronjes  sont  imur  quelques  auteurs  des  nêopla- 
sies  héléroplastiques,  ii  cause  de  leur  développement  dans  les  organes 
im  il  n'existe  pas  de  cartilage  à  l'élut  normal,  comme  les  os,  les  glandes 
lutlivaires,  ta  {uirotide,  les  tosticules.elc- Touterois,  ces  néoplasies,  ujanl 
toujours  leur  origine  dans  un  tissu  de  la  famille  des  tissus  conjonetifa, 
c'esl-â-dij-e  dans  un  tissu  qui  a  les  plus  grande.'^  aflinités  avec  le  tissu  car- 
tilagineux, ne  peuvent  être  considérées  comme  telles,  au  même  titre  du 
aïoins  qu'une  tumeur  épilhéliale  appaniissant  dans  un  os.  Ainsi  celte  dis- 
liuclion,  k  laquelle  on  a  voulu  attribuer  une  certaine  importance,  est  sans 
fiucune  valeur.  Lesctiondromes  forment  des  tumeurs  arrondies,  lobulées, 
IKiffai terne nt  timitci's,  d'un  volume  très-variable,  car  s'il  en  est  qui  n'ont 
que  la  grosseur  d'une  noisette  ou  d'un  petit  œuf  (fig.  111),  on  en 
(|iii  présenleiil  un  mélii'  i-t  plus  de  rirconférerice.  Ces  der- 


Fia.  IID.  —  Trachi^  rt  g [hmu  bronche» 
dont  la  face  înlarnc  csl  icm^x  de  potilei 
Inmouri  «nrlilugineutctoMîme!.  La  mem- 
brane mnqucuio  tUil  le  %ii%t  il'ulreri' 
lions  tubareuleiiiei.  (Pièce  due  à  l'abll- 
geancadu  docteur  Landrleux.) 


uiiirtu  sonl  formt'(>!>  de  massifs  distiiicles  sépan'teN 

plus  ou  moins  spliériijucs  et  d'une  (irossour  îiié^le,  ayuil  les  uuetli 
volume  d'urne  lAlc  à'è^afit, 
les  autres  les  dimeiisiiiii! 
d'un  Œur.  IlHiis  quelques  ras, 
il  exisie,  tii  outre,  an  viij- 
■iiiia^c  de  Ifi  musse  priuà- 
pale,  comme  l'a  vu  IJulbrnu, 
de  petits  Ilols  ntrlilngiiieui 
isolés,  dont  l'impcirtaticf  h 
doit  plis  échapper  au  chîruN 
fiien.  La  eoiisislanco  des  lu- 
iiieiirs  cartilagineuses  ed  tin- 
Uil  dure,  tantûl  laolle.  mi- 
viint  que  l'élémeut  cclIuUiR 
ou  la  subslauiH^  îiitcniii^iun 
im-dtjiuine.  Entre  ces  ilcu' 
•    ^  I  J        /    extil-mes  on  trouve  tous  K 

inlennédiaires   jiosïiibles.    D'ailleurs    la  mollesse  n'est  souveut  que 

rt'sultat  d'une  niudilicalion  de  la  tumeur  primitive,  qui  est  en  gèaèt 

fenne,  rt^sislaiitt',  élastique. 

Les  ehoiidromes,  comme  le  cartilii^e  iionnal,  sont  formes  hisl 
logiquement  de  deux  |»a 
ties  :  des  cellules  partie: 
lières  et  une  substaiicc  ï 
lerci^llulaire ,  roiiduuientn 
Les  cellules  sont  rondes  et* 
mecliez  ruiibnuii.rusiroriii 
ou  êtoilées  comme  chez  I 
(lulle,  souvent  plus  votuir 
lieuses  ou  plus  petites  qi 
les  cellules  du  cartilage  iioi 
mal  :  mais  elles  sont  le  p'» 
ordinairement  comprises  dan) 
une  capsule  (  Ug.  ll!j-  L* 
substance  intei-collulaire  f*l 
variée,  taiiiril  IranspafenU- 
w^.    Dans  la  plupart  d«  «• 


Fin.  lis.—  Coupe  mkn)acD|)iquc  il'ua  rhondronir' 
soui^u(«nû  / 1.  TnictiiB  conjoiiclirs  formant  dns  al- 
véole* Ail  *oiu  deiqueig  soiil  tomprïeei  le*  capiulci 
rio  cnriilni;"  c  c,  t^pnrùe»  p.ir  une  substnncu  iiitcr- 
mAdUirii  homo(*nc. (D'après l'.)I/n»  rTaiiaLpalli. 
de  Lnncemaiixel  Uckerbaucr.i 


et  homo^cène,    lantùt    libroïde   ou    (ibn 

enfin,  les   noyaux  cartilagineux  sunl  circonscrits  [mr  une  im'aitim" 

rtmjouclive   ijui  envoie   dans  la   prurondeur  ilc  la   luimur  uni'  tuo^ 


HVPE11PHSIE5, 


am 


de  prokuipâraftnls  filameoteux  limitant  des  nlvéoles  oit  so  trouve  oon- 
Irnue  la  substance  cartilagiueuse  disposée  en  forme  de  lolh^s. 

Les  chuiidromes  n'ont  |)as  toujours  rhonjof^ênéili;  parrailo  des  cartilages 

riumiaux,  souvent  la  substance  foiidainenlale  qui  appartient  il  une  masse 

(nrlilugineusi.^  dîiïèrc  de  celle  d'un  autv»  groupe  ;  certains  lobes  en  effet 

formés  par  du  cartilagefiyalin,d'aulrespardu  cartilage  muqueuse,  par 

libro-cM'tilago,  du  cartilage  à  cellules  ramiliées;  la  plupart  sont  revêtus 
iiiombrane  fibreuse  qui  leur  sert  de  périebondi-e  et  dans  laquelle  rant- 

itdesvaisseaux  qui  servent  ii  leur  nutrilion.  Au-dessous  de  cette  mem- 
Imuie  se  rencontrent  une  couche  di.>  capsules  lenlicuiaires  aplaties  daits 
bsens  de  la  suffacit,  puis  des  capsules  globuleuses,  «l  au  centre  esisleut 
iv  ):randes  capsules  contenant  plusieurs  générations  de  cellules,  l^a 
nombinaison  du  tissa  cartilagineux  avec  les  tissus  qui  composent 
J'auln-s  tumeurs  plus  ou  moins  malignes  n'est  pas  exlrtimement  rare: 
Jus  ces  conditions,    la  uèopiasie  cartilagineuse  est  toujours  acces- 


"  l*s  chondromes  pi-ésentent  des  variétés  nombreuses  déterminées  la 
|)lu|iart  par  la  (liSéi-encc  de  structure  du  tissu  cartilagineux.  Ces  variétés 
sunl  aussi  fréquentes  que  les  formes  du  IJssu  cartilagineux  normal,  et 
imW  plus  rriîqnentes  puisque  certains  cboiidronies  ont  leur  type  dans 

lii'i  larlilaaes   propri's  auï   iiniiii;ni\    iiifiTienrs  el   qu'ils  ne   sr   ri'ii- 


f'tn.  113. —  Chondrome  de  la  base  du  c[ 
l'Àtbii  irAnatomie  palhotogique 


e  Lancereaux  cl  I.actier1iai 


Jnlpas  à  l'état  physiologique  chez  l'bomme.  Au  lieu  d'être  renfermées 

<  une   capsule,    les  cellules  cartilagineuses,   comprises  on   pareil 

■  dans  une  substance  fondamentale  bomo^ène,  présentent  des  pro- 

Igmients  par  lesquels   elles  s'anastomosent  les  unes  avec  les  autres. 


lin  râëôânîn 


A&8  ANATIIMIE    PVTnO[.0(;iOtIE, 

Exceptionnellement  Tormé  pur  un  seul  lobule  île  earlilnge  hyalin  r 
d'une  memlirane  fibreuse,  le  chonJpome  esl  d'ordinaire  composé  de  noua 
multiples  reliées  entre  elles,  aoil  par  un  lissu  ronjonctif  (ii((.  ilS],  sait|Hr 
«n  filiro-<fflrlîlage  vasculaire  ;  puis,  dans  quelques  cas,  à  crtté  d'Ilots cailili- 
^ineux  hion  organisés,  se  trouvent  des  no\aux  plus  ou  moins  abonduilt, 
de  tissu  embryonnaire  mélangées  de  tissu  (ibreux  ou  rarlilagincut.  f» 
dernières  tumeurs  ont  été  considén^s  à  tort  comme  des  chondro-MN| 
cornes;  ce  sont  des  cliondromes  dont  la  trame  se  trouve  formée  de  timli 
conjonctif  en  voie  de  développement.  Si  par  hasard  la  trame  libreuse  vient 
à  prédominer  entre  les  lobules  enililngineux,  la  variété  de  chondroiM 
qui  en  résulte  est  connue  sous  le  nom  de  ehnndrame  fibreux.  Plus  rar» 
ment  on  observe  des  ebondronies  rétirulés  el  des  ehondromes  à  cellules  ra 
miliées;  enfin,  il  nest  pas  raiT  de  constater  ta  réunion  de  plusieurs  variété 
dans  une  même  lumeul 
Les  cliondromes,  envi 
sa^és  au  point  de  vue  d 
leur  topographie,  présea 
tent  des  différences  seB 
sibles.  Dans  le  tissu  ot 
I  scux  (i),  ils  se  dévelo- 
'  |H'nt  presque  toujou.. 
dans  les  premières  an  ni^ 
e  k  vie,cii'con8tunce  i] 
a  pu  porter  ii  leuralir 
buer  une  origine  cnrtilaja 
neuse.  i*eg  os  de  la  ma. 
sont  plus  souvent  nfTectB 
que  les  autres,  et  eiigêm 
rai  plusieurs  d*entre  ea 
sont  simultanément  m 
p.  nu-  teints;  lesosdupiedsov 
beaucoup  moins  exposé 
viennent  ensuite  les  fémurs,  les  os  du  bassin,  en  dernier  lieu  les  os  de 
face  et  de  In  télé.  La  plupart  des  cliondromes  osseux  ont  leur  point  fl 
départ  dans  le  corps  même  de  l'os;  un  petit  nombre  prennent  naissan* 

(1)  Les  M  loot,  de  Inui  lu;  orgaiiei,  ccui  qui  lont  h  iilus  inuTent  lUtinti  ié  chd 
dmmei.  Sur  36  cas  de  cboodromcs  mpportéi  ptr  Uullcr,  Ici  ot  figurent  33  Tob,  I 
piiiiei  mullM  seulement  ï  [oit.  Sur  ifS\  tniU  r^unU  pur  Leb«rt,  [et  m  tant  «iMb 
ma  rois  el  Id»  puHos  moIlM  21.  Enfin,  0.  Webcr  o  trou»f  237ci 
rotiuuK  i|p<  nr  pimr  (17  dcii  pnrtii')>  mnllc*. 


I-'IG.  lid.  —  Ctiondronie lie  i*«\ti'£[nilé  aufirifmeAe 
ménii.  V.el  us  esl  le  painl  de  dépari  de  la  liin 
(D'ipri-s  un  detsin  oflcrl  par  Nélaton  tu  moite 
pujlren,) 


Hesat 


HÏPERPLASIES. 


U9 


partie  corticale  ou  dans  le  périoste  (lig,  lia),  Les  premiers  ne  se  ré- 
iêleot  que  tardivement,  au  moment  où  la  tumeur  devient  proéminente  à 
la  surface  de  l'os,  tant  par  la  dislension  de  la  couche  osseuse  préexistante 
que  par  la  formation  de  couches  osseuses  nouvelles  sous  le  périoste  irrité. 
Us  seconds  sont  tout  de  suite  apparents  ;  ils  n'ont  pas  de  coque  osseuse. 
Oapeut  y  distinguer  trois  couches  différentes  (Cruveilhier)  :  une  couche 
i\t«riie  cai'tilagi lieuse,  une  couche  moyenne  crayeuse  ou  en  voie  d'ossi- 
Mion;enûn  une  couche  interne  osseuse  adhérant  aussi  solidement  à 
lai  nue  l'externe  cartilagineuse  adhère  au  périoste  encore  persistant. 
Us  chundromes  des  parties  molles  se  R'aconlreiit  dans  tous  les  points  oti 


I 


K.  I|y  —  Cliandroriie  de  la  parullde  i),n  ,  nal.  ;,  O^iliril  de  Ireiitc  aiis.  G  repri'^nle  une 
^1"  pofliou  de  la  glande  non  erivaliie  pni  la  nÉoplatiu.  (Culleelion  du  docteur  Pénn.) 


'isli'  uii  lissu  conjonctir  ;  ils  ont  leur  siège  de  prédilection  dans  les  glandes 
■Il  IHrticiilier  dans  la  parotide  [lig.  115)  et  le  testicule,  qu'ils  cnvahis- 
'"  «rfinenl  tout  entiers,  bien  qu'ils  acquiËrent  iwrfois  un  volume 

""'iJêrahlv.   Le  plus  souvent   la    funnulioiL    morbide  se  produit  par 


^^rihih 


3^50  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE 

nodules  isolés  et  donne  naissance  à  des  masses  multiples  tantôt  réunies, 
tantôt  solitaires  et  entre  lesquelles  on  constate Texistence  de  culs-de-sac  et 
de  conduits  glandulaires  dont  les  éléments  se  multiplient  d'abord  et  dégé- 
nèrent ensuite.  Consécutive  à  une  irritation  de  voisinage,  cette  altération 
n'est  pas  spéciale  au  chondrome  ;  elle  existe  pour  toute  espèce  de  tumeur 
glandulaire,  notamment  le  fibrome,  et  par  conséquent  n'est  en  aucune 
façon  l'indice  d'une  tumeur  de  mauvaise  nature.  Les  glandes,  du  reste,  sont 
généralement  envahies  par  des  chondromes  mixtes  et  souvent  très-com- 
plexes où  les  différentes  variétés  de  cette  néoplasie  se  rencontrent  à  des 
phases  diverses  d'évolution.  La  composition  chimique  intime  du  chon- 
drome a  été  peu  étudiée;  soumise  à  une  ébullition  prolongée,  cette 
végétation,  comme  le  tissu  cartilagineux  normal,  fournit  de  la  chondrine; 
cependant  quelques  chondromes  des  parties  molles  semblent  faire  excep- 
tion en  donnant  de  la  gélatine. 

Evolution.  —  Le  chondrome  naît  d'un  tissu  embryonnaire  déve- 
loppé  aux  dépens  du  tissu  osseux  ou  du  tissu  conjonctif  ordinaire. 
Dans  le  tissu  osseux,  on  observe  d'abord,  disent  Corail  et  Hanvier, 
des  phénomènes  semblables  à  ceux  de  l'ostéite;  les  cellules  de  la 
lu  moelle  et  les  cellules  adipeuses  prolifèrent,  puis  les  cellules  embryon- 
naires qui  résultent  de  cette  prolifération  se  séparent  bientôt  les  unes  des 
autres  par  l'interposition  d'une  substaiice  transparente.  Les  trabécules 
osseuses  voisines  se  présentent  avec  des  échancrures  dans  lesquelles 
végètent  les  éléments  de  nouvelle  formation.  Dans  la  portion  la  plus  an- 
cienne du  tissu  embnonnaire,  les  cellules,  distantes  les  unes  des  autres, 
séparées  par  la  substance  fondamentale  transparente,  arrivant  peu  à  peu 
à  constituer  un  petit  Ilot  de  cartilage  au  centre  d'une  cavité  médullaire 
agrandie.  Autour  de  cette  petite  masse  de  cartilage,  les  cellules  embryon- 
naires végètent  pendant  que  le  travail  de  médullisation  de  l'os  se  com- 
plète; en  même  temps,  les  trabécules  osseuses  se  résorbent  et  les  cavités 
médullaires  voisines  s'ouvrent  les  unes  dans  les  autres,  de  façon  à  con- 
stituer une  grande  cxivité  au  centre  de  laquelle  se  trouve  le  nodule  e^irti- 
lagineux.  Celui-ci  s'agrandit  par  l'adjonction  du  tissu  embryonnaire 
qui  l'entoure;  mais  plus  tard  ce  tissu  se  transforme  en  tissu  fibreux  et 
constitue  à  l'îlot  cartilagineux  un  véritable  périchondre.  Alors  les  c^ipsules 
périphériques  de  cet  îlot  deviennent  lenticulaires,  s'aplatissent  sous  Tin- 
fluence  de  la  jnession  du  tissu  conjonctif,  tandis  que  les  cellules  cartila- 
gineuses centrales  s'arrondissent  ou  se  multiplient  de  manière  à  donner 
naissance  à  des  cellules  et  à  des  capsules  secondaires  dans  l'intérieur  des 
grandes  capsules  primitives.  Les  mêmes  phénomènes  se  produisent  lorsque 


velHUldmnw  piwnd  nnîssnnce  diius  k>  (issu  coiijuiictir,  var  on  voil  a|i])<t- 
■aUrc  des  Ilols  de  i-elliilE;s  embryonnaires  aux  dépens  desquelles  le  carli- 
lage  naît  suivant  sou  type  ordinaire  de  développement.  Dans  eerlains  cas. 
lorsque  lo  mouvement  formateur  csl  Irès-ieul,  la  substance  fondameulaie 
libmise  persiste,  les  cellules  s'entourent  de  capsules,  et  il  se  fiiil  ainsi  un 
l'hni-parlilage. 

K'croissemenl  du  chondrome  a  lien  par  l'au^entation  des  Ilots 
'il.ii;iueu\  existants  cl  par  la  Fonnation  de  nouveaux  Ilots.  L'ac- 
i->inent  de  l'Ilot  on  nodule  priniitiT  s'effeetue  par  la  segmeuta- 
'  <iii  noyau,  puis  du  proloplasma  des  cellules  cartilagineuses  (|ui 
■  uiiiipnt  en  même  temps  très-volumineuses;  la  croissance  des 
iiiuluL-s  est  toutefois  limitée  et  non  démesurée.  En  gt^néral,  chaque 
nodHli-  ne  dépasse  pas  beaucoup  la  grosseur  d'un  noyau  de  cerise,  el 
touveiil  il  reste  plus  petit.  .\u  pourtour  d'un  premier  Ilot  se  forment  donc 
nnlissii  embryonnaire,  puis  de  nouveaux  nodules  qui,  en  «'appliquant  aux 
iWsdéjàPxistjinls,  augmentent  le  volume  de  la  tumeur,  de  telle  sorte  que 
Ifciundrome  volumineux,  malgi-é  une  ccrlattie  apparence  d'unité,  est  en 
a-Mim  un  pro'Juît  multiple.  I>  mode  d'accroissement  permet  de  com- 
piidre  la  généralisation  de  quelques  chondronies,  oar  l'influence  r[ai 
pviiie  il  la  rorinaliou  de  ces  nodules  peut  bien  donner  lieu  à  l'apparition 
df  liiws  indépendants  dans  les  os  voisins,  et  quelquefois  même  dans 
•"larties  molles  environnanles.  Ainsi  s'explique  l'existence  de  ehou- 
*™ii's  ilans  plusieurs  des  os  de  la  main  et  du  pied,  dans  des  exln^ 
"lili^  voisines  l'une  de  l'autre,  quoique  séparées  par  une  arlicula- 
'""i;  le  fémur  et  le  tibia  sont  particulièrement  exposées  h  ce  mode  de 
s^mlisalion. 

I**  tumeurs  carlilagtneuses  ont  une  marche  lente  et  quelquefois 
*fniillente;  elles  [>euvcnl  séjourner  dans  les  tissus  pendant  un 
•""ji*  très-long,  vingt  et  trente  ans,  sans  produin»  de  désordres  sé- 
"^n.  Leur  extension  est  toute  locale,  mais  il  n'en  est  pas  moins  vrai 
T'niif  tumeur  qui  siège  primitivement  dans  l'os  s'étend  peu  a  peu 
"n  pdrties  molles,  tellement  qu'on  a  quekiuefois  vu  les  vaisseaux 
<"iipiiis  et  lymphatiques  dilatés  et  oht>trués  par  des  végétations 
""lilspiinrust-s  ;  les  glandes  lymphatiques  correspondantes  sont  tou- 
''*«  rarement  altérées,  f'aget,  examinant  un  chondrome  placé  au  bas 
''^  l»  ïi'înp  cave  et  développé  dans  le.s  glandes  lymphatiques,  a  observé 
11"  les  vaisseaux  de  ces  glandes  étaient  dilatés  et  remplis  de  car- 
">»■  Yin-how,  dans  un  cas  de  chondrome  du  scapulum  se  conlî- 
""«il  dans  les  |)arties  molles,  trouva  une  dégénérescence  eaililagi- 
*"»  de»  glandes  hmphaliques  du  eou.    L'infection  ehondromiiteuse 


352  ANATOMIK   PATHOLOGIQUE. 

que  l'on  ne  doit  pas  confondre  avec  la  généralisation  qui  naffecle 
jamais  qu'un  seul  système  organique,  parait  devoir  être  admise  bien 
qu'elle  ne  repose  que  sur  un  petit  nombre  de  faits.  Au  nombre  de  sepl 
ou  huit,  ces  faits  présentent  cette  particularité  tout  à  fait  digne  de  re- 
marque, à  savoir  que  les  poumons,  à  part  un  cas,  ont  toujours  été  le 
siège  de  la  métastase. 

Le  chondrome  est  soumis  à  des  métamorphoses  de  diverses  natures, 
progressives  ou  régressives.  La  vascularisation  et  l'ossification  consti- 
tuent les  métamorphoses  progressives  qui  sont  rares  et  toujours  partielles. 
Plus  commune ,  la  calcification  ou  incrustation  calcaire  est  due  à 
un  dépôt  de  sels  de  chaux  dans  les  capsules  des  cellules  cartilagi- 
neuses ;  elle  détermine  la  formation  de  cercles  solides  autour  des  cellules 
et  une  apparence  de  tissu  osseux.  Cette  modification,  qui  d'abord  affeclele 
centre  de  la  tumeur,  n  est  pas  toujours  TelTet  d'un  processus  passif; 
elle  a  parfois  une  évolution  comparable  à  celle  de  rossification  elle- 
même.  Les  cellules  contenues  dans  les  capsules  prolifèrent,  puis, 
celles-ci  s'ouvrent  les  unes  dans  les  autres ,  et  il  se  forme  au  centre  du 
tissu  cartilagineux  une  cavité  médullaire  à  laquelle  le  périchondrc 
envoie  ses  vaisseaux.  Dans  cet  état,  la  moelle  embryonnaire  peul 
rester  stationnaire,  se  transformer  en  tissu  adipeux,  donner  nais- 
sance à  un  tissu  fibreux,  s'infiltrer  de  sels  de  chaux  ou  produire  dei 
trabécules  osseuses  d'une  existence  temporaire. 

Les  métamorphoses  régressives,  le  plus  souvent  graisseuse  ou  ainy 
loïde,  sont  tantôt  indépendantes,  tantôt  concomitantes  et  disséminéfî 
sur  des  points  différents  d'une  même  tumeur.  Un  de  leurs  principaus 
effets  est  d'arrêter  le  développement  ultérieur  de  la  tumeur.  Dans  quel- 
ques cas,  les  cellules  cartilagineuses  subissent  la  métamorphose  graisseuse 
tandis  que  la  substance  intermédiaire,  devenue  Hbrillaire  ou  striée,  fiw' 
par  se  convertir  eu  une  masse  filante,  gélatinilorme,  qui  renferme  uu< 
forte  proportion  de  mucine  et  peut  donner  naissance  à  des  kysle: 
muqueux,  ou  même  à  des  trajets  fistuleux.  Ainsi  s'expliquent  ce- 
points  fluctuants  que  présentent  ceilains  chondromes  primitivement 
durs  dans  toutes  leurs  parties.  Un  travail  d'ulcération  superficielle  ^ 
remarque  encore  sur  celles  de  ces  tumeurs  qui  distendent  la  peau,  sur- 
tout quand  ce  tégument  se  trouve  exposé  à  l'action  des  agents  irri- 
tants. 

Diagnostic  cl  pronostic,  —  Le  dia|j:n()stic  anatomi(|ue  du  chondroi"* 
est  facile;  sa  forme  lobulée,  les  îlots  fermes,  blanchâtres,  brilla"^' 
qui   le  constituent,    ne   peuvent   permettre  de   le  confondre    avec  1^' 


HYPBRPLASIBS.  553 

néoplasies  déjà  étudiées.  Le  myxome  seul  pourrait  prêter  à  Terreur,  c'est 
dans  le  cas  où  le  chondrome  a  subi  une  transformation  muqueuse  ;  mais 
comme  cette  transformation  n'est  jamais  complète,  il  en  résulte  qu'on 
peut  toujours  arriver  au  diagnostic  de  la  néoplasie  cartilagineuse. 

En  dehors  de  son  action  locale ,  le  chondrome  pouvant  entraîner  dans 
quelques  cas  l'infection  de  l'organisme  offre  un  danger  plus  sérieux  que 
le  myxome  et  le  lipome.  0.  Weber  a  vu  un  embolus  cartilagineux  trans- 
porter jusque  dans  les  poumons  cette  altération  dont  le  degré  de  gravité 
est  par  conséquent  variable.  Plus  les  éléments  constitutifs  de  cette  néo- 
plasie sont  jeunes  et  plus  le  développement  de  sa  masse  est  rapide,  plus 
elle  est  maligne,  c'est-à-dire  plus  elle  tend  à  détruire  localement  et  à 
se  généraliser.  Au  contraire,  plus  le  développement  des  éléments  d'un 
chondrome  est  lent,  plus  ces  éléments  se  rapprochent  de  l'âge  adulte  et 
plus  ils  sont  isolés  par  un  tissu  fibreux,  moins  la  tumeur  oiïre  de  danger. 
Par  conséquent,  si  au  pourtour  d'un  chondrome  qui  vient  d'éti^  extirpé 
existent  des  traînées  de  tissu  embryonnaire  ou  de  cartilage  en  voie  de 
développement,  s'il  n'y  a  pas  de  périchondre  fibreux  il  y  a  à  craindre  une 
récidive  sur  place,  où  même  la  production  de  nouvelles  tumeurs  dans 
divers  organes.  En  d'autres  termes^  les  chondromes  sont  d'autant  plus 
malins,  que,  par  la  forme  de  leurs  éléments,  par  leur  évolution,  etc.,  ils 
s'éloignent  plus  du  type  physiologique. 

Étiologie.  —  Les  chondromes  sont  des  lésions  du  jeune  âge  ou  de  l'âge 
adulte,  souvent  ils  apparaissent  dans  les  premières  années  de  la  vie,  ra- 
rement dans  la  vieillesse.  D'après  une  statistique  dressée  par  0.  Weber 
et  comportant  ^k  cas  de  chondrome  des  os,  le  début  du  développement 
de  la  tumeur  remontait  dans  plus  de  la  moitié  des  cas  aux  vingt  premières 
années  de  la  vie,  et  dans  un  tiers  environ  à  l'&ge  de  dix  ans.  Cette 
altération  est  d'ailleurs  quelquefois  congénitale,  et  l'hérédité  a  paru 
à  quelques  auteurs  jouer  un  certain  rôle  dans  sa  production.  Paget 
raconte  qu'un  malade  qui  avait  un  chondrome  du  radius  eut  un  fils  qui 
fut  atteint  d'un  chondrome  du  même  os  ;  0.  Weber  cite  un  exemple  où 
l'influence  héréditaire  aurait  été  ressentie  par  toute  une  famille.  L'opinion 
de  quelques  auteurs  (Lenoir,  Virchow)  tendant  à  mettre  le  chondrome  sur 
le  compte  du  rachitisme  ou  d'une  perversion  dans  le  développement  des 
os  (Mûller,  Chassaignac)  n'est  pas  suffisamment  prouvée.  Le  traumatisme 
a  une  action  réelle,  car  le  chondrome  survient  quelquefois  à  la  suite 
de  fractures  ou  de  contusions  ;  mais  ce  n'est  là  qu'une  cause  déter- 
minante, vu  la  rareté  des  cas  où  cette  néoplasie  succède  aux  influences 
mécaniques. 

LANCKBCAUX.  —  Traité  d'Ànat.  I.  —  23 


35&  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

BiBLioGRÂraiE.  —  J.  MuELLEB,  UebcT  dm  feinem  Bau  und  die  Formen  der  Erml- 
haftenGeschicûhte,  Berlin,  1 838.— VALENTiN,Il£^ertorium,  1837, p.  117.— Heh, 
Diss,  de  enchondrom.  Erlangen,  1 843.  —  Schaffner,  Ueber  das  Efichondromyim- 
burg,1845.  —  Retzius,  Hygiea,  août  1845.  —  Runge,  De  mcAomfrofiMle. Halle, 
|8(i8.  —  Fichte,  Ueber  das  Enchojidrom,  Tûbingen,  1850.  —  Scholz,  De  ewkm- 
dromate.  Breslau,  1855,  p.  56,  —  Ch.  Robin  etÛRDONEz,  Archiv.  gén.deméd., 
t.  II,  p.  173, 1856.  —  H.  Meckel,  Ueber  Ktiorpelwucherung  {Charité  Annal,  W\, 
2,  p.  84).  — Engel,  Zeitschr.  der  Wieiu  Aerzte.  11,  p.  20.  —  Fukhrer,  DeuUck 
KL ,  1852,  p.  23.  —  Burnett,  Recherches  microscop,  et  histoloq.  sur  renchondrmt 
{Arch,  gcn,  deméd.,  série  /i,  t.  XXX,  79).  —  Fayan,  Documents 'pour  servir  à  thU- 
toirede  l'enchondrome.  Thèse  de  Paris,  1856.  —  F.  Favenc,  Étude  sur  Venthon' 
drome.  Thèse  de  Paris,  1857 . — C.-O.  Weber,  Die  Knochengeschwûlste.  Bonn,  1856» 
[Chirurg.  Erfahr.,  p.  300);  Observations  pour  servir  à  V histoire  des  enchonân- 
mes,  etc.  (Archiv  fur  path,  Anat.  und  Physiol. ,  t.  XXXV,  p.  501 ,  et  Gaz,  hebdomad, 
de  méd,  et  de  chirurg,,  1866,  p.  638).  —  Beneke,  Archiv  d.  Ver.  f,  gem,  Arb.,  V., 
p.  427  {Schmidt's  Jahrh,,  t.  CX,  p.  17).  — Nélaton,  Gaz,  des  hùpUaux,\zsxm 
1855.  —  Paget,  Med.'Chir,  Transact.,  vol.  XXXVIII,  1855,  et  Surgical  Led.  on 
tumors.  London,  1857.  —  Ricuet,  Société  de  chirurgie,  1*'  août  1855,  et  Go:, 
des  hôjh ,  95, 1855.  —  Broca,  Ibid.,  p.  161. —  Volkmann,  Deutsche Klin,,  1856 
{Ibid,,  p.  164).  —  Cruyeiluier,  Anat,  pathol.  gèn,,  livr.  XXXIV,  pi.  4  et  5; 
Traité  d'anat,  pathol.  gén.,  t.  III,  1856.  —  Lebert,  Traité  d'anat,  pathol,,  t.l. 
p.  216,  1855. —  DoLBEAu,  Mém,  sur  les  tum.  cartilag,  des  doigts  [Archiv.  gén.  d* 
méd.,  oct.  1858,  p.  448,  669;  Paris,  1858);  Des  tumeurs  cartilag.  de  la  parotide 
{Gaz.  hebdomad.,  1858,  687),  et  Sur  les  tum,  cartilag,  du  bassin.  Paris,  1860, 
extr.  du  Progrés.  —  Bœckej.,  Gaz.  méd.  de  Strasbourg,  6,  1862.  —  Billroth. 
Allg.  Chirurgie,  p.  607  ;  trad.  fr.  Paris,  1868,  710.  —  Follix,  Pathol.  ext.,l  l 
p.  231.  Paris,  1861. — Viucuow,  Gcschwùlstc^i.  I,  p.  434,  trad.  fr.  par  Aronssohn. 
—  GuonK,  yrtzknovpel  Chondrom  mit  cont.  Zellm  (Archiv  fur  pnth.  Aimt.  "wi 
Phys.,i.  XXXII,  p.  445). — J.  ^ter^,  De Enchondromatc.  Inaug.  diss.  Vratisiavia*. 
1865.  —  Ch.  Legros,  'Reproduction  des  cartilages  [Gaz.  méd.,  1867,  p.  38,')).  — 
C.    H<KSTEHMA.\N' ,    Euchondroma    hœmatodrs.    Inaug.   diss.,    Bonn,   1868.  ^ 
J.    BiiiKETT,    Cnrtilaginom  and  bony  growtks    (Guy  s   Hospital  Reports,  sér.  H'' 
vol.    XIII,  p.    393,  1866,  et   vul.   XlV,  p.  475,    1869).    —  Lvnœrluv  e\ 
LackehhaOek,  Atlas  d'anat.  pathologique,  p.  517,  pi.  LVH,  fig.  6  et  7. 

VI.  —  Néoplasics  de  tissu  osseux.  —  Ostéomes. 

Lf"  tissu  osseux  consiste  niorpholo«:iquement  eu  une  suhslance  foiida- 
nieiilale  et  en  un  ^rand  nomhre  de  petites  cavités  microscopicjues  diss»*- 
minées  dans  son  intérieur.  L:i  substance  fondamentale,  dure  et  ri^nde.  ''^^ 
blanche,  homop'ne,  granuleuse  ou  fibreuse,  le  plus  souvent  lamelleux*^ 
elle  résulte  de  la  combinaison  intime  d'une  substance  collo^ène,  conifW^'' 
ment  identique  avec  celledu  tissu  conjonctif,  avec  certains  composés  inor- 


I 


iiïPEnpi.ASies.  355 

IM,  parmi  lesquels  le  phosphnte  et  le  rnrbonnie  dp  cltntix  tioniicnl 
R  premier  ning.  Les  cavités  osseuses  ((H>r|tuscules  osseux  (le!<  auteurs] 
it  de  0",013  à  0"",031  de  loupieur  et  do  0-*',006  à  fl'-,U15  d.^  largeur, 
e  forme  généralement  lenticulaire,  elles  conimuniqurnt  les  uties  avw  les 
nires  par  un  grand  noin)iri<  de  tins  prolongements  ou  ranalicules  osseux  ; 
lelcfues-unes  s'ouvrent,  par  l'intermédiairp  de  ces  derniers,  i  la  surface 
Tie  des  os  ou  dans  les  espaces  médullaires  plus  ou  moins  larges  qui 
xistcnt  dans  leur  épaisseur.  Chacune  d'elles  renferme  une  cellule  éloilée, 
tllule  osseuse,  avec  une  paroi  propre,  un  noyau  nvalnire,  long  tn 
loyenne  di!  ((■■,006.  Les  os  contiennent  en  outi-e  des  vaisseaux  et  des 
1  accompag;nrs  d'une  substance  |mrticuliéro  qui  les  soutient ,  la 
elle.  Composée  d'un  tissu  conjnnctif  trf's-lftche,  ayant  dans  ses  mailles 
)  grand  unmhrede  petites  cellules  spéciales,  appelées  Hlules  mt^ul- 
!^s,  et  de  rares  cellules  de  ^^ïsse,  la  moelle  remplit  tes  cavités  de  ta 
ubstancc  spongieuse  des  os,  les  canaiicules  qui  pnrconreiit  In  siilistance 
Xwupacte  et  qtii  s'ou- 
Trent  it  la  surface  ex- 
terne ou  interne  de  l'os 
(canaux  vasculaires  de 
"laversj . 

'  L'os  ne  provient  pa> 

Ktemcnt  des  cellules 

A  i'emhryon,  mais  bien 

l'un  tissu  cartilagineux 

I  d'un  tissu  fibreux 

li  redevient  embrvon- 

Hiirv  pour  se  transfor- 

'  ensuite   en    tissu 

Mseux.       I.'accroiase- 

taienl  de  l'os  en    lon- 

ir  s'effectue  aux  dé- 

lens  du  cartilage  ;   son 

roissemeiit  en  épais- 

alieu|iarrintemié- 

iaire  du  périoste,  au- 

lessous  duquel    existe 

■ne  couche  de  cellules 

tondes    ou    polygonales  {Uastkme   unis-périoslai,    Ollierj.   semblable*  à 

tfeiles  de  la  mw^lle  wnhryonnaire  et  deslinùcs  coiiuue  elliis  à  se  transfor- 

[mer  en  tissu  osseux.  ■'   •      •"''!  "  ii""n- 


FlC.  110.  —  (MÉome  Uhht  àe  l'oi  ninxilUire 
tupérieur.  iiui  ■  luxé  la  uiiclioire  îiifËricure. 
{Muaâe  Dui'Ujlren,! 


'i5Q  ANITOHIB   PATHOLOGlQim. 

Le  tis5U  osseux  Tail  parli<!  de  tous  les  os  du  squelette, 
les  osselets  de  l'ouïe,  l'os  hyoïde,  les  os  du  système  musculaire  ou  os 
sésamoldes  ;  il  compose  la  croule  osseuse  ou  cémenl  di>s  dents,  et 
à  un  âge  avancé  il  remplace  assez  ordinal lemeiit  les  cartilages  du  larîTii. 
Ca  tissu  est  le  siéf^e  de  végétations  nombreuses,  dont  quelques-unes, 
plus  spéciales  au  grtiupe  des  phlegiiiasies,  sont  connues  sous  les  iiums 
d'exottae»  et  à'éwsloses,  suivant  qu'elles  occupent  la  périphérie  de  l'os 
ou  sa  ravilé  médullaire.  A  la  périphérie  de  l'os,  où  elles  roriiient  des 
saillies  plus  ou  moins  volumineuses  et  irréjiulières,  les  exostoses  ont  une 
:ilruclure  semblable  ù  celle  de  l'os  normal,  avec  celte  diiïérence  que  les 
cunuux  de  llavers  qui  entrent  dans  leur  composilion  ont  une  direction  géué- 
ralemenl  perpendiculaii-e  il  celle  des  canaux  de  Havcrs  de  l'os  ancien. 
CetlQ  disposition  résulte  de  la  dii-ection  des  vaisseaux  osléo-pérîostiquM, 
qui  sont,  commis  on  le  sait,  perpendii^ulaires  k  la  surface  de  l'os  «l  qui, 
lorsi|ne  la  moelle  sous-péi-iosliqne  se  triuisfonne  en  tissu  osseux,  déter- 


minent la  direction  des  canaux  de  Davers  et  la  disposition  des  lamelles. 
Les  éiiosloses  qui  prennent  naissance  dans  l'épaisseur  in<^ine  de  l'os 
oiïi'ent  cette  même  disposition  :  elles  sont  babiluelknicul  formées  par  du 
lissu  compacle  et   comblent  plus  ou  moins  le  canal  nx^ullaire.  l*f 


Bl  PSIIFUhieS. 


MT 


esostoscA  sont  les  unes  liées  au  iléveloppenieiil  du  tissu  osseux  (exostosea 
ostéofu^iiiqui-»),  les  autre»  produite  par  des  niaiadies  générales,  telles 
que  la  sjphilis,  le  riiuRi»lisin(f,  ttlc.  Je  n'iiisisle  pas  sur  I»  de^criplioii  de 
ces  lésiniis.  qui  auront  leur  place  dans  l'étude  que  nouB  Teroiis  plus  loin 
desallératiuiiâ  du  tissu  osseux. 

ÙtKriplioH.  —  Les  osléomes  propreuieiit  dits  sont  des  rormatiùiiR  os- 
seUM'S,  ordiimi renient  isoli-es  et  circonscrites,  de  fonne  el  de  volume 
familles.  Le  plus  sou- 
vent arrondies,  ces  pro- 
dnctiuns  sont  quelque- 
Ibis  aplaties,  lanicllaî- 
ne,  plus  ou  inoinii  irré- 
gnlières,  et  ces  dilTéien- 
eea  sont  rré(|uemment 
niitoiilonnées  au  sié^ 
dm  tumeurs,  qui  est  lan- 
tdt  le  tissu  osseux,  tan- 
tAt  le  tissu  cniijnnctir.  La 
composition  histoingique 
de  (xs  lumrurs  est  celle 
du  tissa  osseux:  on  y 
irouvc  de  lu  substance 
osseuse  avec  ses  ostM- 
plastcs,  de  la  mot^Ile 
osseuse  et  des  vais»<:auv. 

Toutes  les  vnriélês  du 
lissu  osseux  (com|Hicle. 
spongieux,  etc.)  peuvent 
«e  rencontrer  dans  ces 
tumeurs.  L'oslwme  ronipacte  est  une  lunicur  (ernie,  plus  ou  moins 
alliinj!^  et;  aplatie,  eonslituée  par  du  tissu  osseux  rom|iiicle,  avec  ses 
canaux  de  llavers  el  ses  osli'ophstes.  Li  substance  usst^use  j  cal  dispostV 
en  lamelles  concentriques  enlourani  les  canaux  vasculairt^s,  i)ui  n'uni 
gétiémleinent  pas  la  disposition  réftutière  et  parallèle  de  In  sulislance 
dtaphysaire  des  os  longs  [lif;.  11ti  el  117).  l.'osttVtnie  spongieux  a  l'aspect 
d'une  masse  rougefllre  très-vasculairi',  rriahle.  d'une  dureté  médiocre.  Il 
rat  formé  de  lamelles  ou  d'aiguilles  osseuses,  avec  des  osl^oplasles  con- 
tenant (IiMis  leurs  inlennlles  une  moelle  Ir^s-aboudanle,  le  pins  souvent 
einbrvonnaire.  ^élatinifoi-nie,  film^use  ou  adipeuse  (lig.  118). 
^L'ostêome  éburnê  forme  des  masses  extrêmement  dores  cl  plus  ou 


[..  H8.  —  ExIr^miU  tupfrieur*  du  Itmiir  tur  le  bord 
irilenie  duquel  >p  Iroute  un  oiLMnir  >pnngi«ui  o  doul 
le  (laint  de  drparl  rai  U  pArioaM  ou  1rs  lixui  1»  |'lu> 


^^F  L'ostêomi 


358  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

moins  lisses.  It  se  pix-scnlc  quelquefois  sur  la  face  inlviii^iBa  oft  ( 
crâne,  sous  fonue  de  loniultes  concentriques  parallèles  à  )a  surface  de  la 
tumeur  (Virchnw).  Au  milieu  de  ces  lamelles  existent  des  corpuscules 
osseux  dont  les  canalicules  sont  pour  la  plupart  dirigés  vers  la  péri- 
phérie, comme  dans  le  cément  des  dents;  on  n'y  distingue  point  de 
canaux  vasculaires.  Cette  variété  se  ivli-ouve  dans  les  cavités  de  la  face, 
où  elle  présente  une  remarquable  analogie  avec  les  calculs  vêsîcaux  à 
rouelles  concentriques,  sauf  cette  diiïêrence  que  jamais  les  dépâls  de 
substance  osseuse  ne  s'incrustent  autour  d'un  uoyau  de  matîàre  étran- 
gère; sa  vaseularisation  est  si  faible  qu'il  semble  que  la  tmneur  se  nour- 
risse par  imbibitiou  de  voisiuage. 

Les  variétés  de  siège  des  ostéomes  sont  d'autant  plus  nombreuses  que 
ces  tumeurs  peuvent  se  développer,  nou-seulement  dans  le  tissu  osseux, 
niais  encore  dans  tous  les  tissus  de  substance  conjonctive,  principaiemimt 
les  aponévroses  cl  tes  muscles,  la  dure-mère  et  l'œil.   Au  sein  du  lissa 


Fic.llU.       Oil«i>i>ie  doublede  la  voulecrànicnne.  n.aitteme  «luii  lur  kpartioiii  , 
g1  latérale  KHUclie  du  TranUI  ;  b,   ostéame   plut  petit  lié^nl  au  niveau  do  l'anili 
[Hitlérieur  et  supérieur  il«s  l'oriélaux.  (Muiée  Dupujrtrea.) 

osseux,  ces  tumeurs  sont  disposées  comme  les  corps  tibi'eux  dans  les 
parois  de  l'ulèrus,  elles  soulèvent  les  couches  osseuses  qui  les  roc^ouvrent 
au  fur  et  à  mesure  qu'elles  se  développent,  les  amincissent  et  tinissent 
par  les  détruire  (fig.  119).  Les  os  du  crAue  et  principalement  la  K-^uU 
fronto-orbito-elhmoïdale,  le  maxillaire  supérieur,  sont  les  points  île 
leur  localisation  babitucUc  ;  Cruveilbier  eji  rapporte  trois  cas  qui  n'avairjil 
pas  d'autre  siège.  Quelquefois,  on  les  observe  à  la  surfucj?  de  l'os,  et  le- 
périoste  en  est  le  point  de  départ. 
,  ^ji  ,ps(|i^mes,.de^,|{)58es  i^^^les  et  de.s  5iBU8^ 


'  ^  HÏPElirLASIEâ. 
ji'en  out  pas  moins  élé  l'objel  d'une  ijtude  attenlive.  Ce  sont  des  tumeui-s 
isiiléps,  habituellemeut  ovoïdes,  présenlaiit  des  sillons  et  des  hosselurcs 
aillanles.  dont  la  surface  lisse  ne  dépcisse  guère  5  à  6  oentimëlres  de 
diimètre.  Immobiles  dans  la  cavité  qu'elles  remplissent  plus  ou  moins 
complètement,  ces  productions  pai-aisseiit  implanlpcs  sur  le  squelette 
''<  reposer  sur  une  base  solide;  cependant  il  est  possible  de  lesêDuetèer, 
cardies  sont  souvent  libres  et  indépendantes.  Dans  quelques  cas  seule- 
ment, il  ouste  un  point  d'implantation  à  l'os  c-aractérisé  par  des 
ni|tosités  du  sifuelelle  et  de  In  portion  cori'cspondanle  de  la  tumeur  et  par 
l'absence  d'une  membrane  lomenteuse;  partout  ailleurs  la  nouvelle 
lonuation  est  recouverte  d'une  enveloppe. 

Us  ostéomes  de  la  dure-mère  ne  sont  pas  extrêmement  rares  j  ils  se 
développent  principalement  sur  la  fau\  cérébrale,  oii  ils  Forment  des 
laïues  de  1  à  3  cenlimèti-es  de  longueur  et  de  plusieurs  milHmèlres 
'lépaisseur,  comparables  à  des  crêtes  de  coq  (iig.  120),  Dans  un  cas  qui 
m  est  personnel,  cette  végétation  ne  tenait  Ji  la  dure-mère  que  par  un 
miucc  lilamenl  fibreux 
Il  iir?rnianlquelquts\ai^ 
•veau»  Lis  osteomes  de 
I  arorhnoide ,  générale- 
nx-nl  multiples,  revêtent 
la  lomii-  de  minces  la- 
melles, appliquée;  à  h 
surface  de  cette  mem- 
brane Desembinblei  Im 
■nations  ont  étt  qu  ! 
*|urfois  renconlrcLs  d  ui 
'ail,  ou  elles  uccupiieiil 
■wtia  cboroidi-,  hoit  le 
«"fps^ilré. 

Certains  cartilages, no-  Fic-   120,  —  Oaléomede  la  duro-mèrc.  f,  cuir  chevelu; 
«mment  ceux  du  larynx,      ^„  ,,  „i  ,,rÉMniant  en  «  un  o»I.!oiiib. 
^  la  trachée  et  des  broii- 

*kos,  sont  quelquefois  atteints  d'ossification,  sous  l'influence  des 
^jçrèsde  l'âge.  Les  cellules  cartilagineuses  commencent  par  proliféi-er, 
*•  npsules  primitives  s'ou\Tent  les  unes  dans  les  autres,  les  capsules 
Onnidaires  se  dissolvent;  il  se  fonne  ainsi  un  tissu  embryonnaire  dont  le 
'•Moppement  est  exactement  conforme  ii  celui  de  l'étal  physiologique, 
au  sein  de  ce  tissu  apparaissent  des  trabécules  dans  lesquelles 
Mllnles  embryonnaires  deviennent  des  corpuscules  osseux.  Un  sem- 


360  aNaTOMIE   PATBOl.OClQtrE. 

blable  travail  s'opère  quclquorois  à  la  surface  iuleme  des 

cbéaux  irrités  par  la  présence  de  tubercules.  La  ti^re  110,  p.  Shi,  esl 

un  exemple  de  ces  productions  ctiondro- osseuses. 

Les  osléome.s  qui  aOectent  les  tendons  se  nioiiti'ent  ^iiérak>n)i>ul  lu 
voisinage  des  os,  et  seulemenl  chez  des  individus  jeunes;  Us  débulMt 
par  la  portion  adhérente  à  l'os  et  se  prolongent  sous  forme  de  lonjnKi 
ai^^illes  ou  stalactites  dans  la  vonlinuitii  de  ces  cordons  libreux,  jum|1ii- 
dans  les  muscles.  J'ai  vu  au  musée  analomique  de  Louvain  un  squelellr 
dont  la  plupart  des  os  étaient  couverts  d'osléomes  en  même  temps  iiu'uD 
grand  nnmbi'e  de  muscles,  notamment  ceux  du  cou  et  de  l'épaulp;  les 
muscles  adducteurs  de  la  cuisse  étaient  transformés  en  tissu  oswui. 
Kokllansky  signale  l'existence  assez  fréquente  d'un  ostiiome  dans  le 
biceps  chez  les  fantassins,  dans  les  adducteurs  de  la  cuisse  cliez  li^  nu- 
tiers  de  l'armée  autrichienne. 

Les  ostéomes  naissent,  comme  le  tissu  osseux,  tantt^t  aux  dépens  d'un 
tissu  cartilagineux  préalablement  formé,  tantùt  aux  dépens  d'un  tissu 
conjonclif  embryonnaire,  et  par  exinséquent  leur  développement  s'opèit 
suivant  le  mode  physiologique. 

Ces  tumeurs  ne  peuvent  être  confondues  analoiniquemenl  avec  aucune 
autre  tumeur;  les  tumeurs  fibreuses,  incrustées  de  sels  de  chaux,  s'endi»* 
tinguentpar  l'absence  de  corpuscules  etde  canaux  osseux.  Le  pronostic  dt 
ces  lésions  est  tout  entier  dans  les  désordri's  locaux  qu'elles  déterminntl  ' 
l'usure  des  os,  lacompi'essionet  l'altération  des  tissus  mous.  .Si  elles  ton) 
quelquefois  multiples,  ces  tumeurs  ne  deviennent  jamais  infectieuses. 

L'ostéome  est  une  affection  du  jeune  ilge  plutôt  que  de  la  vieillesse.  (T*^ 
enli-e  quinze  et  ti-enteans  qu'ont  été  observés  la  plupart  des  cas  d'oaléoft*' 
des  sinus  de  la  face,  c'est-à-dire  à  une  époque  où  la  muqueuse  de  ces  sisM 
atteint  son  maximum  de  vitalité,  cequi  conduit  à  rattacher  les  ostéome*'  ^ 
un  phénomène  de  nutrition  anonnal  et  non  à  un  processus  phlegmasiqs*' 
La  coexistence,  dans  quelques  cas,  de  ces  tumeurs  avec  des  polypes  n 
queux  ou  libreux,  semble  indiquer  qu'elles  peuvent  se  développer  sons l'i 
fluence  de  modilications  nutrilives  de  la  muqueuse  assez  semblable» 
celles  qui  président  à  la  fomialion  des  myxomes  ;  cependant,  il  n*e8t  p 
démontré  que  les  ostéomes  ne  soient  que  des  polypes  muqueuxossilïé&.    ' 
traumatisme  n'a  ici,  comme  dans  la  plupart  des  cas  de  tumeurs  conjor 
tives,  d'autre  action  que  celle  de  cause  déterminante;  le  c«l  exubérant, 
ostéomes  développés  au  voisinage  d'une  fracture  sont  des  preuves  de 
inlluence.  Les  formations  osseuses  sont  du  reste  commmies  partout 
vient  une  irritation  de  l'os  ou  du|n''riosIe,au  niveau  des  ulcèi-esd) 
cariées  ou  retenues  dans  leurs  alvéoles.  La  syphilis. 


HYPEBPLàSIES.  361 

matisme  et  toutes  les  maladies  générales  prédisposant  aux  exostoses  sont 
au  contraire  sans  influence  sur  la  production  de  l'ostéome. 


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schumlste,  t.  II.  Berlin,  1866.  —  Soulier,  Du  parallélisme  parfait  entre  le  déve- 
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Broca,  Des  exostoses  de  croissnure  (Bulletin  de  la  Société  de  chirurgie  et  Gaz.  des 
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1869.  —  Rendu,  Arch.  gén.  de  méd.,  1870,  t.  II,  p.  216.  —  J.  Colignon,  Gaz. 
méd.  de  Paris,  1876,  p.  101  et  138. 

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1862,  p.  219.  —  Meschede,  Archiv  f.  path.  Anat.,  1866,  t.  XXXV,  p.  673.  — 
W.  Ebstetn,  Grosses  Osteom  der  Hnken  Kleinhimhemisph.  (Archiv  f.  patholog. 
Anat.  undPhysioL,  1870,  t.XLIX,p.  165).— Lebert,  A^/a,s,  pi.  XXXIII,  flg.i-6, 
flg.  32;  pi.  CLXYII,  fig.  3,  6,  5.— Bruns,  Atlas,  pi.  Mil,  fig,  6,  8,  9,  11,  16. 

—  Foerster,  A</a«,pl.XX,fig.  2. —  Lancereaux,  Atlas  d' anatomie  path.,  oh9.CCL, 
p.  607.  Paris,  1870.  —  L.  Rty,  Bull,  de  la  Soc.  anat.,  1872,  p.  213. 

Vil.  —  Néoplasics  de  substance  conjonctive  fibrillaire.  —  Fibromes. 

Très-répandu  dans  Torganisme,  où  il  forme  les  tendons,  les  aponé- 
vroses, le  périoste,  le  derme  cutané,  le  derme  muqueux,  les  membranes 
vascuiaires,  etc.,  le  tissu  conjouctif  fibrillaire  ou  tissu  conjonctif  ordi- 
naire est  constitué  par  une    substance  d'apparence  fibrillaire  disposée 


362  ASATOMIE   PATDOLOCIOUE. 

SOUS  forme  de  faisceaux,  par  des  libres  élastiques  et  par  des  élétnenls 
cellulaires.  Les  Taisceaus,  finement  striés  et  ondulés  suivant  leur  Iva- 
gueur,  ont  un  diamètre  variable  de  0""",005  à  0°"°,050  (llanvicr).  Traite 
par  ie  cannin,  ils  se  colorent  en  rouge  ;  examinés  dans  l'eau  ou  la  |dy«- 
[  jfine  additionnée  dacide  acétique  ou  Tormique,  ils  se.  gonflent,  sed^ 
b  lorcnt  et  perdent  leur  aspect  fibrillaire;  (tu  même  temps,  ils  pn^senl»! 
I  des  étranglemetils  sous  forme  d'anneaux  ou  de  spirales  que  semble  inaitt- 
[   tenir  une  sorte  de  filnf  qui  reste  colorée  en  rouge.  Placées  à  cùté  de  m 
iàisceaux,  les  fibres  élastiques  sont  caractérisées  par  une  forte  réfringcuN, 
une  forme  cylindrique,  des  anastomoses  nombreuses  et  la  résistance  i 
l'action  des  acides  ou  même  des  alcalis.  Les  cellules  sont  de  deux  oràm: 
les  uues,  situées  le  long  des  faisceaux  du  tissu  conjunctif,  sont  gmixH 
plates  comme  les  cellules  epitbéliales  des  séreuses,  et  contiennent  >l 
noyau  ùgalement  aplati  avec  un  ou  plusieurs  nucléoles;  les  autres  parus- 
sent complètement  libres,  elles  ont  tous  les  caractères  des  globules  blanti 
I  du  sang  ou  cellules  lympbaliques.  En  résumé,  le  tissu  oonjonctlf  td 
■   formé  de  faisceaux  tapissés  par  des  cellules  aplaties,  glissant  les  unsurj 
les  autres  et  limitant  des  espaces  dans  lesquels  se  trouve  un  liquide  <fi\ 
tient  en  suspension  des  cellules  lymphatiques. 

La  sulBtance  fondamentale  et  les  faisceaux  de  tissu  conjonctif  duniieal: 
par  la  coction  une  substance  collogéne,  à  l'exception  d«  la  cornée,  <fi' 
fournit  de  la  cboudrine;  les  éléments  élastiques  renfennent  il<!  U  mJ^-- 
stance  élastique,  la  composition  cbimiquc  des  cellules  est  inconnue.  i| 
l'état  embryonnaire,  le  tissu  conjonctif  ne  contient  pas  de  gélatinf  rt  s>i 
trouve  vraisemblablement  formé  par  une  subsUince  protéiqur.  Arwi, 
il  faut  a<lme(tre  une  transformation  de  la  substance  albuminoîif*' 
I  en  substance  collogène  pendant  l'intervalle  qui  sépare  la  période  «n- 
F   bryonnairc  du  développement  complet  de  ce  tissu. 

Dans  la  période  embi-yoïiDaire,  le  lissu  conjonctif  est  représenté  pu  i 
des  cellules  arrondies  h  noyaux  vésiculeux,  dépourvues  do  nieœlinWi 
réunies  les  unes  aux  autres  par  une  petite  quantité  de  substance  ioW 
cellulaire  de  nature  albuminoïde.  l'Ius  tard  apparaissent  des  séries  loof^' 
ludinales  de  cellules  fusiformes  constituées  par  un  noyau  mince  ellon^' 
et  une  masse  de  protoplasmn.  Ces  cellules  se  modifient  peu  k  pMJ,*' 
point  de  se  terminer  par  des  prolongements  filifonnes,  de  perdre  IW 
[  proloptasma,  tandis  que  le  noyau  persiste  et  que  la  substance  fundain''' 
tftle  intercellulaire  devient  slriéi;  et  se  transforme  en  faisceaux  de  EjbnD* 
allongés  et  condensés.  Le  tissu  élastique  traverse  h  peu  prt-s  les  mM** 
phases  de  développement  que  le  tissu  fibreux,  en  ce  sens  qu'il 
,Hnlé  h  ua  cerlaio  moment  par  des  cellules  embryonnaires, 


res,  plus  ^^ 


■mSTUSIRS.  363 

.  A  l'éUl  paUtol(^que,  le  tissu  conjODclif  se  itér»- 
lopjic  d'une  bçon  ideoUqne  :  uaU  m  \-«rtu  de  rirconâlances  $pccîaJes.  mal 
ItHi-niùiKics,  il  s'arrête  qurJquefi»s  à  la  (io  àr  l'une  de  S4S  phases  à'ém- 
lolioa  d  ne  parrioit  pas  â  son  inMnplet  <lévelop|ienienl.  Noos  appelons 
^Mmi  (vlrjamuiim  louiez  les  formatioDs  incomplèles  de  m  tissu,  qni 
mit  rtaaralentewt  decrii*^  sous  le  noni  de  tareometti).  et  fibnmet 
9  dans  lesquelles  le  tissu  pal)ioiugi()u<-  aiicoiuplil  toutes 
ptoa  érointîoa. 

-  Rbroaiej  embr?  oanaïm. 
t  fibromes  embnoDiiaires  rorment  des  tumeurs  oroûtes  ou  romks. 
|uebis  ueUef&onI  limilées  tm  même  circonscrites  par  uue  espèce  de 
lcfibn:use.  le  plus  sourit  diffuses  et  envahissantes.  D'un  Toliunetrè&- 
le,  tantiM  un  peu  molles,  taotiit  dure.-^  et  i-bsliques.  ces  tumeurs  rrs- 
t.  non  pas  à  la  chair  musculaire  de  l'homme,  mais  plulilil  1  celle 
du  lapin.  Leur  soriare  de  section,  de  teinte  blanchâtre  ou  rougeitre,  lisse, 
brillanle,  humide,  donne  peu  de  suc  à  la  pression,  excepté  dans  les  parties 
s  molles  qui  se  laissent  Tacilement  déchirer  ou  réduire  en  boutUie. 
nid  esseotiellemejil  fbnnêes  de  cellules  réunies  par  une  substance 
nèOMÔ*  variable  et  interrompue  par  des  \-aisseaux  plus  ou  moins 
daals.  Ces  œHoles  ont  des  formés  diverses,  et  de  même  que  pour 
r  son  déreloppenteat  complet  le  tissu  conjonctif  passe  par  deux 
I  moffAolo^ques  distincts,  la  cellule  ronde  ou  o^-ale  et  la  cellule  Tusi- 
B, de  m^me  les  fibromes  embryonnaires  sont  composés  plus  spéciale- 
1,  lauttVt  de<vilulesammdies  (fibrome  embryonnaire  ^lobo-cellolatre), 
k  de  cellules  fusifonnes  1  fibrome  embryonnaire  fuso-cellulaire'. 

BiW  gloào-etllulaire.  Désignée  par  Ch.  Itobin  sous  le 

idc  tomev  anbiyo-pJastique,  cette  néc^lasie,  encore  connue  sous  les 

imitions  de  sarcome  à  cellules  rondes  (Billrolh)  et  de  sarcome  enoé- 

e  aHB  de  mtcsoic  Ih^.  chiir)  dÊsfiuit  aotrefoû,  d'«pr«i  Galin,  it*  tvmran 
met  cktiaoc,  ti  jlm  particulitTemMiI  des  tnBean  polipewM.  Aprà  quel^Wi 
Bcati  opérai  dui  «  ■gaiflealioa  et  on  oubli  umi  oMiplet,  oc  awt  «  ra  la  boaac 
4'lBcniAea  hwatai  Hafin  Jn  lîède  Jenùer,  et  dui  cet  dersîm  leaip  U 
dMKdeiBBean.  Celle 
IféHénlemml  arttfté*  ea  Fnaee  pe«r 
IMfitr  BBC  trrit  de  lomuliMu  {■■('■'■'«■fTque*.  <)ui,  f*r  Irai  IradiDce  à  !•  féi'i  >!»■ 
^)e  npfTMbent  ducarcinomr.  Déjl  aoiu  mori  Diimtré  que  reitaÎBe»  Ifâww  iDli 
*fa  MaUt*  camne  de>  fwnwMi  par  la  iiilcun  clvôtiK*  la  |rlai  (onpafh  fhif) 
MbiMcsmI  tam  de  noatmailà  paraatair»  iitnei  page  103  de  n  ««kwe}.  U 
l*ptadMBbiL  de*  noonin nrceouteiue*  mtaBteiiio«panildei«rreMnrdaBib 
ne  loiii  en  effet  i|ae  dei  i^êtaliao)  dn  ùmm  piwjiinrttf 


S6A 


AKATUMIE    FATHOLOGIOUE. 


pbaloTde  (Coruii  et  Itaiivier),  se  prtiseiil^  sous  In  forme  àc  ma 
ned,  jaunAti-es  ou  rougeâtres,  molles,  élastiques,  semj-lranslucîd'-spld'iip- 
parence  méduUaii'e,  ce  qui  lui  a  valu  (t'i>tre  confondue  pendant  lon)(leiii|i) 
avec  le  cancer  enc^phaloîde.  D'un  volume  qui  varie  depuis  la  grosseur  d'où 
lentille  jusqu'à  celle  du  poin;:,  ces  masses,  compnmèes  ou  l'ackrs.olFmil 
tout  d'abord  un  suc  transparent,  et  plus  tard,  par  suite  (lt>  la  liqniïfacliaa 
cadavérique  de  la  substance  Toadameiitale  et  parsuite  de  la  mise  en  lib«V 
des  cellules,  un  suc  blanchfllre,  lactescent.  Elles  sont  composf'-es  à«  celluli-t 
réunies  pnrune  petite  quantitéde  substance  intennédiaireraolle  et  anuH^, 
et  alimentées  par  des  vaisseaux.  Les  cellules  petites,  globulaires,  asseï régu- 
lières, sont  formées  d'un  noyau  relativement  volumineux,  ti  contour*  bîaj 
lrannlit%,  muni  de  un  à  trois  nucléoles,  et  d'un  protoplasnia  peu  abondai, 
sans  membrane  propre,  qui  devient  manifeste  après  durcissement  de  bit- 
meur  et  coloration  de  la  préparation  par  le  carmin  Ainsi,  ces  élémeDb  ail 
la  plus  grande  ressemblance  avec  ceux  qui  COBl- 
posent  les  bourgeons  cbnnms{fi)î.12I).Les na- 
seaux sont  volumineux,  dilatés  ou  anévram- 
tiques;  leurs  parois  sont  un  peu  plus  épUMO 
que  celtes  des  vaisseaux  du  tissu  de  gnDUt>- 
tion.  Comme  ces  derniers,  ils  sont  ctHMliloèi 
par  une  simple  coucbe  de  œllulesj  aoMilnii 
rupture  facile  donne  souvent  lieu  à  desndi;- 
moses  ou  à  des  hémorrhagies  dilTuses. 

''"'■■  *^';~n^""'  ""T""      Le  lihromeembrvonnaire  plobo-cellnIaiK  est 
piqued  un  flbrome embryon-  .  c 

naire  rapidement  aévcloppé  tantôt  Solitaire,  tantiU  multiple  d'enibl^.eldi^ 
d.n.len*li-.Unell.plévrB      ,        j,  j,     j  ^,.^jgj„^  poUVOfr  *r 

gauche, cneiun  jeune  homme  r  r  '  ■ 

dedii-BEptani.LetiuunbriJ-  généraliser,  notamment  dans  les  organttpol- 

■  j:i,rT.Tir™  "."^t  ■"«■■■■•!""■  «  P™<1  naissance,  le  plu.  Mu^r 

btabiesauiiceUnlei  ilesbour-  au  scin  dcs  membranes  conjonctives,  et  prinn- 

geons  charnu..  Gr,,».  ICI),  paiement  dans  le  périoste  et  dans  les  envelopp» 

des  centres  nerveux:  on  te  retrouve  encore  dans  In  peau  et  lelissuMi- 

jonctif  sous-cutané,  les  membranes  muqueuses,  les  sî'reuses,  les  m,\^ 

I  .^Duscles  et  même  les  glandes,  surtout  les  mamelles  et  les  testicules  (!)• 

I^n  dévelop|KMuent  est  rapide,  et  quelquefois  même  il  prend  mi  Uvs-pr<i 


(l)  Le  fibrome  embryonnaire  du  tetlicule  peut  compter  parmi  le*  plui  mallni.ein'* 

M  niaon  *in*  douts  de  la  richi.'uc  taiculaire  de  cet  organe.  Je  me  «ouYicnt  <l'»t«ir  «V* 

I  fnae  alTeclion  de  ce  genre,  avec  mon  maitrc  M.  Michon,  un  Je  mea  «mit,  i«UM  Hf 

I  Bant  igi  de  «ingt  tm,  chei  lequel,  malgré  tous  lei  loina  donnét  à  l'op^ralion,  il  ff*' 

P  «Viïil  au  lioul  de  peu  de  temps  une  réeidiie  itnni  les  gnngiluna  îl^o-lcimhittrf)  ii"^ 

mire  et  dans  les  (munaona,  qui  Tut  bientôt  suivie  de  ninrl. 


HYI-ERI-LISIE*.  505 

,  p«r  suite  dhêmorrhagies  successives  dans  son  éimisseur,  un 
accroissemenl  considéi-aMe.  C'est  ce  qui  s'esl  passé  dans  un  cas  riccnl, 
obsenéparmoi,  m  un  til)roim'  jtlobo-eellukire  développé  au  niveau  du 
bord  inrèrieur  du  foie  acquit  en  peu  de  temps  le  volume  d'une  grosse  lôte 
(i'adulle,  à  tel  («int  qu'il  remplissait  luule  la  cavité  nMominale  et  |M>uvnil 
être  pris  pour  un  k>sledo  l'ovaire  (lig,  I2Î). 


-  Le  foie  lupartufacs  conwiïe  préMinle  lur 

m  IxtrilinfËrieurun  nbiomeeiJibrjorinairehtmnrrha- 

K.pque  (■  ae,  parlJB  de  la  lumeur  noii  envuliie  par  \'bé- 

■vorrhagie;  A,véiiculi  MlUire  rliilenilue  [inrla  péai- 

^^ftiùa  ilana  u  catité  de  U  tubalanire  Ju  fibroine; 

I  droit  et  gauche   du  [uie;   r,  veioe  cavni 


[)ique  d  nb  orne  g  ubo  cellu- 
I  ro  repriMinté  As  122  b  b, 
portioni  de  lobulei  hjpali- 
qm»  piitri  Icsqueli  te  t rouie  la 
vég^tatiun  ;  c  r,  liMU  fiil- 
brjronii.iire  ;  n,  i^lùtneiUs  du 
Abrome,  GrussUienient,  lUO. 


pLes  élémeuts  cellulaires  du  (Ibrome  enibryuiuiulre,  au  lieu  de  con- 
fier à  se  développer,  s'infiltrent,  dans  les  points  les  plus  ancienne^ 
mi  Tonnés,  de  granulations  graisseuses  tines  et  de  granulations  plus 
s  el  brillantes  pouvant  faire  croîiv  &  une  conversion  des  ceJlules 
«matcuses  en  cellules  graisseuses.  VaH  êlal  de  métamorphose  donne 


1 


366  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

aux  points  envahis  une  coloration  plus  ou  moins  foncée  et  jaunâtre. 
Quelquefois  la  tumeur  est  partiellement  affectée  d'une  altération  qui  se  ré- 
vèle, à  Tœil  nu,  par  la  transparence,  la  consistance  gélatineuse  et  tremblo- 
tante du  tissu,  au  microscope,  par  la  présence  d'une  abondante  quantité  de 
substance  fondamentale  muqueuse  :  c'est  la  dégénérescence  muqueuse. 
Plus  rarement,  elle  est  le  siège  d'une  infiltration  calcaire  ou  pigmentaire. 
Dans  le  premier  cas,  le  néoplasme  est  parsemé  de  grains  calcaires  ;  dans  le 
second,  la  tumeur  est  infiltrée,  sur  une  plus  ou  moins  grande  étendue, 
de  granules  de  pigment  qui  lui  donnent  une  teinte  noirâtre. 

Le  diagnostic  du  fibrome  globo-cellulaire  n'est  pas  toujours  sans  diffi- 
cultés :  sa  ressemblance  avec  le  tissu  des  bourgeons  charnus  peut  tromper, 
mais  on  évitera  Terreur  en  tenant  compte  de  l'extension  de  la  lésion  et 
de  sa  persistance  à  l'état  embrjonnaire.  En  effet,  tandis  que  le  tissu 
inflammatoire  s'organise  complètement  ou  dégénère,  le  tissu  du  fibrome 
persiste  à  Tétat  embryonnaire.  Le  lymphome,  qui  ressemble  parfois  au 
fibrome  globo-cellulaire,  s'en  distingue  par  la  présence  d'un  réseau 
intercellulaire  très-délicat  qui  rappelle  le  réticulum  des  follicules  hm- 
phatiques  de  la  muqueuse  intestinale  et  que  l'on  découvre  en  prati- 
quant sur  la  tumeur  durcie  une  coupe  très-fine,  et  en  enlevant  soi- 
gneusement toutes  les  cellules  avec  le  pinceau.  Atteint  par  la  dégéné- 
rescence muqueuse,  le  fibrome  globo-cellulaire  ne  sera  pas  confondu  ave<- 
le  myxome,  si  Ton  tient  compte  de  l'existence  des  éléments  embrjon- 
naires  dans  les  endroits  non  dégénérés. 

Le  pronoslicdu  fibrome  globo-cellulaireesl  relativement  grave  en  raison 
de  sa  facile  extension.  Constituée  par  un  tissu  jeune  qui  tend  à  s'accroiln' 
rapidement  el  à  se  généraliser,  (îette  altération  est  dans  quelques  cas  le 
point  de  départ  d'une  infection  secondaire  ;  il  n'est  pas  très-rare,  après  son 
extirpation,  de  la  voir  récidiver  surplace  ou  sur  un  point  quelconque  de 
l'organisme,  notamment  dans  les  poumons.  L'éliologie  de  cette  affection  est 
peu  connue;  il  est  cependant  (juelques  faits  où  son  développement  parait 
avoir  succédé  à  un  traumatisme  ;  elle  est  le  propre  des  individus  jeunes 
el  des  organismes  débilités. 

Fibrome  embryonnaire  fuso-^ellulaîre.  —  Décrit  par  Lebert  sous  le  nom 
de  tumeur  fibro- plastique,  h»  fibrome  embryonnaire  fuso-cellulaire  est 
simple  ou  infiltré  de  granulations  pigmentaires  ;  par  cela  même,  il  pré- 
sent** deux  variétés  distinctes. 

Le  fibrome  fuso-cellulaire  simple  forme  des  masses  d'apparence  charnue, 
d'un  volume  variable  pouvant  atteindre  la  grosseur  d'une  tête  d'enfant  ou 
d'adulte  (fig.  12^).  Ces  masses,  de  coloration  grisâtre,  blanchâtre  ou  rosée, 
consistantes,  ordinairement  fermes,  sont,   tantôt  nettement  délimitées, 


I  mi-ERPLASlES. 

tanlM  en  partie  confondues  nve?  Ii?  tissu  des  organes  (]uiei 
Elles  sont  composiics  de  icHules  allongées,  réunies  par  une  substance 
inlcrniàiÎJiire ,  et  de  vaisseaux.  Les  cdlules  consistent  en  un  corp» 
tt'llulnirt!.  rende  nu  niveau  du 
riûjau,  lerniiné  à  ses  di'ux 
alrémitfls  par  des  prolonge- 
méats  uni({ues  ou  multiples 
firim  Irès-lonjss.  Le  corps 
ivlluluire.  linenient  gi-aiiulé, 
ii'esl  limité  par  aucune  mem- 
linine;  le  iinyau  est  ovale, 
ivfc  ou  sans  nucléole.  Ces 
p|<ïnieDls  sont  régulîèpenient 
diapost^s  les  uns  à  ctMé  des  au- 
Irts,  de  telle  sorte  que  l'angle 
aipi,  resté  libre  entre  les 
l'Slremilés  amincies  de  deux 
eh'ineiits  voisins,  se  trouve 
TfUpli  par  l'extrémité  effdée 
d'une  ti-oisiènie  cellule  située 
'■n  iivanl  ou  en  aiTiére.  De 
n*!  arrangement  résulte  une 
masse  compacte  de  cellules 
puslléles  fonnanl  de  vérila- 
hlcj  Faisceaux  qui  ont  à  leur 
'uiir  ane  disposition  parallMe, 
["■ri^ndiculaire,  i-ayonnée  ou 
'  ifiilnirc  à  partir  d'un  centre 
"Jinrnun.  On  comprend  que 
'iif  une  coupe  pratiquée  dans 
d<'  si'inblnliles  conditions  on 
■i|"Ti.'OÎve  des  tourbillons  de 
'  'llules  séparés  par  des  tractus 
''Jiipjludinuux  qui  les  eiilou- 
nmt.  Les  tourbillons  i-eprésen- 
teni  la  section  transvei-salc  des 
Kiceuux,les  tractus  interposés 
i^ii«enlent  leur  section  longitudinale  (lig.  125).  Les  cellules  allongées 
W  ta  plus  grande  analogie  avec  celles  qui  constituent  les  cicatrices  i-é- 
*Me9;  comme  ces  dernières,  elles  sont  maintenues  par  une   substance 


567 
1  sont  le  siège. 


Fit:,  lld.  —  Fibrome  tuto-eeltulure.  l,t,  ftumeur 
Hbro- plastique;  développie  à  la  partie  poslétieure 
du  mollet,  vraîMimblablenicnt  dans  l'aponéTroie 
intcrosseuse  et  le  périoite.  Lt'.ollect.  tlu  D''Péan.) 


i 


368  jlKlTOMtS  PATOOLOGigrE. 

iutercellukire  qui  n'est  qu'un  cimeot  aiaorphe  et  agglulinatir  (Sf™ 
Dans  quelques  cns.  priiK^ipalemeiil  loi'sque  l'altéraliou  occupe  les  os,  l« 
mikhoires,  cli;.,  ou  tiouvc,  iiilerposées  eiilre  Jes  corps  rusiroinittt  dk  J 


FlG.  135.  —  Coupe  microicopique  d'un  Hlirome 
Alt o-cellu taire  ;  elle  représeme  des  faist'eaux 
de  cellules  fuiilbrinea  ayaul,  les  uns  par  rap- 
porL  lui  autres,  uue  direcUan  perpendicu- 
laire. GroMitiemenl,  22Q. 


a.  —  Dessin 

tie  ruM-cellulsire 
olutniDeutqueccuxdeUfif.ltt- 
istemenl,  230. 


cellules  munies  de  Jeux  à  quinze  ou  vingt  noyaux,  et  que  le  proresswt 
Robin  a  appelées  du  nom  de  cellules  à  myéloplaxes  (fig.  127);  ce  sont 
des  éléments  jeunes  provenant  d'une  multiplication  exagérée  de  noviui 
qui  u'a  pas  été  suivie  d'une  segmentation  lorrespondante  du  prolopMu 
Les  vaisseaux,  généralement  nombreux,  suivent  ladireetion  des Taiscesiu 
cellulaires  les  plus  considérables  puinii) 
se  distribuent  en  réseaux  comme  duu 
les  parenchymes;  c'est  donc  ï  U" 
qu'on  a  voulu  leur  attribuer  la  direc- 
tion des  Iratnées  cellulaires.  Ils  mu- 
quenl  à  peu  pi-ès  eoinplélemenl  i^ 
paroi  propre  et  se  présentent  sur  d** 
coupes  comme  des  canaux  creuses  ivn 
la  substuuce  du  fibrome,  avec  cette  dif^ 
rence  que  les  cellules  qui  limitent  le<u 
lumière  sont  régulièrement  d»p«to- 
Ces  vaisseaux  peuvent  étronombrcQic' 
volumineux,  dilatés  et  anêrrvtmili' 
_  qut's,  d'où  la  dénomination  de  fibro»" 

1  ïmbrjVnnaïrê%ompoXde"'cBl-  ruso-cellulairc  téléangieclasique;  M 
luUs  fusiforme.  el  de  rellules  à  noyouï  rupture  est  la  cause  d'hémorrhasie*  ip" 
mulliples.  IHjélopliixesde  Ch.  Robin.)    .   ■  ,  , 

laissent  h  leur  .suite  une  piginentatioD 

porliellc,  distincte  de  la  pigmentation  généralisée  du  fibrome  mélaniqu' 


copique  d'u 


nïPERPLlSIES.  W9 

"f^ertains  autmrs  dfVrivpnl  comme  une  seconde  forme  de  cnlte  allé- 
^lalinii  une  tumeur  composée  de  cellules  ullon^ées  très-prniides,  (surcomo 
litaso-ccllulairc  à  grandes  (cellules).  Los 
■Jléments  cellulaires  de  celle  forme,  dont 
Ifts  dimensions  peuvejit  étm  considénihlcs, 
',11(0  en  lonjrueur,  0"",032  en  t-pius- 
iKur,  possMt-nl  ou  niveau  de  leur  plus 
Igrandu  i^paîsseur  un  noyim  volumineux, 
■«valrft  muni  d'un  Ducl^ilelirillant.Fermes 
K«t  fortement  n-rringonts,  ils  sont  simplo- 
Imcnt  iiccolcs,  ou  du  moins  ils  ne  parais- 
llwnl  pas  être  rounis  |Hir  un<^  substance  in- 
1,ienii^i»ire,ce  qui  les  rapproche  des  cndo- 
lùliums.ll  estdonc  permis  dt!  croire qn'un 
^certain  nomlire  hu  moins  des  tumeurs  ainsi 
Scrites,  Qu  lieu  d'i^tre  des  sarcomes  fuso- 
'  «Ihilaîros  avec  i^lémenls  hypertrophiés, 
sont  simplement  des  endolliéliomes. 

Le  fibrome  fiua^Hukire  métmique  t^l    ne.  I2B.— T*W  «l  [unie  •upArlcore 

nhis  tiu'unc  variété,  c'est  pour  ainsi  dire     ''"  ''''uinérui  «tteini  de  ntarorao  m*- 

'  ,.    .  .'      ,  ...      laniqueriiiO-i-ellulBÎrfl  (l«velor>W^«ul 

une  espèce  dislincti.',  car  il  a  la  propriété    jipen»  du  p*rioiie. 
(tu  se  reproduire  sur  place  ou  loin  de  son 

point  de  dt^part  en  conservant  toujours  les  mtaies  caractères;  c'est  une 
néoplasîe  constituée  par  des  masses  ou  tumeurs  noires, 
le  plussouvent  multiples  et  disstïmim^  dans  un  %tam\ 
nombre  d'organes.  Du  volume  d'un  grain  de  millet, 
d'une  lentille  ou  d'une  amande,  ces  tumeurs  (li^.  12H) 
sont  formées,  comme  les  liliroines  fuso-cellulaires,  par 
des  cellules  fusiformes,  (|uelquefois  arrondies,  et  par 
une  substance  inlermédintrc  variable;  elles  sont  de 
plus  envahies  par  des  ^anulalions  noires  pifnndtaîres,  ^ 
réfractsires  à  l'acide  sulfurique,  ce  qui  leur  donne  un  ^' 
cachet  lout  particulier.  Ces  fn^nulotions,  obtenues  par 
le  raclage,  sont  libres,  arrondies,  n>frîngentes  «t  agi- 
tées de  mouvement  brownien,  ou  bien  elles  sont  agglu- 
tinées par  une  substance  ullminiiioïdesous  la  fonuede 
petits  blocs  entourés  par  une  zone  claire  [tip,  129).  Sur 
uiiecoûpfdela  tumeur,  on  les  trouveiiuelquefois libres, 
mais  le  plus  souvent  disposées  dans  le  protoplatmia  des 
cellules  nutour  du  nojau  qui,  en  fiéiiêrui.  Huit  pur 
LANansAix,  — Traiirj  a'Aïui. 


Fie.  13B.  —  CcllulM 
ruaiformei  |iigin«n- 

iiuUlionsinéUniiiue* 
iIltiTuiiie   niùlaniiiue 

rtu..'U';lIuUlri^), 


A 


370  anàtomib  pathologique, 

s'infiltrer;  quelquefois  enfin,  ces  granulations  sont  plongées  dans  la 
substance  intercellulaire,  qui  se  trouve  plus  fortement  pigmentée  que 
les  cellules  elles-mêmes. 

Le  globe  oculaire,  dont  certaines  membranes,  Tiris  et  la  choroïde, 
présentent,  à  l'état  normal,  des  cellules  infiltrées  de  pigment,  est  l'organe 
où  débute  le  plus  souvent  le  fibrome  pigmenté  ou  mélanique.  Cette  alté- 
ration peut  toutefois  se  produire  primitivement  dans  d'autres  points 
du  corps  ;  et  principalement  dans  le  périoste  (fig.  128).  En  pareil  cas, 
il  semble  bien  que  la  pigmentation  soit  secondaire  ;  d'ailleurs  toutes  les 
cellules  d'une  même  tumeur  sont  loin  d'être  également  imprégnées  de 
pigment:  il  existe  parfois  des  zones  de  colorations  variées,  blanches, 
grises,  bronzées  et  ardoisées,  ce  qui  n'arriverait  pas  si  la  mélanose  était 
primitive.  Mais  alors  d'où  provient  le  pigment?  D'une  part  la  tumeur 
mélanique  a  généralement  une  coloration  plus  prononcée  dans  sa  pro* 
fondeur  qu'à  son  pourtour,  d'autre  part  les  vaisseaux  qui  l'entourent  on 
souvent  leurs  parois  colorées,  et  parfois  même  les  cellules  lymphoîdes 
qu'ils  renferment  sont  infiltrées  d'un  pigment  qui  du  reste  peut  se  ren- 
contrer dans  d'autres  parties  du  système  sanguin  et  jusque  dans  les 
urines.  11  y  a  donc  lieu  d'attribuer  à  une  précipitation  de  la  matière 
colorante  du  sang  préalablement  dissoute  la  formation  de  ce  pigment,  qui 
serait  fixé  par  certains  éléments  en  vertu  d'une  attraction  élective,  dans 
l'espèce,  par  des  éléments  de  nouvelle  formation  ;  mais  il  faut  reconnaître 
que  rien  n'est  encore  prouvé  à  cet  égard. 

Le  fibrome  mélanique  est  relativement  rare  chez  l'homme;  mon  obser- 
vation personnelle  m'a  appris,  et  en  cela  je  suis  entièrement  d'accord 
avec  le  professeur  Robin,  que  la  plupart  des  tumeurs  pigmentaires  qui  lui 
sont  propres  ont  une  origine  épithéliale.  Chez  le  cheval,  au  contraire,  la 
mélanose,  qui  est  très-commune,  est  presque  toujours  fibreuse,  ce  qui 
signifie  que  les  tissus  conjonctifs  sont  le  siège  de  Tinfiltration  pigmentaire. 
On  sait  du  reste,  depuis  les  observations  de  Brugnone(1781),  de  Goletty- 
Latoumelle,  de  Gohier,de  Rigot,  etc.,  que  chez  les  animaux,  contrairement 
à  ce  qui  s'observe  sur  l'homme,  ce  sont  les  chevaux  blancs  ou  tachés 
de  blanc  qui  sont  habituellement  afl'ectés  de  tumeurs  mélaniques.  De  là 
vient  qu'il  est  généralement  admis,  depuis  Trousseau  et  Leblanc,  que  la 
production  des  colorations  et  des  tumeurs  mélaniques  conjonctives  du 
cheval  est  la  conséquence  de  la  non-production  du  pigment  noir  dans 
les  parties  où  il  se  produit  normalement,  telles  que  les  poils. 

» 
Evolution,  —  Le  lieu  de  développement  du  fibrome  fuso-cellulaire  parait 

de  nature  à  exercer  une  influence  sur  les  caractères  de  cette  altération.  Nous 


HÏPEBPUSIËS.  371 

savons  que,  si  eUeprend  naissance  dans  l'œil,  cette  iiéoplasie  est  le  plus  sou- 
TËQt  infiltrée  de  pigment.  Dans  les  glandes,  elle  s'accompagne  presque  tou- 
jours de  l'hyperlrophie  des  éléments  êpilhéliaux,  mais  nous  Terons  observer 
(|iie  le  fihrome  embryonnaire  de  ces  organes  a  été  souvent  confondu  avec' 
l'adénome.  Dans  la  mamelle,  la  végétation  de  lissu  conjonctir  peut  repous- 
ser la  paroi  des  canaux  et  des  culs-de-sac  glandulaires  dont  elle  sccoiiïe,  et 
Taire  saillie  dans  la  cavité  des  conduits  galactophores,  qui  sont  toujours  plus 
DU  moinsdilalés,  ou  même  enkystés  [adéno-sarcomc  de  Billrolh).  Semblable 
disposition  a  été  rencontrée  dans  le  testicule  et  dans  d'autres  glandes. 
Le  fibrome  fuso-cellnlaire  se  rencontre  dans  tous  les  points  du  lissu 


MDJonctif;  mais  il  occupe  de  préréreuce  le  périoste  (ftg.  130),  les 
"wmhmnes  séreuses,  les  fascia,  les  gaines  vasculaires  et  nerveuses,  le 
tissii  conjonclif  sous-culané  et  sous-mu  queux.  H  commence  par  des 
^lénieiils  ronds  qui  s'allongent  peu  à  peu  et  constituent  les  cellules 
■iNibrmes,   de    telle   sorte   qu'il   serait   fibrome  globo-cellulairo  avant 


M 


"Wf*  *-  ANATOMIE    PATliaLUGHJIJE. 

d'elle  fuso- cellulaire.  Parvenu  à  celle  seconde  phase  de  son  d^veloppr- 
ment,  ce  fibrome  s'arrôle  et  persiste  ainsi,  eïceplê  en  certains  endroits  ou  il 
arrive  à  pi'ésenler  les  caraclèrcs  d'un  tissu  cicalriciel  complet.  L'accroisse- 
menl  des  tibromes  fuso-eeltulaîres  se  fait  par  leur  propre  masse  et  parlk 
fomialion  d'éléments  nouveaux  dans  le  voisinage  des  anciens;  de  la  sorte 
ils  acquièrent  rapidement  un  volume  considérable.  C'est  alors  que  ces  iwo- 
plasiea  sont  exposées  à  une  dégénérescence  graisseuse  qui,  des  parties  wn- 
Irales,  gagne  les  parties  périphériques.  Il  n'est  pas  rare  d'y  rencontrer  d<?s 
ecchymoses,  de  petites  hémorrliagies,  ou  même  des  points  dégéné^  et 
transformés  en  kystes,  Ces  tumeurs  peuvent  se  généraliser  et  aussi  injwter 
l'organisme,  bien  qu'il  soit  dîtiicile,  lorsqu'elles  sont  multiples,  de  pouvoir 
reconnaître  la  formation  initiale.  Leur  récidive  a  été  constatée  plusieurs 
fois  ;  elle  est  commune  dans  le  cas  de  tumeurs  mélaniques. 

Diagnostic  et  pronostic.  ~  Le  diagnostic  des  fibromes  fuso-celluiaire», 
indépendamment  (les  caractères  anatomiques  qui  viennent  d'être  siïnal^. 
est  aidé  par  la  connaissance  du  siège  de  la  néoplasie  et  de  l'Age  de  l'iiidinclu 
malade.  Végétation  spéciale  du  tissu  eonjonctif,  le  fibrome  fusocellulBire 
est  essentiellement  une  aiïeclion  du  jeune  âge  ou  de  l'Age  adulte,  condition 
importante  à  connaître  quand  il  s'agit  du  fibrome  pigmenté,  souvent  con- 
fondu avec  le  caix:inome  mélaiùque.  L'endothéliome  est  l'une  des  lésion* 
qui  ont  le  plus  de  ressemblance  avec  le  fibrome  Tu so -cellulaire,  à  cau:)e  d^ 
l'apparence  fusiforme  des  cellules  qui  le  composeut  lorsqu'elles  sont  tU«* 
de  champ.  Mais  si,  après  avoir  isolé  ces  éléments,  on  les  fait  rouler  sous  '* 
verredumicroscope,oa  reconnaît  qu'ils  sontoxtrémement  larges  et  raînc«*i 
que,  de  plus,  ils  ont  la  propriété  de  se  grouper  de  façon  à  former  des  glot**^ 
analogues  aux  globes  épidermiques.  Les  éléments  cellulaires  du  fibraci>^ 
fuso-cellulaire,  beaucoup  plus  petits,  fusifonnesdans  tous  les  cas,  nesi?**' 
jamais  disposés  en  globes  ;  il  est  vraisemblable  d'ailleurs  que  les  réactio"' 
chimiques  de  ces  orgauites  ne  sont  pas  identiques, 

Le  pronostic  de  la  néoplasie  liliro- plastique  est  le  plus  souvent  sérieiiS* 
tant  à  cause  de  l'extension  rapide  de  la  lumeur  que  de  la  possibilité  i'\tt*' 
généralisation  et  d'une  récidive,  dont  les  jKiumons  sont  plus  spécialem^''' 
menacés.  Dans  (|uelques  cas,  ces  tumeurs,  ainsi  que  les  ulcèri-s  souveii' 
fongueux  ou  atoniquesqui  leur  l'ont  suite,  peuvent  être  atteintes  d'inflaiv* 
raation  ou  même  d'une  inortiiication  plus  ou  moins  étendue. 

Les  conditions  étiologiques  ca|Kibles  d'amener  le  développement  ■''' 
fibrome  fuso-cellulaire  sont  obscures.  L'adolescence  est  l'Age  de  pr^^' 
leclion  de  cette  tumeur,  qui  s'observe  depuis  l'époque  de  la  denliti*''' 
jusqu'à  l'ûge  de  quarante  ans.  Le  travail  de  seconde  dentition  favori*«  * 
localisation  il  lu  bouche  et  dans  les  mâchoires,  Une  irritation  locale   <"' 


BÏPERrtASIES.  375 

I  inramatisme  ont  paru  lui  donner  naissance  dnns  quelques  cas;  mais, 
que  nous  l'avons  dil  ailleurs,  le  traumatisme  est  simplement  une 
circoiislance  occasionnelle  qui  exige  une  prédisposition  préalable.  L'in- 
(uenee  de  l'hérédilé,  douleuse  cIipk  l'honime,  n'est  pas  conlestable  chez 
le  cheval,  du  moins  en  ce  qui  concerne  le  filipome  niélanique. 

2"  —  Fibromes  ailulles. 

Les  Sbromes  adultes  représenlent  le  développement  le  plus  complet  des 
néci|)lasies  du  tissu  conjonclir ordinaire  ;  leur  type  est  le  tissu  cicatriciel  par- 
lait. Ils  forment  des  tumeurs  gi'isfltres,  ou  d'un  blanc  rougeâlre.  ordinai- 
«inenl  du  volume  d'une  noisette,  d'une  noix  ou  d'un  œuf,  plus  ou  moins 
ré^ièrement  arrondies,  et  d'une  dureté  (elle  qu'elles  crient  sous  le  cou- 
r     leau,  Tantôt  ces  tumeurs, 
composées   par  un   tissu 
l'otijonclir   Iftche,    ondu- 
''■Uï,  blanchâtre,  analogue 
nu  tissu  du  derme,   sont 
"lolles,  extensibles,   peu 
élastiques  et  coriaces  {tu- 
lueura  dennuïdes)  ;  tantôt, 
fTniées  par  ud  tissu  plus 
''ense,fculrê,  parseméd'u» 
Si'aiid  nombra  de  nodules 
''•Tondis,  elles  sont  fermes, 
'^nilcules,  très-élasti(]ues 
^-l   d'un  blanc  nacré  (tu- 
■*»eursiibroïdes}(fig.l^1). 
^Ilis  sont,  dans  quelques 
"^tis,   constituées  par  des 
ments  très-aen-és,   qui 


FiG.  131.  —  Fibrome  adulte  lOUt-culanA  cléviloppé  i  la 
parlie  aiiliïrieure  de  l'abdomen.  La  récidive  de  ceUe 
tumeur  eit  rppréienlpe  %.138.(Collecl.  duD'Péan.j 


leur  donnent  une  dui-eté  très-grande  et  une 
iDcbeur  translucide  {tumeurs  cbundroîdes). 

s  végétations  sont  composées  par  une  masse  fondamentale  fîbrillaire, 
>s  éléments  cellulaires  et  desTaisseaux.La  substance  fondamentale  appe- 
lait, sur  une  coupe  fine  et  mince,  aous  la  forme  de  faisceaux  de  fibres  qui 
^'enlrecrotsenl  dans  diverses  directions,  comme  dans  le  derme,  les  uns 
^^ivanl  leur  longueur,  les  autres  suivant  leur  section  transversale  (fig.  133), 
^Hiijui  sont  disposés  en  cercle  autour  de  plusieurs  centres  qui  ne  sont  que 
^B|  vaisseaux  oblilên'is  ou  des  norfs  plus  ou  moins  complètement  détruits 
^Koyez  Allaa  d'analomie }iol/mlaf)tque,  pi.  M.V.  lip.  ^i',  par  Lancereaux  et 


L[ickerl)auer).CIiacuQ(Je  ces  faisceaux  est  constitué  par  des  fibrilles  «trf- 
uiement  délicates  serrées  les  unes  contre  les  autres,  cl  qui,  dissociées  p>r 
l'aiguille,  foiineul  un  magnifique  chevdu 
où  existent  rarement  des  libres  élastiques; 
formés  par  une  substance  collogène,  ils 
jouent  le  râle  de  substance  intercellulaire 
fibreuse.  Les  cellules  sont,  les  unfspf- 
liles,  arrondies,  munies  de  noyiiux  bril- 
lants ;  les  autres,  allongées,  fusiformes  ou 
(itoilées  :  ces  dernières  tapissent  les  fais- 
ceaux fibreux.  Enfin,  il  nrrivedc  rencontrer 
dans  quelques-unes  de  ces  tumeurs  (I«*s 
petits  foyers  arrondis  d'éléments  embrjon- 
encbùssés  par-ci  par-là  entre  les 
faisceaux  librcux;   mais  ces  éléments  iio 
sont    rraiscmblableniont    qu'une    fonuf 
transitoire  ((ig.  133). 

La  vascularité  des  fibromes  est  variable  '■ 
les  uns  ne  contiennent  presque  pas  de  vaï^' 
seaux  :  les  autrt^s, quoique  peu  vasculaires  pi> 
apparente  renferment  beaucoup  de  \'aisseaux  artériels  cl  veineux,  romi»^ 
le  demontu  ui  c  boni  c  injection.  Le  réseau  veineux  est  môme  tçllemen' 
hrge  dans  quelques  cas,  qu'il  est  pouraî»'*' 
dire  caverneux.  Les  artères  et  tes  veines  con- 
fondent leurs  parois  avec  le  tissu  de  la  tumei^^' 
souvent  elles  n'ont  pas  de  tunique  adventi<w: 
aussi,  si  elles  viennent  à  être  entamées  ]>ariA'" 
blessure,elles  ne  peuvent  se  contracter  ni  scf  I  *"^ 
la  longueur,  ni  selon  la  largeur,  et  leur  I"^ 
mière  restant  béante,  il  en  résulte  une  hén»*"" 
ihagie  qui  parfois  nécessite  l'intervention  J" 
chirurgien. 

La  proportion  plus  ou  moins  grande 
chacun  des  éléments  constitiiantsdes  SbrorV^*^ 
peut  donner  lieu  à  autant  de  variétés;  n»^* 
il  cùié  de  ces  variétés,  il  en  est  d'autrvs.  c^*™ 
moins  nombreuses,  qui  dépendoit  du  sii^ff* 
de  lu  nêoplasie. 


riG.  132. — Couiifl  niicroBcoptque  i 
Iravert  un  Hbrome.  Une  Hbra  d 
tUiucanjanctireitvueloiigiludina- 
Jenicni;  d'autres  flbrei,  |)erpenJi- 
culaîremenl  leclionnéi*,  laïuenl 
entre  eilei  de;  espaces  dan 
quel*  exrilent  des  nojaun  e 
enveloppe  Étoilée  qui  temble  for- 
Biâe  par  leun  parois,  l  GrOBsis£E- 
menl  ISO.) 


Il  r  1  j^  —  (j]upa  rr 
p  que  d  n  polype  a 
rjngicn.  Celte  t£g#taiiun  pre- 
teule  tu  II  tel  le»  lariitét  di 
veloppenieiit  du  liitu  Itbr 
Mvuir  :  Oei  nosiaux  t^mbr^fon 
nxirei,  dei  celluUi  alloDcÈes 
et  dei  illirM  BduUcE.  (Groi 
-.  ICO.) 


Celle-ci   peut   occuper  tous  les  points  où  ! 


substance  conjonrtive.    Mais 


■niité   la  |teaii  et    les  membrane»  i-*'" 


HYPEHFLASIES.  375 

isu  cellulaire  sous-cutané,  les  aponévroses,  le  périoslc,  les 
cordes  vocales,  les  iierrs,  la  prostate,  les  ovttin^s  sont  les  points  de  départ 
les  plus  habituels  des  litu-omes.  Or,  selon  qu'elles  appartieiinenlà  l'une  ou 
l'autre  de  ces  ré^JoDs,  ces  tumeurs  oiïrent  souvent  des  diiïéreuces  sensibles. 

Développés  au  niveau  dos  parties  superficielles  du  derme  cutané,  les  fibro- 
mes revêtent  assez  volontiers  la  forme  pn|)illaire  et  sont  connus  sous  le  nom 
de  libromcs  papitlairesou  papillumes  (Kg.  13ù.).  Produits  par  l'hyperplasie 
des  éléments  des  papilles,  d'où  émanent  des 
bourgeons  quidonnent  naissance  à  des  papil- 
les secondaires,  ils  sont.tautrtt  g;roupé&el  re- 
couverlsd'une  couche  commune  de  cellules 
identiques  à  celles  du  corps  muqueus  et  de 
I  épiderme  cutané  (verrues),  tantAt  isolés  par 
un  revêtement  épidermique  propre  il  chaque 
groupe  (poireaux).  Ces  végétations  comme 
celles  des  muqueuses  sont  constituées  par 
un  tissu  conjonctif  plus  ou  moins  jeune, 
dans  lequel  cheminent  des  vaisseaux  lermi-  P'"-  '3*-  -  (ibmniet  pipiiuirt 

,  „  ,.— ,  caiii6culit>  a  un  ecièma  chroni- 

nés   en  anses,  dune  structure  peu  diffe-      q^^    (Mûrie  do  l'hapital  8«iHi- 
rente  d&  la  structure  normale.  A  ce  tissu      Loui».) 
s'ajoute  un  revêtement  épithélial  coasistaut  en  cflllulos  pavimentcuses  ou 
cyliudriques,  formées,  comme  dans  les  cicatrices,  par  la  conversion  d'élé- 
ments conjonclifs  jeunes,  au  contact  des  cellules  épithéliales  (fijç.  136' 

Les  libromes  paptilnires  des  muqueuses,  quoique  formés  d'ordi- 
naire aux  dépens  des  villosités  ou  papilles  de  la  muqueuse,  peuvent 
naître  sur  des  parties  qui  n'ont  pas  de  papilles,  pur  exemple  dans  les 
ventricules  du  lannx  et  sur  l'estomac  Dans  ce  dcniier  organe,  comme 
aussi  dans  l'intestin,  ils  sont  frt'quennnent  combinés  avec  des  hypertro- 
phies glandulaires  et  forment  des  tumeurs  de  petit  volume  appendues  à 
la  muqueuse  par  un  pédicule.  A  In  surface  des  organes  génitaux  externes, 
les  fibromes  papillaires,  effet  ordinain^  de  la  présence  d'un  liquide  irritant, 
pusblennorrhagique,  sérosité  des  plaques  muqueuses,  révèlent  l'apparence 
de  mûres,  de  framboises  ou  de  choux-fleurs,  el  forment  parfois  des  masses 
très- volumineuses  [fig.  136)  qui  ont  une  cerlftiae  lenitanre  il  repulluler 
après  l'extirpation,  si  l'écoulemenl  pathologique  persislc.  :^ur  la  muqueuse 
de  la  vessie,  les  pnpillonies  se  présentent  tout  la  forme  de  longs  bourgeon- 
nements villeux,  riches  en  vaisseaux;  ceux-ci,  faiblement  soutenus,  se 
dilatent  et  se  rompent  facilement,  de  \!i  des  hémorrhagies  plus  ou  moins 
abondantes,  et  quelquefois  mortelles. 

Nés  dans   la  profondeur  de  la  peau,   les  filiromes    constituent   des 


H         Nés  d 


J 


376  aN\TUM1K    PATUOLOOIQUR. 

luiiiGurs  II!  [lias  souvent  pi<dîculées,  «?l  qui  pondeiit  ma 

sutTace   [mulluscum  fibrosum].    formées  d'éléments    semblables  Ji  mit 


Fil-  133.  — Coupe  microscopique  â  travers  le^  Hbromel  pipiltairH  repréicoUa  fi{oft III 
n,  roue  lie  épitliéliile  cornre  ;  (.  roiiche  èpîlbclinle  dile  de  Miilpif  hi  ;  r,  lUm  flbrmïtw 
niar<;nnanl  de  nombreux  ék'menlj  eolir^onnaïref  ;  d,  vaissMui,.  {GrM9i»«n>«a(,  1(1 1 

ilu  deniH-,  ces  luim'urs  ccmstilueiil  uue  sorte  d'h>perplasie  partidkiibi 
léjtument.  avpc  celte  parliciilarilé  que  leur  substance  foiidaoïeatale ctl 
itifillrée  de  sênisîlv,  nmat 
dans  l'œdème.  Dérektppt** 
dans  le  tissu  siius-oilaitf  «i 
»ious-mu(|ueux,  leslumMin 
Hltivuses  sunl  rt^prnMVlén 
par  drs  mas^s  smiudift 
Iv  piuï  souTiuil  ùiuclrâ- 
blos.  si  ce  u't^l  à  IrV 
|>oinl  d'iinpla»laliau,i!l|JB 
ou  moins  mnlles,  sainil 
l'i^tf  d<-s  ékmnils  tpi  \f 
constiturat  Uuis  h  wt- 
a  du  i^'^i  '^  Cbranet  flrf 
[w.  taiilVM  dmuismu  el  'mià 
(fix.  131]  ;  tantttl  diffus  el  arrouipojnios  d'uov  proliféntiaa  <fe  t^i^ 
lâua  i]ut  ta^Use  k-s  culs-do-sac  et  les  l'oiMluil»  de  la  jcUmIc. 


'  TUmvibci  r'P'^''**  ''  '>  ' 


HYPERPLASIES.  377 

I^S  flbromet^  périoste  ont  pour  s-\égr  habituel  les  os  du  crftne  et  de 

la  race,  principalcmenl  ta  partie  inférieure  du  sphénoïde.  De  ce  dernier 

point,  ils  s'L'le[idPDt  sous  forme  de  tumeurs  poiy[>euses  dnus  les  fossis 

^Uksal<'»  et  iluus  le  pharynx,  usant  les  os  du  voisinage',  pi-oduisant  des 


i 


.  137,  — Fibrome  ilouble  si 


ir  Vtan.) 


(li'furniulions.  parfois  ciinsidérablvs ,  el  plus  ou  moins  gênantes  pour 
\>:n  fonctions  de  la  respiration  et  de  la  déglutition.  Quelques  autres  os, 
le  tihia  et  In  clikvicule,  donnent  ({uelquefois  naissance  l'i  des  tumeurs 
semblahles;  celles-ci  i>«  ilévelop|K-nt  encoi-o,  mais  plus  rarement,  dans 
l'i-liaisseur  du  tissu  osseu\,  et  surtout  dans  les  milchoires.  Les  nerfs  sont 
enfin  cxposL'3  à  co  genre  de  tumeurs,  dt'critcs  à  tort  sous  le  nom  de 
iK'vromes  ;  cell<?s-er  afrectonl,  par  rapport  aux  faisceaux  nerveux,  uue 
disposition  lantiH  moniliroinie,  tantfU  plexifonne.  Le  tissu  nouveim 
^jUVahil  el  emprisonne  ces  faisceaux  qu'il  tead  à  ali-ophier  ;  il  acquiert  un 
^Bijiycloppement  plus  ou  moins  eomplel,  souvent  pai'fail. 

Coniil  et  Itanvier  décrivent  comme  espace  h  part  une  vaniitétb*  libroine 
à  cellules  aplaties  et  à  substance  fondamentale,  qui  comprend  les  épais- 
Mssements  globuleux,  les  plaques  diffuses,  translucides,  plus  ou  moins 
résistantes,  qui  recouvrent  la  face  convexe  do  certains  viscères  abdomî- 
riuuk,  notamment  de  laratoet  du  foie.  Disposées  sous  forme  de  lames  pa- 
rallèles, à  peu  prés  comme  les  couches  de  fibrine  dans  l'intérieur  d'uue 
poche  anévrjsmale,  ces  plaques  ont  une  sti-uctnre  qui  les  rapproche  de 
la  cornée  ;  comme  celte  membrane,  elles  présentent  des  esftaees  plasma- 
liqnes  communiquant  les  uns  avec  les  autri.'s,  mais  leur  substance  fonda- 
^Bneutale, qui  est  amorplic.  diiïèn- de  celle  de  lu  cornée,  qui  contient  dc'S 


378  aSATOMIK     PATHOLOGiyUE. 

fibrilles.  Cette  altération  qu'il  n'est  pas  rare  d'observer,  nous  semUtm- 
Irer  par  ses  caractères  analoniico-pathologiques,  au  moins  autant  duu 
le  groupe  des  phlegiiiasies  ijue  dans  celui  des  néoplasies. 

Après  avoir  étudié  te  fibrome  en  tant  quo  néoplasie  pure  de  tout  raélinp, 
nous  ferons  remarquer  qu'il  existe  des  tumeurs  où  le  tissu  conjonctific 
trouve  associé  à  des  cellules  graisseuses  ou  cartilagineuses.  On  com|HT[ul 
qu'en  pareil  cas  In  dénomination  de  la  tumeur  ne  doive  pas  chaniter, 
si  le  tissu  coujonctîf  est  prédominant.  Il  n'en  t^stplusde  mâmesif 
tissu  occupe  le  second  rang,  ou  se  trouve  associé  à  un  tissu  plus  éleré.  0 
dernier  doit  alors  servir  à  dénommer  la  tumeur. 

Évolution.  — Les  fibromes  n'étant  qu'une  l'orme  évolutive  avancée  du 
tissu  conjonctif,  leur  développement  s'opère  suivant  les  mêmes  lois  et  In- 
verse tes  mêmes  phases  que  cului  du  tissu  normal.  La  présence  dons  cm 
tumeurs  d'tlots  de  tissu  embryonnaire  semble  indiquer  que  chacua  dn 
lobules  qui  les  composent  possède  un  développement  autogène  distiiirl. 
Leur  accroissement  est  lent  et  leur  durée  souvent  ti-ès-Iongue;  aussi,  bini 
qu'elles  surviennent  à  un  Age  peu  avancé,  on  les  rencontre  comrauuémail 
chez  des  personnes  figées.  Ces  tumeurs,  une  fois  leur  développement  achevr, 
n'éprouvent  que  peu  de  changemeuts  ;  elles  sout  peu  accessibles  ani  A'- 
généi-escences  de  la  plupart  des  néoplasies.  La  métamorphose  graissai» 
qui  les  envahit  est  toujours  partielle,  c'est-à-dire  qu'elle  n'occupe  jauni) 
qu'un  petit  nombre  de  points,  L'infiltration  calcaire,  qui  s'en  emparedioi 
quelques  cas,  peut  les  transformer  plus  ou  moins  coraplélemenl  m 
masses  pierreuses.  Superficiellement  situées,  ces  tumeurs  sont  esposNii 
l'action  des  agents  extérieurs,  qui  peuvent  y  déterminer  des  inflanuw- 
tions  de  diverse  nature  et  même  des  ulcérations. 

Les  tumeurs  fibreuses  sont  isolées  ou  multiples,  et  dans  ce  dernier  a*< 
elles  peuvent  se  montrer  simultanément,  ou  les  unes  après  les  aulfW' 
Mais,  quel  que  soit  leur  nombre,  elles  ne  sont  jamais  TefTel  d'une  infedioB 
locale  ou  générale.  Des  fibromes  adultes  ayant  été  rencontrés  avfcil'* 
fibromes  embryonnaires,  c'est  la  preuve  convaincante  de  la  pareulî.  <* 
mieux  de  l'identité  de  nature  de  ces  Tormations.  En  pareil  cas,  landisifii' 
tes  tumeurs  primitives  ont  acquis  un  complet  développement,  les  «utf* 
sont  constituées  par  un  tissu  embryonnaire.  La  récidive  du  fibronK" 
adulte  est  chose  rare;  mais,  lorsqu'elle  a  Heu,  la  nouvelle  tudiflir 
n'est  pas  nécessairement  un  fibrome  adulte,  elle  peut  être  un  fibroTO'' 
embryonnaire,  ainsi  qu'il  a  été  constaté  dans  plusieurs  circonstmc^' 
et  comme  le  montrent  les  figures  llîl  et  138. 

Diagnostic  et  pronostic.  — Le  d  ia^oslie  anatomique  des  tumeun  (ibww* 


HYPERPLASIES. 


S79 


fraSiv  pas  de  graudes  difhcullés.  Le  modo  d'implaulalion,  la  forme,  la 
Consistance  de  la  tumeur  permettent  le  plus  souvent  de  lu  reconnaître. 
Çouterois,  comme  il  n'y  a  de  Tibi-omes  vrais  que  les  tumeurs  composées 
e  tissu  conjonctif  el  de  vaisseaux,  sans  aucun  autre  élément,  on  com- 


.  138.  —  Flbronw  adiille  lie  l'abdonieii  récidivé  tout  la  Turme  erobrïoniwire  dite  libro- 
plutique.  Vojet  la  tumeur  iitimitive,  flg.  131.  iCulIciClioii  ilu  docteur  PèBn.i 

md  la  nécessité  (l'un  examen  microscopique,  dans  les  cas  de  tumeurs 

ss,  où  le  tissu  fibreux  est  abondant.  D'ailleurs,  le   fibrome  adulte. 

int  le  plus  souvent  une  tumeur  circonscrite,  m-  pénètre  pas  les  tissus, 

I  en  cela  il  se  distingue  des   libromes  embryonnaires;   le  fibrome  des 

k  est  un  exemple  de  ce  fait. 

'  Le  pronostic  du  fibrome  adulte  n'est  f;énénitoment  pas  grave,  à 
Mrt  les  cas  où  il  arrive  à  gêner  une  grande  fonction.  Cette  tumeur, 
)  plus  souvent  solitaire,  n'a  que  fort  peu  de  tendance  à  récidiver. 
1  fibrome  rélro-pharj ngien  semble  fain-  exception  à  celle  donnée; 
mis  avant  df  proclamer  la  gravité  et  la  récidive  de  cette  altéra- 
il  faudrait  i^lre  bien  sûr  qu'elle  a  été  totalement  enlevée.  Le  tîbp'ome 
Idulte  est  de  tuules  les  tumeurs  conjonclives  colle  qui  a  le  moins  do 
tavilé.  ce  qui  est  en  rapport  avec  le  développement  plus  complet  du 
Ksu  fibreux. 


,  Élwlogie.  ^-  Les  tumeurs  fibreuses  soûl  des  lésions  de  l'Age  moyen  de 
e  ;  rarement  elles  se  développent  pendant  la  première  jeunesse,  plus 
remeni  encore  dans  un  Age  avaucé,  et  si  elles  sont  quelquefois  obser- 
I  dans  le  cours  de  la  vieillesse,  c'est  qu'elles  existent  depui.s  )ong- 
inps.  Congénitales  dans  certains  cas,  ces  tumeurs  se  présentent  sous  la 
Ibrme  d'une  hyperplasie  diiïuse  de  la  peau,  ou  sous  la  forme  d'une  tumeur 
pédiculée  [mofluscum  fibrosum).  L'hén-dîté  ne  parait  pas  .sans  influence 
sur  leur  production ,  bien  que  son  action  ait  été  contestée. 


380  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

les  fibromes  papillaires  ou  condylomes  des  parties  génitales  surviennent 
quelquefois  à  la  suite  d'un  écoulement  leucorrhéique,  plus  souvent  au 
contact  d'un  liquide  syphilitique,  comme  celui  des  plaques  muqueuses. 
La  présence  du  pus  blennorrhagique  à  la  surface  des  muqueuses  et  même 
de  la  peau  est  une  cause  d'excitation  et  de  désordre  nutritif  suffisante 
pour  donner  naissance  à  des  végétations  pouvant  couvrir  toute  retendue 
des  parties  génitales  externes,  le  périnée  et  même  Tanus.  Les  coups  et  les 
chutes  ne  jouent,  comme  dans  toute  tumeur  conjonctive,  d'autre  rôle  que 
celui  de  causes  adjuvantes. 

L'étiologie  du  fibrome  adulte  ne  diffère  donc  pas  essentiellement  de 
celle  des  fibromes  embryonnaires,  et  la  cause  de  la  différence  d'évolution 
semble  résider  surtout  dans  les  conditions  individuelles.  Quant  à  la  parenté 
de  ces  tumeurs,  elle  ne  doit  pas  nous  échapper  :  non-seulement  les  diverses 
formes  de  fibromes  embryonnaires  coexistent  quelquefois  chez  le  même 
individu,  mais  il  est  encore  possible  de  les  voir  associées  au  fibrome  adulte. 
Bien  plus,  l'ablation  d'un  fibrome  adulte  peut  être  suivie  d'une  récidive  de 
fibrome  embryonnaire,  et  il  existe  des  raisons  sérieuses  pour  croire  que 
la  proposition  inverse  est  également  vraie.  Il  est  même  possible,  sur  le 
fibrome  embryonnaire,  de  saisir  le  passage  des  éléments  globo-cellulaires 
aux  éléments  fuso-cellulaires  ;  de  même  la  tumeur  formée  par  ces  derniers 
éléments  présente  souvent  des  points  où  la  transformation  des  cellules 
allongées  en  tissu  fibreux  est  manifeste.  Par  conséquent,  les  altérations 
que  nous  groupons  sous  le  terme  générique  de  fibrome  ont  bien  iin<' 
affinité  de  nature,  et  méritaient  à  tous  égards  d'être  rapprochées  dans  une 
même  élude. 

Bibliographie.  —  I.  Fibromes  embryonnaires  simples.  —  J.  CiRAsntiN 

Exercitatio  med.  chirurg.  de  scirrhOy  carcinomute  in  qwï  ctinm  faïuji  et  smxomt» 
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l 


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J 


382  ânatomie  pathologique. 

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1832. — R.  Lée,  Ibid.,  vol.  XIX,  1835. — Duputtren,  D'une  espécepart.  de  tumetars 
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1839.  —  Hawkins,  London  medic.  Gaz.,  vol.  XXI,  p.  935.  — Macpherson,  Gaz. 
med,,  1865,  666.  —  Engel,  Die  fibrôsen  Geschwùlste,  (Wien.  Zeitschr,  avril  et 
mai  1866.  —  Vogel,  Traité  d' ânatomie  pathologique  générale,  Paris,  1867, 
p.  195.  —  Paget,  Lectures  on  surgic,  pathology,  t  II,  p.  130.  London,  1853. 
—  Gruveilhier,  Traité  d'anatomie  pathologique  générale,  t.  III,  p.  63,  715.  — 
AzAM  et  Broca,  Compt,  rend,  de  la  Soc.  de  biologie,  juin  1856.  —  Vernedu., 
Quelques  propositions  sur  les  fibromes  ou  tumeurs  formées  par  les  éléments  de 
tissu  cellulaire,  avec  des  remarques  sur  la  nomenclature  des  tumeurs  (Gazette  médi' 
cale  de  Paris,  1855,  p.  59,  95  et  108.  Mém.  de  la  Société  de  biologie.  2*  sér., 
1855,  t.  II,  p.  183). —  ViRCHOw,  Kmn^ A.  Geschwùlste,  Pathologie  des  tumeurs, 
trad.  fr.  par  Aronssohn.  Paris,  1867,  p.  285.  —  Billroth,  Éléments  de  path, 
chir.  génér.,  trad.  fr.  Paris,  1868,  p.  700.  —  Dardel,  06seîT.  cliniq,  d*un 
fibrome,  Berne,  1865.  — Christot,  Contribut,  à  l'histoire  des  tumeurs  plexifor- 
mes  {Gazette  hebdom.  de  méd.  et  de  chirurgie,  1870).  —  Dyce  Ducworth  (S.  Bar- 
tholomew's  hospital Reports,  vol.  IX,  p.  113, 1873).— Heurtaux,  Article  Fi6rwii€, 
du  Dictionnaire  de  médecine  et  de  chirurgie  pratiques, — Bauchbt,  Des  tum.  fibreuses 
du  maxill.  inf.  Thèse  de  Paris,  1856.  —  Rigaud,  Des  fibromes,  des  tumeurs 
fibreuses  et  fibro^lastiques  de  Vos  maxillaire  inférieur  (Bévue  médicale  de  tEsi. 
Nancy  1»'  avril  1876). 

VIII.  —  Néoplasies  vasculaires.  —  Angiomes. 

Le  tissu  vasculaire  comprend  les  systèmes  artériel,  veineux,  lymphati- 
que, capillaires  sanguin  et  lymphatique.  Les  gros  vaisseaux,  artères,veines 
et  lymphatiques,  quelquefois  atteints  d'une  dilatation  avec  ou  sans  épais- 
sissement  de  leurs  parois,  ne  parviennent  jamais  à  végéter;  au  contraire, 
les  systèmes  capillaires  sanguin  et  lymphatique,  dont  la  composition  est 
infiniment  plus  simple,  peuvent  donner  naissance  à  des  formations 
ftnoimales,  connues  sous  les  noms  de  ncevus  et  de  tumeur  érectUe, 
Ces  formations  presque  uniquement  composées  de  vaisseaux  réunis 
par  une  faihle  quantité  He  tissu  conjonclif,  suivant  qu'elles  appartiennent 
au  système  sanguin  ou  au  système  lymphatique,  se  divisent  en  deux 
groupes  :  les  aimangiomes,  ou  tumeurs  vasculaires  sanguines,  et  les 
lymphangiwnes,  ou  tumeurs  vasculaires  lymphatiques. 

Aimangiomes. — Ces  tumeurs  offrent  les  différents  types  de  transformation 
du  système  artériel  en  svstème  veineux.  Cette  transformation  a  lieu  de  deux 


nvrEHi>[..vâiF.s.  38S 

i,  OU  par  l'intermédiaire  de  vaisseaux  capillaires,  ou  par  le  moyen 
[l'un  système  lacunaire,  analogue  au  système  caverneux  des  organes 
precliles;  de  là  deux  variétps  de  tumeurs  sanguines  :  les  angiomes 
simples,  capillaires  ou  lélangiectasiques,  et  les  angiomes  caverneux.  En 
réililé,  il  n'y  a  pas  de  différence  absolue  entre  ces  deux  formes  :  l'angiome 
simple  n'est  le  plus  souvent  que  le  premier  degré  de  l'angiome  caver- 
nfui;  mais  comme  il  no  subit  pas  toujours  la  transformation  caverneuse, 
il  mérite  une  étude  k  part. 


langiotne  capillaire  (nffivus  vasculaire,  télangiectasie,  de  T^lt,  loin, 
irfft'in,  vaisseau,  et  hramt,  dilatation],  uniquement  composé  de  capillaires 
<  1  de  petits  vaisseaux  dilatés  et  Hexueux,  se  montre  sous  la  forme  de 
lumciir,  d'une  simple  tache  ou  d'une  rougeur  dJiïuse,  suivant  que  la  pro- 
duction des  vaisseaux  nouveaux  on  l'ectasie  pure  prédomine.  Sa  colora- 
lion  est  d'un  rouge  cerise  foncé  ou  d'un  bleu  d'acier,  selon  qu'il  est  plus 
ou  moins  profondément  situé  dans  la  peau  ou  dans  les  organes.  Son 
volume  \-aric  depuis  la  grosseur  d'une  tête  d'égjngle  jusqu'il  celle  d'un  grain 
dechènevis,  d'un  pois  ou  d'une  petite  amande.  La  tumeur  qu'il  forme  est 
plaie,  légèrement  saillante  ou  polypeuse,  tantôt  afTaissée,  tantât  gonlléc  ; 
elle  est  de  plus  réductible,  c'est-à-dire  qu'elle  se  vide  plus  ou  moins  lente- 
ment sous  la  pression,  pour  se  remplir  de  nouveau  d^s  que  la  pression  a 
i^sé.  Dans  quelques  cas  ce- 
{teadanl,  elle  persiste,  du  moins 
fn  partie:  c'est  lorsqu'un  tissu 
Mnjoiiclif  ou  même  un  tissu 
graisseux  un  peu  abondant  en- 
Irt  dans  la  composition  de  la 
tumeur.  Située  à  la  surface  de 
'î  peau,  celte  tumeur  siège 
ilordinaire  à  la  face,  à  l'orbite, 
aiicoii,  et  laisse  apercevoir,  à 
l'œil  nu,  à  travers  l'épiderme, 
de  petits   vaisseaux  dilatés  et      """«""•"• 

flexucux.  Après  l'exlirpalion  et  lorsque  le  sang  s'en  est  écoulé,  elle  ne 
iirêjente  presque  rien  d'anormal,  à  moins  d'être  un  peu  volumineuse, 
Us  dans  lequel  sa  surface  de  section  laisse  voir  une  substance  rouge  pfile, 
"nolle,  composée  de  petits  lobules.  Si  l'on  y  pousse  une  injection,  on  recon- 
nallque  cette  configuration  lol)ulée  résulte  de  la  végétation  simultanée  des 
P<!lits  systèmes  vasculaires  des  glandes  sudoripares,  des  glandes  sébacées, 
li^lolmles  graisseux  et  den  follicules  pileux,  si  distincts  les  uns  des  autres. 


lik  anatomie  pathologique. 

Dans  quelques  cas,  cks  petites  lutneurs  sont  acco 
loppement  considérable  du  système  pileux,  lequf!  {taratl^tresousluilt^pïti- 
dance  de  l'excès  de  sang  baignant  les  follicules  pileux.  liuflbii  arapporténn 
exemple  de  ce  genre  d'Altération  et  nous  eu  a  laissé  un  dessin.  {Safplf- 
mml,  t.  IV,  p.  399,1878.)  In  spécimen  (lig.  lùOr'I1/i1)nO)i  moins  remv- 
quablc  a  été  présenté  k  h  Société  d'anthropologie  par  M.  de  Kanu,  pour 
M.  Julieu,  de  Lyon,  qui  l'avait  observé  dans  le  service  du  docteur  Dron. 

L'angiunie   ou   nievus  vnsculaire  est   constitué  par  des   capilbir» 
enlacés  et  contournes  en  méandres  ou  eu  tiix'-l>our lions,  plus  rareuwm 


^Tète  et   parlia  anléro- 
leenfa'it  de  quatre 
■ni,  ■llflirile  d'uDgiume  pileux  {nre- 
Mii  piloms).  La  partie  Eup6i 
des  meinbreiet  la  parlie  antirieuro 

ic  prétenlent  un  épai 
ment  brunSlre  de  la  peau  qui  est 
couverte  «ivpoilt.  Sur  la  face  et  lur 
iMexirèmîtéi  inférieure*  dei  mem- 
bre*, Gxiitent  de  petite*  iBcheicafâ 
■u  Uil,  de  la  dimeniion  d'un  gr.nîn 
debeauli.  dautquelijuea-unesieu- 
lament  pr£*enlanl  des  poils. 


■lù.  111.  —  La  même  enbnt  vue  en  «rriirr. 
Lci  poilt  se  dirigent  preiqiie  tous  de  hul  •* 
bai  et  de  dehors  en  dedaiit;  un*  lun»' 
cutsniic  exislc  entre  les  deux  ipaulM,  tl  ^ 
région  dm  ressea  oITre  plusieur*  peine*  lun**'* 
couverte*  de  poils 


droits  et  parallèles.  Ces  capillaires  présentent  des  dilatations  rêgulièta< 
ampullaires  ou  cirsoïdes;   ils  ont  des  parois  tr^s-^paisses  et  néaDDoix^ 
passez  transparentes,  composées  presque  entièrement,  selon  Uœciu)l<  ^ 
^•(letites  cellules  arrondies   renfermant  un  noyau  volumineux,    circon- 
stance <iui,  jointe  il  la  disposition  contournée  de  ces  vaisseaux,  pourni' 


HYPER  PLASIES.  385 

s  croire  ^n  tissu  glandulaire,   n'était  le  san^  contenu  dsns  leur 

•înlérieur. 

Les  vaisseaux,  point  de  départ  d^s  angiomes,  ont  une  structure  trés- 

timple;  cv.  sont  des  capillaires  qui  présentent d'nbord  uncdilatalioncyliii- 

lirîque  bietilôt  suivie  d'un  Iwur- 

rf^nnement  de  leurs  parois  el  de 

la  formation  de  nouveaux  canaux. 

Ainsi    se    développent,    suivant 

le  type  physiologique,  des  vais- 

-waux    capillaires    aux    dépens 
'^es  vaisseaux  préexistants.  Ces 

ifianaux   sont  unis   par  un  tissu 

Gonjonctif    de    nouvelle   forma- 

"lion,  avec  ou  sans  pelotons  adi- 
peux. Plus  tard,  si  des  couches 

•de  cellules   nouvelles   viennent 

k  se   déposer  it  leur  pourtour, 

Ils   peuvent  se  transformer    en 

■«ines  ou  en  artères. 

Les  angiomes  capillaires  ne  dé- 
passent généralement  pas  le  tîssu 

conjonclif  sous-cutané;  ce  n'est 

que  par  exception  qu'ils  s'avan- 
cent dans  les  lis«us  plus  profonds, 

'4es  muscles  ou  les  os.  Ils  s'accrnîs- 

Knt  non-seulement  par  leur  c^n- 
re,  mais  enroi-e  par  leur  périplié- 
ie;  ils  déti'uisent  plus  ou  moins 
irofondémeiit  les  organes  qu'ils 

ttvahissent,  comme  le^  glandes 
idoripares  ou  sébacées,  les  pa- 

*piHes  cutam^s. 

L'angiome  cavei-neux  {tumrur 

rérectile,  fongus  hématode  ou  vas- 
mlaircde  la  plupart  des  auteurs)  F,c.u3.-T,on«  eim^cnbrMd 

'forme  des  tumeurs  généralement        porln  un  grand  nombre  de  petites  luineur* 

«rrondies.  du  volume  d'un  grain      f'?.'^'''^  'r-""""^-  ^"^  "f  *=~.  '•'"^""• 
^  trè«-voluinineD*e,   occupe  la  (ace  interne  de 

de  chènevis,   d'un   pois,    d'une      la  jambe  gauciie. 

noisette  ou  d'un  œuf,  d'une  teinl«  rouge  ou  bleu  pâle,  élastiques  et  suscep- 

Cdimiimcr  sous  l'influence  d'une  pression   prolongéi^  (dg.  12û). 
XHiAui.  —  Traili  d'Anat.  t.  _  35 


386  ANATOMIB    PATHOUIGIQtIB. 

Ces  tumeurs,  qui  peuvent  se  gonfler  par  l'effet  d'une  émotion  ou  de 
l'exercice,  ont  aussi  des  pulsations  plus  ou  moins  nettes.  Incisées, 
elles  s'alTaissent  sur  elles-mêmes  et  présentent  assez  exactement  l'as- 
pect du  corps  caverneux  du  pénis;  leur  tissu  réticulé,  blanc,  dense, 
résistant,  renTemic  quelquefois  par  places  des  caillots  rouges,  déco- 
lorés, ou  même  de  petites  concrations  rondes  calci6ées  (phlébolilhes]. 
Souvent  délimité  par  une  membrane  fibreuse  qui  lui  forme  comme  uce 
poche  kystique,  l'angiome  caverneux  est  d'autres  fois  confondu arer 
les  tissus  a  voisinants. 

La  structure  de  cette  tumeur  difTèrc  peu  de  celle  du  tissu  caverneux  wdi- 

nairc  ;  elle  présente  des  ca viles  ou  lacunes  communiquant  les  unes  avec  Im 

antres,  à  peu  près  comme  les  alvéoles  d'un  lobule  pulmonaire.  Le  sauf 

circule  dans  le  sjstèmeahéulaire  qui  tient  lieu  de  système  capillaire,  silué 

qu  il  eat  entre  les  artères  et  les  \t  uies  <ftg.  Uti).  Les  cloisons  qui  circoo- 

scrivent  les  cavités  aréolaires  so^lfu^ 

'' /     ^''^  /  mees  d'un  tissu  fibreux  plus  ou  raoins 

»^^        1  ("V  dense    pouvant  contenir  des  fibres 

f~.     \y-  cellules;  elles  possèdent  quelquefois 

^J  des  \aisseaux  qui  leur  servent  de  vasa 


•J 


vasorum,  «t  dans  un  cas  on  yaurail 
\u  des  filets  nerveux.  Tapissées  d'uiK 
couche  de  cellules  aplaties,  d'appi- 
^  \  leucs  (usiforme,  semblables  à  IVudo- 
thihumdes  veines,   ces  caviU'S  s«nl 

umphes  par   un   sang  normal,  qui 

1    —  Co\i|  L  n  icroicopiuuc  a  tr  ,      e  ■     i 

n  angiomi.  taverneun.  e,  espace»    s  CCOUlc    lout    entier    par    le   fait  «■■ 

leui  laiiissés  par  de»  telluloi  en-    Tincision,  cl  laisse   un  afl'aisscmeiil 

dolhélialci;  g,  elobulet  aanguini  rem-       ,  .  -  ■ .     .  ■       i     i 

pliiiant  cea  espaces.  P'^s  f""    mouis    considérable   de  la 

tumeur,  suivant  la  proportion  relative 

du  tissu  vasculaire  et  du  tissu  fibreux.  La  prédominance  de  l'un  ou  if 

l'autre  de  ces  tissus  dans  les  angiomes  constitue  des  variétés  dont  il 

est  facile   de  se  faire  une  idée,   mais  sur  lesquelles  nous  ne  croyons 

pas  devoir  insister. 

Les  tumeurs  sanguines  caverneuses  se  rencontrent  principalemenl  dans 
le  tissu  conjonclif  sons-culanc,  plus  rarement  dans  la  peau  cl  dans  1^ 
muscles,  et  presque  jamais  dans  tes  os.  Au  contraire,  elles  sont  asseï 
fréquentes  dans  le  foie  (1),  surtout  à  la  surface  de  cet  organe;  elles  ont 

(1)  Dam  toa  eicelleni  Tifiité  des  tumeurs,  le  proretteur  Brocs  coniidère  rati^ 
Irèi-rarct   à  Paris  les  tumeurs   caverneuses  hépatiques.  Je  ne  partage  pat  «>■<  ' 


^m  nVFERPLAS[ES.  387 

%é  observées  aussi  dans  la  rate  et  claiis  les  reins.  Eu  général  elles 
sont  poiii'  uii  tissu  donné  d'autiiiit  plus  communes  que  ce  tissu  est  plus 
vasculaire  ;  c'est  ainsi  que  i(^s  tumeurs  vasculaires  de  la  peau  sont  plus  fré- 
((uentes  à  la  léle  que  partout  ailleui's. 

Rokitansky  admettait  que  le  tissu  aréolaire  qui  compose  les  tumeurs 
caverneuses  sanguines  se  développe  primitivement  en  dehors  du  système 
san(niin;  maïs  cette  opinion,  qui  no  repose  sur  aucun  fait  positif,  est 
aujourd'iiui  abandonnée.  Toute  tumeur  caverneuse  débute  par  une  for- 
mation de  capillaires  qui  se  dilatent,  se  confondent  avec  le  tissu  fibreux 
qui  les  entoure  cl  établissent  entre  eux,  sur  plusieurs  points,  après  usure 
du  tissu  inteiTnédiairc,  do  larges  communications  qui,  finalement, 
donnent  lieu  à  un  tissu  aréolaire.  Ces  faits,  sur  lesquels  Broca  et  Bœckel 
insistent  avec  raison,  conduisent  à  un  résultat  qui  n'est  pas  sans  impor- 
tance :  c'est  que  la  tumeur  caverneuse  n'est  pas  une  variété,  mais  bien  un 
SM<:ond  degré  du  l'angiome  capillaire  simple  ou  télan^ectasie. 

Un  certain  nombre  de  tumeurs  caverneuses  s'accroissent  lenlemenl, 
mais  d'une  manière  continue  :  d'autres  se  maintiennent  sans  aucun  chan- 
gement pendant  un  grand  nombre  d'années,  pour  s'étendre  ensuite,  sans 
cause  connue  ou  par  suite  d'une  irritation  mécanique.  Quelques-unes 
périssent  spontanément,  presque  toujours  à  la  faveur  d'un  travail  inllam- 
uiatoire  laissant  à  sa  suite  un  tissu  inodulaire  dont  le  retrait  déter- 
mine le  ratatinement  de  la  tumeur.  Ce  ti-avail  est  généi'alement  imité  par 
le^  cbirurgiens  qui  tentent  de  guérir  les  angiomes  sanguins. 

Ces  angiomes  sont  exposés  à  subir  des  modifications  diverses.  A  cùté 
des  concrétions  sanguines  et  calcaires  dont  les  parois  des  vaisseaux  des 
tumeurs  caverneuses  peuvent  être  le  siège,  il  importe  de  signaler  l'exis- 
tence de  kystes  plus  ou  moins  abondants,  sur  lesquels  les  cbirurgiens  an- 
glais Hawkins,  Holmes  Cootes  et  Uickersteth  ont  plus  particulièrement 
appelé  l'attention.  Ces  kystes,  que  j'ai  observés  une  fois  dans  un 
nœvus  de  la  face,  et  trois  fois  dans  des  tumeurs  caverneuses  hépa- 
tiques, sont  ordinairement  multiples,  sphérique.s,  transparents,  du  vo- 
lume d'un  grain  de  chënevis  ou  d'un  pois.  Ils  renfemient  un  liquide  sé- 
reux ou  séro-sanguinolent,  et  sont  tapissés  d'une  membrane  mince,  lisse 
ft  brillante,  qui  indique  qu'ils  ne  sont  qu<-  des  portions  de  veines  ou  des 
lacunes  transformées  en  cavités  closes,  et  devenues  le  siège  d'une  absorp- 
tion et  d'une  exhalation  qui,  peu  à  peu,  modilient  leur  contenu. 

Les  tumeurs  caverneuses  sanguines  n'ont  pas  plus  que  toutes  les  tu- 


CËlte  npinion,  puisque  depuis  dii  i 


^cu. 


I  1|]U! 


388  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

meurs  conjonctives  de  tendance  à  se  transformer  en  tumeurs  malignes  ; 
ce  que  Ton  a  dit  de  cette  transformation  est  vraisemblablement  le  résultat 
d'une  en*eur  qui  a  consisté  à  prendre  pour  des  angiomes  des  fibromes 
ayant  des  vaisseaux  nombreux  et  dilatés.  On  sait  en  effet  que  les  tumeurs 
érectile  des  os,  considérées  autrefois  comme  très-fréquentes,  parce  qu'on 
les  confondait  avec  des  cancers  hématodes  (fibromes  embryomiaires 
très-vasculaires),  sont  au  contraire  fort  rares.  Pour  éviter  semblable 
erreur,  il  suffit  de  rechercher  si  dans  la  tumeur  même  ou  à  son  pour- 
tour existe  un  tissu  nouveau  possédant  les  caractères  du  fibrome  em- 
brvonnaire  ou  du  carcinome. 

Séparés  des  affections  avec  lesquelles  on  a  pu  les  confondre,  les  an- 
giomes sanguins  ne  sont  aptes  ni  à  se  généraliser,  ni  à  récidiver  ;  ce  qu'on 
a  dit  de  leur  transformation  en  mélanomes  n'est  pas  prouvé,  et  par  consé- 
quent ces  tumeurs  n'ont  d'autre  gravité  que  celle  qui  résulte  des  désordres 
locaux  qu'elles  déterminent,  compression,  atrophie  des  organes  environ- 
nants. Cependant  les  tumeurs  diffuses  peuvent  s'étendre  à  un  moment 
donné  et  doivent  être  soumises  à  une  grande  surveillance  (Broca). 

Les  angiomes  sanguins  s'observent  à  tous  les  âges,  principalement 
dans  la  jeunesse,  et  surtout  dans  le  cours  de  la  vie  intra-utérine. 
Le  professeur  Depaul  estime  que  le  tiers  des  enfants  nés  à  la  Clinique 
d'accouchement  de  la  Faculté  ont  des  taches  érectiles  plus  ou  moins 
larges,  sans  saillie  ou  très-légèrement  saillantes,  qui  disparaissent  pour  la 
plupart  spontanément  au  bout  de  quelques  jours  ou  de  quelques  mois. 
Porta,  sur  un  relevé  de  151  cas  d'angiomes,  a  trouvé  que  ces  tumeurs 
avaient  été  reconnues  65  fois  au  moment  de  la  naissance,  32  fois  dans  le 
courant  de  la  première  année,  kU  fois  entre  un  et  quatorze  ans,  et  10  fois 
entre  quatorze  et  quarante  ans.  L'apparition  de  l'angiome  a  donc  lieu  sur- 
tout pendant  les  périodes  de  formation  et  d'accroissement  du  système 
vasculaire,  et  ce  fait  porte  à  croire  que  le  développement  de  ce  système 
joue  un  certain  rôle  dans  la  genèse  de  cette  néoplasie. 

La  localisation  de  certains  na^vi,  de  ceux  notamment  qui  s'accom- 
pagnent d'une  hypertrophie  papillaire  et  que  pour  cette  raison  on  appelle 
verruqueux,  a  paru  plusieurs  fois  correspondre  à  la  distribution  des 
cordons  nerveux,  ce  qui  a  conduit  quelques  auteurs  (1)  à  rattacher 
leur  présence  à  une  influence  nerveuse  analogue  à  celle  qui  engendre  le 
zona  et  d'autres  affections  cutanées.  Les  faits  sur  lesquels  on  s'est  appuyé 


(1)  Baercnsprung ,  Nœvus  um'us  lateralis  {Anncien  des  Charité  Krankenhauses^ 
t.  lit,  p.  91,  95.  Berlin,  1863}.  —  Th.  Simon  de  Hambourg,  Archiv  fur  Dermatologie 
undSyphiiù,  n»  1,  1872. 


HVFEnPUSIES.  3S9 

pour  admettre  crtie  relation,  joMiu'ici  pou  uombreui.  ne  sont  pas  saiii 
valeur;  ils  niériteiil  au  moins  de  lixer  lallention  des  ob&ei'VAU>urs. 

L'ètiologie  des  lumcui's  vasculaires  sanguines  est  eutièremeiil  incon  nui' 
Les  idées  populaires  qui  allrîbtienl  le  Dtevuscongi^nilaibrimaginalion  ma- 
ternelle n'ont  pas  plus  de  valeur  que  celles  qui  lui  atlrîbuent  la  fonnation 
des  monstruosités.  Il  n'est  pas  de  conditions  de  santé  ou  d'hérédité  aux- 
quelles on  puisse  justiu'ii  présent  rattacher  les  angiomes  congénitaux  ;  et 
lorsque  ces  tumeurs  surviennent  après  In  naissance,  c'est  presque  toujours 
sponlaiiément.  Dans  les  quelques  cas  où  on  les  a  vu«s  se  di'velopper  il 
la  suite  d'une  contusion  ou  d'une  irritation  mécanique,  il  ï  a  lieu  de  croire 
i[ue  le  traumatisme  a  été  une  simple  cause  dclenninnnie  ;  d'ailleurs,  la 
multiplicité  des  angiomes,  chez  certains  individus,  indique  manifestemenl 
l'etislence  d'une  prédisposition  générale  de  In  part  du  système  san^niin. 


J 


F'K,  m,  —  lljperjilaiie  et  dilalatlon  Je  viiiia^fiux  Ijmphtliituoi  J 
inguinaux  tepritenléi  ilani  la  flfure  lih.  Lji  fiiÈM,  înjectÉe  «u  mercure,  cililËpotée 
.>u  muijc  Dupujtren. 

i;iisseau),  ou  tumeur  éreclîle  lymphatique  (1),  est  une  tumeur  caracté- 
risée |(ar  une  nouvelle  fonnaliou  de  vaisseaux  lymphatiques.  C'est  seu- 

[I)  Ld   tUTnears  tnaculniret  lyinplislii]iie»  Kcinl  eni'orr  d^sig'néoi  *nw   1«>  nnin*  ip 

lymptmngierlaiù  yiinglionnairr .    lymphanévriimr,  tidénolj/mphocè/r ,  lijmphadinectatie. 


390  AnATOMIE    FATHOLUGIQITE. 

Icment  depuis  une  douEaiui^  «raunées  que  l'attention  a  ét^  attirée  isr 
celte  afleclion  souvent  dillicile  ft  séparer  de  la  simple  dttalatioii  àts 
vaisseaux  lyrophati(]ues  préexistants,  el  <iui  présente  deux  variètra  corres- 
pondant aux  variétés  de  l'angiome  sanguin  :  le  lymphanf;iome  fitmpk, 
ou  des  réseaux  lymphatiques,  et  le  lympbangiome  caverneux. 

Ltt  1}  mpbangiome  simple  ou  capillaire  est  une  tumeur  molle,  élastiqur, 
dépressible,  grisâtre,  quelquerois  acmî-transparente  lorsqu'elle  estsuptf- 
ficiellemeut  située.  Cette  tumeur  est  constituée  par  des  lacis  do  vaîsseaui 
lymphatiques  communiquant  en  général  les  uns  avec  les  autres,  et  pou- 
vant s'ouvrir  à  l'extérieur  de  façon  ii  laisser  écouler  de  la  lymphe,  ùt 
vaisseaux,  ordinairement  dilatés  en  chapelet,  ont  leurs  parois  èpissies  et 
liles  |)ar  un  tissu  lihreux  (fig.  Viù).  Dans  quelques  cas  il  existe di 


Fin.  Ihb.  —  o, Glandes  lymphuliques  de  l'aine,  coniidérablcmenl  augmentées  devobM 
par  In  dilslalion  el  rhjiJerpIaBin  des  vaiueaux  el  des  linui  Ijmphaliquet  ;  b,  Mlfen 
descflion  d'une  do  ceigUndei;  c,  deuxpelilei  concrélionsjaunltrei. 


même  temps  une  dilatation  des  réseaux  formés  par  les  esf»fc 
phatiques,  et  même  des  cavités  ou  lacunes  tapissées  par  un  épith^Hm 
en  tout  semblable  à  l'épithélium  dus  lymphatiques  normaux  ;  mai«tt« 
cavités  caractérisent  plus  spécialement  la  tumeur  lymphatique  cuvei 

Le  lymphaiigiome  caverneux  occupe  de  préférence  les  glandes  lyTophâ- 
tiques.  Il  forme  des  tumeurs  généralement  recouvertes  d'une  almosphèrr 
graisseuse  et  que,  pour  cette  raison,  il  n'est  pas  impossible  di-  confondra 
avec  le  lipome(fîg.  145).  Ces  tumeurs,  qui  pendant  la  vie  laissent  écouler 
par  l'incision  un  liquide  possédnnt  tous  les  caractères  de  la  lymphe, 
tr(''S-di  Itèrent  es  d'aspect  et  de  volunio  suivant  qu'elles  sont   i 


sont   renniMlfad 

J 


HYPERPLASiES.  591 

gonflées  par  celte  lymphe,  ou  vidées  et  aflaissées  après  la  mort.  Elles  sont 
entourées  d'une  enveloppe  fibreuse  qui  envoie  des  cloisons  dans  leur 
épaisseur,  où  s'observe  tout  un  système  de  canaux  et  de  lacunes,  dispo- 
sition qui  rappelle  à  la  coupe  la  texture  des  tissus  érectiles.  D'ailleurs  les 
vaisseaux  lymphatiques,  en  pénétrant  dans  la  glande,  perdent  subitement 
leur  tunique  contractile,  tandis  que  cette  même  tunique  acquiert  dans  les 
vaisseaux  afférents  et  efférents  une  épaisseur  considérable  (Anger). 
Dans  certains  organes  non  ganglionnaires,  la  langue  en  particulier, 
la  tumeur  lymphatique  caverneuse  a  la  même  structure  anatomique 
que  la  tumeur  sanguine,  avec  celte  difl'érence  que  dans  les  mailles  se 
rencontre,  au  lieu  de  sang,  un  sérum  ressemblant  à  la  lymphe. 

Le  lymphangiome  peut  être  intra-  ou  extra-ganglionnaire,  et  quelque- 
fois les  deux  variétés  sont  simultanées  et  en  rapport  l'une  avec  l'autre. 
Le  lymphangiome  non  ganglionnaire  a  un  siège  très-varié.  On  Ta 
observé  aux  lèvres  (macrochilie),  à  la  langue  (macroglossie),  au  cou,  à 
la  région  sacrée,  sur  quelques  autres  points  du  corps,  où  il  occupe 
tantôt  les  parties  superficielles,  tantôt  les  parties  profondes.  Les  vis- 
cères n'échappent  pas  à  celte  néoplasie,  dont  le  rein  semble  être  jus- 
qu'ici le  siège  de  prédilection,  et  cette  circonstance  est  sans  aucun  doute 
importante  à  connaître  au  point  de  vue  de  la  pathogénie  toujours  obscure 
de  la  chviurie. 

Le  développement  des  lymphangiomes  a  été  peu  étudié  ;  néanmoins 
il  paraît  avoir  la  plus  grande  ressemblance  avec  celui  des  tumeurs 
vasculaires  sanguines,  et  se  faire  aux  dépens  d'éléments  provenant  de  la 
végétation  des  capillaires  lymphatiques.  Dans  un  cas  rapporté  par  Georg- 
jevie,  il  existait  autour  des  vaisseaux  lymphatiques  un  amas  de  tissu  de 
granulation  dont  la  rétraction,  agissant  comme  un  tissu  de  cicatrice, 
parut  avoir  produit  la  dilatation  de  ces  vaisseaux  et  leur  métamorphose 
caverneuse.  La  croissance  des  tumeurs  vasculaires  lymphatiques  est  quel- 
quefois rapide,  mais  souvent  aussi  elle  est  lente  ou  même  s'arrête  tout  à 
fait.  Leur  ablation  est  rarement  suivie  d'accidents,  leur  récidive  a  été  obser- 
vée (Virchow).  On  a  pu  ponctionner  impunément  le  lymphangiome  simple  ; 
mais  il  faut  savoir  que  cette  opération  n'est  pas  toujours  sans  danger, 
qu'elle  a  été  suivie  d'érysipèle,  et  qu'il  est  prudent  de  ne  pas  toucher 
aux  huiphangiomes  ganglionnaires.  De  même  que  l'angiome  sanguin, 
le  lymphangiome  est  quelquefois  le  point  de  départ  de  kystes  multiples 
plus  ou  moins  volumineux,  rencontrés  jusqu'ici  principalement  au 
cou  et  à  la  région  sacrée.  Dans  certains  cas  aussi  il  s'accompagne 
d'un  épaississement  fibreux  qui  peut  le  faire  prendre  pour  un 
fibrome. 


392  anàtomie  pathologique. 

Le  diagnostic  anatomique  du  lymphangiome  repose  sur  la  compo- 
sition chimique  du  liquide  qu'il  renferme  et  sur  les  caractères  de 
Tépithélium  qui  tapisse  ses  vaisseaux  et  ses  lacunes.  Son  pronostic 
n*est  pas  grave  ;  cependant  nous  ferons  remarquer  que  les  tumeurs  gan- 
glionnaires sont  généralement  accompagnées  d'un  certain  degré  d'ané- 
mie qui  a  été  comparée  par  Ânger  à  la  cachexie  des  individus  atteints 
de  lymphome.  Solitaires  ou  multiples,  ces  tumeurs  ne  produisent  jamais 
rinfection  de  l'organisme. 

Les  tumeurs  lymphatiques  non  ganglionnaires  sont  le  plus  souvent 
congénitales,  tels  sont  les  lymphangiomes  des  lèvres,  de  la  langue,  do 
cou,  etc.  Les  tumeurs  lymphatiques  ganglionnaires  apparaissent  d'ordi- 
naire dans  le  jeune  âge,  le  plus  souvent  chez  des  individus  soumis  à  l'ac- 
tion des  climats  chauds. 

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IX.  —  Néoplasies  de  tissu  musculaire.  —  Myomes. 

Le  tissu  musculaire  comprend  deux  variétés  de  muscles,  les  uns  à 
fibres  lisses,  les  autres  à  fibres  striées.  Le  tissu  musculaire  à  fibres  lisses 
est  essentiellement  constitué  par  des  cellules  contractiles,  accolées  entre 
elles  à  Taide  d'une  matière  homogène  et  réunies  sous  forme  de  faisceaux 
par  une  enveloppe  délicate  de  tissu  conjonctif  et  de  fibres  élastiques. 


394  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

Généralement  fusiformes,  assez  longues,  cylindriques  ou  légèrement 
aplaties,  ces  cellules,  dont  les  extrémités  sont  quelquefois  divisées,  ont 
une  longueur  moyenne  de  0"""",044  à  0"",049,  et  une  largeur  de  0»",004 
à  O'^'BfOO?.  Elles  sont  formées  d'une  substance  en  apparence  homo- 
gène, quelquefois  granulée  ou  faiblement  striée,  au  milieu  de  la- 
quelle se  trouve  un  noyau  long  et  étroit,  le  plus  souvent  en  forme  de 
baguette.  La  matière  qui  unit  ces  éléments  échappe  à  l'observation  ;  le 
tissu  conjonctif  qui  les  groupe  en  faisceaux  est  traversé  par  des  vaisseaux 
nombreux  qui  se  distribuent  aux  faisceaux,  et  par  un  petit  nombre  de 
nerfs.  Le  tissu  musculaire  à  fibres  lisses  se  développe  par  l'allongement 
de  cellules  arrondies,  dont  le  contenu  tout  entier  se  transforme  en  une 
substance  homogène  et  contractile.  Il  existe  dans  tout  le  canal  digestif, 
dans  les  parois  des  vaisseaux,  surtout  dans  la  couche  moyenne,  dans  la 
peau  et  dans  tous  les  appareils  sécréteurs  et  excréteurs. 

Le  tissu  musculaire  strié  est  composé  de  fibres  ou  faisceaux  pri- 
mitifs allongés,  cylindriques,  d'une  longueur  de  2,7  à  U  centimètres, 
d'une  largeur  de  0,009  à  0,060  de  millimètre,  constitués  par  une 
enveloppe  homogène,  fine,  élastique,  sarcolemme  ou  myolemme,  et 
des  fibrilles  très-fines,  soudées  entre  elles  par  une  substance  interstitielle 
homogène.  Dans  cette  substance  se  rencontrent  de  nombreux  corpuscules 
transparents,  disposés  par  séries  entre  les  fibrilles,  et  un  nombre  considé- 
rable de  noyaux  arrondis  ou  allongés  sont  situés  à  la  face  interne  do 
sarcolemme.  Une  trame  conjonctive,  des  vaisseaux  et  des  nerfs  réunissent 
ces  éléments  entre  eux,  et  forment  le  tissu  musculaire  strié.  Celui-ci  se 
rencontre  dans  les  muscles  du  tronc  et  des  membres,  de  l'œil  et  des  oreilles"; 
dans  la  partie  musculaire  de  certains  viscères,  le  larynx,  le  pharynx, 
l'œsophage,  la  langue,  le  rectum  à  sa  terminaison,  les  organes  génitaux 
bulbo- et  ischio-caverneux,  les  ligaments  ronds;  enfin,  dans  certaines 
parties  du  système  vasculaire,  le  cœur  et  les  grosses  veines. 

On  sait  qu'après  la  destmction  du  tissu  musculaire  par  des  lésions 
traumatiques  il  suiTÎent  ordinairement  une  cicatrice  fibreuse.  Cepen- 
dant les  recherches  modernes  nous  ont  appris  que  ce  tissu  a  la  pro- 
priété de  se  régénérer.  On  voit  certaines  dégénérescences  de  la 
substance  musculaire  être  suivies  d'une  régénération  complète.  Le 
périmysium  est  le  principal  agent  de  cette  régénération  qui  se  pro- 
duit d'après  un  mode  assez  mal  connu,  mais  vraisemblablement 
suivant  les  lois  qui  président  à  la  formation  normale  des  muscles; 
lorsque  la  membrane  enveloppante  de  la  fibre  musculaire  n'existe 
plus,  la  reproduction  de  la  substance  musculaire  est  difficile,  sinon 
impossible. 


H  YPERPLASIES.  395 

Les  formations  pathologiques  des  muscles  ont  été  à  tort  contestées 
par  certains  observateurs;  les  deux  variétés  de  tissu  nmsculaire,  le 
tissu  musculaire  à  fibres  striées  et  le  tissu  musculaire  à  fibres  lisses, 
peuvent  leur  donner  naissance.  Ces  formations  sont  connues  sous 
la  dénomination  générale  de  myomes  :  on  appelle  rhabdomyomes  les  néo- 
plasies  des  muscles  striés,  et  léiomyomes  les  néoplasies  des  muscles 
lisses.  Ajoutons  que  certaines  tumeurs  présentent  des  éléments  de  tran- 
sition entre  ces  deux  sortes  de  fibres. 

^'^  Rhabdomyomes. —  Les  formations  accidentelles  dans  lesquelles  le 
tissu  musculaire  à  fibres  striées  entre  comme  élément  principal  et  essen- 
tiel, sont  peu  communes;  on  en  connaît  seulement  quelques  cas, 
affectant  le  cœur  ou  la  langue  chez  les  enfants  nouveau-nés.  L'un  de 
ces  cas,  rapporté  par  Recklinghausen ,  est  relatif  à  une  tumeur  du 
volume  d'un  œuf  de  pigeon,  faisant  saillie  tant  à  l'intérieur  qu  a  Texte- 
rieur  du  cœur.  Deux  autres  cas  ont  été  vus  par  Virchow.  Un  fœtus  de 
huit  mois,  mort-né,  et  un  enfant  nouveau-né,  présentèrent  Tun  et  l'autre 
dans  les  parois  du  cœur  de  petites  tumeurs  arrondies  et  plus  ou  moins 
saillantes,  composées  de  fibres  musculaires  striées,  plates,  parsemées  de 
gros  noyaux  et  d'éléments  conjonctifs;  la  mort  avait  été  le  résultat  de 
lésions  syphilitiques  disséminées  dans  plusieurs  organes.  L'altération 
congénitale  de  la  langue  connue  sous  le  nom  de  macroglossie  est 
quelquefois  formée  par  Thyperplasie  des  fibres  musculaires  de  cet  organe. 
Le  cœur  et  la  langue  sont  jusqu'ici  les  seuls  organes  où  Ton  ait  observé, 
chez  l'enfant,  le  myome  à  fibres  striées;  cette  tumeur  était  congénitale. 

Il  n'est  aucun  fait  absolument  certain  de  myomes  à  fibres  striées 
chez  l'adulte.  Cependant  Buhl  aurait  observé  deux  individus  adultes 
portant,  l'un  dans  le  muscle  pectoral,  l'autre  dans  un  des  muscles  du 
dos,  des  tumeurs  composées  de  fibres  musculaires  jeunes;  mais  il 
n'est  pas  prouvé  qu'il  n'y  ait  eu  erreur  sur  la  nature  de  ces  élé- 
ments, et  que  des  fibres  musculaires  anciennes  et  atrophiées  par  la 
présence  d'une  tumeur  n'aient  été  prises  pour  des  fibres  jeunes  et 
en  voie  de  développement.  Reconnaissons  toutefois  que  le  tissu  muscu- 
laire strié  peut  entrer  comme  élément  accessoire  dans  la  composition 
de  tumeurs  de  diverse  nature.  Virchow  a  trouvé  des  fibres  muscu- 
laires striées  de  nouvelle  formation  dans  le  stroma  fibreux  d'un  kyste 
ovarien  Rokitansky,  Billroth  et  Senftieben,  dans  des  tumeurs  du  testi- 
cule ;  LambI  dans  le  stroma  d'un  carcinome  du  tibia  ;  Wolkmann  dans  une 
tumeur  de  la  cavité  rachidienne  d'un  fœtus.  J'ai  de  mon  côté  rencontré  ces 
mêmes  fibres  dans  une  énorme  tumeur  d'aspect  encéphaloïde,  située  dans 


396  ASATOMtE    PATlIOI.nClO0B. 

le  cannl*racliidieii  d'un  nouvoau-né.  Il  n'en  est  pas  moins  vni  quel 
développement  des  lumeui's  musculaires  striées  sur  des  points  uùil 
n'existe  pas  de  muscles  à  l'éLit  normal  est  un  pbénonaène  des  plus 
rares,  car,  à  part  les  cas  de  tumeurs  congénitales,  les  formations  de  film 
musculaires  striées  n'ont  été  rencontrées  que  dans  des  altérations  dea  1» 
ticules  et  des  ovaires. 

i'  Léiomyoïnes.  —  Le  tissu  musculaire  k  tihres  lisses,  comme  letiHi 
musculaire  a  fibres  striées,  peut  faire  partie  de  tumeurs  congénilalei fr 
verses,  plus  ou  moins  malignes,  et,  de  même  que  ce  dernier,  ^jn  fiii- 
ment  principal  de  certaines  formations  accidentelles.  Os  form&tioDi  » 
présentent  sous  l'apparence  de  tumeurs  rondes  ou  ovales,  lisses  ou  légè- 
rement lobulées,  d'un  volume  Irèa-varialile,  souvent  celui  d'une  DoiseUe 
ou  d'une  noix,  d'une  consistance  ferme,  ou  même  cartilagineusu.  Elle* 
sont  presque  toujours  circonscrites,  entourées  d'une  capsule  de  tissu  cou- 
jonctif,  plusrarementdiffuseset  perdues  au  milieu  des  tissus  voisins.  Uur 
surface  de  section  est  lisse,  parsemée  de  traînées  (ibrillatres.grisAIres.bm- 
nittres  ou  blanchâtres,  quelquefois  disposées  sous  forme  de  cercles  coDceB- 
triques  autour  d'un  noyau  commun.  Dans  leur  substance  entre,  en  tném 
temps  que  des  libres  musculaires  lisses  ou  Hbres-celluies,  une  suImUdm 
conjonctive  lihrillairc,  plus  ou  moins  abondante.  Fortement  accolées  eolre 
elles,  et  très-difliciles  k  séparer,  les  Dbres-cel- 
lules,  de  dimensions  assez  égales,  munies  d'un 
ou  deux  noyaux  allongés,  forment  des  biscetu 
^f^*i^i7Kr^-¥:2^a^         très-élégants,  disposés   au  sein  d'une  InuW 

tB^^l'ar^^i^ft         libreusc  plus  ou  moins  épaisse  (fi^t,  146).  Dtt 
V  Tb^U^Ah^    vaia&eaux  peu  nombreux  s'ajoutent  à  ces  d^ 
'^fe  "■   SS^mV         ments,  et  leur  dilatation,  dans  quelques  M 
^K4b  hIk^V         donne  à  la  lumeuruneapparencedetissucsve^ 
,HK||K^ '{^V  ^H         neux  (myome  télangîectasique).  Les  organuiu 
'/IWaMB^IBI'T]^,        st'i"  desquels  se  rencontrent  ces  tumeurs  mata- 
'"  W^tlïi  "                ment  toujours  du  tissu  musculaire  à  fibi*s  lisse». 
''°,;"dwâ:S"''"ïï~  L«''plusin,[K,rl.nlss<,„ir™<.pbnge.l,.*mt, 
tnuKulairediMCK.  vuei  dans   l'intesLin,   la  prostate  et  surtout  l'utérus.  On 
™™"7rïr;°r;:;  '°i'  «"""  »»  "■"■»'■•  «  dévd„pp,r  «», 
»,  «rAoleideiiuucaiijonciif.    la  petiu,  aux  endroits  OÙ  existent  des    fibres 
lisses,  et  notamment  au  niveau  des  dartos,  dans  les  bourses  chez  l'homme 
(fig.  ilil)  et  les  grandes  lèvres  chez  la  femme.  Quelques  auteurs,  principa- 
lement Billroth  et  Rindfleisch ,  se  refusent  à  considérer  comme  des  niyomes 
les  tumeurs  décrites  sous  ce  nom.  Rindfleisch  soutient  que  les 



397 

e  libres-cellules  ne  sont  qu'un  degré  dans  la  série 
évolutive  des  cellules  du  tissu  conjonclir  lesquelles  peuvent  itstm  sta 
lionnaii'es  ou  se  transformer  en  tissu  conjonclil  Mais  si  independam 
menl  Jps  caractères  propres  des  tumeurs  on  tient  compte  de  leur 
point  de  départ  spécial  dans  les  organes  musculeuf    on  est  naturelle 


hi.  IS7.  —  Wiomjome  gênéraliii)  cl»  icrnlum.  t'nc 
principale,  t,  (, leiliciile».  (D'après  l'.K/as  (foiinlo 
cl  Uckerliauer.)  Le  duain  microacapique  da  eelte  ti 


externe  et  coupe  de  la  tumeur 
e  pothnlogique  de  lADcercaiix 
eur  eil  reprénentè  flg.  IdG. 


iinril  conduit  à  les  considérer  comme  des  végétations  des  muscles,  tout 
"I  m^nnaissant  qu'à  calé  des  éléments  musculaires  il  existe  toujours 
<i'^^l(:inents  de  tissu  conjonctif  jeunes  ou  adultes. 

U  développement  des  myoïnes  n'est  pas  très-bien  connu  ;  cependant  il 
^«>  probable  que  ces  tumeurs  naissent  d'un  tissu  embryonnaire  dont  les 
<vllules  se  tniDsrorment  en  éléments  coniractiles.  Leur  accroissemenl  se 
^il  surtout  aux  dépens  de  la  masse  primitive,  sans  doute  aussi  par  la  for- 
malion  de  masses  nouvelles,  ce  que  semblent  indiquer  les  nombreux 
Doduiesqui  entrent  dans  la  composition  de  ces  tumeurs. 

Les  myomes  à  fibres  lisses,  uniques  ou  multiples,  sont  généralement 
rah'slfl's,  et  ne  se  propagent  guère  au\  parties  voisines;  dans  quelques 
!■«  cependant,  ils  paraissent  pouvoir  infecter  l'organisme.  Mon  Alla» 
d'matmnie  pathologique  renferme  un  fait  qui  vient  à  l'appui  de  cetlo 
■e  de  voir.  Ces  tumeurs  évoluent  d'une  façon  lente  et  progressive  ; 


^UuiÈre  de  voir. 


398  *X.lTOMIE    l'ATIIOLOIilQUE. 

et  quelquerois,  au  lieu  de  continuer  de  s'accrotti'e,  elles  restent 
naires.  Elles  ne  disparaissent  pas  sponUmément,  mais  elles  pmivtml  vin 
expulsées  par  les  contractions  de  l'organe  qui  lea  renferme  (Bg.  IftS).  C* 
fait  n'est   pas  extri^menient  rai-e  pour  les  mysonies  utérhis;  le  [dut 


FiG.  lAS.  —  Lciomyamc  expulsé  du  v»tin  d'une  femme  ilans  U  paroi  su p£rl»an  ihK>iri 
il  t'iaii  vrEUMRiblablemenl  divoloppâ,  car  une  nslule  véiit^o-vaginale  tnitit  ow 

souvent  on  trouve  ces  tumeurs  simplement  engagées  dans  le  museau  de 
tanche  (lig.  i/i9),  d'où  il  est  Tacile  de  les  extraire.  Les  tumeurs  musculaim 
s  ptîu  do  tendance  k  subir  la  dégénérescence  graîssi-ose, 
du  moins  dics  ne  sout  qu^  tani^ 
vemont  envahies  par  wttr  d^ 
nérescence,  qui  leur  fait  prendre 
uncleinic  jaunâtre «I  lesnunol- 
lil.  Quelqueroîs  elles  s'inRItrad. 
de  sols  du  chaux  (dégénérescence 
calcaire]  ;  c'est  alors  qu'elle» 
constitueul  ce  qu'on  n  appela  Im 
piciTi'S  (le  l'uléms.  Elit:*  «»* 
peu  exposées  k  l'inflaramalioa 
et  à  la  gaugrf-ne  ;  du  ntoins  cm 
'  complications  y  ont  été 
ment  constatées. 
Les  causes  des  myomcs  muL 
jusqu'ici  peu  connues;  car  dire  que  ces  tumeurs  se  développent 
l'inilueiice  d'un  étal  diathésique,  ce  n'est  rîen  expliquer,  puisqu'il 
à  chercher  pourquoi  et  comment  s'est  produit  cet  état.  Les  phlegniRiita 
chroniques  des  membranes  muqueuses  semblent  jouer  dans  la  prodi 
tion  do  ces  formations  le  nlle  de  cause  déterminante.  Comme  la  plupart 
des  tumeurs  conjonctives,  les  myomes  surviennent  pendant  l'Ageadulln; 
ceux  de  l'utérus  apparaissent  au  moment  oii  cet  organe  vient  d'acquérir 
son  complet  développement,  plus  encore  qu'à  l'époque  de  la 


FlO.  lùQ.  —  Lïiomjroma  de  l'utérus  en  i 
imliion  et  taiianl  saillie  i  traTenle  m 
tanthe. 


nVPERPT-AStES. 


399 


,  Vi)GEL,  Traité  d'miatomie  palht/to- 


"KlBLioGHArniE.  - 

•jique  iiéiià-alr,  trad.  fr.  de  Jourdan.  Paris,  1847,  p.  168.  —  Zenkebi,  Veher 
die  Veriindrraiig  d.  icUIkurtichen  Miiskel  im  Tj/jihiis  abdùmmalis.  Leipzig, 
186t|.  — A.  FfiHSTEH,  Haudh.  der  allgem.  }iatli.  Aiiafomie,  p,  339.  Leipzig, 
1865.  —  OiTO  Weeeh,  Ueber  die  Xeubildung  qnerqeitreiftvr  Mushelfasa-n,  etc. 
{Archiv  fiir  pnth.  Anat.  u.  PhysMog.,  t.  XXXIX,  p.  216).  Ibid.,  p,  25ù.  — 
Blul,  Wahre»  reridivireiutes  Mj/om  {Zdtickrift  fur  Biologie,  t.  I,  p.  263,  et 
Schmidfs  Jahrb.,  t.  CXXX,  276).  —  C.-E.  Hoffmass,  Veber  die  Xettbildung 
qmrge»treifer  Muskelfasem  insbesondere  beim  Tifphus  abdominalù  {Arek.  f.  path- 
Anitomii:  md  PAj/sioi.,  t.  XL,  p.  S05,  1867). 

Rhafadamyanes  «mRéBKBBx .  —  RECELiNGniLSEN,  Verhnndt.  d.  Berlin. 
GtbtiTiihvlf.  Gesdheh.,  1863,  livraison  15,  p.  73.  — Vibcuow,  JrcAiV/.ptiIftyl. 
.KiuiU.  l.  XXX,  p.  468;  t.  XXV,  p.  212.  —  Consuller  plus  loin  la  bibliographie 
de  la  macroglossie. 

■^lom^oBie.  —  Oldhau,  Guy's  Bonpitat  Beports,  1844.  —  LABocLSËnE, 
Comptes  rtndus  de  la  Soc,  de  biologie,  série  2,  t.  II,  p.  7,  1855,  el  Mira,  de  la 
Soc.  de  biologie,  série  4,  l.  IV,  p.  201,  1809.  —  R.  Vihchuw,  PMologie  des 
tumeun,  trad.  fr,  parAronsBohn,  l.  VII,  p.  289.  —  A.  BoErrcnEB,  Myotm  einer 
Vem  utiuiris  (Art/mj  /.  pathat.  Anal,  und  fhf/siol.,  l.  XLVII,  p.  372,  1869). 
—  H.Ubbtz,  Zur  Struclar  d.  glattm  Muskelfasem  und  îhren  Nirvamuiiyungen 
m  l'inetn  tceichen  Utet-ta-Myorn  {Archiv  f,  pathoi.  Anat.  Wid  Pkysiol.,  t.  XLVI, 
p.  235,  1869).  — Bhoca,  Tniitê  des  tumeurs,  I.  U.  Paris,  186U. — MABCANO.Fiôro- 
myomede  la  grande  tévrc  [Bull,  de  la  Soc.  aniitomique,  1873,  p.  388). —  Sokolow, 
Uyotnit  lŒviceUulare  der  rechlm  Brualwarzen  {Archiv  f.  pathoi.  Anat.  und  Phy- 
fintogU,  t.  LVIII,  p.  316,  1873). 

J.  VocEL,  Erlaùtervngstafdn  znr  puthol.  Histologie.  Leipzig,  1843.  —  Cnu- 
vnLHiHR,  Atlas  tl'anat.  pnthol.,  2°  li»r.,  pi.  V  et  VI  ;  35'  livr.  pi.  II.  — 
laaci,  Atlas  d'anat.  patk.,  pi.  XX,  fig.  13-20  ;  pi.  XXI,  XXII,  XXIll,  flg.  1-6  j 
pi.  CLVII,  flg,  3  ;  pi.  CLXXXVUl,  CLXXXIX,  lig.  2.  —  Buhns,  Athi»,  1"  dm- 
sion,  pi.  I,  flg.  1-4;  2"  division,  pi.  I,  lig.  7-10,  pi.  II,  fig.  10.  —  A.  Fohsteb, 
Allii  d,  mieroseap.  palh.  .inat.,  pi,  IV,  flg,  2-4.  —  LA^ceREAoïet  Lacrehbaueb, 
Atlat  (fanutomie  pathologique,  p.  34,372,  384,  pi.  IV,  fig.  5  et  pL  XXXIX, 
fig.  1  et  2.  — Vojezdaiisle  second  volume  la  bibliographie  de»  m'oplasies  de 
l'utéms  et  de  la  prostate. 

§  2.  —  Nboplasies  bkb  tissus  pro^-enant  des  feuillets  externe  et 
interne  du  blastoderue.  —  néuplasies  épitiiéliales  et  nerveuses. 
Les  tissus  épithéliaux,  Tormés  de  cellules  airondies,  cylindriques  du 
polygonales,  inlimcment  unies  entre  elles  (voy.  p.  283),  tapissent  en  cou- 
ciies  d'biéj;aie  épaisseur  les  surfaces  extérieure  et  intérieure  du  corps,  les 
culs-dc-sac  glandulaii-es  et  leurs  canaux  excréteurs,  c'est-à-dire  la  |)eau  et 
M«  dépressions  multiples,  toutes  les  muqueuses  du  tube  digeslil  et  leurs 
ides,  la  surface  interne  des  organes  de  la  respiration  jusqu'aux  lobules 


b. 


lobules         I 


400  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

pulmonaires,  la  sur  Face  interne  des  organes  génito-urinaires,  et  quelques 
autres  parties  complètement  séparées  des  précédentes,  comme  les  ventri- 
cules cérébraux,  les  cavités  de  Tœil  et  de  Toreille.  Les  poils  et  les  ongles, 
appendices  de  Tépiderme,  appartiennent  encore  à  ce  même  groupe  de 
tissus,  dont  la  grande  extension  fait  déjà  pressentir  Timportance  pathogé^ 
nique.  Moins  disposés  que  les  tissus  conjonctirs  à  se  multiplier  et  à  végé- 
ter, les  éléments  des  tissus  épithéliaux  sont  néanmoins  le  point  de  départ 
de  formations  ou  tumeurs  diverses,  dont  les  unes  restent  toujours  locales, 
tandis  que  les  autres  ont  la  plus  grande  tendance  à  se  généraliser  et  à 
infecter  Torganisme.  Constituées  par  un  tissu  dont  la  structure  ne  difl^ 
pas  sensiblement  de  celle  du  tissu  normal,  les  premières  sont  dites 
homologues,  homoplastiques  ou  typiques.  Formées  par  un  tissu  un  peu 
différent  quant  à  Tarrangement  et  à  l'évolution  de  ses  éléments,  les  se- 
condes sont  dites   hétérologues,    hétéroplastiques  ou  atypiques;  elles 
comprennent  toutes  les  affections  véritablement  cancéreuses.  L'étude 
intéressante  de  ces  dernières  fera  suite  à  celle  des  tumeurs  épithéliales 
homoplastiques,  puis  viendra  la  description  des  néoplasies  nerveuses. 

I.  —  Néoplasies  épithéiiales  homoplastiques  ou  typiques. 

Formations  peu  exubérantes  et  des  plus  bénignes,  les  néoplasies  épithé- 
iiales homoplastiques  ne  manifestent  qu'une  faible  tendance  à  la  destruc- 
tion, et  en  cela  elles  se  rapprochent  des  tissus  normaux  et  diffèrent  des 
cancers.  Aussi,  avant  d'arriver  à  Tétude  de  ces  derniers,  est-il  rationnel  de 
parler  tout  d'abord  de  ces  altérations,  qui  se  divisent  naturellement  en  deui 
gi*oupes,  suivant  qu  elles  affectent  le  tissu  épidermique  ou  le  tissu  glan- 
dulaire. 

i<*  Néoplasies  épidenniques  [khthyoses^  kératoses,  eic).  —  Les  produc- 
tions nombreuses  qui  appartiennent  à  ce  groupe  de  lésions  ont  pour 
point  de  départ  Tépiderme  proprement  dit  ou  ses  dépendances.  Déve- 
loppées au  sein  de  l'épiderme,  ces  lésions  sont  les  unes  diffuses,  lt*s 
autres  circonscrites.  Les  lésions  diffuses  forment  l'ichthvose,  affection 
cutanée,  souvent  congénitale  et  héréditaire,  caractérisée  par  la  présence, 
à  la  surface  du  derme,  d 'écailles  épidermiques  nacrées,  grisâtres  ou 
noirâtres,  plus  ou  moins  épaisses,  et  comme  imbriquées.  Assez  peu 
extensibles,  ces  écailles  se  rompent  parfois  à  la  suite  de  tiraillements,  e! 
de  là  des  fissures  profondes  et  douloureuses  qui  donnent  un  aspect  parti- 
culier à  la  peau.  Dans  ces  conditions,  la  couche  d'épiderme  est  toujours 
plus  épaisse,  et  l'on  voit  s'e'»chapper  de  la  racine  des  poils  une  malien» 
analogue  à  la  matière  sébacée. 


OirrottFCriles,  les  attémlions  épiderniiques  liomoplnstiques  sont  connues 
sous  les  noms  de  duritloiis,  de  cors  aus  pieds  el  de  cornes  cutanées.  I-es 
premières  de  ces  altérations  sont  constituées  par  des  couches  superposées 
de  l'épideiinc  corné,  donnant  lieu  à  un  opaississcmenl  peu  étendu  et 
plus  ou  moins  considérable.  S'il  présente  h  son  centre  un  noyan  dur  qui 
s'enfonce  sous  forme  de  pointe  jusque  dans  le  derme,  qu'il  comprime 
et  atrophie,  cet  épaississe  ment  porte  plus  spécialement  le  nom  de 
cor.  En  pareil  cas,  le  tissu  adipeux  disparaît  dans  le  point  comprimé, 
cl  il  se  forme  même  parfois  une  bourse  muqueuse  dans  le  tissu  cellu- 
laire sous-cutané  correspondant.  Le  pied  est  le  siège  exclusif  de  cette 
altération,  qui  survient  à  la  suite  de  pressions  répétées  ou  d'actions  irri- 
lantes. 

Les  contes  cutanées  sont  des  excroissances  d'une  longueur  variable  el 
d'une  grande  ressemblance  avec  les  cornes  des  animaux.  Fermes  et 
grisâtres,  souvent  recourbées  en  spirale,  elles  revêtent  la  forme  d'un 
prisme  arrondi  avec  des  cannelures  lon^zitudinales  et  des  renflements 
qui  correspondent  chacun  à  une  papille  cutanée.  La  cflrne  tout  entière 
a  pour  base  un  g;roupe  de  papilles;  elle  est  d'ailleurs  formée  de  cel- 
lules épithéliales  superposées,  imbriquées  et  intimement  soudées  entre 
elles. 

La  peau  el  les  muqueuses  sont  le  siège  constant  des  productions  cornées . 
A  la  peau,  les  cornes  occupent  de  pré- 
férence le  cuir  chevelu,  le  front  el  la 
région  temporale^  plus  rarement  le 
tronc  et  les  membres  (lig,  130).  bans 
quelques  cas  elles  preiment  naîssauci' 
dans  la  couche  épidermique  qui  revrt 
la  face  interne  d'un  follicule  sébar/' 
hypertrophié,  et  deviennent  saillantes 
uprès  l'ouverture  de  cotte  cavité  kysti- 
que. Les  membranes  muqueuses  où 
ces  lésions  ont  élé  obser\ées  sont  la 
conjonctive,  la  muqueuse  de  la  langue, 
ctrlles  du  prépuce  et  du  gland. 

Plus  fréquentes  chez  la  femme  que 
chez  l'homme,  les  cornes  cutanées 
Mint  ordinairement  solitaires,  mais 
quelquefois  aussi  elles  sont  multiples 
"l  en  assez  grand  nombre.  r.omrae  la  plupart  des  formations  épider- 
mîques,  elles  se  développent  de  préféi-ence  à  uu  «fie  avauc  et  sonl  quel- 
URCEK»».  Trailc  U'Anal.  '■  —  26 


Fie.   130.  — Main  droiu  priseï 

corne  cuUinée  dùielupiiée  k  la  rtgioa 
doratle  lu  niveau  dei  deux  premien 
mitMirpieni.  (Jluiéc  UupujiU^n.} 


I 


M2  %5iT0«K  rtimmuaoïn. 

ifo^tm.*  hénrfitairits.  fn  eit*  év*  cas  oà  k 
Imr  appanljrjD 

Ln  ftofita.  et  partimBrTnBrat  «ax  dv  pos  ortoïL  pearent  Avie 
»w^  d'aiK  ahémioa  qni  D'<»t  pas  sans  andogir  avec  les  cons 
de  la  p«ui.  Phisienn  (oâ  fai  mHnntré  à  la  Salpttnère  des  feminn 
ig«««  4tnH  U*  tm^a.  neombéi,  aTaieirt  one  (onne  prismatique  €l  oh 
iongOf^T  i\ai,  aa  ftMtx.  n'aiail  pas  beaocoop  moins  don décÛDètn en 
Imguear  et  d'un  ««ntini^tre  en  épaisseiir  {6f.  ISIi.  Cet  aocroissemait  du 
_.  tissn  des  oncles  est  oonuaim  du» 

^9^     certains  pays  ;  j'en  ai  tu  |dii»eiin 

^^^^^^^^k^  ^^B    ^c'>*'>tî''(>i>'  **■  mnsée  anaton»- 
^^^^^^^^^^Hl  ^^^V     palbolo^que  de  Leyde,  où  il  rr- 
^^^^^^^^H^^^B^^^V      snllede  la  Acbensehabitudequ'oDl 
^^^^^^^F^      ^^^^^^B       les  habitants  de  cette  ville  et  d» 
^^^^^K  ^^^1      enriroDs  d'oser   de    sabots   sus 

^X^^^V  ^^^      bride.  Decelte  hyperpl^ie  génénte 

^^^^^^^  de  l'uigle  il  convient  de  rap[ffo- 

^^^^HA  cher  une  formation  limitée  dn  tisw 

^^^^^^  onguéal.  Chei  an  enfant  qui  per- 

^^  dit  l'ongle  de  l'un  des  doigts  à  U 

suite  d'nn  panaris,  le  professeur 
Broca  vit  npparallre  un  ongle  dou- 
veau,  im;guliei-  ft  creusé  dt-  cannelures  :  mais  en  même  temps  il  se 
produisit  cntitt  la  phalange  et  le  bord  postérieur  de  cet  ongle  une  petite 
tumeur  mobile,  dure,  qui  ayant  la  forme  d'un  pain  de  sucre  soulevait  rt 
amincissait  tn  peau.  Cette  tumeur  reposait  sur  une  surface  analofitie, 
quant  à  l'aspect,  \\  la  matrice  do  l'ongle  ;  clic  avait  une  structure  iden- 
tique avec  celle  du  tissu  unguéal. 

Irfs  cheveux  et  les  poils,  dont  la  nutrition  et  la  reproduction  se  lientà 
l'int^igrité  du  follicule  pileux,  sont  quelquefois  le  siège  d'un  accroissemral 
anormal  en  longueur  et  en  épaisseur,  chez  la  femme  aussi  bien  que  cbn 
l'homme.  L'accroissement  exagéré  de  ces  or^nes  a  lieu  surtout  au  ditmi 
des  iiœvus  (voy.  lig.  118)  ;  mais  il  irost  pas  prouvé  qu'il  se  produise  n 
ces  endroits,  non  plus  que  sur  d'autres  jioints  de  la  surface  cutanée,  do 
cheveux  vérilahicment  nouveaux,  quoique  ces  appendices  cutanés  H 
dévelopi)ent  fn-quemmu-nt  à  l'iiiléricur  des  kystes  dermoTdes,  et  qu'oo  l« 
ail  observes  sur  la  conjonctive.  Tout  porte  à  croire  que  les  prétendue 
formations  pileuses  des  muqueuses  de  la  vessie,  du  vagin  et  de  l'iole*! 
ne  sont  le  plus  souvent  que  dus  produits  de  kyste  dermoïde  ouvert  i  k  < 
surfjce  de  l'une  de  ces  membranes. 


UYPERPLASIES.  /i05 

Les  dents,  qu'il  faut  ranger  parmi  les  forniations  épithéliales,  sont  quel- 
quefois produites  de  toutes  pièces  dans  des  conditions  anormales  ; 
tantôt  uniques  elles  ont  été  rencontrées  dans  la  région  temporale  du 
cheyal  (anomalie  hétérotopique)>  tantôt  multiples  elles  faisaient  partie  de 
kystes  dermoïdes  (voy.  fig.  27  et  28,  page  106).  D'autres  fois  une  seule  des 
substances  qui  entrent  dans  la  composition  de  ces  organes  venant  à  pro- 
liférer, il  en  résulte  des  tumeurs  dentaires  diverses  dont  il  sera  question 
dans  la  seconde  partie  de  ce  travail. 

Les  altérations  que  nous  venons  de  passer  en  revue  ont  toutes  une  évo* 
lution  lente  et  progressive,  sans  aucune  tendance  vers  une  guérison 
spontanée.  Plusieurs  fois  des  malades  atteints  de  conies  cutanées  ont  vu 
la  chute  spontanée  et  en  quelque  sorte  périodique  de  ces  productions,  qui 
recommençaient  à  pousser  presque  aussitôt  après  comme  les  bois  d'un 
cerf.  C'est  pourquoi,  malgré  leur  peu  de  gravité,  ces  dernières  altérations 
constituent  une  infirmité  ennuyeuse,  si  Ton  ne  vient  à  les  extraire  ;  d'un 
autre  côté,  on  voit  quelquefois  des  cancroïdes  se  développer  à  la  base  de 
ces  formations  anormales  et  aggraver  leur  pronostic.  La  cause  de  ces 
diverses  lésions  est  peu  connue,  on  sait  seulement  que  l'ichthyose  et 
les  pi*oductions  cornées  peuvent  être  héréditaires. 

BiBUOGRApniE.  —-  Iclithyose.  —  Ray£R^  Traité  théorique  et  pratique  des  maUi'^ 
dies  de  la  peau,  t.  III,  p.  614.  Paris,  1835.  —  Souty,  Bull,  de  la  Soc.  anatom., 
t.  XVII,  p.  Zk5,  1842  (06».  et  rapp,),  —  Nicolucci,  Observ.  microscop.  sur  la 
cératose,  ichthyose  des  auteurs  {Il  filiatre  Se6ezto,  1846,  et  Gaz,  méd.  de  PariSf 
1847,  p.  491).  —  Devergie,  Hebra,  etc.,  Traité  des  maladies  de  la  peau,  — 
Erasmus  Wilson,  On  diseases  of  the  skin,  6*  édit.  London,  1867,  p.  355.  — 
Hardy,  Gaz,  des  hôpitaux,  1860,  p.  165. —  Jahn,  Ueber  Ichthyosis  ccmgenita.  In 
Diss.  Leipzig,  1869.  —  Lailler,  Annales  de  dermatologie  et  de  syphiligraphie, 
1869,  p.  82.  —  Hilton  Fagge,  Guy* s  Hospital  Reports,  série  3,  vol.  XV,  p.  810, 
London,  1870. 

Cors.  —  Lebert,  Traité  d'anat.  path,  gén.  et  spéciale^  t.  II,  p.  627.  Paris, 
1861.  —  Heurtaux,  Dict.  de  méd.  et  de  chirurgie  prat.,  t.  IX,  p.  437,  1868. 

ProdsctloBs  eomécs.  —  Fabrice  ob  Hilden,  cent.  II,  observation  25. 
Francfort-sur-le-Mein,  1646.  —  Denis,  Recueil  de  mémoires  et  conférences 
sur  les  sciences,  Hambourg,  1672.  —  Francus,  Tractatus  philologico-me- 
dicus  de  comutis.  Heidelberg,  1678.  —  Malpighi,  De  comuurn  vegetatione  ;  dans 
Mangeti  Bibl.  anat,,  p.  58.  Genève,  1685.  —  Saint-Georges  Ash.  {Tramad. 
philos,,  n'»  176,  p.  1282,  1685).  —  Musaeus,  Deunguibus  monstruosis  et  cor- 
nuum  productione  in  puella  cornigei-a.  Copenhague,  1716.  —  Dumoncbau,  Obs. 
sur  des  cornes  survenues  aux  cuisses  de  plusieurs  femmes  [Journal  de  Vander- 
monde,  t.  XIV,  p.  145,  ann.  1761).  —  Morgagni,  Histoire  de  VAcad.  royale 
des  sciences  de  Paris,  1772,  p.  25.  —  Borellus,  Cent  I,  obs.  14.  Cent.  IV, 


UOh  ANATOMIB  PATHOLOGIQUE. 

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—  VicQ  d'Azyr,  Histoire  de  la  Soc.  roy.  de  médecine,  p.  295,  1777-1778.  Mém. 
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HYPERPLASIES.  !l05 

2"  Néopldsies  glandulaires^  adénomes.  —  L'adénome  est  une  néoplasie 
glandulaire  homoplasiique  ou  typique,  c'est-à-dire  qui  a  la  même 
structure  que  les  glandes  et  qui  ne  manifeste  aucune  tendance  à  l'ulcéra- 
tion et  à  l'infection  de  Torganisme  (1  j. 

Toutes  les  glandes  de  l'économie  sont  exposées  à  cette  altération,  qui 
présente  naturellement  deux  types  suivant  qu'elle  appartient  aux 
glandes  acineuses  (épithéliums  polygonaux,  sphériques),ou  aux  glandes  à 
épithélium  cylindrique.  Nous  appelons  le  premier  de  ces  types  adénome 
acineux;  le  second,  adénome  tubulé  ou  cylindrique. 

Adénomes  acineux.  —  Connus  sous  des  noms  divers  par  Astley  Cooper, 
Velpeau  et  Cruveilhier,  les  adénomes  acineux  ont  été  étudiés  surtout  par 
Lebert,  Ch.  Robin,  Vemeuil  et  Broca  qui  ont  fait  connaître  leur  sliiicture 
semblable  à  celle  des  glandes.  Leur  siège  habituel  est  la  mamelle  et  les 
glandes  cutanées,  plus  rarement  les  glandes  salivaires,  buccales  et  pala- 
tines. Ces  dernières  glandes  et  toutes  celles  qui  ne  sont  composées  que 
d'un  seul  lobule  sont  envahies  dans  leur  totalité  ;  au  contraire,  les  glandes 
volumineuses,  comme  la  mamelle  et  la  parotide,  sont  pai*tiellement 
altérées  et  souvent  dans  un  seul  de  leurs  lobes. 

La  tumeur  qui  résulte  de  cette  altération  varie  suivant  la  glande  affectée 
et  rétendue  de  l'affection  ;  elle  a  généralement  le  volume  d*une  amande, 
d'une  noix  ou  même  d'un  œuf.  Elle  est  ferme,  élastique,  lisse,  bosselée, 
quelquefois  saillante  ou  même  polypiforme  à  la  surface  de  la  peau,  des 
muqueuses  buccale  et  palatine.  Parfaitement  délimitée  dans  certains 
cas,  elle  se  confond  d'autres  fois,  dans  les  grosses  glandes,  la  mamelle  par 
exemple,  avec  le  tissu  sain.  Des  éléments  glandulaires  et  un  stroma  fibro- 
vasculaire  entrent  dans  sa  composition.  Les  éléments  glandulaires  con- 
sistent en  une  membrane  hyaline  très-nette,  tapissée  par  une  couche 
épithéliale  pavimenteuse  régulière;  ils  sont  connus  sous  le  nom  de  culs- 
de-sac  glandulaires  et  renferment  assez  habituellement  un  liquide  où 
nagent  quelques  cellules  granuleuses  et  détachées  de  la  paroi.  Le 
stroma,  interposé  entre  chacun  de  ces  éléments,  est  formé  de  fais- 
ceaux fibreux  parcourus  par  des  vaisseaux  dont  la  disposition  varie 
généralement  avec  chaque  glande  spéciale  ;  quelquefois,  dans  des  points 
où  la  glande  bourgeonne,  il  est  constitué  par  un  tissu  conjonctif  impar- 
faitement développé.  Malgré  une  structure  assez  semblable  h  la  struc- 


(1)  Je  m'absUens  de  parler  ici  dos  hétérotopies  glandulaires  qui  ne  Mnt  que  des  anoma- 
lies de  formation  par  in>agination  de  l'un  des  TcuilIcU  externe  ou  interne  du  blasto- 
derme. 


406  ANATOMIE   PATHOLOCIQUE. 

lure  normale,  à  part  un  certain  degré  d'hypertrophie  de  leurs  éléments, 
les  tumeurs  adénoïdes  (adénomes)  n*ont  aucune  fonction  physiologique 
déterminée,  et  pour  ce  fait  elles  rentrent  naturellement  dans  la  classe 
des  anomalies  de  nutrition. 

Les  variétés  des  adénomes  acineux  sont  nombreuses,  elles  résultent  de 
la  prédominance  marquée  de  Tun  ou  l'autre  des  éléments  constituants  et  du 
siège  de  ces  tumeurs,  car  les  culs-de-sac  glandulaires  de  Tadénome  sont 
toujours  conformes  à  ceux  de  la  glande  affectée.  Si  l'élément  glandulaire 
est  prédominant  et  que  le  stroma  soit  atrophié,  ladénome  ressemble  au 
carcinome,  il  est  constitué  par  des  tumeurs  un  peu  molles  et  souvent  assez 
volumineuses.  Quand  au  contraire  c'est  l'élément  fibreux  qui  est  en  plus 
forte  proportion,  l'adénome  se  rapproche  du  fibrome,  avec  lequel  il  est 
facile  de  le  confondre.  Il  forme  des  tumeurs  fermes  et  dures  qui  n'ont 
qu'une  faible  tendance  à  s'accroître  quand  le  tissu  conjonctif  a  acquis  un 
complet  développement,  mais  qui  peuvent  rester  molles  et  prendre  un 
volume  plus  considérable  si  ce  même  tissu  est  à  l'état  embryonnaire. 

Les  variétés  qui  résultent  du  siège  seront  étudiées  à  propos  des  altéra- 
tions relatives  à  chaque  glande  en  particulier^  et  par  conséquent  nous 
nous  contenterons  d'indiquer  leurs  principaux  traits. 

.  Les  adénomes  mammaires  sont  les  plus  importants  à  connaître  ;  ils 
affectent  un  seul  ou  quelques  lobules,  rarement  la  totalité  de  la  glande. 
Ils  forment  chez  des  jeunes  personnes  des  tumeurs  circonscrites  fennes 
qui  s'accroissent  avec  lenteur  et  qui  parfois  donnent  lieu  à  des  douK'ur> 
vives,  lancinantes.  Ces  tumeurs  sont  constituées  par  une  hyperplasi' 
des  éléments  épithéliaux  qui  s'accumulent  dans  les  culs-de-sac  glan- 
dulaires et  les  distendent  (fig.  132);  parfois  elles  subissent  une  dé;:»^- 
nérescenco  graisseuse  ou  muqueuse  et  donnent  naissance  à  des  kysl«*> 
athéromateux  ou  muqueux.  Le  tissu  interstitiel,  souvent  hypertrophié, e>i 
quelquefois  embryonnaire.  Ces  tumeurs,  dont  l'accroissement  est  central 
refoulent  les  tissus  de  leur  voisinage  plutôt  qu'elles  ne  les  envahissent  ;  elles 
ne  déterminent  jamais  d'altération  métastatique  des  glandes  lymphatiques 

Les  adénomes  des  glandes  sébacées  et  des  glandes  sudoripares  ont  été 
particulièrement  étudiés  par  Verneuil  et  Hroca.  Ils  donnent  lieu  à  dt^ 
tumeurs  superficielles  fermes,  bosselées,  constituées  par  des  culs-de-sai 
glandulaires,  d'un  volume  qui  varie  depuis  la  grosseur  d'un  pois  jusquà 
celle  d'un  marron  ou  d'un  œuf.  La  prostate,  la  glande  lacrymale,  la  paro- 
tide, les  glandes  du  palais  et  du  pharynx  sont  exposées  à  ce  même  fieniv 
d'altération,  qui  se  rencontre  encore  dans  le  corps  thyroïde,  où  il  forme  un 
certain  nombre  de  goitres,  et  dans  les  ovairc^s,  où  il  engendre  quelquefois 
des  kvsles. 


nïPRRPLlSlES,  4ffT 

L'ori-tinc  des  adénomes  acinoux  ost  un  poinl  toujours  obscur.  Néan- 
luuins  il  est  ti*s-probaLli?  que  ces  pioduclions  ne  sonl  qu'un  bourgeon- 
nement qui  se  produit,  sinon  nu  moment  de  In  fonnalioii,  du  moins  au 
moment  du  développement  des  friandes  acineuscs.  A  ce  liourgeonnemenl 
>:landulaire  s'ajoute  un  lissu  conjonctif  nouveau  dont  le  développement 
l'-t  eti  quelque  sorte  sulrardoimê  à  ei^lui  de  réiément  sécréteur;  il  est 
fibn^ux  dans  certaines  parties,  embryonnaire  dans  d'autres  points.  L'ac- 
croissement de  ces  tumeurs  est  lent,  et  d'habitude  il  cesse  nu  lioutd'un 


certain  temps,  d'où  un  ét»t  staliounaire.  Leur  général  sat  o  a  |>a.s  été 
observée;  mais  on  a  pensé  qu'elles  pouvaient  se  transFor  er  arci- 
_l)omes.  Cette  hvpolhÈse,  toutefois,  n'est  pas  démontrée  et  1  a  I  eu  de 
loim  que  les  prétendues  transfoi'mations  d'adénome  en  carcnome  taent 
m  le  principe  de  véritables  cjincers. 
h<lin  dégénérescence  graisseuse  des  adénomes  est  peu  commune  et  généra- 
omplête;  la  déjîéuérescence  colloidode  ces  tumeurs  n'est  [las  rare . 
B  survient  surtout  dans  le  cas  où  le  tisHii  interslitiol  est  jeune  et  abon- 
t'ii.-  siihstaiiw  lîfliilinifi.r iiilillir  «l'iib.ini  l<s  fi-ilules  èpithéliales 


i 


i!t08  ANATOMIB  PATHOLOGIQUE. 

des  culs-de-sac  glandulaires,  et  obstrue  plus  ou  moins  complètement  leur 
calibre  (fjg.  132).  Il  en  résulte  la  dilatation  deces  canaux,  et,  par  suite  deU 
destruction  des  cellules,  la  formation  de  kystes  d'après  un  mécanisme  sem- 
blable à  celui  qui  préside  à  la  genèse  des  kystes  du  rein. 

L'hypertrophie  simple  des  glandes,  toujours  accompagnée  d'une  exagé- 
ration de  sécrétion,  ne  peut  être  confondue  avec  Tadénome,  dans  lequel 
toute  fonction  est  éteinte.  Les  néoplasies  conjonctives  de  ces  mêmes  orgs- 
nés  auxquelles  s'ajoutent  quelquefois  une  hypertrophie  des  culs-de-sac  ei 
des  tubes  excréteurs  sont  plus  difficiles  à  distinguer;  aussi  certains  auteurs, 
pour  se  tirer  d'embaiTas,  ont-ils  admis  des  adéno-sarcomes.  A  notre  avis, 
ces  productions  mixtes  n'existeraient  pas;  une  tumeur  est  primitivemenL 
épithéliale  ou  conjonctive  et  toutes  les  fois  que  les  épithéliums  s'y  rencon^ 
trent  dans  une  certaine  proportion,  nous  n'hésitons  pas  à  la  déclarer  épi^ 
théliale  en  raison  de  l'aptitude  relativement  faible  des  éléments  épitbéliaui 
à  la  prolifération.  D'ailleurs,  les  végétations  conjonctives,  loin  défavoriser 
'hypertrophie  des  épithéliums,  finissent  généralement  par  les  étouffer. 

Adénomes  cylindriques.  —  Ces  adénomes  peuvent  occuper  les  diffé- 
rents points  des  membranes  muqueuses  à  épithélium  cylindrique,  mais 
on  les  observe  de  préférence  sur  les  muqueuses  de  l'estomac  et  de  Tintes- 
tin,  sur  celles  de  l'utérus  et  des  fosses  nasales.  Ce  sont  des  tumeurs 
molles,  grisâtres,  peu  vasculaires,  saillantes,  et  quelquefois  appendues  à 
la  surface  de  la  muqueuse  par  un  pédicule  plus  ou  moins  long,  d'où  la 
dénomination  de  polype  sous  laquelle  elles  sont  presque  toujours  de>i- 
gnées.  Incisées,  ces  tumeurs  donnent  à  la  pression  un  liquide  simplenicnl 
muqueux  et  non  lactescent,  dans  lequel  nagent  des  cellules  cylindriques 
Vues  au  microscope,  elles  diffèrent  suivant  qu'on  examine  des  coupes  lon- 
gitudinales ou  des  coupes  transversales.  Les  premières  de  ces  coupes  mon- 
trent les  tubes  glandulaires  dans  toute  leur  longueur,  offrant  quelquefois 
des  bourgeons  latéraux  ou  de  véritables  bifurcations  dont  les  extrémiU'S 
libres  arrivent  à  la  surface  de  la  muqueuse,  tandis  que  les  culs-de-sac st' 
terminent  à  des  hauteurs  diffenenles.  Les  secondes  présentent  ces  mêmes 
tubes  sous  forme  de  cercles  bordés  de  cellules  cylindriques,  l)éaiilsou 
obstrués  par  une  masse  réfringente  colloïde.  Généralement  ces  lulx?^ 
sont  volumineux   et  dilatés,  et  leurs  épithéliums   hypertrophiés  ren- 
ferment des   globes  colloïdes.   Le   tissu   conjonctif  qui   les   réunit  ^^ 
plus  ou  moins  abondant  :  quelquefois  il  est  tellement  mince  qu'on  l'aperçois 
à  peine,  et  que  les  tubes  semblent  en  contact  les  uns  avec  les  autres  ;  d'au- 
tres fois  il  est  beaucoup  plus  épais,  et  l'adénoîne  se  rapproche  du  fibroiu<^- 
Les  vaisseaux  qui  le  parcourent  sont  d'ordinaire  peu  nombreux. 


nypEHPLAStKS.  A(i9 

Les  adénomes  cylindriques,  en  raison  de  leur  siège  sur  une  surface 
muqueuse,  sont  le  plus  souvent  pédicules,  polypiformes,  appendus 
lantdtà  la  surface  de  l'estomac  (lig.  133),  tantôt  à  la  surface  des  muqueuses 
du  gros  intestin,  de  l'utérus,  etc.  llapprochées  de  l'anus ,  ces  tumeurs,  i-efou- 
lées  par  les  contractions  de  l'intestin,  font  quelquefois  saillie  au  dehors; 
d'où  la  transformation,  au  contact  de  l'air  extérieur,  des  cellules  cylin- 
driques en  cellules  pavimenteuses.  Do  la  même  façon,  certains  adénomes 
du  col  de  l'utérus  peuvent  devenir  pendants  dans  la  cavité  du  vagin. 

Les  adénomes  cylindriques  naissent  d'un  bourgeonnement  des 
glandes  à  épithélium  cylindrique.  Coi-nil  et  Itanvier  ont  pu  suivre 
des  bourgeons  glandulaires  qui,  parlant  de  l'eslrémité  terminale  simple 
des  glandes  intestinales,  produisaient  de  nouveaux  culs-de-sac,  de  telle 


Fie.  1^3   —  Eiiomac  dont  la 


sorte  qu  une  glande  en  tube  simple  finissait  pai  éli'e  Iransfonnee  en 
une  glande  composée  L  accroissement  de  ces  tumeursi  a  lieu  surtout 
par  I  fa^  perLrophie  des  cuU-de  sac  Du\quels  s  ajoutent  un  tissu  con- 
jonctif  et  parfois  des  formations  papillaires  il  cesse  en  g«  neral  iu 
bout  d  uu  certain  temps  l'tu  exposes  i  la  degeneiescence  graisseuse, 
les  éléments  epitheliauv  c\lindnques  sinfiltient  dune  substance  réfrin- 
gente, gelalmiforme  les  tubes  se  dilatent  et  peu  a  peu  il  se  forme,  par 
rétention  du  produit  des  k>sles  remplis  dune  matière  colloïde  Vn 
type  pour  ainsi  dire  ph\siologique  de  ces  k\sles  nous  est  fourni  par 


410  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

ce  que  l'on  appelle  les  œuTs  de  Naboth  ou  altération  colloïde  des  glande: 
en  tubes  de  la  muqueuse  utérine. 

Les  adénomes  cylindriques  ne  peuvent  être  confondus  avec  le  fibrome 
qui  est  une  végétation  simplement  fibreuse  ;  nous  dirons  plus  loin  « 
quoi  ils  diffèrent  du  cancer  épithélial.  Le  pronostic  de  ces  tumeurs  e^ 
presque  toujours  sans  gravité,  puisqu'elles  s'arrêtent  le  plus  soutm 
dans  leur  évolution,  et  ne  gênent  aucune  fonction  importante.  Ce  n'ei 
donc  que  dans  des  cas  particuliers,  comme  celui  d'un  polype  nasal  o 
encore  d'un  polype  rectal  sorti  de  l'anus,  que  le  chirui^îen  troaTer 
l'occasion  d'intervenir. 

Je  ne  parle  pas  ici  de  l'adénome  des  glandes  viscérales,  telles  que  b 
foie  et  les  reins  ;  ce  qui  a  été  décrit  sous  ce  nom  se  rapporte  au  carci- 
nome, du  moins  la  chose  me  parait  claire  pour  l'altération  du  foie  à 
laquelle  j'ai  donné  le  nom  d'hépato-adénome.   L'âge  où  se  développa 
cette  afTection,  sa  tendance  à  la  généralisation  et  à  l'envahissement  do 
système  veineux  ne  me  semblent  laisser  aucun  doute  à  cet  ëganL  J'en 
dirai  autant  de  laltération  décrite  par  certains  auteurs  sous  le  nom  d'ad^'- 
nome  des  ovaires. 

Étiologie.  —  Acineux  ou  cylindriques,  les  adénomes  sont  des  affeclions 
spéciales  à  la  jeunesse.  On  les  observe  pendant  l'enfance  ou  Fadoles- 
rence,  principalement  à  Tépoquo  do  la  puberté,  quelquefois  peu  ^ 
temps  après  la  naissance  ;  il  y  a  des  raisons  de  croire  que,  le  plus  sou- 
vent, ces  affections  sont  congénitales. 

Un  tableau  statistique,  consigné  dans  le  Traité  des  tumeurs  de  Rroca. 
met  dans  toute  son  évidence  le  fait  du  développement  de  l'adénon)'' 
acineux  chez  les  personnes  jeunes,  puisque,  sur  quatre-vingt-dix  ca> 
vingt  fois  seulement  ce  développement  a  paru  se  faire  après  quarante 
ans;  encore  peut-on  douter  que  le  diagnostic  ait  été  toujoui's  exact 
Les  adénomes  cylindriques  sont  également  des  lésions  du  jeune  àce; 
on  sait  que  l'adénome  rectal  se  rencontre  surtout  chez  renfaiil.Cefailt*^^ 
des  plus  significatifs  ;  non-seulement  il  montre  que  la  genèse  de  l'adénoifl** 
se  lie  à  la  formation  ou  au  développement  des  glandes,  mais  encon^'' 
sépare  celte  affection  du  ciircinonie,  qui,  nous  le  dirons  plus  loin- 
est  avant  tout  une  affection  de  l'âge  de  retour,  de  la  période  de  déchéanc' 
organique. 

L'activité  fonctionnelle  semble  prédisposer  au  développement  de  rad^** 
nome,  car  on  a  vu  plusieurs  fois  l'adénome  des  mamelles  débuter  pen- 
dant la  lactation,  quelquefois  rester  stationnaire  dans  l'inten'alle  (!*'> 
grossesses ,  et  prendre  de  nouveau  un  accroissement  marqué  pendaii'  1^ 


HYPERPLASIES.  411 

geslalion  et  l'allailement.  Le  traumatisme,  que  l'on  a  accusé  des  mêmes 
effets,  n*a  dans  l'espèce  qu'une  importance  médiocre  ou  nulle.  On 
sait  que  Velpeau  avait  basé  sur  cette  étiologie  la  théorie  des  tumeurs 
tibrineuses  consécutives  à  des  épanchements  de  sang. 

Les  adénomes  sont  le  plus  souvent  uniques,  excepté  dans  les  mamelles, 
où  l'on  a  vu  une  seconde  et  même  une  troisième  tumeur  se  produire 
après  plusieurs  années,  circonstance  qui  est  dénature  à  expliquer  les 
récidives  observées  dans  quelques  cas.  Ajoutons  qu'aucun  état  général 
ou  diathésique  ne  parait  présider  à  la  formation  de  ces  tumeurs.  Ce 
fait  appuie  Tidée  qui  consiste  à  les  rattacher  à  un  vice  de  conformation 
ou  de  développement,  sans  exclure  tout  à  fait  la  possibilité  d'une  transe- 
mission  héréditaire. 

Bibliographie.  —  Adéaoïiics  ««Ibmck.  —  Cu.  Robin,  Note  sur  quilques  hyper* 
trophies  ylandulaires  ^  broch.  extr.  de  la  Gaz,  des  hôpitaux^  1852.  —  Levé, 
Tum.  gland,  hypertroph.  Thèse  de  Paris,  1852.  —  Vehneuil,  Bulletins  et  Mém, 
de  la  Soc,  de  biologie,  V^  série,  t.  Y.  Pai'is,  1853.  —  Le  même,  Archives 
générales  de  médecine,  octobre  1854,  p.  /j58.  —  Velpeau,  Dict.  en  30  vol., 
t.  XIX,  p.  59.  —  Heschl,  Ztschr,  d.  Ges,  d.  Wien,  Aerzte,  1852.  —  Birkett, 
Guy's  Hospital  Reports,  1855.  — Rouget,  Lebert  et  Folun,  Comptes  rendus  de 
la  Société  de  biologie,  p.  121,  1861.  —  Rokitansky,  Ztschr,  d.  Ges,  d.  Wien, 
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SoTZBECK,  Archiv  f,  path,  Anat,  und  Physiol.,  t.  XVI,  p.  160.  —  Eberth,  Mul- 
tiple Adénome  der  Froschhaut,  ibid.,  t.  XLIV,  p.  I.  —  H.  Schwarz,  De  Ade* 
nomate,  Diss.  inaug.  Berol.,  1865.  —  Vern'euil  et  Demarquay,  Société  de 
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encyclopédique  des  se,  méd.,  t.   I,  et  Traité  des  tumeurs,  t.  II,  p.  399,  1869. 

—  F.  Alb.  Thierfelder,  Ein  Fall  von  SchweissdrîLseti'Adenom  {Archiv  d, 
Heilkwide,  1870,  p.  /*01).— Cruveiliuer,  Atlas,  livr.  XXX,  pi.  i  etii;  livr.  XXII, 
pL  u  et  VI ;  livr.  XXXV,  pi.  iv;  livr.  XXXVI,  pi.  v.  -  Lebert,  Atlas,  pi.  x, 
XII,  etc.  —  FoRSTER,  Atlas,  pi.  v,  vi,  xxiii,  xxv. 

Adéaomcs  eylladrlques.  —  Consultez  les  Bulletins  de  la  Société  aiuito^ 
mique.  Art.  Polypes.  —  Frericus,  De  polyporum  structura,  1843.  —  Billroth, 
Ueber  dm  Bau  der  Schleimpolypen.  Berlin,  1855.  —  Lebert,  Atlas  d'ana- 
tomie  patholog, ,  t.  I,  p.  80,  1863.  —  V.  Gornil,  C&mptes  rendus  de  la  Société 
de  biologie,  1863,  p.   145,  et  Bulletin  de  la  Société  anatomique,  1863,  p.  582. 

—  H.  L10UVIU.E,  Ibid,,iSùl\,  — W.  Ebstein,  Archiv  fur  Aimtom.  und  Physiologie 
de  Reichert  et  du  Bois-Reymond,  mai's  1864.  —  Cornil  et  Ranvier,  Manuel 
d'histologie  pathoL,  p.  295,  1869.  —  Lancereaux  et  Lackerbauer,  Atlas,  pi.  i, 
ûg.  3. 


412  AXATOMIE  PATflOLOGIQUE. 


II*  —  Néoplasies  épitbéliales  iiéléroplastiques  ou  atypiques.  —  Épithéliomei. 

Ces  néoplasies,  plus  particulièrement  désignées  par  les  anciens  soosh 
dénomination  générale  de  cancer,  sont  les  mêmes  que  les  modernes 
appellent  des  noms  (ïépithéliome  et  de  carcinome  ;  aussi,  tout  en  adoptant 
le  mot  épUhéliome,  qui  indique  leur  origine,  nous  servirons^nous  indis- 
tinctement de  ces  diverses  dénominations. 

Les  altérations  de  ce  groupe  sont  des  plus  importantes  à  connaltiv 
surtout  à  cause  de  la  malignité  qui  leur  est  inhérente.   Elles  déter- 
minent, à  la  surface  des  téguments,  des  tumeurs  plus  ou  moins  voiu* 
mineuses,   souvent   disposées  en  forme  de  champignon,   à  l'intérieur 
des  parenchymes  et  dans  la  profondeur  des  glandes,  des  nodosités  de 
la  forme  et  du  volume  d'un  pois,  d'une  noisette,  d'un  marron  ou  dan 
œuf.  Leur  coloration  varie  avec  leur  siège  ;  blanchâtres ,    lardacées  ao 
niveau  du  tégument  externe,  elles  sont  plus  ou  moins  rouges  et  vascu- 
laires  dans  les  autres  points  de  l'organisme.  D'abord  très-fermes  et  d'une 
dureté  ligneuse,  elles  se  ramollissent  ensuite  par  places,  au  bout  d'un 
certain  temps,  et  ne  tardent  pas  à  s'ulcérer.  Lorsque,  après  l'ablation, 
on  vient  à  les  presser,  elles  laissent  échapper  soit  un  liquide  lactescent 
ou  suc  cancéreux,  soit  des  grumeaux  blanchâtres  riziformes. 

La  coniposilion  iiistologique  de  ces  formations  comprend  :  1"  d»^ 
éléments  épilhéliaux  ;  2°  une  trame  ('onjonctive  et  des  vaisseaux.  I^*> 
cellules  épilhéliales  représentent  les  diiïérentes  variétés  de  répithéliuni 
nonnal  ;  elles  ont,  par  conséquent,  des  formes  multiples,  l'ondes,  cylin- 
driques, aplaties,  polygonales,  à  angles  mousses  ou  aigus.  Elles  rt^nf^r- 
ment  un  ou  plusieurs  noyaux  indépendants  les  uns  des  autres,  n«* 
sont  jamais  réunies  par  une  substance  intercellulaire,  et,  en  cela,  elle> 
se  distinguent  nettement  des  éléments  conjonclifs.  Plus  ou  moins  solide 
ment  unies  par  une  substance  imperceptible,  ces  cellules  constituent 
le  suc  cancéreux;  agglomérées  et  soudées,  disposées  en  couches  concen- 
triques, elles  forment  des  masses  globuleuses  connues  sous  le  nom  de 
g  lobes  êp  iderm  iqxipa . 

Le  tissu  conjonctif  parcouru  par  des  vaisseaux  constitue  le  sque- 
lette ou  slroma  de  la  néoplasie  épilhéliale  alypiijue.  Ce  stroma  est 
constant,  exce|)té  dans  quelques  tumeurs  épidenniques  superlicielle>. 
Pour  le  rendre  apparent,  on  pratique  des  cou|)('s  (inrs  dans  les  diffén'utes 
parties  de  la  tumeur,  et,  une  fois  le  suc  enlevé  à  l'aide  d'un  pinceau, 
on   aperçoit    unt»  charpente  de   tissu   conjcmctif  dont    les   travé<*s  <»" 


isbéculea  circonscrivent   îles   cspces  ovalaires  de  dimensioDs  varia- 

lies,   ft  dniil  i  epaisseui'  esl,  jusqu'à  un  certain  point,  en  rapport  avec 

«  largeur  des  mailles.   Dans  ({uelques  cas,   et;  stroma  constitue  lu 

[iltis  grande  partie  du  cancer,  et  c'est  ù  peine  si  il  l'examen  mlcrosco- 

;>ique  on  trouve  quelques  petites  alvéoles  remplies  de  cellules  (squinhe 

>o  cancer  libreux!.  D'autres  fois,  le  slroma  el  le  suc  cancéreux  sont 

sn    proportions  égales   (cancer   libro-médullaire)  ;    plus   souvent,   les 

cellules  l'emportent  sur  le  stroma  (l'ongus  médullaire,  cancer  médul- 

lairi'j.  Il   arrive  enfin  que  le  sLroniu  manque   presque  complètement 

'loiigus  médullaire  et  épiihélioma  ancien).  Ce  stroma  présente   toutes 

les  formes  de  développement  du    tissa   conjonclif;   il  ison  début,    il 

esl  composé  d«  cellules  rondes  ou  l'usiloi-mes,  disposées  comme  celles 

de  certains  libiximes  einbryonuaii'os;  plus  lard,  il  est  formé  de  libres 

f^iijonclives  qui,   en  général ,    constituent   des  travées  d'autant  plus 

iltaîsses  que   la  nouvelle   formation  est  plus  ancienne.   Des  vaisseaux 

Il>  pai'coureni,   ils  existent  régulièremenl  dans  tontes  les   Irabécules, 

il  l'exception  dos  plus  minces  qui  n'en  renferment  pas.   Ces  vaisseaux 

proviennent  du   tissu   primitif,  ce  sont   les  artères  et  les  veines  qui 

f^  ren(»inlrent  t  la  périphérie  de  la  tumeur;   un  grand  nombre  sont 

de  nouvelle  formation,   tels  sont  les  capillaires,  qui  se  relient   aux 

bi'anches   artérielles  et  veineuses,  suivant  le  mode   habituel.    Dans 

li's  poumons  et  dans  le  foie,  les  vaisseaux  du   cancer  ne  communi- 

*|uer»ienl,  suivant  certains  auteurs,  qu'avec  les  vaisseaux  nutrilirs  (bron- 

(^hi(|ue  et  hi*-paliquej  et  non  avec  les  vaisseaux  fonctionnels  ;  mais  cette 

opinion  semble  un  [>eu  basardiH'.  i\on-seulement  des  artères,  des  capil- 

Idirps  et  des  veines,  se   i-encontrent  dans  le  slronia  conjonctif;  mais 

"Il  y   trouve  encore  des   vaisseaux   lymphatiques   (1),   ei  comme   ce 

-tiiinia  esl  généralement  en  rapport  avec  le  siège  de  la  tumeur,  il  en 

ri'Mille  que  le  système  vasculaire  des  néoplasies  épitliéliales  est  très-va- 

ii)l)i(!.  D'ailleurs,  si  l'un  observe  que  les  vaisseaux  sont  des  parties  secon- 

rtiiireiaenl  formées  et  pour  ainsi  dire  accessoii-es,  il  devient  facile  de  tym- 

pitndn;  qu'ils  peuvent  être  plus  ou  moins  abondants,  et  de  s'expliquer 

'sltTidance  des  néoplasies  êpithélialesii  l'ulcération. 

U  composition  chimique  des  tumeurs  épithéliales  n'a  pas  été  assez 
Hiiilitie  pour  que  nous  ayons  à  en  parler;  er  somme,  elle  est  peu  connue, 
'■'  ff  que  l'o»  en  sait  n'a  qu'un  médiocre  intérêt ,   par  la  raison  qne 


Ij  titt  l'aoïiili:  iSil,  5i'liriEd(!r  van  Jer  Kulh  a  iltliunntrii  l'eiial^nto   Je  taiiMAUt 
iTnphUiquFi  done  lu  cancer  [DI»«CTlBtion  de  L«*pioiHe).  Depnii  c«Ue  époque  plusieun 

'"'run  gnt  cnnitatc'  k  inùiiit  fait. 


I 

1 


hiU  ANATO^ilE    PATHOLOGIQUE. 

les  auteurs  n*ont  pas  fait  jusqu'ici  de  distinction  entre  ces  néoplasies 
et  celles  des  tissus  conjonctifs  (voy.  page  303)  (4). 

Les  néoplasies  épithéliales  peuvent  amener  Tépaississement  des  pirois 
de  certains  organes  creux,  comme  l'estomac,  l'intestin,  et  quelquefois 
donner  lieu  à  des  phlegmasies  dos  parties  voisines.  Elles  sont  habituelk- 
ment  accompagnées  d'une  altération  générale  des  tissus,  qui  offre  la  phs 
grande  ressemblance  avec  les  modifications  que  l'âge  imprime  à  l'écono- 
mie. Le  cœur  est  chargé  de  graisse  et  ses  fibres  musculaires  sont  sooieil 
altérées  ;  la  tunique  moyenne  de  laorte  a  subi  la  dégénérescence  gnis- 
seuse;  les  poumons  sont  pâles,  emphysémateux;  le  cerveau  est  petit d 
anémié  ;  les  os,  friables  et  raréfiés,  se  tranchent  facilement  avec  k  oooteai, 
plus  rarement  ils  sont  sclérosés  ;  les  muscles,  lisses  ou  striés,  sont  pàlei 
et  amincis,  parfois  stéatosés  ;  la  peau  est  fine,  écailleuse,  atrophiée.  C» 
altérations,  à  peu  près  constantes,  s'observent  chez  des  individus  qui 
parfois  n'ont  pas  atteint  la  quarantaine  ;  elles  semblent  donc  indiquer 
que  le  cancer  est  l'une  des  expressions  de  la  vieillesse  prématurée. 

Le  sang  n'échappe  pas  à  l'influence  fâcheuse  des  affections  carcino- 
mateuses  sur  l'organisme,  car  s'il  n'est  pas  prouvé  qu'il  soit  primitif^ 
ment  affecté,  comme  l'ont  pensé  quelques  auteurs,  il  est  impossible  de 
nier  qu'il  le  soit  secondairement.  Les  modifications  chimiques  subies 
par  ce  liquide  sont  cependant  peu  connues.    La  diminution  des  glo- 
bules est  des  plus  manifestes,   elle  se  traduit  par  la   décoloration  des 
téguments  et  par  l'état  des  urines  qui  renferment  souvent,  en  pareil  cas. 
une   matière   colorante   anormale.   Quinquaud,   profitant ,   pour  do>er 
l'hémoglobine,  de  la  faculté  absorbante  du  sang  par  l'oxygène,  esl 
arrivé  à  reconnaître  que  le  cancer  est  l'une  des  maladies  qui  abaissent  k 
plus  le  chiffre  de  l'hémoglobine.  Le  sang  présente  sans  doute  d'autre? 
modifications  ;  mais  nous  nous  contenterons  de  signaler  celles  qui  favi> 
risent  la  formation  des  cx)agulalions  spontanées,  dont  la  genèse  est  ju>- 
(ju'ici  restée  à  peu  près  inconnue. 

Évolution.  —  Les  tumeurs  ou  végétations  épithéliales  prennent  toujou^ 
naissance  au  sein,  ou  dans  le  voisinage  innnédiat  d'un  tissu  épilhéliâl: 
lorsqu'elles  se  rencontrent  dans  d'autres  tissus,  les  tissus  musculaire, 
osseux,  ganglionnaire,  etc.,  ce  n'est  jamais  que  comme  tumeurs  secon- 
daires (2).  Ce  fait,  (|ue  tendent  à  déniontrer  les  recherches  de  Waldeyer 

(1)  On  trouvera  dans  le  Traité  du  cancer  de  Lcheri  la  plupart  des  analyses  clii«»<** 
du  tissu  cancéreux. 

(2)  Assistant  à  l'une  des    séances   de  la    Société  anatomique  dans  le  cwurtft  * 
l'année  1872,  je  fus  surpris  de  voir  présenter  uu  énorme  (ranglion  lymphati^ve  dicw. 


HYPERPLASIES.  615 

et  de  quelques  autres  observateurs ,  est  entièrement  conforme  à  notre 
observation,  et  considéré  par  nous  depuis  longtemps  comme  ayant  force 
de  loi  (1). 

Les  tumeurs  épithéliales  ont  un  mode  de  développement  quelque  peu  va- 
riable suivant  leur  siège.  A  la  surface  de  la  peau,  il  se  produit  tout  d  abord 
une  sorte  de  bourgeon  épithélial,  qui  va  en  s'agrandissant  par  de  nou- 
velles cellules  provenant  de  la  multiplication  des  éléments  primitive- 
ment formés.  Peu  à  peu,  le  nouveau  tissu  s'étend  du  corps  muqueux  de 
Malpighi  dans  le  fond  des  espaces  interpapillaires,  pour  pénétrer  ensuite, 
d'une  façon  plus  ou  moins  complète,  dans  le  derme,  et  enfin  dans  les  par- 
ties plus  profondes.  Mais,  au  furet  à  mesure  de  son  développement,  le  bour- 
geon épithélial  est  pénétré  par  un  tissu  conjonctif  embryonnaire,  au  sein 
duquel  se  produisent  des  vaisseaux.  Ce  tissu,  qui  passe  peu  à  peu  à  l'état 
adulte,  circonscrit  les  éléments  épithéliaux  dans  des  espaces  en  forme 
d'alvéoles,  et  contribue  en  même  temps,  par  les  vaisseaux  qu'il  ren- 
ferme,  à  entretenir  leur  nutrition.  Semblables  phénomènes  ont  lieu  lors- 
([ue  la  tumeur  prend  naissance  dans  les  follicules  pileux,  les  glandes 
sébacées  ou  sudoripares,  en  un  mot  dans  tous  les  organes  glandu-* 
laires,  le  foie,  les  reins,  etc.  Par  exemple,  Tépithélium  contenu  dans 
le  tube  enroulé  de  la  glande  sudoripare  se  multiplie  et  s'hypertrophie  ; 
il  remplit  et  dilate  d'une  façon  irrégulière  ce  tube  dont  la  lumière  est 
obstruée,  et  dont  la  paroi  propre  s'amincit  et  disparaît,  laissant  des 
cylipdres  pleins,  formés  d'épithélium  pavimenteux.  Ces  cylindres  ne 
tardent  pas  à  pousser  des  bourgeons  dans  tous  les  sens,  en  même  temps 
il  se  produit  un  tissu  conjonctif  de  nouvelle  formation  qui  bour«> 
geonne  à  son  tour  et  tend  à  pénétrer  le  tissu  épithélial,  de  sorte  que 
le  mode  suivant  lequel  l'arrangement  de  ces  tissus  pathologiques  a 
lieu  est  en  tout  comparable  à  celui  qui  s'observe  dans  le  cours  du  déve- 
loppement normal  (voy.  page  37).  Ainsi  mises  en  rapport  avec  le  tissU 
conjonctivo^vasculaire,  les  masses  épithéliales  de  nouvelle  formation  peu-' 
vent  vivre  et  continuer  à  s'accroître  au  lieu  de  dégénérer,  ce  qui  arri- 
verait fatalement  si  elles  étaient  privées  des  éléments  de  nutrition  que  ce 


comme  atteint  primitivement  d'épithélioma.  Après  l'inspection  de  cette  pièce,  j'affirmai 
Teiistence  d^une  tumeur  de  la  muqueuse  de  l'œsophage.  Cet  organe  fut  ouvert,  il  pré- 
sentait sur  sa  face  interne  un  épithéliome  ulcéré. 

(1)  Un  certain  nombre  d'histologistes  des  plus  distingués,  entre  autres  MM.  Comil  etRan- 
vier(Jfan.  d'anat,  path.,  1873,  part.  11,  p.  377),  soutiennent  qu'il  existe  des  carcinomes 
primitifs  du  tissu  conjonctif  et  du  (issu  osseux.  Que  la  néoplasie  dite  carcinomateuse  se 
puisse  rencontrer  dans  tous  les  tissus,  je  l'admets;  mais  ce  que  je  nie  absolument,  c'est 
qu'elle  apparaisse  primitivement  dans  un  tissu  autre  que  le  tissu  épithélial. 


/il 6  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

tissu  leur  fournit.  On  conçoit  que  cet  accroissement  sera  d'autant  plus  diffi- 
cile que  le  tissu  conjonctif  sera  moins  abondant  et  moins  vasculaire;  de  là 
l'explication  de  la  destruction  et  de  Tulcération  si  rapides  des  productions 
épithéliales  connues  sous  le  nom  de  cancroïdes,  toujours  plus  ou  moins 
complètement  privées  d'un  stroma  fibreux. 

Les  néoplasies  épithéliales  atypiques,  au  fur  et  à  mesure  de  leur 
accroissement,  infiltrent  et  remplissent  les  lacunes  lymphatiques,  ce 
qui  a  fait  croire  à  tort  qu'elles  prenaient  naissance  dans  ces  espaces.  La 
principale  conséquence  de  cet  accroissement  est  la  compression  et  la  des- 
truction des  tissus  normaux.  Les  faisceaux  musculaires,  d'abord  sépa- 
rés par  un  tissu  conjonctif  embryonnaire,  s'atrophient  peu  à  peu,  au 
fur  et  à  mesure  de  leur  envahissement  par  les  cellules  épithéliales; 
semblable  mécanisme  existe  pour  les  nerfs  dont  les  tubes,  séparés 
par  les  éléments  de  nouvelle  formation,  finissent  par  subir  la  trans- 
formation granulo- graisseuse.  Dans  le  tissu  osseux,  les  éléments  épi- 
théliaux  apparaissent  au  sein  d'une  moelle  embryonnaire,  détruisent 
les  lamelles  osseuses,  agrandissent  les  cavités  médullaires,  et  amè- 
nent, en  fin  de  compte,  la  nécrose  moléculaire  de  l'os  tout  entier, 
comme  j'ai  pu  m'en  assurer  autrefois  avec  mon  collègue  et  ami 
Dubrueil.  Les  veines  ne  résistent  pas  mieux  à  l'envahissement  des 
masses  cancéreuses.  Le  mécanisme  de  la  destruction  des  parois  vei- 
neuses par  le  cancer  a  été  l'objet  d'une  élude  suivie  de  la  part  de 
P.  Bérard,  Broca,  P.  Sick  et  Cornil.  Ces  parois  augmentent  d'épais- 
seur, les  plans  de  fibres  conjonctives,  élastiques  et  musculaires  qui  les 
composent  sont  éloignés  par  l'interposition  d'amas  de  noyaux  et  de  cel- 
lules de  nouvelle  formation.  Il  résulte  de  là  une  saillie  du  côté  de 
la  lumière  du  vaisseau  et  un  refoulement  de  la  tunique  interne,  une 
sorte  de  hernie  tapissée  par  cette  tunique;  puis,  peu  à  peu  cette  mem- 
brane est  détruite  et  le  bourgeonnement  a  lieu  jusque  dans  la  cavité 
du  vaisseau.  Le  courant  sanguin  se  trouve  ainsi  empêché,  un  coagii- 
lum  se  fornie,  l'obstruction  ne  tarde  pas  à  devenir  complète.  Dans  des 
cas  rares  où  le  courant  sanguin  persiste  malgré  le  bourgeonnement  épi- 
Ihélial,  il  peut  arriver  que  le  champignon  intra-veineux  soit  emporté  à 
une  distance  plus  ou  moins  grande  de  son  point  d'implantation,  et  quel- 
quefois jusque  dans  le  cœur  droit  ou  l'artère  pulmonaire  (embolie  cancé- 
reuse). Chez  une  femme  atteinte  d'un  cancer  des  poumons,  avec  péné- 
tration de  la  masse  cancéreuse  dans  les  veines  pulmonaires,  j'ai  trouvé 
dans  l'aorte  une  masse  carcinomateuse  arrondie,  qui  provenait  incontes- 
•tablement  de  la  tumeur  des  poumons.  (Bulletin  de  la  Société  anatomique, 
1859.) 


HYPERPLASIES.  647 

Les  artères  ne  se  comportent  pas  autrement  que  les  veines,  si  ce  n*est 
qu'elles  résistent  plus  longtemps.  Or,  comme  dans  ces  vaisseaux  la  coagu- 
lation est  beaucoup  plus  difficile  que  dans  les  veines,  il  survient  quel- 
quefois, au  moment  de  la  destruction,  des  hémorrhagies  abondantes 
et  même  mortelles.  Ainsi,  dar^s  un  cas  d*épilhélioma  de  Tœsophage, 
j'ai  vu  mourir  sous  mes  yeux  un  malade  dont  Paorte  avait  été  littérale- 
ment perforée  par  la  tumeur.  En  résumé,  les  néoplasies  épithéliales,  con- 
trairement aux  tumeurs  formées  d'éléments  conjonctifs,  sont  peu  arrêtées 
dans  leur  extension  par  les  tissus  qu'elles  rencontrent;  seuls,  les  tissus 
fibreux  et  élastique  leur  opposent  une  résistance  momentanée.  Les  élé- 
ments de  ces  tumeurs  infiltrent  toujours  au  delà  de  leurs  limites  présu- 
mées les  tissus  qui  les  entourent,  et  cela  dans  une  étendue  qui  varie 
avec  la  richesse  lymphatique  de  la  région  affectée.  Ce  point  est  des  plus 
importants  à  connaître  pour  le  chirurgien  ;  il  nous  apprend  qu'il  ne  faut 
jamais  hésiter  à  porter  Tinstrument  tranchant  au  delà  du  mal. 

Outre  la  propriété  d'envahir  les  tissus  voisins,  les  tumeurs  épithéliales 
ont  encore  le  triste  privilège  de  se  propager  à  distance,  car  la  néoplasie 
épithéliale  est  toujours  primitivement  solitaire,  et  c'est  seulement  au  bout 
d'un  temps  plus  ou  moins  long  que  surviennent  des  tumeurs  secondaires. 
Cette  propagation  s'opère  ou  par  l'intermédiaire  du  système  lymphatique, 
ou  parle  système  veineux.  Les  glandes  lymphatiques  les  plus  rapprochées 
•  de  la  tumeur,  puis  de  proche  en  proche  les  autres  glandes  du  voisinage, 
se  tuméfient,  s'indurent  de  plus  en  plus  ;  si  on  les  examine  au  début  de  leur 
altération,  on  constate  que  celle-ci  est  d'abord  partielle,  et  qu'elle  occupe 
les  travées  conjonctives.  Comme  c'est  sur  le  trajet  parcouru  par  la 
lymphe  qui  vient  de  la  région  malade  que  se  montrent  les  tumeurs 
ganglionnaires,  il  en  résulte  que  cette  lymphe,  soit  par  elle-même,  soit 
par  les  substances  qu'elle  a  puisées  dans  la  tumeur  primitive,  est  la  cause 
productrice  de  l'altération  ganglionnaire.  Si,  en  effet,  les  vaisseaux  lym- 
phatiques situés  entre  le  ganglion  et  la  tumeur  sont  quelquefois  solides, 
remplis  d'éléments  carcinomaleux,  de  sorte  que  le  ganglion  semblerait 
affecté  par  voie  de  continuité,  d'autres  fois,  au  contraire,  les  vaisseaux 
lymphatiques  intermédiaires  conservent  toute  leur  intégrité,  et  c'est  en 
réalité  à  un  agent  irritant  transporté  par  la  lymphe  qu'il  convient  de 
rapporter  la  formation  de  la  tumeur  ganglionnaire.  Cet  agent  n'est-il 
autre  qu'une  cellule  ou  un  noyau  cancéreux  qui  n'aurait  fait  que  tra- 
verser le  vaisseau  lymphatique?  n'est-il  qu'un  débris  de  ces  éléments, 
des  granulations  charriées  par  les  cellules  lymphatiques?  C'est  la  même 
question  qui  déjà  s'est  présentée  à  propos  de  l'infection  purulente.  Or,  dans 
l'un  comme  dans  l'autre  cas,  que  ce  soit  un  noyau,  une  cellule,  unegranu- 

LA3ICCBIAIIX.  —  Traité  d'Anal.  I.  —  27 


418  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

lation,  la  chose  importe  médiocrement.  Ce  qu'il  faut  savoir,  c'est  que  le 
point  de  départ  de  l'altération  secondaire  est  dans  raffection  primitive. 

Cependant,  si  Ton  prend  en  considération  la  difficulté  de  déplacement 
des  cellules  épithéliales,  qui  comptent  parmi  les  éléments  les  plus  volu- 
mineux, et  si  l'on  remarque  que  ce  n'est  jamais  qu'après  un  certain 
temps  d'existence  de  la  tumeur  initiale  que  se  produit  la  propagation  aux 
ganglions  lymphatiques,  c'est-à-dire  lorsque  les  éléments  cancéreux  sont 
plus  ou  moins  profondément  modiGés,  il  y  a  des  raisons  de  croire  que  cette 
propagation  est  la  conséquence  des  modifications  subies  par  ces  éléments. 
Mais,  comme  l'une  des  plus  communes  et  des  plus  importantes  modifications 
est  la  formation  de  granulations,  on  est  conduit  à  penser  que  les  granu- 
lations sont  les  parties  qui,  semblables  aux  ferments,  produisent  sur  place 
des  lésions  de  même  nature  et  de  même  structure  que  celles  d'où  elles 
proviennent.  Emportées  par  le  courant  sanguin,  les  granulations  auraient 
la  propriété  d'irriter  au  loin  les  tissus  conjonctifs,   de  les  faire  bour- 
geonner, et  de  transformer  leurs  jeunes  éléments  en  cellules  épithéliales. 
Ainsi,  la  rapide  dissémination  des  tumeurs  mélaniques  s'explique  par 
l'abondance  et  la  facile  absorption  des  particules  pigmentaires,  dont  j'ai 
pu  constater  la  présence  dans  le  sang  d'un  individu  mort  avec  de  nom- 
breuses tumeurs  de  ce  genre. 

L'infection  ganglionnaire  constitue  le  premier  degré,  la  première  étape, 
en  quelque  sorte,  de  l'infection  générale.  Celle-ci  est  caractérisée  par  l'ap- 
parition, dans  difl'érents  organes,  de  tumeurs  identiques  à  la  tumeur  pri- 
mitive. Ces  nouvelles  tumeurs,  ou  tumeurs  secondaires,  sont  en  général 
multiples  et  disséminées  dans  plusieurs  points,  sans  qu'il  y  ait  ordinaire- 
ment de  rapport  spécial  de  circulation  entre  ces  organes  et  celui  qui  est 
le  siège  primitif  de  raltération.  Toutefois,  les  membranes  séreuses  des 
(cavités  viscérales,  dont  la  communication  avec  le  système  lymphatique  est 
aujourd'hui  bien  connue,  et  les  organes  auxquels  aboutissent  les  grands- 
systèmes  veineux,  comme  le  foie  et  les  poumons,  sont  les  parties  le  plus 
exposées  à  ces  métastases  ;  le  foie,  lorsqu'il  s'agit  de  lésions  du  tube  digestif, 
les  poumons,  quand  les  membres  sont  affectés.  Ajoutons  que  les  tumeuiv 
carcinomaleuses  secondaires  ont  d'autant  plus  de  tendance  à  se  produire- 
que  le  tissu  dans  lequel  la  tumeur  primitive  a  pris  naissance  est  plus  vascu- 
laire,  et  que  les  éléments  qui  la  constituent  sont  plus  jeunes.  Ces  tumeurs- 
ont  un  volume  qui  varie  depuis  la  grosseur  d'un  pois  jusqu'à  celle  d  um" 
noix,  d'un  marron  ou  d'un  œuf;  elles  sont  arrondies,  avec  ou  sans  de— 
pression  centrale,  d'une  forme  quelquefois  un  peu  différente  de  celle  dt* 
leur  foyer  d'origine.  Histologiquement  elles  ne  diffèrent  pas  du  tissu  df 
la  production  mère;  elles  sont  composées  des  mêmes  éléments,  niai=^ 


HYPERPLASIES.  419 

ceux-ci  peuvent  être  à  une  période  moins  avancée  de  leur  évolution. 
C'est  au  moment  de  leur  apparition  qu'en  général  la  maladie  change 
d'allure  et  que  l'état  général  du  malade  se  modifle  (dyscrasie). 

L'infection  par  les  capillaires  et  les  veines  est  la  conséquence  de  la  pé- 
nétration du  cancer  dans  ces  vaisseaux  ;  elle  diffère  de  l'infection  par  les 
lymphatiques  en  ce  qu'elle  se  fait  directement  et  sans  altération  ganglion- 
naire préalable.  Le  mode  suivant  lequel  s'opère  celle  infection  offre  une 
grande  ressemblance  avec  l'infection  pyémique,  et  peut  lui  être  comparé, 
bien  qu'il  ne  soit  pas  prouvé  que  l'inoculation  d'un  produit  cancéreux 
puisse  produire  des  lésions  cancéreuses,  à  l'instar  du  pus  qui,  introduit 
dans  les  tissus,  détermine  leur  suppuration. 

I^a  tendance  des  tumeurs  épithéliales  à  l'extension  et  à  la  générali- 
sation a  pour  conséquence  nécessaire  de  faciliter  la  reproduction  de  ces 
tumeurs  après  leur  extirpation,  c'est-à-dire  d'en  amener  la  récidive.  La 
récidive  des  néoplasies  épithéliales  est  un  fait  des  plus  communs  ;  c'est 
le  caractère  le  plus  important  de  leur  malignité.  Elle  se  produit,  tantôt 
sur  place,  tantôt  dans  l'un  des  ganglions  en  rapport  avec  la  tumeur  pri- 
mitive, tantôt  enfin  à  distance,  dans  différents  organes.  La  récidive  sur 
place,  au  niveau  ou  dans  le  voisinage  de  la  cicatrice,  est  de  beaucoup  la 
plus  fréquenle.  Elle  consiste  dans  la  réapparition  plus  ou  moins  prompte 
d'une  production  identique  à  la  tumeur  primitive  ;  elle  est  dite  par  conti- 
nuation, si  l'ablation  du  mal  a  été  incomplète;  par  repullulation,  si  cetle 
ablation  a  été  complèle.  En  réalité,  la  différence  entre  ces  deux  modes  est 
moins  grande  qu'on  ne  pourrait  le  croire  de  prime  abord,  car  si,  dans  le 
premier  cas,  la  tumeur  continue  simplement  à  se  développer,  dans 
le  second  cas,  supposé  qu'il  existe,  puisqu'on  n'est  jamais  certain 
d'avoir  enlevé  complètement  une  tumeur  maligne,  la  récidive  se  produit 
très-vraisemblablement  suivant  le  mode  qui  préside  à  la  formation  des 
tumeurs  secondaires;  elle  est  le  résultat^  non  pas  du  transport  à  dislance, 
mais  de  Timbibition,  par  des  granulations,  des  tissus  voisins  de  la  tumeur 
primitive.  Une  preuve  à  l'appui  de  cette  manière  de  voir  se  trouve  dans 
l'identité  de  la  tumeur  récidivée,  comme  de  la  tumeur  métastatique,  avec 
la  tumeur  initiale.  La  récidive  dans  les  ganglions  est  beaucoup  plus  rare  ; 
elle  se  produit  quelquefois  dans  les  premières  semaines  qui  suivent  l'abla- 
tion de  la  tumeur  épilhéliaie  ;  elle  est  alors  l'effet  certain  d'une  infiltra- 
tion cancéreuse  qui  a  pu  échapper.  D'aulres  fois,  elle  a  lieu  plus  tard, 
après  un  ou  plusieurs  mois,  et  sans  doute  par  suite  d'un  transport  de  gra- 
nulations. Pendant  mon  internat  dans  le  service  du  professeur  Laugier,  j'ai 
vu,  plus  de  huit  mois  après  l'extirpation  d'un  cancroïde  de  la  lèvre  in- 
férieure, la  récidive  de  cette  tumeur  dans  une  des  glandes  lymphatiques 


620  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

sous-ina\illaires.  Je  sais  que  les  partisans  de  la  diathèse  ne  manqueraioit 
pas  d'invoquer  ici  une  influence  diathésique  ;  mais  il  est  clair  qoe 
cette  influence  ne  peut  exister  dans  l'espèce,  puisque  l'on  ne  voit  jamiis 
de  néoplasie  épithélialc  se  développer  primitivement  ailleurs  que  dans  un 
tissu  épithélial.  Donc,  si  la  récidive  a  lieu  dans  un  ganglion  lymphatique, 
il  est  de  toute  évidence  que  la  tumeur  primitive  a  dû  laisser  quelque 
chose  dans  ce  ganglion.  Cette  explication  s'applique  nécessairement  au 
récidives  à  distance,  dans  des  organes  ne  renfermant  pas  d'épithélium. 
Ainsi  comprise,  la  récidive  à  distance  n'est  qu'une  métastase  ayant  lien 
après  la  disparition  du  foyer  cancéreux  primitif. 

Les  néopiasies  épithéliales  primitives  et  secondaires,  au  fur  et  à  mesure 
de  leur  évolution,  sont  soumises  à  des  modifications  et  à  des  dégénéres- 
cences diverses.  Il  s'établit,  entre  le  tissu  conjonctif  et  le  tissu  épithélial, 
une  sorte  de  lutte  au  détriment  de  ce  dernier;  en  eflet,  le  tissu  épithélial, 
qui  est  le  premier  à  végéter,  est  aussi  le  premier  à  se  détruire.  Cette  des- 
truction, qui  consiste  en  une  sorte  de  désintégration  ou  de  métamorphose 
graisseuse  des  cellules  épithéliales,  commence  par  le  centre  de  la  tumeur, 
et  de  là  rayonne  dans  différentes  directions.  Mais  tandis  que  les  épithé- 
liums  se  détruisent  et  disparaissent,  le  tissu  conjonctif  qui  forme  les 
alvéoles  s'épaissit  et  revient  sur  lui-même,  d'où  la  rétraction  centrale  des 
nodules  carcinomateux.  Commun  à  toutes  les  tumeurs  cancéreuses,  ce 
mode  d'évolution  appartient  plus  spécialement  à  quelques-unes  d  entre 
elles,  les  tumeurs  glandulaires,  et  en  particulier  celles  de  la  mamelle. 
Dans  le  cancer  de  cet  organe,  l'altération  des  épithéliums  est  parfois 
si  complète,  et  la  prédominance  du  tissu  conjonctif  si  considérable,  que 
des  auteurs  expérimentés  ont  plusieurs  fois  été  conduits  à  nier  l'existence 
de  l'élément  épithélial  qu'ils  ne  retrouvaient  plus,  et  à  diagnostiquer  an 
fibrome  diffus,  quoique  cette  modification  ne  diffère  pas  de  celle  qui 
s'effectue  à  l'état  normal  dans  la  mamelle  (1).  Ainsi  Billroth  décrit  ce 
genre  d'altération  sous  le  nom  de  cancer  cicatrisant  du  tissu  conjonctif- 

La  métamorphose  graisseuse,  inhérente  à  l'essence  même  du  cancer,  se 
lie  rarement  à  une  oblitération  vasculaire.  Quelle  que  soit  sa  cause,  riofil* 
tration  partielle  ou  générale  des  éléments  épithéliaux  par  des  granulations 
moléculaires  et  graisseuses  donne  à  la  tumeur  une  teinte  jaune  ou  blan- 
châtre, une  plus  grande  mollesse  et  une  plus  grande  friabilité.  Si  àlainéu- 


(1)  Un  fait  de  ce  genre  s*est  préscnic  à  mon  observation  il  y  a  quelques  jours  :iid< 
femme,  dont  un  sein  avait  été  amputé  pour  un  cancer,  fut  atteinte  de  cette  mèine  êi^- 
tion  i  l'autre  sein,  qui  se  ratatina  sans  s'ulcérer.  Cette  dernière  tumeur  était  cooftidie^ 
par  un  tiuu  fibreux  ;  les  éléments  épithéliaux  avaient  à  peu  près  entièrement  difpsro. 


HYPËRPLASIES.  421 

morphosedes  cellules  s'ajoute  celle  du  stroma  et  des  vaisseaux,  on  voit  se 
produire  dans  quelques  cas  des  foyers  jaunâtres  ayant  la  consistance  d'une 
bouillie  plus  ou  moins  épaisse,  composée  de  granulations  diverses  de  cris- 
taux d'acides  gras  et  de  lamelles  de  cholestérine.  Beaucoup  plus  rare  que  la 
métamorphose  graisseuse,  la  dégénérescence  colloïde  est  caractérisée  par  la 
présence,  au  sein  de  la  masse  carcinomateuse,  d'une  substance  homogène 
transparente  et  hyaline,  qui  change  la  coloration  et  la  consistance  de  la 
tumeur.  Cette  substance,  déposée  tantôt  entre  les  éléments  cellulaires  ou 
conjonctifs,  tantôt  dans  I  épaisseur  même  de  ces  éléments,  n'altère  pas 
considérablement  leur  vitalité  ;  mais  elle  donne  lieu,  dans  certains  cas,  à 
la  formation  de  kystes  qui  modifient  la  forme  et  la  structure  de  la  néoplasie. 
La  dégénérescence  calcaire  consiste  dans  l'incrustation,  par  des  sels  de 
chaux,  des  éléments  du  stroma  du  cancer,  plus  rai'ement  des  cellules  pro- 
pres de  cette  production.  Dans  quelques  circonstances,  ce  n'est  plus  une 
simple  incrustation  qui  se  produit,  mais  une  véritable  ossiGcation,  avec 
formation  de  corpuscules  osseux  aux  dépens  des  éléments  conjonctifs  (car- 
cinome ossifiant).  Cette  disposition  se  rencontre  surtout  dans  le  squirrhe. 
Les  complications  dont  le  carcinome  peut  devenir  le  siège  sont  de  deux 
ordres,  les  unes  phlegmasiques;  les  autres  gangreneuses.  Les  complications 
phlegmasiques  siègent  à  la  surface,  plutôt  que  dans  la  profondeur  des 
masses  earcinomateuses,  fréquemment  elles  se  propagent  aux  vaisseaux 
lymphatiques  (1),  et  sont  rarement  suppuratives.  La  gangrène  est 
produite  par  des  ferments,  elle  survient  dans  des  tumeurs  ulcérées  ou  en- 
flammées, et  présente  les  caractères  de  la  gangrène  humide  ;  ou  bien  elle 
est  due  à  une  obstruction  partielle  ou  totale  des  vaisseaux  qui  alimentent 
la  tumeur,  et  se  comporte  comme  une  gangrène  sèche.  La  tumeur,  en  pa- 
reil cas,  subit  une  élimination  plus  ou  moins  complète;  mais  le  malade 
n'est  pas  pour  cela  définitivement  guéri,  car,  dans  les  quelques  cas  de 
cancer  véritable  où  il  a  été  assez  heureux  pour  obtenir  une  cicatrisation, 
il  n  a  pas  toujours  été  à  l'abri  d'une  récidive.  L  hémorrhagie,  complication 
non  moins  sérieuse,  a  lieu  dans  l'épaisseur  même  de  la  tumeur,  où  se  pro- 
duisent successivement  un  plus  ou  moins  grand  nombre  de  foyers  sanguins 
qui  en  accroissent  rapidement  le  volume.  J'ai  vu  un  carcinome  du  foie  qui 
prit  en  quelques  semaines,  par  le  fait  d'hémorrhagies  successives  et  abon- 
dantes, le  volume  d'une  grosse  tête  d'adulte.  Dans  ce  cas,  comme  dans 
beaucoup  d'autres,  la  tumeur  offre  à  la  loupe  un  mélange  de  matière 


(1)  Troisier,  thèse  de  Paris,  1874.  —  Debove,  Progrès  médicai,  7  février  1874.  — 
M.  Rajnaud,  Soc,  des  Hôpitaux  et  Union  médicale^  3*  série,  1874.  —  V.  Cornil,  ibid.y 
1874. 


&22  ANATOMIB  PATHOLOGIQUI. 

cancéreuse  et  de  foyers  sanguins  plus  ou  moins  allérés.  QudqoefMs 
rhémorrhagie  se  produit  à  la  surface  de  la  tumeur,  et  le  sang  se  déverse 
soit  à  l'extérieur,  soit  dans  une  cavité  naturelle,  comme  les  cavités  diges- 
tives,  pleurales,  etc.  Deux  fois  j'ai  trouvé  la  cavité  péritonéale  remplie  pv 
du  sang  provenant  de  cancers  du  foie.  Un  résultat  ordinaire  de  la  dégéné- 
rescence et  des  complications  des  tumeurs  épithéliales^  est  roloéntion. 
Cette  destruction  est  l'un  des  caractères  les  plus  constants  de  ces  tmoeuis, 
un  de  ceux  qui  permettent  le  mieux  de  les  distinguer  des  tumeurs  coa- 
jonctives.  Subordonné  au  degré  de  vascularisation  de  la  tumeur,  ce  phé- 
nomène est  commun  dans  les  tumeurs  épidermiques,  ob  la  nutrition  est 
toujours  imparfaite,  surtout  dans  les  parties  centrales. 

Ces  considérations  générales,  rapprochées  de  celles  que  nous  tTons 
consacrées  aux  néoplasies  conjonctives,  permettent  de  montra  toute  h 
distance  qui  sépare  ces  deux  ordres  de  formation.  Les  tumeurs  bisaot 
partie  de  ces  groupes  diffèrent  :  1**  par  leur  origine;  2*  parleur  slnictiire: 
S*"  par  leur  évolution  et  leur  mode  de  généralisation. 

Il  est  inutile  de  rappeler  que  le  point  de  départ  des  néoplasies  épitké- 
liales  est  un  tissu  épitbélial,  tandis  que  celui  des  néoplasies  conjondives 
est  toujours  un  tissu  conjonctif  ;  mais  l'importance  pratique  de  ce  bit  sr 
peut  être  passée  sous  silence.  En  effet,  s'il  en  est  ainsi,  toute  tumeur 
primitivement  développée  dans  un  muscle,  dans  un  os,  dans  la  rite,  oo 
dans  tout  autre  organe  formé  uniquement  aux  dépens  du  feuillet  moy« 
du  blastoderme,  c'est-à-dire  dans  un  organe  qui  ne  renferme  pas  d'épilbé- 
Hum,  ne  peut  être  une  production  épithéliale,  une  tumeur  cancéreuse. 
Par  contre,  toute  néoplasie  née  au  sein  d'un  organe  glandulaire,  au  voi- 
sinage du  derme  cutané  ou  muqueux,  a  des  chances  sérieuses  pour  appar- 
tenir à  la  classe  des  tumeurs  épithéliales.  Je  pourrais  donner  plusieurs 
preuves  de  ce  que  j'avance.  En  1873,  je  reçus  à  THôtel-Dieu  un  roaW»' 
qui  se  plaignait  simplement  d'une  sciatique.  H  était  en  même  temps  pàl^* 
anémié,  et  l'existence  d'un  ganglion  fortement  induré  dans  l'aine  cor^ 
respondant  au  côté  douloureux  me  fit  penser  qu'il  s'agissait  d'une  sci»— 
tique  symptoniatique.  Effectivement,  l'os  iliaque  était  tuméfié  de  ce  m^©** 
côté,  et  la  palpation  de  la  fosse  iliaque  donnait  la  sensation  d'une  inass'" 
résistante.  On  aurait  pu  supposer  qu'il  s'agissait  d'un  simple  chondroim*- 
car  ce  genre  de  tumeur  t»st,  comme  on  le  sait,  Relativement  fi'équent  da»^ 
cet  os;  toutefois,  l'induration  ligneuse  du  ganglion  inguinal  me  fitsoup* 
conner  l'existence  d'un  cancer,  c'est-à-dire  d'une  tumeur  ayant  son  poin' 
de  dépari  dans  un  tissu  l'^pithélial  ;  et,  comme  l'os  iliaque  ne  renfenu*' 
aucun  épithélium,  je  fus  conduit  à  diagnostiquer  un  cancer  du  rectufl' 
ou  de  la  vessie.  Or,  le  toucher  rectal  ne  révélant  aucune  altération.  1*' 


HYPERPLASIES%  &23 

'Cancer  vésical  fut  diagiiostiqué,  malgré  Tabsence  de  désordre  appréciable 
du  côté  de  la  fonction  urinaire.  Un  mois  plus  tard  environ,  le  malade 
avait  une  hématurie;  il  succombait,  quelques  semaines  après,  au  progrès 
de  son  mal,  et  présentait  dans  la  vessie  une  tumeur  épithéliale  du  volume 
d'un  marron.  Des  tumeurs  cancéreuses  secondaires  existaient  en  outre 
dans  les  os  iliaques,  les  corps  vertébraux  et  les  côtes  ;  elles  avaient  la 
même  composition  que  la  tumeur  vésicale. 

La  composition  histologique  des  tumeurs  conjonctives  et  des  tumeurs 
épithéliales  offre  les  mêmes  différences  qui,  dans  les  conditions  normales, 
•existent  entre  les  tissus  de  substance  conjonctive  et  les  tissus  épithéliaux. 
Cependant,  comme  ces  néoplasies  sont  fréquemment  constituées  par  des 
tissus  jeunes,  leurs  éléments  réciproques  peuvent,  à  la  rigueur,  être 
confondus.  Le  fibrome  embryonnaire  globo-cellulaire  est  peut-être, 
parmi  les  tumeurs  conjonctives,  celle  qui  prête  le  plus  à  Terreur  ;  mais  les 
éléments  de  cette  tumeur,  toujours  plus  petits  que  les  épithéliums,  sont 
séparés  par  une  substance  intermédiaire,  et  ne  sont  jamais  contenus, 
comme  les  cellules  cancéreuses,  dans  un  stroma  à  larges  alvéoles,  en 
sorte  qu'il  est  facile  d'arriver  à  un  diagnostic  certain. 

L'évolution  des  néoplasies  conjonctives  et  celle  des  néoplasies  épithé- 
liales sont  d'ailleurs  fort  distinctes.  Les  premières  ont  de  la  tendance  à  for- 
mer des  végétations  de  plus  en  plus  volumineuses;  les  secondes,  au  con- 
traire, ont  pour  principaux  caractères  la  destruction  et  l'ulcération.  Celles-ci 
se  produisent  par  la  segmentation  des  cellules  épithéliales;  celles-là  naissent 
par  l'intermédiaire  d'un  tissu  embryonnaire.  Les  unes  s'arrêtent  quelque- 
fois dans  leur  évolution  ;  les  autres  ont  une  extension  pour  ainsi  dire 
indéfinie.  Au  point  de  vue  de  la  généralisation  et  de  l'infection,  ces  néo- 
plasies ne  sont  pas  moins  différentes.  Les  formations  conjonctives,  pri- 
mitivement isolées,  restent  telles,  et  si  elles  se  multiplient,  c'est  toujours 
dans  le  même  système  de  tissus,  et  non,  comme  les  tumeurs  épithéliales, 
dans  toute  espèce  de  tissus;  de  sorte  que  leur  multiplication,  qui  a  lieu 
par  l'intermédiaire  du  sang,  est  plutôt  une  généralisation  qu'une  infection 
proprement  dite.  Au  contraire,  les  formations  épithéliales,  toujours  soli- 
taires à  leur  début,  ne  se  multiplient  jamais  que  par  suite  d'une  infection 
ayant  son  point  de  départ  dans  la  tumeur  primitive  ;  cette  infection  se 
produit  par  l'intermédiaire  du  système  lymphatique. 

Le  pronostic  des  néoplasies  épithéliales  atypiques  est  des  plus  sérieux, 
car,  même  dans  les  cas  où  ces  altérations  restent  stationnaires  pendant 
un  certain  temps,  elles  finissent  en  général  par  prendre,  à  un  moment 
donné,  une  activité  nouvelle  et  quelquefois  une  marche  rapide.  La  gra- 
vité de  ces  néoplasies  est  l'effet  de  leur  tendance  à  produire  l'infection 


62(i  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

de  rorganisme,  à  s'ulcérer,  et  à  récidiver.  Malgré  la  difficulté  d'établir  à 
cet  égard  une  loi  rigoureuse,  on  peut  cependant  avancer  que  ces  tumeurs 
sont  d'autant  plus  redoutables  qu'elles  sont  plus  vasculaires,  et  que  les 
éléments  qui  les  composent  sont  plus  jeunes.  Les  cancers  cutanés  oa 
cancroïdes,  à  peine  vasculaires,  et  formés  de  cellules  épidermiques,  sont 
en  elTet  moins  à  cmiudre  que  le  cancer  glandulaire  (carcinome),  composé 
d'élémenls  jeunes  et  dont  la  vascularité  est  parfois  luxuriante.  Compa- 
rées aux  tumeurs  conjonctives,  les  néoplasies  épithéliales  sont  dune 
gi*avité  infiniment  plus  grande.  Elles  sont,  Texpression  d'une  maladie 
qui  conduit  à  la  cachexie,  et  presque  fatalement  mortelle,  tandis  que  cer- 
taines tumeurs  conjonctives  peuvent  persister  indéfiniment  sans  altérer 
la  santé  générale  de  ceux  qui  les  portent. 

L'étiologie  des  tumeurs  épithéliales  atypiques  est,   comme  celle  df 
beaucoup   d'autres    altérations   organiques,  entourée    d'obscurités  qui 
tiennent  en  partie  à  la  difficulté  de  déterminer  l'importance  relative 
de  chacun  de    ses  facteurs.  Ceux-ci  sont    physiologiques   ou   méca- 
niques. Parmi   les   premiers,  Tàge  paraît  jouer  un  grand  rôle,  car  si 
ces  tumeurs  apparaissent  quelquefois  dans  la  période  d'état  de  Torga- 
nisme,  le  plus  souvent  elles  surviennent  à  Tàge  de  retour,  pendant  la 
période  de  déchéance  organique.  En  elTet,  elles  ont  leur  plus  grande  fré- 
(juence  entre  quarîinle  et  soixante-dix  ans,  et  sont  très-rarement  obsenée» 
avant  l'à^^e  de  trente  ans  (1),  ce  qui  porte  à  croire  qu  elles  sont  plus  ou 
moins  intimement  liées,  non  pas,  comme  les  tumeurs  conjonctives,  à 
racrroissemenl  des  tissus,  mais  aux  modifications  que  ceux-ci  subissent 
par  le  fait  des  années,  et  au  ralentissement  des  excrétions.  H  y  a  lieu  d** 
se  demander  si  les  changements  qui,  à  partir  d'une  certaine  époque  de  !•* 
vie,  s'opèrent  dans  l'organisme,  no  doimont  pas  naissance  à  des  compo^ 
ses  particuliers,    sorte  de  ferments,  capables  d'irriter  les  tissus  épith*** 
liaux  et  de  les  faire  végéter,  pour  peu  (|u'une  c^iuse  occasionnelle  vienii*" 
exciter  leur  activité  nutritive.  Une  étude  chimique  des  tissus  aux  diiïéreiit^ 

(1)  Ce  failost  pour  nous  de  la  plus  haute  imporlancc;  il  montre  que  les  néoplasies  con- 
jonctives, alTections  spéciales  au  jeune  âge,  sont  absolument  distinctes  des  néoplasies ?;>* 
tliéliales,et  que  la  connaissance  de  l'âge  est  de  nature  à  éclaircrie  diagnostic  clinique  de  a* 
affections  dans  un  grand  nombre  de  cas.  Consultez  :  S.  Tanchou,  Recherches  sur  le  trci- 
tcment  médical  des  tumeurs  cancéreuses.  Paris,  1844,  p.  258;  —  Farr,  De  la  fréquencf 
relative  du  cancer  dans  les  divers  ôfjes  [Journ.  de  chirurg.  de  Malgaignc,  t.  I,  p.  368. 
1843,  et  Dublin  Journal);  —  K'ng,  Fréquence  du  cancer  suivant  les  i)yes  et  It^  '^^^ 
ihmdon  med.  Gaz.,  1845.  et  Gaz.  méd-,  184G,  p.  275,  septembre  1843);  —  W.  Sibley, 
Contriljut.  to  the  statistics  of  canrrr  (Med.-chirurfj.  Transactions^  vol.  XLII,  eitnil. 
London    1859) 


HYPERPLASIES.  i^25 

âges  serait  certainement  des  plus  utiles  pour  l'élucidation  du  problème, 
toujours  si  obscur,  de  la  genèse  des  néoplasies  en  général  et  des  néoplasies 
épithéliales  en  particulier  (1).  Thiersch  remarque  dans  son  ouvrage  sur  le 
cancer  épithélial  que  dans  la  lèvre  des  vieillards  le  tissu  conjonctif  dis- 
pamit  au  point  que  les  organes  épithéliaux  prédominent  et  que  leur  nutri- 
tion devient  prépondérante.  En  vertu  de  cette  disposition,  l'irritation  se 
manifesterait  principalement  par  la  végétation  des  organes  épilhéliaux 
(glandes  sébacées,  sudoripares,  etc.)  ;  mais  Billrolh  objecte  avec  raison  à 
cette  théorie  ingénieuse  que  Tinfluence  de  Tàge  se  fait  sentir  tout  aussi 
bien  sur  tout  le  corps  que  sur  une  région  déterminée,  et  qu'ainsi  il  faut 
admettre  autre  chose  qu'une  simple  modification  locale  des  tissus. 

L'existence  d'une  prédisposition  générale  est  donc  absolument  néces- 
saire pour  expliquer  la  formation  des  tumeurs  épithéliales,  et  cette  prédis- 
position est  forcément  acquise  ou  héréditaire.  Nous  connaissons  peu  les 
conditions  qui  peuvent  l'engendrer  ;  mais,  quelles  que  soient  ces  condi- 
tions, il  est  vraisemblable,  comme  nous  l'avons  dit  tout  à  l'heure,  qu'elles 
résultent  de  la  formation  par  l'organisme  tout  entier  de  substances  anor- 
males capables  d'exercer  à  une  certaine  période  de  la  vie  une  action  spé- 
cifique sur  les  tissus  épithéliaux,  à  peu  près  comme  dans  la  goutte  nous 
voyons  les  sels  d'acide  urique  modifier  les  tissus  fibro-cartilagineux. 

L'hérédité  (2)  du  cancer,  que  personne  ne  met  en  doute,  tend  du  reste 
à  prouver  cette  modification  générale  de  Torganisme,  comme  elle  prouve 
la  permanence  des  espèces.  Toutes  les  néoplasies  épithéliales  sont  héré- 
ditaires et,  réciproquement,  transmissibies,  comme  le  démontrent  les  ob- 
servations de  Broca  et  un  tableau  dressé  par  Baker,  où  Ton  voit  le  cancer 
épithélial  des  téguments,  chez  les  ascendants,  se  montrer  chez  les  des- 
cendants dans  des  glandes  diverses,  la  mamelle,  le  foie,  etc.  Ces 
néoplasies  appartiennent  donc  à  une  même  famille  et  doivent  être  consi- 
dérées comme  des  qualités  constitutionnelles,  c'est-à-dire  inhérentes  à 
l'individu  malade,  puisqu'elles  se  transmettent  avec  lui  ;  l'individu  qui 
en  hérite  n'est  plus  un  être  physiologique  normal,  mais  bien  un  être 
dégénéré.  Un  fait  remarquable  dans  l'hérédité  du  cancer,  et  qui  vient 

(i)  Peut-t'tre  la  mamelle  et  Tutérus  ne  sont-ils  si  rréquenimcnt  atteints  par  le  cancer 
que  parce  que  ces  organes  subissent  de  bonne  heure  les  modifications  de  l'âge  de 
retour. 

(2)  Voyez  à  ce  sujet  les  intéressantes  recherches  consignées  par  Broca  dans  son  Traité 
des  tumeursy  t.  I,  p.  149;  —  J,  Paget^  Med.  Times  and  Gaz.y  August  22,  1857;  — 
J.-M.  Baker,  Contributions  to  the  statistics  of  cancer  (Med,-chir.  Tvansact.,  t.  XLV, 
p.  389,  1862)  ;  —  le  même,  The  inheriiance  of  cancef^  etc.  {Saint-Bartholomew's  Hosp, 
Rep.^  t.  Il,  p.  129,  1866);  —  Friedreich,  Beitrag  zur  PathoLdesKrehses{Arch,fùrpath. 
Anat.  wid  Physiol.,  août  1866  (transmission  du  cancer  d'une  mère  à  son  enTant). 


&26  ANATOVIB  PATH0L06IQUK. 

à  Tappai  de  Tidée  d'un  étal  constitutionnel,  d'une  dégénéresoenoe,  c'en 
la  santé  parfaite  dont  jouissent  pendant  de  longues  années  la|dapiit 
des  personnes  qui  apportent  en  naissant  le  germe  de  cette  maladie.  Les 
Taits  de  ce  genre  ne  peuvent  être  niés  ;  ils  sont  de  pratique  joumalière, 
et  se  rappcNTtent  non -seulement  au  cancer,  mais  encore  k  beanoouf 
d  autres  maladies,  ce  qui  doit  nous  conduire  à  admettre  des  races  patko- 
iogiques,  les  unes  transmettant  le  cancer,  les  autres,  d'antres  manifesta- 
tions locales,  le  tubercule  par  exemple. 

Il  résulte  de  statistiques  nombreuses  (1)  que  les  tumeurs  épithéliales  ont 
pour  siège  le  plus  habituel  Tutérus  et  la  mamelle  chez  la  femme, 
la  face  et  les  lèvres  chez  l'homme,  enfin  Testomac,  le  rectum,  c'est-à-dire 
les  imrtics  les  plus  exposées  à  l'action  des  agents  extérieurs.  Cependiol 
il  serait  téméraire  d'accuser  le  traumatisme  de  produire  ces  lésions,  quand 
on  n'est  jamais  parvenu  à  les  faire  nattre  par  ce  seul  moyen.  D*ail- 
leurs,  le  nombre  des  individus  qui  voient  le  cancer  succéder  à  un  ooop 
ou  à  une  chute  est  relativement  faible.  Le  traumatisme  n'est  donc  id, 
comme  dans  les  néoplasies  conjonctives,  qu'un  agent  de  localisation 
morbide,  une  simple  cause  occasionnelle,  c'est-à-dire  qu'il  ne  peut  rien 
sans  une  prédisposition  spéciale,  individuelle,  locale  et  générale.  Soùr 
seulement  les  agents  traumatiques  sont  impuissants  à  produire  le  cancer, 
mais  l'inoculation  ou  l'injection  d'un  produit  cancéreux  sur  un  animil 
de  même  espèce  ou  d'espèce  différente  ne  réussit  pas  à  engendrer  cette 
grave  maladie. 

La  question  de  linoculation  du  cancer  a  depuis  longtemps  préooco|r 
les  esprits.  PejTÎlhe,  en  1773,  introduisit  sous  la  peau  d'un  chien  environ 
2  gros  de  matière  oxpriniée  d'une  mamelle  cancéreuse,  mais  il  ne  semble 
pas  qu'il  ail  observé  d'autre  effet  qu'une  gangrène  et  qu'une  ulcératiofï 
locale,  sans  reproduction  de  la  tumeur.  Dupuytren  fit  avaler  à  des  chiens 
des  portions  de  tumeurs  cancéreuses  et  pratiqua  des  injections  de  put- 
cancéreux  dans  les  veines,  le  tout  sans  reproduire  de  cancer,  .\libcr* 
essaya  sur  lui-même  des  inoculations  cancéreuses,  mais  ses  expérience^ 
n  eurent  heureusement  aucun  succès  ;  il  en  fut  de  même  de  celles  de  Bieit  - 
Lenoble  cl  Fayet.  La  question  semblait  résolue,  lorsque  des  injections  d»* 
suc  cancéreux,  pratiquées  dans  les  veines  de  plusieurs  chiens,  daborci 
par  Langenbeck  et  ensuite  par  Leberl  et  Follin,  donnèrent  à  ces  auteur=^ 
une  apparence  de  réussite,  en  ce  sens  que  les  animaux  injectés  présen — 
tèrent  à  l'autopsie,  dans  les  poumons  notamment,  des  productions  qiB  ■ 

(1)  Voyei  s,  Tanchou,  Hech.  fiir  le  traitement  méd,  de*  tum,  cancéreuses,  Piri*.  181  4  • 
p.  258. 


HYPERPLASIES.  427 

ne  manquaient  pas  d'analogie  avec  les  tumeurs  cancéreuses.  Toutefois, 
dans  le  fait  de  Langeubeck,  les  noyauK  des  poumons  offraient  plus  de 
ressemblance,  d'après  Virchow,  avec  les  formes  du  cancer  spontané,  tel 
qu'il  existe  chez  le  chien,  qu'avec  les  éléments  du  cancer  humain.  L'exa- 
men microscopique  fit  reconnaître  l'existence  de  cellules  cancéreuses 
dans  les  tumeurs  pulmonaires  du  cas  de  Lebert  et  Follin  ;  mais  ce  dernier 
observateur  remarque  judicieusement  qu'un  seul  fait,  en  pareil  cas,  ne 
prouve  rien,  car  il  se  pourrait  parfaitement  que  le  chien  eût  été  cancéreux 
auparavant.  Quelques  expériences  de  0.  Weber  ne  démontrent  pas  mieux 
la  transmissibililé  du  cancer  de  l'homme  aux  animaux.  Billroth,  à  son 
tour,  essaya  à  plusieurs  reprises  de  transporter  aux  animaux  le  sarcome 
ou  le  cancer  épithélial  de  l'homme,  soit  par  injection  de  suc  cancéreux 
dans  les  veines,  soit  par  inoculation,  et  n'eut  également  que  des  résultats 
négatifs.  Lebert  et  0.  Wyss  n'ont  pas  été  plus  heureux  avec  l'injection  des 
sucs  frais  du  carcinome,  du  sarcome  et  du  cancroïde.  Leur  travail  a  servi 
à  montrer  combien,  dans  des  observations  de  ce  genre,  il  était  facile  de 
se  tromper,  en  prenant  pour  des  tumeurs  reproduites  ou  greffées  des 
lésions  dues  à  des  phénomènes  d'infection  locale  ou  générale  par  des 
éléments  agissant  comme  corps  étrangers  ou  substances  septiques.  Gou- 
jon, dans  des  tentatives  de  greffe  des  tumeurs  de  l'homme  sur  des  ani- 
maux, observa  chez  un  cochon  d'Inde,  au  point  d'inoculation  d'une  tu- 
meur encéphaloîde  de  la  mamelle,  une  tumeur  bilobée,  adhérente  à  la 
peau,  et  qui  lui  parut  formée  de  cellules  épithéliales  ;  mais  il  n'y  eut  aucune 
généralisation  du  produit,  et  on  peut  douter  que  la  néoplasie  ait  été  réelle- 
ment greffée.  Cet  expérimentateur  obtint  un  résultat  plus  remarquable 
en  greffant  sur  un  cochon  d'Inde  une  portion  de  cancer  épithélial  pro- 
venant d'un  animal  de  même  espèce  ;  les  meilleures  conditions  étaient 
remplies,  il  ne  s'agissait  plus  de  tissus  ou  d'éléments  appartenant  à  des 
espèces  différentes.  A  l'autopsie,  on  trouva  une  tumeur  du  volume  d'une 
amande  au  point  d'inoculation,  et,  dans  tous  les  viscères,  des  noyaux  can- 
céreux ;  toutes  ces  tumeurs  s'étaient  développées  en  quinze  jours.  Cette  ex- 
périence, dans  l'hypothèse  où  il  n'y  aurait  pas  d'erreur  sur  la  nature  des 
tumeurs  observées,  semble  démonstrative  ;  cependant,  bien  qu'un  fait 
négatif  ne  puisse  jamais  annihiler  un  fait  positif,  je  dois  dire  que  Doutre- 
lepont,  se  plaçant  dans  des  conditions  assez  semblables,  n'a  pu  parvenir 
à  transmettre,  soit  par  inoculation,  soit  par  greffe,  chez  le  cochon  d'Inde, 
le  lapin  ou  même  le  chien,  un  cancer  épithélial  spontanément  développé 
dans  la  mamelle  d'une  chienne.  Goujon  pratiqua  encore  des  inocula- 
lions  de  matière  mélanique  provenant  soit  de  tumeurs  pathologiques, 
soit  de  la  choroïde,  et  le  pigment,  après  avoir  pénétré  par  infiltration 


&28  ANàTOMIE  PATHOLOGIQUE. 

dans  un  grand  nombre  de  ganglions,  lui  parut  se  généraliser,  el  dercnr 
le  point  de  départ  d'un  nouveau  dépôt  de  pigment.  Mais  ces  recherdMs, 
qui  peuvent  rendre  compte  de  ce  que  Ton  observe  dans  certiiai 
cas  de  mélanose  de  l*homme  (voy.  fig.  138),  ne  conduisent  pas  à  des  dé- 
ductions sérieuses  par  rapport  aux  tumeurs  cancéreuses.  Les  grannhtiov 
pigmentaires  ne  représentent  pas  un  élément  anatomique  figuré,  et  k 
cancer  mélanique,  chez  Thomme,  ne  parait  pas  devoir  sa  malignité  i  la 
présence  du  pigment,  mais  aux  éléments  -épithéliaux  ou  sarcomatm 
qui  sont  le  siège  de  l'infiltration  pigmentaire.  D'ailleurs,  Lebertct 
0.  Wyss,  ayant  injecté  dans  le  tissu  sous-cutané  de  la  nuque  de  plu- 
sieurs lapins  du  suc  provenant  de  tumeurs  mélaniques  de  la  peau  etd« 
ganglions  d'un  cheval,  trouvèrent  chez  l'un  d'eux,  sous  le  point  d'inocs- 
lation  et  dans  le  voisinage,  des  néoplasmes  semblables  à  ceux  de  la  tuba>- 
culose.  Ces  néoplasmes,  dont  les  uns  renrermaient  la  matière  mélaoiqiie 
de  l'inoculation,  tandis  que  les  autres  n'en  présentaient  pas  de  trace,  | 
étaient  formés  par  un  tissu  conjonctif  proliférant,  jeune;  dans  aucun  cas 
l'infection  ne  se  propagea  au  loin.  Enfin,  Ilp-ert  a  pratiqué  sans  socoès 
dix  expériences  de  greffe  et  d'inoculation  du  cancer  de  l'homme  au  lnjai 
Par  conséquent,  les  tentatives  faites  dans  le  but  de  savoir  si  le  cancer  est 
transiAissible  aux  animaux  ont  la  plupart  du  temps  échoué,  et  dans  les 
quelques  cas  où  Ton  put  croire  à  une  réussite,  il  est  vraisemblable  qu'on 
a  eu  affaire  à  des  néoplasmes  inflammatoires  ou  à  des  tumeurs  cancéreuses 
spontanées,  et  cela  d'autant  plus  que  les  chiens,  sur  lesquels  les  expériences 
ont  été  le  plus  souvent  pratiquées,  sont,  comme  on  sait,  très-sujets  aa 
cancer.  Quant  à  la  transmissibilité  du  cancer  de  lanimal  à  un  animal  de 
môme  espèce,  elle  repose  sur  des  faits  qui  ne  sont  ni  assez  nombreux, 
ni  assez  précis  pour  qu'elle  puisse  être  définitivement  admise  (1). 

Une  étude  p:éographique  du  cancer  envisagé  dans  ses  rapports  avec  W* 
climat,  le  genre  d'alimentation  et  les  coutumes  des  différents  peuples^ 
serait  certainement  de  nature  à  nous  renseigner  sur  l'étiologie  de  cetl*?* 
néoplasie.  Malheureusement,  nous  possédons  sur  ce  sujet  des  document^ 
fort  incomplets,  à  peu  près  uniquement  relatifs  au  cancer  épithélial  dc^ 
lèvres,  et  qui  ne  peuvent  jeter  qu'une  faible  lumière  sur  le  problème. 

Le  cancer  se  rencontre  chez  la  plupart  des  peuples  qui  habitent  i^^ 
régions  du  Nord  ;  il  a  été  observé  au  Groenland,  et  il  est  assez  fn^queï* 


^1)  Le  docteur  Reinccke  a  publié  deux  cas  de  cancer  abdominal,  traités  par  la  par^ 
centèse,  terminés  par  la  mort,  et  dans  lesquels  on  a  trouvé  des  tumeurs  cancéreuses  ^^ 
le  trajet  parcouru  par  le  trocart.  Ces  tumeurs,  il  les  attribue  a  la  contagion  directe,  m  <*- 
il  7  a  bien  plutôt  lieu  de  croire  que  cette  localisation  a  été  déterminée  par  le  traun^  ^ 
iisme  {Archiv  f,  pathoiog,  Anat,  und  Physwlog  ,  t,  LI,  p.  39i,  1870). 


HYPERPLASIES.  ^29 

dans  rAmérique  anglaise,  où  on  Tattribue  à  Thabilude  de  fumer  (1).  Son 
existence  est  depuis  longtemps  signalée  au  Kamschatka  (2)  ;  il  se  rencontre 
en  Suède,  en  Norwége  et  dans  le  Danemark.  Au  contraire,  Panum  (3)  pré- 
tend n*en  avoir  vu  aucun  cas  dans  les  lies  Féroé.  Cette  altération  est  com- 
mune en  Angleterre  et  en  Allemagne.  En  France,  elle  existe  avec  un  degré 
de  fréquence  variable  ;  il  est  des  départements,  celui  des  Vosges  (6)  par 
exemple,  qui,  sous  ce  rapport,  sont  malheureusement  privilégies  (5).  Le 
cancer  se  trouve  dans  plusieurs  points  de  la  Russie,  notamment  à  Sa- 
mara  (6).  Certaines  contrées  de  l'Asie  ne  sont  pas  exemptes  de  cette  affec- 
lion  :  Day  (7)  et  Turnell  (8)  signalent  sa  fréquence  dans  Tlnde.  Cependant, 
à  Calcutta,  jsur  la  côte  de  Malabar,  le  cancer  serait,  d'après  Walshe, 
relativement  rare,  comme  aussi  dans  les  hôpitaux  de  Ilobart-Town  (Aus- 
tralie). On  sait  qu'il  est  commun  chez  les  Chinois,  et  Mondière  (9) 
dit  l'avoir  rencontrée  chez  les  Annamites.  Peu  fréquent  en  Turquie,  le  can- 
cer  est  très-rare  en  Arabie  et  en  Egypte  (10);  il  n'existerait  pas  en  Abyssinie, 
suivant  le  docteur  11.  Blanc  (il).  Au  contraire,  Bertherand  (12)  l'aurait 
observé  chez  les  indigènes  de  l'Algérie.  Girard  et  lluard  (13)  font  men- 
tion de  son  extrême  rareté  chez  les  nègres  du  Congo  et  au  Sénégal  ; 
Livingstone(16)  prétend  qu'il  est  inconnu  chez  les  Bechuinas.  D'autre  part, 
Landry  (15)  ayant  rencontré  le  cancer  chez  toutes  les  races  qui  habitent  le 
Canada,  excepté  chez  les  Indiens,  on  est  conduit  à  attribuer  la  rareté  de 
cette  affection  à  l'état  sauvage  de  certains  peuples.  D'ailleurs,  il  est  établi 
que  le  cancer,  parmi  nous,  est  plus  commun  dans  les  villes  que  dans  les 
campagnes  (16).  Cette  maladie  serait  enfin  relativement  rare  dans  l'Amé- 
rique centrale,  dans  les  Guyanes,  au  Mexique  et  au  Pérou. 

(i)  Mcyer  Ahrens,  Vierte^j'afirschrift,  t.  LIV,  p.  121. 

(2)  Annales  des  Voynge^^  t.  XXV. 

<3)  Panum,  Bibliotek  for  lAger,  1847,  t.  I,  p.  311. 

(4)  Michel,  de  Strasbourg,  Arch.  génér.  de  mid.^  1853,  t.  I,  p.  501. 

(5)  Inutile  de  faire  ressortir  ici  l'importance  d'une  étude  géographique  bien  Taite  des 
maladies  de  notre  pays. 

(6)  Ucke,  UeberdasKîima  unddie  Krankheit.  der  Sladt  Samara.  Berlin,  1863,  p.  212. 

(7)  Day,  Madras  Quart,  joum,  of  Med,^  January  1862,  p.  37. 
(8»  TurneU,  ibid,,  July  1863,  p.  182. 

(9)  Mondière,  Bulletin  et  Mémoires  de  la  Société  d'anthropologie^  5  fév.  1874. 

(40)  Union  médicale,  4  nov.  1869,  p.  651. 

(11)  Gaz.  hebdom,  de  méd.  et  de  chirurgie,  1874,  p.  331. 

(12;  Médecine  et  Hygiène  des  Arabes,  p.  408,  Paris  1855. 

(18)  Bulletin  de  la  Soc,  d'anthropologie,  1860,  p.  524. 

(14)  Bulletin  de  la  Soc,  d'anthropologie,  t.  I,  p.  237,  1860. 

(15)  Ibid,,  t.  Il,  p.  16,  1861. 

(16)  S.  Tanchou,  Recherches  xur  le  traitement  médical  des  tumeurs  cancéreuses  du  sein, 
p.  261,  Paris,  1844. 


UO  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

En  résumé,  le  cancer  est  beaucoup  plus  fréquent  en  Europe  el  ei 
Asie  qu'il  ne  Test  en  Afrique  ;  il  est  commun  en  Amérique^  eieqNé 
chez  les  Indiens  vivant  à  Tétat  sauvage.  De  ces  données,  un  point  nàt 
acquis  :  le  cancer  est,  comme  la  phthisie,  une  maladie  des  peopb 
civilisés,  car  sa  fréquence  paraît  suivre  les  progrès  de  fat  dvilin- 
tion.  On  sait,  du  reste,  que  les  animaux  habitués  à  vivre  à  l'éU 
sauvage,  et  que  Ton  vient  à  renfermer  dans  une  ménagme,  démi- 
nent assez  généralement  phthisiques  ou  cancéreux.  Sous  l'infliMiitt 
de  la  domesticité,  d'un  exercice  musculaire  insuffisant,  d'un  air  imiNr, 
la  nutrition  générale  est  troublée,  et  la  maladie  se  développe.  En  outie, 
il  est  digne  de  remarque  que  les  peuples  chez  lesquels  le  cancer  esteon» 
mun  sont  précisément  ceux  qui  se  nourrissent  de  substances  anléei 
(poissons,  viandes),  tandis  que  ceux  chez  qui  il  est  rare  vivent  plus  spé- 
cialement de  substances  carbonées  (végétaux).  L'alimentation  semUmit 
ainsi  n'être  pas  entièrement  indifférente  à  la  production  du  cancer,  d'to- 
tant  plus  que  certains  vétérinaires,  Leblanc (1)  est  de  ce  nombre,  prétendeot 
que  le  cancer  est  plus  fréquent  chez  les  carnivores  que  chez  les  herUvoics. 
Néanmoins,  il  nous  faut  reconnaître  que  cette  dernière  opinion  est  cob- 
battue,  et  que  l'on  voit  des  chiens  n'ayant  jamais  mangé  de  viandedemir 
cancéreux  ;  par  conséquent,  nous  conclurons  que  la  domesticité  et  ks 
mauvaises  conditions  hygiéniques  qui  lui  sont  inhérentes ,  plus  encore  que 
l'alimentation,  doivent  contribuer  à  la  genèse  des  affections  cancéreuses. 

Constituées  par  l'hyperplasie  déréglée  et  indéfinie  des  éléments  épithé- 
liaux,  les  néoplasies  qui  nous  occupent  présentent  autant  de  formes 
distinctes  que  ces  éléments  eux-mêmes  ;  il  est  donc  naturel  de  les  grouper, 
suivant  les  caractères  des  épithéliums,  sous  trois  chefs  principaux  • 
1*^  les  néoplasies  à  épithélium  pavimenteux  ;  2^  les  néoplasies  à  épithê' 
lium  cylindrique  ;  3^  les  néoplasies  à  épithélium  sphérique  ounéoplasie> 
glandulaires. 

i"  Néoplasies  du  (issu  épithélial  pavimenteux,  Epithéliomes  pavimentenr- 
—  Le  tissu  épithélial  pavimenteux,  quelquefois  composé  d'une  seuU'^ 
couche  de  cellules  polygonales  (face  interne  de  la  choroïde  et  de  Tiri»^ 
conduits  glandulaires,  conduits  interlobulaires  du  foie,  etc.),  est  le  pla^ 
souvent  formé  de  couches  successives  et  plus  ou  moins  épaisses  de  cellule^ 
disi)osées  à  la  surface  du  derme  cutané  et  de  celui  des  muqueuses  qu  ' 
s'en  rapprochent  le  plus,  à  savoir  :  la  conjonctive  oculaire^  la  umqueus**" 
des  fosses  nasales,  celles  de  la  cavité  buccale,  du  pharynx,  de  l'œsopliap** 

(1)  Bulletin  de  tAcad,  de  tnéd,  iSbb,  discussion  sur  le  cancer. 


HYPERPLASIES.  431 

des  cordes  vocales,  des  organes  urinaires  et  des  organes  génitaux  de  la 
femme.  Les  cellules  qui  reposent  immédiatement  sur  le  derme  cutané 
ou  muqueux  sont  relativement  petites,  arrondies,  quelquefois  allongées, 
ovalaires,  de  0"",006  à  0"",015  de  diamètre,  avec  un  noyau  vésiculaire 
de  O'"",005  et  moins  ;  elles  sont  soudées  entre  elles  sans  substance  inter- 
médiaire, et  quelques-unes  renferment  des  granulations  pigmentaires. 
Ces  cellules,  en  se  développant,  présentent  des  saillies  ou  dentelures  qui 
s'engrènent  avec  les  saillies  des  cellules  voisines,  comme  deux  brosses 
serrées  l'une  contre  Tautre  (iM.  Schuitzej.  Plus  lard,  elles  se  dessèchent, 
s  aplatissent,  deviennent  cornées,  écailleuses,  et  mesurent  de  0"'",022  à 
0,065"".  Si  ces  dernières  cellules,  qui  constituent  la  couche  cornée  de 
I  epiderme,  n'ont  aucune  tendance  à  végéter,  il  n'en  est  pas  de  même  de 
celles  qui  forment  la  couche  profonde,  ou  réseau  muqueux  de  Malpighi. 
(>elies-ci  sont,  dans  quelques  circonstances,  le  point  de  départ  de  for- 
mations pathologiques  que  nous  désignons  sous  le  nom  d*épit/iéliome 
pavimenteux  (1). 

L'épithéliome  pavimenteux,  l'une  des  formes  les  plus  communes 
de  la  carcinose,  a  été  spécialement  étudié  depuis  les  recherches  micro- 
scopiques, et  surtout  depuis  l'année  1844.  Cette  aiïection,  qui  peut  siéger 
imrtout  où  existent  des  cellules  épithéliales  pavimenteuses,  se  ren- 
contre habituellement  à  la  peau,  au  niveau  du  point  où  ce  tégument 
se  continue  avec  les  muqueuses  (lèvre  inférieure,  pourtour  de  l'ori- 
fice des  narines,  des  paupières,  de  l'oreille,  de  l'anus  et  des  organes 
génitaux  des  deux  sexes),  plus  rarement  sur  les  muqueuses,  où  elle 
affecte  de  préférence  le  col  de  l'utérus  et  l'œsophage.  Elle  débute  par 
une  crevasse,  une  fente,  une  excoriation  indurée,  une  sorte  de  verrue,  lé- 
sions en  apparence  insigniGante,  mais  qui,  après  un  temps  plus  ou  moins 
long,  s'étendent  en  largeur  plutôt  qu'en  profondeur,  et  finissent  par  s' indu- 
rer sur  leurs  bords.  Par  son  développement  ultérieur,  cette  végétation  par- 
vient à  engendrer  des  saillies  plus  ou  moins  nettement  limitées,  ayant  tan- 
tôt une  apparence  papillaire,  la  forme  d'un  champignon  et  une  surface 
suintantes,  tantôt  la  forme  d'une  induration  bosselée  au  centre  de  laquelle 
ne  tarde  pas  à  se  produire  un  ulcère  cratériformc,  laissant  échapper  un  suc 
blanchâtre,  mêlé  ou  non  à  des  globules  de  pus.  Cet  ulcère,  plus  ou  moins 
étendu,  se  creuse  peu  à  peu,  reste  grenu  et  conserve  une  teinte  blanchâtre, 
ou  bien  il  se  couvtc  de  granulations  d'un  rouge  sombre  ou  grisâtre.  En  gé- 

m 

(1}  Cette  alTection  a  reçu  des  noms  fort  différents  :  Noli  me  tangere,  chancre  malin, 
ulcère  chancrcux,  ulcère  rongeur,  cancer  cutané,  cancer  faux  (£cker)^  épithélioma 
(Hannover),  cancroïde  (Lebert),  cancer  épithelial,  etc. 


/l32  AN.\TO»l[E    PATnitl.OCIOI'E. 

iitiral,  il  se  fait  remarquer  par  sos  bords  sinueux,  indurés,  aplalis  ou  nHrvib- 
ses.  souvent  renversas  pomme  les  bords  d'un  chappau  [voy.  Atlatd'mvl. 
pttlhol.,  parLancereauxet  Laciierbauer, pi.  56,  tig.  3),TiU(iu  tntlsurTiiin 
un  goiillemcnt  des  ganglions  les  plusrapprocbM 
de  la  région  malade,  lesquels  s'indurent  et  se  fu- 
sionnent entre  eux  ou  môm>;  avec  la  tumrar 
primitive  Puis  la  destruction  locale  ga^«i 
prorondeur,  alTecte  les  tissus  sous-jaccnts  ■  ti 
peau  et  aux  muqueuses,  attaque  les  os,  non- 
seulement  ceux  du  cn\ne  el  de  la  face,  mti) 
auss!  ceux  des  membres  (tig.  i5ii},  el  qorl- 
qiit  foib  des  vaisseaux  volumineux,  comnitie 
I  II  Ml  pour  l'aorte,  dans  un  cas  d'^-pilh^lioRir 
lU  Iflpsophage  (fip.  15d)ou encore  les  nerfs- 
1  Naminée  sur  une  coupe,  cette  produclioua 
I  ispeci  d'un  tissu  blanc,  mat,  ^renu.  bomo- 
pi  lie  résistant,  mais  sans  élasticité.  Furl«fitnil 

I  (imprimée  entre  les  doigts,  elle  laisse  sourJir 
un  suc  plus  nu  moins  épais,  une  sorte  de  bonil- 
lie  lilancbAti'e  et  des  cylindres  ou  gninMWH 
M  iniiculaires  comme  le  sébum  épaissi  d'une 
-I  mile  dilatée  de  la  peau.  Vue  au  mi4^ruMopr> 

I I  lt(  bouillie  est  composée  de  grosses  cetbl«« 
plates,  de  détritus  moléculaires,  quelquefois*' 
irislauvdecbolestérineel,  enfin,  de  globe*  wl" 
lulaires  qui  paraissent  entourés  de  fibres  rmi- 
«■«ntriques  [globes  ^idermiques). 

Ijl  composition  bistologique  do  celte  iw»- 
plasie  comprend  de.s  cellules  épilhi^lialesiMvi- 
menleuses,  plus  ou  moins  volumineuses,  et  un 
stroma  à  larges  mailles.  Soudées  entre  etif*.  1" 
cellules  forment  desamas  ou  tlots,  plusou  nnii» 
réguliers,  allongés  ou  arrondis.   Quelqiwf«' 

petilrset  cylindriques,  sonvent  un  peu  pîim«- 

Fie.   154.—   Parlio  îiilériouPB    ^  ,".,..,  ...         _^ 

d'un  tibia  cnvnhi  et  en  partie    ti^^  n  la  pénpberie,  elles  sont  disposée*  p«îpt^ 

détruit  p»r  on  ^{tiiUliome   djculairement   au   stroma,  et  renferment»» 

cutané  [0)l\.  ou  D'  PÉnn;.  n  .      ■  u 

noyau  manifeste  ;  celles  qui  vienurni  jMIïUW 

sont  cul)iques,  rbomboïdales,  plus  volumineuses  que  les  précédcnl»,  ri. 
eomme  elles,  munies  d'un  noyau  apparent,  avec  un  nucléole,  l^wcelhil** 
les  plus  intérieures,  aplaties,  (iliroïdes  et  souvent  dé|H>nrvues  de  nojiw. 


w 


\\ 


HYPKRPI,\SIES.  iS3 

ponslîlwpnt  enfin,  dans  quelnues  cas,  dos  couches  disposées  conccnlri- 

(|uempnt,  h  la  façon  des  feuilles  d'une  liHe  de  chou,  autour  d'une  pailie 

^^ceatrale  incolore,  hotnogtne  ou  eonlcnniit  des  uoyaus  (glolws  épîdcr- 

^■Éiquos)  (Hg.  156}.  Le  stroma,  peu  abun- 

^H^t,  est  constitué  par  des  nojaux  libres, 

^^è  petites  cellules  rondes  et  des  vaissenut 

ec  {{encrai  peu  nombreux  (tissu  conjonctif 

embryonnaire), ou  par  uu  tissu  conjonctif 

scieulô  et  lîbrillaire.  Tel  est  répilliélioiiK' 

Idulte. 

i  Dans  un  certain  nombre  de  cas,  au  lieu  di' 
irgescellulescornées.lestunKtursfiépitlir'- 
i  pavimenteux  ne  renferment  que  des 
rilulos  petites,  jeunes,  ayant  au  plus  [c 
e  dfi  répithélium  qui  tapisse  les  ca- 
lux  de  l'urine.  Ces  cellules  sont  fornii}es 
tlao  noyau  volumineux,  entouré  d'une 
lible  couche  de  protoplasma,  et  analogues 
l  celles  qui  forment  la  couche  la  plus 
Inférieure  du  réseau  de  Malpij^hi.  Soudées 
eutrt!  elles,  sans  substance  intermédiaire, 
elles  forment  des  tratuécs  plus  oa  moins 
longues,  et  figurent  des  tubes  cylindri- 
ques lia  forme  acineuse  ou  gliiiidulaîre 
.  *>pithéliome  tubulé).  Le  stroma  conjonctif 
qui  limite  ces  tubes  renferme  des  vais- 
seaux peu  abondants. 

C^s  deux  formes  de  l'épithéliume  pavi- 

ttnteux  ne  différent  en  général  que  par  l'Age  des  éléments.  Elles  peuvent, 
me  et  l'antre,  s'étendre  aui  ganglions,  et  quelquefois  même  aux 
Iganes  internes;  mais  l'épilhéliome  embryonnaire  ou  tubulé  est  beau- 
up  plus  apte  à  se  généraliser  que  l'epithélrome  adulte.  Toutefois,  ce 
rait  une  erreur  de  croire  que  ce  dernier  est  incapable  de  donner  nais- 
■ce  à  des  tumeurs  secondaii-es.  Dans  un  cas  de  cancroîde  ulcéré  de  la 
B  inférieure,  de  la  face  et  de  la  partie  supérieure  du  cou,  observé  par 
ri|  le  diaphmgme  contenait,  prés  de  son  centre  phréuiquc,  une  petite 
meur  aplatie,  du  diamètre  d'une  pièce  de  un  franc,  composée  de  cellules 
i^pilhélîales  pour  la  plupart  cornées  et  de  globes  épiderniîques. 

A  côté  de  ces  formes  purement  anatoniiques  nous  placerons  quelques 

[étés  h  la  fois  cliniques  et  anatomo-palhologiques  ;  ce  sont  :  l'êpilhé- 
I.JUCCMEACI.  —  Trait*  iIMniil.  [,    ^    28 


a.  l&â.  —  £)iiihtiii)n)e  de  l'imu- 
pliage.  Cet  oqgi'nv  ce,  oiivrrl  en 
vriâra  <>',  luItM  voirtai'  »  tafe- 

inlernc  deux  musoi  i|>illièl laïcs 
cp  ilonl  l'une  eit  travcmle  par 
Ir  nerf  récurrent  lin  itiei  «talitti 
nn'  (Allai  (fanal,  piilli.). 


ftSft  ANATOMIB  PAtHOLOGIQOB. 

liome  cicatrisant  ou  atrophique,  le  choléastome  ou  épithéliome  perié, 
le  inélanome  ou  épithél  iome  inélanique.  L'épithéliome  cicatrisant  occupe 
habituel  lement  la  peau  de  la  Tace  des  vieillards  et,  comme  la  plupart  des 
néoplasies  des  personnes  âgées,  il  se  fait  remarquer  par  ud  accroisse- 


cjlindfei  I 


ment  lent  et  une  régression  rapide  de  ses  éléments  cellulaires  à  la- 
quelle succède  une  sorte  de  cicatrice  centrale  Celte  disposition  qui  se 
retrouve  dans  l'épithéliome  glandulaire,  est  pour  ainsi  dire  caractcristiquf 
du  cancer  ;  elle  est  la  conséquence  de  la  dégénérescence  plus  complèle  de» 
cellules  épithéliales  au  centre  de  la  tumeur. 

Le  choléastome  se  présente  à  la  coupe  sous  la  Torme  d'une  tumeur  en- 
kystée ou  lobulée,  sèche,  d'un  blanc  brillant  ou  miroitant;  il  est  consti- 
tué par  des  cellules  très-délicales,  aplaties,  incolores,  de  forme  ronde  ou 
polygonale,  ordinairement  dépourvues  de  noyaux,  placées  a)te  à  «ite 
d'une  manière  très-régulière,  et  auxquelles  s'ajoutent  quelquefois  des 
cristaux  de  choleslérine.  Un  examen  attentif  de  cetle  altération  conduil 
à  reconnaître  qu'elle  doit  ses  principaux  caractères  aux  éléments  épider- 
miqucs,  qui  restent  stationnaircs  par  suite  de  leur  transformation  en  cel- 
lules cornées.  Entre  les  amas  perlés,  plus  ou  moins  complètement  séparés 
les  uns  des  autres,  existe  un  tissu  conjonctif  dense,  peu  ou  pas  vasculaire. 

L'épithéliome  mélanique,  beaucoup  moins  rare  qu'on  ne  le  croit  généra- 
lement parce  qu'on  le  confond  avec  le  fibrome  mélanique,  a  pour  point 
de  départ  tanl6t  la  couche  de  cellules   épithéliales  qui   constitue    le 


HÏPERPLASIES.  ?l35 

au  de  Malpighi,  tantàt  répithi-liuni  pigmenlti  de  la  fare  interne  du 
yslème  irido-choroïdicn.  A  la  peau,  celte  altiTation  prend  jrpnéralemeni 
aissaDw  au  nivenu  dos  calus,  des  verrues,  ou  des  na-vi  vaseulaires,  cl 
'observe  surtout  à  la  plante  des  pieds,  au  scrotum,  à  la  face  et  aux  pau- 
lîères.  Elle  se  présente  sous  la  forme  de  tumeurs  qui  ont  la  consistance 
le  l'i^pilbélionie  oniinaire,  et  qui  luibitueltemeiit  se  ramollissent  et  s'ul- 
Pèrenl  avant  d'avoir  acquis  un  volume  considérable  (lift.  157).  Hi'  reinlc^ 


.  —  Épilhéliomo  mélnnîqup  de  la  région  malaire  propagÉ  aux  ganglions  lymi^lia- 
foiaîDB.  L'obiortalion  de  ce  fait,  qui  m'est  pcrionnelle,  te  trouve  rapportée  dans 
«  du  docteur  Heurlaux.  Le  deigin  a  étË  pris  par  le  docteur  Péan. 

»  OU  sépia,  CCS  tumeurs  sont  composées  de  cellules  épithéliales,  les 
I  nucléées,  les  autres  sans  noyaux  et  rendues  tout  û  fait  opaques 
Fdes  granulations  pipinenLiircs  semblables  au  pilent  qui  infilire 
W  cellules  du  réseau  de  Malpi^hi.  Quelquefois  même,  par  suite  de  In  des- 
es  cellules,  les  granulations  sont  libres  au  sein  de  lu  tumeur, 
légale   répartition  dans  différents  points  donne  h  c«lle-ci   un 
t  diversement  coloré  et  marbré.  Cette  altération,   qui  commence 
«tubercules  saillants,  durs  et  colorés  en  brun,  ne   larde  pas  h 
ir  les  ganglions  lynipbatiques  et  les  organes  intcrtics.  Opendanl, 
I  ens  f]ui  m'est  personnel,  rinfectioti  dépassait  à  peine  les  ^lande^ 
Utiques  de  la  région,  après  une  durée  de  six  années  ffîg.  157;, 


â 


A36  INATOUIE    PATHOLOGIQUE. 

Les  tumeurs  mélRiiiques  épithcliales  de  i'œil  sont  inlra-oculaires,  dkis 
ont  poui'  point  dt;  départ  les  couches  épithéliales  de  la  choroïde  ;  par  conUr. 
les  tumeurs  pigineiKées  qui  naissent  sur  la  face  externe  de  cet  orpw 
sont  des  libronies  embiyonnaires  (sarcomes).  Situé  dans  la  proftmdev 
de  l'œil,  répithéliome  mélanique  [carcinome  mélanique  dos  auleon) 
forme  des  saillies  plus  ou  moins  volumineuses,  qui  ont  pour  résultat  de 
décoller  la  rétine  et  de  comprimer  le  corps  vitré,  laissant  la  choroidti 
peu  près  intacte,  à  part  le  point  d'implantation  de  la  tumeur.  Qaai 
elle  remplit  la  cavité  oculaire,  cette  tumeur  fait  disparaître  la  rétine  pu- 
atrophie,  repousse  le  cristallin  vers  la  cornée,  amincit  et  perfore  la  sclé- 
rotique, et  fait  à  l'extérieur  une  saillie  en  forme  de  champignon,  souret 
d'bémorrhagies  fi'équentes;  ou  hien  elle  se  propge  par  le  nci^opliqnr, 
du  côté  de  ladure-mmetde  la  cavité  crânienne  (Robin).  En  somme,  ar- 
taines  tumeurs  mélaniques  de  la  choroïde,  que  plusieurs  auteurs  font  pro- 
venir du  tissu  conjonctif  et  considèrent  comme  des  sarcomes  (fibrume 
embnonnaires),  sont  envisagées  avec  raison  par  Ch.  Itobin  comme  des 
formations  épithéliales.  Elle  sont  composées,  suivant  ce  professeur,  de  cel- 
lules juxtaposées,  bipyramidales,  possédant  un  ou  deux  noyaux  oTotiki. 
clairs,  non  grenus,  avec  un  ou  deux  nucléoles  brillants,  et  disposées  eu 
forme  de  papilles. 

Quelle  que  soit  leur  origine,  les  épithéliomcs  mélaniques  ont  la  plm 
grande  tendance  à  se  généraliser.  Ceux  qui  affectent  la  peau  s'étendenl 
tout  d'abord  aux  glandes  hmphaliqucs  de  la  région,  avant  d■envahi^l'^ 
autres  organes   (fig.    157).  Ceux  de  l'œil  affectent   indifféremnienl  If 


rappruchfes  de  la 


foie,  les  reins,  les  poumons,  le  cœur,  les  vaisseaux,  les  glandes  Ijmplu- 
îiques,  le  tube  digestif,  les  ovaii-es,  etc.  Chaque  tumeur  secondaire  fK- 
sente  les  caractùres  de  In  tumeur  primitive,  c'est-ii-dire  qu'elle  est  tonsliliWf 
par  des  cellules  épilhéliales,  semblables  à  celles  qui  forment  cette  demiiw- 


HYPERPLASIES.  /i37 

Quelquefois,  cependant,  les  métastases  de  ces  tumeurs  sont  uniquement 
composées  de  granulations  pigmentaires  déposées  dans  les  éléments  nor- 
maux des  organes,  comme  le  montre  la  figure  158.  Sur  cette  figure  on  voit 
une  petite  tumeur  cutanée  (r)  de  la  région  antérieure  de  la  jambe,  formée  de 
cellules  épithéliales  (b),  et,  à  côté,  une  portion  de  lobule  hépatique  (a)  dont 
les  cellules  propres  sont  infiltrées  de  granules  pigmentaires  dans  tout  le 
pourtour  de  la  veine  centrale.  Des  granulations  semblables  se  rencontrent 
encore  dans  les  cellules  hépatiques  sur  plusieurs  points  de  la  circonférence 
des  lobules (voy.  Atlas  d'anal,  path.,  par  Lancereaux  et  Lackerbauer,  pi.  9, 
fig.  3,  3'  et  3").  Ranvier  a  communiqué  un  fait  de  ce  genre  à  la  Société 
micrographique,  et  pour  mon  compte  j'en  ai  observé  deux  autres.  11  est 
bien  évident,  d'après  ces  faits,  que  certaines  tumeurs  mélaniques  secon- 
daires ne  sont  pas  dues  à  un  déplacement  de  cellules,  mais  simplement 
à  la  fixation  de  granulations  pigmentaires  dans  des  éléments  hislolo- 
giques  normaux.  D'ailleurs,  dans  un  cas  observé  en  commun  avec  notre 
ami  Dubinieil,  il  nous  a  été  possible  de  constater  la  présence  de  ces  granu- 
lations dans  les  vaisseaux  lymphatiques  de  lajambed  un  homme  qui  por- 
tait une  tumeur  mélanique  au  pied.  Ces  tumeurs,  toutefois,  ne  sont  pas 
pour  cela  le  simple  effet  d'un  transport  ;  il  est  plus  vraisemblable  que  les 
granulations  déplacées,  comme  celles  que  l'on  injecte,  à  l'état  frais,  sous 
la  peau  des  animaux  (1),  sont  susceptibles  d'augmenter  de  quantité,  de 
façon  à  former  des  taches,  sinon  des  tumeurs  plus  ou  moins  étendues. 
Le  mode  suivant  lequel  se  produit  le  pigment  pathologique  n'a  pas  man- 
qué d'occuper  l'esprit  des  observateurs,  mais  il  importerait  avant  tout,  si  l'on 
veut  s'en  faire  une  idée  juste,  d'être  préalablement  fixé  sur  le  phénomène 
physiologique,  c'est-à-dire  sur  l'origine  du  pigment  des  cellules  qui  compo- 
sent le  réseau  muqueux  de  iMalpighi,  et  des  cellules  choroïdiennes.  Ce  pig- 
ment est-il  une  élaboration  spéciale  des  cellules?  Provient-il  du  sang?  Les 
observations  depuis  longtemps  faites  sur  les  chevaux  paraissent  indiquer 
que,  dans  la  mélanose  conjonctiveau  moins,  il  ne  s'agit  pas  d'un  phénomène 
purement  local,  puisque  ce  sont  presque  toujours  des  chevaux  blancs  et 
gris  chez  lesquels  se  développe  cette  affection.  Cependant  il  est  difficile  de 
tirer  pour  l'homme  des  conclusions  de  ce  fait,  car,  dans  nos  climats,  ce  sont 

(1)  Goujon  a  trouvé  qu'au  bout  d'un  ou  deux  mois  la  quantité  de  matière  noire , 
îflsoluble  dans  l'acide  suirurique,  peut  être  supérieure  de  dix  fois  au  moins  à  celle 
qui  a  été  injectée.  Tout  d'abord ,  une  ou  plusieurs  tumeurs  mélaniques  se  produisent 
au  niveau  du  point  injecté,  et  ensuite  les  ganglions  lymphatiques  voisins,  puis  ceux 
qui  sont  éloignés,  augmentent  de  volume  et  montrent  des  granules  pigmentaires  libres 
ou  contenus  dans  des  cellules  épithéliales.  Comptes  rend,  et  mém,  de  la  Soc,  de  biologie, 
juin  1867,  et  Gaz,  des  /top,,  25  juUlet  1867. 


^38  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

les  personnes  brunes  qui  paraissent  le  plus  souvent  atteintes  de  cancer 
mélanique,  bien  que  cette  affection  ait  été  fort  peu  observée  chez  le  nègre, 
puisqu'il  n*en  existe  jusqu'ici,  à  notre  connaissance,  qu'un  seul  cas  au- 
thentique. Eiselt  ayant  remarqué,  chez  les  individus  atteint  de  mélanose 
Texistence  d'une  urine  noire,  ou  tout  au  moins  brunissant  à  Tair,  ou  par 
l'addition  d'acides,  lloppe-Seiler  a  montré  que  cette  urine  était  trës-ricbe 
en  indican,  mais  qu'elle  présentait  simplement  la  propriété  de  noircir  k 
un  plus  haut  degré  que  l'urine  ordinaire;  eu  d'autres  termes,  qu'elle 
ne  contenait  pas  de  matière  colorante  spécifique.  Il  n'est  donc  pas  pro- 
bable, d'après  cela,  que  la  coloration  de  Turine  ait  une  connexion 
réelle  avec  la  formation  des  tumeurs  mélaniques  ;  et,  du  reste,  Tideatité 
de  la  matière  colorante  de  l'urine  et  de  la  matière  colorante  de  l'épithé- 
liome  mélanique  n'a  pas  été  constatée.  D'un  autre  côté,  comme  il  est  de 
règle  de  voir  cet  épithéliome  prendre  naissance  au  niveau  et  vraisemblable- 
ment aux  dépens  d'éléments  renfermant  de  la  mélanine,  il  y  a  lieu  de 
croire  que  la  formation  de  cette  substance  est,  dans  ces  cas  au  moins, 
la  propriété  de  ces  cellules. 

Au  point  de  vue  de  l'hérédité,  les  tumeurs  mélaniques  ne  diffèrent  pas  de 
toutes  les  autres  tumeurs  épithéliales.  Il  en  est  de  même  en  ce  qui  concenif 
les  conditions  d'âge,  car  elles  sont  spéciales  à  l'âge  adulte  et  à  la  vieillesse. 

Evolution,  —  L'évolution  de  l'épithéliome  comprend  plusieurs  poinb 
le  mode  d'apparition,  l'accroissenient  et  les  modifications  ultérieures.  Il 
naît  en  général  dans  la  couche  profonde  du  corps  niuqueux  de  Malpighi: 
le  cul-de-sac   ou  enfoncement  interpapillaire  s'agrandit  et  produit  dt^ 
renflements  en  massue,  qui  s'avancent  dans  la  profondeur,  et  pénètreul 
dans  le  derme  par  l'apposition  de  nouvelles  cellules  épithéliales  fonnêt'> 
par   la  segmentation  des  cellules  anciennes.    En  même  temps  que  le> 
éléments  du  tissu  épithélial  se  multiplient,  le  tissu  conjonctif  du  voisina^'e 
passe  à  l'état  embryonnaire,  bourgeonne  à  son  tour,  de  telle  sorte  quil 
se  produit  entre  ces  tissus  de  nouvelle  formation  une  pénétration  réci- 
proque, semblable  à  celle  (jue  l'on  observe  pendant  le  cours  du  dévelop- 
pement embryonnaire.  Ainsi  se  constituent  des  îlots  de  cellules  épithéliale>. 
circonscrits  par  des  travées  conjonctives,  et  se  forme,  non  pasunsirapi' 
tissu,  mais  une  sorte  d'organe  complexe  ayant  son  point  de  départ  daii> 
une  anomalie  de  nutrition  de  l'épithélium.  D'autres  fois,  les  masses  t'|>*' 
Ihéliales  naissent  aux  dépens  des  follicules  pileux  ;  le  poil  tombe,  la  mt*^^^' 
brane  limitante  du  follicule  disparaît  et  le  tissu  voisin  dermo-papill^^  ^^ 
est  envahi.  Les  tubes  glandulaires  sont,  dans  certains  cas,  le  point  de  de^-^-^^'' 
de  ce  processus;  ils  s'allongent,  s'élargissent  et  se  déforment  vers  K*" 


estrémitM bor^n^s,  qui  deTiennent  bosselées;  h  membrane  limitante  dis- 
paratl,  cl,  par  suite  d'un  bourgeonnement  simultané  du  tissu  conjonctif, 
il  SR  produit  des  tlols  épilhéliau\. 

LVpithéliome  s'accroît  aux  dépens  de  sa  propre  masse,  et  sans  doute 
aussi  par  la  formation  d'ilotsnouveauxâ  sa  périphérie.  Ces  Itots  ne  sont-ils 
que  l'eiïeldu  bourgeon  ncm  en  t  épi  thé  liai  qui  s'élcnd?Sont-ils  produits  aux 
dépens  d'un  tissu  conjonctif  embryonnaire  de  nouvelle  formation,  qui ,  au 
coDticI  des  épithéliums,  se  transformerait  en  tissu  épithélial  par  une  sorte 
d'action  de  présence,  comme  il  arrive  dans  une  cicatrice  ?  La  chose  est  dif- 
licjle  à  précisi^r  ;  on  sait  seulement  rju'il  existe  toujours  du  tissu  embryon- 
naire au  pourtour  des  Ilots  d'épilhélium  :  on  sait  encore  que  les  muscles  et 
les  os,  avant  d'être  envahis  par  des  éléments  épithétiaux,  présentent  des 
modifications  assez  semblables  il  celles  qui  caractérisent  l'intlammation, 
savuir,  un  ét<it  congestif  et  la  formation  d'un  tissu  embryonnaire  au  sein 
duquel  apparaissent  tes  Ilots  de  cellules  épiihéliales. 

L'ac^-roissement  progressif  de  l'épithéliome  pavimenteux  est  l'une  des 
principales  causes  de  sa  destruction ,  car  de  cet  accroissement  résultent 
des   troubles  de  circulation  et  de  nutrition  dans  les  parties  centrales, 
qui   sont  les  plus  anciennes.  Ces  parties  subissent  peu  h  peu  la  dégé- 
nérescence graisseuse,  se  transforment  en  une  sorte  de  bouillie  athém- 
mateuse  qui,  déversée  à  la  surface  de  la  tumeur,  fait  place  à  un  ulcère 
plus  ou  moins  profond  et  étendu  ;  dans  ct^rtnins  cas,  elles  peuvent  éti'e 
résorbées  et  laisser  à  leur  suite  un  tissu  conjonctif  scléreux  assez  sem- 
blable au  tissu  decicatrice.  D'autres  fois  c'est  une  transformation  muqueuse 
qui  intéresse  la  trame,  les  vaisseaux  ou  lea  cellules.  La  transformation  du 
stroma  en  un  liquide  riche  en  mucine,  renfermant  des  granulations  et  des 
débris  de  cellules,  produit  l'épithéliome  kystique  de  quelques  auteurs.  La 
dégénérescence  muqueuse  des  vaisseaux  est  caractérisée  par  un  épaississe- 
inenl  de  la  paroi,  qui  est  presque  entièrement  celluleuse  et  entourée 
(l'une  gatne  formée  de  tissu  muqueux  à  cellules  élotlées.  Envahies  par  cette 
m^rne altération,  les cdliiles  épiihéliales  deviennent  claires,  ou  présentent 
de  fines  granulations,  puis  perdent  leur  noyau  et  se  détruisent  :  c'est 
l'épithéliome  muqueux,  dont  Kiirster  fait  une  forme  spéciale,  mais  à  tort, 
puisqu'il  s'agit  d'une  altération  secondaire.  Cette  modification,  désignée 
*oiis  le  nom  de  cylindrome  f  1)  par  quelques  auteurs  allemands  qui  avaient 
'^  voir  là  une  altération  spéciale,  se  présente  sous  la  forme  de  masses. 
''Jlindii(iues,  fortement  réfringentes,  gél  ait  ni  formes,  occupant  de  prélé- 

I')   Nou)  lerniii  remarquer  qu'on  n  rncore  appclii  de  ci'  niùme  nom  des  lumeuri  qui 
**  »"•''  que  de»  «ngioinc»  Joui  tei 
ÉB***  C*oj.  p.  195). 


e  [riDiCoroistian  colloïde  iMU'ti- 


à 


ktiO  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

rence  la  région  de  la  face,  disséminées  au  sein  d'un  tissu  fibreux  et  mon- 
trant à  leur  centre,  de  distance  en  distance,  des  corps  réfringents,  ovoïdes, 
unis  les  uns  aux  autres  par  des  prolongements  enkystés.  Ch.  Robin  fait 
rentrer  les  productions  atteintes  de  cette  dégénérescence  dans  les  tumeurs 
qu'il  appelle  hétéradéniques,  tandis  qu'un  de  ses  élèves,  Ordonez,  considère 
les  corps  ovi  formes  comme  des  sporanges  contenant  quelquefois  des  spores 
de  champignon,  et  voit  dans  cette  altération  une  affection  parasitaire. 

Diagnostic  et  pronostic. — Le  diagnostic  de  Tépithéliome  pavimenteux 
est  généralement  facile,  excepté  à  son  début  quand  il  revêt  la  forme 
de  papilles,  de  tubercules  ou  de  squames.  La  difflculté  est  toutefois  de  peu 
de  durée,  car  bientôt  survient  un  ulcère  dont  les  bords  indurés  et  retroussés 
laissent  peu  de  place  au  doute  ;  du  reste,  le  volume  et  la  forme  des  cellules 
épithéliales,  la  présence  de  globes  épidermiques,  ne  permettent  pas  de 
méconnaître  cette  tumeur.  A  la  vérité,  les  adénomes  des  glandes  acineuses 
pourraient  quelquefois  donner  lieu  à  une  erreur;  mais  ces  affections  se 
produisent  chez  des  personnes  jeunes,  mal  menstruées,  principalement 
à  1  époque  de  la  puberté,  et,  contrairement  aux  épitbéliomes,  elles  n'ont 
aucune  tendance  à  Tulcération.  En  outre,  les  parois  propres  des  conduits 
glandulaires,  persistantes  dans  les  adénomes,  n'existent  pas  dans  le  eau- 
croïde.  L'épithéliome   embryonnaire  ou  tubulé  ne  sera  pas  confondu 
avec  le  fibrome  embryonnaire,  dont  les  éléments,  réunis  par  une  substance 
intermédiaire,  ne  sont  pas  compris  dans  un  stroma  alvéolaire. 

L'épithéliome  pavimenteux  qui,  au  fur  et  à  mesure  de  son  accroisse- 
ment, détruit  les  tissus  qu'il  envahit,  est  une  altération  des  plus  graves; 
cependant,  en  raison  de  la  lenteur  de  son  évolution  et  de  son  peu  de  ten- 
dance à  produire  des  métastiises,  du  moins  au  delà  des  glandes  lyniplia- 
t  iques  régional'  s,  il  doit  être  regardé  comme  laltération  la  moins  redou- 
table  du  groupe  des  cancers.  S'il  est  arrivé  quelquefois  de  voir  la  guérisou 
suivre  la  destruction  complète  de  cette  lésion,  il  faut  reconnaître  que  le  plu^ 
souvent  dans  le  courant  de  l'année  qui  suit  l'ablation,  la  cicatrice  devient 
le  siège  d'une  tumeur  analogue  à  Tancienne.  Toutes  choses  égales  d'ail- 
leurs,  le  pronostic  est  d'autant  plus  grave  que  les  éléments  qui  constituent 
la  tumeur  ont  moins  de  tendance  à  passer  à  l'état  corné,  et  que  celltMrî 
occupe  une  région  plus  vasculaire  et  surtout  plus  riche  en  vaisseaux  lym^ 
phatiques.  L'épithéliome  du  nez   et  des  joues  progresse  avec  lenteur, 
<'omme  souvent   aussi  celui  du  tronc.    L'épithéliome  des  lèvres  a  unf 
marche  plus   envahissante;    celui   des   paupières  est    beaucoup  moins 
grave.  Le  cancroïde  de  la  langue  et  de  la  bouche,  celui  du  museau  de 
tanche,  sont  peut-être  les  plus  sérieux  par  leur  tendance  à  s'étendre  et  à 


HYPERPLASIES.  kU\ 

détruire  les  parties  qu'ils  envahissent.  Ainsi  la  topographie  de  cette  affec- 
tion importe  non-seulement  à  son  diagnostic,  mais  encore  à  son  pronostic. 

Étiologxe  et  pathogénie.  —  Le  cancroïde  appartient  à  la  seconde  moitié 
de  la  vie;  il  a  sa  plus  grande  fréquence  entre  quarante  et  soixante  ans; 
mais  si  Ton  tient  compte  de  la  diminution  progressive  de  la  population, 
on  reconnaît  que  l'aptitude  à  contracter  celte  affection,  loin  de  s'affaiblir 
avec  Tàge,  a  de  la  tendance  à  augmenter.  Le  sexe  ne  parait  pas  sans 
influence  sur  le  siège  de  prédilection  de  cette  néoplasie:  le  museau  de 
tanche  est,  chez  la  femme,  l'organe  particulièrement  vulnérable;  la 
lèvre  inférieure  est,  chez  Thomme,  la  partie  généralement  affectée.  Or, 
si  Ton  tient  compte  des  conditions  spéciales  de  ces  organes,  on  arrive  à 
reconnallre  que  ces  déterminations  locales  sont  sous  la  dépendance  très- 
vraisemblable  de  causes  occasionnelles,  comme  l'action  de  fumer  la  pipe 
chez  l'homme,  la  fatigue  et  la  malpropreté  des  organes  génitaux  chez  la 
femme.  Du  reste,  on  a  depuis  longtemps  remarqué  que  le  cancer  épithé- 
liai  est  surtout  une  affection  des  classes  pauvres,  et  qu'il  est  relativement 
commun  chez  les  habitants  des  campagnes  et  chez  les  personnes 
qui  négligent  les  soins  de  propreté.  L'hérédité,  dont  l'influence  est 
incontestable,  montre  bien  la  parenté  existant  entre  les  différentes  affec- 
tions épithéliales,  car  les  ascendants  des  individus  atteints  de  cancroîdes 
sont  quelquefois  porteurs  des  cancers  dit  squinheux  et  encéphaloïde. 

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442  ànàtomie  pathologique. 

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nicgcl.,  sér.  2,  (.  VI.  Voy.  plus  haut  Fib)vme  fwto-cellulatre rtiélaniqtto, p.  369. 


I 


i*  Séoplasles  du  tissu  èpiihélial  nylinilnqve,  —  ÉpUkéUomes  cylindriques, 
—  L'épilhélium  rviindrique,  seconde  vaHùlé  du  tissu  i^pithélial,  tapisse 
d'uiieninuièrccj)ntîimelclulH?di^estir(iepuisle  cardia  jusqu'au  niveau  de 
l'anus,  les  canaux  excréteurs  des  glandes  qui  s'ouvrent  dans  les  intestins, 
les  canaux  pancréatique  et  cholédoque,  la  cavité  utérine,  les  conduits 
mammaires,  etc.  Il  forme  à  la  surface  interne  de  ces  difTérentes  parties 
tme  couclie  simple  de  cellules  minces,  verticales,  soudées  les  unes  aux 
autres,  d'un  diamètre  égal  dans  toute  leur  étendue,  ou  plus  larges 
k  leur  extrémité  libre.  Ces  cellules  sont  munies  de  noyaux  arrondis,  b 
bords  nets,  pourvus  d'un  nucléole  ;  leur  corps  est  généralemeut  trouble 
et  granuleux.  Sur  quelques  points  du  canal  digestif  de  l'homme  et  des 
mammifères,  les  cellules  épithéliales  cylindriques  offrent  à  leur  extrémité 
libre  un  plateau  traversé  par  des  canalicules;  sur  d'autres  points,  les 
voies  re^piratoii-es,  cette  même  extrémité  est  couverte  de  cils  flottauls. 
Adaptés  it  des  fonctions  spéciales,  les  épîtbéliums  cylindriques  canaliculés, 
(4  surtout  les  cellules  à  cils  vibratiles,  pai-aisscut  moins  aptes  à  végéter  que 
les  épilbéliunis  cylindriques  simples,  qui,  dans  un  certain  nombre  de  cas, 
sont  la  cause  do  tumeurs  entraînant  des  désordres  sérieux  dans  l'organisme. 

Les  néoplasies  épithéliales  cylindriques  affectent  toutes  les  membranes 
iniu)ueuse«  à  épilbélimn  cylindrique  simple  ou  stratifié,  mais  elles  se  loca- 
liscnl  de  préférence  dans  le  canal  digestiT,  au  niveau  des  parties  rélrécies  ou 

tUenaux  points  de  transition  de  revêtements  épithétiaux  différents,  comme 
lu  coi  de  l'utérus,  au  pylore,  etc.  Il  convient  de  rattacher  k  ces  néoplasies 
Certains  cas  de  cancer  du  foie  et  du  sein  qui  ont  pour  point  de  départ  les 
^ithéliums  des  conduits  biliaires  et  des  canaux  galaclophores. 
'•  Ces  formations  se  présentent  à  la  surface  des  muqueuses,  sous  l'appa- 
noce  de  saillies  aiTondius  nummulaires,  fungiformes,  érodées  à  leur  centii- 
élqnelquefois  formées  en  grande  partie  de  villosités  (Mg.  159).  Le  plus  sou- 
vent elles  infiltrent  les  tissus  normaux  ;  parexception,  elles  sont  entourées 
d'nne  toile  line  conjonctive,  comme  il  m'est  arrivé  de  l'observer  pour  un 
^ihéliome  utérin  avec  métastase  dans  l'mi  des  tibias.  L'êpitbéliomecyliu- 
[ue,  d'une  consistance  variable,  le  plus  souvent  molle,  présente  une 
ànte  lilanchAtre,  gris&tre  ou  rouge  sombre.  H  donne  à  lu  pi-essiou  un  suc 
iiic,  laiteux,  abondant,  composé  de  cellules  épiihéliales  cylindriques, 
•s  par  leurs  bords  latéraux,  et  dont  les  bords  libres  sont  situés  sur  une 
le  limitée  par  un  double  contour.  Vusde  prolil,  ces  épitbéliums 


i 


Uhl  ANHOMEE   PATBOI.nr.lQUE. 

peuvenl  offrir  l'apparence  d'élémeiils  fusiformes,  et  dans  certains  cas  pw- 
senlerunedilalation  vésit'uleuse,  disposition  imporlanle à connattrrpourli- 
diagnostic.  Au  Imut  d'un  lemps  plus  ou  moins  lon^,  suivant  son  sié^ e,  l'épi- 


Pic.  159.  —  rorlluii  pjloriiiie  do  rcslomac  préscnCanl  une  liitneur  ipithélUIr?  cjlindriiM:. 
Le  foie  élail  le  mk^c  de  tunicura  ini^Ualaliques  histolDgiqueni«nt  sctnbUblet. 

théliome  cylindrique  change  de  physionomie,  il  se  ramollit  et  lend  h  s'ul- 
cérer; sa  surrace,  souvent  viUeuse,  présente  peu  à  peu  une  dépression 
centrale  il  fond  blanchâtre  et  mollasse,  riche  en  suc  laiteux;  ses  bords 
sont  plus  ou  moins  Fermes  et  iargen,  suivant  l'élenduc  de  l'altémlion. 

Examiné  au  microscope  après  durcissement,  l'épilhéliomu  cyltndriiID^ 
présente,  à  un  faible  grossissement,  des  amas  de  cellules  épithélnle^ 
contenues  dans  des  alvéoles  plus  ou  moins  largos,  formés  de  travée* 
conjonctives  parcourues  par  des  vaisseaux.  Ces  alvéoles,  dont  la  lordi^ 
varie  suivant  que  la  coupe  est  parallèle,  perpcndîculture  ou  oblique' 
par  rapport  à  leur  plus  grand  diamètre,  sont  tapissés  d'une  couche- 
d'épithélium  cylindrique  perpendiculairement  implanté,  sans  t'inler — 
position  d'une  membrane  propre  hyaline,  glandulaire,  et  n'était  cetlf 
dernière  circonstance,  les  cnracU'irf'S  de  l'éplthéliome  rylindriquc  m-^ 
différeraient  pour  ainsi  dire  pas  de  ceux  des  glandes  intestinales  (fig.  100^- 
I^s  villosités  et  les  papilles  voisines  de  celle  formation  sont  génén — 
tement  hypertrophiées,  el,  dans  un  certain  nombre  de  ens.  des  ap— ■ 
pendices  papillaires  tapissés  d'une  couche  épiihéliale  cylindriqut^ 
donnent  fi  la  partie  In  plus  superliciellc  de  la  lumeur  l'aspect  d'unv 


nÛ^SÔîmante.  Conunune  à  la  surrace  de  l'esloinac  où  je  i'aî  obser- 

11  ftniiid  nombre  dt-  Fois,  celti; 

êialiuii  était  aulrefois  cunroti- 

,  k  cause  du  suc  laiteux  ijui 

it  Échappe,  avec  le  C!u-ciiioiiii> 

kluUaii'e.  [.e  stroma  qui  taaiii- 

:t  les  (ilémctils  tipitbéliaux  est 

1  abondant  ;  le  [ilus  souvent 

nbryounaire,   il   l'euferniG  des 

isseaux  peu  nombreux  et  plus 

Il  moins  développés. 

L  prédomi minci!  dit  l'un  des 
lémenla  constitutifs  Av.  l'épithé-   Fia,  100.  —  Cuupe  microKopiiiDe  d'un  épiihù- 

: I'     .  -  j    -.       .      .        lioino  cvliadriquc  du  rceluiD. // A  cafilÉi  des 

lOme  cylindrique  pi-oduil  aulaut       ,^bc,;  '.  «IIuIm  *piU.*li>l«.  (Tir6  de  moa 
BTajîélés  de  cette  luinour;  IV-      Ailot  iFanafomù pathol-'jitiM). 
■  Bbreux  ou  embryonnaire  du  slroma,  In  dilatation  des  vaisseaux  et 
1  hémonhagies  qui 
D  sont  la  suite  servent 
r  quelques  au- 
pes  variétés  de  la  niè- 
e  altératiuii. 

sépilhéliuiiiesc\- 
indriques  ne  rcspec- 
|éiit  aucun  tissu.  Com- 
tes   épitliéliumi's 
tt'înienleux,  ils  en- 
nihissent  peu  à  peu 
!ux  qui    les  appro- 
1  le  plus.   Leurs 
mentft  suivent,   au 
a  des  muscles  et 
nerfs,   les   inlcr- 
sconjonctirs;dans 

)  arCOles  ;    dans   le  fm,  jsi.  —  Coupe  niicro»i.a)>ique  du»   ùpiilidiuina  cjliD. 

lo   tissu   înterlo-  driquesecondaîie  du  foiu.  r  t  e.  Épiihélium»  cylindriques 

'.           '  di»pueéscD  toriie  de  lubei  |;'<i"dulmre( :  c,  ceHvùat  h£pa- 

laire(rig.  161).  Plus  Uqueidelicircontereoi-ed'un  lubuli^ ■pUliu al cumprimMs. 

uar  la  iniiinre^-  *  '=*'*<  *"'""  ""  ^^l"*  cilin'l'"i'li'e  iwl<5  vu  k  un  grusïîiM- 

.-.       j  >"■""  P'"'  'Tl  (400  dûiiiiél(«5).  {Alla,  tVwint.  palltol.) 

qu  lis  détcnni- 
it,  les  cancers  à  épithf'liums  cylindriques  atrophient  les  fibres  muscu- 


hti6  ANATOMIB  PATHOLOGIQUE. 

laires  et  nerveuses,  les  cellules  propres  du  foie,  etc.  Ces  productions  ne 
se  comportent  pas  diiïéremment  par  rapport  aux  vaisseaux  ;  elles  perforent 
les  veines  et  même  les  artères,  après  une  résistance  plus  ou  moins  pro- 
longée de  leurs  tuniques,  d'où  résultent  des  hémorrhagies  inquiétante» 
ou  même  mortelles.  Cette  marche  envahissante,  dont  le  chirurgien  doit  se 
pénétrer,  mérite  aussi  d'être  connue  du  médecin  souvent  appelé  à  soigner 
ce  genre  d'altération.  Au  bout  d'un  temps  plus  ou  moins  long,  les 
glandes  lymphatiques  en  connexion  avec  la  région  affectée  se  tuméfient, 
s'indurent  et  deviennent  le  siège  de  productions  épithéliales  identiques 
avec  celles  de  la  tumeur  primitive.  L'épithéliome  cylindrique  se  généralise 
dans  les  organes  beaucoup  plus  souvent  que  le  cancroïde.  Cette  géné- 
ralisation, fréquente  dans  le  foie,  à  la  suite  des  lésions  épithéliales  de 
l'estomac,  de  l'intestin  ou  même  de  l'utérus,  débute  dans  le  système  des 
canaux  lymphatiques.  Elle  s'observe  dans  d'autres  viscères,  et  je  l'ai 
rencontré  jusque  dans  les  os.  Inutile  d  ajouter  que  les  tumeurs  secon- 
daires ont  toujours  la  même  composition  que  l'altération  primitive. 

Évolution.  —  Les  épithéliomes  cylindriques  des  muqueuses  et  des 
glandes  intestinales  débutent  par  le  gonflement  et  la  dilatation  des  tube> 
glandulaires  qui^  peu  à  peu,  s'enfoncent  plus  profondément  dans  le 
derme.  La  surface  des  cavités  glandulaires  se  met  bientôt  à  bourgeonner  ; 
il  s'élève  tout  d  abord,  du  fond  des  tubes,  des  excroissances  acuminéesou 
renflées,  uni(|iiement  formées  de  cellules  épithéliales,  et  plus  tard  des  [ui- 
pilles  richenn'iil   arborisées  se  développent  dans  toutes  les  diredioii^ 
Eu  même  temps,  la  surface  libre  de  la  muqueuse  participe  au  processif ^ 
morbide,  se  couvre  de  papilles  plus  ou  moins  exubérantes,  de  telle  sor**' 
que  la  tumeur,  après  avoir  revêtu  la  forme  d'une  plaque,  se  préseu  ^♦^ 
comme  une  excroissance  fongueuse. 

De  même  que  le  cancroïde,  les  épithéliomes  cylindriques  sont  ex|)Os^  ^• 
à  subir  des  métamorphoses  diverses  et  principalement  les  dégénen'^-^' 
cences  graisseuse  et  colloïde.  Ces  dégénérescences,  qui  afTectent  réléiin'-»  *' 
épithélial  de  préférence  à  la  trame  conjonctive,  consistent,  la  premièr«L*. 
dans  une  infiltration  de  granules  graisseux;  la  seconde,  dans  la  translof — 
mation  des  cellules  épithéliales  en  vésicules  transparentes  (|ui  se  dé!;»" 
chent  de  la  paroi  des  tubes  pour  tomber  dans  leur  cavité.  Ces  forniatioi»^ 
sont  exposées  à  s'enflammer,  ou  même  à  se  gangrener  ;  par  con>c  -^ 
quent,  il  y  a  lieu  de  se  demander  si,  à  l'exemple  des  épithéliomes  de  t*» 
p<»au,  elles  peuvent  quelcjuefois  guérir  spontanément.  C'est  à  quoi  auni»* 
fait  n'a  encore  répondu. 

Diagnoatic  et  prouostic.    —  L'épithéliome  cylindrique   a  de  grand*?'-" 


HYPERPLASIES.  UUl 

analogies  de  structure  avec  radénonie,  dont  il  se  distingue  principalement 
par  sa  marche  envahissante.  L'adénome,  en  effet,  le  plus  souvent  enkysté, 
croit  avec  lenteur,  ne  dépasse  pas  les  limites  du  tissu  ou  des  organes  qui 
lui  ont  donné  naissance,  et  ne  détermine  aucune  affection  ganglionnaire 
ou  métastatique  ;  en  outre,  il  diffère  histologiquement  de  Tépithéliome 
par  l'intégrité  de  la  paroi  du  cul-de-sac  glandulaire  et  du  tissu  qui 
constitue  sa  trame,  laquelle  ne  s'infiltre  pas  de  cellules. 

L'épithéliome  à  cellules  cylindriques  est  une  affection  grave  à  cause  de 
son  peu  de  tendance  à  la  guérison,  de  Tinfection  et  de  la  cachexie  qu'il  dé- 
termine. Sa  gravité,  proportionnelle  à  la  richesse  lymphatique  de  l'organe 
affecté,  est  en  raison  inverse  du  développement  auquel  parviennent  ses  élé- 
ments constituants  ;  c'est-à-dire  que  plus  ces  éléments  sont  développés, 
moins  cette  altération  a  de  tendance  à  se  généraliser  et  à  récidiver. 

Cette  affection  survient  généralement  entre  quarante  et  soixante  ans; 
plus  tard  elle  est  moins  commune,  sans  doute  à  cause  de  la  décroissance 
de  la  population.  Sa  cause  nous  échappe,  car  les  irritations  mécaniques 
ou  chimiques  auxquelles  on  a  voulu  rattacher  la  production  de  cette  néo- 
plasie  ne  sont  que  des  conditions  adjuvantes.  L'influence  héréditaire  est 
établie  par  quelques  faits  ;  mais  elle  ne  peut  rendre  compte  du  plus  grand 
nombre. 

BiBLioGKAPHiE.  — Reinuardt,  Anualm  des  Berlimr  Charité,  1851,  p.  98, 
—  BiDDER,  MùUer's  Archiv,  4852,  Hft  2,  p.  78.  —  Virchow,  Gaz.  médi- 
cale de  Paris,  1855,  7  avril.  —  Fôrster,  Archiv  f,  pathoL  Anat,  u.  Phy- 
siolog.,  t.  XIV,  p.  91,  et  Handb.  der  path,  Anat,  —  E.  Wagner,  Archiv  f, 
physiolog.  Heilkundc,  1858,  306,  et  Gaz,  méd,,  1860,  208.  —  Friedreich,  Gaz. 
med.,  1860,  2U1.  —  Gawriloff,  Wurzburger  medic.  Zeitung,  1863,  t.  IV.  — 
CoRNiL,  Mém.  de  VAcad,  de  méd.,  t.  XXVH.  Paris,  1866.  —  Lancerealx  et 
Lacrehbaiter,  Atlas  d'anatomie  pathologique.  Paris,  1871,  pi.  U  et  9. 

3*»  Néoplasies  du  tissu  glandulaire.  Epithéliomes  glandulaires.  —  Les 
glandes  sont  constituées  par  des  cellules  épithéliales  ou  glandulaires  qui 
tapissent  une  membrane  transparente,  mince,  sans  structure  (membrane 
propre),  et  par  un  stroma  conjonctivo-vasculaire  qui  remplit  les  espaces 
compris  entre  ces  éléments,  en  même  temps  qu'il  sert  à  leur  nutrition  par 
les  sucs  qu'il  charrie  et  qu'il  entretient  la  sécrétion.  Les  cellules  épithé- 
liales glandulaires  sont  les  éléments  essentiels,  elles  ont  des  formes  va- 
riables, le  plus  souvent  cubiques,  sphériqucs  ou  arrondies,  contrairement 
aux  cellules  qui  tapissent  les  conduits  excréteurs  et  qui  sont,  en  général, 
cylindriques  ou  aplaties  comme  les  épithéliums  du  tégument  auquel 
aboutissent  ces  conduits  ;  de  là  sans  doute,  la  différence  dans  la  fonction, 


liUS  AN\TOMIE    PATHOLOGIQUE. 

comme  aussi  dans  l'altération  de  ces  diverses  parties  d'un  môme  organe. 
Les  cellules  glandulaires  renferment  quelquefois  des  granulations  de  matière 
colorante  jaune  ou  brune,  jamais  de  granulations  de  mélanine  ;  aussi  ne 
sont-elles  jamais  affectées  de  mélanose.  Elles  ont  des  dimensions  varia- 
bles :  tandis  que  les  cellules  des  follicules  gastriques  mesurent  de  0**,02 
à  0°"°,029,  et  celles  du  foie  à  peu  près  autant,  les  cellules  qui  tapissent 
les  capsules  de  Tovaire  ont  seulement  de  O^^jOOô  à  0"",009  de  diamètre; 
les  noyaux  de  ces  éléments  ont  de  O^^jOO^  à  0""",009. 

Comme  la  plupart  des  organes,  les  glandes  se  modifient  quelquefois 
momentanément  lorsque  leur  fonction  est  rendue  plus  active,  et  en  gé- 
néral au  fur  et  à  mesure  de  leur  développement.  Les  cellules  épithéliales 
de  certaines  glandes  paraissent  appelées  à  se  détruire,  celles  de  la  ma- 
melle par  exemple  dans  le  cours  de  la  lactation  ;  c'est  un  point  de  rap- 
prochement avec  les  cellules  épithéliales  du  tégument.  Dans  d'autres 
glandes,  ce  fait  est  fort  contestable  :  les  cellules  du  foie  et  des  reins  sont 
des  éléments  à  peu  près  permanents.  Chez  les  personnes  âgées,  lesépilhé- 
liums  glandulaires,  ceux  de  la  mamelle  notamment,  s'altèrent  et  dispa- 
raissent, tandis  que  la  charpente  fibreuse  persiste  et  s'épaissit;  semblable 
évolution  appartient  à  la  plupart  des  néoplasmes  cancéreux.  Ceux-ci  ne 
sont,  par  conséquent,  pas  sans  analogie  avec  les  organes  glandulaires; 
mais  ils  en  diiïfèrent  par  un  développement  et  une  destruction  rapides. 

Tous  les  organes  glandulaires  ont  de  la  tendance  à  végéter  et  à  pro- 
duire des  néoplasies.  Citons  tout  d'abord  les  glandes  acineuses  de  la 
peau  et  particulièrement  les  mamelles,  puis  les  glandes  du  tube  diges- 
tif, surtout  les  glandes  de  l'estomac,  enfin  les  glandes  parenchyroa- 
leuses,  comme  les  testicules,  les  reins,  le  foie  et  les  ovaires.  Le  sieiv 
de  la  végétation  étant  la  partie  sécrétoire  de  la  glande,  c'e^t-à-din* 
l'acinus,  on  s'explique  comment  un  même  organe  glandulaire  peut  ètn 
le  point  d(i  départ  de  deux  formes  distinctes  de  cancer,  quand  il  renfeniK 
comme  le  foie  des  épithéliums  d'espèce  différente. 

Par  cela  même,  on  cemprend  que  les  épithéliums  des  glandes  u Vlanl 
pas  identiques,  les  éléments  qui  entrent  dans  la  composition  du 
cancer  fi:landulaire  ne  sont  pas  toujours  semblables.  Ce  cancer,  d'ail- 
leurs, composé  tout  à  la  fois  d'éléments  épilhéliaux  et  d'un  stroma  con- 
jonctif,  présente,  suivant  la  prédominance  de  l'une  ou  de  l'autre  de  c*^s 
parties,  des  différences  qui  ont  été  considérées  comme  autant  de 
variétés. 

Les  tumeurs  épithéliales  glandulaires  atypiques  sont  ordinairement 
fermes,  du  moins  à  leur  début,  solidement  fixées  au  tissu  envahi,  tantôt 
lobulées,  tantôt  tubéreuses  ou  bosselées.    Leur  surface   de  section,  de 


llïl'EHn,A&IES.  It'id 

.  (einle  mufçe  pâli?,  laisse  échapjicr,  lurstjuoii  lu  cuiiiprimu  ou  qu'on  y 

Ipt&se  le  dos  du  scalpt;),  une  liouiUîe  plus  ou  moins  épaisse,  trouble,  lac- 

kitesccnle.  Celle  bouillie,  ou  suc  cancéreux,  regardée  à  torl  por  ceilâiiis 

Ejiuleurs  comme  caractéristique  du  cau<'>>r,  est  composée  de  cellules  de 

Hbrmes  et  de  dimensions  variables,  mesurant,  en  diamètre,  depuis  0*"'.O10 

lu&qua  O^'iOSO  et  même  plus.  Os  cellules  sont,  les  unes  spliértques, 

'  B  autivs  polygonales,  avec  des  angles  plus  ou  moins  aigus;  quelques- 

)  représentent  un  fusL>au  ou  une  raquette,  c'esl-à-dire  qu'elles  ont 

s  d«ux  extrémités  eflilées  ou  une  extrémité  efliléu  et  une  autre  i-enflée  ; 

D  somme,  elles  n'ont  aucune  forme  s|)éciale,  bleu  qu'elles  soient  souvent 

pliériques  au  début  de  la  néoplasie,  de  telle  sorte  que  c'est  surtout  par 

lar  volume  que  ces  éléments  peuvent  éti'e  recounus.  Co  sont  de  grosses 

lollulcs  qui  renrprnient  un  ou  plusieurs  noyaui  ovalaires  ou  sphériqucs, 

idinuirement  très-volumineux,  lesquels  contiennent  tautdt  un  seul,  tanlût 

^usieurs  gros  rmclêoles  d'appareno;  vésiculeusc. 

Sur   une  coupe  minrc,   apri>s  durcissement   dans   l'ulcool   ou  dans 


«iï'é-- 


.  162.  —  Cau|>e  iiiicro(CDpii|UB  d'ui 
tn  mrlut  conjnnclift  cireunicrltpnl 
lei   cellule»    polvgonile*  muiiies  d'i 

icide  chromiquc,  on  constate  que  ces  cellules  Tormenl  des  amas  cir- 
wnscrils  par  des  Iraclus  conjouctifs  entrecroisés  de  façon  à  constituer 
s  espaces  ou  alvéoles  d'une  étendue  plus  ou  moins  considérable,  com- 
uScrneAfX.  —  Tr.'iUA  .rAinl,  I.   —  Sfl 


itbO  ANATOMIE  PATBOLOGIQUE. 

muniquant  les  uns  avec  les  autres  comme  s'il  s'agissait  d'un  tissu  ca- 
verneux (fig.   162).   La  forme  générale  de  ces  alvéoles,    ordinairement 
ronde  ou  ovoïde,  semble  subordonnée,  en  partie  du  moins,  à  la  com- 
position spéciale  de  Torgane  où  siège  la  tumenr.  Les  alvéoles  dW 
tumeur  carcinomateuse  secondaire  développée  dans  un  tissu  à  coucbes 
denses  et  parallèles  comme  le  tissu   fibreux  sont  en  eiïet  ovoïdes  et 
allongés  parallèlement  à  la  direction  des  couches  de  fibres,  tandis  qn*ils 
sont  bien  plutôt  sphériques  dans  certains  organes  mous,  comme  le  foi<'. 
Le  stroma  conjonctif  est  formé  de  fibrilles  et  de  nombreuses  cellules  fosi* 
formes,  il  renferme  les  vaisseaux  sanguins.  Ces  vaisseaux,  dont  les  dimen- 
sions sont  relativement  considérables,  donnent  lieu  à  un  réseau  rêguliereo 
rapport  avec  la  disposition  des  alvéoles,  ils  sont  plus  ou  moins  abondants, 
et  d'une  structure  peu  différente  de  celle  des  vaisseaux  nonnaux.  Souvent 
ils  sont  dilatés  et  flexueux,  et  toujours  ils  communiquent  avec  les  l'aiS' 
seaux  voisins  de  la  région  et  le  système  général  de  la  circulation.  Leur 
oblitération,  qui  n'est  pas  rare,  a  pour  effet  la  production  d'un  foyer  de 
ramollissement  au  pourtour  duquel  s'établit  un  réseau  vasculaire  colla- 
téral, aussi  épais  et  serré  qu'autour  d'un  abcès.  Schrœder  van  der  Kolk  a 
constaté,  comme  nous  le  savons,  la  présence  de  vaisseaux  lymphatiques 
dans  les  tumeurs  carcinomateuses  ;  Krause  est  parvenu  à  injecter  ces  vais- 
seaux qui  accompagnent  les  vaisseaux  sanguins  dans  l'épaisseur  des 
cloisons  du  stroma,  où,  suivant  Rindfleisch,  ils  formeraient  autour  de 
CCS  derniers  des   gaines  analogues  à  celles  des  vaisseaux  des  a'iiln'> 
nerveux.  L'innervation  des  carcinomes  n'est  nullement  connue,  niai;: 
il  est  vraisemblable  que  ces  produits  pathologiques  renferment,  duiiioiii> 
dans  quelques  cas,  des  filets  nerveux. 

Celte  description  s'applicjue  aux  tumeurs  de  date  récente;  les  tuim'ur> 
plus  anciennes  sont  le  siège  de  métamorphoses  diverses  qui  en  niodilient 
plus  ou  moins  la  physionomie.  Une  niodilicalion  des  plus  carac'c- 
risliques  est  le  ratatinement  central  de  la  nodosité  carcinomateuse,  qu»' 
sembler  produire  une  sorte  de  tissu  de  cicatrice,  mais  qui  n'est  en  milil» 
que  le  résultat  de  l'altération  et  de  la  résorption  d'un  certain  iioiiibn'  1 
des  éléments  cellulaires  des  alvéoles,  ainsi  qu'il  arrive  pour  les  ^'laiid*'^  | 
normales  dans  leur  période  de  déchéance  organique.  Une  modilicalii'» 
non  moins  importante  est  l'ulcérati^m  qui  résulte  tout  à  la  fois  de  rail»- 
ration  granulo-graisseuse  des  cellules  et  du  stroma  de  la  tumeur,  cl  tir 
rinflammation  conséeulive  des  j)arties  légunifnlaires  voisines.  Le  Icirii- 
ment  perforé,  la  masse  végélaiile  s'en^aue  dans  l'ouverture,  sVHil 
à  Texlérieur  et  se  gangrène  en  partie,  d'où  la  formalion  d'un  uiaT^' 
infundibuliforme^  sécrétant  un  liquide  iclioixîux,   nauséabond,  et  auiit 


HYPErtPLASiES;  t\5i 

des  bords  indurés  plus  ou  moins  élevés  au-dessus  du  niveau  de  la 
peau.  Dans  les  organes  glandulaires  internes  la  végétation  se  porte 
plus  spécialement  du  côte  des  veines,  et  souvent  elle  obstrue  les  vais- 
seaux du  foie  et  des  reins. 

L'épithéliome  glandulaire  présente  des  variétés  nombreuses,  déterminées 
les  unes  par  la  prédominance  des  éléments  épilhéliaux  ou  du  stromacon- 
jonctif,  les  autres  *[)ar  une  influence  purement  topi(jue.  Les  premières 
de  ces  variétés  sont  depuis  longtemps  connues  sous  les  noms  de  carci- 
horae  encéphaloïde,  squin'heux  et  colloïde;  les  secondes,  trop  négligées, 
méritent  toute  notre  attention. 

Êpithéliome glandulaire  mou  [cancer  médullaire  ou  encéphaloïde).  —  Ué-» 
sultat  de  la  prédominencedes  cellules  sur  la  trame  fibreuse,  cette  variété 
de  Tépilhéliome  glandulaire  présente  une  grande  mollesse  et  une  teintd 
blanche  ou  grisâtre  qui  donne  au  tissu  morbide  l'apparence  de  la  sub- 
stance cérébrale,  d'où  sa  dénomination.  Elle  revêt,  dans  le  principe,  la 
forme  de  masses  diffuses  qui  ne  tardent  pas  à  prendre  un  accroissement 
considérable,  à  se  répandre  en  différents  points  de  l'organisme,  à  gagner 
la  peau  et  à  s'ulcérer,  si  elles  se  trouvent  situées  au  voisinage  de  ce  tégu-» 
ment.  Incisées,  ces  masses  présentent  fréquennnentdans  leur  épaisseur 
des  points  ou  des  taches  hémorrhagiques;  elles  s'affaissent  comme  une 
bouillie  un  peu  molle,  et  lorsqu'elles  sont  plus  fermes,  elles  domieut 
lieu,  sous  l'influence  de  la  pression,  au  suintement  d'un  suc  abondant. 
Elles  sont  composées  par  un  stroma  très-mince  et  en  même  temps  très- 
vasculaire,  qui  circonscrit  de  larges  alvéoles  comblés  par  des  cellules 
volumineuses,  prismatiques,  sphériques  ou  polyédriques.  Disposées  sans 
ordre  et  irrégulièrement  implantées  aux  parois  des  alvéoles,  ces  cellules 
se  détachent  facilement,  car  elles  sont  simplement  soudées  entre  elles.  Le 
testicule,  l'estomac,  le  foie,  les  reins,  sont  le  siège  habituel  de  celle 
forme  d'altération  ([ui,  en  raison  sans  doute  de  l'abondance  du  suc 
qu'elle  renferme  et  de  sa  riche  vascularité,  a  la  plus  grande  tendance  à  in- 
fecter l'organisme.  C'est  à  elle  que  se  rapporte  le  carcinome  miliaire 
ai^ru,  qui  se  dissémine  rapidement  sur  de  grandes  surfaces,  envahit  les 
organes  internes,  les  membranes  séreuses,  et  produit  un  mouvement 
fébrile  et  des  phénomènes  typhoïdes. 

Le  carcinome  hémabide  ou  télangiectasique  (fongus  hémalode)  est,  dans 
l'espèce,  une  sous- variété  (|ui  a  pour  caractère  principal  une  formation 
exagérée  des  vaisseaux  capillaires,  leur  dilatation  totale  ou  partielle.  Les 
tumeurs  qui  s'y  rapportent,  ordinairement  volumineuses,  d'une  teinte 
grisâtre  ou  rougeâtre,  d'une  consistance  molle,  laissent  échapper  en 


hhi  AtfAtOltlS  ^AfAOLOGlQdS. 

abondance,  à  la  coupé,  un  suc  mêlé  de  sang  ou  même  da  sang  pur. 
Leur  mollesse  est  telle,  dans  quelques  cas,  qu'il  suffit  de  les  toudier  pour 
les  réduire  en  un  magma  rougeàtre,  analogue  à  du  résiné  ;  c'esl  que  leur 
trame  est  presque  uniquement  constituée  par  des  vaisseaux  qai  présea- 
tent  des  dilatations  fusiformes  ou  moniliformes,  de  petits  anéfiysmes 
pariétaux,  sphériques  ou  piriformes,  dont  la  rupture  facile  donne  liea  à 
des  hémorrhagies  dans  l'épaisseur  ou  à  la  circonférence  de  la  lamear. 
Dans  le  foie,  où  cette  forme  d'altération  n'est  pas  extrêmement  rue,  il 
m'est  arrivé  de  voir  des  hémorrhagies  abondantes  se  produire  au  sein  des 
masses  carcinomateuses,  les  rompre  et  faire  irruption  dans  la  cavité  péri- 
tonéale.  Développées  dans  le  tissu  osseux,  ces  mêmes  tumeurs  donnent 
lieu  à  des  soufOes  qui  peuvent  faire  croire  à  de  vrais  anévrysmes  ;  mais 
il  faut  reconnaître  que  fréquemment  on  a  pris  pour  du  cancer  ce  qui 
n'était  qu'un  fibrome  embryonnaire. 

Epithiliome  glandulaire  dur  ou  squirrhe.  —  Cette  variété,  qui  a  doniié 
lieu  à  la  dénomination  de  cancer,  à  cause  de  l'analogie  grossière  de  ses 
prolongements  rayonnes  avec  les  pattes  d'un  crabe,  se  fait  ronar- 
quer  par  la  prédominance  de  la  trame  fibreuse.  Elle  aOecte  le  seio 
et  l'estomac  de  préférence  à  tout  autre  organe,  revêt  la  forme  de  plaques 
dures,  résistantes,  ligneuses,  et  se  dissémine  par  masses  circonscrites 
qui,  à  la  peau,  se  rétractent,  s'atrophient,  et  finissent  quelquefois  par 
des  ulcères  à  base  indurée.  Ces  plaques,  qui  ne  sont  jamais  limitéi's  par 
une  capsule  fibreuse,  se  tranchent  difficilement  et  crient  sous  le  couteau. 
Leur  surface  de  section,  lisse,  mate,  grisâtre  ou  rosée,  a  Tapparenco  d'um* 
cicatrice  fibreuse;  elle  laisse  échapper,  sous  rinflueuce  de  la  pression,  uue 
faible  quantité  d*un  suc  blanc,  laiteux,  miscible  avec  Teau.  Lestracluscon- 
jonctifs  qui  entrent  dans  la  composition  de  cette  forme  d'altération,  {:éiH'- 
raicment  épais,  peu  vasculaires  en  apparence,  contiennent  un  fin  rf:>t^" 
de  capillaires  ;  ils  laissent  entre  eux  des  espaces  longs  ou  ovaiaires,  re^i' 
fermant,  à  la  périphérie,  des  cellules  pâles,  analogues  à  des  élénieiil» 
lymphatiques,  et  dans  leur  profondeur,  des  cellules  plus  volumineuses, 
munies  d'un  gros  noyau,  disposées  sans  ordre  et  faciles  à  isoler.  Tout  a 
fait  au  centre  de  la  tumeur,  on  ne  trouve  souvent  que  des  faisceaux  d»* 
tissu  conjonctif,  entrecroisés  et  accompagnés  d'un  grand  nombre  <!<' 
fibres  élastiques.  Donc,  au  fur  cl  à  mesure  que  cette  altération  s  étend  |«r 
sa  circonférence,  les  éléments  cellulaires  se  désagrègent  à  son  centre,  où  s*' 
produit  une  sorte  de  cicatrice.  On  y  distingue  ainsi  quatre  zones  qui  cor- 
respondent à  autant  de  stades  du  processus  cancéreux  :  ce  sont  les  zones 
du  développement,  de  Tapogéc,  de  la  métanior|)liose  régressive  et  de  la 


PYPtiii'Ufiii;9.  AS3 

«Irisation.  Maljrré  «Ile  disposilion  en  apparence  favornble,  le  squirrhe 

1  esl  pas  inoiiiâ  une  alTeclion  envahissante  et  propressive  qui  ne  peut 

e  rangée,  comme  le  voudraient  certains  auteurs,  dans  ta  classe  des  pro- 

s  phlegmasiques.  I.a  pi-éscnce  d'un  stroma  épais  et  fibreux  avec  al- 

kiles  comblés  par  des  cellules  ordinairement  volumineuses,  voilà  le 

ractère  qui  distingue  le  squirrhe  et  le  diiïéreiitie  des  productions  sim- 

iplement  Dhieunes.  Ce  diagnostic  n'est  pas  touteFois  sans  diflicullés  lorsque 

éléments  collulaii'es  sonl,  pour  la  plupart,  étouffés  par  la  trame  con- 

mctive;  en  pareil  cas,  le  cancer  se  reconnaît  par  son  ratattnement  spé~ 

I  et  par  In  présence  habituelle  dans  son  voisinage  do  nodules  indurés 

incomplètement  altérés. 

f  Le  squirrhe  survient  en  général  â  un  Age  avancé,  son  dévetoppemciil 

t  lent,  et  sa  gravité  d'autant  moindre  qu-'il  détermine  un  ralatinement 

s  rapide  des  parties  envahies,  il  se  propage  aux  vaisseaux  lyniphali> 

s,   inTede  les  ganglions  et  se  répand  Ti'êquemmenl  dans  les  organes, 

totamment  dans   les  vertèbres  ;  mais  cette  généralisation,  comme  les 

Scidives  qui   suivent  son   ablalioii,   n'est  |ias  constante,  et  lorsqu'elle 

irvîent  elle  est  oïdiiiairenicnl  tardive,  ce  qui  fait  de  cette  variété  une 

)rme  clinique  relativement  bénigne. 

tpUbéliome  glandulaire  calhidn.  —  luette  foi-rae  rl'altération  se  rap- 


A<)>1B3.  —  Epiltioliooie  oti  carcinome colUiMe  de  I  ettomac.  a  a  , 
înHllrAMdeaubstBiicecoUoïite;  b  b,  d  d,  travées  conjoDRlives;  i 
c  ditpjtrilion  dea  cellules  tpilhèlialea.  Gronusemenl,  160. 


whe  des  variétés  précédentes  par  sa  structure  alvéolaire,  mais  elle sen 
loigne  par  le  cuirleiiu  géhitinenx  de  ses  alvéoles,  résullant  d'une  mo- 


à 


m 


PATfini.or,iot[E. 


dilication  des  éléments  ùpîllu'liniix.  Elle  sîugooi'diiiiiirenientdaïKiIctiN 
conjonctif  5ous-iuuquou\  it  sous-séreux  de  l'esloniac,  de  i'œsopblpM 
du  rectum,  plus  rarement  dans  le  foie,  les  ovairi?3  et  les  roins.  Lei 
meurs  qu'elle  délermine  sont  tanlùt  étalées  et  diffuses  (estomac),  lu 
circonscrites  et  multiples,  disséminées  k  la  surface  des  memhnM 
séreuses  ou  dans  la  profondeur  des  organes  (tumeurs  secondaires).  Lu 
plaques  diffuses  font  paraître  les  organes  comme  inliltrês  par  tu» 
semi-fluide,  transparente,  gélatiniformc  o»  muqueuse,  dont  la 

tiun  chimique  est  jusqu'ici 
déterminée.  Les  nodosiliîs  cir- 
rangeritcs,  ou  tumeurs,  dont  I» 
volume  varie  depuis  la  gmssoir 
d'une  lentille  jusqu'il  celle  d'i 
marron  ou  d'une  pomme,  a 
une  teinte  grisiltrc,  uire  «mS- 
guralion  irrégulière, 
une  eonsîslance  un  peu  mnIK 
mais  plus  ferme  que  celle  du 
f^ircinome  cncéphaloïde.  Ltur 
surface  de  section,  lisse  rt  pr- 
siUre,  est  parsemée  de  poînlt 
transparents  produits  par  Je  ib^ 
piH  de  la  substance  colloîdi;  i 
l'intérieur  des  alvéoles  donll» 
parois  sont  formées  d'un  Hw 
coujonclif  lin,  strié,  contena^' 
en  plus  ou  moins  grande  «bi» 
dance  des  cellules  emhryoniui- 
i-eset  des  vaisseaux.  (>sal*wlf* 
sont  irréguliers,  remplis  i" 
noyaux  cl  do  cellules  plus  o» 
moins  altérées.  Tout  dabnni- 
ces  cellules  sont  intïltrées  d'up* 
matière  homogène,  colloïde,  q"' 
refoule  le  noyau  à  la  périphérie;  mais  plus  tard  elles  so  modifient. df- 
viennent  plus  volumineuses,  sphén'ques,  ou  se  transforment  en  vé!iiail<^ 
kystiques;  souvent  elles  renferment  plusieurs  noyaux  (six  et  huit)  el  d« 
granulations  moléculaii-es  libres  (fig.  IfiS).  On  constate  en  méffit-temp* 
l'existence  de  cellules  incluses  les  unes  dans  les  autres,  do  noyaux  vc«* 
Kuli'HX  el  di-  délnis  ('•'llninires  qui  se  contractent  cl  diniinnent  de  vwlnnif 


les  blanchillreB  ou  gfLtilret  TonncM  por  la 
jiroUté ration  in  «llulm  hépatiiUM,  fili, 
c,  veine*  obalruéei  psr  la  titsu  pulholoEiqiie. 


arPERPtASiBs.  &5S 

sous  l'iiinncnce  de  l'acide  acélique.  Le  carcinome  colloïde  ne  respecte 
aucun  tissu  ;  s'il  siège  dans  l'estomac,  il  ne  larde  pas  à  gagner  les  tuniques 
rausculcuse  cl  séreuse  et  à  s'étendre  de  là  au  pancréas  et  nu  foie  ;  lorsqu'il 
occupe  le  rectum,  il  envahit  bicntùt  la  vessie  ou  l'ulérus.  Il  est  le  point  de 
départ  habituel  de  foyers  métastatiqucs  ;  aussi  n'est-il  pas  rare  de  voir  le 
péritoine  affecté  dans  les  cas  de  carcinome  du  rectum  ou  de  l'estomac.  La 
marche  de  cette  altération  est  ordinairement  lente,  sa  graviEé  est  propor- 
tionnelle à  l'importance  de  la  fonction  troublée;  pour  oo  motif,  le  carci- 
nome de  l'estomac  est  l'un  des  plus  redoutables. 

I>'organe  au  sein  duquel  se  développa  l'épithéltum  glanduleii-e  im- 
prime ù  cette  lésion  un  cachet  en  quelque  sorte  spécial,  ce  qui  no  peut 
surprendre  puisque  chaque  organe  glandulaire  a  des  épithéliums  diiïé- 
rcnls  et  une  circulation  particulière.  L'épithéliome  des  glandes  acinouscs 
(cplui  de  la  mamelle,  etc.)  est  caractérisé  par  la  formation  de  cellules 
semblables  à  celles  des  culs-de-sac  glandulaires,  avec  celte  diiïéreuce 
qu'elles  sont  le  plus  souvent  hypertrophiées  et  plus  ou  moins  altérées.  Il 
s'étend  par  la  voie  des  lymphatiques  aux  ganglions  de  la  région  corres- 
pondante, rarement  par  la  voie 
des  veines;  sa  généralisation  est 
fréquente,  et  souvent  il  est  ac- 
compagné de  noyaux  carcinoma- 
leux  secondaires  offrant  tous  les 
caractères  de  la  nodosité  pri- 
mitive. 

L'épithéliome  des  glandes  pa- 
renchymaleuses ,  telles  que  le 
foie,  les  reins,' les  testicules,  est 
cronstilué  par  la  prolifération  des  p,,  ^gj  _  ceiiaiw  h6p.t.que>  pmenant 
tjlémenlB  propres  de  ces  glandes  ;  du  fwe  reprteenié  Dg  laa  Ce*  cellule», 
.   ...  .  contiilérablemcnt  lifnBrlronhiiei,  préien- 

mais,   contrairement  aux    epithe-       lent  une  multipUcalion  manifeita  de  hur. 

liomes  des  glandes  acineuses,  il  noïiux.  CnnsiMemeni,  4bo. 
a  la  plus  grande  tendance  il  envahir  le  système  veineux.  Six  cas  décrits 
par  nous  sous  le  nom  d'adénome  hépatique  ont  trait  il  ce  genre  d'affection, 
et  cinq  fois  le  néoplasme  avait  pénétré  dans  les  branches  de  lu  veine 
porte  et  des  veines  sus-hépatiques  qu'il  obstruait  plus  ou  moins 
complètement  (lig.  Ifi'i).  Une  fois  même  la  végétation  s'était  avancée  jus- 
que dans  la  veine  cave,  où  elle  formait  une  masse  du  volume  d'un 
œuf,  constituée  par  du  tissu  conjonctif  et  des  cellules  hépatiques. 
L'épithéliome  des  cellules  hépatiques  est  formé  de  masses  nodu- 


Û56  ANATOlilE   PATHOLOGIQUE 

Inh'cs  plus  ûu  moins  volumineuses,  souvent  colorées  par  la  bile,  cira* 


scriles  par  des  traînées  coiijonclives.  Les  élémfnls  qui  coiistitoeril  rc 


k 


KiG  167  —  (.oupe  microecopiqufl  Je  la  lumeur  reprosrnlie  flg  lAfl  A  eiti 
eulei  unnirirM  i*p»u  prèi  ums  existent  dei  ciiialiculei  allnnls  d«  m  ' 
tiiicau  >lp«iuc1a  les  ccllulei  ^pilliclulci  «onl  nugiiienltei  de  volume  et  uri 


etitrtcMy 


UÏI'ERPLASIES. 


457 


ifaasses  on  cellules  propres  dii  foie  sont  le  plus  souvent  hyperli-ophiés, 
Fteunis  d'un  ou  plusieurs  noyaux  et  frt'i]uemiiienl  inliltrés  de  granula* 
rtïons  graisseuses  (Tig.  165). 

L'èpilhélîome  dus  reins  se  présente  sous  l'apparence  d'une  masse 
Ionique  ou  de  tumeurs  niulliples  lilanchôtres  et  d'un  volume  variable 
F^fig.  166).  Ces  tumeurs  sont  constituées  par  les  cellules  ppolifêrées  et 
1  moins  modifiées  des  canaliculea  rénaux.  Vus  suivant  leur  lon- 
|;neur,  ces  tubes  sont  toul  d'abord  dilatés  et  remplis  |>ar  des  cellules  épi- 
théliales,  volumineuses  et  irréfnjH^renienl  dispost'cs  (fig.  167);  plus  tard 
leurs  parois  anbystes  sont  détruites,  et  Ifs  épithéliunis  se  trouvent  ren- 
Termés  dans  des  espaces  limites  par  un  tissu  conjonctiT  pliLi  ou  nmiiis 
—llftrrail.  Sur  une  coupe  perpendiculaire,  les  tubes  rénaut  appamisscnl 


II.  168.  —  Cuupe  (ziicruscapitiuii  de  lu  lumci 
idiëret  pcrppndiculiïreiuent  teclionnéi  sont 
•lilpHéM  %ian  orilrfl.  Lcun  pirois  Icndenl  I 
font  irruption  dins  Ipb  Isconn  Ijrmphaliiuei 


anjonetit  èpiûiï  Uoatta  in  éléments  èpithéliBux 


■  fppréiïiiitB  Il(.  140.  Lei  canaliculei  ur:- 
cmplii  da  cellules  tpUhélmtea  voluminaunet 
diipiir*1lrfl  et  d^jï  lea  cellule»  épilhillalog 
la  parliu  infirivuri'  do  la  n|iire,  le  tiitu 


iB  de  disparilion.  Ora»iss.,  IGO. 


('■largis  et  remplis  de  cellules  épithéliales  disposées  sans  ordre.  A  une 
période  avancée,  les  cellules  épitliéliales  altf'rées  suiil  couti.<nues  dans 
un  tissu  conjonctir  d'autant  plus  épais  que  leur  modilicaliun  est  plus 
pitifunde  (lig.  160).  L'épiltiéliomc  du  rein  se  f^énéndisc  assez  fré- 
quemment; dans  uu  cas  qui  m'est  personnel,  il  formait  des  noyaux 
mélttstatiques  dans  les  poumons  et  sur  la  dure-mère  spinule.  t^>mmo  le 
cancer  du  fuie,  le  ciiiicer  du  rein  pénétra  fréquemment  diuis  les  branches 
d«t  In  veine  rénale,  <;t  le  plus  souveut  la  végétation,  loin  de  s'anijter  à  ce 
aisseau,  se  cunliiiiie  jusi|ii>-  diiu^  l;i   veine  ciiVe,  d'uu  In  lré(|ueiit<i  rela- 


458  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

llvc  des  embolies  cancéreuses  dans  ce  genre  d'altération  (voy.  à  cet 
égard  notre  article  Veine  cave  du  Dictionnaire  encyclopédique  des  sciences 
médicales). 

Le  cancer  du  testicule  prend  également  naissance  au  sein  des  canali* 
cules  séminifères,  quoique  cette  origine  soit  parfois  difficile  à  établir  à 
cause  de  la  richesse  de  cette  glande  en  vaisseaux  lymphatiques.  D'abord 
renfermées  dans  les  canalicules,  les  cellules  qui  le  composent,  volumi* 
neuses,  munies  d*un  gros  noyau,  plus  ou  moins  infiltrées  de  graisse, 
envahissent  plus  tard  le  stroma  fibreux  et  les  lacunes  lymphatiques,  ce 
qui  peut  faire  croire  qu'il  s'est  développé  dans  le  système  de  la  lymphe. 
Ce  cancer  a  la  plus  grande  tendance  à  se  généraliser  par  suite,  sans 
doute,  de  la  richesse  lymphatique  de  l'organe.  Les  éléments  des  tumeurs 


FiG.  169.  —  rt,  cellules  épilhélialcs  provenant  d'un  cancer  primilif  du  testicule;  />,  cel- 
lules développées  secondairement  dans  les  ganglions  lymphatiques  ;  c,  cellules  trouvées 
dans  les  veines  ;  d,  cellules  provenant  de  tumeurs  secondaires  hépatiques  ;  e,  cellules 
des  tumeurs  du  poumon  ;  /*,  celhdes  des  tumeurs  du  rein. 

secondaires  ne  diffèrent  pas  de  ceux  qui  constituent  la  tumeur  pri- 
mitive (fig.  169). 


évolution.  —  L'épithélionie  glandulaire  émane  des  éléments  sécré- 
toires  des  glandes;  ceux-ci  se  multiplient  à  profusion  ;  les  cavile'*s  des 
acini  et  des  tubes  se  remplissent,  et  à  leur  place  on  voit  des  masses  cel- 
lulaires qui  i)ourgeonnent  dans  toutes  les  directions  et  pénètrent  dans  les 
lacunes  lymphatiques  et  le  tissu  oonjonctif  voisin.  En  même  temps  il  se 
produit  dans  ce  tissu  des  modifications  de  la  plus  haute  importance;  ses 


BYPERPLASIES.  459 

éléments  se  multiplient  à  leur  tour  et  forment  un  tissu  jeune  semblable 
au  tissu  inflammatoire,  qui  envoie  des  bourgeonnements  dans  le  tissu 
épithélial  de  nouvelle  formation.  Ces  deux  tissus  se  pénètrent  réciproque- 
ment; c'est  un  phénomène  semblable  à  celui  de  la  formation  des  glandes 
(voy.  p.  37),  moins  régulier  et  sans  but  physiologique,  II  ne  ressort  pas 
moins  de  ce  fait  que  le  cancer  glandulaire  doit  être  considéré,  non  pas 
comme  un  simple  tissu,  mais  comme  un  organe  nouveau,  la  formation 
la  plus  complexe  et  en  même  temps  la  plus  grave  de  la  série  des  néopl^- 
sies  épithéliales.  D  ailleurs  il  se  modifie  comme  les  glandes,  en  ce  sens 
que  les  épithéliums  s'altèrent  et  disparaissent,  tandis  que  le  tissu  conjonctif 
augmente  d'épaisseur. 

De  même  que  les  épithéliomes  cylindrique  et  pavimenteux,  Tépithé- 
liome  glandulaire  s'accroît  surtout  par  sa  propre  masse,  et  s*étend 
principalement  par  la  voie  des  lymphatiques.  Cette  extension  dans  les 
interstices  et  dans  les  vaisseaux  lymphatiques  a  pu  tromper  certains 
auteurs  et  leur  faire  croire  que  le  cancer  se  développait  aux  dépens  desen- 
dothéliums  du  tissu  conjonctivo-vasculaire.  Donc,  contrairement  à  Topinion 
d'un  certain  nombre  d'histologistes  qui  font  naître  le  carcinome  des  glandes 
aux  dépens  des  travées  fibreuses,  nous  pensons  que  le  phénomène  initial 
de  cette  formation  se  passe  dans  Tépithélium  et  que  la  prolifération  con- 
jonctive est  toujours  secondaire. 

La  pénétration  des  éléments  épithéliaux  dans  le  réseau  des  sinus  et  dejs 
vaisseaux  lymphatiques  des  tissus  voisins  de  la  tumeur  se  révèle  par 
rinduration  de  ces  vaisseaux,  qui  se  présentent  comme  des  canaux  gor- 
gés de  cellules  à  aspect  moniliforme  dans  lesquels  l'endothélium  périt 
par  dégénérescence  graisseuse,  Peu  à  peu  l'altération  gagne  les  glandes 
lymphatiques  de  la  région  aflectée  ;  celles-ci,  d  abord  tuméfiées,  donnent 
naissance  à  une  formation  semblable  à  celle  de  la  tumeur  initiale  :  la  pre- 
mière phase  de  l'infection  générale  est  accomplie.  Plus  tard  se  produit  la 
seconde  phase  par  un  procédé  analogue  ou  semblable. 

Diagnostic  et  pronostic,  —  L'épithéliome  glandulaire,  néoplasie  essen- 
tiellement constituée  par  la  végétation  des  épithéliums  sécréteurs, 
se  distingue,  en  premier  lieu,  par  les  caractères  particuliers  des  élé- 
ments cellulaires  qui  le  constituent,  en  second  lieu,  par  la  disposition 
du  stroma  qui  vient  s'ajouter  à  ces  éléments.  Nous  revenons  ainsi  à 
l'opinion  ancienne  de  Lebert  et  de  l'école  histologiste  française  qui 
considérait  la  cellule  comme  étant  la  caractéristique  du  cancer,  îivec 
cette  différence  que  nous  regardons  cette  cellule,  non  pas  comme  un 
élément  d*une  espèce  à  part,  mais  simplement  comme  un  épithélium 


/|30  ANATOMIK   PATUOLO(iigUli. 

qui  ne  dilTère  do  répithélium  normal  que  par  des  modifications  secon- 
daires. Il  importe  donc,  pour  arriver  au  diagnostic  du  cancer,  de  bies 
connaître  les  caractères  physiques  et  micro-chimiques  des  cellales 
cpithéliales,  leur  arrangement,  et  de  savoir  que  ces  éléments  ne  renfer- 
ment pas  de  vaisseaux  et  ne  présentent  pas  de  substance  intercellulaire î 
la  façon  des  éléments  conjonctifs.  Toutes  les  fois,  en  effet^que  l'on  setroaie 
en  présence  de  néoplasmes  constitués  par  des  éléments  de  ce  genre  n*a}^ 
plus  la  disposition  régulière  de  Tétat  physiologique  et  l'adaptation  aune 
fonction  déterminée,  on  peut  affirmer  qu*il  y  a  cancer.  Il  est  bien  évident 
que  ces  éléments  n*ont  cette  valeur  pathognomonique  qne  dans  la  période 
de  leur  complet  développement;  plus  tard,  lorsqu'ils  viennent  à  dégéné- 
rer et  à  disparaître^  le  diagnostic  est  aussi  plus  difficile.  C*est  ce  qui 
arrive  pour  la  forme  de  cancer  connue  sous  le  nom  de  squirrhe  atro- 
phique,  cancer  cicatrisant,  h  laquelle  certains  auteurs  attribuent  à  tort 
une  origine  conjonctive.  A  une  certaine  période,  cette  altération  n'est 
plus  composée  que  par  un  tissu  fibreux  très-condensé;  mais  si  l'on 
vient  à  examiner  la  masse  h  sa  périphérie,  il  est  rare  de  ne  pas  y  ren- 
contrer des  amas  cellulaires  non  encore  détruits  et  parfaitement  recon- 
naissables. 

L'altération  qui  ressemble  le  plus  à  l'épithéliome  glandulaire,  est  in- 
contestablement l'adénome.  Cette  néoplasie  est  toutefois  fort  différente 
du  cancer,  elle  est  une  hyperplasie  de  Tacinus  glandulaire,  tandis  que  !f 
cancer  est  une  multiplication  indéfinie  des  éléments  épithéliaux  de  cclacinu^ 
avce  destruction  des  culs-de-sac  glandulaires.  Dans  l'adénome,  lesépilhe- 
liums  maintenus  par  la  paroi  glandulaire  restent  toujours  renfi*rmés  dan> 
les  culs-de-sac  de  l'acinus,  mais  dans  le  carcinome,  au  contraire,  celle  paroi 
étant  détruite,  les  épithéliums  sont  contenus  dans  des  alvéoles  conjonctifs: 
d'ailleurs  l'âge  où  surviennentces  néoplasies  est  Irès-dilTérent.  Dans  la  «êrif 
des  néoplasies  conjonctives,  le  chondroine  et  le  fibrome  embryonnain 
sont  les  tumeurs  qui  se  rapprochent  le  plus  de  l'épithéliome  glandulain. 
Le  chondronie,  dont  les  éléments  cellulaires  volumineux  sont  quelquefois 
contenus  dans  un  stroma  alvéolaire  peu  différent  du  stroma  cancéreux 
(voy.  fig.  112),  se  distiiigu(;  parla  nature  de  ses  cellules  i\»fringentesqu»' 
réunit  une  substance  intennédiaire,  le  (ihronie  embryonnaii*e,  par(i<'> 
éléments  de  dimension  relaliv^'uient  faible,  parcourus  par  des  vaisseaux 
et  non  contenus  dans  des  alvéoles.  Inutile,  après  ce  que  nous  avons  dit. 
de  rappeler  les  caractères  diflerentiels  des  é|)ithèli()mes  pavimenteiix  el 
cylindrifiue  et  de  l'épithéliome  glandulaire;  ces  altérations  ne  sont  du 
reste  que  des  formes  diverses  des  localisations  spéciales  d'un  même  éial 
pathologique. 


■  uvi<Ei<rLA.-;iEâ.  USi 

Éliohgie  et patbogénie  ~  L'étiolo<;i(!  de  ['éptht^-liome  gliuidulaireestlout 
nussi  obscure  que  letiologic  des  épithéliomespavimenleuxel  cylindrique. 
Les  divers  genres  d'initaliuii  dans  K-squels  Virohow,  0.  Welier  et  Hînd- 
ileîscli  ont  voulu  trouver  le  point  de  départ  de  la  rormation  caiduoma- 
leuse  tic  sonl,  en  eiïet,  qne  des  causes  occasionnelles  ou  adjuvantes, 
et  non  des  causes  eriicieiites.  Un  carcinome  glnudulaiie  qui  survintit  à 
lu  suite  dun  Iraumalismo  ne  peut  être  attribué  uniquement  k  celle  cause, 
quuud.  les  nombreuses  expériences  pratiquées  dans  le  but  de  produire 
«l'tilicielleineul  cette  alTeclion  par  dos  irritations  mécaniques  ou  pbysiques 
ont  toujours  échouéel  n'ont  jamais  déterminé  que  des  processus  plilegnia- 
Mques.  Par  conscquenl,  s'il  est  vrai  qu'un  a^nl  irritant  ait  la  propriété 
«l'cniiendrur  le  cancer,  cet  agent,  que  tout  porterait  à  considérer  comme 
im  prutluit  de  l'organisme,  nous  est  jusqu'à  ce  jour  absolument  inconnu. 
L'béréditê  du  cancer  glandulaire  ne  peut  étro  mise  eu  doute,  c'est  du 
snuiiis  ce  qui  résulte  des  nombreuses  observations  rapportées  |>ar  les 
nuleurs  et  des  faits  non  moins  intéressants  que  le  professeur  limca  a 
cdiisi^ués  dans  son  Traité  des  tumeurs  (t.  I,  p,  334).  Mais  avant  d'être  lié- 
iwliluire,  la  careinosc  a  nécessairement  dû  être  acquise.  Ce  sont  donc  les 
cumiitions  capables  d'engendrer  primiliveiuenl  cette  maladie  qu'il  importe- 
rait de coiuialtre ;  nous  en  avons  parlé  plus  baut  et  nous  n'avons  pas  fi  y 
■t'ictiir.  Ajoutons  simplement  que  la  transmission  réciproque  de  néopla- 
''K'»  i!pithé)iales  atypiques   est  chose  inliiiiment  probable,  c'est  [ce  que 
^niMent  établir  les  Taits  statistiques  apportés  h  l'appui  de  l'hérédité  du 
■'iiK'er;  quelques-uns  de  ces  faits  nioutreiit,  en  eiïet,  que  des  pei'sonnes 
tiiiiiii<s  de  cancer  du  sein  ou  de  l'utérus  ont  eu  des  enfants  qui  ont  suc- 
"mibé  il  des  cancers  de  l'estomac  ou  d'autres  organes,  et  inversement.  En 
'uul  cas,  le  nombre  des  faits  où  une  néoplasie  conjonctive  a  paru  snc- 
'*dw  à  une  néoplasie  épilbéliale  est  tellement  peu  considérable  qu'il  est 
ripjureuseiaeut  impossible   d'en    tenir  aucun  compte,  quand  on    suit 
■^uibicn  il  est  (acîle  de  laisser  passer  inaper^'ue  la  tumeur  initiale. 

BinMMiiipnie.  —  Voyei,  plus    liaut.à  la  page  298,  tl  les  iiidlcalioiis  tuî- 


B«*elappcfucDi  dti  <!aNMr.  —  V.  Colt.N'lL  cl  !..  Hanvifji,  Voiitrihut.  û 
'■Siiilt  lin  ilixHojipi-mtnt  histohijique  da  tumeurs  épithtliales  (^Jouiii.  det'Aïui- 
">"iir,\W4,  1(65,  1866,  et  Man.  d'hUtohij  palholog.  Paris.  1869).  — 
"  "tiKïeN,  Zur  Entwiditihoig  d.  Carcinome  [Arehiv  f.  palholog,  Anal,  tmd 
'h»hl.,  t.  XLl,  p.  ii70,  1867,  et  1.  LV,  p.  67,  1872).  —  n*N¥iKH.  Btuik  du 
"'niiiome  à  t'aide  dt  l'imjaeanation  d'argent  [Archicea  de  phyeMogîc,  1868, 
f-  ÛM).  —  ^*u^l:<,  Vvber  EtUwiekeluns  dei-  heberkrebtc  {Reiahert  »nd  du 
^"f^lkymond'x  Ardiiv,  1867).  —  I.anckiie.iux,  Contribution  -l  fétade  ik  Vlujmto- 


/|62  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

adénome  {Mém,  de  la  Soc.  de  biologie,  et  Gaz,  méd.,  1868,  p.  6û6,  706  el  736). 
-r  BiRCH-HiRSCHFEi.D,  Zur  Entwickelung  der  Hodenkrebses  {Archiv  f,  BdUamit, 
VI,  p.  537,  1868).  —  SuùppEL,  Zur  Lehre  von  der  Histogenèse  des  Leberkre^/sa 
{Ibid.,  p.  387).  —  KOsTER,  Die  Entwickelung  der  Carcinome  tmd  Saroom. 
Wùrzburg,  1869.  —  LeoiNtowitscii,  Zur  Lehre  ûber  die  Entstehung  des  EfÀthi- 
lialkrebses  {Centralblatt  f,  med.  Wissenschaften,  1869,  13).  — Perewebsejt, 
Archiv  fur  pathoL  Anat,  widPhysioL,  t.  LIX,  p.  227. 

Inocnlatlon  da  eancer.  —  A.  Louis,  Observât,  sur  les  effets  du  virus  çta" 
céreux,  Paris,  17i!i7.  — Peyrilhe,  Diss,  de  cancro,  Paris,  1773.  —  Dchuitro. 
BEAUFERtiiL'is  ct  Adet  DE  HossEViLLE,  Animulcules  microscopiques  cause  du  camtr 
[Gaz,  méd,  de  Patis,  1838,  p.  67). — B.  von  LAXGENBECK,Dêi'doppewïe?i<  du  eamn 
des  veines  et  de  la  i^ossibilitù  de  trajismettre  le  cancet*  de  V homme  aux  auinmx 
(Gaz.  méd.  de  Paris^  18/iO,  p.  601).  —  TANcnou,  Contagion  du  cancer  (Ga:. 
med.,  18/i2,  p.  349,  382).  —  Manec,  Ibid.,  364.  — Lebert,  Traité  des  maladia 
cancéi^euses,  p.  136.  Paris,  1851.  —  Folun,  Traité  de  pathologie  externe,  l  \, 
p.  303.  Paris,  1861.  —  Kuiin,  Gaz,  mèd.  de  Paris,  1861,  p.  263,  391,  'M 

—  L.  Goujon,  Exposé  de  quelques  faits  tendant  à  démotUrer  que  les  produdiiff^ 
cancéreuses  de  l'homme  sont  susceptibles  de  se  greffer  chez  les  animaux.  Thèse  de 
Paris,  1866.  —  Billroth,  Sur  les  inoculations  d'éléments  des  tumeurs  (Wwjfl" 
medicin.  Zdtschnft,  n°*  72  et  73, 1867  ;  anal,  dans  Gaz.  Jicbdom.,  p.  706-717, 
1867).  —  Ledekt  el  0.  Wyss,  Bccherches  sur  la  transmission  de  divei*s  prodniU 
infl.  et  néoplasiques  de  V homme  aux  animaux  (Archiv  fur  path.  Anat.  und  PhyM., 
t.  XL,  p.  538,  oct.  1867).  —  Doutuelepont,  Vebcr  die  Vebertraegung  dirOtr- 
cinomc  von  Thiw  auf  Thitr  (Archiv  f.  pathol  Annt.  und  PhysioL,  l.  .\l.N,|'. 
501).  —  Ui.iNKKK,  Archiv  f.  path.  Amit.  und  PhysioL,  t.  Ll,  p.  391,  1H70. — 
IIyvi:ut,  De  Vinomlution  cancéreuse  [Ejpir.  nom\),  Montpellier,  1872. 

Cancer  colloïde.  —  F.  Otio,  SeUcuf  Deobacht.  zur  Anatom,,  I,  p.  U^j 
Breslau,  1816.  —  Tu.  Fhkuk.us,  Vchrr  Hallcrt  odrrcvlbnd  (kschicuhte{Ardi>  f- 
path.  Anat.  und PhysioL,  I,  94).  —  Li:iu:ht,  Ibid. ,  IV,  1852.  —  Lischka,  Ibkl.  — 
BoHTTcHKii,  Ibid. y  l.  \V,  p.  352.  —  Wai.dkykh,  Ibid.,  t.  XLI,  p.  490.  —  U<'»^i* 
TANSKv,  (\uiciv  (jcbitinciix  [Avch.  de  ?//t'/.,  1854,  t.  11,  472,  et  (i<n.  tnùl-, 
1»S52,  IV,  333).  —  S(:in:i-TZE,  (\incrr  (jrlatincuj-  nlvculairc  {Arrh.  f.  //«V/mv»!.. 
.1//'//.,  1,4,  p.  336).  —  Septinius  \V.  Simi.ly,  On  the  structure  and  wiinn '! 
sncallcdritlbùd cancre  {M'^d.-rhir.  Transact.,  vol.  XXXIX,  259,  1856;.  — E.  ^V^- 
(i.NKU,  Zur  Collnidmctam.  d(rZtl/cn  [Ardu  f.  physiol.  HdUunvIc.  V^  partie,  l^'»6 . 

—  Lanckheaix  et  La(.kkhuai:i:u,  Atlas  d'annt,  pnth.^  Paris,  1871. 

ÎII.   ^   Néoplnsios  (lu  lissii  ncr\oii\.  —  Né\romo8. 

Des  n^ch(T('hos  précises  ont  mis  hors  de  (lnut<'  la  proprirlé  (pie  po>M'- 
(lent  les  nerfs  de  se  ré'rénérer,  dans  certaines  conditions,  après  avoir  «l'' 
détruits.  Philipeaux  (»t  Vulpian,  dont  les  e\p<Tiences  ont  lar^icnient  n»"* 


HYPERPLASIEâ.  'lÔS 

Iribuù  à  mcllre  celte  vérité  en  lumière,  prétendent  môme  avoir  trouvé  des 
libres  nerveuses  de  nouvelle  formation  jusque  dans  une  portion  de  nerf 
(ju'ils  avaient  transplantée  six  mois  auparavant.  Si  la  régénération  des  gan- 
glions nerveux,  annoncée  par  Valentin  et  Waller,  n*a  pas  été  vériflée  par 
les  recherches  de  Schrader  et  de  Schiff,  cependant  Aniemann,  Flourens, 
Brown-Séquard  ont  constaté,  chez  les  animaux,  la  réapparition  du  mou- 
vement des  membres  après  une  section  transversale  de  la  moelle  épinière. 
Schill  a  vu  également  la  réapparition  de  la  fonction  après  la  section  de 
certains  points  de  Tencéphale,  et  Demme  aurait  trouvé,  une  fois,  dans  les 
centres  cérébraux  des  tubes  nerveux  nouvellement  dév<îloppés  au  sein 
d'une  substance  conjonctive.  Par  elles-mêmes,  ces  recherches  portent 
déjà  à  admettre  la  possibilité  de  formations  accidentelles  dans  le  tissu  ner- 
veux ;  mais  l'observation  a  parlé  sur  ce  point,  et  la  réalité  de  ces  forma- 
tions, tant  dans  les  nerfs  que  dans  les  centres  encéphaliques,  est  aujour- 
d'hui incontestable.  Avec  Forster,  nous  donnerons  aux  unes  le  nom  de 
névrome  fasciculaire,  aux  autres  celui  de  névrome  médullaire. 

Le  névrome  fasckulaire^  formation  composée  principalement  de  fibres 
nerveuses  à  simple  ou  à  double  contour,  est  une  altération  tout  à  fait 
distincte  des  néoplasies  muqueuses  ou  fibreuses  développées  sur  le  trajet 
des  nerfs,  et  qui,  jusqu'ici,  ont  été  désignées  à  tort  sous  le  nom  de  né- 
vromes.  C'est  une  formation  qui  n'est  pas  extrêmement  rare,  elle  se  ren- 
contre fréquemment,  dans  les  moignons,  aux  extrémités  des  nerfs  coupés, 
et  (juelquefois  sur  le  trajet  des  cordons  ou  des  branches  nerveuses.  Sous 
forme  d'un  simple  renflement,  dune  nodosité  ronde  ou  ovale,  du  volume 
d'une  lentille,  d'une  noisette  ou  même  d'une  petite  pomme,  le  névrome 
fasciculaire  est  une  tumeur  ferme,  solide,  lisse  à  sa  surface  et  très-nette- 
ment circonscrite  dans  quelques  cas.  Il  est  constitué  histologiquement 
par  des  tubes  nerveux  semblables  aux  tubes  nonnaux,  diversement  entre- 
croisés et  séparés  les  uns  des  autres  par  du  tissu  conjonctif  plus  ou  moins 
riche  en  éléments  cellulaires.  Or,  suivant  qu'ils  renferment  des  tubes 
nerveux  à  double  contour,  ou  des  libres  de  Uemak,  les  névromes  fasci- 
culaires  ont  été  désignés  par  Virchovv  sous  les  noms  de  névromes  myéli- 
nique»  et  de  névwmes  amyéliniques.  Le  même  auteur  admet  en  outre  des 
névromes  purs,  dans  lesquels  les  éléments  nerveux  prédominent;  des  né- 
vromes télangiectasiques  où  l'élément  vasculaire  est  abondant,  et,  d'après 
la  nature  du  tissu  interstitiel,  des  névromes  fibreux,  gliomateux  et  nm- 
queux;  mais  ces  divisions  ne  s'appliquent  qu'à  des  variétés.  Labhé  et 
I^gros  ont  observé  des  névromes  caractérisés  par  Thypergénèse  et 
rhypertrophie  des  corpuscules  terminaux  des  nerfs. 

Le  névrome  fasciculaire,  suivant  Forster  qui  a  étudié  le  développe- 


lièk  AN4T0H1B  PATBOLOGIQUE. 

ment  de  celte  formatioii,  prend  naissance  aux  dépens  du  tissu  conjonctiF. 
Les  fibres  nerveuses  proviennent  de  cellules  fusiformes  qui  s'allongent, 
s'anastomosent  par  leurs  pointes  et  finissent  par  renfermer  de  la  modie 
nerveuse.  Ce  névroine  est  d'ordinaire  unique,  plus  rarement  multiple.  Il 
est  localisé  tantôt  à  un  seul,  tantôt  à  plusieurs  nerfs.  Son  évolution  est 
lente,  et  souvent,  au  bout  d'un  certain  temps,  il  cesse  de  s'accroître.  C'est 
uue  aiïeclion  en  somme  peu  grave  et  qui  parait  avoir  un  traumatisme 
pour  point  de  départ  babituel. 

Le  névrome  médullaire  a  pour  siège  les  ganglions,  les  centres  ou  les  cor- 
dons nerveux.  Les  névrouies  ganglionnaires  sont  rares,  du  moins  il  n'ea 
existe  jusqu'ici  que  fort  peu  d'exemples. 
Virchow  avoue,  dans  son  Trai/é  det  tu- 
meurs, n'en  connatlre  que  deux  obser- 
vations, encore  n'en  esl-il  qu'uue  qui 
inérile  créance.  C'est  un  cas  rapporté  par 
Gùnsburg,  où  le  troisième  et  le  qua- 
Irif'Uie  nerf  sacré  du  cdté  gaucbc  se 
terminaient  chacun  par  un  renOemeut 
hlancliAtre,  pisiforme,  de  2  millimètres 
de  longueur,  de  1  centimètre  de  largeur 
etde  1/3  de  centimètre  d'épaisseur,  tan- 
dis que  ceux  du  côté  droit  sortaient 
d'un  reiilleinent  plus  petit.  Ces  renfle- 
ments étaient  composés  d'un  feutrage 
de  libres  nerveuses  cl  de  tissu  interstitiel, 
avec  de  nombreuses  cellules  plaies, 
transparentes,  de  0°"°,1  à  0'°"°,13  dedia- 
mètix".  .\u  rapport  de  Rindflcîsch  {Ti-aitê 
d'/iistiilugie  pathologique,  trad.  franc,  par 
Cross,  p.  160),  Simon,  de  Francfort,  au- 
rait observé  une  tumeur  de  la  grosseur 
d'un  œuf  de  poule,  située  dans  l'angle 
foimé  par  la  paioi  costale  et  la  surlaco 
aulérieuiH;  de  la  colonne  vei tébiale,  la- 
quelle se  trouvait  formée  de  libres  nerveuses  et  de  cellules  ganglionnaires 
de  nouvelle  formation.  Toutefois,  en  raison  du  siège,  l'idée  de  I'Iivikt- 
irophie  d'un  ganglion  du  grand  synipalbiquo  ne  peut  être  eutièrenieut 
rejeiée. 

l'n  fait  consigné  dans   mou  Atlat  d'auolumie  patlioloi/içue  me  parait 
avoir  plus  de  valeur.  Il  s'agit  d'un  homme  mort,  à  l'ùge  de  trente  huit 


FiG.  170.  —  Extiùjniia  [uKrieuro  <lc 
is  moelle  épinière,  et  queue  de  che- 
val sur  Ic9  cordons  nerveux  du  lu 
quelle  exiitent  des  rendemenli  o 


HïPEBPLASIES.  465  ^ 

ans,  d'une  nITeclîon  syphilitique  de  la  [irotiibérance  niintilairc,  à  l'au- 
topsie duquel  il  fut  constaté  que  six  des  Taisccaux  nerveux  qui  consti- 
tuent la  queue  de  cheval  présentaient,  >i  1  ou  2  centimètres  de  t'extré- 
mité  de  la  moelle,  des  renflements  rusiformes  grisAtrcs,  assez  semblables 
aux  ganglions  spinaux,  ayant  depuis  le  volume  d'un  grain  de  blé  jus- 
qu'à ta  grosseur  d'un  noyau  de  prune  (Hg.  170).  Sur  une  coupe  microsco- 


i 


Fia.  171.  — Coupe  mieroicDpiqiiE  del'i 
odtuli'B  avec  nnyaiix  (lUaËininiiei  diini 
cullitemcnl  leclioaiiét. 


!i  des  névronia*  repréicntéi  Og.  170.   n,  groutt 
le  itroiUB  conjonctir,  li,  labet  nerveux  perpeadi- 


je  longitudinale,  on  reconnut  la  présence  de  tubes  nen'eux  disposés 
s  forme  de  faisceaux  entre  des  amas  de  cellules  ari'ondies  ou  ovoïdes, 
[  pigmentées,  en  possession  d'iin  noyau  très-volumineux.  Une  coupe 
I  transversate  montra  de  la  façon  la  plus  nette  que  ces  cellules  étaient  com- 
l  prises  dans  des  espaces  formés  par  les  travées  conjonctives  ;  et  bien 
■  ■lu'il  fût  djflîcile  de  leur  trouver  des  prolongements,  néanmoins  elles 
e  [uinirerit  devoir  être  considérées  wtmme  des  cellules  nerveuses 
{ih  171). 

Iln'y  a  pas,  que  je  sache,  d'observation  de  névTome  vrai   de  la  moelle 

lanière  ;  ce  qu'on  a  décrit  sous  ce  nom  n'est  qu'une  hyperplasie  de  la  nè- 

B'Voglie.  Quant  aux  formations  nerveuses  signalées  par  Virchow  dans  les 

m  conf;énitales  sacro-eoccygicnnes,  elles  ne  peuvent  être  regardées 

le  des  névromes  vrais  ;  elles  ne  sont  que  le  système  nerveux  nidi- 

locataire  d'une nionslmositti  (voyez  p.  103).  Cependant,  il  existe  des  ob- 

,  —  Trii lé  d'Anal.  I.  —  'il 


hdG  ANAT0M1E   PATHOLOGIQUE. 

scrvatioiis  do  névrames  de  l'encéphale,  dont  quelques-uns  sont  ooB^éni- 
taux.  Rokilansky,  Vtrchow,  Griesinger,  Tungei,  Moschede,  Merket  H 
Th.  Simon  ont  rapporlé  des  eas  où  des  masses  de  substance  ^rUt^e^iisUiist 
congéiiitalement  au  sein  de  la  substance  blanche  de  l'encéphale,  au  Toiti- 
nage  des  circonvolutions  ou  des  cavités  des  ventricules  latéraux  ;  Biais, 
dans  tous  ces  Taits,  il  s'agit  vraisemblablement,  non  pas  d'une  té»- 
plasie,  mais  bien  d'une  malformation,  d'une  liétéiotopie  <le  la  substanor 
grise  chez  des  individus  présentant  des  désoitlres  cérébraux  et  le  plu 
souvent  épi  le  p  tiques  ou  idiots. 
Sous  ]c.  nom  do  cérébrotne,  llayi'm  a  rappoilé  un  cas  de  tumeore^ 


fie.  1Î2.  —  bcllulfs  ruaifurmei  iloiléM  pmtvoant  d'une  tameur  développée  danta 

lubslancc  blnnche  d'un  hémiiphèrc  cérébral. 

rébrate  qui  avait  le  volume  d'une  grosse  orange,  et  qui  occupait  Ieiio;« 
blanc  de  l'hémisphère  droit  du  cerveau.  Nettement  circonscrite  et  éns- 
cléablc,  cette  tumeur  était  creuséed'un  kyste  du  volume  d'un  œuf  de  pnuk", 
et  Formée  presque  exclusivement  par  de  jeunes  éléments  nerveux  en  iwf 


EVPERPLASIES.  â87    I 

l^évolulion.  J'ni  observé,  pour  mon  coinpte,  dans  la  substance  blanche   ' 
s  l'hémisphère  cm-bral  gauche,  deux  lumeurs  voisines,  composées  de 
rossescellulessphériques,  éloiléesoufusifoi'mes,  avec  prolongemenls  ru- 
Bnés,  muniesd'un  seul  ou  de  plusieurs  iioyaux  ovoTdes  ou  arrandis  entou- 
rés de  granulations  pigmentaires  el  TL'unïes  par  mifi  gan^e  amorphe  et 
QDe  trame  lîbrillaïre  vascularisée  (Gg.  17^]. Ces  deux  Taits  pourraient  porter 
|1  admettre  l'existence  de  névromes  vrais  de  l'encéphale.  Cependant,  il  ne 
e  semble  pas  absolument  démontni  que  les  éléments  cellulaires  observés 
Lns  mon  cas  soient  bien  réellement  des  cellules  nerveuses  ;  ces  éléments 
e  sont  pas,  en  effet,  dépourvus  de  ressf^mblance  avec  les  cellules  araî- 
jHé^s  de  In  névrogtie,  lesquelles  font  partie  du  tissu  conjonctif.  Quant  au 
I  fait  rapporté  par  Hayem,  il  donne  lieu  à  des  objections  non  moins  sérieuses, 
i  par  conséquent  il  n'est  pas  possible,  aujourd'hui,  de  considérer  comme 
laine  l'existence  d'un  névrome  vrai  du  cerveau,  si  l'on  fait  abstraction 
d'hétérolopie  ou  de  malformation  de  h  substance  nerveuse,  qui 
nppartiennmt  pas  au  group<!  des  ntoplasies 

L'ëtiologie  du  névrome  est  fort  inceitauie,  le  truumntiMne  et  l'hérédité 
I  ,pu  être  regardés  dans  quelques  cas  comme  la  cauM  d'un  certain 
nbre  de  né>Tomes  fasciculaires  ;  quant  au  névrome  médullaire,  oit 
bl  dire  que  son  origine  nous  est  jusqu  h  ce  jour  nh^ohiment  in- 


BiBUor-RAPiiii!.  —  Bé«énérMl«a  dra  ■■«rflt.  —  Arnrmank,  Versnrhi-  vebcT 

tAfni  wnd  Hwkmmark.  Goltingen,  1787.  —  Vai.ektin,  Zeitu-hrifl  f.  rat.  Me- 

I,  18Ù4,  t.  H,  p.  2(i2,  et  Lehrb.  der  Phygiolouk,  U  I,  722.  —  Kum  hens, 

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t,  1850.  —  WiLTKB,  De  regeneratùme  gangl.,  Diss.  inaug.  Bonn,  1853.  — 

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rapie  der  pii/rh.   Krankheit,  2"  édil.,  p.   366,  —  Rokitakskv,  Lehrb,  d.  pttth. 

;.,  1. 1,  190  ;  t.  Il,  Û33.  —  S*Nr.Ai,u,  Deltn  ipcrtrofia  pnruale  del 

■llo.  Milan,  1858.  —  TusnEL.  Arch.  f-  P"'*-   A«a(.  n.  Physiol.,  t.  XVI, 

— HBscHKtiE,  Ibid.,  t.  XXXVll,  p.  567  ;  t.  LVl,  p.  82  et  97.  —  G.  Hayem, 

méd.  lie  l'n.is,    1866,   758,  et  Comptes  rendus  d'-  i>i   Suo.    de  iiol,yie. 


&68  ANATOMU  PATHOLOGIQUE. 

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p.  &33.  — Lancereaux»  Archives  dephysioL  rwrm.  etpatK^  1869,  L  II,  p.  762, 
et  Atlas  d'anoL  patholog,^  p.  &20  et  &51.  —  EimANy  Archio  f.  patk.  ijuil., 
t,  LVI,  p.  419.  —  Th.  Simon,  JWd.,  t.  LVIU,  p.  310. 

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inaug.  Lugduni  Batavorum,  1800.  —  Odier,  Man,  de  médecine  pratique. 
Genève,  1803.  —  Offert,  De  vitiis  nervcrum  organicis.  Diss.  inaug.  Berlin, 
1815.  —  J.-L.  Aronssohn,  Observations  sur  les  tumeurs  développées  dans  U$ 
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Paris,  1827.  —  Desgot,  Sur  les  affections  des  nerfs.  Paris,  1825.  —  Gonsbok, 
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und  Physiolog.j  t.  VIU,  p.  43.  —  A.  Weissmann,  Zeiischrift  f,  rationn.  Medkm, 
1859,  série  3,  t.  VU,  p.  210.  —  Dehler  et  Fôrster*  Wûrzbwrg  med.  Zeitschrifl, 
t.  I.  —  FuHRER,  Arc4tv  d.  HeUkunde,  1856.  —  Verneuil,  Archives  ginér.  de 
médecine,  1861,  série  5,  t.  XVIII,  p.  540.  —  Vircqow,  Pathologie  des  tumem, 
t.  III.  Paris,  1869.  —  A.  Genersich,  Multiple  Neurome  {Archiv  f,  pathol.  AnaL 
und  PhysioL,  t.  XLIX,  p.  15).  —  L.  Labbé  et  Ch.  Legros,  De  trois  cas  de  wé- 
vromes  {Jour,  de  Vcmatomie  et  delà  physiologie^  1871-72,  p.  171). 

Après  une  étude  détaillée  des  lésions  de  nutrition  ayant  leur  type  dans 
le  développement  physiologique  des  tissus  de  Torganisme,  il  importe  de 
montrer,  autant  que  possible,  les  analogies  et  les  différences  que  présen- 
tent ces  lésions  entre  elles,  et  celles  de  leurs  produits  avec  les  tissus  nor- 
maux. Certes,  la  limite  entre  les  phlegmasies  et  les  néoplasies  est  presque 
insensible  ;  on  comprend  donc  que  les  auteurs  soient  loin  de  s'entendre 
sur  ce  point  et  que  les  uns  fassent  rentrer  dans  le  groupe  des  néoplasies 
ce  que  les  autres  attribuent  aux  phlegmasies,  et  inversement  Cependant, 
malgré  la  grande  ressemblance  qui  existe  à  leur  point  de  déprt,  ces 
lésions  offrent  des  différences  notables  k  leur  point  d'arrivée.  D'ailleurs,  si 
nous  sommes  maîtres  de  produire,  pour  ainsi  dire  à  volonté,  la  plupart 
des  phlegmasies,  il  nous  est  impossible  d'arriver  à  faire  naître  la  moindre 
des  néoplasies,  celles-ci  étant  sous  la  dépendance  de  conditions  éliolo- 
giques  absolument  inconnues. 

Les  phlegmasies  sont  des  affections  de  tous  les  âges,  elles  s'attaquent 
également  bien  à  l'enfance,  à  Page  adulte  et  à  la  vieillesse  ;  les  néopla- 
sies, au  contraire,  s  adressent  plus  spécialement  aux  âges  extrêmes,  et 
surviennent,  les  unes,  dans  la  période  d'accroissement  des  organes,  les 


aulres,  dans  ta  période  de  d'échéance  organique.  Les  premières  de  <:es 
alléralîons  n'otil  qu'une  faible  tendance  b  s'étendre  au  delii  des  parties 
irrilées,  c'est-à-dire  soumises  à  l'inlluoace  de  l'agent  morbirique,  et  les 
désordres  qu'elles  engendrent  sont  ordinairement  réparables.  Les  secondes 
se  limitent  seulement  dans  quelques  circonstances;  le  plus  souvent  elles 
s'étendent  d'une  façon  iadéiinie  au  sein  des  tissus  qu'elles  détruisent 
I>eu  à  peu.  Les  produits  phlegmasiques  cessent  de  se  développer  au 
boutd'un  certain  temps,  après  quoi  ils  restent  stationnaires  si  leur  accroîs- 
»ment  est  complet,  ou  bien  ils  se  métamorphosent  et  sont  l'ésorbês. 
Les  produits  néoplasiques  ont  pour  la  plupart  une  e.vtension  illimitée, 
et  comme  ils  continuent  St  sa  développer  dans  leurs  parties  périphériques, 
t^indis  que  leurs  parties  centrales  sont  en  voie  de  métamorphose  ré- 
gressive, il  en  résulte  qu'ils  donnent  naissance  à  des  ulcères  d'une  forme 
souvent  particulière. 
Chacun  de  ces  groupes  comprend  des  tissus  qui  ont  la  plus  grande 
;emblance  avec  les  tissus  normaux,  à  eâté  de  tissus  qui  en  dilTèi'ent 
nsiblement,  comme  le  tubercule,  le  fibrome  embryonnaii-e,  etc.  Quel- 
ques-unes seulement  de  ces  altérations  peuvent  infecter  l'économie,  ce 
sont  les  phleginasies  suppuratives  et  les  néoplnsies  épithéliates  atypiques 
ou  cancéreuses,  qui,  dans  certains  cas,  déterminent  des  désordres  secon- 
daires plus  ou  moins  éloignés,  semblables  à  l'altération  primitive.  Les 
phlegmasies,  comme  les  néoplnsies,  affectent  plus  spécialement  tantât 
les  tissus  conjonctifs,  tantrtt  les  tissus  êpithéliaux,  et  so  comportent  d'une 
fîK'on  fort  différente,  selon  que  les  uns  ou  les  autres  de  ces  tissus  sont  le 
siège  de  la  localisation  morbide.  D'une  façon  générale,  les  altérations  des 
tissus  de  substance  conjonctive  sont  moins  graves  que  les  altéra- 
tions des  épithéliums,  ce  qui  tient,  d'une  part,  à  l'importance  fonction- 
nelle de  ces  derniers,  d'autre  part,  h  la  difficulté  ou  même  à  l'impossi- 
hilité  de  se  régénérer,  pour  un  certain  nombre  d'entre  eux.  L'inflamma- 
tion des  épithéliums  est  souvent  la  mort  de  ces  éléments,  il  en  est  de 
même  de  celle  des  cellules  nerveuses  ;  au  contraire,  les  phlegmasies 
des  tissus  conjonctifs  se  traduisent  presque  toujours  par  une  nouvelle  for- 
mation luxuriante.  Dans  les  néoplasies,  les  éléments  épithêliaux  comme 
les  éléments  conjonctifs  se  multiplient  .sur  une  grande  échelle,  mais  les 
premiers  ont  plus  que  les  demiei-s  de  la  tendance  à  se  détruire  et  à  infec- 
ter l'organisme,  d'où  l'indication  d'opi'rcr  plus  tât  les  tumeurs  épïthé- 
|iialcs. 

^taijes  différences  que  nous  venons  de  signaler  entre  les  processus  phleg- 
^Buiques  et  néoplasiques  ne  sont  pas  seulement  nnatomiques  et  physio- 
Bwtiques,  elles  sont  encore  étiologiqurs.  Nous  savons  di'-jîi  que  les  causes 


I 


ANATOHtE    PATHOLOGIQUE. 

inlcgmasies  et  des  iiéoplasies  ne  sont  pas  identiiiues  ;  ajonloiM  quf 

causes  des  plilegmasîes  des  tissus  conjonctiTs  ne  sont  jamais  ceWes 

'oduisent  les  phlegmasies  des  tissus  épithéliaux,  et  inversement 

telle  sorte  que  chacun  de  ces  tissus  s'enflamme  sous  riiiDuetic^  (!•- 

lises  spéciales.  Ce  fait  étant  \Tai  pour  les  phleginasîes,    doit  IVtn- 

lement  pour  les  mîoplasies;  aussi,  peut-on  supposer  que  les  néoplosies 

•solives,   déjà    si   différentes  des   néoplasies  épilhéiiales,    le    sonl 

au  point  de  vue  de  leur  origine.  Malgré  l'ignorance  où  niii!'< 

s  dt'  cette  origine,  il  nous  est  donc  possible  d'aflinner  qu'elle- 

as  identique  pour  ces  diverses  altérations. 

ima  considérations  qui  précèdent  touchant  les  hyperplasies,  il  résuld' 

qu'il  y  a  itutaiit  de  foi'mcs  de  tissus  pathologiques  qu'il  existe  de  tissus 

pliysiologiques.et  que  tout  tissu  normal  peut  végéter  et  donner  naissance 

il  un  néoplasme  pathologique.  Mais,  contrairement  aux  tissus  physiolo- 

j^iques,  les  tissus  pathologiques,  nés,  pour  aiusi  dire  accidentellemenl  H 

saus  but  fonctionnel,  ont  une  évolution  irrégulière  et  déréglée.  Plus  (in 

moins  complètement  subordotmés  fi  la  vascularisation  et  à  la  facilité  rfi' 

^néralion  des  tissus  normaux,  les  tissus  pathologiques  ont  enfin  d'ati- 

n         s  do  tendance  à  se  généraliser  et  îi  récidiver  que  leur  pui»sa[ire 

accmissement  est  plus  faible  et  que  leur  développement  est  plus  im- 

larfait. 


CHAPITRE  III 


DES   HYPOPLASIES 


Nous  désignons  sous  ce  nom  des  alléralions  qui  ont  pour  point  de 
départ  l'affaiblissement  de  la  nutrition  des  tissus,  et  pour  caractère 
l'inliltration  des  éléments  histologiques  par  des  substances  qui  troublent 
et  compromettent  leurs  fonctions. 

Produites  pour  ainsi  dire  à  rimage  des  désordres  nutritifs  amenés  par 
Tàge,  ces  altérations  consistent  moins  dans  un  changement  de  texture 
que  dans  une  modification  chimique  des  parties  affectées,  modification 
en  vertu  de  laquelle  des  substances  diverses,  la  graisse,  la  cholestérine,  la 
chaux,  l'albumine,  etc.,  se  substituent  aux  matières  proléiques  ou  vien- 
nent prendre  leur  place.  Infiltrées  de  ces  substances,  les  éléments 
analomi(|ues  perdent  leur  forme,  leur  réfringence  normale,  leur  struc- 
ture, ils  s'atrophient  et,  par  suite,  les  organes  changent  de  colora- 
tion, de  consistance,  et  quelquefois  de  volume.  La  composition  chi- 
mi(iue  de  ces  parties  se  modifie  par  cela  même,  de  telle  sorte  que  les 
tissus  présentent  dans  ces  conditions  des  réactions  différentes  de  celles 
de  l'état  normal.  L'évolution  de  ces  lésions  est  toujours  lente;  rarement 
les  éléments  histologiques  se  débarrassent  des  substances  qui  les  infiltrent. 
Si  qnehjues-unes  de  ces  substances,  comme  la  graisse,  peuvent  être 
résorbées,  il  en  est  d'autres,  et  la  substance  diteamyloïde(albuminoïde) 
est  de  ce  nombre,  qui  ne  subissent  aucun  changement  une  fois  déposées 
dans  les  tissus  ;  ceux-ci  cessent  peu  à  peu  de  fonctionner,  étouffés  qu'ils 
sont  par  la  substance  étrangère.  Loin  d'engendrer  des  formations  nou- 
velles, les  hypoplasies  conduisent  donc  à  la  destruction  des  tissus  nor- 
maux, ou  du  moins  à  la  diminution  de  leurs  fonctions.  Ces  lésions  sont 
d'autant  plus  sérieuses,  que  la  thérapeutique  est  à  peu  près  impuissante 
à  les  combattre. 

Des  conditions  pathogéniques  assez  semblables  se  retrouvent  dans  les  hy- 
poplasies ;  elles  concourent  pour  laplupart  à  diminuer  l'activité  formatrice. 


hl2  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

Ainsi  voit-on  se  produire  ces  altérations  chez  les  buveurs  qui  se  donnait 
peu  de  mouvement,  chez  les  individus  qui  suppurent  et  qui  prennent  peu 
d'exercice.  Dans  la  plupart  des  cas,  la  fonction  respiratoire  est  amoin- 
drie, les  oxydations  sont  ralenties,  et  le  sang  est  presque  toujours  altéré; 
malheureusement  nous  savons  peu  en  quoi  consistent  les  modifications 
qu'il  subit.  Malgré   des  analogies   assez  nombreuses,  les   hypoplasies 
offrent  des  différences  résultant  surtout  de  la  nature  des  substances  qui 
infiltrent  les  tissus.  Prenant  ces  différences  pour  base,  nous  étudierons 
successivement  les  dégénérescences  graisseuse,  albuminoîde,  colloïde  oa 
vitrée,  calcaire  et  pigmentaire,  après  quoi  nous  aborderons  l'étude  des 
nécroses  et  des  gangrènes. 

§   !•'.  —  INFILTRATION  ET  DÉGÉNÉRESCENCE  GRAISSEUSES.    ADIPOSK 

ET  STÉATOSE. 

La  plupart  des  tissus  de  l'organisme,  en  dehors  de  la  graisse  qui  entre 
dans  leur  composition  normale,  ont  de  la  tendance  à  se  charger  des  sub- 
stances grasses  qui  circulent  avec  le  sang.  Ces  substances  se  déposent  de 
préférence  dans  quelques  tissus,  notamment  le  tissu  conjonctif  sous- 
cutané  et  le  tissu  du  foie,  où  leur  accumulation  produit  l'infiltration  grais- 
seuse de  l'élément  histologique  (adipose).  Dans  quelques  circonstances, 
au  lieu  d'un  simple  dépôt  de  matières  grasses  sans  autre  altération  de 
l'organite,  il  se  produit  une  sorte  de  transformation  des  principes  albu- 
inineux  des  parties  élémentaires  en  substances  grasses.  Connue  sous  !♦* 
nom  de  stéatose^  celte  transformation  a  pour  conséquence  ordinaire  d'a- 
mener la  destruction  plus  ou  moins  complète  et  la  résorption  des  élé- 
ments affectés.  L'adipose  et  la  sléatose  diffèrent  donc  Tune  de  l'autre  par 
leur  cause,  leur  nature  et  leurs  consécjuences  ;  néanmoins  elles  coexistent 
fréquemment,  et  il  n'est  pas  toujours  facile  de  les  séparer. 

1"  Adipose.  L'adipose  ou  iiilillration  graisseuse  pathologique  est  coii- 
stit'iée  par  le  dépôt,  au  sein  des  éléments  histologiques,  des  matièrt»s 
grasses  devenues  abondantes  dans  le  sang,  par  suite  ou  d'un  apport  trop 
considérable  (alimentation  riche  en  graisse)  ou  d'une  élaboration  insuffi- 
sante, comme  dans  la  vieillesse  et  l'inaction  musculaire.  Klle  a  son  typf 
physiologique  dans  le  tissu  graisseux  sous-cutané  et  sous-séreux  de 
l'homme  adulte,  dans  l'épithélium  intestinal  et  les  cellules  du  foie,  au 
moment  de  la  digestion.  Cette  infiltration  est  de  plus  l'étal  normal  des 
reins  de  quelques  animaux  adultes,  les  chats  et  les  chiens  nolainineni; 
elle  s'observe  enfin  dans  ces  mêmes  organes,  dans  le  cerveau  et  lt*> 
poumons  des  animaux  et  de  rhoinine,  iinmédiatenient  après  la  naissance- 


HYPOPLASIES.  473 

Entre  ces  états  physiologiques  et  Tétat  pathologique,  la  transition  est  le 
plus  souvent  insensible. 

L'infiltration  graisseuse  pathologique  envahit  les  tissus  conjonctifs,  prin- 
cipalement ceux  qui  enveloppent  les  glandes  viscérales,  comme  aussi 
les  tissus  épiihéliaux,  et  en  particulier  les  éléments  propres  du  foie  et  des 
reins.  La  graisse  que  renferment  ces  tissus  existe  sous  forme  de  gouttes  peu 
volumineuses,  mais  qui  se  fusionnent  facilement,  de  façon  à  former  des 
gouttes  plus  grosses.  Les  éléments  affectés  conservent  leurs  propriétés  vi- 
tales et  fonctionnelles  normales,  excepté  lorsque  le  dépôt  graisseux  est  très- 
abondant,  dans  lequel  cas  ces  propriétés  peuvent  être  diminuées  ou  abo- 
lies ;  la  graisse,  toujours  contenue  dans  les  cellules,  ne  forme  plus  alors 
qu'une  goutte  unique  refoulant  le  noyau  à  la  périphérie  contre  la  mem- 
brane. Dans  ces  conditions,  les  cellules  épithéliaies,  celles  du  foie,  par 
exemple,  deviennent  analogues  aux  cellules  graisseuses  du  tissu  conjonctif  ; 
mais  il  est  probable  qu'elles  peuvent  revenir  encore  à  leur  état  noimal, 
du  moins  il  n'est  pas  démontré  qu  elles  soient  définitivement  détruites  par 
l'infiltration  graisseuse,  même  si  leurs  propriétés  fonctionnelles  sont  plus 
ou  moins  complètement  éteintes.  Modifiés  de  la  sorte,  les  organes  sont 
mous,  colorés  en  jaune  clair,  exsangues,  parsemés  de  dessins  divers,  plus 
ou  moins  fortement  tuméfiés,  et  d'une  densité  qui  est  parfois  moindre  que 
celle  de  l'eau.  Ces  caractères  peuvent  suffire  au  diagnostic  de  ces  lésions; 
mais,  en  général,  ce  n'est  qu'à  l'aide  du  microscope  que  l'on  parvient  à 
reconnaître  les  degrés  inférieurs  de  l'infiltration  graisseuse. 

Cette  infiltration  se  rencontre  chez  les  gros  mangeurs,  surtout  quand 
ils  ne  prennent  qu'un  faible  exercice  musculaire,  et  principalement  chez 
les  personnes  qui  font  un  grand  usage  de  substances  grasses,  de  substances 
amylacées  et  sucrées  ;  elle  s'observe  encore  chez  les  individus  qui  font 
des  excès  d'alcool;  enfin,  chez  tous  ceux  dont  la  respiration  et,  par  cela 
même,  la  combustion  des  tissus  sont  incomplètes,  comme  les  phthisiques 
et  toutes  les  personnes  atteintes  d'emphysème  et  de  dilatation  cardiaque 

2*  Stéaiose.  La  sféatose,  comme  l'infiltration  graisseuse,  est  tantôt  un  état 
physiologique,  tantôt  un  état  pathologique.  Le  type  physiologique  de  cette 
dégénérescence  est  le  propre  des  épithéliums  d'un  certain  nombre  de 
glandes.  La  matière  sébacée,  le  lait,  ne  sont  vraisemblablement  que  le  ré- 
sultat delà  transformation  graisseuse  des  cellules  épithéliaies  des  glandes 
cutanées  et  mammaires,  quoique  récemment  on  ait  pu  penser  que  ces  sub- 
stances formées  en  dehors  des  épithéliums  glandulaires  étaient  excrétées 
par  la  propriété  contractile  de  ces  éléments.  La  membrane  granuleuse  de 
Graaf,  un  certain  nombre  de  fibres  utérines  après  la  grossesse  sont  incon- 


MU  ànatomie  pathologique. 

testablement  résorbées  pai'  le  fait  de  cette  métamorphose.  Ja  rédaction 
de  volume  ou  même  la  disparition  de  certains  organes,  dont  le  rôle  est 
transitoire,  comme  le  thymus,  a  lieu,  du  reste,  par  le  même  mécanisme, 
et  la  résorption  des  tissus  morbides  ne  s'opère  pas  autrement.  Dans  toutes 
ces  circonstances,  la  stéatose  est  un  fait  dont  bénéficie  l'organisme.  Bien 
différents  sont  les  effets  de  la  stéatose  à  l'état  pathologique. 

Cette  altération  n'épargne  aucun  tissu,  mais  elle  produit  les  plus 
grands  désordres  dans  les  tissus  épithéliaux,  en  raison  de  leur  impo^ 
tance  fonctionnelle.  Le  foie,  les  reins,  les  glandes  du  tube  digestif, 
sont  les  organes  glandulaires  particulièrement  disposés  à  cette  dégénéres- 
cence. Ces  organes  pâlissent,  revêtent  une  teinte  jaunâtre  d'autant  plus 
foncée  que  l'altération  est  plus  considérable.  Leur  consistance  se  modifie 
peu  h  peu,  elle  devient  molle  et  onctueuse,  leur  volume  augmente  ;  le 
foie,  par  exemple,  s'épaissit,  ses  bords  s'arrondissent,  sa  capsule  se  tend 
et  sa  forme  change;  d'autres  fois,  cet  organe  flasque  et  ridé  diminue 
de  volume,  par  TefTet  de  la  résorption  d'une  partie  de  ses  éléments.  Les 
cellules  épithéliales  apparaissent  au  microscope,  d'abord  un  peu  troubles, 
puis  granuleuses,  laissant  apercevoir  dans  leur  épaisseur  de  fines  granu- 
lations ou  des  gouttelettes  graisseuses,  remarquables  par  une  forte 
réfringence  et  un  double  contour  (fig.  173).  Ces  granulations  se  mani- 
festent dans  le  protoplasma,  notamment  au 
pourtour  du  noyau ,  et  même  dans  l'épais- 
seur de  ce  dernier,  circonstance  qui  montra 
bien,  comme  le  fait  remarquer  Paget,  qu'il 
s'agit  d'une  transformation  sur  place.  Inso- 
lubles dans  l'acide  acétique,  la  potasse  à 
Fig.  173.  —  Cellules  hépatiques  ^*0  pour  100  et  à  froid,  ces  granulations  se 
affectées  de  stéatose.  dissolvent  dans  une  grande  quantité  d'éther 

et  dans  le  sulfure  de  carbone  ;  elles  se  colorent  en  bmn  par  l'iode, 
et  en  noir  par  l'acide  hyperosmique  (Schuitze);  elles  envahissent 
peu  à  peu  la  cellule  tout  entière  et  voilent  son  noyau.  Celle-ci  aug- 
mente de  volume,  prend  une  forme  arrondie  qui  la  fait  ressembler 
à  un  corps  granuleux;  le  noyau  se  détruit  et  la  masse  se  dissocie  enfin 
par  la  séparation  des  molécules  qui  la  constituent  (fig.  17^i).  Si  la  a^lule 
possède  une  membrane  propre,  ce  phénomène  est  retardé,  mais  le 
résultat  est  le  même.  Dans  tous  les  cas,  la  désagrégation  commenci* 
à  la  périphérie  ;  la  masse  tout  entière  se  divise  d'abord  en  plusieurs  agrégats 
de  gouttelettes,  puis  en  gouttelettes  isolées  qui  se  répandent  dans  un  liquide 
alcalin,  ce  qui  constitue  le  détritus  granulo- graisseux.  Ce  détritus  est 
généralement  résorbé  tout  entier,  sinon  il  reste  pendant  quelque  temps 


by.puis  il  SG  ded     b 

cristallise 
[aies  isolées        ra     n     n 
r  d'un  centre  d    m 

lonne  lieu  à  d  ea 

s  très- fines  bé 

hk  des   reuil  n  eo 

Inné  Fomie  d  m 

^trémetnent  m  d 

1^  an^fles    son  qu 

tr  une  échaii  p 

{MDcé   appr  q 

i' le  conçoit 
kftrtielle,  q 
tonce  en  dan^  <l 

îtocdestisSUSdeSubstance  alteinl»dc.téalO»;fl,gl<.m*rdei,.lade. 

H  ne  diffère  pas  de  celle  que  nous  menons  de  diciiie  elle 
■•pécialeineul  dans  la  tuinque  nileme  de'^atU^<^,dalI^  le  diniie 
JDUiqueux,  dans  le^ 
BB  libreuses  et  se- 
ns la  nùvroglie,  le 
ntiliel  des  glandes; 
Bve  encore  dans  les 

£i  cartilatces,   des 
t  des  muscles  et 
f 

lltanique  iiitcnie  des 
[vcette  altération  se 
l'intérieur  des  cellu- 
(.■sarlériolesetlesca- 
41eaffecto  lesmâines 
Je  préférence  aux 

Abg    (fig.  175).   Ce 

important   à  con- 

BB  qu'il  permet  de 

|-  U    sléatose   des 

IBBUX   de  l'inliltnition   fiiaiSMUse  qui    se  produit  Jaus  quel- 

HlsUnces,    le  ramollissement  cérébral,  par  exenipb 

^e    lympliatique.    Les   muscles  stries    et  les  muacles  lisses 

lîprès  également  pndisposis  a  In  stealose    Dins  les  muscles 


Fie  17')  —  A  e-iuclie,  -itUnule  de  la  moelle 
èpiniÂre  alteinte  li»  digénévetcence  graitscua?. 
A  [Iroile,  deux  Dbrd  muaculaires  lutiissBni  la 
iiiéine  Aé^LBatLicence  ,  I  alUralion  débule  au 
puiirtoiir  des  nojaui  el  b»  conlmue  cnlra  loi 
nurilles 


L 


d 


ft76  AHITOMIB  PATHOLOGIQUE. 

striés ,  cette  altération  commence  an  voisinage  des  noyaux  ou  dans  leu 
intérieur,  et  se  continue  ensuite  entre  les  fibrilles,  dans  les  sillons  loii|t- 
tndinaux  qui  représentent  le  protoplasme,  jusqu'à  ce  que  la  libre  tod 
entière  soit  semée  de  gouttelettes  de  graisse  qui  se  substituent  peu  à  pa 
à  la  syntonine  (fig.  175).  En  même  temps,  la  fibre  musculaire  perd  loi 
élasticité  et  sa  contractilité.  Semblables  phénomènes  se  passent  u 
sein  des  fibres  musculaires  lisses,  qui  finissent  par  constituer  des  corp 
granuleuK  fusiformes;  la  dégénérescence  de  ces  éléments  est  suirie  de 
la  dilatation  des  cavités  qu'ils  circonscrivent.  La  stéatose  des  tubes 
nerveax  porte  primitivement  sur  la  moelle,  qui  se  coagule,  [nui  b 
sépare  en  fragments  régulièrement  cuboïdes.  Ca 
fragments,  contigus  d'abord,  s'éloignent  plus  tMii 
les  uns  des  autres,  leurs  angles  s'émoussent  4i 
s'arrondissent,  et  l'on  voit  apparaître  des  goutlM 
de  graisse  brillantes ,  qui  se  divisent  et  composât 
à  elles  seules  tout  le  contenu  du  tube  nerveux,  de 
sorte  que  celui-ci  se  trouve  constitué  par  une  série 
muniliforme  de  gouttes  de  graisse  maintenues  pv 
la  tunique  externe  (fig.  176).  Le  cylindre  d'aie  tA 
la  partie  qui  résiste  le  plus  longtemps  à  cette 
[' Méâtosi'i'det  îteth  transformation,  il  peut  même  lui  échapper  et  rester 
de  la  peau  du  braa  d'un  inlact;  plusieurs  observateurs  prétendent  l'a^tiir 
'^    "'"*'  trouvé  envahi  ou  transformé  par   la  métamor- 

phose graisseuse.  Les  tissus  pathologiques  ne  sont  pas  plus  cpannHs 
que  les  tissus  physiologiques,  car  les  élémenls  qui  les  composent  sont 
généralement  soumis  à  l'altéralion  graisseuse. 

Indépendamment  des  caractères  particuliers  aux  organes  directement 
altérés,  la  stéalose,  un  peu  étendue,  surtout  quand  le  foie  est  afleclé, 
imprime  un  cachet  particulier  à  l'économie  entière.  La  peau  se  décolore, 
et  quelquefois  il  se  produit  un  léger  œdème  du  tissu  coujonclil  sous- 
cutané,  une  tendance  aux  hémorrhugies,  du  moins  à  la  production  d'ec- 
clnmoses  sous-screuses  ou  sous-muqueuses.  Ces  phénomènes,  indices 
d'une  altération  du  sang  et  d'une  hématose  imparlaite,  peuvent  détei^ 
miner,  principalement  chez  les  nouveau-nés  et  chez  les  femmes  dans  l'étal 
puerpéral,  une  mort  rapide  avec  des  symptrimes  peu  différents  de  ceuï 
que  détermine  la  mort  par  sulTot-ation.  La  modification  subie  en  pareil 
cas  per  le  liquide  sanguin  n'est  pas  très-bien  connue;  cependant,  o»  a 
trouvé  que  ce  liquide  renfermait  une  proportion  de  graisse  plus  consi- 
dérable que  dans  les  conditions  normales.  Ménard  a  donné  la  preure 
chimique  de  l'augmentation  de  la  graisse  dans  le  sang  des  chiens  qu'il 


Fie.    176.  —  Tubet  n 


HYPOPLASIES.  477 

ivait  préalablement  intoxiqués  par  le  phosphore.  Ritter  a  constaté, 
lans  les  empoisonnements  par  lemétique,  le  sulfure  d'antimoine, 
l'arsenic  et  le  phosphore,  en  même  temps  qu'une  altération  du  globule 
sanguin,  l'augmentation  de  la  graisse,  dont  la  quantité  était  en  propor- 
tion directe  de  la  dose  du  toxique  et  de  l'altération  du  globule.  Certains 
cas  d'anémie  progressive  chez  l'homme  sont  accompagnés  également 
l'une  forte  proportion  de  graisse  dans  le  sang  et  de  stéatose  des  organes. 
Dans  tous  ces  cas,  la  quantité  d'azote  et  d'urée  diminue  dans  les  urines 
[Ritter],  l'acide  urique  augmente,  quoique  l'acidité  de  ce  liquide  diminue. 

La  stéatose  est  partielle  ou  générale,  suivant  qu'elle  affecte  une  partie 
^u  la  totalité  d'un  même  organe.  Le  plus  souvent,  d  abord  partielle,  elle 
s'étend  ensuite  à  tout  un  système  de  tissus,  et  même,  si  elle  dépend  d'une 
cause  générale,  plusieurs  tissus  peuvent  être  simultanément  atteints.  La 
rapidité  d'évolution  de  cette  dégénérescence  varie  avec  la  cause  qui  l'a  pro- 
duite; tandis  que,  dans  l'empoisonnement  par  le  phosphore,  la  stéatose 
survient  en  quelques  jours,  elle  met  plusieurs  mois  ou  des  années  à  se 
produire  chez  les  buveurs  d'alcool  et  chez  les  cancéreux.  Cette  évolution 
parait  se  faire  en  trois  temps  :  les  éléments  commencent  par  devenir  trou- 
bles, légèrement  granuleux,  puis  le  protoplasma  se  transforme  en  petites 
granulations  réfringentes  solubles  dans  l'éther,  ou  gouttelettes  graisseuses. 
Ces  granulations  voilent  tout  d'abord  le  noyau  qui  persiste,  puis  elles 
infiltrent  l'élément  tout  entier,  se  désagrègent,  et  l'élément  est  détruit. 

Diagnostic  et  pronostic.  —  La  stéatose  se  reconnaît  à  l'œil  nu  par  la 
teinte  jaunâtre  partielle  ou  générale,  la  consistance  un  peu  molle,  et  la 
tuméfaction  plus  ou  moins  considérable  que  présentent  les  organes 
afTectés  de  cette  dégénérescence.  Le  microscope  est  d'absolue  nécessité 
pour  le  diagnostic  de  cette  altération  dans  ses  degrés  les  plus  légers  ; 
il  permet  seul  de  reconnaître  l'inGltration  des  éléments  par  des  gout- 
telettes graisseuses.  Peu  sérieux  dans  certains  cas,  le  pronostic  de 
la  stéatose  est  d'autres  fois  très-grave,  à  cause  de  la  difficulté  où  sont 
les  tissus  atteints  par  cette  métamorphose  de  revenir  à  leur  état 
primitif  et  par  conséquent  de  recouvrer  leurs  fonctions  affaiblies  ou 
perdues.  Elle  est  en  raison  directe  de  l'importance  fonctionnelle  de 
l'organe  affecté  et  des  désordres  matériels  qui  en  résultent.  Toutes  choses 
égales  d'ailleurs,  la  stéatose  des  vaisseaux  qui  prédispose  aux  hémor- 
rhagies,  celle  du  foie  qui  produit  l'anémie  et  l'hydropisie  (1),  celle  des 

(i)  L'altération  graisseuse  du  foie  doit  être  comptée  parmi  les  causes  de  l'hydropisie. 
Celle-ci  se  produit  toutes  les  Tois  que  la  densité  du  parenchyme  hépatique  est  moindre 
que  celle  de  l'eau.  C'est  un  fait  qui  n'est  pas  douteux  pour  moi,  car  il  s'appuie  sur  plus 
de  vin^  observations  personnelles. 


478  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

reins  qui  entratne  à  sa  suite  l'albuminurie,  sont  des  altératimis  certai- 
nement plus  dangereuses  que  la  stéatose  de  quelques  muscles. 

Ètiologie  et  pathogénie.  —  I^  stéatose  apparaît  à  tous  les  ftges  de 
la  vie  commune  chez  les  vieillards,  elle  se  rencontre  aussi  ches  ks 
très-jeunes  enfants.  Buhl  et  Hecker  ont  signalé  Texistence  de  la  stéatose 
aiguë  des  viscères  chez  les  nouveau-nés,  et  plusieurs  fois,  peodaot 
mon  clinicat  à  THôtel-Dieu,  j'ai  eu  l'occasion  de  rencontrer  cette  même 
dégénérescence,  dont  le  docteur  Parrot  a  fait  une  étude  approfondie  pour 
le  cerveau.  Furstenberg  et  Roloiïont  observé  une  altération  analogue  eha 
de  jeunes  animaux  domestiques,  poulains,  veaux,  porcs,  agneaux.  Le 
dernier  de  ces  auteurs  fait  remarquer  sa  fréquence  chez  les  petits  des  ani- 
maux qui,  comme  le  porc,  restent  constamment  renfermés,  en  vue  de  Tea- 
graissement^  et  induit  de  là  une  transmission  héréditaire.  Un  fait  qui  Im 
paraît  venir  à  l'appui  de  cette  manière  de  voir,  c'est  que  dans  les  haras 
où  les  juments,  uniquement  destinées  à  la  reproduction,  sont  bien  now^ 
ries  et  ne  prennent  aucun  exercice,  il  est  commun  d'observer  cette 
dégénérescence  chez  les  jeunes  poulains.  Le  défaut  de  soude  dans  l'ali- 
mentation de  ces  animaux  et  une  trop  grande  quantité  de  nitrate  de 
potasse  sembleraient  tout  au  moins  les  prédisposer  à  cette  altération. 

Les  faits  de  ce  genre  aideront  sans  doute  à  éclairer  l'étiologie  de  la  stéa- 
tose des  enfants  nouveau-nés  ;  cependant,  le  nombre  des  cas  où  cette 
dégénérescence  pourrait  être  attribuée  à  l'hérédité  parait  peu  considérable, 
et  vraisemblablement  les  conditions  étiologiqucs  qui  lui  donnent  naissance 
sont  multiples.  Parrot,  qui  a  observé  un  grand  nombre  de  fois  cette  altéra- 
tion, la  rattache  à  une  alimentation  insuffisante  ;  mais,  sans  nier  cette  in- 
fluence, on  ne  peut  lui  attribuer  tous  les  cas  de  stéatose  du  nouveau-né, 
puisque  cette  dégénérescence  se  rencontre  chez  des  enfants  bien  nourris  ; 
moi-même  je  l'ai  obser>'ée  dans  ces  conditions.  L'amidon  et  les  farineui, 
dont  on  fait  malheureusement  une  consommation  trop  abondante  pour  les 
jeunes  enfants,  sont  certainement  de  nature  à  amener  celte  métamorphose 
organique.  L'amidon  et  le  sucre,  comme  on  sait,  sontdes  aliments  qui  ont 
la  propriété  de  produire  de  la  graisse  ;  peut-être  le  défaut  de  certaines 
substances  dans  l'alimentation  conduirait-il  au  même  résultat. 

Les  condilionsqui,  chez  l'adulte,  donnent  lieu  à  la  stéatose,  sont:  l'abus 
prolongé  des  liqueurs  alcooliques,  de  l'élher,  du  chloroforme  ou  encore 
l'absorption  de  certains  carbures  d'hydrogène,  les  intoxications  aigués  par 
le  phosphore,  larsenic,  l'antimoine.  Quelques  états  physiologiques,  la 
grossesse,  la  la(;lation,  un  certain  nombre  de  maladies  graves,  aigués  ou 
chroniques,  les  pyrexies  et  notamment  la  fièvre  typhoïde,  la  variole  hé- 


HYPOPLASIfiS.  U19 

morrhagique,  la  scarlatine,  la  pyémie  et  la  septicémie,  déterminent  des 
altérations  peu  différentes;  enfin,  quelques  maladies  à  longue  échéance, 
avec  cachexie,  comme  la  carcinose,  la  tuberculose,  Timpaludisme,  et 
même  la  syphilis  et  le  scorbut,  peuvent  engendrer  Tinfiltration  graisseuse 
et  la  dégénérescence  stéatosique  d'un  certain  nombre  de  viscères,  princi- 
palement le  foie,  le  cœur  et  les  reins. 

Avec  des  circonstances  étiologiques  aussi  diverses,  il  importe  de  recher- 
cher comment  se  produit  la  stéatose,  et  de  se  demander  si  cette 
dégénérescence  ne  serait  pas  subordonnée  à  des  conditions  pathogé- 
niques  assez  semblables.  Je  ne  prendrai  pas  la  peine  de  réfuter  une  opi- 
nion qui  a  cours  en  Allemagne,  et  d'après  laquelle  la  stéatose  en  général, 
et  celle  de  l'intoxication  phosphorique  en  particulier,  seraient  dues  à  un 
processus  irritatif  ou  inflammatoire.  Hanvier  s'est  parfaitement  acquitté  de 
cette  tache  dans  un  travail  où  il  montre  que  l'un  des  premiers  effets  de  l'irri- 
tation phlegmasique  est  la  disparition  de  la  graisse  des  éléments  enflam- 
més. Cette  première  opinion  mise  de  côté,  trois  hypothèses  sont  en  pré- 
sence :  1°  la  graisse  préformée  dans  le  sang  ne  fait  que  se  déposer  dans 
les  tissus,  et  la  stéatose  n'est  qu'une  infiltration  graisseuse;  2r  la  stéatose 
est  le  résultat  d'une  transformation  directe  de  la  substance  albuminoïde, 
qui  constitue  le  protoplasma  des  cellules,  en  substance  grasse;  3^  cette 
altération  est  l'effet  d'un  vice  de  nutrition,  d'une  combustion  incomplète 
qui  isolerait  des  matières  grasses  combinées  avec  les  matières  albumi- 
noîdes  de  certains  éléments  anatomiques. 

L'hypothèse  d'une  infiltration  graisseuse,  exacte  pour  les  altérations  que 
nous  désignons  sous  le  nom  A'adipose^  dans  lesquelles  les  éléments  cel- 
lulaires gonflés  par  de  la  graisse  ne  sont  jamais  détruits,  ne  l'est  plus 
quand  il  s'agit  de  stéatose,  où  la  destruction  et  même  la  résorption  de  ces 
éléments  est  pour  ainsi  dire  la  règle.  Mais,  du  reste,  la  marche  de  ces 
lésions  est  fort  différente  ;  tandis  que  l'adipose  se  produit  lentement,  la 
stéatose  évolue  quelquefois  en  peu  de  jours. 

L'hypothèse  d'une  transformation  des  matières  albuminoïdes  des  élé- 
ments histologiques  en  substances  grasses,  est  appuyée  sur  des  expériences 
nombreuses,  comme  l'engraissement  sous  l'influence  d'une  alimentation 
composée  de  viande  exempte  de  graisse  et  de  sucre  (Voit),  la  production  de 
la  cire,  substance  chimiquement  analogue  aux  corps  gras,  par  les  abeilles 
nourries  d'albumine  et  de  sucre,  et  surtout  la  transplantation  de  portions 
d'organes  ou  de  tissus  d'un  animal  dans  la  cavité  abdominale  d'un  autre 
animal.  R.  Wagner  trouva  que  le  testicule  d'un  coq  introduit  dans  la  ca- 
vité abdominale  d'une  poule  présentait,  au  bout  d'un  certain  temps,  l'as- 
pect d'une  masse  graisseuse;  de  même  il  vit  que  le  cristallin  de  l'œil, 


Zi80  ANATOMIK   PATHOLOGIQUE. 

des  morceaux  d'albumine  coagulée  et  d'autres  corps  analogues,  qui  ne 
contiennent  pas  de  matières  grasses,  en  sont  chargés  et  perdent  en  même 
temps  la  meilleure  partie  de  leurs  principes  azotés,  lorsqu'ils  ont  été  dé- 
posés pendant  quelques  semaines  dans  le  corps  d'un  animal  vivant.  Sem- 
blables résultats  ont  été  obtenus  par  Middeldorpf,  qui,  expérimentant  sur 
les  os,  a  trouvé  de  la  graisse  dans  les  cavités  osseuses,  et  par  Donders,  qui, 
dans  des  recherches  sur  les  tendons,  la  substance  cornée  et  le  cartilage, 
en  a  rencontré  dans  les  éléments  cellulaires  de  ces  parties.  Pour  rendre  ces 
faits  plus  probants,  les  fragments  des  tissus  employés  furent  renfermés  dans 
des  sachets  imperméables  ou  dans  des  boites  de  verre,  de  façon  à  être  mb 
à  l'abri  du  contact  des  liquides  de  l'organisme.  Or,  en  examinant  aa 
microscope  ces  substances,  après  un  séjour  plus  ou  moins  long  dans  l'in- 
térieur du  corps  d'un  animal  vivant,  on  a  cru  y  reconnaître  l'existence 

de  graisses  nouvelles  ;  mais  ce  résultat,  à  la  vérité,  ne  fut  pas  établi  ao 
moyen  de  l'analyse  chimique.  D'un  autre  côté,  F.  W.  Burdach  a  trouvé 
que,  si  l'on  dépose  dans  l'intérieur  de  l'économie  animale  un  corps 
étranger  de  texture  poreuse,  tel  qu'un  morceau  de  bois  blanc,  celui-ci 
se  charge  de  graisse  à  peu  près  comme  le  ferait  un  morceau  de  chair 
musculaire  ou  de  blanc  d'œuf  coagulé;  qu'ainsi  dans  les  expériences  où 
des  substances  al  buminoïdes  furent  employées  de  la  sorte,  elles  ne  se  char- 
geaient pas  de  matières  grasses  lorsqu'elles  étaient  mises  à  l'abri  du  con- 
tact des  humeurs  circonvoisines,  mais  que  la  graisse  fournie  par 
Torganisme  s'accumulait  autour  du  corps  étranger  au  lieu  de  le  péné- 
trer. Ces  expériences  contradictoires  firent  attribuer  à  une  substitution 
de  substance  ce  que  tout  d'abord  on  avait  considéré  comme  une 
véritable  transformation.  Cependant  les  recherches  de  lioppe,  ayant  mon- 
tré qu'il  peut  se  produire,  aux  dépens  du  lait  frais,  en  même  temps 
qu'une  faible  quantité  d'oxygène  et  une  quantité  d'acide  carbonique  un  peu 
plus  grande,  une  augmentation  de  la  graisse,  il  semble  qu'une  transfor- 
mation directe  de  substance  albuminoïde  en  graisse  puisse  avoir  lieu 
en  dehors  de  l'organisme.  Toutefois,  il  reste  à  se  demander  si  celte  pré- 
tendue transformation  n'est  pas  simplement  leiïet  de  la  mise  en  liberté  de 
corps  gras,  faiblement  combinés  avec  les  substances  protéiques,  dans 
des  conditions  déterminées,  surtout  lorsque  le  mouvement  nutritif  se 
trouve  ralenti.  On  comprend  que,  pour  arriver  à  prouver  cette  hypothèse, 
des  analyses  chimiques  des  tissus  avant  et  après  la  transformation 
graisseuse  seraient  absolument  nécessaires. 

Je  ne  m'airélerai  pas  à  la  théorie  de  Libermeister  défendue  par  W.  Legg 
et  plusieurs  autres  observateurs,  théorie  en  vertu  de  laquelle  la  stéalose 
des  Gèvres  est  due  à  l'élévation  delà  température;  évidemment,  c'est  voir 


HYPOPLASIES.  /|8i 

une  relation  causale  là  où  il  n*y  a  qu'une  simple  coïncidence,  et  peut- 
être  même  prendre  la  cause  pour  Tcffet,  car  il  est  possible  que  la  transfor- 
mation des  matières  albuminoïdes  en  matières  grasses  puisse  développer 
une  élévation  de  la  température  générole  du  corps.  En  résumé,  la  condi- 
tion pathogénique  de  la  stéatose  des  tissus  n'est  pas  encore  bien  connue; 
mais  quelle  que  soit  la  théorie  vraie  de  cette  dégénérescence,  il  y  a 
lieu  de  croire  que  le  ralentissement  de  la  nutrition  y  joue  un  rôle  im- 
portant. Ce  ralentissement,  qui  est  incontestable  dans  les  tissus  anémiés 
par  suite  de  Toblitération  ou  du  rétrécissement  d'un  vaisseau  artériel,  ne 
peut  êlre  mis  en  doute  dans  les  diiïérents  états  morbides  où  l'on  constate 
l'existence  de  la  stéatose.  H  est  à  remarquer  que  dans  tous  ces  états,  alcoo- 
lisme, fièvre,  carcinose,  etc.,  l'excrétion  de  l'acide  carbonique  et  de  l'urée 
est  diminuée,  et  que  les  combustions  organiques  par  cela  même  sont 
moins  actives. 

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LANCCREAUX. — Traité  d'Anal,  path.  I.   ^   31 


482  anàtomib  pathologique. 

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—  Le  niômc,  ?i(de  sur  la  stéatose  viscérale  que  l'on  observe  à  Vètat  phy^i"- 
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—  (^Ani.  Voit,  l'ehcr  die  Fettbilduwj  im  Thierknrper  {Zeitschrift  f.  BioUiQiet  l  ^• 
p.  79-118.  Munchon,  1869).  —  M«»uiTZ-FLKi?c:nER,  Veber  Fettbilduwj  "* 
Thicrkôipcr  {Archiv  f.  path.  Anat.  und  Physioloqie^  t.  LI,  p.  30,  1870,.  - 
W.  Lego,  Transact.  nf  thc  pathological  Society  of  London  (The  Lannt,  17  nw» 
1873). 


BÏPOPL*SIES. 


M-- 


*œm:e  ^lbi'min 


-  LBlCOMilTySE, 


La  leucoraatoso  (1)  esl  une  altcnilion  caracléri»>ée  par  la  pi-ésence,  au 
i  des  tissus,  d'une  substance  homogène,  brillauU;,  tronspan^nte.  pct<. 
jifférente  de  l'albumine,  et  que  colore  en  rougc-acajou  l'eau  Judée. 

Cette  altération,  la  plus  commune  des  dô^jénérescences  après  la  stéatosu, 
pst,  comme  cette  dernière,  le  fait  d'un  processus  po&sir,  d'un  organisme 
[uî  déchoit  ;  c'est  aussi  une  des  nonibi-euses  modilicalions  i|ni  sont  l'apa- 
tage  de  la  vieillesse.  A  peu  près  constante  à  cet  .Ige  de  la  vie,  la  leuco- 
latose  peut  aiïecter  tous  les  tissus,  mais  elle  envahit  de  pri^fûreDce  les 
cartilages  articulaires,    notiiiuinent 
f^ceuxdes  articulations  sterno-clavicu- 
kirc^t  vertébrales,  de  la  symphyse 
llHibicnne.  t'tc    [hms  l'iMat  pntholo- 
,  celte  dêgénérescena' ,  à   la- 
ii'lle  aucun   éli^nient  anatomique 
■n'('chapp«  d'une   fa^on  absolue,   a 
tour  sicgc  de  prédilection  les  parois 
art<^rioles,    et    principalement 
elles  de  la  ml<^',  du  foie,  des  reins, 
s  friandes  lymphatiques  et  de  la 
muqueuse  di^cstive,   puis   les  élé- 
ments propres  de  ces  mêmes  parties; 

i  sorte  qu'elle  affoclc  ii  la  fois  les    ^''- 1^'- 

,         ,    .  -        .-         .  I  rein  amjrluïile. 

■sue  substance  conjonctive  et  les 

■issus  épitliéliausL  fi)(.  in>.  I^s  or- 
plies  de  l'hémopoièse,  plus  que  tous 
i  autres  peiit-éti-e.  sont  espoa'îs  à 
Deltt^  alt4!'ration  ;   aussi  est-il  habi- 
tuel de  la  voir  aL'compa^née  d'un  état  d'anémie  plus  ou  moins  prononce. 
Ia  leucomatose  se  nioniro  tout  d'abord  dans  des  points  limités,  sous 
nne  de  petits  ilols,  qui  gii^ient  peu  à  peu  en  étendue  jusqu'à  ce  qu'elle 
^t  envalii  tout  un  organe.  Les  organes  aiïoctês  présentent  une  teinte 

!  (1}  La  dJ^gnatiDD  nouirellc  dp  leucoraalou,  que  nous  propoioos  à  rante  Ue  «in 
e  [ïi'Àuiiii,  blnnr  A'tKul.  Hlbtimin«),  nom  partit  detoir  èU-e  ailoplée  de  préK- 
t  nprcuion»  :  dcgénérescemc  tmj\tnde,  digéaimtencF  lirdacvc,  circule, 

Miole* [brique,  qui  repowal  ou  eiir  unv  «impie  apparence  de  VaHinlioa  od  sur  uni  ant- 

mplêle  lie  In  aul^lanci'  qui  ititlltrc  les  liiiU)  létë». 


^ 


n  tnîcratenpîque  d'un 
nche  artérielle  et 
glomârulei  de  HalpiEhl;  lea  liintf|ueR 
vatculairpï  lanl  <4pRi>si»  par  l'inllltra- 
lian  d'une  tubstanre  album iiioi  Je.  r  r. 
■ectian  trannenulf  de*  lubuli  n^nsux 
doui  la  paroi  amorpliea  aubi  ta  mtmr 
altérai  iuii. 


J 


'«fiq  AltATOHIE    PATBOLOGIQDK. 

qui  varie  du  gris  au  jaune  violacé,  ils  augmentent  de  Tolame  tout  en  eonier- 
vant  leur  forme  et  présentent  des  bords  généralement  épaissis.  Contnirt- 
ment  à  ce  qui  existe  pour  la  stéatose,  ils  ont  une  densité  plus  considé- 
rable que  dans  les  conditions  ordinaires,  une  consistance  pâteuse,  onc- 
tueuse, un  aspect  lardacé  ;  ils  sont  assez  fermes,  mais  friables,  lisses  rt 
unis  k  leur  surface,  semés  d'Ilots  gris&tres  ou  bleuâtres,  tnmslncidei  d 
parcourus  par  des  vaisseaux  qui  se  font  remarquer  par  un  épaîssissoMnl 
notable.  Ces  caractères  si  tranchés  permettent  généralement  de  rccou- 
nattre  la  leucomatose  à  l'œil  nu.  L'action  des  réactifs  vient  encore  en  aide 
à  ce  diagnostic  ;  les  tissus  afTectés  de  cette  dégénérescence  rougissent  soos 
l 'action  de  l'iode,  et  bleuissent  après  addition  d'acide  sulfurîque.  Pouriut 
il  n'en  est  pas  toujours  ainsi.  A  une  période  pou  avancée  de  son  évolulû», 
cette  altération  passerait  inaperçue,  sans  ses  caractères  microscopiques  et 
chimiques,  d'autant  plus  qu'elle  coexiste  asseï  fréquemment  avec  la  dégé- 
nérescence graisseuse  et  d'autres  altérations,  qui  peuvent  en  masquer  U 
physionomie. 
Vues  an  microscope,  les  parties  affectées  de  leucomatose  présenteni 
dans  l'épaisseur  de  leurs  éléments  une  substance  ho- 
mogène, translucide,  qui  détermine  l'augmenlation  de 
leur  volume.  Dans  les  petites  artères  et  les  capillaïref 
où  elle  a  son  maximum  de  fréquence,  cette  substance 
envahit  tout  d'abord  les  éléments  de  la  tunique  inlome 
ou  de  la  luni(|uc  moyenne,  et,  peu  à  peu,  transforme  les 
cellules  conjonctives  de  la  première  et  les  libres-cellul« 
delasecondcencorps  compactes  qui  perdent  peu  à  peu 
toute  structure  cellulaire  (fig.  1 78\  Dans  les  phasesa\-an- 
cées,  la  paroi  vasculairc,  totalement  envahie  et  inlillréc 
d'une  substance  brillante  à  la  lumière  rénéchic,  appa- 
raît sous  forme  d'un  cylindre  hyalin,  ayant  à  son  cenire 
une  ouverture  plus  ou  moins  étroite.  Les  capillatrcs. 
afTeclés  en  même  temps  que  les  arlérioles,  ou  peu  dr 
Pic.  17H. — Branche  temps  après,  pi'ésentent  un  épatssissement  de  leor 
artérielle  de  U  rate  m^inlirane  h\aline,  tandis  que  leurs  novaux  sont  prcs- 
dont  !■  tuniiiue  m-  '  ■  "... 

terneiuriouieiiin-  quc  toujours  in lacts.  La  leucomatose  ne  sclmiilepa'^ 
filtrée  de  bloc,  plut  exclusivement  aux  vaisseaux,  comme  le  voudraienl 
DU  moins  régulier)  ,,  i  ■ 

d'une «ubtlanceiiea   Certains  hislologistes;  le  ]dus  souvent  elle  s'étend  i 

diiTércme  de  r«l-  d'autres  parties  et  notamment  aux  éléments  cellulaires 

buDiine.  ' 

de  la  rate,  des  glandes  lymphatiques,  du  cartilage,  etc. 
Ces  éléments  augmentent  de  volume,  deviennent  granuleux,  et  ren- 
ferment des  parcelles  d'une  substance  grise,   transparente,  qui,  tout 


■'ic.  179,  —  Coupe  inïcraïCQ|Hque  d'un  foie 
alTectË  ie  dégèn^re>c«rice  albiiininû1fd«. 
n,  paroi  nrtérîelle  dant  l*<!piiÏBieur  de  Ja- 
quelle  oii  otMerve  une  iiLllIlralion  de  blitet 
slbuminiiidea  ;  c,  celluUs  hopatiqu^l  in- 
flllrËCi  de  celle  mime  substance  el  plus 
ou  moin)  votumincute. 


HYPOPLASIES.  485.  ' 

I,  na  roile  pas  leur  noyau,  puis  entin  des  masses  plus  ou  moins 
^volumineuses,  homogènes  et  Irans lucides.  Les  élémenls  épilliéliau\  pré- 
s  changements  assez  semblaWes;  les  cellules  propres  du  foie 
el  des  reins,  les  épilhéliums  de  l'iulestiii,  sont  peu  à  peu  envahis  par  ces 
mêmes  masses  réfringentes  qui  trouhleiit  leur  fonctionnement  (fig.  179), 
Dun  autre  côté,  le  rétrécissement  des 
vaisseaux  el  leur  pression  sur  les 
parties  voisines  ne  tardent  pas  à  pro- 
duire l'anémie  de  l'organe  mala<le, 
et  (les  troubles  variables  en  rapport 
aviHî  la  fonction  des  parties  atleinles. 
Dans  (|ueli|ues  cas,  les  vaisseaux 
altérés  se  roiupeut,  d'où  la  produe- 
tion  d'héiDorrhagies  multiples  plus 
ou  moins  atmndantes. 

Les  cai-ictt^res  chimiques  de  la  leu- 
comalose  sont  des  plus  importants. 
L'nrganc  qui  en  est  alTe(^té  ayant  été 
débarrassédu  sang  qu'il  renferme  par 
un  lavage  appi-oprié,  si  l'on  verse  sur  les  points  suspects  de  l'eau  iodée  ou 
du  chlorure  de  ïinc  iodé,  on  voit  apparaître  une  série  de  points  ou  de 
lignes  tirant  sur  le  rouge  sombre,  et  formant  des  dessins  variables  sui- 
vant le  degré  plus  ou  moins  avancé  de  l'allération.  Au  début,  ces  lignes 
représentent  simplement  la  distribution  vascukire;  mais  plus  tard,  par 
snite  de  l'extension  de  la  lésion,  des  parties  plus  ou  moins  étendues  du 
parenchyme  prennent  la  même  coloration.  Si  la  réaction  paraissait  dou- 
teuse, il  serait  nécessaire,  pour  la  produire,  de  renouveler  le  lavage  à  l'e^u 
iodée;  puis,  en  louchant  légèrement  les  points  qui  ont  subi  l'action  de 
l'iode  avec  l'extrémité  d'une  baguette  trempée  dans  l'acide  sulfurique,  on 
voit  survenir  rapidement  une  coloration  foncée,  d'un  violet  pùle  plus  ou 
moins   intense.  Cette  dernière   réacliou   pourtant   n'est   pas  conslante, 
quand  même  on  n'aurait  employé  qu'une  faible  quantité  de  liquide,  sans 
doute  pnree  que  la  composition  de  la  substance  étrangftre  n'est  pas  tou- 
jours identique  aver  elle-même.  Les  changements  en  question  sont  plus 
L-ounifestcs  sous  le  champ  du  microscope:  il  suRit  pour  les  obtenir  de 
^Bbver  au  pinceau  la  coupe  qui  doit  être  examinée,  et  de  l'imbiber  de  la 
^Biubstancu  iodée,  qui  colore  rapidement  en   brun  rougeâtit'  les  pallies 
H^«ltérées,  ou  bîca  de  la  tremper  quelques  secondes  dans  un  liquide  de  son 
^■'lAoix,  et  laver  de  nouvaiu. 
^^    Virchow,  à  qui  on  doit  la  connaissance  de  la  réaction  iodo-sulfurique, 


I 


686  4NAT0MIB  PATHOLOGIQUK. 

ooDsidérait  la  matière  qui  constitue  la  leucomatose  comme  analogiie  un 
formations  amylacées  végétales ,  et  pour  ce  motif  il  loi  domia  le  nom  de 
matière  amyloîde.  Meckel  rapprocha  l'altération  lardacée  ou  cireuse  de 
la  dégénérescence  graisseuse  avec  dépôts  de  cholestérine,  à  cause  de  k 
coloration  violette'  ou  pourpre  que  fait  prendre  à  cette  dernière  substanoe 
l'action  de  Tacide  sulfurique.  Ce  fut  Ch.  Schmidt  qui  montra  que  la  sub- 
stance dite  amyloîde  n'avait  rien  de  commun  avec  les  substances  glyoogé- 
niques,  et  qu'elle  renfermait  une  certaine  quantité  d'azote.  Plus  tard, 
Friedreich  et  Kekulé  établirent  l'analogie  de  cette  substance  avecki 
matières  albuminoîdes  ;  enfin,  Kuhne  et  Rudneff,  usant  d'un  procédé  basé 
sur  l'extraction  successive  et  continue  par  l'eau  froide,  les  acides  dilués  et 
le  suc  gastrique  artificiel,  arrivèrent  à  isoler  beaucoup  mieux  cette  sub- 
stance, dans  laquelle  ils  trouvèrent,  outre  du  carbone  et  de  l'hydrogtee, 
15,53  pour  100  d'azote,  et  1,3  pour  100  de  soufre.  Marcet  n'y  aurait  ren- 
contré que  13  et  14  pour  100  d'albumine  ;  mais  il  n'est  pas  bien  certain  que 
la  substance  sur  laquelle  il  a  opéré  fût  parfaitement  pure.  Par  sa  compo- 
sition comme  par  ses  réactions  chimiques,  cette  substance  présente  donc 
la  plus  grande  ressemblance  avec  l'albumine;  mais  elle  en  diffère  en  ee 
qu'elle  n'est  pas  attaquée  par  le  suc  gastrique. 

La  leucomatose  a  une  évolution  lente  et  progressive.  Elle  présente  trob 
stades.  Dans  un  premier  stade,  ses  éléments  se  gonflent,  prennent  une 
apparence  finement  grenue;  dans  un  second  stade,  le  protoplasma  se 
transfonne  en  grande  partie  en  blocs  vitreux  homogènes,  le  noyau  per- 
siste encore;  dans  un  troisième  degré,  enfin,  le  noyau  disparaît,  la  cellule 
se  fragmente,  devient  anguleuse,  change  de  forme,  perd  ses  fonctions  et 
se  détruit.  Jointe  à  la  tendance  extensive  des  leucomatoses,  cette  évolu- 
tion rend  des  plus  gi*avcs  le  pronostic  de  la  dégénérescence  dite  amy- 
loîde. Mais  ce  qui  ajoute  à  la  gravité  du  pronostic,  c'est  la  résistance'  de  li 
substance  allmminoïde  aux  agents  chimiques,  et  l'absence  de  modifica- 
tions pouvant  en  amener  la  disparition  spontanée.  La  mort,  qui  en  est  b 
conséquence,  est  l'effet  d'un  dépérissement  graduel,  d'anémie,  de  diar- 
rhée, et  quelquefois  d'hémorrhagie.  Le  di.ignostic  de  cette  dégénéresceuce 
repose  avant  tout  sur  ses  caractèri's  microchiiniques. 

Étiologie  et  pathogénie,  —  La  leucomatose,  qui  est,  dans  la  vieillesse, 
un  état  pour  ainsi  dire  physiologique,  s'observe  à  tous  les  âges  de  la  vif, 
principalement  dans  la  période  de  20  à  /lO  ans.  Liée  à  un  trouble  pro- 
fond de  la  nutrition,  cette  dégénérescence  <ipi)araU  dans  des  cas  où 
l'organisme  est  affaibli  par  d(»s  affections  chroniques  de  longue  durée,  et 
notamment  dans  les  cachexies.  La  phthisie  pulmonaire,  la  scrofulose.  b 


HYPOPLASIKS.  487 

syphilis,  l'hydrargjrisme,  l*impaludisme,  en  sont  les  causes  les  plus  ordi- 
naires, surtout  quand  elles  déterminent  des  suppurations  chroni(|ues  du 
côté  du  système  osseux.  Sur  quatre-vingt-seize  faits  de  dégénérescence 
dite  amyloïde  réunis  par  Wilks,  la  suppuration  osseuse  s*est  rencontrée 
soixante-huit  fois;  dix-sept  fois  elle  avait  existé  antérieurement.  Effet  ordi- 
naire de  la  scrofulose,  cette  dégénérescence  est  quelquefois  liée  à  la  tuber- 
culose, mais  rarement  à  un  simple  traumatisme,  et  presque  jamais  à  la 
suppuration  des  parties  molles.  La  syphilis,  arrivée  à  la  période  tertiaire, 
est  quelquefois  accompagnée  d'une  dégénérescence  albuminoïde,  manifes- 
tement liée  à  la  cachexie,  et  qu'il  faut  bien  se  garder  de  considérer  comme 
une  lésion  directe  de  la  syphilis ,  car  ce  serait  refuser  tout  caractère  spéci- 
fique à  cette  maladie.  L'apparition  de  la  leucomatose  dans  la  période 
avancée  des  maladies  montre  bien  que  cette  affection  est  le  résultat  d'un 
trouble  de  nutrition  général;  mais  comment  survient  cette  altération, 
d*où  provient  la  substance  albuminoïde  qui  infiltre  les  éléments  des  tis- 
sus? Cette  substance  se  forme-t-elle  aux  dépens  des  éléments;  est-elle 
apportée  du  dehors?  Et,  dans  cette  dernière  hypothèse,  a-t-elle  son  point 
de  départ  dans  le  sang,  ou  bien  ce  liquide  n'est-il  chargé  que  de  son 
transport?  Virchow,  qu'une  tendance  exagérée  porte  à  voir  trop  souvent 
des  processus  semblables  à  ceux  des  embolies,  pense  que  cette  altération 
est  le  résultat  d'une  modification  du  sang.  Admettre,  pour  expliquer  la 
généralisation,  cette  infection  du  sang,  qui  aurait  son  point  de  départ  dans 
un  foyer  primitif  d'altération,  d'où  elle  s'étendrait  ensuite  dans  les  gan- 
glions lymphatiques  et  les  parties  voisines,  est  une  opinion  qui  n'est  pas 
toujours  confonne  avec  l'observation.  Donc,  il  n'est  pas  prouvé  que  la 
leucomatose,  malgré  sa  généralisation,  soit  le  résultat  direct  d'une  altéra- 
lion  primitive  ou  secondaire  du  liquide  sanguin.  Au  contraire,  il  parait 
vraiseniblable,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  que  cette  dégéné- 
rescence se  forme  sur  place,  et,  comme  la  stéatose,  par  suite  d'un  trouble 
local  de  nutrition  des  parties  affectées.  Mais  il  faut  avouer  que  nous 
ignorons  les  changements  que  subissent  les  matières  protéiques  des  élé- 
ments histologiques  pour  arriver  à  produire  la  substance  albuminoïde,  qui 
diffère  de  ces  matières  par  sa  résistance  aux  réactifs  chimiques  et  à  certains 
agents  destructeurs,  tels  que  le  suc  gastrique.  Dickinson  prétend  qu'il  a  pu, 
eu  désalcalisant  de  l'albumine  et  de  la  fibrine,  obtenir  une  substance  avant 
les  caractères  chimiques  de  la  matière  dite  amyloïde;  il  admet  que  la  sup- 
puration, qui  entraîne  avec  elle  une  déperdition  notable  de  sels  de  soude 
et  de  potasse  contenus  à  l'état  normal  dans  le  sang  et  les  tissus,  serait  la 
condition  pathogénique  par  excellence  de  la  dégénérescence  albuminoïde  ; 
d'où  il  conclut  à  la  nature  dyscrasique  de  cette  altération,  et  à  sa  formation 


&88  ÀNATOMII  PATHOLOGIQUE. 

probable  aux  dépens  des  matériaux  albuminoïdes  du  sang  préalaUenieBl 
désaicalisé.  Malheureusement,  cet  auteur  cite  à  l'appui  de  sa  théorie,  non 
pas  des  analyses  du  sang,  mais  la  simple  constatation,  dans  le  foie,d*iiBe 
diminution  notable  des  sels  alcalins,  et,  par  conséquent,  sa  théorie  a 
encore  besoin  de  preuves. 

Bibliographie.  —  Portal,  Traité  des  maladies  du  foie.  Paris,  1813.  — 
HoDGKiN,  On  some  morbid  appear,,  etc.  {Medic<Hihirwrg.  Transaet.^  t.  XVD. 
p.  68,  1832).  — Andral,  Cliniq,  méd.,  t.  IV. — Coristensen,  CopeAfi,  Ugeàrifi, 
18&&,  n?  8.  — •  RoKiTANSKT,  Lehrbuch  der  pathologischen  AnaUmUe.  Wiea,  18)5. 

—  BuDn,  On  diseases  of  the  liver.  London,  1'*  édition,  1845,  3*  édition,  1857. 

—  ScHRANT,  Over  de  goed-en  kwaadardige  geswellen,  Amsterdaili,  1851.  - 
De  Colloidgraep.  {Neederl  WeekbL,  1853).  —  Virchow,  Arc^.  f.  path,  Anai^ 
VI,  1853,  et  Pathologie  cellulaire.  Berlin^  1859.  Trad.  française.  Pan, 
1861.  —  GuBLER,  Gaz.  méd.  Paris,  1852.  —  H.  Meckkl,  Die  Speck  ùéff 
Ckolestrin-Krankheit  {Amu  des  Ckarité-KrankenhauseSj  t.  IV,  1853).  — Rom 
et  DuPLAT^  Comptes  rendus  de  la  Soc,  de  biologie,  1853,  p.  70.  —  Wilks,  ùaa 
of  lardaceous  tumours  and  some  alHed  affections  {Guy 's  Hospital  Reports,  1856J. 

—  Gairdner,  MontMy  Journal  of  med.  Science.  May  1854.  (Dans  ce  lra?ail  Mt 
contenues  les  analyses  de  foie  par  Drummond.)  —  Sanders,  Monthly  Jauni, 
1856.  —  Robin  et  Guton,  Comptes  rendus  de  la  Soc.  de  biologie,  1856,  p.l. 

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nusgedehnter  Xmyloldentartunu  (Archiv  f.  path.  AtuU.  und  Physiol.,  XL  1857, 
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Anatom,  und  Physiolog.,  t.  XIÏI,  1858).  —  Friedreich  et  Keki:l£,  Znr  .Ai»y- 
loidfrnije  {Archiv  f.  paihol.  Anat.  und  PhysioL,  XVI,  1859).  —  C.  SciiïiW' 
Ueber  das  sogenannte  thierische  Amyloid  {Annalen  der  Chemie  tmd  Pharmacie, 
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Joseph  Kinderspitalj  1860.  —  Fleischl  et  Klob,  Wiener  med.  Zeitung^  1860.  - 
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Archiv  der  Ueilkunde,  1866.  —  Lindwurm,  Ilenle  und  Pfeufer's  ZcitschrilU 
t.  XIV,  1862.  —  G.  Hayem,  Etudes  sur  deux  cas  de  dégénérescence  dite  amyloid^ 
ou  cireuse  (Comptes  rendus  des  Séances  et  Mém.  de  la  Soc.  de  biologie.  Paris, 
1864).  —  E.  Swioni y  Del  processo  amyloide.  Turin,  1866.  — Grainger  Stewaft. 
Edinb.  med.  andsurg.  Jouni. ,  febr.  1861  et  aug.  1  S6li.  Le  même  British  andforeig^ 
med.  chir.  Rcvietv,  t.  XXXVIII,  p.  196,  july  1866,  et  t.  XLI,  p.  201,  jan.  1868. 

—  Posca,  Dissert,  inaug.  Gieifswald,  1867.  —  Taesler,  Ibid.  —  W.  Dicii>«^ 
Sur  la  nature  de  la  dégénérescence  cireuse  ou  amyloîde  (Medic.  chir.  Transnd.. 
t.  L,  p.  39,  1867,  et  Arch.  de  méd.,   t.   11,  p.   362,  1867.   Med.  Times  asd 


HYPOPLASIES.  489 

Gaz,,  13  février,  27  raai-s  1868).  —  Mainont,  Zur  Amyloid  Degenei\  [Schmidi's 
Jahrb,,  l.  CXXXVIII,  p.  304).  — Cheviluon,  Étude  générale  sur  la  dégénérescence 
dite  amyloide.  Thèse  de  Paris,  1868.  —  Besser,  Bas  Amyloid  der  Centralorgane 
(Archiv  f,  pathoL  Anat.  und  Physiolog.,  t.  XXXVI,  p.  302,  1866).  —  Cornil, 
art.  Amyloide,  Dict,  ejwyclopédique  dès  scieiices  médicales,  t.  IV,  p.  ki.  Paris, 
1866.  —  Feur,  Die  Amyloid-Degeneraiion,  insbesondere  der  Nieren,  Inaug* 
Diss.  Stutlgard,  1867.  —  W.  Kûiine  et  Rudneff,  Ziir  Chemie  der  amyloidcn 
Gewebsentartung  {Archiv  f.  pathoL  Anat.  und  Physiologie,  l.  XXXIII,  p.  66).  — 
Rudneff,  /6id.,  p.  76.  —  W.  Marcet,  Report  of  the  Committee  of  lardaceous 
disease  (Transact.  of  the  patholog  Society  of  London,  vol.  XXII,  p.  1,  1871).  — 
E.  Kyher,  Studienûber  die  Amyloid-Degeneration.  Inaug.  Disseri. ,  Dorpat,  1871. 
—  CoHNHEiM,  Zur  Kenntniss  der  Amyloidentartung  {Archiv  f,  pathoL  Anat.  und 
Physiolog.,  t.  LIV,  p.  271,  1872j.  —  Madrezejuski,  Sur  la  substance  amyloide 
{Archiv  f.  experiment.  Pathologie,  25  novembre  1873). 

§  3.  —  CORPS  AMYLOÎDES  ou  amylacés.  —  AMYLOSE. 

Sous  le  nom  d  amylose,  de  afiuXov,  amidon,  nous  désignons  une  allé- 
ration  consistant  dans  Tinfiltration  de  ceilains  organes  par  des  corps 
analogues  aux  corpuscules  d  amidon  végétal.  Cette  altération  se  dis- 
tingue de  la  leucoroatose,  non-seulement  par  le  siège  et  les  caractères 
physiques  de  la  substance  qui  lui  donne  naissance,  mais  encore,  comme 
nous  le  dirons  bientôt,  par  la  nature  même  de  cette  substance. 

Très-communs  chez  le  vieillard,  où  ils  constituent  pour  ainsi  dire  un 
état  physiologique,  les  corps  amylacés  occupent  surtout  la  prostate,  les 
vésicules  séminales  et  les  épididymes,  les  couches  superficielles  des 
parois  des  ventricules  latéraux,  quelquefois  la  moelle  épinière  et  les 
cartilages.  Plus  rares  dans  Tàge  adulte,  où  ils  sont  l'indice  d*un  état 
pathologique  réel,  ces  mêmes  corps  se  rencontrent  dans  un  grand 
nombre  d'organes  malades,  et  accompagnent  fréquemment  les  inflam- 
mations du  cerveau,  de  la  moelle  épinière,  la  dégénérescence  grise 
surtout,  les  atrophies  des  nerfs,  particulièrement  celles  du  nerf  opti- 
que et  de  la  rétine.  Ils  ont  été  trouvés  dans  les  poumons,  rarement  dans 
lesépithéliums  des  membranes  muqueuses  ou  séreuses  ;  plus  souvent  dans 
les  cicatrices  de  la  peau,  l'ostéomalacie,  et  dans  certaines  productions 
pathologiques  (pus,  cancer).  Ce  sont  des  corpuscules,  de  dimensions 
variables,  assez  volumineux  quelquefois  pour  être  reconnus  à  l'œil  nu  et 
qui,  dans  les  centres  nerveux,  présentent  de  0""',04  à  0"'",07  de  diamètre. 
Us  sont  ronds  ou  ovales,  homogènes,  formés  d'une  série  de  couches 
concentriques  régulièrement  disposées  autour  d'un  ou  de  plusieurs  noyaux 
granuleux  qui  paraissent  leur  servir  de  centre.  L'analogie  avec  l'amidon^ 


0 


MO  ÀNiTOMIB  PàTHOLOGIQUI. 

comme  on  le  voit,  n'est  pas  complète,  puisque  rien  ici  ne  nppdk  k 
bile  extérieur  du  corpuscule  de  cette  substance.  Cependant,  d'i^Nèi  tmk 
et  Donders,  la  lumière  polarisée  développerait  dans  ces  oarpaseQkt  w 
croix  noire,  comme  dans  les  grains  de  fécule.  Les  modifications  qu'ils  n- 
bissent  sous  l'influence  des  réactifs  est  du  reste  des  plus  remarquihio. 
Une  légère  solution  aqueuse  d'iode  développe  une  coloration  Ueue,  qa 
varie  des  teintes  légères  au  bleu  foncé;  et  si  l'on  lyoute  de  l'acide  solb- 
rique  en  laissant  la  réaction  se  faire  lentement,  on  obtient  une  ook- 
ration  d'un  beau  bleu.  Quand  l'acide  est  concentré,  la  coloraticm  pssfe 
du  violet  au  brun  rougeàtre  ou  noirâtre,  tandis  que  les  parties  voisinei 
des  corpuscules  sont  jaunâtres.  Les  corpuscules  rencontrés  dans  le  liquide 

prostatique  et  les  canaux  de  répiii- 

dyme  diffèrent  peu  de  ceux  qui  se 

trouvent  dans  le  cerveau,  toutefoii, 

ils  sont  beaucoup  plus  volumineoi, 

puisqu'il  en  est  qui   peuvent  it- 

j^  Q    teindre  i  millim.  (fig.  180).  Ils  sont 

^^  (y  jaunâtres,  ou  brun  rougeàlre,  trus- 

^      (J^  0         ^-^         parents  et  renflés  à  leur  centre  ;  ib 

'^  '  sont  colorés  par  une  solution  d'io- 

^^^^  dure  de  potassium  iodurée,  en  Jane 

^^j  verdàtre  ou  en  vert  :  ceux  qui  sort 

^^  brunâtres  changent  à  peine  de  cou- 

FiG.  180.  —  Corps  amyloïdcs  provenant      ,  •      •  i«         •      .     j    r    m. 

dci    canaux   épididymaires  d'un   indi-      '^ur;    mais  SI  I  on  ajoute  de  1  acide 

vidu   affecté  de  tuberculose.    Grossisse-      sulfuriquc,  OU  obtient  une  teinte  jao- 

'  uàtreou  pourpre  (Paulicki,  Rouget;. 

L'acide  sulfurique  étendu  donne  une  teinte  bleue  qui  avec  le  temps  devient 
d'un  bleu  indigo  obscur  ou  presque  noir.  Ce  même  acide  dissout  les  cor- 
puscules amyloïdes  à  chaud,  la  potasse  agit  de  même  si  on  prolonge  lebul- 
lition.  Os  réactifs  qui,  à  froid,  n*ont  aucune  action  sur  ces  corpuscules, 
font  pourtant  éclater  les  grains  d  amidon.  Suivant  Paulicki,  les  corpus- 
cules  de   la    prostate   seraient    entièrement   constitués,  du  moins  au 
début,  par  la  matière  amylacée;  mais  cette  matière  serait  peu  à  peu 
i*emplacée  par  des  substances  azotws,  calcaires,   colorantes,  etc.,  tf 
qui  modiliemit  leur  ivaction.  Cet  auteur  n'en  admet  pas  moins  l'ideo- 
tilé  de  ces  corpuscules  avec  les  grains  d'amidon  végétal;    et  il  p*" 
tend  être!  parvenu  à  obtenir  leur  fermentation  en  glycose,  et  à  les  chanf^ 
en  sucre,  à  laide  de  la  salive.  Uouget  est  moins  exclusif  à  ce  sujet,  car  il 
stMuble  les  considérer  comme  une  fonne  de  transition  entre  les  matière* 
ternaires  et  azotées^  tandis  que  Ch.  Ilobin  admet  leur  nature  franche^ 


'    BVI'OI'LASIES. 

fiiMil  azotée  (sympexions).  Ce  (jui  tendrait  à  faire  croire  que  ces  petits 
corps  ne  sont  pas  uoe  simple  Tormation  amylacée,  c'est  la  propriété 
<|u'ils  uni  de  se  colorer  en  loupevifpar  Te  réactif  de  Millon;  en  outre, 
trsilés  par  l'ammoniaque  cl  l'acide  nitrique,  ils  prennent  la  teinte  orangée 
de  l'acide  xanthoprotéique. 

l'iir  leurs  caractères  physiques  et  chimiques,  les  corpuscules  umyloïdes 
~.'  distinguent  des  substances  grasses ,  et  particulièremenl  de  la  cho- 
l<->l<'Tine,  car  cette  substance,  qui  donne  aussi  avec  l'acide  suifuiique 
mil-  teinte  violette,  et  avec  l'iode  une  teinte  bleuâtre,  dilTèro  des 
.■.>i-]»s  amyioîdes  par  sa  ivtnarquahie  solubilité  dans  l'élher  et  dans 
l'alcool.  Ces  corps  ne  peuvent  âtre  confondus  avec  le  sable  cérébral, 
diins  lequel  aucune  réaction  chimique  ne  découvre  une  matière  amyla- 
c*.e,  [tas  plus  qu'avec  les  |ilobes  concentriques  épidermîques  des  can- 
oroïdes.  les  corpuscules  gélatineux  ou  colloïdes,  les  granules  de  leu- 
<  irii,  etc.  La  pathogénie  des  corps  amyioîdes  est  des  plus  obscures;  on 
i^r\\\  seulement  qu'ils  sont  le  produit  d'une  altération  locale,  contrairement 
^i  la  leucomatose,  qui  est  le  fruit  d'un  désordre  général.  Ces  corps 
sixil  déposés  dans  les  tissus  entre  les  éléments  anatomiques,  dont  ils 
pi'uvent  déterminer  l'atrophie  par  compression,  ils  constituent  le  désordre 
iillimedecerlainesaltérations  Par  exemple,  dans  la  sclérose  dilTuse  de  la 
uiiK'lle  épinîére  et  de  l'encéphale,  ils  ne  se  montrent  pas  comme  lésion 
principale,  mais  seulement  comme  éléments  accessoires  d'un  désordre 
priiiiitirdu  tissu  conjonctif. 


BiBLintR*pmK.  —  VAr.ENTiN,  Gewebu  des  memcklichm  itad  thierischen  K/irpen 

(Bdaftn's  HandwUrterbuck  der  Physiulogie,  I;  TaC  1,  Fig,  2.  Braunschweig, 

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692  ANATOMIB    PATHOLOGIQUE. 

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(Quart.  Jonm.  of  Microscop.  Science ^  1856).  — Carter,  On  tke  extensive  difmm 
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p.  601).  —  Cii.  Rouget,  Les  substances  amylacées  [Journal  de  physiobg.^H 
1859).  —  LuYs,  Gaz.  méd,  de  Paris,  1859.  —  Paulicki,  Corpara  amylaoik 
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der  Centraloryane  {Ibid.,  t.  XXXVI,  p.  302). 

§  6.  —  DÉGÉNÉRESCENCE  COLLOÏDE.  —  HYALIXOSE  (1). 

La  dégénérescence  colloïde  consiste  dans  la  métan)oi*phose  des  élé- 
ments des  tissus  en  une  substance  amorphe,  homogène,  incolore,  Iraos- 
parente,  qui  a  la  consistance  d'une  gelée,  Taspect  de  la  colle,  et  que  » 
modifient  ni  l'iode,  ni  lacide  sulf'urique.  Plus  rare  que  la  stéatose  et  li 
leucomatose,  cette  dégénérescence  a  aussi  moins  de  tendance  à  se  geof- 
raliser  dans  l'organisme.  Comme  ces  dernières  altérations,  elle  solh 
serve  surtout  chez  les  personnes  âgées,  principalement  dans  les  reins  d 
la  glande  thjTOïde,  où  l'on  voit  les  cellules  épithéliales  s'infiltrer  demi- 
tière  colloïde  et  donner  naissance  à  des  kystes  plus  ou  moins  nombreoi. 

La  dégénérescence  colloïde  aiïecte,  outre  la  glande  thyroïde,  l« 
glandes  des  lèvres  et  du  pharynx,  celles  de  l'estomac  et  des  inle>tiD\ 
les  glandes  utérines,  la  couche  épithéliale  de  la  choroïde,  les  tutfc> 
urinil'ères,  les  acini  mammaires,  les  plexus  choroïdes,  les  iiiu^l^ 
volontaires,  etc.  Ces  parties,  au  fur  et  à  mesure  que  l'altération  ydfvr- 
loppe,  augmentent  de  volume  et  perdent  de  leur  vascularllp.  Tnjî 
d'abord,  elles  présentent  à  la  coupe  un  tissu  pâle,  infiltré  d<'  masysf*^ 
consistantes,  molles,  colloïdes,  transparentes,  ou  plus  fermes  el  aiu- 
logues  à  la  substance  du  cristallin  (lig.  181).  Plus  tard,  elles  siinl  creu>rt< 
dv  loges  ou  kystes  résultant  de  la  transformation  de  ces  masses  « 
moIécul(»s  graisseuses ,  en  cristaux  divers,  et  en  un  liquide  plus  o« 
moins  épais  et  visqueux.  Telh»  est  la  source  d'une  partie  de  ces  fi»™»- 
tions  kystiques,  accompagnées  ou  non  d'épanchements  sanguins,  A^ 
le  corps  thyroïde,  les  mamelles  et  les  reins  sont  parfois  alTeclés. 

Les  épilhéliums  et  le  tissu  conjonctivo-vasculaire  peuvent  parti'Tptî 
isolément  ou  simullanémenl  à  ce  processus.  Les  cellules  épilMol^ 

(1)  J'emploie,  pour  désigner  la  iléjrénérescence  colUnde,  le  mot  hyahni^<e  (ie '^^' 
dont  s'est  déjà  servi  0.  Wcber;  il  a  l'avantage  de  ressembler  aux  mots  iteatote  <ii**' 
mato^e. 


HVPOPI.A.StES.  un 

^ëvienneDl  daires  eii  un  uu  plusieurs  puinls  de  leur  prolopbsma,  puis 
[)i!u  à  peu  dans  toute  leur  étendue  par  k-  fait  de  ta  tratisformeliuii  de  leur 
subslauce  granuleuse  en  une  matière  hyaline,  homogène,  demi-traiis- 
parenle.  Les  uoyaux  de  ces  cellules,  refoulés  el  comptimés  par  le  Tail  de 
cette  transformation,  s'alrupliient  et  se  délruiscut  en  tuétia*  U-'tnps  que  le 
corps  cellulaire  tout  entier.  Plus  rarement,  la  niétamorphase  colloïde 
commence  par  le  noyau,  qui  grossit  |>eu  îi  peu,  devient  clair,  homogène, 
et  provoque  lu  destruction  de  la  cellule.  Mise  en  liberté,  la  matière  col- 
loïde se  présente  sous  la  forme  de  granulations  et  de  grumeaux  colloïdes 
d'uu  volume  variablo,  ordinairement  aplatis,  formantdcs  masses  analogues 
k  de  la  colle  épaisse,  homofïènes,  arrondies,  tout  à  fait  irrégulières  et 
iiugeaul  quelquefois  diin.s  un  liquide.  La  dégénérescence  colloùii^  du  li^su 


.  —  l'^upe  microscopique  du  r.nrpi  IhiroMicn  aUcinl  de  dègfnfreicence  coltoide. 

u  conjoncUf  inural «Polaire  ;  ft,  une  al»êule  laptuès  de  rellule»  narnniee;  i-,  «1- 
Inle*  êpiUièlitlEi  en  voied'all^niliiini: ''(',  ralliCBlei  remplit  el  dittenduipsr  un»  matM 
bialine  Bt  rtrringcnte  icollDidel.  CroiiUitiiiieiil,  130. 


ijonctivo-vasculaire  part  géiiéraleinenl  des  vaisseaux,  et  selend  au\ 
autres  parties,  élémeuls  cellulaires  el  faisceaux  libreus,  qu'elle  transforme 
eu  une  masse  homogène,  semblable  à  de  la  gélatine  coagulée.  Us  vais- 
seaux, principalement  les  petites  artères,  se  présentent  sous  l'aspecl  d'une 
bande  brillante,  d'un  blanc  nacn^  hyaline,  dont  les  bords  sont  en  quel- 
ques endroits  bosselés  et  inêgiilenient  fendillés.  Une  coupe  perpendicu- 
h  l'axe  du  vaisseau  permet  de  voir  roritice  vasculaire  et  la  paroi 


U9U  ANATOMEE    FATDOLOGlQtlE. 

qui  le  circonscrit  épaissie  [uir  la  dégénérescence  qui  oaâ^n 
éléments  cellulaires  (Hg.  182). 

CeVle  dégénérescence,  dans  ct'rtains  cas.  envahît  d'abord  1m  enia- 
théliuras  des  petites  artères;  tandis  que,  d'autres  fuis,  In  tunique  întmif 
paraît  repoussce,  en  forme  d'anneau,  dans  la  lumière  du  vaiss^an,  qu'elle 
réti-écit  nécessairement,  l^es  muscles  atleiots  de  défî^nérescx'nw  collwlii-- 


Flo.   182,  —  Cdupe  microiropiqiip  île  la  »ulJstun(io  eorlicate  d'un  r*i 
rrscoiiire  f  ollcide.  a  a,  vuisii^aux  iloiil  lei  paroU  tonl  épiiiiïîct  par  i 
'',  glumérule  do  Malpighl  «Biilemeiil  iiiti'inl:  ce,  ciiinliculcw  urînllîrei  doiil  Im  ftiai 
sont  tpaisiieB  cl  réfriiiiçeriU,  1rs  celluloi  franuleutss  ou  ilèiruilts.  Crouiuemenl,  209. 

|)erderil  Jour  coloration  rouge  |)our  revi'-lir  une  teinte  pris  bruti&lre  rf 
lilannhAtre,  assez  analogue  ii  la  couleur  de  la  rhair  de  poî<is«u,  par  suil<^ 
de  la  sntistitution  dans  le  sarcolenime,  d'une  matière  homogène  et  bril- 
lante â  la  substance  musculaire. 

Les  tissus  pathologiques  n'échappent  )his  à  cette  dégénérescence  qui 
présente  dans  ces  parties  des  cîiractén's  s<>mblnhles  h  ceux  qu'air  wnH 
dans  les  tissus  physiologiques.  Les  formulions  épilhélîales  sont  partie»- 
licreinrnt  pi-édisposées  à  celte  altération,  et  nous  savons  du  reste  qm* 
I  Uïie  des  foiTOes  du  cjincer  glandulaire  a  reçu  Tépithète  de  rolloide. 

La  substance  colloide  est  insoluble  dans  l'alcool,  l'éllier  el  le  chhn>- 
forme.  Soumise  k  l'action  du  canniii,  elle  se  colore  en  rouge  iulense; 
troiti'i'  par  l'acide  nctHiqiie,  elle  se  gonfle  légèivment  et  ne  devient  jamais 
grenue,  caractère  qui  la  sépare  tout  a  la  fois  des  matières  albumineuse« 
et  du  mucus.  Conm»;,  d'un  autre  cOté,  elle  n'éprouve  aucun  chaiigemenl 
de  couleur  par  l'aclion  de  l'acide  sulfiirique  et  de  l'iode,  elle  se  distingw 
de  la  substance  alhumiuoïde  de  la  leucomatose;  mais  de  même  que 
cette  substance,  elle  peut  être  dissoute  il  chaud  par  les  alcalis  caustiques. 
Lu  composition  chimique  de  la  substance  colloïde  est  impai-failemeiil 


HYPOPLASIES.  695 

connue.  Simple  modification  du  mucus,  d'après  Eichwald  (1),  cette  sub- 
stance, suivant  Scherer  (2),  se  trouverait  avec  la  mucine  et  la  métalbu- 
mine,  dans  le  même  rapport  réciproque  que  la  caséine,  l'albumine  et 
la  fibrine.  Quelques  auteurs,  enfin,  la  considèrent  comme  de  l'albumine 
devenue  insoluble  dans  l'acide  acétique,  à  cause  de  la  grande  quantité 
de  sel  marin  qu'elle  renferme. 

La  dégénérescence  colloïde,  le  plus  souvent  localisée  dans  un  seul 
organe,  ou  un  petit  nombre,  n  a  qu'une  faible  tendance  à  s'étendre 
à  d'autres.  Elle  se  reconnaît  par  ses  caractères  physiques,  mais  suitout 
par  les  réactions  chimiques  de  la  substance  qui  la  compose.  Les 
principaux  désordres  résultant  de  cette  dégénérescence  sont  d'abord 
l'anémie,  puis,  pour  les  glandes  acineuses  et  tubulées,  des  formations  kys- 
tiques dont  le  contenu  est  une  substance  visqueuse,  transparente,  sou- 
vent mêlée  de  sang  altéré  ;  pour  les  muscles,  ce  sont  des  ruptures  et  des 
hémorrhagies  plus  ou  moins  abondantes.  Son  principal  effet  est  la  perte 
de  la  fonction  d'une  partie  ou  de  la  totalité  des  organes  affectés,  avec  ou 
sans  cachexie  concomitante. 

Étiologie  et  pathogénie.  —  L'étiologic  de  cette  dégénérescence  est  un 
point  des  plus  obscurs.  On  sait  qu'elle  se  manifeste  quelquefois  dans 
des  organes  déjà  atteints  d'une  irritation  phlegmasique,  comme  les  reins 
dans  la  néphrite  interstitielle,  et  qu  elle  est  le  mode  de  terminaison 
le  plus  habituel  du  goîlre.  Sa  palhogénie  n'est  pas  beaucoup  mieux 
connue  ;  cependant,  dans  le  corps  thyroïde,  comme  dans  les  canalicules 
du  rein,  la  substance  colloïde  naît  aux  dépens  des  cellules  épithéliales. 
Au  bout  d'un  certain  temps,  ces  cellules  venant  à  se  détruire,  la  sub- 
stance colloïde,  mise  en  liberté,  s'accumule,  distend  les  follicules  glan- 
dulaires, ou  les  tubes  rénaux,  qu'elle  dilate,  et  transfomie  en  kystes 
Comment  se  produit  cette  substance?  par  le  dédoublement  des  parties 
constituées  des  éléments  affectés?  par  la  mise  en  liberté  de  ces  mômes 
parties  sous  l'influence  d'un  désordre  nutritif?  ou  par  l'activité  même  de 
la  cellule?  c'est  là  une  question  qui,  pour  être  résolue,  exigerait  de 
nouvelles  recherches. 

De  la  métamorphose  colloïde  se  rapproche  naturellement  la  dégéné- 
rescence dite  muqueuse,  ainsi  appelée  à  cause  de  la  grande  ressemblance 
que  présente,  avec  le  mucus  ou  la  synovie,  la  substance  qui,  par  son 

(1)  Eichwald,  Wûrzb.  med,  Zeitschrift,  1864,  t.  V,  p.  270. 

(2)  Scbcrer,  i6iV/,  1866,  Vil,  p.  6. 


496  ANàTOMII  PATHOLOGIQin. 

infiltration  dans  les  tissus,  lui  donne  naissance.  Cette  subatanœ,  assci 
commune  chez  les  vieillards  dont  elle  remplit  les  cartilages,  s'obserw 
dans  certaines  inflanmiations  catarrhales  des  membranes  muqueuseï, 
dans  un  grand  nombre  de  productions  pathologiques,  principaieiMBt 
les  enchondromes  et  les  carcinomes.  Le  plus  souvent  la  dégéném- 
cence  muqueuse  se  localise  dans  les  éléments  cellulaires  ;  rarraient  elle 
envahit  la  substance  fondamentale  des  tissus,  celle  du  cartilage  exceptée. 
La  partie  lésée  revêt  une  apparence  homogteie,  transparente,  réfrin- 
gente, ou  bien  présente  des  amas  globuleux  au  pourtour  des  noyanx 
rejetés  à  la  périphérie.  Traitée  par  Tacide  acétique,  la  matière  comprise 
dans  ces  éléments  donne  lieu  à  un  précipité  blanc,  filamenteux,  qui  ne  se 
redissout  pas  dans  un  excès  d*acide;  l'alcool  forme  un  précipité  qui  ne  se 
redissout  pas  dans  Teau.  Ces  précipités  sont  les  seuls  caractères  pir 
lesquels  la  dégénérescence  muqueuse  se  sépare  de  la  dégénérescence 
colloïde.  Mais  il  faut  reconnaître  que  la  distinction  entre  les  substances 
qui  produisent  ces  deux  états  est  difficile  à  établir;  car,  en  définitive, 
les  matières  muqueuse  et  colloïde  ont  de  très-grandes  analogies  entn^ 
elles  et  avec  les  substances  protéiques.  De  même  que  la  matière  colloïde*, 
la  substance  muqueuse  provient,  dans  les  conditions  normales,  d  une 
élaboration  des  cellules  des  membranes  muqueuses  ou  des  membranes 
séreuses;  à  l'état  pathologique,  elle  est  le  résultat  d'une  élaboration  des 
éléments  altérés,  que  ces  éléments  appartiennent  à  des  tissus  normaux 
ou  pathologiques. 

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Archiv  f.  d.  holL  Beitr,,  1858,  I,  p.  169.  —  E.  Wagner,  Zur  CoUoidmetamorih, 
der  Zellen  (Archiv  f,  phys.  Heilkxinde^  1856,  p.  106).  —  Luschka,  Zur  L*:hn 
von  der  Sccretionszelle  {Ibid. ,  1854,  p.  9).  —  Haeckel,  Archiv  f,  pathoL  Amt,  ww/ 
Phys.,  t.  XVI,  p.  255,  1859.  —  Ebertii,  Archiv  f.  patholog,  Anat.  und  Physioi,, 
t.  XXI,  1861,  106.   —  Zenkek,  Ueberd.  Verander.  der  wilk.  Mtiskelnim  Typhii< 
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générale  (Archiv.  de  physiolofj.  norm,  ctpatK,   t.  II,   p.  251,  1869;.  —  Ew 
Bemerk.   ùber  die  wachsartige  Deyenerat.^  etc.   {Archiv  f,  pathoL  Amit.  twi 
PhysioL,   f.  XLIII,  p.  108,  1868).  —  A.  Rudnew,  Ibid.,  t.  LUI,  p.  455,  lî<7l. 

55  5.  —  DÉtiÉXÉRESCEXCE  CALCAIRE.  —  CALCIOSE. 

Les  calcioses  sont  des  lésions  qui  consistent  dans  Tinfillnition  dos  par- 
lies  vivantes  par  des  st»ls  de  chaux  et  de  ina*rnésie.  Imprégnés  de  cessok, 
les  tissus  ou  les  organes,  à  la  fois  durs,  i'riables,  et  cassants,  oui  èlê 
pendant  longtemps  considérés  comme  avant  subi  une  véritable  ossification'. 


HVPOrLAStES.  497 

raats  la  coDMirvatîon  de  la  struclure  primitive,  n  part  riiililtration 
calcaire,  et  luie  combinaison  l'himique  différente  de  celle  de  la  sub- 
^taucv  osseuse,  séparent  nettement  les  tissus  calcifics  des  tissus  ossi- 
Kés,  mï^nie  lorsque  la  suhstanw  conjonctive  est  en  cause,  cas  daas  lo- 
que] les  corpuscules  étoiles  ont  une  grande  ressemblance  microscopique 
avec  les  corpuscules  osseux. 

La  dégénérescence  calcaire,  commune  dans  la  dernière  période  de 
la  vie,  s'observe  notamment  dans  les  tuniques  vasculaires,  les  valvules 
du  cœur,  les  cartilages,  la  cornée,  le  cristallin,  les  muscles,  etc.  Re- 
mai'quables  par  leur  vieillesse  rapide,  les  néoplasmes  pathologiques 
n'échappent  guère  fi  cette  altération.  Les  fausses  membranes  des  séreu- 
ses, les'lumeurs  Hbreuses  et  musculaires  de  l'utérus,  les  euchondromes 
et  les  libromos  y  sont  particulièrement  prédisposés.  Les  parties  mor- 


I 


liBéesqui  séjournent  dans  l'économie  s'intiltrent  assez  généralement  de 
ids  de  chaux;  il  en  est  ainsi  des  infarctus  anciens,  des  masses  ca- 
lfea»s  des  poumons  et  des  glandes  lymphatiques  (tig.  183J,  du  fœtus 
"lomitié  dans  certains  cas  de  grossesse  extra-utérine,  ou  encore  du  sang 
'■'ineréti-  dans  les  vaisseaux  (phlébolithes),  et  des  produits  de  sécrétion 
fpli'iius  hors  de  leurs  voies  nntui-elles  et  dans  des  kystes  accidentels. 

tl.  —  Traité  d'anït.  pnlh. 


(M  ANATOMIK  PÂnOLOGIQUB. 

Les  parties  afledées  de  calciose  augmentent  de  consistance,  derin- 
nent  semblables  à  du  plâtre  gftcbé;  le  plus  souvent  elles  acquièrent  mx 
dureté  pierreuse,  qui  leur  donne  une  grande  analogie  avec  la  snbslam 
osseuse,  revêtent  une  teinte  grisâtre  ou  blanchâtre  et  perdent  U  plopiil 
de  \ean  caractères  normaux.  Vus  au  microscope,  les  sds  akaim 
infiltrés  dans  les  tissus  se  montrent  sous  forme  de  granulatims  isoté», 
de  corps  globulaires  à  couches  concentriques  (6g.  18&),  ou  d'une  ré 
ritoble  pétrification.  Les  granulations  uni 
arrondies  ou  anguleuses,  fortement  réfrio- 
gentes  ;  superposées  et  nombreuses ,  elles  ^ 
terminent  une  opacité  considérable,  l'ne  la- 
melle mince,  lorsque  la  pétrificaiitiD  esi 
complète,  donne  au  contraire  des  préparalîoia 
transparentes  dans  lesquelles  le  microscope 
montre  des  lacunes  et  des  fentes  en  rapport 
avec  la  structure  du  tissu  primitif.  Traités  par 
les  acides  énergiques,  les  sels  calcaires  qui  infiltrent  les  tissus  se  dis- 
solvent en  dégageant  des  bulles  d'acide  carbonique.  Les  acides  nitrique 
et  chlorhydrique  font  complètement  disparaître  ces  sels,  tandis  que 
l'acide  sulfurique,  en  les  dissolvant,  détermine  la  production  de  crisUu 
ou  aiguilles  de  sulfote  de  chaux.  Sous  ces  influences,  le  phosphate 
trihasiquo  se  transforme  en  phosphate  acide  de  chaux,  qui  est  solublc. 
et  l'on  aperçoit  la  trame  des  tissus  ou  gaiiguo  alliuminoîde.  qui  nvèlail 
les  sels  d'oxyde  de  calcium.  Les  os  des  individus  affectés  de  calcin»' 
étendue  sont,  le  plus  souvent  moditiés  et  ramollis  (1). 

Les  tissus  ùpithéliaux,  moins  exposés  (|ue  les  tissus  conjonctifs  à  l'iii- 
filtration  calcaire,  n'échappent  cependant  pas  toujours  à  oottc  dégénéres- 
cence, l^es  épilhéliums,  il  est  vrai,  en  sont  mn'mcnt  alleinis.  mais  \^ 
éléments  noneux,  les  cellules  cérébrales  surtout,  sont  quelquefois  !»■  sit",!'' 
de  celle  altération.  La  science  du  moins  poss4>de  quelques  faits  où  l'io- 
cnistation  de  ces  éléments  par  des  sels  de  chaux  est  nellomcnl  coiislalée, 
La  plupart  ont  été  observés  chez  des  individus  de  l'Age  moyeu,  all«Dk 
d'aliénation   mentale,    uu  chez    dos  vieillard.s.  Les   cellules  nerveu»^ 


(1)  Nom  rerona  rpmarquer  que  l'incriiitution  calcaire  de»  tiuui  coîneidt  prapi 
toitjouri  aiec  une  altfralioa  du  syitèmc  osseux.  C'ett  te  qui  ciiatnit  chct  II  puNt 
dont  lei  glundo  méirnloriqura  lonl  représentée!  flg.  103.  Otte  feminf,  Igrc 'r 
soiianlc  ant,  avait  vu  dam  aiin  eafance  un  mid  ilc  Polt,  et  au  moment  de  mW* 
elle  préienlait  un  ramolliiacmcnt  général  du  tisiu  oiaeui;  semblable  altéraUso  eùU^ 
encore  chei  ans  Temine  où  je  trouvai  l'utérus  et  ses  annciea  en  ^odr  fi^' 
calcinés. 


iivporLksiES.  499 

I  sonl  les  unes  transparcnles ,  munies  d'un  gros  noyai 
rond  ou  ovale,  les  aulics  (oui  à  fnil  opaques  el  elmrgées  duoe  ma- 
tière calcaire,  granuleuse,  que  l'acide  clilorhydrique  dissout  immédia- 
tement sans  dégager  de  gaz.  Leurs  pralongements  et  les  tubes  nerveux 
qui  en  êmauenk  pcuveut  même  participerai  l'altération,  comme  le  montre 
la  iigiirel85. 


-  Cellules  et  tubes  rieneuv  calciflËs  d'un  enrant  paralysé  des  ixtrËmï 
Inférieures  depuis  deux  an»  (Fàrsler). 


I 
I 


L'inlillralioii  calcaire  des  tissus  commence  en  général  par  la  sulislance 
fondamenlole  pour  ^a^er  ensuite  les  éléments  cellulaires,  déjà  atrophié» 
par  suite  de  l'entrave  apportée  à  leur  nutrition.  Avec  le  temps,  ces  divers 
éléments  se  fusionnent  en  une  masse  homogène,  noire  par  transparence, 
blanche  par  réfleicion.  Les  tissus  iuliltrés,  devenus  méconnaissables, 
seraient  alors  pris  pour  des  og  vêritahles,  si  l'on  n'avait  recours  aux 
léaclirs  chimiques. 

Le  cartilage  est  t'un  des  tissus  qu'envahit  le  plus  souvent  la  dégéné- 
rescence calcaii'c.  Celle-ci  se  localise  tantdt  sur  les  cellules,  lantât  sur  la 
Basse  fondamentate  ;  en  fin  de  compte,  les  deux  parties  du  tissu  peuvent 
Arc  atteintes,  bien  que  te  processus  tende  à  se  localiser  de  préférence 
dans  la  substance  l'ondameiilale.  Cette  substance  est  envahie  dans  sa  partie 
la  plus  nippro<:hée  des  éléments  cellulaires  par  des  granulations  déliées, 
qui  la  rendent  de  plus  en  plus  opaque.  Dans  les  cellules,  les  molécules  cal- 
caires se  déposent  à  la  face  interne  de  la  capsule,  ou  dans  la  cavité  cellu- 
iuire  elle-même;   et,  si  la  capsule  est  épaisse,  elle  s'imprègne  seule  de 
granulations  et  la  cellule  proprement  dite  peut  conserver  toute  sa  mol- 
lesse. Quand  il  y  a  des  cellules  lillea,  on  observe  non-seulement  une 
(alrilicution   de  la  capsule   mère,   mais  encore   une  calcification   des 
capsules  secondaires. 
L'inliltration  calcaire,  qui  n'atteint  ordinairement  qu'un  petit  nombre 


500  MiTOIin   PATHOLOCIQUE. 

i'orguaea,  a  pour  effet  généml  d'abolir  les  |)i-()]>i'ii'ti1s  itcs  tissas  aflectH 
et  d'ammer  la  perte  de  )a  fonction  des  oi^anes.  Sun  exisi^ii»'  dans  b  urû- 
tallin  est  une  cause  de  cécité;  dans  les  artères,  elle  délprioÎDe  la  perle  dr 
l'élasticité  et  prédispose  à  la  rupture  des  parois  ni-tériflles  et  à  la  rorau- 
tion  de  concrétions  sanguines.  Pourtant,  quand  elle  se  produit  au  v^io 
des  tumeurs  pathologiques,  la  calciose  est  quelquerois  une  lésion  ulili', 
en  ce  sens  qu'elle  peut  arrêter  l'évolution  de  res  foimalions. 


Étiologie  et  pathogénie.  —  Les  conditions  étiologiques  de  la 
sont  peu  connues.  Depuis  longtemps  l'&ge  est  invoqué  coamie  b 
cause  la  plus  commune  de  ce  genre  d'altéraUcm  et  prîndpatemeat  des 
incrustations  vasculaires  ;  mais  imi  a  trop  oublié  qu'un  graod  nmnbre  de 
vieillards,  même  très-ftgés,  ne  présentent  aucune  trace  de  ces  inoustalkm. 
Ce  n'est  donc  pas  seulement  à  l'ftge,  mais  à  des  inBuences  mrabifiqiies 
plus  spéciales  à  la  vieillesse,  que  doit  être  rapporté  ce  processus.  Pumi 
ces  influences,  le  rhumatisme  noueux  tient  certainement  l'une  des  ftt- 
mières  places,  la  goutte  et  le  rhumatisme  articulaire  viennent  ensutle. 
La  calciose  est  parfois  la  conséquence  d'une  sorte  de  métastase,  car 
elle  se  rencontre  fi-équemment  chez  les  personnes  atteintes  de  cariei 
anciennes,  d'ostéomalacie,  ou  de  toute  autre  altération  du  sysièflK 
osseus;  elle  est  encore  i'eflet  d'un  obstacle  à  l'excrMion  des  sds  de 
chaux  par  les  urines,  et  dans  ce  cas,  elle  occupe  surtout  les  pyrtmidn 
des  reins,  la  muqueuse  de  l'estomac  ou  celle  de  l'intestin.  Enfin,  celle 
altération  peut  être  soumise  uniquement  à  des  causes  locales.  Ainsi, 
les  tissus  situés  au  pourtour  d'os  fracturés,  d'arthrites  chroniques,  les 
tendons  et  les  muscles  principalement,  sont  parfois  infiltrés  de  sel& 
calcaires,  et  la  plupart  des  produits  d'inflammation  chronique  ont  de 
la  tendance  à  être  envahis  par  les  mêmes  sels. 

]m  paihogénie  de  la  dégénérescence  calcaire  est  souvent  difficile  â 
déterminer.  Cependant,  si  l'on  remarque  que  la  plupart  du  temps  cetl' 
dégénérescence  coïncide  avec  une  lésion  osseuse,  cancer,  carie,  nécrosa* 
ramollissement  (ostéomaiacie),  et  qu'elle  s'accompagne  fréquemmef* 
d'une  altération  des  reins  [néphrile  parenchymaleuse),  il  est  logique  d^ 
supposer  quf,  dans  un  certain  nombre  de  cas  du  moins,  les  sels  calcaire^* 
n'étant' plus  fixés  aux  os  et  ne  pouvant  être  éliminés  par  les  rein^" 
comme  cela  existait  chez  la  fameuse  femme  Supiot,  se  déposent  en  difli^ 
rents  points  du  corps  où  ils  donnent  lieu  au  désordre  signalé. 

Une  altération  qui  se  rappiviche  de  la  calciose  est  linfillralion  aro— 
ligue.  Dans  l'étal  physiologique,  les  urates  existent  à  l'état  solide  dass^ 
les  urines  refroidies;  en  outre,  on  les  observe  quelquefois,  sous  forme  <l« 


HTPOPLASIES.  501 

pelites  lignes  rouges,  dans  les  tubes  droits  des  reins.  Dans  Tétat  patho- 
logique, les  urates  peuvent  se  concréler  comme  les  autres  sels  que  ren- 
ferme Turine  et  constituer  des  calculs  des  voies  urinaires,  ou  •  bien 
s'inHItrer  dans  les  tissus  à  la  façon  des  sels  de  chaux.  Les  parties  les  plus 
exposées  à  cette  infiltration  sont  les  cartilages,  les  os,  les  tendons,  les  reins, 
les  valvules  cardiaques  et  la  peau.  Les  éléments  cellulaires  de  ces  tissus  ou 
de  ces  organes  sont  le  siège  primitif  du  dépôt,  le  centre  autour  duquel  se 
produisent  généralement  des  cristaux  libres.  Ces  cristaux,  en  forme  d  ai- 
guilles, sont  accompagnés  de  fines  granulations  grisâtres  disposées  en  amas 
et  qui  figurent  une  sorte  de  nuage.  La  base  de  ces  sels  est  quelquefois  la 
chaux  ou  la  magnésie,  habituellement  la  soude  ;  les  acides,  même  faibles, 
parviennent  à  les  décomposer,  et  Tacide  urique  soluble  à  Tétat  naissant 
se  concrète  en  cristaux  rhomboédriques,  en  lames  hexagonales,  et  enfin 
sons  les  formes  diverses  qui  lui  sont  spéciales.  La  quantité  d'urates  alcalins 
rencontrés  dans  Torganisme  peut  être  considérable;  dans  un  cas  de  goutte 
que  j'ai  observé  à  la  Salpêtrière,  toutes  les  articulations,  petites  et  grosses, 
avaient  leurs  cavités  remplies  et  distendues  par  un  magma  blanc  de  lait, 
liquide  ou  plus  ferme  et  analogue  à  du  plâtre  gâché.  Les  synoviales  arti- 
culaires et  tendineuses,  les  cartilages  articulaires  et  intercostaux,  ceux 
du  larynx  et  enfin  les  tendons  et  les  valvules  cardiaques  étaient  infil- 
trés des  mêmes  sels,  sous  forme  cristalline  ou  amorphe.  (Voyez  notre 
Atlas  d'anatomie  pathologique^  p.  496,  pi.  53  et  5fi.)  Le  résultat  de  cette 
altération  était  la  perte  presque  absolue  de  la  fonction  des  articula- 
tions, et  l'obligation  pour  la  malade  de  garder  le  lit.  L'infiltration 
uratique  est  le  caractère  le  plus  certain  de  la  goutte  ;  quelques  auteurs 
même  sont  portés  à  admettre  l'existence  de  cette  maladie  toutes  les 
fois  que  cette  infiltration  se  rencontre  dans  une  certaine  mesure.  Pour 
mon  compte,  j'hésite  à  accepter  celle  manière  de  voir  à  propos  de  laquelle 
j'ai  déjà  exprimé  des  doutes.  Il  n'est  pas  rare,  en  effet,  de  voir  les  car- 
tilages articulaires  infiltrés  de  dépôts  uratiques,  surtout  quand  les  reins 
sont  atrophiés.  A  la  vérité,  les  cas  de  ce  genre  ont  pu  être  rattachés  à  la 
goutte;  mais  c*est  un  point  de  vue  qui  n'est  pas  suffisamment  prouvé. 
En  tout  cas,  il  parait  certain  qu'une  simple  altération  des  reins  avec  ou 
sans  diminution  de  la  sécrétion  urinaire  peut  amener  la  rétention  des 
urates  de  soude  dans  le  sang,  et  produire  leur  dépôt  dans  certains  tissus, 
notamment  les  cartilages.  (Voyez  notre  Atlas  d'anatomie  pathologique, 
pages  215  et  217.) 

BiBUOGRAPuiE.  —  KÛNHOLTZ,  Mémoire  sur  la  diathése  osseuse  en   général, 
Montpellier,  183/!i.  —  0.  Weber,   Ueber  das  Vorkommen  von  krystaUinischen 


502  ANATOIin  PITHOI. 

Xafbabcn  in  OeadtviuMm  (ArcMe  f.  piuk.  Anal,  md  Phyaiol.,  t.  V|,  p.  m). 

—  ViBCBOv,  Kaikmettukuen  {Ibid.,  t.  VlII.  103,  l.  IX,  618;  Gaz.  méii.,  tSSC, 
S98)^  — BsaiiAnN.JKAiti^.  palA.Anat.  midPhysiol.,\..  XV,  p.  5â0.— UnHa, 
Gaxetle  des  Mpitma,  1850,  p.  107.  —  ME\m,  Ztschr.  f.  rat.  if«d.,  1851. 1. 1. 

—  ScBDÔDEB  TAK  DBR  KoLK,  HedeH.  himcel,  1853,  p.  97.  —  H.  UtaOi 
Microgeûlogie,  1856.  —  Hbbchl,  Ostipcatfon  des  cell.  tierveuses  [Oesterr.  ZeiUàt. 
f.  praU.  BeUboKle,  1862).  —  Le  même,  Wieii.  med.  Weckentchr.,  \61t' 
n*  Al.  —  PiuucKi,  Ueber pathotog.  VartiiiIKungen  {Wieii.  medic.  Wockeiuelirifl, 
XVII,  102,  105,  lOù).  —  J.  DnciM,  Dépôt  cak.aire  de  la  cornée  (flri(i"«*  md. 
Journ.,  April  39,  1S71}.  —  Rots,  Verkaikung  d.  Zellen  d.  Cerebctbim  (.IrrA» 
f.  paJfcoI.  Anat.  vmd  Phytiol.,  1.  LIII,  p.  508,  1811).  —  Kûttnct,  Eiti  f<â 
MM  KaOcmetiatate  {ArcMo  f,  }Nith.  Atutf.  \ind  PhyHol.,  l.  LIX,  p.  520-534).         | 


Les  cbromaloses  (ji^;»,  couleur)  sonl  des  altérations  caractt-ri^ 
par  la  présence,  dans  les  lissus,  d'une  substance  colorée,  amorphe  ib^ 
matosine) ou  crislalline  (hématoldine). 

Cette  substance,  qui  provient  de  la  niêiamorphose  l'êgressive  Aei  f\«- 
bules  sanguins,  légitime  la  place  que  nous  donnons  à  l'élude  des  An»- 
matoses.  Ces  altérations  diffèrent  naluielleiiicnl  dps  pîginentjiliwis 
rencontrées  à  l'état  normal  dans  les  cellules  épithéliales,  nerveuses, etc. 
et  à  l'éUkt  pathologique  dans  les  tissus  de  nouvelle  fonnation  (mélaDOsev 
lesquelles,  toujours  localisées,  sont  plutôt  le  fait  d'une  élaboration  pirti' 
culière  des  éléments  cellulaires  que  la  conséquence  d'une  dissolution d(# 
globules  rouges  (voyez  p.  bSÔ). 

Les  chromatoses  peuvent  être  considérées  comme  des  lésions  if 
vieillesse,  car  elles  existent  d'une  façon  pour  ainsi  dire  constante  ckn 
les  personnes  ikgées.  Les  organes  les  plus  vasculaires,  comme  la  rate,  b' 
glandes  lymphatiques,  le  foie,  les  poumons,  les  reins,  le  cerveau,  sont  iW 
siège  habituel.  Ces  organes  présentent  des  teintes  variables,  jaunâbfV 
rougeàlrt^s  ou  noires,  dispersées  de  façon  à  foniier  des  figures  irrépi- 
lières  et  dos  traînées  suivant  la  direction  des  vaisseaux.  Les  prodoil* 
phlegmasiques  sonl  aussi  fréquemment  atteints  de  chromatose;  liosa 
les  néomembrancs  de  la  pachyméningite  et  de  la  péritonite  chroniqi* 
peuvent  être  colorées  par  un  pigment  brunâtre  ou  noir. 

Suivant  les  conditions  dans  lesquelles  elle  sur\'ien(,  la  substance iju' 
produit  tes  chromatoses  affecte  une  forme  granuleuse  ou  cristalline.  L^ 
granulations  sont  ordinairement  petites,  arrondies  ou  anguleuses,  nrtte- 


HÏPOPLASIES.  503 

ment  limitées  ou  enlourées  par  un  liséré  brunâtre  ;  généralement  elles 
înTiltrent  les  parois  des   vaisseauï  et  les  éléments  de  leur  voisinage 
(fig.  186].  La  plupart  du  temps  ces  granulations  sont  non  pas  isolées,  mais 
réunies  en  groupes  au  moyen  d'une  substance  pfkie, 
soluble  dans  l'acide  acétique  et  dans  les  alcalis  caus- 
tiques; dans  quelques  cas,  elles  Forment  des  amas 
cylindriques,  comme  si  elles  avaient  pris  naissance 
dans  la  cavité  des  petits  vaisseaux,  dont  elles  repré- 
sentent assez  bien  l'empreinte.  La  couleur  de  ces 
granulationsestd'unjauned'ocre,plusrarementd'un 
jaune  rouge,  souvent  d'un  noir  Toncé,  et  chacune 
de  ces  teintes  n'est  qu'un  stade  de  transfoi-matiou    _     ...        „        _. 
de  l'bématosinc;  ainsi,  le  même  organe  peut  ren-       craKnpiqued'unaraM 
fermer  des  granulations  pigmeutoires  offrant  ces       nu'îi"oM"'"ni'ti'S^ 
diverses  colorations.  Généralement  dispersées  entre       au  voiiina^a  des  vail- 
les éléments  cellulaires  et  fibreux  dont  la  structure  est       '**""■ 
le  plus  souvent  intacte,  ces  granulations  se  rencontrent  encore  dans  les  dif- 
férentes cellules,  tantôt  en  petit  nombre,  tantôt  en  telle  abondance  qu'elles 
paraissent  en  former  tout  le  contenu,  et  qu'elles  peuvent  en  amener  peu 
à  peu  la  destruction  (lig.  187).  Dans  le  sang,  les  molécules  du  pigment 
sont  libres,  ou  infiltrées  dans  les  glo- 
bules blancs,  ii  côté  desquels  on  trouve        ^^  ©  W(K)  é' 
quelquefois  des  globules  rouges  en        • '•©a"  "Bl          j.%      (^ 
voie  de  destruction.  I^es  cristaux  du       *f^      -.  oi       ^^ {^ 
pigment  revêtent  la  foiTOe  de  prismes          #  /?  a             ^^  't-     ^ 
rhomboïdaux,   obliques,   d'un  rouge              ^  '^             ^^ 

orange,  et  plus  rarement  de  fines  ai-  „ ^"^  '?' 

'  Cellules  Ijrmphalmue»  de  la  raie  et  cellules 

guiilesjaunc-orange(voy.  notre  Atlas  endolliélal<->  dea  alTiolea  pul>^n'"r«* 
tTanatomie pathologique,  pi.  iU,  fig.  9"  '"«'"^e»  •!«  p  g^eni 
el  p\.li'2,  fig.  7).  Ils  sont  constitués  par  une  substinLC  (hematoidme)  qui 
suivant  Ch.  Robin,  diffère  de  l'Iiémalosine  par  la  substitution  d  un  equi 
valent  d'eau  à  un  équivalent  de  fer.  Ils  se  montrent  dans  toutts  les  re 
gions  de  l'économie,  princi|>alemeiit  au  sein  des  concrLtions  vascuhirei 
au  milieu  ou  dans  le  voisinage  des  épanchemtnts  sanguins  suitoutceu\ 
des  ovaires  et  du  cerveau,  et  impriment  au  tissu  une  teinte  rou^i.  safrané 
Signalons  enfin  l'existence  de  cristaux  noirs  plus  rares  plus  irregulitrs 
et  parfois  plus  volumineux  que  les  précédents;  et  que  l'on  rencontre 
presque  exclusivement  dans  le  pigment  noir  des  poumons.  Comme  les 
granulations,  les  cristaux  sont  tantôt  isolés,  tantôt  renfermés  dans  les 
éléments  cellulaires,  ils  résistent  il  l'action  de  l'eau,  de  l'alcool,  de  l'éther, 


UUIDm  UTKUMIQtn.  ^^^^^ 

»,  del'ftcideacéltquo,  des  acides  minéraux  dilués.  IhiA  sololiaa 
concentrée  d'ammoniaque  les  dissnut.  en  prenant  une  Iciiilc  rougr  «mt- 
rant«,  qiii  devient  bientôt  d'un  rouge  sarrané  et  rougeâtre  (Ch.  RoblD). 
La  potasse  el  la  soude  les  goiitlent,  les  rendillent,  et  an  diasoh'ent  iim 
feihld  pi'oportioQ  ;  la  solution  esl  d'un  rouge  assez  foncé.  L'»dd<-  chiof 
liydriquL^,  qui  les  dissoiil  m  pai-tii^,  donne  lieu  k  une  solution  d'un  fioot 
d'or,  ou  jaune  rougeàlre;  l'acide  suUurique  ne  les  allaque  pas. 

Les  chroiiiatoses,  si  l'on  eiccple  les  cas  d'altération  des  hémati*^  paro 
affent  chimique  particulier,  ont  une  évolution  assez  semblable.  U-glcbok 
sanguin  aiïeclé  perd  sa  foi'me  régulière,  se  hérisse  do  grnjiulalious  roujoA 
très  ou  noires,  qui  se  séparent  peu  à  pea  an  fur  et  à  înesnv  V"^ 
.  ^obuline  est  résorbée.  Le  pigment  se  dissémine  sous  kmae  de  petiH 
grains  qui  s'infiltrent  dans  les  éléments  des  tissus,  notanunent  eau  é 
la  rate  et  du  foie,  organes  prédisposés  à  ce  genre  d'allératî<Hi,  k  canse  k 
leur  grande  vascularîté  et  de  leurs  congestions  fréquentes.  La 
tion  du  sang  ne  s'observe  que  dans  les  cas  où  une  grande 
matière  colorante  est  mise  en  liberté,  par  exemple  à  la  saite  d'une  eitn- 
vasation  sanguine.  Les  oi^ianes  qui  en  sont  le  siège  offrent  des  efame- 
mentsde  teinte  en  rapport  avec  la  durée  de  l'altération;  d'abord  janotti; 
cette  teinte  est  plus  tard  rougefttre  et  enfin  noirâtre. 

La  dégénérescence  pigmentaire  ne  sera  confondue  ni  avecletUn- 
mes  ni  avec  les  carcinomes  mélaniques,  qui  sont  des  excroissiKa 
des  tissus;  elle  ne  le  sera  pas  davantage  avec  cerlaines  pigmenbliou 
localisées,  résultant  d'une  élaboration  cellulaire,  telles  que  celles  qd 
se  développent  sous  l'influence  d'un  trouble  fonctionnel  des  ikA 
sympathiques. 

La  présence  d'une  certaine  quantité  de  pigment  au  sein  des  orguKS 
peut  être  la  cause  de  désordres  nombreux  ;  les  éléments  cellulaire  it' 
GUrés  de  granulations  subissent  en  effet  des  modifications  de  DOlri- 
lion  qui  ont  pour  conséquence  leur  atrophie  ou  même  leur  destradio'- 
Accumulées  dans  les  capillaires  du  cerveau,  ces  granulations  troublent  b 
circulation  et  sont  quelquefois  le  point  de  départ  de  petites  apoplexies,  M 
même  de  l'alrophie  des  circonvolutions  ;  leur  séjour  prolongé  dans  les  ift- 
nières  ramilicalions  de  la  veine  porte  est  une  cause  d'irritation  et  d'atro* 
phie  pour  le  foie.  Une  diarrhée  persistante,  avec  ou  sans  hvdropisie,  rf 
un  phénomène  presque  inséparable  de  la  pigmentation  avaDrêe  ^ 
oi^nnes  abdominaux:  enfin  l'aglobulieesl  le  résultat  forcé  des  cbran*- 
toses  étendues,  puis(|ue  ces  dernières  ne  sont  que  l'eRet  de  la  destnKtM' 
d'un  nombre  plus  ou  moins  grand  de  globules  rouges.  Pour  lattes  A^ 
raisons,  la  dégénérescence  pigmentaire  esl  une  aff'eclÎMi  d'me  «rtu* 


HTPOPLASIES.  505 

gravité,  mais  dont  ia  valeur  pronostique  varie  avec  l'étendue  et  Timpor- 
tance  fonctionnelle  des  organes  affectés. 

Étiologie  et  pathogénie ,  — Les  chromatoses  surviennent  dans  le  cours  d'un 
grand  nombre  de  maladies,  parmi  lesquelles  il  Tant  compter,  principalement 
les  intoxications  paludéenne  et  alcoolique,  quand  surtout  ces  intoxications 
affectent  les  organes  hémopoiétiques,  notamment  le  foie,  la  rate  ou  les 
reins.  Un  grand  nombre  de  maladies  constitutionnelles  avec  cachexie, 
comme  la  tuberculose,  la  carcinose,  etc.,  peuvent  aussi  développer  des 
chromatoses  ;  une  des  maladies  de  ce  groupe  (maladie  bronzée)  tire  même 
son  caractère  spécifique  de  la  pigmentation  qui  l'accompagne.  Enfin,  il  est 
des  états  cachectiques  obscurs  dont  la  cause  a  échappé  jusqu'ici,  et  qui  ne 
présentent  d'autres  désordres  qu'une  pigmentation  des  principaux  vis- 
cères de  labdomen  et  du  thorax  et  une  profonde  anémie;  ces  états, 
accompagnés  de  diarrhée,  de  vomissements,  et  souvent  de  stéatoses  vis- 
cérales sont  généralement  pris  pour  un  cancer  de  l'estomac.  Mon  Atlas 
d'anatomie  pathologique  renferme  quelques  faits  de  ce  genre;  néanmoins 
c'est  un  sujet  d'étude  qui  est  loin  d'être  épuisé.  Les  maladies  fébriles,  sep- 
tiques  et  pyohémiques,  si  fréquemment  accompagnées  d'adynamie,  sont 
encore  des  causes  de  pigmentation  qui  méritent  au  moins  d'être  men- 
tionnées. 

Les  causes  locales  de  la  dégénérescence  des  globules  rouges  ont  toutes 
pour  tendance  de  mettre  obstacle  à  la  libre  circulation  du  sang,  et  de 
produire  des  stases.  Telles  sont  les  affections  cardiaques,  les  obstruc- 
tions vasculaires,  les  phlegmasies,  notamment  celles  qui  affectent 
les  membranes  muqueuses  ou  séreuses.  Le  pigment,  dans  tous  ces  cas, 
est  d'abord  rougeàtre  ou  brunâtre  et  grenu,  plus  tard  il  devient  com- 
plètement noir.  L'hémorrhagie  est  une  autre  source  de  chromatose  cir- 
conscrite; nous  en  avons  des  exemples  fréquents  dans  les  ovaires,  après 
la  rupture  de  la  vésicule  de  de  Graaf,  et  dans  le  cerveau  des  vieillards  dont 
un  des  vaisseaux  a  été  déchiré.  Dans  ces  conditions  comme  dans  les  cas 
où  la  gaine  lymphatique  des  vaisseaux  cérébraux  est  infiltrée,  le  pigment 
granuleux  et  cristallin  est  le  plus  souvent  de  teinte  rouge. 

La  palhogénie  des  chromatoses  déterminées  par  une  cause  purement 
locale  est  des  plus  simples.  Les  globules  sanguins,  sortis  des  vaisseaux 
ou  ralentis  dans  leur  course,  cessent  de  vivre,  la  matière  colorante  se 
sépare  de  la  globuline,  s'extravase  au  sein  des  éléments  du  voisinage, 
sous  forme  de  matière  liquide;  et,  transfonnée  en  granulations  plus  ou 
moins  fines,  elle  infiltre  ces  mêmes  éléments.  Les  chromatoses  liées 
à   une  maladie  générale  semblent  se  produire  d'après  un  mécanisme 


$00  ANATOUa    fk'mMBimE. 

qui  n'est  peut-être  pas  trè$-cliirér€iit;  aoi^eilt  W  iffiie^âBmMM 
plement  la  conséquence  des  coQgestiws  qu'^ofeiidiWti  0Qi 
Rarement,  toutefois,  une  cause  unique  est  mise  en  jeu  ;  car,  en  gèaivrith 
congestion  est  accompagnée  d'une  altération  des  §^oMAi  ifvigipii,^ 

Certaines   sui^tances,   comme  les  pietates  ukalips,  «Mt^  M  fi** 
priété,  lorsqu'elles  sont  introduites  àms  VmgBmmmf  4^^  ,4^^ 
hématies  et  de  donner  lieu  à  un  ict^  aangmi-  Is  flbmtktm$  k 
principe  toxique  de  la  fièvre  jaune,  cdui  des  fiè?iea  ptthiab^  fuéh 
sent  avoir  une  action   également  directe  sur  ces  iiémitKiÊ$.    0'aaiR 
part,  les  expériences  deMagendie  et  de^  Hartmann  ajanlnioiitié  fie 
l'eau  en  excès  dans  le  sang  peut  dissoudre  les  giobulea  imigfss,  m 
doit  se  demander  si,  dans  la  chlorose  et  dans  les  cachexies  avec  ané- 
mie, la  destruction  des  hématies  et  la  chromatose  ne  sopl  pus  son 
la  dépendance  d'une  trop  grande  quantité  d'eau  au  sein  de  ee  Ikfaik^ 
Quelques  substances,  l'hydrogène  sulfuré  par  exemple»  mises  m  V^ 
9enoe  des  globules  rouges,  déterminent  non  plus  une  métamorplMW 
dégressive  de  ces  éléments,  mais  une  réaction  chimique,  en  YeM  é 
laquelle  se  fait  un  précipité  de  sulfure  de  fer.  Les  parties  affeeléei  à 
gangrène  ou  de  suppuration  fétide,  la  surface  du  canal  intestinal,  œOeli 
foie  et  de  la  rate,  sont  des  points  où  se  rencontre  quelquefoia  autti# 
genre  d'altération.  Dans  ces  conditions,  les  tissus  présent^ut  nneeoiflii** 
tion  noirâtre,  ardoisée,  produite  par  des  granules  pigmentaires  de  fom^ 
indétenninée,  et  qui,  tantôt  isolés,  tantôt  réunis,  sont  déposés  en  plosoi 
moins  grande  quantité  entre  les  éléments,  plutôt  que  dans  les  cellules. 
Au  point  de  vue  morphologique,  les  granulations  qui  se  produisent  en 
pareil  cas  ont  une  grande  ressemblance  avec  celles  de  la  pigmentatioi 
ordinaire.  Cependant,  d  après  J.  Vogel,  elles  en  diffèrent  par  la  propriélé 
qu'elles  ont  de  se  dissoudre  dans  les  acides  (acétique,  azotique,  etc.). 

Bibliographie.  —  Heusinger,  Untersuchungen  ùher  die  anomale  KoMenwfi 
Pigmentbildung.  Essen,  1823.  —  Bruch,  Untersuchungen  zur  Kenntniss  d.ltff 
niger  Pigments,  1844.  —  N.  Guili.ot,  Archiv.  gén,  de  médecine.  Paris,  1845.— 
Engel,  Ztschrft  d.  Wiener  Aerzte,  t.  Il,  1846.  —  Basse  et  Kôlliker,  HsckrP 
f.  rat,  Med,,i,  IV,  p.  8,  1846.  —  Ecker,  Ihid.,  t.  VI,  1847.  —  R.  ViRcaoïf. 
Ùie  pathoL  Pigmente  (Archiv  f.  pathol,  Anat.  und  Physiol.,  t.  I,  p.  379,  l- Mi 
587,  t.  IV,  515,  t.  VI,  259).  —  H.  Meckel,  Ztschr.  f.  Psychiatrie  von  Damenfn^ 
1847,  et  Deutsche  Klinik,  1850.  —  Sandrrson,  Monthly  Jowiu,  sept  eiàéc- 
1851.  —  Remak,  Mfdlers  Archiv,  1852,  p.  115.  — Cn.  Robin  et  Mercier,  Jf«»- ^ 
l'hématoîdine,  etc,  [Mém,  de  la  Soc,  de  biologie,  6  octobre  1855).  —  Fbw*^ 
Ztschr.  f.  klinisch.   Med,  von  Gùnsburg,  1855-56,  p.  321.  — Charoot,  Df  ^* 

• 

mélanémie  {Gazette  hebdomadaire  de  médecine  et  de  chirurgie,  p.  659.  P»'*' 


HTPOPLASIES.  S07 

1857).  —  Zenker,  Ueber  die  Beziehung  des  Blutfnrhsioffs  zum  Gallenfarhstoff 
(Jahresb,  d,  Gesellsch,  f.  Nat.  Heilk.  inDresden,  1858,  p.  53).  —  Stein,  Norm. 
de  pigmento  in  parietibus  cerebri  vasorum  obvio.  In.  Diss.,  1858.  — Valentiner, 
Zischr,  f,  hlin,  Med,  von  Gùnsburg,  p.  66,  1859.  —  Heschl,  Ztschrft  d,  Wien. 
Aerztey  VI,  et  Oestr.  Ztschr.  f,  pract.  Heilkmde,  1862,  n"  60,  62,  66,  — 
Ebertii,  Die  pigmentleber  der  Frôsche  und  die  Melanâmie  (ArcK  fur  path.  Anat, 
und  Physiol.,  t.  XL,  p.  305,  1867).  —  H.  Meissner^  Beitrâge  zvrLehrevon  der 
Addison'schen  Kranhheit,  sowie  Pigmenthranhh.  (Schmidt's  Jahresber,,  t.  CLIV, 
p.  29,  1872). 

§  7 .  —  NÉCROSES  ET  GANGRÈNES. 

La  plupart  des  auteurs  accordent  une  synonymie  pour  ainsi  dire  par- 
faite aux  mois  nécrose,  mortification,  sphacèie,  gangrène,  etc.,  et  dési- 
gnent sous  ces  dénominations  des  lésions  souvent  différentes  au  point 
de  vue  de  leur  évolution,  de  leurs  caractères  et  de  leur  pathogénie.  Pour 
être  semblables  à  leur  point  d  arrivée,  ces  lésions  n'en  sont  pas  moins 
extrêmement  différentes  à  leur  point  de  départ,  et  celui-ci  mérite  bien 
quelque  considération.  Fort  de  ce  fait,  je  diviserai  en  deux  grandes 
classes  les  manifestations  anatomiques  comprises  sous  ces  appellations  : 
1*  les  nécroses,  dont  le  caractère  essentiel  est  la  mortification  d'une  partie 
plus  ou  moins  étendue  des  tissus  ou  des  organes,  par  diminution  ou  sup- 
pression des  liquides  nutritifs  ;  2"  les  gangrènes  (1),  qui  présentent  le  même 
caractère  fondamental,  avec  cette  différence  qu'elles  sont  l'effet  d*un  pro- 
cessus assimilable  à  celui  de  la  putréfaction. 

Conséquence  de  la  diminution  ou  de  la  suppression  des  sucs  nutritifs 
dans  une  partie  limitée  du  corps,  les  nécroses  sont  des  lésions  circon- 
scrites qui  ont  pour  principaux  caractères  le  ratatinement,  le  dessè- 
chement, la  métamorphose  graisseuse,  l'atrophie  et  la  résorption  plus 
ou  moins  complète  des  tissus  altérés.  Les  gangrènes,  au  contraire, 
sont  des  lésions  envahissantes,  qui  transforment  les  tissus,  opèrent 
des  combinaisons  nouvelles  et  donnent  lieu  à  la  formation  de  sub- 
stances peu  stables,  de  composition  variable,  et  en  définitive  à  des 
produits  moins  complexes,  tels  que  Tacide  carbonique,  l'ammoniaque  et 
l'eau.  Dans  Tune  et  dans  l'autre  affection,  il  va  mort  et  dissolution  de 
l'organite  ou  élément  histologique  ;  toute  la  différence  des  processus  con- 
siste dans  le  mode  de  décomposition  et  la  nature  des  produits  de  cette 
décomposition. 

(1)  Déjà  SauTa^e  a  établi  une  division  assez  semblable.  Voyez  Nosologie  méthodique, 
tnduct.  française  par  Nicolas,  t.  111,  p.  àSh  et  497.  Paris,  i775. 


50S  ANATOMa  PATHOLOGIQDI. 

I.  —  Néerofês. 

Envisagées  au  point  de  vue  de  leur  origine  et  de  leur  évotalwi,  In 
nécroses  peuvent  se  diviser  en  deux  groupes.  Les  unes  en  effetrésullaitè 
la  diminution  ou  de  la  suppression  de  la  circulation  dans  une  yiA 
quelconque  du  corps,  nous  les  appelons  nécroies  paihogémqum.  Les  aiM 
sont  dues  à  des  actions  chimiques  qui  coagulent  le  sang  dans  les  vaiiiMi 
et  absorbent  les  liquides  des  tissus,  ce  sont  \e^nécrinei  phfïïko-'cUmifKL 

1*  Nécroses  paihogéniques.  —  Ces  lésions  peuvent  occupor  les  diKfnli 
points  du  corps,  mais  elles  ont  pour  siège  habituel  les  extrémiléi  Ai 
membres,  celles  des  membres  inférieurs  surtout,  où  elles  coastftiial 
l'altération  connue  sous  le  nom  de  gangrène  sèdie  ou  spontanée;  eUeift 
rencontrent  encore  dans  les  viscères  parenchymateux^  noUmmal 
le  cerveau,  la  rate  et  les  reins,  où  elles  ont  été  désignées  soos  le  mm 
assez  impropre  A'infarctus.  Quel  que  soit  leur  siège,  les  nécroses  pilto- 
géniques  ont  des  caractères  assez  semblables  et  suivent  les  mêmes  phi» 
d'évolution. 

La  première  de  ces  phases  se  révèle  par  un  stade  d'anémie 
cadavérisation,  Cruveilhier),  auquel  succède,  toutes  les  fois  du 
qu'un  certain  degré  de  circulation  collatérale  est  possible,  un  iSaé 
hypérémique.  La  partie  affectée,  d'abord  paie,  livide,  froide,  cdM- 
reuse,  insensible,  revêt  bientôt  une  teinte  violacée,  brunâtre,  se  tuméie, 
s'indure  et  fail  saillie  à  la  surface  de  Torgane  malade.  Les  vaisseaux  q> 
la  parcourent,  primitivement  vides,  sont  peu  à  peu  remplis  et  distendus 
par  du  sang  qui,  ne  pouvant  continuer  à  circuler,  se  coagule  et  subit  m 
métamorphose  régressive.  Cette  métamorphose,  qui  a  pour  terme  la  \xvDSr 
formation  graisseuse  des  tissus,  caractérise  la  seconde  phase.  Les  partiesil* 
térécs  changent  de  coloration,  revêtent,  dans  les  viscères,  une  teinte  pu- 
nàtre,  pîirsemée  de  points  rouges  et  noirs,  dans  les  membres  (gangrène 
sèche),  une  teinte  noirâtre,  brun«^tre»  accompagnée  d  une  sorte  de  momifr 
cation  due  à  I  evaporation  incessante  opérée  au  contact  de  l'air  extérieur. 
Les  tissus,  par  suite  de  la  destruction  des  globules,  sont  infiltrés  de  graDU- 
lations  pigmentaires,  disséminées  en  amas  irrégulièrement  arrondis  H 
diversement  colorés,  plus  rarement,  de  cristaux  d'hématoîdine  (voy. 
Chromatoses),  La  transformation  graisseuse  des  tissus,  qui  tout  d  aborl 
n'est  pas  sans  analogie  avec  la  stéatose  et  Tatrophie  ordinaire,  s'êcaik 
plus  tard  de  ces  processus.  Les  éléments  anatomiques  deviennent  granu- 
leux, se  chargent  de  globules  graisseux,  et  enfin  se  désagrègent  plus  on 
moins  rapidement  suivant  la  nature  des  substances  qui  entrent  dans  leur 
composition.  Dans  ce  foyer  de  désagrégation  cellulaire,  les  substances 


asses  abondent  el  jimYiemient  ^Tuiseniblublemeiit  du  la  Iranstor- 
alioii  des  inalières  albumînotdi's  ou  protéiijues  ;  en  dpmÛT  lieu,  on  y 
nstate  la  présence  de  cristaux  d'acides  gras,  des  tablettes  de  cliolfsté- 
ïe,  des  cristaux  de  phosphate  de  chaux  el  de  phosphate  ammoniaco- 
ngnésien.  Ainsi,  les  éléments  cellulaires  et  tubuleuK  du  cerveau  se 
livrent  rapidement  de  granulations  graisseuses  et  se  transforment  en 
'    véritable  éraulsion.  Les  cellules  propres  du  foie,  celles  de  la  rate, 

•  -jiitbéJiums  des  canaux  urinirères  deviennent  granuteui:  et  se  dis- 
cieut  de  la  môme  Tacon. 

Les  libres  musculaires  striées,  devenues  d'ahoitl  rigides  par  la  coagu- 
tioudes  principes  aihumineux  qui  englobent  le  noyau  et  les  granulations 
rotoplasmatiques,  se  troublent  et  semblent  imprégnées  d'une  line  pous- 
ère,  piij.-i  elles  se  réduisent  en  granulations  relativement  volumineuses, 
UÎ  ensuite  disparaissent.  Les  tissus  libreiix,  cartilagineux  et  osseux, 
9  désagrègent  un  peu  moins  rapidement,  de  sorte  que  la  destruction 
aralt  en  rapport  direct  avecla  rapidité  de  rénovation  des  tissus;  les 
ISSUS  dans  lesquels  In  nutrition  pamlt  moins  active  sont  en  effet  ceux 
ai  résistent  le  plus  longtemps.  En  résumé,  celte  seconde  phase  aboutit  à 
K  Iransfonnation  des  tissus  en  principes  immédiats,  susceptibles  de 
'■rier  avec  la  composition  chimique  normale  de  la  région,  mais  qui 
onsislent  principalement  en  subslnnces 
arbonées  et  en  matières  grasses  globu- 
ïires  ou  crislalliites. 

Ia  troisième  phase  de  ce  processus 
«l  caractérisée,  soit  |)ar  la  résorption 
l'une  partie  ou  de  la  totalité  du  foyer 
técrusique,  soit  par  l'élimination  de  ce 
f»jer.  La  n'sorplion  complète  est  rare, 
air  elle  n'est  possible  que  pour  des 
nfxrulusde  faible  étendue.  On  l'observe 
laas  le  cerveau,  les  reins,  le  foie  et  la 
'Aie,  oii  elle  détermine  des  dépressions 
^irculatrcs  et  linéaires,  analogues  à  des 
'icatricos  (lig.  188).  Le  plus  souvent 
'i'«  dépressions,  peu  profondes,  à  peine 
iiMn]uéos,  laissent  voir  à  leur  niveau 
l""  lissusallérés.jauniltres,  non  encore 

<  >iliés.  L'élimination  est  le  fait  né- 

:>aire  cl  constant  des  nécroses  étendues  des  parties  extérieurea.  A  la 
nfércnce  de  ces  parties  s'établit  plus  ou  moins  vite,  suivant  l'inten- 


riG.  me. 

—  La  raie,  nie  par  sa  fji 

eniivEii 

!■-  celle  face  prèscnlp  une  cl' 

réMrpti 

.on  d'un  inferciuf. 

nonfe 


J 


510  anàtomie  pathologique. 

site  de  l'irritation  et  le  pouvoir  de  réaction  du  sujet  malade,  un  léger 
mouvement  fluxionnaire  qui  détermine  le  gonflement  et  i'écbauffeoieiit 
des  tissus  au  pourtour  de  Teschare  déprimée.  Vers  le  troisième  ou  le  qoMr 
trième  jom*  apparaît  en  général  une  zone  rouge,  de  largeur  variable  ;  ven  le 
sixième  jour,  quelquefois  plus  tôt,  on  constate  entre  Teschare  éi  cette 
zone  des  scissures  qui,  se  réunissant  les  unes  aux  autres,  finissent  ptr 
constituer  un  sillon  chaque  jour  plus  profond  au-dessous  de  la  partie 
mortifiée,  jusqu'à  ce  que  celle-ci  se  trouve  séparée  des  parties  vivantes  et 
tombe,  laissant  à  sa  suite  une  surface  rouge,  granuleuse,  apte  à  feire  les 
frais  de  la  cicatrisation.  Dans  le  cas  de  nécroses  étendues,  connue 
celles  qui  résultent  de  loblitération  de  Tiliaque  primitive  ou  de  la  partie 
supérieure  de  l'artère  fémorale,  l'élimination  est  souvent  au-dessus 
des  forces  de  l'organisme  ou  même  n'est  plus  possible.  Il  n'est  pas 
rare  de  voir,  surtout  quand  le  membre  n'est  pas  momifié,  des  gan- 
grènes, véritables  processus  de  putréfaction,  se  produire  au  pourtour 
des  parties  nécrosées,  aggraver  la  situation  du  malade  et  conduire  à  une 
mort  plus  prompte. 

Les  conditions  pathogéniques  de  ces  désordres  demandent  à  être  exami- 
nées dans  les  artères,  les  veines,  les  capillaires  et  le  cœur.  Tout  ce  qui 
supprime  la  circulation  artérielle  ou  Tentrave  suspend  la  nutrition  des 
parties  et  donne  lieu  à  la  nécrose.  Signalons  la  ligature  des  artères,  la 
compression  de  ces  vaisseaux  par  une  tumeur  ;  exemple,  le  fait  observé 
par  Fabrice  de  Hilden  où  une  tumeur  squirrheuse 'placée  entre  les  deui 
reins  comprimait  l'aorte  et  avait  fini  par  amener  la  nécrose  des  deai 
jambes.  L'altération  athéromateuse  ou  calcaire,  qui  diminue  réiasticilé 
des  parois  vasculaires  en  rétrécissant  ou  en  obstruant  leur  lumière, 
agit  dans  le  même  sens.  Mais  l'une  des  causes  les  plus  communes 
des  nécroses  est  l'obstruction  artérielle  par  un  bouchon  de  fibrine  ou 
de  toute  autre  nature,  que  ce  bouchon  soit  né  sur  place  (voy.  Thrùm- 
bose)  ou  qu'il  provienne  d'un  autre  lieu  (voy.  Embolie).  La  cx)ndition 
indispensable  à  la  production  de  la  nécrose  dans  tous  ces  cas  est 
évidemment  le  défaut  de  circulation  collatérale  ;  aussi ,  tandis  que 
l'oblitération  de  l'une  des  carotides  primitives  n'est  souvent  suivie 
d'aucun  accident  nécrosique,  voit-on  l'obstruction  de  lasylvienne  en  être 
fatalement  accx)mpagnée.  Les  altérations  des  vaisseaux  capillaires  sont 
rarement  suffisantes  pour  apporter  un  obstacle  complet  à  la  nutrition 
des  parties,  et  pour  devenir  le  point  de  départ  de  la  nécrose.  Cependant, 
lorsque  ces  vaisseaux  sont  soumis  à  une  pression  continue  et  durable,  (*n 
même  tc^mps  que  les  tissus  dans  lesquels  ils  se  distribuent,  on  constalo 
quelquefois  l'altération  nécrosique  des  parties  saillantes  du  corps,  comuK' 


HYPOPLASIES.  511 

les  grands  Irochanters,  les  épines  iliaques,  l'épine  de  Tomoplate,  ie  talon. 
Les  nécroses  si  communes  au  sein  des  productions  pathologiques  sont 
aussi  le  plus  souvent  sous  la  dépendance  de  la  compression  ou  de  l'ob- 
struction des  capillaires  qui  les  alimentent.  Sans  aucun  doute,  les  nécroses 
qui  ont  leur  origine  dans  un  désordre  nerveux  ont  un  mode  pathogé- 
nique  semblable  et  sont  dues  à  un  rétrécissement  vasculaire.  Tels  sont 
les  cas  de  mortification  déterminée  par  Brown-Séquard  chez  les  animaux 
après  certaines  lésions  de  la  moelle  épinière  et  vraisemblablement  aussi 
<îeux  que  produit  lergot  de  seigle;  telle  est  encore  l'altération  des  oreilles 
qui  succède  à  la  lésion  des  corps  restiformes. 

Contrairement  aux  artères,  les  veines  ne  jouent  en  général  aucun  rôle 
actif  dans  la  pathogénie  des  nécroses.  Aussi  voit-on  des  obstructions  com- 
plètes de  ces  vaisseaux,  et  même  des  plus  importants,  n'être  accompa- 
^ées  que  d'un  simple  œdème.  Ce  fait  lient  évidemment  à  la  grande 
richesse  anastomotique  des  veines^  qui  rend  difiicile  ou  impossible  un 
an*ét  complet  de  la  circulation  ;  pourtant  il  arrive,  dans  certaines  hernies, 
de  constater  la  mortification  d'anses  intestinales  dont  la  circulation  vei- 
neuse était  seule  arrêtée.  L'influence  qui  revient  au  cœur  dans  la  produc- 
tion des  nécroses  n'est  pas  toujours  facile  à  déterminer.  Certes,  la 
faiblesse  contractile  de  cet  organe,  qu'elle  dépende  d'une  altération  grais- 
seuse de  la  fibre  musculaire,  d'une  dilatation  des  cavités  cardiaques 
ou  de  toute  autre  cause,  favorise  le  ralentissement  de  la  circulation 
«t  la  nécrose  des  extrémités;  mais  il  n'est  pas  prouvé  que  cette 
faiblesse  puisse  par  elle-même  engendrer  cette  altération,  car,  dans 
la  plupart  des  faits  où  elle  a  été  observée,  il  existait  en  même  temps 
une  modification  plus  ou  moins  profonde  de  tout  l'organisme  (ty- 
phus), un  état  de  misère  générale.  Ainsi,  hormis  les  cas  où  elles  donnent 
naissance  à  des  caillots  emboliques,  les  lésions  cardiaques  ne  sont  guère 
que  des  causes  adjuvantes  des  processus  nécrosiques,  puisque,  la  plupart 
du  temps,  il  s'y  ajoute  quelque  autre  condition  étiologique.  Le  mé- 
canisme de  ces  processus  est  des  plus  simples,  la  mortification  a  lieu 
parce  que  les  parties  vivantes  ne  reçoivent  plus  les  matériaux  né- 
cessaires à  leur  nutrition,  parce  qu'elles  manquent  d'oxygène,  de  sang 
en  un  mot. 

2*  Nécrùses  physico-chimiques.  —  Les  altérations  des  tissus  qui  carac- 
térisesl  ecs  nécroses  diffèrent  de  celles  des  nécroses  pathogéniques  par 
un  développement  plus  rapide,  une  soustraction  subite  de  substances 
liquides  qui,  dans  certains  cas,  donne  lieu  à  une  véritable  carbonisation 
des  parties  vivantes.  Les  changements  consécutifs  qui  s'effectuent  au  sein 


512  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

des  tissus  mortifiés  varient  nécessairement  selon  le  degré  de  ralténilioD 
primitive  ;  plus  cette  altération  est  légère,  plus  les  phénomènes  qui  la 
caractérisent  se  rapprochent  de  ceux  des  nécroses  pathogéniques. 

Les  nécroses  physico-chimiques  sont  dues  à  l'action  de  certains  agents 
chimiques  et  physiques  sur  les  tissus  de  l'économie  vivante.  Les  substances 
chimiques  capables  de  les  engendrer  sont  nombreuses  :  ce  sont  des  acides 
concentrés,  tels  que  les  acides  sulfurique  et  nitrique,  des  alcalis  puissants, 
comme  la  potasse,  la  chaux,  l'ammoniaque  ou  certains  composés  métalli- 
ques, le  chlorure  d'antimoine,  le  chlorure  de  zinc,  le  nitrate  acide  de  mer 
cure,  etc.  Ces  substances  agissent,  soit  à  l'état  liquide,  soit  à  Tétat  solide; 
mais  un  point  intéressant  à  noter,  c'est  que  chacune  d'elles  possède  un  mode 
d'action  spécial,  et  produit  des  eschares  de  couleur  et  de  consistance  dif- 
férentes. Ainsi,  l'acide  nitrique  donne  lieu  à  une  eschare  jaune  parche- 
minée, circonscrite  ;  l'acide  sulfurique  a  une  eschare  gris  de  fer  deini- 
coriacée,  profonde,  bien  limitée  ;  l'acide  chlorhydrique  a  une  eschare 
blanche  et  dure  ;  la  potasse  caustique  a  une  eschare  noirâtre  et  molle;  le 
nitrate  acide  de  mercure  a  une  eschare  demi-molle,  d'un  rouge  sanguin 
sur  l'épiderme,  grisâtre  sur  les  plaies,  etc.  Chacune  de  ces  eschares  esl 
éliminée  plus  ou  moins  promptement  et  accompagnée  d  une  suppuration 
plus  ou  moins  intense^  d  où  il  résulte  que  chacune  de  ces  mortifications 
a  pour  ainsi  dire  sa  physionomie  propre. 

Les  agents  physiques  qui  produisent  la  nécrose  des  tissus  sont 
multiples;  il  faut  mentionner  surtout  la  chaleur,  le  froid,  l'électricité.  Les 
eschares  dues  à  la  chaleur  portent  le  nom  de  brûlures  ;  elles  sont  en  gé- 
néral sèches  pour  peu  que  la  brûlure  soit  profonde,  dures,  brunâtres  ou 
jaunâtres,  déprimées  et  circonscrites  par  des  plis  rayonnes  des  tégu- 
ments. Dans  un  degré  plus  avancé,  elles  sont  noires,  c'est  une  sorte  6e 
torréfaction  des  parties  de  rorganisnie.  Les  eschares  produites  par  l'élec- 
Iricité,  relativement  peu  communes,  ne  sont  pas  très -différentes  des  brû- 
lures. Quant  à  celles  qu'engendre  le  froid,  elles  sont  le  plus  souvent 
pâles  et  sèches  ;  le  sang  y  est  si  bien  coagulé  que  l'on  peut  ensuite 
couper  les  parties  altérées  sans  qu'il  s'en  écoule  une  goutte  de  sang. 
Ces  eschares  occupent  les  extrémités,  et  principalement  les  orteils  et 
les  pieds  ;  elles  sont  circonscrites  par  les  tissus  tuméfiés,  infiltrés 
de  liquides,  rougeâtres  ou  bleuâtres.  La  peau  est  à  leur  niveau  noinUre, 
dure  et  parcheminée;  le  tissu  cellulaire  sous-cutané  esl  rougeâtre,  ses 
aréoles  sont  affaissées  ;  les  tissus  aponévrotiques  ont  perdu  leur  coloration 
nacrée,  les  muscles  sont  mous,  jaunâtres,  et  leurs  interstices  celluleux, 
comme»  les  gaines  celluleuses  des  vaisseaux,  sont  imbibés  de  sérosité 
rougeâtre.  Les  artères  et  les  veines,  dont  le  calibre  est  dimiimé,  ne  con- 


HYPOPLASISS.  51 3 

tiennent  pas  de  caillots,  mais  un  liquide  rougeâtre.  La  myéline  des  nerfs  est 
coagulée;  leur  altération,  suivant  Tillaux,  se  rapprocherait  de  la  dégéné- 
rescence observée  par  Waller  à  la  suite  de  leur  séparation  d'avec  les  centres 
nerveux.  Les  parties  ainsi  mortifiées  se  dessèchent  sans  se  putréfier,  et 
n'exhalent  d'odeur  qu'au  niveau  de  la  suppuration  produite  par  le  cercle 
éliminatoire. 

Les  conditions  pathogéniques  des  nécroses  physico-chimiques  sont 
variables.  Dans  les  brûlures  où  les  tissus  sont  carbonisés,  il  est  certain 
que  l'agent  physique  a  modifié  simultanément  tous  les  éléments,  et  que 
la  mortification  est  surtout  le  résultat  de  la  coagulation  de  l'albumine. 
Toutefois  les  nécroses  dues  à  l'action  du  froid  se  produisent  d'après  un 
mécanisme  qui  se  rapproche  davantage  de  celui  des  nécroses  patho* 
géniques.  Hunter,  ayant  fait  geler  dans  de  la  glace  l'oreille  d'un 
lapin  vivant,  remarqua  qu'au  bout  d'une  heure  cette  partie  était  roide  et 
De  saignait  point.  Incisée  à  l'air  libre,  elle  dégela  peu  à  peu,  reprit  son 
élasticité  naturelle,  et  laissa  couler  du  sang.  Bientôt  après  elle  devint 
chaude,  s'épaissit,  s'enflamma,  et  au  bout  d'un  certain  temps  elle  était  sem- 
blable à  l'oreille  du  côté  opposé.  Ce  fait  prouve  que  le  froid  ne  détruit  pas 
les  tissus,  et  qu'il  a  une  influence  sur  la  circulation  au  point  de  la  suspendre 
complètement.  La  mortification  des  extrémités  par  l'action  du  froid  recon- 
naît sans  doute  ce  même  mécanisme  ;  mais,  il  y  a  lieu  de  croire  aussi  qu'un 
froid  intense  et  prolongé  peut  altérer  l'albumine  du  sang  et  des  tissus. 

Les  nécroses,  quelle  que  soit  leur  origine,  n'ont  aucune  tendance  à  s'é- 
tendre ou  à  se  généraliser  ;  et  si,  dans  quelques  cas,  ces  altérations  sont 
accompagnées  de  foyers  secondaires  métastatiques,  c'est  uniquement  lors- 
qu'il s'est  produit  à  la  circonférence  de  l'eschare  une  gangrène  qui  en  est  la 
complication.  Les  désordres  qui  résultent  tant  des  nécroses  pathogéniques 
que  des  nécroses  physico-chimiques  varient  avec  les  fonctions  de  l'organe, 
ou  de  la  portion  d'organe  altérée.  Peu  appréciables  dans  les  cas  d'infarctus 
de  la  rate  et  des  reins,  à  moins  de  lésions  étendues,  ces  désordres,  s'il  s'agit 
d'un  infarctus  cérébral,  consistent  ordinairement  en  des  paralysies 
subites  qui  revêtent  la  forme  hémiplégique  ;  aux  membres,  ils  déterminent 
dans  la  partie  intéressée  l'abolition  de  toute  fonction  physiologique.  De 
même  les  nécroses  physico-chimiques  produisent  des  troubles  en  rapport 
avec  leur  siège,  leur  étendue,  et  la  fonction  spéciale  de  l'organe  affecté. 

II.  —  Gangrènes. 

Notablement  différentes  des  nécroses,  les  gangrènes  sont  des  pro- 
cessus particuliers  de  fermentation  ou  de  putréfaction  de»  tissus,  et 

Làrcebiaux.  —  Traité  d'Anat  palh.  !•  —  83 


ûlû  i^VTHWIIi    l  ATIlULO(il(H!E. 

comme  Icllps  f\W>  sunt  subotdunnces  niix  conditions  d'air, 
lure.d  liumidit»^,  elr,  que  ictlaint  nt  les  rermenls  pour  manifester  Imr 
lion  Ces  alteialionsseienconlrenl  surles  différents  points  du  corps,  rtra 
partiruliei  aui  les  parties  qui  sont  en  rapport  avec  l'air  extérieur,  «mniM 
ia  peau,  la  rauqueiist  digesti\e,  les  poumons  (fifr.  189),  luténis,  de, 
Elles  sont  nu  conlrairp  fort 
dans  les  or^anvs,  Ic-ls  que  le  foie  A 
liï  cerveau,  qui  ne  communiquent  pu 
avec  le  dehors.  En  somme,  il  «l 
d'observation  qu'elles  ae  se  nwm> 
lestent  jamais  primitivement  à  l'abri 
du  contact  des  agents  ext<Hie4in. 

Les  gangrènes  présentent  dui 
leur  évolution  symplomatiqae  déni 
périodes,  l'une  d'irritation  d  A 
iliixinii,  l'autre  de  murti  fi  cation  <s 
de  décomposition.  Les  lissu^i  tni 
d'abord  prennent  une  teinte  nw» 
liolacé,  et  se  lumctieiit  tant  pw 
l'i'lïet  d'une  hypérêmie  vasculiifi' 
<|iK'  par  l'infiltration  dans  kun 
iii^iillcs  de  liquides  séro-sanguino- 
liiits.  Pendant  ce  temps,  les  psrlK* 
iilTectées  se  cou>Tent  de  Ucbn  !!■ 
vides,  de  péléchies,  et,  si  la  peu 
est  atteinte,  l'épiderme  m  wutfw 
et  donne  lieu  ii  la  fonnation  d'uw 
vésicule  ou  d'une  ampoule  «<" 
tenant  un  liquide  sanieui  m»- 
sittre.  I^s  [Nirlies  afleclres  perio' 
leur  consistant  Tenoc ,  élira  " 
ramollissent  et  bientàt  elles  exhalent  une  odeur  plus  ou  nuii» 
fétide;  c'est  In  seconde  période  qui  commence.  Les  madi6cati4V 
qui  se  produisent  en  pareil  cas  au  sein  des  parties  élémentaire^  aont  hi^ 
logiquement  peu  différentes  de  celles  que  l'on  obsem-  daus  Im  b^ 
croses,  bien  qu'elles  soient  chimiquement  distinctes.  I.e  s.ang  est  de  Ih» 
les  tissus  celui  qui  se  décompose  le  plus  rapidement  :d'alH)rd  les  ^i'^iu''' 
pi'nlfnt  leur  matière  colorante,  qui  se  dissout ,  imbibe  et  coliW  ^ 
masse  gangrenée,  ou  l'întiltn'^  sous  forme  de  granulations:  poi*  I"  p****" 
pfasmii  incolore  se  Konllc.  se  dissout  cl  disparaît  k  la  vue.  La  fhf^ 


Vu;  iS9  ^  Porlinn  du  loiic  iiiC. 
poumpn  drait  alWml  de  S'iiE' 
extr^miiéi  branihiqu««  a  bronche  de 
second  ordre .  b.  exlrémilé  bronchique 
déiruile  pir  la  fiangrène.  L*  iilupnrt  du 
extrJmilis  braochique*  de  <c  làbe  «ont 
«ItérÉes  lie  la  mAtiie  b^on. 


HYPOPLASIKS.  515 

des  éléments  figurés  présentent  des  modifications  analogues.  Les  cel- 
lules subissent  une  sorte  de  rigidité  cadavérique,  résultant  de  la 
coagulation  de  leurs  principes  albumineux,  les  mouvements  molécu- 
laires des  granulations  s'arrêtent,  l'élément  devient  trouble,  semble 
imprégné  d'une  fine  poussière,  et  se  réduit  en  granulations  plus  ou 
moins  volumineuses  formant  une  masse  appelée  à  disparaître  plus  tard. 
Cette  altération  débute  généralement  par  le  noyau,  et  finit  par  la  mem- 
brane enveloppante  lorsqu'elle  existe. 

Les  fibres  des  tissus  conjonctifs  et  élastiques  sont,  avec  la  charpente 
osseuse,  les  parties  qui  résistent  le  mieux  aux  progrès  de  la  gangrène. 
Quant  aux  éléments  cellulaires  de  ces  parties,  ils  se  détruisent  aussi 
rapidement  que  tous  les  autres.  La  graisse  contenue  dans  les  cellules 
adipeuses  abandonne  ces  éléments,  se  réunit  en  gouttelettes  isolées  qui 
se  répandent  au  loin  et  donnent  à  Tichor  ou  sanie  gangreneuse  l'appa- 
rence d'une  émulsion.  Ces  cellules  néanmoins  conservent  jusqu'au  mo- 
ment de  leur  destruction  une  faible  quantité  de  graisse,  qui  s'imprègne 
facilement  de  la  matière  colorante  du  sang;  et  il  n'est  pas  rare  de  voir  de 
magnifiques  cristaux  en  aiguilles  se  déposer  à  leur  intérieur,  quoique  ces 
cristaux  se  rencontrent  bien  plus  souvent  dans  la  graisse  libre. 

Dans  leur  période  avancée,  les  parties  affectées  de  gangrène  forment 
des  eschares  molles,  noires,  verdàtres  ou  encore  jaunâtres,  sales,  imbi- 
bées d'un  liquide  sanieux  et  rougeâtre.  Ce  liquide  rougit  parfois  le 
papier  de  tournesol,  donne  avec  l'acide  nitrique  une  coloration  rosée, 
déjà  rencontrée  par  Sherer  et  Buff  (1)  dans  la  putréfaction  artificielle 
de  la  fibrine,  et  contient  des  goullelelles  graisseuses  et  des  combi- 
naisons albuminoïdes  solubles.  Il  renferme  de  plus  des  granulations 
pigmentaires,  des  cristaux  noirs  d'hémaloïdine,  des  masses  irrégulières 
noirâtres,  ou  brunâtres  (mélanine),  le  tout  provenant  de  la  dissolution  des 
globules  sanguins,  enfin  divers  principes,  tels  que  acides  gras  vola- 
tils, acides  butyrique,  valérianique,  sels  de  phosphate  ammoniaco-ma- 
gnésien,  de  valérianate  d'ammoniaque,  des  composés  transitoires  mal 
détemiinés  et  des  gaz  qui,  par  leur  évaporation,  donnent  aux  parties 
mortifiées  leur  odeur  spéciale,  infiltrent  les  tissus  de  façon  à  les  rendre 
emphysémateux  et  crépitants,  comme  il  arrive  parfois  à  la  suite  d'un 
traumatisme  un  peu  considérable.  Les  plus  fréquents  parmi  ces  gaz  sont 
Fammoniaque,  l'hydrogène  sulfuré,  le  sulfure  d  ammonium,  plus  rare- 
ment ce  sont  des  hydrures  de  phosphore  (Demme),  des  carbures  d'hydro- 
gène inflammables  (  Joffroy ,  Gaz,  hôp,  1845,  n**  47).  Des  organismes  vivants, 

'l)  Zeitschrif,  fut  ralionn.  Mediciriy  T.  V.  p.  237. 


516  iNATomS   PATBOL8GI0UE. 

tels  que  vibrions,  monades,  algues  (merismopœdia,  cryptococcu*.  trjilaihnn 
es^iatetit  isncore  dans  les  parties  affectées  de  gangrène  ;  une  large  esrW 
de  la  région  sacrée,  étendue  aux  muscles  lonibo-iliaques,  m'a  pniseiile  on 
grand  nombre  de  sarcincs,  qui  in'onl  paru  donner  à  cos  partie»  uw 
coloration  vcrdàtre  ;  quelques  champignons  (  oidium  ulhicaus,  mucar  an- 
cedo,  etc.)  ont  entin  été  rencontrés  dans  les  tissus  gaugrenùs,  uti  j'w  0» 
fois  trouvé  de  ncinilireuses  bactéries  mobiles  (fig,  190).  Ces  urganii- 
mos  (IJ,  dont  les  nécroses  ne  présentai 
pas  trace,  existent  au  contraire  d'unr 
façon  constante  pour  )n  gangri^ne,  ils  m 
sont,  à  vrai  dire,  la  caractiTÎstique.  Itiii 
présence  permet  de  comprendre  com- 
I  >  ment   la   sanie   gangreneuse    peut,   i 

^yji^n^ i'exemplc  du  pus,   infecter  rorgauiiiw 

^  '  "  ■  et  donner  lieu  à  des  inéta&Uisft*.  d» 
moins  chez  les  individus  uOaiblîs  ;  d  ail- 
leurs des  phénomènes  généraux  graw, 
fièvre,  utaiLie,  adynaniie.  accompa^ual 
toujours,  à  cerlains  moments,  le  proccc 
sus  morbide. 

Malgré  leur  importance,  les  métailiui 
gangreneuses  ont  été  peu  observées,  cl j> 
ne  sache  pas  que  depuis  l'année  1863,011  je  me  suis  oecujté  dp  leur  étude  (1), 
il  ait  été  publié  de  iiuavellcs  observations  sur  ce  sujet.  Les  foyers  g»» 
gréneux  secondaires  ne  sont  pas  cependant  d'une  rarelé  excessive;  It» 
viscères  et  surtout  b-s  poumons,  la  rate,  le  cerveau,  le  foie,  sonlkor 
siège  le  plus  ordinaire;  on  les  observe  dans  les  poumons  dwi  i* 
individus  alTectés  de  gangrène  de  la  bouche,  d'épithélionies  gangrena, 
de  noma,  etc.  Ils  uci-upenl  encore  ces  mêmes  organes  dans  les  p»- 
grènes  du  sacrum,  mais  le  plus  souvent  alors  la  gangi-j^ue  secondui* 
affecte  la  base  du  cerveau.  Les  foyers,  situés  principalement  à  la  pcripbéfK 
des  organes,  sont  d'ordinaire  multiples,  peu  étendus,  diversement coloM 
vcrdàtresoujaunàtivs;  ils  laissent  échapper,  comme  leur  foyer  d'ori|^D'> 
une  odeur  plus  uu  moins  fétide.  Cette  odeur,  dont  ne  sont  pAsexcmp» 
les  viscères  préservés  de  l'action  de  l'airexlérieur,  comme  le  ce.rvtttu,eit.* 
mon  avis,  une  nouvelle  preuve  lie  la  différence  des  pi-ocessus  nécrosiqW* 

(1)  n  tfnH  iat^rBMont  de  taire  uai^  Élude  pini  compile  de  Ciw oi^nnianra, fiU iHl 
loia  d'être  identiques  dini  le*  ilînvrcnla  cas  de  gniigrcDc,  et  de  rcchrrchet  ttw  f* 
■ont  auK  et  ccnx  qui  «ont  elTcl. 

(3)  l^nccrt'nui.  Mt'moirfn  ifiniiloinie  palliolugmw.   |i.  95.  l'nrn,  tS6t. 


Pic.  1 90.  —  Snbitancea  tt  prnUuiti  di- 
vers rencontréi  dsiu  des  rojert  gun- 
fréneux.  n,  cellulo  graisseuse  dont  le 
contenu  est  erisMlJiii^;  hb.  cHbIioi 
lie  graissa  ;  r,  tyrotine  ;  li,  Jencins  ; 
e,  crislaui  de  phoBpliHle  sDimoDidéo- 
mugnésien  ;  f,  sarcines  ;  g,  vibrions  ; 
''■  granulations  pigmentaires. 


aYPOPLASlES.  5J7 

fjangréneux,  puisqu'elle  ne  s'observu  ni  dans  |.'  ramollisscmeul  ciiréhnil 
ni  dans  aucun  des  infarclus  résultant  d'unL'  ohlitêraltoii  arl«riello.  Do 
nif^me  que  t'otlt'ur,  la  couleur  des  métastases  gangreneuses  rappelle  celle 
du  foyer  primitif,  de  sorte  qu'il  n'y  a  pas  dt-  doute  ijue  ces  lésions  ne 
soient,  comme  les  Toyers  nit^ta- 
statiques  purulents,  le  résultat 
du  transport  dt>  substances  in- 
fectantes. 

h*  Étiologie  etpathogênie.  —  La 
|VociucIion  des  gangrf-nes  est 
subordonnée  fa  deui  ordres  de 
causes,  les  unes  prédisposantes, 
le»  autres  efficientes.  L'afTal- 
liltssement  de  la  nutrition,  l'hu- 
niiditédes  tissus,  telles  sont  les 
priucipalfs  conditions  qui  favo- 
rîspnl  le  développement  des 
frangr^nes.  ElTeclivement,  par- 
tout ou  existe  un  processus  gan- 
frrénwix,  la  pri-niitrc  de  ces  con- 
ditions poutétroconstnIéo.Ainsi, 

^—Âllis  les  nécroses  des  membres 

^Blbisécatives  à  une  oblitémlîon 

'  «rlérielle,  on  voit  la  gangrène  se 
produire  vers  la  limite  des  par- 
lies  restées  saines,  en  un  point 
où  la  nutrition  des  tissus  est 
certainement  troublée.  Il  résulte 
de  là  qu'un  membre  primiti- 
vement atteint  de  nécrose  se 
trouve  frappé  de  gangrène  sans 
doute  par  suite  de  son  contact 
avec  l'air  ambiant,  puisque  sem- 
blable altération  ne  vient  ja- 
mais compliquer  les  infarctus  des  viscères  soustraits  h  l'action  de  cet 
agent.  Les  eschares  iiiil,  chez  les  paralytiques,  se  pitxiuisent  dans  la 
région  sacrée  sont  de  même  prée^édées  d'un  désordre  nutritif  résultant  de 
Ja  paralysie  des  voso-moteui-s;  mais  ce  serait  ini  tort  d'attribuer  ô  ce  seul 

^^Awnln*    la    gangrène    propivmenl    dite;    celle-ci,   quoique    localisée 


n 


4 


PlG.  191.  —  Ulcères  conaËcu util  àdai  uchinu 
développées, chez  une  jeunetemme  paraplégi- 
que, au  niveau  des  régioni  i.icro-coccïipeane 
Irochantériennei,  etc.,  c'esl-â-iliTe  an  niveau 
despoinUparlieul)èreai«nlMuiiiiaàlBpreHlaD. 


518  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

aux  points  comprimés  (fig.  191)  est  ATaisemblablement  subordonnée  à  la 
présence  de  ferments  organiques  ou  organisés.  La  gangrène  qui  chez  les 
enfants  survient  dans  le  cours  des  fièvres  graves,  de  la  diphthérite  et  celle 
que  Ton  observe  chez  les  diabétiques,  etc.  il)  se  produisent  encore  dans 
les  endroits  où  la  nutrition  est  le  moins  active,  comme  aux  extrémités,  anx 
grandes  lèvres,  dans  la  bouche  (2)  ;  ces  parties  sont  en  même  temps  les 
points  les  plus  exposés  à  l'accumulation  des  organismes  inférieurs.  Les 
contusions  avec  écrasement  ou  déchirure  des  tissus,  les  plaies  d'armes  à 
feu,  le  traumatisme  de  laccouchement,  sont  aussi  des  conditions  favorables 
à  la  production  de  la  gangrène,  qui  trouve  là  tous  les  éléments  néces- 
saires à  son  développement,  savoir  :  désordre  nutritif  (3)  et  ferments  orga- 
nisés. L'humidité  des  tissus,  les  extravasats  sanguins,  aident  de  leur  côté 
à  la  production  de  la  gangrène;  dans  un  membre  momifié,  par  exemple, 
jamais  la  gangrène  n'atteint  la  partie  desséchée,  elle  attaque  seule- 
ment les  points  rapprochés  des  parties  saines  et  conséquemment 
humides.  L'humidité  est  de  même  une  condition  nécessaire  à  la  putréfa^ 
tion  ;  un  cadavre  desséché  ne  se  putréfie  pas.  Les  Égyptiens  avec  leurs 
procédés  d'embaumement  ne  produisaient  que  des  nécroses  ;  ils  empé* 
chaient  l'action  des  ferments  qui  causent  la  putréfaction. 

L'observation  clinique  m'ayant  conduit  depuis  longtemps  à  considérer 
les  gangrènes  comme  absolument  subordonnées  à  l'action  des  agents 
extérieurs,  j'écrivais  il  y  a  trois  ans  :  On  ne  possède  pas  encore  la  dé- 
monstration expérimentale  du  fait,  mais  je  ne  doute  pas  qu'on  n'ar- 
rive à  créer  des  gangrènes  par  le  seul  intermédiaire  des  ferments  (.V. 
Une  expérience  des  plus  remarquables  est  venue  depuis  lors  vérifier  la 
justesse  de  cette  proposition.  Un  habile  expérimentateur,  Chauveau,  pra- 
tique sur  un  bélier  l'opération  du  bistouruage.  Lelcslicule,  séparé  de  ses 
éléments  de  nutrition,  à  l'abri  du  contact  de  l'air  et  dans  les  conditions  des 
organes  qui  se  nécrosent,  subit  une  sorte  de  dégénérescence  gi'aisseuse,  et 
disparaît  plus  ou  moins  complètement,  sans  présenter  la  moindre  odeur 

(1)  Notons  que  dans  ces  diverses  maladies  on  n'observe  pas  seulement  des  gangrcoes, 
mais  quelquefois  aussi  des  nécroses  par  embolie  artérielle. 

(2)  Peddie  raconte  que  plusieurs  membres  d'une  famille  tombée  dans  la  misère  et 
forcée  de  se  nourrir  de  pommes  de  terre  gelées  et  fermentées  furent  atteints  de  diarrhée, 
d'hydropisie  et  de  gangrène  dans  la  bouche.  (Journal  des  connaissances  médico-chintrg.', 
t.  I,  p.  20.) 

(3)  Certains  états  pathologiques  de  l'organisme,  tels  que  ceux  que  créent  le  diabète, 
l'alcoolisme,  quelques  fièvres  graves,  doivent  être  regardés  comme  des  causes  générales 
favorisant  la  production  de  la  gangrène. 

(4)  Voyez  Lanccreaux,  Nécroses  et  gangrènes,  dans  Gaz.  méd,  de  Paru,  1872, 
n<**  43  et  45. 


HYPOPLASIBS,  519 

putride.  Puis,  sur  un  autre  bélier,  le  même  observateur  injecte  dans  la 
ugulaire  10  centimètres  cubes  de  matière  putride(pus  de  séton,  etc.)  diluée 
m  cinquième  :  ce  dernier  souffre  quelques  heures,  mais  le  lendemain  il  est 
revenu  à  Tétat  normal.  Chauveau  pratique  enfin  l'opération  du  bistoumage 
inmiédiatement  après  une  injection  de  matière  putride  ;  Tanimal,  après 
nngt-quatre  heures,  est  en  bonne  santé;  mais  si  on  le  sacrifie  quatre  ou 
;inq  jours  après,  on  trouve  les  testicules  dans  un  état  de  gangrène  humide. 
Pour  rendre  Texpérience  plus  concluante,  le  bistoumage  est  pratiqué  sur 
m  seul  testicule,  qui  tombe  en  état  de  putridité,  tandis  que  le  congénère 
reste  sain  ainsi  que  tous  les  autres  organes.  La  conséquence  à  tirer  de 
zes  ingénieuses  recherches,  c'est  que  le  bistoumage  qui  détermine  la 
nécrose  et  la  destruction  des  testicules  ne  peut  produire  la  gangrène  de 
zes  organes,  et  que  cette  dernière  altération  exige  absolument  la  présence 
d'agents  fermentifères  dans  le  sang  ou  à  la  surface  d'une  plaie.  Mais  ces 
igents  sont  ordinairement  multiples,  et  comme  très-vraisemblablement 
ils  n'ont  pas  tous  le  même  mode  d'action,  il  y  aurait  lieu  de  se  demander 
quel  est  dans  la  production  de  la  gangrène  leur  rôle  réciproque.  Sur  ce 
point  nous  devons  avouer  notre  ignorance  et  reconnaître  que  des  recher- 
ches expérimentales  seraient  à  cet  égard  d'un  grand  intérêt.  D'abord,  tous 
les  processus  gangreneux  sont-ils  identiques  ou  seulement  analogues? 
Quand  on  voit  la  gangrène  se  produire  dans  la  morve,  dans  le  charbon,  à 
la  suite  de  piqûres  anatomiques,  d'infiltration  urineuse,  après  l'absorption 
de  substances  animales  ou  végétales  en  voie  de  putréfaction  (Gaspard), 
et  dans  beaucoup  d'autres  circonstances,  il  y  a  lieu  de  se  demander  si  c'est 
bien  le  même  agent  qui  exerce  toujours  son  action  nuisible. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  questions  que  l'expérimentation  parviendra 
certainement  à  résoudre  un  jour,  l'étude  qui  précède  nous  parait  établir 
nettement  que  les  nécroses  et  les  gangrènes  sont  des  processus  distincts 
et  qu'il  n'est  plus  permis  de  confondre.  La  distinction  de  ces  processus 
n'a  pas  simplement  un  intérêt  scientifique,  elle  a  aussi  son  but  pratique, 
car  elle  conduit  à  traiter  diversement  ces  lésions.  Si  donc  l'expectation 
est  le  seul  moyen  à  opposer  aux  nécroses,  une  médication  active,  des 
caustiques,  des  antiseptiques  énergiques  doivent  être  employés  pour  com- 
battre et  limiter  les  gangrènes. 

Bibliographie.  —  Fabricius  Hildanus,  De  yangraeiia  et  sphacelo,  1593.  — 
Van  Swieten,  Comment,  in  H.  Boei*haave  nphorism. ji.  I.  Lugd.,  1762. — Quèsnay, 
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Nottingham,  1756;  London,  1786.  —  O'Halloran,  On  gangrené  and  sphacelus. 
Dublin,  1765.  —  Pebcival  Pott,  Œuvres  complètes,  t.  II.  —  Ch.  WnrrK,  Obser- 


520  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

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Kôrper,  Heidelberg,  1795.  —  Himly,  Abhandkmg  ùber  den  Brand  in  loeiehm 
und  harten  Theikn,  Gôtting.,  1800.  —  Fondani,  IHssert.  sur  la  gangrène  fv 
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—  Delpech  et  DuBREuiL,  Sur  Vartérite  et  la  gangrène  momifique  {Mémorial  da 
hôpitaux  du  Midi,  mai  1829).  —  Hebreard,  Mém,  sur  la  gangrène^  prix  de  la 
Société  de  médecine  de  Paris,  1817.  —  Gaspard,  Jowmal  de  physiologie  de 
MagendiCy  t.  II,  p.  1,  1822,  et  t.  IV,  p.  1,  1824.  —  Avisard,  Observ.  sur  Us 
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gangrène  sém7e,  in-4°.  Paris,  1825.  — V.  François,  Essai  sur  les  gangrènes  speur 
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(Journ.  V Expérience j  t.  I,  UU2,  1838),  —  Raynaud,  Des  affections  gangreneuses 
observées  chez  les  nouvelles  accouchées.  Thèse  de  Paris,  1841.  —  Viard,  Dek 
gangrène  spontanée.  Thèse  de  Paris,  1850.   —   Maisonnedve,  Gangrène  fou- 
droyante (Comptes  rendus  de  VAcad.  des  sciences,  12  septembre  1853).  —  Chas. 
SAIGNAC,  De  la  gangrène  fondroyante  {Bull  de  VAcad.  de  méd, ,  20  septembre 
1853).  —  Paget,  Lectures  on  surgic.  patholog.  London,  1853.  —  Legouest,  Des 
congélations  observées  à  Constantinople  pendant  V hiver  de  1854  à  1855  {Mém. 
de  méd.,  de  chirurg.  et  de  pharm.  milit.j  sér.  2,  t.  XVI).  — Valette,  Swr  les  congé- 
lations (Ibid,^  t.  XIX).  — F.  Hartmann,  Nekrose  herbeigef.  durch  Verstopfung  des 
Poramen  nutriiium  {Arch.  f,  path.  Anat,  und  Phys.^  1855,  t.  VIII,  p.  114).  — 
ViRCHOW,  Ueber  die  acute  Entzùndung  der  Arterien  [Arch,  f.  path.  Anat.,  t.  ï, 
1847,  et  Gesamm.  Abh,,  1856).  —  H.  Demmk,  Ueber  die  Verânderungen  der 
Gewebe  durch  Brànde.  Frankfurt,  1857.  —  Zambaco,  De  la  gangrène  spontanée 
produite  par  la  perturbation  nerveuse.  Thèse  de  Paris,  1857.  —  Sallerox,  Mém. 
de  méd,,  de  chirurg,  et  de  pharm.  milit.,  série  2,  t.  XXII,  p.  300,  1858.  —  Tho- 
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tère de  la  gangrène,  etc.  (Gaz,  méd.  de  Paris,  1859).  —  Cruylilhier,   Trotté 
d'anat,  pathoL,  t.  IV,  p.  252,  1862.  —  Maurice  Raynaud,  De  f  asphyxie  locaU 
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Rirherches  sur  la  putréfaction  (Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sciences,  29  juin 
1863,  t.  LVI,  1189-1194).  —  Lancereaux,  De  l'infection  par  produits  septiques 
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Wien,  med.  Wochenschrift,  XVI,  23,  30,  1866.  —  Hattute,  Des  gangrènes  spon- 
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à  la  fesse  du  côté  paralysé  dans  l'hémiplégie  récente  de  cause  cérébrale  (Archives 
de  physiol.  norm.  et  path,,  1868,  t.   l,  p.  308).  —  Nepveu,  Des  gangrènes  éins 
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de  VAcad.  *ieméd.,  série  2,  t  II,  p.  520,  1873).   —  Vaillard,  Etude  sur  um 


HYP0PLAS1ES«  521 

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gén.  de  méd.^  février  187^,  p.  159).  —  Consultez  en  outre  la  bibliographie  des 
thromboses  et  des  embolies. 

CSfuicrèae  dm  diabète.  —  Duncan^  Mém,  présenté  à  Ui  Société  d'Edimbourg^ 
juillet  et  août  1823.  —  Prout,  On  the  nature  and  treatment  of  stomach  and  uri- 
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Musset,  Union  mèd.,  1856,  29  mai;  1859,  sept.;  1861,  n«'  26  et  126.  —  Gar- 
ROD,  Gulstonian  Lectures  (Britishmed,  Journ,,  1857).  —  A.  Vf \gseh,  Beitrag  zur 
Kenntniss  der  Beziehung  zwisch,  der  Meliturie  und  dem  Carbunkel  {Archiv  f, 
path.  Anat.  und  PhysioL,  t.  XII,  p.  401).  —  Fadconneau-Dufresne,  Union 
méd.,iS5S,p.  123. — Fallot,  Ibid.,  n®  66.— Fritz, i^rcA. gf en. de méd.,  fév.  1858. 
—  Griesinger,  Studien  ûber  Diabètes  (Arch,  f,  phys,  Heilkunde,  N.  S.  III,  1859, 
et  Gaz.  méd.y  1860,  n"  207). — J.  M.  Charcot,  Sur  l'historique  des  gangrènes 
diabétiques  [Gaz,  hebdomad.  de  méd.  et  de  chir,.,  1861,  p.  539).  —  Marchal  de 
Calvi,  Recherches  sur  les  ojccidents  diabétiques,  Paris,  1864.  —  Ladevêze,  Queh 
ques  considérations  sur  la  gangrène  glycoémique,  Paris,  1867. 

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N.  Langius,  Descriptio  morborum  ex  usu  clavorum  secalinorum  Campaniœ. 
Lucernœ,  1717. — Salerne,  Mémoire  de  mathématique  et  de  physique j  présenté  à 
l'Académie  des  sciences,  t.  II,  1755,  p.  155.  —  Read,  Traité  du  seigle  ergoté. 
Strasbourg,  1771.  —  De  Jussieu,  Paul  et  Saillant,  et  l'abbé  Tessier,  Recherches 
sur  le  feu  Saint- Antoine  [Histoire  et  mémoires  de  la  Société  royale  de  médecine^ 
t.  I,  p.  260,  1776).  —  Tessier,  Mémoire  sur  les  effets  du  seigle  ergoté  (Ibid,, 
p.  587,  1777). — Coorhaut,  Dissertation  sur  Vergot  du  seigle.  Chalon-sur- 
Saône,  1827.  —  DiETz,  Versuche  ûber  die  Wirkungen  des  Mutterkoms.  Tu- 
bingue,  1831.  —  Parola,  Nuove  ricetxhe  sperimentali  sullo  sprone  dei  graminacei. 
Milan,  1844,  et  Annales  de  thérapeut.,  t.  II,  p.  90.  —  Bonjean,  Traité  théorique 
et  pratique  de  l'ergot  du  seigle.  Paris,  1845.  —  Barrier,  De  Vépidémie  d'ergo- 
tisme  gangreneux  qui  a  régné  à  Lyon  [Gaz.  méd.  de  Lyon,  mai  1855).  —  Heu- 
siNGER,  Studien  ùber  den  Ergotismus,  4856.  —  Lasêgue,  Matériaux  pour  servir  à 
r histoire  de  Vergotisme  convulsif  épidémique  [Arch.  de  méd.^  mai  4857). 


LIVRE  III 


ANOMALIES   DE  CIRCIJI.ATIOIV 


Fonction  des  plus  complexes  et  des  plus  importantes,  la  circulation 
exige,  pour  s'accomplir  normalement,  le  concours  régulier  des  différentes 
parties  qui  composent  Tappareil  circulatoire,  à  savoir  le  cœur  et  les  vais- 
seaux, le  sang  et  le  système  nerveux.  Le  cœur  et  les  vaisseaux  sont  les 
organes  qui  impriment  le  mouvement  au  sang;  le  système  nerveux  régu- 
larise ce  mouvement  par  l'excitation  qu'il  donne  au  cœur  et  aux  vais- 
seaux. Le  sang,  d'un  autre  côté,  est,  par  sa  composition,  un  liquide  qui 
circule  avec  la  plus  grande  facilité  dans  les  tissus  vivants.  Mais,  que  sur- 
vienne Taltération  d'une  ou  de  plusieurs  de  ces  parties,  il  en  résulte  né- 
cessairement des  désordres  plus  ou  moins  sérieux  de  la  circulation.  Les 
vaisseaux  altérés  entravent  ou  interrompent  la  circulation,  et  de  là  des 
anémies,  des  hypérémies  et  surtout  des  hémorrhagies  plus  ou  moins 
abondantes.  Un  trouble  de  l'innervation  vaso-motrice,  qui  détermine 
soit  une  diminution,  soit  une  augmentation  dans  la  réplétion  des  petits 
vaisseaux,  suivant  que  ceux-ci  sont  contractés  ou  dilatés,  devient  la 
cause  d'extra vasats  sanguins  (hémorrhagies),  ou  simplement  d'extrava- 
sats  séreux  (hydropisies).  Le  sang  altéré  circule  avec  plus  de  difficulté, 
produit  des  congestions  ou  des  hémorrhagies;  il  se  coagule  même  spon- 
tanément dans  certains  cas,  d'où  les  thromboses  et  leurs  conséquences 
graves,  les  embolies. 

Ces  diverses  circonstances  créent,  de  la  sorte,  autant  de  désordres  ou 
anomalies  de  circulation,  que  l'on  peut  grouper  sous  les  chefs  suivants  : 
les  anémies  ou  hypémies,  les  hypérémies,  les  hémorrhagies,  les  throm- 
boses et  les  embolies,  enfin  les  hydropisies. 


CHAPITRE  PREMIER 


DES    HYPÉMIES 


L'hypémie  (uwo,  au-dessous  «T^ia,  sang)  ou  anémie  des  auteurs  (1),  est  un 
état  pathologique  caractérisé  par  la  diminution  de  toute  la  masse  du  saDg 
ou  de  la  quantité  normale  de  ce  liquide  dans  un  département  quelconque 
du  système  vascuhiire.  On  appelle  oligaimie  (de  ôXîyoç,  peu,  alfia,  sang)  la 
diminution  de  la  masse  générale  du  sang,  et  ischémie  (de  Toxacfioç,  qui 
arrête  le  sang),  la  diminution  de  la  quantité  normale  de  ce  liquide  dans 
une  partie  limitée  de  l'organisme. 

Hypénde  générale^  oliyaimie.  —  Constituée  par  la  diminution  de  la 
masse  totale  du  sang^  l'oligaimie  n'est  en  réalité  qu'une  altération  de 
ce  liquide  accompagnée  de  désordres  circulatoires.  Anatomiquement, 
elle  est  caractérisée  par  la  décoloration  des  téguments  et  de  tous  les 
tissus  dont  la  teinte  propre  tend  à  prédominer.  Par  exemple,  les  pou- 
mons, dont  le  parenchyme  est  gris  rougeàlro  dans  Tétat  normal, 
revêtent  une  coloration  gris»  blanchâtre  ;  l'intestin  est  pâle,  les  reins 
deviennent  un  peu  jaunâtres.  Les  organes,  presque  toujours  diminués 
de  volume,  ne  laissent  échapper  de  la  coupe  qu'une  faible  quantité  de 
sang,  et  les  vaisseaux  qui  les  traversent  sont  généralement  vides  et  dimi- 
nués de  calibre.  Le  sang  est  moins  dense,  au  rapport  de  la  plupart  des 
auteurs,  et  la  proportion  relative  des  globules  est  diminuée;  mais  il  y  a 
lieu  de  remarquer  que  les  analyses  du  sang  qui  ont  été  faites  jusqu'ici  se 
rapportent  à  des  faits  très-dissemblables  où  des  états,  tels  que  l'hydrémie 
et  l'aglobulie,  se  trouvent  confondus  avec  l'anémie  vraie.  Les  gros 
vaisseaux  sont  revenus  sur  eux-mêmes  ;  mais  un  fait  qui  ressort  de 
l'examen  des  individus  morts  dans  ces  conditions,  et  qui  prouve  bien  la 
diminution  de  la  masse  sanguine,  c'est  la  diminution  de  capacité  des 

(1)  Nous  préférons  le  mot  hypémie  à  celui  &' anémie,  en  quelque  sorte  consacré  par 
Tufage,  à  cause  de  son  étymologie,  qui  signifie  diminution  et  non  privation  de  sang. 


vn^^n^sur,  le  retrait  du  tissu  inusculnire  de  cet  orgaur  qui  rend 
s  parois  plus  épaisses,  et  le  fait  considérer  à  tort  comme  allfinl  d'hyper- 
>phie  concentrique. 

L'anémie  générale  a  pour  conséquence  divers  troubles  de  l'innervation, 
rli^es,  lipoth^'mies,  etc.,  elle  détermine  des  palpitations,  de  la  dyspnée 
r  diminution  des  globules ,  un  alTaiblissement  de  la  nutrition  et  de  la 
jpart  des  fonctions;  souvent  elle  est  accompagnée  d'un  certain 
gré  de  sléatose  hépatique,  et  parfois  d'une  dégénérescence  graisseuse 
I  cœur  et  de  plusieurs  autres  organes.  Tels  sont  les  effets  ordi- 
ires  de  t'oligaimie;  mats  que  chez  un  individu  placé  dans  ces  con- 
lions  spéciales  de  nutrition  ut  de  vitalité  survienne  une  maladie  avec 
iions  phlegmasiques,  comme  une  pneumonie,  alors  on  observera  les 
'•iiomènes  les  plus  lUcbeux:  l'irrégularité  dans  l'accomplissement  des 
T<"'ionts  actes  de  l'innervation,  une  prostration  subite,  une  grande  faci- 
'■  ;i  la  production  des  hémorrhagies,  une  tendance  rcmaujuablc  aux 
ppuralions  et  à  la  gangrène  ;  de  lii,  par  conséquent,  des  indications  thé- 
ptuliques  reposant  sur  l'état  général  du  malade. 
L'insuflisance  de  l'alimentation  est  la  principale  cause  de  l'oligatinie  ; 
ic  pi'ut  tenir  à  la  quantité  des  aliments,  à  la  diflicuUé  de  la  digestion 
I  de  l'absorption.  Ainsi  l'oligaiiuie  est  commune  dans  les  villes  assiè- 
ges, dans  les  crèches  où  les  enfants  sont  mal  nourris,  chez  les  individus 
lemts  de  dyspepsie,  de  cancer  de  l'estomac,  d'altération  des  glandes 
êsentériqucs.  Dans  des  conditions  d'alimenlatioii  ordinaires,  un  exercice 
ïagéré  peut  encore  produire  ce  désordre,  il  en  est  de  môme  des  hémor- 
tagies  répétées  et  des  déperditions  abondantes  physiologiques  (urines) 
J  pathulogiques  (pus). 

Dans  ces  diverses  circonstances,  la  patltogénie  de  l'anémie  s'expli- 
Oe  par  la  privation  où  se  trouve  l'organisme  de^  éléments  nécessaires 

la  constitution  du  sang.  Les  recherches  intéi'essanles  de  Panum  ne 
ous  paraissent  contredire  en  rien  cette  manière  de  voir,  car  si,  dans 
inauition  complète,  la  niasse  sanguine,  ainsi  que  l'a  démontré  cet 
spèrimentaleur,  reste  jusqu'à  la  fin  dans  un  rapport  constant  avec  la 
ummo  des  parties  solides  de  l'organisme,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que 
Mie  masse  a  notablement  diminué.  Un  autre  mode  palliogéniiiue  tient 
ruîscmblablement  à  une  formation  insufitsante  des  éléments  du  sang 
ar  la  diminution  de  l'activité  des  organes  auxquels  est  dévalue  la  fonc- 
inu[»oiétiquc  (1)  (glandes  mésentériqiies,  etc.);  mais  nos  coiniais- 


ie    l'slti^rntla 
e  Itmpa  uflcM 


I  lies   ginndrj  IjiiipUoliiiuos   reprcMtitée  plui 
.éc   dolipiiniie;  il  <^ii  litftil  de  iik'Iik.'  de  plu- 


5i6  ANATOMIB  PATHOLOGIQUE. 

sances  sur  ce  sujet  sont  encore  trop  incomplètes  pour  que  nous  {His- 
sions nous  y  arrêter,  qu'il  nous  suffise  de  signaler  le  fait. 

Certaines  influences  atmosphériques,  certaines  professions,  eomie 
celle  de  mineur,  sont  également  des  causes  d'oligaimie.  Un  grand  nonbe 
d'intoxications  lentes,  parmi  lesquelles  le  saturnisme,  l'hydnrgiriflK 
et  rimpaludisme  occupent  le  premier  rang,  comptent  encore  au  nonbe 
de  ces  causes.  Ajoutons  qu'une  vive  frayeur  et  des  impressions  pémUo 
peuvent  aussi  contribuer  à  produire  une  anémie  parfois  des  plus  nqiifah 
comme  je  l'ai  constaté  dans  plusieurs  circonstances,  notanmient  ém 
une  femme  diabétique  et  un  jeune  homme  de  vingt-cinq  ans  qui  sQccxiaki 
plus  tard  avec  des  taches  de  purpura. 

Eypémie  locale,  ischémie. —  Fort  différente  de  l'anémie  générale,  l'anénii 
locale  ou  d'une  seule  région  coïncide  toujours,  nécessairement  pour  aiiî 
dire,  avec  l'hypérémie  d'un  ou  de  plusieurs  organes.  Les  parties  afledés 
sont  tout  d'abord  pâles,  décolorées,  exsangues,  soumises  à  un  abti» 
ment  de  température.  Peu  à  peu,  si  cet  état  persiste  et  se  prolonge,  cN 
mêmes  parties  présentent  des  altérations  de  nutrition  caractérisées  ptf 
l'apparition  au  sein  de  leurs  éléments  de  granulations  fixes,  réfringentOi 
et  par  la  diminution  de  volume  ;  quelquefois  même  elles  subissent  m 
destruction  plus  ou  moins  complète.  Les  organes  altérés  sont  mois» 
flasques  plutôt  que  turgescents,  et  leur  surface  de  section,  sèche  oi 
presque  sèche,  laisse  suinter  à  peine  quelques  gouttes  de  sang. 

L'hypérémie  consécutive  à  rischémie  établit  une  sorte  de  balancemerf 
dans  la  circulation  des  organes,  elle  se  manifeste  tantôt  dans  Torgaue  méoe 
qui  est  affecté,  tantcHdans  des  organes  éloignés.  Son  extension  est  génén- 
lement  en  rapport  avec  celle  de  l'hypéraie;  si  ce  dernier  désordre  est 
limité,  la  congestion  Test  aussi,  tandis  que  si  Tanémie  est  étendue  à  touteb 
peau  par  exemple,  l'hypérémie  Test  également  et  peut  atteindre  un  ccrtiii 
nombre  ou  la  plupart  des  organes  internes.  L'hypérémie  collatérale  ei 
artérielle  ou  veineuse  suivant  que  le  sang  artériel  afflue  des  branches  qui 
avoisinent  la  partie  «inémiéc,  ou  que  le  sang  veineux  se  déverse  dans  1« 
capillaires  et  dans  les  veines  placées  en  arrière  des  artères  rélrécirt 
et  dont  la  pression  latérale  est  diminuée. 

L'ischémie  a  pour  conséquence  des  troubles  qui  varient  avec  lorgM^ 


sieurs  malades  qui  nous  ont  présente  des  dégénérescences  caséeuses  des  glu^ 
inésentériques  et  surtout  de  celles  qui  avoisinent  le  pancréas.  En  pareil  cas  le  cffir 
rétracté  est  toujours  diminué  de  capacité  el  de  volume  et  par  cola  même  ses  parois  P^ 
raissent  épaissies. 


HYPÉMIES.  527 

OU  la  portion  d'organe  affecté.  L'anémie  des  muscles  volontaires  se 
traduit  par  la  diminution  de  la  contractilité,  de  la  rigidité  et  de  la  con- 
tracture; Tanémie  cérébrale  produite  un  faible  degré  la  lipothymie,  à  un 
degré  plus  prononcé  la  perte  de  connaissance,  Tabolition  des  mouvements 
volontaires,  enfin  le  ralentissement  de  la  respiration,  la  dilatation  des 
pupilles  et  des  convulsions. 

Les  effets  de  Tanémie  limitée  à  une  portion  d'organe,  à  un  organe  en- 
tier, retentissent  en  outre  sur  l'économie  par  le  trouble  qui  résulte  du 
fonctionnement  de  la  partie  affectée;  et,  si  cette  anémie  est  éten- 
due, on  voit  survenir  l'augmentation  de  la  tension  artérielle,  le  ralentis- 
sement des  battements  du  cœur  et  des  désordres  divers  de  la  circulation 
sur  lesquels  nous  n'avons  pas  à  nous  arrêter. 

L'étiologie  de  l'ischémie  est  complexe,  sa  pathogénie  est  plus  simple. 
Cette  altération  peut  se  rattacher  à  une  compression  mécanique  des 
vaisseaux  ou  à  un  désordre  fonctionnel  du  système  nerveux.  L'ané- 
mie mécanique  ou  anémie  passive  survient  à  la  suite  d' un  obstacle 
apporté  à  la  circulation  artérielle  ou  capillaire  par  la  compression  d'un 
vaisseau,  par  une  ligature ,  ou  par  toute  autre  cause;  elle  résulte  encore 
de  l'obstruction  d'un  vaisseau  par  un  caillot  autochthone  ou  embolique, 
par  un  corps  étranger  :  dans  tous  ces  cas  le  désordre  circulatoire  est  en 
partie  subordonné  à  la  rapidité  de  la  compression  et  à  l'état  plus  ou 
moins  prononcé  de  l'obstruction.  Un  bandage  trop  serré,  une  tumeur 
placée  sur  le  trajet  d'un  vaisseau,  comptent  parmi  les  causes  mécani- 
ques les  plus  communes  de  l'ischémiel;  un  épanchement  séreux  abon- 
dant, le  météorisme  intestinal,  l'emphysème  des  poumons  sont  des  con- 
ditions pathologiques  qui  habituellement  produisent  cette  altération 
de  la  circulation.  Tout  ce  qui  tend  à  diminuer  l'élasticité  des  artères 
et  la  force  musculaire  du  cœur  agit  enfin  dans  le  même  sens,  comme 
aussi  les  diverses  altérations  qui  rétrécissent  le  calibre  des  vaisseaux.  L'in- 
fluence exercé  par  la  pesanteur  sur  la  circulation  sanguine,  peut  aussi 
déterminer  une  anémie  locale.  Cette  influence  se  fait  particulièrement 
sentir  chez  les  personnes  débilités,  à  tension  artérielle  faible  et  chez  les 
convalescents. 

L'hypémie  par  désordre  nerveux  vaso-moteur,  anémie  active  ou  spas- 
modique,  se  lie  à  une  activité  fonctionnelle  des  vaisseaux,  à  une  excita- 
tion spéciale  des  nerfs  qui  les  animent  ;  les  agents  capables  de  mettre  en 
jeu  cette  action  sont  le  froid,  l'électricité,  plusieurs  substances  chimiques 
ou  médicamenteuses,  enfin  les  émotions  vives,  un  certain  nombre  d'actes 
pathologiques.  Le  froid  n'agit  pas  seulement  sur  les  capillaires  de  la  peau, 


528  INATOMUt    PATHQLOGIQDI. 

il  exerce  encore  son  action  suv  ceux  de  la  profondeur  des  membiei  àld 
point  que,  s'il  est  intense  et  persistant*  il  peut  amener  la  mortificalMNi  fa 
extrémités .  L'électricité  détermine  le  resserrement  des  capillaires,  omûs  dk 
ne  parâtt  jouer  aucun  rôle  pathologique  en  dehors  du  laboratoire  des  pkj» 
légistes.  Les  substances  dites  astringentes  produisent  d'une  façonéfidoii 
l'anémie  des  parties  sur  lesquelles  on  les  applique  ;  les  acides,  le  tmi^ 
l'acétate  de  plomb,  l'alun  et  bien  d'autres  substances  possèdeat  cette  pv^ 
priété  qu'a  encore  l'ergotine  employée  intérieurement  La  frayeur,  la  eoiiR 
déterminent  également  la  contraction  des  capillaires  de  la  peau«  de  celle  à 
visage  notamment  ;  le  frisson  des  fièvres,  le  refroidissemeat  et  Veogm* 
dissement  qui,  chez  les  vieillards,  les  hystériques,  les  alcooliques  etiiiPBi 
personnes,  apparaissent  tout  à  coup  à  l'extrémité  d'un  doigt  oudeosii 
portion  d'un  membre,  sont  des  phénomènes  liés  au  même  désordre  fine* 
tionnel.  Dans  tous  ces  cas,  le  désordre  circulatoire  peut  ^re  conaW 
comme  direct,  mais  quelquefois  aussi  il  est  réflexe.  L'épilepsie  eomàa- 
tive  à  la  présence  de  vers  dans  les  intestins  (1),  la  pâleur  subite  qoe  ii 
naître  une  douleur  vive,  le  retrait  des  vaisseaux  de  la  pie^nère  suee^ 
dant  à  l'irritation  des  nerfs  sensitifs  périphériques,  sont  autant  de  phéa»* 
mènes  d'anémie  réflexe.  C'est  à  une  anémie  de  ce  genre,  mais  plus  pff- 
sistante  et  circonscrite  dans  quelques  régions  de  la  moelle  épinière,  qie 
Brown-Séquard  tend  à  rattacher  un  certain  nombre  de  paraplégies  fà 
coexistent  avec  des  altérations  des  reins,  de  la  vessie,  de  la  prostate  d 
de  l'utérus;  mais  sans  rejeter  absolument  la  manière  de  voir  de  ce 
savant  physiologiste,  nous  pensons  que  des  faits  nouveaux  seraient  né 
cessaîres  pour  la  faire  accepter  définitivement.  Nous  en  dirons  autant (k 
la  variété  d'amaurose  que  le  môme  auteur  attribue  à  une  plaie  du  sourd 
avec  lésion  du  nerf  frontal. 

biBLiOGRAPniE.  —  ReisELius.  Miscellan,  Cur.  Dec.  2,  obs.  XlV,  16^)* 
linn;  VII.  —  LiEUTAUD,  Aruemia^  dans  Précis  de  médecine  pratique,  Paris  1759* 
^-HoFFiNGER,  Anémie  des  mines  de  Schemnitz  en  Hongrie,  1777,  ds.  Ocanam.-' 
Halle,  Observ,  somm,  sur  une  maladie  qu* on  peut  nommer  atiémie,  etc.  Paris,  1802, 
et  Joum.  de  méd.  de  Corvisart,  t.  IX,  an  XIH,  p.  1, 17,  71,  158.  — Mambau 
Hall,  Effects  of  loss  of  blood,  London,  1830.  —  G.  Andral,  Précis  d^anatvnif 
patholog, ,  1. 1,  p.  75,  Paris  1829.-»-Porral,  Anémie cérébr.  Thèse  de  Paris,  1830. 

—  Tanqderel  Desplancues,  Note  sur  Vanémie  d*Anzin  (Joum,  deméd,,iHh^,  IW  • 

—  Sergeant,    Considér,  sur  Vanémie,   la  chlorose   et  la  cachexie,  ThèM  àe 

(i)  Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  les  cpilepsies  réflexes  sont  dues  à  ran^mieda  W^ 
produite  par  la  contraction  des  vaisseaux  de  cette  partie  de  Tencéphale  à  la  stiite  i'*^ 
impretsioa  partie  de  Tintestin  ou  d'un  autre  point  du  corps. 


UYPÉMIES.  319 

Paris,  1850.  —  Helsinoer,  Die  sogmannie  Geophagie  oder  tropiscke  {besser  Ma- 
laria) Chlorose.  Kassel,  1852.  —  Eiirmann,  Recherches  sur  V anémie  cérébrale. 
Thèse  de  Strasbourg,  1858.  —  Mauthner,  VUnion  médicale,  1856,  p.  58.— 
KussMAUL  et  Tenner,  Ueber  die  fallsuchtartigen  Zuckungen  bei  der  Verblutung, 
Frankfurt,  1857.  —  Finger,  Obs,  d'hémorrh.  mortelle  à  la  stnte  de  Vaccouchem. 
chez  des  anémique^  [Oest,  Ztschr.  fur  prakt,  Heilkunde,  voL  V,  3*  part,  1859).  — 
MouRACHE,  De  l'anémie  globulaire  et  de  ses  rapports  avec  la  dyspepsie.  Thèse  de 
Strasbourg,  1859.  —  Flint,  Americ  med.  Times  y  t.  I,  1860.  —  Nonat, 
Chloro-anem.  des  enfants  (Gaz,  hebdom.,  t  Vil,  p.  38,1860). —  Begbie,  Anœmia 
and  its  conseq,  dans  Contrib,  topract,  med,,  Edinburg,  1862. —  Lancbreaux,  De 
la  thrombose  et  de  l'embolie  cérébrales.  Thèse  de  Paris,  1862.  —  Le  même, 
Atlas  d'anatomie  pathologique,  p.  147,  obs.  XCIX.  — Decrambre  et  Vulpian, 
Gaz.  hebd,,  186â,  p.  M  3. — G.  Sée,  Leçons  de  pathologie  expérimentale  du  sang 
et  des  anémies,  Paris,  1866.  —  PoTAiif,  Art.  Anémie  du  Dictionn,  eneyclopéd.  des 
sciences  médicales,  t.  IV,  p.  327,  1866.  —  Biermer,  Correspondenzblatt  /ttr 
schweizer,  Aerzte,  II,  1872.  —  Immermann  ctZENEER,  De  V anémie  pernicieuse  pro-^ 
gressive  {Deutsches  Archivf,  klin,  Medicin,  1874,  p.  209,  348,  et  Gaz,  hebdom. 
de  méd,  et  de  chir.,  1874,  p.  439). 


LANCEBEAUX.  —  Trailé  d'Anal.  I.  —  «^4 


CHAPITRE  II 


DES    HYPÉRÊMIES 


L'hypérémie  {\jmp,  au-dessus,  «^a,  sang)  est  un  désordre  caractérisé 
soit  par  1  augmentation  de  la  masse  totale  du  sang,  soit  par  la  réplélion 
sanguine  exagérée  des  capillaires  et  des  petits  vaisseaux  d'une  partie 
limitée  de  l'organisme. 

L'hypérémie  est  dite  générale  lorsque  le  sang  est  partout  trop  abondant; 
elle  est  locale  quand  Taugmcntation  de  la  quantité  de  ce  liquide  se  limite 
à  un  organe  ou  à  une  région  circonscrite  du  corps. 

Hypérémie  généi^ale^  pléthore  sanguine^  polyémie,  —  L'hypérémie  gé- 
nérale est  produite  par  une  abondance  exagérée  de  la  masse  sanguine 
ou  par  Faugmentation  de  l'une  des  parties  constituantes  du  sang,  les 
globules,  l'eau,  l'albumine,  d'où  les  pléthores  globulaire,  séreuse,  etc. 

La  pléthore  vraie,  ou  par  augmentation  de  tous  les  éléments  du  sang, 
est  difficile  à  établir,  et  jusqu'ici  son  existence  repose  uniquement  sur  la 
dilatation  du  cœur  et  des  vaisseaux  et  sur  la  coloration  des  surfaces 
tégumenlaires.  Il  importerait  d'ajouter  à  ces  caractères  ceux  qui  résul- 
teraient d'une  nuiriéralion  bien  faite  des  îilobules  sanguins  et  d'une 
analyse  chimique  du  sang.  Néanmoins,  tout  porte  à  croire  qu'il  se  produit 
dans  quelques  C4is  un  développement  exagéré  du  système  sanguin,  comme 
il  y  a  dans  d'autres  cas  prédominance  d'un  système  de  tissus,  le  système 
lymphatique,  le  système  musculaire,  etc.  C'est  à  ce  développement  exa- 
géré que  sont  attribuées,  avec  |)lus  ou  moins  de  raison,  certaines  sécrt'- 
tions  abondantes  et  anormales,  certains  flux  sanguins  plus  ou  moins 
périodiques,  et  même  quehjues  héinorrhagies  membraneuses  et  pareu- 
chymateuses. 

Commune  chez  les  Groënlandais  (1),  d'après  Egede,  la  pléthore  serait 
également  fréquente  chez  les  Esquimaux  de  l'île  de  Winler  et  de  Igloolik 

(1)  H.  Epcdc,  liesrhrcihun(j  uiul  Xntnrgeschichfp  vo?i  Gronlnnder^  trnd.  aHemande 
de  Krunitz.  Berlin,  17G3,  p.  \(\2. —  Meyer  Alirens ,  7)/V,'  UaukUeit*!n  un  hohen  Sonien. 
(Viertefjehr,  fur  der prnkt.  Ileilkufuie,  t.  LIV,  p.  118). 


HTPÉRÉMIBS.  531 

(Parry,  Franklin),  ce  qui  lient  sans  doute  à  la  nourriture  de  ces  peuples, 
qui  est  presque  exclusivement  composée  de  graisse  animale.  Ce  désordre, 
au  rapport  de  Panum,  serait  encore  fréquent  aux  lies  Féroé.  L'hérédité 
joue  un  rôle  important  dans  la  production  des  accidents  pléthoriques. 
Mais  les  personnes  le  plus  exposées  à  ce  genre  d'altérations  sont  celles 
qui  se  nourrissent  beaucoup  et  qui  perdent  peu. 

Byph'émie  locale,  —  L'hypérémie  locale,  que  caractérise  la  réplétioil 
exagérée  des  vaisseaux  d'un  organe  ou  d'une  partie  du  corps  par  le  liquide 
sanguin,  est  un  phénomène  tantôt  physiologique,  tantôt  pathologique. 
Phénomène  physiologique,  c'est-à-dire  lié  au  fonctionnement  régulier 
des  organes,  l'hypérémie  existe  comme  une  condition  du  développe- 
ment physiologique  des  organes  :  l'ovaire  pendant  l'ovulation,  l'utérus 
pendant  la  grossesse,  les  gencives  pendant  l'éruption  des  dents,  en 
sont  des  exemples  frappants.  Elle  se  montre  dans  les  muscles  à  l'état 
d'activité,  à  la  surface  de  la  muqueuse  de  l'estomac  pendant  la  digestion, 
dans  l'utérus  à  l'époque  menstruelle  ;  on  l'observe  enfin  dans  le  foie,  la 
rate  et  le  pancréas  à  certaines  phases  du  travail  de  la  digestion,  et  dans 
les  reins  après  l'ingestion  de  boissons  abondantes.  Phénomène  patholo- 
gique, 1  hypérémie  accompagne  révolution  de  la  plupart  des  productions 
morbides,  elle  est  la  caractéristique  anatomique  d'un  certain  nombre  de 
maladies,  comme  l'érysipèle,  la  scarlatine,  la  rougeole,  etc.,  mais  en 
outre  elle  est  un  mode  morbide  isolé  et  particulier,  et  c'est  à  ce  point 
de  vue  surtout  qu'elle  mérite  notre  attention. 

Des  causes  nombreuses  et  variées  contribuent  à  la  genèse  des  hypé- 
rémies  locales  ;  mais,  si  diverses  que  soient  ces  causes,  elles  influencent 
les  vaisseaux  directement,  ou  indirectement  et  par  l'intermédiaire  du 
système  nerveux.  De  là  deux  classes  distinctes  d'hypérémies ,  qui  sont  : 

1**  Les  hypérémies  angiopathiques  ou  mécaniques  ; 

2**  Les  hypérémies  névropathiques  ou  dynamiques. 

Cette  classification  des  hypérémies  locales  répond  assez  bien  à  la  divi- 
sion ancienne  des  congestions  passives  et  des  congestions  actives  ;  elle  a 
de  plus  l'avantage  de  mieux  préciser  le  point  de  départ  du  phénomène 
congestif.  Ce  phénomène,  qui  a  été  l'objet  de  nombreuses  controverses, 
a  donné  lieu  à  des  théories  doctrinales  qui  ne  manquent  pas  toujours 
d'intérêt  ;  mais,  comme  il  serait  trop  long  de  les  rappeler  ici,  nous  ren- 
verrons le  lecteur  aux  sources  bibliographiques. 

BiBUOGRAPHiE.  —  Pu3iicQL'ET,  Littcratura  medka  digeêtUy  t.  I,  p.  321.  Tu- 
bingue,  1808.  Art.  Congestio  humorum^  smiguùm.  —  Uall&r,  Opéra  mviora^ 


532  ANATOMIE    PATâOLOGIQUE. 

p.  37/4.  —  Wëdemeyer,  Untersuck.  ùber  d,  Kreislauf  d.  BhUes  imâ  insbes.  ùber 
die  Bewegung  desselb.  in  dm  Atierien  und  Haargefàssen.  Hannover,  1828.  — 
AîiDKALj  Précis  d'anatomie  pathologique,  Paris,  1829,  t.  I,  p.  11.  — Dubois 
d'Amiens,  Préleçons  de  pathologie  expérimentale  sur  Vhypéréithie  capUlcM'e,  Paris, 
1841.  —  BuRRows,  On  disorders  of  the  cérébral  circulation.  London,  18M.  — 
WoLKMANN,  Die  Hcemodynamik.  Leipzig,  1850.  —  Kussmaul  et  Tennir,  Unter- 
such.  Uber  Ursprung  und  Wesen  der  fallsuchtartz,  Zuckwigen  bei  der  Verblutmig 
sowie  der  Fallsuchtuberh,  Frankfûrt,  1857. —  Sccquet,  Bulletin  de  V Académie  de 
médecine^  t.  XXVI,  p.  825.  Juin  1861.  —  D'une  circulation  dérivative  dans  les 
membres  et  dans  la  tête  chez  Vhomme.  Paris,  1862.  —  Maurice  Raynadd,  Des 
hypérémies  non  phlegmasiques.  Thèse  de  concours.  Paris,  1863. —  Monneret, 
De  Vhypérémie  en  général  {Archiv,  de  méd.,  t.  I,  p.  385.  1863).  —  N.  Gvesekjj 
de  Musst,  Leçons  cliniques  sur  la  congestion,  {Gaz,  des  hôpitaux,  1868,  p.  377, 
381  et  397). 


§   1.  —  HYPEREMIES  ANGIOPATHIQUES  (hYPÉRÉUIES  PASSIVES  OU   MÉCANIQUES, 

HYPÉRÉMIES  VEINEUSES,  STASES  SANGUINES). 

Les  hypérémies  ainsi  dénommées  consistent  dans  l'augmentation  de 
la  quantité  du  sang  renfermé  dans  une  partie  de  l'organisme,  par  suite 
d'une  modification  mécanique  de  la  circulation. 

Déterminées  le  plus  souvent  par  un  obstacle  à  la  circulation  artérielle 
ou  veineuse,  ces  hypérémies  se  manifestent  sous  des  aspects  divers, 
suivant  le  siège  et  la  nature  de  cet  obstacle.  Tantôt  limitées  aux  extré- 
mités, elles  sont  d'autres  fois  localisées  à  un  seul  ou  à  plusieurs  viscères 
et  se  présentent  avec  une  physionomie  due  en  partie  au  mode  de 
distribution  des  vaisseaux.  Toutefois,  malgré  ces  divergences,  les  hypé- 
rémies angiopalhiques  ont  pour  caractère  essentiel  l'injection  et  la  tumé- 
faction des  tissus  ou  des  organes,  dont  les  vaisseaux  capillaires  sont 
remplis  et  distendus,  non  par  un  sang  rouge  et  vivifié,  mais  par  un 
sang  noir,  chargé  d'acide  carbonique  et  non  hématose;  aussi,  loin  d'être 
plus  rouges  que  dans  les  conditions  normales,  les  parties  hypérémiées  sont 
au  contraire  violacées,  cyanosées  et  presque  noires.  Comme  ces  parties 
renferment  peu  d'oxygène  et  sont  le- siège  d'une  circulation  moins  active, 
leur  nutrition  est  le  plus  souvent  diminuée  et  leur  température  abaissée, 
partant  certains  éléments  histologiques  régressent  au  lieu  de  s'hyper- 
trophier,  deviennent  granuleux  et  souvent  s'atrophient.  Le  tissu  con- 
Jonctif,  au  contraire,  est  parfois  épaissi  et  sclèreux,  si  Thypérémie  a 
duré  longtemps,  et  il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  un  léger  degré  d'hyper- 
trophie des  parois  vasculaires  dilatées,  et  même  de  certaines  autres  parties 


HYPBREMIES.  533 

de  Torganismc  ;  c'est  ainsi  que  l'on  trouve  les  poils  plus  longs  chez  les 
individus  qui  ont  des  varices  aux  jambes  ou  une  oblitération  ancienne 
de  la  veine  fémorale. 

Des  transsudations  séreuses  se  produisent  assez  ordinairement  au 
niveau  des  parties  h}7)érémiées,  elles  se  présentent  sous  la  forme 
d'oedème  dans  les  organes  membraneux  et  les  parenchymes,  et  sous 
celle  d'épanchement  dans  les  cavités  séreuses.  En  outre,  pour  peu  que 
les  vaisseaux  hypérémiés  soient  délicats  et  non  protégés  par  les  parties 
voisines,  il  se  fait  des  ruptures  qui  ont  pour  conséquence  des  hémor- 
rhagies  ordinairement  peu  abondantes.  Mais  il  y  a  lieu  de  croire  aussi  à 
l'exsudation  des  globules  sanguins  au  travers  des  parois  vasculaires. 
Cohnheim  a  vu  au  microscope  les  globules  rouges  sortir  de  la  membrane 
natatoire  de  la  grenouille  après  la  ligature  de  la  veine  crurale,  et  ce 
résultat  a  été  vérifié  par  les  nombreuses  recherches  d'Arnold.  Aussitôt 
après  cette  ligature,  les  vaisseaux  capillaires  se  remplissent  de  globules 
sanguins,  qui  arrivent  immédiatement  au  contact  de  la  paroi  vasculaire. 
Le*  nombre  de  ces  globules  augmentant  à  chaque  contraction  systolique, 
leur  axe  longitudinal  se  place,  au  débuts  dans  l'axe  du  courant,  mais 
bientôt  ils  lui  opposent  leur  surface,  puis  en&n  les  globules  rouges 
sortent  des  parois  vasculaires  de  la  membrane  natatoire.  Deux  jours  au 
plus  tard  après  l'opération,  on  voit  apparaître,  à  la  périphérie  des  capil- 
laires modérément  dilatés  et  remplis  d  une  masse  rouge  homogène 
(globules  rouges  agglomérés),  de  petites  saillies  rondes  de  couleur 
rouge^  isolées  ou  groupées,  et  constituées  par  des  globules  rouges 
sortis  des  vaisseaux  et  déjà  en  voie  de  métamorphose  graisseuse  et 
pigmentaire.  Des  phénomènes  du  même  genre  ont  pu  être  produits 
chez  l'homme  par  des  ligatures  pratiquées  sur  les  membres  (Auspitz). 
Les  globules  exsudés  dans  ces  conditions  ne  tardent  pas  à  devenir 
granuleux;  la  matière  colorante,  séparée  sous  forme  de  granules 
noirs,  pigmentaires ,  infiltre  les  tissus  et  leur  donne  une  coloration 
ardoisée,  brunâtre  ou  noirâtre. 

Les  fonctions  des  parties  hypérémiées  sont  toujours  plus  ou  moins 
modifiées,  et  les  troubles  qui  résultent  de  Thypérémie  sont  en  rapport 
avec  la  nature  de  ces  fonctions.  Ainsi  les  hypérémiés  des  centres  nerveux 
se  traduisent  principalement  par  des  signes  de  dépression  de  l'intelligence, 
du  mouvement  et  de  la  sensibilité,  des  vertiges,  tandis  que  celles  des 
membres  donnent  lieu  à  des  sensations  d'engourdissement,  de  fatigue  et 
de  foiblesse  aux  extrémités,  etc.  ;  celles  des  organes  respiratoires  engen- 
drent de  la  dyspnée,  même  en  l'absence  de  bronchite  ;  celles  du  foie  et 
des  reins  produisent  le  passage  de  l'albumine  dans  la  bile  et  dans  l'urine. 


534  anàtomib  pathologique. 

Les  hypérémies  passives  sont  nécessairement  subordonnées  à  la  lésion 
organique  ou  à  la  condition  mécanique  qui  les  produit.  Or,  les  lésions  du 
cœur  et  des  vaisseaux  étant  le  plus  souvent  chroniques,  il  en  résulte  que 
la  marche  de  ces  hypérémies  est  Jente,  continue,  et  leur  durée  parfois 
très-longue,  excepté  dans  certains  cas  d  oblitération  vasculaire  par  im 
corps  étranger,  et  dans  ceux  de  compression  veineuse,  ou  d'aspiration 
diminuant  la  pression  atmosphérique  comme  peut  le  faire  une  ventouse, 
et  surtout  la  ventouse  Junod.  Dans  ces  cas,  en  effet,  la  cause  venant  à 
cesser,  la  congestion  disparaît  rapidement. 

Étiologie  et  pathogénie.  —  Les  hypérémies  passives  se  produisent  dans 
deux  circonstances  différentes,  ou  bien  par  augmentation  des  résistances 
au  retour  du  sang  veineux  vers  le  cœur,  ou  bien  par  diminution  de  la 
pression  sanguine. 

Les  hypérémies  dues  à  Taugmentation  des  résistances  locales,  entiè- 
rement passives  et  mécaniques,  s'observent  toutes  les  fois  qu'un  obstacle 
vient  entraver  l'écoulement  du  sang  veineux,  et  qu'il  n'existe  qu'une 
circulation  collatérale  insuffisante.  Or,  cet  obstacle  peut  exister  à 
l'extérieur  ou  à  l'intérieur  des  vaisseaux  veineux,  et  dans  le  cœur 
lui-même.  Les  tumeurs  abdominales,  les  brides,  les  cicatrices  de  la 
cavité  péritonéale,  l'utérus  gravide  sont  les  causes  ordinaires  de  la  com* 
pression  des  veines  du  bassin,  de  la  veine  cave  et  de  la  veine  porte;  d'où 
la  congestion  des  membres  inférieurs,  des  parois  et  des  viscères  abdomi- 
naux. Les  tumeurs  intra-thoraciques  ou  cervicales  agissent  de  la  même 
façon  sur  les  troncs  veineux  qui  mmènent  le  sang  des  parties  supérieures; 
la  congestion  de  l'encéphale  peut  en  être  la  conséquence.  Le^  causes 
qui  exercent  une  action  inverse  sont  les  obstructions  veineuses,  qu'elles 
soient  produites  par  des  caillots,  des  masses  cancéreuses  ou  tout  autre 
néoplasme,  si  elles  intéressent  une  veine  principale  ;  dans  Je  cas  con- 
traire, les  anastomoses  permettent  toujours  un  rétablissement  plus  ou 
moins  complet  de  la  circulation  collatérale.  Les  hypérémies  qui  résul- 
tent de  rinfluence  de  ces  causes  varient  nécessairement  d'étendue  sui- 
vant l'importance  du  vaisseau  obstrué. 

Quand  l'obstacle  au  cours  du  sang  veineux  existe  dans  le  cœur,  qu'il 
s'agisse  d'un  rétrécissement  ou  d'une  insuflisance  de  l'orifice  mitral,  il 
se  produit  des  hypérémies  qui  ne  tardent  pas  à  devenir  générales. 
D'abord  le  dégorgement  des  veines  pulmonaires  est  entravé,  puis,  par  l'in- 
termédiaire de  celles-ci,  la  stase  se  propage  aux  veines  bronchiques,  et, 
parla  voie  des  capillaires,  à  l'artère  pulmonaire,  au  cœur  droit,  au  foie  et 
à  tout  le  système  veineux  abdominal,  puis  aux  veines  caves,  et  par  consé- 


HYPÉRÉMIES.  5S5 

quent  à  la  tête  et  aux  membres.  Dans  ces  conditions,  l'appareil  vaso* 
moteur,  mis  en  jeu,  peut  encore,  dans  une  certaine  mesure,  contre-ba- 
lancer  ces  accidents.  En  effet,  lorsque  les  cavités  droites  du  cœur,  à  la 
suite  d'un  obstacle  à  la  circulation  pulmonaire  ou  d'une  lésion  du  ven- 
tricule gauche,  ne  peuvent  plus  se  vider  entièrement,  il  se  produit  une 
impression  particulière  sur  les  extrémités  endocardiques  des  nerfs  dépres^ 
seurs,  d'où  résulte  une  action  vaso-dilatatrice  réflexe  sur  les  vaisseaux  des 
diverses  parties  du  corps,  et  principalement  sur  ceux  des  viscères  de  Tab* 
domen,  qui  retiennent  une  plus  grande  quantité  de  sang  et  ne  conduisent 
plus  à  l'oreillette  et  au  ventricule  droits  une  masse  aussi  considérable  de 
fluide  sanguin  que  dans  l'état  normal.  Les  parois  du  cœur  peuvent  alors 
recouvrer  momentanément  leur  énergie  et  prévenir  les  accidents  éloignés 
des  affections  cardio -pulmonaires.  Mais,  peu  à  peu,  Faction  de  la 
pesanteur  venant  augmenter  les  résistances  locales,  surtout  chez  les 
personnes  déjà  atteintes  d'un  affaiblissement  de  la  contractilité  du  cœur 
et  des  vaisseaux ,  et  cette  cause  s'ajoutant  à  celles  que  nous  avons  déjà 
énumérées,  l'hypérémie  des  poumons  s'accompagne  de  Thypérémie  pas- 
sive du  cœur  droit  à  cause  de  la  difficulté  du  dégorgement  de  l'oreillette 
du  même  côté,  puis  surviennent,  par  le  fait  do  la  stase  sanguine  dans  la 
veine  cave,  des  bypérémies  du  foie,  des  reins,  et  de  tous  les  organes 
baignés  par  le  sang  de  la  veine  porte, 

La  diminution  de  la  pression  sanguine  est  l'effet  d'une  altération  des 
parois  vasculaires,  d'un  affaiblissement  de  la  musculature  du  cœur, 
ou  d'une  résistance  moindre  apportée  par  les  obstacles  extérieurs  aux 
vaisseaux.  La  dégénérescence  graisseuse  et  calcaire  des  artères  et  des 
capillaires,  les  altérations  phlegmasiques  de  ces  mômes  parties,  en  dimi- 
nuant les  propriétés  élastiques  et  contractiles  de  ces  vaisseaux,  diminuent 
la  vis  à  tergo  et  favorisent  la  production  de  la  stase  sanguine  des  veines. 
Le  relâchement  des  parois  vasculaires,  dans  certaines  maladies  fébriles 
internes  ou  prolongées,  notamment  la  fièvre  typhoïde  et  la  variole,  joint 
à  un  certain  degré  de  dégénérescence  graisseuse  ou  vitreuse  du  muscle 
cardiaque,  tend  à  produire  les  mêmes  effets.  De  là,  au  cours  de  ces  mala- 
dies, l'existence  d'hypérémies  à  la  formation  desquelles  les  qualités  du 
liquide  sanguin  ne  sont  peut-être  pas  toujours  indifférentes  (hypérémies 
hjfpostasiques).  Parmi  les  causes  qui  diminuent  la  résistance  extérieure, 
signalons  l'application  d'une  ventouse,  la  disparition  brusque  d'un  épan- 
chement,  un  accouchement  rapide,  l'ablation  d'une  tumeur  qui  comprime 
des  vaisseaux.  Dans  tous  ces  cas,  le  sang  afflue  et  stagne  dans  les  vais«- 
saaux  momentanément  impuissants  à  s'en  débarrasser. 

L'oblitération  artérielle,  en  supprimant  la  force  d'impulsion  cardiaque 


536  anàtomie  pathologique. 

dans  un  vaisseau  important,  est  une  autre  cause  d'hypérémie.  La 
pression  sanguine,  diminuée  dans  le  vaisseau  oblitéré,  augmente  dans  les 
rameaux  vasculaires  du  voisinage,  dans  ceux  surtout  qui  naissent  le  plus 
près  du  point  où  siège  l'obstacle.  Ces  rameaux  sedilatent,  et  il  s'établit  une 
congestion  plus  ou  moins  intense  ou  fluxion  collatérale;  mais  les  vais- 
seaux capillaires  et  veineux  situés  derrière  l'obstacle  circulatoire,  et 
dans  lesquels  toute  pression  a  disparu,  communiquant  avec  les  branches 
collatérales  soumises  à  une  pression  normale  ou  exagérée,  le  sang  ne 
tarde  pas  à  s'y  accumuler  en  plus  ou  moins  grande  quantité,  et  à  y 
séjourner  [fluxion  veineuse  rétrograde).  Il  résulte  de  là  que  non-sea- 
lement  le  pourtour  de  lHot  d'organe  dans  lequel  la  circulation  est  arrêtée, 
mais  encore  l'intérieur  même  de  cet  tlot,  sont  affectés  d'une  congestion 
ordinairement  accompagnée  de  transsudations  séreuses  et  sanguines, 
d'où  une  tuméfaction   plus  ou  moins  prononcée. 

Une  autre  cause,  toutefois,  est  mise  en  jeu  dans  la  production  de  ces  hypé- 
rémies,  du  moins  quand  elles  succèdent  à  une  compression  ou  à  une  liga- 
ture d'artère  :  c'est  une  influence  nerveuse  qui  les  rapproche  des  hypéré- 
mies  névropathiques.Vulpian, ayant  remarqué  que  la  congestion  qui  sur- 
vient à  la  suite  de  la  ligature  de  l'artère  splénique  n'a  pas  lieu,  du  moins  avec 
la  même  intensité,  lorsqu'on  prend  soin  d'isoler  ce  vaisseau  de  tous  les  filets 
nerveux  qui  l'entourent  et  de  le  lier  absolument  seul,  en  a  conclu  que 
l'hypérémie  signalée  par  plusieurs  auteurs  dans  la  rate  après  la  ligature  de 
l'artère  qui  s'y  rend,  et  vraisemblablement  aussi  dans  le  rein  à  la  suite  de  la 
ligature  de  l'artère  rénale,  était  due  non-seulement  aux  eO^ets  de  la  ligature, 
mais  aussi  à  l'écrasement  des  nerfs  accolés  aux  vaisseaux.  Les  dernières 
ramifications  de  l'artère  splénique,  pour  ne  parler  que  des  expériences 
relatives  à  la  rate,  étant  paralysées  par  l'attrition  des  nerfs,  comme  aussi 
les  veinules  et  le  tissu  musculaire  de  cet  organe,  le  tonus  de  ces  parties  est 
aboli,  et  la  pression  que  ce  tonus  exerce  sur  le  sang  des  réseaux  capillaires 
de  la  rate  venant  à  cesser  complètement,  la  fluxion  rétrograde  veineuse 
peut  remplir  et  rendre  turgides  ces  réseaux.  Du  reste,  ainsi  que  Broca  Ta 
constaté,  la  ligature  de  l'artère  principale  d'un  membre  détermine  une  dé- 
vation  de  températurede  1  à  Sdegrés  centigrades,  et  ce  symptôme  rapproche 
encore  les  hypérémies  consécutives  aux  ligatures  d'artères  chez  l'homme 
des  hypérémies  par  troubles  nerveux,  et  les  éloigne  des  hypérémies  pure- 
ment mécaniques.  Aussi  Brown-Séquard,  contrairement  à  Broca,  n'hésite 
pas  à  attribuer  Télèvation  de  température  qui  se  manifeste  en  pareil  cas  à 
la  dilatation  vasculaire  qui  a  lieu  sous  l'influence  de  la  constriction  des 
nerfs  vaso-moteurs  accolés  à  l'artère;  cette  élévation  s'observe  en  effet, 
comme  nous  allons  le  voir,  dans  les  hypérémies  névropathiques. 


nv?BRÉifiES.  537 

Bibliographie.  —  Broca,  Des  anéiryRmes  et  de  leur  traitement,  p.  USU, 
Paris,  1856.  —  J.  Cohnheim,  Ueber  venose  Stauwig  (Archiv  f.  pathol.  Anat, 
und  PhysioLj  1867,  t.  XL],  p.  220).  -^  J.  Arnold,  Ueber  Diapedesis  {Archiv  f, 
pcUh.  Aiiat,  und  PhysioL,  1873,  t.  LVIII,  p.  203). — A.  Vulpian,  Leçqns  sur  ï ap- 
pareil vaso-moteur,  p.  UUl.  Paris,  1875.  —  Voyez  la  bibliographie  générale, 
p.  531,  et  consultez^  au  sujet  de  l'hypérémie  mécanique,  les  principaux 
traités  sur  les  maladies  du  cœur^  les  embolies,  etc. 

§  2.  —  HYPÉRÉMIES  NÉVROPATHIQUES  (HYPÉRÉMIES  ACTIVES  OU   FLUXIONNAIRES, 

CONGESTIONS  SANGUINES). 

Ces  hypérémies  consistent  dans  une  augmentation  et  souvent  dans  une 
accélération  simultanée  de  lafflux  d'un  sang  oxygéné  dans  les  artérioles 
el  les  vaisseaux  capillaires  d'une  pailie  quelconque  du  corps  (1). 

Les  hypérémies  névropathiques  revêtent  un  cachet  toujours  en  rapport 
avec  le  mode  de  distribution  des  petits  vaisseaux,  et  comme  ce  mode  varie 
avec  chaque  organe,  il  en  résulte  qu'elles  diffèrent  d'un  organe  à  Tautre. 
Diffuses  et  étendues  dans  les  organes  où  les  vaisseaux  s'anastomosent  lar- 
gement entre  eux,  elles  sont  au  contraire  circonscrites  et  limitées  dans 
certains  viscères,  tels  que  la  rate  et  les  reins,  où  le  nombre  des  anasto* 
moses  des  petits  vaisseaux  est  relativement  restreint.  L'accumulation  du 
sang  engendre  une  rougeur  plus  ou  moins  intense,  qui,  subordonnée  à  la 
distribution  des  canaux  vasculaires,  se  traduit  par  un  simple  pointillé, 
à  la  peau  lorsque  les  vaisseaux  papillaires  sont  seuls  atteints,  et  dans  les 
reins  quand  ce  sont  les  glomérules;  tandis  que  dans  les  muscles  elle  se 
montre  sous  l'aspect  de  stries,  et  dans  un  grand  nombre  d'organes  sôus 
la  forme  de  plaques  plus  ou  moins  étendues.  Les  petites  artères  et  les 
capillaires  sont  dilatés,  et  leurs  parois,  devenues  plus  perméables,  se 
laissent  traverser  par  une  plus  grande  quantité  de  plasma  sanguin. 

Les  observations  microscopiques  pratiquées  sur  le  mésentère  des  ani- 
maux montrent  que  le  sang  circule  d'abord  plus  rapidement  parce  qu'il 
rencontre  moins  de  résistance  dans  les  artères  dilatées  ;  mais  si  les  petits 
vaisseaux  sont  considérablement  élargis,  le  cours  de  ce  liquide  se  ralentit 
àcausedel'ampliationdes  voies  qu'il  parcourt.  La  tuméfaction  des  parties 
hypérémiées  est  la  conséquence  de  cette  dilatation  vasculaire  et  de  la 
transsudation  séreuse  ;  elle  est  appréciable  surtout  à  la  peau  et  sur  les  mu- 
queuses, elle  se  manifeste  après  la  rougeur  et  persiste  pendant  un  temps 

(1)  Sur  le  cadavre,  il  est  généralemeut  très-difficile  de  reconnaître  Thypérémie, 
surtout  l'hypérémie  active,  qui  peul  disparaître  complètement  après  la  mort  ;  ce  que 
nous  en  dirons  ici  se  rapporte  plus  particulièrement  au%  phénomènes  observes  pondant 
la  TÎc.  ~" 


538  ANATOMIB  PATHOLOGIQUE. 

plus  OU  moins  long,  même  lorsque  celle-ci  a  disparu.  Contrairement  ïct 
qui  arrive  dans  l'hypérémie  mécanique,  les  globules  sanguins  sextn- 
vasent  peu  dans  ces  conditions,  et  la  pigmentation  des  tissus  est  chose  rare. 

La  température,  loin  de  s'abaisser,  subit  une  élévation  dont  le  malade 
a  la  sensation  subjective,  et  qui,  objectivement  appréciable,  peut  atteindre 
de  1  il  3  degrés  centigrades.  Cette  élévation  de  température  ne  se  produi- 
sant pas  après  la  section  du  sympathique  lorsqu'on  vient  à  comprimer 
ou  à  lier  les  vaisseaux  de  la  région  correspondant  à  cette  section,  il  est 
clair  qu'elle  est  la  conséquence  de  Tafllux  sanguin. 

Des  battements  se  font  sentir  en  même  temps  dans  les  parties  hjT)éré- 
miées,  par  suite  de  la  diminution  d'élasticité  et  de  tonicité  des  vaisseaux. 
Mais,  en  outre,  si  elle  occupe  des  organes  renfermant  un  tissu  cellulaire 
un  peu  lâche,  la  congestion  engendre  quelquefois  de  l'oedème;  si  die 
affecte  une  membrane  séreuse  ou  son  voisinage,  elle  peut  donner  lieu  à 
un  épanchement  de  sérosité  dans  les  cavités  limitées  par  cette  membrane; 
si  c'est  une  muqueuse,  elle  provoque  un  catarrhe  plus  ou  moins  abondant 

La  fonction  des  parties  hypérémiées  est  en  général  activée;  les  glandes 
sécrètent  davantage  ;  les  membranes  muqueuses  se  couvrent  de  mucus 
et  la  peau  devient  le  siège  de  sueurs  plus  ou  moins  abondantes  ;  la  sen* 
sibilité  de  ces  mêmes  parties  est  exagérée,  et  leur  nutrition  est  souveiit 
accrue.  Aussi,  loin  de  devenir  granuleux  et  de  s'atrophier,  les  tissus* 
dans  ces  conditions,  subissent  plulol  une  augmentation  de  volume.  Cer- 
taines hyp(Mtrophies  de  la  peau,  des  muscles,  des  os,  des  organes  glan- 
dulaires n'ont  d'autre  origine  (|u'une  hypérémie  ancienne  et  !*ép*^l*^- 
Schiff  prétend  éire  parvenu  à  produire  expérimentalement  Thypertrophie 
des  os  à  la  suite  de  l'hypérémie  résultant  de  la  section  des  nerfs  sympa- 
thiques qui  s'y  distribuent;  mais  il  est  h  noter  que  les  expériences  de  ce 
genre  réussissent  mieux  chez  les  jeunes  animaux  que  chez  les  vieux. 

Les  désordres  pathologiques  présentés  par  les  organes  hypérémiés  va- 
rient suivant  la  nature  de  la  fonction  de  ces  organes.  Les  hypéi'énm'S 
de   INmcéphale  déterminent  des  étourdissements,  des  bourdonnements 
d'oreilles,  des  fourmillements  aux  extrémités  ;  celles  des  poumons,  df 
la  dyspnée,  une  toux    sèche,   une  expectoration  spumeuse,  rarement 
sanguinolente.  L'hypérémie  de  la  peau  est  accompagnée  d'ardeur,  de  pico- 
tements, de  démangeaison,  de  Tohlusion  du  tact  et  quelquelois  de  sueurs; 
celle  de  l'intestin  occasionne  des  coliques  et  des  diarrhées  séro-mu- 
queuses.  (les  symptômes  diflèrent,  en  général,  de  ceux  de  rhypérémie  an- 
giopathique.  La  sécrétion  urinaire,  pir  exemple,  est  augmentée,  et  les  urines 
sont  pùles  dans  l'hypérémie  active  du  rein,  tandis  que  celte  sécrétion  est 
diminuée  et  les  urines  sont  colorées  dans  l'hypérémie  passive. 


I 


HYPKRÉMIES. 


S90 


La  marche  de  l'hypérémie  névmpntliique  n'est  pas  toujours  conlinue 

et  régulièn;  coirinic  celle  <les  liypéréniifs  aitgjopatliiques;  souvent  elle 

ost   capricieuse,   intemiilteiilfî   ou  périodiiiue  commv  lu   plus  grand 

nombre  des  affections  nen'eiise^  :  ainsi  ne  comportent  assee  nrdinaife- 

hH'Ul  les  hcmorrhoïdes  et  les  nugmineii.  Cotte  hypérémîe  vniie,  du  reste, 

suivant  la  cause  qui  l'a  produite  ;  si  la  cause  est  passagère,  l'hypérémie  l'est 

aussi  ;  si  au  contraire  elle  est  persistante,  conune  une  lésion  matérielle 

des  cordons  ou  des  centres  nerveux,  l'hypérémie  peut  avoir  une  durée 

trés-lougue.  Ce  mode  pathologique  se  termine  tanl(M  par  le  retour  à  l'étal 

normal,  lanlAt  par  un  désordre  nutritif  ou  encoi'e  par  une  hémorrhagie, 

urtout  si  les  vaisseaux  congestionnés  sont  graisseux  ou  alhéromateux  , 

lat  dans  lequel  ils  supportent   difficilement    les  elTorla  fluxiounaires. 

1  nombre  d'hémorrhagies  sont  précédées  d'un  mouvement  congestif; 

faist  il  esl  facile  de  comprendre  comment  les  moyens  propres  k  eom- 

fcrttre  les  bypérémies  peuvent  encoi-u  entrer  comme  élément  dans  le 

NÛteraent  des  hémorrhagics. 

I  ÈUologie  et  pathogénit.  —  Les  conditions  éliologiques  qui  président 
n  développement  des  hypérémies  névropathiques  peuvent  se  grouper 
s  trois  chefs  :  inQueiices  physiques,  influences  physiologiques  et 
iBuences  palhologiqueg. 
*  les  agents  physiques,  chaleur,  froid,  électrtdté,  lumière,  dont  Tac- 
circulation  générale  et  sur  les  circulations  locales  esl 
hien  roiinue,  sont  des  causes  communes  d'hypérémic.  La  chaleur  amèno 
directement  la  dilatation  des  petits  vaisseaux.  Le  froid  et  l'électricité 
pmvoquent  tout  d'atiord  le  rétrécissismonl  des  vaso-constricteurs, 
l'I,  si  leur  action  se  prolonge,  ils  en  produisent  la  dilatation;  de 
plus,  ces  agents  peuvent  influencer  cerlnius  nerfs,  dits  nerfs  modem- 
leurs,  et  devenir,  comme  nous  le  verrons,  la  ciuise  immédiate  d'hypé- 
rvimies  plus  ou  moins  vives. 

OrlaineN  fonctions  physiologiques,  la  menstruation  et  la  digestion  par 
'\ninple,  ne  sont  pas  seulement  des  causes  d'afflux  sanguin  pour  les 
iij'ganes  qui  en  sont  le  siège,  elles  déterminent  encore  nss«z  fréquemment, 
par  l'intermédiniredu  système  nen-eux,  des  hypérémies  dans  des  organes 
èloif^é»  ;  ainsi,  la  rougeur  île  ta  face  chti  les  femmes  pendant  l'époque 
laenstnielle,  cette  même  rougeur  et  la  somnolence  chez  les  personnes 
(|ai  digèrent  difficilement,  révèlent  l'existence  d'hypérémies  cutanée  el 
c^^brale.  La  suppression  brusque  du  flux  menstruel  esl,  comme  on 
&ail,  une  cause  commune  de  congestion.  D'un  autre  coté,  il  est  des 
^nb&tances  alimentaires  et  des  boissons,  le  thé,  le  café,  et  certains  condi- 


5A0  ANATOXa   PATHOLOGIQUI. 

ments  épicés,  qui  peuvent  amener  des  hypérémies.  dn  (<Âe^  des  reins  d 
de  plusieurs  autres  organes. 

Les  influences  pathologiques  jouent  le  rôle  le  plus  inaporlant  dus  k 
production  des  hypérémies.  Les  maladies  toxiques  et  particaliènBial 
celles  que  déterminent  Talcool,  le  tabac,  l'opium,  etc.,  sont  la  womm 
d'hypérémies  nombreuses,  pendant  tout  le  cours  de  leur  évcdotioa. 
Les  maladies  miasmatiques  se  traduisent  lé  plus  souvent,  du  moiai 
à  leur  première  période ,  par  des  hypérémies  cutanée  el  visoàik, 
dans  lesquelles  le  système  nerveux  joue  encore  le  principal  hMe.  Mm 
ce  sont  surtout  les  maladies  diathésiques  qui  méritent  de  fixer  Faitah 
tion,  car  elles  se  manifestent  à  peu  près  invariablemoit  par  des  hypé- 
rémies dont  la  signification  reste  le  plus  souvent  méconnue.  Si  la 
fluxions  articulaires  de  la  goutte  et  du  rhumatisme  sont  bien  ccmniM,  i 
par  contre  celles  qui  se  rapportent  à  Therpétisme  sont  à  peu  pièi 
ignorées,  bien  que  cette  maladie  soit  l'un  des  types  les  plus  commnii 
de  la  pratique  civile.  Il  est,  en  effet,  des  personnes  maigres  et  n^veoso; 
le  plus  souvent  hypochondriaques,  atteintes  de  quelques  plaques  d*ecMi 
sec  et  symétrique,  et  qui,  pendant  une  grande  partie  de  leur  existiiio^ 
sont  tourmentées  par  des  accès  de  migraine,  des  hémorriioides,  èi 
diarrhées  revenant  à  des  époques  déterminées  de  l'année  et  parfois  d'ne 
façon  presque  périodique,  des  fluxions  diverses  du  côté  dupharynid 
des  bronches.  Or,  ces  accidents  si  variés  et  si  nombreux,  trop  sou?efl( 
regardés  comme  autant  d'affections  distinctes,  sont  dans  tous  les  cas 
l'expression  d'un  processus  hypérémique  de  même  nature,  localisé  dans 
des  sièges  différents.  Le  goitre  exophthalmique,  l'ophthalmie  intennittenie 
sont  aussi  considérés  par  plusieurs  auteurs  comme  l'expression  de  phéno- 
mènes congestif  dépendants  d'un  affaiblissement  du  grand  sympathique. 

Envisagées  au  point  de  vue  de  leur  pathogénie,  les  hypérémies  ném- 
pathiques  présentent  deux  groupes  distincts,  suivant  qu'elles  sont  l'efet 
d'une  paralysie  des  nerfs  vaso-constricteurs,  ou  d'une  excitation  des 
nerfs  vaso-dilatateurs  ou  modérateurs. 

Les  hypérémies  consécutives  à  une  paralysie  des  nerfs  vaso-constri^ 
teurs  sont  connues  seulement  depuis  les  célèbres  expériences  de  Cl.  Be^ 
nard  sur  le  système  nerveux  sympathique.  Le  type  de  ces  hypérànies 
nous  est  fourni  par  la  section  du  cordon  cervical  du  grand  sympathique 
et  l'arrachement  du  ganglion  cervical  supérieur.  Pratiquée  sur  le  lapio, 
cette  section  est  suivie  d'une  congestion  avec  élévation  de  tempérttore 
de  la  moitié  correspondante  de  la  face  et  de  la  tète.  Ces  mêmes  ph^ 
nomènes  accompagnent  la  section  des  autres  branches  du  symp- 
thique,  conune  aussi  la  section  ou  la  ligature  d'un  certain  nooibv 


HYPÉKBMIES.  541 

de  nerfs  mixtes,  qui,  à  l'exemple  du  trijumeau  et  du  sympathique, 
renferment  des  fibres  neiTeuses  vaso-motrices.  A.  Moreau  a  montré  que 
la  section  de  tous  les  nerfs  qui  se  rendent  à  une  anse  intestinale  préalable^ 
nient  liée  à  ses  deux  extrémités  est  suivie  d'une  abondante  sécrétion  de 
liquide  à  l'intérieur  de  cette  anse.  L'extirpation  des  ganglions  du  plexus 
solaire  donne  lieu  à  des  résultats  semblables  ;  la  ligature  des  vaisseaux 
artériels  sur  lesquels  rampent  les  nerfs  vaso-moteurs  est  encore  suivie 
des  mêmes  effets. 

De  ces  expériences,  il  est  facile  d'induire  que  toute  altération  qui  com- 
primera ou  altérera  les  filets  nerveux  sympathiques  ou  leurs  centres 
d'origine  sera  suivie  de  phénomènes  semblables  à  ceux  qui  résultent  de 
la  section  traumatique  de  ces  mêmes  parties  :  c'est  ce  que  démontre 
l'observation  clinique.  Plusieurs  fois  il  m'est  arrivé  de  constater 
l'existence  d'hypérémies  du  foie  et  des  reins  chez  des  personnes 
atteintes  de  pleurésies  anciennes,  avec  compression  et  altération  des 
nerfs  splanchniques.  Depuis  quatre  mois,  je  donne  des  soins  à  une 
personne  qui,  à  ce  point  de  vue,  présente  les  phénomènes  les  plus 
remarquables.  Il  s'agit  d'une  femme  âgée  de  soixante-dix  ans,  hémor- 
rhoîdaire,  un  peu  pAle,  qui  accusait  des  douleurs  vives,  pénibles,  avec 
sentiment  de  pression  au  niveau  des  articulations  des  épaules  et  dans 
la  continuité  des  membres,  douleurs  accompagnées  d'un  œdème  pro- 
noncé des  doigts,  du  dos  des  mains  et  des  avant-bras.  Pensant  que 
ces  phénomènes  étaient  sous  la  dépendance  d'une  altération  des  centres 
d'origine  des  vaso-moteurs  des  membres  supérieurs,  je  conseillai 
remploi  du  bromure  de  potassium,  de  la  morphine,  et  de  quelques 
pilules  de  nitrate  d'argent.  Au  bout  de  deux  mois  de  traitement, 
il  y  avait  une  amélioration  notable  :  les  douleurs  des  épaules,  que  la 
malade  désignait  par  l'expression  pittoresque  de  crampon^  C/Cssèrent  à  peu 
près  complètement,  les  douleurs  des  extrémités  et  l'oedème  disparurent. 
Mais,  depuis  quinze  jours,  cette  malade  est  prise  de  souffrances  vives  et 
intolérables  dans  toute  la  tête,  notamment  à  la  partie  postérieure  ;  en 
même  temps  elle  présente  de  la  rougeur  des  pommettes,  une  élévation 
de  température  et  un  oedème  manifeste  de  la  face  et  du  cuir  chevelu, 
avec  rétrécissement  des  deux  pupilles,  c'est-à-dire  un  ensemble  sympto- 
matique  assez  semblable  à  celui  de  la  section  des  deux  sympathiques  au 
cou.  Enfin,  il  s'est  ajouté  à  ces  symptômes  une  salivation  assez  gênante, 
avec  fétidité  de  Thaleine,  et  peu  à  peu  la  peau  a  pris  une  teinte  jaune 
saumonée  au  niveau  des  pommettes,  comme  s'il  y  avait  en  même  temps 
excitation  de  quelques  nerfs  vaso-dilatateurs. 

Ainsi,  après  un  ensemble  de  phénomènes  qui  annonçaient  l'existence 


542  ANATOMIB  PATHOLOGIQUE. 

d*un  trouble  vaso-moteur  des  membres  supérieurs,  cette  malade  noat 
présente  tous  les  symptômes  d*un  désordre  des  vaisseaux  animés  par  les 
nerfs  sympathiques  du  cou  et  de  la  téte«  Semblables  hypérémies  s'observent 
dans  les  viscères,  et  je  suis  convaincu  qu'un  certain  nombre  de  diarrhées 
muco-sanguinolentes,  pour  ainsi  dire  périodiques,  sont  liées  à  une  con- 
gestion de  la  muqueuse  intestinale  et  n'ont  d'autre  origine  qu'une  modifi- 
cation des  nerfs  vaso-moteurs  de  cette  muqueuse.  A.  Moreau,  comme  nous 
l'avons  dit,  a  trouvé  cette  muqueuse  manifestement  congestionnée  et  l'in- 
testin rempli  de  matières  liquides  après  la  section  des  nerfs  qui  s'y  rendit. 

Les  centres  plutôt  que  les  nerfs  vaso-moteurs  sont  quelquefois  le 
siège  du  désordre  nerveux  qui  engendre  l'hypérémie.  L'expérimentation 
et  l'observation  clinique  fournissent  à  cet  égard  des  résultats  concordants. 
Les  effets  obtenus  dans  les  membres  par  la  section  de  la  moelle  épmière 
ne  diffèrent  pas  de  ceux  que  produit  la  section  des  nerfs  sympathiques. 
Les  altérations  circonscrites  de  ce  même  organe  déterminent  encore  des 
symptômes  semblables  ou  identiques.  Si,  dans  quelques  cas,  les  membres 
atteints  de  paralysie  sont  paies,  cyanoses  et  refroidis,  souvent  aussi  ib 
sont  tuméfiés,  plus  colorés,  plus  chauds  que  dans  Tétat  normal,  et  cou- 
verts de  sueurs.  Ces  phénomènes  ne  sont  pas  seulement  l'effet  des  lésions 
matérielles  du  cordon  médullaire,  ils  se  montrent  encore  dans  le  cours 
d'affections  névrosiques,  c'est-à-dire  dans  des  cas  où  il  n'existe  aucune 
altération  appréciable  de  la  moelle  épinière.  11  est  commun  de  les  ren- 
contrer tout  à  fait  isolés  chez  des  femmes  hystériques  ;  mais,  en  général, 
ils  y  sont  accompagnés  de  désordres  du  mouvement  et  surtout  de  troubles 
de  la  sensibilité,  principalement  de  douleurs  plus  ou  moins  vives.  Ils 
sont  également  fréquents  chez  les  alcooliciues,  où  ils  occupent  les  extré- 
mités et  coexistent  avec  des  picotements,  des  fourmillements  et  des  élan- 
cements douloureux. 

Les  altérations  de  l'encéphale  sont,  comme  celles  de  la  moelle  épinière, 
l'origine  d'un  certain  nombre  d'hypérémies.  11  est  reconnu  que  les  indi- 
vidus frappés  d'hémiplégie  à  la  suite  d'une  héniorrhagie  cérébrale  ou  d'un 
ramollissement  cmbolique  de  l'encéphale  présenlent,  quelques  heures 
après  l'attaque,  le  plus  souvent  au  bout  de  deux  ou  tmis  jours,  une  colo- 
ration plus  prononcée  de  la  peau  ou  même  des  parties  profondes,  avec 
élévation  de  la  température  des  membres  paralysés.  Cette  congestion,  qui 
persiste  ordinairement  pendant  plusieurs  mois,  varie  d'intensité  sui\'ant 
le  siège  de  l'altération  cérébrale.  Une  de  mes  malades,  atteinte  d'héraor- 
rhagie  très-circonscrite  de  l'une  des  couches  opticjues,  présentait  ces 
divers  phénomènes  à  un  dogré  beaucoup  plus  élevé  que  dans  les  cas 
ordinaires  où  le  corps  strié  est  alti^ré.  D'un  autre  côté,  les  lésions  des 


HYPÉRKMIBS.  543 

pédoncules  cérébraux  et  de  la  protubérance  annulaire  ont  une  action 
évidente  sur  les  vaisseaux  des  viscères  thoraciques  et  abdominaux,  et 
les  hypérémies  qu'elles  y  déterminent  soitt  ordinairement  très-vives. 
Cl.  Bernard  a  fait  connaître  les  phénomènes  de  congestion  vasculaire 
qui  surviennent  dans  la  cavité  abdominale,  et  en  particulier  dans  le  foie 
et  dans  les  reins,  lorsque  Ton  pique  le  plancher  du  quatrième  ventricule. 

Des  émotions  de  diverses  sortes,  la  joie,  la  colère,  la  honte^  la  pudeur, 
Tintimidation^  etc.,  produisent  des  hypérémies  passagères  à  la  face  qui 
devient  le  siège  d'une  rougeur  étendue,  parfois  accompagnée  d*un  senti* 
raenl  pénible  de  chaleur,  ou  môme  de  battements  artériels.  Semblables 
hypérémies,  communes  chez  les  femmes  nerveuses,  émues  ou  intimidées^  se 
montrent  encore  sur  la  partie  antérieure  et  supérieure  du  thorax,  rarement 
sur  Tabdomen,  sous  la  forme  de  taches  analogues  à  celles  d'une  roséole. 

Le  second  groupe  des  hypérémies  névropathiques  comprend  tous  les 
désordres  congestifs  produits  par  des  irritations  périphériques.  Ces  hypé- 
rémies ont  été  considérées  commie  des  effets  d'action  vaso-dilatatrice; 
mais,  en  l'absence  de  fibres  musculaires  parallèles  à  l'axe  des  vaisseaux 
ou  dilatatrices,  certains  physiologistes  les  font  dépendre,  avec  non  moins 
de  raison,  d'une  influence  nerveuse  qu'ils  appellent  modératrice,  et  qu'ils 
comparent  à  celle  du  nerf  vague  sur  le  cœur.  De  même  que  le  pneumo- 
gastrique peut  ralentir  les  mouvements  du  cœur,  de  même  les  nerfs  modé« 
rateurs  auraient  le  pouvoir  de  diminuer  la  puissance  contractile  des  vaso- 
moteurs  proprement  dits  et  de  produire,  sous  l'influence  d'une  excitation, 
la  dilatation  des  vaisseaux.  Cl.  Bernard  a  démontré  que  l'excitation  du  nerf 
lingual,  ou  mieux  des  filets  de  la  corde  du  tympan,  qui  s'en  détachent 
pour  se  rendre  à  la  glande  sous-maxillaire,  augmente  aussitôt  l'écoulement 
de  la  salive  et  détermine  un  afflux  considérable  de  sang  dans  les  artériolcs^ 
dans  les  capillaires  et  jusque  dans  les  veines  qui  i^nferment  un  sang 
plus  rouge  et  présentent  des  battements  isochrones  avec  ceux  des  artères» 
Vulpian  a  observé  des  phénomènes  analogues  après  Télectrisation  du 
bout  périphérique  du  glosso-pharyngien  et  du  bout  central  du  nerf  au-' 
riculo-temporal  ;  il  a  constaté,  dans  le  premier  cas,  la  dilatation  des 
vaisseaux  de  la  langue,  dans  le  second  cas,  celle  des  vaisseaux  de  l'oreille. 

Une  excitation  produite  sur  la  langue  amène  les  mêmes  effets  que 
l'excitation  du  nerf  lingual  ;  l'impression  qui  en  résulte  est  transmise  par 
l'intermédiaire  du  nerf  lingual  jusqu'au  foyer  d'origine  du  nerf  trijumeau, 
et  de  ce  foyer  part  une  incitation  qui  gagne  le  foyer  d'origine  du  nerf 
facial  et  met  en  jeu  les  libres  de  la  corde  du  tympan.  C'est  là  un  type 
d'action  vaso-dilatatrice  réflexe.  Ce  phénomène  diffère  des  actions  réflexes 
qui  donnent  lieu  à  des  mouvements  musculaires  en  ce  que  l'excitation 


^UU  ANATOMIE   PÂTHOLOGKiUE. 

centrifuge  vaso-dilatatrice  ne  se  réfléchit  pas  directement  sur  les  vaisseaux, 
mais  bien,  suivant  la  théorie  émise  par  Cl.  Bernard,  Rouget  et  Vulpian, 
sur  les  ganglions  placés  sur  le  trajet  des  fibres  vaso-constrictives  qui  se 
distribuent  aux  parois  vasculaires.  De  la  soile,  l'excitation  du  nerf  soisitif 
a  pour  eiïet,  non  de  stimuler  les  amas  ganglionnaires,  d  exagérer  leur 
action  tonique,  mais,  au  contraire,  de  suspendre  leur  activité  el,  par 
suite,  celle  des  fibres  vaso-constrictives  en  relation  avec  ces  centres 
nerveux.  Ajoutons  que  la  fonction  étant  exagérée  dans  ces  conditions,  il 
y  a  tendance  à  l'altération  des  éléments  anatomiques. 

Semblables  hypérémies  peuvent  être  produites  par  le  méaie  mécS' 
nisme  dans  d'autres  points  du  corps  ;  il  suffit  d'irriter  un  peu  vivement  la 
peau  ou  une  muqueuse  pour  voir  une  rougeur  congestive  apparaître 
dans  une  région  plus  ou  moins  étendue,  voisine  du  point  irrité.  Chef 
une  femme  âgée  de  soixante-douze  ans,  observée  par  moi  à  la  Salpé- 
trière,  et  qui  se  plaignait  de  points  névralgiques  intercostaux,  il  suf- 
fisait de  pratiquer  le  pincement  de  la  peau  hyperesthésiée  au  niveau  du 
rebord  costal  gauche  pour  voir  apparaître  presque  immédiatement  une 
rougeur  diffuse  de  la  partie  supérieure  du  thorax,  du  cou,  des  oreilles^dn 
front  et  de  la  face.  Sur  le  devant  du  sternum  et  à  la  limite  de  cette  rougeur 
existaient  des  taches  disséminées  avec  des  intervalles  de  peau  saine  un 
peu  plus  larges  que  dans  la  rougeole.  Au  bout  d'un  quart  d'heure»  cette 
congestion  disparaissait  si  on  ne  renouvelait  pas  le  pincement.  Vraisem- 
blablement aussi  dans  ce  cas,  Thypérémie  cutanée  avait  pour  cause  une 
action  réflexe  modératrice  sur  les  nerfs  vasculaires  de  la  peau. 

Ce  mécanisme  est  sans  aucun  doute  celui  qui  préside  aux  hypérémies 
concomitantes  de  certaines  névralgies  et  à  celles  qui  se  développent  au 
pourtour  des  parties  enflammées.  Sur  soixante  et  un  cas  de  névralgie  trifa- 
ciale  rassemblés  par  Notta,  la  rougeur  de  la  conjonctive  est  notée  trente- 
quatre  fois.  Cette  rougeur,  toujours  plus  vive  au  moment  des  crises  doulou- 
reuses, s'étendait  à  une  grande  partie  de  la  face,  envahissait  quelquefois 
la  muqueuse  buccale,  se  montrait  sur  la  joue,  sur  les  gencives,  sur  la 
langue  et  sur  le  plancher  de  la  bouche  ;  elle  était  ordinairement  accompa- 
gnée d'une  sécrétion  plus  abondante  des  muqueuses  et  de  la  peau  de  la 
région  an*ectée.  Symptomatiques  de  l'excitation  ner\'euse,  ces  phénomènes 
congestifs  ne  sont  nullement  influencés  par  la  cause  de  la  névralgie;  ils 
se  produisent  également  bien  dans  le  cours  des  né>Talgies  palustres  et  de 
celles  que  détermine  une  lésion  matérielle  de  la  cinquième  paire. 
Les  névralgies  des  autres  parties  du  corps  sont  parfois  aussi  le 
point  de  départ  d'une  hypérêmie  plus  ou  moins  tenace  et  étendue.  J  ai 
en  ce  moment,  dans  mon  service  dhôpital,  une  femme  sèche  et  oen'cuse, 


HYPER£M1ES.  545 

âgée  de  trente-huit  ans,  qui  présente,  à  la  base  droite  du  thorax,  une 
demi-ceinture  formée  de  taches  rouges,  violacées,  un  peu  irrégulières,  la 
plupart  de  Tétendue  d'une  pièce  de  cinq  francs,  disposées  par  groupes 
à  la  façon  d'un  zona.  Cette  éruption,  qui  persiste  depuis  plus  d'un  mois 
sans  qu'il  se  soit  jamais  montré  de  vésicules  herpétiques  sur  les  plaques, 
se  lie  à  l'existence  d'une  névralgie  de  l'une  des  dernières  branches  ner- 
veuses intercostales.  S'il  arrive  parfois  qu'une  éruption  vésiculeuse  se 
produise  sur  des  taches  de  ce  genre,  rarement,  en  pareil  cas,  la  sécrétion 
sudorale  est  augmentée. 

L'hypérémie  phlegmasique  est  due,  comme  nous  l'avons  déjà  dit, 
à  une  irritation  des  nerfs  sensibles  qui,  transmise  aux  centres, 
trouble  et  suspend  plus  ou  moins  complètement  leur  activité  contractile, 
d'où  la  cessation  et  la  diminution  du  tonus  des  vaisseaux  soumis  à 
ces  centres,  et  leur  dilatation  plus  ou  moins  considérable.  La  vive 
rougeur  des  parties  affectées,  l'élévation  de  la  température  à  leur  niveau, 
comme  aussi  la  proportion  plus  considérable  d'oxygène  dans  le  sang 
revenant  d'un  foyer  d'inflammation  que  partout  ailleurs  (Estor  et  Saint 
Pierre),  sont  autant  de  circonstances  qui  mettent  hors  de  doute  la  nature 
névropathique  de  l'hypérémie  phlegmasique.  Au  reste,  Vulpian,  après 
avoir  sectionné  le  nerf  auriculo-temporal  et  les  nerfs  cer\ico-auricu- 
laires,  et  aboli  en  grande  partie  la  sensibilité  de  l'une  des  deux  oreilles 
sur  le  lapin,  a  constaté  que  l'irritation  phlegmasique  des  oreilles  produite 
par  un  fil  de  fer  rougi  dans  la  flamme  d'une  lampe  à  gaz  était  accom- 
pagnée d'une  congestion  moins  vive  dans  l'oreille  dont  les  nerfs  sensitifs 
avaient  été  pour  la  plupart  coupés,  que  dans  l'oreille  du  côté  opposé. 

Quelques  hypérémies  de  la  peau  ou  même  des  parties  plus  profondes 
subordonnées  au  fonctionnement  ou  à  l'altération  matérielle  de  certains 
organes  appartiennent  encore  au  même  groupe  congestif.  Telles  sont  les 
congestions  de  la  face  chez  les  femmes,  au  moment  de  la  période  men- 
struelle ou  dans  le  cours  d'une  affection  utérine;  telle  est  la  rougeur  des 
pommettes  dans  les  cas  de  pneumonie,  etc.  C'est  toujours  dans  cet  ordre  de 
phénomènes  morbides  que  paraissent  devoir  se  placer  les  hypérémies 
viscérales  produites  par  Faction  du  froid,  et  celles  qui  succèdent  à  une 
brûlure  étendue.  Le  fait  est  expérimentalement  prouvé  pour  ces  dernières. 
BrowTi-Séquard  fait  une  section  transversale  de  la  moelle  épinière,  sur 
un  animal,  au  niveau  de  la  troisième  vertèbre  lombaire,  puis  il  plonge 
un  des  membres  postérieurs  dans  de  l'eau  bouillante  et  ne  trouve 
d'altération  viscérale  que  dans  la  vessie,  le  rectum  et  les  organes 
voisins,  tandis  qu'il  constate  l'existence  d'une  vive  congestion,  d'inlil- 
trations   séreuses    et   sanguinolentes  dans  les  viscères  de  l'abdomen 

LANCERIAUX.  —  Traité  d'Anat.  path.  L —  35 


5Zi6  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

lorsqu'il  pratique  la  section  de  la  moelle  au  niveau  de  la  troisième  ver- 
tèbre dorsale.  Par  contre,  il  ne  se  produit  aucune  congestion  viscérale 
dans  les  cas  où  le  membre  est  brûlé  jusqu'à  carbonisation,  comme  aussi 
chez  les  animaux  auxquels  ce  savant  a  préalablement  sectionné  le  nerf 
sciatique  et  le  nerf  ci*urat  le  plus  haut  possible  vers  la  racine  do 
membre. 

Certaines  hypérémies  cutanées  survenant  dans  le  cours  de  la  fièvn» 
typhoïde  et  des  fièvres  éruptives  pourraient  encore  se  rattacher  à  ce  même 
groupe  ;  mais  il  importe  de  distinguer  la  congestion  de  la  peau  pendant  la 
période  d'invasion  et  pendant  la  période  d'éruption  de  ces  fièvres.  Si,  dans 
le  premier  cas,  l'hypérémie,  intimement  liée  à  la  fièvre,  paraît  dépendre 
d'un  affaiblissement  des  centres  vaso-moteurs,  auxquels  sont  soumis  les 
nerfs  vaso-constricteurs  de  la  peau,  dans  le  second,  elles  sont  dues  bien 
plutôt  à  l'excitation  du  tégument  par  l'agent  morbifique. 

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niques  sur  la  congestion  pulmonaire  (Archiv.  gin,  dr  mèd.  1866,  t.  II,  p.  160 
et  siiiv.).  —  M.  ScuiFF,  Lzioni  dr  fisiologia  spcrimrnt(d(:  sul  systema  nmim  (h- 
refalico.  Fireiizc,  1866,  *i*  relit.,  1873.  —  P.-K.  ChkVallieu,  De  h  i'arahj>ii 
des  nerfs  vaso-moteurs  dans  l'hystérie.  Thèse  de  Paris,  1867.  —  H.  Folui, 
Études  sur  la  température  des  parties  paralysées  {Gaz,  hebdomad.  de  mid.  d  ^ 
chirurg,  l^aris,  1867). — G.  Saviotti,  Vntersuehung.  itbcr  din  Vcrandfruwj.  dff 
Blutgef lisse  hci  der  Kntzunduug  {Archiv  f,  path,  Anat.  und  Physiol.,  t.  L, 
j>.  592,  1870).  —  Biuavn-Séquard,  Des  congestions  consécutives  aux  UijntuM 
d'artrres  [Arch.  dr  physiol.  nonn.  et  path.,  1870,  p.  518  . —  Le  inùiiie,  i>>* 
sur  les  îierfs  raso-mutrurs,  trad.  fr.  Paris,  1872.  — L.  Fleisuimann,  Jf//irA.  </. 
Kinderheilk,  A'.  F.,  \\,  p.  383,  1871,  et  Schmidfs  Jahresb.,  t.  CLH,  p.  27.  - 
Alb.  KuLRNBLRO  ct  P.  GuiTMANN,  lUc  Puthologic  des  SympathicHs,  etc.  IJerlin. 
1873.  — Ommis,  Des  eongestions  actives  et  de  la  contraction  autonome  dts  toL-- 
seaux  {Gaz,  hebd.  de  méd.  ct  de  chirurg.,  187^,  p.  827).  —  Gieneal'  i>k  Mr>^^. 
Clinique  médicdlr  de  Illnttl-Dicu,  iSlk'lD,  —  VrLPiAN,  Leçons  sur  ropi>a:'.i^ 
vaso-moteur,  l.  Il,  p.  kh2.  I*aris,  1875.  —  W.  Ebstein,  Vebvr  ein.  path.  .4/*'^ 
Befund  am  Jlalssympathirus  bci  halbscit,  schueiss  [Arch,  f,  path,  Anat.  nnl 
Physiol,  ,i,  LXH,  p.i!i3r),  1875). 

L'élude  ^x»nérale  d<'s  hypérémies,  telle  qu'elle  vient  dèlrc  expoMV. 


HYPÉRÉMIES.  547 

conduit  à  des  déductions  pratiques  du  plus  haut  intérêt.  Effectivement, 
les  hypérémies  angiopathiques  et  les  hypérémies  névropathiques ,  si 
différentes  par  leur  origine,  par  leurs  manifestations  symptomatiques 
et  par  leur  évolution,  ne  peuvent  répondre  aux  mêmes  indications  théra- 
peutiques. Par  exemple,  les  hypérémies  angiopathiques  du  rein  caractéri- 
sées par  une  diminution  de  la  quantité  d'urine  qui  est  colorée  et  plus 
dense,  ne  peuvent  être  traitées  de  la  même  façon  que  Thypérémie  névro- 
pathique  du  même  organe  produisant  de  la  polyurie  et  une  diminution 
de  la  densité  du  liquide  urinaire,  qui  devient  clair  et  limpide. 

Si  rhypérémie  passive  du  rein  est  ordinairement  subordonnée  à  une 
altération  cardiaque  et  dure  aussi  longtemps  que  cette  altération,  par 
contre  Thy pérémie  dynamique  ou  active  dépend  d'un  simple  trouble  fonc- 
tionnel et  peut  disparaître  rapidement,  ou  bien  elle  se  lie  à  une  lésion 
raalérielle  des  centres  nerveux  ou  des  cordons  sympathiques,  et  suit  la 
même  marche  que  cette  lésion.  Ainsi  s'explique  comment  certains  agents 
médicamenteux  (sulfate  de  quinine,  ergot  de  seigle,  bromure  de  potas- 
sium), très-utiles  dans  Thypérémie  active,  sont  absolument  nuls  ou  nui 
sibles  dans  Thypérémie  passive.  Chacune  de  ces  classes  exige  une  théra- 
peutique spéciale,  qui  doit  tendre  à  modifier  la  circulation  dans  un  cas, 
à  agir  sur  Tinnervation  dans  Tautre. 

Jointe  aux  connaissances  acquises  touchant  la  suppuration,  cette 
étude  nous  permet  de  comprendre  un  fait  signalé  par  Cl.  Bernard,  à 
savoir  la  grande  tendance  à  l'inflammation  suppurative  des  tissus 
soustraits  à  l'influence  vaso-motrice  du  grand  sympathique,  pour  peu 
que  l'animal  dont  le  nerf  est  sectionné  soit  soumis  à  l'action  de  causes 
morbides  générales,  ou  simplement  à  une  abstinence  prolongée  ;  elle 
nous  rend  compte  de  la  facile  suppuration  du  poumon  correspondant 
au  côté  paralysé  dans  les  cas  d'hémiplégie,  et  doit  nous  mettre  eh  garde 
contre  les  opérations  pratiquées  sur  des  organes  douloureux  et  hypé- 
rémies. En  pai-eil  cas,  il  importe  de  calmer  la  douleur  et  de  combattre  la 
fluxion  avant  d  opérer. 


CHAPITRE   III 


HÉMORRHAGIES 


Le  mot  hémorrhagie  (alfio,  sang,  priyvupic,  je  romps)  sert  à  désigner  té- 
fusion  d'une  certaine  quantité  de  sang  (globules  et  sérosité)  en  dehois 
de  ses  voies  naturelles. 

Désordre  pathologique  dans  certains  cas,  Thémorrhagie  est  d'autres  kk 
un  phénomène  purement  physiologique.  Chez  la  femme,  ce  phéDomènc 
est  intimement  lié  à  Tune  des  plus  importantes  fonctions,  la  génération: 
ainsi  l'état  pathologique  est  souvent  une  reproduction  ou  mieux  dm 
déviation  de  l'état  physiologique,  qui  est  le  véritable  type.  Les  épaneb 
ments  sanguins  du  parenchyme  des  organes  se  comportent  absolumoi 
comme  l'hémorrhagie  qui  se  produit  mensuellement  dans  la  vésicukde 
de  Graaf;  ceux  qui  ont  lieu  à  la  surface  des  membranes  rauqueusesoil 
dans  un  grand  nombre  de  cas  une  ressemblance  parfaite  avec  la  mco»- 
Iruation,  et  sont,  comme  elle,  intermittents  ou  périodiques. 

Enfermé  dans  un  cercle  sans  issue,  le  sang  ne  peut  s'écouler  des  m- 
seaux  qu'il  deux  conditions  :  ou  bien  parce  que  l'équilibre  n'existant  plfls 
entre  la  tension  de  ce  liquide  et  la  résistance  des  parois  vasculaires,  celb- 
ci  se  rompent;  ou  bien  parce  que,  dans  certaines  conditions  d'exagéralioB 
de  tension  ou  d'altération  du  sang,  les  globules  sanguins  et  le  sérum  * 
plus  forte  raison  peuvent  traverser  les  vaisseaux  restés  sains.  Les  bc- 
morrhagies  de  ce  dernier  groupe  ou  hémorrhagies  par  diapédèse  avaidtf 
autrefois  cours  dans  la  science;  mais  comme  leur  existence  ne  reposai! 
sur  aucune  preuve,  elles  ne  lardèrent  pas  à  élre  rejetées.  Remises  tu 
honneur  dans  ces  derniers  temps,  où  l'examen  microscopique  a  penni> 
de  reconnaître  que  les  globules  rouges  pouvaient,  comme  les  globule 
blancs,  émigrer  hors  des  vaisseaux  sans  rupture  préalable  de  la  paroi, (^ 
hémorrhagies  ne  sont  plus  contestées.  Une  telle  difTérence  dans  le  nio<l<* 
de  production  ou  la  mécanique  des  hémorrhagies  et  dans  un  de  leurs 
effets  essentiels  pourrait  servir  de  base  à  une  division  de  ces  affections; 
mais  il  nous  parait  beaucoup  plus  pratique  de  classer  ces  lésions,  aifl>' 
que  nous  l'avons  fait  pour  les  congestions,  d'après  leurs  conditions  palln^" 


HÉMORRHAGIBS.  549 

géniques.  Or  ces  conditions  ne  pouvant  influencer  que  la  paroi  vasculaire, 
le  système  nerveux  ou  le  sang  lui-même,  les  hémorrhagies  se  divisent 
naturellement  comme  il  suit  : 

1**  Hémorrhagies  par  altération  du  système  circulatoire  ou  hémorrha- 
gies angiopathiques  ; 

2*  Hémorrhagies  par  désordre  du]système  nerveux,  ou  hémon'hagies 
névropathiques; 

3**  Hémorrhagies  par  altération  du  sang,  ou  hémorrhagies  hémopa- 
thiques. 

Les  divisions  des  hémorrhagies  sont  des  plus  nombreuses;  les  rap- 
porter ici  serait  nous  obliger  à  faire,  sans  grand  profit,  l'histoire  des  doc- 
trines plus  ou  moins  raisonnables  qui  ont  eu  cours  sur  ce  point  de  la 
science  :  nous  préférons  renvoyer  le  lecteur  aux  sources  bibliographiques. 

Bibliographie.  —  F.  Hoffmann,  De  hœmorrhagiarum  genuina  origine  atque 
cwraiionc  ex  principiis  meclianicis,  Halœ,  1697.  —  Stahl,  Dissertatio  de  men- 
siwn  vlis  insolitis.  Halœ,  1702.  Programma  de  consulta  tUHiiate  hœmorrhagiarum 
Halœ,  1704,  Theoria  medica  vera,  trad  fr.  par  Blondin,  t.  IV.  Paris,  1863. 
—  M.  Alberti,  Dissertatio  de  Pathologiti  hcemorrhagiarum.  Halae,  1704.  — 
J.  JuNCEH,  Dissertatio  de  hœmorrhagiis  naturalibus  getieratim  consideratiSy  Halœ, 
1739.  —  RiTTER,  Dissertatio  de  hemorrhagiarum  pathologiay  semeiologia  et  thera» 
pia  in  génère.  Marburgi,  1785.  —  Vogel,  Dissertatio  de  valore  ciHtico  hœmon^ha- 
giœ  narium  et  hcemorroidum,  Halae,  1792.  —  F.  Hufeland,  Dissertatio  sistens 
paihologiœ  atque  therapiœ  hœmorrhagiarum  adumbrationem,  lenaae,  1797.  — 
G.  Panzani,  Considerazioni  pathologiche  intomo  aile  cause  e  fenomeni  delV  emor- 
ragie,  Venise,  1799.  —  André  Pasta,  Traité  des  pertes  de  sang  chez  les  femmes 
enceintes,  trad.  fr.  par  Alibcrt.  Paris,  an  VHI.  —  F.  Garnier,  Dissertation  sur 
jes  hémorrhagies  cotisidéi'ées  d'une  manière  générale,  Paris,  an  XI.  —  Jones, 
Treatise  on  the  Process  employed  by  nature  in  suppression  ofthe  hœmorrhage,  etc. 
liOndon,  1805. —  G.-J.  Meyer,  Sj/stem.  Ilandb.  zur  Erketmtniss  und  Heilung  d. 
Blutfûssey  1804  et  1805.  —  F.-G.-L.  Chrétien,  Essai  sur  les  hémorrhagies 
ncHveêy  considérées  chez  Vetifant,  Vadidte  et  le  vieillai^d,  Paris,  1808.  —  Lordat, 
Traité  des  hémorrhagies.  Paris,  1808.  — D.  Latour,  Histoire  philosophique  et 
médicale  des  causes  essentielles,  immédiates  ou  pivchaines  des  hémorrhagies.  Or- 
léans,  1815,  et  Paris,  1828.  —  Marshall  Haix,  Effects  ofloss  of  blood.  London, 
1830.  — Gendrin,  Traité  philosophique  de  médecine  pratique,  t.  I.  Paris,  1838, 
p.  22.  —  N.  Guéneau  de  Mussy,  Des  hémorrhagies  sous  le  rapport  pathogénique. 
Thèse  d'agi'ëgation.  Paris,  1847.  —  Monneret,  Traité  de  pathologie  générale, 
Paris,  1857.  —  Brûcke,  Veber  die  Urspmng  d,  Gerinnung  des  Faserstoffs  (Ar- 
chiv  f.  path.  Anat,  und  PhysioL,  t.  XII,  1857).  —  Kussmaul  et  Tenner, 
Ueber  die  falisuchtartigen  Zuckungen  bei  der  Verblutung.  Franckfurt,  1857.  — 
RicBARDSoiff  The  cause  of  thê  coagulât  ion  ofthe  blood,  London,  1858.  *'«  J.  Bron- 


550  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

GNURT,  Considérât,  sur  la  dyscriisie  veineuse,  précédées  de  la  traduction  d 
traité  de  Stalil  intitulé  :  De  venu  ffortae  porta  malorum,  etc.  Halle,  1698.  Thè 
de  Paris,  1860. —  A.  Sciimidt,  Utber  den  Faserstoff  und  die  Uisache  seiner  Cr 
riwiwig  {Reichert  und  Dubois  Archiv,  1861).  —  Rixdfleisch,  Studien  ùberBk 
m€tamori)hosen  {Archiv  d.  Heilkunde,  1863,  t.  IV,  p.  347).  —  Ch.  Boicaiii 
De  la  pathogènie  des  hémorrhagies.  Thèse  d'agrégation.  Paris,  1869. 

^  1. —  HÊMORRHAGIES  ANGIOPATHIQUES  (HÉMORRHAGIES  TRAUMATIQCES 

ET   MÊCAMOIES). 

Les  hémorrhagies  de  ce  groupe  sont  constituées  par  des  épanchemoti 
ou  des  extra vasats  sanguins  consécutifs  à  une  rupture  vasculaire  ob  i 
une  gène  circulatoire.  Elles  sont  dites  traumatiques  lorsqu'elles  reooi- 
naissent  pour  origine  l'action  de  corps  étrangers,  et  mécauiques  quul 
elles  sont  produites  par  raltération  spontanée,  la  compression  ou Tok- 
struction  des  vaisseaux. 

Ces  hémorrhagies  peuvent  occuper  les  différents  points  du  syste 
circulatoire,  et  se  produin*  dans  le  cœur,  les  artères,  les  veines  ei  b 
capillaires:  c'est  pourquoi  on  distingue  des  hémorrhagies  cardiûfm, 
(irtêrieUes,  veineuses  eX  capillaires.  En  outre,  suivant  que  le  sang  s'écodeî 
Textérieur,  qu'il  s  épanche  dans  les  cavités  intérieures,  ou  qu'il  se  tèfd 
dans  les  parenchymes,  les  hémorrhagies  sont  dites  externes,  intertm,^ 
IHireiichymuteuses,  Les  cai*aolèros  que  présentent  ces  accidents  leur  ool 
éiralenient  valu  dos  dèiiominalions  différentes  :  connues  sous  le  noœ 
i\e*:chymos(s  K>rsquo,  peu  ai)ond«inles,  elles  apparaissent  comme  destacbfr 
livides,  brunâtres  ou  noirâtres,  les  hémorrhagies  prennent  le  nomd*' 
/(ïrf/i/jf  quand  elles  intiitreut  lo  [v;uvneh\  me  des  ori:anes.  el  celui  de /^jf** 
hnnorrhngique  lorsque  h*  sani:  é|Kinehé  dt-tmil  el  rt-foule  ce  paivncbjw- 

La  quantité  de  s;uiir  evtravast' est   tK^-\ariable.   Dans  certains  cas'' 
saui:  déverse  |ku*  des  vaisseaux   volumineux  s'e[>anehe  on  peu  de  l^'ï^?* 
aviv  une  aUiiuianee  telle,  que  la  m«»rl  arrive  en  quelques  heures.  D'auVi^ 
fois  le  sauii  s.irti  des  jH'tits  vaisseaux  ne  s  écoule  que  iroulle  à  j:i>tttV* 
c'est   ce   qui   arrive  en  jit'neral   [HUir  les  hémt»rrhajies  des  nieiubt^ 
mutjueuses.  notamment  celles  du  nez  el  de  rinl»-slin. 

IntillH'  liaiis  l«s  tissus  ou  e|uiriclie  sous  forme  de  petite  foyers.  N'  * 
y  xtravas<»  ne  it-v  v»it  |»îu>  Tiiitluenee  dii*eeîe  df  rt»\\::ènt"  de  l'air,  il  oe^" 
\iviv  et  subît  biehlôl  une  série  d»-  uioditieations  qui  amènent  >a  tr**^  ' 
malit.n  et  s*iei»!iipiel»*.li>{viîitii»n.Le  s<ruîUt>ldirei*têment  resorbe,  I«^ 
buU  s  O'Ujit  s  oU  hemaliv>  se  dt  forment,  !a  malien-  colorante  ou  henia  * 
akuidoîine  rhemo-iK'bihf  »l  sttale  s*  us  torme  de  line>  granuk^- ^ 
d  ak'fd  roujieàlrt^s.  ensuite  jaunâtres  oU  vt-rdâtres.  ci»mme  l'indiqu*"^^ 


HKMOBRHAfilES. 

changements  de  coloration  subis  par  les  ccchv 


S5I 


superGcielles.  L'hé- 
moglobine à  son  tour  se  transforme  en  molécules  granulo-graisseuses 
qui  sont  peu  à  peu  résorbées  avec  les  granules  d'hémalosine,  de  sorte 
*!««  si  ihémorrhagie  est  peu  considérable,  il  vient  on  moment  où  il  ne 
reste  pas  trace  de  l'extravasal  sanguin.  Quand  l'inBltralion  est  abondante, 
comme  duns  Vin/arctita,  les  tissus  comprimés  par  le  sang  sont  exposés  ii 
une  altération  granulo-graisseuse  qui  peut  en  amener  la  destruction,  et 
de  là  les  dépressions 
cicntricielles  qui  sont 
((uelquerois  la  consé- 
quence de  ces  infarctus. 
Êjiancbé  en  plus  grande 
quantité  dans  les  tissus, 
le  sang  se  coagule,  de- 
l'ieulnuir,  puis  ses  par- 
lii's  solides  subissent  la 
.série  de  modifications 
ijui  vient  d'élre  signa- 
lée. Quant  aux  tissus 
qui  circonscrivent  cet 
éparichemenl,  déchi- 
rés d'une  façon  plus 
•-(1  moins  régulière 
ii^.  192J,  ils  laissent  f"|| 
i>'U apercevoir  le  vais- 
seau altéré,  abstrac- 
tion Tuile  des  cas  où  de 

gros  troncs  vasculaires,  sinon  des  anévrjsuies,  ont  été  rompus.  Ils  sont 
ledématiés,  teintés  en  jaune  ou  en  rouge  par  la  niatij;re  coloranle  intillrée 
(iti  par  du  sang  accumulé  dans  les  canaux  lymphatiques. 

IniK-fi  par  la  présence  du  caillot  sanguin,  qui  est  devenu  pour  eux  un 
''"''l's étranger,  les  tissus  s'enllamnieut,  non  de  favon  ii  suppurer,  à  moins 


-  Foyer  san(-u[ 
dsni  la  couche  opltque  droi 
ehâ;  g,  g:1andB  pjnéale; 
c,  corpi  itrié»  (IJ. 


en  voie  de  tranirormalioij 
/;  u,  couche  optique  gau- 
tubcrculei  quadrijumeaux  ; 


(f)  Cette  figure  rcpréiente  une  hénorrhagie  du  noyau  externe  de  la  cuucbc  optique. 

urojer  tiêmarrhagiquv,  rpinsrquabie  par  son  petit  toI urne,  l'est  eutore  par  aou  siège 

''  P*'  lei  ph^nomëiies  ctiuiquct  laïquels  il  a  donné  lieu,  La  mnlad^,  une  feinme  igoi'' 

*"■*> nie- huit  ans,  rut  subitement  atlcinlc  d'une  bémiplégie  incomplète  du  uiouTetneal 

"  *ctitiin(Dt  du  cûlé  opposé  à  la  Icsioii  ;  mais  te  qui  me  I^appa  parti eulitrement,  ce 

'      '^>    troutilei  vaio-motcurs  qui  survinrent   dnns  Ici  membres  paraljtés  et  surtout 

'"'    '<^     membre  lupùrieur.  Au  bout  de  quelques  jours  ce  membre  rougit,   se  lumélia, 

**«*1  le  ifége  d'une  élévation  de  température,  qui,  i  un  certain  moment,  monta  à 

^■■'*«  demi  degré  centigrade  au-destus  de  celle  du  meu 


5S3  ANATOUIE   PATBOLOGIQUE. 

(le  putréfaction  du  caillot  ou  de  conditions  toutes  spéciales,  comme  une 
grande  débilitation,  la  paralysie  des  nerfs  Taso-moteurs,  etc.,  msis  de 
Ta^on  à  donuer  naissance  à  de  jeunes  éléments  qui  s'organisent  et  enkyi- 
tent  le  Toyer  hêmon'hagique.  Mince,  transparente  et  Tragile,  la  noaTeIk 
membrane,  formée  d'une  substance  conjonctive  fibriliaîre  parcourue  pv 
des  vaisseaux  plus  ou  moins  nombreux,  favorise  la  résorption  du  caillotut 
fur  et  k  mesure  de  l'altération  qu'il  subit.  A  la  fin  elle  reste  imprégnée  de 
la  matière  colorante  du  sang  à  l'état  amorpbe  ou  cristallin,  signe  important 
))0ur  le  diagnostic  rélrospectif  des  anciens  foyors  apoplectiques  (fig.  191). 
Son  râle  une  fois  accompli, elle  peut  corà- 
nuer  de  se  nourrir  et  de  vivre  commen 
tissu  normal,  donner  lieu  à  la  transsud»- 
tion  d'un  liquide  séreux  plus  ou  moins 
abondant,  et  revêtir  une  apparence  kysti- 
que; plus  souvent  elle  subit  une  méta- 
morpbose graisseuse  et  disparaît  en  partie 
ou  en  totalité,  ne  laissant  qu'une  simple 
cicatrice  au  niveau  du  point  où  s'est  pro- 
duite l'hémon-hagte. 
Fie.  193.— rf,M<mbranetl'cnveloppe  L'effet  le  plus  constant  des  hémontl- 

d'un  caillot  hûmorrhagique  ;  n,  hé-      gies  est  une  anémie  pIuS  OU  moinS  fflO- 
nialoïdiiie  cnilallisée  en  priimoi  :      ,      ,  .       ■        , .        .  .. 

h,  la  même  >ubslanfe  criiljlli»ée      f""*"»'  '^^  («"'  SU'te  les  deSOrdreS   dlVCTS 
en  aiguille*  ;e,cri8taid-hén,ine.      dont  il  a  été  question  plus  baut  (voy. 

flypéraies,  p.  55A). 
Quelle  que  soit  leur  origine,  les  hémorrhagies  angiopalhiques  peuvent 
s'anvter  spontanément,  d'une  part  en  vertu  des  propriétés  rélractiles  des 
vaisseaux,  d'auli'c  pari  à  cause  de  la  coagulation  du  sang,  qui  se  produit 
toujours  dès  que  ce  liquide  abandonne  ses  voies  nalurclle-s.  Les  tissus 
l'nviron liants,  mous  et  rétractiles,  contribuent  encore  à  l'obturation  des 
vaisseaux  ouverts,  tandis  que  les  tissus  rigides,  comme  les  os  spongieui. 
les  faisceaux  tendineux,  pcrjM'tuent  l'hémorrhagie  ;  enfin,  la  cessation  des 
bémorrhagies  peut  élre  favorisée  par  l'an-êt  momentané  des  mouvements 
du  cœurou  syncope.  11  importe  d'ajouter  que  la  diminution  de  la  pression 
produite  par  l'écoulement  sanguin  détermine,  au  niveau  du  point  où 
.  s'opère  cet  écoulement,  un  affiux  de  lymphe  et  une  plus  grande  quantité 
de  globules  blancs  qui  vient  augmenter  la  coagulabilité  de  la  fibrine, 
d'ailleurs  subordonnée  il  la  composition  chimique  du  sang.  En  somme,  il 
.*e  forme  un  caillot  ou  thronibus,  qui  obstrue  le  vaisseau  ouvert,  se  pro- 
longe jusqu'à  la  première  collatérale,  devient  une  cause  d'irritation  pourU 
lunique  vasculaire  et  l'occasion  de  la  formation  d'un  tissu  embryonnaire 


BBEMOnnBAGIES.  ."ijS 

1  il  peu  en  tissu  défliiiliF,  se  rclracle,  rapproche  les  |)arois 
s  en  un  cordon  libreux  solidu  ol  rùsislant.  Seuiblatilc 
i  ne  pouvant  éliv  obtenu  dans  les  hémorrhagîes  du  cœur,  des 
I  artères  el  des  grosses  veines,  ces  hcniorrhagies  sont  toujours 
et  le  plus  souvent  Fatales. 

)H  sont  les  modiiicutions  subies  par  le  caillot  kémorrhagique  cl  lus 
qui  l'entourent.  L'organisation  du  sang  cxtravasé,  aulrerois  admise 
|reuve  par  quelques  médecins  rran<;ais,  a  été  affimiée  dans  cesder- 
lonps  par  la  plupart  des  naturalistes  d'oulre-llhin,  qui  considèrent 
Ihiles  blancs  comme  les  éléments  actifs  de  cette  organisation.  Cette 
B|  suivant  nos  propres  recherches,  n'est  pas  exacte  ;  ce  ne  sont  pas 
lilules  blancs  étoulTés  au  sein  d'un  caillot  qui  s'organisent,  mais 
éléments  conjonctiTs  prolifères  de  la  paroi,  par  suite  de  l'irrila- 
fkquelle  donne  Heu  le  sang  exlruvasé. 

feehé  à  l'intérieur  des  cavités  séreuses,  le  sang  subit  des  ntodilica- 

pemblablefi  à  celles  qu'il  présente  dans  la  profondeur  des  tissus  : 

teure  d'une  membrane  de  nouvelle  foi-mation,  qui   favorise  sa  11;- 

et,  dans  certains  cas,  peut  donner  naissance  à  un  kyste  pei'sislant, 

u  lactescent  ou  séreux.  A  la  surface  des  membranes  muqueu- 

mgne  s'enkyste  jamais,  mais  il  est  inodiKé  par  les  produits  de 

I  des  glandes  coulenues  dans  ces  membranes:  ainsi  l'acide  du  suc 

ne  produit  un  sang  noir,  marc  de  café;  l'acide  sulfliydrique  con- 

]s  l'intestin  engendre  le  méléna.  Dans  quelques  circonstances  el 

ilement  au  sein  des  néoplasies  Irès-vasculaires,  le  sang  épanché 

L  jaune  et  subit  une  sorte  de  métamorphose  caséeuse;  plus  rare- 

|Bi  constate  la  erétilicatîon  ou  ta  dégénérescence  amyloide  du  cail- 

irrhagique. 
diaguostic  clinique  des  bémotThagies  intenies  est  quelquefois  dif- 
far  contre  le  diagnostic  anatomique  de  ces  lésions  est  dos  plus 
,11  est  cependant  des  cas  où,  par  suite  d'une  altération  du  sang. 
le  se  sépare  de  la  globuline  et  s'extravase  par  exosmose.  Ainsi 
(aisent  dos  flux,  des  collections,  des  infiltrations  d'une  matière 
présentant  plus  ou  moins  la  coloration  du  sang,  mais  n'en  possé- 
da constitution  anatomique,  ni  même  la  composition  chimique, 
lents,  connus  sous  le  nom  de  fausses  hémoiThagies,  ne  sont  pas 
Dent  rares  1  ils  ont  été  constatés  plus  spécialement  dans  les  reins 
om  de  chromaturie,  de  mèlanurie  ;  on  les  obsei-ve  encore  dans  le 
>  dans   d'autres  organes ,   dans    les    membranes    tégumentaires. 
distinguent   par  ce   fait  que   le  liquide   épanché,    diversement 
{tardes  granulations  d'héniatosinc,  ne  renferme  pas  de  globules 


554  ànàtomie  pathologique. 

sanguins.  Ces  transsudations  colorées,  bien  que  formées  par  une  substance 
qui  vient  du  sang,  ne  sont  pas  plus  des  hémorrhagies  que  les  liquides 
quelquefois  teintés  par  le  sang  qui  forment  Fœdème  au  voisinagp 
d'une  piqûre  de  vipère,  liquides  dans  lesquels  Cheron  et  Goujon  (1) 
n'ont  pu  déterminer  aucune  coagulation  par  Tacide  nitrique  et  la  cht- 
leur. 


Étiologie  et  pathogénie.  —  Les  causes  des  hémorrhagies  angiopathiqnes 
sont,  les  unes  extérieures  ou  étrangères  aux  vaisseaux,  les  antres 
intimement  liées  aux  modifications  subies  par  les  parois  vasculaires, 
à  l'exagération  de  la  tension  sanguine,  ou  encore  à  ces  deux  conditions 
réunies.  Les  causes  extérieures  comprennent  les  plaies  vasculaires 
par  instruments  piquants,  tranchants  ou  contondants,  celles  qui  sont 
reflet  d'opérations  diverses  (calhétérisme,  etc.),  ou  qui  sont  produites 
par  la  présence  d'un  corps  étranger  (calcul  vésical,  vers  intestinaux,  etc.). 
Les  hémorrhagies  qui  succèdent  à  ces  causes  ont  une  pathogénie  des 
plus  simples  et  qui  n'exige  aucune  explication;  le  sang  s'écoule  parce 
que  le  vaisseau  est  rompu. 

Les  hémorrhagies  dépendantes  d'une  altération  spontanée  ont  un  méca- 
nisme plus  complexe,  car  il  s'ajoute  en  général  à  la  modification  ana- 

tomique  de  la  paroi  un  certain  degré  d'augmen- 
tation de  la  tension  sanguine.  Toutes  les  alté- 
rations de  texture  originelles  ou  acquises  des 
vaisseaux  contribuent  à  la  genèse  de  ces  hérao^ 
rhagies  ;  telles  sont  les  ruptures  du  cœur  dans 
la  myocardite ,  la  stéatose  cardiaque,  les  rup- 
tures des  artères  consécutives  à  l'endartérite, 
aux  anévrysmes  des  gros  et  des  petits  vais- 
seaux (fig.  194),  aux  dégénérescences  graisseuse, 
albuminoïdc  et  colloïde  des  tuniques  des  artères 
cl  des  capillaires,  ou  encore  les  ruptures  des 
veines  à  la  suite  de  varicosilés  ou  d'ulcération 
de  leurs  parois. 

Les  vaisseaux  de  nouvelle  formation,  dont  les 
tuniques  sont  en  général  minces  et  peu  résistantes,  sont  encore  le  siège 
d'hémorrhagies  ressortissant  à  ce  groupe  par  un  motif  ou  par  un  autre. 
Leurs  parois  distendues  cèdent  facilement  en  effet  à  la  pression  de  la 
colonne  sanguine  qui  les  parcourt,  d'où  la  fréquence  des  hémorrhagies 


Fig.  194.  —  Artériole  du 
cerveau  chargée  d'ané- 
vrysmes  miliaircs  et  pro- 
venant d'un  garçon  de 
seize  ans,  tuberculeux. 


(1)  Chéron  et  Goujon,  V Union  mâiicale,  16  février  1369. 


HÉMORRHAGIES.  555 

chez  les  nouveau-nés  et  dans  les  tissus  pathologiques.  Telle  est  Tori- 
gine  d'un  certain  nombre  d'hématomes  de  la  dure-mèi*e,  du  péritoine,  de 
la  tunique  vaginale,  comme  aussi  des  épanchements  sanguins  du  fibrome 
embryonnaire,  de  l'épithéliome  glandulaire  et  de  plusieurs  autres  tumeurs. 
Dans  tous  ces  cas,  la  rupture  vasculaire  est  généralement  causée  ou  occa- 
sionnée par  un  eiïort,  par  une  des  causes  qui  peuvent  exagérer  la 
tension  du  sang  dans  les  vaisseaux. 

Les  causes  dont  Faction  spéciale  sur  l'appareil  circulatoire  peut  mo* 
difier  la  tension  vasculaire  de  façon  à  provoquer  un  processus  hémor- 
rbagique,  agissent  soit  en  diminuant  le  champ  artériel,  soit  en  compri- 
mant les  troncs  veineux,  soit  en  abaissant  la  pression  extérieure. 

L'interruption  du  sang  dans  une  partie  du  système  artériel,  comme 
celle  que  détermine  Toblitération  ou  la  ligature  de  Tartère  principale  d'un 
membre,  de  l'aorte  à  sa  terminaison,  remplit  la  première  de  ces  condi- 
tions. Hobinson  (1)  pratique  l'ablation  de  l'un  des  reins  et  lie  l'aorte  au- 
dessous  de  l'artère  rénale  du  rein  opposé.  H  oblige  ainsi  une  quantité  de 
sang  anormale  à  se  porter  sur  cet  organe,  et  il  détermine  la  formation 
d'ecchymoses  dans  sa  substance  et  à  sa  surface.  Cependant,  l'hémorrhagie, 
dans  les  circonstances  de  ce  genre,  est  le  plus  souvent  subordonnée  à  un 
ensemble  de  causes.  Ainsi,  l'atrophie  rénale  qui  s'oppose  à  l'écoulement 
libre  d'une  notable  portion  du  liquide  sanguin  coexiste  ordinairement 
avec  une  hypertrophie  cardiaque  qui  imprime  une  forte  impulsion  au 
sang,  et  avec  une  artério-sclérose  des  gros  troncs  artériels  qui,  devenus 
rigides,  n'amortissent  plus  le  choc  du  cœur  et  amènent  par  saccades  le 
sang  aux  organes.  Ces  conditions,  évidenwnent  très-favorables  à  la  rup- 
ture des  petits  vaisseaux,  sont  celles  qui  se  rencontrent  dans  le  plus 
grand  nombre  des  cas  d'hémorrhagie  cérébrale. 

Tout  obstacle  au  libre  écoulement  du  sang  veineux  dans  un  tronc 
important  ou  dans  le  cœur  élève  la  tension  veineuse  et  produit  parfois 
des  hémorrhagies  même  dans  des  cas  où  les  vaisseaux  sont  sains.  Les 
petites  hémorrhagies  cérébrales  qui  succèdent  à  l'oblitération  des  sinus  de 
la  dure-mèrë,  celles  qui  se  produisent  dans  les  viscères  abdominaux  au 
cours  de  la  cirrhose  ou  d'une  oblitération  de  la  veine  porte,  dans  la  rate 
ou  dans  l'estomac  ii  la  suite  de  Tobstruction  de  fa  veine  splénique,  en 
sont  autant  d'exemples  incontestables.  Les  affections  cardiaques,  et  sur- 
tout l'altération  de  l'orifice  auriculo-ventriculaire,  conduisent  fréquem- 
ment au  même  résultat.  Les  lésions  de  l'artère  pulmonaire  et  du  cœur 

(1)  G.^ohimon,Con{ribut.to  thephjsioi.  and  pathoiog.ofthe  circulât .  ofthe  blood,, 
LondODy  iSb7,  p.  50  el  51. 


556  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

droit,  remphysènie  des  poumons,  la  dilatation  bronchique,  les  compres- 
sions et  la  diminution  du  thora.K,  peuvent  avoir  les  mêmes  conséquences. 

Les  eiïorts  violents,  Téternuement,  la  toux,  les  convulsions  éptep- 
tiques,  soit  en  interrompant  momentanément  la  progression  centripète 
du  sang  veineux,  soit  en  faisant  refluer  ce  sang  contre  son  cours  habi- 
tuel,  augmentent  la  pression  dans  des  points  déterminés  du  système 
sanguin  et  parviennent  également  à  rompre  la  résistance  des  parok 
vasculaires,  principalement  au  niveau  des  surfaces  libres  où  les  pins 
petits  vaisseaux  veineux  n*ont  qu'un  appui  insufflsant. 

La  diminution  de  la  pression  extérieure  tend  à  déranger  d'une  autre 
façon  réquilibre  établi  entre  la  tension  sanguine  et  la  résistance  des  parois 
vasculaires.  Quand  un  réser\'oir  dont  les  parois  font  subir  une  certaine 
compression  à  son  contenu  vient  à  être  ouvert,  les  vaisseaux,  perdant 
subitement  une  partie  de  la  force  concentrique  qui  les  soutient,  sont 
exposés  à  se  rupturer  par  le  fait  de  l'augmentation  relative  de  leur  tension 
intérieure.  C'est  ce  qui  arrive  particulièrement  pour  les  vaisseaux  de  la 
rétine  et  des  autres  membranes  de  l'œil,  à  la  suite  de  la  paracentèse 
oculaire.  La  raréfaction  de  l'air  sur  un  point  de  la  surface  du  corps, 
l'application  d'une  ventouse  Junod,  amènent  également  une  disten- 
sion des  capillaires,  qui  fmissent  par  se  rompre  d'autant  plus  facile- 
ment qu'ils  sont  plus  relâchés  ou  plus  modifiés  dans  leur  structure. 
Le  travail  dans  l'air  comprimé,  la  décompression  qui  se  produit  à  la  suite 
dans  les  conditions  ordinaires  de  la  pression  atmosphérique,  sont  d  autres 
causes  de  rupture  d'équilibre  de  la  tension  sanguine  et  d'hémorrhagies. 
On  peut  en  dire  autant  de  l'ascension  sur  des  lieux  élevés  ou  dans  des 
ballons. 

Produites  par  la  simple  augmentation  de  la  tension  du  sang  dans  les 
vaisseaux,  les  hémorrhagies  reconnaissent  deux  modes  différents.  Si  le 
plus  souvent  le  sang  s'échappe  par  une  ouverture  artificielle  de  la  paroi 
vasculaire,  quelquefois  aussi  il  paraît  traverser  celte  paroi  sans  la  rompre: 
l'hémorrhagiea  lieu  par  diapédèse.  Cohnheim,  ayant  lié  la  veine  fémorale 
d'une  grenouille,  observa  ce  qui  se  passait  dans  la  membrane  digitale 
con*espondante,  et  vit  qu'immédiatement  après  les  premières  oscillations 
le  cours  du  sang  se  ralentit  dans  les  capillaires,  et  qu'ensuite  les  globules 
rouges  se  pressent  les  uns  contre  les  autres  de  façon  à  remplir  tout  le 
calibre  du  vaisseau.  L'abondance  de  ces  éléments  est  telle,  qu'ils  semblent 
former  une  masse  uniforme  où  l'on  ne  peut  distinguer  aucun  d'eux  iso- 
lénienl.  Au  bout  de  quarante-cinq  minutes  environ,  sur  le  bord  extern** 
(lu  vaisseau  apparaît  une  petite  saillie  jaune  et  de  tout  point  semblable 
à  la  substance  des  globules  roug<»s.  Celle  saillie  grossit  et  parait  se  pédi- 


HKMORRHAGIES.  557 

culer  sur  le  vaisseau  ;  enfin,  au  bout  d'un  temps  quelquefois  assez  long, 
l'isolement  s'opère,  la  masse  détachée  parait  être  un  globule  rouge  dé- 
formé, car  il  est  parfois  possible  d'en  apercevoir  le  noyau,  bien  que  dans 
certains  cas  elle  soit  assez  peu  considérable  pour  faire  croire  que  le  glo- 
bule est  fragmenté.  Cependant,  avant  comme  après  Tissue  de  cet  élément, 
aucune  trace  de  déchirure  ne  se  constate  sur  les  membranes  vasculaires. 
Slricker  et  Arnold  ont  observé  le  même  fait  ;  mais,  tandis  que  le  pre- 
mier de  ces  auteurs  considère  la  paroi  des  vaisseaux  capillaires  comme 
formée  d'une  matière  protoplasmatique  qui  absorbe  le  globule  sanguin 
pour  le  chasser  ensuite,  et  voit  dans  l'émigration  de.ce  globule  un  phé- 
nomène actif,  le  second,  à  l'exemple  de  Cohnheim,  pense  que  ces  parois, 
constituées  par  des  éléments  cellulaires,  présentent  des  ouvertures  ou 
stomates  qui,  dilatées  par  la  pression  sanguine,  laisseraient  passer  les 
globules  sanguins. 

Bibliographie.  — Jos.  Hogdson,  Traité  des  maladies  des  artères  et  des  veines^ 
trad.  fr.  par  Breschet.  Paris,  1819.  —  Ebel,  De  natura  medicatrice  sicubi  arteriœ 
mdneratœ  et  ligatœ  fueiiÂiit.  Giessen,  1826,  —  Stilling,  Die  Bildwig  und  Méta- 
morphose des  Blutpfropfes  oder  Thrombus  in  verletzteii  Blutgefiissen,  Eisenach^ 
183/4.  —  Samsox,  Des  hémorrhagies  traumatiques.  Thèse  de  concours.  Paris, 
1836.  —  P.  Rayer,  Observations  sur  les  hémorrhagies  veineuses  du  foie  qui  sur- 
viennent à  la  suite  de  V hépatite  ulcéreuse  [Archives  générales  de  médecine,  sériel, 
t.  Vit,  p.  161).  — ZwicKY,  Die  Métamorphose  des  Thrombus.  Zurich,  18/i5.  — 
L.  Porta,  Délie  alterazioni  patologiche  délie  Arterie  per  la  legatura,  la  torsione, 
Milano,  18ii5.  —  Edw.  Crisp,  Diseuses  of  the  blood-vessels.  London,  1847.  — 
H.  Galliet,  Rechei'ches  sur  les  lésions  anévrysmatiques  des  imsseaux  capillaires 
considérées  comme  cause  de  certaines  hémorrhagies.  Thèse  de  Paris,  1853.  — 
Couvreur,  Des  abcès  hématiques.  Thèse  de  Paris,  1861.  — C.-O.  Weber,  Uebei* 
die  Vascularisation  des  Thrombus  {Berlin»  Klin.  Wochenschrift,  186/i). —  Ch.  Ro- 
bin, Sur  la  struct,  des  artères  et  leur  altérât,  sènile  (Comptes  rendus  de  la  Soc,  de 
biologie^  1849,  p.  33).  — J.  Paget,  On  fatfy  degetieration  of  the  smaU  blood 
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1850). — R.  ViRCH0w,re6er  Erveiterung  kleinerer  Ge fasse  {Archiv  f.  path,  Anat. 
und  PhysioL,  1851).  —  Handb,  d.  sp.-Pathol,  vol.  I,  p.  227.  — Pestalozzi, 
Ueber  Anevi'ysma  spuria  d.  klein.  Gehimart,  und  dei'en  Zusammenh.  mit  Apo- 
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lUeinere  Himgefaesse.  Wurzburg,  1854.  —  J.  Crocq,  Des  hémorrhagies  par 
âiapédésê,  etc.  Bruxelles,  1859,  p.  189.  —  Eulenbuhg,  Ueber  den  Einfluss  von 
Henhypertrophie  und  Erkrank.  der  Himarter.  auf  das  Zustandehommetx  von 
Hœmorrag.  cerebr.  {Archiv  f  path,  Anat.  und  Physiol.,  vol. XXIV,  1862,  p.  361). 
—  BcHL,  Zur  Capillarektasie  der  Lungen  [Archiv  f,  path.  Anat.  und  Physiol. , 
t  XXV,  p.  183,  \%62).--  Experimentalstud.  iiberd.  Histologie  d.  Blutes.  Berlin, 


558  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

1863. —  Hervieux,  Des  hèmorrhagies  méningées  chez  les  netweaU'nés  {Union 
iS6l\,  l.  XXIIl).  —  E.  Lancereaux,  Des  hèmorrhagies  méningées^  etc.  (Ank.  90. 
de  méd,y  nov.  et  déc.  1862,  janv.  1863).  —  R.  Lépine,  Note  sur  deux  m 
d' hémorrhagie  sous-méningée  {Gaz,  méd.^  1867).  —  Mrynert,  AUgem.  Wiem 
Wochenschr,,  I86/1,  n°  28.  — Heschl,  Wiener  medic,  Wochensctir.y  1865,  6  d 
9  sept.  —  Ch.  Bouchard,  Études  sur  quelques  points  de  la  pathogénie  des  Kémuh 
rhagtes  cérébr.  Thèse  de  Paris,  1867.  —  J.-M.  Cbarcot  et  Ch.  Bouchaiid,  .Vok. 
recherches  sur  la  pathog,  de  Vhém,  cérébrale  {xirchives  de  physiologie  norm.  H 
path,^  n«  1,  1868,  p.  110).  —  Stricker,  Joum,  de  Robin,  1867,  p.  652.- 
Prussak,  Ueber  kunstliche  erzcugte  Blùtungen  per  diapedesin  {Wieti.  SitzansAh 
richt,  1867).  —  CouNnEiM,  Ueber  venôse  Stauung  {Arch,  f.  path,  Annt.  wi 
Physiol.,  t.  XLI,  p.  220;  1867).  —  E.  Wagner,  Die  Epithelialblutungen  [Aïdà 
d,  Heilkunde,  9'  annde,  p.  697,1869,  et  10*  année,  p.  337).  —  Legocest.It 
la  rupture  spontanée  des  veines  (Arch.  gén.  de  méd,y  mai  1867,  1. 1,  p.  515).— 
Ch.  Cauchois,  Pathogénie  des  hèmorrhagies  traumatiques  secondaires.  Thèse  à 
l^aris,  1873.  —  H,  Auspitz,  Ueber  venôse  Stauung  in  der  Haut  {Vierteljakresckrifi 
fur  Dermatologie  und  Syphilis,  1874). —  Voyez  en  outre  les  traités  de  chinufie 
de  B.  Bell,  Boyer,  Velpeau,  Billrolh,  FoUin. 

g  2.  —  Hèmorrhagies  névropathiques. 

Ces  hèmorrhagies  sont  constituées  par  des  écoulements  ou  des  extn- 
vasats  sanguins  survenant  sous  riiifluence  d'un  trouble  des  nerfs  vistH 
moteurs.  Quoique  signalées  ou  admises  depuis  longtemps  par  quelques 
auteurs,  ellrs  ont  été  peu  étudiées  jusque  dans  ces  derniers  temps,  où  leur 
existence  est  devenue  indiscutable,  grAce  aux  progrès  de  la  physiologie. 

Les  hèmorrhagies  névropathiques  se  produisent  normalement  chez  h 
femme,  où  elles  se  lient  à  la  fonction  de  reproduction.  A  l'état  patholo- 
gique, elles  se  rencontrent  dans  les  deux  sexes,  plus  souvent  peut-être 
chez  la  ftMume;  elles  occupent  différentes  parties  du  corps,  et  siègent  de 
préférence  à  la  peau  et  sur  les  membranes  muqueuses,  au  niveau  des  points 
de  terminaison  d(»s  lilcts  nerveux  comme  au  voisinage  des  articulations. 
Les  parties  qui  doiv(^nt  être  afftTtées  s'injectent  d'abord,  rougissent,  se 
tumèlienl,  donnent  lieu  à  un»?  sensation  de  gène»  et  de  pesanteur  ;  poi5, 
au  bout  d'un  espace  de  temps  en*  général  très-court,  elles  laissent 
échapper  un  liquide  sanguinolent,  variable  quant  à  sa  composition  et 
à  sa  quantité.  Tantôt,  en  effet,  ce  liquide,  presque  entièrement  com- 
posé de  sérosité,  ne  renferme  qu'un  petit  nombre  d'hématies  et  de 
leucocytes,  et  colore  peu  les  tissus  ;  tantôt,  au  contraire,  il  contient  une 
plus  grande  quantité  de  globules  sanguins,  forme  sous  la  pe^u  ou  dans 
les  organes  des  taches  foncées,  et  produit,  dans  les  tissus  un  peu  lâches, 
des  caillots  noirâtres  :  on  peut  avancer  d'une  façon  générale  que.  conirm* 


( 


HÉMORRHAGIES.  559 

sang  menstruel,  il  est  moins  riche  en  globules  et  plus  riche  en  sérum 
e  le  sang  véritable. 

La  quantité  de  sang  épanché  est  variable  :  dans  les  parenchymes,  elle 
une  lieu  à  des  foyers  étendus  ou  forme  des  taches  plus  ou  moins  larges 
pelées  ecchymoses,  purpura,  etc.  Extravasé  au  dehors,  le  sang  atteint 
rement  des  proportions  considérables  ;  aussi  est-il  rare  que  la  vie  dans 
s  cas  puisse  courir  un  danger  immédiat.  Situées  dans  l'épaisseur 
i  tégument  externe,  les  hémorrhagies  névropathiques,  faciles  à  suivre, 
mX  ordinairement  accompagnées,  dès  leur  début,  d*un  œdème  ferme, 
rconscrit  au  pourtour  du  foyer  sanguin,  ou  bien  plus  étendu,  comme 
AS  certains  cas  de  purpura,  et  pouvant  atteindre  une  partie  ou  la  tota- 
le d*un  membre.  Lorsqu'elles  occupent  les  membranes  muqueuses,  ces 
orrhagies  sont  en  général  accompagnées  d*une  sécrétion  muqueuse 
ou  moins  abondante.  Les  modifications  que  subit  le  sang  épanché, 
LUS  tous  ces  cas,  ne  sont  pas  différentes  de  celles  que  présentent  les 
famorrhagies  angiopathiques  ;  toutefois,  Textravasat  sanguin,  en  général 
îîii  abondant,  disparaît  avec  une  plus  grande  rapidité.  * 
les  hémorrhagies  névropathiques  sont  fréquemment  précédées  ou 
îcompagnées  de  douleurs  intenses,  qui  se  font  sentir  tantôt  au  niveau 
M  point  où  Técoulement  de  sang  a  lieu,  tantôt  dans  une  autre  région  : 
bnsi  certaines  hémorrhagies  utérines  sont  quelquefois  précédées  de 
fivralgies  lombo -sacrées.  Dans  quelques  cas,  ces  hémorrhagies  ne 
f^ntent  aucun  cortège  douloureux,  mais  elles  surviennent  à  la 
■ùte  d'attaques  convulsives  de  formes  variées,  et  le  plus  souvent  dans 
Kie  partie  de  l'organisme  atteinte  de  trouble  nerveux,  comme  dans  la 
Mitié  gauche  du  corps  chez  les  hystériques.  Les  effets  produits  pai' 
H  accidents  sont  relativement  peu  accusés  et  souvent  peu  sérieux. 
».  écoulement  de  sang,  d'ordinaire  assez  peu  abondant,  ne  détermine 
p'un  léger  degré  d'anémie,  les  malades  ne  tardent  pas  à  se  rétablir. 
0k^  récidive  est  le  propre  de  ces  hémorrhagies,  fréquemment  inter- 
IMttentes  ou  même  périodiques,  malgré  leur  différence  de  siège. 

Le$  hémorrhagies  névropathiques  se  distinguent  par  les  symptômes 
ivxionnaires  qui  les  précèdent,  par  leur  marche  mobile,  intermittente 
•apériodique.  L'état  général  du  malade,  ses  antécédents,  les  symptômes 
^WK»mitanls  de  ces  hémorrhagies,  tels  que  douleurs  névralgiques,  gon- 
B^ent  œdémateux,  etc.,  sont  d'ailleurs  autant  de  circonstances  qui 
^™onent  en  aide  au  diagnostic  de  ces  accidents  et  qui  permettent  de  les 
•îftrencier  des  hémorrhagies  angiopathiques. 

^  pronostic  des  hémorrhagies  d'origine  nerveuse  n'est  pas  toujours 
••^  (langer;  mais,  si  on  l'envisage  d'une  façon  générale,  il  est  mani- 


560  ÀNATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

fcstement  moins  grave  que  celui  des  hcmorrhagies  liées  à  une  alténtkxi 
vasculaire.  Celles-ci  sont  le  plus  souvent  mortelles  lorsque  des  vaisseaux 
volumineux  sont  aiïectés  ;  celles-là  sont  rarement  fatales,  et,  du  reste, 
elles  n'intéressent  que  des  vaisseaux  de  petit  volume.  Enfin,  dans  un  cer- 
tain nombre  de  cas,  elles  peuvent  être  considérées  comme  un  bienlut: 
telles  sont  les  hémorrhagies  supplémentaires  des  règles,  certains  écoule- 
ments hémorrhoïdaîres,  etc. 

Étiologtc  et  pathogénie,  —  Les  hémorrhagies  névropathiques  se  pro- 
duisent sous  des  influences  diverses,  physiques,  physiologiques  ou  patho- 
logiques. L'impression  du  froid  et  de  la  chaleur,  les  émotions  morales  un 
peu  vives,  les  névroses  et  les  diflerentes  altérations  des  centres  ou  des 
cordons  nerveux,  sont  autant  de  circonstances  étiologiques  propres  à 
engendrer  ces  hémorrhagies. 

L'action  du  froid  produit  sur  les  extrémités  neri^euses  scnsitivcs  une 
impression  qui  se  réfléchit  sur  les  centres,  lesquels  réagissent  de  façon  i 
amener  la  dilatation  des  vaisseaux  et  Thémorrhagie,  à  moins  d'admettre, 
ce  qui  paraît  peu  vraisemblable,  une  action  contractile  directe  sur  les 
parois  vasculaires  à  la  périphérie,  et  par  suite  une  augmentation  de  b 
tension  artérielle  avec  rupture  des  vaisseaux  dans  les  parties  délicates. 
Exercée  à  la  périphérie,  cette  action  se  réfléchit  plus  spécialement  surks 
viscères  et  les  membranes  muqueuses.  Les  voyageurs  signalent  des  hé- 
moptysies  et  des  épislaxis  chez  les  peuplades  du  nord  de  TAmérique,  et 
principalement  les  Groënlandais  et  les  Esquimaux  (1).  La  chaleur  produit 
aussi  la  dilatation  des  vaisseaux,  tantôt  directement,  tantôt  par  action  ner 
veuse  réflexe,  et  par  cela  même  elle  est  dans  certains  cas  une  caust 
d'hémorrhagie.  Cl.  Bernard  a  constaté  sur  des  lapins  morts  à  la  suite 
d'une  élévation  trop  considérable  de  la  température  des  taches  ecchjTno- 
liques  à  la  surface  des  téguments. 

L'ovulation,  cet  état  physiologique  périodique,  est  la  cause  de  rhémor- 
rhagie  menstruelle  présidée  et  réglée  par  le  système  nerveux.  Loi*sque  h 
maturation  d'une  vésicule  de  Graaf  arrive  à  son  terme,  il  se  produit  un 
trouble  du  système  nerveux  vaso-moteur  correspondant  qui  retentit  sur 
toute  l'économie,  et  particulièrement  sur  l'utérus.  Les  vaisseaux  de  la  mem- 
brane muqueuse  de  cet  organe  se  congestionnent,  se  dilatent,  subis- 
sent  des  ruptures,  ou   plutôt  se   laissent    traverser  par   les  globules 

(1)  Bogorodsky  note  également  l'existence  des  hcmorrhagies  nasales  au  KtB>- 
tschatka,  lorsque  daus  l'hiver,  sous  Tinfluence  d'un  vent  sec,  le  thermomètre  descend 
au-dessous  de  —  40*  R. 


BÊMORRHAGIES.  5M 

rouges  ((lia|)é(lès(»].  Quel  que  soit  le  mêciinisme  de  répanchement 
Stiiiguin,  il  y  a  par  le  fait  de  lovulatiori  une  impression  transmise 
aux  centres  nerveux,  et  sus|)ension  Irès-probable  de  Tactivité  des  parties 
de  ces  centres  qui  régissent  le  tonus  des  vaisseaux  de  Tutérus  ;  la  preuve 
de  Texistence  d'actions  nerveuses  réflexes  dans  ces  conditions,  ce  sont 
les  bruissements  d'oreilles,  la  céphalée,  les  vertiges,  Tétat  d'énervement 
général,  les  congestions  de  la  face,  etc.,  qui,  chez  la  femme,  accompagnent 
l'écoulement  menstruel.  .Mais  que,  par  un  motif  ou  par  un  autre,  cet  écou- 
lement n*ait  pas  lieu  par  sa  voie  naturelle,  qui  est  Tutérus,  il  pourra  se 
produire  dans  d'autres  points  du  corps,  et  principalement  dans  ceux  où 
la  résistance  des  vaisseaux  est  moindre,  comme  les  membranes  mu- 
queuses des  fosses  nasales,  de  Testomac,  des  voies  respiratoires,  des  yeux, 
ou  encore  par  les  alvéoles  dentaires,  etc.  Telles  sont  les  hémorrhagies  com- 
plémentaires et  les  hémorrhagies  supplémentaires  des  règles,  qui  revien- 
nent parfois  avec  une  périodicité  égale  à  celle  de  la  mensti*uation,  et 
qui,  comme  celle-ci,  sont  précédées  d'un  malaise  général  et  de  troubles 
nerveux  variables,  céphalée  frontale  plus  ou  moins  intense,  bouiïées 
de  chaleur  au  visage,  nausées,  coliques,  etc.  La  quantité  de  sang 
épanchée,  n'est  jamais  très-abondante,  et  Thémorrhagie,  une  fois  terminée, 
est  presque  toujours  suivie  d'un  véritable  bien-être.  Ainsi,  ces  hémorrhagies 
sont,  comme  la  menstruation  elle-même,  liées  à  un  phénomène  nerveux 
vaso-moteur;  la  fonction  physiologique,  pour  une  cause  ou  pour  une 
autre,  venant  à  se  déplacer,  il  se  produit  ce  qu'on  a  appelé  des 
règles  déviées. 

Une  commotion  morale  un  peu  vive,  une  émotion  subite,  un  sentiment 
de  colère  ou  de  frayeur,  toutes  ces  causes  d'hypérémie  fluxionnaire  sont, 
dans  certaines  circonstances,  descauses  d'hémorrhagie,  ce  symptôme  n'é- 
tant souvent  qu'un  degré  avancé  de  ThypérémicLa  colère,  qui  augmente 
l'énergie  du  cœur  et  dilate  les  vaisseaux,  ceux  de  la  télé  principalement , 
donne  quelquefois  lieu  à  des  épislaxis,  à  du  purpura,  plus  rarement 
à  une  hémorrhagie  cérébrale.  Lordat  raconte  qu'une  femme  de  mauvaise 
vie,  d'un  caractère  irascible,  fut  prise  par  les  employés  de  la  police  et 
conduite  à  la  maison  de  force.  Elle  entra  dans  une  colère  aO'reuse,  à  la 
suite  de  laquelle  il  lui  survint  une  hémoirhagie  par  le  nez  et  par  la 
bouche,  et  une  éruption  de  taches  pourprées  qui  couvrirent  tout  le  corps, 
et  dont  les  plus  grandes  avaient  un  pouce  de  diamètre.  Semblables  acci- 
dents peuvent  être  produits  par  ime  vive  frayem*.  Indépendamment  d'un 
certain  nombre  de  cas  d'bématidrose  survenus  h  la  suite  d'une  frayeur 
plus  ou  moins  vive  (voyez  Parrol,  p.  ùT)),  un  fait  qui  m'est  personnel 

LvKCEREAi'X.  —  Traite  U'Anat.  patb.  I    —  36 


552  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

met  en  évidence  l'influence  d'une  vive  émotion  sur  la  production  des 
hémorrhagies  (1). 

(t)  Uu  jeune  sculpteur,  âgé  de  vingt-trois  ans,  des  mieux  constitués,  n'ayant  dau  sa 
ramiUe  aucune  maladie  hêrëditnire ,  surtout  pas  d'hémophilie,  passait  une  partie  de 
l'année  à  Paris  et  l'autre  à  Fontainebleau  où  il  était  occupé  au  cbàteao* 

A  la  fin  du  mois  de  juillet  1861,  ce  jeune  homme  déménageait  une  bibliotb^v 
d'un  grand  prix,  qui  faillit  tomber  et  se  briser.  Dans  l'efTort  qu'il  fit  pour  la  reteair« 
il  reçut  un  coup  assez  léger  a  la  tète;  mais  dans  le  même  moment  il  éprooTi 
une  émotion  très-vife,  une  commotion  morale  intense,  causée  par  la  crainte  de  Tob  ce 
meuble  détruit.  Le  soir  du  même  jour,  il  fut  pris  d'une  épistnxis  intense,  la  prenièR 
qu'il  se  souvint  d'avoir  eue  dans  sa  vie.  Les  jours  suivants,  cette  hémorrhagie  se  reaoi* 
vcla,  puis  bientôt  les  gencives  et  la  bouche  se  mirent  à  saigner,  de  telle  Jiorte  qne 
perdant  chaque  jour  du  sang,  le  malade  finit  par  tomber  dans  une  anémie  profonde. 

C'est  alors,  un  mois  environ  après  le  début  des  accidents,  que  la  peau  présenti 
quelques  ecchymoses  et  un  plus  ou  moins  grand  nombre  de  taches  de  purpura.  Ces  ac- 
cidents persistaient,  et  il  ne  se  passa  presque  pas  un  seul  jour  sans  que  le  malade  eût 
des  hémorrhagies. 

Le  11  octobre  1861 ,  ce  malade  entrait  à  l'hôpital  de  la  Pitié,  salle  Saint-Athanase,  dans 
un  état  d'anémie  très-manifeste.  Les  téguments,  décolores,  sont  jauni\tres,  l'emboa- 
point  est  conservé,  les  gencives  sont  boursouflées,  à  peine  ramollies,  néanmoioi 
saignantes.  Des  taches  ecchymotiques  sont  disséminées  sur  les  membres,  plus  parti- 
culièrement sur  les  bras,  il  en  existe  peu  sur  le  tronc  ;  aucune  douleur  articulaire, 
mais  sentiment  de  faiblesse  générale.  Les  fonctions  digestives  se  font  bien,  les 
battements  du  cœur  sont  énergiques,  fréquents,  l'impulsion  cardiaque  est  forte,  oi 
constate  l'existence  d'un  souffle  doux  à  la  région  du  cœur  Je  pouls  est  large.  Le  sang,  va 
au  microscope,  contient  peu  de  globules  blancs  ;  les  globules  rouges  sont  pâles,  volanii- 
neux,  arrondis,  ils  ne  lardent  pa^  ù  se  déformer.  Chaque  soir  ou  dans  la  nuit  survient 
une  cpistaxis, sinon  une  hcmorrhii<;ic  des  gencives.  (Lim.  citr.^  suc  de  cresson,  vin  anti- 
scorbutique.) 

Le  15  octobre  à  5  heures  du  mutin,  il  s'écoule  de  500  à  600  grammes  de  saug  def 
fosses  nasales  (tamponnement).  L'état  général  s'aggrave,  le  pouls  est  fréquent,  la  respi- 
ration plutôt  ralentie;  survient  une  sorte  de  torpeur  qui  augmente  progressivement, 
puis  le  malade,  &onmoIent,  est  pris  de  délire,  il  tombe  dans  le  coma  et  meurt. 

Autopsie,  Les  taches  de  purpura  persistent  et  un  petit  coaguliim  se  rencontre  il 
niveau  de  quelques-unes  d'entre  elles.  Le  tissu  cellulo-adipeux  est  abondant,  les  rnnsck* 
ont  une  coloration  rouge  très-intense.  Le  cerveau  présente  quelques  taches  ecchymo- 
tiques de  petite  étendue  à  sa  surface;  ces  taches  sont  abondantes  au-dessous  de  la  pie- 
mère  cérébelleuse,  dans  la  substance  grise  et  même  dans  la  substance  blanche  du 
cervelet.  La  surface  de;*  ventricules  latéraux  et  même  celle  du  troisième  ventricule 
offrent  des  taches  semblables  ;  la  substance  nerveuse  est  partout  décolorée.  Les  pou- 
mons  sont  légèrement  crdéniatiés  à  leur  base  ;  les  plèvres  et  le  péricaBde  renferment 
une  faible  quantité  d'un  liquide  sérci-sanguinolent.  Le  cœur  contient  en  petite  quan- 
tité un  sang  noir  et  fluide,  il  est  un  peu  hjpertrophié  à  gauche  et  semé  de  taches  de 
purpura  ;  ses  orifices  sont  intacts. 

Les  organes  du  tube  digestif  ne  sont  pas  sensiblement  altérés.  La  rate,  d'un  volmne 
normal,  offre  une  consistance  ferme  et  laisse  voir  à  la  coupe  les  corpuscules  de 
Malpighi  comme  un  peu  hjpertrophies.  Le  foie  et  les  reins  sont  décoloré*  ou  jaunâtro, 
leurs  éléments  ne  présentent  pas  d'altéralicui  manifeste. 


HÉMORRHAGIES.  563 

De  ce  fait  on  peut  rapprocher  le  cas  suivant,  emprunté  à  Giliberl  : 
Un  homme  d*un  î\ge  mftr,  robuste  et  plein  de  santé,  fui  arrêté,  par 
une  méprise  de  pohce,  durant  le  règne  de  la  terreur.  On  lui  rendit 
bienl<U  la  liberté;  mais  en  arrivant  dans  sa  famille  il  s'aperçut 
qu'il  avait  le  corps  couvert  de  taches  rouges  :  les  plus  petites  étaient 
grandes  comme  des  lentilles,  et  les  plus  considérables  comme  des  pièces 
de  monnaie.  Cet  homme  perdit  quelques  gouttes  de  sang  par  le  nez,  et, 
deux  jours  après,  il  rendit  par  les  selles  une  grande  quantité  dun  sang 
noir  et  coagulé.  Celte  héjnorrhagie  alvine  devint  excessive  en  peu  de 
leîn]ïs,  et  le  malade  mourut  tout  à  coup  sur  une  chaise  percée. 

La  maladie  tachetée  de  Werlhoiï,  ou  purpura  hémon'hagique,  n*est 
aussi,  dans  un  grand  nombre  de  cas,  que  l'effet  d'un  désordre  nerveux, 
une  hémorrhagie  névropalhique.  Il  y  a  lout  au  moins  lieu  d'intcrpréler 
de  la  sorte  les  cas  relativement  nombreux  où  celte  maladie  succède  à  une 
vive  émotion  morale. 

Plusieurs  des  observations  (II,  IV)  contenues  datis  un  mémoire  de 
Mollière  sur  la  nosographie  du  purpura  font  mention  de  secousses  mo- 
rales plus  ou  moins  violentes,  et  d'ailleurs  celle  affection  est  souvent 
uccompagnée  de  céphalalgie,  de  vertiges,  d'éblouissements,  et  parfois 
d'un  œdème  actif. 

Les  désordres  pathologiques  qui  président  aux  hémorrhagies  névro- 
pathiques  sont  de  deux  sortes,  les  uns  fonctionnels,  les  autres  matériels. 

L'hystérie,  l'épilepsie,  l'élat  nerveux  dit  hypochondriaqùe,  sont  les 
principaux  élals  pathologi(|ues  où  se  rencontrent  des  hémorrhagies  par 
simple  désordre  fonctionnel,  le  plus  souvent  en  rapport  avec  des  troubles 
divers  de  la  sensibilité,  hyperalgésie,  hypereslhésie  ou  anesthésie.  Les 
hémorrhagies  hystériques  sont  établies  sur  des  faits  nombreux,  comme 
on  peut  le  voir  par  les  traités  de  Latour  et  de  Gendrin.  Ces  hémor- 
rhagies allectenl  des  sièges  divers  et  se  montrent  sous  des  formes  variées, 
tion*seulemenl  chez  des  personnes  différentes,  mais  encore  chez  la  même 
personne.  Elles  se  localisent  ordinairement  dans  les  points  où  existent 
les  troubh^s  nerveux,  notamment  dans  le  coté  gauche,  comme  j'ai  pu 
le  constater  dernièrement  encore  chez  une  de  mes  malades.  L'épanche- 
înent  de  sang  plus  ou  moins  abondant  a  lieu  tantôt  à  la  surface 
d*une  membrane  nmqueuse,  tantôt  à  la  surface  de  la  peau,  tantôt 
enlin  dans  l'épaisseur  même  des  téguments  (purpura).  Trop  sou- 
vent, sans  aucun  doute,  on  considère  comme  très-graves  et  liées  à  des 
lésions  matérielles  des  poumons  ou  de  Testomac  des  hémoplysies  ou 
des  hématémèses  dues  à  un  simi)le  dérangement  nerveux.  L'hémali- 
drose,  si  elle  ne  se  rattache  |>us  toujours  à  l'hystérie^  iicn  lient  pas  moins^ 


j6^  anatomie  pathologique. 

comme  Parrol  l'a  si  bien  démontré,  à  un  trouble  de  l'innervation.  La 
maladie  de  Charles  IX  n'avait  sans  doute  d'autre  origine  qu'un  désordre 
de  ce  genre,  et  la  jeune  fille  de  Bois-d'Haine,  qui  intéresse  si  vivement  le 
monde  médical  depuis  quelque  temps,  doit  encore  à  Textase,  à  un  sys- 
tème nerveux  très-troublé,  les  hémoiThagies  périodiques  qu'elle  présente. 
Wilksavu  chez  un  homme,  l'hématidrose  compliquer  un  tétanos,  et  d'ail- 
leurs il  est  devenu  incontestable  pour  nous  qu'un  assez  grand  nombre  decas 
de  purpura,  d'éry thème  noueux,  d'éruptions  constituées  par  Thypérémie 
de  la  peau  avec  exsudation  de  sang  et  de  sérosité,  sont  dépendants  d'un 
désordre  de  l'innervation.  Les  douleurs  articulaires  et  Tœdème  plus  ou 
moins  prononcé,  qui  accompagnent  quelquefois  ces  éruptions,  ontpa 
faire  croire  à  une  influence  rhumatismale;  mais  cette  influence  n'est 
le  plus  souvent  qu'apparente,  comme  le  prouve  un  fait  récemment 
observé  par  nous  (1). 

L'épilepsie  est  plus  rarement  peut-être  la  cause  d'hémorrhagies. 
Un  homme,  observé  par  Zacutus  Lusitanus  (voyez  Latour,  t.  I,  p.  297), 
éprouvait  tous  les  mois  un  vertige  considérable  pendant  lequel  tons 
les  objets  paraissaient  tourner  autour  de  lui.  En  même  temps,  comme 
s'il  eût  été  frappé  de  la  foudre,  il  restait  couché  sur  son  lit,  les 
yeux  fermés,  engourdi  et  sans  connaissance.  Ensuite  il  lui  survenait 
insensiblement  par  les  angles  des  yeux  une  hémorrhagie  de  trois  on 

(1)  C.-J.-M.,  àgce  de  vingt-six  ans,  journalière,  est  admise  à  l'hôpital  de  Lourcine  U 
28  janvier  4875  pour  une  vaginite  et  des  plaques  muqueuses;  elle  est  en  même  tcmpi 
hystérique  :  sensation  de  boule  épigaslrique,  attaques  convulsives,  hyperalgénie,  etc 
Le  5  février,  état  gastrique  qui  ne  tarde  pas  à  disparaître  ;  le  5  mars,  à  la  suite  d'ane 
amygdalite  qui  a  suppuré,  la  malade  voit  apparaître  ses  règles,  après  deux  mois  d'absence; 
elle  présente  de  l'hémianesthésic  à  gauche,  ou  du  moins  une  diminution  notable  de  li 
sensibilité  cutanée;  en  outre,  Tavant-bras  gauche  est  depuis  la  veille  le  siégre  d'une 
éruption  caractérisée  par  des  taches  rouges  violacées,  de  petite  étendue,  analogues  au 
taches  de  purpura,  disposées  les  unes  sous  la  forme  de  demi-cercles,  les  autres  itous  la  forme 
de  cercles  complets  ayant  les  dimensions  de  pièces  de  1  ou  de  2  francs.  L'articuUtioi 
du  coude,  ou  mieux  son  \oisinage,  est  le  siège  de  douleurs,  et  le  lendemain  survie»! 
un  œdème  dur  qui  recouvre  toute  la  face  dorsale  de  la  main  gauche;  mais  TarticulatioB 
du  poignet  a  conservé  sa  mobilité  et  n*est  nullement  douloureuse  dans  les  mouvemeot), 
ce  qui  prouve  bien  que  cet  œdème  n'a  rien  à  faire  avec  une  lésion  articulaire.  Vwc 
éruption  semblable  ù  celle  de  Tuvant-bras  ne  tarde  pas  à  se  développer  sur  la  cùsie 
gauche,  les  taches  sont  toutefois  un  peu  saillantes  et  ressemblent  assez  bien  î  à» 
boutons  d'urticaire  au  centre  desquels  le  sang  se  serait  exiravasé  (sulfate  de  quinine). 
Le  8  mars,  les  ecchymoses  ont  pâli;  le  11,  il  se  produit  sur  le  bras  gauche  une  non- 
velle  poussée  de  taches  purpurines  ayant  les  mêmes  caractères  que  les  précédentM.  Le 
13,  l'éruption  estabondante  sur  la  partie  postérieure  et  inférieure  de  l 'avant-bras fiucbe 
et  à  la  partie  interne  et  inférieure  du  bras  correspondant  ;  mais  à  côté  de  taches  routes 
et  violacées  il  existe  des  taches  jaunAtres  ou  verdAtres  plus  anciennes,  en  voie  de  transfor- 
mation ;  une  large  plaque  se  rencontre  un  peu  en  arrière  du  grand  trochanter  gavcbe. 


HÉMORRHAGIES.  565 

quatre  onces  de  sang  pur  qui  coulait  comme  deux  petits  ruisseaux, 
durait  deux  jours  et  disparaissait.  Rengade  et  Reynaud  [Recherches 
statistiques  sur  les  accidents  produits  par  l'accès  épileptique)  ont  noté  en 
particulier  Thémoptysie  et  rhématidrose  s'eiïectuant  par  la  paume  des 
mains  et  les  parties  génitales  chez  lesépileptiques  à  la  suite  de  leurs  accès. 

Indépendamment  des  hystériques  et  des  épileptiques,  il  est  toute  une 
classe  d'individus,  secs,  nerveux,  hypochondriaques,  souvent  atteints 
d'eczéma  sec,  d'angine  granuleuse,  tout  particulièrement  prédisposés  aux 
fluxions  sanguines  el  aux  hémorrhagies.  Ces  malades,  que  l'on  a  appelés 
herpétiques,  sont  presque  tous  hémorrhoïdaires ,  mais  ils  ont  encore 
d autres  hémorrhagies  et  surtout  des  hémoptysies.  Ce  syndrome  qui, 
dans  l'espèce,  |)eut  être  comparé  à  la  déviation  des  règles  chez  la  femme, 
effraye  orilinairement  le  médecin  et  le  malade,  qui  se  croit  phthisique,  et 
pourtant  il  n'est  en  général  que  l'effet  d'un  trouble  vaso-moteur  du  genre 
de  celui  qui  produit  le  flux  sanguin  hémorrhoîdaire,  et,  comme  lui,  pas* 
sager,  intermittent,  et  presque  toujours  accompagné  de  douleurs  plus  ou 
moins  vives. 

L'hémophilie  («Ifia'  sang,  (^ùtoc,  amitié,  penchant-),  cette  prédisposition 
si  singulière  aux  pertes  de  sang,  me  paraît  rentrer  encore  dans  la  classe 
des  hémorrhagies  nerveuses,  tant  h  cause  des  caractères  présentés  par 
Técoulement  sanguin  que  de  la  constitution  propre  des  personnes 
atteintes  de  cette  affection.  Les  hémorrhagies  de  l'hémophilie  sont  en 
effet  mobiles,  capricieuses,  intermittentes  ou  même  périodiques,  comme 
toutes  les  hémorrhagies  nerveuses.  Spontanées,  elles  surviennent  à  la 
suite  d'une  course  ou  d'une  fatigue,  d'un  excès  de  table  ou  d'alcool, 
d'une  maladie  inflammatoire,  c'est-à-dire  toutes  les  fois  que  le  système 
vaso-moteur  a  été  troublé.  Traumatiques,  elles  se  produisent  à  la 
suite  de  lésions  insignifiantes,  telles  que  la  piqûre  d'une  aiguille  ou 
de  quelques  sangsues,  l'application  d'un  vésicatoire,  de  quelques  ven- 
touses, après  la  vaccination,  etc.,  c'est-à-dire  plus  spécialement  dans 
des  cas  où  la  sensibilité,  mise  en  jeu,  a  pu  réagir  sur  les  centres  vaso- 

I^  température  est  normale,  mais  le  pouls  et  la  respiration  sont  accélérés,  la  nuit  est 
agitée.  On  continue  le  suKate  de  quinine.  Le  là,  apparition  sur  la  poitrine  de  taches 
violacées  surélevées,  donnant  la  sensation  du  bourrelet  de  l'érysipèle.  Le  15,  l'énip- 
tioa  est  en  voie  de  décroissance  excepte  au  niveau  du  sein;  le  16,  elle  pAlit  à  ce  même 
lÛTeau,  mais  une  nouvelle  poussée  de  taches  pourpres  circulaircment  disposées  et  ne 
disparaissant  pas  sous  In  pression  du  doigt  se  montre  sur  la  partie  externe  et  supérieure 
de  la  cuisse  gauche  et  à  la  partie  supérieure  et  interne  du  bras  du  même  côté.  A  partir  de 
ce  moment, il  nesurvientplus  aucune  poussée  éruptive,  les  taches  se  modiflcut  et  s'effa- 
cent peu  à  peu.  Le  7  avril,  la  malade  quitte  rhùpital,  n'ayant  plus^trace  d'éruption,  mais 
conservant  sa  disposition  hystérique,  inutile  de  faire  remarquer  que  cette  éruption  resta 
localisée  au  côté  gauche  anesthésié,  el  qu'elle  apparut  au  moment  de  l'époque  menslrueUe. 


566  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

moteurs  de  façon  à  paralyser  le  tonus  vasculaire  ;  il  est  cligne  de  remarque, 
en  tout  cas,  que  les  héniorrhagies  des  plaies  profondes  donnent  moins 
de  sang  et  sont  plus  faciles  à  arrêter  que  celles  des  plaies  superficielleii. 

Ces  hémorrhagies  sont  d'ailleurs  fré(|uennnent  accompagnées  de 
douleurs  plus  ou  moins  vives  des  membres  et  des  articulât  ions,  qui 
deviemient  parfois  le  siège  d'une  tuméfaction  plus  ou  moins  consi- 
dérable, ce  qui  a  conduit  à  pensi^r  à  tort  à  un  vice  goutteux  ou  rhmna- 
tismal.  Les  personnes  exposées  à  celle  maladies  accusent  en  outre  des 
palpitations,  de  la  dyspnée,  des  bouffées  de  chaleur  vers  la  tAle»  elles 
sont  sujettes  à  des  vertiges,  même  <^  des  syncopes.  L'hémophilie  enfin 
est  une  affection  qui  se  transmet  par  hérédité,  et  cette  circonstance  con- 
tribue encore  à  lui  faire  attribuer  une  origine  nerveuse. 

Les  névralgies  pt^uvent,  dans  certaines  circonstances,  entniluer  à 
leur  suite  des  hémorrhagies  de  Futérus  ou  d'autres  organes,  et  la 
preuve  que  l'hémorrhagie  qui  accompagne  parfois  ces  «ac<!idents  eil 
sous  la  dépendance  du  désordre  nerveux,  c'est  qu'elle  survient  à  la 
suite  de  la  névralgie,  disparaît  avec  elle,  et  présente  conimo  cette  der- 
nière des  périodes  d'arrêt  et  d<?  retour,  des  moments  de  calme  et  d  exa- 
cerbation  (Marrotte). 

C'est  de  la  môme  façon  sans  doute,  et  par  Tintermédiaire  du  système 
nerveux,  que  se  produisent  chez  l'homme  certains  flux  sanguin» 
hémorrhoïdaires ,  précédés  d  un  travail  irrilalif  plus  ou  moins  dou- 
loureux, d'une  congestion  vasculaire  de  plus  en  plus  intense  d<*  la 
membrane  muqueuse  anale,  et  qui  ont  lieu  soit  par  rupture  des  vaisseaux 
les  plus  supeiliciels,  soit  par  diapédèse. 

Les  lésions  matérielles  du  systèmr  nerveux  pouvant  engendrer  di*> 
hémorrhagies  sont  en  grand  nombre;  nous  les  étudierons  dans  les  nerfs 
et  les  centres  nerveux.  Les  névrites  et  les  névralgies  Iraumatiques 
ont  été  spécialement  étudiées  à  w  point  de  vue  :  Verneuil  a  niontréquo 
ces  dernières  pouvaient  donner  lieu  à  dt^s  congestions  el  à  des  hénlo^ 
rhagies  secondaires.  Les  lésious  des  centres  nerveux,  j)rinci paiement 
celles  qui  intéressent  les  ganglions  cén'»braux,  (hHerminenl  d(»s  accidents 
du  même  genre  dans  diverses  parties  du  corps,  el  surtout  dans  les  viscères 
thoraciques  et  abdominaux.  L'expériiniMilation  et  l'observation  diniqui' 
s'accord(*nt  pour  témoigner  de»  ce  fait  ;  SclnlTfl  '  a  observé  sur  des  lapins 
cliez  lesqiu^ls  il  avait  pratiqué  une  héniisection  d(»s  couches  optiques  iM 
des  pédoncules  cérébraux,  des  taches  ecciiunolicjues  et  \r  rainollissenieul 
de  \i\  nu;mbran(^  nuiqueuse  de  l'eslomac,  et  ces  résultats  ont  été  conlir- 

(O  Schiir,   U'Çfms  sur  la  pliysiolnyir  <//•  la  diiji'stuiu,  t.  II.  Paris,  18CH, 


HKMORRHACilKS.  567 

mes  par  tous  les  pUysiologistes  qui  onl  réptHé  rexpérieiue.  Ebsteiu(l) 
a  constaté  (*n  outi*e  que  des  héinorrha^ios  peuvent  avoir  lieu  à  lu  suite 
de  Taltération  des  tubercules  quadrijumeaux  antérieurs,  du  labyrintheaudi- 
tif,  de  rex(!ilalion  du  nerf  sciatique,  etc.  Vulpian  a  fait  voir  que  des  congés* 
lions  extrêmement  vioh^ntes  avec  hémorrhagie  peuvent  se  produire  dans 
les  intestins  sous  l'influence  de  lésions  de  l'isthme  de  renc>éphale.  Krown- 
Séquard  (2)  a  reconnu  que  les  lésions  du  pont  de  Varole,  dans  le  voi- 
sinage des  pédoncules  cérébelleux,  donnent  naissance  à  des  ecchymoses 
et  même  à  d'abondantes  effusions  de  sang,  à  de  vraies  apoplexies  dans 
les  poumons,  et  que  c^s  hémorrhagies  ne  sont  dues  ni  à  une  compression 
bmsque  des  parois  thoraciques,  ni  à  une  ocx^iusion  spasmodique  de  la 
glotte,  c^ir  elles  ont  encore  lieu  lorsqu'on  a  ouvert  la  cavité  thoracique 
avant  de  blesser  l'isthme  dé  l'encéphale.  Mais  en  outre  ce  n'est  pas  par 
rintermédiaire  des  nerfs  vagues,  mais  par  la  moelle  épinière,  que  l'in- 
fluence de  cette  blessure  est  transmise  aux  poumons,  car  les  ecchymoses 
et  les  hémorrhagies  pulmonaires  continuent  à  se  produire  lorsque  les  nerfs 
pneumo-gastriques  ont  été  préalablement  sectionnés  au  milieu  du  cou,  et 
n'ont  plus  lieu  quand^  chez  un  animal,  la  moelle  aétécoupée  transversale 
meut  en  avant  de  la  sixième  ou  de  la  septième  paire  rachidienne.  Suivant 
le  même  expérimentateur,  c'est  en  suivant  la  moelle  épinière  et  par 
rintermédiaire  des  racines  et  des  fibres  nerveuses  qui  partent  des  premiers 
ganglions  sympathiques  thoraciques  que  les  blessures  du  pont  de  Varole 
agiraient  sur  les  poumons,  \othnagel  a  vu  de  son  côté  des  hémorrhagies' 
pulmonaires  produites  par  la  blessure,  à  l'aide  d'une  épingle  ou  d'une 
aiguille,  du  cerveau  d'un  lapin  dans  le  voisinage  du  sillon  médian. 
Brown-S^quard  a  enfin  observé  que  des  lésions  de  la  région  dorsale  de 
la  moelle  épinière  donnent  souvent  lieu,  chez  les  cobayes,  à  des  hémor- 
rhagies des  capsules  surrénales  ;  il  a  de  plus  constaté  la  production  d'hé- 
morrhagies  interstitielles  dans  le  pavillon  de  l'oreille  sur  les  mêmes  ani- 
maux souuHs  à  des  lésions  diverses  :  blessures  des  centres  nerveux, 
lésions  des  corps  restiformes,  section  du  cordon  cervical  du  sympathique, 
section  du  nerf  sciatique. 

D'autre  part,  de  nombreuses  observations  cliniques  ont  montré  rexia- 

(1)  Ebstein,  Recherches  expériment.  sur  la  production  *les  exiritvas.  du  sang  dans  la 
muqueuse  de  V estomac  (Arch.  /.  exper.  Pathologie^  1874,  t.  U,  p.  183,  cl  Gaz,  méd.^ 
de  Paris,  1874,  p.  291). 

(2)  Brown-Séquord,  On  the  production  of  hœmorragin^anœima^  œilema  and  emphy- 
sema  by  injuries  to  the  fjùse  of  the  brain  {The  Lancet^  187 4,  t.  1,  p.  6).  —  Comptes 
rend,  de  la  Soc,  de  biologie,  année  1872,  p.  13  et  180.  —  On  ecchymose  and  other 
effusioru  of  blootl  caused  by  a  nervous  influence,  (Atchiv  ofscientipc  and  pract,  med. 


a  t%0mt% 


568  ànàtomie  pathologique. 

tence  de  taches  ecrhymoliques  ou  même  de  foyers  d'hémorrhagîe  chei 
rhomme,  à  la  suite  d'altérations  spontanées  de  Tencéphale.  Charcot  a 
trouve  chez  les  apo|)lectiques  des  ecchymoses  épicràniennes  et  cervicales, 
des  taches  hémorrhagiques  sur  la  plèvre,  l'endocarde  et  la  muqueuse d(t 
Testomac.  Ollivier  cite  plusieurs  observations  où,  sous  rinflnence  d'ime 
hémoiThagie  cérébrale,  il  s*est  développé  dans  le  poumon  correspondant 
à  rhémiplégie,  c'est-à-dire  du  cùXé  opposé  à  Taltération  cérébrale,  une 
congestion  plus  ou  moins  intense,  des  épanchements  sanguins  sons- 
pleuraux  ou  de  véritables  noyaux  d'apoplexie  pouvant  envahir  une  plus 
ou  moins  grande  étendue.  Dans  ces  cas,  Taltération  cérébmie  sié- 
geait plus  spécialement  à  gauche,  Tépanchement  sanguin  abondant, 
comprimait  la  base  de  l'encéphale  ;  le  sang  avait  ordinairement  pénétré 
dans  Tarachnoïde  et  dans  les  mailles  de  la  pie-mèiv.  IMus  laixl,  le  ménie 
auteur  rapporta  plusieurs  cas  d'hémorrhagies  survenues  dans  les  reins 
à  la  suite  de  l'apoplexie  cérébrale.  En  présence  de  ces  faits  expérimentaux 
et  cliniques,  le  doute  n'est  pas  possible,  la  classe  des  hémorrhagies  névropa- 
thiques  doit  être  définitivement  acceptée.  Mais  par  quel  mécanisme  se  pro- 
duisent ces  hémorrhagies?  tel  est  le  point  qu'il  nous  reste  à  examiner. 
L'accord  qui  règne  sur  l'origine  nerveuse  de  l'hémonhagie  n'existe 
plus  quand  il  s'agit  du  mode  pathogénique  de  cet  accident.  Brown- 
Séquard  atlribue  l'hémorrhagie,  dans  les  cas  par  lui  observés,  à  la  con- 
traction des  artères  et  des  veines,  se  propageant  des  rameaux  vers  les 
capillaires,  et  accumulant  ainsi  le  sang  dans  les  derniers  vaisseaux  jusqu  à 
rupture,  ou  encore  à  une  contraction  des  veinules  seules.  Ebstein  admet 
que  les  hémorrhagies  qu'il  a  observées  sont  le  résultat  d'une  élé- 
vation de  la  pression  sanguine  produite  par  l'excitation  des  nerfs  vaso- 
moteurs.  Vulpian  se  demande  avec  raison  si  ces  accidents  ne  seraient  pas 
plutôt  l'effet  d'une  paralysie  réflexe,  de  quelques-uns  des  nerfs  vaso- 
moteurs  destinés  aux  poumons  ou  aux  autres  parties  dans  lesquelles 
on  trouve  des  ecchymoses.  Dans  cette  hypothèse,  qui  nous  p^iralt  la  plus 
admissible,  la  lésion  des  centres  nerveux  déterminerait  une  cessation 
plus  ou  moins  complèlc  du  tonus  des  vaisseaux,  la  dilatation  de  ces 
organes,  l'accumulation  de  globules  sanguins  dans  leurs  parois,  qui, 
sous  l'influence  de  la  pression,  peuvent  se  laisser  traverser  (diap<Mitse) 
si  elles  ne  viennent  à  se  rompre. 

BiBLior.RAPHiE.  —  Fr.  HoFFMAN,  Opcra  otnnia,  (ierjeva\  17/^8,  t.  Ill,  sect.  I, 
cap.  V.  De  malo  hysterico,  —  Van  Swieten,  Comment,  in  Aphor,  Boirhaavii. 
Parisiis,  1765,  t.  IV,  p.  375.  Morbi  viryinum.  —  Ciiaiffakd,  Trans,  #««i., 
t.  Il,  oct.  1830.  —  (iKNDiuN,  Traité  jthilosophique  de  mcdnhie  pralirpie.  Paris, 
1838. —  ANimAL,  Clinv/nc  méd.,  t.  V.  Paris,  1834.  —  Maonus  Huss,  Arch,  gàu 


nÉMORRHAGIES.  569 

(ie  méd.j  août  1857 ,  p.  165. —  Parrot,  Étude  sur  la  sueur  de  sang  et  les  hémorrha- 
gies  nêvropathiques  (Gaz,  hebd,  de  méd,  et  de  chir, ,  1859,  p.  633).  —  Marrotte,  De 
quelques  épiphénoménes  des  névralgies  lombo-sacrées^  etc .  (Arch.  gén,  de  méd, ,  1860, 
t  I,  p.  385). — Le  môme,  Considérations  nouvelles  sur  la  pathogénie  del'hématoeéle. 
rétro-utérine {Ibid, ,  1873,1.  II,  p.  26). —  Coutagne,  Des  Iwmorrhagxes  gastr,  et  in- 
test,  dans  les  maladies  chroniques  du  cerveau  {Mém,  et  compt.  rend,  de  la  Soc,  de 
méd.  de  Lyon,  1862, 1. 1,  p.  207).  —  Brown-Séquard,  Comptes  rendus  de  la  Soc,  de 
biologie,  \H50,  t.  II,  p.  1^6. —  Course  of  Lectures  of  the  physiology  and  pathology 
of  the  central  nervous  System,  Philadelphie,  1869,  p.  172. — Comptes  rendus  de  la 
Soc.  de  biologie,  1871,  série  5,  t.  III,  p.  101.  — -  Alb.  PuEcn,  dans  le  Traité  des 
nialadiesde  l'utérus  par  Courty.  Paris,  1867. —  F.  Watkkhouse, Ccw  depurpura 
hérèdiUnre  ou  de  diathèse  hémorrhagique  (British  med,  Journ.,  5  février  et  24  dé- 
cembre 1870).— S.  WiLKs,  A  case  ofhœmatidrosis,or  blooding  sweat,  complicating 
teUmus{GuysHospilal  Reports,  t.  XVIi,  p.  215, 1871-72).  — Cauchois,  Sur  l'aug- 
mentation de  la  teîision  vasculaire  dans  le  système  de  la  circulation  générale  peu' 
dant  la péi'iode  menstruelle  {Compti'S  rendus  de  la  Soc.  de  biologie ,  1872,  p.  14 i). 

—  J.  -M.  CflAHcoT,  Leçons  sur  les  maladies  du  système  nerveux,  p.  113.  Paris,  1873. 
— A.Ollivier,  Arch.gén,  deméd.,1873,t.H,p.  167, 1874, t.  I,p.  129.— Muron, 
Comptes  rendus  de  la  Soc,  de  biologie,  i  SI Z,  p.  278. —  Barety,  Comptes  rendus  de 
la  même  société,  1874,  p.  180.  —  Nothnagel,  Lungenhœmorrhagie  nach  Hirn, 
rerletzujig  {Centralblatt  f,  w,  Med.,  1874,  p.  209).— Jehn,  îbid.,  p.  340,1874, 
et  Arch.  gén.  de  méd.,  1875,  t.  ï,  p.  221. —  A.  Verneuil,  Des  névralgies  trau- 
matiques  secondaires  précoces  {Arch,  gén,  de  méd.,  novembre  et  décembre  1874). 

—  Hart,  Sueurs  de  sang  {Arch.  gén,  de  méd.,  1875,  t.  I,  p.  481). —  A.  Vdlpian,^ 
Leçons  sur  l'appareil  vaso-moteur,  t.  II,  p.  521.  Paris,  1875.  —  Lorey,  Des 
vomissements  de  sang  supplémentaires  des  règles.  Thèse  de  Paris,  1875. —  War- 
LOMONT,  Lamaladie des  mystiques — (Louise  Lateau.)  h'xpport  à  CAcad.  de  méd, 
de  Belgique  et  H^vue  scientifique,  10  avril  1875. 

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t.  VI,  p.  1.  —  F.  Nasse  et  Krimmer,  Archiv  f,  medic.  Erfahrungvn  von  Iloim, 
1820,  385.  —  H.  Th.  Rieken,  NeueUnters.  in  Betr.  d,  erbl.  Neigung  zu  todl. 
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XV,  p.  36.  —  Schliemann,  De  Dispositiom  ad  hœmorrh,  perniciosas  hereditaria. 
Wirceburgii,  1831. —  A.  Tardieu,  Archiv,  gén.  de  méd,,  févr.  1841. — Hughes, 
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diathèse  hémorrhagique  héréditaire.  Thèse  de  Strasbourg,  1844,  avec  bibliogra- 
phie. —  Dequevauviller,  De  la  disposition  aux  hémorrhagies.  Thèse  de  Paris, 
1844.  —  Wacusmutu,  Die  Bluter krankheit,  Magdebcurg,  1849.  —  Gran- 
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Hœmophilie,  Cassel,  1855.  —  Bericht  ueber  die  neuern  Beobachlungni,  etc.; 
{Schmidi^s  Jahrb.,  t.  CXVII,  n<»  3,  1863,  et  Arc/i.  gén.  de  méd.,  1863,  t.  I, 
p.  591).  —  Des  hémon'hugies  ombilicales  chez  le  nouveau-né  {Gaz,  hebd,,  1859, 
p.  670).  -«>  Lange,  de  Postdam,  Statistiche  Untersuchuwj  ttber  Bluterkrankh,, 


570  ANATOMIB   PATHOLOGIQUE. 

1850.  ^  HonuMANN,  De  l'hémophilie^  ou  de  la  diathése  hèmoirhaui^ue  congéii' 
tule,  ThHo  de  Strasbourg,  1851.  —  Vinciiow,  Handb,  d,  spei\  Pnth,,,  1. 1,  263. 
IJeber  hœmonhaulscho  ZusUindv  {Deutsche  Klinik^  1 856, n'  23). —  Laveràn,  G«. 
hebd.  sept.,  1857.  —  Magms  Hitss,  Maladies  rares  (Aixh.  yen,  de  méci.,  1857, 
t.  Il,  p.  165. — Otto,  Dr  HœmojUiilia  Diss.  Bonn,  186/1.  — Dahbladk,  De rAêno- 
philie.  Thèse  de  Paris,  1863. — Kocn,  l-eber  Hamophilie,  Greiaswald,  1867. 
—  WiLH.  Spahn,  IJeber  Uœmophllic  Disg,  t/mt/f/.  Giessen,  1867.  —  Heati« 
Britiah  med.  .hmnu,  II,  Jan.  1868.  —  A.-E.  1)i;riiam,  (iuy's  Hnspit  RqxMif, 
sdrie  3,  vol.  XllI,  1868,  p.  £|89.  —  J.  Wickham  Legc,  Four  cttseg  of  Hœmù- 
philia  {St-Bartholomew's  Hospital  Reports,  vol.  VII^  p.  23, 1871).  A  treaimm 
Hœmophiliay  eic,  London,  1872. 

§    3.  —    HÉMORUHAGIES  HÉMOPATHIQUES. 

Les  hémorrlmgies  que  nous  appelons  de  ce  nom  sont  toutes  celles  qui 
ont  leur  point  de  départ  dans  une  altération  du  liquide  sanguin.  Con- 
sidérées autrefois  comme  très-communes,  ces  hémorrhagies  sont  au\im- 
d*hui  contestées  ;  mais  la  question  de  savoir  s'il  ne  serait  pas  possible  de 
les  faire  rentrer  dans  l'un  des  groupes  précédents  n'ayant  pas  été 
définitivement  résolue,  nous  continuerons  de  les  admettre  jusqu'à  preuw 
du  contraire. 

Les  régions  les  plus  diiïérentes  du  corps  sont  le  siège  de  ces  accidenU, 
principalement  les  surfaces  libres,  comme  les  membranes  muqueuses  et 
surtout  la  pituitaire,  les  membranes  séreuses  et  les  tissus  sous-jaceuts. 
L'écoulement  de  sang  survient  sans  congestion  ou  stase  préalable;  le 
liquide»  sanguin,  tantôt  s'échappe  en  nappe,  comme  à  la  surface  de  la 
plupart  des  muqueuses,  tantôt  il  infiltre  simplement  les  mailles  des  tissuset 
donne  lieu  à  des  ecchymoses  ou  à  des  taches  plus  ou  moins  étendues,  peu 
ou  pas  saillantes  (scorbut,  |)urpura,  etc.),  rarement  à  des  foyers  volumi- 
neux. Le  sang  extravasé  prés(»nte  les  colorations  diverses  que  nous  con- 
naissons, l'héniatine  se  sépare  de  la  glohuline  qui  s'altère  (H  rentre  peu  à 
peu  dans  la  circulation;  on  conslat^î  diflicilement  l'existence  de  ruptuivs 
vasculaire. 

Os  hémorrhagies  st»  produisent  rarement  en  une  seule  fois;  d'ordinaire. 
elles  s(;  manifestent  i)ar  intervalles  irréguliers,  affectent  simultanément 
plusieurs  organes  et  se  disséminent  sur  une  plus  ou  moins  grande  éten- 
due des  surfaces  tégumentaires;  elles  n'ont  qu'une  faible 't4'ndanc<^  ii 
s'arrêter.  Les  njalades,  d'ordinaire  piïies,  anémiés  ou  cacheitiques,  ont 
leur  santé  générale  toujours  plus  ou  moins  compromise. 

De  ces  i)articularilés  résulte  la  possibilité,  dans  le  plus  grand  nombre 
des  cas,  de  distinguer  les  accidents  produits  par  les  hémorrhagies  ajigio- 
pathiques  de  ceux  ((u'engendrent  les  hémorrhagies  névropathiques. 


HKMOHRUA(;iES.  571 

hUiulogieet  pathogénie.  —  Les  causes  des  liémorrhagies  héruopathiqueâ, 
quoique  nombreuses  et  diverses,  peuvent  se  grouper  sous  deux  eliel's  sui-» 
vant  qu'elles  exercent  leur  action  sur  le  sang  ou  sur  les  organes. 

Les  causes  qui  s'adressent  direcleinent  au  liquide  sanguin  rentrent  pour 
\îi  plupart  dans  le  groupe  des  sul)st;mces  toxiques  ou  septiques.  Un 
grand  nombre  de  substances  minérales,  introduites  dans  l'organisme, 
ont  pour  principal  eiïet  dt;  déterminer  des  extravasations  sanguines.  Le 
plus  (unnnmnément,  parmi  ces  substances,  on  rencontre  le  phosphore  et 
l'arsenic;  mais  on  ignore  encore  si  les  hémorrhagies  qui  résultent  de 
l'ingestion  de  ces  poisons  sont  l'effet  d'une  modification  primitive  ou 
secondaire  du  liquide  sanguin.  On  sait  toutefois  que  lempoisonnemout 
par  le  phosphore  augmente  la  proportion  de  la  graisse  du  sang  et  favo- 
rise la  formation,  dans  c(.^  liquide,  de  cristaux  particuliers  aciculaires  qui 
peuvent  bien  déterminer  des  arrêts  de  la  circulation  capillaire,  concourir 
Il  la  rupture  des  vaisseaux  et  à  la  production  de  I  hémoiThagie.  L'usage 
prolongé  des  scOs  alcalins  ou  des  acides  minéraux  a  été  accusé  d'être  le 
point  de  départ  d'une  sorte  de  diathèse  hémorrhagique  ;  mais  il  importe 
de  faire  remarquer  qu'on  a  l)eaucx)up  exagéré  l'action  nocive  de 
ces  sels.  L'iode  exerce  peut-être  une  influence  moins  contestable 
sur  certaines  personnes;  car,  pris  en  petite  quantité,  celte  substance 
provoque  parfois  l'apparition  d'exanthèmes  ou  d'hémorrhagies.  Quelques 
substances  médicamenteuses,  et  particulièrement  le  sulfate  de  quinine, 
ont  pnxluit  des  accidents  semblables.  Enfin,  les  lièvres  éruptives,  la 
lièvre  typhoïde,  le  typhus,  la  peste,  la  fièvre  jaune,  le  choléra,  sont 
avec  quelques  autres  maladies,  comme  le  scorbut,  des  causes  d'hémor- 
rhagies du  même  genre. 

Le  mécanisme  de  l'hémorrhagie  qui  survient  dans  ces  conditions  n'est 
pas  connu,  peu  de  recherches  ont  d'ailleurs  été  faites  dans  le  but  de 
l'expliquer.  Frussak,  ayant  injecté  de  grandes  quantités  de  sel  marin, 
chez  des  grenouilles  et  aussi  chez  des  lapins,  a  observé  que  les  glo- 
bules rouges  entiers  ou  divisés  traversaient  la  paroi  intacte  des  capil- 
Jai)*es.  Il  y  a  des  raisons  de  croire  qu'un  certain  nombre  d'hémorrhagies 
de  cause  toxique  ou  miasmatique  pourraient  bien  se  produire  de  la  même 
façon  :  ce  sont  les  hémorrhagies  de  l'empoisonnement  par  l'arsenic  et 
la  plupart  de  celles  qui  survieiment  dans  le  cours  des  lièvres  éruptives. 
Ces  hémorrhagies,  d'après  les  recherches  de  Wagner,  auraient  lieu 
par  diapédèse.  Les  hémorrhagies  du  typhus  et  de  la  peste  ne  diffèrent 
vraisemblablement  pas  de  ces  dernières  quant  à  leur  mode  pathogénique  ; 
elles  consistent  en  des  taches  hémorrhagiques  plus  ou  moins  abondantes 
de»  membranes  nmqueuses,  des  épanchements  de  sang  dans  l'intestin. 


572  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

des  ecchymoses  pleurales  et  péritonéales,  etc.  Dans  la  fièvre  jaune,  où  l'ex- 
tra vasat  sanguin  est  peut-être  autant  le  fait  de  l'altération  des  organes  qw 
celui  d'une  action  directe  du  principe  morbifique  sur  le  sang,  rhémorrbagie 
a  surtout  lieu  à  la  surface  des  parties  membraneuses. 

Dans  toutes  ces  maladies,  si  Ton  connaît  peu  les  agents  extérieurs 
dont  rinfluence  sur  l'organisme  parvient  à  produire  Taltération  da 
liquide  sanguin,  il  y  a  cependant  des  raisons  sérieuses  de  rappro- 
cher ces  agents  des  ferments.  L'action  des  substances  putrides  tendrait 
du  moins  à  le  prouver.  Gaspard  tout  d'abord,  et  plus  tardStich,  0.  Weber 
et  d'autres  auteurs  sont  parvenus,  par  l'injection,  dans  la  veine  jugulaire 
du  chien,  d'une  eau  dans  laquelle  avaient  macéré  des  chairs  putréfiées, à 
produire  des  accidents  mortels  et  des  hémorrhagies.  Ces  accidents,  il  est 
vrai,  ont  été  attribués  à  l'effet  toxique  des  produits  gazeux  de  la  fermenta- 
tion putride,  de  l'hydrogène  sulfuré  ou  de  l'ammoniaque,  mais  l'élimiii^ 
tion  de  ces  gaz,  comme  le  fait  remarquer  Cl.  Bernard,  est  trop  facile  et 
trop  prompte  pour  qu'on  puisse  les  considérer  comme  la  cause  des  phé- 
nomènes morbides  qui  apparaissent  dans  ces  circonstances  ;  ainsi  il  e$t 
plus  rationnel  de  rattacher  ces  phénomènes  à  un  principe  fermentescible. 
Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  interprétations,  un  fait  reste  acquis,  c'est  l'in- 
toxication par  les  matières  putrides  portées  dans  le  torrent  circulatoire, 
intoxication  dans  laquelle  le  sang  devient  noir,  visqueux,  perd  la  faculté 
de  se  coaguler  et  de  redevenir  rutilant  à  l'air. 

Les  organes  dont  l'altération  modifie  plus  spécialement  la  c(miposition 
chimique  du  sang  sont  c(»ux  qui,  comme  le  foie  et  la  rate,  influen- 
cent normalement  ce  liquide,  et  ceux  qui  sont  chargés  des  grandes  fonc- 
tions d'absorption  et  d'élimination.  La  cirrhose  du  foie  est,  dans  des  cir- 
constances jusqu'ici  mal  déterminées,  le  point  de  départ  d 'hémorrhagies 
qui  peuvent  mettre  en  danger  les  jours  du  malade.  Ces  hémorrhagies,  qui 
ont  leur  siège  plus  spécial  dans  le  domaine  de  la  veine  porte,  se  pi'odui- 
senl  encore  dans  les  fosses  nasales,  au  voisinage  des  plaies,  ce  qui  prouve 
bien  qu'elles  ne  sont  pas  le  simph»  effet  d'une  gène  mécanique.  D'ailleurs, 
j'ai  depuis  longlenjps  n^niarqué  qu'elles  survenaient  principalement 
dîins  les  cas  de  cirrhose  avec  augmentation  du  volume  du  foie  et  alté- 
ration des  cellules  hépatiques,  et  dans  ceux  où,  par  suite  d'une  atn»- 
phie  considérable,  ces  mêmes  éléments  se  trouvaient  secondairement 
modifiés.  Kffectivemenl  la  simple  ohliléralion  des  voies  biliaires  soit  piir 
un  calcul,  soit  par  un  kyste  hydalique  ou  par  une  tumeur  de  la  tête  du 
pancréas  est  généralement  suivie,  au  bout  d'un  certain  temps,  d'hémor- 
rhagies  graves  qui  persistent  jusqu'à  la  mort.  Mais  quelle  est  la  gem*s<' 
de  ces  hémorrhagies;  sont-elles  liées,  comme  le  pensent  certains  auteurs,  à 


HÉMORRHAGIES.  573 

un  aiïaiblissement  du  cœur,  à  une  atonie  et  à  une  mauvaise  nutrition  des 
vaisseaux;  ne  sont-elles  pas  plutôt  l'effet  d'une  altération  du  liquide  san- 
guin produite  par  la  rétention  biliaire?  Cette  dernière  hypothèse,  sans  être 
prouvée,  paraît  du  moins  très-vraisemblable;  il  resterait  à  chercher  la 
modification  que  subit  le  sang  en  pareille  circonstance. 

Certaines  altérations  de  la  rate  et  notamment  Thyperplasie  exagérée  de 
cet  organe  sont,  dans  quelques  cas,  accompagnées  d'épistaxis,  d'hémor- 
rhagies  gingivales  ou  intestinales,  d'ecchymoses  diverses,  non  par  le  fait 
d'une  simple  coïncidence,  mais  en  vertu  d'un  rapport  de  cause  à  effet  dont 
la  nature  échappe  encore.  De  même  leshémorrhagiessurvenantdanslecours 
d'une  leucémie  splénique  on  ganglionnaire  sont  jusqu'à  un  certain  point 
subordonnées  à  l'étendue  de  l'altération  des  parties  lésées;  elles  sont  en 
général  disséminées  sous  forme  de  petits  foyers  ou  détaches  ecchymotiques 
tant  dans  la  profondeur  qu'à  la  surface  des  organes.  Quelques  hémorrhagies 
sontenfm  liées  à  unealtération  des  reins,  la  néphrite  épithéliale  par  exem- 
ple, sans  qu'il  soit  possible  de  les  attribuer  à  une  hypertrophie  concomi- 
tante du  cœur,  ou  à  une  lésion  appréciable  des  vaisseaux,  mais  seulement 
à  une  modification  du  liquide  sanguin  déterminée  par  la  rétention  des  ma- 
tières excrémenlitielles  de  l'urine.  Toutes  ces  hémorrhagies,  en  somme,  ont 
besoin  de  nouvelles  recherches,  si  l'on  veut  avoir  une  connaissance  exacte 
de  leur  pathogénie  ;  cependant  il  ne  parait  pas  contestable  que  l'altération 
secondaire  du  sang  ne  joue  un  certain  rôle  dans  leur  production. 

L'étude  générale  qui  précède  conduit  à  des  déductions  pratiques.  Subor- 
données à  des  causes  et  à  des  conditions  pathogéniques  diverses,  les  hé- 
morrhagies doivent  être  différemment  traitées.  Ainsi  le  bromure  de  potas- 
sium, utile  contre  les  hémorrhagies  nerveuses,  est  sans  effet  dans  les  hémor- 
rhagies consécutives  à  une  lésion  artérielle  ou  à  une  altération  du  sang; 
au  contraire  les  styptiques  et  les  astringents  trouvent  ici  leur  indication. 

Bibliographie. — Gaspard,  Journal  de  physiologie  de  Ma^endie^  1822-24,  t.  Il  et 
IV,  p.  1.— Stich,  AnnaL  d,  Balin.  Chanté, i.  III, p.  192, 1852— Fauvrl,  Arch. 
gén.  deméd.,  juillet  1847  (Scorbut).  —  Bennett,  Manthly  Journal,  avril  1851, 
p.  326  (Altération  de  la  rate).  —  Monneret,  Des  hémorrhagies  produites  jmr 
les  maladies  du  foie  {Arch.  gén.  de  méd,,  juin  1854).  —  Leudet,  Remarques 
sur  la  diathése  liémorrhagigue  {Mém.  delà  Soc.  de  biologie,' iH59,  p.  179)  (Tu- 
berculose). —  W.  Erb,  Die  Pikrinsaùre,  ùher  physiol.  und  therapeut,  Wirkung, 
Wurzburg,  1865.  —  Murchison,  Clin,  lectures  on  diseases  of  thc  lirer.  London, 
1868,  p.  294,  231  (Oblit.  des  voies  biliaires).  —  Ollivier  et  Ranvier,  Mém.  de 
la  Soc.  de  biologie,  série  4,  t.  III,  p.  246.  —  Nouvelle  obs.  pour  senHr  à  l'his- 
toire de  la  leucocythémie  {Arch.  de  physiol.  norm.  et  path.,  1H69,  p.  407).  — 
E.  Lancbreaux,  Atlas  d'anat.  path.  Paris,  1871,  p.  147. 


CHAPITRE  IV 


DES    HYDKOPISIES 


(»ii  appelle  liydropisiefdeu'î'wp,  eau,  el  S\j;cç,  aspect)  un  processus  patho- 
ogique  non  inflamnialoin»,  constitué  par  raccumulation,  dans  le  paren- 
chyme des  organes,  dans  les  interstices  du  tissu  conjonctîf,  ou  à  rinlé- 
rieur  des  cavités  séro-membraneusos,  d'un  liquide  semblable  au  sérum 
du  sang.  Le  mol  œdème  ou  œd/^matie  est  plus  spécialement  réservé  à  Tin* 
filtration  séreuse  des  mailles  du  tissu  conjonctif;  celui  d'atiasa^que  à 
rhydropisie  généralisée,  celui  d*ascùe  à  lepancheînent  séreux  du  |»éri- 
loine;  celui  d'/ujdtvthorax  h  Tépanchemenl  séreux  de  la  plèvre,  et  enfin 
celui  A' hydrocéphale  à  l'épanchement  des  cavités  cérébrales, 

L'accumulation  |de  sérosité  qui  constitue  Thydropisie  n'est  on 
somme  que  l'exagération  d'un  phénomène  naturel,  en  vertu  duquel 
les  cavités  séreuses  et  les  mailles  du  tissu  conjonctif  sont  le  siéj:** 
d'une  li*anssudalion  qui  enlrrlient  leur  humidité  el  facilite  les  niouvf^ 
ments  des  organes.  Or,  cette  Iranssudation,  en  supposant  normaux  l« 
instruments  anatomiques  qui  Topèrent,  est  subordonnée  à  rintégrilé  par- 
faite des  vaisseaux  ou  du  li(|uide  sanguin,  au  fonctionnement  régulier  du 
système  nerveux,  rt  par  consé(|uent,  en  dehors  de  toute  lésion  des  tissus 
où  s'accomplit  c<'  phénomène,  un  désordre  matériel  ou  simplement  func- 
tioimel  des  vaisseaux,  du  sang  on  du  système  nerv(Mix  suffit  pour  prodiiin' 
rhydropisie.  Ainsi  le  groupe  des  hydro})isies  se  divise  naturellement 
comme  il  suit  : 

1°  llydropisies  consécutives  à  un  désordre  mécanique  de  hi  circula- 
tion, ou  hydropisies  angiopathiques; 

2'  llydropisies  consécutives  à  un  désordre  primitif  du  système  nt*r- 
veux,  ou  hydropisies  névropathiqu(»s; 

3°  llydropisies  consécutives  à  une  altération  du  sang^  ou  hjdropisi'^s 
hémopathi(iues. 

dette  division  n'<*st  pas  seulement  physiologique,  elle  est  encore  p;illto- 
géni(|ue  en   ce   sens  que  les  vaisseaux,    le  système  n(*rveux  et  le  Miif: 


HYDROPISIES.  575 

répondent  diiïéremment  à  1  action  des  agents  niorbiliques  ;  de  plus,  elle 
roncoixle  avec  la  clinique,  car,  suivant  qu'elle  appartient  à  l'un  ou  à 
Tautrc  de  ces  groupes,  Thydropisie  n'a  ni  les  m^mes  caractères,  ni  la 
même  évolution. 


Bibliographie  gknRrai.e.  —  G.-G.  Plouoquet,  LiUm^atura  medica  digcsUi. 
Tubingue,  1809.  Voyez  les'niuls  Hy drops ,  Anasanjua,  t.  Il,  p.  359,  et 
(Edvma^  t.  III,  p.  218.  —  Backer,  Recherches  sur  les  maladies  chroniques^ 
partirai,  les  hydropisies.  Paris,  1776.  —  John  Black all,  Obsenationa  on 
the  nature  and  cure  of  dropsies,  London^  1813.  —  Portai.,  Observât,  sur 
la  nature  et  le  traitement  de  rhydrojdsie.  Paris,  182/i,  —  J.-P.  Frank, 
Traite  de  mèd.  path.y  trad.  française  par  Goudarcau,  t.  Il,  p.  35.  I*aris, 
18/i2.  —  Raykh,  article  Uydropisie  du  Dict,  de  médecine,  1'*  édition, 
182/i,  t.  XI.  —  LiTTRÈ,  Dictionnaire  en  30  volumes,  art.  Hydropisic,  t.  XVI, 
p.  1,  avec  bibliographie  étendue.  —  Henle,  //««(/ô.  d,  rationn.  Patholog,, 
1847,  t.  H.  —  J.  Voc.EL,  Traité  d'anat.  path.  yvnér,,  trad.  de  rallemand  par 
Jourdan,  p.  29.  Paris,  18/i7.  —  C.  Schmidî,  Veber  Transsudat,  im  Thierkorprr 
{Ann,  d.  Chimie  wid  Pharmacie,  18/i8,  vol.  LXVÏ,  p.  3/i2).  —  Characteristik 
der  tfpidemiifchen  Choiera,  Leipzig,  1850,  p.  l^iO.  —  Virchow,  Archiv  f.  pftth, 
Anat,  und  Physiol,,  t.  1,  p.  572,  18^47. —  Krankhaft.  Gcschwults,  t.  I,  p.  155. 
Berlin,  1863.  —Cl.  Bernard,  Inj,  d'eau  dam  le  syst,  vascuL  du  chien  {Comptes 
rende  de  la  Soc»  de  biolog,  Paris,  18^9,  l.  I,  p.  170). —  Lehert,  Ibid,,  p.  20^. 

—  Abeille,  Traite  des  hydropisies  et  des  kystes.  Paris,  1852.  — Becquerel  et 
HoDiER,  Gaz.  mèd,^  1852,  et  Traité  de  chimie  patholog,,  517,  Paris,  185^.  — • 
Wac:usmlth,  Archiv  f.   path,  Anat.  und  PhysioL,  t.   VII,   p.   330.  185/i.  — 
i\  Hopi'E,   Ibid.,    1856,   t.  IX,  p.  205-260.  —  L.  Courtois,  Dr  Vhydropisir  m  ^ 
général,  de  son  origine  et  du  traitement  qui  lut  contient.  Thèse  de  Paris,  185^1. 

—  Lehmann,  Lehrbuch  d,  physioloy.  Chemie,  ei  Précis  de  chimie  physiol.  animale, 
trad.  de  rallemand  par  Ch.  Driou.  Paris,  1855. — Tomsa,  Sitzungsber.  d,  Wien, 
Academ.  1862,  p.  185.  —  F.  Gvnnal,  Mémoire  sur  Vhydropisie,  ou  matière 
nib'uminoide  confondue  tnec  Valhumine  {Comptes  rend,  et  Mém,  de  la  Soc,  de 
biologie,  Paris,  1857,  p.  199).  —  Al.  Schmidt,  Arch.  f,  Anat.  uud  Physiol.^ 
p.  5/i5,  675,  1862,  —  Ludwig,  CEsterr.  Jahrb.  1863,  p.  35.  —  J.  Pradié^ 
Physiologie  pathologique  de  l'œdème.  Thèse  de  Paris,  1862.  —  Ch.  Robin, 
Leçons  sur  les  humeurs  normales  et  morbides  du  corps  de  V homme,  Paris,  1867. 

—  Ern.  Besnier,  art.  Anasarque  et  Ascite  du  Dict,  encyclop,  des  sciences  méd,, 
i,  VI,  p.  635,  1867.  —  C.  Bock,  Vcher  den  Zuckergehalt  d,  (Edcmflussigkeiten 
[Archives  de  Heicherl  et  du  Bois-Beymond,  1873,  p.  620).  —  L.  Banvier,  Be- 
cheixhes  expérimentales  sur  la  ivoduction  de  V  œdème  {Comptes  rend,  de  l'Acad»  des 
sciences,  20  décembre  1869).  —  Le  môme.  Des  lésions  du  tissu  conjonctif  hkhe 
[Ihid.,  3  juillet  1871,  et  Archiresgên.  de  méd.,  1871,  t.  Il,  p.  266).  — RmiERt, 
Ùe  la  pathogénie  de  t œdème.  Thèse  de  concours.  Paris,  1872. —  WilLigens, 
QueUpies  ronHdérations  stiv  Vœd^me.  Thèse  de  Paris,  n*  33,  1872. — K  Straum, 


576  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

art.  Uydropisiey  dans  youv»  dict,  de  mèd,  et  de  chirury.  pratiques  y  L  XVIII. — J.Rt- 
NAULT,  Observations  pour  servir  à  l'histoire  de  l* éléphaniûisis  et  dU»  CRdèmu  lym- 
phatiques [Archives  de  physioL  iiorm,  et  path.^  1872).  —  Le  même,  Hector*» 
anatomiques  sur  Vérysipèle  et  les  (pdémes  de  la  peau  (même  recueil,  1874, 

p.   234). A.    Heiin,    Centralblatt,    1873,    n*  UO.  —  Anoulo-Herewa, 

Essai  sur  la  pathogêuie  des  hydropisivs.  Thèse  de  Paris,  n*  137,  !87à.  — 
Th.  Chossat,  Jks  conditions  pathoijéniques  des  œdèmes.  Thèse  de  Paris,  n*  339, 
1874. 


§    1.  —  UYDROPISIES    AN(;iOPATHI0UES,    HYDROPISIES    MÉCANIQUES. 

Ces  hydropisies,  résultai  ordinaire  d'un  obstacle  au  retour  du  sang  vei* 
neux  vers  le  cœur,  plus  rarement  de  la  lymphe,  varient  suivant  le  point 
où  siège  cet  obstacle.  Tantôt  locales,  elles  sont  limitées  à  une  porlioD 
de  membre,  à  un  membre  tout  entier,  aux  membres  inrérieurs  ou 
supérieurs,  à  une  partie  ou  à  la  totalité  du  tronc,  et  enfin  à  une  (Ni 
plusieurs  cavités  séreuses.  Tantôt  générales,  elles  occupent  à  la  fois 
le  tissu  sous-cutané,  les  cavités  séreuses  et  même  le  tissu  conjoiictifdes 
organes. 

Les  mailles  du  tissu  conjonctif,  autrement  dit  les  lacunes  lymphatiques, 
sont  le  siège  de  la  sérosité  qui  constitue  Thydropisie.  Celle-ci  se  dissipe 
complètement  en  effet  par  l'intermédiaire  des  vaisseaux  lymphatiques, 
Cîir  si,  comme  l'a  montré  Ludwig,  on  entoure  d'un  cordon  la  lèvre  supé- 
rieure d'un  chien,  celle-ci  devient  œdémateuse;  mais  si  on  enlève  la 
ligature  et  que  l'on  ouvre  un  hmphatique  du  cou,  on  voit  la  lymphe 
s'écouler  abondamnieut  par  ce  vaisseau  et  l'œdème  diminuer  à  vue  d  œil. 
D'ailleurs  il  est  facile  de  reconnaître  que  la  prédisposition  à  l'œdèiwc 
dépend  des  conditions  qui  détenninent  le  passage  de  la  lymphe  des 
racines  dans  les  troncs  lymphatiques,  c'est-à-dire  de   l'élasticité  des 
parois   des  espaces  lymphatiques,  de  leur   contractilité  et  de  la  rési- 
stance que  rencontre  le  liquide  sur  son  parcours;  c'est  pour  celte  rai.soii 
que  l'hydropisie  se  manifeste  d'abord  dans  les  parties  déclives,  aux  points 
où  le  tissu  conjonctif  est  le  plus  Iî\che,  et  qu'elle  épargne  î\  \yo\x  pré* 
complètement  les  tissus  fibreux,  condensés. 

Les  parties  affectées  d'hydropisie  se  tuméiient,  distendent  la  [M'au  qui 
devi(nit  liss<%  luisante,  senii-trans|)arenle,  en  conservant  plus  ou  ni<Mns 
longtemps  l'impression  du  doigt.  Les  cavités  sérensrs  se  distendent  ft 
s'agrandissent  d'une  façon  quelquefois  déniesurée;  elles  sont  le  siep= 
d'une  fluctuation  manifeste.  Sur  une  coupe,  le  tissu  conjonctif,  lâche, 
œdéiuatiè,  offre  l'apparence  d'une  masse  gélatineuse,  transparente,  trera- 


HYDROPISIES.  577 

blante,  semée  de  tractus  minces,  dllots  jaunâtres  adipeux  et  de  traînées 
rouges  vascuiaires.  Mais  si  Ton  isole  un  fragment  de  ce  tissu,  les  faisceaux 
conjonctifs  distendus  et  les  fibres  élastiques  se  rétractent  et  chassent  la 
sérosité;  ainsi  s'explique  la  persistance  de  l'écoulement  du  liquide  séreux 
après  la  piqûre  de  la  peau  des  hydropiques. 

Examinés  au  microscope,  ces  faisceaux  sont  isolés  les  uns  des  autres, 
les  cellules  qui  les  tapissent,  ou  cellules  fixes  du  tissu  conjonctif,  sont  glo- 
buleuses et  infiltrées  de  granulations  réfringentes;  les  espaces  qu'ils  inter- 
ceptent renferment  la  sérosité  qui  contient  des  globules  lymphatiques 
en  quantité  plus  considérable  qu'à  l'état  physiologique,  et,  dans  quelques 
cas,  un  petit  nombre  de  globules  rouges.Les  cellules  adipeuses  sont 
assez  généralement  modifiées  ;  leur  proloplasma,  dans  les  oedèmes  ar- 
tificiels, devient  granulo-graisseux,  en  sorte  qu'au  lieu  d'être  formées  par 
une  masse  réfringente  unique,  ces  cellules  montrent  tout  autour  de  la 
goutte  de  graisse  centrale  une  couronne  de  granulations  (Ranvier). 
Dans  les  oedèmes  prolongés ,  la  gouttelette  graisseuse  centrale  est 
soumise  à  une  sorte  d'émulsion ,  elle  se  divise  en  petites  gouttelettes  et 
subit  une  résorption  partielle  ou  totale.  Isolés  au  milieu  de  la  sérosité, 
les  vaisseaux  sanguins  sont  injectés,  distendus  par  des  leucocytes  et  des 
hématies.  Les  membranes  séreuses  présentent  des  modifications  peu 
différentes  de  celles  du  tissu  conjonctif;  leurs  vaisseaux  sont  distendus, 
et  les  cellules  endothéliaies  qui  tapissent  la  face  interne  de  ces  mem- 
branes sont  ordinairement  infiltrées  de  granulations. 

La  sérosité  ou  produit  de  transsudation  est  un  liquide  incolore  ou  légè-. 
rement  jaunâtre,  clair  et  transparent,  d'une  saveur  fade  ou  un  peu  salée, 
alcalin  et  d'un  poids  spécifique  moindre  que  celui  du  sérum  du  sang.  Ce 
liquide  renferme  peu  d'éléments  solides  ;  toutefois  on  y  rencontre,  avec 
des  globules  lymphatiques,  des  cellules  endothéliaies  altérées,  des  glo- 
bules graisseux,  des  cristaux  de  cholestérine  et  plus  rarement  des  glo- 
bules rouges.  Sa  composition  se  rapproche  du  sérum  du  sang;  il  s'en 
distingue  toutefois  par  une  plus  forte  proportion  d'eau  et  une  moins 
grande  quantité  de  parties  solides,  conformément  aux  expériences 
de  Graham,  qui  nous  ont  appris  que  les  membranes  animales  sont  plus 
facilement  traversées  par  les  dissolutions  salines  et  les  matières  extracUves 
du  sang  que  par  les  substances  protéiques. 

La  composition  chimique  du  liquide  hydropique,  loin  d'être  toujours 
identique,  varie  non-seulement  avec  les  conditions  pathogéniques,  mais 
encore  avec  la  nature  des  tissus  filtrants,  la  pression  artérielle,  etc.  Si 
jusqu'ici  il  a  été  tenu  compte  de  ces  dernières  conditions,  on  s'est  peu 
préoccupé  des  premières,  qui  cependant  ne  manquent  pas  d'importance, 

LAMCEREAux.  —  Trailé  a'Anat,  paih.  I.  —  37 


578  ANATOMIE  PATHOLOGIQliE. 

car  il  n  est  pas  douteux  que  cette  composition  ne  diffère  suivant  qoe  l'ky- 
dropisie  est  TefTet  d'une  gène  circulatoire,  d'un  désordre  nerveux  ou  dW 
altération  du  liquide  sanguin.  On  sait  toutefois  que  les  liquides  épanchtt 
à  la  suite  d'une  gène  mécanique  do  la  circulation  renferment  une  qQ» 
tité  d*eau  qui  est  évaluée  à  950  ou  970  parties  environ  pour  1000,  une  quan- 
tité d'albumine  (serine  et  hydropisine)  qui  varie  entre  8  et  25,  peuoapK 
de  plasmine  coagulable,  mais  des  matières  extractives  en  quantité  variahk; 
des  graisses  et  des  sels  solubles,  chlorure  de  sodium,  carbonates,  fb» 
phates  et  sulfates  à  base  de  soude  ou  de  potasse,  dans  des  proportion 
à  peu  près  égales  à  celles  où  ils  se  rencontrent  dans  le  sérum  du  saof, 
parfois  enGn  du  sucre.  Cette  composition^  qui   rapproche    la   sérosité 
hydropique  de  la  composition  du  liquide  céphalo-rachidien,  est  en  ostir 
soumise  aux  conditions  diverses  suivant  lesquelles  s'opère  la  transsodt- 
tion.  En  elTet,  la  sérosité  épanchée  est  d'autant  plus  riche  en  alhnmhif 
que  le  passage  du  sang  dans  les  capillaires  est  plus  relardé;  d'une  put 
l'obstruction  des  veines  abdominales  par  des  tumeurs  volumineuses  Amiie 
lieu  à  la  transsudation  de  liquides  contenant  une  proportion  d'albuminephis 
forte  que  celle  qui  s'observe  lorsque  le  cours  du  sang  est  entravé  daosie» 
mêmes  vaisseaux  par  des  obstacles  mécaniques  moins  considmbies; 
d'autre  part,  si  chaque  système  de  vaisseaux  capillaires  fournit  une  séro- 
sité dont  la  richesse  en  albumine  vai*ie  peu,  il  n'en  est  pas  de  même  det 
divers  systèmes,  et  les  vaisseaux  de  la  plèvre  sont  ceux  qui  laissent 
échapper  le  plus  d'albumine. 

Subordonnée  à  une  ^ène  circulatoire,  à  l'augmentation  de  la  tension  du 
sang  dans  le  système  vasculaire,  et  principalement  dans  le  système  vei- 
neux, riiydropisie  mécani(|ue  a  une  durée  variable,  toujours  en  rapport 
avec  la  durée  de  l'obstacle  sous  l'influence  duquel  elle  s'est  produite. 
Par  consé(|uent  son  pronostic  est  soumis  à  l'intensité  et  à  la  persistance 
de  cet  obstacle. 

KtioloQie  et  pathogénie.  —  Toute  entrave  ou  gêne  sérieuse  apport*^ 
à  la  circulation  veineuse  est  une  cause  habituelle  d'hydropisie.  Or. 
cette  cause  agit  tantôt  à  lextérieur  du  système  vasculaire  qu'elle  com- 
prime, tantôt  à  Tinlérieur  de  ce  même  système  qu'elle  obsliTie. 

Les  causes  t»xtérieures  aux  vaisseaux  sont  les  tumeurs  de  toute  natuiv- 
les  produits  inflaniniatoires  situés  au  voisinage  d'une  veine  importanlt- 
ou  comprimant  un  grand  nombre  de  petits  vaisseaux,  l'utérus  pendaDt 
la  grossesse,  l'application  d'une  bande,  d'un  appareil  ou  d'un  lien  quel- 
conque autour  d'un  membre,  si  une  pression  uniforme  n'est  pas  exercé» * 
sur  toute  la  longueur  de  ce  men)bre.  Entièrement  subordonné  à  la  corn- 


HYDROPISIES.  579 

pression  des  vaisseaux,  Toedème,  dans  ces  conditions,  disparaît  dès  que 
cette  compression  vient  à  cesser.  De  cet  ordre  de  causes  on  peut  rapprocher 
la  diminution  de  la  contractilité  cardiaque  ou  artérielle  suivie,  dans  cer- 
tains cas,  d*un  oedème  des  extrémités  (œdème  par  diminution  de  la  vis 
a  tergo),  et  enfin  la  diminution  de  pression  d'un  organe  sur  une  cavité, 
comme  dans  Thydrocéphalie  par  atrophie  du  cerveau,  ou  dans  la  repro- 
duction rapide  d'un  épanchement  pleural  ou  péritonéal  à  la  suite  d'une 
ihoracentèse  ou  d'une  paracentèse  (hydropisie  ex  vacuo). 

Les  causes  qui  exercent  leur  action  à  l'intérieur  du  système  veineux 
sont  nombreuses  ;  ce  sont  les  altérations  diverses  des  parois  des  veines, 
dilatation,  rétrécissement,  les  tumeurs  ou  les  concrétions  sanguines  qui 
peuvent  se  produire  à  l'intérieur  de  ces  vaisseaux,  et  les  altérations 
propres  à  gêner  la  circulation  cardiaque  (i).  Toutes  ces  causes  ont  pour 
caractère  de  déterminer  des  hydropisies  d'une  étendue  proportionnelle  au 
volume  et  à  l'importance  du  vaisseau  obstrué.  Ainsi,  l'obstruction  de  la 
veine  crurale  amène  généralement  l'infiltration  œdémateuse  du  membre 
inférieur  correspondant,  celle  de  la  veine  cave  est  suivie  de  l'hydropisie 
des  membres  abdominaux,  du  scrotum  et  de  la  partie  inférieure  du  tronc, 
celle  de  la  veine  porte  engendre  Tascite  ou  hydropisie  péritonéale  ;  de  même 
l'oblitération  ou  la  compression  de  la  veine  cave  supérieure  donne  lieu  à  un 
œdème  de  la  face,  du  cou,  de  la  région  supérieure  du  tronc  et  des 
membres  thoraciques,  et  enfin  une  gène  considérable  dans  la  circulation 
du  cœur  est  souvent  une  cause  d'anasarque  générale. 

La  production  de  l'œdème  dans  ces  conditions  est  un  fait  à  peu  près 
constant,  conmie  on  le  sait  depuis  les  recherches  cliniques  du  profes- 
seur Bouillaud,  et  si  dans  quelques  cas  l'hydropisie  fait  défaut  malgré 
Tobstruction  d'une  veine  importante  (2),  c'est  qu'il  existe  des  conditions 
particulières  de  circulation  collatérale,  car  pour  un  obstacle  donné 
l'hydropisie  diminue  ordinairement  ou  même  disparaît  au  fur  et  à  mesure 
de  l'élargissement  des  voies  collatérales. 

(i)  Les  affections  cardiaques  accompagnées  d'hydropisie  sont  toutes  ceUes  qui 
parviennent  à  modifier  l'action  du  cœur  droit.  Cette  modification  est  la  condition 
nécessaire  à  la  production  de  l'hydropisie  d'origine  cardiaque,  à  part  quelques 
cas  où  celte  hydropisie  est  l'effet  d'un  affaiblissement  de  la  contractilité  duTentricule 
ganche  et,  par  conséquent,  d'une  diminution  de  la  vis  a  tergo.  En  effet,  dans  le  rétré- 
cissement et  Tinsuffisancel  mitrale,  l'hydropisie  n'a  pas  lieu  tant  que  le  Tentricule  droit 
peut  faire  équilibre  à  la  tension  du  sang  dans  le  système  capillaire  des  poumons;  elle 
survient  seulement  au  moment  où  cet  équilibre  n'est  plus  possible,  par  suite  d'une 
altération  ventriculaire  ou  d'une  insuffisance  tricuspide. 

(2)  Voyes  HaUetl^  On  the  collatéral  circulation  in  cases  of  oblitération  or  obstruction 
ofthe  venae  cavae  {Edinburgh  med,,  and  surg.  Journal^  18A8,  t.  LIX,  p.  269). 


580  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

Les  nombreuses  anastomoses  des  radicules  de  la  lymphe  rendent  très- 
difficile  rhydropisie  locale  par  thrombose  ou  altération  des  ganglions  et  des 
vaisseaux  lymphatiques.  Quant  à  Thydropisie  générale  consécutive  à  1*00- 
ciusion  du  canal  thoracique,  elle  est  aussi  fort  rare.  Honro  et  Dupuytreo 
n*ont  pu  produire  de  transsudation  séreuse  par  la  ligature  de  ce  canal,  d 
très-souvent  son  oblitération  n*a  été  suivie  d'aucune  trace  d'œdteie 
(Laennec,  Andral,  Oppolzer,  etc.)  ;  mais  comme  dans  quelques  cas  (Scheib, 
Nasse,  Virchow,  etc.)  cette  oblitération  a  donné  lieu  à  de  Tanasaïque, 
il  reste  à  déterminer  la  condition  de  ces  faits  exceptionnels. 

L'expérimentation  concorde  avec  l'observation  clinique  pour  montrer 
rinfluence  de  Tobstruction  veineuse  dans  la  genèse  des  hydropisies. 
R.  Lower,  après  TinteiTuption  du  cours  du  sang  dans  les  veines  jugulaires 
d'un  chien,  vit  un  épanchement  séreux  se  former  rapidement  dans  le 
tissu  cellulaire  sous-cutané  des  parties  situées  au-dessus  des  ligatures. 
Magendie,  témoin  de  faits  de  même  ordre,  en  a  déduit  cette  règle  :  toute 
cause  qui  rend  plus  forte  la  pression  que  supporte  le  sang,  accroît  l'exha- 
lation. La  production  de  Thydropisie  en  pareil  cas  tient  à  une  transso- 
dation  qui,  suivant  les  lois  de  la  diffusion,  s'effectue  au  niveau  des  capil- 
laires dont  la  tension  est  augmentée.  Effectivement,  si  un  obstacle  existe 
au  cours  du  sang  dans  une  veine  importante,  ce  n'est  pas  au  niveau  de 
cet  obstacle  que  débute  l'œdème,  mais  bien  dans  le  système  capillaire 
correspondant  à  cette  veine;  le  même  fait  se  vérifie  dans  l'anasarque  d'o- 
rigine cardiaque. 

Il  était  acquis  que  la  simple  obstruction  veineuse  suffisait  pour  produire 
rhydropisie,  lorsque  Ranvier  communiqua  en  1869  à  l'Académie  des 
sciences  le  résultat  d'expériences  intéressantes  qui  parurent  tout  d'abord 
devoir  modifier  l'opinion  reçue  et  conduire  à  regarder  comme  néces- 
saire l'intervention  du  système  nerveux  dans  la  genèse  de  l'oedème  par 
obstacle  mécanique  à  la  circulation  veineuse.  Répétant  les  expériences  de 
Lower,  cet  observateur  ne  constata  aucun  des  résultats  annoncés  par  le 
médecin  anglais  ;  mais,  après  avoir  lié  la  veine  cave  inférieure  sur  un  chien, 
il  eut  ridée  de  couper  le  nerf  sciatique  d'un  seul  côté,  et  il  vit  alors  se 
développer  rapidement  un  œdème  considérable  dans  le  membre  corres- 
pondant au  nerf  sciatique  coupé,  tandis  que  le  membre  du  côté  opposé 
n'offrait  pas  la  moindre  apparence  d'infiltration  séreuse.  Si,  au  lieu  de 
couper  le  nerf  sciatique,  il  sectionnait  les  racines  de  ce  nerf  dans  le  canal 
vertébral,  aucune  infiltration  séreuse  ne  se  produisait  dans  le  membre 
postérieur  du  côté  intéressé,  pas  plus  que  dans  le  membre  du  côté  opposé. 
La  section  de  la  moelle  épinière  elle-même  au-dessus  du  renflement  lom- 
baire, après  la  ligature  de  la  veine  cave  inférieure  dans  l'abdomen,  ne  de- 


HYDROPISIES.  581 

termina  aucune  trace  d'oedème.  De  ces  faits  Ranvier  crut  devoir  conclure 
qae  Tinfluence  exercée  par  la  section  du  nerf  sciatique  sur  la  production 
(ie  Toedème  n'est  pas  due  à  la  paralysie  du  mouvement  et  du  sentiment 
dans  le  membre  correspondant,  mais  bien  à  la  paralysie  vaso-motrice, 
car  si  la  section  des  racines  du  nerf  sciatique  et  celle  de  la  moelle  lom- 
baire ne  favorisent  pas  l'apparition  de  l'œdème  après  ligature  de  la  veine 
cave  inférieure,  c'est  que,  dans  ces  opérations  on  ne  coupe  pas  en  travers, 
comme  dans  les  cas  de  section  du  nerf  sciatique,  toutes  les  libres  vaso- 
motrices  destinées  aux  vaisseaux  des  membres  inférieurs. 

D'un  autre  côté,  le  même  observateur,  après  avoir  appliqué  au  canal  de 
Wharton  un  manomètre  à  mercure,  éleclrise  le  nerf  tympanico-lingual  du 
côté  correspondant  et  constate  qu'au  bout  de  quelques  minutes  la  colonne 
de  mercure  s'élève  à  20  centimètres,  c'est-à-dire  à  une  hauteur  supérieure 
à  celle  de  la  pression  intra-artérielle  ;  puis,  continuant  Télectrisation,  il 
observe  bientôt  un  gonflement  œdémateux  de  la  glande  analogue  à  celui 
des  parotides  dans  les  oreillons.  Pendant  ce  temps  la  circulation,  loin  d'être 
arrêtée,  est  plus  active  que  dans  l'état  normal,  car  le  sang  veineux  glan- 
dulaire est  rouge,  d'où  Ranvier  conclut  que  si  on  peut  produire  Tœdème 
en  activant  la  circulation,  ce  n'est  pas  la  stase  sanguine  qui  détermine 
l'oedème;  puis,  rapprochant  cette  dernière  expérience  des  précédentes,  il 
en  arrive  à  formuler  la  même  loi  que  Magendie,  à  savoir  que  Yœdème 
mécanique  est  le  résultat  de  V augmentation  de  la  tension  du  sang  dans  les 
vaisseaux  capillaires. 

Cette  formule  est  exacte,  la  production  de  l'œdème  mécanique  est 
subordonnée  à  une  élévation  de  la  tension  du  sang  dans  les  capillaires  ; 
mais  l'intervention  du  système  nerveux  est-elle  absolument  nécessaire, 
ou  bien  seulement  favorable  à  cette  élévation  de  tension  dans  les  cas 
de  gêne  circulatoire?  tel  est  le  point  à  décider.  Or,  les  expériences  de  Ran- 
vier, plusieurs  fois  répétées,  ont  été  suivies,  dans  le  plus  grand  nombre  des 
cas,  des  résultats  indiqués  parcetauteur,  et  par  conséquent  la  simple  liga- 
ture de  la  veine  fémoi*ale  ou  de  la  veine  cave  ne  détermine  habituellement 
pas  d'œdème  (1).  Mais  s'il  en  est  ainsi,  c'est  sans  doute  parce  que  la 
ligature  appliquée  sur  une  veine  n'interrompt  le  cours  du  sang  qu'au 
niveau  du  point  où  le  vaisseau  est  serré,  et  laisse  libres,  contrairement  à  ce 
qui  se  passe  dans  les  cas  d'obstruction  pathologique,  toute  la  partie  infé- 
rieure du  vaisseau  et  les  branches  collatérales,  et  alors,  grâce  aux  anasto- 
moses si  nombreuses  qu'ont  les  veines  entre  elles,  le  sang  veineux  trouve 

(1)  Vulpian  a  observé  un  chien  chez  lequel  il  s'était  produit  un  œdème  du  membre 
inférieur  après  la  simple  ligature  de  la  veine  fémorale  du  coté  correspondant. 


582  ANATOMIE  PATnOLOGIQUE. 

des  voies  largement  ouvertes  par  lesquelles  il  peut  rentrer  dans  la  Teine 
liée,  ou  du  moins  arriver  par  des  voies  collatérales  jusqu'au  cœur.  La  preuve 
que  cette  explication  est  exacte,  c'est  que  des  expériences  récentes  de 
Straus  et  Duval,  de  Rott,  ont  montré  que  la  ligature  de  plusieurs  troncs 
veineux  suffit,  sans  la  participation  d'aucun  nerf,  pour  provoquer  l'appa- 
rition d'un  œdème  plus  ou  moins  étendu.  Par  conséquent  l'influeiice 
vaso-motrice  n'est  pas  une  condition  nécessaire,  mais  seulement  une  con- 
dition favorable  à  la  production  de  l'œdème  mécanique,  qui  peut  se  pio- 
duirc  sans  elle.  Cette  cause  agit  un  peu  comme  une  ligature  veineuse 
surajoutée  ;  en  dilatant  les  artères,  elle  augmente  la  masse  et  la  pression 
du  sang  dans  les  capillaires.  Quelque  chose  de  semblable  se  passe  dans 
l'œdème  consécutif  à  une  thrombose  veineuse  ;  alors,  en  effet,  l'affaiblis- 
sement de  la  contractilité  du  cœur  et  des  vaisseaux  peut  favoriser  i'aoco- 
mulation  du  sang  dans  les  capillaires  et  la  formation  de  l'oedème. 

Bibliographie.  —  Richard  Lower,  Tractatus  de  corde  y  item  de  motu  et  colore 
sanguinù  et  chyli  in  eitm  transita.  Londlni,  cdit.  quarta,  1680.  Tra- 
duct.  française,  Paris,  1679.  —  Haller,  Elemvnta  physiolofjiœ. . .  Lausaniue, 
1757,  p.  183.  —  Hales,  Hémostatique,  p.  94.  —  J.-P.  Frank,  Traité  de  méd. 
pratique^  Irad.  franc,  par  Goudareau,  18/i2,  t.  II,  p.  35.  —  Bouuxaud,  Be 
Vohlit,  des  veines^  et  de  son  influence  sur  les  hydropisies  partielles  {Arch.  gén,  et 
méd,y  1823,  t.  Il,  p.  188). —  Obsei'v,  et  considérât,  nouv.  sur  l'obL  des  veines^  rtf. 
[Arch.  de  méd,,  182^,  t.  V,  p.  9li),  —  Magendik,  Précis  élémentaire  de  physifh 
loqie,  1825,  t.  Il,  p.  /i^i8.  — Reynaud,  Des  obstacles  à  la  circulation  du  sang  dans 
le  tronc  de  la  veine  porte  et  de  leurs  effets  anatom.  et  j^hysioL  {Journal  hebdotm- 
daire,  l.  IV,  p.  137,  1829).  —  Er.  Blasius  {Journ,  des  progrès ^  1828,  t.  \II, 
p.  102).  —  CoRiUN,  De  VoUit,  des  veines  comme  caiis^  d'œdéme  ou  iVhydropisir 
partielle  (Arvhiv,  gén,  de  mèd.,  1831).  —  E.  Leudet,  Recherckes  anat.  et  clin. 
sur  les  hydropisies  consicntivcs  à  la  fièvre  typhoïde  {Arch,  gèn,  de  méd,,  1858, 
t.  II,  p.  /i07).  —  Th.  Rott,  Icbv:' die  Enistehung  vonŒdem  (Berliner  klin,  Wo- 
chnisclmftj  187^1,  n°  9).  —  Alh.  Rhociïin,  Contribution  à  rhistoire  des  hydn^- 
pistes.  Thèse  de  Paris,  187/|. —  Voyez  do  plus  la  Bibliographie  générale,  p.  575. 

v^  2.    —    HYDROPISIES  NÉVUOPATHIOUES. 

Nous  appelons  de  ce  nom  les  hydropisies  qui  surviennent  sous  Tin- 
lluence  d'un  désordre  du  svslème  nerveux. 

Ordinairement  partielles,  ces  hydropisies  affectent  de  préférence  les 
membres,  la  face,  les  poumons  ou  quelque  autre  viscère.  Elles  sont  en 
rapport,  non  plus  comme  les  hydropisies  angiopalhiques,  avec  la  distri- 
bution des  vaisseaux,  mais  bien  avec  la  répartition  du  système neneuï et 
loiTnentdes  espèces  de  districts  limitées  à  laterminaisoades  branches  ner- 


HTDROPISIES.  583 

yeuses,  parfois  hémiplégiques  ou  paraplégiques.  Rarement  ces  lésions 
s'étendent  à  tout  le  système  conjonctif  sous-cutané,  à  moins  qu'elles  ne 
reconnaissent  pour  cause  Taction  subite  du  froid. 

Le  gonflement  œdémateux  est  peu  considérable,  mais  en  général  d'au- 
tant plus  prononcé,  que  le  tissu  conjonctif  est  plus  lâche  :  aussi  est-il 
très-manifeste  à  la  face  dorsale  des  mains  et  des  pieds  lorsqu'il  est  à 
peine  appréciable  dans  la  continuité  des  membres.  Les  parties  œdé- 
mateuses, loin  d*étre  toujours  pâles  et  décolorées,  sont  parfois  rouges  ou 
rosées  ;  dans  quelques  cas,  elles  présentent  une  élévation  de  température, 
etsontdouloureusesoumémehyperesthésiées.  Relativement  fermes  et  élas- 
tiques, elles  conservent  peu  l'impression  du  doigt,  et  ne  laissent  échapper 
qu'une  faible  quantité  de  sérosité  lorsqu'on  vient  à  y  pratiquer  une  piqûre 
ou  une  incision. 

Les  faisceaux  du  tissu  conjonctif  apparaissent,  sous  le  champ  du  mi- 
croscope, écartés  par  un  liquide  transparent,  dans  lequel  nagent  des 
leucocytes  avec  leurs  excroissances  [sarcodiques  et  quelques  globules 
rouges  du  sang.  Les  cellules  fixes  de  ce  tissu  sont  ordinairement  globu- 
leuses et  infiltrées  de  granulations  réfringentes;  les  cellules  adipeuses 
présentent  parfois  de  fines  granulations,  tandis  que  les  vaisseaux  capil- 
laires, les  artérioles  et  les  veinules  sont  distendus  par  du  sang  et  tapissés 
à  leur  face  interne  d'une  couche  de  globules  blancs.  La  sérosité  infiltrée 
présente  une  composition  chimique  peudiflerente  decelle  du  sérum  du  sang, 
bien  qu'elle  contienne  une  plus  grande  quantité  d'eau  et  une  moindre  pro- 
portion de  substances  protéiques.  En  réalité,  il  serait  nécessaire  d'en  faire 
une  analyse  exacte,  et  de  cette  façon  peut-être  arriverait-on  à  reconnaître 
que  cette  sérosité  n'est  pas  chimiquement  identique  avec  la  sérosité  des 
autres  genres  d'hydropisie. 

Subordonnée  à  l'influence  du  système  ner\'eux,  l'hydropisie  névro- 
pathique  suit  la  marche  des  altérations  de  ce  système.  Toutefois  ce  n'est 
pas  instantanément,  mais  plutôt  quelques  jours  après  le  désordre  de  Tinner- 
vation  que  se  montre  l'œdème  névropathique.  Un  individu  frappé  d'apo- 
plexie ou  de  ramollissement  cérébral  ne  présente  tout  d'abord  rien  d'anor- 
mal dans  les  membres  paralysés  ;  mais  au  bout  de  quelques  jours  il  survient 
une  élévation  de  température,  une  coloration  rosée  et  un  gonflement 
œdémateux  plus  ou  moins  prononcé,  suivant  le  siège  el  l'étendue  de  la 
lésion.  Cet  œdème,  qui  an*ecte  spécialement  les  membres  du  côté  para- 
lysé et  surtout  le  membre  supérieur,  se  localise  de  préférence  aux  extré  - 
mités  et  principalement  à  la  face  dorsale  de  la  main  ;  il  diminue  et  tend  à 
disparaître  au  bout  de  quelques  mois,  vraisemblablement  lorsque  l'irrita- 
tion déterminée  par  la  présence  du  caillot  sanguin  ou  du  foyer  de  ramollis- 


584  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

sèment  vient  à  cesser,  c'est-à-direau  moment  de  la  cicatrisation  de  œ  foyer. 
Les  altérations  de  la  moelle  épinière  produisent  dans  quelques  cas  un 
œdème  des  membres  inférieurs  qui  ne  se  comporte  pas  différemment,  et 
certains  désordres  nerveuK  purement  fonctiomiels  sont  parfois  aussi  suivis 
d  un  (Bdèmc  partiel.  Mais,  qu'elle  soit  développée  sous  Finfluence  d'une  lé- 
sion matérielle  ou  d'un  simple  trouble  fonctionnel  du  système  nerveux, 
rhydropisie  né\Topathique  cesse  en  même  temps  que  le  désordre  qui  la 
provoquée,  et  en  cela  elle  se  distingue  nettement  de  Thydropisie  angîopi- 
thique,  qui  est  subordonnée  à  une  modification  première  de  la  circulatioK. 
C'est  pour  ce  motif  que  nous  avons  dû  séparer  ces  hydropisies,  bien  certaÎB 
que  cette  séparation  devra  conduire  à  des  résultats  pratiques  importants. 

Étiologie  et  pathogénie.  —  Les  causes  éloignées  de  l'hydropisie  névro- 
pathique  se  confondent  avec  les  causes  qui  viennent  troubler  le  fonction- 
nement du  système  nerveux  ;  ses  causes  prochaines  sont  des  désordres 
matériels  ou  simplement  fonctionnels  portant,  les  uns  sur  le  système 
nerveux  périphérique,  les  autres  sur  le  système  nerveux  central. 

11  est  aujourd'hui  démontré  que  les  contusions  et  les  blessures  des  nerfs 
sont  fréquemment  suivies  d'un  gonflement  œdémateux  de  la  région  à 
laquelle  ils  se  distribuent.  Mougeot  a  rassemblé  plusieurs  exemples  deœ 
genre  dans  sa  thèse  inaugurale,  et  Nicaise  en  a  rapporté  quelques  autres 
dépendant  d'une  paralysie  traumatique  du  nerf  radial.  J'ai  moi-même 
observé,  pendant  mon  clinicat  à  l'Hôtel-Dieu,  un  fait  des  plus  remarquaUes 
à  ce  point  de  vue.  Un  homme  atteint  de  paralysie  des  extenseurs  dr 
l'avanl-bras  droit,  après  une  luxation  qui  avait  contusionne»  le  plexus  bra- 
chial, présenta  quelques  jours  plus  tard  à  la  face  dorsale  de  la  main,  au 
poignet  et  aux  doigts,  un  œdème  ferme,  élastique,  et  néanmoins  très-mar- 
qué, accompagné  de  sensations  douloureuses  aux  extrémités  des  doi^> 
et  d'une  légère  élévation  de  la  température  de  la  main.  Cet  œdème  per- 
sista pendant  plusieurs  mois  pour  disparaître  totalement. 

Indépendamment  des  lésions  traumaliques,  certains  désordres  maU:Tit'l> 
ou  simplement  fonctionnels  du  système  nerveux  peuvent  produire  k-^ 
mêmes  efl'ets.  Herbert  Mayo,  cité  par  Longet  (Traité  de  physiologie^  t.  III. 
p.  686),  aurait  constaté  le  gonflement  œdémateux  d'une  moitié  de  la  fao- 
dans  un  cas  d'altération  du  nerf  trijumeau  correspondant.  Des  oedèuh^ 
partiels  sont  quehjuefois  observés  chez  les  femmes  hystériques  en  deho^ 
de  toute  altération  du  sang  ou  des  vaisseaux  ;  semblables  désordres  \xr 
sont  pas  très-rares  chez  les  personnes  qui  font  abus  de  boissons  alcooliques. 
Depuis  plusieurs  années,  j'appelle  l'attention  de  mes  élèves  sur  les  carac- 
tères de  ces  désordres  intimement  liés  à  l'innervation  vaso-motrice.  Onli- 


\ 


HYDROPISIES.  585 

nairement  localisé  aux.  extrémités  et  de  préférence  à  la  face  dorsale  des 
pieds  ou  des  mains,  Toedème  des  alcooliques,  faiblement  coloré  et  assez 
ferme,  conserve  peu  l'impression  du  doigt.  Il  est  en  général  accompagné  de 
troubles  nerveux  divers,  tels  que  fourmillements,  picotements,  élance- 
ments douloureux,  hyperesthésie  et  élévation  de  température.  Rarement 
j'ai  vu  ce  symptôme  coexister  avec  des  sueurs  froides,  Tanesthésie  et 
la  cyanose  des  parties  affectées  ;  quelquefois,  aux  avant-bras,  il  faisait 
cortège  à  un  certain  degré  de  parésie  des  nerfs  extenseurs.  La  coïncidence 
du  gonflement  œdémateux  du  dos  des  mains  avec  la  paralysie  saturnine 
des  extenseurs  des  avant-bras  a  été  signalée  par  Nicaise  ;  pour  mon 
compte;  j'ai  constaté  l'existence  d'un  œdème  des  pieds  chez  une  femme 
qui  n'avait  ni  albuminurie,  ni  affection  cardiaque,  mais  qui,  peu  de  temps 
auparavant,  avait  subi  un  empoisonnement  par  la  vapeur  de  charbon  (1). 

Un  certain  nombre  d'œdèmes  peuvent  être  rapprochés  de  ceux  qui  pré- 
cèdent :  c'est  tout  d'abord  l'œdème  concomitant  de  l'érythème  pella- 
greux  qui,  comme  on  le  sait,  s'observe  quelquefois  chez  les  alcooliques  ; 
ce  sont  ensuite  les  œdèmes  de  la  goutte  et  de  certains  purpuras  (2).  Ces 
œdèmes  ont  en  effet  pour  caractère  à  peu  près  constant  d'être  accompa- 
gnés de  sensations  douloureuses,  indices  d'un  désordre  manifeste  du  sys- 
tème nerveux.  Enfin  les  œdèmes  intermittents  qui  se  produisent  dans  le 
cours  d'une  intoxication  palustre  paraissent  également  n'avoir  d'autre 
origine  qu'un  désordre  du  système  nerveux  (3),  et  peut-être  devrait-on 
encore  ranger  dans  ce  groupe  les  œdèmes  consécutifs  à  l'absorption  d'un 
venin,  celui  de  la  vipère  et  du  serpent,  par  exemple. 

Certaines  névralgies,  et  principalement  celle  du  nerf  trijumeau  lors- 
qu'elle est  occasionnée  par  une  carie  dentaire,  peuvent  être  accompagnées 
d'une  inflltration  œdémateuse  de  la  région  qui  en  est  le  siège;  cette  infll- 
tration,  qui  est  ordinairement  un  phénomène  connexe  d'un  certain 
degré  d'hypérémie,  est  parfois  suivie  d'un  véritable  état  phlegmasique. 

(1)  Je  viens  d'observer  uq  œdème  du  dos  des  mains  chez  un  homme  qui  pendant  huit 
jours  avait  été  occupé  à  tourner  une  meule  et  avait  fatigué  outre  mesure  ses  avant-bras. 

(2)  Quelques  substances  toxiques  ou  médicamenteuses  ont  la  propriété  de  développer 
des  œdèmes  qui,  le  plus  souvent,  paraissent  sous  la  dépendance  du  système  nerveux. 
L'étude  de  ces  œdèmes  serait  d'un  grand  intérêt;  je  me  contenterai  de  signaler  celui 
qui,  dans  certains  cas,  se  produit  aux  paupières  à  la  suite  de  l'administration  de 
riodure  de  potassium,  l'œdème  de  la  face  plusieurs  fois  observé  par  moi  chez  des 
malades  qui,  en  ville,  s'étaient  appliqué  un  emplâtre  dit  de  thapsia  sur  la  poitrine, 
enfin  l'œdème  de  la  face  et  du  cou,  rencontré  par  Duarte  {Gaceta  medica  de  Grenada, 
vP  38,  1869-70),  chez  les  individus  qui  respirent  la  poussière  de  canne  à  sucre. 

(3)  Voyez  Griesinger,  Traité  des  maladies  infectueuseSt  trad.  franc,  par  Lemattre, 
p.  59,  Paris,  1868. 


586  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

L'œdème  consécutir  à  Taction  du  froid,  en  raison  de  la  rapidité  de 
son  apparition  et  de  sa  marche,  rentre  vraisemblablement  ausii  dm 
la  catégorie  des  œdèmes  névropathiques;  cependant  la  pathologie  toi- 
jours  obscure  de  cette  affection  ne  permet  pas  jusqu'ici  de  la  considé* 
rer,  sans  quelque  témérité,  comme  simplement  liée  à  un  désordre  ds 
système  nerveux. 

Les  altérations  du  grand  sympathique  ou  de  ses  foyers  d'origine  pefr 
vent  devenir,  comme  celles  des  nerfs  sensitifs  et  des  nerfs  mixtes,  le  point 
de  départ  d  œdèmes  localisés.  Ces  œdèmes  affectent  non«seulement  le  tisn 
conjonctif  sous-cutané,  mais  encore  le  tissu  conjonctif  des  visoëRS. 
Leur  étude  expérimentale  a  été  commencée  par  Brown-Séquard,  CI.  Bag- 
nard etSchiff;  leur  étude  clinique  reste  à  faire.  En  voici  un  exemple  inté- 
ressant: Une  dame  de  ma  clientèle,  peu  de  temps  après  un  refroidissemat 
survenu  pendant  le  cours  d'une  sueur,  fut  prise  de  douleurs  intenses 
dans  les  épaules  et  la  continuité  des  membres  supérieurs,  puis  d'u 
œdème  de  ces  membres,  surtout  marqué  à  la  face  dorsale  des  mains.  Cd 
œdème  ayant  disparu  au  bout  de  cinq  à  six  mois  en  môme  temps  que 
les  douleurs,  notre  malade  fut  prise  trois  mois  plus  tard,  dans  toute 
la  face  et  la  partie  supérieure  du  cou,  d'un  gonflement  oedémateux 
et  de  douleurs  intolérables  exacerbantes  avec  chaque  battement 
cardiaque  ;  puis  à  ces  symptômes  s'ajouta  une  salivation  continuelle, 
opiniâtre ,  et  enfin  une  teinte  jaunâtre  éphélique  de  Tépiderme  des 
joues.  Deux  à  trois  mois  plus  tard,  ces  accidents,  traités  comme  les 
premiers  par  l'emploi  de  la  morphine,  disparaissaient  complètement;  les 
douleurs  si  vives  de  la  face  et  de  la  tête  cessèrent  tout  d  abord,  en 
même  temps  ([ue  l'œdème  qui  leur  faisait  cortège,  et  enfin  la  salivation 
survenue  en  dernier  lieu,  après  avoir  persisté  pendant  quelque  temps.  Or, 
dans  ce  fait,  qui  est  pourainsi  dire  une  reproduction  des  expériences  prati- 
quées sur  le  grand  sympathique,  il  est  difficile  de  ne  pas  reconnaître  un 
désordre  fonctionnel  ou  matériel  de  ce  nerf(l).  D'ailleurs  ce  n'est  [las 
seulement  quand  ce  nerf  est  altéré  que  l'on  voit  apparaître  de  l'œdème; 
ce  phénomène  se  produit  encore  lorsque  les  centres  nerveux  sont  eui- 
mômes  modifiés.  Il  est  commun  d'observer  une  infiltration  œdémateuse 
des  membres  inférieurs  dans  la  para[)légie  liée  à  la  compression,  et  sur- 
tout à  des  lésions  profondes  de  la  moelle  épinière.  L'œdème  dans  ces 
conditions  est,  du  moins  à  son  début,  assez  généralement  associé  à  un  cer- 


(1)  Brown-Si'quard  a  \u  de  l'œdème  se  développer,  chez  des  cobayes,  dans  un  de* 
poumoas,  lorsqu'il  lésait  sans  le  détruire  le  ganglion  tlioraciquc  supérieur  du  cùtë 
correspondant. 


HYDROPISIES.  587 

tain  degré  d'élévation  de  la  température.  De  même,  l'hémiplégie  consécu- 
tive à  une  altération  des  ganglions  cérébraux,  tels  que  les  corps  striés  et 
surtout  la  couche  optique,  est  régulièrement  accompagnée  au  bout  de  quel- 
ques jours  d'un  gonflement  œdémateux  qui  occupe  de  préférence  les 
extrémités  et  le  membre  supérieur.  Telles  sont  les  principales  circon- 
stances où  se  rencontrent  les  hydropisies  névropathiques  ;  il  reste  à  nous 
rendre  compte  du  mécanisme  de  ces  hydropisies. 

De  même  que  tous  les  phénomènes  subordonnés  à  une  influence  ner- 
veuse, les  hydropisies  sont  tantôt  directes,  tantôt  réflexes.  Elles  sont 
directes  quand^  à  la  suite  de  la  contusion  ou  de  la  blessure  d'un  nerf,  elles 
se  limitent  aux  parties  excitées  par  ce  nerf,  comme  nous  en  avons  cité  plus 
haut  des  exemples,  et  quand  elles  surviennent  dans  les  parties  paralysées 
par  l'altération  des  centres  nerveux.  Au  contraire,  elles  sont  réflexes  lors- 
que le  gonflement  oedémateux  se  produit  dans  une  région  qui  n'a  pas 
de  relation  directe  avec  le  rameau  nerveux  lésé.  C'est  le  cas  d'un  malade 
observé  par  Ilamilton  (Mougeot,  obs.  XV),  et  qui,  à  la  suite  de  la  cica- 
trisation d'une  blessure  faite  avec  la  pointe  d'un  couteau  à  la  partie 
moyenne  de  la  face  antérieure  et  du  bord  interne  du  pouce,  vit  appa- 
raître à  la  paume  et  au  dos  de  la  main  une  tuméfaction  douloureuse, 
d'abord  pâle,  ensuite  rouge,  qui  dura  plus  de  deux  mois.  C'est  à  ce 
second  mode  que  semblent  encore  se  rattacher  les  œdèmes  névralgiques, 
du  moins  si  l'on  s'en  rapporte  aux  expériences  de  Schiff  (1),  qui  aurait  sou- 
vent constaté  une  dilatation  réflexe  durable  des  vaisseaux  et  une  fluxion 
cedémateuse  à  la  suite  de  l'irritation  prolongée  des  nerfs  sensibles  d'un 
membre. 

La  condition  nécessaire  à  la  production  des  hydropisies  réflexes  est  évi- 
demment l'excitation  plus  ou  moins  prolongée  des  éléments  nerveux,  car 
si  Ton  vient  à  détruire  ces  éléments  ou  à  interrompre  leur  communication 
avec  les  tissus,  l'œdème  n'a  plus  lieu.  Ranvier  a,  du  reste,  montré  que 
rhydropisie  nerveuse  peut  être  un  phénomène  actif,  puisqu'il  est  parvenu 
à  produire  l'œdème  de  la  glande  sous-maxillaire  en  électrisant  pendant 
plusieurs  heures  le  nerf  tympanico-lingual  correspondant.  En  pareil  cas, 
la  circulation,  loin  de  s'arrêter,  continue;  elle  devient  plus  active  que 
dans  l'état  normal,  ce  que  prouve  la  coloration  du  sang  veineux  glandu- 
laire qui  reste  rouge.  Ainsi  il  n'est  pas  douteux  qu'il  n'y  ait  des  œdèmes 
névropathiques  qui  soient  le  fait  d'une  dilatation  active  et  de  l'aug- 
mentation de  la  tension  du  sang  dans  les  vaisseaux.  Mais  n'existe-t-il  pas 
aussi  des  œdèmes  produits  par  l'affaiblissement  du  tonus  vasculaire,  et 

(1)  SchifT,  Leçons  sur  fa  physiologie  de  la  digestion,  t.  II,  p.  213. 


588  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

les  œdèmes  directs  ne  devraient-ils  pas  rentrer  dans  ce  groupe  ?  L'afiî- 
blissement  des  nerfs  vaso-constricteurs,  en  amenant  la  dilatation  des 
petits  vaisseaux  munis  d  une  tunique  musculaire,  entraînerait,  dans  œtt» 
hypothèse,  la  réplétion  des  vaisseaux  capillaires  et  une  diminution  dek 
vis  a  tergoy  d'où  la  stase  du  sang  veineux  et  l'élévation  de  la  presaioi 
sanguine  dans  les  capillaires  et  les  veinules.  Cette  explication,  admiie 
par  quelques  auteurs,  entre  autres  le  professeur  Vulpian,  nous  puik 
acceptable  ;  mais  en  somme  elle  est  moins  bien  prouvée  que  la  précédente. 

Bibliographie. —  Portal,  Observcd.  surla  nature  et  le  traitement  de  Vhydrûptm^ 
p.  162.  Paris,  \S2U-  —  Budge  et  Waller,  Recherches  sur  le  syst.  nervcu. 
Weimar,  1851.  —  Thomas  Laycock,  De  Vin/luence  de  certains  centres  nerwB 
sur  la  production  des  hydropisies  {The  Lancet,  13  mai  1865^  anal,  dans  la  Gk. 
hebd,  de  mCd.  et  de  chirurg.,  1865,  p.  U^i).  —  Remak,  CEsterr,  ZeitsM/t 
f,  prakt,  Ileilkunde,  1866,  n® /Ï8.  —  Mougeot,  Rech,  sur  quelques  troMes  et 
nutrition  consécutifs  aux  altér,  des  nerfs.  Thèse  de  Paris^  1867.  —  L.  Raxtid, 
Recherches  expérimentales  sur  la  production  de  V œdème  (Comptes  rendu  ii 
V Académie  des  sciences,  20  décembre  1869).  —  Vezeaux  de  Lavergne,  Êtsè 
critique  sur  la  pathogénie  des  hydropisies  aiguës  a  frigore,  sans  albumimtrk. 
Thèse  de  Paris,  1873,  n"  221.  —  Louradoux-Ponteil,  Étude  sur  VêtûAoçk 
et  la  pathogénie  des  hydropisies  a  frigore,  sans  albuminurie.  Thèse  de  Paris, 
1873.  —  Nicaise,  Du  gonflement  du  dos  des  maim  chez  les  saUtni» 
(Gaz.  méd,  de  Paris,  1868,  p.  281,  292,  583).  —  Le  môme,  Dm  gonflemnt 
du  dos  de  la  main  consécutif  à  la  paralysie  traumatique  du  nerf  radial  ((ku 
méd.  de  Pains,  1873,  p.  ^58).  —  A.  Vulpian,  Lcfwis  sur  V appareil  w»- 
moteur,  t.  II,  p.  596.  Paris,  1875. 

§  3.    ~    HYDROPISIES   HÉMOPATHIQUES. 

Sous  cette  dénomination  sont  comprises  les  hydropisies  qui  ont  pour 
condition  génératrice  l'altération  du  liquide  sanguin. 

Relativement  fréquentes  et  le  plus  souvent  généralisées,  ces  hydropisies 
apparaissent  tout  d'abord  dans  les  points  où  le  lissu  conjonclif  est  Ir 
plus  lâche:  les  paupières,  le  scrotum,  les  grandes  lèvres;  plus  tard, 
elles  se  manifestent  dans  le  reste  de  l'organisme.  Les  parties  affectées, 
pâles,  décolorées  et  semi-lransparentes,  molles  ou  pâteuses,  présentent 
une  tuméfaction  souvent  considérable  et  qui  conserve  facilement  lim- 
pression  du  doigt.  Au  microscope,  elles  offrent  des  caractèn»s  peu 
différents  de  ceux  que  nous  connaissons,  avec  cette  particularité  que  la 
sérosité  qui  infiltre  les  mailles  du  tissu  conjonctif  ne  ivnfemie  en  gêné 
rai  aucun  globule  rouge  et  fort  peu  de  globules  blancs.  Claire,  limpide, 
presque  toujours  alcaline  et  moins  dense  que  le  sérum  du  sang,  celte 
sérosité  contient  une  beaucoup  plus  forte  proportion  d'eau  que  ce  dernier. 


HTDROPISIBS. 


589 


Dans  un  cas  d*albuminurie  analysé  par  Heller,  elle  renfermait  environ  97 
pour  100  d'eau,  tandis  que,  dans  le  sérum  défibriné,  la  proportion  des  ma- 
tériaux solides  s'élève  à  près  de  9  pour  100,  dont  8  pour  100  d'albumine. 
Cette  différence  qui  distingue  le  liquide  hydropique  du  sérum  sanguin 
est  constante,  mais  n'existe  pas  toujours  au  même  degré.  Elle  tient  d'une 
part  à  la  paroi  vasculaire  qui  ne  laisse  passer  que  les  éléments  dissous  du 
sérum,  et  d'autre  part  à  la  capacité  exosmotique  des  vaisseaux  qui  varie 
pour  les  diverses  substances  et  dans  les  différents  systèmes  de  capillaires. 
A  ce  point  de  vue,  Talbumine  (serine  et  hydropisine),  qui  forme  la  plus 
grande  partie  du  transsudat  hydropique,   est  la  substance  qui  présente 
les  plus  grandes  variations.  Si  nous  faisons  appel  aux  analyses  qui  ont 
été  faites  par  plusieurs  auteurs  dans  des  affections  comparables,  la  maladie 
de  Bright  par  exemple,  nous  trouverons  que  C.  Schmidt  place,  sous  le 
rapport  de  la  richesse  en  albumine,  le  liquide  de  la  cavité  pleurale  en 
*  première  ligne,  puis  celui  de  la  cavité  péritonéale,  et  enfin  le   liquide 
du  tissu  conjonctif  sous-cutané.  Hoppe  a  trouvé  des  rapports  semblables  ; 
toutefois.  Becquerel  et  Rodier  ont  obtenu  des  résultats  un  peu  différents, 
comme  l'indique  le  tableau  suivant  : 


Sérosité  de  la  plèvre 

—  du  péritoine 

—  du   tissu  conjonctif 

sous-cutané  .... 

C.  SCHMIOT 

HOPPE. 

BECQUEREL  et  RODIER 

Albumine. 

2.85   o/o 
1,13 

0,36 

Albumine. 

2,78 
1,61 

0,36 

Albumine. 

0,836  Vo 
1,188 

0,538 

- 

Ces  chiffres  prouvent  néanmoins  que  les  proportions  d'albumine  varient 
dans  les  divers  épanchements  d'un  même  hydropique  ;  mais  ce  n'est  pas 
là,  du  reste,  la  seule  variation  propre  à  l'albumine  :  on  a  pu  s'assurer  que 
la  richesse. de  cette  substance  diminue  lorsque  le  sang  devient  plus  pauvre 
en  albumine,  comme  dans  les  dernières  périodes  de  la  maladie  de  Bright, 
et  qu'elle  augmente  avec  l'âge  de  l'épanchement,  parce  qu'une  portion  de 
l'eau  et  des  sels  est  reprise  par  absorption. 

Les  matières  extractives,  par  contre,  sont  plus  abondantes  dans  la  séro- 
sité des  hydropisies  que  dans  le  sérum  normal  (Lehmann).  La  sérosité 
transsudée  des  albuminuriques  renferme  généralement  une  plus  forte  pro- 
portion d'urée,  et  quelquefois  des  matières  ammoniacales.  Les  matières 


590  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

grasses  sapdnifiables  ou  saponifiées  y  sont  également  en  plus  grutl 
abondance,  et  leur  proportion  varie  encore  avec  le  système  ctpiUiiRé 
s'opère  la  transsudation;  du  moins,  on  a  reconnu  que  lestnmssriÉ 
des  capillaires  des  tuniques  du  cerveau,  de  la  plèvre  et  du  méseDlèfe^iV^ 
renferment  peu.  La  cholestérine  est  relativement  abondante,  8ait(Nitèir 
Thydrocèle,  Thydropéricarde,  et  principalement  dans  les  transsniUBil 
anciennes,  qui  en  contiennent  parfois  des  quantités  considérables.  Le i 
a  été  également  rencontré  dans  la  sérosité  des  malades  affectés  létl 
minurie.  Bock  a  trouvé  0,04  pour  100  de  cette  substance  dans  uoaifcj 
maladie  de  Bright  ;  mais  il  reconnaît  que  cette  substance  n'est  ptsi 
stantc^  sans  qu'il  lui  soit  possible  de  donner  la  raison  de  sa  piéseaeei 
de  son  absence.  En  résumé,  les  principes  qui  composent  la  sâPOsiléfel| 
hydropisies  dépendantes  d'une  altération  du  sang  ne  diffèrent  gfink\ 
sérum  de  ce  liquide  que  par  une  moindre  proportion  des  principes  oi|h{ 
niques,  ce  qui  est  un  effet  de  la  dialyse. 

L'hydropisie  hémopathiquc  à  une  marche  lente  et  progressive, 
durée  généralement  longue  et  un  pronostic  toujours  grave.  Ellesefii'l 
tingue  de  l'hydropisie  nerveuse  et  aussi  de  l'hydropisie  consécutive  à 
obstruction  veineuse  ou  hydropisie  mécanique,  par  son  début  imh' 
parties  les  plus  lâches  du  tissu  conjonctif,  par  une  extension  et  unefâS* 
ralisation  rapides,  enfin  par  la  décoloration  plus  ou  moins  prononcéeèEi 
téguments,  par  l'absence  de  tout  rapport  avec  les  nerfs  et  les  vaisseaL 

Étiologie  et  pat/iogénie,  —  Les  causes  de  l'hydropisie  héraopalhi(|* 
influencent  directement  ou  indirectement  le  liquide  sanguin.  Celles  (pi 
exercent  une  action  directe  sur  le  sang  sont  une  alimentation  mauvaise» 
insuffisante,  des  hémorrhagies  répétées  et  abondantes.  Il  est  reconnu  q». 
pendant  les  époques  de  misère  et  de  disette,  l'hydropisie  règne  quelquett 
dune  façon  pour  ainsi  dire  épidéraique.  Grégoire  de  Tours  (1)  rapports 
qu'en  l'année  586  une  grande  famine  désola  presque  toutes  les  Gaufes: 
«  Beaucoup  de  gens  firent  du  pain  avec  des  pépins  de  raisin,  des  fleoB 
d'aveline  et  des  racines  de  fougère  desséchées  et  réduites  en  poudre,  ony 
mêlait  un  peu  de  farine  ;  d'autres  firent  de  même  avec  du  blé  encore  T*it^ 
il  y  en  eut  même  beaucoup  qui,  manquant  absolument  de  farine,  cueil- 
laient différentes  herbes;  quand  ils  en  avaient  mangé,  ils  enflaierf 
et  ne  tardaient  pas  à  mourir.  »  Gaspard  a  observé  une  véritable  épKl^ 
mie  d'hydropisie,  pendant  la  famine  de  1817,  dans  l'est  et  le  centivik 

(1)  Grëg^oire  de  Tours  et   Frédégaire,  Histoire   des    Francs,  trad.    de   (luiiot.  l  '• 
livre  vu,  p.  464,  in-12,  ëdit.  de  A.  Jacohs. 


HYDROPISIES.  59 1 

la  France.  Les  habitants  qui  mangeaient  Therbedes  champs  présentèrent 
de  Tanasarque  sans  ascite  et  sans  trace  de  lésion  organique  du  foie  ou 
des  autres  viscères  abdominaux.  Cet  état  dura  jusqu  a  la  moisson  de  1817 
et  disparut  par  le  retour  de  bons  aliments;  certains  individus  conser- 
vèrent de  l'œdème  pendant  plusieurs  mois  et  même  plusieurs  années. 
L'hydropisie  qui  se  produit  pendant  le  cours  du  scorbut  semble  avoir  aussi 
son  origine  dans  une  modification  du  liquide  sanguin,  subordonnée  à  une 
alimentation  défectueuse.  L'œdème  qui  survient  parfois  aux  membres 
inférieurs  dans  la  convalescence  des  maladies  aiguës  de  longue  durée 
n'est-il  pas  également,  du  moins  dans  certains  cas,  l'effet  d'une  ali- 
mentation insuffisante?  Ce  qui  semblerait  le  prouver,  c'est  que  cet 
œdème  était  plus  fréquent  autrefois  qu  aujoui*d'hui,  où  la  diète  est  avec 
raison  beaucoup  moins  sévère. 

Les  hémorrhagies  dans  le  cours  desquelles  s'observe  l'hydropisie  ne 
sont  pas  celles  qui  se  manifestent  avec  le  plus  de  violence,  mais  celles  dont 
le  retour  est  le  plus  fréquent,  comme  les  flux  [hémorrhoîdaux.  Les  sup- 
purations prolongées,  les  flux  diarrhéiques  ou  dysentériques,  peuvent 
fluissi  entraîner  à  leur  suite  une  hydropisie  plus  ou  moins  marquée; 
mais  fréquenmient  on  constate  alors  une  dégénérescence  albuminoîde 
des  vaisseaux  et  une  augmentation  de  la  tension  intravasculaire. 

Les  affections  organiques  qui  ont  pour  effet  plus  spécial  de  modifier 
la  composition  du  liquide  sanguin  sont  celles  qui  intéressent  les  reins,  et 
dans  quelques  cas  aussi  le  foie  ou  la  rate.  La  plupart  des  lésions  rénales 
avec  albuminurie,  celles  surtout  qui  portent  sur  l'épithélium  des  tubuli, 
mmi  de  ce  nombre.  Ainsi  les  néphrites  dites  parenchymateuses,  la  stéatose 
des  épithéliums  du  rein,  ont  pour  cortège  ordinaire  une  anasarque 
considérable;  au  contraire,  les  néphrites  dites  interstitielles  ne  pré- 
sentent en  général  pas  trace  d'œdème,  du  moins  dans  les  premières 
|diases  de  leur  évolution. 

Indépendamment  de  la  ciiThose,  qui  donne  lieu  à  un  épanchement  péri- 
tonéal  mécanique,  la  stéatose  du  foie  est  ordinairement  accompagnée 
d*ane  anasarque  plus  ou  moins  générale,  lorsque  le  parenchyme  de  cet 
oi^ne  est  devenu  moins  dense  que  l'eau  ;  c'est  un  fait  que  j*ai  signalé 
autrefois,  après  l'avoir  constaté  â  plusieurs  reprises.  L'altération  de  la 
rate  parait  être  dans  quelques  cas  une  cause  d'hydropisie,  autant  peut-être 
par  suite  d'un  obstacle  à  la  circulation  que  d'une  modification  du  sang. 
Souvent  du  reste,  les  altérations  de  ces  deux  organes  se  combinent  et 
agissent  simultanément  dans  la  production  de  l'hydropisie. 

Telles  sont  les  principales  causes  de  l'hydropisie  hémopathique.  Mais 
quel  est  le  mode  d'action  de  ces  causes  dans  la  production  de  cet  impor- 


592  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

tant  sjTnptôme  ?  En  d'autres  termes,  quelle  est  la  modification  do  sau 
génératrice  de  l'hydropisie?  La  solution  de  cette  question  est  tout  entier 
du  ressort  de  la  chimie  pathologique;  malheureusement  cette  branche i 
la  science  médicale  est  jusqu'ici  trop  peu  avancée  pour  nous  renseiper 
d'une  façon  positive.  I^es  analyses  chimiques  nous  apprennent  à  la  ?érik 
que,  dans  l'hydropisie  brightique,  l'albumine  est  en  moindre  proportki 
dans  le  sang,  et  que,  par  suite,  la  quantité  d'eau  est  augmentée.  Bet- 
querel  et  Kodier,  dans  onze  casd'hydropisieaigué,  dontneursans  allnni- 
nurie,  ont  également  constaté  la  diminution  de  l'albumine  du  sang; fa 
autre  côté,  Andral  s'est  assuré  que  l'albumine  du  sérum  du  sang  éUitcs 
moindre  proportion  dans  la  cachexie  avec  infiltration  séreuse  des  Ms 
ovines,  malgré  la  non-déperdition  de  cette  substance  par  les  uiiies. 
Partant  de  ces  données.  Becquerel  et  Rodier  admettent  que  l'hiibo- 
pisie  commence  à  apparaître  lorsque  le  sang  ne  contient  plus  q» 
67  parties  d  albumine  pour  1000.  Mais  ces  recherches,  quelque  préci» 
qu'elles  soient,  ne  prouvent  pas  que  l'hydropisie  soit  uniquement  bie 
à  la  déperdition  de  l'albumine  du  sérum  sanguin,  car,  dans  un  puà 
nombre  de  cas  d'albuminurie,  comme,  par  exemple,  dans  la  forme  Ai 
mal  de  Bright,  désignée  par  nous  sous  le  nom  de  néphrite  conjonctive /n^ 
liférative  (néphrite  interstitielle  des  auteurs}^  l'anasarque  fait  le  plus  sou- 
vent défaut,  malgré  l'albuminurie,  et  cela  pendant  des  années. 

Une  autre  condition  que  la  diminution  de  la  proportion  de  lalbamiD^ 
du  sérum  sanguin  paraît  donc  nécessaire  à  la  genèse  de  l'hydropL* 
hémopathique.  Cette  condition  serait-elle  l'exagération  de  la  propor- 
tion d'eau  contenue  normalement  dans  le  sang?  A  voir  ce  qui  se  pasî^ 
chez  les  albuminuriques,  l'augmentation  de  l'eau  dans  le  sangnesenil 
pas  sans  action  sur  le  symptôme  hydropisie,  car  c'est  précisément  cha 
les  individus  qui  rendent  le  moins  d'urine  que  l'œdème  albuminuriqv 
survient  le  plus  rapidement,  et  qu'il  est  le  plus  persistant.  Effective- 
ment, dans  la  néphrite  épithéliale,  où  les  urines  sont  toujours  raiVN 
l'hydropisie  est  très-marquée,  tandis  qu'elle  est  nulle  ou  très-faible  daih 
la  néphrite  interstitielle,  où  l'urine  est  abondante.  Ainsi  il  y  a  lanid' 
croire  qu'un  excès  d'eau  dans  le  sang  doit  favoriser  la  productiun  é* 
l'hydropisie.  Mais  cette  circonstance,  qui  nécessairement  augmente  i* 
tension  du  sang  dans  les  vaisseaux,  peut-elle  suffire  à  la  genèse  de  et 
symptôme?  La  chose  est  difficile  à  affirmer.  D'une  part,  on  rencontn»  d^^ 
individus  ayant  tous  les  signes  de  l'hydrémie,  et  qui  ne  sont  pasa-dén»- 
liés;  d'autre  part,  les  animaux  auxquels  on  injecte  une  grande  (Jum- 
tité  d'eau  offrent  bien  parfois  de  l'œdème  du  foie,  de  la  rate  W(/r 
poumons,  mais  ils  ne  présentent  ni  infiltration   œdémateuse  du  ^^^ 


QÏDROPISiES. 

conjoneUr sous-cutané,  ni  épaticheinent  dans  les  cavités  séreuses  du  tho- 
rax ou  de  l'abdomen  (Cl.  Dernoi'd,  Lebert).  Peut-tïU-e  alors  esl-il  néces- 
saire, comme  le  prétend  Hialhe,  qu'un  certain  degré  d'allératiou  de  l'al- 
bumine vienne  s'ajouter  à  l'influence  déterminée  par  l'exagération  de  ta 
quantité  d'eau  contenue  dans  le  sang. 

Reconnaissons,  on  terminant,  que  s'il  est  des  cas  où  l'hydropisie  est 
uniquement  sous  la  dépendanced'un  obstacle  circulatoire,  d'un  désordre 
nerveux  ou  d'une  altération  du  sang,  quelquefois  aussi  cet  état  pathologique 
est  amené  par  plusieurs  de  ces  conditions  réunies.  Mais  chacune  de  ces 
conditions  est  loin  d'avoir  une  influence  égale,  et  parlant  les  hydropisies 
ne  peuvent  être  comhallues  toutes  de  la  même  fai,'on.  Il  importe,  eu 
summe,  de  tenir  compte  de  la  pathogénie  dans  la  thérapeutique  des 
cedèraes  et  de  l'anasaque,  aussi  bien  que  dans  le  traitement  des  hyper- 
4.*inies  et  des  hémorrhagies. 

BiBLirisBAPriE.  —  B.  GiSPAnn,  E/fats  des  aliments  végftmtx  kerbnds  sur  l'ico- 
nomie  himnine  {Journal  dt  pliysiùloQÎe  expérimentale  de  Hagendie,  1821,  1.  I. 
p.  2S7).  —  Macendik.  Le^ns  sur  les  phénomènes  physiques  de  la  vie,  I.  I. 
p.  109.  Paris,  1837. —  Bright,  Report  on  medieal  cases.  London.  1827.  —  Le 
même,  C<tsesand  observât.  {Guy's  Hospitat  reports,  1836).  —  Helleb,  Patholog. 
l'Itemie  des  Morhus  Brightii  {Archiv  (.  Phj/siol.  Pathol.  CItemie  wid  Microstu/iie, 
IS/i/i.  t.  Il,  p.  ISA). —  Cl.  Dehnadd,  fiyection  d' eau  dans  k  système  naseulaire  da 
■  hien  [Comptes  rendus  de  la  Soc.  de  biologie,  1869,  et  G  as.  méd.,  p.  98,  1850). 

—  Leseht,  Note  sur  l'hydropisie  produite  artificieUement  cfie;  les  unimtuai  (Ibid., 
p.  172).  —  C.  Uevilliehs  et  J.  Rggnauud,  Reclierches  sur  les  hydropinies  chat  lus 
femmes  ejiceintes  {Archives  gén.  de  méd.,  juillet  1818).  —  Mialhe,  De  l'albu- 
mine et  de  ses  divers  états  [Union  médicale,  juillet  1852  ;  eili-aît,  Paris,  1852). 

—  Dbivon,  Recherches  sur  l'analyse  chimique  et  la  composition  des  si'rositfs. 
Uonipelliet-,  1869.  —  GevocHiN,  Analyse  de  sérosités  d'mtème  et  d'ascile  duns 

neasdt  maladie  de  Bright  (Gaz.  mid.,  187S,  p.  258).  —  Vovei  de  plus  la 
hliographie  gtaérale,  p.  375. 


LucnEAVX.  —  Traite  d 


CHAPITRE  IV 


THROMBOSES   ET   EMBOLIES. 


La  dénomination  de  thrombose  s  applique  à  l'obstruction  sur  place  d'uo 
point  quelconque  du  système  circulatoire  par  une  concrétion  sanguine  on 
un  corps  étranger  quelconque  ;  celle  H embolie  est  réservée  à  robstrucUoa 
qui  résulte  de  la  migration  de  concrétions  ou  de  masses  de  toute  nature 
dans  le  même  système.  Le  mot  thrombose  est  donc  un  terme  général  qui 
embrasse  toutes  les  obstructions  vasculaires,  tandis  que  le  mol  embolie, 
au  contraire,  est  un  terme  restreint  qui  désigne  Tune  des  conséquences 
possibles  de  la  thrombose.  Pareillement,  on  appelle  thrombus  le  caillot  oa 
le  corps  étranger  qui  reste  dans  le  point  où  il  a  pris  naissance,  et  embolus 
le  thrombus  détaché  et  entraîné  par  le  courant  sanguin  loin  de  son  siège 
originel. 

La  connaissance  de  la  thrombose  ne  pouvait  échapper  aux  premiers 
observateurs  qui  cherchèrent  dans  le  cadavre  la  raison  des  désordres 
constatés  chez  l'hoinme  vivant.  Bartholin  (1),  Bontius  (2),  au  xvii*  si^Vle: 
Haller,  Morgagiii  au  xmii%  et  depuis  lors  un  grand  nombre  d'auteurs  ont 
rapporté  des  faits  d'obstruction  veineuse.  Pourtant,  c'est  la  thrombose  car- 
diaque  qui,   après  la  découverte  de  la  circulation,  fixa   tout    d'abord 
l'attention  des  premiers  analomo-pathologisles.  Observées  dès  le  xvi*  siècle, 
décrites  plus  tard,  au  xvii*  siècle,  sous  la  dénomination  de  polypt*sdu 
cœur,  les  concrétions  fibrineuses  cardiaques  ont  été  l'objet  de  nombreux 
mémoires  et  de  nombreuses  controverses.  En  eiïet,  tandis  que  certains 
auteurs,  avec  Riolan,  rangeaient  ces  concrétions  polypcuses   ])arnii  N's 
afl'ections  les   plus   communes,   d'autres,  avec  Kerckring,   souteiiaienl 
(jue  le  sang  ne  pouvait  se  coaguler  dans  les  vaisseaux  durant  la  vie,  cl 
que  les  prétendus  polypes  du  cœur  n'étaient  autre  chose  que  des  caillots 
développés  pendant  l'agonie  ou  après  la  mort.  Th.  Bonet  (3)  s'éleva  conln' 
ces  vues  exclusives  en  cherchant  à  montrer  la  différence  des  caillots  n'- 
cents  cadavéricjues  et  des  caillots  anciens,   les  uns  blanchâtres,  denses. 

(i)  Obs\  Anal,  cent.  H,  Hist.  35. 

(2)  Bontius,  De  Med.  Indorum  Observ.^  p.  251,  1652. 

(3)  Bonet,  Sepulchretum,  Geneva»,  edit.  II,  1700,  p.  530,  lib.  II,  sect.  I,  obs.  CIX. 


\ 


THROMBOSES  ET  EMBOLIES.  595 

résistants,  riches  en  fibrine,  les  autres  rouges,  mollasses,  et  d'apparence 
cruorique  ;  toutefois,  il  ne  s'en  tint  pas  là,  car  il  ajoute  :  «  Pour  peu  que 
ces  polypes  (caillots  anciens)  soient  fragiles,  le  courant  sanguin  peut  les 
arracher  et  les  entraîner,  soit  dans  le  système  aortîque  vers  le  cerveau, 
soit  dans  Tartère  pulmonaire.  Ainsi,  la  doctrine  de  lembolie  se  présenta 
naturellement  à  Tesprit  des  observateurs  au  courant  des  connaissances  phy  • 
siologiques,  et  c  est  avec  raison  qu'on  a  pu  regarder  cette  doctrine  comme 
une  conséquence  médiate  de  la  grande  découverte  de  Harvey.  D  ailleurs, 
en  168i!i,  William  Gould  (1),  dans  un  travail  sur  les  concrétions  poly- 
penses  du  cœur,  avançait  que  les  fragments  de  ces  concrétions  pouvaient 
bien  quelquefois  être  propulsés  dans  l'arbre  artériel,  oblitérer  les  vais- 
seaux et  suspendre  le  travail  de  la  nutrition  dans  les  parties  correspon- 
dantes. Le  passage  suivant,  extrait  de  Y  Histoire  de  V  Académie  royale  des 
sciences  de  Paris,  année  170ii,  indique  bien  la  croyance  générale  des 
médecins  de  cette  époque  :  «  De  petits  corps  blancs  et  mollasses,  qui 
paraissent  souvent  dans  les  saignées  à  l'ouverture  de  la  veine,  qui  em- 
pêchent le  cours  du  sang,  et  que  les  chirurgiens  prennent  pour  de  petits 
morceaux  de  graisse,  et,  quand  ils  sont  assez  longs,  pour  des  vers,  pour- 
raient, selon  la  conjecture  de  M.  Lemery,  n'être  que  des  parcelles  de 
quelque  polype,  qui  se  seraient  rompues  et  auraient  coulé  avec  le  sang,  »  Sem- 
blable opinion  se  retrouve  encore  dans  plusieurs  écrits  du  dernier  siècle, 
mais  tous  les  auteurs  sont  loin  d'y  attacher  la  même  importance  (2). 

Aussi,  pour  avoir  une  idée  nette  du  phénomène  de  l'embolie,  c'est 
dans  les  œuvi'es  de  Van  Swieten  qu'il  faut  la  chercher.  Il  résulte  de  plu- 
sieurs observations,  écrit  le  célèbre  commentateur  de  Boerhaave, 
que  des  polypes  naissent  quelquefois  sur  les  colonnes  charnues  du 
cœur,  qu'ensuite  ils  en  sont  accidentellement  séparés  et  chassés  avec  le 
sang,  soit  dans  l'artère  pulmonaire,  soit  dans  l'aorte  et  ses  gros  rameaux 
qu'ils  rétrécissent  considérablement  et  qu'ils  bouchent  en  entier. ..  Lorsque 
des  masses  polypeuses  coagulées  dans  la  grande  cavité  du  cœur  droit 
sont  poussées  dans  l'artère  pulmonaire,  c'en  est  fait  de  la  vie.  Ce  médecin 
célèbre  ne  signale  pas  seulement  l'existence  des  embolies  artérielles  et  des 
embolies  veineuses  (3),  il  institue  encore  des  expériences  (li)  dans  le  but 

(1)  W.  Gould,  Philosophkal  Transact.,i(}7S,  et  1684,  vol.  XIV,  p.  22. 

(2)  Sauvages  (t.  II,  p.  363,  édit.  franc.,  Paris,  4775)  s'applique  à  réfuter  Tapo- 
plexie  polypeuse,  qu'il  dit  avoir  été  ^atuitement  imaginée  par  Boerhaave.  —  Consultez 
Gohl,  Ex  neglectis  hceniorrhoidihus  polypi  cordis,  etc.  Berlin,  1710. 

(3)  Parlant  des  concrétions  polypeuses,  qu'il  regarde  comme  des  causes  d'apoplexie. 
Van  Swieten  écrit  :  <f  Pluribus  observationibus  constitit  polypos  illos  quandoque  adnasci 
cordis  columnis  cameis.  »  Aphorùm.  in  commenfar,  Boerhaavii,  etc.,  t.  III,  p.  259. 

(4)  Van  Swieten,  Aphorism,  in  comment.  Bœrkaavii,  t.  I,  p.  164. 


596  ANATOMIE   PATBOLOGIOCE, 

d'en  donner  la  démon stra lion  rigoureuse,  el  lait  connaître  les  (Mins^qiienm 
plus  ou  moins  fâcheuses  des  unes  (1)  et  des  autres  (2)  ;  puis,  fort  de  s» 
expériences,  il  prévient  des  dangers  qui  peuvent  résulter  de  l'applicslitn 
d'un  styptique  puissant  aux  blessures  qui  intéressent  de  lotgos  Iroi» 
veineux.  Ainsi  Van  Swieten  comprenait  toute  l'importance  i]e  la  mij^ralion 
des  caillots  ou  des  concrétions  sanguines,  et  envisageait  l'embolie  mhu 
toutes  ses  faces.  Cependant  la  docirine  de  l'embolie  ne  devait  pas  tw 
sildt  acceptée,  malgré  l'accurauJation  d'éléments  pouvant  déjà  servir  a  &■ 
solution  délinitive. 

Dans  la  première  moitié  de  ce  siècle,  l'obstruction  des  vaisseaux  va- 
neux  fixa  tout  particulièrement  l'attention  des  obsei-vateurs  l«s  plus  dit- 
tiugués,  tels  que  Bouillaud,  Velpeau,  Davis,  Itobert  Lee,  Gruveilhicr, 
Douchut,  etc.  Les  obstructions  artérielles  furent  étudiées  par  Dupar- 
tren,  Itoche,  Alibcrt;  les  concrétions  fibrineuses  du  cœur  devinnnl 
l'objet  de  recherches  nouvelles  de  In  part  de  Leroux.  Lliiuillaod, 
Andral,  etc.;  les  obsti-uclions  de  l'artère  pulmonaire  furent  observées 
par  Baron,  Paget;  celles  des  sinus  de  la  dm-e-mère,  par  Toiinelé  d 
quelques  autres  médecins.  Plusieurs  auteurs,  et  notamment  Legrom. 
Bouillaud,  Cruveilhier,  Viclor  François,  n'étudient  pas  seulement  ki 
concrétions  Tonnées  sur  place,  ils  admettent  encore  la  possibilité  d'un 
déplacement  el  d'un  transport  de  parcelles  fibrineuses  dans  le  sysUm» 
cintulaloire;  mais  c'est  principalement  Virchon'  qui  vint  ressusciter  h 
doctrine  de  l'embolie  et  l'appuvcr  sur  de  nouvelles  preuves,  A  l'exoD- 
pie  de  Van  Swiclen,  cet  anatomo-palhulogtsle  eut  pnncipalcinenl  ncom 
à  l'expérimentation  pour  i-emettre  en  lumière  cette  doctrine  uujount'hii 
déhuitivement  acceptée.  Des  fragments  de  caoutchouc  qu'il  introdniiil 
dansles  veines  jugulaires  ou  fémorales  d'animaux  furent  retrouvé»  dans 
l'artèrepulmonaire.  (tonlilsobslruaicnt  les  diverses  branches.  Ces  expé- 
riences répétées  donnèrent  toujours  les  mêmes  résultais,  et  comioe  d'm 
aulre  côté  l'observation  clinique  montmil  que  des  concrétions  fibriiwitMt 
lie  l'artère  pulmonaire  avaient  parfois  des  caractères  pemicUAnt  éi 
croire  qu'elles  s'étaient  funuées  dans  les  veines,  il  arri^'a  à  ' 
au  déplacement  de  ces  concrétions  et  à  leur  transport  par  le 
circulatoire. 

Virchow(3)  reconnut  de  ]dus  qu'un  semblable  dépincomeiit  pouvailarair 
lieu  dans  le  système  artériel,  mais  il  étudia  moins  cette  dernière  qneslim 
qui  fut  plus  tard  définitivement  élucidée,  d'abord  par  les  ubscrvatiODf  de 

(I)  Van  SwiiUn,  Aphoriim.,  I.  1,  p.  166. 

(i)  Iileni.  .IpW'tnn.,  I.  I,  p.  106  el  «uiv.  ;  el  plu» loin,  t.  Itl.  p.  SS9. 

(3)  r/iriimhote  el  Embolie,  etc.  Gesnmmclle  Ahlmndtiin^cn  ;  Friukfurt,  I  K5a. 


TDilOMBOSES   ET   EMBOLIES.  597 

Seohouse-Kîrkes  (1  ),  puis  par  nos  recherches  clJniques(2  ),  et  eosuite  pnr  les 
ux(iêrien<%s  de  Panum,  de  Prevosl  et  Colard.  Le  mérite  de  ces  derniers 
auteurs  est  d'avoir  founii  la  preuve  expérimentale  de  l'esislence  des  em- 
tx^ies  artérielles;  le  nùtre  est  d'avoir  fait  une  étude  clinique  complète 
des  embolies  cérébrale,  splénique  et  rénale,  d'avoir  montré  la  simi- 
litude, dans  les  divers  organes,  des  lésions  consécutives  aux  obstructions 
artérielles,  et  fait  connalti'e  leur  nature  elleurcvolution.  Jusqu'à  notre  tra- 
vail, rinfarclus  était  considéré  comme  un  dépdl  Bbrineux  et  non  comme 
une  portion  d'organe  en  voie  de  nécrose,  et  les  phases  qu'il  subît  étaient 
entièrement  méconnues.  C'est  en  étudiant  le  ramollissement  cérébral  par 
oblitération  artérielle  que  nous  sommes  arrivé  à  faire  des  ramollissements 
roti^,  jaune  el  blanc  non  pas  trois  lésions  distinctes,  mais  les  phases  suc- 
cessives d'un  même  processus.  Le  rapprochement  que  nous  Hmes  du  ra- 
mollissement el  des  inrarctus  viscéraux  nous  conduisit  à  reconnaître  que 
ces  lésions  avaient  même  origine  et  même  évolution. 

Nous  voyons  par  cet  exposé  que  la  question  des  embolies  est  double, 
comme  la  circulation,  et  que  les  phénomènesqui  résultent  du  déplacement 
des  concrétions  sanguines  sont  fort  différents,  suivant  que  ce  déplacement 
a  lieu  dans  le  système  veineux  ou  dans  le  système  artériel.  En  consé- 
quence, nous  étudierons  successivement  les  thromboses  et  les  embolies 
du  système  veineux,  les  thromboses  et  les  embolies  du  système  artériel, 
ics  thromboses  et  les  eml>olies  du  système  capillaire.  Mais  auparavant 
nous  dirons  quelques  mots  des  coagulations  sanguines  formées  après  la 
mort,  car  la  connaissance  insufhsante  de  leurs  caractères  conduit 
quelques  esprits  à  douter  encore  de  la  doctrine  de  la  thrombose  et  de 
l'embolie. 

DE   L"ÉT,\T  nu  S*KC    DASS    LE   CtEUIl   ET    LES    VAISSEAUX   APRÈS   LA    MORT. 

Lorsque  la  mort  a  lieu,  le  sang,  à  cause  du  retrait  des  vaisseaux  arté- 
riels el  veineux,  se  porte  aux  deux  extrémités  du  système  circulalojre, 
dans  les  capillaires  et  dans  le  cœur.  Or,  l'état  de  ce  liquide  ayant  été  fort 
peu  étudié  dans  les  capillaires,  nous  nous  oamperons  principalement  dns 
l'arRCtèrrs  du  sang  renfermé  dans  le  cœur  et  les  gros  vaisseaux. 

Abandonné  de  la  vie,  le  sang  contenu  dans  le  système  circulatoire  no 

M     Scnbouie-EitkM.  Jfn/,  chirtirg.  Tmiitael.,  l.  XXXV,  p.  381. 
(2)  E.  Lanrereaui,  De  la   thrombose  el  lie  femliolie  (éiébraiei  contiitirétt  prÙKipa- 
'niait  dam  leur»  rappwlt  avec  U  ramoUmanfiil  ilu  crriieau.  Thèic  de  Parii,  1862. 


598  ànatomib  pathologique. 

se  comporte  pas  absolument  comme  s*il  était  à  [l'air  libre  on  dans  une 
palette  ;  les  phénomènes  de  sa  coagulation  sont  en  somme  très-omiplexes. 
Maintenu  au  contact  des  parois  vasculaires,  il  reste  liquide  penâul 
quelque  temps  s'il  n'est  préalablement  altéré,  et  dans  certaines  ctreon- 
stances  il  offre,  à  l'ouverture  du  cadavre,  des  caractères  physiques  pea 
diiïérents  de  ceux  de  l'état  normal.  Quelquefois  ce  liquide  est  noir,  gnh 
meleux  ou  poisseux,  ou  bien  il  présente  des  coagulums  mi-partie  cmo- 
riques,  mi-partie  (ibrineux;  d  autres  fois,  enfin,  le  cœur  est  rempli  de 
concrétions  fermes  et  fibrineuses  se  prolongeant  jusque  dans  les  gros 
vaisseaux  qu'elles  obstruent.  Ainsi  peuvent  être  rapportés  à  un  petit 
nombre  de  types  les  différents  états  du  sang  après  la  mort. 

La  connaissance  de  ces  étals,  effets  de  conditions  diverses  soit  dans  k 
composition  chimique  du  liquide  sanguin,  soit  dans  le  genre  de  mort, 
importe  à  la  fois  au  pathologiste  qu'elle  éclaire  sur  la  cause  et  la  nature 
des  concrétions  sanguines^  et  au  médecin  légiste  qu'elle  met  à  même  de 
discerner  des  genres  de  mort  parfois  très-dissemblables.  Aussi  nous  a-t-il 
paru  nécessaire  d'en  donner  un  aperçu  rapide  avant  de  passer  à  l'étude  de 
la  thrombose  et  de  l'embolie. 

L  —  Le  sang  renfermé  dans  les  cavités  cardiaques  conserve  sa  fluidité, 
il  offre  une  coloration  à  peu  près  normale,  brunâtre  ou  noire  à  gauche, 
d'un  rouge  sombre  à  droite.  Il  est  en  petite  quantité,  plus  abondant  dans 
les  cavités  droites  que  dans  les  cavités  gauches,  qui  peuvent  être  presque 
entièrement  vides.  Au  contact  de  l'air,  ce  sang  rougit  et  se  coagule  plu5 
ou  moins  complètement,  en  sorte  que  ses  propriétés  physiques  soûl  peu 
différentes  de  celles  du  sang  qui  vient  d'être  extrait  de  la  veine  d'an  in- 
dividu sain. 

Cet  état  se  rencontre  ordinairement  chez  los  personnes  mortes  subi- 
tement, à  la  suite  d'une  chute  d'un  lieu  élevé,  d'une  forte  contusion  à 
la  région  de  Testomac,  d'une  vive  émotion  et  en  général  d'une  syncope. 
Il  résulte  vraisemblablement  de  l'intégi'ité  du  liquide  sanguin  au  nï(>- 
ment  de  la  mort  et  de  la  persistance  de  son  contact  avec  les  parois  vas- 
culaires.  Quant  à  la  vacuité  incomplète  des  cavités  cardiaques,  elle 
semble  prouver  que  la  mort  a  eu  lieu  à  la  fin  de  la  systole  ou  au  coin- 
mencement  de  la  diastole.  Mais  ([ue  Tair  vienne  à  s'introduire  dans  la 
circulation,  le  sang,  d'abord  fluide,  ne  tarde  pas  à  se  coaguler. 

II.  —  Le  sang  est  abondant  dans  les  cavités  cardiaques  ;  à  droite,  i' 
remplit  presque  totalement  ces  cavités  ;  à  gauche,  il  est  en  moindre  quan- 
tité, parfois  le  ventricule  est  presque  vide.  D'une  coloration  tout  à  fait 


L  TDltOMUOSEâ   ET    ElinOl.IES,  5H9 

"Uoire,  ce  liquide  conserve  rarement  toute  sa  lluidilé;  en  général,  il  forme 
une  maliÈre  gnimeleuso,  molle,  analogue  à  de  la  gelée  de  groseille.  Un  li- 
quide noir,  peu  ou  pas  coagulé,  dislend  les  vaisseaux  veineux  qui  viennent 
s'aboucher  dans  le  cœur  droit;  aussi  le  foie  et  les  principaux  organes  de 
l'abdomen  sont-ils  fortement  congestionnés  ;  le  cœur  lui-même  est  sou- 
vent distendu.  Placé  au  contact  de  l'air,  le  sang  rougit  à  la  surface  et  reste 

»ir  dans  la  profondeur  de  sa  masse. 

Ces  caractères  sont  propres  au  sang  des  individus  morts  lentement  et 
défaut  d'oxygène.  Que  l'asphyxie  ait  lieu  par  sulToralionou  par  stran- 
^lation,  qu'elle  soit  l'effet  d'un  désordre  grave  du  système  nerveux  ou  de 
toute  autre  circonstance,  comme  l'ac^umulalion  de  mucosités  dans  les 
bronches,  une  altération  de  la  circulation,  on  observe  ce  mfime  état  du 
sang,  pourvu  qu'il  n'existe  aucun  travail  phlegmasique  local. 

Dans  d'autres  circonstances,  le  sang  rencontré  dans  le  cœur  après  la 
mort  est  fluide  ou  à  peine  coagulé, exempt  de  eoncrélions  fibrineuses.  De 
teinte  noire  sépia,  poisseux  ou  visqueux,  et  parfois  analogue  h  de  la  mé- 
lasse, il  est  peu  ou  pas  iniluencé  par  la  présence  de  l'air,  comme  si  les 
hématies  avaient  entièrement  perdu  le  pouvoir  de  fixer  l'oxygène.  Les 
parois  vasculaires  ont  une  teinte  vineuse  due,  sans  doute,  à  riniillratioD 
de  la  matière  colorante  du  globule  sanguin  qui  tend  à  se  décomposer. 

Cet  êlat,  l'un  des  plus  graves  que  puisse  présenter  le  liquide  san- 
guin, s'observe  dans  les  lièvres  malignes,  et  uolamment  dans  la  variole 
hémurrhagique,  la  scarlatine,  la  diphtbérie,  la  lièvre  typhoïde,  etc.  Il  se 
rencontre  encore  dans  le  scorbut,  l'iclère  grave,  dans  les  maladies  pyémi- 
ques  ou  septicémïques,  et  dans  un  grand  nombre  d'intoxications  aiguës 
ou  chroniques  (sels  minéraux,  narcotiques,  alcooliques,  piqi'ire  de  ser- 
pents) ;  on  le  trouve  enfin  chez  les  individus  foudroyés,  chez  ceux  qui  ont 
succombé  à  un  excès  de  tempérnlure  el  dans  plusieurs  aul'-es  drcon- 
HfiUnces, 

^^tll.  —  Le  sang,  presque  liitalemeiit  coagulé,  laisse  voir  des  caillots  noii-s 
«ïgrisfllres,  mi-partie  cruonques,  mi-partie  (ibrineux,  généralement  plus 
volumineux  dans  le  cœur  droit  que  dans  le  cœur  gauche,  ("es  caillots, 
inégaux  et  irréguliers,  ont  des  caractères  assez  semblables  à  ceux  du 
ssng  extrait  pendant  la  vie  et  refroidi  dans  une  palette.  Ils  présentent 
lieux  portions  distinctes,  l'une  située  h  la  parlie  déclive,  noire  el  mollasse, 
l'autre  occupant  la  partie  opposée,  ferme,  blancliùtnr.  lihrineuse,  plus 
ou  moins  épaisse  suivaul  les  cas.  Peu  ou  pas  modelés  sur  les  parois 
des  organes,  ces  caillots  constituent  des  masses  sans  forme  déterminée, 

tlans  le  cœur,  el  qui  se  proluTigenl  rarement  dans  les  raïs- 


-800  .AHATOMIE  PÀlHOLObtQtlE. 

MtiOC  adjacents.  En  raison  de  leur  rormeet  de  leur  analogie  avw 
aiUotds  la  laignéeO)!  ces  coa^culatious'  paraissent  sv  former  aprte  U 

fiDOTt  ou  du  moins  dans  tes  derniers  instants  de  la  vie,  au  moment  Ae 
l'agonie,  dès  que  l'impulsion  cardiaque  commence  à  faiblir.  Elles  »oai 
l'expression  d'une  modification  du  liquide  sanguin  plus  voisine  de  IVui 
normal  que  celle  qui  est  caractérisée  par  un  sang  noir  et  Buide.  ¥,n  pan-ii 
cas,  en  effet,  le  contenu  du  cœur  conserve  la  propriété  de  se  colorer  oi 
ide  se  coaguler  à  peu  près  de  la  même  Façon  que  le  san^  normal. 

lies  maladies  auxquelles  appartient  cet  état  du  sang  sont  eitr^meiiKol 
Bombreuses;  elles  ont  poui'  caractère  commun  la  présence  d'un  processu 

(1)  Le-  méMBlme  de  It  Coagulnlioa  du  Mttg  hors  det  vniiseitiii  n'eit  pu  own 
conon  Juqn'lci  qne  le*  conditiong  physique;  ou  chimiques  qui  dëtenniDcnl  c<lli 
CMSol*^o°-  Ani^  tel  théories  qui  (endcnl  à  l'eipliquïr  loat'-clliM  des  ptni  «oc- 
brrolM. 

D  fut  d'tbord  idniii  qne  li.  coa^latton  du  mag  eilrnil  de  U  veine  étiil  l'eDït^U 
prtenu  d'ane  inlittaiiGe  albuminoïilp,  la  librine,  qui  ne  peut  reiler  à  l'élut  àr  iIîh- 
laUoii  tp.'k  caDdlUon  de  ttirt  partie  du  stng  en  circulation  dsni  le  corpi  «iii.nl.  Ait 
M  eo«cnl«  dèi  que  le  liqnide  esl  sorti  des  TBissenux.  Mais  des  recherche*  plut  modnM 
ont  menlré  qne  ce  phéoomi'ne  est  nioiua  limple  fl  que  les  parties  albumiooida  li 
phmu  tu^n  ne  pement  être  considôrdei  comme  TonnÉei  uniquement  d'albnBiK 
rt  de  fUtrine,  En  effet,  mliant  Dénia  de  Commerc;,  les  malières  albuminoidn  H 
plume,  qtii  forment  7>  pertiei  tur  1000  de  ceUe  porlion  du  wag,  «ereient  cotopM 
ilo  S3  putlet  de  •{rine  et  de  3G  parties  de  pletmine  en  diuolulion  dini  931  ptrli* 
d'eta.  Or,  ta  plaunine  arliBci  elle  ment  séparée  du  sanf;  est  «oluble  dans  l'on,  nôin 
bout  de  quelques  minules  elle  se  sépire  en  deui  parties,  l'une  qui  se  ctmcnle  /î" 
3  partiel),  c'i:st  la  platmine  ajoguinbie,  l'autre  qui  reste  eu  solution  (23  k  21  partinl. 
t'est  la  platmine  loluble.  Pour  Al.  Scbmidl,  la  coagulation  du  ung  lerail  due  niuf* 
à  l'action  d'une  substance  tpantnncnicnt  congulsblc,  mais  i  aatmalière  fibrinagn'V' 
fe  transformerait  en  fibriae  nu  contact  d'une  substance  particutièrn  fibrina-plailif 
contenue  dans  les  globules  saji(-uins.  Après  la  sortie  du  nang  det  Taisieeui,  leegliMa 
rangttlas  (ubUteat  un  léger  di'gri.-  d'altération,  ils  eiaudent  la  matière  fibriao-pbstl^ 
qui  n'est  peut-être  que  la  glabuline.  dont  l'action  sur  la  matière  fJbrini^tne  donneli* 
11  une  combinaison  insoluble,  qui  n'est  aulre  que  la  Cbrinc  cooguli^e;  ainsi,  U  SM* 
sernlt  noD  une  suttstance  coogulnble,  mais  bien  une  substance  coagulée.  Réumm'i'- 
Mathieu  et  Urbain  ont  attribué  la  coagulation  de  le  fibrine  à  le  combinaiMw  d«  )'m><> 
'  carbonique  cédé  par  le*  globules  rouges  eitraïaaéi  Mec  l'une  dei  matièret  ■!•* 
minoldcs  du  plasma  ;  mais  déji  Gautier  a  montré  que  le  plasma  légèrement  Mlé,  ni>< 
par  nn  courant  d'acide  carbonique,  saturé  peu  à  peu  de  gaz,  agile,  laissé  au  repos,  ■> 
lionne  lieu  i  aucun  coagulum,  qu'au  contraire  il  laffirait  de  l'étendre  d'eau  p**'' 
voir  se  prendre  en  masse.  En  somme,  te  mécanisme  suivant  lequel  le  etng  le  cm|^ 
spontanément  hors  des  vaieieaui  nous  échappe  encore,  et  plus  loin  nous  verraw  C 
la  coagulation  spontanée  dans  les  vaisstaui  n'est  pas  mieux  connue.  Quant  à  U  («■(*- 
labilile  du  sang  après  la  mort,  elle  nous  parait  particulièrement  subordonnée  tvi  ■•■' 
fications  que  l'état  morbide  Taitiubir  à  ce  liquide,  puisque,  suivant  Glénaid,  le  Maf" 
te  coagule  pas  au  contact  de  ta  paroi  vaiculaire  qui  le  renferme,  n  celte  pu«s  ■" 
foint  altérée. 


J 


THROMBOSES  ET  EMBOLIES.  601 

inflammatoire  localisé  dans  un  ou  plusieurs  organes,  et  c'est  vraisembla* 
blement  ce  processus  qui  modifie  le  liquide  sanguin  et  lui  imprime  son 
cachet. 

IV.  —  Le  sang  rencontré  après  la  mort  se  présente  enfin  sous  la  forme 
de  caillots  fibrineux,  solides,  résistants,  moulés  sur  les  cavités  qui  le  ren- 
ferment. Le  cœur  droit  est  renflé,  et,  lorsqu'on  vient  à  l'ouvrir,  on  constate 
qu'il  contient  des  coagulums  blancs  ou  jaunAtres,  élastiques,  malléables, 
et  qui  consistent  surtout  en  fibrine  concrète,  à  l'état  fibrillaire,  enserrant 
un  petit  nombre  de  globules,  surtout  des  globules  blancs.  Ces  caillots  occu- 
pent à  la  fois  l'oreillette  et  le  ventricule,  d'où  ils  envoient  des  prolonge- 
ments dans  les  vaisseaux  adjacents  (voyez  mon  Atlas  (Tanaiomie  patholo- 
gique, pi.  XIX,  fig.  h).  Aplatis  et  enchevêtrés  dans  les  colonnes  charnues 
au  niveau  des  ventricules,  ils  deviennent  cylindriques  dans  les  vaisseaux 
artériels  et  présentent  sur  leur  trajet  le  moule  des  valvules  sigmoîdes. 

Dans  l'oreillette,  ces  coagulums  offrent  des  stries  transversales  produites 
par  les  colonnes  charnues  et  sont  quelquefois  noirâtres  ou  cruoriques  à 
leur  partie  déclive.  Le  ventricule  gauche  renferme  moins  souvent  que  le 
droit  des  concrétions  de  ce  genre;  celles-ci  du  reste,  n'étant  pas  toujours 
entièrement  fibrineuses,  sont  en  général  moins  fermes  que  celles  du  ven- 
tricule droit  et  parfois  baignées  par  un  sang  liquide.  En  même  temps  il 
n'est  pas  rare  de  trouver  dans  les  gros  vaisseaux,  et  principalement  dans 
les  sinus  de  la  dure-mère,  des  caillots  cylindriques  amincis  à  leurs  extré- 
mités, blanchâtres,  fermes  et  élastiques,  d'une  longueur  de  plusieurs  cen- 
timètres, ce  qui  les  a  fait  prendre  quelquefois  pour  des  vers. 

La  question  de  savoir  si  ces  concrétions  se  sont  formées  avant  ou  après 
la  mort  ne  serait  pas  tranchée,  suivant  certains  auteurs.  Cependant,  si  on 
tient  compte  de  leur  foime  et  de  leur  composition  histologique,  on  ne 
peut  douter  qu'elles  ne  se  soient  produites  durant  la  vie.  Effectivement,  si 
elles  s'étaient  formées  après  la  mort,  elles  ne  pourraient  porter  l'empreinte 
des  valvules  qui  alors  s'affaissent  et  s'appliquent  à  la  paroi  artérielle,  et 
d'un  autre  côté  les  globules  sanguins  n'y  feraient  pas  aussi  complètement 
défaut.  Au  contraire,  il  est  facile  de  comprendre  que  pendant  la  vie  et  dans 
des  conditions  spéciales,  le  cœur  et  les  artères  pouvant  exercer  sur  le 
liquide  sanguin  une  action  analogue  à  celle  d'une  baguette  avec  laquelle 
on  le  fouetterait,  la  fibrine  se  sépare  seule,  se  coagule  et  forme  des  concré- 
tions élastiques.  Cette  manière  de  voir  est  d'ailleurs  confirmée  par  l'obser- 
vation clinique,  car  les  individus  chez  lesquels  se  rencontrent  ces  con- 
crétions présentent  ordinairement,  dans  les  derniers  jours  de  leur  exis- 
tence, un  ensemble  de  phénomènes  tout  particuliers.  Dyspnée  croissante. 


•602  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

anxiété  exti'ôme, cyanose  et  lividité  delà  face,  distension  des  veines  jngp- 
laires,  petitesse  et  irrégularité  du  pouls,  intermittences  cardiaques, elpo^ 
fois  syncopes,  tels  sont  ces  phénomènes  indicateurs  d'une  mort  à  comte 
-échéance. 

Les  conditions  pathologiques  qui  président  à  la  formation  des  conaé* 
lions  cardiaques  seraient,  d'après  nos  recherches  personnelles,  assez  Tt- 
riables,  puisque  les  maladies  dans  lesquelles  nous  les  avons  rencontréei 
•ont  été,  par  ordre  de  fréquence  : 

Phthisies  pulmoDaires,  compliquées  de  pneumonie  ou  de  pleurésie.  43 

Pneumonies 7 

Affections  cardiaques  ou  valvulaircs 5 

Broncho-pneumonies * à 

Rhumatismes  articulaires  compliqués  de  pneumonies 2 

Varioles  compliquées 2 

Diphthéries  compliquées 2 

Fièvres  puerpérales 2 

Erysipèle 1 

Brûlure  et  pourriture  d'hôpital 1 

39 

De  cette  énuinération  il  résulte  que  la  genèse  de  c^s  concrétions  est 
^subordonnée  à  deux  conditions  spéciales  :  en  premier  lieu  une  maladie 
^iguë,  en  second  lieu  un  désordre  local  du  cœur  ou  des  poumons;  remai- 
quons  en  outre  que  les  maladies  qui  y  prédisposent  le  plus  ont  une  ori- 
gine infeclueuse  ou  seplique. 

Tels  sont  les  principaux  étals  que  présente  le  sang  peu  après  la  mort. 
Ces  étals,  dont  la  description  repose  uniquement  sur  une  obser\'ati(Mi 
personnelle,  mériteraient  sans  aucun  doute  une  élude  plus  approfondie. 
Celle  qui  précède  aura  tout  au  moins  l'avantage  de  nous  servir  de 
terme  de  comparaison  pour  distinguer  les  thromboses  et  les  embolies 
des  caillots  qui  se  forment  un  peu  avant  ou  au  moment  de  la  mort. 

Bibliographie.  —  Milne-Edwards,  Leçons  sur  la  physioloyie  ^  etc.  Paris, 
1857,  p.  itiU,  —  Benjamin  Ward  Hichardson,  The  cause  of  the  coagiilatv>fi  of 
the  blood,  London,  1858,  avec  bibliographie.  —  Cl.  Behnaro,  Leçons  star  les 
liquides  de  V organisme,  t.  I,  p.  h\\  el/i39.  Paris,  1859.  —  Denis  de  Commerct, 
Mémoire  sur  lesuwj,  Paris,  1859. —  BrOcke,  Ueber  die  Ursachvn  der  Geritmwtg 
des  Blutes  (Archiv  fur path.  Anat,  und  Physiol.,  t.  XI!,  1857).  —  Al.  Scumidt, 
ibid,,  1861, p.  565;  1862,  p.  ii2S  cl  533.  —Lister,  On  coagulation  of  the  blood 
{Lancetj  1863,  t.  11).  —  Germain  Sée,  Du  sang  et  des  anémies.  Paris,  1866. 
—  Ch.  Robin,  Leçons  sur  les  humeurs,  2*  cdit.  Paris,  187/4,  p.  186. —  E.  Lan- 
^ntEAUX,   Atlas   dauitomie  pathologique,    Paris,    1871,  p.  182.   —  Mathiei- 


THHOMBOSES  ET  EMBOLIES.  603 

«t  Urbain,  Causes  et  mécanisme  de  la  œagulation  du  sang  et  des  principales 
matières  albuminoides.  Paris,  4875.  — A.  Gauthier,  Sur  la  production  de  la 
fibrine  du  sang  {Comptes  rendus  Acad,  des  sciences,  31  mare  1875).  —  F.  Glé- 
NARD,  Contribution  à  Vétude  des  causes  de  la  coagulation  spontanée  du  sang. 
Thèse  de  Paris,  1875. 

§  1.  —  THROMBOSES  ET  EMBOLIES  DU  SYSTÈME  CIRCULATOIRE  A  SANG  NOIR. 

THROMBOSES  ET   EMBOLIES   VEINEUSES. 

Le  système  circulatoire  à  sang  noir  s'étend  des  capillaires  généraux 
41UX  capillaires  des  poumons,  et,  comme  tel,  il  comprend  les  ramifications 
et  les  troncs  veineux,  le  cœur  droit,  Tarière  pulmonaire  et  ses  branches  ; 
il  a  pour  dépendance  le  système  porte  qui,  né  des  capillaires  de  l'intestin, 
va  aboutir  aux  capillaires  du  foie.  Chacun  de  ces  systèmes  peut  être 
affecté  de  thrombose  et  d'embolie;  mais  le  grand  système  veineux  général 
i'St  beaucoup  plus  prédisposé  à  ces  lésions  que  le  système  porte.  Nous 
examinerons  tout  d'abord  les  thromboses  de  ces  systèmes;  viendront 
ensuite  les  embolies,  qui  sont,  par  rapport  aux  thromboses,  des  phéno- 
mènes purement  contingents. 

I.  —  Thromboses  veineuses. 

•  Les  thromboses  veineuses,  c'est-à-dire  les  coagulations  du  sang  pen- 
•dant  la  vie  à  Tintérieur  du  système  vasculaire  à  sang  noir,  sont  des 
phénomènes  communs  et  variables  selon  les  circonstances  qui  leur 
Hlonnent  naissance.  Elles  se  groupent  naturellement  sous  deux  chefs, 
suivant  qu'elles  sont  l'effet  d'un  état  général  de  cachexie  ou  de  marasme, 
ou  qu'elles  sont  soumises  à  l'influence  d'une  cause  locale  mécani(|uo 
ou  pathologique. 

1*  Les  thromboses  cachectiques  ou  marasliques  sont  des  épiphénomènes 
propres  à  un  certain  nombre  de  maladies  dans  le  cours  desquelles  le 
rsang  subit  des  modifications  encore  indéterminées.  Une  pareille  subor- 
•dinalion  semblerait  indiquer  que  ces  thromboses  sont  des  accidents 
purement  fortuits;  il  n'en  est  rien,  et,  de  même  que  tous  les  phéno- 
mènes morbides,  elles  sont  soumises  à  des  lois  incontestables.  Effective- 
ment ces  thromboses  ne  se  produisent  pas,  comme  on  le  croit  assez 
généralement,  dans  tous  les  points  du  système  veineux  :  elles  ne  se  ren- 
-contrent  jamais  primitivement  dans  les  petites  veines,  et  les  plus  grosses 
-en  sont  ordinairement  exemptes.  Les  régions  où  elles  prennent  nais- 
«sance  sont  invariablement  celles  de  la  partie  supérieure  des  membres  et 
de  la  base  du  crâne.  Les  vaisseaux  où  elles  se  rencontrent  sont,  aux 


6Qk  ANATOHIE    PATaOLOGtQOB. 

membres  inrérieurs,  les  veines  Témorales  dans  la  partie  située  au-dessos 
des  fémoi'ales  prorondes,  plus  rarement  les  veines  iliaques  et  les  s^bioei 
internes;  aux  membres  supérieurs,  les  veines  axîllaîres;  dans  le  etbte, 
les  sinus  de  la  dure-mère.  Or,  si  l'on  remarque  que  ces  vaisseam 
sont  précisément  situés  au  niveau  des  points  où  tes  parois  des  Tetna 
cessentd'adhérerauxtoilesJikreusÊS  du  voisinage,  et  par  conséquent  U «i 
la  force  d'aspiration  thoracique  tend  à  diminuer  et  à  disparaître,  ou  airin 
à  celte  conclusion  que  la  coagulation  spontanée  du  sang  est  régiepir 
une  ioi  purement  physique,  que  nous  énoncerons  comme  il  suit  :  la 
thromboses  marasligua  se .  produisent  toujowi  au  niveau  dea  potnft  oit  k 
liquide  sanguin  a  le  plus  de  tendance  à  la  itcae,  c'est-à-dire  à  la  limai 
d'action  des  forces  d'impidsion  cardiaque  el  d'aspiration  thoracique  (1). 

L'exactitude  de  cette  loi  est  coi'roboréc  par  ce  fait,  que  la  veine  fémonle 
gauche,  moins  influencée  que  la  droite,  en  raison  de  sa  direction  et  dt 
ses  rapports,  par  la  foive  d'aspiration  thoracique,  est  celle  qui  neuf  Tob 
sur  dis  se  trouve  primitivement  atteinte  de  thrombose.  Elle  l'est  encoR 
par  cet  autre  fait,  depuis  longtemps  signalé  par  nous,  que  la  coagulatiao 
sanguine  commence  toujours  ou  au  niveau  d'un  éperon,  ou  dans  un  toi 
valvulaire,  autrement  dit  là  où  le  sang  a  te  plus  de  tendance  à  la  slsst^ 

Lorsqu'il  a  son  origine  au  niveau  d'un  éperon,  le  thrombus  est  toot 
d'abord  une  coagulation  sanguine  très-faible,  qui  s'accrott  peu  k  peupir 

Ldépdts  successifs  (fig.  195).  Dans  ces  coD' 
ditions,  il  revêt  ta  forme  d'une  pjTamidt 
qui  a  sa  base  libre  et  son  sommet  adhé- 
rent à  l'éperon,  quelquefois  aussi  cellr 
d'un  cylindre  dont  une  partie  se  pro- 
longe dans  le  vaisseau  collatéral,  et 
l'autre  partie  dans  le  vaisseau  principal 
Le  thrombus  qui  prend  naissance  aa 
^'  niveau  d'une  valvule   se  comporte  an 

peu  diiîcremment.  C'est  tout  d'ab«il 
un  coagulum  sanguin  de  trës-pctilci 
dimensions,  occupant  la  profondeurdu 
nid  valvulaire,  et  qui,  par  suite  du  dé- 
pi'it  de  nouvelles  couches,  remplit  bim- 
vilé  interceptée  par  la  valvule  et  la  paroi,  se  prolonge  sur  cette 


C.  195.  — 

L'o 

Ërieure  de 

U  veine  cas 

fermant  u 

llirombus 

i»ara»tiquc 
la  division 

de 

«rl-iT"o 

furmé  par 
lu  (demi- 

grandeur). 

tilt  In  < 


(t)  CcUo  loi  a  l'tû  énoncée  par  nous  des  l'année  1862,  dans  une  communication  à  U 
Société  médicale  des  hopitaui  ;  vo]'.  Gazelle  hebdumadaire  de  mtdeciae  «t  dt  dti  i  rjit, 

isea,  p.  238. 


1 


THHdMIlOSES  ET  EMBOLIES.  605 

rfpmi'rc  du  crtté  dii  cœur  seulement,  se  soude  parfois  à  un  caillot  développé 
diins  les  valvules  situées  immédtnlemenl  au-dessus,  et  aa|aierl  ainsi  peu  h' 
peu  une  lon^eurde  plusieurs  centimètres  (fi^.  196).  Ajnutons  que,  par  sa 
présence  et  l'obstruction  rasculuire  qu'il  détermine, 
ce  thrombus  peut  être  à  son  lour  l'occasion  d'un«'  coa- 
gulation sanguine,  ou  thrombus  secondaire,  s'éten- 
danl  vers  l'eitrémité  du  vaisseau  éloignée  du  avuv. 
Moulé  sur  la  paroi  vasculaire,  le  thrombus 
parti  d'un  nid  valvutaire  s'étend  en  général  dans 
les  veines  collatérales.  De  même  que  le  thrombus  t 
développé  au  niveau  d'un  éperon,  il  arrive  rare- 
ment à  occuper  tout  le  calibre  du  vaisseau,  et 
semble  ne  pluss'aocroitre  au  bout  d'uncerlain  temps, 
lin  le  voit  i-evètir  ordinairement  une  forme  spé- 
ciale importante  à  connaître,  et  sur  laquelle  je  crois 
avoir  insisté  le  premier  [voy.  Compta  rendus  de  la 
Société  de  biologie  et  Gazette  médiale  de  Part"»,  [ 
1861,  |i.  ôîiO).  De  ses  deux  estrémités,  l'inrérieure 
offre  le  moule  d'un  ou  de  deui  goussets  vasculaires, 
la  supérieure,  au  contraire,  est  arrondie  ou  couolde, 
et  s'il  a  des  dimensions  un  peu  considérables,  il  est  vulâire  duiu  iici 
commun  d'observer  sur  sa  partie  moyenne  des  '""'pfcinie. 
empreintes  de  valvules  Hsses  et  très-nettes.  L'une  de  ses  faces,  colle 
qui  repose  sur  la  paroi,  est  jaunAtre  ou  marbrée,  parfois  semée  de  fines 
stries  transversales  ;  l'autre,  ordinairement  libre,  baign«'!cpar  le  sang,  est 
brunâtre  et  grenue  (fi!;.  196).  Situé  dans  de  gros  vaisseaux,  ce  Ihiximbus 
peut  atteindre  une  longueur  de  plusieurs  centimètres,  et,  s'il  se  développe 
un  peu  rapidement,  il  est  facilement  emporté  avant  d'avoir  aïeuls  des 
adhérences  solides  et  transporté  dans  le  cœur  et  l'artère  pulmonaire,  où 
il  peut  devenir  la  cause  de  désordres  gi-aveg.  Ainsi  se  comporte  le  throm- 
bus qui  pre.nd  naissance  dans  un  vaisseau  principal. 

Lorsqu'il  commence  dans  les  nidsvalvulaires  d'un  vaisseau  secondaire, 
comme  la  veine  saphène  interne,  la  fémorale  pmfonde,  te  thrombus  obstrue 
d'abordccs  vaisseaux;  puis,  en  grandissant,  il  se  prolonge  dans  le  vaisseau 
principal,  qu'il  ne  remplit  jamais  qu'incomplètement.  De  la  sorte,  il  n'in- 
tercepte pas  le  courant  sanguin,  et  se  trouve  ainsi  dans  les  conditions  de 
pouvoir  être  déplacé  et  de  produire  une  embolie  (ftg.  197).  Cylindrique, 
d'une  longueur  qui  peut  être  de  plusieurs  centimètres,  celte  partie  prolon- 
gée, nécessairement  liattue  |>ar  le  courant  sanguin,  présente  mie  extré- 
mité ordinairement  libre,  conuïde,  quelquefois  un  peu  renflée  en  forme 


606  ANàTOHIE    PATB01.0GIQDB. 

de  télé  de  serpent.  Loin  de  se  modifier  par  un  dépAt  successïr  de  cowèc* 
iîbrineuses,  cette  disposition  est  pour  ainsi  dire  constante  au  bout  fn 
certain  temps.  Elle  constitue  en  quelque  sorte  la  période  d'état  de  cette 
variété  de  ihiombose.  Plus  tard,  le  thrombus  se  modifie,  subit  peo  à  pei 
une  métamorphose  régre^ive.  semnol- 
lit  spontanément  comme  nous  le  dims 
bientôt,  et  c'est  alors  que  la  partie  pn- 
longée  dans  le  vaisseau  principal  Uai 
à  se  désagréger  partiellement,  si  eUt 
n'est  emportée  tout  d'un  bloc. 

Ces  caractères  appartiennent  spéeii- 
lemenl  au  thrombus  des  veines  de  h 
racine  des  membres  inrérieurs.  Dans  ks 
a>Liliaires,  le  coagulum  débute  encore  le 
plus  souvent  dans  les  nids  valvulaira, 
s'allonge  ensuite  peu  à  peu,  et  ne  diffin 
pas  sensiblement  du  thrombus  des  féimh 
■aies.  Il  n'en  est  pas  de  même  des  throB- 
tms  des  sinus  de  la  dure-mère  ;  plats  os 
Fir..  VJl.  —  a,  veine  fémorale  Iriangulaires.lissesougrenus,  ils  ne  pié- 
fQuclie  i  l'intérieur  de  laquelle  sentent  jamais  d'empreintes  valvulaires, 
se  prolongent  dei   caillais   nés  ,      .,  .  i       .-  . 

dans  les  veines  saphène  tiiteine    niais  il  est  juste  de  dire  que,    VU  lenr 
et  fémorale  profonde.  mreté  et  la  difficulté  de  leur   déplace- 

ment, ils  prédisposent  peu  ou  pas  à  l'embolie.  Tels  sont  les  caractères 
des  dilTércnts  thrombus;  ajoutons  qu'à  l'aulopsieces  thrombus  sont  ordi- 
nairement entourés  de  caillots  cruorîques  mous  et  récents,  formés  au  mo- 
ment de  la  mort  par  la  coagulntioii  du  sang  en  présence  de  la  concn:lion 
ancienne,  dont  il  est  Tacite  de  les  séparer,  llistologiquement,  ils  soDt 
composés  de  leucocytes,  d'hématies  et  d'une  faible  quantité  de  fibrine. 

Au  fur  et  ii  mesure  de  son  accroissemonl,  le  thrombus  devient  pour  la 
paroi  veineuse  un  corps  étranger  qui  rirriteeti'entlamme.  EfTectiveracnt, 
si  l'on  examine  cette  paroi  au  niveau  d'un  caillot  même  récent,  on  remar- 
que d'abord  la  tuméfaction  des  endothéliums,  et  plus  tard  l'apparition, 
vraisemblablement  aux  dépens  des  mêmes  éléments,  sinon  de  ceux  du 
tissu  coiijonctif  sous-jaceni,  de  cellules  embryonnaires  dont  le  déve- 
loppement constitue  en  lin  de  compte  une  membrane  conjonctive  qni, 
après  avoir  joué  un  rôle  actif  dans  la  résorption  de  la  concrétion,  peut 
disparaître  plus  ou  moins  complètement.  ^laîs  en  même  temps  que  o* 
travail  a  lieu  au  niveau  de  la  paroi,  il  s'en  fuit  un  autre  dans  l'épaisseur 
même  du  thrombus. 


THROMBOSES   ET  EMBOLIES,  607 

3e  coagnlum,  consUtué  par  une  portion  du  sang,  se  modilie,  ainsi  qu'il 
iTP  pour  toutes  les  substances  {iroléiques  qui  cessent  de  prendre  pnrt 
c  échanges  moléculaires,  et  cette  modification  consiste  en  une  transfor- 
ition  ^nuleuse  ahoutissani  en  dernier  lieu  îi  une  véritable  émulsion 
tisseuse.  F.fTectiveraent,  si  dès  l'abord  ie  thrombus  maraslique  se  trouve 
islituc  par  dos  leucocytes  et  des  hématies  Irès-reeonnaissables,  plustai'd 
i  éléments  deviennent  granuleux  ou  granulo-fn^isscux,  se  dissocient, 
ta  masse  coagulée  se  ramollit  en  général  du  centre  à  la  circonférence. 
ns  ces  conditions,  le  thrombus  se  creuse  d'une  véritable  cavité  dans 
[uelle  on  trouve  une  matière  pulpeuse,  lie  do  vin  ou  blanchâtre,  de 
isistance  variable,  parfois  liquide,  et  toujours  inférieure  à  celle  des 
rties  périphériques.  Au  microscope,  ootlc  substance  ramollie  apparaît 
Tuée  de  granulations  liln-es,  prolêiques  ou  graisseuses,  au  milieu  dcs- 
eîles  se  rencontrent,  dans  quelques  cas  rares,  des  cristaux  d'héma- 
dine.  Ainsi  transformé,  le  caillot  fibrineux  peut  être  facilement 
Aire,  s'il  n'est  intimement  adhérent  dans  toute  son  étendue  ;  sa  partie 
Pt  est  emportée  par  le  courant  sanguin  qui  l'entraîne  jusque  dans  les 
inehes  de  l'artère  pulmonaire.  Quand,  au  contraire,  le  thrombus  reste 
r  place,  il  se  trouve  peu  h  peu  résorbé  h  l'élal  d'émulsion  par  la  mem- 
>nc  de  nouvelle  formation  que  sa  présence  a  développée  h  la  surface  di' 
paroi  veineuse  (1).  Api'ès  cette  résorption  la  membrane  de  nouvelle 
•mation  revient  sur  elle-même,  accole  les  deux  faeps  du  vaisseau,  qui 
soudent  entre  elles  et  constituent  une  sorte  de  cordon  fibreux  géné- 
lement  persistant.  Toutefois,  dans  dos  cas  rares,  lorsqu'une  partie 
la  cnncrélion  a  été  emportée  dans  l'artère  pulmonaire  et  que  la  partie 
stante  est  peu  considérable,  la  résorption  de  cette  partie  peut  per- 
E'Itre  il  la  circulation  de  se  rétablir  dans  le  vaisseau.  Heureusement  les 
ines  collal^>rales  suppléent  après  un  certain  temps  au  déficit  de  la  circu- 
Lion,  et  l'œdème  qui  s'était  monli-é  au  début  finit  ordinairement  par 

il)  0(1  l'ctonntrn  pcul-vlrc  de  me  voir  |inaser  sdue  silence  In  qui^sUon  de  l'orgnnûnllon 

•  iltinent*  [irapreji  du  llirombus,  lorsque  celle  nrganiralion  eit  admhe  pur  la  plupart 
4  huloln^alcB  ollemaQits  tt  par  quelque!  Iiittologialct  trangiii.  Mail,  outre  qu'il  c»l 
ïu  tiJmiiMtili!  que  lies  êlémenU  dans  lei  conilitious  de  vitalité  des  globules  blaucs 
ng  ihrninliUB  puiiti>nt  proUrérer  et  produira  un  liMU  organiié,  je  dirai  qu'il  est  rai^ile 
ua  Mpril  non  pn'ieaa  de  conilaUT  que  la  ptrai  TaKuIaîre  rsl,  dana  l'espère,  le  point 
>  iiftrt  dei  élt^meuls  de  nnutclle  fnrmntion,  lesquels  penienl  dans  cerlninît  eu,  il  eit 
"■l.  faire  irrupliuu  Jusque  dans  la  profondeur  du  caillot.  Ainsi,  il  me  parait  inutile 
■Diiili^r  ptua  longuement  sur  ce  point,  à  propos  dili]uel  je  renverrai  i  un  trataîl  que 
'I   publia  autrefois  aur  le  mode    de  résorption    des  caillots    sanguins  A   l'inli^rieur 

*  «einei  et  de  l'artère  pulmonaire  :  Complci  rcndat  de  h  Soriilé  de  Oiologir  ; 
^^ttt  miiHeale,  1862,  p.  681,  el  Rapport  lur  1er  embolies  pnlmonai'f  IBulM.  4a  la 

nalomiijiie.  1862,  p.  284). 


608  ANATOMIS  PATHOLOGIQUE. 

disparattrey  même  quand  il  s^agit  de  la  thrombose  d'une  veine  impoilinte 
comme  la  fémorale. 

Le  plus  souvent  limitée  aux  veines  des  membres  inCérieun,  la  throm- 
bose marastique  commence  en  général  à  gauche  et  apparat!  ensoîle  i 
droite.  Un  œdème  plus  ou  moins  considérable  est  la  oonséquena 
habituelle  de  cette  affection  presque  toujours  douloureuse,  et  po« 
<^ela  désignée  sous  le  nom  de  phlegmaitia  dha  dolem.  Je  n*aurais  pu 
à  ni'arréter  sur  la  douleur  qui  accompagne  Cette  thrombose,  si  eUe 
n'avait  donné  lieu  à  une  interprétation  erronée.  Considérant  que  ce 
phénomène  avait  son  siège  habituel  à  la  partie  postérieure  du  mollet,  mi 
nombre  d'observateurs  l'ont  attribué  à  la  présence  d'un  thrombus  da» 
les  veines  superficielles  de  la  jambe.  Or,  d'une  part,  plusieurs  cenlaiiMS 
d'autopsies  d'individus  atteints  de  cette  thrombose  m'ont  appris  que  ces 
veines  étaient  exceptionnellement  affectées;  d'autre  part,  m*étant  auiié 
que  le  simple  pincement  de  la  peau  du  mollet  suffit  en  général  pourdoms 
à  cette  douleur  une  grande  intensité,  je  pense  qu'elle  doit  être  attribace 
à  une  excitation  du  nerf  saphène  interne  provoquée,  sans  doute,  ai 
niveau  du  pli  de  l'aine  par  le  bouchon  veineux,  et  à  la  stase  sangoiie 
existant  dans  le  mollet. 

Il  serait  superflu  d'insister  ici  sur  le  diagnostic  de  la  thrombose  mui»- 
tique.  Les  caillots  cruoriques  ou  fibrineux,  plus  ou  moins  allongés  et  ait 
lement  adhérents,  rencontrés  parfois  dans  les  vaisseaux  après  la  mort  ne 
peuvent  être  confondus  avec  les  concrétions  de  la  thrombose  marastique 
qui  occupent  des  sièges  spéciaux,  adhèrent  k  la  paroi  vasculaire,  son{ 
stratifiées  et  souvent  ramollies  à  leur  centre.  Le  pronostic  de  celte 
thrombose  est  généralement  grave.  Survenant  chez  un  malade  eauo^ 
reux  ou  phthisique,  cette  affection  indique  une  mort  à  courte  échéiDce; 
moins  sérieuse  dans  la  convalescence  d'une  maladie  aigué  ou  de  TéUl 
puerpéral,  elle  est  encore  redoutable;  dans  ces  conditions  surtout,  Sf 
expose  à  une  embolie  qui  peut  <^lre  rapidement  mortelle. 

Etiologie  et  pathogénie.  —  Les  causes  de  la  thrombose  spontanée  sool 
extrêmement  nombreuses;  ce  sont  toutes  les  maladies  qui,  parleorui- 
ture  ou  par  leur  durée,  épuisent  l'organisme  et  anéantissent  ses  forcf;!. 
On  peut  s'en  faire  une  idée  par  le  tableau  suivant,  qui  résume  non  pas 
tous  les  faits  où  nous  avons  observé  cette  affection,  mais  ceux-là  seukf- 
ment  où  la  thrombose  est  devenue  le  point  de  départ  d'une  embolie. 

CarciDomes  et  épithéliomes 27 

Tuberculose  et  scrofulose 12 

Fibromes  utérins h 

A  reporter â 


THROMBOSES   ET   EMBOLIES. 

tteporl 43 

État  puerpvrul 10 

Cachetés  divencs  (taturniiio,  ijphililiquc...)   i 

Purnplégie  et  érjaipèle ) 

CoaiileBcenc:;  de  pneumonie 2 

—  de  Bêvre  tjrphoïde 3 

—  de  ïiriole 3 

Dj'senlerie  clirnnîque 3 

Su|ipuntion  auciennï..  ■ ■ ■  1 

AmputnlioDs 2 

Endiirtcrilc  gcniruliaéu  cl  caclieiiu 2 

73 


Ce  tableau  nous  apprend  que  de  tous  les  états  pathologiques  ceux  qui 
prédisposent  le  plus  à  la  thrombos<-  al  n  l'embolie  sont  incontestablement 
la  carcinose,  puis  la  tuberculose  et  la  puerpéralilé,  et  que  certaines  affec- 
tions, comme  les  lésions  organiques  du  cœur,  les  altérations  des  reins, 
malgré  une  longue  durée  et  la  cacbeitie  profonde  qu'elles  déterminent,  ne 
sont  généralemeal  pas  accompagnées  de  thrombose.  Mais  de  même  que  dans 
les  premières  de  ces  maladies  nous  ne  connaissons  pas  les  conditions 
génésiques  de  la  coagulation   spontanée  du  sang  dans  les  vaisseaux,  de 
même  dans  les  dernières  nous  ne  connaissons  pas  exactement  les  cir- 
constances qui  peuvent  s'opposer  à  celle  coagulation.    Prétendre   que 
la  thrombose  spontanée  est  due  à  un  excès  de  tibrine  (hypérlnose  de 
Yogel)  ou  à  une  augmentation  de  la  coagulahililé  de  cette  substance  (ino- 
pexie  de  Vogel),  c'est  faire  une  double  hypothèse  cl  ne  rien  résoudre. 
Au  coQlraire,  l'absence  habituelle  deconcrétions  sanguines  dans  les  veines 
Ldiez  les  cardiaques,  les  cirrhotiques  et  les  albuminuriques  (1),  en  un  mot 
shez  la  plupart  des  individus  atteints  d'hydropisie  mécanique  ou  par 
iKtaclu  circulatoire,  étant  toujours  accompagnée  de  l'extravasation  d'une 
aine  quantité  de  sérosité  dans  le  tissu  cellulaire,   il  y  a  Heu   de 
kijre  que  la  coagulation  spontanée  du  sang  pendant  la  vie  est  la  consé- 
Knce  d'un   abaissement   du  chiffre   des   globules    et  d'une    dispro- 
rlion  entre  les  hématies  et   l'eau   du    plasma,   comme   aussi    d'un 
hjblissement  corrélatif  de  la  conlractilité  du  cœur  el  des  vaisseaux.  Un 
t  <m  elTet  qu'il  sufiit  d'une  faible  quantité  d'eau  ajoutée  au  sang  extrait 


(Ij  On  pourrait  luppoier  que  l'tbtviice  de  Ihrombnic  ch»  les  ■lbiiminurii|u«« 
eit  le  réfiiltat  de  U  préwnce  d'une  certaine  quantité  ilc  curbonalc  d'amninuiaqiic  dans 
le  fug;  ■"OÙ.  )i  k'ette  lubiLance  contribue  â  m«inlenir  le  lang  liquide  après  l»  mort, 
il  (buI  reconnaître  qu'elle  n'eiitle  jamnii  qu'en  bible  proportion  clin  l'iDdiiridu  vitjDt, 

C!:llc  ae  peut  jouer  qu'un  faible  rAlc  sur  la  fluidité  du  viog  pendml  la  via. 
ittKVX.  —  Traité  d'Annt.  pBlb.  1.  —  3» 


de  la  veine  pour  que  ce  liquide  se  pieime  en  niasse,  el  que  la  cosgulilioo 
spontanée  a  d'autant  plus  de  tendance  à  se  produire  qu'il  existe  une  b- 
■liesse  plus  gi'ande  de  la  circulaliou  et  une  diminullon  plus  cotisidi-rablr 
de  la  tension  vasculaire.  Ainsi  les  individus  donl  le  cœur  est  ^ni&srui 
sont  de  préférence  alteinls  de  thrombose,  c'est  un  fait  iiidénîabie  surtimi 
pour  les  coucrétions  qui  se  produisent  dans  le  cours  des  maladies  aioia. 

2*  Les  thromboses  mécaniques  sont,  suivant  nous,  non-seulement  iyII« 
qui  ont  pour  origine  un  obstacle  niécauii;uK  au  cours  du  sang,  nui> 
encore  celles  qui  proviennent  d'une  altération  des  parois  vasculaires. 

Ces  thromboses  n'ont  pas,  comme  les  thromboses  niarasli([uf«,  m 
siège  spécial,  elles  se  produisent  dans  tous  les  points  du  système  veinmi. 
dans  le  cœur  comme  dans  l'artère  pulmonaire  (lig.  198),  partool,  fn  w 
mol,  où  existe  une  lésion  vasculaire,  sinon  une  gène  circulatoire. 


Fie.  ISS.  —  Throrabote  inllunniBloire  cl  obslnidian  complète  de  II  brancbr  dtwlc 
rarlirepulmonaice.n',  artère  pulmDnnire;^,  aorte;  o,o,auriculu;  a,  branche  de  TM 

ent  remplie   par   un   llironibii*  (   qui   w  pralon^  jiuqn'M  ''i- 


La  thrombose  mécanique  de  l'artère  pulmonaire  mérite  surtotit 
attention,  à  cause  de  la  possibilité  qu'il  y  a  de  la  confondre  avec  1 
de  ce  même  vaisseau.   Ce  qui  la  dislingue  de  celle  dernière,  c'i>sl 
eoexislenco  constante  avec  une  lésion  qui  comprime  ou  modifie  Up> 
vasculaire.  La  question  de  savoir  si  Tarière  pulmonaire  peul  être  le  si* 
d'une  thrombose  spontanée  est  toujours  douteuse.  Je  crois  peu  à  l'cxisto;:^^* 
de  celte  thrombose,  à  moins  qu^on  ne  désigne  comme 


ommc  telle  la  coa^j^M 


TDROHDOSES   ET   EMBOLIES.  611 

<pii, ùtats  quelques  cas  de  stéalose  et  de  dilatation  cardiaque,  ^observe 
<laiis  la  phlébartère  (voy.  Gazette  médicale  de  Parti,  1861),  p.  ;i69-7()). 

La  thrombose  de  la  veine  porte  n'offre  pas  moins  d'iiitén^l;  elle  se  recon- 
naît par  l'altéralion  matérielle  de  la  paroi  dece  vaisseau  et  les  produits  mem- 
hraiieuxquien  émanent  (voy.mon  Atlas 
danat.path.  pi.  XVII).  Ces  caractères  sont 
encore  ceux  qui  distinguent  les  thrombo- 
ses intlammaloires  des  autres  veines.  La 
pylélhromboao  commence  par  un  faible 
dépOt  librineux  et  globulaire  dans  le  point 
où  la  vitesse  du  courant  sanguin  est 
moindre,  surtout  là  où  l'endoilii'lium  est 
altéré  ou  fait  défaut,  et  ce  pi-emiercoagu- 
lum,  point  de  départ  d'autres  dépf^ls  san- 
guins, arrive  peu  à  peu  il  oinslituer  uu 
tbrombusquidin'èreduthrombusmaras-- 
tique.à  la  fois  parsonsiégcet  par  sa  forme. 
Plus  rapidement  que  ce  dernier,  le 
thrombus  mécanique  se  fixe  à  la  paroi 
-vasculuire  à  l'aide  d'un  tissu  de  nouvelle 
formation;  mais,  en  même  temps,  se.s 
parties  centrales  se  métamorpbosent,  et 
se  liquéiient.  ('lus  tard,  ces  parties  .son  t  ré- 
sorbées {parfois  aussi,  dans  le  cœur  droit 
|>ar  exemple,  elles  fomicnl  une  soile  de 

^^b^te  librineux  dont  la  rupture  et  le  mé- 

^Hllgeavec  le  sang  ne  sont  pas  sans  danger. 

^V  indépendamment  deces  désordres  et  de 
ceux  qui  résult<;nt  de  l'obstruction  plus 
ou  moins  complète  d'une  veine  impor- 
tante (lig,  199),  la  tbitinibosc  veineuse 
mécanique,  expose,  comme  la  thrombose 
marastique  et  peut-être  plus,  aux  acci- 
dents de  l'embolie  pulmonaire,  et,  pour  ce 
motif,  elle  doit  être  envisagée  comme  un 
syinptiirae  méritant  la  pi  us  grande  atlen- 


FiG.  109.  - 


iiilliinimatoire 


tle  diagnostic  de  cette  thrombose  est  sans  difficultés,  puisqu'en  deliors  ' 
s  caractères  spéciaux  du  coagulum  sanguin  elle  coexiste  toujours  avec  ' 
s  lésion  matérielle,  sinon  avec  une  diminution  ilu  calibre  du  svstèmi> 


612  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

circulatoire.  Ces  différents  désordres  seront  longuement  étudiés  dans  le 
tome  II  de  cet  ouvrage,en  même  temps  que  la  phlébite  et  la  phlébarlériie. 

Étiologie  et  pathogénie.  —  La  thrombose  mécanique   des   Teines  est 
une  conséquence  de  la  stase  du  sang  ou  de  laltération  des  parois  de  ces 
vaisseaux,  et  quelquefois  de  ces  deux  causes  réunies.  La  compressioD 
exercée  par  une  tumeur  ou  par  un  corps  étranger  sur  une  veine  détermiDe 
tout  d'abord  le  ralentissement  du  courant  sanguin,  et  plus  tard  elle  peut 
amener  la  coagulation  du  sang  au  niveau  et  au-dessous  de  la  partie  com- 
primée (thrombose  par  compression).  Dans  quelques  cas  la  coagulatk» 
s'opère  non  plus  en  deçà,  mais  au  delà  du  point  où  existe  la  gène  circo- 
latoire  :  ainsi  se  produisent  des  thromboses  dans  les  veines  qui  émergent 
des  organes  anémiés,  dans  les  veines  rénales,  à  la  suite  d'une  néphrite 
parenchymateuse,  etc.  La  ligature,  la  section  et  la  déchirure  des  veines,  h 
présence  d  un  corps  étranger  au  sein  de  ces  vaisseaux  sont  d'autres  causes 
de  thromboses  veineuses  (thromboses  traumatiques)  auxquelles  il  faut 
ajouter  la  dilatation  variqueuse  ou  sacciforme  des  veines.    D'un  autre 
côté  le  rétrécissement  des  orifices  du  cœur  gauche,  par  la  gène  circo- 
latoire  qu'il  détermine,  provoque  quelquefois,  avec  ou  sans  le  secours 
d'autres  conditions  morbides,  la  coagulation  du  sang  dans  les  cavités 
cardiaques,  principalement  à  la  pointe  du  ventricule  droit  et  dans  Yàn- 
ricule  du  même  côté.  Enfin  les  altérations  de  la  membrane  interne  de> 
veines  et  du  cœur  droit  sont  autant  de  causes  de  thrombose,  parmi  les- 
quelles la  phlébite  et  le  auicer  sont  les  plus  communes.  Non-seuleraeDt 
la  phlébite  externe  et  la  mésophlébile  primitive  ou  consécutive  à  \m^ 
lésion  de  voisinage  peuvent  amener  ce  résultat,  mais  encore  rendophle- 
bite,  malgré  l'opinion  de  quelcjuos  auteurs.  Dans  tous  ces  cas,  la  coa^nJ- 
lation  du  sang  est  Teffet  de  la  modification  subie  par  la  paroi  vasculairv, 
la  membrane  interne  surtout;  elle  est  aussi  en  grande  partie  la  codh*- 
quence  de  la  stase  sanguine. 

11.   —   Embolies  veineuses. 

L'embolie  veineuse  est  un  accident  de  la  thrombose,  et  cet  accideut 
est  comnmn,  ou  du  moins,  Ixaucoup  plus  frfHjuenl  que  ne  le  supposent 
certains  mtklecins  qui  voient  dans  l'embolie  pulmonaire  pn»sque  uu 
arrêt  de  mort.  Depuis  lon^itemps  je  me  suis  élevé  contiv  la  manière  de- 
voir de  ces  auteurs,  d'al>ord  à  la  Société  anatomique  (vo\ .  Bulletin,  1862. 
p.  !286),  plus  lard  dans  mon  Atlas  danatomie  pathologique  (voj.  p.  79!. 
où  le  groupement  d'un  grand  nombre  de  faits  personnels  ma  porte  à 


^^^^^^B  THROMBOSES  ET  EMnOUES.  613 

^Hmettre  que  l'embolioct  ta  Ihrombnse  veineuses  élaienl  entreellesàpeu 
^Bl<fes  dans  le  rapport  de  cinq  a  six. 

^B  Le  siège  des  embolies  veineuses  est  peu  variable  :  d'une  part,  le  courant 
^■li  exisle  dans  les  grosses  veinps  ne  permet  pas  au  caillot  migratoire  d'y 
^H^urner  ;  d'autre  part,  la  Torce  coiitraclile  du  cœur  expulse  en  général 
^^p  caillots  qui  s'y  rendent,  à  moins  qu'ils  n'aient  un  volume  eonsidé- 
^■Me.  Les  poumons  et  le  Toie,  centres  de  convergence  des  deux  systèmes 
^^Hneus  de  l'économie,  sont  conséquemment  les  réceptacles  oHinaires 
^■kB  concrétions  éniigrées. 

^VOs  concrétions  sont  toutefois  extrêmement  rares  dans  le  système  porte, 
^H^rt  les  cas  d'embolies  spécifiques  et  capillaires,  dont  il  sera  question  plus 
^H^.  La  thrombose  marastique,  comme  nous  le  savons,  n'affecte  guère  les 
^Bknches  originelles  de  ce  système  ;  la  thrombose  mécanique  de  ces  hran- 
^Bes  est  loin  d'être  commune,  car  elle  se  rencontre  seulement  dans  les  cas 
^^V  tumeur  abdominale;  de  cancer  ou  de  lésions  ulcéreuses  de  l'inlestin, 
^^n>ératîons  sur  le  rectum,  et  de  varices  des  veines  de  cet  organe.  Etifin 
^^^  causes  du  déplacement  du  llirombus  sont  ici  presque  nulles,  el  le  plus 
^Htavenl  c'est  par  continuité  que  celui-ci  atteint  le  tronc  et  les  briinclies 
^^niinales  de  la  veine  porte. 

^BLes  embolies  de  la  veine  porte  sont  rarement  suivies  d'alléi-alions 
^BMiichymateuses,  sans  doute  à  cause  des  nombreuses  anastomoses  des 
^^nnches  de  ce  ^'aisseau  avec  l'artère  hépatique, qui  a  pour  fonction  de  pré- 
^Bsr  k  la  nutrition  de  l'organe.  Le  professeur  Yulpîan  n'a  pu  obtenir  d'in- 
^Hvtus  bien  nets  en  faisant  dans  les  veines  mésentériques  des  injections 
^^graines  de  lycopode,  de  tabac,  etc.,  tandis  qu'il  a  pu  en  observer  en 
^«tsant  passer  ces  corps  inertes  dans  le  cœur  gauche  el  l'aorte.  Donc 
les  embolies  de  la  veine  porte  ne  sont  redoutables  que  si  elles  parvien- 
nent à  gêner  la  circulation  de  ce  vaisseau  et  à  produire  de  l'ascite,  des 
hypérémies  du  foie  et  des  intestins,  à  moins  que,  jouissant  de  propriétés 
spéciales,  elles  donnent  lieu  â  des  foyers  de  suppuration. 

Les  embolies  du  cœur  droit  sont  peu  fréquentes,  mais  tri-s-graves  el 
fatalement  suivies  d'une  mort  rapide,  instantanée  pour  ainsi  dire,  ce  qui 
porte  à  croire  qu'elles  ont  pour  effet  habituel  de  provac|Uer  une  sjncope. 
J'ai  observé  trois  cas  de  ce  genre  ;  i'un  chez  une  jeune  personne  de  vingt- 
trois  ans  qui  se  préparait  à  quitter  l'hilpilaloti  elle  était  entrée  pour  un  léger 
phlegmon  d'une  jamite,  lorsqu'elle  succomba  presque  instantanément 
dans  un  accès  de  rire;  l'autre  chez  une  femme  de  quaraiile-sis  ans, 
qui,  vers  le  dix-huitième  jour  d'une  fièvre  typhoïde  des  plus  bénignes 
en  apparence,  mourut  tout  à  coup  au  moment  oit,  revenant  des  cjibinels, 
I  elle  achevait  de  monter  sur  son  lit  ;  le  dernier  cas  est  celui  d'une  femme 


K  die  actievait 


9ià  AMATOHa    I 

1^  qui  mourut  ^gtlement  tout  i  coup  d'une  embolie  surveauê~â 
de  la  convalescence  d'une  pneamonie.  Or,  dans  ces  trois  cas,  les  «^mbuliu 
•Dt  présenté  des  canctèrca  pour  ainsi  dire  identiques,  et  partaul,  faini 
[vopres  à  entraîner  la  oonrictioa  au  sujet  de  l'embolie. 
;  CouTerts  d'tme  mince  coa^  de  fibrine  coagulée  au  momeiil  de  M 
mort,  et  qui,  à  la  rigueur,  pouviiit  Ihire  croire  à  des  concrutioDs  r^ 
eeates,  ces  «nboloa,  une  Ibis  débarrassés  de  cette  sorte  de  voile,  appa- 
eussaîent  sous  un  aspect  qui  ne  permettait  pas  de  douter  de  leur  origiiu^. 
D'une  longueur  de  8  il  iO  centimètres,  de  forme  cylindrique;  un  peu 
aplalie,  ils  ofireient  une  extrémité  lisse  et  conique,  et  une  extréiait«^ 
tmninée  par  un  ou  deux  mamelons  séparés  par  un  sillon  d'une  pro- 
fondeur d'environ  un  demi-ceutimèlw 
et  rétrédB  à  leur  base.  De  lenn  ém. 
bces,  l'use  Aait  lisse,  striâe  OB  tnrci^ 
Bormontée  d'onpreintes  4e  nlfolM» 
tandis  que  l'antre  élut  aimplwrt 
chagrioée  tA  plus  oa  moûts  iaég^ii 
iière  (Bg.  300).  Ces  eatMtâns  àffm^ 
bolus,  en  tout  semUables  àoeexte 
thrombus  qui  prennent  aaiMMiee  dut 
les  nids  nlvobûres,  k  la  ptitie  aa^érieo* 
des  veines  fém(»«les  (voy.  fig.  198),  ont, 
au  point  de  vue  du  phénomène  emboli- 
PiG.  aoo.  —  Concriiioiis  MDguine»    que,  il  faut  le  reconnaître,  une  valeur 

ir:t",Jl". ïil^ri"  po^i'™. •«  "">"'  ^  »  <«"•  i« p»' 

MnUniài-unedeMteitrèniitéiet    fournir  l'espérience  la  mieux  réussie. 

r  "lEï;  °B?"" Sr™  T»*f»i«.  i=»i»i"» »«  ^  ?-^<' p- 

par  lea  deux  ficu.  l'une  ipUUe    constammentavec lesmémescaractëics; 

vaivuiaires  cxitient  à  l'uoe  det    porté  par  Velpeau,  le  caillot  migraloiK 
«Su^.?" '""""*'*"*'"'''''''    était  tortueux,  pelotonné,  et  en  IbniK 

de  sangsue. 
Les  embolies  pulmonaires,  beaucoup  moins  graves  que  l'embolie  cu- 
diaque,  sont,  dans  quelques  cas  seulement,  suivies  d'une  mort  rapide, 
puisque  ce  mode  de  terminaison  ne  s'est  présenté  que  cinq  Tois  sv 
soixante-dix  cas  d'embolie  pulmonaire  soumis  à  mon  observati<Hi  [!)■ 


(IjLm  faitt  (l'embolie  cardiaque  oopolmoDiireiuiTii  de  mort  iDbite  que  j'ai) 
sion  d'obaener  me  pinineot  oO'rir,  an  poiot  de  vue  de  la  diagnose,  aa  fna 
pratique.  Sur  huit  cal,  où  tniii  foi»  l'erabolua  l'était  uttté  dui  le  csnr  droit, 


tîottt- 


THROMBOSES   ET   EHBOT.rES.  6t5 

La  Façon  doiit  la  mort  a  lieu  dans  ces  cas  usi  dinîcile  à  déterminer  ;  le 
fait  est  qu'elle  n'esl  jamais  instantanée,  el  qu'elle  ne  mut  pas  moins  de 
dix  minutes  à  un  quart  d'heure  à  se  produire,  h  partir  du  début  de  t'aeci- 
denl.  On  jieul  eroire  avec  Panum,  qui  a  fait  à  cet  égard  de  nombreuses  ex- 
périences, qu'elle  est  l'effet  d'un  afflu;;  insuflisanttlu  sang  vers  les  centres 
ner\'eux.  ElTectivemenl,  les  branches  de  bifui-culton  de  l'artère  pulmonaire 
étant  tout  à  coup  obstruées,  le  cœur  pauche  ne  reçoit  plus  le  sanp  des 
poumons,  el  ne  peut  l'euvoyer  à  l'encéphale,  d'où  l'anémie  cérébrale  el 
la  mort.  En  réalité,  la  chose  est  plus  complexe,  car,  en  même  t^mps  que 
l'anémie  cérébrale,  il  survient  une  an/mie  des  poumons  et  du  coiur. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'embolus  dans  ces  conditions  est  unique  ou  mul- 
tiple ;  il  occupe  le  tronc  ou  l'une  des  branchies  de  division  de  l'artère  pul- 
itionaîre;  il  est  libre,  ordinairement  recouvert  d'nn  coagulum  cruorique 
récent,  et  ne  diffère  pas,  si  ce  n'esl  par  un  volume  plus  petit,  de  l'embolus 

•iaai  le  tronc  ou  Iï$  branchée  <le  divitiou  de  l'artère  pulmonaire,  k  thrombose  a  vu  il  tou- 
jours eu  pour  tiége  lu  %fine  erurnk  ou  lei  veinci  iliaquvs;  le  plus  aouvcut  elle  s'était 
ilfteloppiL'C  k  11  partie  supérieure  île  lu  veine  fémorale  et  se  continusil  jiieque  dscs 
l'iliaque  citerne.  Les   alTections  Unns  te   «ours  ilesquelles  elle  avait  pris  uaissuncc  se 

Pneumonie  aî^tié 2 

B  Fièvre  tïplinide 2 

^L-  É<»t  puerpënl 2 

^"  Mïome   ulértn 1 

■  Phlêbile  rémorale 1 

Celle  répartition  est  des  plus  curieuses;  d'une  part,  elle  noui  innotre  que  iiihI^ 
la  grande  Trêquence  de  la  Ihrambose  dans  les  maladies  chraniquei  et  cachectiques  'cai^ 
cinoie,  tuberculose,  etc.)  la  mort  subite  esl  tout  au  moins  très-rare,  puisque  je  ne  l'ai 
pas  reoconln^e  une  seule  Tois  dans  plut  de  cent  cinquante  cas  ;  d'antre  pari,  elle  noua 
apprend  que  la  thrombose  mécanique  et  celle  qui  turvient  dans  le  cours  du  mHladiei 
aigav*  soiU  Ict  seules  pour  ainsi  dire  qui  prétlisposent  à  l'embolie.  Tel  est  le  tait  pratique 
qui  nous  paraît  réiuller  d'une  élude  altealive  de  la  qufttion.  Ce  Tait  lient,  tans  doute, 
â  ce  que  In  thrombose  de»  cachexies  l'opèri^  avec  lenteur,  comme  il  e*t  fatile  de  s'en 
assurer  en  suivant  les  progrès  de  t'œilèoie.  De  la  sorte,  les  caillots  ont  tout  te 
umpi  d'adhérer  i  la  paroi  veineuse  avant  d'avoir  acquis  un  volome  coniidâfable,  et  si, 
plus  tard,  il»  sont  mobilisés,  c'est  par  petites  [jarlies  qui  vont  se  liur  un*  incoDVDnienl 
Krieui  (lani  les  bninches  de  l'nrlèrc  pulmonaire,  .^u  contraire,  les  lhroml>oses  des 
maladies  aii;uês  se  produisent  rapidement,  car  on  trouve  des  caillots  il'une  lon^eurde 
plusicur*  cenllmètres  dans  les  veines,  à  une  époque  où  il  n'e liste  presque  pas  il'wdèuie,  et 
qui-lquefois  dis  le  siiième  on  le  septième  jour  d'une  pneumonie.  Or.  ces  caillots  vola- 
niinubi,  qui  ne  peuvent  conlrnctiT  de  «uile  des  adhérences  solides,  sont  Ciicilement  dé- 
places, surtout  quand  ils  occupent  la  région  inguinale,  puisque,  dans  ces  conditions,  un 
rllnrl,  la  ileiion  de  la  cuîue  sur  le  bassin  sufllsenl  pour  les  faire  émigrcr.  Ces  rélleiionit 
•'appliquent  aui  thromboses  mécaniques,  comme  à  toutes  celles  qui  succèdent  aux  frac- 
_^  tutu  d«s  membres  (Velpeau,  Atam),  nolammenl  aux  fractures  de  jambe. 


616 


ANATO»IE   FATD0I.0r,1(J[!K, 

01,  n);  toutefois,  ontre.  les  moules  de  valvuk  i 


cardiaque  (voy, 

présentait,  dans  un  cas  qui  m'est  personnel,  un  prolongi'nient  cûllalm! 
(voy.  mon  Atlas  d'anatomie  pathologique,  p.  169,  fig.  17).  Mais,  rOTnnm 
un  caillot  émigré  dnns  l'artère  pulmonaire  était  incapable,  dès  qu'il  pr- 


FlG.  301.  —  Le  CŒur 
branches  de  l'arlère 
rdcenu  el  tibrct,  Ici 


s  par  leur  (air,  posiéricure.  1^  uonc  «I  1m4k> 
il  obilrués  par  des  caillai*  einb«Uquca,Iwiin>>T'i 
aiiFJeni  el  adhérenta. 


vient  il  se  loger  dans  une  des  branches  de  division  de  ce  vaisseau,  d'ww- 

ner  la  mort  subite,  le  plus  souvent,  lorsque  ce  genre  d«  mort  a  lies, 

I  l'embolus  pulmonaire  est  multiple.  Indépendamment  d'un  ou  de  |iluM<iin 

Billots  embolîques  récents  et  libi-es,  il  existe  des  caillots  iidbérenti  « 

|.]^us  ou  moins  grand  nombre  dans  les  divisions  de  lartète  pulniouaîn- 

I  preuve  certaine  que  rémigration  a  eu  lieu  en  plusieurs  fois. 

Il  est  commun  d'ailleurs  de  rencontrer  des  embolus  libres,  ou  Gl^i 
liveau  des  éperons  de  bifurcation  des  branches  de  deuxinne  el  troîsibH 
ordre  de  l'artère  pulmonaii-e,  chez  des  individus  cachectiques,  tuberculeH 
ou  cancércus,  qui,  pendant  la  vie,  étaient  atteints  de  thromb<^iscs  desmeo- 
bi-esou  de  l'oreillette  droite.  C'est  au  point  que  j'en  suis  arrivé  jcansûlÂtr 
comme  un  Taît  exceptionnel  l'absence  d'embolies  pulmonaires  dames 
conditions;  mais  il  faut  savoir  que  si  ces  emlnilies  peuvent  gêner  ThéM- 
tosc,  du  moins  elles  n'amènent  pas  ta  mort  subite.  L'emlmlus  uiïrc  alorf 
des  caractères  variables,  suivant  qu'il  est  libre  et  récent,  ou  qu'il  estadlié- 


rent,  c'est-à-dire  a 


.  Libre,  il  se  présente  sous  des  aspects. 


edsjiiûmS' 


TUItOUDOSES    ET   EMBOLIES.  617 

penoeltent  de  remonter  ii  sa  source.  A  part  (|uelques  cas  où  il  esl  pelotonna 
(voyez  fig.  201,  m),  ce  bouchon  revêt  orditmircin«nt  la  Tonne  d'un  cylindre 
bruniUre  ou  jaunfttn',  marbré,  dont  l'une  des  extrémités  est  conique,  tandis 
que  l'aiilre  est  déchirée,  excavée  ou  même  creusée;  or,  ces  caractères 
conduisent  à  penser  qu'il  provient  d'un  thrombus  pmlonfcé  d'une  veine 
colIat<!'rale  dans  une  veine  principale,  et  qu'il  en  est  l'extrémité  émigrée. 
l'aulres  fois,  le  caillot  embolique  est  aplati,  strié  en  traters, et  porte  en 
(iueh|ue  sorte  l'empreinte  des  colonnes  charnues  de  l'auricule  (Kg.  202), 
et  par  conséquent  il  y  a  lieu  de  croire  qu'il  vient  du  cœur  {fip.  203). 
Au  l)outd'un  certain  temps,  l'embolus.  quelle  que  soit  son  origine,  se 


• 


Fie.  202.  —  Thrcimbo»'  des  ravUiSs 

iiriculairpi.  Lct  ileiix  aurkulei  n^nfermenl  chac 

iiFt  projuilet  |»r  latlase  rfu  siiiig  dam  un  ou 

ti^IrtciKcmeiil  mitral  (CcUe  (igurc 

El  UckcrL^uer.) 

modifie  et  devient  méconnaissable,  D'un  câté,  il  est  le  point  de  départ 
d'une  coagulation  sanguine  nouvelle  OU  caillot  secondaire  qui  s'ajoute  à  son 
extrt^mité  la  plus  éluignét.'  du  co^ur  ;  de  l'autre,  agissant  comme  corps  étran- 
^.T  sur  la  paroi  vasculaire,  il  détermine  par  sa  présence  une  irritation  de 
r.-tte  paroi,  en  vertu  de  laquelle  la  couche  endothétjalc  et  sans  doute  aussi 
ks  couches  sous-jacentes  prolifèrent  et  donnent  naissance  ù  do  jeunes 
."■lêmenls  qui  peu  à  peu  deviennent  des  corps  allongés  rusiformes,  et,  eu 
fin  de  compte,  se  transforment  en  un  tissu  conjonctiriilirillaire  (lig.  205). 
Si,  comme  je  l'ai  fait,  ou  prend  la  peine  de  suivre  ce  travail,  ou  voit 
que  c'est  tout  d'abord  au  niveau  du  point  de  contact  avocla  paroi  qu'appa- 
raissent les  éléments  de  nouvelle  rormution,  et  qu'ensuite  la  végétation 
s'étend  à  la  périphérie  pluliït  que  dans  la  profondeur  du  bouchon,  auquel 
elle  forme  une  espèce  de  cupule,  et  plus  lard  une  gatne  complète.  Au 
bout  d'un  espace  de  temps  qui  n'est  pas  toujours  très-long,  l'embolus 
pulniounire  adhère  sur  quelques  points  (lig.  20^],  et  peu  à  peu  il  se  trouve 


ANATLH1IE   PATiI0l.O*iI0l'E. 


circonscril  par  une  membrane  organisa  ou  m/ïrae  rasculairc.  ioUt 
période,  il  est  dinicJlo,  ou  le  cont^oît,  de  savoir  si  un  coagulam  mtcooiit 


FiG^  !03.  —  C,  branche  et  divUioni  de  t'arlère  pulmonnire  >irec  concr^lioni  mp 
tirites  en  travers  el  provenant  de  l'surkule  droite  reprËteatrâ  Qg.  103. 

au  sein  de  l'arlèrB  pulmonaii'o  esl  aulochlhoue  ou  tuigratoiri^.  Us  swiio  1 
raisons  qu'on  puisse  alors  jnvotjueren  faveur  de  l'embolus,  c'est  la déTuv-l 
talion  du  processus  inûainmaloirc  des  tuniques  artérielles  à  son  voiun^  1 
et  la  coexistence  d'une  thrombose  veineuse. 

En  même  temps  que  se  produit  ce  processus  d'or^nisalton,le5i)i>-  I 
hules  rouges  contenus  dans  la  concrétion  se  détruisent  peu  à  pou;  la ■ 


r 


no.  203.  —  Une  diviiion  de  l'arlùrc  pulmonaito  obslni 
avec  caillots  «ecandoire*.  Des  adliéreiices  mulliplee  >t 
l«  paroi  du  vaissenu. 

tière  colorante  les  abandonne,  imprègne  les  éléments  de  nouve-Ue  fon»" 
[  tion.s'innitro  dans  leurs  interstices,  où  elle  se  présent*»  sous  la  (bfiw* 
f  granulations  uniorpties  ou  de  cristaux  rhomboïdaux  (voy.  Gg.  305,  A^* 
disparaît  quelquefois,  du  moins  en  partie,  soit  par  diiïusion,  soit|i>r)r 
sorplinn.  Les  globules  blancs  éprouvent  des  changements  nnBlu^M:>> 
deviennent  granuleux  el  leurs  granulations  se  désagrègent  ensuite  p" 
il  peu.  De  son  càté,  la  fibrine  subit  des  modilicalions  non  moi 


TanOHBOSES  ET  EHBULIES. 


61» 


tantes;  ses  fibrilles  prennent  une  teinle  sombre,  ^isàtre,  se  transforment 
en  granulations  libres,  protéiques  ou  graisseuses,  qui  se  séparent  et 
forment  en  fin  de  compte  une  sorte  d'émulsion.  Cet  état  de  désa- 
grégation et  de  liquéfaction,  en  gé- 
néral d'autant  plus  avancé  que  la 
végétation  vasculaire  est  plus  an- 
cienne et  plus  épaisse,  ne  persiste 
pas;  le  détritus  granuleux  qui  en 
provient  est  peu  à  peu  repris  par 
ia  membrane  de  nouvelle  forma- 
tion et  rentre  dans  le  cercle  circula- 
toire. Celle  membrane  apparaît  alors 
comme  ridée  et  revenue  sur  elle- 
même,  ou  bien  elle  se  montre  sous 
la  forme  d'un  cjlindre  creux,  au  soin 
duquel  existent  encore  des  granula- 
tions plus  ou  moins  nombreuses,  | 
ou  sous  celle  d'un  cordon  fibreux 
formant  comme  une  cravate  autour 
d'un  éperon,  ou  bien  comme  un 
pont  au-dessus  d'une  division  de  l'ar- 
tère pulmonaire  (fig.  206, p.).  Consti- 
tuée par  des  cellules  allongées  et  un  tissu  fibrillàire,  elle  renferme 
quelquefois  des  vaisseaux,  ainsi  que  j'ai  pu  m'en  a$surer(fig.  207).  En 
pareil  cas,  il  n'est  guère  douteux  que  le  travail  d'organisation,  opéré  par 
la  paroi  au  contact  de  l'embolus,  ne  soit  le  mojen  naturel  approprié  à  la 
résorption  du  bouchon  embolique.  Par  conséquent,  la  guérison  de  l'em- 
bolie pulmonaire  est  cbose  possible  (1),  et  le  processus  de  cette  guérison 

(!)  t£  fuit  luivant  eit  k  ce  poiut  de  tue  dei  plui  démonitratift  ;  il  ofTre  d'ailleurs 
nu  autre  intérêt,  puiiqu'il  nous  Tait  coauDitrE  une  Murce  d'hémoptysie  qui  me  me 
parait  pas  aïoir  été  ligualéc  jusqu'ici. 

M.  C,  iigéc  de  lingt-trois  aui,  eit  admise  à  l'Hôtel- Dieu,  hUc  Saint- Anloine,  le 
12  mai  1861.  C'est  uue  peraoune  forte  et  bien  portante  qui  se  dit  enceiole  de  quatre 
i  cinq  mois,  et  qui  préieute  uue  thrombose  veiueuie  des  deui  membres  intérieur!. 
Ce*  membres  sont  en  effet  le  liége  d'un  goaQement  œdémateux  consitlérable  qui  ■' étend 
jasqu'auigrandesIÈTrei.Lapeauquirccouvrecetœdènieeit  pile,  décolorée,  et,  en  même 
temp»,  elle  est  le  siège  d'une  hjperesthcsie  manircste  surtout  k  la  ré((ion  des  mollets; 
un  cordon  dar  et  douloiureux  se  fait  sentir  dans  le  creux  poplilé  gauche.  I.e  c^pur  est 
Bonnal  ;  aucun  oi^ane  ne  parait  en  EOuUrance.  Le  29  ui 
gers,  cette  malade  est  prise  tout  à  coup,  yen  deux  hrui 
ment  ineiprimable  d'oppression  et  d'angoisse  et  de  consiriction  thoracique  ;  elle  te  sent 
étouffer,  ssi  face  derient  cyaoïque  et  ses  traits  se  décomposent.  Puis,  au  bout  de  quelques 


Ne.  20Ei.  —  n,  cellalet  allongées  prot«- 
nant  da  la  végétation  de  la  paroi  de 
l'srtére  pulmonaire  au  contact  d'un 
caillot  embolique  ;  à,  largei  cellules 
renferinsnl  des  goulleleltes  graisseuses 
et  des  cristaux  d'hématoldine  ;  d,  cris- 
taux d'hémaloidlDe;  c.  cristaux  prismi- 
liquei  de  phosphate  de  chaux. 


r  de  la  visilc  des  étran- 
r après- midi,  d'un  senli- 


620  ANATOMIE   PATQOLOCIQUE. 

ne  diiïère  pas  <le  celui  qui  détermine  la  résorption  des  csillots 
épanchés  dans  la  trame  des  organes,  à  la  surface  des  membranes  séreosK. 
ou  encore  de  celui  qui  amène  la  résorption  des  concrélions  Tonnées  t 
l'intérieur  des  veines. 

n  n'est  question  jusqu'ici  que  de  ta  façon  dont  se  comporte  la  pani 
vasculairc  en  présence  d'un    simple  caillot  sanguin    (thrombose  a- 
chectique  ou  mécanique).  Lors- 
qu'un caillot  embolique,  prove^ 
nant  d'un  foyer  de  suppuration  oa 
de  gangrène,  se  trouve  imprcjnié 
(le  sucs  et  de  granulations  septi- 
(|HCS,  les  choses  se  passent  autre- 
ment :  le  point  de  l'artère  en  coo- 
tari  avec  le  bouchon,  et  surtod 
le  tissu  pulmonaire  correspon- 
dant, suppurent  ou  se  gangrè- 
nent. Le  parenchyme  du  poumna 
est    diversement    modifié   sdoa 
les  qualités  de  l'embolus,  et  les 
désordres  varies  qu'on   y  con- 
state sont  en  rapport  avec  le  vo- 
lume, le  siège  et  les  propriél« 
e  diviiion  de  l'urlère  nuliiio-        .   .   i        ■ 
iL.unc  fr*[.de  partie  de  son  spéciales  dc  ce  corps  étranger. 
e  fausae  membrane,  espèce  de  Celui-ci  a  un  doublo  mode  d'ar- 
K  adhérent  en  b  ;  n,u,  sorle  de   ,.  ,,  .     .,  _. 

.  ivam  deVdi^isbn»  "o»  ^  ^  une  part,  il  apporte  un 
I.  (Àtlns  tfaii.  pain.)  obstacle  pi  US  ou  moins  prononor 
à  la  circulation  du  sang  dans  l'artère  puimonaii'e ;  d'autre  part,  il  exerc« 
sur  le  vaisseau  et  sur  le  parenchyme  du  poumon  une  imtation  qui  peut 


minutes,  ces  nccidents  griives  diBpnraiweiit  et  il  ne  reste  qu'un  sentîmcot  |fûoiblc  d'op- 
pression. I.e  30  mai  au  malin,  pnul«  régulier  mail  inégnl,  113  puisaliont  ;  battem^tti 
cardiaques  éDergii|ue<,  renforcement  marqué  du  deuiième  bruil,  soume  doni  »a  prt- 
mier  Icmps;  nppreuiun  et  dvspnée  comme  >i  la  malade  veniil  de  faire  une  codim, 
bien  qu'elle  n'ait  pas  quitté  snn  lit  ;  contraction  énergique  de*  muscle»  inipirateun. 
Le  même  jour  au  soir,  02  pulsations,  pnul»  à  peu  près  égal.  I.e  31  mai,  »i  pulsatin». 
pauU  régulier,  impulsion  cardiaque  tnujnurs  forte  ;  persistance  du  renforcement  da 
deuxième  bruit  du  cœur,  saufllc  incertain  nu  premier  temps;  appétit  bon,  ni  nauwfi. 
ni  vomi«)effleDlf. 

Le  1"  juin,  vers  sept  heures  du  matin,  cette  malade,  «euanl  de  pfi^ner  tes  rhovi'iii 
et  de  se  tourner  dans  le  lit  pour  chercher  un  verre,  est  prise  tout  1  coup  d'une  *itt 
sensation  d'élonlfemenl,  d'une  sorte  d'accès  de  suffocation,  moins  liolenl  louletoù  qur 
le  précédent.  En  même  temps,  ses  eilrémitcs  se  refroidissent  et  son  corps  «r  rouirf 
d'une  sueur  froide,  l'nc  heure  plus  tard  environ,  125  pulsations,  deuiicme  bruit  peu- 


THROMBOSES  ET  EMBOLIES.  621 

déterminer  des  lésions  matérielies  Irès-dissemblables.  Ainsi  les  effets 
de  l'embolie  sur  l'organe  pulmonaire  sont  de  deux  ordres  :  les  uns  méca- 
niques, les  autres  irritatifs  ou  spécifiques. 

Les  effets  mécaniqtus  varient  suivant  que  l'embolus  occupe  les  grosses  ou 
les  petites  divisions  de  l'artère 

pulmonaire.  L'arrél  d'une  concré-  1 

tionsanguinedanslespiusgrosses 
branchesdece  vaisseau,  l'obstruc- 
tion fùt-elle  complète,  ne  modifie 
jamais  sensiblement  la  structure 
du  poumon,  et  c'est  à  peine  si  le 
parenchyme  de  cet  organe  est 
anémié.  Je  trouve  la  preuve  de  ce 
fait  dans  l'observation  de  douze 
cas  d'obstruction  complète  et  an- 
cienne d'une  ou  de  plusieurs  des 
principales  divisions  de  l'artère 
pulmonaire,  dans  lesquels  le  tissu 
du  poumon  me  parut  toujours 
normal  sinon  un  peu  pAte;  on 
comprend  que,  dans  ces  conditions,  la  circulation  collatérale  soit  des  plus 
faciles  en  raison  des  anastomoses  nombreuses  des  vaisseaux  pulmo- 
naires. Dans  trois  cas  ou  l'une  des  brancbes  divisionnaires  de  l'artère  était 
entièrement   bouchée  (voy.   lig.  196),   le  poumon  correspondant  était 


Fie.  207.  — CeUiilnaltDait«M,flbrilleieonjanc- 
liiei  cl  vaiiama  Mn^in  provenant  d'una 
membrane  de  nouvelle  fonnalion,  développée 
an  pourtour  d'un  caillot  emboiique. 


forcé,  ni  ctiaieur,  ni  lont,  ni  Trinont,  rcapirntioo  aormile  &  l'auicullalion .  Caïame 
ta  première  Fois,  potion  itimulanle,  linapiimes,  etc.  Le  2,  lea  jamliei  lont  manîresle- 
ment  moins  luméfléea,  Ttedème  a  preique  lotajemeol  disparu  de  l'une  d'elles,  l'opprcs- 
lion  peniite,  la  malade  ne  peut  te  mouvoir  dans  gon  lit  et,  à  plus  Forte  raison,  ne  pour- 
rail  le  lever,  uns  être  priae  de  suffocation.  D'ailleurs,  elle  e*l  encore  reprise  d'un  nouvel 
accès  au  moment  où  elle  allait  s'endormir  nir  le  cdlé  gaucbe;  cette  fois,  la  face  pUit, 
contrairement  i  ce  qui  avait  en  lieu  anlérienrement. 

A  partir  de  ce  moment,  il  ne  survint  plus  d'accès  d'oppreasiao  et  l'angoisie  se  dissipa, 
le  pouli  resta  Fréquent  pendant  plusieurs  Jours,  et  le  renrorcement  du  second  bruit  pertitta. 
La  marcbe  était  à  peu  près  impossible  à  cause  de  l'oppression  qui  s'ensuivait  ;  quant  i 
l'œdème  des  jambei,  il  était  à  peine  marqué.  Cet  état  de  ctiotei  se  continua  jusqu'i 
l'accouchemeul.  qui  eut  lieu  le  30  septembre,  sans  aucun  incident.  L'enfant,  bien  por- 
tant, tut  euvojé  en  nourrice  et  la  malade  quitta  l'bôpilal  le  20  octobre,  allant  bien, 
sauf  un  certain  iegré  de  dyspnée  pendant  la  marche  et  un  lé^r  adèmc  des  pieds  après 

L'instantanéité  des  graves  accidents  survenus  chez  cette  malade,  le  danger  qui  en  est 
K*uUé,  la  rapide  disparition  de  ces  mêmes  accidents  et  leur  réapparition  sont  de*  cir- 
coiwtaiccs  donl  la  coïncidence  avec  la  diminution  de  l'œdcme  des  Jnmbes  ne  permet 
pai  de  donter  de  la  migration  de  plusieurs  caillots  de*  veine*  Fémorales  dans  l'artËre 


622  ANATOMIE  PATHOLOGIQDï. 

simplement  anémié  et  affaissé.  La  déduction  à  tirer  de  ces  laits, 
c'est  que  Tarière  pulmonaire  n'est  pas  le  vaisseau  nourricier  du  pouimm, 
puisque  son  obstruction  n'entraîne  aucune  modification  appréciable  daiB 
la  structure  de  cet  organe.  Conséquemmenl,  Topinion  suivant  laquelle 
la  gangrène  du  poumon  serait  un  des  effets  mécaniques  de  robstmc- 
•lion  de  l'artère  pulmonaire  n'est  pas  acceptable;  d'ailleurs,  il  suffi 
de  consulter  les  observations  des  auteurs  qui  ont  émis  cette  opinion  pour 
reconnaître  leur  erreur  :  on  y  trouve,  en  effet,  la  mention  de  foyers  de 
gangrène  autres  que  celui  du  poumon,  qui,  sans  aucun  doute,  reconnais- 
sait une  origine  spécifique. 

Contrairement  à  ce  que  l'on  pourrait  supposer,  l'obstruction  des  petites 
divisions  de  l'artère  pulmonaire  a  des  effets  mécaniques  plus  marqués  sur 
\e  poumon  que  celle  des  plus  grosses.  Ces  effets  consistent  en  une  infil- 
tration sanguine  du  parenchyme,  désignée  sous  le  nom  A^infarctus.  L'in- 
farctus embolique  du  poumon  est  une  lésion  toujours  située  à  la  périphérie 
de  l'organe,  où  elle  fait,  sous  la  plèvre,  une  saillie  plus  ou  moins  considé- 
rable, de  la  dimension  d'une  pièce  de  deux  ou  de  cinq  francs.  Ordinairement 
•conoïde,  à  base  périphérique,  celte  lésion  présente  à  la  coupe  une  surfaee 
granuleuse  et  marbœe  de  taches  noires  produites  par  l'extravasation  do 
sang  dans  les  alvéoles  et  les  interstices  conjonctifs  du  parenchyme  pulmo- 
naire. Le  sang  ainsi  extravasé  ne  tarde  pas  à  se  modifier  ;  mais,  en  géné- 
ral, l'infarctus  pulmonaire  n'est  pas  suivi  de  la  nécrose  du  parenchjme, 
probablement  à  cause  des  anastomoses  persistantes  des  branches  de  l'ar- 
tère pulmonaire  avec  les  artères  bronchiques.  Les  conditions  généralnces 
de  cet  infarctus  sont  déterminées  par  le  siège  de  l'embolus  :  toutes  les  fois 
que  celui-ci  repose  sur  un  point  derrière  lequel  existe  encore  une  branche 
anastomotique,  une  circulation  collatérale  s'établit,  et  il  n'y  a  pas  d'extra- 
pulmonaire.  A  notre  sens,  il  y  a  eu  embolie  pulmonaire  dans  ce  cas  ;  joutons  que  k 
renforcement  du  second  bruit,  indice  d'une  tension  plus  élevée  du  sang  dans  ï\TÙn 
pulmonaire^  vient  à  Tappui  de  cette  manière  de  voir,  qui  est  encore  confirmée  pir 
l'observation  ultérieure. 

En  elTet,  la  malade,  qui  me  demanda  de  lui  continuer  des  soins  après  sa  sortie  de 
rhùpital,  conserva  de  l'cssouniement  auquel  s'egoutaient  parfois  des  palpitations,  et  de 
1865  à  d867  elle  eut,  à  différentes  reprises,  de  huit  à  dix  hémoptysies,  chacsM 
d'environ  un  verre  de  sang.  Elle  fut  en  outre,  pendant  tout  ce  temps,  dans  l'iB- 
possibilité  de  dormil*  sur  le  côté  gauche  ou  même  sur  un  plan  horizontal  ;  elle  éuit 
obligée,  pour  avoir  un  sommeil  calme,  de  faire  reposer  sa  tête  sur  deux  ou  trou 
oreillers.  Les  veines  superficielles  des  Jambes  se  sont  peu  à  peu  développées,  mw 
toujours  rœdcme  continua  d'apparaître  au  niveau  des  malléoles  vers  le  soir  après  uoe  mir- 
che  un  peu  longue.  Depuis  quatre  ans,  la  situation  de  santé  de  cette  malade  parait  s'ètK 
améliorée,  en  ce  sens  qu'elle  éprouve  moins  d'oppression  et  qu'elle  n'a  pas  eu  d'hémop- 
tysies.  Aujourd'hui,  elle  est  employée  comme  infirmière  dans  Tun  de  nos  grands  hôpitiai. 


I  THROMBOSES  ET   EMBOLIES.  ()23 

lion  siinguine.  Au  contraire,  lorsque  la  branche  obstruée  se  capillansc 
sieineiit  sans  anastomose  pi-éalable,  il  se  Tait  une  circulation  pu  retour 
iM'  l'obstacle,  et  rinfai'ctus  a  lieu.  Cette  lésion  se  produit  en  somme 
condition  que  le  bouchon  embolique  obturera  une  artériole  terminale, 
:  me  servir  d'une  expression  employée  par  Cobnbeim,  qui  a  étudié 
■rimentalemenl  ce  processus. 

ssplus  petites  concrétions  einboliques  étant  celles  qui  engendrent  lin- 
LUS  du  poumon,  on  s'explique  comment  cet  infarctus  se  renconti'e  le 

souront  lorsque  ces  concrétions  ont  leur  origine  dans  l'auricule  droite, 
observe  presque  toujours  d'ailleurs  dans  des  cas  d'aiïectiou  du  cceur 
Ail,  comme  s'il  était  nécessaire  qu'un  ceplaîn  degré  d'élévation  de  la 
iioD  du  sang  dans  l'artère  pulmonaire  vint  s'ajouter  à  l'obstruction  vas- 
lire  pour  produire  ce  phénomène.  Maintenant,  allons-nous  onuclurede  là 

tous  les  noyaux  d'apoplexie  du  poumon  soient  des  infarctus  emlMili- 
s?N'ullemcnt.  Je  suis  depuis  longtemps  cou  vaincu  qu'un  certain  nombre 
las  d'bémoiThagie  pulmonaiiv  ont  une  autre  origine  :  ce  quidistîngue 
cas,  ce  sont  les  caractères  du  foyerapoplectiquequi  est,  en  général,  rela- 
ment  volumineux  et  qui  peut  occuper  les  différents  points  de  l'organe, 
es  eiïets  spécifiques  de  l'erabolus  de  l'artère  pulmonaire  sont  des 
irdres  d'un  tout  autre  genre.  Au  lieu  d'être  la  conséquence  d'un  arrêt 
a  circulation  dans  une  branche  vasculnire,  ils  sont  dus  h  une  action 
nique  exercée  par  des  parlinules  dont  se  trouve  imprégné  le  bouchon 
ratoirc.  Deux  ordres  d'altération  se  rencontrent  en  pareil  cas  :  ce 
Ibntût  (les  pneumonies  suppurées  et  des  abcès  du  poumon  (voyez 

71,  p,  3't7),  tanti^t  des  pneumonies  gajigréneuses,  suivant  la  nature 
bjeroù  le  caillot  embolique  a  puisé  ses  propriétés  spéclliques.  Je  n'in- 
'!  pas  ici  sur  les  caractères  de  ces  lésions,  dont  il  sera  question  à  propos 
embolies  capillaires. 

es  embolies  cancéreuses,  sans  avoir  des  propriétés  aussi  actives  que 
embolies  septicémîques,  ont  cependant  paru  contribuer  quelquefois  k  la 
oalion  d'un  cancer  métastatiquc  du  poumon.  Des  produits  chondro- 
«ux  auraient  de  la  même  façon  été  transportés  jusque  dans  le  poumon 
Weber),  et  même  des  bydatides  s'y  seraient  on  quelque  sorte  gi'eiïées. 
si  lesmodibcations  pulmonaires  déterminées  par  un  embolus  sont  très- 
iabies,  et  toujour!>  intimement  liées  à  la  nature  du  corps  migratoire, 
es  diverses  considérations  relatives,  les  unes  au  trouble  fonctionne) 
-niiiué  par  la  migration  de  caillots  dans  le  système  cardio-vasrulaire  à 
?  noir,  les  autres  aux  désordres  anatomiqiies  engendrés  par  ces  caillots, 
s  expliquent  les  conséquences  si  diverses  et  la  marche  si  variable  des 
lolies  pulmonaires.  Tandis  qu'un  volumineux  bouchon  venant  A  s'ar- 


k 


626  ànàtomib  pàthologiqub. 

réter  dans  le  cœur  ou  dans  le  tronc  de  l'artère  pulmonaire  ne  tarde  pis  à 
amener  la  mort,  au  contraire,  une  ou  même  plusieurs  ooncrétions  su- 
guines  émigréesdans  les  branches  de  second^de  troisième  ou  de  quatriise 
ordre  de  ce  vaisseau,  ne  déterminent  le  plus  souvent  d'autre  désordre  qa'n 
léger  degré  de  dyspnée,  à  moins  que  ces  concrétions  ne  soient  nombressa 
et  n'occupent  plusieui'S  divisions  de  l'artère  pulmonaire  dans  l'unetrantn 
poumon,  cas  dans  lequel,  comme  je  l'ai  vu,  la  mort  subite  peut  surveniri 
la  suite  d'efforts  plus  ou  moins  violents.  Hais  si  le  bouchon  emboUqv 
provient  d'un  foyer  de  suppuration  ou  de  gangrène,  le  tissu  du  poumoiie 
manque  pas  de  s'altérer,  et  les  modifications  dont  il  est  le  siège  finisiail 
en  général  par  amener  la  mort  au  bout  d'un  certain  temps.  En  somme,  le 
pronostic  de  l'embolie  pulmonaire,  entièrement  bénin  dans  certains  cas,  est 
au  contraire  de  la  plus  grande,  gravité  dans  plusieurs  autres  circonstances. 

Éttologie  et  pathogénie.  —  La  condition  nécessaire  à  la  productin 
de  l'embolie  veineuse  est  la  présence  d'une  concrétion  sanguine  ou  da 
corps  étranger,  des  hydatides  hépatiques  principalement  (Frerichs),  dais 
un  point  du  système  veineux.  (Voy.  Thrcmboses.) 

Les  causes  prédisposantes  de  cette  embolie  tiennent  au  siège  du  thron- 
bus,  qui  est  d'autant  plus  facile  à  déplacer  qu'il  est  plus  exposé  à  VuSm 
du  courant  sanguin,  qu'il  est  plus  ramolli,  et  qu'il  adhère  moins  intime- 
ment à  la  paroi  veineuse. 

Les  causes  déterminantes  sont  les  émotions  vives,  les  mouvements  piv^ 
cipités du  malade,  les  efforts  de  défécation,  de  toux,  etc.,  les  changemeDb 
brusques  de  position,  et  surtout  Taction  de  monter  sur  un  lit  ;  enfin,  b 
friction  ou  la  compression  exercée  sur  les  vaisseaux  atteints  de  thrombo^r, 
lapplication  d*un  appareil  contentif,  etc.  Ces  deniières  conditions  étioltv 
criques  sont  des  plus  importantes  à  connaître,  car  elles  indiquent  à  Tbomnir 
de  lart  la  conduite  à  tenir  pour  éviter  le  déplacement  d'un  thrombus  H 
l'accident  souvent  redoutable  de  lembolie  veineuse. 

I/attention  des  médecins  et  des  chirurgiens  ne  peut  <>tre  trop  vio- 
lante sur  ce  point.  Les  premiers  doivent  avoir  présents  à  l'esprit  ie5 
effets  st'rieux  de  la  thrombose,  notamment  à  la  fin  d^une  maladie  aigur 
et  dans  IVtat  puerpt^ral;  en  conséquence,  ils  prendront  les  mesures 
nécessaires  pour  prévenir  les  efforts,  les  émotions,  et  tout  ce  qui  ton- 
drait à  déplacer  le  caillot  veineux.  Les  seconds  n'oublieront  pas  qu'uiK 
obstruction  veineuse  est  un  obstacle  à  lapplication  d'un  appareil  con- 
tentif, et  que  les  opi^rations  pratiquées  sur  les  veines,  les  varices  rti- 
flaniniees.  etc.,  peuvent  dans  certaines  conditions  compromettre  IVïi>- 
tenoe  de  leurs  malades. 


ET   ]':MH0L1ES. 


623 


-  BouiLLAUD,  Rechenhts  cliniques  pour  servir  à  l'histoire  de  la 
^^Ikl'itr  {Arcli.de  médecine,  t.  Il,  p.  192,  1823,  el  Remw  médicale,  1835,  t.  II, 
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^^m  Ahnott,  Secoudary  e/fects  of  in/lammat.  of  Ihe  veins  {Med.  eh.  Trans. ,  U  XV, 
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^^hl.  XXVIll,  p.  353).  —  BuLCLiLT,  Sur  la  coagulatiort  du  sang  dons  ta  Mchexic  rt 
^^Bwi  les  maladies  chrmiipies  (Gai.  méd.  de  Fnris,  iSlth,  d'  16,  et  18'i5,  p.  Sùi 
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^^HUEKsiE,  Rtiearehes  on  thi:  pathology  ofobstructivepltlebitis,  etc.  {Med.  chirurg, 
^^mansact.,  t.  XXXVI,  p.  169,  1833).  —  Klingek,  Union  midicak,  1633,  t,  IX, 
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Thromliosesveineuiesetembûliesdel'artéi-epulmouaire.liiiiiBedeSlrasbouTg,  1862. 

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jittimonaire  ;  des  caractères  des  caiUots  emboliques  {Compta  rendtis  de  la  Soc.  de 
biologie,  et  Gus.  mfd.,  1861,  p.  6ùU).  —  Sur  le*  embolies  arlirielles  et  veineuses 
(Commumcat.  à  la  Soc.  méd.  des  hâpitaux,  Ei!ance  du  26  mars  1862,  et  Gat. 
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toagulomt  sanguiia  à  tinlérieitr  de  l'artère  pulmonaire  et  des  veines  {Compte» 
rendus  de  la  Suc.  de  biologie,  et  Gaz.  méd.,  1862,  p.  68ù). — Rapport  sur  unca» 
^embolie  pulmonaire  (Bull,  de  laSoc.anat.,  1862,  p.  284).  —H.  Heiss.ser,  Zut 

ILtkre  von  der  Thrombose  und  Embolie  (Schmidt's  Jahrbûeher,  t.  CIX,  p.  89» 
>,CXII,p.33fl;t.  CXVII,  p.  209;  t.  CXLIX,  p.  21).  —  Vei.pkau,  Comptes  rend. 
4e  tAcadémie  des  sciences,  7  el  lu  avril  1862.  —  Courald,  BuUrtin  de  la 
giKiité  anatomi'iW,  1862.  —  ttucQuuy,  Xf^a^gOj^^U^iufs-  Paris,  1863. 
I  LAHCUtAUX.  —  Trailé  d'Anit.   pnlh.     ^^^^H^^H  I.  —  ÏO 


F  A  TQO  LOGIQUE. 


*•  KBUstB,  Veberden  ZmammMhtag  cwisohen  Venenthrontbose  v 
gaehmlmgmiafttnt.  f0Min.Khn.  IfncArnscfu-., t. II. 39,1865). 
dlarc&«  eepérimaiMei  lur  IM  mtoli»  {Archiv.  f.  fothol.  Attat. 
t.  XXV,  p.  308,  339,  A3S,  &51,  lAÂrch.  aHi.  de  méd.,  sdriu  6,  t.  H,  p^  W. 
1863).  —  AuM,  Se  la  «orf  fuWto par  imbalk  pulmonairr  Hâta  tes  tramiMtmn 
Ifiat.  kad.,demid.  et  d»(Mnrg.,  186fi,  p.  611).  —  WAi-ueven,  ZurpotAub- 
gùùlua  Anatemia  dtr  WimdkraMeiten  {Ayehio  f.  ptahot.  AmU.  tmd  Ph^iûit., 
t,  XL,  p.  883,  1867).  —  BnuiOFr,  Ueher  die  Organisation  der  Thrombm  {.irclùi 
fi  fâêiol.  Axât,  md  PhyiU.,  t.  XLlV,  p.  à62,  1868).  —  L^Mcstiun  ri 
Lmzibuisb,  AtloM  tmuOomi» patholoyliue,  pi.  .Wlll.  —  L.  Ri.'n-iEB,  DieOe». 
ifa  méd.  et  dt  oAà-urB.prattjM»,  1870,  p.  m.  —  F.  »i'HA.vrE,  UnUrmehn^a 
a>ar  die-  Orgaiùaatim  da  TAromMu  (Wkr.  mad.  Jatrb.y  If ,  p.  tU,  ISIZ^* 
Xnh.  de  pftytfel.  nom.  ^  path.,  1872,  p.  ft91).  —  I.  Lidbi.,  OM  flùwilwÉ 
and  tmboKtm  {The  American  Jowmalof  tiu  nud.  Sotatce,  octobre  1873).  —  <ki- 
Monscr,  OusIfUM  rwhenhei  sur  k  pUepnoMa  aifta  des  nowaeUm  aanmdiim. 
TtliM.  Pari»,  1873.  —  Faxher,  On  JI6nnoiu  emerHiana  «i  t*t  r^rU  jUi  ^  ! 
U«  fteort  (Méd.  Tàiut  ond  Soutto,  16janr.  1873).  —  Duaikiiuy,  Ibri  nà*  j 
par  tmMis  pulmonaire  (Qaz.  Ae&d. ,  1874,  p.  21b).  j 

,:|3.  —  THRQHBOSBRKTBIfBOUUDtlSTBlllISaiiaïUn^ASASOSINM: 
TBROiraOSEa  R  EHBOUBS  ASTÉUILUS. 

lie  système  cardio-vasculaire  à  sang  rouge,  qui  s'étend  des  capillatreailD 
poumon  aux  capillaires  généraux,  est,  comme  le  système  à  sang  noir, 
exposé  à  des  obsli'ucUons  de  diverse  nature.  Ces  obstructions  sont  en- 
core produites,  les  unes  par  des  caillots  autochtfaones,  thromboses  arté- 
rielles, les  autres  par  des  concrétions  migratoires,  embolies  artérielles. 

I.  —  Thrombotea  artériellet. 

Les  thromboses  artérielles,  comme  les  thromboses  veineuses,  oni 
pour  origine  soit  une  modification  particulière  du  liquide  sanguin,  soil 
une  altération  de  la  paroi  vasculaire  ;  de  là  deux  variétés  de  ces  lésions  : 
les  thromboses  marastiques  et  les  thromboses  mécaniques. 

1°  Thrombose  artérielle  maratltqiLe.  —  La  plupart  des  auteurs  qui  sf 
sont  occupés  de  l'étude  générale  des  thromboses  et  des  embolies  ont  cd 
le  tort  de  confondre  dans  une  même  description  ces  accidents  toujours  si 
dissemblables,  suivant  qu'ils  ont  leur  siège  dans  le  système  Teioeu^ 
ou  dans  le  système  artériel.  Cette  manière  d'agir  a  été  la  cause  il'' 
nombreuses  lacunes,  dont  une  des  principales  est  l'oubli  de  la  throm- 
bose spontanée  des  artères.  La  question  de  savoir  si  cette  thrombose  peol 


TaROMUUSKS   ET    EMHOLIES.  627 

exister  iii(té|>eiidaninicnt  de  toulft  niodilicalion  de  la  paroi  vasculairc,  el 
]iai'  le  simple  fuit  Ouiil'  altti'uliou  du  liquide  ^nguin,  mcrile  donc 
nuire  allenlion. 

Dejji,  011  1H63,  j  emeltais  ropiiiioii  que  la  coagulalJon  spontanée  da 
-.;in{;  dans  les  artères  n'était  pas  dt^'inoiilrée  (1).  Le  docteur  Charcul  (2), 
tlepiiis  lors  cherchant  à  élucidin-  celle  question,  an-iva  à  la  eoncluâion 
que,  chez  les  sujets  allciiits  d'niïectioiis  cancéreuses  anciennes,  Ig 
thrombose  arléricIJc  sans  altération  prt'-alablc  de  la  paroi  du  vaisseau, 
pout  se  produire  tout  aussi  hien  quu  la  thrombose  veineuse,  quoique 
o<'lle-ci  soit  inliiùiuent  plus  rréqueiile.  Les  preuves  qu'il  lournil 
sont  les  suivantes  :  1°  quatre  femmes,  mortes  de  cancer  utérin,  présen- 
téi-eut  une  oblitération  absolue  de  l'une  des  artères  sylvienues  par  un 
<-ailliit  dense,  décoloré,  formé  de  couches  fibrineuses  stratifiées,  avec 
ramullisscment  des  parties  conespondanlesdu  cerveau;  2° chez  une  autre 
femme,  toujours  atteinte  de  cancer  utérin,  l'oblitération  de  l'une  des  ar- 
tères fémorales  par  un  thromhus  produisit  une  paralysie  subite  et  com- 
plète des  mouvements,  ainsi  qu'uiieuneslhésie  cutanée  A  peu  près  absolue 
du  membre  coiTespondant ;  3°  chez  deux  autres  malades,  alTi'ctL'es  l'une 
de  cancer  gastrique,  l'autre  d'un  va^^te  cancer  du  sein,  et  plus  tard  d'imu 
^ngréne  sèche  de  plusieurs  doigl5,  le  même  observateur  constata  l'exis- 
tonce  d'une  thrombose  de  l'artère  huniéi-aie.  Or,  cbeï  tous  ces  sujets,  les 
cavités  du  cœur  gauche,  les  veines  pulmonaires,  l'aorte,  explorées  avec 
soin,  ne  présentaient  aucune  trace  de  concrétions  librineuses  ayant  pu 
donner  lieu  à  une  embolie,  et,  d'un  autre  câté,  les  tuniques  des  ortèivs 
nblitérécs  paraissaient  tout  ii  l'ait  saines. 

Ces  faits,  qui  émanent  d'un  observateur  distingué  et  des  plus  se- 
vêifis,  semblent  tout  d'aboiil  ne  devoir  laisser  aucun  doute  dans  l'es- 
prit ;  et  d'ailleurs,  poui-([uoi  la  thi-ombose  spontanée  des  artères  n'existe- 
(■it-elle  pas  aussi  bien  que  la  thromliose  des  veines,  dès  que  l'alténition 
^  qui  présideà  la  coajnilation  ne  diffère  pasdans  les  deux  ordres  de 
kisseaux  'l  Pourtant  j'avoue  u  'être  pas  convaincu,  el,  comme  par  le  pass«, 
B  continue  ii  considérer  l'obturation  spontanée  des  artèi'es,  ou  thrombose 
Itrastiqne,  comme  ù  peu  près  impossible.  En  elTet,  la  thrombose  vci- 
lusn  spontanée  ne  se  produit  pas  au  hasard;  elle  est  subordonnée  non- 
mlemcut  à  unemodilication  du  liquide  sanguin,  maisencoreàna  cnr- 
D  degré  de  stase  sanguine.  C'est  ce  que  prouve,  à  mon  sens,  d'une  faeun 

(1}  E.  Lancereaui,  De  fa  ihrom&oie  el  de  fembolie  etrébrales,  Ihiic  dil  PirU,  1S62> 
(3)  J.-M.  Charcot,  Sur  la  thrombose  orlérielle  qui  auriienl  dans  certaini  cm  de  raocpr, 

caamnnîcktion  i  la  Société  médicale  des  hôpitaui,  *é«nce  du  32  mari  ll)6&.  cl  Vhvm 

MMÈMb,  BoiiT.  tèric,  I.  XXVI,  p.  16&,  1RS5. 


628  ANATOIIIK    PATHOLOGIQOB. 

positive  robservation  des  coagulums  spontanés  des  veines,  lesqudsserai- 
oontrent  toujours  là  oùie  sang  a  le  plus  de  tradanoe  à  la  stase,  c'eiU- 
dire  à  la  limite  d'action  des  deux  farces  d'impulsion  cardial(qeel  d'aspin- 
tion  thoracique.  Or  peut-on  admettre  que,  dans  des  cas  rares  à  la  véniel 
cette  loi  soit  mise  en  défaut,  et  que  le  système  artériel,  q[ai  pobiède  mot 
tension  toujours  plus  forte  que  le  système  veineux,  paisse  à  certai» 
moments  être  le  siège  de  concrétions  n'ayant  d'autre  cause  qu'une 
modification  du  liquide  sanguin?  Je  ne  le  pense  pas,  car,  s*il  en  était 
ainsi,  le  système  veineux  tout  entier  devrait  être  affecté  de  thrombose, 
ce  qui  n'existait  pas  dans  les  faits  observés  par  M.  Charcot«  où  il  est  simple- 
ment question  de  l'oblitération,  par  des  caillots  décolorés,  des  veines 
principales  des  membres  inférieurs.  Par  conséquent  il  y  a  tout  lieo 
de  supposer  que  l'obstruction  des  artères  cérébrales  dans  ces  faits  re- 
oonnaitssait  ou  une  origine  inflammatoire  ou  une  origine  embolique. 

Sans  vouloir  rappeler  que  l'artérite  survient  quelquefois  dans  la  cachexie 
cancéreuse,  et  que,  dans  ces  conditions,  elle  peut  facilement  échapper,  je 
ferai  remarquer  que  l'absence  de  lésions  du  cœur  et  de  coagulums  dans  ks 
cavités  de  cet  organe  n'est  pas  une  raison  suffisante  pour  nier  absolumoit 
l'embolie  ;  nous  verrons  plus  loin  qu'on  rencontre  parfois  dans  les  artères 
cérébrales  des  bouchons  véritablement  emboliques,  des  productions  ver* 
ruqueuses  par  exemple,  lorsque  ni  les  valvules  ni  les  cavités  du  cœur  ne 
présentent  la  plus  faible  trace  de  leur  origine.  Du  reste,  la  paralysie  subite 
notée  dans  l'un  des  faits  en  question  est  beaucoup  mieux  en  accord  avec 
ridée  d'une  embolie  qu'avec  rhypothèse  d'une  thrombose.  Par  consé- 
quent, les  faits  à  l'aide  desquels  on  a  cherché  à  établir  l'existence  d'une 
thrombose  cachectique  du  système  artériel  peuvent  être  différemment 
mterprétés,  et,  comme  ils  sont  en  désaccord  avec  la  loi  générale  suivant 
laquelle  se  produisent  les  thromboses  de  cette  nature,  il  faut  bien  recoo- 
naitre  que  la  possibilité  de  la  coagulation  du  sang  dans  des  artères  saines 
n'est  nullement  démontrée.  Il  en  est  autrement,  comme  nous  allons  le 
voir,  dans  les  cas  où  la  paroi  vasculaire  est  altérée. 

2"  Thromboses  artérielles  mécaniques.  —  Résultat  habituel  d^une  atten- 
tion des  parois  vasculaires,  rarement  produites  par  une  simple  compres- 
sion ces  thromboses  s'observent  dans  les  différentes  parties  du  système i 
sang  rouge,  depuis  les  veines  pulmonaires  jusqu'aux  capillaires  généraux; 
mais  on  les  rencontre  le  plus  souvent  dans  le  cœur  et  les  gros  troncs  ar- 
tériels. Constituées,  dans  les  veines  pulmonaires,  par  des  bouchons  san- 
guins plus  ou  moins  allongés,  elles  se  présentent  assez  généralement  dans 
roreillette  gauche,  sous  la  forme  de  masses  arrondies  et  adhérentes,  ajaot 


TUnOMBOl^ES   ET   EURULIES.  6S9 

Jusqu'au  volume  d'une  crusse  noix  et  plus  {voy.  lig.  208),  ou  bien  sous 
celle  iIl>  concrétions  moins  volumineuses,  moulées  sur  les  replis  ou  les 
colonnes  charnues  de  l'aurioule  (lig.  2lf2),  disposition  qui  peut  aider  à  les 
i-cconnaltie  lorsqu'elles  viennent  à  émigrer.  Communes  au  niveau  des  val- 
vule» cardiaques,  en  raison  des  fréquentes  altùralions  de  ces  petits  or^nes, 
elles  sont  IVITet  tantôt  d'un  processus  plilegmasique  en  voie  d'évolution^ 
lantâl  de  l'obstacle  circulatoire  déterminé  par  ce  processus,  et  dans  ces  con  - 


1 


■ll£rée,ell'oriace 


,  clonl  l'uririlleUe  gauche  ouiertv  en  arrière,  iRitw  voir  deux  cancrf- 
dfveloppéci  à  la  face  interne;  a,  t'auricule.  La  valvule  mitrale  m 
orrra  pondant,  rËIréci,  permet  au  plut  l' introduction  d'undoigid'earanl. 


ditioiiselles  sont  tri's-variables  dt!  Tonne  et  de  volume.  Elles  se  rencontrent 
encore  dans  le  ventricule  gauche  dilaté  ou  enflammé,  le  plus  souvt^ntsous 
l'aspect  de  masses  globuleuses  plus  ou  moins  fermes  ;  elles  se  trouvent  enfin, 
avec  des  caractères  variables,  dans  l'aorte  et  dans  la  plupart  des  artères.  En 
somme,  les  conci-élious  sanguines  auloch thunes  du  syslème  à  sanjc  rouge, 
I  ylindriques  dans  les  branches  de  la  veine  pulmonaire  et  dans  les  troncs 
.ii'tériels  de  petit  calibre,  se  présentent  sous  forme  de  masses  globuleuses  ou 
sphériques  dans  les  cavités  cardiaques  et  dans  l'aorte,  tandis  qu'elles 
siml  disposéi-s  par  couches  concentriques  lorsqu'elles  occupent  un  vaîs- 
si-iiu  dilata  ou  une  poche  auévrysmalique. 

Ces  concrétions,  c^inmie  celles  des  veines,  sont,  pour  la  paroi  sur  la- 
i|uelle  elles  reposent,  de  véritables  corps  élrangers  qui  ne  tardent  pas 


•M  jn&nmiR  rxirnoonioi. 

krirritfiretàamenerlartHinattonde  jeunet  àUraiatt  ocgldMklH.  Le 
caillot  san^in  de  petit  Tolame  est  ptn'é-feà  mntkUflfé'iSSimialt 
ambryoniiaires,  oonlbiidus  à  tort  avec  Jas  téonocytéa  Ha  aMi|^M^  |v 
t«ur  déTeloplpemeBt,  peuvent  hira  àroim  à  rorglÉiii^HBM'  4b  umk 
masse  ;  le  caillot  vdoraÏBénx,  plus:  dîffidlemfUt  «nfakt-pH«M^<lfBMBbi 
se  fixe.«a  ftivéan  du  poiht  en  éoDlaot  aTeoJapUoi'vMcailf^  taàM 
oe  temps,  ies  ^obules  et  la.fibrin6  se  modifiait  daiUila  patiatcastiil»* 
la  concrétïoit,  qui  devient  granuleuse,  et  se  trensTnine  en  vue  e^ 
d'émulsion  griiisseusc,  d'où  résullt-  une  sorte  de  kyslc  tibrineox.  GmI 
deux  conditions  mérileiit  de  nous  airi^liT.  I 

Si  le  ttirombus  est  de  petit  volume,  comme  dans  tes  cas  où  il  oo^  | 
une  artère  de  moyen  cnlibre,  les  éirmeiits  ou  cellules  ronrli-»  >inbrj«- 
naires  do  nouvelle   rormation,  développés  loiil  d'«W 
JHM  <-ntrc    lu    pntoi   vasculaire  et  le  caillot, 

B9  peu   il  peu   dans  ce  dernier,  se  ti-ansFormont  m  (afl 

^^1  l'usironne,  puis  en  un  tissu  fihrillaire  qui  par  s< 

Hy  houclK*   le   ralibre  du  vaisseau.   Ce   processus,  dm' 

Wt  cours  duquel   les  éléments  du  caillot  se  ti-ounitf> 

''  il   pfiu  réaorlx^s,   est   à  tort  regardé  par  quelqHt 

209.  —  tcui^s  (Rubiioiï)  comme  un  processus  d'orgsiùll 
.  (lu  tlirombus,  car  ce  ne  sont  pas  les  parties  W 
raie  cinq  jouri  tuantes  du  caillotqui  s'organisent,  mais  bien  leséléiMot^ 
dS'cè  vaJMMu!  provenant  de  la  végétation  de  la  paroi  vasculaire  («!■ 
(Demi-nsture.)     plusbaut,  p.  617). 

Le  travail  qui  s'accomplit  à  la  suite  d'une  ligature  artérielle  (to!" 
lîg.  209)  ne  diflère  pas  de  celui  que  détermine  le  simple  coniid  S* 
boucbon   Rbrineux,   à  moins  de   circonstances   spéciales   am^iul  " 
suppuration  de  la  paroi  artériellei  Irritée  par  la  ligature  et  par  la  [wésffl*  1 
du  coagulum  sanguin,  la  membrane  interne,  et  peut-être  simpleme"!"' 
coucbe  endolbéliale,  végète  et  donne  naissance  à  de  jeunes  élémen»^ 
suivent  les  phases  d'une  orpnisatîon  définitive,  de  sorte  qu'il  ïi»i* 
moment  où,  par  suite  de  l'altération  et   de  la  résorption  de  sa  F"*^ 
centrale,  le  bouchon  est  transformé  soit  en  un  cylindre  creux,  cuJ^ 
sation  du  ibrombus,  soit  en  un  cordon  fibreux  qui  rapproche  les  p"^ 
du  vaisseau  dont  il  diminue  le  calibre. 

Si,  au  contraire,  un  tbrombus  volumineux,  situé  dans  le  cœvr  ooitf' 
l'aorte,  n'adhère  que  par  un  point  à  la  paroi  vasculaire,  il  se  ^ùdai  ** 
ce  point  un  tissu  d'organisation  qui  ne  parvient  pas  toujours  fc  «it«Io|>P''{ 
complètement  la  concrétion.  Celle-ci  éprouve  bientôt  des  modiSo''*** 
importantes,  et  ne  tarde  pas  à  subir  une  altération 


TUnOMDUSËâ   KT   EMBOLIES.  CM 

«use  qui,  des  parties  centrales,  gngnc  peu  &  peu  lu  circonrérenctt. 
*ar  suite  de  cette  altération,  il  se  produit  au  centre  du  caillot  d'aliord 
lu  ramullissement,  puis  une  véritable  liquéraction  des  couches  les 
iilus  profondes  que  niaintienneut  en  place  les  couches  les  plus  exté- 
nt!ures.  La  troiisfurmation  du  thrombus  en  un  kyste  Olirineux,  con- 
Foudu  pcndaut  longtemps  avec  un  abcès,  n'est  pas  sans  danger  pour 
l'organisme.  Indt^pendamment  de  la  géiie  circulatoire  qu'il  déter- 
taiiie,  ce  kyste  peut  se  rompre  dans  les  points  où  manque  l'organi- 
salion,  et  s<}n  contenu,  déversé  dans  le  sang,  produit  des  phénomènes 
|j1us  ou  moins  graves  qui  rappellent  assez  bien  les  symplAines  de 
l'iiirection  purulente  et  des  lésions  locales  qui  semnt  étudiées  plus 
loi»  [vo\.  p.  6Ù3).  Telle  est  la  marche  de  la  thrombose  artérielle, 
que  Umtôl  elle  aboutit  à  l'ohlitération  complète,  sinon  au  rétablisse- 
mi-nt  du  calibre  du  vaisseau  afTeclé,  tnntt^t  k  la  production  d'un  kyste 
lihrineux  qui  peut  rester  slalionnaire,  mais  qui  parfois  aussi  se  rompi 
•-■l  iiifpcle  l'organisme.  Dans  quelques  circonstances  cependant,  et  parti- 
4:ulièrement  lorsque  la  coagulation  sanguine  a  lieu  dans  une  poche 
iinévrysmale,  le  thromhus,  rornié  de  iibrîne  disposée  par  couches  con- 
centriques, ne  subit  aucune  modilicalion  sensible.  Ainsi  la  gravité  de  la 
thruinbose  ai'térielle  mécanique  dépend  des  conditions  dans  lesquelles 
s«  développe  le  thromhus,  de  son  volume,  de  son  siège,  comme  aussi  de 
I  importance  fonctionnelle  de  l'organe  consécutivement  altéré. 

Ètiologie  et  pathogénie.  —  Les  causes  éloignées  de  la  thrombose  arté- 
Tii^lli'soiit  toutes  les  maladies  qui  localisent  leurs  effets  sur  le  cœur  gauche 
''1  le  système  artériel  :  le  rhumatisme,  la  goutte,  le  saturiiisnic,  la 
SîTliilis,  etc.  Les  causes  prochaines  sont  les  lésions  qui  résultent  de 
l'îictionde  ces  maladies,  l'endocardite,  Inmyocardile,  l'artérite  et  leurs  con- 
fluences diverees,  les  rétréoissenients  des  orifices  du  cœur,  la  dilatation 
' '^rdiaque,  les  alhéromes,  les  anévrysmesdes  artères,  etc.  L'une  des  plus 
'  ""munes  parmi  ces  lésions  est  l'endocardite  rhumatismale  (1).  qui  déter- 
mine l'altération  de  la  valvule  mitrale  et  amène  le  retrait  de  l'orihce  du 
"lémeiiom,  condition  favorable  il  la  production  des  concrétions.  Viennent 
"■nsuile  l'artérite  et  ses  suites,  l'athéromc  artériel  et  les  différentes  variétés 
u  >névrysmes.  La  raison  pour  laquelle  le  sang  se  coagule  dans  tous  cescas 
'■s' son  contact  avec  une  surface  dépolie,  modiliée  comme  dans  l'arlérita, 
■"wrée  comme  dans  l'alhérame,  mais  toujours  dans  un  étal  qui  diffère 
*'*  lélal  normal;  c'est  encore  la  tendance  à  la  stase,  comme  dans  les 


")  C«l«  GDdocvdile  est  notée  dnn) 
s  ma  Thtsp  inaugurale. 


■j^nibl^  ilam  m 


n  île»  cai  d'embolie  cérébrale,  ( 


632  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

anévrysmes,  la  myocardite  et  le  rétrécissement  des  orifices  cardiaques. 
La  calcification  des  artères  agit  dans  le  même  sens  ;  de  plus,  elle  tend  à 
produire  la  coagulation  du  sang  par  les  rugosités  et  les  saillies  qu'elle  déter- 
mine à  l'intérieur  du  vaisseau. 

Les  tissus  pathologiques  envahissent  peu  les  artères,  et  partant  ils  sont 
des  causes  relativement  rares  de  la  coagulation  sanguine  à  rîntérieor  de 
ces  vaisseaux.  Le  traumatisme  est  une  cause  plus  commune,  quelquefois 
provoquée  intentionnellement  dans  le  but  de  mettre  un  terme  à  une  bé- 
morrhagie  ou  de  diminuer  les  phénomènes  de  nutrition  d'un  organe.  Ea 
pareil  cas,  la  thrombose  est  le  résultat  de  l'obstacle  apporté  au  cours 
du  sang  et  de  Taltéralion  de  la  tunique  interne  du  vaisseau. 

Certains  corps  étrangers,  comme  des  aiguilles,  des  grains  de  plomb,  des 
esquilles  ou  des  (ils,  sont,  dans  quelques  cas,  l'origine  d'une  thrombose 
artérielle  (1).  La  coagulation,  commençant  autour  du  corps  étranger, 
se  trouve  ainsi  dans  des  conditions  peu  favorables  à  son  adhérence  aiee 
la  paroi  vasculaire,  et  partant  elle  a  plus  de  tendance  à  émigrer. 

Cette  coagulation  qui  a  lieu  au  contact  d'un  corps  étranger  solide  intro- 
duit dans  le  sang  nous  permet  de  comprendre  le  mode  de  formatioD  des 
concrétions  sanguines,  dans  les  cas  d'altération  de  la  paroi  artériellf. 
Toute  modification  ou  destruction  de  la  couche  endothéliale  étant  pour 
le  sang  une  condition  anormale  qui  le  place  pour  ainsi  dire  en  présence 
d'un  corps  étranger,  le  défaut  d'intégrité  de  la  membrane  interne  panî! 
être  ainsi  la  principale  cause  de  la  thrombose  inflammatoire;  maison 
peut  ajouter  qu'une  gêne  circulatoire  vient  somment  en  aide  à  cette  cause, 
puisque  lalléralion  des  parois  vasculaires  est  toujours  une  condition 
fâcheuse  de  circulation. 

H.  —  Embolies  artérielles. 

Les  embolies  du  système  cardio- vasculaire  à  sang  rouge  sont  des  acci- 
dents pathologiques  consistant  dans  l'obstruction  d'un  vaisseau  artériel  par 
le  déplacement  d'une  concrétion  librineuse  ou  de  tout  autre  coip 
étranger. 

Epiphénomènes  d'un  grand  nombre  de  lésions  du  cœur  ou  du  système 
artériel,  ces  embolies  peuvent  occuper  les  différentes  pailies  de  ce 
système  ;  mais  elles  se  rencontrent  de  préférence  dans  quelques  orpine>. 
Tiotamnient  la  rate,  les  reins  et  le  cerveau.  On  les  observe  encore  aux 

(1)  S.  Luugier,  Biiiietin  de  la  Société  anatomique,  1849,  t.  XXI V,  p.  334. 


EHDOLIES.  633 

i,  raniment  dans  le  foie  ot  ios  poumons.  L'élude  de  ces  accidents 
comprend  la  description  de  l'embolus,  celle  de  l'altéralion  de  la  paroi 
A  son  contact,  et  enfin  l'étude  des  modilications  subies  par  les  tissus  et 
les  organes  dont  l'artère  noun-icière  est  obliléréc 

Le  corps  migmloirc  ou  pinbulus  est  en  général  un  caillot  san- 
guin ,  un  thronibus  déplacé  ; 
plus  rarement  il  est  consti- 
tué par  un  tissu  organisé,  vé- 
gétation papilliforme  ou  vemi- 
queuse  des  valvules  cardiaques 
(voy.  fip.  210).  Une  fois,  Je  l'ai 
trouvé  Tormé  par  un  néoplasme 
c;incéreux;  «ne  autre  fois,  il 
consistait  en  une  masse  calci- 
fiée du  volume  d'un  gmin  d'orge 
(voy,  ma  Thèse  inaugurale), 
primitivement  développée  sur 
la  valvule  mili-ale.  Emporté  par 
le  courant  sanguin,  ce  Oflrps 
s'arrête  au  point  de  bifurca- 
tion des  artères,  ou  bien  à 
l'endroit  où  (wlles-ci  se  réli-é- 
cissent  rapidement  après  avoir 
Tourni  des  branches  collatérales. 
I..es  gros  bouchons  chevauchent 
parfois  sur  l'angle  de  bifur- 
cation, et  s'engagent  dans  les 
deux  ranittications  ;  mais  ils 
n'adhèrent  pas  tout  d'abord 
auv  parois  vasculaires,  etils  se 
distinguent  ainsi  des  thrombus 
aulDchlliones.  Lorsque,  par  ha- 
sard, ces  bouchons  n'oblitèrent 
|)as  toute  la  lumière  du  vais- 
seau, leur  présence  et  l'en- 
trave ipiila  jipporlent  à  la 
circulation  déterminent  la  for- 
mation de  déplais  sanguins, 
qui  ne  lardent  pas  à  rendre  l'ubslrnction  complète.  Ces  dépôts  forment 
bouchon  migratoire   une  enveloppe   qui  le  délîgiire,  mais  qui  ne 


Fie.  '2\<l.  —  A,  valvule  mitrule  potlanl  un?  v£- 
gtUlinn  verruqueuBe  a,  et  préteatanl  toul  i 
cAlâ  une  surtice  dépolie  et  gnnoleuu,  ùége 
J'impliintattoii  d'une  semblable  vigclntion  dé- 
tachée et  IrHasportée  ilini  l'arKro  Téfflortle  ; 
b,  srlèic  rémorale  obstruée  au-detiui  del'éiie- 
ron  de  la  r£aiorale  profonde  par  la  tégélatioii 
Tfllvulalrs  déplacée,  et.  i>lu»  bai.  par  de>  eail- 
IdIi  McanJpire».  D,  arlËia  ajlvîenne  uuvene 
de  Cncon  '^  montrer  un  liuuchun  lerruqueux 
provenant  delà  valiruts  milrale;  on  trouve  der- 
rière ce  bgucliDn  dea  cailluti  secondaires  e. 


^M   Aouchon 


634  A5ATOMIE  PAnOtdOQOL 

peat  empêcher  de  le  reconiiaitre  si  Te*  j  prte  «i  peu  d'attenlioiL  ESec- 
tÎTemeot,  ce  caillotoompléiDenlaire  le  plas  âoiii«Ht  ■ûiniire,  esl,da  moiss 
dans  le  principe,  bdle  à  séparer  de  TembûAB  jaaggîp,  qui  est  fénne, 
arrondi,  déchiré,  et  ordinairement  de  teâle  jaunâtre.  La  chose  est  phi 
simple  encore  lorsqu'il  s'agit  d'embohis  iovaés  et  tissas  organisés,  de 
masses  calcaires,  etc.  Plos  tard,  le  dtarwarOiCy  qarâiae  plus  difficile,  eâ 
encore  possible,  sortoot  pour  ces  derniers  cas^ 

Indépendamment  du  caillot  compléiii>wlaire^  il  se  lorme  quelquefois  ei 
aTant  de  rembolus,  jusqu'à  la  brandie  coHatérate  la  plus  prodie,  coauBe 
à  la  suite d*ane  ligature,  un  caillot  ou  throoibas  secondaire  anténeur.Ufl 
thrombus  de  même  ordre,  ou  thrombus  pûstérîeur,  se  produit  plus  soe- 
Tent  en  arrière  du  bouchon  primitif,  et  cela  an  boot  de  quelques  jours, 
par  le  (ait  du  rétablissement  de  la  circulation  cotktêrale  <  tôt.  fig.  210)  ;i). 
Cest  par  suite  de  la  connaissance  que  j'arais  de  ce  caillot  secondaire  que, 
dans  ma  thèse  inaugurale  1 1862),  j'ai  le  premier  cherché  Teiplication  dt 
rhémiplè^  survenant  deux  ou  trois  j«>urs  après  la  ligature  duoe des 
artères  carotides.  Celte  ligature  interrompant  toot  à  coup  la  ris  à  terft, 
il  se  (ait  dans  la  partie  supérieure  de  ce  vaisseau  une  circulalion  ei 
retour  par  le  cercle  de  Willis,  et  le  sang  arrêté  aiHiessiK  du  lien  se  coagule 

Quelle  que  soit  sa  nature,   Tembolus  est  pour  la  paroi  artérielle  ui 
corps  étranger  dont  ie  contact  l'irrite  et  renSamme^  Au  niveau  des  points 
irrités  se  montrent  des  éléments  noov»^dax«  qui  peu  a  peu  s'elend^^Dli 
toutr-  b  cir  N.nîVivnee  du  b«juchoo.  ♦>>  r-lr-œnts.  pn>iuits  par  la  vefifU- 
tion  A*^  tisiui  de  la  paroi,  probablemeul  des  en!d<>tiieliums,  s*jnl  d  abuH 
><riibUbIr->  aux  cellules  embnonnairv-s,  puis  iU  s'alloujrent  t-l  devieniit'Dl 
l'ii if  •mies  :  c'est  ainsi  qu'ils  se  pn-sentriit  urdiuairemeal  a  l'ubsenalioo. 
Ils  se  transforment  ontin  en  un  tissu  o^njouotif  dbrillaire  qui  se  vascul»- 
ris*.',  continue  de  vi\Te.  et  rend  r«-»bslnjction  permanente. Dans  quelques 
«as.  I^s  ch'jses  s^f  passent  differemra*fnt  :  ou  bien  le  tissu  organisé c^isr 
tir  vi\T»-.  ser  r«rsorU*.  et  le  calibre  du  vaisseau  se  rétablit  en  partie,  conuû^ 
y-  lai  vu  une  fois  p^jur  l'artère  de  SUvîus,  qui,  après  plusieurs  années* 
^Hail  simpl^m^fnt  rétreoie  (dz.  21 1  :  ou  bien  le  n*»uveau  produit  adhère ^û^ 
une  (aible  *  tendue  de  la  paroi  artérielle  i^ui  ne  suit  pas  le  caillot  dans 
retrait,  et  laisse  libre  une  partie  de  sa  lumière.  Cnielquelois  enfin  leliss 
organisé  qui   a  remplacé  le  thrombus  est  tellement  vascularisé,  qui  — 


•i,   L&  p2apart  des  aateim  ne  porleat  que   da  caillot   «CDodaire  intérieur.  ct< 
à-tlin?  da  caillot  qui  se  produit  quelqut^ftxs   i   T.^xtnîniiUî  d«  l  embolns  li  plus  ^om     - 
da  C'Zor;  qxiaiit  ta  caillot   secondaire   pi^stiîriear.   ils  n'en  disent  mot,  ti  c^pfOfl*^^ 
c'est  celui  que  j  li  prc9(|ifee  toajoars  r»>occinrn>. 


THROMBOSES  ET  EMBOLIES.  635 

forme  une  sorte  de  tissu  érectile  dont  les  vaisseaux  en  contact  se  détrui- 
sent peu  à  peu  et  se  vident  les  uns  dans  les  autres.  Toutefois,  le  malade 
ne  tire,  en  général,  aucun  proGt  du  rétablissement  de  sa  circulation, 
car,  pendant  le  temps  qu'a  duré  l'oblitération,  il  s'est  fait  des  lésions 
irréparables  dans  les  tissus  desservis  par  les  divisions  de  l'artère 
obstruée.  Lartérite  consécutive  à  la  présence  d'un  embolusest  une  artérite 


Fi6.  211.  —  Le  cercle  artériel  de  Willis  et  les  artères  qui  contribuent  à  le  former.  L'artère 
sylvienne  gauche,  siège  d'une  embolie  ancienne  (7  ans  environ),  est  diminuée  de  calibre, 
mais  libre  ;  les  artères  communicantes  antérieure  et  postérieure  du  même  côté  sont  filiformes. 

localisée,  circonscrite,  proliférative  ou  adhésive  ;  il  n'y  a  d  exception  à  cette 
règle  que  dans  les  cas  où  le  bouchon  embolique  provient  d'un  foyer  de 
suppuration  ou  de  gangrène.  Cette  dernière  condition,  dans  laquelle  Tem- 
bolus  exerce  une  action  différente  sur  la  paroi,  provoque  une  artérite 
suppurative  ou  gangreneuse. 

Les  effets  de  Tembolie  ne  se  limitent  pas  à  Tartère  obstruée;  ils 
s'étendent  au  territoire  organique  alimenté  par  ce  vaisseau,  et  accès- 
soirement  à  la  zone  plus  excentrique  nourrie  par  les  branches  vas- 
cataires  chargées  de  la  circulation  en  retour.  Dans  ces  deux  régions,  les 
effets  immédiats  de  l'obstruction  sont  précisément  inverses.  Dans  le  terri- 
toire qui  correspond  à  l'artère  obturée,  c'est  la  diminution  ou  la  suspen- 
sion totale  de  l'afflux  sanguin,  l'immobilité  de  la  colonne  sanguine  derrière 
l'obstacle,  Tischémie  ou  une  anémie  totale  ;  dans  la  zone  circonvoi- 
sine,  c'est  une  fluxion  compensatrice,  avec  dilatation  ou  même  rupture 
vasculaire  déterminée  par  le  vide  qui  s'est  lait  derrière  l'arrêt  circula- 
toire produit  par  l'embolus.  En  somme,  ces  désordres  dépendent  de  la 


636  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

présence  ou  de  Tabsence  d'une  anastomose  artérielle  au  delà  de  Tob- 
stacle.  Si  cette  anastomose  existe,  le  sang  affluera  bien  vite  par  cette  voie 
collatérale  dans  la  distribution  périphérique  de  l'artère  obstruée,  et  les 
ciïets  de  Tembolie  seront  insignifiants.  Que  si,  au  contraire,  l'artère 
bouchée  se  capillarise  directement,  sans  présenter  d'anastomose  préalable; 
si,  en  un  mot,  elle  constitue  une  artériole  terminale,  il  y  a  absence  to- 
tale de  circulation  dans  toute  sa  distribution  capillaire,  et  même  dans  le 
tronc  veineux  qui  lui  fait  suite  jusqu'au  point  où  celui-ci  s'anastomose 
avec  une  autre  veinule  où  la  circulation  se  fait  librement  (1).  Le  sang  re^ 
flue  de  ce  point  vers  les  capillaires,  où  la  tension  est  presque  nulle,  et 
détermine  bientôt  un  engouement  véritable  du  pinceau  capillaire  corres- 
pondant à  l'artériole  oblitérée,  et  même  de  petites  hémorrhagies,  comme 
on  peut  s'en  assurer  par  l'e^Tpérimentation.  Par  conséquent,  les  phé- 
nomènes ultérieurs  à  l'obstruction  embolique  d'une  artère  différent 
selon  qu'il  s'établit  ou  non  une  circulation  collatérale  suffisante  pour  com- 
penser aussitôt  l'ischémie.  Dans  le  premier  cas,  l'embolie  n'a  pas  d'autre 
suite  anatomique  que  la  lésion  pariétale  du  vaisseau  obturé  ;  mais  si  h 
circulation  compensatrice  est  insuffisante  ou  nulle,  l'ischémie  persiste 
dans  les  parties  alimentées  par  ce  vaisseau,  et  entraîne  à  sa  suite  une 
altération  irréparable,  qui  présente  à  peu  près  partout  les  mêmes  phases 
d'évolution. 

A  l'ischémie  succède  bientôt  la  stase  sanguine  des  vaisseaux  situés 
derrière  l'obstacle.  Les  tissus  en  rapport  avec  ces  vaisseaux  se  tumé- 
fient, et  font  à  la  surface  de  l'organe,  la  rate  par  exemple,  une  saillie 
plus  ou  moins  considérable;  ils  sont  infiltrés  de  sang,  indurés, 
et,  à  la  coupe,  semés  de  taches  rouges  ecchymotiques.  La  cause  de 
ces  ecchymoses,  diversement  interprétée,  a  été  attribuée  par  plusieurs 
auteurs  à  une  hypérémie  collatérale;  mais  les  recherches  expérimentales 
de  Cohnheim  ont  montré  qu'elles  sont,  ainsi  que  nous  l'avons  signalé 
autrefois  (Thèse  inaug.)»  '^  conséquence  de  l'altération  de  nutrition  despa- 
rois capillaires  et  des  veinules  sous  l'influence  de  la  suppression  de  la  circu- 
lation :  telle  est  la  lésion  connue»  sous  le  nom  d'infarctus  hémorrkogiqut 

Plus  tard,  c'est-à-dire  après  environ  quinze  jours  pour  le  cerveau,  la 
coloration  rouge  ou  violacée  fait  place  à  une  teinte  jaune  de  plus  en  plus 

(1)  Les  organes  qui  ont  des  artère»  terminales  sont  :  la  rate,  les  reins,  le  cor- 
veau,  la  rétine  et  les  poumons  dans  leurs  parties  sous-pleurales.  Aussi  ces  orgintt 
sont-ils  le  siège  ordinaire  des  lésions  nécrosiques  consécutives  à  l'oblitération  arté- 
rielle. Ce  n'est  pas  que  ces  lésions  ne  puissent  se  produire  dans  d'autres  régions  Ja 
corps  munies  d'artères  anastomosées;  mais  alors,  elles  sont  dues  à  des  obturaUoos  embo- 
liques  multipliées. 


TiinininosES  et  iîmiioues.  Gï7 

^produite  par  l'alléralion  granuleuse  el  la  transformation  grais- 

ijfes  éléments    privés  des    sucs    nutritiTs,   et   même    des    glo- 

Inguins  à  lelatde  slase  et  dont  la  matièra  colorante  peut  cris- 

i^voy.  p.  508).  La  consistance  Je  i'infarctus,  dnns  cette  seconde 

rvaric  suivant  Tur^tàne  atTecté;  elle  est  en  gt^néral  d'autant  plus 

|De  lu  tissu  fibreux  est  plus  abondant  et  la  trame  organique  plus 

ttcellecirconstiincea  valu  Jk  l'altération  des  dénominations  diverses, 

■celle  d'induration  javne,  lorsqu'elle  siège  dans  la  rate,  celle  de 

tttsement  jaane,  quand  elle  occupe  le  cerveau. 

is  une  dernière  phase  enlin,  les  éléments  des  tissus  transformés,  ré- 

pour  ainsi  dire  à  l'élal  démulsion  graisseuse,  rarement  iuliltrés  de 

ilcaires,  sont  peu  à  peu  résorbés  non- seulement  par  les  tissus  voi- 

uiais  encore  par  le  développement  â'une  membrane  de  nouvelle 

lion  dans  In  zone  voisine  des  tissus  nécrosés.  Alors  se  produisent 

iprcssions,  par  suite  de  la  disparition  des  éléments  transformés  et 

rêtraclion  des  tissus  (voy.  (ig.  IHS,  p.  509).  Ces  dépressions,  plus 

ains  profondes,  donnent  une   physionomie  et   une  forme   toutes 

IB  il  l'organe  lésé ,  qui  est  ainsi  couvert  d'une  ou  plusicui-s  cicatrices. 

Iques  cas  où  les  éléments  altérés  forment  une  masse  trop  consi- 

i^ur  être  résorbée,  il  se  produit  des  foyers  k  contenu  lactescent, 

toujours  confondus  à  lort  avec  des  abcès,  ou  encore,  comme  je 

Dur  le  cerveau,  des  sortes  de  poihes  kystiques  qui  renferment  une 

^nlilé  de  sérosité  (pi.  XLIV,  fig.  2,  de  mon  Allas  d'mialoniie 

igue).  Telle  est  pour  les  organes  la  succession  des  changements 

ilifs  à  l'obstruction  des  artères;  dans  les  membres,  les  choses  se 

ie  la  même   façon,  avec  cette  différence   que    le  contact  de 

jélermine  une  sorte  de  momilication. 

le  de  ces  altérations  est  nécessairement  en  rapport  avec  le  mode 

ution  de  l'artère  oblitérée  ;  elle  représente  dans  la  rate  une  zone 

transversale  et  plus  ou  moins  large  ;  dans  le  rein,  un  cùiu- 

hase  est  à  ta  périphérie,  etc.  De  même,  leurs  caractères  extérieurs 

Len  raisonde  la  structure  de  l'organe  alTecté  et  des  conditions  parti- 

du  milieu  qui  lui  est  propre.  Le  ranioLHssemenl  si  i-apide  du  cer- 

ï  ainsi  l'elTet  du  peu  de  consistance  decel  organe,  et  les  phénomènes 

fication  présentés  par  les  membres  sont  certainement  dus  à  l'éva- 

ïncessante  qui  s'opère  à  leur  surface.  Quelle  que  soit  leur  pbysio- 

Ite  lésions  organiques  consécutives  il  l'embolie  artérielle  sont  des 

ta  fiérieux,  puisqu'elles   aboutissent  fatalement  à  la  destruction 

au.  Toutes  choses  égales  d'ailleurs,  leur  gravité  est  en  raison 

de   leur  étendue  et  de  l'importance   fonctionnelle  de   l'organe 


638  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

altéré.  C'est  ainsi  que  les  embolies  des  branches  des  artères  splénique 
et  rénale  sont  en  général  peu  redoutables,  tandis  que  TeniboHe  des  artères 
cérébrales  constitue  une  affection  grave,  et  que  celle  du  tronc  basilaire  est 
rapidement  mortelle.  L'embolie  des  artères  des  membres  est  à  craindre 
en  raison  de  son  étendue  et  de  ses  conséquences  ;  il  n'est  pas  rare  de  voir 
une  gangrène  compliquer  la  nécrose  qui  se  produit  en  pareil  cas. 

Étiologie  et  pathogénie.  —  Les  embolies  artérielles  ont  pour  origine  des 
concrétions  sanguines  détachées  de  leur  point  d'implantation,  c'est^nlire 
des  thrombus  des  veines  pulmonaires,  du  cœur  ou  de  l'aorte.  Rarement 
alTectées  de  thrombose,  les  veines  pulmonaires  sont  exceptionnellemeat 
le  point  de  départ  des  embolies  artérielles.  Le  cœur,  siège  fréquent  de  con- 
crétions, en  est  la  source  la  plus  commune,  l'aorte  vient  ensuite.  Celles 
de  ces  concrétions  qui  ont  le  plus  de  tendance  à  la  mobilisation  sont 
principalement  celles  qui  occupent  les  valvules  du  cœur  gauche,  à  cause 
sans  doute  du  choc  qu'à  chaque  ondée  sanguine  éprouvent  ces  organes: 
aussi  l'embolie  artérielle  est-elle  un  fait  commun  chez  les  personnes  qni 
ont  eu  des  attaques  de  rhumatisme  articulaire  aigu,  maladie  dans  laquelle 
les  valvules  du  cœur  gauche  sont  fréquemment  atteintes  (voyez  ma  Thèse 
inaugurale,  p.  k^). 

Indépendamment  des   concrétions  sanguines,  certaines   végétations 
organisées,  et  en  forme  de  verrues,  des  valvules  cardiaques  peuvent  éiw 
emportées  par  le  courant  sanguin  jusque  dans  une  artère  cérébrale,  oo 
dans  une  artère  des  membres,  d'autant  plus  que  ces  végétations  soiA 
ordinairement  implantées  sur  la  valvule,  à  l'aide  d'un  pédicule  assez 
mince  (fig.  210,  a).  Les  embolies  calcifiées  ne  sont  que  des  végétations  de 
ce  genre,  ou  des  concrétions  librineuses  incrustées  de  sels  de  chaux  (Thèse 
inaug.,  obs.  VI,  p.  87).  Des  fragments    de  valvules  cardiaques  dans 
certains  cas,  et  principalement  dans  l'affection  décrite  sous  le  nomd'en^ 
cardite  ulcéreuse,  sont  quelquefois  transportés  au  loin,  et  peuvent  obturer 
des  vaisseaux  artériels   importants;  plus  rarement  enfin,  ce  sont  des 
masses  cancéreuses  qui  constituent  la  matière  de  Tembolus,  ainsi  que 
je  l'ai  vu  dans  un  cas  {Bull,  de  la  Soc.  anat,,  1859,  p.  515).  Lanatmv 
de  Tembolus  dans  ces   faits  est  la  meilleure  preuve  de  la  migration 
du  corps  étranger;  elle  met  certainement  hors  de   doute  l'existence 
de  l'embolie. 

Le  mécanisme  de  ce  phénomène  est  facile  à  comprendre.  Sous  l'in- 
fluence d'une  émotion  ou  de  toute  autre  cause  susceptible  d'activer  la  ci^ 
culation,  une  concrétion  sanguine  ramollie  ou  peu  adhérente  aux  parois 
vasculaires ,  une  végétation  ou  toute  autre  production  polypiforme  battue 


^^^^■^  TBRUItinilSES    ET   t.MBOLIES.  039 

le  «ouninl  sanguin,  est  délachoe  de  son  point  d'iraplantalion,  et  Irnns- 
[ée  par  ce  courant,  jusqu'il  ce  qu'un  obstacle,  on  le  «ililire  du  vais- 
]  dans  lequel  elle  s'est  engagée,  la  force  à  s'ari**!lpr.  L'embolie  arté- 
II!  niusi  constituée  est  donc  un  phénomène  toujours  secondaire;  en 
.  cas,  elle  est  l'un  des  accidents  les  plus  propres  k  mettre  en  évidence 
jlidaritc  des  ncles  pathologiques,  l'n  individu  contracte  un  rhumatisme 
culaire  aigu,  dans  le  cours  duquel  se  développe  une  endocardite.  La 
BU  de  l'endocarde  est  le  premier  effet  du  désordre  matériel  général  do 
anomic  ;  mais  bientôt  celte  lésion  détermine  la  Tormalion  de  concrélion& 
gniiies  qui  viennent  augmenter  le  Irauble  circulatoire;  puis,  à  un 
ain  moment,  ces  concrétions  modifiées  ou  ramollies  sont  détachées  et 
■sportées  par  le  cours  du  sang  jusque  dans  une  branche  artérielle  ; 
elles  interceptent  la  circulation,  puis  les  parties  privées  du  liquide  nu- 
if  se  mortifient,  deviennent  des  corps  étrangers  pour  les  tissus  voisins 
elles  irritent;  ceux-ci  à  leur  tour  s'enilammenl,  et  donnent  naissance  k 

éléments  nouveaux,  qui,  par  leur  organisation,  contribuent  lout  à  la 
i  ù  la  résorption  des  parties  mortifiées  el  k  la  réparation  en  produisant 

tissu  de  cicatrice. 

IrELTOCBAPiiLE.  —  W,  GoCLB,  PliUosophkol  TransiicUotts,  168!|,  vol.  XIV, 
12.  — HiJFFMAH,  De  judiciû  sattgiùnis,  Opéra  omma.  GenËvc,  17fiO,  p.  167 
168.  —  Th.  BoNCT,  Sepuhhretum,  liv.  lî,  p.  430,  obs.  92  el  93.  — 
>  SwiETEN,  Commentmia  in  Uermimni  Boerhamii  Âphorism.  Pai'is,  175.>,  t.  If, 
010.  —  J.  CBOVEH-aiEB,  Atlas  ,ranut.  pathûl.,  t  1,  Uï.  2,  pi.  Il  ct  III,  et 
iî/f  d'iaiat.  fialh.  gêtiérah,  l.  IV,  p.  227  el  826,  18W.  — C.-J.  Legkoux, 
hcrrhci  sui-  les  concrétions  sanguines  dites  polypiformes  développées  ptmdanl 
>r.  ThÈse  de  Paris,  1827.  —  Le  mfme,  Gai.  hebd.,  1860,  p.  23,  56,  83. 
\i  iBEBT,  Recherches  sur  une  ocdiision  peu  connue  âes  viisseaia:  iirtéricls  con~ 
l'S  comme  caiisc  de  gangrène.  Thèse  de  Paris,  1828.  —  Barth,  Obsen\  (Ftme 
itfration  eimpHte  de  l'aorte  alAominule  {Arch.  gén.  de  méd.,  série  2,  t.  VIII, 
iS).  —  ScHHousE  KmsES,  On  some  of  the  principtil  E/feets  remlting  front  ihe 
mùltment  of  fibrinouK  deposits  from  the  interior  ùf  the  lieiirt,  elc  (Med.  chimrg. 

turf.,  1852,  t.  XXXV,  p.  281).  —  R.  Vibchûw,  .irchiv  f.  path.  Amt.  wid 
4.,  t.  1, 1847,  ct  Gesamm.  Abhandlung  sur  wissemchaftl.  Medicin.  Frank- 
j856.  —  J.-M.  CiiARcoT,Gfl;.  méd.  de  Paris,  1859,  p.  282-  —  II.  Cuhn, 
Ni  der  emiiolLichen  GeftUskraiikheitm.  Berlin,  1860.  —  E.  La.sckhkai'ï, 
lèse  de  Paris,  1862;  art.  Artérite  du  Did.  mcyclop.  dea  sciences  mèiU, 
M,  p.  277,  et  Atlas  d'anaiomie  pathologique,  pL  XX.  —  It.  Bai.i.,  Kyste 
'  'U'ux  de  fitortc  (Comptes  rend,  et  Mém.  de  la  Soc.  de  biologie,  1862).  — 
^'•■<.a*M,  Des  oblitéralioiis  artérictlcs.  Thèse  de  Paris,  1862.  — Mureidd, 
■■•''•iMion  à  Cétude  des  kyntes  llhrineiix  de  raorte.  Thèse  de  Paris,  1864.  — 
WdB,  Des  lésion-^  visc&alcs  suite  d'emhoHr.  Thtse  ilc  Strasliourg,  1864.  — 


nUNR,  Des  lisi 


6^0  ANATOMIB  PATHOLOGIQUE. 

Panum,  Experimentelle  Untersuchungen  zur  Physiologie  und  Pathologie  der 
boUe,  etc.  Berlin,  1864.  —  Arch,  gén.  de  méd.,  1863,  t.  H,  p.  286.  —  Pbêvost 
et  CoTARD;  Études  physiologiques  et  pathologiques  sur  le  rafnoUissement  cérébrd 
{Gaz,  méd.  de  Paris,  1866).  —  Ch.  Lefeuvre,  Études  physiologiques  et  patko- 
logiques  sur  les  infarctus  viscéraux;.  Thèse  de  Paris,  1867.  —  John-W.  Ogle, 
De  la  formation  de  Vanévrysme  dans  ses  rapports  avec  Vembolie  ou  la  thrombou 
arténelle  (Mei.  Times  and  Gaz,  London,  1865,  et  Gaz.  méd.  de  Paris,  1867, 
p.  617).  —  H.  Bourdon,  VTJnion  méd,,  16-17  février  1867.  —  Ch.  Bejot, 
Becherches  sur  quelques  points  de  la  gangrène  spontanée.  Thèse  de  Paris,  1867. 
—  Carviixe,  Gaz,  hebd.,  1867,  p.  3i!i2.  —  Meissner,  dSLnsSchmidt's  JàhrtAer., 
l.  CXII,  p.  339;  t.  CXVII,  p.  209,  et  t.  CXLIX,  p.  37.  —  H.  Gintrac,  Jewm 
de  Bordeaux,  série  3,  1. 111,  8  août  1868,  p.  361.  —  Hallopeac,  Sur  deux  faits 
d* oblitérât,  arténelle,  disparition  rapide  des  accidents  {Gaz.  méd.  de  Paris,  1870, 
p.  295).  —  TscHAUsoFF,  Ueber  der  Thrombus  bei  der  Arterien  ligatur  {Archiv  /. 
klin.  Chirurg,,  t.  XI,  p.  184,  1869).  — Cohnaeim,  Untersuchungen  ûber  dit 
cmbolischen  Processe,  Berlin,  1872,  et  Centralblatt,  n~  19  et  20,  1872.— 
J.  Lidell,  On  thrombosis  of  the  arteiies  of  thc  extremities  {The  American  Jotimal 
of  the  med.  science,  janv.  1873).  —  Le  même.  On  thrombosis  of  the  cérébral  ar- 
teries{ibid.,  avril  1873).  — Ponfick,  Ueber  embolische  Anewrysmen,  nebst  Be- 
merkungen  tiber  dos  acute  Jlerzaneurysma  {Archiv  f.  pathoU  Anat.  und  Physiol,, 
t.  LVIII,  p.  528,  1873).  —A.  Vulpian  {l'École  de  méd.,  année  1874). 

§  3. —  THROMBOSES  ET  EMBOLIES  CAPILLAIRES. 

Ces  thromboses  et  ces  embolies  sont  ainsi  désignées  parce  qu'elles  ont 
leur  sié^e  dans  les  réseaux  capillaires,  ou  du  moins  dans  des  vaisseaux 
sanguins  de  petit  volume. 

La  coagulation  spontanée  du  liquide  sanguin,  ayant  sa  localisation  dans 
les  grosses  veines,  les  capillaires  ne  sont  guère  affectés  de  thrombose 
marastique  ;  mais,  par  contre,  ils  sont  très-souvent  atteints  de  thrombose 
mécanique.  Or  celte  dernière,  toujours  intimement  liée  à  un  processus 
pathologique  (inflammation,  cicatrisation,  brûlure,  etc.)  dont  elle  n*est 
que  l'un  des  effets,  ne  peut  être  séparée  de  ce  processus,  et  partant  nous 
n'avons  pas  à  en  donner  une  description  spéciale  (voy.  p.  228).  Nous 
pourrions  également  laisser  de  côté  les  embolies  capillaires,  dont 
l'action  sur  les  tissus  est  plutôt  chimique  que  mécanique,  et  dont  les 
manifestations  font  partie  des  processus  de  l'infection  purulente,  do  IVn- 
docardite  ulcéreuse,  etc.  Cependant,  comme  ces  embolies  sont  ordinairt»- 
ment  la  source  de  désordres  particuliers  venant  s'ajouter  à  ceux  de  la 
lésion  initiale,  elles  ne  peuvent  être  passées  sous  silence.  Tenant  compte  de 
la  nature  des  concrétions  migratoires  et  de  leur  mode  d'action  sur  les 
tissus,  nous  diviserons  ces  embolies  comme  il  suit  : 


THROMBOSES  ET  EMBOLIES.  641 

l*"  Embolies  graisseuses  ; 

2**  Embolies  fibrineuses; 

3**  Embolies  athéromateuses  ; 

U*  Embolies  purulentes  ; 

5*  Embolies  gangreneuses. 

Nous  ne  parlerons  pas  de  Tembolie  des  vaisseaux  lymphatiques,  qui  a 
été  peu  étudiée.  Les  particules  étrangères  qui  suivent  cette  voie  s'arrêtent 
vraisemblablement  dans  les  ganglions  ;  mais  si  ces  particules  ont  quelque 
chose  de  spécifique^  il  est  probable  qu'elles  détermineront  dans  les 
points  où  elles  se  seront  fixées  des  altérations  de  même  nature,  et  que, 
comme  les  embolies  spécifiques  du  système  sanguin,  elles  seront  la  source 
de  lésions  généralisées.  Ainsi  Tembolie  lymphatique  joue  sans  doute  un 
rôle  important  dans  la  migration  et  dans  la  multiplication  des  produits 
pathologiques  (1),  notamment  le  cancer  (voy.  p.  417). 

!•  Embolies  graisseuses,  —  Produites  par  la  migration  de  gouttelettes  de 
graisse  dans  les  capillaires,  les  artérioles  et  les  veinules,  ces  embolies 
peuvent  occuper  les  différentes  parties  du  corps  ;  mais  elles  se  rencontrent 
surtout  dans  les  organes  qui,  comme  les  poumons  et  le  foie,  sont  l'abou- 
tissant d'un  système  veineux.  Leur  présence  modifie  peu  la  physionomie 
des  organes  ;  toutefois  la  coloration  de  ces  derniers  est  généralement  plus 
accusée  sur  quelques  points  où  il  existe  une  congestion  manifeste,  et  même 
une  tuméfaction  réelle ,  de  petites  taches  ecchymotiques,  et  exception- 
nellement, selon  Wagner,  des  abcès  métasta tiques.  Certains  organes  peu- 
vent être  semés  de  taches  jaunâtres  ou  blanchâtres  ;  ainsi  les  glomérules 
et  les  vaisseaux  des  reins  apparaissent  dans  quelques  cas  comme  des 
corpuscules  et  des  stries  d'un  blanc  opaque  (voy.  obs.  CCV,  p.  333,  et 
pi.  32  de  mon  Atlas  (Tanatomie  pathologique). 

Sous  le  champ  du  microscope,  les  parties  affectées,  vues  à  un  grossis- 
sement faible,  laissent  voir  des  lignes  sombres,  grisâtres,  et  arborisées 
comme  les  capillaires  ;  à  un  grossissement  plus  fort,  ces  lignes  ou  stries 
grisâtres  sont  facilement  reconnues  pour  être  des  capillaires  ou  des  arté- 
rioles remplis  d'une  plus  ou  moins  grande  quantité  de  gouttelettes  inco- 
lores, transparentes,  et  manifestement  graisseuses  lorsqu'on  vient  à  les 
traiter  par  les  réactifs  (fig.  212).  Les  tissus  voisins  de  ces  vaisseaux  sont 
généralement  intacts,  car  les  embolies  de  ce  groupe,  en  raison  des  nom- 

(1)  Nous  entendons  ici  sous  le  nom  d'embolie  le  déplacement  et  le  transport  de 
quelque  choie  de  solide^  ce  quelque  chose  ne  fât-il  qu'une  granulation  ou  un  Tibrion. 

Larccrkaux.  —  Traité  d*Anat.  path.  I.  —  41 


6A2  aNatohib  pathologique. 

breuses  anastomoses  des  capillaires,  ne  déterminent  aucune  gène  circa- 
latoire,  et  ne  causent  pas  de  trouble  important  de  la  nutrition.  Dani  des 
cas  très-rares,  les  tissus  du  voisinage  sont  infiltrés  de  sang  ou  de 
pus  :  c'est  lorsque  l'emliolus  provient  d'un  foyer  ancien  de  suppunUoi, 
et  celte  circonstance  tend  à  rapprocher  les  em- 
bolies  graisseuses  des  embolies  purulentes. 

L'extension  des  embolies  graisseuses  est  très- 
variable  :  limitées    aux  capillaires  d'un   seul 
organe,  ces  lésions  sont  généralisées  à  la  plu- 
part des   petits   vaisseaux  de  l'organisme,  et 
dans   ces  conditions   elles    peuvent   être  fort 
graves.  En  général,  elles  sont  d'autant  plus  re- 
rie.  312.  —  »(,  Gmboiifl     doutablesqu'ellesoccupent,  dans  une  plus  grande 
groisMusedeicapillai™.     étendue,  un  organe  plus  essentiel  à  l'existence, 
du  rein,  provenant  a  un  >  □        r 

jeune  homme  atteint  de  comme  les  poumons,  le  cœur  et  le  cerveau  ;  aussi 
l'lfbl''urinifèré''''"^*  '  ''  «^^'■^'"s  auteurs  pensent-ils  qu'elles  peuvent  tuer 
par  asphyxie  ou  même  par  sjucope.  L'embolie 
graisseuse  est  l'effet  d'un  certain  nombre  d'altérations  pathologiques  ; 
mais  il  y  a  lieu  de  remarquer  qu'elle  se  rencontre  surtout  chez  les  per- 
sonnes qui  suppurent  depuis  longtemps  et  dont  les  os  sont  particuliè- 
rement affectés,  comme  l'établit  la  statistique  sui\-anle,  qui  repose  sur 
&3  faits  réunis  par  Busch  : 

Fractures 21 

Périostile  aigut  et  ostéomyélite 3 

Eiidométrile  et  mêlrophlébite i 

Abcè»  aigus  dans  les  tissu»  riches  en  graisse 

Caries  et  abcès  par  conRCsLIon 

Carie  osseuse,  rupture  d'abcès  dans  le  genou 

Inllammation  euppurative  du  genou 

Urélhrite  suppuréc 

Rupture  de  l'estomac  et  du  foie 

Ramollissement  cérébral  avec  abcès  dans  les  muscles,  le  cŒur, 

le  foie  et  les  reins' 

Marasme  sénile 

Abcès  de  la  jambe 

Ce  tableau  met  hors  de  doute  l'existence  d'une  relation  causale  entre 
certaines  altérations  du  système  osseux  et  l'embolie  graisseuse,  et  montre 
que  celte  embolie  peut  encore  se  produire  dans  certains  cas  de  suppura- 
tion non  osseuse.  Voulant  contrùler  ce  résultat,  Busch  institua  une  série 
d'expériences  qui  méritent  d'être  rapportées.  La  moelle  d'un  os  long  fut 


THROMBOSES  BT  EMBOLIES.  643 

détruite  après  trépanation,  et  les  capillaires  du  poumon  se  trouvèrent 
remplis  de  graisse  dont  Taspect  était  identique  avec  ce  que  Ton  observe 
chez  rhomrae  dans  les  cas  d'embolies  graisseuses  survenant  à  la  suite  de 
fracture.  Puis,  dans  le  but  de  connaître  le  mode  de  résorption  de  la 
graisse  et  les  vaisseaux  par  lesquels  se  fait  cette  résorption,  Busch  enleva 
la  moelle  du  canal  médullaire,  et  injecta  à  sa  place  de  Thuile  colorée  avec 
du  cinnabre.  Auboutde  quelque  temps,  il  trouva  des  embolies  graisseuses 
dans  le  poumon,  et  de  la  sorte  il  parvint  à  reconnaître  qu'en  pareil  cas 
l'absorption  s'opère  principalement  par  les  veines,  accessoirement  par 
les  lymphatiques.  La  graisse  absorbée  produit,  suivant  cet  auteur,  des 
ec€hymoses  et  des  apoplexies  capillaires  ;  mais>  contrairement  à  l'opinion 
de  Wagner,  elle  ne  donne  lieu  à  aucun  abcès  métastatique. 

2**  Embolies  fibrineuses.  —  Ces  embolies,  qui  ont  de  grandes  analogies 
avec  Tembolie  graisseuse,  sont  formées  par  des  granulations  diverses  pro- 
venant des  caillots  sanguins  ramollis. 

Les  organes  qui  en  sont  le  siège  présentent  ordinairement,  à  la  simple 
Tue,  des  congestions  partielles  avec  ou  sans  pointillé  hémorrhagique  ;  au 
microscope,  des  capillaires  remplis  de  sang  à  côté  de  capillaires  injectés 
de  granulations  protéiques  et  graisseuses,  de  parcelles  de  fibrine,  de  dé- 
bris de  globules  sanguins  et  de  cristaux  aciculaires.  Ces  mêmes  éléments 
se  retrouvent  après  la  mort  dans  les  caillots  sanguins  du  cœur. 

Les  sources  de  ces  embolies  sont  les  concrétions  fibrineuses  des 
veines  ramollies  et  dont  les  particules  sont  emportées  par  le  courant 
sanguin,  et  principalement  les  concrétions,  ou  mieux  les  kystes  fibri- 
neux  des  cavités  du  cœur  gauche  et  de  Taorte.  Chacune  de  ces  sources 
donne  lieu  à  des  accidents  variables  :  peu  accusés  et  ordinairement 
insidieux  lorsque  les  veines  sont  le  point  de  départ  du  processus  embo- 
lique,  ces  accidents  sont  des  plus  sérieux,  car  ils  plongent  rapide- 
ment le  malade  dans  l'adynamie  et  dans  le  coma,  quand  un  kyste 
fibrineux  vient  h  se  rompre  et  à  se  déverser  tout  à  coup  dans  la  circula- 
tion (Vulpian).  A  ces  concrétions  il  convient  d'ajouter  celles  qui  se  pro- 
duisent à  la  suite  de  brûlures  et  de  gelures  plus  ou  moins  étendues. 
Michel  (de  Strasbourg),  dans  un  cas  de  congélation  des  pieds,  a  constaté 
l'existence  d'embolies  multiples  des  capillaires  des  poumons,  ayant  pour 
point  de  départ  des  caillots  des  veines  saphènes.  D'autres  faits  de  môme 
genre  ont  été  observés  à  la  suite  de  brûlures;  cependant  j'hésite  à 
admettre,  avec  Wertheim,  que  les  ulcères  du  duodénum,  les  infarctus 
des  poumons  et  des  reins,  etc.,  qui  parfois  compliquent  les  brûlures, 
n'aient  d'autre  origine  qu'un  processus  embolique. 


6i?l  AKATOMIK    PATUOLOfilOUK. 

3°  Embolies  athéromateuses.  —  Plus  communes  que  les  pi 
embolies  sont  formées  des  délritus  ou  poussières  provenant  de  In  nécntte 
des  produits  inllammaloires  de  l'eodocai'de  ou  de  l'aorte.  Elles  peuvent 
exister  dans  tes  différentes  parties  du  corps:  mais  on  les  trouve  loplus 
souvcul  dans  la  raie,  les  reins  et  le  cerveau.  Ces  organes,  ordinairement 
congcslîoniiés  et  tuméfiés,  sont  en  même  temps  le  siège  de  taches  ecchj- 
motiques  plus  ou  moins  étendues  et  d'altérations ijui  peuvent  être  suivies 
de  dépressions  superficielles  {fig.  213).  Un  plus  ou  moins  grand  nombre 
de  capillaires  sont  remplis  d'une  matière 
finement  granuleuse,  pulvéni lente,  que  ne 
dissout  ni  l'acide  acétique,  ni  l'âlher. 

Des  eiïets  variés  résultent  de  rél«Qdue  do 
ces  lésions  et  rie  la  raprdîlé  avec  Isquttlte 
elles  se  produisent.  Lorsque  la  poussière 
athéromaleuse  se  répand  peu  A  peu  dans  ie 
sang,  ainsi  qu'il  arrive  dans  les  cas  iTul- 
cères  superficiels  de  l'endocarde  oude  l'aorte, 
les  troubles  généraux  sont  peu  accusé», 
mais  il  existe  parfois  des  désordres  iocaui 
du  plus  grand  intérêt.  Ces  désordres  oon- 
sistent  en  de  petits  Toycrs  d'inllaniuiation, 
qui  laissent  à  leur  suite  des  cicatrices  pins 
ou  moins  prolondes,  ce  qui  finit  par  duooer 
à  l'organe  un  aspect  granulé.  J'ai  depuis 
Fie.  213.  —  Uti  rpin  Jo»!  la  sur-  longtemps  reconnu  la  fréquente  coïncideiH» 
r«e  e«t  semée  de  laclici  ecchj-  j  „„  semblable  état  des  reins  avec  les  krsiei 
moliiiiieïeLdeiielileidépreïiionB    ,.,    .  , 

cicairidelleii  dans  un  cas  d^en-  ubrineuxet  JesloyersatheromaleuxderaMW. 
docarJiiB  ulcéreuse.  Quand,  au  contraire,  les  kystes  o!i  les  Ui\en 

nécrosiques  des  valvules  cardiaques  et  de  l'aorte  viennejit  il  se  rampreeti 
déverser  tout  à  coup  leur  contenu  dans  le  sang,  il  survient  des  frissons, 
et  parfois  des  phénomènes  typhoïdes  ou  adynamiques  qui  peuvent  làift 
croire  â  une  fièvre  paludéenne  (voy.  mon  mémoire  sur  l'endoearéiu 
ulcéreuse.  Gazelle  médicale  de  Pans,  181)3),  et  les  malades  succombent 
avec  des  taches  eccbymotiques  dans  la  plupart  des  organes. 

Les  épipliénomènes  de  l'endocardite  ulcéi-euseet  de  certaines  endait^ 
rites  propres  aui:  personnes  âgées,  les  embolies  albéromateuses  M>Bl 
subordonnées,  comme  les  altérations  dont  elles  dépendent,  k  rinllaeow 
de  conditions  physiologiques  et  hygiéniques  spéciales.  Les  cauaw  ta 
plus  habituelles  de  ces  altérations  sont  en  effet  l'état  puerpéral,  Timps- 


TDROMBOSES  ET  EMBOLIES.  645 

ludisme,  les  fatigues  excessives,  le  saturnisme  et  la  goutte.  Primitivement 
situés  dans  la  couche  profonde  de  la  membrane  interne,  les  foyers  athéro- 
mateux  s'opposent  à  la  nutrition  de  la  couche  endothéliale,  qui  se  nécrose  et 
se  déchire  sous  Faction  du  frottement  du  sang  ;  la  bouillie  athéromateuse, 
alors  emportée  par  le  courant  jusque  dans  les  capillaires,  est  pour  ces  der- 
niers une  cause  d'irritation  qui  détermine  des  inflammations  multiples 
prolifératives  et  exceptionnellement  suppuratives.  Dans  certains  cas  pour- 
tant, la  fibrine  se  coagule  au  niveau  de  l'érosion;  il  se  produit  pour  un 
certain  temps  un  caillot  fibrineux,  qui  peut  retarder  les  accidents  d'infec^ 
lion  du  sang. 

4°  Embolies  purulentes.  —  Ces  embolies,  ou  embolies  pyémiques,  sont 
constituées  par  le  transport,  à  une  distance  plus  ou  moins  grande  de  leur 
point  originel,  d'un  liquide  purulent  ou  de  concrétions  sanguines  infil- 
trées de  ce  liquide. 

Tous  les  organes  du  corps,  et  spécialement  ceux  qui  sont  l'aboutissant 
d'un  système  vasculaire,  peuvent  être  le  siège  de  ces  embolies.  Obstrués 
par  des  corpuscules  du  pus  ou  par  des  parcelles  de  fibrine,  les  arté- 
rioles  et  les  capillaires  laissent  extravaser  un  certain  nombre  de  glo- 
bules sanguiAs  ;  de  là  des  taches  multiples  et  des  désordres  peu  dif- 
férents de  ceux  des  embolies  graisseuses,  lorsque  le  pus  est  exempt  d'alté- 
ration. Mais  il  n'en  est  pas  toujours  ainsi  ;  le  plus  souvent,  modifié  par  la 
présence  de  microphytes,  le  pus  émigré  détermine  tout  d'abord  un  petit 
noyau  d'induration,  au  centre  duquel  ne  tarde  pas  à  se  produire  une  sup- 
puration peu  abondante.  Ainsi  apparaissent  des  abcès  miliaires  ou  lenti- 
culaires, en  général  peu  volumineux,  confondus  à  tort,  autrefois,  avec  des 
tubercules,  coniques  ou  arrondis,  et  circonscrits  par  une  zone  rougeâtre  ou 
violacée.  Ces  abcès,  désignés  sous  le  nom  à'abcès  métastaiiques^  sont  ordi- 
nairement multiples   et  situés  à  la  périphérie   des  organes  ;    limités 
par  une  membrane  séreuse,  ils  en  déterminent  quelquefois  la  suppu- 
ration. Les  abcès  métastatiques  sont  formés  de  leucocytes,  de    glo- 
bules rouges,  de  vibrions  et  de  bactéries;  la  zone  qui  les  circonscrit 
est  constituée  par  les  tissus  de  la  région  infiltrée  de  globules    san- 
guins ;  les    artérioles    et   les  capillaires  qui  s'y  rendent  contiennent 
du  pus,  et  les  caillots  trouvés  dans  le  cœur  après  la  mort  renferment 
généralement  des  concrétions  miliaires  blanchâtres,  en  grande  partie 
formées  de  leucocytes.  Effet  d'une  infection  génémle  du  sang,  ces  abcès 
ont  fort  peu  de  tendance  à  la  guérison  ;  leur  existence  est  pour  ainsi  dire 
un  arrêt  de  moi*t. 

Les  causes  de  ces  altérations  sont  de  deux  ordres  :  les  unes  éloignées, 


(M  ANATOmB  PATHOLOOIQUI 

les  autres  prochaines.  Lescauses  éloignées  sont  toutes  les  causes  des  pkkg- 
masies  suppuratives,  auxquelles  s'ajoutent  certaines  o(Hiditi0iis  de  miKeit 
oomme  la  réunicm  d'un  giand  nombre  d'individus  atteints  de  suppuntioa, 
une  aération  incomplète,  etc.  Les  causes  prochaines  sont  la  présenee, 
au  sein  des  tissus,  d'agents  (viMons,  bactéries?)  ayant  la  propriété  de 
modifier  les  parois  vasculaires  et  de  produire  rextraTasilion  d'nae 
certaine  quantité  des  parties  solides  du  liquide  sanguin.  Chaque  orgues 
pour  ainsi  dire  ses  foyers  initiaux  d'infection  :  ainsi  les  pounums  sontki 
organes  le  plus  souvent  affectés  à  la  suite  des  blessures  des  membres  ;  k 
cerveau,  dans  les  cas  de  lésions  primitives  des  poumons  ;  et  enfin  le  foie, 
lorsque  le  désordre  initial  occupe  l'intestin.  Effectivement,  la  plupart  da 
abcès  hépatiques  observés  dans  notre  climat  ont  pour  origine  des  ukèn 
de  l'estomac  ou  des  intestins,  dans  la  dysenterie  par  exemple  (voy.  Mimmm 
tAnat.  pathoL ,  p.  55),  et  surtout  des  lésions  de  l'appendice  iléo-oBoL 
Broca  rapporte (BulkL  de  laSoc.  anat.,  t.  XXIV,  p.  36&}  i'observatioD  d^■ 
enfant  qui  succomba  à  un  abcès  du  foie,  et  dans  l'appendice  vermiione 
duquel  on  trouva  une  épingle.  Aufrecht  {Berlin,  Klin.  Wockemehr.,  % 
30  juillet  1869),  Malmsten  et  Axel  Key  ont  vu  des  cas  d'inflammilifli 
de  ce  processus  coïncider  avec  des  abcès  multiples  dans  le  foie,  fis  j 
fiiits,  et  beaucoup  d'autres  que  je  pourrais  citar,  montrent  eombim  i 
importe  d'examiner  avec  soin  le  tube  digestif,  si  l'on  veut  comiiKff 
l'origine  des  abcès  hépatiques. 

5*  Embolies  gangreneuses,  —  Ck)nstituées  par  le  transport  de  grannli- 
tiens  ou  de  concrétions  imbibées  d*un  suc  gangreneux,  ces  embolies  dé- 
terminent des  lésions  spéciales  connues  sous  la  dénominatiou  de  put- 
grènes  métastatiques  ou  secondaires. 

Ces  lésions  se  rencontrent  dans  tous  les  points  de  Torganisme,  mai^ 
elles  ont  leur  siège  le  plus  ordinaire  dans  les  poumons  et  le  cerveau. 
Elles  consistent  en  des  foyers  de  petit  volume,  ordinairement  multiples, ca- 
ractérisés, à  leur  début,  par  une  ecchymose  livide,  brunâtre  ou  noirâtre  de» 
tissus,  au  voisinage  derembolus.  Tout  d'abord  constitués  par  des  extravasa- 
tiens  sanguines,  ces  foyers  se  ramollissent  bientôt  à  leur  centre,  prenoei»* 
une  teinte  grisâtre  ou  verdâtre  (voy.  mon  Atlas  danatomie  patkologiqv^" 
pi.  /i^,fig.  6)  et  exhalent  le  plus  souvent  une  odeur  fétide  caractérisliqo^ 
Les  tissus  qui  les  composent,  examinés  au  microscope,  présentent  la  sér»* 
de  modifications  dont  il  a  été  question  plus  haut  (voy.  p.  51&);  mais  d* 
plus  on  constate,  dans  les  vaisseaux,  Texistence  d'une  substance  clr»**' 
gère  et  granuleuse,  ou  de  parcelles  de  fibrine  altérée.  Si,  dans  certu*"* 
cas,  les  canaux  vasculaires  paraissent  libres,  il  ne  faut  pas  pour  cda  cc^* 


THROMBOSES  ET  EMBOLIES.  64? 

dure  à  la  non-existence  d'une  embolie,  surtout  quand  il  s'agit  d'un 
organe  à  Tabri  de  Tair  ambiant,  puisqu'une  condition  nécessaire  au 
développement  de  la  gangrène  primitive  est  la  présence  de  l'air  exté- 
rieur. 

Les  embolies  gangreneuses  ont  pour  origine  un  premier  foyer  de  gan- 
grène, et  par  conséquent  leurs  causes  éloignées  sont  celles  de  ce  foyer. 
Leurs  causes  prochaines  sont  variables,  c'est  tantôt  une  concrétion 
sanguine  inGltrée  de  suc  gangreneux  (voy.  ma  thèse  inaugurale, 
obs.  I,  p.  111),  tantôt  le  passage  direct  de  détritus  gangreneux  dans  les 
veines,  comme  le  prouvent  les  faits  suivants  :  Un  malade,  atteint  de 
pneumonie  chronique  gangreneuse,  a  une  hémoptysie,  et  peu  de  temps 
après  il  présente  de  violents  frissons,  de  la  fièvre,  et  tout  le  cortège 
d'une  infection  septicémique  ;  il  succombe  enfin  avec  des  foyers  de 
gangrène  métastatique  dans  plusieurs  viscères.  Un  autre  malade,  auquel 
on  avait  appliqué  des  flèches  pour  enlever  un  cancroïde  à  la  partie  supé- 
rieure du  cou,  fut  pris,  au  moment  de  la  chute  de  l'eschare,  d'une 
hémorrhagie  qui  nécessita  la  ligature  de  la  carotide  ;  quelques  jours 
plus  tard,  délire,  coma  et  mort.  L'autopsie  révéla  l'existence  de  deux 
foyers  de  gangrène  symétrique  disposés  dans  les  cornes  occipitales  du 
cerveau  (voy.  Mém,  d'anat.  patholog.,  p.  38). 

On  peut  discuter  sur  le  mécanisme  suivant  lequel  se  développent  les 
gangrènes  métastatiques  ;  mais  il  y  a  lieu  de  penser  que  le  détritus  gan- 
greneux émigré  est  par  lui-même,  sinon  par  les  vibrions  qu'il  renferme, 
le  point  de  départ  d'une  action  chimique  qui  décompose  les  tissus  en  des 
éléments  de  plus  en  plus  simples. 

BiBUOGRAPniE.  —  Embolies  graisseoses^  athéromateascs  et  flbrlneoiiea. 

—  ViRCHOw,  CapiUare  Embolie  (Arch,  f.  path.  Anat,,  1856,  p.  307,  et  Gaz, 
tnéd.y  1857,  592).  —  S.  Wilks,  Guy*s  Hospital  Reports,  sér.  3,  t.  VI,  et  Arch. 
gén,  deméd.,  mai  1861.  —  E.-B.  Bergmann,  Die  Lehre  von  der  FettemboUe. 
Dorpat,  1863.  —  E.  Lancereaux,  Thèse  inaugurale.  Paris,  1862,  p.  95. 
Recherches  cliniques  pour  servir  a  Vhist.  de  V endocardite  suppurée  et  de  V endocar- 
dite ulcéreuse  {Gaz,  méd,^  et  Mém,  d^anat,  path,  Paris,  1863).  —  E.  Wagner, 
Lie  CapUlarembolie,  mit  flùssigen  Fettj  ein  Ursache  der  Pyaemie  {Archiv  d,  Heil- 
kunde,  1862,  t.  III,  p.  2^1,  et  Gaz.  med.,  802,  1863).  —Le  même,  Ibid., 
t.  IV,  p.  l/i6,  et  Gaz.  méd.  de  Paris,  1867,  p.  125.  —  Uffelmann,  Embolie 
graisseuse  des  poumons  (Henle  und  Pfeuffers  Zeitschrift  f.  rat.  Medicin,  serin  3> 
t.  XXIII,  p.  217,  1865).  —  BuscH,  Veber  Fettembolie  {Arch.  f.  path.  Anat.  wid 
Physiol,  t.  XXXV,  321,  1866).  —  Meissner,  Emb.  graiss.  {Schmidfs  Jahresb.y 
cet.  1866,  et  Arch.  gén,  de  méd.,  1867,  t.  II,  p.  98).  —  Vulpian,  Kyste  fibn- 
neux  {Union  méd,,  1865,  n«  18,  et  Bull,  de  la  Soc.  méd.  des  hôpitaux,  p.  10. 


6U 


ANATOMie   PATHOLOGIQUE. 


I 


Paris,  1866).  —  V.  Feltz,  Trailé  clinique  et  erpÉrimeitlal  dft  «mbofia  Mpd- 
(«wres.  Paris.  1867,2*  édil.,  1870. —  le  mtme.  Gai.  des  hôpitaux,  1870.  n'Sî. 
p.  239.  —  Michel,  Contribution  à  l'élude  des  embolies  capillairm  de  tarUnfti- 
monaire  à  la  suite  de  la  congélation  des  pieds  {Gai.  méd,  de  Stra«6oiirg,  1867, 
n"  10  et  11,  et  Cas.  kebd.,  1867,  p.  732).  —  G.  Werthuii,  Eluda 
mentales  sur  les  brûlures  (Soc.  des  médecins  de  Yienne  ut  Gai.  hebd., 
p.  670^.  —  Consultez  les  JilTi^rciils  travaux  relatifs  à  l'endocardile  ulc^mut 
dans  le  tome  II  de  cet  ouvrage. 

Bmballeit  pamlrntea  cl  gancrénenaes.  ~  Voyez  la  bibliographie  de  11 
page  255;  ajoutez  :  Vklpkau,  Des  altéralioTis  du  snng  dions  les  m'tladirt(l 
médicnle,  1826).  —  Bonset,    De  l'abforption  et  de  la  composition  du  jnH  (te 
méd.  de  Paris,  1837).  —  P.  Duput,  Théories  de  t infection  piu-ulmU  (Gai. 
de  Paris,  186ii,  p.  235-263).  —  O.  Webeh,  £j^m7an,t.  Sfud.™  ûin-ft* 
mie,  etc.  {Deutsche Klinili,  i,  8,  1865).  —  W.-S.  Savobï,  On  thf  rrlaHaiif 
phUbitis  and  tiavmbosù  to  the  Pyœmiti  {St  Bartholomew's  Ihspital  hrporti,  i.  t, 
p.  i6, 1866).  —  Le  même,  Some  statistics  ofPyœmia  (Ibid,.  l,  III,  p,  17^. 
Malmstej^  et  Axel  Key,  Cas  de  phlébite  suppurative  à  la  suiU  de  gangrène  deT^fi» 
dite  verniirorme    [Xord.  Ued.  ArHv,  i,  2,  n»   11,  p.  20,  tB6»,  et  SdauXi 
Jahresb,  t.  CXLIX,  p.  171,  1871.) 


LIVRE  IV 

AMOHALIES    ACCIDENTELLES 

Les  désordres  anatoniiques  rangés  sous  cette  dénomination  ont  pour 
caractères  d'être  purement  locaux  et  accidentels  ;  ils  sont  déterminés  par 
la  présence  d'êtres  vivant  à  Tétat  parasitaire  ou  par  l'action  d'agents  phy- 
siques, chimiques  ou  mécaniques,  et  partant  ils  se  groupent  sous  deux 
chefs  :  parasitisme  et  traumatisme. 

SECTION  I 

PARASITISME 

Le  parasitisme  est  l'état  ou  la  condition  d'un  être  vivant  sur  un  corps 
organisé  auquel  il  emprunte  sa  nourriture;  c'est,  en  quelque  sorte, 
l'œuvre  de  destruction  des  animaux  supérieurs,  accx)mplie  par  des  êtres 
que  placent  dans  des  conditions  particulières  et  leur  petite  taille  et  leur 
organisation  inférieure. 

Les  parasites  sont  des  organismes  qui  habitent,  d'une  façon  tem- 
poraire ou  permanente,  sur  des  êtres  vivants  auxquels  leur  existence 
est  intimement  liée.  Ils  appartiennent  aux  classes  les  plus  inférieures 
des  règnes  organisés,  de  sorte  qu'il  est  parfois  très-difHcile  de  les 
rattacher  à  l'un  plutôt  qu'à  l'autre  de  ces  règnes.  La  nature  de  leurs 
fonctions  nutritives  constitue  leur  principal  caractère  distinctif,  car, 
tandis  que  les  parasites  animaux  se  nourrissent  des  humeurs  normales 
dont  ils  déterminent  une  simple  soustraction ,  les  parasites  végétaux 
vivent  aux  dépens  de  quelques-uns  des  matériaux  qui  composent 
ces  humeurs,  et,  en  s'en  emparant^  ils  donnent  naissance  à  des  altéra- 
tions plus  ou  moins  graves  des  tissus  vivants.  De  ce  mode  d'action 
différent  résultent  des  conséquences  variables  ;  aussi  importe-t-il  d'étudier 
séparément  les  parasites  animaux  et  les  parasites  végétaux.  Ces  parasites  se 
distinguent  d'ailleurs  par  la  nature  des  mouvements  qui,  chez  les  derniers, 
s'accomplissent  uniquement  par  l'action  de  cils  vibratiles,  chez  les  premiers 
par  la  contraction  du  corps  tout  entier  ou  de  certaines  parties  de  sa  masse. 


CHAPITRE  PREMIER 


PARASITES  ANIMAUX 


De  même  que  la  plupart  des  animaux  vertébrés,  l'homme  nourrit  on 
grand  nombre  d'espèces  parasitaires.  Ces  espèces,  au  nombre  de  qui- 
rante-cinq  à  cinquante,  ont  leur  existence  fatalement  subordonnée  à  ce^ 
taines  conditions  de  milieu,  et,  comme  telles,  elles  sont  inégalement  ré- 
parties, ainsi  que  Font  remarqué  Pline  et  Théophraste,  dans  les  diffé- 
rentes contrées  du  globe.  D'une  part,  en  effet,  il  est  des  parasites  qui 
appartiennent  exclusivement  à  quelques  contrées  ;  d'autre  part,  le  nombre 
des  individus  affectés  de  ces  êtres  est  plus  considérable  dans  certains  pays 
que  dans  d'autres. 

La  chique  vit  dans  l'Amérique  intertropicale  ;  le  ver  de  Médine  se  ren- 
contre seulement  dans  les  régions  tropicales;  l'ancylostome  duodénal 

9 

n'a  encore  été  observé  qu'en  Italie  et  en  Egypte  ;  le  ténia  nain  et  le  distome 
bématobie  ont  été  trouvés  uniquement  dans  ce  dernier  pays  ;  le  bothriooé- 
phale  enfin  n'existe  d'une  façon  certaine  qu'en  Europe.  Par  contre,  uo 
grand  nombre  de  vers,  comme  le  ténia,  Toxyure,  l'ascaride  lombricoîde, 
ont  été  signalés  chez  tous  les  peuples,  et  sont  ainsi  cosmopolites. 

La  fréquence  relative  des  parasites  suivant  les  contrées  n'est  pas 
moins  remarquable.  Les  vers  intestinaux  sont  des  plus  communs  chez 
les  naturels  des  régions  tropicales  ;  le  ténia  inerme  est  fréquent  en 
Abyssinie  et  en  Égjpte  ;  le  ténia  anné,  dans  le  nord  de  l'Allemagne  ;  l'échi- 
nocoquo  s'observe  chez  la  plupart  des  Islandais,  il  est  commun  aussi 
en  Australie;  le  bothriocépbale  se  rencontre  chez  quehjues  peuples 
pêcheurs  de  la  Suède,  de  la  Russie  et  de  la  Suisse.  Les  saisons,  à  cet 
égard,  ne  sont  pas  indifférentes  :  le  lombric  est  plus  fréquent  en  automne, 
le  ténia  en  été,  et  le  ver  de  Médine  dans  la  saison  des  pluies. 

Indépendamment  des  conditions  de  milieu,  les  coutumes,  les  habitudes 
et  le  genre  de  vie  exercent  une  influence  manifeste  sur  le  développement 
des  parasites,  car  il  importe  de  savoir  que  ces  êtres  pénètrent  ordinaire- 
ment dans  l'organisme  par  les  aliments  et  par  les  boissons.  Les  juifs  et 
les  mahométans,  par  ce  seul  fait  qu'ils  ne  mangent  pas  la  chair  de  porc. 


PARASITES  ANIMAUX.  €51 

sont  rarement  atteints  de  ténia  armé  ;  les  enfants  et  les  aliénés  ont  fré- 
quemment des  lombrics  et  des  ascarides.  La  malpropreté,  il  faut  bien 
l'avouer,  est  .de  toutes  les  conditions  individuelles  celle  qui  favorise  le 
mieux  ce  développement. 

Les  parasites  animaux  agissent  sur  l'organisme  humain  de  trois  ma- 
nières différentes.  En  premier  lieu,  ils  enlèvent  à  l'organisme  les  matériaux 
nécessaires  à  leur  nutrition.  Ce  mode  d'action  est  en  général  peu  dange- 
reux :  les  parasites  cutanés  et  le  ténia  déterminent  des  désordres  insi- 
gnifiants, ceux  que  produisent  les  lombrics  ne  sont  appréciables 
que  si  ces  vers  sont  très-nombreux  ;  alors,  se  manifestent  des  signes 
d'anémie  et  des  symptômes  nerveux.  L'ancylostome  duodénal,  par 
les  soustractions  de  sang  qu'il  opère,  et  surtout  par  les  hémor- 
rbagies  consécutives  à  ses  morsures,  occasionne  la  maladie  dite  chlo- 
rose égyptienne.  En  second  lieu,  les  parasites  animaux  apportent  un 
obstacle  mécanique  au  libre  jeu  des  organes.  Sous  ce  rapport,  il  faut  citer 
les  échinocoques  et  les  cysticerques,  notamment  ceux  du  cerveau  et  de 
l'œil ,  les  trichines,  etc.  Ces  parasites  non-seulement  troublent  le  fonc- 
tionnement régulier  de  l'organe  où  ils  se  rencontrent  ;  fréquemment 
aussi  ils  Tatrophient  par  compression,  l'altèrent  en  rétrécissant  ou  en 
obstruant  les  canaux  vasculaires,  ou  les  conduits  excréteurs  s'il  s'agit 
de  glandes  comme  le  foie  et  les  reins.  En  dernier  lieu,  ces  êtres  se  ren- 
dent nuisibles  par  les  mouvements  et  les  migrations  qu'ils  exécutent, 
occasionnant  ainsi  des  douleurs  diverses,  des  démangeaisons,  des  coliques, 
ou  même,  chez  les  individus  prédisposés,  des  phénomènes  réflexes  plus 
ou  moins  sérieux  du  côté  du  système  nerveux  central  (ténia,  lombric, 
oxyure)  ;  très-rarement  ils  déterminent  des  lésions  matérielles  :  ulcères 
ou  perforations  du  tube  digestif  (lombrics,  échinocoques).  Ainsi  les  con- 
séquences du  parasitisme  animal  sur  l'homme  sont  des  plus  variables  ; 
si  quelques  parasites  n'éveillent  en  rien  la  susceptibilité  de  l'organisme, 
il  en  est  d'autres  qui  troublent  ses  fonctions,  et  d'autres  enfin  qui  altèrent 
plus  ou  moins  profondément  ses  tissus. 

Les  espèces  animales  vivant  à  l'état  parasitaire  sur  l'homme  appar- 
tiennent à  trois  grandes  divisions  du  règne  animal  :  les  arthropodes,  les 
vers  et  les  infusoires.  Les  vers  fournissent  le  plus  grand  contingent,  les 
infasoires  le  plus  petit.  Les  êtres  faisant  partie  de  ces  deux  divisions  habi- 
tent les  tissus  ou  les  organes  :  ce  sont  des  entozoaires.  Les  arthropodes  se 
nourrissent  pour  la  plupart  à  la  surface  ou  dans  l'épaisseur  des  téguments  : 
ils  sont  épizoaires. 


652  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

ARTICLE    I.  —  ARTHROPODES. 

Les  parasites  qui  font  partie  de  cette  première  division  sont  des  ani- 
maux symétriques  ayant  un  corps  segmenté  et  pourvu  d'appendices 
articulés,  un  cerveau  et  une  chaîne  de  ganglions  abdominaux.  Ces  êtres 
se  rencontrent  chez  Thomme  pour  la  plupart  à  la  surface  de  la  peau  ou 
dans  son  épaisseur;  quelques-uns  vivent  accidentellement  à  la  surface 
des  membranes  muqueuses,  et  en  particulier  dans  les  sinus  frontaux. 
Ils  sont  l'occasion  de  désordres  variables,  ordinairement  peu  sérieux,  et 
qui  consistent  en  un  prurit  plus  ou  moins  insupportable,  quelquefois  en 
des  éruptions  de  diverse  nature. 

§  1.  —   INSECTES. 

Les  insectes  sont  des  arthropodes  respirants,  dont  le  corps  est  nette- 
ment divisé  en  tête,  corselet  et  abdomen,  et  muni  de  deux  antennes  à  la 
tête  et  de  trois  paires  de  pattes  aux  trois  anneaux  du  corselet.  Cette  classe 
d'animaux  comprend  plusieurs  espèces  parasites  appartenant  à  différents 
ordres. 

I.  —  Aptères. 

Pédiculides  —  A  cette  famille  appartiennent  les  poux,  qui  consti- 
tuent un  genre  particulier  (Pediculus).  Ce  genre  a  pour  caractères  :  des 
antennes  de  la  longueur  du  corselet  ;  un  suçoir  (rostre)  en  gaîne,  inar- 
ticulé, orné  à  son  sommet  de  crochets  rétractiles;  deux  yeux  saillants;  un 
abdomen  plus  ou  moins  découpé  sur  ses  bords,  et  six  pieds  marcheurs 
(Moquin-ïandon). 

On  distingue  trois  espèces  de  poux  :  1**  le  pou  de  la  tête,  qui  a  le  corps 
oblong,  un  corselet  distinct,  cendré  et  trilobé  ;  2**  le  pou  du  corps,  pou  des 
vêtements,  pou  des  malades,  qui  diffère  du  précédent  par  un  corselet 
égalant  en  longueur  plus  de  la  moitié  de  l'abdomen,  jaunâtre,  trapézoïde, 
et  un  abdomen  lobé  ou  sinueux  ;  3°  le  pou  du  pubis,  qui  a  un  corps 
arrondi,  à  corselet  confondu  et  très-court.  Les  quatre  pattes  postérieures 
de  ce  deniier  sont  recourbées  et  disposées  en  forme  de  crochets;  aussi 
est-il  difficile  de  lui  faire  lâcher  prise. 

Les  pous  sont  ovipares;  leurs  œufs,  désignés  sous  le  nom  de  lentes, 
sont  agglutinés  aux  poils,  ils  sont  oblongs,  piriformes,  blancs,  et  s  ou- 
vrent au  sommet.  Les  petits  éclosent  au  bout  de  cinq  à  six  jours  ;  ils  sont 
d'un  blanc  de  lait  ou  gris  pale;  après  plusieurs  mues  et  au  bout  do 
dix-huit  jours  ils  peuvent  déjà  se  reproduire. 

Les  poux  piquent  et  sucent  le  cuir  chevelu  à  l'aide  de  leur  rostre 


PARASITES  ANIMAUX.  653 

(suçoir),  ils  déterminent  des  démangeaisons  plus  ou  moins  vives  et  in- 
supportables. Le  pou  des  malades,  auquel  est  due  la  maladie  dite  pédicu' 
laire  ou  phthiriase,  semblerait  s'éloigner  un  peu  des  habitudes  des  autres 
poux  en  s'introduisant  dans  des  ulcères  cutanés  et  même  dans  des  pus- 
tules et  des  tumeurs  (tumeurs  pédiculaires),  si  Ton  en  croit  les  assertions 
de  quelques  auteurs  anciens. 

BiBUOGRAPHiE.  —  J.  SicHEL,  Essat  monogrophique  sur  le  phthriase,  Paris  1825. 
— S.  Rayek,  Traité  des  maladies  de  la  peau,  i.  II,  p.  800.  Paris  1835. — Landois, 
Wiener  med.  Wochenschnft,  1865,  n°«  17,  18  et  19. 

II.  —  Diptères. 

Les  insectes  de  cet  ordre  rencontrés  chez  l'homme  sont  tantôt  dans 
leur  état  de  complet  développement,  tantôt  à  l'état  de  larves  ;  un  grand 
nombre  ne  sont  que  des  parasites  temporaires. 

Pulicides.  Le  genre  puce  (pulex),  qui  faisait  autrefois  partie  de  l'ordre 
des  suceurs  ou  sipkonaptères  (La  Treille),  est  aujourd'hui,  malgré 
l'absence  d'ailes,  rapproché  des  diptères;  il  offre  pour  caractères  un 
bec  infléchi,  étroit,  renfermant  deux  lamelles  ou  lancettes  et  recouvert 
à  sa  base  par  deux  écailles,  deux  yeux  peu  saillants,  un  abdomen 
comprimé,  des  pieds  sauteurs,  au  nombre  de  six. 

1*  La  puce  ordinaire  {pulex  irritans  Linné)  présente  un  corps  ovale, 
comprimé,  revêtu  d'une  peau  cornée  assez  ferme,  d'un  beau  marron 
luisant.  Le  mâle  est  moitié  plus  petit  que  la  femelle  ;  celle-ci  pond  au 
hasard  ses  œufs,  qui  tombent  à  terre,  ordinairement  dans  les  fentes  des 
parquets,  sur  les  vieux  meubles,  etc.  A  côté  de  ces  œufs  on  trouve  des 
grains  noirs,  luisants,  aplatis  ou  cylindriques,  qui  sont  du  sang  desséché 
et  destiné  à  la  nourriture  des  larves.  Au  bout  de  quatre  à  cinq  jours  en 
été,  onze  jours  en  hiver,  les  larves  éclosent  sous  forme  de  petits  vers 
allongés,  cylindriques,  divisés  en  treize  anneaux  garnis  de  poils.  Onze  à 
quinze  jours  plus  tard,  ces  larves  s'enferment  dans  une  coque  soyeuse, 
mince  et  blanchâtre,  et  s'y  transforment  en  nymphes  qui  mettent  de 
douze  à  quinze  jours  pour  devenir  parfaites. 

Les  puces  produisent  une  petite  démangeaison  désagréable  en  se 
promenant  sur  les  parties  sensibles.  La  piqûre  de  ces  insectes  donne 
naissance  à  une  sensation  plus  vive  ;  elle  laisse  sur  la  peau  une  tache 
circulaire  rougeâtre,  sans  tuméfaction  manifeste,  vers  le  milieu  de  laquelle 
se  voit  un  point  plus  foncé. 

Bibliographie.  —  Duméril,  Art.  Fuce  {Dict,des  se.  nat.,,  t.  XLIV.  Paris  1826). 
—  Moqdin-Tandon,  Éléments  de  zoologie  médicale^  p.  273.  Paris  1860. 


654  ANITOMIS  PàTHOLOGIQDI. 

2*  La  puce-chique  {pulex  pénétrons  Lioné)  habile  l'Amériqiie  ïbI 
tropicale,  particulièrement  la  Guyane  et  le  Brésil.  Elle  se  tient  dam 
bois,  sur  les  buissons,  les  herbes  sèches,  etc.  Plus  petite  que  la  pucei 
dinaire,  la  chique  présente  une  forme  ovale,  elle  est  aplatie,  d'unecooli 
lauve  ou  roussâtre,  plus  claire  au  thorax  et  à  l'abdomen* 

La  femelle  seulement  attaque  l'homme  après  avoir  été  fécondée, 
dans  le  but  de  loger  et  d'alimenter  ses  petits,  elle  se  porte  sur  les  pia 
se  glisse  entre  la  chair  et  les  ongles  ou  sous  la  peau  des  talons,  sur  ' 
mains,  rarement  sur  le  scrotum  et  dans  d'autres  parties  du  corps. 

Au  moyen  de  son  appareil  buccal  la  chique  s'introduit  sous  l'épidai 
obliquement  jusqu'à  ce  qu'elle  soit  arrivée  au  derme,  où  elle  se  atu 


c:> 


Fjg.  21&.  —  1,  face  plantaire  du  pied  gauclie  montraiil  en  deux  endroits  la  luint'tjclii* 
qui  rcaulle  de  la  pénèlratîan  du  pulex peiistraris  dans  la  pean;  £,  chique  extraite  dd  fi" 
eX  Irèi-grosrie,  vue  par  ss  face  postérieure  ;  c,  chique  vue  par  H  ftce  tnl^rM*'' 
f,  chique  fenicllc  fécondée  (grossissement.  2â  diamètres),  les  dernier»  anoeainu'' 
refoules  vers  l'anus;  g,  chique  femelle  fécondée  au  3°  jour  de  son  introductJM  d>Ml> 
peau  (gruisisscntent,  10  diamètres);  d,  e,  œura  grossis. 


une  loge  qui  augmciilera  plus  laid  en  propuriion  du  volume  que  preodn 
l'abdomen.  On  constalc  (l'tiboid  rc.\i5tciice  d'un  point  noir  qui  dispani^ 
peu  à  peu  à  mesure  que  l'insocte  seiifoncc;    l'épiderme   se  détacbe. 


piriASiTES  AMinux.  655 

i  elles  paltes  de  lu  puce,  iiDmédialemeiit  appliquées  sur  le 
me ,  se  trouvent  cachées  par  l'abdoinen ,  qui  a  pris  uii  dévelop- 
lent  relatîvomciil  considérable  et  qui  apparaît  comme  une  tache 
ach&tre.  Celle  tache  s'élargit  chaque  jour  au  point  d'arriver  au  diamcitre 
ne  forte  ienlJUe,  Tormant  une  légère  élevure  au-dessus  du  niveau  de  la 
u.  Parvenu  à  ce  terme,  l'insecte  présente  l'aspect  d'une  grosse  perle  légè- 
lenl  dé[irimée,  il  ressemble  au  Truit  du  gui  hianc,  el  dans  le  pays  on  le 
[ime  poche  ou  sac  de  chique  {fig.  21(i).  Ce  sac,  extrait  de  la  peau  sans 
:  blessé,  est  vivant,  on  le  voit  se  contracter  et  se  dilater  alternativement; 
résente  deux  Taces,  une  Tace  interne  ou  dermique,  comprenant  la  tête  et 
pallesenrapporldirectavee le  derme;  une  face  externe  ou  épidermique 
rapport  avec  l'épiderme,  et  au  centre  de  laquelle  on  trouve  le  cloaque, 

reste  en  contact  avec  l'air  extérieur  pendant  toute  la  durée  de 
il  parasitaire.  Les  œufs,  dont  le  volume  est  rolalivemcnt  considérable, 
tenl  en  sens  inverse  le  sillon  que  l'insecte  avait  fiiil  pour  pénétrer 
s  l'épiderme,  puis  ils  tombent  sur  le  sot  où  ils  éclosent.  Vers  la  fin  de 
lonle,  les  contractions  se  ralentissent,  l'action  musculaire  devient  in- 
isante,  la  chique  essaye  inutilement  de  meltre  un  dernier  mnî  au  jour, 
«ut  mouvement  s'arrête  dans  le  sac,  c'est  le  terme  fatal  de  l'existence 
Il  insecte  qui  a  accompli  sa  mission. 

l'un  des  premiers  elTels  déterminés  par  l'invasion  du  parasite  est 
I  sorte  de  chatouillement  ou  de  démangeaison  agréable  plutôt  que 
Joureuse,  intermittente  comme  le  travail  de  l'animal.  Cette  période 
e  de  vingt-quatre  à  trente-six  heures;  mais  à  mesure  que  la  pucegran- 

les  tissus  voisins,  mécaniquement  refoulés,  sont  comprimés,  et  la  dé- 
iigeaison  fait  place  à  une  douleur  de  plus  en  plus  intense;  puis  le  sac, 
isant  h  la  manière  d'un  corps  étranger,  détermine  l' inflammation  des 
lies  avec  lesquelles  il  est  en  contact.  Tout  autour  de  ce  sac  s'êpnnche  une 
isilé  fluide  et  transparente,  parfois  purulente,  qui  agit  de  concert 
c  le  parasite  pour  refouler  les  parois  de  la  loge,  et  contraste  avec  la 
leur  blanche  mate  du  sac,  de  sorte  que  la  lésion  il  ce  moment  n'est  pas 
s  analogie  avec  un  bouton  d'acné  juvénile.  Cette  période  inflamma- 
«dure  quatre  à  cinq  jours. 

i  k  cette  époque  on  enlève  le  kyste  avec  soin, on  observe  à  la  place  qu'il 
apait  une  petite  cupule  arrondie,  assez  profonde,  creusée  aux  dépens 
derme,  dont  on  aperçoit  le  fond  rougeùtre  enflammé,  suintant;  c'est  une 
iequi  se  dessèche  et  se  cicatrise  bientôt.  Si,  au  contraire,  la  lésion  est 
Adonnée  à  elle-môme,  l'épiderme  qui  la  circonscrit,  décollé  par  le  pus, 
lécbirc  tout  autour  du  kyste,  qui  se  détache  de  lui-même  et  tombe  i>n 
Ipat  à  nu  une  petite  plaie  suppurante  dont  In  guérison  est  des  plus 


656  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

rapides.  Toutefois  les  choses  ue  sont  pas  toujours  aussi  simples  ;  Tin- 
flammation,  au  lieu  de  se  limiter,  peut  gagner  les  tissus  ciroonvoisÎDs 
et  produire  soit  Tulcération,  soit  la  gangrène  de  ces  tissus.  L'ulcé- 
ration se  manifeste  surtout  aux  régions  occupées  par  plusieurs  insectes, 
alors  que  toutes  les  plaies  voisines  se  fondent  en  une  plaie  unique.  L'uloèn 
s'étend  en  largeur  en  même  temps  qu*il  creuse,  il  a  une  marche  phagédé- 
nique.  Ses  bords  sont  ordinairement  rouges,  déchiquetés,  taillés  à  pic  ;  soi 
fond  grisâtre  laisse  suinter  un  liquide  sanieux  et  fétide.  Cette  lésioa est 
commune  surtout  au  pourtour  des  ongles  des  pieds  ;  la  matrice  est  frappce 
de  mort,  Tongle  se  détache  :  c'est  là  une  onyxis  ulcéreuse  chronique  spé- 
ciale. L  ulcère  déterminé  par  la  chique  ne  serait,  suivant  Bonnet,  queœhii 
qui  a  été  décrit  sous  le  nom  d'ulcèt*e  de  la  Guyane.  La  gangrène  ne  s'éteod 
généralement  pas,  à  moins  que  les  tissus  voisins  de  la  plaie  ne  soient 
frappés  d'anesthésie  ;  cette  complication,  comme  Tulcère,  ne  se  mcotn 
d'ailleurs  que  chez  les  individus  malpropres  et  placés  dans  de  mauvaises 
conditions  hygiéniques. 

Bibliographie.  — J.  de  Léry,  Histoire  d'un  voyage  fait  en  terre  de  BrésU,  Uti 
Amérique,  etc.,  La  Rochelle,  1578,  5*  éd.  Genève,  1611.  —  Sloane,  A n)Sf«9e 
to  the  Islands  Madera,  Barbadoes,  etc.  London,  1707.  —  J.  B.  Labat  \Pè« 
dominicain),  Nouveau  voyage  aux  ilcs  de  V Amérique,  Paris,  1722  ;  2*  éd.,  1741 

—  M.  Catesby,  The  natural  history  of  Carolina,  Florida  and  the  Bahama  w- 
lands,  t.  II,  append. ,  p.  10,  fig.  3,  London  17^3.  — M.  Dobrizhoffeb,  Histom 
de  Abiponibus,  vol.  II,  p.  3/i,  ViennoD,  1784. — De  Humboldt  et  BoNPUX^ 
Voyage  au  nouveau  continent,  t.  VII,  1820,  1822.  —  PoHLet  Kollar,  Brasilkv 
vorzugl.  làstige  Insecten,  t.  I,  Wicn,  1832.  — Aug.  de  Saint-Hilaire,  Voyo'p 
dans  les  provinces  de  Rio  de  Janeiro^  etc.,  t.  I,  p.  35,  1830.  —  Levacher,  Guiéi 
médical  des  Antilles  et  des  régions  intei^tropicales,  p.  327,  Paris  18(i0.  —  J.  Goc 
DOT,  Ann,  des  se,  nat.,  3*  sér.,  1845.  —  J.  Niéger,  De  la  puce  pénétrante  rfff 
pays  chauds  et  des  accidents  qu'elle  peut  occasionner.  Thèse  de  Strasbourg,  1858. 

—  VizY,  Note  sur  la  chique  du  Mexique  et  sur  son  action  sur  l'homme  {Recueil  à 
mèm,  de  mèd.,  de  chirurgie  et  de  pharmacie  milit.^  sér,  3  ;  1863,  t.  X,  p.  306).— 
H.  Kahsten,  Beitrag  zur  Kenntniss  des  Rhynchoprion  penetrans  [Archiv  f.  patk- 
log,  Anatom,  uml  Physiolog,,  1865,  t.  XXXII,  p.  269,  et  Bull,  de  la  Soc,dff 
naturalistes  de  Moscou^  1866,  p.  72-156).  —  Brassac,  Delà  chique  {pulex pent 
tram);  accidents  produits  chez  V homme  par  ce  parasite  {Archives  de  mêdeoM 
navale,  1865,  t.  IV,  p.  510).  —  L.  L.  Gage-Lebas,  Des  aîiimaux  nuisibles  ^ 
Vhomme  et  en  particulier  du  pulex  penetrans,  chique  ou  nigua.  Thèse  de  PariSj 
1867.  —  G.  Bonnet,  Mémoire  sur  la  puce  pénétrante  ou  chique  (Archives  i< 
médecine  navale,  1867,  t.  VIII,  p.  19  et  81).  —  L.  G.  Guyon,  Histoire  naturdk 
et  médicale  de  la  chique,  insecte  parasite  des  régions  tropicales  des  deux  Abk- 
riques  (Revue  et  Magasin  de  zoologie  pure  et  appliquée  de  Guérin-Méneville,  sër.  2, 


PARASITES  AMXACTX.  0S7 

.  XVII,  IH65  ;  tirage  à  part  avec  5  planches,  1870).  —  A.  LABouLstice,  Arl. 
Chique  du  Diclimn.  encydop^il,  des  sdencet  midknle»,  sér.  \,  l,  XVI.  p.  228  el 
suiï.,  Paris,  1875. 

(Extrides  ou  (E-fhrs.  On  di5signe  sous  ce  nom  une  famille  d'insectes  dip- 
tèi-«s  ayant  la  forme  de  grosses  mouches  Irès-velues ,  distinctes  des 
Uio>is])arlu  disposition  de  In  bourhe,  qui  est  constituée  par  trois  luliercules 
ou  jutruiie  trompe  et  des  [lalpes  rudiinenlaîres.  Rarement  les  œstres  se 
trouvent  ii  l'ëlat  parfnil,  h  cause  de  la  brièveté  du  temps  de  leur  appa- 
rition et  du  petit  nombi'e  des  lieux  qu'il  leur  est  donné  d'habiter.  Leurs 
œufs  sont  déposés  par  la  mère  sous  la  peau  qu'elle  a  divisée  îi  laide  d'une 
tarii'r^;  les  liir\'es,  une  fois  écloses,  se  nourrissent  de  la  matière  puru- 
lente il  la  production  de  laquelle  leur  présence  donne  lieu.  Certaines 
espèces  déposent  leurs  œufs  glutineux  k  l'extérieur,  sur  lo^  parties  de  la 
peau  accessibles  ù  la  langue  de  l'animal,  alin  qu'en  se  léchaut  il  les 
amt^ne  dans  sa  bouche,  les  avale  et  les  transporte  ainsi  dans  le  lieu  qui 
fsl  le  plus  convenable  à  leur  organisation.  L'œstre  du  cheval,  se  balan- 
çant dans  l'air,  pose  de  temps  en  temps  ses  œufs  à  la  partie  interne 
des  jambes,  sur  les  épaules,  etc.,  de  cet  animal.  Les  larves  s'ar- 
rêtent ordinairement  dans  l'estomac,  autour  du  pylore,  où  elles  se 
tiennent  en  grand  nombre,  quinze,  vingt,  et  quelquefois  une  cen- 
taine, suspendues  par  grappes  dont  une  plus  considérable  (lig.  215). 
Elles  vivent  des  humeurs  sécrétées  par  la  membrane  muqueuse,  et 
sont  par  leur  épiderme,  comme  certaines  graines,  préservées  de  l'action 
d'un  suc  gastrique  qui  peut  cependant  digérer  des  grenouilles  et  des 
poissons.  Il  est  d'autres  espèces  dont  les  œufs  sont  placés  par  la  mère 
à  l'entrée  des  cavités  par  où  la  larve  doit  pénétrer,  et  cela  surtout  chez 
les  rumi'nants,  notamment  le  mouton,  le  cerf  et  le  chameau.  La  larve 
gagne  les  sinus  frontaux  et  maxillaires,  et  se  lixc  à  la  membrane 
inu<|ueuse  qui  les  revêt  au  moyen  de  deux  forts  crochets  dont  sa 
bouche  Ë!<t  armée.  Les  espèecs  qui  vivent  sous  In  peau  ne  sont  pas  moins 
communes,  elles  s'attachent  aux  animaux  dans  toutes  les  parties  du 
monde,  depuis  les  latitudes  glacées  de  la  Laponie,  où  elles  tourmentent 
le  renne,  jusque  sous  l'équaleur,  où  le  bœuf,  le  chien,  le  singe  et  l'homme 
en  deviennent  les  victimes  (Colin).  Une  fois  parvenues  au  terme  de  leur 
accroissement,  généralement  fort  long,  de  huit  ft  dix  mois,  les  larves 
parasites  quittent  leur  demeure,  celles-ci  en  se  laissant  tomber  à  terre, 
l'i'lles-lii  en  suivant  le  canal  intestinal  et  en  s'échappant  par  l'anus  avec 
l'S  déjections  excrémentitielles. 
La  présence  chez  l'homme  de  larves  Semblables  à  celles  des  œstres,  re- 
Lanceueadx.  —  Trailc  d'Anal,  palh.  1.  ^  ùî- 


^B        Lanceuead 


^B  ANATOMIË   PATQULOCilQltE. 

connue  depuis  longlemps,  fi  i-té  révuqucc  pu  doute  par  p'"""   ,  ,  inii, 
listes,  CB  raison  des  rensei(i;nenienls  iiinnnplels  dmit  1»  plu)Kirl  (ira  luli 


.^ro;^-. 


Fio.  ai  5 Eilomae  île  chpvnl  coiUenanl  im  granJ  n bra  île 

[Hus.^c  del'Ecols  vitÉriTmiro  (l"Airorl.) 

wnt  mtourèsj^  AJBw  on  (i  ^|«s  d'jiiie  Jfois  allribué  tes  lanr 
.st  —  .r  *\. 


PARASITES  ANIMAUX.  659 

lies  dans  des  tumeurs  sous-cutanées  à  la  mouche  commune,  qui  n*a 
pas,  comme  certains  œstres,  d'instrument  pour  entamer  Tépiderme; 
mais  une  circonstance  proprt^  à  éclairer  le  diagnostic,  c'est  que  Tœstre 
ne  dépose  qu'un  œuf  à  la  fois,  et  qu'ainsi  chaque  larve  possède  sa  loge  à 
part,  tandis  que  la  mouche  en  fournit  plusieurs  simultanément. 

Les  tumeurs  cutanées  produites  par  l'œstre  ont  été  signalées  par  Hum- 
boldt,  qui  a  vu  dans  TAmérique  méridionale  des  Tndiens  dont  l'abdomen  en 
était  couvert.  Howship  a  communiqué  à  la  Société  royale  de  Londres  un 
cas  de  tumeur  du  dos  et  un  cas  de  tumeur  du  scrotum  observés  dans 
cette  partie  de  l'Amérique  ;  les  larves  furent  gardées  jusqu'à  leur  chan- 
gement en  œstres.  Roulin  eut  l'occasion  de  voir  à  Mariquita  (Colombie} 
un  honmie  dont  le  scrotum  était  le  siège  d'une  tumeur  de  deux  pouces  de 
diamètre  à  sa  base,  rouge  au  sommet  et  percée  d'une  petite  ouverture. 
Après  avoir  agrandi  cette  ouverture  à  l'aide  d'une  lancette,  il  put  en 
extraire  une  larve  blanche  piriforme,  offrant  des  rangées  d'épines  noires 
dans  la  partie  la  plus  renflée. 

Bonnet  a  souvent  obsei*vé  à  la  Guyane  française,  dans  le  tissu  sous- 
cutané  de  l'homme,  une  larve  piriforme  d'un  blanc  grisâtre,  d'une  lon- 
gueur de  20  à  27  millimètres,  qu'il  considère  comme  une  larve  d'œstride 
connue  sous  le  nom  de  ver  macaque.  Cette  larve  détermine  par  sa  pré- 
sence d'abord  un  simple  fourmillement,  puis  un  gonflement  d'aspect 
furonculaire  avec  douleur  intermittente  et  périodique,  surtout  le  matin 
et  le  soir,  au  moment  où  l'animal  fait  agir  ses  crochets. 

Semblables  faits  ont  été  observés  sur  la  côte  occidentale  d'Afrique. 
Coquerel  et  Mondière  ont  vu  à  Portudal,  près  de  Corée,  plusieurs 
militaires  présentant  des  tumeurs  multiples,  rougeàtres,  dures,  acu- 
minées,  perforées  à  leur  sommet,  et  qui  sous  l'influence  de  la  pression 
laissaient  sortir  un  corps  blanchâtre,  marqué  de  deux  points  d'un  jaune 
fauve  [stigmates  antérieurs).  Les  hommes  atteints  de  cette  affection 
avaient  éprouvé  tout  d^abord  une  sensation  analogue  à  celle  d'une  piqûre 
de  moustique,  bientôt  suivie  d'une  légère  saillie  de  la  peau  avec  déman- 
geaison. Le  second  jour,  la  tumeur  était  plus  marquée  rouge;  puis  elle  aug- 
mentait progressivement  de  volume  jusqu'à  atteindre  la  grosseur  d'une  pe- 
tite noix  :  elle  était  alors  acuminée  et  uniformément  rouge.  Le  cinquième 
jour,  la  peau  s'amincissait  et  un  orifice  très-étroit  se  montrait  au  sommet 
de  la  tumeur.  Le  sixième  jour,  l'orifice  augmentait  jusqu  a  présenter  un 
diamètre  de  2  ou  3  millimètres,  la  pression  en  faisait  sourdre  un  liquide 
séro-sanguinolent.  C'est  alors  qu'on  apercevait  la  larve  et  qu'on  pouvait 
en  obtenir  facilement  l'extraction.  Cette  larve,  très-bien  décrite  par  Co- 
querel et  Mondière,  a  une  longueurde  1/»millimètrest  une  largeur  de  ftmil« 


HO  INATOMtG  FATH0LO(;lQ[iK. 

limètres,  un  corps  cylindrique,  légèrement  contouré 
segments,  dont  le  premier,  ou  segment  céphalique,  présente  dea\. 
crochets  noirs,  très-aigus,  qui  servent  k  la  larve  à  se  User  dans  les  lÎ! 
de  l'animal  qui  la  porte.  Les  premiers  se^cments  sont  cou^'ertsde 
gces  de  petites  épines  noires,  Irès-liues,  ti'ès-aiguës  ;  les  derniers  sont 
A  l'extrémité  du  dernier  on  voit  deux  gros  points  d'un   bruu  (oucé.dï 
smit  les  stigmates  postérieurs.  Lorsqu'un  oriKce  se  montre  au  soininMd( 
la  tumeur,  cest  cette  extrémité  postérieure  munie  de  ses  gros  slignuM 
que  l'on  aperçoit-  Cette  larve,  considérée  parCoquereIct  Mondière coniiM 
appartenant  au   groupe  des  œstrides  ciiticoles,  s'éloignerait  àes  t&n» 
connues  de  cette  division,  et  conséquemmcnt  l'insecte  parfail  fonuenil, 
selon  ces  iiuleurs,  un  genre  nouveau  à  placer  près  des  hypoderme^. 

C'est  sans  doute  une  larve  du  même  genre,  ou  du  moins  très-voisinr, 
qui  a  été  observée  par  Bérenger-Féraud  nu  Sénégal,  où  elJc  est  coniw 
sous  le  nom  de  ver  de  Cayor  ou  Bador,  et  qui,  selon  E.  Bl.tnchxnl, afi|tr 
tiendrait  apparemment  nu  genre  Ocliromgia  de  Mncquart. 

RiBLiocRiPHiE.  —  RouLLN,  ArMoles  de  la  Société  tntotnologique  de  Franct,  ISI), 
I.  il,  p.  518.  —  V.  F.  HoPE.  Tkc  Insects  and  tkeir  larvet,  occasionally  /«mf  a 
the  humait  body  (Tramiicl.  of  the  Entomoloo-  Soc.  of  Landun,  ISfiO,  ruL  j. 
p.  256),  ^DuNCàN,  De  ta  préscnautcddentelle des mstresehet  J' homme  (Erfûitafï 
fcterinioT/  Review,  jaa  1859,  et  Arch.  géii.  de  mid  ,  1859,  t.  2,  p.  35SV- 
CoQDEHKi,,  Larves  d'œstrides  de  l'homme  (Magasin  de  zoùlof/ie  de  Guvria,  n'S' 
1859},  —  Sphing,  Larves  tpŒslride  {Bulletin  de  l'Académtn  royale  de  Wp)"'' 
30  mars  18fi!,  et  Presse  belge).  —  Colin,  Sw  les  transformationt  dtt  hr» 
d'œstres  qui  vivent  dans  l'eitomac  et  l'intestiji  des  solipédes  {BuU.  de  la  Sac.  ^f- 
et  crntr.  de  mid.  vétérinaire,  1882,  sér.  2,  t.  Vil,  p.  24).  —  Cogcotii  BlMof 
DiËBE,  Larves  d'asiridfi,  développées  dans  des  tumeurs  d'iipparence  fiovKnl'^ 
(Gai.  kebdomad.  de  médecine  et  de  chirurgie.  1862,  p.  lûtt).  — Schibiv> 
Rapport  ïui-  le  prétendu  «slrc  de  l'homme,  etc.  {Arch.  f.  jiiUhol,  Anat.  uni  P*f 
$iol.,  t.  XXVI,  p.  209).  —  LtiniET,  Nouveau  parusitt  de  l'homme  [Behf^ 
horridus)  {Joum.  de  mid.  de  Lyon  el  Gus  hetid. ,  1866,  p,  75).  —  G.  BoJ». 
Contribiaion  à  l'étude  du  parasitisme.  Thèse  de  MontpeUier,  1 870.  —  R.  WUW 
Cas  de  maladie  parasitaire  produite  par  lu  larve  de  l'œstrus  bovii  (Brititk  ma 
Joum.  cl -Ann.  de  dermatol. ,  I.IU,  p.  Ià3,  lK70-7t)'— B^>'>^<>">-'^'hi>'|'''^ 
siir  les  larws  de  mouches  qui  se  déveloiipent  dans  la  peau  de  l'homme  au  SM^ 
(Comptes  renias  de  l'Acad.  des  sciences,  1872,  t.  LXXV,  n'  19,  p.  1113^  p- 
senlation  par  le  tjavon  Larrey,  Anal,  dans  JIférn.  de  tnéd..  de  ehir.  il  drfifi- 
miW.,  scr.  3,  t.  XXVm,i).  622). 

Museides.  Cette  lamille  de  diptères,  à  laquelle  appartient  la  luaiui' 
commune  qui  lui  sert  de  t\  pe,  est  souvent,  pour  l'espèce  humaine,  l'iw*' 


PARASITES  ANIMAUX.  661 

sîon  de  désordres  qui  ont  été  désignés  par  Hope  sous  le  nom  de  myasis. 
Les  larves  (6g.  216),  principales  causes  de  ces  désordres,  sont  blanches, 
apodes,  obliquement  tronquées  à  l'extrémité  postérieure.  Leur  extrémité 
antérieure,  se  termine  en  pointe;  elle  est  armée  de  deux  crochets  cornés, 
destinés  à  hacher  les  aliments,  dont  ces  êtres  activent  la  putréfaction. 

On   distingue  trois  genres  dans  la 
famille  des  muscides  :  les  lucilies,  qui  -^ 

sont  ovipares  et  remarquables  par  leur 
belle  couleur  d'un  vert  doré,  compren- 
nent la  Lucilia  hominivoraXy  observée 
surtout  à  Cayenne;  les  calliphores,  qui 
sont  également  ovipares,  renferment  la 

grosse  mouche  bleue  de  la  viande  (Ca/-  p^^  ^IS.  -  Larve  de  mouche  caraas- 
/ipAora  e^omtVorta)  ;  les  sarcophages,  aux-  sière.  i4,   larve;  B,  son  extrémité 

quelles  appartient  la  mouche  carnassière         f^^:^  S^rï^eV.";.  "SSmÏ 
{Sarcophaga  camaria),  sont  tisselées  de         (d'après  Moquin-Tandon). 
noir  et  de  gris,  à  anus  rouge,  vivipares. 

Les  lucilies,  qui  ont  reçu  pour  leurs  teintes  brillantes  le  nom  de  Muscidœ 
metallices,  et  dont  le  type  est  la  mouche  dorée  de  la  viande  {Lucilia  cœsar)^ 
se  trouvent  à  l'état  parfait  sur  les  fleurs,  et  plus  souvent  encore  sur  les 
matières  animales  décomposées  ou  près  de  l'être,  auxquelles  la  femelle 
confie  ses  œufs. 

Ces  mouches,  dans  nos  contrées,  ne  sont  nuisibles  qu'accidentellement, 
lorsqu'elles  viennent  à  déposer  leurs  œufs,  soit  sur  des  plaies,  soit  sur 
le  corps  de  personnes  malpropres  et  endormies.  Plusieurs  exemples  de 
larves  de  mouches  trouvées  dans  ces  conditions  ont  été  rapportés  par 
Hope;  mais  dans  les  faits  de  ce  genre,  relativement  communs  dans  le  midi 
de  la  France,  en  Algérie  et  en  Crimée,  il  s'agit  souvent  autant  de  calli- 
phores et  de  sarcophages  que  de  lucilies.  Il  serait  conséquemment  de  la 
plus  grande  utilité  de  conserver  la  figure  exacte  de  ces  larves  et  de  les 
placer  dans  les  conditions  d'un  développement  complet  pour  arriver  à  les 
rattacher  avec  certitude  aux  espèces  connues. 

Les  lucilies  de  nos  climats  sont  en  général  peu  nuisibles;  mais 
il  en  est  autrement  d'une  espèce  de  ce  genre,  dont  la  larve,  à  la 
Guyane  et  au  Mexique,  envahit  pailiculièrement  les  fosses  nasales  de 
l'homme.  Cette  mouche,  décrite  par  Ch.  Coquerel  sous  le  nom  de  Litci- 
lia  hominivorax,  cause  des  accidents  parfois  redoutables.  Les  per- 
sonnes atteintes  éprouvent  tout  d'abord  quelques  fourmillements  de 
la  muqueuse  des  fosses  nasales,  puis  bientôt  survient  un  gonflement 
œdémateux  de  la  région  nasale  qui  s'étend  ensuite  aux  parties  voisines 


663  ànàtomie  pathologique. 

de  la  face  ;  une  douleur  plus  ou  moins  vive  (sensation  de  barre)  se  lait 
sentir  dans  la  région  sus-orbitaire,  puis  parfois  il  se  produit  des  épistaiis 
abondantes  et  difficiles  à  arrêter. 

Dès  cette  période  et  plusieurs  jours  après  le  début,  il  s'échappe  ordi- 
nairement quelques  larves  qui  sortent,  soit  par  l'orifice  des  fosses  nasft- 
les^  soit  par  des  ulcérations  produites  sur  la  peau,  gonflée  et  violacée  par 
places,  de  la  région  supérieure  du  nez,  tandis  que  les  narines  laissent 
écouler  une  sérosité  rougeàtre  et  fétide.  Plus  rarement  les  larves  se 
répandent  dans  le  voile  du  palais,  le  pharynx,  les  orbites,  les  paupières  oa 
la  cavité  buccale.  Des  phénomènes  généraux  graves  accompagnent  parfois 
les  désordres  locaux,  qui  peuvent  s'étendre  jusqu'aux  méninges  cérébra- 
les ;  c'est  dans  ces  cas  que  l'on  voit  apparaître  le  délire  et  que  survient  U 
mort.  Si  l'affection  a  duré  quelques  semaines,  l'autopsie  révèle  une  alté- 
ration marquée  des  os  de  la  région  envahie.  Sur  UU  cas  relevés  par  le 
docteur  Maillard,  21  ont  été  suivis  de  mort;  35  ont  été  fournis  par  les 
Européens  condamnés,  U  par  les  Arabes,  2  par  les  coolies,  2  par  les 
noirs  ;  les  fosses  nasales  étaient  envahies  par  les  larves  29  fois,  le  pha- 
rynx l'était  4  fois,  l'oreille  5  fois,  les  plaies  6  fois.  Or,  tandis  que  la  lucilie 
hominivore,  logée  dans  les  plaies  découvertes,  ne  cause  pas  la  mort,  à 
moins  d'abandon  complet  du  malade,  au  contraire,  sur  38  cas  où  cette 
larve  a  été  observée  dans  des  cavités,  on  compte  21  décès.  Cette  mortalité, 
heureusement,  a  considérablement  baissé  depuis  que  des  moyens  de  des- 
truction presque  infaillibles,  comme  le  chloroforme,  la  benzine,  l'acide  pbé- 
nique,  etc.,  ont  été  employés  pour  combattre  la  présence  de  ce  parasite. 

Dans  la  plupart  des  cas  observés,  les  mouches  avaient  profité  du  som- 
meil des  sujets  pour  y  chercher  un  terrain  favorable  à  leclosion  de  leurs 
œufs;  le  meilleur  moyen  à  prendre  pour  éviter  les  visites  de  la  lucilia  esl 
de  dormir  protégé  par  un  moustiquaire  ou,  à  défaut  de  cet  abri,  dans  les 
grands  bois,  d'imiter  les  nègres  et  les  Indiens  qui  boucanent,  enfument 
leurs  cases  ;  enfin,  d  allumer  des  gi^nds  feux  dont  la  fumée  incommode 
et  chasse  les  insectes. 

Bibliographie. —  Robineau-Desvoidy,  Essai  sur  les  myodaires,  etc., 1830,  p.  432. 
—  Cu.  CoQUEREi.,  yole  sur  des  larves  appartenant  à  une  espèce  nouvelle  dt  dip- 
tère {Lucilia  hominivorax)  ^  développées  dans  les  sinus  frontaud-  de  V homme  n 
Cayenne  (Ann.  de  la  Soc.  entomolo(j.  de  France  y  1858,  p.  171,  pi.  IV).  — Do 
môme.  Des  larves  de  diptères  développées  dans  hs  sinus  frontaux,  etc.  (Arrkirfn 
fjé7i.  de  méd.,  1858,  sér.  5,  t.  XI,  p.  513;  et  1859,  t  XIIL  p.  685).  - 
V.  AunoiiT,  Des  lésions  produites  chez  Vhovimf  par  la  lanc  de  la  Dtcili*^ 
hommivorax.  Thèse  de  Paris,  186/i.  —  K.  Lucas,  Relation  d'un  cas  de  partisi- 
tùime  observé  à  Acapuko,  etc.  Thèse  de  Paris,  186/i,  p.  /i7.  —  J.  El.  Go.szaui*. 


PARASITES  A!<riMAOX.  663 

Iai  mosca  haminivoray  Diss.  Monterey,  3  mars  1 865.— Jacob,  Affection  parasitaire 

■  des  fosses  nasales,  observée  au  Mexiqtte  ;  traitement  par  les  injections  chloroformées 

{Mém.  de  méd.,  de  chirurg.  et  depharm,  milit,,  1866,  sér.  3,  t.  XVII,  p.  58). 

—  Weber,  Joum,  de  Brux.,  XLV,  p.  260,  sept.  1867.  —  A.  E.  Layet,  Quelqws 

réflexions  sur  un  point  de  zoologie  médicale  (Arehiv.  de  médecine  na^mle,  1869,  t.  XI, 

•  p.  1 37).  —  A.  Frantzius,  Ueber  dos  Vorkommen  von  Fliegenlarven in  der  NasenhôMe 

{Arch.  f.  path.  Anat.  undPhysioL  1868,  t.  XLIII,  p.  98).  —  Mankiewicz,  iWd. , 

t.  XLIV,p.  375. —  J.  OïJLET^DelaLuciliakominivoraxàla  Guyane  française.  Thkse 

de  Montpellier,  1 869.  —  G.  Bonnet,  Contribution  à  Vétude  du  parasitisme.  Thèse 

de   Montpellier,  18  févr.  1870.  —  Oct.  Maillard,  De  la  Lucilia  hominivorax. 

Thèse  de  Montpellier,  31  ddc.  1870. —  Al.  Laboulbéne,  Art.  Lucilia  hominivarax 

dnlHct.encyclop.  des  sciences  méd.y  1875,  sér.  2, 1. 111,  p.  166. 

Les  calliphores  et  les  sarcophages,  insectes  très-répandus,  et  vivant  or- 
dinairement sur  la  viande  en  décomposition,  sont  nuisibles  pour  Thommie 
seulement  dans  des  circonstances  spéciales. 

Ces  insectes  déposent  leurs  œufs  renfermant  des  larves  presque  for- 
mées, ou  bien  les  larves  mêmes,  dans  les  cavités  muqueuses  superficielles 
(voies  lacrymales,  narines,  vagin,  conduit  auditif  externe,  ombilic, 
anus,  etc.),  sur  des  endroits  excoriés,  des  blessures  et  des  ulcères.  Plus 
rarement  les  larves  parviennent  dans  l'estomac,  où  elles  restent  en  vie 
pendant  quelques  jours  et  occasionnent  des  vomissements,  ou  dans  Tin» 
t^stin,  où  elles  donnent  lieu  à  des  coliques  et  à  de  la  diarrhée.  Déposées 
dans  les  fosses  nasales,  elles  occasionnent  un  corj-za  et  de  Tozène  ;  dans  le 
conduit  auditif  externe,  elles  peuvent  donner  lieu  à  un  écoulement,  et  chez 
les  jeunes  enfants  surtout  éveiller  des  convulsions.  Développées  sous  la 
peau,  ces  larves  causent  quelquefois  des  accidents  sérieux,  lorsqu'elles  sont 
en  gi'and  nombre.  J.  Cloquet  à  vu  chez  un  malade,  qui,  en  état  d'ivresse, 
s'était  couché  sur  un  tas  de  charogne,  le  cuir  chevelu  couvert  de  larves 
et  baigné  d'une  humeur  sanieuse  et  fétide,  criblé  de  trous  et  soulevé  en 

'  trois  endroits  par  des  larves  qui  y  formaient  des  tumeurs  volumineuses. 
Les  paupières  étaient  œdematiées,  les  yeux  perforés,  le  cristallin  gauche 
était  sorti  par  une  large  ouverture  de  la  coniéc  avec  cinq  ou  six  larves  atla- 

'  chées  à  la  membrane  cristalline  ;  un  certain  nombre  de  larves  se  rencon- 
traient dans  les  conduits  auditifs,  plusieurs  s'étaient  glissées  entre  le  gland 

'  et  le  prépuce,  dont  elles  avaient  rongé  une  portion.  Roulin  a  rapporté  le 
fait  non  moins  curieux  d'un  paysan  du  Lincoinshire,  qui,  couché  sous  un 

'  arbre,  pendant  un  temps  très-chaud,  fut  bientôt  couvert  de  laiTcs  de 
mouches  qu'attira  sans  doute  l'odeur  d'un  peu  de  viande  qu'il  portait  avec 
son  pain  sous  sa  chemise.  Ces  larves  s'introduisirent  sous  la  peau  et 
firent  de  tels  ravages  que  ce  malheureux  expira  au  bout  de  peu  de  temps. 


664  anàtomib  pathologique. 

Bibliographie.  —  Morgâgni,  Becherches  anaiomiques  $ur  le  Hége  et  U$  eomrs 
des  maladies  {Trad.  franc,  de  Destouei^  première  lettre,  t.  I,  p.  2A»  Pirôr. 
1855).  —  RouuN,   Annal,  de  la  Hoc.  entomolog.  de  France^  1852,  p.  510* 

—  J.  Gloquet,  Bull,  de  VAcad.  de  méd.,  nov.  1827.  ^  Hopk»  TrmuaU.  if 
entotnol  Soc.  of  London,  vol.  11,  p.  256.  18&0.  —  Routh,  Larves  dans  leemiiBà 
auditif  {Musca  canaria)  {Dublin  med.  Press,  18&9,  et  Gai.  méd.^  1850,  p.  Si). 

—  J.  Dubois,  Sur  des  larves  de  muscides^  rendues  dans  les  maUéres  des  umisse' 
ments  et  dans  les  selles  par  une  femme.  Examen  de  ces  larves  par  Laboulbéne  et 
Ch.  Robin  (Compt.  rend,  de  la  Soc.  de  biologie^  janvier^  1856).  -Frahçois,  JVofe 
sur  Vexistence  pendant  plusieurs  mois  de  larves  d*une  espèce  particuHère  de 
mouche  dans  les  voies  digestives  d'utie  jeune  femme  {Presse  méd.  belge,  1861, 
et  Gaz.  méd.,  1862,  p.  636).  —  Fr.  Meeschede,  Ein  Fall  von  Erkrankung  à«r- 
vorgerufen  durch  verschluckte  und  lebend  im  Magen  verweilende  Maden  {Arekit . 
f.  path.  Anat.  und  Physiol.  1866,  t.  XXXVI,  p.  300).  —  Van  Peteshem,  S» 
des  larves  de  diptères  rendues  par  un  tuberculeux  {Bull.  méd.  du  Nord  y  1873, 
t.  XIll,p.  362).  —  Henocque^  Larves  de  diptères  rendues  vivantes  dans  les  ma- 
tières fécales  {Compt.  rend,  de  la  Soc.  de  biologie,  24  avril,  1875). 

III.  —  Lépidoptères 

Les  larves  de  cet  ordre  d'insectes  ont  été  peu  rencontrées  dans  l'orga- 
nisme humain,  mais  assez  fréquemment  toutefois  pour  qu*on  ait  donné 
aux  accidents  qu'elles  déterminent  le  nom  de  Scolechiasù. 

Le  genre  Âglosse  a  fourni  la  plupai*t  des  faits  connus  ;  il  est  carac- 
térisé par  une  trompe  rudimentaire  ou  à  peine  visible,  et  par  des 
ailes  formant  avec  le  corps  un  triangle  presque  horizontal.  On  en  distingue 
deux  espèces,  dont  les  chenilles  vivent  de  substances  animales;  une  de  ces 
deux  espèces  seulement  a  été  jusqu'ici  rencontrée  dans  le  corps  humain, 
c'est  celle  de  VAglossa  pingutnalis.  Celte  larve,  qui  vit  ordinairement  dans 
le  lard,  la  graisse,  le  beurre,  etc.,  ou  dans  les  matières  animales  conser- 
vées, se  rencontre  fréquemment  dans  les  cuisines  et  chez  les  marchands  de 
comestibles  ;  on  la  vue  aussi  dans  le  tube  digestif  de  l'homme  où  elle  déter- 
mine des  accidents  quelquefois  assez  graves,  principalement  caractérisés 
par  des  diarrhées  plus  ou  moins  abondantes.  Linné  en  a  indiqué  l'existence 
dans  l'estomac  de  l'homme,  Hope  a  relaté  deux  exemples  semblables,  et 
plusieurs  autres  faits  sont  signalés  dans  divers  recueils  de  médecine.  Dans 
un  cas  rapporté  par  Lunel,  un  homme  fut  pris  d'accidents  cholériformes 
très-graves  à  la  suite  de  repas  faits  exclusivement  avec  du  gras  et  de  la 
couenne  de  jambon,  conservés  depuis  plus  d'une  année.  L'examen  de 
l'aliment  permit  d'y  reconnaître  une  petite  chenille  glabre,  portant 
seulement  quelques  poils  disséminés,  ayant  huit  paires  de  pattes  et  tous 
les  caractères  de  VAglossa  pinguinalis. 


PARASITES   ANINAl'X.  M5 

Pour  être  cumplel,  J'ajouterai  que  plusieurs  auteurs,  et  notamraeat 
Forestus,  Tulpîus,  Liiim's  Thomson,  Balemaii,  oui  obseivé  des  acci- 
dents produits  par  des  coléoptères  ou  par  leurs  larves.  Ces  accidents, 
appelés  par  Hope  du  nom  de  carUhariasû,  résultaient  de  l'envahissement 
des  voies  digestlves,  plus  rarement  des  narines,  du  conduit  auditif,  des 
voies  lacrymales  par  certaines  espèces  Taisaul  partie  de  cet  ordre,  surtout 
le  gphodre  leucophlhaime,  le  dijlique  borde,  laj;ipore  Kuleirain,  le  pédève 
allongé,  le  vermesle  du  lard,  le  géolrupe  prinianier,  le  blept  porte-malheur, 
le  (énébrion  de  la  fariiw,  les  perct-oreilUs  grands  et  petits,  etc. 

BiBMOGHtPiiiR. —  Cah,  [JN^E,  iVojï.  itaect.  dmertal.,  Stockholm.  1752,  el 
Kmamilatefi  Academ.,  vol.  lit.  —  Vos  Siebold,  Arl.  Parasite»  dans  Jlud.  — 
Wagnkh  HiNDWOHTEnM,  DePh'jiiol.,\o\.  Il,  p.  683-685.  —  W.  F.  Hope,  On 
infects  n/id  their  larves  oixtmonally  faund  tu  Ihe  human  body  {Transact.  uf  the 
iiitmoioy.  Sw.  of  Lmdoit,  IBAd,  vol.  11,  p.  250  et  26j].  —  B.  Lunei.,  AbeilU 
aiilkale,  22  Juillet  1861,  et  Gai.  hebd.,  IKfil,  p.  55'i.  —  Al.  Labdiilbëne, 
Arl.  Aglosse  du  Wel.  tiicyel<ypéd.  des  sciences  mH.,  1865,  t.  Il,  p.  190. 


îî  2.  —  ABACllMiltS, 


Les  nrachnides  sontdesarlhropodes  organisés  comme  les  insectes  pour 
vivre  dans  l'air,  et  qui  ont  quatre  paires  de  pattes,  la  tête  confondue  avec 
It^  tliorax  et  dépourvue  d'antennes.  Cette  classe  comprend  un  petit  nombre 
dVspiws  parasites. 

1.  Ixodet,  1°  Les  Tiques  ou  Ixodcs  sont  des  arachnides  dont  les  pal|K-s 
roniient  avec  le  suçoir  une  sorte  de  l>ee  saillant,  coui't,  tronqué  et  un 
peu  dilaté  à  son  extrémité.  Elles  habitent  tes  bois,  s'accrochent  aux 
végétaux  peu  élevés,  et  de  lii  se  Jettent  sur  l'homme,  plus  souvent  sur  les 
chiens,  les  moutons,  les  bœufs,  les  chevaux,  et  se  fixent  k  leur  peau,  dans 
laquelle  elles  enfoncent  le  bec  à  la  façon  d'un  trocart.  Les  petits  crochets 
qui  garnissent  la  surface  du  suçoir  l'empêchent  de  sortir  du  point  où  il  a 
pénétré,  de  sorte  qu'on  ne  peut  le  détacher  qu'avec  force  et  en  arrachant 
uae  portion  de  la  peau  qui  y  adhère.  Les  principales  espèces  de  tiques 
connues  sont  :  1"  h'Ixades  riciaus,  qui  s'attache  aux  chiens  ;  2°  VUodes 
rtliatlatus,  qui  attaque  les  mamnârères  domestiques;  3"  Xlxodat  ameri- 
cmaa;  (j"  \'/xodes  limninis. 

1-1  tique  s'accmche  ù  la  peau  et  y  enfonce  son  extrémité  niandibuhiire 
3'''^  une  telle  subtilité  qu'on  ne  senl  pas  la  piqûre.  La  douleur  se  montre 
BMuknient  après  plusieurs  jours,  et  en  examinant  le  point  où  on  l'éprouve 


tpi 


666  ANATOMIB  PATHOLOGli)UB. 

^on  est  tout  étonné  d'y  voir  la  tique  gorgée  de  sang.  Si  on  cherche  k  l'ex- 
traire, on  sent  une  résistance  considérable,  due  à  l'implantation  4es  cr»- 
«chets  qu'il  ne  faut  pas  briser,  autant  que  possible,  car  leur  présence  dans 
'les  tissus  cutanés  prolonge  Jes  accidents  inflammatoires  et  détennine 
'  souvent  une  sorte  de  durillon  qui  ne  se  résorbe  ou  disparaît  qu'après  des 
mois. 

2^  Les  Argas  sont  des  arachnides  voisins  des  tiques,  dont  ils  dif- 
fèrent par  leur  bouche  inférieure  et  par  leurs  palpes  libres,  coniques  et 
composées  de  quatre  articles.  Deux  espèces  principales  méritent  notre 
attention,  VArgaspersicus  qui,  dit-on,  inquiète  de  préférence  les  étran- 
gers, et  VArgas  chinche,  qui  habite  la  Colombie.  Gerslœcker  signala  en 
outre  VArgas  reflexm  (Dermanyssm  avtum  de  Bory),  qui  vit  ordinairement 
sur  les  pigeons  et  les  oiseaux  de  basse-cour,  mais  qui,  dans  quelques 
circonstances,  se  fixe  sur  notre  espèce  et  y  détermine  des  accidents  ana- 
logues à  ceux  que  provoque  Targas  de  Perse.  Les  piqûres,  extrêmement 
«douloureuses,  peuvent,  dans  certains  cas,  dit-on,  amener  la  raort  par 
épuisement.  Il  est  très-difficile  de  se  dêbaiTasser  de  ces  hôtes  incom- 
modes ;  mais  comme  ils  redoutent  la  lumière,  le  meilleur  procédé  pour 
éviter  leur  atteinte  est  de  coucher  dans  des  chambres  bien  éclairées. 


Bibliographie.  —  BosaiuLXE,  Archit  f.  path.  Anat,  und  Physiolog.,  t.  XVIII, 
p.  55/i.  — A.  Gebst-fxker,  Argas  rcflexus  {Archiv  f.  pathol,  AnaL  und  PAy- 
siolog.,  1860,  t.  XIX,  p.  U51,  et  Gaz.   hebd.,  1860,   p.    772). 


II.  Tromhidides.  —  Le  JKongeX  {Leptus  autumnalis)  est  un  acarîen  à  l'état 
de  larve,  et  comme  tel  ne  présente  que  six  pattes  ;  il  est  reconnu  pour 
être  la  larve  d'un  trombidion.  Cet  arachnide  se  tient  sur  les  tiges  dfs 
graminées,  dans  les  guérets  et  les  bois,  etc.  ;  il  fait  généralement  sentir 
sa  présence  sur  l'homme  du  milieu  de  juillet  au  milieu  de  septenibre; 
il  s'insinue  dans  la  peau,  à  la  racine  des  poils,  et  préfère  le  ventre, 
le  r,;T0lum  et  la  partie  interne  des  cuisses  des  personnes  qui  ont  la  peau 
délicate. 

Heiberg  a  eu  l'occasion  d'étudier  une  sorte  d'épidémie  de  ce  parasite  à 
Tristed,  petite  ville  de  Danemark,  où  il  règne  tous  les  ans  dans  la  seconde 
moitié  de  l'été.  L'éruption  qu'il  produit,  et  qui  est  fréquente  surtout  cher 
les  individus  qui  travaillent  dans  les  jardins,  est  désignée  vulgairement 
sous  le  nom  de  bouton  d'aont.  Celte  éruption  se  caractérise  par  un  exanthème 
d'abord  papuleux,  puis  vésiculeux  et  même  pustuleux,  acconijMignéde 
démangeaison  très-vive.  Le  pamsite  se  laisse  voir  au  milieu  des  boutous 


PARASITES  ANtMAtrit.  (Kt) 

SOUS  romne  d'un  ppint  rouge.  Le  (railement  consiste  en  lotions  avec  l'ex- 
trait alcoolique  des  fleurs  de  Pyrethrum  Caueaticum. 

BtBUuâHAPHiB .  —  GuDDEN,  Uebn'  eitie  Invasion  von  Leptus  aidumnalis  {Arehiv 
fur  patholog.  Anatom.  taid  Phyuidog.,  t.  LU,  p.  255,'1871)-  —  V.  Heibeiig, 
Leplua  autumiialU  (NordisU  med,  Arhiv,  I.  V|,  n°  23;  Analyse,  dans  fin:,  fiet- 

111.  Amrides.  —  On  désiime  sous  ce  nom  des  acariens  parasites  qui 
vivent  dans  la  peau  des  mammifères,  principalement  dans  celle  du 
mouton,  du  cheval  et  du  bœuf.  L'une  des  espèces  de  celte  famille, 
appartenant  an  genre  sarcopte,  est  plus  spéciale  à  l'homme  {Sarcopta 
tcttbiei,  Latreille). 

Le  sarcopte  de  la  gale  est  un  petit  animal  punctiforme,  visible  cepen- 
dant à  rœil  nu,  mou,  luisant,  un  peu  transparent,  de  teinte  laiteuse;  il 
.1  un  rostre  petit,  étroit,  ovoïde,  à  la  naissance  duquel  oii  observa 
deux  poils  (fig.  217).  Ses  membres  sont  disposés  par  paires,  on  en 


no.  317.  A,  sareoptemlle  (bec  tentralejp«n.lOO;  B,  urcopte  teinell«(tMe  dorstle), 
■nêrae  RroMiissinent  :  a.    (Euf. 


trouve  deux  paires  en  avant  et  deux  palpes  en  arrière,  asscK  éloignées  des 
précédentes.  Les  mâles  sont  plus  petits  et  moins  nombreux  que  les 
femelles.  Les  œuls  sont  relativement  très-volumineux,  car  ils  ont  au 
moment  de  la  ponte  près  du  tiers  de  la  longueur  de  l'animal. 

Les  sarcoptes  ont  h  leur  naissance  et  à  l'étal  de  larves  sis  pattes  au 
lieu  de  huit;  ces  larges,  très-agiles,  s'abritent  sous  des  follicules  d'épi- 
derme  soulevé,  où  elles  s'engourdissent  pendant  quelques  Jours;  leur  peau 


668  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

se  plisse,  se  dessèche  et  tombe,  une  nouvelle  paire  de  pattes  se  développe 
et  ranimai  arrive  à  l'état  parfait. 

Le  sarcopte  est  un  animal  fouisseur;  à  l'aide  de  ses  mandiirales, 
il  entame  Tépiderme,  s* y  creuse  une  sorte  de  terrier,  qui  apparat!  à  k 
surface  de  la  peau  sous  la  forme  d'un  sillon  légèrement  courbé  ou  sinueoL 
Les  attaques  réitérées  des  mandibules  du  sarcopte  sur  la  surface  villopt- 
pillaire  donnent  lieu,  dans  ces  sillons  ou  galeries  à  un  trajet  oblique  on* 
tourné  ou  festonné,  à  une  sécrétion  abondante  d'humeurs  dont  ce  pan- 
site  se  nourrit.  Ce  sont  ces  humeurs  et  celles  qui  résultent  dm 
travail  inflammatoire  consécutif  qui  s'accumulent  quelquefois  sous  l'épi- 
derme  et  constituent  à  l'extrémité  du  sillon  une  vésicule  miliaire  tnnspt- 
rente  ou  éruption  vésiculaire  de  la  gale.  Ajoutons  que  des  débris  de 
cellules  épidermiques  et  d'acares  morts,  desséchés,  sont  ordinairen[ieDl 
attirés  à  l'ouverture  de  ce  terrier,  où  ils  forment  à  la  surface  de  la  peau  une 
croûte  plus  ou  moins  épaisse. 

Le  prurit  si  incommode  qui  accompagne  la  présence  de  l'acare  chei 
l'homme  est  attribué  aux  mœurs  de  cet  insecte,  qui  vers  le  soir  et  dans 
la  nuit  se  mettrait  particulièrement  au  travail  ;  mais  il  n'est  pas  prouvé 
qu'il  ne  tienne  aussi  en  partie  à  un  liquide  venimeux  venant  irriter  les 
papilles  nerveuses.  Delafond  et  Bourguignon  ont  en  effet  montré  que  les 
humeurs  qui  circulent  dans  le  tissu  sarcodique  des  acares  sont  douées 
d'un  principe  d'irritation  énergique^  car,  ayant  inoculé  à  l'homme  et  au 
chien  du  jus  provenant  de  sarcoptes  écrasés,  ils  ont  remarqué  que  la 
partie  lésée  et  les  parties  environnantes  devenaient  le  siège  d'une 
éruption  avec  prurit  insupportable  le  soir,  la  nuit  et  le  matin. 

Le  sarcopte  de  l'homme  fait  particulièrement  choix,  pour  tracer  ses 
sillons,  vivre  et  pulluler,  des  régions  pourvues  d'un  épiderme  souple, 
abondant,  sillonné  de  plis,  tel  que  celui  de  la  peau  des  doigts,  de  l'inter- 
valle des  phalanges,  des  poignets,  des  organes  de  la  génération  chez 
l'homme  et  du  voisinage  du  bout  des  seins  chez  la  femme.  Chez  les  ani- 
maux, les  acariens  préfèrent  généralement  habiter  la  partie  supérieure  de 
l'encolure  du  dos,  la  région  des  reins  et  de  la  base  de  la  queue;  chex  le 
porc  ils  semblent  rechercher  les  humein*s  retirées  de  la  face  externe  des 
oreilles.  Ce  n'est  que  dans  les  cas  où  la  colonie  acarienne  est  devenue 
trop  considérable  que  la  peuplade  malfaisante  émigré  des  lieux  que  nous 
venons  de  citer,  pour  s'établir  dans  le  voisinage  et  ainsi  successivement 
dans  des  lieux  plus  éloignés.  Ajoutons  que  ces  animalcules  préfèrent 
les  humeurs  saines  ou  morbides  des  individus  maigres,  débiles  et 
affaiblis  par  une  mauvaise  nourriture,  ou  dont  la  constitution  est  déla- 
brée par  un  excès  de  travail,  les  privations,  la  misère,  la  malproprelé. 


PARASITES   ANIMAUX.  669 

aux  humeurs  de  ceux  qui  sont  placés  dans  des  conditions  hygiéniques 
et  physiologiques  opposées. 

Les  sarcoptes  des  mammifères  diffèrent  peu  de  celui  de  Thomme  ;  il  est 
établi  qu'un  certain  nombre  au  moins  d'entre  eux  et  principalement  ceux 
du  cheval,  du  chameau,  du  bœuf,  du  chien  et  du  chat,  peuvent  se  déve- 
lopper sur  l'homme  et  lui  donner  une  maladie  analogue  à  celle  où  l'ani- 
malcule a  pris  naissance.  D'ailleurs  le  sarcopte  de  la  gale  humaine  a 
été  rencontré  chez  le  porc  et  le  lama  (Lanquetin,  Robin). 

Un  animalcule  qui  peut  être  rapproché  de  l'acare  de.  la  gale  est  l'a- 
caropse  de  Méricourt  {Tyrogliphus  JUericourti,  Laboulbène,  Acaropsis 
Mencourti,  Moquin -Tandon).  C'est  un  acarien  long  de  1x5  millimèlres, 
ovoïde,  sans  yeux,  et  dont  le  corselet  se  confond  avec  l'abdomen.  Il  a  été 
observé  par  Leroy  de  Méricourt  sur  un  officier  de  marine,  atteint  d'une 
otite,  à  Terre-Neuve.  Trois  de  ces  petits  arachnides  ont  été  recueillis  avec 
le  pus  qui  se  trouvait  dans  le  conduit  auditif.  Le  Sarcoptes  cynotU  et  le 
Sarcoptes  hypopodes^  rencontrés,  l'un  sur  des  ulcérations  de  l'intérieur  des 
oreilles  des  chiens,  l'autre  sur  les  bords  d'un  cancer  du  pied  d'un  cheval 
mort,  ne  sont  sans  doute  pas  différents  de  l'acaropse  de  Méricourt.  J'en 
dirai  autant  d'un  sarcopte  que  j'ai  rencontré  sur  les  ulcères  pulmonaires 
d'un  tuberculeux. 

BiBuoGRApRiE.  — Renucci,  Sur  la  décofwerte  de  V insecte  qui  produit  la  conta» 
gion  de  la  gale,  etc.  Thèse  de  Paris,  1835.  —  Dugés,  Note  sur  le  sarcopte  de  la 
gale  humaine {Annai,  des  sciences  natur,,  1835,  t.  III).  —  Aube,  Considérations 
générales  sur  la  gale  et  V insecte  qui  la  produit.  Thèse  de  Paris;  1836.  — 
Hering,  Die  Krœtzemilben  der  Thiere  und  einige  verwandte  Arten  {Nova  acta 
physico-med.  naturœ  curiosorum,  Vratislaviœ  et  Bonnœ,  1838).  —  P.  Gervais, 
dans  Walckenaer,  Histoire  naturelle  des  insectes  aptères,  Paris,  18^^,  t.  IV.  — 
Bourguignon,  Traité  entomologique  et  pathologique  de  la  gale  de  thomme, 
Paris,  1852.  —  Dei.afond  et  Bourguignon,  Recherches  sur  les  animcUcules  de  la 
gale  des  animaux  et  sur  la  transmission  de  la  gale,  des  animaux  à  t  homme  (Ar^ 
chives  gén.  de  médecine,  1858,  sér.  5,  t  XI,  p.  18).  —  Gerlach,  Kraetie  und 
Baeude,  Berlin,  1857.  —  Lanquetin^  Annales  des  maladies  de  la  peau  et  de  la 
syphilis,  Paris,  octobre  1851.  —  Le  même.  Notices  sur  la  gale  et  sur  l'animal- 
cule qui  la  produit,  Paris,  1859.  —  Reynal  et  Lanquetin,  Maladie  parasitaire 
des  oiseaux  de  bassê-cour,  transmissible  à  V  homme  et  au  cheval  (Comm.  à  VAcad. 
de  méd.^  séance  du  21  juin  1859).  —  Ch.  Robin,  Recherches  stir  le  sarcopte  de 
Ut  gale  humaine  (Mém.  de  la  Soc.  de  biologie,  sér.  3,  t.  1,  p.  21,  année  1859^ 
Paris  1860].  — Le  même,  Mém.  sur  diverses  espèces  d'acariens  de  la  famille  des 
ioreopHdes,  Moscou,  1860.  — FuKsrmBEhG,  Die  Krdtzmilben  der  Menschen  und 
Thiere^  1861.  —  A.  Hirsch,  Handb.  d.  historÎKh^eogr.  Pathologie.  Erlaogen, 
i662-186&,  p.  522. 


I^VI 


670  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

IV;  Dermatophiks.  —  Le  Demodex  {Demodex  foUicùlorum^  Owrn, 
Acarus  folliculorum,  Simon)  est  un  arachnide  digrade,  à  forme  hel- 
minthoïde,  long  de  0""°,3  à  0°^,6,  dont  la  tète,  confondue  avec  le  cor- 
selet, forme  un  céphalo-thorax  oblong  (fig,  218)  ;  il  a  un  rostre  composé 

de  deux  palpes  latéraux  avec  un  suçoir  intermédiaire. 

Ce  parasite  se  rencontre  dans  les  conduits  normaui 
ou  dilatés  des  glandes  sébacées,  particulièrement  ceui 
des  ailes  du  nez,  où  il  est  mêlé  à  la  matière  sécrétée,  fl 
v;t  généralement  en  petite  société,  plusieurs  demodex 
occupent  le  même  follicule,  où  ils  se  tiemient  parallèle- 
ment à  Taxe,  la  tête  tournée  contre  le  fond  du  sac.  Reb- 
tivement  rare  chez  l'homme,  où  il  a  été  contesté  qu'il  pro- 
duisit des  accidents,  ce  parasite  est  beaucoup  plus  commoD 

FiG.  210.  ^^^^  '^^  chiens,  où  il  détermine  quelquefois  des  désordres 
Demodex  folii-   sérieux. 

CM  ^^'JJJJ^^J^     r      Sparks  a  récemment  observé  trois  chiens  qui,  par  suite  de 

cette  affection,  périrent  après  avoir  perdu  une  partie  de 
leurs  poils  ;  les  follicules  pileux  et  les  glandes  sébacées,  énormémeDl 
dilatées,  renfermaient  des  débris  épithéliaux  et  des  acares.  S'appuyant 
sur  ces  faits,  cet  auteur  pense  que  certains  cas  d'acné  de  l'homme  peuvent 
bien  être,  dus  à  l'irritation  déterminée  par  la  présence  du  demodex. 

Bibliographie.  —  G.  Simqn,  Mùller's  ArchiVy  4868,  et  Die  Hautkrankh.  dvrrk 
anat,  Ujiiersuchimg  erlàutei'ty  Berlin,  1851,  p.  312.  —  Gruby,  Compt.  rend.di 
VAcad.  des  sciences,  mars  1865,  t.  XX,  p.  569,  et  Edinb.  monthly  Jowti.  of  thu 
med,  scienc,^  nov.  1866.  — Er.  Wh^jn,  On  diseases  of  the  skin,  London,  1847. 
— P.  Gervais,  Hist.  nat,  des  insectes  apth'es^  t.  III,  p.  282,  pi.  35,  (îg.  6.  — 
G.  Wedl,  Zeitschr.  d,  Gcsellsch.  d.  Aerztc  zu  Wien,  1867,  t.  IV,  p.  177.  - 
Edw.  Sparks,  On  a  diseuse  of  the  skin  produced  by  the  acarus  foUicuhritm^ek. 
{MedicO'Chirurg.  Transactions,  t.  LVII,  p.  239,  1876).  —  Darin,  Lettre  $vr  h 
demodex  on  acarus  des  follicules  {Gaz.  des  hôpitaux,  Paris,  1*-  sept.  1876). 

§   3.    —  CRUSTACÉS. 

Pentnsiomes.  —  Considérés  autrefois  comme  des  vers  intestinaux,  le> 
pentastomes  sont  aujourd'hui  rapprochés  avec  raison  des  crustacés,  à 
cause  de  l'analogie  évidente  de  leurs  embryons  avec  ceux  des  leniéides. 
Ces  animalcules  ont  un  corps  allongé,  aplati ,  plissé  transversalement, 
subarliculé,  plus  large  en  avant  qu'en  arrière  (lig.  219).  La  bouchf 
est  antérieure,  inférieure,  avec  deux  paires  de  crochets  rétractile>; 
rorilice  anal  est  à  l'autre  extrémité,  l'intestin  est  simple,  les  membr?5 


PARASITES  ANIMAUX. 


671 


font  défaut.  Le  système  nerveux  est  constitué  par  un  ganglion  sous-œso- 
phagien volumineux.  L'appareil  génital  du  m&le  se  compose  d'un  long 
testicule  cylindrique;  celui  de  la  femelle,  d'un  long  ovaire  également 
cylindrique,  divisé  en  deux  branches  entourant  l'intestin 
ci  se  réunissant  en  un  oviducte  unique. 

Communs  au  Brésil,  les  pentastomes  se  i*encontrent 
eu  Europe,  et  ne  sont  pas  rares  dans  le  centre  de  la 
France  ;  ils  s'observent  sur  plusieurs  animaux,  notam- 
ment le  chien,  le  loup,  le  cheval,  le  bœuf  et  le  mou- 
ton. Sur  630  chiens  ouverts  par  Colin  à  Alfort,  en  deux 
ans  et  pendant  toutes  les  saisons,  6U  en  ont  offert  de 
1  j  usqu'à  1  i ,  en  tout  146.  Les  pentastomes  vivent  non  pas, 
comme  on  l'a  prétendu,  dans  les  sinus  frontaux  ou  les 
cavités  ethmoîdales,  mais  bien  dans  les  cavités  nasales 
proprement  dites,  enti*e  les  volutes,  entre  les  cornets,  ou 
au  fond  des  méats  (Colin).  C'est  seulement  après  la  mort 
de  leurs  hôtes  qu'ils  vont  quelquefois  se  promener  dans 
l'arrière-bouche  et  à  l'entrée  du  larynx.  A  l'aide  des  cro- 
chets mobiles  et  acérés  qui  garnissent  lepourtour  de  leur 
bouche,  ces  petits  êtres  s'implantent  sur  la  pituitairesibien 
que  par  une  traction  violente  on  arrache  leurs  crochets 
plutôt  que  de  leur  faire  lâcher  prise  ;  aussi  comprend-on 
qu'ils  restent  solidement  cramponnés  malgré  les  éter- 
numents  les  plus  violents.  Le  mucus  semble  leur  seul 
aliment  avec  le  produit  de  la  glande  qui  tapisse  l'antre 
du  méat  moyen.  C'est  alors  que  les  sexes  se  développent 
et  que  la  femelle  pond  dans  le  mucus  de  la  pituitairé 
des  œufs  capables  de  donner  naissance  à  une  nouvelle 
génération.  Ces  œufs,  expulsés  avec  les  mucosités 
nasales,  résistent  pendant  quelque  temps  aux  influences  atmosphé*' 
riques;  après  quoi,  faute  d'un  milieu  convenable,  ils  sont  perdus. 
Or  ce  milieu  est  le  corps  d'un  animal;  aussi  lorsque,  tombés  sur  l'herbej' 
ils  viennent  à  être  avalés  avec  les  fourrages  par  un  bœuf  ou  une  brebis 
par  exemple,  ils  se  développent  dans  le  corps  de  cet  animal  et  passent  à 
i'élat  de  larve  comme  l'ont  montré  les  expériences  de  Leuckart  et  celles 
non  moins  intéressantes  de  Colin. 

-  Ce  dernier  expérimentateur  Kt  avaler  des  œufs  de  pentastome  lénioïdc 
mêlés  avec  de  la  farine  à  deux  chevreaux.  L'un  de  ces  animaux,  conservé' 
et  sacrifié  au  bout  de  quatre  mois,  pendant  lesquels  il  était  resté  maigre, 
présenta  des  ganglions  mésentértques  ramollis  ou  détruits,  renfermant 


FiG.  219.  —  Pen* 
tastome  ténioïde 
|>rovenant  d'un' 
chien;  les  cir- 
conYolutions  de 
l'oviducto  appa- 
raissent  à  l'inté- 
rieur. Grandeur 
naturelle.  (D'a- 
près Davaine.) 


672  ANiTOMU  PiTBOLOGIQOB. 

an  plus  ou  moins  grand  nombre  de  pentasiomes  a^unes  MinHahla  i 
ceux  que  l'on  trouve  chez  le  mouton,  le  bœuf,  le  dromadure,  ele.  liw 
après  avoir  pullulé  dans  les  glandes  mésentériques,  lea  penlailoiiMt  oflt 
fini  par  s*y  trouver  mal  à  l'aise  et  ont  fiut  irruption  de  Unia  eAlés  pov 
chercher  des  moyens  d'existence.  Ils  se  scmt  répandua  dana  répaiMard 
sur  les  deux  Taces  du  foie,  dans  les  poumons,  etc. ,  et,  à  Taide  dés  pctib 
croche  qui  entourent  leur  bouche,  ih  se  sont  eremè  dea  logea  arroDdia, 
irrégulières,  les  unes  closes,  les  autres  en  eommunication  avec  la  cavilé 
du  péritoine  ou  celle  des  plèvres.  Ces  loges  renfermenl  le  penlasUHae 
denticulé,  qui  est  la  larve  du  pentastome  ténioTde. 

Or,  voici  ce  qui  s'est  passé  dans  ce  cas  :  les  œufa  arrÎTéa  à  resliNaie 
y  sont  éclos  ;  il  en  est  sorti  de  petits  vers  pourvus  de  pattes  aiticuléei 
et  d'un  stylet  protractile  à  la  tête.  De  l'estomac  ils  ont  passé  diai 
l'intestin  et  attaqué  le  tissu  délicat  des  villosités.  Une  foia  dans  le  onal 
chylifère,  ils  ont  pu  gagner  à  la  nage  les  ganglions  méaentériqoes,  oi 
ils  ont  fait  élection  de  domicile.  Là,  les  pattes  et  le  stylet,  devenus  ias- 
tiles,  sont  tombés;  l'helminthe  a  quitté  sa  forme  globuleoae,  s'est  alloué 
et  aplati  ;  son  corps  s'est  segmenté  et  hérissé  de  piquants,  sa  bouche  sM 
garnie  de  quatre  crochets  propres  à  attaquer  les  tissus;  en  un  mot,  3i 
pris  sa  seconde  forme,  celle  de  pentastome  denUoulé. 

Enfin,  si  le  mouton  ou  le  bœuf  porteur  de  oMe  larve  oontinne  de 
vivre,  celle-ci^  condamnée  à  une  détention  perpétuelle,  peut  passer 
des  années  entières  sans  éprouver  le  moindre  accroissement  et  en  res- 
tant  privée  d'organes  sexuels.  Pour  qu'elle  puisse  arriver  à  l'état  com- 
plet, il  faut  nécessairement  que  Tétre  sur  lequel  elle  s'est  développée  tombe 
sous  la  dent  d'un  animal  carnassier,  car  alors,  se  fixant  à  sa  lèvre,  sur 
sa  bouche,  etc.,  elle  va  faire  élection  de  domicile  dans  les  fosses  nasales, 
où  elle  achève  son  développement,  et  devient  sexuée;  toutefois  la  postérilf 
ne  pourra  se  continuer  dans  ces  conditions  qu'autant  qu'un  mftle  et 
une  femelle  se  rencontreront  chez  le  même  camivore. 

Telles  sont  les  métamorphoses  du  genre  pentastome.  Les  espèces 
qui  s'y  rapportent  sont  aujourd'hui  peu  nombreuses;  le  pentastome 
lancéolé,  découvert  par  Chabert,  et  auquel  Rudolphi  a  donné  le  nom  de 
pentastome  téniuîde,  est  la  seule  espèce  que  l'on  connaisse  à  la  fois  à 
l'état  de  larve  et  à  l'état  adulte.  Une  autre  larve  a  été  trouvée  en  Égyptf, 
c'est  le  pentastome  étreint. 

1"  Le  pentastome  ténioîde  [Pentastoma  tœnioides^  Rudolphi)  a  le  corps 
déprimé,  lancéolé,  plissé  transversalement,  une  bouche  presque  orbica- 
laire,  des  crochets  rangés  en  demi-cercle.  Le  mâle  est  blanc,  long  de 
18  millimètres,  large  en  avant  de  2"",5,  en  arrière  de  (^""«AS;  la  femelle 


PARASITES    AMMAl'X.  67S 

t  plus  voluminpuse  (iig.  219).  O  parasite  vit  dans  les  fosses  nasales, 
lout  chez  le  chien  et  le  loup. 
\  Le  penlastome  denliculé  (Pentastoma  dcnliculatum,  lludolpht),  qui  est 
i  larve  du  précédent,  a  un  corps  mou,  blanc,  lancéolé,  aplati,  long 
B  (i  à  6  millimètres,  large  de  1  millimètre  à  1  millimètre  et  demi,  beau- 
ns  large  en  arrière,  strié  ou  ridé  transversalement,  denttculé  sur 
les  bords  en  avant  et  armé  de  lamelles  ou  épines  implantées  sur  le  tégu- 
ment au  moyen  d'un  pédicule  tubuleux  (fig.  220).L'estrémîté  obtuse  pré- 
sente on  dessous  une  bouche  elliptique  portant  de 
chaque  calé  une  paire  de  crochets  un  peu 
mégaus,  dirigés  d'avant  en  arrière. 

Cette  larve  se  rencontre  dans  des  kystes  des 
organes  parenchymateux,  et  surtout  dans  le  fnie 
et  les  poumons  chez  certains  animaux  herbivores, 
et  notamment  le  bœuf,  le  mouton,  la  chèvre  le 
lapin,  etc.  Dans  ces  dernières  années  elle  a  tli 
trouvée  assez  fréquemment  chez  t'bomnie,  le  phi^ 
souvent  à  la  surface  de  la  glande  hépatique  (Z(  ti 
ker),  mais  quelquefois  aussi  à  la  surface  des  ^enl^ 
ou  de  la  rate,  dans  le  tissu  sous-muqueux  de 
rintt^stin  grêle  (E.  Wagner).  Ordinairemont  situé 
dans  le  foie,  au  voisinage  du  ligament  suspen 
seur  et  dans  le  péritoine,  ce  parasite  est  con- 
tenu dans  une  capsule  fibreuse,  résistante,  qui 
se  présente  sous  la  forme  d'un  tubercule  de 
a°",25  il  3'°"',37,  ordinairement  rempli  d'un  dé- 
pôt calcaire.  Celte  capsule,  qu'il  est  facile  de 
détacher  du  parenchyme,  renferme  l'animal 
recourbé  sur  lui-même,  incrusté  de  substance 
calcaire  et  si  fortement  uni  k  son  enveloppe  qu'on  éprouve  de  ta  peine 
à  l'en  séparer.  Au  moyen  de  l'acide  chlorbydrique  alTaibll  on  parvient 
à  le  débarrasser  des  sels  calcaires  et  k  préciser  les  caractères  du  pa- 
rasite, qui  en  général  ne  détennine  aucun  accident  sérieux.  Le  pen- 
tastome  denticulé  ne  parait  pas  rare  en  Allemagne,  puisque  Zenker  l'a 
trouvé  9  fois  sur  168  autopsies  à  Dresde,  Ileschl  5  fois  sur  20  à  Vienne, 
Wagner  1  fois  sur  10  à  LeipiTig.  On  ne  sait  pas  exactement  comment 
il  pénètre  dans  les  organes  de  l'homme,  mais  il  est  probable  que  c'est 
par  des  œufs  ingérés,  soit  dans  les  boissons,  soit  avec  de  la  salade  mal 
Heltoyée. 
2*  Le  pentastome  étreint  [Pentastoma  ctnalricium,  Siebod;,  a  un 
LANCIHEALX. —Traité  d'Anal  p:(h.  I.    -    dS 


fiG.  320.  —  PcnUilomB 
denticulé,  furtemenl  gro*- 
ti.  Un  traii  placé  ii  cdl£ 
niirque  la  grandeur  nalu- 
relle  (d'apréa  Zenker). 


61 U  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

corps  allongé,  cylindrique,  long  de  13  millimètres,  large  de  3  millimètres, 
anneléen  apparence  par  des  constrictions  transversales;  son  dos  est  con- 
vexe, son  ventre  est  aplati,  ses  téguments  n'ont  pas  d'épines. 

Cette  espèce  parasitaire  a  été  trouvée  à  l'état  de  larve,  en  Egypte,  par 
Pruner,  chez  la  girafe  et  chez  deux  nègres,  dont  l'un  était  mort  d'une  péri* 
tonite,  l'autre  d'une  colite.  Les  pentastomes,  vivants  chez .  l'un  de  es» 
nègres,  étaient  morts  chez  l'autre;  ils  se  trouvaient  situés  dans  des  kystei 
de  la  dimension  d'un  kreutzor,  plus  elliptiques  que  ronds,  saillants  à  k 
surface  du  foie  ;  chez  l'un  d'eux,  le  parasite  avait  quitté  son  kyste  pour 
s'engager  dans  le  duodénum.  Bilharz  a  également  rencontré  le  pentas- 
tome  étreint  en  Egypte,  à  la  surface  du  foie  chez  des  nègres. 

Bibliographie.  —  F.  Prunkr,  Die  Krankheiten  des  Orients ^  p.  2û9,  EfriaDgea, 
1867.  —  SiEBOLD,  Zeitschrift  f.  wissenschaftL  Zoologie,  t.  IV,  p.  63.  —  ZEinnu 
Sur  un  nouveau  parasite  de  l'homme  y  peniastomum  denticuiatum,  {Henle  et  Pfoh 
fer)^  Zeitschnft  fur  ration.  Med.,  i85!i,  t.  V,  p.  22k.  —  Leuckart,  jBou  Mtf 
Entwickelung  der  Peniastomenj  etc.,  Leipzig  et  Heidelberg,  1860.   —  Goui, 
Recherches  sur  une  maladie  vermineuse  du  mouton,  due  à  la  présence  d'une  Hth 
çjuatule  dans  les  gangUons  mésentériques  (Bullet.  de  médecine  vétérinaire,  1861, 
sër.  2,  t.  V),  p.  125.  —  Le  même,  Communication  sur  le  dévtiloppement  de  h 
linguatule  des  ganglions  mésentériques  {Ibid,,  t.  VII,  p.  22).  Eecherches  sur  k 
pentastome  des  cavités  nasales  du  chien  (Ibid.,  t.  VIII,  p.  108).  —  E.  Wagneb, 
Peniastomum  dentùmlatum  in  der  Niere  {Archiv  f,  physiolog.  Heilkunde,  1856^ 
p.  561).  —  Le  même,  Pentastome  denticulé  de  la  rate  (Archiv  d.  Heilkunâe, 
t.  m,  1862.  —  Sp.  Gobbold,  Entozoa,  etc.»  London,  1866,  p.  393. 


i 


ARTICLE   II.    —  VERS. 

Un  certain  nombre  de  vers  intestinaux  étaient  connus  des  anciens: 
mais  c*est  en  réalité  du  commencement  de  ce  siècle  que  datent  l'étude  |^ 
scientifique  de  ces  parasites  et  la  possession  des  données  positives  sur  leur 
structure  et  leurs  mœurs.  Ces  derniers  temps  surtout  ont  été  riches  d'oin 
servations  et  de  recherches  sur  Thelminthologie  ;  des  connaissances  plos 
approfondies  sur  révolution  et  les  transformations  des  vers  ont  eo  pour 
résultat  de  diminuer  le  nombre  des  espèces  et  de  simplifier  leur  étude. 

Les  vers  intestinaux  helminthes  sont  des  animaux  invertébrés,  sus 
membres  et  sans  organes  respiratoires,  ayant  pour  caractère  commao  (k 
se  loger  dans  le  corps  de  Thomme  pendant  une  partie  notable  de  kor 
existence  ou  pendant  toute  leur  vie. 

Solitaires  ou  réunis  en  nombre  variable,  ces  parasites  se  renoontreot   1  ^ 


PARASITES  ANIMAUX.  675 

dans  les  différentes  parlies  de  l'organisme.  On  les  trouve  dans  le  cerveau, 
les  yeux,  et  jusque  dans  les  os,  mais  il  importe  de  faire  remarquer  que 
dans  ces  organes  ils  ne  dépassent  jamais  Tétat  de  larves.  Un  certain  nom- 
bre d'entre  eux  ont  un  siège  d'élection  spécial  ;  ainsi  la  trichine  occupe  les 
muscles,  le  cœnure  a  pour  habitation  le  système  nerveux  central,  l'asca- 
ride lombricoide,  le  taenia  solium,  le  bothriocéphale  large,  vivent  dans 
l'intestin  grêle,  Toxyure  se  loge  dans  le  rectum,  le  distome  hépatique 
dans  les  voies  biliaires,  le  strongle  géant  dans  les  voies  urinaires. 

De  la  présence  de  parasites  dans  des  organes  où  il  semblait  que  leur 
pénétration  fût  impossible,  naquit  la  doctrine  de  la  génération  sponta- 
née. Cette  doctrine,  qui  eut  de  la  vogue  jusqu'à  Swaramerdam ,  fut  plus 
tard  contestée;  elle  est  reconnue  complètement  fausse,  depuis  les  recher- 
ches faites  dans  ces  trente  dernières  années  sur  les  métamorphoses  et  les 
migrations  des  entozoaires.  Ces  êtres  subissent  effectivement  dans  le  cours 
de  leur  existence  des  transformations  successives,  non  pas  sur  un  même 
animal  et  dans  un  même  milieu,  mais  sur  des  animaux  divers  et  dans  des 
milieux  différents  (génération alternante).  Leurs  œufs  se  développent  le  plus 
souvent  hors  le  corps  de  Tanimal  habité  par  le  parasite,  ou  bien,  s'ils  éclosent 
dans  l'animal  lui-même,  les  vers  en  sortent  et  changent  de  place  pour 
s'installer  ailleurs  :  témoin  les  trichines  qui  atteignent  leur  complet  déve- 
loppement dans  l'intestin  où  elles  produisent  des  petits  vivants  qui  vont  aus- 
sitôt gagner  les  muscles  pour  s'y  loger  et  y  subir  une  phase  de  leur  existence. 
Rejetés  au  dehors,  les  œufs  de  ces  animaux  ont  besoin  pour  se  conser- 
ver d'un  certain  degré  d'humidité  ;  la  dessiccation  tue  la  plupart  d'entre 
eux,  à  l'exception  des  œufs  de  nématodes  qui,  d'après  les  expériences  de 
Leuckart,  peuvent  supporter  la  dessiccation  pendant  un  temps  assez  long 
sans  périr.  L'air  humide  ou  la  terre  humide  sont  les  conditions  les  plus 
fovorables  à  leur  développement;  car  on  voit  les  pluies  prolongées,  dans 
les  climats  tropicaux  donner  lieu  à  de  véritables  épidémies  de  dragon- 
neau.  Ainsi  s'explique  comment  l'état  atmosphérique  normal  ou  anormal 
de  la  saison,  la  différence  des  années,  peuvent  avoir  une  action  marquée 
sur  l'apparition,  la  fréquence  ou  la  disparition  de  certains  entozoaires. 
Du  grand  nombre  de  ces  parasites  sont  libres  dans  leur  jeune  âge  et  pas- 
sent ce  temps  dans  l'eau  ou  dans  la  terre  humide^  jusqu'à  ce  qu'ils  aient 
trouvé  ranimai  qui  leur  convient  ;  ils  l'envahissent  alors,  perdant  leur 
liberté  pour  commencer  la  vie  parasitaire. 

Ordinairement  les  œufs  ou  les  larves  sont  introduits  par  les  aliments  ou 
par  les  boissons,  ils  s'arrêtent  dans  le  tube  digestif  ou  bien  voyagent  dans 
le  corps  transportés  par  le  sang  des  vaisseaux,  et  se  portent  dans  les  ré- 
guma .  les  plus  diverses.  Une  fois  au  repos,  ils  s'accroissent  et  se  préparent 


676  ANATOMIB   PaHOLOGIOUE, 

à  des  luélamorpho&es  uUérîeuies;  s'il  s'agit  d'un  parenchyme,  il*  «Vg- 
kj'sleiit  fi  lumnnière  de  tous  les  corps  étrangers,  puis  au  Imut  duaccTtan 
temps,  l'animal  se  fixe  et  quelquefois  jusqu'à  sa  mort,  s'il  n'est  transpocv 
dans  un  hôte  diOTérent.  On  peut  établir  <^m[nerègl€  que  la  vie  dm  puniiln 
se  partage  entre  deux  hiMes.  dont  l'un  sert  d'habitation  au  jeune  panak 
et  l'autre  au  môme  animal  à  l'état  de  maturité.  Souvent  ces  deui  biîls 
appartiennent  à  des  familles  et  même  à  des  ordres  zooiogiques'diffén-nl) 
ainsi  le  tœnia  solium  del'humme,  pendant  son  jeuue  &ge,  habite  le  pan. 
le  tîenia  crassicolis  du  chat  se  trouve  dans  la  soui'is. 

La  plupart  des  entozoaires  nous  viennent  des  animaux  de  bouclii-mM 
des  animaux  domestiques,  qui  nous  les  fournissent  à  l'état  jeune.  LetHm 
solium,  qui  forme  te  cysticerque,  et  la  trichine,  ver  musculaii?  cfr 
kyste,  proviennent  l'un  et  l'autre  du  porc;  le  Isnia  mediocanHiatt  iKn 
vient  de  la  viande  du  bœuf,  tandis  que  certains  animaux  domralîqun,  k 
chat  et  le  chien  par  exemple,  produisent  des  pentastomes  ou  des  eohiao- 
co(|ues  par  l'introduction  des  œufs  de  ces  parasites  adultes  dans  tcj>  mui 
qui  servent  à  nos  boissons;  c'est  encore  l'eau  teniint  en  suspcusion  drt 
U!ufs  d'ascarides  lombricoïdes  et  d'oxyures  qui  est  la  source  ordinaire  dr 
ces  vers  chez  l'homme. 

A  part  certaines  conditions  d'âge  qui  prédisposent  plus  ou  tuoiu*a 
d<iveloppement  des  parasites,  la  réceptivité  des  individus  pour  le  panii- 
tisme  parait  jusqu'il  un  certain  point  subordonnée  àrappauvrissenienld'- 
l'économie  ;  c'est  de  celte  favon  qn'il  est  possible  d'expliquer  la  fn- 
quence  des  ascarides  lomhrieoides  plus  grande  chez  les  enfants  débil«rf 
scrofuleux  que  chez  ceux  qui  se  portent  bien.  Les  hydatides  s'obserini 
plus  communément  chez  les  personnes  prédisposées  à  la  phthîsie  ou  ii^ 
atteintes  par  cette  maladie. 

L'influence  des  helminthes  sur  l'économie  animale  a  étédiversctiiri>l>^ 
terprétée  et  quelquefois  exagérée  ;  on  a  tropsouvent  oubliéqueleurm»- 
tence  est  pour  ainsi  dire  normale  dans  un  très-grand  nombre  d'«s)ita» 
sauvages,  et  que  même  chez  l'homme  leur  présence  n'est  pas  toujoor^ 
incompatible  avec  l'élal  de  santé.  Néanmoins,  il  importe  de  savoir  qa^ 
ces  parasites  [>euvent  nuire  dans  de  nombreuses  circonstances.  Les  uib»— 
comme  le  tœnia,  leccenure  etia  trichine,  parviennent,  par  une  reproduit 
IJon  excessive,  h  amener  une  mort  r-nplde,  à  peu  près  comme  le  fi-raili** 
poison.  Il  en  est  d'autres  qui,  sans  causer  la  mort,  déterminent  des  lO»-" 
dents  plus  ou  moins  graves  (filaire  de  Médine,  oxyure  venniculuR]>  ^ 
enfin  il  s'en  trouve  qui  ne  nuisent  qu'accidentellement,  et  surtout  p*^ 
leur  présence  dans  des  organes  nobles;  letssont,  par  exemple,  lesécàinw 
coques.  En  résumé,  les  parasites  agissent  d'une  manière  très-équimqn^ 


PARASITES   AXISIAliX.  877 

(l'nprès  leur  taille,  leur  manière  de  vivre  et  les  organes  qu'ils  habilent;  lan- 
UM  ils  nuisent  en  vivant  aux  dépens  de  leur  hôte  (ancyhsiome  duodénal) , 
laiitiU  en  exerçant  une  pression  sur  les  tissus,  ou  en  bouchant  des  canaux, 
lantOt  encore  par  leurs  mouvements  qui  provoquent  des  actions  réflexes 
(convulsions  éptteptiques  choréi formes),  ou  même  engendrent  des  inflam- 
mations, des  ulcères  et  des  perforations. 

■{appelons  que  certains  entozoaircs  de  l'homme  sont  endémiques  dans 
plusieurs  pays,  par  exemple  les  èchinocoques  en  Islande,  le  tœnia  inerme 
en  Abyssinie,  le  Uenia  armé  en  Allemagne,  en  Hollande,  le  bothrioce- 
pliale  en  Suisse  et  en  Russie,  etc.,  et  que  la  connaissance  de  ces  endé- 
mies parasitaires  doit  intéresser  au  plus  haut  point  l'hygiène  publique. 

Les  helminthes  offrent  des  formes  variées  que  l'on  peut  réduire  à  un 
[telit  nombre  de  types.  Leur  corps  strié  transversalement  et  nettement 
articulé,  plus  souvent  allongé  et  cylindrique,  donne  aux  uns  de  la  res- 
S(-inblance  avec  un  Gl,  aux  autres  une  forme  qui  se  rapproche  de  celle 
d'un  ruban  ou  d'une  petite  feuille.  Tenant  compte  de  ces  formes,  les 
auteurs  ont  divisé  ces  animaux  parasites  en  trois  groupes  qui  sont  : 

1°  Les  vers  nématoïdesounématodes; 

i'  Les  vers  trématoïdes  ou  trénialodes  ; 

3*  Les  vers  cesloïdes  ou  eestodes. 


BiBUiMiRÂiiuiE  TéËnëiulc.  —  pLoicijLET,  Littéi'iitwe  mèdii-titû,  t.  IV,  p.  310, 
iii1.  Vermei,  Fermùiatio,  etappendii;,  p.  2t5,  Tiibingaî,  1809. — P.  S- Pai-las, 
Ifùierlaliodciasectiiiviventiliusiiitraviientia,  Lupd.  Balav.,  1760.  —  J.A.  GŒr/.e. 
Virtuthe  einer  Nalurgeich.  d.  Eiaaeweiiievitirm.  Thiere  Korpcr,  Blankenb-,  1782. 

—  J.  C.  Zedeh,  Anlcit.  zur  Nnlurgesch.  d,  Einaewetdcwurm.,  Bamberg,  180!, 

—  iuKB^TraiUdelagfnf ratio»  des  vers itikstm aux  (trad.  fr.Sti-asbourg,  1788). 

—  Lir.S!ir.r.,iKm.sur'lesters,  etc.  [j1I*»i.  de  l/iSoc.  deméd.,iS2h).  —  Rubol- 
>^>,  Enloioorum  sivv  vermittm  intettinaliam  lUitoria  natui-alis,  Amsterdam , 
1808-1810.  —  H.  [..  Bbeha,  Traité  dei  maladies  vermineuscs  (Irad.  f.  Paiis, 
I8n7j.  —  ItHEusËH,  Traité  zoologique  et  physiologique  siir  les  vers  inleHinauj;  de 

'"■'nme (trad.  tr.  parGrundler,  Paris,  1826,  avec  bibliographie]. — J.  U.  Barby, 
'"  "'e  origiii  of  intestiniil  wnrms,  particularly  the  «seins  vcrtnicuhris  {Trum.  «f 
'■  JMociaiion  of  Physinans  in  Ireliind,  t.  H,  p.  383,  1818).—  EscnBicifT.  Iii- 
'"""'«,  expérimental  imd  pMIompkieal,  coneertniii/  thcorigin  of  ùilestiaal  ivorms 
'  ''•'!'■  new  philosoph.  Journal,  vol.  X\XI,  p,  Sl/|,  1841).  —  Felii  DujAnniN, 
'''*''«>?  naturelle  des  helminthes  ou  vers  intestinaux,  Paris,  1845.  —  VwiEi., 
^"'j'VKin.  pathol.  Anidont.,  18£i5  (trad,  franc..  Paria,  1867).  —  De  Sinir.Lr>, 
arl.  Paratiten  dans  Bud.  Wagner,  Ilandwûrterbuck  d.  Physiotugie,  1866,  I,  It 
(»Ml.  dans  Grtî.  méd..  18Ù7,  p.  661).  —  C.  M.  Diesinh,  Sy^tema  helminthum 
MMobonœ,  1850. — Van  Bi\tD£S.  Lesvers  cestoîdes  ov  acolyks,  Bruiiciles,1850. 


678  AIVATOMIE   PATUOLOGIQCB. 

—  Le  im^me,  M>!m.  *ur  Ica  vers  inh-stiitaux,  couronné,  Bruxelles,  1858.  —  U 
mfiiuË,  Iconographie  Ues  Jielminthes  oa  des  vers  cestoldes  de  Phùmme,  Lemmi, 
fipl,  1859.  —  VIesil,  Grvndiùge  d.  path.  Histolog,,  Wien,  tS.SS.  —  Boom 
Mkveh,  Oie  Wurmkmukh.  des  Meascbert,  2erbs(,  1855.  —  KraiE.-mEisTm,Mè 
utid  nu  dem  Korper  des  lebenden  Memehen  corkommenden  ParasUen,  Lei^tng,  I8S1 
([rad.  anglais*!  par  Lankesler,  London,  1857).  —  Bertrolds,  Dis*,  nir  (aMIfr 
morphoscs  des  cestoides.  Thèse  de  Kontpullier.  1856. —  Ercolani  kt  Vauu  b 
bryog^nie  et  propagation  des  vers  iniestimiux  {Compt.  retvi.  Acad.  des  àdam, 

.  24  avril  1854,  Gaz.  mêd.,  272).  —  P.  GtnvxK  et  Van  Beneue.s,  ZootogU  mtU- 
cale,  Paris.  1859. —  Weinlakii,  .In  esaiyoït  the  lape-worms  ofman,  l^oiMlfe. 
1858.  —  A.Hoouin-Tanmn,  iXémenis  de  zoologie  médicale.  Paria,  1860,  p.  M 
et  suiv.  —  Davaine,  Traité  des  Entozoaires,  etc. —  Paris,  1860.  —  Rc»,  LtvnMT, 
Die  mensdilichen  Parasileii,  elc,  Leipzig,  1862-1863  {Gas.  méJ.  2!0. 131, 
186fi,  p.  ^01).  —  H.  Mfjssnkr,  Helminlologische  BeotHuMungett  und  .Vol'» 
{Schmidt'sJahrb.,  L133,  p.  .101,1. 134.  p.  33,1.  Uft,  p.  52,  t.  152.p.  87|.- 
MosLEP.,  Uelmiiitolog.  Sludisn  wid  Beùbacht,  Berlin,  1864.  —  M.  C  Bulu;, 
Bisloirc  naturelle  des  helminthes  des  animaux  domestiiues,  Paris,  1866  - 
M.  H.  Kbabbe,  Recherches  helminthologiqiies  en  Danemark  et  en  Islande,  Paris,  !8W, 

—  Le  m  1^ me.  Sur  les  helminthes  lic  l'homme  et  lies  animaux  domeslîijuiu!  m  lilatA 
{Comptes  rendu*  de  l'Académie  des  sciences,  24  janv,  1857).  —  T.  Spcko 
CoBBOLD,  EidouKi,  an  introduction  to  the  atudg  of  helmintholoay ,  Lundon  1^. 

—  Vahxant,  art.  Helminthes,  dans  Dktionnaire  de  médecine  et  de  chiïtuyir  fit- 
li-iu.;,  l.  Xl!l,  p.  326,  i'aris,  iS-li. 


-  NEHATODES. 


On  appelle  iiéinalodes  (vnfia,  iil)  dus  vers  qui  onl  le  corps  alloogé,  Q- 
litidrique  ou  filiforme,  une  liouche  et  un  canal  intestinal. 

Le  corps  de  ces  helmiiilhes  est  revélu  d'un  tégument  rug;ueus,  réâ 
tant,  souvent  ridé  en  travers,  sous  lequel  existe  une  couche  musculain 
puissante,  longitudinalemenl  disposée  en  quatre  ou  huit  bandes.  Dmi 
stries  latérales  et  longitudinales  coiTespondent  àdes  canaux  qui  s'ouvtwU 
non  loin  de  la  bouche,  à  la  face  ventrale,  et  représentent  sans  doute  on 
appareil  excréteur.  Située  à  la  partie  antérieure  du  corps,  la  bouche,  iiufi 
quelques  cas,  est  entourée  de  papilles  ou  bien  armée  de  poînU's  H  if 
crochets;  elle  aboutit  ii  un  œsophage  étroit  qui,  ordinairement,  se  diliu 
pour  former  un  pharynx  musculcux  ;  l'intestin  qui  fait  suite  est  génénlc^ 
nient  droit  et  revêtu  intérieurement  d'un  épithélium  cylindriqu'' :  il 
s'ouvre  à  la  face  ventrale  du  corps,  non  loin  de  l'extrémilé  posléri^urr. 
L'appareil  respiratoire  n'a  pu  élre  déterminé  chex  aucun  de  ces  animauv 


^B  PARASITES   AMMAUK.  fllil 

n!e  système  circulatoire  y  est  toujours  ruJ  imentaire,  le  système  nerveux 
nVst  pas  encore  connu. 

Les  m&les  se  distinguent  des  femelles  par  un  volume  moindre  et  l'en- 
roulemt'nt  de  leur  extrémité  postérieure.  Les  sexes,  séparés,  sont  consti' 
Uiés  sur  un  type  uniforme.  Ils  consistent  en  des  tubes  allongés,  simples 
ou  doubles  qui  offrent  à  leur  partie  supérieure  les  testicules  ou  les  ovaires, 
el  dans  leur  partie  inférieure,  les  conduits  et  les  réceptacles.  Les  tubes 
ovariques ,  souvent  pairs,  surmontent  un  vagin  commun,  court,  qui 
s'ouvre  par  un  oriGce  très-petit  ou  vulve  situé  sur  la  face  ventrale 
dans  le  milieu  du  corps  ou  bien  dans  le  voisinage  de  l'une  de  ses  extré- 
mités. L'orilice  sex  uel  mAle  siège  à  la  part  ie  postérieure  du  corps  ;  les  or-  . 
jçaues  de  copulation  se  composent  de  deux  pièces  ciintées  ou  spicules 
aplatis,  un  peu  courbés  et  contenus  dans  une  gaine  musculaire  ;  un  seul 
de  ces  spicules  est  creux  et  constitue  réellement  le  pénis. 

Les  némalodes  sont  lanlût  ovipares,  tanlAl  vivipares.  Les  œufs  se  déve- 
loppent généralement  par  segmentation.  L'embryon  estréduit  au  tubediges- 
tif;  mais  la  bouche  n'est  pas  encore  munied'un  appareilspécial  comme  cbez 
rsduUe;raiius  est  rarement  visible,  il  n'existe  aucune  trace  d'organes  géni- 
taux externes  ou  internes;  les  erabnons  mules  et  femelles  ne  sont  nulle- 
ment distincts. 

Les  nématodes  fomicnl  un  très-grand  nombre  d'espèces  qui,  pour  la 
plupart,  vivent  en  parasites,  soit  dans  les  organes  creux,  soit  dans  les  tissus 
des  animaux  vertébrés  ou  invertébrés.  Quelques-unes  seulement  ha- 
bitent à  l'état  libre  dans  les  eaux  douces  ou  salées,  sur  la  terre,  dans  les 
mousses,  le  blé,  la  colle  de  Tarine,  le  vinaigre  (Davaîne),  Le  mode  de 
Irausmission  et  de  propagation  de  ces  vers  n'est  connu  que  pour  un  petit 
nombre  d'entre  eux;  cbez  les  uns,  les  embryons  se  développent  à  côté 
de  leurs  parents,  dans  l'endroit  où  ceux-ci  ont  déposé  leurs  œufs;  cbez 
les  autres,  ils  se  développent  au  dehors  et  doivent,  pour  atteindre  l'état 
parfait,  rentrer  dans  leur  séjour  naturel,  à  l'état  d'embryon  renfermé  dans 
l'œuf  ou  de  larve  libre  ;  dans  ce  cas,  la  larve  jouit  quelquefois  de  proprié- 
lés  vitales  distinctes  de  celles  de  l'adulte;  elle  résiste  à  l'action  d'agents 
qui  font  rapidement  périr  ce  dernier. 


*la  famille  des  ascarides  comprend  plusieurs  genres  et  un  très-grand 
□ombres  d'espèces  qui,  presque  toutes,  habitent  les  intestins  des  verté- 
brés des  différentes  classes. 

jft'  Axaride lombikoîde.—  Ceile espèce,  l'une  des  plus  commuuesetdes 


i 


/. 


680  ANATOMIE     PATHOLOGIQUE. 

plus  aiiciennemont  connues,  prés-unte  une  télé  nue,  une  bouclie  pe^lt. 
pourvue  de  trois  renflements  ou  valves  disposées  en  trèfle  et  fin^mm 
denttculées  en  dedans,  un  corps  cylindrique,  strié  transversalement  m 
légèrement  atténué  à  ses  deux  extrémités  (lig.  221).  L'aous,  son»  (atm 
de  fente  transversale,  est  situé  tout  près  d**  l'«- 
trémité  postérieure  de  l'antmal.  Le  niàle,  plut 
petit  i]ue  la  Teinelle,  a  une  longueur  d<;  t5  i 
17  centimètres,  une  extrémité  caudale  inllédw, 
deux  spicules  courts,  aigus,  lég<<nm)unt  anjun. 
Longue  de  20  à  25  centimètres,  la  reroclle  ak 
vutvc!  située  en  avant  du  milieu  du  curps.  dmi 
ovaires  tiliTormcs,  des  œufs  longs  de  «"".Oîi, 
larges  de  0,058,  it  cwgue  mince,  lisse,  recooi'oti 
d'une  enveloppe  transparente,  blanche. 

L'œuf  ne  se  développe  pas  dans  l'inleatip,  il 
est  expulsé  avec  les  garderobes,  traverse  I'm- 
tomne  et  l'hiver  avant  que  la  segmenlalita 
commence,  el  peut  rester  un  an  dans  l'elal  tir 
nertie.  En  été,  rembrjon  se  développe,  îam 
très-lentement,  il  peut  vivre  plus  d'un  ao  àm 
l'œuf,  en  sorte  que  dans  certains  cas  il  s'^onV 
quelquefois  plus  de  deux  ans  entre  la  pontfctir 
terme  de  lii  vie  embryonnaire.  Davarne  rmil 
pouvoir  établir,  par  des  observations  etdesrv 
périences  faites  sur  le  cbien,  que  l'embrjon  A( 
l'ascaride  lombricoïde  reste  renfenné  dai»  k 
coque  jusqu'à  ce  que  l'isuf  soit  rapporté  dut 
l'intestin,  et  que,  ramollie  par  l'action  ilcs  sua 
intestinaux,  cette  coque  est  alors  percii'  pi» 
l'cmbiTon,  qui,  se  trouvant  dans  un  tiJÎIieti 
approprié,  ne  tarde  pas  à  atleiiidre  l'éKi 
adulte. 

Les  ascarides  lombricoîdes  appartienoenl  k 
tous  les  pays,  et  c'est  à  tort  qu'on  a  atlrilNi^ 
au  climat  uneinfluence  sur  la  propagation  deo» 
parasites;  ils  ont  été  fréquemment  obsenéscn 
Allemagne,  en  Angleterre,  en  France,  en  Belgique 
et  en  Hollande.  Ils  sont  communs  sous  les  tro- 
piques (Bajon,  Pouppé-Desportes,  Sigaud ,  Levacher),  dans  la  Syrie,  » 
Egypte  (PiTiner)  et  en  Suède  (Magnus  liuss).  L'automne  et  le  printemp* 


Fie.  221 .—  a,  ABcaridsIom- 
bricolde  (i^aiid.  nal.);  b. 
extrémité  céplialique  ^oi' 
«ie  «vecles  Irais  nodulea  et 
la  bouche  ;  c.  extrémité 
caudale  du  mâle  avec  les 
deux  ipicutei;  </,  élran- 
glemeol  gÉailil  de  la  re~ 
mellesvecrarinceiexuei; 
«,  auCfroui  100  tois. 


PARASITES   ANIUAVX. 


sont  les  saisons  où  on  les  observe  le  plus  communément,  c 
pluies  abondanlesdeces  saisons,  enlratnanl  dans  les  mares  et  dansles  puits 
un  grand  nombre  d'œufs,  favorisaient  leur  propagation.  L'eau  semble 
èlre,en  effet,  teprincipalagent  du  transport  de  l'embryon  du  lombricdans 
le  tube  digestif  de  l'homme.  S'il  en  est  ainsi,  l'importance  du  filtrage  des 
oaus  de  boisson  n'échappera  k  personne.  Ajoutons  que  les  lombrics  sont 
beaucoup  plus  rares  à  Paris  qu'à  la  campagne,  et  que  cette  rareté  relative 
existe  principalement  depuis  l'emploi  de  l'eau  filtrée  dans  la  Capitale  (Oa- 
raine).  Autrel'ois,  et  jusque  dans  le  siècle  dernier,  ces  vers  étaient  très-com- 
muns, ainsi  qu'on  peuts'en  assurer  en  consultant  les  recueils  périodiques 
de  médecine  où  Tounnillcnt  des  épidémies  de  lièvres  vermineuses  et  des 
maladies  compliquées  de  .vers. 

Quelques  naturalistes  pensent  que  l'ascnride  lombncoide,  semblable  en 
cela  à  un  grand  nombre  de  vers,  la  trichine,  par  exemple,  ne  rentre  pas 
directement  dans  le  corps  de  l'homme  et  qu'il  habite  préalablement  un 
autre  séjour.  Enefi'et,  Mosler  aurait  administré  sans  résultat  à  plusieurs  en- 
fants des  œuFs  développés,  et  Leuckart  a  lente  la  même  expérience  sans 
plus  de  succès.  Néanmoins,  malgré  des  recherches  multipliées,  on  ignore 
'Micore  le  séjour  intermédiaire  de  l'embryon  de  l'ascaride  lombricoïde. 

Les  ascarides  lombricoïdes  se  trouvent  fréquemment  chez  les  enfants 
iiues  le  seïrage,  plus  rarement  chez  l'adulte  et  presque  jamais  chez  le 
^K'illard.  Ils  sont  en  nombre  variable;  mais  comme  ces  vers  ne  se  repro- 
ilujsent  pas  dans  le  tube  digestif  de  l'homme,  et  qu'ils  viennent  tous  du 
dehors,  ils  ne  dépassent  guère  le  nombre  de  huit  &  dix,  du  moins 
il  Paris;  pourtant  j'en  ai  vu  plus  de  quarante  chez  une  femme 
morte  à  la  Salpëtrière,  et  il  n'est  pas  rare  do  les  compter  par  centaines 
dans  les  pays  où  ils  sont  communs  :  ce  nombre  est  toujours  en  rapport 
avec  les  circonstances  accidentelles  qui  conservent  ou  qui  transportent 
leurs  leufs.  Ces  parasites  se  tiennent  dans  les  intestins  grêles,  acciden- 
lellement  dans  d'autres  organes  en  communication  avec  ces  derniers, 
par  exemple  dans  lestomac,  dans  l'œsophage,  dans  les  fosses  nasales, 
dans  les  voies  respiratoires.  Leur  présence  dans  le  larjnx  et  dans  la  tra- 
chée peut  avoir  des  inconvénients  sérieux  et  même  déterminer  la  mort 
P^r  sulfocatîon.  Dans  quelques  cas.  on  les  rencontre  dans  le  péritoine; 
je  les  y  ai  trouvés  une  fois,  sans  qu'il  y  eût  de  péritonite,  et  partant  leur 
P^élration  dans  ce  sac  avait  sans  doute  eu  lieu  après  la  mort.  Les  voies 
P»Bcréatiques  sont  rarement  envahies  par  ces  vers,  qui  s'engagent  assez 
*f"ivent  dans  les  conduits  biliaires  pour  que  certains  auteurs  aient  pu 
{*f|*er  qu'ils  se  développaient  dans  les  canaux  excréteurs  de  la  bîle. 
^1    rou  de  désordres  anatomiques  résultent  de  la  présence  des  lombrics 


682  A>-.vrUHIE    CATllOLOGIQDE. 

dans  los  itileiilîns;  Itillîet  et  Bnrthez  ont  constalé  simplement  une  10]»' 
tion  vascuiaire  de  la  membrane  muqueuse  de  la  région  occupée  pircn 
vers  chez  les  enrants.  Divers  auteurs  ont  trouvé  l'inlestin  intact  <Uii»ils 
cas  où  les  ascarides  se  comptaient  par  centaines  ;  aussi  doit-an  croire  ip» 
ces  parasites  sont  dans  l'impossibilité  d'ulcérer,  à  plus  forte  raison  It 
perrorer  les  parois  de  l'intestin,  à  moins  que  celles-ci  ne  soient  pwtidt 
ment  détruites  et  fortemonl  amincies  comme,  par  exemple,  dans  U 
typhoïde.  D'ailleurs,  l'appareil  buccal  des  lombrics,  amié  de  denUoiks 
situées  en  dedans  de  la  marge  des  valves  qui  le  composent,  ne 
s'exercer  sur  un  objet  placé  en  avant,  mais  seulement  sur  des  sub- 
stances introduites  dans  l'orilice  de  la  bouche.  D'un  uutre  cAlè,  ta 
vers  que  l'on  a  accusés  de  pouvoir  s'insinuer  entre  les  fibres  des  parois 
intestinales,  de  les  écarter  et  do  les  perforer,  exécutent  simplement  dA 
mouvements  d'inilexion  et  de  redressement  analogues  s  ceux  des  sa- 
pents,  en  tout  cas  Irés-différeiits  de  ceux  du  ver  de  terre  qui  b'» 
fonce  dans  le  sol.  La  plupart  des  auteurs,  et  Davaine  QOtammeiit,  wot 
aujourd'hui  d'avis  que  les  lombrics  ne  peuvent,  en  aucun  cas,  prodiun 
la  perforation  de  l'intestin,  pas  même  lorsque  ces  vers  sont  r^uuti  tn 
paquet,  ce  qui  n'arrive  qu'autant  qu'ils  sont  engourdis  par  le  froid  ia 
cadavre  ou  aiïaihlis  par  une  substance  toxique,  et  dans  ces  condîtiuns ila 
ne  tardent  pas  a  être  expulsés.  Sur  quarante-sept  cas  rassemblés  ffkM 
Davaine,  la  perforation  des  partiis  abdominales  avec  expulsion  de  Io^p- 
brics  a  eu  lieu  quarante  fois  dans  les  lieux  d'élection  des  hernies,  et 
expulsion  a  été  relativement  plus  fréquente  k  l'ombilic  tJiez  les  enha 
dans  les  aines  chez  l'adulte  ;  par  conséquent ,  tout  porte  k  croirt  l 
c'est  aux  hernies  et  non  aux  vers  qu'il  faut  rapporter  les  perfot^l 
mises  sur  le  compte  de  ces  parasites.  Les  tumeurs  qui  pnr^^eul 
perforations  sont  d'ailleurs  des  abcès  à  l'ouverluce  desquels  il  s'écoola 
du  pus  de  bonne  nature,  puis  un  ou  plusieurs  lombrics  et  point  de  m 
tièR's  slercorales.  Dans  les  cas  oii  l'on  manque  d'examen  cadavériqur, 
y  a  lieu  de  soupçonner  que  l'ascaride,  engagé  dans  une  ulcération  de  l'i 
testin,  est  arrivé  sous  la  peau  par  un  trajet  très-oblique.  Lorsqu'elles  c 
leur  siège  à  l'aine  ou  à  l'oiabilic.  ces  tumeurs  sont  en  générai  doutuO- 
reuses  et  accompagnées  des  symptômes  de  la  hernie  étranglée  ;  pu! 
escbare  se  forme  au  sommet  et  par  l'ouverture  artilicielle  un  itpouUD'* 
il  s'échappe  du  pus,  des  malières  intestinales  et  enfin  t<H  ou  tard  des  veT) 
lombrics.  Dans  quelques  cas,  enfin,- une  tistuledes  parois  nbdomiuaJ'' 
donne  issue  k  ces  vers,  sans  qu'ils  aient  pris  la  moindre  part  à 
mntion  de  cette  fistule, 
Di'S  troubles  fonctionnels  peuvent  être  pour  divers  organes  la 


lomiuaJ'' 

à  iiib^  Jn 


PARASITES  ANIMAUX.  685 

quence  de  la  présence  des  ascarides  lombricoïdes  dans  les  intestins  ;  ils  s'ob- 
servent particulièrement  chez  les  individus  qui  ont  unegrandesusceptibilité 
nerveuse.  Les  plus  communs  sont  des  attaques  convulsives  qui,  par  leurs 
caractères,  se  rapprochent  de  Tépilepsie,  de  la  catalepsie,  du  tétanos  ou  de 
rh\  stérie.  Il  y  a  quelques  mois,  j'étais  appelé  pour  un  jeune  enfant  de  sept 
ans,  qui,  à  la  suite  de  son  déjeuner,  fut  pris,  pour  la  première  fois,  d'accès 
convulsifs  suivis  d'un  état  de  pâleur  et  de  mort  apparente,  avec  arrêt  de 
la  respiration.  Après  avoir  réveillé  cette  fonction  à  l'aide  d'excitants,  je 
pratiquai  la  respiration  artificielle,  grâce  à  laquelle  ce  jeune  malade  resta 
pendant  deux  heures  dans  des  alternatives  de  crises  convulsives  et  d'un 
état  de  mort  apparente.  Convaincu  enfin  que  cet  enfant  n'avait  que  des  con- 
vulsions réflexes,  jelui  injectai,  en  deux  fois,  0,012  milligr.  de  chlorhydrate 
de  morphine,  quiamenèrent  un  sommeil  narcotique  et  firent  cesser  instan- 
tanément les  convulsions.  La  santonine  fut  administrée  le  lendemain  et  les 
jours  suivants.  Le  quatrième  jour,  ce  jeune  malade  rendait  deux  vers  lom- 
brics. 

BiBuoGRAPUiE.  —  J.  Church,  On  Ascaris  lombricoïdes  {Mem,  med.  Soc,  of 
London,  vol.  Il,  1789).  —  Hooper,  Ibid.,  vol.  V.  —  J.  Cloquet,  Anat.  des  vers 
intestinaux.  Paris,  182/i.  —  îi.  Dufour,  I^otice  sur  V ascaride  lombricoide  et  sur 
les  maladies  dites  vermineuses  {Journal  de  Sédillot,  t.  XCII,  p.  332.  Paris,  1825)* 
—  E.  Blanchard,  Recherches  sur  l'organisation  des  vers  [Ann,  des  se,  natur. 
Paris,  1847).  —  J.-B.  Mondiêre,  Recherches  pour  servir  à  V histoire  de  la  perfo- 
ration  des  intestins  par  les  vers  ascarides  et  les  tumeurs  vermineuses  des  parois 
abdominales  {Journal  V Expérience^  t.  II,  p.  65.  Paris,  1838). —  Combes,  Asca- 
rides lombricoïdes  sortis  par  un  abcès  situé  à  la  cuisse  (Bull,  de  thérapeutique ^ 
t.  XXVII,  p.  227,  iStiU),  —  EscHRicHT,  Inquiries  expérimental  and  philosophical 
conceming ^  the  origin  of  intestinal  worms,  Edinburgh,  1851.  — C.  Davaine, 
Recherches  sur  le  développement  de  l'œuf  du  trichocéphale  dispar  et  de  V ascaride 
lombricode  (Comptes  rendus  des  séances  de  f  Académie  des  sciences  y  t.  XLVI, 
21  juin  1858,  et  Joum.  de  la  physiolog.  de  Vhomme  et  des  animaux^  1859, 
t.  II,  p.  295).  —  Traité  des  entozoaires,  1860,  et  art.  Lombrics  du  Dictionn. 
encyclopédique  des  se.  méd,,  sër.  2,  1. 111,  p.  87,  1869.  — Pisano,  Lombricoïdes 
ayant  pendant  la  vie  pénétré  dans  Vintérienr  du  foie  {Union  méd,  de  la  Gironde^ 
12  dëc.  1858,  extr.  de  la  Qazetta  degli  ospedali{de  Gènes),  1858).  —  Tisseirb, 
Perforât,  mortelle  de  l'intestin  grêle  due  à  des  ascarides  lombricoïdes  {Gaz.  méd. 
de  r Algérie^  25  avril  1858).  —  Bourguet  (de  Rodez),  Perforation  de  fintestin 
(grêle  par  des  lombrics  (Gaz.  méd,  de  Montpellier,  U  XXIH,  p.  16,  1859).  — 
DesGRÀNGES,  Accidents  verminetix  (Soc.  méd,  de  Bordeaux^  25  mars  1861 ,  et  Union 
méd.  de  la  Gironde,  n\  6,  juin  1861).  —  Sandwith,  Présence  des  lombrics  dans 
la  cavité  abdominale  {British  med.  Journ,,  1861,  et  Gaz,  méd.  de  Paris  1862, 
p.  373).  —  Ani.  DwozAK,  Singulier  cas  de  tumettr  produite  par  des  vei*s  intes- 
tinaux {Revue  de  méd.  prat.  de  Vienne  et  Monit,  des  se,  méd.  etpharm,^  p.  180, 


68/i  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

1862).  —  H.  Roger,  Des  ascarides  Umbrieoldes  et  du  r^  qu*iU  jcvetU  dmnk 
pathol.  humaine  {Revue  tnéd.  franc,  et  Urœngére,  i86&t  p.  678)«  —  G.  Rb/- 
LizzARi,  D)  sedid  vemd  lombriœidi  penetrati  nei  conéotH  biHmie  nd  fe§eis 
durante  la  vita  deU'infermo  {BoUettino  del  nm^o  e  délia  scuola  d^anat,  paÊoL  éi 
Firenze.  Genni^o  186/i).  —  BIeissner,  Seimidt's  Jahrhuck.j  t.  CXUV,  p.  75, 
1869.  —  HuRER,  (Archiv  A  klin.  Medic.,  U  VU,  p.  &50^  1870,  et  Mm- 
vement  méd.,  1871»  n®  6,  p.  66).  —  Fidbun,  Des  aeddenU  picoâmU  ptar  la 
ascarides  lombricoides  et  les  oxyures  vermkulaùres.  Thèse  de  Paris,  1873.  — 
Vital,  Abcès  du  péritoine  avec  issue  de  lombric  {Gazette  médMcale  dé  Paris,  p.  S5S, 
1874).  —  A.  VuLPiAN,  Pérityphlite  suppuréey  expulsion  de  lombrics  dans  Us 
selles  (Arch.  gén,  de  méd.^  août  1875),  p.  225.  —  Voyez  de  plus  les  tnitéi 
d'helminthologie  de  Rudolphi,  Brera,  Bremser,  Dajardîn,  Kûchenmeister, 
Gervais  et  Van  Beneden,  Davaine,  Gobbold,  Leuckail,  Baillet,  etc. 

2*  Aicaris  mysiax^  Zeder.  —  Cet  helminthe  a  une  tête  infléchie  pomme 
de  deux  ailes  membraneuses  semi-OVales,  les  valves  de  la  bouche  amw- 
dies  et  petites.  Le  mâle  est  long  de  3  à  6  centimètres,  la  femelle  de  5  à 
10  centimètres.  Cette  dernière  présente  une  vulve  située  vers  le  quart 
antérieur,  deux  oviductes  et  des  ovaires  ;  ses  œufs  sont  presque  globuleux 
et  revêtus  d'une  zone  de  substance  réticulée. 

Ce  ver  habite  l'intestin  grêle  du  chat  domestique,  du  lynx,  etc.  ;  quel- 
ques faits  semblent  indiquer  qu'il  peut  se  rencontrer  aussi  dans  le  tube 
digestif  de  Thomme.  Dans  un  de  ces  faits  dû  à  Pickells  (1),  les  parasites 
avaient  été  rendus  à  plusieurs  reprises  et  en  assez  grand  nombre  par  une 
jeune  femme  avec  plusieurs  ascarides  lombricoides.  Un  second  cas  publié 
par  Bellingham  (2)  est  celui  d  un  ver  provenant  des  évacuations  d'un 
enfant  ;  la  description  qu'en  donne  cet  auteur  ne  diflère  pas  de  celle  de 
Tascaris  mystax.  Un  troisième  et  dernier  fait  est  rapporté  par  Cob- 
bold  (3)  qui  trouva  tous  les  caractères  de  l'ascaris  mystax  à  des  ascarides 
rencontrés  dans  les  selles  d'un  enfant.  Ce  petit  malade,  âgé  de  treize  mois, 
avait  présenté  de  la  diarrhée  et  de  l'agitation  quelques  jours  avant  ré\t- 
cuation  de  ces  vers.  Cobbold  fait  remarquer  que  la  nourrice  de  cet  eniant 
lui  avait  donné  l'habitude  de  mâcher  des  tiges  de  céleri  ;  il  est  donc  pos- 
sible qu'il  ait  avalé  des  œufs  d'ascaris  portés  sur  les  plantes  par  l'eau  avec 
laquelle  on  les  arrosait. 

3»  Oxyurevermiculaire  Bremser  {Ascaris  vermiculan's,  Linné).   Cette 

(1)  Transactions  of  the  associations  of  feliows  and  licenciâtes  of  the  King  and 
Queen's  collège  of  physicians  in  Ireland,  t.  IV  el  V. 

(2)  Annals  of  natural hystory,  1839,  t.  Xlll. 

(3)  Sur  la  présence  de  l* ascaris  mystax  dans  l'économie  humaine  (The  Loncet,  1863, 
et  Gaz.  hebdom.y  186A). 


PARASITES  ANIMAUX. 


685 


à 


espèce  d'helminthe,  assez  semblable  au  vibrion  de  la  colle  de  farine,  est 
constituée  par  un  animal  blanchâtre  qui  a  la  tôte  ailée,  c*estr-à-dire  mu- 
nie de  deux  renflements  latéraux  vésiculeux  du  tégument,  un  œso- 
phage en  massue,  une  cavité  stomacale  revêtue  d'une  armure  pliée  an- 
gulairement.  Le  mâle  est  long  de  2  à  3''",3,  à  queue  enroulée  en 
spirale,  à  pénis  simple,  recourbé  en  hameçon 
vers  le  sommet.  La  femelle,  longue  de  9  à 
10  millimètres,  large  de  O^k  à  0"o>,5,  a  le  corps 
très-aminci  postérieurement  en  forme  de 
queue,  des  œufs  lisses,  oblongs,  non  symétri- 
ques (fig.  222). 

Quoique  très-communs  et  souvent  très- 
nombreux,  les  oxyures,  à  cause  de  leur 
siège  dans  les  parties  inférieures  du  rectum, 
au  voisinage  de  Tanus,  sont  généralement  en- 
traînés par  les  matières  fécales,  à  la  surface 
desquelles  on  les  voit  en  plus  ou  moins  grand 
nombre  se  tordre,  s'agiter  et  mourir  aussitôt 
que  ces  matières  sont  refroidies.  Les  oxyures, 
qui  se  multiplient  abondamment,  remontent 
rintestin  et  passent  quelquefois  dans  le  cœ- 
cum.  Les  individus  atteints  de  ces  parasites 
sont  sujets  à  de  nombreuses  récidives;  ils 
en   souffrent  quelquefois  pendant  dix   et  quinze   ans. 

La  présence  de  ces  vers  chez  l'homme  détermine  une  irritation 
sourde,  des  douleurs  lancinantes,  duténesme  rectal  et  ordinairement  une 
sensation  prurigineuse  plus  ou  mojns  vive  qui,  de  la  région  anale,  se 
propage  quelquefois  aux  organes  génito-urinaires,  et  dont  la  régularité 
quotidienne  a  pu,  dans  quelques  cas,  faire  croire  à  une  affection  pa- 
lustre. Par  l'excitation  qu'elle  produit  aux  organes  génitaux,  cette  sensa- 
tion est  quelquefois  chez  les  enfants  une  cause  d'onanisme  ou  de  pertes 
séminales.  La  pénétration  de  ces  vers  dans  la  vulve  et  jusque  4Ans  leva- 
gin  chez  la  femme,  et  surtout  chez  les  petites  filles,  est  la  cause  d'un 
prurit  insupportable,  d'un  écoulement  leucorrhéique  plus  ou  moins  in- 
tense, ou  même  d'accès  de  nymphomanie.  Quelques  auteurs  prétendent 
que  ces  vers  ont  pu  parfois  s'introduire  et  vivre  dans  la  vessie  et  dans 
l'utérus  ;  mais  les  faits  à  cet  égard  sont  peu  probants. 

Les  oxyures  vermiculaires  se  rencontrent  dans  toutes  les  contrées  de 
l'Europe  ;  ils  sont  très-communs  en  Syrie ,  en  Egypte,  dans  l'Amé- 
rique du  Nord,  en  Islande  et  au  Groenland.  Les  enfants,  plutôt  que 


^ 


Fig.  222.  —  Oxyure  vermi- 
Gulaire.  a,  individu  mâle  ; 
&,  femelle  (grand,  nat  )  ; 
c,  extrémité  céphalique, 
fortem.  grossie;  d,  extré- 
mité caudale  du  mâle,  gros- 
sie; e,  extrémité  caudale  de 
la  femelle  ;  /,  œuf,  grossi 
70  fois. 


686  ANATOMIB  PATHOLOGIQOI. 

les  adultes  et  les  vieillards,  sont  exposés  aux  atteintes  de  ces  {MurasHes; 
leur  siège  est  le  gros  intestin  et  principatoment  le  rectnm. 

Ces  helminthes  se  rencontrent  plus  spécialement  dans  les  localités  oè 
on  ne  filtre  pas  Teau  qui  sert  à  la  boisson.  Ainsi,  ils  $(m%  plus  communs 
à  la  campagne  que  dans  les  villes.  Un  jeune  garçon  de  dix-hiiH  ans,  qw 
j'eus  à  soigner  pour  des  oxyures  qu*il  rapportait  d'Angleterre  où  il  tormi* 
nait  ses  études,  m'apprit  que  dans  le  pensionnat  qu'il  venait  de  quitter, 
ces  parasites  étaient  communs  ;  mais,  Tait  digne  de  remarque,  ils  exiataieul 
presque  exclusivement  sur  les  Français  et  quelques  autres  étrangers,  ks 
Anglais  en  étaient  exempts.  Or,  le  régime  auquel  étaient  soumis  lesdèfes 
du  pensionnat  différait  uniquement  en  ce  que  les  premiers  bavaient  de 
Teau  non  filtrée,  provenant  d'un  puits,  tandis  que  les  derniers  buvaient 
de  la  bière.  Une  femme  de  Bagnolet,  que  j'ai  eu  l'occasion  de  soigna  ao 
Bureau  central  des  hôpitaux,  était  atteinte  d'oxyures  ainsi  que  ses  trois 
en%nts  et  son  mari  ;  tous  se  servaient  de  la  même  eau.  Barry  a  rapporté 
un  exemple  frappant  de  la  propagation  des  oxyures  dans  toute  une  famille, 
tant  qu'elle  but  l'eau  d'une  môme  source. 

C'est  une  opinion  assez  généralement  répandue  que  les  fruits  vorts  et 
non  lavés  sont  de  nature  à  propager  ces  vers.  Leuckart  est  d'avis  que 
cette  croyance  populaire  mérite  l'attention  des  savants,  et  il  pense  quecer- 
tains  végétaux  que  l'on  a  l'habitude  de  manger  sans  être  cuits,  comme  h 
salade,  les  artichauts,  etc.,  peuvent  renfermer  les  germes  de  ces  pa- 
rasites ;  il  croit,  en  outre,  que  la  farine  avec  laquelle  les  boulangers 
saupoudrent  le  pain  et  les  pâtisseries  n'est  pas  toujours  exempte  de  ces 
mêmes  germes,  qui,  apportés  par  le  grain  de  blé,  ont  pu  résister  au 
battage  et  à  la  mouture.  D'un  autre  cêté,  Cobbold  prétend  avoir  adminis- 
tré sans  succès,  à  divers  animaux,  des  œufs  d'oxyures  contenant  déjeunes 
embrvons. 

Quelques  observations  portent  à  admettre  qu'il  est  possible  de  gagner 
ces  parasites  p>ar  la  cohabitation  avec  un  individu  infecté.  Situés,  pour 
ainsi  dire,  à  l'extérieur  du  corps,  ces  vers  peuvent  être  transportés  par  des 
échanges  de  vêtements,  passer  d'un  individu  à  un  autre,  surtout  lorsqu'on 
partage  le  même  lit,  et  cela  d'autant  plus  facilement  que  les  oxyures  sont 
actifs  le  soir,  comme  l'indiquent  les  démangeaisons  incommodes  éprou- 
vées par  les  malades  à  ce  moment  de  la  journée. 

Bibliographie.  —  Brera,  Ijoc.  cU,  (voyez  bibliographie  générale,  p.  677). 
—  Bremser,  Traité  sur  les  vers  intesHnatix  de  rhomme,  trad.  fr.  par  Grundler. 
Paris,  1826,  p.  \li9,  avec  bibliographie  et  indications  de  figures.  — '  J.  Mujfu 
Barry,  On  the  origin  of  iniestinal  warmsj  particularly  the  Ascom  vwmkmlah» 


^^^^^H  p*[<aS[tes  ammauk.  SST 

[STmaa^r  tke  Association  of  physiciaiiK  in  Ireland,  ^ol.  n,  p.  583.  Oublin, 
1818).  — J.  CauvT.iLa[r.n,  ari.  EiUomaires,  Oiet.  de  méd.  et  de  ehirurg.  pra- 
tiques, t.  VU,  p.  337.  —  L*LLKiiANtt,  Des  perles  gémiitales  involontaires,  t.  III. 
Paris,  18Û2.  —  Mahchand,  Ghî.  des  hàpitatai,  l.  IX,  18Ù7.  —  Bilhahz  et 
V.  SiEDoLD,  Ein  Beitriin  zur  HeimiUhoffi-aphia  kumauu,  clc.  leitsrhr.  f.  wit- 
senek.  Zoologie,  t.  IV,  p.  50,  Leipûg,  1853.)  —  Gros,  fins,  rfes  Adpitoua;, 
n'135,  1865.  —  Hervieux,  Union  méd.,  1859,  60.  —  Davaine,  Traili  des 
enlo:ottires,  p.  209.  Paris,  1860.  —  Strickeb,  (Arehie  f.  putkol.  Anal,  und 
fhysioL,  t.  XXI,  p.  360,  1861).  —  Sp.  Cobbolc,  On  entozm,  p.  362.  Lon- 
don,  186'i.  —  B.  Leuckaht,  Die  mensehlichen  Piirasiten ,  I.  II,  p.  287, 
Leipzig  et  Heidelberg,   1868. 

|[.    —  Slrongjlïdes. 

Les  slroiigylps  se  reiicoiilvenl  cht^z  les  mammifères,  [ilus  raremenl 
chez  les  oiseaux  et  les  reptiles  ;  ils  sont  caractérisés  par  un  corps  allongé, 
cylindrique,  atténué  posléneuremenl,  une  bouche  à  si.\  nodules,  une 
queue  simple  chez  la  femelle  et  terminée  chez  le  mille  par  une  capsule 
au  milieu  de  laquelle  se  trouvent  les  spicules. 

r  Strongle  géant.  {Strongy/us  gigns,  Rudolphi  ;  Eustrimgijlus gigaa,  Die- 
sinp),  —  Vulgairement  appelé  ver  du  rein,  le  strongle  géan  l  a  un  corps 
généralement  rou^e,  cylindrique,  Irés-long,  un  peu  aminci  à  ses  extrémi- 
té, Kirié  transversalement  et  longitutlinulement;  sa  bouche  est  petite, 
orbiculaire,  entourée  de  six  nodules  ou  papilles  planes.  Le  mâle,  long  de 
Mi  à  fiO  centimètres,  large  de  &  à  6  millimètres,  a  la  queue  terminée  par 
ont  bourse  membraneuse,  d'oii  sort  un  spicule  simple,  très-gréle.  La 
femelle,  longue  de  2  décimètres  à  1  mètre,  a  la  queue  obtuse,  légèrement 
recourbée.  L'anus,  situé  sous  l'extrémilé  caudale,  est  triangulaire  et 
oblorig,  la  vulve  est  placée  en  avant  du  milieu  de  la  lon^eur  du  corps, 
l'ovaire  est  simple,  en  forme  de  tube  et  d'une  longueur  excessive.  L'œuf, 
ovoïde  el  hruniltre,  commence  dans  l'ulérus  de  la  femelle  son  dévelop- 
pement, qui  ne  s'achève  qu'après  son  expulsion  du  corps  de  l'hôte 
^  son  contact  avec  l'eau  ou  la  terre  humide  (Balbiani). 

U  siroagle  géant,  le  plus  grand  des  vers  némalodes,  existe  chez  le 
t^fval,  le  bœuf,  le  chien,  le  loup,  la  martre,  et  quelques  autres  cami- 
™res  ;  il  habite  ordinairement  le  rein,  la  vessie  ou  le  tissu  cellulaire 
^us-périlonéal.  Certains  faits  paraissent  établir  qu'il  se  rencontre 
^"ssi  chez  l'homme  où  il  détermine  la  dîlation,  l'hémoiThagie  des 
'•assineis,  l'altération  du  parenchyme  rénal,  enfin,  un  ensemble  sympto- 
■"sliquc  assez  semblable  à  celui  qui  résulte  de  la  présence  de  corps  élran^ 


i 


ANAl'UMIE     l'ATHOLUlJIQl'K. 

I  dans  ces  parties.  Ou  i^oie  son  orij^iiie;  niais  il  «omble  élablitq- 

ifl'huî  que  la  FUaria  cptica  (Itudulphi)  est  la  larviî  d'un  slroD|Je. 

■..■^B„.(„i!.  — Rayer,  Tmité  dei  malaii.  de»  niai.  X.  III,  p.   7W.— 1. 

irorigfr  géant  dun»  les  vows  winairei  de  l'homme  {Arth.  gén.  ie  mH. 

[1.  666;  1839)  —  Davaine,  TAiift»  dru  eiUoioairei,  p.  276,  Paris,  IBM.- 

ckart,  lot.  ci!.  —  Cobbold,  Ent ozoa,p.  358.  —  Rulbum,  li«cA«nAci «w Ir 

fmenl  ri  le  mode  de  pmpitijatiaii  du  etrûngle  'jfttnt  (Jourr».  rfe  ToM 

Paris,  1870). 

î»  Strongle  à  long  fourreau  (SlivHyi/lta  longceaginaOu,  Diesîag)  l* 
sirongio  fi  longue  gahie,  a  le  corps  droit,  d'un  blanc  bruiiAtre  ;  sa  Mf 
est  cnnique  el  Ironqiiée  ;  la  bouche  présente  de  quatre  h  six  noduU^.  U 
mâle  e&l  long  de  1 3  àl5niilliinêtres;so»citmiiiV 
caudale  est  infléchie,  et  b  pahiv  du  p^oîs  est  (ar- 
mée de  deux  parties  Irès-Iongucs  et  linéiiirr>»,atui 
presque  la  moitié  de  la  longueur  du  corps.  Lalf 
raelle,  longue  de  26  millimètres,  est  amincie*» 
deux  extrémités,  sa  queue  est  mucruné<- et  un 
orilicc  génital  est  situé  au-dessus  de  l'eilrtoi' 
caudale.  Ce  ver  a  été  trouvé  une  fois  dans  le  f*- 
ivnchymedu  poumon  d'un  enranl. 

'i°  Ancylmlome  duodénat  {Ancfiifhtiûmum  4» 
il'.-ndlf,  Dnhini)  (Dorhmins  ou  Slrongtjlui  i/m- 
dcnalis).  Liécouvert  à  Milan  parDubini  en  l8ïS.«l 
hi'Iminihe  a  été  oliservé  quelques  année*  pi» 
lanl  en  Egypte,  où  il  est  très-commun,  d'abn^ 
parPruneret,  plus  tard,  par  Iliiharz  et  Grit^în^. 
EschrtclU  l'ft  rencontré  en  Islande. 

L'ancylostome  duodénal  a  le  corps  cytiodn- 
que,  presque  droit  ou  légèrement  courbé,  Ina^ 
parent  dans  sa  partie  antérieure,  jaunàtir  ibB 
sa  partie  postérieure.  Sa  bouche,  dont  l'ourertun 
i  ampoule  urhiculaire  tournée  vers  la  liR 
dorsale,  forme  comme  une  capsule  cernée,  arnw. 
du  cflté  supérieur,  de  quatre  forts  appendices  i^ 
1  crochets  i-ecourbés  vers  leur  ccniff; 
elle  oiïre  du  vôU:  inférieur  quatre  petites  rmi- 


Pie.  323,  —  Ancïlo- 
ilome  duodéual 
nwlle  fortement  gros- 
■ie.  a,  cavilé  buccale; 
6,  anu«i  e,  ouverlurB  forme  C 
commuDe  aux  urennes 
d'eicrilion; 


nenccs  coniques  qui  sont  probablement  de*  «- 
ganes  lacliles.  Le  nitkte,  aminci  en  avant,  d  um 
longueur  de  6  à  SmillimHres,  est  pourvu  d'un  spicule  très-long  et  doubir, 
d'une  extrémité  caudale  inflécliie;  lu  femelle,  un  peu  plus  gmnde  qatk 


PilUSITES   ANIUAUX.  689 

iftie,  a  de  9  il  13  minimëlres  de  long,  une  épaisseur  de0'",25  ;  elle  oiïre 
une  exti^mité  anale  terminée  en  pointe  conique  et  une  vulve  située  vers 
le  quart  postérieur  [fig.  223). 

L'ancylostome  habite  le  duodénum  et  le  commencement  du  jéjunum, 
s'attachant  comme  une  sangsue  à  la  membrane  muqueuse  de  ces 
organes,  dans  l'épaisseur  de  laquelle  il  pénètre  quelquefois  et  atteint  le 
tissu  sous-muqueux.  Le  point  sur  lequel  ce  ver  est  fixé  se  reconnaît  par 
la  présence  d'une  ecchymose  de  la  dimension  d'une  lentille,  circonscri- 
vant uue  tache  Llanche  au  centre  de  laquelle  existe  une  ouverture  de 
l'étendue  d'un  trou  d'aiguille,  ce  qui  lui  donne  l'apparence  d'une  mor- 
sure de  sangsue.  Par  cette  ouverture,  le  sang  parait  se  répandre  libre- 
ment dans  l'intestin  qui  contient  parfois  une  notable  quantité  de  ce 
liquide.  Logé  dans  la  cavité  même  où  s'est  épanché  le  sang  dont  il  se 
ni>urrit,  ce  ver,  pai'  de  petites  saignées  incessamment  renouvelées, 
détermine  peu  à  peu  l'anémie  des  individus  i]ui  le  portent.  Cette  anémie, 
désignée  par  Griesingei'  sous  le  nom  de  chlorose  d'Egypte,  alTcclerait  à  un 
degré  plus  ou  moins  gitive  le  quart  de  la  population  égyptienne.  Elle  est 
caractérisée  symplomatiquement  parla  pAleur  générale  des  téguments, 
des  bruits  de  souffle  vasculaires,  des  palpitations,  un  pouls  fréquent,  des 
lassitudes  des  membres,  des  dérangements  de  digestion,  et  quelquefois 
aussi  par  de  l'amaigrissement,  de  l'œdème  des  extrémités  inférieures  et 
des  paupières,  de  l'apathie  et  un  alfaiblissement  général  des  forces.  Les 
caractères  anatomiques  sont  eu  dehors  des  intillrations  séreuses  de  diffé- 
rentes régions,  la  mollesse  et  la  décoloration  des  muscles,  l'anémie  de 
tous  tes  organes,  l'altération  graisseuse  du  cceur  et  l'atrophie  du  foie. 
D'un  autre  cdté,  Grcnet  et  Moneslier  à  Mayolte,  Wucherer  au  Brésil,  ont 
également  observé  l'ancylostome  duodénal,  et  se  sont  appliqués  à  mon- 
trer que  \'hiji)4mie  interlropieale  ou  mal  d'es/omac,  mal  de  cœur, 
cachexie  afrîmine,  malaria,  chlorose,  géophagie,  etc.,  devait  être  at- 
tribuée à  la  présence,  dans  l'intestin,  de  cet  entozoaire  qui  se  nourrit  de 


lliBuoGHApuiR,  —  DoBiNi,  dsns  Omadei  Annal,  univers,  di  medic.  di  Milano, 
t.  CV[,  p.  5-13,  iShi,  et  Eiilozoografla  nmiim.  Milano,  1851).  —  Pruner, 
èirankheiten  des  Orients,  p.  2âf|,  Erlangen  18^7.  —  Bildahz,  Zeitsehrift  far 
teissnxrhaflUehe  Zoologie,  t.  IV,  p.  55  ;  Leipxig,  1853.  et  Vierordl'»  Archiv 
fur  physioloQ.  Ueilk.,  XIII,  p.  â%h  ;  anal.  Gaz.  hebd.,  13  avril  1855.— 
r,nF,%n-  l'I  Lekoï  de  MEbiciïiirt,  ArcMcea  de  méd.  mvate,  t.  VUl,  p.  71,  1867. 
—  T.  lu  RucDA,  Uvber  die  Anchr/losromenkrankheit  in  Itrasilien  (  Arcktv 
'l'-r  lleiikimde,  p.  178,  1668.) — 0.  Wccrekeii,  Veber  die  AnchiflusUtmenkrank- 


(.  —  At 


690  ANATOIIIB    PATHOLOGIQUE. 

heii,  trapische  Chlorose  oder  tropische  Hypoœmie  (Deuttches  ArcMv  fur  kUnùdu 
Medicm,  vol.  X,  p.  378,  sept.  1872).  —  Kundrat,  Veher  einm  fna*m6rdigm 
pathologisch-anatomischen  Befund  (Œsterr.  Zeitschr.  f.  prakt  fleitt.,  n»  2, 
lOjanv.  1873). 

III.  —  Sclérostomes. 

ScUrostome  armé  (Sclerostoma  armatum^  Dujardin).  Ce  ver  a  le  corps 
cylindrique ,  gris  rougeâtre,  la  tête  globuleuse,  tronquée  en  avant,  la 
bouche  ouverte,  bordée  par  un  ou  plusieurs  anneaux  garnis  de  dente- 
lures fines  ou  de  franges  convergentes,  Tintestin  entouré  d'une  sob- 
slance  bmnâtre.  Le  mâle,  long  de  27  à  30  millimètres,  présente  une 
bourse  caudale  étalée  et  deux  spicules  longs  et  grêles;  la  femelle,  longue 
de  35  ou  ^0  millimètres,  a  un  anus  non  terminal,  un  utérus  bicorne, 
des  ovaires  longs  enroulés  autour  de  l'intestin  et  des  œufs  elliptiques. 

Le  sclérostome  armé  habite  l'intestin  (caecum  et  côlon),  aux  parois  duquel 
il  se  fixe  par  son  appareil  buccal.  S'il  n'a  pas  été  observé  chez  l'homme,  il 
est  cependant  important  de  le  connaître,  à  cause  des  désordres  qu'il 
détermine  chez  les  animaux  et  de  la  ressemblance  frappante  de  quelques- 
uns  de  ces  désordres  avec  certaines  altérations  pathologiques  trouvées 
dans  l'espèce  humaine. 

Une  variété  de  ce  parasite,  et  peut-être  une  espèce  particulière  (jc/ê- 
rostome  armé  anévrysmatique,  Diesing),  ne  se  rencontre  plus  dans  l'intes- 
tin, mais  bien  dans  des  tumeurs  anévrysmatiques  ;  elle  se  distingue  par 
ses  faibles  dimensions,  car  le  mâle  est  long  seulement  de  1/i  à  16  milli- 
mètres, et  la  femelle  de  18  à  20  millimètres.  Une  particularité  de  ces 
sclérostomes,  c'est  qu'ils  subissent  une  succession  de  mues  en  vertu 
desquelles  une  armure  buccale  plus  simple  est  toujours  remplacée  par 
une  armure  plus  complexe. 

Le  cheval,  l'âne  et  le  mulet  sont  les  principaux  animaux  sur  lesquels  on 
observe  l'anévrysme  vermineux.  L  artère  mésentériquc  antérieure  est 
le  siège  presque  constant  de  cet  anévrysme,  qui  n'a  jamais  été  rencontré 
dans  les  artères  de  la  poitrine,  de  la  tête  ou  des  membres.  Ce  vaisseau 
présente  une  dilatation  fusiforme  ou  globuleuse,  avec  hypertrophie  de  »es 
parois  ;  il  est  par  conséquent  le  siège  d'une  altération  semblable  à  celle 
de  lanévrysme  vrai  de  l'homme,  dont  il  diffère  par  la  présence,  dans  sa 
cavité,  d'un  caillot  adhérent.  Les  tuniques  artérielles  sont  épaissies*  et 
principalement  la  membrane  interne,  qui  est  manifestement  hypertro- 
phiée ;  quant  aux  sclérostomes,  ils  sont,  les  uns  à  peu  près  libres  dans 
la  cavité  de  l'artère,  les  autres,  en  plus  grand  nombre,  enfouis  dans  le 
caillot  fibrineux.  Les  sclérostomes  se  rencx)ntrent  encore  dans  les  pou- 


^^^^^^^  PARASITES  aNIHAL'X.  091 

nions  de  plusieurs  animaux,  notainmeitt  dans  ceux  du  mouton,  où  ils 
peuvent  simuler  des  [uticrcules. 

BiBuoGBAPHiE.  —  Hkring,  Sur  les  iinévryumei  inl,  du  cheval  {Ret.  de  méd. 
vélirin.  P&rts,  1830,  p.  443).  —  Rayer,  Sur  Canà^rysmevermînetix  et  le Siroa- 
gylus  minor  [Archive*  de  médce.  comparée,  1842,  p,  1).  —  Ehcolani,  Gim-n. 
.(.  veterinari't.  Torlno,  1852.  —  Coun,  Mén.  sur  le  développement  et  Ut 
mtyralions  des  selérostomes,  Paris,  1864.  — Baillbt,  Note  sot  les  UrongyHens 
et  les  sekrostomieiis  de  l'appareil  digestif  des  bétes  ovines.  Paris  1668. 

IV.  —   Tricholrachélides, 

Les  espèces  peu  nombreuses  qui  constilucnl  celte  Taraille  vivent  pour 
la  plupart  dans  le  ciccum  ou  dans  le  gros  intestin,  plus  rarement  dans 
l'intestin  grêle  de  l'homme  et  des  mammiTëres  ;  elles  sont  inconnues  dans 
les  autres  classes  de  vertébrés.  Leur  extrémité  inférieure  est  ordinaire- 
metit  engsj^ée  dans  la  substance  même  de  la  muqueuse  intestinale,  tandis 
que  le  reste  du  corps  paraît  libre  au  milieu  des  mucosités. 

!•  Trichocèphale  de  l'homme  [Trichocephalvs  dUpar,  Itudolph!}.  Ce  ver, 
cylindrique,  strié  transversalement,  blanchâtre  ou  jaunâtre ,  a  le  corps 
allongé,  grêle,  formé  de  deux  parties,  l'une  antérieure,  capillaire,  l'autre 
postérieure,  plus  é[)aisse.  La  première 
de  CCS  parties,  termina  en  pointe  et  dé- 
pourvue de  tout  renflement  céphalique, 
contient  l'œsophage  et  une  faible  portion 
de  l'intestin,  la  seconde,  dont  l'extrémité 
est  obtuse,  renferme  le  reste  de  l'intestin 
et  les  organes  génitaux.  L'anus  est  h  l'ex- 
Irémité  qui  finit  en  pointe  obtuse.  Le  mâle,  FiG.sit.—Trichocéplialede  l'homme, 
long  de  37  millimètres,  a  sa  partie  posté-  "■  '"*"'>  B'»"^-  ""■;  t'J'Tl'' 
rieure  enroulée,  il  possède  un  spiculecon-       ijque,  grostie;  tf,  exlréiniU  cau- 

lenu  dans  une  gaine  cylindrique,  renflée       '"^■"' ""*'«■  «'"""■  "™  'P'^"'* 

°  ■    .        p  ,  lenninal;  e,  œuf  groMi  80  foi», 

et  Tésiculeuse  k  1  extrémité  (ng.  224). 

La  femelle,  longue  de  Zli  à  50  millimètres,  a  la  queue  en  pointe 
mousse  ;  son  ccuf  est  long  de  0'°",053,  large  de  0,024  (Davaine)  ;  il  se 
trouve  dans  les  matières  évacuées,  et  pailant  il  peut  servir  au  diagnostic 
du  ver.  De  même  que  les  œufs  d'ascarides,  les  œufs  de  trichocèphale 
pondus  dans  l'intestin  sont  évacués  avec  les  fèces  et  ne  se  développent 
qu'api«s  plusieurs  mois.  L'embryon  reste  longtemps  enfermé  dans  la 
coque  et  vivant;  il  est  mis  eu  liberté  à  la  condition  que  l'œuf,  apporté  par 
les  aliments  ou  les  boissons,  i-entre  dans  l'intestin  de  l'homme  .  Le  déve 


I 


692  *N*TOMIK   PATUOLOGIQllK. 

loppement  du  trichocéphale  el  sa  propagation  oot  par  conséqueulbi^ 
f.'raiide  ressemblance  avec  le  développement  et  la  propagalioii  del'aia 
ride  lombneoîde. 

Ce  ver  n'est  pas  rare  en  France  ;  je  l'ai,  pour  mn  pari,  observé  dans  le 
CiBcum  de  plusieurs  cadavres,  uolammeiil  pendant  le  siège  de  Paris.  Il  k 
rencontre  rréquemnient  en  Allemagne  et  en  Angleterre.  On  le  trou^T  a 
Italie  (Thibault),  aux  Etats-Unis  (Leidy),  et,  selon  Pnuier  et  Bilhnix,  il 
sérail  commun  chez  les  enfants  en  Egypte  el  en  Syrie. 


BtBLtooHAPHiE.  —  Rœderkb  etWACLETi,  Troct.  ik  morbo  miieoso,  édil.  A.  Wr» 
berg,  Gœtting,  1783.  —  Mebat,  Dkt.  des  se.  méd.,  art,  TEiiciiQctpiLu.i.  — 
BELLfMiniiH,  Dublin  Journal,  1838,  et  Archiv.   gHi.  de  méd.,  3'  n'rie.  I.  It- 

p.  mil.  —  C.  Davaine,  loc.  cit.,  p.  205. 

2°  Trichine  de  l'homme  [Tricluria  spiralin,  Owen).  Logé  dans  le  svsIëiik 
musculaire  pendant  le  jeune  âge,  cet  helminthe  habile  l'iiileslin  lorsqu'il 
est  adulte.  La  trichine  adulte  a  le  corps  cylindrique,  rexlrcmité  cépbi- 
lique  amincie,  l'extrémité  caudale  mousse  et  arrondie.  Le  tube  intestinal 
est  droit,  l'anus  est  terminal.  La  moitié  postérieure  de  l'animal  préseolt, 
à  cûlé  du  tube  digestif,  les  organes  sexuels  qui,  chez  la  femelle,  s'ouvnni 
vers  le  milieu  du  corps,  et  chez  le  mâle  k  côté  de  l'anus.  La  tricbinA  Ht 
vivipare  ;  le  m^le  est  long  de  1  millimètre  1/2,  la  femelle  de  3  &  3  millî- 
mèlres. 

Les  organes  génitaux  se  développent  dès  l'arrivée  de  la  larve  dans  fift- 

teslln;  des  œufs  se  produisent  en  grand  nombre  ;  l'accouplement  •  Un 

au  bout  de  deux  à  trois  jours,  el,  wrs  le 

cinquième  ou  le  sixième  jour,  des  vto- 

bryons  liliformes,  longs  de  O''°,08à  0"".13. 

sortent  de  k   vulve.    Ceux-ci    perforeol 

les    parois    intestinales,    pénètrent  daoi 

le  tissu  cellulaire  ou  dans  le  sang,  et  dt 

là  dans  les  muscles  volontaires.  Au  boul 

de  dix   jours  environ,  ils    comnieueeul 

à  s'enkyster  dans  l'intérieur  du   raiscnn 

primitif  (fi;;.    225).   Ce    faisceau    change 

d'aspect  autour  du   ver  qui    occupe    le 

centre;   les  slries  disparaissent,  le  con- 

Fie.  225.— TrichinescnkyiiéeiJans   lenu   se   décompose  en    lùics  moléculei 

""  '"""^  ^'  accumulées  autour  des  noyaux  tnastn- 

laires  cous  id  érable  me  ni  multipliés.  Alors  le  ver  se  roule  en  spï| 


r.\n.lSITES    ANIMAUX, 


693 


sVnveloppe  d'une  vésicule  ovule  ou  elliptique,  de  sorte  qu'il  présente 
deus  enveloppes,  l'une  produite  par  le  kyste,  l'autre  par  le  sarco- 
lemme;  il  continuelle  jrrandir  et  peut  atteindre  une  longueur  de  O""",?  îi 
i  millimètre;  il  n'a  d'autre  organe  inlesme qu'un  canal  intestinal,  sauf 
parfois  des  rudiments  d'organes  génitaux.  Plus  tard,  au  bout  de 
quatre- vingts  jours  chez  le  lapin  et  de  cent  jours  chez  le  porc,  les 
parfis  du  kyste  s'encroûtent  de  molécules  calcaires,  et  le  parasite  suc- 
combe, s'il  n'est  transporté  dans  l'intestin  d'un  autre  animal. 

Les  trichines  se  rencontrent  dans  tous  les  muscles,  le  cœur  excepté; 
leur  enkystement  débute  en  général  par  le  diaphragme,  les  muscles  in- 
tercostaux, ceux  de  la  langue;  dans  les  membres,  elles  ont  leur  lieu  d'élec- 
tion dans  le  point  le  plus  rapproché  de  l'insertion  tendineuse  ;  plus  com- 
muns dans  les  muscles  superficiels  que  dans  les  muscles  profonds,  elles 
se  rencontrent  jusque  dans  les  muscles  de  l'œil,  du  lympn,  du  larynx. 
Leur  présence  en  grand  nombre  au  milieu  des  muscles  qui  ont  un  rrtle 
fonctionnel  important  produit  des  accidents  quelquefois  sérieux  ou  môme 
mortels.  Dans  les  cas  graves  surviennent,  au  cours  de  la  première 
semaine  qui  suit  l'infection,  des  troubles  digestifs  plus  ou  moins  pro- 
nonces; dans  la  seconde  semaine,  apparaissent  des  désordres  du  sysl(?me 
musculaire,  contracture,  douleur  à  la  pression,  enrouement,  dyspnée, 
ou  encore  de  la  fièvre,  de  l'oedème,  etc.  Ces  accidents  étaient  confondus 
soit  avec  la  fièvre  typhoïde,  soit  avec  le  rhumatisme,  la  pleurésie,  etc., 
jusqu'au  moment  oii  Zenker  parvint  à  en  démontrer  la  nature. 

L'origine  des  trichines  est  connue  depuis  qu'on  a  trouvé  ces  parasites 
dansune  foule  d'animaux  (rats,  souris,  campagnols,  etc.),  dont  les  porcs, 
en  particulier,  mangent  les  débris.  La  viande  du  lapin,  sans  élreaussi  dan- 
gereuse pour  l'homme  que  celle  du  porc,  n'est  pas  toujours  d'une  parfaite 
sécurité;  la  putréfaction  n'altère  pas  les  trichines  musculaires,  mais 
celles-ci  périssent  à  une  température  de  58  à  60°  R, 

Les  trichines  se  rencontrent  en  Europe  et  en  Amérique;  elles  ont 
lear  plus  grande  fréquence  en  Allemagne  cl  en  Angleterre  ;  elles  sont 
rares  en  France,  où  Cruveilhier  est  à  peu  près  le  seul  auteur  qui  en  ait 
fait  mention.  L'usage  de  la  viande  de  porc  est  la  cause  ordinaire  de  la  tri- 
chinose ;  c'est  un  fait  aujourd'hui  acquis  par  l'observation  et  pat  l'expéri- 
mentalion.  Il  suffit  de  faire  avaler  à  un  lapin  de  la  viande  contenant  des 
trichines  pour  voir  se  dérouler  tous  les  phénomènes  de  cette  affection. 
L'animal  en  expérience  maigrit;  au  bout  de  trois  à  quatre  semaines  il 
perd  ses  forces,  et  il  meiirl  vers  la  cinquième  ou  sixième  semaine.  Dans 

B  conditions,  les  muscles,  le  cipur  excepté,  sont  remplis  de  millions 
Ltfe  trichines  qui  conduisent  à  la  mort  par  l'atrophie  et  l'altération  du  sys- 


99ftH  AMTOIflE    PATBOLORIQUE. 

UanB  moBColùre.  Tous  let  animaux  ne  sont  pas  également  sajets  àtxtt» 
.  i^iection;  tandis  que  le  lapin,  le  cochon  d'Inde  se  prêtent  Tort  bien  i  in- 
périmentaiion,  le  chat  et  le  dlien  permettent  peu  sa  réussite.  Ch«  et 
deniier  animal,  on  suit  tràs-i>ien  le  développement  des  trichines  ims 
l'mtestin;  maïs  les  embryons  ne  passent  pas  dans  les  muscles,  peiiti^tn 
puoe  que  les  sucs  digestib  du  chien  sont  nuisibles  h  l'évolution  et  aui 
nlgntions  du  pansiie. 


BouMuran.  —  Hiltok,  dans  London  mti-  Qat.,  Fefar.  1633,  p.  M5.  - 
Ownr,  dans  IVa^Mutton^  ofthe  toolog.  Soc.,  t.  Il,  partie tr,  p. 715.  — Bpcaan, 
Coi  de  Trlchlna  aplralis,  dans  Uedit.  4mud.,  t.  VI,  p.  332  et  h85,  c(  6b. 
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18A2.  —  H.  LtncaKA,  Zur  Natitfgetehichte  do-  Tricfaina  spinlis  (SMoU  ni 
KeUOtr  ZeftecArfA  A  wiaaachaftl.  Zoolog,  Leipitg,  IflSl,  p.  M).  —  Cb- 
TSLbnut,  Anat.  potAol.  ginir.,  I.  II,  p.  6&,  185S.  —  Banmm  et  Htam, 
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Zann,  Àrtbiv  fur  poMof.  Anat.  vnd  PAyiM.^  t  XVni,  p.  58i.  18M.  - 
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fWItmp  d.  Lehre  von  dm  Trichinm.  Beriin,  1864.  —  LuasoK,  !>■  FéM  «M 
de  la  «Anee  tar  les  Mdiina  chez  l'hûmM  {Arch,  gén,  de  méd..  S*  uMe,  t.  B. 
v<4.  U,  p.  716,  1802,  et  6*  série,  t.  llf,  ml.  1,  p.  463, 186/i).  —  KtoBi. 
Ooc  méd.  de  Sb-asboarg,  p.  39.  1862.  —  Friedheich,  Archiv  fur  patM.  Ax^. 
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t.  CXVIl,  p.  Ù5;t.  CXIX,  p.  186;t.  CXXII,  p.  313;  t.  CXXEV,  p.  182;  I. OH, 
p.  105,  t.  CXXXVIII,  p.  89,  t.  CLI],  p.  87.  —  Sikbert,  Ueber  TrKhmenkrtmk- 
heit  loid  ihre  Vermeidung.  léna,  1863.  ~  Bobler,  Die  Trikinenkrankheit  iptt 
die  Behandimg  dertelben  in  Plauen.  Plauen,  1863.  —  DàVUNe,  Gaz.  midk.  ii 
Parie,  p.  k  et  suh.  1863.  —  Friedi.er,  Archiv  fur  pathol.  Anat.  tmd  PAynol., 
p.  573.  1863.  —  HusEHiNN,  Erkrankimgai  durch  den  Genutt  v.  JfoAnwgi- 
mitleln  aus  dem  Thierreicke  (Deutsche  Klinik,  186fi,  n°  8  et  suiv.).  —  Voco., 
Die  Triehinenkraj^heil,  etc.  (Archiu  des  Ver.  f.  wevisensehafl.  BeUk  ,  1864. 
n'  1).  —  RuD.  ViRCBow,  Vber  Trichipa  epjraliB,  Archiv.  f.  path.  Anat,  nd 
Physiolog. jl.XVm,  p.  380,  i66fi.  —  tiaBLB.K,He!titinlhologi*eheStudienuiidBe»- 
bachttmgen.  Berlin,  186fi .  —  Kestner,  Etude  sur  la  Tricbina  gpiraliK(Gai.  méd.  ât 
Stnubourfj,  1864,  et  Paris,  1864).  —  Rodet,  De  la  tiichtae  et  de  h  tridutut. 
Paris,  1865.  —  Lerot  de  Mëhicourt,  Note  tendant  à  démontrer  Pidentité  pnbaik 
de  Paerodynie  tt  de  la  trichinose  {Bat.  hebd,  de  mid.  et  de  chirurg.,  p.  692. 
Paris,  ISfiS).  —  los.  Pucga  et  H. -Alex.  P.taENSTECBBR ,  Die  TrieUtOL 
Leipzig,  1865,  anal,  dans  Qat.  m*d.,  p.  622,  1865.  —  Perd.  Flkxlb,  Oit 
frichinm  uHd  die  Trichinentranliheit,  Prag,  1866.  —  Delbech,  Let  triikùtm  é 
la  tricHiftose  chei  l'bqmme  et  chez  let  mimaux,  rapport  lu  à  l'Acad.  \tap.  4* 
Dléd'd^nslasé^nf^dHtfim^iBfiR,  fsrjs,  18fiQ,  r^  Scqi7nTm,MHff« 


PARASITES   ANIMAUX.  1 

S  fricMuM  e{  sur  tei  maladies  qu'elles  (klsmiment  chei  t'homma.  Paris,  1866. 
—  CoHNHF.iM,  Rlieinische  Zeituiig,  17  décembre  1865,  et  Gaz.  hebd.,  p.  816, 
1865.  —  l.e  mèfnp,Zur  pathologUchen  Anatomie  der  Trkkinenkrankheit  (Archio 
fur  pntbol.  ^not.  iwrf  Pliysiol  ,  t-  XXXVI,  p.  163,  1866.  —  Vimo  et  Kbsbbe, 
Tidgskn^forveterimirer,t.  XIV.  1866,  et  Bull,  de  la  Soc,  imp.  elcentr.de 
méii.  ijPlérinairf.,  sër.  3,  1,  11,  p.  260.  —  G,  Colis,  Elude  expfrim.  sur  iw 
trichines  et  In  trichinose  (Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sdenees,  1"  juin  1868). 
—  Félix  ScHAAN,  FMide  sur  la  trichine.  Thèse  de  Paris,  1871-1872.  —  Bo- 
BKLL,  Ztv  Trichiimse  {Arehie  f.  path.  Anat.  und  Pkyml.,  t.  LXV,  p.  399). 


V.  —    Filaridt*. 

Les  filaires  sont  des  vers  blancs  jaunâtres  ou  rouges ,  filiformes,  qui 
se  trouvent  chez  les  animaux  vertébrés,  principalement  chez  les  mam- 
miTères  ol  les  oiseaux,  plus  rarement  chez  les  reptiles;  ils  se  rencontrent 
dans  des  organes  très-di (Térents,  à  l'exception  du  lanal  digestif. 

1°  Filai're  de  Médine  ou  dragonneau.  [Filaria  Medinensis,  Gmelin).  — 
Onnue  dès  la  plus  haute  antiquité  (Moïse,  Agalharchilde,  Plutarquc, 
Aélius,  Paul  d'Egine),  la  lilaii-e  de  Médine  existe  dans  l'Arabie  Pétrée,  le 
Sénégal,  le  Congo,  sur  les  eûtes  d'Angola,  en  Perse,  dans  l'Inde,  dans 
les  Antilles,  notamment  à  Curaçao,  et  cnlin  dans  l'Amérique  méridionale. 
Elle  s'observe  rarement  en  Europe,  et  lorsqu'on  l'y  a  rencontrée,  elle  avait 
été  apportée  depuis  peu  de  temps. 

Le  mâle  de  la  lilaire  de  Médine  est  relativement  petit  et  peu  connu  ;  la 
Temelle  est  longue  de  50  centimètres  et  plus,  large  d'un  millimètre  au 
moins,  fililorme,  un  peu  amincie  en  arrière,  blanche  avec  deux  lignes 
longitudinales  opposées,  correspondant  à  l'intervalle  de  deux  masses 
musculaires  longitudinales;  la  bouche  est  orbiculaire,  la  queue  est 
subaiguë,  recourbée  en  rrochet.  Les  œufs  éeloseot  h  l'intérieurdu  corps  de 
la  mère,  où  l'on  peut  voir  les  petits  presque  tous  enroulés,  tanlAt  avec  la 
quelle  saillante  au  dehors,  tanliHavec  celle-ci  entortillée;  ils  ont  un  peu 
avant  la  naissaiiw  um^  longueur  de  0''~,75.  Leur  extrémité  antérieure, 
légi^remenl  amincie,  est  terminée  par  une  bouche  fi  trois  nodules;  l'anus 
est  viftible  à  la  naissaneo  de  la  queue  qui  est  longue  et  très-eflilée.  Ces 
jeunes  animaux  vivent  pluaiom-s  jours  dans  l'eau  h  la  température  ordi- 
naire (Jacobson,  Maisonneuvej  ;  privés  du  ce  liquide,  ils  restent  sans  mou- 
vement et  reprennent  leur  agilité  par  addition  d'eau  après  six  à  douie 
heures  (Ch.  Hobtn).  Maissi  la  dessiccation  a  été  complète,  la  vie  ne  repa- 
ntt  plus. 

i  La  filaire  de  Médine,  k  l'état  de  larve,  envahit  rhei  l'homme  les  extré- 
ftltës   inréricures,  les  pieds,  les  jamb^^t   1^^  cuifiSes,  le  scrotum,  plliii 


696  ANATONIK   PATHOLOGIQUE. 

rarement  les  extrémités  supérieures,  le  cou  et  Is  tèie  [i).  Elle  se  lop! 
sous  la  peau,  dans  le  tissu  cellulaire  sous-cutané,  entre  les  mnsdes,  met 
à  se  développer  un  temps  qui  varie  de  deux  mois  à  un  an,  et  donne  lien 
à  une  tumeur  semblable  à  une  veine  variqueuse  et  qui  se  termine  par  nu 
petit  abcès,  en  même  temps  que  survient  un  prurit  insupportable.  Pelo- 
tonné dans  cette  tumeur,  le  ver  parfois  sort  en  totalité  avec  le  pus  ;  mais 
d'autres  fois  il  n'apparatt  pas  et  sort  plus  tard  en  donnant  lieu  k  un 
nouvel  abcès  si  l'on  n'a  soin  de  l'extraire  (Hg.  226). 


Le  sié^'c  ordiimiro  de  la  lilaire  dans  les  parois  du  tronc,  et  principale- 
ment (l.ins  les  menibiTS  inférieurs,  conduit  à  penser  que  ce  ver  a  dû 
pénétrer  dans  les  tissus  npràs  avoir  acquis  un  certain  de^  de  déve- 
loppement. On  sait  aujourd'hui  que  ce  parasite  alTectc  les  personnes  qui 
séjournent  les  jambes  nues  dans  des  eaux  stagnantes  oîi  les  jeunes  filaires 
peuvent  vivre  très-longtemps,  et  celles  qui  se  couchent  sur  la  terre  les 
pieds  et  les  bras  nus  ;  un  a  d'ailleurs  observé  dans  l'Inde  que  les  hommes 
qui  portent  l'eau  sur  leur  dos,  dans  des  sacs  de  cuir,  sont  souvent 
alTi'ctés  du  ver  de  Guinée  dans  les  parties  mises  en  contact  avec  om 
sacs,  l'ar  conséquent,  il  n'est  pas  douteux  que  ce  parasite  ne  se  trans- 
mette par  l'eau,  et,  du  reste,  c'est  une  opinion  accréditée  <|uc  la 
lilaire,  dans  la  plupart  des  contrées  où  elle  règne,  se  j^ngne  par  l'eau  ap- 
pliquée à  l'extérieur  ou  ingérée  dans  l'estomac.  Les  nègres,  dans  !<' 


(1)  F,  Pruner  (Oie  KrrmkheUen  des  Orients.  Erlangen,  1847,  p,  250)  n  une  senlf 
fois  rencontré  ce  parasite  sur  le  ciuluvrc  d'un  Jeune  nègre,  en  arrière  dj  fuie,  calre  kt 
reuiUeU  du  méientère  ;   c'est  là  un  Tail  unique. 


PARASITES   ANIMAl'X  697 

Scheradi,  gagrnent  la  filaîre  en  se  baifrnanl  dans  le  Nil  ;  au  Sénégal,  en  se 
plongeant  dans  Teau  du  fleuve.  Les  personnes  le  plus  généralement  affec- 
tées du  dragonneau,  dans  les  provinces  du  Sennaar  et  du  Cordofan,  sont 
précisément  celles  qui  se  baignent  dans  les  eaux  stagnantes  qui  couvrent 
le  sol  du  pays,  ou  qui  s'abreuvent  de  ces  mêmes  eaux  (Ferrari).  L'influence 
des  pluies  et  de  Thumidité  sur  la  propagation  de  ce  ver  est  d'ailleurs  bien 
connue  partout  où  il  se  rencontre;  celle  de  la  chaleur  ne  l'est  pas  moins; 
aussi  est-ce  dans  les  contrées  chaudes,  pendant  les  années  humides  ou  à 
la  suite  de  pluies  abondantes,  que  l'on  voit  sévir  ce  parasite  avec  une  fré- 
quence tellement  grande  dans  certains  cas,  qu'il  serait  possible  de  croire 
à  une  véritable  épidémie.  On  peut  penser,  dans  ces  conditions,  que  la 
larve  desséchée,  et  revenue  à  la  vie  par  l'action  de  l'eau,  acquiert  un  déve- 
loppement rapide  sous  l'influence  de  la  chaleur,  et  partant  cherche  à 
pénétrer  dans  les  tissus  de  l'homme,  où  elle  arrive  à  son  complet  déve- 
loppement, puisqu'elle  en  sort  pour  rejeter  ses  petits  au  dehors.  La  ques- 
tion de  savoir  comment  cette  larve  pénètre  dans  les  tissus  n'est  pas  encore 
jugée  ;  mais  il  y  a  lieu  de  croire  qu'en  raison  de  sa  petitesse,  un  cen- 
tième de  millimètre  d'épaisseur  environ, elle  parvient  à  s'introduire  dans 
le  conduit  excréteur  d'une  glande  sudoripare  ou  dans  la  gatne  d'un  poil, 
et  qu'elle  arrive  par  ces  canaux  jusque  sous  le  derme. 

La  contagion  de  la  filaire,  reconnue  par  plusieurs  médecins,  n'est  pas 
absolument  impossible  ;  on  comprend  qu'elle  puisse  avoir  lieu  par  le 
fait  d'un  contact  un  peu  prolongé.  D'après  Clotbey,  le  docteur  Dussap 
aurait  été  atteint  de  cette  affection  après  avoir  pansé  un  grand  nombre 
d'indivfdus  qui  en  étaient  affectés.  Nous  ferons  remarquer  qu'une  fois  in- 
troduite dans  les  tissus,  la  filaire  ne  cherche  guère  à  en  sortir,  et  par  con- 
séquent, s'il  est  vrai  que  ce  parasite  se  transmette  par  contagion,  le  fait 
est  au  moins  très-rare. 

Bibliographie.  —  Vrlschius,  Exercitatio  de  vena  medinensi,  seu  de  dracunculis 
veterum,  etc.  p.  312-315,  Augustœ  Vindelic,  \62U.  —  Kampfer,  AmcmitcUes 
^iot.  politico-physico-fnedic,,  fasc.  3,  p.  5?^i.  Lempgo,  1712.  —  Bajon,  Mémoires 
pour  servir  à  V histoire  de  Cayenne  et  de  la  Guyane  française,  etc.  Paris,  1777  ; 
*nal.  dans  Journal  de  médecine ^  chirurgie,  pharmacie,  etc.,  1778,  p.  385.  — 
^L'CHsiDs,  Commentatio  historico-medica  de  dracunculo  Persarum,  etc.  léna  et 
Strasbourg,  1785.  — Th.  Heato,  Observ,  on  the  générât.  ofGuinea  worm  [Ediiib, 
''•^d,  and  surg.  Journ.,  vol.  XII,  p.  120,  1816.)  —  Clotbey,  Aperçu  sur  le 
^^^^  dragonneau  observé  en  Egypte.  Marseille.  1830,  p.  30.  —  C.  Morehead, 
^Onsact.  of  the  médical  and  physkal  Society  of  Calcutta,  vol.  Vï,  p.  ^i20, 1833, 
^^  1836,  p.  /|2,  t.  VIII.  —  Bremser,  Traité  zoologique  et  physiologique  sur  les 
^^6^8  intesHnaux  de  Vhomme,  trad.  par  Gnindler,  p.  198, 1837.  —  Mac  Cleland, 


698  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

Rem,  on  Bramnculus  {The  Calcutta  Journ,  ofnat,  hist,^  t  I,  p.  359,  iSlil).  — 
Maisonnruve,  Note  sur  un  dragonnenu  observé  à  Paris  {Archives  gén.  de  médecm^ 
4*  série,  t.  VI,  p./i72,  184'4). — Ch.  Robin,  Comptes  rend,  de  la  Soc.  dshûÀ., 
2»  série,  t.  II,  p.  35,  1855,  et  Gaz.  méd.  de  Paris,  n'  23,  1865,  p.  365.  - 
Vautrin,  Bull,  de  la  Société  anat.,  t.  XXIX,  p.  689,  185&.  —  Benoit,  Duânr 
gonneau  {Montpellier  médical,  juin  1857).  —  J.  Balfour,  Note  on  the  ùUMbatiim 
of  Guinea  worm  (Edinburgh  med.  Journal,  vol.  IV,  p.  Û62,  1858).  —  Cebus, 
Observations  sur  le  dragonneau.  Thèse  de  Paris,  1858.  —  Davaine,  2Voif^  Ai 
entozoaires,  etc.,  p.  696,  1860.  —  Mbissner,  FHaria  Medmensis  {Sehmiàti 
Jahrbûcher,  t.  CXIX,  p.  51,  1863).  —  Bastian,  On  the  structure  and  mtm 
ofjhe  Dracunculus  {Transact.  of  the  Ltnn.  Soc,t.  XXIV,  p.  101,  1863).— 
HiRSCH,  Handb.  der  hùitorisch-geograph.  PathoL,  p.  523.  Erlangen,  1862-1864. 

—  FoLLiN,  Traité  de  pathologie  ext.,  t.  II,  p.  108.  Paris.  1863.  —  Gcto5, 
Comptes  rendus  de  ÏAcad.  des  sciences,  7  nov.  186l!i,  et  Gaz,  hebdom,,  p.  791 
1866.  —  JoLUFFE  TuFiNELL,  DubHu  Joum.,  XLVIII,  p.  65,  1869.  —  Clardhx 
CooPF.R,  Med,  Times  and  Gaz.,  mai  1871.  —  Fedschenko,  Protocole  des  am 
des  sciences  naturelles  (en  russe)  Moscou,  1869,  p.  71,  et  1876,  p.  50.— 
Leuckart,  loc,  cit.,  t.  II,  p.  666. 

2®  Pilaire  oculaire  {Filaria  lentis,  Diesing)  Cette  variété  ou  espèce  de 
filaire  a  été  trouvée  trois  fois  dans  l'humeur  de  Morgagni,  chez  des  individos 
aiïectés  de  cataracte  ;  elle  a  le  corps  filiforme,  blanc  ou  rougeâtre,  U 
bouche  inerme,  Fanus  distinct  et  terminal,  la  vulve  située  à  rextrémité 
caudale.  Le  mâle  n'est  pas  connu. 

Plusieurs  auteurs  conservent  du  doute  sur  Fexistence  de  celle  espèce 
qui  n*a  pas  été  retrouvée  depuis  Nordmann  et  Gescheidt  ;  par  conséquent 
il  serait  nécessaire  d'avoir  de  nouvelles  observations  avant  de  l'admetlre 
définitivement. 

Bibliographie.  —  Gescheidt,  Die  Entozoen  des  Auges,  eine  naturhisi,  Ophthalm. 
8kizze{Zeitschrift  f.  die  Ophthalmologie,  etc.,  von  F. -A.  Hammon,  t.  lïï,  p.  435. 
1833).  —  A.  DE  Nordmann,  Micrograph.  Beitràge,  elc.  Berlin,  1832,  p.  1  à  51 

—  P.  Rayer,  Note  additionn.  sur  les  vers  observés  dans  Vœil  ou  dans  Vorbite  «J^ 
animaux  vertébrés  [Archiv,  de  méd.  comparée,  fasc.  2,  p.  113.  Paris,  1S63). 

Filaire  des  bronches  {Filaria  hronchialis  Rud.  —  Hamularia  lymphaticL 
Treutler).  Ce  ver,  espèce  peu  différente  de  la  précédente,  cylindrique** 
d'une  longueur  de  27  millimètres,  aurait  été  rencontré  une  seule  fois  par 
Treutler  dans  les  ganglions  bronchiques  d'un  homme  épuisé  et  phthisiqiie; 
mais  il  y  a  lieu  de  douter  aussi  de  son  existence.  (Treutler,  Devermihtf 
fdiformis  in  glandulis  conglobatis  bronchiorum  repertis,  d^ns  Obferv,  patk- 
anat.,  etc.  Lipsiae,  1793,  p.  11). 

Z""  Filaire  de  Torbite  if  ilaria  ha,  Guyoi).  C'ogl  un  ver  blanc  cylindrique 


PARASITES    ANIMAUX.  699 

plus  petit  que  la  filairedeThonime;  d'unelongueurde30à32  millimètres, 
il  a  une  grosseur  un  peu  moindre  que  celle  d'une  chanterelle  de  violon  ; 
son  extrémité  postérieure  est  pointue,  tandis  que  Tantérieure  est  obtuse  ; 
la  bouche  est  énorme. 

Cette  filaire  existe  sous  la  conjonctive  des  nègres,  ainsi  que  Ta  observé 
Guyot,  chirurgien  français,  dans  plusieurs  voyages  qu'il  fit  il  y  a  cent  ans 
à  la  côte  d'Angola  où  ne  règne  point  la  filaire  de  Médine.  Plus  récemment 
Lestrille  a  eu  l'occasion  de  rencontrer  ce  parasite  dans  l'œil  d'un  nègre 
du  Gabon  qui  présentait  les  phénomènes  suivants  :  clignotement  fré- 
quent, sensation  d'un  corps  étranger  gênant  les  mouvements  de  la  pau- 
pière supérieure,  injection  des  vaisseaux  de  la  choroïde  et  larmoiement. 
A  la  partie  supéro-antérieure  du  globe  de  l'œil,  vers  l'angle  externe,  la 
conjonctive  était  soulevée  par  un  corps  allongé  flexueux  qui  s'étendait 
dans  le  sens  transversal.  Ce  corps  à  la  première  vue  ne  paraissait  pas  se 
mouvoir;  mais  en  soulevant  avec  une  pince  à  dissection  la  conjonctive 
qui  était  décollée  dans  une  assez  grande  étendue,  on  aperçut  aisément 
des  mouvements  de  réflexion.  Une  incision  ayant  été  faite  à  la  conjonc- 
tive avec  des  ciseaux,  le  ver  put  êire  saisi  à  l'aide  de  pinces. 

Bibliographie. —  Guyot,  Mém,,  dissert,  et  observ.  de  chirurgie,  par  Arrachart. 
Paris,  1805,  p.  228.  — Rayer,  Archiv.  de  méd.  comparée.  Paris,  18/|3,  p.  113. 
—  Lestrille,  dans  Gervais  et  Van  Beneden,  Zoologie  médicale.  Paris,  1859, 
t.  Il,  p.  143.  —  GuYON,  Gaz.  méd.  de  PariSy  184.1,  p.  106.  —  Le  même. 
Comptes  rendus  de  VAcad.  des  sciences^  1865,  t.  LIX,  p.  743. 

k^  Filaire  labiale  (  Filaria  labialis).  Ver  filiforme  de  30  millimètres 
qui  a  la  tète  allongée  et  la  bouche  entourée  de  quatre  papilles.  La 
femelle  offre  une  vulve  située  à  3  millimètres  de  l'extrémité  caudale, 
à  2  millimètres  et  demi  de  l'anus.  Ce  ver  a  été  observé  une  fois  à 
Naples  chez  un  étudiant  en  médecine  dont  il  occupait  la  lèvre  supé- 
rieure ;  celle-ci  devint  le  siège  de  sensations  de  prurit  et  de  fourmil- 
teipent3  bientôt  suivis  d'une  pustule  acuminée  renfermant  le  ver  dans  sa 
profondeur.  (Pane,  Nota  su  4i  un  elminte  henMtQide^  dans  Annali  deW 
Aeadm*  degli  û$pirQntinatuPalisti,  Napoli,  1864,  ser.  S,  vol.  IV.) 

5*  Fihire  di$  sang  de  V homme  [Filaria  sanguinis  hominis).  Cette  déno- 
iliiiiation  1^  été  donnée  par  Lewis  à  des  larves  rencontrées  dans  le  sang 
de  rhonime  at  provenant  d'individus  non  encore  spécifiés.  Le  corps  de 
Q»  larvea  est  long  de  0,f""*  35,  épais  de  0,009;  la  tête  est  arrondie,  la 
quelle  lennipée  en  pointa;   Fcesophage   et   l'intestin  sont  peu  déve- 


700  ANATOMIB   PA-raOLOGIQIJE. 

Ces  parasites  envahissent  le  réseau  vasculaire  tout  entier,  «t  d«  eiflt 
façon  ils  peuvent  être  obtenus  par  la  piqûre  des  extrémités  des  doigtsoa  fa 
orteils.  On  les  voit  sous  le  champ  du  microscope  se  mouvoir  dans  tous  la 
sens  avec  l'apidilé  et  contiguïté,  écartant  les  globules  du  sang  et  s'iui- 
nuant  entre  eux.  Le  sang  n'est  pas  le  seul  milieu  où  l'on  trouve  ces  ven, 
ils  ont  été  encore  rencontrés  par  Lewis  dans  les  urines  chyleuses.  Lot 


Fie.  237,  — . Pilaires  du  aang  hamain  (d'après  Lew>«>. 

accumulation  sur  certains  points  peut  amener  une  rupture  et  leur  issu' 
au  dehors  avec  le  sang  ou  la  lymphe;  c'est  li'i  ce  qui  explique  leur  pré- 
sence dans  les  urines.  Leur  nombre  est  quelquefois  considérable;  Lenisi 
observé  chez  des  malades  atteints  de  chylurie  plusieurs  de  ces  entozoïiM 
dans  une  seule  goutte  de  sang  ;  il  a  pu,  dans  certains  cas,  les  évalua  ■■ 
chilTre  approximatif  de  1£|0  000  pour  la  totalité  du  fluide  sanguin. 

Les  ultcrations  déterminées  parla  présence  de  ces  vers  et  leur  passsfl 
k  travers  les  organes  n'offrent  rien  de  bien  appréciable  à  l'œil  uu.  T* 
tcfois,  à  l'examen  microscopique,  on  constate  que  la  substance  corti»'' 
et  la  substance  tubuleuse  des  reins  renferment  de  nombreux  vers,  conlw'i' 
principalement  dans  les  parois  de  l'artère  rénale  et  de  ses  plus  fines  braB- 
cbes.  On  ignore  jusqu'ici  si  ces  vers  que  l'on  peut  trouver  avec  le  ^"f 
dans  l'urine  traversent  exclusivement  les  corpuscules  de  Mnipighi. 

Lessymplilmesqui  traduisent  l'existencede  ces  vers  sontdepuisioiigiwit* 
connus,  mais  ils  n'ont  été  rattachés  à  leur  véritable  cause  que  daosfW 
derniers  temps  :  ce  sont  ceux  qui  caractérisent  l'affection  désignée  soasir 


PARASITES    AMMAUK.  701 

m  i'Mmùturie  chyîeuse  nu  A' hématurie  graisseuse  des  pays  chauds.  Après 
sJtjiies  tlêsordres  du  côlé  des  ronflions  diffostives,  survient  en  général 
état  fébrile  accompagué  de  doiiltiiirs  ii  la  région  des  reins,  avec  irra- 
Aîons  le  long  des  uretères  vers  le  scrotum  et  les  cuisses  ;  puis  les  urines 
mneitl  une  coloration  rou^e  due  à  la  présence  d'un  grand  nombre 
jématies  au  milieu  desquelles  ou  apt^rçoit  quelques  globules  blancâ 
rviron  1  pour  300,  Crevaus)  et  de  très-fines  gouttelettes  de  graisse  tenues 
suspension  dans  l'urine  et  qui  se  séparent  de  ce  liquide  lorsqu'un  vient 
3  traiter  à  plusieurs  reprises  par  l'étber  sulfurique. 
La  chylurie  s'observe  eu  Amérique  depuis  le  30'  degré  de  latitude 
rd  jusqu'au  35'  degi'é  latitude  sud.  C'est  au  Brésil  qu'elle  sévitavecle 
ftfi  d'intensité.  Juvenot  l'a  rencontrée  jusque  sur  les  rives  de  laPlalaetde 
i  aniuents.  En  Afrique,  cette  maladie  a  été  signalée  dans  les  colonies  du 
pet  deNatal,  à  Madagascar  et  surtout  aux  Des  Bourbon  et  Maunce; 
»  existence  est  nellcmeiit  établie  en  Asie,  surtout  à  Calcutta  (Lewis),  à 
Kcbay  (Carter),  à  Saigon  (CrevauK). 


.,  De  l'hématurie  intvrtropkale  obieniie  au  Brésil  {Arokives  de  mide- 
«  navuk,  t.  XIII,  février  1870  ;  Giiieta  medim  da  Bahia,  5  déuembre  186H 
30  septembre  1S69).  —  Chevaux,  De  l'hématarie  chyleme  ou  grameusv  des 
tft  vbauds.  Thèse  de  l'aris,  1672,  et  ArcA.  de  méd.  nau.,  1.  XXII,  p.  165, 
>leuibre  1874.  —  Lewis,  On  a  haernatozoon  in  humiin  blood,  its  relation  lo 
ifbiria  and  other  diseuses.  Calcutta,  1872  ;  2'  édil.  1874.  —  Le  mdme,  The 
tholoijical  siynificaitce  of  jiematode  haeraatoioa.  Calcutta,  187Ù-  — Ch.  Rouin, 
"offé  des  kumeurs  normales  et  morbides  du  corps  de  l'homme,  2*  édit.  Paris, 
Hù,  p.  185. 

Acanlbocéplmlcs. 

î»us  ce  nom  sont  désignés  des  vers  ronds  en  forme  de  tube,  ii  sexes  sé- 
fcré$,  ovipares,  munis  d'une  trompe  propulsive  année  de  crocbets,  dé{>our- 
ou  de  boucbe  et  d'intestin  et  se  nourrissajit  par  absorption.  Bien  que  cou- 
itu&ut  uugroupeparliculier,  cesvurssont  néanmoins  rares  dans  l'espèce 
Omaine.  Nous  les  plaçons  à  la  suite  des  vers  nématodes,  avec  lesquels 
■  ont  une  grande  ressemblance  de  forme. 

Ces  vers  forment  un  genre  unique  {Ec/iiitorhynchus,  Millier)  qui  com- 
nad  un  grand  nombre  d'espèces  vivant  chez  les  animaux  vertébrés 
ttis  l'intestin  desquels  ils  habitent,  solidement  fixés  aux  païuis  pur  leur 
Fvnipe:  quelquefois,  niuîs  rarement,  ils  se  rencontrent  dans  des  bystes 
lu  mésentère. 

L'échiuorhynque  a  été  trouvé  exceptionnellement  chez  rhoiiime;  tou- 
efoij  sa  présence  y  est  attestée  pai-  les  lails  suivants  : 


702  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

Un  garçon  de  neuf  ans  mourut  d'une  leucémie  à  Prague,  et  l'autopàe 
qui  en  fut  faite  révéla  rexistencedansTintestin  grêle  d*un  échinorhynqie  : 
femelle  (Echynorhynchtu  hominis,  Lambl),  long  de  5,6,  large  de  0,6  mil- 
limètres. Ce  ver  avait  une  trompe  petite,  presque  globuleuse,  armée 
de  huit  rangées  longitudinales  de  crochets  disposés  par  séries  taauh 
versales  alternantes  de  chacune  six.  Incomplètement  développé,  i 
avait  sans  doute  pénétré  peu  avant  la  mort  dans  son  hôte  définitif,  oàl 
avait  été  introduit  d'une  façon  accidentelle  vraisemblablement  par  T 
renfermant  Thôle  intermédiaire. 

Chez  un  soldat  qui  avait  longtemps  séjourné  dans  l'Inde,  et  qui  mourë 
en  Angleterre,  Welch  trouva,  à  Tautopsie,  sous  la  muqueuse  du  jéjoDom, 
enveloppé  dans  une  couche  de  tissu  transparent,  un  ver  de  très-petite 
dimension,  que  Ton  reconnut  être  un  échinorhynque  enkysté.  Rien 
pendant  la  vie  n'avait  pu  faire  supposer  sa  présence. 

Bibliographie.  —  Lambl,  Prager  Vierteljahrschriftj  1859,  !•'  févr.,  pi.  IV, 
—  Welcii,  The  présence  of  an  encysted  echinorhynckus  in  mon  (The  Lanod^ 
16  nov.  1872).  —  Leuckart^  Die  menschl,  ParasUen,  t.  II,  p.  725  et  801. 

§  2.  —  TRÉMATODES. 

Le  nom  de  trcmatodes  (rp^f^a,  pertuis)  sert  à  désigner,  depuis  Rudolphi. 
un  ordre  de  vers  solitaires,  inarticulés,  plats,  munis  d'une  bouche,  d'us 
canal  intestinal,  et  pourvus  d'un  ou  plusieurs  organes  d'adhérence  oa 
ventouses. 

Le  tégument  de  ces  vers  est  mou,  non  revêtu  de  cils  vibratiles  ;  l'ouver- 
ture buccale  est  à  l'extrémité  antérieure  du  corps  et  située  ordinairemeDt 
au  fond  d'une  petite  ventouse,  elleconduit  dans  un  pharynx  musculeui cl 
dans  un  œsophage  aboutissant  à  un  canal  intestinal  terminé  en  cul-de-sac. 
L'appareil  excréteur  se  compose  d'un  réseau  de  vaisseaux  déliés  etdedeai 
grosses  branches  latérales  s'ouvrant  à  l'extrémité  postérieure  ;  le  système 
nerveux  est  représenté  par  une  masse  centrale  et  deux  cordons  latérani; 
lappareil  circulatoire  fait  défaut» 

Les  organes  sexuels  mâles  et  femelles  sont  ordinairement  réunis 
chez  le  môme  individu,  et  leur  orifice  siège  dans  le  voisinage  de  la  ligne 
médiane  à  la  parlie  antérieure  de  la  face  abdominale.  Les  testicules  sont 
multiples;  les  oviductes  et  l'utérus  sont  tubuleux,  très- longs;  les œufis, 
elliptiques  et  pourvus  d'un  opercule,  se  développent  en  grande  partie  dans 
l'oviducte. 

Les  trémalodes  offrent  deux  types  secondaires  :  1^  les  polystomides,  qui 


PARASITES   ANIMAUX.  705 

ont  un  développement  direct,  et  dont  l'embryon,  nu  et  sans  cils  au  mo- 
ment de  Téclosion,  possède  déjà  la  forme  de  Tadulte  ;  tous  les  membres 
de  cette  division  vivent  en  parasites  externes  sur  la  peau  et  les  branchies 
des  animaux  aquatiques,  les  poissons  principalement,  et  comme  tels  ils 
ne  doivent  pas  nous  occuper;  2°  les  distomides,  qui  ont  un  développe- 
ment indirect,  en  ce  sens  que  Fembryon  ne  ressemble  nullement  au  gé- 
nérateur ;  ils  vivent  à  Tétat  adulte  en  parasites  internes  des  animaux 
vertébrés. 

Les  distomides  sont  ovipares,  et  les  jeunes  passent  par  une  génération 
alternante  compliquée  de  métamorphose.  Les  œufs,  éclos  le  plus  sou- 
vent dans  Teau,  donnent  naissance  à  des  embryons  petits  et  contractiles, 
nus  ou  plus  souvent  pourvus  de  cils  vibratiles,  et  qui,  par  cheminement 
spontané,  cherchent  un  nouvel  habitat  dans  un  animal,  qui  est  ordinaire- 
ment un  mollusque  et  le  plus  souvent  Fescargot;  ils  pénètrent  dans  l'inté- 
rieur de  cet  animal,  perdent  leurs  cils,  continuent  leur  développement  et  se 
transforment  en  utricules  germinatifs  qui  produisent  la  génération  des 
cercaires  ;  ces  dernières,  munies  d'une  queue  directrice,  abandonnent  Tu tri- 
cule  mère  qui  se  rompt,  et  le  corps  de  l'animal  qui  les  porte,  pour  ramper 
ou  nager  librement  dans  Teau.  La  cercaire  cherche  alors  un  nouvel  hôte, 
pénètre,  au  moyen  de  son  armature  buccale,  à  travers  les  téguments  d'un 
animal  aquatique,  larve  d'insecte,  poisson  ou  mollusque  principalement, 
perd  sa  queue  dans  le  passage  et  s'enveloppe  aussitôt  d'un  kyste;  là  elle 
revêt  la  forme  d'un  distomide  parfait,  mais  elle  n'acquiert  point  d'organes 
génitaux,  et  c'est  seulement  lorsque  l'hôte  devient  la  proie  d'un  vertébré 
que  le  jeune  distome,  parvenu  dans  l'organe  et  chez  l'animal  qui  lui  con- 
vient, acquiert  définitivement  les  attributs  de  l'adulte  de  son  espèce. 
Ainsi  il  y  a  ordinairement  trois  animaux  porteurs  différents,  dont  les  or- 
ganes logent  le  distome  à  ses  divers  stades  de  développement. 

Les  distomides  adultes  se  trouvent  principalement  dans  le  tube  digestif, 
les  cavités  respiratoires  et  les  canaux  biliaires  des  animaux  vertébrés  ;  ex- 
traits des  organes  et  placés  dans  l'eau,  ils  se  décomposent  et  périssent 
très-vite.  Ces  vers  se  distinguent  par  le  siège  et  le  nombre  de  leurs  ven- 
touses, ils  constituent  ainsi  quatre  genres.  Deux  de  ces  genres  sont  carac- 
térisés par  l'existence  d'une  seule  ventouse  (monostome  et  amphistome); 
lés  deux  autres  genres  (distome  et  holostome)  ont  chacun  une  ventouse 
antérieure  buccale  et  une  ventouse  abdominale* 

Il  -^  DislofUeSi 

tiés  distomes  fonnent  un  gfoupe  naturel  de  pdnisites  qui^  à  l'état  par- 


704  AN.VTUMIË   rATUOLOGlQL'B. 

fait,  se  rcnconlreiit  chez  lus  animaux  composant  les  quatre  classes  des 
vertébrés . 

1°  Distome  kèpaligue  [Distonium  hepaticum).  —  Le  dislome  ou  doufe 
hépatique  est  un  ver  d'un  blanc  grisâtre,  long  de  20  à  30  millimèlres, 
large  de  6  à  ÎU  millim,,  ovale,  arrondi  en  avant  où  il  se  resserre  brus- 
quement d'où  résullo  une  sorte  de  cou  conique,  rétréci  en  arrière  H 
aplati  en  forme  de  feuille.  Son  extrémité  antérieure  présente  une  cupuk 
de  forme  triangulaire,  obliquement  dirigée  en  dessous  et  dans  laquelle 
se  trouve  l'orifice  buccal  (fig.  228).  Vers  le  tiers  antérieur  du  ventre,  il 
existe  une  autre  cupule,  sorte  de  ventouse  qui  n'est 
vraiseniblublement  qu'un  organe  d'adhérence.  Dn 
suçoir  buccal  part  un  œsophage  qui  se  divise  bien- 
tôt eu  deux  bi-anches  grêles  formant  un  intestin 
ramttié  qui  se  termine  à  l'extrémité  postérieure  par 
un  orifice  béant.  Les  sexes  sont  réunis,  et  les  ori- 
fices génitaux ,  conligus,  sont  situés  au  milieu  de 
l'intervalle  des  deux  ventouses;  le  pénis  est  cjliu- 
drique,  saillant,  contoumi;  en  spirale;  les  ovaires 
sont  ramiiiés  ;  l'oviducte  contient  des  œufs  jaunâtres 
pourvusd'un  opercule  et  longs  de  0""", 13  à  0"", 14. 
Le  distome  hépatique  se  rencontre  chez  des  ani- 
maux très-divers,  particulièrement  chez  les  rumi- 
nants, le  mouton  surtout  ;  il  habite  en  général  les 
0~  conduits  et  la  vésicule  biliaire,  sans  en  faire  un  sé- 

jour exclusif.  Quelques  faits  li'moignent  de  sa  pré- 
Fig  228  —  n  Distonie  ^^'"^*^  '^''"^  '^^  ™'^^  biliaires  de  l'homme;  mais 
hépatique.  A.  œuf  )p?ossi  dans  aucuii  d'eux  il  n'est  fait  mention  des  désordres 
;i«  l'.";iT»i-  '"'"'"^''^  p.Plover,i,  pan  louletois  le  cas  n,p- 
vainej.  porté  par  V.  Franli,  d'une  jeune  fille   de  huit  ans 

qui  mourut  épuisée  et  amaigrie  au  milieu  de  convulsions,  après  une 
longue  diarrhée  et  de  vives  douleurs  dans  la  région  du  fuie.  Plus  ra- 
rement CCS  entozoaires  ont  été  rencontrés  dans  l'intestin  ou  rendu» 
par  le  vomissement.  Duval  eu  a  trouvé  une  fois  cinq  d-nns  la  veiuc 
porte. 

L'étiologie  du  distome  hépatique  de  l'homme  est  encore  obscure  ;  mais 
il  est  vi-aisemblabic  que  cet  animal  arrive  à  l'état  de  coixaire  dans 
l'intestin  et  qu'il  passe  de  là  dans  les  voies  biliaires.  11  parait  d'aillours 
qu'il  peut  se  développt'r  dans  le  tissu  cellulaire  sous-cutané;  Gieskc: 
trouva  dans  une  tumeur  de  la  plante  du  pied  deux  vers  parasites  qu<' 
Frey  et  du  Siehold  reconnurent  pour  être  des  distomes  hépatiques. 


PARASITES   AiSIMAUX.  705 

BiBuuGHAPui)^.    —   Pali.as,   Wm.   de  infcH.  i-irenlibus  hitrn  vfventia.  Lugd, 

itaïor.,  1760,'p.  5.  —  J.Kkank,  beoinindisbom.  morlisepitome.Weouœ.iSlO, 

V.  —  Meuus,  Obaerv.  annl.  de  dislomata  hepatico  et  lartceohto.  GœUiiiguo, 

825,  p.  GS.  —  DuvAL,  Nuta  sur  un  cas  de  diilorae  hipa'.iiiiu  {Gai.  méd.  de 

U)42,  p.  76'J).  —  Fmeï,  ilittheil.  dtn-  Nulurforsch.  Geseilschaft  in  Zurich, 

B50,    t.  Il,  p.  89.  —  Davaine,  Ioc  cit.,    p.  250  et   315.  —  Leickaut,    Die 

Bchlichai  Piu-asitcn,  t.  I,  p.  5lii,  1863.  —  Bierver,  Distomum  hepaticum 

iMenschen  [Schireiio-ii'chc  Zeilschrift  fwHeilkunde,  t.  Il,  18G3).  — 0.  Wyss, 

Fill  von  bistoinum  hrjiaticum  bcim  Ucnschen  [Archiv  der  Ihilkunde,  9'  an- 

téc,  1868,  p.  172). 


2'  Dislome  lanct-olé  (Distomum  fanceolatum).  —  Ce  ver  est  plus  petit 
t  plus  rarr  que  le  (iislome  hépati(|iie.  Son  coips,  long  seulement  de  6  à 
milliro.,  large  tle  2  millim.,  est  très-aplnlî,  lancéolé,  deini-transpareut 
L  blancliâlm.  Ses  deux  cupules  ou  ventouses  sont  circulaires  et  situées 
or  La  ligne  médi-iiie.  L'intestin  est  droit  et  sans  ramifications;  les  œufs  se 
ieiità  travers  les  téguments,  et,  suivant  leur  développement,  ils  sont 
mus  ounoirùlres. 

Le  distome  lancéolé  croit  comme  lo  dîslomc  hépatique,  et  souvent  avec 
i,  dons  les  cJiuaui  biliaires,  mais  parfois  aussi  dans  la  vésicule  hi- 
lirc  et  duiis  l'intestin,  chez  le  mouton,  le  bœuf,  le  lapin,  le  porc,  et  trùâ- 
irenicnt  chez  l'homme.  Les  distomes  observés  par  Buchbolc  (Jôrdens, 
'ntom,  unrlffelm.  d.  memchen  Korpers,  1802,  p.  65)  el  Chaberl  ((tuclolphî, 
'ist.nat.,  l,  I,  p.  327)  appartiennent  à  cette  espèce.  Ceux  qu'arencontrés 
usk,  non  dans  les  canaux  liiliaircs,  mais  dans  le  duodénum  d'un  matelot 
^iginaire  de  l'Inde,  doivent  également  y  être  rapportés  (liudd,  DUeates  af  \ 
c  /icer,  London,   1852). 

Diilome  h^lérop/iye {Dîilomum  hetevophics,  de  Sîebold).  —  Cette  douve  a 

é  trouvée  deux  fois,  en  très-grand  nonnbre,  en  Egypte,  par  Bilharz,  dans   ' 

nlestin  grélc  de  l'homme,  où  elle  n'avait  produitaucun  phénomène  par- 

:ulier.  Elle  est  longue  de  1  millimèti'e environ,  large  de  0'"',5.  Son  corpfl 

ttovalaire,  un  peu  plus  dilaté  en  arrière  qu'en  avant,  déprimé  el  de  coultur  ' 

lugeàtre.   Il  présente  une  cupule  buccale  petite,  en  entonnoir,  ut  une 

ipule  abdominute  douze  fois  plus  grande  que  cctie  dernière.  La  bourse 

du  pénis,  qui  ressemble  il  une  veutousi-,  est  couronnée  par  un  cercle  j 

incoiupleldc  72  soies  coniécs.  Les  testicules  sont  eu  arrière.  Les  œub 

•oui  rouges. 

y  ùittimeophthaimobie{nhlomumofihllialmùbium,Aeh\ei\\\^. — C'est  un   1 
Terpeudifrérentderespèccquipi*écède,!laétéIrouvépurGescheidt(Z«7scAf, 
f.  Ophlh.  von  .'lintnon,  1833),  entre  le  cristallin  et  sa  cupule  dans  un  cas  de 
LA^ccKI&ux.  —  Trûl6  d'oiut.  palti.  I-  —  4â 


7U6  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

cataracte  congénitale.  Il  s'agissait  d'un  enfant  de  cinq  mois  qui  portait 
quatre  distomes. 

4*  Distome  hématohie[Dhtomum  hœmatohium^  Bilharz).  —  Ce  distomeaété 
trouvé  en  Egypte  par  Biliiarz,  et  pour  ce  motif  il  a  été  désigné  par  Cobbold 
sous  le  nom  de  Bilharzia  hœmcUobia,  C'est  un  entozoaire  allongé,  mou,  lisse 
et  blanchâtre,  bisexué,  mais  dont  les  deux  sexes  sont  tellement  dissembla- 
bles et  par  la  taille  et  par  la  forme,  qu'on  serait  tenté  de  les  considérer 
comme  des  animaux  très-diiïérents.  Le  mâle,  long  de  8  à  10  millimèCm. 
présente  une  partie  antérieure  ou  tronc  comme  déprimée  et  lancéolée, 
un  peu  convexe  en  dessus,  plane  ou  concave  en  dessous,  et  une  partie  pos- 
térieure (queue)  cylindrique,  huit  ou  neuf  fois  plus  longue  que  le  troDc 


FlG.  229.  —  Dislomes  hémalobies  mâle  et  fe- 
melle, fortement  grossis  d'après  Bilharz.  a^  ^, 
c,  la  femelle,  en  partie  contenue  dans  le  ca- 
nal gynécophonî  ;  r/,  son  corps  vu  par  trans- 
parence dans  le  canal  ;  i,  /;,  //,  le  mâle. 
ef,  canal  gynécophore  entr'ouvert  en 
avant  et  en  arrière  de  la  femelle  qui  a 
été  en  partie  extraite  de  ce  canal  ;  </,  //, 
limite  vers  le  dos  de  la  dépression  de  la  face 
ventrale  constituant  le  canal  ;  {,  ventouse 
buccale;  /:,  ventouse  ventrale;  entre  i  et 
h  le  tronc  ;  en  arrière  de  A,  la  queue. 


FiG,  230.  —  Œufs  du  distome  Iiulj- 
tobie  ;  ^,  ces  œufs  renferrrés  dans  un 
mucus  épais  (  50  diamètres  )  ;  /n  M 
mêmes  œufs  contenus  dans  l'uriu. 
(100  diamètres)  (d*après  Harley):  , 
embryons  libres  ciliés  (d'après  Robert- . 


(fig.  229).  Tout  à  lail  en  avant,  dans  la  région  céplialique,  on  romanju» 
une  sorte  de  cupule  un  peu  inférieure  et  à  peu  près  triangulaire.  En  d«-5- 
sous  du  Iroiic,  on  voit  une  autre  cupule  de  la  même  grandeur  quo  la 
précédente,  mais  orbiculaire.  A  partir  de  celte  dernière,  e\isl<*  une  rainur»' 
longitudinale  (canal  g\  nécophore) ,  dans  laquelle  se  trouve  logtf  la 
femelle,  comme  une  épée  dans  son  fourreau,  montrant  la  partie  céphaliquf 


'  —    PARASITES  AMMAL 

k  avatil  et  la  queue  eu  arrière  entièrement  libre.  Le  pore  génilnl  lUiïle 
tiilué  eiilie  la  rainure  et  re\tréinité  caudak. 
La  femelle  est  beaucoup  plus  petite  que  le  mule,  surtout  plus  grêle,  effilée 
l  légèrement  transpartnle.  Sou  corps,  d'apparence  nibanée,  diffère  de 
ni  du  nulle  en  ce  qu'il  u'est  pas  formé  de  deux  parties  nettement 
islinctes  ;  sa  queue  n'a  point  de  rainures.  Les  œufs  sont  ovales,  prolongés 
1  pointe  d'un  o^té;  l'embryon  est  mou  et  couvert  de  cils  vibratiles  il 
f  sortie  de  Tueur  (fig.  230). 
i^t  entozoaini  habite,  chez  l'homme,  les  branches  du  systëme  de  la 
me  porte  et  les  veines  des  bassinets,  des  uretères  et  de  In  vessie.  Il  ne 
irstt  point  occasionner  de  désordres  dans  les  troncs  principaux  de  ces 
kisseaux,  mais  il  en  détermine  dans  les  capillaires  et  les  membranes 
■uqoeuses  des  voies  urinaires  et  digestives,  non  pas  en  Europe,  où  il 
!\iste  pas,  mais  au  Cap  de  Bonne-Espérauce  et  en  Égjple.  fl  est  telle- 
tei]t  fréquent  dans  ce  dernier  pays,  que  sur  363  autopsies  (îriesinger  l'a 
Q  1 17  fois.  Il  pai'alt  plus  commun  de  juin  à  août,  et  plus  rare  de  sep- 
libre  à  janvier. 
I  Les  désordres  les  plus  sérieux  que  détermine  ce  parasite  ont  leur  siège 

ms  les  voies  urinaires.  La  membrane  muqueuse  vésicale  présente,  à  sa  ■ 
■nie  postérieure  surtout,  des  taches  plus  ou  moins  ci  ■■consentes,  dont 
h  dimensions  varient  depuis  l'étendue  d'un  grain  de  cliènevis  jusqu'à 
île  d'une  pièce  de  un  franc.  Formées  par  une  hy  perhémie  ti-ès-forle  et  un 
Biravasat  sanguin,  ces  taches  se  recouvrent  d'un  mucus  épais  ou  d'une 
lalière  gris  jauiiiUre  qui  renferme  des  œufs  de  distome  ;  dans  quelques 
cas  elles  sont  surmontées  d'une  croilte  calcaire  constituée  par  ces  mêmes 
u-ufs  et  les  sels  de  l'urine.  D'autres  fois,  ce  sont  des  excroissances  ou  des 
vé^n'Iations  isolées  ou  agglomérées,  de  la  grosseur  d'un  pois  h  celle  d'un 
haricot,  jauu&trea  etecchvraosées,  verruqueuses  ou  fongueuses,  h  fortnes 
variées  et  compambles  aux  condylonies.  Ces  excroissances,  dont  le  sîéfto 
est  le  tissu  sous-muqueux,  laissent  In  membrane  muqueuse  à  peu  près  in- 
tacte ou  simplement  épaissie;  k  leur  base  existent  des  dislomeshématobieB 
avec  leurs  n-ufs.  Semblables  altérations  se  rencontrent  sur  la  membrane 
muqueuse  des  un-tèros  et  sur  celle  des  bassinets.  Ce  sont  toujours  des 
plaques  saillantes,  d'un  gris  jauniUre,  i-ecouveiles  d'une  couche  de  gra- 
viers,  d'un  noir  foncé,  constituée  par  une  agglomération  d'œufs  de 
distonies,  vides  ou  contenant  un  embryon,  par  des  globules  san- 
guins et  des  cristaux  d'acide  urlqne.  L'uretère,  dont  la  muqueuse  est 
épaissie,  se  trouve  en  même  temps  rétri'ci,  d'où  In  rétention  de  l'urine  et  la 
dilatation  plus  ou  moins  considérable  de  ce  canal  et  du  bassinet,  l'altéra- 
tion secondaire  des  reins  et  quelquefois  la  suppuration  de  ces  diverses 


b^ 


708  ANATOMIK  PATUOLOGIQUE. 

parties.  Dans  certains  cas  enfin,  les  œufs  du  distome  hématobic  coosli- 
tuent  le  noyau  de  véritables  pierres  dont  les  couches  extérieures  sont 
formées  d'acide  urique.  Cette  circonstance  est  sans  doute  la  cause  de  b 
fréquence  des  calculs  urinaires  en  Egypte. 

Ces  désordres  des  voies  urinaires  retentissent  généralement  peu  sur  l'or- 
ganisme. Malgré  l'existence  d'une  douleur  plus  ou  moins  vive  dans  h  rf- 
gion  rénale,  surtout  quand  il  y  a  des  hémorrhagies,  le  malade  digère  et 
conserve  les  apparences  de  la  santé;  pourtant  il  devient  apathique,  pares- 
seux, et  tombe  dans  une  anémie  plus  ou  moins  prononcée.  Plusraremeiit, 
il  survient,  comme  l'a  vu  Griesinger,  une  altération  grave  de  la  santé,  etea 
dernier  lieu  la  mort  à  la  suite  d'une  pneumonie,  d'une  dysenterie  ou  d'une 
maladie  aiguë  à  forme  typhoïde.  En  tout  cas,  les  individus  porteurs  de 
distome  hémalobie  sont  affectés  de  fréquentes  hématuries.  Tenant  compte 
de  la  répétition  de  ce  symptôme,  Griesinger  a  été  conduit  à  émettre  l'opi- 
nion que  l'hématurie  endémique  des  pays  chauds  pouvait  tenir  à  la  pré- 
sence du  parasite  dans  les  voies  urinaires.  Cette   hypothèse  fut  plus 
tard  confirmée  par  Tétudeque  fit  John  Ilarley  de  trois  malades  atteints,  Too 
de  l'hématurie  endémique  du  Cap  de  Bonne-Espérance,  les  deux  autres  de 
la  javelle  consécutive  à  cette  affection.  Dans  Turine  de  ces  malades, 
examinée  au  microscope,  l'observateur  anglais  découvrit  un  grand  nombre 
d*œufs  de  distome  hématobie,  dont  quelques-uns  renfermaient  un  em- 
bryon, enchevêtrés  dans  des  cylindres  ou  filaments  muqueux,  et  de  plib 
des  corpuscules  sanguins,  des  cristaux  d'acide  uri(jue  et  des  urates. 

tîiBLioGHAPiiiE.  —  Bii.iLVRZ,  Zcitschrift  fur  ivtsscnschaftl,  Zoolojie,  t.  IV.  — 
(iiiiE-siNGEii,  Archœ  der  physioLlldlkunde^  t.  Xfll,  p.  571, 1866.  —  Du  même, 
Archivdevlh'ilkunde^t  Vif,  p.  96,  1866.  —  Davaixe,  Traité  des  en*ozofiirc<,c\c.  1 
Paris,  1860,  p.  312.  — J.  Hauley,  Endémie  llvmaturin  of  the  Vupt  r,f  ihpyi  I 
Hope  {Mcd.  chirurg.  transacl.,  t.  XLVIl,  p.  15,  186.'i,  1.  LU,  ]).  379  .  —  Ki»- 
BEurs,  On  urinari/  and  rénal  diseases,  London,  1872,  p.  582-  —  LEuawi'. 
CoBUOLi),  ,  /oc.  cit, 

II.  —  Monostome>. 

Le  geiH'e  nionostonie  se  dislingue  du  genre  distome  parrexisteiiced'uiK 
seule  ventouse;  il  comprend  plusieurs  espèces  qui  se  trouvent  principiil^ 
nienl  chez  les  oiseaux,  les  reptiles  et  les  poissons,  dans  l'inlestin  eldan^ 
d'autres  organes  ;  une  seul(»  de  ces  espèces  a  été  rencontrée  chez  rhonim»*- 

Le  monostonie  de  riioniuie  (Momstomwn  Icntis)  a  le  corps  déprimé;  i^ 
est  long  de  0°»°, 21.  Nordmann  l'a  trouvé  dans  un  cristallin  aiïecté  decaU- 
racte.  Ce  cristallin,  qui  provenait  d'une  femme  Agée,  renfermait  huit  moQO- 
stomes  logés  dans  les  couches  superficielles  de  la  substance  de  la  leullH**- 


rARASlTES   ANni.MfX. 


m  §    3.  —   CESTODES. 

Kes  cesloldes  («ito:,  r.eiiiture,  Lwnbriei  des  anciens  auleure,  vers 
Ks,  vers  rulmnês  des  auteurs  modernes)  sont  des  vers  r|ui,  ù  loulcs  les 
■iodes  de  leur  existence,  hnliileiil  enparasiU'sdansJcs  lissus  ou  dans  les 
KU^s  dos  organes,  chpit  les  animaux  vcrléhrés  ou  inverlt':ln-és,  A  Icliit 
Barve,  ils  ont  lu  plus  ordinairement  la  foiinR  vésiculaire,  el  oecupcnt 
I  lissus  ou  les  parenchymes  qu'ils  compriment;  ii  l'i^lnt  adulte,  ils 
Innent  la  Forme  rubanée  et  vivent  exclusivement  dans  l'intestin  giéle 
■Animaux  vertébrés.  Dans  cedernier  étal,  ils  présentent  un  corps  aplati  et 
Bclé,  aminci  vers  une  de  leurs  extrémités,  laquelle  est  fixéedans  In  paroi 
R'inteslin,  tandis  que  par  l'autre  extrémité  ces  vers  (loltenl  librement, 
Bgés  d'avant  en  arrière  dans  le  sens  du  cours  des  matières  intestinales. 
P*Vxtrémité  amincie  se  termine  par  un  petit  renflement  ou  t^le  munie 
n  quatre  ventouses  ou  fossettes  musculaires  contractiles,  et  souvent 
■ne  trompe  armée  de  crochets  ou  inerme.  Le  corps  esl  composé  d'ar- 
les  agréfîés  ou  spfïmenis  nombreux,  pourvus  d'organes  génitaux,  mftio 
Blemelle,  d'autant  plus  considérables  qu'ils  sont  plus  éloignés  de  la 
b.  Les  segments  postérieurs,  qui  chez  beaucoup  d'espèces  peuvent  se 
parer  et  vivre  pendant  quelque  temps,  à  l'état  de  liberté,  dans  la  cavité 
■Klînale,  sont  désignés  depuis  les  temps  les  plus  anciens  sous  le  nom 
meucurbititu.  Los  naturalistes  modernes  ont  donné  aux  diverses  portions 
■cestoîdes,  qui  représentent  autant  de  pbases  successives  de  développe- 
Mat,  des  dénominations  nouvelles  :  la  (été  est  appelée  scolex,  le  corps 
bAi'/c,  le  segment  libre  prog^.ottii  (Van  Beneden). 
BUlien  qui  réunit  ces  pbases  de  développement  est  aujourd'hui  bien 
■inu  :  chaque  article  du  ver  plat  ou  ténia  est  h,  la  fuis  mftle  et  remelle. 
Hrépo(|ue  de  la  génération,  les  ovaires  se  gonflent  et  se  remplissent  d'une 
pomic  quantité  d'œufs  ;  les  articles  se  désagrègent,  se  séparent  el  devien- 
■it  indépendants.  Entraînés  par  les  matières  fécales,  ces  articles  ou  cucur- 
Kfls  se  désorganisent,  elles  œuTs  qui  les  distendent  sont  ainsi  disséminés. 
pKeufs  conservent  longtemps  leur  propriété  genninalive;  ils  résistent  à 
■évBtionet  à  l'abaissement  de  la  température,  à  l'action  de  la  sécberesse  et 
Kitedel'humiditc,  il  celle  de  l'eau  et  même  à  celle  de  l'alcool. Si,  par  hasard, 
■Mnt  introdnits  par  Icsalimcnts  ou  par  les  boissons  dans  la  cavitédigestive 
■  l'homme  ou  de  certains  animaux ,  l'embryon  qu'ils  i-enfcrmenl  devient 
B|K  par  la  dissolution  des  enveloppes,  il  perCore  la  muqueuse  digestive, 
Kmit  directement,  soit  par  l'intermédiaire  du  courant  sanguin  ou  lym- 
■■lique,  il  est  transporté  dans  un  parenchyme  quelconque  ou  dans 
Ph  membrane  séreuse,  dans  le  tissu  conjpnclif.  en  un  mot.  \M,  cette  es- 


710  ANATOMIB  PATHOLOGÏQOE. 

pèce  de  larve  inidimentaire  devient,  ou  pour  mieux  dire  engendre  par  roîe 
agame^  un  nouvel  individu  engatné  dans  sa  propre  mère,  lequel  s'en- 
kyste dans  le  sujet  infecté,  comme  une  chenille  dans  le  cocon  où  elle  doit 
se  transformer  en  chrysalide  (Van  Beneden).  Cette  seconde  larve  présente 
une  tête  avec  quatre  suçoirs,  une  double  couronne  de  crochets  et  un  ooo 
médiocrement  long,  lequel  se  termine  par  une  ampoule  membraneuse, 
immense  phlyctène  à  parois  délicates,  remplie  de  sérosité,  dans  laquelle  le 
jeune  animal  peut,  en  se  contractant,  s'enfermer  et  s'abriler.  Il  vil  ainsi  an 
sein  de  son  kyste,  comme  un  cynips  dans  sa  noix  de  galle  ;  il  est  alors  connu 
sous  le  nom  de  ver  vésiculaireou  hydatique;  sous  cette  forme  il  a  quelque 
foisla  propriété  de  produire  par  gemmiparité  des  individus  semblables  à  loi. 

Si  cette  larve  et  sa  lignée  ne  peuvent  sortir  du  parenchyme  dans  lequrf 
elles  sont  enkystées,  leur  évolution  ne  dépasse  pas  Tétat  de  ver  vésicu- 
(aire  ou  hydatique.  Mais  que  celte  larve  soit  introduite  par  les  aliments 
ou  par  les  boissons  dans  le  tube  digestif  de  Thomme  ou  d'un  autre  ani- 
mal, elle  s'attache  (avec  ses  crochets  et  ses  oscules)  aux  parois  de  la  mu- 
queuse; bientôt  elle  perd  son  ampoule  qui  s'aiïaisse  par  exosmose  et  prend 
l'aspect  d'un  appendice  aplati.  L'animal  devient  plus  transparent.allongé, 
rubané,  et  produit  une  multitude  d'articulations  successives,  d'organismes 
particuliers,  situés  bout  à  bout  et  vivant  d'une  vie  commune,  quoique 
pourvus  chacun  de  tous  les  éléments  indispensables  à  son  individualiti*. 
Celle  chaîne  de  zoonilcs,  qui  peut  être  regardée  comme  un  autre  mode  d'' 
reproduction,  constitue  l'état  parfait  de  lanimal,  celui  de  la  reproduction. 

Or  ces  différents  états  se  rencontrent  quelquefois  chez  Thomme,  etpir- 
lant,  nous  étudierons  les  cestodes  et  les  désordres  qu'ils  occasioiinciil 
dans  les  deux  grandes  étapes  de  leur  développement,  à  l'état  complet  H  i 
l'étal  de  larve.  Ces  parasites  forment  deux  grandes  familles  qui  prennoul 
leurs  noms  des  principaux  individus  qui  les  composent  :  la  famille  d'*^ 
léniadées  et  la  famille  des  bolhriocéphalidées. 

Biiujor.RAPiiiKGi'NÉRALE.  — VoN  SiKBOLD,  Vchev  Bdiid  und  Blasenvurmer,  lS.>i. 

—  P.-J.  Van  BnNROKN,  Les  vers  cestoidcs,  Bruxelles,  1850.  —  Sur  les  rerf  ùit'<- 
tinauœ.  Paris,  1858.  —  fiEiivAis  cl  Van  Bkneden,  Zoologie  médicale.  Parûi,  1S3? 

—  G.  Waoener,  Etitwickelimg  d.  Ccstoden,  Breslau,  \S5li,  —  KNtxin,  U-^-r 
die  Verhreitung  d,  inenschlichen  Ccstoden  au f  demContiîienteWestertropasBftli'i. 
klin,  Wochenschrift,  30,  32,  186^). —  Uwllet,  Expêr.  sur  F Ofy animation  (t  r, 
reproduction  des  ccstoides  du  genre  taniia  [Ann,  des  se,  nahirellef^  6'  sork*. 
t.  X,  1858,  et  llist  nat.  des  helminthes  drs  principaux  animaux  dom'sti'i"  < 
Paris,  1860).  —  Kiiabde,  Recherches  helminthologigues  en  Danemark  et  tn  /.</'/.w' . 
Copenhague,  1800.  —  Cobboij),  Entozoa,  London,  1869.  —  Mei;mn,  S/*/  ' 
développement  des  cestoïdes  inermes  {Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  .«rt'W». 
13  mai  1872,  et  Journ.  de  Vanaf.  de  Robin,  1872).    —  Ch.  Davaine,  Les  (>- 


PAHASITES   ANIMAl'X. 

(DW.  («eyctop.  des  se.  méd.,  t  XIV,  p.  547,  1873).  —  Voyez  les  Iraittîa 
b  Hudciplu,  Bremscr,  Dujardin,  Kûchenineisler,  Davaine,  Leuckrul. 

I.  —  Famille  dea  ti^nmiiéei. 
I  Les  esptos  qui  composent  celte  raïuille  ont  la  tête  pirirorme  ou  sphé- 
tque,  munie  de  quatre  ventouses  arrondies,  fortement  musculées.  Entre 
B  ventouses  on  voit  ordinairement  une  ou  plusieurs  rangées  circulaires 
^crochets  recouibt^s,  soutenus  et  mis  en  mouvement  par  un  appareil 
iculaire  ou  rostre  qui  peut  se  pmjnter  en  avant  et  se  retirer  vers  l'in- 
feeur.  Les  progloltis  sont  dislinclement  séparés  les  uns  des  autres; 
leur  étal  de  maturilé,  ils  sont  plus  longs  que  larges,  el  haliituellemenl 
omis  d'ouvertures  sexuelles  latérales. 

l'homme.  —  Cjslicprqiip  ladriquc  el  ladrerie. 
I  A.  —  Le  téniade  l'homme  {Tœmasoliutn,  Linné)  est  un  ver  aplati,  étroit, 
aibliibleà  mirulian,  composé  d'articles  ajoutés  bouta  bout  et  unis  entre 
bx  avoc  plus  ou  moins  de  solidité.  Ce  ver,  d'une  longueur  dilïicile  h  dé- 
liner,  mesure  en  moyenne  do  fi  à  5  mètres.  Il  se  réli'écit  inseasible- 
int  d'arrière  en  avant  et  finit  par  devenir  tout  à  fait  filirormc  ;  ainsi  il 
6sente  il  peine  vers  son  extrémité  antérieure  0""°,66  de  largeur,  tandis 
evers  sa  partie  postérieure  il  offre  souvent  Sel  12  millimètres.  Son  ex- 
mité  antérieure,  de  forme  ovoïde,  renllée  et  communément  désignée 
s  le  Dom  de  tète,  porte  qualre  mamelons  arrondis,  équidîstants,  op- 
sés,  et  comme  croisés,  ayant  chacun  k  son  centre  un  suçoir  circulaire 
aie,  bothrie)  entouré  d'un  bourrelet  de  nature  vraisemblablement  libro- 
iculaire.  Au  milieu  de  ces  oscules  parait,  en  avant,  une  protubérance 
0ivexe  plus  ou  moins  élevée,  sorte  do  trompe  rudimcntaire,  mais  non 
vrorée  iprobaicide,  rostetle],  sur  laquelle  se  trouve  une  double  couronna 
i  crochets,  les  uns  extérieurs  plus  longs,  les  autres  intérieurs  plus  pe- 
.,  alternant  avec  les  précédents  (tig.  231  ).  Au  nombre  de  i'2  a  \Si  h  cba- 
B  rangée,  ces  crochets,  de  nalui'e  cornée ,  sont  composés  d'un  support 
I  manche  formant  à  peu  près  la  moitié  de  leur  longueur,  d'une  grille 
■uée  et  pointue,  d'une  garde,  sorte  de  talon  plus  ou  moins  saillant, 
6  à  la  jonction  du  support  elde  la  partie  arqmie, 
t  tête  est  portée  par  un  cou  grêle  et  court,  déprimé,  sans  articulations  ; 
mnenl  ensuite  les  articles  (proglottis)  qui  forment  une  chaîne  d'élé- 
Wnt«  uniaériés.  Les  premiers  sont  toujours  plus  courts  que  larges  ;  k 
mesure  qu'ils  grandissent,  leur  longueur  augmente  proportionnellement 
beaucoup  plusque  leurlargeur;  aussi  soDt-ils  d'autant  plusallongés  qu'ils 
sont  plus  éloignés  de  la  tête;  peu  à  peu  ils  deviennent  quadrangulaires, 
oblongs,  et  leur  longueur  finit  par  égaler  deux  fois  leur  diamètre  trans- 


712  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

versai.  Chacun  de  ces  articles  adultes  présente  un  double  appareil  génital 
dont  un  orifice  placé  sur  le  bord  constitue  le  pore  sexuel.  Ce  pore  existe, 
tantôt  d'un  côlé,  tantôt  de  Tautre,  sans  alternance  bien  régulière  ;  il  est 
percé  dans  une  saillie  mamelonnée ,  eV  très-apparent  dans  les  articula- 
tions du  milieu  ;  vu  à  la  loupe,  il  ressemble  à 
une  cupule  déprimée  et  présente  vers  son  centre 
une  ouverture  punctiforme  par  où  sort  quel- 
quefois un  spicule  court.  Cette  ouverture  se 
rend  dans  un  canal  horizontal  (canal  déférent] 
entortillé  qui  conduit  au  testicule  situé  vers  le  mi- 
lieu de  Tarliculation.  En  arrière  de  rorifice  mas» 
culin  et  souvent  confondue  avec  lui,  on  voit  dans 
la  cupule  Touverlure  de  l'autre  partie  sexuelle. 
Cette  ouvej'turc  communique  avec  un  canal 
(vagin)  parallèle  au  canal  déférent ,  mais  plus 
long,  qui  se  dirige  vers  un  organe  multilobé 
ressemblant  à  une  grappe  dendritiforme  que 
Ton  peut  regarder  comme  élant  Tovaire. 

Le  ténia  de  Thomme  estovipare,  il  pond  desœuFs 
pourvus  de  plusieurs  enveloppes  et  qui  laissent 
voir  par  transparence  un  embryon  dont  la  tiHe 
présente  trois  paires  de  crochets  de  la  même 
forme  que  ceux  de  l'adulte,  mais  proportionnelle- 
ment plus  grands.  L'embryon  ne  se  développe 
(|u'à  la  condition  d'être  transporté  dans  un  en- 
droit convenable,  ce  qui  a  lieu  lorsque  des  cucur- 
bilinsse  trouvent  mêlés  aux  aliments  du  porc  ou 
à  ceux  de  l'homme  ;  alors  il  passeà  létat  decysli- 
cerque  de  la  ccllulosilé  {Cysticei^cus  cellulosce)  .Ou*» 
le  ténia  puisse  quelquefois  remonter  de  l'intestin 
jusque  dans  l'estomac,  la  chose  est  possible.  Or, 
dans  ces  conditions,  si  les  articles  viennent  à  ren- 
fermer des  œufs  mûrs,  il  peut  arriver  que  le  suc 
gastricjue ,  dont  l'action  est  plus  énergique  que 
celle  du  suc  intestinal,  en  dissolve  l'enveloppa, 
et  que  les  embryons  devenus  libres,  s'ils  se 
trouvent  dans  un  milieu  favorable,  se  transforment  dans  le  même  animal 
en  vers  cystiques  :  telle  est  probablement  la  cause  de  l'apparition  simul- 
tanée du  TœniasoUum  et  du  Cysticercus  ceUulosœ  chez  un  même  individu. 
Le  taenia solium est  unentozoaire  propre  à  l'homme;  il  habite  l'intestin 


Fie.  231,  —  Tœnia  solium 
ou  ténia  armé  ;  Tragmenls 
pris  de  distance  en  dis- 
tance à  partir  de  la  tôte. 
a^  tête  armée  de  sa  cou- 
ronne de  crochets  grossir, 
environ  15  fuis.  6,  œuf 
grossi  300  foi?;  les  cro- 
chets de  l'embryon  sont 
trop  apparents. 


PAIUSITES    A.MMAUX,  713; 

^e,  la  l^te  dirigée  en  iintil,  comme  on  le  saiL  (lepuis  longtemps,  mnis 
tout  depuis  les  ouverlurcs  cadavériques  pratiquées  en  Egypte  par  Pm- 
iir  les  nègres  qui,  dnns  ce  pays,  oui  pour  la  plupart  des  ténias.  Sa 
X  fixée  à  In  paroi  înlcstiiialp,  et  celle  disposition  explique  comment 
I  n'esl  pour  ainsi  dire  jamais  expulsée  par  les  stiuls  efforts  de  l'in- 
I,  lorsque  des  portions  considérables  de  l'animal  séparées  de  In  tôte 
rendues  spontanément.  Ce  ver  est  ordinairement  solitaire,  et 
%lii  sa  dénomination  ;  toulcfois,  un  grand  nombre  de  Taits  prouvent  que, 
E  riiommc  comme  chez  les  animaux,  plusieurs  ténias  peuvent  se  ren- 
JDtrer  simultanément  dnns  le  tube  digestif.  Pruner  trouva,  en  ouvrant 
adavre  d'un  nègre,  cinq  de  ces  entozoaires  mesurant  ensemble  environ 
X  cents  aunes  de  longueur,  ils  occupaient  tout  l'intestin  grêle,  qui  en 
raissait comme  rembourré;  Vaillant  et  beaucoup  d'autres  auteurs  ont 
Btlement  trouvé  des  ténias  multiples.  Les  désordres  déterminés  par  la 
Mence  de  ces  helminthes  snnt  très- variables,  suivant  la  susceptibilité  des 
jdividus;  mais  en  général  les  dérangemcnisde  la  santé  sont  peu  marqués  : 
s  quelques  cas  seulement  on  constate  du  malaise,  de  l'anxiété,  des 
villes  plus  ou  moins persistantsdanslesphénomênesdeladigestion,  de 
Knutrilîon  ou  du  système  nerveux  ;  pourtant  le  parasite  n'est  reconnu 
le  dans  les  Cjis  où  (les  cucurbitins  viennent  à  s'échapper  de  l'intestin. 

e  lœnia  solium  est  observé  en  Kurnpe,  en  Algérie,  en  Egypte,  dans 
bide,  dans  l'Amérique  du  Nord  et,  en  un  mot,  partout  oit  on  fait  usage 
■  la  viande  du  porc  ;  il  est  digne  de  remarque  que  dans  l'Inde  il  s'étend 
nme  l'usage  de  cetle  viande.  Tous  les  âges  y  prédisposent,  car  on  l'a  vu 
z  des  enfants  h  la  mamelle  et  chez  des  vieillards,  mais  c'est  dans  l'àgc 
|0ltc  qu'il  est  le  plus  commun  ;  les  femmes,  d'un  autre  ci^té,  y  sont  plus 
(ettes  que  les  hommes,  et  ces  différences  ont  leur  origine,  sans  aucun 
laie,  dnns  le  genre  de  vie  de  chacun  ;  pour  ces  mêmes  raisons  ce  ver  est 
mmanchez  les  charcutiers,  tes  cuisiniers,  etc. 

L'analogiedc  forme  et  de  constitution  do  la  tête  du  taenia  solium  aveccello 
Beysttcerqueladriqueconduisitloutd'ahordieshelminthologistes  à  penser 
e  ce  dernier  n'était  que  la  larve  du  premier.  Plus  tard  l'expérimentation 
lit  confirmer  cette  vue  de  l'esprit  cl  établir  dêlinilivement  que  le 
mia  solium  est  engendré  chez  l'homme  par  l'usage  de  la  viande  d'ani- 
maux renfermant  des  cyslicerques  et  surtout  par  l'usage  delà  viande  de 
porc.  Les  expériences  de  Kûchcnmeister,  Leuckart  et  Humhert  ont  montré 
i]uc  les  personnes  auxquelles  on  faisait  avaler  des  cysticerques  de  la  cel- 
lulosilé  ne  tardaient  pas  ii  être  atteintes  de  ténia  ;  or  ces  expériences,  dont 
quelques-unes  seraient  à  la  rigueur  ri'cusables,  envisagées  dan.s  leur  cn- 
M-mble,  ne  laissent  aucun  doute  dans  rcspriltoucliaril  la  gemSe  du  twiiia 


71^  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

solium.  D'ailleurs  on  sait  depuis  longtemps  que  les  juifs  sont  exempts 
de  ténia  et  que  ce  ver  est  commun  surtout  chez  les  individus  qui  mangent 
de  la  viande  crue  de  porc. 


Bibliographie.  —  Nicolas  Andry,  Traité  de  la  génération  des  vers.  Paris,  1700. 

—  Ch.  Bonnet,  Diss,  «wr  le  ténia  {Œuires compl,  y  U  11,  p.  65.  Neufch&lel,  1779]. 

—  De  Thomas,  Observ,  sur  le  ver  solitaire  (Joum,  de  méd.j  de  chintrgiey  etc., 
t.  XXIII,  p.  68.  Paris,  1765).  —  Robin,  Lettre  sur  le  ver  solitaire  {Ibid.,  t  XXY, 
p.  222,  1766).  —  Pastfx  de  Franciére,  Observation  stir  le  ver  ténia  (Jount  d* 
méd.,  de  chinirg.,  t.  XVHI,  p.  /il6,  Paris,  1763,  et  t.   XXVI,  p.  415,  17671. 

—  Debky,  Sur  le  ténia  humain,  th.  n**  75,  p.  11.  Paris,  1817.  —  F.-V.  Mérat, 
Du  téîiia  ou  ver  solitaire  et  de  sa  cure  radicale  par  Vécorce  de  la  racine  de  grena- 
dier. Paris,  1832,  p.  l/i5.  —  Brasseur,  Rap]'*  deRaikem{BulL  de  TAcad.  royi/f 
de  méd,  de  Belgique,  l.  IX,  p.  210.  Bruxelles,  1850).  —  F.-L.  Lecexdw. 
Obsen\  propres  à  éclairer  les  sympt,  nerveux  que  détermine  le  tcenia  (ArcK  Q^n. 
de  méd.,  /i*  série,  t.  XXIII.  Paris,  1850).  —  Le  même.  Note  à  propos  de^h- 
sieurs  cas  de  ver  solitaire  observés  j^endant  l'enfance  (Ibid.,  1856,  l.  IV,  p.  642';. 

—  Bertolus,  Dùisei't,  stir  les  métamorphoses  des  cestoides.  Thèse  de  Montpellier, 
n»  106,  décembre  1856.  —  Da vaine.  Traité  des  entozoaires^  p.  79  et  93. 
Paris,  1860. —  F,  Kuchenmfjster,  Wiener  Medicin,  Wochenschrift^  1855,  nM, 
et  Nouvelle  expérience  sur  la  métamoi^hose  du  cysticercus  cellulosœ  en  taenia  «o/iXm 
de  Vhomme  (Deutsche  Klinik,  n°  20,  19  mai  1860,  et  Gaz.  hebd.  de  méd.  ^tlf 
chirurgie,  1860,  p.  83^).  —  R.  Lkuckart,  Die  menschlirhni  ParfisitttK  t.  1. 
p.  228.  LeipzipT,  1868.  —  M.-R.  Levi,  Liguriœ  med.,  XVI,  p.  152,  a>nl  IST^i 

—  Vauxant,  Ttrnid  multiple  chez  l'hummv  (Soc.  de  biol.,  p.  50.  1870,  rt  fi:. 
méd. y  1870,  p.  5'i4).  —  .\o/'?  sur  un  tœuia  monstrueux  [Ibid,,  p.  168).  — 
LABO[LBi%Nr:,  Ohscvvfit.  physiolog,  sur  le  Prnia solium  Mim.  dt  la  Sor.  d*  bi^ln'^ 
série  5,  t.  II,  p.  109,  1870).  —  Le  même.  Gai,  méd.  de  Pmis,  p.  'ii)7,  1S72. 
et  Bull,  rièncnilde  thérapeutique,  1873,  t.  LXXXV,  p.  206  —  CAivEr,  y^U  <" 
le  ta'nia  nhjêrien  [Ann.  des  sciences  mitnrcUes,  1873).  —  Cn.LiNr.woiiTEi.  \ 
remarkahle  spécimen  of  tapeirorm  (tœnia  lophosotna)  (Med.  Ttmes  mvl  'i'»:.. 
13  (Iccombre  1873,  et  Rev.  des  se.  méd.,  1.  IV.  p.  157,  187/i).  —  nrMA>.  >  r 
cas  de  tœnia  à  la  suite  de  V usage  de  la  viajiâe  crue;  fréquence  relative  de  't  »•»  ' 
Celte  {Montpellier  7nêdieal,  juillet  1875). 


R.  — Le  c\s{\cori\uo  hdv\(\uo  {Cf/sficercus  ceiiulosœ,  Rudolphi),  oularx- 
(lu  lîenia  solium  est  le  parasite  qui  enirendre  raiïeclion  décrite  sous  b»  n«»!ii 
de  ladrerie.  Ce  parasite  présent<uine  tète  pres(jue  tétra^one  qui  a  la  fonii' 
et  le  volume  de  la  lôte  du  taenia  solium  (fi^.  232)  ;  elb'  est  garnie  dequalr-' 
suvoirs,  couronnée  par  deux  rangs  de  quinze  à  seize  crocht^s  allôni:e>, 
et  terminée  par  une  trompe  obtuse,  cylindroïde  et  imperforée  (fig.  233, 


pauasitus  \KiM.atx.  715 

H).  Le  corps  de  CG  parasite,  qui  renrorme  de  nombreux  corpuscules  cal- 
j,  eslcylindrique,  plus1on^(|ue]avésicule<lansla()ucl]c  il  eslconlenu. 
Pliptique  et  saDs  appendice  extérieur  hîibituel,  c^tle  vésicule,  d'undia- 


'^, 


\ 


Fie.  232.  —  Tfle  da  tystU-eriiiLe  Imifiqne  do  l'hotnma  Fie.  233.  —  o,  grand  crochet; 
£rauio  80  roii:  cette  lète  eil  orii^e  de  14  {•raciils  cro-  h,  p«lit  crochet  (370  dia- 
chcti  longi  At  ^"'",^1°!  et  de  15  petits  erocliel*  longs         mitr»). 

■".OIS.  —  Spécimen  extrait  pur  miii  pendant  le 
>ieat  dcïiiniSp&rÙnii  Vnillnal  (SO  dinmAtres). 


h  '9 

Fie,  2:14.  —  Cïslkerque  ladri- 
qiio  du  porc  (grandeur  nulu- 
rell«).  o,  l<Me,  cul  el  cnrpa 
«orlii  ds  la  lèsicule  ;  b,  c«« 
■n^mei  pirlict  canton  ofs  dani 
la  vésicule  (d'après  Davainc). 


ii-edc6à1(lmilliméti'cs,  est  blancliiMre,  ovoïde,  remplie  de  liquide,  per- 
le sur  un  de  ses cfllés  d'un  pertuis  étroit  qui  donne  naissance  6  une  vésï- 

inteme  pisiTorme^  plongeant  dans  le 
iiide.  C'est  au  Tond  de  celle  vésicule  in- 
né que  l'animal  se  trouve  fixé  par  un  pédî- 
J|le  ;  plissé  quand  il  est  rétracté  sur  lui-na^me, 
■•remplîl  exactement  cette  poche,  et  sa  talc  est 
1  rapport  avec  le  perluis  de  la  grande  vési- 
■le  (fig.  23fi).  Cette  tlemière  est  généralement 
tltourée  d'un  kyste adventif qui  souvent  prë- 
lOleuuc  petite  cicatrice  blanche,  entourée  de 
vaisseaux  correspondant  ii  l'ouverture  de  sortie  ducyslicerque  (Gh,  Robin). 
Le  cysticerque  ladriqnc  subit  avec  l'ftge  des  modilicatiuns  profondes  : 
un  pigment  noir  envahit  les  ventouses  cl  If  msire  qui  durcit  ;  les  crochels 
tombent  ou  sont  détruits,  le  perluis  de  la  vésicule  se  rétrécit  ou  se  ferme 
toutù  fait;  celle-ci  sii  déforme,  acquiert  un  volume  anormal,  se  seg- 
mente  ou  même  se  dédouble,  mais  elle  ne  produit  point  de  nouvelles  tites 
Ldecysticerques.  Ce  cysticerque  a  été  rencontré  chez  le  singe,  le  chien ,  l'ours, 


716  ANATOMIE  PATnOLOGIQUE. 

le  chat,  le  chevreuil  el  le  porc.  Assez  fréquemment  on  le  rencontre  chez 
l'homme,  où  sa  présence  est  le  point  de  départ  d'une  maladie  analogue  a 
celle  qui,  chez  le  porc,  est  depuis  longtemps  désignée  sous  le  nom  de/o- 
drerie. 

Connue  d'Aristote  (1)  qui  la  considérait  comme  une  aiïection  des  plus 
communes  chez  le  porc,  la  ladrerie  a  été  rattachée,  au  xvii*  siècle,  à  la  pré- 
sence d'un  ver  vésiculaire,  d'ahord  par  Hartmann  deKœnigsberg,  elpeude 
temps  après  par  Malpighi.  Relativement  rare  chez  rhomme,  la  ladrerie 
parait  avoir  été  observée  pour  la  première  fois  par  Wharlon,  qui,  sous  le 
titre  de  :    De  glandai is  sanis  varias  corporis  parti  s  occupant ibus  in  milite, 
en  rapporte  un  fait  peu  douteux  et  dun  intérêt  réel,  puisqu'il  a  trait  à  m 
individu  vivant.  Boneta  consigné  ce  fait  dans  son  Sepulchretum  (2),  mais 
pas  plus  que  Wharton  il  n'a  connu  l'identité  de  ces  prétendues  glandes 
avec  l'altération  qui  constitue  la  ladrerie  du  porc.  Il  faut  arriver  jusqu'à 
Werner(3),  en  1786,  pour  avoir  une  observation  authentique  de  ladrerie 
chez  l'homme.  A  l'autopsie  d'un  militaire  Agé  de  60  ans,  qui  s'élait  noyé  et 
qui  avait  séjourné  pendant  deux  semaines  dans  une  eau  glacée,  cet  obser- 
vateur trouva  les  muscles  farcis  de  vers  vésiculaires.  D'autre  part,  Masca- 
gni  [Ix],  Losché  (5),  llimly  (6),  Flormann  (7),  Laennec  (8),  Dupuytren  (9), 
Grève  (10)  ont  trouvé  le  Cyslicercus  cellulosœ  dans  les  muscles  el  dans 
le  tissu  conjonclif  sous-cutané.  Rudolphi  rapporte  que,  de  son  temps, 
on  rencontrait  dans  les  autopsies  à  Berlin,  une  fois  sur  cinquante,  «n 
nombre   |)lus  ou  moins  considérable  de   cyslicerqucs   ladriques,  silurs 
le   plus    souvent  dans   les   muscles  fessiers ,    les   muscles   pscas  ilia- 
ques,   les  muscles   extenseurs  de  la  cuisse,  el  plus  rarement  dans  I»' 
cerveau.  Geilach  (11),  \Vymann  (12),  Haikem  (13),  Demarcjuay  et  Tifr- 


(1)  Nous  (lirons  plus  loin  que  les  Kgyptiens  connaissaient  déjà  la  ladrerie,  du  rawnî 
celle  du  bœuf. 

(2)  Bonetus,  S^/^m/c/^/t^/w.  Cioncvae,  1G70,  p.  1541. 

(3)  Werner,   Verni,  inlest.  (ontinuaiiOy  t.  II,  p.  7.  Leipzipr,  1786. 

(4)  Brera,  Lezïoui  merf.  prntt.j  etc.  Creuia,  1802,  p.  153. 

(5)  Steinbach,  Comment,  do  tœnin  ht/fiat,  anom.  Erlangen.  1802. 
(G)  HufeiamPs  Journ.,  t.  XXIX,  p.  116,  1809. 

(7)  Rudolpbi,  Entozoar.  f:tjnopsïs.  Berlin,  1819,  p.  020. 

(8)  Laennec,  Mém,  de  la  Sor.  de  mvd.^  an  XII, 
(9j  Dupuytren,  Ijeçons  or  nies  ^  t.  III,  p.  367, 

(iO;  Grève,  Erfahr.   und  Beohncht.  ûher  die  Krnnhh.    dcr   flausthiere.   OKIenbu  t'- 
1818,  c.  XVIII. 

(11)  Voyez  Gnz.  dea  hôpit.,  4  8.'i4.  p.  596. 

(12)  Jackson,  A  descn'jit.  eafn/or/.  of  the  anni,  muséum   of  the   B'^slon  S^r.   n>5tf''. 
1847,  no  904. 

(13)  Raikem,  i)f///.  detAcad,  royale  de  méd.  de  Belgique,  18ô3,  p.  199. 


PAHASITES    AMMAIX.  717 

vais  (1),  Slich  (2),  elc.  ont  également  vu  de  nombreux  cysticerques 
dans  les  muscles.  Rudolphi  (3),  Ferrai  (/j),  Âiidral  (5),  Leudet  ((>),  el 
quelques  autres  auteurs  ont  noté  la  présence  de  ces  parasites  dans  les 
parois  du  cœur.  Griesinger,  après  avoir  rencontré  deux  fois  des  cysti- 
cerques dans  les  centres  nerveux,  a  rassemblé  cinquante  à  soixante 
cas  semblables,  et  depuis  la  découverte  de  Tophlbalmoscope  ce  parasite 
a  été  plusieurs  fois  observé  dans  Tœil  pendant  la  vie.  Les  poumons 
(flimly,  Demarquay  et  Gervais),  le  foie,  les  reins  et  les  glandes  lym- 
phatiques sont  quelquefois  aussi  affectés  de  ladrerie;  mais  chez  Thomme 
comme  chez  les  animaux,  cette  maladie  semble  se  localiser  de  préfé- 
rence dans  le  tissu  cellulaire  sous-cutané  et  dans  les  muscles  (7). 

Le  nombre  des  cysticerques  trouvés  dans  l'organisme  humain  varie 
depuis  un  jusqu^à  cinq  cents  ou  même  jusqu'à  mille  et  plus.  Dans  un  cas 
rapporté  par  Bonhomme ,  on  put  évaluer  après  la  mort  à  deux  mille  le 
nombre  de  ces  vers  contenus  dans  le  tissu  conjonctif  sous-cutané,  sous- 
aponé\TOtique  et  intermusculaire.  Principalement  situées  au  niveau  des 
points  d'insertion  des  fibres  musculaires,  les  vésicules  qui  les  renfermaient 
avaient  leur  plus  grand  diamètre  parallèle  à  ces  fibres  qu'ils  écartaient 
sans  les  détruire.  Les  centres  nerveux  contenaient  dans  le  môme  cas  cent 
onze  cysticerques  dont  vingt-deux  dans  les  méninges,  quatre-vingt-quatre 
dans  le  cerveau,  quatre  dans  le  cervelet  et  un  dans  la  moelle  allongée. 
Chez  unede  mes  malades,  où  pour  la  pi'emière  fois  Taffection  fut  diagnos- 
tiquée à  l'aide  du  microscope,  on  pouvait  compter  sous  la  peau  plus  de 
trois  cents  cysticerques  occupant  le  tissu  conjonctif  et  les  muscles,  où 
ils  donnaient  lieu  à  la  présence  de  petites  tumeurs  olLvaires,  élastiques, 
légèrement  saillantes.  Le  tronc  et  les  membres  étaient  également  affec- 
tés; les  tumeurs  étaient  en  assez  grand  nombre  sous  les  mâ- 
choires, et  l'une  d'elles,  faisant  saillie  sur  le  plancher  de  la  bouche, 
à  gauche  de  la  langue,  rappelait  toute  l'importance  attachée  ancienne- 
ment à  ce  siège  chez  le  porc,  d'où  la  fonction  des  jurés  langueyeurs. 
Ces  tumeurs  (Gg.  235),  dont  il  me  fut  facile  de  déterminer  la  nature  à  l'aide 
d'une  ponction  et  de  l'examen  microscopique,  avaient  leur  grand  diamètre 


(1)  Joum.  de  ttmtiiuiy  1845,  2'«  sect.,  p.  16,  et  Bull,  de  la  Soc,  anat.  de  Parts,  1845. 

(2)  Slicby  Constates  Jahresb,,  1855,  t.  IV,  p.  339,  et  Ann.  de  la  Chanté  de  Berlin. 

(3)  Rudolpbi,  Entozoai^m  synopsis ^  p.  546. 

(4)  Ferrall,  Dublin  Joum,  of  med,  science,  Joly  1839. 

(5)  Andnil,  Anat.  path.,  t.  H,  p.  322. 

(6)  Leadet,  Bull,  delà  Soc^  anat.y  XXVIP  année,  p.  469.  Paris,  1852. 

(7)  On  trouvera  l'analyse  de  la  plupart  de  ces  observations  dans  le  remarquable  ou* 
Trage  du  docteur  Da vaine. 


718  ANATOMIE  rATBOLOGIQUB. 

parallèle  n  la  diivclïondes  muscles  qui  conservaient  teurappareticenonnale. 
Ces  organes,  coiiime  d'ailleurs  les  vistèrcs  qui  renfennent  les  mâDes 
parasites  sont  en  général  peu  allérés,  et  pour  celle  raison  le  cjslicCTqoe 
lndri<iue  peul  séjourner  longtemps  dans  l'organisme  ;  mais  souvent  il  Gnil 


Cjriticcrques. 


:  il.uiie  Tcii  me  atteinle  de  Udrcnc    II  existe  tojs  la  peau  du  lliurai 
[lOJiibrc  de  tumeurs  oUiaires  Tormées  par  Jft  kjiiles   reolcrmaul  <i 


\>M-  subir  des  initditirations  qui  eutratur-nt  sa  mort.  Dans  ces  condilions 
le  kvsle  rovieul  sur  lui-même,  il  s'incrusle  de  sels  de  chaux ,  et  par  *un 
volume,  comme  par  sa  forme,  il  revêt  l'aspeetd'un  grain  d'orge,  rei|iii- 
j'ai  pu  constnlcr  à  |>lusicurs  reprises  dans  les  umsclos  du  llioras,  nulain- 
ment  chez  des  individus  morts  de  plilliisie  pulmonaire. 

Le  fiiilile  volume  des  vésicules  du  cjsliccrque  ladriqne  rend  ces  larves 
ordinairement  inoffensives  pour  les  parties  qu'elles  occupent,  ù  nioiii* 
qu'elles  ne  soient  en  très-grand  iionibi-e,  ce  qni  donne  lieu  aux  pliéni"- 
mènes  de  la  ladrerie.  Dans  ce  cas  même  il  n'exisie  parfois  aucun 
désordre  sérieux,  comme  j'ai  pu  le  voir  (liez  une  malade  qu'il  m'a  rtc 
possihic  de  suivre  pendant  deux  années  successives;  j'ajouterai  qitau 
bout  de  ce  temps,  les  tumeurs  cysli<|Ues  m'ont  paru  avoir  diminué  do 
volume,  de  sorte  que  les  cysticcrques  semblaient  se  oalcîfter.  Pourtaul  il 


PARASITES    ANIMAUX.  719 

est  des  organes,  comme  le  cerveau  et  l'œil,  dans  lesquels  la  présence 
d'un  seul  cysticerque  surfit  pour  produire  des  accidents  quelquefois  très- 
graves  ;  par  conséquent,  ce  n'est  pas  tant  le  nombre  que  le  siège  spécial  de 
ces  parasites  qui  les  rend  dangereux  pour  Tôlre  sur  lequel  ils  se  sonl  fixés  ; 
ces  accidents,  bien  entendu,  diiïèrent  suivant  la  fonction  de  l'organe  lésé. 

Le  cysticerque  ladrique  de  l'homme,  comme  celui  du  porc,  a  été 
observé  dans  des  contrées  et  dans  des  climats  divers  :  en  Italie,  en 
France,  en  Angleterre,  en  Allemagne,  en  Suède,  etc.  Il  se  trouve  dans  les 
deux  sexes  et  à  tous  les  âges,  mais  il  est  manifestement  plus  commun  dans 
les  classes  pauvres  et  chez  les  personnes  malpropres  que  dans  les  classes 
aisées,  chez  les  personnes  qui  donnent  tous  les  soins  nécessaires  à  la  pré^ 
paration  de  leurs  aliments  et  qui  filtrent  l'eau  de  boisson. 

L'identité  du  cysticerque  ladrique  avec  le  scolex  du  taenia  solium  con- 
duisit plusieurs  observateurs,  notamment  Van  Beneden,Kùchenmeister  et 
Haubner,  à  faire  des  expériences  complémentaires  de  celles  qui  consistent 
à  transformer  le  cysticerque  en  tœnia  solium.  Cesauteurs,  ayant  fait  avaler 
à  des  porcs  des  œufs  et  des  anneaux  de  taenia  solium, trouvèrent,  dansuncer^ 
tain  nombre  de  cas,  un  plus  ou  moins  grand  nombre  de  cysticerques  cellu* 
leux  dans  les  muscles  de  ces  animaux.  Or,  celix-ci  étant  placés  dans  des 
conditions  qui  permettaient  de  penser  qu'ils  n'étaient  pas  atteints  de  ladre- 
rie, on  peut  admettre  que  les  cysticerques  avaient  pour  origine  les  œufs 
ingérés,  et  partant  il  y  a  lieu  de  croire  que  chez  l'homme  le  cysticerque 
ladrique  provient  également  de  l'ingestion  d'œufs  de  lienia  solium  qui, 
faute  de  soins  suffisants  de  propreté,  se  trouvent  mélangés  aux  aliments 
ou  aux  boissons. 

BiBUOGRAPUiE.  —  G.  Gulliver,  Obscnations  on  the  structure  of  the  entozoa 
belongvig  to  the  genus  cysticercus  (Medico- chirurgical  Transact,,  t.  X.XIV,  1).  — 
D£ix)RE  et  Bonhomme,  Comptrs  rendus  de  la  Soc,  de  biologie,  et  Gaz.  méd.  de  Paris, 
1853.  —  Kœbeklé,  Des  cysticerques  de  tœnia  chez  l'homme,  Paris,  1861.  —  Dol- 
BEAU,  Bull,  Soc.  anat.  1861,  p.  32/i.  — Grieslnger,  Archiv  dur  Ilcilkunde,  t.  III, 
p.  207-224,  1862,  et  Schmidfs  Jahresb.,  t.  CXIX,  p.  46.  —  Fidler,  {Archiv 
d.  Heilkunde,  t.  IV,  p.  268,  1863).  —  J.-M.  Guàudia,  Ladrerie  dans 
Vantiquité  {Ann.  d'hygiène  et  de  méd.  légale,  p.  454,  t.  XXill).  —  Kucfien- 
MEiSTER^  OEsterr.Zeitschr,  f,j>rakt,  Ueilk.,  t.  XI,  46,  48,  50,  et  t.  XII,  3,  6,  etc., 
1865  et  1866.  —  Rich.  Wagner,  Ueber  das  Vorkommen  von  Cyst.  bei  Geistes 
Krankenh.  {Inaug,  Diss.  lëna,  1866).  —  Meissner,  Helminthologische  Bcobach-- 
tungen  u.  Notizen  {Schmidfs  Jahrbùcher,  t.  CXXXIII,  p.  301,  1867;  t.  CXLIV, 
p.  73;  t.  CLII,  p.  118).  —  Cesare  Lombroso,  Riv,  clin,,  VI,  8.  Agoslo  1867. 
—  BEœuLET  et  GiRAUD,  Note  sur  le  cysticerque  du  ceiveau  (Ann.  mùd,  psycholo- 
giqueSy  nov.  1872).  —  E.  Langereaux,  iVo^e  sur  la  ladrerie  chez  l'homme  (Ar- 
chives générales  de  médecine,  novembre  1872^  p.  543). 


720  ANATUMIE    PATUOLUGItiCE. 

Tu.'nia  incdiocancllaln  (KûcbcnmeigUr)  ou  ténU  iuerme. 

Ce  ténia,  plus  large  et  plus  l'^pais  que  le  Isenia  solJuni,  a  aussi  aut 
ti^tû  plus  volumiucusc.  D'une  largeur  de  2  millimètres,  celte  télé  «I 
pigmeiilée,  noii'ùli'c,  semée  de  corpuscules  calcjiirea,  et  inclinée  surim 
cou  ti-ès-court;  elle  no  présente  ni  crochets,  ni  proboscide  (lîg.  2J6!. 
Les  suçoirs  de  ce  parasite  sont  tris- 
grands;  lesarticIcsquisedétacheDl 
avec  facilité  sont  très-vivaces  ri 
sortent  souvent  d'eux-méraes  de 
l'anus  dans  l'intervalle  des  ganle- 
robes.  Les  pores  génilaui  sont 
irrégulièrement  alternés  ;  les  ovai- 
res consistent  en  un  long  cani) 
duquel  partent  laléi-alcmcat  un 
grand  nombre  de  branches  paral- 
lèles (jusqu'à  60)  simples  ou  bifur- 
quées  et  jamais  arliorisécs.  L« 
œufs  sont  ellipsoïdes;  plus  lis«s 
et  plus  clairs  que  ceux  du  \xm 
solium,  ils  laissent  mieux  vuir 
leur  embryon  hexacanliie. 

Lelœniamediocanellata  se  trouve 
eu  Kurope,  mais  on  l'observe  Jans 
certaines  contrées  où  les  habilanL' 
se  nourrissent  principlemcut  àr 
viande  crue  de  bœur,  comme  en 
Ahyssinie  ;  il  est  fréquent  en  Kg^  pli; 
cten  Algérie.  Tandis  que  le  taenia  so- 
lium devient  de  plus  en  plus  rari' 
chez  nous,  au  contraire  le  Ltuia 
niediocaneliata  est  de  plus  en  plus 
commun  ce  qui  tient  sans  doule 
à  l'habitude  conlmclée  de  inaii^rr 
de  la  viande  de  bœuf  crue.  Ji'  l'ai 
observé  trois  fois  en  inoins  dun  an, 
à  riiiipilol  Saiut-Aiitoino. 
I,a  larve  du  ténia  inermc  a  été  trouvée  dans  les  muscles  et  les  organo> 
du  bœuf,  le  cœur  surtout  ;  elle  offre  de  l'analogie  avec  le  cystieerque  la- 
drique,  mais  elle  est  plus  petite  et  se  distingue  par  une  tête  plus  volumi- 


Fie.  236,  —  Ticnia  mediocflnoll.il 

iiierme  de  l'Iiomme  (grandeur  naturelle), 
fragnienls  pris  de  distance  en  distance  à 
]iarUr  de  la  lÉte.  o,  lôli;  grossie  ; 
çrpsii  300  foiJ. 


l 


;  tMMtiA.  731r  j 

,  itierme,  avec  des  ventouses  Irès-giaiides.  Qucl(|uefois  ti'ës-répandue 

ins  les  muscles,  cette  larve  peut  donuer  Heu  à  des  phénomènes  fébriles  ;  elle 
résente  sous  forme  de  petits  nodules  qui,  k  un  examen  superficiel,  pour- 

lenlôlpeprispourdes  tubercules  (Kg.  237);  elle  ne 

mttpasavoirétéjusqu'ici  observée  chez  l'bomme. 
■Les  expériences  faites  par  Leiicknrl  et  plusré- 

Oiment  par  Saint-Cyr  ont  d'ailleurs  montré  que 

l'on  fait  prendre  à  de  jeunes  veaux  des  œufs  ou 

■  pro^lotlides  du  t^nia  mtidioc^nellata,  il  se  dc- 
blnppe  dans  le  tissu  cellulaire,  dans  les  muscles 
ExtifTérenls  orgues  de  ces  animaux,  des  cysti-   pig.  237,  _  poriion  >!« 

rqiies  oITmnt,  dans  leur  disposition  c^phaliuue,      ""usple  "e  bœuf  ajoni 
'  11  i*^"'  '""   i!pai*seiir   de* 

S  ritractercs  do  troncature  el  d'alisence  de  cro-  urvM  de  lemia  mcdioca* 
|els  de  In  Ifttc  du  lénia  inerme  (mediocanel-      ueiiaiafd-aprèiUuckari), 

b).  Ainsi  se  trouve  produite  l'alîeclioii  pai-asilaîre  si  commune  chez  le 

^uf  dans  quelques  contrées,  principalement  en  Ahyssinie,  avec  cette 
BiTéreuce  qu'au  lieu  d'une  maladie  bénigne  on  peut  arriver  à  produire 
■enialadiedesplus{^ave.setqui  se  termine  [Ktr  la  mort  (1).  Les  muscles 

1  btcuf  atteint  de  cette  sorte  de  ladrerie  étant  ingérés  par  l'homme,  le 

r  vésiculaire  est  alors  placé  dans  les  conditions  d'accomplir  sa  dernière 
■nélnmorphose  et  le  cycle  du  ténia  inerme  se  trouve  complété. 

ItiiiLiooRApuiE.  —  tiÔTZE,  Eingetceiilewùrmer,  etc..  p.  269.  —  BtiEJisEn, 
KifcBKMiEiSTEB,  Davaihe,  It.  Leuckaiit,  Uk,  cit.  —  JoBtiiT,  iVotc  xtir  l'étialo- 
'jie  et  la  fré'iMnoe  du  ttguiit  medioauieUiUa.  Thèse  de  Sti-a-^bourg,  1869.  —  De- 
NOïKH,  Le  ténia  Épidémtque  en  Syfit  (Bec.  de  mèd.  mitit.,  1863,  sûr.  3,  t.  Vil. 
p.  i07).  —  Uesmahesi,  Ibid.,  p.  ti\5.  —  Saint-Cyb,  Exiiér.  sur  le  sculex  du  tœnia 
mrdioctmellata {Comptes  rend,  de  i'Acad.  des  $cieaee»,  25  acût  1873). 

Tiunla  nani,  île  Siebuld. 

Ce  ténia  est  de  petite  taille,  long  de  13  à  20  millimétrés  ;  quoique  Irès- 
miiice,  il  a  une  tête  relativement  grosse,  obtuse,  antérieurement 
pourvue  d'un  i-ostcllum  armé  d'une  couronne  de  crochets  hilides  (2ik2't) 

(I)  tl  lemble  que  les  aiicient  Ëï!ptii>iiaaicnl  cnnnu  In  IniJrerie  du  biEuf,  ainsi  qu'il 
r«MOTt  tlu  puiBgc  luîvanl  :  11  11)  (i[it,opiniiin  que  Ict  lia^uft  npiHirlïunnïiit  à  Eiioiihu*.  et 
par  ce,  ils  va  tonl  réprcu«e  en  cette  manièrF.  S'ils  leur  Irnuttul  un  poil  noir,  <U  lei 
liennenl  pour  immonde >.  A  Taire  (elle  lipreuvc  eal  dfpuU;  un  des  pri'tres  ijnj  lanf^eic  la' 
bi^le,  puis  deboul,  puis  couchée,  le  lenlre  deiaun,  sBn  de  conoaitre  si  clic  cat  saine  el- 
nf  ne  det  marques  que  je  dirniennutrepaEMge  (/Tùfoit'eii/'f/^roi/Dffjtrad.  de  P,  Salitt,i 
E.  Talbot.  Paris,  1S61,  p,  130). 


Lakcchkak. — TraiW  d'Anat.  palh,  I.    -    H 


722  anàtomib  pathologique. 

et  portée  par  un  long  cou.  Les  oscules  de  cet  entozoaire  sont 
saillants,  ses  articles  sont  beaucoup  plus  larges  que  longs,  et  les  pores 
génitaux,  situés  du  même  côté,  sont  pourvus  d*une  coque  épaisse, 
lisse  et  jaunâtre  à  travers  laquelle  se  voient  distinctement  les  trois  paires 
de  crochets  de  lembryon. 

Les  migrations  de  cette  espèce  sont  encore  inconnues  ;  toutefois  elle  a 
été  observée  en  1851,  en  Egypte,  chez  un  jeune  garçon  mort  de  méningite, 
dont  rintestin  renfermait  un  assez  grand  nombre  de  ténias  nains. 

II  y  a  lieu  de  parler  ici  d'un  cestoîde  décrit  et  figuré  par  MM.  Grenet 
et  Davaine,  ténia  un  peu  plus  long  que  le  précédent,  et  qui  en  difl^re 
encore  par  certaines  paiticularités  de  structure  ;  aussi  a-t-il  été  désigné  sons 
le  nom  de  tœnia  Madagascariensis  (Davaine);  jusqu'ici  il  n'a  été  observé 
que  deux  fois  à  Mayotte  (Comores),  sur  deux  enfants  âgés  l'un  de  dix- 
huit  mois,  l'autre  de  deux  ans. 

Bibliographie.  —  Siebold  et  Bilharz,  TLeitschrift  f,  wissensckaftl.  Zoologie, 
t.  iV,  p.  66,  pi.  5,  Og.  18.  —  Grenet  et  Davaine,  Arehines  de  médecine  mnale, 
1870,  Xm,  p.  134. 

Tœnia  elliptica,  Batsch. 

Le  ténia  elliptique  est  long  de  15  à  20  centimètres,  il  a  une  télé 
obtuse,  une  trompe  en  massue  armée  de  petits  crochets  disposés  en  plu- 
sieurs rangées.  Les  premiers  articles  sont  très-courts,  les  suivants 
presque  carrés,  puis  arrondis,  puis  elliptiques;  les  derniers  sont  deux 
à  trois  fois  aussi  longs  que  larges.  Deux  pores  génitaux  sont  opposés  ù 
chaque  article,  les  œufs  sont  globuleux,  à  deux  enveloppes. 

Ce  ver  habite  généralement  l'intestin  du  chat,  où  il  est  très-commun. 
Quelques  faits  permettent  d'établir  sa  présence  chez  l'homme,  au  moins 
chez  les  jeunes  enfants,  où  il  a  été  rencontré  par  Weinland,  Kusteret 
Krabbe,  sans  doute  à  la  suite  de  l'usage  de  la  viande  crue. 

Bibliographie. — Weinland,  loc,  ciï.,t.  I,  p.  402,  et  t.  II,  p.  862. — Cobbou-, 
EntozoGy  p.  245.  London,  1864. 

Tœnia  flavo-punctat^,  Weinland. 

Cet  helminthe  ou  ténia  à  tache  jaune  a  été  découvert  en  1842  par 
Palmer  dans  le  Massachussets,  où  il  avait  été  rendu  par  un  enfant  de  neuf 
mois  bien  portant,  sevré  depuis  trois  mois  et  nourri  à  la  manière  habi- 
tuelle. Il  a  •iO  à  30  centimètres  de  longueur  et  présente  une  couleur 
jblanchàtre  avec  une  tache  jaune  très-apparente  sur  le  milieu  de  chaque 


PAttASlTES   ANIMAUX.  73S 

licle;  mois  son  caraclère  le  plus  remarquable  est  la  situalion  de  tous 
les  orilicns  sexuels  sur  l<<  même  câté.  Ses  œufs  sont  sphéi-iques,  transpa- 
rents, avec  une  tache  jaune  vers  le  centre.  La  tête  et  le  cjslicerque  de  te 
cestoîde  sont  encore  inconnus. 


BinuonniPHii 
1858,  p.  1,9. 


-  Weislanc,  Ah  cssay  on  tke  lapetvo7-ms  of  man.  Cambridge, 


Téi:nia  niarginnts.   Batte  li. 

Ce  ténia  s'observe  chez  le  chien  et  le  loup,  en  même  temps  que 
<l*autres  espèces  dont  il  se  distingue  parla  longueur  et  le  volume  des 
progtoltis. 

La  larve  de  cet  helminthe,  ou  eysticerque  ténuicol  (cysticercus  tenui> 
collis),  vil  particulièrement  dans  la  plèvre,  le  péritoine,  le  foie  des  i-umi- 
«ants  et  du  porc,  et  quelquefois  aussi  chez  l'homme,  dans  les  niâmes  par 
lies,  où  elle  est  connue  sous  ladénomination  de  c\-s(icerque  viscéral.  Coite 
larve  a  pour  caraclère  un  cou  élroil,  térète  et  rugueus  ;  l'ampoule  qui  la 
ren Ferme  est  ovale,  peu  volumineuse  chez  l'homme  et  parfois  énorme  chez 
les  animaux. 

BiBLioGHAPBiE.  —  Rose,  Anatomy  inut  jihysiul'fjy  of  cysUca-aa  UmukoUis 
{Meilko-ckinirgiwl  Traimct.,  t.  XXXI,  p.  215,  1848).  —  KûcoEKKEieTEii, 
l'ebtr  die  Ttfaia  e  Cysticerco  tentUi-olIi,  ihren  Fiimeniiistand  wid  die  Wandtruiig 

(ihrtr  Brut  (Moleschotfg  Vntcnuchwtgejt  zw  Xulnrlehre,  l.  I,  p.  356.  Frankfurt, 
;  ' 
«(H 


Tsnia  (cyilict 


„)w 


,  WciDlnnd. 


La  lar\'c  seule  de  ce  ténia  ou  cyslicerque  triaimé  est  aujourd'hui 
^'4»nnue.  Comme  le cysticerque  ladrique  auquel  elle  ressemble,  cette  larve 
se  rencontre  dans  les  muscles  et  le  cerveau  de  l'homme.  Elle  est  caracté- 
risée par  trois  sortes  de  crochets  disposés  sur  11*015  rangs,  quatorze  à 
^.haque  rang;  les  suçoirs  sont  visibles  à  l'œil  nu  et  le  cou  est  arllculé. 

Je  m'abstiendrai  de  parler  ici  du  cénure  {cyiticaws  cœimrus),  larve 
provenant  du  ttftiia  canurus  du  chien  et  qui  se  rencontre  chez  les  herbi- 
vores, en  particulier  chez  les  jeunes  agneaux  où  il  engendre  la  maladie 
•  oiuiuc  sous  le  nom  de  loumis.  En  eiïet,  il  y  a  lieu  de  croire  que  les  pri!'- 
lenduR  faits  de  cénure  observés  chez  l'homme  ne  soni  que  des  cas  d'é- 
chinocoques  du  cerveau. 


-  Wei 


UiOff, 


.  Comliridgi^, 


nu 


ANATOHIB  PATHOLOGIQUE. 


Ticilia  ecMuococcii»,  ds  Sicbolil. —  EcUnocoquei  et  malidie  hjdaliine. 

A.  —  I.e  ténia  écliinocoque  est  un  animal  presque  microscopiqne,  d'une 

lODgneurdo  3  i)  6  millimètres;  il  a  une  létc  armée  de  trente-huit  crochets 

alternativement  grands  et  petits  el  remarquables  par  la  Torte  saillie  de  la 

garde,  il  présente  deux  ou  trois  articulations  dont 

la  dernière  est  seule  pourvue  d'organes  génilaui 

(lig.  238).  Le  pénis  est  situé  sur  le  calé,  en  arrière 

du  milieu   de  l'article    fertile;   l'ovaire  est  grand 

et  sinueux,  les  œufs  sont  sphériques.  Après  leur 

séparation,  les  cucurhitins  sont  aussi  volumineux 

que  le  ténia  tout  entier. 

Cet  eutozoairc  vil  ordinairement  dans  le  canal 
intestinal  du  chien  ;  il  se  rencontre  encore  chez 
le  singe,  le  moulou,  le  chevreuil,  le  cheval,  le  cha- 
meau, le  porc,  et  en  général  chez  les  herbivores; 
il  a  été  trouvé  une  fois  seulement  chez  les  oiseaux; 
il  est  rare  chez  l'homme,  mais  par  contre  sa  lane  y 
est  assez  commune. 

II.  —  Les  métamorphoses  suhicspar  le  lénia  érlii- 

nocoque  sont  multiples.  L'œuf  parvenu  dans  l'eslo- 

mac  humain  est  attaque  par  le  suc  gastrii)ue  ;  sa 

membrane  extérieure  est  dissoute,  et  remhnnii. 

devenu   libre,  pénètre  dans  k's  tissus  ;   là,  il  wl 

charrié    par    lo   liquide  sanguin  jusque  dans  un 

organe  voisin  de  l'estomac,  où  il   se  Iransfonm- 

en   une   vésicule  cnnnue  sous  le  nom  d'hydatidr 

—    Tœnb  {acéplialocj  sle  de  Laennec).  Cette  vésicule,  goné- 

'*ifg"*"j„.  ralement  sphérique  ou  ovoïde,  d'un  vrdnme  qui 

sirubiir:  com|)lci  mon-  varie  entre  lu  grosseur  d'une  télé  d'épingle  el  celle 

miuiic'  nrdi  n  se  lU  w-  "'  ""L' l'-'*'  "^  luitus  u  Icnoe,  l'enferme   un  liquidi- 

rhcr.    Le    i>Biiis   Tait  Hiupide,  nou  albumincux,  OU  du  moins  excoptiou- 

saiiiie  iur  le  cùU:       ^^f;^^(,,n^,^^^  coagulablc  (I)  ;  elle  a  des  parois  égales, 

non   contraetiles ,  constituées  par  nue   substance  boniugène,  élastique, 

transparente,  hlancliàlre,  sans  libres  ou  cellules,  ayant  la  consistance  du 

blanc  d'œuf  coagulé,   disposée  pur  lames   slratiliées,  semblables  entre 

elles  el  d'une  épaisseur  de  0'"",002,  à  0™,003.  Celte  membrane  produit 

[Kir  gemmation,  à  sa  surface  interne,  dans  son  épaisscui'  ou  à  sa  surface 


(1 ,  cv. 


t  lurtque   les  lijdatidos  loiil  mo 
A  signalé  tiulilcr,  Jeiicnl  albutniaL-ux, 


:i  que  le  contenu  liquide  du 


PAIIASITES   ASIMACX. 


725 


me,  des  rejetons  ou  vésicules  semblables,  qui  acitiiiéi'cnt  plus  ou 
■oins  de  volume  el  se  reproduisent  à  leur  tour  de  In  même  manière, 
k.  Ur  si,  dans  le  cas  de  pi'oduclion  exogène,  la  vésicule  reste  simple, 
dans  le  cas  contraire  elle  se  remplit  de  vésicules  filles  qui,  k  leur  tour  pro- 
duisant de  nouvelles  vésicules,  donnent  lieu  k  une  ttmieur  kystique  qui 
peut  devenir  Irès-voluminouse  (Mg.  239).  Il  résulte  de  Ih  qu'il  y  nlieu 
<i'ndmeltredeux  formes  d'hydalides,  lliydatide  simple  et  l'hydalide  com|)o- 
âée.  Pnrlaiil  de  cette  doimêe,  quelques  lielmintholoftisles  ont  admis  aussi 
deus  espèces  d'échiiiocoquesj'écbinocoque  des  bêles  de  somme(ecAinoo>c- 
cus  velerinorum)  et  l'échiiiocoque  de  Tbomme  [ec/iinococcux  liorninis)  ; 
mais  il  e^t  reconnu  aujoui'd'bui  que  ces  édiinocuques  sont  identiques. 


FiG.  m.  —  liLiJrui  poi'l:int  sur  'un  fund  un  kytlo  hjdalique  h,  d(-ia1oppé  &ur  le 
l>irilDÎn«  et  ouvert  Ae  S-n\\-ta  .î  nionirer  Irs  vtiicules  Dlles  qui  >';  trouvent  reiiri>rui6i-«  ; 
c,  r,  c,  sulrei  tumeurs  ilu  mûme  genre,  relièei  entra  ellea  pur  dei  pédicules  niembrunoux. 

L'ne  troisième  forme  d'hydatide,  désignée  sous  le  nom  A'hjdulitk  mut- 
tUoculaire,  sedistii)gue|uir  l'existence  d'un  grand  nombre  de  vésicules  peu 
susceptibles  de  s'accroître  et  rapprochées  les  unes  des  autres  de  Ta^un  il 
piésenter  àla  coupe  l'aspect  d'unetumeur  colloïde  alvéolaire.  Cette  forme 
i-j<t-elle  le  l'ésultat  de  l' immigration  de  toute  une  colonie  d'embryons,  ou 
de  ([uelques-uns  seulement  qui,  par  leur  développement,  produisent  une 
quantitt'  considérable  de  vésicules?  C'est  là  une  question  qui  n'est  jms 
encore  décidée,  mais  In  dernière  hypothèse  est  celle  qui  paraît  la  plus 
vraisemblable. 

La  vésicule  hydntique,  en  se  dévelop[>anl,  donne  naissance  ù  une 
nii.-mbrane  qui  la  revêt  Jntérieuremcnl,  ou  membrane  gcrminate,  la- 
quelle est  foniiée  d'un  slraluni  librillaire,  inlitlré  de  granulations  élémeii- 
laires  sans  couches  distinctes  et   bien   di iréreiilos  du  lissu  hydaliquc. 


Ï26  A54T0Sire  PlTBOLOCtQCT. 

Plus  OD  moins  apparente  dans  certiîiKS  régions  de  la  vi^kole,  MU» 
tnemlH^ne,  lorsqu'elle  fait  défaai.  condamne Ihydalide  à  U  stniliir, 
Car  c'est  dans  son  épaisseur  ou  pluldl  dans  ses  eipansioDS  i|i»  » 
dé^-eloppenl  les  échinoooques.  Ceui-ci  iiaj$î«nt  plusieurs  t^iiMtiuble  ei 
reslenl  unis  à  la  membrane  terminale  jusqu'à  l«ur  complet  Aètvlopfr- 
ment,  après  quoi  It^  funicole  se  rompt  ou  se  détache,  et  les  érjuuo- 
eoques,  libres  dans  la  cavité  de  l'hydalide,  Dollmt  daii«  le  lîifuidf 
qui  s'y  trouve  cootenu,  sous  foniie  de  petits  gnins  blanctiAtres  spbproi- 
daui,  analogues  à  des  grains  de  saMe.  Vus  au  microscope  dans  ces  con- 
di'.îons,  leséchinocoques  sont  ou  libresouadhéreDlsauDombrededeyia 
vingt  par  un  pédicule  à  un  reste  de  membrane  rerlile.grisAtre,  ^nuialeu>f, 

duquel  ils  s'énulent  eu  différcnls  sens,  cumi: 

les  rayons  H 
Ap" 

au  mi 

ment  ovu 


c«rcleoud'uiiespbère(fig.UOJ. 
ble  il  Tu^l  nu,  Téchiiiocoque.  «n 
,  présente  un  corps  uTCguliin- 
3iig  de  O'^'iî,  large  de  0~,lt  m- 
vircn,  séparé  en  deui  parties  par  un  ■•ln)n^l>>- 
ment  circulaire  plus  on  moins  prononcé.  Ij 
partie  antérieure,  c'est-à-dire  la  tête  ou  scaki. 
Wtc.   240.    -  CchmocHia»  est  poun^ue  d'un  rostre  et  munie  d'uiir  douhl. 
A(£>  pir  un  fonieule  wr  la   couronne  de  crochets  au  nombre  de  qturaub- 

lirée  de  moo  AUas  d'anai.    laires  contracliles.   I^  partie  postért«ire  od 
P""'"')-  tronc,  plus  lai^qne  raulérieore,  déprimée  ai 

arrière  où  s'insère  un  funicule  caduc,  est  formée  d'une  envel(q>pe  épaisse, 
transparente,  homogène  et  d'une  substance  amorphe  qui  renfenoe  des  cor- 
puscules de  carbonate  calcaire  arrondis  ou  ovoïJes.  Dans  le  plus  grand 
nombre  des  cas,  la  tête  se  voit  invaginée  dans  la  vésicule  caudale,  et  l'écbi- 
nocoque  est  régulièrement  ovoïde;  le  rostre,  comme  un  doigt  de  gaul 
retourné,  est  en  outre  invaginé  entre  les  ventouses,  de  telle  sorte  que  l« 
crochets  se  trouvent  en  arrière  de  celles-ci.  Les  échÎDOCoques  ne  se  ren- 
contrent pas  dans  toutes  les  vésicules  hydatiques;  ils  font  défaut  Jorsqw 
la  membrane  germinale  ne  s'est  pas  développée,  et  comme  après  un  certain 
temps  cette  membrane  se  détruit,  il  arrive  que  ces  parasites  disparaissent 
à  leur  tour,  marquant  leur  passage  par  la  persistance  de  leurs  crochets. 

Les  hydatiques  ne  se  développent  ni  dans  les  tissus  épithéliaux  ni  dus 
les  cavités  revêtues  par  ces  tissas,  mais  uniquementdans  le  tissu  conjooctif 
des  organes,  et  pour  ce  motifelles  sont  toujours  renfermées  dans  un  krsir 
formé  à  leur  contact.  Les  kystes  hydatiques  peuvent  siéger  dans  les  diffiêfrali 
organes  du  corps,  mais  on  les  trouve  plus  particulièrement  dans  le  foie,  \t 


PARASITES  AHrUAI^X.  727   1 

Sritoine,  les  poumons,  la  raie,  les  reins,  les  muscles,  le  cerveau,  le  cœur 
Iles  os.  Ordinairement  ccutenusdnns  les  viscères  à  la  surface  desquels 
B  sont  plus  ou  moins  saillants,  ces  kystes,  lorsqu'ils  viennent  à  se  déve- 
ipper  sous  une  membrane  séreuse,  peuvent  flotter  en  liberté  dans  lacavité 
ipissée  par  cette  membrane  (fig.  2/il).  Les  vésicules  hydatiques  sont 
brs  le  plus  souvent  stériles,  comme  j'ai  pu  le  voir  dans  un  fait  observé  ré- 
lenl,  lorsque  j  étais  chargé  de  la  clinique  à  Thùpital  de  la  Charité  (!)• 
.  L'action  des  kystes  hydatiques  est  toute  mécanique,  ce  qui   ne  les 


Kic.  241.  —  A.  Pelila  porlion  d'inleilin  grèlt  i  laigoelle  adhère  en  li  une  lumeur  hyila- 
tjqae,  et  en  lune  autre  lumeur  plui  pcliU-  mfliniBnua  par  un  loiiE  p 'ilicule  ;  m.  méien- 
**«■  ^  B.  Portion  <lu  gros  inleilin  chargée  d'un  Irèî-cranJ  nombre  de  lumeuri  hyd«li- 
,  h,  A,  et  de  quelques  nutrei  tumeurs  p'"'  petites  et  porléci  «ut  des  pfdieu  Im 

I    (,  (;  m,  m,  mésentère, 

îche  pas  dans  quelques  circonstnnccs  d'amener  la  destruction  pres- 
B  complète,  ou  la  suppuration  de  certains  organes,  principalement 
iqu'ils  viennent  à  se  rompre  (fig.  242).  La  toile  fibreuse  qui  circonscrit 


(1)  Ce  CM  est  celui  d'une  femme  ûgée  de  29  an«,  admise  i  l'hApital  de  !■  Chirité.  wr- 
TÎce  de  la  clinique.  If  1"  décembre  1875,  pour  une  affection  tuberculeuse  d et  deui  pou- 
BWiu,  et  de  l'auile.  La  palper  abdominal  révèle  t'eiiitence  dans  la  cavité  péritonéale  de 
'inégal  volume  atseï  Icmiei.  libre»  ';t  iliHéminées;  le  touclier  t«)çiniil  donne  la 


II 


728  ANATOMIE   PATDOLOGIQDlJ 

les  hydallques  s'oppose  paiTols  à  leur  développement,  ù  MUlOOld 

à  s'incruster  d(!  sels  calcaii'es.  En  pareil  cas,  lesticliiiiocoquessuccumhoil  1 

ordinaireniciil,  les  vésicuks  perdent  leur  liquide,  se  flétrissent,  fonuat  I 


Fie.  2S2.  —  Foie  vu  par  si  l'jco  jiMliro-inrériBura,  L«  lobe  droit  ftlro^hM  oonIkÉl ■ 
kytie  hydRtique  en  partie  vidé  d.ins  le  canal  chalAdoqiiï.  n,  »,  lobe  faucha  bjfBlM 
et  pnrtcmé  da  nombreux  abcès  biliaire!,  conséquence  d'une  chokcjmlile  ;  A,  canal  cM 
Uaquuoaverlclremplipardes  liydalide>iléjânélriet*,c,  mc^mliraBP  hydatlquefalatali 

uu   niveau  <le   l'srnpoule  de  ^Dllior;  il,  ouicrluie  du  li}sl<  dîna  le  e. 
X,  membrane  li)ilaliquc  soulevée  par  une  (rj^-ne. 

une  bouillie  jiiun:\tre  où  domine  la  t;raissG  et  la  cholvslérin*^  ;  \v  V)H* 
revieiit  sur  lui-mCme  cl  n'oiïni  plus  nucun  danger  (Knir  l'iiidindii  i|ui 
en  est  affeclé  :  c'est  la  guérison  spontanée. 


le  tumour  volumineuse  arrondie,  située-  k  l>  p.irlie  poïti-ripuro  d 
qu'elle  refoule  en  nvnnt.  Elnsllque  cl  peu  résîitante,  cette  lumeurnous  icinhle 
kystique  ;  quant  nui  tirmcur*  |ii.-riloaêalcf ,  elles  éveillèrent  l'ùkc  de  létinns 
ou  sarcumaleuavi  j   lu  pensée  d'une  ultéralidii  parasitaire  ne  le  priaentapoialiriV'i' 
et  an  nf|;lifea  de  provoquer  le  rrémissement  hydatique. 

Culte  in  a  lad  >■  succombe  le  31  décembre  1875  aux  progrès  i)e  la  phUiiilc.  L' 
indépendiimment  des  tulicrculcs  pulnii>nnires,  la  présence  de  tumeurs  hydalH|ue«: 


PARASITES   ANIMAUX.  729 

On  ne  sait  pas  sûrement  de  quelle  manière  les  hydatides  viennent  à  se 
développer  dans  l'organisme  humain,  mais  on  suppose  avec  beaucoup 
de  vraisemblance  que  c'est  par  Tingestion  des  œufs  du  ténia  échino- 
coque.  En  effet,  Leuckart  a  réussi  à  obtenir  des  échinocoques  chez  des 
porcs  en  leur  donnant  des  œufs  de  ce  ténia.  Ces  œufs  peuvent  donc  être 
regardés,  en  Islande  et  ailleurs,  comme  les  germes  des  échinoco(|ues  de 
l'homme  et  des  animaux  domestiques  phytophages.  D*un  autre  côté, 
il  faut  admettre  que  c'est  principalement  des  hydatides  du  bétail  que 
les  ténias  du  chien  tirent  leur  origine,  ce  dernier  n'ayant  que  Irès-ra- 
rement  l'occasion  d'avaler  des  échinocoques  de  l'homme.  Ki*abbe  a 
d'ailleurs  démontré  que  la  fréquence  de  l'échinocoque  en  Islande  tenait 
à  la  cohabitation  des  habitants  de  cette  île  avec  leurs  chiens  et  à  l'absence 
des  soins  de  propreté;  j'ai  moi-même  observé,  à  Paris,  des  faits  confir- 
matifs  de  cette  opinion  (1). 

Bibliographie.  —  Hartmann  (P-J.),  Ephem,  Govman,^  ann.  /i,  déc.  2,  t.  Il, 
obs.  73,  p.  152, 1685.  —  Tyson,  PhilosoiMcal  Transactions,  ann.  1691,  vol.  III, 
p.  /i/i5.  —  Pallas  (P.-S.),  Beischreibung  derer  haiiptsachlinh  un  Vnterleibi 
wiedorkaneuder  ihiere  atuyiit  rejlenden  hydatiden  oder  wasssrblascn  (Stralsund 
Jiagazin,  p.  81,  1767).  — Gœze  (J.-A.-E),  Versucheiner  yaturgesrX  drr  einge- 
weidetcùrmer  thierischer  Â'orper,  p.  258-266,  1782. —  Zeder,  Erster  Nachtruy 

daos  la  cavité  abdominale.  Cos  tumeurs,  disséminées  et  pour  la  plupart  appendues  soit  aux 
intestins,  soit  aux  autres  organes  de  Tubdomen,  à  l'aide  de  pédicules  plus  ou  moins 
inongés,  rappellent  par  leur  ensemble  les  plombs  d'un  épervier  ;  c'est  une  véritable 
péritonite  hydatique.  Agglomérées  dans  le  flanc  droir,  elles  forment  des  masses  qui  font 
idhcrer  entre  elles  plusieurs  nnses  intestinales;  semblable  disposition  existe  encore  en 
l'an  ires  points.  Développées  dans  le  tissu  conjonctif  sous-péritonéal,  ces  tumeur;:,  dont  le 
rolume  varie  depuis  la  grosseur  d'un  poisjusqu'à  celle  d'une  noix  ou  d'une  petite  pomme, 
»nt  pour  la  plupart  chassé  le  péritoine  devant  elles  et  se  sont  coiflces  de  cette  membrane 
lui  est  hypérémiée.  Quelques-unes  sont  maintenues  par  des  pédicules  très-longs^  et  le 
naème  pédicule  supporte  parfois  deux  kystes  disposés  à  la  suite  l'un  de  l'autre  comme 
les  grains  d'un  chapelet  (Og.  241).  Presque  toutes  ces  tumeurs  sont  appenduesà  l'intestin, 
un  petit  nombre  siègent  dans  les  mésentères  ou  les  épiploons.  Le  bassiu  est  rempli  par 
on  kyste  de  la  grosseur  d'une  tète  de  fœtus  à  terme,  et  qui  se  trouve  situé  entre  le 
rectum  et  l'utérus  qu'il  refoule  eu  avant  et  en  haut;  contrairement  aux  autres  kystes, 
celui-ci  renferme,  avec  des  hydatides  flétries,  un  liquide  albumineux.  L'utérus  pré- 
sente lui-même  sursonfond  une  tumeur  hydatique  du  volumcd'un  œuf  de  canard  (flg.  239); 
d'autres  tumeurs  de  même  genre  sont  appendues  au  même  organe  par  des  pédicules  qui 
ont  de  7  à  8  centimètres  de  longueur.  I^  foie  est,  lui  aussi,  le  siège  d'un  kyste  hydatique 
volumineux.  L'examen  de  ces  difTérents  kystes  nous  apprend  que  ceux  d'entre  eux  qui  sont 
maintenus  par  de  longs  pédicules  ne  renferment  pas  d'échinocoques,  en  d'autres  termes^ 
leurs  vésicules  sont  stériles. 

(1)  Voici  un  de  ces  faits  qui  prouve  manifestement  les  inconvénients  de  la  cohabitation 
avec  le  chien,  au  point  de  vue  de  la  genèse  des  kystes  hydatiques.  Tandis  que  je  faisais  la 


730  ANATOIIIE  PATHOLOGIQUE. 

sur  Naiurge$ch.  der  eingewMewûrmer,  p.  508, 1800.  —  RunoLrai  (WÏ0«lampiii*« 
Archiv  fur  Zoologie  wid  Zootomie,  H).  Braunsweig,  1801.  —  Mougiot,  linai 
zoologique  et  médical  sur  les  hydatides,  an  XI,  1801,  p.  /i2.  —  Lainicec  (Thëop.), 
Mémoire  sur  les  vers  vésiculaircs,  et  priiwipalemefU  sur  ceux  qui  $e  trouvaU  dan 
le  corps  humain j  lu  à  la  séance  du  26  pluviôse  an  XII  (180&)  {BUmoùts  dek 
Faculté  de  médecine  de  FariSy  p.  81,  1812).  —  Rbndiorp,  Dûferlolio  dt  k^éQàt 
dibus  prœsertim  in  cerebro  humano  repertis,  cap.  10,  p.  22.  BeroliDiy  1822.  — 
G.-B.  RosE^  On  the  vesicular  entozoa  and  particularly  hydaUdm  {Médiat 
Gaz.,  t.  XIII,  p.  204,  octobre  1833).  —  Gurliiig,  Lectures  on  the  eniosûê  9r 
internai  parasites  of  the  human  body  {London  med.  Gaz,,  new  séries,  vol.  U, 
p.  520,  1837-38).  ^-  J.  Gruveilhikr,  Anntomie  pathologique  du  eorp 
humain.  Paris,  1835-42.  liv.  3,  pi.  V  ;  liv.  19,  pi.  I  et  II  ;  IW.  35,  pi.  I  et  VI; 
liv.  36,  pi.  II  ;  liv.  37,  pi.  IV.  —  Livois,  Recherches  sur  les  écMnoooques ^n 
Vhomme  et  chez  les  animaux.  Thèse  de  Paris,  1843,  n*  185,  avec  bibliographie. 

—  Er.  WiLsoN,  Classification,  structure  and  developement  of  the  echinoeoeau 
(Mcd.  chirurg.  Tratisact.,  t.  XXVIII,  p.  21, 1845).  —  Wundsrlich,  Archic  fur 
physiologische  Beilkunde,  t.  II,  p.  283,  1858.  —  fikVJiYKy  EntuHckelung  desEAi' 
nococcus  {Archiv  fur  Anat.,  Physiol.  und  wissensch.  Med.,  1862,  p.  612  ;  18(i3, 
p.  412).  —  Lebert,  Anat.  path.,  t.  II,  p.  270.  —  Habran  (J.),  De  UtbUeetde 
l'hématoidine  dans  les  kystes  hydatiques.  Thèse  de  Paris,  1869,  n*  138.— 
J.  SoMMERBRODT,  Archiv  fur  pathoL  Anat.  und  Physiol.  ^  t.  XXXVl,  p.  272,  1866. 

—  H.  Kkabbe,  Recherches  helminihologiques  en  Danemark  et  en  Islande.  Paris, 
1866,  p.  41.  —  Rasmussen,  Echinocoques  développés  chez  Vhomme  {Arch.  gén. 
de  méd.y  t.  I,  p.  344,  1869).  —  J.  Finsen,  Les  Echinocoques  en  Islande  (Anh. 
gén.  de  méd.,  t.  I,  p.  23-46,  1869).  —  Laboulbène,  Corpuscules  calcaires  rfc^ 
echinocoques  (Mém.  de    la  Soc.   de  biologie,  sér.   5,  l.  II,  p.  57,  1870  .  — 

suppléance  de  la  chaire  de  clinique  à  riiùpital  de  la  Charité,  il  entra  dans  mon  tenice 
(2A  novembre  i  875)  une  femme  âgée  de  55  ans  qui  portait  une  énorme  tumeur  dan> 
rhypochondre  droit.  Cette  tumeur  élastique,  fluctuante,  faisant  saillie  sur  le  rebord  coftil, 
appartenait  évidemment  au  foie  qui  était  augmenté  de  volume,  et  comme  la  malade  n'avait 
eu  ni  diarrhée  ni  dysenterie,  et  qu'elle  ne  présentait  d'ailleurs  aucun  phénomène  fébrik, 
je  diagnostiquai  un  kyste  hydalique,  cl  ce  diagnostic  ne  tarda  pas  à  être  vérifié  par  nue 
ponction  ospiratrice  qui  permit  de  retirer  de  la  poche  un  liquide  transparent  non  albu- 
mineux.  La  paroi  abdominale  ayant  suppuré  à  la  suite  de  cette  ponction,  il  se  produisit 
un  large  abcès  qui  fut  incisé,  et  trois  semaines  plus  tard,  le  kyste  du  foie  s*étant  ouvert 
dans  cet  abcès,  il  s'en  échappa  dans  l'espace  de  quinze  jours  plusieurs  centaines  d'bydt- 
tides.  L'état  général  restait  bon,  à  la  suite  d'injections  multipliées.  Cependant  la  matade 
ne  put  résister  à  la  longue  suppuration  d'une  poche  liydatique  aussi  considérable,  elk* 
finit  par  mourir  d'épuisement.  Désireux  de  connaître  la  cause  de  cette  affection,  j'apprb 
à  plusieurs  reprises  de  ma  malade  qu'elle  habitait  avec  ses  enfants  une  petite  chambre, 
et  que  pendant  quatre  années  successives  elle  avait  conservé  chex  elle,  i  la  façon  de» 
Islandais,  un  chien  terrier  qui  quittait  peu  cette  chambre  dans  laquelle  il  déposait  fe> 
ordures.  Or  cet  animal  était  mort  depuis  quelques  mois  seulement  lorsque  la  malade  entn 
dans  notre  service. 


PAR*SITES   AKIMAl'X.  7S1 

<(.  H«beitsHOTf,  Some  «rwes  of  hydntiil  disease  (Gtij"»  kospital  reports,  sér.  3, 
vol.  VI,  p,  nii,  et  vol.  XVIll,  p.  373,  187Ï).  —  Mussner,  Schmidt's  Jahrb»- 
eher,  l.  CXL1V,  p.  61  ;  1.  CLII,  p.  96. 

Tamcur  hydatlqoc  ni  «Claire.  —  Zeli.eb,  AlveolarcoUoid  der  Leber,  iimiig, 
At,h.imU.  Tritiineen,  1S5ii.  —  Bui.ii,  Ztschr.  f.  rat.  Sed.  N.  F.,  IV,  p.  356, 
I8r>û.  —  Viiicaow,  \Vu>-J..  Va-li-mdl.  Vi,  p.  8Ù,  1856.  ~  BOmiiEH,  Areh. 
f.  Anal,  iind  Phys.,  t.  XV,  p.  356, 185S.  —  Ghiesingeh,  Archiv  d.  Heilk.,  1,  p. 
372,  1860.  — UccKART,  IHememria.  Porns.,  1863,  (,  p.  372.— Ehisman,  Beiïr. 
zw  Casuiitik  d.  Lt^berkrankh.  Inuug.  diss,  Zunch,  1864,  p.  6.  —  rniEDHEiCH, 
t7ftirr  malliloculâre  Lefiereehtnocoixui  {Archiv  f.  patktil.  Aiial.  imd  Pkynioi. , 
l.  XXXIII,  p.  16,  1865).  —  i.  CARt»t.nE,  De  lu  lutiiPiir  hydatitiue  ahfolaire. 
Thèse  de  Paris,  1868.  —  Ducelueh,  Etude  elinviiie  mr  les  ttunfun  à  éclàno- 
ctH/itfs  mulliloealaire».  Thèse  de  Paris,  1868,  et  Gai.  htbdom,,  1858,  p-  7%. 
—  Hueew,  Velier  SchimKocruimultil(iculitris{Arch.  f^rprithol.  Anat.  uadPhysiol., 
L  IJV,  p.  265, 1871).  —  Haffteb,  Echiivxoqttn  multilonaliàre  du  foie  (Arrkiv  d. 
Htilkuii'lt,  fasc.  fi,  1875.  Anal,  dans  Arch.  géii.  de  mfd.,iS15,  t.  11,  p.  101). 

11.  —  Bothriocépbalidée*. 

Celle  tribu  est  formée  de  cestoïdes  ayant  une  tâte  sans  crochets,  avec 
des  fossettes  latérales  au  lieu  de  ventouses,  et  un  corps  très-long  composé 
d'un  •^nuid  noinlire  d'anneaux  présentant  sur  la  ligne  médiane  de  l'une 
de  leurs  faces  des  organes  sexuels. 

1*  Sothriocep/ialus  /afus,  Breniser.  Cet  entozoaire,  signalé  dès  1603  par 
f  laler,  est  le  plus  grand  de  tous  les  vers  qui  vivent  chez  l'homme  :  il  a 
une  longueur  de  six  k  vingt  métrés  (Dujardin)  ;  liliformo  en  avant,  il  a  en 
arrière  une  largeur  qui  va  jusqu'à  27  millimètres;  sa  roulour  est  foncée 
ou  grisâtre  ;  la  tête,  lri>s-petite,  ohlongue,  lancéolée  ou  ellipsoïde,  présenti; 
sur  les  cdtés  deux  dépressions  ou  fossettes  latémles,  oppostVs  et  alloii- 
iiéea;  le  rou  est  presque  nul,  ridé;  lesarlîclessonld'abord  presquecarrés, 
mais  bient«)t  ils  deviennent  plus  larges  et  plus  longs,  de  sorte  que,  dans 
les  parties  postérieures,  le  diamètre  transversal  l'emporte  de  beaucoup^ 
sur  le  diamètre  longitudinal  (fig.  2/i3).  Eschricht  a  compté  dans  un  seul 
iMlhriocépliale  jusqu'à  10,000  articles,  dilTérentsde  œuxdu  ténia,  surtout 
parce  qu'ils  ne  se  séparent  pas  en  cucurhilins. 

La  face  supérieure  de  ces  articles  présente,  vers  le  milieu,  un  mamelon 
uvoïde  iiu  conoïde,  percé  d'un  pore  jter  letguul  suri  un  petit  corps  grélo^ 
un  peu  pointu,  regardé  comme  le  spiculc.  Denière  cet  organe  se  voit  un 
autre  pore  plus  petit,  sans  mamelon,  qui  est  l'oriliee.  de 'la  vulve.  Le 
spicule,  muni  d'une  gaine,  communique  avec  un  canal  déférent  assez 
licHig,  replié  sur  lui-même  et  terminé  par  une  vésicule  séminale  sacci- 


hMB 


733  ANATOMIE    PATHOI^GIQUE. 

forme.  La  testicule,  formé  de  gi'auulatious  blaiicliAlrus,  a  des 
trës-gpréles  qui  aboutissant  k  celte  vésicuk-.  Les  ovaire  sont  voluniinflu, 
oMongg;  l'oviducle  estsiiiueiix,  ciilorlillé  surloiit  au  momt'iit  île  la 
turation  des  œufs;  l'utérus  est  constitué  par  deus  pocbcs  divi 

Les  œafs  du  l]nlhrioc/>plial(;  sont  tt^-oorobreit, 
puisque,  selon  Eschricht.  chaque  individu  m  fiMk 
10  millions;  ces  (i>ufs  ont  un«  runii«  4-I)i)i«uidr  if 
sont  minus  d'un  opercnio  ;  ils  sV*rhappeiitocdiiui- 
remenl  par  lii  ruplurc  des  parois  de  la 
L'embryon  est  muni  de  six  crochcls  et  cilié,  ccqri 
lui  perijiel  de  ;mger  dans  l'eau  après  sas.ali«^ 
l'a'ur.  Eii  eiïel,  des  recherches  expérimentale?  ïiia 
simultanément  ii  Saiiil-Fctursbuurg  par  Kmicli  il. 
Genève  par  Berthoius  ont  prouvt^  quv  crt  emlinM 
vit  d.ins  les  eaux  douces,  ni  qu'il  ne  subît  iii>dfn>- 
loppemeot  coinplel  (|u'uprt.'s  i^lrc  arriva  dnni  lia- 
tesiin  propre  fi  lui  servird'haltilalion.  Kiiudi 
'■  ^'j  tri!  déplus  que  les  emlii^ODs  du  bolliriocêpIialeUr^, 
^^T-"  inlroduils  dans  lecanal  intestinal  du  chien,  nVSw- 
Iflenl  pas  de  migration  dAns  divers  urganesdpl'uK 
mal  en  expérience,  que  par  consûquont  ils  ne  s*»- 
kyslent  pus  à  l'élal  de  cyslic^i-ques  CAmme  le» 
bryons  des  lénias  après  leur  inli-oductioii,  niMi.*') 
se  développent  directement  dans  le  canal  int<-»iiiiil 
do  ce  même  animal  |Kïur  se  Iransfomier  d'alKirl  en 
bolhriocéphales  In('X)mpIêtemont  développés,  funn 
individus  adultes.  Knocli  déduit  de  là  queloem- 
bnons  de  ce  ver  arrivent  immédiat  entent  et  il  um 
manière  [lasstvc,  avecles buissons,  dans  l'inleslio it 
leur  iK^le  délinilif.  Cependant  les  faits  invoqu'-^pr 
col  nuteur  ne  soni  pas  Ji  l'abri  de  tout  TypTCchi-. 
attendu  que  les  liothriocêphnles  |»puvent  normale 
ment  se  rencontrer  dans  l'espèce  canine.  Bertiolo» 
pense  d'ailleurs  que  l'embrjon  s'enkyste  dans  t* 
tissu  cellulaire  d'un  animal  aquatique  pour  y  continuer  son  de'^ 
loppement;  il  cile  la  liguln  nWosa  jlludolplti),  qui  vit  enkysta  (Un* 
le  tissu  conjonclif  de  quelques  es)>éces  du  genre  mIhio.  comme  giw- 
vnnt  être  le  scolex  du  boltirlocépiiale  large,  il  s'e^t  en  elTet  assuré  i|u« 
cet  animal  est  un  scolex  (Kmt  l;i  partie  réphalique,  profondémeulrtiroicinrr 
dans  une  portion  caudale  Irés-élroile  et  lrè»-longue,  préscute  ODcamli)* 


s 


FiG.  2)3.  — Bothrioci' 
pbale  largo,  n.  la  lAt< 
Kruiiia  envîroa  huî 
tais.  A,  œuf  grossi  (No 
quio-Tandon. 


PARASITES    ANIMAUX.  733 

de  complèle  de  formes  et  de  dimensions  avec  Tappareil  de  fixation  du 
tK>ihriocéphale.  Il  est  vrai  que  la  confirmation  expérimentale  decette  opi- 
nion manque  encore  ;  mais  il  résulte  d'observations  anciennes  que  c'est 
mr  les  habitants  des  côtes,  sur  les  riverains  de  certains  lacs  et  de  quelques 
fleuves  que  cette  espèce  est  commune,  et,  par  conséquent,  les  eaux  ou  leurs 
habitants  peuvent  jouer  un  rôle  dans  la  propagation  de  cet  animal  (1).  On 
le  trouve  d'ailleurs  en  Europe,  suitout  à  l'ouest  de  la  Suisse,  au  nord  et  au 
Aord-ouest  de  la  Russie,  en  Pologne  et  dans  la  Suède,  plus  rarement  à 
l'est  de  la  Prusse,  en  Poméranie,  à  Hambourg,  Berlin,  en  Angleterre  et  en 
France  ;  il  aurait  été  observé  à  Cevian. 

Le  bolhriooéphale  large  habite  l'intestin  de  l'homme,  où  il  acquiert  son 
somplet  développement;  il  se  trouve  quelquefois  aussi  chez  le  chien;  en 
|;énéral,  il  est  commun  là  où  le  ténia  est  rare,  et  réciproquement. 

2**  Bothriocephalus  cordatus,  Leuckarl.  Ce  cestoïde  est  beaucoup  plus 
«til  et  plus  ramassé  que  le  précédent,  auquel  il  ressemble  par  la  struc- 
ure  de  ses  articles.  Sa  tète,  élargie  en  arrière  avec  des  bords  plus  ou  moins 
aillants,  ressemble  soit  à  un  cœur  de  carte  à  jouer,  soit  à  un  fer  de  lance. 
.e  corps  s'élargit  rapidement  pour  atteindre  toute  sa  largeur,  qui  estd'en- 
iron  7  à  8  millimètres.  Les  articles  mûrs  ont  une  longueur  de  3  à  6  mil- 
tmètres.  Les  derniers  sont  généralement  plus  longs  et  peuvent  avoir  5  à 

millimètres.  Les  œufs,  de  même  forme  que  ceux  du  bolhriocéphalc 
irge,  ont  un  grand  diamètre  de  0"™,075. 

Le  bothriocéphale  cordé  se  rencontre  au  Groenland  chez  l'homme  et  sur- 
3Ut  chez  le  chien  ;  il  se  trouve  encore  chez  le  phoque  barbu  et  le  morse  ; 
I  existe  habituellement  plusieurs  individus  sur  un  mémo  sujet. 

Bibliographie,  —  Bremser,  loc,  cit.  —  Escuricut,  Atiat.  phys.  Untersuch. 
'ber  die  Bothriocephalus  {Nova  acta  Academiœ  nat.  curios,,  1860,  t.  IX,  suppl.). 
—  Magxus  Huss,  Ueber  die  endemischen  Krankheiten  Schivedens,  Breuien,  185/i, 
tt  Arch,  gén,  de  méd.y  1855,  t.  I,  p.  516.  —  Bektholus,  Sur  le  développemetit 
bi  bothriocéphale  de  Vhomme  {Comptes  rendus  de  l'Acad,  des  sciemes,  1863, 
.  LVIÏ,  p.  569).  —  Knoch,  Sur  le  mode  de  développement  dubothnocéphale  lanje 
Gaz.  méd.y  1863,  p.  815;  Journal  de  Robin,  i.  \I,  p.  UO,  1869,  et  t.  VU, 
>.  i,  1870).  —  Le  même,  Mém,  de  l'Acad.  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg , 
}•  série,  t.  V,  et  Gaz,  méd.,  1863,  815.  —  Frazer,  Un  cas  de  bothriocephalus 
Mus  observé  en  Irlande  (Gaz.  hebd.  de  méd,  et  de  chirurg,,  1867,  p.  319).  — 
CUuvfT,  Note  sur  les  bothriocéphales  de  Vhomme  {Mémoires  de  médecine  et  de 
chirurgie  mUit.,  t.  XVlil,  p.  398,  1867).  —  Mosler,   Ueber  Lebensdaua^  und 


(1)  Magnus  Huss  fait  la  remarque  que  ce  ver  se  rencontre  toujours  à  l'embouchure 
4et  fleuTes  dont  les  riverains  se  nourrissent  principalement  de  saumon. 


73/i  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

Renitenz  des  Bothnocephaliis  latus  {Archiv  f.  patholog.  Anat.  und  PkysMogiej 
t.  LVII,  p.  529). 

ARTICLE   III.  ~  PROTOZOAIRES 

Ces  êtres  inférieurs,  généralement  connus  sous  le  nom  d'infusoires,  sont 
des  animaux  microscopiques  dont  les  divers  systèmes  et  les  organes  ne 
sont  pas  en  général  nettement  séparés,  et  dont  l'organisation  est  réduc- 
tible au  type  de  la  cellule,  excepté  chez  un  petit  nombre  où  existent  des 
organes  extrêmement  simples. 

Les  téguments  des  protozoaires,  tantôt  mous  et  contractiles,  tantôt  dors 
et  cornés,  sont  ordinairement  pourvus  d'appendices  variés  ou  cils  qoi 
servent  à  la  préhension  des  aliments,  à  la  locomotion,  etc.  Le  paren- 
chyme du  corps  est  une  substance  molle,  diffluente,  transparente  et  con- 
tractile (sarcode),  qui  dans  certains  cas  seulement  présente  un  tube  diges- 
tif plus  ou  moins  complet  et  une  cavité  pulsatile  ou  système  circulatoire 
rudimentaire.  La  génération  s'accomplit  par  fissiparité,  par  gemmiparité 
ou  par  des  organes  sexuels.  Ceux-ci,  toujours  très-simples,  sont  constitués 
par  des  vésicules  distinctes  dans  lesquelles  se  développent  les  spermato- 
zoïdes ou  les  ovules. 

Les  protozoaires  sont  extrêmement  répandus  ;  ils  existent  dans  les  eaux 
stagnantes  ou  courantes,  douces  ou  salées,  dans  l'humus,  etc.  Ils  appa- 
raissent rapidement  dans  les  matières  végétales  ou  animales  en  décompo- 
sition, se  rencontrent  sur  les  téguments  des  animaux  qui  vivent  dans 
Teau,  dans  divers  organes  des  animaux  à  sang  froid  et  même  chez  les  ani- 
maux à  sang  chaud,  où  ils  occupent  surtout  la  surface  des  plaies,  les  mu- 
cosités intestinales  ou  vaginales.  Les  infusoires  qui  vivent  dans  les  or- 
ganes des  animaux  sont  de  véritables  entozoaires,  car  ils  périsseni 
promptement  lorsqu'on  les  retire  de  ces  organes,  et,  d'autre  part,  les  in- 
fusoires libres  succombent  lorsqu'on  les  introduit  dans  un  organisme 
animal.  Peu  connus  chez  les  animaux  domestiques,  ces  parasites  ont  éU» 
mieux  étudiés  chez  Thomme  ;  ils  appartiennent  à  plusieurs  familles  donl 
voici  les  principales  : 

§   1.  —  MONADIENS. 

P  Cercomonas  hominis,  Da vaine.  Cercomonas  intestinalis  Lambl.  l>l 
animalcule,  découvert  ennorabreconsidérabledansles  déjections  rêconh-i 
des  malades  atteints  du  choléra,  a  le  corps  piriforme,  long  de  0"",'H 


^^P  PARASITES   ANIMAUX. 

A0'"*,!2.  Son  eslrémilé  postérieure,  amincii 

'  meut  caudal  aussi  long  ([ue  le  corps;  son  extrémité  aniérieure,  obtuse, 
présente  un  lilamenl  vibratrle  très-long  el  flexucus  diffiitle  à  voir;  soi; 
(ffnimenl  pst  mou  et  lilniicliillre  (lig.  2ltti).  Les  cercomoiiades  sont  trés- 


735 

se  termine  par  un  fila- 


Fie.  2td.  —  Ccrcomonu  inleitinnlis,  petite  cl  grosse  variétés  (Dar 


agik's,  ee  qui  rend  diflicile  1  oliscrvalion  de  leui's  caractères  ;  quelquefois 
suspendus  par  l'agglutînaliou  de  leur  filament  caudal  aux  corps  environ' 
Daiits.  ces  animalcules  oscillent  comme  la  lentille  du  pendule  autour  de  sa 
tigfi',  ils  ne  laixlent  pas  ù  périr  lorsque  les  matières  qui  tes  renferment  se 
refroidissent,  ce  qui  prouve  que  leur  formation  n'est  pas  due  h  b  dé- 
GOtnposition  de  ces  matières.  Ce  sont  donc  de  véritables  parasites  qui 
vivent  dans  l'intestin  de  l'homme,  lorsqu'ils  y  trouvent  certaines  condi- 
tions qui  leur  sont  indispensables(l)avainc). 

Vue  seconde  espèce  de  cercomonade,  ptus  petite  que  la  précédente ,  a 
'■h-  rencontrée  parDavainechezunjeunehommealteiuldefièvre  typhoïde. 


[liituor.iiApniE.  —  Davaine,  TroiUi  des  enfosoi 
I'  •jrJop^.d.  defsc.miiL,  arL  Ifoiuiiieiis,  p.  12J. - 
S,'>9,  t.  I.  p.  fiO. 


:,  p.  3,  Puris,  1860,  et  iikt. 
Vin.,  Prifjet-  Viertelj'ihrsrhr., 


J"  Cercomonas  urinarius,  llassall.  Celle  espèce,  dont  les  caractères  ne  sonl 

'^  suflisamment  déterminés,  a  été  observée  |)ar  llassall  dans  l'urine  des 

■  iiolériques,  quelquefois  aussi  dans  des  urines  alcalines  ou  albumineuses. 

Klle  a  le  corps  granuleux,  nu,  une  forme  arrandie  ou  oblongue,  un, 

ilru\  ou  trois  filaments  Hagelli formes,  un  mouvement  vacillaut. 

BiBUOGRApntE.  —  A.-H.  Hassai.l,  The  Lanctt,  nov.  1859. 

3°  Trichommuu  vaginalis,  Donné.  Découverte  par  Donné  dans  les  muco- 
sités vaginales  de  la  femme,  la  trichomonas  vaginale  a  lo  corps  d'une 
longueur  de  0  millîm.  01,  subglobuleux,  ovoïde  ou  piriforme,  légè- 
r>-ment  granulé,  glutineux,  transparent,  blaiichiUre  ou  grisfttre.  Elle 
porte  à  lune  de  ses  extrémilés  un  iilament  flagelliforme  plus  long  nue  te 
ps,  quelquefois  deux,  rarement  trois  (Kolliker)  ;  cinq  ou  six  cils  vibra- 
is assez  courts  accompagnent  ces  filaments,  ils  sont  situés  à  la  base  en 


L. 


736  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

séries.  L  autre  extrémité  offre  un  prolongement  épais  et  fixe;  un  mott- 
vement  vacillant  est  déterminé  par  les  filaments  flagelliformes  (fig.  2ft5;. 

Les  trichomonades  du  vagin   se  trouvent  dans  le 
mucus  vaginal  chez  la  femme,  où  elles  sont  souvent 
réunies  par  groupes  de  cinq  ou  six  individus  el  même 
plus,  dans  lesquels  on  ne  distingue  que  quelques  ap- 
pendices flagelliformes.  Le  mucus  qui  les  renferme  est 
généralement  altéré  et  contient  des  bulles  d'air  qui  lui 
donnent  un  aspect  écumeux.  Quand  ce  mucus  est  re- 
froidi, les  protozoaires  ne  tardent  pas  à  disparaître. 
J'ai  rencontré  la  trichomonas  vaginale  avec  un  seul 
FiG.  245.— Tricho-    filament  flagelliforme  chez   la    plupart   des   femmes 
monas     vaginale    atteintes  de  blennoirhagie  que  j'ai  soignées  pendant 

l'espace  de  deux  ans  à  Thôpital  de  Lourcine  ;  pour  un 
instant,  j'avais  pensé  à  faire  de  cet  infusoire  la  caractéristique  du  pus 
blennorrhagique,  mais  je  n'ai  pas  tardé  à  reconnaître  qu'il  existait  chez 
des  femmes  ayant  une  simple  leucorrhée.  Davaiiie  a  observé  cet  animal- 
cule dans  l'urine  de  femmes  atteintes  d'écoulement  leucoiThéique  abondant. 

Bini-ior.RAPiiiE.  —  Donné,  Uecherches  microscopiques  sur  la  nature  du  mums 
et  la  matière  des  divers  écoulements  chez  l'homme  et  chez  la  femme.  Paris,  1837. 
—  Le  même,  Cours  de  microscopie,  Paris,  iSlili^  p.  157,  pi.  IX,  fîg.  33.  — 
i.\oGEiAco^ES^  Ilist.  pathol.,  pi.  IX,  fig.  9,  elAnat.path,  génér.^  tr.  fr.,  Paris. 
18^7,  p.  39.  —  ScANzoM  et  Kôlliker,  Scanzonis  Beiti'agen  fur  Gehurtskwol'', 
1855,  t.  II,  p.  131,  pi.  111,  fig.  2,  et  Gaz,  ?néd,  de  Paris,  1855,  p.  315.— 
DiKsixG,  lievision  der  Prothelmintheny  p.  61,  Wicn,  1861.  —  Danaine,  art. 
Monadiens  duDict,  encyclopùd,  des  se.  méd.,  p.  129. 

§  2.   —   PAnAMÉCIENS. 

Paramecium  coli^  Malnisten.  Cet  infusoire  est  ovoïde,  aminci  m 
avant,  long  de  U°"",1  environ,  couvert  de  cils  sen'és,  disposés  en  séries 
obliques.  11  a  une  bouche  anléro-latérale,  munie  de  cils  plus  luiii:> 
que  les  précédents,  un  œsophage  légèrement  élargi  et  recourl)é,  uu 
anus  situé  en  arrière,  à  la  face  abdominale,  plus  ou  moins  saillant  et 
distinct,  deux  vésicules  contractiles,  variables,  l'une  plus  petite,  subrou- 
Irale,  l'autre  située  près  de  l'anus  (fig.  2^6).  Les  paramécies,  doutvs 
d'une  mobilité  et  d'une  vivacité  assez  grandes,  se  rencontrent  aunoiulm* 
de  vingt  à  vingt-cinq  dans  une  seule  gouttelette  de  mucus.  Elles  meun'ul 
très-vite  hors  de  l'intestin. 


PARASITES  ASIM.VU.V.  7W 

i  paramécie  de  l'honmie  a  été  trouvi'e  par  Malmslcti,    en    même 
nps  que  des  cellules  de  pus  cl  des  globules  de  saiijr,  dans  deux 
irrliét;  licnlérique.  La  mort  ayant  eu  lieu  dans  l'un 
bces  cas,  on  put  consluterqucles  inTusoiies  élareiil 
■  plus  ^rand  nombre  sut-  tes  points  où  la  membrane 
nqueuse  du  côlon  cl  du  cœcum  était  peu  affectée. 
e  dans  les  endroits  où  l'altération  était  niniiireste  l'I   i 
ms  le  pus  qui  en  piovenail. 
"  Treille  eut  l'occasion  d'observer  six  fois,  surneufraa- 
tdes atteints  de  ladjsentenede  Cochinchme,  la  pam-  j 
kiedu  ailon  dans  les  dejet lions  intestinales;  il  fait  f"'""''/i(Mii]id«ten). 
■quer  que  la  présence  de  ctt  infusoiie  a  coïncidé  pour  ainsi  dire 
iclemeutavec  I  hemonlia^'K 

^  BiBLiocHApncF..  —  SIalhsten,  Arffhtv  f.  patkol.  Awil.  uiiii  Phy$ioi.,  1657| 
.  XII,  p.  30J-S09,  pi.  X,  —  LuiiwiG  SnECii,  An-hw  fur  pathol.  Annt.  tiiid 
ky«t(./.,  clc,  1866,  t.  XXXVI,  p.  285.  —  G.  Theille,  _Vo(e  sur  le  parutiuvitm 
to observé  dans  ht  dysentaie de  CochmcMne  {Archives  de  niiiIcciDi'  ttavalf,  187S, 
,  p.  129-133).  —  Leuckaht,  Die  metiscldicheit  Parasiten,  t.  11,  ji.  8&5. 
^pzig,  1876. 

§   3.  —  GrHUAHINRS  Bf  PsCiROSl'EliMIES, 

l.es  ffrégarines  {Gregarina;  L.  Dufour)  sont  des  organismes  cellulaires 
mirent  dans  les  viscères  des  animaux  inrérieurs,  beaucoup 
fais  rarement  dans  les  organes  de  l'homme.  Dès  leur  premier  Age,  ces  . 

ftites  se  présentent  sous  la  forme  de  corps  globulaires  qui  se  meuvent 

I  toussens  (amibes).  Libres  dans  l'intestin  ouréunisen  séries,  ils  peuvent 

nmett'ls  être  confondus  avec  des  globules  de  pus.  Plus  tard  ils  prennent 

B  forme  elliptique  ou  ovalaîre  aplatie ,  s'entourent  d'une  membrane  h 

tbie  contour,  sans  ouverture  et  sans  structure,  sous  Inquelle  on  dis- 

Iguc  une  couche  transparente,  contractile.  La  cavité  cii-oouscritc  par 

Ile  membrane  renTerme  un  liquide  visqueux,  transparent,  des  granulo- 

018  arrondies  et  l'éfrin fientes,  contenant  dans  leur  épaisseur  un  noyau 

ipléoléi  de  forme  ellipsoïdale  régulière  (grégarines).  Après  enkystemeut 

tA  la  suite  d'une  sorte  de  fractioanemeiil  du  tioyau  et  do  ta  masse 

inuleuse,  la   grégnrine  se  change  en   petites  vésicules  qui,  suivant 

^ques  auteurs,  donnent  naissance  aux  //soroupeimics  on  fuendo-nam- 

m.  Ces  dernières  sont  formées  d'une  membrane  exlérreure  composée  do 

Idx  \'ntves  qui  s'app1i([uent  exactemciit  par  leurs  Iwrds,  et  d'une  cavité 

Laxcemeacx.  —  TraiLo  d'Anal,  path.  I.  —  A7 


738  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

intérieure,  contenant  plusieurs  petits  organes  vésiculeax,  brillants,  situés 
à  Tune  des  extrémités,  et  une  masse  glutineuse  centrale  (i).  Enfin  lamtsse 
centrale  devient  granuleuse  et  se  condense,  il  se  produit  un  gros  noyau  oa 
globule  sarcodique,  Tenveloppe  se  détache  et  ce  globale  prend  sa  liberté 
pour  devenir  amibe  sphérique,  et  finalement  grégarine  (Lieberkûhn). 

Les  grégarines  siègent  habituellement  dans  les  cellules  épithâiales  de 
rintestin  ;  c'est  là  qu*elles  se  transforment  en  psorospermies.  Relativeinent 
Fréquentes  chez  la  souris,  le  lapin  et  le  chien,  elles  ont  âé  vues  dans  les 
épithéliums  intestinaux  de  Thomme.  De  l'intestin  elles  gagnent  asseï  or- 
dinairement le  foie  et  d'autres  organes,  ces  derniers  sans  doute  par  l'in- 
termédiaire  du  système  lymphatique  ;  aussi  les  a-t-on  trouvées  dans  les 
reins,  dans  les  valvules  et  dans  le  système  musculaire  du  cœur  (Linde- 
mann).  Leur  présence  et  leur  agglomération  au  sein  des  tissus  ne  tardent 
pas  à  déterminer  une  irritation  avec  genèse  d'éléments  conjonctifs  et  uiie 
transformation  caséeuseplus  ou  moins  étendue.  Que  cette  altération,  à  la- 
quelle s'ajoute  dans  l'intestin  la  destruction  des  cellules  épithéliales,  s'é- 
tende au  foie  et  à  d'autres  organes,  il  peut  en  résulter  des  conséquences 
fâcheuses  ou  même  la  mort  de  l'individu  affecté  :  ce  sont  des  cas  de  ce 
genre  observés  chez  des  mammifères  y  compris  l'homme  qui  ont  été  dé- 
signés par  Eimer  sous  le  nom  de  grégarinose.  On  ne  connaît  pas  jusqu'ici 
l'origine  des  grégarines.  Suivant  Lindemann,  ces  parasites  proviendraient 
de  la  vermine  des  femmes  d'où  on  tire  les  faux  chignons  et  se  fixeraient 
aux  cheveux  de  celles  qui  portent  cette  parure,  où  elles  se  transformeraient 
en  psorospermies  ;  mais  cette  opinion  n'est  nullement  confirmée. 


BiBuoGRAPHiE.  —  Hake,  A  treutise  on  varkose  capillarieSy  as  constitutvvj  tk 
structure  of  carcinome  of  the  hepatic  ducts,,  etc.  London,  1839.  —  J.  Mûller, 
Ueber  eine  eigenth.  krankh,  parasitiscf^  Bildwig^  etc.  (Mutkr's  Archiv.  1841, 
p.  477).  —  Cm.  Robin,  Hist,  nat.  des  végét,  parasites,  etc.  Paris,  1853,  p.  201. 

—  N.  LiEBERKunN,  Évolution  des  grégarines  {Mém,  de  VAcad.  wyaie  dt 
Belgique,  1854).  —  Klebs,  Archiv  f.  pathoL  Amt,  und  PhysioL,  t.  XVI, 
p.  188.  —  ViRaiow,  Ibid.,  t.  XVIII,  p.  342  et  527.  —  L.  Stiepa,  IM., 
t.  XXXII,  p.  132.  -    Gubler,  Mém.  de  la  Soc.  de  biologie,  1829,  t.  V,  p.  61. 

—  Leuckart,  Die  menschlichen  Parasitm,  t.  I,  p.  740.  Leipzig,  1863.  — 
L.  Waldenburg,  Zur  Entwichelwigsgeschichte  des  Psorospermien  {Archiv  A 
pathol.  Anat.  und  PhysioL,  1867,  t.  XL,  p.  435).  —  Balbiani,  Sur  rorganm- 


(i)  Balbiani,  dans  une  étude  très-bien  faite  des  psorospermies  chex  les  poi«son«. 
considère  ces  organismes  comme  des  êtres  faisant  partie  du  règne  végétal;  déjà  aupara- 
vant Ch.  Robin  les  avait  classées  parmi  les  algues. 


PARASITES   ANIMAUX.  739 

iion  et  la  nature  des  psorospermies  {Comptes  rendus  de  la  Soc,  de  biologie,  1863, 
p.  111,  et  Gaz,  méd.  de  Paris,  186/i,  p.  146).  —  Étude  et  Mém.  sur  la  maladie 
jiscrospermique  des  vers  à  soie  {Comptes  rendus  des  séances  de  la  Soc.  de  bioL,  1867, 
p.  103,  série  U,  t.  IV).  —  Lindemann,  Bull,  de  la  Soc.  impér,  des  naturalistes  de 
Mùseou,  1863,  t.  II,  p.  U25'UZ1  ;  Ibid.^  1865,  p.  282.  —  Sur  la  signification  hy- 
giénique  des  grégarùies  (Deutsche  Zeitschr,  f.  die  Stautsarineikunde,  1868,  elGaz. 
méd.  de  Paris,  1870,  p.  86).  —  Knoch,  Joum.  d.  Eussischen  Kriegs  départements, 
t.  XCV,  1866.  —  EiMER,  Ueber  die  Ei  oder  kulgelformigen  sogenannten  Psoro- 
spermien  der  Wirbelthiere.  Wurlzburg,  1870.  —  Arloing  et  Tripier,  Lésion 
argctnique  de  nature  parasitaire  chez  le  poulet  {Assoc.  française  pour  Cavancement 
lies  sciences,  1873,  et  Gaz,  hebdomad,,  1873,  p.  574).  — Cu.  Robin,  Traité  du 
microscope,  Paris,  1871,  p.  785  et  941. 


CHAPITRE  II 


PAKASITES    VÉGÉTAUX 


L'élude  scienliBque  du  parasitisme  végétal  ne  remonte  pas  au  delà  de 
la  découverte  du  champignon  de  la  maladie  dos  vers  à  soie  par  liassi  et 
de  celui  de  la  teigne  par  Schœnlein.  Vulgarisée  par  le  remarquable  ou- 
vrage du  professeur  Ch.  Robin,  cette  étude  a  reçu  tout  dernièrement  uw 
impulsion  nouvelle  grâce  aux  curieuses  recherches  de  Pasteur  résumées 
dcins  cet  axiome  :  «  Sans  parasites  pas  de  fermentation,  pas  de  putréfaction  •, 
et  aux  travaux  non  moins  intéressants  de  Davaine  sur  les  bactéridies  des 
maladies  charbonneuses.  A  partir  de  ce  moment,  les  parasites  végétaux 
sont  devenus  pour  les  observateurs  et  pour  les  médecins  en  particulier 
l'objet  d'une  attention  spéciale,  et  dès  lors  l'opinion  ancienne  qui  con- 
sistait à  attribuer  la  plupart  des  maladies  à  des  agents  parasitaires  ne 
tarda  pas  à  être  remise  en  honneur  :  les  parasites  végétaux  fuRul 
généralement  considérés,  à  tort  ou  à  raison,  comme  les  agents  aclif> 
<le  la  contagion,  h^s  générateurs  des  épidémies.  Cette  manière  de  voir  ♦•>! 
sans  doute  exagérée;  mais  il  y  a  lieu  de  croire  (|u'une  connaissance  plus 
^approfondie  du  sujet  arrivera  à  répandre  la  lumière  sur  Tétiologie  il  la 
pathogénie  d'un  grand  nombre  de  maladies. 

Les  parasites  végétaux  que  l'on  observe  chez  Ihomnie  appartiemionl 
à  la  classe  des  cryptogames,  et  spécialement  à  la  famille  des  chanjp:- 
gnons,  car  il  est  aujourd'hui  reconnu  qu'un  grand  nombre  d'entre  eux, 
rangés  autrefois  pai'ini  les  algues,  sont  en  réalité  des  champignons  a  Ifur 
premier  degré  de  di'veloppement  ;  la  sarcine  seule  ferait  peut-étiv  excep- 
tion. Les  cryptogames  sont  des  végétaux  (|ui  se  reproduisent  par  le  nio\tn 
<le  cellules  simples  ou  composées  nonnnées  spores,  soit  immédiateinrut, 
soit  en  passant  par  une  forme  intermj'diaire.  Ceux  qui  nous  inléivs>»*i:t 
sont  des  plantes  cellulaires,  dépourvues  de  chlorophylle,  qui  >c  nour- 
rissent d'une  substance  préalablement  organisée,  absorbent  de  roxysii'' 
-et  exhalent  de  l'acide  carbonique  ;  ils  sont  formés  de  deux  parties  jnii- 
cipales  :  l'une  qui    végète  et   absorbe  les  principes  nutritifs,  myct'un.i 


PARASITES   VEGETAUX.  741 

OU   rhtzopodium,   l'autre  qui   porte  les  organes  de  la  reproduction  ou 
réeeptacie. 

Le  mycélium  des  champignons  qui  vivent  sur  l'homme  est  formé  de 
filaments  cylindriques  simples  ou  ramifiés,  quelquefois  cloisonnés  ou  ar- 
ticulés. Ces  filaments  sont  tantôt  lâchement  entre-croisés  (mycélium  fila- 
menteux), tantôt  plus  serrés  et  en  quelque  sorte  confondus  de  façon  à 
former  une  membrane  plus  ou  moins  épaisse  (mycélium  membraneux). 
Ils  ne  présentent  aucune  particularité  distinctive  qui  permette  de  les 
rapporter,  quand  ils  sont  stériles,  à  une  espèce  déterminée.  Indispen- 
sable à  la  vie  des  champignons  qu'il  peut  reproduire,  le  mycélium  s'étend 
graduellement  d'un  point  central  où  il  a  pris  naissance  par  un  accroisse- 
ment périphérique  rayonnant,  d'où  la  disposition  en  cercles  des  épi- 
phytes  de  l'homme  ;  il  change  d'aspect  selon  les  conditions  d'humidité, 
de  sécheresse  ou  de  lumière  dans  lesquelles  il  se  développe. 

Les  réceptacles  sont  formés  de  filaments  simples  ou  complexes  ;  ils 
naissent  du  mycélium,  produisent  et  supportent  les  organes  de  la  repro- 
duction. Ceux-ci  se  composent  de  cellules  (spores,  conidies)  destinées  à 
devenir  de  nouveaux  individus,  et  de  cellules  mères  leur  donnant  nais- 
sance (sporanges,  hasidies,  etc.). 

Contrairement  à  l'opinion  de  quelques  .auteurs,  la  reproduction  des 
champignons  n'a  jamais  lieu  par  génération  spontanée,  mais  par  géné- 
ration sexuelle  ou  asexuelle.  Ce  dernier  mode  nous  intéresse  d'une  façon 
plus  spéciale;  les  spores  se  développent  de  trois  façons  différentes  :  !•  par 
formation  cellulaire  libre  dans  des  cellules  mères  appelées  asques,  thèques, 
tubes  sporifères;  2"  par  bourgeonnement,  et  la  cellule  mère  s'appelle  alors 
baside  ;  3"  par  segmentation  ou  gemn^ation  de  cellules  mères  nommées 
sporanges. 

Arrivées  à  l'état  de  maturité,  les  spores  sont  mobiles  (zoospores)  ou 
stables.  Les  spores  mobiles  n'appartiennent  qu'à  un  petit  nombre  de 
champignons,  ce  sont  des  corpuscules  protoplasmatiques  dépourvus  de 
membrane  cellulosique  manifeste  et  donnant  le  plus  souvent  naissance 
à  leur  surface  h  deux  cils  vibratiles.  Toutes  les  autres  spores  sont  privées 
de  mouvement  spontané;  elles  possèdent  une  membrane  vésiculaire  so- 
lide formée  d'un  feuillet  externe  (exospore)  et  d'un  feuillet  interne  (en- 
dospore).  Cette  membrane  se  distingue  par  une  grande  force  de  résis- 
tance contre  la  décomposition  et  les  réactifs  puissants,  surtout  contre  les 
acides  minéraux  concentrés.  Le  contenu  de  ces  spores  consiste  en  une 
masse  protoplasmatique  homogène,  ou  infiltrée  d'un  nombre  variable  de 
granulations  ou  de  gouttelettes  de  graisse;  il  est  ordinairement  dépourvu 
de  noyau.  A  l'état  frais,  il  est  très-riche  en  parties  aqueuses;  desséché,  il 


7^2  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

attire  rhumidité  du  milieu  ambiant.  La  forme  des  spores  est  ovoïde  ou  sphé- 
rique ,  rarement  anguleuse  ou  en  fuseau  ;  leur  consistance  est  ferme,  leur  co- 
loration jaunâtre,  giise,  d*un  blanc  plus  ou  moins  éclatant  à  la  lumière  réié 
chie.  Traitées  par  Tacide  sulfurique  et  la  teinture  d'iode,  les  spores  prennent 
une  coloration  bleue  due  à  laction  de  ces  substances  sur  la  membrane  exté- 
rieure foimée  de  cellulose  (Ch.  Robin).  Les  acides  concentrés  coagulent  k 
liquide  intérieur;  mais  Téther,  le  chloroforme,  la  solution  de  potasse, 
Tammoniaque,  Tacide  acétique  ne  le  modifient  pas,  et  comme  telles  ces 
substances  sont  les  réactifs  qui  permettent  le  mieux  de  distinguer  la 
spores  des  éléments  de  l'organisme  et  des  corps  étrangers. 

Les  spores  étant  très-abondantes,  c'est  par  leur  intermédiaire  que  s'ef- 
fectue la  grande  dispersion  des  champignons.  En  raison  de  leur  petitesse 
(^  à  5  millièmes  de  millimètre)  et  de  leur  légèreté,  elles  sont  transportées 
partout  avec  les  liquides  et  même  avec  Tair.  En  examinant  la  poussière 
atmosphérique,  les  sécrétions  et  les  excrétions  animales  répandues  dans 
l'air,  comme  l'ont  fait  Pasteur  et  quelques  autres  observateurs,  on  arrive 
à  la  démonstration  de  ce  fait  qu'il  existe  partout  des  spores  de  champignon 
susceptibles  de  développement  (1).  La  dureté  et  la  nature  de  leurs  enve- 
loppes permettent  à  ces  parties  élémentaires  de  se  conserver  pendant  des 
années  malgré  le  froid  et  la  sécheresse,  et  cela  sans  perdre  leur  faculté  ge^ 
minative  qu'une  température  trop  élevée  peut  seule  détruire. 

Une  température  modérée  de  0°  à  UO''  centigr.,  de  l'humidité,  un  peu 
d'oxygène,  un  air  rarement  renouvelé  et  la  présence  d'une  substance  or- 
ganique, telles  sont  les  conditions  les  plus  favorables  à  la  germination 
des  spores  et  au  développement  des  champignons.  Or  ces  conditions  se 
rencontrent  chez  Thomme,  et  partant  un  certain  nombre  de  s|)ores  cryplo- 
gamiques,  apportées  par  lair  ou  autrement,  arrivent  à  se  fixer  et  à  germer 
à  la  surface  de  la  peau  ou  des  membranes  muqueuses  et  même  jusque 
dans  la  profondeur  des  organes,  car,  de  même  que  les  corps  solides,  les 
spores  déposées  dans  les  tissus  sont  quelquefois  absorbées  (2). 

On  aurait  tort  toutefois  de  croire  que  des  spores  soient  aptes  à  germer 
sur  tous  les  organismes,  il  faut  pour  cela  un  terrain  préparé,  des  tissus 
peu  vivaces,  modifiés  ou  altérés  dans  leur  nutrition  ;  un  certain  état  de 


(1)  Le  docteur  Cunningham,  à  la  suite  d'expériences  pratiquées  à  ce  sii^^t  dans 
rindc,  établit  que  des  spores  se  rencontrent  constamment  dans  Tair  en  nombre  coofi- 
•dérable  et  qu'elles  sont  prêtes  à  entrer  en  développement  dès  qu'elles  rencontrent  un 
milieu  favorable.  {Microscopic  examinations  of  the  atr,  Ninth  annual  Report  of  tke  *fl- 
nitary  commissionner.  Calcutta,  1872.) 

(2)  Voyez  Davaine,  Sur  V absorption  des  corps  solides  déposés  dans  les  tissus  (AecMi 
de  méd.  vétérinaire,  liv.  5,  t.  VII,  p.  633). 


PARASITES   ÏÉI3ÉTAUX.  743" 

e  ou  de  maladie  est  nrâessnire  au  développemenl  du  parasitisme 
igétal  chez  l'homme.  Un  fait  vient  mettre  cetti^  prédisposition  hoi's  de 
ntc  :  sur  un  certain  nombre  d'individusau\quels  on  inocule  une  espèce 
lelconquedc  chainpi^ioii,  l'Achorion  Sclitenleinii par  exemple,  les  uns 
rissent  rapidement  et  spontanément  tandis  (|ue  les  autres  permettent  le 
tveloppemenl  complet  du  végétal,  sa  reproduction,  et  ne  peuvent  être 
^s  que  par  l'intervention  de  l'art.  A  la  vérité,  la  cause  de  cette  pré- 
ItposilioD  nous  échappe,  mais  il  y  a  lieu  de  croire  qu'elle  n'est  pas  impos- 
fb\e  à  trouver.  On  sait  que  les  sporules  du  Botrytis  Basiiann  se  développent 
r  le  simple  fait  de  la  neutralité  ou  de  l'acidité  du  sang  du  ver  à  soie. 
Il  conséquemment  semblable  état  du  sang  de  l'homme,  ou  toute  autre 
•dificalion  encore  inconnue  des  liquides  ou  des  solides,  peut  bien  pré~ 
user  aux  maladies  déterminées  par  des  végétaux. parasites  ;  c'est  ainsi 
i  les  individus  adonnés  aux  boissons  alcooliques  ont  en  général  une 
mde  aptitude  à  contracter  les  maladies  contagieuses,  telles  que  la  va- 
|Dle  et  le  choléra,  qui  passent  aujourd'hui  pour  avoir  une  origine  para- 
laire.  On  sait,  du  l'esté,  que  certaines  altérations  des  produits  de  sécré- 
ï  peuvent  contribuer  au  développement  du  parasitisme;  ainsi  un  mucus 
ide,  des  productions  membraneuses  dans  lesquelles  le  mouvement  nu- 
lif  est  très-lent,  sont  les  conditions  au  milieu  desquelles  apparaissent 
I  général  les  productions  cryptogamiques.  Le  milieu  acide  et  la  dimi- 
itîon  de  l'activité  vitale  des  tissus,  quoique  favorables  au  dévelop- 
ment  des  végétaux  jiarasites,  n'ont  toutefois  qu'une  importanoe 
l&live,  car  on  voit,  chez  certains  animaux  herbivores,  des  parasites 
ijgétaux  se  montrer  sur  des  parties  qui  donnent  une  réaction  neutre  ou 
e  alcaline. 

■Les  parasites  ne  sont  mis  en  l'apport  avec  l'organisme  que  d'une  ma- 

passive  :  l'air,  comme  nous  le  savons,  peut  les  déposer  sur  la  peau 

B  sur  les  muqueuses;  l'eau  ou  les  aliments  sont  quelquefois  aussi  leur 

■Djeu  de  transport,  c'est  par  leurintermédiairequecertains  parasites,  tels 

elasarcinc,  sont  introduits  jusque  dans  l'estomac.  Les  objets  qui,  chaque 

-,  servent  à  l'homme  (habits,  linges,  coiffures,  peignes),  les  instruments 

ntil  fait  usage  (rasoirs,  etc.),  sontdans  quelques  cas  des  agents  de  trans- 

jbission  cryptogamiqiie.  Certaines  professions  conduisent  à  un  semblable 

résultat  :  les  fabricants  d'amadou,  les  brosseurs  sont  quelquefois  atteints 

d'accidents   parasitaires.   Enlin  la   contagion  s'effectue  de  l'homme  à 

l'homme  et  le  plus  souvent  des  animaux  domestiques  à  l'homme  ;  ce 

dernier  cas  s'observe  surtout  pour  l'herpès  parasitaire. 

Les  effets  des  végétaux  parasites  sur  l'organisme  humain  sont  de  deux 
ordres  :  les  uns  mécaniques,  les  autres  chimiques,  Les  effets  tnécaniquM 


lllh  *  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

sont  les  moins  dangereux,  on  les  observe  principalement  lorsque  ces 
végétaux  se  développent  à  la  surface  de  la  peau.  Par  son  accumulation, 
Tachorion  de  la  teigne  comprime  le  derme,  l'amincit  et  en  amène  la  résorp- 
tion partielle,  d'où  les  cicatrices  qui  lui  font  suite.  Grâce  à  leur  petit 
volume  et  à  Ténergie  de  leur  développement,  les  spores  et  les  filaments 
cryptogamiques  croissent  et  se  multiplient  principalement  dans  l'inter- 
valle des  cellules  épithéliales,  celles  de  la  couche  moyenne  surtout,  dans 
les  follicules  pileux,  entre  les  éléments  des  cheveux  et  des  ongles  qu'ils 
disjoignent  et  dont  ils  déterminent  l'atrophie  et  la  chute. 

Le  cryptogame  s'arrête  habituellement  dans  les  couches  profondes  de 
l'épiderme,  à  la  surface  du  derme  cutané  ou  muqueux;  dans  les  tissas  de 
ces  parties,  il  provoque  une  forte  hyperhémie  et  quelquefois  une  inflamma- 
tion proliférative  ou  même  ulcérative  pouvant  retentir  jusque  sur  le  sys- 
tème lymphatique  ;  il  ne  pénèti^e  pas  ordinairement  dans  les  vaisseaux  de  ce 
système,  pas  plus  que  dans  les  vaisseaux  sanguins;  pourtant  Zenker  pré- 
tend avoir  constaté  la  présence  de  champignons  jusque  dans  le  cerveau 
chez  une  personne  dont  la  langue  et  le  pharynx  étaient  recouverts  de 
plaques  de  muguet.  Dans  la  plupart  des  circonstances,  les  nerfs  de  la  sen- 
sibilité sont  irrités  par  la  présence  du  parasite,  et  ainsi  se  développent 
fréquemment  de  vives  démangeaisons,  comme  dans  le  pityriasis  versi- 
color,  ou  un  sentiment  de  brûlure,  comme  dans  le  muguet. 

Les  effets  chimiques  produits  par  les  champignons  sont  de  plusieurs 
ordres.  D'abord  les  recherches  récentes  et  notî\mment  celles  de  Pasteur 
ont  établi  que  ces  végétaux  sont  la  cause  de  fennentations diverses,  telles 
que  les  fermentations  acétique,  alcoolique,  lactique,  butyrique,  etc.  i>r 
ces  fermeiilalions  constituent  quelquefois  un  étal  pathologique,  cVsl 
lorsqu'elles  se  prcKhiisenl  dans  des  cavités  nmqueuses  comme  celles  (h*  l  es- 
tomac, de  la  vessie,  etc.  Les  organismes  qui,  en  pareil  cas,  jouent  le  rôlod»* 
ferment,  sont  hahitnellementia  levure,  la  sarcine,  les  bactéries  et  les  vi- 
brions.  Ils  oci'asionnenl  le  plus  souvent  de  légères  incitations,  mais  quelque- 
fois aussi  (lesinllammalions  graves  de  la  muqueuse  qui  sans  doute  provien- 
nent des  décompositions  o[)érées  par  le  champignon  plutôt  que  d'une 
action  directe  de  vv  dernier.  En  second  lieu,  les  champignons  peuvent 
amener  la  déconip(»siti<>n  des  matières  organiques  par  une  oxydation  qui 
donne  naissance  à  de  l'eau,  de  l'acide  carbonique,  de  l'ammoniaque  et  de-^ 
composés  organiques  plus  simples  que  les  matières  primitives.  Une  quan- 
tité  relativement  petite  (h;  ces  matières  sert  d'aliment  au  champignon 
qui,  suivant  l'espèce,  détermine  un  mode  de  décomposition  variée  dans  unr 
même  substance.  Ainsi  agissent  les  cryptogames  dans  la  putréfaction  et 
dans  la  gangrène,  car  bien  qu'on  n'ait  pas  la  preuve  directe  de  l'ai- 


PARASITES  VÉGÉTAUX.  7A5 

lion  de  ces  organismes  dans  la  genèse  de  ce  dernier  processus,  cependant 
la  fraiigrène  est  caractérisée  par  une  décomposition  des  tissus  si  complète 
que  Ton  ne  peut  considérer  la  présence  des  champignons  au  sein  des 
parties  atteintes  comme  purement  accidentelle,  et  cela  d'autant  plus 
qu'un  foyer  gangreneux  ne  s'établit  jamais  à  Tabri  du  contact  de  l'air 
extérieur  (1),  ce  que  je  me  suis  eiïorcé  de  démontrer  à  maintes  reprises. 
(Voyez  mon  Atlas  d*Anatomie  pathologique). 

Certains  champignons  sont  enfin  la  cause  très-probable  des  maladies 
contagieuses  ;  ce  qui  porte  à  le  croire,  c'est  la  marche  définie  de  ces  affec- 
tions, qui  présente  de  l'analogie  avec  la  manière  dont  se  développent,  se 
propagent  et  disparaissent  les  organismes  inférieurs,  leur  incubation, 
indice  d'une  multiplication  des  germes  organiques  fournis  par  la  conta- 
gion avant  l'apparition  des  troubles  essentiels  (2) ,  la  présence  de  para- 
sites dans  les  évacuations  des  malades  et  les  propriétés  contagieuses,  au 
bout  d'un  certain  temps,  de  quelques-unes  des  matières  évacuées. 

Les  parasites  végétaux,  comme  les  parasites  animaux,  accomplissent 
quelquefois  leur  évolution,  non  pas  sur  un  seul  être,  mais  sur  plusieurs 
butes  successifs,  et  subissent  autant  de  métamorphoses  pendant  les- 
quelles ils  ont  des  moyens  différents  de  reproduction.  Un  exemple 
de  ce  polymorphisme  nous  est  fourni  par  la  puccinie  des  graminées  qui,  à 
l'état  parfait  ou  de  puccinie,  vit  sur  le  seigle  et  sur  le  blé,  et  qui,  dans 
une  phase  moins  avancée,  c'est-à-dire  à  l'état  d'yEcidium,  se  rencontre  sur 
les  feuilles  de  l'épine-vinette.  Dans  le  premier  état,  ce  champignon  possède 
deux  sortes  de  spores  :  1**  des  urédospores  qui  le  reproduisent  constam- 
ment chez  les  graminées  (ces  spores  seraient  les  analogues  de  nos  bou- 

(1)  Les  expériences  instituées  d*abord  par  Spallanzani  et  poursoivies  avec  tant  desuccès 
par  Pasteur  ont  démontré  que  les  substances  organiques  abandonnées  à  eUes-mémea 
tombent  aisément  en  putréfaction  si  des  champignons  peuvent  arriver  à  leur  contact, 
tandis  qu'elles  restent  intactes  si  on  les  expose  à  une  température  qui  tue  les  spores,  ou 
bien  si  elles  sont  placées  dans  une  atmosphère  dont  les  germes  organiques  ont  été  préa- 
lablement enlerés  en  faisant  passer  l'air  a  travers  une  solution  de  potasse  ou  d'acide 
tnlfurique,  en  l'exposant  à  une  chaleur  rouge  ou  en  le  faisant  filtrer  à  travers  l'ouate 
désinfectée  ou  une  Tessie  sèche. 

(2)  Dans  cette  théorie,  on  doit  supposer  que  les  spores  d'un  champignon,  pénétrant 
dans  l'organisme  à  travers  les  bronches  ou  les  voies  digestives,  se  multiplient  extraordi- 
nairement  en  un  laps  de  temps  variable,  mais  déterminé  pour  chaque  espèce  de  maladie, 
et  provoquent  l'explosion  des  symptômes.  Ceux-ci  sont  la  conséquence  des  conditions 
mécaniques  ou  physiques  de  la  muqueuse,  ou  bien  ils  résultent  de  ce  que  le 
cryptogame,  pour  se  nourrir  et  se  multiplier,  enlève  certaines  substances  nécessaires  au 
corps;  ils  peuTént  être  dus  i  La  décomposition  des  produits  axotés  en  eau,  en  acide  car- 
boniqoe  et  en  ammoniaque,  ou  encore  i  la  production  d'une  matière  nuisible  i  l'orga- 
nism*. 


7/i6  ANAT0M1E  PATHOLOGIQUE. 

tures)  ;  2<'  des  téleutosporcs  ou  spores  d'arriëre-saison  qui,  après  le  sommeil 
hibernal,  pénètrent  dans  les  feuilles  de  l'épine-vinette  et  y  développent  an 
mycélium  produisant  le  champignon  appelé  /Eeidium  berberidi$.  Gel 
yffcidium  porte  aussi  des  spores  qui ,  transportées  sur  des  feailles  de  seigle, 
y  germent  et  se  transforment  en  urédos  caractéristiques  de  la  puccinie  des 
graminées  et  sont  susceptibles  de  se  propager  sous  cette  Tonne.  Quelques 
autresmétamorphosesdumémegenreontétébienétudiées;  mais  ilimporte 
de  savoir  que  Tétude  des  générations  alternantes  des  champignons  est  à 
peine  ébauchée,  et  que  les  recherches  les  plus  récentes  foites  dans  cette 
voie  laissent  souvent  à  désirer. 

La  culture  artificielle  est  le  grand  moyen  d'étudier  les  métamorphoses 
des  champignons  ;  elle  a  déjà  donné  d'excellents  résultats  et  ne  manquera 
pas  de  conduire  à  une  détermination  plus  exacte  des  espèces.  Toutefois 
cette  étude  synthétique  est  trop  peu  avancée  pour  qu'il  soit  possible  de 
classer  scientiKquement  les  espèces  végétales  parasitaires  ;  aussi  nous  con- 
tenterons-nous de  donner  une  description  abrégée  des  principales  formes 
de  microphytes  observées  chez  Thomme,  sans  nous  appesantir  sur  les 
caractères  des  groupes  de  champignons  auxquels  elles  paraissent  devoir 
être  rapportées. 

Ces  groupes  sont  d'ailleurs  vraisemblablement  peu  nombreux  ;  la  plupirt 
des  parasites  végétaux  qui  se  développent  sur  l'homme  peuvent  être  rap- 
portés à  deux  chefs:  les  hyphomycètes,  qui  comprennent  les  mucédinées 
et  les  mucorinées,  en  un  mot  la  plupart  des  champignons  dits  moinssures, 
et  les  schizomycètes,  dans  lesquels  se  rangent  le  plus  grand  nombre  des  fer- 
ments organisés.  Cette  division  est  pour  nous  d'autant  plus  légitime  que 
les  champignons  du  premier  groupe  n'ont  guère  que  des  effets  mécaniques 
sur  les  tissus,  tandis  que  ceux  du  second  groupe  exercent  plutôt  sur  les 
mêmes  parties  ou  sur  le  contenu  des  organes  une  action  chimique. 

BiBLioTrnApniE.  I.  Partie  botanique.  —  L.-R.  Tulasne  et  C.  Tlxasne,  Selecta 
funijorum  carpologia,  etc.  Paris,  t.  I,  1861;  t.  H,  1863;  t.  Ill,  1866.  — 
Th.  Bail,  Die  wichtigsten  Sâtze  d,  neuern  Mykologie,  etc.  léna,  1861.  —  Le 
même,  Mykologische  FHudiejiy  etc.  Ibid.,  1862.  —  Mittheilungen  uber  dus 
Vorkommen  und  die  Entwickeîung  einiger  Pilzformen,  Dantzig,  1867.  —  Wflh. 
HoFMEîSTEH,  Uandhuch  der  physiologischen  Botanik,  in  Yerbindung  mit  A,  de 
Bary,  Th,  Irmisck  und  J.  Sachs  herausgegeben,  t  I,  Leipzig,  1862  ;  t.  IV,  1865; 
t.  Il,  1866.— H.  Hoffmann,  Myœlogische  Berichte  {Botan.  Zeitung,  1862, 1863, 
186/i,  1865,  1866).  —  Brongniart,  Les  Champignons  {Revue  des  cours  scienti- 
fiques, 1869,  p.  626).  —  De  Bary,  Beitraege  zur  Morphologie  und  Physiologie  dir 
Pilze,  etc.  Fi-ankfurt,  1870.  —  F.  Cohn,  Beitrdge  zur  Biologie  der  Pfianzen. 
Breslau,  1870.  —  De  Seynes,  Développement  des  spores  de  Pénicillium  glaucum 


^P  PAnASiTEs  vÉnÉTArx.  147 

^1^ AspeiyUbit  candiitiis  (Assoe.  fr.  pour  Tin uncimcNf  det  tdentes,  p.  ùOO, 
1872).  —  Von  TiEcitEu,  Rerherckes  pour  seivir  it  l'hifMre  physiologù/ne  des  mU' 
6édiné4^  {Annales  des scienen  imt.,  sér.  5,  Bolan.  VIII,  (i.  210.  —  l.slili)t&,ibid., 
MÏr.  6, 1.  1,  Paris,  1875.  —  Ed.  ëidah,  Der  ttcgenuHirtigc  Standpunkt  dir  My- 
votogie  mil  Riickskhl  'luf  dit  Ltfirevon  dtni  InfectioiikranlilmUn.  Berlio,1872.  — 
H.  C.  CooKK,  Lus  Champignons,  l'aris,  1875,  de  la  liibHotMqae  scienHflfiue  întn*- 
ttatiouait:  —  Bkbtili.dn,  ail.  Ck-imfiitjnuiL  Uu  Itkt.  eitcyclop.  des  sc.méd.,l.  XV, 
p.  1(>4. 

II.  PiiTlie putholoalque.  —  LiNue,  Miicelliinea  medica  curUisa,  uimexa  dispHta- 
tiime  dt  morbillit  quiim  pndromwiR  esse  vi^uil  nous  tair pntkahgiœ  animalif,  etc., 
C'fifrtt  J.  Mntasio.  Lcipsîg,  1666,  in-ù*.  —  J.-F.-H.  de  OLFEns,  Commaitariiu 
■df  wyetaiivii  et  unimatis  earporibus  in  voqwrtbus  animatis  repeviandU.  Berlin, 
1817.  —  NrUAKM,  Sur  iiM  propriéUs  mdsibles  que  les  fmirages  prirent  acquérir 
jMur  àifférentt  animaux  domestiques,  et  des  pmductioTU  tfpplogamiqw».  Gro- 
uingue,  1830.  —  J.-ll.  Bknnbtt,  On  tlie  par<iatic  riiiigi  found  growina  in 
liviim  aaimil-i  {Traiisacl,  <if  Ihe  royal  Sodety  </f  Edùtbnralt,  vol,  XV.  paît.  Ui 
1842).  —  A.  Hasnovkb,  Utber  Entophyten  ouf  detn  SchleitnhauUn,  elc.  (Miillm-'s 
Arehie,  1842),  —  Sluïteii,  De  vegelabilittus  oryMismi  mânntis  parasilis. 
ittirolini,  1847. —  Ch.  Rodtn,  tliatoire  niiturelle  des  végétaux  paratilts ,  elc. 
Paris,  1853,  avec  atlas.  —  Ein,  Bazin,  Leçons  Ihéoriiiues  et  cliniques  sur  les 
iiffections  citanée)!  parasitaires,  l'mis,  1858.  —  Bouciîahi'AT,  Des  Mucédùties 
paroMÎtes  qui  nuistnl  te  plus  à  i  homme  {Suppiénitiil  à  F  Annuaire  de  thèntpeu- 
tùfue  pour  1861,  p.  102).  —J.-ll.  Salisbiby.  Sur  une  émptian  a^ioiogue  d 
ta  ntmeole  produite  par  un  cryptogame  ilécelopiif  sur  la  paille  allÉrée  (Ame- 
rlean  Journ.  of  Ike  medic  sciences  l'I  Ga:.  mfd.,  603,  1863).  —  Daïaike, 
SUeher^es  fur  les  vibrioniens  {Comptes  rendus  de  t'Aead.  de»  sciences,  1864,  et 
article  Baetiridies  du  Dtctionn,  eiicyclop.  îles  sciences  médicalcn).  —  Emt. 
flALUEK,  Die  ppiinilichen  Paratiten  des  menschlicken  Kôrpers.  Leipzig,  1866.  — 
I^  même,  GilluungserstheinuAgmi  Vntenuch.  ûb.  Giihrung.,  Faulnits,  elc- 
—  Le  mime,  Parasitolog.  Vntermchungen  beiùglich  an  die  pfliinilichen  Ûrga- 
«rimsi,  Gic.  I.eipxig,  in-8°.  —  TiLuuni  Fox,  De  Vaelion  des  chnmpigwns  ilans  le 
■àéwb/ppemerU  des  maladies  {Edinburg  med.  Journ. ,  1866,  et  Gaz,  mtd.  de  Parie, 
1867,  p.  3i3).  —  H.-E.  IticDTEH,  Dte  ueuer»  Kennlnisse  iwn  dem  krankmachmden 
SchmarotzerpUse»  {Srhmidfs  Jahrbuch.,1  CX.\XV,  p.  81,1867;  I.  CXI.,  p.  11)1, 
«868,  el  t.  CLI,  p.  313,  1871).  —  CuHNaEiit,  raiwfdH'sJ-iftrMfcw..  1867. — 
<*LAa»,  De  l'inllainice  des  cryptogames  sitr  les  épiiooties  (Congrrs  mtdic.  internat. 
^  Parti,  p.  714,  1868).  —  F.  Mwi.gr,  Vcher  Maiir  MUch  {.irchiv  f.  puthul. 
AMnt,,yol.%Llll,p.  161,  1868).  — De  Setoes,  Etude  sur  le  parasitime  {.inm^cs 
Adernuitotogieetdesyphiliogrnphir,  1. 1,  p.  65,  1869). — Cii.  L*sfir.ue,  Des  ferments 
H  du  fermentations  morbide»  (Revue  critiiiue,  .ireh.  gén,  de  mid.,  1870.  !■  I, 
p.  3Sï).  —  SpitLilAss,  Du  rMe  ite»  parasites  vtgitawt  dans  h  detelot»pemml  des 
mataâie»  (fUd.,  t.  Il,  p.   327,  1872).  —  F.-V.  BincD-HiiiKiirtLD,  ScAmtdt't 


7/i8  ANATOMIK    PATHOLOiîIQUB. 

Jahresb,,  t.CLV,  p.  97,  1872.  —  De  Ranse,  Gaz.  méd.  de  Paris,  1869,  p.  577, 
673,  etc.  —  Nepveu,  Rôle  des  organismes  inf.  dam  les  lésions  chirurg,  (Gaz. 
méd,  de  Paris,  1875), 

§   1.  —  UYPIIOMYCÈTES. 

Les  chonipignons  de  ce  groupe,  communément  désignés  sous  le  nom 
de  moisissures,  ont  un  système  végétatif  composé  de  cellules  allongées, 
tubuleuses,  disposées  en  séries  linéaires,  et  constituant  des  filaments  ra- 
mifiés de  forme  régulière,  élégante,  sur  lesquels  natt  le  fruit.  Les  spores 
prennent  naissance  dans  Tintérieur  ou  à  l'extrémité  des  rameaux  filamen- 
teux, et  s'en  détachent  à  Tépoque  de  la  maturité  (1). 

Ces  champignons  se  montrent,  chez  l'homme,  sur  les  parties  des  sur- 
faces extérieures  ou  intérieures  du  corps  dont  la  nutrition  est  plus  ou 
moins  modifiée;  mremont  ils  envahissent  les  organes  profonds,  à  cause 
sans  doute  de  la  difficulté  qu'ils  éprouvent  à  pénétrer  dans  ces  parties. 
Ils  se  présentent  sous  des  formes  variables,  les  unes  parfaites  et  que  Ton 
observe  en  dehors  de  l'organisme  humain,  les  autres  imparfaites,  aux- 
quelles se  rattachent  la  plupart  des  cryptogames  qui  constituent  les  affec- 
tions parasitaires  de  la  peau  et  des  membranes  muqueuses;  nous  étudierons 
séparément  ces  formes. 

I 

1^  Pénicillium.  —  Le  ^enrc  pénicillium  est  caractérisé  par  un  mycélium 
rampant,  qui  donne  naissance  à  des  filaments  dressés,  cloisonnés,  si' 
terminant  en  un  pinceau  de  rameaux,  dont  les  extrémités  portent  des  cha- 
pelets de  spores  simples  et  nues  (fig.  2^7).  Les  organes  de  fructification, 
du  moins  ceux  du  Pénicillium  glaucum  type  du  genre,  sont  complexes: 
ce  champignon  a  tout  à  la  fois  une  reproduction  asexuée  ol  une  repn>- 
ductioii  sexuée  dont  les  organes   sont  contenus  dans  un  sclêrote. 

Les  Pénicilliums  coiistituoul  la  plus  grande  partie  des  moisissures  qui 
s'observent  sur  les  matières  végétales  en  décomposition  (pain,  fruit ,  «t 
plus  rarement  sur   les  matières  animales.  Ils  n'ont  pas   été  vus  ch»'X 


(1)  Le  groupe  des  hypliomicètcs,  anciennement  Tormc,  est  tous  les  jours  déineinbri\ 
les  plantes  qui  le  composaient  n'étant  souvent  que  l'état  de  reproduction  infcrieur  lo»- 
nidien)  de  champig^nons  d'un  ordre  supérieur  'yThccasporés  ou  Basidiosporés) .  l.es  dcui 
premiers  genres  dont  il  est  question  ci-après  sont  dans  ce  cas;  mais  comme  les  fructifi- 
cations de  l'ordre  le  plus  élevé  ne  se  rencontrent  pas  à  l'état  de  parasite  chei  rhommc  ou 
les  animaux,  il  est  plus  simple  de  conserver  la  classification  primitive,  toutes  réserws 
faites  sur  sa  valeur  botanique.  • 


PenkMHm 


PARASITES    VKiikTAlX.  749 

rbomme,  du  moins  ii  l't'lal  de  complet  développement;  mais  on  t^roit 
assez  finiit^ralemenl  que  certains  fiaïasites  cutanés  ne  sont  que  des  furnies 
interniédiaii'es  de  ces  végi'laux. 

L'action  du  Peniallium  tflaueiim  a  è\ê  expéri- 
PKtiléesur  des  animaux  vivants.  VVerthcim,  ayant 
injeclû  dans  In  veiiieju}:ulaiiv  de  plusieurs  chiens 
8  ou  10  centimètres  cubes  d'eau  distillée  tenant  en 
suspension  dits  débris  de  ce  végi^lnt,  vit  apparaître 
sur  lus  |>atles  de  ces  animaux,  vingt-quatre  heui-es 
après  l'oitération,  de  petites  tumeurs  rouges 
phlegmasii)ues  dont  \vs  eaiwX^nii  objectifs  rap- 
pelaient ceux  ci  une  éruption  psoriasique;  en 
m^nie  temps,  il  retrouvait  les  éléments  du  tlinni- 
fugiion  dans  les  parties  malades  et  constatait 
l'obstruction  des  capiliain's.  Cet  auteur  conclut 
de  ))>  que  les  spores  du  Prn/c////mni7/uucur/i  iiitru-  >''"^-  !47- 
duiles  dans  le  sanii  par  nne  voie  quelconque,  na-  a  LmnTnu'ii'''"'*  "^  °'""'"' 
tui'clle  on  artifieielle,  sont  suspeptjlilcs  de  sar- 

n>ter  dans  les  vaisseaux  de  la  périphérie  et  d'y  produire  une  nndiidie  de  lii 
pettu  analogue  ou  identique  au  psoriasis.  Leplat  et  Juillard,  pour  vérilier 
ces  faits  intéressants,  délay(>rent  des  spores  du  Pénicillium  glaucum 
dans  de  petites  quantités  d'eau  distillée,  et,  les  ayant  injectées  dans  le< 
veines  de  quatre  chiens,  n'obtim-ent  aucun  résultat  positif  ;  du  moins  ils 
■l'observèrejit  aucune  éruption. 

ttiHt.ioi-.RApiiii':.  —  Consultez  lu  parlic  liolaiiiqiie  de  la  bibliograpliie  );i'-néra]e. 
—  Wr.iiTiiKia,  Communieatioii  li  la  Société  impîrîalc  de  li"nji*,  11  di-uenibrc 
1863.  —  Lkput  et  J.tiu^tnr,  Aeiiott  du  Pe/âcillium  et  <h  l'OnUum  Tiuktri 
tiir  rreonamie  imim<ile  (r,iiz,  île*  HApiUmx,  186â,  p.  399j.  —  0^;tn  BiiKFEi.n, 
B"lan,  Vntcriueh,  ubir  Sehimmtlpihr,  T  |i;ti'lic,dV  Enlwkhelitna  von  Pi^nialUiim , 
mil  8  lilb.  Taf.  LeipiJK,  186/|. 

2"  Aip/rgillii*.  —  l.c  genre  Asper^ille  {.\spcrgiltas  Michelî)  est  ronstilué 
par  un  mycélium  épais,  ramilié,  incolore  et  formé  de  filaments  minces, 
les  uns  déliés,  simples,  non  articulés,  les  autres  tubulés  et  articulés.  Les 
p^-dicules,  généralement  inarticulés  et  presque  perpnndiciiliu'i'es  au 
mycélium,  s'élargissent  fi  leur  extrémité  libre  et  se  rendent  en  une  sorte 
d<r  petite  léte  globuleuse  dont  la  surface  est  couverte  de  cellules  on 
spores  dis|>osé(^s  en  chapelets  et  dont  l'ensemble  produit  un  petit  ca|iitul<' 
d'un  vi'il  WemUre.  Les  organes  de  reproduction  sont  de  deux  ordres,  des 
conidies  et  des  conceptacles  d'Furolium  ;fig.  2â8,  c  et  b). 


750  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 

Les  diverses  espèces  d'aspergille,  très-répandues  principalement  sur 
le  vieux  bois,  se  rencontrent  encore  sur  les  substances  animales  dessé- 
chées ou  il  demi  putréfiées  et  placées  dans  un  milieu  humide.  Ces 
cryptogames  peuvent  exister  chez  les  animaux  ;  ils  ont  été  observés d'aboid 
sur  les  sacs  aériens  des  oiseaux,  puis  dans  les  cavernes  pulmonaires,  le» 
bronches  des  phthisiques,  dans  la  cavité  pleurale  des  malades  atteints  de 
pneumo-thorax,  etc.  Développés  sur  des  surfaces  libres  et  à  une  certaine 
période  de  leur  évolution,  ils  forment  tantôt  des  plaques  isolées  et  bien 
limitées,  tantôt  un  enduit  irrégulier,  diffus,  de  couleur  blanchâtre  ou  vert 
grisâtre,  sale,  et  rappellent  les  moisissures  par  leur  aspect.  Les  organes 
les  plus  exposés  à  la  végétation  de  l'aspergille  chez  Thomme  sont  le  con- 
duit auditif  externe,  les  ongles  et  les  poumons. 

Dans  le  conduit  auditif  externe, 
Taspergille  s'observe  à  Tétat  de  par- 
fait développement,  avec  mycélium 
formé  de  filaments  fertiles  ou  récep- 
taculaires,  et  des  spores  libres.  Le  my- 
célium consiste  en  un  lacis  com- 
plexe, embrouillé,  de  filaments  stéri- 
les, fins,  noueux,  diversement  tordus 
et  ramifiés.  Transparents  et  incolores, 
ces  [filaments  renferment  à  leur  extré- 
mité un  plasma  finement  granulé, 
et  dans  leur  continuité  une  substance 
limpide,  homogène.  Les  filaments  les 
plus  larges  ont  leur  contenu  souvent 
interrompu  par  des  vacuoles  ;  les  plus 
fins  permettent  seulement  de  distin- 
guer un  contour  simple  et  l'absence 
de  toute  articulation,  tandis  qu'avec 
l'accroissement  de  la  largeur  on  re- 
marque l'apparition  de  contours  dou- 
FiG,2àS,— a, Aspergilius ghucu6;b, COU'  \^\q^  qI  d'articulations  produites  par 

ceptacle   d'Eurotium;    c,    conidies  sur  '^         n    i  • 

leur  ceUuiemère  ou  sporopliore  (d'après  ocs  cloisons  transversales  cellulaires. 

G.  Cookc).  Les   filaments   fertiles   (réceptacu- 

laircs)  sont  des  tubes  cylindriques  simples  dressés  à  angle  droit  par 
rapport  aux  filaments  du  mycélium  qu'ils  surpassent  toujours  en  gros- 
seur et  en  largeur.  Ces  tubes  rigides,  transparents,  sont  quelquefois  par- 
tagés par  des  cloisons  cellulaires  transversales.  L'extrémité  libre  de  ces 
filaments  est  formée  par  un  renflement  en  sphère  ou  en  ovale  oblong  ou 


■■.viiAziiiËâ  véi;ktaux.  75(  l 

isversal  (tig.  2fii>}.  La  suilace  est  couverte  de  cellules  qui  produisent 

V  pelit  chapelel  de  spores  dunt  l'ensemble  furme  un  capituled'un 

l  bleu&tre.  Rangées  eu  l'orme  de  lils  de  perle,  ces  spores,  répandues  eu 

lyons  dans  toutes  les  directions,  sont  de  jietites  cellules  spliérîques,  d'un 

^niètre  de  0""002  à  0°'"003,  qui,  nées  de  a'Uules  Imsules,  entourent  le 

Seplacie.  Elles  Tormont  des  chaînes  voisines  les  unes  des  autres  et  se 

lersent  par  le  moindre  attouchement. 

U'aspergitle  du  conduit  auditif  exleriio  se  développe  principalement  sur 


—  Aspergillux  nigTkans,  Wr.,  ïigélanl  dnn»  le  oéruinen  do  l'oreille;  l'un  det 
f eapilulea  b  montre  la  dispogilion  ries  cellules  s  po  repli  ores,  —  a.  Spores  â  un   plus  fort 
ment  monlrsnl  la  même  slruclure  qui-   celle  de   VAsptrgilhii  glaucus,  Lk. 
4'iprèiuu  dMiin  de  H.  deSeynes). 


Itnembranedii  tympan,  è  la  surface  (Je  laquelle  il  forme  comme  une 
sse  membrane,  épaisse  de  1  h  3  millimètres,  consistant  en  un  tissu 
menleux ,  lardacé,  blanc  et  luisant,  friable  et  couvert  en  plusieurs  en- 
Oits  de  taches  jaunes  brunâtres  {Aspergitlttâ  flavescens),  ou  de  taches  noi- 
■tres  (AspergilCas  niyncuiiî);  toutefois  cette  diiïérenced<> coloration  u'in- 
Eque  pas  des  espèces  diiïéreiites,   mais  des   variétés  de   YAspergitlus 

ucug,  comme  Wreden  semble  l'avoir  prouvé. 

F  Au\  ongles,  l'aspergille  ne  se  produit  guère  qu'après  une  exfoliation 

kilable  de  la  couche  épidermique;    il  commence    à  ta  racine  pour 

pétendre  ensuite  en  dessous  de  l'ongle  qui  s'épaîssit,  et  donne  lieu  à  des 

Jaques  d'un  blanc  jaunâtre,  soit  dans  toute  l'étendue  de  l'organe,  soit  k 

I  partie  antérieure  ou  latérale.  Dans  les  poumons,  ce  parasite  se  développe 

r  des  parties  dont  la  nutrition  est  préalablement  modifiée  sur  d<^  ulcères 


752  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

tuberculeux,  au  niveau  de  foyers  inflammatoires  ou  gangreneux,  princi- 
palement chez  les  diabétiques.  Il  se  présente  sous  la  forme  de  petites 
masses  gris  verdàtre  ou  brunâtre,  sans  odeur,  villeuses  et  comme  écail- 
ieuses,  sales,  d'aspect  velouté,  et  nettement  distinctes  des  tissus  qui  leur 
servent  de  support. 

Si  une  certaine  modification  des  tissus  est  nécessaire  au  développement 
de  Taspergille,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  ce  cryptogame  ne  manque  pàs 
de  produire  l'altération  des  tissus  sur  lesquels  il  vit(1).  Les  conditions  de 
son  développement  sont  les  suivantes  :  un  terrain  spécial,  apte  à  la  ger- 
mination du  végétal  comme  des  tissus  en  voie  d'altération,  une  atmosphère 
particulière  contenant  des  spores  d'aspergille,  puis  un  certain  degré  d'hu- 
midité et  de  température. 

Bibliographie.  —  Pacini,  Sopra  una  muffa  parasita  {mucedo)  nel  comidlo 
auditivo  estemo.  Firenzc,  ISfl,  p.  7.  —  Mayer,  Archiv  f,  Anat.  und  Physi*}!. 
de  J.  Mùllct\  p.  /i84,  t.  X,  18/i^i.  —  xMeissnkr,  Vierordt's  Archiv,  1853,  t.  Xll, 
l>.  193.  —  ViRCHOw,  Vcrlunuil,  d.  phi/sikal  med,  Gesellschaft  zii  Wùrifctm^ 
t.  V,  1854,  p.  102.  —  Le  même,  Archiv  f,  pathoL  Anat,  und  PhysioL,  etc., 
t.  IX,  p.  557-593,  pi.  IV,  1856.  —  V.  l)iîscnctPAGENSTECKER,Aspergii/itfj)i4/i»<r- 
7ium  homims(Arch,gén.  demèd,^  t.  J,  p.  738,  1858). — May-Figueira,  Cryptotj. 
développé  dans  le  poumon  humain  {Gazeta  med.  de  Lisboa,  1862,  p.  625).  — 
J.  PuHSER,  Deux  cas  d'onychomycosis  (Dublin  quarterly  Joum.  of  med.  scien^-t, 
nov.  1865,  p.  353).  —  A.  Collas,  Note  sur  la  teigne  des  ofigles  (Arch,  de  mrd. 
navale^  t.  VllI,  p.  .'i.")3.  Paris,  1867).  —  Ludwig  Stieda,  Ueber  Pneumonomy- 
coaifi  asperfjellina  bn  Voijcln  (Archiv  f,  pathoL  Anat.  und  Phi/siol.,  t.  XXXVI, 
p.  '276,  1866).  —  R.  Wki:di:n,  Sur  une  nouvelle  forme  de  maladie  d'ontlU 
jyroduite  par  le  développement  de  deux  espèces  de  champignons  parasites  dut^s  /». 
tissu  de  la  membrane  du  tympan  Congrès  méd.  international  de  Parl^^  auùt 
1867.  Paris,  1868).  —  A.  Laboilbéni:,  art.  Aspcrgille  du  Dict.  encyclop.  dts  :?(, 
mèd.^  t.  VI,  p.  577.  Paris,  1867.  — P.  ?m\\^\\\'sc.^}^^  Beobacht.iibtr  Lunginmij- 
cose  beim  Menschen  {Archiv.  f.  pathoL  Anat.  und  PhysioL,  t.  LXVI,  p.  330;.  — 
J.  i»i£  Seynks,  Soc.  philomatique  de  Paris  y  séance  du  13  mai  1876,  et  V  Institut, 
ïlmai\Sl(y. 

3"  Mucor.  —  Le  genre  de  ctiampignon  ainsi  désigné  par  Micheli  osl 
formé  d'un  mycélium  qui  se  répand  à  la  surface  ou  dans  l'intérieur  du 
suhstratum  nourricier  et  donne  naissance  à  des  filaments  dressés  pn>- 
duisanl  des  touffes  veloutées.  Chaque  filament  se  termine  par  une  petit*' 

(1)  Muhlenbcck,  de  Mulhouse,  a  observe  un  cas  d'enipoisonnemeni  de  deux  t«nnolifr> 
par  VAsperyi/ius  ylaucus,  et  Grolie,  en  injectant  des  nspergilles,  a  pu  donuer  lieu  à  une 
infection  générale. 


PAriASirEs  vKiiKTAUS.  75J 

jfcère  membmneuse  ou  Sjioi-aiigc,  qui  ainlicut  d<;s  corps  rt^producteurs 

1  spores  d'ori^'Jno  a^me  (lig.  1250).  Un  mode  de  reproduclioii  agamudes 

1  lieu  par  des  cotiidies  qui  se  dévoloppetit  à  l'intérieur  des  lila- 

ats  inycéliens  ;  mais  il  est  eucore  poiir  ce  champignon  des  organes  île 

Kluction  appelés  zygosporas  qui  se  formenl  |>ar  conjugaison  de  deux 

ments  semblables  en  contact  par  une  de  leurs  extrémités,  germent  au 


lenl  S|)orangiréro 


n  certain  temps  de  repos  et  produisent 
^s  donner  nai&sance  à  un  mycélium.  Le  sys- 
pie  végétatif  ne  provenant  jamais  que  d'une 
i  d'une  conidie,  il  en  résulte  une  véri- 
Ue  alternance  de  génération, 
tes  mucors  se  reuconlrent  communément 
■  les  substances  organiques  ou  les   excré- 
snts  des  animaux.  Une  des  espèces  les  plus 
laudues  du  genre,  le  Mucar  mucedo  \l.\nné), 
s  trouvée  par  LilKinann  et  Eiclistaedt  dans 
t  excavation  gangreneuse  du  poumon.  Ce 
uiie  se  présentait  sous  forme  d'une  masse 
e  formée  do  filaments  parsemés  de  globules 
poodis,  adbérenis  aux  parois  de  la  caveiiic 
^terminés  par  un  n^illenienl  couronné  d'une 
ede  cellules  ovali's  ;  mais  il  nVsl  pjis  cer- 
t  que,  dans  ce  cjis  rapporlé  pur  Sluylep ,  il 
|J5'>^tisse  pas  autant  d'un  Ai/ieri/illuimue  d'un  Mucor.  Dans  un  travail 
,  Kurbringer  a  douué  le  dessin  d'un  Mucor  mucedo  qui  occupil 
1  hi-uncliioles  pulmonaires  d'un  malade  mort  de  ciincer  de  l'esloniac  et 
s  poumons. 

^BiRi.iOGit.iriuE.  — Sr.L'YTEii,  Du  a''jflabilil'its  oiytutixmi  animalis  'parasitU,  Ben>> 
,  lK/i7,  p.  1fi-2!),  lig.  I. —  Ch,  Robin,  Uisi.  naî.  âct  vigttaux parasites. 
Iris,  18Ô3,  p.  611.  —  Vin  TioinEu  et  G.  Leuonnier,  Comptes  raid.  Acad, 
Wgdmces,  15  avril  1872,  et  Revut  des  eoitrs seicntif.,  n'  Û3,  p.  1028.  Paris, 
f72.  —  J.uëSeynes,  arl.Miicoii,  duDi'ct.  mcyclop.  de»  Se,  méd.  Paris,  1S71. — 
TruBHiNCKn,  Beoh'Khtvng  aber  Ltmijeamymft  beim  .Vrnsehm  ^Arrhirf,  pnlhol, 
mdPhjml..  I.  I,XV|.  p.  330.) 


hC  350.  —  1.  Muc'ir  mu- 
ceiio  avec  Iraïi  spnrBnges 
(Cunke).  b.  Aulre  Mucor 
mw:edu,  un  Mul  sporange. 


t"  C/iioiii/p/ie  Carleri  (Berkeley).  PlEi)  de  M.lUU.U,  —  Ia'  cliamplgnutl 
dt'couvert  i-écennnent  par  Carier  dans  le  pied  de  Madur.t,  it  qui  a  reçu 

LfcïeEriEAiix.  —  TrJilf  cl'An.il.  puUi,  I,  —  48 


e^l 


75Ï  ANATOUIE   FATaOLOGIQUE. 

(le  Berkeley  le  nom  de  Chionypbe  Carteri,  est  une  moisissure  rouge  de 
la  famille  des  mucorinées,  voisine  par  sa  forine  de  certains  cbampignous 
aquatiques,  mats  dont  l'Iiabitat  est  encore  inconnu. 

Ce  champignon  est  composé  d'un  mycélium  formé  de  tubes  cloisonnés, 
plus  ou  moins  cylindriques  et  ramiliés ,  de  cellules  allongées,  rondes  ou 
irrégulières  sans  noyaux  (lîg.  251).  Les  tubes  émanent  d'une  masse 
centrale  cylindrique;  ils  offrent,  les  uns,  une  transparence  parfaite,  les 
autres,  une  teinte  sombre  onmge  ou  sépia  qui  semble  avoir  son  princi- 
pal siège  dans  la  paroi.  Lestnbes 
a  colorés  sont  en  général  de 
■  faibles  dimensions  tandis  que 
les  tubes  coloies  sont  pluslar 
et  ont  souve  it  d  s  parois  Uw 
epnisses  C  est  u  la  présence  i 
ces  derniers  et  a  la  matière  in 
len  lediaire  qui  les  sépare  qur 
ont  dues  les  teiules  di^ersn 
pie  entées  par  les  corpuscules 
ou  masses  provenant  des  Iraj  Is 
iistuleux  du  pied  de  Madura  l'n 
certain  nombre  de  tubes  offreni 
il  ureUiemit  de  iinllemenl 
cellulniies  ronds  ou  o\ales  qu< 
l'on  a  pu  considéror  coiiinn' 
i  la  produclioii  dos  spores  (Tilbury  Fox).  Cellos-ci  sont  lê^én-- 
menl  fusifornirs. 

Le  Chioi)iji)lie  Caderi  péiu'itre  et  s'i^lcnd  dans  les  tissus  de  l'homme  ii  la 
façon  des  parasites  végétaux  (|ui  envahissent  les  phuitos  ligneuses.  L'alTci-- 
tion  qu'il  détenniiio  occupe  ordinaircnu'nt  U^s  pieds  cl  les  mains,  r.ireiiu'Jil 
ollf  s'élfiid  au  delà  du  cou-de-pied  ou  du  poiguol,  clic  laisse  Irsdoigli 
intacts  (1).  Après  une  période  d'incuhalion  et  une  durée  rncoro  indclfr- 
inînée,  elle  s'aunonci!  lantùl  par  une  petite  Induration  livide  et  indiilenlr. 
tantôt  par  une  vésicule,  un  abcès,  une  bulle.  La  main  quelquefois,  plus 
souvent  le  pied  conniicnce  à  mifler,  devient  globuleux,  aa|uiert  un 
volume  triple  ou  quiidniple;  les  creux  s'effacent,  puis  des  ouvertures 
fongueuses   se    produisent,   il     survient    une    suppui-ation    abondaiili- 


1  (Tilburj  Fuxj. 


destin 


(Il  Unr  alU'ration  du iiciiillaire  inrùrii 

iVKputie  ijravp,  Scrail,   suivant  qiioUiUf 
iltcrilc  sous  k'  iium  de  pieil  de  Madura, 


r  observée  dans  l'Inde  et  di-si);née  sous  le  b«w 
médecins,  de  uièiiic  nature  que  l'altérdliui 


piB.vsiTEs  vÉGÉrarx.  '"fêS  ' 

■  «qui  sp  rnnlinue  pendant  des  années,  jusqu'à  l'èpiiisement  complel 
(Iti  malade  :  ainsi  cette  aiïeclioii  (fig.  233)  a  de  la  r<'«senibianiH' 
avoc  certaines  luanifestatiuns  scrofuleuses.  Le  pus,  lénu,  sanieus  ou 
siTO-purulent,  tient  en  suspension  dus  corpuscules  ou  masses  com- 
parées à  des  grains  de  poudre,  k  de  petites  ^ines,  celles  du  pavot,  par 
lemple,  noirfttres  ou  rougefktres  el-dans  le  fait  absolument  caracléris- 
[ues.  Quand  le  mal  est  iiucien,  le  pied  est  sillonné  dans  tous  tes  sens 
t  (les  canaux  sinueux,  reliés  entre  eu\  par  des  anastomoses  et  p>^ni'ti-ant 
,  qui  sont  altéi-és,  excavés,  nécrosés.  Souvent,  dans  leur 
Mjel  ou  à  leur  extrémité  profonde,  ces  canaux  forment  une  sorte  de 
kystique;  ils  sont  tapissés  par  une  membrane  plus  ou  moins 
taissp,  velvétique,  friable,  pftle,  non 
jcuiaire,  et  renferment  k  leur  inté- 
!Ur  des  parcelles  noîivs  (variété 
Henolde)  ou  des  masses  d'un  rougo 
toine  (variété  ochroïdc)  formées, 
e  l^-s  corpuscules  qui  s'en  écbap- 
.,  par  le  champignon  ou  pin-  ses 
kris  (Carter). 
î  pied  de  Madura,  alTeclion  endé- 
e  dans  quelques  parties  de  l'Inde, 
tncontre  dans  les  contrées  du 
de  la  pivsidence  de  Madras, 
[  principalement  dans  les  envi- 
ps  de  Aladras,    de    Pondichérj'  et 

ou-2.  On  le  trouve  encore  à  Di-  f"--  252-  —  Pi 
sur  les  frontières  du  Pendjab, 
s  les  déserts  de  l'Inde,  ainsi  que  dans  les  États  de  Itadjaslnn,  à  flissnr 
rvince  de  Deibi),  puis  à  Kutch,  dans  le  Guzerat  et  le  Sindh  ;  il  n'a  pas 
signalé  dans  la  province  du  Bengale,  et  n'esl  connu  que  dans  les 
Tîcls  Nord-Ouest  de  la  présidence  do  Rombay. 
rtte  affection  a  pu  être  rapportée  au  sol,  et  l'on  a  accusé  le  leiTuin  nui- 
1  ou  dolomitiquc  [CoUon  Mil)  de  la  produire.  C'est  lit  une  opinion 
S  parait  plausible,  si  l'on  réfléchit  que  les  terres  îi  colon,  en  vertu  de 
'  constitution    physique,    présentent  toujours  un    très-haut    degré 
htimtdtté,  même  pendant  la  saison  sèche,  et  que   par  suite  elles  sont 
npres  au  développement  des  fonnes   inférieures  de  la  vie   végétale 
Btis  il  faut  avouer  que  jusqu'ici  oUe  ne-  repose  pas  sur  des  dumn'-es 
■ttaquables.  Ln  question  de  savoir  comment  des  spores  de  cbampi- 
BoRs  peuvent  s'iirlroduire  ri  se  lixer  dans  les  tissus  n'est  nuUenit-iiI  ré- 


lu  docteur  Collas). 


756  ANATOHie   PATHOLOGIQUE. 

solue^  mais  il  y  a  lieu  de  remarquer  que  le  pied  de  Madura  atteint  ordi- 
nairement les  hommes  de  vingt  à  vingt-cinq  ans,  qu'il  n'est  guère  ob- 
servé que  sur  les  natifs  et  particulièrement  sur  les  Hindous,  circonstance 
d  autant  plus  importante  que  les  individus  qui  portent  des  chaussures, 
comme  la  plupart  des  Européens  vivant  dans  Tlnde,  sont  presque 
tous  à  labri  de  ce  mal.  Or  si  Ton  considère  que  TafTection  se  dé- 
veloppe spécialement  au^c  extrémités  inférieures  et  de  préférence  aux 
pieds,  on  peut  concevoir  facilement  Tinti'oduction  de  spores  provenant  du 
sol  ou  de  tout  autre  corps  mis  en  contact  avec  les  pieds,  comme  par 
exemple  les  plantes.  Cela  serait  d  autant  plus  vraisemblable  que  le  pied  de 
Madura  a  pu  être  attribué  aux  piqûres  causées  par  les  épines  d*uue 
espèce  de  Mimosa  fort  commune  à  Madura  (Colebrooke),  et,  dans  ces  con- 
ditions, on  arrive  à  se  demander  si  1  opiphv  te  n'a  pas  quelque  relation  de 
coexistence  avec  celte  Mimosa. 

Les  connaissances  que  nous  avons  du  pied  de  Madura,  quoique  fortin- 
complètes,  doivent  cependant  conduire  à  rechercher  si  plusieurs  affections 
analogues,  telles  que  \es  boutons  d'Alep,  de  Biskra  (!},  la  plaie  de  rVémen, 
les  ulcères  de  Mozambique^  de  Delhi,  de  Cochinchine,  etc.,  ne  sont  pas  sous 
la  dépendance  d'un  parasite  animal  ou  végétal.  L'idée  que  ces  diverses 
affections  sont  de  nature  parasitaire  est  d'autant  plus  admissible  que  leur 
extension  géographique  est  moins  grande;  mais  d'ailleurs  il  semble  re- 
connu que  quelques-unes  d'entre  elles,  les  boutons  d'Alep,  par  exemple, 
tiennent  aux  qualités  nuisibles  des  eaux  de  la  localité. 

IJinLioGRAPiiiE.  Pied  de  Madura.  —  Kakmpker,  Amœnit.  exoiicrr,  p.  .*»6i. 
Lemgoviie,  1712.  —  Hallincall,  Transact.  of  the  med.  ami  phys.  Sk:.  of 
Bombay,  1855,  273.  —  Cdllas,  Lcçom  sur  la  dê'jé  né  ration  endémique  </»> 
os  du  pied.  Pondichéry,  1861.  —  Vandyke  Cakter,  The  famjus  di^iease  of 
India.  Bombay,  1861;  Patholoij.  transnct.,  sér.  2,  t.  XXIV,  pL  5,  p.  169. — 
Le  même,  Brit.  and  foi\  mcd.  chimnj.  Rev.  XXXII,  p.  198,  1863,  et  0/< 
Myceloma  or  the  fuwjus  diseasc  of  India,  London,  187Zi.  —  Biddie,  Madras 
quart.  Journ.  of  mvd.  science,  apiil  1862,  p.  222.  —  Aug.  Hiksch,  Arch. 
f.  path.  Anat.  und  PhysiuL,  t.  XXVII,  p.  98,  1863,  trad.  fr.  dans  Arch^ 
deméd.  navale,  t.  II,  p.  6S.  Paris,  186^4.  —  Berkeley,  Transact.  ofthemed. 
and  phys.  Society  of  Bombay,   n°  6.    —  Ch.  Coouerel,  Sur  l'examen  viicrosc)- 

({)  Au  moment  où  nous  écrivons  ces  lignes,  nous  avons  connaissance  d'un  travail  de  K. 
Webcr,  itititulc  :  Etudes  sur  te  bouton  de  Biskra  (Recueil  de  mcm.  de  chirur^.  et  de 
pharm.  milit.,i.  XXXU,  p.  .'il,  187C),  «lans  lequel  cet  auteur  soutient  la  nature  conlagieu-v' 
«lu  bouton  (If  Diskra,  et  rapporte  que  Carter  a  trouvé  d'une  manière  certaine,  à  l'examon 
d'une  pièce  anatomique  qu'il  lui  avait  adressée,  un  véritable  cryptogame  dermoph} le,  m 
cupant  les  petits  canaux  lymphatiques  de  la  peau.  Ce  dermopbytc  s'est  montré  souslaspeii 
de  petits  lilamenls  entrelacés  et  fournissa-it  des  spores  (conidies)  à  leurs  cxtrémitcs  libres. 


PAIUSITES    VK(;ÉT\CX. 


757 


4  def  liifoia  que  l'on  oliserr.r.  Jojm  VaffeetioJi  connue  sous  les  noms  de  pèrkal, 
i  de  Htadura  {Comptes  rendui  dri  stunces  et  Mém.  de  la  Soc.  de  biologie, 
,  avec  planche}.  —  T.  Fok,  VtiiiQUs-foot  of  India  {Tiiuisart.  ofthe  patkol. 
L  ofLomlon,  t.  XXII.  p.  32(1,  1871).  —  L.  Vinceni,  AitAimï  de  médecwie 
ie,  l.  XXIV,p.  157.  1875. 
iouton  d'Alcii.  —  Lkhoï  pe  Mebicolut,  ail.  Bouton  d'Alfj)  du  Did.  eney- 

c.  mid.,  t.  X.  p.  Ù09  el  Ù17,  1869. 
kiulon  Ue  Biskra.    —   Pui^iiou,  Eisai  sur    la    description   d'une    maladie 
née  notmelle,  ou  dermatose  ulcércime  observée  à  Biikra.  Thèse  de  Puris,  1847. 
I  E.'L.  nEKTPiiïtiASD,  Nolief  tur  le  chancre  du  Sa^iii.  Lille,  185Ù.  —  A.  Net- 
I  De  fitiotogie  et  de  la  nature  de  l'affection  dÉiriti  sous  le  nom  de  bouton  de 
a  (Oaa.  mid.  de  Straslwurg,   1856).   —  Médecine  et  hygiène  des  Arabes. 
3.  —  J.  Weif«,  Essai  sur  l'affect,  eulaufe  endémique  des  Ziians  i  Ga:. 
méd.  de  S/rasIiouru,  1855).  —  Migne,  Bult.  de  mid.  vétér.,  1855,  t.  X,  p.   6. 

—  Boirmv,   T)-aite  de  staliat.  et  de  géograph.  méd.,  t.  II,  p.  325.  —  Hauei-, 
Elude  comparée  des  boutons  d'Alep  cl  de  Biskru.  Paris,  1860. 

Plaie  de  l'Yênii^n.  —  Hihhis,  The  /lighlamls  of  Mlhiopia.  Lotidon,  18^2. 

—  A.  PtTiT,  Maladies  de  l'Arabie  el  plain  de  l'Yémmi  (fleiiue  md.,  1839,  t.  IV). 

—  AuBEnT-RocnK,  Ami.  d'hyy.  publ.  etdemid.  lêyale,  \.  XXXI,  p.  317. 
Ulctre  de  Moïambique,  —  Pinbom,  Ann.  méd.,  8  et  10  janvier  1857.  — 

MaïaE  AzÊM.i,  De  l'ulcére  de  Mmambique,  suivi  d'un  Rapport  à  la  Soc.  de 
chiruryie  de  Va-Hs,  par  A,  Culleiicr.  Paris,  1863. 

L'icère  de  Cocliinchine.  —  J.  CnAPtiis,  fie  l'identité  de  Vtilcére  observé  à  la 
Guyane  française  avec  celui  décrit  sons  ks  rtams  de  Ghé-Uam,  ulcère  de  Cochin- 
rhiuc,  de  Saigon,  tdcére  ummmile,  avec  noies  et  indicat.  bibliogr.  de  Leroy  de 
MOricouri  (/IwAircs  deméd.  mwale,  I.  V.  p.  375.  Puria,  1864).  — J.Fleuing, 
On  Delhi  lioils,  (Army  med.  Départ.  Report.  London,  1868,  p.  319]. 


2°  Achorioa  ScMnleinii  [Rcmak].TEii;;«E  faveuse.  — Le  mycélium  de  ce 
cliampi^iion  se  composi'  de  tubes  cylio- 
driques,  llexueux,  ramilles,  s&a»  articles  ou 
cloisons,  vides  ou  contenant  de  rares  gi'a- 
nales  moléculaires.  Ces  tubes  domteiit 
naissance  un\  l'éceptacles  qui  contiennent  ^ 
des  filaments  articulés  et  remplis  de  spores 
(lifî.  253).  Celles-ci  sont  de  grosses  cellules 
larges  de  0,005  h  0,007  mm.  rondes  ou  f,c  253.  -  Tube  myriiiend*!'-!- 
ovales,  libres  ou  articulées  bout  à  buutavec  cAorionScftœn/niiiiaexueui.iup- 
j  .-      1   ,-  .       porlanl   des    lUamenU  arlicul^.i 

resserrement  au  niveau  des  articulations  et     ^„,  vdiumin^uT.  rcmplii  <l«  tpo- 
sans  apparence  de  membrane  enveloppante     "'•  «'  «p^fes  librci  ou  nj rfgée». 

_.  ,        .-  .  ,  ,1  .  (500  dinmiirci». 

commune.  Irès-refringentes,  nullomenlmo- 

difiées  par  l'action  de  l'eau  ou  de  l'acide  ncélique,  ces  spores  présentent 


k 


w 


FiG.  231.  —  Coupe  microicopique  de  U  peau  »a  niveaa  d'an  c<idel  f«TÏqn 
detiin  do  Ch.  Remy).  A,  couche  granuleuse  formée  par  ralUration  du  r^ 
el  de  la  partie  lapurHcielle  du  derme  ;  B,  lubei  fiai,  parallèles  et  verlic 
mictlieni;  C,  spores  el  tubes  spurifères;  n,  papille  ;  //,  taisseva  san^ 
papilles  hypertrophiée!  ;  c,  couche  épilhéliale  iiterpapillaire  respecta 
favique;  d,  Taiiseau  lymphatique  el  pi-ri'li'mphangitc  (150  diamètics). 

sillon  des  ongles,  où  il  s'inorulo  quciquel'ois  par  le  grattage. 
occti]>e  les  couches  profondes  de  l'épidémie,  iiolamnienl  la 
rieure  du  conduit  épidermique  du  poil,  où  îl  semble  prendre 
de  là  il  s'étend,  d'une  part,  au  pourtour  du  cheveu,  dont  il 
chute,  d'autre  part  sous  tn  couche  cornée  qu'il  détruit  ;  il  i 
jusqu'à  la  couche  papillaire  qu'il  niodiRe,  comme  j'ai  pu  I 


P0[ASI1E!Î  VÉr,ÉT*lx.  75» 

idc  rarinccirculaii'c,  ou  (liiïuHp  cl  étendue.  Les  |)nils  devicnnonl 
i,  perdent  leur  couleur  et  se  laissent  racilcment  armclter;  dans 
Ks  circonstniii'i;s,  um'.  éruption  putitiileusp  disnriHc  prée^de  ra|i- 
des  godets  fnviques.  Plus  tard  ]<■  cliampjjinoii  apparaît  extéiieti- 
Ifioiis  forme  de  <»iicri;tions  jauitfttrcs,  frialiles,  Tnciles  ii  réduire  en 
kre  par  la  prcssinu  ;  les  clicvtius  s'altiirent  davantage,  mais  le  hiillx' 
0e  encoro  de  sécréter  les  élé- 
I nécessaires  ii  leur  nutrition, 
pd  enfin  l'nltûration  îles  am- 
flifôres  d'où  résulte  une  calville 
trr,  et  le  onrasite,  au  I)oul  d'un 
I  temps,  ne  trouvant  plus  à  la 
t  cnlinminée  du  dcrino  les  élé- 
Inécessaires  (t  sa  nutrition,  pé- 
lest  alors  que  des  cicatrices 
les  plus  ou  moins  irréguliëres 

lui  succMeiit. 
I&nt  le  cours  de  cellei-volution. 
présenlr  (les  earactères  objec- 
lez  diffL-iviits  pour  que  les  im- 
lient  èlé  conduits  fi  lui  recuii- 
Irois  vai'iétésdc  forme  :  le  faoug 
•e  ou  Tavus  iivolé  dissémine  en 
le  fm-iis  fevlifi)rvu  ou  Tavus 
nulaire  en  écu,  en  amieauic,  en 
i,  et  le  fariix  fquiirit'ij:  ou  Tavus 
en  t^illies  iiii  Trac  tueuses, 
enfant  représenté  ligui 
l  sur  le  tronc  une  masse  favique 
ndue  d'une  pièce  d'un  Iranc. 
l'crherches  récentes  tendent  îi 
(jiie  le  Pénicillium  glnucum  est 
If  du  favus.  Hallier,  ayant 
y Arliari'in  Scliœnltiriii  avec  du 
e  citron  dans  un  appareil  à  isolement,  vit  les  rnnidies  de  ;c 
ipnon  fiermcr  et  pi-oduiits  le  pénicillium  ;  d'un  antre  rrtté,  ce  même 
iK-ntnIeur,  aprc^s  avnir  di'')H)sédes  spores  de  pénicillium  sur  In  peuu 
imme,  produisit  une  éruption  analogue  h  celle  du  premier  dejtré 
loppemenl  du  favus.  Hnumgarteii  prétenrl  aussi  avoir  pu  pi-oduii* 
nillium  par  la  culture  de  l'achorion  sur  de  la  colle  d'amidon  ;  mais 


Fir,.  255.  —  Enfant  Usé  <ie  in 

leinl  (l'un  Futut  tcutifarm»  occiiiiant  h 
!■  TuU  l«  iranc  i>l  la  Itlt.  n,  tmtttf  ravjqtip 
titillée  un  peu  su-dcMOiu  du  ni*m«lun: 
n',  crtlc  maiM!  grouis  nflVe  l'iislii^rt  ilii 
\Atttt  lin  menniie  «mpilrpt  ri  iln  pin* 
i^R  t>lu«  pctilo*.  Dn  maun  lemblablr» 
la  l«te. 


758 


ANATOUIE    PATHOLOGIQUE. 


(laus  leur  inlérleur  une  Hne  pousbière  de  granules  luoléculaii'es  doué» 
d'un  mouvement  brownien  Irès-vif  se  produisant  après  l'action  de  l'eau. 
L'achorioli  de  Schœnlein  se  développe  chez  rbommeparticulièremenl 
sur  le  cuir  chevelu,  mais  il  peut  se  rencontrer  sur  toutes  les  parties  du 
corps,  la  face,  le  conduit  auditif,  le  Ironc  (Hg.  355}  et  surtout  au  niveaudn 


FiG.  25S.  —  Coupe  microscopique  de  la  peau  au  niveau  d'un  godel  TaTiquc  (d'après  un 
dessin  de  Ch.  Remy).  A.  rouclie  granuleuse  farmée  par  l'allération  du  réieau  muqueu\ 
et  de  Li  parlie  superftcicHe  du  derme  ;  H,  lube»  fins,  parallèles  et  verlicau*  ou  tubts 
myoï'tiens;  C,  spores  et  lubes  sporifére);  »,  pnpillt  ;  />,  vaisseau  Efin|;uin  Mali  dfi 
papillei  liypcrtropliiées;  r,  couclie  6pilhËliale  ïnterpapillaire  respectée  par  le  p>dfl 
favique  ;  (/,  vaisseau  lymphatique  el  pi'^ri-lyniphaiigitc  (l&O  diamètrea). 

sillon  des  ongles,  où  il  s'iiiociilp  quelquefois  par  le  grattage.  Ce  ))ai-asili- 
occupe  les  couches  profondes  de  l'épiderine,  notamment  la  parlie  iiifi'- 
rîonre  du  conduit  épideniii<|ue  du  poil,  où  il  semble  prendre  naissance; 
de  là  il  s'étend,  d'une  pari,  au  pourtour  du  cheveu,  dont  il  amène  la 
chute,  d'antre  part  sous  la  couche  cornée  qu'il  détruit;  il  arrive  enliii 
jusqu'à  ia  couche  papilhiire  qu'il  niodilio,  comme  j'ai  pu  le  voir  avtv 
mon  interne,  .M.  C.li.  Ilcmy  (fig.  254).  La  dépression  centrale  et  la  dispo- 
sition en  forme  de  godets  des  petites  masses  hémispliériques  d'un  jauiK' 
soufré,  à  la  surface  dn  cuir  chevelu  ou  de  la  peau,  cormucs  sous  la  déni>- 
minalion  de  godets  faviqnes,  est  due  au  dépérissement  du  champignon 
bien  plus  qu'à  son  adhérence  an  poil. 
Le  favus  commence  par  une  rougeur  érylhémateuse  peu  vive,  circoii- 


^x 


-    'italUSRIS  VÉGÉTADX.  761 

<5onlPe  à  tout  âge  chez  l'homme,  maïs  il  est  plus 
*  chez  les  individus  lymphatiques  ou  scrofuieux. 
•e  cette  affection  chez  deux  enfants  débilités 
•  récemment  entrés  dans  mon  service 
étaient  en  nourrice  ;  chacun  d'eux 
♦.  La  malpropreté  et  la  misère 
<^.  Mitres  circonstances  y  pré- 

<>,  *■<;    '^     .<,  'squ'ici,  en  effet,  il  est 

V  *'',.,    ''^,.    y-y^  ■'  _.  ^nrs  individus  s'ar- 
•     '  ■*  »              '■<        #           ^ 

V  "''.y'^-^ts  •-*:4  '^'•V,    *>,        «V  ''es  autres,  ou 

•^^      '%      V    V*    A 
'H    *•?.    >^   "Sx 

'"^^"'^ ..  -  ^2,  pi.  m,  fig.  5. 

•4  *  .  72,  309  et  338.  — 

jlonthly  Joum.  of  mcd.  se. 

^81-295,  pi.  XV,  fig.  7,  8,  9. 

umj,    Berlin,    1845.    —   Lebkrt, 

i^ÉvEiLLÉ,  Dict.  univers,  d'histoire  nat, 

.,  Arch,  f.  physioL  Heilkunde,  XI,  p.  24û, 

^eméd.  de  Belgique,  1853,  p. 'J27-2r)5.  — 

,ité,  VI.  —  Bazin,  Uech.  sur  la  nat.  et  le  trait. 

.1  Affect.  cutanées  parasitaires.  Paris,  1858,  p.  81. 

tifit.  des  végétaux  parasites.  Paris,  1853.  —  Th.  Stark 

Misch  Ztschr.  f.  Med.  u.  Naturw.  H,  2,  1865,  et  Schmidt's 

.'.  XXX.  —  Bergeron,  Etude  sur  la  géographie  et  la  prophylaxie 

iU.  d^hygiène  et  de  mèd.  légale^  série  2,  t.  XXIII,  p.  5,  1865).  — 

,  Fams duixh  llcrpes tonsurans  erzeugt  {Arch.  d.  Heilkunde,  VII,  1866, 

-  G.  Baumgarten,  St  Louis  med.  and  surg.  Jouni.,  p.  27-31,  1868. 

>R,  liecherches  expérimentales  sur  la  transmission  de  la  teigne  de 

IX  animaux  et  réciproquement  {Extrait  des  Comptes  rendus  de  VAcad. 

i  de  Paris,  1808  et  1869).  —  Horand,  De  la  transmission  du  favus 

t  et  un  rat  [Lyon  médical,  n*  21,  1873).  —  Ch.  Remy,  Bull,  de  la 

nique.  1875,  série  3,  t.  X,  p.  379. 

ophyton  tonsurans  (Malmsten).  Teigne  toxsurante.  —  Ce  champi- 
se  déterminante  de  Therpès  circiné,  de  la  teigne  tonsurante 
lentagre,  se  compose  de  filaments  articulés  constitués  par  des 
ichatnées  en  filaments  nioniliformes  qui  se  développent  dans 
r  de  la  substance  des  poils  en  suivant  la  direction  de  leur 
(fig.  256).  Ces  spores  sont  rondes  ou  ovales,  transparentes, 
,  à  surface  lisse,  d'un  diamètre  qui  varie  entre  0,003  et  0,006; 
unes  offrent  une  tache  distincte  ou  un  noyau  mal  circonscrit, 


760  ANATOHIE  PATHOLOGIQUE. 

d'aulrcs  expérimentateurs  n'ont  pas  obtenu  les  mêmes  résultats,  de  sorte 
que  ces  données,  pour  être  acceptées,  demandent  à  être  confirmées  parde 
nouvelles  recherches. 

Le  chien  et  ie  chat,  mais  surtout  la  souris  et  le  rat,  sont  des  animaux  sujds 
à  TalTection  qui  nous  occupe.  On  trouve  chez  ces  animaux,  dans  certaines 
régions,  principalement  aux  pattes  et  à  la  naissance  de  Tongle,  des  croûtes 
épaisses,  cassantes,  d'une  couleur  jaune  soufre  ou  gris  terne  ;  elles  af- 
fectent, grâce  à  une  dépression  centrale  et  à  une  élévation  des  bords,  la 
forme  d*un  godet  dont  le  diamètre  varie  depuis  un  à  deux  millimètres 
jusqu'à  un  centimètre.  Par  la  suite,  les  godets  faviques  se  multiplient, 
s'étendent  en  surface  et  se  réunissent. 

Éliologie,  —  Le  favus  nous  vient  quelquefois  de  nos  semblables,  le  plus 
souvent  des  animaux,  et  ainsi  s'explique  le  fait  de  la  plus  grande  fré- 
quence de  cette  affection  dans  les  campagnes  et  de  sa  rareté  excessive 
à  Paris.  Bazin  et  son  élève  Deffis  ont  démontré  la  transmissibilité  du  favus 
par  inoculation  de  l'homme  à  Thomme.  Saint-Cyr,  après  avoir  répanda 
sur  la  tète  d'un  chat  épilé  à  l'aide  d'un  épispastique  de  la  poussière  faveuse 
provenant  d'un  autre  chat,  et  fixé  pendant  deux  jours  cette  poussière  parun 
emplâtre  de  diachylon,  a  vu  apparaître  sur  la  surface  dénudée  un  ou  plu- 
sieurs tubercules  grisâtres,  très-petits,  doux  au  toucher,  ayant  à  leur 
centre  une  dépression  traversée  par  un  ou  plusieurs  poils.  D'abord  grise, 
la  croule  prit  ensuite  une  teinte  soufrée,  d'autres  godets  se  formèrent 
au  voisinage  du  premier,  puis  ils  s'agrandirent,  se  rencontrèrent  et  linirenl 
par  se  confondre.  Le  même  expérimentateur,  après  s'être  assun»  que 
la  teigne  du  chat  se  communique  au  chat,  inocula  à  cet  animal  la  leiime 
de  l'enfant  et  obtint  les  mêmes  résultats.  Ainsi,  la  teigne  de  Thonmie  est 
transmissible  aux  animaux  ;  la  réciproque  est  également  vraie,  car  Tn|n<T 
de  Lyon,  s'étant  inoculé  au  bras  la  teigne  de  la  souris,  a  obtenu  deux  godets 
bien  caractérisés.  Conséquemment,  il  y  a  lieu  de  croire  que  ce  sont  les 
animaux  les  plus  inférieurs  qui,  en  raison  de  leur  genre  dévie,  contradcnl 
le  favus  qu'ils  transmettent  aux  animaux  domestiques  plus  élevés,  lesquels 
le  communiquent  à  l'homme.  D'un  autre  côté,  si  la  transmission  du  favus 
a  lieu  par  inoculation,  on  comprend  qu'elle  puisse  se  produire  par  un  contad 
médiat  ou  immédiat,  principalement  sur  une  partie  privée  d'épithéliuïn;  la 
contagion  par  l'air  est  à  notre  sens  fort  douteuse,  bien  qu'admise  par  Bazin. 

Indépendamment  de  ces  conditions  absolument  nécessaires  à  la  trans- 
mission du  favus,  il  est  des  circonstances  plus  ou  moins  favorables  au 
développement  de  cette  affection.  La  contagion,  facile  à  produire  chez  k*s 
jeunes  animaux,  présente  des   diflicultés  chez  les  animaux  adultes.  Le 


P.UnslTES    VÉCÉTAUS.  78! 

rus,  il  est  vrai,  se  rencontre  h  tout  flpe  cliez  l'IiomniP,  mais  il  csl  plus 

Dimun  dans  t'enfance  et  chez  les  individus  lymphatiques  ou  scrofuleux. 
e  moment  mftme,  j'observe  celte  aiTection  chez  deux  enfants  débilités 

r  une  mauvaise  alimenlalioii  et  récemment  entrés  dans  mon  senice 
r  retour  de  la  o.impagiie,  où  ils  étaient  en  nourrice;  chacun  d'eux 
kôait  habituellement  avec  un  jeune  chat.  La  malpropreté  et  la  misère 
porisent  le  développement  de  l'achorion  ;  d'autres  circonstances  y  pré- 

iposent,  mai  heureusement  nous  les  ignorons.  Jusfiu'ici,  en  effet,  il  est 
iépossiblede  dire  ]>our(|uoi  le  Tavus  inoculé  k  plusieurs  individus  s'ar- 

e  chez  quelques-uns,  continue  de  croître  chez  quelques  autres,  ou 
Wrae  ne  peut  germer. 

ïtMJOcnApniE.  —  ScLiŒsi-EiN,  Mullers  Archie,  1838,  p.  82,  pt.  III,  fig.  5. 
^{iiivm.Comi.tesreiiil.  de  l'Institut,  iéAl,  1.  XIII,  |).  7'^,  S09  et  33B.  — 
llg,  Benheit,  O/i  ihe  tegetabie  «al.  o/Tineafavosa  (Mo/ii/i/i/ Joum.  o/  med.  «. 
Ida).  —  Haskovcb,  Milliers  Arcbiv,  ISdî,  p.  281-29r),  pi.  XV,  lig.  7.  8,  9. 
»  fteuAK,  DiaQii.  wtit  jiatho^en.  Viilersitchwiti.  Berlin,  18ûS.  —  Lebebt, 
\fiawl.  pathoL,  t.  II.  Paris,  1845.  —  Lëvehj^ë,  Dicl.  unioirs.  d'histoire  rtat. 
^ris,  18(i7,  t,  VIII,  p.  afil  — CitDi>EN,  Arth.rphysiol.  HHlkmide,  XI,  p.  2(ii, 
"  -  UitKJT,  hall,  rfr  l'Acad.  de  mcd.  de  Belgii/uc,  1853,  p.  257-2.Î5.  — 

îBENSPnuNc,  Annal,  d.  Charité,  VI,  —  Bazih,  I\fc.h.  sur  ta  nal.  et  te  trait, 
k  teignt».  Paris,  1853,  cl  Affect.  adaiiéesporiaitairct.  Paris,  1858,  p.  81. 
I^Ch.  nouiN.  Hintoiiv  H'tt.  des  vfijétaaj!  parnsites.  Paris,  1853.  —  Th.  Stahk 
Cn.fsT  HAt.Lisn,  lenaiseh  Ztsehr.  f.  Ued.  u.  Katunv.  Il,  2,  1865,  et  Si^hmidtU 
b.,  p.  37,  I.  n.XXX.  —  Bergeiion,  Btade  sur  lu  géogmphie  et  la  prophyliij:ie 
f  teigim  (Ah»,  d'hyijiéne  et  de  m6d.  légale,  série  2,  1.  XXItl.  p.  5,  1865).  — 
LyiMtiEn.Favitsdurchlicvpes\oaMmasefieugt{Arch.d.HrilkvnJe,\'\\,  1866, 
L/i72).  —  G.  lUuuuAnrES,  St  Louis  med.  and  surg.  Jaum.,  p.  37-31,  1868. 
•  Saikt-Cïr,  îieckerekes  cxpérimentnics  «tir  la  traramUsion  de  la  teigne  de 
mme  aux  animnujs  et  riâpToqiiement  {Extrait  des  Comptes  rendus  de  VAciid. 
^  idenees  de  Paris,  18UB  et  1869).  —  Uoiunp,  De  la  transmission  du  favui 
n  ehit  et  un  rat  {Lyan  médicjl.  ii«  21,  1873).  —  CU.  Bemt,  Bu/1,  de  la 
i.  analomiqite.  1875,  sifric  3,  t.  X.  p.  379.  I 

^3'  Trkhophijlon  (wiïMrans(iM,ilmsteit),  Teicne  TOssimANTB,  — Cechampi- 

,  cause  déterminante  de  l'herpt's  circiné,  de  la  lei^e  tonsuranle   ' 

K<dc  la  raeutagi-e,  se  compose  de  tltaineitts  articulés  constitués  par  des 

ichatnées  en  filaments  nioniliTormes  qui  se  développent  dans 

wisseur  de  la  substance  des  poils  en  suivant  la   direction  de  leur 

mgueur  (fip.   256).  Ces  spores  sont  rondes  ou  ovali's,  traiisparenles, 

(incolores,  à  surface  lisse,  d'un  diamètre  qui  varie  entre  0,0(13  et  0,006; 

•  quelques-unes  oiïrent  une  tache  distincte  ou  un  noyau  mal  circonscrit, 


702  ANATOHIË   PATDOLOGIQUE. 

rl'aulros  sont  élraiiglées  vers  leur  milieu  (Ch.  Robin).  Ce  champignon,  si 
l'on  en  croit  liai  lier  et  Pick,  appartiendrait  h  une  végélalion  inférieure 
du  Pénicillium  glaucum. 

Le  trychophyton  siège  de  préréreuce  sur  les  régions  couvcrtesde  poils: 
mais  il  ne  parait  pas  que  le  euir  chevelu  soit  un  milieu  qui  en  favorisr 
I  cxtciisioii.  car  il  s'y  nmltjplie  peu.  Les  coraclères  objectirs  de  l'alTeclii»! 
qu'il  détermine  varient  avec  la  région  lésée  et  diiïèreni  notablement 
suivant  que  le  cuir  chevelu,  la  face  ou  le  troucsont  le  siège  de  la  Io4^m- 
tion.  Le  tricliophylon  prend  naissance,  au  cuir  chevelu,  à  l'intérieur  des 
cheveux  sous  forme  d'un   petit  amas  de  spores  arrondies.  Au  fur  et 
à  mesure  que  le  cheveu  s'accroît,  le 
cryptogame  pousse  de  son  wité  ;  mais 
une  fois   que  la    {tnrtie  envahie  est 
arrivée  à  dcu\  ou  trois  millimètres  nu- 
dcssuï;  du  niveau  de  l'épidorme,  le 
cheveu  se  brise.  Ainsilaprésencedece 
végéta!  détermine  la  rupture  des  potb, 
d'uù  calvitie  plus  ou  moins  étendae: 
en  outre,  elle  provoque  dans  quelques 
cas    la   formation    d'clevures   et  de 
ci-oùles  qui  recouvrent  les  parties  ton- 
suH'es.  Sur  la  face  on  voit  apparaître 
deii  points  rouges  légèrement  saillants, 
ou  de  véritables  t!>chesêrylhémaleuses 
circulaires,  dont  les  dimitnsions  va- 
rient depuis  l'étendue  d'une  pÎMedc 
vingt  cpnlimes   jusqu'à   celle   d'une 
])im'  de  deux  francs.  Ces   plaijues, 
(]U('li|uerois  il  peine  surélevées,  soni 
d'autres  fois  saillantes,  du  moins  k 
Vm  2riC.  —  Tisc  dt  f  lieveu  h  cnssiii  au   leur  circonférciice  où  existe  un  bour- 
nivcau   ,1e  la  re»,i  c  çt   si,onla..ùnicn.        j       j^.,,^;!,!^  ^  c^.n  „u    ^.^   .,„  j^jg, 
rompuo   il  ijunlqucs  niillim6lri!s  »u-Jes-    "-"-'  ■■■"  "  c 

sus  II.  CeUe  lige  csi  inDItrùu  iio  chitines  (érvtliènie.clrciné  et  mar^'iné)-  -^u  ''^^ 
de  -porcs   (rr/.W%(o«    /™«<™,s),    j.  •         I  j.       (.,.,.,.!,.  ^ri, hé- 

ccartint  BPS  fibres  Innjîiludiiiales.  v.  uni,   |»i.ii|ui 

mateux,  un  cerele  vésicuteiix  à  exten- 
sion progressive  trahit  quelquefois,  au  tronc  iiu  ii  la  face,  surtout  à  une 
période  un  peu  plus  avancée,  la  présence  du  elianipignoii  ;  il  arrive  aussi 
de  voir  plusieurs  cereles  vésiculeux  coneentrique.s  (herpès  iris),  l'os  érup- 
tions pustuleuses  signalent  encore  dans  certains  caslcdébutderafreclion. 
principalement  lorsqu'elle  occupe  la  face  ;  plus  rarement  ce  sont  des  le- 


^^H  PARASITES  VEClETAlt\.  753 

^GSSs  papiileuses,  surtout  si  le  Jos  île  la  main  et  le  poignet  sont  le  sîép i^  du 
chain|>i^iiun.  el  pailois  iJes  darln's  furruracées.  Ainsi  ce  parasite,  |;erm.iiil 
dans  le  tissu  cutané,  y  joue  comme  l'aclinrion  le  pflle  d'un  corps  étnia|^>r, 
d  ime  épiiii',  l'I  provoqui^  des  éruptioits  qui  varient  suivant  son  siège,  ta 
I  uiistitulion  du  sujet,  et  proImMeiuent  aussi  suivant  d'autres  cii'constnni'X's 
(juc  nous  ne  (louvons  encore  apprécier.  En  même  temps,  le  poil  change 
'>■  rouleur,  il  deviunt  terne,  sec,  friablo,  et  (iuit  par  se  «isser  a  quelques 
illiiiièlres  de  la  surfact^  lêgu mental re. 

A  une  période  avanci^,  le  champignon  se  montre  tout  n  la  fois  sur 
It-s  |K>ils  lirisés  et  à  la  surface  de  l'épiderme.  Sur  les  poils,  il  prend  In  l'oimi) 
d'une  gaine  amiaiilncêc  d'un  Idanc  mat.  complète  ou  incomplète;  à  In 
Mii-rat-e  de  l'êpiilenne,  il  donne  lieu  ù  une  substance  IdanctiAtrc  f)o- 
Miiieuse  ou  lameileusi'  de  teinte  lilaiielie,  de  sorte  que  l'ensemble 
■  m  simuler  une  surinco  couverte  de  gelée  blanche.  Eu  dernitT  lieu, 
i"  Iricliophyton  qui  a  cnvnlii  le  follicule  pileux  détruit  la  capsule  et  le 
timitnn,  arrive  jusqu'à  l'organe  sécréteur  du  pnii  et  ronilanime;  de 
nouvelles  éruptions  syinptoma tiques  se  manifestent,  et  l'inllammalion. 
iixôe  dans  des  parties  plus  profondément  &ituée5,a  une  duive  pins  longue 
et  dus  caractères  dilTéi'cnls  de  ceux  qui  appartiennent  aux  ('ruptions 
primitives.  Dans  quelques  cas  enfin,  il  n'existe  plus  que  ûes,  pustules 
,h<ii>m|>.igiièes  ou  suivies  d'induration  profonde,  des  nodosités,  de  véri- 
itbles  tubercules  cutanés  ou  sous-cutanés  :  c'est  alors  que  le  végétal 
li'truit  {>ar  le  pus  disparaît  de  la  gatiie  du  poil  et  que  la  guerison  spon- 
lajiêe  peut  avoir  lieu;  autrement,  il  faut  pratiquer  l'épilalinn  et  faln- 
litige  d'un  agent  pnrasiliclde. 

l.a  leigne  tnnsuranle  n'existe  pas  seulement  chez  l'honime,  elle  se 
rencontre  encore  chez  un  certain  nombre  d'animaux  et  princi|>nlemenl 
Hiez  le  liœuf,  le  cheval,  le  chien  et  le  chat,  t>  fait,  des  plus  impor- 
tants h  connaître,  nous  renseigne  sur  les  conditions  éttologiques  de 
rafTccliou  trichophylique  de  l'homme.  Les  observations  de  Revnal,  Bae- 
rcHsprung,  Vinccns,  et  les  nAtrcs,  ont  en  effet  démontré  d'une  laçou  po- 
sitive que  te  trichophyton  est  transmissible  des  animaux  à  l'homme; 
aussi,  je  ne  doute  pas  que  le  plus  souvent  nous  recevions  cette 
affection  des  animaux  domestiques.  J'ai  soigné  trois  enfants  qui  étaient 
nfliectés  d'herpès  circiiié  it  la  fuce,  au  cou  et  aux  mains  pour  avoir 
ioné.  avec  de  jeunes  chats  trouvés  par  hasard  dans  un  grenier.  L'affection 
dont  cluicuu  d'eux  était  atteint  correspondait  parfaitement  au\  points  qui 
«ont  ordinairement  touchés  lorsiju'on  vient  à  porter  un  jeune  chat  sur 
«on  t'paule  et  à  le  caresser-  l'ne  autre  fois  j'ai  été  consulté  par  un  soldat 
«l'un  régiment  de  chasseurs  ii  cheval,  qui  présentait  sur  les  bourses  et  sur 


76i!i  anàtomik  pathologique. 

ravant-bras  des  plaques  d*herpès  circiné*  Or  l'avant-bras  malade  était 
précisément  le  gauche,  c'est-à-dire  celui  qu'on  a  Thabitude  d'appliqaer 
sur  la  peau  du  cheval  que  Ton  panse  ;  quant  à  l'affection  du  scrotum, 
elle  provenait  sans  aucun  doute  du  contact  des  ongles. 

La  cause  efficiente  des  affections  produites  par  le  Trichophyton  Am- 
9urans  est  par  conséquent  la  transmission  de  ce  parasite  d'un  animal  à 
rhomme,  ou  de  ce  dernier  à  son  semblable  ;  mais  il  faut  ajouter  que, 
pour  germer  et  se  développer,  le  trichophyton  a  besoin,  comme  l'acbo- 
rion,  d'un  terrain  approprié,  et  qu'il  a  surtout  de  la  tendance  à  se  pro- 
duira chez  les  jeunes  gens  et  sur  les  personnes  lymphatiques. 

BiBLioGRAPniE.  —  Gruby,  Comptes  rend,  Acad,  des  scienceSy  t.  XVII  et  XVni, 
\SUli,    —  Malmstein,  Arch.  f.  Anat.   u.  Physiol.  von  J.   Mûller^  1868.  - 
Malherbe  et  Letenneur,  Etudes  cliniques  sur  f  herpès  tonsurant.  Nantes.  i852. 
—  ïi\zis y  Recherches  sur  la  nat,  et  le  trait,  des  teignes.  Paris,  1853,  p.  68,  pi.  II, 
11g.  2  et  6,  et  Aff.cut.parasit.,  p.  161 .  — Ch.  Robin,  IJist.  nat.  desvègét.  yaraUL 
Paris,  1853,  p.  608.  —  Kœbner,  Aixh,  f,  path.  Anat,  und  PhysioL,  t.  XXIJ, 
p.  372,  1861.  —  ZiEHSsEs^Dermatolog.  Jahrb,  Grdfsxoaldmed,  Beitr.,  U,  p.99, 
1863,  et Sc/tmidt's,ya/ir6.,  298,1.  CXXIIL— HALLiEB,DïeP/lan-/icfc^/ide»m«fiicW. 
Kwpers,  Leipzig,  1 866. — J.  -F.  Pick,  Unters,  ùberdie pfl.  Ilautparasiien,  Verkanil 
lier  K,  K.  geologisch-botan,  Gesellsch,  XV.  Wicn,  1865).  —  W,  Forster,  Transp. 
cont,  par  animaux,  p.  166,  t.  I.  —  Asché,  Berlin,  klinische  Wochenschr.^  W,  20, 
i  865,  et  Schmidt*s  Jahrb,  t.  CXXX,  338.  —  Lafont  Gouzi,  Transmission  à  rhcmm 
(l'un  herpès  tonsurmit  de  V espèce  bovine.  Toulouse,  1866.  —  Ch.  BuuaiARD,  Sw 
V identité  de  V herpès  circiné  et  de  lliei^pès  t07isurant.  Lyon,  1860.  —  Ratml, 
Dartre  tonsurante  du  cheval  et  du  bœuf,  contagieuse  de  ces  animaux  à  V homme 
[Mém,  deTAcad.  de  mèd.,  t.  XXII,  p.  603).  — Mahaux,  Recherches  sur  le  Tricho- 
phyton tonsuraiis  et  sur  les  affections  cutanées  qiiil  détermine,  Paris,  1870.  — 
ViNCENS,  Rech.  expér.  sur  V herpès  tonsuraiit  chez  les  animaux.  Paris,  1876.— 
E.  Lancereaix,  Note  sur  la  transmission  de  Vherpès  circiné  du  chat  à  Vhitmm^ 
(Bull,  et  mém.  de  la  tioc.  des  hôpitaux  de  Paris,   série  2,  l.  XI,  p.  1*26,  1874). 
—  P.  Mu:nELSON,    Transmission  à  Vhomme  d'herpès  tonsurant  provenant  fCun 
animal  à  la  fois  trichophytigue  et  galeux  [Berlin,  klin,    Wochenschrift,  mars  et 
août  1876).  —  Halberg,  J6ic/.,  27  sept.  1875. 

6*  Mia^osporon  furfur,  Cii.  Robin.  Pityriasis  versicolor.  —  Ce  cham- 
pij2:non,  encore  désigné  sous  le  nom  de  Mijcoderma  Eichstadtii,  secompos»' 
d'un  mycélium  formé  de  (ilaments  ondulés,  transparents,  courts  et  inar- 
ticulés, sorte  de  cellules  étroites  et  allongées,  dépourvues  de  granult»s 
intérieurs,  quelquefois  bifurquées,  formant  avec  leurs  branches  um* 
couche  II  Tex-térieur  de  la  quelle  sont  les  spores  (fig.  257).  011es-<i 
réunies  en  groupes  ou  amas  situés  entre  les  filaments,  à  contours  siinpK^ 


PARASITES   VÉGÉTAUX.  765 

OU  doubles,  réfractent  rortemenl  la  lumière  ;  elles  mesurent  de  O"",004  à 
0"-,006  de  diamètre,  sont  sphériques,  transparentes  et  dépourvues, 
comme  les  lilamenls,  de  f^nules  intérieurs. 

Le  Mia-OÊporon  furfar  est  la  cause  du  pityriasis  versicolor,  du  pitvria- 
sis  iiigra,  de  quelques  éphélides  lenticulaires,  etc.  Il  vit  aux  dépens  de 
l'épiderme  dont  il  habile  la  couche  cornée,  mais  il  ne  semble  pas 
pénétrer  jusqu'au  corps  muqueux  de  Malpighi  ;  il  se  développe  sur  toutes 
les  parties  du  corps,  et  principalement  sur  les  régions  du  thorax  et  do 
labdomen.  Ce  parasite  donne  lieu  à  la 
formation  de  taches  cutanées  dont 
la  couleur  varie  du  jaune  pille  h  un 
jaune  verdàtre  foncé  et  pi-esque  noir. 
Ces  lâches  sont  plus  ou  moins  larges, 
diversement  configurées  :  ici,  ce  sont 
des  points  isolés;  là,  de  larges  pla- 
ques arrondies,  à  boiyis  réguliers  ou 
légèrenienl  festonnés;  ailleurs,  de 
vastes  surfaces  continues  qui  li'é- 
tendent  à  toute   une    région.     Elles  Fie.  2a7.  —  Tub«t  vjdei  et  iporM  acRlo^ 

sont  le  siège,  au  bout  d'un   certain       ">*;*"  ^"«'"■"^;»;°'- Z-^-.  obienw 
^  par  la  r>cla|;i>   de  la   peau   au  niiean 

temps ,  lorsque  le  champignon  a  d'une  iKhe  de  pityriasis  venkolor  (150 
rompu  la  lamelle  extrêmement  mince       diamètre»). 

qui  le  recouvrait,  d'une  cxfoliation  furfuracée,  formée  tout  à  la  fois  de 
débris  épidenniques  et  de  matière  parasitaire. 

il  n'est  pas  prouvé  jusqu'ici  que  le  Microsporon  furfar  nous  vienne 
des  animaux  comme  l'achorion  et  le  trichophytoii.  Manifestement  trans- 
raissiblc  de  l'homme  à  l'homme,  ce  |>arasile  peut  se  propager  par  la 
dispersion  de  ses  spoi'cs  dans  l'air  ;  j'ai  été  victime  de  ce  dernier 
mode  de  propagation.  Voulant  placer  dans  mon  Atlas  d'anatomie  patho- 
logique un  dessin  microscopique  du  Microsporon  furfur,  je  nie  rendis  à 
rbdpilal  Saint-Louis  où  Je  recueillis  sur  une  feuille  de  papier  ce  cham- 
pignon que  j'avais  gratté  à  la  surface  de  la  peau  d'un  malade;  puis  je 
mis  cette  feuille  de  papier  dans  la  poche  de  mon  gilet,  et  j'eus  la 
maladresse  de  l'y  laisser  pendant  plusieurs  jours.  Or  environ  un  mois 
plus  tard,  ma  femme  me  lit  remarquer  qu'elle  portait  sur  la  poitrine 
des  taches  qu'elle  n'avait  jamais  vues  et  qui  n'étaient  autres  qu'une 
éruption  de  pityriasis  versicolor  ;  m'élant  alors  examiné  moi-même, 
je  me  trouvai  porteur  de  la  même  aiïeclion  qui ,  sans  aucun  doute, 
m'avait  été  communiquée  par  les  spores  du  champignon  rapporté  de 
l'hôpital  Saint-Louis. 


71)6  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

On  ne  sait  pas  mieux  l'origine  du  Micrcsporon  furfvr  que  celle  de 
racliorion  et  du  trichophy ton .  Ce  champignon,  suivant  Hallier,  ne  sérail 
que  Tune  des  formes  (forme  achorion)  de  VAspergillus  glaucus  qui  végé- 
terait et  produirait  des  conidies  entre  les  cellules  épidermiques  ;  mais  les 
recherches  sur  lesquelles  s*appuie  cet  auteur  n'ayant  pas  été  confirmées  par 
d  autres  observateurs,  son  opinion  ne  peut  être  définitivement  acceptée. 

HiBLioGUAPniE.  —  EiciisTAEDT ^  Fronep's  iVo<*2cn,  4846,  vol.  XXXIX,  p.  270. 
—  Sliyter,  De  vegetah.  organismi  iinimaL  parasit.  Berol.  4847,  p.  25,  fig.  2 
et  3.  —  GuDDEN,  Arch,  f,  ph,  HeilkundCj  XI!,  p.  496-506,  1853.  —  Ch  Rob«, 
Hist,  liât,  des  paras,  règ.^  etc.  Paris,  1853,  p.  436.  —  Wedl,  Grtmdz.  der 
path.  Histologie,  Wien,  1853.  —  Hallier,  Die  pflanzl.  Parasiten,  etc.,  vol.  III, 
lîg.  47.  Leipzig,  1866.  —  Bazin,  Loc.  cit.,  et  art.  Micuosporon  du  Did.  ency- 
clopédique des  se.  mcd,f  série  2,  t.  \1I,  p.  608. 

5°  Microsporon  Audoutnt.  Teigne  pelade.  —  Ainsi  dénommé  par  Gruby. 
qui  l'a  découvert  en  1843  dans  la  forme  de  teigne  qu'on  appelait  alors  le 
Porrlgo  decalvans,  ce  champignon  fut  regardé  comme  la  cause  de  celtt* 
affection  que  Bazin,  plus  tard,  désigna  sous  le  nom  de  pelade.  Toute- 
fois, la  plupart  des  microgi^aphes  et  des  demiatologistes  n'ayant  pu 
retrouver  le  microsporon  d'Audoin,  on  en  vint  à  douter  de  son  existence. 
Uécemment,  Courréges  et  iMalassez  ont  de  nouveau  signalé  la  présence 
de  ce  cryptogame  dans  les  pellicules  que  Ton  obtient  en  raclant  légèrement 
le  cuir  chevelu  au  niveau  des  plaques  de  pelade,  bien  plutôt  que  dans  les 
cheveux  de  la  périphérie  de  ces  plaques.  A  la  vérité,  on  peut  douter  qu'un 
cryptogame  aussi  superficiellement  placé  parvienne  à  produire  les  désoi-dn'S 
anatomiques  de  la  pelade,  et  par  conséquent  une  élude  nouvelle  de  ir 
champignon  dans  les  difl'érentes  phases  de  cette  alTection  semble  encore 
nécessaire. 

Le  Microsporon  Andoinnf\  qui,  suivant  Grr.by,  connnence  son  dével(»p|K'- 
nient  à  la  surface  des  cheveux,  à  un  ou  deux  millimètres  de  répidernie.''>t 
composé  (le  branches,  de  tiges  et  de  sporules.  Bazin  admet  qu'il  est  formé  de 
filaments  ondulés,  quelquefois  bifurques,  auxquels  font  suite  des  sjK)res 
globuleuses,  petites,  d'environ  0,003  millimètres;  qu'il  entoure,  à  sa  sorti»' 
du   bulbe,   le  cheveu  qui  se  rende   ou  se  brise;  qu'enfin  il  se  prop^rt' 
dans  le  follicule  pileux  jusiju'au  bulbe  et  déracine  le  poil,  d'où  la  calvitif 
Pour  Malassez,  ce  cryptogame  est  uni(juement  constitué  par  des  spons 
sphériques,  très-petites,  d'un  volume  qui  varie  de  0,00*2  à  0,005  iiiilii- 
mètres,  et  qui  forment  parfois  de  petits  chapelets  de  cinq  à  six  spores  ou  pluv 
Bien  qu'arcidentellement  rencontré  sur  les  cheveux,  ce  champignon  vA 
rapproché  du  trichophyton  par  tous  les  observateurs. 


PARASITES   VÉ(;ÉTAL'X.  767 

Ces  données  divergentes,  qui  ont  sans  doute  leur  explication  dans  des 
éludes  faites  à  des  périodes  diverses  du  mal,  ne  sauraient  lever  tous 
les  doutes  relativement  à  la  nature  de  la  pelade;  pourtant,  la  marche 
clinique  de  cette  aiïection  ne  différant  pas  de  celle  des  lésions  cutanées 
produites  par  des  cryptogames,  on  peut,  jusqu'à  preuve  du  contraire,  lui 
attribuer  une  origine  parasitaire.  Bazin  lui-même  admet  qu'elle  n'est  sou- 
vent (ju'une  variété  de  la  teigne  tonsurante.  En  tout  cas,  les  poils  offrent 
d'abord  un  aspect  sale  et  terne;  ils  se  décolorent,  puis  ils  tombent  en  gmnd 
nombre,  et  l'on  voit  se  dessiner  des  tonsures  de  l'étendue  d'une  pièce  de  deux 
ou  de  cinq  francs,  ordinairement  ovalaires  et  remarquables  parla  décolora- 
tion du  tégument  à  leur  niveau.  Le  nombre  de  ces  plaques  d'un  blanc  de  lait 
est  variable  :  on  peut  en  compter  jusqu'à  quinze  et  vingt,  dispersées  sur 
le  cuir  chevelu.  La  décoloration  de  la  peau  témoigne  d'une  action  spéciale 
exercée  sur  la  matière  pigmentaire  ;  mais  il  nous  est  difGcile  d'attribuer, 
comme  certains  auteurs,  la  disparition  de  cette  matière  à  son  absorption 
par  le  parasite,  quand  nous  voyons  la  plupart  des  lésions  parasitaires 
produire  des  colorations  variées  à  la  surface  de  la  peau. 

En  présence  de  la  divergence  d'opinions  sur  le  caractère  du  parasite 
dans  la  pelade ,  on  est  tenté  de  croire  que  sous  celte  dénomination  sont 
comprises  des  affections  diverses  dont  quelques-unes,  peut-être,  seraient 
parasitaires,  tandis  que  les  autres  auraient  une  tout  autre  nature.  Dans 
des  expériences  récentes,  Ilorand  tenta  d'inoculer  la  pelade  non  traitée  à 
des  jeunes  chiens  sans  avoir  jamais  pu  réussir;  il  n'eut  pas  plus  de  succès 
sur  un  jeune  enfant.  Aussi  ce  pathologiste  pense-t-il,  avec  d'autres 
observateurs,  que  la  pelade  n'est  qu'une  atrophie  cutanée  d'origine 
nerveuse. 

Bibliographie.  —  Griby,  Comptes  rend.  Acad,  des  sciences,  1843,  t.  XVII, 
p,  301,  et  \SliUy  p.  585.  —  Bazix,  liechercheb  sur  la  mit.  et  le  traitement  des 
teignes.  Paris,  1853.  —  Le  même,  Lrrons  sur  les  maladies  cutanées  parasitaires. 
Paris,  1858,  et  Diet.  encyclopèdiq.  desSc.méd.,  art.  Microsporon,  1873.  —  Ch. 
Robin,  Hist.  nat.  des  vèijèt.  parasites.  Paris,  1853,  p.  U26.  — Couruéges,  Etude 
sur  la  pelade.  Thèse  de  l^aris,  187/i.  — Malassez,  Note  sur  le  champignon  de  la 
pelade  (Archives  de  physiol.  normale  et  pathoL,  1874,  p.  203). —  Hohand, 
Considérations  sur  la  nature  et  le  traitement  de  la  pelade  {Annales  de  dermato- 
logie et  de  syphiliographie,  l.  VI,  n*  6,  et  t.  Vil,  n®  1). 

6**  Oïdium  albicans  (Ch.  Robin).  Ml'<;uet.  —  Le  champignon  du  muguet 
est  constitué  par  des  filaments  tubuleux ,  sporifères,  et  par  des  spores 
globuleuses  ou  ovoïdes.  Les  filaments  sont  cylindriques,  allongés,  droits 


748  ASAToiiti  MnoLwaoïrK. 

ou  iaconrés  en  dirers  sens,  largra  de  0,001  k  0,04&  mîIIîinÈIre»  tar  1r9 
k  ir"M  de  loogneur,  H  mitw:  plus,  suivuit  b  période  de  lenr  di^(4o^ 
menl.  Us  sont  netlement  délimités,  cIuisoiiik^  d'c>|Hi<.-e  «^n  u»iian-«l  furiM 
de  nlluics  oliougé^A,  articulées  bout  à  boni,  i-t  sihituoI  sepaniet  pr  i» 
étnngktneats ;  à  l'cUt  adulk-,  it&  sont  ramifiés,  «t  les  ramificatioM  lai 
ComposéM  de  cdloles  plus  coarles  que  celk-s  drs  Glatiimls.  Os  dit 
cellules  renferment  ordioaîrvuieal 
quf-s  granulatioD^  moleculairv»  dei 
foncée ,  el  souveut  douées  At  i 
vcment  brownieu.  LV^trêmilé  d'an- 
giuc  ou  adhémile  des  filamuiU  ed 
chée  au  centre  de  s|K>rf^  î»iiléei  m 
mâli'es  avi;c  di»  rtJiuli-s  cfittiirbala, 
tandis  que  l'e  M  rem  i  té  libtv  on  sparilat 
est  simplement  arrondie  ou  se  Utmm 
par  uue  ou  |>lusi«urs  «pon»  fraie 
et  ovales,  dis(>»sées  en  sérii'  liwaor. 
renfermant  des  granulations  (%.  ^t 
Le»  spores  sont  spbériqucs  un  onfet, 
I  Imrd  net  ou  foncé;  clins  r^tdat 
fortement  la  lumière  cl  cootioiUMil  M 
tine  poussière  douée  de  raonvoDAt 
brownien.  Elles  adhérent  pour  b  plu- 
part aux  cellules  épiihéiiales  de  b  db- 
({ueuse  buccale 
'    ''  Ci;  champignon  germe  et  se  déTebpfr 

principalement  sur  les  membranes  muqueuses  de  la  bouche,  de  la^or^.dt 
l'œsophage,  même  sur  celle  de  l'estomac,  où  il  est  sans  doute  IraiispiiiV 
par  la  salive.  Plusieurs  fois  il  m'est  arrivé  de  constater  sa  présence  «or  b 
muqueuse  gastrique,  pendant  mon  clinicatà  l'Hâtel-Dicu,  chez  des  #iibiU> 
morts  d'inanition  ou  par  suite  d'une  alimentation  nou  appi-opriée  à  kv 
âge.  [I  est  quelquefois  transmis  nu  mamelon  des  nourrices,  et  on  peull'ob- 
server  h  l'anus,  au:^  grandes  lèvres  et  jusque  dans  le  vagin  (H&us$niuuil. 
Dans  un  cas  rapporté  par  Zenker.  il  existait  dans  le  cerveau,  en  m^iv 
temps  qu'un  muguet  de  la  bouche,  du  pharynx  et  de  l'œsophage,  des  pois» 
purulents  qui  i-enferinaient ,  outre  des  globules  de  pus,  des  liiament^  Is- 
bulcuv  parusitaii-es  ayant,  selon  toute  vraisemblance,  leur  origine  dans  b 
boucheou  l'œsophage  d'oii  ils  avaient  été  transportés  par  les  vaisseaui  1/ 
champignon  du  muguet  a  été  trouvé  par  Parrut  sur  l'épiglolte,  les  oonkî 
vocales  inférieures,  et  jusque  dans  les  alvéoles  pulmonaires  :  par  conl» 


UWWKK' 

FiC.  258.  —  Ccllulei  épiUiéliilu, 
6fanHHllt  cl  (pares  du  ma^el. 
Lï«  tubtlilu  cbampignan,  régolji- 

(l*ï  granule*  moltculairea  dans 
Itar  cmIU  L'ealcimilé  d'origins 
ni  Mchéc  liant  des  amat  de  spore; 
fI  iI«  Ixncllef  r[t;ih«]ja!ei,  Taulrc 


PARASITES   VÉGÉTAUX.  769 

obsefTateur  ne  l'a  pas  reiicoiitit;  dans  la  Iracbée,  et  ae  pense  pas  qu'il 
sse  se  fixer  sur  les  épithéliums  vibrntiles. 

ja  membrane  muqueuse  de  la  bouche  ost  celle  qui  permet  le  mieux 
suivre  l'évolution  du  muguet.  D'abord  cette  membrane  rougit  à  l'extré- 
léde  la  langue,  etbientât  la  rougeur,  de  plus  en  plus  vive,  s'élend  à  toute 
nuqueuse  buccale  ;  puis  on  voilpoindre  sur  cette  muqueuse  comme  un 
lis  de  taches  blanches  plus  ou  motus  rapprochées  les  unes  des  autres,  qui 
argisseni  el  se  rejoignent  pour  former  de  petites  lames  mamelonnées, 
tes-cî  se  montrent  sur  la  langue,  à  la  face  interne  des  joues  el  des 
res,  enfin  sur  la  voûte  palatine  et  les  gencives.  Elles  forment  peu  ii 
L  des  masses  d'un  bluuc  de  neige  éclatant,  qui  par  leur  réunion  peuvent 
ulopper  une  partie  ou  la  totalité  de  la  langue  et  de  la  muqueuse  des 
es.  En  vieillissant,  ces  masses  s'épaississent,  perdent  leur  brillant,  re- 
font une  teinte  jaune  ou  brunAtre,  à  moins  qu'il  n'y  ait  une  évolution 
k-rapîde,  auquel  cas  tout  l'intérieur  de  la  bouche  peut  apparaître 
ame  recouvert  de  couches  de  lait  concret.  Les  cellules  épithéliales  de 
KMiche  se  tuméfient,  s'obscurcissent,  s'infiltrent  de  granulations  pro- 
lues, et  plus  lard  de  granulations  graisseuses  ;  elles  sont  te  siège  d'un 
Stable  processus  phle^masique  qui  se  [u-opage  jusqu'aux  glandes, 
•e  muguet  se  voit  principalement  chez  les  nourrissons  qui  éprouvent 
la  ilifticullé  ù  prendiis  le  sein  et  qui  font  des  tentatives  infructueuses 
^ccion,  chez  les  jeunes  enfants  insuflisamraent  alimentés  et  afTaiblis, 
B  les  adultes  dans  le  cours  ou  h  la  fin  des  fièvres  graves,  uotamment 
lèvre  typho'ide.  Le  dernier  stade  delà  tuberculose  et  de  la  carcinose 
^maladies  cachectiques  en  général  prédisposent  il  cette  affection.  L'ne 
I  conditions  qui  favorisent  la  gei-mination  et  le  développement  du  mu- 
ttdans  ces  diverses  maladies,  est,  comme  l'a  montré  Gubler,  l'ncidité 
I  produits  de  sécrétion  muqueuse,  el  sans  doute  aussi  une  mauvaise 
Irition  des  épithéliums.  Le  champignon  du  muguet  se  nourrit  dans  la 
iche,  surtout  aux  dépens  de  la  salive;  sa  transmissibilité  est  fort  con- 
jable. 

tuivant  des  recherches  récentes  (Hallier),  le  champignon  du  muguet  ne 
jurerait  pas  de  VOidium  lactis,  champignon  de  la  fermentation  lactique, 
erait  produit  par  le  développement  du  leplothrix,  ainsi  que  cela  aurait 
I  en  dehors  de  l'organisme  quand  on  laisse  le  lait  s'acidifier.  Ces  re- 
ircbes  ont  besoin  de  confirmation  avant  d'i^tre  définitivement  acceptées. 


Bebg,  hygien,  18)12,  et  Ufber  die  Srhwam'nehm  ton  Kîn~ 
i,  traduit  du  suiîdois  en  allemand  par  Busch,  18'-i8.  —  Grubï,  t'umples 
L  de  l'Acad.  des  scinicfs,  18fi2,  1.  XiV,  p.  63f|,  cl  18&4,  l.  X\'11I,  p.  585. 
UNCEntAL'.t.  —  Traité  d'Anal,  patli.  1.  —  99 


770- 


ANATOHIE  PATHOLOGIQUE. 


—  Aimâtes  (fanai,  et  de  physiot.  palàot.,  18Ù6,  p:  286.  —  Vogel,  Go:,  méd. 
e  Paris,  1842,  p.  23ii.  kones  palh.  histol.,  18Ù3,  pi.  XXI,  1-3.  —  Gl-ileb. 

-Voie  «()■  le  mtigaet  {Ùas.  méd.  de  Paris,  1862,  p.  Ù12).  —  Le  même,  Bwfc» 
sur  l'origine  et  les  conditions  de  développement  delà  mucédiitée  du  muguet  {Oiimfa 
albicans)  Miim.  lu  à. l'Acad.  de  médecine,  séance  du  Ziaoût  1657.  Paris,  1858. 

—  Cti.  RoBi:i,  nistoire  ualurelle  des  parasites  végétma:.  Paris,  1853,  p.  50, 
et  pL  I.  —  Bazin,  Recherclies  siir  la  miture  et  le  traitement  des  teignes.  Paris, 
18.')3,  p.  12,  pi.  m,  fig.  2.  —  Eupis,  Elude  de  la  diphthérite  (Arch.  gin.  de 
méd.,  1850,  t.  XXII,  p.  281).  —  KucnEsMmsTBB,  Parasiten,  t  H,  p.  110, 1855. 

—  Reuboli),  Arckio  f.  path.  Anal,  und  Physiol.,  1854,  1.  Vil,  p.  76.  —  Ihn- 
CEiAnDT,  Aimalen  d.  Berlùier  Charité,  XII,  1,  p.  1,  186Ù,  el  Sckmidt'i  Jahrim- 
cker,  l.  CXXV,  p.  190,  —  Quinquaid,  Archives  de  physiologie  jiorm.  et  pathol.. 
1868,  t.  I,  p.  290-305,  pi.  VIII.  —  i.  Parhot,  IM  muguet  gastrique  et  de  i»'!- 
'lites  autres  localisations  de  ce  parasite.  Ibid.,  p.  50&  el  599. 


:;ryptogame  diiïérent  du  champignon  du  muguet  s'oliserve  quelquefois 
sur  ta  membrane  muqueuse  de  ta  lan- 
gue,àlaquelle  il  donne  une  coloration 
noire  toute  particulière.  Signalé  par 
Maurice  Ra^naud,  qui  a  fait  connaître 
ses  principaux  caractères,  ce  parasitea 
été  retrouve  par  nous  à  la  surface  di- 
la  tangue  d'un  homme  âgé  de  cin- 
quante-neuf ans,  et  dont  une  |iarenl>' 
fut  plus  tiud  atteinte  de  la  nitime  affec- 
tion. Quoique  jouissant  d'une  bonii'' 
santé,  cet  homme  était  iricommodép.ir 
une  sensation  de  gène  légi^re,  et  surtoul 
fort  inquiet  do  l'état  de  sa  langue. 
(|u'il  examinait  plusieurs  fois  dans  le 
cours  de  la  même  journée.  t>lle-ci  pré- 
sentiiit  une  coloration  noire  tii's-pr(i- 
noncée,  comme  si  on  l'eût  l>arbouillei' 
avec  de  l'encre.  Celle  colonilion.  qui 
e  montra  tout  d'abord  vers  hi  partie 
moyenne  de  l'organe  el  on  avant  du  \ 
lingual,  s'étendit  peu  ii  peu,  de  fa^iiii 
h  atteindre  toute  la  face  dorsale  de  la  langue  et  A  laisser  seulement  les  bunî- 
intacts  et  rosés  (lig.  259].  Elle  formait  une  large  plaque  nianifesteiiKii: 
saitliinte  et  tout  ti  fait  noire,   plus  allongée  dans  le  sens  de  lav  d'' 


Kiii.  ^.'iS.  —  Langue  couverte  d'une  aorlo 
(le  iliiict  uiiirâlre  liniiti:  à  sa  (ace  ilor- 
f.lk  el  l'Dnslitul'^  par  îles  i 
<'-|>i<liéliaux  inlillri-s  de  îjiorcs. 


PARASITES   VÉGÉTAUX.  771 

l'organe  que  dans  le  sens  transversal,  et  neltemenl  circonscrile  sur  s 
bonis.  Celle  plaque  tomenlouse,  ou  mieux  villeuse,  représente  une  sorte 
do  gazon  louffu,  et  semble  ronsliluée  par  de  fins  cheveux,  les  uns  entre- 
croisés, les  aulres  n^gulièi-emenl disposés  principalement  vers  la  pointe  de 
l'organe  où  il  existe  par  momenls  comme  une  raie  médiane.  Une 
spatule  promenée  à  la  surface  de  la  langue  ramène  un  magma  noir, 
abondant,  qui,  agile  dans  l'eau,  laisse  voir  un  grand  nombre  de  lilamenls 
semblables  A  des  poils  de  difTérente  grandeur,  pouvant  atteindre  jusqu'à 
un  centimètre  de  longueur. 

Placés  sous  le  champ  du  microscope  et  vus  par  transparence,  ces  Hla- 
ments  apparaissent  sous  la  forme  de  petits  oylindi'es  d'uu  jaune  ocreui, 
offrant  une  partie  centrale  plus  claire,  bordée  de  chaque  càté  par  une  bande 
plus  foncée,  Ils  sont  formés  d'éléments  épithéliaujcfortemenl tassés  les  uns 
contre  les  autres,  aplatis  et  souvent  difliciles  à  reeonnatlre;  leurs  bords 
sont  hérissés  de  lamelles  épilhéliales  adhérentes  par  une  extrémité,  libres 
[lar  l'autre,  et  assez  régulièrement  étagées  à  la  manière  des  barbes  d'une 
plume  (lig.  260).  Traités  par  la  potasse,  ils  oiïreutiniestruclureépithéliale 


Fie.  SIJO.  —  CylindfF  ^pilhâliiil  ji 
lie  iporei,  a;  aulru  cjrlintlre  sain 
Iratiun,  /i.  (100  diimèlreB). 


Fie.  se  I .  —  Tubei  et  (pores  ubtcnii»  p«r 
le  raclage  de  la  langue  repréunlte 
%.  2M  (350  diamclrci). 


encore  plus  nette,  qui  ne  manque  pas  d'une  certaine  analogie  de  struclure 
aVec  les  poils  ou  encore  avec  les  ongles  (M.  Raynaud).  Ces  cylindres  qui; 


K  avec 


772  ANATOMIK   PATHOLOGIQUE. 

en  somme,  ne  sont  que  le  revêtement  épithélial  hypertrophié  et  allongé 
des  papilles  filiformes  de  la  langue,  offrent,  sinon  tous,  du  moins  un 
certain  nombre,  comme  incrustés  à  leur  surface  des  corps  cellulaires 
très-réfringents,  insolubles  dans  Téther,  ordinairement  disposés  en 
amas,  et  qui  sont  manifestement  des  spores.  Ces  spores,  sphériques, 
plus  rarement  ovoïdes,  ont  un  diamètre  qui  varie  entre  0,004  et 
0^0U5  millimètres;  elles  sont  réunies  en  petits  amas  plutôt  que  disposées 
en  chapelet;  ordinairement  attachées  aux  cylindres  épithéliaux,  elles  sont 
quelquefois  libres  ou  fixées  sur  des  cellules  épithéliales  isolées  (fig.  261). 

Il  existait  en  outre,  chez  mon  malade,  des  tubes  sporifères,  ondulés, 
ramifiés,  comme  l'indique  la  figure  261.  Toutefois  ces  tubes  n'ont  peuL 
être  pas  une  existence  constante,  car  après  les  avoir  trouvés  une  premi^ 
fois  en  compagnie  de  nombreuses  spores ,  il  m'a  été  impossible  de  les 
rencontrer  une  autre  fois,  alors  que  les  spores  étaient  d  ailleurs  moins 
abondantes;  mais  il  est  juste  de  dire  qu'à  cette  époque  le  malade  était 
depuis  près  d'un  mois  soumis  à  un  traitement  par  le  chlorate  de  potasse 
et  le  bicarbonate  de  soude. 

L'impossibilité  d'avoir  sous  la  main  le  malade  porteur  de  cette  affection 
ne  m'a  pas  permis  de  faire  une  étude  suivie  du  végétal  dont  il  est  ici 
question.  Néanmoins  j'ai  tenu  à  en  donner  un  dessin,  lequel,  je  Tespère, 
pourra  servir  à  des  observations  ultérieures.  L'hypertrophie  épithéliale  et 
la  présence  d'un  champignon  sont  évidemment  la  cause  de  la  coloration  si 
particulière  de  la  langue;  mais  lequel  de  ces  deux  éléments  joue  ici. le 
principal  rôle?  II  me  serait  difficile  de  le  dire  ;  je  n'oserai  toutefois  avancer 
avec  Maurice  Raynaud  que  c'est  l'épilhélium  d'abord  Iransfonné  en 
cylindre  filiforme,  car  si  parfois  on  ne  trouve  pas  de  spores,  il  n'est  pas 
certain  que  celles-ci  n'aient  pas  existé  au  préalable. 


BiHLioGRAPniE.  —  Edlenberg,  Eîti  schivarzer  Zungenbeleg  (Archiv  f.  physiol, 
Hcilkuniie,  t.  XII,  p.  1x90,  Stuttgart,  1853).  —  Maurice  Raynaud,  Note  sur 
une  îiouvelle  affection  j)arasitaire  de  la  muqueuse  linguale  (Mém.  lu  à  la  Soc. 
nicd.  des  hôpitaux  le  26  février  1869,  et  Union  méd,,  sér.  3,  t.  VIII, 
p.  3,  1869).  —  E.  Lancereaux,  Société  méd.  des  hôpitaux,  1876. 


§  2.  —  SCHIZOMYCÈTES  (NaGELI).  FERMENTS. 


Le  nom  de  schizomycètes  (o^tCo,  diviser,  pjxv?;  champignon),  qui  est 
de  date  récente,  sert  à  désigner  un  groupe  de  champignons  composés  de 


PARASITES   VÉOKTAUX. 


778 


fllules  incolorc^s,  de  forines  divei'ses,   le  plus   souvent  sphêriques  ou 
vides,  isolées  ou  réunies  en  chalneltes  par  l'inlermédiaire  d'une  gangue 
hitineuse,  et  susceptibles  de  se  multiplier  par  division. 
ILgs  diampignons  de  ce  groupe  vivant  à  l'état  parasitaire  ne  déter- 
unent  aucun  elTel  mécanique;  ils  absorlient,  au  contraire,  pour  vivre  une 
rtion  des  substances  organiques  solides  ou  liquides  en  présence  des- 
lelles  ils  se  trouvent,  et  partant  ils  exercent  sur  ces  substances  une 
gtion  chimique  en  vertu  de  laquelle  elles  sont  dédoublées  ou  décompo- 
n  principes  de  plus  en  plus  simples,  d'où  le  nom  de  ferment  donné 
ces  cryptogames.  C'est  de  cette  Taçou  que  ces  êtres  inférieurs  peuvent 
e  les  désordres  les  plus  considérables,  tantdt  sur  les  tissus,  tantôt 
r  le  sang  des  animaux  sur  lesquels  ils  viennent  à  se  développer,  Or  si 
bD  tient  compte  de  l'évolution  délinie  et  de  la  contagion  de  la  plupart 
i  maladies  épidémiques,   il  est  au  moins  raisonnable  d'admettre  lu 
tsibilité  de  l'influence  de  ces  agents  dans  la  genèse  de  ces  maladies. 
I  Ces  parasites  présentent  des  formes  et  des  propriétés  très>diverses  ; 
<yous-nous  devoir  séparer  leur  étude  en  deux  pailies  :  la  première 
mprendra  les  organismes  dont  les  formes  végétales  sont  nettement  dé- 
minées ;  la  seconde  renfermera  ceux  qui ,  en  raison  de  leur  faible  vo- 
!,  de  leurs  formes  et  de  leurs  propriétés  spéciales,  ne  sont  pas  encore 
ftinitivement rangés  dans  le  règne  végétal. 


•  Sarcina  ventriculi  (Goodsir),  Uerismopœdia  vtnlricuU  (Ch,  Robin), 
f  La  sarcine  est  un  végétal  qui,  chez  l'homme,  se  pi-ésente  sous  la  forme 
^  masses  généralement  cubiques  ou  prismatiques,  avec  des  angles  quel- 
|iefois  arrondis  ou  irréguliers.  Plus  lourdes  que  l'eau,  ces  masses  se  dé- 
cent au  fond  des  matières  vomies  et  des  liquides  ;  elles  sont  incolores 
I  transparentes,  ou  bien  légèrement  brunâtres  et  peu  réfringentes,  lein- 
brun  ou  en  jaune  foncé.  Elles  sont  formées  de  cellules  cubi- 
les  rarement  allongées,  prismatiques,  à  angles  mousses,  et  plus  ou 
tuins  irrégulières,  qui  ont  en  moyenne  0'°'',008  de  cûté,  et  qui  pré- 
mtent  vers  le  milieu  de  chaque  face  une  légère  dépression  d'où  partent. 
I  s'écarlant  h  angle  droit,  quatre  silluns  donnant  lieu  sur  chaque  face 
f  quatre  petites  saillies  arrondies  {(ig.  I&'î).  Situées  les  unes  à  cdlé  des 
jntres  au  nombre  de  quatre,  huit,  douze,  seize,  trente-deux,  etc,,ce9  | 
ellules  hont  maintenues  par  simple  contact  ou  ù  l'aide  d'une  petite  1 
[Uantilé  de  matière  mucilagineuse  susceptible  d'être  gonflée  ou  détruite   I 


}^  ANATlIHIE   rATnOLOGIQUE. 

pnr  les  alcalis  et  les  acides  ctCDdus,  sans  modification  nuci 
ment  figuré.  Chacune  d'elles  est  composée  d'une  masse  Itoi 
noyau  ni  granulations,  ou  bien  renfenne  de  deux  à  quatru 
souvent  trois.  Prismatiques,  allongés,  à  angles  arrondis,  les 
ont  une  teinte  qui  varie  du  brun  jaunftlre  au  hnin  clair.  I.«s 
se  mulliplieut  d'une  manière  continue  par  division  ou  segmcntaliW 
quadruple,  eu  donnant  naissance  à  des  cellules  d'abord  ai-rondi^«.  pitt 
lourdes  que  l'eau,  qui  tombent  au  fond  des  liquides. 

Le  milieu  dans  lequel  se  rencontrent  ces  parasites  est  ordinaireHieiil 
contenu  liquide  de  l'estomac,  dans  certaines  conditions  niurbid»;  d 
dans  ce  liquide  qu'ils  ont  été  découverts.  Lesi 
missemenis  qui  les  renTerment  sont  de  c>>iil( 
brunâtre  ou  verdàlre,  de  la  consistance  fi 
crème,  acides  avec  une  odeur  ajgre  très-pffîDN 
cée;  ils  contiennent  des  acides  divers,  acéti^llt 
lactique,  chlorhydriquc,  ele.  Cliez  une  femme  i 
quarante  ans  n'ayant  aucune  lésion  matiïrwi 
l'estomac,  que  j'ai  pu  suivie  pendant  plusieurs  mois  à  la  consulta- 
tion de  riIûtel-Diou  et  du  Bureau  central,  les  vomisse meuls  sanv- 
naient  principalement  dans  la  nuit,  sous  une  forme  tout  ii  fait  iiA^ 
mitt«nte.  Au  contraire,  chez  un  homme  âgé  de  cinquante-cinq  ltQi{ 
observé  ù  l'hApital  de  la  Pitié,  ils  avaient  lieu  de  préférence  |iend:uil  ic 
jour.  Dans  ces  deux  cas,  ils  étaient  abondants,  mais  surtout  chez  le  der- 
nier malade,  qui  avait  l'estomac  manifestement  dilaté  et  probableniciil 
cancéreux  (1).  La  sarcinc  a  encore  été  observée  dans  les  fèces  (BeniMfl): 
Heller  l'a  trouvée  dans  les  matières  fécales  d'un  individu  atteint  d'un  cancff 
du  rectum,  dans  les  sédiments  de  l'urine  d'une  jeune  fille  ;  VinJio*  t» 
vue  dans  un  abcès  gangreneux  du  poumon,  et  moi.  dans  un  to^eté 
gangrène  qui,  du  sacrum,  avait  gagné  la  région  lombo- iliaque.  Ce  put- 
site  a  pour  effet  très-vraisemblable,  dans  l'estomac,  d'amener  la  fermci* 
talion  du  contenu,  dans  les  poumons  et  dans  certains  tissus,  de  fai'orés 
le  développement  de  la  gangrène.  Son  origine  n'est  pas  encore  bin 
connue;  toutefois,  suivant  Itzigsohn,  la  sarcine  dériverait  de  l'uoe  da 
espèces  d'oscillatoires  que  l'on  observe  dans  les  sources. 

BiuuoGRAPHrK.  —  Juhn  and    Ilarry   Gooiscb,  Aimtomical  tind  palhùhgkd 
Obsen-a'hiis.  ^dinburg,    1861-45.  —  Uelleh,  Aixkiv   f.  yhj/siuton,  Htrtibaidtt 


(1)  Le  nombre  des  earcinei  coalcnufs  dani  lei  TomUsement«  de  cet  deui  miliM 
éltit  eilrèmemcDt  considérable;  ellei apparaluaicut,  tous  le  cbimp du microscopr, «M 
la  forme  de  pivét  formant  de«  Uoli  plui  ou  moins  éLeodiu. 


^F  PARASITES   VE«KTAl!\.  775 

18^6,  pari.  I,  cl  Arehiv  f.  yki/siul.  uiiU  patltol.  Chemie  und  Microscopte,  )852, 
p.  SU.  —  Bl'sk,  Microsco}iiciil  Journal,  18Û3.  —  H.  Vibi:how,  San-.ina  {Archii- 
f.  iHttkol.  Aimt.  unii  Pliyatoi.,  etc.,  18j!i7,  I.  I,  p.  264).  —  ScflLossBOTGKB, 
Wurtimieiy  CorrespondauM. ,  18A6,  n"  36,  Arehiv  f.  physiolog,  Heiltuiuie, 
t.  V,  p.  7!i7,  18Û7. —  G.-W.  Simon,  De  Sarcina  veittriculi,  Oissert.  imiu^. 
Halle,  18i7.  —  I,EnM*s\,  Lrlirb.  dtr  phj/sioloy.  Ckcmk.  Leipzig,  1850,  II, 
|>.  128.  — Hasse,  Bcuftflr/itunB.  iiber  dit  Sarcina  venlrimli{Kitthàlifng,  d,  Zuriich. 
yaturforscfi.  Gcsdlsch.,  1847,  p.  951.  —  Ch.  Robin,  HUt,  nnt.  desrég.  para- 
*(itji.  Paris,  1853,  p.  331-345;  atlas,  pi.  l,fig.  8,  eipI.XII,  fig.  7.  — Iwiomiik. 
Arch.  f.  pnlh.  Atiai.,  t.  XIII,  541,  1858.  —  Ebrhtii,  Ibid.,  t.  XIII,  522.  — 
HoasMANs,  Ibid.,  t.  XIV,  393.  —  W.  Jennct,  Jferf.  chir.  Rerino,  ocL  1853, 
p.  329,  London.  —  H.  ««ball,  The  lancel,  April,  p.  338.  LoudoQ,  1853.  — 
R.  Nëale,  Med.  Times  anrl  Gaxette,  Juii}  1853,  p.  1)23,  London.  —  Biim,  On 
the  org.  diseases  and  fmicl.  disorders  af  Ihe  slomaeh.  London,  1855,  p.  233.  — 
Wi.Mu.Ml,  Vcber  Hamsnrcim  (Arckiv  f.palhol.  Anai.  wid  Physiol.,  t.  Wll, 
p.  .^70,  1861),  —  IttALE,  Vet-y  minute  sarcina«  {Anhiv  of  mediciii,  n,  8, 
p.  285,  1861J.  ~  Oppoukh,  Erweiteruug  des  Magms,  mit  Erbrechea  von  Sarcina 
{8pitah~Zlg.,  4  et  11  april,  1863,  cl  Sckmidfii  Jnhrb.,  t.  CXIX,  396).  —  Su- 
nixr.AR,  La  S/irdne  de  l'estomac,  recherches  sur  la  nature  nfgélah,  la  siruetwr 
anaiomiiuc  rt  tus  lois  qui  présidetit  au  dnvlop^ment  de  ces  organismes.  Leyde, 
Anal,  dans  Giu.  Itebd.  de  mid.  el  dechirur^.,  p.  110, 1866.  —  E.  Lanckiiul'I, 
Atlas  d'anitt.  patholog.,  p.  30  cl  (1Ù9.  —  Bud.  Wei^e,  Stircina  ventricttli 
(GoodBir)  [Bm-lin.  Ktin.  Wocheaschrirt.,  l.  VII,  34).  ~  J.  M.mK,  On  the 
Sarcùia]  ventriculi  ot  Gooàstr  {The  Lancet,  4j(uiïier  1873,  el  hevue  de  Huj/em, 
t.   l,  62'*). 


S"  Cryplococcus  cerevisiœ.  Synonymie  :  Torula  cerevuiœ  (Tiirpio).  — 
Aulrefois  range  pamii  les  algues,  ce  cryptogame  est  aujourd'hui  consi- 
lërà  comme  un  champignon,  i^  a  a 

cmnpose  de  ceilutes  de  O'°°',004 
It  tt"",007  de  diamètre,  rondes  ou 
orales,  incolores,  avec  un  ou  deux 
corpuscules  nucléaires,  d'appa- 
rence graisseuse  à  leur  intérieur 
[fig.  263).  Ces  cellules  en  engen- 
drent de  nouvelles  par  bourgeon- 
nement, et  celles-ci  se  multiplient 
de  la  même  manière  ou  par  seg- 
Dientation,  de  sorte  qu'il  se  produit  de^  séries  de  cellules  (3  h  S)  adhé- 
rentes les  unes  ans  autres,  mais  non  disposées  en  filaments. 

I.r  Cri/plococcus  cerevisicF  a  été  plusieurs  fois  renconlré  chez  l'homme; 


Fie.  aBS.  —  A.  Cryploeoceut  cmvMte, 
provenaal  di  l'eilomnc  el  rendu  par  vo- 
mîuemvn's  ;  B,  lo  mJiRc  chnrnpignan, 
tiri  de  la  bi6ie. 


776  AMâTOHIE  PATHOUMÎIQnE. 

il  se  développe  dans  les  liquides  de  h  bouche,  de  l'oesophage,  de 
restomac  et  de  l'intestin  (enduit  de  la  langue,  vomissements,  sdies 
diarrhéiques).  Dans  ces  différenls  cas,  il  est  souvent  introduit  par  h 
bière.  Lebert  a  constaté  la  présence  de  ce  végétal  dans  la  bouche  d'une 
femme  atteinte  d'une  affection  chronique  de  l'utérus  ;  des  faits  analogues 
ont  été  rapportés  par  d'autres  observateurs.  Vogel  l'a  rencontré  diDs 
l'urine  des  diabétiques,  ce  qui  n'est  pas  pour  cela  un  signe  certain  de 
l'existence  du  sucre,  car  on  Tobserve  dans  des  urines  non  sucrées;  j'ti 
moi-même  constaté  sa. présence  dans  les  urines  de  personnes  affectées 
de  diabète. 

Ce  cryptogame  se  développe  rapidement  toutes  les  fois  qu'il  trouve  ud 
milieu  acide  et  une  température  convenable,  surtout  dans  les  liquides  da 
tube  digestif  et  les  urines.  Sa  signification  pathologique  est  toujours  dou- 
teuse ;  il  n'aurait,  suivant  quelques  auteurs,  aucune  action  nuisible  sur 
l'animal  dans  les  humeurs  duquel  il  se  développe  ;  sa  présence  ne  serait 
qu'un  épiphénomène,  une  suite  de  l'altération  des  humeurs  et  non  la 
cause  de  celte  altération. 

Bibliographie.  —  Yogel,  Icônes  histoL  pathoU  lipsiaB,  i8ft3^  p.  93.  —  Ban- 
NOVER,  Ueber  Entophyten  auf  dm  ScMeimhauten  des  todten  und  lebendeii  Men- 
$chen  {Muller'8  Archw  f.  Anat.  und  PhysioL,  18^i2,  p.  281,  tab.  XV,  fig.  1-4). 
—  Gruby,  Comptes  rendus  de  l'Académie  royale  des  sciences  de  PariSj  18W, 
t.  XVIII,  p.  586.  —  Ch.  Robin,  Des  fermentations.  Paris,  18&7.  —  Le  même, 
Histoire  naturelle  des  végétaux  parasites,  Paris,  1853,  p.  322-327;  Atlas,  pi.  II, 
fig.  10,  pi.  IV,  fig.  3  et  U,  pi.  VI,  fig.  1.  —  P.  ScHUTZENBERGER,  JRecA<TcA^ 
sur  la  levure  de  bière  (Bulletin  de  la  Société  chimique  de  Parts,  t.  XXI,  p.  20û, 
1875). 

3*  Leptothrix  buccalis  (Ch.  Robin).- —  Ce  cryptogame  est  formé  de  fila- 
ments tubuieux  incolores,  assez  roides,  droits  ou  courbés,  quelquefois 
coudés  brusquement  et  en  général  sous  un  angle  obtus  à  bords  nets  avei' 
des  extrémités  brusquement  arrondies  et  non  effilées.  Larges  de  O'"",0005, 
longs  de  0°"°,020  à  0""",100,  ces  filaments,  non  articulés  et  très-fragiles, 
renferment  quelquefois  de  très-petits  granules  ronds  dans  leur  intérieur: 
réunis  par  leur  base  à  une  gangue  amorphe,  granuleuse,  ils  forment  des 
touffes  plus  ou  moins  serrées  à  ccHé  desquelles  on  aperçoit  des  filaments 
isolés  en  forme  de  baguettes,  des  cellules  épithéliales,  des  vibrions,  elc 
(fig.  Wi).  La  manière  dont  se  reproduit  ce  végétal  n'est  pas  connue.  Les 
petits  corps  ronds  qui  se  voient  parfois  à  l'intérieur  des  filaments  sont 
peut-être  des  corps  reproducteurs,  mais  rien  n'est  encore  démontré  à  cet 
égard. 


htHASITEB    VKGKTaUS. 

r  J,eptolkHx  buccalis  se  rencontre  constamment  dans  les  matières  en 
omposilion  de  ta  boucbe  de  l'hommir  (sur  la  pointe  des  papilles  lin- 
rgûales,  dans  l'enduit  des  dents,  le  taitre,  dans  la  cavité  dos  dents  cariées); 
de  là  il  passe  quelquefois  dans  les  liquides  de  l'estomac  et  de  l'intestin, 
ou  même  dans  ceux  des  voies  aériennes.  Ces  liquides  toutefois  ne  sem- 
blent pas  favorables  au  développement  du  leplothrix,  car  dans  ces  mi- 
lieux les  lubes  sont  généralement  courts,  isolés,  très-rarement  implantés 
•ur  un  support,  comme  s'ils  ne  pouvaient  atteindre  leur  complet  déve- 
loppement. 

La  plupart  des  auteurs  s'accordent  à  reconnaître  que  le  Leplothrix  buccoli» 


.,  26â.  —  Purs 
^  a,  LepMhrix  b 
*  eononai. 

j^est  pas  nuisible  à  l'homme,  qu'il  n'a  aucune  signification  pathologique; 
s  c'est  là  une  opinion  par  trop  favorable  si  je  m'en  rapporte  Ji  ma  propre 
nervation.  Sans  vouloir  parler  ici  des  cas  de  carie  dentaire  et  de  gan- 
toe  pulmonaire  où  il  est  fait  mention  de  la  présence  de  ce  parasite,  je 
^sdire  qu'il  m'est  arrivé  plusieurs  fois  d'être  conduit  à  lui  attribuer 
s  dyspepsies  acides  ou  Hatulentes  qui  ont  cédé  à  l'emploi  de  l'hypo- 
llfile  (le  soude  et  des  pastilles  de  menthe.  Dans  un  cas  (l),  ce  végétal 


(1)  La  nommée 

a  Lourcine  dan»  n 

^  et  <;ui  a   tau 


,  Viclorini;,  tgée  de  TÎDgt  nni,  damcatlqup,  idmiie  i  l'hôpiUI 
jcrvice,  le  18  jamier  1875.  est  une  jeune  penonne  bien  cnniU- 
s  joui   d'une    bonne  santé.  (Juiuie  joun  acant  ion  rnirée,  elle 


778  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

m*a  paru  jouer  un  rôle  véritable  dans  la  genèse  d'une  stomatite  qui  cessa 
aussitôt  après  l'administration  de  l'agent  parasiticide. 

Bibliographie.  —  Ant.  Leeuwenhoek,  Arcana  naturœ  détecta.  Lugd.  Batavor.^ 
1722,  t.  XL,  Og.  A.  —  Mandl,  Recherches  microscopiques  sur  lu  campoMm 
du  tartre  et  des  enduits  rrmqueux  {Comptes  rendus  de  VAcad.  des  «c.,  t.  XVD, 
p.  213).  —  Remak,  Diagnost.  und  pathog,  Untersuehungen,  Berlin,  i8à5. — 
BowDicHT,  Americoji  Jowm,  ofmed.  sciences,  April  1850,  p.  362.  — Ch.Rom, 
Histoire  naturelle  des  végétaux  parasites.  Paris,  1853,  p.  3/i5-35^  ;  Atlas,  pi.  1, 
fig.  1-2.  —  Wedl,  Grundzùge  der  path.  Histologie,  trad.  anglaise,  par  Busk, 
p.  7^6.7/i9.  —  Ubiscii,  Berlin,  klin.  Wochenschrift,  1875,  p.  702. 


Il 


Bactéries  et  vibrions.  —  Les  bactéries  sont  des  êtres  organisés  tout  à 
fait  inférieurs  et  qui  apparaissent  dans  les  matières  organiques  en  voie 


ressent  au  palais,  à  la  langue  et  dans  la  gorge  une  douleur  qu'elle  compare  à  une  sensa- 
tion de  feu.  Huit  jours  plus  tard  elle  perd  l'appétit,  se  plaint  de  fièvre,  céphalalgie  et 
courbature;  mais  ces  symptômes  nesontque  passagers.  Lors  de  notre  examen,  les  ganglions 
sous-maxiliaircs  sont  tuméfiés,  douloureux  et  volumineux.  Dans  sou  tiers  antérieur  li 
langue  est  desquamée  et  d'un  rouge  vif,  les  papilles  sont  à  nu.  Vers  la  partie  movcnne 
de  cet  organe  il  existe,  surtout  à  gauche,  des  plaques  ovales,  d'une  étendue  de  2  centi- 
mètres, rougeîitres  et  entourées  d'un  épithélium  blanchâtre  contrastant  avec  lepi- 
thélium  vrai.  La  partie  gauche  du  voile  du  palais,  de  la  voûte  palatine  et  de  la  face 
interne  de  la  joue,  la  lèvre  supérieure  surtout,  sont  le  siège  d'une  rougeur  framboisée* 
limitée  par  un  bord  festonné,  comme  si  l'on  avait  passé  sur  ces  parties  un  pinceau  enduit 
de  carmin  ;  dans  le  voisinage  on  aperçoit  quelques  taches  rouges  isolées.  La  face  inférieure 
de  la  langue^  le  pharynx,  la  face  interne  de  la  joue  droite  sont  intacts.  Les  am>gdales  sont 
volumineuses,  d'une  coloration  normale.  La  face  dorsale  de  la  langue  est  raclée  à  l'aide 
d'un  scalpel;  le  produit  examiné  au  microscope  renferme  :  1°  des  filaments  de  leptothrii 
implantés  sur  une  substance  granuleuse,  à  la  surface  des  cellules  épithéliales  altérées; 
2°  des  bactéries  et  des  vibrions  en  très-grand  nombre;  3°  des  cercomonas  (fig.  264). 

Le  19  janvier,  la  rougeur  a  envahi  la  partie  droite  de  la  langue,  avec  les  mêmes 
caractères.   Douleur  à  la  gorge,  déglutition  difficile.  Collutoire  au  chlorate  de  potasse. 

Le  20,  la  rougeur  persiste  et  envahit  les  trois  quarts  de  la  face  dorsale  de  la  langue, 
la  face  inférieure  reste  intacte;  la  rougeur  s'étend  à  une  grande  partie  de  la  face 
interne  des  lèvres  et  est  toujours  accompagnée  de  sensation  de  chaleur  et  de  brûlure. 
Le  collutoire  est  continué. 

Le  21,  on  ne  trouve  plus  au  microscope  le  Leptotrix  buccaliSj  les  bactéries,  les  vibrion* 
et  les  infusoircs.  Le  25,  la  rougeur  a  disparu,  et  le  lendemain  la  malade  nous  demande 
sa  sortie.   (Obs.  recueillie  par  Gh.  Remy.) 


PAKASITES   VÉGÉTAUX.  779 

de  décomposition.  Leurs  faibles  dimensions  et  la  simplicité  apparente 
de  leur  organisation  ne  permettent  pas  jusqu'ici  de  distinguer  d'une 
manière  certaine  les  unes  des  autres  leurs  diverses  espèces.  Sem- 
blable difficulté  se  présente  encore  lorsqu'il  s'agit  de  séparer  ces  petits 
êtres  d'avec  les  espèces  appartenant  à  des  genres  voisins  par  leur  orga- 
nisation, les  vibrions  par  exemple.  Les  bactéries  et  les  vibrions  font  partie 
d'un  groupe  d'êtres  désignés  en  France  sous  le  nom  de  vibrioniens,  en 
Allemagne  sous  celui  de  bactériens  ;  ils  se  produisent  dans  les  mêmes 
circonstances  et  suivant  les  mêmes  lois,  jouissent  de  propriétés  sem- 
blables ou  analogues  et  exercent  sur  les  milieux  dans  lesquels  ils  se  déve- 
loppent des  efTels  qui,  pour  être  difTérents,  n'en  ont  pas  moins  une  grande 
similitude.  Tous  ces  corpuscules,  contrairement  aux  infusoires  animaux, 
sont  insolubles  dans  l'ammoniaque,  quoique  ce  réactif  arrête  leurs  mou- 
vements. Ce  caractère  d'ordre  chimique  est  considéré  avec  raison  par 
Ch.  Robin  comme  l'un  des  plus  propres  à  faire  rentrer  les  bactéries  et 
les  vibrions  dans  le  règne  végétal. 

Les  vibrioniens  sont  constitués  d'après  Cohn  :  l""  par  une  masse  do 
protoplasma  creusée  de  vacuoles  et  animée  de  courants  dans  son  milieu, 
homogène  et  immobile  vers  sa  périphérie;  2"  par  une  fine  membrane 
cellulosique  que  met  en  évidence  la  teinture  d'iode,  qui  la  colore.  Ajou- 
tons qu'à  leur  intérieur  se  voient  encore  de  petits  corps  granuleux  qui  sont 
probablement  de  nature  graisseuse.  Après  la  mort  des  vibrioniens,  la 
substance  contenue  dans  la  membrane  s'altère  et  occupe  des  espaces 
variables,  laissant  des  intervalles  vides  qui  permettent  de  la  reconnaître 
facilement.  C'est  une  particularité  qu'il  faut  connaître,  car  ces  vibrioniens 
eau  voie  de  décomposition,  mêlés  à  d'autres  encore  vivants,  peuvent  fort 
bien  donner  lieu  à  une  méprise  et  faire  croire  à  deux  espèces  distinctes. 
D'un  autre  côté,  l'aspect  que  ces  êtres  prennent  en  se  desséchant  sur  une 
plaque  de  verre  a  porté  Ehrenberg  à  conclure  que  chaque  filament  est 
composé  d'une  série  d'animalcules  à  peine  plus  longs  que  larges  et  retenus 
par  une  division  spontanée  imparfaite  ;  mais  cette  opinion  n'est  pas 
justifiée. 

La  plupart  des  vibrioniens  ont  des  mouvements  variés;  ils  avancent, 
reculent,  oscillent  ou  pirouettent  autour  de  leur  centre  ou  de  leur  extré- 
mité, comme  des  tiges  rigides,  se  redressent  ou  s'infléchissent  en  ondu- 
lant, comme  le  serpent.  Toutefois  ces  mouvements  ne  sont  pas  constants; 
il  est  facile  de  voir  que  ces  infusoires  sont  généralement  immobiles  dans 
la  première  période  de  leur  développement  et  que  cette  période  d'im- 
mobilité dure  quelquefois  plusieurs  jours  (Davaine).  Ils  peuvent  cesser  de 
se  mouvoir,  tomber  dans  un  étal  d'inertie  qui  n'est  pas  toujours  leur 


780  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

mort,  puisqu'ils  ne  présentent  aucune  altération  dans  leur  oonsUtution; 
quelques-uns  d'entre  eux  sont  d'ailleurs  toujours  immobiles.  Ces  Mres  se 
nourrissent  aux  dépens  des  liquides  au  sein  desquels  ils  sont  plongés,  d 
sans  doute  par  absorption  endosmotique,  comme  le  prouve  la  odorBlioi 
rouge  qu'ils  revêtent  au  contact  d'une  larve  rouge  de  mouebe.  Ils  res- 
pireraient, suivant  Pasteur,  les  uns  l'oxygène  libre  (aérobies),  les 
autres  l'oxygène  combiné  (anaérobies),  mais  cette  opinion  n'est  ptf 
généralement  partagée;  Grimm  a  constaté  que  l'air  atmosphérique 
était  nécessaire  à  tous  les  bactériens,  et  Cobn  a  reconnu  que  ces  étm 
décomposent  et  réduisent  l'acide  carbonique  comme  tous  les  autm 
végétaux. 

Les  vibrioniens  ne  se  développent  jamais  que  dans  un  milieu  déter- 
miné, au  point  que,  pour  les  faire  disparaître,  il  suffit  de  modifier  k 
liquide  organique  qui  les  renferme,  de  substituer  une  eau  pure  à  une  eu 
corrompue,  de  l'eau  de  mer  à  de  l'eau  douce  ou  réciproquement  Une 
température  trop  basse  ou  trop  élevée  s'oppose  à  leur  développ^neot, 
celle  qui  leur  est  le  plus  favorable  oscille  entre  30  et  40  degrés;  il  en 
est  de  môme  d'une  pression  atmosphérique  trop  faible  ou  trop  forte,  car 
P.  Berta  pu  constater  que  sous  une  tension  de  23  à  24  atmosphères  toutes 
les  putréfactions  liées  au  développement  des  vibrions  cessent  de  se  pro- 
duire. La  présence  de  phosphates  et  de  substances  azotées,  de  l'ammoniaqae 
surtout,  dans  un  liquide,  favorise  leur  développement;  par  contre,  cer- 
tains agents  tels  que  le  chloroforme,  l'acide  salicylique,  ne  manquent  pas 
de  les  tuer.  Quelques  vibrioniens,  la  bactéridie  du  charbon  par  exemple, 
peuvent  subir  une  dessiccation  complète  sans  perdre  leur  vitalité,  et  cela 
pendant  toute  une  année  ;  cependant  ils  ont  perdu  la  faculté  de  s'inoculer, 
c'est-à-dire  qu'ils  périssent  dès  qu'ils  sont  placés  dans  une  certaine  quan- 
tité d'eau  (Davaine). 

Les  vibrioniens  n'ont  qu'un  seul  mode  de  reproduction  connu,  c  est  la 
scissiparité  ;  celle-ci  se  montre  avant  que  ces  infusoircs  aient  atteint  leur 
longueur  ordinaire,  et  pour  ainsi  dire  dès  leur  apparition,  ce  qui  aug- 
mente beaucoup  leur  faculté  de  propagation.  Sur  la  ligne  de  division,  le 
protoplasma  s'éclaircit,  puis  il  se  forme  une  cloison  transversale  qui  sé- 
pare le  contenu  en  deux  portions;  la  cloison,  d'abord  très-mince,  acquiert 
rapidement  Tcpaisseur  de  la  membrane  cellulaire  primitive  qui  se  ra- 
mollit et  se  liquéfie.  Quelquefois  les  deux  moitiés  de  la  cellule,  au  lieu 
de  se  séparer,  restent  en  contact,  tout  en  continuant  à  se  multiplier  indi- 
viduellement, et  de  la  sorte  elles  arrivent  à  former  des  chapelets.  Dans 
certaines  conditions  de  milieu  peu  favorables  au  développement  des  bac- 
téries, les  deux  portions  de  division  de  ces  êtres  s'enveloppent  d'une 


PARASITES  VÉGÉTAUX.  78i 

matière  glutineuse  commune,  et  si  la  division  se  répète  un  certain  nombre 
de  fois,  il  se  forme  des  groupes  ou  amas  plus  ou  moins  volumineux. 

Avant  Tapparition  des  vibrioniens  dans  les  infusions  artificielles  et 
d'ailleurs  dans  la  plupart  des  circonstances,  il  se  passe  en  général  un  cer- 
tain temps,  il  y  a  comme  une  sorte  d* incubation^  après  quoi  la  multipli- 
cation de  ces  êtres  a  lieu  avec  une  prodigieuse  rapidité.  Ce  moment  d'hé- 
sitation apparente  tient  surtout  au  milieu  et  à  Timperfection  de  notre 
examen,  car  si,  par  exemple,  on  place  le  vibrion  ferment  de  Tacide  tarlrique 
droit  dans  une  solution  aqueuse  de  tartrate  d'ammoniaque,  on  peut 
prouver  après  quelques  heures  de  contact  qu'il  y  a  du  tartrate  transformé. 
L'absence  d'incubation  tient,  dans  l'espèce,  à  ce  que  nous  possédons  un 
procédé  pour  reconnaître  immédiatement  le  développement  du  vibrion 
tartrique.  Dans  tout  autre  cas,  la  période  d'incubation  n'est  sans  doute 
qu'apparente  et  la  génération  par  scissiparité  peut  nous  en  donner  la  raison, 
comme  elle  peut  rendre  compte  ensuite  de  l'apparition  rapide  et  presque 
soudaine  des  vibrioniens.  Semblables  effets  se  rencontrent  dans  un  cer- 
tain nombre  de  maladies. 

Malgré  les  nombreuses  discussions  auxquelles  elle  a  donné  lieu,  l'ori- 
gine des  vibrioniens  qui  se  rencontrent  chez  l'homme  paraît  aujourd'hui 
nettement  établie.  Ces  êtres,  d'après  les  expériences  concordantes  de  Pas- 
teur, Lichtenstein,  Douglas,  Cunningham,  Tyndall,  etc.,  existent  partout 
dans  l'atmosphère,  et  pénètrent  l'organisme  humain  par  lintermédiairede 
Tair  à  peu  près  comme  certains  vers,  cysticerques  et  échinocoques,  y 
sont  introduits  par  l'eau.  Effectivement,  quel  que  soit  l'endroit  où  on  l'exa- 
mine, l'air  contient  toujours  un  grand  nombre  d'infusoires,  beaucoup 
moins  toutefois  sur  les  hautes  montagnes  que  dans  les  vallées.  Mais 
il  suffit,  comme  le  recommande  Pasteur,  de  filtrer  l'air  à  travers  du  coton 
pour  éviter  les  effets  produits  par  la  présence  de  ces  organismes.  Beaucoup 
plus  rarement,  ces  êtres  sont  apportés  par  l'eau;  c'est  là  néanmoins  un 
second  mode  d'introduction  dans  l'organisme.  On  comprend  ainsi  qu'un 
grand  nombre  de  maladies  aient  été  attribuées  aux  vibrioniens;  il  est  à 
remarquer  qu'elles  ont  presque  toutes  leur  localisation  anatomique  dans 
Je  système  lymphatique. 

La  classification  des  vibrioniens  doit  reposer  sur  leurs  caractères 
extérieurs,  mais  c'est  à  la  condition  de  ne  pas  oublier  que  ces  êtres  ont 
pour  cachet  spécifique  le  milieu  particulier  dans  lequel  ils  se  développent, 
autrement  dit  leur  fonction  physiologique.  DéjàDavaineetCohn  ont  tenu 
compte  de  ces  différents  caractères  dans  la  classification  qu'ils  donnent 
de  ces  organismes.  Malheureusement,  nos  connaissances  des  formes  di- 
verses que  peut  revêtir  un  même  individu  sont  très*insuffisantes,  et  par- 


78Ï  AM.VTÛMIE    PATHOLOGIQUE. 

tant  ladifïculté  d'isoler  chaque  espèce  apporte  la  plus  grandi 
dans  la  détermination  des  vibrioniens  qui  nous  întéressetit  te  plu.  Ci 
pourquoi  nous  ne  parlerons  ici  que  des  types  les  mieux  coanui  il}, 

1°  Bacterium.  —  Corps  fUifonne,  roide,  devenant  plus  ou  màm  & 
tinclcmenl  articulé  par  suite  d'une  division  spontanée; 
cillant,  non  ondulatoire  (Oujardin), 

liaclfrium  lermo  (Dujardin).  —  Ce  microphyte  a  la  forme  d'mi  II 
ment  cylindrique  un  peu  renflé  au  milieu;  deux  à  cinq  Tois  urnsi  lonffi 
large,  il  mesure  0"°,002  à  ((""".OOS  en  longueur  et  se  trouve  purd»»- 
semblé  avec  un  filament  semblable  résultant  d'une  division  sjHiiiUun: 
est  animé  d'un  mouvement  vacillant. 

Celte  bactérii^  l'un  des  êtres  les  plus  petits  du  règne orguniqut',a{i(iii 
au  bout  de  très-peu  de  temps  dans  les  matières  animales  en  pulr«fai](& 
elle  se  multiplie  bientôt  d'une  laçon  excessive  pour  disparaître  nisuihi 
mesure  que  d'autres  espèces  qui  ne  sont  peut-être  qu'une  forme  diflàot 
viennent  à  se  développer.  Le  Bacterium  termo  parait  avoir  été  obM-r^tln 
plusieurs  maladies,  la  variole  notamment:  Cbauveau  a  cnnstat^çin 
présence  dans  le  sang  d'un  bélier  bislourné  favorise  le  dévelopjx'Tnal'i 
la  gangrène  de  l'organe  pnvé  de  son  aliment  habituel.  Cet  ^trc  lefi» 
l'oxygène  libre  (Pasteur),  s'empare  de  ce  gaz  dans  les  liquides  qui 
nenl  des  nmliôres  organiques  et  périt  ensuite,  ou  bien  il  continui'df  w 
à  la  surface,  formant  une  pellicule  qui  protège  les  liquides  conlri' 
de  l'air  atmosphérique.  Il  possède  encore  la  faculté  de  fixer  ro:iyprt(i' 
t'air  sur  certains  produits  organiques,  et  contribue  ainsi  à  leur  ilcsK» 
tion  complète. 

Dujardin  décrit  encore  un  Bacterium  catenula,  ou  en  cbalnette:  Eliw- 
berga  failconnattrcle  fiQctot'um/)tincïMm;runet l'autre sonlpeudiiTiTali 
Am  Bacierium  /^rmo.  Davaine  admet  de  plus  l'existence  d'un  Baclfriim^- 

(Il  DavnLDB  clone  les  vibrioQi  comme  il  suit  : 

Filaments  limita  ou  inflc- \  ,c  mouvant  epontanémciit  (  rigides.  ..  Bailmrt 
cliin,    mais    no»    louriiés    en  >  \     fleioeui  .  Vibiù 

béliie  '  immobiles '      Baclcni» 

Filinicnls  loiirntîs  pii  hûlice SpinU«&   ■ 

Tels  sont  les  genre?.   Les  etpèccs  sont   généralement  iiaermitiëes   d'l|>rt>  le  wÊU 
qui  leur  convieot. 

Coha  a  adopté  lu  classiDcation  tuirante  : 

1°  Spliicrobattéries  (Kugelbaeterien)  G.  Micrococeu». 

2°  MicTobactérics G.  Bacterium. 

3°  Desmnboclérie» 6.  Bocillut,  Vibrio. 

à*  Spirobactcries G.  Spirillum.  Spirocbxte. 


PARASITES  VÉCiTADX.  763' 

tredinis  dont  il  a  éludJé  les  diiïérenles  fonnes.  Ce  raîcrophyte  détermine 
dans  les  plantes  une  pourriture  plus  humide  que  celle  qui  est  causée  par 
le  mycélium  des  champignons. 

2°  BACTEBioruH  (Davaine).  —  Corps  filifonne,  droit  ou  infléchi,  plus 
ou  moins  distinctement  articulé,  par  suite  d'une  division  spontanée  im- 
parfaite, toujours  immobile. 

Bactéridie  charbnnntuse  (Davaine).  —  Ce  végétal  a  la  forme  de  filaments 
droits,  roides,  cylindriques,  quelquefois  composés  de  deux,  trois  et  rare- 
ment  quatre  segments,  offrant  des  inflexions  à  angles  obtus  eu  rapport  avec 
les  arlides.  Ces  filaments  sont  très-minces  relativement  à  leur  longueur  qui 
va  jusqu'à  0"'",01  et  0"'°,012  pour  un  seul  article,  et  jusqu'à  û"°,05  pour 
UD  filament  composé.  Ils  mesurent  0~~,ni  dans  la  pustule  maligne,  ils 
sont  moins  longs  dans  le  sang  des  gros  vaisseaux;  c'est  dans  la  rate 
qu'ils  ont  leur  plus  grande  dimension.  Si  ces  filaments  sont  quelque- 
fois rares  dans  le  sang  du  cœur,  on  les  trouve  en  grande  quantité  dans  les 
concrétions  librineuses  placées  entre  tes  colonnes  charnues  ou  dans  les 
oreillettes  (fig.  361)  ;  on  les  obsen'e  encore  dans  le  corps  muqueux  de 
la  peau  de  l'homme  (pustule  maligne).  Leur  développement,  en  rapport 
avec  leur  âge,  est  en  outre  soumis  h  d'autres  influences,  car  on  les  trouve 
bemcoup  plus  courts  chez  certains  individus  que  chez  d'autres. 

Les  bactéridies  se  distinguent  des  cristaux  en  aiguilles,  avec  lesquels 
elles  ont  (quelquefois  une  très-grande  ressem- 
blance de  forme,  par  leur  résistance  à  l'action 
de  la  potasse  caustique  et  de  l'acide  sulfu- 
rique;  elles  se  différencient  des  vihrioniens 
qui  se  forment  dans  le  sang  putréfié,  en  ce 
que  ceux-ci  sont  doués  de  mouvements  spon- 
tanés ;  ajoutons  que  les  bactéridies  charbon- 
neuses sont  détruites  par  la  putréfaction. 

Ces  bactéridies  se  développenlchez  l'homme, 
chei   le  mouton,  le  bœuf,  le  cheval,  le  la- 
pin, etc.  ;  elles  ont  une  relation  très-étroite 
aveclamaladieconnuesousIenomdecAoï-fton.    Fic.  2G5.  —  Bacleridiei  cliar- 
„  .1-11  bonneuusetamasde  irlobulei 

Par  contre,  la  baclenuie  charbonneuse  ne  se  roiiiços  pmyennnt  du  ung  du 
rencontre  point  chez  le  chien,  le  chat,  les  oi-       «*""'  'l''"»  malade  mort  d'une 

.    ,       ,  .  ,  ,    -j    n  pustule  maligne. 

seaux,  ni  chez  les  animaux  a  sang  froid.  Ua- 

vaine  décrit  en  outre  des  bactéridies  intestinales  qui  sont  des  filaments 
droits  avec  espace  clair  médian,  indice  d'une  segmentation  binaire,  quel- 
quefois coudés  en  ce  point. 


784  ÀNATOMIB   PATHOLOGIQUI. 

3<»  ViBRio  (Mûller  et  Ehrenberg).  —  Corps  filiforme,  plus  oo  moins 
distinctement  articulé  par  suite  d*uiie  division  spontanée  imparfaite, 
susceptible  d'un  mouvement  ondulatoire  comme  celui  d'un  serpent 
(Dujardin). 

Vibrîo  lineola  (Mûller).  —  IjC  Vibrio  lineola  ressemble  beaucoup  an 
Bacterium  iermo  et  se  trouve  souvent  dans  les  mêmes  infusions,  de  telle 
sorte  qu'il  est  difficile  de  savoir  si  Tun  n'est  pas  le  premier  ftge  de  l'autre. 
Il  a  le  corps  diaphane,  cylindrique,  deux  ou  trois  fois  plus  long  que 
large;  ses  articles,  assemblés  au  nombre  de  deux  ou  trois  en  une  ligne 
mince  et  fle^nieuse,  ont  une  largeur  de  0",0035,  une  épaisseur  de 
0"«,0012  à  0»",0003. 

Vibrio  rugula  (Mûller).  —  Ce  vibrion,  dont  le  corps  est  diaphane,  se 
montre  sous  la  forme  de  fils  alternativement  droits  ou  flexueux,  l<Migs 
de  0,008  à  0,013  et  qui  se  meuvent  avec  vivacité  en  ondulant  ou  en 
serpentant.  La  faculté  que  possède  ce  petit  être  de  s'allonger  et  de  rester 
droit  le  distingue  des  5/)iri7/tim,  qui  sont  toujours  plus  ou  moins  enroulés. 
Il  se  trouve  dans  les  matières  intestinales  de  l'homme  et  surtout  dans  les 
déjections  des  cholériques. 

Une  autre  espèce^  le  vibrion-baguette  [Vibrio  Bacillus  Mûller),  n'a  que 
des  mouvements  d'inflexion  ;  il  se  distingue  du  vibrion  rugule  par  une 
longueur  plus  grande  des  articles;  on  le  retrouve  dans  la  matière 
blanche  du  tartre  qui  s'amasse  autour  des  dents.  Tous  ces  vibrions  sont 
des  agents  de  la  putréfaction. 

Pasteur  décrit  un  vibrion  lactique  qui  se  rapproche  beaucoup  du 
Bacterium  termo^  et  qui  est  formé  d  articles  globuleux  très-courts,  un  peu 
l'enflés  aux  extrémités.  Ce  vibrion  se  développe  dans  les  liquides  sucrés 
4ît  détermine  la  formation  de  l'acide  lactique.  Le  même  savant  admet  en 
outre  l'existence  d'un  vibrion  butyrique  et  d'un  vibrion  tartrique. 


/*•  Spirillum  (Ehrenberg).  —  Corps  filiforme,  contourné  en  hélice,  nou 
extensible,  quoique  contractile  (Dujardin). 

Spirillum  undulatum.  —  Ce  microphyte  a  le  corps  filiforme,  con- 
tourné en  hélice  lâche  à  un  tour  et  demi  ou  deux  tours,  déprimé  dans  le 
sens  de  l'axe  de  l'hélice  cl  plus  mince  vers  le  contour;  sa  longueur  totale 
est  de  0™'",008  à  0""S012,  sa  largeur  de  0'"'°,005.  Il  ne  s'étend  jamais  en 
ligne  droite,  cl  par  là  il  se  distingue  du  vibrion  rugule.  En  repos,  il  re- 
présente un  V  majuscule,  en  mouvement,  la  lettre  M;  il  se  développe 
dans  les  infusions  végétales  et  animales  fétides.  Une  espèce  parasitaire 
appartenant  au  game Spirillum  aurait  été  observée  par  Obermeyer  (ûcrliiL 


FARASITES   VÉGÊTArX.  "85 

Wochenichrifl,  187J,  il"  13,  p.  1j2.  el  n*  33,  p.  391)  dujis  1»  fièviv 
nirente. 

'  MiCROCOCCus.  —  Ce  genre,  crét;  par  ilallier,  rciifcnuc  loulcs  les  bac- 
Hes  globuleuses  :  ce  sont  des  corpuscules  ronds  ou  ovales,  rérriiigents, 
DOtours  nets,  et  animés  d'un  mouvi^nient  oscillatoii'e  lorsqu'ils  sont 
s  dans  un  liquide  étendu.  Cnlm  Tnil  de  ces  bactéries,  qui  sont  trës- 
nbreuses ,   trois   groupes  ;   les  espèces    simplement   pignienlaires  ; 
I  espèces  pignientaires  et  zjmogënes;  les  espèces  conla(;ieusos.  Bill- 
0,  au  contraire,  admet  comme  probahlc  l'opinion  que  vibrions,  bâc- 
les et  micrococcus  apparliouuent  a  un  nii^me  genre  d'algues,  les  oscil- 
pires.  On  voit  par  là  combien  on  s'entend  peu  jusqu'if^i  sur  la  dêtormi- 
pion  spécilique  de  ces  êtres.  D'un  autre  câté,  on  est  loin  de  s'accorder 
r  leurs  elTels  au  sein  de  l'organisme  vivant  ;  car,  s'ils  sont  considért^s   - 
f  plusieurs  auteurs  comme  pouvant  èU-e  h  rause  de  désowlres  patho- 
Uques,  il  est   encore  des  médecins  qui  ne  leur  attribuent  aucune 
pucnce  nuisible.  La  vérité,  à  notre  avis,  est  entre  ces  deux  exlriîmes, 
I  mîci'opbyles  ne  se  développent  pas  dans  les  lissus  d'un  individu 
lissant  de  la  plénitude  de  su  santé  ;  mais  ils  ont  la  pins  grande  ten- 
pce  à  envahir  toutes  les  parties  où  la  nutrition  languit,   et  a   plus 
e  raison  celtes  dans  lesquelles  se  pi'oduisent  des  composés  chimiques 
rent  servir  it  leur  alimentation.  C'est  ainsi  qu'on  les  voit  u])|)ai'allre 
p^aurface  des  plaies,  et,  par  leur  absorption,  contribuer  ii  ta  genèse  de 
HCction  putride,  de  l'infection  purulente  (voy.  p.  253)  et  de  la  gan- 
ne,  et,  lorsqu'ils  mit  été  injectés  dans  le  sang  ou  qu'ils  y  ont  pénétrê 
me  façon  quelconque,   localiser  leurs  elTets  sur  les  parties  dont  la 
trition  est  airalbiieou  nulle,  comme  l'ont  monli'é  les  expériences  de 
■uveau  chez  des  béliers  auxquels  il   avait  préalablement  pratiqué  le 
tournage.  De  cette  Façon,  on  peut  se  rcndi'C  compte  des  suppurations  et 
k  gangrènes  des  parties  génitales,  de  la  ituucbe  et  des  extrémités  chez 
■enfants  ou  tes  adultes,  a  la  suite  de  fièvres  graves,  puisque  ces  parties 
t  celles  où  lu  nutrition  est  le  moins  active,  et  souvent  aussi  celles  oii 
ftmicropbytes  ont  le  plus  de  tendance  à  séjourner  lorsque  malheui'eu- 
lent  on  néglige  les  soins  de  propreté.  En  somme,  la  pi-ésence  des 
rophytes  au  sein  de  l'organisme  se  lie  invuriablement  ii  une  modib- 
[on  préaliible  des  solides  ou  des  liquides;  mais  il   n'en  est  pas  moins 
ii  qu'elle  devient  ii  son  tour  l'occasion  de  désoi'drcs  tout  à  fait  spéciaux 
■s  êtres  qui  en  sont  la  cause.  La  conséquence  pratique  à  tire-r 
s  données,  c'est  qu'il  faut  cbercber  par  tous  les  moyens  à  déIruFrc 
I  êtres  si  nuisibles  fi  l'organisme  bumain. 

LA%CCIIEAIII.   —  TrailÈ  d'Aiiiil.    |oUi.  I. —  SO 


786  ANATOMIB  PATHOLOGIQUE. 

BiBLioGBArniE.  — V  nistolre  natnreUc).  —  A.nt.  Leeuwenhoek,  Opéra  omnw, 
t.  1,  p.  37.  Lugduni  Batavorum,  1722.  —  0.  F.- Muu.er,  Animaleula  inf^ 
soria  fîiivia  et  marina,  1786.  —  Bory  i>e  Saint-Vincent,  Encyclopédie  métho- 
dique, i82/t.  —  Ehrexbebg,  Die  Infusioiisthierchen y  etc.  Leipzig,  4838.— 
F.  DujARPix,  Histoire  naturelle  des  zoophytes  :  In f moires,  Paris,  18/il.  — 
RiNDFLEiscii,  Untersuchung.  uehei''  niedere  (h'ganismen  {Archiv  f.  pathoU  AwA. 
und  PhysioL,  t.  I.IV,  p.  108  et  396).  —  Oscar  Grimm,  Zur  Naturgesehkkk 
d.  Vibrio7ien  (Arc/iir /".  mikroskop.  Anat,,  t  VIII,  p.  514).  —  C.  Da vaine,  art. 
Bactérie  {Dictionnaire  encyclop.  des  sciences  méd.,  t.  VIII,  p.  13,  1868).  — 
H.  HoFMANN,  Màn.siirles  Bactéries  (Ann.  des  sciences  naturelles  y  série  5,  t.  XI, 
1869,  et  Botan.  Zeitung,  avril,  mai  1869).  — Corn,  Untersuck.  ùber  Baek- 
rien,    avec  planches  {Beitrdge  zur  Biologie  der  Pflanzen,  t.  lï,  Brcsiau,  1875). 

—  De  Seynes,  De  quelques  phénomènes  de  coloration  chez  les  bactéries  (Asiiocia' 
tion  française  pour  V avancement  des  sciences  (année  1874).  —  A.  Guiluid, 
Les  ferments  figurés ,  thèse  de  concours.  Paris,  1876. 

2*^  Physiologie.  —  Pasteur,  diiïércnls  Mémoires  sur  les  fermentalions 
(Comptes  reîulus  de  V  Académie  des  sciences,  t.  XLV,  1857;  t.  XLVI,  1858; 
t.  XLVIII,  1859  ;  t.  L,  1860;  t.  LU,  p.  334,  1861  ;  t.  LVl,  p.  734  et  \iS9,  - 
Du  même,  Mém,  sur  les  corpuscules  organisés  qui  existent  dans  fatmùsphrre. 
Paris,  1862.  —  C.  Saintpierbk,  De  la  fermentation  et  de  la  putréfaction,  Ihcse 
de  concours.  Montpellier,  1860.  —  A.  Gautier,  Des  fermentations,  thèse  de 
concours.  Paris,  1869.  —  Ch.  Robin,  Sur  la  nature  des  fei-mentations  en  tant  qw 
phénomènes  nutritifs  dêsassimilateurs  des  plantes  (Gaz,  hebd.  de  méd.  et  de  chi- 
rurg.,  1875,  p.  421 ,  434, 467).  — Engel,  Les  ferments  alcooliques,  thèse  Fac.  (le> 
sciences  de  Paris,  1872. —  P.  ScnuizE.NBEROKB,  Les  fermentations,  Paris,  1875. 

3°  Pathologie.  —  J.  Lemaiue,  Recherches  sur  les  microphy tes,  les  ;«f>ro;MjV.> 
et  les  fi-rmenfations  [Comptes  rendus  de  VAcad.  des  sciences,  t.  LVII,  p.  623: 
LIX,  p.  317,  1803-64).  —  Pouchet,  Infusoires  microscap.  dans  les  dèjct. 
alvines  des  cholériques  {Comptes  rendus  de  VAcad,  drs  sciences,  23  avril  18^9). 

—  Du  iiicMne,  Production  de  bactéries  et  de  vibrions  dans  les  jdilegmasies  </•:> 
bronches,  des  fusses  nasales  et  du  conduit  auditif  externe  {Ibid.,  7  novembre 
186^,  t.  LIX,  p.  748).  —  Rainey,  General  Doard  of  Aealth,  p.  137.  London, 
1855.  — Arth.  Hill  Hassaix,  môme  recueil,  p.  119  et  289.  — A.  Don.vk. 
Animalcules  observés  dam  les  miUlères  purulentes  et  le  produit  des  sécrétions  de? 
organes  gétiitaux  de  l'homme  et  de  la  femme  {Comptes  rendus  de  rArad,  dt> 
sciences,  1836,  l.  111,  p.  385).  —  Le  même.  Recherches  sur  la  nature  de» 
mucus  et  des  divers  écoulements  j^roduits  par  les  organes  génito-urinaires  d: 
Vhommc  et  de  la  femme  {Ibid,,  t.  IV,  p.  ^6^i,  1837).  —  Tï(;ri  (de  Sienne), 
Sur  la  jwésencc  d'infusoires  du  genre  Bacterium  dans  le  sang  humain  (Compt(> 
rendus  de  VAcad,  des  sciences,  12  octobre  1863,  t.  LVII,  p.  633).  —  Le  même. 
Note  sur  un  nouveau  cas  de  bactérie  dans  le  sang  d\in  homme  mort  d'une  fià*'^ 


PARASITES   VÉGÉTAUX.  787 

typhoïde  (Ibid.,  16  novembre  1863,  t.  LVll,  p.  833),  ei  Nouvelles  rechei^ches  sur 
les  maladies  caractérisées  par  la  présence  des  bactéridies  (/6îd.,  t.  LXIl,  p.  29U, 
5  février  1866).  —  LeplatcUaillard,  De  l* action  des  bactéries  sur  l'économie  ani- 
male {Comptes  rendus  de  l'Acad,  des  sciences,  i"  août  186/j,  t.  UX,  p.  250).  — 
Ch.  de  Vauréal,  Essai  sur  V histoire  des  ferments,  thèse  de  Paris,  186/i,  — 
L.  CozE  et  V.  Feltz,  Recherches  expérimentales  sur  la  présence  des  infusoires  et 
Vétat  du  sang  dans  les  maladies  infectieuses.  Strasbourg,  1866.  -»—  Les  mêmes, 
Recheixhes  clin,  et  expériment.  sur  les  maladies  infectieuses,  étudiées  spécialement 
au  point  de  vue  de  Vétat  du  sang  et  de  la  présence  des  ferments,  Paris,  1872.  — 
Ch.  Robin,  Leçons  si/r /es  humeurs.  Paris,  1867;  2'  édit.,  Paris,  1874.  — 
C.  Da VAINE,  art.  Bactérie,  Bactéiidie,  du  Dict.encyclop,  des  sciences  méd.,  t.  VIII, 
p.  13,1868.  —  Recherches  sur  quelques  questions  relatives  à  la  septicémie  (Bull, 
de  V Académie  dejnédecine,  septembre  et  octobre  1872).  —  S.  Samuel,  Archiv 
f.  exper.  Patholog,  und  Pharmakologie,  1873,  t.  I,  p.  317.  — Birch-Hirschfeld, 
Untersuch,  ùber  Pyœmie  [Archiv  der  Heilkunde,  1873,  livr.  3).  —  P.-L.  Panum, 
Das  putride  Gift,  die  Bakterien,  die  putride  Infection  oder  Intoxication  und  die  Sep- 
ticcrmie  {Archiv  f.  pathol.  Anat,  und  PhysioL,  1874,  t.  LX,  p.  301).  —  Bill- 
ROTH,  Untersuchwig,  ùber  die  végétât.  Formens  von  Coccobacteria  septica.  Wien, 
1874.  Anal,  dans  Archiv,  génér.  de  méd.^  1874,  t.  II,  p.  96.  —  Nepveu,  Comm^ 
à  la  Soc.  de  biologie  de  1870  à  1875,  et  Gaz.  méd.  de  Paris,  1874-75.  — 
A.  VuLPiAN,  Sur  les  bactéridies  {Comptes  rendus  et  Bull,  de  la  Soc.  de  biologie, 
1873).  —  E.  Lancereaux,  Sur  un  cas  de  gangrène  pulmonaire  suivie  de  mort  par 
septicémie  {Arch.  génér,  de  médecine^  série  6,  1873,  t.  XXI,  p.  276).  — 
J.  BuRDON  Sanderson,  British  Med,  Journal,  1875,  mai*s-avril.  —  Ciiarlton 
Bastian,  Ibid.,  1875,  p.  469.  —  J.  Tvndall,  La  putréfaction  et  la  contagion  dan» 
leurs  rapports  avec  l'état  optique  de  V atmosphère  {Revue  scientifique,  sér.  2, 
1875-76,  t.  V,  p.  553). 

Bactéridie  charbonneuse.  —  Delafond,  Traité  de  la  maladie  de  sang  des 
bétes  bovines.  Paris,  1848,  et  Bull,  de  la  Soc.  impér.  de  méd.  vétérinaire,  1860. 
—  Pollender,  Casp.  Vierteljahrschr.,  t.  VIIÏ,  1855.  —  Brauell,  Versuche  und 
Untersuchimgen  betreffend  den  Milzbrand  des  Menschen  und  der  Thierc  {Archiv 
f.  path.  Anat.  und  PhysioL,  1857,  t.  XI,  p.  132,  et  1858,  t.  XIV,  p.  432).  — 
C.  Da  VAINE,  Recherches  sur  les  infusoires  du  sang  dans  la  maladie  connue  sous  le 
nom  de  sang  de  rate  {Comptes  rendus  de  VAcad.  des  sciences,  t.  LVII,  p.  220, 
351,  386,  Paris,  1863,  et  1865,  t.  LX,  p.  1296;  Comptes  rendus  de  la  Soc. 
de  biologie,  sér.  3,  t.  V,  p.  149;  ibid.,  Mém.,  p.  195,  Paris,  1863).  — 
M.  Raimiœrt,  Comptes  rendus  de  VAcad.  des  se,  t.  LIX,  p.  393,  Paris,  1864; 
ibid.,  t.  LX,  p.  1296,  Paris,  1865;  ibid.,  t.  LXÏ,  p.  334,  368,  525.  —  Unck- 
REAUx  et  Lackerdauer,  Atlas  d'anat.  path,,  p.  150.  Paris,  1871.  —  G.  A.  Haueur, 
De  la  maladie  charbonneuse,  thèse  de  Paris,  1876. 


TRAUMATISME 


Le  tra uitintisme  est  l'état  qu'imprimu  h  1  orgaiiisim;  loiilc  espèce  dt 
lésion  Incale  pruduile  iiistantauément,  soit  par  une  violence  exIérieiiR, 
soit  par  un  agent  physique  ou  chimique  puissanL 

L'étude  aimtomo-palliologique  du  liaumalisiueesl  des  plus  iiistracliTB, 
car,  résullajit  d'une  action  primitivement  locale,  c*  dt'^sordire, 
que  tout  autre,  permet  d'appi-éciei-  les  divers  modes  de  réaction  d«  l'or- 
^anisuK^  en  présence  des  agents  extérieurs  et  suivaAt  les  condîlroiu 
de  la  nutrition  génémle.  En  elTel,  selon  qu'il  vil  à  IVlat  sau\-age  uu 
l'étal  civilisé,  qu'il  habile  In  rampagiie  ou  une  grando  ville,  un  paji 
chaud  ou  un  pays  Troid,  qu'il  a  une  vie  active  ou  une  vit.-  sédtmtain; 
qu'il  su  nourrit  de  substances  animales  ou  de  substantt-'s  vé^étdes. 
.l'individu  atteint  par  le  Iraumalisme  secompoi'te  d'une  f»i,-t>ii  dilTprente. 
Le  cainpa^iard  supporte  mieux  les  opérations  que  l'Iiabilaiit  des  vilt»-. 
la  Temme  à  l'état  sauvage,  conlraîrement  à  la  Temme  vivant  à  l'éUtdf 
civilisation,  ne  ronnalt  pour  ainsi  dire  pas  les  suites  de  raccouchciueni: 
l'individu  nourri  de  viandes  voit  la  cicatrisation  de  ses  plaies  se  priK 
duire  plus  lot  que  l'individu  qui  a  pour  base  de  son  alimentation  da 
pommes  de  terre,  vie.  Or,  dans  res  conditions,  il  est  faeîlf  de  ouinprrnilrp 
l'inanité  de  la  statistique  chirurgicale,  si  elle  ne  s'applique  à  des  individus 
de  même  âge,  de  même  sexe  el  vivant  dans  des  conditions  hygiéniques 
semblables. 

Les  agents  Iraumaliques  ont  d'ailleurs  des  effets  très-dissemblablts 
suivant  leur  mode  d'action.  Les  uns  modifient  les  tissus  en  les  incisant, 
en  les  déchirant  ou  en  les  broyant  :  ils  agissent  d'une  Taçon  purement 
mécanique;  les  autres  exercent  sur  ces  parties  une  action  simplement 
physique  ou  chimique.  Par  conséquent,  il  y  a  lieu  d'admettre,  pour  h 
facilité  de  l'étude,  un  traumatisme  mécanique,  un  traumatisme  physique  el 
un  traumaiitme  chimique. 


{ 


7 


CHAPITRE  PREMIER 


TRAUMATISME     MÉCANIQUE 


Résultat  d'une  violence  extérieure,  le  traumatisme  mécanique  se  mani- 
feste par  des  effets  divers,  au  point  de  vue  du  symptôme  et  de  l'indi- 
cation  thérapeutique,  selon  que  les  tissus  intéressés  se  trouvent  ou  non 
soumis  à  Faction  de  Tatmosphère.  C'est  pourquoi  nous  étudierons  suc- 
cessivement les  plaies  et  les  contusions,  puis  enfin  les  fractures  et  les  rup- 
tures, qui,  à  la  rigueur,  ne  sont  que  des  désordres  annexes,  pour  ainsi 
dire,  des  conlusions. 

§   1.    —   PLAIES. 

La  plaie  est  une  solution  de  continuité  produite  par  une  violence 
extérieure  qui,  agissant  mécaniquement  sur  nos  tissus,  les  divise  plus 
ou  moins  profondément  Les  corps  extérieurs  causes  des  plaies  sont 
généralement  classés  en  instruments  piquants,  tranchants  et  conton- 
dants, et  partant  on  admet  trois  espèces  de  plaies,  en  rapport  avec  les 
modes  d'action  de  ces  instruments,  à  savoir  :  les  plaies  par  instruments 
piquants,  les  plaies  par  instruments  tranchants  et  les  plaies  par  instru- 
ments contondants.  Mais,  les  conséquences  plus  ou  moins  fâcheuses 
des  plaies  étant  moins  subordonnées  à  la  forme  de  l'instrument  qu'à  la 
lacération  des  parties  et  à  l'action  des  substances  dont  cet  instrument 
peut  être  imprégné  et  qu'il  dépose  dans  les  tissus,  nous  étudierons  suc- 
cessivement :  l' les  plaies  simples^  2*  les  plaies  contuses^  3"  les  plaies 
empoisonnées, 

I.  —  Plaies  9iinples. 

Ces  plaies  varient  de  forme  et  se  comportent  un  peu  différemment 
suivant  qu'elles  ont  été  produites  par  un  instrument  qui  a  écarté  ou 
sectionné  les  tissus.   Les  premières  déterminent  un  éloignement  des 


790  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

tissus  qui  ne  tarde  pas  à  disparaître,  elles  laissent  écouler  peu  de  sang 
et  se  cicatrisent  tapidemeut.  Les  secondes  offrent  un  écartementen 
rapport  avec  1  élasticité  des  tissus  intéressés  et  la  contraction  muscu- 
laire, et  laissent  échapper  au  dehors  une  plus  ou  moins  grande  quantité 
de  sang. 

L'action  de  Tair  extérieur,  la  formation  d'un  caillot  entre  les  lèvres  de 
la  solution  de  continuité,  telles  sont  les  circonstances  qui,  dans  les  plaies  de 
peu  d'étendue,  favorisent  la  coagulation  du  sang  dans  les  capillaires  et 
arrêtent  ThémoiThagie.  Mais  cette  coagulation,  qui  entrave  la  circula- 
tion, devient  le  point  de  départ  d'un  accroissement  de  la  pression  sanguine 
au  voisinage  de  la  plaie,  d'où  la  dilatation  des  vaisseaux,  l'établissement 
d'une  circulation  collatérale,  et  en  même  temps  la  chaleur,  la  rougeur 
et  le  gonflement  des  bords  de  la  solution  de  continuité.  Disons  que 
l'excitation  inséparable  de  la  section  ou  de  la  déchirure  des  tilels  ner- 
veux joue  aussi  un  rôle  important  dans  la  production  de  ces  deux 
derniers  phénomènes. 

A  ces  premiers  symptômes  des  plaies  succèdent  des  phénomènes 
qui  varient  avec  la  nature  du  tissu  intéressé.  Dans  les  tissus  con- 
jonctifs  ces  phénomènes  diffèrent  suivant  que  la  plaie  suppure  ou 
ne  suppure  pas.  Une  plaie  qui  se  cicatrise  sans  suppurer  (réunion 
immédiate)  manifeste  un  ensemble  de  phénomènes  qui  aboutit  à  la 
formation  d'un  tissu  formé  de  jeunes  éléments  cellulaires  semblables 
à  ceux  qui  composent  l'embryon,  et  à  l'organisation  dêliniîive  de  ce 
tissu.  Au  bout  de  quelques  heures,  comme  on  peut  s'en  assurer  iii 
expérimentant  sur  les  animaux,  on  aperçoit  entre  les  bords  de  la  plair 
une  matière  glutineuse,  transparente,  masse  comparable  à  de  la  colle 
solide  (lymphe  plasticjue  des  auteurs).  Or  cette  masse,  qui  déjà  |>eut 
maintenir  réunies  les  lèvres  de  la  plaie,  renferme,  en  même  temps 
que  de  la  fibrine  et  des  globules  sanguins  provenant  de  la  division 
des  vaisseaux,  une  (juantité  innombrable  de  cellules  destinét's  à  fain* 
les  frais  de  la  cicatrisation.  Ces  cellules,  petites,  arrondies,  légèrement 
granuleuses,  formées  d'une  faible  quantité  de  protoplasma  au  sein 
duquel  on  voit  un  ou  plusieurs  noyaux,  ont  une  ori^iine  disoult*e. 
Ne  sont-elles  que  les  globules  blancs  du  sang,  comme  le  veuleul 
certains  auteurs  depuis  les  recherches  de  Cohnbcini?  Sont-elles  le  résul- 
tat de  la  multiplication  des  cellules  fixes  ou  des  cellules  mobiles  des 
espaces  lymphatiques  ?  ('/est  ce  qu'il  est  difficile  d'affirmer.  L'opi- 
nion qui  me  paraît  la  plus  vraisemblable,  est  (ju'elles  proviennent  des 
éléments  fixes  du  tissu  conjonctif.  Quoi  qu'il  en  soit,  ces  cellules  pa- 
raissent se  multiplier  par  segmentation  ;  elles  sont  mobiles,  contractiles, 


TRAUMATISME  MÉCANIQUE.  791 

^metlent  des  prolongements;  puis,  au  bout  d'un  certain  temps,  elles 
prennent  une  configuration  fusiforme,  tandis  que  la  substance  qui  les 
réunit,  ou  substance  intermédiaire,  acquiert  une  plus  grande  solidité. 
Plus  tard  ces  éléments,  serrés  les  uns  contre  les  autres,  s'aplatissent, 
diminuent  de  volume,  et  beaucoup  périssent;  si  bien  qu'il  en  résulte  une 
substance  inlercellulairc  fibreuse,  avant  tout  à  fait  le  caractère  du  tissu 
fibro-lendineux.  Pendant  ce  temps  les  parois  vasculaires  végètent,  en- 
voient des  prolongements  qui  s'anastomosent  avec  ceux  des  vaisseaux 
opposés,  de  telle  sorte  (jue  la  circulation  ne  tarde  pas  à  se  rétablir  entre 
les  deux  lèvres  de  la  plaie  ;  mais  la  vascularité,  d'abord  assez  marquée, 
diminue  bientôt,  car,  au  bout  de  quelques  semaines,  la  cicatrice  vascu- 
larisée  fait  place  à  un  tissu  fibreux  très-peu  riche  en  vaisseaux  et  plus 
résistant  que  les  tissus  voisins.  Des  vaisseaux  lymphatiques  apparaissent 
dans  ce  néoplasme,  qui  n'est,  en  somme,  qu'une  régénération  du  tissu 
conjonctif. 

La  réunion  des  parties  molles,  après  une  plaie  simple,  est  donc  tou- 
jours suivie  d'une  cicatrice  du  tissu  conjonctif;  ce  tissu  qui  existe  par- 
tout, ayant  la  plus  grande  facilité  de  reproduction,  fait  en  cHet  tous  les 
frais  de  la  cicatrisation.  C'est  par  lui  qu'a  lieu  aussi  la  cicatrisation 
des  caitilages.  Cependant  le  tissu  osseux  a  la  propriété  de  se  repro- 
duire à  la  suite  de  blessures,  et  le  tissu  musculaire,  dont  le  pouvoir 
régénérateur  a  été  longtemps  mis  en  doute,  jouit  du  même  avantage, 
comme  l'ont  montré  les  reclit>'ches  de  Peremeschko,  0.  Weber,  etc.; 
d'un  autre  côté,  la  régénération  des  troncs  nerveux  est  depuis  longtemps 
connue.  Les  cellules  nerveuses  et  les  éléments  glandulaires  n'ont  pas  le 
même  privilège,  et  rien  ne  prouve  jusqu'ici  qu'ils  soient  c^iï)ables  de  se 
reproduire  ;  il  résulterait  de  là  que  la  propriété  de  se  régénérer  appar- 
tient exclusivement  au  groupe  des  tissus  émanant  du  feuillet  moyen  du 
blastoderme,  et  que  pour  cette  raison  sans  doute  on  appelle  encore  tissus 
végétatifs. 

Si  la  plaie  qui  nest  pas  accompagnée  de  perte  de  substance  peut  se  com- 
porter comme  nous  venons  de  le  dire,  il  en  est  autrement  de  la  plaie  avec 
perte  de  substance  :  celle-ci  suppure  nécessairement  au  contact  de  l'atmo- 
sphère. Dès  la  fin  du  deuxième  jour,  les  lèvres  de  cette  plaie  se  tuméfient  ; 
puis  elles  se  couvrent  d'une  couche  grisâtre  plus  ou  moins  épaisse,  sorte 
de  couenne  au-dessous  de  laquelle  apparaissent  de  petites  saillies  rouges 
et  vasculaires,  désignées  sous  le  nom  de  bourgeons  charnus  (voyez 
p. 226).  Constitués  |)ar  de  petites  cellules  rondes  oucellulesembryonnaires 
et  par  de  nombreux  vaisseaux  capillaires,  ces  bourgeons  varient  d'aspect 
suivant  l'état  général  du  sujet  affecté  et  certaines  conditions  de  localité. 


?B2  ANiTOMlË    PATHOLOGIQUE.  ■ 

S'ils  sonl  petits,  formes,  coniques,  rosés,  ce  qui  sigiiifie  qu'il*  û[i!«Bjj^,| 
grande  tendance  à  la  cicatrisation,  on  les  dit  de  lionne  nslunUilg^ 
vontrairc  ils  sont  volumineux,  violacés,  mollasses,  pâles  ou  hiaËd\hl|_|u 
eondiiisent  à  une  cicatrisation  lente,  et  sont  les  bourgeon»  ehamut  Bw 
niiiuvuisG  nnlure.  Dans  ces  conditions,  ils  sont  exposés  h  de  oonibnn  mfn 
désonires,  et  principalement  à  des  ruptures  vasculaires  suivii^s  d'aïk^Hp^ 
moscs  ou  de  légères  hémorrliagies,  sous  l'influence  d'uiTutb  «kl^^ 
pansements  mal  dirigés.  L'u  liquide  plus  ou  moins  épais,  crèma^ 0  l^i^ 
jaunfkLre  (pus  de  bonne  nature],  liquide  sanieus,  verdAtre  ou  bnilto  Utà 
[pus  de  mauvaise  nature),  s'échappe  de  la  surf^ace  des  bourgeons  àaf»  ^Ll 
ou  membrane  granuleuse.  Ceux-ci  s'élèvent  peu  à  peu,  puii^ils  s'ucdaL  ^Li 
se  fusionnent  (réunion  par  seconde  intention),  ou  bien,  Inrsquoricnfc-  Bu 
ment  n'est  pas  possible,  ils  tendent  ii  s'égaliser  à  la  surface  de  U  |Ub  1^ 
perdent  de  leur  vascularitè,  sécrètent  une  moindre  quantité  du  ^obia  M% 
purulents,  se  couvrent  enlin  de  pellicules  blanches  fanuées  de  c«41alis  I 
épidermiques,  et  la  cicatrice  est  constituée.  Brune,  livide  ou  violacée,  eellr  I 
cicatrice  acquiert  bientôt  une  certaine  résistance,  mais  ensuite  elle  foi  I 
sa  coloration  pour  prendre  une  teinte  d'un  blanc  mal,  qu'elle  garde  touk  I 
la  vie,  et  qui  ti-ancbe  sur  la  coloration  plus  foncée  des  téguments.  1 

La  cicatrisation  des  plaies  s'accomplit  avec  plus  ou  moins  ie  leuIW.  l 
suivant  leur  siège  et  les  conditions  de  nutrition  du  sujet  affecté.  D'ok 
façon  génémle,  elle  est  d'autant  plus  rapide,  que  les  tissus  inli-rfun 
sont  plus  vasculaii-es  :  c'est  ainsi  que  les  plaies  de  la  léte  et  relies  de  b 
face  guérissent  plus  promptement  que  celles  de  la  plupart  des  autm 
pallies  du  corps.  De  même  l'inJividu  jeune  et  bien  nourri  se  Iiwiw, 
sous  ce  rapport,  dans  des  conditions  beaucoup  meilleures  que  l'individg 
(Igé  et  mal  nourri  ;  une  alimentation  animalisée,  un  esereice  musruUiir 
journalier,  une  vie  active  passée  au  grand  air,  une  tenipéralurv  iw- 
dérée,  sont  autant  de  circonstances  ravumliies  ù  lu  cii;atrisatio]i  do 
plaies,  et  qui  nous  expliquent  la  plus  ou  moins  grande  fréquence  de 
succès  opératoires,  suivant  le  milieu  dans  lequel  se  trouve  placé  1« 
patient. 

Les  phénomènes  généraux  qui  accompagnent  les  plaies  consistent  en 
une  lièvre  plus  ou  moins  intense  et  d'allures  assez  variées  :  cbn 
les  individus  irritables,  excités  par  quelque  impression  morale,  ou  adon- 
nés aux  boissons  alcooliques,  celle  (ièvi'c  se  complique  fréquemment  d'un 
délire  plus  ou  moins  aigu;  chez  les  individus  épuisés  par  la  douleur  ri 
par  la  soulfrance,  elle  peut  même  revêtir  un  caractère  ndynamique.  l'a 
grand  nombre  d'autres  circonstances  modifient  parfois  cet  état  généni 
et  souvent  aussi  l'état  local  des  plaies.  Ce  sont  tes  maladies  constiU- 


TRAUMATISME  MÉCANIQUE.  793 

tionnelles,  Taltération  d'organes  ayant  une  action  manifeste  sur  la  nu- 
trition, tels  que  l'encéphale,  la  moelle  épinière,  le  foie,  les  reins,  etc. 
Ajoutons  que  certaines  influences  physiologiques,  la  grossesse,  par 
exemple,  et  les  conditions  climatériques,  peuvent  imprimer  un  cachet 
particulier  aux  solutions  de  continuité,  ou  même  provoquer  des  accidents 
généraux  sérieux.  Mais  ce  qui  modifie  les  plaies,  s'oppose  à  leur  cicatrisa- 
tion et  détermine  des  accidents  graves  chez  les  opérés,  c'est,  avant  tout,  le 
contact  avec  les  tissus  lésés  d'instruments  ou  de  liquides  malpropres,  d'un 
air  chargé  de  microphytes.  C'est  à  ce  contact  qu'il  convient  de  rattacher  au- 
jourd'hui la  plupart  des  complications  locales  des  plaies,  telles  que  l'inflam- 
mation, la  pourriture  d'hôpital,  la  gangrène,  etc.,  et  leurs  conséquences 
(infection  purulente,  résorption  putride,  etc.).  Les  succès  des  chirurgiens 
qui  savent  se  mettre  à  l'abri  de  ces  influences  nuisibles  sont,  en  dehors 
de  l'observation  directe,  une  preuve  de  la  doctrine  que  nous  défendons. 

II.  —  Plaies  conluses. 

Ces  plaies  peuvent  être  considérées  par  la  pensée  comme  le  résultat 
composé  d'une  solution  de  continuité  par  instrument  tranchant,  d'une 
altération  variable  dans  la  texture  des  parties  qui  ont  été  frappées. 
Elles  représentent  une  solution  de  continuité  dont  les  bords  sont  en 
général  inégaux  et  irréguliers,  excepté  dans  quehiues  cas  où  les 
tissus  mous  surmontent  un  plan  résistant,  comme  à  l'angle  orbitaire 
externe.  Ces  plaies  ont  ceci  de  remarquable  qu'elles  ne  sont  pas  en 
général  saignantes,  ce  qui  s'explique  par  la  lacération  des  parties  et  par 
l'obturation  des  vaisseaux  au  niveau  des  couches  désorganisées  ;  d'un 
autre  côté,  elles  sont  très-variables  quant  à  leur  profondeur,  leur  étendue 
et  la  désorganisation  plus  ou  moins  complète  des  tissus  affectés. 
Pour  toutes  ces  raisons,  on  admet  deux  degrés  dans  les  plaies  contuses  : 
les  unes  oH'renl  une  altération  si  peu  profonde  des  tissus,  que  la  guérison 
a  lieu  sans  élimination  ;  les  autres  sont  le  siège  d'une  désorganisation 
tellement  considérable,  que  le  travail  de  restauration  a  lieu  seulement  à 
la  suite  de  l'élimination  des  parties  mortifiées  :  de  là  des  complications 
diverses,  el  surtout  la  gangrène. 

Il  résulte  de  ces  données  que  si  les  plaies  par  instrument  piquant  et 
par  instrument  tranchant  ont  une  tendance  naturelle  à  la  réunion  im- 
médiate, les  plaies  contuses  au  contraire  ne  peuvent  guérir  qu'à  la  suite 
d'un  travail  régénérateur  dont  les  éléments  sont  :  élimination  ou  expul- 
sion, à  la  façon  d'un  corps  étranger,  des  parties  escharifiées  ;  inflammation 


79ï  ANATOMIB    PATHOLOGIQUB. 

suppurative  des  parties  moins  désorganisées.  Par  conséquent,  toute  plue 
contuse  suppure  et  ne  devient  le  siège  d'un  travail  de  cicatrisation  et 
d'adhésion  qu'autant  qu'elle  est  ramenée  à  l'état  de  plaie  par  instrument 
tranchant,  qui  suppure. 

Je  n'ai  pas  à  m'occuper  ici  des  complications  de  ces  plaies.  Pourtant 
j'en  dirai  quelques  mots,  aGn  de  montrer  que  ces  accidents  sont  tou- 
jours subordonnés  à  des  conditions  spéciales  à  l'individu  malade  et 
au  milieu  dans  lequel  il  vit.  Les  plus  importantes  parmi  ces  complica- 
tions, en  dehors  des  désordres  nerveux  réflexes,  tels  que  spasmes 
musculaires,  tétanos,  etc.,  sont  l'hémorrhagie,  l'infection  purulente,  la 
gangrène  et  la  pourriture  d'hôpital.  L'hémoiThagie  est  artérielle,  veineuse 
ou  capillaire,  suivant  la  source  d  où  elle  provient,  et  partant  plus  ou 
moins  grave.  En  outre,  suivant  qu'elle  survient  au  moment  de  la  bles- 
sure ou  plus  tard,  elle  est  dite  primitive  ou  consécutive  ;  dans  tous  \e:> 
cas,  elle  est  subordonnée  à  la  disposition  générale  du  sujet  ou  encon*  à 
certaines  modifications  des  organes,  notamment  le  foie,  la  raie  et  les 
reins.  Abondantes  chez  les  hémophiles,  les  hémoiThagies  truuniatiques 
sont  généralement  fréquentes  chez  les  albuminuriques,  les  cirrhotiques, 
les  impaludiques,  etc.  (Verneuil). 

L'infection  purulente,  la  gangrène  et  la  pourriture  d'hôpital  sont  des 
complications  que  l'on  observe  suilout  chez  les  individus  placés  dans  de 
mauvaises  conditions  morales  et  dont  le  svstème  nerveux  est  ébranlé; 
mais  il  importe  de  savoir  (ju'elles  ne  se  développent  jamais  (|ue  dans 
un  milieu  spécial,  au  conlact  d'un  principe  so|)lique.  Deux  condi- 
tions sont  ainsi  nécessaires  à  la  production  de  cos  acci(l«'nts  n-duu- 
tables  dos  plaies,  savoir,  un  état  général  mauvais  cl  la  présence  à  la  sur- 
face de  la  plaie  de  germes  ou  ferments  délétères,  qui,  après  s'éUv  mul- 
tipliés sur  place,  pénètrent  dans  l'organisme  el  rinfeclenl.  (Test  ainsi 
que  l'on  explique  aujourd'hui,  avec  raison  selon  nous,  los  phém>- 
mènes  de  la  pyohémie  (voy.  p.  239),  des  gangrènes  (voy.  p.  513)  et  au^^i 
ceux  de  la  pourriture  d'hôpital  (1). 

BiBLiOGRAPniE.   —  John   IIl.ntf.r,    Œuvres  conqûf'teSf  Irad.  on  fraiirai>  par 
G.  Richclot,  t.  Ilï,  p.  274.  l^aris,  i8/i0.  — John  Bell,  Disrourses  on  th.miUir* 

(1)  Voyez,  pour  la  bibliogrnpliie  de  la  pourriture  d'hôpital  :  E.  Folliii,  Tnuif  '/■ 
patholoijie  externe.  Paris,  1861,  t.  I,  p.  Û88,  —  Bonnard,  lice.  Je  »um.  //?  mti., 
chir.  et  phann.  milit  ,  t.  XVI,  p.  302.  —  Pitlia  et  Billrotli,  Hntulbuch  fh:r  »///y'.>w. 
wid  spec.  Chirurgie^  vol.  I,  1^  part.,  1"  fasc.,  livr.  i,  p.  187,  art.  Unspitiilhrnt'f, 
par  C.  Heine.  —  E.  WolfT,  Recherches  sur  la  pourriture  tllo'*}tUttl^  thèse  «le  Pari*. 
1875,  —  Nussbaum,  Eine  Mittheiluutj  uher  den  Hospitalbrand  iUingenbeth" s  Atxhir  j*tT 
klin.  Chirurgie,  t.  XVIII,  p.  706). 


TRAUMATISME  MÉCANIQUE.  795 

and  cure  of  Wonnds,  London,  1795;  trad.  franc,  par  Estor,  Paris,  1825.  — 
DupuYTREN,  Traité  des  plaies  d'armes  de  guerre  {Leçons  cliniques,  U  V  et  VI, 
183/i).  —  Parmf.ntier,  Quelques  recherches  sur  la  cicatrice  des  plaies  exposées 
au  contact  de  l'air,  thèse  de  Paris,  1854.  —  Girouard,  Cicatrisation  des  plaies 
à  Vair  libre,  thèse  de  Paris,  1858.  —  Ritzinger,  De  la  cicatrisation  en  général 
et  de  celle  des  plaies  en  particulier,  thèse  de  Strasbourg,  1859,  n"/i71.  —  Wal- 
DEYER,  Zur  patholog.  Anatomie  der  Wundkrankheiten  (Archivf,pathol.  Anat.  und 
Fhysiol,,  1867,  t.  XL,  p.  879).  — Wiwodzoff,  Étude  expérimentale  des  diffé- 
rents phénomènes  qui  se  passent  dans  la  cicatrisation  des  plaies  par  première 
intention  {Journal  de  Vanatomie  et  de  la  physiologie  norm,  et  path.  de  V homme 
et  des  animaux,  1868,  p.  130).  —  Consultez  les  principaux  traités  de  chi- 
eldes  animaux,  1868,  p.  i30).  —  Edw.  Klebs,  Beitraege  zur  pathol,  Anat,  der 
Srhusswandcn,  Leipzig,  1872. —  Consultez  les  principaux  traités  de  chirurgie. 


m.  —  Plaies  empoi^nnécs. 

On  appelle  plaies  empoisonnées,  des  plaies  qui  sont  accompagnées 
de  l'introduction  d'un  poison  dans  les  tissus,  et  déterminent  des  phéno- 
mènes locaux  et  généraux  particuliers. 

Les  peuplades  sauvages  qui  combattent  à  Tare  empoisonnent  à  dessein 
leurs  flèches  par  des  substances  encore  inconnues  dans  lem*  nature, 
mais  dont  les  efl'cts  sur  l'organisme  ont  été  bien  étudiés  dans  ces  der- 
niers temps  par  plusieurs  physiologistes,  et  surtout  par  le  professeur 
Cl.  Bernard.  Ces  effets  ayant  trait  à  l'état  général  plutôt  qu*à  l'état 
local  de  la  personne  qui  est  atteinte,  je  renverrai  pour  leur  élude 
aux  différents  travaux  de  ce  savant,  et  particulièrement  aux  leçons  qu'il 
a  publiées  sur  les  substances  toxiques  et  médicamenteuses  (Paris,  1857). 
Mais  si  les  plaies  de  cette  provenance  sont  peu  différentes  des  plaies  sim- 
ples, il  en  est  autrement  des  plaies  imprégnées  d'un  principe  septique  ou 
virulent  ;  celles-ci  ont  une  physionomie  à  part,  spécifique  en  quelque 
sorte,  quel  que  soit  l'état  général  qui  les  accompagne  :  tels  sont  le  tuber- 
cule anatomi(|ue,  le  chancre,  la  pustule  de  la  morve,  etc.  Il  me  suffira  de 
signaler  ici  ces  lésions,  fort  bien  décrites  dans  la  plupart  des  traités  de 
pathologie,  à  l'exception  toutefois  des  plaies  produites  par  les  dissections 
cadavériques. 

Le  tubercule  anatomique  est  une  lésion  oixiinairement  superficielle 
et  de  peu  d'étendue,  caractérisée  par  l'hyperplasie  des  papilles  du  denne, 
qui  forment  à  son  pourtour  une  tuméfaction  plus  ou  moins  considérable. 
Cette  tuméfaction,  violacée,  indolente,  quelquefois  saignante,  se  divise  en 
une  multitude  d'élevures  papillaires,  au  centre  desquelles  existe  un 
espace  vide  qui  souvent  laisse  sourdre  une  gouttelette  de  pus.  Tantôt 


796  ANATOMIE  PATHOLOGIQOI. 

unique,  le  tubercule  anatomique  est  d'autres  fois  multiple  ;  plusieurs  lé- 
sions de  même  genre  sont  alors  groupées  sur  des  crevasses,  auniveindes 
articulations  métacarpo-phalangiennes,  en  forme  de  pléiade  ou  de  demi- 
cercle.  Ce  tubercule  n'entratne  en  général  aucun  accident  sérieux  k  si 
suite;  mais  il  n'en  est  pas  ainsi  des  plaies  anatomiques  proprement  dites. 
Celles-ci,  lorsqu'il  s'agit  d'une  simple  piqûre,  se  présentent  sous  h 
forme  d'une  pustule  à  liquide  trouble,  assez  semblable  à  une  pustok 
vaccinale  ;  elles  ne  tardent  pas,  en  général,  à  être  accompagnées,  du  moiitt 
chez  les  individus  débilités,  de  lymphangites  et  d'adénites  presque  tou- 
jours suppurativesy  et  de  phénomènes  généraux  des  plus  graves.  Ces 
phénomènes  se  produisent,  tantôt  après  des  recherches  cadavériques 
faites  sur  des  personnes  mortes  depuis  peu  de  temps,  ils  sont  des  plus  sé- 
rieux et  paraissent  tenir  à  une  cause  spécifique;  tantôt  k  la  suite  de  l'exa- 
men d'organes  en  putréfaction,  ils  sont  alors  beaucoup  moins  dangereux. 

Au  groupe  des  plaies  empoisonnées  appartiennent  les  plaies  envenimées, 
c'est-à-dire  celles  que  vient  compliquer  le  dépôt  d'un  venin.  Les  venins 
sont  des  produits  de  sécrétion  normale  propres  'à  un  certain  nombre 
d'animaux  (|ui  en  usent  comme  moyen  de  défense.  Les  animaux  veni- 
meux les  plus  redoutables  ont  des  dents  ou  des  aiguillons  qui  leur  per- 
mettent de  pratiquer  à  nos  tissus  des  plaies  au  sein  desquelles  ils  déposent 
le  poison  ;  ils  appartiennent  aux  reptiles,  aux  insectes  et  aux  arachnides.  Ce 
sont,  parmi  les  premiers,  la  vipère  et  le  crotale;  parmi  les  seconds^  l'abeille^ 
la  guêpe,  le  frelon,  etc.  ;  parmi  les  derniers,  le  scorpion  et  la  tarentule. 

Les  plaies  produites  par  la  piqûre  de  la  vipère  offrent  Icmpreinte  des 
deux  dents  venimeuses  ;  elles  saignent  d'abord,  rougissent  et  deviennent 
le  point  de  départ  d'une  tuméfaction  œdémateuse  qui  bientôt  s  étend  au 
loin,  gagne  la  totalité  du  membre  lésé,  et  même  le  tronc.  Ces  plaies,  dont 
l'étude  hislologique  est  à  faire,  laissent  échapper  une  sérosité  roussàtre.et 
présentent  dans  leurs  environs  des  phlyctènes,  des  taches  livides  erchymo- 
tiques,  violacées,  noirâtres,  et  quelquefois  gangreneuses.  Les  désordres 
locaux  ont  été  assez  généralement  attribués  à  laction  du  venin  sur  le 
sang  qui  est  noir  et  chargé  d'acide  carbonique,  mais  il  peut  se  faire  qu'ils 
tiennent  en  partie  aussi  à  une  induence  nerveuse  locale  ;  en  tout  c^s,  ils 
sont  rapidement  suivis  d'angoisse  et  de  faiblesse  générale,  de  petitesse  du 
f  ouïs,  de  nausées,  do  vomissements,  de  suppression  des  urines,  de  co- 
loration iclérique  de  la  peau,  etc.,  ensemble  symptomatique  indice  d'uni* 
modilication  profonde  du  liquide  sanguin  et  qui  trop  fréquemment  con- 
duit à  la  mort. 

Les  pi(jùre3  de  serpents,  assez  communes  dans  la  zone  toiride,  ont  dos 
caractères  locaux  peu  différents  de  ceux  des  piqûres  de  la  vi|>ère,  si  bien 


TRAUMATISIIE  MÉCANIQUE.  797 

étudiées  par  mon  ami  le  docteur  Viaud  Grand-Marais.  Les  membres 
inférieurs  en  sont  le  siège  habituel,  plus  rarement  le  cou,  la  tète.  Le 
bothrops  lancéolé,  ou  serpent  de  la  Martinique,  détermine  ordinairement 
deux  piqûres  qui  varient  avec  la  force  et  la  taille  de  l'animal  ;  ses  dents 
pénètrent,  d'après  Rufz,  à  un  demi-pouce  d'épaisseur,  el  ne  traversent 
pas  les  aponévroses  du  bras  et  de  la  cuisse;  par  conséquent,  une  eschare 
d'un  pouce  de  profondeur  atteint  le  venin  aussi  loin  qu'il  a  pu  être 
porté.  Les  phénomènes  généraux  consécutifs  à  ces  piqûres  tuent  en  géné- 
ral plus  rapidement  que  ceux  qui  sont  produits  par  la  piqûre  de  la  vipère. 

La  piqûre  des  abeilles,  des  guêpes  et  des  frelons  a  pour  caractère  une 
rougeur  vive  et  un  gonflement  limité  au  centre  duquel  est  Taiguillon 
formé  de  deux  lames  creusées  en  gouttière  et  juxtaposées  ;  les  plaies  de 
cetle  sorte,  pour  peu  qu'elles  soient  nombreuses,  sont  accompagnées 
parfois  d'un  gonflement  considérable,  d'abcès  ou  même  de  gangrène 
partielle  et  de  phénomènes  généraux  sérieux  rapidement  mortels. 

La  piqûre  du  scorpion  fornie  une  tache  rouge,  qui  s'agrandit,  se  gonfle 
peu  à  peu,  devient  noire  dans  son  cenlj'e  et  parfois  entourée  de  phlyc- 
tènes.  Celle  de  la  tarentule  se  présente  sous  la  forme  d'une  enflure  de 
teinte  livide  qui  se  recouvre  d'une  croûte  noirâtre.  La  piqûre  de  l'araignée 
détermine  aussi  dans  quelques  cas  une  enflure  livide  el  même  une  phlyc- 
tène.  En  somme,  ces  diverses  lésions,  pour  avoir  quelques  caractères 
semblables,  n'en  offrent  pas  moins  des  difl'ércnces  symplomaliques  et 
évolutives  (jui  peuvent  permettre  de  les  reconnaître  dans  la  plupart  des 
cas.  Le  traitement  des  plaies  empoisonnées  comporte  une  indication  qui 
n'existe  pas  dans  le  traitement  des  plaies  simples  :  c'est  la  destruction  du 
principe  toxique  ;  aussi  une  prompte  cautérisation  doit-elle  être  employée 
contre  la  plupart  de  ces  plaies. 

Bibliographie.  —  Tabercale  anatomlfinc.  —  E.  Follin,  Traité  de  piitho- 
hgie  exteime^  t.  I.  Paris,  1861.  — L.-Ch.  Ciiouvet,  De  la  piqûre  anatomique, 
thèse  de  Paris,  1865.  —  Pehnot,  Étude  sur  les  piqûres  anat.,  thèse  de  Paris, 
1868.  —  KiRRBEKCi,  Gaz,  hebd.,  1870,  p.  319. 

PIqârea  de  vipère  et  de  serpent.  —  Fontana,  Traité  sur  le  venin  de  la 
vipère,  sur  les  poisons  américains,  etc.  Florence,  1781.  —  Paulet,  Obscrvatiojis 
sur  la  vipère  de  Fontainebleau,  de.  FoniBÂnchleau,  1805.  —  Mongim,  Mém. 
gur  le  venin  de  la  vipère  {Ann,  de  chimie  et  de  physique,  1817,  t.  IV,  p.  169).  — 
H.-O.  Lenz,  Schlangenkunde,  avec  allas.  Gotha,  1832.  —  Brainard,  Expér,  sur 
le  venin  des  serpents  à  sonnettes  {Gaz.  méd.,  1853,  p.  790).  —  Creutzer,  Wien. 
Zeitschrift,  1853,  ci  Arch,  méd.,  1853,  t.  I.  —  J.-L.  Soubeyran,  De  la  vipère, 
de  son  venin  et  de  sa  morsure  Paris,   1855.   —  Alfr.  Ferrier,  Des  morsures 


798  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

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de  la  Martinique,  2*'  ëdit.  Paris,  1859.  — Viaud  Ghand-Marais,  Études méd,m 
les  $e}'pents  de  la  Vendée  et  de  la  Loire-Inférieure.  Nantes,  1860.  —  S.-Weir 
MiTCHEix,  Observ,  uponthe  Venom  of  the Raltlestiake.  Wasiiingtony  1861.  —Le 
menie,  Amencan  Journ.  of  med.  Science,  1870,  p.  317.  —  Blanche,  Sphaùkda 
extrémités  inférieures  consécutives  à  une  piqûre  de  vipère  [Rec,  de  Mém.  de  nêdf 
de  chir.  et  de  pharm,  milit.,  sér.  3,  1864,  t.  XII,  p.  396).  —  Boullet,  Ûude 
de  la  morsure  de  wipère,  thèse  de  Paris,  1867.  —  L.  Heinzel,  Wien,  mt4, 
Wochenblatt,  1866,  XII,  15-21.  —  A.  Vulpian,  Sur  faction  du  venin  du  Coin 
dicapello  [Arch»  de  physiologie  norm,  et  path,,  1869,  t.  II,  p.  123).  — Bnu, 
Trois  cas  de  morsures  par  seipents  à  sonnettes  {Rec.  deMém.  demédm^  chir.etpkarm. 
milit.,  1869,  p.  168).  —  Frédet,  Gaz,  des  hôp,,  1872,  n*»  106.  — J.  Fawe^ 
The  Thanatophidia  of  îndia,  etc.  London,  in-fol.  1872.  —  A.  Charriez,  De  h 
piqûre  du  sirpentde  la  Martinique^  thèse  de  Paris,  1875. 

Plc|ùrc»  d*abellles,  de  çnépes*  etc.  —  Carillet,  Ohservations  sur  des  acci- 
dents produits  par  la  piqûre  de  gui^yes  (Journ.  complém.  dos  sciences  méd.,  t.  XIV, 
p.  87).  —  Zangolini,  Empoisonnement  par  piqûres  d'abeilles  (Gaz.  med,,  Î857, 
p.  14).  —  DrpuYTREN,  Clin,  chirwxi,  t.  V,  p.  83.  Paris,  1839.  —  E.  J.  &hai.- 
LER,  Recherches  sur  le  venin  de  V araignée  domestique,  thèse,  Strasbourg,  18^3. 

—  Philouze,   Annales  de  la  Société  Linnéenne  de  Maine-et-Loire,  t.  IV,  1860. 

—  José  G.  Gaz  ARES,  el  Siglo  medico,  2  décembre  1860.  —  Sérastiant,  Piq.  '/*: 
la  scolopendre  mordante  {Gaz.  des  hùpit.,  1870,  p.  763).  —  Mararet  w:  Basi\, 
Des  accidents  produits  par  la  piqûre  des  hyménoptères  porte-aiguillons,  ihèso 
de  Paris,  1875. 

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p.  19U,  ot  1863,  p.  149).  — GrvoN,  Sur  les  accidents  produits  par  le  yev-- 
des  scorpions  sur  les  animaux  à  sang  chaud  [Séance  de  iAcad.  des  5riV;iC'>\  2  jan- 
vier 1865,  et  Arch.  gén.  de  méd.,  1865,  t.  I,  p.  243).  —  Le  m?nu».  'r- 
7néd.,  1867,  p.  344.  —  Posada  Aranoo,  Gaz.  des  hôpitaux,  1871,  n'  121 
p.  481. 

g   2.    —    CONTUSIONS. 

La  contusion  osji  une  solution  do  continuité  des  parties  molles  produit' 
par  une  violence  extérieure  directe  ou  indirecte,  sous-cutanée  et  Siin> 
communication  av(^c  l'air  <»xtérieur.  Elle  se  distin«îue  de  la  plaie  coiiliL^ 
par  Tabsence  de  d(''chirure  du  tégument,  en  sorte  que  tous  les  phénonièii»> 
de  réparation  et  de  restauration  se  passent  à  Fahri  de  l'air  extérieur. 

Toute  contusion  comprend  des  désordres  plus  ou  moins  sérieux  qui 
ont  été  classés  pour  la  facilité  de  l'élude.  On  distingue  quatre  deg:n»sdan> 
les  effets  de  cet  accident,  depuis  Dupuytren  :  le  premier  degré  est  carac- 


mé  par  In  rupture  de  vaisseaux  très-fins,  sans  altération  lie  la  structure  J 
|rtîssiis;.le  second,  par  la  Tormation  de  foyers  sanguins  plus  ou  moins  ] 
bnnaissables  ;  le  troisième  oITre  une  altération  plus  proronde,  des  ] 
ns,  qui  sont  rompus  dans  une  grande  étendue;  te  quatrième  présente  I 
Krêritable  broiement  des  parties,  dans  lequel  le  sang  et  les  tissus  con- 
ponnés  forment  une  sorte  de  bouilliu  livide.  J 

pa  contusion  la  plus  faible  consiste  anatomiquementeD  un  gonflement     1 
fa  étendu  de  la  peau  ou  du  tissu  sous-jacent,  avec  ou  sans  ecchymose.     1 
fan  degré  plus  avancé,  l'eccliymose  est  plus  considérable,  la  douleur  est 
Bs  vive,  et  le  gonllemunt  par  cela  même  est  plus  marqué,  d'où  la  pos&i- 
Klé  d'une  inllamnialion  phiegmonouse,  qui  linit  par  im  abcès  sanguin. 
Biroïsième  degré  de  la  contusion,  dont  le  caractère  essentiel  est  la  désoi^    j 
bisBtion  du  tégument,  laisse  voir  une  eschare  grise  ou  brunfitre,  sèche,    I 
■Musible,  qui  est  nécessairement  éliminée  i  il  peut  être  l'occasion  de  com-    ' 
■Ulions  sérieuses,   telles  que  érysîpèle  phlegmoneux,   suppuration    j 
nue,  etc.  Dans  le  quatrième  degré,  les  tissus,  réduits  à  l'état  de  bouillie,    ' 
K  présentent  plus  qu'une  masse  infonne,  plus  ou  moins  molle.  La 
■IJe  ainsi  altérée,  peu  douloureuse,  conduit  parfois  à  une  sécurité  Irom- 
■se;  il  faut  en  eiïet   redouter  les  accidents  consécutifs,  phlegmon 
pus,  gangrène,  empliysème  traumalique. 

Ehaquc  tissu  contusionné  est  l'origine  de  désordres  spéciaux.  Le  tissu 
KkjoDCtir,  l'un  des  plus  résistants,  est  le  siège  de  petites  accumulations  de 
paphe  jaune.  Le  muscle  ne  laisse  rien  échapper  ;  les  vaisseaux  sont 
boinl  de  départ  d'hémorrfiagies  qui  se  produisent,  ou  bien  sous  la  forme 
Bcchymoses,  ou  bien  sous  ta  forme  de  foyers  sanguins.  Dues  k  l'infiltra- 
■n  du  sang  dans  les  mailles  du  tissu  conjonctif,  les  ecchymoses  survien- 
■nlavec  plus  ou  moins  de  rapidité,  suivant  la  laxKé  plus  ou  moins 
pmâe  de  ce  lissu  ;  de  même  elles  s'étendent  dans  la  direction  où  elles 
picontrenl  le  moins  de  i-ésistance,  comme  aussi  vers  les  parties  les  plus 
■clives  :  aussi  les  voil-on,  dans  certains  cas,  former  des  taches  ou  des 
Kndes  des  plus  curieuses.  La  coloration  de  l'ecchymose  varie  avec  les 
ttverses  transformations  subies  par  le  sang  épanché  dans  les  tissus,  et 
lirtout  par  le  fait  du  changement  de  l'hémoglobine  en  hémalinf.  Ainsi 
Bcchj-mose  la  plus  noire  passe  de  la  teinte  ardoisée  au  bleu  foncé,  puis 
■  bleu  clair,  enfin  à  la  coloration  jaune-paille,  et  eela  des  parties  péri-  ; 
■ériques  vers  les  parties  centrales. 

I  Les  épanchements  traumatiques  de  sang  s'observent,  en  généml,  dans 
■B  parties  où  existe  un  tissu  conjonctif  lâche  et  extensible,  peu  abon* 
luit.  Ils  sont  connus  sous  le  nom  de  bosse  sangume,  surtout  quand  dn 
^ng  infiltré  autour  de  la  partie  liquide  donne  aux  tissus  une  notable 


800  ANATOMIR    PATHOLOGIQUB. 

fermeté.  On  les  appelle  dépôts  sanguùu^  lorsque  le  sang  est  extravaséct 
grande  quantité,  et  qu*îl  forme  une  vaste  collection  sous  le$  tégumenift 
ou  dans  la  profondeur  du  tissu.  I^e  sang  ainsi  extravasé  ne  tarde  pas  à  être 
modifié  :  le  sérum  est  rapidement  résorbé  ;  rhémoglobine  se  sépare  de 
la  globuline,  qui  subit  une  métamorphose  granulo-graisseuse  ;  puis  eik 
se  décompose,  en  donnant  naissance  à  de  l'hématine  parfois  mêlée  à  des 
cristaux  d'hématoïdinc.  Tel  est  le  mode  d'altération  du  sang  épanché, 
que  la  partie  inliltrée  de  ce  sang  disparaît  d*abord,  tandis  que  la  partie 
formant  foyer  persiste  plus  longtemps.  La  résorption  est  quelquefois  ra- 
pide.; mais,  d'autres  fois,  le  sang  reste  liquide  pendant  un  temps  consi- 
démble,  et  peut  sortir,  rutilant  et  limpide,  de  la  poche  qui  le  renfemie. 

Le  plus  souvent  le  liquide  extravasé  se  concrète  en  caillots  fibrineux, 
se  dépouille  de  son  sérum,  et  forme  ensuite unemasse  poisseuse,  compam* 
avec  liaison  au  raisiné.  Dans  ces  conditions,  la  matière  iibrineuse,  lorsque 
le  caillot  est  considérable,  peut  acquérir  une  dureté  très-grande  et  faire 
croire  h  une  exostose.  Le  sang  épanché  est  une  cause  d'irritation  des 
tissus  voisins,  en  vertu  de  laquelle  se  développe  une  membrane  qui  favo- 
rise Tcibsorption  du  liquide,  et  ensuite  donne  naissance  à  des  collectious 
liquides  dont  la  coloration  varie  de  la  teinte  chocolat  à  la  teinte  jauue- 
paille,  suivant  qu'une  plus  ou  moins  grande  quantité  de  matière  colo- 
rante est  encore  contenue  dans  la  poche.  Ces  modifications  subies  par  le 
sang  hors  des  vaisseaux  sont  celles  d'un  tissu  qui  a  cessé  de  vivre  et  qui 
se  trouve  à  l'abri  de  l'air  extérieur  ;  par  conséquent,  il  n'y  a  pas  lieu  de 
croire  aux  prétendues  transformations  de  ce  liquide  en  tissu  fibivux  ou 
cancéreux. 

Au  lieu  de  sang,  c'est  quelquefois  de  la  sérosité  qui  s'accumule  dans  !♦- 
tissu  conjonctif  sous-cutané,  où  elle  forme  des  épanchements  plus  on 
moins  considérables.  Ces  épanchements  apparaissent  à  la  suite  d'un  dé- 
collement cutané  de  grande  étendue,  comme  en  produit  la  pression 
brusque  d'une  roue  de  voiture  ;  ils  ont  pour  siège  ordinaire  le  tissu  sous- 
cutané,  rarement  le  tissu  intermusculaire.  Leur  contenu  est  un  liquid»' 
limpide  et  légèrement  citrin,  dans  lequel  l'analyse  microscopique  révèl»* 
l'existence  d'un  petit  nombre  de  globules  rouges  du  sang  délorniés,  df 
leucocytes  et  de  globules  de  graisse.  Cette  lésion  résulte  Irès-vmisomhla- 
bleinent  de  la  rupture  des  vaisseaux  les  plus  fins,  dont  les  extrémilés 
froissées  ne  laissent  échapper  que  le  sérum  du  sang,  ou  encore  de  la 
rupture  des  lymphatiques. 

Les  parties  conlusiomiées  se  comportent  d'une  façon  différente,  suivant 
la  plus  ou  moins  grande  intensité  du  désordre  anatomique.  La  réunion 
des  tissus  divisés  se  fait  en  même  temps  que  la  résorption  du  san:: 


TKAHM.VTISME    MÈCïNIQUE,  801 

tans  la  contusion  au  premier  et  au  deuxième  dep'ê.  Les  parties  plus 
prafonilt-iiieiit  altérées,  ne  pouvant  rouniiv  un  travail  de  réparation,  se 
inui-ltricnt  et  sont  éliminées  au  milieu  du  pus;  une  plaie  conluse  succède 
ainsi  à  la  contusion  ;  c'est  ce  qui  arrive  dans  le  troisième  et  surtout  dans 
le  quatrième  degré  de  la  contusion,  où  les  parties  désorganisées  sont  sou- 
vent séparées  des  parties  restées  saines. 

Les  c-iuses  descontnsions,  quoique  ti-ès-nomhreuses,  se  groupent  assez 
naturellement  sous  deux  chefs,  suivant  qu'elles  agissent  par  pression  ou 
par  pcrnission.  Les  preniièi-es  sont  toutes  les  masses  plus  ou  moins  lour- 
des qui  pressent  sur  les  membi-es;  les  secondes  sont  les  projectiles  lancés 
par  la  poudre  k  canon,  la  pression  des  roues  de  voitures,  la  chute  d'un 
lieu  élevé,  un  conlre-coup. 

BiiiLioGiuPiiiE.  —  Kui.-Chr.  UEiitMi,  Uktoriu  cmUuiomim.  diss.  liSiift,  1726, 
—  J.-B,  LousriiiN^U,  De  Contusionibiis,  diss.  inaug.  Paris,  1753.  —  PEi.i.tTiN, 
Mém.  sur  Ui  ipaiiehemenls  du  Simy  [CUniii.  chirunj.,  1810,  I.  Il,  p.  98),  — 
RiF.ei,  De  l'etebymose,  de  tu  sti^illiition,  de  ta  eonlmim  et  de  la  meurfi-MSure. 
Thè»c  d(!  Paris,  181'i,  n*  63. — Raish^,  De tayan'jrénecausôe par  la  contusioti. 
Thfese  de  Palis,  1813,  a"  67.  — J.  CHiveiLniEH,  Des  contusima.  Paris,  1816, 
el  Trnilé  d'anat.  p-ithol,  nénêrate.  t.  I,  p.  77.  Paris,  1819.  —  Velpeau,  De  la 
eontamii  dam  tous  les  oiy>mc:i.  Thèse  de  concours.  Paris,  1834.  —  J.-J.  Li- 
whVME,  Conddirotious  diiiùjues  mr  la  eoiituiiuii  rfeï  inemdres.  Thèse  de  Paris, 
18à6,  n°  fi5.  —  MoBEi.-I.AïALLÉE,  Epanehmiients  Iraumiiti'iaes  dr  sémite  {Areh. 
de  meikcinv,  i»\n  1853L 


On  appelle  Tracture  toute  solution  de  continuité  des  os  produite  par  une 

iVÎolencc  exlérieui'e  directe  ou  indirecte.  Les  fractures  sont  aux  parties 

:s  ce  que  les  contusions  sont  aux  parties  molles;  les  unes  et  les  autres 

il  produites  par  la  même  classe  de  corps  vulnéranls;  d'ailleurs,  s'il  y 

^contusion  sans  fracture,  il  ne  peut  y  avoir  fracture  sans  contusiou,  au 

lins  dans  les  cas  où  un  choc  direct  en  est  la  cause. 

'ous  les  os  de  l'économie  peuvent  âtrc  fracturés,  mais  les  os  longs,  en 

>n  de  leur  usage  et  de  leur  conformation,   le  sont  beaucoup  plus 

ivent  que  les  os  larges  et  les  os  courts,  et  pour  ce  motif  ils  doivent 

ler  nolns  attention  d'une  façon  plus  spéciale.  L'n  os  long  peut,  sous  l'in- 

iced'un  choc  direct,  se  rompre  dans  tons  les  points  de  sa  longueur; 

A  n'en  est  pas  de  même  lorsqu'il  est  soumis  h  un  chocîndirect,  car,  à 

ijexception  du  col  du  fémur  et  de  rextrémil<i  inférieure  du  radius  el  iUl  J 


■i' 


L.  psOi. 


ji5iToiuz  riraoutciooi. 

brise  à  U  miinièrc  d'un  hUon,  au  nÎTH 
a^enne,  ou  plos  exacletnciit  sur  le  point  U>  moins  volumin 
n$  résislaul  de  la   coarbe  qu'il  d^rrit.   TouIk    frnclurp  t 
jescondilioDsuc  présente,  en  général,  cjup  di'iil   trafaaflit*i  m  1 
-.iraire,  les  exlréniilés  des  os  longs,  coniposm-s  do  lissa  rompulF  (t 
tissu  spongieui.ofTrpnt  une  inégale  résîslancedi^  kursdiverM^coocka. 
1  fracture,  quelle  qu'en  soit  la  cause,  un  clidc  dîrrci  ou  un  an/m- 
.0,  est  presque  toujours  l'elîet  d'un  écras^mrnt  rormé  de  tn^maSi 
Ilipics,  qui   [Kirfoîs  s'enronc«nl  les  uns  dans  les  autrvs.   Ou  dm» 
nom  d'esquilles  à  ceux  de  ces  fragments  qui  sont  di-laches  de  lot 
Les  esquilles  sont  les  unes  adhérentes,  ce  qui  signifie  qu'elles  tienne 
encore  suit  au   périoste,  soil  aux  libres  musculaires,    les  aulivs,  fibn 
OH  compléteiueiit  isiiltrs;  s<'iulilabïes  aux  parties  qui,  après  aniir«V   j 
sépartres  du  corps,  ont  pu  s'y  gretTer  à  nouveau,  ces  demièrv»,  esDlm-   i 
remcDt  à  ce  que  Ton  pourrait  penser  tout  d'abord,  ]>eu%-enl  se  comportr, 
is  la  consolidation  dos  os,  comme  les  esquilles  adht^reiito»  eu  )■&  ivir 
""\  autres  Dr-"*-"  "■'"•Hsps- 

«I  arrive  quelquefois  d'observer  de 

ces  :  elles  apprlieniienl  plus  *p^ 

.auA  ^nt  les  us  longs,  olli-^  se  mi' 

.enl  de)F  .  >  jeunes,  dont  les  os.  cd  t-ertudr 

.„jr  flexiliiiilé,  rêsis (i.u^  ...vilement.  Os  fractures,  qui  »V-l>'iiJ'til 

parfois  de  la  diaphyse  jusque  dans  l'épipbyse  et  même  jusque  dans  l'ar- 
ticulation, sont  ordinairement  produites  par  l'action  des  projectiles  dr 
guerre;  généralement  uniques  dans  les  os  longs,  elles  sont  souvent 
multiples  dans  les  os  plats. 

Ladireclion  des  fragments  d'une  fracture  complète  est  un  point  imporUnl 
de  l'étude  anatomo-pathologique  de  ces  accidents.  Quoique  très-\-ariable< 
à  ce  point  de  vue,  les  fractures  sont  babttuetlemcRt  classées  en  transier- 
sales,  en  obliques  et  en  longitudinales.  Les  fractures  transversales  sont 
rares,  ellesn'intéressent  que  les  extrémités  spongieusesdes  os.  Les  fractum 
obliques,  ou  en  bec  de  llùte,  oITrent  une  obliquité  transversale,  le  plu! 
souvent  an téro- postérieure,  et  qui  parfois  existe  simultanément  dans  ce* 
deux  sens.  La  fracture  longitudinale  est  celle  dont  la  direction  se  rapproche 
de  celle  de  l'axe  de  l'os. 

Si  on  excepte  les  cas  où  la  rupture  de  l'os  a  lieu  sans  déchirure  di 
périoste,  les  fractures  sont  presque  constamment  accompagnées  d'un 
déplacement.  Le  déplacement  estditenlraversouiuiranf  rf^aisfmr.dam 
lescas  où,  la  fracture  étant  transversale,  les  surfaces  fracturées  se  portent 
ensens  inverse,  sansccsser  toutefois  de  se  correspondre;  il  porte  lenoindr 


THAUJUT1SHE    MÈi;*MOUE.  803 

placemeiU  Hilicant  la  longueur  ou  âecheeauchemeut,  iorsque  It-s  aire- 
s  fracturées  glissent  l'une  sur  l'autre,  eu  détertniuant  le  raccourcis- 
nent  du  membre.  Le  déplacement  suhant  la  direclioH  est  celui  dans 
[Délies  fragnienlsse  rencontrent  en  formant  un  angle  saillant;  le  dépla- 
bieat  par  rotation  ou  suivaat  la  ctrainférence  est  celui  qui  est  dû  à  ce 
a  l'un  des  fragments  tourne  sur  sonate,  tandis  que  l'nulre  reste  immo- 
le; le  déplacement  par  pénélratiim  a  lieu  lorsque  l'un  des  Tra^ents 
mfonce  dans  le  fi-agmenl  opposé;  enfin,  le  déplacement  j«ir  l'carlement 
kisiste  dans  l'étoignement  l'un  de  l'auti-e  des  deux  fragments.  Les  causes 
J^ces  déplacements  sont  de  deux  oi-di-cs,  passives  ou  actives.  Les  pre- 
■îères  sont  les  causes  déterminantes  des  fi-actures,  la  pression  des  corps 
ries  fragments  de  l'os  brisé  et  les  mouvements  dcsoi'donués  imprimés 
I  membre  blessé.  Les  secondes  se  réduisent  à  une  seule,  l'action  mus- 
Celle-ci     s'eiïcctue  non-seulement   au  moment    de    l'accident 
A  SOUS  l'inlluencc  de  la  douleur,  mais  encore  pendant  toute  la  dui'ée  du 
traitement,  et  demande  n  être  énergiquemenl  combattue.   Sachons,  du 
reste,  que  ce  ne  sont  pas  les  muscles  insérés  aux  deux  fragments  qui  sout 
les  agents  actifs  de  ce  déplacement,  mais  bien  ceux  qui  viennent  d'un  lieu 
plus  ou  moins  élevé   pour  s'insérer  au  fragment  supérieur  et  surtout  au 
fragment  inférieur  :  l'immobilité  du  membre  fracturé,  telle  est  donc  l'in- 
dication dominante. 

Les  parties  molles  qui  entourent  les  fragments  d'un  os  brisé  si>tit  ordi- 
nairement le  siège  de  désordres  plus  ou  moins  étendus,  se  rapportant  k  ta 
contusion.  Celtecontusion,  toujours  proportionnelle  au  déplncement  qui 
mesure  pour  ainsi  dire  la  gravité  de  la  fracture,  est  produite  d'abord  par 
L'action  directe  de  la  cause  fracturante,  ensuite  par  le  déplacement  con- 

;utif  des  fragments,  qui,  dans  certains  cas,  détermine  des  désordres 
OODsidérables.  Le  foyer  d'une  fracture,  vingt-quatre  lieui'es  après  l'acci- 
dent, est  composé  des  bouts  des  fragments  osseux,  entourés  de  sang  coa- 
gulé, et  de  la  déchirure  plus  ou  moins  étendue  des  parties  molles  du  voisi- 
nage. La  portion  de  cavité  médullaire  qui  répond  au  bout  des  fragments 
rst  remplie  de  sang,  le  périoste  est  décollé  dans  une  étendue  plus  ou  moins 
considérable,  les  muscles  sont  lacérés  et  infiltrés  de  sang  quelquefois  dans 
toute  leur  épaisseur.  Ces  désordres  des  parties  molles  se  comportent  abso- 
lotnent  comme  ceux  d'une  contusion  ordinaire,  c'est-i'i-dire  que,  s'il  y  a 
immobilité  absolue  des  fragments  osseux,  le  sang  se  résorl)e  peu  à  peu, 
la  cicatrisation  des  muscles  et  du  tissu  conjonclif  s'o|>ère  dans  les  Imit  ou 
premiers  jours,  ou  plus  tardivement,  si  ta  fracture  est  compliquéû 
ploie.  D'un  autre  cùU;  le  travail  de  consolidation  osseuse  se  comporte 


me» 
Ll'ac 

Kéci 


SOA  ASATOMIE    PATHOLOGIQUE.  ■ 

égulcinoiit  (l'une  fnçondifTi'rentf'  suivant  que  le  fojer  df  la   fravlurcnn-l 
tnunit|ucuu  non  tivucl'air  exlécieur. 

Les  Tractures  non  compliquées  de  plaies,  iiidépcndammeni  de  l'eiln- 
vasat  stuigiiiii,  présentent  dès  le  Iroisième  ou  quatrième  jour,  du  niniia 
cbei  los animaux,  le  tapin  par  exemple,  une  luméfactioii  Je  la  pluparldo 
parties  divisées.  Les  muscles  el  les  parties  molles  dans  Ie»(|uffli<^s  cam- 
i]iinic«  le  travail  (le  nkirpiiisalion  ont  un  aspect  lardac*^- ,  et  ils  fanneal 
autour  eicscxtrémilés  des  rra^meiils  une  sorte  de  tum4>iir  allon^<*e coa- 
Stiluéo  pnr  rinPilti'alioii  de  Jeunes  élémenls  cellulaires.  Sous  \v  périoste d 
entre  les  deux  fra^meuls,  se  voit  une  couche  grisi^lre,  pulpeuse,  cniripixkrt 
d'éléments  ayant  loult>s  les  variûlés  de  forme  de  la  moelle  osseuse  em- 
bryonuaire,  petilt's cellules  rondes, analo^es aux  globulcsblancsduntif. 
ctillules  mères,  etc.  Vient-on  à  enlever  cette  couche  pulpeu.'iii  plus  oo 
moins  épnisso  suivant  que  le  périoste  est  intact  ou  déchiré,  oti  apniuil 
le»  canau.x  de  Havers  injectés,  sous  Forme  de  points  ou  do  Iralixies  routes, 
comme  dans  l'osléile.  A  une  |)ériode  plus  avancée,  vers  le  liuîttt'rme  ou  k 
dixiëm«jour.  lo  jmnilemenl  rnsiTormedes  parties  molles  a  lasivect  et  la  coo- 
$istanc«  du  cartilage;  maïs  il  a  de  plus  la  composition  (lislologiquf  du 
lîssii  cartilngineux  euibnonDaire.  Semblable  tissu  sh  retrouve  enourr 
dans  la  cavité  médullaire  de  l'os  au  voisinage  de  la  fracture,  tte  «Ur 
fiHon  les  Iniiinii'nl.';  oiseux,  à  un  certain  moment,  sont  enloun-s  it 
tissu  cartilagineux,  comme  ils  poorraienl  l'être  par  de  la  cire  à  caekter, 
si,  apn>s  avoir  été  plongés  dans  cette  cire  fondue,  ils  avaient  étéadaptfs 
l'un  à  l'autre.  Du  douzième  au  quinzième  jour,  le  tissu  cartilagineux  de 
nouvelle  formalion  est  peu  k  peu  envahi  par  une  inGItration  deselsde 
chaux  qui  se  montre  sous  forme  d'tlots  disséminés  au  voisinage  de  l'os 
et  pi-éscnte  tous  les  caractères  de  l'ossification  physiologique;  ainsi 
la  consolidation  des  fractures  n'est  qu'une  variété  de  la  réunion  immé- 
dinle  ou  par  première  intention.  A  cette  période,  les  extrémités  des 
fragments  de  l'os  sont  enfoncées  dans  un  cal  osseux,  comine  elles 
étaient  enfoncées  auparavant  dans  un  cal  cartilagineux.  Ce  cal  os- 
seux, fonuu  depuis  Dupuytren  sous  le  nom  de  cal  provisoire,  con- 
siste en  un  tissu  spongieux  destiné  à  subir  des  modifications  ultérieures; 
de  nit^me  qu'une  cicatrice  des  parties  molles  récemment  formée,  il  n'est 
un  tissu  véritablement  stable  qu'après  plusieurs  mois,  ou  même  des  années. 
Tout  d'abord  la  substance  osseuse  développée  dans  la  cavité  médnllairv 
se  résorbe,  et  une  grande  partie  du  cal  extérieur  dispanitt,  tandis  que, 
entre  les  bords  de  la  couche  compacte  divisée,  il  se  iMme  un  tissu  osseux 
solide  el  K'sislanl  ;  puis  la  substance  intermédiaire  aux  deux  fragments 
acquiert  peu  à  peu  la  densité  de  l'os  normal,  si  bien  que  le  cal  péripbé- 


TltAtlHATISME    MKCAMQOB.  805 

^ue  ayanl  disparu,  on  a  lie  la  peine  ù  soupçonner  une  ancienue  Trac- 
brc,  pour  peu  <|iie  le  déphcement  nît  été  insignlHanl-   Au  conlreire,  les 

nies  molles,  musHt's  et  tissu  cunjonctif,  qui  concourent  à  la  formation 

t  cal  restent  parfois  altérées  :  on  voit  les  faisceaux  musculaires  entre 

iquels  s'est  développé  le  cal  s'atrophier  et  disparaître  peu  ii  |)eu. 
f'Les  fractures  des  os  plais,  ceux  du  crftnc  notamment,  se  comporteul 

■  peu  diiïéremment  de  celtes  des  os  longs,  en  ce  sens  que  le  cal  provi- 
pire  y  est  Irês-peu  considérable  s'il  ne  fait  défaut.  La  soudure  d<is  os 
ingieux,  cliez  lesquels  le  déplacement  est  peu  considéra liie,  n'esl 
lais  accam|iaf;née  d'un  cal  extérieur  aussi  épais  que  celui  de^ os  longs; 

s  espaces  spongieux  en  contact  immédiat  avec  la  fractui'e  se  remplis- 
sent d'une  substance  osseuse  qui  est  plus  lard  résorbée. 

Les  phénomènes  de  In  consolidation  des  fractures  sont  évideninient  , 
plus  compliqués  toutes  les  fois  que  les  extrémités  osseuses  éprouvent  un 
grand  déplacement,  et  h  plus  forte  raison  lorsque  des  rragmctits  sont 
complètement  séparés.  Dans  ces  cas,  le  cal  se  forme  en  partie  sur  la  sur- 
face lies  fragments  disloqués  et  dans  la  cavité  médullaire,  en  partie  dans 
les  tissus  mous  qui  se  trouvent  entre  les  fragments,  de  surlc  qu'il 
parvient  oixlinairement,  après  un  espace  de  temps  plus  ou  moins  long, 
à  entourer  de  substance  osseuse  les  diiïérentcs  portions  d'os  divisées  et  h 
les  souder  solidement  les  unes  aux  autres. 

lia  consolidation  des  fractures  des  pluies  ouvertes  ou  compliquées  s'ac- 
complit de  différentes  façons.  La  plaie  cutanée  et  par  cela  même  Tos  frac- 
turé peuvent  guérir  sans  suppui'ulion,  c'est-ii-dire  suivant  les  procédés  qui 
viennent  d'être  étudiés,  ou  bien  la  plaie  suppure  jusiju'ii  une  certaine  pro- 
fondeur qui  n'atteint  pas  les  fragments  osseux,  et  la  guérison  de  l'os  su 
fait  encore  comme  dans  une  fracture  simple  sous-eutanée  ;  enfin,  la  sup- 
puration s'étend  profondément  et  baigne  les  extrémités  divisées  de  l'os. 
Dans  ce  dernier  cas,  les  pliénomèues  observés,  manifestenienl  distincts  de 
ccu\  qui  se  passent  dans  une  fracture  sous-cutnnée,  se  rapprochent  du 
processus  de  l'ostéite suppurative.  La  moelle  de  l'os,  elle  périoste  irrilétt 
donnent  naissance  à  de  jeunes  éléments  nu  moelle  embryonnaire  qui 
iléterminenl  l'agrandissement  des  canaux  do  llavers  |>ar  resorption 
osseuse  et  concourent  k  former  sur  toute  la  surface  de  la  solution  de 
c'onlinuiti'^  des  l)ourgeons  qui  végètent  et  dont  la  réunion  constitue  un 
tissu  inflammatoire  au  milieu  duquel  des  travées  osseuses  se  développent 
suivant  le  mode  physiologique  de  l'ossi licalion.  Ces  tittvécs,  qui  partent 
de  l'os  ancien,  s'avani^eiil  dans  toutes  les  directions,  se  soudent  avec  leurs 
voisines  et  avec  les  travées  du  fragment  opjKjsé,  en  limitant  des  espaces 
remplis  de  moelle  embryonnaire,  lesquels  se  rétrécissent  peu  à  peu  \K\r 


808  ANiTOMIE   PATBOLOGIOUK. 

l'nJjonctioti  (ic  nouvelles  conciles  osseuses  qui  vienneiil  reiirorOBr  h 
consolidalioii. 

Dans  ces  coiidilions  le  travail  de  réparation  varie  en  dun'e  suivant fn'B 
y  A  ou  lion  élimjnalion  de  lambeaux  mortiliès  ;  d'ailleurs,  il  md  twawoaf 
[ilusd«  temps  il  se  lerrainer  que  celui  des  fractures  sous-fulanées;e'(rt 
ainsi  que  la  giiérison  par  suppurnlion  des  plaies  est  plus  lonfçue  qwti 
guérisoii  par  premièi'c  inlentîon.  D'un  nuire  cAté,  au  lieu  d*iine  ciobrr 
osseuse,  il  ne  se  produit,  dans  certains  cas,  qu'une  simple  dalûx 
fibreuse;  ce  mode  de  réunion  est  connu  sous  ié  nom  de  pseudarlbiOK. 

La  palhogénic  du  cal,  diversement  iulerprélée  par  les  auteors.  a  dov 
lieu  îi  des  Ihêories  diverses  dont  les  principales  sont  les  suivantesM'h 
théorie  de  Duhamel  ;  elle  fait  provenir  le  cal  du  périoste  ;  2"  la  ihfemde 
llaller;  elle  attribue  le  cal  à  un  suc  gélatineux  qui  suinte  des  extniinil^ 
do  l'os  et  surtout  de  la  moelle,  et  qui  s'épaissit  tout  autour  des  fragmeoU; 
S"  enfin,  la  théorie  de  Troja,  suivant  lacjuellc  la  consolidaliou  des  fnc- 
lures  serait  sembinhle  à  la  cicatrisalion  des  os  amputés  ;  les  bouts  de  )'<» 
(hicturé  sont  les  agents  de  cette  consolidation  par  la  propriété  qu'ils  pos- 
sèdent de  donner  naissance  à  des  bourgeons  charnus  qui  s'osMfirDi 
ensuite.  Toutes  ces  théories  ont  le  tort  d'élro  par  trop  esclusiw- 
S'appuyant  tout  à  la  fois  sur  l'ohsei'vation  clinique  et  sur  rexpérim«i- 
talion,  Cruveilhier  a  enfin  montré  que  le  cal  est  formé  par  l'ossiliotiuD 
de  toutes  les  parties  molles  lacérées  qui  entourent  les  fragments  :  pé- 
rioste, tissu  conjonctif,  muscles,  tendons,  aponévroses,  etc.;  il  a  oublif 
seulement  d'y  faire  participer  la  moelle  contenue  dans  le  canal  médul- 
laire et  dans  les  canaux  de  Ilavers.  Ce  sont,  en  elTet,  les  parties  tnolk» 
ou  mieux  le  tissu  lymphatico-conjonctif  de  ces  parties  et  des  os  qui 
font  tous  les  frais  de  la  réparation  osseuse  dans  les  fractures.  En  swnnK- 
cette  répration  s'accomplit  d'après  les  lois  qui  préstdentà  la  cicalrisatioo 
des  plaies  des  parties  molles,  car  il  y  a,  au  début  de  chaque  processus,  for- 
mation d'un  tissu  embryonnaire;  la  seule  difTérence  consiste  en  ce  qiK 
ce  tissu  dans  les  fractures  subit  la  transformation  osseuse,  tandis  qu'il 
reste  à  l'état  fibreux  dans  les  autres  cas.  Nous  savons  que  cette  transfor- 
mation a  lieu  d'après  un  double  procédé,  suivant  que  la  consolidition 
se  produit  sous  la  peau  ou  à  l'air  libre  :  dans  le  premier  cas  elle  s'opèn- 
par  l'intermédiaii'e  d'un  tissu  cartilagineux;  dans  le  second,  elle  pro- 
vient directement  du  tissu  conjonctif  de  cicatrice. 

l'ne  lésion  qui  se  rapproche  tantiH  de  la  fracture,  tantAt  de  la  nipturf, 
est  le  décollement  traumatiquc  des  cpiphyses.  Signalé  d'abord  parCo- 
lumbus,  ce  décollement  qui  s'observe  seulement  chez  les  jeunes  sujet», 
avant  la  réunion  des  pièces  d'ossification,  est  d'ailleurs  un  fait  rare-  H 


THAHMITISIIE    mÉCAMOUE.  807 

e  h  plus  souvent  à  rcxlrùmilé  infénipure  du  radius  et  résulte  soit 
Putie  (')iuti!  sur  la  main,  comme  j'ai  pu  l'observei'  chez  mon  pelit  gardon 
é  de  deux  ans,  soit  d'une  pression  brusque  exercée  au  niveau  de  celle 
ktrémilé;  viendraienl  ensuite  l'exlrémitt^  supérieure  de  l'humiirus  où  le 
wllement  épiphysaire  a  été  quelquefois  la  conséquence  de  la  mauvaise 
ibitude  qu'ont  les  nourrices  de  soulever  les  enfants  par  les  bras,  el  enfm 
Bos  des  membres  inférieurs. 


—  Dlfiambl,  Observ.  sur  (d  riuii.  dvs  fracl.  des  os  (Mhn.  de 
tad.  dts  sclenca,  1752-(|3).  —  J.-L.  Petît,  Tratlédes  maladies  des  os.  Paris, 
.  —  DuTEBNKï,  TmitA  drs  matitdies  des  os.  Paiis,  1751.  —  Dprnu.EF,  Dî»s. 
n  citlli  geiienit.  el  ctiUi  natunim  perfritcla  in  aiiim'ilibus  ruliiae  radkf  poBttt 
I  demonslralmn  ejkibens.  Gœltingue,  17S3.  —  Prucival  Pott,  Some  fcw 
teral  Rmiarks  on  fr-ictures  awl  dislociitiom.  I^ndon,  1765.  —  Trima,  De 
:  oaium  în  inlegris  mit  mnximis,  ob  morbos,  deperditionibiit,  regena-aliom 
Timentii.  Paris,  illlt.  —  J.-P.  Kocn,  Aihaiidlung  v.  Bànbntehen,  etc. 
la,  1770.  —  John  Aitsen,  Essays  on  Raclures  and  luxations.  Loniton,  1760. 
>  Ed.  et  Gerli.  SANDiranr,  Muséum  tinatomiaim  Acad.  Lagdani  Bdtaitr., 
^.  ]-lV,  1793-1835,  in-CoI..  —  J.  CnuveiuuEH,  Eisai  sui- Canatomie patholo- 
,.  Il,  p.  /i!6.  Paris,  1816.  Traiti  d'anatomic  pathologique  gfnéraie,  l.  1, 
faris,  1349.  —  Astlet  CourEB,  A  Titntisc  on  dislocations  and  fruclurcaof 
ttiejoinls,  wilh  30  plates,  1822.  —  Duplitren,  Leçons  dt  diaUiue  chirurgicale, 
t.  I  et  V.  Paris,  1839.  —  S.-I).  Giioss,  The  anatomy,  pkysiology  and  diseaies 
of  the  fcûfiM  aiidjoiiits.  Philadelpbia,  1830,  —  M.  Haceh,  Die  KnochenbrficlK, 
'■eschrieben  und  durch  Beispiele  erlaûtert.  Wien,  1836.  —  Edw.-F.  Lossdale, 
A  praclieal  Trcntite  on  fractures  (lllustr.  wilh  60  woodculs.  London.  1838. 

—  John  F'.  HoLîii>:s,  A  Treatise  on  di»locations  and  fractures.  Londiin,  18'i2.  — 
Musmm  d'nnatumie  pntholagi'iue  de  la  faculté  de  médecine  de  Paris,  on  Musée 
Dupuylren.  2  voL  in-8  avec  alla»  in-fol.  Paris  1846.  —  F.-G.  MeïEB,  Die 
Lekre  von  ikn  Fracturen.  Berlin,  iStiZ.  —  Floubens,  Théorie  expMmvutale 
'le  ta  fm-mation  des  03.  Paris,  1847.  —  J--F.  Malcaigne,  Ti-ailé  des  fractures  et 
des  luxations  (t.  J,  des  fractuies).  Paris,  lSa7,  avec  allas  de  16  planches.  — 
A. -T.  MioriKi.DoiiiF,  Beitrwje  zur  Lehre  von  der  Knocheabrûchen.  Dicslau, 
1853,  in-'i.  mit  5  Tafeln.  —  Ratoth,  Klinik  der  Kiiochen  wid  Geknkkran- 
kheileit.  lieriiii,  1856.  —  Jos.  Mac-Isle,  On  dislocations  and  fi-actures,  fasc.  I. 
London,  1H58.  —  E.  Guiilt,  nmdbiich  der  Lehre  ron  dm  Knochenbrûehen, 
rrslcr<.der  allg<:m.  Tbeil.  Fiankfirri,  1860.  —  Voir  de  plus  les  Irsittfs  de 
cliirurgio, 

■MMllCDicat  do  «plph^Bca.  —  Ri^iciiQ.,  Df  epiphyù  ab  ossium  tlt'a- 
phgsi,  elc,  in  T/iesaHrus(lissfW«(.de  Sandiforl,  I.  1.  —  Hoonrrru,  Ik la dimlsion 
traxmalùpte  des  épiphyses  [Gaz.  mèd.  de  l'avis,  1834.  p.  433,  449,  482,  513J. 

—  Gi'EBEm,  Pi-esse  médicale,  10  mai  1837.  —  J.  IIbuveiuiieh,  Traiti  d'una(. 
path.  y.-,urnk,  I.  I,  p.  100.  Paris,  1849. 


AN'ATOMIE   rATnOLUGIQITB. 


S    II.  —  BCPTIBES. 


-lies  ruptures  sonL  lies  solutions  (le  contiiiuilii  résultant  d'iino  \nt6i» 
ou  d'une  distension  qui  porte  violemment  les  tissus  an  delà  de  Ifiir  men- 
sibililé  Daturclle.  Ces  solutions  de  continuité,  si  la  peau  oat  liKwrêe  ni 
même  temps  que  les  parties  molles,  prennent  le  nom  de  plaies  par  cm- 
ehement;  ces  plaies  sont  à  la  rupture  ce  que  la  plaie  contuae  esta  la  «a- 
tusioD' 

Les  ruptures  se  produisent  dans  des  tissus  sains  ou  dans  des  tissus  di'ji 
préalablement  allcrés;  celles  <|ui  ont  lieu  dans  des  tissus  suins  trouvoil 
seules  leur  place  ici  ;  les  autres  seront  étudiées  en  même  temps  (fuc Islli'- 
ration  dont  elles  ne  sont  qu'une  conséquence.  . 

Les  ruptures  sont  délcrmiui-es  soit  par  la  distension  brusqui- ou  icnl* 
des  tissus  et  des  organes,  soit  encore  par  la  dilatation  exagérée  des  oip- 
neS  creux  :1a  rupture  a  lieu  par  distension  lorsqu'un  effort  muscubiKin  : 
une  traction  énergique  viennent  ii  rompre  des  portions  d'os  ou  drs  ten-  I 
dons;  elle  a  lieu  par  dilatation  quand  l'estomac,  la  vésiculo  Itiliain-,  li 
vessie  ou  d'autres  organes  creux  sont  extraordinaireinent  disleudus  {lai 
l'accumulation  de  substances  liquides  ou  solides.  Les  effets  des  rjplur« 
varient  avec  le  rôle  physiologique  de  l'organe  affecté,  il  convient  de  les 
examiner  dans  les  organes  Tascicutés,  ligaments,  tendons,  muscles,  nerfs, 
puis  dans  les  conduits  et  les  réservoirs. 

L'entorse  et  la  luxation  sont  les  circonstances  traumatiques  dans 
lesquelles  a  généralement  lieu  la  rupture  des  ligaments ,  des  capsides 
fibreuses  et  des  tendons;  ces  derniers  pourtant  peuvent  encore  se  rompre 
b  la  suite  d'une  contraction  brusque  et  violente  des  muscles  dont  ils  soat 
la  terminaison.  Dans  tous  ces  cas,  ît  est  à  remai'qucr  que  la  solutiou 
de  continuité  n'a  jamais  lieu  k  l'endroit  précis  de  l'attache  du  tendon  à 
l'os,  mais  bien  sur  son  trajet,  dans  l'épaisseur  même  ou  h  la  surface  du 
iQUScle  ;  elle  est  nette,  dépourvue  de  dentelures  prolongées,  indice  que  U 
rupture  n'a  pas  lieu  au  niveau  du  point  où  les  fibres  tendineuses  s'unis- 
sent aux  fibres  charnues. 

La  réparation  des  ligaments  ctdcs  tendons  rompusest  fort  peu  connue. 
L'occasion  d'observer  ce  qui  se  passe  en  pareille  circonstance  n'a  lieu  que 
dans  des  cas  compliqués  où  on  trouve  les  bouts  déchirés  séparés  par 
un  épanchement  sanguin   plus  ou  moins  considérable  qui  en  général 


^^P  T[tAl!MATlSME    Mf:i:AMIJLIE.  809 

s'étend  jusque  sous  le  lé^uraoul.  On  peut  croire  que  la  réunion  n'esl  possible 
qu'îi  la  condilion  d'un  rapprochement  suffisant,  car,  dans  lecns  contraire,  les 
cxlrêniUés  rompues  contractent  des  adhérences  avec  les  |)arUes  voisines, 
i-es  pliênûniènes  histologiques  propres  à  la  cicatrisation  qui  s'opùre 
apn'^s  la  rupture  des  tendons  et  des  ligaments  sont  aussi  diUiciles  à 
observer,  à  moins  de  recourir  à  l'expérimenlalion  :  ce  que  l'on  en  sait  se 
dtkluit  de  l'examen  clinique  el  de  la  comparaison  entre  la  ruiitui'e  et  les 
sections  sous-culauées  des  toiles  fibreuses  et  des  cordages  tendineux  ; 
partant  il  y  a  tout  lieu  de  craire  que  ia  cicatrisation  s'opère  par  l'appari- 
tion de  prlites  c<^llules  rondes  embryonnaires  qui  peu  à  peu  se  transfor- 
ment en  un  lissu  fibrillaire. 

La  rupture  des  muscles  n'est  pas  rare  dans  les  luxations,  et  principa- 
lement dans  celle  de  I "épaule  ;  elle  se  produitencoro  sous  l'iniluence  d'une 
violence  extérieure,  pendant  la  pénodederelàcliement  et  surtout  de  coii- 
Iraetion  musculaire  ;  elle  a  lieu  cnlin  pnr  le  seul  fait  d'une  contraction 
brusque  et  violente.  C'est  vraisemblablement  à  ta  rupture  de  quelques 
fibres  charnues  des  muscles  jumeaux  plutAt  qu'à  celle  du  tendon  du  plan- 
taire grille  qu'est  due  la  douleur  si  remai-quable  connue  sous  le  nom  de 
coup  de  fouet. 

Les  désordres  anatomiqu  es  delà  rupture  musculaire  ont  été  peu  étudiés, 
si  ce  n'est  dans  certains  cas  graves  où  on  a  vu  \iea  de  temps  après  l'acci- 
dent les  faisceaux  el  les  libres  rompus  séparés  par  un  épanchement 
sanguin  plus  ou  moins  abondant;  plus  tard,  on  a  constaté  dans  le  myo- 
Icmme  et  dans  le  tissu  conjoiictirintermuseulairo  l'apparition  de  jeunes 
cellules  semblables  à  celles  qui  se  pioduisent  dans  la  myosile  trau- 
matique,  puis  la  transformation  de  ces  éléments  en  un  tissu  de 
cicatrice. 

Les  nerfs,  comme  les  tendons  et  les  muscles,  sont  quelquefois  déchirés 
dans  les  luxations,  jm' exemple  le  nerf  axillaire  dans  les  luxations  de  l'hu- 
mérus et  le  nerf  médian  dans  la  luxation  du  coude.  Ces  organes  peuvent 
encore  se  i-omprc  à  la  suite  de  tractions  excessives  pratiquées  dans  le  but 
de  réduire  une  luxation,  et,  dans  ces  conditions,  la  rupture  a  pu  s'opé- 
rerau  niveau  des  racines  médullaires  (Flaubert).  L'élude  hislologique  de 
ces  ruptures  est  peu  connue  ;  mais  avancer  que  le  processus  de  réparation 
est  semblable  à  celui  qui  fail  -suite  h  la  secltoii  des  nerfs,  ce  n'est  {nis 
s'écarter  de  la  vérité. 

La  ru|iture  des  artères  a  également  lieu  ù  la  suite  de  luxation  ou  de 
tractions  exagérées  sur  un  membre  :  colle  rupture  est  celle  des  tissus 
fibreux  el  musculaire  ;  toutefois,  en  raison  de  l'inégale  résistance  dt-s  lu- 
niques  arlérielles,  elle  n'est  pas  ordinairement  accompagnée  d  bémorrha- 


810  ANATOMIE   rATHOLOtlOUE. 

^ie.  Los  veines,  en  raison  de  leur  grande  extensibilité,  échappcol 
ralement  fi  la  rupture. 

La  ruptui'c  des  organes  creux  est  rarement  trauinaliquc,  |>ourtint 
vu  l'intestin,  la  vessie  et  d'autres  organes  creux  $o  rompreà  In  suiled'a» 
contusion  ou  d'une  cliule  sur  l'abdomen.  Le  plus  onlinairemral  li 
ruplure  de.s  organes  creux  csldue  à  unedistensionexagénéc  d«  cf^nrpDiS:. 
mais  comme  presque  toujours,  en  jui-cil  cas,  elle  est  eu  màmboft- 
sous  la  dépendance  d'une  lésion  matérielle,  il  en  résulLe  quVIte  »^  i 
nous  occuper  ici.  11  y  a  touteroîs  une  exception  à  faire  pour  laniplse' 
de  l'estomac  chez  les  animaux,  à  la  suite  de  la  distension  rapide  qui  k- 
sulte  du  développeincnl  de  gaz,  La  rupture  est  rare  à  la  suite  de  la  pvl»- 
tion  d'un  liquide  sécrélé,  urine,  hile,  parce  rait<|ue,  sour  riiifluenccdm 
excès  de  pression  dans  un  l'éscrvuir,  la  sràrétion  diminitt;  ou  liril. 

BjBLioGH.ii'hLE.  —  Sédillot,  De  rtipturn  niusCM'ifri,  PoHs,  \7h&,  el  Snmt 
sur  la  nqttiire  mwculaire  {Mém.  et  Prix  lie  la  Soc.  ite  méd.  de  l'uriâ.  Wu 
p.  153).  — lluuLiH,  Du  mi^eanisine  des  ruplvren  mutevlairti  (^Joum.  dr.  pSfiai'. 
lie  Atagfndiç,  1821,  t.  1,  p.  295).  —  l.  CnuvEtLiiiEK,  Traîne  tranat.pctlBii. 
génH^ih,  I.  1,  p.  105,  l'aris,  18(i9.  —  SAtreoK,  Rupture  du  biceps  [(hti. '^ 
hùpitaux,  1B5Û,  p.  ÛC).  —  Bic^aABDsON,  Amerivim  Joum.,  1857,  et  Co:.  wA. 
1958,  p.  149>  —  I*.  Fciitii.vAiRK,  Note  mr  un  cas  de  riif  litre  du  fendau  du  Irhijt 
fHnoral,  etc.  {Soe.  méd.  de  Reims,  hull.  n°  13,  p.  155.  et  Annal,  de  laSer.* 
mùd.  de  Gond,  aoi'il  1871!,  p.  170).  —  C.-U.-F.  Uni'i:.  Zur  KusuûlikfiUM'"-' 
Rupturen  der  Muskelu  und  Sehnen  {Archie  f.  kltn.  Ckirurg.,  18Ti,  toI.  XM. 
p.  202).  —  C.  )lAiin[tET,  De  la  rupture  da  tendon  du  triceps  fémoral  att-dttsw 
de  la  rotule.  Tliiîse  de  Paris,  187û,  n-  9. 


y- 


CHAPITRE   II 


TRAUMATISME   PHYSIQUE 


Ce  genre  de  traumatisme  comporte  un  certain  nombre  de  divisions  en 
rapport  avec  la  nature  des  agents  physiques  qui  peuvent  modifier  les  tissus 
ou  les  organes.  Le  calorique,  Télectricité  et  la  lumière  sont  en  effet  la 
cause  de  désordres  distincts  auxquels  convient  une  étude  séparée. 

§   1.   —  CALORIQUE. 

Les  accidents  déterminés  par  le  calorique  se  groupent  naturellement 
sous  deux  chefs  suivant  qu'ils  sont  produits  par  un  foyer  de  chaleur  arti- 
ficielle ou  par  l'action  de  la  chaleur  solaire.  Ainsi,  la  brûlure  et  l'insola- 
tion seront  tour  à  tour  l'objet  de  notre  examen;  viendront  ensuite  les 
froidures,  qui  sont  dues  au  défaut  de  calorique. 

I.  —  Brûlures. 

On  appelle  brûlure  toute  lésion  produite  sur  une  partie  vivante  par  l'ac- 
tion plus  ou  moins  prolongée  du  feu  ou  d'un  corps  fortement  chauffé. 
Cette  lésion  est  très-variable,  tant  en  profondeur  qu'en  étendue. 

Depuis  longtemps  les  chirurgiens  se  sont  appliqués  à  distinguer  des  de- 
grés divers  dans  la  brûlure.  Fabrice  de  llilden,  le  premier,  en  admit  trois, 
Hunier  en  reconnaissait  quatre.  Suivant  Boyer,  le  premier  degré  de  la 
brûlure  est  une  inflammation  cutanée  érvlhémateuse;  le  second  est  une 
inflammation  avec  phlyclènes  et  érosion  consécutive  du  derme,  semblable 
à  celle  que  produit  un  vésic^toire  ;  le  troisième  enfin  est  caractérisé  par 
la  présence  d'une  eschare.  Dupuytren  accepta  les  deux  premières  divisions 
de  Boyer,  puis  il  fit  rentrer  dans  un  troisième  degré  la  mortification  super- 
ficielle de  la  peau,  et  proposa  d'admettre  un  quatrième  degré  pour  la  mor- 
tification complète  de  ce  tégument  et  du  tissu  conjonctif  sous-cutané,  un 
cinquième  degré  pour  la  destruction  de  toutes  les  parties  molles,  y  cora- 


812  ANATOMIE    PATHOLOGIQUI. 

pris  les  aponévroses  et  les  muscles,  et  enfln  un  sixième  degré  candèné 
par  la  carbonisation  de  tout  un  membre. 

En  somme  les  deux  premiers  degrés  de  la  brûilure,  suivant  Dnpa]ftm, 
consistent  en  une  simple  inflammation  du  tégument  dont  les  produits,  m 
bout  d'Un  certain  temps,  sont  résorbés  et  disparaissent  sans  hisser  de 
traces.  Caractérisés  par  la  présence  d'une  escbare  sèche,  dure,  de  munee 
noirâtre  ou  jaunâtre,  insensible  et  plus  ou  moins  profcMide,  les  quatre 
derniers  présentent  un  travail  d'élimination  et  de  cicatrisaticm.  Au  poiu^ 
tour  de  la  partie  mortifiée  survient  de  la  rougeur,  puis  de  la  suppuialkm 
qui  s'isole  et  détache  l'eschare  ;  celle-ci  tombe  et  laisse  à  sa  place  nae 
plaie  couverte  de  bourgeons  charnus  qui  se  cicatrise  peu  à  peu.  Etablie 
sur  une  portion  du  derme  restée  intacte,  la  cicatrice,  dans  le  troisième 
degré,  est  lisse,  résistante,  peu  rétractile  et  distincte  des  téguments  voisins 
par  sa  coloration  blanchâtre;  dans  le  quatrième  degré  au  contraire,  n'étant 
plus  retenue  par  la  portion  saine  du  tégument,  elle  se  rétracte  de  liaçon 
à  amener  des  difTormités  parfois  considérables,  surtout  lorsque  la  brûlure 
existe  au  niveau  des  articulations  et  dans  le  sens  de  la  flexion.  Dans  le 
cinquième  degré,  la  chute  de  Teschare  qui  atteint  des  vaisseaux  volumi- 
neux est  quelquefois  troublée  par  des  hémorrhagies  intenses;  lacicalrioe, 
creuse  et  diflbnne,  adhère  aux  tissus  profonds.  Dans  le  sixième  degré, 
cette  chute  se  fait  longtemps  attendre,  à  cause  de  la  profondeur  de  la 
cicatrice  et  de  l'élimination  tardive  de  l'os  ;  la  cicatrice  est  inégale  et  dif- 
forme ;  le  malade  reste  privé  d'un  membre.  Les  membranes  muqueuses, 
celles  de  la  bouche  et  du  larynx  principalement,  peuvent  éti*e  le  siège  de 
brûlures  produites  par  laction  de  la  vapeur  ou  de  l'air  surchauflë  ;  ces 
brûlures  ne  diffèrent  pas  essentiellement  de  celles  du  tégument  externe. 
L'étude  histologique  de  ces  diverses  lésions  laisse  à  désirer  ;   on  com- 
prend que  les  tissus  altérés  doivent  se  présenter  avec  des  caractères 
différents  suivant  qu'ils  sont  simplement  enflammés  ou  complètement 
carbonisés. 

A  ces  lésions,  déteiminées  par  Taction  du  feu  ou  d'un  corps  forte- 
ment chauffé,  il  s  en  ajoute  ordinairement  d'autres  plus  générales 
déjà  entrevues  par  Dupuytren,  mais  bien  étudiées  dans  ces  derniers 
temps  en  Angleterre.  Absolument  dépendantes  de  la  brûlure,  ces  der- 
nières lésions,  auxquelles  a  été  réservée  lepithète  de  sympathiques, 
s'observent  dans  la  plupart  des  organes.  Elles  consistent,  chez  les  individus 
qui  succombent  au  bout  de  peu  de  jours,  en  des  hypérémies  du  ceneau  et 
de  ses  membranes,  des  poumons  et  plus  rarement  des  viscères  abdo- 
minaux. Ces  hypérémies  sont  dans  quelques  cas  accompagnées  de  points 
ecchymotiques  ou  de  taches  purpurines  constatés  à  la  surface  interne 


H  TllAL^HATISHli    niYSfQtlE.  813 

TCs  bronches  et  dans  la  surface  coiticalii  des  reins.  A  une  |>ério(le  plus 
avancée  el  qui  eori'espond  II  In  ]>ériode  d'élimination  des  eschares,  ces  lé- 
sions présentent  les  carnclèros  d'inflannnations  plus  ou  moins  étendues, 
'  des  bronches,  des  poumons,  des  plèvres  ou  d'autres  organes,  parfois  accom- 
'  pagnées  d'obstruction  des  vaisseaux  correspondants.  Il  est  enfin  une 
lésion  spéciale  niai'qilée  à  son  début  par  la  congeslioii  active  de  la  mu- 
queuse, et  l'hypertrophie  des  glandes  du  duodénum,  k  sa  dernière 
période  |iar  l'ulcêi-atiou  de  cet  intestin.  L'ulcère  duadénni,  décril  tout 
li'nbord  par  Curling,  se  rencontre,  en  général,  immédiatement  au-des- 
sons  du  pylore,  il  est  indolent  avec  des  buiils  arrondis,  unique  ou  mul- 
tiple, car  on  rencoulre  quelquerois  Irois,  quatre  ou  cinq  ulcères  réunis 
i>u  isolés  et  dans  un  étal  de  cicatrisation  plus  ou  moins  avancé.  Ces 
ulcères,  ne  diiïérant  pas  sensiblement  de  l'ulcère  simple  de  l'estomac, 
peuvent,  comme  ce  dernier,  amener  la  perroration  de  l'intestin  el  des 
vaisseaux  du  voisinage. 

Lu  pjithogénic  de  ces  ulcères  esl  diversement  inlerprélée,  toujours 
obscure;  pourlanl  il  semble  que  le  début  du  processus,  marqué  par  une 
période  de  congestion  de  la  membrane  muqueuse,  soil  sous  lu  dépen- 
dance d'un  Iroublede  l'innervation  vaso-molrice;  au  contraire,  la  lin  de  ce 
même  processus,  que  caractérise  un  travail  progressif  de  desiruclion,  serait 
liée  itla  présence  du  sucgaslrique,  et  de  la  sorte  les  ulcères  duodénaux  des 
brrtlures  ne  dilTéreraienl  pas  des  ulcères  âimplcs  d'origine  nerveuse.  Les 
ecchymoses  et  les  taches  purpurines  n'ont  peul-élre  d'autre  origine  qu'un 
d<>sDrdre  réflexe  de  l'innervation  vaso-motrice  ;  ajoutons  que  ces  lésions, 
comme  d'ailleurs  les  ulcères  du  duodénum,  ont  été  attribuées  k  des 
i-mbolies  prenant  leur  source  dans  le  foyer  même  de  la  brùlui'e  {vo;oz 
[>.6Ù3}. 

HmuoLiuNiTE.  —  FABnicLiTS  [Iilthm;s,  De  Amljustioiiibm.  etc.  Basilcic,  1608, 
Oppenhoim,  16I/|.  —  DiifurmuN,  flw  brûlures,  cic.  Leeoiis  orales,  t.  IV, 
p.  503.  —  P.MLi.Aiid,  MCm.  sur  les  ckalriees  de  ehmiue  degré  de  la  brùlurt 
(Jûtini.  hdd.  lU-viM.,  183(1,  t.  Vlll,  p.  163).  —  James  Long,  On  tkt  jm^I 
mortcm  Appiitraiicts  found  afler  Bwns  (T/ie  Loiulon  merf.  Go;.,  febr.  ISiU, 
ToL  XXV,  p.  7ii3).  —  Curling,  On  the  Vlrxratiim  ûf  the  daodaimm  a^er  Burnt 
(lUedico-ckirma.  TrnmKtiom,  1842,  vol.  XXV,  p.  260).  —  Ehicusen,  On  the 
f^tholooj/ of  Bimts  (/.ondon  med.  Gasd/c,  janv.  1844,  vol.  XXXI,  p.  S4&-5)t8i. 
—  S.  CniDii-Tos-,  Jlcjiori  ou  IJurii»  tind  Scalds  {Trausad.  of  Ihe  iimvincial  med. 
'indsurg.  Associatiun,  1851;  vol.  XVlll,  p.  1).  —  Bbva»,  Sur  la  brùlim!  du 
l'injnx  (lluUin  qudrtnlijJotini.Jebr.  1860,  vol.  .XXIX;  In.  mt'rf,,  1860.  U  Vlll, 
p.  40  et  8â).  —  S.  WiE.Ks,  Sur  les  cause*  de  ta  mort  u  la  suite  dai  bràian-s  cUi 
Us  enfants  [Guy's  tlospit.  Reports,  sér.  3,  t.  VI,  p.    146,  el  Arok.  ginér.  de 


S\ll  ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 

méd.  et  de  chirurg.,  1861,  sér.  5,  t.  XVII,  p.  641).  —  Baraduc,  Des  MKies 
de  la  mon  à  la  suite  des  brûlures  superficielles,  etc.  Paris,  1862,  anal,  dus 
Union  méd,,  1863,  n.  s.,  t.  XVIII,  p.  321.  —  Broca,  Brûlure  de  la  muquem 
pulmonaire  par  un  jet  de  vapeur  {Gaz.  des  hôpitaux^  1865,  p.  380).  —  Lewt 
DE  Méhicourt,  ifttd.,  p.  459.  —  Bonnefix,  Des  br(tlures  spécialement  étudiées  m 
point  de  vue  de  Vagent  qui  les  a  produites^  etc.  Thèse  de  Paris,  1867,  n*  107. 

II.  —  Insolation. 

Oii donne  le  nom  d'insolation  aux  accidents  produits  par  l'action  delà 
chaleur  solaire  sur  l'organisme  humain. 

Ces  accidents,  communs  sous  les  tropiques,  sont  plus  rares  dans  ntt> 
contrées,  où  ils  font  des  victimes  surtout  parmi  les  armées  en  campagne; 
ils  sont  locaux  ou  généraux.  Les  accidents  locaux  sont  caractérisés  par 
l'apparition  de  plaques  éry  Ihémateuses  plus  ou  moins  étendues,  s'effaçant 
sous  les  doigts,  et  qui  au  bout  d'un  certain  nombre  de  jours  se  desqua- 
ment et  disparaissent.  Ces  pla(iues,  ordinairement  douloureuses,  onlélé 
dans  quelques  cas  comparées  à  l'eczéma  et  à  l'érysipèle,  affections 
auxquelles  elles  ressemblent  symptomatiquement,  mais  dont  elles  difTe 
rent  par  l'évolution.  L'étude  histologique  de  ces  lésions  est  encore  à  faire. 

Les  phénomènes  généraux  de  l'insolation  ne  sont  pas  nécessairement  ac- 
compagnés d'accidents  locaux;  ils  consistent  en  des  hypérémies  le? 
principaux  organes  avec  ou  sans  extravasations  sanguines.  Assez  gnit- 
ralement  les  enveloppes  du  cerveau  et  de  la  moelle  épinière  sont  coiig<'>- 
tionnées,  les  veines  sont  gorgées  de  sang  (1),  la  sérosité  ventriculaire  fsl 
colorée  ;  les  poumons,  perméables  à  l'air,  sont  le  siège  d'une  hy|^»érémi«' 
intense  et  même  de  points  hémorrhagiciues,  les  bronches  renferment  um- 
écume  sanguinolente.  Le  péricarde,  dans  certains  cas,  contient  de  la  st'nv 
site  plus  ou  moins  colorée,  les  cavités  du  cœur  sont  gorgées  d'un  sunù 
liquide  et  non  (îoagulé.  Ce  sang,  d'une  teinte  rouge  violacée,  a  été  trouva» 
acide  dans  un  cas;  la  proportion  des  leucocytes  est  généralement  au^^- 
menlée  par  suite  de  la  dissolution  d'une  partie  des  globules  rouges.  L 
foie,  la  rate  et  les  reins  sont  souvent  hypérémies;  le  tube  digestif  conlionl 
un  mucus  ahon  danl,  et  la  membrane  muqueuse  de  l'estomac  ♦>! 
congestionnée  et  parsemée  de  suffusions  sanguines. 

Tels  sont  les  principaux  désordres  analomiques  rencontrés  chez  K'S 
individus    atteints   d'insolation.   S'ils  expliquent  difficilement  la  mort 

(1)  Une  véritable  méningite  peut  être  causée  par  une  chaleur  excessive  ;  c'est  du 
moins  ce  qui  me  paraît  résulter  de  deux  cas  observés  par  moi  chez  des  filles  logées  jou?  !« 
toils  pendant  les  plus  grandes  chaleurs  de  l'été. 


(TRAUMATISME    PEIVSIOUE.  815 

eus-mômes ,  ils  permettent  du  moins  d'en  saisir  le  mérjinîsnie. 
ctivement  k's  hypéréniles  sîmullanéi's  de  divers  organes,  IVtat  du 
;  dans  les  cavités  cardiaques  sont  des  circonstances  qui  indiquent 
nReiblissement  progressif  d<:  l'organe  central  de  lu  circulution,  et 
lent  trës-probahle  Diy  polhèse  de  la  mort  par  la  paralysie  de  cet  organe, 
es  enpi5riences  d'Oberuier  et  celles  de  Vallin  sur  les  animaux  ont  d'ail- 
leurs montré  qu'au  moment  de  l'agonie  de  l'insolnlion  le  cœur  secontmcte 
h  peine,  tant  il  est  difficile  d'y  apercevoir  queli]ue.<i  petits  mouvements 
rbytlmtés  et  lilirillaii'es.  C'est  h  cet  état  que  tiennent  la  petitesse  du  pouls 
I  la  diminution  de  la  sécrétion  nrinaire.  D'un  autre  câté,  les  recherches 
•nieuses  de  Claude  [toniard  nous  ont  appris  que  les  tissus  pnrtit'uliè- 
bient  aiïeclés  chez  les  animaux  soumis  fi  une  tempéralui-c  élevée  sont 
ftiïssus  musculaire  et  nerveux  et  que  la  mort  a  tien  lantAl  par  la  coa- 
lation  du  suc  musculaire  du  ventricule  gauche,  tantôt  par  allératiou 
I  système  nerveux,  suivant  que  l'échaufTement  est  rapide  ou  lent.  Un 
■nt  ^ui  dans  l'espèce  ne  manque  pas  d'importance,  c'est  que  les  personnes 
disposées  aux  accidents  de  l'insolation,  celles  que  ces  accidents  font 
■inatrement  périr,  sont  précisémeitt  les  alcooliques,  c'cst-ànlire  les  indi- 
Bus  dont  les  svstèmes  musculaire  et  nerveux  sont  modifiés  et  vieillis. 


-  J.-J.  Riisse[.,  London  med.  Gaz.  1836.  Jour»,  des  connais' 

»  m6d.  ehirurg.,  1836,  l.  IV,  p.  160.    —   Payks,  Relut,  méd.  de  l'expidi- 

»  de  TIemeen,  ibid.,  1 837.  —  Gi  von,  Hisl.  méd.  et  ckir,  de  l'expedU.  dirigée 

V  Constantine  {lUe.  de  mém.  de  ehinirg.    et  île  méd.  nûUt.,  1828,  t.  XLIV. 

ifl).  —  Bennlt  DowLKii,  Solar  Asphyxia  {yeti>4)rleaHsmi'd.  anditirg.Journ., 

Su,  18i5).  —  Al.  MoBHis,  Th<:mcd.  Times  and  Gaz.,  1846,  et  Gi'i.  méd.  d« 

ia,  laS?,   p.    597.    —    HUMPHnEï  Peakk.  liorth-Amerimii  mediro-ehiruru, 

ktfew,  sept.   1860,  el   Ghî.    hAd.   de  méd.  et  ilt  chii:,  1861,    p.   77.  — 

;  Wagn'eh,    Zur  Ketinlniss   des  fionnaistickg  {Sekmûlt'»  Jahresti.,   t.   C.XXIX, 

t592,  1866).  —  C.-P.   BOITER,  nuhlin  iwit.  Journ.,  1.  XLl,  p.  122,  febr. 

M6.  —  F.  Obeumeb,  Dcr  IlitMchtay  {insolation,  coup  de  chaletir),  etc.  Bonn, 

[67.  Anal,  dans  Archivet  générala  de  mMerine,  1870,  t.  1,  p.  Î|89.  —  Pas- 

isEfi,  Veher  Todesfiille  durch  Insolation,  etc.  {Wien  allgtm.  milil.-ûrzt-Zeitana, 

%-hti,  1867,  cl  ScAmWi's  Jahresber.  t.  CXXXV,  p.    16,    1867).    —    Thinn, 

rgkmed.  Journ.,  mars  1871,  p.  780.  —  Vallin,  BecA.  expér.sur  t'iiuth 

n  tt  les  accidenta  jaodiiits  par  la  chaleur  {Archives  gén.  de  médecine,  Tiivrier 

170).  —  tu.  Beknard,  Inflwnce  ik  la  chaleur  tur  les  animaiu:  [tiev.scieiitifiqite, 

R7I-72).  —  P.  Hesiuls,  Ëlude  sur  le  coup  de  chaleur,  tbcse  de  Paris,  1872.  - 

RtB.  Abnii,  Zur  FiithoUyie  des  Hitzschlaije4  [Arehv)  f.  pntAol.  Anat.  laid  Phy- 

*«.(..  I,  LXIV,  p.  15).  —  0.  SoLTMANs,  Trois  cat  tCinsolatiun  (Jahrb,  f.  Kin*-'  ] 

dtrh.,  1875,  t.  IX,  164). 


816  ANATOMIE    PATHOLOGIQUE. 


III.  —  Froidures. 

On  désigne  sous  le  nom  de  froidures  les  altérations  directement  pro- 
duites par  le  froid. 

Les  désordres  anatomiques  occasionnés  par  le  froid,  comme  ceux  qm» 
détermine  la  chaleur,  sont  locaux  ou  généraux  suivant  qu'ils  intéressent 
une  partie  du  corps  ou  Torganisme  tout  entier.  Les  désordres  locaux  se 
manifestent  avec  plus  ou  moins  d'intensité  ;  ils  ont  été  divisés  en  plusieurs 
degrés.  Le  premier  degré  s^observe  dans  un  grand  nombre  d'organes 
et  notamment  à  la  surface  des  membranes  muqueuses;  certaines  bron- 
chites, conjonctivites,  otites  n'ont  pas  d'autre  origine  que  l'action  du 
froid.  Le  tégument  externe,  sous  la  même  influence,  prend  une  coloration 
rosée  ou  violacée  qui  disparaît  sous  la  pression  du  doigt,  pour  reparaître 
ensuite,  et  devient  le  siège  de  démange^iisons  et  de  picotements  au 
contact  de  la  chaleur.  Ces  phénomènes  ne  tardent  pas  à  se  dissiper, 
excepté  chez  quelques  personnes  où  ils  se  renouvellent  à  peu  près  tous 
les  hivers  et  constituent  ce  qu'on  appelle  des  engelures.  En  somme, 
ce  degré  consiste  en  une  anémie  bientôt  suivie  de  l'hypérémie  des 
téguments  et  accompagnée,  pour  les  membranes  muqueuses,  on  pour- 
rait dire  aussi  pour  les  membranes  séreuses,  de  l'exagération  de  la  sécré- 
tion. 

Le  second  degré  des  froidures  se  voit  principalement  h  la  peau  ;  il  est 
caractérisé  par  une  coloration  plus  foncée,  la  tuméfaction  de  ce  tégument, 
la  présence  de  phlyctènes  constituées  par  une  sérosité  claire  ou  sanguino- 
lente, au-dessous  de  laquelle  existe  un  ulcère  superficiel,  ou  encore  par 
des  ulcérations  étroites,  petites,  douloureuses,  qu'on  nomme  des  crevasses. 

Le  troisième  degré  a  pour  signe  distinctif  la  mortification  des  tissus, 
il  se  rencontre  de  préférence  aux  extrémités  des  membres  et  surtout  aux 
pieds,  notamment  aux  orteils,  ou  encore  aux  oreilles,  au  nez,  etc.  Sur 
vingt-cinq  soldats  entrés  le  même  jour  dans  nos  salles  de  l'hôpital  de  la 
Charité  annexe,  pendant  les  tristes  journées  de  janvier  1871,  dix  avaient 
les  pieds  gelés.  Les  parties  aiïectées,  tantôt  d'un  rouge  foncé  violacé,  un 
peu  molles,  sont  tantôt  pâles,  décolorées,  sèches  et  dures.  Les  phéno- 
mènes ultérieurs  varient  suivant  que  la  circulation  parvient  à  se  rétablir 
d'une  façon  plus  ou  moins  complète.  Aussi,  dans  quelques  cas,  voit-on 
ces  parties  rougir,  s  échauffer,  s'enflammer,  après  quoi  tout  rentre 
dans  l'ordre,  tandis  que,  dans,  d'autres  cas,  elles  se  ramollissent,  se 
tuméfient,  deviennent  livides  et  noirâtres,  donnent  naissance  à  des  phljc- 


'insiijiiE. 


817 


tènes  au-dessftus  dcstiiiclks  sp  produisent  des  points  limités  de  peau 
sphacélée,  ou  bieu  elles  mcui'ent  et  se  pi-ésententavec  les  apparences  so il 
d'une  gangrène  sèche,  soil  d'une  gangrène  humide  qui  n'a  que  lardive- 
ment  l'odeur  caracléri si i que. 

Les  e3{:hart!S,  sous  la  forme  de  plaques  d'un  brun  noirâtre,  siègent  de 
préférence  au  niveau  des  parties  osseuses  saillanles,  comme  au  gros  orteil, 
au  talon,  sur  la  Icledu  pi-emiermétacarpieriietc;  elles  sontéliminéesavec 
lenteur  et  laissent  à  leur  suite  des  traînées  de  suppuration,  des  ulcères 
fongueux,  bourgeonnants,  au  fond  desquels  se  trouve  l'os  généralement 
lésé.  Quelquefois  l'altération  envahit  les  tissus  les  plus  profonds,  et 
l'extrémité  tout  entière  d'un  membre  se  dessèche,  se  momifie  et  finit  par 
être  éliminée.  C'est  ih  une  véritable  nécrose  qui  n'a  aucune  tendance  à 
rcnvahissemenl,  à  moins  qu'une  gangi-ène  véritable  ne  vienne  à  se  pro-  _ 
(luire  dans  les  tissus  situés  à  latimito  de  la  partie  momifiée.  L'étude  hîsto- 
logique  des  tissus  ainsi  mortifiés  laisse  u  désirer  ;  cependant  il  y  a  tout 
lieu  de  croire  qncles  modifications  qui  surviennent  au  sein  de  ces  tissus 
ne  dilTiVent  pas  essentiellement  de  celles  que  l'on  observe  dmis  la  nécrose 
[fîangrène  sèche)  et  dans  la  gangrène  proprement  dite  (vovm  plus  haut 
p.  508  et  513J.  ElTectivement,  on  a  constaté  la  décoloration  et  la  pâleur 
des  muscles  du  pied,  la  friabilité  des  os  et  l'agrandissement, de  h-urs  cavi- 
tés aréolaires,  1  oblitération  assez  générale  des  vaisseaux  et  l'altération 
granuleuse  des  fibrilles  musculaires  et  de  la-  myéline  des  tnlres  nerveux. 

Les  désordres  analomiques  généraux  produits  par  le  froid  sont  moins 
bien  connus  que  les  altérations  purement  locales;  ils  ont  été  assimilés 
au\  lésions  de  l'asphyxie,  et  la  mort  a  été  attribuée  à  la  stase  du  sang 
dans  les  organes  centraux  par  suite  d'une  gône  circulatoire  périphérique. 
Ainsi,  il  est  fait  mention,  dans  quelques  cas  réunis  par  Copland,  de 
(imgulunis  lîbrineux  des  gros  vaisseaux,  d'hypérhémies  des  poumons, 
du  canal  intestinal  et  de  l'encéphale.  Ogston  a  noté  la  couleur  claire 
fl  pour  ainsi  dire  normale  du  sang  vivant,  l'abondance  de  ce  liquide, 
iiprès  la  mort,  dans  les  cavités  cardiaques  et  les  gros  vaisseaux,  en  même 
Icmps  que  son  absence  dans  d'autres  parties  du  corps,  notamment  dans 
les  parties  périphériques.  Ce  dernier  auteur  signale  enfin  l'exislence  d'une 
écume  muqueuse  dans  les  voies  aériennes.  Des  lésions  visct>rale3  plus  pro- 
fondes n'ont  pas  été  constatées,  ît  part  l'ulcère  duodénal  observé  par  Adaoïs. 

Les  accidents  dont  il  vient  d'être  question  sont  déterminés  taulilt  par 
l'action  continue  d'un  nir  froid,  tantf^t  par  le  contact  avec  des  corps  dont 
la  température  est  très-basse  ou  avec  de  la  glace.  Larrey  a  vu  ù  Eylau  des 
pustules  des  doigts  chez  les  soldats  qui  maniaient  les  canons  glacés  de 
leurs  fusils.  On  sait  d'ailleurs  que  Hunier  ayant  soumh  à  l'action  d*un  . 
Lahceneaii.  —  Traii^  U'An*l.  puili,  I.  —  £] 


818  ANATOMIB  PATHOLOGIQUE. 

mélange  réfrigérant,  pendant  une  heure,  Toreille  d'un  lapin  vivant,  celle 
partie  devint  sèche,  dure,  et  put  être  coupée  sans  qu'il  s'écoulât  une 
goutte  de  sang.  Les  conditions  générales  qui  exposent  le  plus  à  l'action 
du  froid  sonl  l'enfance,  la  vieillesse,  un  exercice  musculaire  insuffisant, 
une  mauvaise  nourriture,  la  fatigue,  la  misère  et  surtout  les  excès  alcoo- 
liques. Le  mode  d  action  du  froid  sur  l'organisme  a  été  peu  étudié,  mais 
il  y  a  lieu  de  croire  cependant  que  le  système  nerveux  est  Tun  de 
ceux  dans  lesquels  se  font  le  plus  vivement  sentir  les  désordres  résultant 
de  celle  action  (1). 

Bibliographie.  —  Desmoulins,  Considérations  mr  la  gangrène  par  congéla- 
tion, etc.  Thèse  de  Paris,  1815.  —  Larrky,  Mém.  deméd.  et  deckirurg.  millt., 
t.  IV.  —  Gerdy,  Mém,  sur  V influence  du  froid  sur  V économie  animale  [Jounu 
hebdom.,  18.30,  t.  VIII).  —  Lacorbièrr,  Traité  du  froid.  Paris,  1839,  2*  édit.» 
1869.  —  A.  Ladureau,  De  la  gangrène  par  congélation,  Lille,  1848.  —  Martini, 
Ueber  den  Erfrierungstod  (Deutsche  Kl inik,  n*  11,  1852).  —  Ogston,  On  <^* 
morbid  appearance  in  Death  by  Cold  (British  and  foreign  Medico-chirurg ,  Re^'icic, 
1855,  vol.  XXXIl  ;  1861,  vol.  LXII,  ei  Aiin,  d'hygiène  publique  et  de  mH. 
{égale,  l.  XXVI,  série  2,  p.  463).  —  Legouest,  Des  congélations  observéùi  à 
Constant inople  pendant  V hiver  de  1854  à  1855  (Mém,  de  méd,,  de  chirurgii-  et 
de  pharm,  milit.,  série  2,  t.  XVI,  p.  275).  — Valette,  Ibid,y  série  2.  t.  XIX, 
p.  213.  —  J.  CnoTARD,  Des  accidents  de  la  congélation.  Thèse  de  Paris,  1855, 
ei  Archiv.  gén.  deméd.,  1857,  t.  I,  p.  103.  —  Mvrteau,  De  la  congélation  da 
extrémilêfi  inférieures  à  f armée  d'Orient.  Thèse  de  Stras!)ourg,  1S67.  — 
S.  Adams,  A/?îer.  mcd.  Times,  N.  F.  VI,  9  fchr.  1863,  p.  28.  —  RiriiARn-<»v, 
Infî.  du  froid  extcr.  sur  1rs  fonctions  du  système  nerveux  [Med,  Times  and  Guzttt', 
1867,  cl  Gaz.  hchd.  de  mid.  et  de  chirurgie ^  1867,  p.  381).  —  F. -A.  Purcnr.T, 
Expir.  sur  la  congélation  des  animaux  {Compt.  rend.  Acad,  50.,  st?anco>  de»; 
13  et  20  novembre  1865).  —  L.  de  Crkcciiio,  De  la  mort  par  le  fnàd  II  M^r- 
gagni,  1866).  — A.-E.-L.  Babald,  Etude  sur  les  gelures.  Thèse  de  Paris,  iS72. 

§  2.  —  ÉLECTinCITK.  —  ACCIDENTS  DÉTERMINÉS  PAR  LA  ForDRE. 

Les  ras  de  mort  produits  chez  rhoinme  par  réleclricilô  almosphêriquo 
ne  sonl  pas  extrêmement  rares,  puisqu'en  France,  de  1835  à  1864  inclu- 
sivement, l'administration  a  relevé  le  décès  de  2311  pers(mnes  tuées  |>ar 
fulguration  (Houdii)}.  Les  départements  les  plus  mallrailés  ont  élé  la 
Lozère,  les  fiasses-Alpes,  le  Puy-de-Dôme  ;  les  plus  épai'imés  ont  él*  lu 
Manche,  l'Orne,  l'Eure,  la  Seine  et  le  Calvados. 

(l)  M.  Rosentlial,    i'niersuchuogeu    und  Bcohachtunyen   xtber   Knlteeinïrirkung  fu-f 
sensitive  und  motonsche  Scrven  (Wiener  Med,  Halle,  L  V,  i-4,  18G^). 


TruUMATISlIE   PUrSIQUK, 

fndividus  Trappi^s  parla  foudre  conservenl  souvenl  l'altitude  qu'ils 
.ienlau  moment  de  la  mort;  on  les  a  trouvés  debout  ou  dans  la  position 
gens  pi'cnanl  leur  repos.  Quelquefois  ils   sont  transportas  loin  du  lieu 
ils  onl  élô  frappes,  ou  seulement  leurs  cheveux  et  leurs  vêtements, 
•es  fois,  les  vêtements  ont  dispani  ;  sinon,  ils  sont  partiellement  ou 
iplétement  épargnés,  tandis  que  les  parties  sous-jaccntes  sont  brûlées. 
■Le  corps  des  victimes  est  ordinairement  roide  et  ressemble  au  cadavre 
in  individu  congelé.  Les  désordres  que  l'on  y  constate  sont  Irès-varia- 
les  ongles  sont  parfois  arraehés  ;  le  corps  est  souvent  dépouillé  des 
ils,  el,  fait  curieux,  on  a  vu,  chez  des  animaux  dont  le  pelage  était  diver- 
lent  coloré,  les  poiSsde  même  couleur  être  détruits,  tandis  que  les  au- 
n'élatent  pas  touchés  ;  par  exemple,  chez  un  taureau  pie  blanc  et  rouge, 
ippé  par  la  foudi-e,  les  poils  blancs  Turent  brûlés,  les  autres  restèrent 
icts.   Un  phénomène  non  moins  remarquable  est  la  pi-ésence  sur  la 
peau  d'images  photo-électriques  représentant  des  objets  voisins  du  lieu  de 
l'accident.  Un  matelot  tué  fiar  la  foudre  présenta  sur  le  dos  une  traînée 
jaune  el  noire  qui  partait  du  cou  et  se  lemiinait  aux  reins,   où  se  voyait 
imprimé  un  fer  à  cheval  parfaitement  distinct  et  de  même  grandeur  que 
celui  qui  était  cloué  sur  le  m&t  de  misaine  au  pied  duquel  il  avait  été 
frappé.  La  représentation  d'arbres,  de  feuilles  d'arbres,  de  meubles,  etc., 
a  été  constatée  dans  plusieurs  cas.  On  a  observé  enlin   à  la  surface  de 
la  peau  les  images  les  plus  singulières  produites  par  l'action  directe  du 
lluide  électrique.  Analogues  aux  ligures  connues  en  physique  sous  le  nom 
de  figures  de  Lkhienberg,  ces  images  forment  de  petits  arbres,  des  fleurs 
comme  celles  qu'on  vnit  sur  des  carreauK  de  verre  couverts  de  gelée,  des 
éventails,  des  étoiles,  etc.  ;  elles  sont  rouges  ou  noires,  selon  le  degré  d'al- 
tération, qui  peut  varier  depuis  la  simple  rubéfaction  jusqu'à  la  carbonisa- 
tion de  la  peau  ou  même  des  tissus  sous-jacents.  On  a  pu  constater  en  outre 
soit  des  fractures,  soit  des  mutilations  fort  graves,  comme  rarrachement 
partiel  ou  total  de  la  langue,  l'enlèvement  d'un  membre,  et  eniia  la 
fêlure,  la  perforation  des  os  du  crâne  ou  même  une  fracture  comminulive 
de  ces  mêmes  os,  L'a  accident  plus  fréquent  est  la  déchirure  et  la  perfo- 
ration du  la  membrane  du  tympan;  ajoutons  que  la  rétine  est  quelque- 
fois aussi  altérée,  d'où  l'amaurose. 

Le  sang  contenu  dans  les  cavités  cai-diuques  est  ordinairement  noir  el 
diftluenl.  à  peine  coagulé  ;  il  a  montré  au  speetroscope  les  raies  nor- 
males, dans  un  cas  rapporté  par  le  professeur  Tourdes;  le  tissu  du  cœur 
n'est  pasmodilié.  mais  les  poumons  sont  congestionnés,  quelquefois  même 
ecchv-mofiés;  la  bouche  renferme  une  écume  sanguinolente.  I^s  organes 
fcbdoniinauxsoulplus  rai-emeutgorgés  d'un  sang  liquide;  les  méninges 


L       UMO! 


820  ANATOXIS   FATHOLOQIQOl. 

molles  pi*éseDtent  souvent  de  rhyperhémie  ou  des  taches  eodiymotiqoes, 
tandis  que  la  substance  cérébrale  est  le  siège  d'un  sablé  très-fin  de  sang 
noir.  .Lorsque  la  mort  n'a  pas  lieu,  il  persiste  quelquefois,  aux  membres 
inférieurs  principalement,  des  paralysies  du  mouvement  et  de  la  sensibi- 
lité qui  indiquent  manifestement  Texistence  d'une  modification  surve- 
nue dans  la  moelle  épinière  ou  les  cordons  nerveux. 

Il  serait  superflu  de  parler  ici  des  brûlures  causées  par  TapidicatioD 
des  cautères  galvaniques  sur  les  tissus;  ces  brûlures  ne  difi%r»it  pas 
de  celles  qui  sont  produites  par  un  fil  métallique  rougi  ou  chauK  à 
blanc.  Pourtant  je  dirai  quelques  mots  de  lagalvanocaustique  chimique  ou 
électrolyse.  Lorsqu'on  introduit  dans  les  tissus  des  aiguilles  inaltérables 
que  l'on  fait  communiquer  aux  pôles  d'une  pile,  on  détermine  autour  de 
ces  rhéophores  la  mise  en  liberté  d'acides  pour  le  pôle  positif,  d'alcalis  pour 
le  pôle  négatif;  ces  acides  et  ces  bases  agissent  par  action  secondaire  sur 
les  tissus  voisins,  et  à  la  façon  des  cautères  potentiels;  ce  sont  eux 
qui  produisent  Teflet  principal,  l'électricité  ne  ]oue  qu'un  rôle  secondaire 
ou  nul.  La  preuve  que  les  choses  se  passent  ainsi,  c'est,  d'une  part,  les 
caractères  des  eschares,  d'autre  part,  leur  action  sur  le  papier  de  tournesol. 
Au  pôle  positif,  Teschare  est  dure  et  rétraclile,  comme  celles  que  causait 
les  acides  énergiques  ;  au  pôle  négatif,  elle  est  molle,  non  rétractile, 
et  ramène  au  bleu  le  papier  de  tournesol  rougi  par  un  acide.  Enfin,  si 
Ton  place  au  pôle  positif  du  carbonate  de  soude,  et  dans  les  environs  du 
pôle  négatif  un  acide  faible,  incapable  de  produire  une  action  directe  sur 
les  tissus^  on  reconnatt  que  le  passage  du  courant  ne  donne  plus  naissance 
à  des  eschares  ;  il  y  a  simplement  un  changement  de  transparence  dans 
les  tissus  ;  les  acides  et  les  alcalis  dégagés  par  1  électrolyse  ont  agi  sur  les 
corps  basiques  et  acides  déposés  près  des  pôles,  et  non  sur  les  tissus 
(Onimus  et  Legros,  Gariel). 

Les  accidents  déterminés  par  un  excès  de  lumière  se  limitent  presque 
exclusivement  aux  organes  de  la  vue  ;   ils  consistent  d'ordinaire  en  des 
lésions  inflammatoires  de  la  rétine  et  de  la  choroïde;  ainsi  la  rétinite  et 
la  choroïditc  atrophiquc  ne  sont  pas  rares  chez  les  bergers  des  Alpes, 
soumis  à  l'aetion  d'une  lumière  intense.  Les  astronomes,  les  microgra- 
phes présentent  quelquefois  aussi  des  désordres  visuels  qui  n'ont  d'autre 
origine  que  Taction  de  la  lumière.  Une  lumière  éclatante  apparaissant 
subitement,  par  exemple  la  lumièred'éclairagc,estégalementdangereuse: 
le  passage  d'un  endroit  sombre  dans  un  lieu  fortement  éclairé,  conmie  le 
pratiquait,  dit  on,  Denys  de  Syracuse  sur  ses  prisonniers,  peut  aussi  dé- 
terminer des  accidents  graves  de  la  vue.  Certaines  ophthalmies  ont  enGn 
été  attribuées  à  une  réverbération  trop  intense  de  la  lumière  soit  par  la 


TRAUMATISME    PHYSIQUE.  821 

neige  des  régions  froides,  soit  par  les  sables  du  désert.  Des  faits  de  ce 
genre  ont  été  observés  chez  des  soldats  et  quelquefois  chez  des  marins. 

Bibliographie.  —  Benj.  Brodie,  Lectures  illustr,  of  varions  subjects  in  Patho» 
logy  and  Surgery,  1846,  p.  100.  —  Fr.  Arago,  Œuvres  complètes,  notices  scien- 
tifiques,  t.  I.  Paris,  1854.  —  Brown-Sêquard,  Sur  la  mort  par  la  foudre, 
V électricité  et  le  magnétisme  {Gaz,  méd,,  1849,  p.  594).  —  Gabrielli,  Nécropsie 
d^un  homme  tué  par  la  foudre  {Gaz.  méd.  de  Paris,  1853,  p.  374).  —  Boudin, 
Traité  de  géographie  et  de  statistique  méd.,  1857,  t.  I,  p.  467,  et  Mém.  de  mé- 
deciney  de  chirurgie  et  de  pharmacie  milit,  Paris,  1866,  série  3,  t.  XVÏ,  p.  501.  — 
Jack,  Observations  sur  la  mort  et  sur  les  blessures  produites  par  la  foudre  (Allgem, 
Central'leitungy  1857,  t.  XXVI,  p.  53,  et  Gazette  hebdomadaire  de  médecine  et 
de  chirurgie,  iS5S,  p.  27).  —  Faber,  Wurtemb,  Corresp.-Blatt,  1858,  n*»  32. 
—  A.  Bhussel,  Ungar,  Zeitung,  t.  X,  42.  —  Balostreri,  Liguria  med,  Ann. 
univers,  febb.  e  marao  1861,  p.  630.  —  Andréas  Poey,  Relat,  histor.  et  théorie  des 
images  photo-électriques  de  la  foudre  observées  depuis  T an  Z60  de  notre  èrejusqiCen 
1860  {Annuaire  du  Cosmos,  p.  407,  1861).  —  E.  Follin,  Traité  élémentaire  de 
path,  externe,  t.  I,  p.  545.  Paris,  1861.  —  W.  Stricker,  Die  Wirkungdes  Blitzes 
aufd,  menschl.  Korpcr  {Archiv  f.  path,  Anat,  und  Physiol. ,  t.  XX,  p.  /!i5  ;  t.  XXVIII, 
p.  592,  avec  bibliographie).  —  S.  Bront,  The  Lancet,  23  juin,  p.  572,  et  2  juil- 
let, p.  49, 1861.  — Th.  Duncan,  Ibid.,  22  juin,  p.  544.  —  Dan.  Mackintosh, 
Ibid.y  5  juillet  1864.  —  Sonrier,  Note  relative  à  des  accidents  produits  par  la 
foudre  {Mémoires  de  médecine  et  de  chirurgie,  série  3,  t.XXllI,  p.  489, 1869).  — 
Sestiek,  Le  la  foudre  et  de  ses  effets,  Paris,  1866,  avec  bibliographie.  — 
Tourdes,  Accident  occasionné  par  la  foudre,  au  pont  de  Kehl,  prés  Strasbourg 
{Comptes  rejidus  de  V Académie  des  sciences,  séance  du  19  juillet  1869).  — 
Passot,  Trois  observations  d'accidents  produits  par  la  foudre  {Compt,  rend,  Acad,  des 
sciences,  7  juin  1875,  présentation  et  réflexions  par  II.  Larrey).  —  F.Vincent, 
Contribution  à  V histoire  médicale  de  la  foudre,  Paris,  1874.  —  Ellemiurg, 
06s.  d'hémiphlégie  consécutive  à  un  coup  de  foudre  {Berlin,  Klin,  Wochenschi\ , 
20  avril  1875). 


I 


CHAPITRE  III 


TRAUMATISME    CHIMIQUE 


Nous  appelons  Iraumalisnie  chimique  le  trauiiiaIi»iTie  qui  est  i)ù  à  l'ic- 
lion  des  agents  chiiiik|ue5.  Souvent  produit  avec  l'intention  à^  Aéinm 
des  tumeurs  diverses,  des  ulcères,  etc. ,  ce  traumatisme  est  quclqucroi*  t 
foild'un  accident,  commo  chez  les  personnes  qui  par  méprise  avalfut  us 
liquide  corrosif,  acides  minéraux,  alcalis  caustiques  ;  plus  rarement  il  i 
lieu  dans  un  but  de  suicide  ou  d'homicide.  Quelles  que  soient  K**  condi- 
tions dans  lesquelles  il  se  produit,  ses  eiïels  sont  toujours  les  mtmt 
pour  une  ^substance  donnée.  Aussi  devrions-nous  passer  en  revue  In 
phénomènes  propres  à  chaque  agent  chimique  envisagé  isolément.  Uû 
cette  étude  dépasserait  de  beaucoup  les  limites  de  notre  travail,  el  partisl 
nous  grouperons  sous  deux  chefs  les  effets  produits  par  l'acliou  des  nib- 
slances  chimiques.  En  elfel,  si  l'on  ne  tient  compteque  de  l'aclionsur  k 
sang,  on  reconuatt  que  certaines  substances  fluidifient  la  fibrine  «•!  t-xposdil 
à  des  hémorrhagies  au  moment  de  la  chute  des  eschares.  que  d'aiitfv* 
4lélerminent  la  coagulation  du  sang  et  des  liquides  albuniincux,  et  sont 
plus  rarement  suivies  de  ces  accidents.  Les  premières  de  ces  substances 
sont  dites  liquéfiantes,  les  dernièresont  été  appelées  coagulantes  (Hialbe^ 

I.  —  Subst«ncet  liqaëBantet. 

Les  substances  caustiques  liquéfiantes  sont  nombreuses  ;  celles  dont 
faction  est  le  mieux  connue  sont  la  potasse,  la  soude,  l'aniraoïiiaque  el 
leurs  composés.  Mises  en  contact  avec  la  peau,  ces  substances  déterminent 
des  altérations  un  peu  dilTcrenles,  ce  qui  motive  la  pi-éférence  donnée  à 
l'une  ou  l'autre  des  préparations  caustiques  de  ce  groupe.  L'allératioD 
produite  par  la  potasse  caustique  est  rarement  une  inflammation  pure  et 
simple,  si  ce  n'est  dans  le  cas  où  cette  substance  est  très-diluée;  ordinai- 
rement elle  se  montre  sous  la  forme  d'une  escharc  molle,  noirâtre,  plus 
ou  moins  profonde,  suivant  la  quantité  de  substance  employée,  el  tou- 
jours plus  étendue  en  surface  que  la  substance  elle-même.  Cette  eschare, 
dont  l'élude  histologique  n'a  pas  été  faite,  se  dessèche  peu  à  peu,  eu  même 
temps  qu'un  travail  phlegmasique  éliminateur,  caractérisé  par  uoe  sup- 


Tnil'ltATISMt   CBIMIQtlE.  83) 

ration  abondaQle,  a  lieuù  scn  pourtour;  elle  lombe  enlin,  et  lacica- 

ïation  s'elfectuc  suivant  les  procédés  ordinaires. 

pLa  soude  a  sur  les  tissus  une  action  peu  dilTérenle  de  celledela  potasse; 

issi  les  lésions  qu'elle  dé tenni no  ont-elles  la  plus  yrande  ressemblance 

ic  celles  que  produit  cette  dernière  substance.  Introduites  eu  solution 

e  tube  digestif,  la  potasse  et  la  soude  engendrent  des  désordres  qui 

rient  depuis  la  simple  inflammation   avec  desquamation  épithétiale 

iqu '6  la  destruction  plus  ou  moins  compt(>te  delà  tunique  muqueuse  de 

istomac  ou  même  des  tuniques  sous-jacentes.  Lesescharespi-oduites  en 

il  cas  ne  différent  pasdes  escharos  cutanées  ;  elles  sont  suivies,  lorsque 

pvie  se  continue,  de  cicatrices  fibreuses  rétractiles.  11  nous  a  été  donné 

é  couslater,  dans  deux  cas  de  ce  ^enre  (1  ),  survenus  k  la  suite  de  l'ingestion  . 


(1)  Voidl'un  de  CM  cal  ; 

L.  D,,  ASbds,  hilt disioudre  (lour  0,50  cent.  île  poUne  d'Amérique  ilaus  (roii  verrea 
d'eau,  el  atale  uu  ycrre  de  ceUe  JîiiolulioD  en  nutn  ISUA.  Ausiïlût  il  éprouve  uno  «eu- 
ution  de  brûlure  dans  U  bouche,  puia  duns  la  gorge  et  1  l'é pilastre,  et  se  trouve,  pendant 
plndeurs  jour*,  dans  l'iniiiosilbililé  iIï  manger,  lunl  ta  loulTrauce  e>t  grande.  Troia 
■emaiiiee  emiroik  après  cet  nccideot,  il  remarque  dans  nés  garde-rnbe»  une  peau  blan- 
ctillre  cl  déchiquetée.  Depuii  cette  époque  juu|u 'au  18  avril  1865,  date  de  ion  entrée 
i  l'bûpîtal,  il  eitrorcéde  vivre  d'aliments  liquides,  et  voit  acs  Torces  diminuer  chaque 
Jour.  L'irsophogc  permet  l'introductinu  d'une  tonde  d'argent  à  petite  olive,  il  est  mani- 
rvalemi'nlriHriScî;  aussi  In  déglutition  desalimenla  solidet  est-elle  impossiblv.  Au  bout  de 
quelque  teiups,  il  survient  du  liuquet,  des  vumisBenienls,  et  le  malade  épuisé  succombe 
Je  21  mai  18e&. 

Autopsie.  Le  cadavre  «il duns  un  étui  de  maigreur  squelettique ;  à  U  partie  ïoFérieure 
du  phar^ni  dilaté  ciiate,  au  ulveau  du  cartilage  cricoide,  un  uli:cre  de  la  dimeniion  et 
Ao  la  Ibrnie  d'une  pi^cc  d'un  (rnne,  circonscrit  par  un  cercle  nuirllro;  légère  djpreuion 
cicatricielle  au  voisin-i|te.  Le*  parois  de  l'œsophage  lont  épaistïei  dins  toute  leur  étendue; 
te  MDol,  iU'deisous  du  cartilage  cricoide  (premier  point  rétréci},  a  32  cenlimètros  de 
longueur  et  mesure  5  ceutiotélre*  23  uiillimètre*  de  circonrérence  interne.  A  partir  de 
ce  point,  il  s'éltu^il  un  peu  jusqu'à  sa  partie  lucyenne,  où  sa  circonférence  ctt  de  25 
mUlimitres,  puiiil  devient  plus  large  jusqu'au  cardia;  sa  membrane  muqueuse,  inégale, 
vaiciiliire,  labourée  de  cicatrices  pour  la  plupirt  longitudinales,  adhère  intimement  uni 
tuniques  sous-jacentes  (11g.  266).  La  membrane  musculaire  e>l  partout  hypertrophiée. 
L'estomac,  dont  les  pariiistont  épaissie»,  mesure  I3cunlimêtreietden>iducardia  au  pylore. 
I^  muqueuse,  sur  tnule  retendue  de  In  petite  courbure,  présente  deux  larges  bande*  cica- 
tricielle! blonchitrcB,  et,  dans  la  région  pjrlorique,  quelques  petites  cicatrices  étoUécs, 
L'oriSce  pjloriquc,  dur  el  rélraclé,  permet  à  peine  le  passage  d'un  tuyau  de  plume 
d'oie  ;  il  a  la  millimètres  do  cireouférence.  La  muqueuse  y  cit  remplacée  par  un  Uisu 
Abreui,  blanchâtre,  nacréj  au-dessous  duquel  k  trouve  l'anneau  musculaire  épaitai. 
Sur  la  muqueuse  duodénale  eiisteut  des  traces  do  cicatrices;  plus  bu,  l'inteitin 
généralement  rétréci,  anémié,  est  d'ailleurs  intact.  Otf  «nea  fénîlu-uriuaîres  sain*  ;  Foia 
K#t  rate  uormaui  ;  poumon  très-ferme  ;  cœur  un  peu  jaune  et  friable,  avec  plaque  Ui- 
]  sur  la  lace  antérieure.  Quelques  tubercules  sont  groupés  aui  sommets  des  deux 
F  .pDDOioD*  ;  quelques  autres,  en  petit  nombre  ut  colordt  en  ouïr,  ionl  ditséminëi  daM 
ilica  iiirérieurs.  Cerveau  intact,  mnis  pAle. 


ANATOHIB  PITHOLOGIQUI. 

d'une  dîsMlalïon  de  potoiK 
d'Amérique,  indépendusmenl 
d'un  rétrécissemeut  de  l'cno- 
phage,  l'exiateuce  d'une  do- 
trice  allongée  siégeant  tn 
niveau  de  la  petite  ooorinn 
de  l'estomac,  et  d'une  on- 
Irice  circulaire  occupant  le 
pylore,  de  telle  sorte  qu'il  ; 
avait  tout  à  la  fois  un  ré- 
trécissement du  pylwe  et 
une  diminution  du  grand 
diamètre  de  l'estomac  (Gg. 
266}. 

L'ammoniaque  liquideaune 
action  locale  moins  énergique 
que  celle  de  la  potasse  et  de  la 
soude;  néanmoins  elle  peut 
être  la  cause  de  désordres  ei- 
trémement  sérieux,  en  raison 
d'une  action  plus  maniresle 
sur  rorgnnismc  tout  entier, 
lutroduile  en  [)elil(!  quantité 
et  en  solution  peu  concentrée 
dans  le  larynx  el  la  Iracliéo, 
l'ammoninqup  ne  modilic  pas 
la  slruclurc  morfiliolo^ique 
des  couches  superficielles  do 
la  mcmbnmo  muqueuse;  ellf 
ne  produit  qu'une  inllamma- 
lion  superlicicile,  calarrhalc. 
En  plus  (fmndc  quantité  ou 
diins  une  solution  coiireii- 
troc,  cette  substance  amèm- 
le  gonflement  et  l'alténilioii 
des  épithéliunts,  qui,  perdant 
leur    vitalité,    sont    envahis 


Fie-  266.  —  Of.'Ojiliîige  *l  eslomac  ouverfj  tn  aitiire  el  Kirécis  pir  des  bride»  cicïlrt- 
cicllcs  a  la  suite  de  l'ingetlion  d'une  solution  de  poluse  d'Anirique. 


TRAIMITISUE    CHIMIQUE.  835 

■  des  parasites,  d'où  une  ceilaiiie  analogie  avec  l'altOi'alioii  diphtllé-' 
kque  [Meyer). 

ADans  un  élat  de  plus  grande  coi lœiit ration,  l'ammoniaiiiie  détruit  les 
|sus  et  produit  des  esdiai-es  iiuîràti-es,  semblables  à  celles  que  dûtenni- 
Dt  la  potasse  et  la  soude  cnus[i<|ucs,  oi,  comme  elk>s,  suivies  de  clca- 
%s  réil-acliles.  Maïs,  ouli-e  sou  action  locale,  l'ammoniaque  est,  dons 
lelques  cas,  par  le  fait  do  son  absorption,  la  cause  de  lésions  viscérales, 
pies  que  la  stéalose  du  foie  et  la  stéalose  des  reins  (Potain). 

Le  mode  d'action  des  alcalis  caustiques  sur  les  tissus  s'explique  par 
rafBitité  de  ces  subslimccs  pour  les  acides  et  pour  l'eau.  Tout  d'abord, 
ils  s'emparent  de  l'eau,  dont  ils  sont  très-avides,  puis  ils  s'unissent  aux 
matières  grasses  pour  former  des  savons,  dédoublent  enliu  les  matières 
flzotées,  et  se  combinant  avec  les  acides  organiques,  ils  forment  des  car- 
bonates, acétates,  pbosphales  et  lactales  alcalins.  Mélanj^és  avec  le  sang, 
ils  empêchent  sa  coagulalinn  l'n  modiHaut  la  librine  :  ainsi  s'expliquent 
les  hémorrhagies  produites  h  la  chute  des  eschares. 

Dans  la  classe  des  caustiques  fluidiliaiits  se  rangent  encore  le  chlore 
•■t  les  chlorures  alcalins,  dont  l'action  sur  les  tissus  a  été  particulière- 
ment tludiée  par  Bryk  (de  Cracovie).  Ces  corps,  comme  les  chlorures 
d'amnionium  et  de  sodium,  l'eau  chlorée,  elc. ,  ne  parviennent  pas  à  pro- 
duire des  destructions  aussi  considérables  que  les  alcalis  caustiques  ;  pour- 
tant, s'ils  sont  déposés  à  lu  surfacedes  tissus,  ils  donnent  lieu  à  des  eschares 
superficielles,  grîsiUres  ou  blanchâtres,  do  consistance  moite,  lardacée, 
qui,  en  se  desséchant  à  l'air,  revêtent  l'aspect  du  cuir.  Ces  eschares, 
examinées  nu  microscope,  apparaissent  constituées  par  les  éléments  des 
tissus  en  étal  de  transformation  graisseuse,  plus  particulièrement  les  épi- 
ihéliums  et  les  muscles. 


-  Substances  coagiilui 


Les  substances  chimiques  capables  de  modifier  les  tissus  par  la 
propriété  qu'elles  possèdent  de  coaguler  le  sang  et  les  matières  albumi- 
noîdes  font  partie  de  deu\  catégories  de  corps,  qui  sont  les  acides  caiistî- 
cjues  et  les  sels  métalliques. 

Les  acides  caustiques  sont  nombreux  :  citons  principalement  les  acides 
sulfurique,  azotique,  chlorhydrique,  chroraique,  pbénique,  oxalique  et 
ncélique.  Ordinairemeat  employés  à  l'état  liquide,  ils  produisent  dos 
lésions  plus  ou  moins  étonducs  et  souvent  mal  circonscrites.  Os  lésions 
varient  avec  le  degré  de  concentration  de  l'acide,  et,  si  elles  consistent 


826  AN.VTOMII;    l'ATHOUJlilQlTE. 

parfois  en  une  iriflnminalioii  su|)t'rlicîclle,  d'aulres  fois  elles  soiil  caructo 
riséts  par  la  com|ilèle  lieslruclioii  des  tissus. 

Les  escharcs  produites  par  les  acides,  m^iiie  les  plus  énergifiues,  ne 
sont  jamais  considéitdiles,  co  qui  lient  sans  doute  à  la  diminution  progres- 
sive du  degré  de  conc«nlnition  de  l'acide  par  l'absorption  de  l'eau  conlenae 
dans  les  tissus  (lip.  267).  Ces  escliares,  ordjnaîi-eiuent  molle.s  h  la  surfin' 


Fie.  207.  —  Eslaniac  auvcrl  duns  luutc  sud  Ëlciiduv  Fl  iitïinu'ie  puitiuii  ilii  dmiiUnuiu 
all/r^  l>ar  l'eau-rorle  (acide  nitrique).  La  membrane  iutt(]ii«uK,  stomncale  eoBMBWc 
et  de  tciiile  jaune  dsns  lu  région  pjlorique,  est  Iransfornite  en  escliaiei  nuirlina  <Ulu 
le  reste  de  ion  étendue.  La  niuqueuie  duodénalc  est  injfctde  el  vitetneut  eoSamnét: 
tes  gleiulci  sont  tuméflées  (cas  du  lervice  de  mon  collègue  le  dmilenr  ProualJ. 

des  membranes  muqueuses,  acquièrent  la  dureté  de  lu  cbrne  lorsqu'elles 
sont  exposées  it  l'air,  el  laissent  voir  par  transparence  les  vaisseaux  remplis 
de  sang  coagulé.  Elles  onl  une  colofation  variable,  suivant  la  nature  de 
la  substance  caustique;  ainsi  l'acide  sulfurique  leur  donne  une  teinle 
noire,  tandis  que  l'acide  azotique  les  colore  en  jaune,  l'acide  chlaclijdriqui!  J 
en  gi'is,  l'acide  cbromique  en  rouge,  etc.  Ces  diversités  de  teiuUi  d«  doi-  fl 
venl  pas  être  négligées  du  médecin  légiste,  qui  peut  en  tirer  prolil  pour  la  4 
détermination  de  la  nature  de  la  substance  employée  dans  un  but  cou- 
pable. 

L'altération  produite  par  ces  acides,  et  notamment  par  l'acide  sulfariqne 
dont  les  elTels  oui  été  le  mieux  étudiés,  n'est  pas  semblable  pour  tous  les 
tissus.  Les  cellules  épitliéliales  se  tuméticnt  tout  d'abord,  puis  elles 
s'alTaissont  et  se  racornissent  ensuite.  Les  éléments  de  tissu  conjondiTl 
deviennent  gi'anuleux,  puis  so  transforment  en  une  masse  gélntineuse, 
dont  une  {>arlie,  dissoute  pni"  l'acide  sulfurique,  produirait  lu  coloralion! 
noirfttre  (.Neyrencuf)-   L'injection  d'acide  sulfurique  dans  le  tii^su  con- 


^P  rnAUUATISME   CBIMIUUE.  627 

jonclif  sous-cutané  et  les  masses  musculaires  ne  détermine  aucune  trace 
de  suppuration  ;  mais,  ainsi  que  l'ont  constaté  Nélalon  et  TJi.  Anger,  il 
y  a  sa ponifi cation  de  la  graisse  et  Tormalion  de  cristaux  d'acide  margari- 
i|ue,  dissolution  et  transformation  gélatineuse  du  tissu  coujoaclif,  des- 
truction des  nerfs  et  mortification  des  Qbi-es  musculaires.  Le  sang,  en 
tout  cas,  est  coagulé  dans  les  vaisseaux,  d'où  la  suspension  de  la  circula- 
tion et  parsuilc  la  mortîtication  des  tissus  indépendamment  des  lésions 
directement  engendrées  par  la  substance  caustique. 

Cette  suspeusion  de  la  circulation,  absorption  de  l'eau  des  tissus,  telles 
^nwt  les  causes  de  la  ressctmblancc  des  eschares  produites  par  les  acides 
^Hwrgiques  avec  celtes  de  la  gangrène  sèche;  ajoutons  que  le  travail 
^a*éIù«inalion  ne  dilTère  pas  dans  ces  diverses  circonstances.  Pourtant  on 
ne  peut  aflirmer  que  la  mortification  déterminée  par  les  acides  soit  ia  con- 
séquence unique  de  la  coagulation  du  sang,  quand  l'altération  directe- 
ment produite  par  ces  substances  siiflit  è  rendre  impossible  la  continua- 
lion  de  la  vie  cellulaire. 

Les  sels  métalliques  sont  des  causes  rai'es  de  l'altération  des  éléments 
de  l'organisme,  k  moins  qu'ils  ne  soient  employés  comme  agents  caus- 
tiques, La  plupart  de  ceux  qui  servent  à  cet  usage  sont  des  chlorures, 
et  notamment  le  bichlorurc  de  mercure,  les  chlorures  de  zinc,  d'antimoine, 
de  brome,  de  platine,  d'or,  le  sulfate  de  cuivre,  le  nitrate  d'argent,  etc. 
Ëti  solutions  concentres  ou  incorporés  k  des  pâles,  les  chlorures 
métalliques  produisent  la  mortification  des  tissus.  Les  escbares  qu'ils  dé- 
terminent, oi'dinairement  circonscrites,  ont  une  consistance  qui  varie  avec 
la  nature  de  l'agent  caustique  ;  dures  et  cassantes,  tout  à  fait  sèches  à  la 
suite  de  l'emploi  des  chlorures  d'or,  de  platine,  du  sublimé,  elles  offrent 
une  consistance  cireuse  après  l'action  des  chlorures  de  zinc,  d'antimoine, 
de  brome.  La  coloration  de  ces  escbares  diffère  également  avec  la  sub- 
stance employée;  elle  est  d'un  blanc  jauoAtre  (chlorure  de  platine  et  chlo- 
rure de  plomb),  d'un  blanc  de  cire  [chlorure  de  zinc,  sublimé),  d'un  brun 
plus  ou  moins  foncé  (chlorure  d'antimoine,  chlorure  de  brome).  Leur 
épaisseur  dépend  non-seulement  de  la  qualité  et  de  la  quantité  du  caus-  . 
tique,  mais  encore  de  la  nature  du  tissu  cautérisé.  Le  sublimé  et  le 
chlorure  de  platine  tiennent  le  premier  rang  au  point  de  vue  de  la  rapidité 
et  de  la  profondeur  des  oschures  ;  le  chlorure  de  zinc  et  le  chlorure  d'an- 
timoine agissent  plus  lentement  et  donnent  lieu  à  des  escbares  mobis 
profondes,  llelativcment  ii  l'influence  exercée  par  les  tissus,  on  peut  dire 
d'une  façon  générale  (|ue  plus  la  substance  caustique  rencontre  de  tissus 
différents,  moins  profondément  elle  agiL 

Les  tissus  qui  composent  les  eschares  résultant  de  l'action  des  sels  mé- 


tiaiq»eaMi>leij«iP8iiii«ri8fa;lt««gfc»<li)iT«iiiqois'Td«trilweiit«l 
cna^ulr.'dWcûaûb  te  piiiliti'  ni  nrfiiinw  ■»  ni  am  Af&de»  pwliw  nu» 
Ufiétt  doot  I  dimiialioD  te  fini  ftôBemntaOi  éTvat  fiixt:  k  taaaa  h»- 
■'^Tfpy^.lntriiininmm-iri  iiinptr«irBltfiwi'rtWi»rtlrni  fiiithli  iilmli 
frtiamperfaâeU.^,  présentcatmianiBtffli'iK'ii  n,i,ini.friMMna(^ 
ooipaàMoMiiplèlFdirfpailinprofoBdaderfselnre.  Le*  ceBols  ^ilhr- 
Inks  do  corps  muqneux  d«  Malpi^i.  crlles  des  membranes  iwqiirii 
sool  pinflrvs,  aii^Tficiil^es  4l<*  rolumf  et  reoiftlJes  dr  {^nuiuhtkwt  |n»> 
Kiises.  Les  mascles  oui  sabi  tme  liaïufanDatHjn  ctiinpièle  ;  sïna.  lan 
flbriUosonl  inlnronipoesçâet  là  pardesjunsgrmissBttx.  Lesnllata^i  1 
tissu  coii)onf  lif,  b»  relloW  rarUbgbMaaet  H  fe*  ceBoIr»  oaKiiaeg  |iwini- 
lent  k  tattae  Hat  dt  dé^Dêrpsc«icc.  Celle  sltrratian  nspede  ipiriqQdiiB 
les  parois  Vïscalairn,  â  r<^\ct?pljon de bcaudic emlolbêl aie;  d'onlm liû. 
et  le  piuti  «ouvml,  ^Ikeiivaliil  toutesIe»luiiM|ues,  qu'elle nunolltt,  d'an  ii 
posBibiliU:  de  Is  deslraclùin  ila  Tvissean  «  b  lunile  du  i.-ciaj;uiiuD  isapaa 
el  d'une  hémorrha^e  consécalive  k  la  châle  de  IVMrhan-,  cuminvUiiil 
monlré  des  expériences  praUqnées  par  Brjk  sur  des  lapins  vnx  k  Mf 
rare  de  brnme.  Quant  aux  vaisseaux  de  l'escliare,  iU  -tout  rvmplis  <J<iii 
CAillot  brun,  ^rauulcuxj  dans  lequel  on  peut  rveonnollrc  les  globale' »"- 
guins  d'auLaiil  plus  adbércnls  à  la  paroi  que  la  cautôrisalion  a  Ht  pim 
énergiquR.  Indépendninmenl  de  ces  désordres,  oa  reiiconlre,  ou  lein  in 
tissn»,  di-i  ilrp/iU  nurlalliijues  de  forme  el  df  volumi-  dîvi-rs.  princijMl- 
ment  sur  la  limile  des  dilTérents  lissus  el  au  niveau  des  parties  qui  avcu- 
sînenl  le  silloi)  d'élinni nation. 

Introduits  dans  l'eàtomac  en  solution  concentrée,  les  sels  mêlalliqui^ 
produisent  des  escliares  plus  on  moins  profondes  el  nombreuses  de< 
membranes  muqueuses  de  la  bouche,  du  phar\n^,  de  l'œsopba^  el  àt 
l'estomac,  assez  semblables  à  celles  que  délenninenl  les  alcalis  el  kî 
acides  caustiques  (fîg.  267).  Ces  escbares.quinediiïèrent  pas  de  celles  de 
la  peau,  laissent  à  leur  suite  des  cicatrices  qui,  dans  certains  cas,  peu^enl 
amener  des  rétrécissements  et  tous  les  désordres  couséculirsà  cesIésioDï. 

BiiLiocRAPtiiE.  —  l'iBHic,  Mém.  sur  l'tisage  du  sublimé  corrosif  {Mfm.  J* 
l'Académie  de  chirurgie,  l.  IV,  p.  232,  el  in-8, 1819).  -  Bourgeois  (d'Élampej'. 
De  la  cautérisation  par  dilulion  au  moyen  de  la  potasse  caustique  [Anhiies  r- 
nérates  de  médeciiii;,  1852,  sûric  ù,  1.  XXVIII,  p.  61).  —  Giroiard,  Eladf  pa 
l'actimi  du  musti'im-  de  Vienne  et  du  chlorvn  de  linc  (Revue  méd.  chirurg.  ■!■ 
Paris,  185'i,  p.  27).  — Lecroux,  Cautérisation  transcitrrenle  avee  l'acide  salf' 
rique  (Société  médicale  des  hôpitaux,  27  juin  1860,  et  Union  médicale,  7  »oiii 
1860).  —  PoTAiN,  Empoisonnement  par  l'ammoniaque  iiqiûde  {Sociélé  bwiUw'' 
des  hôpitaux  et  Union  médicale,  N.  S.,  t.  XIII,  p.  119,  1862).  —  Bhtk  i<l<: 


TRAUMATISME  CHIMIQUE.  829 

Zracovie),  Die  Contractwirkungen  des  Chlors  auf  die  Getvehe(Archiv  fûrpatholog, 
tnatomie  wid Physiologie,  etc.,  t.XVllï,p.376-i!i37, 1860).  — J.Neumann,  Ueber 
Ue  Eintvirkung  der  Caboïsaùre  auf  organ.  Geweoe  (Wiener  med.  Wochenschrift, 
L867,  n®  35,  p.  5/i9).  —  Alb.  Lombart,  Dunitrate  d'argent j  de  son  action  locale^ 
ie  son  emploi  en  chirurgie.  Thèse  de  Paris,  1868.  —  Th.  Anger,  De  la  cauté- 
Hsation  datis  les  maladies  chirurgicales.  Thèse  d'agrégation.  Paris,  1869.  — 
LJ.  Trélat  et  Ch.  Monod,  art.  Cautérisation  du  Dictionnaire  encyclopédique  des 
sciences  médicales,  t.  XXXIII,  p.  432  et  suiv.;  bibliogr.,  p.  479.  —  Neyreneuf, 
De  V action  de  V acide  sulfurique  sur  la  peau,  etc.  Thèse  de  Paris,  n*  278,  1872. 
—  H.  Meyer,  Ueber  die  morphologischen  Veranderung  in  Trachea  nnd  Lungen 

durch  Ammoniac  [A rchiv  der  Heilkunde,  1873,  p.  512). Lambl,  Archiv 

f.  pathoL  Anat.  und  PhysioL,  t.  Vlll,  p.  135.  —  J.  Cohneim,  Neue  Untersu- 
dang  ùber  die  Entzùndung,  p.  12,  1873. 

Nous  terminons  ici  l'étude  générale  des  altérations  pathologiques  du 
corps  humain.  Ces  altérations,  que  nous  avons  pu  grouper  sous  quelques 
chefs,  sont  en  somme  peu  nombreuses.  Loin  d'être  l'effet  de  causes 
mystérieuses,  elles  se  produisent,  ainsi  qu'on  apu  levoir,  sousTinfluence 
d'agents  matériels  faciles  à  déterminer.  La  plupart  d'entre  elles,  en  effet, 
ont  leur  origine  soit  dans  l'air  qui  nous  entoure,  soit  dans  les  aliments 
et  les  boissons,  c'est-à-dire  dans  ce  qui  est  essentiellement  nécessaire  à 
l'entretien  de  la  vie.  Inutile  de  rappeler  les  conditions  diverses  en  vertu 
desquelles  l'air  et  les  aliments  parviennent  à  modifier  les  tissus  de 
l'organisme  ;  ce  qu'il  importe  de  remarquer,  c'est  que,  pouvant  changer 
ces  conditions,  l'homme  a  par  cela  même  le  pouvoir  d'éviter  les  alté- 
rations organiques  autres  que  celles  qui  sont  dépendantes  de  son  évolution 
naturelle.  Par  une  hygiène  bien  entendue,  il  parvient  Tion-seulement 
à  se  préserver  des  infirmités  qui  viennent  trop  souvent  attrister  son 
existence,  mais  encore  à  se  prémunir  contre  les  lésions  matérielles  qui  y 
mettent  fin  avant  le  temps.  Il  est  toutefois  une  série  de  désordres  plus 
difficiles  à  éviter,  parce  qu'ils  ont  non  plus  leur  cause  prochaine,  mais 
leur  cause  éloignée,  dans  le  milieu  ambiant;  pour  s'opposer  à  ces  désor- 
dres, expression  d'une  modification  ancienne  et  profonde  de  l'organisme, 
et  qui  s'appellent  cancer,  tubercule,  etc.,  il  fauta  une  hygiène  sévère 
et  appropriée  ajouter  la  pratique  de  la  sélection  sexuelle. 


FIN  DU  TOME  PREMIER. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


CONTENUES  DANS  LE  TOME  PREMIER. 


Préface  v 

DÉFIHm05   DU    SUJET 1 

Aperçu  historique 3 

Go5SiDiRATiox3  GéiTÉRALES  :  Oolution  physiologique  du  corps  humain  et  classifi- 
cation (les  altérations  pathologiques 31 

PARTIE   GÉNÉRALE 

LIVRE  l'\  —  ANOMALIES  DE  FORMATION  ET  DE  DÉVELOPPEMENT àO 

CHAPITRE  I.  —  Bes  MoiMlraosItéii 50 

§  i .    MONSTRES  OMPIIALOSITES  OU  MONSTRES  SIMPLES .57 

I.  —  Monstres  amorphes  ou  ani  liens 50 

II.  —  Monstres  acormiens 60 

III.  —  Monstres  acéphaliens 60 

§  2.  MONSTRES  COMPOSÉS 63 

I.  —  Monstres  doubles  autositaircs 69 

l'^  Duplicité  de  la  moitié  supérieure  du  corps 60 

2®  Duplicité  de  la  moitié  inFérieure   du  corps,   dont  la  moitié 

supérieure  est  plus  ou  moins  simple 73 

3®  Duplicité  s'étendant  simultanément  aux  extrémités  supé- 
rieures et  inrérieures  de  deux   corps  confondus  ensemble 

dans  leur  milieu 76 

à^  Duplicité  des  deux  troncs  confondus  par  leurs  extrémités. ...  83 

IL  —  Monstres  doubles  parasitaires 86 

111.  —  Monstres  triples 94 

§     3.    MONSTRES     DOUBLES     PAR    INCLUSION.     —     MONSTRES     DOUBLES 

ENDOCYMIENS 95 


832  TABLE    DES   MATIÈRES. 

S  i.   TUVEUIIS  r-ONilÉNlTALES  ENKVSTÉES 99 

I,  —  Tumeurs  sarcoiiialeuses  k;«lique) ii 

U.  —  Kysle»  (fcfffloides 103 

CHAPITRE  11.  — De»  «alformalloiM Ht 

S   1.  MALFÛHMATIONS  DU  CHANE  ET  DE  LA  nOLONNE  VT.ItTKIlRALB Ht 

I.  —  CïclocÉpLolio .-  lis 

II.  —  Otocépbiilie IIS 

m.—  Anencéphalie 119 

:V. — PMudeiicfphalie 111 

V.  —  EieocéphaUe I!S 

\I.  —  Hïdromïélie  (spina-fifliln) 1311 

S  2.   «ULrotlM AXIONS   DR  LA  lArE  ET  DU  COL" 131 

I.  —  FuaureB  labiolei  ou  bec-de-liéTR Itt 

II.  —  PiitnlEs  cangéaitalet  du  coq 139 

III.  —  Cyslomet  cDngénitiiui  du  cou lâl 

g  3.  MALFORMATIONS  DU  THORAX  ET  DE  L'ABDOMEN lU 

I,  —  FiuuKt  gnstro-lhoraciquei I)!i 

H.  —  FiMum  IboraciquM.  Ecto[Hc  cardiaque Ilfi 

III.  —  Finurei  abdomiaaki.  Eutrophie  vésicale 1)7 

g  i.  MALFORMATIONS  DE  L'APPAREIL  DRO-GéHirALEXIERNB  ET  DE  L'ANDS.  1M 

I.  —  Persistance  du  cloaque IM 

II.  —  Mermaphrodiimc  faux  ou  henii^ibrodiiaie  eiterne 151 

III.  —  ImpcrroralioD  de  l'aQui I5< 

.      g  5.   MALFORMATIONS  DES  MEMBRES  ET  DES  DOIGTS 1S9 

I.  —  M  al  formai  ion  des  membrei 159 

U,  —  Malformations  des  doiBls 168 

111.  —  Pieds  bols  congénilBux I7Î 

S  6.   NANISME  ET  CÉANTISME 179 

§  7.   HitTÉROTA\IES 18Ï 

LIVRE   II.  —  MOMALIES  DE  NUTRITION 18S 

CHAPITRE  I.  —  ÙCB  HTpeHrapUnt  e(  «es  «IrorUM 188 

S  i.   IIVPERTBOPHIES 189 

§  2.   ATROPHIES JOO 

CHAPITRE  II.  —  uv»  Urpcrvla^en jl5 

Amicli  i.  Des  Phleijmaiies 216 

§   1.   PHLEGMASIES  DES  TISSUS  DÉRIVÉS  DU  FEUILLET  MOVEN  DU  BLASTO- 
DERME. —  PHLEGMASIES  CONJONCTIVES 219 


TABLE  DES  MATIÈRES.  833 

I.  —  Phlegrmasies  exsudatives 235 

II.  —  Phlegmasies  suppuratives 239 

III.  —  Pblegmasies  proliférattves 257 

§  2.   PHLEGMASIES    DES    TISSUS    DÉRIVÉS    DES    FEUILLETS    INTERNE    ET 
EXTERNE    DU    BLASTODERME.    —    PHLEGMASIES   ÉPITIIÉUALES    ET 

NERVEUSES 283 

I.  —  Phlegmasics  cpithélialcs 285 

II.  —  Pblegmasies  nerveiises 293 

Article  IL  Des  fféoplasies 296 

§    1.   NÉOPLASIES    DES     TISSUS     PROVENANT    DU     FEUILLET     MOYEN     DU 

BLASTODERME.  —  NÉOPLASIES  CONJONCTIVES  ET  MUSCULAIRES  .  302 

] .  —  Néoplasies  de  substance  conjonctive  cellulcuse.  —  Endotbéliomes.  309 

II.  — Néoplasies  de  substance  conjonctive  réticulée.  —  Lympbomes. .  314 

III.  —  Néoplasies  de  substance  conjonctive  muqueuse.  —  Myxomes. .  329 

IV.  —  Néoplasies  de  tissu  adipeux.  —  Lipomes 335 

V.  —  Néoplasies  de  tissu  cartilagineux.  —  Cbondromcs 343 

VI.  —  Néoplasies  de  tissu  osseux.  —  Ostéomes 354 

VII.  —  Néoplasies  de  substance  conjonctive  fibrillaire.  —  Fibromes. .  361 

1°  Fibromes  embryonnaires 363 

20  Fibromes  adultes 373 

VUl.  —  Néoplasies  vasculaires.  —  Angiomes .  382 

IX.  —  Néoplasies  de  tissu  musculaire.  —  Myomes ,•  •  •  •  393 

§  "i.   NÉOPLASIES     DES    TISSUS    DÉRIVÉS     DES    FEUILLETS    EXTERNE     KT 
INTERNE    DU    BLASTODERME.    —    NKOPlASIES     ÉPITIIÉUALES    ET 

NERVEUSES 399 

I.  — Néoplasies  épitbéliales  bomopiasliques  ou  typiques 400 

1®  Néoplasies  épiderniiques.  —  Icbtbyosc?,  kératoses 400 

2°  Néoplasies  glandulaires.  —  Adénomes 405 

II.  —  Néoplasies  épitbéliales  hétéroplasliqucs  ou  atypiques.  —  Épithé- 

liomes 412 

i°  Néoplasies  du  tissu  épitliélial  pn>imenteux.  —  Kpitliéliomes 

pavimenteux 430 

2**  Néoplasies  du  tissu  épilhélial  cylindrique.  —  Épithéliomes 

cylindriques /|43 

30  Néoplasies  du  tissu  épithélial  glandulaire.  —  Épithéliomes 

glandulaires UU7 

m.  —  Néoplasies  nerveuses.  —  Névromcs 462 

CHAPITRE  IH.  »  Don  Hypoplanle» 471 

§   1.    I.N'FILTRATION    ET    DÉGÉNÉRESCENCE  GRAISSEUSFIS.   —   ADIPOSE    ET 

STÉATOSE 472 

§  2.   DÉGÉNÉRESCF^NCE  ALBUMINOÏDE.  —  LEUCOM.ATOSE 483 

§  3.  DÉGÉNÉRESCENCE  AMYLOÏDE.  —  AMYLOSE 489 

LANCER EAi'X.  —  Traité  d'Anat.  palh.  1.-53 


8S&  TABLB  DIS  MATltelS. 

§  4.   DÉGÉNÉRESCENCE  COLLOÏDE.  —  HTAUN08E â91 

§   5.   DÉGÉNÉRESCENCE  CALCAIRE.  —  CALCI08E. &96 

6.  DÉGÉNÉRESCENCE  PIGMENTAIRE 501 

7.  NÉCROSES  ET  GANGRÈNES d07 

LIVRE  III.  —  âNOMâUES  DE  CIRCULâTION 513 

« 

CHAPITRE  I.  ^  Pm  HypémlM 5M 

Hypémia  générale,  oligaimie 51ft 

Hypémie  locale,    ûcbémie 516 


CHAP.  IL  —  BM  UjwéréÊmUm 5S0 

§  1.  HYPÉRÉMIES  ANGIOPATHiaUES 531 

§  2.  HYPÉRÉMIES   NÉVROPATHIQUES 537 

GHAP.  m.  ^  BM  HéaMrrlMislMi 518 

§  1.  IlÉMORRHAGIES  ANGIOPATHIQUES 550 

§  2.  IlÉMORRHAGIES  NÉVROPATHIQUES 558 

§  3.   HÉMORRHAGIES  HÉMOPATHIQUES 570 

GHAP.  IV.  —  Bm  HydroplalM 571 

§  i.  HYDROPISIES  ANGIOPATHIQUES»  HYDROPISIES  MÉCANIQUES 576 

§  2.   HYDROPISIES  NÉVROPATHIQUES 582 

§  3.  HYDROPISIES  HÉMOPATHIQUES 588 

GHA  P.  V.  —  Dr*  ThrombMM  et  de*  entb^llMi 591 

De  rétat  du  sang  dans  le  cœur  et  les  raisseauz  après  la  mort 597 

§   1.   THROMBOSES    ET    EMBOUES    DU     SYSTÈME     CIRCULATOIRE    A    SANG 

NOIR.  —  THROMBOSES  ET  EMBOLIES  VEINEUSES 603 

I.  —  Thromboses  veineuses 603 

II.  —  Embolies  veineuses 612 

§    2.   THROMBOSES    ET    EMBOLIES    DU     SYSTÈME    CIRCULATOIRE    A     SANG 

ROUGE.    THROMBOSES  ET  EMBOUES  ARTÉRIELLES 626 

I.  —  Tbromboses  artérielles 626 

II.  —  Embolies   artérielles 632 

§  3.   THROMBOSES  ET   EMBOLIES  CAPUXAIRES 640 

LIVRE  IV.  —  ANOMALIES  ACCIDENTELLES 649 

Section  I.  —  Parasitisme 649 

CHAP.  I.  —  ParamteB  «nlniaax 650 

Article  I.  —  Arthropodes 650 

§  1.   INSECTES 652 

I.  Aptères 652 

II.  Diptère? 653 

m.  Lépidoptères 66& 


TABLE  DES  MATIÈRES.  835 

§  2.   ARACHNIDES 665 

§  3.  CRUSTACÉS 670 

Article  11.  —  Vers 674 

§  1.  NÉMATODES 678 

I.  —  Ascarides 679 

II.  —  Strongylides 687 

III.  —  Sclérostomcs 690 

IV.  —  Trichotrachélides 691 

V.  —  Filaridcs 695 

Acantliocéphales 701 

§  2.   TRÉMATODES 702 

I.  —  Distomcs 703 

i*"  Distome  hépatique 704 

2°  Distome  lancéolé 705 

3"  Distome  ophthalmobie 705 

il'*  Distome  hématobie 706 

II.  —  Monostomes 708 

§  3.   CESTODES 709 

I.  Familles  des  téniadées * 711 

Taenia  de  l'homme.  —  Gysticerquc  ladrique  et  ladrerie 711 

Taenia  mediocanellata  ou  ténia  inerme 720 

Tsnia  nana 721 

Ta?nia   elliptica 722 

Taenia    flavo-punctata 722 

Taenia  marginata 723 

Tuînia  acanthotrias 723 

Tœnia  echinococcus.  —  Ëchinocoqucs  et  maladie  hydatique 724 

II.  Famille  des  bothriocéphalidées 731 

1^  Bothriocephalus  latus 731 

2^  Bothriocephalus  cordatus 733 

Article  III.  —  Protozoaires 734 

S  1.   MOXADIENS , 734 

1<^  Gercomonas  hominis 734 

2*^  Gercomonas  urinarius 735 

3®  Trichomonas  vaginalis 735 

§  2.    PARAMÉCIENS 736 

Paramccium  coli 736 

§  3.   GRÉGARI>IES  ET  PSOROSPERMIES 737 

GHAP.   II.  —  p«r«0ltefi  végélaux 740 

S   1.   HYPHOMYCÈTES 748 


836  TABLB  DBS  MATltlilS. 

I.  «•  PenicîUium 748 

20  AipergiUuB 749 

3*»  Mucor 75î 

II.  V  Gbionypbe  Carteri;  pied  de  Madart 75S 

2°  Achorion  Schœnleiiii .^ 756 

3^  TricbophytoD  tonsurans 761 

40  Microsporon  fkirfàr 764 

ô**  Microsporon  Andouini 766 

6<>  Oïdium  albictns 767 

§  2.   SGHIZOMYCÊTES.  —  FERMENTS 77i 

I.  1*»  Sarcina  vcntriculi 773 

2^  Gryptococcus  cereviti^e 775 

3«  Leptothrix  buccalis * 776 

II.  Bactéries  et  vibrions 778 

V  Bacterimn 782 

2»  Bacteridium 783 

3»  Vibrio 784 

4»  SpiriUmn 784 

50  Micrococcus 785 

Section  II.  —  Traumatisme 788 

GHAP.  L  —  TraunAlkHoie  niéeaBteae 789 


§  i .  PLAIES 789 

§  2.  CONTUSIONS 798 

§  3.  FRACTURES 801 

§  L   RUPTURES 807 

CHAP.  11.  Traanuittoiiie  physique 811 

8   i.   CALORIQUE 811 

I.  Brûlures .* 811 

II.  Insolation 814 

m.  Froidures 815 

§  2.   ÉLECTRICITÉ.  —  ACCIDENTS  DÉTERMINÉS  PAR  LA  FOUDRE 818 

CHAP.   in .   Tramnatltiiiie  chimiqae 822 

I.  Substances  liquéfiantes 822 

II.  Substances  coagulantes 825 

nN  DE  LA  TABLE  DES  MATIÈRES  DU  TOME  PREMIER. 


PARIS.    —    IMPRIMERIK    DE    É.    MARTINET.    RUB    MIGNON  ,    i 


ERRATA  ET  ADDENDA 


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