Skip to main content

Full text of "Traité de la culture du chêne, .."

See other formats


À 
OC AA E WC À 
va CRPACRE HE UE | 
RUES 


(4 


i AUX 
0 } 
CL Pin # 
k 


ni 
x x 
Ont 


se 


te 


Le ba 


AU 


BOT 
LOT Are 
1 pate 


kr? 44 ep x 


ah, Te we \ 


Par 
ar] 


ATWe 
«CNET 


« # 
AT ANS Prise 


= 


RS 


fie 
#1 
j 
"A! 


AT MS LA 


AI 


PE 


à je 


Eu AR ue Re 


DB'E ‘L'A 
CULTURE 
nn. 
CHÈNE 


Se vend chez 


ROUANET, 
LIBRAIRE » 


Rue Verdetet, N° 6, 
près la Poste aux Lettres, 
À PARIS. 


TRAÎTÉ 
DE LA CULTURE 
DU CHÈNE; 


CONTENANT les meilleures manières 
de femer les Bois, de les planter , de les 
entretenir , de rétablir ceux qui of dé: 
gradés, & de les exploiter ; avec les dif: 
férens moyens de tirer un parti avanta: 
geux de route forte dé Terreins & de 
toute forte de Bois; 

Ouvrage néceffaire à ceux qui veulent avoir 
une connoiflance entière de la culture des Aïbres 
champêtres & de leur produit. 

Par M, Jucz pe S.-MaAnrTin; 
Correfpondant de la Societé Royale d'A< 


griculture. | 
7e 
eh 


À PARIS; 
Ghez Cucuer , Libraire, rue & Hôtel Serpeñiès 
Royzz, Libraire, quai des Auguflins 


0e 
M DCG LXXXVIIL. 


dise Approbations & Erivilige du Roi, 


LIBRARY 
NEW YORK 
LOYTANICAE 

GARDEN 


Æfculus in primis, quæ quantum vettice ad auras 
Æthereas , tantüm radice in Tartara tendit. 

Ergo non hyemes illam , non flabra, neque imbres 
Convellunt : immota manet , multofque per annos 

Muita virum volvens, durando fecula, vincit. 


Tüm fortes latè ramos & brachia tendens 


Huc, illuc, media ipfa ingentem fuftinet umbram. 


E7 Ets q'is ans Co lé, pe Auel Ni .afs, à à © 0° €! NN mr RE 


Et dubitant homines ferere , atque impendere curam À 


Pirg. Georgic. Lib. 11. 


ER 


4 TRÈS-HAUT ET TRÈS-PUISSANT SEIGNEUR, 
MONSEIGNEUR 


LOUIS FRANÇOIS DE PÉRUSSE 


COMTE D’ESCARS 
ET DE SAINT-BONNET; 


MARQUIS DE PRANZAC : 


BARON D'AIXE, DE LA RENAUDIE, 
DE LA MOTHE- D'ESCARS , ET DE LASTOURS : 


PREMIER BARON Du LIMOUSIN; 


SEIGNEUR DE SAINT-YBARD , LA ROCHE-LABEILLE, 
SAINT -SEZERT ,; AUCAMVILLE , FPUL- SÉGUR ; 
BELLE - SERRE , ET AUTRES PLACES; 


CHEVALIER DES ORDRES DU ROI : 
MARÉCHAL DES CAMPS ET ARMÉES DE SA MAJESTÉ : 
SON LIEUTENANT-GÉNÉRAL-COMMANDANT 
DE LA PROVINCE DU HAUT ET BAS-LIMOUSIN, 
ET SON PREMIER MAITRE D'HOTEL, 


MONSIEUR LE COMTE, 


( EX T fous un nom comme le vôtre, 
que doit paroïtre une nouvelle Inf- 
truétion {ur la culture du Cuéwe, 


Y 
UE naiffance illuftre | & le rang 
éminent que Vous occupez > Ont moins 
déterminé l’hommage que je vous fais 
des fruits de mon loifir , que votre goût 
connu pour tout ce qui eft utile, & ce 
difcernement vif & délicat, qui eft na 
turel en vous. 

Aufli-tôt que je vous ai déclaré mon 
deffcin , vous l'avez approuvé , non feu« 
lement comme pouvant former un plus 
grand nombre de CEultivateurs dans l’é- 
tendue de vos terres, mais encore comme 
capable de rétablir une branche d’Agri- 
culture très-intéreflante | & en même- 
tems très-négligée dans la Province con- 
fée à vos foins. 

Vous venez de lui donner un grand 
exemple de la valeur que peuvent ac- 

uérir les arbres , attendus jufqu’à leur 
point de perfection : l'induftrie des Ci- 
toyens. ef éveillée ; & c’eft beaucoup. 

Le moment eft venu d’exciter les Pro- 
priétaires de vaftes Domaines à puifer 
dans les fources de fortune que vous leur 
avez montré. | 

Il fuffira , fans doute, de leur apprendre 


Vit 


qu'il eft peu de terreins, qui fe refufent 
à la produétion des Bois ; qu’il eft facile 
& peu coûteux de Les multiplier ; que la 
culture des Arbres exige très-peu de foins; 
& qu'ils préfentent enfuite des reflources 
afurées dans les différens befoins de la 
Société. 

Les Chênes antiques de vos Forêts ont 
fait naître en moi la plüpart des obfer- 
Vations que je publie ; ces Chênes mas 
jeftueux , que j'ai eu fi fouvent occafion 
d'admirer , comme propres aux grandes 
œuvres, ces Chênes qui, ayant paflé du 
centre du Royaume au fein des Mers, 
portent aujourd’hui le nom François & 
les vertus de Louis jufqu'aux extrè. 
mités du Globe, 

Ils ont déjà remplacé quelques Vaif. 
feaux que l'état perdit au malheureux 
combat du Douze. Qui pourra jamais 
remplacer dans votre cœur la perte de 
M. de Vicomte d'E scars, votre frère? 
di s’y couvrit de gloire , il eft vrai ; 
mais il n’exifte plus pour [a Patrie. 

Quel bonheur pour moi, MONSIEUR 
Le Comte, fi Jai répondu à l'attente 


ne co avez conçu de mon application ; 
& fi l'ouvrage , que vous m'avez permis. 
de vous offrir, pouvoit remplir vos vues! 
quand il n’auroit pas d'autre fuccès , mon 
ambition fera fatisfaite , & j'aurai du 
moins eu l'honneur de vous donner une 
marque publiqué de mon zèle , & du 


profond refpe& avec lequel je fuis , 


MONSIEUR LE COMTE ; 


Votre très-humbla’ 
& très-obéifant ferv. 


| À 


Juce DE S.-MARTINA : 


EXTRAIT DES RÉGISTRES 


DE LA SOCIÉTÉ ROYALE D'AGRICULTURE. 
Du 24 Mai 1787. , 
Ce ee de  ‘u ».) 


Meffieurs FouGERoUXx DE BoNDAroY, 
& THouIN , nommés par la Société, pour 
examiner un manufcrit, ayant pour titre 
de la culture du Chêne, par M. Juce, 
Seigneur de Saint-Martin , en ayant fait 
leur rapport , la Compagnie a jugé cet 
ouvrage , dans lequel l’Auteur a fuivi une 
méthode très-claire , très-concife , & qu'il 
a mile à la portée de tous les Cultivateurs , 
digne de fon approbation. En foi de quoi 
J'ai figné le préfent Certificat ; à Paris, 
ce 25 Mai 1787. 


Signé; BROUSSONET, Secrétaires 


perpétuel de La Societé Royale 
d'Agriculture. 


4 di no N 


ri tas re # as at es 


US A ai ÿ Ph 


A7 ù LS 
\ 1e Li 


CN 
he n @ Var 
\ nr MX 


A Ju A 
UT 
> 


PA 122 ai He 


DCICACIEES 2 aÈ 
He 4er ke. 


HÉEr af à 


E5 ro" à 


MPa Ce 


N réfléchiffant fur les difficultés g£- 

nérales & particulières, qui fe ren- 
contrent à multiplier les Bois en France, 
on ceffe d’être étonné du peu d’accroif- 
fement que prend ce genre de culture. 

La jouiffance eft fi éloignée , la vie 
de l’homme eft fi courte, qu'il eft rare 
qu'un Propriétaire de fonds fe décide, 
par intérêc perfonnel , à femer ou à 
planter des Bois, dès qu'il eft parvenu à 
{a Cinquantième année ; &, avant qu’on 
ait, en France, la libre difpofition de fes 
biens , il s'eft écoulé plus que la moitié 
de ce "terme. 

L'autorité paternelle empêche fouvent 
les Jeunes-gens de fuivre le penchant 
qu'ils tiennent de la Nature. 

La léfion dans la vente, & les droits 
de retrait, laifient long-tems un ACqué« 
teur dans l'incertitude de la propriété 


XI1 PRÉFACE. 


. En pays coûtumier , la propriété du 
fond-dotal ne pañle jamais fur la tête 
du mari; &, en pays de droit écrit, 
elle y paflfe rarement. 

Mais comme il n’y a qu’une pleine 
aflurance de Propriere | qui puifle inf- 
pirer le défir de multiplier les Arbres , 
le François ne peut y employer qu’une 
très-petite partie de fa vie. 

Dans ce beau Royaume , les meilleures 
chofes n’ont pas toujours été aufli ac- 
cueillies qu’elles étoient avantageuies. Le 
bon Cultivateur. n’y jouit , encore au- 
jourd’hui, d’aucune diftinétion ; il n’ef- 
père d’autre récompenfe , que celle qui 
doit réfulter de la chofe-même ; vient-il 
à faire une plantation confidérabie ; cou- 
vre-t-il une montagne de Bois ? Ses 
voifins le dénoncent , pour faire verler 
fur lui une partie des charges réelles 
attachées au revenu de leurs terres. Ce 
citoyen précieux , en ce qu’il fait tirer 
de fon Domaine un plus grand produit 
que ne font les autres, eft comme puni 
de fon induftrie , avant d'en recueillir 
les premiers fruits. 

_ Par-rout les hommes font les mêmes s 
on Îles mènera toujours par les diftintions 
&z les récompenfes. Nous voyons qu’en 
Angleterre le Gouvernement a eu depuis 


PRÉFACE. 111 


peu l’habileté de renouveler la propoii- 
tion des récompenfes établies ‘en 1689; 
pour ceux qui enrichiroient l'Etat ; en 
S'enrichiflant eux-mêmes. 

La grande confommation de cette 
denrée pour les bâtimens , & pour les 
différens befoins de la Société , eft fans 
doute la première caufe de la diferte que 
l'on commence à éprouver dans toutes 
nos Villes , & dans les cantons peuplés. 

Depuis plus de quatre-vingts ans les 
Architectes employent, dans nos édifices, 
une moitié en fus du bois neceflaire 
pour la Charpente , faute d’en avoir 
calculé les forces , rélativement à fes 
dimenfions : quelle élegance dans la 
coupe des anciens ouvrages |! quelle juf- 
te proportion entre la réfiftance & la, 
charge ! comment a-t-on pu s'en écarter 
fi long-tems ? | 

Si, d'un côté, le luxe a introduit 
plus de commodités dans nos maifons, 
f la longueur de nos hivers prolonge 
néceflairement l'ufage du feu ; fi Îles 
fourneaux & les forges mulripliées con. 
Tomment beaucoup plus; d’un autre côté, 
les fréquentes gelées du Printems. détrui- 
fent plus que jamais le germe & Vel, 
pérance des plus beaux Jets. 

Le droit qu'ont les U/agers d'intro« 


x1Y PRÉFACE. 

duire leurs Beftiaux dans les Forêts, d'ÿ 
prendre leur boïs de chauffage , & même 
du bois à bâtir, eft une autre caufe de 
leur dépérition : ces droits deftruéteurs 
étoient moins préjudiciables à l’État dans 
les premiers tems de la Monarchie; parce 
que les Forêts occupoient une grande 
partie du Royaume ; au lieu qu’aujour- 
d'hui il n’y a pas la centième partie du 
Terrein qui foit fufceprible de nourrir 
utilement des Bois; tout le refte eft trop 
précieux ; ou trop éloigné des Rivièrés 
& des Routes, l'AS 

Mais je regarde les préjugés & ligno= 
rance où font encore ceux qui s’adon- 
nent à la culture des Arbres ,; comme 
la caufe du peu de fuccès qu’ils obtien= 
nent ; & ce peu de fuccès , comme la 
caufé la plus immédiare de leur découra. 
gement ; &, par conféquent , de la ra= 
reté des bois. A 

Ceux de la bonne qualité , fur-tout ; 
font extrêmement rares en France , ce 
qui nous oblige d’en accheter de lÉ- 
tranger, 

Il ne faut pas croire cepeñdant que 
nos Bois foïent à l'avenir aufli défeétueux 
que ceux que nous exploitons aétuelle- 
ment ; nous touchons précifément à la 


révolution de l'hiver de 1709, dont la 


LL 2 


PRÉFACE. xv 


rigueur exceflive attaqua les Arbres, 
juiques dans leur principe de vie. 

Nous avons peut-être moins befoin de 
former des Bois nouveaux , que de con- 
£erver, que de rétablir ceux TR exiftent. 

Et l’on peut dire que c’eit plutôt la 
facilité des communications ,; qui man« 
quoit en France, que le bois-même. 

Les grandes & belles Routes |, aux- 
quelles on travaille dans tout le Royau- 
me, & les canaux bien entendus, qu’on 

pratique de tous côtés, vont facilirer 
É tranfport. 


Nos Rois ont porté ‘une attention con 
tinuelle à conferver ces riches préfens 
de la Nature ; mous voyons que, dès le 
commencement de la nd , ils fe 
font occupés de ce foin , comme il pa- 
roît par d'anciens Capitufaires de CHar- 
LEMAGNE , de Louis L& DÉBONNAIRE ; & 
ainfi d'âge en age. 

Louis xiv raflembla, dans fon Or- 
donnance de 1669 , toutes les Loix qui 
avoient précédé fon fiècle. 

Cette Ordonnance , aufli utile pour les 
Bois des Communautés & des Particu- 
liers, que pour ceux du Domaine de Sa 
Majefté ,| embrafle tant d'objets , qu'il 
n'eft pas furprenant que fes Rédaëteurs 


xvt PRÉFACE. 

ayent employé huit années dé travail à 
la perfectionner au point où nu étoir 
alors, 

En 1720 , 1} fut rendu un |'Arrét du 
Confeil d'État, qui ordonna de planter 
des arbres de route efpèce le long des 
Chemins , ‘dans route l'étendue’ du Ro 
yaume , fuivant la nature du! terreims 
Quel beau’ fpeëtacle n’offriroient pas ac- 
tuellement fix’ mille lieues’ de Routes pu: 
bliques, fi cet Arrêt avoit été générale: 
ment exétuté quelle richeffe pour l’État 
Ce que nos pères n'ont pas fait, ce que. 
nous  regrettons , pourquoi tarder | à, le 
faire ? 

L’Arrér du Crest du 18 Août 1722; 
qui prohibe x toutes perfonnes de véndré 
aux étrangers des bois de conftrudion, 
ou autres efpèces de boïs ; & d’en faire 
fortir ou tranfporter hors du Royaume, 
prouve , mieux que tout ce que Je pours 
rois dire , combien nous fommes encore 
éloignés de la richeffe en fuperflu, qu'on 
peut fe promettre dans un climat , qui eft 
le plus favorable ; peut-être , à! la pro 
duftion des beaux ‘Arbres. 

Ceux que nos avons reçu depuis peu 
de fa’ Évuifiane | du Canada ; de l'Isle 
Royale | de la côte de Virginie , de 


Bofton | & de tanc d’autres pays | où 
les 


PRÉFACE. xvit 


les hivers font à peu-près auffi rigoureux 
que les nôtres, croiflent en France & y 
multiplient , comme s'ils écoient indigè- 
nes ; ils fervent à décorer les bofquets , 
: & font très-utiles dans les Arts. 

_ Que n’avons-nous pas à efpérer de la 
nouvelle pépinière , que Sa Majefté vient 
de faire établir près de Neu-York : Après 
avoir fourni le Jardin du Roi, dans la 
Capitale , elle peut fournir toutes nos 
Provinces. 


Nous ne craindrons point d'expofer 
librement notre avis fur les difficulrés 
vi fe préfentent ; même dans ce qui 
croit contraire aux ufages reçus , & 
aux principes établis fur les anciennes 
Loix , laiflant au Gouvernement le foin 
de lever les difficultés générales , & 
d'encourager un genre de culkure , qui 
exige de lafliduité | & une longue per- 
févérance, 

L'Adminiftration | qui vient de com 
mencer , fous des formes nouvelles, æ& 
qui a déjà fait renaître la confiance 
ans plufieurs Ordres de l'État, peut, 
mieux que jamais , s’en occuper efficace 
ment ; puilqu'ayant fans-cefle fous les 
yeux , & voyant de plus près les abus & 
les befoins ; elle fera plus à portée d’ÿ 

2 


XVIIT PRÉFACE. 


remédier &.d’y pourvoir. Un. de £es 
premiers foins a été, d'annoncer une 
amélioration dans une partie aufli eflen- 
tielle :-quel objet plus intéreflant ; .en 
effer , quela confervation des Forëèrs 
qui nous reftent , & le renouvellement 
de celles qui font prefqu’entièrement 
détruites ? : sb 
:* Les places vaines &: vagues peuvent 
être défrichées avec avantage par :les 
Riverains, & replantées à peu de frais 
D'ailleurs , il eft fi facile d’exciter l’é- 
mulation des François ! un peu .d’hon- 
neur , quelque privilège, une médaille , 
donnée de la: part du Souverain ; que . 
dis-je ? une couronne dc. Chêne. comble: 
roit les vœux de ces hommes fenfibles. 
. Eh ! quand. Sa Majefté donneroit an: 
nuellement. une lieue  quarrée delces 
landes incultes, qui déparent fon Ro- 
yaume , à celui des Culrivareurs qui au- 
roit, dans le cours de vingt années ; 
établi le plus utilement des: Bois , ilien 
réfulreroit un grand bien, pour la famille 
dun bon Patriote; & , pour l'Etat, un 
plus grand encore. D 2% mr 4 
. Ainfi ,. l'encouragement que la fagefle 
du Miniftère peut donner: à cette -bran— 
che précieufe de. l'Agriculture ; les Con: 
aoiflances que. chaque Particulier peut 


Li] 


P R É F. A, CE. xx 
acquérir ., dans. le fiècle éclairé où nous 


vivons , & lindufiriè qui nat ‘toujours. 


2 


d'une poñic ion forcéé , mettront, bièn-tôt. 


une Fe proportion entre l'abondance 
& ‘les befoinss 


à vel 


Quant aux difficultés , qui fe rencen: 


trent dans l'exécution , plufieurs Éctie 


vains célèbres nous ont devancé dans la 
carrière ; nous les avons lüs; nous avons 
fuivi les méthodes qu’ils nous indiquoient, 
jüfqu'à ce que l'éxpérichce noùs à montié 
qu'on pouvoit fairé mieux quelquefois, 
Une partie de ces Savans, profitant 
des lumières de ceux qui Jes avoient: 
précédé ; ont fait dés obfervations nou=. 
velles, & fonc ‘allés plus loin qu'eux ; , 
ils n’ont pas dédaigné dé fe mêler avec 
leurs Ouvtiers , “dé voir , de raifoñnét : 
& d'opérer enfemble Là, ils ont appris 
plus qué la théorie ne peut en apprendre, 
Mais ceux qui n'étoient pas Cultiva- 


teurs, ‘ont fouvent mélé la crédulité’ avec | 


de bons raifonnemens. 

Entre les Modernes , M. Dukaïnél et, 
fans contredit , le meilleur ss" que 
l'on puifle défirer, 

Cet Académicien, accoûrumé à dif- 


+ 


pofer les chofes naturelles dans un ordre: 


fimple , & les voir telles qu'elles doivent 
5 y 


sp PRÉFACE. 
être enfemble , eft le feul qui aït traité 
cette matière avec le foin & l'étendue 
convenable. 

L’honneur qu’il m’a fait de m’admettre 
à fes entretiens |, & de me permettre 
d'aller dans fes terres | où il a réuni 
sout ce que l'Art , combiné avec la Na- 
ture , peut opérer de plus intéreffant , 
n’a pas peu contribué à exciter en moi 
le goût de la culture des Arbres, 

J'ai éré cent fois témoin que les ef- 
rits S’allumoient au feu de fon génie. 
Quel eft l’Amateur , qui ne fe fenciroit 
pas émû , en voyant , à la fuite d’un 
nombre infini d’expériences , des arbres 
entièrement tranfpolés , -plantés , les 
branches en dedans , & les racines en 


Vair , qui ont repris & donné des feuil- 


les , du bois , & des fruits ! (1) 

Après avoir Îlü fes ouvrages , aufli 
folides que bien écrits, il femble que 
c’eft être téméraire , que de prendre la 

lume, 

J'avoue que j'ai été arrêté pendant quel- 
que-tems par cette confidération, & que 


{1} Summumque putaror 
kaud dubirat rerræ referens mandare cacumcp. 


Pirg. Georgic. Lib. 11, 


PRÉFAC&. ns’ 
hi je m'y fuis enfin déterminé , c'eft que 
le canton que j'habite eft très-éloigné , 
& tout-à-fait différént du fien, & que, 
par conféquent , je puis y avoir fait des 
obfervations différentes , propres à dé« 
truire des erreurs locales. 

C’eft que tous les Cultivateurs ne font 
pas en état de fe procurer fes beaux 
ouvrages , ni a portée de les étudier, 
avec toute l'attention néceflaire pour les 
comprendre. 

C'eft qu'enfin il s’eft écoulé le quart 
d’un fiècle depuis que M. Duhamel à 
enrichi l’Europe de fes écrits , tems 
fufifant pour acquérir de nouvelles con- 
noifflances dans la culture des Bois. 


Mon deffein eft de mettre dans Îles 
mains des Culrivateurs , de tel ordre 
qu'ils foient ; un apperçu général de 
tout ce qui concerne cette partie , Vrai 
ment intéreffante. 

Je tâcherai de me rendre intelligible 
à tous , & de ne rien laifler à défirer. 

J'expoferai les raifons qui m'ont en- 
gagé à m'écarter quelquefois des métho« 
des ordinaires. | 

Les divers moyens que j'ai mis en ufage : 

Les fuccès bons où mauvais que j'ai ob 
tenu. eatl| 


LA 


xxis PRÉFACE 
Enfin ; les réfultats de ce que lobz 
fervation & lPexpériénce m'ont appris, 
pour faciliter & accelérer le produit des 
POS LM | >. 
De K°, les meïlleurs moyens de les 
femer , de les planter, de les entrete- 
nir, de rétablir ceux qui font dégradés, 
"& de les exploiter, * AY 481 
‘IF ‘nous faudra dofic ‘examiner le Bois 
dans fon origine ; en recueillir la grai- 
ne, pañer en revue les différens terreinsx 
choifir celui qui eft Je plus favorable ; 
‘indiquer toutes les opérations néceflaïres, 
‘pour y établir des Bois; pefer les diffé- 
rentes expolitions ; en confidérer les avan- 
tages & les défauts | obferver lorganifa- 
tion des Arbres | leurs efpèces & leurs 
“qualités ; fuivre le cours de la sève & 
celui de la végétation; ‘voir s’il’eft pofi- 
“ble de remédier. à certains vices &'aux 
maladies | dont nous aurons’ découvert 
les caufes , & parcourir fucceflivement 
“les Semis les Taïllis-& les Futayes. 
Nous arrêter néanmoins à chaque pas, 
pour combiner ce qui eft le plus avanta- 
geux, & pour le téms prefenr | & pour le 
tems à vezir, Ce font deux points , que 
tout bon Adminiftrateur ne doit jamais 

-pi féparer , ni perdre de vue. 
Maiheureufement le goût de la jouit 


| PRÉFACE X'XI1# 
fance s'érend journellement , & domine 
les. François de plus en plus. On fait 
que le Roi & le Clergé , les grands 
Seigneurs & les riches Propriétaires ob 
fervent le bon ordre établi depuis long- 
tems dans lexploitation de leurs Bois 
mais le grand nombre de ceux qui vi- 
vent dans la médiocrité ; ou qui aiment 
béaucoup à compter fur ce qui végète 
fans leur participation , en ufent , aw 
moindre befoin imprévü , d'une manière: 
différente : ils ne laiflent abfolument rien 
à leurs fuccefleurs, | 
Donner à ceux-ci les moyens de fe 
procurer dans le moment toute la jouif- 
fance poflible , & de conferver, prefque: 
fans frais, pour leurs defcendants , l’ef- 
fence de leurs Bois, feroiït donc , en fe 
prêtant à leur goût , rendre un fervice 
important à la race future , & établir’, 
en faveur de l'État, une efpèce de fubf: 
titution. | | 
Les foins du Cultivateur ne fauroient, 
il eft vrai, empêcher les Bois de péris: 
par le laps du tems ; l’ordre de la Nature: 
impofe , à tout ce qui y eft fujet, la né- 
ceffité d’avoir. un terme ; mais les atten= 
tions que l'on prend, fondées’fur linf- 
pe“tion des loix-même de la Nature 
contribuent beaucoup à ‘prolonger la. du- 


EN 


XX1V PRÉFACE. 

rée d'une produétion qui , d’elle-même ; 
fe renouvelleroit à perpétuité , fi les 
divers établifflemens de la Société n’y 
portoient un obftacle continuel. 

_Je ne parlerai guères que du Chêne, 
qui eft une des efpèces les plus revêches. 
La culture des autres arbres étant à peu- 
près la même , & plus facile, je me 
contenterai d’en remarquer les différen- 
ces , à mefure qu’elles fe préfenteront dans 
le cours de ce Traité. 

Je ne ferai point difficulté de copier, 
d’après les bons Auteurs , ce que j'ai 
trouvé conforme à mes propres obferva- 
tions , & ce que l’expérience m’a montré 
comme vrai. 

Dans ce que je dirai des objets d’a- 
grément , on s’appercevra, fans doute , 
que mon but eft de conduire | par ce 
chemin, à ce qui eft véritablement utile. 

Je m'appliquerai à donner les moyens 
de diminuer la dépenfe , mais moins qu’à 


rendre profitable celle qu’on eft obligé 


de faire, rien n'étant plus conforme à 
une économie bien entendue , que de 
favoir faire certaines dépenfes, qui prés 


“viennent des pertes & aflurent des profits. 


Quiconque voudra me fuivre dans le 
fil de mes opérations , fera certainement 
porté à faire des tentatives. Rien de plus 


PRÉFACE. xxv 


puiffant, en ce genre, que l'exemple ; je 
vois qu'ayant cherché à imiter ce qui 
m'a paru utile & agréable , mes voifins, 
à leur tour , cherchent à m’imiter. 

Les Bois que J'ai femé , forment aus 
jourd’hui mon principal revenu , je me 
fuis préparé , & à mes enfans une efpèce 
de richefle prefque indeftru&ible. Tous 
les fléaux des récoltes, les infeétes , le 
feu | l’eau & la gelée, la foudre & la 
grêle ne fauroïent me priver totalement 
du revenu de mes Taillis. En peu d'années 
j'ai quadruplé la valeur de mon héritage, 
fans en étendre les limites : mais fi j'avois 
eu, en commençant mes opérations, les 
lumières que j'ai acquis depuis; fi j'avois 
trouvé tous les bons principes réunis dans 
une Inftruétion courte & méthodique , 
telle que je la donne au Public, que 
d'arbres, que de peines, que de dépenfes 
jaurois menagé | 


La fraîcheur des Bofquets ; la furprife 
des Labyrinthes , la majefté des Fucayes, 
& cette tendre émotion qu’on reflent fous 
les Berceaux qu’on a planté : telle eft la 
récompenfe qu’on doit attendre des folli- 
citudes que donne la culture des Bois. 

Un accroiflement annuel , un revenu 
qui vient fans peine, une récolte abon- 


xxwI PRÉPA C El 

dante de toutes fortes de fruits , :& une 
reflource aflurée contre ces: revers de 
fortune, qui arrivent.tot ou tard dans des 
familles , {ont autant-d’intérèts:qu’on re- 
tire avec ufure de-quelques légers Capi- 
taux.qu'on employe. | 
+ J'ai éprouvé ces fenfations. :: 

: J'ai uté de ces reflources. 

. Mais rien n'a été plus flatteur pour 
moi, que le plaifir de communiquer .mes 
obfervations à mes. Comparriores, que le 
plaifir de penfer que je pourrois être-urile 
aux Culrivateurs , cette portion de l'État 
la plus aétive , & par conféquent la plus 
heureufe, Ils {ont tous mes amis, 

» Quand il nous arrive de réuflir ; 
»_ notre plus grande joye, dit Xerophor, 
» eft de déclarer ; a ceux qui veulent le 
» favoir , les:moyens dont :nous nous 
» fommes fervis. Au lieu que communé- 
» ment l’efprit des autres ouvriers eft de 
» faire un myftère de tout, & de garder 
» pour eux feuls les lumières qu’ils ont 
».acquis dans leur. Art. » : | 


: 
| 


NZ 


p! CE à 4 ” } | 
ECS | 


nd 


PRÉFACE: Page x1e 
DRE MIÉRE PARITE. 
Ça piTrre Î% Terrein convenable 
our femer. 25 :Pagers”s 

Sol. #1. Température & Climat. = Ex- 
pofitions. - Situation des Arbres. Vents, 
rGelées. + Chaléurs. :Pluyes.: = °SÉ« 
cherelfe. dard 
ee CHAPITRE II. Préparation au Ter- 
réin pour femer des Bois, "195236 

Clôture des Champs. = Hayes. Fof- 
£és: ea Palis. =Murs.:m Défrichement. 
. CHAPITRE III. Semences des Ar- 
bres. s i0b eup sbfleu ti 

Deux: efpèces principales de -Chêne: 
Chêne: verd. «1 Gland. = Tems de 
les femer. - Manières de conferver ies : 


femences. ts2 11 ISTidAn: 
… CHAPITRE IV. Manières dedemer 
le gland. A © | 43° 


Quantité de glands néceffaires poun 
femer un arpent de.'Ferrein. -1:Ma+ 
nière de femer par rangées. - Chemins 
dans les Semis. 1 Tableau ‘du nombre 
d'arbres dans une:toife: de Semis de dif- 


ÉxVIII Table des Chapirres. 


férens âges, = Semis de graines délicates ; 
petites & légères. - Semis de Pin , = du 
Châraigner , du Hêtre | = du Tilleul, 

CHAPITRE V. Mélange des efpèces. 62. : 

CHapPriTRe VI. Culture des jeunes ar- 
bres femés. 674 

Labours. = Recepage. = Mettre le 
feu dans les Semis mal-venants. = Moyens 
d'en arrêter les progrès. 


SECONDE PARTIE, 


CHAPITRE Α'° Terrein convenable 
pour planter. 7Se 

Préparation du terrein pour planter. + 
Planter à tranchée ouverte. -1 Avanta= 
ges de cette Pratique. 

CHAPITRE Il, Manière d’arracher 
le Plant. 4 

Qualités que doit avoir le bon Planc. m4 
Manière de le tranfporter & de le confer- 
ver jufqu’à la plantation. = Moyen pour 
former le bon Plant. 

CHaAP1TRE III. Saifon convenable 
à la plantation. | 90e 

Des arbres verds & réfineux. = Mad 
nière de planter commodément. = Pré- 
paration du Plant. m Defsèchement. +4 
Combien chaque pied d'arbre coûte 
pour planter. = Combien il en coûte, 
pour planter un arpent de pays. = Com- 


es 


JP © Table des Chapitress Xx1X 


bien pour le femer, r+ Il eft inutile d’o. 
rienter les arbres. = Des Avenues. 
CHAPITRE IV. Manière de tracer 
fur le terrein toutes fortes de figures. 108. 
Règles de l’Arpentage. = Toifé des 
terres maflives. #1 Traniport. = Réfumé, 
CHAPITRE V. De l'Arbre & de fon 
bois. 125. 
Moëlle & Tiflu cellulaire. = Cœur 
du bois. m1 Aubier. = Sève. = Trachées. 
m Écorce. = Branches. = Feuilles, »4 
Fleurs & Fruits. - Boutons. = Racines. 
Nutrition des Arbres. m1 Principe de 
Vie. 
CHAPITRE VI. Manière d’élaguer 
les Arbres. 142 
Avantages qui en réfultent. 
CHAPITRE VII. Maladies des ar= 
bres , avec l'explication de plufieurs ter- 
mes qui y font rélatifs. 148. 
CHapriTre VIII. Remplacement des 
jeunes arbres. Mae à 7 
CHAPITRE IX, Rétablifiement des 
Bois dégradés, | 178 
TROISIÈME PARTIE. 
CHAPITRE Α* Tems propre pouf 
abattre le bois. 181% 


Moyens de donner plus de confiftans 
cc au bois , & principalement à l'Aubiers 


XXxx Table. des Chapitres. $ "h 


bn Écorcement fur pied. = Tan, = Mas 
nière d’écorcer. 

CHAPITRE Ï É Exploitation des 
Bois. 1914 

Étêtement des gros Chénes. ra Étrête- 
ment, des jeunes Chênes. = Divifon des 
grands Bois en coupes reglées. m Mae 
nières de percer un Bois. 
. CHapitre 111. Exploitation des 
Taillis. + 1994 

Tableau de la progreffion des brins de 
Taillis ,,fuivant leur âge différent, = De 
la valeur d'un arpent de Taillis , felon 
fon âge.  Baliveaux des Taillis & des 


Futayes, 
CHAPITRE IV. Futayes, leur ex- 
pleitation. 212, 


Table de l'Équarriffage. = Manières 
de mefurer la hauteur d’un arbre. + Cal- 
cul des bois de Charpente. — Du bois à 
brûler. - Manières d'apprécier les Futayes. 

CHapiTRe V. De la coupe des Bois 
de Haute-futaye. ; 222 

Saifon convenable pour la COUpe. ms 
Manières d’abattre les Arbres à la coi- 
gnée. 1 Deiles abattre en pivotant. + 
de les abattre à la fcie. = Exploitation. 
= Tables de la force des Bois, en raifon 
de leur fuperficie , & en raifon de l'é-” 
galité de leur CübE, 


un 


Table des Chapitres. XXXI 


CHaPiTRe VI. Ufance des bois. 243. 
Charbon. = Cendres , tableau de leur 
produir. — Écorces. = A quoi chaque 
efpèce de bois eft propre. = Charroi du 
bois. — Flottage. — Frais d'exploitation. 
CHaPaTRE VII. Coupe des gros 
arbres épars , arrachement & remplace- 


ment. 268. 
CHaPpiTRE VIII. Limites des 
fonds. 27% 


Bornes, m1 Foffés. = Murs, = Hayes, 
= Arbres des limites, 


‘4 4 fT agan0 
1x Ne: | ART ue AUD 
bi MAO LU Nfaaudonuts à k ES 


VAE 


@ à 


ALL TOE tTd 


tir ue LL FE AA 


NA 
k RE um À fe M 
AU AE NE ne arailoà 28 


FNRLARN Ÿ 
MEN NE 


vai 


do PAS at 


ce a 


4 AR fn, 


\ À] 
AVR AU ue 
V! 400 a 
! p} Ne 


DE LA CULTURE 


A 


DU CHENE, 


PREMIÈRE PARTIE. 


CHAPITRE: PREMIER: 
TERREIN CONVENABLE POUR SEMER) 


ï, E fol & l’expofition contribuent, plus qu’on 
ne penfe, à la qualité première des bois. Com. 
mençons par chercher à connoître l’efpèce d’arbres 
qui convient à chaque terrein; c’eft le premier pas 
à faire dans la carrière que’ nous allons parcourir, 


$ Oz. 


IL eft peu de terrdins qui fe refufent à nourrir 
utilement des bois. Les racines des Arbres s’é- 
tendent au loin, & trouvent ordinairement quelque 
veine de terre, où elles peuvent s’infinuer ; elles 
écartent peu-à-peu les obftacles , traverfent: les 
rochers , & cherchent , à une grande profondeur, 
la terre qui leur eft propre. + 


À 


à De La culture du Chène. 

Nous avons done à confidérer ici le fol fouél 
un point de vûe un peu plus érendu que ne fontt 
ordinairement les Laboureurs ; le foc de leur 
charrue pénètre rarement au deffous de fix pouces, 
& les racines des plantes annuelles ne defcendent 
guëres à cette profondeur. 

Comme les Laboureurs, nous avons befoïn de 
préparer la couche fuperficielle de la terre, pour 
y répandre les femences de nos arbres : c’eft une 
matrice qui eft commune, pour quelquetems, aux 
racines des plantes annuelles & des plantes vivaces. 

La fertilité de cette première couche dépend 
beaucoup , il eft vrai, de la bonne ou mauvaife 
qualité de la terre qui eft au deflous; mais il 
eft plus effentiellement néceffaire , pour les arbres 
que pour les bleds, que la terre de cette fecon- 
se couche foir végétale , parce que les racines 
des arbres y pénètrent. 

La terre végétale , proprement dite, eft cette 
gouche , plus ou moins épaifle, répandue fur là 
furface du Globe, qui fournit les fubftances pro- 

res à l’accroiffement & à la nourriture des végétaux. 

Elle eft compofée du deérritus des tufs & des 
rochers, fur lefquels elle pofe immédiatement , 
ainfi que des matières végétales & animales, qui, 
par leur décompofition, forment ce qu’on appelle 
terre Zabourable | ou de culture. 

Mais comme les fubftances végétales & ani- 
males , dans leur état de décompoftion , font, 
à peu-près, de la même nature , il s’enfüit que 
les variétés, & les différentes qualités qu’on ob- 
ferve”dans les terres, proviennent principalement 
de la nature des tufs & des rochers qui leur ont 
fervi de baze. Ce font donc les tufs & les rochers, 
qui forment vérisablement le fol , Jo/um , Jolidum. 


Première Partie. Chap, I. 2 


Les rochers fonc vireféibles, ou calcaires. De 
æette divifion naiflent deux grandes clafles , aux- 
quelles on peut rapporter toutes les variétés du 
fol, & qui fonc connues fous la dénomination 
d'ancienne & nouvelle terre. Chacune de ces clafles 
peut encore avoir plufieurs fubdivifions ; mais il 
feroit inutile de les détailler ici. 

® Nous nous bornerons à indiquer les qualités des 
deux efpèces primitives de terres , très-différentes 
entr'elles, par leurs principes, & par les Phéno- 
mènes que nous préfencent leurs combinaifons ; 
l’argille & la terre calcaire. 

Les terres argilleufes font pefantes, mélangées 
de fables de difiérentes couleurs ; celle qui eft 
dégagée de toute fubftance hétérogène, fe nom- 
me glaife : elle eft très-peu fertile. Mais quand 
J'argille eft réduire en molécules trés-fines , ou 
divifée par l’interpofition des fables, elle eft, de 
routes les terres, la plus propre à la végétarion, 
& fa couche eft ordinairement profonde. 

Voici les fignes aux-quels on peut [a recon- 
noître : elle n’eft point attaquée par les acides, 
& s’endurcit au feu : imbibée d’eau , elle aug- 
mente de volume : elle eft ductile, prend & confer- 
ve les formes qu’on lui donne: lorfque la chaleur 
furvient , elle fe retire, & sèche lenrement. 

Toutes les argilles pofsèdent plus ou moins ces 
qualités, à proportion qu’elles font plus ou moins 
altérées par le mélange de matières étrangères. 

La terre calcaire eft celle qui eft difloiuble, 
avec effervefcence, dans les acides ; qui fe réduit 
en pouflère ou en chaux vive, lorfqu’on l’expofe 
à un feu violent; elle eft compaëte & abforbante. 
On en diftingue plufieurs efpèces, qui portent des 
noms diférens, comme la craye, la marne; enfin, 


B ij 


« De la culture du Chêne: 
on comprend , fous le nom de terre calcaire ; 
toutes les fubftances calcinables. 

Il eft une autre terre, qu’on nomme serre neuve; 
c'eft celle qu'on tire d’un endroit où la végéta- 
tion na jamais eu lieu , ou du moins depuis un 
long intervalle de tems; par exemple, celle qu’on 
trouveroit dans les vallons , à trois ou quatre 
pieds de profondeur. Cette terre, élémentaire & 
fans mélange |, conferve long-tems fes bonnes 
qualités : elle eft très-propre aux belles produc- 
tions ; & c’eft celle qu'on doit employer pour 
aclimater les arbres exotiques. 

Certaines terres font meubles naturellement : 
ce font celles qui feroient faciles à labourer ; & 
on augmente la fertilité de celles qui ne font 
pas meubles de leur nature, en multipliant & 
renouvelant leurs furfaces, à l’aide des labours ; 
alors 1l n’en eft aucune , qui ne contienne une 
fubftance analogue à quelqu’efpèce d’arbres ou 
d’arbrifleaux. 

Nous voyons en France des zônes très-étendues 
de terre, qui produifent naturellement certaines ef- 
pèces d’arbres, pendant que des efpèces différen- 
tes, qui croiflent non loin de là , ne s’y établiffenc 
jamais ; 1l y a des Provinces entières, où le 
châtaigner ne fauroit croître ; & c’eft ordinaire- 
ment celles où la terre eft calcaire. Dans d’autres 
cantons le chêne ne peut s'élever qu’à la hauteur 
des buiflons : ne cherchons pas ailleurs, que dans 
les qualités du terrein, la raifon de ces parti- 
cularités. 

La meilleure manière de connoître l’aptitude 
du terrein, pour chaque efpèce d’arbres , eft 
«d'obferver ceux qui croiflent naturellement aux 
gnvirons ; fi quelque efpèce eft de belle venue, 


Premidre Partie. Chap. Z. ‘54 


fl ny à pas à douter que le cerrein lui ef 
convenable. 

Si le terrein eft totalement découvert & dénué 
d'arbres , il fauc le faire creufer dans plufieurs 
endroits, pour fonder la profondeur de la terre, 
& en voir la qualité. 

On s'affurera de la proportion des mélanges , 
dont fes différentes couches feront compolées , er 
les lavant dans beaucoup d’eau. Les matières fe 
a mA graduellement au fond , en raifon de 
leur poids fpécifique ; puis, verfant l’eau , lorfque 
la terre eft repofée, & laiflant évaporer celle dont 
elle refte imbibée , on aura un bloc, qui mon- 
trera, par lits plus ou moins épais , la quantité 
de fable, de terre pure, argilleufe, glaifeufe ou 
limoneufe. Ces lotions fourniflent le moyen le 
plus fimple de connoitre la nature du terrein. 

À proportion que les terres d'expérience désé- 
chent , les unes préfentent des fentes & des crévaf- 
fes ; d’autres adhèrent fortement aux parois du vafe; 
d’autres reftent compactes & feèchent lentement : 
ce font autant d’indices de leurs qualités diflérentes. 

La couche inférieure eft-elle maigre & grave- 
leufe ? les eaux paflent promptement à travers ; 
c'eft ce qui fait que La couche fupérieure eft 
fèche & légère ; cette couche inférieure eft-elle 
au contraire glaifeufe & forte ? elle empêche 
l'écoulement des eaux ; alors la couche fupérieure, 
qui fe reflent coujours un peu de la qualité de 
l'inférieure | fera humide & tenace. | 
. Les couches font quelquefois d’une égale épaif- 
feur, dans toute leur étendue; maïs fouvent elles 
fe trouvent plus minces dans certains endroits , 
que dans d’autres. 

Plus il y aura de terre meuble & végétale j 


£ | De la culture du Chêne. 


plus les arbres croîtront. On obferve qu’un arbre 
venu promptement donne un bois plus net & plus 
fort pour l'ouvrage , qu’un arbre de même grof 
{eur , qui auroit pris un accroiflemenc plus lent, 
& dont les cercles annuels font plus minces; il y 
a donc un double avantage de «faire choix d’um 
fonds, dont la terre eft douce, profonde & fertile, 

Les pays montueux font ordinairement deftinés 
à la produ@tion des bois ; c’eft prefque le feul 
moyen d’en tirer un parti favorable , à moins 
qu’ils ne foient fitués dans des Provinces peuplées , 
& propres à produire de bons vins, Les cultures 
répétées expofent fouvent les terres fituées en 
pente à étre entraînées vers le bas, par les 
ravines ; au lieu que les arbres font prendre une 
efpèce de confiftance aux terres qu’on ne laboure. 
pas, & les bonifient, par la chûte de leurs feuilles. 
” On n’y deftine les Plaines, que lorfqu’elles fe 
refufent à la produétion des vignes, des fourages 
& des bleds. Pas DT 5 EE 

A cet égard , on ne peut rien prefcrire ni 
confeiller au Propriétaire foncier ; c’eft à lui feul 
à calcuier les avantages qu’il peut fe promettre 
du différent rapport de fes héritages. 

Le Chêne réuflit dans une terre forte & limo- 
neufe ; le hêtre, au contraire , aime une terre 
légère; le premier poufle fa racine dans la terre, 
fa tige au dehors, & demeure au centre; le 
fecond poufile au dehors fon enveloppe , au deflus 
de fa tige naiflante : ainfi il lui faut une terre 
facile à divifer, fans quoi la graine refte & fe 
pourrit. | 

Un terrein léger peut donc être de qualité mé- 
diocre pour le Chêne, & de qualité première 
your le hêtre, par cela feu qui eft léger, 


Première Partie. Chop. I. 7 


Cette différence, remarquée au moment de la 
naiflance de ces deux arbres , n’eft pas la feule 
raifon déterminante pour placer toujours le Chêne 
en terre forte; car 11 naîtroit également, & plus 
vite, en terre légère. Il y. a quantité d’autres 
motifs, qui engagent à l'y placer , entr'autres fa 
racine pivotante, qui defcend jufqu’à cinq pieds 
de D ideus , & fa nature agrefte, qui exige 
une sève forte & acre. - 

De la différence du /o/, il réfultera de grandes 
différences dans fon accroiflement, & dans la 
qualité de fon bois. Dans une terre douce & 

rofonde il fera dé belle venue, franc & traita= 
le, pour la fente & la menuiferie. IL profitera 
dans les terres dures & fortes, qui ont du fond, 
& même dans la glaife, mêlée avec d'autre 
terre , qui en diminue la tenacité ; le bois en eft 
beau , plein, folide , & d’une qualité parfaite. 
Il s’accommode aufi du terrein fablonneux -& 
graveleux , pourvû qu’il ait aflez de profondeur ; 
il y croît beaucoup plus vite que dans la glaife, 
& fon bois en eft plus compacte & plus dur ; 
mais il n’y devient ni fi gros, ni fi grand. El ne 
craint point les terres grafles & humides, quand 
les gelées du printemps y ont laiflé fubfifter le 
jeune plant : il y croît même tres-promptement ÿ 
mais c’eft un defavantage du bois, qui, étant 
caflant, n’a ni Id force, ni la folidité requife 
pour la charpente ; fes fibres feront molles, fes 
pores larges , il fera denué des parties gélatineu- 
fes, qui conftituent la bonne qualité du bois. Si 
le Chêne fe trouve, au contraire, fur la crête 
des montagnes , dans les terres maigres, sèches 
& pierreufes , il ne pourra produire que ds 
taillis, ou du bois noueux & pefant, propre au 


g De la culture du Chéne. 


chauffage. Enfin, cet arbre fe refufe rarement, 
excepté dans la glaife crop dure, ou dans les 
terres noyées d’eau |, ou dans les terreins fi 
fecs, fi pauvres & fi fuperfñciels , que les ar- 
brifleaux les plus bas n’y fauroient croître. C’eft 
même la meilleure induétion fur laquelle on 
puifle fe régler, lorfqu’on veut faire des femis 
de Chêne, 

Les terres trés-légères ,| dont quelques unes 

font rouges , les autres noirâtres , dont le fond 
eft en quelque forte mouvant , ne peuvent conf: 
_tituer de beaux Chênes. 
Il y à différentes couleurs de glaifes : il y em 
a de bleue, de rouge, de blanche, de jaune & 
de verte, par le mélange des fubftances métalli- 
ques :-les glaifes vitrioliques font les moins pros 
près à la végétation. 

“Le Chêne, qui croit dans les terres où il y 4 

des mines de fer, eft dur, fort & ruftique. 
: Le terrein humide n’eft pas auffi préjudiciable 
dans les Provinces méridionales , que dans les 
climats moins chauds ; mais celui qui eft maré- 
cageux eft toujours mauvais. 

En général , il eft indifférent que la terre foie 
de telle'ou de telle couleur, de telle ou de telle 
qualité; pourvû qu’il y en ait aflez pour permet- 
tre aux racines de s'étendre, on y pourra, com- 
me nous l’avons dit, élever des bois; il ne s’agit 
que de lefpèce. {1 eft toujours plus avantageux 
d’avoir fon terrein garni d’arbres bien venants , fuf 
fent-ils d’une efpèce médiocre, que d’élever des 
arbres d’une qualité plus précieufe , dans une 
terre qui ne leur conviendroit pas , &'où ils ne 
feroient que languir. Mais comme nous ne par- 
Jons que du Chêne, nous avons indiqué que cet 


Première Partie. Chap. I. œ 


arbre a fes terres plus ou moins favorables : où 
ne fauroit y donner trop d’attention. | 


TEMPÉRATURE ET CLIMAT, 


La Température & le Climat influent encore fu£ 
la qualité des bois. Celui des pays chauds ef 
ferme & de bon emploi : il eft plus dur, plus 
folide , & par conféquent plus pefant que celut 
des pays froids ; mais la chaleur exceflive eff 
contraire à la produétion du Chêne ; on n’en 
trouve point fous la zône torride; fi l’on en voit, 
c'eft fur les montagnes , à l’expofition du nord , 
où l’air eft quelquefois aflez tempéré ; les froids 
extrêmes ne lui {ont pas plus favorables; on n’en 
trouve point au delà de Stokolm ; il n'y en a pas 
en Laponie. Il faut donc au Chêne un Chimar 
tempéré : le degré de chaleur de la Provence & 
de l'Espagne femble être celui qui lui convient 
le mieux. 

La Température d'un canton n’eft pas toujours 
proportionnée au Climat fous lequel il eft fitué ; 
elle eft modifiée par deux autres caufes, qui in- 
fluent particulièrement fur la végétation. Ces cau- 
fes font la nature du /o/, & fon élévation aw 
deffus du niveau de la Mer. 

Dans les cantons où le /07 eft de nature cal- 
caire, la chaleur y eft plus grande, ou du moins 
plys conftante, que dans les pays de granite; les 
produétiens végétales y font plus précoces ; &, 
quoique cet eflec foit plus marqué fur les arbres 
fruitiers , il ne laifle pas d’être encore crès-fenfi- 
ble fur toutes les autres efpèces d’arbres. 

Si l'on compare, par exemple, l’Angoumois 
& le Haut-Limoufin, fitués fous le même dégré 
de latitude , voici à peu-près le rapport des tems 


fo De la culture du Chêne 


de maturité, qui exifte entre les produétions vé= 
gétales de ces deux Provinces. On fair que le 
fol de l’Angoumois eft calcaire , & celui du 
Haut-Limoufin eft de granite, ou argilleux. 


 TEMS DE LA MATURITÉ 
En Angoumois. En Limoufin: 


AOENIESS 2 24,57 20 MaL'e 25 33 TEE 
Seigle .:.5 3": "8 Jiillet 1. … 2010 
Raïfin. . .... 12 à 1$ jours de différence. 
Gland, : … : : . 15... jours de différences 


L’élévation du terrein au deflus du niveau de 

la Mer, eft une des caufes principales qui influent 
fur la Température, & modifient l’état de lath- 
mofphère. 
Le Chêne exige une température moyenne ÿ 
qui n'a plus lieu au deflus de 350 toifes d’élé- 
vation au deflus de la Mer; les terreins plus 
élevés, en Limoufin, ne produifent que du hêtre, 
des bouleaux , jusqu’à 450 toiles d’élévation. Les 
fommets les plus élevés ont 500, ou 550 toifes; 
ils font abfolument dénués d’arbres , on n’y voit 
que de la bruyère. 

Indépendamment des deux caufes dont je viens 
de faire mention , la Température d’un cantom 
peut encore être modifiée par fa potion Géo: 
graphique , par fon éloignement plus ou moins 
grand de la Mer, & par le voifinage des mon: 
tagnes. 

Ces dernières caufes influent fur la Température 
moyenne de l’Auvergne, où la végétation n'eft 
pas aufli précoce que dans d’autres pays, où Le 
4ol & l'élévation du cerrein fonc Les mêmes. 


Première Partie, Chap. T. 1£ 


E XP OS IT I Oo .N4S, 


Les arbres qui font à l’expofition de l'Orient , 


* sçoivent les premiers rayons du Soleil ; la tranf- 
Fs iration s’y établit au dégré convenable : les vail: 


aux de l'arbre étant remplis de fève, la végé-- 
tation eft des plus heureufes ; ces arbres font 
#farement endommagés , foit par les vents, foit 
r les coups de Soleil, {ct par les fortes gelées ; 
mais ils fouffrent de celles du printems, {ur-tout 
‘quand la gelée n’eft pas fondue avant l'aurore ; 
…_ Alors le Soleil la diflout précipiramment, & grille 
les jeunes poules du bois ; l'humidité eft très- 
__ tonfidérable dans les fonds, & près la fuperficie 
. de la terre ; aufi voit-on que, dans ces parties , 
N Les taillis , encore tendres’, les jeunes femis & les 
branches bafles font entièrement brûlés, pendanc 
que les branches élevées, & les arbres qui fonc 
fur la hauteur, confervent leur verdure. Dans 
eette fituacion, les arbres font beaux , droits & 
de belle venue. 
€ nn de l'Occident expofe les arbres aux 
: Vents u Sud-Oueft, qui fonc durs & violens ; fou- 
went les branches en font rompues ; quelquefois 
: fême le corps de l'arbre eft déraciné , renverté ; 
… le Soleil n’y paroïflant que fur les trois heures de 
à ‘PM les arbres ne jouiflent prefque pas 
* @& cet aftre péndant l’hyver ; le verglas & les 
gelées du printems n’y font pas à craindre , mais 
les arbres y fouffrent des grêles de l’été ; ils y fonc 
fatigués &:roulés , ils ont des crevañles & des 
goutières. 
L’expofition du Nord eft abfolument privée des 
rayons bienfaifans de l’aftre du jour; la neige s’y 
eccumule & y fond difcilement; dans les grands 


CA 


RDA et 


12 De la culture du Chéné. 


jours , le Soleil l’éclaire obliquement pendant 
quelques heures du matin & du foir ; le vent, 
qui la frappe eft le plus froid & le plus fec de 
rous ; les fibres du bois font dures & ferrées : 
les arbres y font droits & bien filés ; ils croiflent 
aflez promptement , quoique privés de l’afpett 
du Soleil, qui eft le grand moteur de la sève. 

Le Soleil ne commence à frapper l’expofitiom 
du zidi, que vers les dix heures ; les gelées du 
printems font alors communément réfolues en eau ÿ 
les arbres y font fouvent humectés par les pluyes 
des orages , qui fe forment fréquemment de ce 
côté. Pour peu que la terre foit forte, on les voit 
pouffer avec vigueur ; fi la terre eft légère, & 
que l’année foit fèche, les arbres fouffriront d’au- 
tant plus, que leur tranfpiration, & celle de la 
terre, font plus violentes : mais l’action du Soleil 
eft coujours avantageufe quand l’humidité ne mans 
que point. Les arbres y font beaux , leur écorce 
eft life, & leur bois eft d’une bonne confiftance. 

Il femble que c’eft la nature elle-même , qui 
z diété la divifion des terres ; elle a réfervé l’af- 
pet du midi pour la vigne , le bled, le lin, les 
fruits & les fleurs, tandis qu’elle couvre de bois 
les montagnes & les coteaux , expolés jaux 
rigueurs perpétuelles du froid. 

Au refte, il réfulte de ces obfervations fur les 
différentes expoftions ,. que celles du Nord & du 
Levant font préférables pour les terres sèches & 
légères , parce que la tranfpiration y eft modérée, 
Âu contraire, pour les terres, fortes , froides .& 
humides, où la fève eft plus abondante , en ce 
que la tranfpiration elt plus fréquente, l’expofñtion 

du midi eft à préférer. Celle du Couchamt eft la 
moindre ; elle n'a rien pour elle, 


Première Partie. Chap. I, 13 


Pour faire un choix heureux du terrein, il ne 
fuffira pas d'obferver tout ce que nous venons de 
dire , quand au climat , quand au fol & à fes 
expofitions ; il faut encore avoir égard à la fitua- 
tion de l’arbre-même, aux vents, & aux eflets 
de l'air. 

SITUATION DES ARBRES: 


ON remarque des nuances dans la qualité des 
bois fitués fur les montagnes, ou dans les vallons. 

En étudiant les différentes directions des mon- 
tagnes un peu élevées, on y trouve prefque tous 
les climats. On peut en profiter pour tirer un parti 
avantageux des différentes fortes d'arbres. 

Ceux du fommet de la montagne font ordi- 
nairement battus des vents, frappés de la foudre, 
& fujets à éprouver les funeftes effets des ouragans : 
le peu de terre qu’ils y trouvent fait qu'ils reftent 
toujours bas. 

La mi-côte & la colline ont de grands avan- 
‘tages ; les arbres occupent plus d’efpace, & ils 
ont plus d’air ; les racines ont plus de jeu ; elles 
fuivent la pente du côteau ; les branches ne s’op- 
pofent pas autant à l’inluence des pluyes, des 
rofées , & des rayons du Soleil ; par conféquent 
leur nourriture eft plus abondante ; ils font d’ail« 
leurs moins fujets à la gelée que ceux qui font 
en plaine, ou dans l’intérieur cn forêts : les bois 
de ces cantons font d’une qualité parfaite. 

Ceux qui croiflent dans les vallées sèches font 
d’une bonne qualité, & croiflent prodigieufement, 
le fol y ayant beaucoup de profondeur. Le fond 
de la vallée eft-il marécageux ? la nature du bois 
en eft médiocre , mais la quantité s’y rencontre. 

Les plaines font rarement battues des vents ; les 


3x4 De a culturè du Chéné: 

arbres y font ferrés, droits , bien filés, d’uné 
belle venue ; mais le bois en eft gras & rendre; 
la plaine, qui a un ‘à de pente, eft, fans diffi- 
culté, 1à meilleure fituation. 

Les arbres ifolés s'étendent en branches , & font 
fujets à être tranchés, roulés ; ils ne s'élèvent pas 
droit, pour l'ordinaire ; mais comme l'air les frappe 
de tous côtés, ils font fermes & de bonne qualité. 

* Les arbres , venant fur les lizières des forêts, 
font d’une qualité diflérente de ceux de l’intérieur: 
les arbres renfermés dans l’épaiffeur des futayes 
font plus tendres, leur corps eft beau, bien filé, 
& produit de longues & belles pièces de charpente. 

Les vallons font-ils trop renfermés par la chaine 
des montagnes , l’arbre n’y vient pas comme il 
faut ; il eft rabougri, fa croiflance , fes poufles 
font prefque toujours arrêtées par les gelées fré- 
quentes de tous les mois de l’année. 


PEN TS 


Les vents opèrent beaucoup fur la croiffance &e 
la qualité du bois de Chêne; s’il eft expofé à un 
vent modéré, le mouvement de la sève eft ranimé 
par une douce agitation; la tranfpiration, qui agit 
par l’aétion de lair & du Soleil, & qui eft efien- 
ticile à la végétation, augmente & devient pré- 
cieufe. Si le venr eft chaud & modéré au printems, 
1} défèche la rofée , & empêche les effers de la 
gelée; par la même railon, la proximité des eaux 
courantes & chaudes , qui donnent un cours à 
l'air , eft très-favorable : ce font -les vents de 
VE & du Sud-Oueft, qui désèchent les feuilles, 
fatiguent les jeunes arbres, & les brifent. 

Le vent du Sud eft le plus inconftant de trous 
les vents, en Europe; il y fouflle fans règle, & 


Première Partie. Chap. I. 15 


fans aucun rapport avec les faifons ; lorfqu’il com- 
mence ou qu'il cefle, il change le tems, de beau 
en pluvieux, & le rend doux, s'il étoit froid; 
arce qu'étant dirigé de bas en haut, il détache 
Nail de particules de deflus la furface des 
eaux; & l'air étant beaucoup plus raréfié & plus 
léger, il s’imbibe d'une plus grande quantité de 
vapeurs. Il fouffle ordinairement feul, & fans être 
contrarié par aucun autre ; & 1l fouffle plus fou- 
vent la nuit que le jour, particulièrement en 
hvver. Un arbre, expolé au vent du Szd, a 
l'écorce plus fine, & paroit abonder plus en fève, 
que celui qui eft expofé au vent du Nord. Ce 
vent eft plus favorable aux végétaux qu'aux ani- 
maux. Les arbres, & fur-tout les Chênes , qu'on 
plante pendant qu'il fouffle, reprennent très-bien. 
Le vent du Nord eft très-condenfe, puifque le 
Mercure monte lorfqu’il règne ; ce qui n'arrive 
point, fi le reflort ou la pefanteur de l'air n’aug- 
mente. Cela nous fait voir pourquoi le vent du 
Nord fouffe de haut en bas, & pourquoi il n’eft 
ni pluvieux, ni nébuleux ; fa direction , loin de 
détacher les vapeurs de deflus la furface des eaux, 
empêche plurôt qu'il ne s’en élève. Ce vent n’en 
exclud point d’autres. On remarque qu’il rend le 
corps humain plus difpos & moins pefant; mais 
31 préjudicie beaucoup aux racines des jeunes Ché- 
nes, lorfqu’elles y font expofées à découvert. 
Les vents Orientaux font, pour l’ordinaire, plus 
fecs que les Occidentaux ; ils rendent l'air plus vif 
& plus férein ; ils chaffent les vapeurs ; ils foufflent 
le matin, en été. C’eft apparemment l'effet de la 
raréfaétion de l’air, caufée par la chaleur du Soleil 
Jevant , qui à fa direction à l'Occident, & dont 
V'impreflion fe fait fentir jufqu’à nous. Les trempé. 


“ > + Lu, * 
x6 De la culiure du Chéne. © TM 
, . à = à 3 - w 
tes , qu'excitent les vents d'Orient, durent toñé 


le jour, & les objets paroiflent plus grands pen= 


dant que ces vents foufflent. 

Les vents Occidentaux font les plus funeftes aux 
végéraux , & principalement aux arbres ; ils font 
troubles, foufllent ordinairement le foir, changent 
facilement, & font plus véhéments que les Orién- 
taux. du Lé 

Tels font les effets & les propriérés des vents. 
Quelles en font les conféquences ? C’eft qu'ils 
font néceffaires à la végétation, à la tranfpiration , 
& au mouvement de la sève; mais qu'il ef un 
terme, & que le trop eft excès. Un Chérie, 
abrité des grands vents, eft de belle venue , & 
fait l'honneur du canton ; celui , au contraire, 
qui en eft battu, devient tortueux & roulé. Il 
eft expofé à toutes les maladies , que la tro 
grande fatigue , les efforts & les bleflures difé- 
rentes peuvent occafionner. 

C’eft donc une attention utile, que de planter 
dans les mafñfs , du côté du fort venr, une lizière, 
de l’efpèce d’arbres qu’on fait être la plus forte 
pour réfifter à l’impétuofité des vents. 

Paflons maintenant aux intempéries de l'air, 


LiDE ELS: 


Lrs gelées du Printems caufent beaucoup de 
dommages, dans les terres légères , dans les 
vallons , à l’abri du vent, & fur les collines 
expofées au Levant. L’humidité, qui règne ordi- 
nairement dans ces lieux, & le Soleil, qui frappe 
fur les arbres , avant que la glace foit fondue, 
en font les caufes ; les bourgeons , qui font velus 
& pleins de fève, & les jeunes poulies, fouffrent 
beaucoup de ces effets funeftes. 
Souvent 


À 


‘4 


. 


Première Partie. Chap. I. 17 


« Souvent les grandes & fortes gelées font éclater 
les arbres avec grand bruit ; ils fe fendent en 
déur longueur , à caufe de l’extenfion de l’eau & 
de la sève , qui eft d’une force prodigieufe. En 
1709 on en fit une trifle expérience; la cerre & 
J'air étoient humides; une gelée violente prit tour 
à coup; le Soleil paroïfloit fouvent , & le froid 
redoubloit pendant la nuit. Ces alternatives fubites 
de gelées vives & de dégels foulevèrent l'écorce, 
& en détruifirent l’organifation ; auffi a-t-on ob« 
fervé que l’aubier de cette année ne s’eft point 
converti , dans les arbres , en véritable bois 3 la 
végétation ordinaire fut arrêtée , elle ne put re- 
prendre fon cours que dans les années fuivantes, 


d'É,A4 LE! EUR, S; 


Les trop grandes Chaleurs excitent les fermen- 
tations , épuifent la sève , précipitent la tranfpira- 
cion : plus d’humidité , plus de végérarion : tout 
eft en fouffrance. Et le Chêne en eft plus fatigué 
que bien d’autres arbres ; nous avons vû qu’il lui 
falloit un climat tempéré, & que, fous la zône 
torride , on n’y en rencontroit point. 


PTE LEA: 


La -rofée & les Pluyes douces font amies des 
arbres ; elles les vivifient. À leur douce influence, 
ils reprennent la verdure | que la chaleur leur avoit 
enlevée. Les pluyes ordinaires leur deviennent 
favorables , pour diffoudre les fels , répandre une 
humidité , que la terre faifit, & qu’en bonne 
mère , elle fait répartir à propos. 

Les Pluyes abondantes font aufi préjudiciables, 
que les autres font falutaires ; elles occafionnent 
des ravines , forment des rorrens, qui enlèvent les 


Li vi CUS 
8 De la culture du Chêne. 
fucs nourriciers , & fouvent déracinent les arbres. 
Tels font les effets qu’en éproüvent les collines # 
les vallées font noyées, & la trop grande humi- 
dité eft contraire à l’arbre dont nous parlons. Il 
ne faut pas que la terre où il croît foit trop 


fraîche , ou que les fels foient trop diffous : la 
qualité de fon bois en foufire. 


SÉCHERESSE. 


_ La Séchereffe porte avec elle les mêmes in= 
convéniens que les trop grandes chaleurs. La na- 
ture eft, pour ainfi dire, dans l’inertie : les pores 
font ouverts : la tranfpiration eft trop forte : les 
feuilles ne reçoivent plus de nourriture : elles 
jauniflent | l’arbre languit, les fibres manquant 
de fues nourriciers , le bois eft fouffrant ; & de 
là voyons nous dans les arbres , par l'examen des 
couches ligneufes , la différence des années plus 
ou moins sèches : en raifon des rtems, nous trou- 
vons ces souches plus ou moins ferrées, plus ou 
moins épaifles, plus ou moins vigoureufes. Pref 
que tous les arbres fe plaifent mieux dans les 
terreins frais & humides, fans être marécageux 
que dans les terres très-sèches: 

Les réfultats des expoftions , des fituations, 
& des intempéries de l'air, font les mêmes, 
puifqu’ils ont les mêmes principes phyfiques. 

Voilà , en abrégé, ce qui doit décider fur le 
choix du terrein : il eft d’ailleurs déterminé par 
tant de circonftances, rélatives à l’érendue des 
propriétés , qu'il faut néceflairement fe borner à 
indiquer ce qui eft le plus ordinaire. Nous entre- 
zons dans le détail à mefure que nous avancerons. 

II nous refte à obferver ici que, quand on peut 


deftiner pour les bois une grande étendue de 


Prémière Partie. Chap. I. 19 


tetrein , il convient , autanc qu'il eft pofñüble , 
qu'ils foient contigus , par la raifon que la clô< 
ture d’un vafte champ eft moins difpendieufe , & 
plus facile à entretenir, que la clôturé de plufieurs 
petits. D'ailleurs, les Bois aiment à être en com- 
pagnie, pour ainfi dire; ils fe protègent les uns 
les autres, & s'élèvent plus également. 

11 convient encore de réléguer les grands Bois, 
dont on recherche moins l’agrément que l'utilité, 
Join des habitations ; le terrein le plus proche 
étant ordinairement le plus précieux , il eft propre 
à des cultures d’un autre genre; &, s’il n’eft pas 
par lui-même de la première qualité, fa proxi- 
mité le rend fufceptible d'amélioration. 

Quand on entreprend de grandes plantations , 
il faut s'attacher aux arbres , dont le débit eft le 
plus avantageux. À portée des arfenaux de la 
Marine, des chantiers de conftruétion | & des 
écabliflemens qui exigent de grands édifices , on 
plantera des Chênes , qu’on laïifflera croître en 
futaye. Le Châtaigner, le Pin, le Sapin, fonc 
encore d’un grand ufage pour les charpentes. On 
confomme beaucoup de bois blanc pour les faborts, 
dans les Provinces où 1l y à quantité de pierres, 
Tous les bois, qui peuvent fournir du merrain, 
des échellas, des cerceaux, des ofiers, font pré- 
cieux , dans les pays de vignoble. A portée des 
forges , des mines , & de quantité d'uzines, ce 
font les Bois propres à faire du charbon. II faue 
avoir de quoi fournir à une grande quantité de 
Bois à brüler, dans le voifinage des vérreries , 
& aux environs des grandes Villes & des Poits, 
où fe font les embarquemens. Les Bois propres 
à faire de la fenre, ou autres ouvrages, pa les 
forêts même , font d'un bon débit, prefque pars 

B ij 


30 De la culturè du Chêne, 
tout, & particulièrement quand on en à le dé: 
bouché, par des Rivières navigables. 

Je dirai, en me réfumant,, qu'il n’eft pas dou- 
teux que les différentes qualités du fol, pris dans 
tous les fens que je viens d'indiquer , doivent 
avoir une influence très-marquée fur la production 
& l’accroiflement des végétaux en général , & 
des arbres en particulier. Il feroit donc à défirer 
que , d’après des obfervations comparées | on püt 
connoître, plus précifément que je ne fais l’énon- 
cer, quels font les arbres dont la culture eft la 
plus avantageufe dans chaque Sol, dans chaque 
Climat, & dans chaque Expofition. Sans cela , il 
eft à craindre que les procédés , qui ont réuffi 
dans une contrée , n’ayent pas le même fuccès 
dans une autre. 

Pour faciliter cette comparaifon, autant que je 
puis le faire ici, je vais indiquer la nature & les 
qualités du fol, où j'ai établi les Bois, dont 
Jaurai à parler fouvent dans la fuite de cet ou- 
vrage ; la température & l’expofition des divers 
cantons Où j'ai fait des Semis , des Plancarions , 
& plufeurs expériences. 

Mon terrein eft fitué fur un Plateau, entre- 
coupé de monticules & de bas-fonds. Son éléva- 
tion , au deflus du niveau de la mer, eft d’en- 
viron 220 toiles, quoiqu'élevé, il s'y montre de 
routes parts des fources, dont les eaux, après 
s'être diftribuées vers le Nord & vers le Midi, 
vont fe réunir aux petites Rivières qui l'entourent. 

Sur les hauteurs, la couche fuperficielle de 
terre eft très-peu profonde ; elle eft noire, & fi 
légère , qu’elle ne peut produire que du feigle 
ou du farrazin : au deflous de fix pouces , on trou- 
ve, prefque par tout, une cerre argilleufe jaune, 


Première Partie. Chap. I. 21 


mélée d’un peu de fable de même couleur, & 
de quelques cailloux. A mi-côte, la couche de 
terre labourable 2 un peu plus d’épaifleur ; &, 
dans les fonds , elle a un pied & demi, ou deux 
pieds de profondeur. 

La couche argilleufe eft peu perméable aux 
racines des Arbres pivotants; 1l y en a cependanc 
qui la percent jufqu'à la profondeur d’un pied. 

Par tout où le rocher ferc de bafe à la terre 
labourable , c’eft un granite moëlon , qui fe lève 
à petits blocs, de forme irrégulière , dont les lits, 
trées-divifés , donnent accès aux racines. 

Où il fe trouve du rocher, propre à la taille. 
c'eft coujours du granite ; la verre y eft grave- 
leufe , à caufe du mélange des parties que la 
charrue détache du rocher; il eft prefque fans 
délit ; par conféquent les racines ne fauroient y 

énétrer. 

L’Ajonc & la Fougère y croiflent naturellement ; 
le Genêt n’y paroît que dans les meilleures terres, 
lIsrqu'on les laille fans culture ;, & fi: lon y 
trouve de la Bruyère , c’eft ordinairement dans 
les champ-froids efcarpés , qui n’ont jamais été 
cultivés. 

Le froid s'y fait rigoureufement fentir , &, 
dans les hyvers pluvieux , la terre déchauffe ; 
c’eft-à-dire, qu’elle gonfle un peu à la gelée}, & 
s'aflaifle jors du dégel; les Érouillards y font 
fréquents | & la neige s’y conferve long-tems, 
à l’expofition du nord. 

Quelle différence, entre un femblable terrein, 
& ces belles plaines , ces côteaux fertiles , ces 
riches vallons , qu’on trouve dans la plüpart des 
Provinces de France ? Je l’ai cependant cru pro- 
pre à faire des effais fur la multiplication & Lg 


»2 De la culture du Chêne, 


végétation des Arbres, en ce que fon fol eft 
de qualité médiocre , que fa température eft 
moyenne , & qu'il offre voutes les expofñrions ; 
eñ ce que les femences y lèvent aifément , & 
que l’on y trouve le dégré d’humidité convenable 
à chaque efpèce ; en ce qu'on peut arracher, avec 
ja même facilité, les arbres qui tracent, & ceux 
qui pivotent, lorfqu'on veut les tranfplanter , & 
qu’ils y acquiérent une jufle proportion entre la 
hauteur & la groffeur de leur tige. 

Un Cultivateur intelligent , dont les fonds 
feront de nature approchante, ou trés-difiérente, 
fentira , de lui-même, ce qu'il aura à fuivre 
ou à éviter, dans les méthodes que j’ai pratiquées , 
& que je propoferai dans la fuire, 


23 


C HA RVETOR BEE 


PRÉPARATION DU TERREIN, 
POUR SEMER DES Bors. 


E choix du Terrein étant fair, ce terrein 
eft en Culture, en Jachère, ou en Friche, 

On peut commencer par les parties, qui ne 
font pas en Friche ; il faut les entretenir dans 
cet état, jufquà ce qu’on puifle fe procurer la 
femence des arbres ; on peut , en attendant, y 
femer de petits bleds, qui exigent peu d'engrais. 
Plus la terre fera meuble , lorfqu'on sèmera les 
Bois, mieux ils réufliront. 

J'ai obfervé que la femence eft plus faine dans 
les années d’abondance, & que les fernis réufff- 
fent mieux ; les oifeaux & les mulots , trouvant à 
fe nourrir par tout ailleurs, ne font pas dans les 
femis autant de ravages ; c’eft ce qui m’engageoit 
fouvent à diflérer d’une année les femis de gran- 
de étendue. 

11 eft bon d'enclore tout le champ, avant d’ÿ 
femer. J'ai fouvent vu des bois femés en même- 
tems que le bled , dont-on difiéroit la clôture, 

, jufqu’après la récolte ; ce qui feroit praticable fi 
on étoir exact à le faire ; mais d’autres occupa- 
tions détournoient le propriétaire ; les beftiaux fe 
-répandoient dans les femis auflitôt que le bled 
étoit enlevé, & détruifoient tout le plan; ka 
dépenfe , la peine & le tems étoient perdus. 

Si le Bétail entre de bonne heure dans us 
femis, ou dans le recru d’un Bois-taillis, on peut 
s'attendre à les voir dévaftés, non feulement pai 
les dents de ces animaux, qui détruifent tous les 


24 De La culture Are Chéne. 


jeunes bourgeons , &, meurtriffant tout ce qui 
eft trop dur, rendent les arbres tellement ab- 
broutis, qu'il faut les réceper ; mais encore par 
leurs pieds, qui rompent & foulent les Arbres, 
qui ne font point de leur goût. C’eft par certe 
raifon que les Communes ne peuvent fournir de 
bon Bois. | 

Les Propriétaires, dont les bois font libres de 
tout ufage, glandée, ou paiflon , doivent fuivre 
cette règle, fans en excepter leurs propres Beftiaux. 
: Les vieux arbres , qui pourroient être fur le 
terrein à femer, doivent être arrachés ; l’ombrage 
& les racines nuifent aux jeunes Arbres. 

Quant aux grands Arbres, qui fe trouvent fur 
les confins du terrein, ils font quelquefois falu- 
faires au femis; par exemple, dans les années de 
fécherefle, l’ombre garantit la jeune poufñle des 
ardeurs du Soleil. 11 en eft autrement dans les 
années ou l’humidité domine ; alors c’eft un mal 
inévitable ; on ne peut pas toujours découvrir 
totalement le terrein, foit que les arbres, qui y 
portent de l’ombre, appartiennent à un voifin, 
foit que celui qui a -lintention de femer , ne 
veuille pas en faire le facrifice , quand ils lui 
appartiennent, 


CLOTURE DES CHAMPS. 


UxEe partie de la Clôture fe trouve quelque- 
fois exécutée naturellement par des ruifleaux , des 
monticules ou des rochers efcarpés, par des hayes 
ou des murs, qui féparent les héritages voifins. 

Pour les parties qui font ouvertes, je. ne con: 
feilierois pas l’ufage des Hayes. 


Première Partie, Chap. II, 2$ 
MATE S. 


Les Hayes mortes, qui fe font avec des 

pines , des Échalas & des branches d'arbre 
sèches, ne durent tout au plus que deux ans, & 
{ont d’un entretien très-difpendieux. 

Les Hayes vives , qui fe font avec des arbrif 
feaux vifs & enracinés, deflendus par des bran- 
ches sèches , font d’un accroifflement trop lent, 
pour fermer auflitôt qu’on le défireroit : le bois 
mort, qui foutient le plant , étant tombé en 
pourriture les jeunes poufles font expolées à la 
dent des animaux ; & l'ombre du bois que l’on 
plante , fait périr la Æaye vive, avant qu'elle ait 
pu prendre de la force. 
| Hnûn, ces fortes de clôture exigent un entre- 
tien continuel , qui devient à charge. 

La Clôture la plus sûre, & la moins difpen- 
dieufe, eft le Foffé; il faut qu'il foit large & 
profond , pour exclurre toute elpèce de beftiaux. 


FOSSEÉ. 


Ux Foffé élevé, de terres sèches & fans pare- 
ment, cft bientôt éboulé. Celui qui eft fait avec 
de la terre grafle, & battue comme du mortier, 
dure plufieurs années ; le mieux conditionné, eit 
celui qui eft afforti d’une Haye vive. Un champ, 
clos d’une haye & d’un bon foffé , eft auffi en 
sûreté , que s’il étoit enfermé par une muraille ; 
ces fortes de clôture forment aufli un agréable 
coup d'œil, & rendent un produit réel. 

Les grands Arbres font tort à prefque tous les 
Plants épineux , dont on forme les Hayes vives 
fur foflé ; le Æoux eft celui qui réfifte le mieux, 
& il décore aflez bien le dehors d’un Parc ; il 


56 De la culture du Chêne. 


aime l'air frais & la terre légère : il vient mieux 
de plant enraciné , que de femence ; & comme 
il trace beaucoup, on peut facilement fe procurer 
des marcotes. 

Le feul inconvénient que je trouve à clorre ua 
champ de foflés , eft qu’ils recouvrent une éten- 
due confidérable de terrein , qui feroit en pure 
perte , fi l'induftrie ne favoirt pas le mettre à 
profit. 

Voici comment je les fais pratiquer : je leur 
donne cinq pieds de gorge, ou de creux, fur 
quatre pieds de profondeur ; la terre qui en pro- 
vient, élevée fur un plan incliné, & foutenue par 
le devant avec du Gazon, me donne fept pieds 
d’élévarion | du fond à la crête; ce qu eft 
capable d'arrêter tout animal , qui voudroit le 
franchir. Ce Gazon , vaillé fur la largeur d’un 
pied, & fur quinze pouces de long, ou à peu 
prés, pour pouvoir le remuer fans le rompre, 
eft pofé à quatre pouces de la ligne intérieure de 
la gorge, afin que les pluyes & les gelées, qui 
abbatent continuellement la terre , ne puiflent 
pas, détruire cetre efpèce de fondement, & entrai- 
ner le Gazon au fond du Foflé. À un pied du 
rès de chauffée , je fais piacer horizontalement 
des plantes épineufes , mélées avec de jeunes 
chêneaux étêrés, qui ñe fortent que de deux ou 
rrois pouces. Au bout de cinq à fix ans, j'ai une 
Haye impénétrable , qui retient pour toujours 
léboulement des terres, 

J'ai foin de planter , à cinq pieds de la ligne 
intérieure de la gorge, une rangée de Chênes, 
ou autres arbres, à peu de diftance les uns dés 
autres. Ces arbres, plantés fur foflé , de la ma- 
nière que je dirai ci-après , réufliflenc ærès-bien, 


Première Partie. Chap. IL. 27 


& font tres-bon effet. Je les mets a cinq pieds 
de la gorge, afin que leurs racines ne foient 
pas trop recouvertes; ce qui arriveroit, s'ils étoienr 
dans la partie la plus élevée du jet des terres ; 
ils feroienc alors privés de l'influence du Soleil & 
de la pluye. J'ai d'ailleurs l’avancage de pouvair 
remplacer ceux qui manquent, fans toucher à la 
Haye, ni au devant du Foflé. Par ce moyen, 
des racines de la Haye occupent tout le devant, 
& même le fond du Foffé; les racines des arbres, 
plantés fur le derrière , en occupent tout le milieu 
& le bord intérieur ; je profite ainfi de tout le 
+errein. 

Sans ces précautions , on perdroit deux toifes 
de largeur fur toute la longueur , & les terres, 
en s'éboulant peu-à-peu , laiffleroient l'entrée li- 
bre ; ce qu'il faut principalement empécher. 

On voit des Foffés, fur la pente defquels font 

couchés horizontalement deux érages de plantes 
épineufes , à r5 ou 18 pouces de diftance l’un 
de l’autre. C'eft une double précaution, qui peut 
encore mieux garantir l'approche des animaux 
malfaifants , & l’éboulement des terres. 
. Quelque fois on veut faire le Foffé fur un 
champ labouré ; mais fi l'on pofe le Gazon fur 
les terres mouvantes, il croulera avec elles. Dans 
ce cas , 1l faut mettre un rang de Gazon à {a 
place des terres remuées & peu folides ; fa con: 
fiftance, & les racines qu’il donnera, raffermironr 
la baze du Foffé.. 

La faifon convenable pour foffoyer, eft le mois 
de Mars. Si vous commencez avant l'hiver , les 
gelées détruiront votre ouvrage mal affermi ; f 
vous tardez jufqu'au r$ Avril, les plants épineux 
auront pouilé, & ne reprendrent pas. Il n'eft plus 


28 De la culture du Chêne: 


tems alors de tranfplanter les arbres, qui doivent 
fervir d'ornement & de fourien au Fofé. 

J1 eft une manière de foutenir le Foffé dans 
les terres légères & fablonneufes, & dans toutes 
celles qui ont une difpofition continuelle à s’é- 
bouler ; c’eit de pofer le gazon à plat, comme 
des briques , avec les quelles on voudroit former 
un ados, & non de champ, comme on fait ordi- 
nairement. Cette efpèce de Foffé eft un peu plus 
difpendieufe, en ce qu'il faut tailler & conduire 
beaucoup plus de Gazon; mais elle eft la plus 
folide de toutes, & peut être pratiquée avant l'hiver. 

Toutes les fortes de Foffeé fe donnent ordinai- 
rement à l’entreprife. Avant de conclurre le mar- 
ché , il eft bon de commencer à employer un bon 
ouvrier, à faire à la journée une certaine longueur 
de foflé, en veillant à ce qu'il ne perde pas de 
tems. Puis on calculera combien il aura fait de 
toiles dans un certain nombre de jours, & le prix 
ordinaire de fes journées ; ce qui fixera la dépenfe 
corale de l'enceinte du terrein en Æofé. | 


P t4: L'or: 


SouvenT les Foffés ne fufhfent pas, pour 
empêcher les bêtes fauves de fe jetter dans un 
Bois. Jufqu’ici on n’a rien trouvé de plus sûr, 
que de leur oppofer des Palis ou des Treillages. 
Ces barrières , fort coûteufes , deviennent nécef- 
faires dans les endroits où le fauve abonde. 


MURS. 


Dans les parties où le fol eft pierreux & 
peu profond , il ne refte que le pau de clorre 
en maçonnerie. 


Première Partie. Chap. IL. 29 


Le terrein étant clos, & les parties, qui fonc 
æn culture ou en jachère , étant déja préparées , 
ôn peut les femer, & s'occuper enfuite à préparer 
les parties qui font en friche. 


DÉFRICHEMENT. 


1x y a plufeurs manières de défricher, qui 
toutes font également bonnes, quand il s’agit de 
faire des Bois. 

L'Incinération , qui eft fujette à critique, réla 
tivement à un terreir deftiné à la récolte conti- 
nuelle des arbres, ne préjudicie point aux Semis. 
J'ai ufé de cette voye, & de toutes les autres 
qui font en ufage : je n’ai remarqué aucune dif- 
férence fenfible dans la produétion. Il fufhit que 
la terre foit très-ameublie, pour que le Bois y 
jette de longues racines, & s'élève bientôt par 
deffus les mauvaifes herbes , qui croiflent avec 
Jui. Les feuilles qui tombent, & les plantes qué 

ériflent annuellement , redonnent à la terre, mé- 
me la plus légère , le fuc & la fraicheur que 
d'Incinération peut lui avoir enlevés. 

Avant de femer, & même avant de défricher, 
il faut deffécher les emplacemens marécageux , 
en procurant à l’eau un écoulement à travers la 
clôture. L’Incinération contribue beaucoup au def- 
sèchement de ces parties compaétes & humides, 
où le bois ne fauroit croître; &, en cas qu’on 
ne puifle y réuffir, il faut abfolument renoncer 
au pâcage , que cette partie de terrein pourroit 
donner , & fe garder d’y introduire, dans aucun 
tems, des beftiaux paiflants. 

L'Incinération | où le Brélis , c’eft-à-dire Ia 
Bruyère , Ajoncs & Gazon , enlevés avec ‘la 
pioche , defléchés & brülés en tas, a cet avan- 


3e De la culture du Chéne. 


sge, qu'elle fupplée aux engrais, & fertilife le 
fol , pendant deux ans , de manière à produire 
deux récoltes abondantes de bled. Ces deux ré- 
coltes m'ont rendu, en grain ou en paille, plus 
que les frais de défrichement, de récolte, de 
clôture & d’achapr de gland , avec l'intérêt de 
ma milé. De façon que mes Friches ont été 
changées en Semis , fans qu’il m’en ait rien coûté 
que des foins. 

C’eft par un procédé femblable , que le Gou- 
vernement pourroit .mettre en valeur les places 
vaines & vagues des forêts, ainfi que la majeure 
partie des landes incultes, en livrant la jouiflance 
de ces objets à une ou plufieurs Compagnies , 
qui fe formeroient aifément dans chaque Provin- 
ce , pour trois ou quatre années, à compter de 
l'époque du défrichement, qu’elles feroient obligées 
de faire : à condition qu'après ce terme, les 
Compagnies délaifferoient les fonds bien clos, & 
repeuplés en Bois , de l’efpèce convenable à la 
qualité du Sol. 

À quoi fervent ces vaftes terreins , que nos 
ancêtres , ou la nature elle-même, avoient fage- 
ment deftinés à la produ&ion des bois ? Ils four- 
niflent , pendant la belle faïfon, un peu de mau- 
vaife pâture aux beftiaux des riverains. De là, 
ces mêmes beftiaux s’introduifent dans les forêts, 
où ils font un grand dégär. 

Je ne m'écarte peut-être pas beaucoup de la 
vérité , en avançant que cette feule opération, 
bien exécutée, doubleroit la mafñle des bois en 
France , fans diminuer fenfiblement la quantité 
des fourages, & fans rien prendre fur la culture 
ordinaire des terres. | 


Il ne faur pas pañer fous filence , qu'il ef 


Première Partie. Chap. IA 31 


défendu à toutes perfonnes de défricher, faire dé- 
fricher , ni foufrir qu'il foit défriché aucun Bois 
ou Pâtis communaux. Il n’eft pas plus permis de 
défricher les Bois des particuliers, fans permif- 
fion & connoïffance de caufe ; quand même çe 
feroient des Bois dégradés, & qu'on auroit inten- 
tion de les rétablir par la voye des Semis, il 
faudroit s'y foumettre par écrit, en demandant Îa 
permiflion. Tel eft l’ufage actuel. 

A l'égard des Landes , & autres terres incul- 
tes , la Déclaration du Roi, du 13 Août 1766, 
accorde l’exemption des Dimes, & celle de la 
Taille, pendant quinze années, à ceux qui les 
défricheront. 

Combien d’autres immunités ne pourroït-on pas 
accorder , pour animer ces fortes de tentatives , 
d'autant plus nécefaires en France, que la popu- 


lation y augmente fenfiblement, &, avec elle, 
des befoins réels ? : 


VDS Er 
Ne 


CHANT TRE Re 


$EMENCE DES ARBRES. 


() N ne sème pas toujours les arbres pour les 
multiplier. La Bouture eft une voye facile, 
qui réuflit plus communément pour les arbrifleaux, 
que pour les Arbres. Le Rejerton eft un moyen 
fimple & prompt ; mais il n’y a que les petits 
Arxbres , & les plus communs, qui en produifent. 
La Branche couchée, la Marcote ou le Provin, 
eft un autre moyen expéditif, que l’on employe 
pour la multiplication ; mais c’eft celui qui con- 
vient le moins pour les grands Arbres , ceux 
qu’on mulriplie Le cette façon, péchent ordinai- 
rement par les racines, qui font très-foibles , en 
petite quantité , & placées le plus fouventc d’un 
feul côté. La manière de multiplier les Aïbres 
foreftiers par graine, eft donc la meilleure, &, 
pour ainfi dire, la feule qui foit praticable. 

Quand on veut travailler en grand, on ne peut 
le faire commodément, que dans les années d’a- 
bondance ; les graines font meilleures’, & moins 
chères. 

Celles qui tombent les premières , ne font pas 
ordinairement les meilleures ; les dernières font 
moins fujertes à être picquées des vers ; elles font 
plus nouées & plus müres. | 

On connoît que les femences, cormime le Gland, 
la Châteigne, la Faine, font parfäitement müres, 
quand ces feménces , en tombant , abandonnent 
leur Brou & leurs Cupules. 

11 faudroic trop de tems pour ramafler une 
une les petites graines , par exemple, la Faine 


e… De 


Land © 
o 


Première Partie. Chap. 111, 33 


je fais balayer fous les Hêtres, & ramafler tour 
ce qui s’y trouve ; feuilles, bourre, graine, pie- 
quants : je pañle au crible, & jette le plus grof- 
fier; je fais porter le refte à la maifon, dans un 
Bac , plein d’eau; la bonne graine tombe au 
fond : rour ce qui furnage doit être jetré. J'ai 
foin enfuie d’expofer la bonne graine au Soleil, 
ou dans un endroit fec, afin qu’elle perde l’hy- 
midité , qu’elle a contraétée dans l’eau. 

Peu de perfonnes réuffiffent à élever les Céri 
fiers & Mériziers : j'ai éprouvé moi-même a 
difficulté de les multiplier de noyau, Si je les 
mettois au grenier, ils moiffloient, ou féchoient 
trop, & ne levoient pas ; fi je les femois de 
fuite , les fouris & les mulots, qui font friands 
de l’amande , n’en laifloient aucun. 

Voilà comment je me fuis procuré une grande 
quantité de fujets, qui m'ont été crès-utiles, pour 
mettre fur les Foflés, auprès des Bâtimens , ou 
dans les Fruitiers ; & pour former des Taillis, 
propres à faire des Cerceaux. 

Je mettois les noyaux dans un coin de mon 
jardin , à un grand pied de profondeur; je les 
mélois avec de la terre , de façon qu’ils ne fe 
touchoient pas ; je les laifois là , jufques au mois 
de Février fuivant ; ils étoient , à cette époque , 
auffi frais qu'au moment où je les enterrois; &, 
avant le premier mouvement de sève , je les jet- 
rois dans les femis que je faifois , ou dans ceux 
que j'avois fait auparavant ; ils levoient prefque 
tous. Quatre ans après, je les arrachois, pour les 
mettre en pépinière , à deux pieds de diftance 
entre eux ; je coupois la racine pivotière, & raccour- 
ciflois les autres : je les difpofois par-là à faire des 
racines horizontales , & à être replantés avec fuccès, 


34 De La cubture du Chêne; 


:. Méthode excellente, pour toutes fortes d’arbré 
deftinés aux Plantations. 

Je dis , avant le premier mouvement de sèvé, 
parce que le noyau de cérife écant prompt à pouf 
fer fa race , 1l eft trop card alors pour l’expofer 
aux injures de la faifon : on rifque même de 
rompre fa poufle , en le remuant pour le tranf 
porter & le femer. 

J'en ufe à peu-près de même des graines de 
Pommes & de Poires : je les laifle dans le fable 
ec, jufqu’au Printems. 

M. Duhamel à fait un traité général des Arbres 
& Arbrifleaux, qu’on peut élever en France ; 1l 
y donne la manière de les mulriplier , & de les 
cultiver en pleine terre P Les bornes que nous 
nous fommes prefcrites |, nous obligent d’y ren- 
voyer le Lecteur : il y trouvera des préceptes 
très-utiles. (1) 

J'obferverai ici, que j'ai été quelquefois mal 
fervi, quand j'ai tiré des graines de l’Étranger : 
j'en vais citer un exemple, qui pourra fervir 
d’avertiflement aux Culrivateurs. 

Je voulois effayer, en 1771, d'élever des Sa- 
pins. Un fuperbe Épicia, que je voyois dans mon 
voifinage , me donna l’idée que cette efpèce 
pourroit réuffir chez moi; je fis venir d’Arcangel 
ix livres de graine ; j’en femai la majeure par- 
tie, avec toutes les ‘précautions requiles , dans 


_ (x) Depuis que nous avons eu le malheur de le per- 
dre , fon digne fuccefleur , M. Fougeroux-de-Boudaroy , 
continue , avec la même intelligence , une culture aufli 
précieufe :fes recherches lui ont procuré quantité d’efpèces 
nouvelles , dont cer Académicien zélé ne tardera pas fans 
doute à enrichir le Public, L’accueil que les Etrangers 
Araateurs reçoivent chez lui, eft au deflus de cout éloge, 


: Première Partie, Chap, III, 35 


des foffes , pratiquées en quinconce, fur un {e- 
mis de châtaigners, que je failois cette année, & 
j'eus foins de les garantir de l’ardeur du Soleil. 

: Si cette graine avoit réufli, j'aurois vendu ou 
détruit tous les châtaigners, dès que mes Sapins 

- auroient été aflez forts pour fe foutenir : alors 

j'aurois eu un bouquet , curieux dans mon can- 
ton, & d’une grande valeur. Mais la graine éroit 
altérée ; il n'en leva pas une feule, 

Je n'ai pu attribuer mon peu de fuccès, ni à 
la qualité du terrein, ni à la tempétaçure ; çar 
j'en avois également femé dans des terres de 
qualité diflérénte , & à toutes les expofirions 
poflibles, J'en avois même réfervé pour l’année 
fuivante , qui ne levérenc pas mieux. Il y a appa- 
rence que , pour faire ouvrir promptrement les 
cônes, on les avoir pañlés au four trop chaud. 

Ce revers me découragea pour quelque tems; 
mais la vue de l’Épicia dont j'ai parlé, me ra- 
menoït fans cefle à faire de nouvelles tentatives, 
qui m'ont complètement réuffi, comme je Le dirai 
à l’article des Semis de graines délicates, 

Avant de s'engager dans des opérations dif- 
pendieufes , il feroit bon d’éprouver les graines 
qu'on n'a pas récolté foi-même ; à certe fin, on 
les mec tremper dans l’eau pendant quelques 
heures , on les sème dans une terrine, qu’on 

lace dans un lieu chaud, &, fi les graines font 
Se » elles germent au bout de quelques jours; 
alors on eft afluré qu'elles ne font pas altérées. , 

Revenons au Gland, qui eft le fruit du Ché- 
ne , & fa femence ; il eft ovale ; il ‘porte un 
pouce , environ, de long, fur fept à huic lignes 
.de diamètre ; il renferme une amande, COMpPO« 
dée de deux lobes, d’un goût acre & auftère ñ 


Ci 


D 


cs 


36 De la culiurè du Chêne. 


verte au commencement , enfuite jaunâtre , & 
fujette à l’attaque du ver. 

Le meilleur, pour femer , eft celui du Chére 
blanc , ou à grappe ; c'elt l’efpèce qui vient la 
plus forte, la plus belle, & la plus propre pour 
nos charpentes. Les Botaniftes diftinguent qua- 
rante efpèces de Chêne ; & cela n’eft pas éton- 
nant : comme il fe multiplie de femences, on 
trouve, dans les forêts , un fi grand nombre de 
variétés, qu’à peine y en a-t-il deux qui fe ref- 
femblent à tous égards. 

DEUX ESPÈCES PRINCIPALES DE CHÊNE. 


Legs Foreftiers n'en remarquent que deux 
Principales; ceux qui portent les Glands à long 
pédicule, & ceux dont les Glands font prefque 
colés à la branche. Chacune de ces efpèces. don- 
me deux variétés; les chênes qui portent de très- 
gros Glands , & ceux dont les Glands font très- 
petits. 

Nous nous contenrerons donc de diftinguer 
deux efpèces de Chêne, ou plûrôr deux variétés 
remarquables , & différentes l’une de l’autre, à 
plufieurs égards. 

La première , eft le Chêne à gros Glands, qui 
ne font qu’un à un , ou tout au plus deux à 
‘deux , fur la branche. Il porte une écorce blan- 
che & lifle ; fa feuille eft grande & large; le 
bois en eftblanc, liant, très-ferme , & néanmoins 
très-aifé à fendre. C’eft le plus grand & le plus 
beau de tous les Chênes , qui croiffent en Europe ; 
il s'élève à quatre-vingt-dix pieds de haut. On 
peut le diftinguer , dans fon jeune âge , même 
dans la faifon où il eft dépoulié de fes feuilles , 
œar fon écorce, qui eft vive, Juifance & unie, 


Première Partie, Chap. IIL. 37 


d’une couleur d'olive rembrunie , irrégulièrement 
entremêlée avec une couleur de cendre claire ; 
fes feuilles ont la queue plus longue que dans 
les autres efpèces; le Gland eft aufli plus gros, 
& plus long ; l'arbre le produit fur un pédicule , 
de la longueur du doigt. 

Cette belle efpèce varie quelquefois , en ce 
que la queue des feuilles & des Glands n'eft pas 
auffi longue ; mais l’arbre devient auffi fort, & 
la qualité de fon bois n'eft pas inférieure. 

La feconde efpèce porte fes Bouquets ou Tro- 
chets , comme le noïfetier , de trois, quatre ou 
cinq enfemble ; fon Gland eft moyen. Cet arbre, 
dans routes fes parties, eft fubordonné à la pre- 
mière efpèce ; la feuille eft moins grande ; fon, 
Gland eft plus petit, plus rond , & a le pédi- 
cule de moitié plus court. L’Arbre-même eft 
d’une ftature un peu moindre ; il fe fait remar- 
quer , fur-tout dans fa jeunefle , par la couleur 
de fon écorce , qui imite celle d’une peau d’oi- 
gnon, & qui eft entremélée de parties blanchâtres. 
Le Bois de cet arbre eft folide , fort, & de 
bonne qualité ; il eft plus coloré & croît plus 
lentement : on l'appelle chére rouvre. 

La deuxième variété , du Chêne à gland 
moyen ; qu'on appelle improprement chéne fe: 
melle | fe reconnoît aifément , à ce que fon 
écorce eft inégale , & qu'avant qu'il foit même 
parvenu à la groffeur du bras, elle eft aufli cré- 
vaflée & raboteufe, que celle des vieux arbres ; 
fes feuilles | plus petites que dans les efpèces 
précédentes , n’ont point de pédicule ; le gland, 
qui eft auf plus petit, & rond , tient immédia+ 
tement à la branche. L’Arbre s'élève & groflit 
moins ; fon bois eft dur, rebours, de mauvaile 


58 De la culturè du Chêne. 


fente , & plus propre au chauffage, qu'aux gfan- 
des œuvres. Il femble , à tous égards, que la: 
Nature ait épargné fur cette efpèce ce qu’elle a 
prodigué en faveur de la première, 

Dans les terreins peu profonds, & dans les. 
têrres maigres, on ne trouve que des Chénes à: 
pêtirs glands. Ceux à gros glands n’oceupent guè- 
rés que de bons terreins. 

‘ Lé Bois de ces derniers reffemble fi fort à 
celui du Châtaigner, par la texture & par la: 
couleur, qu'on Îles a pris long-tems lun pour 
l’autre. C'eft fur cette reflemblance, qui n’avoit 
pas été indiquée avant M. de Buffon, qu’eft 
fondéé lopinion que la charpente de nos ancien- 
nes éolifes eft de bois de Châtaigner. Mais , 
qu'on ne s'y trompe point; ces Bois font de 
chène blanc, à gros gland ; il étoit autrefois plus’ 
commun qu'il nè l'eft aujourd’hui : la raïfon en’ 
eft fimple : avant que la France fût aufli peuplée 
qu'elle l’eft à préfent , il exiftoit une plus grande 
quantité de bons terreins en Bois (2); & , con- 
féquemment , une bien plus grande quantité de 
ces Chênés , qui font préférables en tous points 
aux autres, ayant conftamment plus de Cœur & 
moins d’Aubier. D'ailleurs, le Bois eft, non feu- 
lement plus plein, plus fort , mais encore plus 
élaftique. Le trou , fait par une balle de moufquet 
dans une planche de ce Chêne , fe rétrécit, par 
le reflort du bois, d’un tiers de plus que dans le 
Chêne commun. Ce n'eft pas un petit avantage 


pour la conftruétion , fur-rour pour celle dés 


} 


(2) Au rapport de Pline , la Forêt Hirçinie couvroit 
autrefois une grande partie de l’Europe. IL ne falloit pas 
moins de foixänte jours de marche pour la traverfer, 


Première Partie. Chap. III. 39 


vaifleaux ; le Boulet de Canon ne le fait pas 
éclater , & le trou eft plus aifé à boucher, 


CHÊNE VER D. 


Ir y a encore le Chéne verd , qui eft une 
efpèce route diflérente ; il conferve fes feuilles 
pendant l'hiver ; 1l prend de Boutures ; mais ik 
fe multiplie bien mieux par les Glands. Son Bois 
eft d’un excellent ufage, dur, poli, pefant , pro- 
pre à réfifter aux frottemens ; il pourrit diffici- 
lement. 11 y en a, donc le fruit eft doux, & 
qui fe mangent comme des châtaignes ; il veut 
l'expofirion du Nord, quoiqu'il ne réuflifle que 
dans les pays chauds. 


GLLND'S 


Les arbres ifolés font fouvent d'une aflez vi: 
laine figure , parce qu'ils éprouvent , dans leur 
jeunefle , beaucoup d'accidents ; mais comme ils 
ne font pas rabougris par eflence , ils donnent 
ordinairement beaucoup de femence , propre à 
former de beaux arbres, & facile à ramailer. 

Dans les Foréts, où il n’y a pas de Broflailles, 
on pourroit raflembler les Glands de la manière 
que j'ai indiquée à l'égard de la Faine; mais 
lorfque le Sol eft embarraflé, on eft contraint 
de les ramafler un à un, ou à petites poignées. 

Il faut les mettre en tas, dans un Bâtiment, 
jufqu'à ce qu’ils auront fermenté ; ce qui fe con- 
noît par un fuintement , qui finit de les perftec- 
tionner ; mais il ne fauc pas les laiffer long-tems 
dans cet état ; ils germeroicnt bien vîte : 11 faut 
les étendre & les remuer fouvent. | 

Quand le tems eft venu de les femer, on peu 
jetter , dans un bac plein d’eau , la quantire 


2 


46 De la culture du Chêne. 


qu'on peut femer dans la journée ; où le Iende- 
main, afin de féparer les bons d’avec les mau- 
vais , & d'enlever les ordures, Cette lotion les 
rafraichit, & les difpofe à germer. 

_ Si l’on ne peut les ramafler chez foi, & qu’on 
foit obligé de les acheter , il faut préférer les 
plus pefants , qui font ordinairement ceux qui 
approchent le plus de la couleur rembrunie , & 
s’aflurer qu'ils n'ont pas été abbatus avec des 
gaules; car leur dégré de maturité , pour femer , 
n’eft pas arrivé avant leur chûre naturelle. 

J'avoue qu'il feroit trop gênant , & prefque 
fmpratiquable , de choifir l’efpèce pour les grands 
Semiss cela n'eft même pas ceffhire , parce que 
les grands Semis, étant ordinairement deftinés 
à la futaye , la qualité du terrein rendroit cette 
précaurion inurile ; le bon terrein comme nous 
l'avons dit ; favoriferoit l’accroiflemenc du Chêne 
à gros Gland, qui éroufferoit route autre efpèce, 
& la nature du terrein médiocre n’admettroit que 
les Chênes du fecond ordre. | 

Mais dans les petits Semis, qu'on deftine à 
fervir de Pépinière & qu’on doit xs y par cette 
raifon , dans un fonds, au moins de médiocre 
qualité , il eft effentiel de femer fans mélange 
les Glands de la meilleure efpèce. 

On ne peut être afluré de fon opération, à 
moins d’en faire la récolte foi-même , fous les 
Chênes du moyen âge, & non fous les Arbres 
trop jeunes ou décrépits ; tout Fruit prématuré , 
ou trop tardif , perd beaucoup de fa qualité. 
Au furplus , nous obferverons que le Chêne ne 
porte pas de Gland avant l’âge de dix-fepc à 
dix-huit ans. (3) 

(3) Les Anciens regardoient le Gland comme un Fruic 


Première Partie. Chap. III. at 


Il faut prendre garde , fur-rout, de n’y pas 
mêler le Gland du Chêne, qui ne fe dépouille 
de fes feuilles qu'après l'Hiver, quoique defléchées 
dans l’Automne , que nous avons déligné fous le 
nom de Chéne-rouvre. Cet Arbre eft défagréable 
auprès des habitations , & fort incommode dans . 
les prairies où aux environs : Ôn ne peut enlever 
fes feuilles en enlevant celles des autres Chênes, 
qui font combées avant l’Hiver; elles reftent dans 
Pherbe; leur âcreté préjudicie à la qualité du fourage. 


TEMS DE SEMER LE GLAND. 


LA Nature nous indique que le véritable rems 
pour femer les Glands, eft celui de leur chûre. 
Quand ils font femés avant l’'Hyver, ils fe con- 
fervent mieux dans la terre, que dans les Bâti- 
mens ; ils s’y difpofent à lever, auflitôr que [a 
sève vient les animer. ; 


MANIÈRE DE CONSERVER LES SEMENCES.. 


Tr y a des années , cependant, où les gelées 
furprennent ; on eft forcé d’artendre au Printems. 
Dans ce cas, on placera le Giand , par lits, 
dans du fable ou de la terre bien seche , dans 
un lieu à couvert, & à l’abri des grands froids, 
afin d’entretenir fa fraîcheur naturelle. Si l’on ne 
prend pas cette précaution , il arrivera de deux 
chofes l’une ; ou le Gland fe defsèche , & fe 
moifit en dedans ; ou il germe & poufle une 
longue racine , qui l’épuife , & qu'on rifque de 
cafler , en féparant le Gland , ou en le tranf- 


fi précieux , que , par la loi des XII Tables, il éroir 
permis au Propriétaire d’un Chêne, de ramafler les Glands 
tombés fur le fond d'autrui. 


42 De la culture du Chêne. - 


portant. Alors on en perd le quart, & même 
la moitié, comme il m'eft arrivé plufieurs fois , 
malgré les foins que j'en faifois prendre. 

C'eft l'huile contenue dans les lobes du Gland, 
qui le fair fermenter & rancir , lorfqu’on l’a mis 
en tas confidérables ; s’il vient au contraire à trop 
fe deffécher , il perd cette fubftance ondueufe 
néceffaire à fa production. 

Il feroit à défirer qu'on trouvât un moyen, 
pour conferver les Glands plufieurs années, fans 
altération. Dans les rems d’abondance , on en 
mettroit en réferve, pour les femer, à propor- 
tion que le terrein feroit préparé. 

Les enfouir , avant qu'ils fufent aucunément 
defféchés, à deux ou trois pieds de profondeur, 
& les méler avec du fable ou de la terre, de 
façon qu’il n’y eut pas de vuide entr'eux & qu'ils 
ne fe rouchaflent pas, feroit l’unique moyen d’y 
parvenir. Îls trouveroient-là une fraîcheur centi- 
nuelle ; ils feroient à l’abri des gelées, & des 
infectes , qui ne defcendent jamais à une aufli 
grande profondeur, 

» J'ai, d’ailleurs, des expériences , dit M. 
» Duhamel, ( Traité de La culture des terres , ) 
> qui prouvent que, quand les femences font à 
» une très-grande profondeur en terre , elles fe 
» confervent dix ou vingt années fans s’alrérer ; 
» de forte que fi, en remuant la terre, on les 
» répand à la fuperficie , elles germent à mer- 
» veille, & produifenc la plante de leur efpèce. » 

Ce paflage m'a donné lieu de faire l'expé- 
rience ; mais je ne fuis pas encore en état d’en 
rendre compte. La marche des épreuves eft len- 
te : il faut les répéter plufieurs fois , & vérifier 
exactement les réfulrats , avant de pouvoir aflu- 
xer Le fuccés des Méthodes nouvelles. 


C'H'ARLTRD'IM 


MANIÈRES DE SEMER LE GLAND. 


N peut femer le Gland à la volée ; c'eft- 
à-dire, le jetter à poignée, comme le bled, 
& labourer enfuite , ou femer gland par gland, 
dans le fillon, en fuivant la charrue. 
. La première méthode eft plus expédirive ; mais 
elle a fes inçonvéniens, 

J'ai obfervé que fi le gland, qui eft foulé par 
les pieds des Chevaux ou des Bœufs, qui la- 
bourent , eft enfoui trep profondément , pour 
pouvoir fortir, il eft perdu. Il en eft de même 
de celui qui feroit recouvert de groffes mottes 
de terre, de gazon ou de pierres. 

Pour favoir à quelle profondeur ün gland pou- 
voit germer , j'ai creufé, en bon terrein, un 
plan incliné, de cinq pieds de long, fur un pied 
de profondeur ; à un des bouts, j'ai mis un 
gland à fleur de terre, un autre à un pouce de 
profondeur, l’autre à deux, trois, quatre, cinq, 
&c. , ceux qui étoient à la fuperficie, m'ont 
paru les plus vigoureux ; à cinq pouces , 1ls 
étoient tardifs & jaunifloient. Tous ceux qui 
étoient au deffous de fix pouces de la fuperficie, 
fe font pourris, & n’ont feulement pas germé. 
Cette expérience , répétée plufieurs fois, & plu- 
fieurs années de fuite, a toujours donné le même 
réfulçcat : d’où j'ai conclu, qu'il étoit bon d’a- 
meublir beaucoup la terre, & de ne pas labourer 
profondément, lorfqu’on sème. (4) 

(4) Cette expérience n'a pas dû m'empêcher de faire ceile 


44 De La culture du Chéne; 


Si nous n’avions pas à craindre , d’un côté 
les animaux de toute efpèce , qui, pendant l’hy- 
ver, ont befoin de pâture; &, d’un autre côté, 
le defsèchement & l’altération des femences , 
nous aurions certainement fuivi l'indication que 
nous fournit la nature. Elle répand la graine des 
arbres fur la fuperficie de la terre ; elle fe fert 
des vents, pour porter les graines légères à de 
grandes diflances ; les oifeaux répandent celles 
qui font plus pefantes : tout prend fa place dans 
l'herbe , dans les broflailles , & tour réufft. 
Évitons les inconvéniens attachés à tout ce qui 
eft artificiel , en nous rapprochant néanmoins, le 
plus qu’il nous eft pofhble , des opérations de 
la nature. 

Elle eft abondante ; elle facrifie quelquefois 
cent pour un : fi nous voulons réuflir , imutons 


fa prodigalité. 


QUANTITÉ DE GLANDS NÉCESSAIRE. , 
POUR SEMER UN ARPENT DE TERREIN. 


L’arRPENT eft la mefure ordinaire des Bois. 
L'Ordonnance , Art. 14, Tit. 27, prefcrit de 
s’en fervir dans tous les pays de la France; ainfi, 
c’eft fur certe mefure qu'il faut calculer. Il ef 
compofé de cent perches ; la perche , de vingt 
deux pieds de roi, fur chaque face; ce qui fait 
464 pieds quarrés pour chaque perche, & 48, 
400 pieds quarrés pour chaque Arpent. 


qui tend à favoir fi les femences peuvent fe conferver à 
une grande profondeur dans la terre ; car il pourroit être 
que les femences , qui fe pourriflent à dix pouces au def- 
fous de la fuperficie , fe confervaffent à trois pieds , fans 
germer & fans être altérées , n'étant pas expofées aux 
vicificudes des faifons, 


Première Partie, Chap. I. 45 


I! eft aflez difficile de déterminer au jufte la 
quantité de glands néceflaire dans un arpent de 
terre ; elle eft rélative à la qualité, à l’afpet 
du terrein, à la bonté de la femence, à la fai- 
fon où l’on sème , &c. les Écrivains ont varié 
fur cet article. 

L'auteur de la Maifon Ruftique , dit qu'il ne 
faut qu'un Boiffeau de gland , mefure de Paris s 
pour enfemencer un Ârpent. En effet, fi l’on 
fait attention au petit nombre de pieds d’arbres, 
fufifant pour couvrir un Arpent de Haute-futaye, 
on croira qu'il ne faut même pas autant de 
glands pour le femer ; mais ceux qui fuivroient 
cette indication , n'ont pas remarqué qu'il périt 
une quantité prodigieufe de jeunes arbres, en 
deffendant ceux qui reftent les derniers, des ac- 
cidents auxquels ils ont été continuellement expofés. 

M. Duhamel dit qu'on sème , dans un Arpent 
de pays, deux Mines ( s) de Gland, ou quatre 
pieds cubes. ‘ 6) 

D’autres prétendent qu’il faut, pour un Ar- 

ent , dix-huit Boifleaux de Gland , mefure de 
Paris ; & l’on fair que le Boiffeau doit avoir 8 


(5) La mine eft une mefure de grains, qui contient 
deux Minots , ou la moitié d’un Sétier de Paris , ou fix 
Boiffeaux. Sous nos premiers Roïs , le Boïfleau & toutes 
les mefures étoient égales en France, CHAR£LEMAGNE éta. 
blit une nouvelle mefure. Aujourd'hui , elles varient : 
chaque Jurifdiction , pour ainfi dire , a la fienne. 


(6) La plupart des Cultivateurs de Province n’enten- 
dent rien à ces mefures , ils ne favent pas ce que c’eft 
que quatre pieds cubes ; il faudroit faire des caïfles de 
cette contenance ,; chaque fois qu’ils voudroient femer, 
Rien de plus fimple, & mieux à leur portée , que de 
leur indiquer la quantité , par le nombre , ou le poids, 


46 De la culture du Chêne. 


pouces , 2 lignes, — de haut, & 8 poûces de 
diamètre, entre les deux fus ; & que le Boiffeau 
de Paris , bon bled froment, pèfe vingt livres. 

A ce compte, il faudroit un tiers de femence 
de plus que celle indiquée par M. Duhamel. 

J'ai femé ordinairement plus épais, fur-tout 
dans les Bois d’où j'avois intention de tirer du 
jeune Plant; j'en ai tiré effeétivemeet un nombte 
prodigieux. J’y ai trouvé, indépendamment des 
arbres, bons à tranfplanter ; une grande quantité 
de liens, pour les différens ufages de l’agricul- 
ture, & mes bois font encore aflez fournis. 

J'avoue que , lorfqu'on vend des arbres pour 
planter, l'acquéreur choifit les mieux venants; & 
ce font ceux que le Propriétaire devroit conférvér 
pour l’effence du Bois, parce que ceux qui ref- 
tent en deffous ont quelque vice, qui s’oppole à 
leur acctoiffement, & que c’eft dégrader les Bois, 
que d’en arracher lés plus beaux brins. 

Auf je n’ai laiflé choifir que dans les fémis 
que je deftinois au Taillis , obfervant de laïfler 
un bon fujet de toife en toife, & ne touchañt 
nullement à ceux qui font femés moins drû, & 
qui font deftinés à la Haute-furaye. 

Je ne connois aucune Loi, qui s’oppofe à cette 
efpèce de dégradation , & à l’avidiré du gain, 
que préfente la vente des jeunes arbres ; c’eft 
cependant un objet important, digne de l’atten- 
ion du Législareur. | 

Les Arbres , qui font près les uns des autres, 
élèvent une tige plus droite & plus nette, à caufe 
de l’ombre , qui fait périr leurs branches baffes, 
: Les brins les plus vigoureux prennent le deflus, 
_& érouffent tous ceux qui leur font inférieurs en 
force & en qualité , jufqu’à ce qu'ils foient à une 


Première Partid, Chap. IV. 4? 


diflance proportionnée à la nourriture que peut 
eur fournir le Sol ; & comme cette fouftraétion 
fe fait naturellement, on ne rifque rien de femer 
épais : on ne facrifie qu’un peu de femence. 

Il arrive des accidents fi fréquents aux jeunes 
‘arbres , par les gelées du Printems, par les fé- 
chérefles , les gréles & les inondations, par les 
animaux fans nombre , qui vivent de leurs tiges 
& de leurs racines, qu’il en périt confidérablement 
tous les ans. Quel regret n'a-t-on pas, lorfqu’on 
eft forcé de détruire foi-même les reftes d’un 
Bois, qu'on a femé, lorfqu'il ne promet aucune 
xeflource , à caufe de fon peu de femence ? 

Les vers des Hannerons rongent & coupent 
quelquefois les racines de la moitié des jeunes 
arbres d’un femis; c’eft ce qui m’eft arrivé , lorf- 
que je femois dans des terres fumées depuis peu; 
& femées en Bled , en même-tems qu’en Bois. 
Le fumier attire ces infeétes & beaucoup d’au- 
tres, en favorilant leur multiplication. 

La melure du terre, ufitée dans le pays que 
j'habite. eft la Sétérée, qui eft compofée de 22, 
soo pieds quarrés de fuperficie, lArpent du Roi 
étant compolé de 48, 400 pieds , c’eft plus que 
le double. 

Je sème dans la Sétérée trois facs de Glands; 
ce qui feroit fix facs , au moins , pour un ÂAr- 
pent. Ces fix facs cubes rendent trente deux fois 
un pied cube ; ce qui eft le double de la quan- 
tité indiquée par M. Duhamel. Ces fix facs, 
mefurés , rendent vingt-quatre Boifleaux , mefure 
de Paris; ce qui eft un tiers en fus de la quan- 
tité ordinairement indiquée par les autres Auteurs. 
Enfin, chacun de ces facs qui pèfe 160 livres 
poids de marc, contient 20 , 400 glands ; ce 


48 De la culture du Chéne. 


qui fait, au total, cent vingt-deux mille quatre 
cents glands, ou neuf cents foixante livres, pour 
un arpent femé crés-épais. 


MANIÈRE DE SEMER PAR RANGÉES, 


L A feconde manière, eft de femer en fuivant 
Ja Charrue. On pole le gland au fond du fillon, 
à la diftance d’environ fix pouces ; les fillons ef- 
pacés d'environ un pied , fur trois pouces de 
profondeur ; il faut alors moins de femence , 
arrendu qu'il ne s’en perd prefque pas. Les Écri- 
vains prefcrivent un pied , comme diftance. mo- 
yenne entre chaque gland ; je ne fuis pas de cet 
avis : je trouve que certe diftance eft trop grande, 
par les raifons que j'ai déjà déduires. 

Quand on sème par rangées, l’efpace vuide 
produit des herbes, qui pourroient érouffer le 
plant , fi ces rangées éroient trop éloignées les 
unes des autres. 
= Nombre de Foreitiers, pour prévenir le defsé- 
chement des femences , les abriter, & fe rédimer 
en partie des frais de labour, & autres faux frais, 
sement du feigle, de l’orge ou de l’avoine , en 
femant le Gland. L’herbe, que ces grains pro- 
duifent , empêche, il eft vrai, l’action du Soleil, 
& retient la rofée : les racines & le chaume fer- 
vent d'engrais pour l’année fuivante; il faut alors 
fcier ou faucher les pailles moins près de terre 
qu'on ne fait ordinairement, afin de ne pas érêter 
le jeune plant. Cette pratique réunit plufeurs 
avantages , mais elle n'eft pas fans inconvéniens; 
je penfe que la terre eft épuifée par le trop grand 
nombre de plantes qu'on lui donne à nourrir, 
toutes à fa fuperficie, & que les arbres font pri- 
vés d’une grande partie des fucs nourriciers, qu’ils 

aurvient 


Prémidre Partie, Chap. IP, 49 


auroient trouvé dans ce même terrein, s’il avoit 
été deftiné uniquement pour eux ; & ces jeunes 
arbres font enfuice plus expolés aux ardeurs: du 
Soleil , & plu fufcepribles, au mois d’Aoùt, 
rfque la récolte eft enlevée , que s'ils n’avoient 
jamais été abrités: | 
On peut avoir envie .de femer des bois aprés 
ue le bled a été femé; alors, on lève un pey 
de terre, avec une fpatule de bois, ou de ps 
faite en forme de cuiller ; on place un gland 
dans l'ouverture |, à dix pouces de, diftance ou 
environ, En retirant la fpatule, la rerre recouvre 
fufifamment le gland ; fi. non, on donne un petit 
coup à. côté, pour le couvrir. On gâte”très-pew 
de 14% &, de cette façon ,.on employe encore 
moins de femence, ce qui dédommage un peu 
de la main d'œuvre. den 
La Charrue ne pouvant pañler à travers les 
rochers, & fur les coteaux , qui ont une pente 
trop rapide , il y a plus de difficulté pour prés 
parer la terre, & y femer le Gland. En ce cas, 
on.peut fe contenter de la travailler à bras d’hom+ 
mes, avec la pioche , :& .femer, de même. Le 
Bois y. croîtra , mais lenrement ; il s’écoulera: 
plufeurs années, avant qu'il ait pris de là cons 
fiflance ;.& 51 y aura toujours une différence fen- 
fible entre ces parties, & celles qui auront été 
labourées. à la Charrue. : | 
Quelquefois une terre poufle , de graïnes ou 
de racines, quantité de fauvageons : elle ne de… 
mande qu’à rapporter du Bois. Il fufir de: clorre 
ces fonds de haies, ou de foflés, & laiffer croî+ 
tre le Bois, qui s’y fortifiera peu-à-peu,: Cette, 
voye eft longse , mais elle k fers peines & 
fans frais. 


; * 


54 De la cukure du Chêne, 


CHEMINS DANS LES SEMrs: 


Ir me refte à obferver, à l'égard des Boïs de 
certaine étendue , que, lorfqu’ils ont attreint la 
hauteur de fix à fepr pieds , il n’eft pas poffible 
de les traverfer, fans de grands embarras , dans 
les différens befoins qu’on peut en avoir ; fur-rout 
Jarfqu'il faut fortir de jeunes arbres , ou du bois 
fuperflu. : 

Pour éviter en partie les obftacles qui fe pré- 
fentent , j'ai laiflé, dans le milieu des Semis, ow 
dans les furfaces affez unies, des chemins, pro- 
Jongés en droite ligne, de la largeur convenable 
À pañler aifément une voiture chargée ; c’eft-à- 
dire , environ trois toifes. Je les traçois fur le 
ferrein , avant de ferner. 

Ces chemins , qui traverfent mes Semis dans 
tous les fens , fervent enfuire à divifer les coupes ; 
ils facilitenc l'extraction des Bois. Les voitures 
ne paflent plus fur les fouches des taillis, & fur 
les jeunes poules. 

Quand j'ai voulu donner de l’agrément à ces 
petites routes, j'ai planté , fur les deux lignes, 
des arbres de l’âge de trois ou quatre ans, d’éf 
pèces différences de ceux des maffifs ; ce qui for- 
me aujoud’hui des Allées , qui donnent à mes 
Bois un air moins fauvage. Ces arbres, un peu 
cultivés, fe tiennent plus élevés que le corps du 
Bois ; la différence de leur porc, de leurs feuilles 
& de leurs couleurs , offre des variétés qui ré- 
créent la vue, 

Une Forêt, coupée par des routes bien diftri. 
buées & bien proportionnées, qui ne feroient pas 
multipliées à l'excès, procureroit des Promenades 
agréables |. & des communiçarions commodes 


Première Partie, Chap. 1F. st 


pour la chafle ; on peur y tendre des filers ; pour 
prendre des Bécafles & autres Oifeaux. Cetré 
pratique , cn ouvrant des courants d'air | qui 
contribuent à la vigueur des arbrés , prépare les 
coupures propres à arrêter le progrès des incendies, 

Avant de finir cet Aracle, je dirai que le plus 
ou le moins de femence -m’ayant paru mériter 
quelqu’attencion , CE 

J'ai compté , en 1770, combien il étoit tombé 
de Glands dans une toife quarréé de fuperficie, 
prife au hazard dans un Semis, fait à la volée 
& très-épais : combien dans une toife de Semis, 
fait moins épais, & felon l'indication donnée par 
M. Duhartel : & combien dans une toife de Se= 
mis , fait par rangées , en fuivanc la Charrue. 

J'a1 compté , l’année d’après , les arbres que 
ces Glands avoient produit. 

Tous les ans j'ai compté les arbres , qui ref- 
toient dans chaque toife, que j’avois eu foin de 
limiter par quatre piquets, 

J'ai vû, par-là, quels font les avantages qu’on 
doit attendre du plus ou du moins de femence, 
& quelles fonc les juftes proportions qu'on dois 
garder. En voici le détail, : 


BP 


52 De la culture du Chênes 

Me - mé 

TABLEAU du nombre d’Arbres , dans une Toife 
"de Semis de différents ages. 

:. Toife, femée Toile, femée Toile , femée 

. trés-épais, mois épais. en fuivanc la 


x | Charrue. 
Première 
année. 
xént : 
M) 
eg 
# . 
5 3 
-.6f 
fo vs Z 
nb 
9 SUIS 
(1) don? 
10 neuf bons à 
tranfplanter} 
X1 
12 
13 
3 à (2) de 14 
Y4 } A1 pieds de 
NE » {ur 7 
pouc, de cir- 


ra conférence, 


À L" 


* Première Partié, Chap. 1V. $3 


À quinze & feize ans, il y a eu le même 
fombre d'arbres , qu'à quatorze ‘ans. 724 
Ordinairement, à trente ans, un chêne a , dans 
le femis de qualité médiocre , trente pieds dé 
haut, & feize pouces de circonférence ; il n’en 
refte qu'un par toile quarrée ; ce qui eft fu Mfant 
pour former les ouches d’un bois taillis, méme 
très-ferré. | 
Et comme, dans les Futayés | il faut quatre 
à cinq toifes de térrein , pour nourrir chaque 
grand arbre; on peut, fans exagération, évaluet 
la gerte du bois aux dix-neuf vingtièmes , avant 
qu'il foit tems d'abbatre la Haute-furaye. 


. 


SEMIS DE GRAINES DÉELEICATES,: 
PETITES ET LÉGÈRES. 


QUANT aux Graines léodres € petites , fi l’on 
veut femer uniformément , il eft néceflaire d'y 
méler quelque corps étranger, comme du fable 
ou de l’avoime, cinq ou fix Boïfleaux pour un 
on recouvre avec la Herfe, ou avec un fasot de 
Broffailles. 

Les grands vents portent la graine de Bouleat 
jufqu’à fix cents pas : elle lève affez bien, fans le 
fecours de l’art. 

Pour s’aflurer de la levée des graines délicates, 
comme ceiles du Cèdre , du Mélèze , du Platare, 
du Cyprès, du Mürier, &c. il faur que les femis 
foient tournés au Nord, & abrités du Soleil, foie 
par un mur, foit par des ‘paillafions , aflez hauts 
pour qu'il n'y puille pénétrer; les tenir toujours 
humides , excepté les graines d'arbres verds , 
auxquelles il faur peu d’eau. Ces derniers de- 
mandent à être repiqués dans de petits forts) pref- 
‘qu’en naiflant ; il ne fäur ras corner à lu racine 


54 De la culture du Chéne, 


le rems de prendre l'air : on arrache le plant ave 
fa petite motte , on le replante tout de fuite à 
Jémbre, & on mer le pot dans la térre, Si on 
veut femer en pot, on peut y laiffer fortifier les 
fujets, pour les lever en motte, en verfant le por 
fens dellus deffous. C'eft de tous les moyens, 
qué J'ai mis en ufage , celui qui m’a paru le 
pius favorable à la reprife de ces efpèces d’arbres, 
Quand on les met en place, ils ne foufrent 
point de l'opération ; ainfi l’on gagne , fur l’ac- 
croïiflement , prefque deux années entières , & 
leyr reprife eft certaine, 

J'ai femé la graine de ces arbres, depuit le 
mois de Février, jufqu'au mois d’Août; mais ie 
terms de plus favorable, eft depuis le 15 Mars, 
jufqu’au 20 Mai. | 

Le Terreau des Bois, qui eft le réfultat des 

Jantes, des feuilles & des petites branches d’ar- 
bee dérruites, eft propre à Ja yégération des /£- 
mences délicates : il femble que la fubitance qui 
a üéjà feryi à alimenter les végétaux , @ft plus 
analoÿüe que toute autre à leur nature, & plus 
difpotée à y rentrer & à les nourrir, 

On peur fe fervir auffij de terre, tirée des 
charboñnières , ou d’un. Terreau , compofé avec 
deux tiers de fable noir, pris fous la bruyere ; & 
l'autre tiers, moitié terre franche, & moitié ter- 
reay de vieille couche ; le rout bien mêlé & paf 
fé au crible : énfaite on pofe les graines, & on 
les touvre d’un demj-pouce, feulement, 

Pour arrofer , il faut coucher un Paillaffon fur 
le Semis; puis, avec line poignée de paille, fur 
Jaquelle on ver{e l’eat , On arrafe pen & dou- 
cément. Sans cette précaution, la Graine , pius 
Jégeré que le Terreau, s'élévera au deflus de la 


Prémière Partis. Chap. IV. ss 


furface. Et, quand on eft forcé de fupprimer les 
Paillafons, on arrofe de manière, que la chüte 
de l’eau ne batte point la terre. 

On peut encore couvrir les. femis avec de la 
Mouffe, jufqu'a ce que les graines font prètes à 
lever. 

La Nature cllemême fournit aux femences 
tous les fecours que nous indiquons ici; chûte des 
feuilles pour les recouvrir ; ombrage & fraicheur 
des forêts, &c, | 

Pour retirer les Graines des cônes d'arbres ré- 
fineux , il faut les faire tremper dans l'eau, pen- 
dant crois jours, & enfuire les expofer au Soleil; 
alors ils s’ouvriront. 

11 y a quelques Graines , comme ceile du Pla- 
tane , qu'il faut froifler dans les mains, avec de 
la terre sèche, pour rompre les poils qui les cou- 
vrent ; parce que ces poils retiennent l'humidité, 
& empêchent la terre de toucher immédiatement 
les femences, qui moififlent au lieu de germer. 

Depuis quelques années , le goût des arbres à 
fleurs, des arbres à larges feuilles, & des arbres 
verds, a tellement pris, que les Pépiniériftes de 
Paris, de Tours & d'Orléans, ne peuvent pas 
fournir à la moitié des demandes; ils en envoyent 
dans toutes les parties du monde. 


PEMIS DE) FIN 
Le Pin poufle la coque de fa graine en de- 


hors, & une feule racine herbacée en dedans ; 
c'eft-pourquoi il lui faut un terrein léger , & 
facile à percer. Il réuflit dans le fable prefque 
pur ; mais quand le fable eft fi léger, que le 
vent ou les pluyes peuvent le. tranfporter d'un 
lieu en un autre, il faur, principalement fur les 


6 De la culture du Chêne, 

L A 
coteaux , y femer d’abord du Bouléau, du Ge- 
nét, de l’Ajonc, ou d’autres Plantes, dont les 
racines donnent de Ja folidité au terrein , on ré- 
pand enfuite les femences de Pin, qui réuffiffent 
mieux à l'ombre, qu'expofées à la grande ardeur 
du, Soleil. | . 

Les Pins difpenfent de toute culture, & ne 
font pas fujets à être rongés par les beftiaux, ni 
par les infe@tes, à caufe de leur mauvais goût. 

Les plantes réfineufes font moins fujettés aux 
effets des gelées que les autres, parce que leur 
sève, qui eft huileufe, ne fe gonfle pas comme 
la sève des autres arbres , qui eft aqueufe. 

En muiripliant ces arbres dans des terreins qui 
he peuvent produire autre chofe, on multiplieroit 
les richefles de l’État à peu de frais, puifqu'un 
arpent de Pinade, qui coûte au plus dix à douze 
livres à enfemencer (7), donne, au bout de 2e 
ans, un produit confidérable , par la vivacité de 
fon progrès, fupérieur à celui de beaucoup d’au- 
tres plantations, 

Des la 35° année on peut en faire des Échalas 
pour les vignes; j'en ai abbatu , à l’âge de 8 ans, 
pour brüûlér ; pañlé cet âge, il a une mauvaife 
odeur, & fon écorce pérille au feu ; mais 1l. eft 


» 


très-bon à brüler , fi l’on prend la précaution de 
l'écorcer , & de le laifler fécher deux ans. À 25 
ou 30 ans, il commence à fournir de la réfine : 
on peut , ‘après en avoir tiré un profit annuel 
pendant trente ans, abbatre cet arbre, pour en 
faire du bois de charpente, qui eft d’un trés-bon 
fervice, -"” ; | 
Les Pins font dans toute leur force à 6o ou 


| 


(7) 1 faut do livres de graine par Afrént. 


Première Partie, Chap, I pr . 5? 


%o ans, comme les chênes à 150 ou 200 ans: 
Où peut donc conclurre que les Futayes de Pin 
fonc bien plus avantagenfes aux propriétaires , que 
celles du Chéne ; non feulement parce qu’on peur 
les abbatré deux fois, contre celles de Chêne 
une; mais encore, parce que les Futayes de Pin 
produifent un revenu annuel. Mais, comme nous 
l’avors déjà obfervé, fa terre grafle & forte, qui 
eft la meilleure pour le Chêne, ne peut convenir 
au Pin. 

Il eft furprenant , dit M. Duhamel, que les 
propriétaires des grandes plaines de fable, qui ne 
produifenc que de mauvailes Bruyères, ne penfent 
pas à y planter des forêts de Pm, qui n’exigent 
prefqu'aucune dépenfe. Un. Père de familic ne 
pourroit rien faire de plus avantageux pour fa 
poflérité. 

DU CHATAIGNER. 


L’omBre favorife l’accroiflement du Chétai. 
gner, Par cette raïfon , le Bouleau, qui croît 
encore plus promprement que lui, peur lw étre 
aflocié, jufqu’à ce que le Châtaigner commence à 
fouffrir de fon voifinage. dre 
… Quand on met les Châtaignes dans l’eau, pour 
faire le triage des bonnes , il faut prendre garde 
qu'elles n'ayent pas féché ; autrement il y auroir, 
entre la peau & l'amande, un vuide, qui les fe- 
roit furnager , quoique bonnes pour femences. 

Le Chataigner vient fort gros, & forme de bel- 
les Futayes : les terreins où il fe plair le plus, 
font ceux donc le limon eft mêlé de pierrailles ; 
il fe contente des terreins fablonneux , pourvu 
qu'ils foient humides. II a, de plus que le Ch£é- 
ne, l2 bonté du fruit fl croit une fois plus vice, 


58 De la culture du Chêne. 


vient dans des expofitions & des terreins moine 
bons, & n’eft pas aufli fujet aux infectes. 

On le plante dans les Bofquets d'Été & d’Au- 
tomrie ; On en forme des Maflifs & des Avenues, 
quoiqu'il ait le défaut d'étendre fes branches , & 
de les laifler pendre fort bas. La mauvaife odeur 
qu'il exhale, lorfqu’il eft en’ fleur , au mois de 
Juillet, fair qu’on l’éloigne des habitations. 

Son bois eft très-propre pour la charpente, qui 
n'eft point expofée aux alternatives de l’humide 
& du fec. Ses nœuds font d’une extrême dureté: 
d’ailleurs , il eft facile à travailler ; il eft roide, 
& ne plie guëres fans rompre. 

Quand on à principalement pour objet d’avoir 
de beau bois de charpente , ayant donné trois 
bons Jabours, on forme des fillons, de trois pieds 
de diftance , dans lefquels on efpace les Chärai- 
gnes , à environ dix pouces , & on les couvre d’un 
ou deux pouces de terre; quand les jeunes plan- 
tes ont levé, on les farcle fouvenr. Ce femis, 
tenu bien net, & entrerenu de culture, peur 
fournir de bon plant, au bout de cinq ou fix 
ans ; parce qu’alors il eft à propos de laifler en- 
viron trois pieds de diftance d’un arbre à l’autre. 
Puis, quelques années après, on lèvera un arbre 
entre deux. Quand ceux-ci auront atreint la grof- 
feur du bras, on choifira, entre deux , le plus 
foible, pour l’abbatre ; ia fouche pourra fournir 
de bon recrû trous les dix ans, en méême-tems 
que les pieds vigoureax profiréront en tous fens. 
Cependant, à meiure qu'ils profiteronr, il fera à 
ar de leur donner plus de place, on en ab- 

atra jufqu’à ce qu'ils feront efpacés à vingr-qua 
tre pieds; verrein fuffifant, pour qu’ils acquiérçn£ 
leur parfaice croiffance, 


Première Partie. Chap. IF. ça 


D'U' HET R!IE. 


* CET arbre a, en général, un beau port & 
ün beau feuillage ; ce qui le rend propre à for- 
mer des avenues, ou dés falles d'automne. Com- 
me il eft fufceprible dé prendré diverfes formes, 
fous le croiffant , il eft aufli propre que le Char- 
me , à faire de hautes Paliffades; fon écorce eft 
unie & blanchâtre, Cet arbre, d’une trés-grande 
utilité, croit aflez volontiers dans toute forte de 
terrein , Mais avec plus où moins de promptitude , 
felon que le fol lui eft approprié ; il croit plus 
Vire, & devient plus beau, dans une terre légère 
& humide. On le voit réuflir dans le fable, & 
fur, le fommét des montagnes. Quoiqu'il fourniffe 
un bois dur , il croît cependant fort vite , même 
du double plus promptement que le Chêne ; ce 
qui eft digne de remarque : car on obferve en 
général , qu'il y à un rapport entre la durée de 
l'accroiffemenr & la duréré des bois. À foixanre 
ans , il commence à dépérir; quoiqu'il groffifie 
alors à l'extérieur , pendant quelques années, 11 
fe corrompr dans l'intérieur, fur-cour fi l'eau 
trouve à s’y infinuér. 

1 reprend très-facilement , & mieux encore 
quand on le tranfplante jeune ; il eft fujer à pen- 
cher fa têre , lorfqu'il eft d'une hauteur difpro- 
portionnée à fa grofleur ; il fauc l’érayer contre 
la violence des vents, & les pieux , dont on fe 
fert pour le foutenir, doivent toujours être plantés 
du côté du Sud : en cet état , ils rendent un 
double fervice à l’Arbre , attendu que les vents 
du nord , même dans les climats froids, ne font 
point aurant de tort aux arbres rouvellement 
plantés, que le Solcil du midi, en Eté, 

1 


60 De la culriré du Chêne. 

Le bois de Hêtre, dont on fait ufage pour 
un fi grand, nombre de chofes utiles, comme 
nous aurons lieu de le dire, lorfque nous indi- 
querons à quoi chaque efpèce de bois eft pro- 
pre, pourroit même être fubftitué au Chéne , 
dans les pays ou celui-ci manque, fi on pouvoit 
trouver un moyen de le préferver des vers. La 
diferte du Chêne à fourni aux Anglois la pre- 
micre idée d’y fubftituer un autre Bois. Le Hé, 
tre, qui eft un des plus beaux arbres , & dont 
le bois eft dur, artira l'attention de quelques uns 
de leurs Phyficiens prariques ; ils râchèrenc de 
découvrir l’origine du ver auquel le bois de Hé:- 
tre eft plus fujer qu'aucun autre, & un moyen 
pour l'en garantir. Leurs recherches ne furent 
point inuviles : Ellis, dans fa préparation! des 
Bois de charpente , indique les moyens propres 
à garantir ce bois des vers; il a obfervé que. les 
bois étoient d’aurant plutôt: atraqués par les vers, 
qu'ils contenoïient plus de sève ; il a donc cher- 
ché à faire fortÿr la sève du Bois, & il y a 
réufh , en faifant tremper le bois de Hêtre dans 
l'eau. On garantit aufi ce Bois, des vers , en 
Jexpofant à la fumée , ou en le brülant exté- 
rieurement, jufqu’à ce qu'il s’y forme une légere 
croûte noire. En réunfflant ces méthodes, pour 
Ja préparation de ce Bois, il peut devenir pre- 
pre alors pour la Charpente, & dans l'air, & 
dans l’eau : honneur qui, au rapport d’Elus, lui 
a été effetivement décerné en Angleterre. 

D PAT ELLE OU 
Comme les Tilleuls font rès-long-rems à 
venir de graine, on Îles mulciplie, en coupant, 
prés de verre, un gros Tilleul; la Souche pouffé 


\ 


Première Partie, Chap. IV. 6x 


ntité. de jets-vigoureux , qu’on recouvre: de 
6 ils prennent raciné , & donnent d’excellent 
Plant ; on appelle’ alors cette Souche , Souche- 
mère. Ces Arbres fe plaifent principalement dans 
lé tèrres qui ont beaucoup de fonds , plus lége- 
res que fortes, & qui font un peu, humides : celui 
qu'on connoîft fous le nom de Tï/leul-de- Hollande 
eft un des Arbres les plus eftimés : il fait l’or- 
nemienr des Promenades , des Jardins & des 
Bofquets , par fon port gracieux , par la docilité 
avec laquelle il fe prête à routes fortes de for- 
mes, par fon odeur douce , lorfqu'il eft en fleur, 
& par fon bel ombrage, À 


<'\U IS PE 


= «tk * 
17 NN 
LOT 


MÉLANGE DES ESPÈCES, 


E N général, 1l faut évier de mettre enfem- 
ble les arbres qui ne fe conviennent pas. Les 
uns prennent leur nourriture à la fuperficie , Les 
zutres au fond du fol; ainfi les Chênes, les Pins, 
les Hètres, qui, tous , jettent de profondes faci- 
nes, n'aiment pas à fe trouver enfemble, 

Les Efpècés qui croiffent promptement , ne 
doivent pas être mêlées avec Îles efpèces qui ont 
une production lente , parce que ceux qui domi- 
nent étouffent les autres. Ainf le Frêne, le Cy- 
près, le Noyer ne pourroient RE avec le 
Châtaigner, le Bouleau ou le Cérifer. 

Il eft des Efpèces, qui ne réuffliflenr jamais en 
Furaye, comme le Noyer. 

Ces principes généraux ne m'ont cependant pas 
empêché de”méler les Efpèces ; dans l'intention 
où j'étois de détruire celle qui réuffroit Je moins. 
Voilà les motifs qui m'y déterminoienr: 

Four le monde convient qu'on doit obferver 
l'expofñtion des Semis; mettre au Levann & au 
Midi le Chêne, le Pin, & autres Efpèces,, qui 
pouffent tard, par la raifon que ces deuxæxpo- 
firions font fujettes aux gelées du Prinrems & de 
FAutomne; les jeunes poufles d’arbres les plus 
précoces, qui, la nuit, auroient fenti la rigueur 
du froid, & qui font enfevelies dans l'herbe, plus 
humide que l'air, feroienc grillées par le foleil 
du matin : la sève étant dilatée & interrompue 
brufquement , le pied rifqueroit de périr, fi l’on 
n’avoit pas foin de le receper ; ce qui n’eft pas 
pratiquable dans les Semis de grande étendue. 


: 


‘Première Partie. Chap. V. 63 


Par {a même raifon, on doit mettre au Nord # 
& au Gouchant les Efpèces qui font hâtives. 

Cette précaution devient fouvent de la plus 
grande utilité. Mais tous les ans il ne gêle pas 
dans ces deux faifons ; routes, les gelées ne por- 
tent pas un coup mortel; &, une fois que les 
jeunes Arbres ont atteint de la force & de l’élé- 
vation , ils réfiftent à l’intempérie des faifons. 
Pourquoi donc ne pas aflocier le Hètre, qui eft 
une ‘Éfpèce hâtive , avec les Efpèces tardives, 
qu'on met au Levant & au Midi; & le Chêne, 
avec les Efpèces qu'on met au Nord? 

Je l'ai fait fouvent : il en eft réfulté que j'ai 
perdu quelquefois une Efpèce entière ; mais les 
autres ont fubfifté. Quand j'ai été aflez heureux 
pour ne pas éprouver l'accident des gelées, & 
Jorfque mes Arbres ont pu fe foutenir par euxz 
mêmes , j'ai confervé l’Efence la plus convena- 
ble & la plus nombreufe , en faïfant couper à 
pied tout ce qui n’étoit pas cette Efpèce : je re- 
tirois de cette coupe un produit quelconque , & 
l'ombrage avoit bientôt détruit les perites fou- 
ches, qui reftoient dans la terre. De certe façon, 
je me fuis procuré un Bois de Chêne, à l'expo- 
fiction du nord, où les autres n’auroient eu qu’un 
Bois de Hêtre ou de Pin. s 

Cela m'étoit d'autant plus facile , que j'avois 
femé fort épais. - 

Un autre motif pour moi, de mêler les Ef- 
pèces , c’eft qu'étant à porrée de vendre le jeune 
plant , il eft rare qu'un Particulier , qui en 
achète , fe contenre d’une feule Efpèce : ceux à 
qui j'en cède, ont, comme moi, du cerrein fort, 
du cerrein léger , du terrein fablonneux ; ils 
trouvent , dans mes mélanges , tout ce qu'ils 
peuvent défirer, 


64 De La. culture du Chênes 


Maintenant on fent affez que ceux qui -onË 
” änrention d’abandonner à Ia nature Les Bois qu'ils 

sèment , fans leur donner aucune efpèce de fecours, 
& ceux qui forment des Bois, dont ils ne. veu- 
lenc tirer aucun Arbre pour tranfplanter , ne doi- 
vênt pas me fuivre en cela; mais bien tout ce 
que j'ai qbfervé, quand aux différentes qualirés 
& expofitions du Sol , & à l’ancipachie des diffé 
rentes Efpèces. | 
"Avant de quitter cet Article , j’ajoûterai ici 
un phénomène , qui tient à l’Hifloire naturelle , 
& donc je n’ai pu imaginer la vérivable caufe. 

Des Bergers | en faifant cuire les œufs de 
Pâques, murent lé feu, il y a environ 40 ans, 
dans la Forêt de Chdteauneuf, firuée entre l’Aui 
vergne & le Limoufin , où il n’y a d’autre Bois 
que le Hêtre : l’incendie en détruifit environ dix 
Arpens. 
|. Le Seigneur du lieu ne jugea pas à propos de 
rérablir cette partie dé forêt, quoique d’une Ef£ 
fence qui poufle rarement du recrû de fouche ;. 
il {e contenta d’en faire exploiter les débris. 
7 Le pays, abandonné à la nature , fu bientôt 
couvert de Broflailles , à travers defquelles on 
vit fortir, quelques années après , une infinité de 
petits Chênes, dont l’eflence a rendu cetre partie 
bien plus précieufe qu’elle n'étoir ci-devant. l 
“En ‘voyagéant dans les environs , je voulus 
voir par moi-même une chofe auf extraordinaire. 
Je-vis en effet une vafte Forêt, divifée en trente, 
Coupes , au milieu de laquelle, à peu près , cft. 
un canton, de forme irrégulière , telle que le’ 
féu lauroit tracée, couvert de beaux Chênes ,. 
tous du même âge. 
” Les Riverains m'aflurèrent que le fait étoit tel 
Mi) 23:3203 3e que 


+ 


Première Partie, Chap. PV. 65 


que je l'ai rapporté ; ils fouillerent avec une 
- pioche , pour me montrer les charbons , qui fe 
Bu confervés à la fuperficie de la terre ; &, 
depuis cette époque, on a donné, à cette partié 
. de Forêt , la dénomination de Boëis-brule. 

Voilà donc une Forêt qui, de tems immémb- 
rial, fournit des Coupes réglées, confervant conf. 
tamment leur Efence. 

Une partie de cette Forêt vient à brûler ; elle 
change de nature. 

On ne peut pas dire que les Glands ayent été 
femés apres l’incendie , ou jettés dans les Brof- 
failles : on ne voulut pas en faire la dépenfe ; 

Ou tranfportés par les Oifeaux , &c. l'étendue 
eft trop confidérable , pour admettre cette fup- 
pofition : il n’y avoit même aucun Chêne dans 
tous les environs ; | 

Ou conférvés-dans la terre : le feu n’avoit-il 
pas pénétré trop avant ? Ces Glands étoient-ils 
là, avant que le Hétre y eût pris croiflance ; par 
conféquent., depuis un rems trop reculé , pour 
conferver la faculté de produire ? 

Dira-t-on que ces jeunes Chênes étoient des 
rejettons d’anciens Arbres coupés, dont les raci- 
nes ont refté dans l’ination , pendant qu’elles 
étoient couvertes d’autre bois ? Cela paroît con 
traire à la nature des chofes. 

Et pourquoi ces Glands , ces rejettons n'au= 
roient ils pas paru, lorfque , tous les 30 ans, on 
abbatoit les Hêtres ? 

Telle que foit la caufe de ce changement , il 
faudra toujours l’attribuer au mélange des Semen- 
ces, qui fut fait dans l’origine , lorfqu’on fema 
cette Forêt, ou lorfque la nature la produifit. 
Le Sol & la Températuré auront été alors plus 


66 De La culture du Chêne. 


favorables aux Hêtres qu'aux Chênes. Ces prêt 
miers , qui, d’ailleurs , croiflent naturellement 
plus vîte, auront pris le deflus; mais , ayant été 
tout-à-coup détruits par le feu, les Chênes, dé- 
gagés enfin de leurs vainqueurs , auront paru à 
leur tour, & fe feront élevés fur les ruines de leur 
empire. 

Cer évènement, bien certifié, & qui n’eft pas 
fans exemple , prouve qu'il eft des cas où il y a 
de l’avantage de méler les Efpèces | & de femer 
épais. 


63 


CHA" PTE RER PVR l 
CULTURE DES JEUNES ARBRES SEMÉS. 


Ous les Écrivains recommandent de 1a=° 
bourer les Semis : ils donnent les dimenfions 
requifes , pour facilirer les labours. 

Tous recommandent aufli d’élaguer les Ar- 
bres , & de les receper après les gelées , où 
lorfqu'’ils languiflent. 

Ces préceptes font très-bons pour les Pépi- 
niéres, & pour les Bois d'agrément, & de pe- 
tice étendue. J’en ai ufé, avec toute forte de 
fuccès , tantôt en les labourant en plein avec la 
Charrue ; tantôt en les labourant au pied, fépa= 
rément , avec la Bèche. 


LABOURS. 


Les Labours profitent effeétivement aux Ar: 
bres, en ce qu’ils les garantiflent des plantes , 
qui leur dérobent le fuc de la terre, en dedans, 
& les privent , en dehors, des petites pluyes & 
rofées, qui contribuent beaucoup à la végétation ; 
ils rendent , d’ailleurs , la terre plus facile à étre 
pénétrée par les racines , & par les influences 
de l'air. , 

Les terres chaudes & sèches , doivent être 1a- 
bourées peu de tems après la pluye, ou pendant 
la pluye ; & les terres humides & fortes , en 
tems fec. L 

Dans les afpeds fujets aux gelées du mois de 
Mai, il ne faut Llabouter qu'au mois de Juin. 
Une terre labourée exhale beaucoup plus qu’une 
autre ; les exhalaifons s’arrêcenc fur les boutons & 
fur les feuilles , & ,. venant à geler, les font périr. 


E ij 


68 De la culturè du Chêne. 


Les Anglois, qui ont commencé plûtôt que 
nous à cultiver le Chêne , parce qu'ils en ont eu 
plutôt befoin, font très-portés à labourer leurs 
Semis & leurs Plantations ; ils n’ont rien épargné 
pour élever de beaux Arbres ; ils entrent dans 
les plus grands dérails fur ce point. Mais M. de 
Buffon a démontré, après avoir mis leur méthode 
gn pratique, que la culture de quelques Arpens 
de pays, telle que les Écrivains Anglois (8) la 
prefcrivent, lui avoit coûté, dans l’efpace de dix 
années , plus que ne lui auroit coûté le fond de 
la même quantité d’Arpens, couvert de Bois de 
Haute-furaye. 


REC.CEPAGE. 


LorsqauE les jeunes Plants ont été gelés, 
ou incendiés ; lorfqu'ils périflent en cime , & 
repouffent du coller , à caufe de la mauvaile 
qualité du terrein; lorfqu'ils ont été abbroutis 
par les Beftiaux , ou brifés par la grêle ; il de- 
vient néceflaire de retrancher la partie viciée : il 
faut donc les abbatre à raze-terre : c’eft ce qu’on 
appelle receper. Après cette opération , il fe dé- 
xeloppe des Jets mieux conftitués. 

. C’eft au mois de Février ou de Mars, qu'on 
doit y procéder, & prendre garde de ne pas 
ébranler les racines. Les ouvriers appuyent le 
fabot contre le pied de l’Arbre ; ils tirent à eux 
Ja cîme de fa cige; & , avec une ferpette bien 
éranchante , ils la coupent, en bec de flûte, le 
plus près de terre qu'il eft poffble. 

Quelques cultivateurs recepens  indiftinétement 
tous les Bois. Voilà le rafonnement fur lequel 
is fe fondent. 


(8) MM, Miller, Épelyn , es 


Première Partié, Chap. WI, 69 


Dans les premières années, difent-ils ,: lac- 
croiflement du Plant va toujours en augmentant ; 
mais, le plus fouvent, dès la cinquième années, 
il cefle cout-à-coup. II faut faifir cet inftant pour 
le receper. L'arbre étant coupé, toute la sève fe 
porte aux racines, en développe les germes : de 
tendres & herbacées qu’elles étoient, elles de- 
viennent fortes, & pénétrent dans le terrein; il 
fe forme une grande quantité de Chevelu , d’où 
partent autant de fucçoirs : l’Arbre pompe abon- 
damment des fucs nourriciers ; &, dès l’année 
fuivance , il donne un jet plus vigoureux, & 
plus élevé , que ne l’étoit l’ancienne tige de cinq 
ans. Par cette méthode , facile & peu coûteufe, 
on fupplée aux labours , & on accélère de plu- 
fieuts années le fuccès d’une Plantation. 

Je ne fuis pas de cet avis. Je penfe, au con- 
traire, que , plus un Arbre a de feuilles & de 
branches, plus il fait de racines ; c’eft ce qu’on 
voit dans nos Efpaliers, dans les Hayes, dans 
les Paliffades , qu’on taille tous les ans ; les ra- 
cines de ces Arbres & Arïbrifleaux , font en pro- 
portion du peu de Branches qu’on leur laifle; 6 
tout le monde fait que les Racines pouflent avant 
les Bourgeons. 

Dans un fonds, même de médioëre qualité, 
le Plant, qui fe montre languiflant, prend pref- 
que toujours, de lui-même, au bout de quelques 
années , une grande vigueur. , 

Il faut être réellement dans les cas que j'ai 
mentionné ci-deflus, pour en venir au recepage. 

J'ai laiflé agir la Nature, dans mes grandes 
entreprifes, & j'ai obtenu, malgré mon ina&ion, 
de beaux & bons Arbres. & 

Les, Genêts , la Bruyère { les Ajoncs, Les 


70 De la culture du Chêne. 


Ronces , la Fougère , les Houx, tout a enfin 
difparu dans mes Bois, femés épais. J'ai remar- 
qué même, que ces Plantes ne contribuent pas 
eu à l'élévation des jeunes Arbres, qui prennent 
infenfiblement le deflus. Tel canton de Bois, 
qui étoit impénétrable à dix ans, étroit net à 
quinze ; dans l’efpace de cinq années, les plantes 
annuelles & les arbrifleaux étoient réduits en ter- 
reau, au pied des Chênes. 

Quand aux Bouleaux, & autres Bois blancs , 
qui naiflent très-épais dans les Semis, lorfque le 
vent y a porté la graine, j'ai été obligé de les 
couper à pied, lorfqu’ils commençoient à domi- 
ner; comme ils croiflent naturellement plus vite 
que les bois durs , ils les auroient immanquable- 
ment étouflés. 

Certains cantons, cependant, dont je n’avois 
pu préparer la terre de longue-main , ne me 
promettoient qu’une reflource très-éloignée , à 
caufe de ces plantes étrangères , qui couvroient 
tout le terrein. J'ai cherché long-tems le meilleur 
moyen de les détruire, & d'accélérer l’accroifle- 
ment du Bois : je n’ai rien trouvé de mieux , 
que de mettre le feu dans les jeunes Semis , cou- 
verts & étouffés par les plantes vivaces : remède 
violent, mais plus sûr, plus général, plus facile 
& plus expéditif, que tous ceux que j'avois ci- 
devant mis en ufage, ou que je voyois être indi- 
qués par les Auteurs, 


METTRE LE FEU DANS LES SEMIS 
MAL-VENANTS. 


Le tems le plus propre à cette opération, ef 
le commencement de Mars ; les vents fecs régnent 
prdinairement à cette époques 


Première Partie. Chap, VI. 71 


Quand on fe décide à l’employer, il faut uieg 
de la plus grande précaution. 


MOYEN D'EN ARRÉTER LES PROGRÈS. 


JE fuppofe que la partie à brûler foit au nord 
des autres parties du Semis ou des héritages voi- 
fins, & que le venc foit nord , comme il left 
ordinairement à l’'Équinoxe du Printems ; je com- 
mence à brûler peu-à-peu tout le long des parties 
que je veux réferver incactes, en n’expoiant cha- 
que fois aux ardeurs du feu, que quelques toiles 
quarrées , prenant toujours du côté du midi, & 
l'oppofé du venc, & ne portant le feu dans une 
feconde petite partie, que quand il eft éteint 
dans la première : ainfi de fuie, jufqu'à ce que 
Jaye mis aflez d'intervalle. 

Cette opération partiaire étant faite, je porte 
le feu à l'extrémité du canton à brüler , fans 
craindre qu’il pafñle la limite que je lui ai pref 
crite au midi; dans moins d’une heure le feu, 
dirigé par le vent, parcourt une grande étendue. ! 

Par ce moyen , on maïîtrile cet élément : au 
lieu que fi on lemployoit, du premier abord, 
au bout du canton qu’on veut brüler, & dans la 
direction du vent |, on n’en feroit plus le maître; 
il gagneroit le Bois qui n’a pas befoin de cette 
opération , &, de proche en proche, il s’éten- 
droit même au delà de la clôture, jufqu’à ce 
qu'il ne trouveroit plus à s’alimenter. 

Si, malgré toutes ces précautions , le vent 
portoit au loin les bluettes , & que le feu fit de 
trop grands progrès, on peut l’éteindre avec de 
longues perches , en battant fur les matières en- 


flammées , [& avec de la cerrei, aufli bien qu'avec 
de l’eau. | 


| En 


‘ 


72 De La culture du Chéne. 


Cette pratique a un avantage , que n’auroit pas 
le labour, en ce qu'elle détruit jufqu’à la graine 
des mauvaifes plantes , qui pourroient être fur les. 
tiges, ou tombées fur la terre; mais on ne peur 
s’en fervis dans les Semis où il y a des Pins ; 
Sapins & autres Arbres réfineux ; car la lüpare 
de ces Abres périffent dès qu'ils ont BR leur 
tige, | | 
: On peut m'oppofer les défenfes portées par 
lOrdonnance » d’allumer du feu dans les Bois, 
» en quelque faifon que ce foit, » 

Il eft vrai que les Ordonnances font précifes à 
cet égard ; elles prononcent même des peines 
corporelles contre ceux » qui portent & allument 
» du feu dans les Forêts du Roi, des Commu- 
» nautés & des Particuliers. » Cette Loi a été 
jugée néceflaire, pour contenir les Pâtres , les 
Charbonniers & les Incendiaires volontaires. 

Mais l’intention du Législateur auroit-elle été . 
d'interdire l’ufage du feu chez foi, confdéré 
comme remède , & feul moyen , dans certains 
cas, de donner de la valeur à fes Bois P 

Nous ne faurions nous le perfuader. Ce n’eft 
ni l’efprit, ni la lettre de la Loi. 

IL né, faut pas taire, cependant que ces peines 
auroient lieu, ou du moins la condamnation aux 
dommages & intérêts, contre les particuliers qui, 
ayaat allumé du feu dans leurs propriétés, le 
laifferoient. échaper dans les propriétés voifines ; 
c'eft-pourquoi nous avons indiqué le moyen d’en 
arrêter les progrès dévorants. 

Si le feu laifle des tronçons d'arbres un peu 
gros ; ce qui arrive , lorfque le Semis a acquis 
Un certain âge , il faudra Îes couper , avec un 
fer bien tranchant , près de verre : le bois , qui 


Première Partie. Chap, VI, 73 


pouflera avec vigueur , s'emparera pour toujours 
de tout le terrein. 

J'ai eu occafion de voir incendier de jeunes 
Bois , dans plufieurs faifons de l’année , qui, 
ayant été recepés , poufloient vigoureufement , à 
la sève d’Aoùr, ou à celle d'Avril, & faifoient 
un recrü , aufli fort que s’ils avoient été abbarus 
en faifon convenable. 

On employe , dans la Guyenne , un moyen 
bizarre , mais le feul, peut-être, qui foit capa- 
ble d’arréter le progrès des flammes dans les 
Forêts de Pin. Lorfque le feu prend à ces arbres, 
trés-combuftibles , quoique verds , les habitants 
le portent exprès dans un canton voifin, & l’allu- 
ment le plus promptement qu’il leur eft poffible. 
Alors il s'établit une communication entre les 
deux foyers, qui attire toutes les flammes an 
centre; &, dès le moment que l’attraétion eft éra- 
blie, l'incendie cefle dans la circonférence. 


l 2/8 ’ 
HR dira, s fi. 


FRS NS 


es Ji ts at # 
a: qu “2h sr | 
NX Wars Rl 

" vo te) XL à 


LM 


& re 
2 PS Lt 


75 
A 
EE 
—"DyusS — — 4 
ñ Je Se Se Se ske ke Se À 
A L'ÉRACAECER 4. a 
4 nt at an nn 7 ee «> ” il 
HART ea PA A APT - 
ATP TRE 
CE EC UE EE 
HA 


PDA L OU LEUR E 
DU CHENE. 


NE Er 
SECONDES F AT LE. 


CHAPETRE PREMFER, 


TERREIN CONVENABLE POUR PLANTER 


Î: ne faut pas moins de difcernement dans le 
choix d’un bon Terrein, pour planter, que dans 
le choix d’un Terrein pour fémer. Ce Terrein doit 
même être en quelque façon plus analogue à 
J'efpèce des arbres , parce qu'il entre plus d’art 
dans la plantation. 

On a vu combien il eft facile de fe procurer 
des fujets. On peut calculer, à peu-près, la dé- 
penfe des Semis; elle eft proportionnée aux diff- 
cultés locales , qui fe rencontrent ; mais bien 
moindre que quelques perfonnes ne l’imaginent, 
& toujours inférieure aux efpérances qu'on a droit 
d’en concevoir. 

Quant à la Plantation ,f c’eft autre chofe. Il en 
coûte plus qu'on ne penfe , pour planter avec 
coutes les précautions requifes, 


76 - De la culture du Chêne. 


S'il s’agit de l’ornement des Maiïfons de cam- 
pagne , tel que les Bofquets, les Avenues, &c. 
on eft obligé de planter. S'il s’agit de clorre des 
Champs éloignés , qui longent les chemins pu- 
blics, on eft encore obligé de planter ; & même 
de planter dans un Terrein dont on ne fait pas 
choix , parce qu'il eft indiqué ou limité : alors il 
ne faut rien négliger, fi l’on veut en avoir de la 
fatisfaction. | 

À l'égard des Parcs, Garennes & Comparti- 
mens en grand , qu’on exécute ordinairement en 
plantation, je penle qu’il vaut mieux femer ; on 
jouira un peu plus tard de lagrément qu’on cher- 
che , mais on fera amplement dédommagé du 
retard , par une dépenfe & un entretien moins 
confidérables, & par la beauté & [a valeur des 
Arbres ; fur-tout s'ils font à racine pivotière 
parce qu'il eft rare que ceux qui ont fubi [a 
cruelle opération de larrachement , deviennent 
auffi beaux que ceux qui ont levé fur place. Je 
confeillerois donc de femer avec la bèche, à 
diftances égales, fur toures les lignes du com- 
partiment & de femer les maflifs en plein. 

Les arbres , qui font fur les lignes , pourront 
être annuellement labourés & élagués , pour leur 
donner, dès le principe , une belle forme. Le 
peu qui manquera, peut être facilement rempla- 
cé, Tout ce qui eft dans l’intérieur peut fe pafler 
de ces fecours ; avec Le tems, les arbres viendront 
tous d'égale beauté. | 

Il eft vrai qu’en fuivant cette méthode, les 
arbres des maflifs ne feront pas en allignement ; 
car, tel foin qu’on prenne , pour percer un Bois 
femé, on ne réuflit jamais à le faire parfaitement; 
la plüpart des arbres fe trouvent hors de la place 


»p «4 


Seconde Parti. Chap. I. 77 


qu'indique la mefure, & l’œil eft privé d’un de 
fes principaux agrémens. Ceux qui tiennent à cer 
allignement, pourront femer les maflfs à la bèche 
& au cordeau , tout comme les lizières. 

C'eft de rous les tems, que l’allignement des 
arbres a flatté la vue ; les auteurs qui ont écrit 
de l'Agriculture, & ce font ceux de la plus haute 
antiquité , confeillent d’efpacer également les ar- 
bres ; ils donnent les moyens de mefurer & de 
compafler les champs. | 

Outre l'agrément , on y trouve un vérirable 
objet d'utilité , en ce que tout le terrein eft 
couvert également ; chaque pied d’arbre y reçoit 
une nourriture égale, & y acquiert une croiflance 
uniforme : tout y eft à profit; point d’arbres trop 
preflés ; point de clairières ; & , en général, 
beaucoup moins d’arbres défectueux. 

11 y a bien des chofes à obferver , pour planter 
avec fuccès. | 

Suppofons d'abord qu’on eft décidé fur l’efpèce 
des arbres qui convient au terrein, & qu’on fait 
où les prendre ; la première chofe à faire, eft 
de préparer le terrein. 


PRÉPARATION DU TERREIN, 
POUR PLANTER. 


Les Cultivateurs prétendent qu’il eft bon de 
faire les trous un an avant , afin que les pluyes 
& le Soleil puiflent, par leurs influences diverfes, 
fertilifer la terre qu’on laifle fur les bords. Les 
gelées, en augmentant le volume de l’eau, dont 
le terrein eft pénétré, divifent puiflamment la ter- 
se & lui donnent une excellente façon ; elles en 
cuifent, pour ainfi dire, les mottes ; c’eft pour- 
quoi , lorfqu'il furvient enfuite de lhumidité, ces 


78 De La culture du Chêne. 


mottes fufent , en quelque manière, comme de 
la chaux, & fe réduifenr en poudre fine. On fent 
aflez que cette méthode ne peut qu'être avanra- 
geufe; elle eft, pour la plantation , ce qu’eft le 
labour pour le Semis. 

Qu'on creufe les foffes un an avant, ou l’an- 
née même de la Plantation, il eft indifpenfable 
de les proportionner à la grandeur des arbres, & 
à l'étendue de leurs racines. 

La première fois que je plantai, je fîs prati- 
quer , fuivanc l’ufage établi dans mon canton, 
des trous, de place en place, d'environ un pied 
en quarré, fur un pied & demi de profondeur , 
pour y planter, des chênes de deux pouces de 
diamètre , fur dix pieds de tige. 

Je ne tardai pas à reconnoître que ces trous 
étoient trop profonds & trop étroits ; il falloit 
replier les racines , qui débordoiïent; ce qui eft 
une trés-mauvaife méthode. Sur cent arbres , il 
en reprenoit huit ou dix, qui ne tardoient pas à 
périr. 

J'imaginai qu'un arbre doit réuflir en raifon 
de la terre qu’on remue pour le planter ; je re- 
marquai même que, dans les remblais des Rou- 
ces , les arbres croifloient avec une rapidité in- 
croyable , tandis que ceux de même efpèce , 
plantés en même tems , dans le terrein uni, ou 
dans les déblais , faifoient très-peu de progrès. Je 
fs donc faire des fofles plus grandes : une fouille 
de trois pieds en quarré, fur un pied de profon: 
deur ( ce qui fuppofe neuf pieds quarrés de terre 
remuée } me parut néceflaire pour un arbre de 
moyenne groffeur. 

Il eft inutilé de fouiller au deffous du premier 
lit de terre, quand il à l’épaifieur d’un pied, 


Séconde Partie, Chap. I. 79 


ais lorfqu’il n’a que fept à huit pouces, comme 
il eft rrès-ordinaire , il convient de creufer plus 
bas , pour extraire les pierres ou la terre ftérile, 
& d'y fubftituer de la terre franche , fans pour 
cela planter l'arbre plus pronfondément; car, plus 
la foffe eft profonde , plus il faut le planter à 
la fuperficie, parce que la terre s’aflaifle & en- 
fonce l’arbre , le taflement ordinaire eft de deux 
pouces par pied. 

Si l’art pouvoit imiter la nature , nous plante- 
tions tout-à-fait à la fuperficie : ne voyons-nous pas 
que les arbres , qui naïflent naturellement, éta- 
bliflent leurs racines latérales dans la meilleure 
terre, qui eft toujours la plus près de la fuper- 
ficie ? la chaleur & l'humidité, qui font les deux 
agents de la végétation ne fauroient pénétrer à 
une grande profondeur. 

En plantant, nous ne pouvons pas fuivre tout- 
à-fait la marche de la nature : les vents ou les 
beftiaux auroient bientôt renverfé nos arbres, fi 
nous ne les arrétions pas par le pied; & la fèche- 
refle les feroit périr , fi nous ne couvrions pas 
exatement leurs racines. 

Pour tenir un jufte milieu, & pour parer aux 
inconvéniens , j'ai crû qu'il falloit planter très-près 
de la fuperficie , & fixer les arbres, jufqu'à ce 
qu'ils ayent fait des racines capables de les rete- 
nir; foit par un foflé, s’ils fonc de près en près; 
foit par une butte de terre , élevée au pied de 
chacun , féparément , s’ils font éloignés ; en ob- 
fervant de prendre la terre loin du pied de l’ar- 
bre , & plutôt du côté du nord, que du côté 
du midi, afin de garantir les racines de l’ardeur 
du Soleil : foit par un pieu , fiché en terre, 
au'on lie avec l'arbre , en mettant un peu de 


Lo De La culure du Chêne. 


moufle ou de paille dans l'endroit où portent les 
‘liens, pour empêcher le frottement : foir en armant 
les arbres d’épines, pour les garantir de l’appro- 
che des beftiaux. On peur choifir la manière la 
plus commode; mais un de ces moyens devient 
indifpenfable , fans quoi les arbres font agités, 
tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, jufqu’au bout 
de leurs plus petites racines ; ce qui fufhroit pour 
les empêcher de reprendre. 

Pour garantir les jeunes arbres plantés , des 
“ardeurs du Soleil & de la dent des animaux , il 
eft utile de faire un cordon ‘de paille, gros com- 
me le pouce, & d’en enrourer les arbres depuis 
le pied jufqu’aux branches, fans trop ferrer la 
tige ; l'écorce fe conferve très-fraiche , & l'arbre 
n'eft point gêné dans fes progres. 

S'il s'agir de défendre un arbre précieux , on 
peut enfoncer , à un pied du tronc, trois ou 
quatre forts pieux , fur lefquels on lie de fortes 
traverfes, & on remplit l’intervalle d’épines sèches’; 
les arbres, ainfi garantis, ne peuvent être endom- 
imagés par aucune efpèce de bétail. 

J'ai mieux appris la bonne manière de planter, 
en arranchant des arbres , qu’en les plantant. 

J'ai eu fouvent occafion de faire arracher de 
jeunes arbres, qui avoient péri, & d’autres, que 
les malfaiteurs avoient coupé, & dont la fouche 
repoufloit , ou de changer de place des arbres 
vifs, plantés depuis peu d'années. 

C'eft alors que j'étois à portée d’examiner 
quelle éroit la véritable caufe de leur morts 
quelles éroient les racines les plus aétives, quelle 
longueur il fauc leur laifler , &c. ce que je dé- 
duirai à proportion que nous avancerons. 

Mais une remarque, qui m’a principalement 
| frappé ; 


rs 
Le 


Seconde Partie. Chep. I. 8x 


frappé; c’eft que tous les arbres, qui avoient été 
plantés trop profondément , ou qui avoient été 
enfuite furchargés de terres, cefloient de prendre 
de l’accroiflement : ils végétoient , & fe cou- 
vroient tous les ans de feuilles; mais ils languif- 
foienc dans courtes leurs parties ; j'ai vû , après 
avoir fair arrachèr ces arbres, que leurs racines, 
trop balles, reftent dans le même état où ellès 
étoient lors de la plantation ou du réhauffement 
des terres; tellement que j'y reconnoiflois encore, 
au bout de trente ans, les coups de ferpette. 
Il fe forme , à fleur de terre , un aurre lit de 
racines , qui fubftantent l'arbre, mais qui, n’é- 
tant pas à leur place, & ne pénétrant pas, juf 
qu'au cœur de l'arbre , font incapables de lui 
fournir. une nouriture abondante. | 
Il ne ‘faut pas croire que le pivor, qui dese 
cend quelquefois à une profondeur confidérable , 
oit fufhfant pour donner à l’arbre toute la sève 
qui lui eft néceflaire , & que plus ou moins de 
profondeur foic indifférente. Le pivot, qui croît 
ÉD les premières années , pour affermir 
J'arbre |, & pour entretenir fa fraicheur, cefle de 
croître fenfiblement, dés que les racines horizon- 
cales fe font aflez étendues au deffous de la fü- 
perficie du terrein, pour procurer à Vlarbre la 
folidité & la nutrition. G 
Cette obfervarion, que chacun eft à portée de 
faire fur des arbres , plantés à une profondeur 
exceffive , fuffroit fans doute | indépendamment 
des autres raifons que j'ai rapportées, pour pér- 
fuader qu'il faut donner peu de profondeur aux 
racines horizontales des arbres que l’on, plante. 
Quand j'ai voulu planter des arbres à peu de 
diftance {éntr'eux , à une coifé par éxemple, la 


ê2 De la culture du Chêne. 


terre des trous, que je faifois faire de trois pieds 
quarrés , pouvoit à peine fe ranger au tour ; elle 
retomboit dans le trou, & géênoit , lorfqu’on 
vouloit approcher pour planter; ces trous étoient 
efpacés plus les uns que les autres, ou leur mi- 
lieu ne fe trouvoit pas exactement fur la ligne 
de disedion quoiqu'exaétement marquée fur le 
rerrein. 

Ces inconveniens m'ont fait imaginer de fof- 
foyer à tranchée ouverte. 


PLANTER A TRANCHÉE OUVERTE. 
AVANTAGES DE CETTE PRATIQUE. 


J’A1 trouvé ; dans cette méthode nouvelle, de 
très-grands avantages. | 

1°- Elle n’eft pas plus difpendieufe, Un trou 
de trois pieds quarrés me coûroit un fol ; une 
soife de tranchée à voye ouverte, fur crois pieds 
de largeur ne me coûroit pas d'avantage, quoi- 
qu'il y eût le double de terre à lever, En voilà 
Ja raïfon ; l’ouvrier à plus de facilités , pour tra- 
vailler avec toute forte d’outils ; &, par confé- 
quent , il peut enlever plutôt les racines , les 
pierres, &c. il lui faut prendre moins de me- 
fures & de précautions pour l'allignement , & 
pour donner une forme régulière à la fouille. 

2°+ On peut mieux féparer la bonne terre d’a- 
vec la mauvaife en plaçant l’une d’un côté de la 
tranchée , l’autre de l’autre, pour mettre la pre- 
mière fur les racines & dans le fond; & la 
feconde , à la fuperficie. 

3°* L'homme, qui tient l'arbre pendant qu’on 
couvre fes racines de terre, eft plus à fon aife 
dans la tranchée , que dans un trou, pour dif 


Seconde Partie. Chap. I. 83 


pofer les racines ; ayant une mefure à la main, 
il obferve une égale diftance; &, pofant l'arbre 
toujours au milieu de la tranchée il n’a pas befoin 
de regarder fi la plantation fe prolonge en ligne 
droite. 

4°: Ceux qui jettent la terre peuvent être en 
plus grand nombre ; on expédie plus prompte- 
ment; ce qui eft un très-grand avantage , lorf- 
qu'on veut profiter d’un tems favorable. 

. $°* Les racines, aufli longues qu’elles foient ; 
peuvent être placées dans leur direction naturelle. 

Enfin ces racines , qui trouvent la terre ameu- 
blie dans toute l'étendue de la tranchée, font des 
pere bien plus rapides ; & fi elles trouvent une 

onne veine de terre dans l'étendue de ces trans 
chées , elles en profitent. 

J'ai eu le plaifir de voir des Chênes, aiïnfi 
plantés , Hd 24 prefque aufli vigoureufement , 
que s'ils avoient refté en place. 

Uñe Avenue , que je plantai fuivant cette 
méthode en 1770, & que je foutins par un petit 
fofté de trois pieds, a acquis une force étonnante. 
Elle eft bien plus vigoureufe aujourd’hui , qu'une 
autre Avenue, que j'avois planté non loin de [à, 
en 1766, fuivanc l’ufage ordinaire, c’eft-à-dire, 
dans des trous, de très-petite dimenfion ; & je 
ne doute pas que la dernière en datte ne furpafle 
ioujours là première, en beauté & en valeur, 


PA 


Fi 


84 


C H APT R EUTR 


MANIÈRE D'ARRACHER LE PLANT. 


A meilleure façon d’arracher les jeunes ar- 
bres, eft d’en faire le tour avec une pioche, 
.a une grande diftance , felon leur groffeur. 

Un arbre de neuf à dix ans a ordinairement 
fes racines aufli longues que fes branches’; celui 
qui à dix à onze pieds de haut, & quatre pou- 
ees ou environ de circonférence au pied , vérita- 
ble groffeur du Chêne, bon à tranfplanter, à des 
racines latérales qui font minces , courtes & cré- 
pues, que nous appelons le Chevelu ; 1l en a d’au- 
tes, qui font un peu plus groffes & plus longues; 
& enfin il en a qui font groffes comme le petit 
doigt, qui s’érendent à plus de trois pieds de fa 
tige, avec un pivot, qui eft prefque aufi gros 
que le corps de l’arbre , & qui defcend jufqu’à 
quatre pieds de profondeur , lorfque le fol a du 
fonds : il faut , pour enlever cet arbre , fans le 
irop endommager, le cerner au moins à un pied 
& demi, donner à La fouille un bon pied de 
profondeur , en coupant les racines qui outre- 
pañlent, à mefure qu'on les découvre. 

Alors on ébranle l’arbre ; & , s’il n’a pas de 
pivot, ce qui arrive quelquefois , on l’enlève avec 
la terre, on porte le tout à la place où on veut 
le mettre, en cas qu'il n’y ait pas trop de dif- 
tance ; fi non, on fecoue la terre. 

Les arbres fruitiers, qui ont pivoté, font ceux 
aui donnent le plus de fruit; & les arbres les 
plus vigoureux , qu’on lève dans les pépinières , 
font ceux qui ont un pivot; il faudroit donc 


Séconde Partie, Chap. IL 8$ 


tâcher de le leur conferver ; la sève fe perd par 
la cicatrice ; la terre en eft toute trempée quel- 
ques jours après la plantation ; le chanci prend à 
Ja playe, & les infeétes en picotent les lèvres, 
dont ils empéchent la réunion. 

Si l'arbre foreftier a un pivot, comme le Ché- 
ne, le Pin, &c. on l’incline doucement , & on 
coupe le pivor net, aufñi long qu'il eft poffible, 
prenant toutes les précautions , pour qu'il ne 
fende pas dans la partie qui tient à l'arbre; ce 
qui ne manque pas d'arriver lorfqu’on le penche 
trop. 

1 feroit bon d’avoir, outre les outils ordinai- 
res, un férmoir, pour couper ce pivot : c’eft 
une pioche , bien tranchante , à qui l’on donne 
beaucoup de longueur ,.& peu de largeur, afn 
de ne pas bleffer les racines latérales. | 

Les Écrivains modernes confeillent de ménager 
le pivot dans fon entier-aux arbres qu’on arrache. 
Cette méthode auroit fans doute de grands avan- 
tages; mais elle n’eft pas pratiquable dans les 
Semis, pour les arbres déjà grands, qu’on eft 
dans le cas de tranfplanter. Quand même il fe- 
roit poflible de préparer à grands frais une place 
aflez profonde dans la bonne terre pour cette 
maïtrefle raciné , il ne le feroit pas de la dé- 
chauffer, avec tous fes filamens, jufques au bout. 
Que de peines & de dépenfes n’entraîneroit pas 
une femblable opération , dans une plantation ? 
nombreufe ? ce confeil me paroît n'être applica- 
ble qu'aux petits objets. 

Le maitre’ du Semis aur4 foin qu’on fe con- 
ténte de yardiner ; c’eft-à-dire , qu’on n’éclaireifle 
pas trop les arbres, qui doivent demeurer pour 
former le bois, feic taillis, foit furaye, & qu'on 


$6 De la culture du Chêne. 


égalife toujours le terrein ; c’eft-à dire, qu'on 
referme les foffes qu’on aura faites pour arracher. 

La réuflite des arbres dépend principalement 
de la manière de les arracher, c’eft à quoi il faut 
veiller avec la plus fcrupuleufe attention : une 
faifon favorable peut quelquefois , la premiere. 
annnée , fuppléer aux défauts de la plantation, 
aux défauts de qualité dans le terrein , aux at- 
teintes portées à l'écorce , &c. mais rien ne peut 
fuppléer le déchirement, ou la trop grande pri- 
vation des racines. | 

I ne faut employer , à cette opération, que 
des ouvriers patients & intelligents ; il leur faut 
moins de force que d’adrefle ; on leur recom- 
mandera d’aller lentement, de facriñer tous les 
petits arbres, qui fe trouvent au près de celui 
SCA voudront enlever , fauf enfuite à tirer parti 
de ces derniers, de les prendre tous à peu-près 
d’égale force, de choifir les arbres les’ plus gros 
par pied, & en même-tems les plus courts; on 
payera ces ouvriers par journées, plutot que par 


pieds d’arbres, 
QUALITÉS QUE DOIT AVOIR LE BON PLANT, 


Nous avons défigné par l'écorce le Chêne 
de la meilleure qualité, qui eft le Chêne blanc : 
c'eft celui qu’il faut préférer. Celui qui a la peau 
liffe, & les tiges de l’année grofles & longues, 
aura certainement de bonnes racines. Il faut 
choifir ceux dont les branches font rapprochées 
les unes des autres, & qui ont une direction 
droite : ce port eft toujours le plus agréable. 

Le Plant, tiré des foréts, eft ordinairement 
trop mince , eu égard à fa hauteur, & 1l meurt 
fi on ne le choifit pas très-perir; 1l eft roujours 


Seconde Partié. Chap. IL. 8p 


mal pourvu de racines ; il a le corps & les 
branches foibles , parce qu'il n’a pas vu le Soleil. 
Tout Plant ainfi dépourvû , ne reprend pas , ou 
languit pendant ptnfauts années. 

Îl faut éviter d'acheter des arbres, qui ayent 
crû dans des terreins trop gras, fumés , ou hu- 
mides 3 les racines n’y {ont jamais bien condis 
tionnées ; on doit ne prendre , dans ces fonds, 
que des arbres aquatiques, deftinés à être plantés 
près des eaux. 

Lorfqu’il y a des cailloux ou des pierres dans 
les femis , les ouvriers , qui fe fervent d'outils à 
eux appartenants ; fe dépitent, ils les ménagent, 
au détriment de l'arbre qu’ils arrachent. Dans 
ce cas, je confeillerois au Propriétaire, qui fait 
arracher , ou à l'acheteur des arbres , de faire 
provifion de Pioches , de les entretenir en bon 
état, & d’en fournir fes manœuvres. 


# 


( 
MANIÈRE DE TRANSPORTER LE PEANT, 
ET DE LE CONSERVER JUSQU’A 
LA PLANTATION. 


AvanT de charger les arbres fur les voitures, 
on élague les branches les plus bafles & les plus 
volumineufes , avec une ferpette bien affilée, le 
plus près de la tige qu’il eft poffible , fans blef- 
fer la peau, & on conferve toutes les autres. 
Si on ne laifloit que les branches de la painte, 
les arbres pourroient fe rompre, ou s’écorcher fur 
la voiture , par le frottement ; au lieu que les 
petites branches fuperflues |, qu'on y laifle, les 
garantiflent. 

On les transfère de 1à fur le local , où il 
doivent être plantés, 


88 De La culture du Chêne. 


Mais fi ce local eft éloigné , ou, que tous les 
arbres arrachés ne puiflent être plantés dans la 
même. journée ,; à caufe de leur trop grand 
nombre, ou à caufe de l’intempérie de la faifon;; 
ÿl faut, en attendant, mettre Ja voiture , toute 
chargée , dans un lieu couvert , à l’abri du froid. 
& des vents defléchants ; car fi la gelée furprend, 
le: Chêne arraché , il eft perdu : les racines noir. 
ciflent jufqu'à la moëlle; & ; de mille il n’en 
prendroit pas vingt. Le vent de Galerne , qui.eft 
le Nord-Ouefl , ne produit pas un eflet auf def- 
tructeur que la gelée; mais il préjudicie beaucoup. 

Si l'on n’a pas la commodité des bâtimens , 
& qu'on foit obligé de tranfporter les jeunes ar- 
bres fur le local à planter , i! faut, au moins, 
recouvrir exactement leurs racines avec de Ja 
terré ; jufqu’à ce. qu'on pourra les planter. Les 
tranchées , que j'ai confeillé , font très-commodes 
- pour cela ; on y range les arbres les uns près des 
autres, cous droits, afin que les beftiaux ne puif. 
fent pas endommager leurs têtes, & on recouvre 
provifionnellement leurs racines de demi-pied de 
terre, C’eft ce qu’on appelle ÆAubiner les arbres. 

Ceux qu’on tire d’un pays éloigné, & dont les 
racines font defléchées , ont befoin d’être rafraîchis 
avact la plantation. À cette fin, on doit mettre 
tremper Îeurs racines , pendant demi-heure dans 
de l'eau pure. 


MOYEN POUR FORMER DE BON PLANT. 


Tr eft un moyen, pour éviter prefque rous les 
inconvéniens, qui fe rencontrent dans les Semis 
ordinaires , & pour fe procurer des. Chênes de 
ee qualité, de belle forme , & donc la réuf- 
ite feroir certaine : c’eft de les élever exprès pour 


Seconde Partie. Chap. II. 89 


les-plantations ;ÿ femer , dans-un terrein de mé- 
diocre qualité, des glands choïfis ; lever les Ché. 
nes à deux ans, & leur couper le pivot : à cet 
âge , ils foufirent très-peu de cette opération ; les 
replanter à la diftänce d’un pied l’un de l’autre; 
les labourer à la bèche & les élaguer chaque 
année ; les arracher quätre ans après , par rangs 
entiers , en fouillant jufqu’au deflous de leurs plus 
bañles racines | & les replanter dans le même 
cerrein , à deux pieds de diftance, après avoir 
bien préparé leurs racines ; les cultiver encore 
pendant deux ou trois ans ; alors ils font bons à 
préndre , ils auront fait des racines excellentes , 
& on pourra les planter avec confiance. 


go 


CH A PET RE.TREE 


SAISON CONVENABLE A LA PLANTATION. 
; E meilleur tems pour planter les Arbres ; 


eft indiqué par la chüte de leurs feuilles ÿ 
c’eft une marque que l’aétion de la seve £e ral- 
lentit, ce qui arrive ordinairement à la fin d’Oc- 
tobre. Les pluyes n'ayant pas encore trempé la 
terre , elle eft plus friable , elle s’infinue mieux 
entre les racines , & ne les pourrit pas. Les ar- 
bres ont le tems de prendre terre, & de former 
des mammelons, ou un petite bourlet, au bout 
des racines qui ont été coupées, d’où il fort de 

nouvelles racines au mois d'Avril. 

= Il eft certain que ce bourlet fe forme de la 
fubftance même de l'arbre , qui eft mife en ac- 
tion par la chaleur, qui la raréfie, & il y a en- 
core , dans cette faifon ,.quelques jours chauds ; 
la terre , qui n’a pas encore/perdw route fa cha- 
leur, y contribue de fon côté. J’ai féndu plufieurs 
fois le bout de ces racines , qui avoient formé 
le bourlet pendant l’hyver ; j'ai obfervé diftintte- 
ment qu'il prenoit naiflance entre le bois & l’é- 
corce , qu’il provenoit du Livret, ( dont nous par- 
lerons plus bas ) , que la circulation de lasève 
étoit déjà établie, & que la racine étoit difpofée 
dans cette partie à donner de nouvelles produc- 
tions. Il eft donc intéreflant de planter avant 
l'hyver. 

Il y a cependant une exception , à l'égard des 
arbres qui craignent, à un certain degré, les for- 
tes gelées ; ils y font plus expofés, lorfqu'ils font 
nouvellement plantés, que lorfque leurs racing 


Seconde Partie, Chap, TIT. gr 


teftent en polleflion de la terre, Ceux-ci doivent 
étre plantés au Printems. 


DES ARBRES VER TDR 


Les arbres réfineux , & généralement ceux 
qui confervent leurs feuilles vertes pendant toute 
l’année , doivent être plantés en Automne ; c’eft 
la faifon où leur couleur eft plus terne : elle re- 

rend fa vivacité pendant l’hyver , parce qu’alors 
a sève circule dans ces efpèces. Ainfi on ne peut ab- 
folument différer leur plantation jufqu’au Printems. 

Quelques Auteurs indiquent la fin d’Août , 
comme la faifon convenable pour planter ces 
arbres, je n’en vois pas la raifon, & j'ai l'expé- 
rience de mon côté, qu’en les plantant en Octo- 
bre, & mélant beaucoup de fable avec la terre, 
ils ont très-bien réuffi. M. Duhamel confeille de 
les planter à la fin d'Avril, ou au commencement 
de Mai; & il ajoute que comme ils reprennent 
difficilement , on les arrache en motte ; & afin 
que cés mottes fe confervent , on les met dans 
des mannequins d’ozier, que l'on met en terré avec 
les arbres-même ; ces mannequins fe pourriflent 
en peu de tems, & donnent ainfi aux racines la 
liberté de s'étendre dans le cerrein. 

Je ne ferois cependant pas d’avis, d’enterrer le 
mannequin , parce qu'en fe pourriflanc il peut 
procurér le chanci aux racines de l'arbre ; le 
mannequin à rempli alors fa deftination , qui eft 
de conferver la motte de j’arbre : je voudrois 
l'ôter au moment de la plantation. 

Au moyen de çes mannequins, on peut tranf 
porter toute forte d’arbres, dans telle faifon de 
l’année qu'on défire, & former tout d’un coup un 
glpalier, un jardin fruicier, un bofquet , &c. 


92 De la culture di Chéne. 


À deux ou trois ans, les arbres réfineux fous 
uiennent mieux la tranfplantation | que dans un 
âge plus avancé. 

Dans tous les cas , il eft néceffaire de les 
abriter contre les ardeurs du Soleil, aû moins 
pendant la première année, Dans l’endroit où un 
gros fapin à été abbatu, il naïtra une pépinière 
de Sapins, fi ces plantes font ombragées par les 
arbres voifins. Au contraire , fi l’on a aflez ab 
batu de Sapins , pour que le Soleil donne fur le 
terrein , on n’y en voit lever aucun, ou très-peu. 
IL eft facile de procurer de l’ombre au jeune 
Plant , par le moyen des paillaflons , ou brof- 
failles sèches. Autre raifon , pour ne pas différer 
la plantation ‘des arbres réfineux ‘jufqu'au Prin- 
tems , qui eft la faifon de toute l’année où l’hu- 
midité s'élève le plus facilement en vapeurs. 


MANIÈRE DE PLANTER COMMODÉMENT,. 


Pour planter commodément , & avancer 
Fouvrage , il faudroit employer fept ouvriers ; 
dont trois doivent remplir chacun un rôle im+ 
portant. 


PRÉPARATION DU Fr ANE 


LE premier élague ce qui a refté des bran- 
ches ; il ne laiflera que les plus Éd , tout le 
long de la tige ; il en faut laifler peu , parce 
que l'arbre, ayant été privé de la majeure gr 
de fes racines, il n’en pourroic pas vivifier beau- 
coup. Il faut laïffer les plus petites, parce qu'il 
eft néceffaire qu'il y en ait, nn arbre fe nourrit 

ar les branches & par les feuilles, rour comme 
par les racines, & ce n’eft pas les groffes bran- 
ches qu’on laifle à l’arbre, quand on le plante, 


Seconde Partie. Chap. III. 95 


ui viennent à bien ; ce font celles qui fe fox- 
ment d’elles-mêmes auprès des nœuds. IL en fayr 
donc laifler très-peu , fur-tout à la pointe, lorf- 
que l'arbre eft d’une longueur démefurée , eu 
égard à fa grofleur ; autrement la sève, qui fe 
porte toujours aux extrémités , fera pencher fa 
tête , & il n’eft pas facile alors de redonner à 
l'arbre une direétion verticale. 

Si ce défaut de proportion eft trop fenfble , 5 
vaut mieux étêter l'arbre , immédiatement au 
deflus de quelque grofle branche, parce qu’il eft 
difpofé dans cette partie , plus que dans coute 
autre , à en poufler de nouvelles. 

” Ces arbres étêrés feroient un mauvais effet em 
tre ceux qui ne le font pas; on peut les réfervex 
pour les mertre dans les hayes fur les foffés , ou 
pour en faire une planration entière & féparée. 

L’étêrement elt néceffaire à quelques-efpèces 
d'arbres , tels que le châtaigner, & générale- 
ment tous les Fruitiers à pepin. 

_ Préjudiciable à d’autres , comme au Chêne , & 
aux Arbres de fruits à noyau. 

Et mortel à quelques-uns , comme aux Pins , & 
autres Arbres verds. : 

Ce premier ouvrier pole doucement les arbres; 
ainfi élagués, tout le long de la tranchée , à la 
diftance , à peu-près, qu'ils doiveut avoir. 

Le fecond ouvrier defcend dans le fond de la 
tranchée , & examine chaque racine une après 
l’autre ; il coupe le pivot net, au deflus des fen- 
tes, ou des écotchures qu’il peut avoir ; car, de 
ce pivot , il en fortira un autre, & quelquefois 
deux , pour remplacer la partie qu’on a coupé. 
11 abbat tout le chevelu , qui ne peut fervir qu’à 
envelopper les bonnes racines | & empécher Le 


nn "te 


04 De la culture du Chéne. 


terre de les embraffer ; il coupe, en bec de fü- 
g& , la pointe de toutes celles qui ont été bleflées 
lors de l’arrachement ; mais de façon que l’arbre, 
étant planté, la coupe foit horizontale , & tour- 
née en bas, comme le pied de biche ; parce que 
c'eft de bas en haut que la sève eft dirigée ; ce 
qu'il fera commodément , en tournant l’arbre, & 
prenant chaque racine de la main gauche, le cou- 
de tourné du côté de la tige de l'arbre, & cou- 
ant le bout des racines avec la main droite. 

11 fe contentera, quand il ne pourra pas mieux 
faire , d’un feul étage de racines , lorfqu’elles fe- 
ront au nombre de quatre ou cinq, il ôtera tous 
les corps étrangers , qui pourroient fe trouver en- 
tre les racines , afin que le cerre puifle facilement 
pafer. 

Le troifième prend un arbre , ainfi préparé, 
dans la tête, dans la tige & dans fon pied ; fait 
jetter , avec la bèche , par deux hommes , qui 
font à côté, de la terre franche & bien divifée, 
au fond de la tranchée , jufqu’à ce qu'il voit que 
les meilleures racines, c’eft-à-dire, celles qui font 
droites , groffes comme une plume à écrire , ou 
un peu plus, & d’une couleur vive, feront à une 
profondeur fufifante, qui eft environ cinq pouces 
au deffous de la fuperficie du terrein : alors il pofe 
l'arbre ; & ces deux hommes continuent à jerter 
doucement de la terre fur les racines ; ils en jet- 
tent cout au tour en égale quantité. Auffi-rôt que 
les racines commenceront à être couvertes celui 
qui tient l’arbre le foulèvera un peu ,; en le fe- 
couant deux ou trois fois, pour faire pafler la 
terre entre les racines ; il les arrangera avec la 
main, afin qu’elles ne fe touchent pas, & qu'en 
confervant leur direction naturelle , elles n’aillenr 


Seconde Partié. Chap. III. 95 


ni en haut, ni en bas. Il prendra garde qu’il ne 
refte pas de vuide entr'elles, ni au deflous d’el- 
les, ce qui les fait moifir, à caufe de J’humi= 
dité qui s'y renferme ; pour cet efet, il peut 
employer quelquefois la mefure dont il fe fere 
pour efpacer également les arbres ; elle doit être 
coupée en rond par le bout : fi elle étroit coupée 
quarrément ;, elle blefferoit les racines ; fi elle 
étoit coupée en pointe comme un piquet , elle 
ne pouferoit pas la terre ; elle ne feroit que 
l'écarter. 

I1 peut fe fervir aufli de cette mefure, pour 
éloigner du pied de l'arbre, les petites pierres, 
les racines d'herbes , & même le fumier, qui fe 
trouve mêlé quelquefois avec la terre & qu'il 
convient d’éloigner du pied des arbres , riem 
n'étant aufli bon pour eux que la terre , dans 
coute fa pureté. 

Lorfque le planteur voit qu’il y a affez de terre 
pour retenir l'arbre, & couvrir toutes fes racines, 
1l la prefle un peu avec le pied, pourvû que la 
terre foit sèche & légère, Si, au contraire, elle 
eft forte & humide, elie n’eft que trop difpofée 
à devenir compaëte ; il ne faut pas la fouler. 

Ayant placé cet arbre bien droit , il en prend 
un fecond , qu'il trouve derrière lui , préparé 
comme le premier ; il le place à la diftance 
convenable : ainfi de fuite. 

Les autres deux ouvriers font deftinés à jetter 
dans la tranchée le reftant des terres & gazons, 
les cinq premiers s’y occupent aufli lorfqu'ils ont 
fini leurs opérations , jufqu’à la fin du jour. 

De cette manière tous travaillent à la fois 
mtilement & commodément. 

Avec ces fepc hommes , je faifois arracher 


96 De la culture du Chêne. 


journellement cent arbres ; je les faifois voiturer 
à un quart de lieue , & j’avois le tems de les 
planter avant la nuit. 

Il feroit difficile de furveiller un plus grand 
nombre d'ouvriers ; & s'ils ne font que deux ou 
trois , ils ne feront pas la moitié d'ouvrage, 
proportion gardée, c’eft-à-dire , que trois ouvriers 
aurojenc de la peine à arracher & planter vinge 
arbres , dans un jour d’hyver , avec routes les 
précautions requifes. | 

Il ne refte plus à faire qu’un petit foflé, tout 
%e long de la tranchée , avec de la terre & du 
gazon feulement ; ce foffé eft néceflaire | comme 
nous l’avons déjà dit, pour garantir les arbres 
de l’impulfion des vents, pendant la première & 
feconde année de la plantation , & de l'approche 
des beftiaux ; pendant quatre ou cinq ans : on 
fait que les vaches & les chèvres font friandés 
de la jeune poufle des arbres ; elles ont l’adrefle 
de plier, avec leur tête, ceux qui font foibles!, 
& qu'on n’a pas mis hors de leur portée, de les 
faire. pañler entre leurs jambes de devant ; elles 
rongent enfuite , à loifir , la peau, les branches 
& la têre de l'arbre, faus laïller une feule feuille. 
Ceux qui ont fubi deux ou trois fois ce mauvais 
fort , ne peuvent que périr. Les gros beftiaux 
aiment encore à fe frotter contre les jeunes ar- 
bres ; ils les ébranlent , ils les agitent en tous 
fens , & trés-fouvent ils les rompent. 

Ce foffé à un autre avantage, c’eft qu’il em- 
pêche les mauvaifes herbes de fe multiplier at 
pied des arbres , l’éboulement continuel des terres 
équivaut à un labour annuel, & les racines ayant 
une fois percé dans la gorge de ce'foffé, elles 
y trouvent de la terre, plus facile à divifer, “a 

plus 


Seconde Partie. Chap. IIT. ‘97 


Plus fraîche que celle qui n’a pas été fouillée ; 
elles s’y érendent avec une vigueur étonnante. 

Si ce foflé génoir & rendoit le terrein diffor- 
me, on pourroit labourer & égalifer le terrein à 
‘au bout de fix ans. A cette époque , les arbres 
peuvent fe foutenir par eux-mêmes. 


DESSÈCHæRMENT, 


Lrs emplacemens marécageux doivent être 

tdefléchés pour planter, rout comme pour femer. 

Si, dans un allignement , il ne fe trouve que 
quelques places bafles & humides, il fuffira de 
pratiquer au pied de chaque arbre une petite 
rigole , dirigée du côté de la pente , auffi pro- 
fonde que le niveau du fond du trou ,» Ou de la 
tranchée , qu’on aura foin de recurer pendant 
quelques années, ; 

Si l'alignement pañoit dans une Jongue éten- 
due de fonds marécageux , dont la terre eft 
ordinairement noire & infertile, il faudra y tranf 
porter de la terre franche, & deflécher sde la 
manière que nous indiquerons , au mot défauts 


de La terre, ou ufer du moyen indiqué à l’article 
Avenues. 


COMBIEN CHAQUE PIED D’ARBRE 
COUTE POUR PLANTER, 


C’Esr ici le lieu de calculer combien chaque 
pied d'arbre m'a coûté pour planter, &, confé- 
Itermment ce qu'il en coûteroit, ou à peu prés, 
à chaque propriétaire , qui voudra fuivre ma 
méthode. 

Je ne mettrai pas en ligne de compte la væ 
leur des arbres ; elle varie , fuivant les difficultés 
qu'on a, dans chaque canton, pour s’en procurer, 


CE De la culturè du Chêne. 

J'ai pris chez moi la plûpart de ceux que jai 
planté : je ne parle que du débourfé, pour la 
main-d'œuvre. 

Pour le trou de chaque arbre , ou pour la toife 
de tranchée , il en coûte plus ou moins , fuivant 
que le terrein eft facile à creufer , fuivant qu'il 
eft mêlé de pierres ou de racines. Le prix mo- 
PER OE MR TOR Ce 0 0, OS 

Sept hommes arrachoient & plantoient cent 
arbres dans un jour ; mais j'étois avec eux , & je 
ne reftois pas oifif ; il faut donc en fuppofer un 
huisième , pour les guider ou les furveiller : huit 
journées d’hyver, à quinze fols, montent 6 liv. 

Pour les frais de la voiture & des outils , r liv.1of. 

Ce qui fait fept livres, dix fols, qui, divifés 
æn cent, font, pour chaque arbre. . . 1 f. 6 d: 

Pour un foffé de trois pieds, fimple, c’eft-à- 
dire, fans haye , un fol, fix deniers la toife , 1 f. 6 d. 

Sur cent arbres plantés, il en périt, la pre- 
mière année, quatre , cinq, dix, quelquefois 
quinze : fuppofons dix , il faut les remplacer. 
Mais comme il n’y a plus autant de terre à re- 
muer , ils ne coûteront pas. autant que les premiers. 
La feconde année , il en aura péri non feulement 
quelqu'un de ces dix, mais encore quelqu'un des 
anciens; ear il faut, dans l’ufage ordinaire, fept 
ou huit ans avant qu’une plantation confidérable 
ait réuffi dans fa totalité , en fuppofant feulement 
cinq ans , pour que celle de cent arbres , faite 
fuivant ma méthode , foit complete , à une livre 
par an, pour les remplacemens , redreflemens , 
&c. c’eft cinq livres qu’il convient d’ajoûter , ci, 
par arbre, un 101 3541! .65.350, 1e ONE. 


Total, cinq fols, sf. 


Seconde Partie. Chap. III. 99 
COMBIEN IL EN COUTE POUR PLANTER 
LN ÆRPENT DE PAYS 


Pour pianter un arpent, qui contient 1344 
toifes quarrées & à de fuperficie , en efpaçant 
les arbres d’une toife , qui eft la plus petite dif 
tance qu’on puifle leur donner, il faudroit treize 
cents quarante quarre atbres, qui, à ce prix, 
NS NT N'flr. 

En les efpaçant de dix pieds , il faudroit 
quatre cents quatre- vingt-quatre arbres, qui 
EN US NS ea Ov 

En les efpaçant de douze, quinze, ou vingt 
pieds , le foflé n’eft plus pratiquable ; il devien- 
droit trop coûteux , de faire trois ou quatre 
toifes de tranchée & de foffé | pour un feul 
arbre ; alors on peut fe contenter de faire un trou 
de trois pieds quarrés , & de butter les arbres. 
L'opération fera moins difpendieufe , mais auffi 
bien moins fruétueufe. Sur quoi il eft bon d'ob- 
ferver que , dans les bonnes terres , il faut plus 
éloigner les arbres , que dans les maigres , à 
gaufe de l'étendue que leurs têtes acquièrent. 

À vingt pieds , il faudroit cent vingt arbres, 
qui ne reviendroient qu’à trois fols, fix deniers, 
chaque , ou environ , & qui monteroient ay 
0 6). LA) 200. 2 Éd 


COMBIEN IL EN COUTE POUR SEMER 
UN ARPENT DE TERREIN. 


Voyons maintenant ce qu'il en coûteroit; 
our femer ce même arpent de pays. 

Suppofons d’abord que le terrein eft en labour, 

Suppofons , en fecond lieu , que ce terrein a 
befoin d’enclore. Le foffé, tel que nous l'avons 


G ij 


10® De la culture du Chêne. 


décrit ; page 25 , coûtera fept fols la toife , à 
quoi ajourer deux fols, fix deniers, pour planrer 
un arbre, par coife de foflé ; c’eft neuf fols, fix 
deniers la toile. 

Le contour d’un arpent étant de 146 toiles —<- 
à quoi ajouter deux toifes à chaque encoignure , 
fi. le foflé eft pris en dehors, c’eft 8 toifes enfus. 
Plus il y aura d’arpens contigus à clore, moins 
il en coûtera pour chacun , ci-néanmoins 154 
toifes , pour un arpent quarré & ifolé, à 9 f. 6 d. 
AR: MONLENFS ar 2 00m 1 TOUTE 

S'il ne s’agifloit que de femer en plein, une 
journée de trois charrues fufhroit ; if n’y auroit 
enfuite aucun frais de culture : c’eft la méthode 
la moins difpendieufe. ; 

Mais on veut quelquefois femer en comparti- 
ment ; il convient même de calculer fur ce pied, 
puifque nous avons fuppofé la plantation d’un ar: 
pent de pays être faire en allignement. 

Si le terrein eft bien uni & labouré, on sème 
à la quille , en mettant un gland fain & choif, 
a un ou deux pouces de profondeur , à chaque 
place indiquée par le jalon où le cordeau. Deux 
hommes mettront, pour cette opération, qui eft 
bien fimple , chacun crois journées , à quinze fols, 
AS SR Aie Eh LOU AS | a es A PRE 

Si le terrein n’eft pas parfaitement ameubli, 
on sème à la bèche ; un ouvrier fait au tour du 
jalon, qu'il laïfle en place , un petit trou, de la 
largeur de la bèche ; qui eft ordinairement de 
fix à fepr pouces; un autre ouvrier pofe un gland, 
à deux pouces de profondeur , à la place ou éroit 
le jalon , & le recouvre de terre. 

Mais fi le rerrein n'avoir pas été labouré , ces 
pecies fofles ne fufhroient pas, je n’ai obtenu 


W- 
= 


Seconde Partie. Chap, III. 10% 


aucun fuccès , routes les fois que j'ai opéré de 
cette manière , dans un terrein en friche. 

Deux hommes actifs & intelligents mettront 
chacun fix journées, pour tracer les lignes, plan- 
ter les jalons & femer un arpent, qui , à vingt 
M OR 2 ne 20 4 1. 12419 

L'année fuivante , il ne faut pas oublier de 
femer dans les emplacemens où le gland n’a pas 
Jevé , ou d’ÿy tranfporter un petit arbre | avec 
toutes fes racines & fa motte , { pris dans une 
pépinière , qu'on aura eu foin de pratiquer , dans 
quelque bout du même champ, lorfqu’on le fe- 
moit } exactement à la place indiquée par Valli- 
gnement. S'il y a plufieurs places vuides de fuite, 
il faudra tendre un cordeau. I} convient de don- 
ner un léger labour à bras, à ces jeunes arbres, 
en prenant garde de ne pas bleffer leurs tendrés 
racines , jufqu'à ce qu'ils ayent atteint la hauteur 
de fix à fept pieds : alors on peut labourer avec 
Ja charrue. 

Ou , fi l’on veut éviter cette dépenfe du 1la- 
bour, & tirer parti de fon terrein, dans l'entre 
deux , on pourra y femer une autre efpèce d’ar- 
_bres, qui ferviront à faire élever ceux qui doivent 
demeurer, & à étoufler les mauvailes herbes. On. 
détruira enfuite cette efpèce. 

On voit donc que ces arbres , ainfi femés & 
‘cultivés, ne coûteront pas, à beaucoup'près , atæ 
propriétaire , ce que lui coûteroir parciile quan- 
cité d'arbres plantés ; & vingt ans après, ils vaus 
dront beaucoup plus. 

En 1775 on à renouvelé de cette manière Île 
parc de Verfailles, dans les mafifs ; & certaine 
ment on cherchait plutôt à fe procurer désvat- 
bres fains & de belle venue, qu'à économies (u 
la dépenfe. 


yes De la culture du Chéne, 


Un chêne, né en terrein gras , prendra en 
trente années , trois pieds de tour, il croîtra plus 
vite alors, & fera fes plus grands progrès, juf- 
qu’à quarante ans ; au lieu qu’un chêne qui a en 
viron dix ans lorfqu'on le plante , n'aura pas 
ordinairement trois pieds de tour , au bout de 
trente années depuis fa plantation ; & fon accroif- 
fement fera lent , jufqu'a ce qu'il ait fait de 
longues racines. Généralement , les arbres replan« 
tés reftent cinq à fix ans à reprendre leur pre- 
mière vigueur ; on le connoit à leurs cernes : la 
fouche de ces arbres préfente roujours au centre 
dix ou douze cernes larges, enfuite cinq ou fix 
trés-étroits , & tous les autres plus larges : c’eft 
certainement l’eflet de la tranfplantation , puif- 
qu'on ne trouve pas ce défaut dans les arbres ; 
qui fe font élevés dans les femis, 
© J'ai vû planter, en 1765, les Champs-Élizées , 
aux portes de Paris, Tout le rerrein fut fouillé, 
à trois pieds de profondeur , tranfporté de prés 
en près, & mis dans un niveau parfait. Aux 
points d’allignemens, on plaçoit des ormes tous 
Jains , tous égaux , tous arrachés avec lés plus 
grandes précautions, Ces arbres , difpofés en 
guinconce, taillés ch2que année tout fimplement 
en cône renverfé, mais à la même hauteur, & 
dans les mémes dimenfions , forment aujourd'hui 
des berceaux , de tel côté qu'on les regarde. 
Cette vafte Promenade eft digne de la Capitale, 
& du peuple plein de goût , qui s’y raflemble ! 
Mais quels font les particuliers , qui pourront 
fuivre un.fi bel exemple ? Ja plantation de cha 
que arbre coûtoit au moins une Piflole , pour la 
main-d'œuvre, | 


_ 


Seconde Partie. Chap. IIL. 103 
IL EST INUTILE D'ORIENTER LES ARBRES 


Les anciens recommandoient beaucoup d’o- 
rienter les arbres, c’eft-à-dire, de les placer à la 
même expoñirion qu'ils avoient avant de les arra- 
cher; ce qui éroit facile à faire, en les marquant 
tous du côté du Soleil levant, par exemple, & 
à une hauteur égale. | 

Ils prétendoient que les arbres font autrement 
difpofés au nord qu’au midi; qu'ayant déjà reçu 
l'influence propre à chacun de ces afpedts, s'ils 
font placés autrement , leur économie intérieure 
eft dérangée ; ils cicoient un fait, qu'ils difoient 
conftant , c'eft que la moëlle de l'arbre ne fe 
trouve jamais au milieu , étant plus près de l’é- 
corce , du côté du nord, que du côté du midi; 
d’où ils concluoient que ce premier afpeét n'étant 
pas auffi favorable à la végétation, il étoit né- 
ceflaire de lui préfenter la même face de l'arbre. 

Cette furcharge de précaution devenoir très- 
génançe dans les grandes plantations ; les plis 
tortueux des arbres forcent fouvent à les tourner 
dans le fens où ils doivent faire le plus bel effet; 
& au fond cette méthode eft inutile. 

Pour m'en convaincre , j'ai planté des arbres 
dont j'avois marqué l’afpeët ; tous fains , bien 
arrachés & égaux en qualité ; favoir , le premier s 
exaétement dans la pofition où il ètci dans le 
femis ; le fecond , tourné de fix lignes , un autre 
de douze ; & ainfi de fuire, jufqu'à ce que j'e- 
tois venu à la première pofition : alors je recom- 
mençois tout le long d’une ligne de deux ou 
crois cents arbres. J’ai répété cette épreuve pen- 
dant pluñeurs années de fuite. Tous ces Me 
ont également réufli : depuis vingt ans, que je 
les oblerve , je n’y connois auqune différence. 

DRE rer D 


104 De la culture du Chêne. 


. Je crûs en trouver la raifon dans l’ombrage 
que les arbres très-ferrés dans la pepinière , jet- 
tent les uns fur les autres ; là, ils ne font ex- 
polfés, ni aux ardéurs du Soleil, ni aux froids 
exceflifs qu'ils éprouvent quand ïls font ifolés ; 
auf ont ils la moëlle exactement au milieu. Ce 
font les gros arbres vieillis à la même poftion 
aui préfentent feuls une moëlle excentrique, par 
cenféquent cette obfervation n’eft pas applicable 
lors de la plantation. 

Quand j'ai été forcé de tranfplanter des arbres, 
que j'avois planté depuis quelques années, je les 
ai changé encore d’expofition, exprès pour voir 
s'ils en fouffriroient , je n'ai jamais connü qu'ils 
en ayent fouffert. Cependant , ce fecond change- 
ment leur auroit été bien nuifible, s’il étoit in- 
difpenfable de ‘conferver aux arbres leur expof- 
tion premiere. | 

En examinant Ge près plufeurs gros arbres, 
arrachés & fciés pres la fouche , j'ai obfervé que 
ce n'eft pas toujours du côré du nord que la 
moëlle ‘fe trouve rapprochée de l'écorce, mais 
tantôt d’un côté, tantôt de l’autre ; que les cou- 
ches lisneufes font conftamment d’une épaifleur 
plus c rable dans le côté où étoienr es 
groffes racines, & très-ferrées dans le côté où 1l. 
n'y avoit que peu ou point de racines ; toutes les. 
couches annuelles du premier côté ayoient ;depuis 
deux jufqu’à einq lignes d'épaifleur, randis que, 
de lautre côté, elles n’avoient pas un quart de, 
ligne, Voilà fans doute la véritable raifon de, 
cetre variété, que nos anciens attribuoient à l’af- 
peét du Soleil. 

La feule artention qu'il eft bon d’avoir, ref 
peétivement à l’afpe& du Soleil, cit de rourner 


> 


nfidé 


e 


Seconde Partie. Chap. LIT. 105 


aù nord le côté de l'arbre qui auroit été bleffé 
dans fon écorce , ou qui auroit des cicatrices , 
provenant de grofles branches élaguées , ainfi que 
la face la plus découverte des arbres érêtés en 
bec de flûte ; parce que , comme nous; l'avons dit 
ailleurs, le froid eft moins nuifible que le chaud, 
ä ces parties d’arbres nouvellement tranfplantés. 


D'IE SR A UE ON D'LENS. 


Quaxp il s'agira de planter une Avenue, 
qui eft une longue allée , accompagnée ordinai- 
rement de deux contr'allées , dont chacune à læ 
moitié de la largeur de l'allée principale, les 
unes & les autres, bordées de grards arbres ; on 
doit faire en forte de la diriger vis-à-vis le 
Château , ou Maïfon de Campagne, qu'on cher- 
che à décorer , fi non, fur des points de vue 
graciéux , tel qu’un bouquet de bois, un clocher, 
un moulin , une nappe d’eau. 

Les arbres des Avenues quelque vigoureux 
qu'ils foient | font prefque toujours difformes , 
quand on n’a pas l'attention de leur faire pren- 
dre de belles tiges & de bien conduire leurs té- 
tes. Comme l'air les frappe de toutes parts , ils 
étendent quantité de branches latérales, on doit 
retrancher celles qui, étant mal placées, pren- 
nent trop de force. 

«Ti fe trouve quelquefois , le long des lignes, 
des emplacemens humides , qui n'ont pas de 
fonds : on fe contentera de labourer, on placera 
les arbres fur la fuperficie, & on recouvrira leurs 
racines de terre fine, à la hauteur d’un pied, & 
demi, & de quatre ou cinq au tour de Ja tige. 

Dans les terreins fort fecs, il eft bon que la 

furface"baifle un peu vers les arbres pour y attirer 


106 De la culture du Chêne. 


l'eau des pluyes, le contraire doit être obfervé 
dans les terreins humides. 

Quand on a fair une grande plantation, ïl 
faut , après l’hyver , vifiter rous les arbres, pour 
redreffer ceux qui fe trouvent penchés , rapporter 
de la terre au pied de ceux qui ont été ébran- 
lés, enun mot, rétablir la pofition verticale de 
toutes les tiges ; fi l’on négligeoit d’avoir ce foin 
pendant les trois ou quatre premières années, on 
auroit le defagrément de voir une partie des 
arbres s’écarter de leur allignement. 

La largeur d’une Avenue doit être proportion- 
née à fa longueur. fl feroit auf ridicule de voir 
une longue allée fort étroite , que de voir une 
courte allée fort large. 

Mais l’art de faire paroître une Avenue plus: 
longue ou plus courte qu’elle n’eft réellement, 
c'eft de la faire plus large par un bout que par 
l'autre , éranc placé au bout le plus large elle 
paroîtra fort longue , & placé au bout le plus 
étroit elle paroïtra très-courte. 

C'eft aflez mal-à-propos , qu’on fair tous les 
compartimens d’un Parc en droite ligne , ft l'on 
donnoit à quelques allées une courbure légère , 
on perdroit il eft vrai l’agrément des points de 
vue , mais on y gagneroit l’avantage fi cher, aux 
propriétaires d'agrandir à limagination le lieu où 
l’on eft; & , au milieu d'une étoile aflez bornée, 
on fe croiroit perdu dans un parc immenfe. 

Le Pläntane d'Occident eft le plus beau de 
tous Les arbres d’ornement ; le Tulipier , l’Or- 
me, le Maronier d'Inde , le- Noyer forment de 
belles avenues. Le Charme foufire le cifeau , & 
forme les hautes paliflades & les berceaux. 

Il eft poffible de former en peu de tems des 


Séconde Partie. Chap. III. 107 


avenues , qui paroîtront anciennes , en tran{por- 
tant de grands arbres avec toutes leurs racines & 
avec la terre qui eft adhérente ; mais il faut des 
encaïiflemens & des voitures faites exprès. Ces 
opérations fonc très-couteufes , & pañlent les her: 
Res que nous nous fommes propofées, 


ÉCRIRE ARE 
( TANT 


HAN" 


108 


CHA RAT RE, DO 


MANIÈRE DE TRACER SUR LE TERREIN 


TOUTES SORTES DE FIGURES, 


Orcr la manière de tracer fur le terrein 
| les différentes figures de compartimens pour 
les parcs, les bofquers , &c. 


LÉMENS. 
La partie la plus fimple d’une figure eft 


Angle, il eft formé par l'inclinaifon de deux 
lignes qui fe réuniflent en un point. 


,e 


passent 


NN 


ci 


: 


2 


€ 


x. L’angle droit eft fait 


par une perpendiculaire , & 


eft de 90 degrés. 


2. L’angle obrys eft celui 
qui eft plus grand que Ie droit, 


3. Et l’angle aëgz eft celui 
qui eft plus petii, etant au 
defous de go, üegrés. 


‘es Le quarré a les quatre 
q 1 


côtés égaux , & les quatre 
angles droits. 


Les figures approchantes 

3 © ET Î s 
font , s ie reifangle, qui a Les 
quatre angles droits, mais 
non les quatre côtés égaux. 


6. Le rhombe a les quatre 
côtés égaux, & non les quas 
tre angles droits. 


00008 


4 
4 
- 


Lé 
ui 


Seconde Partie. Chap. IV. 107 


F- 


7. Le rhomboide n’a ni les 
quatre côtés égaux , ni les 
quatre angles droits. 


Î 8. Diagonale eft une ligne 


- 


mms QUI palle ,. au quadrilatairé, 


d’un angle à l’autre. 


9. Le cercle eft une figure 
dont les lignes droites tirées 
du centre à la circonférence 
font égales, & le centre eft 
un point au milieu du cercle, 


10. Demi diamètre eft une 
ligne droité du centre à la 
circonférence. 


11. Diamètre paflant par le 
centre, divife le cercle en deux. 


12. Le pantagone à cinq 
faces égales. 


_s ÿ 


13. L’exagone en à fix, 


2 


I faut fe munir d’un compas en bois , dont 
l'ouverture foit de cyq ou fix pieds. 


are De La culture du Chêne. 


D'une équerre en bois dont les branches ayene 
au moins fix pieds. | 

D'un cordéau de la groffeur du petit doigt, 
& de cinquante braffes ou environ de longueur, 
monté fur deux piquets forts | & ferrés par les 
deux bouts. 

Et de plufeurs jalons. Le Jalon eft une baguete 
de bois, droite , pointue par un bout & portant 
de l’autre une carte à jouer ou un papier blanc ; 
les grands ont quatre à cinq pieds de longueur , 
les perits ont environ dix-huit pouces. 

Pour tracer le quarré d’un arpent de fuperfcie, 
vous pofez votre équerre fur le cerrein à un des 
angles , vous plantez un jalon en A, & vous 
dirigez une des branches de l’équerre fur la ligne 
que vous deftinez à former le côté le plus appa: 
rent du quarré. Vous plantez un fecond jalon en 


B , puis en C, jufqu’au bout D. 


A. B. C. D. 
PULL. LOR 21.0 014 si. se SORT ee 
1m CES EPS EN CRE TRS 

L2 

L} 

e 

L2 
E° 4 1, 
$ Ü 
= 

,. 
- 
LEZ L' 
L 1 » 
F- + 
> 
e 

Tes 
e 

Te: 
= 7 

Te 
. 

0 
e 

. 
e 

L 
L2 
Mic, RUE LA NRC OU ANCIENNES 


Séconde Partie. Chap. IF. 112 


La feconde branche de l’équerre vous donnera 
J'angle droit. Vous planterez également des ja- 
lons en E, F, jufqu'au bout G. 

Vous tranfporterez votre équerre en D , où 
vous ferez la même opération jufqu’à H. 

Puis en G, jufqu'en H. 

Vous connoîtrez alors que votre quarré eft par: 
faic fi les deux lignes de ce dernier angle fe 
racordent exatement , en À , & en H. 

Enfuite vous tendrez le cordeau fur la direc- 
tion de À, D , vous planterez de petits jalons 
à la diflance que vous voudrez donner aux ar- 
bres. Je fuppofe que ce foit douze pieds, vous 
donnerez deux coups de compas ouvert de fix 
pieds, & placerez dix-huit jalons fur ce premier 
côté , vous porterez le cordeau de À , en G, 
puis de G, en H, jalonant ainfi les quatre côtés. 

Il fera facile enfuite de jalonner le milieu en 
tendant le cordeau ‘du fecond jalon d’un côté , 
au fecond jalon du côté correfpondant. 

Si vous avez beaucoup de terrein à planter , 
il faut vous procurer une chaîne d’arpenteur , 
dont il fera ci-après parlé. Les pieds & les 
toifes y font marqués ; elle eft plus commode 
que le cordeau , fur-rout quand la terre ef 
mouillée. 

Au lieu de planter des jalons dans l’intérieur 
de la figure, vous pouvez marquer les trous à 
faire avec un coup de pioche tout le long du 
cordeau ou de la chaîne , ou tracer une tranchée 
fi vous préferez cette manière de planter. 

Ainfi vous aufez des lignes parallelles, & 
groites fur routes les faces. 


112 


De la. culture du Chêne. 


La plantation en quarré 1 a l'inconvenient de 
les allées prifes 
- Quarrément 
. que dans les 


huifler 


s; 
plus 


ren 


7 


voir 


LE] 


plus de 


l’on plante 
larges dans 


en 


la 


largeur dans 


0 


quinconce 
diagonale. 


» 
22 


allées dia- 
gonales. 


les allées feront 
Cette dernière f- 


gurepréfen- 
te cepen- 
dant plus 
de régula: 
rité. 


L 


Pour la tracer, il faut commencer par former 
un quarré comme deflus, & placer un arbre en- 


tre 


Seconde Partié: Chap. IF, 118 


tre quatre 5 c’eft-à-dire , que le premier du fe. 
cond rang fera placé au centre du quarré formé 
par les deux premiers arbres du premier rang, & 
les deux premiers du troifième | en obfervamr 
d'éloigner d'avantage ceux du quarré, fi l’on veu 
conferver la même diftance entre tous: 

Nous avons fuppofé le terrein droit & uni; 
mais sil eft en pente irrégulière , on marques 
roit fon opération. À mefure qu’on ävance ; il faue 
toujours tenir fon cordeau de niveau à la plus 
haute élévation , en le faifant tenir bien tendn & 
élevé dans la partie bafle, Alors on pole une 
mefure fur le cordeau même, & on jette des à 
plomb ;° c'eft-à-dire, qu’on laiffe cheoir quelque 
corps pelant, comme une petite pierre5 & on 
pole le jalon à l'endroit de fà chûte, 


Dans les terreins 
irréguliers.en leurs 
limites , il faut tous 
jours y prendre un 
quarré À. qui fert à 
prolonger les lignes 
B. jufqu'aux extrés 
mités. 


— 
EPFL LT EI LL ai 


Pour tracer les figures apprôchantes du quarré, 
vous prendrez une faufle équerre , à laquelle vous 
donnerez l'ouverture de l’angle que vous voulez 
former. | 

Teile figure que l’on veuille tracer fur le cer» 
rein , il eft bon de la former avant fur le papier, 
on en voir mieux les défauts & les avantages, 
& l’on ne doit opérer fur le local, que lorfqu’on 
eft irrévocablement décidé fur le choix de la figure, 


h14 DE Ja culture du Chêne. 
Le éerele, où le rond , fe fait en pofant un pi: 
quet au cenrre À. & traçant la circonférence B. 


avee un cordeau, arrêté au piquet, de façon qu'il 
#oi mobile. 


I1 n’eft pas poffible 
de faire une plantation 
enronds concentriques, 
& d’efpacer également 
BIS ! Bles arbres, de maniere 
qu'ils foient en droites 
lignes dans tous les 
diamèétres. 


Pour faire le Triangle équi: 


latéral, dans le rond, du poiné 
A. & ditance du ‘deu Mit 
mêtre , ar fait l’arc B. C. La 
ligne C. appliquée trois 
E fée fur à circonférence , :4 


Var Ci criangle défiré. B. G 


Pour y faire le quarré, on 
croife deux diamêtres à angles 
droits | puis on joint leurs 
Re EU DT , qui font en la 

circonférence , & on a le 


quarré requis, À. B. C. D. 


Séconde Partie Chap. 1V. I15 


Pour le Pentagone , on y 
croife deux diamêtres à angles 
a droits, de F. moitié de G. H. 
& diffance F. A. on fait fur 
l’autte fémi-diamétre le point 
L. faligne A .L. appliquée cinq 
fois fur la circonférence , fera 


le Pentagone, À, B. C. D. E: 


D Pour l'Exagone , on an: 
plique , fur le cercle | fix 
C 6 N E fois le femi-diamêrre G. 


À. & on a l’Exagone 
requis ,; À. B. C. D. E, 
F, 


€ …#æ L'Ovale fe forme 
ASS par une feule ligne , 
en pofant deux Pi- 
quets également éloi- 
gnés du centre ; on 
les entourre d’une 
corde , de l'étendue 
a du double de A C, 
Elle paroîtr: plus “en-ôvale , fi l'on mer les cens 


tres À. & B. plus éloignés, 


cu SR né D Vs 


A sea D: 


H ij 


116 De la culture du Chêne. 


Pour faire Ià 
Spiräle ou la 
Volute., on 
prend , fur une 
ligne, les deux 
points À. & B. 
“ei # pour les faire 
fervir de cen- 
tre lun après 
l’autre, on fait 
le demi-cercle 
A. C. en pofant le pied du compas en B. puis 
de A: B. & le demi-diamêtre C." on fait, en 
pofant le pied du compas fur A. le demi-cercle 
C. D. puis de A. C. & de demi-diamêtre"38. 


on fair, en pofant le pied du compas en B. le 
demi-cercle D. E. puis de B. E. & le demi- 
diamêtre B. on fait, en pofant le pied du’ com- 
pas en À. le demi-cercle E. F.ôn continue étgu- 
jours de même. 

Le cordeau fert de compas dans.les grandes 
fuperficies. On s’en fert pour faire, fur le ter- 
rein, la plüpart des pratiques qui fe font fur :le 
papier avec le compas. . 


7 


La Croix ‘de 
Saint André, eft 
formée par deux 
allées ,qui fe croi- 
fent à angles ais 


gus. 


Séconde Partie. Chap. IV. vi ? 


La patte d'Oye, 
et formée par 
trois allées, qui 
viennent aboutir 
au même centres 


4 LL 
\ # S L'Étoile , eft un 
WA S compofé de plu- 
 *  # fieurs allées , qui 


* s 3 
rene à, nan À aboutiflent à un 


A milieu , d’où l’on 
Pen ge a plufieurs points 


ne de vue, Si l’on 
veut la tracer fans 
milieu , & felon 
la figure ordinai- 
re de l'Étoile , 
- elle fe formera 
en tirant des lignes correfpondantes des cinq 
points du Pentagone. ; | 

Labvrinche, s'entend d’un lieu coupé de divers 
chemins , qui rentrent l’un dans l’autre, & donc 
on a de la peine à trouver l’iffue, qui eft cachée 
ou ER ER A Tous les featiers d’un Labyrin- 
the , font ordinairement bordés de hautes paliffa. 
des, afin qu'on ne puifle pas pañler en droite 
ligne de l’un à l’autre, & éviter les tours & les 
détours multipliés qu'ils préfentent. 


A 


UTCLCLE LCL 74 


Ad quantos errores janua ducir 


“13 De la culture du Chêne. 
RÉGLES DE.L' ARPENTUCrES SE 


1x refte encore à donner les régles de l’Ar- 
pentage, qui eft l’art de mefurer jufte là fuper- 
ficie des héritages ; afin que chacun puiffe favoir, 
par lui-même , la contenance de fes fonds. 

Avant de mefurer , il faut bien prendre garde 
aux bornes & limites de la pièce à arpenter 
obferver enfuite fa forme , afin de prévoir ce 
qu'on doit faire. 

Il faut quelques inftrumens, tels qu’une équerre 
avec fes pinules, & un bâton pour là fupporter, 
ane chaîne en fil de fer, dix piquets de bois, 
faits au tour, ou de gros fil de fers &, une 
règle de cuivre ou échelle. 

L'’équerre doit s'adapter fur le bâton, avec ua 
pivot qui ouvre & ferme à vis. ” 

La chaîne eft divifée , & fe plie par pieds, 
qui font joints chacun par un anneau ; elle eft ox- 
dinairement de foixante pieds | & divifée par toi- 
fes, au moyen d’anneaux plus grands , afin que 
fon ufage foit plus général. 


Seconde Partie. Chap. IP 119 

Bâton Équerre, 
| Pour at 
penter 
plantezvo- 
tre Bâton 
2Z au coin où 
vous défis 
teZ COM 
a Mencerver 
7 tre opéra- 
s tion. Po- 
fez votreÉ- 
FOND querredef. 

fus , envo- 

o yez un ho- 

| 8, Mme pour 

| ® planter un 

\ jalon aux 

ocC< deuxbouts 
delapièce, 

qui regar- 

dent droie 

= le coin où 

vous êtes, 
afin que 
ces jalons 
vous fer- 
vent de vifées 


CTITITIIIT Tu 


*s3anbr 


Cela fait ; regardez , par les pinules de l'É- 
querre ; c'eft-à-dire , par les fentes qui fe ren- 
contrent aux quatre bouts d’icelle , jufqu’a ce 
que vous voyez les jalons dans le milieu des 
fentes. 

Ayant découvert avec juftefle les deux lignes 


&20 De la culinre du Chéne: 


vifuelles, qui coupent & limitent les deux côtés de 
votre pièce, levez l’équerre le plus délicatement 
que vous pourrez , fans l'ouvrir ni fermer d’a- 
vantage 5 afin qu'en lappliquant fur le papier , 
l'angle fe trouve régulier & fidèlé, en tirant deux 
traits de crayon ou de plume, dans l'ouverture 
de l’équerre. 

Alors vous mefurez ces deux côtés avec la 
chaîne , faifant marcher votre homme devant 
vous. Vous & lui , foutiendrez la chaîne de la 
Main gauche , mettant la boucle , qui eft à cha- 

ue bout d’icelle, à l’un des doigts de la main. 
Voie homme aura foin de planter les piquets un 
à un , chaque fois que vous pofez la chaîne, & 
vous de les lever. 

Vous devez prendre garde qu'il ne s'écarte 
point à droite , ni à gauche , & faire en forte 
que le dernier piquet qu'il a pofé, & celui qu'il 
pole, foient toujours en droite ligne avec le ra- 
yon de vifée. 

Lorfque vous aurez levé les dix piquets, vous 
les redonnerez à votre homme , & vous marque- 
rez les dix chaînes mefurées , fur un papier ou 
carton , & vous poferez ce nombre autant de fois 
que vous aurez fait de levées 5 afin qu'après vous 
régliez ces longueurs & largeurs fur votre échel- 
le ; laquelle , étant divifée en douze parties éga- 
les , & la dérnière étant fubdivifée en douze, 
elles marque cent-vingt chaînes ou perches. 

Maintenant , pour rapporter au net la figure 
& la forme de la pièce que vous avez mefuréé, 
& que vous n’aviez qu'ébauchée fur un papier, 
en la mefurant , il faut la réduire au petit pied, 
par le moyen de l'échelle. 

Préfentez également votre équerre à tous les 


Seconde Partie. Chap. IP. 12È 


angles de la pièce 5 vous l’ouvrirez & férmerez, 
juiqu'à ce qu'elle foit jufte à voutes les lignes ; 
vous la rapporterez fur votre papier , obfervant 
toujours que la longueur deldites lignes foit 
proportionnée & ajuftée , avec un compas, fur 
l'échelle. 

Si vous voulez orienter exactement votre plan 
terrier , il eft indifpenfable de vous procurer une 
Boufole. 


À Ayant mis en abrégé, fur le papiers 
x la figure de votre terrein , fi c’eft un 


là Règle.  Suppofons que le quarré 
pa 21. Ait vingt-une toifes, ( ou 
LA | 21. autre mefure, ) de lar- 


——— geur, & vingt-une toifes 

LD: 7 C 11%" d8 longueur Multipliez 
AT 42. à 

21 par 21; la fuperfñcie 


441 t,fera jufte 441 toifes. 


Le Quarré long , le Rhombe , & toutes figures 
sectangles , fe mefurent de la même façon. 


A. Régle. Pour mefurer le 

£ D 23: Triangle rectangle, 
73 23. il faut multiplier Ja 

hauteur depuis A. 

£ e 46. jufqu'à -B. par la 


largeur depuis B. 
529*_ jufqu'à C. prenez la 
264-—- moitié du produit 
ce fera la réponfe, 


PR 


2 


122 De la culture du Chêne: 

Suppofons que la figure eût de hauteur vingt: 
trois toiles, fur vingt-trois toifes de bafe ; mul- 
tipliez 23 par 23 fera s29 donc la moitié fera 
jufte 264 toifes —. 

Généralement , toutes fortes de tri angles fe 
mefurent de la même façon. 

Pour mefurer toute forte de trapéfes , il ne faut 
qu’additionner les deux côtés parallèles , & mul- 
tiplier le produit par la hauteur ; & , de ce qui eæ 


viendra, en prendre la moitié , qui fera la fu- 
perficie requife, 


Règle. Suppofons que depuis 
15. À. jufqu'a B. il y eût 
= 9. quinze toifes, & de C. 
D 24. juiqu'à D. il y en eût 
5 neuf; viendra, à l'addition 
24, qu'il faut multiplier 

729:_ par trente, qui font de 
360 t. B. à D. &, du produit 


720 , il en faut prendre la moitié, qui fera jufte 
360 toiles quarrées. 


Pour mefurer route forte de 
Trapézoïdes , il faut tirer une 
,%” À ligne de l'angle le plus aigu & le 

OR TE j plus éloigné, jufqu’à celui du mi- 

Me ce lieu ; vous en ferez deux triangles, 
que vous mefurerez féparément , comme delfus. 


»°” 


Autre Trapézoïde. , 


ENCOL LU 


« 
A , 
2 


ES Les er irrégulières , font 
; S celles dont les côtés font 1né- 
gaux ; elles n’ont pas de nom propre & partici- 


Secondé Partie. Chap. IF. 123 


lier; on les mefure diverfe- 
ment & chacun à fa volonté; 
mais il eft de néceflité de les 
réduire & divifer en quarrés 
ou. triangles , ou trapézes où 
trapézoides, Pour mefurer les 


figures irrégulières , le plus court eft de les di- 
vifer en triangles. 

Si, dans la terre que vous voulez mefurer , ül 
y en a quelqu’autre enclavée , il faut mefurer 
le tout enfemble ; puis mefurer celle qui eft 
enclavée, & l’ôter de la fuperficie de toure la 
terre ; ce qui reftera, donnera la fuperficie que 
vous cherchez. 

Voilà , à peu-près | ce qu'un Propriétaire de 
fonds doit favoir de l’arpentage. S'il lui furvient 
quelqu'epération plus difficile , il eft à propos 
qu'il ait recours à un Arpenteur. 


TOISÉ DES TERRES MASSIVES. 


Pour toifer les terres maflives , il faut mul- 
tiplier la largeur de la place, par la longueur, & 
le produit , par la hauteur. Exemple. La voife 
cube de terre ayant fix pieds en tous fens , il 
faut multiplier fix par fix , qui eft la longueur 
& la largeur. Cela produit trente-fix pieds, & 
ce produit étant multiplié par fix , qui eft la 
hauteur , il viendra deux cents feize pieds cubes, 
dont eft compofée la toife cube. 

Le prix de la fouille d’une toife cube , varie 
fuivanc les pays , & la facilité ou la difficulté de 
l’excavation ; il eft ordinairement depuis trente 
{ols , jufqu’à trois livres. 


x24 De la culture du Chéné. 
T'R 4'N S$S P O RTS 


Tz y a plufieurs manières de tranfporter les terres. 

Si c’eft de près en prês, on le fait à la hot- 
tée, ou avec les brouettes ; quatre-cents hottées 
de terre, médiocrement chargées, font une toile 
cube : une brouette en amène environ un pied 
cube , qui pèle 95 livres ; il faut donc faire 216 
tours, pour tranfporter une toife cube de terre. 

On peut faire épreuve combien un homme 
pourra porter de hottées, ou rouler de brouet- 
tées en une heure; & on verra combien par jour. 

Ordinairement on établit des relais de dix en 
dix toifes ; les ouvriers en font moins fatigués. 

Si la diftance eft de plus de cent toifes, il 
fera moins difpendieux de fe fervir de rombereaux; 
vingt-quatre , médiocrement chargés , voiturent 
une toife cube de terre; c’eft à raifon de neuf 
pieds cubes chaque, 


RES U M Ë 


IL réfulte | de tous les détails dans lefquels 
nous venons d’entrer , que les Semis font préfé- 
rables aux Plantations ; que les uns & les autres 
exigent des attentions multipliées , dont la plü- 
part des hommes font incapables ; & que c’eft 
un grand abus de s’en rapporter , fur cet article, 
à des falariés, qui agiflent fans principes, où 
d'obliger des fermiers à femer ou à planter des 
Bois ; s'ils n'ont pas déjà donné des preuves de 
leur intelligence. 


Z 


LE 
LS 


12} 


CHA RICE RER 


De L'ARBRE ET DE SON Bors. 


Usqu’a préfent, nous avons confidéré les 
Axrbres dans un état d'inertie. C’eft pendant 

l'Hiver que nous avons femé & planté. Un doux 
Printems vient-il animer notre ouvrage? La cul: 
ture commence; l’art vient fe réunir à la nature, 
pour contribuer aux plaifirs de l’homme, & poux 
lui préparer une reflource dans fes différens beloins, 

Mais, la pratique fans théorie étant fujette à 
erreur, commençons à donner, en peu de mots, 
un apperçu de l'organifation des Arbres , de leur 
cexture , & dela formation du Bois, afn que 
le Lecteur puifle agir d’après les principes les 
plus certains, toutes les fois que le cas fe pré 
fentera. 

L'Aïbre eft un corps organifé, dont la ftruc- 
ture n’eft pas encore complettement connue. Tout 
ce que nous favons ; c'’eft que ce qu’on appelle 
Bois | eft compofé de fibres longitudinales &c 
tranfverfales , de trachées , de tiflu cellulaire , 
de moëlle : il-eft recouvert d’une enveloppe , 
qu’on appelle Écorce. Lorfqu'il eft fur pied , la 
sève alimente intérieurement toutes ces parties , 
&, en forme de nouvelles, entre le Tronc & 
l'Écorce. De-là, fa croiffance , par l’éruptionf des 
Bourgeons, dont la nature eft de s’élever ; en 
obfervant qu'un arbre de cent ans auprès de fes 
racines, n'a qu'un an à fon fommer. De-là les 
cernes ou cercles concentriques, de deux ou trois 
lignes d’épaifleur , d’un bois dur & folide , dont 
la progreflion annuelle forme fa groffeur. De-là 


ÿ26 De la culture du Chêne. 


certe cohérence de fibres longitudinales. De-là ; 
cette difpofition , qu’on appelle le Fi du Bois, 
provenant de la fituation des Jongs tuyaux, qui, 
étant couchés dans toute la longueur de l’Axrbre, 
les uns contre les autres | & liés par les fibres 
tranfverfales , donnent au Bois cette contexture 
qui conftitue fa force. De-là encore, ces mêmes 
canaux , qui fe ramifient , qui pouflent de petits 
flamens , produifant , d’un côté, l’Écorce , &, 
de l’autre, s’attachant au bois de l’année précé 
dente , forment , entre ces deux couches, un tif 
fu cellulaire , qui eft fpongieux |, & d'environ 
une demi-ligne d’épaiffeur. 

Le corps ligneux n’eft pas feulement formé de 
lentrelacement des vaifleaux lymphatiques avec 
le tiflu cellulaire , ou les produétions médullai- 
res , dont l’enfemble compolfe les fibres ligneufes , 
qui font longitudinales ; on apperçoit encore, . 
dans cette fubftance , une autre efpèce de vaif- 
feaux , que l’on nomme Waiffeaux propres du Bois, 
qui fe font connoître dans le Bois , par l’eflufon 
des fucs qu’ils contiennent. Ils font fitués à peu- 

rès comme les vaifleaux lymphariques , & fonc 
Loin plus fins que ceux de l’Écorce. 

Sur quoi nous obferverons, avee M. de Buffon, 
que , de la manière dont les Arbres croiffent, 
& dont le bois fe forme , la cohérence longitu- 
dinale eft plus confidérable , plus réfiftanre , que 
l’union tranf{verfale ; que , dans le même terrein , 
le Chêne , qui croît le plus vite , eft le plus 
fort, & que le plus denfe l'emporte fur le plus 
poreux. Nous remarquerons auf, qu'il y a un 
quinzième de différence entre la pefanteur fpéci- 
fique du cœur de Chéne, & celle de fon aubier; 
de forte qu’elle décroîr , à très-peu-près , en rai- 


Seconde Partie. Chap, V. 14 
fôn arithmétique , depuis le centre jufqu'à la cir- 
conférence de l’Arbre. Que le Bois du pied d’un 
Arbre pèle plus que celui du milieu; & celui du 
milieu , plus que celui du fommet. Les Arbres 
ceflent-ils de croître ? cette proportion commence 
à varier ; le cœur des chênes, au deflus de l’âge 
de cent ans, ne prend plus de nouvelle pefanteur ; 
& la nature de l’aubier croît en rapport; de 
façon que l’aubier des vieux arbres eft plus foli- 
de, & moins volumineux que celui des jeunes. 
On peut donc avancer , avec raïfon, que l’âge 
de la perfettion du Bois, eft l’âge moyen, où 
les différentes parties de l'arbre font à peu-près 
d’égal poids. En général, le Chêne doit pefes 
depuis 65 jufqu'à 75 livres le pied cube. 


MOELLE ET TISSU CELLULAIRE. 


La Moëlle, qui forme l’axe de l’Arbre , fem- 
ble conftituer efentiellement le corps végétal ; 
elle fe defsèche à proportion que l’Arbre vieillit. 
Dans les jeunes ttes , c’eft l’origine du Tiffu 
cellulaire ; elle eft tendre , fucculente, & de 
couleur verte ; mais bientôt les couches ligneufes 
lendurciflent |, & forment une enveloppe , dans 
laquelle la Moëlle eft renfermée : elle garde 
encore quelque tems fa couleur ; enfuite elle 
change , & devient blanchâtre, fe defsèche ; & 
même le canal médullaire diminue peu-à-peu ; de 
forte que , dans les grands Arbres, même ceux 
qui , dans leur jeunefle, ont le plus de moëlle, 
on ne voit plus, ni canal, ni fubftance médul- 
laire. Fend-on un morceau de bois de Chêne 
fec, fuivant la direétion des fibres ? on apperçoit 
dans les pores, une fubftance grenue, qui fonc 
les fragmens de là moclle, devenus tiflu cellu- 


v28 De la culture du Chêne. 


Jaire ; fi l’on examine à la loupe la coupe trän£ 
verfale de certains bois ; on apperçoit , «entre les 
fibres ligneufes , l'épaifleur des James du tiflu 
cellulaire, qui s'étendent en ligne droite du cen-- 
tre à la circonférence; &, fi l’on fend ce mor- 
ceau de bois, fuivant le plan de ces lames , le 
tiflu cellulaire fe montre fous la forme d’un 
feuillet, qui femble compolfé de fibres, dont Îa 
direction eft auffi du centre à la circonférence 
extérieure de l'écorce. 


CEVR' DUO IE 


CE qu’on appelle le Cœur du Bois, n’eft pas 
la partie médullaire qui fe trouve au centre de 
l'arbre ; mais c’eft tout le bois parfait qui le 
conftitue , & qui eft au deflous de la couche 
d’aubi * formé 

aubier , recouverre de l'écorce , & eft formé 
par les fibres longitudinales & tranfverfales. 


AUBIER. 


L’AUBIER , eft cette couronne de bois ten- 
dre, qui n’a point acquis route fa folidiré, mais 
qui en eft fufceptible ; ce qui le fait nommer 
Bois imparfait ; il fe trouve entre le cœur de 
l’Arbre & l'écorce ; il a les mêmes organes que 
le cœur ; il n’en diffère pas effentiellement, puis 
qu'avec le rems il le devienc, il y eft adhérent, 
& il s’y incorpore infenfiblement, en devenant 
parfait. Ce font les dernières produétions de la 
sève , qui forment annuellement de jeunes cou- 
ches molles & ligneufes, dont on compte , fui-- 
vant la différence des terreins , depuis cinq: ju£ 
qu'à vingt, l’épaifieur eft toujours plus forte d’un 
côté que de l’autre ; la difpofition des racines & 
la diftribution des fucs nourriciers en font les 

feules 


Seconde Patrie. Chap, V. t59 


feules caufes , comme nous l'avons dit plus haut, 
Quelquefois, dans différentes parties du corps 
d’un Arbre , on voit des cernes d’Aubier , qui 
font pas pris de confiftance | quoiqu'ils foient 
recouverts d'une couronne de bois parfait; c’eft 
une fuite des accidens qui ont interrompu la cira 
culation de la sève , lors de l’accroiflement, 


SÈFVE. 


ON ne peut contefter que là £ève ñe foi tif 
des principaux agens de l'organifation & de là 
formation des Bois ; quelle en eft donc la nature , 
& quelles font fes fonëtions ? D’après nos obfëre 
vateurs Phyficiens, nous dirons que c'eft une lis 
queur qui nourrit les plantes , & qui fait , dans 
le règne végétal , les mêmes fonétions que le chile 
dans l’animal. Ce font les particules de fel, d'huile, 
d’eau , de feu , deterre , & tous autres Principes, 
foit finples , foi: compofés, que l’air met en mou- 
vement , fait fermenter , & que les racines , où 
plutôt les pores , placés à l'extrémité de chaque 
chevelu , faififlenc , abforbent , rélativement à 14 
nature & au genre de la plante dont ils dépen- 
dent, pour les refouler & les tranfmetrre enfaite 
dans le corps de l'arbre , qui , à fon tour , comme 
une cfpèce d'eflomach , les triture , les digére, 
les prépare & les diftribue de nouveau au corps 
des racines de l'arbre , des branches , &c, La 
germination du gland juftifie cet ordre ; la jeune 
facine ne profite pas , du premier inflant | des 
fucs qu’elle tire de la terre , puifqu’elle pouffe jufe 
ques à un pied de long dans un grenier ; elle Jes 
fait pafler dans les lobes | pour les préparer ; & 
les lobes les rendent à [a racine. 

Ces opérations faites ; la Sève eft-elle fubriliféé 


ts De La culiure du Chéné: 

par l'air & par la chaleur ? elle change de .vuleur à 
de nature même ; elle devient fuc propre ; elle 
s’aflimile aux anciennes parties de l’arbre , elle 
s’y incorpore , elle en augmente le volume ; {x 
confiftance gélatineufe paile à l’étar d’écorce , à 
celui d’aubier , qui remplace celui de l’année anté- 
rieure , qui lui-même fera infenfiblement changé 
en nature & cœur de bois ; ce fera un cerne de 
plus à l'arbre. Aufi efl-ce par ces couches con 
centriques , qu'on peut favoir Fâge d’un arbre ; 
& de chaque branche même ; en comptant les 
cercles , on à le nombre des années. Mais , dans 
ce cas , après ce que nous avons obfervé fur la 
nutrition de l'arbre ; on ne doit partir que des 
cernes , qui font au pied de l'arbre , ou à la 
naiffance, de la branche ; autrement on n’auroit 
que le nombre des années depuis la naiffance de 
la partie dont on eompreroit les cernes, 

Au refte, quand on parle de [a Sève d'Août 
il ne faut pas entendte qu'il y en ait deux dans 
Pannée ; la ceflation du mouvement n'étant jamais 
totale |, même pendant l’Hiver. I y a feulement 
deux faifons où la sève agit avec plus de force 
dans les arbres, le commencement du Printems 
& la moitié de l'Eté; les arbres font alors de 
nouvelles productions en bois & en feuilles ; celle 
du Printems détermine la floraifon & la fruéifi- 
carion des arbres ; celle d'Eté perfetionne 1e: 
bois & beaucoup de fruits, & des boutons pour 
l’année fuivante. Ainf il ne {e forme réellement 
qu’un cerne chaque année. 

J'ai compté ceux des Chênes que j'avois femé 
moi-même, Dés la première année, ils avoient 
la moëlle, le bois; & l'écorce trés-diftinéts ; ces: 
pendant, à dix ans, ils n’avoienc , au pied, 


Secèrite Partie Chap, P' IR 


près des racines, que neuf cernes , y comprife la 
molle. À onze ans, ils en avoient dix, à douzë 
ans ; onze , &c. +, D EROUIES 
: La croiflance du Chéñe eft f peu fenfiblé [es 
deux premières années » que les cernes perdent” 
leur apparénce | & fé trouvent confondus avec la 
fubftance médullaire, 11 n’en cft pas de inéme 
dans un brin de Taillis ; à dix ans , il à dix 
cernes ; fans compter la moëlle | ni l’écorce, 


TRACHÉES. 


+ Er exifte auffi dans le bois des ÿaifleaux sS 
tels Qué des filamens trés-déliés » & roulés én 
fpirale , äboutifläne à l'épiderme ,. & qui vont } 
pour äinfi dire, S'y épanouir ; ils tränfmettené 
l'air néceffaire à Ja Préparation &. au mouveméñt 
de la sève. On les nomme Trachées. Ces filamens 
caflent äâvece bruit, lorfqu'on écorce. lé Chêne; 
L'air eft un fluide auf néceflaire à l’exifténéé 
& à l’accroiffement des végétaux , qu'à l'éxife 
tence des animaux. Les feuilles » les branches ? 
le tronc , l'écorce ont une force de fücciort S” 
qui détermine l'air à monter dans l'Aïbre , pré: 
ctfément comme Ja Séve ; & c'eft l'office des 
éeaux dont il s’agit. Lorfqu'on veut Les ap+ 
percevoir, il faut couper l'écorce dans les -bran: 
ches herbacées »> fans éntamer le bois ; ft lon 
remgt enfuite doucement lé corps ligneux ; & 
qu'on retire les morceaux rompus en fêns_ oppo+ 
fés , on voit entré les deux morceaux dés flàs 
méhs :trés-fins , qui, foumis au Microfcope 
paroifient étre des bandes brillantes » Toulées € 
âe-bourre, | | 


À is 


334 De la culture du Chêne: 
É CORCE. 


L’ÉcoRrcE cft l'enveloppe qui couvre le 
bois : toute groflière qu’elle peut paroître aux 
yeux du vulgaire , elle n’eft pas indifférente aux 
Phyfciens ; elle a mérité leur attention ; fon 
rapport eft intime avec les différentes parties de 
lorganifation du Bois ; on lui reconnoit deux 
fosttions eflentielles , la préparation & co&ion 
de la Sève, & l'addition des couches ligneufes , 
qui produifent laccroiflement annuel des Arbres, 
D'où l’on peut conclurre que la principale partie 
des Arbres eft cette portion de l'écorce, qui 
souche immédiatement le bois ; puifque c’eft par 
fon moyen que les Arbres confervent leur vie, 
& qu'ils augmentent de grofleur. Les Arbres 
creux & eariés , à qui il ne refte de bois dans 
eur tronc , que ce qu'il faut pour foutenir l’é- 
corce , & se cependant vivent & produifent ; 
prouvent aflez combien la partie ligneufe ef£ 
moins importante que l'écorce. Voyons fa con- 
texture. Elle “eft compofée de différentes cou- 
ches , qu’on nomme Corticales : on y diftingue 
les vaifleaux , ou fibres longitudinales de l’'Écor- 
ce, les vaiffeaux propres , le tiffu cellulaire | 1& 
divret | & l’épiderme. x < 

C'eft dans les Vaiffeaux , ou fibres longirudi 
nales de l'écorce, que coule la sève ; ils font unis 
les uns aux autres, de manière qu’ils forment un 
tiflu de petits faifleaux , ou rofeaux, dont les 
mailles font plus longues que larges. 

Les Vaiffeaux propres font les tubes 1ongitudi- 
naux , droits, colés contre les fibres, où coule 
la sève, & remplis d’un fuc propre , qui eft une 
eipèce de lait. 


Seconde Parrié. Chap. V. “139 


Le Tiffu cellulaire eft placé fous l'épiderme ; 
c'eft une fubftance d’un verd très-foncé , qui eft 
prefque toujours fucculente & herbacée ; elle eft 
formée d’un très-grand nombre de filamens très- 
fins , entrelacés les uns avec les autres, & de 
petits fragmens de moëlle. Cette fubftance peut 
fervir à garantir du defsèchement les parties qu’el- 
le recouvre , & à la réparation de l’épiderme, 

Le Livret eft la partie irtérieure de l'écorce, 
qui couche à l’aubier , & reflemble aux feuil- 
lets d’un livre. C’eft une membrane fine , qui fe 
détache tous les ans de l'écorce , pour s'unir à 
Paubier & l'identifier avec lui; la preuve en eft, 
que cette membrane , enlevée dans un endroit, 
le bois n’y prend plus le moindre accroifiement. 
Le Livret eft remplacé chaque année, & formé 
de nouveau par la sève du Prinrems. 

L’Épiderme eft l'enveloppe générale dont tous 
les arbres font recouverts extérieurement. C'eft 
une membrane mince , sèche & avide, qui fe 
détache aifément des parties qu’elle recouvre , 
dans les tems de la pleine sève , elle eft plus 
adhérente fur les branches que fur le cronc ; elle 
fe rompx lorfque l’arbre augmente en grofieur, 
quoiqu’elle foit capable d’extenfion dans toutes 
les dimenfions. Alors elle rombe par lambeaux 
defléchés , & fe reproduit enfuite de la fubftance 
du Tiflu cellulaire. 


BRANCHES. 


Les Branches partent du tronc de laibre , 
& prennent une direétion latérale ; elles fonc en 
continuation de fibres longitudinales , elles one ia 
même organifation , & la méme croiflance. A 
l'égard de leur vigueur, plus ou moins graude, 


Y54 De la culture du Chêne, 


elle fembie dépendre des racines : en effer, elles 
font chacune en raifon de la force des racines 
qui fonc du même côté, & qui y correfpondent ; 
elles abandonnent, ainfi que les racines, la di- 
reétion de la tige, pour s'écarter, & elles s'é- 
tendent parailélement au terrein, lors même qu il 
eft en pente. Se rrouvent-elles adoffées à un mur 
ou à un rocher coupé à pic ? elles tournent 
routes du coté oppolé , c’eft fans doute un effet 
de l'air, ainfi que la pondération du pourtour 
naturel des branches, dans un Arbre de belle 
venue. L’Arbufte qui fort des mains de la natu. 
re, & qui n'eft pas encore vicié, nous le fair 
connoître, 

Nous obfervons auffi que les Branches ne font 
ni yne portion, ni une divifion du tronc. Sort-il 
une jeune Branche d’un affez gros fronc P on, 
voit que les fibres font forcées de s’écarter , pour 
laifler fortir certe branche , & qu’enfuite elles le 
rejoignent au deflus de la jeune branche, pour 
fuivre leur direction ; ‘de-là les nœuds qui fe 
trouvent dans le cœur du baïs , ainfi que d’autres 
vices , provenans de branches coupées ou brifées, 


FEUILLES. 


+ 

Les Euilles font liées intimément à l'orga- 
nifation; elles ne font pas un fimple ornement ; 
elles font partie de Ja végétation. Combien a-t-il 
péri .d’Arbres, pour avoir été efleuillés ! (9) 
Auffi peut-on aväncèr } âvec certitude, que les. 
Feuilles font , à proprement parler , les poumons 


# 


(0) S'ils ne périffent pas tous, lorfau’ils font entière: 
ment dépouillés par les Chenilles ; c'eft que la feppres 
fion me fe fait que fucceflivemenr. 


” 


\ 


. Séconde Partis. Chap. V. EL: 


@es Plantes ; elles reçoivent l'air, ainfi que les” 


fels vivifians qu'il charie ; introduits , ils produi- 
fenc fur la sève un efler pareil à celui que l'air, 
refpiré pat les animaux , produic fur la mafle 
du fang. 

Si la chaleur du jour fatigue les arbres, en 
faifant exhaler en trop grande abondance les li- 
queurs qui leur font propres ; elles font réparées 
promptement par la rofée, & par les fucs ré- 
panduüs dans l’Armofphère , que les feuilles pom- 
pent la nuit. Quel plaifir de vair la verdure du 
matin ! les teintes en fonc plus claires , plus net. 
tes, les feuilles ont repris leur vigueur. 

Il règne entre les feuilles & les branches un 
commerce continuel de végétation 5 fi on renverfe 
une branche en fens contraire à fa firuation natu: 
telle | bien-tôt les feuilles fe reploient , & rer 
prennent leur afpeft ; de façon que la furface 
fupérieure dela Feuille fe trouve coujours regars 
der le ciel, & linférieure, la terre. Le premier 
côté eft ordinairement lifle, & d’un verd foncé; 
l’autre eft en relief; fon verd eft moins vif, 

La feuille décide en partie de la qualité du 
Bois ; c'eft par fa couleur qu’on reconnait fi un 
arbre eft malade ou non; c'eft par fa vigueur 
: juge de fes befoins. En général , ung 
euille nette & foutenue annonce un Arbre bie 
conformé , vigoureux, & fur la force duquel on, 
peut compter. | 


FKETEU"RV\eS EU ETR Ur 7e 


Les Fleurs renferment les parties propres 
pour la mukiplicarion de l’efpèce. Ce ‘fonc des 
vilcères deftinés pour les femences. ‘Les partica 
extérieures des fleurs fervent d'enveloppe 3 & 


RE LE gr + à É NN 2, a AR A 


136 De la çulture du Chêne, 


comme elles font le plus fouvent colorées , on 
les a prifes pour la fleur même. Les parties in--' 
ternes , & qui font les plus eflencielles , font les 
ÆEtamnes, dont le fommet eft une bourfe pleine 
de pouflière. Ces Éramines accompagnent ordi- 
nairement un pifil , qui eft lui-même, ou le 
plein fruis ou l'extrémité du fruir. Ce piftil eft 
nommé Sziler ; les fleurs en contiennent un ou 
plufieurs ; fi elles ne contiennent que des Piflils, 
elles fonc Femelles : fi eiles ne contiennent que 
des Étamines , elles font Mäles. Si les fleurs con- 
tiennent des Piftils & des Étamines , alors elles 
font Hermaphrodires. Ces dernieres portent ; dans 
leur fein , les germes reproductifs , qui procurent 
limmortaliré à leur efpèce ; au lieu que la fleur 
des arbres qui les portent toutes femelles, com- 
me le Térébinthe, ne peut être fécondée , c’elt: 
à-dire, produire du fruit ou de la graine , qu'en 
recevant auparavant Ja pouflére prolifique de la 
fleur mâle d’un autre arbre de fon efpèce. 

Certaines efpèces, comme le Chêne, portent, 
fur un même individu , des fleurs mâles & des 
fleurs femeiles , féparées les unes des autres. Les 
mâles fervent , par l’émiflion de leur pouffière, à 
vivifier les jeunes frufts, qui font placés dans des 
endroits éloignés de la fleur , cels font aufli. les 
chatons du Noyer, du Saule , &c. 

Les Tiges préparent donc le fuc pour les 
Feuilles ; les Feuilles pour les Fleurs ; & les 
Fleurs pour les Fruits, 


BouTons. 


Les Boutons , qui fortent des branches & 
des racines, ont la njême organifation ; ce fon 
aurant de petires plantes entières , dont les par- 


Seconde Partie. Chap. V, 137 


ties font repliées les unes fur les autres , & ne fe 
développent que tour-à-tour ; les uns font gros, 
& donnent du fruit cette année ; les autres en 
réfervent pour l’année prochaine ; d’autres font 
pointus , & font des boutons à bois, Non feule- 
ment les bourons de chaque genre d'arbre ont 
des formes particulieres ; mais fouvent les boutons 
de chaque efpèce en afleétent une qui, bien ob- 
fervée , fufht aux Jardiniers, qui élèvent des as 
bres en pépinière, pour diftinguer les efpèces, 


R AOC VNE'S. 


Voyons actuellement ce que font les 
Racines ; développons leurs fonétions & leurs 
rapports. 

Iles font les premiers agens de la nutrition ; 
ce font les orifices des vailleaux de Arbre, qui 
rempliflent les fonctions de bouche & d’œfopha- 
ge ; elles tranfmettent dans les vaifleaux les fucs 
nourriciers , qu’elles pompent & tirent de la 
terre. La première racine , qui eft à plomb de 
la tige , fe nomme Pivot, à s'enfonce profon- 
dément , fi la terre eft bonne & abondante en 
fucs , qui puiflent lui convenir. Les Racines près 
du tronc , fe partagent & fe divifent à l'infini ; 
elles forment des Chevelus | qui s’immiflent à 
travers les molécules terreitres, & y ramaffent les 
fucs différens , qui font propres à la nutrition de 
l'Arbre ; elles fervens aufli à maintenir la tige 
dans une pofrion perpendiculaire & à l'empêcher 
d’être renverfée. 

Les Racines & les Branches ont des rapports 
intimes : elles fe ramifient & fe fubdivilent à 
peu-prés uniformément. Un arbre , qui n’a que 
de petites branches , mal nourries , a fes Racines 


738 De la culture du Chêne. 


grêles , foibles & peu abondantes ; & les Arbreg 
pouffent d’autant plus de Racines, qu’ils ont plus 
de Branches. 

Au furplus, l'organifation des Racines eft la 
même que celle dé la Tige & des Branches : 
clles font formées de moëlle, de corps ligneux, 
de couches corticales ; avec cette différence , 
cependant , que ces dernières font toujours fuc- 
Gulentes. 

M. Duharel , ayant difcuté en maître la civ- 
culation de Ja sève , conciud qu’au moins une 
portion de ce fuc nourricier , élevé dans les 
plantes , defcend enfuite vers le bas; & que ce 
rerour eft même néceflaire , pour la formation 
des Racines, 1 
NUTRITION DES ARBRES, 

EN admettant.la tranfpiration des Arbres ;, 
démontrée par M, de Buffon, il eft facile de 
comprendre comment s'opère leur Nutrition. Le 
flegme fe diflipant par le moyen de cette tranf 
pirarion , le fuc nourricier fe fige , s’épaifht & 
augmente le volume des parties folides, ou Fé- 
pare celles qui font diffipées. Tous les -étres 
vivants jouiflent de la faculté de s’accroître juf- 
‘qu'à un certain terme de développement, qui eft 
particulier à chacun d'eux ; parce que l’effer de 
Ja Nutrition eft de fournir, pendant un certain 
tems , à l'être en qui elle s'opere , une nou- 
velle fubftance , affimilée à la fienne', & ‘plus 
grande , par fa quantité, que les pertes qu’elle 
en fair, par les fuites nécellaires de l’aétion de 
la vie. Mais à un certain terme, pour chaque = 
dividu , la nutrition ne fournit qu'une affimilation 
égale à la fomme des pertes ; alors laccroifie- 


Seconde Partie. Chan. V -139 


ment n’a plus lieu, & l'êrre qui eft dans Leg 
cas, celle d'augmenter dans les dimenfions de 
Les parties. 

2 En voilà fans doute afez ; pour, donner une 
.connoiflance de l'économie végétale, eu égard à 
Ja Culture des Arbres. Les principes que nous 
venons de pofer, vont recevoir leur application 

ans ce que nous avons à dire. 

11 nous :refteroir cependant ici à expliquer Ia 
caule du premier mouvement de la Sève, qui 
‘développe le germe des femences , qui agit fur 
un jeune Arbre , nouvellement tranfplanté , oh 
qui fe fais (éritin. cour d'un coup dans toutes les 
parties d’un grand Arbre , comme la Fm le 
montre dans un lieu obfcur, lorfqu'on y introduit 
un flambeau aies Phyficiens ont fait de grandes 
‘recherches à cet égard ; mais ç'a été jufqu'à nos 
jours le fecret de la Nature. 


PRE N CTP E 1D'A K IE, 


On feroit tenté d'admettre un Principe sx vie, 
qui, étant aidé .de toutes les circonitances né- 
ceffaires , c'eft-à-dire, dé bonne terre, d’ humi- 
dité & de chaleur fufifante , fair agir toures les 
parties de chaque Aïbre ; de forte que l'Arbre 
ou la Plante viennent immanquablement à à périr, 
d’abord que ce principe vient à être détruit, & 
qu ls fe confervent avec vigueur, pendant qu ‘il 
n'arrive aucune altération à ce prie cipe. 

Or, ce principe n’a pas une même & fembla- 
ble ficuarion daus toures les plantes. En quelques 
unes, il eft fitué dans der @i/ extérieur , qui eff 
le premier à paroitre hors de terre, & à dite 
güer la planté ; comme nous vOyOns, par exem- 
le, aux mclons , aux pois , & à toutes les 


140 De La culture du Chêne. 


fleurs annales. Ce premier Œil Ôté , le bas de 
ces plantes meurt aufli-tôt, & fans reflource. 

À d’autres plantes , il eft feulement dans les 
Bulbes où Oignons , comme aux Tulipes, Ané- 
mones ; ces fortes de plantes ne périflent , que 
quand leur Oignon périt, cer Oil extérieur de 
la premitre pouffe étant Ôté, là plante ne cefle 
pas de vivre. | 

À d’autres Plantes, outre qu’il eft principale- 
ment à l'endroit que nous remarquerons ci-après, 
pour tous les grands Arbres, 1l s’en trouve dans 
toutes les parties externes qui le compofent : 
comme 1l paroïr aux branches de Vigne , de 
Saule , & à routes les autres , qui prennent aifé- 
ment de Boutures ou de Marcores, 

Enfin , à d’autres, comme à tous les Arbres ; 
tant ceux que nous appelons Fruitiers , que ceux 
qui ne le font pas, le Principe de vie paroît 
être entre la tige qui monte, & la racine qui 
defcend , précilément à l'endroit où reftent atta- 
chés les lobes, lorfque la racine & la tige ont 
déjà reçu de l’exrenfion. On a beau couper la 
tête, on a beau raccourcir les racines , pourvû 
qu’il n'arrive rien de fâcheux à l'endroit défigné, 
tant s’en faut que l’Arbre en devienne moins vi- 
goureux , au contraire cette opération contribue 
à le faire poufler plus abondamment , tant à 
l'extrémité de la Tige raccourcie , qu'aux extré- 
mités des Racines taillées. 

Ne feroit-ce pas ce Principé de vie, qui, étant 
animé par la chaleur, fait que les vieilles racines 
en produifent de nouvelles , à l’action defquelles 
enfuice chaque Arbre eft redevable de la nour- 
riture qui le fait fubffter & croître ? Car on n6 
peut pas dire que c’eft par l'attraction feule, que 


Secondé Partie. Chap. V. 14É 


les Racines profirent : féparez en une très-vivace 
du pied de l’Arbre, redreffez-la jufqu’à ce qu’elle 
paroifle au dehors & en plein air , elle ne vous 
donnera pas un Arbre; à quelque exception près, 
clle périra. 

O vous, qui aimez à contempler les biens 
que la Providence à femé avec tant de libéralité 
fur nos pas ! prenez dans vos mains un jeune 
Arbre ,; à qui vous aurez confervé toutes les 
Racines & les Branches ; fuivez , dans le détail, 
les différentes parties qui le compofent , obfervez. 
tous les rapports qu’elles ont entr'elles ; voyez ce 
qu'il eft, imaginez ce qu'il peut étre un jour; 
& vous fentirez combien Le Créateur eft admi 
rable dans fon ouvrage. 


Fe As 


? QN 
/ 


CE APT REV 


MANIÈRE D'ÉLAGUER LES ARBRES. 


l ARLONS maintenant de la manière d’É- 
laguer es arbrès ; & des avantages, qui en 
séfultenc. 
Autant il eft inutile d’élaguer dañs les Semis, 
& däns l'inrérieur des Futayes ; aurant il eft pro- 
fitable de le faire dans les Avenues , dans les 
Ceintures d'héritagès, dans les Lizières ; & prin- 
cipalement aux Aïfbreé épars. 

Cette opération eft utile, en ce qu’elle contri- 
bue à donner une belle forrné äux Arbres ifolés ;: 
en proportionnant la hauteur de leur Tige à leur 
élévation totale | & à difpofer les arbres à don- 
ner un Bois fin, propre à toutes fortes d'ouvrages. 

Mais il faut ÿ forter une intelligenee pew 
commune. ÿ x 

On a ordinairement la’coûtme d'élaguer un 
Arbre jufques à la-cime ; C’eft le défaut où tom- 
bent ceux qui n’ont d’autre intention ,; que de fe 
procurer le plus de bois à brüler qu'il eft poffi- 
ble ; & ceux qui livrent leurs arbres à ld merci 
des Colons , qui. ont intérêr d’abbätre toutes les 
branches ; pour les vendre à moitié ; & le grand 
nombre de ceux qui ,: croyant que c’eft un ufage 
établi fur de bons principes , penfent bonnement 
que l’Arbré en vaut mieux. | 

Cependant il réfuire, de cette méthode , deux 
grands inconvéniens. | 

Un Arbre; ainfi élagué, repoufera des Bran-! 
ches, jufques au pied ; ce qui le rendra raboreux 
& piein de nœuds , d’un bouc à l’autre ; ou I& 


Séconde Partie. Chap. VI. +43 


Sève , Montant en trop grande abondance y fuf> 
chargera fa tête de Feuilles & de Branches ; les. 
grands vents la cafleronc , & l’Aïbre reftera def- 
honoré. 

En fecond lieu, les plaies , que laiffe la coupé 
des grofles Branches, ne pouvant étre recouvertes 
qu'au bout de plufiéurs années, la pourriture 
gagne infenfiblément le ëœur de l’Arbre ; ce qui 
-eft le plus grand vice qu'il puifle avoir. 

L'ufage où l’on cft aufli de laifler tenir à 
l’Aïbre le tronçon des Branches, de la longueur 
de fix pouces , & quelquefois plus , eft pire 
encore. Il eft infaillible que cette partie de 
Branche , qui eft ordinairement écliflée & écor- 
chéc , à peu-près comme fi elle avoit é&é rompue 
par le vent, pourrira, faute de pouvoir repoufler 
& d’être recouverte par l'écorce de l'Arbre. Après 
un long-tems , elle combe en pouffiète ; il fe 
forme là une cicatrice | que les Marchands de 
bois appellent Roféfte, parce qu’elle eft en rond , 
avec des finuofités , qui tendent de la circonfé- 
rénce au centre, & qu'ils remarquent très-bien , 
fachant combien Le vice qu'elles cachent eft de 
conféquence. 

Quand 6n à négligé, péndant vingt ans , d’é 
rmonder un Arbre , il n’eft plus poifible de le 
faire , fans lui porter du dommage ; il vaut 
mieux n’ÿ pas touchér. 

11 eft donc indifpenfäble d’élaguer les Aïbres, 
aufli-tôt qu'ils ont acquis aflez de force , pour 
{8 pafler d’une partie de leurs Branches ; ce qui 
arrivé quatre à ciiq ans après leur plantation. 
On coupe quelques branches des plus bafles ;: 
réfervanc d'en couper qüelques autres l’année 
duvante; & ainfi fucceflivement, jufqu'à ce qu’ils 


144 De la culture du Chênes 


foient aflez élevés. On pourroit fe fixer à émotis 
der chacun des arbres, qu’on entreprend d'’éla- 
guer, d’un pied annuellement, & pas d'avantage ; 
ces arbres, confervant toure leur force , auront 
bientôt recouvert leurs bleflures peu confidéräbles. 

Il faut prendre garde de ne pas couper les 
Branches trop près de la tige ; la bleffure en 
feroit plus grande ; le hâle & le Soleil feroient 
fendre le corps de l’Arbre , dans cette partie; 
ce qui arréteroit le cours de la Sève. Il ne faut 
pas non plus les couper trop loin de la tige ; il 
en refteroit une partie , qui feroit long-tems dé- 
couverte ,; elle sècheroit & noirciroit : quoique 
renfermée enfuite dans le cœur d’un jeune Arbré 
vigoureux , elle y refteroit un fiècle entier, fans 
changer d'état. 

Nous venons de voir que les Fihrés longitudi- 
pales du corps de l’Arbre & de l'écorce , ne 
font que fe prêter au pañlage d’une Branche 
naiflante ; elles continuent de fe prêter à fon 
accroiflement , reftant unies en deffus & en def- 
fous , toujours difpofées a reprendre leur direction 
naturelle. Si vous coupez la Branche à quatre ou 
cinq lignes de l’écorce , le Chicor, qui refte, fera 
un obftacle à la réunion des fibres # elles ne 
peuvent le furmonter, que par le moyen de leur 
croiflance extérieure , qui eft, chaque année, 
cout au plus de l’épaiffeur de deux lignes. Il eft 
fenfble que ce ne fera que la feconde ou troifié- 
me année de la coupe , que ce chicot commen- 
cera à être recouvert par fes bords ; & plus ce 
chicot fera large , plus il reftera de tems décou« 
vert dans fon milieu. A4 

La véricable longueur qu’on doit laïfler , eft 
donc celle d’une ligne, pour les petites branches, 

qui 


Seconde Partiè. Chap. VI. 14ÿ 
ui n'excèdent pas fix lignes dé diamétré, & de 
deux lignes, pour celles dont le diamêtre excé- 
de. La peau peut alors recouvrir , dans la mêmé 
année , toutes les perites plaies, & une partie 
des moyennes; | 

Toutes ces attentions font d'autant plus nécéf: 
fairés, que le bois nouveau , qui fe forme, & 
recouvre les plaies du tronc, ne s'unir jamais 
parfaitement à l’ancien bois. 

"Quelquefois une branche prend plus de foréé 
que lé jet principal ; alors il faut fe contenter 
de retrancher une pärtie de cette branche, aû 
lieu de la couper d'abord entièrement. I1 eft boti 
même de voir fi la tête eft viciée ; dans ce tas, 
la branche gourmande doit la templacer. tie 

La faifon où l’élaguement m'a le mieux réuffi: 
je veux dire, où lés arbres ont moins repoulTé 
autour des branches coupées , a été le mois de 
Mai , lorfque l’arbre éroit en pleine Sève ; 14 
plaie fe cicacriloit tout de fuite: & la Sève, qui 
fe portoit à ces branchés bafles, n'ayant pas déjà 
formé le principe de nouvelles branchés + prôprés 
à les remplacer , fe dirigeoit naturellement vets 
la cime, où il reftoit aflez de branches pour 
l’attirer, RAS 

Néanmoins, lorfque j'avois de groffes brati- 
ches à couper, je m'y prenois avant que la Sèvé 
eût commencé à agir: parce que les pores font 
plus ouverts & par conféquent le bois plus tendre 
& facile à carier , lorfque la Sève a circulé; 
Ainfi on pourroit commencer pär les arbres an- 
ciennément plantés ; & les plus gros, réfervañt 
les petits pour l’arrière faifon. : Le 

On élague facilement ces derniers fañs échelie ’ 
avee un outil tranchant dans fon crochet ; pat le 

K 


: 146 De da culiure ‘du Chêne. 
haut & par le bas, de façon qu’on peut donne 
va coup au deffous de la branche, en levant, 
& un autre coup par deflus, en baiffanr ; ordi- 
nairemènt il n’en faut pas un troifième pouf 
l'ebattre, & comme cet outil eft afhlé tout d’un 
eôté, on peut s’en fervir, quoiqu'on foit un peu 
éloigné du pied dé l'arbre ; il a l’avantage de. 
couper ras ; fans bleffer l'écorce, & d’élaguer 
à une certaine hauteur , en lui donnant un man- 
che proportionné. On peur s’en fervir auffi pour 
ôtér des arbres , la Moufle , le Guy ; le Bois 
moït ou inutile, &c. | | 

Quant aux Arbres confidérablement élevés , 
il eit bongd'avoir des échelles légères, ‘qui por- 
tent fur crois points d’appui afin qu’elles fe fou- 
tiennent , fans appuyer à l'arbre. Un Élagueur 
habile emporte une branche d’un feul eoup de 
hâche où de deux. Ii y en a qui fe fervent 
d'une Seie à main , pour couper la branche en 
deffous , jufqu’à la moitié, & enfuire en deflus , 
afin quelle méclate pas ; ils fe fervent d’une 
Serperte bien tranchante , pour erlever lés traces 
que lailfe la Scie. Certe méthode, un peu nroins 
expéditive ; à l’avantige de procurer une coupe 
plus nette. 

Le maître d’un vafte Domaine ne peut entre- 
prendre d’élaguer tous fes arbres , ce feroit un 
travail penible , dont lé concours avec les au- 
tres travaux de la faïfon , furchargeroit fes ou- 
vriers ; il peut facrifier un certain nombré d’ar- 
bres aux ufages journaliers de l’Agricülture & 
du Chauffage , défendre de toucher aux autres, 
& prendre lui-même le foin de donner à ces 
derniers la plus belle forme , & toute la va- 
Jeu qu’ils peuvent acquérir 


Seconde Partie, Chap. VI, 149 


. Le choix des uns d’avec les autres , ne feré 
pas difficile ; le Propriétaire doit fe déterminer 
par la pofirion où fera chaque arbre ; par la for: 
me, qu'il aura déjà acquis, & par le meilleur 
produit qu'il fait elpérer 


Ki 


148 


CH APITER E,;V 


MALADIES DES ARBRES ; 


Avec Vexplication de plufieurs termes qui y font 
rélatifs. 


Es Plantes étant vivantes , & douées d’or- 
M_sganes, qui croiflent par des développemens 
fucceflifs , font fujettes à des déperditions conti- 
nuellés & forcées ; conféquemment , à des répa- 
rations non interrompues. Ces organes | formés 
de parties folides & fluides, qui agiffent & ré- 
agiflenc les unes contre les autres , font néceflai- 
rement exnolés à éprouver , par diverfes caufes, 
des défordres dans leurs fon@ions , qui en trou 
blent l'harmonie ; défordres qui, pour ces êtres, 
font de véritables Maladies | puilqu’il en réfulte 
des altérations fenfibles, & fouvent une mort 
prématurée, 

Chaque Arbre à des Maladies, qui lui font 
partkulières ; tous font fujers à des Maladies 
générales. 

Les principales font oécafonnées par excés 
d'humidité ou de fécherefle , ou par quelque 
dépravation du terrein. 

Le Chêne eft d’une conftirution robufte , qui 
réfifte à prefque tous les accidens. Une de fes 
facultés principales étant de fe reproduire par fa 
tige, coupée même à fleur de terre, il femble 
que rien ne fauroit opérer fa deftruétion. 

D'un autre côté , fi l’on fait attention que tout 
ce qui exifte a des ennemis, & que tout ce qui 
à pris vie eit fujet à des maux innombrables, 


Seconde Partie. Chap. VIT 149 


on fe fentira porté à en garantir, autant quil 
eft poffible , le plus grand & le plus utile des 
végétaux. 

Parcourons fes maladies 3 examinons en les 
caufes , & agiflons d’après les principes. Ce font 
les feuls moyens de pouvoir découvrir les vrais 
remèdes nécellaires. 

Faïfons plus ; indiquons les vices de fon bois, 
afin de donner à connoître de quelle conféquence 
ils font, rélativement à fa valeur & à fon emploi; 
& voyons, s'il eft poflible d'en arrêter les pro- 
grès, foir pendant que l’Arbre eft fur pied, foit 
après qu'il eft abattu. 

Diftinguons enfin les défauts du Bois, d’avec 
fes vices ; & comparons les uns & les autres avec 
fes bonnes qualités. 

Dans une matière aufli étendue, l’ordre Al- 
phabérique nous à paru néceffaire, pour faciliter 
la recherche de chaque Article, & pour pouvoir 
trouver commodément l'explication de certains 
termes, confacrés à la partie des Bois. 

Nous tâcherons de raflembler ici tout ce que 
nous n'avons pas eu occafon de dire ailleurs, 

ABrEeuvoinr. Les Abreuvoirs fe forment 
ordinairement aux Aiffelles, qui font la réunion, 
de deux ou trois Branches ; le poids du Givre; 
ou les grands vents féparent & détachent quel- 
quefois ces branches d’avec le tronc ; l’eau pénè-… 
tre, corrompt le cœur de l’Arbre, & occafonne: 
une pourriture intérieure , de la naïflance de l’4- 
Breuvoir aux racines. On peut connoître ce défaut, : 
l’Aïbre étant fur pied , lorfque fon écorce à de: 
Rs taches blanches ou roufles , du haut en 

as. Ces taches font produites par l’altération deé- 
l'écorce , occafonnée par la pourriture incérieure 2. 


ago De la culture du Chéné, 


ce bois ne peut être employé à la charpente à 
en peu d'années il s’échaufferoit , & tomberoir en 
pouffière. F5 
à AccrueE. C’eft une étendue de bois, qui 
fe trouve aggrandie , fans avoir été femée, ni 
plantée , au moyen des femences qui ont levé 
naturellement. FPT à 
‘’AcaArRrïic, eft une plante parafite, ou plu- 
tôt, une efpèce de Champignon , qui croîc fur 
le Chéne ; 1l annonce un vice, ‘ou que l’Arbre 
eft fur le retour. L’Æ4garic eft aftringent ; il ar- 
êre le fang dans les amputations ; on fe fert 
alors , par préférence, de fa fubftance intérieure , 
qui eft plus fibreufe , plus ligneufe , & plus molle 
que la fuperficie ; le meilleur, eft celui qui croît 
fur les vieux Chênes 5 il eft rare , & très-recher- 
ché. L’Amadou , qui nous eft fi utile, pour avoir 
du feu promptement , fe fait avec l’Agaric. On 
l'emploie aufli dans la teinture, pour le’noir. 
AMMÉNAGER. L’Amménagement conffte 
dans le recepage des bois abroutis, & dans le 
repeuplement des places vaines & vagues ; &, 
en général, dans tout ce qui peut être l'objet de 
Pamélioration des Bois. UE 
‘“AuBgiEr. L'Aubier, eft la couronne de 
bois tendre , qui fe trouve au deflous de l'é- 
corce, & quin’a pas encore la folidité requife, 
L'Aubier d’un Arbre abattu s’échaufle , attire les 
vers, & fe décompofe ; étant mis en œuvre , il 
pourrit promprement , dans les lieux humides ; 
& , dans les endroits fecs, il eft bientôt ver- 
moulu. Dans les grands Arbres, il eft composé 
de douze ou quinze cercles, ou couches an- 
puelles. 11 a un pouce d’épaiffeur dans certains 
arbres ,| qui ont pris route leur groffeur ; il eff 


Séconde Partie. Chap. VII. x5YT 


plus marqué & plus épais dans le Chêne , que 
dans les autres arbres qui en ont un, 

DougLre-Augienr. Ce font les cernes 
d'Aubier entremêlés avec ceux de bon Bois. Le 
défaut eft eflenciel , étant tres-rare que le Dou- 
ble-Aubier reprenne fa nature de bois. Les ter- 
reins maigres & fecs occafionnent cette maladie. 

Bors-Arsins;, font ceux qui ont été 
brûlés fur pied. 

Bois-BLrancs. Les Bois-Blancs font le. 
Tilleuil , le Charme , le Tremble, le Bouleau, 
VÉrable,, & autres Bois légers & peu folides ; 
il ne peut y avoir tout au plus que le ciers de. 
ce bois dans la voie de bois de corde ou à 
brûler. | fuivant les Ordonnances. Le Bois de 
corde fe nomme ainfi, parce qu'il fe. mefuroic 
autre fois avec une Corde. 

Bors DE BONNE QUALITÉ. Un tk 
Bois a fes fibres fortes, foupies , bien filées , 
vigoureufes |, & rapprochées les unes des autres. 
Les copeaux qui s'en font, lorfqu’on le travail- 
le, font liants, ne fe rompent pas. séchement 
mais fe féparent par filandres. 

Bors-Cnaszis, eft celui qui a été rompu: 
par les vents. 
 Bors-cHarRmé, fe dit des Arbres, aux- 
quels on à malicieufement fait quelque chofe 

our les faire périr. L’Ordonnance fait défenfe. 
a. toutes Perfonnes de charmer les Arbres, fous: 
peine de punion corporelle. 

Boïrs-Courge. Ce Bois. eft précieux , 
pour la Marine. La partie fupérieure des arbres. 
courbes fouffre beaucoup , quand ils font chargés 
de givre. Pour l'ordinaire la partie convexe eff: 
couverte d’une mouffe épaifle , qui y fomente. 


Y5z De la culture du Chêne, 


des défauts, y conferve de l'humidité, qui en- 
tretient le bois plus tendre en cet endroit | & 
fouvent y occafionne des gourtières, 

On ne fauroit trop faire de tentarives , pour 
donner aux Arbres la courbure néceflaire à la 
bonne & facile conftruction des Vaifleaux. Quoi- 
que depuis long-tems cela ait été propofé, on 
n’a pû, jufqu’à ce jour, furmonter les difficultés, 

Vainement l’entreprendroit-on dans l’intérieur 
des Forêts; la cime de l'arbre courbé fera om- 
bragée par les arbres voifins 3 elle périra : la 
tige pouflera des rejets, dont le plus vigoureux 
prendra là direction naturelle , & deviendra con- 
tnuation de Tige. 

La partie où portent les liens , fervant à retenir 
les arbres, ou celle où portent les poids, dong 
on peut les furcharger , fera continuellement ex- 
pofée au frottement, occafonné ‘par les vents, 
& , par conféquent, fujerte à fe çarier. De-là, la, 
perte totale d’un arbre précieux. 

Mais fi l'Art eft ici en défaut, employons les 
aimes de la Nature, pour la vaincre elle-même. 

J'ai fouvent remarqué que, dans une rangée 
d’Axbres , plantés très-ferré , à cinq ou fix pieds, 
par exemple, un bon nombre eft forcé à fe dé- 
jetter , & qu’une fois qu’ils font fortis de la li- 
gne , ils font fortement chaflés au dehors par 
leurs voifns. Je voudrois les planter plus près 
encore ; à quatre pieds : alors la moitié , au 
moins , fe courberoit forcément ; & , lorfqu'ils 
auroient atteint trop de grofleur, pour fubfifter fi 
près les uns des autres, il conviendroit d’abattre ! 
ceux d’entre les droits, qui ne feroient pas né- 
çeflaires pour tenir les courbes dans leur état 
de gêne. Enfin , on en viendroir à abattre tous 


Secondé Partie. Chap. VII. 153 


les droits , lorfque le pli feroit complètement 
formé. 

Et ce feroit dans les terres fubftancielles Ge 
profondes , que je voudrois faire de pareilles 
expériences à afin que, dans le cas de fuccès, 
les Arbres eufient le volume & la qualité pra- 
pres à l’Architeëture navale. 

Un autre moyen, qui pourroit réuflir : ce fe- 
roit de planter , à l’expohition du midi, des fi- 
lets de jeunes Chénes, auprès des rangées d’Ar- 
bres plus forts qu'eux , plantés depuis environ 
vingt ans ; car, j'ai remarqué aufli que les jeunes 
arbres s'éloignent naturellement des vieux , & ne 
forment aucune branche de leur côté ; fur-tout, 
s'ils font au midi , parce qu’alors ils font pouflés , 
d’un côté , par les vieux Arbres, & attirés , de 
Jautre, par le Soleil. 

Ainfi, je ne vois que les Arbres de Ligière, & 
éeux des Avenues étroites , à plufieurs rangs, 
qui foient fufceptibles de certe opération. Mais 
je fuis perfuadé que ces arbres pliés, à l’âge de 
quaranre ans, ou environ, prendroient le pli dé- 
firé ; par la raifon , que leurs têtes jouiroienc 
également des influences de l'air, & que l’ombre 
des Arbres voifins empécheroit les réjers de leur 
tige de profiter jufqu’au point de les emporter ; 
il ne s’agiroit que de les émonder deux ou trois 
fois ; enfuite l’art feroit inutile. 

On peut avoir befoin , tout au contraire, de 
drefler un jeune Arbre courbe , pour le faire 
mieux figurer dans un allignement. On peut ÿ 
réuflir , en le ployant fouvent en fens contraire 
de fa courbure ; foit avec le genou, en le tiranc 
par la cime avec la main ; foi avec un Billard, 
qui eft une efpèce de maillec ; portant une large 
rainure, dans laquelle on engage la tige. 


154 De la culture du Chêné. 


Bois DÉFENSABLES. On appelle lieux 
défenfables , ceux où le bois eft affez forc , pour 
être à couvert de l'attaque des Beftiaux , & pour 
qu'ils ne puiflent y caufer aucun dommage. L'âge 
auquel les bois font défenfables, varie fuivant les 
difiérens pays ; il eft ordinairement de quatre ans. 
Un règlement de la Maïtrife des Eaux & Forêts 
d'Orléans , du vingt Janvier 1720. Fixe ce tems 
à cinq ans, pour les Bêres aumailles ; & à trois 
ans , pour les Chevaux. De même , quand il 
arrive quelqu’incendie dans une Forêt, les Ufa- 
gers ne doivent y mener paître leurs Beftiaux 
qu'après dix ans ; que les bois incendiés ayent 
été coupés depuis, ou non. Quand les bois font 
d'âge à être pârurés , il ne faut y introduire les 
Beftiaux qu'a la fin de Juin; car depuis, la mi- 
Mai, jufqu’à la mi-Juin , qui eft le mois qu'on 
appelle de Défends , le brou eft trop tendre, & 
fujet à être atraqué par les Beftiaux. 

Boïrs-cras. Les pores de ce. bois font 
grands & ouverts ; les fibres font sèches; la cou- 
eur eft terne ; elle eft d’un roux fâle. Les Co- 
peaux font âpres, & fe caffent net, au lieu. de 
former le. ruban; ils fe réduifent en parcelles, 
lorfqu'on les froifle, dans les doigts ; il: fe rompt 
fous la moindre charge , & fans faire d'éclat. 
L’humidité le pénètre aifément, & une futaiile, 
faite de ce bois , dépenfe beaucoup plus de li- 
queur , que celle dont les douves feroient d’un 
autre bois. C’eft mal-à-propos , qu’on lé nomme 
Gras ; il devroit s'appeler Bois maigre. On en. 
peut juger, par la defcription que nous venons 
d'en donner, Cependant nous dirons que fi ce 
Bois n’eft pas propre pour la Charpente, il eft 
utile pour la Ménuiferie ; il s’en fait de beaux 


Seconde Partie. Chap. VII. 155 


puvrages dans les intérieurs ; en effet, Îe Bois 
que nous appelons improprement Bois de Hollan- 
de, n’eft autre chofe que du bois fort gras. 
Bois-cÉLir. Voyez GÉLIVURE. 
Bois-GÉLIF-ENTRELARDÉ. Quand il 
y a, dans un arbre, de l'écorce morte, qui fe 
trouve recouverte par de bon bois, où même 
de l’Aubier mort, c'eft une gelivure entrelardée. 
Les Arbres plantés fur les coteaux, y fonc plus 
fujets que les autres, par l’action du Soleil, du 
verglas &! des gelées. On reconnoît qu'un arbre 
eft enciché de cette maladie, par un cercle blanc, 
ou jaunâtre , qu'on voit dans les bouts de ce bois, 
lorfqu’il eft abactu. Lors de la refente, on s’en 
apperçoit encore mieux , par des bandes blanches 
jaunes, qui font vergetées comme du marbre. 
C’eft une fuite des rigueurs de l'hiver qui, d’a- 
bord , a fait fendre le bois & qui a gelé l’Au- 
bier, au deflous de l'écorce ; alors l’Aubier, ne 
ponare participer à la sève du Printems,, la 
aifle échapper ; ce qui occafionne l’infertion de 
J'écorce. En effet | l'abondance de la sève fa 
recouvre infenfiblement | & forme un nouveau 
bois par deflus. Ce défaut règne quelquefois du 
haut en bas, & ordinairement du côté du midi. 
Bois-MARMENTAUX , font les bois 
deftinés à l’ornement des Châteaux , comme Bof- 
ques , &c. Les ufufruitiers n’ont’ pas le droit 
en difpofer, quand même ils feroient en Taillis. 
* Bors-monrrT. Le Rois mort fur pied , ne 
vaut rién pour l’ouvrage ; il eft privé de toute 
fa fubftance ; il ne peut que fe décompofer , & 
tomber en pourriture. PAT 
_Bors-norr. Dans les Forêts, on appelle 
ajnfi les Arbres réfineux. ef 


156 De la culture du Chêne. 


Boïrs-nouEux. Les veires de ce Bois 
font tendres ; les nœuds pénètrent dans le corps, 
& le tranchent. Une pièce , à laquelle les nœuds 
ne porteroient pas une grande altération , par la 
manière dont ils la pénètreroient . qui, d’ailleurs , 
feroit faine , réfifteroit long-tems aux intempéries 
de l’air. Aufli employe-t-on ce bois ruftique à 
former les digues des éclufes & d’autres ou- 
vrages expofés aux injures du tems, & qui ne 
demandent pas grande propreté. Ces Arbres font 
auffi excellents, pour réfifter aux frottemens; & 
on ne les dédaigne pas pour la conftru&ion des 
Vaifleaux. 

Bois-PpELARD, eff celui dont on a en- 
levé l'écorce ; il brüle aflez bien , mais il rend 
peu de chaleur. 

Bors-rEeBounr. C'eft un Bois dur & fin, 
dont les fibres, quoique dirigées en différens 
fens , font fort vigoureufes & ruftiques. On ne 
peut le travailler proprement ; mais il réfifte au 
fardeau, 

Bors-EN-RECErAGE, eft celui qui eft 
abrouti par les beftiaux , qui a éprouvé l'incendie 
ou la gelée, ou une forte grêle. 

Bo1is-Rrouce. Lorfque la couleur du Bois 
eft rouge , elle annonce un arbre qui eft fur le 
retour , qui dégénère & manque de fubftance. 
Lorfque le bois eft fur pied , on peut le foup- 
conner de ce défaut, quand, le long de la tige, 
on trouve des amas de petites branches , char- 
gées de feuilles vertes. 

Boïrs-rouzé, eft un Bois, dont les 
cercles concentriques ne font pas unis & adhérens: 
les uns aux autres. Ce vice augmente , quand 
l'arbre fe defsèche ; on voit alors une couronné” 


Séconde Partie. Chap. VIT. 157 


de bois vif, qui entoure un noyau de bois, qu’on 
peut faire fortir à coup de malle ; lorfque le dé- 
faut s'étend en toute la circonférence , fouvent 
même , lorfque la pourriture s’y eft mélée , on 
peut le défunir avec la main , comme une épée, 
qu'on fort de fon fourreau. Les vents, qui fur- 
viennent dans les tems de sève | ou toute autre 
caufe qui les fait plier , accafionnent cette ma- 
ladie , en dérangeant l’adhérence de la nouvelle 
couche ligneufe avec les précédentes. Ce défaut, 
très-commun , déprécie beaucoup le Bois. 
Bors-rRroux. Le Bois roux terne, tirant 
fur le fauve , eft fur le rerour , & commence à 
s’altérer ; il ne faut pas l'employer en Charpente, 
Bois-renpre, eft le même que le Bois 
gras ; on le reconnoit fur pied , lorfque l’on voit 
une écorce épaifle & blanche fur un chêne , qui 
eft encore, en état de croître. 
Bors-TrraANcHÉé, eft un Bois, dont les 
fbres font altérées par des nœuds fréquents, ou 
dont les fibres font mal flées, & ne font pas 
droites. Ce Bois , étant débité , n’a pas de 
confiftance ; il cède au moindre fardeau ; il rompt 
fous fon propre poids. | 
Bors-verp , eft un Bois nouvellement 
abattu : on ne devroit s’en fervir qu’au bout de 
deux ou trois ans; autrement , rempli de sève, 
il fermente & s’échauffe , fur-rout s’il eft recou- 
vert. Nous verrons plus bas quel tems il faut à 
une pièce de Bois, pour fécher parfaitement. 
Branc Dr Capo n. On appelle ainfi 
des veines blanchâtres & vergerées, qui fe trou- 
vent dans le Bois ; ce figne indique un com- 
mencement de pourriture ; ou d’autres vices , tels 
que Gouttière , ou Gélivure, ou Roulure, ou Dou- 


158 De la culture du Chérie. 
ble-Aubier , qui ne tarderont pas à paroîtré j 
Jorfque le bois aura perdu fa sève. 
BourzLet. Les Bourléts, & les élévationé 
en forme dé corde, qui fuivenc la direction des 
fibres du bois, indiquent uhe Gélivure intérieure. : 
CADRANURE. La Cadranure , eft une 
Gélivure dans le cœur du Bois; elle refflemblé 
aux lignes horaires d’un Cadran | & provient de 
V'altérarion du cœur du Bois; les Arbres, qui 
{ont für le retour , en font fouvent attaqués. On 
peur employer ce Bois à la fente, en Ôtant lé 
Cadranvte. x 
Cxr1E. La Carie eft une efpèce de moifif 
fure , provenant du vice des racines mal faines $ 
cette maladie arrive aufli lorfque le bas du tronc 
de l’Arbre eft affecté pat les intempéries de l’air ; 
telles que le grand froid, & le chaud excefif : 
le féjour même d’une eau ftagnanre & corrom- 
ue ; au pied dé l’Arbre , peut occañonnér ce 
défaut. Sa Carie entraîne pour lordinaire l’exfo- 
hation : aufi-tôt que l’on s’en apperçoit ; il eft 
bon de procurer un écoulement à l’eau ; la caufe 
ayant ceflé , la playe , d’où fuintoit une humeur 
fanieufe , ne.tardera pas à fe cicatrifer. - 
CHampPp1icnon.C'eft une excroiflance } aïnfi 
que FAgaric, qui annonce [a vétufté & la dé- 
compofition de FArbre qui le porte. ; 
CHaANCkRE ,; eft une efpèce d’ülcère | qui 
altère , & l'écorce; & le bois; il fuinte en cous 
tems , même pendant la féchéréfle | une eaw 
rouffe , âcre & corrompue ; une branche arrachée 
fans précaution, & caflée par éclat, eft le prin- 
cipe de ce mal , qui fouvent fait de grands 
progrès dans le cœur de l’Arbre; il rend le bois 
vergeté ou rouge; alors cet Arbre a perdu coute 
fa qualité. 


Seconde Partiè. Chap. VII. 159 


CnÈèveres. Il fauc les exclurre abfoluméne 
des Bois , & même les Moutons , parce que ces 
animaux font plus friands du bourgeon , que tous 
les autres; & qu'ils le font au point de ronger 
l'écorce même du recrü, 

CHiENDENS. Ils occafionnent des mala- 
dies, & le dépériflement des Arbres ifolés, en 
leur dérobant la nourriture ; ils s’établiflent & 
s'étendent dans ün terrein, qu’on n’a pas foin 
de labourer jufqu’à une diftance dés Arbres, 
fufifante pour que les racines de ces plantes 
traçantes ne puiflent parvenir. à celles des Ar- 
bres. Le Sainfoin, la Luzerne , & autres fem- 
blables plantes vivaces, qui prennent beaucoup 
de nourriture , épuifent encore les Arbres plantés 
au milieu d’elles. 

CHUTE PRÉCIPITÉE DEs FEUILLES. 
Une telle révolution annonce qu’un Arbre eft 
affeété de quelque vice, qu'il perd fa fubftance; 
que fes racines ne font pas faines ; qu’elles ne 

euvent s'étendre dans le cerrein; que la végé- 

tation eft fufpendue ; & qu’enfin lArbre eft fur 
le point de périr. Un coup de Soleil peut quel- 
quefois occafionner tout ce mal : mais , alors, 
il n’eft pas aufli dangéreux ; l'arbre peut fe re- 
mettré l’année d’après. 

CicaATrice. La Cicatrice, eft la marque 
d’une ancienne playe. Une branche , caflée trop 
près du tronc , en eft fouvent le principe. Si l’on 
apperçoit feulement une lèvre, ou une petite 
roulure, l’Arbre peut être fain ; mais il eft gâté, 
s'il fe trouve ; à l’endroit de là cicatrice | une 
grande ouverture , qu’on appelle Œx! de Bœuf. 

Cirons. Ce font de petits Vers, qui fe 
nourriflent de Ja marie ligneuf naurellemenc 


160 De la culture du Chêne: 


aflez tendre ; ils la traverfent dans tous les fens ; 
& la privent de fon élafticité. 

Couzreunr. À la couleur du Bois, on peut 
prononcer fur fa bonne ou mauvaife qualité. Le 
Jaune-clair, ou Couleur de Paille, ainfi qu'une 
teinte couleur de rofe, annonce une bonne qua- 
lité ; ces couleurs uniformes , & qui deviennent 
plus foncées , à mefure qu’elles approchent du 
cœur, indiquent des, Arbres bien conditionnés ; 
fi la différence n’eft pas fenfible , & Ja nuance 
non interrompue , le bois eft d'une qualité par- 
faire : y remarque-t-on des changemens fubits 
de couleur, des veines blanchâtres, vergetées , 
nommées auf Blanc de Chapon ? c’eft un indice 
de pourriture. Quand les veines font roufles, & 
femblent plus humides que le refte du bois , vers 

eté de cette teinte, on doit y reconnoître ur 
Arbre fur le retour, & qui menace ruine, 

Couronne. On appelle ainfi les branches 
de la tête d’un Arbre, fi les feuilles en font 
jaunes ; & , fi les branches les plus élevées fort 
mortes ou languiffantes ; alors l’Arbre eft ce 
qu'on appelle Couronné : il eft fur fon retour, 
& dépérit. | 

ExcroïissANCS. Les excroifflances de la 
partie ligneufe doivent rendre un Arbre fufpeét 
de bien des défauts ; elles font d’un bois trés: 
dur ; leurs fibres ont des directions très-bifarres:. 
C’eft un développement de la partie ligneufe , qui 
s’eft fait dans cet endroit , avec plus d’abordance 
qu'ailleurs : on ignore quelle peut en étre la 
çcaufe ; il n’a pas été poflible d’en faire naître 
artificiellement fur les Arbres. Il y à encore des 
xcroiffances d’un autre genre : au lieu de former 
une groffeur, que l’on pourroit comparer à une 

Jouppe , 


Séconde Partie, Chap, vil. 16 


ouppe, elles produiféne, dans toute la longueur 
de la tige, une éminence ; qui dérange la forme 
fonde de l'arbre. C'eft l'effet d’un coup de So: 
lil, ou d’une forte gelée , qui aura altéré les 
couchés nouvellement formées ; & l'effet de là 
sève , qui, tendant à réparer l’alcération , occa- 
fionne ce bouleverfement. On a vu tous les Ar 
bres d’une Avenue être affetés, du même côté, 
de ce renfiement. Il fe forme fur le Chéne ; 
tantôt au pied, rantôt au milieu de fa tige; 
quelquefois à la naïflance des branches, une pe- 


tite verrue , qui groffit infenfblement , qui ref- 


femble enfuite à une groffe boffle, ouverte au 
milieu ; cètte excroifflance fe remplit de vers, 
qui altérent la sève ; s'étend toùt au tour de 
l'arbre, & le feroit périr, ou le &ndtoit tout 
à fait difforme. Pour obvier à cet inconvénient ; 
il faut , dès l'Hiver, enlever, avec un fer. bien 
tranchant ; tout l’efpace qui eft attaqué de ce 
mal ; en effacer routes les traces, de manière 
que le bois de l'arbre foit auffi üni dans certe 
partie, que dans les autres : aù Priritéms fuivanc; 
l'écorce commencera à recouvrir ,de tous côtés. 

Frorrace. Le Bois de Charpente, pou 
être bon , doit être Floré ; il ne faut pas qu'il 


Hoi trop long-tems dans l’eau : trois femaines 


fufhfent ;: pour le dégorger de tous les fucs 
grofliers de la sève. Au défaut de Flottage, il 
faudroit mettre le bois dans une eau claire, paire 
& coulante , pendant environ un mois, & ne 
s’en fervir qu'un mois où deux après avoir été 
tiré de l'eau. Les eaux croupiflantes ou bous: 
beules feroienc un effet contraire, & chargeroïefit 
Je bois de corps terreux. ira 18 4, 

Fourmis. Les Guépes ; Frelons & Abeil- 

L 


162 De la culiure du Chéné. 


les, & les Fourmis, font attirées par la faveut 
mielleufe des Arbres ; elles y fixent quelquefois 
leur demeure , s’y attachent , & font périr un 
atbre en trois ou quatre ans, après l'avoir ex- 
ténué, & privé de fa fubftance & de fes fels. 
S’apperçoit-on de quelque Ruche ou Fourmil- 
lière ? 11 faut les détruire ; f elles font formées, 
on ne peut guères les détruire , qu’en y mettant 
le feu , avec une torche de paille. Obfervez ce- 
pendant de ménager l’arbre , & de le garantir 
des fuites funeftes de la flamme. 

 Gazzes. On trouve fur les Chênes une gran- 
de quantité de différentes éfpèces de Galles, dont 
plufieurs reflemblent à des fruits ; il ÿ en a mé- 
me d’utiles ; c’eft, par exemple, avec les Galles 
qu'on ous porte du Levant, que l’on fait la 
meilleure Encre a:écrire ; elles fervent encore à 
la préparation des étoffés, pour recevoir différentes 
fortes de teintures. Voyez No x. 

GEzées. Les Gelées font de grands torts 
aux Bois ; elles produifent bien des maladies ; 
celles qui font occafionnées par les Gelées du 
Printems, font bien différentes de celles que les 
froids exceflifs & les frimats rigoureux de l’Hi- 
ver peuvent amener avec eux. Dans la première 
faifon , comme les froids ne font pas beaucoup 
au deffus de la Glace , les bourgeons feuls en 
peuvent fouffrir; c'eft un retard pour les pouffes 
de l’année, il eft vrai; mais aufli toutes efpé- 
rances ne font elles pas détruites. Les Gelées de 
J'Hiver entraînent fouvent avec elles le plus grand 
défordre ; fi l'Été a été frais & humide, les 
jeunes branches, n'ayant pû parvenir à leur dégré 
de maturité , ne peuvent réfifter aux Gelées , 
même äflez médiocres. Quand les Gelées font 


p] 


Seconde Partie. Chap. VII. 162 


extrémement fortes, & précédées dé pluyes, où 
d’ün tems humide féulement, les Arbres périf 
fent trout-à-fair, où du moins ils réftenr affed@és 
dé vices, qui ne fe corrigent jamais. Tanroc ce 
font les Gerces, ou les Gélivures, qui fuivené 
la direction des fibres ; ou les Gélivures entrez 
lardées ; tantôt c'eft l’Aubier-double ; c’eft l’Ar- 
bre-même qui éclate & fe fend, avec un bruit 
extraordinaire ; tantôt des branches endomma: 
gées , tandis que le tronc eft aflez fain ; d’au- 
trefois c'eft un tronc, qui périt, pendant que 
lés racines font faines , & en état de faire dé 
nouvelles productions , &c. | 

GÉLIVURE , fente, occafonnée par la ge 
léé , qui s'étend communément du centre de 
larbre à fa circonférence ; les fortes gelées péné- 
crent quelquefois jufqu’à la moëlle des Chênes, 
jeunes & vieux ; À taréfaction de Pair ,+ & 
de l’humide intérieuf | fait nécefairement éclater 
l'arbre dans le fens qui préfente le moins de ré: 
fiftance ; &, felun que le paflage du froid de la 
nuit à la chaleur du jour , eft fubir, ou que 
l'arbre fe trouve difpofé dans fa paitie intérieure, 
les ouvertures font plus ou moins longues, pro- 
fondes & nombreufes. Les plantes réfineufes re= 
€evront un effet contraire. Soit qu’il ne fe forme 
qu'une ouverture , foit qu'il s'en forme quatre 
eu cinq, elles ne fe réferment plus; les fibres 
font déchirées ; la sève, au lieu de les réunir, 
prend pai-là fon cours, & chaque Hiver renou: 
velle le mal & l’aggrandit ; les arbres, qui ont 
eédé à l'incempérie , perdent tellement de leur 
valeur, qu'ils ne font plus propres à l'ouvrage, 

GERSURE, fe dit des petites fentes , répane 
dues fur la furface d’une pièce de bois équarrie, 


Li 


4164 De la culiure du Chêne, 
. GrRÈze. Les grandes Grêles, occafonnéés 
par un vent de Nord violent , font beaucoup dé 
tort aux arbrés, fur-tout fi l’on n'a pas foin de 
coupér Îés jeunes branches meurtries, & d'élaguer 
les branches les plus endommagées des grands 
arbres. Une forte Gréle peur briler tout le plant 
d’un jeune Semis ; cer accident feroit plus fâcheux 
que l'incendie, qui confumeroit tout ce qui feroit 
Horsde terre ; parce que le feu , ne prenant 
ordinairement dans les bois, que pendant l'Hiver, 
ou au mois de Mars, les jeunes arbres, recepés 
tout de fuite, repouflent par pied; mais la gréle, 
tombant ordinairement dans le rems où lès arbres 
font dañs leur plus grande action , il eft dangé- 
eux qu'ils ne périflent, lorfqu'ils font extréme- 
ment maltraités. Dans ce cas, il faut atcendre 
jufqu'au mois d’Aoûr, & les receper avant le 
renouvellement de sève, qui furvient à cette 
époque. ; | 

GruME, fe dit d’un arbre abattu, qui n’eft 
pas encore équarri. Si l'on eft long-rems fans en- 
lever l'Aubier, le bois s’échauffe ; les vers s’y 
mettent, pénètrent au cœur, & l'on perd quel- 
quefois une belle pièce de bois, faute de pré- 
caution. Le bois de Hêtre, & les bois blancs, 
font plus fujets que le Chêne , à fermenter au 
mois d’Aoûr, & à fe corrompre. Les bois en 
Grume font fujets à fe fendre au cœur, par les 
deux bouts fciés ; fur-tout s'ils font fort gros ; on 
évite en partie ces gerçures, En clouant une pe- 
tite planche, qui recouvrira le milieu du cronc, 
& empéchera le hâle, 

Guv. Ceft une plante parañte , qui ne fe 
trouve jamais attachée à la terre; on ne la voit 
que fur des branches d'arbres, dont elle fe nour: 


Séconde Partie, Chap. VIE. r6$ 


tit, par des racines, qu'elle jette dans l'écorce, 
& dans le bois même de l'arbre, auquel elle 
eft inhérente , & dont elle s’approprie la fubf 
tance. Ses feuilles reflemblent à celles du pour 
picr ; {es fleurs produifenc des fruits, ou bayes,, 
dont les Grives {ont fort avides. Celui du chêne 
eff rare, & recherché dans la Médecine. On tire 
de fon fruit une giû fort tenace , qui eft à toute 
épreuve, & produic fon effet, méme dans l’eau, 

HEURRE. On appelle Aeurre , le mal qui fe 
trouve à l'endroit de l'arbre, dont l'écorce a été 
enlevée en partie , par quelque accident. Le mal 
eft d'autant plus dangéréeux , qu'il refte des par- 
ties de l'écorce , détachées & éciiflées , qui fer- 
venc enfuice de retraite à des animaux malfaifans, 
Les arbres d’encoignure font expolés au: frotte 
ment des roues de Voitures , & fujets à cet acç- 
cident , lorfqu’on n’a pas foin de les garantir. 

INÉGALITÉ DE GRrossEuR.-Un arbte 
devient inutile pour la plüpart des ouvrages 
Jorfqu’il eft fort gros par le bas, & très-mince- 
par le haut ; les arbres fort branchus fonc fujers. 
a ce défaut. Si l’on avoit eu foin de les élaguer. 
des leur jeunefie , ils feroient d’une valeur bien. 
plus confidérable. F 

Insectes. Il y à une grande. quantité de. 
différentes efpeces d’Infectes 5. ils rongent les. 
feuilles | les fleurs, les fruits ; & caulent aux. 
arbres de véritables maladies , dans les années. 
où 1ls- font abondants ; les Hannetons, les Che-. 
nilles font beaucoup de dégats, & dévorent quel- 
quefois toutes les jeunes poufles des arbres, (10) 


D 


ji (ro) La grande quantité d'œufs , dépofés par les. Pa. 
pillons l’année 1786, fur les arbres, dans toute l'étendue. 


L 


#66 De la culiurè du Chéne, 


Pour détruire la nichée des Chenilles , qui 
paroît dès le mois d'Otobre , au bout des 
branches , enveloppée dans des feuilles sèches , 
que ces Infeêtes ont faites périr, il ny à pas 
de meilleur moyen, que d’abattre ces bouts de 
branches, avec un déchenilloir, & les brûler de 
fuite ; fi l’on donne le tems aux Chenilles de fe 
répandre, les eflorts de l’homme deviennent in- 
fructueux , pour les détruire ; l’ennemi fe difper- 
fe, & pañle, d’un lieu dévaité , en un autre, 
qui ne l’eft pas. S'il ne s’agifloit cependant que 
de garantir quelques arbres ifolés, on pourri, 
après les avoir netroyés dans toutes leurs branches, 
entourrer le tronc avec une corde de crin, grof- 
fièrement tiflue ; les piquants empêcheront les 
Chenilles de monter. 

Les Hannetons font encore plus difficiles à 
détruire , parce que ces infectes volans fe ren- 
dent, de toutes parts, fur les arbres oùik yena 
le moins. Dans les années où il y a peu de 
Hannetons , on peut fecouer les jeunes arbres , 
le matin , à la fraicheur, & battre Les grands, 
avec de longues perches ; les Infeëtes tombent, 
tout engourdis , & on les écrafe ; mais il eft 
inutile de l’entreprendre dans les années favora- 
bles à leur multiplication. 
du Royaume & la température de l’Hiver fuivant , avoient 
tellemént multiplié les Chenilles, qu'elles avoïent rongé 
toutes les feuilles naïlfantes des Chênes ; & , par confé- 
quent , toute efpérance de Glandée. J’ai vu , dans plufieurs 
Provinces, des milliers d’arbres , entièrement dépouillés, 
au mois de Juin 1787. Inutilement les Magifirats, atten« 
tifs à prévenir de pareils malheurs, avoient renouvelé les 
Ordonnances, pour obliger le Peuple à porter du fecours 
aux arbres. 


Seconde Partie. Chap. VI. 167 


t Les gros Vers blancs , nommés Thons , ron- 
ent l'écorce des jeunes arbres , & les font pé- 
ir ; il y a encore un Ver rouge, qui perce le 
bois, au point de faire périr la tige. On trouve 
auf , dans les Forêts, de beaucoup plus gros 
Vers, qui fe métamorphofene en Scarabées , & 
fonc , dans le bois, des trous à y mettre le 
doigt ; fouvent on les fait périr , en mettant 
dans leur trou un fil de fer ; quand ce moyen 
eft infufhfant, on peut fuivre les trous des Vers 
avec une ferpette, ou autre outil , jufqu'à ce 
qu’on les à découverts. On connoit les arbres 
qui font attaqués par toute forte de vers, au 
moyen de la fcieure du bois rongé , qui tombe. 
au pied. [1 ya, de plus, les Mouches cantha- 
rides ,\ qui s’attachent au Frêne, & fonc recher-. 
chées par les Aporhicaires ; en fecoue , à la 
fraîcheur du matin, les jeunes Frênes, qu’elles: 
afleétenc le plus; on les ramafle ; & on les jette. 
dans un vafe , où il y à du vinaigre : elles s'y 
confervent très-long-tems en bon érat. Le feul 
Frêne à fleurs eft exempt du defagrément d'être 
dépouillé ; c’eft en quoi cette efpèce eit préfé= 
able à l’efpèce ordinaire ; on éloigne ce dernier 
des lieux d'habitation , à caufe de la mauvaife 
odeur que les Cantharides exhalent dans la plus 
belle faifon de l’année ; & il ef facile de fe 
procurer le Frêne à fleurs , au moyen de l4 
grefle , fur la grande efpèce ; elle réuflit erèsa 
bien en fente. : 

. Et le KermÈs, qui eft un Infete, qu'on ap. 
pelle Galle Inféle où Graine d'écarlatte, qui pro. 
duit le. Kermes , qu'on trouve fur une efpèce de: 
chêne-vert , qui elt très-rameux , diflus, && eu 
buiflon ; cet animal a la forme d'uce petite bou, 


163 De la culture du Chêne, 


AA: 
le, dont on auroit ôté un fegment, Vers la fin 
de Mai, au lever du Soleil , les femmes vont. 
faire la récolté du Kermès , ‘qui font de perits 

œufs , d’un rouge pâle , qu'elles -enlèvent avec 
leurs ongles. Le méme Infette en produit juf 
qu'à deux mille. Ce Kermès fert à la teinture 
dû Rouge, & eft employé en Médecine ; c’eft 
dans l'ile » & dans les Provinces méridion- 
nales de. la France, qu'on en fait la plus 
belle récolte. 

Lapins. Les Lapins font beaucoup de tort, 
aux arbres; ils {e nourriflent dans les Jeunes fe, 
mis , fouillent la terre auprès des racines des 
grands arbres, & mangent l'écorce du pied , 
fur-tout dans les tems de neige , où ils se trou- 
vent point d'autre nourfiture, :.. :.:::', (014 00m 

LaRDpoiïre, eft un éclat de bois, de trois, 
Où quatre pieds de longueur, qui refte quelque- 
fois fur la fouche, & qui fai partie de l'arbre 
‘qu'on abar. C'eft l'inattention d’un Bücheron 
mal-adroit , pour n'avoir pas fait, avec la hâ- 
che ; fon entaillé aflez profonde, dé côté ; afin 
qu'elle pañle le centre de l'arbre , ainfi qu “il eft, 
d'ufage : cette pratique eft même d’autant plus 
néceffaire , que, par ce moyen, on fait tomber 
l'arbre du côté que l’on veut. 

‘LicnHen, eft une plante, que l’on croit 
parañte , qui vient fur les arbres ; 3 elle annonce 
qu ‘ils font languiffants. 

“Lierre, n'eft pas une plante parafte, car 
il cient à la verre ; & , fi on le coupe au pied, 
il périt & fe sèche. ‘ 

MaALANDRrE. On donne ce nom aux 
nœuds vicieux , qu fe trouvent dans le bois 
de Chaspente. 


Seconde Partie, ChapA VI 169 


MorT-Bois. On entend, fous ce-nom, 
le bois des neuf efpèces contenues en l'Art; 9 
de la Chartre Normande du Roi Lours X de 
l'année 1315 ; en celle de François Ie de 
1515 & en l'Ordonnance de 1669 , qui font 
Saulx ou le Saule, Marfaulx , autre efpèce de 
Saule , qu'on appelle Sauk des Bois , Épines ; 
Puifnes , Seur , qui eft le Sureau , Aulnes, 
Genéts ;y Genièvres, & Ronces. On peut joindre , 
à ces neuf efpèces, le Coudre fauvage , le Fu- 
Jain, le Sangun, le Troëre & le Houx. Ce mot 
fe dit, par corruption, de Mau-Bois , où Mau- 
yais- Bois. | 

On appelle Bois-Mort ( ce qui eft bien difié- 
rent de Mort-Bois } les arbres qui ont féché fur 
pied , & qui n’ont plus de sève , foit qu'ils foient 
fur pied , ou qu'ils foient giffans ; c'eft-à-dire; 
couchés par terre. | 

Mouziné, eft un bois piqué dés Vers, & 
qui fe réduit en pouflière. Foyez Cirons. 

Mouwusse,.eft une plante parafñre, qui dé: 
note un arbre malade , & :aui tend à la pourri- 
ture , à moins que tout un canton de bois n'en 
foit couvercz car il fufit qu'un arbre en foit 
infecté , pour en couvrir tous {es voilins, par le 
moyen du vent , qui tranfporte la graine. On 
fai comber la Moufle , en frotrant ies arbres; 
par un rems humide , avec un gros drap de 
laine. | | 

Noix DE GALLE 3; ce font. des excroifz 
fances , qui viennent fur des feuilles de chêne, 
elles proviennent de la piqüre de certains Mou- 
cherons , qui y dépofent leurs œufs ; elles ont la 
forme d’une Noix 5 mais la grofleur d’une peti- 
te, feulement. Voyez Ga1zzes. mrs 


ÿ70 De la culture du Chêne. 


O1sEaux. Les Oifeaux font préjudiciables 

aux arbres, qu'ils prennent en affeétion ; les 
nids retiennent l’humidité , & occafionnent des 
Gouttières , fur-tout s'ils fonc placés entre les 
grofes branches. L'Oifeau, qu’on appelle le Pic, 
attaque les arbres, dans les parties où ils com- 
mencent à s’altérer , & y fait des ouvertures , 
qui finiflenr de les faire pourrir. 
. Prens-corniEeRrs. Il eft défendu, fous 
peine d'amande , de couper les arbres Preds-cor- 
aiers; c'elt-à-dire, les gros arbres, qui font dans 
les encoignures des ventes, qui fe font dans les 
forêts. On les marque du çôté qui regarde la 
ligne qui eft à droite, & qui conduit à un autre 
Pied-cornier. On les marque aufli du côté qui 
regarde la ligne à gauche , & qui conduit à un 
autre Pied-cornier. 

Prayes. Toutes fortes de playes ; doit 
qu’elles proviennent de branches coupées trop 
près , d’écorce enlevée , ou rongée par les bef- 
tiaux , enlevée par le frottement des Voitures , 
&c. pourvü qu’elles proviennent d’une caufe ex- 
térieure , font faciles à guérir ; il faut enlever 
tout ce qui n’eft pas adhérent au tronc de lar- 
bre; l'écorce recouvrira enfuite d’elle-méme. St 
la playe étoit très-grande , il feroit bon d'y ap- 
pliquer l’onguent de S. Fiacre , qui n’eft autre 
chofe , que la fente de Vache , mêlée avec éga+ 
le quantité de terre graffe ; on en fait une en- 
veloppe à l'arbre, dans la partie bleflée; qu'on 
retient avec de la moufle, ou avec un chiffon, 
lié avec des ofiers. Quand l’ofier pourrit , ce qui 
arrive dix-huit mois ou deux ans après qu’il a été 
employé , tout l'appareil tombe , & l'arbre n'a 
plus befoin de fecours étrangers. 


sf jé 
9 


Seconde Partie. Chap. VII. 17£ 


Püurréracrion. C’eft la fuite d’une ef- 
fervefcence extraordinaire & trop abondante ; les 
fibres ligneufes , par une grande fermentation , 
‘ perdent leur bolidiré : il ne fubfifte plus alors 
d’adhérence entre les parties dont elles font com; 
polées , & ces fibres fe changent en une pulpe 
friable, Le bois pourri eft coralement décompo- 
fé 5 il fe rompra plutôt en ligne tranfverfale, 
qu'en ligne à droit El s ce qui eft tout Îe con- 
craire du bois-vif. Et il y a une grand différence 
à faire eptre un arbre poutri au pied, & un 
arbre, qui feroic pourri en rête : il eft rare que 
la pourriture du bas monte bien haut; on trou- 
ve , pour l'ordinaire, fe tronc parfaitement fain 
à quatre ou cinq pieds, à partir de la naiflance 
dés racines : au lieu que la pourriture , qui vient 
du haut, occafonnée par un Abreuvoir, ou 
Goutrière, pénètre ordinairement jufqu’au fond. 
Rasoucri, fe dit d’un arbre tout tor- 
tueux , noueux , de peu d’ufage, & de vilaine 
venue. La caufe de ces défauts vient fouvent, 
de ce que les arbres, étant jeunes , ont été 
broutés par le bétail , ou par les bêtes fauves. 
Rarrau, eft le même que Rabougri ; le 
tronc d’un arbre Raffau eft court , mal tourné , 
fourchu , chargé de branches, &, pour l’ordinai- 
xe , noueux. Ces défauts vont prefque toujours 
enfemble. Malheureufement le Chéne eft , de tous 
les arbres des Forêts , le plus fujet à étre affeté 
de toutes les caufes qui rendent les arbres raf 
faux : on s’en fert quelquefois dans la Marine , à 
caufe des courbes qu'ils produifent. | 
Rerounr. On appelle un Bois fur le retour, 
celui qui dépérit par vicilleffe. Tous les arbres, 
qui font depuis long-tems fur le retour, fonc 


Fr De la culture du Chêne: 
altérés au cœur ; & ‘leur bois eft gras. On re- 
connoît qu’un arbre eft affecté de ce mal, quand 
il forme , par les branches de fa cime , une rêre 
arrondie ; &, de quelque groffeur qu'il foie, il 
a peu de vigueur. Ïl eft dans le même cas aufi, 
lorfqu’il fe garnit de bonne heure de feuilles au 
Printems , & , fur-tout , lorfqu’en Automne fes 
feuilles tombent avant les autres, & que celles 
du bas font alors plus vertes. que celles du haut. 
C’eft un figne encore qu’un arbre eft en retour, 
quand il fe couronne & qu’on s’apperçoit que les 
branches du haut meurent & périflent. On le 
reconnoît aufli , quand l'écorce fe détache du 
bois , & qu’elle fe fépare , de diftance en dif 
tance , par des Gerces, qui fe fonc en travers; 
alors même c’eft une marque de dégradation 
confidérable. Un arbre annonce encore qu'il eft 
fur le retour, lorfqu'il eft chargé de Moufle, 
de Lichen ,; d'Agaric , de Champignons ,° & 
d’autres plantes parafites. Efl-il marqué de taches 
noires ou roufles ? ces fignes de grande altéra- 
tion dans l'écorce, prognoftiquent qu’elle n’eft 
pas moindre dans Le bois. Lorfque les jers font 
très-courts , que les couches de l’Aubier font 
minces, ainh que les couches ligneufes, dernie- 
rement formées, foyez perfuadé que l'arbre lan- 
gui, dépérit, & tire à fa fin. Les écoulemens 
de sève, par les Gerces de l'écorce , font des 
fignes de la prochaine deftruétion d’un arbre. 
TERRE. ( DÉFAUTS DE LA ) ‘Il eft 
rare qu'elle foit tellement maigre &:sèche , 
qu’elle ne puifle fournir aflez de fubftance à 
l’efpèce d’arbres qu’un Culrivateur intelligent y 
aura placé ; fur-tout, s'ils font de près en prés; 
parce qu’alors | leur ombrage & leurs feuilles 


Seconde Partie, Chap. VII, 17% 


tombées, entretiennent de la fraîcheur au pied, 
Cependant, fi l’on fe trouvoit dans ce cas, pour 
ün petit nombre d'arbres, on pourroit changer la 
pature de la terre , en faifant un mélange de 
terré plus forte. Les fréquents labours réparent 
en partie ce défaut. 

n eft plus ordinaire que la terre foit trop 
humide ; il faudra , alors, donner cours aux 
Eaux, par le moyen d’une tranchée, ou petit 
foflé , dirigé du côté de la pente. Mais fi le 
terrein formoit une efpèce de baffin , plus élevé 
dans tous fes bords , que dans fon milieu , il 
faudra nécéflairement couper un de fes bords, 
pour y pratiquer un aqueduc en pierre, plus bas 
que le niveau du baflin. I! peut arriver encore 
se l'aqueduc ne fera pas praticable ; il faudra 
aire, alors, une fofle dans le fond ; en forme 
de puits, pour recevoir l’égoût des eaux. Si cous 
ces moyens font impraticables , il ne refte qu’à y 
établir des plants aquatiques. Pour faciliter leur 
reprile , il faut, après qu’on les a mis en place, 
léver un petit foflé cout le long des lignes , afin 
qu'ils ne foient pas fubmergés ; car, aucun 
arbre ne réuflic, lorfqu'il a le pied continuelles 
ment dans l’eau. 

La pourriture des racines provient très-fouvent 
du vuide qu'on a laiffé entr'elles dans la terre, 
Jorfqu'on a planté l’arbre. Quand on arrachera 
des arbres morts , pour les remplacer, qu'on ÿ 
fafle attention , on verra qu'il en a péri la moitié 
par cetre caufe. Le chanci s'empare de la racine 
la plus près du vuide où il fe forme , & fes f- 
lamens s’écendent jufqu’à l’arbre. Comme :il n’eft 
pas poflible de foupçonner cette maladie, ni de 
favoir de quel côté on pourroit la découvrir , je 


Y74 De culture du Chéne, ÿ 


e’y vois pas de remède ; je ne puis que recort® 
fmander une grande attention à préparer la terre ÿ 
& à la faire joindre à chacune des racines , qu’on 
doit avoir foin de féparer lors de la plantation. 

Tonnerre. Un aïbre, frappé du Ton- 
nerre , left ordinairement du haut en bas ; ül 
périt fans reffource:: fi cependant il ny a que 
quelques branches arrachées & mutilées, il en 
peut revenir, pourvu qu’on ait foin de couper à 
fleur du tronc les branches rompues. 

Vents. Plufeurs cfpèces d’Arbres font fujers 
à êrre éclatés du haur en bas, par les grands 
Vents, nomme les Acacia, le Châraigner greffé, 
&c. Ceux dont le tronc fe divife naturellement 
en deux grofles branches, de force égale , en 
font prefque roujours endommagés. Pour prévenir 
cet inconvénient , qui eft fâcheux pour un Pro- 
riétaire , qui a fair des plantations régulières 
il faut, lorfqu'on élagüe, ne laiffer qu'une maî- 
trelle branche : alors l'arbre plie plus également 
dans toute fa longueur , & cède aux divers 
mouvemens de la courmente. On ne peut garan- 
tir certaines efpèces, qu'en les étérant tous les 

où 6 ans. 

Vrrezas. La gelée, qui reprend avec 
force après un dégel , glace, non feulement 
l'éau qui eft à la fuperficie des branches , mais 
encore l'humidité , qui a pénétré l’Écorce & 
VAubier. C’eft alors un Verglas plus pernicieux 
aux arbres, que les plus fortes gelées ; l'Écorce 
& PAubier périflent , dans la partie expolfée au 
Soleil , pendant que les côtés oppolés , qui font 
reflés fortement gelés , font fains & faufss les 
arbres placés au midi font fujets à cer accident ; 
& c’eft une des caules de ce qu'on appelle Gel 


qure-entrelardée, 


L2 
Seconde Partie. Chap. VIL. 175$ 


Vermine. Ce font les Rats, les Loirs, 
les Thons, &c. qui mangent les fruits & quel- 
quefois les jeunes branches ; les Mulots, qui 
dévorent les bulbes & les racines tendres. 

Parmi les accidens, qui menacent les arbres ; 
il en eft que les foins les plus éclairés ne peuvent 
guères prévenir. 

Les maladies extérieures font plus faciles à 
guérir , que celles qui font dans l’intérieur de 
l'arbre , ou dont la caufe eft cachée fous la 
.fuperficie de la terre. Il eft des arbres qui , par 
leur mauvaife difpofition , ont des vices intérieurs, 
auxquels on ne peut remédier , comme la Tigne 
& la Galle ; la Nature les a formés dé même, 
ou l’Art les à rendu tels ; quand on voit quel- 
ques arbres ainfi attaqués , on les arrache pour 
brûler ; & , s'ils font dans le cas d’être remplacés, 
@n y procède le plutôt qu'il eft poffible. 


CHAR ITR E.V BE 


REMPLACEMENT DES JEUNES ARBRES. 


]. At remarqué que les arbres remplacés réuf 
fifent rarement. Si, fur cent arhres plantés', 
äl en périt, année commune, dix ; fur cent ar- 
bres remplacés , avec les mêmes précautions, 
dans le même tertein, il en périra trente ; il eft 
des places où Jj'at été obligé de planter jufqu'à 
dix fois. 

Je fois embaraflé pour en donner une raifon 
fatisfaifante. Le mélange des terres , qui s'opère, 
œrdinairement , lorfqu” on fait la fouiile une fe- 
conde fois, peut y contribuer; la meilleure étoit 
far les racines , & à côté d’elles; elle fe mêle 
avec la .mauvaife ; qui étoit en dehors; mais, 
avec un peu d’attention , on peut évirer ce mé- 
lange ; je l'ai évité ; je n’ai pas mieux réuff. 

L'arbre mourant dépofe dans la terre un refte 
de sève corrompue , qui peur linfecter ; la pour- 
riture des racines gagne de proche en proche ; 
elle donne à la terre une tres-mauvaife odeur, 
&, par conféquent , une mauvaife qualité 3 c'eft 
fans doute la véritable raifon » qui fait périr la 
plupart des arbres remplacés. Quand je me fuis, 
apperçu que la terre avoit ce défaut, j'en faifois 
tranfporter de nouvelle. 

Lortqu’ on voir que les”arbres périffent fouvent 
à la même place , il eft bon de faire fouiller 
plus profondément ; qu’on ne l’avoit fait ci-de- 
vant. On trouve quelquefois qu'il y a des rochers 
immédiarement au deflous de la couche de terre, 


qu'on avoit ‘creufée , ou un banc de terre infer- 
cle. 


Seconde Partie. Chap. VIII, 177 


tile. On remédie à ces inconvéniens ; en Faifant 
une tranchée jufqu’à quelque bonne veine, qui y 
conduira les racines , ou en perçant le lie dela 
carrière , au deffous de laquelle il y a paï füis 
de la terre végétale. 

J'ai fouvent éprouvé le défagrément de faité 
arracher des arbres, qui n’avoient pouffé aucuné 
branche ; que je croyois morts , qui cependant 
ne l'écoienc pas ; il ÿ en a qui ne pouflent qu’à 
la sève d’Août ; d’autres qui, ayant pouffé à là 
sève d'Avril , périflenc à celle ci; d’autres, En« 
fin, qui ne pouflent ni à l’une ; ni à l’autre: mais 
qui confervent la faculté de poufer à à la sève dé 
l’année d’après, & peuvent venir à bien. 4 

Ces derniers ne sèchent point fur pied ; comte 
ceux qui font morts ; ils fé rident un peu , mais 
ils fonc pliants ,. & doux äu toucher : on férit 
qu'ils renferment de l'humidité : alors il ne faut 
pas les arracher , fauf à les remplacer l’année 
fuivante , s'ils finiflenc par périr. Leur nombfé 
eft fi petit , que le retard d’une annéé Gé êtré 
compté pour rien. 

On fent aflez qu'il ne faut pas tardés.à rem 
placer les jeunes arbres morts : outre qu'on a dt 
pläüfir de voir une plantacion complère ; c’eft: qu'il 
n'eft déjà plus tems de remplacer ; lorfque l'oin- 
brage & l'élévation des arbres voifins commence 
à couvrir le terrein : vainement croirbit-bn fur- 
montér cet obftacle, en élaiguanc confidérabl& 
ment ces arbres voifins 3 nous avons ufhfämmeñé 

rouvé qu'il faut être très-réfervé à cé égard: 
D'ailleus ; ÿ ces arbres anciens fe font ; par: lets 
racines , emparé de la place ; ils la cédero/ëné 
difhcilement aux nouveau vénus, 


LU: 


CHAPETRE © 
RÉTABLISSEMENT DES BOIS DÉGRADÉS, 


Er objet peut être comparé à celui des 

réparations qu'une économie mal-entendue 
fait quelquefois négliger ; mais qui, alors, aug- 
mentent de jour en jour, & obligent le Proprié- 
taire à réédifier encièremeut fa maifon. 

La première chofe qu'il faut faire pour remet- 
tre des Bois en bon état, eft de pratiquer rigou- 
geufément tout ce que nous venons d'indiquer; 
comme des moyens de prévenir les dégradations; 
fans quoi les Bois, qu'on s’eflorcera de rétablir, 
dépériront toujours de plus en plus. | 

Souverit il fuffroit de les senir bien clos ; 
bien garantis, pour qu'ils fe réparaflent d’eux- 
mêmes. | 

IL faut recepér les abres languiflans , fur-tout 
ceux qui meurent en cime, pour fubftiruer , au 
bcis mourant, un bois nouveau fain & vif. Puis, 
fi ce bois eft deftiné à former une Furaye, on 
l'éliguera , quand il aura acquis la hauteur de 
inq ou fix pieds; c’eft-à-dire, qu'on ne laiffera 
qu'un feul brin vigoureux du recrû de chaque 
fouche. 

On peut repeupler les endroits mal-garnis , en 
couchant en terre des branches de chacun des 
arbres voifins ; ces Marcottes fourniflent ordinai- 
tement beaucoup. Ï1 feroit encore utile de femer 
du Gland par petites couffes , dans les vuides 
trop fpacieux. 

Nous avons indiqué, à la page 70; le mo- 
yen de détruite tour d’un coup, & pour rou- 


Séconde Partie. Chap. EM 179 


Jours , les plantes vivaces & annuelles , qui fe fe- 
roient multipliées dans un bois mal-garni , & 
feroient dans le cas de l’écoufler , en y mettant 
le Feu, avec les précautions requifes. k 
Pour ce qui eft des incendies , qui arrivent 
par négligence où par malice, lorfqu’on elt par- 
venu à éteindre le feu , on doit abattre tous les 
troncs rôtis, qui n’ont pas été confumés & cou- 
per les fouches à fleur de terre. Ces boïs repouf 
fent ordinairement mieux , que s'ils avoienc été 
abattus à l’ordinaire , & en bonne faifon. F1 ferà 
à propos de répandre, l’hiver fuivant , des fe- 
mences d’Arbres, dans les .clairières , en roulané 
le terrein, comme fi l’on femoit des Haricots. | 
Il n’y à pas de meilleur moyen, pour repeu- 
pler les grandes clairières , que de les défricher ; 
de la manière que nous avons expliquée ci-de- 
vant; les labourer pendant quelques années, leui 
faire porter du bled, fi elles en font fufcepti- 
bles, puis y jetter les femences.dh' bois. | 
On peut encore , fi l’on veut fe débaraffer 
plus promptement des foins du repeuplement ; 
faire des tranchées à voie ouverte, y mettre du 
jeune Plant, de l’efpèce qui convient le mieux 
au terrein , & faire de petits foflés cout le long 
des filets d'arbres. Opération plus prompte, mais 
plus couteufe que la première.  . 10 
En 1751, M du Vaucel, grand-maitre, fit 
marché, poir un repeuplement de deux mille cinq 
cents Arpens, dans la forêt de S. Germain-en- 
Laye , à raïfon de deux. cents dix livres PAr- 
pent. Prix ; qui paroîtra exorbitant ,: dans les 
pays où une fimple clôture fuffc, pour garantit 
les Bois de l'approche des animaux nuifibles; 
Heureux les Forcitiers, qui fonc éloignés dé 
: M ÿ 


399 De la culture au Chêne, 


certains cantons , où le Fauve abonde, & où il 
n’eft pas permis de lui donner la chafle ! Heu- 
feux encore les Propriétaires , dont les Bois font 
exempts de toute fervitude , & libres de cout 
üfage ! 

Les Futayes abfolument vieilles , ne peuvent 
donner de beau recrû ; il vaudroit mieux les 
défricher, pour les feméer de nouveau en Bois : 
ou faire des Semis dans des terres ufées ,; & 
conferver le fond des Forêts, pour porter du 
bled. 11 en réfulteroit deux avantages ; celui 
d’avoir plutôt de bon bois; & celui de proftes 
d'une fertilité prefque inépuifable, 


LÉ e 
TAN es RSS MP TT 
ARS Re LA 


(T LS ME RON 
NES, TEE > LT 


2 
RS 


VE, LA CULTURE 


DU CHENE. 


TROISIÈME PARTIE. 


CHAPITRE PREMIER. 
TEMS PROPRE POUR ABATTRE LE Bols 


OUS ne nous fommes occupé , jufqu’à 
préfent , qu’à donner les moyens de multi 
plier, d’entretenir & de foigner les Arbres ; il 
eit rems d’y chercher la récompenfe de tant de 
foins & de travaux. Indiquons, s’il eft poffible ; 
toure l'utilité & l’agrément qu’on peuren tirer. 
Confidérons les meilleures manières dont on 
doit sy prendre , pour abattre les Bois. L’Are 
feul a pu indiquer les moyens par lefquels , lors 
& avant l’Abattrage , on peut procurer aux Bois 
de Charpente quelque dégré de perfection. 
Depuis le commencement du Siècle, nous avons. 
fait des découvertes ; les Buffon, les Duhamel &. 
nombre d’autres Phyficiens , ont bien voulu , 
comme bons Citoyens , en faire les expériences ,, 
. pour inous en donner le fruir à recueillur, 


782 De la culture du Chêne; 


Les différens Syftêmes . fur le vrai tems d’az 
batire les Bois, doivent céder aux Ordonnances à 
que nous a didtées la prudence de nôs Rois, & 
qu'il eft de notre fagelle de fuivre ; nous obfer- 
verons cependant » que toutes les années ne fe 
reffemblent point : il y en a de plus hâtives les 
unes que les autres. Mais quelle efl cetre, diffé- 
rence ? Une quinzaine de jours la conftirue ; &, 
il faut l'avouer , un tel laps de tems ne peut 
porter aucun préjudice aux opérations de la Cou- 
pe & à l’Abatrage des Bois. Il eft un obje: bien 

lus important , dont on ne peut trop s occuper , 
c'eft de CHÉtEHEr À à profiter, dans l’année où vous 
voudrez faire votre Coupe , de tous les moyens 
poffibles , pour donner à vos bois la confiftance, 
la force &- la durée dont ils font fufceptibles. 


M OL RUN: S | 
De DONNER PLUS DE CONSISTANCE AU Boïs; 
ET, PRINCIPALEMENT A L'AUBIER. 


CORCER les chênes dans toute leur hau- 
teur , au tems de la-sève ; & les laifier fécher 
fur-pied , eft un des plus heureux moyens qu'on 
ait trouvé jufqu aujourd’hui. 

Les Anciens avoient un moyen à peu-près 
femblable , pour, donner plus de denfité & de 
force, aux bois , qu'ils vouloient employer dans 
un, cout délai. Witruve ,& plufieurs autres après 
fui , Ont écrit que , pour y parvenir, il falloit 
faire mourir’ l'arbre “fur pied, en le cernant par 
le bas , & faifant, avec la Coignée , une entaille 
plus ou. moins profonde , fuivant la grofleur dé 
l'arbre : [a sève groffière étant, écoulée par-là, 
les arbre es étoient bons à employer: cour de fuite. 


Troifème Partiè, Chap. I. xss 


ÉCcORCEMENT SUR PIED. 


La nouvelle méthode , d'écorcer fur pied ; 
donnée par M. de Buffon, en 1733, eft bien 

référable : elle augmente la bonne qualité des 
Bois ; ils en font plus durs, par conféquenc plus 
folides. On fe fert de lAubier ; & l'écorce enle- 
vée ferc à faire du Tan. 

Ce favant Naturalifte a fait une infinité d’ex« 
périences , pour conftater un fait auffi effenriel. 

M. Duhamel du Monceau eft venu a l'appui s il 
n’a rien négligé, pour faire fentir, par des ex« 
périences les plus complètes fur cette méthode, 
l'étendue de fes avantages. Dans les Taillis, qu'il 
failoit exploicer l'Hiver , il réfervoit fur pied les 
Chénes propres à la Charpente , & les faifoit 
écorcer dans la force de la sève du mois de 
Mai; &, dans le mois d'Ofobre fuivant, il les 
faifoit mettre à bas. Cette pratique remplit les: 
conditions néceflaires pour former de bon bois, 
pour l'avoir d’une grande force & d'une longue 
durée. En effet, la sève deftinée à produire lo 
nouvel Aubier fe trouve furprife dans fa circula- 
tion , interceptée , & retenue comme en arrêt: 
Les parties humides, expolées à l'impreflion de 
Pair , fe volacilifenc & fe diffipenc ; les autres 
fubftances , qui fonc la bafe & la vigueur de la 
sève , ainfi que fa cohérence , fe dépofent, fe 
fixent, fe coagulent & s’identifient dans tous les 
vuides de l’Aubier de l’année précédente. Ce corps 
fpongieux , une fois pénétré & imbibé, le glu- 
ten , qui le recouvre , fait que la sève réflus 
dans le cœur de l'arbre où l’Aubier dépofe lz 
plus grande partie de l’humidité ; c’eft ce qui 
fait que.l'Aubier d’un. an prend autant de. {oli= 


184 De la ‘culture du Chéne. 


dité , que le bois parfait , qui n’eft pas écorcé. 
Ii eft aifé d'en fentir la caule ; plus poreux , il 
reçoit plus de sève que rour le corps de Parbre ; 
encore cette sève ell-eile épurée, puilque , rece- 
vant diretemenc les impreflions de l'air, lés par- 
ties gélatineufes fe coagulenc., & l’humide fe 
diffipe, Auf eft-il d'expérience que , par l’écor- 
cement ; l'Aubier fe mürit, & acquiert, en un 
an, la folidité & la force d'ane quinzaine d’an- 
nées ; ce qui faic gagner plus d’un fixième fus 
R ;groffeur de l'Arbre, "7, 
 Veut-on être convaincu de cette vérité ? Jet- 
tons les yeux fur les expériences faites par M. 
de Buffon. On verra que , moyenne proportion- 
nelle, la Solive de bois écorcé pefoit 245 liv.— 
& rompi: fous 8101 liv. La Solive non écorcée , 
cé même qualité, pefoit 235 liv. & rompit fous 
7352 liv. — x s Lx % ‘ ; Lo. "NT ENT. jt " 5 
‘D'après ces épreuves répétées, & faites chaque 
fois avec la plus grande attention , n’elt-on pas 
en droit d'établir pour principe , que le bois eft 
d'autant plus fort, qu'il eft plus lourd , & que 
le poids des bois écorcés l'emporte fur celui des 
bois non écorcés , dans la raifon de onze à dix. 
‘Par fuite des expériences de ce Phylicien , nous 
reconnoîtrons encore que le bois du pied d’un 
arbre pèfe plus que celui du fommer ; mais que 
fi ce bois eft écorcé & féché fur pied , fuivané 
toujours la même condition, alors la proportion 
change c’eft celui du haur qui eft le plus lourd ; 
&', par le principe établi, que le plus lourd eft 
& plus fort ; l’Aubier du bois, qui a fubi. l’écor- 
gément, eft plus fort que l'Aubier ordinaire, 
On voit | par les opérations de M. de Buffon, 
que des Barrezux d’Aubier, d’un Chéne écorcé, 


Troifième ‘Partie. Chap. I. 135 


éñäcun de trois pieds de long, fur un pouce de 
grofleur , peloit, à poids moyen, 25 onces = 
& qu'ils te font rompus fous la charge de 287 
liv. que ceux du cœur de Chêne , non écorcé, 
peloient 25 onces —- aufli à poids moyen, & ont 
cedé au fardeau de 256 liv. Donc les Barreaux 
d’Aubier écorcé , quoique d’un poids égal à 
ceux du cœur de Chêne , non écorcé, fonc 
les plus forts. 

Ces principes étant établis , d’après la marche de 
la Nature & de l'expérience , les avantages de l’É- 
Éorcement ne peuvent plus être révoqués en doute. 
_ Le réfultas des expériences faires enfuiçe , par 
M. Duhamel , {ur quatre arbres écorcés, & quatre 
qui:ne l’éroient pas , démontre que le poids eft 
comme 100 à 93 moyenne ; la force, comme 
100 à 86 — aufli moyenne. 

Et une obfervation , que fait ce Savant, con- 
firme bien les raifons phyfiques , que nous avons 
tâché de développer, ainfi que les conféquences 
que nous avons déduites ; il avance que le bois 
d’un arbre, qui a fubi l’'Écorcement , augmente 
de denfité & de force, en raifon du tems qu'il 
conferve fa verdure , fans fe faner ; & 1l eft 
arrivé quelquelois que l’arbre écorcé n’a péri que 
la quatrième année. b'allore | 
_ Suivons d’autres épreuves, fur le même objet. 
Le Comte de Gallowin, Amiral Rufle, ayanc 
entendu parler des expériences de M. de Buffon, 
fur l’Écorcement ; fit faire différentes tentatives 2 
pendant trois ans, fur es arbres de la Forêt de 
Cafan, en Ruflie ; il trouva les pareils réfulrats,; 
mais fes vues ne furent pas remplies fur les 
Courbes ; on ne pouvoit plus en former , & 
ecincrer , par le moyen du feu, fuivanr l’ufage 


1936 De la culture du Chéné. 


ordinaire, Le bois écorcé a perdu fa flexibilité 
& le liant, qui fe rencontrent dans les bois 
qu'on a coupé avec l'écorce ; c’eft un obftacle 
pour la Marine ; il faut donc fe contenter de 
cette opération pour les bois droits ordinaires. 

Depuis plus d’un an je folicite la permiffion 
d’écorcer fur pied. Mon intention eit de faire des 
épreuves fur la partie écorcée , comparée avec 
la partie non écorcée d’un même Chéne. Car il 
pourroit être que les arbres, fur lefquels on a fait 
diverfes expériences fuflent de qualités diflérentes 
& que, par conféquent , le réfuirat fut différenc, 

Pluficurs objections fe préfentent naturellement 
contre cette méthode nouvelle. 

1°, La sève, qui eft arrêtée dans fon cours; 
n’alimente plus la Souche ; elle périt prefque 
toujours. 

Mais cette Souche eft-elle bien intéreffante À 
fa confervation eft-elle effentielle ? obfervons 
qu'on gagne deux ou trois pieds du meilleur 
bois | en arrachant les arbres; ce qui donne un. 
prix bien diférent à la vente. Le bois venu de 
femis eft toujours plus beau , plus fort & plus 
robufte que celui qui vient fur fouche; quand 
les Forêts font ainfi reproduites, elles ne fe fou- 
tiennent pas ; elles dépérifflent promptement , in 
dépendamment du Climat, de la nature du Sol 
& de leur fituarion. A-r-on abattu une Futaye ? 
les racines des groffes Souches n’ont plus à nour- 
rir que quelques rejets, qui ne peuvent dépenfer 
la toralité de la sève , qui leur eft portée ; auffi 
ces racines, trop gorgées de fucs, en meurent, 
pour la plûpart. De-là, les défauts, les vices, 
les maladies, dont fouvent on cherche la caufe, 
fans faire attention que c’eft un bois fur Souche., 


Troifième Partie. Chap. I. 19% 


qui, ne pouvant abforber tous les fucs , qui lu 
étoient préfentés , en a été fuoqué. Et fi l'on 
obferve bien les arbres, qui promettent le plus 
. dans une Futaye coupée depuis trente ou quarante 

ans , On verra que-ce font ceux de pied, c’elt- 
à-dire, ceux qui ont levé de femence , répandue 
fur la furface du terrein ; & qu’au bout de foi- 
gante ans , il reftera à peine , dans l'étendue d’un 
Arpent , dix à douze beaux brins dé bois, venu 
fur Souche. Il paroît donc inutile , & même 
préjudiciable , de chercher à conferver les grof- 
{es Souches. 
: 2°, Pour profiter de tous les avantages que 
préfence la méthode d’écorcer les Arbres fur 
pied. , il faudroit changer notre manière d’ex- 
ploiter les bois. Au lieu d’équarrir les pièces à 
vive-arrête, & à la Coignée, on pourroit lever 
à la fcie les croûtes , qui ferviroient enfuire à 
plufeurs ufages | mais cela n’eft guères prati- 
quable , pour les longues & grofles pièces de 
Charpente. 

3°. L'Ordonnance défend févérement » à trous 
» Marchands , de peler les bois de leur vente, 
» étant de bout & fur pied. » Quelques Arrêts 
du Confeil. ont dérogé à cette difpofñtion, en fa- 
veur de quelques cantons feulement, pour favo- 
tifer le commerce de Tannerie. Ainfi MM. de 
Buffon & Duhamel ont été obligés de demander 
la permiffion , pour faire, les expériences qu'ils 
ont données au Public. Cette Loi prohibitive 
peut arrêter, en France, les progrès d’une dé- 
couverte , qui y à pris naïiflance ; nos Voifins y 
trouvent cependant des reflources immenfes dé - 
conomie : depuis que M. de Buffon a-écrit fur 
cette manière d'opérer , elle s’eft établie en. An 


198 De la culture du Chêne, 


LU 
gleterre (11) & en Allemagne : (12) leurs 
arbres s’en vendent plus cher aux Hollandois. 

Qu'il me foit permis de dire , qu’en fuivant 
. notre Ordonnance à la lettre, il ne nous feroit 
jamais permis d’écorcer. Elle défend de couper 
les Futayes & les Bois-Taillis , avant le mois 
de Novembre , & après le quinze Avril : & ce 
n'eft qu’au mois de Mai ou d’Août , que cette 
opération eft poflible. Cependant écorce, qui, 
dans l’ufage ordinaire d'exploiter , n’eft d’aucune 
utilité , eft un article à confidérer dans le Com« 
merce. 

L’écorce des arbres eft la partie qui con 
tient , de laveu des Phyficiens, le plus de Sel 
& d’'Huile , fans doute à caufe de la sève, qui 
monte par les fibres du bois, & qui retombe 
par cette derniére enveloppe. L'abondance de ces 
principes végétaux fe fait aflez connoître par 
la bonté des cendres, qui proviennent des écors 
ces brülées, 


PAT, 


L’Écorce du Chêne pofsède un avantage 
fur celle des autres arbres; étant pulvérifée , elle 
fe nomme Tan , d'où les Tanneurs ont pris leur 
nom, parce qu’ils s’en fervent pour façonner les 
Cuirs ; elle eft aftringente & deflicative, fur. 
tout celle des jeunes chénes ; car quand ils ont 
plus de vingt années , l'écorce, furchargée de 
corps étrangers, devient sèche, & perd infenfible= 
ment fa qualité. 
oo 

(11) Hiftoire naturelle du Docteur Plor, Anglois. 

(12) Didionnaire d'Hiftoire naturelle , par M. Wala 
mout-de-Bomare, Art. Bois, 


Troiffème Partie, Chap. L. 189 


C'eft au Taz que nous devons la préparatio® 
des Peaux, dont l’ufage nous eft fi intéreffants 
les en a-t-on poudrées; après en avoir ôté le 
poil ? le Sel, qui les pénètre de toutes parts , 
en fortifie le Cuir, & l’empêche de fe corroma 
pre ; l’'Huile , qui s’y infinue par-tout, l'aflouà 
plit & le difpofe à fe prèter à rous les mouve- 
mens : elle fait plus; elle le rend impénétrable à 
l'eau. 

Les Maitres de Forge, dont Île commerce 
eft plus lucratif & mieux foutenu que celui des 
Taneurs , achètent les coupes de bois, de l’âge 
de 18 à 22 ans, à tel prix que ce foit, pour 
les convertir en charbon ; les écorces, qui pour 
toient fervir aux Tanneurs, font réduites en cen- 
dres ; ces derniers ne pouvant s’en procurer qu’à 
un prix exceffif & en petite quantité , fonc obli- 
gés de retrancher la nourriture qu'exige un Cuir; 
pour être fuffhfamment confolidé. 


MAN IE BE: D'E C OR C ER: 


Ox fait l’Écorcement, pour le Tan, au mois 
de Mai ou d’Août , lorfque la sève eft dans fa 
force. On cerne les chênes d’un taillis à trois 
pieds environ , on fend l'écorce fur fa longueur ; 
on l’enlève enfuite avec un morceau de bois, 
taillé en forme de fpatule , qu'on infinue entré 
l'arbre & l'écorce | en commençant l'opération 
par les branches, & finiffant par le tronc. 

On met ces écorces en bottes; &, pour en 
faire un cent ; il faut , fuivant l’âge des arbres, 
l'écorce de fix à huit cordes de bois, Plus les 
chênes font jeunes , moins il en faut. On paye, 
pour la façon de chaque cent de bottes, ure 
gingraine de francs, Si la corde de bois {e vend 


kgs De la culture du Chêne: 


douze livres, le’cenr de bottes produira foixantë 
livres, & ainfi à proportion ; felon les différens 
endroits, & le cours des marchandifes. Les uns 
font broyer l'écorce avec de groffes meules ver- 
ticales , les autres la pulvérifent avec des pilons, 
fuivant que les moulins font compofés. 

Quand le Cuir eft façonné, le Tan n’eft pas 
encore une matiere de rebut, il fert à faire des 
couches, dans les ferres chatdes ; on en fait auff 
des motres ,. en forme de petites meules ; & ; 
lorfqu’elles font bien sèches ; elles fervent à 
brûler dans les cuifines, 

En Allemagne & en Angleterre, on employé 
l'écorce des vieux chênes , ainfi que celle des 
jeunes , pour faire :e Tan. On a le foin d’en 
retirer ce qui elt mort, defféché & couvert de 
mouffe. Pourquoi, en France, ne feroit on pas 
nfase du même expédient ? C'eft un des vœux. 
de M. de la Lande, dans fon Art du Tanneur ; il. 
eft digne d'un bon Citoyen. Ce feroit, en effet; 
le moyen d’épargner les jeunes chênes; & de 
procurer l’aboridance du Tan... na 

Quitrant cette digrefhon, difons qu'il y auroit 
peut-être un milieu à garder entre tous Ces {yfté- 
mes ; ce feroit d'enlever , aû commencement du 
Prinrems , une zône de l'écorce , à deux ou trois 
pieds au deflus des racines : la sève étant ainfi 
inrerceptée , l’Aubier deviendroic plus denfe, fec;, 
& à peu-près aufli folide que le bois : & d’abat- 
tre les arbres l'hiver fuivant. : 


SV 
CU 


CHAPITRE II 


EXPLOITATION DES Bors. 


AssonNs maintenant à l’Exploitation & à 

la Coupe des Bois. Cette opération eft des 
lus précieufes ; un bois abattu avec plus ou 
moins d'inteMigence , plus ou moins de précau- 
tions , eft bien difiérent à la Coupe fuivante 3 
fit pour fon produit, foit pour fa qualité. 

Mais avant d'entrer dans le détail de cette 
matière importante , il eft bon de faire quelques 
remarques fur l’ufage où font prefque tous les 
Culrivateurs d’étêrer les Chênes épars, dans l’ef- 
pérance d’en tirer du revenu. 


ÉTÉTEMENT DES GRoSs CHÊNES: 


C'EsT une mauvaife méthode d’eféimer un 
chéne , & d’en laifler monter un autre en fu- 
taye , ainfi alternativement : on imagine que les 
branches que donneront ces arbres étêtés , feront 
bonnes à étre coupées au bout de dix à douze 
ans , pour le chauffage 5 que le tronc, laiflé à 
douze pieds de haut, pourra fournir également 
des planches ou des folives, lorfqu’il commen- 
cera à entrer en vétufté. Svftème féduifanc en 
apparence, mais inadmiflible dans la pratique. 

Les arbres élevés étouffent ceux qui font in- 
férieurs. La circulation de l'air, & l'afpect du 
Soleil , font tellement ‘nécellaires à la végétation 
des arbres , qu’on remarque dans un bois de 
crente à trente cinq ans, qui s'élève en furaye , 
que tout ce qui refte au deflous des plus hautes 
Pranches , tombe en pourriture ; au lieu que- 


foi De la culture du Chérie: 

Parbre , même le plus mince , y fubffté, pourvu 
qu’il puiffe atteindre à la haureur dés gros. Dans 
une Avenue, les arbres efcimés reçoivent, au 
moins d’un côté , les influences de Pair; eepen: 
dant ils peuvent à peine réfifter à la preilion 
de ceux qui font à haure tige. 

Mais comme , dans la culture dés arbres , Of 
doit chercher l'utilité préfence, & qu'on ne peut 
pas tout facrifier à l'avenir ; je feroïs d’avis qu’on 
érérat feulement les Chênes épars, qui fe crou- 
vent dans les fiayes ; pour l'entretien delquelles 
les branches’ font néceffaires ; & qui, en même: 
tems, n’ont aucune difoofition à Pélever Ti 0 LIRE 
chênes qui font placés de façon à ne pas préju- 
dicier à lä récolte des terres , par l’ombragé 
de leurs branches bafles & rouffues. Ces aïbres , 
étêtés | fournironr une ample provifion de bois à 
brûler, & de bois propre aux ‘différens ufages de 
l'Agriculture ; ; ils formeéront un revenu annuel ; 
qui , cumulé ; approcheroit, au bout d’un Gisele”. j 
de la valeur dé es mêmes arbres, qu'on auroit 
Jaifié élever en futaye ; voilà ce qui formeroit 
l’objet d’une utilité journalière: 

Et quon laiffât tous les arbres d’un bon can 
ton s'élever en furaye ; ce qui formeroit tout à 
la fois un objét d'agrément continuel | & dé 
reflource dans les cas urgents. . 

Tel éroit, à peu-près , l'elprit de l'Ordonnan: 
ce, lorfqu’elle a prefcrit à chaque Particulier ; 
de laiffer le quart de Jes bois réfervé pour futaye. 

LH ya PA d’étêrer les arbres. 

Si l'on attend qu'ils ayent ac “quis beaucoun de 
Jorcesils s ‘échaufferont, à caufé de la farabont 
dance de sève , que les racines fournifflenr "au 


tronc. D'ailleurs , fi lon ne dirige pas bien la 
coupe 


Troifième Partie. Chap.c I. 193 


coupe des grands arbres , ils font. fujets à,:fe 
carier par la pourriture , que caufe l’humidité des 
eaux qui féjournent fur le fommet. LG 

Pour obvier à ces inconvéniens | il faudroic 
étêter les arbres, qu'on deftine à produire du 
petit bois , avant de les planter, ou quelques 
années. après , dès qu'on voit qu'ils ne prennent 
«pas une bonne forme , en obfervant, tant à } 2 
gard des jeunes arbres, que des vieux ; de faire 
les coupes ea talus du côté du Nord ,.& jamais 
horizontalement , ni du côté du Couchant ; par 
ce moyen, l'eau ne pourra pas féjourner {ur la 
taille. ae ah RE 

Il faut obferver encore de ne pas étêter. les 
arbres en tems de sève; le bois eft alors plus 


i 


tendre , fes pores fonc plus ouverts , il admertroit 
plutôc l’eau de la pluye, & feroit plus fujet à 
fe carier: . . ns LARENE UT eut 
. Et de n’étêter les gros arbres, qu’au deflus le 
collet des branches ; l'arbre étant plus difpofé 
dans cette partie à en former de nouvelles. Il 
fera même bon de laifler une ou deux branches 
Jatérales pour donner du jeu à la sève. 


ÉTÉTEMENT DES JEUNES CHÈÊNES, 
. Les Écrivains fe font accordés jufqu’à ce jour 
à foutenir , que l’ététement eft mortel au jeune 
Chêne qu’on veut tranfplanter ; ils ajoutent que, 
s'il furvit, il ne fauroit jamais faire une pièce de 
bois droite & folide. Le € 

Ces deux propoftions m’affigeoient trop, pour 
les croire fans les avoir foumifes à l'épreuve. : .. 

Je plantai , à cer eflec, plufieurs années de 
fuite , environ cent Chênes étètés ; mais, dans Ie 
doute; & pour ne pas.m'expofer aû derniér de, 


104 _ De la culture du Chéne. 


tes inconvéniens , je les plantai dans des Taillig 
trop clairs , nouvellement abattus, avec l’inten« 
tion d’en former des fouches, en les coupant à 
pied , lors de la prochaine coupe des Taillis. 

Ils ont généralement mieux repris, que ceu 
qui n'éroienc pas étêtés. | 

Ils ont formé , pour la plupart, trois ou quatre 
branches à la pointe, où j'avois eu attention de 
laiffer un nœud. La plus forte de ces branches 
a emporté l'arbre dans fa direétion verticale & 
naturelle. : 

Au bout de fept à huit ans , l’amputarion n’é: 
toit pas remarquable au dehors. 

Quinze ans après, lors de la coupe des Tai!- 
lis, j'ai fendu plufeurs de ces arbrès , pour voir 
‘J'effer intérieur de l’Étérement. Les fibres longi- 
tudinales avoient entourré , & tellement ferré la 
coupe , qu'il n’y paroifloit qu’un défaut de con- 
tinuité , d’un pouce ou environ de diamètre : 
l’arbré étoit fain & bien cônftirué , tant au def- 
fous , qu’au deflus de Ja coupe ; ainfi il n’y avoit 
plus à craindre qu’il fe gârât dans cetté partie. 

Tous les jeunes arbres ne fonc ils pas fujets à 
ces défauts de continuité ? ils s’y multiplient au-. 
sanc de fois, que le bouron de la cîme eft 
étouffé ou altéré : alors , le bouton qui eft im- 
médiatement au deffous , remplit fes fonctions ; 
il deviént continuation du tronc ; les fibres en=« 
tourrént la partie de tige, qui refte au deflus & 
qui fe defsèche ; elles la renferment dans l’inté- 
rieur de l'arbre. J'ai remarqué quelquefois dix | 
défauts femibläbles , dans un feul chêne, que je 
fendois dans fa longueur. Ces défauts font inévi- | 
tables, &, au fond, peu préjudiciables ; car ils 
difparoiffent infenfiblement , à mefure que l'arbre | 
groffic. ‘‘ | 


fi ” Troifième Partié, Chap. IT. x95 


1! eft vrai que la fuperficie de la coupe avoit 
noirci dans tous mes fujets ; qué, dans quelques 
uos , elle avoit pourri de l’épaifleur d’une ligne ; 
ce qui ne peut jamais fe réparer. Mais j'ai res 

ardé ces défauts comme tirant très-peu à cons 
AR , dans le cœur d'une grofle pièce de bois; 
& je n'ai plus fait difhculté d’érêcer les chênes ; 
quand je me fuis trouvé dans les cas qui néceff: 
tenc cette opération , tels que je les ai indiqué ; 
en parlant de la manière de planter les arbres ; 
page 93: # 
DIVISION DES GRANDS Boïë 

EN COUPES RÉGLÉES, 


_Quanp on a une certaine étendue de bois ; 
il eft aflez ordinaire de divifer les coupés en 
portions égales. ; 

On peut le faire en plancant des bornes ; en 
marquant des Arbres fur les lignes & aux an: 
gles, ou, encore mieux, en pratiquant des ous 
vertures en droite ligne. L'ETAT" NA: 

_ Pour le faire régulièrement , il eft néceffaire 
de lever le Plan géométrique du bois en fon 
entier, de marquer fur ce Plan les lignes de di- 
Viñon , en obfervant de faire les portions plus 
perires dans le canton qui eft le meilleur en 
qualité. ) 

Quand on fera décidé fur le nombre des divis 
fions à faire , & fur la manière de les tracer 3j 
l'Échelle du Plan indiquera les points où il fauc 
planter les bornes, marquer les Arbres, du per: 
cer les Chemins pour faciliter léxploitation dé 
chacune des portions, 72 | Dre 

Cetce dernière opération n’eft pas facile 3 
faire ; lorfque le tcerrein eft inégal. | 


N'ij 


196 De la culture du Chêne: 


MANIÈRES DE PERCER UN Bo1f% 


L a Géométrie nous fournit plufieurs moyens ÿ 
qui font précis & infaillibles ; mais on n’a pas 
toujours les principes de cette fcience aflez pré: 
fents, pour les méttre en pratique au morent 

u'on veut opérer. 

D'ailleurs , les Bois à divifer , font fouvent 
entourrés d’autres Bois, de broffailles , de bran- 
des , ou d'objets qui empêchent de tracer, au 
dehors , des angles & des lignes très-étenduesa 

Dans ce cas , voici comment je m'y prenois. 

Je pofois un jalon au premier point de la 
divifion à faire en dehors du bois; j’en pofois 
Un fecond à quelques toiles de diftance du pre- 
Mier , & au bord du bois. Je marquois, fur le 
Plan , les points où ces deux jalons étoient plz- 
cés 5 j'en pofois un troifième à deux ou trois toi- 
fes , dans l’intérieur du bois, fur la ligne que 
m'indiquoit une faufle équerre , appliquée d’abord 
fur le Plan, dont une branche portoit fur les 
deux points dont j'ai parlé , & l’autre, fur la it- 
gne de divifion, Je plaçois enfuite cette faufle 
équerre fur le terrein, au pied du premier jalon, 
dans le même fens qu’elle avoit fur le Plan. J’é- 
tois afluré que ce troifième jalon étoit dans la 
direction de la ligne , qui étoit tracée fur le 
Plan, & que je voulois tracer fur le terrein. - 

Ayant ces deux points fixes ; favoir, celui du 
premier jalon & celui du troifième ; il m’éroic 
facile -de poler de près en près d’autres jalons 
allignés , en enfonçant toujours dans le bois, 
jufqu'à ce que j'étois à l’autre bord, ou au poine 
auquel j'avois deflein d’aboutir. 

Si je voulois faire ouvrir un chemin, je com- 


Troifième Partie. Chap. II. 197 


imençois par faire couper tout ce qui fe trouvoit 
fur ma ligne de divifion , de façon que je pufle 
tendre un cordeau d’un bout à l’autre ; enfuite 
je failois arracher, de chaque côté du cordeau, 
tout ce qui fe trouvoit dans la largeur que je 
deftinois au chemin. 

Il ne faut pas fe contenter de couper dans les. 
Bois de Chêne ou Châraigner ; quelque précaution 
qu'on prenne , les fouches repoufleroient ; il ef 
néceflaire d’arracher. 

De cette manière, on peut facilement percer 
les bois dans tous les fens, quand même il fau- 
droit traverfer des montagnes ou des précipices. 

Dans les bois où il faut plus de précifion, où 
il s'agit, par exemple, de procurer des points 
de vue, on peut le faire autrement. 

Élevez uwe planchette, ou une petite table B. 
à quelques toiles du bord du bois, vis-à-vis la 
ligne de divifion, que l'échelle du Plan vous 1- 
diquera. Placez un jalon A. également au bord 
du bois, & à la plus longue diftance où la vue 

ourra s'étendre, à partir A point où eft la table. 

lacez , de l'autre côté, un fecond jalon C. pofez 
une Alidade dans la diretion de A. €. fi vous 
n’avez pas:cet inftrument, fervez vous d’une fim- 
ple règle ; fixez le Plan fur la table, avec quatre 
pointes , de façon qu'il foit fous la règle; &, dans 
la direétion de A. C. tracez une ligne. 

Tournez enfuite l’alidade , ou la régle, dans 
la direétion de la ligne de divifion, tracée fur le 
Plan, & faites pofer dans l’intérieur du bois des 
jalons allignés D. D. autant que fon épaifleur 
pourra le permettre. Deux ou trois fufhfent. 

Vous entrerez enfuite dans le bois, & poferez, 
en reculant , des jalons de près en près E. E. fur 


EP? 


CE De la culture du Chêne. * 


den D A ù | l’allignem: 
FD. D. 
Comme 
il faut 2- 
battre plu: 
fieursbrins, 
&  beau- 
} coup de 
branches , 
ilconvient, 
avant d’al- 
ler bien 
loin , dere- 
venir fou- 
vent à Ja 
table, pour 
voir fi la li. 
gne fe pro- 
| | longe dans 
C Fm , favérirable 
Pa sm! direction. 
ne RE Lan NI VERT ATEN est PUS ss 5 Plus l’é- 
chelle du Pin fera étendue dans fes dimenfions , 
plus l'opération fera juite & facile. 
S'il fe préfentoit de gros arbres fur la ligne, 
capables d’intercepter le rayon viluel, il ne faut 
pas les abattre avant d’avoir tiré la ligne droite 
jufques au bout, car fouvert cette ligne n'étant 
pas exaétement “droite , on en changé la direcr 
tion, & l'on feroit faché , alors, d’avoir coupé 
des arbres qu'on pouvoit ménager ; ; dans ce cas, 
on s’en écaitera quarrément d’un pied ou deux, 
que l'on reprendra auffi-tôr qu’on les aura Cp 


dm mar de merrananentor dm - «rte. eus 


CH ASP TR E  KEET. 
EXPLOITATION DES TAILLIS: 


1; eft intéreflant pour tout Propriétaire, d’ap- 
prendre la meilleure manière de jouir de fes 
Bois. Elle confifte à en tirer toug le parti poffi- 
ble , en fe ménageant un bon recrû. Mais il 
n'eft pas pofñlible d’écablir de règles générales fur 
l'article des Taillis; on voit des bois bons à cou- 
per plutôt que d’autres de même efpèce ; on doit 
fe régler fur l’état où ils rendeng un produit plus 
avantageux & plus certain. La variété des cir- 
conftances , qui détermine la plus grande utilité 
du bois , doit auf faire varier l’âge de fon Ex- 
ploication. ; 

Il faut tâcher de les divifer en, portions éga- 
les en rapport , ayant moins d’égard. à l’étendue ,, 
qu'à {a bonne ou mauvaife qualité: du terrein j 
telle portion qui renfermeroit quatre Arpens 
ts n'être pas d’un, rapport auf, confidéra- 

le, que telle autre qui n’en renfermeroit qu'un, 
parce que cette dernière portion peut être de la, 
première qualité , & l’autre , d’une qualité bien 
inférieure. 

Celui qui diviferoi fes Bois en.tremte parties éga- | 
les en rapport | Jouiroit ençare plus que s'il n'en, 
faifoit que dix portions. 

J'avance cette propofition d’après les recherches 
que j'ai faites pour rapprocher. le produit des bois. 
de différens âges. Il eft bon d'entrer ici dans. 
quelques détails. 

On appelle Taillis, tous les bois qui font en, 
coupe réglée, pour être abattus au deffous de. 


#00 De La culturé du Chêne. 


quarante ans. Différens noms défignent leur de+ 
gré d'âge; on les nomme Tallis, jufqu'à l’âge 
de dix ans; Jeune Taille, jufqu'à vingt; Taille, 

jufqu'à trente ; & haute Taille, jufqu’à quarante. 

l: L'âge de la coupe du Taillis à été fixé à dix 
ans, par Jl'Ordonnance de 1669 ; mais comme la 
qualité & la force d’un Taillis dépend du terrein 
blus ou moins bon, ainfi que de la nature, ou 
slutôt de l’effence du bois ; on ne peut fuivre cetre 
foi à la lettre ; il eft même intéreflant d’y déroger 
quelquefois. Le Roi permet de diminuer ce tems, 
én connoiffance de caufe, felon la qualité des ter- 
roirs , mais jamais au deflous de fept ans. Les 
Taïlis, ficués dans les plus mauvais fonds, ceflen 
de croître à huit ou neuf ans; &, dans ce cas, 
n'y auroit qu'à perdre , en les laiffant fubffter 
plus long-tems. Vs A SSRRR 

FIL y a une Ordonnance d'HENRr 111, qui 
prefcrit la coupe des Taillis de Châraigner à fix 
ou fept ans ;- mais célle de Lours x1iv à 
confondu cette efpèce avec les autrès, quoi: 
qu'elle croiffe plus vite, & qu'il y àit des Taillis 
de Châtaigner dans prefque courtes les Provinces 
du Royaume. 7. FAN 

"A Végard ‘des Taillis, qui croiflent plus ou 
moins vite, plus ou moins abondamment, les 
Marchands favent bien les diftinguer ; &, à 
égalité de force , ils donnent la préférence au 
plus’ jeune 3 parce que les bois , venus en bon. 
tertein, font roujours de défaire, par leur belle 
äpparence , par leur qualiré effleétive 3; & que, 
d'ailleurs , ils peuvent fervir à plufieurs ufages, 
auxquels on ne pourroit pas employer les bois 
d’une  mauvaife venue. Ca à 


“Par les nouveaux Règlemens’, faits en 1719; 


Troifième Partie. Chap. II. 20T 


sl a été défendu aux Eccléfaftiques & aux Com: 
munautés , de couper leurs bois avant l’âge de 
vingt ans. C’eft fans doute pour prévenir la cu- 
pidité, qui feroit préjudiciable au bien public, &, 
én méme-tems, pour donner à la coupe toute la 
valeur , terme moyen, qu'elle peut acquérir, 

Ajoutons qu'un Semis ne doit pas être coupé 
avant l’âge de trente à trente cinq ans ; autre- 
ment il reviendra trop dru ; &, les racines n’ayant 
pas eu le rems de s'étendre à de grandes diftan- 
ces, & à une profondeur fufhfante , le rejet en 
fouffre confidérablement. ACTA 

Venons maintenant à la propofition que je viens 
d'établir. e 

Si un Arpent de Bois-taillis , de la première 
qualité , donne, tous les dix ans, trente voitures 
de bois propre à faire des Falourdes , Fagots ou 
Bourées ; fi ce bois cft de valeur de cent livres, 
pris fur pied ; trente années , c’eft-à-dire, trois 
coupes , rendront trois cents livres. Le revenu 
annuel de cet Arpent fera donc de . . . 10 liv. 

Que vaudra ce même Arpent de bois, fi l’on 
ne le coupe qu’à l’âge de trente ans ? 

Premièrement ; il eft certain que le bois pro- 
fte moins, les premières années de fa coupe, 
que les années fubléquentes ; j'en ai déjà dit 
quelques raifons , qu'il convient de rafflembler 
ici, en peu de mots. | 

Le bois fe nourrit par les racines , par les 
feuilles , & peut-être par l'écorce ; par confé- 
quent , plus 1l aura de branches & de feuilles, 
plus il recevra de nourriture. | 

Il faut au moins dix ans, pour que les bran- 
ches d’un Taillis couvrent tout le terrein , &. 
{oient parvenues à fe coucher 5 ce n’eft qu'elors 


202 De La culture du Chêne. 


qu'elles fourniflent un ombrage , capable d’éroufà 
fer les Broffailles, le Mort-bois , & les mau- 
vaifes herbes, qui éfritent le terrein; ce n’eft 
qu’alors qu’elles donnent de ia fraîcheur au pied , 
& lui procurent, par la chûce des feuilles, un 
cerreau , qui eft le feul engrais analogue à la 
vature du bois. 

Alors feulement elles gagnent confidérablement 
en hauteur. 

Ce n’eft donc qu’alors, que chaque brin fe 
dreflera , en s’élaguanc de lui-même ; grofhra & 
s’étendra dans toutes fes parties, & dans une 
grande furface. 

Aufñi voyons-nous , dans la pratique, que f. 
un Fermier n’a pas été exact à faire la coupe 
d’un Taillis, à l’époque qui lui étoit indiquée par 
fon bail ; les Experts, qui font choifis pour efti- 
mer le prix que ce Fermier doit au Propriétaire, 
pour la plus valeur du bois, & pour le dédom- 
magement du retard , ne prennent pas pour règle 
la valeur actuelle de ce même bois, divifée par 
le nombré des années dont il a dû jouir ; ils 
eftiment quelquefois que ce bois a acquis , la 
dernière année , autant de valeur que dans les 
quatre ou cinq premières de fa coupe. 

H vient cependant un terme , où l’accroifle- 
ment du bois eft moins rapide ; c’eft lorfque 
les branches , occupant tout l’efpace , commen- 
cent à fe dérruire mutuellement , & qu’elles ont 
atteint la groffeur & la hauteur ordinaires des 
Bois épais. 

Ce terme eft le véritable point auquel il faut 
s’arréter ; le produit annuel iroit alors en décroif- 
fant ; & ce terme cft ordinairement celui de srente 
années , dans les terreins qui ne font pas de la 
première qualité. 


Troifième Partie, Chap. HI. 20% 


Ce n'eft qu'après avoir méfuré , pendant plu: 
fieurs années de fuite , les mêmes arbres & les 
mêmes brins de Bois-taillis , que je fuis parvenu 
à connoitre infailliblement la grofleur & la hau- 
teur qu'ils acquéroienc annuellement, J'avois une 
mefure de fil de laicon, pour chaque arbre d’ob- 
_fervation; je cottois les progrès fur un Régiftre, 
enfuite je comparois. 

: Je mefurois toujours à quatre pieds de terre. 

IL eft étonnant de voir combien un Chêne de 
futaye profite en grofleur, certaines années, & 
combien il profite peu dans d’autres. Cette varia- 
tion, qui fe fait fentir à peu-près également dans 
les autres Arbres, provient de ce qu’il y a des 
années plus favorables les unes que les autres à la 
végétation ; ce qu’on peut reconnoître aux cercles 
donc le corps d’un arbre eft compofé ; il y en a 
de plus larges les uns que les autres. (13) 

Mais tandis que, dans une année commune ; 
un Chêne , de l’âge de foixante ans, & de cinq 
pieds de tour , profitoit en grofleur de quatre 
lignes, & en hauteur, de fix pouces; un brin 
de Bois-taillis , de l’âge de vingt ans, & d'un 
pied de tour, proftoit en grofleur de cinq li- 
gnes, & en hauteur d’un pied & demi. 

Le brin de Taillis, qui a beaucoup plus de 
racines , eu égard à fon volume , que l’arbre 


(13 ) Quand l’arbre ceffe de croître , il ne doit plus 
fe former de nouveaux cernes ; on prétend que le Chêne 
n’en peut former que cent. Jen ai compté cependant 
Jufqu’à cent trente ; dans un individu. Il eft vrai que 
cet arbre étoit déjà déforganifé ; le centre, devenu trop 
Compatte ne recevoit plus de nourriture ; on voyoit fen. 
fiblement que la corruption s’étendoit , de proche-sn= 


proche, du centre à la circonférence, 
…— | 


304 De la culturé du Chéné. 


de Haute-futaye , doit croître plus promptement: 
Cependant , fi l’on fait attention à la grande 
étendue d’un gros arbre, on trouvera que fa 
croiffance annuelle , qui paroît, au premier abord , 
être peu de chofe, eft très-confidérable, 

J'ai porté mon attention, jufqu'à mefurer une 
tige d’arbre dans fa hauteur , pour favoir fi elle 
s’allongeoit annuellement. Au mois de Juin 1785, 
je marquai une toife jufte , fur vingt arbres de 
différentes groffeurs, ou brins de taillis vigoureux. 
A la fin de Novembre, de la même année, je 
rapprochai la mefure que j'avois confervée ; cette 
toife de tiges n’avoit pris aucune élévation. À la 
fin de Juin 1786 , elle ne s’étoit aucunement 
allongée. A la fin de Juin 1787, il n’y avoit 
aucun accroiflement fenfible. D'où j'ai conclu que: 
Je bois ne s’élève que par l’addition des branches, 
dans fa partie fupérieure. 

En obfervant ces branches , je me fuis apper- 
çu, qu'a mefure que le bouton de l'extrémité 
s’allongeoit , il fe formoit des feuilles, & d’au- 
tres boutons , tout le long de cet allongement. 
Lorfque ces boutons , qui forment par la fuite 
autant de branches, font parvenus à une diftance 
proportionnée à la nature, à l’âge ou la vigueur 
de l’Arbre, l'intervalle ne s’allonge plus ; 1l n’y 
à que l'intervalle , qui fe trouve entre les trois 
ou quatre boutons fupérieurs , qui foit fufceptible 
d’extenfion. | | 

Au refte, le tronc d’un arbre eft toujours 
moins gros que les branches qui en fortent, 
prifes cumulativement 3 & celles-ci, moins grof- 
fes que celles qui en fortent |, en tel nombre 
qu'elles puiffent être. 

Revenons à notre comparaifon de produit. 


Troifième Partie. Chap. III. 206$ 


L'Atpent, que nous avons fuppofé pouvoir ren 
dre , tous les dix ans, trente voitures de petit 
bois , en rendra fans doute, au bout de trenté 
ans , cent voitures ; plus ou moins, felon que 
les années auront été favorables à la végécations 
quand il n'en rendroit-que quatre-ving-dix ; une 
imoirié ou environ fera de petit bois; mais l’autre 
moitié fera de bois rondin, ou de gros bois de 
corde, d’une valeur bien plus confidérable. 

_ Ainfi ce dernier Arpent rendra au moins un 
quart de revenu plus que le premier ; c’eft-à-diré, 
un produit annuel de : : : . : . . 12 liv. 10 

On dira peut-être que les cent livres, de Îa 
première coupe de dix ans, peuvent être avantas 
geulement placés , & former un capital, portanf 
intérêt pendant vingt ans ; ce qui doubleroit 14 
Her ct x 5 0% KO Anis rue! 200 Aiv2 

Que les cent livres de la feconde coupe , égas . 
lement placées, pendant dix ans, auroient rap 
porté une moitié en fus; ce qui feroit.:..150k 
qui, réunies aux centl. de la dernière coupe, ci1001; 
formeroient un total de : : :.. : . : . . 4sol, 

Et que la coupe de cet Arpent, au bout de 
trente années, ne rendroit pas autant. 

Cela Peut-être. Mais eft on aufli afluré de jouir 
de l’intéréc de fes capitaux , que de la plus va- 
leur de fes Bois ? Nous l'avons déjà dit : on ne 
peut donner, dans cette matière ; aucun précepté 
certain. Ce calcul peut néanmoins fervir à déci- 
der les Propriétaires ; fuivant la pofition de leurs 
affaires , fuivant l’état où font leurs Bois , & 
fuivant l’efpèce de confommation ufitée dans leur 
pays. L'un aura befoin de reffources fréquentes ; 
l'autre voudra s’en ménager de plus grandes ; tel 
bois qft d’yn débit plus facile que tel autre, &c, 


5oë De culture du Chéne. 


mais je crois en avoir aflez dit, pour donner à 
comprendre que la coupe d’un Bois-taillis rappor< 
tera plus, proportions gardées , au bout de vingt 
ans , qu'au bout de dix ; au bout de trente, 
qu'au bout de vingt; & moins au bout de qua- 
gante, qu'au bout de trente. | 

Cette progreflion de hauteur & de pourtour , 
repréfentée dans un même tableau , peut faire 
plaifir ; nous allons la mettre fous les yeux. 
Nous expoferons aufli le tableau de ce qu'un 
MArpent de Taillis, de cous les âges, peut pro: 
duire. 
TABLEAU DE LA PROGRESSION 
D'E'S BR IN SD ET AUL LENS 
SUIVANT LEUR AGE DIFFÉRENT: 


Ux Taillis de dix ans, porte, en général, 
les brins de fepr pouces de circonférence , fur 
dix pieds de haut. 45) RDA ce 

Un de quinze ans ; huit pouces & demi de 
circonférence , & quinze pieds de haut: 

Un de vingt ans , onze pouces de circonfé- 
rence ; fur vingt pieds de haut. < 

Un de vingt-cinq ans ; quatorze pouces de 
circonférence , & vingt-cinq pieds & gémi dé 
haut, x 
Un de trente ans, quinze pouces dé circonfé- 
rence, & trente-un pieds de haut. Di 

Un de quarante ans, vingt poucés de circon: 
férence & quarante pieds de haut. 

Tout ce qui pañe ce dernier échantillon ; 
grofieur moyenne des brins, peut fervir pour 
des ouvrages , & vaut plus que le bois de corde. 

L'Équarriffage érant le cinquième de la cir- 
conférence , vingt-un pouces de pourtour donnent 


Troifième Partie, Chap. LIL, 209 


uatre pouces , deux lignes , fur chacune des 
quatre faces de la pièce. 

Un Taillis de Chêne , de l’âge de dix ans 3 
n'eft propre qu’à faire des Falourdes ou Fagors ; 
on les fait ordinairement de fix pieds , deux 
pouces de lonpueur , fur deux pieds & demi de 
grofleur , liées par les deux bouts. (14) L’Ar- 
pent, de qualité médiocre, en rendra un millier, 
qui vaut, à prendre fur pied, quatre-vingt-dix 
livres, | 

Un Arpent de bois, de quinze ans, en don« 
nera douze cent cinquante, dont le bois fera plus 
nourri, & d’un prix un peu plus fort. 

Celui de vingt ans, en donnera cinq cents ; 
& huit cordes de bois, de huit pieds de bafe ; 
fur quatre de haut ; les bûches de trois pieds & 
demi de longueur , y compris la taille , qui vas 
lent douze livres chaque. 

Celui de vingt-cinq ans , donnera fept cents 
Falourdes , & douze cordes de bois. 

Celui de trente ans , donnera neuf cents cins 
quanté Falourdes, & dix-huit cordes de bois. 

Celui de trente cinq ans, donnera douze cents 
Falourdes , & vingt-cinq cotdes de bois, dont la 
moitié fera de bois refendu. 

Celui de quarante ans, donnera douzé cents Fa- 
lourdes, vingt-fix cordes de bois , & cent pièces 
d'équarriflage , de vingt pieds de long ; à ua 
fol le pied. (15) 

( 14 ) Ce n’eft pas le Fagot de Paris, qui n’a que 3 pieds 
— de long, & 17 à 18 pouces dé grofleur , vers la hart,, 
qui le lie paf le milieu, \ 

(15) A l'égard du Charbon , que peut rendre un Arpenf 
de Taillis , gros & bien garni, voyez ci-après ; l'Art 
UsANcR DES Bols, 


208 De la culture du Chêne: 
De forte qu'un arpent de dix ans, étant vendus 


Ge Li etes 90 1. Plus valeur. 
Il vaur à quinzeans108 L ro Cr: 3 1 re 12 
2.20 40525. .n0iI AE Le Fe "204 2. 3ERINO 
M 25 AD Maeysrel 2070) RS : LORIE 
du JO NA0E UE SO LENS... a OURS 
Re La ON MLD. © rom 
ANT EP CO REMROROS ETS ER EeTES À ET 


Dans cette progreflion de prix > les Ab 
de réferve , nommés Baliveaux , ne font pas 
compris. 

D'après cet expofé ; on doit s’appercevoir de 
l'avantage réel qu'il ÿ à à retarder la coupe des 
Taiilis , Ce pour l'intérêt , foit pour. l’économie 
& le ménagement des futayes à venir, 

Mais ,, d'un autre côté , la vie de l’homme 
eft courte , & l’on veut jouir. À cela, point de 
répliques: Pi 
BALIVEAUX DES TAILLIS ET DES FUTAŸES. 


A dix ans, les Baliveaux des Taillis, qu'on 
eft dans le cas de laifier ) font trop foibles & 
[Top menus , rélativement à leur hauteur 5 ayant 
été élevés dans des bois toufus , ils ont l'écorce 
tendre ; & , devenant ifolés |, ils font fortement 
tourmentés par les coups de vent & le poids du 
givre : : plufeurs fe rompent donc ; ou meurent 
en cime. D’autres , qui n’ont leurs racines que 
dans le terreau , formé par des feuilles pourries, 
font entièrem'ent renverfés ; d’autres font endom- 
magés, dans leur écorce ; par les fortes gelées, 
Ceux qui réfiftenc à ces Aférane accidens , pouf: 
fenc prefque toujours des branches irrégulières, 
& deviennent des arbres difformes. 


Il eft enjoine d’en laifler feize par arpent de 
Taillis ; 


” Troifième Partie. Chap. III. 209 


Taillis de l’âge du bois, outre les anciens & 
les modernes ; & dix par arpent de Futaye; 
cux:ci fonc deftinés à repeupler. er 

Mais le recrû d'un Bois-taillis, furchargé de 
Baliveaux de trois où quatre coupes , ejt prefe 
que toujours endommagé parles effets de la 
gelée , à caufe de l'ombre & de l'humidité 
qu'ils occafonnent ; & les Taiïllis n'ont pas bee 
foin de repeupler ; ils pouflent quatre fois plus 
de rejets, qu’il n'en faut pour les renouveler. 
Quand même ils ferojent clairs , & que la fe- 
mence , provenant des Baliveaux , fe trouveroie 
répandue à propos, elle ne réuflira jamais, parce 
que le jeune plant croît plus lentement que le 
rejet des fouches ; & fera immanquablement 
étouffé. D'un autre côté , l'introduction du bétail 
dans les Bois, fait qu'il n'y a qu’un petit nom- 
bre de ces arbres, venus de femence, qui puifle 
réuffir ; n'étant pas encore, défenfables, quand le 
recrû des anciennes fouches eft aflez élevé pour 
ne pas craindre la dent du bétail... ,,: 

Le but de l’Ordonnance a été d’avoir toujours 
en réferve, dans le Royaume, un ford de Bois 
de Charpente fur pied, & de multiplier ,. fans 
dépenfe , les Forêts & les Bois , par les femen- 
ces, qui font de nouveaux Arbres. Mais ce 
double effet {uit rarement l’exécution de la Loi. 
Les Baliveaux des Taillis font de foibles.reficur- 
ces pour avoir du bois de fervice 3 ceux même 
qu'on laifle dans les Futayes , fe trouvent ifoiés, 
& tout à coup découverts 5 après avoir êté longs 
rems ombrages dans leurs tiges, ils cefient de 
croître, ils fe couronnent , .& périflent bien-tôt, 
On fe fent attriflé de voir des arbres dans cet 
rat, Auffi la plüpart des Propriétaires | cédant 

O 


219 De la culture du Chéne. 


forcément à l'Ordonnance , & rèégardant comité 
perdus les Baliveaux qu'ils laiflent, choififfent 
les arbres les plus défectueux , & de la moir- 
die valeur. | 

Outre que les grands Baliveaux préjudicient à 
Ja poufle des Taillis , les fouches , fur lefquelles 
on les laifle, ne repouflent pas au pied .: toute 
a sève eft employée à nourrir l'arbre ; il arrive 
enfuire que , lorfqu'on le coupe, la fouche périts 
gourmandée par la pouffe des fouches voifines. 

Je ferois donc de l'avis du perit nombre de 
Culrivarèurs, qui font coupe nette, dans tous les 
Semis & Tailis, d'une elence, qui pouffe des 
rejetons ; & yardinent feulement , c'eft-àa-dire , 
laiffent beaucoup de Baliveaux dans les Bois de 
V'effence qui ne fe reproduit qué de graine. 

Le Confeil difpenfe fouvent de l'exécution de 
V’Arricle de l’'Ordonnance concernant les Bali- 
veaux : & c’eft avec raifon; car il y a apparence 
que cette Loi mauroit jamais eu lieu vis-à-vis 
des Particuliers, s'ils étoient plus portés qu'ils ne 
le font à laifler élever des bois en Futaye. 

Dans les Bois du Roi, & dans ceux des 
Eccléfaftiques , les Balivéaux font marqués du 
marteau de la Maïîtrife, afin que les abatteurs 
n’y touchent pas ; mais les Particuliers ; proprié: 
aires de Bois, quoiqu'aflujetis à laifler pareil 
pombre de Baliveaux , fans cependant que le 
Maïtrife vienne afleoir les coupes ; & marquer 
les Baliveaux , font libres d’en difpofer a Jeur 
profit, au deflus de l’âge de quarante ans, pour 
les Baliveaux de Taillis, & après céht vinge 
ans , pour ceux de Furaye Ordonnance ; Tir. 
AXVT Art 1e 
*! Au feite, les Ordonnances venlént que là fée 


Troifème Partie. Chap. III. 2rx 
férve des Baliveaux demeure foufentendue , dans 
les ventes qui n’en parlent pare NE Ne TA 
. M. Déhamel propofe une façon de ménager 
les Bois, de forte qu'ils fourniflent beaucoup ; 
en fe renouvellant d’eux-mêmes habituellement. 
C'eft un moyen économique , qu’il donne aux 
Péres de famille , Par-tout où on 2 befoin de 
gros bois, pour la eonfommation & le débit. Et 
cout Ufufruitier , qui a des fentimens , doit avoir 
les mêmes attentions qu’un age Propriétaire, 
Suppofé , dit-il , qu’on coupe un Taillis , de 
l'âge de 18 ans, & qu'à la coupe précédente 
on ait réfervé , par Arpent , trente Baliveaux ; 
de l’âge du Bois ; on abattra, avec le. taillis ? 
ces trente modernes, qui, ayant trente-fix ans 
fourniront de la grofle corde , pendant que les 
branches, & le Taillis de 18 ans, donneront , f 
le fonds eft bon, de la corde à. charbon & des 
Fagots. Les trente nouveaux Baliveaux ;. de 
l’âge du bois que l’on confervera dans le Tail- 
lis , fourniront pareillement à l'exploitation fui- 
vante. Dans cette diftribution ; les Baliveaux ? 
quoiqu'en bien plus grand nombre que n’exige 
l'Ordonnance ; ne feront pas affez forts >: pour 
érouffer le Taillis ; &, comme on les abat à 
l'âge de trente-fix ans, leurs fouches font pleines 
& vigueur, & en écac de donner ün beau récrü, 


à 
# 


DURE APS net a 


CHAPITRE TV 


MU, PAL NES 
LEUR EXPLOITATION. 


Πs Futayes font les grands Bois, qui n'ofit 
pas ‘été coupés en ventes ordinaires, depuis 
plus de ‘quarante ans. 
Quand le bois a cet âge, on l'appelle Æz- 
qaye-fur-Taillis. HA 
Depuis quarante ; jufqu'à foixante , Deri- 
Futaye.. 
Depuis foixente » jufqu'à fix vingts , Jeune: 
Yaure- Futaye. 
Et, pallé deux cents ans, Harire-Futaye-fur-le- 
Ytlour. LUNA | | 
© On appelle Furaye-baîle € rabougrie , celle des 
arbres de mauvaife venue ; bas & tortus. 
Haute & pleine Futaye , celle des arbres hauts 
& preflés, qui font bien filés. 
Anciemement il n’y avoit que les Rois, qui 
guffent le droit d’avoir des Bois de Haute-Futaye; 
& , quand ils en accordoient la permiffion , c’étoit 
à Ja chaïge qu'ils en auroient la jurifdiétion , & 
une portion dans la ‘coupe ; la Charte-aux-Nor- 
mands appelle ce droit de riers © danger ; c'eft-à- 
dire, je tiers du prix , & le dixième du toral. 
Le Brez. Fan i 
La coupe dés Bois de Hiaute-Futayè ne peut 
être faite aétuellement , fans une permiflion {pé- 
ciale ; parce que l'intérêt public à fait réferver 
des Bois pour la Marine , lorfqu'ils ÿ font pro- 
pres, & pour une infinité d’autres ufâges; 1l éroit 
de lintéréc, de l'Écat , de veiller à la conferva- 
US 


. 


Troifième Partie. Chap. IP. 813: 


tion de ces Bois, & d’en perpétuer de: cette ef-. 
pèce. Les Bois voifins de. la Mer & des. Rivië-. 
res navigables , font fujers à une. Police ,, qui. 
leur eft particulière, à caufe des befoins, que: le. 
Roi peut en avoir. Et quand, une fois, il y en 
a de marqués du marteau de la Marine , les 
Propriétaires ne peuvent plus les; faire abattres. 
cela leur eft défendu , fous peine. de confifcation 
& de 3000 liv. d'amende , par un Arrêt du. 
Confeil, du 23 Juiller 1748. 

Sous le nom de.Furayes , or\n’entend pas feu- 
lement les Forêts confervées en maffif; mais,en-. 
core.les Baliveaux , qu’on réferve. à chaqué.ex- 
ploitation ;.& les Arbres. de diflérens âges, qui 
font épars. 

Il ny a, en général, que.les Arbres en 
Pleine - Futaye , qui fourniflent les longues & 
belles pièces de Charpente, quoiqu’on leur repro-. 
che. d’avoir le bois plus rendre que-les Arbres, 
de lizière. ‘2e SEE, à 

Le bois de Futaye, propre.pour-la Gharpente, , 
fe réduit, à la vue, en pieds cubes : un arbre. 
en porte plus ou moins, fuivant fa grofleur & fa. 
hauteur. Les branches & les rames font à peu-. 
près les frais de l'exploitation; ainfi il n'y a que. 
le tronc à eftimer, après Pavoir cubé., 

Avec un peu d’ufage , on. ne fe crompe pas 
beaucoup. Mais fi l’on veut être afluré du calcul, 
on peut mefurer la grofleur des Arbres, & leur 
hauteur. 7 

Quant à la groffeur,, il ne faut pas calculer. 
d’après la circonférence du bas ; les arbres vont. 
toujours en diminuant, les uns plus , les autres 
moins. Tel Chêne, qui a dix pieds de circonfé-. 
rence , à la hauteur ordinaire de l’homme, n'aura. 


214 De la culture du Chêne: 


ue huit pieds, à la hauteur de cinq toifes. IL 
fn donc calculer fur un terme moyen, qui eft 
neuf  lorfqu'on veut divifer cet Arbre dans fa 
longueur, & fur huit pieds feulement , quand 
on veut Pemployer entier. | 

Nous avons déjà dit que l’équarriffage d'un 
arbre eft le cinquième de fa circonférence 3 il. 
faut l'entendre, lorfqu’il eft équarri à vive-arréte , 
abftraction faite de l’Écorce & de PAubier. 

Mais il eft des bois , dont l’Écorce n’eft pas 
aufi. épaifle que celle du Chêne , &: dont l’Au- 
bier eft de bon fervice , comme ‘le Châtaigner , 
le Hêtre, &c. léquarriffage de ces Arbres fera’ 
moins. que le Cinquième > & à peusprès le neu- 
vième. | | 

YVoici. deux Tables, calculées, l’une fur le 
cinquième de la circonférence que donnera là 
pièce de Chêne, ouvragée dans le bois dur & 
folïde, & dont les angles feront bien marqués ; 
& l’autre , fur le quarré pris dans route l’éren-. 
due de la | circonférenge extérieure, 


215 


£ 2 Een LA 6 “I #1 La ve] Fe 1 é 1] ‘ < 

ë. gs1 = Fe lo m lemme dl én rio “ltupa A Len tele CPLr ét] 

£$ Po Oo + mn à À m 4 9 © HR mm NR n +o0 

ë à "= o LÉ RP. 
& & el + 060 G © O # A + LA 0 ) 


Fm ON ni ni M En 6 À 4 à & 


a 


«a 


gimp lugjunlmepn  almtlmnquens dimepunlmens alain] uen 


ÉRN SHNS 4 RUN 4 +R #8 +R Al 


e à vive-arrê-{ Équarriffage 
, au cinquième de la | la circonférence enuêre, |: 


Troifème Partie. Chap. 
TABLÉ DE L'ÉQUARRISSAGE, 


£ © © » ; 
MESzN ee NS ES 00 AN Om «4 «A +9 [KO GO Oo 4 € en + 
Écis * | 
ER mt et De et ei je di D D ei el © el À «À 
2 2 « ï : Ü * « - 
+ TRS ma CE MI ma mL IN la mya le “IA 
ns st m « ” Pa à < F 3 ; ; 
ê q M QE ce cn << 18 LS 18 \0 IR IN OO © ON ON O Om = À 
Ë ed D mi bé pt 


216 | De La culture du Chêne. 


MANIÈRES DE MESURER LA HAUTEUR 
D'UN ARBR&. 


La hauteur d’un arbre fe mefure à vue ; on 
s'éloigne du pied , d'environ quatre toiles ; on 
fixe les yeux fur le tronc , & à la hauteur de 
cinq pieds, ou à peu-pres, à prendre à fleur de 
cerre ; enfuite , à une feconde hauteur , égale+ 
ment de cinq pieds ; & ainfi de fuite. On comp- 
V0, 6, 21025, 30, GAP INA 
Ou autrement , avec le Béton de Jacob | qui 
eft très-fimple, aflez jufte , & qu’on peut faire 
tout de fuite. par-r@ur où on fe trouve. C'eft 
une petite baguette, d’un pied de long , au bout 
de laquelle on adapte une autre baguette de la 
même longueur , prife dans fon mitieu , de fa- 
çon qu'elle fafle , avec là première, deux angles 
droits , de la longueur de fix pouces. On fe mer 
à une diftance à peu-prèés égale à celle de la 
hauteur de l'arbre. On pole le plus long bour de: 
ce Bâton fur la lèvre fupérieure ; on s'approche 
ou on s'éloigne , jufqu’à ce que je rayon vifuel 
oïrre fur les deux bouts de la feconde baguette, 
& fur le pied & la cime de larbre. La diftance 
qui eft entre l'arbre & le poinc où l’on fe trou- 
ye , fait exaétement la hauteur de l'arbre. 

Mais fi vous voulez y imertre plus de préci- 
fion | prenez une équerre pleine, dont les deux. 
côtés de l'angle droit foïent égaux en longueur ;] 
fixez la , avec une cheville , à un pieu , que’ 
vous mettrez en terre. Pofez un petit à-plomb 
fur le côté perpendiculaire 3 alors l’autre côté: 
fera néceflairement parallelle à l’horifon, Voyez! 
enfuite fi la direétion de ces deux côtés porte au 
pied & à la cime de l’objet à mefurer ; éloigneæ 


Troifième Partie. Chap. IP. 217 


où rapprochez le pieu , jufqu'a ce que vous ayez 
la cime en direction : quant au pieu , fi le ver= 
rein n'elt pas uni, & que vous ne {oyez pas bien 
jufte au rès-de-chauflée | vous meiurez la hauteur 
qui fe trouve entre le point où porte le rayon 
vifuel, &% la fuperficie de la terre ; ajoutez 
cette petite hauteur à la diftance qui fe trouve 
encre le pieu & l'arbre : vous aurez la hauteur 
ie POUR LUS 


\ an my. 

\ NN KE W SSSR x 

AN ANS KI S 
SSSR SNS 


CALCUL DES Bois DE CHARPENTE 


Dans la plôpart des Provirces, on calcule 


les bois quarrés ,. propres à le charçenté , par 
pieds & pouces cubes, 


218 De la culture du Chêne. 


Dans d’autres Provinces , & à Paris, ils s’a* 
chètent & fe calculent par pièces de bois. ° 

La pièce a deux toifes de long, fix pouces 
de large , fur fix pouces de groffeur, ou l’é- 
quivalent , qui contient trois pieds cubes , ou 
cinq mille cent quatre-vingt-quatre pouces cubes. 
Aüïnfi , pour mefurer par pièces le bois quarré , 
il faut réduire la longueur, largeur &  épaifleur 
en pouces , & divifer le total par 5184. Ou en< 
core, commencer par multiplier les pouces de. 
largeur par les pouces d’épaifleur ; multiplier le. 
total par les toifes de longueur, & divifer le 
dernier produit par 72 ; ce qui viendra au pro= 
duit de la divifion , fera autant de pièces de. 
bois. Une poutre, de quatre toiles, trois pieds de. 
long , fur vingt-fix pouces de large, & dix-huit 
pouces de haut, donnera vingt-une pièces un quart. 

Le marché fe fait au cent de ces pièces, dont 
dix compofent le millier ; il faut , pour. cela ; 
que le bois foit bien équarri. Lg 

La valeur d’un pied cube. varie , fuivant la. 
qualité, la longüeur & la groffeur de l'arbre, 
fuivant l’éloignement, le lieu & la confammation. 
Le prix moyen eft dix fols, pour la charpente 
& le fciage ; il a plus de valeur, s’il-eft propre 
à la fente; & plus encore , s’il eft propre poux. 
la Marine. (16) APe PT 


(16). M: Jauffet , exploïtant la Forêt d’Aixe , em, 
Limoufin , appartenante à M. le Comte d’E/fcars ; m'a 
donné le détail fuivant. » La plus forte pièce de cette 
» Forêt, rendue au port de Rochefort, AK 0 30 Juin, 
» 1786, fous le n°. 2748 , avoit 41 pieds de long , 20 à 
»21 pouces d'équarrifiage ; cuboit 119 pieds , 7 pouces; 
»& a dû étre payée par le Roi 446 liv. », 


Troifième Partie. Chap. IP, 219 


Si ce même bois n’eft pas fin &-trairable, on 
le débire en Corde, & on l’eftime à peu-près fur 
le calcul fuivant. | 


CALCUL DU BOIS, 4, BRULER. ! 


Un arbre, de 12 pieds de, haut, & de 42 
pouces de grofleur, produira. . . .. Corde. — 
: Un arbre, de 12 pieds, aufli de haur, 

& de 48 pouces de gros, produit. . . .. .. 
Un de 18 pieds, & de 30 pouces. . . .. . . 
Un de 21 pieds, fur. so pouces, . . .. .. 
Un de 27pieds, fur, 72 pouces... . 2. . . 
Un de 30 pieds, fur. 9o pouces. . . 3. 
Quoiqu'une pareille évaluation foit vague , elle 
po fervir d’eftimation provifionnelle , pour un 
ois à vendre ou à acheter, Set 

On peut calculer encore d’une. autre façon. 
Ayant pris les groffeurs & hauteurs de cinq ou 
fx arbres différens; on les joint enfemble , pour 
voir , du fort au foible , les groffeurs &. les 
hauteurs ordinaires de rous ces bois. On en comp- 
re les brins, & combien chaque brin peut pro- 
duire de longueurs de bois de corde ; fi les grof- 
feurs ont depuis 18 jufqu’à 20 pouces , on en fera 
des büûches, dont 116 feront une Corde. Si le 
bois eft plus gros , on voit s’il fe peut fendre en 
parties égales, ou à peu-près ; puis on en fait 
la fupputation. Quand c’eft un. bois mêlé de 
plufieurs groffeurs, depuis 12 jufqu’à 17 pouces, 
il en faut environ 240 longueurs. Si ce font 
des Bois-taillis , qui foienc d’une même grof- 
feur , depuis 6 jufqu'àa 8 & 9 pouces ; il faut 
envirom 800 longueurs pour une Corde, 


22e De la culture du Chéne. 
MANIÈRES. D'APPRÉCIER, LES, FUTAYES. 


L’arpRÉCIATION d'un Arpent de Futaye. 
eft bien différente de celle d’un Taillis. On con- 
noît , à peu-près , par les dimenfions d’un petit 
arbre , ce. qu'il peut produire ; mais la nature 
du terrein , la viciflitude des faifons , lors des 
accroiflemens ; la fituation , l’expoftion, l’ufage. 
qu'on. peut faire de chacun des arbres, fuivant 
leur force & leur qualité , peuvent varier à l’in- 
fini, & doivent entrer pour beaucoup dans cette 
combinaifon. On peut. s’en tenir quelquefois au 
coup d'œil & à l'habitude; mais, en affaires 
de conféquence , on ne fauroit trop porter de. 
foins & d’attentions. AR 

© Pour calculer la valeur d’une Haute-Futaye, il 
faut avoir un arpentage bien exat , de toute 
l'étendue du terrein ; après cette connoiffance , il 
faut la traverfer dans tous les fens, examiner fi. 
tout le bois eft de même nature ; reconnoître sil 
eft également garni, s’il n’y a’ point de clairiè- 
res , fi les arbres font d’une même force; &, 
comme il y en a de plus vigoureux & de plus 
foibles , & des parties plus ferrées les unes que 
les autres ; on divifera le toral en plufieurs 
lots , & l’on fera de chacun une. évaluarion 
particulière. riGiG à 

Afin d'opérer prudemment & avec ordre , on 
mefurera , dans chaque lot, un demi-Arpent, 
un Arpent même ; on en comptera les arbres ; 
on les diftinguera en trois clafles , beaux, médiocres 
& foibles ; on fera même une clafle des défec- 
tueux ; & , après l'examen des arbres de chacune 
de ces elafles, on fera l’eftimation de chaque 
efpèce ; on n’aura égard qu'aux principales bran- 


Troifème Partie, Chap. IV. 221 


ches , & on eftimera en gros ce que la rame 
pourra fournir de Cordes. . 

Quoique les Fagots ne faflent pas un grand 
objet, & qu’en général on ne doive les regarder 
que pour remplir des faux frais, il eft bon d’en 
tenir note. Cette opération faite, on affemblera 
les différentes clafles ; on en formera une fomme 
totale , dont on déduira , pour les frais d’exploi- 
tation, le tiers, & même quelquefois la moitié, 
fuivant les circonitances, la fituation de l'endroit, 
{on éloignement plus ou moins grand des Rivières 
& des Villes, la commodité des Chemins & des 
Voitures ; fuivant enfin les débouchés qu’on peut 
avoir , la facilité de trouver des Ouvriers, des 
Bûcherons , & le genre d'exploitation. Ce fon 
autant d'articles, qu’il faut connoître, qui de- 
mamdent beaucoup de prudence , & une grande 
connoiflance du pays. 

Avant de conclurre un marché de Bois $ 
PAcquéreur doit encore faire attention, & s’ins 
former fi le Propriétaire eft bon vendeur, & fi 
l'on n’a pas à craindre d’être interrupté ; s’il y à 
des droits à payer , comme Centième denier , 
Lots, Péages, Entrées ; de quelle force & de 
quelle valeur font les Baliveaux qu’il faut laifler; 
s'il y a des bois propres à la Marine; s’il n’y à 
pas d’autres bois en coupe dans le canton, qui 
puiflent feuls fournir à la confommation locale. 
Tout quoi fait une différence dans le prix & 1a 
valeur intrinsèque des Bois, 


© 
4 
Là 


#22 


— FAR ° u k 1 en EC | 


CHAPITRE :V 


DE LA Covrr DE s.: Bons 

DE HAUTE-FUTATE. 

E n’eft pas affez de connoitre les Bois, 
d’en eftimer la valeur; il faut favoir encore 
les abattre & les exploiter. Ces opérations de- 
mandent de l'attention & de la vigilance ; elles 
feules peuvent faire la perte ou le bénéfice. Un 
ouvrage bien entendu eft toujours intéreflant, & 
donne de la valeur à la marchandife. La négli- 
gence, au contraire, y porte des obftacles, & 
empêche de profiter de tout l’avantage qu’on en 
pourroic tirer. Dans l'exploitation des bois, il n’y 
a pas de-perites fautes, fi elles font multipliées ; 
tout doit être combiné ; on doit en voir le terme 
du premier coup d'œil. Dans ce cas, la théorie 
eft favorable ; mais il faut, de plus, l’ufage & 
l'expérience. . Pt AU RAUPPT EE JT 

Le maître d’une Futaye doit fe régler , pour 
le tems de la Coupe, fur la qualité & fur l’âge 
du bois, pour le couper avant qu’il foit fur le 
retour, même aufhi-tôt qu'il a acquis fon état de 

erfeétion , & dans l’âge où 1l peut bien repouf- 
fer. Il faudroit être tout à fait. infouciant , pour 
couper fes Futayes , fans avoir ces égards ; 2 
moins que ce ne foit le beloin, ou quelqu’oc- 
cafon heureufe , qui engage à s’en défaire bruf 
quement. 

SAISON CONVENABLÉ POUR LA COUPE. 

ON n’a déjà formé qué trop de fyflêmes ; 
pour le choix du tems qu’il convient de prendre, 


/ 


Troifième Pärriel Chap. V. 22% 


gélativement à l'abattage des Bois ; nés Loix 
n'ont été établies que d’après les expériences re- 
connues, & l’ufage le plus certain ; il eft pru- 
dent de les fuivre. Les arbres, abattus dans les 
tems prefcrits par l’'Ordonnance , reftent toujours 
plus pefants , que ceux qui font abattus dans 
d’autres faifons. (17) Ce doit donc être un 
grand moyen pour décider la queftion. D'ailleurs 
les mois de Novembre, Décembre & Janvier 
font le tems où les autres travaux de la cam- 
pagne fonc ralentis , où les ouvriers fe trouvent 
plus aifément. C'eft la faifon aufi où il y a le 
moins à craindre de caufer du dommage aux 
arbres que l’on veut conferver, 11 n’y a que les 
arbres dont l'écorce fert à des ufages particuliers, 
comme les Chéneaux , les Tilleuils, & l’Aune, 
qu’on coupe quand ils font un peu plus en sève, 
comine au mois de Mai , ou à la fin d’Août,; 
afin de pouvoir les écorcer. 

Ce tems étant arrivé, rien ne doit arrêter pour 
abattre. Les vents n’ont aucune influence für le 
bois; celui du Nord ne les conferve pas, com- 
me on le prétendoit ; celui du Midi ne les fait 
point tendre à la pourriture. (18) 


_ (17) Le' Docteur Jurin a obfervé que la fubftance 
des Bois eft fpécifiquement plus pefante que l’eau, puil- 
qu'ils vont au fond, après qu’on a fait fortir l’air de leurs 
pores ou dé leurs vaifleaux aëriens , en les plaçant dans 
l’eau chaude , fous un récipient. Tranfaët. Phil. N° 369: 


(18) Il paroît inconteftable que le vent du Midi eft 
plus contraire à la confervation des Bois , que celui du 
Nord ; mais il ne s’enfuit pas qu’il ne faille abattre les 
Bois de fervice que par un vent de Nord. Les épreuves 
qu'on a faites ent donné lieu à penfer que les arbres , 


224 De la culture du Chêne. 


La Lune (19) ne fait rien non plus à leut 
bonne ou mauvaife qualité : on eft revenu de 
l'influence des Aftres; on et guéri du préjugés 
L'expérience en a fair connoître l'abus. (20) 

On doit feulement ceffer les abatrages pendant 
les grands vents, de peur que les arbres, moitié 
coupés , ne foient renverfés , &. ne s’éclatent; ils 
pourroient auffi tomber les uns fur les autres, & 
s'encrouer : ce qui empécheroit d’en tirer cout le 
fervice auquel on devoit s'attendre. | 

Il convient auf d’évirer de travailler à Île 


qui auroïent été abattus dans une année où les vents ont 
prefque toujours été Sud, ou Sud-eff où Sud-oueff feront 
plus expofés à s'alrérer que ceux qui l'ont été dans une 
année où les vents de Nord ou de Nord-eft auront régné 
plus fréquemment. Maïs comme on ne peut prévoir aw 
mois de Novembre quel fera le vent dominant jufqu’as 
mois d'Avril; la queïtion me paroît oifeufe. 

(19) Q'eft-ce que la Lune, rélativement aux Plantes? 
ee n’eit autre chofe qu'une lumière réfléchie , qui fu# 
des révolutions périodiques d’accroiffement & de dégrada- 
tion , fuivant que les corps opaques, qui l’interceptent s 
s’oppofent à fon paflage. Cette lumière , réunie dans un 
foyer , par le miroir ardant, ne donne aucun dégré fen- 
fible de chaleur. D’un autre côté , notre Atmofphère ne 
s'étend pas jufqu’à la Lune ; elle ne peut donc avoir fur. 
les végéraux aucure ation impulfive. Comment a-r-0n 
pû , jufqu’à nos jours agiter férieufement cette queftion » 
La plüpart des Foreftiers obfervent , encore aujourd’hui, de 
n'abattre les Bois, fur-tout ceux de Marine , qu’au dé- 
cours de la Lune, c’eft-à-dire , depuis fon plein, jufqu'à 
l fn. 


(20) M. de la Quintinye eft un des premiers qui aïe 
combattu raifonnablement ce préjugé, dans fes Réflexions 
fur l'Agriculture. Chap XXI: il en fait voir tout le ridi= 
cule , & rapporte les expériences qu’il avoit faites. 


Coupe 


Troifième Partie, Chap. V. 29% 

Coupe pendant les trop grandes gelées : les fou- 
ches en pourroient foufrir ; le bois feroit dans: le 
cas de fe fendre ; il eft d’ailleurs trop dur dans 
ce cems, les Bücherons; par cette railon, font . 
peu d'ouvrage. | 
MANTÈRE D'ABATTRE LES ARSREY 

A LA COI1GNÉE. 

LA manière dont on doit fe comporter ; _pout 
abattre les grands Arbres, fans les endomma- 
ger, eft trop intéreflante , pour la pafler . fous 
filence ; on ne fauroit trop ménager les pièces 
de conféquence, qui, par défaut de précautions 
convenabies , deviendroient inutiles, où dû moins 
perdroient. l'avantage de .leur. grand volümé, LI 
faut examiner de quel côté l'arbre ipenche , & 
où eft le plus grand poids de fes branches }, pour 
éviter qu'il ne tombe du côté où le porte_ fon 
propre poids ; il éclateroit. Il faut encore porter 
attention , & reconnoître s’il n'y à pas quelques 
branches qui , par leur contour , peuvent, êtie 
plus précieufes ; pour là Marine, que le tronc 
même. Un habile Bûcheron doit déterminer 1à 
“hôte du côté qu'il juge le plus convenable. 14 

On ne peut trop aufli. prendre garde ; <a 
abattant un arbre de conféquence, qu'il n'y én 
ait pas d’autres aux environs, qui puiflent nuire 

à fa chûte : dans ce cas, on:doit redoubler d'at- 
tention , pour qu'aucun ne foijt endommigé ; & 
même il eft prudent d’abattre ces arbres voifins ; 
s'ils font partie de l'exploitation. 2) 14 
Pour opérer comme il convient , il faut com- 
mencer par couper le pied des arbres le plus près 
de terre qu'il eft poffble ; l'Ordonnance l'exige : 


&.comme un arbre, fur-touc s’il eft de quelque 


226 De la culture du ‘Chène. 
<onféduerice , doit romber du côté oppofé où fl 
penché ; ce qui évite les éclats & les lardoires ; 
3l faut , pour y parvenir , faire , de ce‘côté , unè 
‘ntaille, qui pafle beaucoup Je centre de l'arbre; 
&r, du côté ‘oppolé, faire une feconde entaille , 
üi dirige la chûte. Ainfi le Bücheron fait tomber 
“on arbre à l'endroit où il veut ; il eft très-peu de 
gas &ù il ne foit bien le maître de tous les côtés. 
Un arbre fourchu doit combet fur fon plat , 
afin de ne pas faire rompre les branchés , & 
méme de ne pas faire fendre le tronc dans une 
longueur aflez grande ; ce qui le rendroit inuule : 

«es efpèces de fourches font d’ailleurs recherchées 

dans la conftruétion des Vaifleaux. 

Il fauc éviter, fur-tout , qu'un arbre tambe 
en croix fur un autre, ou fur quelque corps 
qui, portant dans fon milieu avant que les bran- 
ches portent à terre, feroit capable de le faire 
éclater d’un bout à l’autre. | 

Au furplus , ces oblervatiohs ne font que pour 
des Arbres extrémement gros, & que lon veut 
ménager ; Car ; POUr l'ordinaire , on commence 
par un côté de la Futaye , & on continue de 
fuie ; ce qu'on appelle a tire & à aire : & 
même ; quand ils ne fonc pas bien gros, on les 
fait comber les uns fur les autres, afin que les 
troncs né foient pas endommagés, fur-tour dans 
les Demi-Futayes ; parce que leurs branches ne 
ervant ordinairement qu'à faire du Bois-a-bräler, 
on ne craine pas qu’elles fe rompent, ou qu’elles 
feient forcées: 

MuNiÈRE D'ABATTRE LES ARBRES 
| EN PIVOTANT. 
fl y a éncére une autre manière, qui eft dé 

Pivorst. Pour faire cette opération, on enlevé la 


- 


+ n° 


Troïrfième Partie, Chap. F. | 227 


térre. du tour de l’arbre ; on en coupe toutes les 
racines , afin qu’il tombe avec fon pivot. Cette 
manière eft moins expéditive..que celle d’abattre 
à la coignée | conféquemment plus couteufe g 
mais elle” donne aux gros Arbres deux pieds de 
coupe de plus >» avec un pivor de 3 ou 4 pieds: 
malgré fes avantages , elle eft. défendue par 
l'Ordonnance | dans la vue de conferver les, fou- 
ches. Cependant , lorfque les Officiers des Eaux 
& Forêts veulent favorifer ,,1ls permettent , fui- 
vant les circonftances & la qualité des gros.ar- 
bres , qui fe trouvent dans. la vente , de faire 
pivoter fix , huir & même quelquefois dix Aïbres 
par Arpent. On ne peut qu applaudir à à cette to- 
lérance ,..& l’on doit même s'y prêter d’autanc 
plus volontiers , que la plus grande partie des 
fouches de gros Arbres pourriflent en terre, & 
que c'eft , pour les Marchands, le feul moyen 
de pouvoir fournir certaines pièces de Bois , telles 
que des Tournants de Moulins , des Jumelles de 
Prefloir ,. &c. il feroit à fouhaiter_ que certe fa- 
çon d’abattre en pivotant fûc plus commune; elle 
eft hien préferable à a celle d’abattre à la Coignée! 
qui , elle-même , ne devroit pas être préferée.à 
Ja Scie , malgré ce que lon prétend que la pra- 
tique de la foie. faic trop de tort à la fouche. Le 
préjugé » fuite de l'habitude , ne femble pas favo- 
rifér cette pratique, je le “fais à ; mais qu'il me 


foir permis de faire à cet égard quelques ob- 
fervations. 


MANIÈRE 1 DE LES ABATTRE 4 LA ScIE. 


La Scie s’échaufe par le frottement à dit-on : 
elie brûle l'écorce , & déchire le bois. Les fila. 
mens , qu'elle laifle , admettent les eaux , &c. 


P i) 


228 … De la culture du Chêne. 
IL eft vrai que la Scie s’échauffe ; mais à. 
chaleur ne peut porter aucun dommage à la 
fouche : j'en appelle à l'expérience. Les nœuds 
es Arbres d'Efpalier , dont on abat oÿdinaire- 
ment les grofles branches avec la fcie |, & ceux 
dés Chênes, & autres arbres, qu’on élague avec 
cét inftrument, ne font ils pas bientôt recouverts. 
La sève, deftinée à réparer, ne monte pas 
bar l'écorce , elle. monte principalement par le 
sivret , par cette membrane , que nous avons 
défignée entre le bois & l'écorce. Il importe 
donc peu que l'extérieur de l'écorce foit coupé 
siet ou déchiré. Oblervez uñe fouche , fciée de- 
puis un an, vous verrez que la sève étant par- 
venue aù fommet du Livret , qui, lui-même, à 
été déchiré par la fcie, y aura formé un bourlet, 
adhérent au bois & à l'écorce, & qu’elle aura 
réflué, dans l’un & dans l’autre ; au deffous de la 
partie alrérée par la fcie; & qu’ainfi fa circula- 
tion aura été également établie, Cette remarque 
eft plus fenfible fur la fouche du Hêtre , que fur 
welle :du Chêne, 2241 
Quand une grofle fouché de Chêne feroit cou- 
pée net, avec l’inftrument le plus tranchant, elle 
n’en feroit pas mieux difpofée à poufer des re- 
jets, ils ñe fortent pas tout à fait au bord de la 
coupe , mais à un ou deux pouces au deflous ; 
encore font ils fujets à périr, quand ils fonc fi 
près , à caufe des vents, qui les-éclarent; les 
meilleurs font ceux qui s'élèvent fur les grofles 
racines , vers le collet de la uge 
Les flamens , que la fcie peut laffer, he font 
pas plus dans lé cas d'admettre les eaux , que 
les petits copeaux & les rainures, que l'inégalité 
ges coups de hache laiffe fur la coupe tranfver- 


Troifième Partie, Chap. F. 22%) 


fâle de la fouche ; il faut obferver , feulement\, 
de donner au trait de la fcie la même inclinaifor, 
qu'on donneroit, fi l’on abattoit à la coignée. 

La Scie & la Serpe font des outils, avec lef- 
quels on peut faire plus de délirs gachés,. qu'avec. 
la Coignée , c’eft pourquoi lufage en eft défendu, 
par les Règlemens , dans l’abattis des. Bois. 

Il fe préfente néanmoins, dans: ces deux dera. 
nières façons d’abattre les gros arbres, une grande. 
difficulté ; c’eft qu'on ne peut pas auñfi facilement: 
diriger leur chûte, qu'avec la coignée : la pofi- 
tion de chaque arbre doit décider fur le: choix 
de la manière. | 

Les gros arbres ont quelquefois un empâtement- 
extérieur de racines, qui forme un diamètre de 
12 à 15 pieds. J'avoue qu’en ce cas, la manière 
d’abattre à la Scie n’eft pas pratiquable, fur-rout, 
fi l’on veut ménager l'arbre jufqu’a fleur de terres, 
je voudrois alors faire une entaille , avec la coi- 
gnée , jufqu’à, à, la direétion perpendiculaire de: 
la tige, & puis ufer de la Scie. 

Indépendemment-. des. exemples ,. qui’ militent- 
en faveur de cette façan d'opérer, on économi-. 
feroit le bois qui fe perd à la coignée & eff. 
réduit en copeaux : huit ou dix pouces, &: 
quelquefois un pied , fur, une. groffeur font une: 
différence, Nous lavons dir 5 il n’y a pas de- 
petits objets dans les grands détails, s'ils font: 
mulripliés. | 

E X:P £L:O.1: TÆ TI O Ni. 

Les Bois étant une fois. abattus, on ne doit: 

pas tarder à en retrancher les branches ; il con- 


vient encore de les équarrir. de fuite ; car ce qui. 
peut accélérer l’évaporarion. de la sève cft favos- 


230 De La culture du Chêne. 


rable à leur confervation. Leur enlever l'écorce 
& J'aubier , c’eft le moyen d’en tirer tous les 
avantages poffibles ; alors rien ne retient & ne 
captiye cette tranfpiration ; les pores font ouverts , 
& le bois commence à fécher. : | 
“Le bois qu'on garde en _grume fe defsèche fi 
lentement , que le tems qu'on le laifle dans cet 
étar eft prefqu’en pure perte pour le defsèchement. 
| réfulte des ir a , faites pi M. de 
Huÿors RTE 

Que le bois de Chêne perd. environ Ja 
moi, de fon poids, par le defsèchement ; & 
qué les bois moins folides le Chêne » PET 
plus d'un tiers. 

1:29, Qu'il faut fept ans, au Moins; pour def 
Técher les folives de huit à neuf pouces de grof 
feur ; & que, par conféquent, 1l faudroit beau- 
coup plus du “double de tems à c’eft- -a-dire , plus 
de quinze ans, pour deffécher une poutre de feize 
à dix-huit pouces d’équarriffage. - :° | 

3°. Que quand le bois eft parvenu aux deux 
tiers de fon defsèchement , il commence à re- 
pomper l’humidité de lair, & qu'il faut, par 
conféquent , conferver, dans les lieux fermés, les 
bois fecs qu'on veut employer à la Menuiferie. 

4. Que le defsèchement du bois ne diminue 
pas fenfiblement fon volume ; & que le defsèche- 
ment de la sève eft le ciers de celle des parties 
folides de l’arbre. mR 

“ç°. Que le defséchement du bois eft d'abord. 
en raifon plus grande que celle des A - 5 O6 
enfuire en moindre raifon: p 

‘6. Que l'augmentation de pefanteur , que Îe 
bois fec acquiert, en repompant l'humidité de 
Pair > Cf Le dre © à Ja furface, 


ré 


Troifième, Partie. Chap. V. 23È 


7°. Que le defsèchement total du bois eft pro: 
portionnel à fa légèrerés en forte que laubier fe. 
defsèche, plus que le cœur du Chêne , dans la 
raifon de fa denfité rélative, qui eft, à peu-près,, 
de +=. moindre que celle du. cœur. 

8°. Que quand le bois eft: entièrement- deffé-. 
ché à l'ombre , la quanrité.dont-on pew encore: 
le deffécher, en l’expofant au Soleil, & enfuite: 
dans un four , échauflé à 47 degrés, ne. fera, 
guères que d'une 17 ou 18% partie. dœ& poids, 
total du bois; &. que, par. conféquent.,. ce: 
defsèchement, artificiel &couteux , eft prefque. 
inutile. pee. 

9°. Que les bois fecs & légers, lorfqu'ils: fant- 
plongés dans l’eau , s’en rempliflent en très-peu 
de tems;.qu'il ne fäur, par exemple, qu'üa.jour 
à. un petit morceau d'aubier , pour. fe. remplir. 
d'eau, au lieu qu'il faut vingt jours à un pareil 
morceau de. Chêne. Qiro 44 

10°. Erfin, que.le bois dé cœur dé Chêne: 
n’augmente que d'une douzième partie de fon: 
poids total, lorfqu'on le plonge dans, l'eau, au. 
moment qu'on. vient de le couper, & qu'il faut. 
même un, très-long-tems , pour qu'il augmente: 
de cette douzième partie.en pelanteur. Salem à 
l'Hift. natur. Tom. 3. 

left: aufi important de ménager, la: pouffe 
des fouches , que les. fouches nême;- fur-eour-la-: 
premiére année; &: on ne peut-le faire. que- par: 
la célérié qu'on porte au travail. On-ne peut- 
donc porter trop de vigilance à fcire Fenlèvement - 
du bois , & à vuider la Forêt. H- re nous eft: 
guères poflible de. prefcrire un. rems fixe ; c'ef: 
le feul, débit; c’eft la facilité de tirer le bois 
qui peut en décider. L’incelligence, en fembtablc. 


232: De la culture du Chêne, 


cas, €ft néceflaire ,  & l’ufage du pays fait la 
loi ; mais il eft eflentiel, quand on a fait une 
vente , de fixer le rems à l’Acquéreur , fous des 
peines pécuniaires ; ; autrement, On en feroir pref- 
de toujours la dupe. ; 

 Lorfqu’ on a quelqu'Édifice à conftruire , & 
qu'on à des, bois dans la proximité, on fe dé. 
cefmine fouvent à exploiter foi-même. C'eit ce 

jui m'engage à prefcriré ici ce qu'il faut le plus 
généralement oblerver, & ce qu'il eft bon de fa- 
Voir ,. avant de faire la deftination de chaque pièce. 

“Premièrement ; c’eft pécher contre les vues 
d'économie , que d’abattre un arbre encore jeu- 
ne , & ‘avant qu'il ait acquis fa perfeétion ; non 
feulement parce que cet arbre pourroic croître ; 
mais encore, parce qu'il ne feroit pas d’un auf 
bon ufage que celui qui a acquis fon, dégré de 
maturité. : 

En faifant l'exploitation d'un Bois, il faut ce- 
pendanr le couper par tout, & de fuite , irant les 
vieux chicots & fouches, que le menu bois , & 
généralement tout le mauvais , comme le bon, 
quand. même. il y en auroit qui paroîtroit ne pas 
valoir la coupe ; ils fe fortifient par le recepage ; 
& ils repouflent avec plus d’uniformité. Il n'y a 
que les arbres de lizière, qu'on doit lailier , 
parce qu'ils fervent de défenfe & d’abri, & qu'ils 
repeuplent les bords , » qui font toujours les 5lus 
expofés., De même, bien des gens ne coupent 
jamais es Broffes ; c'eft-à-dire, 3; les tailles , qui 
bordent leurs Bois ; il y auroit peu de chofe à 
en virer; &: on les laïfle, parce qu'elles fervent 
à défendre les Bois des Beftiaux , des Paffans, 
des Maïfaireurs, & rompent la force des Vents F 
qui fonc beaucoup de rorc aux Bois. 


Troifième Partie. Chap. V. 233 


Le bois de brin eft nécefaire pour les pièces 
de longueur ; mais le bois de iciège eft de plus 
longue durée | quand il s’agit d'un Pan vertical : 
ils étoient anciénnemenc tous de bois de fciage ; 
nous en voyons encore , qui fubfiflent , depuis 
deux ou trois cents ans, à toures les intempéries 
des faifons 3 & nous voyons, au contraire > tous 
les jours, nos Pans de bois modernes, conflruits $ 
avec poteaux , en bois de brin, fe carier très- 
promprement. + 

La raifon de cette différence de durée eft bien 
fenfible , pour peu qu'on veuille faire attention à 
la caufe. CNPFLOR 2 G 

Le bois de brin, pour la majeure partie , eft 
mal équarri, & porte des flaches confidérables : 
une partie des arrêtes , loin d’étre un bois vif, 
fe trouve formée de tout l’aubier de l'arbre ; de 
plus, la partie ligneufe , qui eft à Ja fuperficie , 
cft toujours d’un âge, extrémement tendre > 0 
par conféquent d’une, contexture n'oins parfaite. 
Toutes les fibres ligneufes font contraétées par le 
frottement de l'aller & du retour de la fcie : & 
cette contraëlion donne, plus de folidité au pare- 
ment de fciage. De-là nos anciens planchers, en 
bois fciés | durent depuis plufieurs fiècles , pendanc 
que nos planchers ; refendus de bois de brin, 
{ont endommagés dé la carie, dans un tems bien 
plus court. A | 
Les gros bois, méplats & refendus , ont le 
grand avantage de parer à tous les inconvéniens 
de pourriture intérieure’; la refente eft Je meilleur 
expédient, pour extirper l’humide, qui en avance 
la difiolution. 

D'après les obfervations des Naturalifles > OC 
d’après la contexture de, l'arbre , celle que nous 


234 De La culturè du Chêne, 


l'avons rapportée , il y a néceflairemeut des pré: 
cautions à prendre dans la refente, pour qu’elle 
n’ôte pas à une pièce la folidité qu’on en doit 
tirer , & pour qu’elle en foit plus urile fous le 
fardeau. ; 

IT eft très-avantageux de refendre par le mi- 
lieu les bois équarris ; on peut même les refendre. 
en plufieurs tranches ; mais on aura attention de. 
n’employer jamais en folives la partie du centre, 
ou du cœur de Parbre. 

La réfiftance des bois refendus dépend de deux 
chofes ; de la direttion des fibres ligneufes , &: 
de çe qu’on cmbrafle plus où moins de circonfé- 
rence de cônes ligneux , dont le cercle entier 
forme le corps de l'arbre ; la tranche du milieu, 
n’embrafle que des portions très-petires de la cir- 
conférence de ces cônes ligneux.; ces portions. 
font toutes dans le .fens horizontal de la pièce &. 
parallèles à fa bafe ; &, en outre, ellés renfer- 
ment, dans leur milieu, le corps médullare , 
qui eft toujours fpongieux ; &, par conféquent , 
eft une matière moins parfaire ; les autres tranches 
intermédiaires font toutes de bois vif, & embraf- 
fent plus de circonférence de cônes ligneux. Ces 
portions de circonférence, font roures dans le fens 
vertical, & à angles droits, {ur la bafe de la 
pièce ; on doit donc les confidérer comme, par- 
faices fous le fardeau. 

Quoique. les tranches extérieures, ayent leur 
utilité, foit en planches, foir en fourrures, on. 
peut cependant. en faire emploi en folies, en, 
faifant attention qu’elles foient bien équarries , &, 
que tout l’aubier, ou le bois jaune , avoifinant, 
Vaubier de crop près, en foic fupprimé torale+, 
ment. . 


Troifième Partie, Chap. V. 235 


I! eft encore à obferver, qu'il ne faut jamais 
employer de pièces refendues en deux , fur Ja 
hauteur , & , en même-tems, en deux, fur lä 
Jargeur ; fi l’on a befoin d'une PE de fix pous 
ces de hauteur , il faut la choifir dans une pièce 
de fix pouces d'équarriflage ; fi l'on a befoin 
d'une pièce de douze pouces de hauteur , il faut 
la prendre dans une pièce de douze pouces de 
haut, & non dans une pièce de vingt-quatre. 

C’eft une fuite des principes que nous venons 
de voir. La pièce de fix pouces , débitée dans 
une pièce de fix pouces d'équarrifage > Contient 
le demi-cercle entier des cônes ligneux , dont 
toutes les couches s’entretiennent ; au lieu que, 
dans les pièces refendues en tous fens , on 
n’embrafle que des quarts de cercle des couches 
ligneufes , qui ne fonc _pas, capables d’avoir la 
réfiftance requife. 

Il feroit à fouhaiter que l'on n’employât en 
folives que du fix, du neuf, du douze, ou 
du quinze pieds ÿ par ce moyen on éviteroit le 
défaut d’allignement dans la direétion des fi- 
bres, ce défauc pv cane, coujours à la force 
du bois. 

A ce fujet, il y a une diftintion à faire entre 
tortuofité dans le tronc , & tortuofité dans les 
fibres. j 

La tortuofté dans le tronc de l'arbre feroie, 
fauvée, en n’employant que les longueurs ci-def-. 
fus, n’étant pas fenfible dans d'auffi petites écen- 
dues ; ;s &, où elle feroit plus confidérable , elle 
doit être rebutée , ainfi qu’elle left par les devis 
& marchés; à moins qu'elle ne foit néceflaire, 
comme :1l arrive dans certaines parties de la 
charpente. 


236 De la culture du Chêne: 


A légard de la tortuofité des fibres, ou défaut 
de direction dans leur allignement ; défaut, qu’on. 
ne peut parer, & qui fe trouve dans toutes les 
pièces de bois, du, plus au moins , elle fera en- 
core moins fenfible dans les petites longueurs. 

Quant aux dimenfions d’équarrifage , il eft 
bon de favoir que, plus les pièces de charpente. 
font quarrées , moins elles ont de réfiftance , 
rélativement à leur cube ; dans ce cas, alors, 
plus elles coûtent; & moins elles valent pour les. 
bâtimens. IL eft plus avantageux de n’employer 
que des bois méplats, & de les pofer de champ; 
puifque , fans en augmenter le cube & le prix , 
on augmente leur force, dans le rapport de la. 
largeur à la hauteur. 

C’eft un principe , auquel ceux qui font bâtir 

ne fauroient faire trop d'attention ; il a été re- 
connu par les Géomêtres, & confirmé par les 
éxpériences. 
© M. Parent à donné une Table , dans les mé- 
moires de l’Académie , de 1708, où il fait voir 
la différence des réfiftances & des cubes de diffé- 
rentes pièces de bois ; il difpofe les côtés de leur 
équarriflage , de façon que la fomme de ces cotés 
donne toujours le même nombre. 

Nous croyons à propos de la rapporter ici, &! 
d'y joindre une autre Table , calculée fur les 
mêmes principes; avec cette diférence , que les 
produits de ces mêmes côtés donneront toujours 
lé même cube. 

On verra , dans la premiere, la diflérence: 
des côtés & des réfiftances , avec variété dans 
les cubes, | 

* Et, dans la feconde , la différence des côtés & 
des réfifiances, les cubes étant toujours lesmêmes, 


Troifième Partie. Chap. 7. 23? 


Enfin, ontrouvera, dans les deux, la médiocri- 
té du cube, avec l’augmentation dés réfiftances. 
TE A ON | 

A RAISON DE L'ÉGALITÉ DES SOMMES. 


Superficie de l’É- Réfiftance , en rai- 
Dimenfion\quarriflage , ré- fon des Superficies, 


des côtés. |pondant aux cu-labftraétion faite 

bes. des longueurs. 

22 fur 12. | 4 0 144. LS T728% y, 
OT fur 3h s «V148 AUS LOT 
Pro für 14.1" 5 4 140. 4 . 1960. » + 

Jr IPS Ph Se F3 à » + 202Se + + 
8 fur 16.1 - + 12810 » 204.81 0508 
AE LE ra 119: « + \ 20230014 
Grue ET AMPX roi * 10944 
ur PL 67 106. + .1805e - . 
# fur 20.1 80. JL Tr 6606. 2" 
3 fur 2r. 631. COR T2 SORTE 
2 fur 22. gd » 128 2 908% 
1 fur 23. 27% lp a29 2% 


T'4:8B1E08E"% 
4 RAISON DE L'ÉGALITÉ DES CUBES; 
DANS LE PRODUIT DES COTÉS 
DE L'ÉQUARRISSAGE. 


Superficie de l’É-|Réfiftance, en rai-| 
Dimenfon |quarriflage ; ré-|fon des Superficies, 
des côtés. [pondant aux cu-|abftraion faite 


|bes. …… (des longueurs. 
Y210r 12 à PT rm 2 BAL 19/1728 
tofur13.—Ù : : : 144 : +. . 1885. — 
1ofur 14.—-Ù : ; . 144, . à |, 4. : 2073. — 


gfurr6. , | 4, . 144. . . | 3. 44 2304. 
DIN IS. SI 46 IE dE A be 12592, 


| 
| 


238 ‘De la culture de Chêne. Fa 
Plur 20. qe fase à ur ol 2 6 T4 » 
6fur 24. reg... |... 3456 | 
siur 28. Fe reg, ER SNS RE à 

mt 


On n'a pas defcendu au deffous de l’Équar- 
rifage de $ fur 28 %’, étant très-rare de trou- 
ver une pièce de 36 pouces fur 36, donnant 144, 
ainfi que donnent tous les autres côtés des au- 
tres pièces. ASE 4 ai 

. On voit ici, par la confrontation des deux _ 
Tables, que, dans la première, les réfiftances 
commencent à diminuer à l’équarriflage de 7 fur 
17; & que, dans la feconde les réfiftances vont 
toujours en augmentant, jufqu'au dernier Équar- 
riflage. ST AT OT" Ja UURTe ie 

S'il ne s’agifloit , dans les conftruétions , que 
d’avoir des pièces de charpente , les plus capa- 
bles de réfifter à de grandes charges , & qui 
euflent en même-tems le moins de cube poffble; 
il eft évident , par les démonftrations qui ont: 
précédé, & expériences faires & répétées, que 
les Poutres & lés Solives devroient être pofées de 
champ, & minces comme des ais où des planches. 
. Néanmoins , ïl faut, pour la folidité, que ces . 
pièces ayent une certaine. affiète , pour pouvoir 
repofer fur leurs bafes ; l’Architecte doit préve- 
nir & modérer les excès ; il ne peut être trep 
attentif à déterminer la bafe. En efler , faute de 
cette précaurion , les bois méplats peuvent, ou 
voiler , Oôu fe courber en difiérens fens : alors, 
comme lobfervent trous nos Auteurs, les fibres 
longitudinales perdroient de leur force ; & Muf- 
ch:mbroeck ; entr'autres , a établi, par fes expé- 
riences, le déchet & la réliflance d'une pièce de 
Charpente , en rafon ges côtés qui fe courbenr, 


Troifième Partie. Chap. V. 239 


‘& de ceuf qui ne fe courbent pas. En partant 
‘des prircires de ce Savant ; il faut donner, aux 
“pièces de charpente , depuis trois jufqu’à fix pieds 
de longueur , ‘environ deux pouces de large ; 
‘dépuis fix pieds jufqu'à douze , environ trois 
pouces . depuis douze jufqu’à dix-huit , environ 
quatre pouces : de telle façon , qu'elles ayent 
environ le tiers de, la Hauteur. 

Ces dimenfions générales ne font pas tellement 
fnvariables , qu’on ne puifle les changer ; l’occur- 
rence feule , & la deftination de l'édifice, en 
doivent décider. 

On fait, d’ailleurs, que les expériences & les 
alculs , qui réufliflent en petit , ne font pas 
toujours applicables en grand. . 

Ainfi, il ne faut pas preudre pour réfiftance 
dernière , celle qui fait rompre les pièces fou- 
miles à l'épreuve par les Auteurs, à caufe de la 
difficulté de trouver des bois d’une tenacité égale; 
à caufe encore du laps du tems;, qui; felon ces 
expériences . afoiblit lés réfiftances äe moitié ; & 
à caufe qu'il ne fufht pas feulement d'empêcher 
qu’une piece foic dans le cas de rompre, mais de 
ployer ; inconvénient, qu’il faut encore éviter. 

C'eft d'après toutes ces réflexions, qu’on doit 
calculer le terme d’aflurance. 

Si j'avois un exemple à citer , ce feroit le 
Comble du Théatre François , à Paris , qui 
porte fur plus de cent pieds de largeur ; routeë 
Jes pièces y font dans leurs juftes proportions, 
toutes équarries à la fcie , fans flaches ni aubier : 
on y à paflé une couleur à l'huile. qui confervera 
long-rems la charpente de ce bel Édifice moderne: 

Nos Anciens ne mettoient en œuvre que des 
Solives d'un cube moitié moins confidérable que 


240 De la culrurexdu Chêne. 

celles que nous employons ; imais ils avoient foir 
que le fardeau fe trouvât partagé ; ils n’emr 
ployoient pas ces ie pièces d’enchévretures, 
dans lefquelles fe rafflémble rouc le poids immenfe 
d'une travée confidérablé ;: qui ne porte que fur 
un feul poinr. Aufh leurs édifices étoient-ils beau- 
coup plus folides, & bien moins fujets aux acci- 
dens du fardeau , que les nôtres. Tous les jours 
nous voyons des crevañles & des lézardes dans 
des murs de face , de pignon, de refend ; la 
maçonnerie en eft bonne ; 1ls font bien conftruits. 
Nous fommes éronnés de ces effets; n’en, cher- 
chons pas. d’autres caufes , que dans le défaut de 
nos charpentes. Les parties de maçonnerie s'af- 
faiflent fous le poids, tandis que les murs voifins, 
qui n’ont que leur propre pefanteur à fupporter , 
fe foutiennent fans aucun taflement. L'équilibre 
eft perdu ; il ne peut être autrement: coute, la 
charge fe trouve fur un méme point : c’eft un 
vice de conftruétion premiére ; il n’y a pas de 
remède ; il n'y a pas de moyen pour vraimen 
réparer ce mal; on ne peut que le mafquer;. la 
caufe fubfiftante , l'effet fubfifte. 

Le bien de la Société engage à étudier tous 
les moyens qui réuniflenc dans leur enfémble les 
principes d’une véritable économie ; c’eft-à-dire , 
la légèreté & la folidité des charpentes , établies 
fur des dimenfions ; dont la füreré & la précifon 
foient fondées fur des expériences répétées, 

En fe fervant feulement de Solives de 9, 12 
ou 15 pieds de longueur ; peut-être pourroit-on 
y parvenir 3 les groffeurs feroienc analogues aux 
longueurs ; &, rélarivement aux principes que 
nous avons établi ,. elles feroient. moitié. plus 
foibles en bois, aufli fortes , moitié moins .coû- 

ceules , 


Troifième Partié. Chap. P. ‘24% 
teufés , & il y auroit moitié moins de charge 
fur les murs. | | | 

On abattroit moins de bois ; & , dans quelque 
teéms ; on trouveroit plus aifément de beaux ar- 
bres, pour les pièces principales ; on auroit plus 
communément des bois de qualité ; les Poutres 
ne feroient plus portées à. des «prix exorbitans à 
tels que ceux de huit ou neuf cents livres. Nos 
Forêts fe repeupleroient, & le chauffage, qui 
nous eft eflentiel feroit plus certain, & à bien 
meilleur marché. | MUUID 2% 

Le but que nous nous fommes propolé , ne 
nous permet pas d’entrer dans de plus longs dé: 
tails ; ceux qui voudront fe Procurer de plus 
amples connoiflances , Pourront avoir recours ay 
Traité de la force des Bois ; Ouvrage trés-bien 
fait , que M. Camus de Mézières donna au Pu- 
blic , en 178%, dont J'ai tiré plufieurs Articles 
en entier. Ve Le \ 
. Et'au Traité de lExploitation des Foréts , don- 
né par M. Duhamel, CHA. Per 

Au füurplus, il ne faut jamais vendre de pièds 
d'arbres au choix de l'Acquéreur. Le chéix torn- 
be roujours fur les plus beaux ; les auvres. fonf 
frent du dommage de la chûte de leurs Voifins , 
& dépérifent confidérablement , quand les meil- 
leurs brins font 6tés. Les bois de Sapin, {ont 
néanmoins. à excepter de Ja régle générale : fi 
on les abattoit 4 rire & à aire j en fuivant trop 
littéralement l’Ordonnance, qui n'a porté fes vues 
que ur les Bois en général, ce feroit détruire 
entièrement les Sapinières ; il eft irdifpenfable 
de n’abattre que, d’efpace en elpace, les grands 
Sapins ; qui formeroient trop d'ombre au jeune 


Planc, 
à Q 


242 De tulture du Chêne. 


Payez vos Ouvriers plütôt en argent qu'en 
bois ; parce que celui que vous leur donnez en 
nature, pour payement, leur fournit des occa- 
fions & des prérextes pour en prendre d'autre. 
Par la même raifon, ne laiflez emporter , ni 
les fruits de vos Forêts , ni l'herbe qui croît 
fous les arbres, dans les places vagues & les 
clairières ; ce fonc autant de précextes pour 
picorer. 

Paflons maintenant à l’Exploitation pratique , 
& divifons-la en tous fes articles. 


VA 

x ® 
TAUN LE 4 0 4 
. EAET pe 


= 


+, 


. 


Hi 


u PS ; E 54 Là 
24) Ÿ £ 
= JR) ARE EN 


243 


CHAPITRE VI 


USA N C'E'/b RS 1B or, 


À nature différente des Bois, dont les uns 
fe confervenc mieux dans l’eau , d’autres 
dans l'air , les rend propres à divers ufages, 
L'induftrie a fçu approprier à nos beloins cette 
partie des grands végétaux , & la rendre d’une 
utilité immenfe. On peut prefque dire que le 
Bois eft de néceflité première , foit pour nous 
défendre des rigueurs du froid , foit pour la pré- 
paration de nos alimens. Mais de quel fecours 
n'eft-il pas encore , pour exploiter les Mines, & 
pour foutenir les Verreries , les manufatures de 
Porcelaine , de Fayance, de Tuile, de Savon ; 
les Brafleries , les ateliers de Teinture, les fours 
à Chaux , &c. La Charpenterie & l:s Méchani- 
ques employent prodigieufement de bois, & va= 
rient indéfiniment fon ufage , foit pour la conf: 
truction des Navires & Bateaux de toute efpèce, 
les Bârimens |, militaires ou civils , les dépen- 
dances des Domaines , les habitations des Pay- 
fans, les Moulins, les Éclufes, Pilotis , Prefloirs, 
Voitures , Charrues, inftrumens de Jardinage & 
d'Économie rurale ; enfin , ceux de tous les 
Arts , & une infinité d'ouvrages » que ces mêmes 
Arts tirent journellement de la fubftance des Bois. 
L'Ufance du Bois en comprend l’Abarttis & 
les Façons. Eu 
Nous nous fommes déjà affez étendu fur [A 
battage. 
Les différentes Façons qu’on lui donne, fur le 
leu de ja coupe, s'appellent Débis du Bois, On 


Q ji 


k 


L44 De La ‘culiire du Chêne. | 
en fait du bois de Charpente & de Marine , dt 
Merrain, ou du bois de fente & d'ouvrage , du 
bois de fciage , de charronnage, & à brüler. On 
‘en tire des écorces, du charbon & des cendres. 

_ Avant de débiter les Tiges, on tire, des 
dbranches, quelques petites pièces d’équarriffage ; 
‘qui valent toujours mieux que du bois de corde: 
‘on en fait aufli du bois de fciage, fi les tronçons 
‘ont fix pieds de long, ou environ. Les branches 
Æervent encore à faire des courbes de Bateaux , 
“dont le débit eft très-bon près de la Mer & des 
Rivières navigables; on en fait aufi des rayes de 
roues , & autres pièces de charronnage, quand 
les bouts qui reftent n'ont pas plus de deux pieds 
& demi de longueur ; car, en ce cas, ils feroient 
bons à diftribuer en bois de fente. 

Il n’y a pas d'autre règle, pour débiter les 
Tiges, que leur qualité, & le courant de la 
<onfommation , quoiqu'il faille toujours tendre 
au meilleur débit, qui eft ordinairement lé- 
quarriflage ; parce qu'il coûte peu de frais, & 
donne de fortes fommes ; cependant , quand of 
a beaucoup de bois , il faut l’émployer en routes 
façons , de différens échantillons & groffeurs , à 
gaufe des différens ufages auxquels il eft propre. 

On appelle Bois de Charpente | tout le bois 
équarri, deftiné à bâtir & , felon qu’il eft débi- 
té; chaque pièce a fon nom particulier , fuivant 
fa groffeur. 

Les échantillons varient autant que les lieux 
©ù on fait le débit. | 
_ Le gros bois, tortu où courbe, fert à faire 
des Ceintres , des Toits de Dômes, des Geroux 
ce Navires, des Liens, des Effeliérs, des Che: 
vrons ceintrés, ou autres pièces de Bâcimens ; 
Moulins ou Navires. 


Troifième Partie. Chap. FE. 245: 


. Le bois de fente , fert à faire le Merrain à. 
futailles , le Merrain à panneaux, pour la Me: 
nuiferie, & tout ce qu'on appelle Bois d’ouyra- 
ges ; c’elt-à-dire, Lattes, Contre-lattes, Échalas, 
Sceaux, Cercles , Pelles, & tout ce qu’on tras 
vaille dans les Forêts. 

On choïfit , pour la fente, le meilleur bois s. 
& prefque toujours du Chêne ; on y employe les. 
tronçons , qu'on coupe ordinairement au bout- 
d'en bas de l’Abattage. 

Le Merrain à Futailles fe débite en- pièces}. 
qu'on appelle Douves, & qui ont, depuis fept 
juiqu'à neuf lignes, ou trois quarts de. pouce: 
d'épaifleur ; & depuis quatre, jufqu’à fept pouces. 
de largeur. Quant à la longueur , elles font. 
différentes, fuivanc la jauge des lieux , &. l'ufage- 
qu'on en veut faire. | 
Le Merrain de Pipe, eft de quatre pieds de 

ong. 

Celui de Muids , eft de trois pieds. 

Et celui de Barriques &. Demi-queues ,  Feuil: - 
lettes & Demi-muids , eft.de deux pieds & demi. | 

Chaque Douve , ou.pièce de Merrain à Fu-. 
taille , a fa pièce d’enfonçure , qui eft de même 
épaifleur ; mais elle n’a que deux pieds de long, 
& fix pouces de large, pour les fonds de Muids;. 
&, pour les Demi-muids ou Feuillettes, un pied: 
& demi de long, & quatre pouces, au moins. 
de large. à 

Toutes Douves, foit de corps, ou d’enfonçu-. 
re, qui font au deflous des échantillons ci-deflus , . 
foi en longueur, largeur ou épaifleur , font répu-- 
gées Rebut où Effutages. 

On fait encore , avec le Merrain, des. Doite. 
yes ; qui s’employent en Tonneaux , Cuves 


246 De la culture du Chêne: 


Bacquets, & autres Vaifleaux , & en Bardeau; 
pour couvrir les maifons. | 

Le bois de fente fe diftribue auffi en Panneaux, 
dont on fait du Parquet, des Lambris , & autres 
ouvrages de Menuiferie ; on donne aux Panneaux 
quatre pieds de long , fur un pouce & demi d'é- 
paifleur. 11 y en a qu’on ne fait épais que d’un 
pouce ; mais ils ont tous , au moins, fix pouces 
de large. | 

On tire encore , des tronçons de fente ; la 

Latte, tant quarrée que- volice. 

La bonne Latte, à Tuiles-plates , a quatre pieds 
de longueur , un pouce , trois quarts , ou deux 
pouces de large & deux à treis lignes d’épaifleur. 

La Latte, à Tuiles-courbes | a également quatre 
pieds de long , trois ou quatre lignes d’épaifleur 
& route la largeur qu'elle peut porter ; on en 
fait de deux pieds de long, qui compte deux 
pour une. à * 

La Latte, à Ardoife, s'appelle Latte-velice : 
elle doit avoir la même longueur , quatre à cinq 
pouces de large , & trois lignes d’épaifleur. 

La Contre-latte, eft une Latte large de quatre 
à cinq pouces , & épaifle d'un demi, que le 
Couvreur met du haut en bas , entre les Che- 
vrons, pour entretenir les Lattes ; on la tire ordi- 
pairement à la fcie, afin qu’elle foit plus droite. 

On appelle Latte jointive où de Plat-fond, 
celle qu'on met fur des Pans de Charpente ; 

our foutenir un enduit de Plâtre ou de Chaux. 

Les Échalas de quartier fe font encore de fente, 
& ordinairement de tronces, qui ne font pas aflez 
bonnes pour de la Latre. On fait des Échalas, 
depuis trois pieds de long , jufqu’à quinze. Les 
petits fervent aux Vignes; les grands , aux Ber 
ceaux , & aux Efpaliers. 


Troifième Parti, Chap. PT. 247 


On employe encore le bois de fente en Éclifles 
qui fervent à faire des Minots, Boifleaux, Sceaux, 
Cribles & Tamis, Tambours, Pelles, Cerceaux, 
& autres ouvrages de cette efpèce. 

Les Éclifles pour Minots, ont quatre pieds, 
ou quatre pieds & demi de longueur; trois pieds 
pour les Sceaux , &c. 

Les pièces de Charpente & de fente étant 
tirées , on examine ce qu'on peut débiter en 
Sciage. 

Le bois de fciage fert principalement pour la 
Menuiferie. On le débite en Planches, Solives, 
Chevrons , Poteaux ou Colonnes , Limons & 
Battans, Membrures & Contre-lattes. 

On.le fait façonner , ou par des Scieurs de 
long , ou dans des Moulins à fcier. 

Toutes les Planches fe débitent d’environ un 
pied de large ; les plus ordinaires fervent à la 
Menuiferie, & font d’un pouce & ligne d’épaif- 
feur, franc-fciées, fur trois pieds & demi, ow 
quatre pieds de longueur ; celles à Cuve ont un 
pouce & demi d’épaifleur. On én fait de deux 
pouces, franc-fciées, de douze à treize pouces de 
largeur, qu'on appelle Bois de Marche. 

Les Solives fe font de cinq à fept pouces de. 
pores, de longueurs différentes, mais de bon 

ois, pour bien porter. Les folives de brin ont, 
depuis quinze pieds, jufqu’à trois toifes , ou trois. 
toiles & demi de longueur ; quand on trouve. 
des Brins de cette portée, on ne les fcie point; 
on les équarrit feulement , de fept à neuf pouces 
de grofleur, & ils font fort recherchés. 

On débite les Poteaux de quatre à fix pouces. 
de grofleur ; les Charpentiers en font des Clôtu 
res, Pans , &c. 


a 48. De la culture du Chêne. 


Les Limons, qui fervent à à porter les marches ; 
& forment la rampe des baluftres d'un Efcalier 
& les Batrans de Porte-cochère | fe font de: 
quatre pouces d'un côté, & huit fur l'autre ; 
du de quatre & neuf; ou de quatre & dix ; de 
cinq' & dix ; de cinq & douze, 

Les Chevrons vont vire, à la vente, parce. 
qu'il en faut , & aux Charpentiers > pour porter 
là couverture des maifons , & aux Menuifiers ; 
on les fcie , ou de trois pouces fur une face, &. 
de quatre fur l'autre ; ou de quatre pouces en 
quarré. à 

“Les Membrures fervent à la Menuiferie & à la 
Charpenterie | & font de deux fortes , toutes 
deux de fix pouces de large ; mais l’une n'a que 
deux pouces d’épaifleur & l’autre en a trois. 

‘ Les Scieurs de long font fujers à croquer l’ou- 
vrage ; on doit parcourir fouvene l'atelier , le, 
Pied-de-roi à la main , pour favoir ñ les Échan-. 
tillons font bien débités. % 
{y a un art pour faire les Plats , Jattes , 6) 
autres Vafes, avec la Scieure de’ bois ; le Journal 
économique ( Février 1754, page 136 & fuiv. } 
donne la manière d’imiter ce travail des Japon- 
nois ,;: &. d'y appliquer telles couleurs & cels 
oïnemens , même de relief , que l'on juge à. 
propos. HA ah F | 

: On peut faire , avec les bouts de Solives, 
qu’on deftine ordinairement à brüler, des efpèces’ 
de ‘pavé, dans les KRéès-de-chauffée. On les’ 
équarrit tous de même échantillon ,  & à vive- 
arrête ; on les place de bout , dans un bain de 
chaux ; ‘on peut même les tailler en comparti 
mens ; &,.après un certain tems ; fi quelqu'un 
déborde , On pe le raboter ; il pe faut ni Lo= 


Troifième Partie, Chap. VE. 249 


live$, ni clous; cette méchode eft d’un long 
ufage & très-peu coûteufe. | 
: On comprend , fous le nom de bois de Char- 
ronnage , tout ce que les Charrons employent 
pour faire des Charrues, Roues , Charrettes, Car- 
rofles , & autres Voitures. Le Frêne, le Char- 
me, l'Érable , & principalement l’Orme, four« 
niflent prefque cout le bois de charronnage. La 
meilleure partie s’en débite en grume , & tout y 
fert, même les forts branchages , rortus ou droits, 
pourvu qu'il n’y ait point trop de nœuds. 

On deftine à brüler le bois de branche, de 
Taillis, & des bois gâtés , ou de mauvaifes 
elpèces , qui ne font point propres aux ufages ci- 
deflus, foit de Charpente , Fente, Sciage ou 
Charronnage. Il ne faut cependant pas tirer trop 
fort à ces ufages, parce qu'il ne refteroit plus 
de quoi faire de bon bois à brüler , qui eft le 
débit le plus confidérable. 


CHARBON. 


LE bois, qui n’eft pas propre à vendre en 
corde , peut être mis en Charbon. Le bois de 
deux pieds & au déflous, & gros, depuis un 
pouce & demi, jufqu'à fix & fepr, peut y être 
employé. Le 

Toutes fortes de bois font propres à être con 
vertis en Charbon ; mais ce feroit aller contre 
l'économie , que d'employer d'autre bois, que 
celui dont l’efpèce eft très-commune dans le 
canton où l’on eft; le bois ne devenant char- 
bon , qu'en perdant à peu-près les deux tiers de 
fon volume , & la confommation qu’en fait une 
charbonnière étant confidérable , on doit s’étra- 
cher à celui dont le prix eft le plus modique, 


; 250 De la culture du Chêne. 


Les branchages , ayant le défaut d’être torfus; 
occafionnent des vuides dans l’intérieur du four- 
neau , ce qui empêche les Charbonniers de bien 
conduire leur feu. Une autre raifon pour laquelle 
les Charbonniers n’aiment pas à cuire ces fortes 
de bois , eft que le feu fe conferve , fans qu’on 
s’en apperçoive , dans les morceaux creux des 
nœuds pourris. 

I! faut abfolument rebuter tout le bois vieux, 
& qui tombe en pourriture ; on n’en auroit que 
très-peu de Charbon, & d’une mauvaife qualité. 

Le meilleur bois eft le rondin , provenu des 
Taillis de 15 à 16 ans. 

Le bois verd, qui a toute fa sève, a coutume 
de jetter une fumée humide , laquelle dérange ‘ 
les terres , dont on couvre le fourneau. D'ailleurs , 
un tel bois ayant de la difficulté à brûler, le 
feu ne fe communique pas également dans routes 
les parties du fourneau , & :1l refte des fume- 
rons ; il eft d'expérience qu’on tire un quart de 
moins , fur la quantité da Charbon qu’auroit 
produit du bois moins verd. 

Le bois trop fec a auffi fes inconvéniens ;, æ& 
rapidité avec laquelle le feu fe porte alors dans 
toute la capacité du fourneau , occafionne beau- 
coup de déchet | & produit un Charbon trop 
cuit, approchant de la Braife. 

Quatre mois d’Été fuffifent pour deffécher aflez 
le menu bois; il en faut un de plus pour les 
fouches refendues ; & elles peuvent être sèches, 
même en Hiver, au bout de fept mois. 

Il y a un avantage confidérable à faire de 
grands Fourneaux ; il convient de les faire d’au- 
tant plus grands , que le bois eft plus gros ; &, 
en général, on trouveroit un proftéréel , en ne 


Troifième Partie. Chap. PI. 25£ 


mettant pas moins de vingt-cinq à trente cordes 
de jeune Taillis dans un fourneau , & cinquante 
à foixante cordes de bois plus gros, ou de fente, 

Un Arpent de Taillis, gros & bien garni, 
rend environ trente-fix cordes de bois. 

Quatre cordes rendent vingt-cinq quintaux de 
Charbon. Voyez l’Art du Charbonnier , publié par 
M. Duhamel du Monceau. 

Les marchands ventiers ne peuvent pas faire 
de charbonnières par-tout où ils veulent , ni en 
faire autant qu’il leur plaît. Ce fonc les Officiers 
des Eaux & Forêts, qui en marquent les places, 
aux endroits les plus vuides, & les plus éloignés 
des arbres & du recrû , crainte d'incendie. Ils en 
règlent le nombre , ordinairement, à une par 
chaque Arpent de bois, qu'il y à couper. Et il 
n'eit pas permis au marchand d’en faire plus, 
ni ailleurs qu'il ne lui eft marqué. Ils peuvent 
même l'obliger à repeupler , s'ils le jugent à 
propos, les places où il a fait le Charbon. 


CENDRES. 


Iz n’eft permis de faire des Cendres , dans 
les Foréts., que des Houpiers , Troncs, Racines 
& autres bois, qu’on ne peut employer, ni en 
ouvrages , ni en bois de corde ; & un marchand 
ne peut pas en faire ailleurs , qu'aux endroits 
qui lui font indiqués dans fa vente, ni en tranf- 
porter , que dans des tonneaux marqués de fon 
marteau. 

Il y a encore quelques cantons dans la France , 
où la valeur des bois cft fi modique , principa- 
lement ceux où l’extraétion eft impofñfible , par 
les circonftances locales | qu’on peut préfenter 
comme objet d'utilité de les brûler fur places 


252 De la culure du. Chêne. 


uniquement pour en faire des cendres, defquelles. 
on peut extraire un Alkali, qui s’employe dans 
les Arts. 

Ce n’eft point en raifon de la dureté, que 
les bois & les plantes produifent plus de cendres. 
Pour juger aifémenr de ce produit rapproché , 
nous en donnons une Table, extraite de L'Art dé. 
fabriquer le Salin & la Potaffs. 


Efpèces de Bois! Poids | Produit | Akai 
& des Bois | en NE L 
de Plantes.  |& plantes.| Cendres. 


Tiges de Bled del livres. | liv. on. gr.|liv. on. gr.h 
Lurquier, 01. 4gooo. |354. 8.5.|70. 8. 6. 
Fig. de Tournefol.| 4000. 228.14. |80o. : 


Sarment de Vigne.| 4000. |135. 2.6.|23. 4.4. 
Buis.. 04 el Biodok Mers: 8.15. 7 
CAT ie et 4000. |113-15-5«|11. 9. 6: 
DAME Nr 4000. | 9411.5.|15.170: 4 
Chêne. . . , . ..| 4000. s& nc 06 248: 
TFremble. .,..1 4000. | 49. 6:2.| 3. o. 1. 
Gharme. .:: , 14000. {453 2:2:| $: or! 
Hiétmel rit ny à 4000, : | 23.16,2.|, 5-13: 4: 
Sapin 4000 13.10. 6] 158502 


ÉCORCES. 


On écorce les Chênes & Chéneaux , & le 
Liège , les Noyers & les Aunes, les Tilleuils 
& les Bouleaux. 

L’écorce de Chêne eft de bon débit, pour fe 
tan : i ne faut pas la laifler long tems à la, 


Troifième Partie. ‘Chep. VI. 253 
pluye, parce que le fel , en quoi confifte fa 
vertu , s’en détacheroit. 

Le Liège eft unique , pour le mérite de Ia 
peau. C’eft une efpèce de Chêne-vert, qui croît 
“dans les pays chauds. On enlève fon écorce ex- 
térieure tous les fepc à huit ans ; &, loin de 
mourir, comme font tous les autres atbres > il 
poufle de nouvelles écorces, & plus belles ; on 
J'enlève par bandes , & en efpèces de Tables, 
qu’on met dans l’eau , chargées de pierres, pour 
les applacir ; puis on les fait fécher , & on les 
tranfporte en ballots , par-tout le monde , fous le 
mom de Liège, On en fait des Bouchons de bou- 
teilles, des Semelles de fouliers , des Bouées, pour 
les Vaifleaux , des Chapelers , pour foutenir les 
filets des Pêcheurs , à la furface de l’eau ; elle 
fert à quantité d’autres ufages. On brûle encore 
cette écorce dans des vafes fermés , pour en ob- 
tenir une poudre noire , qui s’employe dans les 
Arts, c’eft ce qu'on appelle Noir d'Efpagne. 

Les écorces de Noyers & d’Aunes fervent pout 
teindre en noir, brun , & autres couleurs ; on 
les vend aux Teinturiers, Chapeliers, & autres, 
On en fait auffi de l’Encre. 

On fair des cordes à puits avec la feconde 
écorce de Tilleuil , qui réuniflent la légèreté 
la fouplefle & la durée ; on en fait des nattes 
groffières ; la première, ainfi que celle de Bou 
leau , fert à faire des panniers. On fait rouir le 
bois, pour l’écorcer. On fait également rouïr lé 
Genét dans l’eau comme le Chanvre, pour cirér 
de fon écorce une forte de filafle, dont on peus 
faire des Cordes , & même de la Toile, 


254 De la tulture du Chêne. 


AQU OI CH A QU £E “ENS P ECS 
D; E::B;OYT SE ST: P R'OUMPNEUE 


Le Cédre, ou Pin de Liban , donne , fans 
contredit , le plus beau & le plus précieux de 
tous les Bois. On le cultive actuellement en 
France , où il réuffit aflez bien, dans les terroirs 
_ffblonneux. M. Duhamel en a planté à Denain- 
yilliers , en Gâtinois , qui ont déjà plus de cin- 
quante pieds de tige , & donnent des femences, 
qui lèvent fort bien, Plufieurs particuliers cher- 
chent à multiplier ce Roi des Arbres , dont le 
bois , rouge & aromatique , prend un poli achevé. 

Le bois de Chéne n’a point fon pareil , pour 
tous les ouvrages de Charpente & de Fente ; 
Menuiferie & Sculpture , tant gros que menus. 
T1 dure jufqu’a fix cents ans, à l’air & quinze 
cents ans en pilocis. Comme il eft propre à tout, 
on le débite de toutes les façons ; la moins lu 
cratice eft le bois à brüler. En croiffant , il eft 
fujet à devenir roulé & tranché. Au furplus , voyez 
ce que nous en avons dit ci-devant. 

Le bois de Chätaigner eft le meilleur , après 
celui de Chêne ; il eft ferme , & bon à bâtir ; 
on en fai de belle Charpente, où jamais, ni 
les vers, ni la vermine ne s’attachent ; il reflemble 
au Chêne, à rant d’égards, qu’il n’eft pas éton- 
nant qu'on les prenne fouvent lun pour l’autre, 
La charpente du Louvre eft de Chêne , quoi- 
qu’au premier abord elle paroiffe de Châtaigner ; 
mais, en examinant de près le tifflu de ce bois, 
& la manière dont les produétions médullaires y 
font apparentes , il n’eft plus permis de s’y trom- 
per. D'ailleurs, le bois de Châtaigner ne pèfe 
que 59 liv. ou environ, le pied cube ; il eft faci- 


Troifième Partie. Chap. VI. 255$ 


Te, par-là, de le diftinguer du bois de Chêne, 
même le plus poreux & le plus léger. On l’em- 
ploye aux Ponts & Canaux , parce qu'il réfifte 
très-bien à l’humidité. Il dure leng-tems en tu- 
yaux , enterrés pour conduire de l’eau , fi on le 
place de façon qu’il foit toujours mouillé. On en 
fait du Merrain , de grands ouvrages de Sculp- 
ture, de la Latte, des Palis, pour clorre les 
Parcs & les jardins, des Cerceaux , des Perches, 
pour faire des Échalas, des Treilles & des Ef- 
paliers. En général , il eft d’un bon débit. 

L’Orme , eft un bois jaune, dur & fort, mais 
plus propre au Charronnage , qu’à la Charpente, 
& Menuiferie ; on en fait aufi des Écrous, Vis, 
& autres pièces , pour les Navires & les Prefloirs, 
des corps de Pompe , des Tuyaux , pour la con- 
duite des eaux , &c. 

Le Charme, a le bois dur, & fe débite prin- 
cipalement en Eflieux , & autres pièces de Char- 
ronnage , à défaut d'Orme. On le vend aufli en 
grume , aux faifeurs' de Formes & de Sabots, 
C'eft le meilleur de tous les bois pour brüler. 

L'Érable , eft fort dur, beau, & prefque rou- 
jours marbré. On l’employe à la Marqueterie , 
à la Menuiferie ; il fert à monter les Armes. Il 
f vend prefque toujours en grume , pour que les 
Ouvriers puiflent le débiter à leur gré 5 il eit 
encore très-bon à brûler , & fait le meilleur 
Charbon qu'il y air. 

Le Frêne a la tige belle, droite & unie ; fon 
bois eft fort , & il fert, en paix & en guerre, 
aux Charrons & aux Ouvriers d’Artillerie ; fa 
fermeté , & le liant qu'il conferve, tanr qu'il 
retient un peu de fa sève, le fait préférer pour 


les Brancards de Chaifes & de Berlines On le 


256 De la culture du Chénés 
débite aufi en Planches , & quelquefois on eh 
fait des pièces de Charpente 5 mais il eft fujer à 
être picqué par les vers. On trouve affez fré- 
quemment , fur le tronc du Frêne, des exoftoles 
ligneufes , dont le bois eft aflez beau, mais dif 
ficile à travailler, Il eft encore bon à brûler, & 
en charbon. | ina NT 
Les Platanes d’orient & d’occident forment 
de belles tiges, & font les plus beaux arbres 
d'ornement. On cherche à les- multiplier en Fran 
ce, & ils y réufliffent aflez bien, principalement : 
dans les cerres humides ; mais leur bois n’eft pas 
encore aflez commun , pour qu’on puifle parler 
affirmativement fur fa qualité ; il peut néanmoins 
être comparé à celui du Hôêtre. 1 HV 
Le Hérre à le bois fec ; il craint l'humidité : 
cependant fon ufage eft très-étendu ; on le dé 
bite en Planches, de toutes efpèces, en Mem- 
brures, en Goberges, pour fervir aux Layeriers 
& Bahutiers; on en fait aufli des Tables de 
cuifine , des Étaux de Bouchers, depuis quatre 
jufqu’a fept pouces d’épaifleur, des Pelles, des 
Rames pour les Bârimens de Mer, des Sebilles, 
ou Gondoles, des Rouets à filer, des Baguettes 
de moulquets , des bois de Fourreaux d'épée, 
des Bois de lit, des Cuillers , des Sabots, des 
Manches d'outils. Ses copeaux, qu’on tire le plus 
longs qu'on peur , fervent à éclaircir les vins, 
Quoique le plus grand ufage du Hêtre foit en 
Menuiferie , il eft pourtant d’aflez bon fervice 
en Charpente, pourvu qu'il ne foit pas du toût 
expofé à l'humidité, Les ouvrages noircis à la 
famée font préfervés des vers pendant un:très- 
long-tems 3 on évite encore la vermoulure ,. en 
verniflant le bois, ou en limbibänt d’huile d’af- 
PCs 


Troifième Partie. Chap. VI. 257 


pic. C’eft un des meilleurs bois pour échaufler 
les appartemens. | | 

Les Pins & les Sapins | ônt le bois fec & 
léger. Il eft, en général , d’un excellent ufage; 
il dure très-long-tems , employé en Charpente ; 
on en fait des Mâts de Navires, des Bordages, 
our les ponts dés Vaiffleaux , des Planches, des 
Fiyaux , pour la conduite des eaux, des Corps 
de pompe , des Douves , des Inftrumens dé 
Mufique , de bon bois à brûler; pourvu qu’on 
prenne la précaution de lécorceér, & de le 
laifler fécher deux ans 5 fans quoi, il pétille au 
feu , & rend une mauvaife odeur. Dans les Vi. 
gnobles du Bordelois , on n’a guères d’autres 
échalas | que ceux qu'on tire des femis de Pin , 
qu'on coupe fort jeunes ; on en tire du goudron; 
& le Charbon de ces bois eft très-recherché , 
pour l'exploitation des Mines. 

Le Cyprès & l'If, ont un bois, qui approche 
dé celui du Cèdre ; il eft de bonne odeur , très< 
dur, & prend un beau poli ; il eft veineux, 
rougeñtre , & a lé crès-grand avantage d’être 
prefque incorruprible ; il fubfifté un demi-fiècle , 
où le bois de Chêne né fubfifte que fept à huit ans. 

Le Noyer, fe façonne en Poteaux quarrés ; 
en Planches & en Membrures 5 il eft dé très-bon 
débit , & recherché par les Menuifiers, comme 
un des meilleurs bois de l’Europe , pour toute 
forte de meubles. Quand il eft fan, & de grofle 
tige , on le débite en Tables, de deux bons 
pouces d'épaifleur pour monter des Armes, ou 
en Planches très-minces, pour faire des Pannéaux 
de Carofle ; les meilleurs Sabots font de Noyer; 
les Teinturiers en employent les racines & le 
brou-, pour faire des teintures brunes trés-folides ; 


258 “De la culturs du Chérie. 
des étoffes ; que l’on teint avec ces fübftances, 
mont même pas befoin ‘d’être alunées. Avec cé 
broû:, pourri dans l’eau, ‘on ‘fait une teinture, 
qui donne aux Bois-blances la éritable couleur 
&u ‘bois de Noyër. Les Ébeniftes recherchent les 
tronçons des racines, qui font jäfpés ; enfin cè 
bois ‘brüle très-bien, & fair plus dé cendres qué 
tous es autres bois connus. Un 

Le bois d'Olivier, eft veineux , & ‘d’une dureté 
fort inégale ; il prend un beau polis c’eft ce qui 
le fait émmployer par les Ébeniftes & les Table- 
tiérs ; on en feroit auf des ouvrages de Menui- 
ferie; mais comme les couches ligneufes font fi 
peu adhérentes les unes aûüx autres, qu’elles fem- 

lent n'être que colléés par une fubftance réfi- 
seufe , ou que du moins elles fe féparënt quel- 
quefois , comme fi elles l’étoient , on ne peut 
faire de bons affemblages avec ce bois. Étant char- 
sé de réfine, il s’enfuit qu'il eft crés-bon à brûler. 

Le bois de Prunier, elt marqué de ‘belles 
veines rouges ; mais {à couleur paflé en peu de 
&ems , ‘à moins qu'on ne lé couvre d’ün vernis. On 
le débite ordinairement en grume ; il eft dur , & 
pourroit être employé par les Tabletiers & les 
Tourneurs ; cependant nous ne voyons pas qu'ils 
en faflent beaucoup d'ufage. | 
On débire auffi le Buis , en Tige, aux Tour- 
neurs & aux Peigners; & en Planche, aux Gra- 
veurs fur bois ; 11 eft folide, & moins fujet à 
être piqué des vers, que le Poirier. H eft jaüne, 
dur, liant, & porte bien la vis. | 

Les boïs de Pommier & de Poirier, ont à peu- 
près les mêmes qualités ; ils fonc pefants, pleins, 
& d’un grain très-fin; après le Buis & le Cor- 
muer, le bois du Poirier fauvage eft le meilleur 


Troifème Partie. Chap. VI. 259 


que puiflent employer les Graveurs en taille de 
bois ; mais, s’il n'eft pas abfolument fec, il eft 
fujec à fe .courmenter. I1 prend très-bien la tein- 
ture noire ; & alors il reffemble fi fort à l’Ébêne/, 
qu'on a peine à les diftinguer l’un de l’autre. 
Celui du pommier réfifle aux frottemens ; on 
l'employe aux Rouages de Moulins, & aux 
Charrues. On fait. de l'un & de l’autre des Plan-. 
ches , lPoteaux , Membrures, Courbes’, & aürres 
pièces de fciage, pour la Menuiferie. $ 

Les Merigiers & Cérifiers | font employés en 
Menuiferie , & principalement pour les Meubles. 
Leur bois eft aflez dur ; mais il eft fujet à fe cour- 
menter : le Mérizier eft recherché par les T'our- 
neurs , & le Padus , ainfi que le Mahaieb, par 
les Ébeniftes , à caufe de leur odeur, qui eft 
agréable ; ils font connus fous le nom de Bois de 
Sainte-Lucie. Frotté avec du capiton de foye in- 
carnat , qu'on à mis tremper dans une diffofution 
de chaux vive & d'urine , il imite la beäuté des. 
bois les plus recherchés de l’Amérique. 

Le bois des Cormiers ; eft le plus dur de tous 
les arbres des Forêts. Les Menuilers le recher- 
chent , pour monter leurs Rabots , & la plüpart 
de leurs autres outils. On préfére. ce bois à touc 
autre , pour faire des vis de Prefloirs & de 
Prefles , des Fufeaux & des Aluchons ; pour les 
moulins ; enfin, on en met dans les parties des 
Machines , qui font expolées à de grands frotte. 
mens. Faute de Cormier, on employe ; aux mé: 
mes ufages , le Néflier & l'Alizier. 

Le Meurier, eft à peu-près propre aux mêmes 
ufages ; il a le bois jaune jufqu’au cœur, mañfif, 
& néanmoins fouple ; ce qui le rend propre aux 
Graveurs & aux Tourneurs. | | 

R ÿ 


260 De la culture du Chêne. 


Le Tilleul, fe débite en Tables, épaifles , de- 
puis deux, jufqu’à cinq pouces, & en Planches, 
épaifles d’un pouce , & longues de douze pieds. 
Ce bois fert à plufeurs Artifans , même aux 
Sculpreurs ; ceft le bois qui leur eft le plus 
propre ; parce que, quoique tendre , il eft 
pourtant pleins c’eft-à-dire , ferme & ferré; en 
#orte que le cifeau le coupe nettement , aufli le 
préférent-ils à vous les autres bois , quand le 
Noÿé Jeur manque. 

Le Marronier d'Inde, donne un bois tendre, 
mollaffe , filandreux ; il pourrit très-promptement , 
quand ‘on l’expofe à la pluye; ainfi il n’eft bon 
qu’à faire des Tablettes, pour les lieux fecs. Il 
n’a même pas la qualité d’être bon à brüler. 

Le Bouleau, a le tronc aflez gros ; j'en ai vû. 
quantité , qui avoient fix pteds de circonférence : 
alors fon bois eft compaîte ; il a les fibres en- 
trelacées , & fair de très-bonnes pièces de Char- 
ronnage , des Sabots , des Planches voliges ; 
quand il eft jeune , on en fait des Cercles, pour 
les gros Tonneaux. Son bois brûle, quoique vert ; 
mais il fait très-peu de braife & de cendre, on 
en fait du charbon, excellent pour la Métallurgie. 
Dans toutes les Manufatures , où l’on a befoin 
d'un feu clair & vif, on préfère les Bois-blancs, 
& particulièrement le Bouleau & l’Aune. Ses 
jeunes branches font de très-bons Balais. Ainfi 
fes ufages multipliés font que fon bois eft d’un 
born débit. 

Quoique l'Æurné foit un plant aquatique , & 
un bois blanc , il a le mérite de ne point pourrir 
dans l’eau, ni en terre, pourvu qu'il ne prenne 
pas l'air, & il rélifte à de grands fardeaux ; c’eft 
pourquoi, outre le profit de fon écorce , done 


Troifième Partie. Chap. VI. 261 


les Teinturiers , Tanneurs , & Chapeliers font 
grande confommation , on débite ce bois em 
perches, pour les Tourneurs, faifeurs de Chai- 
fes ; en Piloris, en Tuyaux de Fontaines; &, 
quand il eft afez gros pour être fcié, on en fait 
des Planches , des Poreaux & des Membrures 5 
les Ébeniftes en employent beaucoup, parce qu'il 
prend bien le noir , & qu’alors il femble de 
l’Ébène. En Guienne |, on employe toutes les 
branches de cet arbre, qui donne promptemenc 
de beaux rejets, pour faire des échalas dans les 
vignes. Enfin, les diflérens emplois de ce bois; 
font qu’une Futaye d’Aunes fe vend très-cher… 

Le Peuplier, eft de trois efpèces ; le Blanc, 
le Noir, & le Tremble; chaque efpèce donne ur 
bois différent. Le Peuplier-blanc & le Tremble,, 
fe débite ordinairement en Planches voliges, de: 
fix pieds de long, de dix pouces de large , & 
de trois à quatre lignes d’épaifleur , pour faire 
des Bierres , des Caifles & des Fonçures. Les 
Peupliers noirs peuvent s'employer avec fuccès 
dans les Charpenres ; leur bois eft dur, fur-tout: 
lorfque les arbres ont acquis un certain âge. 
Tous les Peupliers croifieñt promprement , & 
donnent à. leurs maîtres un produit confidérable. 
Le Tremble fert encore à faire des Sabots, des 
Talons de Souliers , des ouvrages de Sculpture ; 
& des Planches, pour le même ufage que le 
Tilieul. 

Les Saules & Marfaux , fourniflent de grandes 
& de petites Perches , les Vanniers employent 
les petites ; & les grandes fervent à faire des 
Échalas de vigne , & des Éclifles | pour .les 
bords de Cribles. Les gros Saules fervent à faire 
des Planches, que l’on employe comme celles 


à 1e la culture au Chi 


du Tilleul & du Peuplier. Les Peintres & les: 
Graveurs émployent le charbon de Saule , pour 
elquiffér leurs defleins , & les Salpétriers, pour 
faire de la Poudre à canon. On dit que ce bois, 
quoique tendre, a la propriété d’aiguifer les cou- 
teaux , & dè les rendre aufli polis, & aufli tran- 
chants, que le pourroit faire une pierre à aiguifer ; 
mais il y a apparence que c’eft par le moyen de 
la limaille de'fer, qui s’infinue dans les pores 
dé cé bois , qui font propres à l’admertre & à 
la rétenir. L’écorce , que lès vanniers ‘enlèvent 
dé deffus les branches de Saule, fert aux Jardi- 
niers , dans le tems de la grefle, pour lier leurs 
Écufons. EME GS CPE MORE 
Le Cyrife des Alpes, qui eft maintenant fort 
commun en France, a le bois très-dur , & de 
couleur verte ; on l’employe pour faire des Man- 
ches de Couteaux , & aux mêmes ufages que 
le bois des Isles ; il eft liant, & propre à faire 
des Brancards de Chaife 3 comme il refflemble 
beäucoup à l’Ébène verte |, on le nomme Ébenier 
des Alpes. "EME 
Le bois de Sureau, eft. affez dur & liant : il 
a très-peu de moëlle | quand il eft gros ; alors 
il fert à faire diflérens ouvrages : les Tourneurs 
en font des Boites & des Tabatières; des Pei- 
gnes communs. Après le Buis, ceft un des 
meilleurs bois qu’on puifle employer à cet ufage. 
Le Laurier, le Houx , le Fufain, ont chacun 
des propriétés, qui les font rechercher; ce der- 
nier fert à faire un charbon pour deffiner 3 on le 
ferme dans un canon de fer, qu'on met au feu, 
pour l’échaufler à‘un dégré convenable. 
Quels grands avantäges la Société ne retire- 
t-elle pas journellement des qualités diverfes de 


Troifième Partie. Chap. WI. 263: 


tous ces Bois indigènes ; & combien y a-t-il de- 
Particuliers, qui ignorent ies richefes qu'ils po£.. 
sèdent , & le. parti le plus lucratif qu'ils pour- 
roient tirer des Arbres, que la Nature a difper-.. 
fé , ou. que leurs ayeux ont planté , fur leurs, 
vaftes héritages ! | 

CHARROI DU BO 1I-S: 

L’arTiczre des Voitures eft important dans. 
le commerce de bois , qui eft une matière très-. 
Jourde; & le marchand doit y. fonger de loin 
tant pour choifir & s’aflurer. celles. qui feront les: 
plus faciles & les moins coûteufes , que pour- 
difpofer les chofes & ne point perdre les occafians, 
de débit. 

On ne peut voiturer, le Fagottage & menus: 
bois , que par Charrois, ou par Bateaux ; meis. 
le bois quarré , le bois de fciage, & le bois de. 
corde , fe voiturent, ou par Gharrois , ou par. 
Bateaux , ou par Floites, au choix du maître. 

Les Charrois , qu’on. paye aux. Charreriers,, 
voifins de l'exploitation, font ordinairement à. 
meilleur compte , que ceux qu'on ferait avec 

fes Voitures & fes Attelages. 
"If faut établir le moins d’entrepots qu'il eff: 
pofible.. ê : 


F £ O:T:T-A G Ex 


Ox flotte le bois de deux manières; en: 
trains , ou à bois perdu. Ce qu’on appelle pre- 
prement Bois-floué, eft celui que l’on amère en 
Train ou. Éclufée, lié avec des perches &+ des. 
hards, fur des Rivières navigables ; & le Bois-. 
perdu, ef celui que l’on. jette. dans les. perites 
rivières , qui m'ont pas aflez d'eau, pour potrec. 
des trains & des Bateaux. | 


264 De la culture du Chêne. 


Comme la faveur du Commerce & linrérée 
du Public font préférés à l’inréréc des Parricu- 
liers , les Marchands de bois peuvent pañler par 
les héritages d’autrui , pour aller droit de leur 
vente au plus prochain Ruiffleau ou Rivière flot- 
table. Ils peuvent , fur celles qu’ils trouvent le 
plus commodes, mettre leur bois , foit en Ba- 
teaux, en Trains , ou à bois perdu , en aver- 
tiffant les Seigneurs des Rivières dix jours aupa- 
ravant ; en dédommageant les Propriéraires de 
la perte de leurs fruits, & en faifant réparer les 

clufes , que leur bois auroit dégradées. Ils peu- 
vent même obliger le Maître des héritages , 
fitués fur le bord des Ruifleaux , de leur laiffer, 
des deux côtés, un chemin de quatre pieds, 
pour le pañlage des ouvriers, qui mettront à vau-: 
l’eau , & conduiront le bois. Hs ont quarante 
jours , après que le bois eft pañlé, pour faire 
pêcher leurs Canars ; c’eft-xdire , les bois qui 
font tombés au fond de l’eau; ils ont le même 
tems, pour faire enlever ceux qui font arrêtés fur 
les bords des Ruiffeaux ou Rivières, par inonda- 
tion, ou autrement. Le chommage des Moulins, 
que le Flottage empêche de moudre, étroit réglé 
autrefois , & jufqu’à préfent , à quarante fols , 
pour chaque efpace de vingt-quatre heures , 
quelque nombre de roues qu’ait le Moulin. I eft 
à préfamer que ce Tarif ne fubfiftera pas long- 
rems , attendu l'augmentation progreflive des 
chofes. | | Ca 

La dépenfe du Flottage à Bois-perdu eft la 
moindre , puifqu’elle ne confifte que dans des 
dédommagemens , qu'il faut que le Marchard 
paye , & aux Journées des gens néceflaires , 
pour jetter , ‘conduire , recueillir & garder le 


Troifième Partie. Chap. VE. 26$ 


bois. Mais aufi, c’eft la plus dangéreufe manière 
de tranfporter le bois, à caufe des contre-tems 
qui peuvent arriver. , 

I! eft défendu , par les Règlemens de Police ; 
à rous Marchands de bois & Propriétaires , de 
jetter à l’eau, fans en avoir obtenu la permiflion 
par écrit du Syndic des Marchands, qui fixe un 
jour à chacun d’eux , fuivant la diftance des 
lieux où _eft le bois à flotter. C’eft une fage 
prévoyance , qui empêche que les Bois ne fe 
rencontrent & ne fe mélent ; ce qui occafionne- 
roit des conteftations , quand méme chaque 
Marchand , ou chaque Particulier , auroit eu 
foin de marquer fon bois, avec fon poinçon. 

Quant au Bois, flotté en Trains, 1l faut avoir 
les perches &:viornes , ou harts néceffaires pour 
compofer ces efpèces de Radeaux , & les lier fi 
bien , qu’ils puiflent réfifter aux différens chocs 
qu’ils éprouvent , jufqu’au lieu de leur deftina- 
tion. Si l’on fait, avec un Entrepreneur, le 
marché de faire flotter du bois , on fera mention 
de la longueur , largeur & hauteur qu’aura cha- 
que Train, Éclufée, ou Coupon; &, à peu- 
près, de ce qui peut y entrer, foit bois de 
Charpente, Menuiferie, ou de Corde ; le cout, 
luivanc l'ufage des lieux. 


FRAIS D'EXPLOITATION: 


Les Frais d'Exploitation varient , comme 
les climats ; le bois ne fe débite pas dans une 
Province comme dans l’autre ; il n’y a aucun 
rapport entre les Échantillons de'la Normandie, 
les Échantillons du Poitou, & les Échantillons 
des Sévennes. Ainfi , il ne faut.pas prendre le 
précis démonftratif des frais d'exploitation , ‘pas 


266 De la culture du Chêne. 


plus que ceux que j'ai donné ci-devant | comme 
des Tarifs décidés ; ce font des Tabieaux , pour 
fervir feulemenc d’induction. L'intelligence du 
Lecteur y fuppléera. 

Un pied cube de Chéne, propre à la Char- 
pente , vaut ordinairement , fur pied, comme : 
nous l'avons déjà dit, dix fols. 

Un pied , propre à la fente , vaut. environ, 
vingt. fols. 

Propre à, la Marine, quarante. fols ; le pied 
cube , première qualité, fe vend, fur les Ports , 
trois livres ; feconde qualité ; cinquante-cinq.fols ; 
& troifième qualité, quarante-cinq fols. 

Le travail dés Bûcherons fe paye; favoir, 

La Corde de Taillis, quinze à dix-huit fols. 

La Corde de Bois fciés & fendus, vingt-cinq 
à trente fols ; le rout , y compris l’Abattage. 

L’Abattage du cent. d'arbres de Demi-furaye, 
gros & petits, fe paye cinquante fols , à trois liv. 

Celui des Hautes-furayes, coûte le double, 
quelquefois le triple , & même d'avantage, à 
proportion. de la groffeur des arbres. 7388 
- À l'égard des ärbres qu'on fait pivoter., on 
paye , par chaque arbre , dix, douze , quinze 
dols ; la groffeur en décide. | 

Pour le trait avec la fcie , du. bois en grume , 
de.deux pieds de diamètre, on paye cinq fols ;. 
de trois pieds de diametre , neuf à dix. fols. 

quarriflage , pour la Charpente. Pièces quar- 
rées, ou refendues à la fcie, de 4 à $ pouces 
de $s à 6, de 6 à 7, de 7 à 8, quatre à cinq 
deniers. | VF 

De 8 à 9, de 9 à ro, huit deniers. 

De 11 à 12 pouces, dix deniers. 

Des pièces plus groffes, un fol le pied cube. 


Troifième Partie. Chap. VT. 267 


Du, bois de Marine , idem. Mais il faut des 
ouvriers entendus , pour donner la courbe la plus 
favorable. 

Du pied de planches , de 12 à 14 lignes d'é- 
pailfeur , franc-fciées ; cinq deniers, 

De caille & voliges, quatre deniers. 

De bois de marche., Tradeaux , Limons ; 
fix deniers. 

* Poteaux , Colonnes, Membrures ;. quatre de- 
niers. | DE 

Du Quart de Merrain , compofé de. 303 As 
ves, de quatre pieds, deux pouces de long ,: 
202 fonds , de deux pieds ; deux LS à 
quatorze livres. 

Du Quart, compofé du même nombre , & de. 
trois pieds , deux pouces de long; & les fonds, 
de deux pieds , un pouce; huit livres, à huit 
livres dix fols. 

Du cent de Hatte-platte , quinze fols ; quar- 
rée , douze fols; jointive , de quatre pieds de 
long , cinquante fols ie millier. 

Bardeaux , le millier, fix livres. 

Du cent de Fagots, trente à trente-cinq fols. 

Du cent de Bottes de Tan, vingt livres. 

- La paire de Sabots, deux fols fix deniers. 
‘ Corde de bois, mie en charbon ; pour la 
façon , vingt-cinq fols. 

Ce n’eft pas allez d’être au fait des marchan- 
difes, que l’on peut tirer du bois, & de favoir 
les prefcrire aux Ouvriers ; 1l faut encore avoir 
l'œil fur eux , les vifiter continuellement , me- 
furer leurs ouvrages. Ces mouvemens font l’uni- 
que moyen de les rendre exa@ts, & d'empêcher 
qu'ils ne faflent du tort, par malice ou par né- 
gligence. 


CG HA: B.LT RE): VER 
COUPE DES GROS ARBRES ÉPARS. 
ARRACHEMENT ET REMPLACEMENT. 


L fe LE oem prefcrit » de couper 
» les arbres de Futaye. » Les Officiers de 
la Maïtrife étendent cette Loi, jufqu'à vouloir 
interdire à cous Particuliers la faculté d'arracher 
les Arbres de hayes , les Avenues , les Chênes 
épars, & même toute autre forte d’Arbres. 

L’efprit de la Loi a été de veiller à la con- 
fervation des Bois du Royaume ; il falloit bien 
défendre d’arracher les Arbres de Furayes, dont 
les fouches peuvent donner du recrü. D'ailleurs} 
les femences, qui font répandues tout autour de 
Varbre, fe perdroient , dans la grande quantité 
de terre provenant de la fofle , qu'il faudroit 
faire pour l’arracher ; & l’on fent combien cette 
méchode feroit deftruétive dans les Forêts , qu'il 
eft de l'intérêt public de conferver. 

Mais il n’en eft pas de même des Arbres 
épars, & des Chênes abfolument vieux. Leurs 
fouches ne repouflent pas. Quand elles repoufle- 
roient , le recrû eft expolé à être abrouti par les 
beftiaux. 

Je trouve, dans l’extenfion de cet article, um 
efprit cout oppofé à l’économie & à la  conferva- 
tion des Bois. En effet , je fuppofe qu'il faille , 
pour la provifion d’un Particulier , vingt voitures 
de Bois-à-brûler ; il coupera annuellement fix 
arbres , tandis que quatre arbres arrachés fourni- 
roient la même auantité de bois, & fuflroient 


Troifième Partie. Chap. VIT. 269 


à fa confommation : d’autart mieux que le bois 
de fouche , & les racines, font d’un aufli bon 
ufage que le tronc & les branches. C’eft donc 
environ le quart du bois de chauffage , que la 
Loi fait perdre, lorfqu'’elle eft érendue au de-là 
des Forêts & des corps de Bois clos. 

: On a vu des Marchands , bien entendus, faire 
fouiller en terre les grofles racines , pour en faire 
des courbes, propres à de petits Navires. L’e- 
xemple de ces Marchands feroit préjudiciable , 
dans la manière dont on exploite ordinairement 
les Forêts; ce feroit y occafionner des Clairières. 
Le cas eft tout différent, quand il s’agit d’un 
arrachis général, pour former un nouveau Bois; 
& quand il s’agit de vieux arbres épars. 

II a été un tems , où les frais d’arrachement 
& d'exploitation auroient excédé la valeur du 
bois ; alors les Particuliers fe conformoient à 
l'Ordonnance ; ils fe contentoient de couper ; 
c'eft ce qui fe pratique encore dans les contrées 
où le bois eft très-abondant : mais dans les can- 
tons où la difette s’eft déjà faite fentir , on a 
imaginé de pivoter les arbres ; &, fuivant ma 
façon de penfer, on a raifon de fuivre dans la 
terre tous les filons de la mine. | 

Les groffes fouches de bois vif font difficiles 
à rompre ; il eft indifpenfable quelquefois d’em- 
ployer la poudre à feu pour les écarteler ; il en 
faut , pour chacune, environ trois onces, 

Les Pionniers , qui font leur principal métier 
de creufer la terre, avancent plus à l’arrache- 
ment , que les manœuvres , qui n’en ont pas 
l'habitude ; ils ont les outils convenables , & ils 
font endurcis à ce genre de travail , qui eft très 
pénible, 


270 De la culture du Chêne. 


A la place où éroienc les vieux arbres arras 
chés, on peut en planter de jeunes , qui croitront 
promptement , à caufe de la grande quantité de 
terre remuée dans l'opération. 

Mais, peut on y mettre des arbres de même 
efpece ? 

_ Ceux qui difent qu'oui, prétendent que. la 
sève eft plus fimple qu'on ne l’imagine, & que 
les fucs doivent leur modification aux organes 
des Plantes. lis en ont élevé de toutes efpèces 
dans de. l’eaw pure, & ils citent l'effet de la 
Greffe. Il paroit, ajoutent-ils, que toute terre 
eft capable de produire indiftinétement route forte 
de planres ; car le Thim, qui fe plaît dans les 
rerres sèches, peut s'élever dans la terre tirée 
d’un marais , pourvû qu’elle foit portée fur le 
fommer d’une montagne ; & la terre qui aura 
été prife fur une montagne , & rapportée dans 
des marécages, y fervira à élever une touffe de 
Joncs. Les plantes de l'Amérique méridionnale 
réufliflent de même dans la terre de notre cli- 
mat , fi l’on les tienc dans des Serres , où la 
chaleur foit à un dégré convenable. La bonne 
cerre paroît donc propre à nourrir toute forte de 
plantes , & continuellement les mêmes, fuppoté 
qu’elles ayent aflez d'eau & de chaleur. 

Ceux. qui prétendent le contraire ; difent qu’il 
eft vraifemblable qu’un vieux arbre a épuifé tous 
les fels de la terre, qui étoient analogues à fon 
efpèce. Ne voyons nous pas, difent-ils ; que l'hu- 
midité de la terre devient amère & vifqueufe , 
dans le bois des fruits à noyaux ; qu’elle devient 
laitée dans le Figuier , huileufe dans le Marro- 
bier-d’Inde , claire & douce dans le Bouleau P 


Tioifième Partie. Chap. VII, 271 


Ce fel acre , cette humidité , cette fécondité, 
fi l’on veut, qui a été attirée, pendant cent ans 
& plus, par un Chère , dont les racines s’éren- 
doient peut-être à vingt pieds tout au cour de fà 
tige , doit-elle y être aufli abondante , que dans 
un térrein qui n'a jamais fervi à la produétion du 
Chêne ? À l'appui de ce raifonnement , ils met- 
tenc en fait qu'un Bois défriché donnera , fans 
engrais, quatre ou cinq bonnes récoltes en bled, 
par la raifon qué la terre à bois ‘abonde en fubf 
tance & en fels , tout neufs pour les grains. 

11 eft difficile de déterminer la nature des fucs 
que chaque végétal tire de la terre. On n’eft 
pas moins embarraffé , pour réfoudre le Problé- 
me fur lidentité |, ou la diverfité de l’alimence 
des Plantes; jufau’à préfent il'n’a été rien moins 
que réfolu ; & certe queftion mérite bien que les 
Phyfciens, amateurs de l'Agriculture, en faflens 
l'objet de leurs recherches. 

Quoiqu'il en foit, je m'en rapporte moins au 
raifonnement , qu’à l'expérience ; elle m'a con- 
firmé dans €è principe très-connu, g#'#ñn Arbre; 
du méme genre que celui qui à ré arraché , ne 
réuffit pas auf? bien ‘a fa place , qu'un Arbre d'un 
genre different. | 

J'ai mutilement efayé de remplacér, pendant 
quatre années de fuite, un gros Poirier d’Efpa- 
lier , qui avoit péri, & dont les racines s’écoient 
entièrement pourries fur place. J'imaginai enfin 
de fubftituer , aux Poiriers que j'employois , ua 
Coignaffer , qui réuflic très-bien ; j'en fis enluite 
un Poirier , par le moyen de la grefe. 

Quand je me fuis trouvé dans le cas de re- 
planter des Avenues , ou de remplacer des Ché- 


272 De la culture du Chêne. 


nes, dans un terrein qui n’étoit propre qu’à cette 
efpèce d’arbres , j’ouvrois une tranchée, un ou 
deux ans avant de planter ; afin que la terré 
acquit de nouveaux fels, par les influences dé 
l'air ; & je plantois , autant qu'il m’étoit pofli- 
ble , dans l’entre-deux des anciennes foffes, 


CHAPITRE 


273 


CH: Arr. I T RE: V'ILL 


LENI TES DES FONDS. 


Es fuites fâcheufes qu’occafionne la plus 
légère conteftation entre Voifins, rélative- 
ment aux Limites de leurs héritages , nous en- 
gagent à donner ici un Précis des Droits refpec- 
uifs & des Ufages. | 
Les fonds fonc limités par des Bornes , par 
des Foflés , par des Murs , par des Hayes, ou 
par des Arbres, 


BORNES. 


Les féparations terrières ont été, des les 
premiers tems , marquées avec des Bornes de 
pierre, plantées en terre , aux angles que for- 
ment les lignes qui les environnent. C’eft, en 
effet, la manière la plus fimple de marquer la 
féparation des fonds , entre voifins ; dans les 
Campagnes : le plus fouvent elles ne fortent point 
de terre , & ne font point apparentes ; foic 
qu'elles ayent été pofées de même, foit qu’elles 
ayent été recouvertes par les labours. On choific 
une pierre longue , qu'on enterre fur le point de 
Ja féparation ; & , afin qu'on ne croye pas que 
cette pierre fe crouve en cet endroit par un eflec 
du hazard , on a la précaution d’enterrer autour 
d'elle d’autres a ierres plates , qu’on 
nomme Témoins, fervant à faire connoître que 
c’eft réellement une Borne. Quand les Arpenteurs 
font planter des Bornes , ils font dans l’ufage de 
les faire pofer fur des tuilles & fur des charbons 


S 


274 De la culture du Chént. 


brifés ; ces marques incorruptibles font auffi noms 
mées Témoins. 

; On place ‘ordinairement les Témoins fur les 
côtés de la Borne, eu égard à la direétion qu’elle 
indique ; On en met deux, trois, ou quatre, 
fuivant la deftination de la Borne. Une Bome , 
Qui a deux Témoins, un d’un côté , l’autre de 
l'autre , fert pour deux directions; c’eft-à-dire , 
qu’elle fert à indiquer une feule ligne, qui pañfe 
fur la borne , ‘entre les deux Témoins, & fe 
prolonge , de droite & de gauche ; jufqu'aux 
autrés Bornes, ou Limites. Celle qui en a trois, 
fert à indiquer une feule ligne, qui commence 
à la Borne, & fe prolonge vis-à-vis le Témoin 
du milieu; & celle qui en a quatre, fert à in- 
diquer quatre direétions. 

Dans les conteftarions, qui furviennent au fujet 
de la contenance des Terres , les Experts font 
fouiller aux endroits où ils jugent qu’il pourroit 
y avoir des Bornes 5 elles fonc prefque toujours 
plantées aux angles, que forment les pièces de 
terre. Lorfqu’on les trouve , & qu'on les recon- 
noîc pour Bornes , la difhculré eft levée. 

Le Voifin peut toujours étre contraint de 
fouffrir qu'il foit mis des Borres entre les deux 
héritages , & de fupporter fa portion des frais 
du Bornage. Les Emphitéotes, les Ufufruitiers ; 
les Engagiftes peuvent, de même que les Pro- 
priétaires ,, exercer l’action , pour régler les Bor- 
nes , avec les Pofleffeurs des hérirages voifins.. 

C'eft un délit très-répréhenfible , que de dé- 
placer des Bornes, ou de rendre méconnoiffables 
les lignes que le tems a confacré, pour la dif- 
inétion des propriétés. Vuma Pompilus mit les 
Bornes des rerres au nombre des chofes facréss, 


Troifième Parti. Chap. VIII. 275 
& défendit de les changer de placé, à peine dé 


la vie. La peine qu’on inflige aujourd'hui, à ceux 
qui ont arraché ou déplacé des bornes , neft pas 
pécuniaire ; elle eft plus ou moins rigoureule ; 
felon les delleins plus où moins marqués d’ufur: 
per le bien d’autrut. 

Il feroit à fouhaicter que les pierrés ; fervant 
de Bornes , eullent, dans chaque contrée, non 
feulement une forme particulière , afin qu’on pûe 
les reconnoître ; même après qu’elles auroient été 
enlevées ; mais encore , affez de volume ; pour 
qu'uné perfenne feule ne püût les déplacer ; parce 
qu'il eft très-rare que celui qui défire faire un 
pareil changement , ofe aflocier un tiers à l’exé- 
cution de fon mauvais deflein. AS 

Les hérirages, féparés par un grand chemin , 
ne fe confinenc pas l’un l’autre. Ainfi les Pro- 
priéraires de ces héritages n’ont pas à régler de 
Bornes entr'eux ; fi ce n’eft qu’un changement 
de Chemin y donnât lieu ET 

Les Ruifleaux ; qui né font pas à l’ufage 
public , & qui font propres aux Particuliers ; dont 
ils traverfent les héritages ; ne règlent pas leurs 
Bornes , mais chacun a les fiennes , tellès qué 
les lui donne fon titre | ou fa poffeffion: 

Fosse à, 

Ir y à différentes fortes de Foflés , qui fer- 
vent de canaux , pour procurer l'écoulement des 
eaux de fource ; & des eaux pluviaies ; ils fervent 
auf à defléchér les terres , pour les pouvoir cul- 
tiver. En ce cas, les Foflés font cenfés micoyens ; 
il n'eft pas permis de les fupprimer ; les Pro 
priétaires des fonds voifins fonc tenus de les en- 
tretenir à frais communs , ST font égale 


276 | De La culture du Chêne. 


ment intéreflés à ce que les eaux coulent libre- 
ment ; & l’un des Voifins ne peut abandonner à 
Jautre le droit qu'il a au Foffé, pour fe dif- 

enfer de l’entretenir ,| fi ce n’eft de fon con- 
Een 

La feconde forte |, font les Foflés mitoyens 
par titre; ou il y a de l’eau dormante , ou 
non , pour fervir de clôture entre deux hérira- 
ges, & empêcher le pañlage de l’un à Pautre ; 
ils doivent étre placés, la moirié de leur largeur, 
fur l’un des hérirages , & la moitié fur l’autre, 
& êrre entretenus à frais communs : il n'eft pas 
plus permis d’en abandonner le droit , que de 
celui de la première force ; les Parties font liées 
par le contrat. 

La rroifième forte de Foffé miroyen, font les 
petits Foflés à fec, qui fe font volontairement, 
ar deux Voifins, en commun , pour empêcher 
qu'il ne fe fafle un chemin paffant au travers de 
leurs héritages. Celui des deux qui ne veut pas 
entretenir le Fofé, peut recombler la moitié de 
fon côté fans le confentement de l’autre , & y 
cultiver comme auparavant. 

Un des voifins ne peut pas contraindre l’autre 
à contribuer à faire un nouveau Foflé entre leurs 
héritages , pour fe clorre , ou autrement ; & ce- 
lui qui veut faire le Foflé, doit en prendre toute 
la largeur fur le fien; laifler en outre un pied 
de largeur, fur route la longueur , entre le bord 
du foflé & l'hérirage de fon Voifin. Toutes les 
terres , qui feront fouillées , pour faire l’excava- 
tion du Foffé, doivent être jettées du côté de 
l'héritage de celui qui fair faire le Foflé , ce 
que l'on nomme /e Je ; & , lorfqu'il le faudra 
curer , ce qui en fortira , doit toujours être jeré 


Troifième Partie. Chap. VIII. 277 


de fon côté , le talut, du côté du Voifin, étant 
toujours encretenu en bon état. 

Lorfque le Foflé eft mitoyen , le jet & le 
curage doivent être jetés également des deux 
côtés. 

Pour connoître fi un Foffé eft commun , & 
mitoyen entre deux héritages | ou non ; lorfqu'ik 
ny a point de bornes , qui marquent la fépara- 
tion , & qu'on ne produit point de cître , il faur 
oblerver fi le jet des terres eft cout d’un eôté ; 
alors le Foffé n’eft pas mitoyen | & toute fa 
largeur appartient à l'héritage du côté où eft le 
jer ; mais fi le jet eft des deux côtés , alors le 
Foffé eft réputé mitoyen, & la ligne du milieu 
fait la féparation des hérirages. 


M v 2 5$: 


On fai une diftintion entre les Murs, qui 
féparent les héritages , dans les Villes & leurs 
Fauxbourgs , & les Murs qui féparent les héri- 
tages des Champs ; car, dans les Villes & Faux- 
bourgs , l’un des Voifins peut contraindre Pautre 
à la conftruction d’un nouveau Mur de clôture , 
pour féparer leurs Maifons & Hléritages , s’il n'y 
avoit pas eu encore de mur ; & à refaire ou 
entretenir l’ancien Mur de clôture miroyen. 

Dans la Campagne , l’un des Voifins ne peut 
en aucune façon contraindre l’autre de contribuer 
à la confection d'un nouveau mur de clôture, 
pour féparer leurs héritages , ni même l'obliger 
de fournir de fon fonds de terre, pour affeoir la 
moitié de l’épailleur du Mur ; mais il peue l’ap- 
peler & le contraindre à lui donner un a£te 
d’Allignement, de la ligne qui fépare leurs hé- 
titages , par lequel il reconnoifle que celui qui 


278 . De La culture du Chêne. 


fe veut clorre à fait conftruire le mur à fes dé. 
pens, feul , & fur fon propre fonds , joignant , 
fans moyen, la ligne qui fépare leurs héritages. 

Si celui qui veut faire un grand Clos, en 
€ampagne , juge qu'il lui eft avantageux de 
hifler un efpace de terrein par le dehors de fes 
Murs, pour le tour d'Échelle , afin d'empêcher 
fes Voifins de labourer au pied, & de les dé- 
grader, il doit le faire fignifier à tous fes Voi- 
fins , & prendre allignement avec eux , & 
énoncer , dans l’aéte , la largeur du terrein qu'il 
veut. laifler hors fes Murs, jufqu'à la ligne de 
féparation de fes héritages , d'avec ceux de fes 
Voifins ; çar, sil négligeoit de prendre cette 
précaution , fes Voifins, par la fuite, pourroient 
difputer cet efpace ; & , faute de preuve, il 
Jeur feroit adjugé ; parce que , de droit com- 
mun , gous Murs féparant les héritages de deux 
voifins font reputés miroyens, s’il n’y a tître au 
contraire , & celui qui prétend que le Mur lui 
appartient , doir en juftifer. ‘ 

e tour d’Échelle eft ordinairement de trois 
pieds, à compter du pied du mur au rès-de- 
chauflée , afin de pouvoir pofer une Échelle * 
lorfque le Mur a befoin de rétablir. C’eft un 
droit , qui ne s’érablit pas fans tître, entre Voifins. 

À l'égard des anciens Murs de clôture, en 
Campagne , & dans les Villages, l’un des Voi- 
fins peut contraindre l’autre à contribuer à l’en- 
tretien , Où à la réfaétion du Mur de clôture , 
qui fépare. leurs héritages , fi l’autre Voifin veut 
continuer à {e fervir du Mur ; toutefois, felon 
fon ançienne hautéur & qualité. Mais il ne peut 
Je contraindre à contribuer pour le refaire plus 
haut, ni d’une aure conftruétion ; dans ce cas, 


Troifème Partie. Chap. VHI. 279 


le Mur feroit mitoyen, jufqu’à fon ancienne hau- 
teur, & feulement pour l’ufage auquel il pouvoit 
fervis. Mais sil ne veut y contribuer , même 
pour le rétablir felon l’ancien état, 1l peut s'en 
difpenfer , en donnant à fon Voifin aëte par écrit, 
& en bonne forme , pour lui fervir de titre, 
comme il lui a abandonné le droit qu'il avoit au 
Mur, & au fonds de terre fur lequel il eft bâti. 

En cas que le terrein foit inégal , ou que l’un 
des Voifins veuille réhauffer fon terrein, à côté 
du Mur mitoyen ; il fera tenu de faire un Con- 
tre-Mur , dont l'épaifleur fera proportionnée à la 
bauteur des terres jectices, pour foucenir Feffert 
de la pouflée de ces terres, | 

Ce done Mu doit être fondé fur le folide ; 
il doit être élevé aufli haut que le deffus des 
terres | & avoir une épaifleur. proportionnée à 
fa hauteur. Ainfi , lorfque les rerres rapportées 
auront trois pieds de haut , au deflus du niveau 
du terrein , de l’autre côté du Mur ; le Contre- 
Mur, doit avoir un pied d'épaifleur. Lorfqu’elles 
auront fix pieds de haut, le Contre-Mur doit 
avoir un pied & demi d’épaifleur , en augmen- 
tant l’épaifleur de deux pouces par pied ; en force 
que le Contre-Mur foit en état de foutenir la 
pouflée des terres , fans le fecours du Mur mi- 
toyen. 

Dans les proportions des Contre-Murs , il faut 
avoir égard encore à la nature du terréh. Les 
cerres fortes , jufqu’à ce. qu'elles ayent pris beur 
affaiflement , pouffent plus efficacement les Murs 
qui les foutiennent, que les terres légères ; mais 
aufft, lorfqu’elles ont fait leur raffemenr elles {e 
foutiennent pour ainfi dire d’elles-mêmes. Si les 
erres. font légères, commé le fable , elles'pouf. 


250 De culture du Chêne, 


fent moins que les précédentes ; mais elles pouf 
fent plus continuellement ; elles ne font jamais 
corps ; femblables à l’eau , elles ne demandent 
qu'à s'étendre. 

HATYES. 


Les Hayes-vives fe peuvent faire de toute 
forte de plant, qui a racine 5 comme Charmille,. 

rable | Églantier , Sureau , Porte-chapeau, 
Troëne , Épine , noire & blanche, Houx, &c. 

Les Hayes, qui féparent les héritages , font 
toujours réputées mitoyennes , en quelque cas que 
ce foit, s’il n’y a tître au contraire , ou pofñef- 
fion ; & le milieu de la Haye fera la féparacion 
des héritages ; à moins qu’elle ne foit accom- 
pagnée de Foffé , lequel défigne , comme il a 
été dit ci-devant , à qui appartiennent les Hayes. . 

Les Hayes mitoyennes, qui féparent deux hé- 
ritages , doivent être entretenues & replantées à 
frais communs , par les deux Propriétaires 5 & 
Pun des deux peut contraindre l’autre à contribuer 
au rérabliffement & entretien de la Haye, ou à 
renoncer , par un acte valable & par écrit, au 
droit qu'il avoit à la Haye, & au fonds de terre 
fur lequel elle eft plantée ; à condition que celui, 
au proht du quel la Haye feroit abandonnée , la 
doit réparer, & entretenir en bon écart. 

Un Propriétaire , qui fe voudroir clorre d’une 
Haye-vive, en Campagne , la peut planter à fes 
dépens , & en prendre toute la largeur de fon 
côté , & fur fon propre fonds, laiflanc trois pieds 
de diftance entre le milieu du plant de la Haye, 
&. l'héritage de fon Voifin. Et celui qui fait 
planter la Haye, doit prendre ate de l’alligne- 
ment, avec fes Voifins , afin de pouvoir rentrer, 


Troifième Partie, Chap. VIII. >8r 


fans difficulté, en jouïffance des trois pieds de 
terrein , qu'il a abandonné, en cas qu’il veuille, 
dans la fuite, détruire fa Haye. 

On laifle cette diftance, tant pour que ces 
Hayes puiflent s'épaiffir , fans couvrir l’héritage 
du Voifin , qu’afin que les racines ayent la fa- 
culté de s'étendre, fans y pénétrer. Sur quoi if 
faut obferver que l'Épiné-noire étale plus fes ra- 
cines que la Blanche, & poufle beaucoup de re- 
jetons ; en quoi cette dernière eft préférable. 

Si les racines s’étendoient au de-là des trois 
pieds , fur l'héritage du Voifin, le Propriétaire 
de la Haye feroit tenu d’en interrompre le cours, 
par une tranchée, en cas que le Voifin le de- 
mandât. 

Dans la plüpart des Coutumes , il eft reçu 
que , quand une Haye-vive fépare un pré d'une 
Terre, ou d’un Bois; & que les tîtres de pro- 
priété font muets, elle appartient au Pré , par 
préférence à la Terre & au Bois. 

Le Bois l’emporte aufi fur la Terre, & 12 
Vigne , fur toute autre efpèce d'héritages , s’il 
wappert du contraire ; parce qu'il eft cenfé que 
celui des deux Voifins , qui avoit dans le principe 
un plus grand intérét de fe clorre | a fait la 
Haye, & l’a placée fur fon fonds. 

+ Quand l'intérêt eft le même, la Haye eft 
réputée commune , s'il n'y a titre, ou preuve 
contraire. 


DONS DE LIMITES». 


O x plante quelquefois des Arbres fur la ligne 
qui fépare les héritages, pour y fervir de bornes ; 
& ces arbres font mitoyens ; en forte que l’un 
des Voifins ne peat Les faire couper, ni élaguer, 


282 De la culture du Chêne. 


fans le confentement de l’autre ; &, fi ce font 
des arbres fruitiers , chacun des Voifins cueille 
les fruits des branches , qui font de fon côté, 
& au deflus de fon héritage. L’un ni l’autre de 
ces Voifins ne peut couper les racines de ces 
arbres , ni faire de fon côté rien qui puille y 
saufer du dommage. 

Un arbre fait toujours partie du terrein où il 
a pris racine , & appartient au Propriétaire du 
fol, quoique planté par tout autre. Ainfi ,. quoi- 
que les branches ou racines paflent fur l’héritage 
voifin, il peut le couper à fon profit. IL eft vrai 
que l’autre Voifin peut contraindre , en Juftice, 
le Propriétaire de l'arbre à couper les racines 
qui pañlent de fon côté & routes les branches, 
juiqu'à la hauteur de quinze pieds. * 
. On fenr déjà que certe manière de limiter les 
Champs eft fujette à trop de conteftations , pour 
chercher à s’en fervir. . 

I1 eft d'ufage de ne planter des arbres en 
plein vent, & à haute tige, plus près de fix 
pieds de l'héritage de fon Voifin , à compter du 
centre du tronc de l’arbre , jufqu’à la ligne qui. 
fépare les héricages ; notamment, fi ce font des 
Charmes , des Tilleuls, des Marroniers, & au- 
tres arbres de cette nature ; fuit pour former des: 
Âvenues:, ou autrement. Mais à l'égard des 
Noyers , des Ormes & des Chênes , on laiffe. 
ordinairement neuf pieds de diftance, parce que, 
ces arbres étendent leurs racines & leurs branches 
bien plus loin que les autres. 

Les Loix n'ont point fixé la diftance; elle dé- 
pend de la nature des arbres & dE leur fituation. 

De la nature , parce que, fi ce font des Or- 
mes , dix-buir pieds ne fufhroient pas entre le 


5 


Troifième Partie. Chap. VIII. 283 


led de ces arbres & les héritages du Voifin, 
£ l'on vouloit qu'il n’en fouffrit aucun dommage. 
Cela dépend auffi de leur fituation , parce que 
les grands arbres peuvent fe trouver fitués de 
maniere qu'ils couvrent de leur ombre l'héritage 


 voifin; & il n’y à poinc de doute qu’il faut, en 


pleine campagne , qu'ils foient affez éloignés de 


- l'héritage voifin, pour n'en -point empécher l’ex- 


poficion au Soleil; fur-tout dans les heures où 


- fa chaleur agit le plus efficacement fur les fruits. 


Cette queltion deviendroit plus douteufe , sil 
ne s’agifloit point d’héritages en pleine campagne : 
s'il s'agifloit , par exemple, d’un Parc , dont les 
Allées mettroient à l'abri les terres voilines , 
cela fouâriroic plus de difhculté ; parce qu’un 
Parc n’eft pas cenfé devoir être découvert, fans 
Allées , ni Bois. Cependant , il feroit jufte 


‘que les héritages voilins n’en fouffriffent aucun 


dommage. 

Il eft d’ufage encore que , dans les Jardins , 
Parcs , ou autres héritages clos de murs, fi le 
mur appartienc & eft bâti fur le fonds de celui 
à qui eft le Clos , le Propriétaire du Clos peut 
planter des arbres en efpalier , ou en paliflade , 
joignant le mur. Mais , fi le mur eft miroyen, 
il faut fix pouces de diflance entre la tige de 
l'arbre & le mur; il faudra donc le planter à 
environ un pied de diftance. Et fi le mur n’étoit 
pas mitoyen , & qu'il appartinc à l’autre Voifn, 
Jon ne pourroit pas y planter des arbres en ef- 
palier plus près de dix-huit pouces ; encore faut 
il que les racines de ces arbres ne pénètrent poine 
dans ce mur non mitoyen, & qu'aucune de leurs 
branches ne foit attachée contre le mur apparte- 
nant à autrui, 


284 De la cukure du Chêne. 


A l'égard des arbres à haute-tige, en pleis 
vent , ils peuvent être plantés dans les hérirtages 
clos de murs , à trois pieds de diftance, de la 
ligne qui fépare l'héritage du Voifin ; en forte 
que fi le mur appartient à un feul, & eft entie- 
rement fur le fond de celui qui fait planter les 
arbres , l’épaifleur du mur fera comprife dans la 
diftance des trois pieds. Si le mur eft mitoyen, 
les trois pieds fe compteront du milieu de l’é- 
paifleur du mur ; mais fi le mur appartient à 
Jautre Voifin feul, les trois pieds feront francs 
entre le devant du mur & le tronc de l'arbre. Si 
cependant les branches & les racines des arbres 
pouffent fur Phéritage du Voifin il peut contrain- 
dre celui à qui ils appartiennent à couper ce .qui 
excède de fon côté. Et auffi, c’eft à celui à qui les 
arbres appartiennent , à rétablir le dommage que les 
arbres cauferont au mur, dans ces trois cas différens. 

Les Paliffades de Charmille | d’Érable , d’Ifs, 
& autres femblables, fe peuvent planter à un pied 
& demi de diftance entre le centre de la tige & 
la ligne qui fépare les héritages ; en forte que 
fi le mur de clôture appartient en entier à celui 
qui fait planter la Paliffade ; elle pourra étre 
plantée joignant le mur ; fi le mur eft miroyen, 
ce fera à un pied & demi du milieu du mur ; 
bien-entendu que ce mur n’aura que dix-huit 
pouces ou deux pieds d’épaifleur , qui eft celle 
qu’on donne ordinairement ; fans quoi , les arbres, 
dont nous avons parlé ci-devant, & les Paliffades 
même ne tarderoient pas à toucher le mur. Et fi le 
mur appartient à l’autre Voifin feul , ce fera à un pied 
& demi du parement du mur, aurès-de-chaufiée, 


FIN. 


285$ 


ADDITIONS ET CORRECTIONS. 


AGE 13, ligne 9, ou dans les Vallons, 
lifez: & de ceux qui font dans les Vallons. 

Page 28 , après La ligne 12, ajoutez : fi le 
terrein, fur lequel on a befoin d'établir un fofé, 
eit expolé à la filtration des eaux , ou fitué tout 
le long d’une route très-fréquentée , & de façon 
que fa bafe foit à fleur de terre , on pourra faire 
un petit mur de moellon, d’un pied, ou un pied 
& demi de haut , fur lequel on élèvera enfuire 
les terres, le gazon, & la haye-vive. 

Lorfqu’on eft dans le cas d’entrer fréquemment 
dans un Semis, foit pour veiller à fa culture, foit 
pour promener , il eft d’ufage de franchir le foffé, 
ou d'y pratiquer une claye ouvrante & fermante, 
Mais rien n’eft plus commode , & en même-tems 
plus für, pour l’exaéte clôture , que de faire en- 
viron une toife de mur, vis-à-vis les parties où 
lon a befoin de pénétrer, & de pratiquer, dans 
la moitié de l’épaifleur de ce mur, un efcalier 
en pierre, par lequel on peut monter & defcen- 
dre toutes les fois que l’occafon s’en préfente. 

Page 32, ligne 26, plus nouées, Afez : plus 
nourries, 

Page 39 , ligne 11, fe mangent , lifez : fe 
mange. 

Page 47, ligne 28, cubes , Zifez : cubés. 

Page 55 , après la ligne 120 , ajoutez : j'ai re- 
marqué que tous les arbres ceflent de croître 
aprés l’émiflion des premières feuilles ; ils fem- 
blent éprouver alors une efpèce de maladie, qui 
en fait périr plufieurs. Il y a apparence que la 
radicule herbacée & pivotière , qui eft émanée la 


286 Additions & Correilions. 

remière de la femence des arbres, s'étant trouvéé 
ÉHfante » pour faire éclorre ces feuilles premie- 
res , fe trouvé néanmoins trop foible , pour 
poufler fa tige, & qu’elle commence par for- 
mer des racines latérales ,| avant de faire une 
feconde production extérieure ; trouve-t-elle quel- 
qu'obftacle dans fa mauvaife conftiturion , ou 
dans la nature du terrein ? le petit arbre cefle 
de croître ; il fe defsèche , & difparoit,. 

Page 56, après la ligne 6, ajoutez : il he faut 
cependant pas donner dans l'excès à cet égard ; 
je femai, l’année dernière ; des Pins, en terre 
légère , mais dans un lieu frais, & tout à faic 
ombragé , exprès pour voir quel en feroit le 
fuccès ; ils levèrent fort bien ; enfuite ils s’étio- 
lèrent : enfin ils ont péri, pendant l'hiver, com- 
me les herbés annuelles. 

Ligne 27, après ces mots , deux ans, æjoutez: 
À dix-neuf ans , j'ai éclairci des Semis de Pin, 
dont les tiges, de vingr pieds de long , ont 
porté fept à huit pouces d’équarriflage. 

Ligne 32 , ajoutez : Un de mes Voifins vient 
de faire abattre un Pin d’Écofle | âgé de 37 
ans, qui à donné dés planches portant onze pou- 
ces & demi de largeur; le bois en eft très-réfi- 
neux, compaéte & ondé: 

Page 113, après da ligne 163 äjoutez : je ne 
vois pas de figure, qui préfente plus de variétés 
régulièrès , que celle qui: eft diftribuée en Exa- 
gones. Ce font les Abeilles ; qui m'ont procuré 
l'idée de cetre fymétrie , par la forme qu’elles 
donnent à leurs rayons de cire. On fait que ces 
Jnfetes ont réduit, par un méchanifme tout na- 
turel , un des plus difficiles problèmes de la 
Géométrie, en faifart contenir , dans le pius 


Additions & Corrections: 287 


petit efpace pofible , le plus grand nombre de 
cellules , & les plus grandes poffibles. 

Soit qu'on falle le tour d’une plantation ainfi 
difpofée , foit qu'on promène dans fon milieu, 
on eft agréablement furpris, de voir que les 
Allées confervent leur droite ligne, quoiqu’elles 
changent de largeur à chaque face des fix pans. 

Page 132, ligne 29, rofeaux, lifez : réfeaux. 

Page 133, ligne 20, avide, Zifez : aride. 

Page 179 , ligne 11 , abattus à l’ordinaire ; 
Zfez : abattus fuivant l’ufage. 

Page 204, ligne 25, à l’âge ou la vigueur, 
hfez : à l'âge ou à la vigueur. 


a Y Pt ef 
RC ES arbre 
DOUEUE OL | #h8 


BarraAce bes Bois. Saifon où il 

doit fe faire , page 222 , manière d’abat- 
tre les Arbres à l4 coignée , 225. m De les 
faire tomber de tel côté qu'on défire, 226. 
De les abattre en pivotant. Zbid. = De les abat- 
tre à la Scie , 227. = Précautions qu'il faut 
prendre pour abattre les grands Arbres, fans 
les endommager , 225. 

ABEILLES: Voyez. FourMis. h 

ABReEuvoinr;, Elpèce de maladie des At: 
bres ,. 149: 

ACCROISSEMENT des Chênes femés, 523 
102, 131. æ Des Arbres épars, 203. = Des 
Taillis , 206. De la tige des Arbres & dé 
leurs branches, 204. 

AGarRIic, Elpèce de Champignon ; qui 
vient fur le Chêne , 150. mm Ses vertus, foû 
ufage , Jbid. 

ÂLLIGNEMENT dans les Semis & les 
Plantations ,, 77: & Tout eft à profit dans les 
Plantations régulières , Ibid. 

AMMÉNAGEMENT des Bois, 150:  . 

ARBRE. Sa contexture , fa croiflance & fà 
végétation , 125 6 fuiv. = Situation des Aibres ; 
13. m Leurs maladies & remèdes ; 148. # At: 
bres de limités, 281: e 


298 Tablè 


_ARPENT. Son étendue, 44, 09. mm Cotn- 
bien il en coûte , pour planter un Arpent de 
pays, Jbid. mm Combien il en coûte pour le 
fermer , Zbid. & Juiv. 

ARPENTAGE ( Règles de l’, ) 118, & 
Jai. 

A RRACHEMENT dés gros Arbres, 268. ms 
Économie confidérable fur la confommation , lorf 
qu’en arrache les Arbres, Ibid. 

Ausi£ mr. Ce que c’eft ; comme il fe forme, 
128, 150. = Double-Aubier , 151. 

AUBINER les arbres, 88. 

AvVENUES, 105. Leurs dimenfons , 106. 54 
Moyen de les faire paroître plus longues qu’elles 
ne font , 100. 

AwuxnE. À quoi fon bois eft propre, 260. 


B. 


Bariveaux. Ce que c'eft, 208. #4 Com- 
bien il faut en laifler par Arpent, Jbid. = Pré- 
judicient au recrû , & forment rarement de bellés 
pièces de Bois, 209. # Leur peu d'utilité, 
dbid, & Juiv. 

BaAsE que doivent avoir les Solives , eu 
égard à leur longueur , & leur hauteur, 238. 

BéTaiz; Il faut abfolument l’exclurre des 
Bois-femis , 23. «x Dégêts qu'il y fait, 24. +4 
Æx dans les Taillis non défenfables , 154. 

Branc DE CHaAPonN; Défaut du 
Bois , 157. 

Bois. La nouvelle Admiiftration peut s’oc- 
cuper plus efficacement de l’'amméragement des 
Bois. Préface , page xvi1. = Nos Bois feront à 
lPavenir moins défeétueux que ceux que nous exploi- 
tons, x1y. Moyens de donner plus de confiftance 


des Matières. 29 


aux Bois, 182. = Bois arcins , 151. æ« Blancs: 
dbid. = Sont fujets à fe corrompre au mois 
d’Août, quand on les laifle en grume , 164. 
De bonne qualité , 151. = Chablis , Zbid. 4 
Charmi, Ibid. = De Charpente, 244. = Cour: 
be, Ibid. + Réflexions fur les moyens de don: 
ner au bois la courbure néceflaire, pour la conf: 
truction des Vaifleaux, 152, & fiv. = Moyens 
jour drefler un jeuné Aïbre courbe, 153. Boig 
É corde , ou à brüler ; fes mefures, &c. 207.4 
A quel âge les Bois font défenfables ; 154. #4 
Bois de fente, 245. = Rétabliffement des Bois 
dégradés, 178 , & Juiv. = Bois flotté, 161 , & 
263. ra Gras, 154. m Gélif entre-lardé, 155. 
1 Marmentaux, Îbid. = Mort, Ibid. — Noir; 
Ibid, = Noueux , 156. Pelard , 1h14. Rebour; 
Ibid. + En recepage, Ibid. — Rouge, Ibid. x 
Roulé , Jbid. = Roux , 157. = De fciage; 
247. + Et fa longue durée , 233. = Tendre ; 
157. mm Tortu, & fon débit, 244. = Tranché ; 
157. 1 Verd, ibid. #7 a LG 
Bois DE CHÈNE. Sa pefanteur fnécifñ= 
que, 127, 223. m1 Expériences fur le poids du 
Bois de Chêne, dans tous fes dégrés de defsè- 
chement , 230, & fuiv. = À quoi il eft propré ; 
254. m= Valeur d’un pied cube dé Bois de Cheé- 
ne , 266. 
BoRNES, 173. L 
Boureau. Le vent porte: fa graine à dé 
grandes diftances , 53. Il faut le détruire dans 
les Bois de meilleure eflence , que lui 70. À quoi 
fon bois eft propre, 260. = Et fon écorce, 253. 
BourLertT. Défaut du Bois , 158. 4 Sé 
forme au bout des racinés raccourcies dés Àr- 
bies , plantés avañc l'hiver, 90. 


Ti 


292 © Table 
: Boutons. Leurs fon@ions, 136. 
Brancnes. Leur fituation ; leur forma- 
tion ; leurs fonétions ; leur correfpondance avec 
les feuilles ; avec les racines , 133 , © Juiv. rm 
Prifes cumulativement , elles font toujours plus 
grofles que la tige qui les porte, 204. == Leur 
débit , 244, & 249. 
BruzLIs. Woyez INCINÉRATION. 
BucHEerons. Prix de leur travail, dans 
les forêts , 266, & Juiv. | 
Buzs. Débit de fon Bois, 258. 


C.: 


CanraAnuryr. Défaut du Bois, 158. 

Cazcuz du bois de Charpente, 217. #« 
Des Bois à brûler, 219. 

M. Camus DE M 2 SHLGRE a donné , : 
én 1782, un excellent Traité de la Force des 
Bois, 241. | 

CARTE, ‘190 

CÈDRrE, o4 Pin du Lisan, Fourni le 
plus beau Bois poflible, 254. 

CENDRES, 251.» Tableau du-produit des 
Bois en Cendre, & en Alkali, 252. 

CéÉrRisiers & MÉRISs1ERS. Moyen de 
les multiplier, 33. À quoi leur bois eft pro- 
pre, 259. 

_CERNESs du Bois, indiquent l’âge de l’Ar« 
bre, 130. mm Et les tems de fon accroiflemenr, 
102, 203: 

CHaALEuRs exceflives, nuifenc aux ÂÀAr- 
bres , 17. 

CHANCRE, maladie des Arbres, 158. 

CHARBON. (Bois propre au) 249. Eft- 
il profitable d'en faire ? 1bid, 4 Ce'qu’une Corde 
de Bois peur rendre de Chaibon, 251. 


des Matières. 29% 


CHarme, à quoi fon bois eft propre 255, 
CHARPENTE mal faite, caufe de la deft-. 
ruétion de nos Édifices, 240. m4 folide, quoique 
légère, Ibid. & füiv. 
CHarrois du Bois, 263. 
, CHARRONNAGE, {Bois de) 249. 
CHATAIGNER. L'ombre favorife fon aceroif- 
fement, 57. + Terrein qui lui convient , 1414, 
= Où il ne fauroit croître, 4. ++ Son bois efk 
propre pour la Charpente, 58. m Sa reflemblance 
avec le Chêne , 38, 4 Manière d'élever le Chà- 
taigner pour la Charpente; belle culture de cet 
Arbre, 58. + Débit de fon bois, 254. 
CHÈNE, Terrein qui lui convient, 7: & 
Juiv. m4 ik vent une temperature moyenne 9. #4 
Deux efpéces principales de Chêne 36 = hau- 
teur & groffeur du chêne bon à transplanter & 
manière de l’arracher, 84 m Il eft fujer à être 
attaqué par les Infe@es, 165 m1 Etérement des. 
gros chènes 191 ++ Des jeunes chênes, 193: 
CHÈNE-VERD, 395, é | 
CHÉNILLES. dégats qu’elles font fur les 
Axbres, 165. = Moyen de les d’etruire, 166» 
Cuevezu des racines, doit être retranché, 
lors de la plantation, 93. 
Cuèveres. Il faut les exclurre des Bois ÿ 
159. +4 Elles rongent la cête des jeunes. arbres. 
cransplantés , 96, | 
CnHicors. Longueur qu'on doit leur laiffer ; 
lors qu'on coupe quelque branche d’Arbre,, 144 
CuHiEeNnEenNTs. Nuifent aux Aïbres, 159. 
CicATRICE, nommée Æofete, cache un 
vice de l’Arbre, 143. m4 L'œil de Bœuf indi- 
que un Arbre gâté, 159. N' 
Cum AT. Son influence fur laqualité des Bois,9. 


Table 


Crôrure Des Camps. Différentes 
manières de la faire, 24. & Jui. = Manière 
d'entrer dans un Semis, fans ouvrir la Clôture ; 
285. 

Cœur pu Bors. Ce que c'eft, 128. 

CorDE DE Bois. Combien en produit un 
Arpenc de Taillis , de différens âges , 207. 4 
Combien en donnent les Arbres de telle ou telle 
grofleur , 219. 
® Cormier. À quoi fos bois eft propre, 2594 

Coureur pu Bois, indique fa bonne 
ou mauvaife qualité , 160. 

CoupreE des Bois de Haute-Futaye. = Quand 
tt faut la commencer |, 223. = Quand il faut 
Finterrompre , 224. - Coupe des gros Arbres 
épars , 268. Divifion des grands Bois en Cou- 
pes réglées ; moyen d’y procéder | 195. m4 Les 
divifions en trente parties font les plus revenan- 
tes, 199, & fav. | 

Gouronne. Arbres couronnés, 160. 

CuirTume des jeunes Arbres femés, 67. 

CyvrPRrÈés & 1f. A quoi leur bois eft pro= 
pre » 257- 
 CyTi1ZE DES AzpEs. Ufage de fon 


bois, 262. 


D. 
DÉBITS DU Bors, 243. | 
DÉérenDee les Arbres des ardeurs du So- 
leil, de la violence des Vents, & des arraques 
du Bétail , ( différentes manières de ) 79, € Juiv. 
DÉFRiICHEMENT des Terres, 29.« Mo- 
yen de mettre en valeur les places vaines & va= 
gues des Forêts, & les Landes incultes, 30, 


Ge juis. 


dès Matières. 295 


DessècmEemenTz des emplacemens ma- 
técageux , 97. 

Dessein de cet Ouvrage, xx1. 

DesrinwaTrion des Bois de grande éten< 
due , 19. 

DiFFiICULTÉS GÉNÉRALES qui feren- 
contrent à mulriplier les Bois en France, x1. +4 
Difficultés dans l'exécution : route la 1° @ 2me* 

11es. 

M. Duuamez du Monceau | eft le feul 
Auteur François, qui ait écrit fur l’article des 
Bois avec le foin & l’étendue convenables , x1x. 
Son Éloge , Ibid. Son Traité général des Arbres 
€ Arbriffleaux , qu'on peut élever en pleine terre, 
34. m4 Son Traité de l'Exploitation des Forëts, 
241. 1 Ses expériences, 183; & Juiv. ++ M, 
FoucEeroux de Bondaroi, {on fuccefleur, 
34, aux Notes. 


E; 


ÉcL1ssEs. À quoi on les employe, 247: 
1 coNoM1E confdérable fur les Bois, 184 

229. 

É x à RCE. Sa définition, fes fonétions im= 
portantes, 132. «+ Sa contexture, Ibid. & fuiv. 
m Ufage qu’on peut faire de celle de Chêne, de 
Liège, d’Aune, de Noyer, de Tilleuil , de 
Genèr & de Bouleau, 252, & fuiv. == Sa pré- 
paration , 189 € 253. 

coRcCER fur pied, efb un moyen de don-» 
ner plus de confftance au Bois, &: principale- 
ment à l'Aubier, 183. = Utilité de certe. prati- 
que , Ibid, mm Difficultés qu’elle préfente, #66, 
é Juiv. 4 Écorcement propofé & pratiqué par 
M. be Burron, eofuite pratiqué en Angles 


296 Table 


terre, en Allemagne, en Rufie, 184, 6 Jui. 
mm Manières d’écorcer, & dans quelle faifon on 
doit le faire, 189. 

“ÉLaçuEr LES ARBRE Ss.( Manière d’} 
Avantages qui en réfultent, 142, & fuiv. = Sai- 
fon convenable pour élaguer les Arbres, 145. 

PIDERME, 133. 

QUARRISSAGE, eft le meilleur moyen 
de faire évaporer promptement la Sève, 229. m 
Table de l’Équarriflage des Bois | 215. m Les 
Bois écorcés fur pied ne devroient pas être équar- 
sis ,: à la coignée , 187. mm Dimenfons de l'É- 
quarriflage, 236. 

E£RABzLE. À quoi fon bois eft propre, 255: 
.EsPÈcEes, ( Mélange des ) dans les Semis; 
cas où il eft bon, 62. 

TÈTEMENT des Arbres, 03. + Des gros 
Chênes , 191. m1 Des jeunes Chênes, 193, & 
Juiv. +4 Expériences à cer égard , Ibid. ni 
© Excrorssance, maladie des Arbres; il 
y en à de différentes efpèces, 160. 
_ExpzoiraTion des Bois, 191. #1 Des 
Taillis, 199. = Des Furayes, 212, € fuiv. 
Frais d'Exploitation , 265. 

-ExrosrTrions des Arbres , & leurs diffé- 
gens avantages, 11, @ fiv 


F. 


Fa 6 o T. Menu Bois ; combien de cents en pro= 
duit un Arpent de Taillis de différens âges , 207. 
 Fauves, ( Bêtes ) Il faut leur interdire l’en- 
trée des Bois ; dommages qu’elles y caufent, 24. 
++, Seul moyen d'en défendre les Bois, 28. 

FEe8mirenrs. C'eft un abus d’obliger les 
Fermiers ou Colons partiaires à femer , ou à plan: 
cer des Bois, 124. | ; 


des Matières. 297 


FrEu. Mettre le Feu dans les Semis mal-ve- 
sänts , 70. Moyens d’en arrêter les progrès, & 
de captiver cet élément, 71. Singulière manière 
d'éreindre le Feu dans les Forêts de Pin , en 
Guienne, 73. 

Feuizrzres des Arbres; leur ufage effentiel 
à la végétation , 134. 

FIBRES LIGNEUSES, 125. 

FiGcurEes, ( Manière de tracer fur le terrein 
toute forte de } 108. De la plantation en quarré 
112. En Quinconce , Ibid. m1 En Exagones ; fin= 
gularités de cette difpoficion , 287. 

Freurs & FrurTs des Arbres, 135.4 
Diverfes parties qui compofent les Fleurs, & dif: 
ginguent leur fexe, 136. 

FroTTaAcEe du Bois, 161, 263. 

Force pes Boris, ( Table de la } en 
raifon de leur fuperficie , & en raifon de l'égalité 
de leur cube , 237. 

Fossés, 25. 1 Moyen, pour mettre à pro- 
fit le terrein des Foflés, 26. Comment il faut 
les faire dans les Terres légères & fablonneufes , 
28. m4 Et dans les Terres fujetres à la filtration 
des eaux , 285. m Saifon convenable pour foflo- 
yer, 27. m1 Petit Foflé, pour foutenir les jeunes 
Arbres plantés, 79 & 96. = Combien coûte une 
toife de grand Foffé, 100. = Et une toife de 
petit, 98. = Moyen de favoir d’avance ce qu'ils 
coûteront dans toute forte de terrein, 28: 4 Fof- 
fés fervant de divifion aux héritages , mitoyens 
ou non, 275. 

Fourmis & ABErLLzes nuilbles aux 
arbres , 161. = Moyen de les détruire, 162. 

FRÈNE, eft attaqué par les Cantharides, le 
Frêne à fleur en eft exempt, 167. m À quoi le 
bois de Frêne eft propre , 255. 


298 Table 


FRUITS; voyez FLEURS. 

Fusarn. Manière de faire, avec fon bois 
un charbon utile, 262. 

Furayes. Ce qui les conftitue, 212. æ4 
Leurs dénominations , Ibid, = Manières de les ap- 
précier , 220, m1 Leur exploitation , 229. 


G. 


Gazzes. Noix de Galles, 162 & 169: 

GELÉES du printems, pernicieufes aux Ar- 
bres, 16. — Fortes gelées d'hiver plus pernicieu- 
fes encore , 17 & 162. m4 Si la gelée furprend 
les racines du Plant de Chêne, il eft perdu , 88: 

GELIVURES. Ce que c’eft, 163. ; 

GERSURE, 163. 

GLA1ISE, 3. = Ses différentes couleurs & 
propriétés, 8. 

GLan bp. Ses différentes efpèces, 35.14 Qu'’el- 
le eft la meilleure , pour la femence , 36. 4 
Manière de le récolter , 39. = De le difpofer 
à germer , {bid. = De le conferver, 41. Tems 
de le femer, Jbid, m1 Manières de l’enfemencer ; 
à la volée, 43. m4 Par rangées, en fuivant la 
Charrue , 48. = Après que le Bled a été femé, 
49. #4 Dans les terreins ou la Charrue ne peut 
pafler , Jbid. = À quelle profondeur il faut le 
mettre , 43. æm Quantité de Glands néceflaire 
pour enfemencer un Arpent de terrein , 44. + 
Jufqua , 48. m Les Anciens faifoient grand cas 
du Gland , 40, aux Nous. 

GRAINESs. Moyen de les conferver plufieurs 
années , 42. +4 Manière de femer & de foigner 
celles qui font légères & délicates, 53, € fiv. 

GRÈLE, fait du tort aux Arbres ; remée- 
de, 164, à 


des Matières. 299 


GrRumeE. Bois en Grume, 164. m1 Se def 
séche très-lencement, 230. 

G u x. Plante parafite , qu'on ne trouve jamais 
attachée à la verre ; fes ulages, 16@ 


H. 


HANNETONS. Font grand tort au Chêne # 
il eft difficile de les détruire, 166. ae 1 

Hauteur d'un Arbre, ( Manière de me- 
furer la ) 216. | 

Hayes, mortes, vives, 25. = Hayes fur 
les Foflés, 26, & Juiv. = Mitoyennes où non, 
280 , & Juiv.. ; 

HÈTRE. Manière de ramafler fa graine, 32. 
m Avantages que réunit cet Arbre» 59. = Ma- 
nière de préparer fon Bois, pour le rendre de 
bon fervice , 60. = Débits de fon Bois, 256, 

Heureer. Ce que c'eft, 165. | 


I. 


Irs, voyez CyPrRrÈs. 

INcINÉRATION où Brutrrs. Ce qué. 
C'eft, 29. — Eft praticable dans les Landes, où 
l'on veut établir des Bois, Zbid. 

ENÉGALITÉ de groffeur , défaut dans l’Ar- 
‘bre, 165. 

InNezuEnce des Aftres, lors de la coupe 
des Arbres , préjugé , 224. 

INSECTES. Grands ravages qu'ils font fur 
les Arbres ; moyens d'en détruire une partie, 
165, & Juiv. mm Sont attirés par le Fumier, 
& rongent les racines des Bois nouvellement fe: 
més , 47. 

ExTEemPEerres de l'Air, 16. 


300 Table 
| se) A K: 

KEernmés. [nfete, qu on trouve fur. le Chée 
ne-verd, 1674 Mate 
L. 

Lagounrs. Sont profitables aux Arbres , 674 
= Saifon où ils doivent être faits, Ibid.  ,, 
LABYRINTHE, 117. a 
Lapin. Tor que cet animal fait aux Ars 
bres , 168. 
Larporr#. Moyen de l'éviter, lors de le 
Coupe, 168. 
LaTre, (Plufeurs efpèces de ) 246. 
Licnen » 168. 
L:è ce. Comment on prépare fon Écorce, 253. 
Lrernre, N'eft pas parañite, 168. 
Limites des Fonds. Comment elles. font 
réglées, 273, & fuiv. Fe 
IVRET. Partie intérieure de l'Écorce, 133: 
= Son ufage , /bid. & 228. = Forme pendant 
l'Hiver, un bourlet au bout des racines taillées > 90e 
Lune, ( Phafes de la }n influent en rien fur 
13 qualité des Bois, 224 , & aux Notes. 


M. 
MatrapDres des Arbres, & Remédes ; 148; 


€ Juiv. mx Les jeunes Arbres éprouvent tous une! 
efpèce de Maladie ; après l’émiflion des deux pre: 
miéres feuilles. 285. | 

MazanpDere. Ce que ceft, 168. 

Mannequins, ( Arbres en ) bons à tranfi 
planter en toute faifon de l’année, 91. m4 On ga- 
gne , par cette pratique , prefque deux années , fur 
l'accroiffement des Arbres 5 Se 

MaRRONIER D "INDE ,” forme de belles 


des Matières. 3er 


avenues , 106. #1 Son bois n’eft pas propre aux 
ufages ordinaires, 260. 
© MARSAU, voyez SAULE. 

MÈLANGE de plufeurs efpèces d’Arbres ; 
quand doit être fait, ou non, dans les Semuis, 
O1, € fuir. 

MÉRISIERS, voyez CÉRISIÈRS: 

MERRAIN à futailles, & à panneaux, 245: 

MEeur:1ER. Débit de fon Bois, 259. 

M:p:, expofition favorable aux Arbres ; &. 
en quoi, 12. 

Morzze des Arbres, & tiflu cellulaire, 127. 

MonwTurux.( Pays } Avantages qu’il y 
a à les couvrir de‘ Bois , 6. 

MorT-Bo1s., Ce que c’eft; & Combien 
il y en a d’efpèces, 169. 

HMo/0 ss El; ‘160. 

Murs, pour clorre les Bois, 28. = Pous 
Toutenir certains Foflés, 285. Mitoyens ou non, 
277. À quelle diftance des Murs on peut planter 
des Arbres , 282. 

N° 

Norx, voyez GALLES 

Non p. Les Arbres, à cet afpeét, font droits 
& bien filés, 11. = Expofition la plus favorable 
aux Arbres, dans les terres sèches & légères, 12. 

Noyer, forme de belles Avenues, 106.4 
Uñfages de fon bois, 257. 

NurriTion des Arbres; comment elle 
s'opère , 138: 


O. 


OccinenrT.: Les Aïbres, frappés de cer af 
peët, fonc fujets aux grêles & aux Ouragans. Exe 


302 Table 

poñicion la moins avantageufe pour les Arbres, 

Yr 6 72. af | 
O:sEau x, préjudiciables aux Arbres, 170: 
OzLirvier. À quoi fon bois eft propre ; 258. 
ORDONNANCE de 1669. Préface, pag. x. 

li 44. + 72. leu 1 87 mi 200, ki 209. Mn 210, ka 2230 

D 268: d ï > 

_OR:ENT. Expofition favorable pour certains 

Arbres, 11 6 63. Ne #6 
OR1IENTER les Arbres; précaution inutile, 

103. = Seule attention qu'il eft bon d’avoir, ré- 

lativement à l’afpeét du Soleil, 104: 
ORME, fait de belles Avenues, 1a6.r- A 

quoi fon bois eft propre , 255. 


Le 


Paris, néceffaires dans les Pays où le Fauvé 
abonde , 28. | | 

PAzISSADES, 106 & 107. = À quelle 
diftance du mur on doit les placer, 284. 

PAREMENT de Sciage, réfifte mieux que 
le parement du Bois de Brin, 233. = Et pour- 
quoi , Ibid. 

PEerRcERrR UN Bo1is, { Manife de ) 196: 

PEuPLIER, croit promptément ; à quoi 
{on bois eft bon, 261. | 

PHÉNOMÈNE, qui tient à l’Hiftoire natu- 
selle ; 64: 

PIEDS CORNIERS, 170. 

Pieux. Manière de les placer auprès des 
Arbres , afin qu’ils rendent un double fervice , 59. 

Pin, ( Semis de ) font d’un bon rapport, 
55, © fuiv. m4 Terrein qui lui convient, Ibid. 
I] aime l'ombre ; 56. 4 Cependant ne pas doriner 
dans l'excès, à cet égard, 286. = Exemples de 


des Marièrés. 303 
fon prompt accroiflemenr, 56 & 286.4 À quel 
âge il eft dans fa force , 57. À quoi fon bois, 
& celui de Sapin, eft propre, 257. 

PLANT , ( Manière d’arracher le ) 84. vu 
La réufite des Arbres eu dépend , 86. »+ Qua- 
lités que doit avoir le bon Plant, 1bid. = Celui 
qui eft pris dans les Forêts ne fauroit réuffir , Ibid. 
— Manières de le tranfporter, & de le conferver 
jufqu’à la Plantation, 87. = Moyen de fe pro- 
eurer du Plant, dont la réuffite fera certaine, 88, 

PLANTATION,!Saifon convenable à la ) 90. 

PLranTenr fur les grandes Routes. Arrée 
du Confeil de 1720.54 Préf. xvI. æ+ Cas où l’on 
eft obligé de planter, au lieu de femer, 76. m4 
Dimenfion des trous, pour planter, 78: = Ne 
pas planter profondément , 79 & 81. 1 Moyen 
de fourenir les Arbres plantés à la fuperficie du 
terrein , 79, & fuiv. = Planter à tranchée ous 
verte ; avantages de cette pratique , 82. = Ma- 
nière de planter commodément, & d'avancer l’ou- 
vrage, 9234 6 fuiv. = Combien chaque pied d’Ar- 
bre coûte pour planter, 97. æ Combien il en 
coûte pour planter un ÂArpent de terrein , 99. m4 
Bonne maniere de planter, mais très-coûteufe , 102. 

PLranTs AQUATIQUES. Moyen de fa- 
ciliter leur reprife , 173. 

Prarane D’OccrDrEenT, eft le plus 
beau des Arbres d'ornement , 106. 

Praves. Onguent, pour les playes des At 
bres, 170. 

Piruyes. Leurs effets fur les Arbres, 17. 

Porrirr & Pommier. À quoi leut 
bois eft propre, 258. 

PRATIQUE, fans THÉORIE, fujete à 
CIIEUT , 125, 


304 Table 


_ PRÉPARATION du térrein, pour femer dés 
Bois, 23. m Pour planter, 77. ° 

PRINCIPE DE VIE, 139. = Eft fitue 
diverfement dans différentes Plantes , 1bid. 

PurréFacTion. Comment occafonnée , 
371. Différence entre un Arbre pourri au piéd; 
ou pourri en cime, Ibid. 

R. 
_ Ragowani. Arbre ifolé, & rabougri, pet 
donner de bonne femence , 39. = Ce que c’eft 
qu'un Arbre rabougri, 171... | 

Racines, premiers agents de la nutrition 
des Arbres, 137. m Leur organifation, 138. 
Leurs fonctions, 129. 

RarrFau. Arbre Raffau, 171. 

REecEPAGE, dans quelles circonftances il faut 
ÿ avoir recours, 68; 

Récompenses établies en Angleterre ÿ 
pour ceux qui plantent des Bois, x11. Quelles 
récompenfes on pourroit offrir en France, xvin. 

REeFeNTE Des Bois, done lieu à une 
économie confidérable , 233. = Manière de pro- 
céder au fciage de refente , 234: = Ce qui conf- 
tiue la force des Bois refendus , Ibid. & Juiv. 

REMPLACEMENT des jeunes Arbres, 176. 
>= Des vieux Arbres , 270. = Peut on mettre, 
à la place des vieux Arbres, des Arbres de la même 
efpèce ? = Raifons pour & contre , Ibid. & fhiv. 
 Résineux. Des Arbres verds & réfineux ; 

1. æ li faut les abriter, contre lés ardeurs du 
Soleil , 91.1 Veulent peu d’eau ; manière de les 
arrofer , 54. | 
: RÉTABLISSEMENT des Bois dégradés, 
178, 6 Jui, R 

RETouRr, 


des Manières. 30$ 


REerounr. Môyens de connoître un Arbré 
qui eft fur le retour, & qui tend à fa fin, 171, 
É fuiv. 

RouzruRre. Ce que ceft, 156. 


S 


Sauze & MaArsau,: À quoi leur bois eft 
propre ,» 261. 

SciEzurEe DE Boïrs. Moyen de l'es 
ployer , 248. | 

SÉCHERESSE, pernicieufe aux Arbref, 18, 

SEMENCE des Arbres; c’eft la meilleure 
manière de multiplier les Arbres foreftiers, 32, 
= Moyen de les multiplier par la Bouture, le 
Rejeton , la Marcote , {hid. mm Dégré de matu- 
rité des Semences, bid. x Manière de les récol- 
ter, Jbid. & fuiv. m De les conferver , 33 & 4r: 
++ Précautions à prendre , quand on les tire de 
l’Étranger, 34 m Il eft bon de les éprouver, 
avant de s'engager dans des opérations difpen- 
dieufes ; & moyen de le faire, 35. ri 

SEm1s. Précautions à prendre, lorfqu’on laile 
“arracher du Plant dans les Semis, 46. Chemins 
dans les Semis, $o. + Tableau du nombre d’Aï- 
bres qui reftent dans une toife de Semis de dif: 
férens âges , 52. m4 Semis de graines délicates, 
petites & légères, 53: + Combien il en coûte, 
pour femer un Arpent de terrein , 99.4 Parc de 
Verfailles , renouvelé, en femant les Maffifs, 1or, 
mm Semis, préférable à la plantation; 124. 

SÈve. Sa nature & fes fonctions, 129 , & 
Juiv. = Renouvellement de Sève au mois d’Aoûr, 
& fes effets, 130. = Avantage de fon évapora- 
uon des Bois abattus, 229. =: Danger de fou 
abondance , 186. , 718 

Y 


306 | Table 


SiTuATiIonN des Arbres, 13. 
So. Sous quel point de vue on doit le con- 
fidérer , rélativement aux Arbres, 2. #1 Ce qui 
le forme , 1bid, + Deux natures principales de 
terre , 3: = La différence du Sol eft la première 
caufe des différentes qualités du Bois, 7. 
Sozives, devroient être employées cour- 
tes, 235 & 240. m1 Avantages qui en réfulte- 
roient, 241. Moyen de mettre à profit les petits 
bouts de Solives , 248. 
" Soucnes. La confervarion dés Souches eft- 
elle bien intéreffante © 186, 268 , & Juiv. 
SurREAU, porte un aflez bon Bois, 262. 


Le 


Taïziis. À quelle forte de Bois on donne 
ce nom, 200. À quel âge on doit les couper, 
Jbid, & fuiv. 4 Leur accroiflement chaque année , 
206.1 Leurs différens produits, 207, € Juiv. 4 
C’eft à l’âge de 30 ans, que le produit eft le 
meilleur, 199, & füuiv. 

Tan. Ce que c'eit, 188. = Manière de le 
préparer , Ibid. mm Ses ufages, 189. = Se fair 
auf avec l'Écorce des vieux Chênes, 190. Il 
ne faut pas la laifler à la pluie, 252. 

TEMPÉRATURE , influe fur la qualité 
des Bois, 9. 

TERRE, ( Défauts de la ) 172, = Ses dif- 
férentes efpèces , 3, € fuiv. 

TERREIN. Tous ne font pas propres au 
Chêne , 7. mm Leurs différences, & leurs bonnes 
ou mauvailes qualités, 2, & Juiv. = Manière de 
consoître la proportion des mélanges, dont les 
verres font compolées , 5. m1 Terrcins maréca- 
geux , bas & humides ; moyen de les defécher , 


des Matières. . 


97. Terrein convenable pour femer, 1. Pour 
lanter, 75.4 Terre neuve , propre à acclimater 

Îes Arbres exotiques , 4. = Defcription du Ter- 
rein, où les méthodes citées dans ce Traité ont 
été pratiquées , 20. = En quoi il eft propre à la 
multiplication &: à la végétation des Arbres, 22. 

Tirreuz. Avantages que réunit cet Axbre, 
61. m1 Manière de le multiplier , 60. = À quoi 
fon bois eft prepre , 260. = Et fon écorce, 253. 

Trssu crLLuLaAiREe du Bois, 127.14 
De l’Écorce, 132. 

Torsé des Terres maflives, 123. 

TonNNERRE, fait périr les Arbres ; qui en 
font frappés, 174. 

TRACHÉES. Vaifleaux du bois, roulés en 
fpirale : leurs fonctions, 131. — Moyen de les 
appercevoir , lbid. ge 


+4 


V. 


VAarssEAUx LyYMPHATIQUES dubois; 
126. m4 Vaiffleaux propres du Bois, Ibid. — De 
FÉcorce , 132. 

VENTE pu gotrs, hors du Royaume, 
prohibée | par lPArrét du Confeil de 1722. xvr. 

VE nTs. Leurs différens effets fur les Arbres, 
14. = Leur nombre , leur nom, & leurs pro- 
priétés, 15, © fuiv. = Moyens pour empêcher 
que le Vent n’éclatte les grands Arbres, 274.4 
Les vents influent très-peu fur la qualité des Bois , 
lors de la coupe , 223. 

VEerGzLas, très-nuifible aux Arbres, 174. 

VERMINE , 175. = Moyen de détruire les 
Vers , qui percent les Arbres, r67. 

Usacrnrs: leurs droits: c’eft une des caufes 
deftruétives des Forêts, x111. m4 Et des Taïllis, 24. 


Vi 


308 Table 


À Usanxce Du Bors, 242: R 
Vuipe. S'il en refle entre les racines, lors 
de la Plantation , quel eft fon efler , 1 73 À 


FIN. 


* 


309 


D — 2 ————  —— 


A P.P.Kk O BAMRBI ON. 
J'AI lu, par ordre de Monféigneur le Garde 


des Sceaux , un Ouvrage , ayant pour titre, 
“de la culture du Chêne, € je n'ai rien trouvé dans 
cet éffimable Ouvrage , qui m’ait part devoir en em- 
pêcher limpreffion. À Paris, ce 26 Février 1787. 


Signé, DE SAUVIGNY. 


PRIVILÈGE DU RO IL. 


OUIS ,;PAR. LA GRACE.DE DIEU ; 

ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE: 
A nos amés & féaux Confeillers , les Gens tenans nos 
Cours de Parlement , Maîtres des Requêtes ordinaires de 
notre Hôtel, Grand Confeil, Prévôt de Paris, Baillifs , 
Sénéchaux , leurs Lieutenans Civils, & autres nos Jufti- 
ciers, qu'il appartiendra : S À LU T. Notre amé le Sr. 
JUGE, DES.-MARTIN , Nous a fait expofer qu’il défi 
reroit faire imprimer, & donner au Public, un Ouvrage 
de fa compofition, intitulé , de la culture du Chêne, s'il 
nous plaifoit lui accorder nos Lettres de privilège pour ce 
néceflairess À CES CAUSES , voulant favorablement 
traiter l'Expofant, Nous lui avons permis, & permettons , 
par ces Préfentes , de faire imprimer ledit Ouvrage autant 
de fois que bon lui femblera , & de le vendre, faire ven- 
dre & débiter par tout notre Royaume ; Voulons qu’il 
jouifle de l'effet du préfent privilège, pour lui & fes 
hoirs à perpétuité, pourvu qu’il ne le rétrocède à per 
fonne ; & fi, cependant , il jugeoit à propos d’en faire une 
ceffion , l’acte qui la contiendra fera enregiftré en la 
Chambre Syndicale de Paris, à peine de nullité, tant 
du Privilège que de la Ceffion; & alors, par le fait feul 
de la Ceflion enregiftrée , la durée du préfent Privilège 
fera réduite à celle de la vie de l’Expofant, ou à celle 
de dix années , à compter de ce jour , fi l’Expofant décède 
avant l'expiration defdites dix années ; le cout conformé- 


310 


ment aux articles 1 V & V de l’Arrêr du Confeil du 36 
Août 1777, portant Règlement fur la durée des Privilèges 
en Librairie: FAISONS défenfes à tous Imprimeurs, Li 
braires , & autres perfonnes, de quelque qualité & condi= 
tion qu’elles foient , d’en introduire d’impreflion étrangère 
dans aucun lieu de notre obéïffance ; comme auf d’impri- 
mer ou faire imprimer, vendre , faire vendre , débiter ni 
contrefaire ledit Ouvrage ,‘ fous quelque prétexte que ce 
puille ‘être ; fans la permiflion exprefle & par écrir dudit 
Expofant , ou de celui qui le repréfentera , à peine de. 
faifie & de confifcation. des exemplaires contrefaits , de 
fx mille livrés d'amende , qui ne pourra être modérée ,- 
pour la première fois ; de pareille amende & de déchéance 
d'état , en cas de récidive , & de tous dépens , dommages 
& intérêts , conformément à l’Arrêt-du Confeil du 20-Août: 
1777 , concernant les contrefaçons : À LA CHARGE 
que ces Préfentes feront enregiftrées , tout au long , fur le 
Regiftre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires 
de Paris, dans trois mois de la date d’icelles ; que l’im= 
preflion dudit Ouvrage fera faite dans notre Royaume .& 
non ailleurs , en beau papier & beaux caraétères, confor- 
mément aux Réglemens de la Librairie, à peine de dé 
chéance du préfent Privilège; qu'avant de Flexpofer en 
vente, le manüfcrir, qui aura fervi de copie à l’impreffion 
dudit Ouvrage , fera remis, dans le même état où l’appro- 
bätion y aura été donnée , ès mains de notre très-cher & 
féal Chevalier | Garde des Sceaux de France , le Sr. DE 
LAMOIGNON ; qu’il en fera enfuite remis deux Exem— 
plaires dans notre Bibliothèque publique , un dans celle 
de notre Château du Louvre , un dans celle de notre très- 
cher & féal Chevalier , Chancellier de France , le Sr. DE 
MAUPEOU ; & un dans celle dudit Sr: DE LAMOIGNON ; 
le tout , à peine de nullité des Préfentes; DU CONTENU 
defquelles vous MANDONS & enjoignons de faire jouir 
ledit Expofant :&: fes hoirs, pleinement & paifiblement , 
fans fouffrir qu’il leur foir fait aucun trouble ou empêche- 
ment. VOULONS que la copie des Préfentes, qui féra 
imprimée tout au long, au commencement ou à la fin dudit 
Ouvrage , foit tenue pour dûment fignifiée ; & qu’aux copies 
collationnées par l’un de nos amés & féaux Confeillers Se: 
crétaires, foi foit ajoutée comme à l'original. COMMAN- 
DONS au premier notre Huiflier ou Sergent , fur ce requis, 
de faire , pour l'exécution d’icelles, tous Actes requis 8: 


31T 


nécelfaires , fans demander autre permiffion , & nonobftant 
clameur de Haro , Charte Normande, & Lettres à ce con- 
traires. Car tel eft notre plaifir. Donné à Verfailles, le 
neuvième jour du mois de Mai , lan de grace mil fept 
cent quatre-vingt-fept, & de notre Règne , le creilième, 
Par le Roi, en fon Confeii. 


Signé, LE BEGUE, 


Regiftré fur le Regifire XX11 de la Chambre Royale 
& Syndicale des Libraires & Imprimeurs de Paris , 
N°: 1064. Fol. 246. conformément aux difpofitions 
énoncées dans le préfènt Privilège, & a la charge de 
remettre, à ladite Chambre , les neuf Exemplaires 
preferits, par l'Arrêt du 16 Avril 1185. À Pans, 
le 18 Mai 1767. Signé, KNAPEN, Syndi. 


doit in rames ete Las Ne). 

PE Mrs mio GS FA a D 
Fe k y UT Lt: 

j we LA RTE 2 OS 1 VE ae 


PERTE 2403 mA « Ke à 


RE ARS 
HAT Fopayiiss 


Re Al | as Ra tri Sa 188 PRETIENS 
A RARE Jap DE ADN PRCNE Ua na «44 | 
‘10 ANT “Re r5Û mas à Ne 4 HU INA TO ET 


RS AS) ro ds CAEN Ye AL he 4 ce 
AE NS ARTS PACA 109 (PE he 


“(is ne arts at “3 Jos "A vai IsY: ii 
Ja Ye RUES xs FA s sn qe 4%, AU “6 
MECS RU AE init 0t Re UE rue RAT 
LA D TR EE 45 2 ha agi eV 
en A 4 ME à : 17 3 re 


J'ARES | f : . \ 
[T4 à K” DT rasé on + l £ 


250 IRL 


ÉATRRÉE td V'ULPS 4 
HAT) à AU Ce pri 11 MA: 


| MR , Ÿ LE ( | Le 1 
PEN A AUDE, vett 9 p, 
tri = 1 MUR PA Ras ns | ÿ À 
4 | | ‘ * E #1 
+2 AR AL S n A 
* NM . : 
L | ÿ h À : 


ERA PL 7 pi RE LR | 
VUS | Su EAN DA EF a | PR | x RE dE 


#, vos . NE * à nt > ed | 


A AE 
'0E D 3 


F'ADATONE 
1 NI 
3 Eh 


Cure 


FETE 


LAN 


37